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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude du projet de loi no 35
Loi modifiant la charte
de la Société générale
de
financement du Québec
Séance du mardi 25 mai 1976 (Dix-sept heures cinq minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission s'est réunie afin d'étudier le projet de loi
no 35, Loi modifiant la charte de la Société
générale de financement du Québec. M. Lamontagne
(Roberval) remplace M. Denis (Berthier); M. Bédard (Chicoutimi) remplace
M. Lessard (Saguenay). On me suggère de nommer, comme rapporteur de
cette commission, M. André Marchand. Adopté?
Des Voix: Adopté.
Une Voix: A l'unanimité.
Le Président (M. Brisson): Article 1. L'honorable
ministre.
Préliminaires
M. Saint-Pierre: M. le Président, tel que je l'avais
mentionné dans le discours de deuxième lecture, nous aimerions
faire aujourd'hui un peu le même travail que celui que nous avons fait
dans le cas de SIDBEC, c'est-à-dire profiter de la discussion de ce
projet de loi en commission plénière pour nous permettre de jeter
un regard sur l'ensemble des opérations de la Société
générale de financement dont les dirigeants sont ici aujourd'hui.
A l'extrême droite de la table se trouve M. Maurice Massé,
président du conseil d'administration, à ses côtés,
M. Raymond David, président-directeur général de la
Société générale de financement, et, à
l'extrême gauche, M. Walsh, président de la société
Donohue; entre les deux, un procureur, je m'excuse...
M. Gagnon (Gilles): Gilles Gagnon.
M. Saint-Pierre: ... M. Gilles Gagnon, procureur de la SGF.
Suivant une demande formulée par le chef de l'Opposition
officielle, je proposerais que nous nous attardions au projet Donohue
Saint-Félicien, dans un premier temps, comme nous l'avons fait pour
SIDBEC, permettant aux dirigeants de la Société
générale de financement de nous en donner les grandes lignes,
quitte, après cela, à avoir un échange de questions et de
périodes...
Après, nous pourrions passer à l'étude article par
article. J'ai quelques amendements mineurs, moi-même, à formuler
au projet de loi, beaucoup sur la traduction anglaise et d'autres choses
semblables, mais c'est réellement mineur comme amendements. Lorsque nous
aurons fini cette tâche, nous pourrions, enfin, ce soir, je
l'espère, nous attaquer à l'ensemble des opérations de la
SGF, en particulier à son exercice financier.
Avec votre permission, M. le Président, je céderai la
parole à... La commission pourrait inviter M. Raymond David à
nous donner un aperçu général de ce projet Donohue
Saint-Félicien. Il y a déjà d'ailleurs des textes qui ont
été remis à chacun des membres de la commission.
Le Président (M. Brisson): Le représentant du chef
de l'Opposition aurait-il quelque chose à dire?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, il n'est
pas dans mon intention de revenir sur ce que nous avons dit lors de la
deuxième lecture de ce projet de loi sur lequel nous sommes parfaitement
d'accord, dans ce sens que nous ne pouvons faire autrement que de nous
réjouir du fait que le projet de Saint-Félicien se
réalise. Lors de son allocution de deuxième lecture, le ministre
de l'Industrie et du Commerce a fait allusion au dynamisme de la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Je l'ai invité, à ce moment, à faire
également allusion à la patience aussi de la population du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, puisque, comme vous le savez, comme le ministre le
sait, ce projet promis et annoncé depuis plus de dix ans
représente, à notre humble opinion, l'intention très
sérieuse du gouvernement d'acquitter une partie de la facture qu'il
devait, envers la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Nous avions
souligné que ce projet explicitait aussi et faisait la preuve
très claire que, plutôt que de quêter notre
développement ailleurs ou d'essayer de le chercher ailleurs par
l'intermédiaire d'autres compagnies, que ce soient les Kruger ou Olind
Kraft, souvent, lorsqu'on inventoriait nos propres instruments, nos propres
moyens, on se rendait compte que la réalisation de ce projet a
été possible d'une part avec la volonté politique du
gouvernement, et d'autre part, avec l'utilisation d'instruments qui sont
proprement québécois, lorsqu'on se réfère à
la compagnie Donohue, et avec l'intermédiaire et l'aide naturellement,
d'une autre société proprement québécoise, qui est
la Société générale de financement.
Maintenant, je suis d'accord avec le ministre de l'Industrie et du
Commerce pour, dans un premier temps, souhaiter la bienvenue aux
représentants de la Société générale de
financement, de même qu'au président de la compagnie Donohue et
à leurs procureurs. Je pense que la démarche la plus rentable
qu'il y aurait à faire serait de les entendre à ce moment de la
commission. Ensuite, nous aurons, naturellement des questions à
poser.
Le Président (M. Brisson): M. Raymond David.
Projet Donohue Saint-Félicien Inc.
M. David (Raymond): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de l'Assemblée nationale, je vous remercie de cette occasion
qui est fournie à la Société générale de
financement du Québec d'expliquer le rôle qu'elle joue depuis
l'automne 1974 dans le dossier Saint-Félicien par l'intermédiaire
de la compagnie Donohue Ltée, dont elle détient
présentement 43% des actions votantes.
C'est la première fois que j'ai l'honneur de me présenter
devant vous et j'espère fermement que cet exposé est suffisamment
complet pour vous fournir toutes les informations dont vous avez besoin pour
assumer votre rôle de législateur. Je terminerai ma
présentation en vous brossant un tableau sommaire de la SGF
actuelle.
Comme point de départ, il m'apparaît nécessaire de
résumer l'évolution de ce fameux dossier pour vous
démontrer comment SGF et Donohue sont venus à en assumer le
leadership.
Au début des années soixante, la compagnie Kruger s'est
vue accorder un droit exclusif pour la construction d'un complexe de
pâtes et papiers à Saint-Félicien dont l'approvisionnement
devait provenir des immenses forêts domaniales de Roberval et de
Chibougamau. Ce bloc forestier, d'une superficie de plus de 5000 milles
carrés, représentait et représente encore le plus
important bloc d'Amérique du Nord non encore exploité selon un
plan d'ensemble. Vers la fin de 1970, face à l'inaction de Kruger de
procéder, un groupe américain, Olind Kraft, obtint la permission
de s'y intéresser et à la fin de 1972, ce dernier groupe se
retira du dossier.
Pour sa part, depuis les années soixante-dix , Donohue
étudiait certaines possibilités de diversification de ses
opérations en dehors de Clermont, dans le comté de Charlevoix.
Donohue était consciente que son expansion à cet endroit
était limitée par des contraintes d'opérations et
d'approvisionnements forestiers. Les besoins de bois pour le fonctionnement des
usines à Clermont se sont considérablement accrus suite à
des additions d'une machine à papier et d'installations de production de
pâte chimique à la fin des années soixante. Effectivement,
en 1974, Donohue a dû acheter des copeaux aussi loin qu'en Abitibi pour
suffire à ses propres besoins.
A la fin de 1972, la direction de Donohue était convaincue que
ses meilleures chances d'expansion devaient s'orienter à
Saint-Félicien.
Au début de 1973, le gouvernement du Québec
complétait l'acquisition de toutes les actions de SGF, et, de ce fait,
devenait indirectement le plus gros actionnaire de Donohue. Cette situation
justifiait donc sans contredit l'autorisation exclusive donnée à
Donohue d'élaborer un projet d'implantation d'un complexe forestier
intégré à Saint-Félicien. Plusieurs concepts furent
analysés par la direction de Donohue en relation étroite avec des
consultants extérieurs spécialisés dans les diverses
facettes de l'industria des pâtes et papiers.
Aussi dois-je ajouter que cette permission donnée à
Donohue l'a été dans le contexte des politiques de
rationalisation des exploitations forestières énoncées par
le ministre des Terres et Forêts du Québec.
Des conditions économiques pour le moins euphoriques ont
prévalu en 1973 et en 1974 dans l'industrie canadienne des pâtes
et papiers. De nouveaux sommets de production et de bénéfices ont
été atteints. Cette situation a été très
éphémère et les résultats de l'industrie pour 1975
en témoignent. Au cours de ces mêmes trois années,
l'économie nord-américaine a connu un rythme d'inflation sans
précédent.
Dès l'été 1974, la direction de Donohue a
réalisé qu'un complexe forestier intégré à
Saint-Félicien, soit une usine de pâte chimique et des usines de
transformation de la pâte en produits finis, ne pouvait se
réaliser qu'en deux étapes probablement décalées
l'une de l'autre de dix ans, étant donné les coûts fort
élevés. Toutes les personnes impliquées ont
également été unanimes à réaliser qu'un
projet de cette nature ne pouvait être mis en route sans un support
financier massif des gouvernements.
A cette époque, il fut décidé de pousser à
fond les analyses pour la construction d'une usine de pâte. Des
estimations furent préparées par des ingénieurs
indépendants et une première étude de praticabilité
fut soumise au groupe ministériel économique en janvier 1975.
Il devint évident dans cette étude que Donohue ne pouvait
entreprendre seule un projet de cette envergure et ce, tant des points de vue
financiers, technologiques et commerciaux.
Rapidement, je résumerai pour votre bénéfice ce
qu'est Donohue. C'est un fabricant de 240 000 tonnes de papier par année
dont la quasi-totalité est exportée aux Etats-Unis en vertu de
contrats de ventes à long terme.
Ses installations industrielles comprennent quatre machines de
production de papier journal opérant à pleine capacité et
une petite unité intégrée de production de pâte
chimique. Les opérations sont centralisées à Clermont,
comté de Charlevoix. Donohue emploie 1100 personnes réparties
moitié en usine et moitié en forêt.
Donohue a fait l'acquisition à la fin de 1973 d'une scierie
Produits Forestiers M. P. Inc. à Saint-Thomas Didyme, dans la
région de Saint-Félicien afin d'avoir pignon non pas sur
rue, mais en forêt.
La SGF détient, pour sa part, 43% des actions ordinaires de
Donohue. Les Papeteries de la Seine (filiale de la Cellulose du Pin et
indirectement de Saint-Gobain Pont-à-Mousson, importante
société française multinationale oeuvrant principalement
dans l'industrie du verre, des matériaux de construction et des
pâtes et papiers) en détient 28% et le solde des actions est
détenu par quelque 600 actionnaires, en quasi-totalité
québécois. Les actions de Donohue sont inscrites à la
Bourse de Montréal.
De 1964 à 1969, la capacité ne s'était accrue que
de 15%, alors que de 1969 à 1973, elle doubla
en raison d'investissements majeurs: Une quatrième machine
à papier et l'unité de fabrication de pâte bisulphite.
Pour l'année terminée le 31 décembre 1975, Donohue
a réalisé le plus haut volume de ventes de son histoire:
près de $58 millions, soit 12,4% de plus qu'en 1974. Ses
bénéfices nets ont été légèrement
supérieurs à ceux de l'année précédente: $5
471 500, soit une augmentation de 7,3% par rapport à 1974. Si l'on tient
compte des dépenses de $700 000 relatives au projet de
Saint-Félicien, le résultat net de 1975 est de $4 780 000, soit
$200 000 de moins que l'année précédente.
Au 31 décembre 1975, le fonds de roulement de la Donohue atteint
presque $22 millions, l'avoir net des actionnaires se chiffre par plus de $30
millions et l'endettement à long terme de $11,2 millions,
représente 37% de l'avoir net des actionnaires et près de 38% des
actifs immobilisés.
Pour les raisons précédemment mentionnées, il
était primordial pour Donohue de s'adjoindre un partenaire de calibre.
Donohue et la SGF ont entamé des pourparlers en novembre 1974 avec
British Columbia Forest Products Limited en vue d'une association pour la
réalisation du projet de Saint-Félicien.
Cette société jouit d'une expérience remarquable
dans le domaine, c'est d'ailleurs l'une des grandes entreprises
intégrées de produits forestiers au Canada. Au cours des dix
dernières années, elle a construit deux usines de pâte
kraft, et ce, en deçà des budgets prévus. Ces usines ont
généré des profits dès leurs premiers mois
d'opération. BCFP possède huit moulins à scie qui
produisent ensemble 750 millions de pieds mesure de planche de bois par
année et qui consomment plus de 1 570 000 cunits par année. De
plus, elle s'est associée dans une proportion de 50% dans une compagnie
qui produit 135 millions de pieds de planche, située sur l'île de
Vancouver. De 1966 à 1975, les ventes de BCFP passaient de $130 millions
à $273 millions, soit une augmentation de 165%. Pour leur part, les
profits nets passaient de $6 millions à $16 millions, soit une
augmentation de 167%.
Au 31 décembre 1975, le fonds de roulement de BCFP atteint $55
millions, l'avoir net des actionnaires se chiffre par $145 millions et
l'endettement à long terme, de $101 millions, représente 70% de
l'avoir des actionnaires et près de 41% des immobilisations. Les
actionnaires de BCFP sont: Noranda Mines qui en détient 28%; Brunswick
Pulp qui en détient 26%, Brunswick Pulp est détenue à part
égale par Scott Paper et par Mead Corporation; Mead Corporation en
détient directement 15.3%, ce qui fait qu'avec sa moitié de
Brunswick Pulp, elle détient un nombre équivalent à celui
détenu par Noranda Mines. Argus Corporation en détient 6.6% et le
public en général en détient 22.9%.
En juillet 1975, les négociations ont abouti à la
signature de plusieurs conventions, lesquelles prévoyaient, entre
autres, l'incorporation d'une nouvelle société, Donohue
Saint-Félicien Inc., dont les actions seront détenues à
60% par Donohue et à 40% par BCFP.
Les principales ententes entre Donohue et BCFP sont:
Un contrat d'association qui a pour but de régir principalement
les responsabilités des parties, les procédures administratives
et opérationnelles, et les engagements d'investissements des deux
participants, et aussi la représentation au conseil d'administration de
la nouvelle compagnie;
Un contrat d'administration qui confère à Donohue la
responsabilité d'opération des scieries du complexe pendant la
période de construction et l'administration du complexe après la
date de démarrage;
Un contrat de réalisation qui confère à BCFP la
responsabilité de concevoir et de construire l'usine de pâte
kraft, les améliorations requises aux scieries et d'assumer
l'opération de l'usine jusqu'au jour de démarrage, lequel est
défini comme étant la date à laquelle l'usine aura produit
pendant au moins trois mois consécutifs au moins 70% de sa
capacité envisagée et ce, d'un produit accepté par les
clients et spécifiant de plus que l'usine pourra atteindre 100% de sa
productivité envisagée dans un délai normal et sans
investissements additionnels;
Un contrat d'actionnaires qui prévoit les modalités de
revente des actions de Donohue Saint-Félicien. Il s'agit uniquement de
droits de préemption entre les parties.
Un contrat d'option pour bonne réalisation, c'est-à-dire
une possibilité donnée à BCFP de sous-crire à des
actions additionnelles au trésor de Donohue Saint-Félicien
advenant que l'usine soit construite en deçà des
prévisions budgétaires acceptées. L'exercice de cette
option augmenterait la participation de BCFP de 40% à 45% et ajouterait
plus de $6 300 000 au trésor de la nouvelle compagnie.
Un contrat de représentation commerciale en vertu duquel Mead
Pulp Sales Ltd est l'agent exclusif. Et, enfin, un contrat à intervenir
relativement à la garantie de parachèvement requise pour le
financement à long terme du projet.
Il est important de vous souligner que, depuis juillet 1975, au moment
où les ententes que je viens de mentionner ont été
signées et jusqu'à ce que le projet Saint-Félicien
devienne une réalité, le 21 avril dernier, les participants ont
dépensé environ $2 millions pour l'élaboration
détaillée de la technique à utiliser, la
préparation d'un plan d'ingénierie devant servir de base aux
estimations de coûts de construction, pour diverses autres études
sur l'inventaire de la forêt et sur les meilleurs modes d'exploitation,
pour des expertises financières, etc.
Je viens de dire que le projet est devenu réalité le 21
avril 1976. Cette date est celle de la signature de l'entente
désignée "Entente auxiliaire Canada-Québec sur
l'implantation d'une usine de pâte kraft blanchie à
Saint-Félicien années 1976-1980." Cette entente auxiliaire
découle d'une entente-cadre de développement signée par le
Canada et le Québec le 15 mars 1974 et permet la réalisation
d'objectifs spécifiques rattachés directement au secteur
forestier tout en satisfaisant à
tous les objectifs généraux de l'entente-cadre et je me
permets de vous les citer: "Stimuler la création d'emplois productifs et
consolider les emplois des secteurs traditionnels ". Les 950 nouveaux emplois
se situent dans une des activités de fabrication à plus forte
valeur ajoutée. De plus, l'intégration de l'usine de pâte
et des scieries avec l'exploitation forestière permettra de stabiliser
les 980 emplois déjà existants. "Augmenter le niveau de vie".
L'implantation de l'usine de pâte kraft entraîne la création
d'activités plus évoluées et mieux
rémunérées que le tandem existant du travail en
forêt et dans les scieries. "Renforcer la structure industrielle et
urbaine du Québec et favoriser le développement optimal de ses
différentes régions". D'une part, ce projet permettra de
confirmer le rôle des centres urbains tels que Saint-Félicien,
Roberval et Dolbeau, et aidera à maximiser le potentiel de cette
région puisque la forêt est sa principale ressource. "Susciter une
participation accrue des Québécois à leur propre
développement". Par le truchement d'organismes de développement
autochtone et en particulier la Société générale de
financement, actionnaire principal de la compagnie Donohue, les
intérêts de la collectivité québécoise seront
largement représentés dans ce projet qui comprendra aussi un
apport important de capitaux et d'expertise de Colombie-Britannique par BCFP et
de la France par la cellulose du pin.
Enfin, "favoriser un meilleur équilibre dans le
développement du Québec par rapport aux différentes
régions du Canada". La réalisation du projet Donohue
Saint-Félicien contribuera à rétablir l'équilibre
traditionnel entre le Québec et les autres régions productrices
de pâtes et papiers du Canada.
Le projet proprement dit. Comme vous le savez, le complexe
forestier Saint-Félicien comprend la construction d'une usine de
pâte kraft blanchie, d'une capacité annuelle de 262 000 tonnes;
l'intégration de 3 scieries existantes, soit: Produits Forestiers M.P.,
Scierie Normandin et Chibougamau Lumber, pour optimiser, d'une part,
l'approvisionnement en copeaux de l'usine de pâte et, d'autre part, la
rentabilité du projet par une production accrue du bois de planche.
Pour vous convaincre que l'orientation du projet est la meilleure,
c'est-à-dire d'avoir opté pour la fabrication de la pâte
kraft blanchie, permettez-moi les commentaires suivants sur les marchés
respectifs de la pâte et du bois.
Marché de la pâte kraft blanchie. Le Canada, les
Etats-Unis et les pays Scandinaves sont depuis fort longtemps les principaux
producteurs mondiaux de pâte kraft blanchie. En 1965, le Canada
produisait 2,7 millions de tonnes de pâte kraft; en 1974, il en
produisait plus de 7 millions, soit un accroissement de 168% en neuf ans.
Durant la même période, les Etats-Unis augmentaient leur
production de 77% pour atteindre 15,5 millions de tonnes de pâte kraft
par an et les pays Scandinaves, pour leur part, augmentaient leur production de
107% pour atteindre 5 millions de tonnes de pâte kraft par an.
De la même façon que pour le bois de sciage, si les
Etats-Unis sont de loin les plus gros producteurs de pâte chimique en
général avec près de 36,6 millions de tonnes, ils ne sont
pourtant pas capables de suffire à leurs propres besoins. En 1974, leur
demande totale de pâte excédait de presque un million et demi leur
capacité de production.
Par ailleurs, les Etats-Unis ne représentent pas l'unique
marché vers lequel le Canada peut exporter. En effet, grâce aux
plus grandes facilités de transport de la pâte comparativement au
bois, l'Europe et l'Asie offrent aussi des débouchés fort
intéressants.
En 1974, tout en excluant les pays communistes, l'offre et la demande
mondiales de pâte chimique en général
s'équilibraient de la façon suivante:
L'Amérique du Nord, avec une production totale de 49 millions de
tonnes de pâte, enregistrait un surplus de 5,3 millions de tonnes;
L'Europe de l'Ouest, malgré un surplus de 6 millions de tonnes
produites par les pays Scandinaves, enregistrait tout de même un
déficit de 2,9 millions de tonnes de pâte chimique;
L'Asie, le Japon et l'Amérique latine, pour leur part,
enregistraient un déficit total de 2 millions de tonnes.
C'est donc le Canada qui, après avoir comblé la demande
américaine, a exporté sur les marchés internationaux
près de la moitié de sa production annuelle de pâte
chimique.
Sans toutefois tenir compte des variations dans les inventaires, la
production mondiale excédait la demande de moins d'un demi pour cent. Ce
qui veut dire qu'en somme, le marché de la pâte est loin
d'être saturé.
Les deux plus gros pays exportateurs de pâte sont le Canada et les
pays Scandinaves. Ces derniers, malgré une production plus forte que la
nôtre, exportent à peu près le même volume, sans
pouvoir satisfaire la demande des pays de l'Europe de l'Ouest, leurs plus
proches voisins. Les insuffisances de production des pays de l'Europe de
l'Ouest, en ne tenant pas compte évidemment des pays Scandinaves,
totalisent presque 9 millions de tonnes de pâte, dont plus de 80% sont
attribuables seulement au Royaume-Uni, à l'Allemagne, à l'Italie
et à la France.
Si on examine plus particulièrement la demande en pâte
kraft blanchie de ces quatre pays, on note une très forte augmentation
durant ces neuf dernières années. Tandis qu'en 1965
l'accroissement de la demande de ces pays oscillait entre 7% et 14%, en 1974,
le Royaume-Uni enregistrait une augmentation de ses besoins de l'ordre de
28,1%, l'Allemagne de 30,7%, la France de 26,2% et l'Italie de 36,9% et tout
porte à croire que cette tendance se poursuivra dans l'avenir.
Entre 1965 et 1974, le Canada est celui des pays exportateurs qui a
davantage augmenté ses exportations. Les expéditions canadiennes
représentaient, en 1965 13,1% des importations totales de ces pays,
alors qu'en 1974, elles en représentaient 29,9%, soit une augmentation
de 1,1 million de tonnes de pâte kraft en neuf ans. Encore là,
tout laisse prévoir que cette tendance se poursuivra dans
l'avenir.
Récemment, les Nations-Unies publiaient des projections pour les
années 1976 à 1979 relativement à l'offre et à la
demande des pâtes et papiers à travers le monde. Il est
intéressant de noter que, pour les régions
développées, soit l'Amérique du Nord, l'Europe de l'Ouest,
l'Océanie et quelques pays tels Israël, le Japon et l'Afrique du
Sud, malgré un accroissement annuel moyen de production de 2,5%, la
consommation augmentera de 2,8%, laissant ainsi s'accroître
l'écart représentant la demande non satisfaite. Pour cette
période, la consommation passe de 105 à 115 millions de tonnes
métriques et la production, pour sa part, passe de 104 à 112
millions de tonnes métriques.
En conclusion, nous pensons que le complexe forestier de
Saint-Félicien verra le jour à un moment très opportun. En
effet, pour écouler le produit de son usine, Donohue
Saint-Félicien a retenu les services d'une des plus vieilles et des plus
importantes organisations de distribution de pâte à papier
d'Amérique du Nord et d'outre-mer: Mead Pulp Sales Inc. Exception faite
des besoins qu'auront les associés du projet et leurs filiales, cette
agence agira comme agent exclusif. A ce jour, des contrats pour 191 000 tonnes
ont été signés et se répartissent comme suit:
Pour cinq ans, 23 900 tonnes, c'est-à-dire 12% des contrats
signés; contrats de dix ans, 75 700 tonnes, soit 40% des contrats
signés; et 91 400 tonnes, en vertu du contrat de vingt ans, soit 48% des
contrats signés.
Sur ce tonnage, seront consommées 8 000 tonnes au Canada,
jusqu'à concurrence de 4%; aux Etats-Unis, il en sera exporté 63%
et, en Europe, 33%.
Les représentants de Mead n'entrevoient aucune difficulté
pour obtenir des contrats à terme pour le solde de la capacité et
ce, d'ici la fin de juillet prochain.
Quant au marché du bois mou de sciage, il est bien
vulnérable. En effet, il dépend en grande partie du marché
de la construction qui, lui, dépend dans une large mesure du taux
d'intérêt et de l'activité économique en
général.
Malgré la montée en flèche des taux
d'intérêt et la mauvaise situation économique de la fin de
1974 et du début de 1975, la production canadienne a presque
doublé depuis les vingt dernières années, tandis qu'aux
Etats-Unis elle enregistrait une certaine stagnation. En effet, pour la
période allant de 1952 à 1974, la production canadienne passait
de 6,3 milliards de pieds à 13 milliards, tandis que celle des
Etats-Unis, pour la même période, passait de 30,2 à 27,9
milliards de pieds de bois.
A elle seule, la province de Québec produisait 1,8 milliard de
pieds de bois mou, soit près de 14% de la production totale du pays.
Actuellement, près de 90% de la production canadienne est
exportée vers les Etats-Unis, ce qui représente la presque
totalité de leurs importations. La consommation américaine
continue de croître alors que la production, dans les bonnes
années, demeure stable.
En 1975, les ventes des Produits Forestiers M.P. Inc. et de la scierie
Normandin, qui représentent 57% de la production totale des trois
scieries qui seront intégrées au projet, se répartissaient
comme suit: 58% en Ontario, 40% au Québec et 2% aux Etats-Unis. Lorsque
ces scieries feront partie du complexe de Saint-Félicien,
l'accroissement de la capacité de la production qui a été
planifié dans le projet sera vraisemblablement exporté vers les
Etats-Unis, profitant ainsi de l'immense potentiel que nous offrent nos voisins
du sud.
Ulitilsation des ressources forestières:-Pour assurer
l'approvisionnement en matières ligneuses de l'usine d'une façon
uniforme et continue, il fallait également assurer aux scieries du
projet l'approvisionnement approprié.
Actuellement, les trois scieries détiennent des droits de coupe
dans la région sud de la forêt domaniale pour 279 000 cunits par
année. Elles y exploitent six camps forestiers.
Pour fonctionner à pleine capacité, 93 000 cunits
additionnels sont requis par les scieries et, pour alimenter les
déchiqueteuses, des droits de coupe pour 202 800 cunits
supplémentaires sont aussi requis. Au total, ces besoins
supplémentaires représentent une augmentation de plus de 106% de
l'exploitation forestière présente.
A partir des chantiers de coupe de bois, les troncs d'arbres seront
dirigés en fonction de leur dimension soit vers les scieries pour faire
des planches, soit vers les déchiqueteuses pour faire des copeaux
propres à faire de la pâte. Tous les copeaux résultant des
opérations de sciage dans les scieries serviront eux aussi à
alimenter la pul-perie. Les scieries absorberont 372 000 cunits qui serviront
à produire 155 millions de pieds de planche et 294 500 tonnes de
copeaux. Les autres 202 800 cunits seront dirigés vers les
déchiqueteuses pour produire 253 500 tonnes de copeaux auxquelles
s'ajouteront les copeaux des scieries pour faire un total de 548 000 tonnes,
lequel représente 93% des besoins maximaux de l'usine de pâte. Il
est donc prévu de combler l'alimentation en copeaux de l'usine par
l'achat d'environ 40 000 tonnes des scieries avoisinantes.
En conséquence, le ministère des Terres et Forêts du
Québec a augmenté globalement les droits de coupe des trois
scieries à 574 800 cunits de bois par année. Le plan de coupe de
bois a été conçu de concert avec les autorités du
ministère des Terres et Forêts pour être conforme à
ses exigences d'une utilisation rationnelle et maximale de la ressource.
L'usine de pâte:-La phase la plus importante de réalisation
du projet est assurément la construction de l'usine de pâte.
Située à sept milles de Saint-Félicien sur les bords de la
rivière Ashuapmouchouan, l'usine aura une capacité de production
de 760 tonnes de pâte kraft blanchie par jour et fonctionnera 345 jours
par année. La construction proprement dite doit débuter à
l'été 1976 pour se terminer à la fin de 1978.
Le site de l'usine est idéal. D'un côté, les bords
d'une rivière dont le débit et la qualité de l'eau
répondent au plus haut standard de l'usine
et, de l'autre côté, la voie ferrée du Canadien
National qui servira au transport de la pâte. Par ailleurs, l'usine n'est
qu'à douze milles de la ville de Roberval qui offre tous les services
sociaux nécessaires aux employés et où se trouve un
aéroport.
La bâtisse, qui a une superficie de 472 500 pieds carrés,
sera érigée avec des structures chauffantes pour faciliter la
production et l'entretien tout au long de l'année. Adjacente à
l'édifice, une cour de 15 millions de pieds carrés servira
à l'entreposage des copeaux de bois et aux activités de
chargement et de déchargement des produits.
La pâte kraft blanchie sera fabriquée à partir des
procédés à la fine pointe de la technologie. Les
principales phases de production et les équipements nécessaires
sont: un pont de déchargement des copeaux et une trieuse à
l'entrée de l'usine; le moulin servant à fabriquer la
première pâte et qui comprend les opérations de digestion
des copeaux, les réservoirs de dilution, les pressoirs, les nettoyeurs
et un système de traitement des gaz résultant de ces
opérations; la tour de blanchissage qui consiste en une série de
bains chimiques, le séchage qui comprend les passoires, les
séchoirs et les refroidisseurs; la sortie du produit qui consiste
à presser la pâte, la mettre en paquets et à l'entreposer;
et, parallèlement à toutes ces opérations, se trouvera un
système très sophistiqué pour évaporer et convertir
les produits chimiques utilisés lors de la fabrication.
La protection de l'environnement, la qualité de la vie sont des
phénomènes auxquels il faut apporter une attention toute
particulière dans la conception d'un projet de cette envergure.
La technologie qu'il est prévu d'utiliser pour astreindre les
opérations de la nouvelle usine aux normes d'aujourd'hui a reçu
l'approbation des ministères fédéral et provincial qui
sont responsables de l'environnement. La nouvelle usine jouira dès le
début de ses opérations de tous les dispositifs des plus à
la page alors que toutes les usines existantes se sont vu accorder des
délais plus que raisonnables pour correspondre aux nouvelles normes de
contrôle édictées par le fédéral.
Particulièrement en ce qui a trait au déversement des
effluents, le Service de protection de l'environnement du Québec a
imposé certaines conditions dans la lettre que son directeur faisant
parvenir en date du 10 mai dernier et dont l'objet était d'autoriser le
début de construction des travaux sur le site choisi.
Conformément à la loi, tous les plans et devis de tous les
équipements antipollution qui doivent être installés,
devront être soumis pour approbation préalable. Aussi, je
comprends qu'une délégation québécoise vient tout
juste de compléter une visite des installations de BCFP en
Colombie-Britannique. De plus, des colloques doivent avoir lieu à
Saint-Félicien en vue de rassurer la population. Enfin, rien ne pourra
être définitif sans avoir reçu les permissions
nécessaires des plus hautes autorités.
Le coût du projet a été indiqué dans le
public comme étant de l'ordre de $300 millions. Un examen judicieux des
estimations des ingénieurs res- ponsables de chacune des phases du
projet et de l'échéancier de la provenance et de l'utilisation
des fonds permet d'estimer comme réaliste que le projet coûtera
plus de $288 millions. La date de parachèvement des travaux de l'usine,
à la fin de 1978 ou au début de 1979, marquera le point de
départ des opérations du complexe. Le coût réel du
projet comprend des investissements qui seront faits en 1979, au début
des opérations de l'usine de pâte. En effet, ce n'est pas avant
1980 que les revenus d'opérations seront suffisants pour couvrir les
dépenses en capital additionnelles pour mener à bien le
projet.
Le coût des investissements originaux pour réaliser le
projet de Saint-Félicien se répartit comme suit: $196 550 000
pour la construction de l'usine de pâte, l'aménagement du site et
l'achat du terrain; $19 439 000 pour l'achat des trois scieries existantes; $14
200 000 d'addition d'équipement aux scieries; $19 202 000 pour les
additions aux opérations forestières; un fonds de roulement de
$16 922 000; des dépenses antérieures au démarrage de $3
700 000; des dépenses extraordinaires de démarrage de $3 millions
et enfin, des intérêts durant la construction pour un montant net
de $15 307 000, ce qui fait un grand total de $288 320 000.
Cette année même, c'est-à-dire d'ici la fin de 1976,
les déboursés seront de l'ordre de $78.7 millions et seront
comblés par la mise de fonds globale des actionnaires de $70 millions et
des encaissements partiels de prêt SGF et des octrois. En 1977, les
déboursés seront de $96 millions et seront satisfaits par
l'encaissement de la balance du prêt SGF et des octrois et d'une partie
des fonds des investisseurs en obligations. En 1978, les investissements seront
également de l'ordre de $96 millions et seront défrayés
par l'encaissement du solde de l'émission d'obligations première
hypothèque. En 1979, les investissements résiduels seront de $17
millions et seront financés avec les fonds accumulés qui seront
générés par les opérations des scieries depuis 1977
et par les opérations de l'usine de pâte qui débuteront
graduellement au début de l'année pour atteindre 70% de
capacité.
La structure financière repose sur des investissements de $270
millions et sur un autofinancement d'environ $18 320 000 résultant de
l'exploitation des scieries durant la période de construction de
l'usine. Cette structure s'explique comme suit: $125 millions d'emprunt garanti
à long terme sous forme d'une émission d'obligations de
première hypothèque d'un montant négocié de $135
millions mais limité quant à nos prévisions à $125
millions. Il est prévu que ces obligations auront une
échéance de 20 ans et seront remboursables en 16 versements
annuels de 1982 à 1997. Il est aussi envisagé qu'elles seront
subdivisées en deux séries: La série "A", d'environ $100
millions en devises américaines, portera intérêt à
10% l'an et la série "B", en monnaie canadienne, portera
intérêt à 11 1/8%.
A ceci, s'ajoutent $25 millions à titre d'em-
prunt spécial consenti par la SGF du Québec à un
taux d'intérêt de 6% l'an et remboursable $2 500 000 par
année à partir du 31 décembre 1988 jusqu'au 31
décembre 1997. $50 millions sous forme de subventions non remboursables
dont $30 millions provenant du gouvernement fédéral et $20
millions du gouvernement provincial, conformément aux dispositions de
l'entente auxiliaire déjà signée, et enfin, $70 millions
d'équité souscrite par les participants, soit $42 millions par
Donohue et $28 millions par BCFP.
A ces fonds, viennent s'ajouter des fonds
au-togénérés par les opérations de l'ordre de $4
175 000 en 1977 par les scieries; de $4 411 000 en 1978 par les scieries
également et $9 734 000 en 1979 par les opérations des scieries
et l'usine de pâte.
C'est précisément pour donner à la SGF les fonds et
l'autorité nécessaires pour participer à cette structure
financière que le projet de loi 35 a été
déposé ces jours derniers à l'Assemblée nationale
du Québec.
La loi envisagée autorise le ministre des Finances à
souscrire au trésor de la SGF des actions à dividendes
différés pour $37 millions et à verser une prime en marge
de cette souscription de l'ordre de $4 625 000.
Ces montants sont des maximums et, si la Cellulose du Pin
exécutait son intention confirmée de participer à
l'augmentation du capital-actions de Donohue, le montant de la souscription du
gouvernement sera réduit à $27 millions et la prime s'y
rapportant à $1828 000. La SGF utilisera une grande partie de la
souscription ainsi reçue à souscrire de nouvelles actions dans
Donohue, pour un minimum de $17 millions ou un maximum de $27 millions. Cette
souscription devra être terminée avant le 31 décembre 1976
et portera la participation de la SGF dans les actions de Donohue à un
minimum de 55% ou à un maximum de 77%.
Le solde de $10 millions ainsi investi par le ministre des Finances dans
la SGF représente une partie des fonds requis pour le prêt
spécial de $25 millions que la SGF consent à Donohue
Saint-Félicien Inc. La différence de $15 millions provient d'un
autre volet de la loi proposée en vertu duquel le Québec
prêtera cette somme à la SGF à un taux
d'intérêt de 10 1/4% l'an et remboursable en cinq tranches de $3
millions chacune à la fin des années 1988 à 1992.
L'échéancier de souscription que nous a proposé le
ministère des Finances dénote que, durant l'année qui se
terminera le 31 mars 1977, la SGF devra recevoir $20 millions alors qu'elle
aura dû investir $35 838 000 dans Donohue et dans Donohue
Saint-Félicien, soit un écart de $15 838 000 qui pourra
être réduit à $5 838 000 si la souscription du partenaire
français était faite avant le 31 décembre 1976.
Au cours de l'année qui se terminera le 31 mars 1978, la SGF
devra débourser $16 millions en faveur de Donohue Saint-Félicien
et le Québec prévoit débourser cette même somme en
faveur de la SGF. Il résulte donc que l'écart entre ces calen-
driers demeurera à peu près de $16 millions et c'est cette somme
que le Québec déboursera dans son exercice financier 1978/79 en
faveur de la SGF. Cet écart sera réduit à moins de $6
millions si la souscription de La Cellulose du Pin était
encaissée avant décembre 1976 et l'investissement du
Québec dans la SGF sera réduit de $10 millions en 1978/79.
Afin de vous démontrer comment Donohue peut compléter son
investissement de $42 millions dans Donohue Saint-Félicien pour en
détenir 60%, je me dois de vous indiquer la source totale de ces $42
millions.
Premièrement, la participation déjà indiquée
de SGF ou de La Cellulose du Pin pour un montant global de $27 millions au
capital-actions de Donohue; l'utilisation des propres ressources
financières de Donohue pour un montant variant entre $6 millions et $9
millions et, enfin, un emprunt à long terme par voie d'émission
de nouvelles débentures de Donohue pour la différence, soit de $6
millions à $9 millions. Aussi dois-je vous dire que même si
Donohue jouit actuellement d'une excellente position financière compte
tenu de sa taille, elle se doit d'être prudente afin d'assurer
l'évolution et les progrès de ses opérations actuelles
à Clermont. Effectivement, le programme entrepris pour lui permettre de
se conformer aux normes antipollution continuera de requérir des
investissements annuels dépassant le million de dollars. Aussi, des
améliorations pour un approvisionnement accru en copeaux
nécessiteront de nouvelles immobilisations très
coûteuses.
Garantie de parachèvement. Depuis le début de
l'élaboration du dossier Saint-Félicien, les conseillers
financiers nous avaient indiqué que le financement à long terme
sous forme d'obligations ou débentures ne pourrait être
réalisé sans qu'une garantie de parachèvement ne soit
fournie aux investisseurs à long terme. Cette exigence est sans doute
naturelle si l'on compare les risques d'investir dans un nouveau projet,
particulièrement de l'envergure de celui-ci, et les autres occasions
qu'ont les institutions financières d'investir dans des titres de
grosses corporations multinationales. Vous réaliserez sans doute que ce
ne sont pas les taux d'intérêt qui suscitent le désir
d'investir si l'on en juge par les taux indiqués dans les discussions en
cours pour le financement obligataire.
Cette garantie de parachèvement comporte une première
phase qui donne l'assurance aux acheteurs de titres de créances qu'ils
investissent dans un projet qui sera sûr de démarrer,
c'est-à-dire que s'il y avait dépassement des coûts, le
financement supplémentaire doit être prévu. Dans ce
présent cas, ni l'un ni l'autre des participants n'a la capacité
de donner pareille garantie.
En conséquence, la SGF fournira cette garantie selon des termes
et conditions auxquels le lieutenant-gouverneur en conseil aura
préalablement acquiescé, tel que le stipule le projet de loi. Le
fait que BCFP ait le privilège d'augmenter sa participation dans
l'équité du projet si celui-ci était
complété en deçà des budgets acceptés
constitue
à notre avis une mesure incitative fort intéressante qui
réduit conséquemment la responsabilité de la SGF.
La deuxième phase de la garantie de parachèvement porte
sur l'engagement des participants d'intervenir si la nouvelle compagnie
n'était pas en mesure de rencontrer les paiements annuels
d'intérêts et de remboursement de capital. Dans le cas
présent, les participants ont convenu de s'engager à combler,
dans une certaine proportion, les manques possibles de liquidité, le
solde devant être à la charge de la SGF toujours selon des termes
et conditions acceptables par le lieutenant-gouverneur en conseil. Cette forme
de garantie de parachèvement est appelée à
disparaître, c'est-à-dire que les participants et SGF en seront
libérés aussitôt que les résultats financiers de
Donohue Saint-Félicien seront tels qu'ils permettront à cette
dernière de satisfaire aux critères usuels de couverture
d'intérêts et d'actifs qui se retrouvent dans la majorité
des financements obligataires à long terme.
A titre de conclusion de cet exposé sur le dossier de
Saint-Félicien, je veux signaler que les résultats de
l'étude de rentabilité effectuée par URS Coverdale et
Colpitts, ingénieurs industriels spécialisés dans
l'industrie des pâtes et papiers, ont constitué l'outil de base
qui a permis aux membres des conseils d'administration de Donohue et de BCFP de
décider respectivement à l'unanimité de procéder
à la réalisation du complexe forestier de
Saint-Félicien.
Les projections financières sont suffisamment encourageantes sans
pour autant être spectaculaires.
La viabilité économique et l'obtention du financement
à long terme sont réalisables uniquement en fonction des
subventions et interventions gouvernementales. Sur ce point particulier, il
faut quand même ajouter que les impôts prévus sur les
bénéfices dépassent $165 millions pour les vingt
premières années d'exploitation et si on ajoute les impôts
sur une masse salariale d'à peu près $30 millions par an et les
taxes de vente payées sur les approvisionnements annuels, ces
subventions et autres formes d'intervention deviennent elles-mêmes
rentables.
Pour Donohue, le projet Saint-Félicien marque un pas
considérable vers l'avenir, nous l'avons exprimé plus tôt.
Seule, Donohue ne pouvait tenter de relever un défi de cette taille.
L'association BCFP lui a fourni l'appui nécessaire pour réaliser
cette diversification majeure que lui apporte le projet de
Saint-Félicien. Donohue joindra le rang des grandes
sociétés intégrées du secteur des pâtes et
papiers. Donohue et Donohue Saint-Félicien sont des
sociétés essentiellements du Québec dirigées par
des Québécois et contrôlées par des
Québécois.
Cette réalisation assure à tous les
Québécois de partager dans les retombées
économiques qui résulteront de l'exploitation de la forêt
de Saint-Félicien, cette immense richesse naturelle qui appartient
à la collectivité du Québec et qui constitue son plus beau
patrimoine.
Au nom des administrateurs de Donohue, de
Donohue Saint-Félicien et de BCFP, je désire exprimer au
gouvernement du Québec tous nos remerciements et notre reconnaissance
pour la confiance qu'ils témoignent à tous ceux qui ont à
coeur la réussite du projet de Saint-Félicien. Ce succès
n'est pas automatique, il sera le fruit de la coopération de tous les
intéressés, de leur ardeur au travail et de leur loyauté.
Je veux également remercier les hauts fonctionnaires de tous les
ministères du gouvernement du Québec pour leur magnifique
collaboration.
Enfin, j'ai quelques commentaires sur la SGF 1976. Au début de
mon exposé, je vous ai mentionné que je terminerais par des
remarques sur la SGF, je serai très bref. Le 30 avril dernier, le
rapport annuel 1975 de la SGF était déposé à
l'Assemblée nationale du Québec, tel que le requiert la loi qui
la régit. Ce rapport, nous l'avons voulu très explicite et
très complet. Nous espérons qu'il vous a permis de
réaliser ce que SGF est à ce jour. Tous mes collègues
à la direction de la société sont d'avis que SGF a
aujourd'hui plus que jamais un rôle fondamental à jouer dans
l'économie québécoise. Il ne faut pas perdre de vue tous
les efforts qui ont été faits depuis sa fondation en 1962. A
cette époque, elle représentait une innovation
considérable et sa naissance n'a pas été sans
ébranler les moeurs et les coutumes traditionnelles du monde des
affaires.
Nous avons conçu notre rapport annuel 1975 pour qu'il
représente plus que les résultats financiers du dernier exercice
et la situation financière de la société à la fin
de 1975. L'orientation d'une SGF 1976, son triple rôle et sa politique de
gestion y sont bien définis. Nous n'hésitons pas à dira
que ce sont les ressources humaines qui sont la force d'une organisation et
que, dans capital humain, aucun capital financier ne pourrait fructifier.
L'évolution dans le mode de gestion, surtout dans la
méthode d'afficher la structure et les résultats financiers du
groupe SGF depuis 1973, a marqué le début d'une nouvelle
ère. Elle a coincide avec le rapatriement de toutes les actions par le
gouvernement du Québec.
Certaines statistiques suffisent pour vous permettre de mesurer les
progrès accomplis.
Le volume d'affaires consolidées est passé de $249
millions en 1973 à $314 millions en 1974 pour atteindre $382 millions en
1975.
Le résultat net d'opérations appartenant à la
société est passé d'une perte de $5,2 millions en 1973
à un bénéfice de $6,8 millions en 1974 et à un
bénéfice de $13,2 millions en 1975.
L'avoir de l'actionnaire aux livres de la société
s'établissait à $31 millions à la fin de 1973, a
grimpé à $49 millions à la fin de 1974, pour atteindre $76
millions à la fin de 1975.
Pendant cette période, l'actionnaire a souscrit $25 millions dont
$20 millions avaient été encaissés à la fin de
1975.
La quasi-totalité des bénéfices
réalisés par chacune des sociétés est
réinvestie dans chaque entreprise pour lui permettre de prendre le
maximum d'expansion avec le minimum de contraintes financières.
Messieurs, je vous remercie de l'attention que
vous m'avez accordée et sachez que je suis à votre
entière disposition pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. David.
L'honorable ministre.
M. Saint-Pierre: Je voudrais remercier M. David. Bien sûr,
dans l'exposé très complet qu'il nous a donné sur
l'ensemble des contrats qui sont intervenus, sur l'historique du projet de
Saint-Félicien, on retrouve de la part des dirigeants de Donohue et
également de la part des dirigeants de la Société
générale de financement, bien des heures de travail. Ces
choses-là ne se retrouvent pas dans l'encyclopédie Larousse; il
faut les faire à la suite de beaucoup de négociation et de
beaucoup de labeur pour être sur la bonne voie.
Personnellement, j'ai été associé à la
plupart de ces développements. Peut-être que toutes les questions
que j'avais à poser, je les ai posées avant aujourd'hui et je
m'en voudrais de ne pas laisser à mes collègues de la commission
l'occasion de poser à M. David ou à M. Massé toutes les
questions qu'ils voudraient bien sur les points qui ont été
soumis.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
remercie également, au nom de l'Opposition officielle, les
représentants de la Société générale de
financement pour leur exposé très détaillé du
projet de Saint-Félicien et de toutes les étapes qui ont
amené sa concrétisation. Je partage l'idée qu'ils
expriment selon laquelle la Société générale de
financement a aujourd'hui, plus que jamais, un rôle fondamental à
jouer dans l'économie québécoise, surtout dans le secteur
forestier en particulier.
On ne peut faire autrement que de remarquer aussi que la
Société générale de financement et la compagnie
Donohue Ltée également se révèlent comme un
instrument très efficace, puisque, dans leurs rapports annuels qu'on
nous a présentés pour 1975, on est à même de
constater que le bénéfice net d'exploitation a été
de $7 569 millions, ce qui représente une augmentation, en termes de
bénéfice net, par rapport à l'année 1974, quand on
sait jusqu'à quel point la situation a été difficile dans
l'industrie des pâtes et papiers, je pense que cela constitue quand
même une performance qui est vraiment digne de mention.
Pour ce qui est des questions que nous aurions à poser, M. le
Président, je pense bien qu'étant donné le fait que
je l'ai mentionné tout à l'heure ce projet était
dans l'air depuis plus d'une dizaine d'années, il est évident
qu'il y a toujours un certain scepticisme qui a prévalu, lorsqu'il y a
eu des annonces antérieures; il est clair que l'annonce de la
réalisation de ce projet qui a été faite tout
dernièrement est définitivement plus sérieuse que les
précédentes. L'exposé que vous en avez fait montre
jusqu'à quel point on peut espérer en la réalisation de ce
projet.
Vous comprendrez que ma première question se rapporte à la
page 18 de votre exposé où vous faites état d'un
échéancier des travaux. Je voudrais simplement, puisqu'on y
mentionne que la date de parachèvement des travaux de l'usine, à
la fin de 1978 ou au début de 1979, marquera le point de départ
des opérations du complexe... "Le coût réel du projet
comprend des investissements qui seront faits en 1979, au début des
opérations de l'usine de pâte. En effet, ce n'est pas avant 1980
que les revenus d'opérations seront suffisants pour couvrir les
dépenses en capital additionnelles pour mener à bien le
projet."
Lorsque le projet a été annoncé, afin
d'éliminer tout scepticisme possible, par rapport à la
réalisation du projet, on a tiré, dès le lendemain, dans
les journaux que les travaux de la Donohue commençaient dès
aujourd'hui, en se référant au lendemain de l'annonce du projet.
Est-ce que vous seriez en mesure de nous préciser
l'échéancier de la réalisation des travaux...
M. David: Jusqu'à maintenant, la réalisation...
M. Bédard (Chicoutimi): ... d'ajouter quelque chose
à ce qui a été dit déjà sur ce sujet.
M. David: Pour être précis, je pense que le contrat
de déblaiement du terrain était celui qui commençait,
effectivement, le lendemain de l'annonce du projet à
Saint-Félicien, soit le 22 avril. L'excavation proprement dite doit
débuter ces jours-ci, peut-être que c'était ce matin,
peut-être que c'était hier. Ce sera sûrement d'ici quelques
jours. Tout s'enchaînera après. Je pense que c'est assez
difficile. Je n'ai pas l'échéancier des ingénieurs pour
dire de quelle manière chaque phase sera construite, mais tout ce que je
peux vous dire, c'est qu'au moment présent, l'excavation pour les
fondations doit débuter, si elle n'a pas débuté ce
matin.
Lorsqu'on commence une excavation de l'ordre de plus de $1 million, il y
a le renforcement...
M.-Bédard (Chicoutimi): C'est sérieux.
M. David: ...des sols. Tout va suivre, suivant
l'échéancier prévu par les ingénieurs. Ce sont des
données que je n'ai malheureusement pas en ma possession
aujourd'hui.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans doute la date approximative
du commencement de la production des premières tonnes de pâtes et
papiers...
M. David: Je pense que c'est le dernier trimestre de 1978. Pour
être en mesure, au cours de l'année du calendrier 1979, d'obtenir
graduellement, pour toute l'année 1979, 70% des capacités de
production ceci est dans moins de trois ans on espère, en
1982, que l'usine atteindra le maximum de sa capacité,
c'est-à-dire 262 000 tonnes. Déjà, si en 1979, le
pourcentage de 70% de productivité est atteint, ce sera presque un tour
de force, parce qu'il y a eu quand même des retards dans le début
des travaux. Il y a quelques bou-
chées qui doivent être prises en double dans les prochains
mois.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 9 de votre
exposé...
M. Lamontagne: M. le Président, arrivant moi-même de
Saint-Félicien ce matin, je pourrais vous dire où cela en est
rendu. Je sais que la machinerie... Un deuxième contrat a
été accordé à une compagnie du lac Saint-Jean,
Laprise Construction du comté de Lac-Saint-Jean, qui est sur les lieux
et qui doit commencer effectivement mercredi matin, demain matin. En même
temps, il y a une partie importante du projet de Donohue qui est l'acquisition
des scieries participantes.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour en arriver justement
à ce point que je voulais demander ce que...
M. Lamontagne: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... puisqu'à la page 9,
à laquelle je me référais, vous dites ceci: Que le
complexe forestier Saint-Félicien comprend la construction d'une usine
de pâte kraft blanchie d'une capacité annuelle de 262 000 tonnes;
l'intégration des trois scieries existantes: Produits Forestiers M.P.,
Scierie Normandin, Chibougamau Lumber.
Pourriez-vous expliciter un peu cette intégration...
M. David: Cette intégration...
M. Bédard (Chicoutimi): ... concernant Chibougamau Lumber,
est-ce qu'il y a des achats qui ont été faits?
M. David: L'entreprise des Produits Forestiers M.P. avait
été achetée par Donohue à la fin de 1973 et j'ai
fait une mention pour dire que c'était pour avoir pignon en forêt.
C'était pour mettre vraiment le pied dans la forêt de
Saint-Félicien. La Scierie Normandin a été acquise
à la fin de 1975, au début de 1976, et-la Chibougamau Lumber sera
acquise incessamment. Ces trois scieries sont celles qui détenaient le
maximum de droit de coupe dans la forêt de Saint-Félicien, et
c'est ce droit de coupe qu'il a fallu augmenter de 106% pour passer d'à
peu près 279 000 cunits à 580 000 pour permettre une production
de copeaux suffisamment considérable pour alimenter l'usine de
pâte, parce qu'une usine de pâte, ce n'est pas comme une usine de
sciage. Lorsque ça commence, ça va fonctionner 345 jours par
année, 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Il fallait que les
scieries soient intégrées pour assurer l'approvisionnement. On ne
pouvait pas dépendre d'achats de copeaux des scieries sans qu'elles
soient intégrées, parce que si les scieries ne sont pas sous le
contrôle de l'usine de pâte, elles peuvent produire suivant des
cycles différents et l'approvisionnement de copeaux pour l'usine de
pâte serait devenu totalement vulnérable.
M. Bédard (Chicoutimi): En parlant de l'intégration
de la Scierie Normandin, le montant que ça représentait, est-ce
que c'était aux alentours de $5 millions? Est-ce que vous seriez en
mesure...
M. David: ... aux alentours de $5 millions.
M. Bédard (Chicoutimi): ... de nous dire combien le tout a
coûté, autrement dit...
M. David: La Scierie... Produits Forestiers...
M. Bédard (Chicoutimi):... détailler un peu les $19
439 000 que vous prévoyez, à la page 19 de votre rapport, pour
l'achat des scieries existantes?
M. David: Oui. La scierie des Produits Forestiers...
M. Saint-Pierre: On va vous en donner deux et on va vous laisser
calculer la troisième.
M. David: ... M.P. a été achetée par Donohue
en 1973. Donohue est une compagnie publique, c'est connu du public qu'elle
avait payé $2 700 000 pour ça, avec les frais d'acquisition, cela
a monté à $2 800 000. Pour la Scierie Normandin, on a payé
$5 500 000, M. Walsh?
M. Walsh: Oui, mais, dans un cas, nous avons acheté les
actions...
M. David: Dans l'autre cas, nous avons acheté les actifs,
dans le cas...
M. Walsh: Ce n'est pas la même chose.
M. David: ... de la Scierie Normandin, on a payé $5 500
000 pour tous les actifs, mais il a fallu ajouter à cela les inventaires
de copeaux, les inventaires de bois, tout ce qui était sur les lieux, en
plus, ce qui fait probablement un déboursé de l'ordre de $7,5
millions et vous arrivez aux environs de $10,5 millions et par
différence, c'est-à-dire $7,5 millions et un peu plus, vous
arrivez à Chibougamau Lumber.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui veut dire Chibougamau
Lumber, à peu près dans les $12 millions? Par rapport à
$18 millions?
M. David: Pardon?
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous préciser
concernant Chibougamau Lumber?
M. David: Chibougamau Lumber, cela variera entre $7,5 millions et
$7,8 millions. Le prix sera déterminé suivant le bilan qui sera
préparé à la date la plus près de l'achat. Alors,
cela ne peut être moins de $7,5 millions et pas plus que $7,8 millions.
Mais il y a aussi des dettes dans ces compagnies qu'il faut assumer. C'est ce
qui fait qu'au total une page plus loin vous arrivez à un
montant aux environs de $19 millions.
A la page 19, vous arrivez à un montant de $19 439 000.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Lamontagne: Si vous me permettez...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Lamontagne: ... dans le cas de Chibougamau Lumber, vous avez
mentionné à Saint-Félicien, le 21 avril, que vous aviez
une option expirant le 15 juin. Cela veut-il dire que vous vous proposez
d'acquérir...? C'est le 25 mai aujourd'hui.
M. David: Oui, effectivement. Demain, le conseil d'administration
se réunit pour prendre des décisions appropriées afin de
compléter cette acquisition.
M. Bédard (Chicoutimi): D'ailleurs, vous en parliez comme
d'une chose faite.
M. David: Pardon?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous en parliez comme d'une chose
faite...
M. David: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... du moins dans votre
dossier.
M. David: Le fait d'avoir obtenu l'option pour nous était
d'assurer l'approvisionnement. Maintenant que les subventions ont
été confirmées, nous espérons fort bien que la loi
35 sera également acceptée, je pense que nous aurons une grande
partie des fonds nécessaires pour procéder.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, étant
donné qu'il est 18 heures, ajournons-nous?
La commissions suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. M. Saint-Pierre:
20 h 15. Même place.
Le Président (M. Brisson): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
Est-ce que le député de Chicoutimi veut continuer ses
questions, hormis que l'honorable ministre ait quelque chose à ajouter
avant?
M. Saint-Pierre: Non, allez.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 15 du rapport que vous
nous avez présenté, au troisième paragraphe, vous dites
textuellement ceci: "Les scieries absorberont 372 000 cunits qui serviront
à produire 155 millions de pieds de planche et 294 500 tonnes de
copeaux. Les autres 202 800 cunits seront dirigés vers les
déchiqueteuses pour produire 253 500 tonnes de copeaux auxquelles
s'ajouteront les copeaux des scieries pour faire un total de 548 000 tonnes,
lequel représente 93% des besoins maxima de l'usine de pâte. Il
est donc prévu de combler l'alimentation en copeaux de l'usine par
l'achat d'environ 40 000 tonnes de scieries avoisinantes."
Est-ce que cela implique que vous n'aurez pas recours, par exemple,
à ce que pourraient vous apporter les petits producteurs de bois qui
peuvent exister dans la région? Je sais qu'ils sont assez nombreux.
M. David: Justement, monsieur, les 40 000 tonnes de copeaux qui
seront achetées proviendront des petites scieries de la
région.
M. Bédard (Chicoutimi): Des petits producteurs.
M. David: Des petits producteurs. Il n'est pas prévu de
faire des ententes à long terme avec qui que ce soit.
M. Lamontagne: M. David, dans ces 40 000 tonnes justement, dans
votre texte on ne voit rien concernant un protocole d'entente qui serait
censé intervenir entre, par exemple, les chantiers d'Argenson de La
Doré, qui est à l'origine un peu du projet, avec le
ministère des Terres et Forêts et la compagnie Donohue. On ne
retrouve cela nulle part. Un protocole d'entente devait être signé
entre les chantiers d'Argenson, Marc Castonguay...
M. David: Laberge.
M. Lamontagne: Non. Pas Laberge. Mailloux et Frères.
M. David: Non, il n'y en a pas. A ma connaissance, M. le
député, il n'est envisagé de signer aucun protocole
d'entente à long terme avec les producteurs de la région.
D'ailleurs, ces derniers sont libres de vendre ailleurs et nous, pour notre
part, nous pouvons nous engager, parce que si, avec les années, la
capacité des scieries devait
augmenter, fort probablement que nous serions capables de nous alimenter
en totalité.
M. Lamontagne: C'est parce que les scieries que je viens de
nommer ont reçu déjà, du ministre des Terres et
Forêts, il y a déjà une couple d'années, en
même temps que Chibougamau Lumber et en même temps que Cyrille
Normandin, une lettre leur confirmant un approvisionnement additionnel
égal presque au double de leur production existante, sous condition
expresse qu'ils signent un contrat à long terme avec la compagnie
Dono-hue pour leur approvisionnement en copeaux. Ils ont toujours cette lettre
dont ils peuvent se prévaloir.
M. David: Je pense qu'il y a une autre condition qui est
sous-jacente à cette lettre, M. le député, cela
requérerait, de la part de ces scieries-là, des investissements
additionnels et si elles les faisaient pour exploiter le bois, pour avoir un
plus grand débit, si vous voulez, j'imagine qu'il faudrait qu'elles
fassent des investissements additionnels et tant que le complexe ne peut pas
être assuré que les scieries que vous mentionnez seront en mesure
de les produire, le complexe ne peut pas compter dessus.
M. Lamontagne: On va prendre un cas précis, qui est tout
de même assez important dans notre région, dont la
propriété est la chaîne coopérative du Saguenay, les
chantiers d'Argenson de La Doré qui est leur section forestière.
Les représentants de cette compagnie, que j'ai rencontrés hier
matin chez moi, sont en possession d'une lettre du ministère des Terres
et Forêts leur assurant un approvisionnement égal au double de
leur production actuelle et, en aucun endroit dans la lettre, il n'était
indiqué qu'ils devont faire des investissements personnels. Ils n'ont
même pas besoin d'en faire, ils exploitent presque leur moulin à
la moitié de leur capacité. C'était sous condition
cependant. Ils ont droit à cet approvisionnement. Mais ils doivent
être liés à la compagnie.
M. David: L'approvisionnement du bloc sud?
M. Lamontagne: Non, non, ce n'est jamais dans le sud, par
exemple.
M. David: C'est justement, ça prend des investissements
additionnels pour se rendre au nord.
M. Lamontagne: Ils peuvent avoir besoin d'approvisionnements
additionnnels...
M. David: Cela demande de l'investissement additionnel pour se
rendre au nord.
M. Lamontagne: Ce n'est pas une condition indiquée dans la
lettre.
M. David: Cela veut dire... je m'excuse, M. le
député, je ne suis pas au courant de cette lettre. Je me rappelle
très bien le contexte original et j'y fai- sais allusion au début
de mon exposé que, dans la politique du ministère d'avoir une
opération plus rationnelle, vous vous souvenez sans doute du principe
d'une société mixte qui a été étudiée
pendant plusieurs mois où les scieries REXFOR et la nouvelle compagnie
devaient réunir leurs capitaux pour faire une société
mixte d'exploitation forestière et il y aurait échange de copeaux
contre échange de billots. Tout ça s'est avéré
tellement difficile, impraticable et ne permettait pas l'assurance
d'approvisionnement tel que la conception d'aujourd'hui le permet, c'est pour
cela que ç'a été abandonné. Quant à la
lettre à laquelle vous vous référez, je me sens vraiment
mal à l'aise d'y répondre.
M. Lamontagne: Si on prenait ma question autrement,
indépendamment de ces lettres, est-ce que vous avez l'intention de
signer des contrats avec les scieries avoisinantes?
M. David: Oui, mais pas à long terme. M. Lamontagne:
Pas à long terme.
M. Bédard (Chicoutimi): D'une façon globale,
concernant l'approvisionnement, est-ce que les producteurs de bois, je pense
même aux producteurs agricoles ou encore au propriétaire de petit
boisé. Est-ce qu'il peut s'attendre que vous recouriez à lui, de
manière à lui permettre...
M. David: Pour l'approvisionnement de copeaux, pour les 40 000
tonnes qui manquent, possiblement.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. David: Pour l'approvisionnement des copeaux, pour les 40 000
tonnes qui manquent, fort possiblement.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais il n'y a pas de
garanties?
M. David: II n'y a pas de garanties, ni d'une part ni de l'autre.
Ces gens ne se sont pas engagés à nous les vendre et Donohue
Saint-Félicien ne s'est pas engagée à les acheter.
M. Bédard (Chicoutimi): Et ils ne s'engagent pas, en
priorité, à les acheter, non plus?
M. David: Non plus. Pour la même raison qu'ils pourraient
avoir des offres plus intéressantes de la part d'autres usines de
pâte de la région.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon. Concernant toujours les
scieries et certains profits que vous anticipez aux années 1977, 1978 et
1979 à la page 21 du rapport que vous nous avez
présenté vous nous dites ceci: "A ces fonds viennent
s'ajouter des fonds autogénérés par les
opérations". Vous tenez ça pour acquis. "En 1977, $4 175 000 par
les scieries; en 1978, $4 411 000 et en 1979,
$9 734 000 par les scieries et l'usine de pâte, ce qui fait un
total de $18 320 000."
J'imagine que cela est à la condition que les scieries soient
rentables au point où vous le dites. Dans la conjoncture actuelle, on
peut dire...
M. David: Cela n'existe pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette rentabilité n'existe
pas. Mais qu'est-ce qui vous fait croire que la non-rentabilité, si on
regarde la situation à l'heure actuelle, peut se convertir en
rentabilité?
M. David: Ce ne sont pas les bénéfices. Quand on
parle de fonds autogénérés, c'est une possibilité
de faire une certaine partie de bénéfices, mais c'est surtout
l'amortissement qu'ils imputent à leurs opérations qui est une
dépense qui n'entraîne pas une sortie de fonds.
Comme vous le savez, les scieries possèdent
énormément d'équipement mobile en forêt qui, pour
fins d'opération, sont des choses qui se déprécient
rapidement et qui se financent sur une plus longue période de temps. Ce
n'est pas nécessairement un bénéfice, loin de là.
C'est surtout de l'amortissement qui est imputé aux opérations et
qui permet de produire de la liquidité.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Un peu plus loin vous
dites ceci: "La législation envisagée autorise le ministre des
Finances à souscrire au trésor de la Société
générale de financement des actions à dividendes
différés pour $37 millions et à verser une prime en marge
de cette souscription de l'ordre de $4,625 millions. Ces montants sont des
maxima et si la Cellulose du Pin exécutait son intention
confirmée de participer à l'augmentation du capital-actions de
Donohue, le montant de la souscription du gouvernement serait réduit
à $27 millions et la prime s'y rapportant à $1,828 million."
Lorsque vous employez le conditionnel concernant l'intention
confirmée de la Cellulose du Pin, jusqu'où va votre confiance?
Est-ce que cette intention confirmée se concrétise
réellement? Si vous employez le conditionnel, est-ce parce que vous
exprimez par là certains doutes?
M. David: M. le député, je vais vous dire que la
confirmation existe.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. David: Elle est de fait. Je l'ai écrite dans ma
valise.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. David: La seule chose est qu'elle est assujettie à des
autorisations gouvernementales de la France pour l'exportation de devises
étrangères au Canada. C'est un mécanisme totalement hors
de notre contrôle. Nous ne mettons en doute d'aucune manière la
bonne foi de notre associé, si vous voulez, mais il peut y avoir des
délais dans cela qu'on ne peut mesurer.
Par ailleurs, je pense que vous comprenez que c'est urgent pour nous
d'investir les fonds. Si elle résussissait à obtenir les
autorisations requises dans un court délai, le gouvernement ne serait
plus appelé à souscrire $37 millions, mais seulement $27
millions. La prime de $4,625 millions serait réduite à $1,828
million, parce que les Français se seraient exécutés dans
un très court délai. Je dois admettre que, mes collègues
de Donohue et de Donohue Saint-Félicien et moi nous partageons la
même confiance. Seulement, c'est complètement hors de notre
contrôle.
M. Bédard (Chicoutimi): La compagnie Cellulose du Pin
partage cette même confiance?
M. David: Financièrement, il n'y a aucune
difficulté.
M. Bédard (Chicoutimi): Probablement qu'il n'y aura pas de
difficulté au niveau du gouvernement.
M. David: C'est la chose que je ne connais pas. Son
habileté financière à le faire est indiscutable. C'est
l'assurance d'obtenir l'autorisation requise qui est un point d'interrogation
de notre part.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce parce qu'on veut avoir une
partie de la production, si elle investit comme cela?
M. David: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Non?
M. David: C'est un groupe de forestiers de pâtes et
papiers, mais la seule chose à laquelle ils seraient
intéressés, ce seraient des copeaux. Des copeaux, c'est
extrêmement dispendieux à expédier en Europe.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 13 de votre
rapport une seconde...
M. Lamontagne: Peut-être qu'en attendant, je pourrais poser
une question. A la page 19, vous écrivez, premièrement, achat du
terrain. Pouvez-vous me donner le coût de l'achat du terrain?
M. David: $50 000 approximativement.
M. Lamontagne: De qui achetez-vous cela?
M. David: Du ministère de l'Agriculture.
M. Lamontagne: Vous payez $50 000 au ministère de
l'Agriculture?
M. David: $50 000, oui.
M. Lamontagne: Je voudrais vous faire remarquer également
que, lorsque vous écrivez le coût total du projet, $288 000, pour
ne pas fausser les chiffres, c'est quant à la compagnie, parce qu'en
plus, différents ministères doivent intervenir
pour des routes, également de l'infrastructure municipale, ce qui
monte le projet à $300 millions.
M. David: I! n'y a pas de doute. Ce sont vraiment les
déboursés que la compagnie Donohue Saint-Félicien s'engage
à faire.
M. Lamontagne: Au point de vue gouvernemental, le projet
apparaît .a $300 millions.
M. David: Absolument. Je suis totalement d'accord.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions,
messieurs?
Le député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, au sujet de la production,
l'usine aura une capacité de production de 760 tonnes de pâte
kraft blanchie par jour et fonctionnera 345 jours par année.
Actuellement, est-ce que vous calculez produire 760 tonnes aussitôt que
ce sera construit ou si ce sont des projections?
M. David: Ce sont des projections, mais ce sont des projections
très réalistes. En pourcentage, si vous voulez, en 1979, qui sera
les premiers douze mois complets d'activité, graduellement, on atteindra
70% pour, après cela, augmenter à peu près à 80% en
1980, à 86% ou 88% en 1981. Ce n'est qu'en 1982 qu'il est prévu
que l'usine atteindra la totalité de sa capacité,
c'est-à-dire près de 760 tonnes par jour.
M. Marchand: 760 tonnes, c'est le maximum.
M. David: C'est-à-dire que c'est un maximum...
M. Marchand: Vous ne pouvez pas aller plus haut que cela.
M. David: On peut aller plus haut que cela. On a un coefficient
de réserve d'à peu près 10% à 11% de plus.
M. Marchand: 10% à 11% de plus.
M. David: Oui. Ce qui pourrait amener cela à peu
près à quelque 800 tonnes par jour, 830 tonnes.
M. Marchand: Est-ce que les usines de la BCFP ont à peu
près les mêmes normes que vous?
M. David: Non, ce sont deux usines plus petites, mais qui, avec
les années et avec l'amélioration de la technologie, ont fait
qu'une usine, celle qu'on appelle, dans le groupe BCFP, l'usine de Mackenzie, a
été conçue pour produire, à l'origine, 200 000
tonnes par année, atteint maintenant à peu près 240 000
tonnes par année, après quatre années d'existence.
Le même phénomène s'est produit, monsieur, au niveau
de la machine à papier journal de Donohue, à Clermont. La
dernière a été conçue pour une capacité
d'à peu près 100 000 tonnes par année, et elle a produit
140 000 tonnes en 1974.
M. Marchand: S'il y avait un besoin d'une plus grande production,
est-ce qu'il y a des projections de faites pour... Actuellement, il n est pas
question de penser à cela.
M. David: Voici ma réponse: II faut que je la qualifie
au-delà des 10% ou des 11% de plus. Cela se justifie avec des
investissements autour de $1 million par année. Si on pensait à
aller au-delà de ça, les investissements seraient de beaucoup
supérieurs.
M. Marchand: Parce que je remarque que dans vos ventes à
l'extérieur, il y a les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, l'Angleterre
et d'autres pays. Mais je sais aussi que, par exemple, la Russie est un client
possible. Est-ce qu il y a une possibilité d'écoulement dans ces
pays?
M. David: Non, c'est totalement exclu. M. Marchand: C'est
exclu actuellement. M. David: Actuellement, oui monsieur.
M. Marchand: II n'y a pas de possibilité de fournir ces
pays au besoin.
M. David: A long terme, on n'aurait pas de capacité
disponible avant que ies contrats de cinq ans... Si les contrats de cinq ans ne
se renouvelaient pas et s'il n'y avait pas une deuxième phase de
transformation. Mais jusqu'à maintenant, c'est totalement exclu à
la base.
M. Marchand: Parce que lorsqu'est arrivé un surplus de
papier journal dans nos usines, je sais qu'on a vendu à la Russie, il y
a quelques années, et cela a débloqué notre marché
qui était saturé à ce moment, parce que les Etats-Unis
avaient grossi leur potentiel. De toute façon, je pense que vos ventes
sont passablement assurées pour fournir ça.
M. David: Nos ventes sont totalement assurées ou presque,
à l'exclusion de la Russie.
M. Marchand: Je vous remercie.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans son discours de
deuxième lecture, le ministre a dit que la transformation en pâte
pouvait constituer une première étape qui pourrait se traduire,
dans une deuxième étape, par un autre genre de transformation qui
peut être le papier, etc., et amener peut-être la construction
d'une deuxième usine en fonction de cette nouvelle étape. A la
page 13, quand on regarde les contrats que vous avez à long terme,
cinq ans, dix ans, vingt ans, est-ce que ces contrats à long
terme pour la vente de la pâte peuvent compromettre, d'une certaine
façon, cette deuxième phase de transformation qu'on pourrait
envisager?
M. David: Pas tellement parce que je dois vous dire que la
deuxième phase de transformation ne serait possible qu'à partir
de la dixième année...
M. Bédard (Chicoutimi): Ah bon!
M. David: ... parce que les coûts sont exorbitants au
départ et seront, en définitive, plus élevés dans
dix ans, mais, par ailleurs, ce sont des représentations que nous avons
faites aux deux paliers de gouvernement qui donnent des subventions au projet.
La deuxième phase sera subventionnée par les
bénéfices de la première opération et on ne pense
pas qu'il y ait suffisamment de capitaux disponibles ou de fonds
accumulés entre 1988, 1989, 1990 pour penser à une
deuxième phase.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Dans dix ans.
M. David: C'est une des raisons pour lesquelles nous ne voulons
pas dépasser 50% de ventes au-delà de dix ans.
M. Bédard (Chicoutimi): Toujours à la page treize
de votre rapport, vous mentionnez que, pour écouler le produit de votre
usine, Donohue Saint-Félicien a retenu les services d'une des plus
vieilles et des plus importantes organisations de distribution de pâte
à papier d'Amérique du Nord et d'outre-mer excusez ma
prononciation Mead Pulp Sales Inc. Je voudrais savoir si cette compagnie
s'occupe de tout l'ensemble de la distribution...
M. Marchand: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): ... y compris la partie qui doit
être écoulée sur le marché
québécois.
M. David: Non. Ce qui est pour être écoulé
sur le marché québécois nous est un peu
réservé. Il y a d'autres fabricants sur le marché
québécois et on n'a pas de demandes de consommateurs
québécois dans le moment.
D'ici quelques semaines ou, au plus tard, à la fin de juillet, la
totalité sera vendue et, s'il y avait eu des consommateurs
québécois, ils auraient été responsables de la
sollicitation. Il n'y en a pas eu d'identifiés, même au
départ, au tout début.
M. Bédard (Chicoutimi): D'une façon globale, en ce
qui a trait à la main-d'oeuvre qui sera nécessaire par ce projet,
j'imagine que la priorité pourra être en fonction de la
région en autant que c'est possible.
M. David: Absolument.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous nous dire comment
cela peut se traduire au niveau des achats de service ou encore au niveau de la
main-d'oeuvre elle-même? Comment la priorité régionale
peut-elle se traduire, dans votre esprit, dans ces domaines?
M. David: Je pense qu'elle est évidente, la
priorité régionale; l'appui que le gouvernement a accordé
au projet est définitivement en fonction de cette priorité
régionale. On sait qu'il y a un haut niveau de chômage dans la
région. Par ailleurs, on sait qu'il y a quand même une
main-d'oeuvre fortement spécialisée ou qualifiée dans
cette région et c'est l'intention de la direction de Donohue
Saint-Félicien de donner la préférence à tous les
gens de la région qui voudront bien accepter de l'emploi.
M. Saint-Pierre: Est-ce à dire que les gens du
Lac-Saint-Jean vont avoir la priorité sur les gens du Saguenay?
M. David: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): On ne forme qu'une région,
M. le ministre, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est solidaire.
M. Lamontagne: Dans le même ordre d'idées, M. le
Président, je voudrais vous poser une série de questions. La
première, qui est le gérant de construction de l'usine?
M. David: II n'est pas nommé encore. Le principe de
construction, le choix entre avoir un entrepreneur général ou un
directeur de projet, on va le déterminer dans les tout prochains
jours.
M. Lamontagne: Venant du milieu, on a vu pas mal, au cours des
derniers mois, la compagnie Sandwell venir chez nous. Actuellement, c'est cette
firme d'ingénieurs qui a la gérance officieuse de la construction
du projet.
M. David: Sandwell est la firme d'ingénieurs responsable
de l'établissement de la technique, de la conception, de
l'ingénierie globale de l'usine de pâte. Elle a été
retenue sur la recommandation d'un comité formé de membres de
BCFP et de Donohue. Il y a eu quatre firmes canadiennes d'ingénieurs qui
ont été invitées à soumissionner, à offrir
leurs services pour l'ingénierie du projet et Sandwell a
été retenue. Sandwell est responsable, à date de
l'élaboration de tout le procédé, de la préparation
des plans et devis, mais elle n'a pas encore la responsabilité de la
direction du projet comme telle. C'est une chose sur laquelle nous devons nous
pencher dans les tout prochains jours, pour décider si nous devons avoir
un directeur de projet, que ce soit Sandwell ou une autre firme
d'ingénieurs, ou si on doit retenir les services d'un entrepreneur
général comme directeur de projet, qui verra à donner les
sous-contrats nécessaires pour les différentes phases de la
cons-
truction. Je ne peux pas donner plus de précision aujourd'hui sur
ce sujet.
M. Lamontagne: Compte tenu, M. David, que vous êtes
peut-être à la veille de prendre de telles décisions, je
pense qu'il est peut-être bon de rappeler les préoccupations
gouvernementales, tant fédérales que provinciales. Il s'agit d'un
projet situé au Québec, auquel participe BCFP, même
minoritaire, mais au cours de la construction, c'est BCFP qui doit gérer
la construction jusqu'à la livraison. C'est une compagnie de la
Colombie-Britannique. Si, vous y joignez également Sandwell, dont,
évidemment on ne discute pas la compétence du projet, il est
normal que nous ayons certaines inquiétudes quant à la place que
pourra occuper le Québec, tant du point de l'équipement, de la
fourniture de l'équipement que du point de vue des emplois. Demeurant
moi-même à Saint-Félicien, j'ai pu voir, depuis le 21
avril, que notre milieu était fortement préoccupé par ces
choses. Pour ceux qui ont dû faire affaires avec la compagnie Standwell,
malgré toute la bonne volonté de cette compagnie, il était
assez évident qu'elle n'avait pas la connaissance de notre milieu
régional, et encore moins, peut-être, du milieu dans lequel
l'usine doit être construite.
Il serait peut-être sage, à mon avis, d'impliquer des
Québécois d'une façon très intensive dans toute la
bonne marche de cette industrie.
Vous aurez sans aucun doute à placer des commandes où les
industries du Québec peuvent être en conflit avec des industries
de l'Ontario ou d'autres provinces de l'Ouest, je pense qu'il serait normal
qu'une certaine personne puisse participer avec des gens de l'Ouest canadien
à l'élaboration des politiques de construction. Il serait
absolument malheureux que le Québec, fournissant autant d'efforts dans
le développement, voit cette industrie se construire avec des gens de
l'extérieur du Québec.
Je pense que nous comptons déjà, comme vous l'avez
souligné vous-même, beaucoup de compétence dans la
région Saguenay-Lac-Saint-Jean et si nous étendons cette
compétence au niveau de tout le Québec, nous sommes
assurés que vous pourriez assez facilement, à mon avis, faire
affaires complètement au Québec. Bien sûr, peut-être
dans certains cas, il pourra en coûter quelques sous de plus comme cela
est normal, mais je pense qu'il y a des décisions à prendre, en
tant que président d'industries privées et ne jamais oublier les
objectifs du gouvernement dans cette volonté politique d'établir
une telle industrie dans le secteur de Saint-Félicien.
J'ai trouvé assez difficile au cours des dernières
semaines, d'obtenir des informations quant aux soumissions, par exemple, ce
n'est pas notre affaire d'en connaître mais Mon Dieu! il faut tout de
même que quelqu'un donne des renseignements à quelqu'un.
J'espère qu'au cours des prochains jours, on pourra peut-être un
peu mieux renseigner la population du milieu. Parce que pour la population du
milieu, il n'y a pas de cachette là-dedans. Il s'adresse au gouvernement
et ç'a toujours été le gouvernement qui a
été blâmé de ne pas avoir réalisé
cette industrie, bien que votre exposé démontre qu'il faut s'unir
avec beaucoup d'autres.
C'est une préoccupation que nous avons et je voudrais me faire
l'interprète, en vous disant ça, des gens de notre milieu. On
espère que vous saurez impliquer des Québécois et des gens
de la région. Lorsque le député de Chicoutimi vous parle
de priorité d'emploi dans notre milieu, il faut qu'il en soit ainsi, car
nulle part dans votre exposé du début, il n'en a
été fait mention.
M. Bédard (Chicoutimi): On est choyé en termes de
chômage.
M. Lamontagne: II n'en a pas été fait mention du
tout. Pour vous aider, justement là-dessus, le ministère du
Travail ouvre demain un centre de main-d'oeuvre à Saint-Félicien.
Nous en avons déjà deux dans le comté de Roberval, mais
pour faciliter votre tâche, un bureau supplémentaire sera à
votre disposition à Saint-Félicien même. Donc, je pense que
le gouvernement essaie de tout mettre en oeuvre pour que les effectifs du
milieu et de la province soient favorisés. Personnellement, cela me
ferait un peu mal au coeur d apprendre que la compagnie Donohue vient de donner
un contrat d'une dizaine de millions à un gars de l'Ontario parce que
ça coûte peut-être $25 000 moins cher ou, mettez-en, $100
000 moins cher alors qu'on a peut-être un producteur de même nature
au Québec. C'est un peu dans cet esprit, je pense, au début, dans
les premières semaines, d'un projet de $300 millions, il faut être
prudent. J'espère que vos associés dans ce projet se souviendront
de votre phrase que vous mentionniez au début, soit que, sans la
participation du gouvernement du Québec, c'était impossible de le
réaliser.
M. David: M. Lamontagne, je prends bonne note de vos
commentaires. Soyez assuré de notre collaboration la plus entière
pour faire le maximum d'investissement, tant en équipement qu'en
main-d'oeuvre au Québec. C'est évident que la région sera
la première appelée à fournir le maximum de
capacité humaine; quant à l'équipement, il peut y avoir
différentes opinions, pas nécessairement sur le prix, mais aussi
sur la question de la capacité ou de la technique impliquée.
Soyez assuré que j'ai pris bonne note de vos remarques et que je m'en
ferai l'ambassadeur auprès de...
M. Lamontagne: M. David, vous savez, nous sommes des
parlementaires, comme vous l'avez souligné, c'est la première
fois que vous venez ici. Mais quand vous allez partir, le député
de Chicoutimi a dit à l'Assemblée nationale qu'il suivrait de
près c'est son devoir de le faire d'ailleurs la bonne
marche du projet. Je pense qu'il serait normal, ce serait son devoir de le
faire, de poser une question au ministre de l'Industrie et du Commerce, pour
demander. M. le ministre, comment cela se fait-il que la compagnie Dono-
hue, qu'on subventionne, dont on est actionnaires majoritaires, va
acheter des affaires en Ontario alors que qualité et prix, nous avons
ça au Québec?
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que ça ne
viendra pas trop vite, l'obligation de poser de telle question.
M. Lamontagne: Non, c'est pour ça qu'on veut... Comme vous
avez souligné que d'ici quelques jours, vous prenez des décisions
de cette nature, j'espère qu'il en sera tenu compte.
M. Bédard (Chicoutimi): ...
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé a demandé la parole.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le même sujet, si vous
permettez.
M. Morin: C'était sur le même sujet, si mon
collègue le permet.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Morin: Une question plus précise. C'est la compagnie BC
Forest qui va construire l'usine. D'autre part, dans votre complexe SGF, vous
avez une industrie qui s'appelle Forano qui, vous le savez, fabrique de la
machinerie forestière.
Pouvez-vous nous assurer que BC Forest aura une politique d'achat qui
favorisera les filiales de la SGF, particulièrement cette filiale qui,
vous le savez, commence à avoir une réputation internationale et
exporte même, à compter de cette année, songe à
exporter de la machinerie forestière jusqu'en Amérique
latine?
M. David: Oui. Soyez assuré, M. le député,
que c'est dans notre intérêt de faire en sorte que nos propres
compagnies, les compagnies dans lesquelles nous avons des intérêts
aussi forts que ceux que nous avons dans Forano... Cette compagnie sera l'un
des fournisseurs préférés et privilégiés du
projet.
M. Morin: Vous pouvez nous donner une assurance de cela?
M. David: Je peux vous la donner, monsieur, mais aujourd'hui, on
n'est pas rendu au stade où on a décidé de l'outillage
dont nous avons besoin et de la capacité de Forano de le faire. Mais la
principe fondamental est là. C'est au maximum. Et je peux même
ouvrir une parenthèse pour vous dire que nous avons une autre
société en portefeuille, qui s'appelle Ingénierie BG
Checo, qui a la capacité d'oeuvrer comme gérant de projet et nous
pensons sérieusement de la nommer comme directeur du projet.
M. Morin: Est-ce que cela pourrait aller jusqu'à une
préférence procentuelle, comme cela se fait ailleurs, dans
certaines autres provinces ou dans certains autres pays, de 10%, de 15% en
faveur du manufacturier québécois?
M. David: Non. Je dois vous dire que c'est une chose que nous
n'avons pu considérer jusqu'à maintenant, parce que notre budget
est extrêmement serré. Notre pouvoir d'emprunt est
étiré au maximum. Nous sommes très fiers des appuis
gouvernementaux qui nous sont accordés, mais, quand vous parlez d'un
projet où il y a une centaine de millions de dollars
d'équipement, un dépassement de coût de $10 millions, c'est
beaucoup d'argent, lorsqu'il y a une infinité d'imprévus que l'on
connaîtra automatiquement seulement à la fin.
M. Morin: Si je comprends bien, la façon dont vous allez
favoriser l'entreprise québécoise et vos propres entreprises,
comme Forano, c'est de les favoriser seulement dans la mesure où leurs
coûts sont les mêmes que ceux d'autres entreprises de l'Ontario ou
de l'extérieur du pays?
M. David: Pas nécessairement. Il y a une question
d'équilibre. Celles que nous détenons à 100%, personne ne
les a. Nous avons des associés, nous ne pouvons pas leur demander de
vendre à des marges moindre.
Mais le cas de Forano est un cas où, pour assurer l'emploi, pour
assurer une continuité de volume, je pense qu'on pourra peut-être
lui imposer certaines directives, pour s'assurer qu'elle sera suffisamment
concurrentielle pour décrocher les contrats.
M. Saint-Pierre: Je pense qu'on peut dire au député
de Sauvé qu'il semble que tous les experts et les conseillers
sérieux qui ont pu être consultés au cours des
années sur le sujet, en sont toujours venus à l'opinion unanime,
qui n'a pas toujours été partagée par les hommes
politiques, que donner à l'avance un avantage procentuel à toutes
les entreprises québécoises de 10% ou 15% n'allait pas dans le
sens des intérêts de la province de Québec.
Si on le prend comme cela, dans le cas de contrats qui, de toute
évidence, pourraient aller à des sociétés comme
Dominion Engineering, dire à l'avance qu'on va payer 15% de plus, avec
une valeur ajoutée importante au Québec, c'est accepter d'avoir
15% de plus dans son bon de commande.
Je pense que la technique de donner un avantage... Je pense que le grand
point que voulait soulever le député de Roberval, c'est de
s'assurer qu'au niveau des devis, au niveau de l'information des contrats, au
niveau des liaisons entre des sous-traitants possibles et ceux qui placent des
commandes, les avantages maximum, tous les efforts sont prévus pour
s'assurer qu'à ce chapitre, les chances sont données à nos
gens d'ici de soumissionner.
Deuxièmement, il peut arriver que, dans un certain cas, un nombre
assez considérable d'entrepreneurs du Québec puissent fournir les
bases
valables d'une concurrence et qu'alors, il ne soit pas nécessaire
d'inviter des gens d'autres provinces à soumissionner compte tenu d'un
prix... S'il y a trois, quatre ou cinq soumissionnaires qu'on peut avoir ici et
être satisfait... C'est un deuxième avantage qui peut être
donné.
Un troisième, qui n'appartient peut-être pas à SGF,
qui appartiendrait peut-être au gouvernement, c'est dans certains cas
très précis où on introduit un nouveau produit, à
cause de l'ampleur des commandes placées, là où,
exceptionnellement, un avantage procentuel pourrait être donné,
mais inclus dans le document d'appel d'offres, de telle sorte que les
gens...
M. Morin: Cela va de soi. Une politique comme cela doit
être officielle. Autrement, on se réserve de mauvaises surprises
et de la contestation par après. Mais vous disiez tout à l'heure,
M. le président-directeur général, que vous donneriez des
instructions à Forano pour que ses prix soient idoines. Est-ce que ce
n'est pas plutôt à la Société BC Forest qu'il
faudrait donner des instructions pour qu'une compagnie comme Forano ou une
autre entreprise, à plus forte raison si elle fait partie du complexe
SGF, soit favorisée et obtienne les contrats?
M. David: Je pense que c'est assez difficile de le dire d'avance.
C'est dans la réception des offres ou des prix offerts qu'il va de soi
de le juger. Ledired'avance, ce serait peut-être jouer un mauvais tour
à Forano.
M. Morin: Expliquez-moi comment cela jouerait un mauvais tour
à Forano?
M. David: Si on lui dit, pour employer un terme très
vulgaire en affaires, d'aiguiser son crayon pour être sûr d'avoir
le contrat, on peut lui faire perdre des bénéfices si les autres
concurrents soumettaient des prix beaucoup plus élevés. Du moment
qu'on peut assurer du travail à Forano, je pense que c'est ce qui
compte.
M. Morin: II y a l'expansion aussi qui compte. Ce n'est pas
seulement de vivoter et d'avoir de l'ouvrage.
M. David: Absolument. C'est la raison pour laquelle il ne faut
pas le lui dire d'avance, à mon sens.
M. Morin: Oui.
M. David: Si, au moment de l'ouverture des soumissions, il y a un
décalage de 1%, 2% ou 4%, parce que les prix de Forano sont plus
élevés, on va peut-être demander ou imposer à
Forano, étant donné que nous en détenons 100%, de
réduire sa marge de ces 4% pour être sûre d'avoir l'ouvrage
et de prendre de l'expertise dans ce domaine.
M. Saint-Pierre: Je pense qu'au cours des dernières
années, on s'est appliqué à assurer que
Forano puisse faire concurrence à d'autres compagnies
internationales sur les marchés du monde. Une fois acquis cet objectif,
je pense que le moins qu'on puisse espérer, c'est qu'elle soit capable,
à Saint-Félicien même, d'en concurrencer d'autres qui
pourraient venir soumissionner. Je pense qu'il est peut-être plus
important de s'assurer que nos entreprises sont capables de faire concurrence
à toutes les entreprises du monde sur n'importe quel marché que
de tenter de lui donner une chasse gardée artificielle.
M. Morin: Je ne parle pas de chasse gardée artificielle.
Il s'agit pas d'exclusivisme, mais il s'agit de voir, dans toute la mesure du
possible, à aider une société qui fait partie du complexe
SGF à bénéficier des retombées.
M. Saint-Pierre: Puis-je demander au député de
Sauvé, comment, dans le cas précis, il aiderait les
sociétés, non seulement Forano, mais Marine Industrie? J'imagine
que si on a des largesses pour les sociétés d'Etat, il faudrait
également avoir des largesses pour les sociétés
établies au Québec? Est-ce que, dans une entreprise comme cela,
on donne, à l'avance, à tous, 10% ou 15%? Est-ce l'esprit?
M. Morin: Je ne suis pas convaincu des arguments que le ministre
a apportés et que son collègue aussi, le ministre Tetley, a
apportés contre l'instauration d'une politique d'achat
systématique de la part du gouvernement québécois ou
d'organismes qui en dépendent, comme la SGF. Je ne suis pas du tout
convaincu qu'une marge, par exemple, de 5% ou de 10% soit si
antiéconomique que cela ou aille à l'encontre des
intérêts des entreprises québécoises.
M. Saint-Pierre: C'est partagé par tous les conseillers
économiques du gouvernement, tous les membres du Conseil du
trésor qui ont eu à se pencher sur la question.
M. Morin: J'aimerais qu'on ait éventuellement l'occasion
de se pencher là-dessus en long et en large.
M. Saint-Pierre: Sûrement.
M. Morin: Je ne demande qu'à être convaincu, mais au
départ, je je le suis pas.
M. Saint-Pierre: C'est surtout en long, parce que c'est une forme
de béquille qu'on donne à nos entreprises.
M. Lamontagne: Je voudrais poser une question, parce que c'est un
sujet assez intéressant. Evidemment, on subventionne une compagnie
privée qui doit réaliser un projet avec un certain budget. Quand
même, je pense qu'on est assez unanime à souhaiter que les
compagnies québécoises puissent y participer par leurs produits.
Est-ce que, dans l'esprit du chef de l'Opposition,
les coûts additionnels devant être chargés à
la compagnie Donohue par le fait qu'elle vienne acheter au Québec
certains produits, par rapport à des coûts moindres en Ontario,
seraient compensés par des subventions additionnelles du gouvernement en
faveur de...
M. Morin: C'est une question de degré. Tout dépend
de ce que cela représente comme montant additionnel. Mais, à
l'intérieur de certaines limites, je serais enclin à
répondre "oui" au député de Roberval.
M. Lamontagne: Ici, on parle d'un coût de $196 millions. Si
on fait jouer le facteur dont vous parliez tantôt, de 10%, il faut le
prendre au maximum, $19 millions, le maximum d'achat à
l'extérieur. Est-ce que vous répondriez par $19 millions de
subventions additionnelles?
M. Morin: Là, vous faites intervenir le coût global.
Nous, on vous parle de machines hautement spécialisées. Cela ne
serait peut-être pas de cet ordre.
M. Lamontagne: Non, cela m'intéresse. Je suis en faveur de
l'achat au Québec, mais je m'interroge tout fort en vous posant la
question, parce que, souvent, vous disiez tout à l'heure que vous
n'étiez pas en faveur de la politique du ministre des Travaux publics,
qui est contre ce 10%, mais, en définitive, cela peut se traduire par
des millions de dollars dans un projet de centaines de millions. C'est pour
cela que je vous pose la question pour que vous répondiez clairement. Si
le coût équivalait sur un total d'une entreprise à $3
millions, $4 millions ou $5 millions, parce que cela pourrait être
cela...
M. Morin: Oui.
M. Lamontagne: ... est-ce que, d'après vous, le
gouvernement devrait combler par des subventions?
M. Morin: On ne peut pas donner une réponse... Si, par
exemple, cela avait pour effet de permettre à une société
comme Forano, qui fabrique de l'équipement forestier hautement
spécialisé, de développer considérablement une
certaine ligne qui est importante pour la lancer, là, je serais enclin
à dire: Oui, cela vaut la peine dans ce cas. J'aimerais bien voir tous
les éléments du dossier. Je ne sais pas si on peut donner une
réponse de principe globale en disant: Oui, n'importe quoi, $5 millions,
$19 millions, aucune importance. Le montant impliqué aurait une
signification par rapport aux avantages que Forano peut en retirer, mais je
serais prêt à pratiquer ce genre de politique, de façon
nuancée, de façon subtile.
M. Lamontagne: Est-ce que, d'après vous, la subvention
irait à celle qui doit se porter acquéreur ou à la
compagnie qui doit fabriquer?
M. Morin: Vous voulez dire, en l'occurrence, BC Forest qui
construit l'usine?
M. Lamontagne: Ou, disons, si on prend Forano, pour devenir
à un prix concurrentiel.
M. Morin: Cela pourrait être dans les deux sens, mais, pour
l'instant, dans ce cas précis, probablement que cela pourrait être
donné à Forano, cela pourrait aussi être donné au
constructeur.
M. Lamontagne: Je voulais simplement faire une expérience
avec le chef de l'Opposition, quand on se fait poser des questions, c'est
souvent plus facile de les poser.
M. Morin: Ah! vous avez eu les réponses. M.
Bédard (Chicoutimi): Les réponses sont là.
M. Morin: Je ferai remarquer au député de Roberval
que je ne me suis pas dérobé alors que ses collègues se
dérobent souvent.
M. Lamontagne: Je suis d'accord avec vous que c'est un
problème fondamental au Québec. Tantôt, M. David,
président de SGF, parlait de la technologie. Evidemment, c'est
peut-être là où on est moins en mesure, les politiciens,
d'apprécier la technologie. On apprécie mieux un coût de
construction que la technologie du produit en cause. Il reste que je reprends
tout de même ce que j'ai dit au début, compte tenu de toutes les
circonstances qui peuvent être mises en relief, et j'espère que
les compagnies concernées feront tous les efforts nécessaires
pour donner...
M. Be'dard (Chicoutimi): M. le Président, j'étais
presque tenté d'interrompre le député de Roberval dans ses
questions au chef de l'Opposition...
Le Président (M. Brisson): ... concernant le
mémoire que...
M. Bédard (Chicoutimi): ... puisqu'il était en
train de presque détruire l'argument fondamental qu'il avait à
coeur tout à l'heure, lorsqu'il s'adressait à M. David sur la
nécessité de donner la priorité à la main-d'oeuvre
régionale, la priorité à l'industrie régionale
aussi, même si au bout de la ligne...
M. Lamontagne: Excusez, je posais la question... Que
feriez-vous?
M. Bédard (Chicoutimi): ... cela doit se traduire par des
politiques appropriées de la part du gouvernement. M. David, si nous
sommes soupçonneux lorsqu'on nous dit que, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a une politique qui va favoriser la main-d'oeuvre
régionale, qui va favoriser l'industrie régionale, c'est que nous
avons quand même pas mal de raisons de l'être, puisqu'il n'y a pas
tellement longtemps, lorsque le projet de la baie James a été
lancé avec éclat, une des premières mesures, une des
premières grandes nouvelles qu on est venu annoncer dans la
région, c'est que la politique du gouvernement, au niveau
de l'embauche, au niveau de la main-d'oeuvre, dans ce projet de la baie
James, serait de favoriser la région d'une façon tout à
fait particulière et que des ordres avaient été
donnés en conséquence aux centres de main-d'oeuvre
concernés et que nous pouvions nous attendre à des
retombées économiques formidables de la construction de cette
baie James.
A venir jusqu'à maintenant, on est obligé de dire, je
pense, d'une façon passablement unanime, que les retombées de la
baie James ne sont quand même pas celles qu'on attendait. Relativement
à la main-d'oeuvre, a l'emploi, il y a vraiment loin dans les faits de
la politique qui nous avait été annoncée aux
résultats en termes d'emploi et de main-d'oeuvre régionale
concernant ce projet de la baie James.
Quand vous nous dites que vous allez accorder une priorité
c'est normal de plus à l'industrie régionale
également, à la main-d'oeuvre régionale, d'accord, nous
sommes très heureux, d'autant plus que, comme vous l'avez exprimé
vous-même nous sommes à même de le constater
nous sommes très choyés par le taux de chômage, dans ce
sens que ce ne sont pas les chômeurs qui manquent dans la région.
Vous le savez. Comme vous le dites, ce qui est malheureux, ce n'est pas la
main-d'oeuvre spécialisée non plus qui manque dans la
région, surtout quand on parle du secteur forestier. C'était dans
ce sens que je vous demandais si vous êtes vraiment sérieux
je sais que vous l'êtes dans l'élaboration d'une politique
qui va favoriser prioritairement la main-d'oeuvre régionale. C'est dans
ce sens que je vous demandais vous vous êtes sûrement
penchés sur le problème quels étaient les normes et
les principes qui pouvaient vous guider pour faire cette affirmation. Quelle
forme cette priorité régionale prendrait-elle quant à la
main-d'oeuvre et à l'industrie locale?
M. David: C'est assez difficile de vous dire quelle forme cela va
prendre. Jusqu'à maintenant, le projet est dans ses tout premiers
stades. Je veux simplement me permettre, pour vous assurer de notre bonne
volonté, de vous dire que le premier contrat pour l'excavation a
été donné à un entrepreneur de la côte-nord,
de votre région, à $12 000 de plus qu'un entrepreneur de
Montréal.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un exemple qui vaut la peine
d'être cité.
M. David: On calculait qu'il pouvait se rendre plus vite sur les
lieux et qu'il avait une meilleure efficacité de main-d'oeuvre, parce
que c'est une personne de la région. C'est très difficile de
quantifier si ces $12 000 étaient trop ou pas assez, mais en principe,
je pense que cet exemple pourrait être suffisant pour vous assurer de
notre bonne foi pour l'avenir.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un très bel exemple
que vous nous donnez. Quant à l'emploi, à la main-d'oeuvre
spécialisée, cela pourrait-il prendre la forme, par exemple,
d'une certaine in- formation qui serait donnée dans la région,
qui, au niveau des besoins qui vont se faire sentir, nous permettrait de nous
préparer, que ce soit par le biais du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre par des cours spécialisés, que ce soit par le
truchement d'autres organismes ou d'autres moyens appropriés?
M. David: Je pense que la bonne volonté d'agir, monsieur,
vous pouvez la tenir pour acquise, mais simultanément, vous devez aussi
accepter que c'est un projet dont le financement...
M. Bédard (Chicoutimi): J'en conviens.
M. David: ... est assez serré et qu'on veut
peut-être réussir trop de choses. Principalement, ce qui compte,
c'est de bâtir l'usine en-deçà de nos moyens
financiers.
M. Bédard (Chicoutimi): J'en conviens.
M. David: On ne peut pas prendre de chance d'avoir des
dépassements majeurs qui feraient que tout le complexe pourrait devenir
un fiasco.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense qu'on se comprend bien et
que c'est clair. On ne veut pas de traitement de faveur, du point de vue
régional, qui soit de nature à compromettre le projet
financièrement dans sa réalisation. Je pense bien qu'en aucune
façon, mes propos ou les vôtres n'ont tendu à nous faire
arriver à ce résultat. Disons qu'on aimerait peut-être, au
niveau des besoins qui vont se faire sentir, avoir une information suffisante
qui puisse nous permettre, quand il est possible, d'être en mesure de
nous préparer, au niveau régional, à concurrencer dans les
secteurs où c'est possible de le faire.
M. David: Je pense que la dernière chose que je pourrais
vous dire, monsieur, pour vous rassurer, c'est que très bientôt,
nous aurons un bureau en permanence à Saint-Félicien, et de
là. je pense que tous les efforts pourront être coordonnés
pour assurer la bonne collaboration de tout le monde.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Lamontagne: Je voudrais profiter tout de même de
l'occasion de votre réponse pour vous féliciter du choix que vous
avez fait d'un entrepreneur du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui est situé
dans le comté du Lac-Saint-Jean, et, comme vous l'avez dit
vous-même, qui n'était pas nécessairement le plus bas
soumissionnaire. Cela a même créé un certain émoi
qui s'est rendu au gouvernement. C'est ce qui me faisait dire, un petit peu
plus tôt, que, évidemment, si c'est une compagnie privée
qui demande des soumissions et le fait sur invitation, ça complique un
peu la vie au départ, parce qu'on est là et c'est nous, en
attendant que vous ouvriez votre bureau, qui devons répondre à de
telles questions, sans posséder les informations pertinentes.
Je pense que l'ouverture de votre bureau est assez urgente.
M. David: Comme vous le savez fort bien, on a un projet depuis
pas tellement longtemps. Beaucoup de choses restent à faire. Il y a les
structures administratives à bâtir. Il s'agit d'avoir des gens
proches des ingénieurs à Montréal et proches du chantier
à Saint-Félicien. Il faut alimenter toutes ces organisations et
c'est une priorité maintenant.
M. Lamontagne: Savez-vous, M. David, quel est le problème?
Dans notre région, nous ne sommes pas habitués à faire
annoncer un projet un soir et à le faire commencer le lendemain, c'est
peut-être cela le problème, le commencer rapidement...
M. David: C'est un projet de $300 millions. Ce n'est pas un
bugalow de $30 000.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres questions sur
la présentation du mémoire de M. David?
M. Bédard (Chicoutimi): A la page six de votre rapport,
vous faites état des principales ententes survenues entre Donohue et BC
Forest. Entre autres, vous faites allusion à un contrat d'association
qui a pour but de régir principalement les responsabilités des
parties, les procédures administratives et opérationnelles, les
changements d'investissement des deux participants et, aussi, la
représentation au conseil d'administration. Pourriez-vous nous dire
comment se traduit cette représentation au conseil d'administration?
M. David: Au conseil d'administration de Donohue
Saint-Félicien, jusqu'au jour de démarrage il est
défini au paragraphe c) dans la même page le conseil est
composé de huit membres, quatre désignés par Donohue et
quatre désignés par BCFP.
Au jour de démarrage, le conseil d'administration aura six
membres désignés par Donohue et quatre par BCFP. Il
n'était pas question de donner la majorité des membres du conseil
d'administration à Donohue alors qu'on avait donné à BCFP
la responsabilité de construire...
M. Bédard (Chicoutimi): Ah bon!
M. David: ... parce qu'on aurait pu paralyser sa
responsabilité de construire et de décider par une
majorité au conseil d'administration, ce qui est peut-être un peu
contradictoire.
Mais le jour où on nous livrera l'usine...
M. Bédard (Chicoutimi): La construction sera
terminée...
M. David: ... et où on atteindra les degrés de
pourcentage mentionnés au sous-paragraphe c)...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. David: ... à ce moment, nous reprenons le
contrôle du conseil d'administration.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous devez bien vous attendre que
nous en parlions un peu. Dès l'annonce de votre projet, il y a eu
certaines réactions quant à la rentabilité du projet de
l'usine. Entre autres, vous me permettrez de me référer à
une déclaration j'essaie de la trouver du président
de Consolidated Bathurst qui exprimait de sérieux doutes quant à
la rentabilité.
Il y a également M. Sauvé qui, dans une rencontre avec la
presse régionale, a abondé dans le même sens que le
président de Consolidated Bathurst. Il fallait s'y attendre.
M. David: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Et si vous me permettez de me
référer...
M. Saint-Pierre: J'aurais cru savoir que vous n'attachiez pas
beaucoup d'importance aux propos de M. Sauvé.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. Saint-Pierre: J'aurais cru savoir que vous n'attachiez pas
beaucoup d'importance aux propos de M. Sauvé..
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez raison de le dire parce
que, dans notre discours...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... de deuxième lecture,
j'ai bien pris la peine de dire qu'on prenait ces déclarations avec un
grain de sel. Nous n'étions pas sans nous rendre compte que
c'était quand même des entreprises concurrentes et je me
permettais de dire que leur performance dans la région, en termes
d'augmentation de productivité, était quand même plus que
raisonnable. En tout cas, c'est le moins qu'on puisse dire.
Il reste que, même si ce sont des déclarations de
présidents, de personnes en autorité au niveau de compagnies
concurrentes, c'est l'occasion tout indiquée, alors que vous êtes
avec nous, de vous permettre non seulement.de nous rassurer, mais de rassurer
tout simplement tout le monde sur la rentabilité de l'industrie.
Vous l'avez fait avec quand même assez de précision dans
votre énoncé au début de cette commission, mais je crois
qu'il y aurait avantage je prends ça comme cela à
vous donner l'occasion de réfuter, si je peux employer l'expression, ces
avancés de la part de représentants de Consolidated Bathurst et
de Domtar.
M. Marchand: Ce n'est pas votre rôle.
M. Bédard (Chicoutimi): Entre autres, un des principaux
arguments, vous le savez, sur lequel ils se basaient, était le
coût de la tonne qui se situe à
$1100 par rapport à $750 qui, normalement, représente le
prix de production par tonne le plus élevé jusqu'à
maintenant. Alors, ils se posaient des questions concernant la
rentabilité. Qu'est-ce que vous auriez à nous dire
là-dessus?
M. David: Ce que je peux vous dire, c'est, que dans les usines
bâties, les dernières, j'ai des notes dans mes dossiers, dans les
cinq dernières usines bâties, il n'y en a pas une qui a
été mise en route depuis 1973, c'est-à-dire qu'elles ont
toutes été complétées depuis au moins trois ans. Le
multiplicateur moyen d'inflation qu'on me rapporte est de deux depuis. Alors,
il n'y a pas de doute qu'à leurs yeux, ils sont au courant des
coûts d'implantation de nouvelles usines; ces coûts sont les
mêmes pour nous, pour notre projet qu'ils le seraient pour toute
modification à des projets qu'ils voudraient considérer. Alors,
cela pourrait les effrayer. Il reste qu'eux ont bénéficié
de l'augmentation des prix de vente, de certaines conditions économiques
que j'ai qualifiées moi-même d'euphoriques pendant les
années 1973 et 1974; alors, cela les a un peu perturbés de voir
qu'on court le risque de se lancer. Nos études sont satisfaisantes. J'ai
même dit, dans le texte que je vous ai remis, que les projections ne sont
pas spectaculaires. C'est un acte de foi que l'on fait dans l'avenir et cet
acte ne pourrait être posé sans l'appui des gouvernements qui nous
a été accordé. C'est peut-être parce qu'eux ne sont
pas en mesure aujourd'hui de disposer des mêmes appuis qu'ils pensent
qu'un projet n'est pas rentable.
M. Morin: Vous ne couriez pas des risques comme ceux-là
avec Tricofil.
M. Saint-Pierre: J'en ai couru de bien plus grands, si la
vérité peut sortir un jour.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions,
messieurs?
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question que
tout le monde se pose dans la région, cela concerne l'environnement et
surtout la conservation de la ouananiche. Est-ce que...
M. David: A cela, monsieur, je suis le moins compétent
pour vous répondre. La seule chose que je puis vous dire, c'est vous
relire mon texte. Le projet est assujetti à toutes les
réglementations les plus à la page, les plus récentes sur
le sujet. J'ai appris, depuis que j'ai écrit mon texte, que la mission
québécoise qui s'est rendue en Colombie-Britannique a
réalisé, a vu de ses yeux beaucoup plus qu'elle ne pouvait
être informée sur le plan théorique. Elle semble être
revenue relativement satisfaite. Ses exigences seront analysées
le mot exact ne me vient pas testées durant l'été
1976, l'été 1977 et l'été 1978 dans la
région pour faire en sorte que, lorsque l'usine sera en activité
en 1979, je pense que tous les périls auront été
éliminés. Mais sachez bien que c'est un coût additionnel
d'environ $10 millions à $14 mil- lions pour le projet comparativement
à une usine bâtie il y a quatre ou cinq ans.
M. Lamontagne: Une information additionnelle. La semaine
dernière, à Saint-Félicien, il y a eu une rencontre avec
des gens de l'environnement, des biologistes du milieu, des associations de
chasse et de pêche...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je suis au courant.
M. Lamontagne:... la compagnie Donohue, et les biologistes
eux-mêmes m'ont informé après cette rencontre qu'ils
étaient très satisfaits de la marche actuelle du dossier.
Evidemment qu'ils se proposaient de suivre les événements ..
M. Bédard (Chicoutimi): Ils vont surveiller eux aussi.
M. Lamontagne: ... c'est bien normal, tout le monde en convient,
mais ils étaient très satisfaits...
M. Bédard (Chicoutimi): Avec raison.
M. Lamontagne: ... de la prise de position de la compagnie
Donohue.
Une Voix: Ils ont vu rougei
Le Président (M. Brisson): Alors, M. David, je vous
remercie. Une autre dernière question?
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question au
ministre. Lors du voyage du premier ministre...
M. Saint-Pierre: En Iran.
M. Bédard (Chicoutimi): ... en Iran, le premier ministre
était revenu avec des nouvelles fantastiques sur les projets ou les
intentions de l'Iran ou des Iraniens d'investir dans le projet Donohue. Est-ce
que le ministre est en mesure de nous dire si ces intentions demeurent
toujours.
M. Saint-Pierre: Le gouvernement iranien aurait aimé
participer au capital-actions dans le projet de Saint-Félicien. Compte
tenu que toutes les ententes avaient été signées et compte
tenu qu'il faut bien voir la position précaire dans laquelle se trouve
un peu BC Forest Products, c'est assez exceptionnel qu'une compagnie
privée accepte d'aller dans un projet de $300 millions à 40% de
capital-actions.
On voit bien que, pour permettre aux Iraniens d'être dans le
capital-actions, il aurait fallu, de notre part, céder les 60% qu'on
avait ou renégocier un nouveau partage qui semblait apporter des
délais additionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis bien d'accord avec
ça.
M. Saint-Pierre: On regarde les possibilités sur le plan
de financement à long terme, financement des obligations, et la
possibilité, bien sûr, que dans la phase 2, qui pourrait.à
cause de ce facteur, être avancée quelque peu, c'est-à-dire
dans l'installation de la machinerie pour la fabrication du papier journal, il
y aurait peut-être possibilité minoritairement de retrouver le
gouvernement iranien ou une de ses sociétés.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord avec le ministre,
je posais la question seulement pour savoir jusqu'à quel point les
retombées du voyage en Iran se concrétisaient.
M. Saint-Pierre: II était très
intéressé. Il y a d'autres retombées que ça.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est intéressant, cela
n'apporte pas autant d'argent qu'on avait dit.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé a demandé la parole.
M. Bédard (Chicoutimi): Voyage "baloune".
M. Morin: M. le Président, je ne veux pas empêcher
la commission de procéder avec ce projet de loi no 35. J'ai des
questions additionnelles à poser, non pas sur le projet de loi
lui-même ou sur le projet de Saint-Félicien, mais sur l'ensemble
des activités de la SGF.
M. Bédard (Chicoutimi): On pourrait procéder pour
le projet de loi.
M. Saint-Pierre: Justement, pour ne pas mêler,
peut-être qu'on pourrait adopter le projet de loi et après
ça, commencer...
M. Morin: Volontiers.
Adoption du projet de loi
M. Saint-Pierre: Dans le projet de loi, à l'article 1,
j'ai soumis aux parlementaires des amendements mineurs qui sont parvenus, qui
ont été retenus par le gouvernement. Il s'agit plutôt
d'amendements de forme.
Le Président (M. Brisson): Article 1. Adopté?
M. Saint-Pierre: L'article 1 augmente simplement le capital
autorisé de la société.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est d'accord. Adopté, M.
le Président.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 2.
Adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté également.
Article 3, il y a...
Le Président (M. Brisson): A l'article 3, il y a un
amendement.
M. Bédard (Chicoutimi):... un amendement de la part du
ministre.
M. Saint-Pierre: L'amendement: "Remplacer, dans la
neuvième ligne, l'expression anglaise, deuxième alinéa,
"capital surplus" par l'expression "contributed surplus". Il semble que
"capital surplus" est un terme que l'Institut des comptables n'aime pas et qui
ne signifie pas quelque chose en comptabilité. Ce sont des amendements
mineurs. Deuxièmement: "Remplacer, dans la douzième ligne du
texte français du même alinéa, les mots "la compagnie
Donohue Ltée" par les mots véritables de la structure de la
compagnie, selon la charte juridique, "la compagnie Donohue
Limitée".
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Saint-Pierre: Et dans la version anglaise, la même
chose: "Remplacer l'expression par "The Donohue Company Ltd".
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Article 3. Adopté tel
qu'amendé. Article 4. Adopté?
M. David: M. le Président, ce n'est peut-être pas
notre rôle, mais il y a un autre terme que j'aimerais changer, si vous me
le permettez. Dans la version française, troisième ligne, vers la
fin, "qu'il est autorisé de souscrire à même le fonds
social", je pense qu'il serait mieux de dire, "souscrire au fonds social de la
société."
M. Saint-Pierre: II est un peu tard pour faire ça. Je veux
le revoir de nouveau. Quel paragraphe?
M. David: A la fin du paragraphe 3, la deuxième ligne
complète avant la fin, "qu'il est autorisé à souscrire
à même le fonds social", c'est la première fois que je vois
ça.
Le Président (M. Brisson): Article 3.
M. David: "Est autorisé à souscrire au fonds
social".
M. Saint-Pierre: Attendez un peu.
M. Marchand: ... souscrire au fonds, ce n'est pas la même
chose.
M. Morin: C'est dans le troisième paragraphe?
Le Président (M. Brisson): L'avant-dernière
ligne.
M. David: L'article 3, le dernier paragraphe.
M. Marchand: ... souscrire au fonds, ce n'est pas pareil.
M. David: C'est, à même le fonds consolidé,
c'est toute la province, mais au fonds consolidé...
M. Morin: Mais ce n'est pas le même sens, parce que...
M. David: C'est justement, c'est exactement pour ça que je
le soulève.
M. Saint-Pierre: Un instant, je veux être bien certain de
comprendre.
M. David: "Qu'il est autorisé à souscrire au fonds
social de la société", non pas à même, cela pourrait
vouloir dire en prélever.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne voulez pas qu'il aille en
chercher, vous voulez qu'il donne.
M. David: Non, qu'il vienne en porter.
M. Morin: Si je comprends, c'est une subvention qu'il prendrait
dans vos coffres.
M. David: Oui.
M. Saint-Pierre: Remplacer les mots...
M. Bédard (Chicoutimi): II en aurait peut-être
besoin ce temps-ci, remarquez...
M. Saint-Pierre: M. le Président, est-ce que je peux avoir
la parole? Donc, un quatrième amendement, troisième ligne de la
fin du paragraphe 3, remplacer les mots "à même le" par le mot
"au" et faire le changement dans le texte anglais.
M. David: Article 4, to subscribe "in " the capital stock of the
company, dans le texte anglais.
Le Président (M. Brisson): Au lieu de "out of", ce serait
'in" the company.
M. David: C'est cela, "in" the capital of the Company.
M. Saint-Pierre: N'est-ce pas plutôt "to"?
Le Président (M. Brisson): Alors, to subscribe "to" the
capital of the company?
M. Saint-Pierre: Article 4.
Le Président (M. Brisson): Article 4, adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Un instant, M. le
Président. Il y aurait peut-être lieu de préciser. Au
paragraphe 2, on dit "il est autorisé à souscrire au même
nom, avant le 31 décembre 1970... $37 millions payables sur le fonds
consilidé".
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de mettre la même
précision?
M. Marchand: Ce n'est pas la même chose.
M. Bédard (Chicoutimi): A la fin, "le ministre des
Finances verse à la société, à même...
M. Saint-Pierre: Non, ce n'est pas pareil.
M. David: La province pourrait mettre dans la poche de la SGF, ce
n'est pas la même chose.
M. Marchand: Ce n'est pas la même chose.
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Marchand: C'est bien cela.
M. Morin: Ce que le député vous suggère,
c'est d'indiquer où le ministre des Finances doit prendre le montant
qu'il doit verser au fonds social de la société.
M. Bédard (Chicoutimi): L'amendement qu'on veut faire,
cela s'imposait, mais c'est peut-être...
M. Saint-Pierre: Mais pas là. A même le fonds
consolidé. A même le fonds consolidé du revenu. Il le prend
à même le fonds consolidé du revenu.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela. M. Morin:
Exactement.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour le souscrire au fonds social
de la société.
M. Saint-Pierre: C'est cela. C'est cela qu'on dit.
M. Morin: Est-ce que c'est précisé qu'il ie
prend?
M. Bédard (Chicoutimi): N'y aurait-il pas lieu de
préciser que le ministre des Finances le prend à même le
fonds consolidé?
M. Saint-Pierre: Mais ià, cela nous prendrait le texte
original. Il y a bien des légistes et des avocats qui ont passé
sur cela.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est parce qu'il y a une ligne
qui a sauté. Le ministre pourrait peut-être vérifier et,
s'il y a un amendement, avant le rapport...
M. Saint-Pierre: Je ne le vois pas. L'article 3 autorise le
ministre des Finances à souscrire, c'est l'Assemblée nationale
qui...
M. Bédard (Chicoutimi): A même le fonds...
M. Saint-Pierre: A même le fonds consolidé, de
souscrire...
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le fonds consolidé du
revenu, au fonds social de la société ou à lui
prêter, en vertu de la présente loi.
M. Saint-Pierre: Mais ce qui arrive, c est qu'il faudrait
regarder la loi existante, ia loi actuelle de la SGF. Il doit y avoir dans
d'autres alinéas, le fait
que ces montants souscrits par le ministre des Finances sont
versés au fonds social de la SGF.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
vérifier?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Et s'il y a lieu de faire un
amendement, il pourrait nous le soumettre avant le rapport en Chambre?
M. Saint-Pierre: C'est correct.
Le Président (M. Brisson): Alors, l'article 4 est
adopté. Article 5, adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article 5, M. le
Président, 11a), on dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, aux
conditions qu'il détermine, garantir le paiement des sommes d'argent
payables par la société, par la suite de l'inexécution de
ses obligations."
Ce que je voudrais savoir, c'est si cette garantie court pour les
obligations Donohue, de même que BC Forest également? Je ne suis
pas un expert. Mais disons qu'il y a une faillite et qu'il y ait un emprunt de
$100 millions...
M. Saint-Pierre: On est responsable.
M. Bédard (Chicoutimi): On ne souhaite pas qu'il y ait une
faillite. Est-ce que cet article ne représente pas une garantie que pour
les $60 millions, par rapport aux $40 millions détenues par BC
Forest...
M. Saint-Pierre: C'est une garantie de défrayer les
coûts que pourrait représenter l'inexécution d'obligations
que la société Donohue avait contractées vis-à-vis
d'autres.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Brisson): Article 5, adopté.
Article 6, amendement.
M. Saint-Pierre: J'ai un amendement, M. le Président.
C'est simplement que je pense qu'on aura bien compris qu'il faudrait
élargir le fait que les caisses populaires ne sont qu'une des
catégories prévues par nos lois de coopératives, alors, il
faudrait remplacer les mots "caisses populaires" par les mots "chaque caisse d
épargne et de crédit, est autorisée à
acquérir" et dans la version anglaise, ce serait "every Savings and
Credit Union".
Il y a un autre amendement également.
Lorsqu'on examine l'avoir propre et la définition de
réserve, dans une caisse populaire, ce qu'on voulait surtout dire, c'est
le concept de réserve. On remplacerait les mots "avoir propre" par "le
quart de sa réserve". En anglais, "of its reserve".
Evidemment, l'actif et l'avoir propre des caisses populaires peuvent
être très importants, mais les obligations sont très
importantes aussi. L'esprit de la loi, c'était le quart des
réserves qui pouvaient être placées. C'est pour respecter
la première loi de 1962 de la SGF qui permettait aux caisses populaires
de souscrire sous forme d'obligations dans les obligations de la SGF.
Peut-être en principe que cela ne change rien. Il faudrait avoir une
autre émission d'obligations.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Brisson): Article 6, adopté, tel
qu'amendé. Article 7, adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
Le Président (M, Brisson): Article 8, adopté. Donc,
le projet de loi no 35...
M. Saint-Pierre: Articles 9, 10, 11.
Le Président (M. Brisson): Je pensais que ceia finissait
là. Excusez-moi, si je vais trop vite.
M. Bédard (Chicoutimi): N'oubliez pas l'article 9, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Article 9, adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Article 10.
Le Président (M. Brisson): Article 10, adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Article 11.
Le Président (M. Brisson): Article 11, adopté. Le
projet de loi no 35, Loi modifiant la charte de la Société
générale de financement du Québec, est adopté, tel
qu'amendé.
M. Saint-Pierre: Je pense que le chef de l'Opposition a des
questions sur les activités en général de la SGF.
Société générale de
financement
M. Morin: Oui, M. le Président. J'aimerais jeter un coup
d'oeil sur quelques autres dossiers. Dans votre exposé sur le projet de
loi 35, vous avez consacré quelques brefs passages aux progrès
accomplis par la SGF, depuis 1973. Je voudrais, au passage, commencer par
souligner le succès de la SGF, de cette entreprise publique. Quatorze
ans après la création de la société, en 1962, elle
est en voie de devenir le plus grand complexe manufacturier au Québec.
C'est la preuve je tiens à le dire et je le dis devant ie
ministre que non seulement une société d'Etat peut
contribuer au redressement de la structure économique, mais aussi la
preuve que ces sociétés peuvent faire des profits et les
réinvestir pour accélérer la croissance industrielle.
C'est la preuve également que nous trouvons dans les chiffres
tout récents qu'il nous donne, dans son exposé
préliminaire, que les sociétés d'Etat peuvent être
efficaces, et peuvent être dynamiques même. Je note qu'en 1975,
toutes les fi-
Males de la SGF, y compris celles qui sont étatiques à
100%, c'est-à-dire dont le capital-actions n'est pas partagé
entre le gouvernement et les entreprises privées, comme Forano, Volcano,
La Salle Tricot, toutes ces filiales ont réalisé des profits.
C'est d'autant plus encourageant que l'année 1973, vous le savez, avait
entraîné une perte de quelque $5,2 millions, que l'année
1974 avait vu des bénéfices modestes, mais qui, quand même,
redressaient la situation, de l'ordre de $6,8 millions et qu'en 1975, vous
affichez un bénéfice de $13,2 millions. C'est d'autant plus
remarquable je tiens à le noter que 1975 a
été une année de profits plutôt réduits dans
l'ensemble de l'industrie.
Je me réjouis, je tiens à le dire, de ces
résultats. Je crois qu'ils font la preuve que l'entreprise d'Etat peut
être aussi dynamique, aussi rentable que l'entreprise privée,
quand elle est bien menée.
Je m'interrogeais cependant sur un ou deux aspects qui ne sont
peut-être pas parmi les plus importants. Une première question me
vient à l'esprit. Etant donné le redressement dont on a
été témoin, en 1974 et 1975, j'ai été
quelque peu surpris, pour ma part, d'apprendre le départ de M.
Simard.
Ce n'est certainement pas mettre en cause la compétence de ceux
qui sont maintenant à la barre de la SGF que de demander au ministre ou
à quiconque ici qui pourrait nous éclairer les raisons du
départ de M. Simard, avec lequel nous avions eu le plaisir de nous
entretenir l'année dernière, je crois.
M. Saint-Pierre: M. Simard m'a transmis, je pense, une lettre de
démission invoquant des raisons de santé.
M. Morin: C'étaient essentiellement des raisons de
santé? Je n'insisterai pas. Il n'y avait pas de différend entre
M. Simard et le ministre sur la façon d'administrer, enfin, de
développer la SGF?
M. Saint-Pierre: Non, je pense que vous me permettrez, puisque
c'est la première fois qu'on est à la commission parlementaire de
dire que... Ce n'est pas ma façon habituelle de communiquer avec les
gens par le biais des commissions parlementaires, mais je pense qu'étant
responsable de la SGF, nous avons des contacts fréquents, des
communications fréquentes, et je tiens encore à dire qu'il me
semble que, reprenant vos propres paroles, s'il est possible pour des
sociétés d'Etat de réaliser des profits, il faut bien voir
que le vrai défi des sociétés d'Etat, c'est de faire vivre
des structures que le législateur très facilement met en place.
Si, dans la décennie des années soixante, on a eu une
pléiade de nouvelles structures étatiques dans le secteur
économique, peut-être que le défi des années
soixante-dix n'est pas de multiplier ces outils, puisqu'ils existent
déjà, mais de les faire vivre et, en particulier, de leur
permettre d'atteindre les objectifs qu'on visait pour elles. Si le secteur
économique implique souvent la rentabilité, je pense que le
moment est bien choisi de rendre hommage à M. Simard et s'il faut parler
de redressement à la SGF et si vous parlez de tendances qui ont
changé, une large part en revient à M. Simard, qui n'est
peut-être pas encore à la tête de la SGF pour en retirer les
mérites. On sait que, dans le secteur économique, les tendances
sont peut-être plus importantes que les objectifs que l'on atteint et je
pense qu'on doit rendre hommage à M. Simard d'avoir contribué
énormément à ce revirement. Il n'y avait aucune
divergence, nous avions les meilleures des relations. Dans sa lettre de
démission, il a invoqué des raisons de santé pour
démissionner.
M. Morin: Je suis d'accord avec le ministre pour dire que ces
années-ci doivent voir la consolidation des entreprises lancées
il y a quelques années. Je souhaiterais simplement que cela ne
s'applique pas qu'à la SGF, mais peut-être aussi à SOQUIP,
qui attend toujours qu'on lui confirme une partie de son mandat, tel que
défini par la loi. Mais, cela est une parenthèse. Peut-être
ces propos seraient-ils destinés à la commission des richesses
naturelles plutôt qu'à celle-ci. J'aurais une ou deux petites
questions sur lesquelles j'aimerais avoir des éclaircissements de la
part des administrateurs de la SGF. La première porte sur le
regroupement de Marine Industrie, MLW-Worthington et Bombardier. Dans votre
rapport annuel pour l'année 1975, vous nous décrivez la
série de transactions par laquelle la SGF s'est portée
acquéreur d'une participation de 40% dans les actions de MLW, 18% dans
les actions de Marine, etc., en vue de créer une grande
société intégrée dans le domaine de la fabrication
de matériel de transport. Ma première question est celle-ci:
Est-ce que vous pourriez nous dire combien exactement a coûté
l'achat de la nouvelle participation dans Marine et dans MLW? Pour MLW, si je
comprends bien, il y avait 325 000 actions à $21 chacune, c'est ce que
vous nous dites dans votre rapport.
M. David: ... $6 825 000, la page 10 du rapport annuel
l'investissement en capital-actions de MLW, $6 825 000.
M. Morin: Cela comprend... M. David:
MLW-Worthington...
M. Morin: MLW Worthington, oui, d'accord. Maintenant, pour ce qui
est de l'achat des actions de Marine, est-ce que le chiffre est
également indiqué en page...
M. David: Si vous me permettez, M. le député...
M. Morin: Oui.
M. David: ... il est indiqué en haut du même
tableau, en page 10, où vous voyez qu'au 31 décembre 1974, 70%
des actions de Marine avaient un coût de $17 800 000, que 86% au 31
décembre
1975 avaient un coût de $20 603 000 en haut de la page 10,
à gauche, au tableau ce qui fait que ces 16% ont
coûté $2 803 000. Nous avons acheté des actions
privilégiées également pour $820 000, ce qui fait un
investissement additionnel dans Marine Industrie de $3 623 000.
M. Morin: De sorte que, en tout et partout, si on additionne les
$3 millions de Marine .et les quelque $6,1 millions de MLW, il s'agit d un
coût d'achat de l'ordre de $10 millions.
M. David: C'est ça, $10 448 000.
M. Morin: Oui.
Etant donné ce qu'on pourrait appeler l'échec ou
peut-être l'avortement de la deuxième phase de l'opération
qui était la création d'un vaste consortium de fabrication de
transport, qui aurait regroupé non seulement Marine et MLW, mais
également Bombardier, pouvez-vous nous dire à quoi peut servir,
aujourd'hui, la participation très minoritaire de la SGF dans le
complexe Bombardier-MLW?
M. David: Disons qu'à moyen terme, elle aura probablement
de grands avantages, étant donné que Marine est vraiment dans le
transport et que MLW-Worthington et la division des wagons de métro de
Bombardier, qui est en pleine évolution à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, sont des choses qui peuvent se
réunir, des choses où il pourrait y avoir une certaine
cohésion au point de vue d'effort de marketing industriel pour essayer
d'obtenir une meilleure utilisation des installations manufacturières.
Marine est très impliquée aujourd'hui dans la construction
maritime, et c'est une activité qui est très cyclique. C'est une
des opérations de Marine sur laquelle nous devons donner
énormément d'efforts pour en réduire l'importance et
essayer d'utiliser ces installations à d'autres fins.
M. Morin: Votre intérêt dans le complexe
Bombardier-MLW, c'est une participation de quel ordre? Cela n'atteint pas
10%.
M. David: Non, ce sera de 8,25%, lorsque MLW et Bombardier seront
consolidées. Mais cela fait quand même, M le député,
que nous sommes le deuxième plus gros actionnaire de MLW-Bombardier
après la famille Bombardier.
M. Morin: Donc, d'après vous, ces 8,25% demeurent quand
même significatifs?
M. David: Absolument! Il existe une excellente collaboration
entre les deux sociétés.
M. Morin: Donc, vous n'avez pas l'intention de revenir sur cette
transaction, même si le regroupement plus large a échoué;
vous allez laisser les choses telles qu'elles sont?
M. David: A ce stade-ci, oui, et probablement pour plusieurs
années.
M. Morin: Pourriez-vous nous dire, brièvement on a
pu en prendre connaissance, évidemment, dans une certaine mesure, par la
voix des journaux tout de même, pourquoi ce projet de regroupement
a échoué, surtout quand on considère le fait que cette
idée de complémentarité, non seulement entre Bombardier et
MLW que vous venez de souligner, mais entre ce complexe et Marine, aurait
permis de regrouper encore plus d'expertises et de créer peut-être
un complexe qui aurait atteint la taille internationale?
M. David: Disons que pratiquement, à court terme, pour
l'immédiat, pour les quatre ou cinq prochaines années, il y avait
peu à accomplir, et je ne croyais pas que cela vaille la peine de
continuer les démarches pour l'association. Je pense que le fait d'avoir
8,25% nous met suffisamment le pied dans la porte et la bonne volonté
des personnes en cause, au niveau de la direction de chaque entreprise, de
penser le moyen et le long terme et d'unir leurs efforts pour établir
cette stratégie de développer des produits industriels à
long terme fera en sorte qu'il y aura une meilleure utilisation des
installations. Ce sera plutôt de l'association, du "joint venture", si
vous me permettez l'expression, plutôt qu'avoir nécessairement une
unité de propriété. Je pense que l'unité de
propriété, à ce stade-ci, était très
difficile à réaliser pour toutes sortes de raisons.
L'aspect des véhicules récréatifs à
l'intérieur du groupe Bombardier proprement dit est quelque chose qui
est stabilisé, mais ce n'est pas quelque chose de prometteur. La partie
des wagons de métro est une chose à développer.
De notre côté, nous avons un immense carnet de commandes
avec Marine. Nous avons la partie outillage et hydroélectrique pour la
baie James qui nous donne énormément de travail pour la fin des
années soixante-dix et le début des années
quatre-vingt.
Alors, vouloir penser à un plan de rationalisation industrielle
immédiat, c'est peut-être utopi-que. Ce n'est qu'à long
terme que l'on pourra le faire et je pense que le fait d'être
associés dans des bases comme nous le sommes dans le moment nous
permettra d'atteindre ce but.
M. Morin: Voulez-vous dire que vous n'avez pas renoncé, de
façon définitive, à la création d'un complexe, d'un
regroupement plus vaste qui comprendrait MLW, Bombardier, mais Marine
également, l'un ou l'autre?
M. David: Sur le plan commercial, sûrement nous n'y avons
pas renoncé. Sur le plan d'un regroupement de propriétés,
nous y avons renoncé. Mais sur le plan commercial, vous n'êtres
pas sans savoir qu'il y a beaucoup de sociétés qui s'associent
pour des projets bien spécifiques, sans être pour autant des
associés permanents en capital.
M. Morin: Oui. Je me tourne maintenant vers votre rapport
à la page six, votre dernier rapport. Vous nous dites que la
société générale considère
qu'elle pourra remplir son rôle en orientant son action de la
manière suivante: Premièrement, bien connaître et soutenir
la stratégie de développement industriel établie par le
gouvernement du Québec.
Pourriez-vous nous dire quelle est cette stratégie de
développement industriel? De notre côté, nous la cherchons
en vain depuis fort longtemps. Vous semblez l'avoir perçue à la
SGF . Je serais très heureux si vous nous disiez comment vous la
percevez de votre côté et je ne serais pas loin de croire que vous
êtes probablement le seul à la connaître. C'est pour cela
que je vous pose la question.
M. David: Je peux simplement vous répondre que les bonnes
relations d'un actionnaire avec les dirigeants de sa société font
que nous nous entendons bien et je pense que c'est normal d'avoir de bonnes
relations d'administrateurs avec l'actionnaire.
M. Saint-Pierre: Je corrigeais justement mon texte de demain. Je
vais vous parler de notre stratégie industrielle lors de l'étude
de nos crédits. Il me semble qu'elle est claire.
Notre article 1 n'est pas une société de ... Comment
l'appelez-vous dans votre programme?
M. Morin: Une société de réorganisation.
M. Saint-Pierre: ... réorganisation industrielle. Cela
fait peur à tous les petits entrepreneurs.
M. Marchand: ... pendant 50 ans et après cela, tu fais
faillite.
M. Saint-Pierre: II y a trois grands objectifs que nous
poursuivons et chacune de nos interventions peut se situer dans cela. Je ne
veux pas en faire un débat partisan. Il y a un objectif premier, soit la
transformation de la structure industrielle. Cela veut dire quelque chose. Cela
se traduit par des choix qui sont faits. Est-ce qu'une stratégie ne veut
pas dire des choix qui sont faits entre certains secteurs, entre des projets
par rapport à d'autres et est-ce que tout cela ne s'articule pas sur des
notions de productivité, de salaire, de croissance de demandes?
M. Morin: Je ne voudrais pas que...
M. Saint-Pierre: ... présence accrue des
Québécois dans la vie...
M. Morin: ... vous anticipiez sur votre texte de demain,
dès ce soir...
M. Saint-Pierre: Quel plaisir allez-vous avoir à
m'écouter demain!
M. Morin: ... mais je me demandais quelle était la
perception du côié de la SGF de cette fameuse stratégie de
développement industriel établie par le gouvernement. Je me
demandais comment eux la percevaient et le PDG me répond: On s'entend
bien avec le gouvernement. Evidemment, c'est à souhaiter, mais cela ne
me dit pas grand-chose sur votre perception de la stratégie de
développement mise au point par le gouvernement.
M. Saint-Pierre: Puis-je prendre 30 secondes au
député de Sauvé? Très brièvement.
Transformer la structure industrielle, donc avoir plus de secteurs, plus
d'emplois dans les secteurs au niveau des salaires, haute productivité,
rétablir l'équilibre sur le plan régional et,
troisièmement, présence accrue des Québécois
francophones dans notre vie économique.
Qu'on regarde les champs d'action de la SGF, les autorisations qu'elle a
données et il me semble que nous avons là des illustrations
concrètes. Demain ou lorsqu'on parlera du projet de
Saint-Félicien, n'est-ce pas un projet qui atteint les trois objectifs
dont je vous parle? Tantôt, on vous parlera du projet d'aluminerie. Cela
ne sera-t-il pas encore un projet qui va viser les trois objectifs dont vous me
parlez? On va parler du projet d'Inventa dans la pétrochimie. On ne lui
a pas parlé du textile et on ne lui a pas parlé d'établir
une usine sur le coin de Peel et de Sainte-Catherine à Montréal.
On ne lui a par parlé de s'associer avec l'Arabie Saoudite pour aller
investir en Iran.
Ces trois objectifs ont été déterminants dans les
choix qui ont été faits pour la SGF.
M. Morin: Oui, mais les objectifs, surtout quand ils sont
définis de façon très générale sont fort
intéressants, mais ne nous disent pas grand-chose sur les
modalités et les moyens que vous allez employer pour en venir là.
C'est cela la stratégie industrielle, ce sont les moyens pour en venir
aux magnifiques objectifs que vous avez mentionnés.
M. Saint-Pierre: Vous partagez nos objectifs.
M. Morin: Ce sont des objectifs très valables; seulement,
ce qui m'intéresse, c'est de savoir j'en ajouterais
peut-être d'autres comment vous voulez parvenir à ces
objectifs.
M. Saint-Pierre: On a rejeté la Société de
réorganisation industrielle, copiée sur l'Italie, pour reprendre
toutes nos entreprises sous le volet de l'Etat. Je pense qu'il y a une place
pour à la fois des sociétés d'Etat...
M. Morin: Non. Je pense que vous falsifiez quelque peu, ou vous
simplifiez quelque peu les objectifs de la SRI que nous proposons; mais on
pourra peut-être avoir ce débat demain, si vous voulez. Je n'ai
pas d'objection.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que vous avez d'autres
questions à poser à M. David?
M. Saint-Pierre: La SRI me fait sourire.
M. Morin: Oui, j'aurais d'autres questions, M. le
Président. Au point 3, on nous dit que l'un des
objectifs de la SGF, l'une des orientations de son action, plutôt,
c'est de favoriser la croissance de ses sociétés pour en faire
des entités industrielles économiquement solides et de taille
à concurrencer sur les marchés national et international. Ce
désir, nous dit-on, s'accomplira plus facilement, d'une part, par la
mise en oeuvre d'une stratégie de planification au sein de chaque
entreprise et, d'autre part, par des fusions ou regroupements d'organisations
complémentaires.
Quels sont les secteurs prioritaires, dans votre esprit, où l'on
veut favoriser cette croissance d'industries, d'entités industrielles
solides et de taille à concurrencer sur les marchés? Est-ce que
vous pourriez nous donner une idée de cela? Autrement dit, pourriez-vous
être un petit peu plus précis?
M. David: Je peux vous donner un exemple. Forano, qui est une de
nos belles sociétés industrielles dans l'outillage moyen et
lourd, dispose d'un réseau de vente dans tout le Canada et maintenant
vers l'Amérique du Sud. Notre association je rejoins un des
commentaires que vous faisiez un peu plus tôt notre participation,
si minoritaire soit-elle, à Bombardier, permettra probablement d'unir
les deux forces au niveau commercial, parce que Bombardier produit un
véhicule industriel qui est le tracteur de déblaiement de neige,
ou un véhicule pour les forêts marécageuses. Pour
Bombardier, ce produit n'est qu'un très faible pourcentage de toute son
activité. L'attention qu'elle y apporte au point de vue de la
commercialisation est aussi négligeable. Alors, si nous pouvons nous
entendre à faire une association commerciale pour que le produit
Bombardier soit commercialisé par Forano, je pense qu'on augmentera les
bénéfices de Bombardier et on en bénéficiera. On
réduira les coûts de distribution de Forano en y ajoutant des
produits nouveaux qui ne sont pas nécessairement fabriqués par
elle, mais qui sont quand même fabriqués au Québec.
On a fait un autre regroupement dans l'équipement de bureau, dans
le mobilier de bureau, ce que nous avons dans notre message, soit le
regroupement Bonnex, Artena et les meubles Opus, dans une société
qui s'appelle Artopex. Aujourd'hui, c'est toute la gamme du mobilier qui est
requis dans un bureau à partir du classeur en métal au pupitre,
au fauteuil rembourré, tout ce que vous voulez. Alors, c'est
réuni, ce sont des entités manufacturières
différentes, mais qui ont une force de commercialisation réunie
de sorte qu'elles ont des entrepôts communs, un système de vente
commun.
M. Morin: Oui, j'ai eu l'occasion de me frotter un peu à
cela quand j'ai rendu visite à la société Bonnex, il y a
quelque temps. Je dois avouer que j'ai été fort
impressionné par cette réalisation en particulier.
Je me tourne vers un autre point sur lequel je me posais des questions,
le point no 5, toujours à la page 6. Vous dites que l'une de vos
orientations consiste à prendre une participation active dans le nouveau
projet industriel d'envergure impliquant principalement l'utilisation et la
transformation sur place des richesses naturelles énergétiques du
Québec.
Est-ce que je pourrais vous demander, à part le secteur des
pâtes et papiers, quels secteurs sont visés parmi les richesses
naturelles et énergétiques? Est-ce que cela vise en particulier,
par exemple, l'amiante, un autre secteur de la transformation des mines, le
cuivre, le fer, l'acier?
M. David: Non, je ne pense pas qu'on veuille concurrencer nos
autres sociétés cousines qui ont des missions
particulières au niveau des mines. Disons que le projet de
Saint-Félicien est un exemple assez spectaculaire de notre participation
au développement des richesses naturelles. Au point de vue
énergétique, l'aluminerie, par exemple, si un jour elle se
réalise et si nous y participons, vous êtes sûrement au
courant que, dans la production de l'aluminium, l'électricité
compte pour beaucoup et jusqu'à 25% ou 27% du coût de
production.
M. Morin: Si je comprends bien, dans un éventuel dossier
réactivé quant à l'aluminerie, votre participation
interviendrait non pas dans la fabrication des lingots, mais dans la
transformation subséquente. Ce n'est pas l'aluminium de première
fusion qui vous intéressait,
M. David: Pour les deux, fort probablement, étant
donné que c'est au niveau de la première fusion que vraiment la
ressource énergétique est impliquée, je pense que c'est un
programme intégré que notre intervention surviendrait.
M. Morin: C'est une évolution par rapport au dossier tel
qu'il existait l'année dernière.
M. David: Le dossier, tel qu'il existait l'année
dernière, avait plusieurs facettes, je ne crois pas qu'elles aient
toutes été rendues publiques parce qu'elles étaient pour
beaucoup à des stades de négociation, même à notre
niveau.
Mais si j'ai bien compris l'orientation à l'époque,
c'était d'intégrer les phases.
M. Morin: Oui, parce que, l'année dernière, si on
s'en était tenu à la subvention de l'Hydro-Québec, sous
forme de tarif réduit pour le projet de Saint-Augustin, on n'aurait pas
pu vraiment qualifier ça de contribution au développement des
richesses énergétiques du Québec. Mais c'est un projet
qui, semble-t-il, a péri pour l'instant. Il sera peut-être repris
d'une autre façon. Justement, j'espère que, demain, on pourra
s'entretenir de la chose avec le ministre.
Je me tourne vers l'avant-demier paragraphe. Vous nous dites
qu'ultimement. lorsque les sociétés d'un secteur auront atteint
une certaine dimension et qu'elles reposeront sur des assises solides, la SGF
réduira sa participation ou son investissement par une revente
d'actions, soit à son ou ses partenaires, soit sur le marché
financier, etc. Je vous avoue que ce n'est pas la première fois que
ça revient dans les rapports annuels de la SGF. Je me demande pourquoi
proposer de vous
départir, de revendre des entreprises rentables et d'aller
à l'encontre de ce qui se fait dans tous les grands consortia, tous les
grands regroupements qui, loin de revendre, tentent constamment de diversifier
leurs investissements, de les élargir de manière à
minimiser les risques sectoriels.
Je me serais attendu que vous ne vous départissiez
d'investissements que vous avez déjà faits ou de vos
participations que si vraiment une affaire ne vous paraissait plus rentable et
qu'il fallait la liquider pour limiter les pertes, par exemple. Mais lorsqu'une
affaire va bien, est-ce que c'est vraiment la philosophie de la SFG, telle que
vous la concevez de vous départir de vos participations?
M. David: Départir, c'est un grand mot. Vendre des parties
dans un seul coup, dans des situations qui seront majeures, où nous
aurons investi des dizaines de millions, ça ne sera pas toujours
possible. Cela se fera probablement par étapes, par réduction de
notre participation. Une fois notre rôle accompli, après avoir
bâti un complexe industriel solide, dans un secteur donné, en
mesure de subvenir lui-même à son expansion, je pense que ce
serait notre rôle de réduire graduellement notre participation, de
comptabiliser et monnayer, un bénéfice si vous voulez, pour
réinvestir dans d'autres secteurs.
M. Morin: Je voudrais obtenir plus de précisions. Dans
certains de ces investissements, vous avez une participation de 100%. Pour
d'autres, votre participation est plus réduite. Est-ce que cela pourrait
aller, dans certains cas, jusqu'à vous départir du contrôle
d'une société qui ferait des bonnes affaires et qui ferait partie
du complexe SGF?
M. David: Pour donner l'exemple, disons que dans le groupe
Bonnex-Artena, où nous avons 45%, nous sommes quand même le plus
gros actionnaire...
M. Morin: Oui.
M. David: Graduellement, cette société peut prendre
son expansion et, à un moment donné, voler de ses propres ailes.
Je pense que ce serait sage si nous pouvions réaliser un profit, un bon
profit, de réduire notre participation dans un premier temps, de 45%
à 25%, ou à 20%, pour pouvoir prendre ces fonds et les investir
dans d'autres domaines.
Nous recevons une infinité de demandes, chaque semaine et chaque
mois, de regarder de nouveaux dossiers et nous sommes limités par nos
moyens financiers.
M. Morin: Mais est-ce que cela ne va pas à rencontre
même de l'idée de l'entreprise d'Etat?
M. David: Dans notre philosophie, dans l'orientation que nous
nous sommes définie avec nos nouvelles structures, ce que nous voulons
faire, c'est bâtir des groupes par secteurs et, une fois que les groupes
auront atteint une taille suffisamment forte pour se porter par
eux-mêmes, ce serait de réduire notre participation.
A ce moment-là, il n'y a aucun roulement dans nos investissements
Nous serons souvent ici pour vous demander des capitaux additionnels pour
continuer de faire affaires.
M. Morin: Oui, mais...
M. David: On vous a indiqué notre politique de laisser
chaque société réinvestir le maximum de ses profits pour
pouvoir prendre sa propre expansion.
M. Morin: Est-ce que vous ne pouvez pas vous-mêmes
développer de nouveaux secteurs qui ne sont pas rentables dans
l'immédiat mais qui peuvent le devenir, à même les profits
réalisés dans d'autres entreprises, par exemple?
M. David: C'est justement. Les profits réalisés
dans d'autres entreprises, principalement là où nous avons des
associés, il faut les partager à parts égales, au prorata
de notre participation.
M. Morin: Bien sûr.
M. David: Alors, on aime mieux les laisser là pour grossir
l'entreprise et, un jour, réduire notre participation. Notre
liquidité à la SGF proprement dite est très mince, parce
que, justement, cette politique de laisser ou de réinvestir dans chaque
entreprise la majorité des bénéfices, ne nous donne pas de
liquidité pour prendre des initiatives dans des nouveaux domaines.
Ce n'est que par le roulement de nos investissements que nous aurons des
liquidités pour investir dans de nouveaux domaines.
M. Morin: Oui, mais enfin, dans le passé, vous n'aviez pas
fait beaucoup de profits, vous aviez même fait des pertes. Donc, cette
situation s'expliquait. Mais, dans une perspective d'avenir?
M. David: Si on regarde les bénéfices,
société par société, monsieur, vous prenez une
société comme Donohue qui a fait, l'an dernier, par ses propres
exploitations, $6 877 millions de bénéfices; avant la part
attribuable aux intérêts minoritaires, des minces dividendes
qu'elle donne à ses actionnaires, elle réinvestit probablement
là-dessus peut-être $4 millions et elle en a besoin pour
participer à un projet comme Saint-Félicien.
Si vous prenez Marine Industries dont le chiffre d'affaires a crû
à un rythme de $50 millions, il y a peut-être quatre ans, à
$150 millions, cette année, elle devait réinvestir la
totalité de ses bénéfices. Cela ne nous donne pas de
liquidité pour aller dans des domaines nouveaux.
La même chose pour Forano, le chiffre d'affaires est passé
de $10 millions, il y a cinq ou sept ans, à $50 millions, cette
année. Nous avons des inventaires de $20 millions, alors que nous en
avions de $5 millions, il y a trois ans.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions,
messieurs?
M. Morin: Oui, M. le Président.
M. Saint-Pierre: Sur le même sujet, je pense que la grande
divergence...
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: ... peut-être qu'on peut l'expliquer
immédiatement. C'est que dans l'orientation et les objectifs de la SGF,
on retrouve nulle part une présence permanente de l'Etat
québécois dans la vie économique. L'intervention de la SGF
vise à stimuler la création d'emplois. Elle vise à
développer des emplois dans des secteurs qui nous paraissent conformes
à nos objectifs. J'appuie les points que M. David a mentionnés,
savoir, dès qu'on a une société qui va très bien
je lis le texte il ne s'agit pas de s'en départir du jour
au lendemain. Lorsqu'elle aura atteint une certaine dimension, qu'elle reposera
sur des bases solides, la SGF pourra réduire la participation de son
investissement par une revente d'actions à des partenaires on
présuppose que ce seraient des Québécois ou au
grand public.
M. Morin: Vous supposez...
M. Saint-Pierre: Je répète que dans cinq ans d'ici
la Société Forano sera très bien installée. Je ne
vois pas pourquoi on devrait continuer d'être propriétaire
à 100%. Si elle a toutes les conditions pour continuer de progresser et
qu'on est capable de trouver, dans la province, des gens qui veulent en devenir
propriétaires, soit par une émission d'actions publiques, je
trouve que, graduellement, on a une mission de laisser les gens continuer, pour
être capables de prendre ces fonds et d'aller dans d'autres secteurs
où nous ne sommes pas présents dans le moment.
M. Morin: Vous n'atteindriez pas les mêmes objectifs, par
exemple, en gardant le contrôle, tout en intéressant la
population, peut-être, à acheter une partie du
capital-actions?
M. Saint-Pierre: Je comprends que, pour vous, c'est un objectif
que l'Etat ait le contrôle des entreprises.
M. Morin: Le risque qu'on peut prendre, si on agit autrement,
c'est de voir une entreprise qui a été bâtie, quelquefois
avec l'expertise des gens de la SGF, avec un effort de l'Etat, avec une mise de
fonds de l'Etat et de la voir passer entre des mains étrangères.
Je pense que ce n'est pas là l'objectif que vous visez. C'est un risque
quand même.
M. Saint-Pierre: Non, on a une bonne loi fédérale
sur les investissements étrangers et on se fait beaucoup d'amis,
d'ailleurs, en les conseillant...
M. Morin: Que vous combattez, n'est-ce pas? Dont vous ne partagez
pas la philosophie, d'ailleurs.
M. Saint-Pierre: ... au niveau des nouveaux investissements. Il
n'y a pas beaucoup d'entreprises québécoises à qui on a
permis de passer à des mains étrangères. S'il y a quelque
chose, on s'est fait plus d'ennemis avec ce dossier qu'on ne s'est fait
d'amis.
M. Morin: Enfin, vous admettez qu'il serait possible d'atteindre
les mêmes objectifs que ceux que vous venez de décrire, par
exemple, en conservant le contrôle et en offrant le capital-actions sur
le marché C'est une possibilité également.
M. David: Je ne suis pas un expert de la mise en marché du
capital des sociétés, mais, ma première réaction,
c'est que ce serait difficile d'intéresser le public investisseur comme
minoritaire avec l'Etat comme majoritaire. Mon expérience passée
m'incite à vous faire cette remarque.
M. Morin: Oui, remarquez qu'il y a plusieurs autres formules
également, comme celles qu'on a vues, par exemple, à Cabano. Il y
a d'autres formules qui peuvent être mises en oeuvre et qui permettent
d'être sûr qu'on ne verra pas une entreprise échapper au
contrôle québécois.
Mais, je vois que là il y a peut-être une
légère divergence de philosophie, de façon d'aborder le
développement économique. Nous allons donc être d'accord
pour être...
M. Saint-Pierre: En désaccord.
M. Morin: ... au moins partiellement en désaccord. Je
voudrais jeter un coup d'oeil sur un autre dossier avant que vous ne nous
quittiez. Cela remonte à votre rapport d'activités pour
l'année 1974. Vous nous disiez à la page 3 qu'à l'automne
de cette année, la société acceptait une offre
conditionnelle pour la vente des actions des Industries Valcartier pour le prix
de $450 000. Ce prix, nous dit-on, représentait le coût original
du placement et permettait de réaliser, sur le plan consolidé,
à la vente, un bénéfice de $225 000 équivalant au
montant net des pertes accumulées depuis l'acquisition, etc. Je voudrais
quelques éclaircissements sur cette entreprise qui a nom Industries
Valcartier Incorporée. Qui est le président à l'heure
actuelle de la Société St. Lawrence Manufacturing?
M. David: Je ne peux pas vous répondre, je ne le sais
pas.
M. Morin: Vous ne le savez pas. Comment?
M. Saint-Pierre: La première partie de votre question
touchait... Il y a deux entreprises dans cela.
M. Morin: Oui, mais qui sont liées, n'est-ce pas?
M. Saint-Pierre: Oui, ce qu'on a vendu, on était
uniquement propriétaire à 50% des Industries Valcartier.
M. Morin: C'est cela.
M. Saint-Pierre: On n'a jamais rien eu à avoir avec les
Industries St. Lawrence Manufacturing. C'était le colonel Couture, vous
voulez dire?
M. Morin: Je pense que c'est le colonel Couture, mais je...
M. Saint-Pierre: Moi aussi, je pense.
M. David: Tout ce que je peux vous dire, c'est que l'autre 50%
était détenu par St. Lawrence Manufacturing.
M. Morin: Oui. Si je comprends bien, la vente que vous avez
effectuée en 1974 était faite à St. Lawrence
Manufacturing?
M. David: Oui, monsieur.
M. Morin: C'est pour cela que je vous posais la question,
à savoir qui est le président de cette société.
Vous ne le savez pas.
M. David: Elle était représentée dans la
transaction par un bureau d'avocats.
M. Morin: Oui. Nous avions un certain nombre de questions
à vous poser là-dessus. Cette entreprise, St. Lawrence
Manufacturing, n'avait-elle pas fait faillite en 1973, d'après les
renseignements qui nous sont parvenus, en raison de dettes non payées
à la Banque Canadienne Nationale?
M. Saint-Pierre: II n'y avait pas eu faillite, mais je pense que
la banque avait exercé sont droit habituel de nommer un mandataire qui
avait... Mais il n'y avait pas eu faillite.
M. Morin: Pourriez-vous nous dire, puisque vous semblez au
courant du dossier, qui avait payé les dettes de St. Lawrence
Manufacturing à l'époque?
M. Saint-Pierre: II n'y a personne qui a payé les dettes.
La banque a nommé Mercure et Béli-veau qui ont été,
effectivement, les gérants de l'entreprise pendant un certain temps. Je
me rappelle autre chose. Pendant que M. Simard était à la SGF,
justement, pour être capable de se départir de notre
intérêt dans l'entreprise, il a fallu faire une transaction qui
nous a permis de payer la banque, parce que c'était la seule
façon d'être capable de faire l'inventaire et d'être capable
de rétablir la valeur de l'actif. On savait, effectivement, que les
profits d'exploitation nous permettaient maintenant de flotter à
nouveau. Il faudrait faire sortir les dossiers. Je vous parle, en toute
honnêteté, de mémoire, mais je me rappelle qu'il y avait
une difficulté, puisque la banque nous empêchait physiquement de
pénétrer sur les lieux pendant cinq ou six mois et donc, d'avoir
un bilan consolidé, faire l'inventaire, vérifier la valeur de
l'inventaire et faire la transaction avec St. Lawrence Manufacturing.
M. Morin: Pour être bien précis, y a-t-il eu une
contribution de la SGF ou du gouvernement au paiement des emprunts?
M. Saint-Pierre: Non, mais vous allez voir comment je vais vous
aider dans votre jeu, parce que là, vous êtes un mauvais avocat.
Pour vous aider dans votre jeu, il faudrait demain, peut-être, relever
les interventions de la Société de développement
industriel. Il y a un prêt de la Société de
développement industriel qui est public et que, d'ailleurs, vous avez vu
l'an dernier...
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: ... qui s'adressait à St. Lawrence
Manufacturing.
M. Morin: Oui, nous l'avons...
M. Saint-Pierre: C'est par ce biais, indirectement, que les
nouveaux propriétaires...
M. Morin: $1 700 000, n'est-ce pas?
M. Saint-Pierre: C'est ça, mais là, il faut dire
qu'il y avait autre chose que simplement l'achat des 50%.
M. Morin: En tout cas, c'est le montant que j'ai là. C'est
le no 725.
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Je m'excuse, je vous ai interrompu. Vous alliez
ajouter...
M. Saint-Pierre: Non, j'explique que c'est par la SDI que les
propriétaires ou, enfin, les gens qui étaient derrière St.
Lawrence Manufacturing ont pu payer à la SGF des fonds, mais il n'y a
pas eu d'avance de fonds de la SGF pour payer les dettes.
M. Morin: Vous parliez, il y a un instant, d'un colonel Couture,
je crois...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ... qui était, à ce moment-là,
président des Industries Valcartier.
M. Saint-Pierre: Et qui l'est peut-être encore, oui.
M. Morin: Est-ce qu'il est actuellement directeur de St. Lawrence
Manufacturing, le savez-vous?
M. Saint-Pierre: Je pense que oui, sous toute réserve.
M. Morin: Parce que c'est lui qui administrait à ce
moment-là les Industries Valcartier et c'est, en somme...
M. Saint-Pierre: C'était notre partenaire dans les
Industries Valcartier.
M. Morin: Pourriez-vous vous assurer si c'est lui qui est
président de St. Lawrence Manufacturing et à qui vous auriez
vendu votre intérêt de 50%?
M. Saint-Pierre: Je peux faire relever le dossier et vous le
donner demain matin exactement. Je sais qu'il n'est pas seul. Il a d'autres
associés.
M. Morin: Mais, pendant que vous êtes dans le dossier, je
vais vous poser une ou deux autres questions. Vous pourrez peut-être y
répondre demain, parce que j'admets que vous n'ayez pas tout ça
au bout des doigts ce soir.
Vous êtes peut-être au courant que la firme Bélanger,
Chabot, Norbert, Angus et associés a servi de conseiller à la
Banque canadienne nationale dans cette affaire pour récupérer les
dettes qui étaient de l'ordre d'à peu près $5
millions.
M. Saint-Pierre: Je pensais que c'était Mercure et
Béliveau, mais il se peut que ce soient eux.
M. Morin: Etes-vous au courant que le rapport de cette
firme...
M. Saint-Pierre: ...
M. Morin: ... critiquait très sérieusement
l'administration de Valcartier.
M. Saint-Pierre: C'est un rapport que nous n'avons jamais eu,
mais j'imagine que c'était un rapport interne à la banque et
c'étaient les mandataires de la banque. On n'a jamais eu ce rapport.
Voyant les états financiers de l'entreprise au cours des quatre ou cinq
dernières années, et étant nous-mêmes
propriétaires à 50%, je sais que nous avions des réserves
sur certaines des orientations de l'entreprise. D'ailleurs, à cet effet,
nous avions, à l'époque, particulièrement mandaté
des administrateurs de !a SGF pour surveiller je vous parle de
mémoire cela fait quatre ou cinq ans certaines des
dépenses de mobilisation, dépenses de recherche... Comment
s'appelait le mécanisme à chenille qui avait été
mis au point et qui avait englouti un demi-million de dollars ou quelque chose
comme ça?
M. Morin: Les chenilles Martin.
M. Saint-Pierre: Les chenilles Martin. Et il y a eu deux ou trois
autres projets qui pouvaient avoir du sens, mais qui étaient
complètement déséquilibrés par rapport aux profits
et aux ventes. Maintenant, le rapport dont vous faites mention, je suis certain
qu'à la SGF... Vous n'avez pas eu ça à la SGF?
M. David: Je regrette de dire que c'est avant mon temps.
M. Morin: Oui, mais je voudrais que vous tentiez d'obtenir plus
de détails sur ce dossier. En particulier, il semble que les inspecteurs
de la BCN ont découvert des stocks de munitions assez importants. Je ne
sais pas si ça a été porté à votre
attention.
M. Saint-Pierre: Ils vendaient des munitions. J'imagine qu'ils
ont dû découvrir...
M. Morin: Oui, mais je vous pose la question...
M. Marchand: C'était mis en réserve pour
l'armée du PQ.
M. Morin: Oui, bien, je crois qu'éventuellement, nous
aurons intérêt à faire clarifier ce dossier, justement
parce que nous pourrions avoir besoin de cela. Mais est-il exact...
M. Saint-Pierre: Vous me faites peur!
M. Morin: M. le ministre, puis-je vous demander...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ... puisque vous allez fouiller un peu le
dossier...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ... s'il est exact que des pertes considérables,
des pertes énormes, ont été réalisées sur
des stocks qui avaient mystérieusement disparu à cette industrie,
et, en particulier, des pièces de véhicules qu'on appelle
passe-partout?
J'aimerais que le ministre...
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas ça dans mes dossiers.
M. Morin: ... se documente, et, au besoin, pousse un peu son
enquête, parce que, dans cette affaire-là, M. Couture
administrait, et, si ma mémoire est bonne, il administrait Valcartier,
aussi bien pour la SGF que pour la St. Lawrence Manufacturing, et c'est
à lui que vous avez vendu votre intérêt.
Je crois qu'il y a lieu d'examiner cela.
M. Saint-Pierre: Encore une fois, je veux avoir le plus de
transparence dans mes propos, mais, à moins, évidemment, de
reculer de quatre ou de cinq ans et d'aller faire des enquêtes internes
dans des entreprises, dans les documents de la transaction... Je ne sais pas...
Qu'est-ce que vous mettez en cause? Le montant de la transaction? Y aurait-il
eu des fraudes pendant que M. Couture était administrateur de St.
Lawrence?
M. Morin: Ce qui m'inquiète est qu'il administrait
si j'ai bien compris l'entente intervenue à l'époque la
Valcartier, la SGF et la St. Lawrence Manufacturing.
M. Saint-Pierre: Bien, il administrait... Il était
président de l'entreprise, mandaté par les deux actionnaires.
M. Morin: C'est cela.
M. Saint-Pierre: Je peux vous donner les dates précises
maintenant... Justement, parce que la banque est intervenue, on doit dire que
le colonel Couture, pendant à peu près un an, n'avait même
pas le droit de mettre physiquement les pieds dans la bâtisse, parce que
la banque avait, spécifiquement, empêché M. Couture
d'entrer dans l'édifice.
M. Morin: Oui. Justement, j'aimerais que vous puissiez jeter un
coup d'oeil sur cette situation parce que vous avez liquidé votre
intérêt dans cette société en 1974, et j'aurais
aimé m'assurer que vous étiez au courant de ce qui s'était
passé dans cette société avant de vous départir de
votre intérêt.
M. Saint-Pierre: Mais votre point est que vous avez l'impression
que le prix payé pour nos actions était insuffisant. J'essaie de
savoir exactement ce que vous recherchez.
M. Morin: Cela peut être un aspect de la situation.
M. Saint-Pierre: Je pourrais... Les gens... Malheureusement, je
n'ai rien eu à voir sur le montant qui a été versé.
Je ne sais pas si dans les archives de la SGF, on peut établir les
rapports internes des administrateurs.
M. David: Quant au montant de la transaction, cela a
coïncidé avec mon arrivée à la SGF. Une étude
de la situation financière des trois années
précédentes des Industries Valcartier a recommandé au
conseil d'administration de la SGF d'accepter l'offre de $450 000 parce que
c'était une société qui, de mémoire, était
endettée à peu près à sept ou huit fois son
capital.
M. Morin: Oui. Mais ce qui nous chicote le plus je le dis
au ministre et il pourra, par la suite, m'apporter les éclaircissements,
s'il le veut bien est que voilà un exemple de mauvaise
administration; le mandataire avait, apparemment, très mal
administré cette entreprise et c'est à lui qu'on vend, s'il est,
comme nous le pensons, président de St. Lawrence Manufacturing ou s'il
l'était au moment de la vente. C'est à lui à qui, par la
suite, on vend le fruit de cette mauvaise administration. C'est une transaction
sur laquelle on peut se poser des questions et si ie ministre veut bien nous
éclairer, je suis prêt à attendre.
Si M. David a des éclaircissements qu'il peut nous donner
dès maintenant, je les accepterai volontiers.
M. David: Le seul éclaircissement que je puis apporter est
que le groupe acheteur comprenait le colonel Couture, mais il n'était
pas seul. Il est actionnaire à 25%. Il y avait trois autres personnes
également actionnaires à 25%
M. Morin: Le ministre veut-il...
M. Saint-Pierre: Tout ce que j'ai... Vous parlez d'un rapport qui
aurait évalué les...
M. David: Je me rappelle, dans mes premières fonctions
à la SGF, à l'été 1974, avoir fait une expertise
sur la valeur des actions que la SGF détenait dans les Industries
Valcartier, qui étaient administrées à l'époque par
un mandataire de la Banque Canadienne Nationale. Quand on a parlé d'une
offre de $450 000, je trouvais que c'était excellent de l'accepter parce
que c'était une société qui était endettée
à sept ou huit fois son capital.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Pouvez-vous voir des raisons qui pourraient
faire que ce rapport ne pourrait pas être public et remis aux mains du
chef de l'Opposition?
M. David: Le rapport de votre évaluation?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. David: Aucune raison.
M. Saint-Pierre: Voulez-vous en transmettre une copie au
député de Sauvé, s'il vous plaît?
M. Morin: Oui. Cela nous aiderait peut-être à voir
clair dans cet ensemble de transactions. Le ministre serait peut-être
intéressé...
M. Saint-Pierre: Transmettez m'en une copie aussi. Je pourrais en
avoir besoin.
M. Morin: Le ministre veut-il donc m'assurer qu'il va jeter un
coup d'oeil sur le dossier, de son point de vue également parce qu'il y
a peut-être des pièces dans son dossier que nous n'avons pas dans
le nôtre?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Mais cela ne presse pas. Cela peut faire l'objet d'un
commentaire du ministre dans deux ou trois jours alors que nous
étudierons ses crédits.
J'en ai terminé...
Le Président (M. Brisson): C'est une question qui regarde
l'année 1974. Alors, à ce moment, je me demande si c'est
l'endroit idéal...
M. Morin: S il y a eu du grabuge, M. le Président, je
pense qu'il n'est jamais trop tard pour y revenir.
Le Président (M. Brisson): Je laisserai les membres de la
commission libres de...
M. Morin: Merci, M. le Président.
J'en ai terminé des questions que j'avais à poser à
ces messieurs de la SGF. Je les remercie d'y avoir répondu.
M. Saint-Pierre: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): Le ministre de l'Industrie et
du Commerce.
M. Saint-Pierre: S'il n'y a pas d'autres questions, M. le
Président, je voudrais simplement remercier les administrateurs de la
SGF, les cadres supérieurs. J'ai l'occasion de le dire de vive voix et,
à l'occasion, par écrit. Je m'en voudrais de ne pas
également transmettre mes félicitations pour le bon travail qui a
été accompli, les résultats financiers excellents que nous
avons obtenus pour plusieurs des filiales. Je sais que ce n'est pas le travail
d'un seul homme. C'est toujours un travail d'équipe et les ressources
humaines m'apparais-sent, comme le dit si bien le rapport, un
élément très important pour nous permettre de continuer
dans la voie dans laquelle nous nous sommes engagés.
Le Président (M. Brisson): Alors, je vous remercie, M.
David. La commission ajourne ses travaux à demain matin, dix heures.
M. Saint-Pierre: Pour l'étude des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Saint-Pierre): Pour l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce.
(Fin de la séance à 22 h 26)