Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du jeudi 27 mai 1976 (Dix heures trente-trois minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission se réunit à nouveau afin d'étudier
les crédits budgétaires du ministère de l'Industrie et du
Commerce. M. Gallienne, du comté de Sept-lles, remplace M. Denis du
comté de Berthier. M. Cornellier (Saint-Hyacinthe)... C'est le
comté de Duplessis, pas le comté de Sept-lles, il me semblait
aussi. On m'a induit en erreur, mes chers collègues.
M. Gallienne: ... Duplessis viendra seulement à Sept-lles,
ça ne sera pas trop pire.
Le Président (M. Brisson): M. Gallienne (Duplessis)
remplace M. Denis (Berthier) et M. Cornellier (Saint-Hyacinthe) remplace M.
Lacroix (Iles-de-la-Madeleine).
Nous en étions au programme 2. Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 2?
M. Morin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé.
Dépôt de documents
M. Saint-Pierre: M. le Président, avant de commencer le
programme 2, je voudrais faire le dépôt de documents qui m'avaient
été demandés hier sur les indicateurs économiques.
On les a calculés de nouveau et distribués aux autres membres de
la commission.
M. Morin: Merci.
M. Saint-Pierre: A la demande du chef de l'Opposition, on a pris
l'année de départ 1970...
Le Président (M. Brisson): Est-ce que vous en avez
d'autres copies?
M. Saint-Pierre: J'en ai d'autres copies ici.
M. Morin: Je vois que ça confirme nos calculs, sauf,
semble-t-il, 2,9% au lieu de 2,7% pour le taux de chômage au
Québec pour l'emploi total. Je suis très heureux de constater que
nos chiffres...
M. Saint-Pierre: Est-ce que je peux terminer? M. Morin: Oui, bien
sûr.
M. Saint-Pierre: Avant de sauter à vos conclusions.
M. Morin: Mais je suis quand même heureux de constater que
nos chiffres étaient exacts.
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas eu le journal des Débats
d'hier pour voir vos chiffres. Je décelais pour 1971 de
légères variations; en tout cas, il y a peut-être... Enfin,
simplement, brièvement, on retrouve donc les indicateurs
économiques du Québec, du Canada, on a reculé à
1970. Vous avez un peu plus loin des évolutions sur ce qui touche le
Québec, l'Ontario, le Canada, pour les populations actives, l'emploi et
le chômage et les écarts relatifs et absolus. La même chose
pour les immobilisations, en partant de 1970 comme année de
départ, ce que vous demandiez, vous voyez que le Québec est
à 16,2 et l'Ontario à 11,9. Cela m'apparaît une statistique
plus valable que de citer constamment celle de 1975 par rapport à 1974;
c'est seulement d'un an. Si on cite un an, il faudrait faire la même
chose pour 1974 par rapport à 1973 où le Québec avait 43%
comparé à 37% pour les autres.
M. Morin: Vous avez raison là-dessus.
M. Saint-Pierre: Je vous remercie. Sur les immobilisations, en
dehors du facteur fabrication, en partant de 1970, on voit que le taux annuel
moyen, pour le Québec, est de 21,2%, alors qu'il est de 13,5% pour
l'Ontario.
Regardons la dernière page. Je m'excuse, le graphique a
été fait rapidement. C'est complexe un peu. Les pourcentages de
croissance du PNB, en dollar courant, comparent le Québec et le Canada.
Le Québec est caractérisé par la ligne pleine et le
Canada, la ligne pointillée.
Ce qui est intéresssant d'observer là-dedans, quand on
parle de taux annuel moyen, par rapport à une année de base,
c'est finalement l'évolution du PNB en dollar courant, pour l'ensemble
des années. En prenant l'année 1971, sans faire une
démonstration mathématique, c'est la sommation des pentes des
différentes lignes qui compte, dans laquelle on prend une moyenne. On
voit que comme en 1971, année de départ, le Canada était
au-dessus de Québec et que finalement les deux se rejoignent à la
fin et compte tenu de l'évolution des pentes, finalement, le
Québec était, d'après les chiffres que nous avions
donnés hier, sur une moyenne de ces quatre dernières
années, supérieur au Canada.
Lorsqu'on recule à 1970, année de départ, on voit
que là, c'est très près l'un de l'autre et, bien
sûr, les pentes moyennes du Canada vont être
légèrement supérieures. Vous avez 12,6% pour le Canada;
12,1% pour le Québec, donc un écart de 5%.
M. Morin: Ce sont les chiffres que je donnais au premier
ministre...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ... et que je vous prierais de lui
transmettre, avec mes compliments et les vôtres aussi, si vous le
voulez.
M. Saint-Pierre: Sûrement. Si vous voulez que je vous en
transmette d'autres également... Vous nous avez donné
l'année 1970, alors, je suis retourné un an en arrière,
l'année 1969. simplement pour vous dire qu'il n'y aura pas une bataille
de chiffres; si on prend 1969 comme année de base, le Québec a
11,3% et le Canada a 11.7%. On voit donc qu'il y a constamment des variations,
suivant le point de départ.
Revenu personnel par habitant, on s'entend? Permettez-vous au premier
ministre de dire que peu importe que l'année de départ soit en
1971 ou 1970, il faudra dire que le Québec a dépassé les
performances du Canada sur l'augmentation du revenu personnel par habitant.
Je ne sais pas si cela confirme que le taux annuel composé pour
le Québec est de 12.9% et 12,4% pour le Canada. Je ne sais pas si c
était la base de l'enquête GALLUP qui montrait que les
Québécois avaient l'impression que leur niveau de vie augmentait
plus que le reste des Canadiens. C'est la trêve pour la guerre de
chiffres. M. le Président, quant à moi.
M. Morin: M. le Président, je veux bien également
que nous en venions à une trêve dans cette guerre des chiffres,
parce que. désormais, je crois que nous nous sommes mis d accord,
à tout le moins, pour ce qui est de la période de 1970 à
1975, l'année 1970 servant de point de référence,
étant donné qu'on ne peut pas, en toute honnêteté,
tenir le gouvernement responsable des performances économiques de
l'année 1970, étant donné qu'il est arrivé au
pouvoir en avril, qu'il y a eu les événements à l'automne
et que. à vrai dire, si on veut vraiment juger sa performance, il faut
le faire en se servant de 1970 comme point de référence, mais en
incluant l'année 1971.
Le tableau que le ministre vient de déposer confirme ce que j'ai
dit à plusieurs reprises, en Chambre. Je ne pousserai pas plus loin la
querelle. Je prierais simplement le ministre de saisir son collègue, le
premier ministre, de ces chiffres et de lui demander désormais,
lorsqu'il fera état de la performance économique du gouvernement
libéral, de tenir compte des chiffres qu il vient de déposer, qui
me paraissent plus exacts, si l'on veut vraiment parler de la performance
économique du gouvernement actuel.
Donc, je n'ai pas d'autres querelles...
M. Saint-Pierre: Au niveau de l'inflation et au niveau des
immobilisations des investissements, je serai également d'accord que la
performance est meilleure que celle du reste du Canada.
M. Morin: J'ai dit, hier, à propos des... M.
Saint-Pierre: De l'inflation.
M. Morin: ... investissements, en particulier... Je pense que le
premier ministre s'en... le ministre, dis-je je m'excuse d'anticiper de
la sorte de l'Industrie et du Commerce avait observé,
sûrement, que j'ai reconnu que, pour les immobilisations, la performance
était meilleure que la performance canadienne, mais j'ajoutais que nous
avons un écart à combler qui n a pas été
comblé. Je pense, en particulier, au fait que. avec 28% de la
population, nous pourrions nous attendre à à peu près 25%
ou 28% des investissements.
Or. ce n est pas le cas. Le ministre le sait. Cela oscille autour de
22%. Donc. I écart est demeuré sous le gouvernement Bourassa.
M. Saint-Pierre: II est passé de 18% à 22%.
M. Morin: D accord.
M. Saint-Pierre: II y a eu une amélioration.
M. Morin: II y a eu une amélioration, mais cet
écart reste et je le trouve grave, parce qu il accuse notre retard, il
ne nous permet pas de combler ce fossé que I'économiste Raynauld
a décrit il y a quelques années, dans un livre magistral
où il montrait que plusieurs des difficultés économiques
du Québec viennent de cet écart constant, hélas! notamment
entre l'Ontario et le Québec, parce qu'évidemment, il serait
hautement significatif également d ajouter une colonne Ontario à
tout ce que nous venons de dire.
Importation de produits textiles (suite)
M. Morin: M. le Président, je serais dispose à
revenir à la question des textiles dont nous parlions lors de
l'ajournement hier. L industrie du textile et du vêtement, vous le savez,
constitue de loin le plus gros employeur du secteur secondaire au
Québec. J'ajouterais, données complémentaires, que le
Québec compte pour 50% de la main-d'oeuvre canadienne de ce secteur.
Malheureusement, comme on l'a vu hier, le Québec ne dispose d'aucun
moyen d'intervention en vue de protéger cette industrie contre certaines
importations. Il doit évidemment toujours plaider sa cause auprès
des fédéraux qui. comme le ministre a pu le constater
récemment, ne se soucient guère, en tout cas ne se soucient
certainement pas assez, de protéger cette industrie
québécoise. Le ministre a dû même se fendre d'une
lettre récemment à son monologue' fédéral dans
laquelle il attirait son attention sur la nécessité d une
intervention decisive. Je ne pense pas que cette intervention ait eu lieu. Cela
nous ramène, en somme, à la situation qui régnait il y a
de cela quelque douze mois, avril 1975. alors que nous avions
déjà constate, a la suite d'une rencontre entre M. Saint-Pierre
et M. Gillespie. que celui-ci n avait pris aucun engagement immédiat
devant les demandes du Québec et du comité conjoint de
l'industrie textile et ne s'était engagé à rien d'autre
qu'à tenter d'en arriver à des ententes de contrainte
volontaire.
Ce qui m'inquiète dans la situation actuelle, c'est que
l'industrie du textile continue de se détériorer. Les
filés de polyester, en particulier, connaissent des difficultés
considérables et je
m'inquiète de la timidité de l'attitude
québécoise, surtout quand on la compare avec celle de
l'Ontario.
Je m'explique mal que l'Ontario, pour lequel le textile n'est pas une
industrie aussi vitale que ce peut I être pour le Québec,
décide de faire une intervention fracassante. Je sais que le ministre va
peut-être me dire que les interventions fracassantes ne sont pas toujours
les meilleures.
Mais voilà ce gouvernement qui intervient vigoureusement, qui
bouscule même un peu les fédéraux, dans l'espoir d'obtenir
un peu leur attention.
Est-ce que le ministre n'estime pas que le temps des lettres polies, des
lettres entre "chers collègues" est peut-être révolu, en ce
qui concerne le textile? Est-ce qu'il n'estime pas qu'il serait temps que le
Québec parle fort, que le ministre, vraiment, fasse une intervention ou
mette le gouvernement fédéral en cause, comme l'Ontario l'a
fait?
M. Saint-Pierre: Je voudrais bien vous procurer un plaisir en
disant: Je vais élever la voix davantage, mais je pense qu'il est
important de surveiller davantage l'ensemble du secteur, de poursuivre nos
analyses de certains des points et de multiplier les rencontres. Je pense que
la lettre que j'ai envoyée à M. Jamieson, bien qu'elle commence
par "Cher collègue", a quand même un ton qui est aussi urgent
que... Qui signale l'urgence avec autant de volonté et, à la fin,
établit des façons très concrètes par lesquelles
nous croyons que la situation pourrait être améliorée. Je
ne sais pas ce que...
M. Morin: Pourquoi pensez-vous que l'Ontario, une province pour
laquelle le textile a moins d'importance encore que pour le Québec, du
point de vue de la main-d'oeuvre, soit intervenu de façon aussi ferme?
Quand on compare les deux attitudes... D'ailleurs, je vous avoue que je
constate la même chose dans d'autres domaines, la même chose pour
le pétrole. L'Ontario intervient de façon tout à fait
décisive, utilise, au besoin, le gel; l'attitude du Québec,
à côté, a l'air tout à fait inconsistante. Je
retrouve la même chose dans le domaine du textile. Je ne vois pas ce que
vous auriez à perdre à être plus ferme. Ce n'est pas
à moi que ça ferait plaisir. Ce n'est pas à moi que
ça rendrait service. C'est à l'industrie en question.
M. Saint-Pierre: Je n'ai rien à ajouter, moi. Encore une
fois, je pense que les nombreuses rencontres que nous avons eues, tant avec la
partie patronale qu'avec la partie syndicale, dans le secteur du textile, les
nombreuses rencontres que nous avons eues avec le fédéral ont
autant de chances que...
Il me semble que vous regardez, avec une projection un peu
particulière, l'action de l'Ontario. La découpure du journal que
vous montrez est peut-être une des rares fois où l'Ontario a pris
publiquement, il est vrai, la défense du textile, alors qu'il semble
que, pour le cas du Québec, particulièrement, puisque, pendant un
certain temps, le ministre responsable de cette politique du textile
était M. Jean-Luc Pépin, l'intérêt que nous avons
montré pour l'industrie du textile est bien connu de tous les gens.
M. Morin: Je suis...
M. Saint-Pierre: C'est un autre point qu'on me signale, c'est
qu'il y a eu constamment des échanges entre l'Ontario et le
Québec. Des analyses ont été, encore une fois,
échangées, on a eu des discussions avant de rencontrer les gens
du gouvernement fédéral.
Quant à fa question que vous avez soulevée, c'était
nous qui avions provoqué la rencontre à Ottawa à laquelle
nous avions invité l'Ontario avec le ministre Gillespie, a
l'époque. Je ne peux pas voir pourquoi vous...
M. Morin: Je parle du rapport qui avait été rendu
public par l'Ontario. Une analyse poussée de l'industrie du textile.
M. Saint-Pierre: Qui décrit cela une analyse
poussée du textile?
M. Morin: Je vois deux références. Dans la Gazette
de Montréal, le 20 novembre 1975, et dans un commentaire de l'analyste
Alan Gray. "The government of Ontario, last week, released a study of the
textile and apparel industries." Je vous l'ai cité, d'ailleurs, hier.
"Quebec has never prepared such a formal analysis. " Je suis bien prêt
à reconnaître que depuis, cela a pu changer, le Québec a pu
bouger, depuis l'an dernier. Je ne peux pas faire autrement que
m'étonner qu'une industrie qui est tellement fondamentale pour le
Québec... J'admets que ce n'est pas l'industrie la plus moderne, quoique
dans les filés de polyester, ce serait à voir. J'admets que ce
n'est peut-être pas les industries de pointes auxquelles le ministre se
réfère de temps à autres, mais c'est tout de même
une industrie qui fait vivre un très grand nombre de
Québécois.
De toute façon, je vois que le ministre est satisfait de la
façon dont il a traité le dossier. Je vais simplement
constater.
J'aurais aimé qu'il soit un peu plus ferme. Je vais constater que
le fait que nous ne définissions pas nos propres politiques
commerciales, que nous ne participions pas de façon directe aux
négociations du GATT, que nous n'y ayons pas accès directement
mais toujours à travers le gouvernement fédéral, fait que
les positions du Québec se détériorent tranquillement dans
le domaine du textile. Il ne faut pas se surprendre que le Canada soit le plus
gros importateur de textile per capita au monde. Cela touche le Québec
très directement. Je voyais des chiffres. Au Canada on importe $28 par
habitant, en moyenne, de textile; en Angleterre, $16 par habitant; aux
Etats-Unis, $10, par habitant et, dans la Communauté économique
européenne, $7 par habitant.
Alors, je crains, en dépit de la lettre que le ministre a
déposée la semaine dernière en Chambre, que l'industrie
québécoise du textile et du vête-
ment ne connaisse encore des années extrêmement difficiles
et que certaines de ces industries ne soient appelées à
disparaître. Je ne peux pas forcer le ministre à être plus
ferme. Je ne peux pas, étant seulement dans l'Opposition, obtenir qu'il
change ses attitudes s'il ne veut pas les changer; mais on constatera
l'année prochaine, quand on se retrouvera à nouveau, que cette
industrie s'est encore dégradée.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je ne voudrais pas qu'on
termine ceci sur cette note très pessimiste. Je respecte l'analyse que
vient d'en faire le chef de l'Opposition, mais en parlant de l'industrie du
textile et des négociations du GATT, vous me permettrez au moins
quelques commentaires à savoir que non seulement avons-nous poursuivi
nos analyses de l'industrie du textile, non seulement avons-nous
provoqué et multiplié, à nombre de reprises, les
rencontres avec le gouvernement fédéral et le gouvernement de
l'Ontario, mais lorsqu'on regarde certains des chiffres, il faut se rendre
compte que dans une période très difficile soit de 1961 à
1973, nous avons réussi, malgré la concurrence des pays en voie
de développement, malgré certaines formes de "dumping" des pays
très industrialisés, non seulement à maintenir l'emploi,
mais à provoquer une croissance de l'emploi.
J'ai des chiffres ici, qui font partie d'une analyse, qui montre que
l'emploi dans l'ensemble du secteur est passé de 88 000 en 1961 à
106 000 personnes en 1973. En fait, même si on veut prendre
l'année 1970 comme point de référence, il faudrait dire
qu'il y a eu une augmentation de 10 000 personnes dans l'ensemble des trois
secteurs, à savoir textile primaire, bonneterie et habillement.
Si on regarde plusieurs des secteurs, la bonneterie et l'habillement en
particulier, on se rend compte que le pourcentage des salaires versés au
Québec, par rapport à l'ensemble du Canada a augmenté pour
plusieurs de ces secteurs. Je prends l'exemple de la bonneterie où
l'emploi au Québec représente 62% de l'emploi au Canada par
rapport à 51% en 1961, nette amélioration. Au niveau des
salaires, ceux versés au Québec représentent 62,8% en 1973
par rapport à 51,5% en 1961, nette amélioration encore. Au niveau
de la valeur ajoutée, la proportion au Québec est de 63,9% en
1973 par rapport à 51% en 1961, nette amélioration.
Au niveau de l'habillement, même portrait, où l'emploi, les
salaires et la valeur ajoutée connaissent des augmentations, et si je
prends la valeur ajoutée, elle passe de 63,3% à 65,4%. En ce qui
touche les négociations du GATT, j'ai déjà
mentionné, hier, et je sais que j'ai déjà convaincu, M.
Jacques Parizeau, mais je pense que j'ai également convaincu dans le
passé le chef de l'Opposition officielle, que le gouvernement actuel est
celui qui a fourni le plus d'efforts et qui a mis le plus de sérieux
à bien se préparer pour les négociations du GATT, beaucoup
plus que n'importe quel autre gouvernement au Québec avait pu le faire
dans le passé.
Je vais affirmer une chose nouvelle en disant, puisque l'on cite
l'exemple de l'Ontario, que, vis-à-vis des négociations du GATT,
il m'apparaît personnellement, je le dis en toute modestie, que les
efforts que nous déployons comme province dépassent de beaucoup
ce que l'Ontario a pu y mettre lui-même pour se préparer
vis-à-vis des négociations du GATT et que l'attention que nous
apportons non seulement au textile, mais à l'ensemble de nos secteurs
que toucheront les négociations du GATT, dépasse de beaucoup
l'attention que le gouvernement de l'Ontario peut apporter à de tels
efforts. Bien sûr, il n'y a aucune comparaison avec les autres provinces
canadiennes qui s'en sont remises complètement à Ottawa. Nous
vivons dans le fédéralisme et nous avons confiance qu'à
Genève, les négociateurs canadiens sont capables de prendre les
intérêts de l'ensemble du Canada, mais nous prenons tous les
moyens pour nous assurer qu'avec sérieux, nous pourrons influencer la
position canadienne et, à ce titre, je pense que les citoyens du
Québec peuvent dire qu'ils ont actuellement, et je n'en prends pas le
mérite, bien sûr, c'est un travail qui a pu être
orienté au niveau politique mais qui y est fait tous les jours par des
fonctionnaires, un gouvernement qui consacre au problème des efforts qui
n'ont aucune commune mesure avec les efforts qui sont faits dans d'autres
provinces pour protéger leur propre industrie.
M. Morin: M. le Président, je voudrais dire que je
reconnais qu'il s'est fait du travail au plan du GATT et, évidemment, la
comparaison avec le passé n'est pas difficile, il ne s'était
jamais rien fait. Donc, il y a eu effectivement sur ce plan un progrès.
Mais ce sur quoi j'ai des doutes, c'est l'efficacité du système
qui consiste à faire des recommandations à Ottawa et à
penser qu'on va nécessairement voir protéger une industrie comme
le textile, par exemple, mais également d'autres comme si on
était maître soi-même de la négociation.
Bien sûr, il est encore trop tôt pour en juger. On va le
voir d'ici, j'imagine, un an ou deux. Le ministre disait, hier, quatre ou cinq
ans, c'est se donner beaucoup de marge. J'imagine que, d'ici un an ou deux, on
aura déjà une idée de l'efficacité des
méthodes qu'il emploie. Quant à moi, je continue de douter que ce
soit là la meilleure façon de régler le problème.
Nous tombons évidemment dans les options tout à fait
fondamentales, ce n'est peut-être pas le lieu d'un débat.
Je n'ai pas terminé la lecture des deux documents qui m'ont
été remis hier après-midi par le ministre. S'il le voulait
bien, nous pourrions adopter le programme 2 dans quelques minutes; j'ai encore
une ou deux petites questions. Nous pourrions adopter le programme, mais je me
réserverais le droit de revenir plus tard, cet après-midi ou ce
soir, sur les documents qu'il a bien voulu déposer hier
après-midi. Si le ministre est d'accord, je lui pose encore une ou deux
questions sur ce programme et nous pourrons l'adopter.
J'aimerais savoir, toujours au sujet de la recherche économique,
quelles sont les principales études en cours. Je crois qu'il a
été question de la
comptabilité économique du Québec. J'ai
également vu, dans le dossier, qu'on avait entrepris des travaux sur les
sources d'épargne, en tout cas, c'est une chose qui a été
promise depuis longtemps; des travaux également sur la balance
commerciale.
Est-ce que le ministre pourrait faire le point sur les principales
études en cours et nous dire où elles en sont?
M. Saint-Pierre: Dans le volume que je vous ai remis sur le
programme 2, on a un document qui, très en détail, indique ce qui
a été fait par la DGRP en 1975/76. Je rappelle les têtes de
chapitre et si vous aviez des questions particulières, M. Bédard
pourrait peut-être nous donner exactement le point de ces
études.
En 1975/76 vous l'avez dans le document des études
sur les négociations commerciales multilatérales du GATT, dont je
vous ai donné les premières pages hier; deuxièmement, des
études sur les sociétés de développement de
l'entreprise québécoise et SODEQ, qui ont donné lieu
à un projet de loi qui est actuellement devant la Chambre; des
études sur les ententes auxiliaires dans le secteur manufacturier;
finalement, des études sur le secteur du commerce de gros et de
détail, où trois des études avaient été
réalisées sur la quincaillerie, les produits alimentaires et
pharmaceutiques. La direction avait entrepris une étude de fond sur la
structure et le fonctionnement de l'ensemble du secteur commerce, afin d'en
arriver à mieux dégager les objectifs, les rôles du
ministère touchant cet important secteur d'activité.
Afin d'accélérer la progression de ce dossier, il fut
décidé, en cours d'année, d'établir une commission
d'étude sur l'évolution et le fonctionnement du commerce, qui a
été annoncée publiquement. D'ici un mois, le
président sera connu et cette étude aura un certain budget lui
permettant de faire le point sur certains des aspects dans les politiques
commerciales, enfin, des études portuaires.
Dans le même document, si on va un peu plus loin, on voit des
travaux sur l'implantation d'une aluminerie au Québec, la
réalisation de deux études importantes, l'une portant sur
l'industrie textile-vêtement; l'autre, sur un inventaire de l'ensemble
des ressources minières, fait ressortir celles qui offrent des
possibilités d'une transformation plus poussée au
Québec.
Tous ces travaux répondaient, bien sûr, à des
actions et à des préoccupations spécifiques. La DRGP
poursuivait l'an dernier, également... On a, d'une manière
très détaillée, ce qui a pu être fait. Je vous donne
simplement les têtes de chapitre d'autres études d'envergure et
à plus longue échéance.
A- Les comptes économiques du Québec;
B- Les projections économiques à moyen terme;
C- La structure manufacturière du Québec.
Je mentionne que ceci a donné lieu à la publication d'un
document sur les taux de productivité dans notre industrie
manufacturière, l'évolution des dix dernières
années, remis en décembre dernier, lors de la conférence
de presse annuelle.
D- La structure industrielle régionale.
Il y a aussi d'autres études qui sont indiquées pour
1976-1977 et qui sont mentionnées dans le livre que vous avez. Je ne
sais pas s'il y a des points particuliers que vous aimeriez soulever. Il y a
beaucoup de...
M. Morin: J'aimerais parler de la comptabilité
provinciale. Est-ce que M. Bédard pourrait nous dire où vous en
êtes? J'imagine que les travaux ont avancé depuis le compte rendu
de mai 1975.
Comptabilité économique
M. Saint-Pierre: Les estimations des comptes économiques
au Québec, faites d'après le concept PNB, que l'on faisait
auparavant, continuent d'être faites, ce qui a permis, par exemple,
d'estimer quelle était la production nationale brute au Québec en
1975. Les autres travaux plus particuliers concernant la comptabilité
économique sont poursuivis depuis quelques années avec
Statistique Canada. Ils ont essentiellement pour but de ventiler les comptes
économiques canadiens entre chacune des régions canadiennes, de
façon que la méthodologie soit semblable et qu'on puisse faire
des comparaisons régionales valables.
Le concept qui est utilisé dans les comptes économiques
ventilés par Statistique Canada est un concept de production
intérieure brute qui est basé sur l'origine de la production,
alors que le concept PNB est basé sur le lieu de résidence. Les
revenus de l'économie sont calculés à partir du lieu de
résidence des différents agents économiques.
Fondamentalement, c'est Statistique Canada qui fait le travail de
ventilation en vue d'arriver à la production intérieure brute par
région canadienne. Les travaux sont très avancés. Il y a
une rencontre fédérale-provinciale qui aura lieu à
Québec les 15 et 17 juin et qui fera le point de façon
définitive. Nous espérons que les principaux tableaux des comptes
économiques, selon la nouvelle formule, pourront être
publiés vers l'automne.
M. Morin: Par vous-mêmes ou par le bureau
fédéral?
M. Saint-Pierre: Si Statistique Canada ne le fait pas, nous
sommes prêts à le faire. Il y a, à l'heure actuelle,
certaines difficultés entre certaines provinces qui voudraient se
réserver le droit exclusif de publier les comptes économiques de
leurs régions. Nous sommes prêts à les publier si
Statistique Canada ne les publie pas.
Mais, enfin, je rappelle que ce sera simplement des comptes
économiques basés sur des concepts différents de ceux
qu'on publie déjà actuellement. Ce sera une information
différente. Elle sera également plus complète dans la
mesure où certains des comptes économiques sur les
échanges interprovinciaux... Eventuellement, en essayant d'avoir de
meilleurs indices, en plus de la
valeur sur les volumes de production. Ce sont des comptes
économiques plus complets que ceux que l'on calcule à l'heure
actuelle, à partir du concept PNB.
M. Morin: Est-ce que vous pensez que ce sera publié avant
l'automne?
M. Saint-Pierre: II y a une forte probabilité que ce soit
publié avant l'automne, si Statistique Canada termine l'ensemble des
comptes principaux. Mais enfin, tout dépend également de
l'attitude particulière que prendront certaines provinces
vis-à-vis de ce problème de la publication comme telle. Si ce
n'est pas publié à l'automne, nous continuerons, de toute
façon, à faire les estimations que nous faisions
déjà sur le concept PNB.
M. Morin: Est-ce que vous allez, de votre côté,
publier vos résultats selon le critère PNB?
M. Saint-Pierre: Je pense que le concept PIB en ce qui concerne
des comptes régionaux est probablement plus valable que le concept PNB.
Dans la mesure où Statistique Canada nous fournirait une information
à jour régulière sur les comptes économiques
régionaux, nous pourrions, à ce moment, délaisser la
comptabilité, la ventilation des comptes canadiens que nous faisons
à l'heure actuelle. Nous envisageons, par ailleurs, de compléter
les comptes économiques que publierait Statistique Canada par des
comptes supplémentaires que nous appelons ici comptes satellites et qui
porteraient plus particulièrement sur les activités du secteur
public québécois, de façon à regrouper dans des
comptes, par exemple, l'ensemble des dépenses qui se font dans le
secteur de l'éducation indépendamment de la définition que
l'on donne parfois à l'entreprise ou à l'institution qui oeuvre
dans le secteur de l'éducation; la même chose, dans le secteur des
hôpitaux ou l'ensemble du secteur public.
M. Morin: Donc, si je veux me donner une image d'ensemble de ce
qui se passe dans ce domaine, on peut dire que la DGRP continue ses travaux sur
les comptes économiques en se fondant sur le concept PNB, tandis que de
son côté, Statistique Canada s'apprête à publier,
selon que les provinces y consentiront ou non, des résultats
fondés sur ce que vous appelez le concept PIB.
M. Saint-Pierre: Voilà.
M. Morin: Maintenant, puis-je vous demander, pour
compléter l'information, à quelle année en est-on, de
votre côté, à la DGRP, et jusqu'à quelle
année porteront les résultats publiés selon le concept
PIB?
M. Saint-Pierre: A l'heure actuelle, les derniers tableaux que
j'ai vus de Statistique Canada portaient sur la période 1961/1971 et on
travaillait pour régionaliser les comptes pour les années 1972
à 1974.
M. Morin: Vous travaillez donc 1972 à 1974. Puis-je vous
demander du côté de la DGRP où vous en êtes?
M. Saint-Pierre: Du côté de la DGRP, nous
travaillons sur la formulation des comptes satellites que je vous ai
mentionnés tout à l'heure, portant plus particulièrement
sur les secteurs publics québécois de la période
1961/1971, afin de compléter ce qui est déjà fait par
Statistique Canada.
M. Morin: 1961 à 1971, toujours selon le concept PNB.
M. Saint-Pierre: En ce qui concerne les comptes satellites que
l'on fait à partir de la ventilation que fait Statistique Canada sur la
base du PIB, ils seront également selon le concept PIB. Les comptes que
nous faisons à l'heure actuelle le sont à base du concept PNB, la
méthode est déjà établie. Il s'agit simplement
d'une opération régulière à chacune des
années que l'on poursuivra tant que les comptes PIB ne seront pas
définitifs et réguliers.
M. Morin: Bon. Je vous saisis bien, mais c'était le sens
de ma question tout à l'heure. Où en êtes-vous au point de
vue des résultats annuels à la DGRP, dans vos travaux
effectués, en vous fondant sur le PNB? Est-ce que vous en êtes
à l'année 1974/75?
M. Saint-Pierre: Les comparaisons qu'on a discutées sur
les taux de croissance, hier et ce matin, portaient sur les résultats
que nous avons calculés pour l'année 1975.
M. Morin: Bon. Vous en êtes donc...
M. Saint-Pierre: On est toujours à jour sur...
M. Morin: ... à jour.
M. Saint-Pierre: Toujours à jour.
M. Morin: M. le Président, j'ai terminé ce
secteur.
Puis-je demander au ministre, parce que c'est une décision sans
doute politique, si son ministère compte publier, de son
côté, les résultats en PIB, si Statistique Canada ne les
publie pas, disons, à l'automne?
M. Saint-Pierre: Sûrement! Cela a toujours
été notre politique sur le plan des statistiques, de les rendre
disponibles le plus rapidement possible, dès que...
M. Morin: Bon! Même si les autres provinces ne sont pas
d'accord avec la publication, vous pouvez donc nous assurer que ces chiffres,
nous les aurons. Bien!
M. Lachance: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): Oui, l'honorable
député de Mille-Iles.
Politique portuaire
M. Lachance: ... sur le programme 2, j'ai une ou deux questions
à poser au ministre concernant la politique portuaire.
Suite aux études du comité interministériel
portuaire mis en place par le gouvernement du Québec, qu'entend-on faire
pour inciter le gouvernement fédéral à investir des sommes
d'argent dans les ports de Montréal, Québec et certains autres,
afin de rendre nos ports concurrentiels avec d'autres endroits d'autres
provinces?
M. Saint-Pierre: Tel que mentionné par le
député, le comité interministériel portuaire a
divisé un peu son action entre trois ou quatre sous-comités. Il y
en a un qui s'est penché sur le problème du vrac solide, et le
ministère que je dirige avait la responsabilité
particulière d'animer ce groupe. Il y avait également un autre
groupe qui touchait le vrac liquide, c'est-à-dire les pétroliers
et autres choses semblables sur un des ports du Saint-Laurent devant alimenter
les raffineries de Québec et de Montréal. Finalement, il y avait
une troisième étude sur le problème particulier du port de
Québec et du port de Montréal, et un quatrième groupe, je
pense, qui analysait d'autres ports, Trois-Rivières, Valleyfield, qui
ont une certaine incidence.
Le but de toutes ces études est, bien sûr, d'avoir une
meilleure perception de la réalité, de mieux saisir certaines des
tendances et de dégager plus facilement des interventions ou des
correctifs qui devraient être apportés. Celui qui a
peut-être défrayé le plus la manchette des journaux
était sur le port de Gros Cacouna. Dans ce secteur, il fut un temps
où, avec l'ancien titulaire du ministère fédéral
des Transports, on voyait la nécessité de faire des études
assez en profondeur avant de pouvoir donner une réponse à des
groupes privés qui ont voulu développer le port de Gros Cacouna.
Le nouveau titulaire semble préférer une analyse sommaire, faite
de l'intérieur. Alors, nous ne nous y sommes pas opposés, parce
que nous avons déjà appuyé les groupes privés qui
avaient été formés, le groupe Havre Champlain qui voulait,
pour les fins complémentaires au port de Québec,
développer cette région qui, en termes d'industrialisation,
connaît quand même certaines difficultés.
M. Lachance: M. le ministre, suite à ces études,
est-ce qu'on a pu déterminer les vocations portuaires exactes de chacun
des ports?
M. Saint-Pierre: Je pense que le grand point qu'on tente de
retrouver, c'est une question de complémentarité, c'est
également de ne pas déplacer du point A au point B des
activités ou des infrastructures qui sont déjà
sous-utilisées. C'est un premier point.
Un deuxième point très important, c'est de voir
l'évolution des caractéristiques du transport maritime au cours
des prochaines années, les questions technologiques, les profondeurs
d'eau requises, de voir si les navires de 250 000 ou de 300 000 tonnes vont
absorber 90% du transport, ou si, au contraire, il y a peut-être eu
plafonnement, comme on a pu le voir en aéronautique avec des avions
supersoniques, alors que les progrès technologiques indiquaient
constamment plus gros, plus vite, là, on semble avoir atteint un
plafond.
C'est le grand point. Il est bien sûr inutile d'implanter à
Gros Cacouana des infrastructures, même si le secteur privé devait
les faire, qui signifieraient que le port de Sept-lles ou que le port de
Québec serait à moitié utilisé. Mais si on est
capable de dégager des vocations complémentaires, je pense que
c'est le point dominant qu'on tente de maintenir.
M. Lachance: M. le ministre, en ce qui concerne SODEC, le
gouvernement a annoncé l'an dernier, lors de son discours
d'inauguration, la création de SODEC, qui favoriserait la petite et la
moyenne entreprise au Québec. Depuis ce temps, le ministère de
l'Industrie et du Commerce a fait des études quant à
l'application de ce projet. J'aimerais connaître à quelle date
seront déposés les résultats de ces études et quand
se fera la mise en application concrète de ce programme d'aide.
M. Saint-Pierre: Le résultat des études a
donné essentiellement lieu au projet de loi no 6, qui est à
l'étape de la première lecture à l'Assemblée
nationale.
Des analyses additionnelles qui ont pu être faites vont surtout
nous aider dans la réglementation que nous espérons
déposer au même moment que nous pourrions amorcer l'étude
en deuxième lecture du projet de loi des SODEQ. Cela a permis,
également, d'alimenter un débat plus intelligent, plus rempli de
maturité, avec les groupes qui ont exprimé un
intérêt pour les SODEQ. Je le dis sans pointe de malice, cela
m'apparaît comme un véhicule additionnel pour favoriser,
justement, des objectifs qui ne sont pas pour nous des slogans creux,
c'est-à-dire favoriser la croissance sur le plan régional,
favoriser l'épargne et favoriser en particulier l'entreprise
manufacturière autochtone comme la très grande entreprise. Je
voyais les déclarations du président de la bourse de Toronto,
hier, qui sont pertinentes à la situation au Québec
également. Toutes les entreprises manufacturières ont de la
difficulté à aller dans les périodes d'inflation et,
compte tenu des rendements d'autres formes de placement, ont de la
difficulté à aller chercher l'équité pour la
croissance de ces entreprises.
Nous pensons que les SODEQ vont être un outil intéressant
pour combler cette lacune au niveau de la petite et de la moyenne entreprise
québécoise. J'espère vivement pouvoir faire adopter par
l'Assemblée nationale, avant l'ajournement de l'été, la
loi sur les SODEQ, ce qui nous permettrait, à l'automne, de faire
commencer possiblement de sept à dix SODEQ. Il y a déjà
beaucoup d'intérêt
dans les régions. Il y a de sept à dix SODEQ qui
pourraient fonctionner à temps plein en 1977.
M. Lachance: M. le ministre, hier, je n'étais
présent. Je ne sais pas s'il y a eu une question qui a été
posée sur la commission d'enquête sur le commerce au
détail.
M. Saint-Pierre: Non, il n'en a pas eu. On a brièvement
effleuré ce sujet ce matin. On a donné publiquement le mandat de
cette commission d'enquête sur le commerce au détail. Les trois
grandes lignes qui vont être étudiées sont:
premièrement, l'ensemble de la structure du commerce au détail,
de son évolution, particulièrement rétablissement de
réseaux de distribution; deuxièmement, la question des centres
commerciaux et leur influence vis-à-vis des infrastructures des
centre-ville. Le fait qu'il n'y ait aucune réglementation a pu amener
une certaine anarchie de ce côté et également certaines des
pratiques commerciales à l'intérieur des centres commerciaux qui
peuvent respecter les lois sans pour autant favoriser une saine concurrence
dans le réseau de distribution entre le producteur et le consommateur.
Le troisième point sur lequel nous allons nous attarder, c'est les
politiques d'achat des entreprises de distribution et leurs relations avec les
entreprises manufacturières. Nous avons présenté quelqu'un
qui a accepté d'être président de cette commission
d'étude qui est un peu une commission extérieure au
ministère. Cette personne est malheureusement à
l'extérieur du pays dans le moment; je dois la rencontrer au
début de juin et on annoncerait le nom de cette personne qui
consacrerait une bonne partie de son temps à surveiller, un peu comme M.
Castonguay a pu le faire au niveau des affaires urbaines, cette commission
d'étude qui aurait un budget de l'ordre d'un demi-million de dollars et
une durée d'à peu près deux ans pour une étude en
profondeur de ce secteur.
M. Lachance: En somme, ce sont les conclusions
préliminaires à la suite de cette commission d'enquête.
Merci.
Le Président (M. Brisson): Programme 2, adopté?
M. Morin: Oui, sous la réserve exprimée tout
à l'heure, M. le Président, le programme 2 est adopté. Le
programme 3.
Le Président (M. Brisson): Nous pouvons passer au
programme 3. Orientation et développement de l'industrie secondaire.
Industrie secondaire
M. Saint-Pierre: M. le Président, j'ai ici les copies d'un
document que je dépose, qui a déjà été
quelque peu publié dans les journaux. C'est sur l'industrie de
l'aluminium au Québec. Je le dépose aux membres de la commission
parlementaire. Ce n'est pas relié directement au projet d'implanta- tion
d'aluminerie; c'était une des études sectorielles dont parlait M.
Bédard tantôt et qui tente, dans un secteur donné, de nous
donner une meilleure perception de la réalité. Le chef de
l'Opposition attire mon attention à l'occasion sur quelques phrases dans
le document. Je l'invite à lire toutes les phrases.
M. Morin: Maintenant qu'il est rendu public, nous pourrons
à notre aise en citer des passages plus entiers. La date de ce document
ne me paraît pas indiquée. Je vois que cela émane de la
DGRP comme M. Bédard l'a indiqué tout à l'heure. Est-ce
que vous pourriez nous dire si c'est de 1975 ou de 1976?
M. Saint-Pierre: C'est de 1976. Cela a été
terminé à la fin de 1975, au début de 1976, je pense. Le
premier janvier 1976, si vous voulez. C'est la première fois que je le
vois dans sa forme actuelle. Je l'ai vu comme brouillon et je l'ai vu dans les
journaux après cela.
Je déposerais également, M. le Président, la liste
alphabétique des aides financières consenties en 1975/76 par la
Société de développement industriel du Québec tel
que demandé hier.
M. Morin: Merci infiniment. Est-ce que je pourrais en avoir
peut-être deux ou trois exemplaires? De même, si ie ministre en a
sous la main ou si quelqu'un parmi ses adjoints en a des exemplaires
supplémentaires, j'aimerais obtenir d'autres copies du document qu'il a
déposé au tout début de la séance. Celui que vous
avez entre les mains justement en ce moment. Cela m'éviterait d'avoir
à en faire faire la reproduction de mon côté si vous en
aviez deux ou trois exemplaires supplémentaires? C'est bien. Merci.
M. Saint-Pierre: M. le Président, M. Rivest, qui est
attitré à la direction du commerce, et qui a été
nommé délégué responsable de la maison du
Québec, conseiller économique à Milan, a des
problèmes non pas personnels, mais relatifs à ses
préparatifs de départ, entre autres. Est-ce qu'il serait possible
au chef de l'Opposition, s'il a des questions sur le commerce, de faire en
sorte qu'on puisse iibérer M. Rivest? C'est le programme 7. Ou est-ce
que c'est...
M. Morin: Non. Ecoutez, dans le programme 3... Vous me parlez
maintenant du programme 7.
Le Président (M. Brisson): C'est dans ie programme 7.
M. Saint-Pierre: Si c'est possible, pour qu on puisse
libérer M. Rivest. Je m'excuse, mais...
M. Morin: Oui. J'aurais préféré...
Le Président (M. Brisson): Services aux
établissements commerciaux. Concernant la maison du Québec
à Milan.
M. Morin: Si le ministre m'en avait prévenu
avant la séance, j'aurais peut-être pu être
prêt davantage avec le programme 7. Est-ce que le ministre serait
satisfait si nous abordions cette question dès le début de la
séance de cet après-midi? Est-ce que ce serait trop tard?
M. Saint-Pierre: II n'y a pas de problème. M. Rivest ne
peut pas être ici cet après-midi, mais il n'y a pas de
problème. Il y a de bons documents. Je vais vous répondre. Alors,
continuons le programme 3.
Le Président (M. Brisson): Programme 3,
élément 1. Prospection de l'investissement.
Industries pétrolière et
pétrochimique
M. Morin: M. le Président, avant d'aborder
l'élément 1, je voudrais parler d'un problème, d'une
question qui intéresse l'ensemble du programme 3. Après cela,
nous passerons, si vous le voulez à l'élément 3. J'ai
plusieurs dossiers dont j'aimerais parler, aussi bien l'industire
pétrolière et pétrochimique que les parcs industriels, que
l'aluminerie, que le projet d'uranium enrichi. J'avais l'infrastructure
portuaire, mais mon collègue en a parlé tout à l'heure. Et
enfin, peut-être le bill 23 et la société Associated
Textiles.
Je commence par les industries pétrolière et
pétrochimique. Il y a eu, le ministre le sait certainement, depuis
quelques années, une chute vertigineuse de la part
québécoise en pourcentage dans les investissements canadiens et
ontariens dans ces deux industries pétrolière et
pétrochimique. Je me permets de mentionner quelques chiffres qui
donneront une idée de la chute dont nous sommes témoins en ce
moment et qui sans doute doit préoccuper le ministère. Je me
permets de faire allusion, à titre d'introduction, à ce que
déclarait un membre de la CDC, M. Pierre Côté, dans une
entrevue qu'il accordait à la section économique du Soleil en
1974, entrevue que je trouve particulièrement intéressante, parce
qu'il avait prévu-dès ce moment-là que l'industrie
pétrochimique québécoise était non seulement
menacée dans son expansion, mais que sa survie même était
en cause.
Il soulignait qu'à son avis, il n'y avait pas place pour deux
ensembles pétrochimiques de grande envergure au Canada et que la
réalisation du projet SOAP mettrait en cause, à son avis, la
survie de l'industrie pétrochimique québécoise. Cela
était fort important puisque 2700 emplois situés dans l'axe
Montréal-Varennes sont directement en cause. Or, quand on regarde
l'évolution de la situation de cette industrie et des investissements
qui y ont été faits depuis 1968, on constate que, dans les
chiffres des investissements par rapport à ceux qui se font dans
l'Ontario en particulier et par rapport à ceux qui se font dans
l'ensemble du Canada, la part du Québec va diminuant sans cesse.
Par exemple, en 1968, quand on regarde les investissements, on
s'aperçoit que ces investissements étaient de $64 millions au
Québec et de $68 millions dans l'Ontario pour $307 millions dans
l'ensemble du Canada. Donc, à cette époque, on peut dire que le
Québec tenait assez bien tête à l'Ontario malgré
l'avance de cette dernière province, avance qui existait
déjà à cette époque.
M. Saint-Pierre: En 1972, ça?
M. Morin: Non, en 1968, je vais venir à 1972 un peu plus
tard. En 1969, déjà, il y avait de moindres investissements,
puisqu'il n'y en avait que $38 millions au Québec et $116 millions dans
l'Ontario, pour $222 millions dans l'ensemble du Canada. En 1970, ça
commence à devenir assez dramatique puisque nous n'avons que $60
millions au Québec par rapport à $160 millions dans
l'Ontario.
En 1971, $61 millions au Québec par rapport à $140
millions dans l'Ontario. En 1972, $37 millions et quelques brindilles par
rapport à $133 millions dans l'Ontario. En 1973, $54 millions par
rapport à $131 millions. En 1974, $192 millions par rapport à
$261 millions et en fait...
M. Saint-Pierre: Je m'excuse, alors en 1974, c'est $192 millions
au Québec?
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Par rapport...
M. Morin: Par rapport à $261 millions dans l'Ontario. Ce
sont les chiffres que j'ai, si le ministre en a d'autres plus récents ou
plus exacts, il est le bienvenu.
M. Saint-Pierre: Mais cela représentait une augmentation
de 252% au Québec dans un an.
M. Morin: Oui, mais 1975 vient, hélas! changer toute la
perspective puisqu'il y a eu $247 millions d'investissement au Québec
pour $759 millions dans l'Ontario. C'est là vraiment que le bât
commence à blesser très durement.
C'était pour la pétrochimie. Si je me tourne...
M. Saint-Pierre: Juste pour qu'il n'y ait pas de confusion...
M. Morin: Je m'excuse, c'était pour les produits
chimiques.
M. Saint-Pierre: D'accord.
M. Morin: C'est ça. Les produits chimiques.
Me tournant maintenant vers l'industrie pétrolière
proprement dite, pour 1968, les investissements au Québec étaient
supérieurs à ceux de l'Ontario. C'est une
réalité... Voulez-vous...
M. Saint-Pierre: C'est Golden Eagle, mais ça... M.
Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je ne veux pas
interrompre le chef de l'Opposition, mais il
faudrait comprendre que lorsqu'on parle de raffineries et d'usines
pétrochimiques, il y a un caractère cyclique dans ça qui
fait que la comparaison d'une année à l'autre ne veut pas dire
grand-chose. Je n'ai pas... Vous savez...
M. Morin: Je m'excuse, mais il y a là des tendances qui
sont très nettes et...
M. Saint-Pierre: Là, je vais être comme vous,
recommencez donc par l'année 1967, s'il vous plaît, au lieu de
1968, parce que, l'année 1968, c'est, bien sûr, l'implantation de
Golden Eagle à Saint-Romuald.
M. Morin: Oui, mais c'était un bon résultat pour le
Québec, je veux dire...
M. Saint-Pierre: Vous ne vous attendez pas qu'il y ait une
raffinerie chaque année, si je vous suis bien.
M. Morin: Bien sûr, mais je constate qu'en 1968 et en 1969,
les investissements, et en 1970 aussi, étaient supérieurs
à ceux de l'Ontario. En 1971 ils étaient à peu près
égaux.
C'est à partir de 1973 qu'on assiste à un énorme
effort dans l'Ontario, qui ne connaît pas son équivalent au
Québec. C'est là que la situation peut se gâter. Par
exemple, en 1973, les investissements sont de $50 millions au Québec et
de $81 millions en Ontario.
En 1974, de $64 millions au Québec j'arrondis, bien
sûr, chaque fois et de $106 millions en Ontario.
En 1975, alors là, l'écart s'agrandit, $62 millions au
Québec et $158 millions en Ontario. De sorte que, quand on fait la
proportion Québec-Ontario, on s'aperçoit que cela est
tombé à 0,39%; 0,61% en 1974 et 0,39% en 1975.
Le ministre connaît ces chiffres aussi bien que moi, donc, je ne
vais pas l'empoisonner en lui descendant toutes les colonnes de chiffres que
j'ai devant moi. Cela me paraît fort préoccupant, étant
donné le caractère extrêmement dynamique de cette industrie
pétrolière et de tout ce qui en dépend.
Ma première question serait celle-ci: Est-ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce ne serait pas d'avis que le moment est mûr
pour une intervention de l'Etat québécois dans ce secteur
j'entends, par le truchement de l'entreprise publique du pétrole
en particulier? Laissons les produits chimiques de côté pour
l'instant. Ils complètent le tableau, mais c'est surtout au
pétrole et aux dérivés que je m'intéresse ce
matin.
Le ministre sait que son collègue, le ministre des Richesses
naturelles, étudie sérieusement l'idée de faire de Golden
Eagle une entreprise publique. Est-ce que le ministre a une attitude? Est-ce
que son ministère s'est penché sur cette question? Et est-ce
qu'il en est venu à des conclusions?
M. Saint-Pierre: Oui, le ministère s'est lon- guement
penché sur cette question. Notre intérêt, bien sûr,
dans le dossier, est plutôt au niveau de la nécessité de
stimuler l'industrie pétrochimique, d'avoir des produits de base,
communément appelés du "feed-stock", qui soient à des prix
concurrentiels par rapport à ceux de la région de Sarnia, par
rapport à ceux de l'Alberta et par rapport, en particulier, à
ceux de la région du golfe du Mexique.
Dans ce contexte, nous avons exploré plusieurs
possibilités de transformer ou de faire des additions à des
raffineries existantes, si. a la base, on utilise l'huile lourde, par rapport
à l'utilisation du gaz naturel et nous avons examiné des
possibilités de faire des additions à des raffineries existantes,
pour nous permettre d'avoir ces produits de base nécessaires pour
être capables de stimuler l'industrie pétrochimique.
C'est bien sûr que, dès qu'on parle de produits de base
pour l'industrie pétrochimique, on parle d'huile lourde et de gaz
naturel, deux richesses naturelles que le Québec n'a pas. non seulement
des surplus, ni une production importante, mais en est nettement
déficitaire.
M. Morin: L'Ontario non plus, soit dit en passant.
M. Saint-Pierre: Sauf que l'Ontario je vais vous donner sa
version des choses pendant longtemps, a dû supporter, pour le gaz
naturel, des prix plus élevés que nous avons dû le faire
sur le plan énergétique, de même que pour le
pétrole, ce qui lui a donné, en termes d'accès,
actuellement, lorsque le prix international était plus
élevé que le prix canadien, toute une infrastructure, un
réseau de distribution, qui lui permet maintenant d'être
approvisionné à une source qui est moins...
Mais heureusement, grâce à la bataille énergique
faite par le premier ministre du Québec, nous avons réussi, en
1972, à obtenir un gain important, c'est-à-dire le prix unique,
pour le marché intérieur canadien, ce qui était quand
même important, puisque, traditionnellement, le prix unique n'avait pas
été établi et la différence était à
l'avantage du Québec. Lorsque les choses ont changé, nous avons
réussi au moins à avoir le prix unique.
C'est d'ailleurs la même chose sur le plan du gaz naturel. Depuis
1970, la région de Montréal est sur la même zone de prix
que la région du sud-est de l'Ontario, ce qui, sur le plan industriel et
manufacturier, est très important.
En ce qui touche l'intervention de l'Etat, au niveau de la raffinerie
elle-même, ce sont des dossiers qui relèvent de mon
collègue, le ministre des Richesses naturelles. Je sais que vous lui
avez posé toutes les questions possibles et imaginaires sur ce dossier.
Il répondait au nom du gouvernement, n'est-ce-pas? En ce qui touche
maintenant l'implication...
M. Morin: Je m'excuse auprès du ministre. Ce n'est pas moi
qui ai fait l'étude des crédits des Richesses naturelles. C'est
un des ministères que je n'ai pas, Dieu merci!
M. Saint-Pierre: On conviendra cependant que la question de la
raffinerie, si on parle de la raffinerie elle-même, est
généralement suivie par le ministère des Richesses
naturelles. Après la raffinerie brute, pour toutes les installations
nécessaires, je pense que le gouvernement, beaucoup plus que le
gouvernement de l'Ontario, a été dans le dossier de la
pétrochimie, depuis 1970/71.
Les développements survenus dans la région de
Montréal, ont permis, avant la déclaration de M.
Côté, de sauver l'entreprise pétrochimique de
Montréal. Je parle bien sûr des développements dans le
polypropylène, des développements dans l'éthylène
entre la compagnie Gulf et la United Carbide, de même que dans le
polypropylène, avec la compagnie Hercule, ce qui représentait
quand même des investissements globaux de près de $100 millions
qui ont été obtenus avec, comme catalyseur important, le
gouvernement du Québec, non seulement au niveau de subventions, mais au
niveau de gens qui ont préparé le terrain.
Les statistiques, il faut bien se rendre compte que, dans ces secteurs,
des investissements massifs sont faits. Il y a un caractère
déformé dans les statistiques. Je vais vous donner un chiffre.
C'est évident que je ne sais pas si vous voulez en attribuer la
paternité au gouvernement mais, dans les galeries du pétrole et
du charbon, en 1968, les investissements, au Québec,
représentaient... Dieu sait qu'à cette époque, le secteur
privé boudait un peu le Québec. Mais, à cause de Golden
Eagle, cette année, les investissements au Québec
représentaient 57% des investissements canadiens, avec une population de
28%. Evidemment, il n'y a rien de surprenant, parce que cela prend deux ans
pour construire une raffinerie. Quand elle est construite, ce furent des
dépenses importantes.
Une fois construite, dans la période de 1968/69, les besoins de
raffinerie ne se font pas sentir à tous les ans. Après, cela s'en
va en Ontario. Je pourrais vous donner des chiffres pour montrer la situation
désastreuse de l'Ontario, en 1969/70 dans son pourcentage
d'investissements canadiens dans ces secteurs. Cela se comprenait, parce que
l'expansion se faisait surtout à Montréal.
Là je ne le cache pas le projet de SOAP, pour
l'appeler par son nom, évidemment, est un projet important. Il y a
plusieurs analyses au gouvernement fédéral qui prévoient
que les investissements spectaculaires qu'on avait annoncés pour
l'Alberta ne se matérialisent pas aussi facilement qu'on avait pu
concevoir. Même, il y a des doutes sérieux jusqu'à quel
point le gouvernement de l'Alberta, en face des problèmes de
main-d'oeuvre, des difficultés de recrutement de main-d'oeuvre pour les
sables bitumineux de l'Arthabaska, est aussi prêt s mettre de l'avant
quatorze projets différents, mais reconnaît qu'il va y avoir des
implantations ailleurs.
Il y a plusieurs projets annoncés qui ont été
abandonnés par la suite. Il y en a plusieurs qui pensent que, si on peut
retrouver une certaine stabilité et une certaine continuité au
niveau des approvisionnements et des prix, ce sera la région de
Montréal, qui a quand même des avantages qu'il ne faut pas
sous-estimer, qui, après celle de Sarnia, recevrait des
développements.
On a vu, en cours de route je les mentionne, parce que cela vaut
la peine de les signaler bien sûr, en fait, des coûts un peu
exceptionnels qui ont été faits dans les provinces Maritimes qui,
elles aussi, ont droit à une place au soleil. Mais on voit que cela n'a
pas toujours mené à de bons résultats. Sûrement que
le gouvernement du Québec a dû se faire critiquer, lorsqu'il n'a
pas accepté les propositions de M. Shaheen pour faire des raffineries au
Québec, mais on voit ce que cela a donné, de la même
façon dont on s est fait critiquer dans les journaux et par
l'Opposition, lorsque la compagnie Bricklin n'était pas venue
s'établir à SOMA. Je pense qu'aujourd'hui, il faut
reconnaître que notre refus était un refus sage.
M. Morin: Je ne doute pas que vous trouviez mille et une bonnes
raisons pour expliquer la situation actuelle, mais il n'en reste pas moins que
la proportion des investissements entre Québec et Canada, jusqu'à
1972, se situait au-dessus de 25%.
M. Saint-Pierre: Vous parlez des dérivés du
pétrole et du charbon, parce qu'il y a là deux secteurs qu'il ne
faut pas confondre.
M. Morin: Non, je m'excuse, je parle de l'industrie
pétrolière.
M. Saint-Pierre: De l'industrie pétrolière, c'est
cela, des dérivés du pétrole et du charbon. C'est un des
groupes majeurs.
Je vous dis simplement que cela a été toute la phase
d'expansion qu'a connue Montréal, en termes d'importance à
l'intérieur du groupe canadien, à la fois dans le secteur des
raffineries, les investissements de Pétrofina, les investissements de
Imperial Oil, les modernisations, la construction de Golden Eagle, le projet
auquel le gouvernement avait été intimement associé des
trois compagnies dans le secteur pétrochimique. Tout cela s'est
terminé en 1972/73.
M. Morin: Mais, peut-être que...
M. Saint-Pierre: Là, je vous dis qu'actuellement, l'action
se passe ailleurs. C'est pour les raisons que je vous ai données.
M. Morin: C'est cela.
M. Saint-Pierre: Hier, elle se passait ici. Demain, elle va se
passer ici; mais maintenant elle se passe ailleurs.
M. Morin: Je n'en suis pas si sûr, justement, parce que les
chiffres, la proportion Québec-Canada se maintenait de façon
assez ferme depuis 1960. C'est en 1973, 1974 et 1975, c'est-à-dire
depuis trois années consécutives que le résultat donne
.15%, .16% et .13%. Ce ne sont pas seulement des résultats sporadiques.
C'est une tendance. J'appelle cela une tendance, en tout cas.
M. Saint-Pierre: Non, je n'appelle pas cela une tendance.
J'appelle cela le mouvement cyclique qui a fait que pendant... Regardez dans
les mêmes statistiques, pendant neuf ou dix ans, on est nettement
au-dessus de notre moyenne par rapport à la population que nous
représentons au Canada, 44%, sauf en 1966 où cela tombait
à 22%. mais 33%, 57%, 32%, 28,9% et 26,6%. Alors là, on a eu une
tendance qui nous a favorisés pendant huit ou neuf ans dans ces
secteurs. Je vous dis simplement que comme la matière de base de la
raffinerie et de l'industrie pétrochimique, c'est soit de l'huile lourde
et soit du gaz naturel, c'est évident que la crise
énergétique a joué contre nous. Je ne vous cache pas
également que les problèmes de l'industrie de la construction que
nous avons eus en 1973, la compagnie Hercule à Varennes a
été bien placée pour nous en parler. On pourrait faire
venir ici les intéressés pour nous parler des taux de
productivité que le syndicalisme québécois nous a
donnés dans cette période. Cela ne nous aide pas non plus.
M. Morin: Je sais qu'il y a toujours des raisons. Je suis heureux
de les entendre de la bouche du ministre. Est-ce qu'il n'est pas inquiet tout
de même de cette tendance qu'il appelle, lui, un cycle. Il semble nous
dire qu'après les vaches maigres, viendront les vaches grasses. Je ne
suis pas du tout sûr de cela, étant donné la conjoncture
pétrolière générale, et étant donné
ce que j'ai pu entendre de la bouche de M. Bernard Cloutier, il y a quelques
jours.
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce qu'il disait, M. Bernard Cloutier?
M. Morin: Au sujet de l'évolution du prix du
pétrole, ce n'est certainement pas de nature à aider l'entreprise
québécoise par rapport à celle de l'Ontario, par
exemple.
M. Saint-Pierre: Le prix du pétrole
québécois va être... Il n'y a personne... C'est une
position très ferme du gouvernement québécois qui a
été très bien défendue par M. Bourassa à des
conférences fédérales-provinciales le prix unique.
Actuellement, il n'y a aucune distinction. Le prix du pétrole ne joue
pas, il peut évoluer. Notre crainte... nous avons eu deux positions qui
sont très importantes! A l'époque, peut-être encore plus
fermement que l'Ontario, le prix unique à l'intérieur du groupe
canadien, et deuxièmement, un prix unique canadien, pas supérieur
au prix moyen américain, par rapport à d'autres qui...
M. Morin: En attendant que le prix albertain ou que le prix
canadien rejoigne le prix international, ce qui est déjà en bonne
voie...
M. Saint-Pierre: Non, mais actuellement, ce qu'il faut dire,
c'est que la crise d'énergie quand même a un peu de barbe. Elle a
trois ou quatre ans. Le prix canadien a toujours été
inférieur au prix moyen américain. Je pense que c'est encore la
position du gouvernement...
M. Morin: Bien sûr, avec les augmentations qui s'en
viennent, de $1.75 le baril, c'est beaucoup moins sûr, à
moins...
M. Saint-Pierre: ... moyens américains. On ne
dépasse pas.
M. Morin: En ce moment, c'est à peu près kif-kif.
Encore faudrait-il... Quel est le prix moyen américain? C'est $9.50? A
l'heure actuelle, avec le $1.75 qui est annoncé pour les prochains sept
mois, cela fait $9.75; donc on le dépasse, le prix moyen
américain. Si le ministre veut être exact, il va être
obligé d'admettre cela.
M. Saint-Pierre: Si le prix américain ne change pas
dans...
M. Morin: Ah! d'accord.
M. Saint-Pierre: II y aura des élections aux Etats-Unis au
mois de novembre.
M. Morin: II se peut qu'après les élections, cela
augmente; mais techniquement, à l'heure actuelle, le prix prévu
va être supérieur au prix américain, si celui-ci ne change
pas. Ce n est pas le point principal dont nous parlions l'autre jour avec M.
Bernard Cloutier. Nous parlions du fait que ce n'est pas impossible que le
Québec se trouve entraîné dans le développement fort
coûteux, non seulement des sables bitumineux de I Athabaska, mais
également dans la construction extrêmement coûteuse d'un
réseau de distribution des ressources énergétiques du
grand nord canadien et que le Québec doive payer son pétrole et
son gaz éventuellement beaucoup plus cher que le prix international
lorsqu'il aura été inclus pour ainsi dire, à
l'intérieur d'une nouvelle ligne Borden destinée à obtenir
ce que les fédéraux appellent non plus l'autosuffisance mais ils
ont trouvé un autre euphémisme extrêmement...
Je ne me souviens plus exactement du mot anglais qu'ils utilisent, mais
c'est le "self-reliance", voilà l'expression exacte! C est-à-dire
la faculté de se suffire à soi-même. Ce n'est pas tout
à fait le même concept que l'autosuffisance, à ce qu'on
nous a expliqué, mais concrètement pour le Québec,
ça ne sera pas loin de provoquer les mêmes résultats. C'est
dans cette perspective que je ne peux pas me montrer optimiste à
l'égard du développement de l'industrie pétrolière
québécoise.
M. Saint-Pierre: Je ne peux penser à aucun pays au monde,
si on oublie certains des pays du Moyen-Orient qui, en matière de
richesses naturelles et, en particulier, de richesses
énergétiques, ne serait pas prêt à changer de
position avec le Canada. C'est bien sûr que le développement du
delta du Mackenzie ou des îles de I Arctique va coûter beaucoup
plus cher que ce qu'on a pu obtenir jusqu'ici à partir de Leduc en 1946
jusqu'à tout récemment, en termes de coûts, compte tenu des
coûts d'exploration, mais également des coûts de transport
et autres.
Mais je diverge d'opinion avec le chef de
l'Opposition lorsqu'il voit dans ceci un développement
très défavorable au Québec, puisqu'un des points qui a
joué je tiens à insister au cours des trois
dernières années, contre nous, et qui a fait que plusieurs
entreprises, en dehors des problèmes de coûts de construction et
autres, ont pu hésiter à investir au Québec ou
considérer sérieusement le Québec, c'était notre
dépendance, notre quelle est l'expression que vous aviez?
"self-reliance". C'était notre "self-dependence" que le Québec
avait vis-à-vis des marchés extérieurs.
C'est-à-dire que, par ces...
M. Morin: Ce n'est pas "self-dependence" C'était
"dependence" tout court. Dépendance tout court.
M. Saint-Pierre: Dépendance tout court, enfin; ce que j'en
suis, c'est que le fait que le Québec devait être
approvisionné à 100% de l'étranger, avec tout ce que cela
avait d'incertitude... Il semble que les investisseurs craignent l'incertitude.
Alors là, cela en affecte plusieurs. D'ailleurs, c'est partiellement
corrigé, maintenant, et c'est pour ça que je suis peut-être
un peu plus confiant, grâce au pipe-line Sarnia-Montréal qui,
maintenant, rétablit des possibilités d'approvisionnement
partielles, peu importe la conjoncture internationale.
M. Morin: Distinguons bien la question de la
sécurité des approvisionnements de celle du prix, parce que la
sécurité, c'est peut-être un facteur d'investissements
important, mais le prix est encore bien plus important.
M. Saint-Pierre: Non, je ne pense pas. M. Morin: Bien!
M. Saint-Pierre: Dans le contexte actuel, non. Le prix, pour une
usine je parle du secteur de la pétrochimie
pétrochimique, je pense qu'aujourd'hui M. Dinsmore
confirmerez-vous ça? évidemment, il y a certaines limites.
Mais je pense qu'aujourd'hui, les gens préfèrent être dans
un contexte où le prix est légèrement supérieur,
mais la sécurité d'approvisionnement est complète, que
d'être dans une situation...
M. Morin: Oui...
M. Saint-Pierre: Bien oui, mais c'est ce qu'on vous dit...
M. Morin: ...vous me parlez de prix légèrement
supérieur...
M. Saint-Pierre: ... quand vous parlez de l'Arctique...
M. Morin: . mais moi, je vous dis que le prix canadien sera
peut-être beaucoup supérieur au prix international d'ici quelques
années quand on va tomber dans les sables bitumineux ou dans le gasoduc
qui va venir de l'Arctique.
Là, la question des prix va jouer contre le Québec,
à moins que le Québec soit suffisamment intelligent pour
comme M. Cloutier, le président de SOQUIP, le disait d'ailleurs dans son
rapport de 1975 s'assurer des approvisionnements à des prix
stables à l'extérieur du Canada. Aller chercher le
pétrole, autrement dit, là où il est moins cher. Mais si
on se laisse entraîner derrière une nouvelle ligne Borden qui
inclurait le Québec, à ce moment-là, il n'y aurait
peut-être plus de marge de manoeuvre pour l'industrie
québécoise.
Est-ce que le ministre partage mon idée, mon souci de conserver
au Québec la plus grande marge de manoeuvre possible quant à
l'approvisionnement et quant au prix? Autrement dit, est-ce qu'il est conscient
du fait que le Québec doit éviter de se laisser entraîner
trop exclusivement à l'intérieur d'un marché fermé
du pétrole au Canada?
M. Saint-Pierre: Si nous avons un prix unique canadien, je ne
partage pas votre point de vue, parce qu'on ne peut pas être dans ce
secteur c'est très sérieux, ce que vous soulevez
comme un enfant gâté qui va décider de la couleur de la
crème qu'il va avoir sur son gâteau. Moi, avec le... Non, c'est
très sérieux. Ou, on va jouer avec le Canada et on va tenter de
miser dans cela.
M. Morin: C'est sérieux.
M. Saint-Pierre: ... ou bien on va jouer avec l'extérieur.
Je ne partage pas le point de vue exprimé par M. Cloutier. Dans la
conjoncture actuelle, si j'ai le choix d'être allié avec
l'ensemble canadien sur le plan des ressources énergétiques ou
bien de tenter de conclure des ententes, on a vu comment celles-ci ont pu
être respectées dans le passé avec certain pays, pour
tenter d'avoir des profits à court terme, moi. entre les deux choix,
à long terme, je choisis le Canada sans hésiter. Je me dis que je
ne peux pas jouer à la fois sur un tableau et sur l'autre.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Prendre le Canada, quand cela fait mon affaire
et, trois mois après, changer d'idée et dire: Je veux aller avec
la France, parce qu'elle m'offre quelque chose de moins cher, ou aller avec la
Belgique et se retrouver...
M. Morin: ... ce serait plutôt le Moyen-Orient. M.
Saint-Pierre: Je vous mentionne...
M. Morin: Je ne voudrais pas mettre le ministre en opposition,
artificiellement, avec M. Cloutier. L'opinion que je cite de M. Cloutier ne
porte pas sur la question du prix, elle portait sur la nécessité
pour le Québec de négocier d'Etat à Etat avec les pays
étrangers, dans le domaine des approvisionnements et des prix
pétroliers. C'est ce point auquel je me réfère quand je
parle des opinions de M. Cloutier. Le reste, c'était mon idée
que je mettais de l'avant, et c'est donc plutôt avec moi qu'avec
M. Cloutier que le ministre semble en désaccord.
Pour être plus précis et pour m'assurer que le ministre
n'est pas en désaccord avec M. Cloutier, est-ce que je peux lui demander
ce qu'il pense de la création d'un secteur public pétrolier au
Québec?
M. Saint-Pierre: Je suis en désaccord. Je ne suis pas en
accord avec de telles propositions, je n'y vois pas d'avantage. Je vous l'ai
dit hier. C'est la même chose que de nationaliser les poteaux de Bell
Canada quand le gouvernement provincial peut avoir tous les
éléments sur le plan des règlements. Je suis
complètement en désaccord. Je n'y vois aucun avantage. A
l'avance, je vous dis que cela relève de mon collègue M.
Cournoyer et je sais que lui-même partage mon point de vue. Si jamais
quelqu'un voulait nous amener ces propositions au Conseil des ministres,
à moins d'avoir des éléments nouveaux que je ne vois pas
devant moi, je vais m'opposer à ce qu'on nationalise. Là aussi,
ce sera la même chose. On va être comme le Mexique ou on va avoir
ce qu'on a dans le moment au Canada.
M. Morin: II n'est pas nécessaire de nationaliser.
M. Saint-Pierre: Mais oui...
M. Morin: Le ministre emploie de grands mots, mais il sait qu'il
a déjà été question d'acheter tout simplement un
réseau de distribution, par exemple, dans le passé.
M. Saint-Pierre: Jamais au gouvernement.
M. Morin: Non, c'était effectivement sous un autre
gouvernement. Je pense que le projet de l'ERAP était sous le
gouvernement Johnson. C'est possible.
M. Saint-Pierre: Ce que je vois, c'est que cela ne s'est pas
concrétisé. Fondamentalement...
M. Morin: C'est peut-être malheureux que ce ne se soit pas
concrétisé. A ce moment, il semble que ce soit parce que le
mouvement Desjardins s'est retiré du projet. Apparemment, il semble que
c'est la seule raison pour laquelle le projet a avorté. Peut-être
qu'aujourd'hui nous aurions au Québec un secteur témoin, comme on
l'appelle pudiquement dans les rapports gouvernementaux, un secteur public qui
pourrait permettre de se faire une bien meilleure idée de ce que
devraient être les prix du pétrole, alors qu'à l'heure
actuelle, ce n'est pas nous qui décidons cela, comme le ministre le
sait. L'influence des compagnies pétrolières au Québec est
bien connue.
Est-ce que je pourrais demander au ministre...
M. le Président, je m'aperçois qu'il n'y a pas moyen de
garder le quorum. Cela fait déjà une heure que plusieurs ont
quitté; je m'attendais qu'ils reviennent, c'est pour cela que je n'avais
pas soulevé la question. Cela fait une heure à une heure et quart
déjà que plusieurs ont quitté et ne sont pas revenus.
J'attire votre attention sur ce fait. Hier, déjà, je l'avais
fait. Je ne veux pas interrompre les travaux de la commission, mais je trouve
tout de même cela injuste pour les députés qui sont
là et injuste pour le ministre.
M. Saint-Pierre: Notre contribution est plus forte...
M. Morin: Injuste pour nous aussi.
M. Saint-Pierre: Donnez-donc la liste des membres, M. le
Président. Dans l'Opposition officielle, il n'y a pas deux membres?
M. Morin: Ils sont tous pris à d'autres commissions
à l'heure actuelle.
Le Président (M. Brisson): M. Bellemare (Johnson) qui
manque, M. Déom (Laporte), M. La-pointe, M. Lessard, M. Malouin, M.
Marchand et M. Samson. Les autres étaient présents ce matin.
M. Morin: Ils viennent passer dix minutes au début de la
séance et ils filent.
M. Saint-Pierre: Le problème, c'est qu'on donne à
l'Opposition, comptez cela...
Le Président (M. Brisson): Quatre.
M. Saint-Pierre: II y a quatre membres de l'Opposition qui sont
membres de la commission. Il y a 25% de participation. Cela ne nous aide pas au
départ, mais je partage les...
Le Président (M. Brisson): De toute façon, si vous
attirez mon attention, je dois suspendre les travaux et m'intéresser au
quorum, ou. si vous voulez qu'on...
M. Morin: Oui, j'aimerais. Pour une fois, pour...
Le Président (M. Brisson): Alors, je suspends les travaux
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance a 11 h 56)
Reprise de la séance à 12 heures
Le Président (M. Brisson): Nous avons quorum. D'autres
questions à l'élément 3, programme 3?
Est-ce que vous avez d'autres questions, est-ce qu'on adopte
l'élément 3, programme 3?
Projet de superport
M. Morin: Oui, nous sommes toujours au programme 3, M. le
Président.
Je voudrais demander au ministre ce qu'il advient du projet de port pour
superpétroliers ou, comme affecte de le dire le premier ministre, le
superport pour pétroliers. Est-ce que ce projet qui avait fait l'objet
de tant de propos lors de la campagne électorale de 1973 est toujours
dans les dossiers du ministère et qu'en est-il également du
projet de complexe pétrolier qui devait l'accompagner?
M. Saint-Pierre: Je l'ai expliqué, je pense, à la
question qui avait été posée par le député
de Miile-lles...
M. Morin: C'est au Gros Cacouna, ça.
M. Saint-Pierre: C'est relié ensemble, c'est-à-dire
que nous avons la responsabilité d'animer un sous-comité qui
s'occupe du vrac solide et un autre groupe aux Richesses naturelles s'occupe du
vrac liquide. Si on parle du port pour superpétroliers ou du superport
pour pétroliers, ce sont les Richesses naturelles qui s'occupent de
cela. Dans notre cas, j'ai expliqué que nous avions appuyé les
propositions mises de l'avant par le groupe Havre Champlain pour le
développement à Gros Cacouna d'un port capable de recevoir des
navires de plus de 100 000 tonnes régulièrement.
M. Morin: Donc, Gros Cacouna, si je comprends bien, recevrait non
seulement du vrac solide, mais aussi du vrac liquide.
M. Saint-Pierre: Non, ce que je peux savoir, c'est que le vrac
liquide va être beaucoup plus en aval de Gros Cacouna.
M. Morin: C'est bien ce que je pensais, c'est pour ça que,
tout à l'heure, vous parliez surtout de Gros Cacouna et je...
M. Saint-Pierre: C'est du vrac solide, ça,
c'est-à-dire...
M. Morin: Oui, je sais, je le sais bien, c'est pour ça que
je vous pose la question sur le vrac liquide.
M. Saint-Pierre: Le vrac liquide relève des Richesses
naturelles. C'est l'approvisionnement en pétrole brut.
M. Morin: Votre ministère ne s'est pas penché sur
ce projet de superport?
M. Saint-Pierre: Pour pétroliers? M. Morin: Oui,
pour pétroliers.
M. Saint-Pierre: Ce sont les Richesses naturelles, c'est la
question... On s'est penché...
M. Morin: Donc, vous n'êtes pas du tout dans le
dossier.
M. Saint-Pierre: Non, je m'excuse, on est dans le dossier depuis
trois ou quatre ans; ce sont des choses qui nous intéressent, à
savoir quel va être le coût de transport, d'approvisionnement. On
pense également que cela a des incidences importantes vis-à-vis
de l'industrie pétrochimique. On surveille ça, mais le
maître d'oeuvre du côté québécois est le
ministère des Richesses naturelles.
M. Morin: Vous n'avez donc aucune position qui soit celle de
votre ministère.
M. Saint-Pierre: Nous épaulons les efforts du
ministère des Richesses naturelles.
M. Morin: Est-ce que vous avez pris connaissance de la
déclaration du ministre fédéral des Transports, M. Lang,
qui date du 12 avril, selon laquelle il ne voyait pas pour le moment, et cela
pour plusieurs années dans l'avenir, de justification pour un port
destiné aux superpétroliers dans le Saint-Laurent?
M. Saint-Pierre: II est possible qu'avant la crise de
l'énergie, lorsqu'on parlait d'un besoin, et c'était bien
honnête de le faire, en 1972-1973, d'un besoin de port pour
superpétroliers, on reliait ça au fait que le pipe-line
Portland-Montréal était, d'après les prévisions,
pour atteindre son point de saturation dans les années 1976-1977.
Mais la crise de l'énergie, la diminution de la demande
intérieure du rythme de croissance de la demande intérieure.
Troisièmement, ce qui est encore plus important, la construction du
pipe-line Sarnia Montréal, qui nous amène quand même 200
000 barils, a fait, on peut le dire avec raison, que l'urgence du projet n'est
pas la même, n'est pas aussi aiguë que les gens l'avaient
prévu, en 1972/73, en particulier, au ministère des Richesses
naturelles, M. Boucher et d'autres.
M. Morin: En 1973, en particulier, au moment de
l'élection.
M. Saint-Pierre: Coïncidence heureuse.
M. Morin: Le député de Matane s'en souviendra.
M. Côté: J'en ai entendu parler par le
député fédéral, M. Pierre De 3ané, à
l'élection de 1974, au fédéral.
M. Morin: II en a été question, effectivement.
M. Côté: Mais, en 1973, à Matane,
l'élection était déjà gagnée à ce
moment-là.
M. Morin: Oui. M. le Président, le ministre nous dit que
ce superport est beaucoup moins nécessaire, en fonction de
l'arrivée de 200 000 barils en provenance de Sarnia. Est-ce que vous
avez fait des calculs, et est-ce que vous pouvez nous indiquer une année
approximative où la construction d'un tel port deviendrait
nécessaire, dans le Saint-Laurent, j'entends?
M. Saint-Pierre: Je vous ai donné les critères
d'analyse. Maintenant, c'est au ministère des Richesse naturelles que
ces prévisions sont faites. C'est comme d'autres prévisions en
matière de besoins d'électricité. C'est sujet à
bien des fluctuations et des changements. Mais il n'y a pas urgence, ce ne sera
sûrement pas avant 1982 ou quelque chose comme cela.
M. Morin: Oui, mais les gens de ce ministère semblent
être dans l'obscurité aussi totale que vous là-dessus,
quant au moment où cela devrait être projeté. Vous savez
que des travaux de cette ampleur, cela doit être planifié
plusieurs années d'avance.
M. Saint-Pierre: C'est pour cela qu'on en parlait en 1972.
M. Morin: Autrement dit, à l'heure actuelle, ce n'est pas
pour l'avenir prévisible?
M. Saint-Pierre: Non. 200 000 barils, c'est quand même le
tiers de la capacité de Portland-Montréal. Cela a marché
pendant un bon bout de temps, Portland-Montréal.
Il y a un autre fait très important, c'est la diminution quand
même appréciable de la croissance de la demande.
M. Morin: Oui, il y a eu une certaine diminution...
M. Saint-Pierre: Ces deux facteurs ensemble, cela joue
drôlement.
M. Morin: Donc, à l'heure actuelle, ce projet est sur les
tablettes, pour l'instant, du point de vue de votre ministère?
M. Saint-Pierre: II y a moins d'urgence pour le vrac liquide
qu'il y en avait il y a trois ou quatre ans. C'est un point partagé par
le ministère des Richesses naturelles.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques
détails au sujet d'un projet qu'il a déjà mentionné
à quelques reprises, qui est le projet Inventa? J'aimerais lui demander
quelle est l'ampleur exacte de ce projet. A ce que je sache, c'est un projet
mineur, dont on fait grand état, mais un projet qui, d'après ce
que nous en savons, ne dépasse pas $40 millions. Il s'agit d'un projet
pétrochimique.
Si je vous pose la question, c'est parce qu'aux engagements financiers,
on nous a signalé la sub- vention de $1 million à la
Société générale de financement, pour une
étude d'ingénierie concernant l'implantation d'un complexe
pétrochimique de transformation de produits aromatiques à
Bé-cancour. C'est bien le projet Inventa, n'est-ce pas?
M. Saint-Pierre: Inventa est une partie de ce projet. Je
m'excuse. Spécifiquement, cette étude de $1 million était
la part de la SGF, puisque, à la SGF, on prévoit une association.
Vous me demandiez hier des exemples de transformation de ressources et
d'association entre le capital autochtone et le capital
québécois. En voici un. en tout cas, qu'on peut donner.
La SGF ne fait simplement que payer sa part, qui est de 50%, avec un
groupe suisse, Inventa, pour un projet de caprolactam à
Bécancour. Associés à cela, il y avait d'autres
éléments; c'est peut-être cela qui...
On m'informe mais je ne voudrais pas qu'on me cite comme la Bible
que le projet serait plutôt de l'ordre de $100 millions. Le but de
ces études est justement de raffiner un peu toutes ces données,
en termes de capacité.
M. Morin: Mais est-ce qu'il s'agit d'une augmentation de
l'ampleur du projet ou si c'est tout simplement à cause de l'inflation
que le projet initial coûte plus cher maintenant? Je crois que le projet
initial était de l'ordre de $40 millions?
M. Saint-Pierre: Oui, mais on en parlait il y a deux ans,
à peu près. Cela a pu être de $40 millions, mais il s'agit
maintenant de $100 millions. L'inflation, dans une large mesure, a
peut-être augmenté la dimension pour refléter les tendances
mondiales dans la grandeur des usines dans ce secteur.
M. Morin: Est-ce que... M. Saint-Pierre: Oui.
M. Gallienne: SIDBEC n'aurait-elle pas quelque chose à
faire avec cela, M. le Président?
M. Saint-Pierre: Pardon.
M. Gallienne: N'y avait-il pas une étude de SIDBEC
là-dessus?
M. Saint-Pierre: Non, pas dans ce projet.
M. Morin: Est-ce que le ministre peut nous dire quand ce projet
peut aboutir?
M. Saint-Pierre: On m'informe que les études entreprises
seront terminées sous peu et qu'il y aurait alors une amorce de
discussion entre la SGF et nous-mêmes, vis-à-vis de ce projet.
Vous voyez qu'on n'a pas de chômeurs à la SGF;
Saint-Félicien, Inventa.
M. Morin: Vous savez que, sur la SGF, tout ce que nous pouvons
lui reprocher, c'est de n'en pas
faire suffisamment, parce que vous aurez toujours notre appui pour ce
type d'investissement. Le ministre le sait. Notre attitude, l'autre soir, je
pense, à la commission parlementaire, l'a démontré
amplement. Mais, est-ce que le ministre a une idée de ce que pourrait
être la participation de la SGF?
M. Saint-Pierre: 50%.
M. Morin: 50%, bon. Est-ce 50% du capital-actions?
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Bon. Le reste des 50% sera fourni par des capitaux
suisses, si ma mémoire est bonne. Ce sont des capitaux suisses.
M. Saint-Pierre: Je tiens à préciser que les 50%...
Je serais heureux d'avoir des suggestions concrètes du chef de
l'Opposition, parce que lorsqu'on amorce des projets comme celui-là, on
se rend compte que, ce qui est écrit dans les livres, souvent, ce n'est
pas facile de le traduire dans la réalité. On a pris 50% à
la SGF, parce qu'on a été dans l'impossibilité de trouver
quelqu'un, typiquement québécois, qui était
intéressé au projet. Mais, on aimerait trouver un partenaire
privé québécois qui pourrait être
intéressé au projet. Dans un tel cas, la part de la SGF pourrait
diminuer.
M. Morin: C'est justement pour cela que la SGF a
été créée. C'est parce que, souvent, il est
difficile de trouver des partenaires privés.
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Le ministre le sait comme moi. S'il veut des
suggestions, je pourrai attirer son attention sur un certain nombre de projets
qui ont connu passablement de retentissement et où on avait dosé,
très habilement, le capital privé, le capital coopératif
et le capital public. Je pense, par exemple, au projet de Cabano. Je ne veux
pas dire qu'on doit traduire les proportions de Cabano et les mettre en vigueur
telles quelles dans d'autres projets, mais les dosages, s'ils peuvent varier,
sont une bonne technique. Mais, je pense bien que là, je n'apprends rien
au ministre. Il doit savoir cela j'imagine.
M. Saint-Pierre: Non, mais nous avons déjà, sans
qu'il y ait eu aucune publicité, eu des rencontres avec les
autorités du Mouvement coopératif et, pour un projet de cette
ampleur, il n'y a pas eu d'intérêt manifesté. Ces gens
aussi ont des priorités, ils ne peuvent pas tout faire en même
temps. Les priorités étaient évidemment ailleurs.
M. Morin: Bien sûr. C'est pour cela que la SGF existe,
comme on le disait tout à l'heure. Ce projet Inventa pourrait donc
aboutir d'ici deux ou trois ans, j'entends, entrer dans la phase
construction.
M. Saint-Pierre: En 1979, le début de la production.
M. Morin: Et la construction en 1977? A peu près.
M. Saint-Pierre: Encore là ce n'est pas un plan ferme du
gouvernement. Cela va suivant les résultats de l'étude et suivant
notre habileté à trouver le capital nécessaire, le
financement nécessaire, à avoir certaines garanties dans le terme
de l'écoulement des produits.
M. Morin: Est-ce qu'il n'avait pas été question,
justement vous faites allusion au fait que d'autres partenaires
éventuels ont été approchés du Mouvement
coopératif? Je voudrais que vous précisiez cette
donnée.
M. Saint-Pierre: Dans une rencontre privée avec tous les
présidents de fédération, enfin les têtes
dirigeantes du Mouvement coopératif, nous avions, il y a
déjà huit ou neuf mois, exposé, pendant plusieurs heures,
l'ensemble des projets que nous envisagions.
J'avais exprimé très directement à M. Rouleau que
nous serions très heureux d'avoir le mouvement coopératif dans
l'un ou l'autre de ces projets. Dans celui d'Inventa, M. Rouleau m'a dit
très clairement que cela ne répondait pas aux priorités
que le mouvement s'était données face à ses ressources
financières propres. C'est un point, d'ailleurs, qu'il faut mentionner.
On aime toujours dans certains milieux mettre l'opposition entre le mouvement
coopératif et le ministère de l'Industrie et du Commerce. Il faut
bien se rendre compte que notre champ d'action jusqu'ici a été
à 99% dans le secteur manufacturier. Nous envisageons de plus en plus
d'aller dans le secteur tertiaire comme ministère de
développement et non comme ministère de contrôle, et
peut-être que, dans dix ans d'ici, nous serons beaucoup plus
présents comme ministère de développement dans des
secteurs tertiaires, les assurances, les courtiers, le commerce. On a
invoqué autre chose. Il faut se rappeler que, jusqu'ici, nous avons
été à 99% dans le secteur manufacturier et que le
mouvement Desjardins n'a pas été, à toutes fins pratiques,
dans le secteur manufacturier. Je pense qu'il n'y a pas opposition. Il y a une
espèce de parallélisme. Nos champs d'action importants jusqu'ici
ne coïncident pas avec les champs d'action du mouvement Desjardins. C'est
la seule raison. Il ne faut pas y voir de mauvaise volonté de part et
d'autre. Je sais qu'il n'y a pas un président de compagnie à qui
je retourne les appels avec autant de régularité et avec autant
de fréquence qu'avec M. Rouleau ou M. Beaugrand de la SDI.
M. Morin: Le ministre laisse entendre que, d'ici quelques
années, le ministère pourrait se tourner vers le secteur
tertiaire, vers les services, par rapport à l'accent qu'il a mis
jusqu'ici sur le secteur secondaire. Quand cette évolution se
précisera-t-elle, dans son esprit?
M. Saint-Pierre: Elle se précise de plus en plus. Ce que
nous avons annoncé comme commission d'étude sur le secteur du
commerce,
je l'ai dit moi-même, dans deux ans. on va s'occuper
réellement du commerce. Evidemment, il est question d obtenir des fonds
au gouvernement et d'avoir les moyens financiers de le faire, ou bien non; on
va s appeler le ministère de I Industrie seulement, ou on va changer de
nom. Il me semble également que, de plus en plus, jusqu'ici, les gens
avaient reconnu l'importance, comme moteur, du secteur manufacturier,
reconnaissant que le secteur primaire était relié à la
présence ou non de richesses pour être capable de se
développer et que le secteur tertiaire était fonction surtout de
marchés intérieurs, la distribution, I alimentation et autre. De
plus en plus, on se rend compte que c'est peut-être de moins en moins
vrai et que le secteur de la distribution a de plus en plus d'influence sur le
secteur manufacturier à cause de l'intégration verticale qui est
faite par ceux qui sont dans la distribution. Il y a également des
secteurs très intéressants au niveau de l'exportation. On pense
non seulement aux bureaux d'études, ingénieurs, architectes,
gérants de projets et autres qui, jusqu'ici, n ont pas eu beaucoup
d'appui de la plupart des gouvernements canadiens... Enfin, il y a eu certains
programmes qui ont pu être mis de l'avant, mais relativement faibles.
Alors, on peut penser à tout le secteur des courtiers. Je ne veux pas
jouer le rôle du ministère des institutions financières,
mais souvent ces ministères, ce sont des ministères de
contrôle. Je pense qu'il m'appa-raît nécessaire de faire la
distinction entre un ministère de contrôle et un ministère
de développement.
M. Morin: Un ministère de stimulation. Le ministre
reconnaît qu'il y a encore beaucoup à faire sur le plan de
l'industrie secondaire. J espère que le nouvei accent sur le tertiaire
ne sera pas au détriment du secondaire, parce qu'on ne peut pas dire que
ce soit le tertiaire qui se porte le plus mal au Québec. C est
même un secteur hypertrophié par rapport aux autres.
M. le Président, avant l'ajournement, j'aurais quelques questions
sur les parcs industriels. C'est l'élément 3 du programme 3. Si
cela ne vous fait rien, nous pourrions adopter les éléments
à la queue leu leu quand nous aurons terminé l'ensemble du
programme.
M. Lachance: J'aurais aussi des questions à poser aux
éléments 1, 2 et 3.
M. Morin: Voulez-vous les poser maintenant? Je ne tiens pas
à monopoliser le débat.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Milles-Iles.
M. Lachance: M. le Président, en ce qui concerne
l'élément 1 du programme 1, vous parlez des projets
spécifiques, arrêté en conseil 2526, $500 000, qu'est-ce
que c'est? Pouvez-vous nous expliquer l'ensemble?
M. Saint-Pierre: Le projet 2526, c'était avant
I'existence de la SDI, alors cela avait été adopté
le 27 août 1969 par l'ancien gouvernement. Cela visait un programme
d'assistance financière à l'industrie de pointe. C'était
avant l'existence de la SDI. L'industrie de pointe était définie
ici suivant essentiellement ce qui est maintenant le programme 2-A de la SDI,
mais on avait donné à l'époque des contraintes
différentes. La SDI n existant pas. le ministère avait des sommes
d'argent, a chaque année, pour aider l'industrie de pointe. Je vous ai
donné simplement... Dans la plupart de ces cas, ce sont des
décisions qui remontent, même dans certains cas, avant 1970. mais,
comme les paiements étaient échelonnés sur quatre ou cinq
ans ou les paiements devaient se faire après la réalisation des
investissements, on voit les implications sous le terme des paiements.
Les investissements qu'on avait tenté de stimuler dans ce
secteur, touchaient $106 millions. C'étaient des investissements
retenus. Les primes accordées... Il y avait un montant maximal
prévu dans I'arrêté en conseil 2526 de $5 millions. Les
primes prévues étaient de $15 millions, et. dans votre cahier,
vous avez les montants qu'il nous faudra verser, en 1975/76, aux
différentes compagnies qui s'étaient qualifiées. Il y
avait seulement huit compagnies qui s'étaient qualifiées.
M. Lachance: Mais quelles sont les méthodes que vous avez
mises en place pour évaluer le rendement des sommes investies?
M. Saint-Pierre: L'évaluation était plutôt
faite au départ. C'était en termes de création d emplois,
en termes d'augmentation de productivité, en termes de
possibilités d'exportation. Somme toute, c est un peu la même
philosophie qu'on retrouve derrière (article 2-A de la SDI, sauf
qu'à l'époque, ia SDI n'existant pas, il y avait ça.
Maintenant, il y a quand même des contrôles constants qui
sont faits pour bien voir si les engagements pris par les compagnies qui
avaient été qualifiées engagements sur l'achat de
machineries et autres ont été respectés.
M. Lachance: M. le ministre, vu que le chef de I'Opposition est
rendu à l'élément 3, j'aurais une question à poser
à l'élément 2.
M. Morin: Oui.
Expositions dans divers pays
M. Lachance: Le ministère de l'Industrie et du Commerce
participe à l'organisation et au financement de plusieurs expositions
dans différents pays, dans différentes villes à la
grandeur du monde.
Quelles ont été les méthodes mises en place pour
évaluer le rendement des sommes investies dans ces expositions, et, plus
particulièrement, dans le choix des endroits où le
ministère participe?
M. Saint-Pierre: Je vais demander à M. Chatel.
qui était directeur du service international au ministère
et qui a été mêlé de près à
l'évolution de ces choses, de vous répondre. La question
spécifique, c'était le choix des endroits où on va et
l'évaluation qu'on fait...
M. Lachance: Les méthodes pour évaluer les sommes
investies dans ces expositions et, plus particulièrement, le choix des
endroits où le ministère participe.
M. Saint-Pierre: Le choix des endroits, des secteurs...
M. Lachance: C'est ça.
M. Saint-Pierre: ... pourquoi on va à tel endroit
plutôt qu'à un autre.
Il y a un certain nombre de facteurs qui viennent influencer le choix
des endroits où nous allons faire des missions et des expositions. Il y
a d'abord le programme du gouvernement fédéral, puisque nous
voulons que notre programme de missions et d'expositions soit
complémentaire à celui du fédéral qui dispose de
budgets considérables et d'un personnel imposant de ce
côté. Il y a l'intérêt qui peut être
manifesté par les industriels eux-mêmes pour certaines
régions, pour vendre certains produits, et ainsi de suite. Il y a la
disponibilité ou plutôt l'existence au Québec ou non
d'industriels pour aller exploiter certains marchés. Il y a les
occasions d'affaires qui nous sont signalées par nos bureaux à
l'étranger, nos conseillers économiques, donc, et par les
attachés commerciaux du gouvernement fédéral, et ainsi de
suite. Il y a un certain nombre de facteurs.
M. Lachance: Mais quels sont les critères qui
déterminent le choix des villes? En somme, vous...
M. Saint-Pierre: Pour les expositions, ce sont des salons
spécialisés, et nous allons là où il y a des salons
spécialisés, c'est-à-dire des salons où vont des
acheteurs spécialisés dans un domaine. S'il y a le Salon
international de l'alimentation à Paris, c'est à Paris qu'il se
tient. Nous allons là. Nous avons six, huit ou dix exposants parmi,
disons, 500 ou 600 qui viennent de différents pays. Nous allons
là où se tiennent les salons. Pour ce qui est des missions, nous
allons là où sont les acheteurs, c'est-à-dire si c'est un
acheteur institutionnel dans les gouvernements en Amérique latine, nous
allons rencontrer les acheteurs en question.
M. Lachance: Chez les autres entreprises qui ne participent pas,
est-ce qu'il y a une incitation qui est faite? Pour participer à ces
expositions, quels moyens avez-vous prévus pour les informer pleinement
de ces avantages?
M. Saint-Pierre: Cela fait partie de nos activités et de
nos préoccupations au chapitre de l'expansion des marchés que de
vendre l'idée d'exporter aux industriels avant même de pouvoir les
aider à vendre leurs produits.
Je dois vous dire que nous avons souvent à convaincre les petits
et les moyennes entreprises qui sont, entre parenthèses, celles que nous
privilégions sur le marché à l'étranger. Nous avons
donc un effort à faire pour les convaincre que l'exportation n'est pas
si compliquée, qu'il y a des marchés intéressants, que
c'est la voie de l'expansion pour eux et de la rentabilité, ainsi de
suite.
Nous avons donc différentes formes de publications, nous avons
des séminaires, nous avons le contact individuel, qui est le plus
efficace, dans ces cas, auprès des industriels.
M. Lachance: Dernière question. Comment fait-on le choix
des participants?
M. Saint-Pierre: D'abord, les gens de la division des
émissions et expositions sont spécialisés par secteurs
industriels. Ils en viennent donc à connaître passablement tous
les industriels, qui, dans ce secteur, sont intéressés à
l'exportation ou qui pourraient le devenir. Leur connaissance des industriels
de leur secteur est donc basée sur des contacts qu'ils font avec tous
les industriels sur recommandation des délégués
régionaux du ministère, des représentants des autres
directions comme, par exemple, les services aux entreprises
manufacturières, et aussi avec des contacts auprès des bureaux
régionaux du gouvernement fédéral, du ministère
fédéral de l'Industrie et du Commerce des associations, comme
l'Association des exportateurs canadiens, des chambres de commerce et ainsi de
suite. Nous constituons des listes de travail qui ne sont pas des listes
publiées, mais des listes de travail au niveau des fonctionnaires chacun
pour son secteur.
M. Lachance: Merci.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Séguin: Oui. Est-ce que vous deviez suspendre vos
travaux à une heure?
Le Président (M. Brisson): Non.
M. Séguin: Je suis un peu l'idée ou les questions
posées par le député de Mille-Iles. Justement, dans cette
question d'expositions et d'exhi-bits à l'étranger ou même
chez nous, s'il y en a, que ce soit à Toronto, que ce soit ailleurs, je
pense bien que, dans certains secteurs, vous devez vous concentrer, pour
certains de nos produits ou certains de nos articles manufacturés, sur
l'industrie secondaire? Pardon?
M. Saint-Pierre: Uniquement à l'industrie de fabrication,
par rapport à l'industrie primaire.
M. Séguin: A part de cela, l'exposition ou l'endroit
où vous faites ces réclames ne se prête pas tellement ni au
tertiaire ni au primaire.
M. Saint-Pierre: Si vous me permettez de vous
interrompre, nous avons cependant au niveau des missions et non pas dans
des expositions...
M. Séguin: Oui.
M. Saint-Pierre: ... des activités de promotion, des
services professionnels, des bureaux d'ingénieurs ou des choses
semblables dans le secteur des services.
M. Séguin: Je vais plutôt parler de choix. Je prends
un exemple assez concret, je ne voudrais pas commercialiser quoi que ce soit ni
toucher une compagnie plutôt qu'une autre. Prenons un manufacturier de ce
qu'on peut appeler des "socket-brakers" pour des lignes à haute
transmission. Il y aurait deux de ces producteurs qui sont localisés,
à ma connaissance, dans la province de Québec A l'occasion d'une
exposition qui serait faite, je ne sais pas, dans le sud des Etats-Unis ou dans
l'Ouest canadien, est-ce que les deux compagnies, à supposer qu'il y ait
deux compagnies qui manufacturent au Québec l'article que j'ai
mentionné parmi d'autres, mais je prends bien spécifiquement ces
deux-là, quelle procédure le ministère suivait-il, s'il y
en a une autre que de recourir à une publication comme celle de la
Canadian Manufacturers Association ou à une autre de ces publications ou
de ces groupements pour informer ces deux manufactures de l'importance
qu'aurait leur exhibit ou du grand désir que la province aurait à
les avoir à une exposition provinciale, à l'endroit où on
la ferait.
Je m'explique mal, c'est parce que je dois éviter ou je veux
éviter spécifiquement les noms des compagnies; mais je ne sais
pas si vous comprendrez. J'ai deux organisations. Est-ce qu'on les
préviendrait toutes les deux de la part du ministère directement
ou si on le ferait par l'entremise d'associations seulement?
M. Saint-Pierre: On les préviendrait directement toutes
les deux. Ce serait évidemment en présumant qu'on aurait, au
préalable, identifié que c'est avantageux d'essayer d'aller
vendre ce genre de produit. Il se peut qu'on ait estimé, après
une étude de marché, qu'il n'y a pas possibilité de vendre
ce genre de produit à cette exposition, à cet endroit.
M. Séguin: Je m'attache un peu à ce produit par
exemple, "circuit-breakers ', parce que nous avons ici des ingénieurs,
des groupes d'ingénieurs qui, en quelque sorte, d'une façon ou
d'une autre, se spécialisent en tours de haute transmission, soit des
tours d'aluminium, soit des tours d'acier, selon le lieu, l'endroit et la
raison de transporter le courant. Justement, à certains endroits, il
peut y avoir de ces appareils qu'on appellerait "circuit-breakers", soit dans
le "sub-station" ou à d'autres endroits sur le parcours de lignes de
transmission. Puisque cette expertise canadienne est employée assez
fréquemment à l'étranger, soit aux Antilles, soit en
Europe, et en particulier aux Etats-Unis... comme consultant, conseiller,
dessinateur, ingé- nieur, ou de gens qui s'occuperaient de construire
ces lignes, est-ce qu'une exposition égale est donnée aux deux
produits qui sont faits chez nous afin que les gens qui spécifient ce
qu'ils veulent avoir, puissent spécifier à leur choix, librement,
entre les deux concurrents, même si un de ces concurrents serait une
entreprise appuyée financièrement et autrement par le
gouvernement du Québec tandis que l'autre est strictement dans le
domaine privé? Est-ce qu'on leur apporterait ou on leur prêterait
une importance égale, à condition que les produits soient
équivalents ou soient d'égale valeur?
M. Saint-Pierre: Si les deux compagnies approchées
insistaient toutes les deux pour venir dans une mission, ou à une
exposition, nous les amènerions toutes les deux, quoique ce ne serait
pas nécessairement la meilleure formule, parce qu'il y a peut-être
de la place seulement pour une dans ce genre de marché. Il reste que
dans les produits du genre, le service offert, le prix offert, le service
après vente, les délais de livraison, les caractéristiques
techniques du produit dont vous parlez, peuvent varier assez
considérablement et intéresser plus ou moins certains acheteurs
ou non.
M. Séguin: Merci.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions?
Projet d'aluminerie
M. Morin: Oui, M. le Président, j'en ai encore un certain
nombre, comme je l'ai indiqué au début de notre entretien, sur le
programme 3. J'aimerais aborder maintenant une question à laquelle il a
été fait allusion déjà à quelques reprises,
la question de l'aluminerie. Je voudrais d'abord rappeler les faits les plus
récents. Par sa lettre du 3 décembre 1975, qui avait
été déposée en Chambre, si ma mémoire est
bonne, le ministre de l'Industrie et du Commerce avait demandé à
la Communauté urbaine de Québec de mettre un terme aux
expropriations, du moins celles qui étaient destinées à
l'aménagement du site de l'aluminerie de Saint-Augustin. Plus
récemment, le ministre a annoncé que sa décision
était reportée à 1978 ou 1979. j'ai cru, en tout cas, il
me semble qu'on a rapporté cela...
M. Saint-Pierre: Non. Je m'excuse, mais non.
M. Morin: Vous aurez l'occasion de me dire ce qu'il en est.
M. Saint-Pierre: Vous voulez rappeler des faits et ce ne sont pas
les faits. Vous parlez de moi et je n'ai jamais dit cela.
M. Morin: J'espère que vous pourrez nous dire exactement
l'état du dossier, mais j'ai...
M. Cadieux: Le ministre a le droit de vous répondre
immédiatement, a ce moment-ci, si vous dites des faussetés ou des
menteries.
M. Morin: M. le Président, je pose des questions au
ministre et...
NI. Cadieux: II a le droit de vous répondre.
M. Saint-Pierre: Vous rappelez les faits et je vous corrige
immédiatement.
M. Cadieux: Bon! Voyons donc!
M. Saint-Pierre: Je n'ai jamais dit que...
M. Morin: Vous avez tout de même dit que le projet
était reporté.
M. Saint-Pierre: J'ai dit que le projet était
analysé sous des angles différents, que nous poursuivions des
études, qu'il était toujours actif. Je n'ai jamais parlé
de projets en 1978, 1979 ou reportés...
M. Morin: Alors, ce sera de l'interprétation
journalistique que l'année en question...
M. Cadieux: Comme toujours, comme toujours.
M. Morin: ... mais je vous ai entendu moi-même dire que ce
projet était reporté, n'était pas abandonné, mais
reporté.
M. Saint-Pierre: Tantôt, vous avez dit 1978-79.
M. Morin: Oui, j'ai pris ces dates dans la Presse et j'essaierai
de vous citer une source précise plus tard. Autre fait récent, le
ministre des Richesses naturelles, commentant le rapport Marier, disait que non
seulement je spécifie bien que c'était le ministre des
Richesses naturelles, pas celui de l'Industrie et du Commerce
l'électricité ne devrait pas être utilisée à
titre de subvention, mais déclarait également qu'il se posait de
sérieuses questions quant à l'opportunité de faire
financer, par l'ensemble des Québécois, les milliards de dollars
requis pour mettre en place la capacité instal-lique, j'entends les
barrages, les centrales nécessaires à certains projets
industriels qui requéraient de gros blocs d'énergie.
J'aimerais, à la lumière de ces faits, que le ministre
pourra confirmer ou infirmer, qu'il nous explique, de façon
générale pour l'instant, où en est le projet
d'aluminerie.
M. Saint-Pierre: M. le Président, il n'est sûrement
pas mort. Nous avons mené de front deux études importantes, une
première qui touchait la demande et l'évolution probable des prix
du lingot d'aluminium sur le plan mondial au cours des dix prochaines
années, ou enfin, la tendance un peu à moyen terme.
Parallèlement à ça, un groupe a fait des études en
ce qui touche des localisations particulières dans la région du
Québec métropolitain. Dans ce contexte, nous avons
également eu des discussions avec des partenaires possibles du secteur
privé pour voir comment on pourrait agencer les possibilités
qu'offrent à la fois ces entreprises et les objectifs que poursuit le
gouvernement pour être capable de réaliser, pour la région
du Québec métropolitain, un complexe intégré dans
le secteur de l'aluminerie.
Je rappelle, d'ailleurs, les derniers mots de l'étude que j'ai
rendue publique ce matin et qui disent: "En conclusion, l'industrie de
l'aluminium est l'une de celles sur lesquelles il faut miser car elle offre de
bonnes possibilités de croissance en rapport avec les avantages
comparatifs dont dispose le Québec." A la suite des deux études
dont je n'ai pas obtenu encore la première, celle de l'évolution
des prix et de la demande, dont je connais en gros les résultats, nous
devons entamer prochainement... il y a eu des discussions en cours de route
avec le ministère des Richesses naturelles, mais nous devons entamer
prochainement des discussions plus poussées avec le ministère des
Richesses naturelles et l'Hydro-Québec pour explorer des
possibilités au sujet des tarifs d'électricité et qui
seront complètement différentes de ce qui n'avait jamais
été officiel et qui avait été rendu public par des
journalistes, mais ce qui avait émis comme hypothèse de
travail.
M. Morin: ...hypothèse qui se trouvait dans un
arrêté en conseil tout de même.
M. Saint-Pierre: Et dans lequel le dernier paragraphe disait
spécifiquement qu'il n'y avait aucun engagement en ce qui touche le
tarif d'électricité. Vous oubliez de mentionner des fois...
M. Morin: Non, je soulignais simplement que cela avait fait
l'objet d'un arrêté en conseil.
M. Saint-Pierre: Et je vous souligne que le dernier paragraphe de
l'arrêté en conseil disait que la seule obligation du gouvernement
était de verser $100 000 pour le coût des études
nécessaires. C'était le seul engagement qu'on prenait, les
autres, étant des hypothèses de travail.
Alors, au cours des prochains mois...
M. Morin: C'est le ministère du Travail qui avait fait
sursauter l'Hydro-Québec. C'est une hypothèse très
concrète, enfin passons.
M. Saint-Pierre: II y a des gestes que l'Hydro-Québec qui
nous font sursauter, alors j'imagine que c'est mutuel.
M. Morin: Oui. Est-ce que les négociations avec National
Southwire, qui était la société intéressée
à l'époque, se sont poursuivies ou est-ce que cette
société se trouve en dehors du tableau à l'heure
actuelle?
M. Saint-Pierre: Elle est toujours au tableau, mais il ne
faudrait pas lui donner un rôle et une importance qu'elle n'a pas dans le
dossier, elle est la seule qui a été identifiée.
Si tous les autres éléments du dossier étaient
réunis, il se peut qu'elle soit toujours celle qui apportera la
connaissance, sur le plan technologique, de la fabrication de l'usine
d'électrolyse. Mais il y a d'autres éléments au dossier
qui sont importants également: financièrement, sur le plan de
l'équité, sur le plan de la décision, sur le plan de la
mise en marché.
M. Morin: Oui. Est-ce que vous auriez entrepris également
ou pressenti, soit de façon préliminaire, soit de façon
déjà plus précise, des sociétés comme ALCAN,
ALCOA, Reynolds Metals. Kaiser Aluminum, Pechiney Ugine-Kuhlmann ou Alusuisse,
au sujet d'un projet d'aluminerie quelconque?
M. Saint-Pierre: II y a eu et il continue d y avoir des
discussions très fréquentes avec celles qui sont
implantées actuellement au Québec, pour leurs projets d'avenir,
des discussions, en particulier avec ALCAN. Reynolds; British Aluminum, moins,
mais quand même; Reynolds et ALCAN. Pour les autres compagnies que vous
avez mentionnées, il y a déjà eu des discussions avec la
plupart de ces entreprises, mais les dernières discussions que nous
avions eues, si on prend un cas d'espèce avec ALCOA, ne semblaient pas
indiquer que celle-ci était disposée à aborder un projet
avec les objectifs que nous avions et que nous avons toujours,
c'est-à-dire une transformation poussée de l'aluminium en
lingots, à des formes de valeur ajoutée, en termes de produits
finis ou semi-finis.
M. Morin: Puisque vous soulevez cette question...
M. Saint-Pierre: Je m excuse. En ce qui concerne l'ALCAN, elle a
des projets qui sont connus. M. Culver et M. Leman ont indiqué les
facteurs nécessaires pour leur permettre de démarrer dans l'usine
d'électrolyse de La Baie. Nous suivons ce dossier et tentons d'y
apporter toute la collaboration requise.
Personnellement, je ne crois pas qu'il y ait... De plus en plus, l'ALCAN
est convaincue de la même chose. Si la tendance de la demande d'aluminium
est telle que nous l'estimons, il y a de la place pour les deux projets. En
d'autres termes, j'ai un peu l'impression qu'il n'y a de la place pour aucun
des deux projets ou qu'il y a de la place pour au moins ces deux projets, au
Québec.
M. Morin: Quand vous dites les deux projets, est-ce que vous
voulez dire une augmentation de la capacité de production de l'ALCAN,
parallèlement à la création d'une nouvelle usine
d'électrolyse?
M. Saint-Pierre: Du côté de IALCAN. je parle d'une
augmentation, d'une modernisation sur une période de temps, de la
facilité de production et d'une nouvelle aluminerie dans la
région de Québec.
M. Morin: Vos projections, quant à la de- mande
éventuelle, j'imagine, se trouvent dans cette étude que vous avez
déposée ce matin?
M. Saint-Pierre: Non.
M. Morin: Est-ce que ces projections telles que vous les avez
calculées sont disponibles?
M. Saint-Pierre: Je vous ai mentionné que je ne les ai pas
vues moi-même. Le rapport ne m'a pas encore été remis. On
m'a renseigné sur les grandes tendances de ce rapport et j'ai
amorcé, avec mes collègues du Conseil des ministres et le
comité ministériel des Richesses naturelles sur le
développement industriel, des réunions probables sur le dossier.
Mais je n'ai pas l'intention de le rendre public puisque, dans une large
mesure...
On m'informe qu'à la page 71, il y a une prévision
très générale de la demande. En fait, l'étude dont
je parle est une étude beaucoup plus spécialisée,
élaborée, très détaillée, sur la technique
Delphi...
Suivant la technique Delphi, nous avions confié une étude
importante pour tenter de... Parce que. pour des raisons qui vont
peut-être devenir évidentes au chef de l'Opposition officielle, il
nous semblait nécessaire, pour faire avancer le dossier, d avoir une
connaissance beaucoup plus ferme sur l'évolution de la demande et
revolution des prix. Cela pouvait nous permettre de régler d autres
problèmes en cours de route, si on avait de bonnes études sur ce
point.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: II semble que l'étude, utilisant la
technique Delphi, que nous avons fait effectuer, confirme les trois ou quatre
études que nous avions sur le même sujet, que ce soit la Chase
Manhattan Bank, section minéraux ou d'autres groupes.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: D'ailleurs, dans le numéro récent
de si le chef de l'Opposition veut faire un peu de lecture de chevet
Fortune, il y a un article sur le sujet de l'aluminium, par M. Spector.
un des experts américains dans ce secteur, qui prévoit pour 1978
une pénurie d aluminium sur le plan mondial.
M. Morin: II est bien certain que nous sommes devant une
industrie qui a connu des cycles conjoncturels qui lui ont joué
passablement de tours. Je pense, par exemple, à la période 1951
à 1961 où, la production excédait la consommation et
où on n'avait pu disposer des surplus que grâce au programme
stockpile.
Là, à nouveau, avec la récession économique,
on a vu se constituer de nouveaux stocks. D ailleurs, c'est votre propre
étude sur I industrie de l'aluminium qui le souligne.
M. Saint-Pierre: Page 72.
M. Morin: Oui, c'est cela. De nouveaux stocks
dont la charge financière oblige l'industrie à reporter
à plus tard certains projets d'expansion. Je me demande si vos projets
sont réalistes, compte tenu de la situation actuelle qui pourrait bien
durer encore plusieurs années.
M. Saint-Pierre: II faut bien voir qu'il y a quand même une
période de trois ou quatre ans, nécessaire à
l'implantation d'investissements aussi considérables. Encore une fois,
je recommande au chef de l'Opposition de lire l'article de la revue Fortune
qui, peut-être, va le convaincre qu'effectivement, lorsqu'on parle de
pénurie en 1978, sur le plan mondial, peut-être que, finalement,
notre projet tombe pile.
M. Morin: II faut le souhaiter, sûrement. Il faut le
souhaiter. Pour ce qui est de la transformation en produit semi-fini ou en
produit fini, je me permets de souligner l'attitude que le représentant
de votre ministère avait prise devant le Conseil consultatif de
l'environnement. Vous vous souviendrez qu'un mémoire a été
soumis au conseil, à moins que ce fonctionnaire n'ait pas
été...
M. Saint-Pierre: Je crois que c'est M. Marceau qui est à
ma gauche.
M. Morin: En effet, c'était M. Marceau, si ma
mémoire est bonne.
M. Saint-Pierre: Si vous faites le rappel des faits,
peut-être qu'on a quelqu'un qui pourrait vous dire si vous êtes
dans l'erreur ou dans la vérité.
M. Morin: Bien. M. Marceau soulignait le fait que la
possibilité de poursuivre la transformation de l'aluminium, bien
sûr, jusqu'au produit fini, lui paraissait ou, en tout cas, paraissait au
ministère, des plus aléatoires. Autre passage que je tire
également de ce mémoire: Viser l'exportation des produits de
consommation, en aluminerie, c'est se buter au mur des douanes de chaque pays,
en plus de faire preuve d'un impérialisme qui, à l'heure
actuelle, est pour le moins de mauvais aloi.
Nous reconnaissons que M. Marceau n'avait certainement pas tort de
parler des barrières douanières pour ce qui est des produits
finis de l'aluminium. Nous ne contestons pas cette opinion. D'ailleurs,
l'ensemble de ce qu'il avait dit nous paraissait de nature à faire
réfléchir le ministère et le ministre, en particulier, sur
certaines de ses affirmations portant sur la possibilité d'arriver
à des produits finis de l'aluminium. Je cite une dernière phrase:
"Nous avons vite constaté il s'agit du ministère de
l'Industrie et du Commerce que notre objectif et l'addition que nous y
avons faites, n'est pas sans introduire des complications considérables
qui peuvent, à elles seules, faire complètement avorter le
projet." J'imagine qu'il s'agissait à ce moment du projet de
Saint-Augustin.
J'aimerais demander au ministre ou M. Marceau d'ajouter à ses
commentaires ou de les ex- pliquer, parce que tels quels, ils nous paraissaient
assez convaincants et de nature à compromettre la transformation des
produits de l'aluminium ici même au Québec.
M. Saint-Pierre: Dans l'étude que vous avez eue ce matin,
il faudrait que je retrouve la page précisément, toute initiative
de mettre en évidence les produits spécifiques... Il serait bien
de pouvoir présenter un système qui puisse se tenir, certains
produits ne pouvant pas être attaqués, étant donné
les barrières tarifaires et d'autres difficultés au niveau des
pays industrialisés. Il faudrait absolument rechercher les produits qui
ont une certaine chance, face à la situation actuelle du Québec,
d'être utilisés au niveau de l'exportation.
M. Morin: Bien sûr, on vient de nous remettre cette
étude, mais puisque vous vous êtes penché sur ce dossier,
M. Marceau, est-ce que vous pourriez nous donner une idée du genre de
produits, de sous-produits de l'aluminium qui pourraient percer les
barrières tarifaires sans trop de difficulté, disons, sauter
par-dessus les murs tarifaires sans trop de difficulté.
M. Saint-Pierre: J'aurais assez de difficulté à
vous les donner comme cela, étant donné que, lorsqu'on parle des
produits finis, on entre dans toute une série de catégories, que
ce soient des portes ou des fenêtres en aluminium. Il me faudrait un peu
plus longtemps pour en extraire de cette étude, ou extraire de mon
expérience ceux qui ont des chances d'être produits avec un
certain succès.
M. Morin: Est-ce que vous n'avez pas à l'esprit au moins
quelques grandes catégories qui pourraient nous donner une idée
de quoi il s'agit? Ce ne sont certainement pas des casseroles.
M. Saint-Pierre: A ce moment, vous êtes dans le produit
drôlement fini, en d'autres termes, il y a une gamme de produits, qu'on
les appelle semi-finis ou finis, qui peuvent être le fil-machine, ou la
tôle ou de la fonderie...
M. Morin: Les profilés de portes, par exemple, ou de
fenêtres.
M. Saint-Pierre: Les profilés de portes ou de
fenêtres, c'est assez difficile à exporter étant
donné qu'au niveau du transport, c'est compliqué. On peut
exporter les membranes, mais vous n'aurez pas la porte en entier avec la vitre.
Cela se transborde assez difficilement. Mais pour ce qui est de ceux que je
vous ai nommés, de la tôle très mince, en d'autres termes,
qui a atteint une étape assez avancée dans la production, ou ce
qui est de la fonderie... Lorsque vous faites un bloc et que vous usinez, vous
êtes en face de produits qui ne sont peut-être pas aussi
raffinés dans leur production qu'une casserole, une cuiller ou un
comptoir de cuisine, mais vous avez un produit qui est tout de même, dans
son étape de finition, très avancé.
M. Morin: Oui, la valeur ajoutée, quand même, ce
qu'on appelle un produit semi-fini...
M. Saint-Pierre: Oui, mais c'est parce qu'il est très
difficile de déterminer ce qu'est le concept de semi-fini dans un tei
produit. Je pourrais parler...
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: ... d'une tôle rendue à une
épaisseur telle que je la considérerais comme quasiment finie et,
en principe, ce n'est qu'une tôle.
M. Morin: Oui, enfin, nous n'allons pas entrer dans un
débat sur ce qui est semi-fini ou ce qui est le produit fini. J'admets
que ça peut varier selon les produits.
Mais, M. Marceau, est-ce qu'on peut revenir sur ce que vous
déclariez devant le Conseil consultatif de l'environnement? Est-ce que
vous maintenez ce que vous déclariez, à ce moment-là, que
la possibilité de poursuivre la transformation jusqu'au produit fini
paraissait des plus aléatoires? Est-ce que cet ouvrage, en particulier,
vous amène à changer d'idée là-dessus?
M. Saint-Pierre: Non. Devant l'idée d'un produit aussi
fini qu'une casserole, je crois que c'est assez aléatoire que l'on
puisse concevoir développer un système d'exportation très
poussé.
M. Morin: Oui. Est-ce que vous pourriez nous expliquer... Cela
m'a frappé, à l'époque, cette idée
d'impérialisme. Qu'est-ce que vous entendiez en disant que l'exportation
des produits finis de l'aluminium pouvait constituer un impérialisme de
mauvais aloi? Cela m'a un peu étonné parce qu'exporter des
produits, ce n'est pas, d'habitude, ce qu'on fait entrer dans la
définition de l'impérialisme. Aviez-vcus quelque chose de
particulier dans l'esprit? Cela avait piqué ma curiosité.
M. Saint-Pierre: Une des idées qu'on peut extraire de
cette phrase est peut-être la spécificité du secteur de
l'aluminium en lui-même. Le marché québécois et
canadien, au niveau de l'aluminium en grande quantité, serait quasi
totalement fabriqué au Québec ou au Canada
En d'autres termes, nous sommes quasiment autosuffisants au niveau du
secteur de l'aluminium, ce qui fait que l'objectif pour nous de défendre
le secteur de l'aluminium en fonction seulement et uniquement de l'exportation,
par rapport à ceux qui reçoivent l'exportation... Nous sommes en
face, je pense, d'une situation où on veut absolument imposer
parce que nous avons une chance d'électricité ou une chance de
production ici à d'autres nos produits finis. C'est dans ce sens
que le mot impérialisme peut avoir une idée.
M. Morin: Je m'abstiendrai de commenter, mais c'est une nouvelle
définition de l'impérialisme. Evidemment, quand on a un avantage
relatif je ne conteste pas qu'on en ait un du point de vue de
l'électricité, ici, au Québec on doit I exploiter
au maximum. J'imagine que c'est l'objectif du ministère de l'Industrie
et du Commerce de profiter de toutes situations. Le Québec a un
avantage, fusse dans l'aluminium, je n'insisterai pas.
M. Saint-Pierre: Je vous écoute parler et je pense que
vous auriez une plus grande tentation à l'impérialisme que M.
Marceau. Il est un homme Modéré et devant un avantage, il
restreint ses coups.
M. Morin: Je pense que, lorsque le Québec a un avantage de
ce genre, il doit tenter d'en profiter le plus possible. Il y a peut-être
des pays qui ont besoin de produits finis de l'aluminium; je ne me fais faute
et je pense que le ministre non plus ne se ferait pas faute de profiter de
cette situation le plus possible.
Quand vous dites: "Nous avons constaté que notre objectif et
l'addition que nous y avons faite n'est pas sans introduire des complications
considérables qui peuvent à elles seules faire avorter le
projet." J'avais trouvé cela un peu critique. Est-ce que vous pourriez
nous expliquer ce que vous appeliez complications considérables pouvant
faire avorter le projet?
M. Saint-Pierre: Vous avez, tout à l'heure, fait allusion
à l'ALCOA ou à d'autres compagnies, Pe-chiney, je pense que c'est
écrit dans le texte. Elles ont, dans les années 1973,
demandé la possibilité de s'implanter au Québec. La
réponse du ministre de l'Industrie et du Commerce a été
carrément de dire: Si vous ne faites pas de transformation, nous ne
sommes pas intéressés à présenter des aides
spéciales de telle sorte que notre initiative d'ajouter la
transformation à tout projet d'usine d'élec-trolyse compliquait
bien sûr, puisque six ou cinq ou quatre personnes se seraient
présentées je pense compagnie devant la
réponse du ministre; elles ont laissé tomber leur projet et il va
de soi que les exigences du ministre, quant à la transformation,
étaient une complication importante. C'est ce qui...
M. Morin: Mais est-ce que cette complication ne demeure pas
aujourd'hui, parce que le ministre a insisté beaucoup sur ces
critères de transformation?
M. Saint-Pierre: Et je vais aller plus loin que M. Marceau. Bien
sûr, j'ai trouvé plus normal de le laisser parler pour expliquer
ce qu'il avait dit et ià, on comprend peut-être mieux qu'hier, on
pouvait comprendre, mais avec les entreprises que M. Marceau me citait, nous
sommes allés encore plus loin que cela. Non seulement avons-nous dit que
nous n'étions pas intéressés à fournir des aides
financières particulières pour des implantations de ALCOA
à Valleyfield strictement pour une usine d'électrolyse...
M. Morin: Sauf en demandant à l'Hydro-Québec de la
donner par le truchement d'un tarif préférentiel.
M. Saint-Pierre: Non, jamais. Même plus que cela, nous
avons carrément dit qu'elle n'était pas la bienvenue et le bloc
d'électricité, même sans actif préférentiel,
n'était pas disponible pour elle. Vous me comprenez?
M. Morin: Pour National South Wire?
M. Saint-Pierre: Non, pour ALCOA à Valley-fieid.
M. Morin: Pour ALCOA, oui, je comprends.
M. Saint-Pierre: Alors, le point qui m'apparaît important,
que je voudrais soulever pour qu'on se comprenne bien, c'est que, bien
sûr. il y a l'usine d'électrolyse qui donne le métal chaud
ou bien les lingots. Il y a des étapes de semi-transformation, de
produits semi-finis, que ce soient des tiges, des fils, des plaques et autres,
et. après cela, il y a toute une gamme de produits finis qui, en termes
de valeur ajoutée, peuvent quand même couvrir un éventail
assez important. Je crois que ce serait malhonnête de donner un sens aux
propos de M. Marceau devant le comité consultatif et de dire que c'est
très aléatoire pour nous d'avoir autre chose que des lingots dans
le projet de Saint-Augustin. Je me demandais si...
M. Morin: Voulez-vous reprendre cela?
M. Saint-Pierre: Quand vous avez dit que M. Marceau avait dit que
c'était très aléatoire... Répétez donc la
phrase que vous aviez dans le journal. Très aléatoire de...
M. Morin: Attendez. La possibilité de poursuivre la
transformation jusqu'au produit fini nous apparaît des plus
aléatoires.
M. Saint-Pierre: Oui. Alors, ce que je veux dire, c'est que cela
n'implique pas très aléatoire d'avoir une
transformation, en termes de valeur ajoutée, une transformation qui
dépasse le stade du lingot, du métal chaud. Alors, je pense que,
si on posait spécifiquement la question à M. Marceau: Croyez-vous
que c'est un objectif valable, dans un projet comme celui de l'aluminerie de la
région de Québec, de tenter de dépasser le stade de la
fabrication de lingots pour aller dans des produits semi-finis et, pour une
partie de la production, dans des produits finis complètement, je pense
que là, la réponse pourrait être oui, en ce sens qu'il est
possible de faire cela.
M. Morin: Maintenant, une dernière question. Non, je pense
que...
M. Saint-Pierre: D'ailleurs, la page...
M. Morin: ... je comprends mieux l'intervention de M. Marceau
maintenant, elle m'apparaît...
M. Saint-Pierre: J'attire votre attention sur la page 89 du
rapport qui donne les trois obstacles au succès de la
pénétration sur des marchés extérieurs pour des
produits finis. Personnellement, j'ai l'impression qu'il n'est pas impossible,
puisqu'il semble que peu de pays au monde qui dépendent de
l'énergie nucléaire ou de l'énergie thermique soient
particulièrement intéressés par des usines
d'électrolyse contrairement à la situation de la fin des
années soixante où tous les pays tentaient d'avoir une usine
d'électrolyse, parce que c'était souvent une quantité
importante dans le déficit de la balance des paiements, l'achat
d'aluminium était l'article no 1 dans nombre de pays, Royaume-Uni et
autres; j'ai l'impression que les tarifs douaniers ne représenteront
pas, et en valeur et en résistance, autant de difficulté que dans
le passé.
Est-ce qu'il n'est pas possible que dans les négociations du
GATT, reconnaissant qu'ils veulent avoir accès à des produits
semi-finis en aluminium, finalement, on n'ait pas la même rigidité
qu'on avait avant et, d'autre part, est-il possible que face à la
croissance de la demande et la stabilité des prix, finalement la
barrière tarifaire qui dans ce cas-là, vous me corrigerez,
s'exprime souvent en sous par livre...
M. Morin: Par livre.
M. Saint-Pierre: Un cent par livre.
M. Morin: Un ou deux cents.
M. Saint-Pierre: Ce qui était très important quand
l'aluminium était à $0.21, mais cela va devenir peut-être
moins important quand l'aluminium sera à $0.62 ou à $0.75,
quelque chose comme ça.
D'ailleurs, il faut dire qu'il y a eu une réduction du tarif dans
les dernières années, une réduction
accélérée des barrières tarifaires sur l'aluminium
qui volontairement...
M. Morin: Dans le cadre du GATT.
M. Saint-Pierre: Non, non, en dehors du cadre de GATT. M.
Pomerleau peut nous en parler.
Je pense qu'on permettait aux Etats-Unis d'avoir une barrière de
$0.03 la livre et volontairement, ils l'ont baissé à $0.01 la
livre en accélérant... volontairement.
M. Séguin: ... nous avons de la continuation de pouvoir
obtenir, en quantité voulue, en ce qui concerne l'offre et la demande,
pour la bauxite.
M. Saint-Pierre: La bauxite, c'est un élément
important du dossier que nous... très important...
M. Séguin: Ce n'est pas un produit canadien, c'est un
produit...
M. Saint-Pierre: C'est importé, bien sûr et c'est un
des aspects, dans la façon dont nous abordons le dossier.
M. Séguin: Est-ce qu'il y a des assurances
quelconques que le fournisseur du bauxite, c'est-à-dire du
minerai...
M. Saint-Pierre: ... il y a très peu de bauxite.
Le Président (M. Brisson): Alors messieurs, étant
donné qu'il est 13 heures, nous ajournons nos travaux nous
siégerons probablement cet après-midi sine die,
jusqu'à nouvel ordre de la Chambre.
(Fin de la séance à 13 heures 1)
Reprise de la séance à 16 h 16
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
M. Beauregard (Gouin) remplace M. Cadieux (Beauharnois); M.
Déziel (Saint-François) remplace M. Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine).
Nous en étions au programme 3, élément 3,
infrastructure d'accueil à l'industrie. L'honorable député
de Sauvé.
M. Morin: M. le Président...
M. Saint-Pierre: M. le Président, si je pouvais
avoir...
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. Saint-Pierre: Je voudrais simplement apporter un correctif
à ce qui a été mentionné ce matin. Je
répète de nouveau qu'il ne s'agit pas d'une annonce de projet,
mais le chef de l'Opposition a mentionné le projet Inventa, à
Bécancour, et j'ai obtenu les précisions que je n'avais pas dans
la tête.
Le coût total d'immobilisation est de $185 millions; il implique
la construction d'une usine de 60 000 tonnes annuelles de caprolactam et une
usine d'une quantité non déterminée de cyclohexane et 60
000 tonnes de sulfate d'ammonium destiné au marché des
engrais.
Le capital-actions, comme je l'avais mentionné est de 50%-50%
entre Inventa AG-Enser-Werke AG, compagnie suisse, et la SGF.
M. Morin: Une petite précision, M. le Président. Ce
matin, le ministre nous a appris, si ma mémoire est bonne, que cette
entreprise allait commencer sa construction en 1977, pour ouvrir ses portes en
1979. Est-ce que cela est confirmé?
M. Saint-Pierre: J'ai vu des chiffres qui m'ap-paraissent un peu
optimistes, prévoyant que si l'étude de rentabilité que
l'on doit obtenir dans quelques semaines est positive, on pourrait
démarrer en août 1976. Cela m'apparaît personnellement un
petit peu optimiste, compte tenu de la nécessité de signer une
entente fédérale-provinciale dans le secteur de la
pétrochimie et que les mois de juillet et août, par
expérience, ne sont pas particulièrement favorables.
Je ne sais pas si, avec des lettres de principe, on démarrerait
quand même pour bénéficier de la période de bon
temps pour la construction. Mais l'échéancier que j'ai vu parle
d'août 1976. Cela m'apparaît un peu optimiste.
M. Morin: Mais tout cela est sujet au résultat des
études de rentabilité?
M. Saint-Pierre: Aucune décision n'a été
prise, ni par un groupe, ni par un autre. C'est le résultat de
l'étude de rentabilité qui prévaudra.
II y a d'autres études qui ont été entreprises
avant, plutôt une exploration du potentiel de marché et certaines
autres recherches, mais ce sont des études qui n'avaient pas
été jugées suffisamment en profondeur pour engager
l'ampleur des sommes mentionnées.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais revenir au projet
d'aluminerie dont nous traitions ce matin.
Le ministre pourrait-il nous apporter quelques précisions sur les
négociations qui sont en cours? Il a dit, je crois, que les
négociations avaient repris au sujet des tarifs avec
l'Hydro-Québec. Du moins, il me semble avoir entendu cela.
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que nous avons
exposé...
M. Morin: Si je fais erreur, peut-être que le ministre
pourrait me donner des précisions.
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas dit cela. Ce que j'ai
mentionné, c'est qu'en décembre, nous avons évoqué,
avec le ministère des Richesses naturelles, certaines alternatives qui
se présentaient à nous pour aborder la question du prix de
l'électricité dans un tel complexe. Il n'y a pas eu de
discussions avec l'Hydro-Québec, mais, au cours des prochaines semaines,
ayant en main les documents sur l'étude, sur la demande la
localisation n'a pas beaucoup d'influence sur ce sujet nous serons en
mesure de préparer un document qui nous permettrait d'amorcer, dans un
premier temps, les discussions avec le ministère des Richesses
naturelles et, dans un deuxième temps, de voir les gens de
l'Hydro-Québec pour explorer différentes avenues possibles.
M. Morin: Jusqu'ici, les pourparlers n'ont donc eu lieu qu'avec
les entreprises?
M. Saint-Pierre: Non, jusqu'ici, avec le ministère des
Richesses naturelles.
M. Morin: Avec les Richesses naturelles, bon.
M. Saint-Pierre: En fait, avec les entreprises, il n'y a eu
aucune discussion.
M. Morin: Même pas sur la structure de
propriétés, par exemple, la structure de propriétés
éventuelles?
M. Saint-Pierre: Oui, il y a eu des discussions sur cela, mais,
pour les entreprises, en fait, c'est deux ou trois intrants dans un programme
d'ordinateur. Cela fonctionne ou ne fonctionne pas, c'est aussi simple que
cela. Je répète ce que, parfois, on oublie. Il n'y a,
fondamentalement, pas de problème sur les taux officiels
d'électricité de l'Hydro-Québec, pour le
départ.
M. Morin: Vous voulez dire la grille normale? M. Saint-Pierre:
La grille normale, enfin, la grille supérieure à ce qui
existe actuellement, mais la grille officielle puisque, dans bien des cas,
actuellement, les gens paient, à cause de contrats à long terme
que l'Hydro-Québec avait signés avec ces gens, moins que la
grille normale. Il n'y a aucun problème avec la grille normale.
Personnellement, je ne vois aucun problème pour les premiers cinq ou six
ans. Là où il y a un problème, c'est peut-être le
chiffre assez arbitraire que l'Hydro-Québec a mentionné et que
l'Opposition officielle a fait sien très rapidement, de 10% par
année d'augmentation de tarifs.
Il n'y a pas de problème dans les premières années,
mais on comprendra que, 10% par année, à la fin du projet, cela
nous amène à des taux d'électricité qui semblent
dépasser les prévisions de coûts
d'électricité dans tout autre réseau. Cela me paraît
un peu arbitraire, en ce sens que c'est peut-être une précaution
que l'Hydro-Québec prend, mais on ne peut pas dire que les 10%
mentionnés par le président de l'Hydro-Québec, à ma
connaissance, s'appuient sur des études très sérieuses,
disant que c'est 10% au lieu de 11,9% ou 9% ou 8% par année, ou 7%. Mais
au départ, il n'y a pas de divergence...
M. Morin: Je suis très heureux d'entendre ces propos dans
la bouche du ministre. Ils ont fait l'objet de multiples questions à
l'Hydro lorsque celle-ci a comparu l'année dernière. Je dois dire
que les réponses ne nous avaient guère satisfaits non plus.
M. Saint-Pierre: Je ne comprends pas alors pourquoi vous avez
accepté dans tout votre raisonnement le fait du 10% par année
pour chiffrer $250 millions...
M. Morin: Non, entendons-nous bien. Ce n'est pas une question
d'être rigide sur les 10%, du tout, mais vous savez comme moi que l'Hydro
tend depuis déjà quelques années à écarter
les tarifs préférentiels. Elle veut, c'est sa volonté
publiquement exprimée, que tout le monde soit mis sur la grille normale.
C est une contrainte que je crois considérable, mais qu'il faut
respecter. Je suis d'accord avec ce principe que c'est trop dangereux quand on
tombe dans les tarifs préférentiels d'accorder des subsides
peut-être par le mauvais bout. C est une discussion sur laquelle je ne
veux pas m'éterniser. Je préférerais vous demander si vous
avez eu des négociations avec certaines entreprises sur la
commercialisation du produit et sur sa transformation.
M. Saint-Pierre: Oui, il y a eu des discussions.
M. Morin: Est-ce qu'il y a eu des négociations sur
d'autres points?
M. Saint-Pierre: Comme pour tous les projets industriels, il y a
eu des discussions avec tous les groupes intéressés qui peuvent
former l'ensemble des composantes du projet lui-même. Il n'y a aucun
accord de principe qui est intervenu. Il n'y a
pas de documents qui ont été signés. On a fait des
discussions qui nous ont permis d'explorer l'ensemble du problème, mais
je pense que la balle nous appartient maintenant, particulièrement au
niveau de la fourniture et des coûts d'électricité et,
deuxièmement, vis-à-vis de nos objectifs sur le plan du
développement industriel, du développement régional,
d'exprimer notre satisfaction ou notre insatisfaction face à la
manière dont le dossier se présente.
M. Morin: Dans le cas de Saint-Augustin, quels ont
été les facteurs qui ont été déterminants
dans la décision de remettre, je mets les choses au mieux, le projet
à plus tard? Vous savez qu'il y avait plusieurs facteurs dans ce
dossier. Il y avait le tarif de l'électricité, il y avait la
transformation, il y avait le site, la possibilité de pollution, il y
avait toute une série de facteurs. Je me demandais si le ministre
pourrait nous indiquer lesquels ont été déterminants.
M. Saint-Pierre: C'est même avec, à l'époque,
ce que vous appeliez les cadeaux qui étaient faits, le prix de revient
était supérieur au prix du marché. La considération
primordiale, à l'époque, de regarder le point, c'est qu'ayant
terminé les études économiques, le prix de revient du
lingot a dépassé les prix du marché.
M. Morin: Je ne sais plus quelle réponse vous avez
donnée à la question que je vous posais ce matin. Je vous la
repose seulement pour me clarifier les idées. Est-ce que National South
Wire est encore dans le tableau, en ce sens qu'elle pourrait encore être
intéressée, ou bien si cette société a
quitté avec armes et bagages?
M. Saint-Pierre: Elle pourrait être dans le tableau encore.
Elle n'est pas exclue du tableau, mais il ne faudrait pas voir... Des fois,
à l'occasion, on lit dans les journaux: Le projet National South Wire...
Cela m'apparaît faux lorsqu'on parle du projet National South Wire. Ce
serait un peu la même chose si, en parlant de Fire Lake, on parlait du
projet de Quebec Cartier Mining.
M. Morin: C'est le projet SIDBEC-NORMINE.
M. Saint-Pierre: C'est ça, mais ce que je veux dire, c'est
que je trace un parallèle. C'est parce que Quebec Cartier Mining est
à 8% ou à 6% dans le projet de Fire Lake. C'est faux de parler du
projet de Quebec Cartier Mining. C'est un des actionnaires. Ce n'est pas son
projet à lui. Peut-être que sa participation au projet est
très importante, mais elle n'est pas...
M. Morin: Si je comprends bien, vous avez repris le dossier,
comme vous l'aviez indiqué, d'ailleurs, l'année
dernière...
M. Saint-Pierre: Oui?
M. Morin: ...à la commission; vous l'aviez repris à
zéro?
M. Saint-Pierre: Non. Le reprendre à zéro, ce
serait exagérer. Compte tenu que les résultats sur le plan
économique étaient défavorables, on a
réexaminé d'autres façons d'aborder le problème.
Poursuivi des discussions avec des utilisateurs, des gens qui pourraient
être intéressés au capital-actions. Pendant ce temps, il
faut dire que les prix ont légèrement évolué. Les
cycles se sont précisés. Je pense qu'aujourd'hui on peut dire que
la demande à long terme semble meilleure quelle pouvait être
à l'époque, des facteurs qui sont favorables, de telle sorte
qu'aujourd'hui, en reprenant l'élément de dossier, on pourrait
retrouver les éléments qui nous permettraient d'avoir une
certaine rentabilité pour tous ceux qui y participent, incluant le
gouvernement québécois.
M. Morin: Revenant sur une question que je vous posais ce matin
dans le but d'obtenir plus de précision, je vous mentionnais toute une
série d'entreprises multinationales ou américaines ou
européennes qui fabriquent de l'aluminium et qui pourraient être
intéressées à un projet comme celui-ià.
Puis-je demander au ministre s'il pourrait nous préciser quelles
sont les entreprises avec lesquelles il serait peut-être possible d'avoir
une entente et, parmi ces entreprises, ne s'en trouverait-il pas une qui soit
italienne, par exemple?
M. Saint-Pierre: Non, il n'y a pas d'entreprise italienne. Je
répète la réponse donnée ce matin par M. Marceau,
qui est la mienne également, selon laquelle aucune des entreprises avec
lesquelles nous avons, à l'occasion, des rencontres, soit
moi-même, soit mes fonctionnaires... De celles que vous avez
mentionnées, ALCOA, ALCAN, Pe-chiney et autres, aucune ne partageait
l'objectif, la contrainte qu'on imposait au projet, c'est-à-dire d'avoir
une transformation du lingot, d'ajouter une valeur plus grande.
Comme c'était une contrainte, un objectif premier que nous
avions, nous avons poursuivi les négociations avec National South Wire
puisqu'elle acceptait cette contrainte librement et c'était la seule. A
ma connaissance, il n'y a personne depuis ce temps... J'ai rencontré
moi-même en Europe, des gens de Pechiney et autres et je n'ai pas senti
d'intérêt à venir ici pour faire la transformation de la
richesse.
M. Morin: De sorte, si je vous comprends bien, les
possibilités sont encore du côté de National South Wire,
plus que dans d'autres directions.
M. Saint-Pierre: Comme étant l'entreprise qui amène
la technologie de fabrication de l'usine d'électrolyse seulement.
M. Morin: Donc, la transformation ne dépendait pas de NSW.
Ce serait d'autres entreprises qui viendraient se greffer sur NSW.
M. Saint-Pierre: NSW a une expertise au niveau des fils comme
produit semi-fini, mais elle
n'a pas d'expertise particulière dans tout le secteur des
tôles.
M. Morin: Le site de Saint-Augustin est-il maintenant
définitivement écarté, à la suite de votre lettre
au président de la CUQ lui demandant de mettre un terme aux
expropriations?
M. Saint-Pierre: Pour mettre le point sur les "i", ce matin je
cherchais cette lettre. Malheureusement, je ne l'ai pas dans mes dossiers, mais
je réitère de nouveau...
M. Morin: Je les ai peut-être ici, si cela peut...
M. Saint-Pierre: ... que je n'ai pas demandé qu'on mette
fin à l'expropriation. J'ai suggéré qu'il était
peut-être de mise, dans les circonstances, de mettre fin aux
expropriations. Il y a une nuance importante.
M. Morin: Oui, mais seulement quand c'est le ministre de
l'Industrie et du Commerce qui parle et qui dit ceci: Bien que la
décision ne soit point de mon ressort, j'estime, pour ma part, qu'il
serait souhaitable de mettre un terme aux expropriations. C'est une demande
polie.
M. Saint-Pierre: C'est vrai, mais j'ai choisi mes mots.
M. Morin: Oui. Le ministre s'exprime bien quand il le veut, mais
je pense que je ne trahis pas sa pensée en lui demandant si le site de
Saint-Augustin est définivement écarté à la suite,
disons, de son souhait pressant.
M. Saint-Pierre: Le site n'est pas écarté. Il a
fait l'objet d'études par le comité. J'ai vu ce matin, pour la
première fois, le rapport final du groupe. Je ne l'ai pas vu. J'ai
simplement vu physiquement, avec mes yeux, le rapport du comité de
fonctionnaires qui avait été chargé d'examiner une
série de sites, dont Saint-Augustin.
M. Morin: Ce n'est pas le document vert que vous m'avez remis ce
matin.
M. Saint-Pierre: Non, c'est un autre. M. Morin: C'est un
autre document.
M. Saint-Pierre: II y a beaucoup de documents qui circulent.
M. Morin: Oui. j'imagine. Est-ce un document qui sera rendu
public?
M. Saint-Pierre: Un jour sûrement. Pas dans le moment. Cela
m'apparaitrait une bataille inutile. On va concentrer nos efforts pour avoir un
projet. Quant à nous, sur le plan économique, je pense qu'il y a
plusieurs sites dans la région de Québec, contrairement à
ce qu'on a dit, je pense que le gouvernement peut facilement indiquer six ou
sept sites et obliger l'entreprise à aller dans ces sites si ces sites
rencontrent certaines caractéristiques.
M. Morin: J'espère qu'on a tenu compte de la direction des
vents cette fois?
M. Saint-Pierre: Sûrement, mais...
M. Morin: Le ministre peut-il nous indiquer quelques-uns de ces
sites ou si cela demeure du plus haut secret?
M. Saint-Pierre: Avec un peu d'imagination, on peut penser que
cela va être une couronne autour du Québec.
M. Morin: Dans un rayon de combien de milles à peu
près?
M. Saint-Pierre: Je ne sais pas, je dirais à peu
près quarante milles. Je ne voudrais pas donner de termes. On
recherchait, c'est important aussi, des effets économiques pour la
région du Québec métropolitain. En parlant de 45 milles ou
40 milles, ou quelque chose comme cela, évidemment, il y a certaines
contraintes, particulièrement au niveau de la navigation, pour amener
l'alumine.
M. Morin: Bien. M. le Président, pour ce qui est de
l'aluminerie, nous attendrons les futures déclarations du ministre. Si
j'ai bien compris son ferme propos, il n'y aura de déclaration que
lorsque le projet sera beaucoup plus mûr que la dernière fois.
M. Saint-Pierre: C'est cela. Il n'y en aura pas. D'ailleurs, la
dernière fois, il n'y aurait pas eu de déclaration de ma part,
s'il n'y avait pas eu une fuite du côté de la Communauté
urbaine de Québec.
M. Morin: Ce sera éventuellement très difficile
d'éviter qu'une certaine publicité ne se fasse autour de cette
question quand vous en serez à choisir le site. Forcément, il y
aura beaucoup de monde qui voudra mettre ses mains dans le dossier à ce
moment-là. C'est à peu près impossible qu'il en soit
autrement. Un projet de cette envergure a des conséquences pour la
collectivité qui doit l'accueillir.
Puis-je au moins être assuré que le site ne sera pas choisi
sans que la population ne soit consultée, de façon à
éviter qu'on se trouve comme la dernière fois devant une
levée de boucliers qui a peut-être contribué à faire
tomber un projet qui autrement aurait peut-être été
intéressant?
M. Saint-Pierre: Le problème, c'est comment consulter la
population. Le grand avantage de beaucoup de ces comités qui poussent
comme les fleurs du printemps, c'est de ne répondre à personne et
de pouvoir prendre à peu près n'importe quelle position.
J'aimerais mieux déposer des do-
cuments de spécialistes qui se sont penchés sur la
question. Je vais obtenir des chefs de ministères concernés des
avis écrits avant de rendre publics les documents, de telle sorte qu'une
fois que les gens auront confirmé l'unanimité sur le site
recommandé, ce sera plus difficile après ça d'appuyer ce
qui peut être dit dans les journaux par la suite, par différents
groupes.
M. Morin: Oui, mais vous aurez beau avoir les compilations les
plus certaines sur le plan scientifique, si la population n'est pas prête
à accueillir ce projet, si vous arrivez à Sainte-Foy par exemple
avec ça, je vous souhaite bien du plaisir. Mais il y a peut-être
d'autres communautés comme Sainte-Foy qui ne sont pas disposées a
priori à accueillir un projet comme ça C'est pour ça que
je souhaite au ministre qu'il ait le soin de prendre ses
précautions.
M. Saint-Pierre: Pour mesurer le degré de
résistance, je vais faire faire un relevé des maisons secondaires
des professeurs de l'Université Laval.
M. Morin: Croyez-vous qu'à Saint-Augustin, cela ait
été vraiment déterminant?
M. Saint-Pierre: Oui, je pense que oui. Par hasard, j'ai
rencontré plusieurs parents qui disaient que leurs fils avaient des
maisons, un professeur à l'université avait une maison à
Saint-Augustin; il était bien désolé avec, bien sûr,
d'autres personnages importants de notre vie sur le plan des media.
M. Morin: II faut dire que ça saccageait le site rudement.
Il faut le dire, le reconnaître.
M. Saint-Pierre: Vous l'avez vu, le site?
M. Morin: Oui, bien sûr. Je suis allé le voir
spécifiquement pour être bien sûr que je savais de quoi il
s'agissait; avant même l'étude des derniers crédits, je
m'étais fait mener au site.
M. Côté: Les gens de Portneuf ont quand même
voté à 73% pour.
M. Morin: Vous voulez dire de l'ensemble du comté ou de
Saint-Augustin même?
M. Côté: L'étude de la chambre de
commerce...
M. Morin: Saint-Augustin, ce n'était pas la même
chose. On est toujours en faveur quand la fumée va chez le voisin.
M. Saint-Pierre: Mais je ne suis pas d'accord, il me semble
qu'à Saint-Augustin, j'ai entendu dire que l'élection municipale
s'est faite sur cela et que les deux personnes que votre parti a
présentées se sont fait battre royalement.
M. Morin: Ah! j'ignorais qu'il y en ait eu. Et j'ignorais qu'ils
aient participé à ce débat.
M. Saint-Pierre: Ils se sont fait battre.
M. Morin: C'est possible.
M. Saint-Pierre: On me dit, je ne sais pas.
M. Morin: Mais je crois que ce serait quand même trahir la
réalité que de dire que la population de Saint-Augustin
était enchantée par cette perspective. Je pense qu'il en a
été suffisamment question à l'époque pour qu'on
sache à quoi s'en tenir.
M. Côté: On va le prendre le temps, nous autres, on
n'aura pas de problème.
M. Morin: Est-ce que le ministre veut considérer la
proposition du député de Matane? Ce serait peut-être...
Mais cela ne répondait pas aux critères du ministre, qui veut
absolument amener cela à Québec.
M. Côté: On ne rêve pas en couleur.
M. Morin: Cela pourrait peut-être s'intégrer
à Gros Cacouna ou quelque chose comme cela.
M. Côté: Vous connaissez vos distances mieux que
cela. De Cacouna à Matane, il y a encore 150 milles.
M. Morin: Je ne pensais pas particulièrement à
Matane à ce moment-là. Rivière-du-Loup peut être
intéressée à un développement de ce genre
également. Le député de Rivière-du-Loup n'est pas
là pour prendre sa défense, donc, je vais changer de sujet, de
façon à ne pas créer de scission chez les
libéraux.
M. Côté: Dans le Bas Saint-Laurent, il n'y a pas de
danger.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Mille-Iles sur le même sujet9
M. Lachance: Non, ce n'est pas sur le même sujet. Cela
concernait les commissariats industriels.
Une Voix: Oui.
Commissariats industriels
M. Lachance: Les commissariats industriels créés
par la participation du ministère de l'Industrie et du Commerce jouent
un rôle important dans la promotion industrielle, régionale et
locale.
La base de financement de ces commissariats a été
définie par le ministère de l'Industrie et du Commerce lors de
leur création, en contribuant, pour une somme égale à la
participation du milieu.
M. le ministre, pouvez-vous nous expliquer si les augmentations de
subventions sont accordées aux commissariats industriels, compte tenu de
l'augmentation des coûts qu'ils doivent subir. Est-ce qu'on a
gardé le même...
M. Saint-Pierre: Oui et non, M. le député, en ce
sens que dans l'arrêté en conseil qui les établissait, il y
avait un montant maximum c'est une petite correction de $30 000.
Bien sûr, il y a de la contribution gouvernementale, ce qui faisait dire
un budget maximum de $60 000.
De 48 commissaires industriels qu'on avait avant, nous en avons
actuellement 56, au total. Certains d'entre eux, les plus petits, pouvaient
avoir auparavant un budget de $45 000 qui, avec les années, a pu monter
jusqu'à $60 000. Mais pour ceux qui, il y a deux ans, étaient
à leur maximum de $60 000, notre contribution est fixée à
$30 000.
Je dois dire que nous avions présenté un projet au Conseil
du trésor pour modifier substantiellement le financement. Il faut dire
que dans le moment, notre méthode per capita est un peu contraire
à nos principes qui tendent à un regroupement sur le plan
régional.
Nous aimerions avoir une formule qui, sans avoir les mêmes types
de maximum, aurait pu inciter les regroupements en accordant un per capita plus
élevé en dedans de certaines limites. Malheureusement, avec les
contraintes budgétaires et autres, cette année, on a pu sauver le
programme, je devrais dire, parce qu'il y avait quelques personnes qui avaient
l'intention de mettre la hache dans le programme des commissariats industriels,
ce qui m'aurait semblé une erreur, parce que je pense que dans la
plupart des régions, cela donne quand même une structure d'accueil
nécessaire pour le plan du développement économique, une
animation intéressante sur le plan économique.
M. Lachance: Quant aux raisons qui ont motivé ce geste,
vous n'avez pas peur, à la longue, qu'il y ait une stagnation et que
cela diminue de beaucoup leur efficacité?
M. Saint-Pierre: II faut bien voir que ce sont quand même
des sommes sans répéter les propos du ministre des
Finances sur l'aide aux municipalités totalisant $1 300 000 qui
sont accordées aux municipalités et qui n'étaient pas
disponibles il y a à peine trois ou quatre ans.
Je pense que les municipalités voient ià, un peu comme
différents autres types de programme d'aide à l'achat de camions
à incendie et autres, une façon d'alléger, pour elles, le
service que représente le commissariat industriel.
J'espère que, dès que, sur le plan budgétaire, on
pourra respirer un peu plus, je pourrai convaincre à nouveau mes
collègues du Conseil des ministres de modifier la formule et d'augmenter
les sommes, puisqu'il m'apparaît qu'en général il y
a eu une ou deux exceptions on a eu un très bon rendement des
commissariats industriels.
M. Lachance: Y a-t-il eu des études
réalisées par le ministère pour connaître la
rentabilité de ces commissariats industriels?
M. Saint-Pierre: Oui, il y a une analyse qui est faite
constamment, chaque année, lors du renouvellement. C'est difficile
à dire qu'il y a un rendement qu'on peut mesurer, simplement en mettant
sur pied la structure d'accueil, mais ce qu'on peut dire, c'est que, depuis que
le Québec a passé d'à peu près huit commissaires
industriels à temps plein à quelque chose comme cinquante,
quelque chose comme cela, on a, pour les projets industriels, et même
pour la croissance des entreprises locales, quand même des assistants,
des portes d'écoute, enfin une aide beaucoup plus appréciable que
dans le passé. Je pense que cela a amélioré la
manière, pour les entreprises locales, de trouver des sources de
financement, de se développer, d'attirer leur attention. C'est que, dans
chacun des milieux, surtout dans un milieu rural, le commissaire industriel
devient, dans ledit milieu, un peu un expert qui peut indiquer à une
firme qui a des problèmes comment résoudre ses problèmes
avec certains des programmes gouvernementaux existants, tant au niveau
fédéral qu'au niveau provincial.
De la même façon, lorsque nous avons des projets impliquant
des compagnies étrangères, avant, on pouvait se sentir mal
à l'aise, en allant dans une région, de ne pouvoir rencontrer
quelqu'un pouvant fournir des réponses assez simples aux questions
soulevées.
M. Lachance: M. le ministre, pour revenir à la question de
l'aluminium tout à l'heure, y a-t-il eu des études de faites pour
trouver de nouveaux débouchés en ce qui concerne le
marché?
M. Saint-Pierre: Nos partenaires, dans le projet de l'aluminerie,
ont, dès le départ, des marchés quand même assez
importants. Il faut voir d'ailleurs qu'un des facteurs dominants, c'est
l'utilisation beaucoup plus grande de l'aluminium dans l'industrie de
l'automobile. Il y a quand même c'est un phénomène
qui va dépasser le Québec un jeu de forces assez important
qui va se dessiner entre l'industrie de l'aluminium, les producteurs
d'aluminium, l'industrie de l'automobile qui, très vite, comme le lion,
roi des animaux, domine les situations données, on peut dire que
l'industrie automobile a un peu dominé l'industrie sidérurgique
américaine, et ceux qui sont les utilisateurs de grandes
quantités d'aluminium. Que ce soit le fil électrique, que ce
soient les tôles, que ce soit l'industrie alimentaire, dès le
départ, on a une bonne production pour nos marchés.
Pour donner un ordre de grandeur, nous estimons que si le projet avait
un rendement de 240 000 tonnes par an, au moins 200 000 tonnes seraient
à un stade quelconque de transformation ici, en produits semi-finis ou
en produits finis.
Dans le volume, nous avons identifié toute une série
je pense, vers la page 81 d'avenues qui pourraient situer
je pense que c'est aux pages 83 et 81 les possibilités
d'expansion et de diversification de la production au Québec. On a
identifié certains nouveaux débouchés, mais,
évidemment, il y a d'autres études à poursuivre,
très spécifiquement sur les "containers", les tôles, la
construction et plusieurs autres sujets.
Parcs industriels
M. Morin: M. le Président, me tournant maintenant vers
l'élément 3, j'aimerais poser quelques questions sur les parcs
industriels. Le député de Mille-Iles a parlé justement des
commissariats. C'est un sujet un peu connexe. J'aimerais l'aborder avec le
ministre. Comment s'explique l'augmentation de $12 millions à
l'élément 3, intitulé Infrastructure d'accueil à
l'industrie? Est-ce que c'est dû, est-ce que c'est imputable au projet
PICA, le parc industriel de Mirabel?
M. Saint-Pierre: Non, M. le Président. PICA,
effectivement, n'est pas inclus dans le budget, puisqu'à la
préparation du budget, l'entente auxiliaire n'ayant pas
été signée, il n'y a aucun montant prévu.
L'augmentation substantielle qu'a vue le chef de l'Opposition officielle est
imputable aux parcs industriels, l'aide que nous avons donnée à
des parcs industriels, qui sont identifiés, d'ailleurs, dans le volume
que j'ai mentionné, et qu'on retrouve à l'entente auxiliaire sur
les infrastructures industrielles. Elle touche, en particulier, les sommes
très importantes. Enfin, il y a déjà $13 millions au total
à Sherbrooke, mais $4 millions étaient prévus dans
l'entente auxiliaire, puisque des sommes avaient auparavant été
versées: $2 millions à Drummondville, $2,4 millions au
Haut-Saguenay, $265 000 à Saint-Romuald, $1 million à Rimouski,
$1,2 million à Rivière-du-Loup, $600 000 à Rouyn-Noranda,
et $552 000 à Victoriaville. Il y a également eu des
interventions ponctuelles à Sacré-Coeur, à
Saint-Honoré et pour la cale sèche des Méchins dans le
comté de Matane.
M. Morin: Dans le cas du projet PICA, le parc
aéroportuaire, combien a été dépensé
jusqu'à maintenant pour l'implantation de ce projet? Combien
prévoit-on dépenser au cours des prochaines années?
M. Saint-Pierre: Dans le dossier PICA, $3,3 millions ont
déjà été dépensés. A être
signé dans l'entente fédérale-provinciale, nous
prévoyons un montant additionnel de $3 millions. Les principales
réalisations à ce jour touchent toute la question de la
réalisation des plans et devis d'exécution concernant
l'aménagement du PICA, soit 700 acres, la mise en place des
infrastructures nécessaires à la mise en opération du
PICA, la coordination des travaux, la surveillance des travaux. Maintenant,
bien sûr, beaucoup de discussions avec le gouvernement
fédéral sur l'implantation du programme TDF et, l'entente
auxiliaire signée, discussions avec les compagnies impliquées
dans le dossier.
M. Morin: Pourriez-vous préciser ce qu'est le programme
TDF?
M. Saint-Pierre: Transbordement, distribution, fabrication.
C'était le concept, puisque PICA, si on respecte le concept initial,
n'est pas un parc industriel comme les autres. Il profitera de sa pro-
ximité de l'aéroport de Mirabel pour... Enfin, on fait faire une
coordination plus poussée entre certaines des fonctions qui,
habituellement, sont complètement séparées. Alors, on fait
des fonctions de transbordement dans le fret aérien, de distribution de
ce fret même, de même qu'à certains éléments
du parc industriel, et de fabrication.
M. Morin: En ce moment, j'imagine que les terrains sont toujours
la propriété du gouvernement fédéral, à
défaut d'entente.
M. Saint-Pierre: Oui, mais les accords de principe ont
été obtenus sur ce sujet. Ce n'est pas signé encore,
suivant l'entente, mais on se dirige vers un bail emphytéotique.
M. Morin: Emphytéotique.
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Portant sur combien d'acres?
M. Saint-Pierre: 2400 acres.
M. Morin: II n'avait pas été question de 3000 acres
au début?
M. Saint-Pierre: C'était un chiffre approximatif au
début. Par la suite, après les travaux de planification et de
délimitation, ce fut 2400 acres.
M. Morin: Quand prévoyez-vous que la
propriété des terrains pourra être transférée
au gouvernement québécois ou plutôt, pas la
propriété, mais quand le bail emphytéotique sera-t-il
signé?
M. Saint-Pierre: A la suite de l'entente auxiliaire et j avais
espoir que le gouvernement du Québec pourrait signer l'entente
auxiliaire avant la fin de juin 1976.
M. Morin: Avant juin 1976.
M. Saint-Pierre: Avant la fin de juin...
M. Morin: Avant la fin de juin 1976. Ces baux
emphytéotiques ou ce bail s'étendrait sur combien
d'années? Etant donné que vous n'allez développer,
normalement, peut-être que 50 acres par année et qu'il y en aura
2400, est-ce que le bail emphytéotique va porter sur toute la masse des
2400 acres dès le départ, ou bien s'il y aura un transfert
graduel selon les besoins du Québec?
M. Saint-Pierre: La durée du bail est de 99 ans. Elle se
fera par des transferts successifs suivant les besoins que formulera la
société responsable. C'est une société mixte de
60%-40V 60% gouvernement du Québec, 40% gouvernement
fédéral. Il y aura donc plusieurs baux. Ceux-ci seront tous pour
une période de 99 ans, suivant les différentes étapes.
M. Morin: Est-ce que vous devrez payer une
redevance emphytéotique pour chaque bail, autrement dit, est-ce
qu'il y aura un loyer payable au gouvernement fédéral?
M. Saint-Pierre: La redevance ou le loyer pour le bail sera 10%
du coût de location à l'industriel.
M. Morin: Du coût de location du terrain pour fins
industrielles.
M. Saint-Pierre: ... à l'industriel, et les 90% seront
là...
M. Morin: Chaque année? C'est bien...
M. Saint-Pierre: Chaque année, pour toute la durée.
Les terrains pourraient être cédés par baux, mais s'il n'y
a pas de revenu, il n'y a aucun paiement. La formule que nous avons
développée, c'était après que les terrains ont
été loués et suivant les modalités du marché
pour la location des terrains, 10% seraient retournés comme coût
de location, laissant 90% du revenu brut pour permettre les frais
d'administration, de publicité, de gérance et autres pour le
parc.
M. Morin: Du PICA. Récemment, M. le ministre, le conseil
municipal de la ville de Mirabel vous a fait parvenir une résolution
portant le no 45-2-76, adoptée par le conseil le 3 février 1976.
En vertu de cette résolution, les gens de Mirabel vous demandent qu'une
loi spéciale soit adoptée le plus tôt possible
effectivement dans la lettre, on vous dit: Au début de la
présente session. Cette lettre date du mois de février 1976
pour créer la société de gestion concernant le parc
industriel, commercial et aéroportuaire de Montréal.
Puis-je vous demander si vous avez l'intention de répondre
à cette requête pressante du conseil de Mirabel, et de
créer cette société de gestion?
M. Saint-Pierre: Je ne l'ai pas fait jusqu ici, et je pense bien
que le chef de l'Opposition comprend que si je l'avais fait j'aurais pu
le faire j'aurais mal servi les intérêts du Québec,
puisque la charte ou le projet de loi qui était, d'ailleurs, au
feuilleton, me concrétise un peu ou me donne les pouvoirs, par
l'Assemblée nationale, pour vivre ma partie de responsabilités
à l'intérieur du PICA. Ce serait me placer dans une position de
négociation extrêmement faible si je prends des engagements avant
que l'autre partie ait consenti à sa part d'engagements.
NI. Morin: Vous voulez dire que tant que l'entente avec le
gouvernement fédéral...
M. Saint-Pierre: C'est ça.
M. Morin: ... n'aura pas été conclue, vous ne
pouvez pas donner suite à la résolution du conseil municipal.
M. Saint-Pierre: C'est cela. Je pense que cela a
été expliqué aux gens là-bas. Ce qui est impor-
tant et ce qu'on n'a pas j'ai poursuivi les efforts avec l'ancien comme
avec le nouveau ministre de l'Expansion économique régionale
c'est l'urgence de signer l'entente auxiliaire. Encore une fois, une
conversation récente que j'ai eue avec M. Lessard me porte à
penser que, d'ici la fin de juin, on pourrait signer certains protocoles qui
nous permettraient de parapher l'entente auxiliaire. Dès que cela aura
été fait, suivant le contenu de cette entente, il est facile de
le traduire dans un projet de loi et de demander à l'Assemblée
nationale de donner au ministre de l'Industrie ou à d'autres le
pouvoir... Autrement, si je fais voter la loi, il suffit d'un article mineur
que va demander le gouvernement fédéral ou n'importe quoi pour
être obligé de revenir devant la Chambre. On comprendra que ma
position de départ était assez faible sur le plan de la
négociation.
M. Morin: Justement, j'attire votre attention sur le fait que le
conseil municipal de Mirabel insiste sur l'urgence de régler cette
question, l'urgence d'en venir à une entente sur les conditions qui
permettront de disposer du site choisi pour le développement du PICA.
Avez-vous rencontré les gens du conseil de Mirabel à ce
sujet?
M. Saint-Pierre: Le député de Deux-Montagnes et
d'autres députés de la région m'ont fait part des vues de
la population. Je n'ai malheureusement pas pu rencontrer moi-même le
conseil municipal de Mirabel. Mes fonctionnaires l'ont fait à plusieurs
reprises. D'ailleurs, il faut dire que le maire de Mirabel, dans notre
intention, sera membre ex officio de la corporation établie pour le
PICA, c'est-à-dire de la société, du projet de loi de la
société.
M. Morin: II y a un certain nombre de problèmes concrets
qui découlent des retards qui ont été accumulés
jusqu'ici. Vous aurez certainement pris connaissance, dans la
résolution, du problème causé par le raccordement des eaux
usées entre le réseau d'égouts du centre-ville
projeté et celui qui desservira le parc industriel.
Les retards entraînent une situation qui paraît tout
à fait inacceptable aux gens de Mirabel. Le ministre est-il
sensibilisé à cet aspect du problème?
M. Saint-Pierre: Oui, mais je pense qu'il faut quand même
admettre que les travaux qui ont déjà été faits et
qui s'élèvent à plus de $3 millions ont, il me semble,
aidé grandement la ville de Mirabel à faire face a l'expansion
qu'elle connaîtra au cours des prochaines années. Il y a eu, je
pense, un partage généreux de la part des deux niveaux de
gouvernement supérieurs dans la partie des travaux déjà
effectués à Mirabel et qui ont servi dans le cas de
réservoirs ou de conduites maîtresses à la fois au parc
industriel et à la population elle-même. Il y a bien des choses
qui sont urgentes. On essaie d'aller le plus rapidement possible. J'imagine
qu'en dictature, on pourrait aller plus vite, mais, en démocratie, il
faut parler avec les
gens, incluant les conseils municipaux et le gouvernement
fédéral.
M. Morin: II n'est pas sûr qu'une dictature permettrait
d'aller plus vite. Je ne tiendrais pas cela pour acquis, étant
donné la résistance qu'elle rencontrerait sûrement. Je ne
suggère certainement pas au ministre d'employer cette forme de
coercition. Il reste que les retards commencent à entraîner une
situation assez grave pour les gens de Mirabel. Je crois qu'ils ont le droit de
s'attendre que tout cela aboutisse très bientôt.
Puis-je vous demander si l'emplacement des 2400 acres est
déjà choisi, est-ce que les terrains sont déjà
identifiés?
M. Saint-Pierre: Délimités.
M. Morin: Délimités, de même que ceux qui
feront l'objet des premiers baux emphytéotiques.
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Puis-je vous demander combien d'entreprises ont
manifesté l'intention de s'établir sur ce parc?
M. Saint-Pierre: C'est difficile à dire puisqu'on n'a pas
encore réellement la structure pour recevoir ces gens. Sur le plan des
terrains, c'est assez difficile, dans le moment, d'en offrir, puisqu'on n'est
pas maître de ces terres.
Il n'y a pas de structures porteuses, mais il ne faudrait pas avoir un
excès d'optimisme. C'est un peu la même chose qui est survenue
à Bécancour. Il y a une certaine période de
démarrage dans ces nouveaux parcs. Il y a sûrement certaines
entreprises qui, dès le départ, vont manifester un
intérêt, surtout celles où le fret aérien et la
proximité de Montréal peuvent représenter un avantage.
M. Morin: Ne pourriez-vous pas être un peu plus
précis? Le ministère a certainement eu des contacts avec un
certain nombre d'entreprises qui ont manifesté au moins de
l'intérêt pour la chose.
M. Saint-Pierre: A peu près 25 entreprises ont
demandé des renseignements et veulent avoir des dates, des
échéanciers. Il y a déjà sur le terrain,
d'ailleurs, des travaux d'infrastructure qu'on a commencé à
mettre en place.
M. Morin: Oui, j'ai cru voir cela aussi. Est-ce que ce sont
surtout des entreprises commerciales ou des entreprises de fabrication?
M. Saint-Pierre: De fabrication. En fait, il faut dire qu'on
aura, pour le parc de PICA, la même définition assez rigoureuse
que nous avons aussi pour l'accessibilité à d'autres parcs
industriels au Québec.
M. Morin: Me tournant maintenant vers le projet de parc
industriel à Granby, la ville de Granby a investi une somme
considérable dans ce parc, au 31 juillet 1975, cela représentait
$8 177 000, sans obtenir la moindre subvention de Québec, malgré
toutes les démarches qui ont pu être effectuées. Puis-je
demander au ministre de nous éclairer sur les raisons, les motifs qu'on
invoque pour refuser de subventionner, comme on l'a fait pour beaucoup d'autres
parcs, celui de Granby.
M. Saint-Pierre: M. le Président, il est vrai que nous
n'avons pas aidé Granby. Il est vrai également qu'il y a plus de
85 parcs industriels au Québec et ce n'est qu'en 1973, par le parc de
Sherbrooke, que nous avons posé un premier geste. Nous avons
ajouté huit ou neuf villes qui ont reçu des subventions par
après en 1974/75. C'est vrai qu'il y en a encore 79 qui n'ont rien
reçu. Mais il me semble que la dernière à critiquer le
gouvernement en matière de développement industriel, ce devrait
être la ville de Granby Sur une base per capita, il n'y a peut-être
pas une ville au Québec qui a reçu autant de la
Société de développement industriel et de
différents autres programmes du gouvernement, en termes de nouvelles
installations industrielles. Il semble bien que ces nouvelles installations
industrielles doivent apporter leur part pour aider la ville de Granby à
assumer son fardeau fiscal. Je suis personnellement au courant de subventions
assez généreuses qui ont été consenties à la
ville de Granby en matière d'approvisionnement en eau. On a reçu
sa demande. On va l'analyser comme celle d'autres villes, mais je peux penser
à d'autres villes du Québec qui mériteraient de notre part
un appui plus considérable et peut-être plus sympathique que ia
ville de Granby elle-même. On ne la lui refusera pas. mais elle est
sûrement privilégiée, compte tenu de sa localisation,
compte tenu du nombre très important d'implantations industrielles
qu'elle a eues depuis quatre ou cinq ans. Je ne sais pas, je peux penser
à des villes de la Beauce qui n'ont jamais rien reçu et qui ont
fait énormément elles-mêmes, proportionnellement
peut-être plus que Granby. Il y a la ville de Laval, que me mentionne le
député de Mille-Iles, et sûrement Matane, même si
elle a eu les Méchins.
M. Morin: II n'en reste pas moins, M. le Président, que
même si la ville a pu toucher des subventions dans d'autres domaines,
elle peut légitimement s'attendre à recevoir un coup de pouce
pour ce qui est de son parc industriel. Je disais au ministre, il y a un
instant, que Granby a tout de même déjà consenti
elle-même des sommes jusqu'à concurrence de plus de $8 millions.
Est-ce qu'il y a beaucoup de villes qui ont fait un effort comme ceia, par
elles-mêmes, et qui n'ont pas reçu d'encouragement du gouvernement
du Québec? J'attire aussi votre attention sur le fait que, sur le plan
du revenu par habitant, Granby est une zone qui a connu de très graves
difficultés. Je crois, comme ses citoyens le disent eux-mêmes, que
leur ville est la centième sur cent. Je crois que dans les
circonstances, le ministre devrait peut-être reconsidérer son
attitude.
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas donné un non
catégorique, j'ai simplement dit qu'on a reçu leur
demande. Je déclare de nouveau que i'entente date de 1975. Vous
me demandez s'il y a d'autres villes qui ont fait autant d'efforts et qui n'ont
pas été aidées. La réponse est oui. En fait, je
n'ai rien devant moi, mais de mémoire, Saint-Hyacinthe, Sorel, Tracy,
Boucherville, Saint-Laurent, Lon-gueuil, voilà toute une série de
villes au Québec qui ont fait des efforts au niveau des parcs
industriels et qui n'ont pas été aidées.
M. Morin: Est-ce que votre intention est de les laisser se
débrouiller par elles-mêmes?
M. Saint-Pierre: Non, mais on va faire l'analyse de certains des
besoins. Il s'agirait de voir où sont les besoins d'agrandissement dans
le moment, et compte tenu des coûts qui ont substantiellement
augmenté depuis quelques années, à quel endroit le
gouvernement serait ie plus justifié d'accorder, suivant
différents critères, une aide particulière. C'est une
tâche qui a été confiée à des fonctionnaires
depuis déjà deux ou trois mois, compte tenu du fait que l'entente
prévoit un renouvellement dans deux ans et que nous avons d'ailleurs une
réserve de $2 millions dans l'entente actuelle.
M. Morin: Parce que si vous désirez les noms de villes qui
n'ont pas obtenu de subventions pour leur parc industriel alors qu'elles
s'attendaient légitimement à en recevoir, je peux vous mentionner
aussi le cas de Magog qui ne digère pas le fait de ne pas recevoir un
seul sous vaillant comme subvention alors que tout près, les gens ont le
sentiment que la ville de Sherbrooke reçoit des sommes
considérables en vertu de l'entente. Ce n'est pas vouloir enlever quoi
que ce soit à Sherbrooke que de demander au ministre s'il a l'intention
de faire quoi que ce soit pour la ville de Magog.
M. Saint-Pierre: Est-ce que je crois comprendre à vos
paroles que vous nous blâmez un peu d'avoir aidé la ville de
Sherbrooke?
M. Morin: Je viens de dire précisément que ce n'est
pas vouloir enlever quoi que ce soit à Sherbrooke que de vous demander
si vous avez l'intention de faire quelque chose pour Magog.
M. Saint-Pierre: Le député de Beauce-Sud n'est pas
ici, mais là il ne faut pas faire face à un problème
d'imprimer de l'argent. C'est ça, faire des choix, quand on est au
gouvernement. Je vous dis qu'on avait un montant, grosso rnodo, d'à peu
près $14 millions et compte tenu de besoins que les fonctionnaires
avaient pu identifier, on a fait le choix sur les 225 villes du Québec,
et 87 parcs industriels, de huit ou neuf villes. On va continuer la prochaine
fois à faire d'autres choix. A l'époque, si on prend la question
de l'Estrie, on avait identifié la carence au niveau des infrastructures
industrielles comme étant le premier facteur qui empêchait la
croissance et le dynamisme de la ville de Sherbrooke. Je pense que le
gouvernement du Québec lui-même y était allé de $3
millions au départ sans l'aide du gouvernement fédéral.
Nous avons poursuivi ces travaux et si vous avez visité la ville de
Sherbrooke récemment, on se rend compte qu'à cette intersection,
près du carrefour de l'Estrie, il y a quand même... combien
d'industries, peut-être que le député de
Saint-François...
M. Déziel: Environ 28.
M. Saint-Pierre: II y a 28 entreprises établies là;
alors, cela a donné des résultats. Maintenant qu'on a pu
régler une partie du problème de Sherbrooke, sûrement,
lorsque les sommes deviendront disponibles en termes de choix, on pourra
considérer les cas de Magog, Granby, Saint-Hyacinthe,
Saint-Joseph-de-Beauce, Sainte-Marie-de-Beauce, Rivière-du-Loup et
Montmagny.
M. Morin: Ce sont donc des dossiers que vous considérez
attentivement.
M. Saint-Pierre: Sûrement.
M. Déziel: ... C'est très important, les carrefours
de route, tout ça.
M. Morin: Dans le cas de Magog justement, c'est un...
M. Déziel: Dans le cas de Sherbrooke, c'est plutôt
Magog qui est seulement une annexe.
M. Morin: Vous considérez Magog comme une annexe à
Sherbrooke?
M. Déziel: A Sherbrooke.
M. Morin: Ce n'est pas ce que les gens de Magog pensent, M. le
député.
M. Déziel: C'est sûr, c'est de l'esprit de
clocher.
M. Morin: Je ne sais pas si le député de ce
comté est ici, mais il n'exprimerait peut-être pas exactement le
même point de vue. Il devrait peut-être être là
justement.
M. Saint-Pierre: Le député de Stanstead, à
plusieurs reprises, m'a exprimé, il y a déjà plusieurs
mois, les désirs de la ville de Magog sur le plan industriel.
M. Morin: Et vous lui avez donné le genre de
réponse que vous nous avez donné cet après-midi,
c'est-à-dire: On verra, éventuellement.
M. Saint-Pierre: Non, je lui ai demandé de rédiger
les motifs qui pourraient justifier un traitement prioritaire pour la ville de
Magog.
La politique est de faire des choix.
On essaie de le faire avec le plus de critères objectifs
possibles, avec le plus de maturité possible. Si les gens veulent bien
faire valoir pourquoi telle ville devrait être considérée,
plutôt que telle autre, ou est prêt à analyser leurs
prétentions.
Société Inter-Port
M. Morin: Je voudrais vous entretenir également, M. le
ministre, de la Société Inter-Port. J'ai eu le plaisir, il y a
maintenant quelque temps de cela, de participer à l'élaboration
de ce projet de loi et j'avais soulevé, à l'époque
le ministre s'en souviendra un certain nombre de difficultés au
sujet de cette société, de ce projet. Il semble bien que la
Société Inter-Port continue d'être une pure
abstraction.
Le ministre peut-il faire le point sur ce projet qui devait amener du
développement dans la région de Québec?
M. Saint-Pierre: Nous avons poursuivi des discussions avec
plusieurs personnes dans la région de Québec. Je ne veux pas
être pisse-vinaigre, mais quelquefois, c'est difficile de faire avancer
des dossiers et celui-là en est un où je dois concéder que
les progrès n'ont pas été aussi rapides que je l'aurais
vouiu.
M. Morin: Avez-vous suffisamment de vinaigre?
M. Saint-Pierre: II m'en reste, vous allez voir. Il y a un groupe
de fonctionnaires qui a tenté de définir un protocole assez
détaillé d'une vingtaine de pages pour voir les fonctions, le
programme d'action et toutes les étapes de l'implantation de cette
nouvelle société.
Il ne faut pas se scandaliser avec les délais. Je pense que
l'expérience, au Nouveau-Brunswick, avait témoigné du
même genre de difficulté, lorsqu'on parle...
M. Morin: Je ne me scandalise pas, mais je m'étonne.
M. Saint-Pierre: Vous vous étonnez, c'est cela. Mais
voyez-vous, on est habitué de donner plus d'efficacité à
la mise en place de toutes ces structures.
Les fonctionnaires avaient préparé un document et j'avais
cru savoir qu'il y avait accord sur le plan du financement, puisque nous
retenions, comme importante pour nous, une contribution locale. La
Société Inter-Port n'est pas une façon
détournée d'éviter, à la ville de Québec ou
au Québec métropolitain, d'avoir à supporter ce qui nous
apparaît un fardeau normal vis-à-vis de certains types
d'activités.
Au départ, appréhendant...
M. Morin: M. le ministre, vous n'allez pas nous apprendre que la
Société Inter-Port aurait eu le culot d'aller quêter une
subvention à la CUQ?
M. Saint-Pierre: Non, parce que, au départ, j'avais
moi-même demandé, au président d'Inter-Port, de bien
s'assurer qu'il y avait collaboration avec la communauté urbaine. Je
dois dire que les négociations ont été assez longues,
assez ardues et que les gens n'ont peut-être pas compris les termes de la
même façon. Donc, il n'y avait pas une subvention, mais il
était question de conclure des accords de service. Les accords de
service, cela implique, d'une part, qu'on reçoit des services et,
d'autre part, qu'on défraie, en totalité ou en partie, ces
services.
Il semble qu'à la dernière minute, cela a achoppé
sur certaines difficultés, mais on m'indique que le tout semble revenir
à la normale et que, prochainement, on espère faire tout
démarrer. C'est imminent...
M. Morin: Le conseil permanent de la société a-t-il
été mis en place?
M. Saint-Pierre: Non, c'est imminent.
M. Morin: Et, que je sache, d'après ce qu'on a pu voir
dans les journaux, la société n'a pas encore d'employés,
de local ou même de ligne téléphonique?
M. Saint-Pierre: Tout cela, c'est imminent.
M. Morin: II y a quelque temps, on avait annoncé que la
société entrerait dans sa phase dite opérationnelle au
début d'avril.
M. Saint-Pierre: C'est cela, mais les difficultés sont
survenues au niveau du conseil des maires ou de la communauté urbaine.
Cela a pris un certain temps pour reprendre le dossier, afin d'obtenir l'accord
sur ce qui nous semblait, à nous-même, avoir été un
accord au départ. Il y a beaucoup de monde, à la
communauté urbaine.
M. Morin: A i'époque du conseil provisoire,
c'était, je pense, M. Tremblay, M. Pierre Tremblay, dont nous parlons
souvent aux engagements financiers, qui était président de la
Société Inter-Port.
M. Saint-Pierre: Je pense que oui.
M. Morin: L'est-il toujours? Je pense qu'il a quitté,
n'est-ce pas?
M. Saint-Pierre: II y avait un remplaçant nommé
sous peu également.
M. Morin: Autrement dit, vous allez régler tous les
problèmes...
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: ... d ici quelques semaines?
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: C'est un enfantement difficile.
M. Saint-Pierre: II n'est pas donné à tout le monde
d'être sage-femme.
M. Morin: En effet.
M. Saint-Pierre: Vous en savez quelque chose.
M. Morin: Le ministre, dans ce cas, je dois dire, a des
difficultés tout à fait particulières. L'enfant se
présente très mal. Est-ce que vous comptez que cette
Société Inter-Fort sera vraiment à l'oeuvre, au moins pour
l'automne?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Quelles seront ses priorités?
M. Saint-Pierre: Elle les déterminera elle-même.
Premièrement, bien sûr, il y a tout le programme de départ.
Je ne voudrais pas anticiper. Le conseil d'administration, en reflétant
les priorités du milieu, tentera de nous donner un programme à la
fois d'étude et de réalisation. Une fois cette première
année de démarrage où les budgets ont été
assurés, les investissements qui pourraient être requis, si c'est
jugé nécessaire par les actionnaires de la Société
Inter-Port, pourraient faire l'objet d'ententes particulières,
d'ententes spéciales avec le gouvernement fédéral.
Je parle sur le plan des investissements et non sur le plan des
dépenses de fonctionnement.
M. Morin: Vous vous souviendrez que nous avions longuement
débattu la nécessité de cette Société
Inter-Port et la concurrence qui ne manquerait pas de s'exercer entre elle et
la CUQ, du point de vue de la promotion industrielle, de l'aménagement
du territoire, etc.
M. Saint-Pierre: S'il y a un protocole d'entente de signé
et si les choses démarrent pour Inter-Port, comme nous
l'espérons, je ne sais pas, au plus tard d'ici un mois vous avez
parlé de l'automne vous-même je pense que le moins qu'on
pourrait dire, c'est que vos craintes étaient mal fondées
puisque, effectivement, s'il y a un protocole d'entente, c'est donc que les
gens s'entendent.
M. Morin: Mais, est-ce que le protocole d'entente vous
paraît probable, parce que je prenais connaissance récemment d'un
article ou l'on souligne le fait que la CUQ a reçu avec réserve,
pour dire les choses aimablement, la demande de coopération, comme vous
dites, de la Société Inter-Port? Le président de la CUQ,
M. Trottier, n'a pas caché qu'il recevait fort mal une demande d'aide de
la part d'un organisme que le gouvernement libéral avait promis au
départ de soutenir avec la seule aide du gouvernement
fédéral.
M. Trottier a, par ailleurs, révélé que, devant
l'inaction de la société, ia CUQ avait pris l'initiative de
continuer d'assumer la promotion industrielle, depuis le début de 1976,
à partir d'un budget officieux d'environ $224 000 qu'elle entendait bien
se faire rembourser.
Il ne semble pas que les relations, les rapports entre les deux
organismes soient au beau fixe. Est-ce que le ministre a des renseignements qui
lui permettent d'affirmer que tout cela va changer?
M. Saint-Pierre: II faudrait attendre quelques jours pour voir
cela. Je suis confiant que cela va bien aller.
M. Morin: Contrairement à toutes les indications qu'on
trouve.
M. Saint-Pierre: II n'y a rien de faux dans ce que j'ai
mentionné, mais ie problème que M. Trottier, président de
la communauté urbaine, ne semble pas comprendre, c'est que la
Société Inter-Port est un outil additionnel qui a
été donné par les deux niveaux de gouvernement à
l'agglomération de Québec pour tenter de régler un
problème qui avait été identifié à la suite
de nombreuses études. Cela ne se voulait pas une panacée à
tout ce qui s'appelle développement industriel et, en particulier, cela
n'a jamais été élaboré sur ie concept que les
autorités municipales cessaient d'avoir des responsabilités en
matière de développement industriel et, en particulier, en
matière du financement de commissariats industriels.
Je ne sais pas quelle est votre position officielle, mais la mienne est
sûrement connue, et je l'ai exprimée à quelques reprises
directement à ceux qui me l'ont demandé, c'est que je suis
opposé au fait qu'on permette au Québec métropolitain de
ne point avoir à engager d'argent en matière de promotion
industrielle.
M. Morin: Je m'excuse, je ne saisis pas. Que vous étiez
opposé...
M. Saint-Pierre: Au fait que certains voulaient que la
Communauté urbaine de Québec et l'ensemble des
municipalités n'aient pas à supporter du tout tout ce qui touche
la promotion industrielle. Autant j'étais favorable à lui verser
des montants substantiels qu'on ne verse pas à Granby, à
Montréal et à d'autres endroits, autant il m'apparaissait
élémentaire qu'en termes de per capita, il y ait au moins un
versement raisonnable et même...
M. Morin: ... un versement de la CUQ à la
Société Inter-Port?
M. Saint-Pierre: Non, je n'ai jamais dit cela. Un effort sur le
plan municipal pour la promotion industrielle, comme fait la ville de Granby,
comme fait la ville de Saint-Hyacinthe. Si j'avais écouté M.
Trottier, les propos que vous citez confirment ceci, c'était le retrait
de la CUQ et Inter-Port prenait l'ensemble du bateau. Ce n'est jamais dans ce
concept, c'est un véhicule additionnel qui et c'était le
sens de ma première lettre devait collaborer avec les services du
commissariat industriel de la CUQ, sans nécessairement les remplacer
complètement. Je n'étais pas, bien sûr, opposé
à ce que des formes de collaboration puissent signifier dans les faits
un fardeau financier moins lourd pour la communauté urbaine, mais pas au
point où ce fardeau serait réduit à zéro.
M. Morin: Est-ce que ce serait concevable que
la CUQ continue d'assumer la promotion industrielle?
M. Saint-Pierre: A la CUQ, il y a bien des gens qui parlent pour
elle. Ce n'était peut-être pas le point de vue de son
président, mais de son conseil. Il semblait y avoir un désir de
signer à ces fins un accord de service avec la Société
Inter-Port pour transférer une partie tout au moins et c'est le
sens du protocole d'entente des activités de son service de
promotion industrielle.
M. Morin: Quelle partie? Ce ne serait pas facile à
partager.
M. Saint-Pierre: Cela pouvait être... Cela peut être
la publicité, cela peut être tout le secteur de la planification
et des études. Cela peut être...
M. Morin: De la publicité pour M Tremblay, je ne comprends
pas.
M. Saint-Pierre: Non, pas cette publicité. La
publicité de la communauté urbaine à
l'étranger.
M. Morin: Oui, je comprends. Et d'autres aspects de services?
M. Saint-Pierre: Enfin, tous ces points sont présentement
en voie de discussion entre les...
M. Morin: Bon, enfin, vous pensez qu'il y a moyen de trouver un
terrain d'entente. Vous le souhaitez.
M. Saint-Pierre: Oui. J'en ai la conviction.
M. Morin: J'espère que c'est possible. Cela n'a pas l'air
de se dessiner comme cela, mais peut-être. Toujours à propos de la
CUQ, on disait récemment, au début du mois, que les
chèques destinés à indemniser les expropriés de
Saint-Augustin étaient retenus, alors que le ministre avait
souhaité, demandé aimablement à la CUQ de bien vouloir
mettre fin aux expropriations prévues pour l'aluminerie. Il semble que
les chèques ne soient pas partis vers leurs destinataires, car on
hésite à le faire avant d'avoir en main un écrit
quelconque de M. Saint-Pierre. Je paraphrasais ce qu'on peut lire dans certains
rapports de presse récents. Est-ce que le ministre peut nous dire
publiquement quelle est son attitude? Est-ce que ces chèques doivent
partir?
M. Saint-Pierre: Personnellement, cela ne me regarde pas. Cela
regarde les gens qui ont pu être les victimes, puisqu'il n'y a plus
d'expropriation, suivant la Loi d'expropriation, ceux qui pouvaient avoir une
réclamation à faire à la communauté urbaine...
M. Morin: Elles ont été en partie vos victimes, en
partie, je dis bien. Donc, vous avez tout de même une
responsabilité devant ces gens.
M. Saint-Pierre: Vous l'affirmez, je le conteste.
Je n'accepte pas et il faut... Encore une fois, ce sont des lettres qui
ont été lues et relues. Il faut bien se rappeler qu'en 1970...
Il'faut faire la distinction entre le ministère permettant à une
municipalité d'agrandir un parc industriel à la demande de
celle-ci et le ministère tentant d'obtenir, pour une municipalité
donnée, un projet industriel.
Il faut se rappeier qu'en 1970, la Communauté urbaine de
Québec nous a demandé d'agrandir son parc industriel, incluant
toutes les zones de Saint-Augustin que vous avez mentionnées. A cette
époque, nous avons refusé. Si nous avions accepté,
à cette époque, je pense bien qu'il n'y avait aucune base pour
demander une compensation payable par le gouvernement provincial: les
intéressés sont revenus à la charge d'eux-mêmes en
1973. L'objet de leur demande était à l'étude lorsque,
prématurément, et par des gens de la communauté urbaine
je tiens à le préciser la nouvelle du projet
d'aluminerie est apparue à la première page des journaux. Devant
le danger de spéculation, il y a eu des discussions. Je reconnais que
les gens de la communauté urbaine nous ont demandé conseil,
savoir quoi faire face à toutes ces choses. Il y a eu une lettre de mon
sous-ministre, à l'époque, M. De Coster, expliquant que,
peut-être, la meilleure façon de le faire dans les circonstances,
était d'exproprier. Mais ce n'était pas un ordre du
ministère de l'Industrie et du Commerce comme partenaire dans
l'aluminerie. C'était simplement une approbation qui a été
donnée, puisque nous avons à donner, comme ministère, les
approbations aux municipalités qui veulent agrandir leurs parcs
industriels. Vous reprenez...
M. Morin: Mais vous avez eu quelque chose à voir dans ce
dossier. Vous avez donné l'approbation. C'est la raison pour laquelle je
trouve un peu inconvenant qu'aujourd'hui vous ne preniez pas un peu plus
ciairement position là-dessus. Il ne vous coûterait pas
grand-chose de dire que vous souhaitez que ces chèques partent vers
leurs destinataires, puisque vous avez souhaité que la CUQ le fasse, il
y a à peine quelques mois.
M. Saint-Pierre: Oui, mais écoutez! C'est la même
chose si vous me dites que M. Latendresse, à Jonquière, n'a pas
été payé à la suite de son compte qu'il a
envoyé à l'Alcan et vous me demandez ce que j'en pense. Je n'ai
rien à faire entre les responsabilités des deux.
M. Morin: Vos comparaisons sont mal venues.
M. Saint-Pierre: Ecoutez! Je vais vous en donner une autre. Une
ville nous a demandé, il y a cinq ans, d'agrandir son parc industriel.
Je vais en prendre dans mon comté que je connais bien. La ville de
Chambly et la ville de Saint-Bruno ont agrandi, il y a dix ans. Le parc n'est
pas rempli aujourd'hui. Est-ce que le ministère, parce qu'on a
donné une approbation d'agrandir, a une responsabilité à
savoir qu'on va compenser pour le déficit au compte du parc
industriel?
M. Morin: Oui, mais voyons! En l'occurrence,
dans le cas concret que nous avons devant nous, vous avez donné
votre approbation et, de surcroît, c'était lié dans
l'esprit ae tout le monde au projet de l'aluminerie.
M. Saint-Pierre: Bien non! C'était un
élément du dossier.
M. Morin: Bah...
M. Saint-Pierre: Je m'excuse, mais je tiens à cela.
Relisez ma lettre...
M. Morin: Conviendrez-vous que c'était à tout le
moins l'élément dominant du dossier?
M. Saint-Pierre: C'était un élément du
dossier, mais ce n'était pas le seul.
Je vous rappelle qu'en 1970, il n'était pas question
d'aluminerie, et qu'à cette époque trois ans avant
on nous avait fait une demande pour agrandir le parc industriel. Il n'y avait
pas d'aluminerie. Il n'y avait absolument rien.
M. Morin: Mais dans la lettre que vous avez envoyée et que
je vous citais d'ailleurs, tout à l'heure...
M. Saint-Pierre: Lisez le premier paragraphe de cette
lettre...
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: .. que j'ai envoyée, le premier
paragraphe. C'est la limite de mes responsabilités. Ayant dit cela, ce
que j'ai dit au maire Lamontagne qui m'en a glissé un mot, c'est que
j'étais bien prêt à examiner ce qu'on pouvait faire pour
l'aider financièrement dans cette dépense qu'il avait encourue,
mais sans prendre d'engament au nom du gouvernement.
M. Morin: Je relis votre lettre.
M. Saint-Pierre: Lisez donc le premier paragraphe.
M. Morin: Je le veux bien: Je donne suite à votre lettre
du 14 novembre dernier par laquelle vous relatez l'état d'avancement des
procédures en expropriation à Saint-Augustin, en vue de
l'agrandissement du parc industriel de la CUQ. Il m'apparaît opportun de
profiter de l'occasion pour faire le point sur ce dossier.
Vous faites effectivement le point sur le dossier.
M. Saint-Pierre: Le deuxième paragraphe. Je m'excuse,
j'aurais dû dire le deuxième paragraphe.
M. Morin: Le deuxième. Pourvu que vous ne me la fassiez
pas lire, parce qu'elle a quatre pages.
M. Saint-Pierre: Non, je ne le ferai pas.
M. Morin: Vous dites que vous avez déjà eu
l'occasion de déplorer l'annonce prématurée de ce projet
par les media d'information, et vous ajoutez qu'afin d'éviter toute
spéculation immobilière dans la région, compte tenu d'un
plan d'ensemble de la CUQ visant à...
M. Saint-Pierre: Ha!
M. Morin:... agrandir son parc industriel, nous avions
acquiescé à votre demande d'exproprier des terrains que vos
services avaient délimités.
Mais vous ne pouvez pas nier quand même que l'aluminerie
était un élément majeur.
M. Saint-Pierre: Le plan d'ensemble préparé par
leur service prévoyant l'expansion, et dans lequel l'aluminerie
était un facteur, mais qui n'était pas certain à
l'époque. En tout cas...
M. Morin: Je reviens à vos conclusions...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ...parce que, c'est quand même ce qui
était important. Avec toutes les nuances que vous y mettiez: Bien que la
décision ne soit pas de mon ressort un pas de deux
j'estime, pour ma part, qu'il serait souhaitable de mettre un terme aux
expropriations. C'est quand même net. Vous leur faites une
recommandation, disons, parce que le ministre n'acceptait pas tout à
l'heure le mot requête, le mot demande. Vous leur faites une
recommandation. Aujourd'hui, les chèques sont bloqués et les
propriétaires de Saint-Augustin sont dans une situation difficile; ils
attendent toujours ces remboursements.
M. Saint-Pierre: Je pensais que tout le monde était
heureux du fait qu'il n'y avait pas d'expropriation.
M. Morin: Non, mais il y avait quand même des
chèques devant indemniser les propriétaires de Saint-Augustin qui
devaient, à l'origine, être expropriés pour faire place
à l'aiuminerie. Ce que la CUQ attend de vous, c'est que vous preniez une
attitude définitive, pour savoir si elle doit expédier les
chèques ou les retenir.
M. Saint-Pierre: S'il est question de dire oui ou non, le 27 mai
1976, je vais écrire ma lettre à 5 h et la réponse sera
non. Si c'est la question de tenter de savoir comment, dans l'évolution
du dossier global de l'aluminerie, nous pourrions trouver des façons de
tenter, sans aucune responsabilité de notre part, de compenser la
communauté urbaine, je suis bien prêt à tenter de faire
cela. Cela ne se fera pas le 27 mai ni le 27 juin.
M. Morin: On ne va pas s'éterniser, mais je veux
simplement vous demander la question suivante: Souhaitez-vous que ces
chèques soient expédiés ou retenus?
M. Saint-Pierre: Cela ne me regarde pas.
M. Morin: Cela vous regardait dans la lettre, puisque...
M. Saint-Pierre: Vous me demandez: Souhaitez-vous qu'un compte de
taxes soit envoyé? Cela ne me regarde pas. Si les chèques doivent
être envoyés, qu'ils soient envoyés. Si les gens trouvent
qu'ils sont pénalisés, qu'ils aillent voir le maire, le
conseiller, le représentant à la communauté urbaine pour
obtenir des explications. C'est évident, si j'entre dans le dossier,
qu'après cela, je vais être pris pour écrire le
chèque.
M. Morin: Pas nécessairement. Je trouve que vous vous en
tirez un peu lestement.
En attendant, ces gens ne savent pas sur quel pied danser. Je pense que,
si le projet d'aluminerie à Saint-Augustin ne doit pas se
concrétiser, les gens doivent le savoir et que ce soit tranché le
plus vite possible. Le ministre va être d'accord avec moi pour souhaiter
cela, je pense.
On ne peut pas compter sur vous pour faire appel...
M. Saint-Pierre: ...un avis juridique sur l'émission des
chèques? Non.
M. Morin: II ne s'agit pas d'un avis juridique, il s'agit tout
simplement de donner suite à vos démarches d'il y a quelques
mois. On ne peut pas compter sur vous pour cela.
M. Saint-Pierre: Cela revient à la communauté
urbaine.
M. Morin: II faut que la CUQ décide cela
elle-même.
M. le Président, je suis un peu étonné de cette
attitude, je vous l'avoue. Je ne la considère pas comme étant
cohérente par rapport aux lettres antérieures du ministre. Je
sens que cela ne sert à rien d'insister, nous n'avancerons pas.
Peut-être pourrons-nous dire deux mots, durant les 25 minutes qu'il nous
reste, sur l'uranium enrichi.
Projet Canadif
Est-il exact que ie leadership de ce projet est maintenant entre les
mains du gouvernement fédéral? Si c'était le cas, je crois
qu'il y aurait lieu de s'interroger, parce que ce gouvernement n'a jamais
favorisé sérieusement ce genre de projet. Enfin, où en
est-on dans ce domaine de l'uranium enrichi?
M. Saint-Pierre: Vous parlez du projet Canadif quand vous parlez
d'uranium enrichi et du projet de BRINCO.
M. Morin: De Canadif, oui. Je crois que c'était le projet
qui avait été porté à ia connaissance du public il
y a quelque mois. Je ne sais pas s'il y en avait d'autres, mais, en principe,
c'est le projet Canadif.
M. Saint-Pierre: La première question est une question
d'appréciation, c'est difficile d'y répondre. Je pense que la,
comme dans les négociations du GATT, le Québec fait tous les
efforts, compte tenu de ses ressources limitées, pour tenter de bien
cerner le problème et de ne pas prendre des décisions à la
légère.
Nous avons un comité qui compte des représentants du
ministère de l'Industrie et du Commerce, du ministère des
Richesses naturelles, de d'autres personnes ressources qui ont examiné
l'ensemble du dossier, à la suite des rencontres que j'avais eues avec
M. MacDonald, qui était, à l'époque, ministre de
l'Energie. Nous nous étions entendus sur certains principes de base dans
le secteur de l'uranium enrichi et le comité fédéral
provincial s'est réuni à plusieurs reprises pour poursuivre des
études et mieux comprendre ou mieux cerner la situation. Je pense qu'il
est important de se rappeler qu'un des points que M. Mac-Donald avait
accepté, dont je lui avais fait part, c'est que les
intérêts du Québec et du Canada sont similaires dans ce
dossier, ce qui est bon pour le Québec est bon pour le Canada et vice
versa. Deuxièmement, une décision hâtive, quelle soit
positive ou négative, risquait de mal servir les intérêts
du Québec et du Canada.
Nous poursuivons ces études. Nous avons déjà
donné une réponse préliminaire, qui, je pense, a
été rendue publique dans une lettre transmise...
M. Morin: Une lettre à M. Boulva?
M. Saint-Pierre: C'est cela, qui est le président de
Canadif, qui a été rendue publique. Nous devons transmettre une
réponse définitive aux questions qui étaient
soulevées dans la première étude de rentabilité et
qui permettrait, par la suite, aux promoteurs de décider s'ils devraient
consacrer les sommes nécessaires pour aller de l'avant dans le
dossier.
M. Morin: Passer à la phase 2. Cela datait du mois de
décembre 1975.
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Depuis lors, il n'y a pas d élément
nouveau dans le dossier?
M. Saint-Pierre: II y a énormément de travail, pas
d'élément nouveau, malheureusement.
M. Morin: Si je comprends bien, le ballon se dessouffle mais
très lentement.
M. Saint-Pierre: Vous comprenez mal. M. Morin: Non.
Expliquez-moi.
M. Saint-Pierre: On se rend à la ligne, à
l'échéancier prévu, c'est-à-dire à la fin de
juin, mi-juillet, pour fournir une réponse définitive à
certaines des questions qui avaient été soulevées par
Canadif. Les rencontres sont prévues au cours des
prochaines semaines avec le groupe Canadif pour explorer certains
aspects de la question.
M. Morin: C'est parce que le premier ministre avait fait une
très grosse publicité autour de ce projet, comme il le fait
quelque fois à l'égard de projets semblables. Je n'ai pas pu
m'empêcher de penser que probablement le ballon commençait
à se dessouffler le jour où le ministre des Richesses naturelles
a tenu des propos, à la suite de la publication du rapport Marier, selon
lequel l'Hydro-Québec ne devrait pas participer directement à
l'approvisionnement d'entreprises industrielles exigeant des blocs
d'électricité de cet ordre-là. C'était...
M. Saint-Pierre: La recommandation du rapport Marier était
que le secteur privé deviendrait responsable d'aménager
lui-même certaines des rivières.
M. Morin: Qui ne seraient donc plus disponibles pour l'Hydro.
M. Saint-Pierre: Oui, c'est cela. Mais là, le gouvernement
n'a pas nécessairement fait siennes, les recommandations contenues dans
le rapport Marier.
M. Morin: Non, mais le gouvernement semble avoir tiré la
conclusion, par la voix du ministre des Richesses naturelles, que l'Hydro, en
tout cas, ne devrait pas fournir des blocs d'électricité,
d'énergie de cet ordre-là. J'ai l'impression que si c'est le cas,
le projet n'ira pas bien loin.
M. Saint-Pierre: Est-ce que vous souhaitez que le projet aille
loin?
M. Morin: Pas particulièrement, parce que, comme j'ai eu
l'occasion de le dire au premier ministre en Chambre, l'exportation
d'énergie de cet ordre-là, c'est plus de 8000 mégawatts,
c'est dans les 8000...
M. Saint-Pierre: Non.
M. Morin: C'étaient des projets de quel ordre?
M. Saint-Pierre: 2500 au maximum.
M. Morin: J'ai entendu mentionner beaucoup plus que cela.
M. Saint-Pierre: Ce sont les mêmes gens qui
prévoyaient votre pourcentage du vote aux prochaines
élections.
M. Morin: Voulez-vous qu'on parle des sondages? Je vois que vous
les avez "on the brain", comme on dit.
M. Saint-Pierre: Non. C'est 2500, avec certitude. Maximum.
M. Morin: Maximum. C'est déjà énorme.
M. Saint-Pierre: C'est déjà énorme, vous
avez raison. Mais il faut dire que...
M. Morin: Mais est-ce que j'ai tort de dire que cela a
été mentionné au début. Je ne sais plus si
c'était le premier ministre, mais, en tout cas, j'ai pertinemment vu des
exigences de quantités d'énergie de l'ordre de 8000
mégawatts.
M. Saint-Pierre: Non, jamais. C'est ce qui était
mentionné au début, dans le cas de la baie James, 8000
mégawatts.
M. Morin: Oui, mais justement. C'est pour cela que le chiffre
m'avait frappé, c'était du même ordre.
M. Saint-Pierre: C'est 500 mégawatts pour l'aluminerie,
2500 au maximum pour l'usine d'uranium enrichi. Enfin, nous examinons des
hypothèses, compte tenu de technologies différentes qui, sur le
plan de l'énergie, seront beaucoup moins exigeantes. Au maximum, ce
serait 2500 mégawatts, mais ce seraient quand même des
quantités appréciables. Le seul point que je veux faire remarquer
au chef de l'Opposition, c'est qu'on n'est pas en présence d'un jeu de
cartes où on a à choisir entre un 10 et un 9, c'est plus complexe
que ça. Je n'ai pas le dossier devant moi, mais il y a quand même
toute une série d'avantages à la construction sur le territoire
québécois d'une usine d'uranium enrichi. Il y a également
des risques importants et c'est à nous, à la suite des
études qui ont été faites, de mesurer ces risques de
tenter aussi de mesurer les avantages.
Il faut penser, strictement sur le plan industriel, que l'objectif
premier du Québec je me rappelle que l'ancien
député de Gouin partageait mon point de vue est de
transformer la structure industrielle du Québec. On a de la
difficulté à penser à un projet qui réponde plus
à ça que le projet d'uranium enrichi; en termes de valeur
ajoutée, de productivité, c'est exceptionnel.
M. Morin: Bien oui! bien, voyons!
M. Saint-Pierre: Vous pouvez également...
M. Morin: A condition qu'on l'utilise, cet uranium enrichi.
M. Saint-Pierre: Bien non!
M. Morin: Or, la filière canadienne ne l'utilise pas.
M. Saint-Pierre: Bien non! Je...
M. Morin: C'est exporter directement de l'énergie...
M. Saint-Pierre: Bien oui! Mais...
M. Morin: C'est quasiment comme si vous exportiez du courant
électrique.
M. Saint-Pierre: Ce n'est pas vrai! Une se-
conde! Il y a un rapport de 1 à 7 entre ce que ça prend
pour un kilowatt-heure dont vous avez besoin pour l'usine d'uranium enrichi et
la valeur nette d'exportation. Vous pouvez en produire sept, donc vous en
exportez un et vous en gardez six pour vous. Mais, en dehors de cela, je parle
strictement sur le plan industriel, il faut bien comprendre, sur le plan
industriel, que ce que tous les pays tentent de faire, c'est de produire avec
une haute productivité au niveau du salaire, une forte croissance de la
demande, des services ou des biens pour des marchés d'exportation et non
pas pour des marchés intérieurs. Sans ça, on va commencer
à faire encore des souliers ou du textile, enfin rester dans les
industries traditionnelles. Je vous dis simplement que, sur le pian industriel,
c'est un aspect qu'il- ne faut pas négliger, qu'en termes de valeur
ajoutée, qu'en termes de projet industriel qui aide à transformer
la structure industrielle du Québec, c'est presque un projet
intéressant. Il y a un deuxième point que j'aime
mentionner...
M. Morin: ... presque. Enfin, continuez, je vous en prie.
M. Saint-Pierre: Non. Peut-être que je ne réussirai
pas à vous convaincre, mais je dis qu'il y a deux côtés
à la médaille et ce n'est pas aussi facile que l'indique le chef
de l'Opposition de dire oui ou de dire non.
M. Morin: Le ministre est tout de même obligé
d'admettre que les effets d'un tel projet, les effets en aval, seraient
plutôt restreints.
M. Saint-Pierre: Ah non! Je ne suis pas d'accord sur ça.
Je ne suis pas d'accord...
M. Morin: Expliquez-nous un peu comment vous voyez ça.
M. Saint-Pierre: C'est assez complexe. Peut-être que
l'Hydro-Québec, lorsqu'elle viendra en commission parlementaire, pourra
vous les fournir, mais il y a une certaine évolution récente sur
le plan technologique au Canada et, compte tenu des besoins à long terme
du Canada et du Québec en énergie nucléaire, il peut y
avoir un intérêt qui ne semble pas évident d'avoir une
possibilité ici même, dans le sens de la sécurité
d'approvisionnement dont on a parlé tantôt, de faire
l'enrichissement de l'uranium.
Deuxièmement sur le plan mondial, II faut voir que le nombre
d'usines d'uranium enrichi qui exigent quand même une technique assez
sophistiquée et assez spécialisée est très
considérable.
Il y aurait une possibilité que si une première usine est
faite ici, au Canada, notre industrie manufacturière puisse relever ce
défi et être capable d'exporter son savoir-faire dans d'autres
pays qui en auront besoin.
Il y a deux côtés à la médaille. Je me fais
l'avocat du diable. Si le chef de l'Opposition voulait me convaincre que c'est
nécessaire, parce que dans sa position, c'est cohérent avec I
affection qu'il porte au génie nucléaire, je serais porté
à lui donner l'autre côté de la médaille.
M. Morin: Distinguons les centrales, les réacteurs et
l'uranium enrichi.
M. Saint-Pierre: Ce que je veux dire, c'est l'évolution
technologique sur le plan du CANDU. C'est pour cette raison que
l'Hydro-Québec s'y intéresse de plus en plus et n'exclut pas la
possibilité d'un enrichissement léger nécessaire à
l'intérieur du programme CANDU dans les années à
venir.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Vous acceptez cela?
M. Morin: C est une hypothèse qui est peu probable. Je
suis allé aux nouvelles pour savoir ce qui en était de la
possibilité de transformer le CANDU de manière à utiliser
de l'uranium enrichi, fût-ce légèrement, et les
réponses que j'ai obtenues étaient très sceptiques.
Donc, on parle de choses fort hypothétiques et on pourrait
aboutir à une situation où l'Ontario exporterait des centrales
nucléaires de type CANDU, et le Québec, lui, exporterait de
l'uranium enrichi. Ce serait vraiment le monde à l'envers.
M. Saint-Pierre: Vous le simplifiez.
M. Morin: Je le simplifie, mais à peine. Je vais vous
envoyer mon texte de l'Ecole polytechnique qui démontre, sur le plan du
génie nucléaire, qu'on tente de faire des efforts.
L'Hydro-Québec en a fait. Le colloque de l'Ecole polytechnique voulait
justement nous faire entrer dans ce secteur.
L'Hydro fait de gros efforts et je dirais même qu'elle doit
être encouragée dans cette direction. Mais c'est à
l'intérieur de la filière canadienne, pour l'instant. Ils ont
pénétré si peu avant dans la filière canadienne,
laissez-leur au moins digérer cela, laissez-leur mettre en marche leurs
usines d'eau lourde, avant de nous lancer dans l'uranium enrichi.
En tout cas, jusqu'à nouvel ordre, j'aimerais bien recevoir les
discours du ministre, s'il en fait sur ce sujet-là, à l'occasion.
J'aimerais bien les recevoir et élargir le champ de mes connaissances.
Jusqu'à maintenant, le ministre ne m'a pas convaincu que le projet
d'uranium enrichi soit vraiment à l'avantage du Québec.
Que nous ayons un programme nucléaire qui se développe au
fur et à mesure de notre capacité et du rythme de formation des
spécialistes, d'accord. C'est d'ailleurs probablement dans cette
direction que se dirige l'Hydro, après avoir longuement
hésité; peut-être que même le gouvernement va
être obligé de s'y diriger. Disons que nos idées commencent
à pénétrer.
M. Saint-Pierre: Les vôtres se modifient. Il fut
un temps où le parti était en faveur des centrales
nucléaires, peu importe l'existence de richesses renouvelables en
matière hydraulique qui existaient.
M. Morin: C'est à mon tour.
M. Saint-Pierre: Je vais vous citer des textes que j'ai entendus
en 1970. J'entends encore le député de Lafontaine qui nous citait
toutes les centrales nucléaires qui étaient bâties aux
EtatsUnis...
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: II faudrait reprendre cela. Il y en a les trois
quarts qui n'ont pas été bâties là-dedans, six ans
après.
M. Morin: M. le Président, c'est à mon tour
à demander au ministre d'apporter des nuances, surtout lorsqu'il cite
les opinions des autres. Nous avons toujours parlé des centrales
nucléaires et de la filière canadienne comme pouvant apporter de
l'énergie de pointe. Donc, dans notre esprit, l'énergie
nucléaire n'était pas destinée à remplacer
l'énergie hydraulique, mais à la compléter, au moins pour
ce qui est de la demande de pointe.
Je pense que c'est vers cela que l'Hydro-Québec s'en vient
maintenant. Donc, nos idées finiront par prévaloir, dans ce
domaine-là, j'ose espérer, comme dans un certain nombre
d'autres.
M. Saint-Pierre: Pour les 15 000 mégawatts que produit la
baie James, j'ai toujours compris, et je vais relire les textes...
M. Morin: C'est rendu à 15 000?
M. Saint-Pierre: C'est 15 000 ou 12 000; c'est 15 000, à
ce qu'on m'a dit.
M. Morin: M y a une différence?
M. Saint-Pierre: On m'a toujours dit que votre souhait, en
1970...
M. Morin: Un mégawatt de plus ou de moins!
M. Saint-Pierre: ... c'étaient les centrales
nucléaires. Je sais que, depuis ce temps, cela a évolué.
Après cela, vous avez parlé d'un programme mixte.
M. Morin: Cela a toujours été mixte, depuis le
début.
M. Saint-Pierre: Depuis le début.
M. Morin: Je tiens à vous le dire, depuis le début.
Je pourrais retrouver les textes. On pourrait faire un échange de
textes.
Eh bien! un autre balion qui se dégonfle tranquillement. On va le
regarder agoniser.
M. Saint-Pierre: Lequel? Celui des centrales
nucléaires?
M. Morin: Celui de l'uranium enrichi. Quant aux centrales
nucléaires, je pense qu'il y a lieu de croire que l'Hydro va s'y mettre
au moins graduellement. C'est ce que je m'attends à me faire dire, en
tout cas, quand l'Hydro va venir devant la commission.
M. le Président, je ne sais pas si c'est la peine d'entamer un
autre dossier. Il est moins sept, moins huit. Ce serait peut-être plus
opportun de remettre à demain matin...
Des Voix: Ce soir.
M. Morin: Ce soir, bien sûr, oui.
M. Saint-Pierre: Cela me va.
M. Morin: Oui, vers 20 h 15; parce que j'ai certaines obligations
d'ici là.
M. Saint-Pierre: 20 h 15.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que cela regarde encore
le programme 3?
M. Morin: Oui, nous allons aborder l'élément 4, en
revenant, si vous vouiez.
Le Président (M. Brisson): L'élément 4.
Donc, les éléments 1, 2 et 3, adoptés.
M. Morin: Oui, on peut considérer qu'ils sont
adoptés. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Brisson): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 15, ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
Reprise de la séance à 20 h 27
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
M. Desjardins (Louis-Hébert) remplace M. Ca-dieux (Beauharnois);
M. Quenneville (Joliette-Montcalm) remplace M. Déom (Laporte); M.
Séguin (Pointe-Claire) remplace M. Denis (Berthier); M. Déziel
(Saint-François) remplace M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine). Etant
donné que nous avons quorum, nous continuons l'étude du programme
3, élément 4, conseils et aide aux secteurs industriels et aux
entreprises.
M. Saint-Pierre: M. le Président... Le Président
(M. Brisson): Le ministre Direction générale de
l'industrie
M. Saint-Pierre: ...dans le document qui a été
remis à tous les parlementaires, on retrouve une description
générale ainsi qu'une rétrospective des activités
de cette direction générale de l'industrie. Essentiellement, la
direction générale comprend 14 cadres, 39 professionnels et 20
personnes du secrétariat, regroupés en cinq directions. Ces cinq
directions touchent les aliments et biens de consommation, les produits
électriques et électroniques, la machinerie et le matériel
de transport, les produits du bois et la chimie et les matériaux de
construction. Essentiellement, ce sont des personnes qui doivent avoir une
bonne connaissance des industries, dans l'ensemble du secteur manufacturier,
suivant ces cinq grandes divisions, et qui formulent à d'autres sections
du ministère, des avis sur des possibilités d'expansion, des avis
également sur la question des investissements étrangers, des avis
sur des possibilités de développement de secteurs. Dans le
volume, je ne voudrais pas tout le répéter, mais il y a eu
quelques projets majeurs, en particulier dans le secteur pétrolier,
pétrochimique, les pâtes et papiers, la sidérurgie et
l'aluminerie Tout cela, on le comprendra, ce sont quatre projets dont on a fait
mention précédemment et qui ont fait l'objet d'études ou
d'analyses de la part des gens de !a direction générale de
l'industrie. Il y a eu également la mise sur pied de programmes de
rationalisation de secteurs. En 1975/76, en particulier, ces efforts ont pu
porter sur l'industrie des boulangeries où on a assisté à
des regroupements importants et où, en collaboration avec la SDI, je
pense qu'on a pu agir comme catalyseur pour provoquer des fusions, des
regroupements, pour maintenir le contrôle par des Québécois
de ce secteur d'activité.
Il y a eu également d'autres efforts dans le domaine du
regroupement de manufacturiers en associations, en particulier l'industrie du
vêtement et l'industrie de l'alimentation. Nous avons poursuivi des
efforts qui ont déjà pu être entrepris par la tenue de
colloque, de séminaires, en particulier dans l'industrie du meuble. Nous
avons également, dans ce secteur, fait l'identification des
possibilités de développement du secteur. En particulier, nous
avons mis sur pied un programme spécifique de prospection industrielle
sélective.
La direction générale de la recherche et du
développement peut faire des études plus globales sur des
secteurs qui offrent certaines possibilités de développement et
la direction générale de l'industrie se spécialise. Ici,
on peut employer l'expression "une génération plus lointaine ",
c'est-à-dire des dossiers plus spécifiques de projets. En
particulier dans l'année, la direction a tenté d'identifier des
occasions d'investissements dans des secteurs comme les motocyclettes, les
bicyclettes, les compacteurs à rebuts, les compresseurs scellés,
les moulages sous pression de l'aluminium, les produits d'abrasifs dans le
papier meule et finalement les bâtisses industrielles et commerciales
préfabriquées.
Pour l'année qui vient, nous entendons poursuivre l'état
de nos connaissances dans certains secteurs, en particulier les industries de
fabrication d'équipement de transpoit, les industries de preneurs
d'ordres dans le domaine de la sous-traitance, les industries des chlores
alcalis, les industries métalliques, les industries fabriquant de
l'équipement pour protéger l'environnement, etc.
Il y a également une analyse poussée de la
possibilité de doubler la production d'éthylène à
Montréal qui se retrouve avec l'industrie pétrochimique.
Il y a également dans le dossier le montant des subventions qui
ont pu être accordées par la direction générale de
l'industrie. Je ne les prendrai pas en détail. Il s'agit souvent
d'études de marketing ou d'études de rentabilité dans
certains domaines très précis. La liste en est donnée
complètement, de même que le relevé des honoraires et
subventions pour ies consultants qui ont pu être engagés. On donne
entre parenthèses la nature des projets pour lesquels ces entreprises
ont pu être engagées.
La direction des services aux entreprises manufacturières, sous
la responsabilité de M. Plourde, a également le document
donne le détail un nombre impressionnant d'interventions qui
n'ont peut-être pas l'éclat des grands projets d'investissements
des entreprises multinationales et ne défrayeraient pas la manchette de
la presse chaque soir, mais elles m'apparaissent très importantes en
termes d'efforts du ministère vis-à-vis de l'entreprise
autochtone. Je mentionne en particulier plus de 1300 interventions au niveau de
la gestion administrative et financière, près de 700
interventions au niveau de la gestion de la production, près de 500
interventions dans la mise en marché et le marketing et finalement 84
interventions dans les fusions et regroupements d'entreprises.
Il y a eu également des activités d'animation en vue
d'aider les cadres et les dirigeants d'entreprise à atteindre une
meilleure gestion et il y a eu plus de 56 activités de formation qui ont
regroupé 2167 participants. Ces activités de formation abordent
des exercices de simulation industrielle, des
séminaires en marketing, des séminaires en communication
humaine et des colloques sur la vente. Nous avons eu également, depuis
deux ou trois ans, un programme important d'emploi d'étudiants dans
lequel nous tentons de faire l'encadrement des étudiants en
administration qui occupent des postes l'été. Le salaire des
étudiants est payé à 50% par le ministère, l'autre
50% étant payé à même un virement du
ministère des Finances. Je pense que ce programme, qui nous coûte
environ $187 000 de même que $80 000 d'encadrement pour les salaires et
frais de voyages des chefs d'équipes, nous permet de faire, nous le
croyons, un meilleur trait d'union entre les étudiants en commerce et la
petite et la moyenne entreprises québécoises. L'un s'habitue
à l'autre et l'un apprend à respecter l'autre. Nous
espérons, comme le soulignait le chef de l'Opposition, que,
graduellement, les finissants de nos écoles de commerce seront plus
portés à frapper à la porte de la petite et de la moyenne
entreprises comme premier emploi si, pendant quelques étés, ils
ont pu occuper une certaine fonction et mériter une certaine
crédibilité auprès des chefs d'entreprise.
Il y a eu également des activités au niveau des ressources
humaines, formation d'un service en ressources humaines dont les
responsabilités principales ont porté sur l'ensemble de la
définition de la problématique des PME et d'un document
précisant les grandes lignes devant guider la formation des cadres et
dirigeants des PME, le tout se faisant avec une collaboration du
ministère du Travail. Divers tableaux donnés dans le document
illustrent la répartition, tant sur le plan géographique que sur
le plan sectoriel, de ces activités au cours de l'année qui s'est
écoulée, de même que d'autres types d'activités
reliés à ce secteur du ministère.
S'il y avait des questions, cela me ferait plaisir d'y
répondre.
Je ne voudrais pas passer sous silence la direction des bureaux
régionaux, qui comprend neuf bureaux régionaux du
ministère dans tout le Québec et dont les objectifs sont
essentiellement l'animation et la coordination du développement
industriel et régional, l'amélioration de la connaissance des
structures industrielles régionales, l'identification de leur potentiel
de croissance et de développement et. l'établissement sur une
base régionale d'une liaison constante d'une part entre les entreprises
et les différents services publics et parapublics et d'autre part entre
les différents groupements industriels des milieux concernés.
Aide aux entreprises
M. Morin: M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser sur l'élément 4 et en particulier sur le
traitement réservé aux petites et moyennes entreprises. Le
ministre professe depuis plusieurs mois et pour ainsi dire sur toutes les
tribunes que désormais sa grande priorité consiste à
développer les petites et moyennes entreprises québécoises
et à favoriser l'intégration des multinationales à
l'économie québécoise. Comment peut-on ex- pliquer la
baisse draconienne que l'on trouve au principal poste budgétaire qui est
destiné au PME de l'industrie secondaire? Je me tourne maintenant vers
le livre vert pour constater que la différence entre le budget de l'an
dernier et le budget de cette année est de l'ordre de près de $7
millions. Le chiffre de l'an dernier était de $12 500 000, cette
année, nous sommes à peine au dessus de $5 500 000. J'aimerais
que le ministre nous donne des explications. Probablement se trouve-t-elle,
cette différence en partie, à la super catégorie
"capital". On nous dit, en effet, que la variation à ce poste
budgétaire de l'ordre de $3 700 000 s'explique par le retranchement du
budget du MIC d'un montant de $3 700 000 prévu en 1975/76, au chapitre
de l'entente-cadre, secteur manufacturier, une compression budgétaire de
$16 400 demandée par le Conseil du trésor.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer la compression radicale du
budget réservé à l'aide au secteur industriel, aux
entreprises, et nous expliquer également pourquoi cette variation
considérable à la supercatégorie "capital"?
M. Saint-Pierre: Essentiellement, M. le Président, comme
le souligne le volume, l'an dernier, nous avions quand même une somme de
près de $7 400 000 qui était reliée, à la
supercatégorie "capital" ou à la supercatégorie
"transfert", à des ententes-cadres dans le secteur manufacturier. Cette
année, compte tenu du fait que ces ententes ne se sont pas
matérialisées et compte tenu du fait qu'il y a toujours des
discussions avec le gouvernement fédéral sur la nature de ces
ententes, le Conseil du trésor nous a demandé de ne pas les
présenter au budget 1976/77, quitte, si la chose était
nécessaire, à faire des rajustements en cours d'année par
un budget supplémentaire qui serait alors imputé au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
On voit qu'en 1975/76, il y a eu $7 millions qui, à toutes fins
pratiques, sont devenus des crédits périmés, qui n'ont pas
été dépensés, de telle sorte que notre effort
prévu cette année est néanmoins plus grand que celui
prévu l'an dernier et pourrait s'accroître davantage si une
entente-cadre dans le secteur manufacturier était signée.
M. Morin: Mais de quelle entente-cadre s'agit-il exactement?
M. Saint-Pierre: Ce serait une nouvelle entente-cadre qui avait
fait l'objet de discussions, si vous vous rappelez. Je ne sais pas si c'est
vous qui touchiez les secteurs de l'OPDQ, mais il y avait eu différentes
ententes esquissées, certaines dans le secteur des routes, d'autres dans
le secteur des infrastructures. On en avait réservé une pour le
secteur manufacturier et on prévoyait y donner une certaine ampleur.
Bien qu'il y ait eu des ententes-cadres de plus de $2 millions pour des
études industrielles, il n'y a pas eu d'entente-cadre signée
jusqu'à ce jour spécifiquement pour accorder des subventions ou
de l'aide quelconque à des secteurs manufacturiers.
M. Morin: Comme il n'y en aura pas cette année, vous avez
donc supprimé ce montant?
M. Saint-Pierre: Non. Il pourrait y en avoir cette année,
mais, alors la préparation du budget, il était difficile de
l'escompter. C'est la même chose cet après-midi avec PICA. On
remarque que, cet après-midi, avec PICA, même si on pense qu'il y
a possibilité de signer une entente-cadre sur PICA, il n'y a pas de
somme prévue pour PICA dans les budgets. De telle sorte que si l'entente
était signée fin juin, elle pourrait impliquer, en ce qui touche
les sommes à être versées par le gouvernement du
Québec...
M. Morin: Des crédits supplémentaires.
M. Saint-Pierre: ...des crédits
supplémentaires.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous décrire,
au-delà de toutes les bonnes intentions que nous entendons depuis
quelque temps sur l'aide aux PME, les mécanismes précis
d'intervention et d'aide aux PME?
Si je pose cette question, c'est parce qu'au Québec, c'est plus
la qualité que la quantité des PME qui est en cause. Le
problème, vous le savez, c'est qu'elles ne sont pas
complémentaires à la grande entreprise comme elles devraient sans
doute l'être, mais qu'elles viennent en concurrence avec la grande
entreprise.
Plusieurs, dans le passé, ont été mises sur pied
pour desservir des marchés captifs qui ont tendance à
disparaître. Elles étaient nées aussi à cause de
l'éloignement des grands centres cela aussi est un facteur qui
est en voie de transformation de sorte que ces petites et moyennes
entreprises font face à des difficultés considérables et
leur problème, c'est, avant tout, d'après ce que j'ai pu
apprendre, l'accès à des services que seule la grande entreprise
peut se payer parce qu'elle en a les moyens; par exemple personnel de cadre
bien formé, information sur les techniques de production, information
sur le marché, système comptable adéquat, équipe de
recherche. Tout ce qu'une grande entreprise peut se donner à cause de sa
taille, la petite et la moyenne entreprise n'y ont pas accès.
Je me demandais ce que vous aviez fait de concret, depuis que vous en
parlez, pour les aider à affronter ces problèmes en
particulier.
M. Saint-Pierre: Je pense qu'il faudrait bien se rappeler qu'un
propriétaire de petite ou moyenne entreprise est ce qu'il est convenu
d'appeler, dans le langage du métier, la plupart du temps, un
"pa-tenteux". C'est un homme rempli de ressources, il a beaucoup d'imagination,
beaucoup de talent...
M. Morin: Bombardier à ses débuts, quoi!
M. Saint-Pierre: C'est cela. Et on en retrouve par milliers sur
le territoire du Québec. On a essayé de tracer l'an dernier, dans
le document qui s'appelle Problématique de la PME, ce qu'était le
profil de notre petite et moyenne entreprises manufacturières au
Québec, de façon que ces propriétaires, des individus qui
sont souvent des hommes-orchestres dans leur entreprise, qui dirige le
personnel aussi bien que la production et qui s'occupent des finances, y
oeuvrent sans trop de système et sans trop de préoccupations pour
la planification à long terme, avec le résultat que ce n'est pas
facile de saisir l'envergure du problème de 20 000 clients potentiels au
Québec.
Nous offrons depuis plusieurs années, nous avons
accentué ce genre d'aide, cette année, en particulier, au cours
du dernier exercice des services de consultation sur le plan de la
gestion financière et sur le plan de la production, mais il reste qu'on
n'a pas une armée à mettre à la disposition de ces gens;
d'autant plus qu'on se rend bien compte que la majorité, sinon la grande
majorité de nos diplômés universitaires, tant en
génie industriel qu'en sciences de l'administration, ne connaissent que
très peu les problèmes ou la personnalité de notre petite
et moyenne entreprises au Québec et pour cause.
Nous avons discuté de tous ces aspects avec la majorité
des universités et avec le ministère de l'Education. La cause
fondamentale de cette ignorance, si vous voulez, de notre petite et moyenne
entreprises, c'est que les contenus des programmes de formation, tant des
enseignants universitaires que des diplômés, sont faits
d'études de cas qui viennent de la grande entreprise.
Parler le langage de la petite entreprise, à partir de concepts
de gestion, ou de gestion par objectifs, ou de concepts comptables
élaborés, c'est un langage que le dirigeant de la PME ne comprend
pas, à telle enseigne que, souvent, on va poser un diagnostic chez un
entrepreneur, on va essayer de lui expliquer les causes de sa situation
financière qui est difficile, et le langage que nos professionnels
utilisent n'est souvent pas compréhensible.
Il faut le traduire dans des termes à sa portée.
Evidemment, les termes qu'il comprend ne sont pas ceux que son banquier
comprend non plus, parce que le banquier a été formé aux
mêmes écoles que nos professionnels.
Pour régler ce problème à long terme, on a
esquissé un programme assez global. Evidemment, cela peut prendre au
moins une génération. Les actions précises que nous avons
entreprises pour donner suite à ce programme à long terme, sont
les suivantes: D'abord, on a demandé à l'organisme Jeunes
entreprises du Canada, qui était installé à
Montréal, présidé par Louis Desmarais, de se donner une
charte provinciale pour oeuvrer au niveau de toutes les régions du
Québec, chose qui a été faite. L'objectif est le suivant.
Dans chaque école secondaire et dans chaque collège au
Québec, on doit avoir au moins un groupe de Jeunes entreprises du Canada
pour permettre à dix ou douze étudiants de ces niveaux de vivre
la formation d'une entreprise, de vivre l'expérience de produire, soit
des services ou des biens, de les mettre en marché, de les vendre et
d'assumer les
responsabilités du fonctionnement d'une compagnie, soit de
services ou manufacturière. Evidemment, c'est à une très
petite échelle. Nous prétendons que, l'an prochain, nous aurons
tout près de 2000 groupes de jeunes qui expérimenteront ainsi la
vie d'une entreprise.
Ces jeunes, nous avons l'intention de les suivre une fois rendus
à l'université pour les intéresser à nos programmes
d'emploi d'été. Ces programmes sont assez particuliers, en ce
sens que nous définissons un mandat avec le chef d'entreprise, mandat au
cours duquel l'étudiant aura à résoudre un problème
dans l'entreprise avec le propriétaire de l'entreprise. Ce qu'on vise,
c'est la création d'un outil permanent pour l'entrepreneur, soit
l'établissement de son prix de revient, soit l'établissement d'un
système de contrôle comptable adéquat ou encore,
réviser sa ligne de production.
Cette année, nous avons au-delà d'une centaine
d'étudiants de niveau universitaire engagés dans ce programme
avec des entreprises différentes chaque année, et une
cinquantaine d'autres viennent pour une deuxième étape. Ces
jeunes sont encadrés par des étudiants de niveau MBA. Ceux qu'on
recrute au niveau MBA sont des étudiants qui ont eu des
expériences de travail et non pas ceux qui passent d'un premier cycle au
deuxième cycle; ceux qui, après un premier cycle d'études,
ont travaillé quelques années et retournent à
l'université. Ils ont déjà une expérience dans
l'entreprise.
Les résultats concrets de l'an dernier: deux chefs
d'équipe. On a formé des MBA qui ont terminé leurs
études à la suite de cette expérience avec nous. Au lieu
de travailler dans de grandes entreprises ou même dans de petites
entreprises, ils ont décidé eux-mêmes de former leur
entreprise, parce qu'ils se sont aperçus que ce n'était pas si
malin que cela de diriger une entreprise.
On travaille au niveau secondaire, au niveau collégial et au
niveau universitaire à rapprocher les étudiants du milieu du
travail avec l'objectif de créer ce qu'on appelle la race hybride des
entrepreneurs de demain. Selon mon expérience personnelle, dans
l'industrie de la construction, durant les années soixante, quand j'ai
quitté Polytechnique, très peu d'ingénieurs allaient dans
la construction. Aujourd'hui, si vous faites le tour des compagnies de
construction majeures au Québec, vous retrouvez à la tête
de ces compagnies, soit comme propriétaires ou dirigeants, des
ingénieurs et des universitaires. C'est cette mutation qu'on veut faire
avec la petite et la moyenne entreprises au Québec. C'est le programme
que nous avons mis de l'avant.
M. Morin: Je comprends. Parlons d'abord...
M. Marchand: Est-ce que le chef de l'Opposition me permettrait
une légère question?
M. Morin: Volontiers, oui.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laurier.
M. Marchand: J'ai trouvé très intéressant ce
que vient de dire au nom du ministre, le sous-ministre.
Par contre, lorsque vous avez dit que le manque d'expérience de
la petite et moyenne entreprise, des professeurs, par exemple, disons le mot,
les Hautes études commerciales, que ce soit dans tous les domaines.
Est-ce que, par exemple, il ne serait pas nécessaire de demander,
justement, à des chefs de petites et moyennes entreprises, qui sont
rendus à une certaine apogée de leur réussite et qui ont
décidé d'abandonner, souvent, à 50 ans, par exemple, 45,
50 ou 55 ans et qui, pour une raison ou pour une autre, vendent leur
entreprise... Je pense que tous et chacun, nous avons des exemples faciles
à donner de personnes extrêmement compétentes qui ont
dirigé et fondé de petites entreprises. Peut-être que, si
au point de vue pédagogique ils ne sont pas compétents, ils
pourraient quand même devenir professeurs aux Hautes Etudes et diriger
des étudiants, qui, actuellement, n'ont pas toujours les postes voulus,
vers ces petites entreprises. A ce moment-là, ces étudiants
apprendraient de personnes compétentes dans un domaine spécifique
qu'est la petite et moyenne entreprises.
Je pense que c'est peut-être là le problème. On
montre à des étudiants ce que c'est qu'une grosse entreprise, et
ils sont tous prêts à s'en aller au Bell Téléphone,
GE et tout ça, mais, lorsqu'il s'agit d'aller dans une petite
entreprise, ils ne valent pas deux "cennes", parce qu'ils ne sont pas capables
de comprendre le problème du propriétaire d'une petite
entreprise. Vous l'avez bien dit. Le propriétaire de petites entreprises
manque de planification. Mais il manque de planification, parce qu'il n'a pas
le temps de s'occuper de planification. Il faut qu'il voit à tout, sans
ça, il s'en va en faillite. Peut-être que c'est là le
problème. Comme on a fait dans les écoles techniques dans le
passé, on est allé chercher dans l'imprimerie je vais en
parler des vieux typographes, des vieux pressiers qui ont
enseigné à des gars comme moi, par exemple, et à d'autres
ce qu'était l'imprimerie. Je pense qu'il faudrait peut-être
retourner à ce niveau, former des techniciens il ne faut pas
avoir peur des mots non pas seulement des professionnels, des
techniciens, peut-être en affaires. Il ne faut pas avoir peur du mot
"technicien" et non pas seulement des professionnels et en faire des
chômeurs, mais de très bons techniciens dans de petites choses
où ils vont gagner très bien leur vie.
M. Saint-Pierre: Sur ce plan, je voudrais ajouter qu'à
l'Université du Québec à Trois-Rivières et à
Rimouski, en particulier, les hommes d'affaires se rencontrent
régulièrement au niveau de l'université. Ils ont
énormément de contacts et d'activités, à telle
enseigne que la majorité des finissants de la faculté des
sciences de l'administration de l'Université du Québec à
Rimouski ne quittent plus la région. A 80%, ils sont engagés dans
les entreprises de la région. La même chose se fait à
Trois-Rivières aussi. On encourage beaucoup ces activités, et
même on les provoque à certaines oc-
casions, parce que, quand on tient des sessions de ce qu'on appelle en
anglais des "business games", les simulations industrielles, on amène
les étudiants, on engage même les étudiants pour venir
travailler avec les hommes d'affaires dans ces activités; la même
chose, quand on a des sessions en marketing.
Au niveau des techniciens, nous sommes en relation avec le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et le ministère de
l'Education. On a eu plusieurs interventions, et, en particulier, dans le
secteur de l'aéronautique où on a amené les chefs
d'entreprises à l'école, rencontrer les étudiants,
rencontrer les professeurs, voir comment les étudiants apprenaient. Cela
a eu comme résultat que l'entreprise a dit à l'école: Si
vous aviez plutôt tel type d'équipement que nous, on utilise,
peut-être que vos jeunes seraient plus prêts. On fournit
gratuitement de l'équipement, des trains d'atterrissage complets, des
moteurs complets d'avion, de types qui n'existaient pas dans le
collège.
Evidemment, on ne peut pas se substituer à la mission
économique, à la mission éducative, mais on a
sensibilisé drôlement le ministère de l'Education, à
tous les niveaux, à ces problèmes qu'affrontent les entreprises
pour le recrutement de leurs techniciens.
M. Marchand: Je vous remercie et je vous félicite.
D'ailleurs, vous faites depuis combien d'années ce que vous me
présentez?
M. Saint-Pierre: Au niveau des techniciens, cela fait un an.
M. Marchand: Un an. Alors, c'est encore une initiative et je
sais, d'ailleurs, que, sous l'habile direction du ministre qui est là,
cela va continuer. J'y compte quand même et je crois que la
pédagogie, dans le domaine technique, c'est une chose extrêmement
importante, mais ce n'est pas la plus importante. Ce sont les connaissances
pratiques qui comptent. C'est pour cela que je vous dis que, quand on nous a
enseigné ce qu'était l'imprimerie, on l'a fait par des hommes
pratiques qui sortaient du milieu de l'imprimerie. Je pense qu'il faut de temps
en temps retourner aux sources. Je pense que même les Hautes Etudes
commerciales devraient aller chercher des techniciens d'affaires c'est
peut-être nouveau mais des techniciens d'affaires pour enseigner
à ces jeunes ce que sont les affaires, qu'une piastre ne se coupe pas en
deux; c'est fait pour en faire une autre et non pas pour être
coupée en deux.
M. Saint-Pierre: II y a un autre aspect que vous avez
abordé et sur lequel j'aimerais ajouter...
M. Marchand: Je vois mon CA qui me regarde en souriant, mais il
comprend très bien ce que c'est que de faire cela.
Le Président (M. Brisson): Continuez à penser et
cela va aller.
M. Saint-Pierre: Evidemment, il y a d'autres initiatives qu'on
prend. Je pense que M. le ministre a déjà fait part, ici, de la
création du groupement québécois d'entreprise qui suscite,
dans chaque région du Québec, la création de clubs PME. Ce
sont des clubs d'industriels, des propriétaires d'entreprise qui se
regroupent pour parler de leurs problèmes communs et souvent trouver des
solutions entre eux. Evidemment, le groupement offre des services
spécialisés soit en relations industrielles, soit en finance ou
encore pour aider des propriétaires d'entreprises qui veulent vendre
à trouver des acheteurs québécois autochtones ou souvent
suggérer la création d'un conseil d'administration pour assurer
la continuité de l'entreprise.
On a beaucoup encouragé le groupement québécois
d'entreprise qui groupe maintenant tout près de 200 membres et qui a une
vingtaine de clubs d'industriels dans les différentes régions du
Québec.
M. Marchand: Je vous remercie.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Sauvé m'a demandé la parole. Est-ce que
vous lui permettez?
M. Morin: Allez-y, M. le Président. Je n'ai pas
d'objection.
M. Séguin: Ce que vous dites m'intéresse parce que
cela me ramène pas mal en arrière. Je présume que le
mouvement dont vous parlez de jeunesse, de jeunes industriels appelez
cela comme vous le voulez c'est, de fait, ce qu'on appelait autrefois
Junior Achievement. Cela vous intéresserait peut-être d'apprendre
que je pense que j'ai été le parrain du premier club Junior
Achievement de la province de Québec en 1957. Not Senior Achievement,
Junior Achievement. Vous m'avez intrigué un peu et surtout
intéressé par le fait que vous avez mentionné que vous
alliez puiser, pour ces jeunes entreprises, aux universités. A mon
époque, dans ces formations, nous nous étions restreints au
secondaire. C'était la 10e et la 11e année à ce
moment.
M. Saint-Pierre: C'est ce que nous avons mentionné. C'est
la fin du secondaire, le début du collégial.
M. Séguin: J'ai mal compris.
M. Saint-Pierre: Ce que j'ai dit par la suite, c'est que les
jeunes qui ont eu cette expérience, au niveau secondaire et au
collégial, nous les suivrons quand ils seront rendus au niveau
universitaire, pour essayer de les intéresser à la petite et
moyenne entreprises dans d'autres types de programmes.
M. Séguin: Si on me donne quelques instants, nous avions
formé ce club vers les années 1956 ou 1957, si je me souviens
bien, et ce premier club avait huit compagnies, appuyées par des
entreprises locales. L'idée nous était venue d'une initiative
américaine transplantée ici par l'entremise de Junior
Achievement. Mais, dans nos écoles, il semblait y avoir une
espèce de problème pour les jeunes qui finissaient leur
secondaire. Ils ne savaient où se diriger. On avait pensé, par ce
moyen-là, leur trouver d'autres ouvertures, soit dans le commerce,
l'industrie, le système bancaire; on avait même un poste de radio
qui entraînait les candidats je ne dirais pas qui les
perfectionnait mais leur donnait certaines notions de la transmission
par radio, au métier de disc-jockey, ou autre chose. De fait, plusieurs
candidats sont allés se placer ensuite dans des postes du
Montréal métropolitain. J'ai pris assez de temps, mais cela
m'intéresse quand même d'entendre dire que le mouvement est
très florissant.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député des Mille-Iles.
M. Lachance: Je tenais à faire certaines observations et
connaître les commentaires du ministre concernant la PME. Je sais que,
dans la politique du gouvernement, on pense souvent à la PME. Le
ministre la mentionne souvent dans ses discours à la Chambre de commerce
de Montréal et un peu partout. La petite et moyenne industrie, surtout,
je parle de ceux qui sont là-dedans, les artisans, s'imaginent qu'ils
peuvent facilement... D'abord, la politique du ministère est très
mal connue. La majorité des petites et des moyennes entreprises, nos
chefs d'industrie, nos autochtones vont au ministère et s'imaginent
obtenir quelque chose du ministère, soit une prise en charge des
intérêts ou un prêt, s'ils ont de la difficulté.
Mais, la majeure partie du temps, ils essuient un refus, dans plusieurs cas, en
tout cas. De toute façon, vous pouvez facilement le vérifier. Je
pense que cela devrait être plus connu de la population. Je ne sais pas
de quelle façon cela peut être fait, mais ceux qui viennent nous
voir, c'est un peu cela. Ils s'imaginent, parce qu'on a une politique mal
connue au départ, qu'ils peuvent obtenir des choses, même s'ils
peuvent prouver qu'ils vont progresser et qu'ils vont réussir, mais
toujours en ne connaissant pas cela. Est-ce qu'on pourrait avoir les
commentaires du ministre là-dessus?
M. Saint-Pierre: J'établirais une distinction entre la
petite et moyenne entreprise qui fait un investissement. Dans ce cas-là,
elle a affaire à la SDI et peut-être, au programme de la SDI,
pourra-t-on établir les raisons pour lesquelles, à l'occasion,
pour les petites et moyennes entreprises, malheureusement, on est obligé
d'opposer un refus. En général, lorsque l'entreprise fait un
investissement, elle va très rapidement à la SDI, elle pense
mettre la main sur un certain montant d'argent or, le plus grand des
problèmes de la petite et moyenne entreprises, c'est sa
difficulté de mettre sur papier un plan concret qui se tient,
c'est-à-dire que dès qu'un analyste financier commence à
examiner ce qui est proposé, on voit immédiatement des trous, on
voit des choses qui semblent ne pas marcher. Evidemment, il faut un minimum de
rigueur, sans cela, on va être un peu la Saint-Vincent-de-Paul et on va
donner de l'argent à tous ceux qui frappent à la porte. L'autre
aspect du problème que vous soulevez, qui est très important,
c'est ce qui arrive lorsque l'entreprise ne fait aucun investissement, mais
qu'elle a besoin d'aide. L'expérience que nous avons, c'est qu'elle
vient souvent nous voir lorsqu'il est trop tard, c'est-à-dire qu'elle
vient nous voir lorsque, dans deux jours, la banque va saisir les actifs et
là elle tente d'avoir un prêt. C'est pour cela je ne sais
pas quelle est l'impression des parlementaires la campagne de
publicité que nous avions lancée à la
télévision... Le MIC c'est mon ministère. Certaines
personnes pouvaient trouver que les compagnies choisies ne
représentaient pas le dynamisme de l'entreprise manufacturière
québécoise, mais c'était peut-être à dessein,
c'est-à-dire qu'on tentait de faire voir à celui qui fabrique des
guitares que nous n'étions pas uniquement le ministère de la
grande entreprise multinationale mais qu'on voulait se préoccuper de
lui, s'il venait au bon moment, et que celui qui faisait des lampes tiffany
était aussi dans le secteur manufacturier.
Vous voyez dans les chiffres que j'ai donnés le nombre
d'interventions qui sont très grandes. Evidemment, je ne voudrais pas...
je suis certain que M. Plourde partagerait mon point de vue en disant que tout
n'est pas parfait dans le meilleur des mondes; on a sûrement à
améliorer certains bureaux régionaux, des professionnels du
ministère, la suite des demandes qui nous sont faites... comme pour les
députés, j'imagine que si 23 personnes téléphonent
à 4 h 45 le vendredi soir, il va toujours y en avoir qui vont trouver
qu'ils sont mal servis. Comme nous-mêmes, lorsqu'on fait du bureau de
comté, à 9 heures, le lundi soir, il y en a 14 qui appellent qui
trouvent qu'on ne répond pas assez rapidement. Mais on essaie et je
pense que les interventions qui sont mentionnées, d'ailleurs dans le
cahier on voit le grand nombre...
Honnêtement, je pourrais déposer pour illustrer le travail
des fonctionnaires, le nombre assez appréciable de lettres que nous
recevons de petites et moyennes entreprises qui expriment beaucoup de
satisfaction. Le problème, c'est qu'aucune d'entre elles
n'écrivent au Soleil ou à la Presse, mais elles m'écrivent
à moi, et on met ça dans un dossier. Si jamais on se sent trop
menacés dans nos crédits...
M. Lachance: Merci.
M. Saint-Pierre: A la SDI...
M. Lachance: A la SDI, on reviendra...
M. Saint-Pierre: ...peut-être qu'on pourrait comprendre
pourquoi les entreprises petites et moyennes se font refuser à
l'occasion.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé.
M. Morin: M. le Président, si l'on songe au
problème de gestion rencontré par les petites et moyennes
entreprises, on peut songer à un certain nombre de solutions. Certaines
me paraissent déjà avoir été mises en vigueur par
le ministère. Je pense, par exemple, à l'aide technique d'experts
et de consultants. Dans votre cahier vert, il y a deux ou trois pages de
consultants sous le titre Service aux entreprises manufacturières, avec
les montants engagés, les montants versés, etc.
Est-ce que vous pourriez me donner une idée du type d'aide
technique qui a été fournie? Par exemple, prenons les trois
premières sur 20 ou 25, parce qu'elles sont dans trois secteurs
différents, la machinerie, le pain et les foreuses. Quel type d'aide
technique a été apporté à ces trois entreprises,
pourriez-vous nous donner une idée?
M. Saint-Pierre: Je peux répondre au moins pour deux.
Dans le cas des Industries Couture à Chicoutimi, il s'agit de
petits ateliers de machinerie qui, à cause de l'habileté de leur
propriétaire sur le plan technique, se sont vus confier
énormément de contrats par la grande entreprise. Or elles ont eu
à subir, c'est quasiment le mot, malgré elles, une expansion
très rapide, évidemment, avec ce que cela entraîne de
conséquences financières. Notre première intervention dans
ce dossier a été d'évaluer la situation et de poser un
diagnostic. Le diagnostic nous indiquait des problèmes majeurs et
à long terme sur plusieurs plans. Comme nos interventions dans la
majorité du temps se limitent à un certain nombre d'heures-homme
étant donné les ressources dont nous disposons, nous participons
à frais partagés avec l'entreprise à des études
plus poussées par des firmes de spécialistes dans le domaine.
M. Morin: II y a une première intervention donc d'un
fonctionnaire du ministère qui pose un premier diagnostic.
M. Saint-Pierre: C'est ça. Alors le diagnostic se fait de
la façon suivante. Une analyse de tous les états financiers bien
sûr pour établir les ratios, pour établir l'état du
fonds de roulement, toute la structure financière de l'entreprise.
Ensuite, on passe à la structure administrative, l'étude du
marché; évidemment, cela se fait d'une façon très
globale. Et des indications nous disent ce qui peut être fait pour
régler la situation à long terme.
M. Morin: Et ensuite vous fournissez un consultant, de l'aide
technique...
M. Saint-Pierre: L'entreprise elle-même choisit son
consultant, on participe évidemment à la définition du
mandat parce qu'il faut quand même limiter ces mandats pour ne pas que...
c'est toujours la petite ou moyenne entreprise, elle n'a même pas les
moyens de se permettre une facture trop haute non plus. On est à frais
partagés, notre participation ne dépasse jamais 50% du coût
de l'étude.
M. Morin: Dans le cas des entreprises Cou- ture, vous avez
engagés $20 390, ces entreprises ont donc fourni un montant
équivalent...
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: ... ou peut-être moindre, ou invariablement
équivalent?
M. Saint-Pierre: C'est équivalent ou supérieur.
M. Morin: Supérieur de votre côté?
M. Saint-Pierre: Supérieur du côté de
l'entreprise. On ne dépasse jamais 50%.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous dire, dans le cas de ces
industries, quel type de conseils ont été donnés par Woods
Gordon?
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas ici l'étude. Je peux vous
dire que c'est au niveau de la structure administrative et financière de
l'entreprise, pour assurer sa croissance et sa continuité.
M. Morin: Je vois.
M. Saint-Pierre: II y a eu aussi, au niveau de l'organisation de
la production.
M. Morin: Et dans le cas de la deuxième, sur laquelle vous
aviez quelques connaissances?
M. Saint-Pierre: C'est Continental Diamond Drilling. Ce sont des
gens qui sont impliqués dans la fabrication d'équipement de
forage pour les prospecteurs miniers. Ils ont pensé mettre au point une
mini-foreuse qui est facilement transportable par tout terrain. Nous avons,
avec eux, participé à l'analyse du marché et on les a
amenés au Centre de recherche industrielle pour mettre au point le
prototype en vue d'une production à grande échelle.
M. Morin: Je sais que nous allons avoir l'occasion de reparler du
CRIQ lors de l'étude du projet de loi. Est-ce que c'est un projet qui a
déjà abouti? Est-ce que l'instrument est...
M. Saint-Pierre: Le prototype est en cours de fabrication.
M. Morin: Alors, là, il s'agissait d'une aide technique,
dans le sens artisanal du mot, en quelque sorte?
M. Saint-Pierre: Oui, c'étaient des gens qui travaillaient
d'une façon artisanale, mais c'était un atelier qui était
très prospère sur le plan de la réparation des foreuses,
de la fabrication de composantes de foreuses au diamant.
M. Morin: Naturellement, vous n'avez pas, dans tous les cas
où vous avez été approchés pour obtenir cette aide
technique, procédé sans faire un premier déblaiement?
M. Saint-Pierre: Dans tous les cas, il y a un premier
déblaiement.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous donner une idée du
nombre de cas que vous avez écartés après avoir
déblayé le terrain, ayant tiré la conclusion, par exemple,
que dans ce cas-là, il ne servait à rien de mettre à la
disposition de l'entreprise, du personnel de consultation?
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas de statistiques précises,
mais notre budget, à l'article des subventions, étant très
limité, nous essayons de faire une espèce de discrimination
budgétaire, en ce sens qu'on choisit les secteurs industriels les plus
promoteurs, où il y a réellement de l'avenir.
Lorsqu'une entreprise a besoin de prendre de l'expansion dans un secteur
industriel intéressant et que le marché y est, là, on va y
aller. Si le marché n'y est pas, on va plutôt se limiter à
l'aide technique qu'on peut fournir avec nos propres forces.
M. Morin: Vous avez combien de membres de votre personnel
affectés à ces tâches?
M. Saint-Pierre: Au bureau de Montréal, on a une
équipe de douze conseillers industriels et au bureau de Québec,
à peu près dix-huit, pour un total d'une trentaine.
M. Morin: Ils se divisent le territoire québécois
dans son ensemble?
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Si vous deviez répondre à toutes les
demandes qui vous parviennent, il vous faudrait combien de membres dans ce
personnel?
M. Saint-Pierre: Les demandes nous parviennent, dans une forte
proportion, par nos bureaux régionaux. Déjà, ils font un
premier tamisage, si vous voulez. Les autres nous viennent de la Direction
générale de l'industrie qui, dans ses travaux sur le plan
sectoriel, identifie des entreprises qui font montre d'un bon potentiel. Les
autres nous arrivent, comme cela, lorsqu'elles sont refusées aux
banques, ou qu'elles ont des problèmes financiers à un point tel
que l'entreprise est menacée. Ce sont des cas qui sont souvent plus
pénibles qu'autre chose.
M. Morin: Mais quand même, il vous faudrait combien de
personnes pour faire face à la musique? D'après votre
expérience?
M. Saint-Pierre: Sur 10 000 entreprises manufacturières
artisanales, petites et moyennes j'élimine à peu
près 4000 entreprises artisanales qui ne viennent que très
rarement nous voir ce sont les petites entreprises, surtout de 10
à 20 employés c'est la grosse clientèle et
les autres, cela dépasse rarement 100 ou 150 employés.
Si on faisait une publicité accrue de nos services d'aide, il
faudrait peut-être multiplier l'équipe par deux ou par trois. On a
tenté une évaluation de cela.
M. Morin: Le ministre nous dit qu'il veut mettre le paquet
derrière la petite et moyenne entreprise. J'aimerais me rendre compte de
ce que cela veut dire, en termes concrets.
M. Saint-Pierre: Je pense qu'il faudrait, dans un premier temps,
rendre nos services plus accessibles au niveau des bureaux régionaux. On
a tenté d'évaluer on est en train de terminer cette
évaluation à partir de nos expériences, combien de
personnes additionnelles cela pourrait prendre pour que les entreprises, dans
la région de Rouyn-Noranda ou dans le Bas-du-Fleuve, en Gaspésie,
ou dans la région de Trois-Rivières, aient accès à
ces services.
M. Morin: Voulez-vous me rappeler combien vous avez de bureaux
régionaux? Est-ce huit?
M. Saint-Pierre: Je m'excuse. Les bureaux régionaux, c'est
quatorze.
M. Morin: C'est quatorze maintenant, bon. Dans ces bureaux
régionaux, il y a combien de personnes?
M. Saint-Pierre: En général, il peut y avoir deux
ou trois professionnels, suivant l'importance du bureau; des fois, quatre, mais
généralement trois, deux ou trois.
J'aimerais peut-être dire ceci: C'est qu'en essayant
d'évaluer le nombre de conseillers additionnels que cela pourrait
prendre, en parallèle, ce qu'on recherche à développer
davantage, ce sont des outils, des documents qui permettraient aux petits
propriétaires d'entreprise de s'auto-évaluer, autrement dit des
guides d'autodiagnostic. Ce n'est pas facile parce que le petit entrepreneur,
surtout le petit entrepreneur d'une dizaine d'employés ou d'une
vingtaine d'employés il y en a beaucoup au Québec
n'a pas de système comptable ou ses données sont dans un
état tel que nos guides, même les moins sophistiqués, sont
assez difficiles d'utilisation.
C'est dans ce sens qu'on pressent actuellement l'Association des
comptables pour la sensibiliser à ce genre de problème parce que,
dans l'environnement immédiat du petit propriétaire, il y a son
comptable, surtout à temps partiel, et il y a aussi son gérant de
banque. Je pense que c'est assez révélateur. Un des derniers
bulletins de la Banque Canadienne Nationale parlait des grandeurs et
misères de la petite et de la moyenne entreprises au Québec. Elle
s'est inspirée largement du document qu'on a publié à
titre de document de travail.
M. Morin: Ce que vous cherchez à faire, c'est de la
formation des chefs d'entreprise en passant par leur comptable ou par leur
gérant de banque. Est-ce que le ministère a pensé à
systématiser un peu la formation des chefs d'entreprise, à leur
offrir, je ne sais pas, l'occasion de suivre des cours...
M. Saint-Pierre: Oui, il y a énormément d'efforts
faits par la Chambre de commerce provin-
ciale, en collaboration avec le ministère de l'Education. Je
pense qu'il y a au-delà de 80 cours différents qui s adressent
aux chefs d'entreprises, petites et moyennes.
Le Centre des dirigeants d'entreprise, également, offre des
sessions de perfectionnement. Notre effort vis-à-vis de ces deux groupes
en particulier, en collaboration avec le ministère de l'Education, c'est
d'essayer de centrer leurs activités sur des propriétaires de
petites et moyennes entreprises, d'éviter, autant que possible, autant
que faire se peut, les clientèles qui viendraient des grandes
entreprises ou des institutions, par exemple.
M. Morin: Passons maintenant aux problèmes de production.
Cela me donne un tableau plus net de ce que vous faites pour les
problèmes de gestion. Cela faisait longtemps que je me proposais de me
faire décrire un peu cet aspect de votre travail. Passons donc
maintenant aux problèmes de production. Est-ce que vous avez, par
exemple, des moyens qui vous permettent de donner de l'appui à
l'organisation de la sous-traitance, par exemple, à la fabrication sous
licence, à l'importation de la technologie? Est-ce que vous pouvez faire
quelque chose dans les organisations de missions techniques à
l'étranger, d'accueil à l'inventaire, de banques de brevets?
Est-ce que vous avez songé à agir, sur le plan de la production,
dans ces domaines?
M. Saint-Pierre: On les a un peu énumérés
cet après-midi, M. le Présidant, dans les services
internationaux, tout ce qui touche les accords industriels, les études
de marchés, les missions, la promotion en magasin, l'acheteur.
Là aussi, on met l'accent sur la petite et la moyenne
entreprises.
M. Morin: C'est pour cela que je vous en parle maintenant, dans
le cas de la petite et moyenne entreprises.
M. Saint-Pierre: Je pense que M. Chatel avait souligné cet
après-midi que c'était une dimension dans la composition de nos
missions. On sait que General Motors ou Shell est capable d'organiser ses
propres missions. Dans la composition de nos missions à
l'étranger, on donne une place prépondérante à la
petite et à la moyenne entreprise. D'ailleurs, M. Chatel le mentionnait
simplement, si on regarde l'augmentation non pas du fardeau de travail, mais
l'augmentation des mesures qui sont prises dans ces secteurs, cela a
augmenté substantiellement depuis les quatre ou cinq dernières
années. Enfin, j'ai rencontré hier soir d'anciens ministres de
l'Industrie et du Commerce qui dirigeaient un ministère d'une centaine
de personnes. Ils trouvent réellement qu'on y met le paquet par les
années qui courent.
M. Morin: Qu'est-ce que vous faites pour l'inventaire? On disait
tout à l'heure que celui qui lance une petite entreprise est souvent
bricoleur. Il y a des exemples comme cela à n'en plus finir au
Québec. Mettons qu'il ait quelque chose d'intéressant,
qu'il ait créé quelque chose de nouveau, c'était le cas de
Bombardier, que je donnais en exemple tout à l'heure, qui a bâti
une industrie considérable à partir d'une mécanique qu'il
s'était fabriquée avec des bouts de tuyaux. Qu'est-ce que vous
faites pour l'inventeur? Qu'est-ce que vous êtes en mesure de faire pour
les brevets, par exemple?
M. Saint-Pierre: Le Centre de recherche industrielle a
développé un programme ou du moins, un accueil aux inventeurs
sous certaines conditions, toutefois, parce qu'il y en a beaucoup qui se
prétendent inventeurs, il y en a beaucoup qui le sont de fait. Par ce
programme, le Centre de recherche industrielle reçoit l'inventeur et
pourra discuter avec lui à condition qu'il soit accompagné d'un
manufacturier intéressé à fabriquer son produit. Donc,
l'inventeur doit faire les demandes auprès d'un petit manufacturier
intéressé à développer son produit.
M. Morin: Est-ce qu'il a déjà son brevet à
ce moment ou s'il ne l'a pas encore?
M. Saint-Pierre: Non. M. Morin: Non, il n'a pas son
brevet. M. Saint-Pierre: A ce moment... M. Morin: C est
risqué.
M. Saint-Pierre: Le Centre de recherche est certes bien conscient
de ce risque pour celui qui a inventé, il aide cet inventeur à
prendre son brevet en son nom et non pas au nom de la future compagnie.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: L'idée, c'est que, déjà,
l'inventeur fasse l'effort d'intéresser quelqu'un à fabriquer son
affaire. Autrement, il y a beaucoup de rêveurs aussi qui n'aboutissent
pas. Un exemple concret d'une invention qui a fait la manchette, c'est un
monsieur qui s'est présenté à nos bureaux de
Montréal, et qui avait inventé une règle musicale. Nos
services internationaux lui ont permis de se rendre à Bruxelles,
à I Exposition des inventeurs, et il a obtenu la médaille d'or.
Nos services vont plus loin maintenant pour l'aider à fabriquer,
à prendre son brevet. Il a des brevets maintenant dans tous les pays du
monde. Il va pouvoir fabriquer sa règle musicale. Finalement, il va
développer... La même chose pour les lampes tiffany.
M. Morin: Cette histoire a créé tout un émoi
dans les milieux musicaux de Montréal et de Québec. Est-ce qu'il
avait trouvé un fabricant avant ou...
M. Saint-Pierre: C'est-à-dire qu'il y avait un fabricant
intéressé à fabriquer son produit.
M. Morin: Est-ce que vous croyez que c'est une règle sage
d'insister pour que l'inventeur trouve nécessairement quelqu'un qui soit
intéressé à fabriquer...
M. Saint-Pierre: On n'insiste pas, mais si l'inventeur se
présente seul au centre de recherche, nos services, les bureaux
régionaux, les conseillers le dirigent vers le centre de recherche,
d'abord pour qu'il prenne conscience qu'il y a des informations sur les
inventions. Le service SAIT est disponible pour le mettre au courant de ce qui
existe dans le monde, comme invention ou comme produit qui ressemble au sien.
Si nos analystes du centre de recherche constatent que c'est réellement
une invention ou une innovation, à ce moment, on l'encourage à
prendre son brevet tout de suite. On lui fait la recommandation de trouver un
manufacturier de façon à pouvoir produire le prototype, et,
éventuellement, le manufacturier.
M. Morin: Prenons les deux dernières années, cela
peut valoir signifier combien d'inventions qui ont abouti à des
brevets?
M. Saint-Pierre: Je pense que c'est plus à
l'intérieur du programme du Centre de recherche industrielle qu'on
aurait la juste mesure de ceci.
M. Morin: Pourriez-vous avoir quelqu'un du Centre de recherche
industrielle qui pourrait apporter des renseignements, à moins que le
ministre les ait, auquel cas il pourrait me les donner tout de suite?
M. Saint-Pierre: Je ne les ai pas, il faudrait aborder le sujet,
comme je l'ai mentionné, peut-être dans la Loi sur le Centre de
recherche industrielle.
C'est le genre de question à poser puisque c'est un de leurs
services et on pourrait facilement obtenir la réponse.
M. Morin: Et dans l'organisation de la sous-traitance, qu'est-ce
que vous pouvez faire pour la petite et moyenne entreprise
québécoise? C'est un joli problème aussi.
M. Saint-Pierre: Le problème de !a sous-traitance...
Le Président (M. Brisson): Je m'excuse. Je crois que
l'honorable ministre du Revenu avait une question à poser sur les
petites et moyennes entreprises. Posez votre question.
M. Quenneville: Si je me souviens bien, votre programme d'emploi
d'été aux étudiants dans les petites et moyennes
entreprises remonte maintenant à deux ou trois ans. D'après les
chiffres que vous avez fournis tantôt, il semble que ce programme soit en
progression constante par rapport au programme de la première
année que vous aviez, alors qu'il y avait peut-être une
cinquantaine d'étudiants. Il y en avait sept, plutôt, je crois,
à ce moment-là. J'imagine que forcément, étant
donné que vous avez plus d'étudiants, il y a plus d'industries
aussi, naturellement, qui reçoivent l'aide de ce programme.
Je voudrais savoir tout simplement si vous tenez compte d'une certaine
répartition géographique équitable dans le choix des
étudiants.
M. Saint-Pierre: Un tableau en fait montre.
C'est un tableau, M. le Président, qui donne la distribution des
étudiants sur le plan géographique et sur le plan
spécialité. Le tableau 5 donne le nombre d'étudiants par
spécialité où, essentiellement, sur une centaine, il y en
a 35% en administration, 17% en génie industriel, 21% en
comptabilité et 12% en génie mécanique. Je pense qu'on ne
peut pas répondre spécifiquement à la question,
d'après le cahier. On pourrait facilement l'obtenir. Mais j'imagine
comment...
La distribution se fait de la façon suivante. Chaque
délégué régional, dans sa région, a son
quota. Le quota est le même pour chaque délégué.
Ensuite, on demande aussi la participation de la direction
générale de l'industrie, parce que ce programme est en fonction
aussi des besoins les plus pressants; mais la répartition
géographique est assez équitable pour le nombre.
Je pourrais déposer ici le rapport du dernier exercice. Un
rapport complet a été déposé. D'ailleurs, c'est
exigé par le programme. On pourrait déposer...
Ce qui est peut-être remarquable, c'est le faible taux
d'échecs que nous avons pu avoir. Evidemment, comme il y a un
encadrement, dès les premières semaines du travail
d'été de ces étudiants, qui sont dans un programme
particulier, on doit s'assurer que l'étudiant fonctionne bien avec
l'entreprise et que l'entreprise fait bien fonctionner l'étudiant.
Souvent, nos chefs d'équipe, à l'occasion, peuvent identifier le
fait qu'une entreprise n'est pas prête à recevoir
l'étudiant et elle a muté l'étudiant à une autre
entreprise ou vice versa. Des fois, on a déplacé des
étudiants à cause d'un conflit de personnalité ou
n'importe quoi.
Quel a été le taux d'échecs sur le nombre?
Sur 100 l'an dernier, je pense qu'il y en a eu deux.
Qui ont été réellement des échecs.
Parce que l'évaluation se fait à la fin avec les chefs
d'entreprises.
M. Quenneville: Un rapport est produit de toute façon.
M. Saint-Pierre: Oui, qui est déposé au programme
Emplois étudiants, qui est envoyé au...
Connaissant l'intérêt du ministre du Revenu pour le
placement étudiant durant l'été, puisqu'il en était
responsable au cours des années dernières, ce serait
peut-être intéressant de lui transmettre la copie du rapport de
l'an dernier.
M. Quenneville: Je l'apprécierais beaucoup. M.
Saint-Pierre: D'ailleurs celui qui vous a
succédé, nous a fait tout un éloge en disant que
dans la façon de procéder par projet, nous étions, de
loin, les meilleurs.
M. Quenneville: Félicitations et merci!
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Mille-Iles.
M. Lachance: Concernant l'identification de possibilités
de développement de secteurs, je pense que cela touche à votre
direction aussi?
M. Saint-Pierre: C'est la direction générale de
l'industrie.
M. Lachance: Oui.
M. Saint-Pierre: M. Brissette. C'est M. Brissette...
M. Lachance: Ah! C'est M. Brissette...
Le Président (M. Brisson): Merci M. Plourde. L'honorable
chef de l'Opposition.
M. Morin: J'avais abordé la question de la sous-traitance
parce que, comme je le disais plus tôt, le grand problème de la
petite et de la moyenne entreprises est qu'elle est souvent en concurrence avec
la grande entreprise au lieu d'en être complémentaire. Un des gros
problèmes de la petite et de la moyenne entreprise, c'est de trouver le
joint, de trouver la charnière la grande entreprise, qui est
malheureusement la plupart du temps non québécoise, et la petite
et la moyenne entreprises qui, elles, sont québécoises.
Je sais qu'on a mis de l'avant un tas de projets comme, par exemple, des
bourses de sous-traitance et autres solutions du même genre. J'aimerais
savoir où vous en êtes à l'heure actuelle. J'ai cru voir
dans un rapport qui doit s'appeler Major et Martin des suggestions à ce
sujet.
M. Saint-Pierre: II me semble que l'initiative qui a
peut-être donné le plus de résultats, en dehors des
contacts quotidiens que nos conseillers peuvent avoir, à
été l'Expo-profits qui est organisée chaque année
par la division du commerce. L'Expo-profits a tenté d'attirer
l'attention de l'ensemble des manufacturiers québécois avec une
grande entreprise. On a passé l'Hydro-Québec, on a
également passé Imperial Oil ou General Motors. Ainsi pendant
deux ou trois jours, à Montréal et à Québec, avec
une certaine publicité et des avis, on tente d'identifier, pour les
entreprises, la nature des produits spécifiquement, on les montre
physiquement, la croissance des produits, les prix qui sont actuellement
demandés. A chaque Expo-profits, je pense qu'on a pu
générer une série de dossiers particuliers qui ont fait
que des entreprises ont tout à coup diversifié leur
production.
M. Morin: Avez-vous mentionné General Motors?
M. Saint-Pierre: La dernière Expo-profits a
été la compagnie General Motors.
M. Morin: Oui, parce quelle importe de I extérieur du
Québec 80% ou 90% de ses pièces.
M. Saint-Pierre: Je vous ai parlé de chiffres, je vais
essayer d'avoir la permission... Il y a eu un progrès remarquable depuis
1970 en ce qui touche l'achat au Québec par General Motors. L'an
dernier, on a fait un effort au niveau de l'Expo-profits puisque c'est avec
cette compagnie que je donnais des chiffres qui m'ont d'ailleurs surpris. Plus
de 200 dossiers avaient été ouverts avec des entreprises, non
seulement pour l'usine de Sainte-Thérèse ou celle de
Saint-Laurent pour les autobus, mais pour l'ensemble du réseau de
General Motors.
Je dois dire qu'à ces occasions, les grandes entreprises font
venir les acheteurs les responsables de l'approvisionnement des grandes
entreprises. Ils ont les devis avec eux, ils ont le niveau des prix qu'ils
peuvent payer, la grandeur des commandes, et cela permet un contact personnel.
Souvent, je pense que la petite entreprise je diverge un peu d'opinion
avec vous n est pas nécessairement en concurrence avec la grande
entreprise, mais elle a de la difficulté à se servir de la grande
comme courroie de transmission pour lui permettre d'atteindre les
marchés extérieurs. Souvent, il y a une absence des relations
personnelles qu'on ne doit jamais sous-estimer à ces fins. C'est pour
cela que, peut-être dans les régions éloignées de
Québec et de Montréal, le trait d'union se fait plus facilement.
Par exemple, prenons les entreprises Couture, que j'ai moi-même
visitées dans le secteur de la fonderie. A Chicoutimi, leurs clients,
c'est l'Alcan, c'est Price, ce sont les compagnies de pâtes et papiers de
la région. Je pense que le relais de transmission se fait mieux que dans
la grande région de Montréal, où parfois, les gens ont de
la difficulté.
Dans le temps où nous avons pris la sous-traitance, ce fut
premièrement pour faire une révision de certains outils qui ont
été utilisés, tels que les bourses. Malheureusement...
M. Morin: Est-ce que les bourses ont effectivement
été utilisées?
M. Saint-Pierre: En France.
M. Morin: En France, oui, mais pas ici.
M. Saint-Pierre: II y a eu un essai très humble dans la
ville même de Québec qui a donné lui aussi des
résultats plus ou moins valables. Cela a tout de même permis de
prendre une certaine expérience dans le domaine et d'établir qu
une bourse dépend de l'individu qu'elle amène.
Dans un ensemble comme le Québec, cela ne nous a pas
semblé un moyen valable de développer une sous-traitance et
toutes les structures de sous-traitance requises pour nos besoins. Par
ailleurs, suite aux Expo-profits, suite à d'autres ex-
périences, la grande entreprise est impatiente de trouver des
sous-traitants, qualité, prix et tous les autres facteurs étant
équivalents. Les succès plutôt mitigés ont
été obtenus dans nos efforts pour susciter de
l'intérêt de la part du donneur d'ordres. Il avait peur de la
grande entreprise il n'a pas d'équipement, il n'a pas d'initiative, il
n'a pas de financement, etc. Il a peur de négocier les contrats.
Avant de se lancer dans des programmes définitifs, on a voulu,
c'est ce que nous faisons actuellement, bien identifier le problème chez
la PME et que nous devons corriger. Actuellement nous en sommes à cette
phase.
Nous le faisons sous deux formes. Nous cherchons à identifier les
problèmes dans un secteur donné qui a été choisi,
non tout à fait au hasard, mais un secteur type qui est le domaine
mécanique, ce qui semblait plus logique. Dans ce domaine, nous cherchons
à identifier les facteurs clefs qui vont permettre la préparation
de programmes et d'actions positives et là, de susciter une
sous-traitance. Parce que la chose qui nous a frappés dans notre
équipe, c'est qu'à trois occasions, nous avons eu des demandes de
grandes entreprises, de très beaux contrats. L'intérêt
suscité au Québec, malgré tous les efforts de toutes les
équipes, a été très mitigé.
M. Morin: Pourquoi?
M. Saint-Pierre: C'est justement ce que nous cherchons. Nous
offrons...
Il y a un bon exemple. Récemment, je vous mentionnais le colloque
de l'Ecole polytechnique sur l'industrie du génie nucléaire au
Canada, en termes de marché, et c'est très important. Ce qui m'a
frappé, c'est qu'on tentait de montrer, à la petite et la moyenne
entreprise le fait que l'industrie du génie nucléaire, qui
demande, en termes de machinerie, quelque chose de différent de ce
qu'elles peuvent avoir nécessairement, actuellement, n'implique pas la
création d'atomes ou de la physique nucléaire. C'est finalement
de la tuyauterie...
M. Morin: Non, c'est de la robinetterie.
M. Saint-Pierre: C'est de la robinetterie. C'est cela. Mais ce
qui m'a frappé, c'est que, si on prend Polytechnique, faite par chez
nous, assistée par nous, finalement, la petite et la moyenne entreprise
étaient, à toutes fins pratiques, absentes de ce colloque. Il y
avait des universitaires, il y avait Dominion Bridge, Marine Industrie,
l'Hydro-Québec, il y avait surtout de la moyenne entreprise d'autres
provinces qui était partie de l'Alberta pour venir ici se renseigner sur
ce qu'allait être l'industrie nucléaire canadienne.
Malheureusement, je ne le reproche pas au colloque parce qu'on me disait les
efforts très soutenus qu'on avait faits pour attirer la petite
entreprise, mais pour des raisons qui ont été invoquées...
Peut-être que le propriétaire qui a peine et misère, comme
le mentionnait mon collègue de Laurier, à joindre les deux bouts,
lui, n'a pas le temps d'aller à un colloque à Polytechnique, mais
peut-être que ce colloque en particulier lui aurait ouvert les yeux pour
voir un secteur d'activités où il aurait pu oeuvrer très
facilement.
M. Morin: Je comprends votre souci de bien identifier le
problème avant d'aller plus loin, mais il n'empêche qu'à un
moment donné, la sous-traitance, cela doit s'articuler. Il a une
charnière. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui fasse les contacts, les
organise. Cela ne tombe pas du ciel. A quel genre d'organisme songez-vous? Vous
me dites que les bourses ne semblent pas être indiquées comme
solution, mais vers quoi vous orientez-vous dans l'état actuel de votre
réflexion?
M. Saint-Pierre: Si vous me permettez de présumer de
certaines des conclusions que je crois que nous allons atteindre, la
première va être l'éducation de l'industriel. Qu'est-ce que
c'est que la sous-traitance? Qu'est-ce que c'est que de préparer le prix
de revient? Qu'est-ce que c'est négocier un contrat avec la grande
entreprise? Quitte à lui donner le support lors de la
négociation, mais il faut qu'il sache négocier pour commencer. Je
présume que ce sont trois des points. Il y aura les domaines: Comment
faire de l'inspection fiable? La grande entreprise veut de bons produits, sur
lesquels elle peut se fier. Plusieurs de nos entreprises font un bon produit
global. Les pièces individuelles sont peut-être plus ou moins
fiables. La grande entreprise exige qu'elles soient fiables.
M. Morin: Un standard.
M. Saint-Pierre: Oui. Alors, les premiers problèmes seront
plutôt du domaine de Jacques, ils feront partie d'un problème
d'éducation, j'imagine. Les autres sont peut-être d'autres
programmes. Mais avant de se lancer dans une quinzaine de programmes, je peux
bien identifier ceux avec lesquels on doit démarrer, qui auront le plus
d'impact quels sont-ils, etc. Je pourrais peut-être ajouter à ce
que M. le ministre disait un autre exemple que nous avons vécu. Une
grande compagnie a demandé des fournisseurs québécois dans
un domaine intéressant. Dans ce cas spécifique, nous avons
réussi à en intéresser seulement cinq au Québec,
dont un en particulier. Excusez-moi l'expression, mais il a fallu lui tordre
les bras. Nous connaissions sa compétence, mais il n'était pas
intéressé. Le résultat de l'action, c'est que la petite
compagnie québécoise est le fournisseur d'une multinationale
mondiale et le fournisseur mondial, qualité, prix, elle n'a jamais vu
pareil. Mais ce type, jusqu'à ce jour, ne voulait pas; il a fallu le
forcer à y aller.
M. Morin: II y a des mentalités aussi.
M. Lachance: Si le député de Sauvé me
permet.
M. Morin: Oui.
M. Lachance: Les bourses de sous-traitance,
cela vise à regrouper, en somme, les petites entreprises pour
qu'elles puissent soumissionner à des projets importants, je
présume.
M. Saint-Pierre: Le but premier de la bourse, telle qu'elle a
existé en France et ailleurs, était de mettre en contact ce que
nous appelons un donneur d'ordre et un preneur d'ordre et d'assurer un contact
continu; des occasions de dire aux multinationales qui veulent obtenir quelque
chose: D'accord, quels sont les produits? Et amener des gens par une
bourse...
C'est un peu ce que nous avons dans l'industrie de la construction avec
le bureau des soumissions déposées.
Là, si vous voulez avoir un contrat, vous déposez les
plans et les gens savent où aller pour soumissionner, auprès de
gens qu'ils n'ont jamais connus ni rencontrés de leur vie.
De toutes les bourses qui ont été essayées,
plusieurs ont opéré quelques années, mais la seule qui a
survécu, c'est celle de Nancy. Et c'est dû à
l'individu.
M. Lachance: C'est parce que vous parlez de la France et en
France, il me semble que les bourses de sous-traitance servent à unir,
je pense, les petites et moyennes entreprises pour soumissionner sur des
projets importants. Je pense que c'était le but...
M. Saint-Pierre: Peut-être en rôle secondaire. Pas le
rôle tel qu'on l'a vu...
M. Lachance: Ce qui était ici, ça n'était
pas ça.
M. Saint-Pierre: Non.
M. Lachance: Cela n'était pas ça.
M. Saint-Pierre: Ici, c'était pour faire le joint entre
les deux parties.
M. Lachance: Est-ce que c'était parce que le coût
était trop élevé ou quoi, que cela ne s'est pas fait?
M. Saint-Pierre: Non.
Je pense que M. Brissette mentionnait que le succès d'une bourse
de sous-traitance dépend de l'individu qui en est responsable.
Malheureusement ou heureusement, il faut dire que c'est partout la même
chose dans la vie, le succès de bien des opérations est une
question d'homme.
Il y a peut-être un élément, c'est que la bourse par
elle-même est un organisme qui se fait hara-kiri. Je suis donneur
d'ordres, je suis en contact avec vous, vous êtes bon fournisseur, on ne
va plus à la Bourse. Plus elle réussit, plus elle se
détruit, à moins que l'opérateur, le directeur soit
tellement dynamique qu'il force tout le monde à maintenir le contact et
c'est arrivé à un endroit. Au bout de trois ans, toutes, pour la
même raison.
D'autres questions sur l'élément 4?
M. Morin: Oui...
M. Saint-Pierre: Elément 4, programme 3.
M. Morin: Peut-être pas, je pense avoir terminé en
gros, M. le Président. Sauf qu'on pourrait peut-être demander au
ministre de me dire deux mots d'un autre aspect des problèmes
rencontrés par la petite et moyenne entreprises, qui sont les
problèmes de mise en marché et d'exploitation. Je sais qu'ils ont
été mentionnés déjà, mais peut-être
que vous pourriez nous ramasser ces problèmes, quel genre d'aide
pouvez-vous accorder à la petite et moyenne entreprises dans ces deux
secteurs en particulier.
M. Saint-Pierre: Le premier a été
évoqué et je pense qu'il est l'oeuvre quotidienne de tous ceux
qui oeuvrent près de la petite et moyenne entreprises, c'est de lui
faire réaliser son potentiel et lui montrer que son marché n'est
pas un marché de la localité ou de la région, même
de la province, qu'il déborde le pays et qu'il y a des
possibilités à l'extérieur. Alors, après ça,
généralement, ça peut susciter une réflexion sur la
petite et moyenne entreprises qui la porte à examiner ses
possibilités à l'étranger. A ce titre, M. Chouinard, le
sous-ministre adjoint, pourrait mentionner les efforts que nous allons tenter
de faire l'automne prochain pour établir au Québec un institut de
commerce international. Ce ne sera pas un institut relié aux HEC, ce
sera un institut de ce qu'appelait le député de Laurier, de
techniciens, c'est-à-dire les techniques très concrètes,
à savoir comment on peut, avec succès, pénétrer les
marchés extérieurs, quelles sont les choses qu'on doit faire et
les choses qu'on ne doit pas faire. Il y a quelques semaines et
ça peut surprendre, mais c'est très réel je
rencontrais notre conseiller économique à New York qui me disait
que le matin même, il venait de recevoir un appel
téléphonique d'un Québécois qui était
arrivé à New York et voulait vendre des canots en bois,
évidemment sans rendez-vous, sans rien. M. Sharp lui disait: Je vais
essayer, dans la journée, de vous arranger des rendez-vous, quel est le
prix, avez-vous les spécifications de vos canots...
M. Morin: C'est le cas de dire qu'il sortait du bois.
M. Saint-Pierre: C'est le cas de le dire. Simplement pour vous
dire que c'est toujours la première erreur, le type avait ses prix FOB
Shawinigan-Sud, alors M. Sharp lui fit savoir que, pour les New-yorkais,
Shawinigan-Sud, ils connaissaient moins ça, ils auraient aimé
mieux des FOB New York.
Alors, on veut ouvrir à l'automne un institut de commerce
international qui va tenter, par des colloques, de montrer très
clairement les choses qui doivent être faites par la petite et moyenne
entreprises vis-à-vis du commerce extérieur. Maintenant
également, on pourrait l'aborder avec la SDI, elle a un nouveau
programme qui vise à aider financiè-
rement la petite et la moyenne entreprises dans ses programmes
d'exportation. Le gouvernement fédéral avait des programmes
existants, mais qui s'adressaient à des commandes de $1 million et plus,
la SDI a mis sur pied un programme complémentaire qui s'adresse
essentiellement à la petite et à la moyenne entreprises et qui
aide au financement des inventaires, au financement des stocks en main pour des
marchés d'exportation.
M. Morin: Bon, ça c'est pour l'exportation, mais je vois
que vous êtes en train d'essayer d'organiser quelque chose.
Pour la mise en marché ici même au Québec, quels
sont les efforts qui peuvent être faits et, en particulier, est-ce que
vous ne reconnaissez pas que la mise en marché serait
énormément facilitée si on mettait l'accent sur le
contrôle par des Québécois du commerce de
détail?
M. Saint-Pierre: On l'a évoqué à notre
commission d'étude sur le commerce. Le troisième objectif de
cette commission d'étude est justement d'examiner l'influence des
réseaux de distribution sur les marchés pour les secteurs de
fabrication. Lorsqu'on parle de l'intégration des entreprises
multinationales dans la société québécoise, un des
éléments est justement l'approvisionnement et l'obtention de
contrats de service et de fourniture de biens par des Québécois
à la grande entreprise. Ce sont des points qu'on reprend constamment
avec la grande entreprise. Cela fait d'ailleurs l'objet d'une quantification
lors de l'octroi des sommes versées par la SDI, selon que l'entreprise
s'engage ou non à... C'est un des facteurs.
M. Morin: La SDI, d'une certaine façon, favorise ce genre
de... pour favoriser la mise en marché...
M. Saint-Pierre: II ne faut pas sous-estimer les efforts qui
peuvent être faits par les entreprises elles-mêmes sur l'importance
de la mise en marché. Souvent peut-être nos petites entreprises
accordent trop d'importance au fait de bien connaître telle personne qui
place des commandes à tel endroit et sous-estiment l'influence d'un bon
plan de marketing, d'un bon plan de publicité, d'une démarche
assez planifiée dans ces secteurs.
Le Président (M. Brisson): Elément 4
adopté?
M. Morin: Un instant, M. le Président, pas tout à
fait encore. J'ai un problème qui intéresse peut-être un
autre aspect du programme 3. Il s'agit d'Associated Textiles.
Le ministère, dans le cas de l'application de la Loi de l'aide au
développement régional, programme qui a été
remplacé par la SDI, a accordé une subvention de $50 000 en
1974/75, à Associated Textiles.
Je voudrais demander comment il se fait et comment le ministère a
pu accepter qu'une entreprise subventionnée de la sorte puisse fermer
ses portes quelques mois à peine après avoir reçu la
subvention.
M. Saint-Pierre: La subvention venait de la SDI, dites-vous?
M. Morin: Non, c'est avant la SDI. C'était la Loi de
l'aide au développement régional, le bill 23, je crois. C'est
cela, c'est le bill 23.
M. Saint-Pierre: C'est donc avant 1970?
M. Morin: Je vais essayer de vous donner plus de
détails.
M. Saint-Pierre: On pourrait l'apporter demain pour le dossier;
mais ce serait avant l'année... Les derniers cas sont... On a fini de
payer l'an dernier, mais pour des décisions qui avaient
été prises en 1968/69.
M. Morin: Je tire cette question des comptes publics, à la
page 1-139, pour l'année 1974/75. Donc, c'est quelque chose d'assez
récent.
M. Saint-Pierre: Je m'excuse. La décision de verser les
fonds reliés à un projet d'investissement dans le secteur de la
machinerie datait possiblement de 1969. Disons que les versements
étaient échelonnés sur une période de cinq ans et
on m'informe que le dernier aurait été effectué l'an
dernier. On peut faire sortir le cas, mais la décision de verser
l'argent à la compagnie daterait de 1968/69.
M. Morin: Pourriez-vous, en tout cas, nous donner un tableau
complet de cette subvention, peut-être demain, ou la semaine prochaine,
si on ne peut pas demain?
M. Saint-Pierre: Sûrement.
M. Morin: Mais, effectivement, cela tombe sous le chapitre de
l'aide au développement industriel régional. C'est bien le bill
23.
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: II y a une autre question sur laquelle vous pourrez
peut-être répondre demain. J'aimerais vous poser quelques
questions au sujet de la situation à l'Associated Textiles de
Louiseville.
M. Saint-Pierre: M. Shooner, qui a été
spécifiquement responsable du dossier, peut peut-être nous...
Quelle est la nature de vos questions?
M. Morin: II y a deux ans, il y avait 800 employés qui
travaillaient dans cette manufacture de l'Associated Textiles. Aujourd'hui, il
en reste à peu près 250. La manufacture est évidemment
victime de ce dont nous parlions plus tôt aujourd'hui, savoir la
situation extrêmement mauvaise qui prévaut dans les textiles. Elle
a décidé, à ce qu'on me dit, de fermer ses portes.
II semble que 200 employés qui sont maintenant chômeurs,
à cause de cette fermeture, ont dû s'inscrire au bureau de la
main-d'oeuvre. Cela fait 200 chômeurs d'un seul coup, à ce que
j'ai pu savoir. Le reste a pu être replacé ou encore mis en
préretraite. Il reste que ces 200 employés qui ont
été éconduits récemment, plus les 250 qui
travaillent encore, mais pour un temps réduit, semble-t-il, vont devoir
être replacés, sans parler bien sûr cela je ne le
mentionne même pas de l'effet désastreux d'une telle
fermeture pour l'économie de la région.
Il semble que l'Associated Textiles n'était plus rentable, parce
qu'elle était trop vieille sans doute, sa machinerie
également avait vieilli et surtout, parce que, à ce qu'on
m'apprend toujours j'espère que vous pourrez m'éclairer
sur les détails cette société était
incapable de concurrencer notamment les manufactures de taille.
Nous sommes de retour, donc, au problème dont nous parlions cet
après-midi. Est-ce que je pourrais vous demander si vous êtes au
fait de ce cas, en particulier? Est-ce que vous avez l'intention de faire
quelque chose.
M. Saint-Pierre: Très au fait, nous avons
déjà fait quelque chose. Je vais laisser la parole à M.
Shooner qui va vous décrire l'action du ministère avec
l'Associated Textiles.
M. le Président, dès le début de l'automne dernier,
si ma mémoire est bonne, fin septembre ou début octobre, nous
avons eu plusieurs rencontres; notamment une avec les autorités
syndicales, les autorités municipales, les autorités de
développement industriel aussi de Louiseville, ainsi qu'avec certaines
personnes de la région et les autorités de l'entreprise,
Associated Textiles, pour essayer d'aller plus à fond dans l'analyse de
la situation de l'Associated Textiles.
La position de l'entreprise, à ce moment, était bien
définitive. Son programme de fermeture était bien établi.
Aucune négociation ne nous paraissait possible avec l'entreprise. Dans
ces conditions, nous avons négocié avec l'entreprise pour pouvoir
utiliser les bâtisses à d'autres fins industriels.
M. Morin: C'est le projet Beaufil. C'est cela dont vous me
parlez.
M. Saint-Pierre: On a eu plusieurs projets. Il y a eu le projet
Beaufil, il y a eu le projet Yarntex si je me souviens bien. Actuellement,
même au moment où on se parle, il y a encore trois projets
spécifiques, trois entreprises spécifiques que nous essayons
d'installer dans les bâtisses mêmes, en leur louant des parties de
la bâtisse qui appartenait à Associated Textiles pour essayer de
fournir de l'emploi à la main-d'oeuvre qui est déjà sur
place.
On travaille effectivement à essayer de trouver de nouveaux
emplois plutôt que d'essayer de travailler à convaincre
l'Associated Textiles à revenir sur sa décision. Cette
décision nous paraît irrévocable. C'est vraiment des
efforts de remplacement que nous essayons actuellement et de
réinvestissement industriel dans la région en réutilisant
les équipements industriels déjà en place.
Même au moment où on se parle actuellement, on a trois
candidats, trois entreprises candidates qui paraissent intéressantes, en
tout cas, intéressées à s'installer à Louiseville.
On ne parle jamais de grandes industries. Ce n'est pas nécessairement
bon pour Louisevilie que ce soit de grandes entreprises, mais on a l'impression
que c'est peut-être là qu'actuellement nous paraît la
meilleure solution.
M. Morin: A votre connaissance, M. Shooner, à l'heure
actuelle, il reste combien d'employés dans l'usine de l'Associated
Textiles?
M. Saint-Pierre: On me dit qu'il resterait 200 employés
actuellement à l'emploi de l'Associated Textiles.
M. Morin: Ces trois entreprises auxquelles vous pensez pouvoir
fournir de l'espace et peut-être aussi une partie de la machinerie qui se
trouve là...
M. Saint-Pierre: Peut-être, oui.
M, Morin: Ces trois entreprises pourraient engager, selon vos
projets, à peu près combien de personnes?
M. Saint-Pierre: Peut-être que cela pourrait tourner autour
de ces chiffres, actuellement.
M. Morin: 200 à 250?
M. Saint-Pierre: Disons, au maximum 200, à peu
près.
M. Morin: 200. Cela servirait à éponger ceux qui
restent à l'heure actuelle.
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Ceux qui restent.
M. Saint-Pierre: Oui, mais gardons nos doigts croisés,
parce que ce n'est pas définitif. Disons que les efforts sont vraiment
faits dans ce sens. Je devrais dire aussi qu'à l'intérieur du
ministère, on a incité nos gens qui s'occupent de promotion
industrielle à essayer d'amener le plus possible des investisseurs
industriels dans la région de Louise-ville pour pouvoir éponger,
si vous voulez, les effets négatifs du départ d'Associated
Textiles. Il y a vraiment un effort spécifique qui a été
fait pour Louiseville depuis l'automne dernier.
M. Morin: Oui. Est-ce que les trois projets dont vous me parlez
sont essentiellement dans le textile ou... Je vous pose la question parce que
je sais que les travailleurs, eux, ont demandé que la relance de la
manufacture se fasse dans des domaines autres que le textile, parce qu'ils n'y
croient plus guère, n'est-ce pas?
M. Saint-Pierre: Très juste.
M. Morin: Est-ce que vos efforts ont porté essentiellement
sur le textile ou sur d'autres choses?
M. Saint-Pierre: Je peux vous dire que nos efforts ont
porté sur à peu près tout ce qui pouvait offrir de
l'emploi à Louiseville. On n'a pas éliminé de secteur au
départ. On a tenu compte, bien sûr, de ce voeu émis par le
dirigeant du syndicat là-bas, émis notamment lors de cette
rencontre à laquelle j'avais participé, suivant lequel ce serait
préférable de ne pas avoir de nouvelles entreprises de textile
à Louiseville, mais, dans les circonstances, quand on est face à
un tei nombre de chômeurs, j'ai l'impression qu'il faut éponger le
plus rapidement possible cette situation, quitte après à essayer
de voir s'il n'y aurait pas des choses qui seraient plus de pointe, même
dans le textile, parce que c'est aussi possible dans ce domaine d'avoir du
textile de pointe. Ce n'est pas parce que c'est textile que c'est traditionnel.
On peut aussi avoir du textile de haute technologie.
M. Morin: Oui, je sais que, quand je suis passé dans la
région, on a parlé des textiles d'amiante, par exemple. Tout le
monde parle de cela. Si vous allez également du côté de la
région de l'amiante, eux aussi voudraient bien transformer la
matière première sur place. Avez-vous espoir que cela aboutisse
bientôt, parce qu'il y a quand même 2000 chômeurs dans la
région?
M. Saint-Pierre: C'est beaucoup pour Louise-ville.
M. Morin: C'est 20% de la main-d'oeuvre.
M. Saint-Pierre: Oui, j'arrive d'une tournée dans le
Bas-Saint-Laurent, dans la Gaspésie; là aussi, il y a des
difficultés de ce genre. Je veux dire que c'est bien sûr...
M. Morin: Le député de Matane était
là cet après-midi, il aurait pu parler de 27% à
Matane.
M. Lachance: 2000 à Louiseville, c'est fort.
M. Saint-Pierre: Mais ce qu'on peut dire, en tout cas...
M. Lachance: C'est une ville de moins de 10 000 habitants.
M. Morin: Non, je parle de la région de Louiseville.
M. Lachance: Vous parlez de la région. M. Morin:
Oui, il y a cela.
M. Saint-Pierre: Ce qu'on peut dire aussi pour Louiseville, un
événement quand même important, c'est qu'il y a
peut-être six mois maintenant il y en a qui sont plus au courant
que moi, mais il y a peut-être six mois Louiseville s'est
donné un commissariat industriel, ce qu'elle n'avait pas. Elle a
maintenant quelqu'un qui, spécifiquement et à temps plein,
s'occupe du développement industriel. C'est encore le meilleur
investissement qu'on puisse faire dans une région pour favoriser le
développement. Les régions peuvent bien attendre tout du
ministère de l'Industrie et du Commerce ou d'Ottawa, mais quand on voit
une région s'équiper elle-même pour faire son propre
développement... Je peux parler dans ce sens pour le Bas-du-Fleuve et la
Gaspésie parce que j'arrive de là et c'est vraiment une prise en
charge que les gens se donnent là-bas. J'ai l'impression qu'à
Louiseville, s'il y a eu un effet positif, si vous voulez, à une
situation comme celle d'Associated Textiles, cela a peut-être
été celui-là: C'est que la population, tout à coup,
s'est rendu compte que ce n'était plus tout cuit, les emplois à
Louiseville, et qu'il fallait peut-être que Louiseville même
investisse dans son propre développement. C'est vraiment un
résultat concret, positif, je pense, de la situation malheureuse qui est
arrivée dans la région à cause du départ
d'Associated Textiles. C'est nouveau depuis à peine six mois, je
crois.
M. Morin: Je pense que cela illustre bien, je le dis en passant
pour le ministre, ce que pourrait faire une société de
réorganisation industrielle dans le tableau. Cela m'amène
à vous poser une question, M. Shooner.
M. Saint-Pierre: On diverge d'opinion parfois.
M. Morin: Oui, je sais que nous divergeons d'opinion, mais le
ministre finira peut-être par venir à ces idées, à
moins qu'il ne faille attendre un changement de gouvernement. C'est une autre
affaire. M. Shooner...
Une Voix: Cela va prendre du temps.
M. Morin: Monsieur, il faut se préparer. J'espère
que, psychologiquement, vous vous préparez.
M. Quenneville: Ce n'est pas à prévoir.
Le Président (M. Brisson): Ce n'est pas dans le
budget.
M. Morin: Maintenant, M. le Président, ça, c'est
vrai, ce n'est pas dans le budget, ni de l'an 1, ni de l'an 2, ni de l'an
3.
Je voudrais demander à M. Shooner si les trois projets auxquels
il a fait allusion faisaient appel à du "know-how"
québécois, des capitaux québécois, ou bien si on
était allé à l'extérieur du Québec chercher
de I "entrepreneurship" pour réactiver Louiseville, pour
réactiver en particulier l'Associated Textiles.
M. Saint-Pierre: Je suis obligé de dire, bien humblement,
que je ne connais pas les trois entreprises, si ce n'est une. qui,
effectivement, est bien d'ici. Celle-là, j'en suis certain; les autres,
je n'en suis pas certain. Je ne puis pas répondre. Maintenant, on
pourrait obtenir l'information, et...
M. Morin: Oui. Ce n'est pas urgent. Si le ministre peut me le
dire à une séance subséquente?
M. Saint-Pierre: Avec plaisir!
M. Morin: Bien! J'aimerais le savoir, parce que ça fait
une très grande différence, selon que vous faites appel à
l'entreprise québécoise dans un cas comme ça ou à
une entreprise étrangère. Je crois qu'il y a beaucoup plus
à tirer d'une entreprise québécoise, à court terme
comme à long terme.
Bien! M. le Président, je suis disposé à accepter
le programme 3...
M. Lachance: M. le Président, j'aurais une question
à poser.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Mille-Iles.
M. Lachance: Ici, justement en ce qui concerne PISEQ, prospection
industrielle sélective...
Une Voix: C'est ça.
M. Lachance: Est-ce que ça veut dire que, d'après
l'étude qui a été faite là-dessus, vous allez
inviter des industriels à se lancer dans ces programmes ou cela a
déjà été fait?
M. Saint-Pierre: La prospection industrielle sélective,
ça donne suite un peu au programme Fantus que nous avons eu il y a deux
ou trois ans.
M. Morin: De célèbre mémoire.
M. Saint-Pierre: Non. Vous voyez parfois les choses d'une
façon très négative, mais je pense que nous en avons
tiré des leçons positives; une des leçons, c'était
peut-être une méthodologie de travail dans la prospection
industrielle, c'est-à-dire qu'au lieu de faire flèche de tout
azimut et de tenter de répondre à des questions qui
étaient soulevées, appels par téléphone et autres
moyens, on planifie un peu à l'avance des secteurs où il nous
semble que le Québec pourrait avoir un avantage parmi d'autres. Les cinq
ou six études qui ont été mentionnées ont fait
l'objet d'une espèce d'étude préliminaire de
rentabilité, une étude de marchés, de croissance des
marchés, de la situation des importations, si croissance il y a. Cette
étude est alors, par le biais de nos délégués
régionaux, par le biais de nos services à l'entreprise,
disséminée auprès de ceux qui pourraient être
intéressés par cela, et, dans un deuxième temps,
auprès de nos gens à l'étranger où nous tentons de
susciter des implantations.
M. Lachance: Est-ce que vous avez des données
là-dessus?
M. Saint-Pierre: Non. Si le député est
intéressé à voir ce qu'on a sur la bicyclette, on peut
remettre une étude qui donne le marché de la bicyclette, comment
ça augmente, ce que c'est en volume, quels sont les concurrents dans le
moment, d'où cela vient, quel est le coût, quelles sont les
implications.
M. Lachance: Je remarque ici que vous avez oublié le ski
de fond, qui est très populaire.
M. Saint-Pierre: Le ski de fond, je ne pense pas si...
M. Lachance: Cela entre à peu près dans le
même...
M. Saint-Pierre: Oui, vous avez raison. M. Lachance: ...
principe.
M. Saint-Pierre: Voyez! Lorsqu'on parle de motocyclettes ou de
bicyclettes, on voit que c'est un produit très particulier. Dans le cas
des skis de fond, je ne sais pas si vous vous le rappelez, dans le programme 2,
on avait toute l'industrie du loisir.
M. Lachance: Oui.
M. Saint-Pierre: La direction générale de la
recherche et de la planification a actuellement en chantier une étude
générale pour savoir quelles vont être les implications
d'une société des loisirs sur le plan industriel. On va, dans ces
grandes lignes, délimiter les implications pour des choses comme le ski
de fond, le camping, les équipements de basket-ball, les Jeux olympiques
et autres loisirs. Dans un deuxième temps, les gens de la direction
générale de l'industrie vont prendre ce qui semble le plus
prometteur et vont aller au fond de tout ça.
Le Président (M. Brisson): Alors, le programme 3,
adopté?
M. Lachance: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Enfin! Les deux minutes
étaient longues.
Programme 4: Centre de recherche industrielle du Québec.
M. Déziel: Une minute, M. le Président! J'aurais eu
une question à poser au ministre, s'il vous plaît, si vous n'avez
pas d'objection.
Le Président (M. Brisson): A quelle place?
M. Déziel: Au programme 3.
M. le ministre, advenant le cas de la fermeture d'une usine, avez-vous
un programme d'aide qui pourrait être apporté pour le recyclage de
la main-d'oeuvre ou si ça relève strictement du ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre?
M. Saint-Pierre: Le programme de recyclage de la main-d'oeuvre
relève du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Mais, en
général, nous avons une procédure par laquelle le
ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre nous avertit dès qu'il a
reçu l'avis de fermeture. Dès que nous avons cet avis, on
communique avec l'entreprise. On tente de voir s'il n'y a pas moyen de sauver
un peu les meubles et on s'applique à tenter de trouver des solutions de
rechange. Mais, dans certains cas, ce n'est pas possible. Alors là, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre fait un programme de
recyclage de la main-d'oeuvre pour le...
M. le Président, au programme 4, j'ai mentionné au chef de
l'Opposition officielle qu'il y a actuellement en première lecture,
à l'Assemblée nationale, un projet de loi sur le Centre de
recherche industrielle.
Ce projet de loi va accorder essentiellement au Centre de recherche
industrielle, au cours des quatre ou cinq prochaines années, un montant
de $25 millions ou $30 millions. Il était de mon intention, comme nous
l'avons fait pour la SGF et pour SIDBEC, de convoquer les dirigeants du Centre
de recherche industrielle. Je pourrais peut-être suggérer qu'on
accepte le programme 4 avec l'engagement qu'après la deuxième
lecture du projet de loi en comité plénier, on pourrait entendre
les gens du Centre de recherche industrielle.
M. Morin: M. le Président, le ministre m'a
mentionné cela tout à l'heure et j'étais d'accord pour que
nous en traitions. Ce sera en comité plénier.
Le Président (M. Brisson): Le programme 4 est
adopté?
M. Saint-Pierre: M. Descoteaux qui est responsable sera
là.
M. Morin: Adopté sous la réserve que nous avons
convenu.
Le Président (M. Brisson): Le programme 5: Administration
de la Société de développement industriel du
Québec.
M. Morin: Oui, nous sommes disposés à
procéder dans...
Le Président (M. Brisson): Adopté?
M. Morin: Non. M. le Président, que vous êtes
pressé!
Société de développement
industriel
M. Saint-Pierre: M. le Président, on me permettra quelques
mots. A ma gauche, je trouve M. Griffin qui est directeur général
adjoint à la Société de développement industriel.
Malheureusement, M. Jean Labonté, le président de la
société qui était autrefois le sous-ministre adjoint
à l'Industrie et Commerce est à l'extérieur du
Québec. Il sera de retour demain.
Nous avons déposé, ce matin, la liste alphabétique
des aides financières consenties en 1975/76. J'attire l'attention des
parlementaires sur les augmentations considérables du budget qui passe
de $14 millions à $23 millions. Il reflète, dans une large
mesure, l'augmentation des interventions de la Société de
développement industriel au cours de l'année passée.
Je rappelle brièvement que durant l'exercice 1975/76, la SDI a
accepté 268 projets; elle a prêté pour $25 millions; elle a
fait des prises en charge pour $32 millions; elle a investi $6 millions en
capital-actions dans différentes entreprises. Les résultats
cumulatifs depuis juin 1971, c'est-à-dire depuis l'adoption de la Loi
sur la Société de développement industriel, indique 1200
dossiers actifs, $178 millions en prêts, $118 millions en subventions et
$15 millions en capital-actions.
On a, dans le cahier que je vous ai soumis, une répartition
à la fois sur le plan sectoriel et également sur le plan des
interventions de la SDI suivant le programme 2 a) qui s'adresse à
l'industrie de pointe, le programme 2 b) qui touche les fusions d'entreprises
et le programme 2 c) qui touche les entreprises qui n'ont pas pu obtenir d'aide
auprès des institutions prêteuses et, finalement, les nouveaux
programmes que nous avons vis-à-vis de l'aide à
l'exportation.
Les tableaux indiquent également la répartition
sectorielle de l'ensemble de ces projets de même que la
répartition géographique. On voit que pour l'ensemble des
projets, la région de Québec et la région de
Montréal sont assez dominantes, mais il y a eu des efforts particuliers
dans la région de Trois-Rivières. Il y a eu la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui a eu une part appréciable de nos
projets.
Je mentionne qu'entre 60% et 70% de l'aide non pas des dossiers,
parce que dans les dossiers ce serait beaucoup plus nombreux de la SDI
est allée à l'entreprise autochtone. Dans le cas des entreprises
non autochtones, une très forte portion touche des entreprises
canadiennes. Il y a environ 10% des cas qui touchent des entreprises
étrangères. Dans ces cas, la SDI a souvent été
impliquée dans le capital-actions de ces entreprises. Ces entreprises
étrangères étaient essentiellement des entreprises
oeuvrant dans des secteurs modernes apportant au Québec une technologie
nouvelle et nous permettant de substituer des importations traditionnelles du
Québec par la fabrication ici même au Québec.
Le dernier tableau, qui mériterait une attention
particulière montre que du 1er juin 1971 au 31 mars 1976, la SDI est
donc intervenue dans 679 projets qui ont suscité des implantations de $1
milliard 55 millions et qui explique peut-être la croissance plus forte
qu'a pu connaître le Québec depuis 1970 en matière des
immobilisations, particulièrement dans le secteur de la fabrication, ou,
comme le chef de l'Opposition se rappelle très bien, la croissance
annuelle du Québec qui fut de 16,2%, dépassant de beaucoup la
croissance du secteur de la fabrication sur le plan canadien qui ne fut que de
12,2%, c'est-à-dire près de 50% de plus.
M. Morin: Je m'explique mal que le Québec n'ait encore que
22% des investissements cana-
diens avec sa population qui en comporte 28% avec de tels programmes, M.
le Président.
M. Saint-Pierre: Non seulement, M. le Président, l'OCDE,
lorsqu'elle écrira le prochain rapport sur le Canada, ne dira pas les
mêmes choses qu'auparavant, mais je remarquais même que votre
collègue, M. Parizeau, dans des préfaces de volumes
récents, parlait de cette nette reprise qu'on enregistre au
Québec depuis 1970...
M. Morin: Au cours des deux dernières années en
particulier.
M. Saint-Pierre: ... et qui nous a valu de passer de 18% à
27% au niveau des immobilisations dans le secteur de la fabrication. Mais
trève de toutes ces statistiques, je vous laisse la parole.
M. Morin: M. le Président...
M. Déziel: II ne doit pas être d'accord avec M.
Parizeau.
M. Morin: Je pense que c'est le ministre qui se fait une belle
jambe à bon compte.
M. Saint-Pierre: Voyons, voyons, je vais vous envoyer de la
lecture de nuit. Vous avez des questions précises?
M. Morin: Oui, j'ai quelques questions très
précises à poser sur certains prêts consentis par la SDI,
en particulier à la page 3, le numéro 923. C'est la
quatrième ou cinquième, à compter du haut de la page. Il
s'agit de Cobra Friction Products Limited et Canadian Johns-Manville Company
Limited. Je me demandais pourquoi la cote 2-A a été consentie
dans ce cas-là. Est-ce qu'il s'agit vraiment de produits nouveaux?
M. Saint-Pierre: De mémoire, je peux vous dire que cela a
été surtout reconnu à cause de la haute
productivité qui est impliquée dans la production du produit
concerné. Je n'ai pas le dossier en mémoire. C'est un dossier qui
est traité de Montréal. Je voudrais seulement corriger une chose,
je suis surtout familier avec les dossiers à l'est. Etant donné
que j'ai un confrère à Montréal qui occupe le même
poste que moi, il pourrait plus facilement répondre à des
questions comme celles-là, quant aux cas de Montréal.
Je peux vous obtenir les réponses et les donner à M. le
ministre, demain matin, si vous voulez.
M. Morin: Si vous voulez. Je suis tout à fait
consentant.
M. Saint-Pierre: Je connais les dossiers en gros, mais pas le
détail à ce point-là.
M. Morin: Ecoutez, je vais vous poser toutes les questions,
celles auxquelles vous pourrez répondre, et bien, tant mieux, sinon,
vous pourrez prendre avis, comme disent les ministres à
l'Assemblée nationale.
M. Saint-Pierre: On ne dit jamais cela. On répond toujours
aux questions.
M. Morin: Je dois dire que le ministre de l'Industrie et du
Commerce prend rarement avis. Mais il a certains de ses collègues qui
pratiquent cette technique de haute voltige assez souvent et qui oublient, par
la suite, d'apporter la réponse. Je pourrais vous donner des exemples
tout récents qui intéressent le premier ministre.
M. Déziel: Ce n'est pas dans le budget.
M. Marchand: On pourrait dire au chef de l'Opposition qu'il
aurait pu prendre avis hier soir.
M. Morin: De quoi donc?
M. Marchand: Au lieu de faire un discours.
M. Morin: Vous voulez dire du fait que j'avais un auditoire qui
était peu disposé à entendre parler de certaines choses?
Vous savez, on ne choisit pas toujours ses auditoires.
M. Marchand: Vos collègues ne vous ont pas choisi non
plus, hier soir.
M. Morin: M. le Président, dans ce cas-là, je
demanderais pourquoi la quote 2-A.
M. Saint-Pierre: 923, très bien.
M. Morin: A la page suivante, Didier, corporation de produits
réfractaires et...
M. Saint-Pierre: 936.
M. Morin: Oui, c'est cela. 936 et au-dessus, il y en a une autre
dont le numéro a été effacé. Ce n'est pas la
même société, visiblement. Didier, corporation de produits
réfractaires, et l'autre, c'est Didier Québec Inc.
Peut-être ces deux sociétés sont-elles liées, je ne
sais pas. Oui, puisque l'usine est à Bécancour dans les deux
cas.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi cette aide très
substantielle puisque au total, il y a $5 millions pour Didier Corporation et.
dans le cas de Didier Québec, nous sommes devant un montant de $3 550
000, dont $1 350 000 en capital-actions.
M. Saint-Pierre: Un instant, je vous donne la réponse.
M. Morin: Serait-ce l'investissement qui a été
annoncé trois ou quatre fois de suite au retour du premier ministre
d'Allemagne?
M. Saint-Pierre: C'est là que cela a été
décidé, effectivement, en Allemagne.
M. Morin: C'est ça, oui.
M. Saint-Pierre: Je veux simplement rappeler que l'investissement
était de $22 millions dans un secteur où le Québec n'avait
pas beaucoup, ou
plutôt n'avait aucune production, dans le passé de brique
réfractaire utilisée dans l'industrie sidérurgique et
d'autres domaines. Il ne faut pas oublier que les $5 millions d'épargne
ne sont pas un montant versé ou une subvention, c'est simplement une
garantie de prêt et, compte tenu...
M. Morin: Une garantie d'emprunt.
M. Saint-Pierre: Une garantie d'emprunt, je m'excuse, et, compte
tenu de la structure financière de la compagnie mère, il semble
que le montant peut-être réel du risque est beaucoup moindre, il
peut être presque nul. Dans le deuxième cas, il faut dire que la
prise en charge, soit $2 200 000, représente 10% du capital investi qui
est de $22 millions et qui a créé 250 emplois pas $1 250 000,
c'est, bien sûr, du capital-actions, c'est-à-dire le montant que
la SDI a dû verser pour obtenir... Si ma mémoire est bonne, ce
dossier en est un autre qui illustre mes propos de Francfort. La compagnie
Didier a 50% du capital-actions et la compagnie Pringle and Son, qui est une
compagnie montréalaise, M. Layton en est le président, et la
SDI...
M. Morin: J'en ai parlé effectivement.
M. Saint-Pierre: ... ont l'autre tranche de 50% du
capital-actions, j'imagine, je ne me rappelle pas quel est le rapport, mais
1350 représente peut-être 25% du capital-actions, je vous donne
ça de mémoire, quelque chose comme ça.
Il y a également une très grosse banque allemande qui est
impliquée dans ce dossier et qui minimise les risques de la SDI
jusqu'à un certain point.
M. Morin: II y a eu de l'aide fédérale aussi dans
ce cas?
M. Saint-Pierre: Je ne crois pas...
Oui, le MEER est intervenu suivant ses programmes réguliers, je
n'ai pas les montants qui ont été donnés. Mais il faut
dire que 50%, je tiens à le souligner, du capital-actions, est
relié à une entreprise québécoise, la SDI et M.
Layton, de Pringle and Son.
M. Morin: C'est la prise en charge de l'intérêt,
n'est-ce pas?
M. Saint-Pierre: La prise en charge de l'intérêt, $2
200 000, c'est l'équivalent d'une subvention.
M. Morin: C'est ça.
M. Saint-Pierre: D'une partie du coût de
l'intérêt.
M. Morin: C'est une prise en charge totale de
l'intérêt.
M. Saint-Pierre: Non, non.
M. Morin: Ou partielle.
M. Saint-Pierre: Partielle, la loi nous limite, on a
changé ça, ce doit être à peu près 50%.
C'est probablement le maximum permis dans ce cas.
M. Morin: Dans ce cas.
M. Saint-Pierre: 50% du taux préférentiel...
M. Morin: Qu'est-ce que fait la SDI déjà, elle
prête une première moitié avec intérêt au taux
courant et une autre moitié sans intérêt ou quoi?
M. Saint-Pierre: Non, ce qui survient dans ce cas, c'est que
l'entreprise va emprunter d'une banque et ses frais d'intérêt
répartis sur une période de cinq ans vont être de tant par
année. La SDI, si les conditions que je vous ai mentionnées et
que M. Griffin pourrait décrire, ont toutes été remplies,
va verser la moitié des frais d'intérêt annuels.
Habituellement, cela peut s'échelonner de trois à cinq ans
et chaque montant est subdivisé en parties; pour recevoir ces montants,
il faut absolument répondre aux conditions d'ordre économique
fixées au départ.
D'ailleurs, c'est un point que le grand public ignore trop souvent et
que les journalistes ne répètent pas assez souvent. Lorsque le
gouvernement M. Saulnier avait fait faire des études en cela
donne une subvention comme celle-ci, de $2 200 000, pour l'ensemble des
activités de la SDI, on a calculé qu'en deux ans et demi, le
gouvernement provincial avait récupéré entièrement
la subvention qui a été versée.
M. Morin: A la page cinq, rien de notoire. En passant, on peut
souligner le sens non partisan du ministre. On observe, au no 920, la Fonderie
Sainte-Croix Ltée, ce qui me fait penser à certain chef de parti
récemment élu. Mais je constate que la prise en charge avait eu
lieu avant l'élection à la chefferie.
M. Saint-Pierre: Cela explique pourquoi M. Bi-ron, lors de
l'émission la onzième heure, a dit qu'on oubliait toujours la
petite entreprise, sauf quelques fois. Alors, j'ai compris.
M. Déziel: Quelques fois, c'est deux fois, M. le
ministre?
M. Saint-Pierre: Mais c'est une très bonne entreprise.
M. Morin: C'est la seule raison, évidemment, du "sauf
quelques fois".
M. Saint-Pierre: C'est une très bonne entreprise, à
ce qu'on me dit. Il y a des bons progrès. Je pense que Biron fait
très bien.
M. Morin: Qualifieriez-vous cette entreprise de petite ou
moyenne?
M. Saint-Pierre: De moyenne.
Dans un premier temps, il y avait eu une fusion avec une fonderie de
Montréal qui avait été achetée de
propriétaires de l'Ontario et, dans un deuxième temps, on a
financé la modernisation. C'est ce prêt que vous voyez maintenant,
avec la prise en charge, la modernisation des installations de Sainte-Croix et
de Valleyfield, dans ce coin-là, aux alentours de Montréal.
M. Morin: Est-ce que le ministre ne craint pas que M. Biron,
devant consacrer désormais tout son temps à la politique, cette
entreprise ne risque de s'effondrer?
M. Saint-Pierre: Non, j'ai l'impression qu'il va revenir
très vite à son entreprise.
M. Déziel: II va se chercher un autre emploi à la
SDI.
Le Président (M. Brisson): Le programme 5,
adopté?
M. Morin: Non, M. le Président. A la page six, je croyais
que le projet Hercules Canada Limited avait été interrompu en
1974 ou en 1975. Je le retrouve ici. Est-ce que le projet a été
complété? Il s'agit d'un montant assez imposant, $4 500 000 de
prise en charge.
Est-ce que le ministre peut nous donner quelques éclaircissements
là-dessus?
M. Saint-Pierre: Le projet avait été suspendu
à la suite de problèmes ouvriers insurmontables, dans le coeur de
l'industrie de la construction. L'entreprise a, depuis ce temps-là,
repris et est en voie de parachèvement. L'usine de polypropylène
devrait être en production dans les prochains mois.
Effectivement, notre prise en charge avait été de l'ordre
de 10% du capital investi, mais elle sera moindre, puisque les coûts
complets du projet vont se rapprocher d'à peu près $50
millions.
M. Morin: A la page sept elles ne sont pas
numérotées, mais à la septième page le no
1023, les Industries du hockey canadien. Ce n'est pas la première
année qu'on voit apparaître cette industrie dans les listes de la
SDI. Elle est classée 2-A. Est-ce qu'il s'agit vraiment d'un produit
nouveau, d'une technologie nouvelle? Les hockeys, il me semble que c'est une
bonne vieille technologie. Ou s'agit-il d'un produit entièrement
nouveau?
M. Saint-Pierre: On aimerait mieux vérifier; on pense
qu'effectivement, la compagnie avait envisagé de se diversifier dans
d'autres secteurs que le hockey. Mais on aimerait mieux vérifier pour
être plus certain. Il est question de skis de fond avec des Italiens,
mais on va vérifier pour savoir si c'est bien cela. On le prendra
demain, on va faire venir le dossier 1023.
M. Morin: Je veux savoir pourquoi on a ac- cordé la cote
2-A. Pourriez-vous, par la même occasion, me retracer les autres prises
en charge, les autres prêts dans le passé? Je suis sûr que
ce n'est pas la première année qu'on voit cette
société apparaître à la liste.
M. Saint-Pierre: On a déjà consenti un prêt
sous la cote 2-C, ce qu'on appelle le prêt conventionnel, à une ou
deux reprises, dans le passé. Je crois que c'est la première fois
qu'il y a une intervention en vertu du programme A et c'est pour cela que
j'aimerais le vérifier. Probablement qu'il y a quelque chose à
part.
M. Morin: Très bien, M. Griffin. Il n'y a pas de
problème. On attendra à demain.
A la page suivante, je vois apparaître une société
dont nous avons parlé il y a deux jours, MLW-Worthington Ltée, je
la vois apparaître, à deux reprises, sous les nos 980, 984; il
s'agit là encore de montants fort importants, parmi les plus
considérables qui se trouvent dans la liste, $2 460 000 dans le premier
cas, $1 192 000, dans le second. De quoi s'agit-il? Pourquoi ces prises en
charge considérables?
M. Saint-Pierre: On aura le dossier détaillé
demain. De mémoire, 984, je ne sais pas pourquoi on a inscrit cela.
C'est parce qu'il faut se rappeler que, juridiquement, la compagnie Bombardier
n'existe plus, puisqu'il y a eu échange de parts et que, finalement,
dans le moment, c'est MLW-Worthington.
Il y aurait trois possibilités. A 2 a, je pense que ce sont les
investissements de Bombardier à La Pocatière et à 2 b, je
penserais que ce serait la fusion entre Bombardier et MLW.
M. Morin: Qui n'a pas...
M. Saint-Pierre: Oui, qui a...
M. Morin: Oui, qui a abouti, d'accord.
M. Saint-Pierre: Elle était admissible au programme 2
b.
M. Morin: Oui, bien sûr.
M. Saint-Pierre: Ce sont deux dossiers qu'on fera venir
demain.
M. Morin: C'est le regroupement avec Marine qui n'a pas
abouti.
M. Saint-Pierre: Qui n'a pas abouti.
M. Morin: C'est cela. Bon. Alors, on peut attendre à
demain pour la réponse. Dans la liste, ce sont les seules questions que
je me posais, mais j'ai d'autres petits problèmes dont j'aimerais vous
entretenir.
Je ne sais pas si je devrais adresser ces questions à M. Griffin.
Je veux qu'il se sente parfaitement à l'aise. Peut-être
devraient-elles plutôt être adressées à M.
Labonté. Mais s'il s'estime autorisé
à donner les réponses, qu'il n'hésite pas à
le faire. Je voudrais savoir ce que pense le représentant de la SDI du
jugement de non-cohérence qui a été porté par les
conseillers industriels Major et Martin dans une étude très
fouillée sur les différents programmes d'aide à
l'industrie. Cela rejoint d'ailleurs une déclaration, dans le même
sens, de M. Saulnier en novembre 1973. Parmi les principaux programmes d'aide
au Québec, on note, par exemple, que la SDI apparaît pour environ
$60 millions, prêts et subventions; la BEI fédérale, pour
environ $70 millions; le MEER fédéral, pour encore $60 millions,
de sorte qu'on a beaucoup de cuisiniers, beaucoup de cuistots pour faire la
même sauce. Est-ce que M. Griffin ou le ministre, parce qu'au fond, la
question pourrait aussi bien lui être adressée... C'est une
question qui a des aspects politiques et c'est pour cela que je
préférerais peut-être qu'il y réponde
lui-même.
M. Saint-Pierre: Personnellement, je suis en désaccord. Il
y a toujours une façon simpliste de voir les choses; si on avait un seul
interlocuteur qui pouvait répondre à tous les besoins, ce serait
plus facile. C'est plus facile pour l'entreprise de savoir à quelle
porte frapper. Mais, bien sûr, quand on a un homme polyvalent qui
répond à tous les besoins... C'est assez difficile d'être,
comme les Anglais disent: all things to all men, la réponse à
toutes les questions qu'on pose.
M. Morin: Oui, mais monsieur...
M. Saint-Pierre: C'est le reproche que je fais aux conclusions du
rapport Major et Martin, c'est qu'on compare quand même des pommes et des
oranges. Qu'on prenne les trois organismes que vous avez mentionnés, et
le fait dominant, c'est que les objectifs de ces trois organismes, que je ne
conteste pas, sont très différents.
La Banque d'expansion industrielle, à l'époque,
était exclusivement dans des cas de financement, donc, vis-à-vis
des garanties réelles, mais qui dépassaient les contributions des
banques. La BEI a fait énormément pour l'entreprise du
Québec comme pour l'entreprise d'autres provinces.
Le MEER, le ministère de l'Expansion économique
régionale, a une vocation régionale, n'a pas une vocation
sectorielle. A tort ou à raison, il tente d'aider les entreprises qui
sont dans des régions données et son aide est fonction de la
localisation de l'entreprise.
Troisièmement, la SDI, elle, n'a pas cet objectif
régional. La SDI a un objectif de transformation de la structure
industrielle. Elle ne verse pas plus d'argent parce qu'on va à
Saint-Prime par Montréal. Elle verse plus d'argent lorsqu'on a un
projet, suivant le programme 2 a, qui répond à des
critères de productivité, de croissance de demande, de
possibilité d'exportation.
Voici trois objectifs. Contrairement à Major et Martin, je pense
que les trois objectifs sont mieux servis par trois organismes qui tentent de
répondre à ces objectifs.
M. Morin: Je ne suis pas sûr que ce soit si simple que
cela. Il doit quand même...
M. Saint-Pierre: Je pourrais écrire un rapport pour dire
que si tous les consultants étaient dans la même boîte, il
serait plus facile pour les gouvernements de savoir à qui s'adresser. Ce
n'est pas certain...
M. Morin: Ces consultants savent certainement ce dont ils
parlent. Ce sont des conseillers industriels qui ont été
chargés par l'Association des commissaires industriels du Québec
de faire l'évaluation de tous ces programmes. Leur verdict est net:
Incohérence, contradiction entre les programmes, programmes trop
nombreux. Cela rejoint d'ailleurs des critiques que le ministre a
déjà entendues de notre part dans le passé. Les programmes
des provinces et du fédéral ont des objectifs si
différents qu'ils en arrivent même dans certains cas à se
contredire. Ils souffrent, et c'est une vieille critique, de l'absence d'une
politique ou d'une stratégie de développement industriel, tant au
niveau canadien qu'au niveau des provinces, etc. J'en passe. Ils tirent
à hue et à dia, sans tenir compte des sous-stratégies
régionales. Ils tendent à favoriser les secteurs agonisants
plutôt que les secteurs qui promettent, etc. Ce ne sont quand même
pas les premiers venus dans le domaine des programmes d'aide, ces gens. Ce
n'est pas la première fois, d'ailleurs, que cette critique est
adressée au ministère. On se souviendra que M. Saulnier avait dit
en somme la même chose en novembre 1973.
M. Saint-Pierre: Je pense, M. le Président, que ce n'est
pas une critique adressée au ministère. Si le
député de Sauvé veut relire le rapport, c'est
peut-être une critique plus adressée au gouvernement
fédéral, et particulièrement à la nature des
programmes d'aide au développement régional du MEER, à
tort ou à raison, encore une fois. Ce sont d'ailleurs des propos pas
tellement originaux, puisque le ministère, chez nous, avait
déjà fait une étude que j'ai rendue publique et dont le
chef de l'Opposition a une copie qui montre jusqu'à quel point les
programmes du MEER n'ont pas aidé nos efforts premiers de transformer la
structure industrielle du Québec et qu'au contraire, la nature des
programmes du MEER tendait à reproduire, à agrandir ou à
continuer notre structure industrielle telle qu'elle était, alors que le
but premier de la SDI était de transformer cela, d'avoir plus de
présence dans des secteurs dynamiques, des secteurs à forte
croissance, et moins dans des secteurs traditionnels. Maintenant, à
cela, les députés des régions rurales seront
peut-être en mesure de répondre que c'est bien beau à
Québec, à Montréal et à Ottawa, mais quand on est
député de Matane ou député de Rimouski et qu'on a
du chômage, cela ne nous fait rien d'avoir du textile, du bois, du
vêtement, n'importe quoi, on veut avoir de l'emploi.
Le gouvernement fédéral répond: Notre vocation est
de diminuer les disparités régionales. On
ne peut pas diminuer les disparités régionales si on tente
d'implanter une usine pétrochimique à Val-d'Or ou à...
M. Morin: Oui, mais, quand même, vous ne pouvez pas nier
qu'il y a une certaine incohérence. Je reviens à ce que disait
cette fois M. Saulnier qui, plus tard, a accepté des
responsabilités à la SDI. Cela se passait en 1973.
M. Saint-Pierre: II était à la SDI.
M. Morin: Oui, il y était déjà, vous avez
raison. Il venait d'y arriver, comme question de fait. Je vous lis un passage
particulièrement intéressant: "Cette réflexion m'a
amené à penser qu'une des meilleures façons de favoriser
le développement économique du Québec était
d'intégrer l'ensemble de nos moyens collectifs à une même
tâche, celle du développement économique de notre nation,
puisque le Québec est une nation." C'est intéressant en passant
de l'entendre reconnaître. Selon M. Saulnier, c'est l'émiettement
de nos moyens qui pénalise les Québécois, alors qu'une
meilleure intégration de nos institutions financières et
politiques dans le processus industriel entraînerait une sorte de
mobilisation générale de nos ressources humaines et
matérielles. Donc, ce n'est pas la première fois qu'on observe
cette espèce de démarche à roue carrée, quand on
voit la prolifération des organismes fédéraux aussi bien
que provinciaux. Est-ce que le ministre ne pense pas tout de même que ce
serait déjà un progrès si c'était le Québec
qui pouvait coordonner l'ensemble de ces organismes et de ces projets?
M. Saint-Pierre: Evidemment, je sais que, dans nos cerveaux
respectifs, on a des hypothèses différentes au départ. Je
ne suis pas certain que vous soyez capable de me suivre dans mon
raisonnement.
M. Morin: On se situe modestement à l'intérieur du
fédéralisme pour l'instant, je vous le dis.
M. Saint-Pierre: Fédéralisme...
M. Morin: Même à l'intérieur du
fédéralisme, est-ce que vous ne pensez pas que ce serait une
bonne chose que tout ça soit coordonné...
M. Saint-Pierre: Oui. M. Morin: ... à
Québec?
M. Saint-Pierre: Justement, M. le Président, c'est la
grande différence des ententes auxiliaires actuelles qui visent à
démarrer, avant que le programme soit rendu public, un effort de
réflexion entre Québec et Ottawa, et de permettre ainsi au
gouvernement canadien de s'adapter au plan de développement prévu
par chacune des provinces. Alors, qu'est-il arrivé dans chacun...
L'essence de l'effort du gouvernement fédéral n'est plus,
maintenant, en termes de donner tant par emploi. Bien sûr, on a
continué ce programme. Mais l'essence de l'effort, que ce soit au niveau
de l'infrastructure industrielle, que ce soit au niveau d'autres programmes,
d'autres ententes auxiliaires qui vont être signées, PICA et
autres, cela a été de s'adapter à ce qui nous semblait le
plus important. Si on prend le propos de cet après-midi, ce n'est pas le
gouvernement fédéral qui a choisi les huit ou neuf villes dans
lesquelles nous avons décidé d'investir au niveau
d'infrastructures industrielles. Si Sherbrooke a eu $5 millions ou $6 millions,
ce n'est pas parce qu'il y a quelqu'un à Ottawa qui l'a
décidé. Vous comprenez?
M. Morin: Oui, mais ce qui m'inquiète, c'est que ces
ententes, ces accords ne correspondent pas nécessairement à ce
que le ministre appelle un plan de développement. Je crains que ce ne
soient encore, la plupart du temps, que des mesures ponctuelles, des mesures
qui ne sont pas coordonnées et c'est dans cet esprit que je...
M. Saint-Pierre: Dans le préambule des ententes
auxiliaires je vais les répéter pour vous il y a
six ou sept objectifs qui me semblent très clairs. Ce n'est pas du
travail au hasard qu'on fait. Cela donne suite à un ensemble de
programmes qui visent à atteindre ces objectifs, que ce soit à
l'intérieur de la SDI ou à l'intérieur du CRIQ. Ces
objectifs sont précis. Vous les avez lus. Vous avez pris connaissance
des objectifs qu'on retrouve...
M. Morin: Oui...
M. Saint-Pierre: ... au préambule de l'entente-cadre?
M. Morin: ... d'accord! Mais ce n'est pas ça qu'on appelle
un plan.
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que vous appelez un plan?
M. Morin: Un plan, une planification économique...
M. Saint-Pierre: On soumet tout le monde...
M. Morin: ... véritable. Cela, c'est une autre affaire.
Vous utilisez le mot plan entre guillemets.
M. Saint-Pierre: Je ne crois pas...
M. Morin: Vous parlez de projets...
M. le Président, est-ce que je pourrais demander à combien
se sont élevés les engagements totaux de la SDI en 1975/76? Cela
a peut-être déjà été mentionné, mais
je voudrais revenir sur la question.
M. Saint-Pierre: En 1975/76, M. le Président, on retrouve
$14 622 000. Au budget de 1976/77, on retrouvera un montant de $23 millions,
dont $21 millions de dépenses de transfert, c'est-à-dire soit des
prises en charge, l'achat de capital-actions ou des prêts...
M. Morin: Combien encore? Je m'excuse!
M. Saint-Pierre: $21 600 000. Le nombre total d'employés
est de 82. Il est stable. On a atteint une vitesse de croisière. Les
dépenses de fonctionnement sont de l'ordre de $1,5 million.
Est-ce que le chef de l'Opposition parle, pour l'année,
effectivement de ce qui a été versé comme montant d'argent
ou les engagements qui avaient pu être pris?
M. Morin: Non, je parlais des engagements,
M. Saint-Pierre: Ah, je m'excuse! Les engagements, il faudrait
parler de $57 millions. Cela inclut $18,9 millions de prêts...
M. Morin: $18,9 millions, oui.
M. Saint-Pierre: $32 millions...
Une Voix: Vous l'avez au tableau 1...
M. Morin: Oui, effectivement, je pense que nous l'avons. Oui, je
pense que nous l'avons.
M. Saint-Pierre: Alors, vous avez... On a $19,4 millions...
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: $31,8 millions de prises en charge et $6,3
millions d'achat de capital-actions.
M. Morin: Oui, nous avons les chiffres, ici. M. Saint-Pierre:
Vous avez les chiffres?
M. Morin: Effectivement au tableau no 1. Je ne vous poserai
qu'une question additionnelle sur cet aspect du dossier.
La subvention réelle représente, en moyenne, quelle partie
de l'investissement? Je sais que M. Saulnier a mentionné le chiffre de
20% dans le passé. Est-ce que ça reste valable?
M. Saint-Pierre: Cela se maintient. Cela a peut-être eu une
tendance à la baisse. On a corrigé notre tir à la suite
d'études pour voir exactement quel est le montant qui va inciter les
gens à réaliser tel projet ou telle autre chose. La plupart de
nos aides vont varier entre 15%, 16%, à 23%, 24% mais la grosse moyenne
est aux alentours de 20%.
Un point qu'il faut signaler, c'est que le montant général
de l'aide est payable sur une période de quatre ou cinq ans. Cela va
jusqu'à cinq ans, mais cela varie de trois à cinq ans.
Le chiffre de 20% n'est pas actualisé au moment de
l'investissement, il est réparti dans le temps. Par contre, c'est sujet
à des objectifs et c'est tout à fait normal que les entreprises
n'atteignent pas tous les objectifs fixés. Seulement de mémoire
et approximativement parlant, on va verser, peut-être,
éventuellement, quelque chose comme 70% de ces aides. Encore
là.
M. Morin: 70%. M. le Président, je croyais que certains
collègues étaient sortis pour des besoins irrépressibles,
mais cela fait une heure qu'ils ne sont pas là et nous avons perdu
quorum depuis longtemps. Je trouve cela injuste pour le député de
Mille-Iles, le député de Joliette-Montcalm, le
député de...
M. Déziel: Le plus beau comté de la province.
M. Morin: ... Saint-François qui sont restés avec
nous. Les autres sont partis. Il n'y aurait pas moyen d'aller voir à la
salle de lecture pour voir s'ils ne se trouveraient pas là, par hasard,
en train de lire à qui mieux mieux.
Le Président (M. Brisson): La bibliothèque est
fermée.
M. Lachance: C'est fermé.
M. Morin: La bibliothèque est fermée.
M. Saint-Pierre: Le député de Laurier nous a dit
qu'on a eu une leçon avec le fait d'ajouter des partis de l'Opposition
et d'ajouter une personne au quorum, cela nous rend la tâche
difficile.
M. Morin: Ce n'est pas comme s'il manquait une personne. Il nous
en manque au moins trois.
M. Saint-Pierre: Du côté ministériel, notre
performance est meilleure que du côté de l'Opposition. Du
côté de l'Opposition, vous êtes 1 sur 4.
M. Morin: Ce n'est certainement pas à l'Opposition qu'il
faut faire le reproche, parce quelle est partout dans toutes les commissions et
elle travaille seule, pendant des semaines.
M. Saint-Pierre: Non, je m'excuse.
Le Président (M. Brisson): Les autres commissions ont
peut-être terminé leurs travaux.
M. Saint-Pierre: Vos parties...
M. Morin: De toutes façons, je trouve vraiment
pénible de ne pas pouvoir compter sur le quorum. C'est vraiment injuste
pour ceux qui sont là.
M. Saint-Pierre: Le parti ministériel vous bat sur cela ce
soir. Vous avez seulement 50% de présence et nous on a plus que 50% des
nôtres.
M. Morin: C'est injuste de le présenter comme cela, parce
que tous mes collègues sont pris dans des commissions parlementaires
autres que celle-ci.
M, Saint-Pierre: Ils ont terminé leur travail depuis
longtemps, ils auraient pu se joindre à nous.
M. Morin: M. le Président, je propose, étant
donné l'absence de quorum, que nous ajournions. Nous pourrons revenir
sur ce programme demain avec votre permission.
Le Président (M. Brisson): Je demanderais aux membres de
la commission de ne pas trop se répéter parce que cela allonge
les travaux inutilement. Il y a certains programmes qu'on a touchés,
mais on y revient en double avec des questions ou des réponses. A ce
moment, je vous demanderais d'avoir plus de méthode.
M. Lachance: Aux membres de l'Opposition?
Le Président (M. Brisson): A tous les membres de la
commission.
M. Morin: II ne faut pas que cela s'adresse aux membres de
l'Opposition, en l'occurrence.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die.
M. Morin: M. le Président, je m'excuse, avant
l'ajournement. J'ai répondu au député des Iles que je
consentirais volontiers, pour l'accommoder, à passer les pêcheries
demain matin. Est-ce que le ministre est d'accord?
M. Saint-Pierre: Oui, le ministre est d'accord. Le
député des Iles vérifie toujours avec moi avant.
M. Morin: C'est moi qui lui ai recommandé de le faire pour
être bien sûr qu'il n'y aurait pas de malentendus.
M. Saint-Pierre: Très bien.
(Fin de la séance à 22 h 44)