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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du mardi 1er juin 1976 (Dix heures trente six minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme, de
la chasse et de la pêche est réunie ce matin pour continuer
l'étude des crédits.
Sont membres de cette commission, M. Bellemare (Johnson); M. Cadieux
(Beauharnois); M. Côté (Matane): M. Déom (Laporte); M.
Denis (Berthier); M. Lachance (Mille-Iles); M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine);
M. Lapointe (Laurentides-Labelle); M. Lessard (Saguenay); M. Malouin
(Drummond); M. Marchand (Laurier); M. Morin (Sauvé); M. Saint-Pierre
(Chambly) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
La parole est au ministre de l'Industrie et du Commerce.
Pêches maritimes
M. Saint-Pierre: M. le Président, pour la bonne marche de
nos travaux, et comme M. La-bonté, le président de la SDI, sera
ici cet après-midi, peut-être puis-je suggérer qu'on entame
la question des pêches maritimes, immédiatement.
Cela nous permettrait, peut-être cet après-midi ou ce soir,
de nettoyer certains de ces dossiers. Sur les pêches maritimes, à
ma droite, bien sûr, le chef de l'Opposition a reconnu le
député des Iles-de-la-Madeleine, qui a eu un mandat particulier
du premier ministre, soit la responsabilité de regarder de près,
sous ma juridiction, tout ce qui touche les pêches maritimes au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
A ma gauche, on a M. Viateur Bernard, qui est le sous-ministre adjoint
aux pêches maritimes.
Je ne voudrais pas repasser tout ce qu'il y a dans le cahier qui a
été remis, la semaine dernière, aux membres de la
commission. Qu'il suffise de mentionner que les budgets des pêches
maritimes sont divisés en trois éléments: Un premier qui
touche l'inventaire, la recherche et la gestion interne du secteur, donc, tout
ce qui touche l'administration et la recherche; où nous avions pour
l'année passée un budget de $1 964 000; nous avons sensiblement
le même budget pour 1976/77. Les variations sont expliquées.
Un des grands points porte, bien sûr, à la fois sur les
augmentations dues aux nouvelles conventions collectives et certaines
diminutions, par des virements au programme 8, élément 2, de $60
000, et des compressions budgétaires, demandées par le Conseil du
trésor, de $70 000.
On a en annexe tout ce qui touche la direction de la recherche de
même que le sommaire des activités de 1975/76 et celles qu'on vise
pour 1976/77.
Un deuxième élément touche la contribution à
l'exploitation de la recherche où, en 1975/76, nous avions un budget de
$4 millions. Vous avez dans le cahier une rétrospective des
activités, des mesures d'aide financière dans ce secteur qui
touche à la fois plusieurs projets, les bateaux de pêche en
construction et également des programmes de transport du poisson, de
compensation pour boîtes, de compensation pour avaries et d'autres types
d'arrêtés en conseil qui ont pu être votés en cours
de route pour aider à l'exploitation de la ressource.
Troisièmement, une contribution à la transformation de la
ressource qui touche surtout, dans cet élément 3, avec un budget
cette année de $5 548 000, les complexes industriels de pêche, le
service de la réfrigération, les parcs industriels de pêche
et également certains des moulins, certaines des usines de
transformation du poisson. Il y a bien sûr des sommes obtenues en vertu
de l'entente de l'Est du Québec et des ententes auxiliaires sur les
infrastructures industrielles dont on retrouvera le détail dans le
cahier. Je ne sais pas si on peut demander au député des
Iles-de-la Madeleine s'il aurait quelques points à ajouter au
départ pour compléter cette présentation et
répondre par la suite aux questions des parlementaires sur les
pêches maritimes.
M. Lacroix: M. le Président, je suis heureux, d'abord, de
signaler à l'honorable chef de l'Opposition que, l'année
dernière, à la toute dernière minute de l'étude des
crédits des pêcheries, il avait fait ses adieux à
l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce puisqu'il lui disait que
c'était la dernière fois qu'il défendait les
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce et des
pêcheries en particulier. Cela ne s'est pas matérialisé et
j'en suis fort heureux parce que le ministre de l'Industrie et du Commerce,
malgré ses nombreuses occupations et ses responsabilités, a
toujours apporté, lorsque c'était requis, une attention
particulière aux problèmes des pêcheries et des
pêcheurs
En septembre 1975, le premier ministre, avec la collaboration du
ministre responsable, me nommait responsable des pêcheries maritimes et
commerciales de la province de Québec.
Dans les statuts de la province, cela place un peu tout le monde dans
une situation difficile, puisque le poste de responsable d'un domaine
particulier dans un ministère dévolu à un
député n'existe pas légalement et ça place le
député en question et les fonctionnaires dans une situation
difficile étant donné qu'ils ne savent pas exactement quelles
doivent être leurs relations avec la personne qui est choisie
responsable, le ministre et les autres ministères. Naturellement,
malgré tout, j'ai essayé d'être le plus amical possible et
d'y aller avec le plus de doigté possible afin de ne pas mettre en
difficulté ni les fonctionnaires, ni le ministre, ni le
gouvernement.
Je tiens à signaler, en premier lieu, que la direction
générale des pêcheries a, à son service, des
fonctionnaires de grande valeur, d'expérience, qui ont beaucoup de sens
de responsabilité et je veux leur rendre un hommage très
particulier. Naturellement, si je lis le Radar du jeudi 27 mai, qu'a dû
certainement consulter mon honorable ami, le chef de l'Opposition, je devrai
faire des commentaires fort courts concernant les pêcheries, puisque la
page 3, c'est naturellement du vicaire de Lévesque, des
Iles-de-la-Madeleine, le révérend père Achille Hubert: "Au
niveau des pêcheries, nous sommes présentement dans un vide
incroyable du côté du Québec. L'incompétence,
l'ignorance et le laissez-faire règnent en maître dans cette
galère de M. Lacroix. Celui-ci ne connaît absolument rien au
domaine de la pêche et, chaque fois qu'il ouvre la bouche pour parler de
la pêche ou qu'il pose un geste quelconque, il se met toujours le doigt
dans l'oeil ou ailleurs." Ailleurs, le révérend père doit
connaître ça. "Lacroix est à la pêche ce qu'est un
chien dans une allée de quilles, c'est-à-dire vraiment pas
à sa place". Je crois que le révérend père Achille
Hubert n'était pas à sa place chez les Dominicains, pas plus
qu'il est à sa place chez les journalistes.
De toute façon, pour revenir aux choses sérieuses, aux
choses de valeur, aux hommes de valeur, je dois dire que, depuis que j'ai
accepté de travailler en étroite collaboration avec le ministre,
peut-être que j'ai accepté un défi que je n'aurais pas
dû relever, étant donné la situation particulière
dans laquelle je me trouvais, en étant le représentant d'un
comté dont la population vit presque exclusivement de la
pêche.
Naturellement les pêcheurs et ceux qui vivent de la pêche,
s'imaginent qu'étant responsable des pêches, rien n'est impossible
et que les miracles sont à la portée de "Lacroix ".
Ce n'est pas tout à fait la situation, mais tout de même,
j'ai essayé, avec les modestes moyens dont la Providence m'adoté,
de travailler à améliorer la situation des pêcheurs, des
aides-pêcheurs, des employés d'usines, des entreprises, qu'elles
soient privées ou coopératives, soit de la Gaspésie, des
Iles-de-la-Madeleine, ou de la Basse et de la Moyenne-Côte- Nord.
Depuis octobre 1975, nous nous sommes attachés
particulièrement à essayer de trouver une solution au
problème des employés d'usines qui, à cause d'arrivages
irréguliers de matières premières aux usines, ne
travaillaient qu'un certain nombre d'heures par semaine.
Il ne s'agissait pas du salaire annuel garanti, mais d'un
supplément de revenu pour compenser les heures non travaillées.
Il s'agissait, en somme, de compenser à un taux horaire X les heures non
travaillées, pour que ceux qui oeuvrent dans ce domaine puissent
bénéficier d'un revenu suffisant pour faire face à leurs
obligations et puissent bénéficier également de
prestations d'assurance-chômage plus généreuses et plus
substantielles.
Nous avons eu, à ce sujet, de nombreuses rencontres, de
nombreuses discussions. M. Gauthier, de la Direction générale des
pêcheries, a fait un excellent travail pour présenter un rapport
au comité interministériel des ressources humaines. Par la suite,
le ministère des Affaires sociales a présenté un projet,
également, qui tendait à complémenter, à remplacer
ou à améliorer le système qui avait été
proposé par celui qui vous parle, après consultation avec les
députés et les gens du milieu, soit à Gaspé,
à Tabatière et aux Iles-de-la-Madeleine mêmes.
Jusqu'à maintenant, le travail n'est pas encore
complété, mais nous espérons bien être en mesure de
soumettre au Conseil des ministres et d'obtenir une approbation d'ici le
début de juillet, concernant ce supplément de revenus aux
employés d'usines, pour autant que les usines pourront fonctionner, s'il
y a approvisionnement raisonnable de poisson pour fournir ces
différentes usines situées sur la Moyenne-Côte-Nord, la
Basse-Côte-Nord, aux Iles-de-la-Madeleine ou en Gaspésie.
Par la suite, nous nous sommes attaqués à aider plus
généreusement les pêcheurs par des subventions, soit pour
la construction de nouvelles embarcations, soit pour l'achat de moteurs, soit
pour le renouvellement, l'amélioration des embarcations
déjà en opération.
Cela a nécessité l'adoption de trois arrêtés
en conseil, soit les arrêtés en conseil 377-76, 4269-75 et
4765-75.
Je crois que ces subventions, plus généreuses et nouvelles
dans certains cas, permettront certainement aux pêcheurs de compenser le
coût plus élevé d'exploitation qu'ils doivent assumer
également dans l'exercice de leur métier, comme tous les autres,
alors que leurs revenus sont plafonnés.
Il reste un domaine qui n'est pas couvert par nos arrêtés
en conseil, c'est la perte des casiers à homard. En 1973, aux
Iles-de-la-Madeleine, à la suite d'une tempête, le gouvernement,
grâce à la compréhension du ministre et à son
intervention auprès du Conseil des ministres, avait versé environ
$210 000 en compensation pour les pertes subies par les pêcheurs
propriétaires aux Iles-de-la-Madeleine.
Malheureusement, la même chose s'est produite ou, à peu
près, en 1975. Mais le gouvernement fédéral a
suggéré une nouvelle façon de remplacer ou de compenser
les pertes pour tous les pêcheurs de homard de la région de l'Est
du Canada. Selon cette proposition, le pêcheur versait 25% d'une prime
établie, le gouvernement provincial 25% et le gouvernement
fédéral 50%.
Il y avait compensation lorsque dans un secteur donné, il y avait
des pertes supérieures à 40% des casiers mis à la mer.
Cette proposition n'a pas été acceptée par les
pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine et a été acceptée,
sans enthousiasme, par ceux de la Gaspésie. Etant donné que les
pêcheurs de homard voient la vente de leurs produits plafonnée,
parce que la vente au comptoir du homard en boîte de cinq onces ou du
"cold packed est à un prix aujourd'hui excessif cela devient un
produit réellement de luxe qui n'est pas à la portée de
tout le monde étant donné que les pêcheurs ne
peuvent espérer recevoir une
augmentation appréciable de leur revenu, étant
donné que les pêcheurs doivent remplacer leur gréement,
leurs agrès de pêche, leurs casiers, les filets, les
bouées, tous les cinq ans, j'ai proposé que le gouvernement
compense, lors de l'émission des permis de pêche, chaque
pêcheur, pour un montant de $5 par casier, représentant 20% des
casiers qui sont mis à la mer; ce qui devient une prime directe, une
subvention directe aux pêcheurs. Cette proposition est actuellement
à l'étude. Elle a été soumise aux pêcheurs de
la Gaspésie la semaine dernière, lors du congrès de la
Chambre de commerce à Grande-Rivière. Elle a été
acceptée et elle le sera également aux Iles-de-la-Madeleine,
puisque la proposition vient d'un très grand nombre de pêcheurs de
homard de la Gaspésie. Quant à ceux de la Côte-Nord, ils
sont prêts à accepter cette compensation.
Espérons que le gouvernement fédéral pourra
participer à cette compensation, comme il nous l'offrait dans son
régime d'assurance qui nous semble inacceptable à cause aes
difficultés techniques d'application et surtout d'évaluation des
pertes en cas de tempête.
Maintenant, la situation actuelle des pêches dans le golfe est
assez dramatique, assez difficile.
M. Morin: Je m'excuse auprès du député des
Iles. Ce qu'il dit est fort important, mais malheureusement il nous manque le
quorum pour l'écouter. Je pense qu'il serait opportun d'aller chercher
les membres qui manquent.
M. Lacroix: Naturellement, on pensait comme le
révérend père Achille Hubert. On savait que je connaissais
assez bien le problème pour parler pour deux.
M. Morin: Je pense que vos insinuations à l'endroit de M.
Hubert je vous le dis en passant et en toute amitié sont
grossières, et vous pourriez, si vous aviez le moindrement de
dignité, vous dispenser de répandre du fiel sur vos adversaires
politiques, Je crois que cela ne vous avantage pas.
M. Lacroix: J'accepte votre remarque et j'espère que celui
dont nous parlons, tous les deux, en tiendra également compte, parce que
lui, ce n'est pas seulement du fiel, c'est du venin qu'il déverse chaque
semaine.
M. Morin: Je suis sûr qu'il ne s'en prend pas à
votre vie privée, ni à vous personnellement. M s'en prend
peut-être à vos idées, à vos réalisations ou
à votre manque de réalisations, mais je serais
étonné qu'il s'en prenne à votre personne.
M. Lacroix: De toute façon, il est d'une
malhonnêteté que vous n'êtes peut-être pas en mesure
de juger, mais, de toute façon, nous l'oublierons totalement, et je
pense que vous avez raison, c'est la meilleure façon de le tuer.
(Suspension de la séance à 10 h 57)
Reprise de la séance à 11 h 3
Le Président (M. Pilote): Nous avons quorum,
messieurs.
M. Lacroix: M. le Président, la situation actuelle dans le
golfe Saint-Laurent, la situation des pêcheries maritimes et commerciales
n'est pas très reluisante.
La situation est même très difficile et, à cause des
stocks de poisson qui ont diminué considérablement, nous ne
savons pas exactement ce qui va se passer au cours de la présente
saison.
Naturellement, nous devons nous en tenir à la politique
canadienne des pêches.
Le chef de l'Opposition a certainement dû obtenir une copie de "La
Politique canadienne pour la pêche commerciale" qui a été
publié en mai 1976 par Environnement Canada et, le 10 mai 1976, le
ministre d'Etat aux Pêches, M. Roméo Leblanc, écrivait au
ministre Guy Saint-Pierre et lui disait ceci: "Lors d'une récente
rencontre avec M. Lacroix, nous avons effleuré la question de
l'émission de permis de pêche par le Québec aux
pêcheurs qui résident dans les autres provinces. "Je comprends
bien que l'intérêt de la province de Québec est de
protéger et de conserver les ressources aquatiques situées dans
les eaux côtières. En même temps, ces mesures ont
contribué à donner un avantage aux pêcheurs
québécois face aux autres pêcheurs. "Tout en comprenant les
raisons d'une telle politique, je ne peux, en tant que ministre
fédéral, responsable des pêches, ignorer les plaintes qui
ont été portées à mon attention par les
pécheurs des autres provinces. "J'ai même appris que quelques
accusations ont été portées par la province de
Québec contre certains de ces pêcheurs. Ces pêcheurs
prétendent que les ressources aquatiques dans lesdites eaux
appartiennent également à tous les Canadiens et, comme ils sont
résidents d'une autre province, ils n'acceptent pas de discrimination
fondée sur leur résidence ailleurs qu'au Québec dans le
domaine de la pêche. "Mes conseillers juridiques m'ont assuré de
la validité légale de ce point de vue. Par conséquent, je
dois vous exprimer mon profond désaccord face à votre
présente politique. "J'espère que vous serez de mon avis sur
cette question et qu'il vous sera possible de prendre les mesures pour corriger
cette situation".
Naturellement, la politique canadienne des pêches a imposé,
comme le Canada fait partie de la CIPANO... Il y a des quotas qui ont
été établis pour le Canada sur la côte Est.
Vous avez, par exemple, des quotas de 30 000 tonnes de sébaste et
19 000 tonnes de morue. Mais, au cours de l'hiver, les pêcheurs de
Terre-Neuve et de la Nouvelle-Ecosse ont capturé 24 000 tonnes des 30
000 du quota de sébaste et 15 000 tonnes des 19 000 tonnes de morue, sur
les quotas établis. Vous comprendrez qu'il reste 6000 tonnes de
sébaste à capturer sur les quotas et 4000 de
morue, plus 4000 tonnes pour les pêcheurs cô-tiers, mais,
tout de même, ce n'est pas suffisant pour les opérations des
usines et plusieurs usines voient leur situation compromise, telles l'usine de
La Tabatière, de St. Lawrence Sea Products, celle de Gorton, à
Cap-aux-Meules, et les usines des Pêcheurs unis ou des autres, soit
Newport, Grande-Rivière, Paspébiac, Rivière-au-Renard,
Saint-Maurice, Cloridorme et bien d'autres qui sont établis dans ces
différents centres de pêche.
M. Morin: M. le député, auriez-vous objection
à répéter, par rapport aux contingents de CIPANO, les
prises des pêcheurs qui ne sont pas québécois?
M. Lacroix: De Terre-Neuve et de la Nouvelle-Ecosse, 24 000
tonnes sur 30 000 tonnes de sébaste et 15 000 tonnes de morue sur un
quota établi à 19 000 tonnes.
M. Morin: C'est le contingent de 1975 ou le contingent de
1976?
M. Lacroix: De 1976.
M. Morin: Evidemment, ces zones 4-S, 4-T et 4-R, c'est dans le
golfe, si je comprends bien.
M. Lacroix: C'est dans les zones qui nous sont allouées
par CIPANO. Vous les trouvez à 4-T, 4-S, 4-R et aussi 4-VN et 3-PS
où on peut aller pêcher également. Mais on reviendra sur ce
point, si vous permettez.
M. Morin: Oui.
M. Lacroix: J'ai répondu en date du 17 mai 1976 à
la lettre de M. Leblanc. Je répondais donc à l'honorable Leblanc:
"Je reçois copie de la lettre que vous adressiez à l'honorable
Guy Saint-Pierre, ministre de l'Industrie et du Commerce, concernant certains
litiges entre le Québec et les autres provinces de l'Est du Canada au
sujet des ressources aquatiques. "Je crois qu'il serait urgent que les
responsables des pêcheries des provinces maritimes et vous-même
vous réunissiez dans les plus bref délais afin que l'on puisse
s'entendre amicalement sur les problèmes que nous avons à
résoudre. Il est indéniable que les ressources aquatiques dans le
secteur en question appartiennent aux Canadiens, mais il est inconcevable que
votre ministère accepte que les pêcheurs de Terre-Neuve et de la
Nouvelle-Ecosse capturent l'hiver la presque totalité des quotas
établis pour les provinces maritimes. "A priori, votre position peut
sembler raisonnable, mais, dans les faits, elle est tout à fait
discriminatoire et inacceptable pour les provinces de Québec et de
l'Ile-du-Prince-Edouard, et il n'y a aucun doute que ceux de votre province ne
l'accepteront pas davantage. Personnellement, je n'accepterai jamais que le
partage 50/50 soit un cheval pour Terre-Neuve et la Nouvelle-Ecosse et un lapin
pour le Québec, l'Ile-du-Prince-Edouard et le Nouveau-Brunswick. '
Je crois que, dimanche, j'aurai l'occasion d'en rediscuter avec
l'honorable ministre des Pêches d'Ottawa, le ministre d'Etat, l'honorable
Leblanc, qui sera aux Iles-de-la-Madeleine, et j'y serai moi-même
à l'occasion de la réunion annuelle de la Chambre de commerce. M.
Leblanc a convoqué également une réunion de tous les
pêcheurs. Il est certain que nous ne pouvons pas, avec le quota qui est
établi, et également ce qu'il reste à capturer, qui se
trouve particulièrement dans les zones 4-S et 4-R, où il y a
l'été, premièrement, peu de concentration de poisson et ou
l'on trouve les fonds les plus difficiles pour les chalutiers, puisque les
fonds sont rocailleux et que l'on risque de perdre assez fréquemment des
chaluts qui sont fort dispendieux.
D'un autre côté, on veut empêcher les bateaux de 100
pieds et plus qui pêchent par l'arrière, de participer à la
pêche dans le golfe, ce qui veut dire qu'au Québec, ça nous
touche d'une façon tout à fait particulière étant
donné que les cinq bateaux qui alimentent l'usine de Cap-aux-Meules sont
des bateaux de pêche arrière, des bateaux récents. Il y en
a un également attaché à l'usine des produits de
pêche du golfe à Paspébiac qui se trouve effacé de
la carte également.
Quant aux autres bateaux de pêche par le côté,
naturellement, avec les quotas qui restent, ils ne pourront pas faire une
saison de pêche rentable et l'avenir de ces usines est fort
compromis.
Récemment, le gouvernement canadien, par l'entremise de M.
Roméo Leblanc, a accepté de signer un accord avec le gouvernement
de la Russie pour qu'elle diminue sa capture de sébaste sur la
côte est du Canada contre un quota plus élevé de capelan.
Nous n'avons pas d'objection à ce que la Russie capture une plus grande
quantité de capelan parce que ce poisson nous intéresse plus ou
moins, puisque nous n'en faisons pas une pêche importante, et que ce
n'est pas un poisson qui a la valeur du hareng ou des autres sortes de poisson
que l'on trouve, particulièrement la sébaste.
Quant au gouvernement du Canada, dans sa politique de pêche, il
devra, dans un avenir très prochain, s'il veut corriger la situation que
les pêcheurs connaissent dans le golfe, il n'y a pas seulement la
province de Québec qui est intéressée, il y a
également l'Ile-du-Prince-Edouard et le Nouveau-Brunswick pousser
la juridiction canadienne sur la gestion des pêches à au moins 200
milles des côtes, ce qui donnera accès à des ressources
beaucoup plus considérables aux pêcheurs de Terre-Neuve et de la
Nouvelle-Ecosse. Ce qui devrait permettre de nous entendre avec ces deux
provinces pour que du 1er janvier au 31 mai, on empêche les
pêcheurs de ces deux provinces de pêcher dans les zones 4-VN et
3-PS puisque nous retrouvons dans ces zones le même poisson, que dans la
zone 4-T. Le poisson de la zone 4-T sort vers l'extérieur et s'en va
dans les zones 4-VN et 3-PS et revient. Naturellement, lorsqu'on le capture
lorsqu'il sort du golfe et que l'on reprend le reste lorsqu'il veut revenir
à l'intérieur
du golfe, il est certain que jamais les ressources du golfe ne pourront
se renouveler de façon satisfaisante pour permettre l'augmentation des
stocks pour suffire à la pêche que nous avons au Québec
avec les améliorations qui ont été apportées depuis
quelques années aux méthodes de pêche et aussi aux
embarcations de pêche plus grandes, de rayon d'action plus
considérable ou qui sont organisées avec de meilleurs
agrès de pêche.
Naturellement, il faudra intervenir très fermement auprès
du gouvernement du Canada pour que des décisions soient prises dans les
plus brefs délais parce qu'il est fort possible que l'an prochain, il
n'y ait même pas de quota pour la sé-baste. Nous avons des usines
qui sont organisées pour traiter particulièrement cette sorte de
poisson. Nous avons des équipements qui ont coûté
énormément cher, des bateaux qui ont coûté cher et
qui n'ont pas une autonomie, un rayon d'action assez considérable pour
leur permettre d'aller pêcher à l'extérieur du golfe et de
rapporter à nos usines les matières premières à des
prix qui leur permettent de travailler avec profit.
De ce côté-là, il va falloir en venir à une
entente avec le gouvernement du Canada et avec les gouvernements des provinces
maritimes, particulièrement le gouvernement terre-neuvien et celui de la
Nouvelle-Ecosse, pour que tout le monde ait une chance égale et ait
accès également aux ressources aquatiques qui sont la
propriété des Canadiens, comme le mentionne M. Leblanc dans sa
lettre. Je considère que les pêcheurs de la province de
Québec, comme les pêcheurs de l'Ile-du-Prince-Edouard et ceux du
Nouveau-Brunswick, sont également des pêcheurs canadiens et qu'ils
ont droit, à leur juste part des captures.
Si l'on ne veut pas changer les quotas premièrement, il
faut toujours en évaluer la possibilité mais, s'il n'y a
pas possibilité d'augmenter les quotas à cause des stocks de
poissons qui seront diminués, à ce moment-là, qu'on nous
réserve au moins notre part juste et raisonnable.
Si vous voulez certains exemples sur la différence qu'il peut y
avoir avec les débarquements de poisson aux Iles-de-la-Madeleine au
cours des quatre dernières années, je n'ai pas les chiffres pour
la Gaspésie, la Moyenne et la Basse-Côte-Nord, mais je crois que
les moyennes peuvent s'établir à peu près de la même
façon.
En 1972, par exemple, il s'est débarqué, aux
Iles-de-la-Madeleine, 28 600 000 livres de sébaste; en 1973, 49 035 000
livres-, en 1974, 26 359 000 livres; en 1975, 23 194 000 livres et cette
année, le contingentement pour les trois provinces, le Québec,
l'Ile-du-Prince-Edouard et le Nouveau-Brunswick, est de 6000 tonnes, ce qui
veut dire 12 millions de livres. Cela signifie qu'il n'y a pas suffisamment de
matières premières pour opérer les usines que nous
possédons actuellement.
M. Morin: C'est dramatique!
M. Lacroix: Certainement que la situation est très
difficile et nous en sommes fort conscients. Je pense que je ne fais pas de
politique partisane en disant que la situation doit être redressée
dans les plus brefs délais et que l'on doive tous se donner la main, non
seulement la province de Québec, mais également les autres
gouvernements intéressés, pour trouver une solution au
problème des pêcheries, puisque la très grande
majorité des personnes impliquées ne peut pas s'intégrer
dans un autre secteur d'activité, soit à cause de leur formation,
soit à cause de leur âge. Il reste toujours le milieu dans lequel
elles ont évolué.
Le 10 mai, j'avais adressé à l'honorable Roméo
Leblanc, un télégramme qui se lisait comme suit: "Votre
télégramme du 5 mai, concernant la morue, nous apparaît de
nature à décourager toute initiative de pêche par le
Québec, dans le golfe Saint-Laurent, pour la présente saison de
pêche, et nous laisse entendre que vous nous demandez d'en terminer avec
la pêche.
Nous indiquer, qu'il ne restera pas plus de 4000 tonnes métriques
de morue à capturer dans la zone 4-T, signifie un mois
d'opération pour nos usines de la Gaspésie qui sont
alimentées par des bateaux de moins de 100 pieds de longueur.
Vos télégrammes précédents avaient
déjà si-ginfié l'arrêt de l'opération des
bateaux de plus de 100 pieds et des usines qui en dépendent. Vous et vos
fonctionnaires devez être au courant que, comme par le passé, nous
avons planifié notre opération 1976 et que déjà,
nos bateaux et nos usines sont en opération ou prêts à
opérer et que des dépenses très appréciables ont
déjà été engagées.
Vos propositions auraient, à notre avis, des conséquences
dramatiques au niveau des pêcheurs, des travailleurs d'usine et des
nombreuses collectivités locales qui dépendent exclusivement de
la pêche. C'est pourquoi nous ne pouvons pas donner suite à votre
télégramme avant d'avoir plus de détails sur la
stratégie que vous attendez promouvoir pour solutionner les
problèmes qui résultent des diverses propositions que vous avez
faites concernant la morue et le sébaste.
Conséquemment, en vertu de ma qualité de responsable des
pêches du Québec, j'envisage, pour l'immédiat, la
continuation de l'administration de nos pêches, comme par le passé
sans toutefois fermer la porte à toute stratégie de gestion qui
se montrerait propice à une distribution équitable de la
ressource de la faune aquatique de l'Est canadien."
J'ai bien l'impression que M. Leblanc ne vient pas aux îles pour
nous annoncer qu'il va restreindre davantage les opérations de
pêche dans le golfe. Cela me place dans une position un peu difficile,
aujourd'hui, pour discuter du problème que nous connaissons, puisque
nous ne connaissons pas... D'ailleurs, M. le sous-ministre pourra vous donner
d'autres explications tantôt, au point de vue des communications et des
techniques. Il en connaît beaucoup plus que moi. Je lui ai
demandé, hier, de communiquer avec Ottawa pour obtenir des informations
supplémentaires, concernant les intentions du gouvernement
fédéral quant aux quotas de pêche.
M. Barras est aujourd'hui à Ottawa. Il est directeur à la
direction générale des pêcheries. Il discutera de cette
question en plus de celle de l'impact des nouvelles réglementations de
l'assurance-chômage qui ont été annoncées dans le
dernier discours du budget.
Il y a aussi le problème du hareng, M. le Président. Aux
Iles-de-la-Madeleine, nous avons plusieurs fumoirs qui emploient beaucoup de
gens, soit à la pêche, pour capturer le hareng, soit aussi pour
travailler à la préparation du hareng dans les fumoirs. Par la
suite, il y a encore un plus grand nombre de personnes qui sont engagées
pour faire la mise en caisse, la préparation pour la mise en
marché du hareng fumé.
Cette année, c'est un désastre, puisque nous n'avons pas
pu capturer de hareng. Le hareng ne s'est pas approché des côtes
des Iles-de-la-Madeleine. Là aussi, il faudrait intervenir auprès
du gouvernement fédéral, avec fermeté, pour demander que
la pêche au hareng, par les grands chalutiers, soit défendue
pendant la période du frai. Le frai du hareng se fait dans la
période, approximativement, du 15 avril au 15 mai.
A ce moment, les grands chalutiers, les sei-neurs, comme on les appelle,
travaillent à pleine capacité, en dehors d'une certaine zone qui
est limitée à l'est des Iles-de-la-Madeleine, mais, autour du
Rocher-aux-Oiseaux, les seineurs capturent des quantités très
considérables de hareng. Apparemment, cela aurait pour effet de changer
la course du hareng qui se dirige davantage vers le Nouveau-Brunswick. Cette
année je ne sais pas si c'est un hasard ou si cela confirme ce
que les pêcheurs me disent les quotas de hareng sont
déjà pris et les seineurs sont attachés au
Nouveau-Brunswick où il y a encore des quantités très
considérables de hareng.
Je crois que, si l'on empêchait les seineurs de pêcher le
hareng pendant la période de frai, cela aurait pour avantage de
permettre à ce poisson pélagique de se reproduire davantage et
d'avoir une continuité. Ces seineurs pourraient très facilement,
après la période de frai, aller capturer les quotas qui leur sont
alloués, sans nuire aux autres utilisateurs, à ceux qui ont
besoin du hareng. Nous en avons besoin pour nos fumoirs à hareng, mais
nous en avons également besoin pour la bouette, pour les pêcheurs
de homard.
Pour vous donner une petite idée de l'ordre de grandeur, chaque
jour de pêche au homard, seulement pour les Iles-de-la-Madeleine, cela
demande 135 000 livres de hareng pour la bouette. Quand nous avions du poisson
rouge, nous pouvions toujours utiliser les déchets de la sébaste,
mais comme nous n'en avons pas et qu'il était défendu de le
pêcher avant le 1er juin, c'est-à-dire aujourd'hui, cela
plaçait les pêcheurs dans une situation très difficile.
Comme je le mentionnais, nous n'avons pas d'objection au quota tel
qu'établi actuellement. Nous avons des objections très grandes
quant aux dates qui sont déterminées pour la pêche à
l'intérieur du golfe par les bateaux seineurs.
Les producteurs qui ont engagé des dépenses
considérables en vue de la préparation de leur campagne de
pêche pour remplir leur fumoir sont dans une situation difficile. Nous
adresserons certainement une demande d'assistance que nous devrons
étudier avec une attention très grande, parce que ces gens se
trouvent réellement dans une situation très difficile. Je n'ai
pas eu le temps d'en discuter avec les gens du ministère qui sont
beaucoup plus connaisseurs que moi à ce sujet, particulièrement
M. Bernard, M. Barras, M. La-chance, M. Boulanger et d'autres dont les noms
m'échappent, mais il y aurait peut-être possibilité de
louer des seineurs actuellement, même si la saison commence à
être tardive, si le gouvernement fédéral consentait
à nous allouer un quota supplémentaire de 3000 tonnes
approximativement de capture de hareng pour remplir les fumoirs, ce qui
aiderait grandement à l'amélioration de la situation
économique que nous allons connaître si nous ne faisons pas
quelque chose en vue d'améliorer la situation.
Si nous allons voir, par exemple, l'usine de Gorton aux
Iles-de-la-Madeleine à Cap-aux-Meules, l'année dernière,
elle a produit, en produits congelés, plus de 5,5 millions de livres.
Cette année, elle ne prévoit pas en produire, même en
étant très généreux, très optimiste,
beaucoup plus de 3,5 millions de livres, ce qui descendra la moyenne de jours
travaillés de 186 à environ 129 jours; ce qui diminuera,
même si le salaire horaire des employés d'usine qui était
en moyenne de $3.21 l'an dernier, il sera cette année de $3.92, la liste
de paye des employés d'usine d'environ $300 000. Le nombre des
employés sera diminué également. Le salaire moyen par
employé, d'environ $6000, descendra à $5500. Je ne crois pas que
ce soit le temps idéal pour diminuer le revenu des employés de
ces usines.
L'an dernier, aux Iles-de-la-Madeleine, dans la même usine, on a
débarqué 21 millions de livres de poisson. Cette année, on
ne prévoit pas en débarquer plus que 13 millions. La valeur au
débarquement sera diminuée de près de 30%. La valeur
payée aux membres d'équipage sera diminuée dans la
même proportion; ce qui fait que les membres d'équipage, au lieu
d'avoir un revenu moyen qui était l'an dernier de près de $13
000, se contentent cette année d'environ $8500, en étant
optimiste. Ce fait n'est pas de nature à encourager les gens à
rester dans le milieu. Je crois que le gouvernement, comme je l'ai dit au
ministre au mois de septembre l'an dernier, s'il croit aux pêcheries, il
devra investir les montants nécessaires pour les maintenir pendant une
période qui peut s'étendre de trois à quatre ans en
attendant que les stocks se reproduisent...
M. Morin: C'est Ottawa qui décide cela, M. le
député.
M. Lacroix: Oui, mais il n'y a pas seulement Ottawa, nous faisons
partie de CIPANO, ou l'ICNAF. Les quotas sont établis par la Commission
internationale des pêcheries de l'Atlantique Nord-Ouest. Naturellement,
tant et aussi longtemps que le Canada fait partie de l'ICNAF, ou
de CIPANO, il doit se soumettre aux réglementations de cet
organisme.
C'est pourquoi je mentionnais tantôt que le gouvernement canadien
devrait, dans les plus brefs délais, ramener ses limites de pêche
et la gestion de ses pêcheries aux limites de 200 milles des
côtes.
Naturellement, il y a eu mauvaise gestion des pêcheries. C'est
indéniable. On a cru pendant longtemps que les ressources de la mer
étaient inépuisables. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a eu
surpêche il n'est jamais trop tard pour admettre une erreur
et le gouvernement canadien devra agir unilatéralement, s'il le faut,
mais il faudra qu'il agisse dans les plus brefs délais, si on veut que
les stocks se reconstituent à l'intérieur du golfe.
Quant à nous, nous devrons peut-être prévoir la
transformation de nos unités de pêche pour leur donner une
autonomie d'opération plus grande. Il faudra aider l'industrie à
faire ces transformations, parce qu'il y a des études assez complexes.
Si nous ajoutons des réservoirs plus grands pour qu'on puisse mettre
à bord d'un chalutier plus de carburant, il faudra également
prévoir des moyens techniques pour pouvoir emmagasiner plus de glace
pour que le bateau reste en pêche plus longtemps pour rapporter du
poisson à l'usine, de la matière première.
Il faudra peut-être prévoir un pont additionnel pour
faciliter les opérations. Tout cela ne va pas, on peut le dire, comme
cela, mais il y a un problème de stabilité des bateaux. Il y a un
problème de protection pour les équipages et pour les
embarcations elles-mêmes. Il est certain que le gouvernement du
Québec devra investir des sommes pour aider les industries qui
travaillent dans ce domaine et qui veulent y rester, y demeurer, et participer
à l'économie du Québec et du Canada.
Les pêcheries sont une industrie qui peut être d'un apport
considérable à l'économie du Québec. Elles font
vivre, à l'heure actuelle, plusieurs centaines et plusieurs milliers
d'individus, de façon plus ou moins stable, avec des revenus plus ou
moins réguliers. C'est une question qu'il faudra étudier,
évaluer, et il faudra certainement aider ces gens à demeurer dans
le milieu pour éviter que l'exode de la population se continue et pour
permettre, si on veut que ces gens demeurent dans le milieu, de fonctionner
lorsqu'il y aura reprise, parce que, d'après notre personnel, il devrait
y avoir une reprise des pêches, normalement, toujours, naturellement,
avec la grande collaboration de la Providence, dans les trois ou quatre
prochaines années; les stocks seront reformés, et nous suivons
continuellement avec nos biologistes, nos scientifiques, les travaux entrepris
sur le renouvellement des stocks de poisson, sa localisation, son genre de vie
et, en fait, son milieu de vie.
Il y a bien des choses qui échappent à l'homme dans ce
domaine, mais, tout de même, je crois que nous possédons le
personnel nécessaire pour faire un excellent travail, si nous lui
fournissons les outils requis pour pouvoir le faire, pour que le personnel
puisse s'acquitter de son travail.
Nous n'avons pas de bateau océanographi- que. Le coût en
est actuellement prohibitif, mais il y aurait peut-être
possibilité d'en louer un pour faire des travaux de recherche, pour
aider les scientifiques dans leurs travaux de recherche pour qu'ils soient plus
avancés.
Etant donné le problème qui existe dans la pêche au
sébaste et à la morue, il y a un danger que les bateaux de
pêche, lorsque les quotas auront été atteints, se dirigent
vers d'autres pêches et, particulièrement, la pêche à
la crevette, qui est une pêche assez rentable, actuellement.
L'année dernière, il s'est capturé environ cinq
millions de livres de crevette au Québec cinq à six
millions et les possibilités sont de l'ordre de dix millions,
mais, s'il faut que tous les bateaux du Québec, du Nouveau-Brunswick et
de l'lle-du-Prince-Edouard, ne pouvant plus servir à la pêche
à la morue, servent à la pêche à la crevette, il y a
danger que l'on épuise l'espèce comme nous l'avons fait chez nous
avec le pétoncle et c'est une chose qu'il faudrait éviter
à tout prix, si nous ne voulons pas que nos pêcheries s'en aillent
chez le diable directement.
Il y a également un problème que nous avons résolu
cette année, c'est celui de la pêche au saumon. Depuis cinq ans,
il y a un ban sur la pêche commerciale au saumon en Gaspésie, dans
la baie des Chaleurs, à partir de la côte de la Gaspésie,
du comté de mon collègue de Matane, jusqu'à
l'intérieur de la baie des Chaleurs.
La pêche au saumon est contrôlée, actuellement, par
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, par le
Conseil du saumon.
Le ban sur la pêche commerciale n'a ralenti, en aucune
façon, la capture du saumon dans la province de Québec,
excepté qu'autrefois, nous avions des pêcheurs qui vivaient de
cette pêche commerciale, tandis qu'aujourd'hui, nous avons des
braconniers qui en vivent grassement également et qui font vivre
également certains hôtels, motels et certains restaurants.
Alors que nous, nous privons, nous empêchons nos pêcheurs
commerciaux de capturer du saumon, nous permettons, par exemple, à la
province de Terre-Neuve qui, il y a quelques années... le nombre des
permis est passé... En 1972, il y avait 4984 permis de pêche
commerciale au saumon. En 1973, il y en avait 5029. En 1974, il y en avait
6298. En 1975, il y en avait 7129. Et on ne se prive pas pour capturer,
naturellement, le saumoneau ainsi que le saumon.
Quant à nous, au Québec, même si nous n'en avons pas
la responsabilité, nous empêchons la pêche et nous essayons
de respecter les règlements. En 1972, il y a eu, au Québec, 280
infractions alors qu'à Terre-Neuve, il y en a eu 141, alors qu'il y
avait 4984 permis, presque 5000 permis. En 1973, alors qu'il y avait 5029
permis, il y a eu 101 infractions. Au Québec, il y en a eu 400. En 1974,
6298 permis, 143 infractions au Nouveau-Brunswick... à Terre-Neuve, au
Labrador et 500 au Québec. En 1975, alors qu'il y avait 7129 permis, il
y avait 218 infractions rapportées à Terre-Neuve et 675 au
Québec. Soit que nous soyons plus honnêtes que le Pape ou que les
autres le soient un peu moins que nous, de toute façon il reste un fait.
Les
prises commerciales annuelles moyennes pour trois années en
Gaspésie ont été de 192 900 livres, pour les années
précédant le ban, soit 1969, 1970 et 1971, alors que les captures
annuelles moyennes pour la pêche sportive durant les mêmes
années étaient de 34 690 livres, pour un total annuel moyen de
227 000 livres. C'est une estimation très généreuse parce
que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ne
calcule pas en livre, mais en nombre.
A la direction générale des pêches, on a
été généreux en établissant un poids moyen
de dix livres par saumon. Pour les pêches commerciales et sportives, pour
l'ensemble du Québec, en 1966, il y avait 716 000 livres alors qu'en
1974 il y en avait 475 800 livres. Cela fait que dans les années
glorieuses du ban, lorsqu'on s'exprime en statistiques, on constate une baisse
de capture fort révélatrice puisque les chiffres ont toujours
leur valeur. Deux et deux font toujours quatre.
Nous ne sommes pas contre le Conseil consultatif du saumon, mais nous
croyons que le ministère de l'Industrie et du Commerce, par la Direction
générale des pêches, doit prendre une partie plus active
dans l'administration de la pêche commerciale au saumon. Comme cette
entente est renouvelable cette année, j'ai déjà eu
l'occasion d'en discuter avec l'honorable ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche. Nous n'avons pas l'intention de faire renouveler ce ban de
la pêche commerciale dans la région mentionnée aux
mêmes conditions qu'il y a cinq ans. Le ministère de l'Industrie
et du Commerce va voir à protéger les pêcheurs commerciaux
du saumon puisque depuis cinq ans le gouvernement fédéral a
dépensé plus de $9 millions pour tous les pêcheurs qui sont
affectés par ce ban de la pêche au saumon, pour leur permettre de
se chauffer les deux pieds sur la bavette du poêle alors que l'on
braconnait et que cela n'a rien changé à la situation et que, de
toute façon, le ministère de l'Industrie et du Commerce est mieux
organisé pour faire l'inspection, pour faire la protection de
l'espèce.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce donc, quant à
moi, prendra des mesures afin de reprendre la gestion de la pêche au
saumon dans les eaux à marées. Il n'est pas de l'intention de la
Direction générale des pêches d'aller s'occuper de la
pêche sportive, de la pêche dans les rivières, mais dans les
eaux à marées, la responsabilité des pêcheries
commerciales et maritimes relève du ministère de l'Industrie et
du Commerce qui entend bien reprendre son entière responsabilité
dans ce domaine. Nous espérons pouvoir en venir à une entente
avec le Conseil consultatif de la pêche au saumon, le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et la Direction
générale des pêcheries par le ministère de
l'Industrie et du Commerce afin de préserver les intérêts
de toutes les personnes qui vivent de cette pêche.
Il y a maintenant le problème des phoques, le problème des
loups-marins. C'est un problème qui me préoccupe grandement et
qui préoccupe également les biologistes. Les biologistes du
ministère ont soumis un rapport démontrant que les phoques de
baie, ou les phoques gris, ne sont pas les dépradateurs de nos
pêcheries que nous croyons. D'un autre côté, les
pêcheurs, les gens du milieu, nous assurent que le phoque gris ou le
phoque d'intérieur, de baie, en cause beaucoup plus que ce que
l'étude Roy et Bergeron nous démontre. J'ai reçu des
Iles-de-la-Madeleine, de pêcheurs expérimentés, des
informations révélant qu'ils ont constaté à
plusieurs reprises et ont vu les loups-marins manger du homard. Un loup-marin
va attraper un homard, revient à la surface, le lance en l'air et le
rattrape pour l'avaler le "bataillon" en premier. Je comprends qu'il n'y a pas
d'intérêt à prendre les pinces en premier. Je ne doute
aucunement des expériences des biologistes. Ils constatent aussi que les
loups-marins mangent du homard à l'occasion. Nous sommes aussi d'avis
qu'il n'y a pas de saumon, crevette, etc., dans la lagune intérieure.
Les loups-marins ne peuvent trouver autre chose que du homard pour s'alimenter
à l'intérieur de la lagune.
Comme la lagune sert de refuge pour le homard, il serait de très
grand intérêt d'exterminer le loup-marin de cette région.
Cela, naturellement, c'est un avis.
Maintenant, il y a les primes qui sont payées pour
détruire, pour tuer ce loup-marin. Sur la côté de
l'Atlantique en général, à Terre-Neuve et Québec,
pour le phoque de baie, on donne en prime $10 pour les adultes et $5 pour les
jeunes, sur la côte de l'Atlantique, y compris les eaux
côtières de Terre-Neuve, du Québec, du Nouveau-Brunswick,
de la Nouvelle-Ecosse et de l'Ile-du-Prince-Edouard, mais en excluant
l'île de Sable. Pour le phoque gris, il est donné $25 en prime
pour la destruction du loup-marin qui a au-dessus d'un an. On me fait remarquer
que ça n'existait pas, c'est la prime pour la saison 1976/77.
Je reçois d'un fonctionnaire d'Environnement Canada une note qui
dit ceci: "J'ai pris connaissance des rapports des biologistes Jean-Marie Roy
et Julien Bergeron sur le peu de dommages causé au homard par les
phoques de baie et les phoques gris autour des Iles-de-la-Madeleine. Comme eux,
je ne pense pas que ces deux espèces de loup-marin mangent une grande
quantité de homard au point de s'en alarmer, même si plusieurs
pêcheurs nous affirment qu'ils en mangent passablement dans les lagunes
ou baies intérieures. Mais, comme tu le sais sans doute, notre
ministère a décidé de payer des primes sur ces deux
espèces en 1976/77. La raison du paiement de ces primes n'est
sûrement pas la seule destruction du homard mais plutôt les
carnages causés aux agrès de pêche. De plus, ces
loups-marins étant les hôtes du stade adulte du ver parasite de la
morue, ils sont en partie responsables des troubles rencontrés à
la mise en marché des produits de la morue."
Je dois vous dire en passant qu'aux Iles-de-la-Madeleine, il en
coûte deux fois plus cher pour traiter la morue que partout ailleurs
à cause des parasites que l'on trouve dans la morue, ce qui est
dû, d'après les biologistes, aux loups-marins. Chez nous,
ça prend une mireuse pour deux trancheurs de morue, ce qui veut dire que
ça augmente considérablement les frais d'exploitation d'une
usine.
Je continue à citer la lettre reçue: "En Gaspésie,
certains prétendent que ces phoques détruisent les filets et le
saumon qui s'y prend. Par contre, on nous affirme qu'actuellement aucun filet
ni aucune trappe à saumon ne sont tendus à l'embouchure des
rivières de la Gaspésie. Par ailleurs, sur la côte nord du
Saint-Laurent, les pêcheurs et les officiers de pêche ont la preuve
que ces phoques endommagent les filets maillants, mangent le saumon en laissant
la tète seulement, se nourissent également du saumon des trappes
tendues sans toutefois endommager ces dernières. Aux
Iles-de-la-Madeleine, le seul moyen de vérifier l'assertion des
pêcheurs serait d'étudier pendant la saison du homard le contenu
stomacal des phoques abattus en vue de l'obtention de la prime. Nous saurions
alors à quoi nous en tenir."
J'ai reçu cette lettre ce matin; je la transmettrai aux
biologistes en question que je connais, qui sont fort compétents et qui
pourront faire les études requises pour savoir ce qui en est
exactement.
M. Morin: M. le Président, le député
accepterait-il de déposer un exemplaire de cette lettre devant la
commission?
M. Lacroix: C'est la seule copie que j'ai présentement,
j'en remettrai une au chef de l'Opposition.
M. Morin: Merci.
M. Lacroix: II faudra examiner cette situation. J'ai
rencontré il y a quelques mois aux Iles-de-la-Madeleine M. Farley
Mowatt, qui a une certaine expérience et une expérience certaine
de la biologie et de la vie aquatique, qui s'oppose farouchement à la
destruction des loups-marins de baie ou des loups-marins gris, disant qu'ils ne
sont pas responsables des dommages qu'on leur impute. Par contre, j'ai un grand
nombre de pêcheurs qui nous demandent d'agir avec fermeté et avec
diligence afin de corriger la situation. Il faudra assurément que dans
les plus brefs délais nos fonctionnaires et les pêcheurs
s'entendent et fassent les recherches requises pour trouver une solution qui
soit la plus valable possible concernant ce problème particulier.
M. le Président, je ne voudrais pas retarder inutilement les
travaux de la commission.
Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire concernant la
pêche dans le golfe Saint-Laurent, autant dans la baie des Chaleurs, sur
la côte nord de la Gaspésie, sur la Moyenne et la
Basse-Côte-Nord, aux îles et aux alentours des
Iles-de-la-Madeleine, mais je crois qu'il s'agit de questions fort techniques,
de problèmes de renouvellement des stocks, d'ententes à
intervenir entre les gouvernements provinciaux concernés et le
gouvernement fédéral. Avec le personnel compétent, un
personnel pourvu du sens des responsabilités que je leur reconnais, avec
la volonté du ministre, je crois qu'il y a lieu d'espérer en
venir à des ententes qui permettront la reconstitution des stocks de
poisson dans le golfe, qui permettront l'activité à plein
rendement de nos usines, qui permettront à nos pêcheurs de gagner
leur vie raisonnablement, qui permettront à nos employés d'usine
d'avoir un emploi qui leur assure un revenu valable et stable.
Mais, d'ici là, le gouvernement provincial si le
gouvernement fédéral ne veut pas y participer devra puiser
dans ses goussets et devra aider les gens qui vivent de l'industrie de la
pêche.
Nous connaissons, dans le domaine de l'Agriculture, un problème
à peu près semblable...
M. Morin: En effet, c'est la présence d'Ottawa.
M. Lacroix: Ce sont des responsabilités concurrentielles.
Mais, même si nous étions séparés du reste du
Canada, je ne crois pas que cela augmenterait le nombre des poissons dans le
golfe. Cela ne nous donnerait pas un accès exclusif aux ressources
aquatiques du golfe et je ne crois pas que ce serait de nature à
améliorer la situation.
Il faut voir la situation bien en face, voir dans quelle situation
géographique nous nous trouvons; il faut utiliser notre pouvoir de
négociation au maximum. Je crois que, dans les années
passées, nous nous sommes trop fiés à l'aspect que les
ressources de la mer étaient inépuisables.
Si nous voulons tous oublier de faire de la politique partisane
parce que, sur ce sujet, quel que soit le gouvernement, conservateur à
Terre-Neuve, conservateur au Nouveau-Brunswick, libéral à
l'Ile-du-Prince-Edouard, en Nouvelle-Ecosse, au Québec ou à
Ottawa je pense qu'il va falloir un jour s'asseoir autour de la table et
en venir à un consensus qui permettra de répartir les ressources
du golfe et les eaux de la côte Est canadienne de façon qu'il y en
ait pour tout le monde. Je crois qu'il y a possibilité, cela existait
avant aujourd'hui et cela peut exister encore dans l'avenir.
Mais pour les années que nous entrevoyons difficiles, les
prochaines années, il faudra définitivement venir au secours de
l'industrie, de l'employé d'usine, du pêcheur côtier et de
tous ceux qui vivent directement ou indirectement de l'industrie de la
pêche.
Certaines personnes prétendent que la pêche
hauturière n'aurait jamais dû exister, que l'on a
délaissé la pêche côtière. Nous n'avons jamais
délaissé la pêche côtière. Personnellement,
j'ai toujours cru que 100 bateaux de pêche côtière, qui
travaillent quatre ou cinq mois, peuvent apporter à l'usine autant de
poissons que deux gros chalutiers qui ont la même valeur. Mais les 100
bateaux côtiers peuvent fournir du travail à dix fois plus de
personnes en mer que les deux gros chalutiers et apporter la même
quantité de poisson à l'usine.
Mais la pêche hauturière est nécessaire et
essentielle pour assurer un approvisionnement permanent aux usines de
transformation de poissons, puisque, pendant de nombreuses journées, il
est impossible pour les bateaux de pêche côtière d'aller en
mer à cause de la température et, à ce mcment-là,
les bateaux de plus fort tonnage, les bateaux qui ont un plus grand rayon
d'action, peuvent assurer l'approvisionnement régulier de matière
première aux usines, pour permettre aux
employés d'usines d'avoir un emploi qui soit plus permanent et
plus stable.
Les montants d'argent qui seront nécessaires... J'avais
commencé à en parler tantôt, lorsque le chef de
l'Opposition m'a signalé le cas de l'agriculture, où nous avions
également le problème d'Ottawa. Nous avons le régime
d'assurance-récolte au Québec pour les cultivateurs, mais tous
les cultivateurs ne s'en prévalent pas. S'il pleut trop, ils viennent
ici, devant le parlement, avec leurs tracteurs, sur les terrains des
députés ou des ministres et ils finissent par obtenir les sommes
qu'ils réclament; s'il ne pleut pas assez, s'il y a sécheresse,
ils agissent de la même façon et le gouvernement trouve toujours
les budgets supplémentaires nécessaires pour aller combler leurs
besoins, répondre à leurs demandes.
Il serait fort difficile pour les pêcheurs de la Gaspésie
comme pour ceux des Iles-de-la-Madeleine, de la Moyenne et de la
Basse-Côte-Nord, de venir se promener ici devant le parlement avec leurs
embarcations de pêche ou d'apporter la récolte de leur travail
pour la faire sentir au gouvernement et à l'Opposition.
M. Morin: Ils n'ont pas encore pensé à la faire
sentir au député des îles?
M. Lacroix: Je l'ai sentie, j'y ai goûté, j'ai eu
beaucoup de problèmes que j'ai partagés avec eux et j'ai
essayé, de mon mieux, de travailler afin de trouver les solutions les
plus permanentes possible à une industrie qui n'a aucune permanence,
parce qu'une journée il fait beau, il n'y a pas de poisson; le
lendemain, il y a du poisson et le mauvais temps ne permet pas d'aller le
chercher. Je ne crois pas qu'il y ait un métier qui soit plus
aléatoire que celui de pêcheur.
Mais, il faudra intervenir dans le domaine des pêcheries comme on
le fait pour les agriculteurs. Il faudrait également penser je
l'ai déjà mentionné aux jeunes parce que, dans
l'industrie de l'agriculture, les jeunes reçoivent une aide
considérable de la part du gouvernement lorsqu'ils veulent
acquérir le bien paternel ou lorsqu'ils veulent s'établir sur un
autre bien.
Dans le domaine de la pêche, il n'existe pas de mesures
d'assistance pour le fils du pêcheur qui veut s'établir. Il faudra
penser à de nouvelles politiques. Je crois sincèrement que, dans
le domaine de la pêche, on s'est laissé aller un peu,
espérant toujours que le problème se réglerait de
lui-même. Peut-être les pêcheurs eux-mêmes avaient-ils
une trop grande confiance en la Providence et ne se sont-ils pas assez plaints
à leur gouvernement respectif, mais il n'en demeure pas moins qu'ils se
trouvent actuellement dans une situation difficile et que le gouvernement devra
venir suppléer à la Providence. Espérons que la Providence
répondra et qu'elle viendra également aider le gouvernement dans
un avenir prochain, afin que les pêcheurs, qui sont des travailleurs
ayant une responsabilité très grande, parce qu'il faut savoir ce
que c'est que d'aller à la pêche à 20 ou 25 milles de la
côte, à des températures qui ne sont pas toujours
favorables...
Il est rare que nous ne connaissions pas une saison où nous avons
à déplorer des pertes de vie à cause de la
difficulté du travail. M. le Président, je vais terminer sur ces
quelques considérations. J'espère pouvoir contribuer, de mes
modestes moyens, avec la bienveillante collaboration de l'honorable ministre et
de l'équipe de la direction générale des pêches,
à l'amélioration de la situation qui prévaut actuellement,
dans le domaine des pêcheries commerciales et maritimes.
Le Président (M. Pilote): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: M. le Président, il n'est qu'une seule
façon de décrire la situation dans laquelle se trouvent les
pêcheries du Québec à l'heure actuelle. Elle est
dramatique.
Comme l'a constaté le député des îles,
après bien d'autres, les pêcheries périclitent de plus en
plus chez nous. Si des mesures de redressement extrêmement fermes ne sont
prises au cours des semaines qui viennent, si le gouvernement du Québec
ne se décide pas à prendre toutes ses responsabilités dans
ce domaine et à ne plus se laisser guider, comme il l'a toujours fait
dans ce domaine, par le gouvernement fédéral, je crains que nous
ne soyons à la veille d'un effondrement.
Nous sommes les Québécois n'en sont pas toujours
conscients malheureusement, j'entends l'ensemble de la population devant
une série de facteurs négatifs qui vont se multipliant les uns
les autres et qui font que la pêche côtière diminue
constamment au Québec. Le premier facteur, c'est la surexploitation des
"stocks " depuis plusieurs années, particulièrement par les
étrangers; le second facteur, ce sont les contingents ICNAF ou CIPANO;
enfin, le troisième facteur, c'est l'absence de contrôle des
prises et des quotas par le gouvernement fédéral. Je voudrais
m'attarder sur chacun de ces facteurs négatifs afin de montrer pourquoi
il n'a guère été possible au cours des dernières
années de renverser cette tendance désastreuse pour les
pêcheries québécoises.
Il y a d'abord la diminution draconienne de la pêche
côtière. Elle a été soulignée encore
récemment, il y a à peine deux mois, par les chiffres
publiés au cours de l'assemblée générale annuelle
des Pêcheurs unis du Québec. Cette assemblée a permis de
confirmer les craintes qui se faisaient jour depuis plusieurs années
déjà, selon lesquelles les pêcheries du Québec sont
sérieusement menacées, de plus en plus menacées. Par
exemple, en ce qui concerne la morue on connaît son importance, en
particulier dans le golfe laquelle constitue la principale espèce
pêchée dans l'est du Québec on y a
révélé les chiffres ont été
d'ailleurs confirmés tout à l'heure que les prises sont
passées de 24 millions de livres en 1971 à 12 millions de livres
en 1975, et cela en dépit d'un effort de pêche de plus en plus
considérable.
Pendant la même période, les prises de sé-baste sont
passées de 20 millions à 8 millions de livres et, pour la plupart
des espèces, on pourrait faire la même analyse. Je vais d'ailleurs
tenter de
le faire pour démontrer à quel point les pêcheurs du
Québec sont devant une véritable impasse.
Encore une fois, la population québécoise, dans son
ensemble, n'a pas vraiment été saisie du sérieux de cette
situation. Quand on dépouille la presse pour y trouver des nouvelles sur
ce qui se passe dans les pêcheries côtières, on constate
qu'il n'est guère qu'un ou deux journaux qui y font allusion de
façon régulière. Les grands journaux de Montréal y
font allusion de façon rarissime. On dirait que cela n'intéresse
que les gens de la Gaspésie et du bas du fleuve, alors que c'est tout le
Québec qui est concerné par l'effondrement qui menace les
pêcheries québécoises à l'heure actuelle. Ce sont
tous les Québécois qui vont payer un jour ou l'autre pour faire
face à cette situation.
Je voyais les chiffres publiés par le bureau de la statistique du
Québec, qui ont été rendus publics au début de
l'année 1976, lesquels nous apprenaient que, pour les dix premiers mois
de 1975, les débarquements totaux de poisson dans les ports
québécois représentaient 108 millions de livres, grosso
modo, par rapport à 110 millions, presque 111 millions pour la
même période en 1974, c'est-à-dire une diminution d'un peu
plus de 2 millions de livres de poisson. Ces chiffres ne sont valables que pour
la pêche maritime québécoise, c'est-à-dire celle qui
est pratiquée dans les eaux salées du fleuve et du golfe
Saint-Laurent, de même qu'au large des côtes canadiennes, sur le
plateau continental.
La publication du Bureau de la statistique ne donne que la
quantité et la valeur des espèces de poisson
débarquées, mais cela suffit à nous donner une idée
de la diminution dramatique de la pèche côtière. Pour la
morue, par exemple, comme on l'a fait remarquer, les débarquements ont
continué de baisser. En 1974, les pêcheurs en avaient
ramené 30 millions de livres en dix mois et en 1975, 28 millions pour la
même période; une baisse, donc, de 2 millions de livres.
Si c'était le cas seulement de la morue, on pourrait
évidemment se dire qu'il existe d'autres espèces, le
sébaste, le flétan, le maquereau, le hareng, mais la situation
n'est guère plus brillante dans ces domaines. Prenons le sébaste
le poisson rouge avec 37 millions de livres en 1974, contre 34
millions de livres en 1975, c'est-à-dire là encore une diminution
de près de 3 millions de livres. Quant au flétan, avec 256 000
livres en 1974 et seulement 177 000 livres en 1975, on voit que la diminution
en pourcentage est encore plus dramatique que dans les autres cas.
Je ne m'étendrai pas sur le maquereau et le hareng, qui
connaissent aussi une situation très difficile. Il y a eu une
remontée, une certaine hausse pour d'autres espèces, mais elle
est insuffisante pour renverser la tendance globale des prises pour 1975,
tendance qui est au déclin.
M. Lacroix: Le chef de...
M. Morin: Si le ministre a des chiffres plus récents,
j'espère qu'il nous les donnera en détail. D'ailleurs, j'ai
l'intention de l'interroger longue- ment sur chaque espèce, afin qu'on
puisse faire le point, espèce par espèce.
M. Lacroix: Est-ce que le chef de l'Opposition me permettrait une
seule remarque?
M. Saint-Pierre: Je pense que je vais vous engager pour la
compagnie Sico dans la peinture noire, parce qu'en fait, l'année 1975 a
été l'année record pour la valeur des prises des
pêcheurs...
M. Morin: Une seconde! Vous me parlez de la valeur. Pour
l'instant, je ne vous ai parlé que des quantités. Voulez-vous,
nous parlerons de la valeur tout à l'heure?
M. Saint-Pierre: Je vais vous donner les quantités,
simplement pour ne pas trop dramatiser, je vais vous donner les chiffres
pour...
M. Morin: M. le ministre, je m'excuse, j'ai la parole. Vous
pourrez, tout de suite après, intervenir et donner vos chiffres. Nous
pourrons alors les examiner.
M. Saint-Pierre: ... pour vous donner les douze mois de
l'année 1975, c'est un chiffre que je vais vous donner...
M. Morin: Je suis très heureux que vous ayez ces
chiffres-là.
M. Saint-Pierre: C'est ça, alors...
M. Morin: On pourra y revenir tout à l'heure, si vous le
voulez bien.
M. Saint-Pierre: En 1974, c'était 117 millions; en 1975,
c'était 116 848 000 livres...
M. Morin: Vous me parlez de quoi, des prises totales?
M. Saint-Pierre: L'ensemble des prises pour les douze mois de
l'année. Vous me donnez les neuf mois, je vais vous les donner: 117 386
000 livres en 1974; 116 848 000 livres en 1975; diminution alors de 538 000
livres, ce qui représente 1/4%, et l'explication qui en est
donnée, cela aurait pu dépasser les chiffres de 1974, c'est
évidemment trois navires ou, enfin, un arrêt de pêche de
quelque trois semaines par les cinq navires de la compagnie Gorton au cours du
mois d'août.
M. Morin: Bien! Nous allons...
M. Saint-Pierre: J'ajoute également qu'en valeur, cela a
été l'année record, mais continuez le portrait en noir que
vous vouliez nous donner.
M. Morin: ... revenir aux prises tout à l'heure,
espèce par espèce, et j'ai hâte que nous puissions
examiner, justement, ce qui se passe pour la morue, pour le sébaste,
etc.
Il y a eu, donc, ce premier facteur négatif qui
est dû à la négligence du passé, à la
surexploitation des stocks, surtout par les étrangers.
Il y a un second facteur négatif qui, au fond, est largement
lié au premier, qui en découle: La diminution des contingents. Je
jetais un coup d'oeil, récemment, sur la comparaison qui a
été faite entre les contingents de 1975 et ceux de 1976 pour le
Canada. Je ne sais si le ministre sera en mesure, tout à l'heure, de
nous donner des chiffres plus récents. Ceux que j'ai datent de quelques
mois à peine et ils ont été publiés à
l'époque où justement on débattait de ces questions au
sein de la CIPANO.
Pour la morue et la morue dans le golfe, en particulier,
c'est-à-dire dans la zone 4-T, le contingent de 1976 par rapport
à 1975 a été diminué de 48%. ce qui constitue
évidemment pour les pêcheurs, surtout ceux qui ne peuvent pas
s'éloigner beaucoup, une catastrophe majeure.
M. Lacroix: Quels sont vos chiffres pour 1976?
M. Morin: Ne les avez-vous pas vous-même donnés tout
à l'heure? Avez-vous les chiffres récents?
M. Lacroix: J'ai ceux de 1975. Je n'ai pas apporté ceux de
1976.
M. Morin: J'ai ceux de 1976 qui ont été
publiés: 14 000 tonnes par rapport à 27 000 en 1975.
M. Lacroix: Pour la région 4-TVN en 1975, c'était
37 730.
M. Morin: 27 000. Je vous parle de la zone 4-T.
M. Lacroix: 4-TVN, c'est le même stock de poisson.
M. Morin: Non. VN, c'est à l'extérieur du golfe.
M. Lacroix: C'est le même stock de poisson.
M. Morin: C'est au large du Cap-Breton. Je vous parle du
golfe.
M. Lacroix: C'est le même stock de poisson quand
même.
M. Morin: Oui. Je suis prêt à reconnaître que
c'est la même morue qui se déplace d'une zone à l'autre,
c'est reconnu. Mais je vous parle des zones telles qu'elles ont
été fixées par l'ICNAP, par la CIPANO et dans la zone 4-T,
cette différence de moins 48% est vraiment dramatique pour les
pêcheurs du Québec.
Si, encore, ces contingents étaient distribués,
partagés de façon équitable entre les pêcheurs
québécois et les autres pêcheurs canadiens, cela serait
peut-être un moindre mal, mais la concurrence que le député
des Iles-de-la-Madeleine a soulignée tout à l'heure, la
concurrence des non-Québécois et l'absence de contrôle en
particulier, par le gouvernement fédéral, fait que les pê-
cheurs québécois se voient réduits à la portion
congrue.
Si on met ensemble les trois facteurs négatifs que j'ai
mentionnés, la surexploitation des stocks, les contingents et la
mauvaise application des contingents, il ne faut évidemment pas se
surprendre qu'au bout de la ligne, le pêcheur québécois
soit littéralement coincé.
Bien sûr, on parle depuis des années maintenant de la
nécessité d'aménager les pêcheries, qui est une
source de richesse non négligeable et qui est, en fait, la grande source
de richesse pour les populations circonvoisines du golfe, en particulier.
Ce n'est pas d'hier qu'il y a des problèmes de pêcheries en
Gaspésie. Si le député des Iles-de-la-Madeleine s'est
jamais documenté sur l'aspect historique des pêcheries, il saura
que. depuis 1650, les pêcheries sont un problème pour le
gouvernement de Québec. Depuis les tout débuts de la colonie
française, il en a été ainsi, sauf qu'évidemment,
au début, c'étaient des problèmes de planification et
d'organisation de l'effort de pêche; le poisson ne manquait pas comme il
est venu à manquer aujourd'hui.
Le malheur est qu'il est très difficile d'aménager de
telles pêcheries quand on n'a pas la compétence constitutionnelle
exclusive pour le faire.
Je reconnais je suis le premier à reconnaître
que le gouvernement fédéral n'est pas seul dans le tableau, il y
a la CIPANO et que c'est un problème international, de portée
internationale, puisque de nombreux pays ont des droits historiques de
pêche dans le golfe et encore davantage sur les grands bancs. Je
reconnais que...
M. Lacroix: II y a aussi d'autres provinces.
M. Morin: ... je reconnais également que d autres
provinces, comme la Nouvelle-Ecosse, Terre-Neuve, ont également un
immense intérêt dans les pêcheries parce que leur
économie dépend encore plus des pêcheries que la
nôtre même, quoiqu'on ne puisse pas dire que leur économie
dépende plus des pêcheries que celle de la Gaspésie, par
exemple. De sorte que je n'ai pas la prétention d'affirmer que, si le
Québec, les Québécois avaient la compétence
exclusive en matière de pêcherie, cela réglerait le
problème du jour au lendemain, mais du moins aurions-nous un
gouvernement qui pourrait prendre des décisions. Le ministre ne serait
pas réduit, année après année, et maintenant le
député responsable, à nous dire, comme il l'a fait encore
il y a un instant: II va falloir intervenir auprès d'Ottawa.
M. Lacroix: Et auprès des autres gouvernements provinciaux
également.
M. Morin: Sans doute. Mais surtout auprès d'Ottawa, comme
vous l'avez dit vous-même tout à l'heure puisque c'est là
que se prennent les décisions. Malheureusement...
M. Lacroix: Je n'irai pas...
M. Morin: Ne m'interrompez pas, M. le député. J'ai
tenté, tout à l'heure, et je vous assure que j'ai fait un gros
effort, de vous laisser faire votre exposé en toute
tranquillité.
M. Lacroix: Je vais faire le même effort.
M. Morin: Merci. Le malheur, c'est que le gouvernement
fédéral n'est peut-être pas le meilleur interlocuteur que
le Québec puisse avoir dans les circonstances. On peut voir, par
exemple, toute la différence que cela ferait si le Québec avait
accès directement, était représenté, avec voix au
chapitre, au sein de la CIPANO, au sein de l'ICNAF. Je suis sûr que cela
ferait déjà une différence. Quelle différence cela
ferait également si le Québec était en mesure de mieux
défendre les zones 4-S et 4-T, de sorte qu'il pourrait peut-être
faire des compromis avec les pays étrangers, avec les autres provinces,
portant non seulement sur 4-S et 4-T, mais 4-R, 4-VN, 3-PS, 4-VS et les autres
régions auxquelles les pêcheurs québécois ont
normalement accès.
Le malheur, c'est que ie gouvernement fédéral a mal
géré les pêcheries côtières dans le
passé. Il n'a pas vu venir le drame. Il ne s'est pas montré ferme
dans ses politiques. Il a fallu la croix et la bannière pour l'amener
à passer d'une zone de pêche de trois milles à celle de
douze milles, en dépit des pressions de Terre-Neuve, de la
Nouvelle-Ecosse, des autres provinces dont l'économie dépend,
dans une large mesure, des pêcheries. La croix et la bannière pour
obtenir cette extension à douze milles alors qu'aujourd'hui, on nous
parle d'une zone économique de 200 milles, dont nous pourrons d'ailleurs
nous entretenir plus tard.
J'ai l'impression, M. le Président, que, comme disaient les
pêcheurs de Gaspésie au XVIIIe siècle, le gouvernement
fédéral a "couru le marigot" depuis qu'il a la compétence
constitutionnelle dans le domaine des pêcheries. Il s'est montré
paresseux et il n'a pas surveillé les choses de près comme il
aurait dû le faire. En ce qui me concerne, je pense que la faiblesse des
fédéraux, en particulier depuis l'après-guerre, est
à l'origine d'une bonne pari de la surexploitation des stocks, aussi
bien dans le golfe que sur les grands bancs de Terre-Neuve et de la
Nouvelle-Ecosse. S'il y avait eu plus de fermeté, notamment devant les
Etats-Unis, notamment devant certains pays européens, qui venaient
littéralement piller les stocks, j'estime qu'aujourd'hui, nous ne
serions peut-être pas devant le drame qui se prépare.
De sorte que je suis amené à répéter ce que
je disais l'année dernière.
Tant que le Québec n'aura pas la pleine responsabilité de
ses pêcheries, il sera évidemment très difficile de
redresser la situation. Je pense d'ailleurs que le député des
Iles-de-la-Madeleine, qui est responsable de ce dossier, a eu suffisamment
l'occasion de se frotter aux fédéraux pour savoir que tant qu'il
n'y aura pas un ministre des pêcheries au Québec, quel que soit le
parti au pouvoir, les difficultés vont s'accumuler. Que voulez-vous; le
gouvernement canadien ne peut pas avoir le même point de vue sur ces
questions que le gouvernement du Québec. Celui-ci veut protéger
ses pêcheurs, il est obligé d'ailleurs de faire des
déboursés considérables.
Le député nous disait tout à l'heure qu'il fallait
s'attendre à un effort, à une aide encore plus
considérable pour faire face à la situation. Je dis au
député que ce ne sont que cataplasmes sur une jambe de bois.
D'ailleurs, je pense qu'il en est conscient. Ce n'est pas une aide, alors que
l'industrie de la pêche s'effondre, qui va sauver les pêcheurs. Ce
sont des politiques qui vont leur permettre d'exercer leur métier
pleinement, de faire un effort de pêche soutenu et d'obtenir des prix et
débarquements qui soient en conséquence. Tant que vous vous ferez
répondre par le ministre fédéral que les ressources
appartiennent à tous les Canadiens, par exemple, il est clair que vous
ne pourrez pas faire grand-chose. Effectivement, les autres provinces ont fait
depuis quelques années, de gros efforts pour équiper leur flotte
et tant que le territoire est ouvert à tout le monde, Québec ne
peut ni réglementer, ni se comporter de façon à
protéger efficacement les pêcheurs québécois.
Bien sûr, vous allez toujours vous faire répondre que la
ressource appartient à tous les Canadiens; du point de vue juridique, le
ministre Leblanc aura raison tant que le Québec n'aura pas la pleine
compétence dans ce domaine. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce
que le gouvernement fédéral risque de perdre des votes en
Nouvelle-Ecosse ou à Terre-Neuve pour faire plaisir aux pêcheurs
québécois ou au gouvernement du Québec. Il ne le fera pas,
de sorte que nous sommes devant une impasse croissante.
Je n'hésite pas à dire qu'à moins qu'il n'y ait pas
des mesures draconiennes qui soient prises pour redresser la situation et
à moins que le Québec ne devienne pleinement responsable de ses
pêcheries et ne soit en mesure de négocier d'égal à
égal non seulement avec le gouvernement fédéral, mais avec
les autres provinces et même jusqu'au sein de l'ICNAF, on ne pourra
résoudre ces problèmes et nous allons nous trouver au cours des
mois et des années qui viennent devant un véritable effondrement;
je crois qu'il ne faut pas craindre d'utiliser ce mot-là. D'ailleurs les
pêcheurs en sont pleinement conscients.
M. le Président, j'aimerais commencer, avec le
député responsable de ce dossier, à étudier un
certain nombre de chiffres, de statistiques se rapportant aux pêcheurs et
aux pêcheries. Puis-je demander tout d'abord des indications sur le
nombre d'embarcations régulièrement employées à la
pêche depuis 1970? Si vous avez des chiffres pour les années
antérieures, je serais également intéressé à
en prendre connaissance, mais si on se contentait de 1970, ça nous
donnerait déjà une idée suffisante.
M. Saint-Pierre: Divisé en catégories, en bois, en
acier, les longueurs ou globalement le nombre d'embarcations.
M. Morin: Le nombre d'embarcations comme
tel ne nous donne pas une idée exacte. Je pense qu'il
faudrait...
M. Saint-Pierre: C'est ça que je demandais.
M. Morin: ... qu'il y ait également au moins de grandes
catégories...
M. Saint-Pierre: Redivisées entre les
Iles-de-la-Madeleine, la Gaspésie, la Côte-Nord ou
globalement?
M. Morin: Commençons par des chiffres globaux qui
regroupent aussi bien les Iles-de-la-Madeleine que la Gaspésie et la
Côté-Nord, depuis 1970.
M. Saint-Pierre: Vous voulez avoir la variation par année
ou le nombre total?
M. Morin: Si vous avez le nombre total, je vais pouvoir calculer
la variation.
M. Lacroix: En 1961, le nombre de pêcheurs était de
3771. En 1973, il était de 5451. Il y a eu une augmentation de 1680
pêcheurs.
M. Morin: J'aimerais commencer par les embarcations. Ensuite, on
pourra prendre les pêcheurs, si vous voulez, depuis 1961 ou depuis 1970,
peu importe. Je suis intéressé surtout à la tendance des
cinq ou six dernières années.
M. Lacroix: J'ai le nombre de pêcheurs, mais je n'ai pas le
nombre de bateaux.
M. Saint-Pierre: On en prend bonne note et, cet
après-midi, on pourra peut-être vous le déposer.
Spécifiquement, encore une fois, c'est le nombre de bateaux...
M. Morin: Régulièrement employés.
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que vous définissez par
"régulièrement" dans votre vocabulaire?
M. Morin: C'est-à-dire des bateaux qui sont
affectés à la pêche...
M. Saint-Pierre: A la pêche au homard.
M. Morin: ... et qui y vont effectivement, n'est-ce pas? Les
bateaux affectés à la pêche et qui y vont
effectivement.
M. Saint-Pierre: On prend avis de la question. Vous ne voulez pas
la démarcation par région? C'est globalement, par type de
navire?
M. Morin: Si vous l'avez par région. Je ne veux pas
compliquer votre travail à l'infini, mais si vous l'avez par
région, ce serait également intéressant de le savoir,
quoique ma question, pour l'instant, porte sur le nombre global, y compris les
grandes catégories de tonnage. Autrement, on ne peut pas se faire une
idée. Peut-être aussi pourriez-vous le faire par tonnage, ce
serait encore plus révélateur.
M. Saint-Pierre: On a ici les chiffres de tout ce qui touche nos
prêts pour la construction des navires. Mais, à partir de ce
document, ce ne serait pas un décompte complet, puisque cela ne tient
pas compte de navires qui ont été complètement
acquittés, qui ont été complètement payés.
Mais on va obtenir les autres chiffres et on va tenter de vous les donner cet
après-midi.
M. Morin: Bien. Est-ce que, pour le nombre de pêcheurs,
vous avez les chiffres? Est-ce que vous pourriez également nous les
donner à une séance subséquente?
M. Lacroix: Le nombre de pêcheurs, vous l'avez ici. En
1961, il y avait 3771 pêcheurs. Si vous le voulez, on va le prendre par
périodes de cinq ans. En 1966, il y en avait 3703; en 1971, il y en
avait 5252 et en 1973, dernière date dont j'ai les chiffres, nous en
comptions 5451.
M. Morin: Oui. Maintenant...
M. Lacroix: C'était sur les embarcations de 18 pieds
jusqu'à 125 ou 130 pieds. La valeur de la flotte, pour les cinq
dernières années, si vous voulez. En 1970, la valeur de la flotte
était de $12 263 000 et en 1973, elle était de $17 803 000.
M. Morin: Oui, mais cela ne nous donne pas une...
M. Lacroix: Non, à ce moment-là...
M. Morin: ... valeur en dollars constante. Je trouve que le
tonnage est un critère qui éclaire de-vantage la situation.
M. Saint-Pierre: On va vous le donner.
M. Lacroix: On a les investissements pour les bateaux de moins de
dix tonnes et pour les bateaux de plus de dix tonnes.
M. Morin: Oui.
M. Lacroix: Cela ne nous donne pas le nombre. Cet
après-midi, je pense que M. Bernard et les autres...
M. Morin: Puisque vous avez le nombre de pêcheurs,
lavez-vous d'année en année, depuis 1970?
M. Lacroix: 1970? Oui. En 1970, vous aviez 5092 pêcheurs;
en 1971, 5252 pêcheurs; en 1972, 5277 pêcheurs et en 1973, 5451
pêcheurs.
M. Morin: Avez-vous les chiffres pour 1974 et 1975?
M. Lacroix: Malheureusement non.
M. Morin: Serait-il possible de les faire établir? Cela ne
doit pas être impossible?
M. Lacroix: Certainement, je crois bien que c'est possible.
M. Saint-Pierre: Quand même, vous remarquerez que c'est une
augmentation de 400 emplois dans le secteur de la pêche, alors que cela
fait quatre ans que vous nous dites que c'est dans le marasme. Votre
député de Saguenay dit la même chose.
M. Morin: Puis-je avoir les chiffres de 1974 et 1975? J'aimerais
connaître vos prévisions pour 1976 également. Est-ce qu'il
y a des prévisions pour 1976, quant au nombre d'emplois?
M. Lacroix: C'est facile de le savoir par les permis qui sont
émis. Il n'y a pas un bateau de pêche commerciale qui n'a pas un
permis qui est émis, qui donne la longueur du bateau, le nombre de
pêcheurs, de même que l'aide-pêcheur. Prenez par exemple la
pêche au homard, l'aide du propriétaire du bateau doit
détenir également un permis. C'est ainsi qu'on peut
dénombrer qu'au Québec, nous avons un contrôle absolu sur
le nombre des pêcheurs, sur la longueur des bateaux, parce qu'il y a
également des subventions qui sont données.
Tous les bateaux sont enregistrés. Il est facile d'avoir le
nombre, par exemple, la quantité de ceux de 18 pieds à 24 pieds 9
pouces; de 25 pieds à 34 pieds 9 pouces...
M. Morin: C'est cela.
M. Lacroix: ... de 34 pieds 9 pouces à 44 pieds 9
pouces.
M. Morin: D'accord. Les permis pour la saison 1976 doivent
être distribués maintenant?
M. Lacroix: La très grande majorité, oui.
M. Morin: C'est pour cela que je crois que vous pourriez me
donner quelques prévisions pour l'année 1976.
M. Lacroix: C'est qu'il y a des restrictions sur les
pêcheurs à l'anguille.
M. Morin: A l'île?
M. Lacroix: A l'anguille.
M. Morin: Oui, à l'île d'Orléans en
particulier.
M. Lacroix: Oui, à partir du pont de Trois-Rivières
en descendant.
M. Morin: Bon. Puis-je vous demander également, lorsque
vous me donnerez les chiffres, de distinguer non seulement la Côte-Nord
de la Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine, mais aussi le fleuve?
M. Saint-Pierre: Autour de Trois-Rivières.
M. Morin: Oui, à partir de l'endroit où vous donnez
des permis en descendant, puisque...
M. Saint-Pierre: Sûrement.
M. Morin: ... s'il y a un certain nombre de permis qui se donnent
dans le fleuve, j'aimerais bien qu'on distingue par rapport aux autres
régions.
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Bien. Puis-je compter que nous consacrerons au moins
une autre séance aux pêcheries, M. le Président?
M. Saint-Pierre: Sûrement. On va consacrer tout le temps
dont vous avez besoin pour...
M. Morin: Bon. Parce que, cet après-midi, vous aviez
peut-être l'intention de faire appel à M. Labonté de la
SDI. Je me demandais comment nous allons programmer l'étude des
crédits des pêcheries.
M. Saint-Pierre: On peut terminer à 13 heure et reprendre,
ce soir, les pêcheries. Cet après-midi, on tenterait de liquider
la SDI.
M. Morin: Oui, quant à moi, cela me conviendrait.
M. Saint-Pierre: Vous avez combien de questions encore sur la
SDI? Est-ce long? Cela dépend. Si vous avez seulement quelques questions
à M. Labonté, on peut passer la SDI de 16 heures à 16 h 30
et continuer après sur...
M. Morin: Je ne peux savoir quelle sera la longueur des
réponses de M. Labonté.
M. Lacroix: Cela dépend de la longueur des questions.
M. Morin: J'ai au moins deux ou trois questions assez complexes
à lui poser.
M. Saint-Pierre: On posera des questions à M.
Labonté et les pêches, on pourra continuer cela...
M. Lacroix: Cet après-midi, on pourrait...
M. Saint-Pierre: Vous avez des questions sur les
débarquements selon ce que vous aviez indiqué tantôt?
M. Morin: J'aimerais que nous parlions maintenant des
débarquements par espèce.
M. Saint-Pierre: Je donne, comme je l'ai fait, les
débarquements totaux.
M. Morin: Avez-vous une statistique qui pour-
rait être déposée devant la commission? Ce serait
beaucoup plus simple.
M. Saint-Pierre: Malheureusement, elle n'est pas dans une forme
qui nous permettrait de la déposer, mais je pourrais tenter de la faire
copier. Je peux l'indiquer aujourd'hui. Vous me direz les sta-tisques que vous
voulez dans tout ce que je vous donne et cela me fera plaisir de les
déposer.
Les débarquements totaux, en 1974, comme je l'ai
mentionné, étaient de 117 millions.
M. Morin: ... tout à l'heure. Je m'excuse, M. le
ministre.
M. Saint-Pierre: Non, ce sont des millions de livres, ce ne sont
pas des millions de dollars.
M. Morin: Ah bon! D'accord.
M. Saint-Pierre: En millions de dollars, on aurait des
millionnaires.
M. Morin: Cela fait tout de même quelques millions de
dollars.
M. Saint-Pierre: C'est 117 millions de livres qui
représentaient, en 1974, $13 473 000. En 1975, c'est l'année dont
vous parliez, qui fut un désastre et qui était très noire,
les débarquements étaient de 116 848 000, pour une valeur de $14
487 000. A ce montant, d'ailleurs, s'ajoute la part québécoise
d'un programme spécial du gouvernement fédéral à
l'endroit du poisson de fond. Celle-ci se chiffre par $1 702 000, montant qui
s'ajoute au surplus de $1 014 000, pour un total de $16 190 000 en 1975, soit
$2 717 000 de plus en 1975 qu'en 1974.
Enfin, malgré un titre que vous avez sûrement vu dans le
Soleil, qui parlait d'une diminution dramatique de la pêche
côtière au Québec, dans l'édition du 21 janvier
1976, et qui contenait l'erreur, bien sûr, que les chiffres qu'on donnait
touchaient à la fois la pêche côtière et la
pêche hau-turière, donc, la pêche globale, celle que je vous
ai donnée...
M. Morin: Maintenant...
M. Saint-Pierre: Je ne sais pas si vous voulez passer par
espèce.
M. Morin: Ce que vous me donnez, ce sont les débarquements
totaux?
M. Saint-Pierre: Oui. C'est cela.
M. Morin: Aussi bien côtiers que hauturiers?
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Existe-t-il des statistiques distinguant entre
côtier et hauturier? Existe-t-il des statistiques qui puissent nous
donner une idée de l'effort de pêche que cela représente,
parce que je note qu'aux Pêcheurs unis, le nombre de livres est
effectivement passé de 30 millions à 34 millions, mais le nombre
de navires est passé de 83 à 156, c'est-à-dire qu'il a
presque doublé. Il faut tenir compte de cela aussi.
M. Saint-Pierre: Je ne comprends pas que vous me parliez d'une
année de marasme quand le nombre de pêcheurs augmente plus que le
nombre d'emplois au Québec, le nombre de navires augmente. Cela ne doit
pas être si pire que cela.
M. Morin: Qu'est-ce que vous faites de l'effort de
pêche?
M. Saint-Pierre: Non, je vous donne simplement...
M. Morin: Si vous êtes obligé de mettre deux fois
plus de navires pour prendre la même quantité de poisson, c'est
là qu'est le marasme économique, c'est alors que cela ne paie
plus d'être pêcheur.
M. Lacroix: Si le chef de l'Opposition me permet, les
Pêcheurs unis l'an dernier se sont adjoints les pêcheurs de la
Coopérative centrale des Iles-de-la-Madeleine, qui était
auparavant une coopérative complètement autonome. Les
Pêcheurs unis se sont portés acquéreurs et ont pu assumer
la responsabilité de tous les actifs et tout le passif de la
Coopérative centrale des pêcheurs. C'est ce qui fait que vous
trouvez des différences considérables dans le nombre
d'embarcations qui travaillaient pour le compte des Pêcheurs unis.
M. Morin: Oui, mais j'imagine que les prises des Pêcheurs
unis tiennent également compte des prises qui se trouvaient dans
l'ancienne coopérative des îles.
M. Lacroix: Quant à l'ancienne coopérative des
îles, la pêche côtière, par exemple, 347
pêcheurs, si ma mémoire est exacte, pèchent le homard. De
ce nombre, environ 225 à 230 ne font que la pêche au homard. Ils
ne font pas la pêche côtière. Il y a deux ans, on avait fait
la pêche au maquereau, parce que le maquereau était de
qualité commerciale. Depuis sept ou huit ans, il y avait du maquereau en
quantité considérable, mais il n'était pas de taille
commerciale. Il y a deux ans, le maquereau était de taille commerciale,
mais l'an passé, on ne sait pas ce qui s'est produit, mais le maquereau
est redevenu subitement de taille inférieure à la taille
commerciale, c'est-à-dire que quand vous prenez 250 filets pour un
baril, vous recevez un prix appréciable pour le maquereau. Quand vous
avez 400 filets par baril, alors le prix est très inférieur. Il
n'est pas rentable...
M. Morin: II n'est pas rentable.
M. Lacroix: ...et il ne sert à rien de le pêcher, de
le capturer. Nous espérons toujours qu'il va grandir. Les biologistes
font un travail très considérable là-dessus. C'est une
chose que l'on ne peut pas expliquer, savoir que le maquereau puisse, dans
l'espace d'un an ou deux ans, dimi-
nuer ainsi de taille. On dirait qu'il est passé par
Montréal et qu'il est revenu fatigué.
M. Morin: II est passé par les Jeux olympiques. Avez-vous
des prévisions pour 1976?
M. Saint-Pierre: Les prévisions pour 1976?
M. Morin: Dans les débarquements, oui? Je veux dire,
avez-vous des objectifs, est-ce qu'il y a des...
M. Lacroix: Le plus haut possible.
M. Saint-Pierre: C'est la même question que si le chef de
l'Opposition et moi-même allions pêcher dans un lac des Laurentides
et que l'on demande quelles sont nos prévisions. On espère bien
avoir comme prévision nos vingt truites...
M. Morin: Oui, mais écoutez...
M. Saint-Pierre: Oui, mais écoutez, vous me
demandez...
M. Morin: II y a des contingentements, vous le savez bien. Je
vous demande, par rapport à ce que vous connaissez des contingentements.
Vous savez bien qu'il y a des limites. Alors, je vous pose la question par
rapport aux contingents.
M. Lacroix: Je vous ai donné tantôt l'exemple d'une
usine aux Iles-de-la-Madeleine. En 1975/76, on a produit, en produits finis,
plus que cinq millions et demi de produits congelés, et l'estimation,
très optimiste, pour 1976/77, est de l'ordre de 3 800 000 livres,
c'est-à-dire qu'il y a un décroissement de 30%
M. Morin: Oui.
M. Lacroix: Cela n'est pas dû à l'incapacité
de capture, mais aux contingents qui sont alloués et qui sont
épuisés.
M. Morin: Non seulement aux contingents, mais au fait qu'une
bonne partie du contingent est déjà pêchée. C'est
pour cela que je vous pose la question: Qu'est-ce que vous prévoyez pour
1976?
M. Lacroix: On espère le mieux. Comme je vous l'ai dit au
début des remarques que j'ai faites tantôt, le ministre d'Etat aux
Pêches à Ottawa, M. Roméo Leblanc, sera aux îles
dimanche. Nous avons fait des représentations pour que les quotas soient
augmentés, et j'ai bien l'impression que, si, personnellement,
j'étais ministre d'Etat responsable des pêcheries canadiennes, je
ne viendrais pas annoncer à la population des îles que les quotas
vont être diminués.
M. Morin: II risque de recevoir des poissons par la
tête.
M. Lacroix: II n'y en a pas dans le moment. Il n'y a pas de
problème.
M. Morin: C'est peut-être pour cela qu'il y vient en cette
saison.
M. Lacroix: Non, c'est la meilleure saison. D'ailleurs,
ordinairement, à ce moment-ci, la pire saison... Il y a toujours, depuis
quatorze ans que je vis avec les gens des îles vous pouvez voir
comme ils sont patients entre le 15 juillet et les 15 et 20 août,
une période creuse où les rendements sont beaucoup moindres,
probablement que la température de l'eau y joue un grand rôle. Je
pense que M. Lachance ou M. Bergeron pourrait vous expliquer facilement, par
exemple, que vous ne trouverez pas de morue à une température
inférieure à 33°. Je peux me tromper. Est-ce que c'est
ça? Vous n'en trouverez pas non plus à une température
supérieure à 35°. A ce moment, la température de l'eau
est un facteur important. Il y a toujours eu une période creuse, et je
ne crois pas qu'un changement de gouvernement ou un changement de
député pourrait apporter une amélioration à la
condition que j'ai connue depuis quatorze ans et que M. Langlais, avant moi, a
connue pendant 27 ans.
M. Morin: Vous ne pouvez nier, tout de même, que, si le
Québec avait la pleine compétence en matière de
pêcheries, vous seriez mieux placés pour résoudre les
problèmes, beaucoup mieux placés.
M. Lacroix: Du tout! De quelle façon, par exemple...
Premièrement, pensez-vous que le Québec peut avoir
l'exclusivité des pêcheries dans le golfe Saint-Laurent, alors que
vous avez le Nouveau-Brunswick, l'Ile-du-Prince-Edouard, la Nouvelle-Ecosse,
l'Ile du Cap-Breton, qui fait partie de la Nouvelle-Ecosse, qui est à 55
milles des Iles-de-la-Madeleine. Vous avez Terre-Neuve. Vous avez Saint-Pierre
et Miquelon, qui ont des droits historiques, que vous connaissez très
bien, parce que vous nous avez fait une leçon d'histoire l'année
dernière, nous ramenant jusqu'au traité d'Utrecht. Vous savez
qu'ils ont des droits historiques jusqu'en 1985.
M. Morin: Qui s'appliquent toujours. M. Lacroix: Cela
s'applique toujours.
M. Saint-Pierre: A l'époque, vous travailliez pour le
gouvernement fédéral?
M. Morin: Comment cela donc?
M. Saint-Pierre: Vous n'étiez pas en consultation pour le
gouvernement fédéral?
M. Morin: Non. C'étaient tout simplement des articles sur
les aspects internationaux du droit des pêcheries qui auraient voulu,
justement, constituer des recommandations pour le gouvernement
fédéral. Il a tenu compte de certains aspects, mais pas des
autres. Il en a tenu compte dans le domaine des droits historiques, mais pas
dans celui des droits définis par traité, ce qu'on appelle les
droits conventionnels.
M. Lacroix: Le chef de l'Opposition admettra avec moi que pour
les pêcheries, une année, nous espérons avoir une bonne
saison et la saison s'avère désastreuse pour différentes
raisons, soit les conditions climatiques, les tempêtes, etc. Les
journées de travail ne sont pas les mêmes d'une année
à l'autre. Par exemple, durant la saison de pêche au homard qui,
chez nous, s'étend du 10 mai au 10 juillet, une année, nous
pouvons pêcher 40 jours; une autre année, nous pouvons
pêcher 23 jours. La même chose s'est produite en Gaspésie
alors que pour le homard, la saison s'est ouverte le 1er mai pour se terminer
le 30 juin. Dans les 21 premiers jours, les gens ont pêché
seulement neuf jours.
Vous savez que les pêcheries sont un domaine... C'est comme le
cultivateur qui met du grain en terre et il espère que cela rapportera
à l'automne, mais cela n'est jamais assuré. C'est la même
chose pour les pêcheries. Nous espérons toujours.
M. Morin: Pourriez-vous nous dire exactement les contingents que
vous avez exigés, au nom des pêcheurs québécois
auprès du gouvernement fédéral, pour chaque espèce?
J'imagine que vous avez dû faire des représentations sur les
contingents.
M. Lacroix: C'est 15 000 tonnes pour le sé-baste?
M. Saint-Pierre: Le contingent...
M. Lacroix: M. Bernard va vous... parce qu'il est allé
à Halifax rencontrer les...
M. Saint-Pierre: ... à l'intérieur du golfe a
été déterminé par le gouvernement
fédéral. C'est en dehors des conventions de la CIPANO. Le
sébaste fédéral, 30 000 tonnes. Lorsque nous nous sommes
rendu compte que le stock avait baissé à un point tel qu'on avait
fait de la surpêche en Nouvelle-Ecosse et à Terre-Neuve,
immédiatement, le ministre fédéral s'est rendu à
notre requête, en somme, de fermer cette pêche. Alors, la
Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve ont cessé la pêche du
sébaste. En un deuxième temps, elles ont fait porter leur effort
sur la morue, dans le secteur 4-T, le seul sous convention de la CIPANO.
C'était 19 000 tonnes. On s'est laissé dire, plus ou moins, que
les quelques tonnes, elles en avaient pêché 15 000. Alors, il
resterait 4000 tonnes de morue à pêcher dans 4-T.
Du côté fédéral, voici notre façon
d'aborder la question. D'ailleurs, les autres provinces nous ont rejoints. Il
ne reste, officiellement, que 6800 tonnes de sébaste à prendre
à partir de ce matin.
Voici le régime des limitations fédérales. Quant
à la Nouvelle-Ecosse et à Terre-Neuve, leurs bateaux de
pêche, leurs chalutiers par arrière, c'est prohibé dans ce
secteur. Il reste le secteur 3-P, les secteurs 4-V, 4-W et 4-X où on a
réservé aux pêcheurs du Nouveau-Brunswick et aux
pêcheurs québécois quelques milliers de tonnes de
sébaste.
Le fédéral a exclu les chalutiers par arrière dans
ces quatre secteurs: 3-P, 4-V, 4-W et 4-X. Il y aurait quelque chose comme 9500
tonnes de sébaste à capturer dans ces quatre zones.
Le problème est le suivant: Les pêcheurs
québécois tout autant que ceux du Nouveau-Brunswick ne
connaissent pas ces lieux de pêche. Alors, ils sont obligés
d'aller faire un peu de "scouting " comme on dit, un peu de taxi dans ces
coins-là, et il y a un phénomène de dispersion du poisson
actuellement. Les concentrations se font l'hiver et tôt le printemps. Ce
ne sera pas avant le mois de juillet que cela pourra être rentable pour
nos pêcheurs d'y aller. Il y a cette distinction, et je le
répète, Terre-Neuve et la Nouvelle-Ecosse n'ont pas le droit
d'utiliser des chalutiers par arrière, la plage arrière, le
"stern troller" comme dirait Bos-suet. Nous avons droit d'y aller, mais il n'y
a pas d'avantage à y aller actuellement.
Nous avons demandé, pour l'intérieur du golfe, une
addition de 10 000 tonnes au contingent établi, en somme, qui
s'ajouterait...
M. Morin: Voulez-vous dire pour le Québec ou pour
l'ensemble?
M. Saint-Pierre: Pour l'ensemble. Nécessairement, il faut
tenir compte de certains facteurs. Nous sommes conscients, chez nous, nos
biologistes, d'ailleurs cela saute aux yeux, qu'à l'intérieur du
golfe, la ressource a diminué sensiblement, continuellement. C'est parce
qu'on pêche encore des classes d'âge des années 1956 et
1957. C'est du vieux poisson, du poisson âgé, si vous voulez, qui
est très bon, délicieux, mais il n'y a pas eu de renouvellement.
C'est-à-dire, que chaque année, il y a de la ponte de poisson,
mais il y a eu de la destruction à un niveau très
élevé. Nous pouvons dire actuellement que l'espoir des
pêches dans le golfe, pour le sébaste, c'est à peu
près le recrutement de 1971. C'est là que nous retrouvons du
fretin en surabondance. Cela veut dire que cela sera pêchable vers 1980
en quantité parce que la femelle devient adulte à onze ans, le
mâle à dix ans. Alors, on peut le pêcher avant qu'il
devienne mature, il restera toujours suffisamment de reproducteurs, mais, d'ici
1980, la tendance...
M. Morin: Oui, mais le sens de ma question était celui-ci.
Je sais que le gouvernement fédéral prohibe certains types de
pêche, notamment la pêche par l'arrière, mais je vous
demandais si vous avez demandé au gouvernement fédéral un
contingent québécois?
M. Saint-Pierre: Non. Je l'ai demandé pour l'ensemble et
cela recoupe un peu ce qu'ont fait les autres provinces. Nous demandions une
addition de 10 000 tonnes métriques à ce qui subsiste...
M. Morin: Aux 30 000, voulez-vous dire, ou à ce qui en
reste?
M. Saint-Pierre: Aux 30 000 ou ce qui en reste.
M. Morin: Ou ce qui en reste, oui. M. Saint-Pierre:
Après cela faire... M. Morin: Parce qu'il en reste 6800
tonnes.
M. Saint-Pierre: Oui. ...et faire intervenir le jeu de la
pêche historique, c'est-à-dire les pourcentages de capture qui oqt
été effectués au niveau des provinces
intéressées. Le Québec, là-dedans, y gagnait, parce
que le Québec a une moyenne de 30% des captures, alors que le
Nouveau-Brunswick en a à peu près 8% ou 9% et que
l'Ile-du-Prince-Edouard en a quelque chose comme 2%.
M. Morin: Mais pouvez-vous nous dire si cela a été
accepté, ces 30% que vous avez proposés? C'est cela, on y est,
c'est cela que je vous demandais exactement. Avez-vous proposé 30% du
contingent total, augmenté de 10 000 tonnes, c'est-à-dire 40 000
tonnes en tout pour les pêcheurs québécois? Si je ne
m'abuse, cela ferait 30% de 40 000 tonnes, cela commence à compter. Cela
ferait...
M. Saint-Pierre: Avant de compter, il vous faut soustraire ce qui
a déjà été capturé.
M. Morin: D'accord. Mais, justement, si vous aviez fait un accord
avant que cela ne commence, avant que le contingent ne soit complètement
"défloré" par les pêcheurs des autres provinces, vous
n'auriez pas ce problème aujourd'hui. C'est pour cela que je vous pose
la question. C'est évident qu'aujourd'hui il ne reste plus que 6800
tonnes.
M. Saint-Pierre: Oui, mais regardons le contexte. Le contingent
de 30 000 tonnes a été établi pour l'année civile
1976. Au 31 décembre, les flottes québécoises
étaient à quai, à cause de l'envahissement par la glace,
on ne pouvait pas pêcher. Les 30 000 tonnes, ça nous était
connu ce chiffre, nous l'avons appris bien après les pêcheurs et
bien après les autres. C'est que la Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve ont
pêché à l'entrée, dans 4-T...
M. Morin: Non...
M. Saint-Pierre: ... 4-R, c'est au sud.
M. Morin: 4-R.
M. Saint-Pierre: ... autour de 4-R et à l'intérieur
du golfe et dans 4-V et 3-P.
M. Morin: A l'entrée du golfe.
M. Saint-Pierre: C'est 4-T sud qui rejoint 4-VN, nord.
M. Morin: A l'entrée du golfe.
M. Saint-Pierre: A l'entrée du golfe. Les pêches ont
été très plantureuses en janvier et février, il
s'est trouvé qu'il y avait une grosse concentration de poisson. Cela a
été une orgie et, avant que nous le sachions, le mal était
fait. Ottawa est arrivé, s'est fait prendre les culottes à
mi-mât, comme on dit, on a mis un ban sur la pêche, mais...
M. Morin: Mais si Ottawa s'est fait prendre de cette
façon, de quoi a l'air le Québec?
M. Saint-Pierre: De quoi a l'air... Ecoutez, nous avons...
M. Morin: C'est vous qui l'avez à l'air à l'heure
actuelle, pas Ottawa.
M. Saint-Pierre: C'est sûr que nous avons demandé un
relèvement du contingent et je persiste. J'ai appelé encore hier
en disant qu'on ne serait pas plus catholique que les autres. A un moment
donné, nous donner un solde de contingent à pêcher et
mettre des limitations sur la qualité de la flotte qui sera
autorisée à le faire, je trouve qu'on déchante et
drôlement.
M. Morin: Est-ce qu'on s'entend pour dire que la technique du
contingent québécois serait quand même utile? Si on savait
d'avance... Vous avez mentionné le chiffre de 30%, il me semble qu'on
est plus près d'une solution concrète.
M. Saint-Pierre: C'est peut-être trop logique pour que ce
soit acceptable, parce que nous avons des braillardes par le côté.
Encore là, c'est le phénomène de cinq provinces. Chacune
veut avoir son petit morceau.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Retenez qu'il y a deux provinces qui sont
exclues dans l'immédiat.
M. Morin: Ma question est la suivante: Quand vous avez
suggéré votre contingent de 30% qui correspond aux prises
traditionnelles, quelle a été la réaction d'Ottawa? C'est
là qu'on va voir ce que c'est que d'avoir un gouvernement ou de ne pas
en avoir, de prendre des décisions soi-même ou de ne pas les
prendre.
M. Saint-Pierre: La réaction d'Ottawa, écoutez, il
faudrait faire un petit détour, si vous voulez, pour qu'on puisse se
comprendre un peu. On va faire un détour par Montréal. La CIPANO
devait tenir une rencontre à compter du 9 juin à La Havane. Pour
des raisons politiques et toutes sortes de choses, vous comprenez qu'il y a une
élection aux Etats-Unis et même les Etats-Unis avaient
donné une procuration au gouvernement canadien pour les
représenter... Cette...
M. Morin: Le député des îles aurait
aimé ça, c'est une île plus méridionale que la
sienne.
M. Lacroix: Je serais allé fumer le cigare chez vos
amis.
M. Morin: Je suis sûr qu'ils vous auraient bien
reçu; ils ne sont pas plus nos amis que les vôtres.
M. Lacroix: Sur votre recommandation oui.
M. Saint-Pierre: Si vous le permettez, j'ai assisté
à la conférence sur le droit de la mer à New York et j'ai
tourné un petit papier déshydraté dont je prendrais
quelques extraits.
Voici les notes c'est ce que j'ai perçu et cela nous a
passé entre les deux oreilles La délégation
canadienne représentant le Canada à la CIPANO, forte de
l'intention fédérale de déclarer unilatéralement
une zone économique de 200 milles à l'instar des Etats-Unis, veut
tenir un rôle prépondérant et déterminer
d'autorité les besoins canadiens pour l'année 1977 et les
années à venir. C'est le Canada qui a le gros bout du
bâton.
M. Morin: A l'intérieur des 200 milles.
M. Saint-Pierre: Tous les pays membres de la CIPANO, au nombre de
dix-sept, connaissent bien la position canadienne et s'attendent de devoir
plier l'échine devant les exigences qui leur seront posées.
Par une tactique très habile je laisse le mot le
Canada négocie déjà des ententes bilatérales avec
certains pays membres de la CIPANO, dont la Russie, la Pologne, l'Espagne, le
Portugal, l'Allemagne de l'Est et la Norvège. La Russie indiquait,
à la date du 19 mai, son accord aux propositions canadiennes.
Si de telles ententes sont entérinées avant 1977, le
Canada aura publié, aux risques inhérents, une déclaration
unilatérale que les pays visés seraient fortement tentés
de ne pas reconnaître. Il ne faut pas perdre de vue l'impact de
déclarations unilatérales d'une zone économique de 200
milles par les Etats-Unis et la possibilité d'un transfert d'efforts de
pêche du côté canadien par les pays
évincés.
Le Canada s'est couvert à protéger un peu ses flancs en
négociant des ententes, surtout avec la Russie, qui est le pays le plus
gros pêcheur, dans la zone de la CIPANO.
M. Morin: Je sais que le Canada a négocié
bilatéralement avec un très grand nombre de pays pêcheurs
et qu'il négocie multilatéralement au sein de la CIPANO.
Mais ce qui m'intéresse, c'est la part du Québec dans tout
cela; c'est la part des pêcheries québécoises.
M. Saint-Pierre: La part du Québec, ce détour me
permet de le cerner un peu. Le Canada se trouve, pour une première fois,
en situation de-devenir le gestionnaire de ses pêches. Nous avons reconnu
qu'il ne l'a jamais fait. On s'est fié à la Providence, à
l'abondance des stocks.
Quelle est la position du Québec dans ceci? J'ai demandé
ceci, je l'ai répété encore hier, étant
donné que Terre- Neuve et la Nouvelle-Ecosse vont pouvoir partager le
contingent russe et, l'an prochain, pouvoir se l'approprier quasi en
totalité, étant donné les résultats attendus de la
réunion du CIPANO.
En somme, le Canada va chercher ses besoins dans la zone du CIPANO. Les
surplus, s'il y en a... Cela veut dire que, du côté canadien,
Terre-Neuve et Nouvelle-Ecosse sont en situation d'aller pêcher à
l'extérieur.
Je demande, au nom du Québec, qu'on exclut de la pêche du
poisson de fard, dans le golfe, ces deux provinces qui peuvent désormais
s'alimenter à l'extérieur.
M. Morin: Oui, toujours en tenant pour acquis, si je puis vous
interrompre une seconde, qu'au sein de CIPANO, on puisse se mettre d'accord sur
la zone exclusive économique de 200 milles.
M. Saint-Pierre: La Russie, l'accord biiatéral avec la
Russie. On a parlé des stocks de la Russie.
M. Morin: Oui, mais il n'y a pas que la Russie.
M. Saint-Pierre: Oui, mais on parle des stocks de la
Russie...
M. Morin: II y a...
M. Saint-Pierre: ... lorsqu'on dit que la Nouvelle-Ecosse
pourrait aller...
M. Morin: Oui, je sais, mais il n'y a pas que la Russie. Il se
pourrait très bien que, si la Russie consent à se retirer,
d'autres pays disent: L'aubaine est là; nous allons peut-être,
nous aussi, demander qu'on augmente notre contingentement. Je pense aux
Portugais qui, vous le savez, sont présents...
M. Saint-Pierre: Ce n'est pas la philosophie canadienne d'aller
à Montréal. On devait se rendre à La Havane. Nous
établissons nos besoins et, s'il y a surplus, nous le partagerons avec
les pays amis.
M. Morin: C'est cela.
M. Lacroix: II y a déjà eu la proposition des
efforts de pêche.
M. Saint-Pierre: Assurément.
M. Lacroix: Parce que, dans l'entente CIPANO, il y a eu une
réduction des jours de pêche accordés aux pays qui viennent
pêcher sur les côtes.
M. Morin: C'est exact, oui.
M. Lacroix: II y a déjà un début.
M. Morin: Oui, parce que, forcément, CIPANO est
obligée de prendre en considération le fait que du poisson, il y
en a de moins en moins.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, il est 13 heures. Je
pense que nous continuerons...
M. Saint-Pierre: Pourrais-je poser une question au chef de
l'Opposition, pour la bonne marche des travaux et non pas pour... Vous nous
avez posé des questions un peu particulières. Est-ce qu'on
pourrait s'entendre que, cet après-midi, on tenterait de passer la
Société de développement industriel et la
Société du parc de Bécancour dont les représentants
sont ici?
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Ce soir, on reviendrait aux pêches
maritimes.
M. Morin: Volontiers, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): La commission suspend ses
travaux jusqu'à cet après-midi, après la période
des questions.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 22
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission continue l'étude des crédits de l'Industrie
et du Commerce. Maintenant, avant de débuter, j'aimerais faire remarquer
que M. Brown (Brome-Missisquoi) remplace M. Déom (Laporte); M.
Quenneville (Joliette) remplace M. Denis (Berthier); M. Beauregard (Gouin)
remplace M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine). La parole est au ministre.
M. Saint-Pierre: M. le Président, tel qu'on l'a
mentionné, on commencerait avec la SDI pour ensuite passer au parc
industriel de Bécancour. A ma droite, se trouve M. Jean Labonté
qui était, l'an dernier, sous-ministre adjoint au ministère de
l'Industrie et du Commerce et qui est, depuis le 24 septembre 1975,
président et directeur général de la Société
de développement industriel. Je pense que le chef de l'Opposition avait
quelques questions à poser à M. Labonté.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé.
Société de développement
industriel
M. Morin: M. le Président, je me réjouis que M.
Labonté ait pu participer à la séance de cet
après-midi. J'aurais quelques questions à lui poser tout d'abord
sur ce qu'on pourrait appeler l'orientation générale qu'il entend
donner à la SDI au cours des mois et des années qui viennent.
Entend-il appliquer, par exemple, les mêmes grands principes que son
prédécesseur, M. Saul-nier, avait définis vers le mois de
septembre 1975 quant à l'intégration des entreprises
subventionnées à l'économie du Québec, à la
francisation, à la préférence pour l'entreprise
autochtone? Ce serait ma première question. Elle est de portée
tout à fait générale. C'est ma façon de donner
à M. Labonté l'occasion de nous faire part de sa philosophie
à la barre de la Société de développement
industriel?
M. Saint-Pierre: C'est trop gentil de me permettre de dire ce que
j'ai dit dans une vingtaine de conférences depuis six mois que
l'orientation de la SDI n'a pas changé comme telle. Les grands principes
inculqués par M. Saulnier à la SDI dans les trois
dernières années, qui ont été rodés et
changés au fur et à mesure que nous nous pliions, en fait, aux
données que le gouvernement et le ministère de l'Industrie et du
Commerce nous fournissaient pour la politique à suivre, en fait, dans le
cadre des investissements étrangers, pour la politique à suivre
dans l'intégration des entreprises étrangères aux tissus
économiques québécois, nous entendons les poursuivre.
Vous pourriez constater, à même la lecture de tous les
mémoires de recommandations au conseil d'administration de la
société, que nous mettons
de plus en plus de conditions sévères à
l'intégration des entreprises, en fait, au contexte économique
québécois. Nous pourrions vous lire... Je suis conscient que le
ministre vous a déjà donné lecture de quelques-unes des
recommandations qu'on fait ou des objectifs qu'on pose aux entreprises
étrangères qui s'établissent au Québec. Chacune des
interventions de la société au niveau du capital-actions, du
prêt ou de la prise en charge est toujours assortie des conditions
d'intégration, aussi bien de types de conditions où on leur
demande, par exemple, de payer des primes d'assurance à des
sociétés dont la principale place d'activités est au
Québec, d'acheter des équipements, des matériaux
québécois, d'acheter des services d'ingénierie, d'avocats,
de comptables québécois, d'acheter les matières
premières dans le domaine du possible au Québec et des
composantes quand c'est possible au Québec, d'intégrer ensuite et
d'avoir un certain nombre de cadres francophones au sein de
l'administration...
M. Morin: Vous ne leur fournissez pas les listes d'avocats et de
notaires habituelles?
M. Saint-Pierre: Non. C'est un objectif, en fait, et, sans
fournir de noms, aussi bien pour les ingénieurs-conseils et les
notaires, que les avocats on fait quand même un travail avec eux dans le
cas de la fourniture des équipements, des composantes et des
matières premières pour déceler, au Québec, le plus
possible de fournisseurs pour une société qui s'établit au
Québec. Ces conditions, bien entendu, font partie d'un certain nombre
d'objectifs qui sont établis avec les sociétés avec
lesquelles on négocie, des objectifs qui sont réalistes, que nous
croyons réalistes et que l'entreprise croit réaliste. A partir du
moment où les objectifs ne sont pas atteints et que la prise en charge
est quand même déboursée sur une période de trois
à cinq ans, nous nous réservons le droit de réduire la
subvention promise. Nous nous réservons le droit, dans certains cas,
d'annuler totalement la subvention promise si on ne peut pas atteindre les
objectifs ou si les objectifs seraient atteignables dans le sens que le produit
est là, le service est là, et ies entreprises
étrangères ne s'en prévalent pas, à ce moment on se
réserve le droit de retirer quand même une partie de la subvention
que la SDI a promise.
La philosophie de la SDI ne change pas. L'objectif primordial de la SDI,
qui est la transformation de la structure industrielle, ne change pas. Les
clauses 2 a), 2 b) et 2 c) de la loi n'ont pas été
amendées. On y a ajouté, pour aider les petites et moyennes
entreprises québécoises, la clause qu'on appelle 2 e) chez nous
ou le paragraphe 2, qui est l'aide à l'exportation, et dans laquelle
nous avons fait un certain nombre de bons mouvements ou de bonnes interventions
dans les derniers douze mois, et le nombre de dossiers augmente continuellement
là-dedans. La tâche de la SDI n'a pas changé.
Le volume d'activité de la SDI a très peu baissé en
1975/76 comparativement à 1974/75, peut-être seulement à
cause d'un dossier majeur qui était celui de SIDBEC, qui avait quand
même affecté nos chiffres en 1974/75 à la hausse, et nous
prévoyons pour 1976/77 un volume d'affaires un peu plus
élevé parce que nous avions quand même des engagements, en
termes de dépenses de transfert, qui retombent maintenant sur I
année 1976/77.
Alors, vous pouvez être rassuré. La SDI va bien et nous
sommes de plus en plus confiants que l'impact de la SDI se fait sentir au
Québec. Nous commençons quand même à sentir des
retombées intéressantes, en fait, de l'action de la SDI.
M. Morin: J'ai déjà posé au ministre un
certain nombre de questions au sujet de la SDI. Il devait déposer des
documents. Peut-être la présence de M. Labonté va-t-elle
nous permettre de commenter ces documents et, en particulier, en ce qui
concerne les principales entreprises dans laquelle la SDI détient une
partie du capital-actions.
M. Saint-Pierre: Le document s'en vient, à ce qu'on me
dit, dans quelques minutes.
M. Morin: On peut suspendre cette question. J'en aurais une autre
du même ordre qui est la suivante: Pourriez-vous nous dire si, dans les
faits, la valeur de l'aide financière pour l'année 1975/76 s'est
faite majoritairement à des entreprises autochtones ou quelle proportion
a été apportée à des entreprises non
québécoises? Je vous rappellerai peut-être, M.
Labonté, avant que vous ne répondiez, que M. Saulnier avait
fortement souligné la nécessité de venir en aide en
particulier à l'entreprise autochtone.
J'ai sous les yeux certains extraits d'une conférence qu'il
prononçait à la fin de 1975 et dans laquelle il disait: "On
aurait pu en venir à nous démontrer, si nous ne nous
étions pas interrogés, que l'aide financière provenant des
impôts d'une population francophone à 80% profitait à des
entreprises qui ne partagaient aucune des préoccupations d'ordre
économique et social de la population du Québec et de son
gouvernement." Et il ajoutait: "J'estime qu'aucun pays évolué ne
peut tolérer qu'un tel déséquilibre économique se
perpétue. J'estime qu'aucun gouvernement conscient de ses
responsabilités ne peut rester indifférent devant un tel
état de choses. "
Pouvez-vous nous donner une idée de la façon dont l'aide a
été répartie entre l'entreprise autochtone et l'entreprise
non autochtone?
M. Saint-Pierre: L'aide en dollars a été
répartie à 60,7% en nombre, à des entreprises dont les
actionnaires ultimes sont des Canadiens français, je dis bien des
Canadiens français et non des Québécois, parce que si on
prend le terme de Québécois, on va quand même à 80%.
L'aide en dollars est majoritaire dans le sens que c'est tout près de
55%, à comparer à l'an passé, où c'était
70%. Mais, encore là, un seul dossier, qui est la prise en charge de $18
millions à SIDBEC, affectait énormément la statistique, et
si on retourne en 1974, on était aussi à 55%.
II faut penser que la SDI répond quand même à la
demande et, dans une année de conjoncture un peu moins bonne, il est
possible qu'un certain nombre de petites entreprises ne fassent pas les
expansions, les projets qui avaient été prévus. Il faut
aussi penser qu'il ne faut pas se fier aux noms qu'on voit dans les journaux,
parce que, malheureusement encore, tant que la loi 22 ne sera pas totalement
appliquée en termes de noms de société, vous savez que
beaucoup de nos petites entreprises dont les actionnaires majoritaires sont des
Canadiens français ont quand même gardé le nom anglais de
leurs usines. Je lisais certains articles. Si on va assez loin, quand
même, on voit que Draco Limited appartient à des Canadiens
français, que Sept-lles Metal Works appartient quand même à
des Canadiens français. Eventuellement cette correction sera faite et,
bien entendu, toutes les compagnies du Québec auront un nom corporatif
français. A ce moment-là, peut-être que les articles de
journaux qui décrivent le volume d'activité de la SDI auront une
meilleure saveur aux yeux de quelques-uns, mais je peux vous dire qu'en termes
de statistiques, la majorité est encore du côté
francophone. Nous répondons à la demande mais, malheureusement,
en termes de dollars, ce qui arrive, c'est qu'un certain nombre de très
gros projets affectent nos statistiques de façon peut-être un peu
vers la baisse en termes de subvention ou d'aide à des entreprises
francophones.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. Saint-Pierre: II y a trois points que j'aimerais ajouter, que
j'avais déjà mentionnés, mais je pense que, pour donner
une réponse très complète, il ne faut jamais rien perdre
de vue. Dans les autres 30% ou un peu plus qui touchent les entreprises non
québécoises, souvent la SDI ou d'autres Québécois
se retrouvent minoritaires dans un secteur complètement nouveau pour le
Québec. On a donné des cas. D'ailleurs, vous en avez
soulevé comme l'entreprise allemande Didier, où la SDI est
présente. Je pense que ce sont des entreprises qui nous aident à
poursuivre des objectifs d'intégration. C'est un premier point.
Le deuxième point que j'aimerais soulever, je n'ai pas les
statistiques devant moi, mais le chef de l'Opposition les connaît dans
l'ordre de grandeur, c'est qu'il faut se rappeler que le programme de la SDI
vise justement à attirer au Québec les genres d'entreprise
où les Québécois francophones sont, à toutes fins
pratiques, très absents. En d'autres termes, si le programme de la SDI
visait à répéter notre structure industrielle, on aurait
beaucoup de cas qui toucheraient le textile, le meuble, le cuir la chaussure et
on aurait peut-être un plus grand nombre de cas qui toucheraient les
francophones. Mais comme l'objectif premier est de changer la structure
industrielle, l'objectif second est une participation accrue des
Québécois francophones à la vie économique. On
comprend en termes de critères que vous avez utilisés, une
espèce de contradiction. Parce que c'est bien certain que lorsqu'on va
dans la pétrochimie, dans l'électronique, dans nombre de secteurs
très modernes comme ça, où les Québécois
sont actuellement absents, ce n'est pas facile de trouver des dossiers
où on va les retrouver immédiatement majoritaires, surtout qu'on
veut avoir quand même des projets d'une certaine ampleur qui peuvent, sur
le plan international, exporter et qui, au niveau de la productivité de
la technologie peuvent...
M. Morin: II n'en reste pas moins que 55%, c'est tout juste
majoritaire. J'imagine que vous avez des objectifs plus élevés
que ceux-là, étant donné que la proportion de la
population francophone au Québec dépasse quand même 80%.
J'imagine aussi que ce pourcentage inférieur à la norme
démographique découle probablement du fait que vous ne sollicitez
pas les entreprises à vous faire des prêts, vous répondez
aux besoins exprimés par les entreprises. Mais je veux attirer...
M. Saint-Pierre: Non, là, je regrette...
M. Morin: Laissez-moi finir ma phrase, vous pourrez...
M. Saint-Pierre: Je n'accepte pas le constat que vous avez
fait.
M. Morin: Vous pourrez toujours dire le contraire, laissez-moi
finir ma question.
M. Saint-Pierre: Je vais sûrement le faire. M. Morin:
Ce que je voulais dire...
M. Saint-Pierre: Avant de poser une question, vous faites une
affirmation qui est fausse.
M. Morin: Je m'excuse. Vous aurez tout le loisir de me
répondre par la suite. Laissez-moi terminer ma question. Ce que j'allais
dire, c'est que le fait que vous soyez souvent obligé d'attendre que les
gens viennent vers vous, cela met des limites à votre capacité de
transformer la structure industrielle du Québec. Ce n'est pas comme si
vous aviez un rôle d'intervenant de votre propre initiative. Vous
êtes forcément, en très grande majorité des cas,
obligé d'attendre qu'on vous présente des projets et,
forcément, j'imagine que les 55% s'explique un peu de cette
façon.
M. Saint-Pierre: Je conteste l'affirmation dans laquelle vous
dites qu'on est dans une position passive; on attend de recevoir des cas,
lorsque les gens nous appellent, on donne un formulaire et on dit: Remplissez
ça et venez nous voir. Il me semble d'ailleurs qu'au cours des
dernières semaines, je vous ai donné tous les travaux en
matière de recherche économique qui sont faits par le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Vous vous rappelez toute la
série d'études que nous avons dans la bicyclette, la
motocyclette, la machinerie, l'appareil scientifique dans les hôpitaux,
la table d'opération.
On tente d'identifier des projets et après, la di-
rection de l'industrie du ministère de l'Industrie et du Commerce
tente de trouver des partenaires possibles pour ces projets, tente de les
implanter.
Lorsqu'un étranger vient ici faire une implantation, que ce soit
un Japonais ou un Allemand, on tente de lui trouver un partenaire on
n'est pas passif d'après nos connaissances du milieu, les
possibilités d'expansion. Et le ministère et la SDI jouent un
rôle de catalyseur pour tenter d'augmenter le nombre d'entreprises
intéressées par l'expansion. Tous les cours que nous donnons pour
l'aide à l'exportation, les colloques que nous faisons pour
améliorer la gestion des entreprises, tout cela vise à stimuler
le désir de croissance chez les entreprises.
On ne reviendra pas à La Fontaine. On peut amener le cheval
à la rivière, mais on ne peut pas le forcer à boire. Si
telle entreprise ne veut pas construire parce qu'il y a mille et un facteurs
qui peuvent l'expliquer, on ne peut pas la forcer dans les règles du jeu
qu'on a actuellement. Ni la SDI, ni le ministère ne peuvent forcer une
entreprise à investir si elle trouve que ses relations de travail sont
épouvantables, qu'elle a de la difficulté à écouler
ses produits, que le niveau des taxes est trop élevé par rapport
à ses concurrents ou autres.
M. Morin: Ne nous faites pas dire des sottises. C'est
évident qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à investir s'il ne
veut pas investir. Ce n'est pas de cela que je vous parlais.
M. Saint-Pierre: Non, mais vous avez affirmé...
M. Morin: Je vous parlais de prendre l'iniative des
investissements. Vous me dites que vous le faites, mais je vous rétorque
que la SDI est toujours dans l'attente des projets.
Alors, si vous me dites le contraire, on va éplucher la liste
pour voir quels sont tes projets qui sont dus à l'initiative du
ministère et quels sont ceux qui viennent spontanément du milieu
de l'entreprise. Il ne faut pas jouer sur les mots. A moins que je ne m'abuse
et à moins que vous ne me détrompiez, et de façon
méthodique, précise, le principe, c'est que la SDI doit attendre
que des projets lui soient apportés. Qu'elle les encourage par la suite,
que vous cherchiez des partenaires, je le veux bien. M. Labonté, vous
pouvez peut-être ajouter quelque chose à cela.
M. Saint-Pierre: La SDI n'a pas, comme telle, une équipe
de vendeurs qui fait du porte-à-porte pour dire: On a des subventions
à vous donner ou on a des sous à vous prêter. L'action de
la SDI repose essentiellement sur les équipes de vendeurs que le
ministère a mis sur pied lui-même, en termes de
délégués régionaux, de commissaires industriels, de
conseillers économiques à l'étranger, de sectoriels au
sein de la SGI et de conseillers au sein de la direction générale
des services aux entreprises.
Il y a quand même toute une équipe qui repose sur ce que
j'appelle le bras financier du ministère, qui est la SDI, et qui
amène réellement de l'eau au moulin. La SDI, comme telle, ne sent
pas encore le besoin d'avoir une équipe de vendeurs, quand tout ce
monde-là lui amène... On a quand même des limites en termes
d'effectifs et de budget.
Si je vous disais qu'on a quand même 300 dossiers à
l'étude dans le moment et qu'on aura traité quelque 600 dossiers,
cette année, ce n'est pas le travail qui nous manque.
Ce que M. le ministre vous disait, c'est que nous avons quand même
des secteurs étudiés dans le moment, où nous pensons que
l'action de la SDI vient, à un certain moment, dans le cheminement du
dossier, intervenir de façon appréciable, de façon
à faire démarrer le dossier, de façon à assurer que
le dossier se développe.
M. Morin: Souhaiteriez-vous que la SDI, si des moyens idoines
étaient mis à sa disposition, puisse prendre l'initiative de
certains projets de développement?
M. Saint-Pierre: Prendre l'initiative comme telle, en fait, nous
nous en tiendrions aux priorités du ministère. Il y a quand
même d'autres organismes qui peuvent, comme la SGF, par exemple, servir
à initier un projet de développement, à créer de
toute pièce un projet de développement. Je ne pense pas que ce
soit le rôle de la SDI de partir, de créer de toutes pièces
des entreprises au Québec.
Nous aimerions, dans une orientation future, en tout cas, attaquer un
projet au moment où, au moins, le produit est commercialement prêt
à être mis en marché et, à partir de ce moment,
l'apport de la SDI est réellement un apport financier, au niveau du
capital-actions, au niveau du prêt ou au niveau de la subvention.
C'est là que je conteste le problème... Je ne vous en fais
pas un reproche, mais, par rapport à l'année 1971 que j'ai
vécue avec une autre opposition officielle, souvent nos études de
crédits tournent autour de discussions d'articles de journaux qui ont
paru il y a six mois, un an, neuf mois et des déclarations de Pierre,
Jean, Jacques. Finalement, on ne sait pas ce qu'on a adopté.
Il y a deux ou trois jours, on a adopté l'élément 1
du programme 3. On a quand même adopté $3 160 millions sur la
prospection de l'investissement. Les feuilles que je vous ai moi-même
données montrent, par exemple, dans le programme de prospection
industrielle lancé en novembre 1973, que le ministère a
envoyé 8645 lettres, 1480 remises d'études et de dossiers, 370
rencontres d'affaires. Tout cela mène à quelque chose. A un
moment donné, lorsqu'on pense qu'on a un client sérieux, un
projet qui se tient debout, un partenaire ici, on va avec la SDI et on fait
progresser le dossier.
Mais, de nous dire que nous sommes passifs et que nous attendons que les
gens viennent frapper à notre porte, nous téléphoner,
c'est, une fois de plus, être très injuste avec la
réalité.
M. Morin: Nous sommes en train d'étudier le dossier de la
SDI. Je veux savoir exactement comment fonctionne la SDI.
M. Saint-Pierre: Je vous demande un effort de
mémoire...
M. Morin: Oui, mais...
M. Saint-Pierre: ...de savoir ce qu'on a adopté, il y a
deux jours. Quand je vous dis qu'il y a deux jours, au ministère, on a
voté $3 millions de dépenses, qu'on a envoyé 9000 lettres,
qu'on a eu 500 rencontres d'affaires, et c'est simplement d'un programme. Allez
au programme suivant, je vous ai fait part des études qui étaient
faites pour définir des projets industriels qu'on pourrait susciter au
Québec... C'est rempli de cela dans le programme 3.
M. Morin: Oui, mais nous sommes à l'étude du
programme 5.
M. Saint-Pierre: C'est en retard. Ecoutez, si on était
séparé, vous nous accuseriez d'être
incohérents...
M. Morin: J'ai bien saisi cela. Nous avons approuvé ce
programme. Le ministre doit bien admettre que nous l'avons approuvé. Je
ne l'ai pas approuvé à l'aveuglette.
M. Saint-Pierre: Dois-je comprendre que vous nous avez...
M. Morin: Je voulais comprendre comment la SDI fonctionne et si
elle a l'intention de prendre elle-même l'initiative dans certains
dossiers. Je constate qu'elle attend que l'impulsion vienne d'autres services
du ministère. J'ai bien interprété ce que M.
Labonté m'a dit, je pense.
Au niveau du français et de l'anglais dans l'entreprise, M.
Saulnier avait été très catégorique. La SDI,
disait-il, fait de l'usage du français à tous les niveaux
d'emploi, une condition obligatoire des subventions offertes aux entreprises.
Pourriez-vous nous dire comment les choses se sont passées depuis que
vous êtes à la direction de la SDI? Est-ce que ce critère
de la francophonisation a été appliqué? Quels
résultats, à tout le moins préliminaires avez-vous
obtenus?
M. Saint-Pierre: Dans chacune des lettres d'offres, en fait, de
subventions, de prêts, la SDI recommande fortement l'emploi du
français à tous les niveaux de l'entreprise. Il n'est pas
question pour nous, et il n'était pas question non plus dans le temps de
M. Saulnier, d'en faire une condition à un prêt dans le sens que
c'est le genre de choses qu'on ne peut pas vérifier. C'est quand
même avant-gardiste au bill 22 jusqu'à un certain point; mais en
fait, nous leur laissons savoir dans chacune des lettres d'offres que le
français est la langue de travail au Québec, le français
est la langue qu'il faut employer à tous les niveaux de
l'organisation.
M. Morin: M. le Président, je suis obligé de
m'attarder un peu sur cette question, parce que ce que vous venez de dire
là, montre que les objectifs définis par M. Saulnier se sont
quelque peu transformés. Je vous relis le passage de M. Saulnier...
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que c'est? Pouvez-vous nous le donner
encore?
M. Morin: C'était le texte de M. Saulnier reproduit dans
Le Devoir, lundi, le 22 septembre 1975.
M. Saint-Pierre: C'est la conférence sur le bill 22?
M. Morin: Dans lequel il a été question du bill 22,
mais pas seulement du bill 22, il a été question de la nouvelle
politique de la SDI, de la fin de l'ère des subventions, cadeaux, et,
enfin, dans le dernier paragraphe, du français et de l'anglais dans
l'entreprise. C'était devant les membres du Centre linguistique de
l'entreprise de Montréal. M. Saulnier a été tout à
fait catégorique. Il semble que l'esprit qui l'animait se soit
transformé quelque peu. Il disait, je répète: "La SDI fait
de l'usage du français à tous les niveaux d'emploi une condition
obligatoire des subventions offertes aux entreprises." Vous me dites, M.
Labonté, que maintenant, c'est devenu une recommandation qu on leur
fait. Est-ce qu'il y a eu une modification dans votre attitude? Avez-vous le
moindre espoir qu'une telle recommandation, qui n'est pas un critère de
sélection, puisse être suivie par des entreprises qui, on le sait,
ne sont pas toujours très pressées de faire de la place aux
francophones. On l'a vu encore lors du colloque qui a eu lieu aux Hautes Etudes
Commerciales, il n'y a pas si longtemps.
M. Saint-Pierre: La lettre d'offres, qui est en fait une formule,
jusqu'à un certain point, stéréotypée, savoir qu'il
y a un certain nombre de paragraphes qui se répètent toujours,
n'a pas été changée depuis février 1975 et est
encore la même. Entre la causerie de M. Saulnier et la condition sine qua
non pour en faire un prêt, il y a peut-être une marge, parce que,
dans les lettres qui ont été signées par M. Saulnier, de
février 1975 à son départ en août 1975,
c'était sous forme de recommandations et non pas sous forme de
conditions attachées au déboursement du prêt.
M. Morin: II y a un moment où on a, disons, doré la
pilule, peut-être. Pensez-vous que M. Saulnier ait doré la pilule
dans son texte? J'en ai l'impression alors, parce que je vous l'ai lu
textuellement. Il n'est pas question de faire des recommandations ou de faire
confiance à l'entreprise, comme dit souvent le premier ministre. Une
condition obligatoire des subventions offertes aux entreprises.
M. Saint-Pierre: Elle le sera automatiquement à partir de
l'application du bill 22.
M. Morin: Ah!...
M. Saint-Pierre: M. le Président...
M. Morin: ... c'est une autre affaire. Expliquez-moi comment vous
aller...
M. Saint-Pierre: ... évidemment...
M. Morin: ... procéder pour vous assurer que ce soit une
condition obligatoire.
M. Saint-Pierre: J'aimerais bien, si le chef de l'Opposition veut
à l'avance mettre en opposition M. Labonté et M. Saulnier, qu'il
nous donne au moins une heure d'avis. On va faire venir M. Saulnier ici.
Evidemment, je me sens mal à l'aise de tenter d'assister à un
débat qui implique quelqu'un qui n'est pas présent ici.
Je profite de l'occasion, parce que je pense que M. Labonté est
dans une position délicate, pour reprocher un peu un manque de rigueur
aux partis de l'Opposition et également à certains membres des
media d'information vis-à-vis... à la fois, à l'occasion,
ce sont des institutions et, d'autres fois, ce sont des hommes, où on
semble véhiculer constamment une espèce de préjugé
favorable ou défavorable qui n'est pas appuyé par les faits. Je
voyais, encore récemment, un rapport de presse de la SDI dans lequel,
mentionnant le nombre d'offres aux entreprises, un journal, qui n'a pas
été publié aujourd'hui, mais qui publie, à
l'occasion, des nouvelles erronées, mentionnait que le beau temps de M.
Saulnier était disparu parce qu'on avait accordé une aide
à je ne sais quelle entreprise avec un nom anglo-saxon. Cela
m'apparaît extrêmement injuste de faire ceci parce qu'on recule
dans le temps, quand M. Saulnier était président, il y avait,
bien sûr, des entreprises qui pouvaient avoir un nom anglo-saxon et qui
ont également eu de l'aide.
Je pense qu'il ne faut voir aucune modification de la politique, de
l'élan, de l'esprit qui l'ont animé; il ne faut pas tenter de
faire des divisions entre M. Saulnier et M. Labonté et tenter de les
mettre en contradiction, parce qu'on ne fera jamais de division entre ces deux
hommes et moi-même. Je ne sais pas quel intérêt on sert. Ce
que j'en suis, c'est qu'il faut se rappeler que. lorsque M. Saulnier
était président-directeur général de la SDI, M.
Labonté siégeait au conseil d'administration. Aujourd'hui que M.
Labonté est président-directeur général, M.
Saulnier siège au conseil d'administration et, à ma connaissance,
sur les politiques générales et sur les cas d'espèces, il
n'y a aucune mesure de divergence entre les cas donnés.
Rétablissons maintenant le point que vous voulez soulever. Je
pense que, ratifiée par le gouvernement... Il faut bien voir... Il n'y a
pas une politique de M. Saulnier comme telle. Il y a des institutions
paragouvernementales qui soumettent au gouvernement des éléments
de politiques qui sont ratifiés par des arrêtés en conseil,
parce que les règlements de la SDI sont quand même ratifiés
par arrêté en conseil; donc, éléments de politiques
du gouvernement. Il y a déjà quelques années, pour tenter
d'augmenter les effets secondaires, c'est-à-dire tenter que, par le
biais de la SDI, on ne change pas uniquement la structure industrielle, mais
que ça nous permette de maximiser les retombées, on avait
accepté un règlement qui, essentiellement, sur l'article 2 a,
tentait de quantifier en termes de pointage la nature de l'aide qui pouvait
être consentie, comment généreux on pouvait être, et
certains des facteurs qui étaient mentionnés je vous les
donne ici étaient divisés en trois: les effets
d'entraînement structurel, ce qui touchait à la fois l'achat de
matières premières et de produits fabriqués au
Québec, l'achat de machines ou outillages fabriqués au
Québec et les pourcentages de dépenses, de recherche et de
développement au Québec par rapport aux ventes, où un
total maximum de quinze points est accordé.
Un deuxième groupe de facteurs était l'effet sur la
participation des Québécois francophones à
l'activité économique, et on avait là, deux sous-groupes:
Le pourcentage des Québécois francophones parmi le personnel de
cadre et, le pourcentage des Québécois francophones au conseil
d'administration, on accordait cinq points pour ceci, et, finalement, un effet
sur les autres secteurs d'activité, c'est-à-dire des effets
d'entraînement qui étaient divisés en trois: Les travaux de
génie confiés à des firmes contrôlées par des
citoyens canadiens domiciliés au Québec; des travaux de
construction confiés à des firmes contrôlées par des
citoyens canadiens domiciliés au Québec et des primes d'assurance
payées dans une proportion supérieure à 50% à des
firmes dont le siège social opérationnel est au
Québec.
Ces trois derniers critères méritaient quatre points pour
un total de 24 points.
Comment se qualifiait chaque projet individuel vis-à-vis de ces
critères et déterminait l'ampleur des sommes qu'on accordait. Je
tiens à dire au chef de l'Opposition que cette méthodologie
existait avant M. Saulnier et existe après M. Saulnier. Dans des cas
particuliers, elle a donné lieu à une série de jugements
qui entre avant M. Saulnier et après M. Saulnier n'ont pas
changé.
M. Morin: M. le Président, je tiens à rassurer le
ministre et le président de la SDI. Nous ne tentons nullement de mettre
les présidents en contradiction. Ce n'est pas du tout le but de mes
questions, c'est de m'assurer qu'un certain nombre d'objectifs définis
à l'époque de M. Saulnier demeurent actuellement, des objectifs
à la société.
Le ministre parle d'un manque de rigueur. Je me demandais justement qui
manque de rigueur et je veux m'en assurer. Je veux savoir ce que vous avez
l'intention de faire pour corriger, par la suite, les lacunes, s'il y en avait,
et j'ai lu un extrait de la conférence de M. Saulnier cela ne
fait pas tout à fait un an qu'il a dit cela et je ne peux faire
autrement que de vous citer ce fait qu'il parle d'une condition obligatoire des
subventions offertes aux entreprises. Je voulais m'assurer de ce que cela
signifiait exactement.
Vous me dites que c'est une simple recommandation. Je suis obligé
de constater qu'il y a effectivement, quelque part, un manque de rigueur dans
l'emploi du vocabulaire et je ne sais pas qui en est responsable.
M. Labonté nous dit qu'avec l'application de la loi 22, cela va
changer. J'aimerais qu'il nous explique de quelle façon, et j'aimerais
aussi qu'il nous donne une idée des résultats déjà
obtenus à la suite du processus de recommandations que vous faites aux
entreprises lorsque vous leur accordez un prêt ou une subvention.
Etes-vous en mesure de mesurer l'impact que vous avez eu sur le plan
linguistique? Si vous me dites: Je ne sais pas. peut-être que cela a
aidé, peut-être que cela n'a pas aidé, on n'a pas de
statistiques, on n'a pas de résultats sur la participation des
francophones à la gestion des entreprises, je serai obligé de
conclure qu'on manque encore plus de rigueur.
M. Saint-Pierre: Quand vous me parlez de la participation des
francophones au sein de l'entreprise, il s'agit de conditions quantifiables, en
fait, et que nous posons à l'entreprise dans la lettre d'offres.
C'est-à-dire que lorsque nous lui disons que 50% des cadres devront
être de langue française, en fait, on obtient un certificat de
l'auditeur de l'entreprise et une liste des employés avant d'accorder la
subvention.
Quand vous me demandez si le français est employé
couramment dans l'entreprise, ce n'est pas le genre d'enquêtes que nous
avons faites jusqu'à maintenant. Comme je vous le dis, sur cette
recommandation, nous n'avons pas, à ce moment-ci, à la SDI, les
moyens de contrôler, d'aller nous promener dans l'entreprise pour savoir
si réellement on parle français à tous les niveaux
d'activité de cette entreprise.
Quand il s'agit de primes d'assurance, je peux vous dire, en fait, que
presque toutes les sociétés d'assurance dont le siège
social est en dehors du Québec et qui ont perdu des contrats
d'assurance, à des entreprises dont le siège social et
opérationnel est au Québec, nous avons eu des réactions
à partir de Toronto, des Etats-Unis, où les associations
d'assureurs et les fédérations de compagnies d'assurance ont fait
des représentations pour nous dire: Vous allez un peu trop loin dans
votre intégration. Mais cela n'a quand même pas
arrêté notre mouvement et, dans les dernières lettres
d'offres qui ont été publiées cette semaine, nous
remettons ces mêmes conditions. Nous établissons de façon
très réaliste le niveau de primes d'assurance qui peuvent
être payées au Québec et nous avons déjà vu,
en termes de retombées économiques, plusieurs millions de dollars
de primes qui sont passés à des entreprises
québécoises dans le courant de l'année 1975/76 et qui
continuent à être déplacés aux mêmes
conditions, en fait de qualité, de service, de conditions de paiement,
parce que les entreprises québécoises, dans le domaine de
l'assurance, surtout de l'assurance-vie et de l'assurance-maladie, sont
très capables de concurrencer les entreprises d'autres provinces ou de
l'étranger.
Dans le domaine de l'assurance générale, de
l'assurance-feu et responsabilité, on a un peu plus de difficulté
parce que le marché est assez restreint au Québec et il est
difficile de réassurer au Québec de grosses primes d'assurance,
de gros- ses polices d'assurance dans le domaine de la
responsabilité.
Au niveau des francophones, pour les sociétés
étrangères qui s'établissent au Québec, nous
travaillons avec elles au recrutement des francophones. Nous leur apportons de
l'aide, au niveau des cadres et au niveau de la main-d'oeuvre locale. A ce
moment-là, nous sommes réellement un stimulant et, jusqu'à
un certain point, un catalyseur pour assurer que les compagnies
étrangères qui s'établissent au Québec deviennent
réellement des compagnies québécoises francophones, de
bons citoyens corporatifs.
M. Morin: Depuis combien de temps avez-vous mis dans vos lettres
d'intention ce critère que la moitié des cadres d'une
société doivent être francophones?
M. Saint-Pierre: Dans certains cas, c'est même 70% ou 75%.
Cela existe à la SDI depuis déjà 18 bons mois. Nous
continuons à !e mettre. Dans certains cas, la compagnie existe
déjà au Québec, a un programme d'expansion. Bien entendu,
nous ne pouvons pas la forcer en 24 heures ou en 48 heures à
déplacer un certain nombre de cadres qui ne seraient pas francophones
pour les remplacer par des francophones, mais nous mettons l'objectif à
la deuxième ou à la troisième année. Même
à des compagnies existantes dont la plupart des cadres sont anglophones,
on impose cet objectif, mais on leur donne cela comme l'objectif de
troisième année pour obtenir la troisième tranche de la
subvention.
M. Morin: Est-ce que vous êtes en mesure de la sorte
d'établir une sorte de progression dans la francisation des cadres des
entreprises? Avez-vous des chiffres, des résultats dont vous puissiez
faire état déjà?
M. Saint-Pierre: Pas à ce stade encore, parce qu'en fait
c'est une chose qui existe au maximum depuis un an et demi en fait et dont les
objectifs seront atteints peut-être la deuxième ou la
troisième année d'opération de l'entreprise. Je n'ai pas
de statistique comme telle vous disant: C'est vrai qu'elles ont 50%
aujourd'hui. Dans les cas où les compagnies sont déjà
existantes, on constate au départ qu'il y a 50% des cadres qui sont
déjà francophones et on leur met l'objectif à 75% pour la
troisième année d'opération. Et, en troisième
année d'opération, avant de débourser la subvention, on
vérifiera, on fera le contrôle. Mais c'est
prématuré, après un an et demi d'animation d'un programme,
de demander le résultat tout de suite, ou l'impact que cela a eu.
M. Morin: A ce moment-là, est-ce que c'est vraiment une
exigence? C'est plus qu'une recommandation dans ce cas-là?
M. Saint-Pierre: C'est un objectif qu'on fixe avec la
société et c'est une condition au déboursé de la
subvention au moment où la subvention sera à débourser.
C'est réellement une condition. Si
elle n'a pas atteint ce niveau, on réduit la subvention, soit
proportionnellement, soit au point de la faire disparaître totalement
pour cette année où cette condition...
M. Morin: Est-ce que cela s'est déjà produit dans
les faits?
M. Saint-Pierre: Oui. Cela s'est produit. Pas dans le cas de
cadres francophones comme tels, mais cela s'est produit dans le cas de deux
entreprises, à ma connaissance, où nous avons réduit la
subvention. Dans un cas, ce fut des trois-quarts et, dans l'autre cas, ce fut
de la moitié, parce que les composantes et les machineries pouvaient
être disponibles au Québec au même prix et à la
même qualité et la compagnie a préféré
acheter d'ailleurs. A ce moment-là, nous avons réduit la
subvention de 75% en proportion.
M. Morin: Est-ce que cela s'est produit pour des motifs
linguistiques?
M. Saint-Pierre: Pas encore, comme je vous le dis. Non. On n'en
n'est pas à l'étape de contrôle encore dans le domaine des
subventions.
M. Morin: Est-ce qu'on peut tenir pour acquis que, dans la liste
des aides financières consenties en 1975/76, il ne se trouve pas de
sociétés qui n'aient soit déjà atteint le seuil de
50% auquel vous vous êtes référé ou qui ne soient en
route pour l'obtenir?
M. Saint-Pierre: Les sociétés ne sont pas tenues de
nous faire des rapports d'étapes, si vous voulez, à savoir si
elles arrivent au 50% qu'on leur a demandé, le rapport se ferait au
moment du déboursement de la subvention, au moment où l'objectif
leur était donné et je peux vous dire que, dans le cas de
certaines sociétés étrangères, tous les cadres
employés au Québec, jusqu'à maintenant, sont des
francophones. Elles ont dépassé l'objectif qu'on leur avait
donné même avant qu'on le leur demande, jusqu'à un certain
point.
Mais elles ne sont pas tenues de me le dévoiler tant et aussi
longtemps que je n'aurai pas besoin du certificat pour faire le
déboursé. Mais, comme je vous dis, nous travaillons avec elles au
recrutement des cadres et nous les aidons à recruter des cadres par les
moyens du bord.
M. Morin: Quand vous dites cadres francophones, voulez-vous dire
cadres francophones d'origine québécoise ou des étrangers
qui parleraient le français?
M. Saint-Pierre: On ne peut pas faire de racisme.
M. Morin: Ce n'est pas une question de racisme, la
francophonisation n'est pas une question de racisme; il s'agit de savoir si
vraiment ça aide les Québécois, oui ou non, c'est
tout.
M. Saint-Pierre: Non...
Vous me demandez une définition de francophone et je ne voudrais
pas me mêler à ça.
M. Morin: Je vais vous la poser de façon plus
précise. Quand vous tentez de vous assurer que les objectifs de la loi
sont réalisés, qu'on vous communique une liste de cadres, est-ce
que vous avez le souci qu'il y ait là des Québécois ou
bien si vous acceptez comme francophones des personnes qui parlent
français tout simplement, mais qui peuvent être d'origine
américaine ou même simplement des cadres américains qui
sont en rotation au Québec?
M. Saint-Pierre: Non, en fait, dans une des définitions,
il y a deux ans, de francophone, au sein des directives de la SDI, on le
donnait comme citoyen canadien résidant au Québec et qui parle
habituellement le français.
M. Morin: Cela répond à ma question.
M. Saint-Pierre: Mais ce n'est pas une définition que je
voudrais être celle du bill 22 ou du gouvernement du Québec; c'est
celle que la SDI s'est donnée, de façon...
M. Morin: C'est ce que je voulais savoir. Ce n'est pas, comme le
ministre l'a insinué tout à l'heure, une question de racisme ou
alors vous feriez du racisme en ce moment. Il faut faire attention aux mots
qu'on utilise, M. le ministre.
M. Saint-Pierre: Quelle est votre définition de
francophone? Vous avez...
M. Morin: Elle correspond assez bien à celle que la SDI
essaie de mettre en oeuvre, à ce que je vois. C'est pour ça que
je suis satisfait de cette réponse.
M. Marchand: M. le Président, je me demande, à ce
moment-ci, en écoutant les questions du chef de l'Opposition, s'il
considère qu'un francophone qui n'est pas de descendance
française n'est pas un Québécois.
Est-ce qu'il veut dire qu'un Italien qui parle parfaitement le
français et même ne parle pas italien n'est pas un
francophone?
M. Morin: Je vois que le député n'a pas suivi le
débat.
M. Marchand: Je l'ai très bien suivi.
M. Morin: Parce que, s'il l'avait suivi, il aurait compris ce
qu'est un francophone.
M. Marchand: Je l'ai très bien suivi et vous n'osez pas
répondre à ma question. Mais vous avez dit assez clairement qu'un
Québécois qui n'est pas d'origine française et qui est un
francophone n'est pas un Québécois.
M. Morin: Je n'ai jamais dit ça...
M. Marchand: C'est ce que j'ai compris dans ce que vous avez
dit.
M. Morin: ... et je ne me donnerai même pas la peine d'y
répondre.
M. Marchand: Répondez à ma question. Si elle vous
embête, vous n'êtes pas obligé d'y répondre, mais
c'est ce que vous avez quand même affirmé.
M. Morin: M. le Président, le député relira
les débats et il trouvera la réponse à sa question.
J'étais en train de m'entretenir avec M. La-bonté et j'ai
encore une ou deux questions à lui poser sur les orientations
générales. Avez-vous reçu maintenant les renseignements
sur la participation de la SDI au capital-actions?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Nous pourrions peut-être nous pencher
là-dessus.
M. Saint-Pierre: On va faire tirer des copies' M. le
Président.
M. Morin: Oui, ce serait utile que j'aie une copie devant moi
pour qu'on puisse...
M. Saint-Pierre: Cinq copies ou six copies.
Aide à l'exportation
M. Morin: M. le Président, je voudrais maintenant jeter un
coup d'oeil sur les programmes d'aide à l'exportation de la SDI. Est-ce
que je pourrais vous demander d'abord quel est le montant des engagements pour
1975/76?
M. Saint-Pierre: A ma gauche se trouve le président M.
Revenko, de la SDI, qui est particulièrement responsable du dossier des
programmes d'exportation.
Les engagements de l'année, entre le 1er avril 1975 et le 31 mars
1976 sont de l'ordre de $2 621 800.
M. Morin: $2 600 000?
M. Saint-Pierre: $2 621 800.
M. Morin: Bien. Est-ce qu'il serait possible de comparer ce
montant avec les prévisions que vous aviez? Je pense en particulier
à vos directives.
M. Saint-Pierre: En fait, il n'y avait jamais eu de
prévisions comme telles. On avait simplement indiqué dans un
rapport interne que...
M. Morin: C'est à cela que je fais allusion.
M. Saint-Pierre: C'est impossible. C'est un peu comme votre
question de ce matin. Combien de poissons obtient-on quand on va à la
pêche?
M. Morin: Pardon.
M. Saint-Pierre: Dans le domaine des exportations, M. le
Président...
M. Morin: Vous voulez nous amener vraiment à la
pêche cette fois-ci. Vous aviez, d'après un mémoire
interne, des prévisions ou des objectifs je ne sais trop comment
on doit les qualifier exactement de l'ordre de $50 millions au cours des
deux ou trois premières années. C'est pour cela que je vous pose
la question. Il semble qu'on soit assez loin du compte.
M. Saint-Pierre: Ce chiffre avait été cité
à la suite d'une visite d'étude qu'on avait faite auprès
de l'Ontario Development Corporation. A ce moment-là, on ne savait pas
exactement, à la SDI, quelle forme l'aide à l'exportation allait
prendre. On se disait que, globalement, si on appliquait exactement la
même façon de travailler que le faisait l'Ontario Development
Corporation, il se pourrait que l'aide puisse atteindre $50 millions dans les
trois prochaines années.
Mais c'était une estimation qui avait été faite
d'une façon globale. A ce moment-là, on ne savait pas quel genre
de programme on allait appliquer dans l'aide à l'exportation.
M. Morin: Oui. Effectivement, vous vous étiez
fondés sur des chiffres qui avaient cours à l'Ontario Development
Corporation?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Et dans ce mémoire interne, on nous disait que
vous pouviez estimer à $50 millions environ la somme totale que la SDI
pourrait avoir à débourser pour son nouveau programme il
s'agit toujours de l'aide à l'exportation au cours d'une
période de deux à trois ans, en dollars de 1974.
Au cours des années qui ont suivi ce mémoire, est-ce que
vous pourriez ce sont les directives de 1974 nous dire quel a
été la montant total des engagements de 1974 à 1976?
M. Saint-Pierre: En fait, en 1974/75, il n'y a eu qu'un dossier;
le projet d'aide à l'exportation a démarré en fin
d'année. Il y a eu treize dossiers en 1975/76, pour le montant total de
$2 millions. C'est ce que je vous ai donné tantôt.
M. Morin: Nous sommes loin du compte. Comptez-vous activer ce
secteur au cours des mois, des années qui viennent? Ce n'était
pas une si mauvaise méthode de vous inspirer de ce qui se passait
à l'Ontario Development Corporation. Cela vous donnait au moins un ordre
de grandeur. Il semble qu'avec $2 621 000 on soit bien loin de ce qu'on avait
prévu, en tout cas.
M. Saint-Pierre: Ce que faisait l'Ontario Development
Corporation, c'était d'offrir des prêts à court terme, aux
entreprises qui exportent, à un
taux d'intérêt qui avait alors été
fixé à 6 1/2%. Le taux d'intérêt n'avait pas
varié lorsque l'intérêt des banques a augmenté
graduellement.
L'Ontario Development Corporation est restée à 6 1/2% et
offrait des prêts directs pour financer les exportations. Nous, à
la SDI, nous nous sommes dit: Pourquoi faire double emploi avec les fonds que
les banques peuvent offrir aux exportateurs québécois? Et on
s'est dit: Plutôt que de faire directement des crédits que les
banques sont prêtes à offrir, ce qu'on pourrait proposer, c'est
d'offrir des prises en charge, sur les crédits que font les banques.
Mais l'Ontario fait directement les prêts, si bien que ses
chiffres sont beaucoup plus élevés.
M. Morin: Je comprends, oui.
M. Saint-Pierre: Mais l'effet pour l'entreprise est le
même. Cela ne change absolument rien, puisque nous disons: Nous allons
réduire le taux d'intérêt aux entreprises, à
certaines conditions.
M. Morin: Oui. Etes-vous en mesure alors de nous dire le montant
des prêts qui auraient été consentis par des organismes
privés, pour des fins d'exportation, où vous auriez pris en
charge une partie de l'intérêt?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Vous pourriez établir cela?
M. Saint-Pierre: On pourrait...
M. Morin: Je ne veux pas vous bousculer, parce que...
M. Saint-Pierre: On peut l'additionner en fait, il y a treize
dossiers.
M. Morin: Bien. S'agit-il parmi ces treize dossiers dont vous me
parlez, M. le Président de la SDI, de petites et moyennes entreprises?
Parce que, si je me réfère à votre mémoire interne,
qui avait été rendu public en 1974, à la fin de 1974, je
constate qu'on donnait la priorité aux PME, pour ce qui est toujours de
l'aide à l'exportation. Pouvez-vous nous dire si, effectivement, les
bénéficiaires ont été de petites et moyennes
entreprises?
M. Saint-Pierre: Toutes, en fait, les treize dossiers, petites et
moyennes... Je peux vous citer les chiffres d'objectifs d'exportation qui leurs
sont fixés. Cela vous donne une idée, en fait, quand
même.
M. Morin: J'aimerais beaucoup que vous le fassiez.
M. Saint-Pierre: Dans le premier cas, on parle de... On parle
toujours d'augmenter les exportations d'une entreprise d'un point, d'un niveau
zéro, pour nous, en fait, ce qui peut être les exportations de
1975, par exemple. C'est notre niveau zéro. On parle de les augmenter,
on leur donne les objectifs d'augmentation tous les ans.
Dans le premier dossier, les exportations actuelles étaient de
$1,8 million. Je peux vous donner des noms, si vous voulez, ce sont des
subventions. C'est Atlas Hoist and Body Inc., à Montréal. Les
exportations, en 1974, étaient de $1,8 million, notre niveau
zéro. On lui met comme objectif $5 millions, en 1979. On prend à
notre charge une partie du coût des montants d'argent, pendant les cinq
années, selon qu'ils atteignent 12%, c'est-à-dire le taux
d'inflation, plus 12%. Le deuxième, B et R Choinière Ltée,
en fait, les exportations passeraient de $450 000, en 1975, à $1 180 000
en 1980. Le troisième, Cimon Ltée, pour l'exportation, $275 000
en 1975, à $780 000 en 1980. Ces objectifs sont toujours fixés
conjointement avec l'entreprise, de façon assez réaliste. La
Confiserie Comète Ltée, à Saint-Hyacinthe, exportation de
$4 millions en 1974/75, à $11 millions en 1980; Institut de
Bio-Endocrinologie Inc., exportation de $600 000 en 1975, à $1,6 million
en 1981; Mulco Inc., $500 000 en 1975, à $1 265 000 en 1980; Produits
Aqua-Sport Canada Ltée, $70 000 en 1975, $400 000 en 1980; Rapidpac
Inc., malheureusement, en fait, je ne peux pas vous donner les chiffres;
l'entreprise a fait faillite entre le moment où on a accordé la
prise en charge et... Cette entreprise a dû fermer ses portes. Safeway
(Québec) Inc., c'est un dossier précis d'une exportation, un
contrat de $6,5 millions, en Algérie. Il s'agit, à ce moment, non
pas d'une prise en charge, mais d'une garantie d'un emprunt fait par Safeway
à la banque, de l'ordre de $900 000. Tobago Meubles Ltée,
à Sainte-Thérèse, exportation de $3,5 millions en 1975,
à $9 millions en 1980; Techmire Ltée, à Montréal,
$286 000 en 1975, $722 000 en 1980; Xception Design, à Laval,
réalise l'exportation, de $970 000 en 1981, à partir de
Zéro. Ce sont les treize cas, entre moyennes entreprises et petites
entreprises, très petites.
Total des prêts que la SDI aurait pu faire, la question que vous
avez posée tantôt: $3 565 000.
M. Morin: En plus des $2 621 000 dont vous nous avez
entretenu?
M. Saint-Pierre: Qui sont déjà les engagements,
exactement, pour un total de $6 millions.
M. Morin: De sorte que cela représente à peu
près $6 millions?
M. Saint-Pierre: $6 millions et quelques centaines de mille,
oui.
M. Morin: Bon. J'aimerais examiner avec vous, brièvement,
la complémentarité de ce que vous faites, toujours dans le
domaine de l'aide à l'exportation, avec l'aide
fédérale.
Vous savez qu'on s'est beaucoup plaint dans l'entreprise qu'Ottawa
néglige de financer les petits exportateurs. C'est une complainte qu'on
entend assez souvent et à laquelle les journaux font
écho à l'occasion, notamment la Presse du 14 juin 1975,
sous la signature de M. Desjardins. Il signalait ceci: "Le gouvernement
fédéral, par l'intermédiaire de la Société
pour l'expansion des exportations, met l'accent essentiellement sur le
fonctionnement à long terme, c'est-à-dire plus de cinq ans, qui
ne représente que 1% du financement des exportations canadiennes. Une
telle politique ne favorise en fin de compte que les grandes entreprises qui
s'engagent dans de vastes projets." Il donnait des chiffres: "Ainsi, parmi les
44 accords de financement d'une valeur totale de $502 millions signés
l'an dernier par la SEE, les entreprises les plus avantagées sont:
Douglas Aircraft, de Ha-villand; MLW-Worthington dont nous avons parlé
ces jours-ci; Davie Shipbuilding; Hawker Siddeley" et ainsi de suite. Cela
revient d'année en année comme une complainte, que la petite
entreprise n'y trouve pas son compte. Est-ce que vous avez ce souci de
compléter l'absence, j'allais dire l'aide fédérale, mais
c'est plutôt l'absence d'aide fédérale?
M. Saint-Pierre: C'est justement ce qui a amené la
création, en fait, de ce programme. Jusqu'au moment où nous avons
étudié la possibilité d'ajouter aux programmes de la SDI
un programme d'aide à l'exportation, la SEE, la Société
pour l'expansion des exportations du gouvernement fédéral,
n'intervenait pas dans des dossiers de moins de $1 million ou dans des
commandes ou des ventes de moins de $1 million. A ce moment, bien entendu, il
n'y avait aucune aide disponible pour les petites et les moyennes entreprises,
qu'elles soient du Québec ou d'ailleurs au Canada. Notre souci, à
ce moment, a été plutôt, en fait, d'aider
financièrement lés entreprises qui avaient des commandes quand
même intéressantes au Québec, mais de $0 à $1
million, parce que, dans les cas où la vente est plus de $1 million,
nous pouvons aussi intervenir de façon complémentaire au
programme fédéral. Nous exigeons, à ce moment, d'une
manière ou d'une autre, la garantie de paiement de la
Société de l'expansion des exportations qui est additionnelle, en
fait, à ce que la SDI exige déjà. Dans un des treize cas
que je vous ai cités, qui est la garantie d'un prêt à une
compagnie qui s'appelle Safeway, bien entendu, nous avons exigé de la
SEE, en fait, une garantie de paiement de la part de l'Algérie avant de
donner une garantie sur prêt fait à la banque. C'est
complémentaire à ce point. Nous sommes en très bonne
communication avec les gens de la SEE. Il faut vous dire que, depuis ce moment,
c'est peut-être qu'elle a senti un peu de pression, mais elle accepte des
dossiers de moins de $1 million.
M. Morin: La SEE?
M. Saint-Pierre: Oui. Elle a changé un peu sa politique
interne quand même à ce sujet. On n'a pas de directive
écrite comme telle, mais certains de nos clients nous ont fait savoir
que la SEE acceptait maintenant des dossiers de plus petite envergure, en tout
cas.
M. Morin: De sorte qu'il s'établit une certaine
concurrence, pour ne pas parler de "subvention shopping."
M. Saint-Pierre: Jamais de "slacking" et jamais de concurrence,
M. Morin, s'il vous plaît. Nous travaillons de façon très
complémentaire à tous les programmes.
M. Morin: Oui, mais ces clients qui ont attiré votre
attention sur le fait qu'il y a des subventions disponibles au niveau
fédéral pour les cas de moins de $1 million, est-ce que
c'était pour vous faire sentir qu'au fond, ils ont peut-être moins
besoin de vous?
M. Saint-Pierre: Pas nécessairement, parce que notre prise
en charge est un instrument que la Société de l'expansion des
exportations ne possède pas.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: La Société de l'expansion garantit
le paiement. Nous, il s'agit d'une prise en charge qui est réellement
une incitation, un stimulant à l'exportation à ce moment et qui
est reçu dans les années qui viennent, en fait, selon les
objectifs qu'on fixe avec l'entreprise.
M. Morin: Avez-vous des rapports assez étroits avec la
SEE, avec les services de la SEE sur certains dossiers pour vous assurer que...
J'imagine qu'il y a des gens qui présentent leurs dossiers aux deux
endroits.
M. Saint-Pierre: Certainement. On leur suggère même
de le présenter au même moment aux deux endroits pour
éviter des délais.
M. Morin: Donc, il y a une certaine coopération entre les
deux services.
M. Saint-Pierre: Oui, c'est la même chose avec le
ministère de l'Expansion économique.
M. Morin: Oui, j'imagine. Donc, il n'y a pas de
confidentialité des dossiers entre les deux organismes?
M. Saint-Pierre: C'est-à-dire que les dossiers sont aussi
confidentiels à la SEE qu'ils le sont à la SDI. C'est
l'entreprise qui décide de les présenter aux deux endroits. On ne
se passera pas le dossier de la SEE à SDI ou l'inverse. Cela ne se fait
pas au MEER non plus. L'entreprise nous donne théoriquement les
mêmes informations. Dans certains cas, nous attendons, bien entendu, la
décision de la SEE, non pas pour calculer les
générosités de notre prise en charge, mais pour s'assurer,
en fait, que l'entreprise réussira son marché à
l'exportation.
M. Morin: Mais est-ce que vous avez quand même des contacts
directs avec la SEE...
M. Saint-Pierre: Certainement...
M. Morin: ... pour vous entretenir...
M. Saint-Pierre: ... des visites entre M. Re-venko et moi
à Ottawa et à l'inverse.
M. Morin: Pour discuter de certains projets...
M. Saint-Pierre: Certainement.
M. Morin: ... pour vous assurer de leur sérieux et ainsi
de suite?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Donc, les dossiers peuvent peut-être être
strictement confidentiels, mais vous pouvez tout de même vous en
parler...
M. Saint-Pierre: Certainement.
M. Morin: ... et vous le faites.
M. Saint-Pierre: Oui, avec plaisir!
M. Morin: Bon! Il me reste simplement une chose à
souhaiter, c'est que les $6 millions dont il a été question, si
on fait le total de vos engagements directs et des engagements de prise en
charge que vous avez assumés pour l'année 1975/76, soient un
départ et seulement un départ, parce que je suis obligé de
constater avec vous que par rapport aux prévisions, aux objectifs, en
tout cas, que vous vous étiez fixés de $50 millions, nous ne
sommes pas prêts du compte encore.
Puis-je demander au président de la SDI de nous dire si, dans le
conseil d'administration de la SDI, on s'est fixé des objectifs plus
modestes, mais précis, pour les deux ou trois années qui viennent
au chapitre de l'aide à l'exportation?
M. Saint-Pierre: On a déjà donné
officiellement au Conseil du trésor, une orientation de l'expansion du
programme d'aide à l'exportation. Bien entendu, les budgets qui nous
seront alloués pourront jusqu'à un certain point décider
de l'expansion plus ou moins rapide de notre programme. Il est bien entendu que
nous espérons voir cette année des prêts de l'ordre de $10
millions être accordés à des entreprises
québécoises à l'exportation, à cause de l'aide qui
est accordée par la SDI au niveau des prises en charge. Nous avons
même fait des projections qui couvrent trois ans et qui nous
amènent en 1977/78, à $13 millions, en termes de besoins pour la
SDI pour des prises en charge et du crédit à court terme ou
à moyen terme, et aussi, en ce qui nous amène à 1978-/79,
à $22 millions et à $30 millions en 1979/80, prévisions ou
extrapolations que nous considérons quand même réalistes.
Nous sommes en train de raffiner l'instrument de travail. Nous nous apercevons
que le domaine international du commerce est un domaine quand même
compliqué, et nous y travaillons. Nos gens l'équipe compte
quatre personnes reçoivent un nombre de dossiers assez
intéressant pour les tenir occupés. Nous publierons dans la
semaine qui s'en vient, un petit feuillet qui décrit justement les
programmes d'aide à l'exportation. J'en ai la maquette ici, et à
ce moment, notre publicité nous apportera des clients additionnels,
malgré qu'il y a déjà de la matière pour nous tenir
occupés très sérieusement.
M. Morin: M. Labonté...
M. Saint-Pierre: Nous rejetons un certain nombre de dossiers
aussi.
M. Morin: ... je ne vous demanderai certainement pas de
déposer la maquette, puisque...
M. Saint-Pierre: Je ne peux pas.
M. Morin: ... je m'imagine que c'est un projet, mais...
M. Saint-Pierre: Mais je l'ai quand même.
M. Morin: ... vous feriez-vous un devoir de me l'envoyer quand
elle paraîtra?
M. Saint-Pierre: Avec plaisir! M. Morin: Bien!
M. Saint-Pierre: Excusez-moi! Elle est déjà ici:
Aide à l'exportation. Il y a encore des corrections à y
apporter.
M. Morin: Bon! Puisque ce n'est pas définitif, je ne vous
demanderai pas de la déposer, mais j'aimerais beaucoup la recevoir
éventuellement.
Le Président (M. Brisson ): Autres questions? M. Morin:
Oui, j'ai d'autres questions.
M. Saint-Pierre: Sans être malin, on pensait
peut-être que Le Jour aurait voulu se présenter pour de l'aide
à l'exportation.
M. Morin: Ce n'est pas le même type de problème, M.
le Président. Non. D'après ce qui se passe devant le Conseil de
presse, j'ai l'impression que c'est un problème de toute autre
envergure.
M. Lachance: Cela ne changera rien.
M. Morin: M. le Président, je ne voudrais pas que le
débat porte là-dessus, parce que je sais qu'il y a beaucoup de
monde autour de cette table qui se réjouirait de la disparition du Jour,
d'un journal, parmi d'autres, d'un instrument démocratique,
d'information démocratique.
Je sais que ça ferait l'affaire de beaucoup de monde.
M. Marchand: Est-ce qu'il existe encore?
M. Morin: Je suis sûr que le ministre se joint à
moi...
M. Lachance: C'est de la propagande.
M. Morin: ... pour souhaiter que nous n'en venions pas à
une telle extrémité.
M. Marchand: Avec Michaud, il ne peut pas aller loin.
M. Lachance: C'est un journal de propagande.
M. Morin: Devant l'appui unanime de la commission pour Le Jour,
M. le Président, nous allons passer à autre chose.
M. Saint-Pierre: M. le Président, j'avais des points
à ajouter. Avez-vous d'autres points pour M. Labonté?
M. Morin: Oui, j'ai d'autres points sur la SDI. Il y avait
d'abord les entreprises dans lesquelles la SDI a pris une partie du
capital-actions.
M. Saint-Pierre: On vient de vous remettre la copie.
M. Morin: Bon! Je ne l'ai pas vue. J'aurais aimé
l'examiner avant que nous revenions. Est-ce que M. Labonté pourrait
être des nôtres ce soir?
M. Saint-Pierre: Avec plaisir.
M. Morin: Je ne sais pas si on peut terminer...
M. Saint-Pierre: Si vous insistez. Je vais vous donner d'autres
documents. Pour qu'il n'y ait pas de confusion, dans le dossier de la
Johns-Manville et de Cobra...
M. Morin: Oui, vous m'avez communiqué une lettre que je
n'ai pas encore eu le temps de lire.
M. Saint-Pierre: Oui, c'est simplement. Je vous laisse cela...
C'est parce que la liste que nous avons donnée touche des... Le titre
est: Liste alphabétique des aides financières consenties en
1975/76.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Sous les articles 9-23...
M. Morin: A quelle page?
M. Saint-Pierre: A Cobra, sous la lettre c.
M. Morin: Ah oui!
M. Saint-Pierre: A la page 4...
M. Morin: A la troisième page.
M. Saint-Pierre: Cela touchait, bien sûr, le projet de
garnitures de freins en amiante qui avait été reçu le 29
avril 1975 et qui impliquait $547 000 d'achat de machines... Je confirme que la
compagnie, non seulement refuse l'aide, mais peut-être serait-il plus
juste de dire que la compagnie a décidé de procéder
à la location d'équipement et que, comme la loi parle
d'investissements, elle devenait alors inadmissible et que le montant n'a pas
été versé.
La lettre que je dépose fait état d'un autre projet de la
Johns-Manville qu'on ne retrouve pas ici, puisque l'aide n'a pas
été acheminée mais avait été
recommandé par le conseil d'administration de ia SDI; il touchait une
usine d'isolants en fibre de verre à Brossard.
Je pense que la lettre établit la fin de ce dossier et je ne
voulais pas qu'il y ait de confusion entre deux dossiers complètement
différents.
M. Morin: Puis-je vous demander ce que signifie exactement le
dernier paragraphe de votre lettre où vous dites à M.
Labonté: "D'une façon plus générale, je serais
disposé à ce que la SDI raffermisse d'une façon toute
particulière ses critères d'analyse lorsqu'il s'agit de projets
originant d'entreprises oeuvrant dans l'exploitation des richesses naturelles
québécoises."
A quels critères faisiez-vous allusion, en particulier, M. le
ministre?
M. Saint-Pierre: Ce sont les critères quantitatifs d'aide
financière à des entreprises qui sont impliquées, comme je
le mentionne, dans l'exploitation des richesses naturelles du Québec. Il
me semble qu'il y a là un objectif de transformation de la richesse qui,
les conditions de marché le permettant, devrait être
partagé par l'entreprise sans que l'Etat soit nécessairement
obligé d'y ajouter une aide financière. Je veux donc dire qu'une
entreprise qui pourrait soumettre le même projet que la Johns-Manville
dans une usine de fibre de verre, mais qui n'est pas impliquée
elle-même dans la transformation de richesses naturelles, pourrait
peut-être, dans l'esprit de nos lois, justifier une aide
financière de l'Etat, ce qui ne serait pas le cas d'une entreprise qui
oeuvre dans le secteur des richesses naturelles.
M. Morin: Nous pouvons passer à l'examen d'encore un ou
deux dossiers, avec l'espoir de terminer pour 18 heures.
Tricofil
Le dossier sur iesquel je voudrais me pencher maintenant est celui de
Tricofil, et comme la SDI y a été associée, j'aimerais
bien que M. Labonté demeure avec nous, rnais c'est surtout au ministre,
à vrai dire, que j'ai des questions à poser. J'ai des
commentaires à lui faire.
Vous savez que Tricofil constituait une expérience tout à
fait nouvelle, tout à fait particulière, très non
conformiste par rapport à la structure habituelle de l'entreprise au
Québec, mais elle est d'autant plus intéressante qu'elle
permettra, dans la mesure où elle réussira, d'associer les
Québé-
cois de façon très étroite, puisqu'il s'agit
d'autogestion, au développement d'une entreprise
québécoise.
C'est en raison de cet aspect nouveau que nous pensions pouvoir attendre
du ministre de l'Industrie et du Commerce une attitude de très grande
ouverture, une attitude d'intérêt non seulement soutenu, mais je
dirais presque passionné, quoique le ministre ne me paraît pas
être, à première vue, le type de personne qui puisse se
passionner.
Mais il me semble qu'une telle expérience aurait pu attirer son
attention de façon tout à fait particulière et
mériter à l'entreprise une aide qui tienne compte du fait qu'il
s'agissait de la première expérience d'autogestion dans le
secteur manufacturier.
Or, je le dis avec toute déférence, mais en toute critique
aussi, l'attitude du ministre nous a profondément déçus.
Il semble qu'il ait témoigné, devant cette expérience
nouvelle, d'une sorte d'opposition idéologique, eût-on dit. Il
s'est braqué devant cette expérience et qu'au lieu de faire
preuve d'ouverture, de se montrer accueillant, il a au contraire tenté
de tenir la porte le plus fermée possible, avec le résultat que
cela a causé évidemment beaucoup de retard dans la mise en marche
de l'entreprise et beaucoup de soucis à ceux qui tentaient, très
vaillamment, de réaliser cette nouveauté. Je suis sûr que
si cela avait été une entreprise ordinaire, et si le ministre n'y
avait pas mêlé cette attitude idéologique, que le
résultat aurait été très probablement tout à
fait différent.
L'usine a véritablement commencé à produire en
septembre 1975 et, le 17 février, quelques mois à peine
après, le ministre non seulement abandonnait Tricofil, mais, à
toutes fins pratiques, la dénonçait. C'est ce que j'ai
trouvé particulièrement pénible, je vous l'avouerai, M. le
Président, dans l'attitude du ministre. Il l'a dénoncée
comme une entreprise non rentable et, de la sorte, il lui a compliqué
infiniment la tâche. Il la mettait dans une position presque intenable
devant les banques et devant ses propres actionnaires. J'estime que le ministre
a fait beaucoup de tort à l'entreprise par l'attitude qu'il a
adoptée. Ou bien le ministre a financé au départ un projet
qu'il jugeait non rentable, alors que je lui rappelle que les tout premiers
rapports, au contraire, concluaient la possibilité de la
rentabilité et il a fait preuve d'irresponsabilité en la
subventionnant alors qu'il savait qu'elle ne serait pas rentable, ou bien il
s'est montré tout à fait mesquin en ne laissant à
l'entreprise que six mois pour faire ses preuves, pour fonctionner normalement,
alors qu'on sait qu'une usine de ce genre peut très bien mettre des mois
avant d'atteindre son seuil de rentabilité. Ce que le ministre a
semblé faire j'espère qu'il nous donnera toutes les
explications pour nous détromperc'est de poser une sorte de geste
de condamnation a priori. Je note que, depuis lors, il y a eu une
amélioration sensible. Les ventes de mars ont été de $135
000, soit 90% de l'objectif révisé, et j'ose espérer que
l'attitude du ministre sera désormais plus ouverte à
l'égard de cette entreprise nouvelle, de ce nouveau type
d'entreprise.
Je sais que ce n'est pas commun au Québec. Je sais que c'est un
peu inattendu, mais le ministre ne pense-t-il pas qu'il s'agit là de
quelque chose qui doit être appuyé jusqu'au bout pour le
progrès que cela pourrait signifier éventuellement dans
l'entreprise québécoise? Le ministre ne souhaite-t-il pas que se
multiplie ce type d'entreprise autogérée, qui pourrait être
un complément extrêmement dynamique à toute politique
d'industrialisation du Québec?
Ne souhaite pas qu'elles se multiplient? C'est peut-être ça
le fond de l'affaire. Depuis le début, ce soupçon me travaille;
craint-on justement que cela ne réussisse? Evidemment, s'il fallait que
chaque fois qu'une entreprise menace de fermer ses portes, on la transforme en
entreprise autogérée, cela signifierait un tournant dans
l'histoire économique du Québec.
Je pose la question au ministre de façon très
générale. J'ai fait moi-même un exposé
général sur Tricofil, il peut y répondre de la même
façon. L'expérience de Tricofil n'était-elle pas digne
d'être appuyée pleinement? Je lui pose cette question
générale pour l'instant. Je voudrais qu'il développe sa
philosophie de l'entreprise à l'égard de ce concept nouveau de
Tricofil. Après cela nous pourrons parler de la situation
financière exacte de l'entreprise s'il le veut.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je pense que dans le
dossier Tricofil, j'ai rendu publics nombre de rapports, même des
rapports internes du ministère sur l'évaluation du dossier.
J'aurais préféré, quant à moi, qu'on ne s'attarde
pas indûment à tenter de justifier chacun des gestes posés.
Je pense qu'à l'époque, ils l'ont été suffisamment.
On m'y invite et je ne voudrais pas me dérober à mes
responsabilités et, en le faisant, je serais obligé de rectifier
tellement de faits un peu faux sur lesquels s'appuie toute l'argumentation du
chef de l'Opposition. Je rappelle que je n'ai aucune crainte, je n'ai aucune
indisposition idéologique vis-à-vis de toute forme d'autogestion,
à la condition bien sûr, que ses mécanismes puissent
atteindre les objectifs que se donnent l'ensemble de ceux qui participent
à l'entreprise, que ce soient les actionnaires, ies bailleurs de fonds,
les consommateurs, les clients, les gouvernements en particulier.
La journée est très bien placée puisqu'il semble
que ce matin, dans une entreprise qui est assez près de vous, on a cru
voir que l'autogestion n'est pas une façon facile de mettre en commun
des ressources. Même au Jour, on dit que les employés vont former
un syndicat et laisser la direction seule dans son coin, prendre ses propres
orientations.
Je le fais sans malice parce que dans les journaux...
M. Morin: Ce ne sont pas des vases communiquants dont nous
parlons, M. le ministre.
M. Saint-Pierre: Non, mais dans les journaux de ce matin, il
semblait même, de la bouche de M. Keable et de M. Michaud, que
l'autogestion avait
été plus complexe qu'on le pensait. Cela dit, je rappelle
simplement dans le dossier...
M. Morin: Vous ne trouvez pas qu'il y a eu un certain blocage
dans le dossier?
M. Saint-Pierre: Non, je n'en ai pas, je dis simplement que je
n'en ai pas, absolument pas. Mais je vais vous donner des exemples et je le
fais sans méchanceté. Je n'ai absolument rien contre une
coopérative de Manseau, je suis bien prêt à aller y acheter
des tomates. Mais je ne veux pas des tomates qui soient de moins bonne
qualité que celles qu'un fermier ou qu'une entreprise capitaliste va
produire. Il me semble qu'à Manseau il y a eu des problèmes et on
a perdu toute une récolte parce qu'à l'intérieur des
serres il s'était développé un germe quelconque.
Ce que je veux dire, c'est que toutes les entreprises, tous les
mécanismes qu'on emploie pour mettre ensemble ce qui fait
essentiellement toujours les mêmes éléments, des capitaux,
des ressources humaines, de la technologie, un système de mise en
marché, peu importe la structure porteuse de cela, elle doit
obéir aux mêmes principes de bonne gestion, de bonne mise en
marché et de bonnes ressources financières, de bonnes
qualifications.
Je reviens à Tricofil...
M. Morin: Personne ne conteste ça.
M. Saint-Pierre: Laissez-moi parler, et après, vous me
direz ce que vous pensez.
Je reviens à Tricofil. Bien sûr, si j'avais eu un blocus
idéologique, on n'aurait pas consenti avec le gouvernement
fédéral, plus de $300 000 ou $400 000 qui ont été
donnés pour étude lorsque c'étaient les anciens
propriétaires et lorsque, avec les travailleurs, l'abbé
Grand'Maison a été impliqué dans ça, d'autres
experts, pour tenter de trouver une solution à ces problèmes. Par
la suite, fait assez inusité, on a versé une subvention de
démarrage, soit trois mois de loyer de l'usine, $17 000 par mois, $51
000. Il n'y a aucune entreprise au Québec c'est tellement un cas
d'exception depuis la confédération qui a reçu du
gouvernement trois mois de loyer. Vous me faites un reproche qu'il y a eu des
retards de mise en marché. Je vous rappelle que c'était une des
conditions posée par M. Saulnier, posée aussi par moi-même
et acceptée complètement par les gens de Tricofil qui en
passant, ils font beaucoup moins de politique que ceux qui tournent autour de
ce sujet acceptaient qu'il serait irresponsable pour le gouvernement de
verser de grosses sommes d'argent avant qu'on ait un minimum de structure
administrative, c'est-à-dire avant qu'on ait pu recruter un
contrôleur, un gérant de production, le minimum de ces
personnes.
Parce que sans ça, comment peut-on imaginer développer une
production sur une grande échelle si on n'a pas de contrôleur, si
on n'a pas de directeur de production, si les cadres minimaux de l'entreprise
sont en place. Il ne s'agissait pas pour nous d'avoir 25 personnes, mais d'en
avoir au moins trois ou quatre. Dès que ces personnes ont
été recrutées cela ne se trouve pas sur le coin de
la rue, ce n'est pas un hot-dog qu'on achète, ce sont les services d'une
personne qui va se joindre à une équipe dès que ces
choses-là ont été mises en place, nous avons
respectés tous nos engagements.
En février, ce qu'on a donné et je pense finalement
que cela a peut-être été une douche d'eau froide,
j'espère que les événements des prochains mois nous
montreront que cela était peut-être une douche nécessaire
ce que j'ai voulu apporter dans le dossier et ce n'était
pas un concours de popularité, Dieu le sait c'était un
minimum de rigueur dans les choses qu'on regardait. C'était inutile de
dire aux gens que les commandes étaient très
élevées et qu'on avait un grand carnet de commandes et de dire
que les rentrées de fonds de la souscription populaire avaient
dépassé les objectifs si, fondamentalement, on avait une
entreprise qui avait quand même perdu $500 000 en pertes
d'opération, dans l'espace de six mois, une entreprise dont l'actif
était négatif, une entreprise qui, sur le plan de la gestion
financière, ne pouvait plus aller plus loin.
Ce que j'ai dit, c'est qu'en donnant $100 000 des fonds publics, ce
n'était même pas une panacée, ce n'était même
pas un problème. Un mois après, on se serait retrouvé
devant le même problème.
Ce que je dis aujourd'hui, c'est qu'à la lumière d'efforts
à faire et je tiens à souligner quand même le
dévouement du mouvement coopératif, de Mgr Hubert et d'autres
personnes, qui ont tenté de nous présenter un dossier
entièrement différent, ce qu'on nous présente dans le
moment, auquel on a consenti et auquel d'ailleurs, en février dernier,
on avait consenti j'avais bien dit: Si cela peut aider votre situation
financière et si on a des éléments nouveaux, on est quand
même prêt à convertir notre prêt en actions
privilégiées.
Il faut bien admettre que cela représente quand même une
autre subvention de l'ordre de $150 000, à peu près, en perte
d'intérêts, que nous avons versée. On peut également
se dire qu'en perte de garanties, un prêt, c'est un prêt, et que
des actions privilégiées, c'est repayé je ne sais pas
quand. Cela n'a pas la même valeur en termes de garantie.
De là à dire, comme certains du Parti
québécois l'ont fait, que j'étais le Judas de Tricofil, je
laisse juger les gens qui sont intimement mêlés à
l'histoire... Je me soumettrai au verdict des travailleurs eux-mêmes dans
ce dossier-là, dans deux ou trois ans. Je pense que je n'ai
peut-être pas toujours dit oui, lorsque ceux-ci auraient aimé que
je dise oui. Mais mon rôle n'est pas toujours de dire oui pour faire
plaisir à des gens. C'est de regarder des éléments de
dossier, avoir des rapports de mes spécialistes et, lorsqu'il semble que
l'entreprise ne passera pas au travers pour employer l'expression
ne pourra pas traverser certaines périodes, avoir le courange de dire
non.
Nous avons plusieurs refus à la SDI. Quel est l'ordre de refus
que nous avons, à la SDI?
Trois sur cinq.
Trois sur cinq, à la SDI. Nous disons non parce qu'on pense que
l'entreprise n'a pas les éléments pour réussir. Inutile de
prendre les fonds publics et de les dilapider. Inutile de faire croire à
des gens qu'on peut survivre parce qu'il y a des fonds publics qui
s'ajoutent.
Je répète également qu'en février, un
élément important était quand même la
révision constamment à la baisse des prévisions de
planification de l'entreprise. Mois après mois, on révisait
à la baisse et les chiffres et le point mort de vente, on les
révisait constamment à la baisse. Il y avait un manque de
crédibilité qui pouvait s'expliquer.
Avec les efforts du mouvement coopératif, avec la nouvelle
souscription populaire qui ramène, même si l'objectif est atteint,
$450 000 dans le capital-actions de l'entreprise, on espère toujours
qu'avec beaucoup de bonne volonté et je tiens à le dire,
il y en a de la bonne volonté de la part des travailleurs on sera
capable d'avoir quelque chose qui va survivre. Dieu sait que, moi, je suis
prêt à faire tout ce qu'il est humainement possible de faire.
Encore une fois, je répète que je n'ai pas de blocus
idéologique sur l'autogestion, mais une entreprise
autogérée doit faire de la planification financière. Elle
doit payer ses impôts, elle doit payer la taxe de vente, elle doit payer
ses employés, elle doit publier des rapports financiers
vérifiés.
La dernière des petites entreprises au Québec, dans le
système privé, le fait. Il faut que ces entreprises apprennent
aussi à le faire. Je pense que c'est le prix du succès. Sans
cela, on va tourner en rond et on va illusionner des gens pendant un certain
temps.
M. Morin: Je veux bien accepter l'assertion du ministre qu'il n'a
pas de blocage, mais je constate quand même, à la lumière
de ses petites remarques acides à l'endroit du Jour, qu'à tout le
moins il se méfie de l'autogestion.
M. Saint-Pierre: C'est parce qu'il y a une coïncidence.
M. Morin: II y a une certaine méfiance.
M. Saint-Pierre: Non, j'ai lu ce matin qu'il semblait que, de la
part de M. Parizeau et de M. Michaud, l'autogestion, ce n'était pas
aussi simple qu'on pensait que c'était. On a dit: Puisons à
même cette expérience pour penser que l'autogestion n'est pas la
panacée à tous nos problèmes au Québec.
M. Morin: Faisons bien une distinction entre l'autogestion dans
une entreprise et l'existence d'une société de rédacteurs
autonome dans un journal. Elles ont peu de choses en commun.
M. Saint-Pierre: Quel problème additionnel est-ce que cela
pose?
M. Morin: Ce n'est pas du tout le même genre de
problème administratif.
M. Saint-Pierre: Mais, que! problème est-ce que cela peut
poser? Je ne vois pas la différence, parce que l'autogestion, ce sont
les travailleurs de...
M. Morin: De toute façon, je crois qu'il faut être
favorable dans les deux cas. Le ministre n'est-il pas de mon avis?
M. Saint-Pierre: A condition, bien sûr, que cela ne
mène pas à la faillite de l'entreprise et de votre journal. Je ne
le sais pas. Cela dépend du point de vue où on se place.
M. Morin: Je ne crois pas que ce soit cela qui puisse mener
à la faillite du journal. S'il y a quelque chose qui y mène,
c'est le refus des gouvernements libéraux de donner sa juste part
d'annonces au journal. D'ailleurs, nous attendrons, là-dessus, le
jugement du Conseil de presse, qui ne devrait pas tarder, maintenant, n'est-ce
pas? C'est là qu'on connaîtra les vrais motifs des
difficultés rencontrées par le journal sur le plan financier.
M. Marchand: Si vous voulez tricoter, M. le Président, on
pourrait peut-être faire des tricots à l'armée du
Québec.
M. Morin: Est-ce que le député... M.
Côté: Et volontaires.
M. Morin: ... veut aider Tricofil avec ce genre de remarques ou
est-ce qu'ii est en train de saborder l'affaire?
M. Marchand: Je ne saborde pas, je fais une suggestion. Vous,
comme "batman" du général, vous pourriez le lui
suggérer.
M. Saint-Pierre: C'est pour dire que c'est un marché
hypothétique.
M. Morin: M. le Président, le gouvernement
fédéral a fait fabriquer, il y a quelque temps, des chaussettes
pour l'armée. Il en a une réserve pour 99 ans. Tout le monde
connaît cette fameuse façon de procéder, si objective et si
efficace, des fédéraux. Ils ont apparemment, également,
des caleçons pour 60 ans. J'ai donc l'impression que Tricofil ne devrait
pas jeter son dévolu de ce côté. Ce marché a
déjà été confié à des entrepreneurs
libéraux fédéraux.
M. Marchand: Je pourrais vous en passer une couple.
M. Morin: En tout cas!
M. Marchand: Je trouve que vous ne seriez pas mal pris avec
cela.
M. Morin: M. le Président, je voudrais qu'on revienne aux
choses sérieuses, si vous le permet-
tez. Je constate que les ventes réelles de Tricofil, ont
doublé entre janvier et février. Elles sont passées
à $77 000. En mars, elles ont de nouveau quasiment doublé, pour
passer à $135 000, l'objectif pour le mois de mars étant de $150
000.
M. Saint-Pierre: Je ne voudrais pas être méchant et
je ne voudrais pas qu'on me le reproche là-dedans, parce que je souhaite
que l'expérience soit un succès. Mais, il faut un minimum, quand
on cite des chiffres comme cela. Demandons, quel était dans les
prévisions de Tricofil, le point mort, au mois de septembre 1975.
C'étaient des ventes de $489 000 par mois.
Vous comprenez que c'est un peu ce changement. J'espère, avec
tous les changements qu'il y a eu récemment, avec la diminution des
frais financiers, des frais de location et avec une bonne publicité,
qu'on n'est plus près d'un point mort.
Mais je dis, qu'on ne peut pas se réjouir de dire: On a
doublé l'objectif et on a atteint 95% de notre objectif si, en fait, ce
montant représente à peine un quart de ce qui était
considéré, en octobre dernier, comme le point mort.
M. Marchand: Est-ce qu'on a diminué la grandeur de
plancher loué au début?
M. Saint-Pierre: Parce que c'est une partie du projet,
peut-être éventuellement, de démolir une partie des
édifices, parce qu'on n'a pas besoin de l'ensemble de ces
édifices, et, évidemment, de diminuer peut-être
l'impôt foncier municipal à payer, de diminuer les frais de
chauffage, d'éclairage qui ont...
M. Morin: Je pense que la bâtisse transforme passablement
la situation. Les frais fixes peuvent être étalés d'une
façon différente.
M. Saint-Pierre: Je m'excuse. Plus le succès de la
souscription populaire, parce que les $450 000 deviennent presque un surplus
d'apport ou une...
M. Marchand: Pourquoi pas? ... $450 000.
M. Morin: M. le Président, est-ce que je pourrais
constater avec le ministre qu'il y a, à ses yeux, une
amélioration de la situation de Tricofil, qui peut justifier une
confiance plus grande de sa part dans le succès de l'entreprise?
M. Saint-Pierre: Oui, je le pense, parce qu'il y a un ensemble
d'éléments nouveaux que nous n'avions pas en décembre,
à partir d'emprunts bancaires, de marge de crédit bancaire qui
n'existaient pas en décembre, à partir de la transformation du
prêt de la SDI, à partir de la possibilité d'un prêt,
d'une souscription populaire qui injecte un nouveau montant de $450 000,
à partir d'une plus grande expérience en marketing et en
production. Enfin, il y a toute une foule de facteurs qui me portent à
être optimiste.
M. Morin: Bon. Vous refaites notre image de la
Société tricofil. Je me réjouis énormément
de penser que cela va peut-être compenser, au moins en partie, pour le
dénigrement d'il y a quelques mois. Je me réjouis je le
dis au ministre de cette attitude beaucoup plus ouverte à
l'égard d'une expérience qui doit réussir, à mon
avis, qu'on doit encourager de toutes nos forces. Je voudrais attirer votre
attention, au sujet du déficit dont on parle très souvent, sur le
fait que, dans son rapport du 3 novembre 1975, M. Marcelin Labrecque, qui est
un analyste de la SDI, avait estimé le déficit de la
manière suivante: Pour la période allant jusqu'au 30 septembre,
du moins d'avril au 30 septembre, un chiffre de $285 550 de déficit, au
titre de l'opération et de l'organisation, et un déficit
prévisible, pour octobre, novembre et décembre, de $180 000. Or,
dans son rapport du 16 février 1976, le déficit, pour les
opérations, était évalué à $177 600 pour
toute la période d'avril à la fin de janvier. Il semble qu'on
avait surévalué le déficit anticipé. Je souligne
cela en passant, si mes chiffres sont erronés, vous pourriez les
corriger, mais j'aimerais souligner cela, parce que dans ce dossier, une
attitude, une approche strictement bêtement comptable ne rend pas justice
à l'entreprise et aux travailleurs qui ont tenté de la mettre sur
pied.
M. Saint-Pierre: II faudrait être conscient, en fait,
qu'à partir du moment où on a réellement commencé
la production, les administrateurs, qui avaient été
recrutés entre avril et septembre, ont commencé à se
mettre réellement au travail et ont accepté, quand même, de
M. Marcelin Labrecque, qui était l'observateur au conseil depuis le
début, et de la part, ensuite, d'un certain nombre d'autres personnes
qui ont entouré le groupe de Tricofil a ce moment, ont accepté
certains conseils. Ils ont changé aussi leurs prix de vente. Ils ont
augmenté leurs prix de vente. Ils ont augmenté leurs prix de
vente. Ils ont changé certains articles. Ils ont réduit, par
exemple, la production d'un certain nombre de vêtement pour s'en tenir
à de la production de textiles primaires qui semblait plus rentable
à de moment.
Il est bien entendu que, devant toutes les dépenses
prévues au mois d'avril 1975 et la réduction d'un certain nombre
de dépenses en septembre, octobre et novembre et l'augmentation de
certains prix de vente, le déficit a été
réduit.
Nous n'avons pas quand même de bilan certifié qui nous
donnerait exactement le chiffre d'affaires après un an. Nous verrons ce
qui sera amorti. Il y a de l'amortissement, par exemple, qui n'a pas
été compris parce qu'à ce moment, on était dans une
bâtisse à location; alors, il y a certains facteurs qui changeront
probablement le bilan après la première année de
fonctionnement. Mais il y a des facteurs qui, moi aussi, me donnent confiance
jusqu'à un certain point, dans le sens qu'il faut quand même
constater que ces gens ont obtenu une publicité extraordinaire. M y a
une demande pour le produit.
M. Morin: II y a un marché aussi...
M. Saint-Pierre: Oui, un peu irrégulière, mais on
dit: Toute publicité est bonne.
M. Morin: Irrégulière, non; ils ont fait le tapage
publicitaire que suppose une entreprise de type nouveau, qui secoue les
vieilles habitudes, qui vous a forcés, peut-être, vous aussi,
à examiner les comportements traditionnels de la SDI.
Est-ce que M. Labrecque est toujours au conseil de Tricofil?
M. Saint-Pierre: M. Labrecque est toujours observateur au conseil
de Tricofil.
M. Morin: Et vous suivez donc ce dossier de très
près?
M. Saint-Pierre: A toutes les assemblées et de très
près.
M. Morin: Y a-t-il eu un nouvel apport, outre les $51 000 du
début et les $300 000 de la SDI convertis en capital-actions? Y a-t-il
un nouvel apport envisagé au cours des mois qui viennent?
M. Saint-Pierre: De la part de la SDI?
M. Morin: De la part du gouvernement ou de la SDI; je vous pose
la question à tous les deux, messieurs puisque vous êtes tous les
deux dans le dossier.
M. Saint-Pierre: Je ne crois pas.
M. Morin: Est-ce que vous avez été pressentis par
la société Tricofil pour de nouvelles possibilités de
subventions ou de crédit?
M. Saint-Pierre: Non, strictement au niveau technique.
M. Morin: L'ancienne société propriétaire,
la société Grovers, exportait une large part de sa production aux
Etats-Unis. La SDI s'est-elle penchée sur cette possibilité d'une
aide à l'exportation qui pourrait mettre la société
Tricofil sur le même sentier de l'exportation?
M. Saint-Pierre: L'aide de la SDI à l'exportation est
disponible à toutes les petites et moyennes entreprises du Québec
et elle le serait à Tricofil aussi.
M. Morin: Les intéressés ne vous ont pas
approché dans ce sens jusqu'ici. Une dernière question avant de
quitter ce dossier, toujours au sujet de l'attitude de la SDI à
l'endroit de Tricofil.
On se souviendra que l'une des difficultés de l'entreprise,
c'était les frais fixes élevés et, en partie, à
cause du loyer extrêmement élevé qu'elle devait verser
à la famille Grovers, au propriétaire. Je me suis demandé
comment il se faisait que les caisses populaires aient eu à travailler
à la solution de ce problème de locaux à prix
raisonnable.
Pourquoi la SDI n'a-t-elle rien fait, du moins qui soit connu, sur cet
aspect du dossier alors que pourtant, elle dispose du pouvoir de louer des
locaux aux industriels?
M. Saint-Pierre: La SDI possède, en fait, le pouvoir
d'acheter, d'acquérir des usines pour les relouer à des
industriels, mais à un prix courant, sans subvention comme telle, parce
que la subvention vient par un autre processus que la SDI.
Dans le cas de la location par Tricofil des usines qui appartenaient aux
Grovers, la SDI n'a jamais été impliquée au niveau de la
gestion comme telle et nous n'avons pas encore aucun pouvoir de
décision.
Les interventions de la SDI étaient au niveau du conseil et les
conseils étaient acceptés ou refusés ou rejetés par
l'administration de Tricofil. La direction de Tricofil avait toute
autorité et a encore toute autorité pour les décisions
majeures, à l'exception de certaines conditions qui ont
été posées par la SDI dans son prêt de $250 000 qui
a été fait récemment.
Alors, nous sommes encore observateurs au conseil d'administration. Nous
n'avons pas droit de parole. Nous n'avons aucune directive comme telle à
donner à l'entreprise. Nous avons conseillé l'entreprise. Le
ministère a conseillé l'entreprise. Les consultants ont
conseillé l'entreprise, mais la direction de Tricofil est absolument
autonome et décisionnelle comme telle. A ce moment, il est bien entendu
que s'il y avait un tas de choses autres que la location d'usines qui, dans
notre esprit, faisait défaut dans la gestion de Tricofil, nous avons
fait des commentaires, mais c'est quand même à la direction de
Tricofil de décider.
Un point qu'il m'apparaît important de soulever, c'est que
lorsqu'on parle actuellement de frais fixes élevés, ceci n'est
survenu que lorsque les ventes étaient beaucoup plus faibles que
prévu. C'est peut-être ce qui explique qu'au départ, cet
élément n'est pas ressorti. Compte tenu des objectifs que la
direction de Tricofil s'était fixés pour ses ventes, ses frais
fixes étaient raisonnables. C'est lorsque les ventes atteignaient
à peine le quart ou enfin un montant très faible de l'objectif.
Comme les frais fixes ne diminuaient pas par rapport aux frais variables,
là ils sont apparus comme extrêmement grands, alors on aurait eu
le choix d'augmenter les ventes ou de se concentrer sur la diminution des frais
fixes. On va diminuer les frais fixes et je pense qu'il est possible, avec des
frais fixes plus faibles, de remonter les ventes et donc, d'augmenter les
profits.
M. Morin: M. le Président, je suis heureux de l'attitude
nouvelle du ministre dans ce dossier.
M. Saint-Pierre: Elle est la même. Elle n'a pas
changé.
M. Morin: Je ne suis pas si sûr qu'elle aurait
été la même s'il n'y avait eu toute la publicité
dont parlait M. Labonté il y a un instant, et la fureur qui a suivi les
commentaires de dénigrement du ministre.
M. Saint-Pierre: La publicité, je la trouvais excellente
pour la vente des produits de Tricofil.
M. Morin: Et excellente aussi, je crois, pour obtenir l'appui
gouvernemental. Je crois que cela...
M. Saint-Pierre: Vous me connaissez mal.
M. Morin: ... peut avoir le même effet. De toute
façon, je m'en réjouis et j'espère que l'attitude du
ministre sera ouverte lorsque se présenteront de nouveaux exemples, de
nouvelles tentatives d'autogestion par des Québécois. Je constate
que...
M. Saint-Pierre: M. Morin, est-ce que je pourrais intervenir pour
vous rappeler votre réserve de tantôt? Il ne faut quand même
pas que cela devienne des précédents qui nous arrivent chaque
fois que quelque chose va mal dans une usine.
M. Morin: Je saisis mal ce que vous voulez dire.
M. Saint-Pierre: Vous nous avez dit tantôt que si chaque
fois qu'une usine fermait on pouvait régler le problème par un
mécanisme d'autogestion, cela deviendrait difficile, peut-être
dans le contexte de...
M. Morin: Tout dépend de la raison pour laquelle l'usine
est en difficulté; mais je crois que dans ce cas-là, il
était dans l'intérêt des travailleurs et dans
l'intérêt aussi de la population de Saint-Jérôme de
faire cette expérience. Je suis sûr qu'il se présentera
d'autres cas favorables comme celui-là.
M. Saint-Pierre: Oui. Mais dans ce cas, il faut bien se rappeler
et je le dis et vous verrez que je suis assez fidèle aux faits
une des raisons qui nous ont porté à nous
intéresser, à donner des études de $300 000 ou $400 000,
la subvention de $51 000 et le prêt de $300 000, c'est que l'autogestion
nous permettait d'enlever ce qui avait été, quant à nous,
le poids le plus dur à supporter de Regent Knitting à
Saint-Jérôme, c'est-à-dire des relations de travail
extrêmement difficiles et nous, on disait: dans le système
d'autogestion, au moins, les relations de travail ne devraient plus être
aussi difficiles et il y aurait peut-être une possibilité de
passer à travers.
Je rappelle que, dans d'autres dossiers... Ceci est important parce que,
souvent, je rappelle des mots de Kennedy. Autant comme parlementaire que comme
législateur, on a une responsabilité totale vis-à-vis du
bien commun; on a également une responsabilité très
sérieuse de contrer l'opinion populaire lorsqu'on a l'impression que la
pression de l'opinion populaire n'est pas conforme au bien commun, Je rappelle,
dans le dossier de Cabano, M. Labonté le connaît bien, que, si
nous avions dit oui à la pression populaire lorsqu'elle s'est
exprimée la première fois, et le gouvernement et la population et
bien du monde, on serait dans un fourbi épouvantable actuellement. Parce
qu'on a dit non pendant un certain temps, qu'on a réussi à
ménager des conditions optimales de succès, je pense que nous
allons connaître le succès avec Cabano. Cela a été
la même chose avec Tembec; si on avait dit oui à la
première proposition qui nous avait été soumise, je pense
que la population n'aurait pas été aussi bien
protégée et n'aurait pas partagé dans le profit comme elle
l'a fait au cours des dernières années pour Tembec.
M. Morin: Je souhaite simplement que le ministre fasse preuve
d'ouverture d'esprit lorsque des dossiers comme celui-là lui seront
soumis et qu'il ne leur cause pas au contraire des difficultés, comme
cela a été le cas dans le dossier.
Une dernière question d'ordre technique. Je n'ai pas d'objection
à ce que nous continuions après 18 heures. Nous avons
dépassé le montant. Cela nous permettrait de libérer M.
Labonté et de passer à autre chose ce soir.
M. Saint-Pierre: D'accord. Une dernière question, vous
n'avez pas...
M. Morin: Encore peut-être quelques dernières
questions. J'en ai une toute dernière dans le dossier Tricofil.
Pourriez-vous nous dire si le capital-actions que vous allez prendre dans
Tricofil ou que vous avez pris dans Tricofil sera sous forme d'actions
privilégiées ou d'actions ordinaires?
M. Saint-Pierre: Privilégiés.
Nous avons converti !a totalité du prêt de $300 000 et $8
400 d'intérêts dus par Tricofil à la SDI ont
été aussi convertis en capital privilégié.
M. Morin: De sorte que vous n'avez pas de droit de vote...
M. Saint-Pierre: Nous n'avons pas de droit de vote et nous avons
donné... comment on appelle ça... nous avons subrogé les
dividendes pour cinq ans.
M. Morin: Auriez-vous souhaité obtenir des actions
ordinaires; donc, voix au chapitre dans les décisions?
M. Saint-Pierre: On était bien ouvert aux désirs
des gens de Tricofil. On a cru comprendre que ceux-ci préféraient
que le gouvernement ne soit pas au capital-actions. Tous les autres
détenteurs d'actions privilégiées... Seulement les
travailleurs possèdent des actions ordinaires.
M. Morin: Toujours sur la SDI, mais quittant le dossier Tricofil,
j'aimerais aborder un ou deux autres points, ce qui nous permettra de fermer le
dossier. Essentiellement, le budget d'administration de la SDI est le
même. Il n'y a à peu près aucune augmentation, sauf
peut-être à la super catégorie 10, au transfert.
J'aimerais demander s'il s'agit essentiellement des sommes requises pour
les fins de subvention du taux d'intérêt sur les prêts
concédés au cours des années antérieures et pour
l'année courante?
M. Saint-Pierre: II s'agit totalement des prises à charge
sur les emprunts des sociétés que nous subventionnons.
M. Morin: Bon!
M. Saint-Pierre: Ce sont des engagements qui ont
été pris dans les années précédentes, pour
la plupart. Il y a une partie de ce montant de $21 millions qui est un manque
à gagner sur des prêts à taux préférentiel
que la SDI faisait au cours des années 1971 à 1974. Notre formule
comptable a changé tout simplement. Maintenant, nous faisons un
prêt à 13% et nous ouvrons un autre dossier pour faire la prise
à charge, au lieu de faire un prêt à un taux réduit
où le calcul d'intérêt était beaucoup plus
compliqué en fait et le manque à gagner nous était
remboursé par le gouvernement.
M. Morin: Bien. Une autre question. Comment peut-on
prévoir une diminution à la catégorie des traitements,
tout en maintenant les mêmes effectifs qui sont, je crois, de 82,
à ce qu'on nous dit au bas de la page consacrée au programme
5?
M. Saint-Pierre: II y a une diminution des provisions à
l'égard des postes vacants... .
Vous l'avez à la page de droite. A la page de droite, c'est
expliqué.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Une augmentation à la catégorie
"autres rémunérations". Ce serait occasionnel...
M. Morin: Cela répond à nos questions, M. le
Président. Nous sommes disposés à adopter le programme
5.
Le Président (M. Brisson): Programme 5, adopté?
M. Morin: Adopté.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux à 8 h 15?
M. Saint-Pierre: 8 h 15, M. le Président?
M. Morin: Pourrait-on dire 8 h 30, pour diverses raisons?
Le Président (M. Brisson): A 8 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 7)
Reprise de la séance à 20 h 35
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
M. Gallienne (Duplessis) remplace M. Cadieux (Beauharnois); M. Brown
(Brome-Missisquoi) remplace M. Déom (Laporte). Messieurs, nous en
étions au programme 6. Est-il adopté?
M. Saint-Pierre: Programme 6?
M. Morin: M. le Président, j'ai des questions.
Le Président (M. Brisson): Administration de la
Société du parc industriel du centre du Québec.
Société du parc industriel du centre du
Québec
M. Saint-Pierre: M. le Président, au programme 6, on
remarque un budget qui était de $2,5 millions, en 1975/76, et qui passe
cette année à $2,832 millions. Au niveau des effectifs, la
Société du parc industriel du centre du Québec qui
s'occupe du parc de Bécancour passe de 15 personnes à 19
personnes. Il s'agit essentiellement de certaines fonctions au niveau des
traitements des eaux ou de certains appareils que la société
administre.
Dans le document que je vous ai fait parvenir, on fait un peu une
rétrospective des activités au cours de l'année qui s'est
terminée. Je les passe rapidement pour vous.
Au niveau des infrastructures, deux nouveaux projets ont
été mis à exécution, c'est-à-dire la 3e
Avenue, vers l'ouest, à partir de la 8e Rue et la 10e Rue, de même
que la rue du dépôt du liquide en vrac. Nous avons
également l'eau potable et les égouts, c'est-à-dire qu'un
réseau d'eau potable et d'égouts a été construit
pour desservir les nouvelles rues de la 3e Avenue et de la 10e Rue, à un
contrat de $508 000. Le premier était de l'ordre de $201 000. Il y a
tout le réseau d'eau industrielle, en particulier pour desservir les
nouvelles entreprises de SKW et de CIL où nous avons eu des
dépenses de $140 000 dans un premier cas et, finalement, d'autres
installations qui ont été faites.
Le dépôt de vrac liquides. Poursuivant les travaux
d'installation portuaire, la société du parc a entrepris
l'aménagement des terrains du dépôt de vrac liquide, pour
donner suite en particulier à la demande de deux compagnies de
navigation spécialisées dans le transport des liquides en vrac et
au projet de la CIL pour l'expédition d'acide sulfu-rique par bateau
ainsi qu'au projet de l'usine thermique auxiliaire, de l'usine d'eau lourde
Laprade. La société du parc a procédé à
l'exhaussement de certains terrains au bord du fleuve.
Il y a également eu l'entrepôt portuaire. C'est un contrat
au montant de $117 000 qui servira en particulier à l'expédition
des produits de SKW, à partir de juillet 1976. L'édifice
administratif a été terminé au cours de l'automne. En plus
de loger les bureaux de la société, il met des bureaux à
la
disposition de certains locataires. Déjà, le Centre de
main-d'oeuvre du Canada a aménagé ses bureaux dans
l'édifice. Le Centre de main-d oeuvre du Québec doit
emménager le 1er avril 1976. Une banque a réservé des
locaux pour le 1er mai 1976.
Le projet Falconbridge Nickel Mine. On dit que la compagnie a dû
renoncer à son projet d'af-finerie de cuivre et de nickel à
Bécancour. On donne des détails sur les échanges de
terrains qui ont eu lieu en cours de route. On indique ce qu'il en a
résulté pour la société.
Au niveau de la réalisation, je pense que, si pendant un certain
temps, on a parlé de Bécancour comme d'un éléphant
blanc, ceux qui ont visité l'emplacement, au cours des derniers mois, se
rendent compte que c'est quand même un chantier fébrile
d'activités. La construction de l'usine de chlore et de soude caustique
du groupe CIL a été terminée. La production a
débuté en septembre 1975. Il y a 120 personnes qui travaillent
à l'endroit. Ce sont des investissements de $60 millions. La
société allemande SKW qui fera du féro-silicium et di
silicium pur, les travaux de construction se sont poursuivis tout au cours de
l'année. L'usine doit entrer en production le 15 juiri 1976. Des
investissements de $53 millions, 250 emplois sont créés à
cet endroit.
A l'usine de CERAMCO qui se spécialise dans des carreaux de
céramique, les travaux se sont également poursuivis au cours de
l'année. L'usine doit entrer en production en septembre 1976. Ce sont
des investissements de $20 millions, 300 emplois. Biraghi Entrepose, en
production depuis près de trois ans, a agrandi ses installations et a
acheté deux nouvelles machines à ailettes, créant ainsi
huit nouveaux emplois. Finalement, un autre projet important dont nous avons
discuté hier, Didier, dans les produits réfractaires; c'est une
compagnie allemande qui, conjointement avec des intérêts
canadiens, fabriquera des briques réfractaires. Les travaux ont
commencé en février 1976. L'usine entrera en production vers
avril 1977, $22 millions d'investissement et 250 emplois
créés.
Il faut noter que les projets réalisés ou en voie de
réalisation avancée donnent depuis trois ans un montant total de
plus de $145 millions investis dans le secteur manufacturier à
Bécancour. Au cours de l'exercice dernier, la société a
accordé trois options couvrant des projets actuellement a l'étude
pour un montant total de près de $280 millions d'investissement. Je
mentionne également les travaux au port de Bécancour, de
même que la vente d'eau industrielle qui ont débuté avec le
démarrage de l'usine CIL.
M. le Président, j'ai à ma gauche, M. Legasse, directeur
général de la société. On sait que cette
société a un conseil d'administration dont le président
est M. André Rousseau, qui fut un de mes prédécesseurs au
ministère de l'Industrie et du Commerce dans le début des
années soixante.
Vous avez dans votre cahier d'autres projets pour l'exercice financier
1976/77, mais je pense qu'à ce titre, le chef de l'Opposition ou
d'autres membres de la commission pourraient avoir des questions à poser
à M. Legasse qui se fera un plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Sauvé.
M. Morin: M. le Président, ce projet semble enfin sortir
de l'enfance après plusieurs années. Ce n'est pas encore "l'axe
du Saint-Laurent" dont on parlait au début du projet, mais enfin, il
semble, à tout le moins, que le projet soit entré dans une phase
d'expansion. Aussi, j'aimerais faire le point brièvement. Le ministre a
décrit un certain nombre de projets qui se sont réalisés
récemment. Puis-je vous demander de faire le point sur le nombre
d'usines déjà installées et l'emploi que cela procure
actuellement?
M. Saint-Pierre: J'en ai déjà mentionné, M.
le Président. Bien sûr, on parle strictement du parc de
Bécancour. On ne fait aucune mention de Gen-tilly ou des projets
industriels dans le secteur nucléaire qui sont très voisins du
parc, dans des terrains adjacents. Actuellement, il y a cinq usines. Je les ai
mentionnées avec le nombre d'emplois. Vous avez Ceramco. Vous avez
Biraghi Entrepose. Vous avez CIL, les deux autres sont...
M. Morin: Dans le cas de CILje m'excuse, si je puis vous
interrompre un moment l'entreprise a-t-elle remis son projet? J'ai lu que
l'entreprise avait remis la deuxième phase de son projet à plus
tard.
M. Saint-Pierre: Non. La deuxième phase n'a jamais
été annoncée.
M. Morin: N'était-il pas question qu'il y en ait une?
M. Saint-Pierre: Non. Cela n'a jamais été
annoncé. Des discussions se sont poursuivies. Si on est capable d'avoir
un bon climat en matière de relations de travail et en matière
d'industrie de la construction, peut-être aurait-on de bonnes chances
d'avoir une expansion, mais la deuxième phase n'a jamais
été annoncée par l'entreprise.
M. Morin: Bon! Vous en aviez nommé deux
déjà.
M. Saint-Pierre: Dans le moment, il y en a deux qui sont en
opération, CIL et Biraghi: Chez CIL, il y a 120 employés, et chez
Biraghi, 45.
Cela fait 165. Maintenant, SKW entre à la mi-juin avec 250 et
CERAMCO entre en production en septembre 1976 avec 300 additionnels.
Maintenant, Didier produira en avril prochain avec 250 additionnels.
M. Morin: Et le projet Inventa s'en vient-il là
également?
M. Saint-Pierre: Tel qu'on l'a mentionné au cours des
derniers jours, c'est un projet qui est au stade des études
seulement.
M. Morin: C'est pour plus tard? A l'heure actuelle, donc, il y a
trois usines en construction, dont l'une est sur le point d'ouvrir. Y a-t-il
d'autres projets?
M. Saint-Pierre: On a mentionné que trois options ont
été accordées l'an passé. J'imagine que ceux qui
prennent des options sur les terrains n'ont pas l'intention de laisser
péricliter le capital investi. Alors, derrière ces trois options,
il y a bien sûr, trois projets industriels sérieux.
M. Morin: Ces nouvelles sociétés ont-elles fait
face à des difficultés liées au personne! ou ont-elles
fait face à des difficultés de recruter des travailleurs? Je
songeais que vous avez là un parc industriel implanté dans une
municipalité qui, si je ne m'abuse, est la plus vaste du Québec,
mais qui n'est habitée que par 8000 personnes.
Cela entraîne-t-il des difficultés sur le plan du
recrutement de la main-d'oeuvre?
M. Saint-Pierre: Actuellement, Bécancour n'est qu'un
village, une petite ville de 8000 habitants, mais le recrutement se fait dans
toute la région, dans toute la périphérie et
également du côté de Trois-Rivières, Shawinigan,
Grand-Mère, etc. et jusqu'ici, les cinq compagnies en question...
Enfin, Didier n'a pas encore commencé à recruter. SKW a
presque terminé son recrutement et n'a pas eu de difficultés. Il
y a de plus un programme avec les CEGEP qui permet aux étudiants de
choisir des options en fonction des positions qui peuvent les attendre dans les
usines. Nous avons fait une certaine synchronisation avec les CEGEP, avec les
centres de main-d'oeuvre et avec les industries aussi.
M. Morin: Et du point de vue de la main-d'oeuvre
qualifiée, ces entreprises ont-elles également trouvé tout
le personnel requis?
M. Saint-Pierre: Elles ont dû le trouver parce que chaque
fois que nous en avons discuté, il n'y a eu aucun problème,
aucune plainte, aucune demande d'aide supplémentaire au point de vue du
recrutement.
M. Morin: Certaines de ces usines sont hautement
spécialisées. Cela demande une main-d'oeuvre
qualifiée.
M. Saint-Pierre: Oui et non. Il suffit de prendre un bon
manoeuvre et de lui donner la formation nécessaire en quelques mois; le
recrutement a déjà commencé il y a quelque temps et
l'entraînement aussi, comme on sait. Par exemple, il y a
déjà une quinzaine de techniciens qui sont en Allemagne aux frais
de SKW pour étudier le procédé.
M. Morin: Oui, je pense à SKW, par exemple.
Cela doit demander une main-d'oeuvre hautement
spécialisée.
M. Saint-Pierre: Ce sont des fours électriques, des fours
à arc; par ailleurs, ce sont des convoyeurs, des charriots, enfin des
choses assez ordinaires quand même, à part le côté
laboratoire, évidemment, le côté procédé
métallurgique.
M. Morin: A-t-on trouvé sur place le personnel dont on
avait besoin pour les laboratoires?
M. Saint-Pierre: Sur place, je pense près de 90%, et
peut-être quelques techniciens de Montréal ou d'ailleurs, mais
tout le personnel est québécois.
M. Morin: Très bien. Je voudrais vous demander si National
South Wire, qui avait songé pour un temps, je crois, du moins le
ministère avait songé, semble-t-il, pendant un certain temps,
à établir le projet d'aluminerie de ce côté,
était d'accord. En tout cas, c'est ce qu'on a rapporté, National
South Wire n'était pas d'accord. Est-ce exact?
M. Saint-Pierre: Je ne sais pas. Pourriez-vous déposer...
Qui est-ce qui a dit cela?
M. Morin: J'ai vu quelque part que l'absence de main-d'oeuvre
qualifiée aurait été une difficulté pour NSW.
M. Saint-Pierre: Non. NSW était prête à aller
là, et I Hydro-Québec en particulier aurait... NSW aurait
préféré aller là, compte tenu que. sur le plan de
l'approvisionnement en électricité, Bécancour offre la
particularité d'être à l'intersection de deux
réseaux ayant leur propre... Cela a des avantages considérables
pour une industrie qui ne peut tolérer des bris de courant
électrique pendant des périodes prolongées.
L'Hydro-Québec aurait peut-être aussi préféré
Bécancour à d'autres sites justement à cause de la
facilité de planification de son réseau. Nous avons
calculé, au ministère, que la région du Québec
métropolitain avait un plus grand besoin du projet que celle de
Bécancour qui a déjà et on n'a qu'à
constater les projets déjà réalisés une
certaine surchauffe, compte tenu de la capacité de la population de la
Mauricie et d'autres projets à Trois-Rivières, pour ne pas
drainer inutilement d'autres régions des travailleurs devant une demande
très prononcée. La compagnie et I Hydro-Québec auraient
donc préféré Bécancour; le ministère de
l'Industrie et du Commerce a préféré la ville de
Québec.
M. Morin: La décision demeure-t-elle la même quant
à l'implantation future d'une aluminerie quelconque?
M. Saint-Pierre: Toujours dans la région administrative du
Québec métropolitain.
M. Morin: Donc, Bécancour est écarté pour ce
type d'industrie.
M. Saint-Pierre: C'est ça. Pour ce projet-là.
M. Morin: Pourriez-vous nous dire combien a été
dépensé jusqu'à maintenant pour le parc?
M. Saint-Pierre: A ce jour.
M. Morin: Pour le parc. Oui, à ce jour.
M. Saint-Pierre: A ce jour, une seconde. En immobilisation, c'est
à peu près $19 millions.
M. Morin: $19 millions.
M. Saint-Pierre: Vous parlez d'immobilisation. Quand vous parlez
de dépenser, ce sont les budgets...
M. Morin: J'imagine que les immobilisations constituent le gros
des investissements qui ont pu être faits dans le parc de
Bécancour, mais il y a peut-être d'autres dépenses aussi
d'ordre administratif.
M. Saint-Pierre: Les frais capitalisés sont de $19 729
977.
Cela, c'est au 31 mars 1975, c'est le dernier rapport. J'imagine que les
vérificateurs sont à vérifier pour l'année. $3
millions en immobilisation pour la dernière année, cela voudrait
dire à peu près $22 millions.
M. Morin: A peu près $22 millions, oui. Est-ce qu'il y a
d'autres dépenses, hormis les immobilisations?
M. Saint-Pierre: Oui, les dépenses d'administration qui
sont capitalisées, elles sont comptées...
M. Morin: Elles sont capitalisées, d'accord. Avec ces
immobilisations, jusqu'à maintenant, vous avez maintenant
constitué quel pourcentage de l'infrastructure totale du parc? J'imagine
que vous n'avez pas fait encore toutes les canalisations, ni toutes les voies
d'accès; où en êtes-vous?
M. Saint-Pierre: Les immobilisations, à ce jour,
représentent à peu près 70% des infrastructures
prévues pour le développement de 2800 acres sur une
possibilité maximum de 4800 environ.
M. Morin: Je voudrais bien vous comprendre, M. le ministre.
M. Saint-Pierre: C'est que le...
M. Morin: Vous me dites que 70% de l'infrastructure...
M. Saint-Pierre: A Bécancour, il y a toujours
possibilité d'agrandir les limites, mais le plan est d'environ 4800
acres. Jusqu'ici, nous avons toutes les infrastructures en place, pour
l'utilisation complète de 2800 acres.
M. Morin: C'est cela.
M. Saint-Pierre: A ce jour, les dépenses d'immobilisation
représentent 70% des dépenses totales prévues. Il faut
comprendre qu'il y a une partie des immobilisations qui débordent le
2800 acres.
M. Morin: Bien sûr, des installations que vous n'aurez
à construire qu'une fois.
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Même une fois que le parc aura atteint sa plus
grande expansion. Et combien d'acres sont occupées, à l'heure
actuelle, par les cinq entreprises?
M. Saint-Pierre: Environ 350 acres.
M. Morin: Environ 350 acres. Alors, vous avez donc...
M. Saint-Pierre: Beaucoup de...
M. Morin: ... en attente, et déjà
installées, vous avez presque 2500 acres qui attendent les
investissements. Est-ce que vous avez un certain nombre d'objectifs que vous
vous serez donnés pour tenter d'étoffer peu à peu cet
immense espace dont une portion bien infime est occupée à l'heure
actuelle?
M. Saint-Pierre: Je pense que si, au cours des prochaines
années, on pouvait maintenir le rythme des investissements qu'on a eus
au cours des deux ou trois dernières années, cela serait
entièrement satisfaisant. Il y a plusieurs critères dont il faut
tenir compte. On ne peut pas songer un instant que tous les investissements
manufacturiers au Québec vont se diriger vers le parc de
Bécancour. Cela va créer une surchauffe et un
déséquilibre régional prononcé.
Pour la région de la Mauricie, il faut bien comprendre que
Bécancour ne peut pas accaparer 100% de ce qui va en Mauricie.
Contrairement à ce qui a pu être mentionné dans des media,
s'il y a quelque chose, plus souvent le ministère a empêché
les gens de venir à Bécancour, plutôt que de les obliger
à venir à Bécancour. On laisse courir assez
allègrement la rumeur que nous utilisons presque la torture pour amener
les industriels à Bécancour. Souvent, c'est l'inverse.
Les gens voudraient aller à Bécancour, soit à cause
des aménagements portuaires, des infrastructures en place, de la
capacité portante des sols, enfin de toute une série de facteurs
positifs, de la limite de la navigation, douze mois par an, et d'autres.
Souvent, c'est nous-mêmes qui tentons quand même d'envoyer des
industries qui n'ont pas à aller à Bécancour, des types
d'industries légères qui pourraient mieux assurer l'emploi dans
des villes qui sont plus en difficulté. Vous prenez les cas de
Louiseville.
S'il y a quelqu'un qui veut aller à Bécancour pour une
usine dont le ministère pense qu'elle irait
mieux à Louiseville, on n'hésitera pas à lui dire
d'aller à Louiseville. Ce n'est pas parce qu'on a des terrains à
vendre, qu'on va mettre toutes les ressources du gouvernement pour...
M. Morin: Je ne sais pas si le ministre choisit Louiseville pour
encourager les gens de cette pauvre ville qui en ont bien besoin à
l'heure actuelle. J'espère que cela correspond à des projets et
qu'inconsciemment peut-être, il faisait entendre que Louiseville va
sortir de son marasme d'ici quelque temps.
Donc, ce parc de Bécancour est conçu essentiellement pour
l'industrie lourde.
M. Saint-Pierre: En fait, plus lourde, je pense. Il faut quand
même, compte tenu des coûts et de la nature des projets
déjà en place là-bas, s'attendre qu'a occasion, des
projets impliqués peuvent en attirer d'autres. Je pense qu'on peut
mentionner que Bécancour, actuellement, produit des surplus
d'hydrogène. Une entreprise qui serait intéressée et dont
le procédé de fabrication demande beaucoup d'hydrogène, va
être intéressée à Bécancour et ne sera pas
intéressée à Louise-ville. Nous avons une vue assez
concrète de la réalité économique pour bien savoir
qu'à l'occasion, il n'y a pas d'autres choix. C'est le choix le plus
intéressant qui s'avère.
M. Morin: Avez-vous définitivement acheté les
locaux abandonnés par Falconbridge?
M. Saint-Pierre: Oui. L'acte de vente doit être
signé à la fin de la semaine.
M. Morin: De cette présente semaine?
M. Saint-Pierre: Tout est terminé au point de vue de
l'étude des titres et ainsi de suite.
Dans le document que je vous ai remis, on explique en détail les
transactions de terrains, les acres, les montants d'argent
impliqués.
M. Morin: Puis-je vous demander, tout de même, à
quel prix cette entente a été conclue?
M. Saint-Pierre: $1 324 000, ce qui veut dire que nous avons
racheté le terrain au prix de vente original à $0.03 le pied
carré, alors que nous le vendons actuellement $0.16. Nous avons
racheté toutes les installations, c'est-à-dire trois
bâtiments dont deux terminés à 90% et un à 30%.
Le réseau des rues, aqueduc et égouts, d'après les
évaluateurs, représentait environ $1 189 000. Nous avons
payé un prix forfaitaire de $325 000.
M. Morin: Combien avait coûté à la
société la construction de l'usine en question à peu
près?
M. Saint-Pierre: Rien. A la Société? A la
société Falconbridge...
M. Morin: A la société, oui.
M. Saint-Pierre: La société Falconbridge avait
dépensé environ $1 million.
M. Morin: $1 million. Est-ce que vous avez une idée de
l'utilisation future?
M. Saint-Pierre: Oui. Les plans sont déjà
terminés.
D'ailleurs, nous sommes en appel d'offres pour construire deux rues de
la 3e Avenue, qui est la rue principale du parc, vers le fleuve, à
proximité du quai, de façon à rentabiliser les terrains
les plus près du quai. Les deux constructions en acier qui sont l'usine,
une de 28 000 pieds carrés, l'autre un peu plus, sont l'objet de
négociations avec un quatrième projet qui n'a pas encore pris
d'option, mais qui étudie d'acheter ou simplement de louer ces usines
pour un nouveau projet. Quant à l'édifice à bureaux de
Falconbridge, nous le terminerons nous-mêmes...
M. Morin: C'est celui qui est terminé à 30%?
M. Saint-Pierre: Celui-là, en effet. Nous avons
déjà un locataire qui a pris une option pour environ 25% de la
superficie disponible. Nous sommes en négociation avec un
deuxième locataire pour environ 30% de la superficie.
M. Morin: Cela représente un actif de l'ordre de combien
pour le parc, de l'ordre de $3 millions ou $4 millions en tout et partout?
M. Saint-Pierre: L'actif même? M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Au moins. Parce que, quand nous finirons de
vendre la propriété de Falconbridge, le terrain se vendra plus
cher que $0.16 ou $0.15, parce que nous révisons les prix de vente
chaque année, en fonction des investissements que nous avons faits,
ensuite de la valeur du marché, ce qui est normal.
M. Morin: Oui, bien sûr. En examinant les crédits,
je constatais que la quasi-totalité des crédits accordés
sont inscrits sous la catégorie autres dépenses. Pourriez-vous
m'indiquer quelles sont ces dépenses?
M. Saint-Pierre: Uniquement l'intérêt sur le service
de la dette.
M. Morin: Je vois. Cela répond à ma question. Pour
ce qui est de la Société du parc industriel du centre du
Québec, nous sommes prêts à adopter les crédits.
Le Président (M. Brisson): Programme 6, adopté.
Programme 7, services aux établissements commerciaux.
M. Saint-Pierre: M. le Président, tel que convenu et
tenant compte de la disponibilité et de la présence ici du
responsable des pêches maritimes et des fonctionnaires, je
suggérerais qu'on revienne à ce qu'on avait laissé ce
midi, c'est-à-dire les pêches maritimes. Pardon?
Le Président (M. Brisson): Peut-être qu'il n'y a pas
de question au programme 7. On pourrait l'adopter immédiatement.
M. Morin: M. le Président, je pense que vous allez un peu
vite en besogne. J'ai effectivement des questions.
Le Président (M. Brisson): Alors, programme 8,
développement des pêches maritimes.
M. Lacroix: Vous êtes un peu lent.
Le Président (M. Brisson): Le ministre.
M. Morin: D'ailleurs, le député des îles
serait profondément frustré si nous avions abordé le
débat sur ce programme 7.
Le Président (M. Brisson): Le chef de l'Opposition a-t-il
des questions ou commentaires?
Pêches maritimes (suite)
M. Morin: Oui, nous avions commencé ce matin à
parler de la possibilité pour le Québec d'obtenir des
contingents, de revendiquer, à tout le moins, un contingent pour
certaines espèces. On nous a dit que, de fait, le Québec avait
songé à un contingent de l'ordre de 30% pour le sébaste;
du moins, c'est ce que j'ai compris. Voulez-vous me confirmer la chose? Je
crois que c'était effectivement le sébaste.
M. Saint-Pierre: Pour le sébaste, si on reprend où
nous nous sommes laissés ce midi, il subsiste un inventaire, si vous
voulez, du contingent, de l'ordre de 6800 tonnes. Alors, le Québec a
demandé 20 000 tonnes au total, c'est-à-dire que nous pouvons les
ajouter aux 30 000 tonnes initiales ou ajouter les 20 000 à ce qui
subsistait. On voulait faire la distinction suivante: Nous avons
recommandé 10 000 tonnes à ajouter au programme de mai et de juin
parce qu'à ce moment, il était un peu convenu que la pêche
du sébaste reprendrait le 1er mai et, par décision
ultérieure, cela a été reporté au 1er juin. Alors,
10 000 tonnes qui auraient été à l'usage exclusif des
pêcheurs du Québec, du Nouveau-Brunswick et de
l'lle-du-Prince-Edouard, puis, au mois de juillet, ajouter un deuxième
contingent additionnel de 10 000 tonnes. A ce moment, les cinq provinces
auraient pu partager dans ce contingent révisé, là
où le jeu proportionnel serait entré, c'est-à-dire la
pêche historique, le pourcentage québécois qui était
de 30%, etc. Malheureusement, jusqu'à maintenant, le
fédéral n'a pas révisé à la hausse le
contingent. C'est encore une question à débattre. Nous ne leur
permettrons pas d'oublier les besoins du Québec pour la présente
année.
M. Morin: Les Pêcheurs unis du Québec sont
très inquiets de la situation pour ce qui est de la pêche au
sébaste dans le golfe. Ils ont fait parvenir au ministère des
Pêcheries je me demande si c'était le ministère
fédéral ou le ministère québécois ou les
deux une résolution dans laquelle ils demandaient que la
pêche au sébaste soit fermée jusqu'au 1er juin 1976 et, par
la suite, durant les quatre premiers mois de chaque année.
D après ce que vous nous avez dit ce matin, vous sembliez
d'accord avec la première proposition de fermeture jusqu'au 1er juin.
Est-ce exact? Le ministère est-il également d'accord pour que la
pêche soit fermée de janvier à avril?
M. Saint-Pierre: De janvier à avril, ça nous va
très bien, parce que nous allons éviter la
répétition de ce qui s'est produit, en somme, le carnage, l'orgie
de l'hiver dernier, alors que nous sommes pris dans les glaces et qu'il y a un
dégagement du côté sud et que les flottes de Terre-Neuve et
néoécossaises pèchent à qui mieux mieux. Pour les
quatre mois de fermeture, ça nous va intégralement.
Maintenant...
M. Morin: Existe-t-il des chances de faire prévaloir ce
point de vue?
M. Saint-Pierre: Je crois que ça semble acquis.
M. Morin: Cela semble acquis?
M. Saint-Pierre: Cela semble acquis.
M. Morin: ... jusqu'au 1er mai ou quoi?
M. Saint-Pierre: Bien, le 1er mai... Les quatre premiers mois de
l'année. Les Pêcheurs unis ont fait valoir, nous nous sommes
accomodés de la suggestion des Pêcheurs unis. D'ailleurs, elle a
été reprise, au niveau des provinces où il se fait de la
pêche côtière, qui ont proposé le 1er juin comme date
d'ouverture du golfe. Moi, j'avais proposé un compromis, allons-y donc!
du 15 mai. Dans la perspective, il faut tenir compte de la demande de ceux qui
font une pêche diversifiée comme les Pêcheurs unis, en
somme, où il y a de petits pêcheurs, mais il fallait tenir compte
également du contexte créé par ce ban qu'on avait sur les
bateaux de grande dimension. Il faut les envoyer à la pêche.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Alors, la résolution des Pêcheurs
unis était nettement défavorable à la
société Gorton, les Pêcheries du golfe et autres qui ont
des unités d'assez fort tonnage. Mais; tout de même, comme
accommodation, parce que là, il faut se dire une chose: Le
sébaste est en période de frai à partir du mois de mars
jusqu'au mois de juin, et c'est un vivipare, alors c'est une petite bête
minuscule qui naît vivante, on peut laisser la femelle le libérer
à la mer avant de le pêcher ou de l'écraser dans les cales
des navires. On s'est dit: Cela va, vu le contexte.
M. Morin: Alors, vous avez proposé, comme vous le
demandaient d'ailleurs les Pêcheurs unis, vous avez songé à
ajouter 20 000 tonnes métriques pour le golfe.
M. Saint-Pierre: Pour le golfe. Cela a été... M.
Morin: Et finalement, si je vous ai bien
compris, à l'heure actuelle, ce que vous proposez, c'est
d'ajouter 10 000 tonnes aux 6800 qui n'ont pas encore été prises
sur le quota.
M. Saint-Pierre: Ecoutez! Il faut y aller de toutes sortes de
compromis. En somme, le fédéral tient le raisonnement suivant: II
s'est produit un phénomène, vous savez, qui est humain. Lorsqu'on
s'est rendu compte que les 30 000 tonnes avaient été
pêchées à 22 milles et qu'il n'en restait presque plus,
à un moment donné, le fédéral semble avoir, par le
biais de ses biologistes, une science infuse. Il semble posséder la
biomasse, le poids, l'âge et le nombre de poissons qui subsistent. Il
s'en tient à ça mordicus. C'est là que je me dis, moi,
qu'il y a de l'interprétation. C'est pour ça que je continue
à demander un relèvement du contingent de la présente
année, quitte à le baisser proportionnellement l'an prochain.
Cela créerait moins de dislocation, parce que les pêcheurs
pourraient s'en aller vers d'autres espèces. Cela nous est tombé
dessus, un petit peu en cyclone.
M. Morin: Oui.
M. Lacroix: Vous voyez qu'on n'est pas si loin d'Ottawa que
ça, vous savez, parce que ces gens sont sûrs d'avoir la science
infuse et vous aussi.
M. Morin: Moi, je pose des questions pour l'instant. Je veux que
vous m'éclairiez sur vos politiques. J'écoutais le
député des Iles-de-la-Madeleine ce matin. Effectivement, il
n'avait pas l'air d'avoir la science infuse dans son cas.
M. Lacroix: Je ne le crois pas.
M. Morin: Non, et il y a des pêcheurs qui en
pâtissent.
M. Lacroix: Je n'ai pas de diplôme, moi. J'ai seulement le
jugement.
M. Morin: Le malheur, c'est qu'un jugement qui n'est pas
informé, peut mener à des erreurs. Justement, je crois qu'en ce
moment...
M. Lacroix: C'est moins grave que de l'autre
côté.
M. Morin: ... vous payez pour des erreurs du passé. Le
député va y goûter cet été, aux
problèmes des pêcheries, tant aux îles qu'en
Gaspésie. Il m'en donnera des nouvelles à l'automne. Je pense
qu'il ferait mieux de suivre, d'écouter et d'essayer de se
renseigner.
M. Lacroix: ... le nez de Cyrano. M. Morin: Oui,
justement. M. Marchand: ...
M. Saint-Pierre: Vous ne vous êtes pas informé du
homard. Les prix sont 30%...
M. Morin: Ah, mais ça va venir!
M. Saint-Pierre: Cela va venir, ça? Bon!
M. Morin: Surtout qu'étant un adepte du homard, je suis
très intéressé à y venir éventuellement.
Mais, pour l'instant, nous parlons du sé-baste. Evidemment...
M. Lacroix: Si vous êtes gentil, je vais vous en envoyer un
demain, mais, si vous ne l'êtes pas, je ne vous en donnerai pas.
M. Morin: Je me méfierais des...
M. Lacroix: De toute façon, vous êtes mieux de vous
en procurer un.
M. Morin: ... homards que m'enverrait le
député.
Si on revenait aux choses sérieuses. Evidemment, c'est une
situation un peu exceptionnelle dans le sébaste cette année.
C'est peut-être dû au fait que les glaces, selon ce que vous m'avez
expliqué, avaient libéré l'entrée du golfe plus
tôt que prévu, ce qui a permis aux pêcheurs de la
Nouvelle-Ecosse et des autres provinces d'être plus rapidement rendus sur
les lieux.
M. Saint-Pierre: II y a aussi un détail que je dois
ajouter. Ce qui a fourvoyé Ottawa énormément, c'est le
fait que les pêcheurs néo-écossais et terreneuviens ont
retardé délibérément, la production de leurs
statistiques de pêche. Alors, .au moment où Ottawa pensait qu'il y
avait 9000 tonnes ou 10 000 tonnes métriques de poisson de pris, par
notre service de contre-espionnage, nous savions déjà que cela
dépassait les 15 000 tonnes.
M. Lacroix: II est aussi bon que le vôtre, vous savez!
M. Morin: Je vois que vous bénéficiez
également de fuites! Méfiez-vous! Le député des
Iles-de-la-Madeleine va vous prendre à partie!
Pour les années qui viennent maintenant, avez-vous une attitude,
des revendications précises à faire valoir au gouvernement
fédéral? Cela peut se produire à nouveau, une telle
situation.
M. Saint-Pierre: Notre attitude - on la croit logique et
souvent on est porté à partager nos opinions et c'est toujours...
La logique est toujours inversement proportionnelle à certains avantages
politiques! De toute façon... Excusez! J'ai une tendance aux
pitreries.
On a dit, ce matin, que Terre-Neuve et la Nouvelle-Ecosse auraient
désormais l'avantage de partager dans le contingent que
rétrocède la Russie.
Nous demandons que pour l'an prochain, la pêche du sébaste
dans le golfe soit réservée aux trois provinces limitrophes du
golfe, soit le Québec, le Nouveau-Brunswick et l'Ile-du-Prince-Edouard
et que cela soit exclusif au Québec et
qu'en plus, pour l'an prochain et pour une période donnée,
il nous soit accordé un contingent nettement déterminé au
profit du Québec et des deux autres provinces dans les secteurs 3-P et
4-VN.
C'est une répartition. C'est ce que nous désirons. L'an
prochain, le contingent dans le golfe, sera peut-être inférieur et
très probablement inférieur, au départ, à celui de
cette année.
M. Morin: Dans quelles zones du golfe?
M. Saint-Pierre: Lorsqu'on parle de 30 000 tonnes, il y a
possibilité, l'an prochain, qu'on dise que le contingent est de 15 000.
Alors, cela serait de la rendre exclusif aux trois provinces, plus un
contingent déterminé, c'est-à-dire une répartition
dans 3-P et 3-VN, et l'idée fait son chemin. Il y a affolement, et on ne
peut se le cacher, il est très difficile de tirer des réponses.
On médite et on mijote.
M. Morin: Le retrait des Soviétiques représente
combien de milliers de tonnes?
M. Saint-Pierre: C'est un retrait partiel. Je l'ignore. Je n'ai
pas les données exactes. Je crois qu'ils avaient un contingent de 55 000
tonnes de sébaste dans les secteurs 3-LMNOP.
M. Morin: Devant la Nouvelle-Ecosse?
M. Saint-Pierre: C'est du côté est. Le sud-est de la
Nouvelle-Ecosse.
M. Morin: C'est cela.
M. Saint-Pierre: Alors, ce qu'ils ont cédé au
Canada cette année, je ne le sais pas, je ne connais pas la proportion.
Je pourrais citer ce que j'ai entendu dire et je trouve que c'est sans
proportion. Je crois qu'ils auraient libéré peut-être
quelque chose de l'ordre de 25 000 tonnes et échange de 15 000 tonnes ou
de 20 000 tonnes de capelan.
Cela prend la proportion du cheval et du lapin parce que ce n'est pas la
même valeur.
M. Morin: Oui. Une autre recommandation je voudrais faire
le tour de ces recommandations brièvement c'était qu'une
proportion majeure de ce contingent, dans leur esprit, le contingent de 20 000
tonnes métriques, soit réservé aux bateaux de moins de 100
pieds. Etiez-vous d'accord avec cette demande?
M. Saint-Pierre: Nous ne sommes nullement d'accord et c'est
impossible, parce que la flotte de la Gorton, la flotte des Pêcheries du
golfe et la flotte de St. Lawrence Sea Products ne peuvent en pratique
pêcher de façon rentable qu'à l'intérieur du
golfe.
Alors, si on les exclut, ce sont des bateaux qui dépassent les
100 pieds de longueur. Encore là, j'ai protesté j'ai
encore protesté hier et je sais pertinemment qu'il y a des
pêcheurs du
Nouveau-Brunswick qui, par des nuits sans lune, faussent les
règles du jeu, et je dis que je ne m'exposerai pas à la noyade et
à me faire jeter au bout d'un quai pour aller protéger les
intérêts du sébaste.
Alors, il y a un danger à un moment donné que des gens
aient des distractions, aillent pêcher dans le golfe et je ne m'en
confesserai pas.
M. Morin: Oui, vous y avez déjà fait allusion. Mais
cela met en cause, au fond, la surveillance des eaux du golfe par les
autorités fédérales. Cette surveillance est-elle
suffisante, à votre avis?
M. Saint-Pierre: La surveillance, c'est relatif. Le golfe est une
grosse grenouillère, il ne faut pas l'oublier; c'est grand.
M. Morin: Cela prend un gros ouaouaron pour surveiller tout
cela.
M. Saint-Pierre: Cela en prend plusieurs.
M. Morin: Mais compte tenu du fait que c'est une
grenouillère nous en connaissons des grenouillères au
Québec dans toutes sortes de domaines et nous faisons des efforts pour
les policer les efforts des fédéraux sont-ils
suffisants?
M. Saint-Pierre: Je ne pourrais pas porter de jugement
là-dessus. On y va toujours par comparaison. Le Québec a son
service de protection. Alors, il fait appliquer la réglementation
québécoise et on en a plein notre dé. Franchement, les
amis du fédéral, je me suis laissé dire qu'ils ont le
régime du fonctionnaire, c'est-à-dire qu'à 4 h 30 de
l'après-midi, le bateau s'attache à quai, le vendredi soir il
s'attache à quai, le lundi matin... Alors, quelqu'un qui sait se servir
de sa jugeote...
M. Morin: Je me suis laissé dire cela aussi.
M. Saint-Pierre: Alors, si cela se passe ainsi che2 nous, en
période de pointe, nos employés travaillent sept jours et sept
nuits par semaine. Il y a une relève, il y a une continuité.
Notre effort de protection relativement est infiniment supérieur. On ne
voit pas de leurs vedettes chez nous et on ne fait pas d'efforts pour les
cerner.
M. Morin: On vous recommandait également que l'on ne
tienne pas compte des captures occasionnelles de sébaste par les
crevettiers en considération du faible volume impliqué, lequel
serait, de toute façon, perdu. La non-récupération de
cette espèce entrainerait du gaspillage. Est-ce une recommandation avec
laquelle vous êtes d'accord?
M. Saint-Pierre: Oui, nous sommes d'accord. D'ailleurs, c'est
acquis. Ottawa l'a concédé. C'est ce qu'on appelle le "by catch",
la prise accidentelle, si on veut, et c'est très difficile. Ce sont deux
espèces qui cohabitent et c'est surtout le fretin, de jeunes
sébastes. Apparemment, ce n'est pas un
gaspillage éhonté. Nous sommes à mettre au point un
chalut sélectif qui pourrait peut-être les isoler, mais ce n'est
pas encore très...
M. Morin: D'appoint.
M. Lacroix: Pas nécessairement, parce que quand les
pêcheurs vont pêcher les crevettes dans le fond, les crevettes ne
se tiennent pas à la surface et le poisson rouge non plus. C'est
à cause de cela qu'actuellement le bateau était aux
Iles-de-la-Madeleine la semaine dernière, un bateau qui a
été loué de Techno Maritime pour faire les essais sur le
chalutier sélectif afin de pouvoir permettre au poisson rouge de
s'échapper du chalut. Parce que, quand il quitte ses fonds et qu'il
arrive à la surface, de toute façon, qu'il ait deux, cinq, ou
huit pouces, on ne peut pas le retourner dans le fond parce qu'on n'a pas pris
les mesures nécessaires, et c'est impossible de le faire pour le
décompresser en cours de route.
M. Morin: II est fichu de toute façon. Supposons
maintenant que le gouvernement fédéral n'accepte pas d'augmenter
le contingent comme vous le proposez. Comptez-vous appuyer la recommandation
des Pêcheurs unis à l'effet que le gouvernement
fédéral fasse connaître, dans les meilleurs délais,
les modalités de compensation pour la perte de revenu encourue par les
pêcheurs et les producteurs à la suite des
événements du printemps?
M. Saint-Pierre: Je l'ai déjà fait valoir. C'est
une question qui s'amène tout naturellement. Le fédéral a
eu un programme de dépannage. Vous savez que les pêches sont en
difficulté depuis deux ans déjà, c'est la troisième
année dun cycle. Le fédéral disposait d'un budget de $130
millions pour fins de dépannage. Dans l'application de cet argent, on a
subventionné le pêcheur pour la capture de certaines
espèces, tenant compte d'une qualité supérieure du
produit. Disons sébaste et morue, en autant que je me souvienne, $0.025
la livre comme appoint et $0.08 à la transformation jusqu'à l'an
dernier. Cette année, on a modifié un peu les règles du
jeu. Je crois que c'est $0.06 à l'usine et $0.02 au pêcheur, pour
certaines espèces. De $130 millions au 1er avril cette année, il
subsistait $44 millions dans le budget fédéral et j'ai dit:
Ecoutez, si on ferme les usines, il va y avoir de la compensation quelque
part.
Ce n'est pas la faute du Québec si on fait de la gestion post
mortem. Vous avez voulu l'affaire, vous êtes pris avec le
problème. J'ai eu comme réponse: Eliminons d'abord toute
possibilité que le budget soit augmenté et, deuxièmement,
si la Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve pêchent selon leur bon vouloir,
douze mois l'an, à ce régime, les $44 millions vont fondre assez
rapidement.
M. Morin: Surtout s'ils ne révèlent pas leurs
prises au moment où ils devraient le faire.
M. Saint-Pierre: Là, je crois qu'ils ont eu leur
leçon. A partir de maintenant, je l'ai obtenu de la bouche du ministre
que, chaque soir, ils auraient des gens en poste qui auraient une statistique
à fournir et qu'elle devrait être rendue à Ottawa le
lendemain matin.
M. Morin: Bien.
M. Lacroix: Me permettez-vous une simple observation?
M. Morin: Mais oui.
M. Lacroix: Je suis allé aux Iles-de-la-Madeleine avec
tous les membres du bureau de direction des Pêcheurs unis. Je suis
allé les rencontrer au siège social à Montréal.
J'ai des rencontres fréquentes avec M. Bernier, M. Rioux et d'autres
directeurs des Pêcheurs unis. Mais il ne faut pas oublier que les
Pêcheurs unis ne sont pas les seuls industriels intéressés
dans le domaine de la pêche. Il y a leurs intérêts qu'ils
doivent protéger, je suis bien d'accord. Quant à moi, je demeure
favorable à la libre concurrence, mais ce qui est bon pour l'association
coopérative est également bon pour l'entreprise privée et
ce qui est bon pour l'entreprise privée est également bon pour
l'entreprise coopérative.
Il y a en Gaspésie d'autres industries...
M. Morin: Ce serait un principe d'application
générale, mais continuez.
M. Lacroix: Mais, dans les pêcheries, en
général, je suis d'accord. Si vous avez seulement des
coopératives, c'est un autre monopole qui ne sera peut-être pas
meilleur que d'autres que nous avons connus. Je pense que la concurrence est
toujours valable et je verrais mal des coopératives faire concurrence
à d'autres coopératives. En Gaspésie, nous avons d'autres
producteurs qui font également vivre d'autres pêcheurs et qui
permettent l'obtention de meilleurs prix aux pêcheurs
eux-mêmes.
Quant à chez nous, aux Iles-de-la-Madeleine, nous espérons
que les Pêcheurs unis pourront reconstruire, réorganiser leur
entreprise pour faire suite à la coopérative centrale, dont
l'entreprise principale a été détruite par le feu et dont
les autres installations sont périmées et tolérées
actuellement par le gouvernement fédéral, par Environnement
Canada, parce qu'elles ne répondent plus aux exigences du
ministère fédéral qui a le contrôle sur la
qualité des produits.
Nous avons aussi National Sea Products et nous avons la compagnie
Gorton. Sur la Côte-Nord, vous avez St. Lawrence Sea Products; en
Gaspésie, vous avez Curadeau, vous avez Hyacinthe Boulay, vous avez
Nicolas, vous avez plusieurs autres entreprises qui sont importantes. Les
rapports que vous avez des Pêcheurs unis, je les ai moi aussi et le
ministère les a également. Soyez assurés que toutes les
demandes qui nous sont transmises par l'entreprise privée et par
l'entreprise coopérative sont prises en très sérieuse
considération mais en essayant d'éviter toute
discrimination à l'endroit de l'un ou de l'autre. Personnellement, dans
ma jeunesse, j'ai été élevé dans une entreprise
privée, un magasin, qui avait à faire concurrence à
l'entreprise coopérative. A ce moment-là, peut-être que ma
formation était un peu anticoopérative...
M. Morin: On sait enfin d'où ça venait.
M. Lacroix: ... mais, depuis, vous savez, je me suis
amélioré. J'ai considéré que les deux formules
valaient la peine d'être vécues et que la concurrence était
valable. Mais il est inacceptable que le gouvernement subventionne la
maladministration de certaines entreprises coopératives en allant
chercher dans les poches de l'entreprise privée qui administre bien son
entreprise les taxes voulues pour renflouer la coopérative qui a
été mal administrée.
Ce n'est pas le cas des Pêcheurs unis qui ont progressé,
depuis de nombreuses années, mais ils ont reçu l'assistance du
gouvernement de la même façon que l'entreprise privée a pu
en bénéficier et pourra en bénéficier dans
l'avenir. Mais il ne faudrait pas, quand on parle des pêcheries ou du
développement des pêcheries, parler uniquement en fonction d'un
genre d'entreprise. Je pense qu'il faut parler des pêcheries en
général, ce qui comprend et l'entreprise privée et
l'entreprise coopérative.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais revenir une seconde
sur la question des contingents et demander à M. Bernard si le
Québec a proposé des contingents au gouvernement
fédéral ou a songé en tout cas à des contingents
pour les autres espèces qui sont prises par les pêcheurs
québécois.
M. Saint-Pierre: II y a la morue. Pour contingenter la morue
à l'intérieur du golfe, on est obligé d'y aller par le
biais d'une autre suggestion. Je crois qu'elle a été recueillie
par Ottawa et sera discutée cette année. '
Sur la côte ouest de Terre-Neuve, il y a un beau stock de morue
qui se pêche l'hiver et cela n'a jamais été
contingenté jusqu'à maintenant. La France est à peu
près le seul pays qui pêche là durant trois mois d'hiver. H
y a peut-être 30,000 tonnes de morue dans ce coin-là.
Nous avons fait un effort, au Québec. Nous songions à y
aller l'automne dernier. Il y avait un début. Nous avons même
péché au début de janvier. Il s'est pris à peu
près 1 590 000 livres de poisson un peu de morue et surtout du
sébaste, et on pensait faire un essai de pêche d'hiver, un
prolongement de pêche, si l'on veut. Et on a été
bloqué par les glaces.
Ce qui est demandé, ce qui va être demandé cette
année à l'ICNAF, c'est que la pêche à la morue soit
contingentée par la France dès 1977, pour ne pas appauvrir ses
stocks. Sans limite, il arrive que Saint-Pierre et Miquelon possèdent
trois chalutiers de grande pêche et que, à l'intérieur de
l'entente avec la France, qui va filer jusqu'en 1985, la France
métropolitaine est autorisée à aller jusqu'à la
construction de dix unités, de dix grands chalutiers.
Moi, j'ai été le commensal d'amis français a New
York et je leur ai dit: Les gars, on peut épargner des millions à
la mère patrie, si vous voulez vous occuper de vos affaires. Ne songez
pas à réaliser des chalutiers, vous allez vous faire donner un
croc-en-jambe dès cette année par un contingentement. C'est une
mesure qui est positive. En contingentant du côté français,
cela laisse le poisson, il est là. Le Québec pourra partager.
C'est un élément de solution.
Maintenant, au niveau du sébaste, il faut attendre que les stocks
se reconstituent un peu. On peut en rêver, on peut en parler, cela ne
fait rien, mais la nature seule ne pardonne pas, comme on dit; on lui a fait de
la misère, elle va se venger.
Il y a le hareng, chez nous, contingentement canadien. Pour le hareng,
je ne demanderais pas de gros contingents. S'il arrive en quantité,
c'est un gaspillage, c'est la nourriture de la morue, c'est la nourriture
d'autres poissons, c'est un gaspillage. La grande pêche du hareng, cela
veut dire que cela se convertit en farine, cela veut dire qu'on prend 59 livres
de protéines de poisson pour faire une livre de protéines
animales, pour faire une livre de suif sur un boeuf. C'est sans proportion.
Favoriser l'éclosion, la multiplication ou le maintien de moulins
à farine, transformer le hareng, c'est du dernier ridicule, cela ne paie
même pas. Les prix sont avilis à un point tel qu'au
Nouveau-Brunswick, on se demande si on doit rouvrir. Alors, forcer le
contingent de ce côté-là, non.
Mais il reste après cela des zones de pêche. Nous autres,
le Québec, on contrôle la pêche du homard, on contrôle
assez bien ce qui reste de la pêche du pétoncle. Nous connaissons
les stocks et nous les contrôlons un peu. La crevette, c'est une demande
qui a été faite à Ottawa, avec l'assurance qu'on va
attendre notre coup de téléphone.
Je crois que l'allusion y a été faite ce matin. Lorsque
les stocks de morue et de sébaste seront à terre, il est possible
qu'il se concentre un effort de pêche du côté de nos bancs
de crevettes de Sept-lles et de Natashquan.
On a demandé tout de suite d'imposer des restrictions et de
limiter le nombre de bateaux. Le Québec s'est déjà servi
de ce côté-là. On peut tolérer la présence de
trois ou quatre bateaux, mais pas une invasion.
M. Morin: Vous faites allusion aux crustacés de la
Côte-Nord. Je sais qu'il y a des dizaines de petits pêcheurs sur la
Côte-Nord qui ont réagi très mal à la nouvelle
politique du ministère, quant à la réglementation
très stricte de la pêche aux crustacés.
M. Saint-Pierre: Vous voulez probablement dire la pêche du
pétoncle.
M. Morin: Oui, du pétoncle, en particulier.
M. Saint-Pierre: Les bancs de pétoncles sont très
disséminés. La connaissance que nous avons des stocks permet une
pêche commerciale. Nous avons six bateaux de pêche actuellement.
Par contre, je crois que les gens de la Basse-Côte-Nord avaient mal
saisi. Nous avons corrigé cette mauvaise impression. C'est parce qu'il
se fait de la pêche au pétoncle. C'est le petit pétoncle,
le chlamys islandicus. On le trouve là-bas, beaucoup dans des rigolets.
Ce qu'on appelle rigolets, vous savez ce que cela veut dire. Dans le langage
des gens de la Basse-Côte-Nord, les fjords en somme, à la basse
marée, il se dessine des ravins, en somme, de petits bouts de
rivière mal bâtis.
Il y a des pêcheurs qui font une pêche artisanale au
pétoncle. Ils se croyaient visés et ils ne le sont pas.
M. Morin: Ah! ils ne le sont pas?
M. Saint-Pierre: Non, la correction a été
faite.
M. Morin: On se plaignait du fait que le nombre des permis
commerciaux était de plus en plus réduit. Je pense que ces
pêcheurs comprenaient la nécessité de contingenter les
prix, jusqu'à un certain point, puisque c'est un fait que les
réserves s'épuisent et que ce genre de crustacé se
renouvelle fort lentement, puisqu'il faut des années pour faire un
pétoncle.
M. Saint-Pierre: C'est une population qui est très
disséminée.
M. Morin: Ce qu'ils comprenaient mal, à ce qu'ils nous ont
fait savoir, c'est la politique d'émission des permis et, en
particulier, le peu d'attention et de priorité accordé aux
pêcheurs qui vendent frais.
M. Saint-Pierre: Le petit pêcheur artisanal, cela ne le
touche pas.
M. Lacroix: D'après le secteur de la Côte-Nord,
voulez-vous parler du secteur de Havre-Saint-Pierre, d'Anticosti ou de
Natashquan?
M. Morin: C'est plutôt Havre-Saint-Pierre. M.
Lacroix: II y a eu une...
M. Morin: La correspondance que nous avons eu
là-dessus...
M. Lacroix: Oui, une réponse a été transmise
le 18 mai, je pense, qui est assez précise, concernant tout ce
problème, à M. Lucien Lessard, le député de
Saguenay, concernant les permis de pétoncle par M. Jules Barras,
directeur général; une lettre très élaborée,
de quelques pages...
M. Morin: J'ai la lettre devant moi.
M. Lacroix: ... qui donne les renseignements. Je crois que c'est
très complet.
M. Morin: Je vais mettre fin au débat par une question
très précise. Est-ce que ceux qui pêchent pour vendre des
pétoncles à l'état frais sont considérés
comme des pêcheurs sportifs qui n'ont pas à obtenir le permis
qu'ils croyaient devoir obtenir jusqu'ici? Pour la pêche sportive, il n'y
a pas d'obligation d'obtenir un permis, si j'ai bien compris. C'est la
pêche commerciale qui exige un permis.
M. Saint-Pierre: C'est la pêche commerciale.
C'est-à-dire que nous émettons des permis de pêche à
six propriétaires de navire. Actuellement, il y a six navires
autorisés à faire la pêche avec le chalut, le râteau
et tout cela. C'est considéré, peu importe l'expression, comme
une pêche artisanale ou pêche pour besoins particuliers; ces petits
pêcheurs vont chercher cela un peu à la mitaine. Ils sont exclus
de notre réglementation, en général.
M. Morin: Bon.
M. Saint-Pierre: C'est très clair, il me semble, dans la
lettre, au paragraphe 2 de la page 2.
M. Morin: "Exclure, pour 1976, les pêcheurs occasionnels de
pétoncles au nombre de détenteurs de permis commerciaux à
l'exception de la pêche sportive, faite à l'aide d'un râteau
manuel, non en vue du commerce. "Pour 1976, la pêche sportive pourra se
dérouler comme à l'habitude, aucun permis devant en
réglementer la pratique." Voici ce qui n'était pas clair, dans
notre esprit, c'était que ces gens sont identifiés à la
pêche sportive, si je comprends bien, à toutes fins pratiques.
M. Lacroix: Le râteau manuel. Quand vous allez faire la
pêche commerciale, vous n'y allez pas avec un râteau manuel. Vous y
allez avec des gréements, des agrès de pêche qui sont plus
compliqués, plus sophistiqués. Cette forme de pêche demande
un permis spécial.
M. Morin: Oui, mais la difficulté, c'est que vous dites
"non en vue du commerce." Non seulement ils doivent le faire au râteau
manuel, mais non en vue du commerce.
Le cas sur lequel j'attire votre attention, c'est celui des petits
pêcheurs qui vont effectivement, au râteau manuel, chercher ces
pétoncles, mais qui veulent les vendre à l'état frais.
Vous me faites signe qu'il n'y a pas de différence...
M. Lacroix: C'est un peu comme...
M. Morin: ... mais je voudrais en être sûr.
M. Lacroix: Que voulez-vous. C'est un peu comme chez nous. Les
gens qui vont aller chercher les "clams" ou les coques' qui vont aller les
bêcher; on ne les considère pas comme des pêcheurs
commerciaux, même s'ils en vendent deux ou trois seaux le long de la
route.
M. Morin: Oui, mais...
M. Lacroix: S'ils en vendent 5000 livres par jour, s'ils engagent
3000 personnes avec un râteau, cela ne devient pas la même
chose.
M. Morin: Attendez un peu.
M. Lacroix: Non, mais mettons qu'on va aux deux
extrémités...
M. Morin: Oui, mais entre 3000 personnes et quelques
individus...
M. Lacroix: On parle d'un individu qui va y aller avec sa femme
ou un de ses fils, il va en ramasser un ou deux seaux, là, ce n'est pas
de la pêche commerciale. Si, définitivement, le gars fait de la
pêche commerciale et qu'il intervient dans le commerce, c'est certain que
ceux qui détiennent un permis pour faire ce genre de pêche, vont
le rapporter au service de protection du ministère. Une enquête
sera faite.
M. Morin: C'est le point sur lequel je veux des
éclaircissements. Je m'excuse, M. Beaupré, de vous interrompre
une seconde et je vous laisse tout le loisir...
M. Lacroix: M. Bernard.
M. Morin: M. Bernard, je m'excuse.
M. Côté: Viateur.
M. Morin: M. Viateur Bernard. Si un petit pêcheur au
râteau se rend dans les régolets et vend le produit de sa
pêche, peut-être quelques seaux, peut-être quelques caisses,
je ne sais trop, s'il vend le produit de sa pêche à un hôtel
ou à un restaurant, est-il visé par votre système de
permis?
M. Saint-Pierre: M. le Président, c'est une chose que je
vais contrôler. Apparemment, d'après le nombre de permis
émis, si le mouvement du nombre de permis laisse sous-entendre qu'ils
sont assujettis à la délivrance d'un permis, alors je vais le
contrôler, s'il y a une correction à faire, elle sera faite
incessamment.
M. Morin: Allez-vous faire la correction dans un sens favorable
aux petits pêcheurs au râteau?
M. Saint-Pierre: A partir de la lettre où on dit, le
régime qui prévalait, vaudra pour cette année. Cela veut
dire une autorisation tacite de pêcher avec un ou deux râteaux.
Seulement, s'ils sont assujettis à un permis sans m'en rendre
compte, vous avez même copie de la correspondance, s'il y a lieu.
M. Morin: Bien.
M. Saint-Pierre: ... puisque c'est un dossier que vous
possédez déjà.
M. Morin: M. le Président, je crois que cela dispose de la
question. Un instant, je fais le tour du dossier pour être bien
sûr... Ah! Nous allons parler d'un autre sujet qui intéresse fort
le député, des îles et où je crains que les
résultats...
M. Lacroix: Vous savez bien que tout m'intéresse.
M. Morin: ... obtenus n'aient pas été brillants. Ce
n'est pas au ministre que je m'adresse, c'est au député
responsable des pêcheries.
M. Lachance: Des pêcheries.
M. Lacroix: Les casiers à homards.
M. Morin: Oui, les compensations pour les cages à homards
détruites en 1975. Il y a eu correspondance. Ce matin, le
député responsable de la pêche ou des
déboires de la pêche...
M. Lacroix: Notre fière saison, l'année
dernière.
M. Morin: ... le député nous a dit qu'il y avait eu
des difficultés à indemniser les pertes de 1975. On se souviendra
que les pertes de 1973 avaient fait l'objet d'une indemnisation au printemps
1974 à la suite des interventions du député de
Saguenay.
M. Lacroix: C'est drôle qu'il n'ait pas été
capable de l'obtenir en 1975.
M. Morin: Je me demande justement s'il ne va pas être
obligé d'intervenir dans le dossier, puisque le député des
îles ne semble pas avoir obtenu le même succès pour cette
année. Les dommages sont quand même sérieux. On parle
je ne sais pas si vous pourriez me confirmer le chiffre de 17 800
cages détruites. Ce serait ma première question: Est-ce le
chiffre exact?
M. Lacroix: M. Bernard va vous répondre, et après
cela, j'irai.
M. Saint-Pierre: Ecoutez, ces chiffres, je n'ai pas le dossier
ici... Ce qui arrive habituellement chez nous, lorsqu'il se produit une
tempête et qu'on sait qu'il y a des pertes, je demande à nos
agents de pêcheries de faire une première vérification
dès le lendemain de la tempête, si possible.
On accepte la déclaration sans poser de question. Tu as perdu
combien de casiers? Le bonhomme va dire: 150. Cela arrive toujours à des
chiffres justes. Cela se divise toujours par cinq. J'ai été
témoin, lorsque nous avons fait des ajustements, lors du versement de
$203 000, précisément en 1973, pour les pertes subies qu'il y a
eu beaucoup d'ajustements. J'ai été très
édifié par des déclarations assermentées. Ainsi,
quelqu'un dit: J'avais fait une première déclaration de 160 et,
effectivement, j'en ai perdu 88. C'est difficile à contrôler.
C'est pour ça que le chiffre de 17 000
est vraisemblable, parce que le monsieur qui a 300 casiers à
homard et qui va lever ses casiers le lendemain pour les visiter, constate
qu'il lui en manque. Il peut se faire qu'une bouée soit immergée
et il ne l'identifie pas. Ce serait peut-être bon de réviser les
déclarations au bout d'une semaine, au bout de quinze jours. Il y a
beaucoup de casiers qui refont surface avec le temps. Tout ça est un
phénomène. Avec 17 000, on peut partir d'un ordre de grandeur.
Disons que c'est vraisemblable.
M. Lacroix: En 1963, la tempête a duré deux
jours...
M. Saint-Pierre: En 1973...
M. Lacroix: En 1973, excusez. Le gérant de Cape Lobsters
m'a téléphoné pour me dire qu'il y avait des dommages
considérables dans la partie septentrionale des Iles-de-la-Madeleine
où il y a le plus grand nombre de casiers qui seront également
mis à l'eau.
J'ai appelé tous les producteurs. C'est facile, parce que les
pêcheurs livrent tous à une usine déterminée. Une
personne livre son homard à Cape Lobsters. L'autre livre à
Maritime Packers. L'autre livre à la Coopérative du Gros-Cap.
L'autre est client de la Coopérative centrale. L'autre est client de J.
W. Delaney. Ce sont les seules personnes qui font le commerce du homard aux
Iles-de-la-Madeleine. J'ai pris sur moi d'appeler chacun des producteurs pour
vérifier auprès de leurs pêcheurs le nombre de casiers qui
avaient réellement été endommagés. Le lendemain, ou
dans les deux ou trois jours qui ont suivi, par l'entremise de M. Viateur
Bernard et de M. Gérald Bourque qui, à ce moment, étaient
responsables du service de protection au ministère, j'ai demandé
qu'on fasse la même enquête auprès des pêcheurs.
Les déclarations se sont avérées à peu
près identiques. Par la suite, on a demandé à nos
gardes-pêche du service de la protection de faire signer une
déclaration assermentée par toutes les personnes qui avaient subi
des dommages. A ce moment, il y avait 22 000 casiers... En tout cas, il
était censé y avoir environ 22 000 casiers. En fait, on en a
payé 27 000. Cela a coûté $210 000, alors qu'on avait
prévu $200 000.
En 1975, il est arrivé une tempête, il est vrai, avec des
vents à peu près semblables, mais pas dans les mêmes
secteurs. Il y en a qui nous avaient dit, par exemple, qu'ils avaient
réclamé 17 casiers. Ils ont dit: La prochaine fois, on va en
réclamer 170. Il y en a un, à la Grande-Entrée qui a sa
spécialité... Il y en a qui pêchent à la grande eau
et d'autres qui pêchent à la petite eau, c'est-à-dire qu'il
y en a qui pêchent au large et il y en a qui pêchent sur les caps.
Ceux, naturellement, qui pèchent sur les caps sont plus exposés
à subir des dommages par les tempêtes, parce qu'il y a moins
profond d'eau et c'est sur des fonds rocailleux, et, à ce moment, les
dommages sont plus grands.
Un, en particulier, en 1973, a réclamé 190 casiers qu'on
lui a payés $7.50 l'unité. En 1975, il en a réclamé
282. La tempête est survenue vers le 28 mai. Chose curieuse,
malgré qu'il ait perdu la presque totalité de ses casiers, il a
réussi à capturer 1000 livres de homard de plus que
l'année précédente.
Sa spécialité est d'acheter les vieux casiers des autres
qu'il paie $0.75 et $1 parce qu'il pêche à la petite eau sur les
caps et qu'il sait qu'il va perdre ses gréements à tous les deux
ans. Vous savez, il est plus apte à les perdre, mais, aux
Iles-de-la-Madeleine comme ailleurs dans la province, les gens sont d'une
honnêteté proverbiale. Ils ne voleront jamais un cent à
leur voisin. On n'a pas besoin de barrer nos portes aux Iles parce qu'on sait
que les gens sont d'une honnêteté extraordinaire, mais, comme
partout ailleurs, dans la province, lorsqu'il s'agit de voler le gouvernement
ou de tromper le gouvernement...
M. Morin: Ce n'est pas pour cela qu'ils vous ont élu.
C'est pour les représenter.
M. Lacroix: ... ce n'est pas un péché, c'est une
vertu et, dans le nombre de 17 000 casiers, on s'est rendu compte qu'il y avait
des exagérations très grandes. En 1973, les délais qui se
sont écoulés, pour le paiement du dédommagement...
Premièrement, il a fallu faire accepter le principe que cela ne
s'était jamais fait dans le passé, ni les pêcheurs actuels
qui pêchent depuis 20 ans, 25 ans ou 30 ans, ni leur père, ni leur
grand-père, ni leur arrière grand-père, ni leur
arrière-arrière grand-père n'auraient été
dédommagés pour des pertes subies à cause de
tempêtes.
A la suite d'interventions que j'ai faites, étant donné
les circonstances, la compréhension du ministre qui est encore
là, on a obtenu un remboursement de $200 000, mais le temps qui
s'écoule entre toutes les vérifications, les demandes sont
transmises pour approbation au Conseil du trésor, au Conseil des
ministres et que cela se promène d'un département à
l'autre, il s'écoule toujours certains délais.
Par la suite, quand le paiement est arrivé, on venait de passer
au système automatique, l'IBM et on a eu de légers
problèmes avec l'émission des chèques. Il a fallu
recommencer à deux reprises. A la fin, il a fallu se fâcher et M.
Bernard, le ministre et moi-même avons dit: Vous allez faire les
chèques à la mitaine. Vous allez payer.
Entre-temps, le député de Saguenay a écrit une
lettre et les chèques ont été émis, en 1973, dans
la même semaine. Naturellement, à ce moment, M. Lessard, le Parti
québécois et M. Achille Hubert, que vous connaissez aussi, ont
dit que c'était grâce au Parti québécois que les
pêcheurs avaient été dédommagés.
Je suis allé les rencontrer l'année dernière et
j'ai dit: On ne peut pas jouer ce jeu de fous chaque année parce que la
fraude possible... Il y avait une proposition du gouvernement
fédéral, un système d'assurance qui était
proposé et qui n'a pas été accepté par les gens des
Iles. Il faut bien comprendre que les désastres qui sont compen-sables
en partie, par le gouvernement fédéral et par le gouvernement
provincial, dans notre cas,
aux Iles-de-la-Madeleine, si vous perdez 20 000 casiers, si vous les
estimez à $10 chacun, cela représente $200 000.
Il faut enlever $1 par tête de population de la province. Alors,
à ce moment, on doit de l'argent au gouvernement fédéral.
On n'a pas droit à l'aide du gouvernement fédéral, alors
qu'à l'lle-du-Prince-Edouard, si les pêcheurs subissent la
même perte, alors que le contrôle des casiers mis à l'eau
n'est pas le même que chez nous, aujourd'hui, on en arrive, parce qu'ils
ont trouvé que les réclamations ont été trop
considérables... S'ils perdent 20 000 casiers à $10 chacun, soit
un montant de $200 000, moins $1 par tête de population, ils ont $100 000
de subvention du gouvernement fédéral.
M. Morin: Ils ont déjà reçu leur
compensation.
M. Lacroix: C'est à cause de la population de la province
qui est très peu nombreuse. Vous avez à Terre-Neuve un
très grand nombre de casiers. Il y a 650 000 casiers à
Terre-Neuve qui sont mis à la mer, mais vous avez une population qui
n'atteint pas un million. S'il se perd, supposons, la moitié, 200 000
casiers ou 250 000 casiers, cela fait 2 500 000. Si vous enlevez un million,
ils ont droit à une compensation de $1 500 000, mais, pour nous, la
pilule est arrivée en retard.
La population étant trop considérable; vis-à-vis
des casiers de homards, cela ne marche pas. En 1975, ils m'ont dit: M. Lessard
l'ayant obtenu... J'ai dit: S'il a été assez fort pour l'obtenir
en 1973, qu'il vous l'obtienne en 1975, je ne suis pas capable. Ce
système-là, je ne l'accepte pas.
M. Morin: II va falloir qu'il essaie.
M. Lacroix: Essayez. J'ai bien hâte de vous voir arriver.
Je vous ai mentionné ce matin que j'avais proposé un
système qui, à la demande des pêcheurs des
Iles-de-la-Madeleine, accepte que... Leur gréement de pêche doit
être remplacé régulièrement, tous les cinq ans; il
se perd 20% de l'équipement par année, soit par l'usure, soit par
les tempêtes. Etant donné le plafonnement des prix payés
aux pêcheurs, étant donné l'augmentation de leurs
coûts de production également, les casiers coûtent plus cher
et leurs frais d'exploitation étant plus élevés, on dit:
Pour compenser l'augmentation du coût, on va payer $5 pour 20% des
casiers mis à l'eau. Chez nous, aux Iles-de-la-Madeleine, il ne peut pas
se mettre moins de 300 casiers à l'eau et il ne peut pas s'en mettre
plus de 300. Ce qui veut dire que, lorsque le pêcheur va prendre son
permis, à ce moment-là, il a 300 casiers; cela veut dire qu'on
contribuerait à 60 casiers à $5 par casier, ce qui ferait une
subvention de $300 directement, qu'il y ait tempête ou pas
tempête.
M. Morin: Bon an mal an?
M. Lacroix: Bon an mal an. Mais, s'il arrivait un désastre
réel, une tempête extraordinaire où il y aurait
réellement un perte très considéralbe, cela
n'empêcherait pas le gouvernement d'intervenir d'une façon
supplémentaire, mais, bon an mal an, nous contribuerions une somme; si
la personne veut l'utiliser pour réparer ou remplacer ses
gréements de pêche, elle le fera, mais elle n'a droit à
subvention qu'au moment où il a été prouvé qu'elle
avait les casiers, au moment où le permis a été
émis. Les gens de la Gaspésie, à qui j'ai expliqué
le cas, ont accepté le principe et je crois qu'à ce
moment-là, on sait exactement où nous allons, parce qu'il y a 110
000 casiers à peu près aux Iles-de-la-Madeleine qui sont mis
à la mer et, en Gaspésie et sur la Côte-Nord, à peu
près 40 000. Mettons 150 000 casiers. Si vous prenez 20% de cela, c'est
30 000 casiers qu'on subventionnerait à $5, quite à
réviser selon l'augmentation des coûts.
M. Morin: $150 000.
M. Lacroix: On sait que cela coûterait $150 000 par
année, ce qui serait une subvention directe aux pêcheurs.
M. Morin: Quelle réception avez-vous eue auprès du
ministre lorsque vous avez proposé cela?
M. Lacroix: Le ministre est prêt à étudier
attentivement la proposition dès que je vais la lui soumettre parce que
je l'ai soumise aux Iles-de-la-Madeleine et en Gaspésie la semaine
dernière; je lui en ai parlé brièvement avant le
début, mais je ne lui ai pas fait un rapport écrit sur la
proposition.
M. Morin: J'espère que le ministre est un adepte du
homard. Cela faciliterait les choses, sûrement.
M. Lacroix: Le ministre est un adepte de toutes les choses qui
ont du bon sens et qui ont bon goût.
M. Morin: Mais ça semble avoir des pinces en
l'occurrence.
M. Lacroix: Oui, mais seulement ce sont de bonnes pinces.
Surtout, il a une pince sur le budget de son ministère. Il est toujours
prêt à desserrer les pinces lorsque nous lui prouvons que l'argent
qui sortira de la bourse que nous lui demandons de délier servira
à de bonnes fins. C'est ainsi que le ministre, j'en suis convaincu,
desserrera les pinces pour me permettre d'aller puiser dans la bourse du
gouvernement les sommes nécessaires pour permettre à nos
pêcheurs de recevoir une compensation qui soit valable.
Pour cette année, la liste de requérants, on va essayer de
vous donner cela, le chiffre exact des réclamations qui ont
été faites. Voici.
M. Morin: Mais, pendant que vous cherchez le nombre...
M. Lacroix: Voici, voici, voici.
M. Morin: ... de requérants, puis-je demander au ministre
son attitude sur votre suggestion, bon an mal an, est-il prêt à
desserrer les pinces?
M. Saint-Pierre: N'ayant pas eu le rapport complet, il y a un
ensemble de critères dans cela pour savoir quels pourraient être
les revenus l'an dernier et cette année des pêcheurs de homard.
Deuxièmement, les restrictions budgétaires pour l'ensemble du
gouvernement, ce sont quand même des éléments. La
distinction entre ce qu'il est raisonnable de demander au gouvernement et ce
qui est moins raisonnable a aussi des cycles conjoncturels. Je remarque que,
cette année, quand même les pêcheurs de homard,
peut-être que le député des îles est mieux
placé que moi pour les donner, aux Iles-de-la-Madeleine, l'an dernier,
ont fait un revenu brut moyen qui a sûrement excédé $7000.
Est-ce que j'ai raison, pour le revenu brut des pêcheurs de homard pour 8
semaines de pêche? Est-ce que ce serait à peu près
ça?
M. Lacroix: Oui.
M. Saint-Pierre: II y en a certains qui sont allés
jusqu'à $12 000.
M. Lacroix: Le meilleur pêcheur a capturé environ 11
500 homards. Quand on calcule un homard, c'est à peu près une
livre. Il peut y avoir des homards de deux livres ou trois livres, mais aussi
de trois quarts de livre, parce que, pour nous, le homard, c'est trois pouces
d'encéphalogramme, c'est-à-dire à partir de l'orbite de
l'oeil jusqu'au "bataillon".
Naturellement, M. le ministre, vous comprendrez que le revenu brut, le
prix payé au pêcheur ne change pas beaucoup et il a atteint un
montant maximum. Pour la vente du homard de la Gaspésie, par exemple,
sur les marchés de Montréal et de Québec, le homard
vivant, les pêcheurs gaspé-siens peuvent recevoir un prix
supérieur à celui que les pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine
reçoivent à cause des conditions de transport. Il ne faut pas
oublier que quasiment 90% des captures totales du homard de la province de
Québec se font aux Iles-de-la-Madeleine.
M. Morin: Je sais cela.
M. Lacroix: Maintenant, il y a d'autres...
M. Morin: Mais le ministre a l'air hésitant devant vos
suggestions.
M. Lacroix: II y a le homard qui doit être mis en conserve.
Celui-là, c'est le homard qui est faible ou infirme. Le homard, c'est un
peu comme dans votre parti il se détruit entre lui, il se coupe des
pattes parfois et des ailes. Naturellement...
M. Morin: J'avoue que nous n'avons pas des pinces aussi efficaces
que celles qu'on trouve dans le Parti libéral.
M. Lacroix: Mais chez nous, on ne se coupe pas les pattes, ni les
pinces, on continue à mordre.
Quand un homard a seulement une pince, lorsqu'il se détruit,
à la fin de la saison, si on arrête la saison de pêche le 10
juillet, c'est parce que le homard approche du moment de la mue et change de
coquille. Lorsque le homard change de coquille, il n'est pas de qualité
commerciale pour la vente pour consommation à l'état de coquilie
c'est clair, mais il est bon pour la consommation en boîte. Pour la
boîte, quand vous allez vous ou moi chez Steinberg, chez Dominion ou au
Coo-prix, dans votre cas, naturellement...
M. Morin: C'est bien deviné.
M. Lacroix: ... et que vous payez une boîte de homard de 5
onces $4.79, vous savez que ça devient un produit de luxe. A ce moment,
le producteur n'est pas capable de faire mieux parce que, avec 100 livres de
homard, vous faites à peu près 25 livres de produit en
boîte. S'il a été payé $1.10 ou $1.15 la livre au
pêcheur, ça veut dire que, dans la boîte, il coûte
$4.60, plus le transport, la manutention, la cuisson, l'emballage. A ce
moment-là, ce n'est certainement pas payant. Il faut un
équilibre.
M.Morin: Mais si nous revenions à nos casiers...
M. Lacroix: C'est à cause de cela que le pêcheur
doit être aidé indirectement, ne pouvant pas espérer
davantage de son produit, ses frais de production augmentant, alors qu'il
payait son aide-pêcheur $800 il y a trois ou quatre ans, aujourd'hui, il
doit le payer $1200 ou $1500, qu'il y ait du poisson ou qu'il n'y en ait pas,
qu'il prenne 8000 homards ou qu'il en prenne 5000... S'il s'est engagé
un aide-pêcheur le 10 mai, pour la saison, s'il l'a engagé
à $1200 ou à $1500, l'aide-pêcheur ne lui demande pas s'il
va capturer du poisson ou s'il n'en capturera pas.
C'est à cause de cela que l'aide indirecte doit être...
C'est une aide indirecte qui serait une aide au pêcheur
propriétaire du bateau. Mais, pour en revenir aux casiers qui ont
été déclarés perdus l'année
dernière...
M. Morin: Oui, ce serait une bonne idée de revenir
à nos casiers.
M. Lacroix: C'est 17 396 casiers.
M. Morin: Oui, c'est le chiffre que le député de
Saguenay avait dans son dossier, dix-sept mille quelques cents.
J'étais très heureux que le député des
îles souligne la coïncidence entre la lettre du député
de Saguenay, adressée le 20 février 1974, à la direction
générale des pêcheries dudit ministère, lettre qui
avait entraîné des résultats presque
immédiats...
M. Saint-Pierre: ... le chef de l'Opposition,
pour ne pas l'induire en erreur, que c'était une coïncidence
fortuite, que...
M. Morin: Et je me demandais si c'est une coïncidence
fortuite que, depuis que le député des îles est dans le
tableau, c'est-à-dire, en gros, depuis septembre 1975, le
problème des pertes ne semble pas vouloir se régler. Est-ce
là une autre coïncidence fortuite? En tout cas...
M. Lacroix: On essaie de faire intervenir Ottawa. Ottawa
était prêt à intervenir dans le régime d'assurance
qu'il avait proposé aux pêcheurs, 20% payé par le
pêcheur, 30% payé par la province et 50% par le gouvernement
canadien.
Les pêcheurs ont refusé catégoriquement, parce que,
pour être considéré désastre, il fallait que, dans
un territoire délimité ce n'était pas sur
l'ensemble du territoire des îles, pas plus que sur l'ensemble du
territoire de la Gaspésie où l'ouragan, le cyclone ou la
tempête aurait été plus fort, du côté est, du
côté nord ou du côté sud, il fallait que dans un
territoire délimité, il y ait au moins 40% de perte pour qu'ils
aient droit à un dédommagement.
Depuis de nombreuses années nous avons regardé les
statistiques et nous nous sommes rendu compte que, de mémoire d'homme et
de mémoire de pêcheur et...
M. Morin: De homard?
M. Lacroix: ... de pêcheur de homard, oui, cela ne
s'était pas produit. Alors, ce n'était pas avantageux. Ce
système-là, ils ne l'acceptaient pas. Naturellement, comme le
gouvernement fédéral aurait eu une contribution à verser,
nous allons essayer d'obtenir, de la part du gouvernement fédéral
et je vais le demander à M. Leblanc dimanche prochain de
contribuer à ce système qui est très facile de
contrôle, parce que tous les casiers qui sont mis à la mer sont
contrôlés et nous savons exactement le nombre de casiers...
M. Morin: C'est le système bon an mal an? M. Lacroix:
Oui.
M. Morin: Tout cela, c'est bien beau, ce système
d'assurance...
M. Lacroix: Ce n'est pas une assurance.
M. Morin: Non, je comprends. C'est bien beau, votre
système. Je serais d'accord avec un système qui tendrait à
aider les pêcheurs de homard et à tenir compte des pertes quasi
inévitables qu'ils font chaque année...
M. Lacroix: L'usure normale.
M. Morin: L'usure normale. C'est bien beau également le
système d'assurance qui a d'ailleurs été refusé par
les gens des îles, à ce que je vois, pour des raisons très
valables, mais qu'allez-vous faire de concret pour les pertes de 1975? Elles
sont là.
M. Lacroix: Rien. M. Morin: Rien. M. Lacroix:
Non.
M. Morin: Le gouvernement québécois ne fera rien,
en l'absence d'Ottawa?
M. Lacroix: Non.
M. Morin: Puisque Ottawa refuse, le Québec dit la
même chose?
M. Lacroix: Là n'est pas la question. Il s'agit
d'établir... Je me suis rendu compte que plus on en donne sans
réglementation, sur la base de la sentimentalité, plus on en
exige, par la suite, sans raison réellement valable. C'est non valable
uniquement pour les pécheurs. C'est dans tous les domaines.
En 1973, lors de la tempête, si je n'avais pas agi personnellement
et demandé au gouvernement de compenser, jamais les pêcheurs ne
l'auraient demandé. Parce que nous avons ouvert la porte une fois,
maintenant, pour toutes sortes de raisons, pour la moindre petite
tempête, la personne qui n'ira pas lever ses cages au moment où
elle devrait le faire, va faire des réclamations.
Il faut en arriver à un consensus afin de marcher sur une base
d'affaires, dans ce domaine comme dans d'autres.
M. Morin: Vous semblez avoir très peu confiance dans les
gens des îles.
M. Lacroix: Ce n'est pas la question. On a été
trompé, la première fois... Je pourrais vous dire le nom d'une
personne qui en avait réclamé 17. Elle a dit: La prochaine fois,
je vais en réclamer 170. Si vous vous imaginez vous autres qu'il y a des
déclarations assermentées... Vous savez, les avocats, ce que cela
vaut les déclarations assermentées. Je n'ai pas plus confiance
plus qu'il ne le faut. Ce que j'ai dit tantôt reste toujours valable.
Quand il s'agit d'aller chercher de l'argent au gouvernement, il n'y a pas de
péché, c'est une vertu.
M. Morin: M. le Président...
M. Lacroix: Premièrement, ce n'est pas dans la loi; ce
n'est pas prévu par la loi. Nous l'avons fait une fois pour rendre
service aux pêcheurs. Ils savaient que ce n'était pas
renouvelable, chaque année.
L'an dernier, il y a eu la tempête, l'ouragan Blanche. Nous avons
dédommagé les pêcheurs qui ont perdu ou subi des dommages
à leurs embarcations. Nous avons compensé également un
grand nombre de jardiniers, de cultivateurs, pour les pertes
maraîchères. Cet hiver, en mars, quand les chèques leur
sont parvenus, il y en a 45 ou 50
qui ont découvert qu'ils avaient subi des pertes. Il n'avait pas
su que, l'année dernière, l'employé du ministère de
l'Agriculture a fait ie tour pour savoir s'il y avait des pertes, que des
employés du ministère de l'Agriculture, du service de
l'assurance-récolte sont allés vérifier et estimer les
pertes.
Là, au mois de février, quand les personnes qui avaient
subi des pertes et les avaient déclarées ont reçu leur
chèque, les autres se sont réveillés et avaient subi des
pertes. Mais, il était assez difficile, au mois de février,
d'aller vérifier l'état des pertes réellement subies par
les jardiniers ou les cultivateurs.
Naturellement, il a fallu leur dire non. J'ai expliqué aux
pêcheurs eux-mêmes, lors d'une réunion de l'Association des
pêcheurs, que, dans l'avenir, s'il y avait des pertes, à moins
qu'on en vienne à un consensus, à une façon de
procéder qui serait établie pour toutes les années
à venir, que ce soit un régime de compensation ou un
régime d'assurance, tant et aussi longtemps que ce ne serait pas
établi de façon efficace, réelle et valable, ils ne
devaient pas compter sur l'assistance du gouvernement.
Je leur ai dit: Est-ce que, il y a cinq ans, i! y a dix ans, il y a
quinze ans, il y a cinquante ans, il y a soixante-quinze ans,
déjà un gouvernement est venu compenser pour les pertes que vous
avez subies? Ils ont accepté cela. Mes pêcheurs, je les connais.
Je leur parle. Je leur dis la vérité.
Il y a des étrangers qui viennent, naturellement, qui leur font
accroire, qui tentent de leur faire croire certaines choses, mais cela me
réussit bien, parce que, ma majorité de 192 est passée
à 1900 et, la dernière fois, malgré la campagne
très violente que l'on m'a faite, j'ai réussi à me faire
réélire avec 1875 de majorité, alors que j'ai
été malade plus de la moitié... Je sortais de
l'hôpital. J'ai fait la campagne électorale dans trois jours et
j'ai prononcé trois discours.
M. Morin: Je regrette que le député juge ces choses
par la majorité qu'il obtient, parce que ce n'est évidemment pas
le critère, il en conviendra.
M. Lacroix: Cela prouve toujours que la population me croit et me
suit dans certains domaines. Je pense que la population... Le
député de Sauvé, s'il était élu une fois
dans un comté rural se rendrait peut-être compte qu'il y a une
légère différence entre l'électorat d'un
comté rural et l'électo-rat d'un comté urbain.
Une fois, une personne arrive chez moi et me demande une chose.
C'était absolument impensable et inimaginable que cela puisse être
possible. Je lui ai dit: Viens donc t'asseoir à ma place, et je vais
m'asseoir à la tienne. Je lui ai posé la même question,
j'ai dit: Qu'est-ce que tu réponds? Elle a dit: Oui, c'est vrai, cela
n'a pas grand bon sens. J'ai dit: Pourquoi as-tu posé la question? Elle
a dit: Si on ne demande rien, on n'aura jamais rien. Cela se résume
à cela.
M. Morin: M. le Président, je ne veux pas faire durer
indéfiniment l'étude de ce programme, parce qu'il y en a
d'autres. Il nous en reste quelques-uns à couvrir encore. Autant je suis
d'accord avec l'idée de trouver un système pour l'avenir, un
système d'indemnisation ou un système d'assurance, autant je
trouve qu'on peut difficilement priver les pêcheurs de homards pour le
passé, s'ils ont effectivement subi des pertes importantes. On dit que
les dommages sont sérieux, peut-être même plus graves que
lors des pertes de 1973.
M. Lacroix: Certainement, non. D'ailleurs, 17 396 casiers, cela
ne représente même pas 16% des casiers mis à l'eau.
M. Morin: Non.
M. Lacroix: Là, on parle de compenser pour 20%. On ne peut
pas considérer comme un désastre, alors qu'il y a une usure
normale de 20% par année de l'équipement des gréements des
casiers mis à la mer, alors qu'il n'y a même pas le minimum de
l'usure normale. On ne peut pas considérer cela comme un
désastre. Cessez de faire croire aux gens qu'ils sont dans la
misère. Ce n'est pas le cas.
M. Morin: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. Je n'ai pas
parlé de misère...
M. Lacroix: ... laissez-moi vous dire...
M. Morin: ... j'ai parlé de pertes sérieuses, ce
n'est pas la même chose.
M. Lacroix: C'est toujours dommageable.
M. Morin: Bien sûr, les 20% d'usure normale s'appliquent
à l'ensemble des casiers, donc une perte de quelque 17 000 casiers qui
sont détruits par un événement fortuit, c'est en plus des
20% d'usure normale; cela vient s'ajouter à l'usure. C'est pour cela
que, pour ma part, je pense que le député aurait pu obtenir
l'indemnité cette année encore, quitte à établir un
système différent pour l'avenir, quitte à rechercher un
système permanent qui soit plus équitable et surtout sur lequel
les pêcheurs puissent compter. Je pense qu'il y aurait eu lieu quand
même de prévoir une indemnisation pour les pertes de 1975. Si
c'était bon la première fois, si c'était rendre service
aux pêcheurs la première fois, cela l'aurait certainement
été la deuxième fois également. Sur cette
conclusion, je suis néanmoins disposé à ce que nous
adoptions le programme 8.
Le Président (M. Brisson): Programme 8, adopté.
Programme 7, des questions?
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Je voudrais prendre le programme 9, les services
statistiques centraux.
Le Président (M. Brisson): Programme 9: Services
statistiques centraux.
M. Morin: Oui, M. le Président.
M. Saint-Pierre: M. le Président, avant d'aborder le
programme 9, je m'excuse, j'avais un document à déposer qui a
été demandé ce matin et qui fournira aux parlementaires le
nombre de pêcheurs commerciaux depuis 1970 à 1975, suivant les
régions et les comtés de la province, de même que le nombre
d'embarcations affectées à la pêche maritime, selon la
jauge brute, de 1970 à 1975, divisé par le nombre de comté
de la province, de même que subdivisé en embarcations qui ont
moins de dix tonnes et qui ont plus de dix tonnes. Finalement, un
troisième tableau qui donne, par une description détaillée
des fins du permis, le nombre de permis de pêche commerciale qui ont
été octroyés de 1970 à 1975. J'espère que
ces renseignements sont de nature à satisfaire.
M. Morin: Ils seront certainement utiles. Je remercie le
ministre.
Le Président (M. Brisson): Vous avez d'autres copies pour
les membres?
M. Saint-Pierre: Oui, il y a une autre copie. Egalement, il y a
un tableau pour savoir les régions de l'ICNAF. Y tenez-vous?
M. Morin: Nous les connaissons les régions de l'ICNAF. Les
régions sont décrites dans la publication internationale.
M. Saint-Pierre: J'avais un tableau, mais vous l'avez.
M. Morin: Oui, je crois l'avoir, celui-là. Services
statistiques
M. Saint-Pierre: M. le Président, à ma gauche, nous
avons M. Maurice Turgeon, qui est responsable du bureau de la statistique du
Québec, un organisme à l'intérieur du ministère de
l'Industrie et du Commerce, mais qui a des responsabilités horizontales,
c'est-à-dire desservant l'ensemble des besoins de statistiques du
gouvernement du Québec.
Nous avons ici un rapport annuel 1975/76 qui sort des presses et que
j'ai le plaisir de vous remettre immédiatement, ainsi qu'aux autres
parlementaires.
On remarquera qu'au budget...
M. Morin: Je souligne en passant que nous aurions aimé
l'avoir peut-être un petit peu plus tôt. Cela aurait
été utile pour l'étude des crédits.
Une Voix: C'est parce qu'il n'était pas encore sec.
M. Saint-Pierre: Evidemment, pour 1975/76, vous savez, c'est
comme les rapports annuels de tous les organismes, ça finit le 31 mars
et par le temps que vous... Sans ça, vous allez peut-être nous
reprocher de préparer d'avance les rapports annuels avant que les
événements arrivent.
M. Morin: Non, bien sûr, mais si nous avions pu l'avoir
seulement une journée ou deux d'avance, cela aurait été
utile.
M. Saint-Pierre: M. le Président, à
l'élément 1, qui touche la production statistique, on voit un
personnel, en 1976/77, de 119 employés et un budget total de $1 706 000.
La page droite explique les variations qui ont pu être
enregistrées par rapport à l'an dernier pour les
différents éléments de ce programme. En fait, l'ensemble
du Bureau de la statistique, on le comprendra, de par sa nature, veille
simplement à répondre aux besoins d'information statistique de la
part de différents ministères gouvernementaux. On le voit
à l'élément 2, il fait également l'analyse
statistique de toute une série de données. Finalement, à
l'élément 3, il s'agit de la gestion interne et du soutien
technique requis pour l'ensemble des activités statistiques.
Je ne sais pas si le chef de l'Opposition avait quelques questions
particulières à peser à M. Turgeon.
M. Morin: Oui. Chaque année, vous entreprenez un certain
nombre d'études dites spéciales, n'est-ce pas, au sein du bureau?
Quelles sont les principales études en cours en ce moment?
M. Saint-Pierre: Je pense que vous les avez ici. Dans le rapport,
on parle de ces projets spéciaux. Ceux qui sont en cours actuellement et
qui font encore l'objet de travaux sont le redécoupage des concessions
de Loto-Québec qui vient d'être terminé: financement des
commissions scolaires...
M. Morin: Est-ce que c'est déterminé d'après
le vote libéral aux dernières élections, ce
redécoupage?
M. Saint-Pierre: Cela n'a rien à voir. Je n'ai pas
vérifié, mais je n'ai pas le sentiment que c'est...
Financement des commissions scolaires, ce qui est une demande du
ministère de l'Education, qui est en démarrage. La
méthodologie a été faite au cours de la dernière
année financière et les travaux ont débuté
récemment.
Il y a aussi actuellement une demande de la Société
d'habitation du Québec, qui peut-être, n'est pas encore ici, et
qui est une étude spéciale pour l'année en cours. La
méthodologie doit être terminée au mois de septembre.
Ce sont les dossiers les plus actifs actuellement comme études
spéciales.
M. Morin: Je vois. Pourriez-vous nous dire où en est
rendue la compilation des questionnaires qui ont été
envoyés aux municipalités au sujet de leur budget 1976?
M. Côté: ... par le député de
Chicoutimi? Ce n'est pas la même enquête? Non?
M. Morin: Je ne crois pas que le député de
Chicoutimi ait posé de question, en tout cas, pas aux crédits,
sur cette question.
M. Saint-Pierre: II s'agit du questionnaire se rapportant
à leurs prévisions budgétaires?
M. Morin: Oui, et dans le cas de certaines municipalités,
c'était pour 1976/77.
M. Saint-Pierre: ...
M. Morin: Bien, d'après ce que j'en sais, en tout cas,
c'était c'était pour leur budget 1976 et, dans certains cas,
1976/77.
M. Saint-Pierre: Peut-être certaines pour lesquelles
l'année finissait...
M. Morin: L'année financière est
différente.
M. Saint-Pierre: Je ne peux pas vous dire exactement où en
est la compilation, mais je pourrais fort bien vous le faire savoir. Je peux
m'informer.
M. Morin: Est-ce possible, oui? M. Saint-Pierre:
Certainement.
M. Morin: Cela me serait fort utile, parce que c'est un sujet qui
nous intéresse très fortement.
Cette compilation vous permettra-t-elle d'établir l'augmentation
des impôts fonciers municipaux en 1976 par rapport à 1975?
M. Saint-Pierre: Cela m'étonnerait beaucoup, parce qu'il y
a plusieurs sujets qui seront financés par d'autres modes de financement
que l'impôt foncier.
M. Morin: Oui, c'est exact, et il y a toujours les taxes
spéciales aussi, d'accord, et il y a l'augmentation de la taxe de vente.
D'accord?
M. Saint-Pierre: II y a aussi l'augmentation de l'aide du
gouvernement aux municipalités qui a atteint près de $1 milliard,
cette année, en 1976, par rapport à $300 millions...
M. Morin: Je ne tiens pas à ouvrir un débat
là-dessus avec le ministre. Je vais attendre l'étude des
crédits du ministère des Finances, la semaine prochaine, mais il
est évident que les municipalités font face à une
situation extrêmement pénible. C'est justement dans ce cadre que
je désirais obtenir des renseignements à tout le moins sur leur
budget. Ce projet, si je comprends bien, ne porte que sur le budget, ne fait
pas allusion aux revenus, autrement dit. Ce sont seulement...
M. Saint-Pierre: ... les prévisions budgétaires
telles qu'elles sont faites pour...
M. Morin: Vous êtes sûr que l'étude ne
comprendra pas les revenus aussi bien que les dépenses et les revenus
par catégories de taxes?
M. Saint-Pierre: En ce qui concerne les prévisions, je
pense qu'il y a les deux. Il y a prévisions-revenus,
prévisions-dépenses.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Mais pour revenir à votre question en ce
qui concerne l'impôt foncier comme tel, il y a beaucoup de
municipalités qui, préalablement, doivent avoir des informations
supplémentaires sur beaucoup d'autres modes de financement, soit par
l'intermédiaire du gouvernement, etc., pour fixer par la suite... Le
ministère des Affaires municipales utilise ces données aussi pour
les fins dont vous parlez, nous, assez peu. Je reconnais que ce n'est pas une
de nos préoccupations de définir ce que sera l'impôt
foncier, entre autres, des municipalités.
M. Morin: Non. Ce n'est pas à vous que cela revient. Vous
faites la recherche et vous transmettez les résultats.
M. Saint-Pierre: On transmet les résultats au
ministère des Affaires municipales, en l'occurrence.
M. Morin: Oui, j'ai compris cela, mais je me demandais quand vous
pensez que la compilation des questionnaires sera terminée. Est-ce que
cela sera pour bientôt?
M. Saint-Pierre: Je pense qu'on procède avec les villes,
actuellement. Il y a des...
C'est le point que je voulais soulever. Dans votre projet 11, on parle
évidemment des données recueillies auprès des 149
localités dont la taille dépasse le seuil de 5000 habitants. Je
me demandais si...
M. Morin: A quel projet?
M. Saint-Pierre: C'est cela. Je vous posais la question.
M. Morin: Je ne pense pas que ce soit celui-là.
M. Saint-Pierre- Non? C'est sur la population, mais ce n'est pas
dans le même ordre. C'est parce qu'on dit au début: "La saisie des
données brutes s'est faite dans le courant de l'été 1975
à l'aide d'une enquête adressée à toutes les
municipalités du Québec, et, après cela, on divise le
traitement qui semble s'appliquer à 149 d'entre elles."
M. Morin: Non. Ce n'est pas cela. M. Saint-Pierre: Ce
n'est pas cela?
M. Morin: II s'agit d'une sorte de sondage qui est
pratiqué annuellement par...
M. Saint-Pierre: Les analyses budgétaires. On publie les
données dans une publication qui s'appelle: Analyses budgétaires,
et qui concerne effectivement les cités et villes. Je pense que c'est
plus de 5000 habitants, mais cela porte vraiment sur les prévisions de
dépenses et les prévisions de revenus, et cela s'appelle
Prévisions budgétaires.
M. Morin: D'habitude, c'est publié à l'automne, si
ma mémoire est bonne.
M. Saint-Pierre: C'est exact.
M. Morin: J'aimerais savoir où en est rendue la
compilation et s'il serait possible d'avoir des données le plus
tôt possible, même si elles ne sont pas parfaitement
imprimées comme le superbe rapport que vous venez de rendre public.
Même si c'était seulement sous forme de photocopie, cela nous
intéresserait d'avoir ces chiffres le plus tôt possible.
M. Saint-Pierre: Certainement. Je peux vérifier où
en est l'état de la compilation.
M. Morin: Et le ministre peut-il s'engager à me faire
parvenir les résultats de la compilation dès qu'elle sera
terminée?
M. Saint-Pierre: Comme toujours, ma collaboration vous est
acquise.
M. Morin: Je remercie le ministre. M. le Président, je
pense que c'est à peu près tout ce que nous avons dans ce
programme no 9.
Le Président (M. Brisson): Programme 9, adopté.
Nous revenons au programme 4.
M. Saint-Pierre: Le programme 10, M. le Président, si
c'est possible.
Le Président (M. Brisson): Le programme 10, d'accord.
M. Saint-Pierre: On reviendra après cela à...
Normalisation et spécifications
Le Président (M. Brisson): Programme 10: Normalisation et
spécifications. $650 500.
M. Saint-Pierre: $650 500.
Le Président (M. Brisson): C'est cela.
M. Morin: Combien y a-t-il de nouvelles normes en 1975/76?
M. Saint-Pierre: Si vous permettez, je vais vous présenter
M. Lapalme, qui est toujours directeur du bureau de la normalisation. Dans le
document que je vous ai remis, on retrouve un résumé de la
réponse. On a, en particulier, un tableau comparatif, si vous l'avez, en
date du 26 mars 1976, où on montre qu'en 1975/76, le nombre de nouvelles
normes a été de 41, le nombre de normes annulées a
été de 16, le nombre de normes revisées a
été de 56, le nombre de copies expédiées est
passé à 273 000 et notre liste d'envoi est de 5200. C'est la
dernière page de ce tableau. Les pages précédentes vous
donnaient, M. le Président, certains des faits saillants en 1975/76, non
seulement au niveau des normes, mais au niveau des contrôles de la
conformité à certaines de nos normes par rapport au produit, la
codification de même que le système de normes nationales. Il y a
un bulletin d'information souhaité depuis longtemps qui a
été rendu nécessaire, Norme Info, qui tire à 6000
exemplaires, l'implantation du système international, le système
métrique, où le BNQ joue un double rôle au sein du
gouvernement. En premier lieu, il agit à titre de secrétariat du
Comité Métri-Québec, qui regroupe différents
ministères intéressés par l'implantation du système
métrique à l'intérieur des organismes publics et
parapublics. En second lieu, le BNQ, avec d'autres sections du
ministère, coordonne l'implantation du système métrique au
sein du ministère et en particulier des entreprises. Il y a
également une participation avec le gouvernement fédéral
pour certaines activités reliées au système
métrique, certaines discussions concernant l'échéancier et
la méthodologie retenue pour ceci.
Je ne sais pas, M. le Président, si on avait des questions
à poser à M. Lapalme.
M. Morin: Je ne sais pas si c'est à M. Lapalme ou au
ministre qu'elles s'adressent. Elles ont surtout trait à la politique
d'achat. On se souviendra que, lors de la campagne de 1970, cela avait fait
l'objet d'une promesse électorale précise. Par la suite, nous
avons eu le rapport Paquin, qui a été gardé confidentiel.
En mai 1974, pendant de nombreux mois, on nous disait, et je m'en souviens;
cette politique sera connue d'ici deux mois.
Dans le discours inaugural de 1975, on nous parle d'une politique
d'achat vigoureuse. Enfin, lors de l'étude des crédits de
1975/76, il y avait un avant-projet, et on aboutit, au discours inaugural de
1976 avec rien. Il semble, d'après ce qu'il a été
déclaré en Chambre par l'un de vos collègues, que, de
politique d'achat, il n'y en aura pas.
M. Saint-Pierre: Qui a dit cela?
M. Morin: C'était, je crois, votre collègue le
ministreTetley.
M. Saint-Pierre: II n'a pas dit cela.
M. Morin: C'est à vous de corriger l'impression qu'il nous
avait laissée lorsqu'il avait répondu à nos questions. Ce
que j'aimerais demander au ministre c'est où en est ce dossier. La masse
des capitaux dépensés par le gouvernement du Québec, par
les entreprises publiques, les institutions subventionnées, est de
l'ordre de $2 milliards par année. A l'époque, vous aviez reconnu
que fixer une politique d'achat, c'était évidemment s'en
prendre à de nombreuses petites chapelles qui possédaient
des réseaux particuliers. Vous aviez ajouté d'ailleurs que cela
allait déranger du monde. Ce que nous nous demandons c'est si cela a
dérangé tellement de monde qu'il a fallu renoncer la mettre en
oeuvre cette politique.
M. le Président, est-ce que je pourrais deman: der au
whip du Parti libéral, qui est de retour, d'aller chercher quelques
collègues pour que nous ayons quorum? Est-ce que ce serait possible?
M. Saint-Pierre: Nous pensions ajourner nos travaux
bientôt, à moins que...
M. Lacroix: M. Lachance est là, trois, quatre, cinq, six,
sept.
M. Morin: S'il y avait moyen d'en trouver un autre? Nous allons
continuer néanmoins.
M. Saint-Pierre: ... Opposition. M. Brown: Toujours
là.
M. Saint-Pierre: M. le Président, à moins d'avoir
une vocation littéraire, ce qui compte, ce ne sont pas les
déclarations comme ce qui s'est fait au cours des douze derniers mois,
il s'en est fait beaucoup sur les politiques d'achat. Je laisserais, par
délicatesse, parce que c'est lui qui a la responsabilité du
dossier, à mon collègue M. Tetley, le soin d'en annoncer, au
moment opportun, les grandes lignes. Je peux peut-être rassurer le chef
de l'Opposition, en disant qu'entre les deux ministères, en particulier
celui de l'Approvisionnement et celui de l'Industrie et Commerce, il y a
plusieurs documents, avant-projets, quatrièmes projets, mémoires
au Conseil des ministres, préparés tant chez l'un que chez
l'autre et combinés ensemble... on s'est entendu sur toute une
série d'initiatives que je pourrais déposer d'ailleurs, que nous
allons entreprendre chez nous dans ce secteur.
Cela va peut-être surprendre le chef de l'Opposition, mais chaque
semaine, il y a une réunion qui regroupe il y a une
réunion demain je pense, sous la présidence de M. Tetley
huit ou neuf représentants de différents ministères qui
analysent des cas spécifiques d'interventions. Je pense que... je ne le
dirai pas, mais après ça, vous me demandez finalement quels
seront les éléments de cette politique d'achat. M. Tetley va
l'annoncer à un moment opportun. Je n'en dirai pas plus. Simplement pour
dire que, toutes les semaines, il y a des réunions, en ce qui nous
concerne, il y a des initiatives qui ont été mises de l'avant
mais qui font partie d'un tout.
M. Morin: Vous avez un représentant?
M. Saint-Pierre: J'ai un représentant qui siège
constamment. D'ailleurs, ce matin on discutait encore de certains cas, des
dossiers très actifs. Il n'y a pas eu de grands énoncés de
principe parce que souvent dans ça, les grandes déclarations
peuvent servir plus mal notre cause qu'autre chose.
M. Morin: J'ai l'impression qu'il y a eu une de ces
déclarations du ministre Tetley qui était effectivement assez mai
venue récemment et qui intéresse votre ministère puisqu'il
s'agissait du GATT. En réponse à une question que l'Opposition
lui a posée, le ministre a laissé entendre qu'il ne pouvait pas y
avoir la moindre préférence, parce que, a-t-il
déclaré, cela serait contraire aux obligations encourues par le
Canada sous l'empire de General Agreement on Tarifys and Trade. Est-ce que je
pourrais demander au ministre de nous éclairer parce que quand nous
avons demandé à M. Tetley de le faire, il a été
incapable de préciser exactement à quelle disposition de l'accord
général il se référait?
Comme vous êtes compétent dans ce domaine, j'imagine que
vous allez pouvoir me donner satisfaction.
M. Saint-Pierre: Sûrement, je vais essayer du moins. Je
pense que ce que M. Tetley voulait mentionner, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est le fait que l'ensemble des négociations
qui se poursuivent depuis déjà quelques années sur le
renouvellement de l'accord du GATT, le Tokyo Round et des choses semblables,
contrairement à ce qui avait été fait dans le Kennedy
Round, ne porte pas uniquement sur des barrières tarifaires. Mais
dès le départ, on avait identifié que non seulement
l'objectif était de réduire les barrières tarifaires le
plus possible, suivant des conceptions différentes entre les Etats-Unis
et la communauté européenne, mais également de s'attaquer
à des barrières non tarifaires.
Or, à l'intérieur de ces barrières non tarifaires,
pas moins d'une vingtaine de sections différentes ont été
identifiées, dont une touche justement les politiques d'achat des pays
qui vont signer la chose.
M. Pomerleau est responsable de nos discussions en ce qui touche les
négociations du GATT. C'est un des dossiers sur lesquels nous pouvons
avoir à nous engager, mais évidemment tous les gouvernements
auront à s'y engager de telle sorte que s'il y avait dans les accords du
GATT des modifications qui n'existent pas actuellement, mais des modifications
qui rendraient plus difficiles, un peu comme la politique du textile qui
pourrait rendre un caractère plus exceptionnel les politiques d'achat,
ça voudrait également dire l'ouverture de nos entreprises
vis-à-vis des marchés qui peuvent être fermés
à cause des politiques d'achat.
Entre-temps, cependant, encore une fois, je n'ai pas la liberté
de le donner, parce que je voudrais que ce soit M. Tetley qui le donne,
puisqu'il en est responsable, mais il y a des réunions chaque semaine,
il y a des éléments qui se précisent de plus en plus, il y
a des initiatives qui ont été retenues, préparation de
catalogues, revérification des clauses générales des
devis, des choses semblables qui sont faites.
M. Morin: Je trouve bien admirable votre souci de vous conformer
à l'avance à des obligations qui pourraient être
définies par le GATT. Mais il n'en reste pas moins que nous sommes
à peu près les
seuls à ne pas avoir de politique d'achat. L'Ontario en a une, le
gouvernement fédéral en pratique une, enfin, tout le monde en a
une. Même ici, au Québec, l'Hydro en a une.
M. Saint-Pierre: Vous exagérez un peu quand vous dites que
tous les autres en ont et que nous, on n'en a pas. Je peux vous donner bien des
cas. Dieu le sait, à la Législature de l'Ontario, on s'est fait
blâmer assez sévèrement, le COJO s'est fait blâmer
très sévèrement concernant un document d'appel d'offres,
pour avoir restreint les participants aux fabricants de meubles du
Québec. C'était à la suite de subventions que nous avions
accordées nous-mêmes. Cela n'a pas fait beaucoup d'écho
là-bas, mais je vous prie de me croire que cela a fait beaucoup
d'écho à Toronto, que les manufacturiers...
M. Morin: Ah! ça. A Toronto, les gens surveillent leurs
intérêts, mais ils n'en ont pas moins, eux, une politique d'achat,
même s'ils protestent contre les politiques d'achat des autres. C'est de
bonne guerre.
M. Saint-Pierre: Elle n'est pas publique, leur politique,
d'ailleurs.
M. Morin: Je trouverais très bien que le gouvernement du
Québec ait une politique d'achat et proteste également contre les
politiques d'achat des autres, surtout lorsqu'elles sont peut-être
indûment discriminatoires.
M. Saint-Pierre: Est-ce que je dois comprendre que vous favorisez
un certain pourcentage qui serait donné à tous les fabricants
québécois lorsqu'ils soumissionnent?
M. Morin: Laissez-moi vous retourner la question. Que fait
l'Hydro-Québec, à l'heure actuelle?
M. Saint-Pierre: Elle ne le fait pas, elle le fait d'une
façon très... J'ai déjà eu des statistiques, je ne
voudrais pas vous induire... Je peux aller les chercher, cela touche à
peine un dixième pour cent des achats de l'Hydro-Québec, la
fameuse politique de 10%. C'est-à-dire qu'elle est utilisée
exceptionnellement, elle n'est pas utilisée pour tous les achats.
M. Morin: Elle est tout de même utilisée. Et de
plus, moi, avant de dire 10% comme à l'Hydro, ou 5%, ou 15%, j'aimerais
savoir de quel produit il s'agit, de quelle industrie il s'agit et j'imagine
qu'on peut nuancer, selon les cas. Mais il faut en avoir une.
Pouvons-nous compter qu'au cours de l'année qui vient, il y aura
enfin une politique d'achat québécoise? Ou est-ce que, dans votre
esprit, c'est quelque chose qui est destiné à aboutir dans deux
ans, trois ans?
M. Saint-Pierre: C'est destiné à aboutir au cours
de l'année.
M. Morin: Bon. Et quel sera le rôle du service dont nous
parlions il y a un instant, du Bureau de normalisation, dans le cadre de cette
nouvelle politique d'achat? Est-ce qu'on a prévu un certain
rôle?
M. Saint-Pierre: Je pense qu'il ne faut pas sous-estimer
l'importance des normes qui pourraient délimiter ou agir comme tamisage
dans le choix des produits. A ce titre, le bureau des normes pourrait
réagir à des priorités qui auraient pu être
indiquées par le gouvernement, dans des secteurs qui
l'intéressent particulièrement.
Je pense qu'alors, en plus des tarifs et des approches
particulières, les normes peuvent servir puissamment à rejeter
des produits étrangers ou à permettre des produits de
qualité, mais qui sont fabriqués ici.
Le meilleur exemple qu'on pourrait prendre j'en tire un qui me
vient à l'esprit, parce que je le connais assez bien c'est le cas
des draps dans les hôpitaux. Je pense que, si on établit une norme
et que le drap, dans les lits d'hôpitaux, correspond à la
production que font la plupart de nos manufacturiers québécois,
que ce soit dans des entreprises près de Québec ou dans des
entreprises de la région de Magog et autres, et qu'on traduit ces normes
dans des termes très concrets, d'une façon assez
élégante, on peut peut-être éliminer...
M. Morin: Ce n'est pas contraire au GATT, cela?
M. Saint-Pierre: Pardon?
M. Morin: Vous êtes sûr que ce n'est pas contraire au
GATT?
M. Saint-Pierre: Non, je ne pense pas. Justement, les
difficultés qu'on a pu avoir...
Je fais un peu d'histoire, vous êtes au courant que pendant quatre
ou cinq ans, les pommes du Canada ne sont plus entrées dans le
marché du Japon, parce qu'on prétendait qu'il y avait un
organisme quelconque dont j'ai oublié le nom qui, suivant les Japonais,
pouvait amener la mort à certaines personnes, bien qu'ici, les gens
mangent des pommes depuis vingt siècles. Même que cela est
supposé être recommandé par les médecins. Mais, pour
les Japonais, c'était leur façon de s'assurer que les pommes
n'entraient pas dans le marché japonais. Cela a pris des interventions
assez énergiques de M. Pépin pour dénoncer cela comme des
façons empêchant le commerce.
M. Morin: Effectivement, le système des normes peut
être extrêmement efficace, mais je ne suis pas sûr
qu'à la limite, il ne soit pas contraire aux obligations du GATT. Tout
le monde sait à quel point cela a été utile aux Etats-Unis
pour éliminer la voiture européenne...
M. Saint-Pierre: Je le sais.
M. Morin: ... du marché américain. Cela a
été
fatal à la voiture européenne. Pourtant, dans bien des
cas, la voiture européenne était supérieure au point de
vue de la sécurité.
M. Saint-Pierre: Je pense que ce n'était pas contraire au
GATT. Un pays peut décider, à cause de principes de
sécurité ou à cause de principes de pollution, de fixer
des exigences que, il le sait, le concurrent ne sera pas
intéressé à satisfaire.
M. Morin: Ah oui!
M. Saint-Pierre: La voiture européenne, la Renault, je la
connais bien. Ce que vous évoquez est intimement relié à
la fermeture de SOMA, il y a quelques années. C'était
l'introduction très rapide...
M. Morin: Quoique, là aussi, votre politique d'achat
était en cause.
M. Saint-Pierre: Non, je ne penserais pas. C'était
négligeable dans ce cas. Réellement, vous...
M. Morin: II n'y en avait pas de politique d'achat.
M. Saint-Pierre: On ne pouvait sûrement pas acheter 30 000
Renault, parce que c'était cela, le seuil minimum par année.
M. Morin: Cela aurait pu être...
M. Saint-Pierre: Revenons à des choses sérieuses.
Je vous disais alors que... Prenons encore un exemple. Vous m'avez un peu
coupé la parole sur les draps. Je sais qu'il semble, par
expérience, que le drap japonais peut être moins cher lorsqu'on
l'achète, mais, après six lavages, il se déchire et n'est
plus utilisable, alors que le drap fabriqué au Québec peut faire
24 ou 25 lavages.
Vous comprenez que vous pouvez avoir une norme qui traduise le nombre de
fois qu'un drap peut être immergé dans un détergent,
brassé et que, finalement, c'est une façon élégante
de dire aux Japonais qu'il ne se qualifie pas. A ce titre-là, il me
semble que cela peut être un élément qui pourrait
être versé au Bureau de la normalisation. On ne peut pas tout
tenter de viser, du jour au lendemain, mais on peut identifier une série
de produits qui nous apparaissent importants dans le réseau public et
parapublic et, par le biais des normes, avoir un élément qui nous
permet à la fois de standardiser la demande et de mieux la
planifier.
M. Morin: Donc, le bureau est déjà actif au sein de
ce comité qui prépare la politique d'achat.
M. Saint-Pierre: Pas nécessairement. Le ministère
est actif. Le bureau le sera lorsque la démarche impliquera
l'établissement de normes.
M. Morin: Bon. Pour être bien spécifique, parmi les
mesures que vous envisagez, comme pour en arriver à une politique
d'achat, il y a l'utilisation des normes?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: M. le Président, nous sommes prêts
à adopter ce programme.
Le Président (M. Brisson): Programme 10, adopté.
Programme...
M. Saint-Pierre: M. le Président, il reste un tout petit
programme. Je ne sais pas si on pourrait dire qu'on finit les crédits ce
soir. C'est la division du commerce.
Le Président (M. Brisson): Services aux
établissements commerciaux.
M. Saint-Pierre: Je pense que c'était le programme...
M. Morin: Mais, est-ce que nous avons quorum?... Je pense que
oui.
M. Saint-Pierre: Oui, nous avons quorum. M. Morin: C'est
bien.
Services aux établissements commerciaux
M. Saint-Pierre: C'est le programme 7, M. le Président,
services aux établissements commerciaux. On y voit une augmentation
quand même substantielle du budget qui passe de $582 000 à $730
000.
On a déjà, dans les discussions préliminaires,
parlé du projet d'étude assez important que nous allons faire au
sujet de la direction de l'ensemble du commerce. J'ai mentionné que dans
quelques semaines, il serait en mesure d'annoncer le nom du président de
cette commission d'étude. Dans le cahier, on retrouve tout un ensemble
d'activités de la direction commerce de l'année 1975,
problèmes qui sont mentionnés ici brièvement, je ne les
reprendrai pas tous un par un. Enfin, c'est toute une série
d'études très détaillées. Le chef de l'Opposition
va aimer voir l'étude des politiques d'achat d'imprimés des
grands magasins à rayons, étude de l'implication commerciale de
l'entrée en vigueur de la Loi sur les cimetières d'automobiles,
les études ou tentatives pour expliquer la différence de prix des
voitures entre les Etats-Unis et le Canada ne sont pas terminées. Les
études et analyses de l'évolution des magasins à rayons
autochtones au Québec par rapport à l'ensemble, études des
groupes d'achat pour en établir un inventaire et analyser les diverses
formules de regroupement. Ce sont les groupes d'achat qu'on avait tenté
de favoriser dans nombre de secteurs commerciaux.
Au niveau de la promotion, il y a eu, bien sûr, expo-profits, avec
la compagnie General Motors de Saint-Laurent. Il y avait la publication du
livre
Facteurs humains de la croissance des PME, écrit par M. Pierre
Laurin, le directeur de l'Ecole des hautes études commerciales,
finalement, plusieurs conférences devant des clubs et hommes d'affaires.
Il y a eu des cas ponctuels qui sont très... études et
commentaires sur les dossiers d'investissements étrangers, enfin,
collaboration avec certains organismes, des études régionales, le
centre-ville commercial de Saint-Jérôme, le centre-ville de
Victoriaville, la publicité de la promotion du mail Saint-Roch de
Québec, finalement, un autre secteur, étude d'organisation et de
régie interne.
Alors, on tourne, en particulier, autour de la formation des commissions
d'étude sur le commerce au Québec. L'application des lois; alors
la Loi des heures d'affaires, avec toute une série de sondages, des
inspections effectuées, des lettres écrites, des appels
téléphoniques, des copies de la loi distribuées; la Loi
sur le rembourrage, les articles rembourrés, et la Loi sur le commerce
du pain; finalement, des informations générales, des
implantations de nouveaux commerces, de l'aide technique, approvisionnement, le
financement pour l'expansion, la gestion, la commercialisation. On
détaille tous ces cas, d'ailleurs.
Je suis certain que le chef de l'Opposition officielle serait content
d'apprendre que là, ce n'est pas exagéré de dire que 97,9%
de nos efforts au moins sont consacrés à l'entreprise
autochtone.
Au 1er mars 1976, 61 dossiers actifs et 37 autres qui devaient
démarrer. On retrouve, ensuite un programme d'activités de la
direction pour l'année 1976/77, tant au niveau de la recherche,
orientation que l'aide aux entreprises commerciales, que la promotion, la
commercialisation, l'administration des lois. Cela m'apparaît... Je ne
sais pas. Malheureusement, le directeur de la division commerce, M. Jean-Guy
Rivest, sera notre nouveau représentant en poste à Milan, dans
quelques mois. Comme je l'ai mentionné, comme on n'a pu le consulter
l'autre soir, il est actuellement en Italie. Je pense que mes collaborateurs
ici même pourraient répondre à des questions que le
député de Sauvé voudrait bien soulever.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé.
M. Morin: M. le Président, dans un discours qu'il
prononçait devant l'Association des détaillants en alimentation,
le 6 octobre 1975, le ministre avait déclaré un certain nombre de
choses fort intéressantes quant aux habitudes d'achat des grands
réseaux de distribution commerciaux, et il se promettait, si j'ai bien
compris son discours je vais lui en citer quelques extraits,
d'ailleurs de donner un bon coup de barre. Je lui signale, en
particulier, qu'il promettait de donner un appui complet aux fonctionnaires qui
oeuvrent depuis longtemps dans ce secteur, en mettant à leur disposition
les moyens nécessaires à l'expansion, à l'accroissement de
l'efficacité de leur secteur trop longtemps peut-être
traité en parent pauvre.
Il voulait, disait-il, se pencher d'une manière active et
déterminée sur le secteur tertiaire et, plus
précisément, dans ce vaste ensemble sur le commerce et les
pratiques commerciales qui font partie d'un tout, la prise en main de notre
économie et l'accélération de son processus de
développement.
Il souhaitait entreprendre, dans l'intérêt de la
collectivité québécoise, une action vigoureuse, de
caractère exceptionnel, et il déclarait qu'il n'entendait pas se
dérober à son devoir.
Bref, tout cela était fort sympathique, et j'aimerais lui
demander comment il entend réaliser son coup de barre avec des effectifs
permanents qui passent de 25 à 27?
M. Saint-Pierre: M. le Président, je pense bien qu'on peut
donner des coups de barre lorsqu'on pilote un navire en improvisant et en
montrant qu'on a changé de direction sans savoir trop où on s'en
va. Je pense que le coup de barre qu'on a donné, c'est la
décision de ne pas rester sur le statu quo et de reconnaître que
le secteur tertiaire je vais déborder celui du commerce et parler
du secteur tertiaire est un secteur extrêmement important qui a
eu, dans les années soixante-dix, encore plus d'importance qu'il pouvait
en avoir au cours des dernières décennies, et qu'il
mériterait alors du gouvernement beaucoup d'attention.
Le coup de barre est donné, si on prend simplement, en termes de
croissance du budget, passant de $582 000 à $730 000, il s'agit
là quand même, en pourcentage d'augmentation, de l'augmentation la
plus forte, de 25%, que le ministère a dans tous ses programmes. Mais ce
n'est pas l'essence de notre coup de barre. L'essence de notre coup de barre,
comme je l'ai mentionné, c'est cette détermination d'une
commission d'étude sur le commerce, dans un premier volet, quand
même de plus de $500 000, avec des gens un peu de l'extérieur et
des gens de l'intérieur, qui devraient... Là, je pense que, si le
chef de l'Opposition se rappelle le deuxième volet du mandat de cette
commission d'étude, il touche justement les pratiques commerciales
à l'intérieur des centres commerciaux. Deuxièmement,
toutes les politiques d'approvisionnement des réseaux de distribution
établis au Québec. C'est un premier aspect du dossier.
Un deuxième aspect du dossier et je pense que cela aurait
été improvisé en 1976/77 c'est de demander au
Conseil du trésor: Nous voulons $2 millions ou $3 millions. Mais il se
fait beaucoup de travail à différents niveaux du ministère
dans le moment pour tenter d'identifier, dans le secteur tertiaire, comment
nous pourrions mieux remplir nos responsabilités.
Avec ia SDI, on a évoqué toute la question des compagnies
d'assurance. On peut parler des courtiers en valeurs mobilières. On
pourrait parler de tous les groupes conseils sur les projets d'exportation.
En fait, il y a toute une série de secteurs qui ont jusqu'ici eu
des relations plutôt de contrôle entre eux-mêmes et le
gouvernement. Si on prend les courtiers en valeurs mobilières, leur
rapport
avec le gouvernement a été surtout avec le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières qui a quand même une fonction de contrôle et non
une fonction de développement.
Nous pensons que, conformément à la responsabilité
du ministère de l'Industrie et du Commerce qui touche le secteur
manufacturier, mais également le secteur commercial, dans son terme
très large, le secteur tertiaire, il nous faudrait articuler au cours
des prochaines années des programmes précis pour ces groupes.
J'indique simplement que je pense qu'on a abandonné l'idée que
nous étions uniquement un ministère voué à
l'industrie secondaire et que nous tentons, en donnant le coup de barre, avant
d'engager le navire, de savoir où on veut aller exactement avec
cela.
J'ai mentionné que le premier volet nous sera donné par
les réponses de la commission d'étude, le deuxième volet
par ce processus de sensibilisation à un nombre très grand
il n'y a presque pas de limite de fonctions de développement
qu'on pourrait faire avec le secteur tertiaire québécois.
Le Président (M. Brisson): Le député des
Mille-Iles avait une question.
M. Lachance: Oui. J'ai une question. Cela concerne l'Association
des services à l'automobile, qui regroupe près d'un millier de
petits propriétaires de garages dans tout le Québec. Ils
poursuivent depuis quelque temps des pourparlers avec le ministère des
Richesses naturelles afin qu'un bail type préparé par le
gouvernement serve dans les contrats intervenus entre les compagnies
pétrolières et les petits détaillants d'essence.
Les petits garagistes n'ont le choix que de signer des contrats
d'adhésion. Je veux en savoir plus. Cette association a appris que le
ministère des Richesses naturelles a transmis le dossier à la
direction de votre ministère. Quel est l'état du dossier
actuellement?
M. Saint-Pierre: J'ai déjà personnellement
rencontré les gens de l'ASA et cela s'inscrit d'ailleurs dans un
contexte global où nous tentons de favoriser des regroupements
d'entreprises québécoises qui oeuvrent dans ces secteurs. Nous
avons financé, je pense, il y a deux ans, l'ASA alors qu'elle
était dans une situation de crise. Il y avait un déficit
accumulé très important. Nous l'avons financée et je sais
que c'était un des secteurs dont on s'occupait, le bail type entre les
compagnies pétrolières et les petits détaillants.
Malheureusement, je ne pourrais pas dire si le travail est
terminé, mais je pense qu'il y a eu des avocats retenus et qu'il y a eu
du travail de fait pour tenter de mieux protéger l'ASA. On l'a fait
d'ailleurs nous-mêmes avec les compagnies pétrolières en
leur montrant que finalement elles-mêmes perdaient beaucoup d'argent
lorsqu'il y avait une rotation si forte chez les détaillants qui, au
bout de six mois, font faillite et doivent recom- mencer à zéro.
La même chose avec certains cours de gestion qui étaient
prévus pour ceux qui exploitent des garages, un cours particulier,
comment faire le maintien des stocks, comment faire les inventaires, les prix
de revient et des choses semblables. D'ailleurs à ce sujet,
peut-être que le meilleur exemple qu'on pourrait mentionner c'est le
groupe PEBEC, dans l'huile à chauffage où, là encore,
après avoir favorisé un regroupement de toute une série de
distributeurs d'huile à chauffage, nous avons eu des relations suivies
avec eux pour leur permettre non seulement de survivre, mais de se
développer et d'être un élément important dans le
réseau de distribution québécois.
M. Lachance: Quelle est l'échéance que le
ministère envisage pour la mise en vigueur du bail type?
M. Saint-Pierre: J'imagine que, sûrement, durant
l'année 1976, ce bail-type devrait être terminé.
Evidemment, il s'agit de quelque chose qui est soumis aux membres, dont
l'approbation est discutée par après avec les compagnies, mais
j'imagine qu'en 1976 il devrait être possible d'atteindre la fin de ce
projet.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé.
M. Morin: Oui, M. le Président. On a entrepris
certainement des études fort intéressantes. A la page 15 du
discours, je voyais justement qu'on se propose de faire l'inventaire des
commerces et services, des entreprises manufacturières, que les
recherches porteront également sur la participation du commerce au
développement de l'industrie, sur la législation, le capital,
etc. Mais je me demande, dans le concret, comment vous prévoyez ralentir
la poussée extrêmement envahissante à l'heure actuelle et
sans cesse croissante du secteur étranger dans le commerce de
détail et surtout comment vous comptez enrayer cette perte à
gagner extrêmement nuisible du secteur amont de production. Est-ce que
vous envisagez déjà des mesures concrètes?
M. Saint-Pierre: Je pense qu'on peut en parler des mesures
concrètes. Vous étiez, je pense, distrait tantôt quand je
parlais. Je prenais le cas des marchands d'huile à chauffage. Cela vous
dit quelque chose. Les marchands d'huile à chauffage, voilà un
groupe qui, il y a deux ou trois ans, était presque voué à
l'extinction. Regardons les progrès remarquables du marché qui
était accaparé de plus en plus par les grandes compagnies
internationales de pétrole.
M. Morin: Effectivement, il y en a beaucoup qui ont disparu et il
y en a surtout beaucoup qui ont été satellisées par les
grandes entreprises.
M. Saint-Pierre: Vous êtes au courant de la formation de
PEBEC, vous êtes au courant de ça.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: PEBEC est quand même le résultat
d'efforts concrets, quand vous voulez voir des efforts concrets, d'initiatives
concrètes que le ministère a entreprises dans le passé et
qui ont tenté de regrouper l'ensemble des marchands d'huile à
chauffage. Je pense que si vous parliez à ces dirigeants, ils vous
diraient que le ministère de l'Industrie et du Commerce et, dans
certains cas, le ministre lui-même n'ont pas hésité
à intervenir pour tenter non seulement de protéger leurs droits,
mais assurer leur croissance. Effectivement, PEBEC, aujourd'hui,
représente quand même un pouvoir d'achat, si ma mémoire est
bonne, de $60 millions ou de $80 millions d'huile à chauffage au
Québec. On tente par des mesures concrètes dans d'autres
secteurs... on espère que les études de la DGRT, comme
l'étude sur la division commerce, vont quand même nous donner un
éclairage sur ce qui se passe exactement et mettre de l'avant des
mesures.
Il faut être prudent, mais ça pourrait être des
mesures semblables à la SDI pour le secteur manufacturier. Cela peut
être à la fois des mesures financières, des mesures de
conseil à la gestion, ça peut être des mesures
protectionnistes, de nouvelles réglementations sur le
développement des centres commerciaux qui laisseraient une plus large
place à l'entreprise autonome en rapport avec celle qui se trouve
reliée dans une grande chaîne.
M. Morin: Dans le secteur alimentaire justement, qu'est-ce que
vous entrevoyez vous comme moyen de tenir tête à la poussée
des grandes chaînes?
M. Saint-Pierre: Dans la distribution et la fabrication?
M. Morin: Je pense en particulier à la distribution?
M. Saint-Pierre: Je pense qu'il y a quand même un
équilibre qui est maintenu depuis... je n'ai pas les chiffres devant
moi, mais on ne peut pas parler de progrès remarquable au cours des
dernières années. Les grandes chaînes, Dominion, Steinberg,
IGA et je ne sais pas quelles autres, Provigo, s'il faut parler de grandes
chaînes, maintiennent leur part du marché, le magasin
indépendant maintient également sa part.
M. Morin: Je vous avais signalé justement le cas
très concret qui était celui de M. Houle.
M. Saint-Pierre: Je connais bien M. Houle, vous tombez dans un
cas que je connais bien parce que le ministre a dépensé au moins
24 appels téléphoniques, 43 visites et bientôt je vais
acheter son commerce pour régler son problème.
M. Morin: Est-ce une offre formelle que vous lui faites? Je puis
la lui transmettre.
M. Saint-Pierre: Non, ce n'est pas une offre formelle. Si le
ministère de l'Industrie et du Commerce pouvait donner à toutes
les entreprises commerciales du Québec le même service qu'on a
donné à M. Houle, je pense que vous nous décerneriez le
Coq d'or parce que...
M. Morin: N'empêche que c'est le cas d'une petite
épicerie qui a énormément de difficulté à
obtenir le financement nécessaire à son expansion.
Nous avons même échangé une correspondance à
ce sujet...
M. Saint-Pierre: Le haut de la deuxième page de ma lettre
vous fournit au moins huit ou neuf... Je vous avais donné un rapport de
mes services, je vous avais envoyé cela une fois, ce qui montre qu'il ne
s'agit pas simplement d'une difficulté financière. Il y a treize
ou quatorze autres raisons qui expliquaient les difficultés de M.
Houle...
M. Morin: Je me souviens de cela, c'était dans votre
lettre du 10 février 1976. Mais peut-on s'attendre que, dans un avenir
rapproché, vous tentiez de faire, pour ces gens-là, ce que la SDI
fait, par exemple, dans le domaine industriel?
M. Saint-Pierre: Encore une fois, vous me connaissez, je ne
voudrais pas improviser dans ce secteur-là, d'autant plus que le nombre
d'établissements dans le secteur tertiaire est évidemment
très grand. Si j'écoutais M. Houle, chaque personne qui
désire partir un commerce devrait être capable de recevoir $10 000
du gouvernement et ne plus poser de questions par la suite. Vous compreniez
qu'on ne peut pas faire cela.
M. Morin: Mais, sans aller jusque-là, il y a quand
même des choses que vous pourriez faire.
M. Saint-Pierre: Comme?
M. Morin: Par exemple, vous parliez tout à l'heure
d'offrir des services techniques.
M. Saint-Pierre: Cela, on offre cela. Je ne voudrais pas que ie
ministère ait envoyé à M. Houle la facture de ce que cela
a coûté. Pendant une période de temps, on avait un homme
à temps plein qui était chez M. Houle, pour lui montrer un peu
comment faire un commerce.
Sur ce point-là, si vous communiquiez avec M. Houle aussi souvent
que moi, je l'ai fait, il va vous parler avec énormément de bien
et avec beaucoup d'éloges de j'ai mauvaise mémoire
M... J'avais un monsieur qui était là et M. Houle en parlait.
J'ai rarement vu un citoyen du Québec avoir autant d'éloges et
autant d'appréciation pour le travail d'un fonctionnaire que dans ce
cas-là.
M. Morin: Oui, mais est-il sorti de ses difficultés?
M. Saint-Pierre: Non, je vais vous apprendre une mauvaise
nouvelle...
M. Morin: Une mauvaise nouvelle? Vous étiez sur le point
d'acheter son commerce si je comprends bien?
M. Saint-Pierre: M. Houle a fait faillite.
M. Morin: Je pense que le ministre est à même de
juger ce qu'entraîne l'absence de politique.
M. Lacroix:... de préparer le bilan de l'an III du Parti
québécois.
M. Morin: Je ne crois pas que ce soit vraiment l'occasion d'en
rire, parce que, pour lui, c'était certainement très grave. Pour
nous, cela paraît lointain, cela peut paraître peu important, mais
pour lui, je suis sûr que c'est un échec important et qui
souligne c'est pour cela que j'évoque le cas la
nécessité de mettre en place des mécanismes qui puissent
vraiment aider.
Vous dites que vous voulez être également le ministre du
Commerce et pas seulement celui de l'Industrie. Voilà un bel exemple
d'intervention nécessaire.
M. Saint-Pierre: On ne l'appliquera pas à M. Houle
spécifiquement et je ne le voudrais pas. D'ailleurs, je tiens à
dire jusqu'à quel point M. Houle je le connais très bien
ne voulait pas être à la remorque du bien-être social
et a tenté tous les efforts pour gagner sa vie. Je sais qu'il y a eu
beaucoup d'efforts de lui-même et de sa famille pour réussir.
Si vous prenez dans la lettre, qui donnait suite à un rapport
interne, les motifs invoqués, malheureusement, on peut appliquer les
mêmes motifs, souvent, à tous ceux qui sont en difficulté
dans le secteur du commerce. Si vous aviez l'amabilité de me les lire,
je pense que, pour le journal des Débats, ce serait...
M. Morin: Effectivement...
M. Saint-Pierre: Cela s'applique à M. Houde, mais cela
s'applique aussi à tous les commerces, souvent, qui sont en
difficulté.
M. Morin: Cela n'est pas une bien grande découverte. Cela
s'applique à beaucoup de commerces en difficulté.
M. Saint-Pierre: Oui, mais...
M. Morin: Seulement, ce n'est pas tout d'identifier le bobo,
c'est de savoir ce que vous pouvez faire pour aider ces gens. "Faible
capacité de gestion des individus en place..."
M. Saint-Pierre: Continuez.
M. Morin: Je m'excuse, M. le Président. Mais les
résultats dont me faisait part le ministre me font penser que les causes
qui ont été identifiées là, effectivement, doivent
être fort répandues: "manque de planification, mise de fonds
insuffi- sante, etc., coût du loyer trop dispendieux..."
Décidément, M. Houle n'avait pas tous les facteurs objectifs en
sa faveur.
M. Lacroix: ... a passé proche d'avaler sa pipe.
M. Morin: Néanmoins, est-ce que je puis demander au
ministre, à la lumière de ce cas, à la lumière d'un
cas qu'il a connu personnellement, qui doit donc le toucher, s'il a l'intention
de faire quelque chose pour venir en aide même à ces petits
commerces?
M. Saint-Pierre: M. le Président, c'est notre intention,
dans un premier temps, par le biais des associations qui regroupent ces petits
commerces. C'est dommage qu'on n'ait pas nos collègues
créditistes, non pas qu'il y ait une pensée commune ou des
problèmes communs, mais, il faut dire que, la réglementation
devenant de plus en plus complexe, non seulement au gouvernement provincial, au
gouvernement fédéral, mais même dans les règlements
municipaux, les petits commerces ont souvent de la difficulté à
avoir les ressources pour simplement, en reprenant tous ces points, bien
planifier leurs opérations.
On espère, peut-être que ce sera une des conclusions qui se
dégagera des études: avoir des programmes que nous n'avons pas
dans le moment, demandant beaucoup plus de crédits budgétaires
pour nous permettre au niveau du support technique ou du support financier.
Théoriquement, on pourrait peut-être envisager une aide au support
financier. La seule chose, c'est, à moins de vouloir improviser, qu'il
faut être prudent, parce que le nombre de commerces au Québec est
très considérable. Si on le fait pour les épiciers, on va
le faire pour le marchand de chaussures, le marchand de meubles, on va le faire
pour tout le monde.
M. Morin: Je souhaite que vous aboutissiez rapidement, mais je
crains qu'en tout état de cause, ce soit trop tard pour aider M.
Houle.
M. Saint-Pierre: Oui.
Le Président (M. Brisson): Adopté?
M. Morin: Hélas!
Le Président (M. Brisson): Adopté?
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Programme 7,
adopté.'Donc, les crédits budgétaires du ministère
de l'Industrie et du Commerce sont adoptés en entier.
M. Saint-Pierre: Vous me permettrez très brièvement
de remercier tous les parlementaires qui ont participé cette
année de nouveau à l'étude de ces crédits et
également les fonctionnaires qui avaient préparé des
documents. Je déplore, je ne
sais pas si on a trouvé l'explication, que le chef de
l'Opposition officielle n'ait pas reçu quelques jours avant le document
que j'avais préparé. Il me semble bien qu'il a été
envoyé, mais, enfin, il se trouve qu'on a des problèmes de poste,
même quand on ne va pas au bureau de poste.
M. Lacroix: On se retrouve l'an prochain pour discuter des
mêmes problèmes.
M. Morin: Hélas oui! Je crains que certains ne soient pas
réglés. Je remercie tout de même le mi- nistre de sa
patience. Je tiens à dire que j'estime qu'il est fort bien
entouré par ses adjoints, par les fonctionnaires qui travaillent dans
son ministère. Je souhaite simplement que la qualité de ces
personnes amène rapidement les résultats que nous escomptons
tous, mais qui tardent quelquefois à venir. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 9)