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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère du
Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche
Séance du mardi 20 mai 1975
(Dix heures quarante minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche est réunie ce matin pour entamer l'étude des
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
Etant donné que l'Opposition n'est pas encore
représentée, avec le consentement unanime de la commission, je
suggère une suspension jusqu'à 11 heures.
(Suspension de la séance à 10 h 41)
Reprise de la séance à II h 3
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs! Nous reprenons maintenant nos travaux après
une suspension de quelque vingt minutes. Quelques changements à la liste
des membres de la commission: M. Houde (Fabre) remplace M. Cadieux
(Beauharnois); M. Tremblay (Iberville) remplace M. Lachance (Mille-Iles); M.
Simard (Richelieu) remplace M. Saint-Pierre (Chambly).
Avant de commencer, il y aurait lieu de nommer un rapporteur à la
commission. M. Marchand, consentement unanime.
M. Marchand: Avez-vous un secrétaire à me
prêter?
Le Président (M. Cornellier): Le ministre du tourisme, de
la Chasse et de la Pêche a maintenant la parole.
Remarques générales
M. Simard: M. le Président, c'est par esprit de
collaboration que je comprends très bien que le député de
Saguenay ait été retardé à cause d'un voyage en
avion. C'est dans cet esprit de collaboration, avec
sérénité, que cette séance de la commission,
j'espère, se déroulera. Si vous me permettez, je vais commencer
par un court préambule d'ordre très général, parce
que j'estime qu'il serait superflu de répéter aujourd'hui les
propos que j'ai tenus le 24 avril dernier devant les membres de
l'Assemblée nationale. Je veux sim- plement souligner que, si j'ai alors
cru bon d'exposer mes vues dans le cadre d'une réponse au discours du
budget, c'est en appréciation de l'intérêt sérieux
et de l'attention bienveillante que j'ai toujours constatés, chez les
collègues de l'Assemblée nationale, à l'endroit du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et de ses
activités.
On peut mesurer l'intérêt de la présente
administration à l'endroit du ministère tout simplement par la
croissance des budgets consacrés à son essor. Le budget du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pour l'année 1975/76, est
de $IIO.8 millions, un accroissement de 68.6% par rapport à celui de
l'exercice précédent et de 164% quand on le compare à
celui de 1972/73, le premier que j'ai eu à administrer. Même
tenant compte de l'inflation, il n'en reste pas moins que le taux de croissance
au cours du dernier triennat a été assez extraordinaire.
C'est avec satisfaction que je vous fais remarquer que ces
investissements dans notre ministère ont donné de très
bons résultats et de très bons rendements. Pour la
première fois, nous avons à nous pencher ici sur le dossier de
l'industrie la plus importante du Québec. En effet, au cours de 1974, le
tourisme s'est hissé au premier rang de nos industries comme source de
revenu. Tout en désirant vivement le développement de nos autres
industries, nous voulons que le présent budget nous aide, non seulement
à maintenir l'avance du tourisme sur les autres, mais encore, à
l'accroître.
Le développement du tourisme constitue l'un des pôles de
notre grande politique. L'autre pôle regroupe l'ensemble de nos
programmes d'aménagement du territoire visant, tout à la fois,
à conserver certaines richesses naturelles, à en mettre d'autres
en valeur, à créer l'accès au plein air pour notre
population et développer dans le secteur qui nous appartient le
mieux-vivre des Québécois. Vous serez à même
d'apprécier à quel point nous sommes engagés dans la mise
en place d'un nouveau système de gestion des territoires qui nous
permettra d'atteindre ces objectifs.
Il est un élément qui ne figure pas comme tel dans
l'étude des crédits du ministère mais qu'il faut
absolument mentionner ici parce qu'il constitue l'un des piliers sur lesquels
repose notre politique. Il s'agit de la loi-cadre des parcs qui n'attend plus
que le moment propice pour qu'on l'accouche. La rédaction finale de ce
projet de loi est terminée et je suis confiant qu'elle mettra le
Québec à l'heure avancée de l'Amérique dans le
domaine concerné.
Devant les membres de l'Assemblée nationale, j'ai
déclaré, le 24 avril dernier, que le tourisme était
entré en pleine période d'expansion chez nous mais qu'un
sérieux réexamen de nos politiques et de nos programmes dans ce
domaine s'avérait nécessaire. Vous aurez l'occasion, aujourd'hui,
de prendre connaissance avec nos nouvelles orientations, d'apprécier
l'étendue du virage amorcé pour cette année, et de vous
faire une idée de ce que ce virage annonce pour les années qui
vont suivre.
Les programmes du ministère pour l'exercice
1975/76 comportent donc de nombreux éléments novateurs,
mais je puis vous assurer qu'on y retrouvera également un sens de la
continuité avec les années précédentes.
M. le Président, je suis à votre disposition et à
celle de mes honorables collègues pour l'étude des
prévisions budgétaires pour les années 1975/76.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Saguenay.
Commentaires de l'Opposition
M. Lessard: M. le Président, je tiens à m'excuser
pour ce retard au début des travaux de cette commission parlementaire et
je le fais, d'abord auprès de vous-même, auprès du ministre
et auprès des membres de cette commission, ainsi qu'auprès des
fonctionnaires.
Malheureusement, les moyens de communication chez nous étant fort
limités, quand nous avons un avion en retard, nous n'avons pas le choix,
nous devons tout simplement attendre.
Je voudrais d'abord commencer cette discussion sur les crédits du
ministère du Tourisme par un fait que j'ai eu l'occasion de vivre au
cours de la fin de semaine. Je voudrais en informer le ministre, puisqu'il
s'agit véritablement d'un problème qui s'est posé. Puisque
le ministère doit être un des premiers agents de l'information
auprès du public, en ce qui concerne tant le tourisme que la chasse et
la pêche, je pense que ce problème que je soulèverai
m'apparaît assez important dans la politique générale du
ministère.
Le ministre se rappelle qu'il y a quelques semaines je l'informais d'une
activité régionale qui avait lieu, en fin de semaine, à
Forestville. L'an dernier, d'ailleurs, M. Gaston Moisan avait participé
à cette activité fort importante dans le milieu. Il s'agit du
Grand salon de chasse et pêche de Forestville, où il se fait une
éducation populaire très importante.
Cette année, plus de I50 personnes ont travaillé,
bénévolement, pour préparer ce grand salon, cette grande
activité régionale et plus d'une quarantaine d'exposants
étaient présents à ce grand salon. D'après les
informations que j'ai reçues, ce matin, on estime à près
de 8,000 personnes l'assistance ou le nombre de personnes qui ont
circulé dans ce grand salon.
On sait que le ministère devait participer à cette
activité régionale. On avait même reçu
toujours d'après les informations que je possède la
confirmation de cette participation. A la dernière minute, on s'est
décommandé et, malheureusement, le ministère n'a pas
été présent à cette activité, sinon hier
soir et je vais vous expliquer de quelle façon, tout à
l'heure.
Afin de faire une meilleure éducation du public et
d'intéresser les jeunes à la faune, on avait demandé
à de jeunes taxidermistes de douze ans, treize ans qui pratiquaient
cette activité à l'intérieur de l'école, comme
activité dirigée, si vous voulez, de prêter un certain
nombre de spécimens d'animaux empaillés. Toujours d'après
mes informations, plus d'une centaine de jeunes, comme de moins jeunes, avaient
prêté ces spécimens aux organisateurs.
Je ne doute pas et je ne possède pas encore toutes les
informations, puisque c'est à 6 heures, ce matin, qu'on a
communiqué avec moi pour m'informer de ce qu'il s'est passé
qu'il puisse avoir eu un certain nombre d'animaux qui,
légalement, n'auraient peut-être pas dû apparaître
à cette exposition, puisque peut-être il s'agissait d'animaux
protégés.
Permettez-moi de souligner qu'un jeune de treize ans avait trouvé
une perdrix blanche sur le bord de la grève et il l'avait
immortalisée à sa façon. Ce spécimen avait
été utilisé comme démonstration. Hier soir, vers
minuit ou une heure, à la fin de ce grand salon, alors que les
mêmes spécimens avaient été exposés il y a
deux semaines, je pense, à Baie Comeau, le service de la conservation
qui, en passant, cette année, a fait un travail assez formidable
au point de vue de la conservation pénétrait ou venait
participer à cette grande activité et saisissait chacun des
spécimens qui avait été prêté par les
gens.
Je ne doute pas, encore une fois, que peut-être légalement,
sur le simple plan juridique, le service de la conservation avait probablement
le droit de saisir. Ce que je regrette, c'est que le service de la
conservation, dont aussi l'un des buts est d'informer le public,
d'éduquer le public, aurait peut-être dû être
présent à cette activité régionale et profiter,
justement, du fait qu'un certain nombre d'animaux étaient
exposés, que des jeunes de trois, quatre ou dix ans, si vous voulez, ou
plus âgés pouvaient toucher, pouvaient apprendre leurs noms. Hier
soir, M. Gaudet, qui est un spécialiste dans le domaine, donnait un
exposé à beaucoup de jeunes, un exposé en fait des
habitudes des animaux et de la nécessité de protéger ces
animaux. Tout cela m'apparaît être une éducation fort
valable.
Qu'il se soit glissé, comme je l'ai dit, certains animaux qui
auraient dû être protégés peut-être
aurait-il aussi fallu se demander de quelle façon ces animaux avaient
été trouvés j'estime que la participation du
ministère au service de la conservation aurait été
beaucoup plus valable si, au lieu d'aller, à la dernière minute,
à la fin des activités du grand salon, saisir ces animaux, les
agents de conservation avaient été présents à cette
activité pendant toute la fin de semaine et expliqué aux jeunes
ce qui était illégal et pourquoi.
Vous dire de quelle façon il était difficile d'identifier
ces animaux, on m'informe que les agents de conservation ont dû
eux-mêmes venir avec des volumes très spécialisés
pour le faire.
Sachez, M. le Président, que cette façon de
procéder, quel que soit le travait formidable et cela on me l'a
confirmé qui semble avoir été fait par les agents
de conservation au cours de cette année, dans la région, a
créé un climat difficile, hier soir. Ces quelques agents de
conservation qui, sans doute, ont fait leur travail, ont-ils reçu des
ordres directement du ministère? Ont-ils reçu des
ordres de l'agent du district? J'aimerais bien avoir certaines
explications à ce sujet. Mais je suis assuré que ces agents de
conservation ne se sont pas fait des amis chez les jeunes exposants comme de la
population en général. Soyez assuré que le
ministère du Tourisme, dans tout cela, en écope un coup. Il
m'apparaît que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche n'est pas là strictement pour sévir mais aussi pour
éduquer. Hier, je ne pense pas qu'on ait fait un travail
d'éducation réel dans le public.
J'ai pu constater une chose, c'est que les jeunes qui ont
participé à ce grand salon, à cette exposition, l'ont
aimé et ont appris la nécessité d'équilibre qu'il
doit y avoir entre la nature, la faune et l'écologie.
Je suis assuré qu'ils ont beaucoup appris. J'aurais aimé
que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
participe à cette activité, mais j'aurais surtout aimé que
le ministère ne vienne pas, sur le plan purement juridique, à la
fin de cette activité, briser un peu tout ce charme qui avait
été créé autour de cette grande ressource naturelle
que constituent les ressources fauniques dans notre territoire.
J'aimerais, et je termine sur cela, que, d'ici les prochaines heures, le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche prenne les informations
nécessaires et me dise sur quel ordre tous ces animaux avaient
été saisis et qu'il me donne les renseignements suivants: A-t-on
l'intention de remettre leurs spécimens à ces jeunes qui ont
démontré leur respect et leur intérêt pour la faune?
J'ai constaté hier qu'ils y sont extrêmement attachés. Ils
étaient fiers de démontrer à l'ensemble du public qu'ils
étaient capables de présenter une exposition valable.
M. le Président, c'est ce fait divers que je voulais illustrer un
peu, sans aucune préparation, ce matin, puisque je viens de recevoir les
informations. C'est un fait divers qui a quand même son importance,
étant donné que le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche devrait être un ministère qui fait de
l'éducation, tout en protégeant notre faune.
Je continue sur le texte même que je voulais présenter
à cette commission parlementaire qui s'intitule: D'un tourisme de
clients à un tourisme de citoyens. Soyez assuré, M. le
Président, que ces quelques remarques ne seront pas faites pour
créer une certaine animosité au cours de cette discussion des
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, mais qu'elles sont faites dans le but d'en arriver à avoir
un ministère qui soit estimé du public et qui nous permettra de
développer cette richesse importante que constituent à la fois le
tourisme et la chasse et la pêche.
Sans négliger pour autant les événements qui se
sont produits depuis l'été dernier dans le domaine de juridiction
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et qui
laissent deviner quelquefois un véritable marécage politique au
sein de ce ministère, à ce point, il est plus important de
décanter un peu les deux options politiques fondamentales qui
s'affrontent au Québec en matière de tourisme. Nous verrons par
la suite que la discrimination politique, l'incohérence, ou
l'improvisation administrative, la démoralisation du personnel du
ministère et les absurdités sur le terrain, sont des
résultats auxquels on doit s'attendre lorsqu'on choisit une politique
touristique calquée sur celle des pays les plus arriérés
et les plus sous-développés, politique bien plus au service du
capital étranger que destinée à pourvoir aux besoins des
citoyens québécois moyens.
Il est évident que, dans l'action gouvernementale, la partie ne
peut l'emporter sur l'ensemble du gouvernement et que, par conséquent,
le type de politique adopté en matière de tourisme ne sera pas
différent du style de politique d'ensemble.
Or, on connaît le style politique d'ensemble du présent
gouvernement. On va voir ce que cela donne dans le domaine touristique.
Ce type de politique touristique a déjà été
très bien décrit dans des études sérieuses et dans
des travaux de recherche approfondis, dont la diffusion reste encore à
faire malheureusement. Le gouvernement actuel ne tient pas du tout,
semble-t-il, à ce que les citoyens québécois aient
accès à ce type d'information.
Il y a déjà près de dix ans, un rapport
préliminaire remis au ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche et portant sur le tourisme au Québec décrivait
ainsi cette approche dite libérale en matière de tourisme: "...en
ce domaine comme en bien d'autres, la politique libérale est
reliée au comportement capitaliste. L'attitude libérale est
dictée d'abord par des préoccupations d'ordre économique.
Ceci ne l'empêchera pas de rejoindre certaines considérations
sociales mais toujours par le biais du processus économique... "Cette
attitude économique amène forcément à
considérer le touriste comme un client et le tourisme comme un luxe que
ce client doit pouvoir se payer... Cela amène aussi à penser que
le client payant doit pouvoir faire fonctionner le tourisme dès lors
conçu comme une industrie à part entière... Cela
amène à penser moins en termes nationaux qu'en termes de tourisme
international, surtout pour les pays moins fortunés,... quitte à
concéder aux besoins des nationaux nécessiteux des parcs et des
campings publics." Ce texte a été pris dans le rapport Sotar, Le
tourisme au Québec, rapport préliminaire de décembre 1967,
page 18.
Au cas où on aurait des doutes sur la continuité dans le
temps de ce type de politique dite libérale, il me fait plaisir de citer
ici le ministre lui-même, alors qu'il s'adressait à la
conférence sur le tourisme au Québec, organisée par la
Chambre de commerce du Québec, le 26 avril 1974: "Le ministère du
Tourisme, disait-il, joue un rôle de promoteur, de créateur
d'emplois et d'encaisseur de revenus... Le rôle social du
ministère demeure quand même important, mais il est rempli en
grande partie par le truchement de l'économie... Je le
répète, c'est par l'économique que le ministère
peut le mieux jouer son rôle social." Cité dans la Presse, le 27
avril 1974.
Et le rapport Sotar précisait déjà en 1967:
"toujours par le biais du processus économique..."
Quels sont les résultats de cette politique que je qualifie de
laisser-faire, de laisser-passer, d'encouragements avec nos propres taxes
d'entreprises étrangères pour la plupart du temps, politique qui
n a pas changé depuis le rapport sur "Le tourisme au Québec",
remis au gouvernement en 1967?
Voyons ce que des experts, pas des politiciens, apprenaient au
ministère de l'époque. "Le problème, disait-on dans le
rapport Sotar, vient en fait de ce que le Québec a toujours tenu un
rôle négatif, aussi bien dans l'exploitation touristique, par les
visiteurs étrangers d'ici ou d'ailleurs, ceux-ci ayant de surcroît
exploité, à des fins touristiques également, les valeurs
culturelles du pays. "Le Québec a comme assisté, quand il ne
s'est pas lui-même donné en spectacle, à sa propre mise en
valeur touristique, sans y participer autrement qu'en faisant les frais de sa
différence, de sa dignité et de ses deniers, des
réjouissances d'autrui autrui signifiant toujours autant
l'aristocratie financière internationale, entendez américaine
que ses chargés de pouvoir locaux, que les notables
libéraux nationaux eux-mêmes, souvent identifiés à
ce pouvoir, ou profitant au maximum de pouvoirs délégués
ou résiduels restreints."
Je continue toujours, M. le Président, la lecture du texte du
rapport Sotar: "Le Québec s'est longtemps abîmé dans une
politique irresponsable parce que justement coupé de ses
responsabilités fondamentales. Cette dichotomie est fréquente
dans les pays sous-développés qui, par manque de
définition nationale, se laissent souvent définir par les autres,
se laissent mettre en valeur, laissent façonner leur image collective
par autrui. Il se produit alors une véritable schyzophrénie
collective, un phénomène de double personnalité
préjudiciable à l'équilibre social et, à long
terme, au tourisme lui-même, qui en est l'un des principaux facteurs. Le
Québec pourrait sans doute servir d'exemple à cet égard.
Son potentiel touristique ne lui appartient pas ou peu. Ses richesses
naturelles, en quoi a longtemps et simplement constitué ici le tourisme,
est en d'autres mains qui n'ont d'autres intérêts que de les
exploiter à fond, qui n'y ont aucun intérêt
économique, qui n'ont aucun intérêt social, parce
qu'étrangères à la société, à voir
à leur conservation pour des fins de loisir ou de
récréation collective ou de tourisme social, mais qui ont
pourtant bien su s'y tailler des domaines fonciers de chasse et de pêche,
par exemple ces fameux clubs à leurs usages exclusifs et
privilégiés. "De même les valeurs culturelles du pays, qui
n'appartiennent pas en propre, comme les richesses naturelles, à des
intérêts étrangers qui n'y ont donc même pas
d'intérêt économique et qui n'y ont évidemment pas
d'intérêt social; ceux-ci ont pourtant réussi à en
tirer quelque profit et, par le fait même, à en dépouiller
partiellement les au- tochtones. Et ce sont ces musées canadiana, ces
villages historiques, ces sociétés historiques et tous ces
commerces d'"antiques", de souvenirs, de gastronomie, de souvenirs "made in
Japan", de "french flavor" à toutes les sauces. Les valeurs culturelles
du Québec sont interprétées et présentées,
touristiquement mises en valeur par d'autres. "Enfin, que dire des "resorts
selects", des cha'-nes d'hôtellerie monopolistiques, des sports, des
arts, des places des arts, où également le Québec se fait,
se laisse organiser. Que dire, seulement touristiquement, du village
français de Québec, où l'anglais reste payant pour le
commerçant français et plus, de l'image de Montréal,
américaine totalement, où c'est le français bien
dosé, bien saucé, bien savoureux qui est devenu payant pour le
commerçant anglais? "Problème social, national et fondamental et
qui mérite le meilleur de l'attention et des efforts d'un gouvernement
responsable et sérieux."
La citation était longue, M. le Président, mais comme au
ministère du Tourisme, non seulement on cache les rapports, mais on les
oublie, il est nécessaire, de temps en temps, de rafraîchir la
mémoire des responsables.
On remarque cependant, à mesure que les pays et les
mentalités évoluent, que les peuples rejettent, les uns
après les autres, la politique dite libérale pour adopter
l'attitude inverse, c'est-à-dire un tourisme d'abord social.
L'an dernier, une étude de la Commission économique pour
l'Europe, organisme rattaché au Conseil économique et social des
Nations Unies, concluait ainsi: "Dans les pays plus développés,
le tourisme est essentiellement considéré comme un service social
destiné à faire face aux besoins en matière de loisir et
de récréation, tandis que, pour les pays moins
développés, le tourisme est surtout un moyen d'avancer
l'expansion économique et la stratégie de développement du
secteur touristique y tient surtout compte des aspects économiques,
telle la nécessité de combler le déficit de la balance des
paiements." Cité dans le journal Le Jour, 2 novembre 1974.
La politique touristique du gouvernement actuel est analogue à
celle des pays sous-développés les plus retardataires et consiste
en gros à louer ou vendre le pays, morceau par morceau, faute d'avoir
les pouvoirs, les moyens et l'intelligence de l'administrer. Il n'y a qu'au
Québec que des ministres se vantent du fait que le tourisme est en passe
de devenir la principale source de revenus du pays, situation pourtant typique
de tous les pays qu'on dit en voie de développement.
Cela signifie, compte tenu du fait que le marché national est
réduit, que le Québec est en train de se mettre à la merci
et sous la dépendance de clientèles extérieures qui
peuvent, à tout moment, se désintéresser du produit
québécois, surtout en cas de crise économique.
L'industrie touristique est trop fragile et changeante pour constituer
la base de l'économie d'une région, encore moins pour celle d'un
pays comme le Québec.
Le programme du Parti québécois en matière
de tourisme se situe à peu près à l'opposé
de la politique actuelle dite libérale. Le Parti québécois
est d'avis qu'il faut:
Etablir une loi-cadre assurant le développement du tourisme dans
une double perspective: L'accessibilité pour les Québécois
à toutes les formes de loisirs qu'offre le territoire et l'attrait du
Québec pour les étrangers.
Assurer l'essor du tourisme social en rendant le voyage accessible
à tous les citoyens, spécialement aux groupes
défavorisés, et en étendant à d'autres
clientèles les programmes qui s'adressent à la jeunesse.
Contrairement à l'approche libérale qui est axée
d'abord sur les effets économiques du tourisme et qui ne
s'intéresse à son impact social que comme un sous-produit,
l'approche sociale considère le tourisme comme un loisir et
l'accès aux loisirs comme une nécessité commune
d'intérêt public.
Du même coup, le tourisme est envisagé dans une perspective
nettement nationale, c'est-à-dire qu'il doit favoriser d'abord les
Québécois en fonction desquels il faut organiser le domaine et
les activités touristiques, quitte par la suite à ce qu'une
clientèle étrangère vienne aussi profiter du domaine ainsi
aménagé. "Dans cette perspective, écrit-on toujours dans
le rapport Sotar de 1967, le tourisme est organisé par et pour les
nationaux, à leur image et ressemblance, suivant leurs besoins propres
et leur différence spécifique. L'affirmation de cette
personnalité ne peut qu'accentuer le contraste touristique et attirer
davantage un tourisme international".
Telles sont, en bref, les deux idéologies qui s'affrontent au
Québec en matière d'aménagement touristique. Il est normal
que le gouvernement actuel, qui laisse le Québec et les
Québécois se faire acheter avec leur propre argent, que ce soit
par les multinationales ou par le fédéral, ne soit pas tellement
tourné vers une politique touristique à caractère
social.
En terminant, je veux citer l'opinion d'une jeune
Québécoise qui se trouvait parmi les 50% de jeunes refusés
par Tourbec lors de la dernière "Opération Pupun" de l'hiver
dernier, ce programme de la découverte du Québec en
période hivernale, réalisé d'ailleurs par le
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. Cette jeune
Québécoise faisait remarquer au ministre responsable, M. Phaneuf:
"La promotion d'un Québec touristique est déficiente envers sa
population...
Qu'est-ce que le Québec? La région où nous
demeurons et rien d'autre. Les plages américaines sont beaucoup plus
accessibles pour nous que notre Québec; les régions restent
à connaître... Les régions éloignées des
grandes zones urbaines ne sont ouvertes qu'afin d'exploiter les ressources au
détriment des Québécois, ce qui devrait être le
contraire...
Il y a des gens qui font connaître le Québec aux
étrangers à coup de dollars et nous, les Québécois,
ne savons rien ou presque rien de ce qui se passe à travers le
Québec". La Presse, 8 février 1975.
Je pense que ce verdict exprime admirablement bien la situation
actuelle, résultat normal de la pagaille chronique entretenue par le
présent gouvernement dans ce domaine comme dans d'autres.
En terminant, je voudrais, M. le Président, dire qu'étant
donné l'augmentation et je le reconnais
considérable du budget du ministère, soit une augmentation de
68.8%, cette année, je pense qu'il serait normal qu'au cours de cette
année et au cours des années qui viendront, nous puissions
développer cette nouvellle optique du développement touristique
au Québec et je pense qu'il serait important que le tourisme serve
d'abord aux Québécois, sans pour autant empêcher que le
Québec devienne un attrait pour d'autres pays et pour les
étrangers, mais tout en conservant nos valeurs culturelles et nos
richesses culturelles.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Simard: Je pense que le député de Saguenay vient
de nous faire une dissertation, basée en majeure partie sur des
expertises qui ont été faites en 1967, notamment le rapport
Sotar.
Je veux vous dire que, depuis 1967, l'industrie touristique au
Québec a changé énormément, a maintenant de
nouvelles dimensions. Quand on pense que l'Expo 67 a fait connaître,
autant aux gens de l'extérieur qu'aux Québécois ce
qu'était la grande région de Montréal, il a fait
connaître aussi la majeure partie des régions qui ont une certaine
dimension touristique dans toute la province.
Je trouve assez surprenant que le député de Saguenay se
fie à des statistiques qui nous viennent de 1967, lorsqu'on voit, avant
même l'étude programme par programme, ce que nous projetons
maintenant, cette année, justement pour humaniser. Même si je
n'aime pas tellement le mot "socialiser", c'est que nous voulons quand
même, de plus en plus... Le député de Saguenay et tous les
membres de cette commission vont se rendre compte, à mesure que nous
allons voir les différents programmes que nous allons étudier,
que justement nous misons certainement sur la rentabilité touristique.
J'ai déjà dit que c'est l'économique qui, à un
moment donné, doit être le premier si on veut faire du tourisme
social, pour employer les termes du député de Saguenay.
Si je reprends la page 6, lorsque le député de Saguenay
disait qu'on remarque, cependant, à mesure que les pays et les
mentalités évoluent, que les peuples jettent les uns après
les autres la politique dite libérale pour adopter l'attitude inverse,
c'est-à-dire par un tourisme d'abord social, je ne sais pas où le
député de Saguenay a pu piger cela, mais je crois que c'est faux
et en totalité, parce que là où le tourisme se
développe, c'est justement là où on est dans une province,
ou dans des provinces, ou dans un pays, ou dans des pays
industrialisés.
Or, M. le Président, c'est simplement quelques commentaires que
je voulais faire. Je crois qu'il y a d'autres membres de cette commission qui
ont
sûrement quelques commentaires à faire. Mais, je veux m'en
tenir, si vous voulez, à l'étude des programmes, à mesure
que nous allons discuter des crédits, parce que le député
de Saguenay et l'Opposition vont se rendre compte que nous faisons des efforts
énormes, justement, pour le petit salarié. Nous ouvrons des
territoires. Nous faisons tout en notre possible, d'après nos budgets,
pour d'abord faire connaître aux Québécois ce qu'est le
Québec. Si les gens de l'étranger veulent bien venir nous rendre
visite, nous les acceptons, c'est bien sûr.
J'aurais l'occasion, à mesure que l'étude des
crédits ira, de prendre certaines positions sur la déclaration et
le texte du député de Saguenay, qu'il vient de nous donner.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Fabre.
Commentaires des députés du parti
ministériel
M. Houde (Fabre): M. le Président, je ne voudrais pas
laisser passer ce texte de mon ami, le député de Saguenay. Je
voudrais dire, pour tout le monde, que cela m'a surpris de la part du
député de Saguenay qui, d'une façon
générale, depuis plusieurs années, en matière du
tourisme, de la chasse et de la pêche, a été très
constructif. Je l'ai souvent répété à
l'Assemblée nationale. Le député de Saguenay a,
ordinairement, des interventions fort positives.
Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui se passe. Je ne sais pas si on lui a
imposé un texte. Je ne sais pas si c'est son conseil national ou quoi,
s'il y a eu un caucus en fin de semaine, qui lui a demandé de lire ce
texte, mais je me dois de dire au député de Saguenay que ce texte
est d'un pessimisme qui me surprend vraiment. Quand on est rendu dans un parti
politique d'abord, c'est un texte excessivement politique, un texte qui
dénote un complexe d'infériorité incroyable quand
on est rendu à écrire que la politique touristique est
calquée sur celle des pays les plus arriérés et les plus
sous-développés, il ne faut pas s'aimer; il ne faut surtout pas
avoir le goût du Québec, comme on pense l'avoir; il ne faut
surtout pas être conscient des efforts extraordinaires que le
Québec a faits en matière touristique; il ne faut surtout pas
être conscient des dizaines de délégations
étrangères qui viennent chez nous justement essayer de chercher
les meilleurs éléments; il ne faut surtout pas être
conscient de tout ce qu'on a fait depuis quelques années,
indépendamment de la couleur politique, pour faire du Québec
quelque chose d'intéressant, non seulement pour les étrangers,
mais surtout pour les Québécois.
A la page 2, il dit: Le gouvernement actuel ne tient pas du tout compte
de ce que les citoyens québécois aient accès à
l'information, ce type d'information. Jamais, comme depuis quelques
années, autant d'information, autant de slogans, style connaissance du
Québec d'abord, ont été mis à la portée des
jeunes et des moins jeunes du Québec; jamais de jeunes
Québécois, que cela re- lève de notre ministère ou
non, n'ont eu autant l'occasion, par toutes sortes d'organismes gouvernementaux
ou paragouvernementaux, d'être encouragés techniquement ou
subventionnés directement, ont eu la chance de visiter et de vivre des
expériences d'abord à l'intérieur du Québec.
Je pense, à Tourbec, à l'extérieur du
Québec, je pense à l'Office francoquébécois qui
envoie des jeunes par milliers, je pense au placement étudiant, qui
envoie par centaines des gars et des filles de chez nous étudier
l'anglais ou l'espagnol, l'anglais en Angleterre ou à Vancouver,
l'espagnol par exemple en Espagne. Jamais les Québécois n'ont
reçu autant d'information sur leur Québec. A la radio,
grâce aux media d'information, commandités ou non, j'ai
moi-même négocié avec Télé-Métropole
pour ne donner qu'un exemple, nous avons eu gratuitement un quart d'heure par
semaine pendant toute l'année pour faire passer n'importe quel
fonctionnaire pour parler de l'industrie touristique, pour aller dire aux
citoyens du Québec: Vous pouvez fréquenter tel parc, telle chose,
voir telle exposition. Jamais on n'a autant entendu parler de ces choses.
Le député parle des artisans, par exemple, à la
page 5. Est-ce que, depuis quelques années, le député de
Saguenay a eu vraiment l'occasion de se promener à l'intérieur du
Québec? Il n'y a jamais eu autant de centres culturels, de centrales
artisanales, et jamais peut-être il n'y a eu moins de "Made in Hong Kong"
à cause de ce retour aux sources, à cause de cette importance que
les Québécois ont enfin comprise, leur importance culturelle,
jamais. J'invite le député à venir dans les Laurentides,
entre autres, région que je connais particulièrement; il y verra
des Québécois francophones ouvrir, s'organiser en petits
circuits, en réseaux pour, comme il dit, les antiquités et les
meubles québécois. Jamais je n'ai vu autant de peintres,
d'artisans en poterie, jamais je n'ai vu de cercles de jeunes fermières
se mettre sur pied pour continuer l'artisanat, acheter des métiers.
Il parle des voyages, il parle du tourisme social. On pourrait discuter
longtemps sur le mot "tourisme social". Que fait-il des initiatives comme
l'agro-tourisme? Il y a même eu un congrès international à
Montréal récemment de l'agro-tourisme, pour lequel actuellement
il se fait une magnifique publicité; il y a des milliers de citoyens
à revenus modiques qui peuvent fréquenter tous les endroits du
Québec, en allant vivre dans des familles sur des fermes. Que dire de la
nouvelle mentalité même de nos parcs dans des terrains
expropriés où on exige, où on demande même que les
fermiers continuent à vivre là, même à
l'intérieur des limites d'un parc, afin que les visiteurs
québécois ou les étrangers voient les gens tels qu'ils
sont? Que fait-on des clubs d'âge d'or? C'est tellement facile de lancer
en l'air toutes sortes d'idées. Les vieux ne voyagent pas, les vieux ne
font pas ceci.
Il n'y a pas de catégories dans toute la province de
Québec, sauf les millionnaires, peut-être, qui voyagent autant
qu'une grande proportion d'adultes, membres affiliés à toutes
sortes de clubs, qu'on appelle les clubs d'âge d'or, subventionnés
en bonne partie par toutes sortes d'orga-
nismes gouvernementaux et paragouvernemen-taux. C'est par centaines, les
voyages qu'on leur offre.
M. le Président, il y a dans ce texte énormément de
pessimisme, je le déplore. Cela me surprend du député de
Saguenay. Quant à moi, je suis prêt à admettre que, bien
sûr, il y a place à amélioration; bien sûr que c'est
possible d'améliorer tous les services à l'intérieur d'un
ministère comme celui du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
mais qu'on arrête d'établir des clichés, qu'on arrête
de parler d'accessibilité du territoire, quand on sait que
présentement des milliers et des milliers de Québécois
peuvent fréquenter les parcs; et qu'on arrête également de
penser peut-être que le nom ou le titre qui coiffe le
ministère n'est pas ce qu'il y a de plus approprié aujourd'hui en
mettant Tourisme, Chasse et Pêche mais qu'on pense aux 15, 16 ou
17 activités autres que la chasse et la pêche qui se sont
maintenant directement propagées; qu'on pense aux circuits de
canaux-rivières soit d'une journée à sept journées,
c'est rempli à capacité. Ceux qui sont passés hier et
avant-hier sur la Transcanadienne et qui ont vu les foules rassemblées
au parc des Voltigeurs, ce sont quand même des Québécois
qui en ont profité. Qu'on pense, par exemple, au Québec et qu'on
me donne un seul autre exemple de quelque province que ce soit et de quelque
pays que ce soit, qui ait autant de festivals organisés, d'abord pour la
population, de carnavals organisés partout, c'est incroyable. On est
rendu avec le festival de la crevette en passant par la huitaine de la
gaieté du Lac-Saint-Jean, en passant par un 24-heures de quelque chose,
par le folklore et tout ce que vous voulez.
Vous allez me dire que les Québécois ne savent pas
s'organiser, je n'ai sûrement pas de complexe d'infériorité
pour dire que les Québécois ne savent pas s'organiser, ne savent
pas mettre en valeur leur culture personnelle ou régionale ou locale.
Bien sûr, tant mieux si cela attire les étrangers d'autres
provinces et d'autres pays. Mais il y a d'abord des événements
importants qui permettent aux Québécois d'en profiter. Les lacs
sont de plus en plus ouverts au grand public. Les plages commencent à
rouvrir dans certains cas, il y a des initiatives extraordinaires au sujet de
lacs qui étaient pollués et qui ont été
dépollués avec l'aide du gouvernement; je pense à
Saint-Donat qui a été l'exemple le plus cité; je pense
à la rivière Jacques-Cartier, on n'en parle pas trop, où,
l'été passé, des milliers de gens ont fait de la
randonnée pédestre après qu'on eut fait une bataille...
Dans le temps où Hydro-Québec voulait s'en emparer, on criait au
scandale. Maintenant que c'est un fait accompli, que nous avons des animateurs,
des moniteurs, des animateurs de plein air, là, on n'en parle pas.
Je veux bien qu'on souligne, c'est peut-être le rôle de
l'Opposition, la partie la plus faible à l'intérieur de nos
programmes, mais il y a également une partie extrêmement
importante, qui est très positive, et je pense que c'est normal, on le
verra à l'occasion de l'étude de chacun des programmes.
C'est ce que j'avais à dire. Sans compter que si nous
étions, comme semble vouloir nous faire passer le Parti
québécois dans plusieurs domaines, une "gang"
d'arriérés ou de sous-développés, pour un pays
sous-développé, dans l'espace de quelques années, on a
quand même eu l'Exposition internationale, on a eu Terre des Hommes, on a
eu la Superfrancofête, et, je vous le dis sans prétention, cela a
été tout un succès. J'arrive d'un voyage en Afrique. Si
vous saviez avec quelle fierté les Africains nous racontent leur
séjour au Québec, avec quelle joie ils nous racontent l'accueil
reçu dans nos familles lors des visites faites dans tous les villages
autour de la capitale, de la ville de Québec, eh bien! c'est un
élément de fierté. Pour un pays arriéré,
pour une province arriérée, on a quand même réussi,
malgré de gros compétiteurs, à obtenir non seulement la
Superfrancofête l'été dernier, mais aussi les Jeux
olympiques de I976, qui auront lieu, malgré tous les pessimistes. Je
suis convaincu que les Jeux olympiques auront lieu et que ce sera un immense
succès, dont profiteront également les Québécois.
Cela permettra à de nombreux visiteurs, y inclus des
Québécois, de sortir de la région de Montréal et de
visiter toutes nos régions. Pour un pays sous-développé,
nous aurons très bientôt l'inauguration au Québec d'un des
aéroports les plus importants au monde et qui s'appelle Mirabel. Comme
arriérés, c'est encore pas trop mal de réussir à
avoir cela, de réussir à avoir des supersoniques. Et ce n'est pas
fini. Le ministre vous parlera tantôt de notre commando de la promotion
des congrès; de plus en plus, nous avons des congrès; de plus en
plus, nous avons les yeux du monde entier rivés sur nous. Je pense,
particulièrement, au moment où je vous parle, qu'il faut le dire,
il ne faut pas être gêné. Je suis content de savoir que,
dès l'été prochain, à peu près à
cette date-ci, nous aurons le congrès international de sciences de la
santé, qui groupera chez nous, ici à Québec, les 3,000
plus grands scientifiques en matière de médecine, de physiologie
de l'exercice et enfin tout ce qui est connexe à la médecine et
aux sports. Non, de cela on ne parle pas. On aime mieux dire: Non, cela va mal,
il ne sa passe rien, on est faible, on est ci et on est ça.
M. le Président, c'étaient les remarques que j'avais
à faire. Encore une fois, je déplore que le début de cette
commission parte sur un ton très politisé, très
pessimiste. Quant à moi, je vais me faire un devoir de relever pour
chaque note pessimiste et négative un côté positif de ce
qui se fait au Québec.
M. Cornellier: Le député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, au début de mes
remarques je veux féliciter le ministre pour l'essor qu'il a su donner
au tourisme. Je sais l'importance de cette industrie pour le bien de notre
province, que ce soit tant du côté social qu'économique, et
je pense que les deux sont extrêmement importants. Pour bien vivre
socialement, cela prend de l'économie. Je pense que la première
chose à aller chercher, la plus importante, c'est l'économique,
et ensuite, on va du côté social.
Je veux également parler d'un domaine qui me touche
particulièrement, soit l'aide au financement, par le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de Terre des Hommes.
Ce paradis qu'était l'île Sainte-Hélène avant
l'Expo 67, pour les plus nantis, les gens de Montréal et principalement
pour les résidants du sud de l'île de Montréal, a
continué son oeuvre pour ces mêmes personnes qui n'ont pas les
moyens de se payer de longues vacances à l'extérieur, ni un
chalet d'été qui, aujourd'hui, de plus en plus, sont à des
prix exorbitants. Aussi, je suis persuadé que le ministère a eu
raison d'aider au financement de Terres des hommes, terre qui agrémente
la vie de milliers de Montréalais, de gens de la rive sud et de tous
ceux qui n'ont pas les finances nécessaires pour aller à
l'extérieur. Ce sont les quelques remarques que j'avais à
faire.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Matane.
M. Côté: M. le Président, à l'instar
de mon collègue de Fabre, je veux m'inscrire en faux contre les propos
pessimistes du député de Saguenay. Je ne traiterai donc pas de
l'aspect global du Québec, mais tout simplement de la région que
je représente, la Gaspésie. J'aurais une petite interrogation
à poser au député de Saguenay. Qu'adviendrait-il de la
Gaspésie si elle n'avait pas le tourisme? Prenons la saison hivernale,
au moment où le tourisme est à son point mort, il y a
au-delà de 30% de chômage en Gaspésie. C'est donc dire
qu'il est vrai de parler chez nous de première industrie, lorsqu'on
parle de tourisme.
On parle de politique de non-accessibilité aux différents
territoires de la province. Dans ma région, y a-t-il une région
plus accessible que la rivière de Matane, pour la pêche au saumon?
Grâce au budget du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, l'an dernier, par l'entremise du ministère des Richesses
naturelles, la canalisation et l'aménagement de la rivière de
Sainte-Anne-des-Monts, sur une longueur de 2,500 pieds, qui permettront
l'accessibilité de la rivière à tous les visiteurs et
à tous les gens de l'endroit. C'est beaucoup. Ce sont des gestes
concrets. Ce ne sont pas des textes tirés des nuages avec des politiques
socialistes et tout ce que vous voudrez. Ce sont des gestes concrets
posés par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
S'il y a une région qui peut parler de tourisme,
évidemment après celle de mon ami, le député de
Laurentides-Labelle, c'est bien celle de la Gaspésie! Grâce
à l'ODEQ, trois endroits se sont développés, le mont
Saint-Pierre, Percé et Carleton. Je n'ai rien contre le principe de
poursuivre le développement de ces centres, mais je dois vous dire qu'il
y a d'innombrables sites, autres que ceux-là, qui ne demandent
qu'à être développés, tout autour de la
Gaspésie, afin de pouvoir accueillir les visiteurs des pays
étrangers, des Etats-Unis et même les Québécois, et
d'en faire, pour la Gaspésie, je n'ai pas honte de la nommer, une
industrie chez nous qui nous permette de vivre.
Nous ne croyons pas qu'éventuellement on en vienne à
construire des usines de grande ampleur chez nous. Alors,
nécessairement, à partir des richesses que nous possédons
je dois dire que le paysage, la nature est quand même la
principale richesse de la Gaspésie il faut les exploiter et
être capable de faire vivre nos gens.
En développant différents petits sites tout autour de la
Gaspésie, et il y en a une multitude, j'ai nettement l'impression que
nous réussirons à stabiliser, du moins en période estivale
et à l'automne, le revenu de certains Gaspésiens.
M. le Président, je pense que le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche devra poser des gestes concrets et être le
leader dans le développement du tourisme à l'année. Je
n'ai pas besoin de vous rappeler qu'il y a le parc de la Gaspésie qui
contient à l'intérieur de ses limites, le mont Jacques-Cartier,
le mont Albert, le mont Logan qui sont les sommets les plus
élevés de l'est de l'Amérique du Nord, où l'on
pourrait, éventuellement, faire du ski pratiquement à
l'année, que ce soit du ski de fond ou du ski alpin, où il y a
des randonnées en montagne. Je pense que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche devra s'imposer en leader. Il y a
déjà des démarches très bien entreprises à
l'heure actuelle. Il devra les poursuivre pour que le parc de la
Gaspésie soit aménagé de façon que le tourisme
vienne chez nous à l'année, pour assurer un revenu non seulement
saisonnier, mais un revenu à l'année aux gens qui vivent sur ce
territoire. Ce n'est pas la matière première qui manque, ce sont
les possibilités de les développer.
Je n'ai pas honte de dire: Que ce soit un Anglo-Canadien, que ce soit un
Américain ou toute autre personne qui viendra chez nous pour
développer nos ressources, nous lui ferons un accueil chaleureux et nous
collaborerons avec lui pour développer nos ressources. C'est ce qui
permettra aux gens de la Côte-Nord, des Laurentides, d'un peu partout, de
venir visiter la Gaspésie et d'y laisser des sommes très
importantes.
Le tourisme en Gaspésie, ce n'est pas seulement Mont-Saint-Pierre
ou Percé ou Carleton, c'est le parc de la Gaspésie au complet,
c'est aussi, comme le précisait le député de Fabre tout
à l'heure, en parlant de festival, le festival de la crevette de Matane
qui est devenu un événement annuel des plus fêté.
J'en profite, MM. de la commission, pour vous inviter à ce fameux
festival qui aura lieu les 18 et 19. Vous viendrez déguster et cela vous
permettra de juger de l'accessibilité du territoire matanais à
toute la population du Québec.
Alors, M. le Président, c'est cet ensemble de choses qu'il faudra
développer en Gaspésie. Le ministère a déjà
fait beaucoup. Il a dépensé des sommes énormes. Je pense
qu'il faut poursuivre cette marche pour le développement du tourisme.
Dans mes remarques générales, je m'en voudrais de ne pas
préciser deux autres points, dont, à mon avis, au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, on devra faire
état de certaines remarques, et qui mériteront qu'on s'attarde
là-dessus, ce sont les fameuses réservations dans les
rivières, dans les lacs, pour la chasse aussi. En ce qui me
concerne, je pense que j'aurai certaines remarques à apporter.
J'émets de sérieux doutes sur le fonctionnement. Comment se
fait-il qu'à l'heure actuelle l'île d'Anticosti n'est
réservée qu'à 50% et souvent, par les mêmes
personnes, aux mêmes dates que les années antérieures? Il
faudra s'attarder également sur un phénomène qui, je
pense, n'a pas été voulu par personne, mais qui prive quand
même certaines personnes de l'endroit de l'accessibilité d'un
territoire. Il y a quand même une bonne proportion de gens, de la
région de la rivière de Sainte-Anne-des-Monts, par exemple, qui
peuvent aller pêcher le saumon.
Je pense qu'on devrait prévoir, dans les différents
mécanismes, une partie pour le local, un pourcentage de 20%, 25% des
possibilités de réservation au local parce que c'est quand
même aussi, pour les gens qui habitent ces régions, un besoin et
les gens sentent que cela leur appartient.
Cette année, il y a plus de 20% ou 30% des gens du milieu local
qui pourront y accéder, mais comme c'est un tirage au sort, il peut
advenir qu'à l'avenir ce soit à 90% réservé
à des gens de l'extérieur du milieu. Alors, il faudrait
prévoir certains mécanismes qui permettront à ces locaux
d'en bénéficier le plus possible.
En ce qui concerne ma dernière remarque, je rejoins les propos
que tenait, au début de cette réunion, le député de
Saguenay, en ce qui concerne les agents de conservation de la faune. Je pense
que, quant aux qualifications, quant à la qualité de
l'enseignement donné dans les différents instituts du tourisme
pour la formation des agents de conservation, il y a une qualité
exceptionnelle. Mais je pense qu'il faudrait absolument, au niveau des agents
de conservation, au niveau du recrutement, insister sur le jugement. Je pense
que, chez nos agents de conservation de la faune, c'est ce qui manque le plus.
C'est une question de jugement, de gros bon sens. Aller arrêter un
individu qui se trempe le gros orteil dans la rivière, en faire une
infraction et dire que c'est défendu... L'an passé, on a
assisté à certaines scènes comme celle-là. Je pense
qu'à l'intérieur des différents programmes, M. le
Président, on pourra toucher aux différents points que j'ai
mentionnés. Je vous remercie.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: M. le Président, je voudrais seulement faire
quelques commentaires et dire que j'ai été extrêmement
déçu de l'attitude du député de Saguenay dans sa
déclaration de ce matin qui est très pessimiste et très
négative, comme d'ailleurs à peu près toutes les
déclarations du parti- séparatiste concernant les politiques
gouvernementales.
Je pense que le député de Saguenay ne connaît pas
les réalités touristiques du Québec. Je l'invite,
particulièrement, à venir dans ma région, dans les
Laurentides où on peut constater facilement que des milliers de
Québécois y viennent et bénéficient des espaces
verts, des parcs. On pourrait en nommer plusieurs, le parc de La
Vérendrye, le parc Papineau-Labelle, le parc Mont-Tremblant, le parc
Sainte-Véronique qui bénéficient aussi des divers lacs de
la région et des divers territoires de chasse et de pêche qui,
pour la plupart, sont très accessibles aux Québécois qui
viennent exercer plusieurs activités de plein air, qui se
développent de plus en plus dans les parcs, entre autres, dans le parc
Mont-Tremblant. Ce, grâce à l'aide du ministère du
Tourisme, grâce à ses politiques.
Le député de Saguenay a parlé de l'aspect
économique du tourisme et, comme mon collègue, je me demande ce
qui adviendrait des Laurentides si on ne tenait pas compte de l'aspect
économique du tourisme chez nous. Je pense que 70% ou 75% des emplois du
sud de mon comté proviennent de l'industrie touristique et ce, à
l'année longue. Je me limite à ces quelques remarques et j'aurai
l'occasion, au cours de l'étude des crédits, programme par
programme, de relever les faussetés apportées par le
député de Saguenay dans sa déclaration de ce matin.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, simplement quelques remarques
sur mon texte. D'abord, je suis quand même heureux que cela ait
apporté une réaction aussi forte que celle qui nous est
présentée. Je voudrais préciser ceci, il ne s'agit pas de
remettre complètement en cause l'aspect économique du tourisme,
que ce soit un tourisme qui provient de l'extérieur ou un tourisme qui
provient du Québec. Cet aspect économique va se
concrétiser au niveau des régions. Ce que j'ai tenté de
remettre en cause et de préciser, c'est que le tourisme peut avoir deux
conséquences: d'abord, des conséquences positives pour une
collectivité et peut aussi, c'est là qu'est le danger, avoir des
conséquences négatives pour les Québécois ou pour
une collectivité.
Il ne s'agit pas, à cause de ces possibilités, de ces
conséquences négatives, de rejeter l'étranger. Au
contraire, nous allons attirer l'étranger lorsque nous continuerons de
développer notre tourisme selon ce que nous sommes. C'est dans ce sens
que je parle du danger que comporte la conséquence négative. Le
tourisme vient toujours transformer quelque chose. Le touriste vient-il nous
voir tel que nous sommes ou nous voir comme des Américains que nous
serions? C'est dans ce sens que le tourisme peut présenter des
conséquences négatives. Ce que j'ai voulu souligner et ce
à quoi je continue de croire, c'est qu'il ne s'agit pas de contester la
multiplication des activités touristiques qui se sont
développées depuis quelques années. On se rappelle le
congrès international des agents de voyage. On cite aussi,
prochainement, les jeux olympiques et quantités d'activités
touristiques qui vont se passer chez nous, au Québec. On a cité
aussi le Festival québécois qu'on a eu l'an dernier.
Mais ce que je voudrais souligner c'est que, malheureusement, on
constate bien souvent que
l'aspect touristique québécois est devenu passablement
américanisé et que c'est là un danger qu'il va falloir
tenter de combattre pour que le Québec touristique soit vraiment les
Québécois, que ce soit au point de vue gastronomique, que ce soit
au point de vue développement artisanal, que ce soit au point de vue du
développement de la Gaspésie par exemple, que ce soit au point de
vue de la présentation de nos activités ou au point de vue de
l'exploitation, non seulement de notre territoire, mais de notre
hébergement.
Il va falloir que le ministère ait de plus en plus des
politiques, non pas pour contribuer à faire en sorte que le
Québec devienne de plus en plus américain, mais pour contribuer
à changer le Québec pour qu'il devienne plus
québécois.
C'est justement dans ce sens-là que le développement du
tourisme en Gaspésie, que le développement du tourisme dans les
Laurentides, va être capable d'attirer beaucoup plus de monde. Les
Américains ne viennent pas chez nous voir ce qu'ils retrouvent chez eux.
Les Américains viennent voir chez nous ce qu'ils ne retrouvent pas chez
eux. De même que nous, lorsque nous allons à l'extérieur,
nous allons voir ce qu'on ne retrouve pas chez nous.
C'est dans ce sens-là que j'ai voulu poser le problème du
développement touristique pour les nationaux et par les nationaux.
Un exemple concret: Est-ce qu'il est normal, comme
Québécois, après avoir dépensé passablement
d'argent pour faire revivre Place Royale, que ce soit une société
américaine qui l'administre? Hilton.
Est-ce qu'il est normal que notre hébergement soit actuellement
contrôlé par une grande partie de sociétés
multinationales, alors que les Québécois n'ont pas encore de
place réelle à l'intérieur de ces grands organismes
d'hébergement?
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que je posais le
problème du développement touristique.
Quand le ministre me demandait où j'avais pris ma citation,
à la page 6, il s'agit d'une étude de la commission
économique pour l'Europe, organisme rattaché au Conseil
économique et social des Nations Unies.
La richesse touristique du Québec je suis assuré
que tant le ministre du Tourisme, que l'adjoint, le député de
Fabre, comme les autres membres de la commission parlementaire seront d'accord
c'est d'abord que nous soyons des Québécois et que nous
restions des Québécois.
La richesse touristique du Québec ne se développera pas
plus parce que nous sommes américanisés ou parce que nous sommes
anglicisés, mais elle va se développer d'abord parce que nous
serons Français et parce que nous serons Québécois.
C'est dans ce sens-là, je pense, que nous devrons, d'ici quelques
années, accentuer ce visage français. Quand les étrangers
viennent nous voir et qu'ils constatent que le Québec est
peut-être tout simplement le 52e Etat américain, ce n'est pas dans
ce sens-là qu'ils veulent venir nous voir.
Je oense qu'on est actuellement à une transformation, à un
carrefour. Si nous voulons conser- ver cet attrait touristique pour le
Québec, il va falloir que nous développions... A ce sujet, il va
même falloir avoir une pression auprès des individus
québécois, des personnes qui sont directement impliquées
dans le tourisme, qui pensent qu'en faisant plus anglais ou en faisant plus
américain, cela va attirer plus de monde. Je pense que c'est faux.
Lorsque la Gaspésie présentera un visage touristique
québécois et français, cela attirera beaucoup plus de
monde que de présenter un visage américain.
Quand toute la côte de Beaupré présentera une
publicité française et une image française, et des
expositions artisanales, "made in Québec" plutôt que d'en
présenter "made in Hong Kong", ce sera bien plus profitable pour
l'ensemble de tous les Québécois.
C'est dans ce sens-là. Je ne suis pas pessimiste, je suis
optimiste en ce qui concerne le développement touristique au
Québec. Je pense que nous pourrions être la petite France de
l'Amérique du Nord du côté gastronomique, du
côté de la présentation des différentes
activités.
Mais il y a un danger que nous vivons actuellement et chacun des membres
de cette commission parlementaire l'a déjà vécu. Lorsque
nous visitons les régions, nous constatons malheureusement que le visage
québécois est en train de disparaître, dans beaucoup de
régions du Québec, aux dépens de notre attrait
touristique.
C'est dans ce sens que je faisais, M. le Président, les remarques
que j'ai faites et je crois encore à ces remarques. Le ministère
du Tourisme a une responsabilité pour faire en sorte que le visage
québécois demeure et que les étrangers qui viennent nous
voir viennent véritablement constater que, chez nous, on est
différent des autres et sachent qu'il n'est pas question de nous
transformer à leur façon pour devenir en fait, ce qu'ils sont.
C'est dans ce sens qu'on pourra avoir, que le Québec pourra être
un véritable attrait touristique pour l'ensemble des pays du monde.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable ministre.
M. Simard: M. le Président, pour répondre
très brièvement au dernier énoncé du
député de Saguenay, je ne suis pas du tout d'accord lorsque le
député de Saguenay dit que le tourisme québécois
semble s'américaniser. Si on prend les derniers exemples, ceux des
derniers congrès tenus à Montréal ou à
Québec, la réaction des gens est tellement positive qu'ils nous
disent excusez le terme anglais "Oh God, it is so different at
home".
Pensons aussi que 70% de l'industrie touristique nous vient, bien
sûr, du bassin de population au sud de la province de Québec, donc
les Américains... Je suis d'accord avec le député de
Saguenay quand il dit que peut-être certaines gens essaient de se donner
une certaine priorité, en mettant des annonces en anglais ou enfin en
jouant un peu à l'américaine mais, sur le plan global, je ne
crois pas que le Québec soit en train de s'américaniser, au
contraire. Nous avons fait énormé-
ment d'efforts dans ce sens ces dernières années.
L'industrie touristique est basée, si vous voulez, sur un critère
extrêmement important, qui est le dépaysement; tant et aussi
longtemps qu'on ne pourra pas fournir ce dépaysement aux touristes qui
nous viennent de l'extérieur, à ce moment, notre industrie
touristique est faite.
Qu'on prenne la région de Québec, qu'on prenne la
région de Montréal, et nous allons nous étendre,
après cela, dans les régions de Trois-Rivières et de
Sherbrooke, nous allons parler tout à l'heure du triangle qu'on veut
développer, où 75% et même 80% de la population
québécoise est représentée, nous allons voir,
à mesure que nous allons étudier nos crédits, M. le
Président, que nous faisons des efforts extrêmement sérieux
pour garder notre caractère québécois, garder notre
caractère francophone au Québec.
Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas quand même aider les
touristes qui nous viennent de l'extérieur. Personnellement, je suis
allé au Japon. Au Japon, même si on ne parle pas la langue, on
trouve quand même qu'il y a quelque chose d'assez spécial au
Japon. Peu importe où on va, c'est bien sûr qu'il faut que chaque
pays ou chaque province ou chaque région garde, si vous voulez, ce
qu'ils ont au fond d'eux-mêmes.
Si on parle de la Gaspésie, c'est bien sûr qu'un
Gaspésien n'est pas un Montréalais et qu'un Montréalais
n'est pas un Québécois. Nous avons, si vous voulez, un
éventail et un potentiel touristiques qui, à mon sens, ne peuvent
pas être dépassés par d'autres régions. Je crois
qu'au Québec nous avons le potentiel, nous avons l'infrastructure du
tourisme et je pense que, de plus en plus, nous nous améliorons.
Je suis bien d'accord avec le député de Fabre que le
dossier qui a été remis a une note pessimiste, quasiment criante.
Mais le député de Saguenay va s'apercevoir, au cours des
prochaines heures et des prochaines journées, que nous voulons aller de
l'avant et que, nous, de notre côté, nous sommes extrêmement
positifs.
Une Voix: Adopté.
M. Lessard: Non. Ici, au programme 1, M. le Président,
est-ce qu'on commence donc le programme 1, en ce qui concerne la discussion
générale?
Le Président (M. Cornellier): On va prendre le programme 1
: Maintien et amélioration de la faune, élément 1,
inventaire et recherche.
Maintien et amélioration de la faune
M. Simard: M. le Président, si les membres de cette
commission me le permettent, je vais faire une mise au point pour savoir les
règles du jeu. Je pourrais, si vous me permettez, peut-être
souligner les têtes de chapitre, plutôt que de faire la lecture
totale. S'il y a discussion, je ne sais pas si j'ai... Est-ce que tout le monde
est d'accord?
M. Lessard: Tout en insistant, le ministre, sans nous lire
complètement le document qu'il dépose, pourrait nous
préciser les principales réalisations que prévoit le
ministère cette année, quitte à poser des questions sur
ces principales réalisations.
M. Simard: Si vous me permettez, M. le Président, disons
qu'au programme 1, élément 1, il est question de révision
des règlements de pêche, il est question d'accès aux grands
plans d'eau, de chasse contrôlée à l'orignal,
règlements de la chasse à l'orignal, recherche sur l'orignal,
recherche sur le cerf de Virginie. Je pourrais continuer à donner les
grands titres et je crois que les députés sont déjà
assez au courant des différentes questions. Par la suite, on pourra
peut-être procéder à vous donner plus d'informations, si
vous le désirez.
M. Lessard: Dans votre document, vous parlez du contrôle
sur les arrosages aériens d'insecticides qui ont été mis
en place. J'aimerais savoir quels sont ces contrôles. Est-ce que vous
êtes toujours continuellement en relation avec le ministère des
Terres et Forêts, puisque vous savez, qu'encore, actuellement, les
chroniqueurs de chasse et de pêche s'interrogent énormément
sur la conséquence ou les conséquences néfastes, pour la
faune, du fénitrothion. J'ai appris de la part du ministère des
Terres et Forêts, lorsque nous avons discuté des crédits,
qu'une surveillance adéquate se faisait ou un contrôle
adéquat se faisait concernant justement ces arrosages, mais je constate,
quand même, quand je lis les chroniqueurs sportifs, qu'on n'a pas, en
tout cas, la même interprétation sur les dangers que peuvent
comporter ces arrosages pour le gibier. J'aimerais que le ministère nous
donne des renseignements, à savoir de quelle façon se fait ce
contrôle, exis-te-t-il, oui ou non, un danger pour la protection de la
faune?
M. Simard: M. le Président, avant de procéder,
est-ce que je pourrais demander à mes fonctionnaires de répondre
sur des questions techniques?
Le Président (M. Cornellier): Oui, certainement. Les
réponses seront enregistrées au nom du ministre.
M. Simard: Merci, M. le Président.
M. Denis: M. le Président, je m'excuse, il serait
peut-être profitable aux membres de cette commission que vous puissiez
nous présenter les fonctionnaires qui vous accompagnent durant
l'étude de ces crédits de cette commission.
M. Simard: D'accord. Je vais vous présenter mon
sous-ministre et mes sous-ministres adjoints. Je vais laisser à mon
sous-ministre en titre le soin de vous présenter les fonctionnaires qui
sont ici. M. Paul Brown, sous-ministre; M. Gaston Moisan, sous-ministre adjoint
à la faune; M. Roland Champagne, du service de recherche; M. Robert
Prévost, du tourisme et M. Guy Langlois. au budget.
M. Jacques Langlois, directeur du service du budget; M. Jean Lortie, au
service du budget; M. Hervé Saint-Pierre, à la conservation; M.
Georges Sévigny, directeur du service de la conservation; M. Paul-Emile
Pageau, directeur de la division de sécurité d'éducation;
le Dr Etienne Corbeil, directeur général de la chasse et de la
pêche; M. Jean-Marie Brassard, du service de la recherche de la faune; M.
Richard Séguin, directeur du service de l'aménagement de la
faune; M. Jacques Lévesque, du service du personnel; M. Léon
Tremblay, du conseil du saumon; M. Réjean Maranda, directeur de la
division des locations de territoire et M. Magella Dufour, du service de la
division de pisciculture.
M. le Président, pour répondre à la première
question du député de Saguenay, le comité
interministériel fonctionne toujours avec le ministère des Terres
et Forêts. Maintenant, je crois que, jusqu'à maintenant, il n'a
pas été prouvé scientifiquement, de part et d'autre, que
les arrosages pouvaient être dangereux pour ce qui est de la faune.
Bien sûr, certains journalistes ont écrit plusieurs
articles à ce sujet. D'après les rapports que nous avons, s'il y
a eu, à un moment donné, perte de faune aquatique, c'est
très peu. Nous avons eu un rapport préliminaire pour constater
finalement qu'il n'y avait aucun effet nocif. Les études vont se
continuer en 1975. Comme je le disais tout à l'heure, il n'y a
absolument rien de prouvé, à savoir si ces effets sont nocifs ou
s'ils ne le sont pas. Le Dr Moisan pourrait peut-être ajouter quelque
chose en ce sens. Jusqu'à maintenant, nous ne pouvons pas dire, en tout
cas, que c'est mauvais. Quand on prend pour principe qu'on ne peut pas avoir de
faune sans avoir de forêts, d'un côté, il faut quand
même conserver et préserver les forêts que nous avons.
Nous participons depuis le tout début au comité
interministériel. Nous avons obtenu, à même les
crédits alloués au ministère des Terres et Forêts,
pour les arrosages, une tranche de ce montant qui nous a été
transféré pour former une équipe dont le rôle est
uniquement de surveiller les arrosages. Cette équipe est formée
d'un biologiste, de deux techniciens. Actuellement, sur le terrain, avec ces
trois personnes, il y a dix étudiants qui vont travailler avec les gens
du ministère des Terres et Forêts, avec les spécialistes de
l'environnement et des Richesses naturelles sur la programmation de
l'été et qui surveillent attentivement les effets des arrosages
sur la faune. Il n'est pas question pour le ministère de faire des
recherches. On fait une très nette distinction avec faire des recherches
sur des sujets aussi compliqués qui se font un peu partout dans le monde
par de grands laboratoires. Tout ce qu'on fait actuellement, c'est de la
surveillance. Jusqu'à maintenant, on n'a pu observer aucun effet
négatif.
Il y a eu des accidents il y a deux ans à cause d'un mauvais
système de navigation des avions. Les avions ont passé deux ou
trois fois à la même place par accident, à ce
moment-là, quelques oiseaux et poissons ont été
observés. Ils avaient probablement été tués par le
poison. Le nouveau système de navigation des avions, semble-t-il,
empêche maintenant ce genre d'accidents. Depuis ce temps, nous n'avons
observé aucun effet nocif.
Nous continuons à surveiller. D'autant plus que le
ministère des Terres et Forêts n'utilise pas uniquement du
fénitrothion mais, à cause du fait qu'il est impossible de
trouver sur le marché assez de fénitrothion pour tous les
arrosages, on a toute une batterie d'insecticides, cinq ou six. Nos
observations sont programmées pendant l'été pour
surveiller les effets de chacun des insecticides.
Nous sommes beaucoup plus inquiets des effets à long terme des
arrosages sur la forêt elle-même. Là où la
forêt meurt, il y aura des effets sur la faune. Nous planifions donc en
même temps des études à long terme à cet effet.
M. Lessard: N'existe-t-il pas un règlement à
l'intérieur de la Loi de la faune qui défendrait de
répandre des insecticides là où le poisson ou la faune
peut circuler?
M. Simard: II y a sûrement des règlements dans la
Loi des pêcheries qui défendent d'étendre certains produits
dans l'eau. Dans la Loi de la conservation, je ne connais pas de
règlement qui...
M. Lessard: Dans les règlements de la pêche
sportive, c'est précisé.
M. Simard: Les règlements sont dans la Loi des
pêcheries.
M. Lessard: Je pense qu'il faut quand même se dire une
chose. Il est certain, comme le soulignait le ministre, que si la forêt
disparaît par suite des dommages causés par la tordeuse des
bourgeons que cela va avoir des conséquences néfastes sur la
faune et qu'il faut, comme je le disais tout à l'heure, avoir un
équilibre, d'un côté la faune et de l'autre la
forêt.
Cependant, je trouve, par exemple, dans les règlements de la
pêche sportive, paragraphe 27, article 132, ou le paragraphe suivant: II
est interdit de déposer des déchets, des produits chimiques ou
des matières toxiques dans les eaux fréquentées par le
poisson. Je me dis une chose, il y a quand même une contradiction entre
ce règlement et ce que fait actuellement, dans le but de protéger
une autre richesse québécoise, le ministère des Terres et
Forêts.
M. Simard: C'est le choix entre deux maux et nous essayons de
choisir le moindre! D'abord, vous vous référez à la Loi
des pêcheries, la loi fédérale. Les poisons ou les
insecticides qui sont utilisés actuellement sont approuvés ou
testés auparavant par un organisme fédéral
spécialisé qui dit: Si vous utilisez ces insecticides dans telle
concentration, il n'y a pas de danger pour la faune. Tout le monde admet quand
même que ce serait mieux de ne pas utiliser d'insecticides, mais,
à ce moment, nous perdrions la forêt, alors il faut faire un
choix.
Nous avons compris notre rôle comme en étant un de
surveillance, pour nous assurer que
les doses utilisées selon les permissions accordées,
n'étaient pas nocives, tel qu'on nous l'a dit auparavant. Jusqu'à
maintenant, cela s'est avéré réaliste.
M. Lessard: Alors, vous...
M. Simard: Je m'excuse. Il faudrait peut-être aussi noter
le fait de la complexité pour les avions de se diriger. Il y a une
question de vent, et lorsque ce produit est lancé du haut d'un appareil,
si vous avez un vent de 25 ou 30 milles à l'heure, ce qu'on appelle
"cross wind" en anglais, c'est bien sûr qu'il y en a peut-être cne
partie qui doit aller dans le lac, ce qui n'était pas prévu, et
que toute la partie qui tombe dans le lac ne tombe pas sur le bois qu'on veut
conserver. C'est un aspect technique qui est très difficile à
contrôler. Je pense que tous les pilotes et les spécialistes font
leur possible pour que cela n'arrive pas, mais, que voulez-vous? Cela
dépend des conditions climatiques.
M. Lessard: Vous me dites qu'il n'est pas question pour le
ministère du Tourisme de faire de la recherche comme telle sur les
conséquences de ces arrosages. Votre responsabilité se limite
à savoir s'il y a des conséquences néfastes soit sur le
poisson, soit sur le cheptel.
M. Simard: Ce que je veux dire, c'est qu'il est peu
réaliste de penser qu'on peut monter une équipe pour faire des
tests sur 10, 15 ou 20 insecticides, par rapport à leurs effets sur la
faune en général, quand on sait que de tels laboratoires existent
déjà. Ces laboratoires arrivent avec des résultats et des
directives; notre rôle, pour l'instant, se limite à nous assurer
que les directives sont bonnes ou qu'elles s'appliquent au Québec et que
la faune n'est pas en danger.
Si on voulait passer au stade de la recherche, ce serait une tout autre
histoire et ce n'est pas sûr que ce serait au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche à le faire.
Le Président (M. Cornellier): Je constate qu'il est 12 h
30. La commission va suspendre ses travaux jusqu'à cet
après-midi, après la période des questions, soit vers 16
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 16 h 19
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche reprend ses travaux pour l'étude des crédits
du ministère du Tourisme de la Chasse et de la Pêche. L'honorable
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Simard: M. le Président, pour faire suite aux
premières interventions du député de Saguenay ce matin,
nous avons fait enquête et, si vous voulez, je vais vous faire la lecture
du rapport que j'ai eu il y a quelques minutes. "Les agents de conservation
n'ont pas saisi tous les animaux empaillés, mais seulement les oiseaux
protégés par la loi et dont la possession est absolument
interdite. Trois oiseaux parmi les treize saisis avaient été
prêtés à la Société de conservation de
Baie-Comeau.
M. Lessard: Par?
M. Simard: Non, à.
M. Lessard: D'accord, je reviendrai.
M. Simard: II s'agit d'un huard, d'un aigle pêcheur et
d'une chouette arctique. Neuf autres oiseaux étaient la
propriété de deux étudiants, soit un aigle pêcheur,
deux vautours, deux grands-ducs, un busard des marais, une buse à
épaulette rousse et deux canards noirs. Nos agents de la conservation
suivent maintenant des cours sur l'identification des oiseaux...
M. Lessard: Cela paraît.
M. Simard: ... à l'Institut de police de Nicolet et deux
des agents impliqués venaient de graduer à ce cours. Après
consultation avec l'agent senior de Forestville, ils ont décidé
de pas procéder à la saisie avant que l'exposition ne soit
terminée. Ils ont donc fait, M. le Président, preuve d'un bon
jugement afin de ne pas déranger l'exposition pendant son
déroulement. Le travail d'éducation du public n'a pas
été dérangé pendant l'exposition et l'action des
agents, à la fin de l'exposition, va démontrer aux taxidermistes
et à ceux qui les encouragent, qu'il n'est pas permis de tuer ou
d'empailler ou de posséder n'importe quelle espèce d'animal au
Québec. D'ailleurs, aussitôt après cet incident, certains
citoyens possédant des oiseaux empaillés sont allés
vérifier chez des agents de conservation s'ils avaient le droit de les
posséder. Nous ne pouvons donc blâmer les agents de conservation
pour le travail consciencieux qu'ils ont fait. Nous avons d'ailleurs
communiqué avec les responsables de la Société de
conservation de Baie-Comeau et l'Association de chasse et de pêche de
Forestville qui se sont montrées très compréhensives.
Quant à la présence d'un kiosque du ministère
à l'exposition, les responsables avaient été avertis
environ trois semaines à l'avance qu'il serait impossible de se rendre
à leur désir, puisque nous avions des demandes à respecter
ailleurs en même temps. Le ministère avait déjà
participé de façon importante l'an dernier et il ne nous est pas
possible d'assurer notre présence à chacune des expositions
régionales de chasse et de pêche chaque année.
Voici le rapport qui m'a été soumis il y a quelques
minutes. J'espère que ça répond aux questions du
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, ce rapport confirme des faits
que j'ai moi-même vérifiés au cours de la suspension des
travaux, puisque les informations m'avaient été données ce
matin, vers six heures, par bribes. J'avais dit dès le début de
mon intervention que, sur le plan juridique, je croyais que les agents de la
conservation avaient le droit de faire la saisie de ces animaux. Je comprends
les engagements du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche; cependant, je continue à croire qu'il aurait
été probablement possible pour les agents de la conservation, au
cours de cette fin de semaine, d'être présents pour donner de
l'information au public et l'une des informations qui nous aurait probablement
paru très nécessaire, c'est celle concernant le fait qu'on ne
peut pas tuer n'importe quel animal. Le ministre m'a dit qu'il s'agissait de
deux agents de la conservation qui avaient suivi des cours à
Nicolet.
C'est donc dire que ces agents de la conservation pouvaient maintenant
je ne peux pas en dire autant d'anciens agents de la conservation
pour cette fois en tout cas, identifier les animaux. Il faudrait, en même
temps qu'on légifère pour protéger un certain nombre
d'animaux qui sont quelquefois en voie de disparition, il faudrait, autant que
possible, si on veut que ces lois puissent être efficaces, qu'on
transmettre de l'information à la population.
J'ai eu l'occasion, dernièrement, de voir un animal
empaillé et je suis assuré qu'il est complètement
défendu de le tuer. Quand j'ai averti cette personne, elle m'a tout
simplement dit: Je ne le savais pas.
Ce qui est important on en discutait un peu après cette
commission parlementaire tant pour les jeunes taxidermistes que pour la
population, il faudrait, autant que possible, que la population soit
informée du fait qu'un certain nombre d'animaux sont
protégés. Il me semble qu'il aurait été important,
puisque les agents de conservation en question se sont aperçus qu'un
certain nombre d'animaux...
Pour vous démontrer la bonne foi de ces jeunes, on n'a même
pas pris la précaution de cacher ces animaux. Il me serait apparu
logique que les employés du ministère profitent de cette
circonstance pour démontrer à la population que ces animaux
étaient protégés par la loi.
Je pense que, quelles que soient les régions où il peut se
faire des activités comme celles-là, il serait peut-être
trop exagéré de pouvoir engager cinq, six ou sept agents de
conservation, mais il serait probablement possible, puisque les coûts
sont très peu élevés, d'avoir au moins un agent de
conservation qui soit disponible auprès du public et qui soit là
pour informer le public sur des questions que nous pourrions lui poser,
etc.
Quand on sait, d'après les informations que je possède,
qu'il y a plus de 8,000 personnes qui ont visité cette exposition, je
pense que cela aurait été une publicité qui n'aurait pas
été dispendieuse pour le ministère et qui aurait
rapporté énormément.
M. le Président, les informations que m'a données le
ministre correspondent exactement à celles que je viens d'obtenir de M.
Gérard Paquet. En effet, il s'agit de treize spécimens qui ont
été saisis, dont trois d'entre eux que je croyais avoir
été prêtés par la société de
conservation ce qui ne semble pas être le cas mais il reste
ceci, je maintiens que le ministère devrait utiliser tous les moyens
nécessaires et toutes les expositions régionales pour informer le
public, non seulement de ses politiques, mais de ses droits et de ce qu'il n'a
pas le droit de faire.
M. Simard: M. le Président, je comprends très bien
le député de Saguenay.
Je dois aussi souligner que c'est la première fois qu'il y a, au
budget du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, des
deniers pour justement qu'il y ait des expositions régionales. Je dois
aussi lui faire remarquer que nous émettons plusieurs communiqués
de presse et que nous avons toujours demandé l'assistance de
chroniqueurs de vie au grand air, pour publier les noms des espèces qui
sont défendues et des espèces protégées.
Je pense bien que, en principe, si on parle du jugement de certains de
nos agents, c'est sûr que c'est comme pour la Sûreté du
Québec. Lorsqu'on se fait arrêter à 62 milles à
l'heure, sur une route, lorsque le maximum est de 60 milles à l'heure,
à ce moment, il faut s'en tenir, premièrement, à la loi
et, deuxièment, au jugement de celui qui nous fait une
contravention.
Comme ministère, nous sommes là-dedans, nous
commençons, et nous avons quand même une amélioration assez
nette du fait que nous envoyons nos agents de conservation à l'Institut
de Nicolet. Je pense que nous avons fait des efforts assez tangibles. De toute
façon, M. le Président, je prends bonne note et, en bonne
considération, si vous voulez, ce que vient d'alléguer le
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, c'est toujours, je pense,
dans le programme de la protection de la faune. C'est que, je suis d'accord,
lorsque le ministre prend l'exemple d'une arrestation, par exemple, en vertu de
la Loi de la circulation. Mais, ce que tout le monde sait c'est
d'ailleurs très bien indiqué c'est que vous n'avez pas le
droit de dépasser 30 milles, dans un village et, de dépasser 60
milles, dans d'autres endroits ou, 70 milles sur certaines autoroutes. Ce que
je dis, c'est qu'il est vrai que le gouvernement a le
droit de faire des lois pour la protection de la faune, au
Québec. Mais, par ailleurs, il y a un autre droit que le public
possède aussi et c'est celui d'être informé.
Je pense que, dans l'information que nous avons à donner, les
agents de conservation ne sont pas strictement là pour sévir; ils
doivent aussi être là pour informer le public. Le fait que tout
cela se soit fait sans aucune cachette démontre qu'il n'y avait pas de
mauvaise foi et, encore une fois, que, peut-être qu'au niveau de nos
écoles et, même parmi des enseignants, il y a très peu de
cours qui sont donnés sur notre faune, sur la connaissance de notre
faune.
Le ministre pourra me répondre, comme il me l'a dit tout à
l'heure, qu'il est vrai que les chroniqueurs sportifs, en particulier ceux de
Québec, Chasse et Pêche, ont publié certains articles
très bien faits, sur le canard en particulier. Cependant, ces revues ne
sont pas accessibles à l'ensemble du public. Je me demande s'il ne
serait pas bon de la part du ministère d'avoir une revue
spécifique sur les animaux qui sont protégés en vertu de
la loi...
M. Simard: Un genre de dépliant.
M. Lessard: ...un genre de dépliant en couleur, s'il y a
lieu, pour que cela soit bien identifié.
Une Voix: Les imprimeurs n'ont rien contre cela.
M. Lessard: Est-ce que le ministère a l'intention de
promouvoir l'organisation de cours, en collaboration avec le ministère
de l'Education, pour des jeunes scientifiques sur la connaissance de la faune
au Québec?
M. Simard: M. le Président, si ma mémoire me sert
bien, il en a été question lors de la dernière commission
parlementaire l'an dernier. Il en est toujours question d'ailleurs, parce que
nous voulons mettre en oeuvre un certain dépliant, car je crois que ce
qui manque au Québec et ce pourquoi nous avons des problèmes dans
certains secteurs, surtout dans le secteur de la faune, c'est justement une
question d'éducation. Lorsqu'on voit des gens qui font une destruction
presque systématique de la faune, autant aquatique... Lorsqu'on voit des
sacs de poissons, de truites, ou enfin peu importe l'espèce,
laissés sur le bord des lacs... Pour résumer ce que j'ai à
dire, c'est bien sûr que tout cela, c'est le respect de
l'autorité, c'est une question d'éducation qui est en jeu. Cela
revient, si vous voulez, à peut-être quelque chose qu'on va
discuter tout à l'heure, à l'accessibilité, à
savoir si on doit laisser plus grand de territoire aux Québécois,
si on doit vraiment ouvrir ces territoires tant et aussi longtemps qu'il n'y
aura pas une certaine éducation qui soit faite de part et d'autre,
c'est-à-dire de chez nous, et avec peut-être le ministère
de l'Education ou peut-être d'autres organismes privés qui
pourraient nous aider dans ce secteur.
Malheureusement, il y a un gaspillage assez honteux qui se fait. Pour
revenir à la question originale, c'est bien sûr qu'avec nos
expositions régionales, nous allons essayer autant que possible
d'éduquer, ce serait peut-être une formule. Pour ce qui est des
dépliants, nous allons y penser sérieusement, pour faire
connaître à la population quelles sont les espèces
protégées, quelles sont les espèces qui sont, si vous
voulez, en voie de disparition. Je pense bien que, lorsque nous adoptons des
règlements et votons des lois, c'est en vue de protéger toutes
ces espèces. Je pense que nous devons oeuvrer dans ce sens.
Maintenant, avec les efforts que nous avons faits depuis quelques
années, je ne vois pas pourquoi le député de Saguenay
semble se poser trop de questions.
M. Lessard: Je m'en pose, M. le Président, quand vous
parlez d'efforts, je parle d'un problème spécifique. En ce qui
concerne l'accessibilité, on pourra en parler, je n'ai pas exactement
les mêmes opinions que le ministre. Concernant notre éducation,
peut-être qu'on a transformé les Québécois en
braconniers aussi. Ce que je veux souligner, c'est que j'ai ici une statistique
qui m'appa-raît assez révélatrice en ce qui concerne la
fréquentation des musées d'histoire naturelle de 1970 à
1972. Au Québec, il y a eu 16,000 jours-visiteurs, en Ontario, 273,000
jours-visiteurs. Ce sont des statistiques canadiennes. Fait-on un effort
particulier au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
non seulement pour mousser la fréquentation des musées d'histoire
naturelle, mais également pour aider ces musées? Existe-t-il une
politique au niveau du ministère?
M. Simard: M. le Président, pour ce qui est des
musées, on a toujours laissé cela au ministère responsable
au Québec.
M. Lessard: Même les musées d'histoire
naturelle?
M. Simard: Même les musées d'histoire naturelle.
M. Lessard: Quel est le ministère? Le ministère des
Affaires culturelles?
M. Simard: Assurément. Nous n'avons jamais voulu nous
immiscer dans ce secteur et je ne vois pas pourquoi le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche devrait commencer à
administrer des musées.
M. Lessard: Je vois une distinction énorme entre les
musées qui sont sous l'administration du ministère des Affaires
culturelles et les musées d'histoire naturelle. Je vous avoue, M. le
Président, que si vous me demandiez, même comme
député, de nommer des endroits où il existe des
musées d'histoire naturelle, je serais embêté. Le
sous-ministre, M. Brown, me confirme qu'il n'en existe presque pas. Je pense
que ce sont plutôt des clubs d'amateurs, de jeunes scientifiques qui ont
organisé ces musées. Ou encore un peu au niveau
des commissions scolaires régionales ou, quelquefois, par
activités supplémentaires à l'enseignement on organise ces
musées. Il arrive justement ce qui s'est produit en fin de semaine avec
certains étudiants qui sont arrivés avec des animaux qui
étaient protégés et qu'il était défendu
d'abattre, en vertu de la loi.
M. Simard: Je pense, M. le Président, que même
lorsqu'on visite un musée, c'est bien sûr que les étudiants
ou tous ceux qui vont le fréquenter ne se feront pas dire
systématiquement que telle espèce est protégée. Je
suis d'accord avec le député de Saguenay quand il dit qu'il
faudrait peut-être donner beaucoup plus de renseignements, mais sur un
autre palier.
Je pense qu'il faudrait y aller peut-être plus sûrement par
l'exposition régionale, en vue d'améliorer les connaissances de
nos agents de conservation, afin d'établir un système.
M. Lessard: Maintenant, en vertu de la loi, si je trouve sur la
grève un harfang des neiges, un hibou blanc qui est très beau
d'ailleurs je vous avoue que, si j'en rencontrais un, j'aurais plusieurs
hésitations à ne pas l'apporter, il paraît que c'est un
animal extraordinaire en vertu de la loi, si je trouve un tel animal
blessé ou mort, en forêt, dois-je le transmettre
immédiatement, ou faire rapport au service de la conservation?
M. Simard: Oui, M. le Président.
M. Lessard: Etant donné que tout cela a été
fait de bonne foi, le ministre a-t-il l'intention de recommander au
ministère de la Justice de prendre des procédures contre ces
jeunes qui ont 13, 14 et 15 ans?
M. Simard: Je vais voir légalement quelles sont les
implications avant de prendre des procédures. Si ce sont des jeunes de
13, 14 ans, qui étaient de bonne foi, je verrai, à ce moment,
quelle sera la décision que je devrai prendre. Je crois qu'on dit ici
qu'il y en a un de 14 ans et l'autre de 19 ans. Je ne pense pas qu'on va se
disputer pour un an de différence, ou pour cinq ans, plus ou moins.
S'ils étaient de bonne foi, nous allons voir quelles seront les
décisions que nous allons prendre.
Tout cela pour dire que c'est vrai, dans le fond; peut-être ne
donnons-nous pas assez d'information. Nous allons prendre les mesures
nécessaires pour essayer d'améliorer notre système.
D'ailleurs, on doit y revenir à un autre programme, pour discuter de
l'information en général.
M. Lessard: Je pense que c'est la première fois que le
problème se pose comme cela.
M. Simard: C'est la première fois.
M. Côté: M. le Président, par l'entremise du
ministère de l'Education, n'y aurait-il pas possibilité d'essayer
d'en arriver à un complément dans les cours d'écologie qui
se donnent dans les différentes écoles secondaires pour donner
peut-être un peu plus d'information aux élèves qui
fréquentent ces cours au niveau de secondaire I et secondaire II?
On pourrait peut-être en profiter pour glisser dans ces cours la
réglementation concernant cette faune. Il y aurait peut-être un
certain travail à faire de ce côté. Je ne sais pas si c'est
possible, si cela a déjà été pensé ou
tenté.
M. Simard: M. le Président, pour répondre à
la question, je dirai qu'il en a été question, je m'excuse de me
répéter, au sujet des films qui sont tournés sur la faune
québécoise, nous sommes encore en négociation pour que ces
films soient présentés dans les CEGEP ou dans les écoles
secondaires afin que les jeunes Québécois connaissent ce qu'est
un orignal, ce qu'est un chevreuil, ce qu'est une loutre, enfin, ce que nous
possédons au Québec. Ce serait peut-être plus profitable
que certains cours qui sont donnés aujourd'hui.
M. Côté: Cela peut s'inscrire dans le cadre des
cours.
M. Simard: Sûrement. Il s'agit tout simplement de
s'entendre et nous sommes prêts, au ministère, avec l'Office du
film du Québec, à faire une distribution de toutes les
informations que nous possédons.
M. Marchand: On pourrait le passer à la
télévision.
M. Simard: On pourrait aussi le passer à la
télévision quoiqu'on en passe assez souvent. On en voit
assez.
M. Lessard: On en passe, mais il faut dire que c'est surtout sur
les animaux déjà bien connus tels que l'orignal, le chevreuil, le
caribou parce que ce sont, naturellement, des animaux qui sont plus faciles
à photographier, à filmer.
M. Simard: Qui ont plus de panache, quoi. M. Lessard: Oui.
M. Simard:M. Moisan.
Je voulais juste dire que l'éducation, pour autant que cela
s'applique a la question précise qui est discutée ici, c'est un
peu plus compliqué, dans le sens que, dans les règlements de
chasse et de pêche, chaque année, on indique toutes les
espèces qui sont permises; les autres sont protégées. Je
pense qu'il est assez facile de comprendre que cela n'aurait pas beaucoup
d'impact si on faisait beaucoup de publicité sur les espèces que
les gens n'ont pas le droit d'empailler. Il y a très peu d'empailleurs,
en fait. On n'encourage pas l'empaillage des animaux depuis plusieurs
années, depuis qu'il existe des livres, des "feel books" sur
les oiseaux, sur les mammifères, cela n'a plus sa raison
d'être comma auparavant. Mais il me semble que c'est logique d'attendre,
quand quelqu'un commence un programme d'empaillage dans une école ou un
groupe d'étudiants, qu'on s'informe pour savoir ce qu'on peut empailler
et ce qu'on ne peut pas empailler. A ces gens, de qui on a beaucoup de
demandes, on répond très clairement quelles sont les
espèces qui sont permises et lesquelles ne sont pas permises.
Malheureusement, il y en a qui se lancent dans ce domaine sans prendre les
informations nécessaires.
M. Lessard: Mais il reste quand même qu'on constate, au
niveau de nos écoles... On me répond que cela appartient au
ministère des Affaires culturelles. Je dis: Ce qui leur appartient, en
fait, ce sont les musées, mais quand on parle au ministère des
Affaires culturelles, des musées, on sait quel genre de musée
c'est. Ce sont pratiquement ou ou presque, en général, des
musées concernant la peinture, concernant l'art et il y a très
peu de musées, qui relèvent du ministère de l'Education,
qui sont des musées d'histoire naturelle. J'ai justement ici une
étude de l'association des journalistes de plein air qui analyse toute
la politique des musées de la nature et affirme que, dans des
écoles, l'enseignement dispense, de façon superficielle, des
renseignements sur la faune québécoise. On apprend plus sur la
faune africaine, australienne, etc., que sur celle qui nous entoure. Cette
lacune entraîne une situation dangereuse, la destruction de la nature par
inconscience et par imprudence.
Je pense qu'il est important que, du côté du
ministère du Tourisme... C'est vrai que c'est probablement la
première fois qu'on le traite dans cette optique, parce qu'il est
arrivé un événement qui nous permettait de le traiter dans
cette optique. L'an passé, on avait parlé plutôt
d'éducation, mais, cette année, on peut, avec cet exemple, parler
d'éducation en ce qui concerne les connaissances comme telles de notre
faune. Je pense que comme le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a la responsabilité de l'aménagement de la faune et
de la protection de la faune, il a aussi une certaine responsabilité
vis-à-vis de l'information.
Je trouverais logique que le ministère se penche positivement sur
la possibilité de pouvoir avoir un cours organisé, comme le
disait tout à l'heure le député de Matane, au niveau du
secondaire. En tout cas, pour le moment, il ne s'agit pas de s'étendre
très fortement, mais on devrait envisager la possibilité d'avoir
des films, d'avoir un feuillet qui serait distribué dans les
écoles, concernant notre faune. Vous savez, j'ai eu l'occasion de lire
des articles dans Québec, Chasse et Pêche et de voir surtout des
photographies de la truite et du canard et je vous avoue que c'était
très bien fait. Si, par exemple, le ministère pouvait avoir la
permission d'utiliser ces photographies, je trouve que c'est assez
extraordinaire.
Oui, M. le ministre, vous aviez...
M. Simard: Oui, M. le Président, seulement pour faire une
mise au point ici. Vous vous souvenez que, l'an passé, j'avais fait
l'annonce de quelques nouvelles brochures sur le canard noir et d'autres
espèces. Si vous regardez à la page 4, il y a quatre nouvelles
brochures qui ont été préparées en 1974/75 et elles
seront publiées en 1975/76. Ceci portera à 12 le nombre de
brochures de vulgarisation qui reçoivent un très bon accueil du
public et particulièrement des étudiants. Je pourrai, dans
quelques minutes, vous dire le nombre exact de brochures qui ont
été envoyées partout dans les écoles, dans les
CEGEP, je pense que nous avons fait un effort... il y a à peu
près 50,000 exemplaires de chacune.
Cela s'épuise très vite, c'est très populaire.
Il faut dire qu'en général, elles sont très bien
faites.
A ce rythme, ça va nous prendre un peu de temps à couvrir
toutes les espèces du Québec, mais quand on arrive à des
espèces protégées, on va pouvoir en avoir une sur les
oiseaux de proie, par exemple, au Québec. Toutes les espèces sont
protégées et, à ce moment, on pourra attirer l'attention
davantage. On a commencé par les espèces les plus communes, qui
ne sont pas nécessairement les mieux connues.
M. Lessard: M. le Président, j'avais profité ce
matin de cet événement pour souligner un problème qui
m'apparaissait important de la part du ministère et je souhaite
justement qu'on se penche non seulement sur une certaine publicité
concernant l'ensemble des animaux au Québec, mais que ça puisse
se transmettre au niveau du secondaire et qu'on puisse avoir au Québec
une politique concernant les musées d'histoire naturelle qui pourraient
être fréquentés par nos jeunes et qui pourraient leur
permettre d'identifier notre faune beaucoup mieux que la faune de l'Afrique, de
l'Australie ou d'ailleurs.
Ce matin, j'avais commencé à discuter de ce qui est
prévu au programme maintien et recherches, à savoir des
contrôles sur les arrosages aériens d'insecticides qui avaient
été mis en place par le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
Je reviens encore puisque cela m'apparaît une question
assez importante sur le texte du paragraphe 27, article 132, concernant
la propreté des eaux, du résumé des règlements de
la pêche sportive au Québec, où on dit: "II est interdit de
déposer des déchets, des produits chimiques ou des
matières toxiques dans les eaux fréquentées par le poisson
ou dans leurs tributaires naturels ou artificiels, ou sur la glace qui recouvre
ces eaux durant la saison froide".
Dans le même ordre d'idées, le chapitre F-14 de la loi
fédérale, article 33, no 2, qui concerne la pollution, stipule:
"II est interdit à qui que ce soit de faire passer, de déposer ou
de permettre de faire passer ou déposer dans les eaux
fréquentées par le poisson ou qui se jettent dans ces eaux, ni
sur la glace qui recouvre les unes ou les autres de ces eaux, de la chaux, des
substances chimiques
ou des drogues, des matières vénéneuses, du poisson
mort ou gâté ou des débris de ce poisson, des
déchets de scierie, de la sciure de bois ou toute autre substance ou
chose délétère, qu'elle soit ou non de même nature
que les substances mentionnées au présent article."
Vous avez d'un côté un article de la loi
fédérale, de l'autre un article du résumé des
règlements de la pêche sportive au Québec. Il y a une
question que je me pose. Je pense que des substances comme le
fénitrothion, le matacil, le zec-tran sont des substances chimiques,
sont des substances reconnues comme étant toxiques, puisque cela
s'attaque quand même à la tordeuse d'épinettes.
Etant donné cette précision dans la loi, est-ce que le
ministère ne va pas à l'encontre de ses propres lois? Je
comprends que la reine n'a pas le droit d'être poursuivie.
M. Simard: D'abord, vous vous référez à la
loi des pêcheries. Depuis deux ou trois ans...
M. Lessard: C'est inscrit dans le résumé des
règlements de la pêche sportive.
M. Simard: Oui, cela vient des demandes de la pêche
sportive au Québec. Toutes les questions ayant rapport à la
pollution aux moulins à scie, aux usines, à l'huile, en vertu de
cet article de la loi, ont été transférés aux
ministères des Affaires municipales et de l'environnement au
Québec. Ce sont eux qui donnent le permis lorsqu'ils sont satisfaits du
respect des normes d'utilisation de ces insecticides. Je sais pertinemment que,
cette année, on a mentionné la possibilité d'utiliser le
DDT, à cause de la pénurie d'insecticides dans le monde et le
ministère de l'environnement s'est carrément opposé
à l'utilisation du DDT, pour quelque considération que ce
soit.
Il a accepté les substances qui sont utilisées cette
année, parce que l'Institut de répression chimique du Canada, qui
fait des études là-dessus, a assuré tout le monde que les
dosages utilisés n'étaient pas nocifs.
Mais c'est sûr que si on prend l'article de la loi à la
lettre, on ne pourrait utiliser quelque produit que ce soit. Encore une fois,
on a un choix à faire entre ou bien la forêt, ou bien cela, mais
on s'assure que les doses sont telles que les dommages seront minimes.
M. Lessard: Je suis d'accord, à un moment donné,
qu'en vertu de la loi 34, la loi concernant l'environnement, c'est le ministre
de l'environnement qui a une certaine responsabilité concernant
l'émission de ces permis. Mais puisque vous avez constitué
vous-mêmes vos propres contrôles sur les arrosages aériens,
c'est donc dire que vous avez d'ailleurs, c'est confirmé par la
loi du ministère une responsabilité concernant la
protection de la faune contre ces insecticides.
Je présume que d'ailleurs, c'est confirmé,
étant donné les contrôles que vous avez établis
le ministère n'a pas du tout l'intention de laisser
complètement ses pouvoirs dans ce sec- teur au ministère de
l'environnement. En discutant de cela, je rejoins une autre question qui
concerne les arrosages sous les lignes de transmission d'Hydro-Québec.
On sait que, pour empêcher la pousse des arbres sous les lignes de
transmission c'est toujours bien assez fort, parce que cela fait mourir
les arbres on arrose chaque année, à un moment
donné, et nous avions même, dans notre région, puisque nous
avons beaucoup de lignes de transmission, soumis un programme à
Hydro-Québec pour que cela puisse être fait par les
municipalités.
Vous savez que l'arrosage de ces arbres, par l'entremise des pluies, et
que tout autre transport, même par les chenilles, par les animaux qui
sont mangés par d'autres animaux, etc., peuvent apporter la pollution
aux rivières, aux lacs et à la faune. Est-ce que, puisque vous
avez établi des contrôles sur les arrosages aériens
d'insecticides, particulièrement en ce qui concerne le programme du
ministère des Terres et Forêts, vous contrôlez aussi les
arrosages d'Hydro-Québec et est-ce que vous avez vérifié
si ce produit correspond à certaines normes qui n'iront pas à
l'encontre, en tout cas, de la protection de la faune? Parce qu'à force
d'en mettre, on va venir à avoir des problèmes dans
l'équilibre écologique.
M. Simard: L'utilisation de ces herbicides ne rend personne
très heureux, évidemment, mais, encore là, on a un
processus qu'on suit régulièrement. Le ministre chargé de
l'environnement reçoit des demandes d'Hydro, par exemple, pour utiliser
tel produit. Il nous demande si nous avons des objections, si cette substance
est dangereuse pour la faune ou non. Comme je le disais ce matin, en faisant la
distinction entre recherche et contrôle, nous vérifions, à
ce moment, avec le plus gros laboratoire au Canada, qui est reconnu dans toute
l'Amérique, et qui s'appelle l'Institut de contrôle chimique,
à Ottawa, s'il est au courant de ce produit et quelles sont les
données actuellement.
Dans tous les cas où on a donné notre accord, on nous a
dit: Ce produit est bien connu; il a été éprouvé,
il n'y a aucun problème. A ce moment, on donne notre accord. Autrement,
on ne donne pas notre accord et le produit n'est pas utilisé. Mais il y
a un contrôle qui se fait dans ce sens. Encore là, sans pouvoir
dire qu'on a fait un contrôle aussi serré qu'on le fait pour la
tordeuse, on n'a pas d'exemple d'effets nocifs, ce qui ne veut pas dire
qu'à long terme, il n'y en aura jamais. Mais, nous prenons les
précautions que nous pouvons prendre à l'heure actuelle dans ce
domaine.
M. Lessard: M. le Président, j'aurai l'occasion plus loin,
je pense bien, de parler de deux cas de protection de rivières à
saumon qui ne rejoignent pas immédiatement les arrosages aériens,
en particulier la rivière York et la rivière Nouvel. Je pense que
nous pourrons y revenir plus tard au cours de cette discussion en commission
parlementaire. Je voudrais, parce que je veux suivre autant que possible le
document du ministre, le programme du ministre, parler des districts
d'aménagement. Le
ministre nous apprend dans son document qu'on a restructuré son
ministère et ceci a amené la direction de la chasse et de la
pêche à réorganiser son service de l'aménagement de
la faune.
Première question sur laquelle je voudrais intervenir le
ministre pourra peut-être me répondre que je lis encore trop les
journaux, comme il me l'avait fait remarquer l'an dernier je voudrais
parler de cette restructuration qui semble avoir créé
passablement de problèmes à l'intérieur du
ministère, du moins d'après ce que je peux lire, de ce que j'ai
pu lire dans certains journaux du Québec. Il est certain que je ne peux
pas me fier au ministre pour venir m'avertir ou venir me dire que cela a pu
créer des problèmes. Il faut que je me fie sur quelque chose.
Certainement, il faut quand même se fier. Il appartient au ministre de
dire si c'est faux ou si c'est vrai, de le confirmer ou de l'infirmer. C'est
d'ailleurs pour cela qu'annuellement, nous avons à étudier le
budget du ministère. Dans son article dans Montréal-Matin du 17
décembre 1974, M. Pagé soulignait certains problèmes tels
que mutations, transferts, mises à pied ou démissions à
l'intérieur du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. On parlait en particulier des personnes suivantes. Depuis dix mois
environ, disait-on, ce qui coïncide avec certaines nominations à
l'intérieur du ministère, on a assisté à des
démissions ou des mises à pied suscitées par certaines
nominations. On parle de Jean Huot, biologiste, une des rares personnes au
Québec vraiment spécialisées dans l'aménagement du
chevreuil; Michel Gaudreault, biologiste, dont les travaux avaient
suscité un intérêt marqué dans les Laurentides. Les
commentaires les plus élogieux avaient été
enregistrés à son égard par le signataire, M. Jean
Pagé. Monique Lévesque, qui avait fait carrière dans le
domaine de la chasse et de la pêche, avait été à
l'emploi de la division des parcs au moment de sa mise à pied ou de sa
démission. Elle était sous les ordres de M. Bernard Vincent, de
Saint-Faustin, Montréal. Alain Lalonde, préposé au travail
de bureau du service de l'aménagement au bureau des Laurentides.
Gérard Pageau, biologiste d'envergure internationale, lourde perte dans
le domaine de la faune aquatique.
Claude Bélanger, technicien de la faune, qui aurait
décidé d'aller oeuvrer au ministère de l'environnement;
Jacques Gauthier, autre technicien de la faune, de Montréal; Yvon
Laviolette, aussi technicien de la faune; Jacques Boivin, technicien de la
faune de la région de Hull, qui aurait préféré
s'exiler en Ontario plutôt que de demeurer au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche; Mario Parent, technicien de la
faune; Raymond Chartier, technicien de la Faune, de Hull, qui décidait
d'aller travailler ailleurs.
Voici la question que je désire poser au ministre: Est-il vrai
que toutes ces personnes que je ne connais pas personnellement et qui semblent,
d'après le chroniqueur sportif, M. Jean Pagé, être des
personnes compétentes, sont véritablement disparues du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
M. Simard: C'est une question assez précise, je pense
bien. Sur le nombre d'effectifs que nous avons au ministère, il est pas
mal impossible de demander au ministre s'il connaît les personnes en
question. On pourra toujours vérifier. Je pense bien que, lors de la
discussion, on pourra répondre d'une façon très
précise. Si vous le faites après l'adoption des crédits du
ministère, je pourrai faire rapport à l'Assemblée
nationale si le député le veut bien. Je ne me souviens pas de cet
article, étant donné qu'il est de décembre 1974. Il y a
peut-être quelques noms sur lesquels on pourrait donner des
explications.
C'est assez surprenant qu'on considère comme des pertes
totales... On mentionne en particulier, le nom de deux ou trois personnes comme
étant de grands spécialistes qui sont perdus pour le
Québec. Il y a Jean Huot, par exemple, qui était notre
spécialiste sur le chevreuil, mais qui est maintenant devenu professeur
à l'université Laval. Il a quatre étudiants
diplômés qui travaillent sur le chevreuil, il a, en particulier,
le contrat de recherche sur le chevreuil de l'île d'Anticosti, il n'est
pas tout à fait perdu pour le Québec. M. Gérard Pageau, on
souligne que c'est une grande perte. Il est maintenant professeur à
l'université de Montréal au service de la biologie. Il enseigne
la limnologie et l'aménagement des pêches, ce n'est pas pour nous
une perte étant donné qu'il va former des gens pour l'avenir.
Tous les autres que j'ai entendu nommer sont des techniciens de la
faune. Il y a chez les techniciens de la faune un "turnover" important. Ce
métier est assez jeune au Québec. Les gens se sont lancés
là-dedans et, à un moment donné, on se rend compte qu'on
aime moins cela ou qu'on aimerait mieux faire autre chose. C'est la seule
raison que je connaisse pour laquelle ces gens seraient partis. A ma
connaissance, il n'y a eu aucun malaise à l'intérieur du service
d'aménagement de la faune qui aurait causé le départ de
qui que ce soit parce que le service ne fonctionnait pas comme il aurait
dû.
M. Lessard: C'est là justement que je ne suis pas d'accord
sur l'affirmation du ministre, à savoir qu'il n'y aurait pas eu de
malaise. D'après les informations que je possède, il y aurait eu
un véritable malaise à l'intérieur de ce service. Je suis
d'accord avec le sous-ministre lorsqu'il nous dit que ces personnes ne sont pas
entièrement perdues pour le Québec parce que ces personnes
travaillent au niveau des universités ou ailleurs. Cependant, ces
personnes peuvent avoir été du moins perdues pour le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. D'après
certaines informations que je peux posséder, ces personnes auraient
décidé de démissionner ou de laisser le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche à cause d'un malaise. Je
pense qu'il est important qu'on en discute comme on en discutera lorsque nous
étudierons le programme sur la conservation. Il existerait au niveau de
ce service de l'amélioration de la faune un malaise important et je
pense que toutes ces démissions relèveraient de ces malaises.
M. Simard: Si le député de Saguenay
possède
certaines informations que nous devrions posséder, je lui
demanderais immédiatement...
M. Lessard: J'aimerais bien avoir la réponse du ministre.
Puisqu'il s'agit de personnes assez importantes à l'intérieur du
service, le ministre a sans doute eu à prendre des décisions
concernant soit la démission, soit la mutation, ou soit le transfert ou
le fait que ces personnes aient décidé de démissionner. Le
ministre en a sans doute été informé. Selon lui, toutes
ces démissions proviendraient-elles d'un malaise, passez-moi le mot d'un
écoeurement du personnel, à l'intérieur du service de
l'aménagement de la faune?
M. Simard: M. le Président, cela revient à ce qaeje
vous disais tout à l'heure. Si le député de Saguenay a
certaines informations, qu'il veuille bien me les fournir. C'est bien sûr
qu'en vertu de la loi, c'est le ministre qui doit signer une démission
ou un départ du ministère. Mais, lorsque j'ai posé l'acte
en question, je n'ai pas eu en même temps le rapport dont parle le
député de Saguenay, à savoir si les gars étaient
vraiment écoeurés de travailler pour le ministère, ou dans
le service auquel ils appartenaient. Là encore, ce sont des choses dites
par un journaliste que j'aimerais vérifier, avant de répondre
d'une façon totale au député de Saguenay. J'aimerais aussi
vérifier la liste des noms, afin de vraiment savoir d'une façon
véritable pourquoi ils ont quitté le ministère.
M. Lessard: Le ministre ne trouve-t-il quand même pas
curieux que près de onze personnes, qui semblent avoir eu des postes
assez importants à l'intérieur les techniciens sont assez
rares, ce sont des personnes dont la compétence est reconnue
aient décidé, au cours de la dernière année, de
laisser le ministère? Cela ne démontre-t-il pas qu' un certain
problème existe? Ne doit-on pas se pencher sur ce problème? Je
trouve que onze personnes, qui sont des biologistes et vous savez, je
pense, qu'on a certaines difficultés à trouver actuellement des
techniciens de la faune, des biologistes...
M. Côté: Je ne sais pas s'il y aurait
possibilité de savoir quel pourcentage cela peut représenter dans
l'ensemble du territoire québécois.
M. Lessard: Cela dépend de leurs fonctions et de leurs
postes. Je constate, par exemple, qu'il est certain qu'au niveau du programme
I, il y a 278 personnes qui sont déjà engagées à
l'intérieur de ce service; il y en a 94, au niveau de
l'amélioration de la faune; onze personnes, cela représente
10%.
M. Côté: La moyenne normale, dans les autres
ministères...
M. Lessard: Mais je ne parle pas des secrétaires et
autres. Je parle de techniciens de la faune, au niveau du service de
l'amélioration de la faune.
M. Simard: II y a actuellement à peu près 70
biologistes dans le programme; il y en a deux qui sont partis pour aller
enseigner à l'université. Ce n'est pas si mal.
M. Côté: C'est 4%.
M. Simard: Dans le cas des techniciens, actuellement, nous en
avons 55. Comme je le disais tout à l'heure, il y a un roulement
important chez les techniciens qui sortent du CEGEP et qui s'embarquent dans ce
domaine, sans trop savoir souvent où ils vont et plusieurs laissent, par
la suite, pour faire autre chose. Il faudrait que nous examinions chacun des
cas.
C'est ce que je disais tout à l'heure au député de
Saguenay, j'aimerais quand même vérifier quels sont les statuts de
chacun de ces fonctionnaires et, s'il y a vraiment un problème,
c'est-à-dire que s'ils sont partis de chez nous parce qu'il y avait un
problème au niveau du ministère, et, si nous devons prendre des
dispositions sans faire de promesse au député de Saguenay
je vais sévir comme je le fais habituellement. S'il y a un noyau
de mon ministère qui se comporte très mal, je vais faire
enquête et je prendrai les dispositions qu'un ministre doit prendre,
à la tête de son ministère.
M. Lessard: Le ministre est responsable de l'administration de
son ministère. On va parler un peu plus tard du service de la
conservation. Le ministre est sans doute conscient que ce n'est quand
même pas la première fois qu'on discute de ces problèmes.
Le ministre est sans doute conscient et il a certainement lu, comme ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, certaines chroniques qui le
touchaient personnellement, qui touchaient son ministère directement et
le malaise n'est pas d'aujourd'hui. Le malaise qui semble planer sur le
ministère n'est pas d'aujourd'hui. J'aimerais bien savoir, lors de la
discussion des crédits, si c'est réel qu'il existe un malaise ou
si c'est faux, si certaines affirmations de journalistes sont exactes. En
particulier, le ministre, lorsqu'il parle de districts d'aménagement,
nous dit qu'en 1974/75, les districts d'aménagement, sauf celui des
Cantons de l'Est, ont ajusté leurs frontières afin qu'elles
coïncident avec celles des régions administratives établies
en 1968. Jusqu'ici, cela va. Des biologistes et des techniciens de la faune ont
dû être déplacés d'une région à une
autre. Les principaux districts ainsi affectés ont été
ceux du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de Québec, de
Montréal et de l'Outaouais.
Encore là, M. le Président, il semble que ces mutations,
que ces transferts aient créé des problèmes assez
sérieux à l'intérieur du ministère. Je pourrais
souligner une série de noms: M. Eloi Mathieu, qui travaillait dans
i'Estrie, a été forcé de déménager ses
pénates à Rouyn-Noranda; M. Blais, qui travaillait à
Shawinigan, on lui demandait d'emprunter la direction de Saint-Faustin. M. Yvon
Turgeon qui, pour sa part, travaillait à Saint-Faustin, a
été muté dans la région de Québec.
Pierre Lévesque, qui était à Rouyn, on lui
demandait de "paqueter" les petits et de travailler à Shawinigan. Louis
Auger a été muté sous l'autorité d'un fonctionnaire
du ministère. Ce sont des chefs de district, à ma connaissance.
Jacques Bergeron a été dégradé de Saint-Faustin, on
l'a envoyé en punition, semble-t-il, à Montréal. Michel
Crête était à Saint-Faustin...
M. Houde (Fabre): Ce n'est pas une punition, ce n'est pas
Toronto.
M. Lessard: Pour un biologiste de la chasse et de la pêche,
travailler à Montréal, ce ne doit pas être un cadeau. Cela
dépend si c'est Montréal-Nord.
Michel Crête était à Saint-Faustin, on lui imposait
de faire ses valises et de travailler à Hull. Daniel Saint-Hilaire
subissait aussi le même sort. Je continue, lan Juniper qui aurait aussi
été muté ainsi que Ben Simard. Il semble que toutes ces
mutations pas Claude Simard aient créé aussi des
problèmes considérables à l'intérieur de ce
programme. Est-ce que c'est sur décision du ministre? Quelles sont les
raisons qui ont justifié ces mutations qui sont quand même assez
importantes?
M. Simard: M. le Président, encore une fois, il faudrait
que j'étudie chaque cas et pourquoi il y a eu mutation. Je pense qu'il
n'y a aucun règlement et aucune loi qui interdisent au ministère
de muter qui que ce soit dans les dix régions administratives du
Québec.
M. Lessard: Je suis d'accord.
M. Simard: II y a peut-être des demandes qui ont
été faites à ce moment, il y a peut-être des gens
qui n'étaient pas heureux dans tel secteur. Le député de
Saguenay a fait certaines personnalités.
M. Lessard: C'est public.
M. Simard: Je ne peux quand même pas voir pourquoi MM.
Claude Bélanger, Jacques Gauthier et Yvon Lacerte ont...
M. Côté: M. le Président, je pense que le
député de Saguenay admettra facilement que, dans d'autres
ministères, il y a une coutume. Si on prend, par exemple, le
ministère des Transports, les chefs de district sont changés tous
les quatre ans. Je pense que c'est peut-être aussi une question
d'efficacité. Si quelqu'un est en place trop longtemps, il peut
être de moins en moins productif.
M. Lessard: M. le Président, c'est justement ce que je
veux savoir de la part du ministre. On ne fait pas de transferts comme
ceux-là et de mutations comme celles-là sans avoir des raisons
valables.
M. Simard: C'est plutôt au député de Sague-
nay, M. le Président. Je pourrais lui donner des explications...
M. Lessard: Dans votre rapport, on dit: Des biologistes et des
techniciens de la faune ont dû être déplacés d'une
région à une autre. Je demande au ministre: Puisque vous
l'affirmez vous-même, quelles sont les raisons qui ont justifié
ces mutations?
Toujours en croyant que le ministre connaît son ministère,
il est important que ce soit le ministre qui ait pris ces décisions,
probablement, à la suite de conseils de ses fonctionnaires. Mais ce que
je sais, par ailleurs, c'est qu'à la fois ces mutations et ces
démissions proviendraient et j'aimerais avoir la réponse
du ministre d'une situation qui est actuellement assez difficile
à l'intérieur du ministère du Tourisme, d'un
mécontentement d'un certain nombre de fonctionnaires à
l'intérieur du ministère du Tourisme. J'aimerais savoir, comme
critique de l'Opposition, de la part du ministre, si c'est faux ou si c'est
vrai. Est-ce que le mécontentement est généralisé?
Est-ce que ça va véritablement mal à l'intérieur du
ministère du Tourisme? Est-ce que le climat du personnel correspond
à ce qu'il devrait être? Est-ce qu'il n'y a pas un certain
découragement concernant la conservation de la faune? On va en
parler.
Il reste que, depuis un an, le ministre conviendra que son
ministère a été passablement sur la sellette et qu'on a
soulevé un certain nombre de questions qui n'ont pas reçu encore
de réponses. C'est le moment, lors de la discussion des crédits,
pour obtenir ces réponses.
M. Simard: M. le Président, étant donné que
le député de Saguenay semble apporter un dénominateur
commun pour ce qui est de la faune, s'il me le permet, nous pourrons
peut-être reprendre cette discussion d'une façon totale dans
quelques instants.
M. Lessard: Je parle du service, pour le moment, de
l'amélioration de la faune. C'est-à-dire que ces personnes,
à ma connaissance, travaillaient pour le Service de
l'amélioration de la faune.
M. Simard: Dans le cas de la deuxième liste que vous avez
donnée, à ma connaissance, il s'agit complètement de
transferts et de mutations.
M. Lessard: Oui, et non pas de démissions. M. Simard:
Je puis...
M. Lessard: Est-ce qu'il y a eu des démissions suite
à ces transferts et à ces mutations?
M. Simard: Absolument pas. A ma connaissance, il n'y a pas une
mutation qui est faite sans que la personne concernée soit
consultée et accepte avant d'être mutée. Je n'ai retenu que
deux ou trois noms. J'ai le nom d'Eloi Mathieu, en particulier, qui a
demandé sa
mutation de l'Estrie au Nord-Ouest et qui n'a pas été
forcé. Il a demandé sa mutation. Il y a Yvan Turgeon qui a eu une
promotion: de biologiste qu'il était à Saint-Faustin et il est
devenu biologiste pour les piscicultures. Il y a lan Juniper qui était
à Saint-Faustin et qui, à sa demande, est devenu biologiste
responsable pour tout le nord du Québec. Il y a le Dr Benjamin Simard
qui est aussi devenu professeur à l'Université de
Montréal, à l'école de médecine
vétérinaire.
Les mutations qui sont faites le sont à des fins de meilleure
efficacité, dans tous les cas. Les districts ont changé,
c'est-à-dire qu'on s'est conformé aux régions
administratives; le district de Montréal a diminué par rapport au
district de l'Outaouais. Il nous fallait donc faire certaines mutations. Il y a
des résistances, par exemple, parce que le coût de la vie n'est
pas le même dans toutes les régions. On a dû faire des
mutations avec les districts du Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et
Québec, parce que nous nous conformions auparavant aux limites de l'ODEQ
pour passer aux limites des régions administratives de 1968. Mais, dans
chacun des cas, personne n'a été forcé à changer de
district et il y a un chef de district qui est concerné dans toute la
liste, il s'agit du chef de district de l'Estrie qui a de nouvelles fonctions
à Montréal. C'est le seul chef de district qui a
été muté.
Nous avons l'impression que, pour une meilleure efficacité, il
n'y a probablement pas assez de mutations. Parce que les gens tendent à
s'incruster dans une région et lorsqu'on vient pour les changer, ils ont
acheté une maison, ils sont installés, c'est beaucoup plus
difficile à ce moment.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Laporte.
M. Déom: Je veux simplement suggérer au
député de Saguenay que la mutation est une saine pratique de
gestion de personnel. Pour autant que je me rappelle, c'est une pratique qui
est en vigueur au gouvernement, dans l'administration publique
québécoise.
Il y a une chose qu'il m'intéresserait de savoir. Quand il parle
de mécontentement général, comment peut-il
déterminer ce que devrait être le contentement, dans un
ministère?
M. Lessard: Je n'ai jamais contesté le fait que certaines
mutations puissent s'imposer. Cependant...
M. Déom: La mutation est un processus de perfectionnement
dans un système de carrière qui existe dans la fonction publique
québécoise. La mutation en soi, c'est une chose qui se pratique
couramment et qui permet de donner plus d'expérience, plus d'envergure
générale, une pratique du secteur plus générale
à l'individu concerné.
Je ne vois pas pourquoi on s'opposerait à ce qu'il y ait des
mutations dans un ministère. Au contraire, on devrait peut-être
les calculer. Il n'y en a peut-être pas assez.
Il y a un président américain, très fameux, qui a
écrit un volume extrêmement important, qui dit qu'on ne devrait
jamais laisser un homme en place plus que quatre ans dans la même
fonction. Même un directeur général, président de
compagnie.
M. Lessard: Je suis d'accord avec ce qu'affirme le
député de Laporte en ce sens que je n'ai jamais dit que
j'étais contre les mutations entre des régions.
Cependant, je désirais savoir j'ai obtenu une certaine
réponse si ces mutations provenaient, tel qu'on le laissait
entendre, tel que certains journalistes ou certains chroniqueurs de plein air
le laissaient entendre, simplement de conflits à l'intérieur du
ministère ou si elles proviennent d'une politique qui est établie
par le ministère.
J'en viens à la question suivante. Puisque vous avez
décidé d'établir une certaine mutation entre les
régions, est-ce qu'elles s'inscrivent à l'intérieur d'une
politique définie au ministère ou si c'est selon le bon plaisir
du fonctionnaire responsable ou du ministre responsable?
Vous conviendrez aussi que pour un biologiste qui est déjà
établi, après deux, trois ou quatre ans dans une région du
Québec, du jour au lendemain, il n'est pas facile pour lui d'accepter
cette mutation.
Si cela s'inscrit à l'intérieur d'une politique, il devra
se préparer en conséquence. Est-ce qu'on a maintenant
établi une politique à l'intérieur du ministère,
comme on l'a au ministère de la Justice, avec les policiers?
Les policiers s'attendent, depuis quelques années, à
être mutés d'un district à un autre, et cela est tout
à fait normal. Cela devrait peut-être être la même
chose pour les agents de conservation. Il est tout à fait normal pour un
policier, si cela fait trop longtemps qu'il est au même endroit, qu'il
connaît trop de monde, il va peut-être avoir des tendances à
laisser passer certaines choses, parce que cela devient des am itiés
personnelles, etc.
Je ne suis pas à l'encontre de toute politique de mutation. Je
voulais savoir si ces mutations ont été décidées
strictement parce qu'il y avait des conflits à l'intérieur du
ministère ou à partir d'une politique qu'on a
décidé d'établir au ministère, pour une meilleure
efficacité.
M. Simard: M. le Président, bien sûr, nous ne
possédons pas une politique aussi précise que la
Sûreté du Québec, à savoir qu'à tous les
trois ans, tous les quatre ans ou peu importe la période de temps,
certains agents doivent être mutés ou changer de territoire.
Je peux vous assurer que tous les gens qui travaillent au
ministère, dans ce secteur, sont avisés. Ils savent d'avance
qu'ils peuvent être mutés en n'importe quel temps.
Si ces gens ont décidé d'être mutés ou s'ils
en font la demande parce qu'il y a conflit, c'est peut-
être possible dans certains cas. Lorsqu'on travaille en
groupe...
M. Lessard: Pour autant que ce n'est pas
généralisé.
M. Simard: Pour autant que ce n'est pas
généralisé, d'accord. Il n'est pas prouvé que dans
aucun secteur du ministère du Tourisme, il y ait une
généralité, si vous voulez, de problèmes à
un point tel que les gens veuillent changer de terrioire, de district ou de
secteur. Je ne crois pas. Je crois qu'on a très bien répondu tout
à l'heure, dans le sens que les gens qui sont mutés sont
avisés d'avance; ils le savent d'avance et, souvent, ce sont eux qui
veulent changer de territoire, de climat ou, enfin, peu importe.
C'est bien sûr que c'est toujours un peu pénible, pour un
père de famille qui est déjà installé, qui est
déjà propriétaire, qui a ses enfants à
l'école et qui doit les changer d'école. Souvent, lorsque la
mutation arrive, ce n'est pas toujours au mois de septembre ou en juin, alors
que les enfants doivent changer d'école et tout.
Que voulez-vous, c'est une difficulté administrative. Lorsqu'il
faut agir, nous devons agir. On me dit que, pour ce qui est des écoles
et tout cela, des précautions sont prises à l'avance.
M. Lessard: En ce qui concerne les districts, est-ce que chacun
des districts possède maintenant son biologiste?
M. Simard: Tous les districts, moins la Côte-Nord.
M. Lessard: Oui, encore.
M. Simard: II y a des prévisions, quand même...
M. Lessard: Parce que, l'an dernier, on m'avait dit qu'on
espérait la concrétiser.
M. Simard: On espérait la concrétiser. On a eu un
programme qui s'appelait ARDA, il y a deux ans, qui nous a permis de constituer
des équipes pour deux régions qui n'avaient pas non plus de
biologiste, c'est-à-dire le Nord-Ouest du Québec et le
Lac-Saint-Jean.
Lorsque le programme ARDA s'est terminé, à ces endroits,
ou si le programme ARDA ne s'est pas terminé, il a terminé son
support de nos activités qu'il considère comme normales, nous
avons dû récupérer ces deux nouvelles régions
à même notre budget, ce qui a un peu dérangé la
planification. Il est sûr que, cette année, comme on le dit dans
le texte, le ministère récupère sur son budget
l'équipe du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de sorte que, l'an prochain,
l'étape normale serait la Côte-Nord qui constituerait la
dernière région qui ne serait pas encore équipée de
biologiste.
M. Lessard: Quand vous parlez de la Côte-Nord, est-ce que
vous parlez de Tadoussac jusqu'à...
M. Simard: La région administrative de la
Côte-Nord.
M. Lessard: Les deux régions, soit la région no 9
et la région no 10? Donc, Saguenay et Duplessis.
M. Simard: II va se poser aussi un autre problème qui, en
fait, se pose actuellement, c'est le Nouveau-Québec.
M. Lessard: D'accord, le Nouveau-Québec.
M. Simard: A cause des négociations avec les autochtones,
maintenant, qui vont nous obliger à constituer une équipe de
biologistes pour le Nouveau-Québec, sans aucun doute. Mais
j'espère que cette nouvelle addition ne dérangera pas ou ne
retardera pas encore une fois l'équipe de la Côté-Nord.
M. Lessard: Vous me permettrez de souligner ceci: Si on me dit
que cela couvre les deux régions administratives, soit la région
no 9 et la région no 10, parce que, étant donné,
actuellement, la situation, c'est qu'on a connu des régions
administratives, mais coiffées, en fait, d'une seule organisation comme
telle au point de vue des différents ministères, vous conviendrez
que cela couvre quand même un territoire équivalant à 40%
du territoire québécois, 40% à 50% du territoire
québécois, si on inclut le Nouveau-Québec. Je trouve que
c'est absolument anormal qu'une région comme celle-là soit
privée d'un biologiste en permanence.
L'an dernier, suite à l'intervention que j'avais faite en
commission parlementaire, j'avais souhaité la nomination d'un
biologiste.
Sachez que, dans la région, les différents organismes de
chasse et de pêche s'interrogent et se demandent pourquoi on retarde
tellement la nomination d'une personne qui s'impose véritablement,
d'autant plus que cela couvre un immense territoire. Peut-être que cela
ne devrait pas être un biologiste qu'on devrait avoir, mais
plusieurs.
M. Simard: On avait prévu, comme je le disais tout
à l'heure, d'augmenter le service de la faune d'une équipe par
année, par région administrative, pour ne pas trop grever le
budget. C'est ce qu'on a fait jusqu'à maintenant.
M. Lessard: Cette année, y a-t-il eu une augmentation?
M. Simard: II faut dire quand même que, même s'il n'y
a pas un district comme tel du Nouveau-Québec, nous avons une
équipe de Québec qui travaille continuellement au
Nouveau-Québec, en particulier sur les projets de recherche sur le
caribou et sur l'orignal, en collaboration avec la Société de
développement de la baie James.
M. Lessard: Concernant les règlements de la
pêche, est-ce que les règlements ont été
prêts cette année lors de l'ouverture de la pêche?
M. Simard: Les règlements étaient prêts
depuis le mois de décembre. Si vous parlez de la publication du
résumé, il est sorti le 29 avril et la pêche ouvrait le 20
ou le 25 avril. On a presque réussi.
M. Lessard: Presque réussi.
M. Simard: Oui. Bien que les dates aient été
publiées bien longtemps avant dans tous les journaux, le
résumé lui-même est apparu quelques jours après
l'ouverture.
M. Lessard: Justement, en particulier dans certaines
régions du Québec, comme les régions
périphériques, c'est assez difficile, en fait, pour un kiosque ou
un magasin qui émet un permis de pêche, de répondre: C'est
bien regrettable, mais nous n'avons pas les règlements de la
pêche. Vous admettrez qu'on nous dit à ce moment de lire nos
règlements, que c'est extrêmement important. D'autant plus que,
cette année, vous avez eu une révision assez importante de ces
règlements de chasse et de pêche. Pourriez-vous me dire quels sont
les principaux règlements qui ont été modifiés,
parce que j'utilise toujours la publicité de la commission parlementaire
pour l'information du public, en ce qui concerne la quantité de
truites?
M. Simard: C'est très difficile de vous résumer les
changements parce qu'ils sont extrêmement nombreux cette
année.
M. Lessard: Particulièrement en ce qui concerne la
quantité de truites, le nombre de livres.
M. Simard: Pour la quantité de truites, les
règlements ont été rationalisés en tenant compte de
la pression de pêche qui existe dans chaque endroit, de la distance des
grands centres de population, des dates de frai et des bassins hydrographiques.
On a procédé par bassins hydrographiques. Ce qui a amené
comme changement majeur une gradation dans le nombre de prises du nord au sud.
Je pense que, dans votre région, le maximum est resté à 25
dans la zone M, c'est au nord. Cela descend à 20 dans la région
de Québec; 15 dans la Mauricie et 10 dans les Laurentides où la
pression de pêche est la plus grande, en fait. C'est la raison
principale.
M. Lessard: Autrement dit, cette année, on n'a pas
appliqué un règlement uniforme, mais, pour l'ensemble du
Québec, on a tenu compte des pressions de pêche au niveau des
différentes divisions territoriales et en accordant, en fait, des
possibilités de pêche supérieures à des endroits
où la pression est moins forte.
M. Simard: C'est cela. On a essayé d'arriver à des
règlements beaucoup plus rationnels à mesure que nos
connaissances s'améliorent sur la situation. On avait confié
cette étude à un comité de spécialistes, au
ministère, qui a travaillé là-dessus pendant un an.
Ensuite, les nouveaux règlements ont été soumis à
la Fédération québécoise de la faune. Ils ont
été ensuite distribués, discutés dans les
associations régionales de chasse et de pêche, de sorte qu'il y a
eu une consultation générale pendant une autre année. Le
rapport du comité était sorti en 1974 et les nouveaux
règlements ont été adoptés en 1975.
M. Lessard: En relation avec ces nouveaux règlements, et
en relation avec les différentes régions du Québec,
étant donné le fait que certaines régions ne subissent pas
les mêmes pressions que d'autres, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, pour
certaines régions du Québec et surtout certains lacs qui ne sont
pas accessibles au cours de la période d'été et qui
peuvent être accessibles au cours de la période de l'hiver par
l'utilisation de la moto-neige, je ne parle pas d'une ouverture
généralisée, de reconnaître qu'ils ne sont
aucunement pêchés, au cours de la période estivale et
qu'ils auraient même besoin d'être péchés,
étant donné que la truite se multiplie? N'y aurait-il donc pas
lieu, dans certaines régions, d'étudier la possibilité...
Vous le faites d'ailleurs, vous le faites pour un certain nombre de lacs, mais
n'y aurait-il pas lieu de le faire, par exemple dans l'Abitibi, du
côté de la Gaspésie, du côté de la
Côte-Nord et de reconnaître qu'au cours de la période
d'hiver la pêche va être permise sur des lacs bien
spécifiques? Je sais que cette politique pourrait être
étendue à beaucoup plus de lacs qui sont accessibles pendant
l'hiver par le moyen de la motoneige et qui ne le sont pas au cours de la
période d'été à moins d'utiliser des hydravions,
des avions et tout ce que vous voudrez. Dans l'ensemble on constate que ce sont
des lacs qui sont sous-exploités.
M. Simard: Des pressions sont faites de temps en temps pour des
lacs de la région de Forestville en particulier. En fait, c'est pour des
raisons de contrôle que le ministère a adopté la politique
de ne pas permettre de pêche en hiver dans les lacs qui sont reconnus
comme étant des lacs à truite seulement. Dans l'ouest de la
province, par exemple, où il y a des mélanges d'espèces de
poissons, on permet d'ordinaire, à la demande du public, la pêche
expérimentale en hiver, pour une année ou deux. Quand on voit que
cela fonctionne, on le permet davantage. Mais, c'est réduit à ces
lacs. La politique du ministère, jusqu'à maintenant, et elle a
été confirmée par les derniers règlements, ne
permet pas la pêche en hiver dans les lacs étant reconnus comme
des lacs à truite, parce que ces lacs sont trop vulnérables et
parce qu'il est impossible pour les agents de conservation de contrôler
par la suite.
Il y a une expérience assez générale au
ministère, c'est qu'on fait souvent pression pour ouvrir des lacs
à la pêche après les avoir braconnés pendant un
certain nombre d'années. Lorsque la pêche est permise, il y a une
certaine course qui se fait vers ces lacs pendant un an ou deux et ensuite on
les abandonne. La pêche en hiver est beau-
coup moins populaire qu'on ne le pense dans ces endroits. Il y a
certains endroits où la pêche en hiver est très populaire.
Ensuite, on demande d'ouvrir certains lacs, et, lorsqu'on le fait, les gens
arrêtent d'y aller pour des raisons que j'aime mieux vous laisser
imaginer.
M. Lessard: J'admets un peu votre idée lorsque vous parlez
du contrôle. Je suis d'accord avec vous que c'est une pêche qui est
peut-être moins en demande que la pêche d'été, mais
justement parce qu'il n'y a pas de lacs disponibles. S'il y avait des lacs
disponibles, c'est une pêche qu'on pourrait probablement
développer. C'est comme n'importe quoi, cela, la pêche au saumon
quand on n'avait pas le droit d'aller pêcher dans les rivières
à saumon, bien, il n'y avait pas de pêcheurs
québécois qui savaient pêcher le saumon. Avec le temps,
avec au moins une libération partielle, les gens se sont acheté
une canne à pêche et ils se sont aperçus que du saumon,
cela se prenait!
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de prévoir au moins un
endroit. Je ne demande pas l'ouverture généralisée d'un
certain nombre de lacs, mais ne devrait-il pas y avoir un lac ouvert au public?
Et étant donné que ce lac serait connu, ce serait peut-être
assez facile d'en garder le contrôle.
M. Slmard: Oui. Seulement, il me faut ajouter quelque chose. De
plus en plus, à l'intérieur des parcs et des réserves du
Québec, nous tentons de diminuer le va-et-vient des motoneigistes, parce
qu'il ne faut pas penser uniquement aux truites, il faut aussi penser aux
ravages d'orignaux, aux chevreuils, a la pollution par le bruit et au
déménagement de certains ravages. C'est encore un point que je
voulais ajouter. Je pense que, dans nos forêts, il va falloir de plus en
plus repenser à ce que nous avions pensé il y a quelques
années. Nous avons connu un accroissement sans précédent
au Québec dans l'industrie de la motoneige, dans les régions
comme celle du député de Saguenay, où on voit
énormément de motoneigistes qui circulent en forêt. Si nous
ouvrons certains lacs, nous nous demandons si ce ne serait pas favoriser le
braconnage, plutôt que de satisfaire certains appétits de quelques
pêcheurs honnêtes.
M. Lessard: Je suis d'accord avec le ministre dans le sens qu'il
ne s'agit pas d'ouvrir la forêt à l'ensemble des sportifs de la
motoneige. Justement, de plus en plus, je pense qu'il y a une politique,
particulièrement au ministère des Terres et Forêts, pour
ouvrir des pistes de motoneige. A ce moment, je verrais qu'il serait possible,
justement, d'avoir une piste de motoneige qui rende possible
l'accessibilité à ce lac. De toute façon, je sais qu'il y
a eu des demandes faites, et ce serait peut-être bon d'analyser la
possibilité d'ouvrir quelques lacs pendant la saison hivernale, ce qui
permettrait à certains pêcheurs de pratiquer leur sport au cours
de l'hiver. A mon sens, quand vous dites que vous ne voulez pas le faire
à cause de la nécessité d'instaurer des contrôles,
je trouve qu'il n'y a pas plus de contrôle actuellement, parce que toute
per- sonne qui, au cours de l'hiver, veut aller se percer un trou dans un lac,
le fait illégalement, parce qu'il n'y a pas de lac reconnu, où on
a le droit de pêcher. Ce serait probablement possible, en autant, comme
je le dis, qu'il s'agisse d'un lac difficilement accessible au cours de la
période de l'été et qu'il ne serait naturellement pas
pêché au cours de l'été, ce serait peut-être
possible de permettre à ces gens de pouvoir le faire au cours de
l'hiver, tout en conservant l'équilibre de nos ressources de
pêche.
M. Simard: Le danger est qu'il faudrait faire une enquête
sur chaque lac, à ce moment-là, afin de savoir si c'est bien vrai
que ce n'est pas accessible en été, et que c'est accessible en
hiver.
M. Lessard: C'est assez connu de vos agents de district.
M. Simard: La difficulté est de décider où
on arrête.
M. Lessard: C'est assez connu de vos agents de conservation quels
sont les lacs qui subissent des pressions assez considérables, qui sont
particulièrement pêchés au cours de l'été et
les lacs qui ne sont pas accessibles.
M. Simard: Quoique, habituellement, un lac qui est accessible
l'hiver l'est l'été.
M. Lessard: Non.
M. Simard: Dans bien des cas. Je pense bien que, si on peut
passer en motoneige, un individu peut passer en faisant du portage avec un
canot.
M. Lessard: Oui, mais je veux dire que vous n'allez quand
même pas faire 20 à 25 milles de marche, ce qu'il est possible de
faire en motoneige.
M. Simard: D'accord.
M. Lessard: Où en sommes-nous rendus concernant la
politique de l'accès aux grands plans d'eau, prônée depuis
un certain temps par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche?
Quels ont été les principaux projets qui ont
été concrétisés l'an dernier, et qu'on souhaite
concrétiser cette année? On parle d'un nouveau lac McGregor.
M. Simard: En fait, il y a eu une seule intervention cette
année au cours de 1974/75, c'est au lac Trente et un Milles.
Il y a eu un programme massif il y a trois ans et on a
dépensé près de $500,000 dans une année pour
créer à peu près 25 accès aux grands plans d'eau
dans la région de Montréal.
M. Lessard: Est-ce que le ministère possède une
carte?
M. Simard: Oui, qui est distribuée aussi,
colorée.
M. Lessard: Est-ce qu'on a copie de cette carte?
M. Simard: Depuis ce temps, on maintient, on entretient ces
accès et on en crée un ou deux par année. Cette
année, il y en a eu un au lac des Trente et un Milles et on entrevoit un
cette année au lac McGregor, qui est tout près de Hull et
où il y avait une plage publique avec un magasin de patates
frites...
M. Lessard: Après que le ministère des Terres et
Forêts eut fermé le lac de l'Achigan.
M. Simard: Je ne savais pas.
M. Lessard: Excusez! C'est au lac des Trente et un Milles...
M. Simard: Si le député le veut, on peut
déposer une copie de toute...
M. Lessard: J'aimerais bien. M. Simard: D'accord.
M. Lessard: Est-ce que, le long du fleuve Saint-Laurent, on
s'apprête, ou si on laisse cela entre les mains du gouvernement
fédéral, à établir des plans d'accès?
M. Simard: II existe déjà beaucoup d'accès
le long du Saint-Laurent parce qu'il y a plusieurs marinas qui existent. Tout
à l'heure, nous allons probablement discuter du tourisme nautique au
Qjé-bec et vous allez voir que les deux se marient très bien. La
philosophie de tout cela, c'est qu'il faut quand même donner une
accessibilité à M. Ordinaire, cela veut dire celui qui a un
bateau facile à véhiculer en arrière d'un "trailer"... Les
marinas existantes, en majorité, possèdent déjà ces
services. Avec les efforts que nous avons faits les années
passées, qui touchent pas mal les centres où il y a pas mal de
population, je crois que nous avons comblé une carence qui existait il y
a quelques années. Ce n'est pas complet, ce n'est pas encore
satisfaisant à 100%, mais nous avons l'intention d'y aller à
l'intérieur du cadre de la politique du tourisme nautique et de
continuer cette politique. Je vais déposer tout simplement, je n'ai pas
besoin de...
M. Lessard: Ce document que vous déposez, est-ce qu'il
comprend une carte qui identifie les endroits où sont
aménagés ces plans?
M. Simard: On me dit qu'elle est épuisée. Je
suppose qu'on va la réimprimer.
M. Houde (Fabre): D'ailleurs, dans l'intérêt de la
conversation, je pense qu'il n'y a pas de gêne à admettre qu'il
n'y a pas tellement longtemps, il y a eu une réunion au ministère
et je me suis fait personnellement le porte-parole de ceux qui tiennent
à ces rampes de lancement, et j'y avais à peu près le
même vocabulaire que le député de Saguenay.
Je tiens à rassurer le député de Saguenay qu'on
considère ça très important et que le ministre a bien
promis, lors de cette réunion, qu'il y aurait peut-être un effort
particulier de fait au cours de l'année pour l'information et publiciser
la carte qui indique où sont ces rampes de lancement. Maintenant, il y a
un phénomène assez étonnant concernant ces rampes de
lancement. Plus on regarde ça à la loupe, plus on en
découvre qui non seulement ont été faites ou construites
par le ministère, mais on en découvre qui ont été
faites par la voirie, par des municipalités. On en a découvert
une, récemment, à dix minutes de ma résidence à
Laval, par exemple. Malheureusement, cela n'a peut-être pas
été utilisé, il n'y a pas eu de publicité et bien
souvent, il n'y a même pas d'affichage pour dire aux gens qui ont une
chaloupe ou un canot: Vous pouvez l'utiliser à
Rivière-des-Prairies ou dans le fleuve.
Je pense qu'en toute honnêteté, il y a un effort à
faire de notre part, un effort à faire de la part d'autres
ministères et également des municipalités qui ont de ces
rampes de lancement, pour le faire savoir à la population.
M. Lessard: Est-ce que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche vérifie les programmes
fédéraux à ce sujet, puisque le fédéral
aussi, je pense, construit un certain nombre de rampes de lancement? Est-ce que
le ministère a au moins une coordination avec le gouvernement
fédéral, concernant l'établissement de ces rampes de
lancement, parce que, comme le dit le député de Fabre, c'est
rendu à un point où tout le monde se lance un peu dans ce projet,
selon des normes plus ou moins précises, parce qu'il y a une question de
protection du public aussi? Est-ce que le ministère est le maître
d'oeuvre, non seulement au point de vue des possibilités de construire
des rampes de lancement municipales, mais aussi de celles qui sont
établies par le gouvernement fédéral? Parce que là,
on ne sait plus à qui s'adresser quand on veut établir une rampe
de lancement. Parce que d'un côté, ces rampes de lancement sont
faites avec des quais fédéraux, est-ce qu'il y a une
coordination...
M. Simard: M. le Président, il y a une très bonne
coordination. Mon sous-ministre adjoint, responsable de la recherche et du
développement, est en rapport régulièrement avec le
ministère responsable au fédéral.
Maintenant, une note très positive que je veux apporter à
la commission, c'est que le gouvernement fédéral nous a
avoué dernièrement que le Québec était la seule
province dans tout le Canada qui était dotée d'expertises dans le
nautisme, c'est nous qui sommes les plus avancés de toutes les provinces
du Canada. Nous sommes en relations directes, bien sûr, il y a aussi la
loi 50/50 qu'on appelle, c'est-à-dire une loi fédérale qui
fait que, lorsque le gouvernement fédéral investit un montant X,
le gouvernement provincial doit investir le même montant.
Nous ne sommes pas tout à fait satisfaits de cet arrangement,
dû au fait que, dans certains sec-
teurs, dans certaines régions, lorsque nous devons
dépasser la même somme que le gouvernement fédéral,
je calcule que c'est pousser le ridicule au bout. Parce que, dans certaines
régions, ça nous coûte moins cher ou ça nous
coûte plus cher, selon qu'on pense à une marina dans le Saguenay
ou à une marina dans la région de Montréal. Ce ne sont pas
du tout les mêmes investissements, ce ne sont pas les mêmes
coûts de brise-lame, ce ne sont pas du tout les mêmes coûts
de protection, si vous voulez, pour les gens qui s'occupent de nautisme.
C'est pour ça que nous sommes en train de discuter avec le
fédéral, à savoir s'il n'y aurait pas certains changements
à apporter à la loi existante.
M. Lessard: Cela rejoint passablement le même programme,
l'accès aux plans d'eau. La construction des marinas, c'est un peu... A
moins que le ministre aime mieux que j'en discute au programme suivant.
M. Simard: C'est le programme 06. Je ne sais pas si le
député insiste.
M. Lessard: II n'y a aucun problème. Si le ministre aime
mieux que j'en discute à ce moment-là.
M. Simard: D'accord.
M. Lessard: La chasse contrôlée à l'orignal.
Est-ce que ce serait possible je sais que ces chiffres existent au
ministère et qu'ils ont été publiés
d'obtenir une étude ou la ventilation du nombre d'orignaux qui ont
été tués au cours de l'année dernière, dans
chacun des parcs du Québec?
M. Simard: Je ne l'ai pas ici.
M. Lessard: Je pense que, cette année, il y a eu une
diminution de la quantité d'orignaux tués.
M. Simard: Ce qu'on voit d'année en année...
M. Lessard: De 8,000, nous sommes tombés vers 6,000?
M. Simard: Vous parlez strictement des parcs?
M. Lessard: Je voudrais avoir des précisions à la
fois au niveau des parcs et à la fois...
M. Simard: Cette année, M. le Président, il y a eu
une diminution, mais qui est calculée comme étant très
normale. Cela s'est déjà vu par les années passées.
Tout dépend de la date d'ouverture de la chasse, des conditions
climatiques. Enfin, il y a un tas de conditions qui entrent en ligne de
compte.
Si on regarde la diminution en chiffres, pour cette année, on me
dit que c'est une diminution qui est normale et qu'on n'a pas à
s'inquiéter.
Dans le cas des parcs, on a un rapport sur le nombre d'orignaux
tués dans chacun des parcs depuis 1964. On ne l'a pas ici actuellement,
mais on pourra vous l'apporter.
Le document que vous avez en main, "Gros gibier au Québec, en
1974" c'est la deuxième année que nous publions ces rapports
spéciaux et nous avons maintenant l'intention de le faire chaque
année.
Malheureusement, je vois que les résultats ne séparent pas
les parcs du reste. C'est-à-dire que la chasse sportive à
l'orignal, par exemple, cela comprend toute la chasse à l'orignal, les
parcs étant inclus.
M. Lessard: Cette année, vous avez modifié des
règlements, pour la prochaine année, concernant la période
de temps, dans certaines régions, notamment la région M, je ne
sais pas si c'est généralisé parout, dans tout le
Québec, mais dans certaines régions, ce sera prolongé
à quatre semaines.
M. Simard: II y a la région...
M. Lessard: Dans ma région, il semble que cela va
être prolongé à quatre semaines. Vous savez que j'aime
beaucoup la chasse à l'orignal, mais cela m'inquiète
passablement, parce que, l'an dernier, particulièrement dans la
région de Forestville, on a constaté une diminution assez
importante de succès. Je me demande si c'est une bonne chose de
prolonger à quatre semaines la saison de la chasse. J'aimerais bien
avoir des précisions. Sur quoi s'est-on basé pour prolonger cette
période de chasse?
M. Simard: II y a une prolongation, je pense, dans la
région M, il y en a une dans la région H, peut-être, et
dans la région K. Dans chacun des cas, la prolongation a
été faite parce que les biologistes du service
d'aménagement de la faune nous ont assuré que ces populations
pouvaient être exploitées davantage. C'est la seule raison.
Je pense qu'il est peut-être bon de vous souligner un fait. Il y a
eu, à Québec, l'an passé, un symposium international sur
l'original, où on a invité des gens de toutes les parties du
monde où il y a de l'orignal.
M. Lessard: La Suède, en particulier.
M. Simard: La Suède, la Russie, la Finlande. On a
constaté, à ce moment, qu'on était les plus conservateurs
au monde. Nous avons l'intention de continuer à l'être. Nous
n'avons pas de risque à courir sur notre cheptel d'orignaux. Par
ailleurs, les inventaires annuels nous démontrent qu'il n'y a aucune
diminution de la population d'orignaux, depuis des années. On peut
penser, par exemple, à notre province voisine, l'Ontario. Dans le nord
de l'Ontario, on chasse l'orignal pendant un mois et demi, deux mois, dans
certains cas.
Les prolongations ont été données seulement dans
les régions où les études nous ont indiqué qu'il y
avait possiblement une sous-exploitation, où en fait, on pouvait se
permettre de donner une semaine de plus, ce qui ne veut pas dire que la chasse
va être plus lonque.
Les gens vont se distribuer davantage pendant la saison de chasse. On a
toujours des difficultés de toute façon à la fin de la
saison à cause du mauvais temps et le reste, de sorte qu'une
prolongation de la saison n'implique pas nécessairement un changement
dans le résultat de la chasse. On l'a constaté dans plusieurs
zones où on a réduit la saison de trois semaines à deux
semaines. Cela ne change absolument rien. C'est tout simplement pour permettre
aux gens de pouvoir se distribuer davantage dans les zones de chasse. Ces
mesures sont prises avec beaucoup de soin. Encore une fois, on n'a actuellement
aucune espèce d'indication que notre population d'orignaux soit en voie
de diminution.
M. Lessard: Pour terminer sur cela, non pas sur le programme
comme tel, mais sur l'orignal, est-ce que vous avez une estimation maintenant
de notre cheptel autour de 125,000 orignaux?
M. Simard: Je pense qu'on peut dire que c'est plus que cela.
Entre 100,000 et 125,000, c'est à peu près cela.
M. Lessard: Ceci correspond à peu près aux chiffres
de la Suède ou de la Norvège?
M. Simard: Oui. Qui n'ont pas les climats qu'on a quand
même, qui ont des taux de productivité beaucoup plus
élevés et une accessibilité aussi beaucoup plus
grande.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, il est 18 heures.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pèche):
A l'ordre, messieurs!
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche reprend ses travaux pour continuer l'étude des
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
A la suspension de 18 heures nous discutions de l'orignal.
Le député de Saguenay.
M. Lessard: Concernant les différentes recherches, en
particulier sur le cerf de Virginie, et concernant la lutte contre le loup,
est-il exact qu'on commencerait à utiliser de nouveau le poison? Est-il
exact qu'on manquerait de pièges et que le poison aurait
été utilisé au cours de l'année
dernière?
M. Simard: M. le Président, je pense bien que mon
sous-ministre adjoint aura peut-être des explications
supplémentaires à donner à celles que je vais donner. Bien
sûr que le piège est beaucoup moins efficace que le poison peut
l'être. D'un autre côté, nous avons certains
problèmes pour ce qui est de l'amélioration de l'habitat du
chevreuil. Cela ne se compare pas région par région, étant
donné que nous avons une population de chevreuil dans certaines
régions. Nous avons dû avoir recours à certaines
façons, si vous voulez, et nous devons maintenant, je pense, être
très sérieux pour ce qui est du cheptel chevreuil au
Québec. Nous avons plusieurs régions, j'aimerais que le Dr Moisan
nous donne une explication beaucoup plus générale et nous dise
quels ont été nos moyens cette année et quels ont
été les résultats.
Il est vrai que, cette année, il y a eu une pénurie de
pièges. Les trappeurs professionnels en ont manqué. Il nous a
été impossible, en fait, de nous procurer les pièges
à loups que nous avions commandés et nous avons cherché
partout au Canada pour en trouver et il n'y en avait pas. Devant cet
état de choses, étant donné que nous avions un programme
de contrôle, encore une fois, localisé et temporaire du loup, nous
avons décidé, en dépit de notre réticence à
le faire, nous avons décidé d'utiliser de la strychnine, mais de
façon très contrôlée.
D'après la loi, il n'y a que les agents de conservation qui ont
le droit de se servir de ce poison. Le danger majeur est de prendre d'autres
animaux que des loups. Nous avons essayé d'éviter cette
non-spécificité de la strychnine en plaçant les
appâts sur les lacs, par hélicoptères, de sorte que,
lorsque les appâts ne sont pas utilisés, quand les lacs calent au
printemps, ils disparaissent si on n'a pas l'occasion de retourner les
chercher. Les appâts étaient distribués de façon
systématique, par un technicien de la faune et un agent de conservation,
dans des endroits limités, encore une fois, à une région
du nord de Montréal. Deux visites ont été faites, par la
suite, pour
contrôler. Encore une fois, c'est avec réticence que nous
le faisons, nous avons dû le faire cette année à cause d'un
manque de pièges. Nous sommes obligés de faire très
attention dans l'utilisation du poison, de même que dans le
contrôle des loups en général, parce que nous sommes pris
entre deux feux constamment. D'un côté, nous subissons les
pressions d'une grande partie du public qui est contre tout contrôle des
prédateurs, et, de l'autre côté, d'une autre partie du
public, qui est constituée de nos chasseurs, en général,
qui voudrait que ces trucs disparaissent.
La politique du ministère est entre les deux, c'est-à-dire
que nous contrôlons, mais que nous contrôlons de façon
localisée, où les besoins se font sentir, c'est-à-dire
près des grandes concentrations de chevreuils, et encore une fois, en
utilisant les méthodes les plus efficaces possibles.
Nous sommes aussi surveillés de très près par la
communauté internationale.
Cet hiver, nous avons reçu des plaintes, des reproches de la
nature qui nous dit qu'elle comprend notre situation, qu'elle ne peut pas nous
reprocher ce qu'on fait, mais que cela rend difficile leur travail en Europe,
par exemple, où elle prend toutes sortes de moyens pour conserver les
quelques loups qui leur restent.
M. Lessard: On pourrait peut-être leur en porter.
M. Simard: On pourrait peut-être en exporter.
Pour les exporter, il faut d'abord les prendre et c'est beaucoup plus
facile de décider de contrôler les loups que d'aller les
prendre.
M. Lessard: Très intelligent. Mais est-ce que le fait de
tirer les carcasses sur les lacs ne contribue pas à la pollution des
lacs étant donné les grandeurs...
M. Simard: Je ne vois pas de quelle façon cela peut y
contribuer.
M. Lessard: La strychnine dans l'eau.
M. Simard: Ce sont des quantités infimes. C'est deux
milligrammes.
Une Voix: C'est très bon pour la santé. M. Dufour:
Cela fait germer un peu.
M. Lessard: Est-ce que, d'après vos vérifications,
vous avez pu constater que d'autres animaux avaient subi les
conséquences mortelles de la strychnine?
M. Simard: Immanquablement, cela arrive, il faut s'y attendre,
mais on réduit considérablement ces accidents en plaçant
les appâts au milieu des lacs. On va prendre des corbeaux, quelquefois
des geais bleus ou des geais gris, mais on ne prendra pas d'animaux à
fourrure si on les place au milieu des lacs, tandis qu'on va en prendre
beaucoup si on place les appâts près des lacs, sur les bords. Les
loups sont très curieux. Il s'agit de mettre l'appât au milieu du
lac avec un arbre qu'on apporte. L'animal est très curieux, va voir ce
qui se passe et va prendre l'appât de temps en temps.
M. Lessard: En 1970, dans la province d'Alberta, on a fait
l'expérience de l'utilisation de la strychnine pour combattre le loup
et, d'après une expérience qu'on aurait eue à ce
moment-là, dans cette province, on a réussi à attraper 75
loups en utilisant le poison et, par ailleurs, on a attrapé 270 autres
animaux qui seraient morts des suites de la dégustation de la
strychnine. Est-ce que vous avez des vérifications qui prouvent que
l'utilisation de la strychnine n'apporte pas de conséquences
désastreuses pour les autres animaux.
M. Simard: Ce n'est sûrement pas désastreux, mais il
ne faut pas nier que c'est fort possible. Au 25 mars, par exemple dans la
région de l'Outaouais, on avait pris 22 loups et 18 chiens. C'est
toujours dans des ravages de chevreuils, ce sont des chiens qui vont faire des
tours dans des ravages de chevreuils. Donc, six renards dont quatre par le
poison, plus quelques oiseaux, ce sont toujours des corbeaux ou des geais, deux
pécans et quatre belettes. Dans les Cantons de l'Est, où on
n'emploie pas de poison, mais seulement des pièges, cinq coyotes, douze
chiens, deux lynx et deux renards. Toutes les méthodes qu'on peut
utiliser ne sont pas spécifiques. On n'a jamais rien trouvé qui
ne tue que le loup, sans tuer d'autres animaux.
M. Lessard: Est-ce que le retour à la prime a
été envisagé par le ministère, la prime de $25
qu'on versait autrefois?
M. Simard: Absolument pas, surtout que la peau de loup,
actuellement et depuis trois ans, se maintient entre $50 et $75. Ce serait un
peu ridicule d'arriver avec une prime de $25. D'ailleurs, la prime a
été abandonnée dans toutes les provinces du Canada
maintenant, ou à peu près, l'Ontario a été la
dernière. De toute façon, sur le marché, il y a 5 ans, on
mettait à peu près 400 à 500 peaux de loups par
année. L'an dernier, il y en a eu 1,500. Cela veut dire que les
trappeurs sont très intéressés à y aller à
cause du prix des fourrures. Et sur le marché de la fourrure cet hiver,
tout a baissé, le castor a baissé, tout a baissé sauf le
loup et le lynx. Ces espèces à grand poil sont très
recherchées sur le marché actuellement.
M. Lessard: Concernant l'étude que vous avez faite sur les
causes de mortalité du chevreuil, ça donne quoi, l'importance du
loup par rapport à d'autres facteurs tels que le froid, le climat,
est-ce que votre étude est terminée?
M. Simard: C'est une étude qui a été
entreprise, où on essaie de cerner toutes les causes de
mortalité, parce que c'est un endroit où
on contrôle très bien tout ce qui se passe. Cette
étude n'est pas terminée et c'est un endroit où il n'y a
pas de loup, à part cela.
Il y a quand même du coyote depuis trois ou quatre ans. Les causes
de mortalité, à ce moment-là, sont soit la chasse, le
braconnage, les maladies, la malnutrition et le coyote.
Ce travail n'est pas terminé et se poursuit à
Pohénégamook, le centre de plein air.
M. Côté: M. le Président, si le
député de Saguenay me permet, j'avais une intervention à
faire en ce qui concerne l'orignal. Je m'aperçois qu'on avance un peu
plus.
En ce qui concerne la chasse contrôlée à l'orignal,
prenons comme exemple la réserve Matane. Je ne sais si vous envisagez
apporter des modifications à la réglementation, mais en ce qui me
concerne j'ai peut-être une fausse vision des choses, mais je
pense qu'on peut en discuter je pense que la réglementation n'est
pas à point et je m'explique. Si le député de Gatineau
fait une demande pour le tirage au hasard, de même que le
député de Laporte et que moi, Côté, je paie deux
individus, pour avoir la chance, à un certain moment donné,
d'être tiré ou d'aller comme partenaire, soit avec le
député de Laporte ou le député de Gatineau qui,
éventuellement, pourraient être tirés, je vais pouvoir
aller à la chasse tandis qu'il y en a un des deux qui avait couru la
chance d'aller au tirage au hasard qui n'y est pas allé.
Je me demande quels sont les motifs qui ont incité le
ministère à apporter une réglementation de ce
genre-là. Peut-être que les motifs sont bien valables, mais je me
demande si on ne pourrait pas ouvrir la possibilité d'aller avec
quelqu'un qui est tiré. Cela permettrait à celui qui envoie quand
même son nom, si un de ses copains ou de ses amis est sorti au hasard,
d'aller quand même à la chasse.
Tandis que là, parce qu'il a formulé une demande, son nom
n'est pas tiré, il est éliminé de la possibilité
d'aller à la chasse. Je ne sais pas s'il n'y a pas une certaine
injustice à ce niveau-là. On arrive avec toutes sortes de
mécanismes, de gens qui essaient de contourner l'affaire en envoyant dix
noms. La loi de la moyenne va arriver à un moment donné et il va
en sortir un qui va être certain d'aller à la chasse.
Je ne sais pas quels sont les motifs qui, au départ, ont
incité le ministère à appliquer une politique comme
celle-là. Est-ce que...
M. Simard: Ces méthodes de tirage ont été
torturées, triturées et essayées de toutes les
façons.
On essaie de trouver le système le plus équitable pour
tout le monde, on ne le trouvera peut-être jamais. Le but, pour autant
que je me souvienne, c'est de réduire tout simplement le nombre de
candidats et, lorsque quelqu'un vient au tirage, dont le nom n'a pas
été tiré, il est éliminé. C'est tout
simplement pour éviter que, si trois bons hommes veulent aller à
la chasse ensemble, les trois fassent une demande. Il y en a un qui fait une
demande. Si son nom ne passe pas, les deux autres non plus. En fait, ils ne
sont plus là, mais ils peuvent se trouver un autre chef de groupe.
Autrement, les trois font une demande; il y en a un qui l'emporte et, il
dit aux deux autres: Vous avez perdu, mais, de toute façon, on y va tous
les trois.
M. Côté: Non. M. Simard: Oui.
M. Côté: Non, ce n'est quand même pas
possible.
M. Simard: Là, ils ne peuvent pas y aller. M.
Côté: Non, ils ne peuvent pas y aller.
M. Simard: Là, ils ne peuvent pas, avec le système
qu'on a maintenant. Si on n'avait pas ce règlement, tout le monde
pourrait y aller.
M. Côté: A ce moment, est-ce que ce n'est pas brimer
certaines personnes quand à l'accessibilité à ces
endroits?
M. Simard: Dans un tirage, tous ceux qui ne gagnent pas peuvent
se sentir brimés, c'est bien sûr.
M. Côté: Oui, d'accord, mais, quand même, en
contrepartie, ils pourraient éventuellement y aller avec un type dont le
nom a été tiré, tandis que là, ils sont
éliminés complètement.
M. Simard: Oui.
M. Lessard: Cela pose tout un problème aussi, c'est que je
trouve que... On en avait parlé, d'ailleurs, c'est que, moi, si j'aime
aller à la chasse avec M. Côté, qu'on m'impose un autre
individu, à ce moment, ce n'est pas...
M. Simard: Je pense qu'il faut peut-être apporter une
explication ici. C'est que le chef de groupe fait une demande.
M. Lessard: Oui.
M. Simard: Si le chef de groupe n'a pas, si vous voulez, la
chance de passer à l'ordinateur ou d'être choisi...
M. Lessard: Ou d'être choisi, les deux autres sont
éliminés.
M. Simard: ... les autres sont éliminés,
automatiquement.
M. Lessard: Mais, qui empêche, à ce moment, que les
deux autres personnes fassent une demande? Il n'y a rien.
M. Simard: Peut-être qu'il se fait que ceux qui font la
demande deviennent chefs de groupe.
M. Côté: Ce n'est pas compliqué.
M. Lessard: Ils deviennent chefs de groupe. A ce moment, le fait
que les deux autres se soient, à un moment donné,
présentés pour être tirés au sort, les
élimine automatiquement?
M. Houde (Fabre): Pas les autres, le chef de groupe, celui qui
donne son nom, si j'ai compris.
M. Lessard: Oui.
M. Simard: Autrement dit...
M. Houde (Fabre): Lui, s'il n'est pas dans le tirage, s'il ne
gagne pas...
M. Lessard: II est éliminé. M.
Côté: Pourquoi?
M. Houde (Fabre): ... il est éliminé. Ses "chums"
qui devaient aller avec lui...
M. Côté: Oui, mais...
M. Houde (Fabre): ... peuvent se faire inviter pas un autre chef
de groupe, parce que leur nom est dans le tirage.
M. Côté: D'accord, mais pourquoi éliminer le
chef de groupe?
M. Lessard: Ce n'est pas intéressant de se
présenter comme chef de groupe.
M. Côté: Pourquoi éliminer le chef de groupe
et ne pas éliminer les deux autres?
M. Houde (Fabre): Je me pose la même question.
J'espère que quelqu'un va répondre.
M. Simard: En fait, c'est un système qu'on a voulu essayer
à cause de la pression de chasse. Avec le nombre d'orignaux, avec le
nombre de chasseurs qu'on a au Québec, il fallait quand même
essayer de trouver un système. Il n'est pas parfait, le système,
c'est bien sûr. S'il y a quelqu'un, ici ce soir, qui a des solutions ou
des suggestions à nous faire, on est bien prêt à changer
demain matin le système.
M. Côté: Non, mais...
M. Simard: Non, mais peut-être pas demain matin, mais
enfin...
M. Côté: Le tirage est fait? Cela a lieu le 25?
M. Simard: On a en fait jusqu'au 30 mai. Ils sont rendus dans
l'ordinateur. Un gars va perser sur le bouton...
M. Côté: Oui, d'accord. J'ai nettement l'impression,
M. le ministre...
M. Houde (Fabre): Vous n'êtes pas gagnant.
M. Côté: Comment?
M. Houde (Fabre): Vous n'êtes pas gagnant.
M. Côté: Non, ma formule n'est pas encore rendue.
J'ai nettement l'impression qu'on touche à un point quand même
sensible, soit de brimer celui qui a couru une chance d'aller au tirage et qui
n'est pas sorti. Je me demande encore en vertu de quel principe on
enlèverait à ce gars la possibilité d'aller à la
chasse. C'est un fait, que, si vous décidez qu'il y a 288 chefs
d'équipe qui sont tirés dans la réserve Matane, il va y en
avoir 288 plus les gars qui vont s'y ajouter, qu'il y en ait 1,500 ou 2,000 qui
aient fait la demande, le nombre à la base, si vous avez
déterminé que c'était 288, cela va être quand
même uniquement 288. Ce n'est pas au niveau de la base qu'il faut changer
le nombre. Je pense que c'est de donner la possibilité à celui
qui avait couru une chance quand même d'envoyer son nom comme chef de
groupe et qui n'a pas été tiré, de ne pas être
éliminé de la possibilité d'aller à la chasse.
M. Simard: Quand le système a commencé, il fallait
que tout le monde fasse une demande. Pour réduire le nombre, on a
pensé à un moment donné que désormais seuls les
chefs de groupe pourraient faire demande.
M. Côté: C'est simple...
M. Simard: Si on veut aller jusqu'au bout avec cela, si les chefs
de groupe seuls font une demande, quand un bonhomme est chef de groupe et que
son nom ne sort pas, son groupe sort avec lui.
M. Côté: Oui, mais l'autre...
M. Simard: L'autre chef de groupe qui l'emporte peut choisir son
groupe. Il l'a probablement choisi longtemps à l'avance, mais, pour
éviter que tout le monde se présente comme chef de groupe,
même s'il ne l'est pas, on a dit: Les chefs de groupe ne peuvent pas
aller comme compagnie. C'est le raisonnement.
M. Côté: Mais...
M. Lessard: Ce n'est pas un cadeau qu'être chef de groupe,
ce n'est pas intéressant de se présenter à un moment
donné. C'est bien plus intéressant de rester simplement et
d'être l'invité d'un "chum" qui est chef de groupe, parce
qu'à ce moment cela ne m'élimine pas.
M. Simard: A condition que son nom sorte.
M. Lessard: Bien non, celui qui n'a pas soumis son nom à
l'ordinateur, peut au moins avoir la possibilité de se trouver un chef
de groupe qui a été choisi tandis qu'en s'inscrivant pour
l'élimination, pour le choix par l'ordinateur, s'il est
rejeté, à ce moment-là, il est automatiquement
rejeté comme chasseur possible.
M. Simard: C'est le hasard!
M. Lessard: Alors que les deux autres, qui sont membres ou qui
sont dans le groupe, qui n'ont pas présenté leur demande, peuvent
au moins avoir une chance de...
M. Simard: Dans ces conditions, on élimine
complètement le groupe, pas seulement le chef de groupe, pas seulement
celui qui prend le risque. Là, les deux qui s'ajoutent au groupe ont la
possibilité, les deux associés, de s'intégrer à un
autre groupe. Le chef de groupe qui a tout risqué n'a absolument
rien.
M. Lessard: Que le choix se fasse comme groupe.
M. Simard: C'est basé sur le fait que, lorsque les
demandes se font, généralement le groupe est déjà
formé.
M. Dufour: ...sur la grandeur.
M. Simard: Si vous faites une demande pour aller à la
chasse à l'orignal, vous savez avec qui vous allez y aller.
M. Côté: En fait, on ne le demande pas sur la
formule.
M. Simard: Ceux qui n'ont pas de chef de groupe vont rarement
commencer à faire le tour de la province pour se trouver un chef de
groupe.
M. Côté: Sur la formule de demande, au tirage au
hasard, on ne demande pas ceux qui sont dans le groupe, on demande le chef de
groupe.
M. Simard: Avant, on demandait les noms et, ensuite, à
chaque fois qu'il y en avait un qui tombait malade ou qui était en
voyage, il fallait qu'il se trouve un autre membre, il fallait qu'il nous
avertisse et c'était toute une histoire.
M. Côté: J'ai nettement l'impression que c'est
uniquement le nom du chef de groupe qui est là puisque, dans plusieurs
cas, au moment où c'est tiré, il y a une formation des groupes
par la suite. Je peux spécifier que je vais y aller avec Gilles Houde ou
avec Marcel Ostiguy, et il est possible, à un moment donné, que
je change d'idée et que j'aille en chercher un autre d'un autre groupe
qui ne peut pas y aller. Je pense qu'il serait peut-être plus simple de
permettre quand même au chef de groupe de s'intégrer
éventuellement à un autre groupe, et d'éliminer cette
restriction. En termes de potentiel de chasseur, on peut en avoir X. Je ne
pense pas que le fait...
M. Simard: A ce moment-là, on va revenir exactement comme
avant. Au lieu d'avoir 6,000 demandes, on va en avoir 15,000. Tout le monde va
faire une demande comme chef de groupe.
M. Côté: En tout cas, on donne au moins la
possibilité à un plus grand nombre d'aller à cette...
M. Simard: Le nombre est fixé à l'avance.
M. Côté: D'accord, c'est soit 288 ou 300, mais les
gens ont quand même participé.
M. Simard: Tout le monde a une chance.
M. Côté: Tandis que là, les chefs de groupe
dont les noms ne sont pas sortis n'en ont pas du tout.
M. Lessard: Les gens de ma région, étant
donné que le parc est situé dans la région de Matane...
Est-ce qu'on conserve un certain nombre de personnes pour les gens de la
région ou si c'est ouvert...
M. Côté: ...ce matin, et on est encore...
M. Lessard: II semble que la priorité ou une certaine
priorité devrait exister pour les gens de la région.
M. Simard: C'est un principe adopté au ministère
dès le départ. Cela peut changer. Mais, le principe était
que tout le monde avait la même chance. Il est en même temps bien
entendu que les gens de la région ont plus de chance,
c'est-à-dire le pourcentage va être plus grand pour la
région de Matane parce que les gens sont plus près, il y a un
plus grand nombre de chasseurs qui vont demander d'aller à Matane. Ils
ont aussi la chance, bien que Matane ne soit pas loin, que le problème
ne se pose peut-être pas, mais ils sont plus près et cela leur
coûte moins cher quand ils vont à la chasse dans la réserve
de Matane que les gens qui partent de Hull ou de Montréal.
Ce principe était tout simplement basé sur le fait que
tout le monde devrait avoir la même chance. En fait, lorsqu'on regarde
les résultats pour chaque année, on se rend compte que la
proportion de gens de la région est beaucoup plus forte que la
proportion de la population...
M. Lessard: Oui, mais la demande...
M. Simard: ... par rapport au reste de la province, bien
sûr.
M. Lessard: Est-ce que quelqu'un peut faire une demande au niveau
de plusieurs parcs?
M. Simard: Non, vous faites une demande pour un parc, mais vous
êtes mis sur une liste d'attente pour un parc et, à un moment
donné, s'il y a une liste d'attente qui est vide dans un autre parc, on
va offrir aux gens de la liste d'attente de Matane d'aller ailleurs, s'ils le
veulent. C'est compliqué.
M. Lessard: II peut y avoir un échange, de telle
façon qu'un gars de Matane soit obligé de s'en aller dans un
parc...
M. Simard: C'est très rare.
M. Côté: N'y a-t-il pas un danger, au niveau de la
liste d'attente, que des noms soient escamotés?
M. Simard: La liste est publiée.
M. Côté: Mais cela se fait par appel
téléphonique par la suite.
M. Simard: Oui, mais la liste est publiée. Si quelqu'un se
sent lésé, il peut fort bien...
M. Côté: J'ai vécu une expérience l'an
passé. Quelqu'un qui était le septième sur la liste
d'attente dans le parc Matane, à un moment donné, a appelé
au service de réservation et on l'a informé qu'il n'y avait
personne qui avait annulé encore sa réservation à quelques
jours de la chasse. Il s'est dit: C'est peut-être normal. A un moment
donné il s'est ramassé avec quelqu'un qui était plus loin
sur la liste d'attente et qui nous était affecté, et lui
était encore le septième et il n'y avait pas d'annulation.
M. Simard: II arrive des cas, souvent, où les chasseurs
sont censés entrer à 2 heures, l'après-midi, et vous
avisent le matin qu'ils ne seront pas là. Vous prenez la liste
d'attente, et vous appelez. Il n'y a pas de réponse du premier, ni du
deuxième, et cela peut être le troisième qui l'a.
M. Côté: C'est cela.
M. Simard: C'est le problème de la liste d'attente. C'est
tout le problème d'essayer d'être très équitable
pour tout le monde, en travaillant avec un tirage.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, ce n'est pas de l'orignal que
je voudrais parler, c'est plutôt des ravages de chevreuils.
Le Président (M. Cornellier): Avons-nous terminé
avec la question de l'orignal? Nous avions admis cet après-midi de
suivre un ordre coordonné. M. le député de Gatineau, vous
pouvez y aller avec les ravages de chevreuils.
M. Gratton: On sait que probablement le plus gros ravage de
chevreuils est situé au lac Trente et un Milles, dans le comté de
Gatineau, et c'est surtout du phénomène des motoneiges à
l'intérieur des ravages de chevreuils que j'aimerais parler.
Depuis au moins deux ans et peut-être même plus, dans le
ravage du lac Trente et un Milles, le ministère a tenté
d'empêcher la circulation des motoneiges à l'intérieur du
ravage. Je dis bien tenté, parce que, jusqu'à maintenant, on ne
semble pas avoir réussi à convaincre les clubs de motoneige de se
plier à ces ordres, et, pour une raison que j'ignore, le
ministère lui-même est toujours revenu sur sa décision et a
toujours acquiescé à une demande de prolongation d'un an.
La première question que j'aimerais poser au ministre est
celle-ci: Est-on réellement convaincu et est-on sûr que la
présence de motoneiges nuit au chevreuil? Je qualifie ma question en
disant que certains prétendent que, malgré qu'on puisse
déplacer une piste de motoneige à l'extérieur d'un ravage,
on se rend compte que, d'année en année, le ravage se
déplace avec la piste de motoneige, parce que le chevreuil est
attiré par le bruit et par les sentiers qu'on prépare.
Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les arguments qu'on m'apporte pour
préconiser de laisser les motoneiges circuler dans les ravages.
J'aimerais savoir ce que le ministre pense de toute cette situation et plus
particulièrement, qu'il me dise ce qui va arriver dans le cas du club de
motoneige des Ours blancs dans le ravage du lac Trente et un Milles l'an
prochain. Est-ce qu'on va encore dire à ces gens qu'ils n'y ont pas
droit pour finalement leur faire une conclusion et dire: On va vous donner une
autre extension d'un an?
M. Simard: Le cas des pistes de motoneige au lac Trente et un
Milles, je pense qu'il est réglé maintenant, à la suite
d'une entente avec le ministère des Transports. Le ministère des
Transports admet une certaine erreur dans le sens qu'il a approuvé la
piste de motoneige des Ours blancs et qu'il l'a mise sur sa carte. L'an
prochain...
M. Gratton: II l'a subventionnée aussi.
M. Simard: ... il s'est entendu avec le club pour changer la
piste de place et il semble que les problèmes seront finalement
résolus. Quant à l'effet de la motoneige sur le chevreuil, il est
admis en général que le chevreuil n'est sûrement pas
attiré par le bruit, que le chevreuil peut être
dérangé par les motoneiges. Cela dépend beaucoup des
conditions de neige. On sait qu'on peut se servir de la motoneige positivement
pour le chevreuil si, par exemple, la neige est tellement épaisse que
les animaux ne peuvent pas circuler pour aller se nourrir. Si vous faites une
piste de motoneige, ils vont prendre la piste et ils vont la suivre pour
trouver de la nourriture; mais nous n'avons pas le choix dans le sens que la
loi dit qu'il ne faut pas circuler en motoneige dans un ravage de chevreuils.
On nous reproche, les clubs de motoneigistes de la Gatineau, de décider
que le chevreuil est installé quelque part dans leurs pistes. Ce n'est
pas le ministère qui a décidé le chevreuil à
s'installer quelque part. C'est le chevreuil qui s'est installé
là lui-même parce que les conditions sont telles que c'est
là qu'il veut passer l'hiver. Les biologistes ne sont pas responsables
si le chevreuil est à un endroit donné. Les biologistes ne font
que constater que
le chevreuil est à un endroit donné et qu'une piste de
motoneige passe dedans. Ils disent, à ce moment-là: La piste de
motoneige ne doit pas passer là parce qu'il y a un ravage de
chevreuils.
M. Gratton: M. le Président, la loi dit: On ne peut pas
circuler. Mais la loi a dit cela parce qu'il y a une raison. C'est la raison
que je voudrais connaître. Est-ce que c'est une question de biologie? Si
la loi a dit cela sans raison, qu'on change la loi.
M. Simard: Je ne peux pas vous donner de référence
scientifique sur des résultats d'études précises
là-dessus, mais les ravages de chevreuils, au Québec en
particulier, sont tellement rares maintenant et tellement précieux et
nos chevreuils ont tellement de misère à passer l'hiver qu'on ne
peut pas se permettre de laisser les motoneigistes se promener à
travers.
M. Lessard: Si vous laissez...
M. Gratton: Si le député de Saguenay me permet, je
vais compléter là-dessus. Je suis tout à fait d'accord. Je
pense bien qu'il n'y a pas un motoneigiste qui ne se préoccupe pas, dans
une certaine mesure, de la survie du chevreuil, d'autant plus que le ravage du
lac Trente et un Milles est très important. C'est un des rares qui nous
restent.
M. Simard: C'est le plus grand du Québec.
M. Gratton: Par contre, si on n'est pas convaincu vous me
dites que personnellement vous ne connaissez pas toutes les raisons et moi
encore moins que cela nuit ou si on se rendait compte en
déménageant... Et je base ma question sur l'expérience du
ministère. J'imagine que cela est arrivé ailleurs où on a
déplacé des pistes de motoneige en dehors d'un ravage ou on l'a
éloignée un peu; à ma connaissance, en tout cas à
ce qu'on me dit, il en résulte simplement une espèce de
déplacement du ravage lui-même et du chevreuil, qui finit par
suivre les motoneiges.
M. Simard: Non. On a déplacé des pistes de
motoneige dans Kamouraska, par exemple, le chevreuil est resté ou il
était et il ne s'est pas déplacé avec la piste.
M. Gratton: Je suis très heureux de l'apprendre, ça
me fera une réponse à donner aux gens qui viennent me dire le
contraire.
M. Simard: Mais là, on a une entente formelle avec le
ministère des Terres et Forêts et le ministère du
Transport. Les pistes en questions dans Gatineau vont être
déplacées l'an prochain et le problème devra être
réglé finalement.
M. Gratton: Merci.
M. Lessard: A cause du fait que plus de 50% des chevreuils sont
sur des terrains privés, je sais avoir déjà lu une de vos
conférences sur ça est-ce que vous prévoyez
être capables de prendre des mesures pour que le ministère puisse
avoir un certain contrôle sur l'habitat duchevreuil, pour faire en sorte,
surtout dans les boisés privés, que l'habitat du chevreuil, qui
est extrêmement délicat... Que ce soit l'orignal ou le chevreuil,
si on le dérange, là où sa neige est foulée,
surtout quand c'est la période où la mère a son petit,
vous créez une situation extrêmement difficile et c'est là
qu'arrivent les mortalités des mères. Est-ce que vous
prévoyez négocier avec les propriétaires privés ou
trouver un moyen pour pouvoir avoir une protection pour l'habitat du chevreuil
sur ce territoire?
M. Simard: C'est le problème crucial de la
préservation de l'habitat du chevreuil. On a beaucoup de succès
jusqu'à maintenant avec le ministère des Terres et Forêts.
Dans plusieurs cas, on a eu beaucoup de succès avec de gros
concessionnaires dans l'aménagement des ravages de chevreuils, mais on
n'a pas encore trouvé la méthode pour faire affaires avec les
propriétaires de boisés privés.
L'an dernier ou dans le courant de l'année, on a donné une
étude à faire à la firme Lussier et Darveau, qui est
censée être une des meilleures pour étudier ce qui pourrait
être fait dans ce domaine et ils ont pris deux ravages dans le nord de
Montréal parmi les plus importants, la Macaza et le lac David. Ils ont
interviewé dans un ravage, il y a 56 propriétaires et dans
l'autre, à peu près 70 propriétaires 50% des
propriétaires et ils ont étudié avec eux plusieurs
possibilités: qu'on prenne une servitude sur la forêt on qu'on
loue le terrain, qu'on l'achète; il y avait 4 ou 5 options. Ce qui a
été très décevant dans cette étude, c'est
que 50% des gens qui ont été interviewé il
s'agissait du nord de Montréal; il y a beaucoup de résidants du
nord de Montréal qui ont des terres dans le nord ne voulaient
rien savoir; ils ne voulaient même pas discuter de ça; ils
disaient: On est chez nous, on fait ce qu'on veut, c'est fini.
Dans le cas des autres 50%, il arrivaient à un prix d'une
servitude qui aurait coûté au ministère environ $7 millions
ou $8 millions par année pour protéger le ravages de chevreuils
actuels sur des terrains privés. Après avoir examiné le
rapport, nous avons conclu que ce n'était pas réaliste et que
nous devions penser à d'autres solutions. Un des espoirs qu'on a, c'est
qu'éventuellement se développe le programme des groupements
forestiers du ministère des Terres et Forêts. Si on peut
réussir, au ministère des Terres et Forêts, à
grouper les propriétaires forestiers qui accepteraient ensuite un plan
d'aménagement de leurs boisés, on pourrait facilement y
intégrer un programme d'aménagements des ravages. Mais le
programme des groupements forestiers n'a pas été un succès
ratentissant, à ce que je sache, pour l'instant, et nous avons toujours
espoir que ça se réalise en s'en tenant toujours à des
mesures incitatives.
Pour l'instant, nous cherchons une solution.
M. Lessard: Du côté des propriétaires
privés, c'est un problème, ils sont quand même soumis aux
lois du ministère; c'est certainement un problème.
Cependant, vous avez quand même le droit, pour un agent de
conservation, d'aller vérifier si l'habitat du chevreuil n'est pas
détruit, pour autant qu'il ...
M. Simard: Non, la loi de la conservation prévoit toutes
sortes de mesures pour protéger les animaux, mais ne prévoit
aucune mesure pour protéger l'habitat.
Si vous tuez un orignal en temps défendu, vous allez avoir $200
ou $300 d'amende. Si vous allez détruire l'habitat où il passait
l'hiver, vous êtes toujours un bon citoyen.
M. Lessard: Bien souvent, les conséquences sont bien plus
désastreuses parce que ce n'est pas un orignal que vous tuez a ce
moment-là, bien souvent, c'est deux.
M. Simard: C'est cela.
M. Lessard: Concernant les concessionnaires forestiers, vous me
disiez tout à l'heure que dans l'ensemble, vous aviez obtenu une bonne
collaboration; est-ce qu'on peut être assuré maintenant que, par
l'entremise du ministère des Terres et Forêts, les coupes de bois
ou les plans de coupe forestière vont prévoir le respect de
l'habitat, que ce soit l'orignal ou le chevreuil?
Est-ce que vous êtes capable d'identifier assez bien,
généralement, les principaux habitats?
M. Simard: Si on parle du chevreuil, oui. Dans le cas du
chevreuil, on a un répertoire complet des ravages de chevreuils d'un
mille carré et plus, dans tout le Québec. Ce répertoire
est dans les mains du ministère des Terres et Forêts. Le
ministère des Terres et Forêts, lorsqu'il reçoit une
demande de permis de coupe, va dans le répertoire pour voir s'il y a un
ravage de chevreuils à cet endroit. S'il y a un ravage de chevreuils
à cet endroit-là, il y a une communication avec le service de la
faune, qui étudie avec lui le permis de coupe qui est demandé. Si
c'est en plein dans le ravage, on arrive avec des exigences qui sont transmises
ensuite à l'exploitant.
Le service de la faune va jusque sur le terrain pour marquer les arbres,
comme cela s'est fait le long de la rivière Rimouski, où on a
fait des coupes en bandes; les arbres ont été marqués par
les biologistes du service de la faune, par les forestiers du service de la
faune.
Cela s'est répété à plusieurs endroits. Mais
on en est resté pour l'instant au chevreuil, qui était
l'espèce critique. Le problème, dans le cas de l'orignal, est
très différent, il n'y a pas de gros ravages comme cela, ce sont
des petits ravages éparpillés.
M. Lessard: C'est-à-dire que le nombre...
M. Simard: La collaboration avec le ministère des Terres
et Forêts est presque parfaite, à l'heure actuelle, dans ce
domaine-là.
M. Lessard: Ce qui m'inquiète le plus, ce n'est
peut-être pas tant le ministère que les concessionnaires. Quand on
parle de protection, j'en ai parlé aux crédits du
ministère des Terres et Forêts, j'ai parlé de la
réserve des trois chaînes qui a été faite pour
protéger l'habitat et la faune et qu'on respecte plus ou moins... On y
reviendra.
M. Simard: La réserve des trois chaînes, cela
s'applique aux rivières à saumon.
M. Lessard: Cela s'applique aux rivières à saumon.
Cela s'applique aussi aux lacs. Quand une compagnie comme Hydro-Québec
se permet de couper complètement, autour de certains lacs j'ai
des exemples concrets tout le bois, on peut se demander comment,
à ce moment-là, on va soumettre certaines compagnies
privées au respect de cette règle, ce qui apporte comme
conséquence une érosion considérable.
J'ai eu l'occasion l'an dernier d'en voir les conséquences sur un
lac, une érosion considérable, de telle façon que,
graduellement, le lac se remplit et c'est une société de la
couronne.
M. Simard: On a élaboré, dans le courant de
l'année, avec des forestiers du ministère des
Terres et Forêts, un cahier de normes de coupes pour assurer la
conservation des cours d'eau surtout, autour des lacs et le long des cours
d'eau.
Ce cahier de normes a commencé sa gestation, en fait, avec un
pays que vous connaissez bien, avec la Côte-Nord, et des exploitations de
la Rayonier qui a un service de l'environnement. On a aussi travaillé
avec elle. On espère que ce cahier de normes sera éventuellement
complètement accepté par les
Terres et Forêts. Il n'est pas encore complètement
accepté. Il y a encore des discussions. Mais, ce cahier décrit la
façon de couper du bois suivant la pente, suivant la largeur des cours
d'eau, autour des lacs, et ainsi de suite.
M. Lessard: Ce que je crains le plus, pour avoir justement
visité la région de Rayonier Québec, c'est qu'on a
concédé le bois le plus riche, en particulier le long des
rivières. Il ne faudrait pas qu'à un moment donné on coupe
à blanc. Ce serait très important qu'il y ait une surveillance
adéquate. Le problème qu'on constate, c'est que, quand on peut
réagir ou quand on s'en aperçoit, le mal est fait. A ce moment,
il est extrêmement difficile de faire corriger la situation.
M. Simard: On essaie d'arrirer avant, maintenant.
M. Lessard: De toute façon, on va pouvoir en discuter plus
loin. Vous parliez, tout à l'heure, toujours sur le chevreuil, qu'il
fallait conserver un équilibre entre les demandes de certains
biologistes qui parlent d'équilibre de la nature et
les demandes des chasseurs qui veulent conserver leur animal
préféré ou leur animal de chasse, à savoir le
chevreuil.
Il y a des mesures beaucoup plus fortes qui ont été prises
ailleurs, en ce qui concerne le loup, telles, par exemple, les mesures prises
en Alaska. Est-ce que, étant donné la situation critique du
chevreuil dans certaines régions du Québec, on ne devrait pas
je pose la question pour savoir quelles sont les réactions du
ministère ou les réactions que vous avez d'autres personnes
de façon systématique, tenter d'éliminer le
loup?
M. Simard: M. le Président, je pense que, encore une fois,
le député de Saguenay se fie à une chronique de M.
Pagé. Je pense bien que ce n'est pas vérifié, à
savoir s'il y a eu autant d'abattage de loups en Alaska. Je crois qu'il
faudrait le vérifier. Les moyens qui ont été
employés, nous ne les connaissons pas non plus.
M. Lessard: II appartient au ministère de les
vérifier.
M. Simard: C'est très discutable, en fait. Non, il
n'appartient pas au ministère de vérifier les articles de M.
Pagé, je pense bien.
M. Lessard: Non, ce n'est pas moi qui suis ministre. Non, c'est
de vérifier si, réellement, en Alaska, à un moment
donné, il y a eu des mesures prises de façon aussi
draconienne...
M. Simard: Nous avons déjà assez de
problèmes avec les loups du Québec sans nous mettre le nez dans
le problème des loups de l'Alaska. J'ai lu l'article moi aussi.
Maintenant, c'est à savoir si le journaliste en question dit des choses
qui sont vraiment vérifiables. Je me demande si c'est à nous ou
si c'est à moi, comme ministre, ou si mes hauts fonctionnaires devraient
vérifier la véracité de chacun des articles de tous les
journalistes qui parlent de...
M. Lessard: Ce n'est pas une question de véracité,
M. le Président.
M. Simard: Je pense bien que M. Pagé disait qu'on avait
tué je ne sais pas combien de loups en Alaska ou, enfin, d'une
façon systématique, qu'on ait pour tuer tous les loups qui
existaient en Alaska.
M. Lessard: Mais en laissant de côté M. Pagé
ou le problème de l'Alaska, est-ce que, dans certaines régions du
Québec, on ne devrait pas, pour sauver le chevreuil, de façon
systématique, éliminer le loup, quitte, dans d'autres
régions du Québec où les conséquences ne sont pas
aussi néfastes, à ne pas l'éliminer de façon
systématique?
M. Simard: Si on voulait arriver à cette conclusion, il
faudrait partir du principe que, si le chevreuil a diminué au
Québec, c'est à cause du loup.
M. Lessard: C'est pour cela, d'ailleurs, tout à l'heure,
que je vous posais la question sur les causes de la mortalité.
M. Simard: Ah bon!
M. Lessard: D'ailleurs, c'est pour cela que je voulais avoir des
chiffres à un moment donné.
M. Simard: D'accord.
M. Lessard: Quel était, d'après les études
du ministère, le pourcentage de mortalité qui étaii
émis?
M. Simard: II faut peut-être savoir ou se rappeler que le
chevreuil a diminué en Gaspésie, en même temps que dans le
nord de Montréal. En Gaspésie, il n'y a pas de loup, il n'y en a
jamais eu. Nous devons admettre que, dans le cas du chevreuil au Québec,
il y a eu trois ou quatre causes, trois ou quatre facteurs qui ont causé
cette baisse. Il y a eu tout d'abord, pendant une période autour de 1964
ou 1965, une surexploitation. On a trop tué de chevreuils. On a
tué jusqu'à 18,000 chevreuils par année. On ne pouvait pas
se permettre cela au Québec. On s'est rendu compte de cela par
après. Il y a eu ensuite des changements draconiens dans l'habitat du
chevreuil, dont le centre de la population était le nord de
Montréal, mais où la forêt change considérablement
depuis dix ans, à cause de l'abandon des terres vers 1930 ou 1935. On a
coupé les conifères, on a laissé pousser les forêts
de feuillus. La forêt est complètement changée.
Il y a du loup, mais du loup, il y en avait beaucoup aussi quand il y
avait beaucoup de chevreuils. On ne pense pas pouvoir résoudre le
problème en s'attaquant à une des causes tout simplement. On a
dit: On va s'attaquer aux trois problèmes en même temps. On va
réduire la pression de chasse, on l'a réduite avec le "buck law"
cette année, considérablement. On a dit: On va s'attaquer au
problème de l'habitat et on s'y attaque, au problème de
l'habitat, où on a des problèmes sur les terrains privés.
On va faire du contrôle du loup localement où il y a des
problèmes. Alors, on essaie sur trois fronts de s'attaquer aux trois
causes principales qui nous permettent d'expliquer la baisse du chevreuil.
Je ne pense pas qu'on puisse parler en 1975 de souhaiter l'extermination
d'une espèce nulle part. Pour l'instant, j'aime mieux avoir la
réputation que le Québec a que d'avoir la réputation que
l'Alaska est à se donner.
M. Lessard: Est-ce que vous avez une idée, d'après
certaines études, de la quantité de chevreuils au Québec
actuellement, du cheptel? On parlait des orignaux, on avait une estimation.
Vous avez sans doute, à un moment donné...
M. Simard: C'est beaucoup plus difficile de faire une estimation
du nombre de chevreuils. Je n'ai pas...
M. Lessard: C'est beaucoup plus difficile?
M. Simard: Beaucoup plus difficile, parce qu'on ne peut pas faire
l'inventaire de la même façon.
M. Lessard: Parce que le chevreuil est beaucoup plus
concentré?
M. Simard: II est plus concentré et dans des endroits
où on ne voit rien. C'est beaucoup plus difficile.
M. Lessard: Vous me parliez tout à l'heure de
l'application de la politique du "back law", qui a été
considérablement discutée aussi. Quel a été le
résultat l'an dernier? Est-ce qu'on a l'intention de renouveler cette
expérience?
M. Simard: Le résultat a été tel qu'attendu
dans le sens que le nombre de chasseurs a diminué. C'était un des
buts. Mais il a beaucoup moins diminué qu'on ne le pensait, ce qui nous
a confirmé une autre de nos opinions, c'est-à-dire que plusieurs
ont suggéré l'arrêt total de la chasse pendant deux ans. La
philosophie du ministère, c'est qu'on ne vend pas du chevreuil ou de la
viande, mais qu'on vend de la récréation. On a dit: On va mettre
la chasse beaucoup plus difficile, seulement les mâles. Ceux qui veulent
quand même tenter une chance, qui veulent chasser vont avoir le plaisir
de chasser. On pensait que, de 65,000 ou de 70,000, les chasseurs passeraient
à 30,000, mais ils sont baissés à 53,000 ou 54,000
seulement. Il y a eu beaucoup moins d'avaries que tout le monde le
prédisait, c'est-à-dire que tout le monde prédisait: Tout
les gens vont chasser, ils vont tuer des femelles, des jeunes, ils vont les
laisser dans le bois, où ils vont pourrir. On a fait des enquêtes
à ce sujet. On est allé par après sur les terrains de
chasse, et cela ne s'est pas produit. Ce n'est pas une solution idéale,
ce n'est pas une solution que nous voulons garder très longtemps. C'est
une solution qui, biologiquement, favorise une augmentation de la population,
mais qu'il ne faut pas garder plus que trois ou quatre ans.
Cette année nous n'avons pas changé. Le "buck law" va
rester en vigueur pour la deuxième année.
M. Lessard: Est-ce que la théorie du "buck law" concernant
le chevreuil n'est pas la même concernant l'orignal, à savoir
qu'il y a beaucoup trop de vieilles femelles à un moment donné et
c'est d'ailleurs pourquoi on a fait disparaître...
M. Simard: C'est pour cela qu'il ne faut pas laisser le "buck
law" sur le chevreuil trop longtemps. On ne peut pas changer trop le rapport
des sexes, mais en deux ou trois ans, il n'y a pas de danger que cela se
produise. Tous les rapports qui nous sont parvenus cet hiver veulent que la
population de chevreuil a augmenté. J'espère que c'est vrai.
M. Lessard: Je reviens, à la protection de la faune, sur
le saumon. L'an dernier on nous annonçait la construction
à la page 4 du document du ministre d'une barrière de
comptage sur la rivière Saint-Jean. Cette année on dit que cela
va se terminer. J'aimerais savoir, d'abord, si la rivière Saint-Jean
fait l'objet de baux actuellement et à qui?
M. Simard: La partie à l'embouchure est ouverte au public.
Ensuite, il y a un pourvoyeur et il y a le ministère. Non, avant, il y a
St. John's River Club et ensuite le ministère qui exploite la plus
grande partie, je pense, de la rivière.
M. Lessard: Quand vous parlez de la plus grande partie, cela veut
dire...
M. Simard: Si ce n'est pas la plus grande, c'est la plus
intéressante.
M. Lessard: La plus intéressante. Est-ce que vous
prévoyez terminer la construction de cette barrière?
M. Simard: On a eu énormément de déboires
avec ce truc-là cette année parce qu'on a manqué
d'aluminium. La structure est en aluminium et l'aluminium est arrivé
trop tard. L'automne est arrivé avant que ce ne soit construit, mais
cela sera assurément construit cette année.
M. Lessard: Avant de passer aux frayères, M. le
Président, j'aimerais savoir, étant donné qu'on en a
parlé cet après-midi, quelles sont les quatre nouvelles brochures
qui ont été préparées au cours de l'année
1974/75?
M. Simard: II y en a une sur le loup, une sur le saumon, une sur
nos perdrix, cela va comprendre quatre ou cinq espèces et une sur l'ours
noir. Non, c'est sur les brochets, à la place de celle sur l'ours noir
qui est déjà publiée, je pense.
M. Lessard: M. le Président, élément I,
adopté.
Le Président (M. Cornellier): Elément 1,
adopté. Elément 2. Amélioration de la faune.
M. Lessard: Elément 2, ensemencement.
J'aimerais savoir s'il est exact que le service de la faune du district
de Montréal aurait ensemencé les bassins du lac des Sables et
qu'on y aurait placé 338,000 truites mouchetées, ainsi que des
alevins, et que les conséquences auraient été
néfastes, semble-t-il, puisqu'il s'agit de lacs où fourmille la
perchaude, et qu'on sait que la per-chaude mange la truite, comme elle mange
les alevins? Serait-il exact que cela aurait tout simplement été
un gaspillage, puisque les résultats auraient été
très minimes? Il s'agirait d'un programme commencé en 1968.
M. Simard: Un des malentendus, je pense, dont découle
l'article que vous lisez, est le fait que les ensemencements au lac aux Sables,
qui est un
lac où il y a actuellement 300 à 400 chalets, c'est qu'il
y a un grand nombre d'alevins, de petites truites, qui sont confiés,
chaque année, à une association locale qui en fait
l'élevage à ses frais; elle libère les poissons lorsqu'ils
sont de taille à être capturés, de sorte que, loin
d'être un gaspillage, cela donne, semble-il, une bonne pêche.
Par un heureux hasard, du 25 au 29 avril 1975, nous avons fait prendre
des résultats de pêche par recensement, au lac aux Sables,
où on a pris 127 truites mouchetées, 18 grises et onze
perchaudes.
M. Lessard: Vous parlez du 25...
M. Simard: Du 25 au 29 avril 1975, c'est-à-dire il y a un
mois. Ceci semblerait indiquer que ce n'est pas un fiasco, dans le sens qu'il
s'est pris 127 truites mouchetées, onze perchaudes, huit carpes, et 18
truites grises.
M. Lessard: Est-il exact qu'on aurait placé là plus
de 500,000 alevins entre 1968 et...
M. Simard: C'est entre I964 et I974. L'ensemencement annuel varie
entre 25,000 et 50,000 alevins.
M. Lessard: Croyez-vous être capable de maintenir
l'équilibre de la perchaude en multipliant ainsi les
ensemencements...
M. Simard: Cela dépend des résidants du lac... M.
Lessard: ... au profit de la truite?
M. Simard: ... qui veulent de la truite et qui se permettent de
dépenser de l'argent pour l'élever eux-mêmes, pour la
mettre dans leur lac et la prendre plus tard.
M. Lessard: Donc, ce programme n'est pas du tout financé,
ou n'a pas du tout été financé par le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
M. Simard: Pardon. Le ministère fournit les alevins, qui
sont de petits poissons d'un pouce et demi à deux pouces et le groupe
local de chasse et de pêche a ses propres étangs, sa propre
station piscicole, où il élève ces alevins pour les rendre
de taille pêchable, c'est-à-dire de sept à huit pouces, et
ensuite les libère. Au printemps, cela permet de pêcher de la
truite.
M. Lessard: Je comprends bien que c'est une responsabilité
de l'association, dont les membres veulent pêcher de la truite. Mais, le
fait que le ministère fournit les alevins veut-il dire que cela
coûte cher au ministère? Est-ce que cela coûte de l'argent?
Combien ce programme a-t-il coûté?
M. Simard: Combien coûtent 40,000 alevins? A peu
près $35 le mille, me dit-on, mais on fournit des alevins comme cela
à un lot d'associations, dans les Cantons de l'Est, en particulier, qui
se chargent de l'élevage, par la suite.
Le taux de mortalité chez les alevins est très
élevé. C'est beaucoup plus économique pour nous de faire
de la libération comme celle-là que de libérer des alevins
dont le taux de mortalité est extrêmement élevé
tandis que là, les propriétaires eux-mêmes acceptent de
payer de leurs propres deniers pour les engraisser et pour les... C'est la
municipalité qui fait cela, ce n'est même pas une association de
chasse et de pêche.
M. Lessard: C'est la municipalité, mais est-ce que, sur
une longue période, l'objectif de ce programme est de permettre à
des pêcheurs de prendre de la truite ou de renverser l'écologie de
la perchaude au profit de la truite.
M. Simard: Je suis à peu près sûr, sans
pouvoir le certifier, que ce lac était un lac à truite
auparavant, comme la plupart des lacs des Laurentides, où on a, par la
suite, introduit d'autres espèces non désirables. Il est
peut-être bon de souligner qu'avant d'entreprendre ce programme, en I959,
lorsque le Dr Gustave Prévost s'occupait de l'Office de biologie
à Montréal, il y a eu un programme d'empoisonnement,
c'est-à-dire un programme de nettoyage du lac en question avant de
réintroduire la truite qui a été introduite en 1961 et le
programme de la municipalité a commencé en 1964.
M. Lessard: Et la reproduction de la perchaude est beaucoup plus
forte que la reproduction de la truite.
M. Simard: Sans aucun doute, mais les pêcheurs veulent
pêcher de la truite et ils sont prêts à beaucoup d'efforts
pour pêcher à la truite même quand il y a beaucoup de
perchaudes. Ils veulent de la truite et s'ils sont prêts à payer
de leur poche pour élever de la truite, c'est ce qui arrive.
M. Lessard: Ce n'est pas complètement... Ils paient une
partie de ce coût et le ministère, quand même, fournit une
partie du coût aussi.
M. Simard: Je pense que je peux dire que le ministère
serait très heureux de fournir des alevins de truites à n'importe
quel groupement qui serait prêt à entreprendre un programme de ce
genre.
M. Lessard: Est-ce que le programme a des chances d'être
efficace?
M. Simard: Je vous ai donné tout à l'heure le
résultat de ce qui s'est passé ce printemps et cela semble
satisfaire les gens. C'est pour eux que le ministère travaille, en fait.
Si on a pris I27 truites pour11 perchaudes dans quatre jours, le printemps
dernier, cela semble indiquer que ce n'est pas un fiasco.
M. Lessard: Concernant la construction des passes migratoires,
des frayères pour le saumon, l'an dernier, le ministre nous
annonçait que, sur la
rivière Moisie, des corrections majeures avaient
été apportées à la passe migratoire du rapide
Kachapahun afin que les saumons puissent franchir cet obstacle en tout temps.
Est-ce que cette passe migratoire est maintenant terminée?
M. Simard: Oui.
M. Lessard: La rivière Moisie est actuellement club
privé, c'est-à-dire une partie de la rivière, là
où justement... Est-ce que la construction de cette passe migratoire
s'est faite à l'intérieur du territoire qui est sous bail?
M. Simard: C'est à l'extérieur du club, plus haut
que le club, mais avec la contribution des membres du club.
M. Lessard: Est-ce qu'il serait possible, même si je ne
l'obtiens pas ce soir, de connaître le coût de construction de
cette passe migratoire et quelle a été la part de la Moisie
Salmon Club et d'autres clubs?
M. Simard: Par rapport aux investissements du
ministère.
M. Lessard: C'est ça, j'aimerais savoir quel a
été le coût total de cette passe migratoire et la
participation des clubs privés.
M. Simard: Les chiffres sont disponibles au ministère. La
plus grosse contribution nous est parvenue de la compagnie Iron Ore qui a
fourni du matériel, de l'équipement, il y a les membres du Moisie
Salmon Club qui ont aussi contribué de même qu'un club de
pourvoyeurs, le club Préfontaine.
M. Lessard: Vous savez qu'en fait la construction de passes
migratoires est extrêmement je n'ai pas besoin de vous l'apprendre
importante pour que le saumon puisse pénétrer ou monter la
rivière. Cette année, on parle de la construction d'une seconde
passe migratoire qui sera érigée sur la rivière aux
Saumons, mais là. ça concerne la Ouananiche. Est-ce que le
ministère a un programme et un échéancier concernant la
construction de passes migratoires ou d'autres passes migratoires dans les
rivières à saumon de la Côte-Nord?
M. Simard: Non, pas à ma connaissance, sur la
Côte-Nord.
Il y a eu des travaux qui se sont faits par le ministère
conjointement avec la firme Woods Hole Océanographie Institute qui fait
des travaux de recherche sur la Matamec, il y a une passe migratoire qui a
été construite, il y a eu un système de piégeage du
saumon qui a été construit sur la rivière aux Rochers,
mais nous n'avons pas de plans de construction de passe migratoire sur les
rivières de la basse Côte-Nord.
M. Lessard: On se rappelle qu'il y a quelques années le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche investissait
près de $50,000 ou plus pour la construction d'une passe migratoire
à la rivière des Escoumins; ça va? Est-ce que, par suite
de la construction de cette passe migratoire, on a vérifié ou
est-ce que le ministère a envoyé un certain nombre de biologistes
pour vérifier si le saumon était monté dans la
rivière des Escoumins et surtout si le saumon avait survécu dans
la rivière des Escoumins?
M. Simard: La passe de la rivière des Escoumains a
été construite, elle a été surveillée
pendant un été, il y est passé deux ou trois saumons
à ce qu'on sache et ceci à cause du flottage du bois sur le
rivière. Nous avons, à ce moment, établi des contacts avec
la compagnie pour essayer de savoir quand le flottage du bois arrêterait.
On nous a dit que la dernière année était 1975 ou 1976. A
ce moment, la décision a été prise d'ouvrir la passe,
c'est-à-dire qu'elle n'est pas fonctionnelle tant que le flottage du
bois continue sur la rivière et nos spécialistes du saumon sont
convaincus que, quand le flottage du bois va arrêter sur la
rivière, la rivière va redevenir favorable et que la passe va
servir. Mais, actuellement, elle est absolument inutile.
M. Lessard: II nous reste actuellement au Québec une
cinquantaine de rivières à saumon qui sont véritablement
encore des rivières à saumon. Il y a beaucoup de rivières
à saumon, dont la rivière Portneuf, dont la rivière des
Escoumins qui ont subi les conséquences désastreuses du flottage
du bois.
Je pense que la disparition du saumon ou la diminution de la
possibilité de nos rivières à saumon, n'est pas d'abord
venue du braconnage, mais du fait qu'un certain nombre de compagnies
forestières ont eu le droit de faire à peu près n'importe
quoi sur ces rivières.
On sait que le saumon a besoin de beaucoup d'oxygène, que
l'habitat du saumon doit être très bien conservé,
même si vous modifiez un élément d'une rivière
à saumon, vous pouvez risquer la survie du saumon. Même si vous
modifiez le débit de la rivière, comme cela a été
le cas, par suite de la construction du barrage de Labrieville, où les
Indiens ne sont plus capables ou à peu près pas capables, sinon
accidentellement, de prendre du saumon.
On sait, par ailleurs, que tous ies spécialistes en tout
cas, un grand nombre de spécialistes - prévoient que, si
des mesures concrètes, des mesures assez importantes ne sont pas prises
pour la protection du saumon, cette espèce peut être
appelée à disparaître d'ici une trentaine
d'années.
Je suis peut-être pessimiste, mais on commence à être
passablement pessimiste. Est-ce que le ministère vous êtes
en bataille avec une autre compagnie concernant le flottage du bois, vous
êtes en épreuve de force actuellement, avec la CIP, en ce qui
concerne la rivière Nouvel, la rivière Escuminac a les
moyens techniques nécessaires, c'est-à-dire les moyens
légaux nécessaires pour que les compagnies forestières
se soumettent aux lois du Québec, concernant, en particulier, le
flottage?
Votre bataille avec la New Brunswick International Paper, est-ce que
vous allez la gagner ou si vous allez la perdre? Vous voyez une
conséquence entre l'utilisation d'une rivière, le fait que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche décide
de construire un escalier, une passe migratoire pour le saumon et le fait que
la compagnie continue d'utiliser la rivière pour le flottage, cet
investissement a été à peu près inutile.
Est-ce qu'on a l'intention de prendre des mesures contre ces compagnies?
J'arrête, le ministre me dit d'arrêter.
M. Simard: Je ne voudrais pas que le député de
Saguenay aille trop loin, étant donné que, dès hier, nous
avons pris le boeuf par les cornes si je peux m'exprimer ainsi en
envoyant une injonction interlocutoire qui doit passer en cour dès
demain matin.
C'est bien sûr que nous ne pouvons pas tolérer de
l'équipement lourd à l'intérieur même de nos
rivières. On sait très bien qu'il y avait certains bulldozers, de
l'équipement qui allait pousser les embâcles de bois, mon
sous-ministre m'a mis au courant dès hier.
L'injonction, en fait, s'est prise samedi, techniquement. D'un autre
côté, j'ai été averti au milieu de la semaine
dernière, à cause de certains articles de certains
journalistes.
Pour une fois, je dois admettre que le journaliste en question avait
raison, parce qu'on est en train de détruire tous les bords de nos
rivières et je ne peux absolument pas concevoir, comme ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de penser qu'il y a un bulldozer
au milieu de la rivière, qui est en train de pousser des tas de
bois.
C'est bien sûr que je ne peux pas discuter du fond, étant
donné que cela doit passer en cour demain matin. Je voulais tout
simplement faire une mise au point, M. le Président, pour vous dire que
nous sommes très conscients de ces problèmes et que, lorsqu'il
faut agir, nous y allons très rapidement.
M. Côté: Si le député de Saguenay me
le permet, on a parlé de disparition possible du saumon, tout au moins,
de diminution. Est-ce qu'il n'y aurait pas un autre facteur qui entre en ligne
de compte?
J'aimerais savoir si le ministère, en collaboration avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, a fait des interventions
concernant les pêcheurs côtiers qui, avec des filets, soit
maillants, soit à hareng, de plus petite dimension, pêchent le
long des côtes ou bloquent systématiquement la passe du saumon. Je
pense que c'est effarant de voir ce que les pêcheurs côtiers
peuvent retirer comme profits avec ces saumons. Je ne sais pas s'il y a eu des
contacts avec le ministère de l'Industrie et du Commerce pour tenter
d'éliminer ce braconnage systématique.
M. Simard: Oui. D'abord, il ne faut pas évidemment
être trop optimiste. On est très préoccupé par le
sort du saumon, mais il faut admettre aussi que le saumon, dans nos
rivières, a augmenté considérablement depuis trois ans,
sans arrêt. Mais actuellement, la préoccupation principale, c'est
la pêche qui se fait avec des filets, pas tellement au Québec. Il
s'en fait au Québec. Nous sommes très au courant de certains
"trucs" utilisés par les pêcheurs qui sont censés
pêcher la morue, mais qui...
M. Côté: Qui prennent le saumon.
M. Simard: ... prennent accidentellement du saumon, mais plus de
saumons que de morues et nous faisons des représentations auprès
du ministère de l'Industrie et du Commerce à ce sujet,
constamment. Mais, nous sommes encore plus préoccupés par
l'augmentation de la pêche avec des filets à Terre-Neuve.
Là, on fait des pressions...
M. Lessard: Des pressions auprès du
fédéral.
M. Simard: ...auprès du fédéral,
constamment, pour qu'on arrête l'augmentation du nombre de filets, parce
que, cette année, ils vont encore augmenter.
M. Côté: Vous parlez de filets maillants, ou si vous
parlez de seines de chalutiers qui bloquent les...
M. Simard: Non, cela, ce sont des filets maillants.
M. Côté: Maillants. En fait, il n'était pas
rare de voir, l'été dernier, des pêcheurs arriver avec 20
ou 25 saumons dans leurs filets.
M. Simard: Ils sont toujours accidentels, nous dit-on.
M. Côté: Oui, d'accord.
M. Lessard: Justement, en parlant de la pêche au saumon par
Terre-Neuve qui est, en partie, subventionnée par le gouvernement
fédéral, alors que nous autres, on a décidé
d'appliquer des mesures concrètes pour pouvoir épargner et
permettre à notre saumon de pouvoir pénétrer dans les
rivières pour aller faire son frai, est-ce que le ministère a eu
des communications directes avec le gouvernement fédéral? Est-ce
qu'on peut connaître les résultats?
M. Simard: En fait, M. le Président, j'ai écrit
personnellement à M. Roméo Leblanc, le ministre responsable des
activités dans cette région. Nous sommes en communication. Bien
sûr que, lui aussi, il est très conscient du problème. Je
dois peut-être préciser que la province de Québec est la
seule qui a juridiction sur les pêcheries et que c'est le gouvernement
fédéral qui joue directement sur la province en question. Cela
n'est
pas subventionné, si vous voulez, en partie ou en tout. C'est le
gouvernement fédéral qui administre cette pêche.
Les négociations sont en cours.
M. Lessard: C'est-à-dire pour les autres provinces. Pour
le Québec, c'est nous autres?
M. Simard: Oui.
M. Lessard: Actuellement, en ce qui concerne le Québec, on
a défendu la pêche commerciale du côté sud du
Québec, mais on permet encore la pêche commerciale du
côté nord.
M. Simard: Sur la Côte-Nord. M. Lessard: Sur la
Côte-Nord.
M. Simard: Oui, il y a un banc de pêche commerciale qui a
été fait sur la péninsule gaspésienne et au
Nouveau-Brunswick aussi, ce qui est évalué, je pense, si ma
mémoire me sert bien, presque à 3.5 millions de livres de saumon,
ce qui fait que la pêche sportive a augmenté autant ou à
peu près, parce que nous réalisons maintenant dans nos
rivières à saumon une augmentation très sensible de
saumons qui reviennent dans les rivières.
Le problème reste aussi. Nous sommes en négociation avec
le gouvernement fédéral pour savoir ce qui arrive avec la
pêche qui existe au moment où on se parle, sur les côtes du
Groënland. Là encore, c'est un problème que le Québec
ne peut pas résoudre seul. Bien sûr que c'est le gouvernement
central qui doit, de par sa juridiction, négocier avec les autres pays.
Il se prend, à ce qu'on m'a dit, tout près de 5 millions de
livres de saumon par année dans cette région. Cela peut affecter,
si vous voulez, le saumon qu'on produit, nous, au Québec et qui va se
faire prendre par des pays étrangers. Nous, au Québec...
M. Lessard: Est-ce qu'il y a eu des améliorations
sensibles à Washicoutai, sur la rivière Washicoutai?
M. Simard: D'ailleurs, je n'ai jamais pêché sur la
Washicoutai.
M. Lessard: Vous n'avez jamais péché sur la
Washicoutai.
M. Simard: Jamais.
M. Lessard: Je constate que l'amélioration...
M. Simard: Je suis un très mauvais pêcheur de saumon
aussi.
M. Lessard: Est-ce que, du côté du gouvernement
fédéral, on peut s'attendre à des résultats
positifs ou bien est-ce que le ministre a reçu une réponse de son
homologue fédéral?
M. Simard: Je pense que le fédéral va être
obligé de prendre une attitude plus sévère
vis-à-vis de Terre-Neuve; cette province se place elle-même dans
une situation très difficile vis-à-vis du Danemark par exemple.
Si elle permet une pêche plus forte à Terre-Neuve, elle est
très mal placée pour aller blâmer les Danois. Alors, elle
va être forcément obligée de réduire la pêche
à Terre-Neuve.
M. Lessard: Quand avez-vous fait parvenir la lettre au ministre
des Pêcheries, à M. Leblanc?
M. Simard: Régulièrement, une couple de fois par
année.
M. Lessard: Votre lettre concernant Terre-Neuve,
régulièrement une couple de fois par année.
M. Simard: Oui, c'est cela.
M. Lessard: Est-ce que vous avez des réponses
régulières, une couple de fois par année?
M. Simard: On a des accusés de réception.
M.Lessard: Des accusés de réception. M. Simard: Oui.
M. Côté: C'est parce qu'il y avait quand même
une dimension internationale, parce que cela a été discuté
à Genève pendant tout près de deux mois. Je n'en connais
pas le résultat.
M. Lessard: Je pense que tous les pays du monde commencent
à prendre concience qu'il est nécessaire de limiter les prises
commerciales du saumon, parce qu'on sait, on connaît maintenant les
principaux bancs de saumons. Si les pays du monde n'acceptent pas, à un
moment donné, un certain contrôle, ce ne sera pas long, parce
qu'en fait, le saumon vient frayer chez nous dans nos rivières et
retourne par la suite à l'océan. Si on bloque le frai les autres
vont avoir les mêmes conséquences que nous autres.
M. Simard: Je suis bien d'accord avec le député de
Saguenay. D'ailleurs, je pense que nous avons fait un effort assez
appréciable. Avec la collaboration du fédéral, bien
sûr, nous avons indemnisé tous les pêcheurs côtiers.
On a établi le ban de la pêche commerciale. Je crois qu'à
ce moment, le fédéral devrait faire son apport.
M. Lessard: Certains spécialistes vont jusqu'à
affirmer qu'on pourrait tripler la production de nos rivières si on
construisait des frayères. En particulier, vous savez, il y a des
affirmations qui sont plus ou moins vraies, disant que le saumon peut monter
une chute de 35 40 ou 50 pieds. Certains spécialistes affirment qu'il
est difficile pour le saumon de sauter plus que 15 pieds et encore. Or, on
propose tout un programme de construction de passes migratoires. Dans un
programme pour sauver le saumon ou pour améliorer
la production du saumon, est-ce qu'on a l'intention de faire l'analyse
d'abord des rivières à saumon du Québec et de pouvoir
construire des passes migratoires là où c'est
nécessaire?
M. Simard: II y a eu un moment d'arrêt, pourrait-on dire,
là-dedans. On construit, en Gaspésie, en particulier, deux ou
trois structures importantes. La décision a été prise
à ce moment d'attendre, de s'assurer que ces structures pouvaient avoir
les résultats qu'on avait prévus ou qu'on nous avait
prédits avant d'investir d'autres montants là-dedans. Les
résultats, à l'heure actuelle, sont incertains. A la
rivière Madeleine, par exemple, le saumon monte, mais cela prend
énormément de temps avant de bâtir une population de
saumon, même si la rivière est très belle, les
frayè-res sont là, cela prend beaucoup de temps au saumon avant
de...
M. Lessard: S'implanter.
M. Simard: ...d'étendre son aire dans la rivière.
On a une autre expérience avec la rivière Métis...
M. Lessard: Est-ce qu'à ce moment-là ce n'est pas
plus profitable de l'implanter par l'ensemencement?
M. Simard: On fait les deux en même temps, en fait. On a
une autre expérience avec la rivière Métis où on a
une structure qui a aussi coûté pas mal d'argent. Mais, dans ce
cas, on a des doutes sur la valeur de la rivière elle-même. Avant
de faire une autre structure, on va être sûr que la qualité
de la rivière est telle, en haut de la structure, que le succès
va être assuré. Ce n'est pas toujours facile à
évaluer, mais, pour l'instant, à cause de cela, il n'y a pas de
grosses structures de prévues, sauf la barrière de comptage sur
la rivière Saint-Jean qu'on veut utiliser justement comme un laboratoire
pour savoir la valeur de nos ensemencements, par exemple. Quand on fait des
ensemencements de saumons de différentes tailles le printemps ou
l'été, quels sont les résultats sur le saumon qui va
revenir après, dans deux ou trois ans? Cela va servir réellement
de laboratoire.
M. Lessard: Si je prends la rivière des Escoumins, est-ce
qu'on a l'intention de demander à la compagnie, une fois qu'elle aura
décidé de partir, parce qu'elle a tout vidé le territoire,
il ne lui reste plus beaucoup de bois à couper, elle est rendue dans la
région de Chicoutimi maintenant, elle a tout ramassé la richesse
importante dans ce coin, un peu comme Domtar l'a fait à
Baie-Trinité. Est-ce qu'on a l'intention, en coordination avec d'autres
ministères s'il y a lieu, de demander qu'un nettoyage se fasse dans ces
rivières? C'est un peu la même chose pour la Consol. à
Portneuf qui était aussi, autrefois, une rivière à saumon
parce qu'en fait, le saumon montait jusque dans les Grands Lacs.
M. Dufour: Les Grands Lacs, c'est dépassé
Montréal.
M. Simard: C'est même dépassé Sorel.
M. Lessard: Est-ce qu'on a l'intention de réaliser des
programmes de nettoyage parce que, même dans la rivière
Baie-Trinité, comme dans la rivière des Escoumins, il y a du bois
mort qui est dans le fond de certaines fosses, etc. Je pense qu'il serait
très important qu'on fasse des politiques ou qu'on fasse des programmes
de nettoyage pour améliorer la situation en oxygène à
l'intérieur de l'eau qui est mangée par le vieux bois. Je vous
dis, contrairement à ce qu'on semble laisser croire concernant
l'administration d'une rivière à saumon, je vous dis bien
honnêtement, et je reviendrai sur cela plus tard quand on parlera de
rétablissement du réseau de parcs, je vous dis que
l'investissement de certaines compagnies, concernant la protection du saumon,
n'a pas été très fort dans certaines rivières que
je connais. Au contraire, cela a plutôt été pour polluer
les rivières que pour les améliorer. Même à
Baie-Trinité, je vous dis que la passe migratoire, telle qu'elle est
faite, cela prend du saumon intelligent pour faire le tour parce qu'il faudrait
qu'il connaisse la porte comme il faut. D'ailleurs, c'est ce qui explique
pourquoi il se prend énormément de saumons juste en bas du
barrage. La passe migratoire est faite par l'intérieur, alors il faut
que le saumon fasse un détour. Mais il est intelligent. Cela fait assez
longtemps qu'il vient là, il est pas mal bon.
M. Simard: II n'est peut-être pas facile d'établir
de politique dans ce sens. Je pense qu'on ne peut pas dire qu'une
rivière à saumon est ruinée à tout jamais parce
qu'il y a eu du flottage de bois. Je pense que la rivière Matane est
peut-être un bon exemple. C'est probablement la meilleure rivière
ou la plus productive actuellement et on y a flotté du bois pendant
très longtemps. Lorsque le flottage arrêtera aux Escoumins, il
faudra voir dans quel état est la rivière à ce
moment-là.
M. Lessard: En tant que biologiste, pouvez-vous affirmer que le
flottage ne nuit pas?
M. Simard: Je ne peux sûrement pas affirmer cela puisqu'on
vient de dire qu'actuellement, la rivière des Escoumins ne peut pas
être considérée comme une rivière à saumon
à cause du flottage.
Mais quand le flottage arrêtera, on ne peut pas affirmer qu'elle
sera finie pour le saumon parce qu'il y a eu du flottage. Il faudra voir,
à ce moment, dans quel état on la laisse.
M. Lessard: En tout cas, la rivière Portneuf va être
laissée dans un état passablement déplorable, comme cela a
été le cas pour la rivière Pentecôte, à
Pentecôte même. Je vous avoue que, si on avait à voir ou
à étudier la quantité de rivières à saumon
qui ont été sacrifiées par des compagnies, il y en aurait
plusieurs qui ont été gaspillées par certaines
compagnies.
De toute façon, je n'étais qu'au programme 2, parce que
j'ai bien l'intention de rediscuter, justement au programme concernant
l'implantation du réseau de parcs, de la possibilité
d'ouvrir d'autres rivières à saumon au public.
Au sujet des stations piscicoles, peut-on savoir où nous en
sommes rendus, concernant l'analyse qu'a faite le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche sur la possibilité de
commercialisation de la truite mouchetée? Le ministère a-t-il
l'intention, tel que le prévoient un certain nombre de chroniqueurs
sportifs, d'implanter la commercialisation de la truite mouchetée d'ici
la fin de 1975?
M. Simard: La question de la commercialisation de la truite
mouchetée a été discutée au ministère, il y
a trois ou quatre ans. Les dernières nouvelles ont été des
rêves de journalistes. Il n'a pas été question de
commercialisation de la truite mouchetée de pisciculture au
ministère depuis trois ou quatre ans. Il était et il est toujours
question, évidemment, de l'augmentation ou du développement de
cette forme de pisciculture au Québec.
L'Association des pisciculteurs privés a été mise
sur pied il y a quelques années. Elle a beaucoup de succès. Le
nombre de ses membres augmentent constamment, mais les membres eux-mêmes
de l'Association des pisciculteurs privés, voyant ce qui se passe
actuellement sur le marché, l'introduction ou l'importation de truite
arc-en-ciel, ont choisi eux-mêmes de se lancer plutôt dans
l'élevage de la truite arc-en-ciel pour la commercialisation, puisque
celle-ci est permise et qu'elle est déjà sur le marché;
ils entendent se lancer dans ce domaine plutôt que d'espérer un
jour la commercialisation de la truite mouchetée de pisciculture. Il
n'en est pas question pour l'instant.
M. Lessard: Le ministère a complètement
rejeté cette possibilité pour le moment. Il encourage
plutôt la production de la truite arc-en-ciel.
M. Simard: Le ministère a étudié cette
possibilité. Il ne l'a ni rejetée ni acceptée. Le
problème a cessé de se poser, en fait, lorsque les pisciculteurs
privés ont décidé de se lancer plutôt dans la truite
arc-en-ciel...
M. Lessard: A-t-on fait des études au ministère
pour savoir quelle était l'importation de truite qu'on faisait au
Québec?
M. Simard: Au Québec même, je n'en suis pas
sûr. Il y a des chiffres du ministère de l'Industrie et du
Commerce, c'est quelque chose comme deux ou trois millions de livres de truite
arc-en-ciel que l'on importe de Suède et du Japon. Ce marché est
accessible à nos pisciculteurs.
M. Lessard: Le programme 2, protection de la faune, est
accepté.
Le Président (M. Cornellier): Elément 2.
M. Lessard: Excusez, élément 2.
Le Président (M. Cornellier): Donc le programme I est
adopté. Programme 2 adopté.
M. Lessard: Non, pas le programme 2.
Le Président (M.Cornellier): J'avais cru comprendre que
vous aviez dit que le programme 2...
M. Lessard: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Programme 2: Protection de
la faune. Elément 1 : Réglementation et délivrance des
permis.
Protection de la faune
M. Lessard: Ce fut une erreur, M. le Président.
Concernant la délivrance des permis de chasse et de pêche
qui est actuellement faite par des kiosques ou des commerçants, est-ce
que le ministère offre la possibilité d'émettre ces permis
à toute entreprise ou tout commerce qui fait du commerce dans le secteur
de la chasse et de la pêche?
M. Simard: Non, M. le Président, il n'en est pas question.
L'article de sport, oui.
M. Lessard: L'article de sport.
M. Simard: Je pensais en général, toute entreprise.
J'ai peut-être mal saisi la question du député.
M. Lessard: Je veux dire tout commerce, à
l'intérieur d'une municipalité, qui vend des articles de
sport.
M. Simard: Le député sait très bien que nous
avons plus de 3,000 distributeurs au Québec et, en grande
majorité, ce sont des vendeurs et des commerçants d'articles de
sport. Il y a aussi les bureaux régionaux du ministère. Il y a un
changement qui a été apporté cette année, les
gardes-chasse ne vendront plus de permis parce que nous croyons que le temps
consacré par certains gardes-chasse à la vente de ces permis fait
qu'ils ne sont pas à leur boulot. Alors, plutôt que de faire de la
conservation, ils font de la vente. Nous avons annulé ce programme pour
cette année.
M. Lessard: Pour obtenir la permission du ministère de
vendre ou d'émettre le permis de chasse et de pêche, une personne
doit communiquer avec qui? Le chef de la division des permis est monsieur
qui?
M. Simard: M. Foucault.
M. Lessard: C'est-à-dire que, quand c'est un
député de l'Opposition, peut-être que...
M. Sitnard: Non, le député lui dit: Appelle au
ministère.
M. Lessard: Justement, M. le Président, je
vérifie.
M. Simard: C'est la filière normale.
M. Lessard: Maintenant, je vais dire: Appelez M. Foucault,
communiquez avec M. Foucault. Quel est son premier nom?
M. Simard: Joseph-Marcel.
M. Lessard: Concernant les cours de maniement d'armes à
feu on avait dit, l'an dernier, que ces cours n'étaient pas mauvais,
mais qu'on pouvait penser à les améliorer. Est-ce que le
ministère a analysé la possibilité d'amélioration
de ces cours ou de perfectionnement de ces cours pour un deuxième
stage?
M. Simard: Oui. Les cours de maniement d'armes à feu et de
sécurité seront améliorés très prochainement
grâce à la subvention annuelle qui est accordée à la
Fédération québécoise de la faune qui a
déjà un rôle considérable à jouer dans les
cours, comme vous le savez, dans les associations. Il y a la subvention
à la fédération qui a été doublée
cette année de $30,000 à $60,000 et la condition expresse qui a
été apportée à cette subvention est que des cours
additionnels soient préparés d'abord, et ensuite soient
donnés pour compléter le cours de maniement d'armes à feu
pour qu'en plus du maniement d'armes à feu et de sécurité,
on parle de l'orientation en forêt, on parle un peu d'écologie, on
parle de conservation des espèces, des règlements de chasse et de
pêche, de la raison pour laquelle les règlements existent, de la
survie en forêt, ainsi de suite. Ces cours sont en préparation
à la fédération en collaboration, et c'est l'une des
conditions de la subvention, avec le service d'éducation et de
sécurité du ministère.
Lorsque les cours seront prêts, ils seront d'abord donnés
à des instructeurs qui vont les donner dans des associations pour
compléter et améliorer ce cours qui ne doit pas rester simplement
un cours de maniement d'armes à feu, mais qui doit aller beaucoup plus
loin.
M. Lessard: Est-ce qu'on a l'intention, après un certain
temps, par exemple, de revérifier, auprès des anciens
détenteurs de permis de maniement d'armes à feu, leur
capacité ou est-ce qu'on a l'intention d'exiger qu'on passe à une
deuxième étape?
M. Simard: Je ne sais pas si ce recyclage avait été
prévu, mais il y a une chose qui n'avait pas été
prévue, c'est qu'il y aurait autant de nouveaux candidats chaque
année. Il y en a tellement que ça tourne autour de 35,000
à 40,000 et on pensait qu'il y aurait un plateau, que ça
arrêterait. Il y a tellement de candidats chaque année qu'on
fournit à peine encore à donner des cours aux nouveaux candidats,
de sorte qu'on n'a pas pu même penser à des cours de recyclage
pour les anciens. On est rendu à un demi-million de personnes et on a
même dépensé ce chiffre, de gens qui ont suivi des cours au
Québec et qui ont un certificat de chasseurs.
M. Lessard: Est-ce que ces cours ont été
prolongés ou ont été donnés à
l'intérieur d'écoles secondaires ou de CEGEP?
M. Simard: Dans plus de 175 écoles.
M. Lessard: J'ai l'impression que la deuxième étape
peut être libre, mais va intéresser beaucoup plus les
pêcheurs comme les chasseurs, par exemple, que la première
étape qui était strictement, bien souvent, une question de
connaissance d'un fusil et la façon de l'utiliser ou la façon de
prévoir les accidents, tandis que la deuxième étape, qui
aurait pour but d'informer les gens sur la façon de s'orienter en
forêt, sur la façon de pouvoir se sauver ou de pouvoir assurer
leur survie en forêt, pourrait être beaucoup plus
intéressante, même si c'est un nouveau cours qui serait libre.
M. Simard: Comme on le disait tout à l'heure, la
première étape n'est pas encore terminée, c'est impossible
de prévoir. Parce qu'il y a quelques années, on pensait qu'au
Québec il y avait peut-être 150,000 ou 200,000 adeptes de la
chasse et on est rendu au demi-million, et c'est 35,000 ou 40,000 instructeurs
par année. Nous allons voir, pour l'année qui vient, quelle doit
être l'affluence au cours et peut-être qu'à ce moment, on
pensera à donner du recyclage ou orienter notre position d'une
façon différente. Pour compléter, il faut aussi ajouter,
tel que je l'avais mentionné l'an passé, qu'il y a un cours de
survie en eau froide. Cela peut peut-être avoir l'air drôle quand
on parle de ça, mais il y a une grande proportion des accidents de
chasse...
M. Lessard: Est-ce que vous avez vu le film hier, à Format
60, où l'individu était tombé en plein dans l'eau froide
et il a réussi à se sauver.
M. Simard: Oui. Il y a beaucoup d'accidents de chasse où
des canots chavirent ou des bateaux. C'est quelque chose de nouveau qu'on a
apporté cette année.
M. Lessard: Le ministre connaît sûrement le projet de
M. Allmand concernant le contrôle des armes à feu, est-ce qu'il a
eu l'occasion de faire parvenir son point de vue à M. Allmand et est-ce
que le ministre est d'accord avec la loi telle qu'elle serait
déposée au gouvernement fédéral?
M. Simard: Je n'ai pas communiqué encore directement avec
mon collègue à Ottawa, mais j'ai un projet de lettre qui est
prêt, étant donné que je communique... Selon la nouvelle
Loi des Affaires intergouvernementales, je dois faire approuver la lettre par
M. Levesque, ministre responsable. Ma
position, je l'ai déjà donnée, il ne faut pas qu'on
pense que les chasseurs du Québec sont des criminels. Je pense que, si
on veut commettre un meurtre, on peut aussi bien se servir d'un bâton de
golf, d'un couteau, de toutes sortes d'armes qui ne sont pas qualifiées
d'armes sportives.
Lors d'un dernier voyage aux Etats-Unis, il y avait un colloque sur le
crime aux Etats-Unis et on disait que même si toutes les armes à
feu, hypothétiquement parlant, étant supprimées, le taux
de criminalité serait encore de 50%.
Disons que cela, c'est le problème américain. Mais
étant donné qu'on vit aussi en Amérique du Nord, je pense
bien qu'on pourrait peut-être considérer cela dans ce sens.
Pour ce qui est de la teneur de la lettre que je dois envoyer à
M. Allmand, comme je le disais tout à l'heure, j'attends l'approbation
du ministère des Affaires intergouvernementales.
Ma position est très simple là-dessus, il ne faut quand
même pas penser à pénaliser les chasseurs, parce que je
vois très mal comment on pourrait contrôler le nombre d'armes
à feu. C'est quasiment une tradition chez nous.
Si on prend les vieux cultivateurs, par exemple, on voit toujours le
"12" accroché au-dessus de la porte. Je ne vois absolument pas comment
on pourrait faire ce genre de restriction, essayer de savoir combien il y a
d'armes à feu au Québec, surtout au sujet des armes sportives. Je
ne sais pas quel est le pourcentage de crimes qui se font avec des armes
à main, par exemple, si on parle de pistolets ou d'armes automatiques,
si on parle de M-1, qui sont des armes prohibées à la chasse.
Quand on regarde les journaux le peu de journaux que je peux lire
je crois que la majorité des crimes ou des vols de banque, tous
les meurtres qui peuvent être faits, ce n'est pas habituellement avec des
armes de chasse. Ce sont des "12" à canon tronqué, des "22"
à canon coupé. C'est ce genre de "kit" qu'on essaie de dissimuler
dans tous les espaces qu'on peut avoir.
Disons que c'est ma position et je pense bien que je ne suis pas le seul
à la défendre.
M. Lessard: Est-ce que le ministre a l'intention de la
défendre avec acharnement auprès de M. Allmand?
M. Simard: Avec acharnement, c'est peut-être un gros mot.
Je suis prêt à défendre la position des chasseurs du
Québec, tant et aussi longtemps que je serai ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. C'est bien sûr que je ne sais pas quelle
position le gouvernement du Québec prendra, parce qu'en fait c'est une
position gouvernementale, c'est une position qui doit être prise par le
conseil des ministres, étant donné qu'on a affaire à une
position du gouvernement central.
M. Lessard: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, par ailleurs, de
contrôler les dépositaires d'armes à feu, ceux qui ont la
responsabilité de vendre auprès du public et qui peuvent vendre
actuellement, à n'importe qui, même si la loi défend de
vendre à quelqu'un dont l'âge est inférieur à seize
ans, je pense?
M. Simard: Le service d'éducation et de
sécurité, même si ce n'est pas son rôle exact, a un
programme chaque année, surtout depuis deux ans, depuis que ces
problèmes sont soulevés et depuis qu'il y a eu des accidents avec
des jeunes. Les membres du personnel organisent des rencontres avec les commis
des magasins et les vendeurs d'armes à feu pour les informer de cela, II
faut bien penser qu'il n'y a pas seulement la maison d'armes à feu de
Québec et des trucs comme cela. Il y a tous les petits vendeurs de
Pascal et...
M. Lessard: La loi dit quoi actuellement?
M. Simard: On ne peut pas vendre une arme à feu à
quelqu'un de moins de seize ans.
M. Lessard: Quel est le ministère qui a la
responsabilité de prendre les mesures, lorsqu'une telle arme est vendue
par un dépositaire, à un enfant de...
M. Simard: C'est une loi fédérale.
M. Lessard: En fait, c'est un problème actuellement. Il
n'y a plus aucun contrôle. Tout enfant de treize ans ou douze ans
et cela peut se faire très facilement peut facilement obtenir une
arme à feu. C'est un peu pour cela qu'il y a certaines personnes qui
réagissent à un moment donné devant cette
prolifération des armes à feu.
Cependant, je suis bien d'accord avec le ministre qu'on ne peut pas
pénaliser les chasseurs à cause des crimes qui sont commis.
N'importe qui peut prendre son couteau de chasse et tuer sa femme s'il veut
s'en débarrasser.
Est-ce qu'on va faire disparaître les couteaux ou faire
disparaître les...
M. Simard: Ou les femmes?
M. Lessard: Location de droits de chasse et de pêche.
M. Dufour: Moi, j'aurais une question.
M. Lessard: Oui, certainement, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Vanier.
M. Dufour: C'est parce que je ne suis pas tellement
renseigné, M. le Président, Je n'ai pas eu la chance de commencer
jeune à chasser, comme le député de Saguenay. Mais, je
voudrais me renseigner sur la sorte d'examen que vous faites passer à
celui qui suit le cours de port d'arme à feu ou encore le cours de
chasseur, en vue de lui décerner un permis pour aller à la
chasse. Avez-vous seulement un cours théorique ou si vous les
forcez à passer un examen de tir de précision? Qu'est-ce
que cela vaut, alors, votre cours? C'est d'un ridicule réellement
renversant, parce que vous pouvez avoir quelqu'un qui est aveugle pratiquement
et qui...
M. Lessard: II faut qu'ils reconnaissent les pièces au
moins.
M. Dufour: Mais, souvent, ils ne les reconnaissent pas, ou
encore, ce sont des gens extrêmement nerveux qui souffrent de la maladie
de Parkinson ou de n'importe quoi, qui peuvent tirer dans le ciel plutôt
que sur la bête, ou encore la blesser inutilement. Je pense que vous
diminueriez beaucoup le nombre de vos chasseurs si un examen était fait
dans un club de tir. Je vois que vous avez des clubs de tir assez importants.
Ces gars devraient passer automatiquement des examens devant des experts, au
club de tir déterminé.
Vous donnez un petit cours sur la survie en forêt, sur le port
d'une arme, je trouve cela une farce monumentale. Si vous ne faites pas faire
l'exercice, le faire tirer sur une cible quelconque pour apprécier
non pas seulement une fois non plus ses qualités de
franc-tireur, je ne vois pas comment on pourrait s'attarder à donner des
cours dans toute la province.
M. Lessard: Ce n'est pas fort. Je vais même dire au
député que j'ai vu certaines personnes n'avoir jamais
utilisé un fusil de leur vie et avoir passé l'examen avec
100%.
M. Houde (Fabre): Malgré tout cela...
M. Simard: II faudrait peut-être ne pas perdre de vue le
fait que le cours que le Québec donne dans le moment, est un cours qui a
été approuvé par toutes les provinces canadiennes,
à la conférence sur la sécurité à la chasse,
par les associations de tir telles que le National Rifle Association
d'Amérique. C'est un cours qui s'adresse à la masse. Lorsqu'on
mentionnait tout à l'heure que nous avons qualifié près de
500,000 chasseurs, il faut connaître les difficultés que nous
avons eues, d'abord de rencontrer ces gens, de leur donner un cours très
élémentaire. Il fallait que le cours soit très
élémentaire, dans une première étape.
Malgré tout cela, les statistiques que nous avons dans le moment
prouvent que nos accidents, les accidents mortels et les autres accidents
à la chasse, ont diminué. Même si on avait conscience
d'avoir sauvé une ou deux vies seulement par année, l'effort
qu'on a fait en valait la peine, je crois.
M. Dufour: D'accord, ce point de vue, je l'admets. Mais il reste
que, combien de bêtes ont été blessées et sont
mortes après avoir été blessées par un mauvais
tireur. C'est cela aussi. Si le gars ne se tue pas, il peut blesser des
bêtes inutilement. Je pense que le nombre de cheptels, ou encore
d'orignaux ou de chevreuils blessés qui meurent dans la forêt sans
avoir été retrouvés, apparemment c'est assez
élevé. C'est pour cela que je vous dis que votre cours, c'est un
début, mais ce n'est pas le véritable cours. Il faudrait
peut-être les faire passer par l'armée et leur faire donner un bon
cours de tir.
M. Simard: Nous sommes très conscients que ce n'est qu'un
début, mais c'est un début formidable. C'est un début qui
n'existe dans aucune autre province canadienne, dans le moment.
M. Dufour: Je vous félicite là-dessus, mais ce
n'est pas assez. Allons plus loin.
M. Simard: Lorsqu'on parle de club de tir, il ne faut pas se
faire d'illusion. Les clubs de tir ne se trouvent pas partout dans la province.
Les facilités, les champs de tir ne se trouvent pas partout. Lorsqu'on
parle de qualifier un demi-million de chasseurs répartis sur l'ensemble
du territoire québécois, si, dans le moment, on songeait à
y mettre une épreuve de tir, je pense que les difficultés
seraient insurmontables au moment où l'on se parle.
Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue que ce n'est pas un cours de
tir, tout d'abord. Ce n'est pas un cours de tir, c'est un cours...
M. Dufour: De maniement d'armes à feu.
M. Simard: ...théorique qui donne des principes de base
pour la sécurité, lors du maniement des armes.
C'est pour la sécurité du chasseur et de ses compagnons
lorsqu'ils manipulent des armes à feu. C'est cela le cours. C'est un
cours de sécurité dans le maniement des armes à feu. Ce
n'est pas un cours de tir.
M. Dufour: Je le souhaite et je souhaite aussi qu'on aille plus
loin, qu'on fasse un autre pas. Ce serait préférable.
Deuxièmement, pour le permis que vous donnez à quelqu'un, il a
suivi le cours de maniement d'armes à feu, de survie en forêt et
tout cela. Est-ce que ce permis est renouvelable chaque année sans
examen? Le gars peut être mort et son "chum" prend le permis, va chercher
ou vérifier...
M. Simard: Non, il y a le numéro d'assurance sociale
là-dessus. D'ailleurs, il est collé sur le permis de chasse. Ce
permis ne peut pas être utilisé une autre année,
évidemment. Lorsqu'il est renouvelé, vous avez le numéro
d'assurance sociale avec l'adresse et tous les détails imaginables, de
sorte que personne d'autre ne peut utiliser ce truc légalement.
Evidemment, il peut s'en servir, mais il peut se faire prendre aussi. Le
numéro d'assurance sociale, c'est le seul moyen qu'on a actuellement de
s'assurer qu'un seul individu peut l'utiliser.
M. Dufour: Très bien, M. le Président.
M. Simard: C'est peut-être mieux pour l'information du
député de le lui mentionner, il faisait allusion à
l'armée tout à l'heure, les cours de sécurité dans
le maniement des armes à feu dans l'armée, sont donnés non
pas sur le champ de tir, mais dans des salles de conférence.
M. Dufour: Après, vous passez à la salle de
tir.
M. Simard: Tout comme on le fait. On passe à la salle de
tir après cela pour s'assurer que le gars peut atteindre l'objectif.
M. Dufour: C'est cela.
M. Simard: Notre cours était donné avec comme
premier but de sensibiliser les chasseurs sur la sécurité. Nous
avions un deuxième but en même temps, faire de l'éducation
auprès des chasseurs, leur faire part qu'il existait des
règlements de chasse au Québec et leur dire quels étaient
ces règlements.
M. Côté: Entre la théorie et la vraie chasse
au chevreuil, il y a une bonne différence.
M. Lessard: M. le Président, je dois malheureusement vous
indiquer que nous ne sommes pas dans la loi et que nous n'avons pas quorum. Il
est 10 h 30.
Le Président (M. Cornellier): Est-ce que...
M. Houde (Fabre): C'est censé finir à 23
heures.
M. Lessard: Nous n'avons pas quorum depuis 22 heures.
Le Président (M. Cornellier): Est-ce qu'on suspend pour
quelques minutes? Suspension pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 28)
Reprise de la séance à 22 h 35
Le Président (M. Cornellier): Nous revenons au programme
2.
M. Lessard: A location de droits de chasse et de pêche
cette année, tel qu'on en avait parlé l'an dernier, je pense que
oui, je constate qu'on a fait vraiment la distinction dans les chiffres entre
les clubs privés et les pourvoyeurs. On constate que la superficie
totale des clubs privés serait de 16,530 milles carrés pour 1,233
locataires, donc une diminution de quatre locataires ou une remise au domaine
public de 125 milles carrés. Dans quelle région ces quatre
locataires sont-ils disparus?
M. Simard: Ce sont des locataires de pourvoyeurs cela.
M. Lessard: Non, de clubs privés.
M. Simard: Un dans la région de la Mauricie, un dans la
région du Lac-Saint-Jean et deux dans la région de...
M. Lessard: Le ministère possède-t-il une carte du
territoire du Québec où on pourrait voir quelles sont les limites
des clubs privés?
M. Simard: La carte existe depuis que je suis au
ministère. Ces cartes existent depuis une dizaine d'années. Elles
sont publiées chaque année. Elles sont en vente au
ministère pour $2 chacune par région. Il y a 25 cartes
différentes.
M. Lessard: II y a 25 cartes différentes.
M. Simard: Avec le nom du club et les limites exactes sur la
carte.
M. Lessard: Mais, en fait, vous n'avez pas une carte globale qui
réunit ces 25 cartes?
M. Simard: Pardon?
M. Lessard: Vous n'avez pas une carte de l'ensemble du territoire
québécois comme celui des...
M. Simard: Ce serait impossible d'indiquer les limites sur les
cartes à cette échelle. Avec 27 cartes, vous avez les...
M. Dufour: II y en a qui ont... Une Voix: Ce n'est pas
grand.
M. Simard: Nous avons une carte globale de toute la province pour
l'usage du ministère, indiquant les territoires sous bail.
M. Lessard: Elle n'est pas reproduite.
M. Simard: Elle n'est pas reproduite pour publication, pour vente
au public.
II y a des gens qui sont peut-être au courant, comme vous le
voyez, puisqu'il y en a 2,770 exemplaires qui ont été vendus
cette année.
M. Lessard: Est-il possible de faire une photocopie de cette
carte que vous possédez au ministère?
M. Simard: II faudrait peut-être la photographier?
M. Lessard: Elle est très grande?
M. Simard: Elle couvre deux murs de douze pieds. On peut vous
inviter à venir la voir, si vous voulez, mais...
M. Lessard: Est-ce que vous êtes M. Maranda?
M. Simard: C'est bien cela, oui.
M. Lessard: J'aimerais vous parler, justement, d'une association
de chasse et de pêche, celle de Rivière-Portneuf. Vous
rappelez-vous le dossier?
M. Simard: Oui, je me souviens du dossier.
M. Lessard: Vous vous rappelez que l'Association de chasse et de
pêche de Rivière-Portneuf avait obtenu, il y a quelques
années, les droits de chasse et de pêche sur un ancien territoire
du club privé qui appartenait,à ce moment, à la compagnie
Consol. Cette association de chasse et de pêche, qui comprend plus de 60
membres l'an dernier, je pense que c'était de 75 à 80
membres dont les droits de chasse et de pêche avaient
été accordés comme pourvoyeur... Qu'on se comprenne bien,
il ne s'agit pas pour moi de reconnaître des privilèges
particuliers de clubs privés. Quand je parle d'une association de chasse
et de pêche, je parle de la possibilité, pour toute personne, de
devenir membre de cette association, en tenant compte de la superficie du
territoire et de pouvoir recevoir le public. Or, l'an dernier, à cause
du nombre de membres qu'il y avait dans l'association, il lui a
été impossible d'agir comme pourvoyeur, en ce qui concerne la
chasse, alors qu'on avait prouvé l'avoir fait en ce qui concerne la
pêche. C'est d'ailleurs pourquoi parce qu'il y a une limite
maximale d'un territoire en ce qui concerne le nombre de chasseurs cette
association avait demandé pour pouvoir répondre à
la demande du public, elle ne s'était jamais cachée de ne pas
l'avoir fait à votre direction un agrandissement du territoire.
Je dis toujours qu'il s'agit d'une association dont fait partie
particulièrement la population de cette région et dont peuvent
faire partie aussi certains étrangers, moyennant le versement d'un
montant supérieur, comme c'est le cas à l'Association de chasse
et de pêche de Forestville.
Or, cette association s'est vu refuser à la fois sa demande
concernant l'agrandissement de son territoire pour des fins de pourvoyeur,
ainsi que le renouvellement de son droit de chasse et de pêche. Je vous
ai écrit à ce sujet. Vous avez reconsi- déré le
dossier et vous m'avez confirmé à nouveau qu'il n'était
pas possible pour le ministère de recommander à la fois un
agrandissement du territoire, comme le renouvellement des permis de chasse,
puisque vous dites ceci au deuxième paragraphe: "Cependant, il est
établi que l'association n'est pas un véritable pourvoyeur en
chasse présentement et qu'elle pourrait difficilement l'être
même en obtenant un agrandissement du territoire en raison du grand
nombre de membres qui compose l'organisme. De plus, notre ministère
cherche, depuis quelque temps, à éliminer par tous les moyens
possibles, les pseudopourvoyeurs c'est-à-dire ceux qui n'offrent des
facilités au publique d'une façon restreinte, qu'après
avoir favorisé des membres et des invités."
Ce que je veux vous souligner ici, c'est que je suis d'accord, en
principe, avec votre lettre, mais lorsque vous parlez qu'étant
donné le très grand nombre de membres, c'est justement parce que
l'association de chasse et pêche s'est démocratisée qu'on a
beaucoup de membres. La question que je pose, étant donné qu'on a
refusé le renouvellement de la chasse à cette association et
qu'on a renouvelé les permis de pêche, cette association va se
voir donner la responsabilité d'entretenir les chemins, mais quand la
saison de la chasse va arriver, qui va avoir la responsabilité, non
seulement de contrôler le territoire, non seulement de surveiller le
territoire parce que l'association faisait un travail de surveillance, mais de
contrôler ce territoire? Je vous avoue que je trouve malheureux cette
décision parce que, quant à moi, il m'apparaît que
l'accessibilité des territoires publics passe aussi par des associations
de chasse et de pêche qui se regroupent, sur le plan territorial et
où, en fait, toute personne peut devenir membre moyennant le paiement de
sa carte, ce qui est différent du club privé où le nombre
de membres est limité. Je vous avoue que, même si
théoriquement je suis d'accord avec vous concernant les
pseudo-pourvoyeurs, je me pose quand même un certain nombre de questions
en ce qui concerne la façon dont sera surveillé et
administré le territoire durant la saison de la chasse parce qu'on a
refusé tout simplement le renouvellement du permis, alors que cette
association demandait un agrandissement du territoire pour le renouvellement de
son permis et de rendre encore plus accessible ce territoire à ses
membres ou à ses nouveaux membres.
M. Simard: Nous avons reçu de nouvelles
représentations dernièrement de la part de l'association et nous
avons fait, en comité, une nouvelle étude du cas et
décidé de renouveler le bail de droit de pêche et de chasse
et l'association pour une autre année.
M. Lessard: J'ai trop parlé. Je m'excuse. Etant
donné ces revendications...
Une Voix: Vous avez bien travaillé, c'est un bel
effort.
M. Lessard: II reste que je trouvais et comprenais vos principes
généraux, mais en ce qui concerne l'application comme
telle...
M. Simard: Je crois que c'est préférable de revoir
le problème dans le contexte des unités d'aménagement. On
verra plus loin les sociétés de conservation.
M. Lessard: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Le programme 2 est-il
adopté?
Programme 2, adopté.
M. Lessard: Le programme des unités d'aménagement,
j'en discute où?
M. Simard: Au programme 2.
M. Lessard: Prêts à suspendre? On peut
considérer qu'il est 11 heures.
M. Marchand: On n'est pas pressé. M. Dufour: Non, non.
M. Lessard: Voici pourquoi, M. le Président, j'aimerais
peut-être mieux...
M. Marchand: Tu pourrais faire parler ton recherchiste.
M. Lessard: ... revoir le document du ministre en vue justement
de pouvoir demain probablement, discuter et non pas commencer ce soir et mettre
fin tout à coup à cette discussion; j'aimerais bien qu'on puisse
en discuter demain.
M. Dufour: Surtout, d'être plus concis.
M. Lessard: M. le Président, je pense que j'ai toujours
été capable de discuter de mes programmes sans avoir la
collaboration du député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, c'est un mot de trop.
M. Lessard: Est-ce qu'on peut considérer qu'il est 11
heures?
M. Marchand: Nous avons été condescendants ce matin
envers le député de Saguenay, on s'est levé à 5 h
30 ce matin pour être ici à l'heure, je pense que le
député de Saguenay devrait se passer de ses remarques, parce que
sans cela, il va s'embarquer sur un terrain glissant, on va se parler à
deux.
M. Lessard: Cela ne m'inquiète pas du tout de parler avec
le député de Laurier.
M. Marchand: Moi non plus.
M. Lessard: Est-ce qu'on peut considérer qu'il est onze
heures, M. le Président?
Des Voix: Oui.
M. Simard: M. le Président, je ne voudrais pas que le
député de Saguenay me fasse des promesses, mais je crois que
c'est un sujet extrêmement important; d'un autre côté, avec
la collaboration que le député de Saguenay nous a offerte depuis
ce matin, je pense qu'on peut considérer qu'il est onze heures moins une
minute.
Le Président (M. Cornellier): J'ai pu comprendre que le
député de Saguenay croyait que ça pourrait faire avancer
les travaux de la commission.
M. Lessard: Oui, il n'y a aucun problème; jusqu'ici,
ça va bien.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, la commission
ajourne ses travaux à demain, mercredi, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 50)