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Commission permanente des Institutions
financières,
Compagnies et Coopératives
Bill 45 Loi de la protection du
consommateur
Séance du jeudi 4 février 1971
(Dix heures trente minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives): A l'ordre,
messieurs!
A titre de président, il me fait plaisir de souhaiter, ce matin,
la bienvenue la plus cordiale aux personnes que nous avons de l'autre
côté de la barre, qui représentent ici différentes
organisations qui ont déjà déposé des
mémoires devant cette commission.
Je pense que la commission parlementaire va faire un effort tout
particulier aujourd'hui pour entendre le plus de représentants possible
et même, s'il y a lieu, nous allons tenter de terminer les travaux de la
commission pour autant que l'audition des représentants des organismes
est touchée.
Respectant toujours l'ordre numérique dans lequel les
mémoires nous sont parvenus, j'inviterais immédiatement
l'Association des consommateurs du Canada à commenter le mémoire
déposé et à nous présenter la personne qui doit la
représenter officiellement ce matin.
Association des consommateurs du Canada
MME CASGRAIN: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, permettez-moi de vous remercier pour votre chaleureux accueil qui
n'a rien à voir avec la température, évidemment. Je
voudrais d'abord vous remercier de tout coeur et vous dire que l'Association
des consommateurs du Canada a des sections dans toutes les parties du pays.
Nous représentons ici la section du Québec. Si vous me le
permettez, je vais brièvement vous dire de quoi il s'agit.
L'Association des consommateurs du Canada, section du Québec,
constate avec grande satisfaction que les droits du consommateur
québécois font enfin l'objet d'un projet de loi et soumet
à votre attention ses vues sur le projet de loi à l'étude
à l'occasion des auditions fixées par la commission parlementaire
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
Premièrement, en tant que membre d'une association nationale, la
section du Québec de l'Association des consommateurs du Canada demande,
depuis 1959, une législation qui tienne compte des besoins du
consommateur: besoins de vérité, d'information, de
représentation et de protection. Depuis 1966, dans certaines autres
provinces du Canada, et, en 1967, au niveau national, des lois ont
été promulguées. Au Québec, nous attendons
toujours. A propos, j'ai appris que les deux seules provinces qui n'ont pas
encore de loi pour la protection du consommateur sont le Québec et
Terre-Neuve.
Nous croyons a priori que toute législation se doit de respecter
et de faire respecter la liberté, élément essentiel de la
dignité humaine. Toutefois, des milliers d'opérations
quotidiennes d'achats de biens et de services par contrat ont
entraîné des abus.
Nous assumons, à titre bénévole, depuis la
fondation de notre association en 1948, l'information et le dépannage de
tout Québécois qui veut bien s'adresser à nous. Notre
expérience nous prouve qu'il existe des zones spécifiques qui
exigent une législation urgente. Nous ne pouvons, malheureusement, que
constater l'état d'ignorance dans lequel se trouve le consommateur
québécois.
C'est pourquoi nous insistons sur l'impérieuse
nécessité d'intensifier l'éducation et la formation du
consommateur. L'ACC du Québec tient également à
préciser sa position face à l'ensemble du bill 45. Ses
mérites sont indéniables et l'ACCdu Québec n'entend pas en
déduire l'esprit par la proposition de trop nombreux amendements.
Il s'agit tout simplement de préciser certaines choses qui nous
semblent obscures et de demander au gouvernement d'inclure dans le bill tous
les articles concernant la vente sous pression de terrains de même que la
vente d'automobiles neuves ou usagées. L'ACC du Québec est
pleinement consciente du fait que le ministre de la Justice, M. Choquette, a
indiqué sa volonté d'incorporer tout le secteur de la vente des
terrains dans la Loi du courtage immobilier et de traiter de la vente des
voitures usagées en apportant des amendements à une loi
déjà existante et qui tombe sous la juridiction du
ministère des Transports.
Il parait cependant préférable à l'ACC du
Québec d'inclure immédiatement dans le projet de loi, des
articles au sujet de ces deux questions cruciales, quitte à les
éliminer quand lesdits articles, les amendements prévus par le
ministre auront pris force de loi, dans les textes de loi
précédemment mentionnés. Enfin, L'ACC du Québec
appuie entièrement les points suivants tirés de la
deuxième partie du mémoire présenté par le Conseil
de la coopération du Québec.
Premièrement, élargir le sens et la portée du
projet de loi. Deuxièmement, encourager une plus grande participation du
Conseil de la protection du consommateur et troisièmement, modifier le
rôle de l'office. L'annexe no 1 du mémoire je ne sais pas
si c'a été corrigé est mal indiquée. Page 9,
annexe no 1, au lieu de no 2. Ce texte est tiré du mémoire
présenté par le Conseil de la coopération du
Québec. Je m'excuse de vous demander cette correction, mais elle est
bien nécessaire.
Je voulais également ajouter certaines remarques, mais
peut-être que vous préféreriez d'abord entendre notre
avocat apporter certaines précisions au sujet des amendements
suggérés. Si vous me le permettez, s'il y a lieu, ensuite,
j'ajouterai quelques remarques.
M. Yves Lafontaine, avocat de Sherbrooke, se fera un plaisir de vous
présenter les remarques que nous avons à faire.
M. LE PRESIDENT: Merci, Mme Casgrain. M. Lafontaine ou M.
Lamontagne.
M. LAFONTAINE: Je ne suis pas encore au Sénat, on peut donc
m'appeler Lafontaine.
M. LE PRESIDENT: M. Lafontaine, nous vous écoutons.
M. LAFONTAINE: D'abord, ce qui attire l'attention d'un avocat, c'est
que, dans son sens même, la loi n'est pas ordinaire comme on le voit en
droit statutaire.
L'association se félicite d'abord de ce point-là. Ceux qui
ont préparé le projet de loi n'ont pas spécifié des
cas définis et dit : C'est prohibé ou ça entraînera
une amende, mais on a procédé un peu selon le code civil; on a
donné des principes généraux. A ce moment-là, je
crois qu'il sera beaucoup plus facile d'appliquer la loi et de permettre encore
aux tribunaux d'appliquer une notion d'équité par le fait que
c'est une loi de principe. Dans ce sens-là, les amendements qui peuvent
être apportés sont assez mineurs, au fond. On ne voudrait pas
détruire du tout le fond de la loi, qui, selon nous, est très
bien pensée et très bien conçue.
Cependant, nous voudrions peut-être clarifier certains points. Il
faudrait peut-être définir le consommateur. L'association a
à l'esprit que des intermédiaires peuvent se prétendre
consommateurs, dans ce sens qu'un intermédiaire peut acheter
lui-même pour revendre par la suite. Nous croyons que ce serait
peut-être l'occasion de définir le terme consommateur, qui n'a
encore été défini, d'ailleurs, dans aucune loi ou par la
jurisprudence. La définition proposée est "la personne physique
partie à un contrat en une qualité autre que celle de
commerçant." Je comprends qu'au point de vue de la jurisprudence le
commerçant est déjà défini: On dit que c'est celui
qui, à l'état professionnel, fait des actes de commerce.
Autrement dit, le consommateur, pour le différencier du
commerçant serait celui qui fait à l'occasion et pour son usage
personnel l'achat de biens de consommation. La définition de
commerçant que l'on propose, c'est "toute personne autre que le
consommateur qui transige en son nom personnel ou au nom de son employeur",
pour éviter qu'un employeur fasse acheter une chose par une personne qui
serait normalement le consommateur, afin de s'en servir à l'usage de son
commerce.
Nous soumettons qu'il faudrait ainsi définir l'adresse du
consommateur: "Le lieu de sa résidence habituelle indiqué au
contrat ou de telle nouvelle résidence dont il a avisé
postérieurement le commerçant." Quant aux droits exigibles, on
aimerait qu'il soit mentionné que ce sont les taxes. Nous proposons que
la définition de bien soit: "Le service ou bien mobilier destiné
aux fins personnelles du consommateur." Nous voudrions, bien entendu, avec
cette définition, couvrir aussi les services, certains biens
immobiliers, comme on le verra d'ailleurs dans les amendements
suggérés par la suite, et aussi les agences de perception et la
publicité, bien entendu. Déjà, d'une certaine
façon, on défend aux corporations, entre autres, de fixer des
prix, mais, par contre, on permet en vertu du code du travail des
décrets qui peuvent fixer, entre autres, comme on le voit à
l'annexe, des prix dans certains districts quant aux coupes de cheveux pour ce
qui s'applique aux barbiers.
Il y a aussi l'exemple de Fedco qui prévoit qu'au niveau
provincial, on fixe le prix des oeufs. On voit donc une certaine dissemblance;
il y a quelque chose qui semble curieux: d'un côté l'industrie ne
peut pas fixer les prix, il y a la loi antitrust, mais d'un autre
côté, la loi des décrets des conventions collectives le
permet dans certains districts et ici même au niveau provincial quant au
cas de Fedco.
L'association verrait d'un bon oeil que le ministère
chargé de l'application de la présente loi soit celui des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives. Etant
donné que le projet de loi aura pris pas mal de temps, pourquoi ne pas
avoir un ministère de la Consommation? Etant donné que nous
aurions un ministère pour s'en occuper exclusivement, le simple
particulier saurait où s'adresser, si un tel ministère existait.
Peut-être cela viendra-t-il ultérieurement.
On demande aussi de définir l'obligation principale. Entre
autres, quant aux vendeurs itinérants, on dit qu'il y a un délai
pour faire annuler le contrat à compter du jour où le
commerçant aura rempli son obligation principale. On propose de la
spécifier. Je comprends qu'au point de vue du code civil c'était
déjà spécifié, mais nous aimerions qu'il soit
clairement établi, que l'obligation principale est la livraison d'un
bien, dans le cas d'un bien, ou la prestation d'un service, là où
c'est un commerce de services.
La définition de terrain, nous l'incluons là, parce
qu'à la fin, nous demandons des amendements au sujet des terrains. La
loi n'en comportait pas excepté qu'on disait que lorsque c'était
protégé par privilège ou par hypothèque, la
présente loi ne s'appliquait pas. Par terrain, on veut dire un terrain
sans construction ou encore un terrain avec construction, si la valeur de ce
terrain excède celle de la construction.
Le vendeur d'automobiles usagées c'est celui
qui fait commerce de vendre des automobiles usagées
d'ailleurs déjà définies au projet de loi qu'il
soit détenteur ou non d'un permis visé par l'article 23 du code
de la route.
Quant à la question de la vente, la vente à
tempérament a déjà été définie
à l'article 29, et c'est plutôt une redondance qu'il y a dans
notre mémoire quant à la vente.
Il y a un principe important sur lequel l'association voudrait voir la
commission se prononcer, c'est la question de juridiction du tribunal. Etant
praticiens, nous voyons qu'en réalité il y a des droits qui
peuvent se perdre à cause de la juridiction territoriale du tribunal. Il
est bien évident que si l'individu achète quelque chose à
Sept-Iles et qu'il y a au contrat une clause d'élection de domicile qui
prévoit que pour tout ce qui se rapporte au contrat il devra s'adresser
au tribunal de Montréal, cela devient pour lui absolument
onéreux. Si le contrat est d'une valeur de seulement $200, il est bien
évident que les coûts seulement pour se rendre à
Montréal et engager un avocat qui pourra se rendre à
Montréal, cela devient prohibitif.
C'est pourquoi, quant à nous, nous aimerions que soit
spécifié le lieu de la formation du contrat c'est ce qui
détermine la juridiction du tribunal soit l'endroit où le
commerçant signe son contrat. Autrement, on pourrait enlever les
articles 8, 9 et 10 qui font une différentiation.
Quant à la limite de $50, nous aimerions qu'elle soit
ramenée à $10. Le comité jugera laquelle est
préférable, la limite de $50 ou celle de $10. Si on
prétend que le seuil de la pauvreté est de $4,500, nous croyons
que pour beaucoup de gens, dans la province, le montant de $50 n'est
sûrement pas du luxe. Nous croyons qu'un montant de $10 serait
suffisant.
Aux articles 22, 24, 28 et 45 le projet de loi se lit comme suit: "Le
nom et l'adresse du consommateur, si le commerçant les connaît".
Nous prétendons, entre nous, qu'il faut élimer "si le
commerçant les connaît". Cela va simplement donner plus
d'autorité au contrat et les contrats ne seront pas faits à peu
près. Il sera facile pour le commerçant de rejoindre le
consommateur et pour le consommateur de rejoindre le commerçant.
Nous voudrions que l'article 44 soit modifié, en ce sens que,
quelle que soit la valeur de l'obligation totale, la loi s'applique. A
l'article 49, on dit que non seulement le droit de résolution du contrat
qui appartient au consommateur doit se faire par avis, mais on aimerait aussi,
selon un usage déjà reconnu dans nos moeurs depuis longtemps, que
la remise du bien corresponde à cet avis-là. Cela est presque
passé dans nos moeurs. Nous sommes consultés tous les jours et
les personnes disent: Le contrat ne s'applique pas, nous avons retourné
le bien. Nous voudrions que non seulement on puisse annuler le contrat par
avis, mais que la remise du bien équivale aussi à cette
annulation ou à cet avis que l'on peut envoyer.
M. LE PRESIDENT: Vous dites bien: Soit par avis ou par la remise du
bien.
M. LAFONTAINE: L'un ou l'autre, alternativement. Nous voudrions voir
modifier l'article 53, au sujet des descriptions qui sont faites dans les
catalogues, circulaires ou autres moyens de publicité. Nous aimerions
que cette description des objets fasse partie du contrat quant à la
description qui est faite ou les garanties qui sont données et par le
commerçant et par le manufacturier. Il faudrait peut-être aussi
ajouter les agences de publicité. Car peut-être que l'on passerait
à côté en disant: C'est une agence de publicité qui
a fait notre publicité, nous ne sommes pas le commerçant et ce
n'est pas le manufacturier non plus. Je rajouterais à notre
mémoire: "Aussi par une agence de publicité".
L'article 55 découle de l'article 53. On dit que la
publicité d'un commerçant ou d'un manufacturent fait partie du
contrat.
A l'article 57, on voudrait ajouter, au paragraphe c): cela
découle encore de ce qui a été dit tantôt Cet
article permet un recours direct du consommateur contre le manufacturier qui
émet la garantie.
En ce qui a trait à l'Office de la protection du consommateur,
l'Association des consommateurs ne saurait trop insister, comme on le dit au
mémoire, sur l'obligation pour l'Office de la protection du consommateur
de divulguer, au moins une fois par mois, le nom des entreprises qui commettent
des infractions à la Loi de la protection du consommateur. Aucune
amende, si élevée soit-elle, ne peut pénaliser autant que
la divulgation de l'infraction. Le ministère fédéral de la
Consommation et des Corporations donne sur demande le relevé de ces
condamnations. Nous aimerions qu'on puisse faire la même chose. Cela
permettrait aussi à notre association de publier cela dans sa revue
mensuelle.
On voudrait, en conséquence, amender l'article 70, en disant, au
paragraphe g): L'office est chargé de divulguer le nom des entreprises
qui commettent des infractions à la Loi de la protection du
consommateur.
Il y a aussi le fameux article sur lequel vous avez eu plusieurs
représentations, l'article 97, paragraphe p), qui prévoit qu'on
pourra faire des règlements pour exempter en totalité ou en
partie de l'application du présent projet de loi des catégories
de biens ou de personnes. Nous croyons que cet article devrait être
biffé. Si la commission prévoit qu'une catégorie de biens
ou de personnes devrait être soustraite à l'application de la
présente loi, nous proposons que cela se fasse par une loi. Je comprends
que ces règlements sont quand même adoptés après
avoir été ratifiés par le conseil des ministres, mais je
soumets aussi que la Gazette officielle n'est pas une lecture courante dans les
foyers du Québec pour les personnes qui veulent se renseigner à
propos des amendements qui sont apportés aux lois et aux
règlements.
On demanderait aussi d'éliminer complètement, à
l'article 97, les paragraphes k) et m). Ces paragraphes concernent les normes
d'emballage, de qualité et de sécurité. Voici ce que nous
proposons pour les remplacer. On dit: Ou bien le gouvernement rédige une
loi où seront consignées des dispositions visant à
établir des normes de qualité et de sécurité pour
tout bien ou service, et des normes d'emballage, d'étiquetage et de
présentation de tout bien de consommation, ou bien ces questions tombent
sous le coup de la loi C-180 présentement à l'étude au
gouvernement fédéral. Si nous voulons établir notre
juridiction, il serait peut-être mieux de commencer
immédiatement.
L'association voudrait qu'à l'article 113, où l'on parle
d'une espèce de lésion qui serait applicable au majeur, soient
éliminés les termes: "Tout consommateur dont le commerçant
a exploité l'inexpérience". Cela permettrait à la
jurisprudence et au juge qui entendrait les causes de pouvoir appliquer son bon
jugement et ce ne serait pas le seul critère qui ferait qu'à un
moment donné le contrat pourrait être annulé parce que le
commerçant aurait ambitionné.
Ce ne sont pas des amendements, en fait, ce sont des ajoutés que
nous voudrions apporter à la loi à propos des vendeurs
d'automobiles usagées et de la vente de terrains. L'association est
consciente que dans la question des vendeurs d'automobiles usagées, il y
a un problème qui découle de plusieurs lois qui sont
déjà adoptées, entre autres la Loi du fonds
d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles. Si, à un moment
donné, on suspend la conclusion du contrat à une clause
suspensive ou résolutoire, qui aura le droit de propriété?
Qui pourra être assuré durant ce temps? Il y a aussi la question
de l'usage du véhicule durant la période où la personne
peut demander l'annulation du contrat. Qui fixera les normes d'usage du
véhicule? Est-ce que ce sera le prix que les locateurs d'automobiles
peuvent demander? Nous comprenons que plusieurs principes et même des
droits d'assurance peuvent être impliqués là-dedans.
Cela ne veut pas dire, parce qu'il y a des problèmes, que ce
serait un domaine dans lequel il ne faudrait pas intervenir. En effet, les abus
sont assez criants. Du moins, c'est ce qu'il apparaît. Il y en a moins,
mais il y en a quand même encore beaucoup. Comme amorce, peut-être,
à la discussion qui, nous le concevons, est quand même difficile
parce que plusieurs lois entrent en ligne de compte, nous aimerions, quant
à nous, que le consommateur qui se prévaut de sa faculté
de résolution indemnise le vendeur pour la période d'utilisation
de l'automobile. De quelle façon? Eh bien, là, cela devient plus
difficile.
On prévoit aussi la manière dont le consommateur pourrait
se prévaloir de sa faculté de résolution: soit par la
remise de l'automobile à l'adresse du vendeur, ce qui est normal si on
inclut déjà le premier amendement qu'on voulait apporter, par le
fait que la remise du bien constituerait un avis par lequel on demandait la
résolution du contrat, ou par le moyen d'un avis à cet effet, si
la remise est impossible sans qu'il y ait faute de la part du consommateur.
Encore là, je vois assurément plusieurs difficultés qui
peuvent survenir.
Quant à la question du vendeur de terrains, c'est encore
difficile parce que la notion de commerçant sur laquelle est
basée cette loi, si je peux dire, en grande partie...
La jurisprudence, jusqu'à maintenant, prévoit que, dans le
cas d'un immeuble, on n'est pas commerçant parce qu'il n'y a pas
l'aspect de mobilité comme dans le cas d'un bien meuble. Disons quand
même que, quant à faire une loi de la protection du consommateur,
aussi bien l'inclure. Je comprends qu'il y a des problèmes, mais, comme
tentative d'amorce de solution du problème, nous aimerions que tout
contrat, quelle qu'en soit la qualification, ayant pour objet le transfert
immédiat ou éventuel de la propriété d'un terrain,
s'il résulte d'une sollicitation faite à un consommateur par une
personne qui fait le commerce de vendre des terrains, soit soumis, en les
adaptant, aux dispositions de cette section 4 portant sur les vendeurs
itinérants.
Nous aimerions aussi, comme amorce encore, que la désignation du
terrain s'effectue en la manière prévue par l'article 2168 du
code civil ou par la loi du lieu de sa situation. Nous aimerions aussi voir
ajouter que le consommateur puisse résoudre le contrat dans les 30 jours
de sa formation et non dans les 5 jours.
L'avis serait le même: Le consommateur se prévaut de sa
faculté de résoudre le contrat par un avis. Il faudrait aussi
prévoir, pour la protection des tiers, que le contrat ne peut être
enregistré avant l'expiration du délai prévu dans
l'article. Ce serait, par exemple 30 jours, ce que nous soumettons
"prévoyant la résolution du contrat dans les 30 jours de sa
formation".
La jurisprudence n'est peut-être pas tellement ferme sur ce point,
mais disons qu'anciennement, pour demander la résolution d'un contrat,
le principe général était que l'acheteur devait faire
attention, caveat emptor, cela nous venait du droit romain. Aujourd'hui, de
plus en plus, les tribunaux disent: Si l'acheteur n'est pas connaisseur dans la
chose qu'il achète, peut-être vaudrait-il mieux qu'il se renseigne
auprès d'experts, précédemment. A ce moment là,
nous croyons que ce serait dans la veine de la protection du consommateur que
de ne pas faire une obligation stricte à l'acheteur ou au consommateur
de faire appel à un expert à chaque reprise; ça pourrait
être très dispendieux dans différents cas.
On parle en dernier lieu de la réparation des
téléviseurs. Quant à nous, la réparation des
téléviseurs serait déjà couverte par la
définition
de bien, étant donné que le bien comprend
déjà un service et que la réparation des
téléviseurs est un service comme un autre; on l'a
mentionné là, parce qu'il y a eu beaucoup d'abus. C'est tout, je
vous remercie.
MME CASGRAIN: M. le Président, maintenant, si vous le permettez,
Me André Dufour, qui est un avocat de Québec, aurait quelques
remarques à ajouter à ce que vient de dire M. Lafontaine. Je
voudrais également vous dire que notre mémoire est appuyé
par la Fédération des femmes du Québec. Nous avons ici une
représentante, Mme Farrell, qui est avec une compagne, et elles
représentent le comité de la ville de Québec.
Alors, vous voyez que nous sommes tout de même structurées
malgré que nous soyons toutes des volontaires.
M. Dufour.
M. DUFOUR: M. le Président, si vous le permettez, simplement
quelques ajoutés sur des points assez particuliers au mémoire qui
a été présenté. Tout d'abord, le problème de
la remise de l'objet, sur lequel nous insistons, pour en faire une
procédure usuelle pose certains problèmes dans la mesure
où les gens n'utiliseraient pas la voie la plus sûre, à
savoir la poste recommandée. Dans la mesure où c'est
envoyé par la poste, ils ont un reçu, il n'y a pas de
problème. Mais si les gens vont reporter l'objet, comme ça se
produit souvent lorsqu'ils l'ont acheté dans un magasin tout près
de chez eux,il leur est souvent impossible de faire attester qu'ils ont bien
remis l'argent.
Enfin, l'expérience nous dicte que des gens disent: Bien,
écoutez, déposez-le où vous voudrez, moi, je ne vous
attesterai jamais que j'ai reçu ce bien. Il faudrait, je pense, forcer,
d'une certaine façon, l'individu qui a vendu un bien à attester
de la remise, à donner un reçu à l'effet qu'on lui a bien
retourné l'objet en question.
Deuxième point, c'est une recommandation très
générale je pense qu'il conviendrait, autant que possible,
dans le but de faciliter la tâche du consommateur, d'uniformiser nos
délais. Je pense à nos délais au Québec et, autant
que possible, nos délais avec ceux d'Ottawa. Si on pouvait en arriver
à une maxime populaire! On a cinq jours, un peu comme dans le domaine
des loyers, les gens pensent toujours aux fameux trois mois. C'est connu. C'est
devenu un dicton populaire, même si ce n'est pas toujours vrai. En
l'occurrence, si on pouvait en arriver à une uniformisation des
délais qui ferait que ce serait le même délai partout, je
pense que ce voeu mérite d'être pris en considération.
Troisième point, la formation du conseil consultatif.
Premièrement, je pense qu'il conviendrait que ce conseil, s'il est
représentatif des producteurs, le soit également pour 50 p. c.
des consommateurs. Il conviendrait aussi que, parmi ces consommateurs, on
essaie de voir représentées les associations qui, dans le
passé, ont été chargées de défendre les
intérêts des consommateurs, qui ont donc déjà une
expérience dans ce domaine. Je pense qu'il serait normal, par exemple,
que l'Association canadienne des consommateurs y soit
représentée.
Deuxièmement, quant à ce conseil, il serait
également souhaitable qu'on lui demande de faire un rapport annuel, tout
simplement parce qu'il est bon qu'un bilan soit fait d'une activité. Ce
bilan pourrait être déposé annuellement devant
l'Assemblée nationale. Je pense que ce document pourrait faire le point
sur le travail que fait ce bureau-là et qui serait un baromètre
pour permettre à l'opinion publique de juger de son travail.
Le point suivant porte sur l'office. Bien sûr, le bureau central
de l'office sera sans doute situé autour des bureaux du gouvernement
à Québec. Il se pose cependant le problème de son
accessibilité ailleurs. Nous recommandons donc que des bureaux de
l'office soient décentralisés et que l'on cherche à les
rendre le plus accessibles possible.
Au sujet de la publicité maintenant, on voudrait simplement
ajouter qu'elle est sans aucun doute un élément qui entre dans le
champ de compétence de la province. Nous disons que si la
publicité trompeuse a déjà été
englobée par le code criminel d'Ottawa, suivant la compétence
fédérale, il est indéniable que le Québec,
étant donné qu'il s'agit là d'une offre de vente, a, par
sa compétence sur le droit civil, un pouvoir de réglementation
sur cette publicité, l'offre de vente n'étant qu'une partie du
contrat, comme vous le savez.
Ce n'est pas tout de condamner une publicité trompeuse si le
contrat continue d'être valide. Il faudrait parvenir à annuler un
contrat qui repose sur la base d'une publicité trompeuse. On
souhaiterait également que, à l'exemple d'autres provinces, on
réglemente les ventes spéciales, comme ces ventes de feu qui
naissent de toutes sortes d'incendies ou ces ventes de liquidation qui n'en
finissent plus de se liquider. Il faudrait qu'on limite un peu la poésie
de certains vendeurs qui se laissent emporter dans le flot des ventes de blanc,
de rose, de jaune, etc.
Nous aimerions aussi appuyer les dires du ministres des Institutions
financières, M. Tetley, et lui apporter notre appui dans ce qu'il a
énoncé touchant les dossiers de crédit. Qu'il sache que
nous sommes de tout coeur et de toutes nos forces avec lui, pour faire en sorte
qu'un individu puisse avoir accès à son dossier de crédit.
Il se pose cependant le problème suivant: Si un individu estime qu'une
erreur s'est glissée dans ce dossier, s'il veut la faire corriger et
que, comme on peut le penser, l'autre partie n'est pas d'accord, qui va
trancher le problème? On peut, bien sûr, vous proposer que ce soit
l'office. Mais, pauvre lui! il ne
faudrait peut-être pas trop lui en demander.
C'est un mécanisme qu'il faudrait songer à mettre sur pied
pour trancher les litiges dans la correction des dossiers.
Parlant de dossiers, d'ailleurs, un problème que nous avons
soulevé, encore une fois, par les questions qui sont apportées
devant l'association, c'est celui du caractère étranger des
dossiers de crédit. Vous savez que les principales maisons qui ont des
cartes de crédit sont américaines. Elles n'ont aucun
représentant québécois, de sorte que si vous voulez forcer
ces gens à vous montrer leurs dossiers, nos subpoena n'ont aucune
espèce de validité à leur égard. Il faudrait donc
exiger que les grandes maisons de crédit américaines aient un
agent au Québec, un agent officiel qui possède un double de ce
dossier, sinon notre législation se voit absolument annulée par
le caractère étranger des grandes maisons de crédit.
Voici le dernier point que je voudrais aborder. Il se relie à ce
que je viens de mentionner. Le fait que les grandes sociétés qui
utilisent les cartes de crédit, soit les grandes maisons qui vendent de
l'essence ou encore l'American Express ou d'autres chargées de cette
branche d'activité, de services qui est tout à fait nouvelle, ont
ceci de particulier qu'elles pourraient, si elles le voulaient, mettre fin
totalement à l'efficacité de notre loi par le mécanisme
suivant... J'ai moi-même reçu un renouvellement de carte de
crédit récemment, et j'ai pris la peine de bien relire ce qui y
était inscrit. D'abord, je voudrais vous souligner que ce renouvellement
n'en était pas un puisqu'on avait changé les conditions de base
de cette carte. J'estime, moi, qu'on les a changées de façon
importante. Cela pourrait être discutable; rien n'empêche qu'on a
ajouté de nombreuses conditions qui n'y étaient pas le jour
où j'ai demandé ma première carte. De plus, cette carte,
il est précisé que je l'accepte à la condition qu'elle
soit sujette à la loi de New-York.
Je pense que cela ne nous sert absolument à rien de
légiférer sur les cartes de crédit si les
sociétés peuvent dans le régime de liberté
dont elles bénéficient, c'est tout à fait légal ce
qu'elles font imposer à celui qui prend la carte de soumettre ce
contrat à la loi de New-York. Moi, je ne peux pas m'opposer à
n'importe quelle de ces grandes sociétés, mais je pense que la
province peut protéger le consommateur en imposant qu'une carte de
crédit donnée à quelqu'un qui réside au
Québec soit soumise aux lois québécoises. En fait, rendre
illégal le fait que le contrat puisse être soumis aux lois de
New-York. Sinon, c'est un mécanisme facile et ouvert qui enlève
toute application à toute la section qui porte sur les cartes de
crédit. Cela la rend tout à fait inutile. Il n'y a pas une fichue
société qui va résister à ce mécanisme,
à cette ouverture dans l'avenir.
Voilà quelles sont les suggestions supplémentaires que
nous voulions faire. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Nous vous remercions. Y aurait-il d'autres commentaires
venant de l'association?
MME CASGRAIN: Un bref commentaire simplement pour vous dire que nous
espérons de tout coeur que, dès cette session, la loi pour
protéger le consommateur soit adoptée. Admettons qu'elle ne soit
pas aussi parfaite que vous le voudriez, mais nous en voulons une, quitte
à l'améliorer tous les ans, et nous vous reviendrons comme le
carême et les quatre-temps, si vous voulez.
M. LE PRESIDENT: Je cède maintenant la parole au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais tout d'abord remercier
Mme Casgrain, mesdames les membres de la délégation et les
avocats de leur mémoire qui est très important et très,
très intéressant. Le mémoire est important parce que
l'Association des consommateurs du Canada a une longue expérience, il y
a longtemps que cette association s'occupe des problèmes des
consommateurs. Nous notons tous, des deux côtés de la table, ses
connaissances du problème, et la grande valeur de son
mémoire.
Je voudrais noter aussi l'importance d'une association telle que
l'Association des consommateurs du Canada. Il faut une coopération entre
le gouvernement et le grand public. Le premier moyen, évidemment, c'est
avec les individus et le deuxième moyen, c'est avec des associations
telles que la vôtre. Nous sommes très contents de votre
coopération.
Je voudrais noter, M. le Président, que Mme Casgrain est venue,
en décembre, dans mon comté, parler des problèmes des
consommateurs à une réunion publique. J'apprécie beaucoup
ces rencontres. Nous avons pris note de vos commentaires. Moi et mes
légistes avons déjà lu le mémoire. J'ai surtout
remarqué que vous êtes la première à dire que c'est
du droit statutaire. C'est un grand changement dans l'esprit de la loi.
J'apprécie beaucoup que vous soyez d'accord. Evidemment, nous
avons modifié quelques principes du code civil qui s'inspiraient du
caveat emptor ou du "let the buyer beware". La question de la preuve, à
l'article 50, est troublante. Je cherche la solution. Au sujet des vendeurs de
terrains, il y aura une autre loi où nous protégerons la vente de
terrains, que ces derniers soient au Canada ou ailleurs. Aussitôt que
l'offre de terrains en Floride est faite au Québec, cette offre sera
visée par notre loi.
J'apprécie beaucoup, à la page 9 de votre mémoire,
vos quelques commentaires d'appréciation du projet de loi. Je crois
comme vous que le dialogue est très important, vous avez raison.
J'espère que nous allons dialoguer au moyen du conseil, les articles 74,
75, etc., et aussi par l'office parce qu'il est chargé, à
l'article 70 d), par exemple, de "promouvoir la création de
services destinés à protéger le consommateur et
coopérer avec ces services". Je répète que
j'apprécie beaucoup votre mémoire et nos légistes ont
déjà commencé, moi aussi d'ailleurs à
faire la conciliation de vos objections et de vos suggestions avec les
suggestions des autres personnes qui ont déjà
présenté des mémoires. Merci.
MME CASGRAIN: M. le Président, nous repartons avec l'espoir que
nous obtiendrons une loi dès cette session-ci.
M. TETLEY: Oui.
MME CASGRAIN: Peut-être que je parle à tort et à
travers, mais...
M. TETLEY: A cette session-ci.
MME CASGRAIN: ... c'est tellement sérieux. On reçoit des
appels téléphoniques; de plus en plus, on veut nous ennuyer avec
des ventes, des gens qui veulent nous donner des cours de langue, des gens qui
veulent nous vendre des disques, c'est incroyable! J'ai même gagné
un concours de danse, croyez-le ou non!
M. LE PRESIDENT: Vous n'avez pas d'objection à recevoir les
questions et les commentaires du député de Chicoutimi?
MME CASGRAIN: Pas du tout.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TETLEY: Moi, j'en ai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous me permettrez
tout d'abord de saluer très cordialement Mme le sénateur
Cas-grain et de lui rendre hommage pour le travail magnifique qu'elle a
accompli dans le domaine de l'émancipation de la femme et pour le
travail qu'elle a accompli dans tous les champs d'activités qui visent
le bien commun.
Elle a été appuyée par un grand nombre de femmes,
et je crois qu'il sied de rendre hommage et de remercier ces femmes qui ont
vraiment pris conscience de l'intégration de la femme dans la
société, des droits que doit avoir la femme, qu'elle a acquis
avec beaucoup de difficultés, mais qui doivent s'accroître afin
que la femme soit à tous égards dans notre société
du Québec et au Canada l'égale de l'homme.
Madame, je vous remercie et vous félicite, ainsi que les dames
qui vous accompagnent.
Je n'ai pas de question précise à vous poser, sinon pour
reprendre les propos de mon collègue et de mon confrère, le
ministre, M. Tetley. La plupart des sujets que vous avez abordés ont
déjà fait l'objet d'un examen. Je sais que le ministre, avec ses
fonctionnaires spécialisés, est à revoir les
différents problèmes qui nous ont été soumis.
Je note avec plaisir les observations qui ont été faites
concernant la dimension sociale que doit avoir cette loi. Il ne s'agit pas
simplement d'un problème juridique, mais bien d'un problème d'une
portée sociale. Naturellement, la loi qui nous sera
présentée ne sera pas parfaite; c'est une loi qui innove dans un
domaine qu'on n'avait pas encore vraiment touché. Par conséquent,
c'est progressivement que nous pourrons y intégrer chacune des
recommandations qui nous ont été faites sur des cas
particuliers.
Je voudrais simplement ajouter un petit commentaire sur ce qu'a dit Me
Dufour concernant les cartes de crédit. Il a bien raison de se plaindre
de la façon dont on use de ces cartes de crédit. En effet, les
cartes de crédit proviennent de sociétés
étrangères dont le siège social est situé, la
plupart du temps, à l'extérieur du Canada. Il n'y a pas d'agent
officiel qui puisse communiquer avec nous. D'autre part, il y a des
difficultés de communications très importantes lorsque nous avons
des représentations à faire à ces sociétés
qui, bien généreusement, veulent nous doter de l'instrument de la
carte de crédit.
Je rappelle une expérience personnelle que j'ai faite avec
American Express. A un moment donné, je me suis retrouvé avec
cinq cartes de crédit au nom de J. Tremblay. Dans l'immeuble où
se trouvait mon appartement, il y avait cinq Tremblay dont le prénom
commençait par J. J'avais donc cinq cartes de crédit et je
recevais, en même temps, les états de compte des quatre autres qui
s'en servaient généreusement alors qu'American Express m'avait
interdit, jusqu'à examen ultérieur, d'utiliser la mienne. Cela
souligne l'importance du problème qu'a évoqué tout
à l'heure Me Dufour.
M. le Président, je ne veux pas prolonger ces observations, mais
je remercie, encore une fois, madame le sénateur, ses collaboratrices et
les personnes qui l'accompagnent du mémoire qu'elles nous ont
présenté. Le ministre en a pris bonne note, nous assurant que
cette loi sera présentée lors de la prochaine session, ce que
nous voulons bien l'aider à faire en accélérant le travail
de la commission.
M. LE PRESIDENT: Merci. L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Madame le sénateur, je
voudrais vous poser quelques questions parce que, de par vos fonctions, je sais
que vous avez toujours porté un regard attentif à une
administration fédérale tout près de votre fonction. Il
s'agit du ministère de la Consommation. Nous avons eu l'occasion de
constater le travail fait par madame MacInnis, la seule femme
représentant les dames au Parlement d'Ottawa, tout comme ici, à
Québec, nous n'en avons qu'une. Cette dame qui s'est bien
dévouée n'a pas semblé remporter tellement de
victoires pour les consommateurs, sauf pour des bagatelles. Au départ,
quand le projet de loi a été présenté au
Québec, nous avons demandé au ministre que le bill ait des dents,
par exemple, qu'il fixe le taux d'intérêt.
Vu qu'un bill de la consommation existe déjà au Canada, je
voudrais que vous nous apportiez des exemples concrets de résultats
pratiques pour le consommateur et non pas des luttes qui ont été
stériles, comme j'ai eu l'occasion de le constater.
MME CASGRAIN: A l'heure actuelle, le projet de loi que madame Mclnnis
défend aux Communes... Est-ce de celui de l'étiquetage et de
l'emballage que vous voulez parler?
M. DUMONT: Oui, mais, enfin, elle défend en général
le consommateur.
MME CASGRAIN: II n'est pas encore définitivement adopté.
L'Association des consommateurs du Canada travaille à protéger le
consommateur depuis au-delà de vingt ans. Une des bonnes choses, c'est
la sensibilisation du consommateur.
Plus que jamais, on se rend compte des difficultés que le
consommateur doit surmonter. Si vous passiez une journée à
écouter les téléphones, les plaintes et les
recommandations qui nous arrivent de toute part, c'est une bonne chose.
Au point de vue pratique, je crois, par exemple, qu'au sujet des
appareils auditifs, les gens maintenant sont beaucoup plus prudents. Ces
appareils se vendent un peu partout. J'ai justement parlé à Mme
Maclnnis avant-hier, et elle est en faveur de cette unité de poids..
Parce que vous allez dans les grands magasins et vous ne savez jamais au juste
ce qu'il y a dans certaines boites qui vous sont offertes. Alors, je ne vous
dis pas que c'est l'idéal, mais il y a un changement énorme. Nous
nous rendons compte que, partout dans le pays, comme ici au Québec, le
consommateur est maintenant sensibilisé et il ne laissera plus les
choses aller comme elles allaient autrefois. Je rends hommage à Mme
Maclnnis qui est aux Communes. Nous sommes chacune, à notre
façon, "tannantes" des deux côtés. Et je crois que les
députés de la Chambre des communes, comme les membres du
Sénat, sont conscients de ce qui se passe et j'espère que nous
allons avoir des résultats positifs. Quand j'ai été
choisie comme présidente de l'association dans le Québec, il
n'était pas question que je sois là-bas, mais je suis contente de
cette occasion qui m'est offerte et vous pouvez être assurés
qu'avec votre aide, nous allons faire tout ce qu'il faut pour protéger
les malheureux consommateurs du Québec.
M. DUMONT: Mme le Sénateur, vous nous donnez un exemple justement
au sujet d'un appareil auditif, je peux me faire attrapper pour $50; mais si,
d'autre part, je m'achète une automobile et je la place à un taux
d'intérêt élevé par une société de
crédit, est-ce que vous êtes en faveur que les taux
d'intérêt de la part des sociétés de crédit
soient limités?
MME CASGRAIN: Certaines demandent des taux franchement exorbitants.
Alors quand on exige des 15 p. c, des 20 p. c, quand le pauvre malheureux a
fini de payer, c'est presque plus cher que la valeur de la voiture.
M. DUMONT: Vous pourriez suggérer une idée approximative
qui serait un taux normal d'intérêt?
MME CASGRAIN: J'aimerais mieux demander aux avocats. Quant à moi,
les taux normaux, je ne paierais pas d'intérêt du tout.
M. DUMONT: Bonne remarque, madame. Nous sommes d'accord avec vous. Sans
rémunération.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez dire ça à M. Caouette, Mme
Casgrain, j'espère, c'est un vendeur de voitures.
MME CASGRAIN: Oui, on sera encore plus amis.
M. DUMONT: J'ai toujours considéré Mme le sénateur
très gentille, je sais qu'elle accepte le député de
Chicoutimi comme M. Caouette.
MME CASGRAIN: D'ailleurs, j'ai déjà
été...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec moins de plaisir.
M. DUMONT: Probablement parce que vous êtes
célibataire.
MME CASGRAIN: Si ça peut vous faire plaisir, j'ai
déjà été candidate contre M. Caouette, dans le
comté de Maisonneuve.
M. DUMONT: Alors, la prochaine fois on demandera à M. Caouette
d'être contre M. Tremblay, et ça ira bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous céderai ma place, madame, avec
beaucoup de plaisir.
MME CASGRAIN: On va y aller ensemble. M. LE PRESIDENT: Merci
infiniment.
M. DUMONT: Mais est-ce que l'avocat pourrait donner ce taux qu'il juge
normal?
M. LAFONTAINE: Dans la loi qui existe déjà et qu'on nous
propose, il faut remarquer
que la vente conditionnelle n'existera plus. Les principaux abus que
l'on voyait là-dedans, à part le taux d'intérêt,
c'était surtout le fait qu'une personne pouvait faire des paiements, par
exemple, pendant douze ou quinze mois et, à un moment donné, elle
tombait en chômage, ou quelque chose de semblable; à ce
moment-là elle ne pouvait pas faire ses paiements.
Les sociétés de crédit attendaient un mois, deux
mois, puis commençaient à appeler, à envoyer des
télégrammes et à faire des pressions en disant qu'elles
feraient tout vendre, qu'elles mettraient le consommateur dans le chemin et
à la fin du compte, on reprenait l'automobile. Alors le contrat, tout
à fait légal, leur permettait de la vendre à qui elles
voulaient et au prix qu'elles fixaient. Et on sait qu'en pratique,
c'était arrangé avec le garage qui achetait la voiture à
un prix réellement inférieur.
Aujourd'hui, par la nouvelle Loi de la protection du consommateur, la
personne sera dégagée de ses obligations par le fait qu'elle a
remis le véhicule qu'elle ne peut pas payer. Anciennement, en vertu de
la vente conditionnelle, elle demeurait responsable pour le solde qui demeurait
dû entre le prix de revente de l'automobile et le montant de l'obligation
qu'elle avait. Cela aura pour effet, d'abord, de rendre les compagnies de
finance beaucoup plus "précautionneuses", pour employer un terme de
jargon, en ce sens qu'elles vont prêter pour l'achat d'une automobile,
mais elles vont s'arranger, par exemple, pour que l'automobile ait toujours une
valeur au moins égale au montant du prêt qu'elles ont
consenti.
Cela va éviter, entre autres, les fameux refinancements qui font
qu'une personne avait une troisième automobile alors qu'elle n'avait pas
encore payé la première. Par le fait qu'on enlève la vente
conditionnelle, il y a déjà une grande partie des abus des
compagnies de finance ou des compagnies prêteuses qui sera
éliminée.
Ce sera certainement une opinion personnelle que vous aurez de ma part
au sujet du taux d'intérêt parce que je ne représente
personne, bien entendu. Je crois que le taux d'intérêt... Je
comprends que le risque est plus fort que lorsqu'une personne emprunte sur
hypothèque ou quelque chose de semblable parce qu'un bien meuble peut
changer de place plus facilement et qu'il est plus facile de le
détériorer.
M. DUMONT: Les compagnies de finance nous ont dit qu'elles n'avaient
pratiquement pas de pertes.
M. LAFONTAINE: C'est exact, d'après les statistiques que j'ai
lues. Il semblerait qu'il y ait 2 p. c. de pertes annuelles. Etant donné
que les banques ont à peu près le même taux de pertes,
pourquoi ne serait-ce pas un intérêt bancaire non pas
privilégié, mais un intérêt bancaire ordinaire sur
les prêts, qui serait aujourd'hui d'environ 12 p. c? Je considère
que ce serait normal. Mais les principaux abus sont quand même
éliminés, étant donné que la vente conditionnelle
n'existe plus en vertu du projet de loi qui, je le souhaite, sera
accepté bientôt, parce qu'il faut dire étant
moi-même au courant des pratiques courantes que les requins sont
actifs aujourd'hui et qu'ils en profitent. Il n'y a pas beaucoup de provinces
qui n'ont pas encore de législation. Il n'y en a plus que deux. Alors,
ils en profitent. Ils savent que cela s'en vient et nous sommes
débordés présentement.
M. DUMONT: Merci, madame. Merci, monsieur. J'ose espérer, M. le
ministre, que vous prendrez bonne note des 12 p. c. d'intérêt,
même si nous n'en sommes pas encore à l'absence
d'intérêt.
M. TETLEY: Oui. Croyez-vous je pose cette question parce que je ne
suis ni vendeur d'automobiles, ni ancien vendeur qu'on puisse fixer le
taux d'intérêt dans une économie sans fixer en même
temps les prix, les rentes, les salaires, les taxes, les profits et les
salaires des députés?
M. DUMONT: On peut sans doute fixer un plafond. Comme on vient
d'entendre la voix de l'expérience, je m'en remets à ceux qui en
ont.
M. TETLEY : Sans reprendre la question habituelle du
député de Chicoutimi, votre chef, M. Samson, est vendeur
d'automobiles. Avez-vous une idée du taux d'intérêt qu'il
prend, à l'heure actuelle?
M. DUMONT: Je pense que si le taux d'intérêt était
plafonné à 12 p. c, il vendrait lui aussi deux fois plus
d'automobiles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II en reprendrait tout autant. En tout
cas...
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions de la part des
membres de la commission, il me reste à remercier encore une fois
très chaleureusement les représentants de l'Association des
consommateurs canadiens de leur mémoire. Je crois vraiment que la
présente commission et les légistes qui vont rédiger le
projet final vont certainement tenir compte de plusieurs de ces
recommandations.
MME CASGRAIN: Merci mille fois, M. le Président. Nous allons
continuer à travailler.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais maintenant le représentant de la
maison Editions Françaises Inc. à commenter son mémoire.
Je m'excuse, mais à la suite d'une entente intervenue ce matin, il a
été covenu par les représentants de la
Fédération des sociétés de financement qu'on
laissait déposer les Editions Françaises Inc. ainsi que
l'organisme qui a déposé le mémoire numéro 36. Par
la suite, nous entendrons la présentation du mémoire
numéro 20. Les Editions Françaises Inc.
Editions Françaises Inc.
M. CHOQUETTE: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres du
comité, j'invoque votre indulgence, car ce n'est qu'à la
dernière minute qu'on m'a demandé de venir remplacer Me Georges
Roy qui devait commenter le mémoire des Editions Françaises Inc.
que je représente ce matin. Les Editions Françaises Inc. sont les
distributeurs exclusifs de Larousse. J'insiste sur ce point. Par
conséquent. Editions Françaises veut dire Larousse, veut dire des
livres éducatifs et culturels.
Je pense qu'il n'y a pas d'équivoque sur cette question-là
et quand on mentionne livres éducatifs et culturels, en langue
française, ce sont les Editions françaises Inc. qui distribuent
et vendent des produits encyclopédiques: dictionnaires,
encyclopédies d'histoire, de jeunesse, de science, etc. Quand il s'agit
du commerce du livre, à notre humble avis, il faut penser au mot
exception. Depuis des années, dans la province de Québec, on
parle de gratuité scolaire, de livres, etc. Je crois qu'il ne serait pas
exagéré de dire que, dans la mentalité de plusieurs
personnes, on pense qu'on peut se procurer le livre gratuitement et je pense
que, dans bien des cas, des consommateurs vont se procurer une automobile, une
moto-neige, tout ce dont ils ont besoin et, en dernier lieu, des livres.
Tout ceci pour dire qu'il faut faciliter la distribution et la vente du
livre, et quand je parle du livre, je parle du livre éducatif et
culturel. Je crois que dans le contexte actuel, c'est le meilleur gage pour
assurer la culture française, préserver la langue
française. La seule façon de vendre le livre éducatif et
culturel est la vente directe. Tout le monde sait que, dans ce commerce, il n'y
a pas de circuit, de librairies organisées à travers la province
qui peuvent permettre aux gens d'avoir à la portée de la main les
livres.
L'ancien ministre des Affaires culturelles ne semble pas d'accord.
Disons que je me suis peut-être mal exprimé, ce que je veux dire
c'est qu'on ne peut pas traiter le livre sur le même pied que toutes les
autres marchandises. Quand on parle de vente à pression, de vente
directe, cela peut répugner à certains, mais je crois que c'est
la meilleure façon de convaincre les gens d'acquérir des livres
éducatifs et culturels.
Je soumets que pour faciliter la vente du livre, il faut en faciliter le
paiement par l'acheteur. Vous pouvez aujourd'hui vous procurer toutes sortes de
produits: automobiles, motos-neige, etc, vous pourrez toujours trouver une
institution financière qui vous permettra de les acheter. Personne en
garantie du paiement d'une somme d'argent, n'acceptera des livres. L'acheteur
de livres a beaucoup plus de difficultés qu'un autre à se
procurer l'argent nécessaire pour payer comptant. Je comprends que dans
le cas d'encyclopédies, les prix peuvent être élevés
et on peut rétorquer que c'est encourager le consommateur à
s'endetter davantage, mais je crois que le consommateur qui achète
à crédit une encyclopédie Larousse, par exemple,
s'endette, d'accord, bien souvent n'a pas l'argent nécessaire pour
l'acheter, mais je crois que c'est un bon placement pour la
génération future, pour les descendants de cet acheteur de
livres.
Dans le texte de loi, il est question de 15 p. c. payables comptant lors
de la vente à tempérament.
Ceux qui connaissent le commerce du livre vont tous être d'accord
pour dire je ne parle pas de ceux qui en ont les moyens que le
paiement initial qui se fait sur l'achat de livres éducatifs et
culturels a été établi à 5 p. c. en moyenne. La
majorité des gens n'aura pas les moyens de payer les 15 p. c. au moment
du contrat d'achat. Ils ne pourront pas trouver d'institution
financière, comme je l'ai dit tantôt, pour les financer. Ils
devront peut-être obtenir un prêt personnel. Il y aura alors un
double financement.
Voici une autre remarque que nous faisons au nom des Editions
françaises. Je crois qu'elle est appropriée, surtout dans le cas
du livre culturel et éducatif. On ne voudrait pas que la signature du
contrat par le démarcheur je suis fier d'employer cette
expression; il n'y a pas tellement longtemps que je la connais, mais
démarcheur serait le terme approprié pour désigner un
vendeur itinérant lié à la compagnie ou la personne
qu'il représente. Cela devrait être soumis à la compagnie
que représente le démarcheur dans l'intérêt du
consommateur. On pourrait faire, par exemple, une enquête sur le
crédit du consommateur dans le but de le protéger.
Quant aux cinq jours pour résilier le contrat, nous soumettons
respectueusement que, dans le cas du livre culturel et éducatif, cela
est impensable. Je crois que les cinq jours pour la résiliation du
contrat devraient commencer à compter de la livraison de la marchandise
et non à compter de la signature du contrat. Quelqu'un peut se procurer
de beaux dictionnaires, les utiliser pendant cinq jours, les
détériorer et, au bout de cinq jours, retourner cette
marchandise. Je crois qu'il serait plus équitable que les cinq jours
commencent à compter de la livraison de la marchandise.
Les Editions françaises que je représente sont d'accord
avec l'ensemble du projet de loi. Elles tenaient à ce que je fasse ces
quelques remarques au sujet du mémoire qu'elles ont
déposé. Je conçois difficilement je me permets de
le dire en terminant que l'on puisse traiter le livre éducatif et
culturel comme tout autre marchandise.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Choquette. Vous n'avez pas d'autre
représentation pour l'instant?
M. CHOQUETTE: Le tout est complété par notre
mémoire qui a été déposé devant le
secrétaire de la commission.
M. LE PRESIDENT: Merci. L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Merci, Me Choquette. Vous avez
posé une question assez difficile. Vous voulez une réglementation
ou une loi à l'effet que les livres éducatifs et culturels ne
soient pas soumis à toutes les exigences de la loi. C'est un
problème pour plusieurs raisons. Nous recevons des plaintes pas, de vos
clients, mais de vendeurs itinérants qui vendent des livres. Si la loi
fait une distinction entre un vendeur et un autre, c'est possible que la
ménagère ou la consommatrice ne puisse pas à moins
d'être avocat savoir, lorsqu'il y a quelqu'un à la porte,
si la loi s'applique ou non à cette personne. Cela est un grand
problème. D'autre part, j'apprécie beaucoup vos remarques.
Evidemment, le gouvernement favorise l'éducation et la culture. Il faut
quelques accommodements. Nous allons considérer avec soin vos
remarques.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté avec grand intérêt la lecture du
mémoire que nous a faite Me Choquette, mon confrère de droit.
J'ai noté ses propos, qui sont forts valables et pertinents.
J'aurais toutefois à lui poser une question: Est-ce que la maison qu'il
représente, soit les Editions françaises Inc., est
affiliée ou associée au Conseil supérieur du livre?
M. CHOQUETTE: Oui, M. le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De quelle façon?
M. CHOQUETTE: Je vous avoue que je ne peux pas vous répondre ce
matin. Je regrette. M. Fernand Bérubé, qui est le
président, a dû s'absenter d'urgence à la dernière
minute. Il pourrait vous répondre, mais moi, je ne le peux pas. La
réponse est que les Editions Françaises sont membre du Conseil
supérieur du livre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que les Editions françaises font
partie du Conseil supérieur du livre à titre de libraire, de
distributeur ou d'éditeur?
M. CHOQUETTE: A titre d'éditeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A titre d'éditeur. Elles paient une
cotisation au Conseil supérieur du livre et reçoivent ainsi les
avantages des subventions qu'octroie le ministère des Affaires
culturelles.
M. CHOQUETTE: Elles ne reçoivent pas de subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas de subventions. Donc, elles ne font pas
partie du Conseil supérieur du livre. Je vous pose cette question
simplement parce que je ne mets pas en doute la validité des
observations que vous avez faites concernant la Loi de protection du
consommateur. Si je ne présume pas des faits, si les Editions
françaises ne font pas partie du Conseil supérieur du livre au
même titre que le sont les libraires, les éditeurs et les
distributeurs-grossistes, j'aurais été heureux que les gens du
Conseil supérieur du livre nous fassent connaître leur avis
à ce sujet. Nous avons eu beaucoup de difficultés avec ces
agences qui, en somme, créent une interférence dans le travail de
propagation du livre culturel dans le Québec. Est-ce que vous avez un
siège social à Montréal?
M. CHOQUETTE: Un siège social à Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, et qui est rattaché à celui
de Paris.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme pour les maisons Hachette, Hatier.
M. CHOQUETTE: Notre maison est rattachée à Larousse comme
distributeur exclusif. C'est une corporation indépendante que les
Editions françaises. Nous sommes distributeurs exclusifs de
Larousse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les ouvrages Larousse ne peuvent pas
être vendus...
M. CHOQUETTE: ... par d'autres que par les Editions
françaises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement ce à quoi je voulais en
venir. Vous n'êtes donc pas membre du Conseil supérieur du livre,
et vous êtes dans un état de concurrence avec un organisme que
subventionne le gouvernement en vue d'aider la diffusion de la culture et de
protéger le consommateur du livre. Cela n'invalide pas vos
représentations, Me Choquette, mais elles me laissent naturellement un
peu perplexe sur le caractère de représentativité de votre
organisme en ce qui concerne ce problème de la promotion de la culture
dont vous avez parlé. A tout événement, vos observations
ont été notées par le ministre et nous sommes d'accord,
quant à moi, sauf pour les 15 p. c,
parce que j'ai maintenu une position là-dessus, c'est que si vous
vendez une encyclopédie qui coûte $400, il y aura un paiement
initial de $60 à faire. Vous estimez que cela est trop
onéreux.
M. CHOQUETTE: Selon notre expérience dans le commerce du livre,
ce qui va arriver, c'est que seulement les gens fortunés vont pouvoir se
procurer des livres. Notre expérience est que, dans l'achat de livres,
les gens paient en moyenne 5 p. c, ils n'ont jamais payé plus que 5 p.
c. Si vous laissez dans la loi les 15 p. c. et s'ils s'appliquent à
nous, nous allons être obligés de fermer le département de
courtage. C'est inutile. Nous allons opérer à perte, pas assez
pour continuer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pourriez passer par les distributeurs que
réunit le Conseil supérieur du livre?
M. CHOQUETTE: Oui, mais... Je comprends qu'en principe, le
député de Chicoutimi, ancien ministre des Affaires culturelles,
est d'accord sur mes remarques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec vos observations sur le
projet de loi 45.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remercie M. Choquette pour
son mémoire et pour toutes les informations qu'il nous a fournies.
J'ai cru comprendre, en vous écoutant tout à l'heure,
qu'il y aurait quelques réserves en ce qui a trait à
l'application de la loi concernant votre compagnie.
M. CHOQUETTE: Pas notre compagnie. Quelques réserves en ce qui
concerne les livres éducatifs et culturels.
M. ROY (Beauce): En général. M. CHOQUETTE: Oui.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous pouvez nous énumérer les
inconvénients ou les désavantages, si vous voulez, qu'il peut y
avoir du fait que tout ce qui regarde les livres peut être soumis, par
exemple, à la loi qu'on présente?
M. CHOQUETTE: Les remarques, je viens de les faire. J'ai parlé
des 15 p. c, j'ai parlé des cinq jours accordés au consommateur
pour résilier son contrat. Je m'en tiens aux remarques que j'ai faites.
Quant au reste du bill, je ne veux pas le discuter. J'ai voulu attirer
l'attention de la commission sur certains points seulement parce que les gens
que je représente sont d'accord sur le bill, en principe. Alors je m'en
tiens simplement aux quelques remarques que j'ai faites, aux points que j'ai
soulignés: les 15 p. c, les cinq jours pour la résiliation du
contrat, etc. Quant au reste du bill, je ne veux pas le discuter. Nous sommes
d'accord là-dessus.
M. ROY (Beauce): En somme, vous n'avez pas d'objection à ce que
les maisons d'édition comme la vôtre soient soumises à la
Loi de la protection du consommateur.
M. CHOQUETTE: En général, non. Je crois qu'on doit faire
des exceptions sur les différents points que j'ai mentionnés
à la commission. Nous sommes d'accord et nous nous réjouissons du
principe de ce bill, qui est nécessaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Me Choquette, votre compagnie est déjà
visée par les 15 p. c. en vertu du code civil, la vente à
tempérament, les articles...
M. CHOQUETTE: Non. Je crois qu'en vertu du code civil, nous
bénéficions de l'exception qui est prévue pour la vente
à tempérament.
M. TETLEY: D'accord.
M. CHOQUETTE: Jusqu'ici, nous avons toujours
bénéficié de l'exception prévue au code civil.
M. TETLEY: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Pas d'autres questions? Merci, Me Choquette.
J'invite maintenant l'Association féminine d'éducation et
d'action sociale, représentée ici, je crois, par Mme
Cécile-G. Bédard et Mme Madeleine Plamondon.
Association féminine d'éducation et
d'action sociale
MME PLAMONDON: Comme vous l'avez si bien dit tantôt, nous ne
sommes pas des femmes avocates. Nous sommes des femmes de maison. Notre
association de 35,800 membres n'a pas les moyens, si vous voulez, de se payer
un avocat. Donc, vous prendrez nos remarques comme venant de consommatrices qui
jouissent des media d'information, si vous voulez, mais qui ne peuvent pas
consulter un avocat à tous les cinq jours.
La femme est celle qui administre la plus grande partie des revenus qui
arrivent au foyer, et l'AFEAS c'est l'abréviation pour
l'Association féminine d'éducation et d'action sociale
en...
M. LE PRESIDENT: Madame, nous serions
heureux de savoir s'il s'agit de Mme Bédard ou de Mme
Plamondon.
MME PLAMONDON: Je suis Mme Madeleine Plamondon.
M. LE PRESIDENT: Mme Plamondon.
MME PLAMONDON: Dans son souci de garder la consommatrice bien
informée, dans sa préoccupation de la sensibiliser aux obstacles
qui se dressent pour faire échec à l'équilibre du budget
familial, notre association consacre deux études sociales sur dix,
chaque année, à la consommation. Des ateliers de travail sont
formés par les cercles à travers la province et il en sort des
actions sociales qui se traduisent par des pressions et des revendications.
Notre rôle en est un d'information et de revendication mais nous
sentons bien que nos instruments sont à demi efficaces car de nouveaux
produits sortent chaque jour, propulsés par une publicité sur
laquelle nous n'avons aucun contrôle. Des vendeurs avec ou sans permis,
comme on en a vus tantôt, viennent dans nos maisons, même s'ils n'y
sont pas convoqués et nous forcent presque à acheter des articles
qui ne sont pas dans nos projets d'achat.
Quand nous soupçonnons qu'un produit alimentaire ne rencontre pas
les normes, il n'y a pas de laboratoires rapprochés, faciles
d'accès où nous puissions le faire analyser. Ici, je pense aux
viandes au sujet desquelles nous avons des plaintes, dans notre région
et à l'association.
Quand voyez-vous annoncée, dans un journal ou à la
télévision, une liste d'adresses qu'il est essentiel de
connaître pour la consommatrice pour qu'elle se renseigne mieux et pour
exposer ses griefs? Les personnes qui se spécialisent dans la protection
du consommateur pourraient rendre ces listes publiques. Des formules de plainte
pré-adressées pourraient être laissées sur les
comptoirs des bureaux de poste, dans les banques, les caisses populaires ou
autres endroits achalandés.
Ici, je me suis adressée à un organisme qui s'occupe de la
protection du consommateur et on m'a donné dix adresses
différentes, dépendant de la plainte que j'avais à
formuler. Cela s'adressait autant au ministère fédéral
qu'au provincial.
Quand vous téléphonez au gouvernement, on vous renvoie
à quatre ou cinq numéros ou personnes avant d'obtenir celle qui
peut vous répondre. Cela veut dire que la femme qui a acheté une
livre de viande qu'elle soupçonne être de la viande d'ours au lieu
d'être du boeuf, comme c'est annoncé, elle abandonne et
décide simplement de changer de magasin pour ensuite profiter d'un autre
spécial. La femme est exploitée continuellement.
En ce qui concerne la publicité et l'étiquetage, le
fédéral et le provincial viennent en conflit, à notre
point de vue. D'ailleurs, vous l'avez vu avec les sous-articles 97 k) et m) du
projet de loi; souvent on reçoit des directives du fédéral
en ce qui concerne l'étiquetage, et vous parlez aussi de faire des
normes.
L'abolition d'une annonce, et le bureau de protection du consommateur.
Certaines annonces sont nuisibles au bien commun telles celles sur les
cigarettes. Nous recevons encore des directives du fédéral ou,
à tout bout de champ, des avis dans la presse déclarant que les
annonces sur la cigarette seront abolies et que ça relève de M.
Munroe, du fédéral. Est-ce que ça voudrait dire que si
vous trouvez que c'est nuisible vous pourriez abolir la publicité sur la
cigarette?
Les compagnies de finance ont des experts pour transmettre leur
publicité. Certaines sont réellement cruelles, parce que celui
qui emprunte dans une compagnie de finance est censé être un homme
bien vu dans sa communauté. Tout cela pour l'inciter encore à
emprunter. C'est immoral. Est-ce que cela est de votre ressort de juger de la
moralité d'une annonce, en plus de la véracité des
conditons d'achat?
La femme ne peut savoir la valeur réelle d'un produit
qu'après l'avoir essayé, et souvent sur les instances d'une
publicité mensongère. Les pouvoirs de l'Office de la protection
du consommateur seront-ils suffisants? Pourra-t-il dire publiquement, par
exemple, que 20 onces de jus de tomate, qualité de choix, valent une
autre boîte de 20 onces de jus de tomate, qualité de choix, ou
s'il y a une différence? Ici, je me réfère à ce que
j'ai vu récemment dans la presse à propos d'un office de la
protection du consommateur aux Etats-Unis qui vient de déclarer que
l'eau de javel c'est de l'eau de javel et qu'on ne devrait pas, si vous voulez,
regarder l'annonce publicitaire. Mais la consommatrice qui lit sur
l'étiquette les ingrédients qui composent un produit, si ce sont
des termes auxquels elle n'est pas habituée, elle pourra se laisser
influencer par l'annonce publicitaire.
Je vais donner un autre exemple, les comprimés qu'on annonce;
prenez le plus petit, pour le mal de tête, et le plus gros, qui a tant de
grammes de plus. L'Office de la protection du consommateur pourra-t-il dire: Un
comprimé pour le mal de tête en vaut un autre?
Cet office pourrait-il forcer les compagnies à divulguer la
valeur réelle d'un produit, une fois le coût de l'emballage et de
la publicité enlevé? Sur son dollar d'achat, que reste-t-il
à consommer en réalité? Ici, je pense, par exemple, aux
pâtes alimentaires qui se vendent emballées de cellophane et,
quand c'est un cartonnage, c'est un peu plus dispendieux. Je pourrais prendre
l'exemple de l'essence; lorsqu'on fait le plein à certains endroits de
la province, il peut y avoir une différence de $0.15 le gallon. Quel
pouvoir pourriez-vous avoir là-dessus?
Quand le bill 45 deviendra loi, n'y aura-t-il qu'un compte rendu dans
les journaux, que
quelques copies envoyées à celles qui en feront la demande
ou tiendra-t-on des séances publiques d'information examinant cette loi
qui régira nos actes de chaque jour?
J'aimerais, en parlant de cette diffusion de la loi, qu'elle soit
vulgarisée. J'ai vu des avocats parler en des termes que la plupart des
consommatrices ne comprendraient pas. Mais, pourtant, si elles se font
attraper, c'est par une loi qui est discutée par des gens qui parlent
dans un jargon que la consommatrice ne comprend pas. Le bill 45 ne
prévoit pas l'identification des produits québécois ni de
quelle façon on entend contrôler l'innondation de produits
étrangers au détriment des nôtres.
L'Association féminine d'éducation et d'action sociale
comprend parmi ses membres beaucoup de familles du milieu rural. N'y aurait-il
pas moyen de mettre un sceau qui identifierait les produits
québécois, par exemple le fromage, les viandes, les sous-produits
du lait, au lieu de compenser par des lois d'autres ministères?
Nous nous inquiétons aussi du fait que, parmi les descriptions de
vendeurs itinérants, on ne mentionne pas les vendeurs d'assurances qui
sollicitent les familles, sans y être invités, à augmenter
leurs assurances. Rivalisant avec les colporteurs d'encyclopédies qui
vendent un service au lieu d'un livre, le vendeur d'assurances planifie votre
sécurité pour vous et se sert de ce prétexte pour vous
faire débourser des primes additionnelles. C'est un contrat qui est
payable en vingt ans. Ce qu'aucune compagnie de finance ne ferait.
Le consommateur qui délaisse une police bon marché pour
entrer dans un de ces plans peut toujours laisser le plan et l'annuler, bien
sûr. Mais sa première police ne peut être rachetée au
même taux. Nous proposons donc qu'une période de quinze jours soit
aussi laissée au consommateur qui voudrait changer d'idée lors de
la signature d'un contrat d'assurance et, cela, sans préjudice.
Un peu comme les encyclopédies, si les agents d'assurance veulent
vendre leur plan d'assurance, qu'ils changent leur publicité. La
législation proposée se limite aussi aux autos usagées.
Sur ce point, nous proposons que, dans les vendeurs itinérants, soient
aussi inclus les vendeurs d'autos neuves. Car sous le prétexte d'offrir
une automobile de l'année à un client éventuel, le
marchand peut se rendre le visiter et parvenir à lui vendre une auto
usagée. En passant par ce prétexte, il parviendrait à ses
buts sans enfreindre la loi.
En ce qui concerne la publicité qui s'adresse directement aux
enfants, nous en recommandons l'élimination. Car aux heures où
passe cette publicité, l'enfant reste seul devant l'appareil, alors que
la maman est affairée aux repas et qu'elle ne peut expliquer la
différence entre ce qui est promis et ce qui est vendu.
Je pense à une expérience. J'ai sept enfants. Au mois
d'octobre, j'ai demandé aux enfants ce qu'ils voulaient pour Noël,
avant que la publicité commence. La liste n'était plus la
même au mois de décembre. C'étaient des "Crissy", de
petites poupées qui pleurent puis des "Ants in the Pants" et tout ce que
vous voulez.
Est-ce que la consommatrice pourrait poursuivre une compagnie dont le
produit ne correspond pas aux effets promis par la publicité? Si oui,
par quels moyens? Je vous laisse le choix des exemples.
Nous recommandons, premièrement, que le Bureau de protection du
consommateur ait les pouvoirs de renseigner le consommateur sur les valeurs
réelles d'un produit. Deuxièmement, qu'il puisse faire une
enquête quand une hausse de prix lui paraît injustifiée et
que les résultats en soient rendus publics. Vous allez dire que je
reviens toujours à des exemples de nourriture et à des produits
pour la maison. Mais si vous multipliiez par 100, vous verriez que cela fait
beaucoup d'argent à la fin de l'année. Je pense à du
café que l'on vendait $0.79 la livre, l'année dernière,
à la même date et que l'on vend $0.99 aujourd'hui. Si vous aviez
acheté quelque chose à $800 l'année dernière, et
qu'on le vendrait $1,000 maintenant, vous sursauteriez. Mais, nous avons
acheté du café tous les jours et quand un hausse de 20 p. c. se
produit dans notre budget, nous en sommes bien conscientes. C'est vous qui
payez aussi.
Que les produits de consommation soient clairement identifiés par
un symbole ou un sceau. Que les étiquettes, identifiant les
procédés d'entretien et la composition des tissus, soient cousues
au tissu afin de résister à la manipulation. Que les vendeurs de
contrat d'assurance soient considérés comme des vendeurs
itinérants et ne puissent pas faire de sollicitation. Que des bureaux
locaux de protection du consommateur, équipés de laboratoires de
"testing" et étant faciles d'accès, puissent être
installés dans tous les centres importants, au moins, dans chacune des
dix régions économiques du Québec. Que des séances
publiques d'information sur cette loi, quand ce bill sera voté, soient
tenues à travers la province au frais du gouvernement et qu'on ne se fie
pas seulement aux associations de consommateurs qui gardent leur secret pour
les organiser ou qu'on les organise en collaboration avec elles. Que les
vendeurs d'autos neuves soient comme des vendeurs itinérants au sens de
la nouvelle loi. Que la période de cinq jours mentionnée dans le
projet de loi, comme délai accordé aux consommateurs pour
résilier un contrat, soit portée à quinze jours. Que les
cartes de crédit ne soient pas offertes aux consommatrices quand elles
font leurs achats. Quand vous allez magasiner dans un grand magasin, on ne vous
demande pas si vous avez de la petite monnaie, on vous demande si c'est pour
charger, avant même de demander si on a de l'argent. Si la consommatrice
a une carte de crédit dans sa bourse, elle est tentée de
présenter sa carte de crédit au lieu de
payer comptant. Que la publicité adressée aux enfants soit
éliminée. Que des femmes fassent partie du Conseil de protection
du consommateur. Je remarque qu'il n'y a aucune femme parmi vous. Je me demande
si on se limiterait seulement à des termes de loi, si on verrait de plus
près les vrais problèmes, s'il y avait des femmes parmi vous.
Nos autres recommandations se retrouvent dans le mémoire
présenté par la Fédération des ACEF du
Québec, la Confédération des syndicats nationaux et tous
les autres organismes qui avaient présenté ce mémoire
à ce moment-là, lequel nous appuyons entièrement.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, Mme Plamon-don.
L'honorable ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. TETLEY: M. le Président, mesdames, je voudrais vous remercier,
évidemment, et j'ai une petite confession à faire. J'ai
déjà rencontré ces deux charmantes dames dans le
restaurant de mon hôtel hier soir...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. TETLEY: C'était une rencontre très heureuse, un
hasard...
MME PLAMONDON: C'est typiquement la réaction d'un homme
vis-à-vis d'une femme. A ce moment-ci, j'aimerais que vous commentiez ce
que j'ai dit et non pas que vous vous lanciez dans les termes de la
galanterie.
M. TETLEY: Parfait. Très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'en a pas le tour.
M. TETLEY: Oui, en effet, je trouve que vos remarques d'hier soir et
votre mémoire d'aujourd'hui sont d'une grande valeur. Je peux ajouter
que notre rencontre, hier soir, était surveillée par la
Sûreté du Québec.
Je trouve le mémoire très intéressant. A la page 3,
vous parlez des problèmes de la publicité. Est-ce
fédéral ou provincial?
MME PLAMONDON: Oui...
M. TETLEY: Tout d'abord nous croyons que la section V et les articles 53
à 58 sont d'ordre provincial ou de notre juridiction. Je note que
l'article 53 répond à votre question posée au
troisième paragraphe: "Tout bien fourni par un commerçant doit
être conforme à la description qui en est faite aux contrats ainsi
qu'aux catalogues, circulaires ou autres moyens de publicité". L'article
55 également.
Il y aura donc deux procédures: soit l'une dans notre cour des
petites réclamations que l'honorable ministre de la Justice va
créer, soit l'autre au criminel relevant du fédéral.
A la page 3, vous parlez aussi des problèmes concernant les
aliments. C'est là un problème dont le fédéral
s'occupe depuis longtemps. Je crois que la question de la qualité du jus
de tomate a déjà été étudiée et bien
étudiée au fédéral. Le grand problème est de
savoir combien un tube de pâte dentifrice contient de livres, d'onces ou
de grammes, etc et pour quelle valeur. Le système d'étiquetage
est tellement injuste, je suis d'accord là-dessus.
MME PLAMONDON: Mais cela voudrait dire que lorsque la publicité
écrite est frauduleuse il faut s'adresser, d'après la liste qui
m'a été fournie par une association de consommation, au
ministère fédéral de la Consommation. Pour le colportage,
c'est encore une autre adresse. Nous avons une dizaine d'adresses. Mais
pensez-vous que la femme de maison qui se fait solliciter constamment prend sa
liste d'adresses? Moi, je l'ai, mais je suis certaine que la plupart des
consommatrices n'ont pas cette liste. Je prends comme exemple la nourriture. On
me dit: Là, vous vous référez à la section des
aliments et drogues, ministère fédéral de la Consommation,
suite 307, à Montréal.
La femme qui demeure à Shawinigan, à Chicoutimi ou
à Québec, lorsqu'elle a des doutes quant à la
qualité de la nourriture, croyez-vous qu'à chaque fois elle va
s'adresser à Montréal? Cela n'a pas d'allure.
M. TETLEY: Oui. d'accord, madame. C'est un problème difficile,
nous aurons des bureaux. Mais où les installer? C'est aussi un
problème d'argent, nous sommes d'accord.
MME PLAMONDON: Nous avons aussi des problèmes d'argent.
M. TETLEY: Oui. A la page 4, vous parlez d'assurance. En effet, cela
sera régi par la Loi de l'assurance.
M. DUMONT: Pourriez-vous préciser?
M. TETLEY: En effet, nous avons une loi de l'assurance, à l'heure
actuelle, que nous sommes à modifier.
M. DUMONT: Cela entrera dans cette loi au lieu du projet de loi du
consommateur?
M. TETLEY: Oui, parce qu'il y a un service de l'assurance et des
inspecteurs, qui y travaillent à l'heure actuelle.
MME PLAMONDON: Quand vous dites que vous êtes à modifier,
cette loi cela veut dire combien de temps et à quand les conclusions?
Qu'est-ce que vous prévoyez là-dedans?
M. TETLEY: Nous sommes au pouvoir depuis le 29 avril, et je suis
ministre depuis le 1er octobre. Nous allons présenter un projet de loi
dès cette session...
MME PLAMONDON: Vous voulez dire...
M. TETLEY: ... au sujet de la Loi de l'assurance.
MME PLAMONDON: ... qu'un vendeur itinérant, un vendeur
d'assurance, par exemple, qui va solliciter sans être convoqué,
s'il tombe sous le coup d'une autre loi, aura le droit de passer de porte en
porte tant que l'autre loi n'est pas modifiée? Est-ce ce que vous voulez
dire?
M. TETLEY: Non. C'est un problème difficile, madame. Nous savons
que des vendeurs d'assurance vont solliciter de porte en porte. Il n'y en a pas
beaucoup car ils ont d'autres moyens; ils vous téléphonent
plutôt, parce que vous êtes membre d'un club où ils vous
rencontrent. Ils se présentent alors à la maison parce qu'ils
vous connaissent. C'est un vrai problème de couper toute initiative.
D'autre part, c'est aussi un problème pour une
ménagère de recevoir des appels tous les jours, de
répondre à quelqu'un à la porte, de recevoir des lettres,
etc.
MME PLAMONDON: Ce que je veux savoir est plus simple que cela. Est-ce le
projet de loi 45 qui va nous dire si c'est un vendeur itinérant ou non
ou si c'est votre loi sur les assurances?
M. TETLEY: C'est la Loi de l'assurance. MME PLAMONDON: Bon.
M. LE PRESIDENT: Madame, même avec l'application du projet de loi
45, cela n'empêchera pas les vendeurs itinérants de frapper aux
portes des consommateurs.
MME PLAMONDON: Non, mais cela nous donne 15 jours, par exemple.
M. LE PRESIDENT: Pardon?
MME PLAMONDON: Cela nous donnera 15 jours pour résilier le
contrat si l'on change d'idée.
M. LE PRESIDENT: Mais dans le cas de la police d'assurance, vous pouvez
toujours la résilier.
MME PLAMONDON: Mais si j'ai, par exemple, des assurances au nom de deux
ou trois enfants et que je change pour un plan familial, et si je décide
que le plan familial ne me plaît pas et que je veuille changer, pour
m'assurer de nouveau au plan que je viens de laisser, comprenez-vous, les taux
changent. Il y a un préjudice, à ce moment-là. C'est ce
que j'ai voulu dire.
M. LE PRESIDENT: Les taux changent en fonction du nouveau plan que vous
désirez obtenir. Ils peuvent changer dans les deux sens. Si vous
demandez à un agent d'assurance de vous vendre un plan à un
coût moindre, les taux vont baisser.
MME PLAMONDON: Non, je veux dire...
M. LE PRESIDENT: Si c'est un plan qui vous donne une couverture plus
étendue, les taux vont changer dans l'inverse.
MME PLAMONDON: ... que lorsqu'on signe un nouveau contrat et qu'on en
laisse un autre, cela veut dire que l'on change. Si on veut reprendre la police
qu'on avait avant, il faut s'assurer de nouveau. D'ailleurs, nous l'avons vu
dans le cas de femmes chefs d'une famille. Je ne sais pas si ça vous
inquiète, des femmes chefs de famille, mais dans le cas d'un contrat
avec plan familial, ce n'est pas résiliable au Québec. Autrement
dit, un homme qui laisse sa femme et qui a contracté une assurance en
vertu d'un plan familial ne peut pas la passer au nom de sa femme ; elle est
obligée de s'assurer de nouveau s'il ne continue pas à payer pour
un plan familial.
Quand cela change, quand on doit s'assurer de nouveau, c'est avec de
nouveaux taux tenant compte de l'âge, etc.
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, le problème que vous
venez de soulever relève beaucoup plus de la Loi de l'assurance que du
projet de loi sur les vendeurs itinérants.
MME PLAMONDON: D'accord, j'accepte le fait que cela relève de
l'assurance, ce n'était que pour mon information. Merci.
M. TETLEY: Merci, madame.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie et
félicite Mme Plamondon du mémoire qu'elle a
présenté au de l'AFEAS, c'est un organisme très
respectable. Il ne s'agit pas ici de faire de galanterie, mais d'examiner les
problèmes qu'a évoqués Mme Plamondon au nom de son
association.
M. TETLEY: On les connaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas eu l'honneur d'avoir les
rencontres dont a bénéficié le ministre hier soir.
UNE VOIX: Jaloux!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avoue ma jalousie.
Madame, vous avez soulevé beaucoup de problèmes dont j'ai
eu l'occasion de parler avec des membres de l'AFEAS dans ma région; vous
avez parlé, par exemple, du produit qui est contenu dans des emballages.
C'est un problème, je pense, nous l'avons déjà
soulevé ici, Nous avons parlé du problème des primes, par
exemple, les boîtes de savon dans lesquelles on inclut une serviette,
madame, Jacquart c'est ce qu'il y a de mieux évidemment,
vous vous inquiétez de savoir s'il reste assez de savon, s'il y a plus
de serviette que de savon. J'ai demandé au ministre d'examiner cette
question afin que les poids correspondent réellement à ce qui est
indiqué sur les emballages.
MME PLAMONDON: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De la même façon pour le pain,
par exemple.
MMEPLAMONDON: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsqu'on vous livre un pain, on vous dit: II
y a tant d'onces net. Est-ce avant cuisson, après cuisson? On ne le sait
jamais trop. C'est une série de problèmes dont les femmes ont
souvent parlé. Moi, je n'ai pas une nombreuse famille mais, quand
même, je contacte très souvent les femmes qui me parlent de ces
problèmes.
Il y a des recommandations très importantes, et j'espère
que M. le ministre en tiendra compte. La question, par exemple, de la
publicité qui est faite; on peut discuter de la compétence des
différents gouvernements en ce qui concerne la publicité. A
l'heure actuelle, à la télévision, à la radio ou
n'importe où, on annonce des produits, quels qu'ils soient: dentifrice,
savon, et c'est toujours le meilleur des meilleurs des meilleurs produits. Je
pense qu'il y a là un abus de publicité et que l'Office de
protection du consommateur devrait, en collaboration avec une autre instance de
gouvernement, faire établir des normes dans ce domaine de la
publicité afin que, quand on achète des aspirines, qu'elles
portent un nom ou un autre, l'on sache que c'est de l'aspirine et que ça
produit l'effet d'une aspirine. C'est comme ça, d'ailleurs, pour tous
les produits de consommation domestique.
Vous parlez d'une chose qui est très importante, à mon
sens, c'est la publicité qui sera faite à la loi afin que les
citoyens qui seront maintenant protégés par cette loi sachent
exactement à qui s'adresser et où s'adresser, lorsqu'ils auront
à présenter des plaintes, en vue de corriger des situations dont
vous avez à vous plaindre. Il y a différentes questions que vous
évoquez qui sont toutes aussi importantes les unes que les autres, mais
je tiens à vous dire, mesdames, que ces questions-là nous ont
déjà été soumises par d'autres associations. Nous
en avons pris note, nous en avons discuté avec le ministre mais
j'aimerais savoir du ministre, ce matin, quelle est l'intention de son
gouvernement en ce qui concerne l'étiquetage, l'emballage des produits,
la description du contenu, le poids, etc., afin de rassurer les membres de
cette association.
M. TETLEY: M. le Président, j'aborde la question des serviettes
et du savon dans la même bofte. J'ai déjà fait une
enquête sérieuse sur ce problème lorsque j'étais
ministre du Revenu. Parce que la serviette coûtait plus que le savon, il
n'y avait pas de taxe. Ils vendent une serviette sans taxe. Une serviette et du
savon à un prix, disons, de $0.75, et la serviette valait plus, en
effet, que le savon. C'est un problème.
Nous savons tous que selon notre droit constitutionnel, les poids et
mesures relèvent du fédéral. D'autre part, je crois que le
Québec a une responsabilité et le problème c'est: Comment,
par quel budget et par quel moyen?
C'est un problème assez grave à l'heure actuelle. Donc, je
suis au courant du problème et j'apprécie beaucoup vos
commentaires. D'autre part, il y a un problème de contrôle qui va
peut-être nous coûter énormément cher, en
inspecteurs, en avocats, en ingénieurs, en experts pour contrôler
ça.
Dans la loi, par la réglementation 97 k) nous avons le pouvoir
"d'établir des normes d'emballage, d'étiquetage ou de
présentation de tout bien de consommation; m) d'établir des
normes de qualité et de sécurité pour tout bien ou
service; n) de régir la remise de primes à l'occasion de tout
contrat assujetti à la présente loi." Alors, nous avons des
pouvoirs; nous les avons mis dans la loi. Le problème, c'est le
budget.
MME PLAMONDON: Vous ne croyez pas, M. le ministre peut-être
que ça ne va pas avec ça; vous me direz si je suis hors d'ordre
que vous pourriez faire comme des syndicats font dans les
conférences fédérales-provinciales? Si vous ne pouvez pas
avoir quelque chose d'important du fédéral, faites les compromis
que vous pouvez faire, et ils vous laisseront peut-être aller au
ministère de la Consommation, puisqu'ils ne peuvent pas vous donner
autre chose. Quand vous négociez pour d'autres avantages, s'ils ne
peuvent pas vous les donner, il me semble que vous pourriez négocier
avec un ministère de la Consommation puisqu'il y en a un dans chaque
province.
M. TETLEY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine, M. le Président, que le
ministre ne se sent pas nécessairement lié par les vieilles
prescriptions de la constitution de 1867 en ce qui concerne les poids et
mesures. Il n'est pas fétichiste au point de ne pas vouloir donner au
Québec des pouvoirs que le Québec devrait normalement
avoir lorsqu'il s'agit de produits consommés ou fabriqués
au Québec. D'autre part, j'aimerais que le ministre précise
davantage la question de la publicité dont a parlé madame afin
que les gens sachent à qui s'adresser, de quelle façon ils
pourront porter plainte et s'il y aura des bureaux, enfin, qu'il nous parle
surtout de cette campagne d'information qui devra être faite au
départ pour la connaissance de la loi et de la
réglementation.
M. TETLEY: M. le Président, moi, je crois que l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, qui protège en effet les deux
parties, à moins d'une autre loi, doit être défendu par
nous. Par cette loi, j'espère que nous allons protéger la langue,
etc. Je suis d'accord du fait que nous avons un droit au sujet de la
publicité. Nous l'avons mis dans la loi aux articles 53 à 58.
Aucune autre province n'a des articles aussi forts que les articles 53 à
55. J'ai constaté ce fait lors d'une conférence interprovinciale
à Toronto.
A l'avenir, après l'adoption de la loi, vous pourrez vous
adresser au bureau de la protection du consommateur ou au
fédéral, si vous voulez, mais surtout à notre bureau. Il
n'y aura aucun problème.
J'espère aussi que nous allons garder au Québec les
bureaux de consommateurs. Ils sont d'une grande utilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, quand je parlais de
publicité, je voulais parler de la publicité que l'on doit faire
à la loi pour que les gens la comprennent bien, qu'ils en connaissent
toute la portée et qu'ils soient informés de la
réglementation. Quelles sont les dispositions pratiques que vous
entendez prendre? C'est ce que madame a demandé tout à l'heure.
De quelle façon les consommatrices, par exemple, seront-elles
informées de l'existence de la loi, de ses prescriptions et de la
réglementation?
M. TETLEY: Bon! Il faut regarder les articles 68, 69, 70 et 71
concernant l'Office de la protection du consommateur. Voici les pouvoirs de
l'office et de son directeur. Si vous ne voulez pas prendre action
vous-même, si c'est trop difficile, voici ce que le directeur peut faire:
Si un commerçant fait usage d'une publicité fausse, abusive,
trompeuse, le directeur peut lui ordonner par écrit de cesser cette
publicité et le commerçant doit se conformer à cet ordre.
Après cela, s'il ne s'y conforme pas, il tombe...
MME PLAMONDON: ...avec des sanctions?
M. TETLEY: ...sous le coup des pénalités de la loi et des
procédures qui vont suivre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre...
M. TETLEY: Très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...ce n'est pas cela que je vous demande. Nous
discutons actuellement d'un projet de loi qui deviendra éventuellement
une loi très bientôt. A partir du moment où cette loi aura
été votée, madame demande s'il y aura une campagne
d'information faite par le gouvernement en vue de faire connaître cette
loi, ses implications et d'en faire connaître la
réglementation.
M. TETLEY: Oui. En effet, c'est un des devoirs de l'Office de la
protection du consommateur. C'est dans la loi, à l'article 70 b):
"Renseigner le consommateur sur ce qui a trait à la protection du
consommateur."
MME PLAMONDON: II y a différentes façons de renseigner. Je
voulais savoir si ce sera une grande campagne de vulgarisation de la loi.
M. TETLEY: Je l'espère. Je crois qu'en Ontario on va
dépenser au-delà d'un million de dollars en frais publicitaires
pour cette loi, qui n'existe pas encore.
MME PLAMONDON: Le bulletin de l'Association des consommateurs, qui est
très bien fait, ne pénètre pas dans le cinquième
des familles québécoises. De l'information peut être
donnée à des gens qui sont placés pour la distribuer, mais
ça ne rejoint pas les gens en général. Je sais que c'est
écrit dans la loi, mais vous pourriez renseigner l'Association des
consommateurs, vous pourriez renseigner les ACEF, vous pourriez renseigner
d'autres associations. Il me semble que l'on pourrait faire une campagne de
publicité de masse pour informer les gens de ce que c'est afin qu'ils
sachent où s'adresser. J'ai parlé de formules, je n'ai pas
remarqué que vous l'avez relevé. Par exemple, dans un bureau de
poste, comme on doit s'adresser pour l'étiquetage au
fédéral, pour la publicité au provincial, s'il y avait des
formules qui disaient: Si vous avez des ennuis, madame, vis-à-vis de la
viande ou telle chose, prenez cette formule-là, adressez-là et
écrivez, cela faciliterait la tâche de la consommatrice.
M. TETLEY: J'en prends bonne note, madame. Je suis entièrement
d'accord avec vous.
Nous avons des projets préparés. Nous avons l'intention
d'éduquer le public, c'est une question d'éducation. J'ai
déjà fait des démarches auprès du ministère
de l'Education. Dans d'autres provinces, le ministère de l'Education a
déjà préparé des cours à l'école pour
les enfants au sujet de la Loi de la protection du consommateur. C'est
très important. Je fais moi-même des discours dans tous les
comtés où je suis invité,...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais vous inviter chez moi.
M. TETLEY: ... pas des discours politiques, mais au sujet du bill, et
avec un assez grand succès.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Applaudissements.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois comprendre que le
député de Chicoutimi a terminé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Justement à la page 4,
Mme Plamondon, vous avez parlé du problème des assurances. Vous
admettrez avec moi que nous sommes loin du temps où le vendeur
d'assurance se rendait, dans les trois jours de deuil, à la maison du
défunt déposer le chèque de $1,000, faire prier toute la
famille et la parenté, et assurer tout le village et une partie du
quartier.
Il y a des cours de vente professionnelle qui sont donnés
aujourd'hui à l'université. On y décerne un diplôme
de vendeur émérite à tous ces vendeurs d'assurance. Je
pense que les compagnies d'assurance ont fait un très grand travail, et
surtout nos institutions coopératives et canadiennes-françaises
de la province de Québec. Là où je veux en venir, c'est
lorsque vous parlez de 15 jours. J'ai reçu, de la part de certains de
mes représentants, des lettres très sympathiques de dames qui
remerciaient le vendeur d'être allé convaincre le mari de
réfléchir sur son problème de statut d'homme marié.
Vous savez qu'après 15 jours et j'ai l'impression que vous
connaissez bien les hommes pour ce qu'ils sont ils ont tendance à
retourner à leur statut de célibataires et qu'ils oublient leurs
problèmes, leurs responsabilités de pères de famille, et
qu'ils ont des enfants. Je vous pose une question: Est-ce que vous aimeriez
mieux voir un père de famille acheter une moto-neige ou une police
d'assurance-vie?
MME PLAMONDON: II n'est pas question de choix entre une moto-neige et
une assurance-vie. Ce que j'ai voulu dire c'est que lorsque je fais du
dépannage à l'ACEF à Shawinigan, même si
l'enquête Tremblay-Fortin a dit qu'il y avait 8 p. c. du budget qui
allait aux assurances, nous découvrons que, dans certains cas, il y en a
15 p. c. J'ai interviewé, avant de préparer ma résolution,
trois agents d'assurance, et savez-vous sur quoi ils se basent bien
entendu, je n'ai pas dit pourquoi pour vendre des assurances? Sur le
revenu et la capacité de payer.
M. DUMONT: D'accord, j'accepte votre réponse, mais ce que je veux
dire c'est que les vendeurs que vous voudriez appeler des vendeurs
itinérants, mais qu'on veut voir devenir des vendeurs professionnels
ont, à ce moment-là, la responsabilité d'être
véritablement professionnels et vous nous relatez plutôt ce qu'on
pourrait appeler des chevaliers de l'industrie ou des vendeurs qui n'ont aucun
scrupule. L'Association des assureurs-vie est en train de mettre de l'ordre
dans cela. Mieux que cela, je peux vous dire, car j'ai vécu
l'expérience personnelle, que des vendeurs m'ont rapporté des
faits selon lesquels d'autres agents avaient vendu des polices d'assurance
à des gens disant que la police était meilleure, ce qu'on appelle
en bon langage d'assurance "un laps". Dans ces cas-là, vous avez le
droit, pendant un an ou deux ans, de vous faire rembourser toute votre prime si
vous rapportez les faits au gérant ou à la compagnie, ou vous
reprenez votre contrat tel qu'il était auparavant.
Quant au problème que vous soulevez je le dis pour
l'information du public même si cela fait deux ans, s'il est
prouvé qu'un vendeur a voulu remplacer une police d'assurance qui
était avantageuse, vous avez automatiquement une période de deux
ans pour vous faire rembourser votre argent par celui qui a peut-être
été un vendeur que vous appelleriez "malhonnête". Or, vous
demandez quinze jours.
L'Association des assureurs-vie a déjà voulu
protéger les consommateurs. Peut-être que bien des gens ignorent
la chose.
MME PLAMONDON: Où nous adressons-nous pour ça?
M. DUMONT: A la compagnie même que vous aviez auparavant. Le
gérant du district va s'occuper de la chose. Il y a certainement des
gens honnêtes qui veulent de meilleurs services pour les individus. Cela
va donc beaucoup plus loin que les quinze jours que vous réclamez
là.
Quant au problème du père de famille qui oublie ses
obligations et qui part de la maison avec son plan familial, vous touchez
à un problème de bénéficiaires. Il n'y aurait
qu'à changer de bénéficiaires. C'est dans la Loi des
assurances que tout cela pourra être réglé. C'est pourquoi
je diffère d'opinion avec votre mémoire. A la fin des
conclusions, vous suggérez que les vendeurs de contrats d'assurance
soient considérés comme des vendeurs itinérants et qu'ils
ne puissent pas faire de sollicitation. Vous pourriez peut-être amender
le mémoire en demandant qu'ils deviennent tous de véritables
professionnels.
MME PLAMONDON: J'aimerais mieux qu'il soit précisé que ces
vendeurs ne puissent pas faire de sollicitation et qu'ils deviennent tous en
même temps de bons professionnels.
M. DUMONT: Admettez-vous que, pour aller convaincre un mari qui a la
peau un peu
dure et pour lui faire réaliser son rôle de père de
famille, il y a parfois certains moyens qu'il faut utiliser en
présence de la famille et de la maman, être à domicile
pour discuter de ces problèmes. Jamais une famille n'ira acheter
de l'assurance à un bureau d'assurances. L'expérience a
été tentée au mouvement Desjardins. Jamais les gens n'ont
été acheter de l'assurance aux caisses populaires. Pourtant, il
s'en vendait par l'entremise des caisses.
MME PLAMONDON: Si l'assurance est si bonne, il y a une manière de
faire de la publicité. Lorsqu'on achète une voiture neuve, on
tient à s'assurer tout de suite et on se dépêche d'appeler
l'agent d'assurance pour lui dire qu'on a changé sa voiture et que cela
presse. Si l'assurance-vie et l'assurance sur les biens étaient aussi
importantes et considérées comme importantes, à ce
moment-là, on irait trouver l'agent d'assurance.
M. DUMONT: C'est ce que j'ai voulu dire au départ. Un homme
marié, après quinze jours de réflexion, redevient
célibataire.
MME PLAMONDON: Je ne suis pas d'accord.
M. DUMONT: II oublie ses responsabilités de famille: c'est
là une réflexion d'un soir, comme un testament qui se fait chez
un notaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Taillon.
M. LEDUC: Mme Plamondon, vous avez dit au tout début de votre
intervention que vous n'aviez pas les moyens de consulter un avocat.
Je pense que vous n'en aviez pas besoin ce matin. Vous avez fait
quelques mentions que je voudrais relever et peut-être faire quelques
suggestions au ministre. Lorsque la nouvelle loi de l'assistance sociale est
entrée en vigueur au mois de novembre, deux ministres ont fait une
tournée à travers la province; des brochures ont
été distribuées, des annonces ont paru dans les journaux.
Comme mon comté est "favorisé" par un très grand nombre
d'assistés sociaux, je constate que malgré cet effort
considérable très peu de gens sont renseignés. Je pense
que, pour la Loi de la protection du consommateur, il va falloir faire un
effort d'imagination pour sortir des sentiers battus et vulgariser dans son
terme le plus vrai ce que sera cette loi. Les grands principes qu'on a depuis
quelques années au gouvernement de faire faire la tournée par des
ministres, par des députés, d'acheter de l'espace dans les
journaux, malheureusement ne s'avèrent pas fructueux vis-à-vis du
consommateur. Lui, il ne se rendra pas au bureau X pour aller chercher la
brochure; lui, même s'il reçoit une circulaire de l'Association
des consommateurs du Canada, il ne la lira pas. Le seul moyen par lequel on
pourra l'atteindre est probablement ce fichu "spot"
télévisé que l'on déteste au milieu d'un long
métrage, mais qui produit quand même son effet. On le critique
depuis quelques jours à cette commission, c'est qu'il nous vend une
idée.
Je crois que le gouvernement devra devenir un vendeur, pas
itinérant, mais un vendeur qui aura à vulgariser une annonce, une
loi, et la vendre comme on vend du Coca-Cola. Ceci est un point.
Deuxième point. Vous avez mentionné que vous aviez des
problèmes parce que vous ne saviez pas où vous adresser lorsque
vous aviez des plaintes à faire ou parce que lorsqu'on vous donnait une
liste on vous disait: Pour tel article, vous allez à tel endroit; pour
tel autre article, vous allez à tel endroit. Je me demande si le
gouvernement, encore une fois, ne pourrait pas faire un effort d'imagination en
ayant dans ses bureaux régionaux, qui existent actuellementà travers la province, une jeune fille et un
téléphone. C'est tout. Ce numéro de
téléphone, dans chaque région, serait publié. La
seule responsabilité de cette jeune fille serait de prendre en note les
plaintes et ensuite de vous faire parvenir, Mme Plamondon, qui avez une plainte
au sujet de la drogue, au sujet des aliments, peu importe, un formulaire que
vous compléteriez pour l'envoyer à l'endroit X. Ce n'est pas une
dépense extraordinaire, M. le ministre. On a déjà de
l'espace. On pourrait même se servir des bureaux des
députés. On veut revaloriser le rôle du
député. On pourrait peut-être s'en servir, de temps en
temps, des députés. C'est tout ce que je voulais dire. Dans la
loi, il est vrai que l'article 70 b) donne une responsabilité à
l'Office de protection du consommateur.
C'est bon, mais disons que cela demeure dans la loi. Il va falloir que
cela sorte de la loi et devienne pratique. Là, on aura peut-être
atteint une partie du but que l'on vise.
Pour ce qui est de l'étiquetage, un arrêté
ministériel a été adopté il y a quelques
années, je crois. C'était le ministère de l'Agriculture
qui en avait la responsabilité, si ma mémoire est bonne. Je suis
publicitaire moi-même; à un moment donné, quelques-uns des
clients que j'avais étaient très consciencieux. Ils voulaient
savoir comment fonctionnerait cette question d'étiquetage bilingue,
comment procéder. J'ai même un client qui a osé demander au
gouvernement de bien vouloir accepter le nouvel étiquetage qu'il se
préparait à mettre sur le marché. On s'est fait dire,
à ce moment-là: C'est bien regrettable, mais nous allons attendre
d'avoir des plaintes parce que nous n'avons aucun organisme, à
l'intérieur du gouvernement, qui peut dire que cet étiquetage ou
cet emballage est accepté selon la loi.
Je crois que l'arrêté ministériel, c'est une bonne
intention que le gouvernement a eue, dans le temps. Je crois que c'était
nécessaire.
Mais, lorsqu'on a accepté cet arrêté
ministériel, on aurait dû créer un mécanisme, qui
n'existe pas encore, remarquez bien, un mécanisme par lequel un
producteur peut faire approuver son étiquetage, pour être
sûr qu'il est selon la loi. Qu'il y ait un ou deux bonshommes, au
gouvernement, qui puissent accepter cela au nom du gouvernement, pour
éviter des ennuis et que ce soit de l'initiative du consommateur
d'amener une critique vis-à-vis du produit. Je pense que le consommateur
en a assez sur le dos, actuellement. Je crois qu'on peut l'aider de ce
côté.
M. le Président, c'est tout ce que je voulais dire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Une simple question au ministre: Est-ce que le ministre a
déjà un budget de prévu pour cette fameuse
publicité devant renseigner la population sur la mise en place de la
loi, non seulement pour l'expliquer à la minute où cette loi est
mise en vigueur, mais aussi pour faire une sorte de publicité
permanente, dans le style de mon confrère de Taillon? Quel serait ce
plan? Avez-vous un budget de prévu à ce jour?
M. TETLEY: C'est une bonne question. J'ai un budget de publicité
pour la protection du consommateur et pour les dix autres services du
ministère. Mais il faut que ce budget soit adopté par le ministre
des Finances et, après, que ce soit présenté à
l'Assemblée nationale. A ce moment, vous aurez les nouvelles. Il faut
tout d'abord présenter un budget à l'Assemblée
nationale.
J'espère que j'aurai le budget que je veux. Il y a des
problèmes; tout le monde veut un gros budget.
J'apprécie votre intervention ainsi que celle de madame parce
qu'elles m'aident dans mes demandes.
M. LEGER: Je vais vous donner un exemple de problèmes qui se
présentent lorsque la loi n'est pas publiée d'une façon
particulière, mais juste d'une façon routinière.
L'année dernière, on a apporté des amendements à la
Loi sur la chasse et la pêche. Habituellement, lorsque les chasseurs
prennent leur permis et entrent dans un territoire, on leur donne un petit
règlement. Or, plusieurs articles du règlement ont
été changés. Les gens ne lisent pas le règlement de
la page 1 à la page 26. Ils ont le règlement et se disent: Cela
doit être comme l'année dernière. Comme il y avait des
changements à la loi, plusieurs se sont fait prendre, dont un de vos
amis dont je vous donnerai le nom lorsque nous serons seuls. Il n'avait pas vu,
justement, qu'on avait apporté des amendements.
Pour que la population le sache d'une façon bien précise,
il aurait dû y avoir des amendements en gros dans ce petit manuel
là: Attention, la loi est changée à tel ou tel
article.
Vous venez de me dire que vous avez un plan défini. Au niveau de
l'information permanente, avez-vous quelque chose de prévu?
M. TETLEY: Evidemment. Le budget est fait pour un an, mais, cette
année, nous préconisons un budget pour cinq ans, pour planifier
sur un plan quinquennal. En effet, en ce qui me concerne, la publicité
ou l'éducation au sujet de notre bill, c'est un projet à long
terme, permanent.
M. LEGER: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je donne la parole à l'honorable
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je n'aurais qu'une question à poser. A la page 3
de votre mémoire, vous parlez de la publicité et vous dites ceci:
En ce qui concerne la publicité et l'étiquetage, les
gouvernements provincial et fédéral viennent-ils en conflit?
L'abolition d'une annonce commerciale nuisible au bien commun, cigarettes et
compagnies de finance, bière, etc., ressort-elle de vos pouvoirs?
Je ne peux pas répondre à cette question, mais j'aimerais
savoir si votre association préconise l'abolition pure et simple de la
publicité qui est faite par les compagnies de finance.
MMEPLAMONDON: Nous désirons, nous, qu'une compagnie de finance
avertisse les consommateurs, par exemple, en disant: Nous avons de l'argent
à mettre à votre disposition à tel taux un taux
réel, comme vous le dites dans le bill et ceux qui en ont
réellement besoin peuvent venir nous voir.
Mais, ce que nous trouvons immoral, c'est la façon dont ils s'y
prennent. Ce sont des experts, alors que, moi, je ne suis pas experte dans
ça.
Mais ils s'y prennent pour faire voir à celui qui emprunte
là, on vous donne 36 exemples qui se juxtaposent sur l'écran
qu'il est quelqu'un de bien, quelqu'un qui ne peut pas arriver,
quelqu'un qui règle tous ses problèmes avec une consolidation de
dettes qui se produit à la compagnie de finance. C'est comme la
bière. Quelqu'un dit: Ta première bière, c'est bien
important. Nos enfants j'en ai de 16 ans, de 18 ans sont assez...
Entre nous, la première bière, est-ce que c'est important?
Ensuite, au sujet de la cigarette... j'ai posé le problème
sous forme de question, remarquez bien. Je ne le savais pas. Je vous demandais
un éclaircissement. On a entendu dire que les annonces pour la cigarette
étaient pour être abolies. Quand on entend parler de cela,
cela
vient du ministère fédéral de M. Munro. Tandis que
là, vous préconisez un contrôle sur la publicité.
Une publicité peut être vraie en chiffres, mais immorale dans ses
insinuations. A ce moment-là, est-ce que vous pouvez faire quelque chose
ou si vous regardez juste le côté matériel? C'est ça
que je vous demande.
M. ROY (Beauce): En somme, vous ne préconisez pas l'abolition
pure et simple des compagnies de finance mais plutôt que la
publicité des compagnies de finance soit faite de façon à
fournir des précisions et à éclairer les gens.
MME PLAMONDON: S'il y en a qui sont encore assez fous pour aller dans
les compagnies de finance.
M. ROY (Beauce): C'est ça, en somme. Qu'il y ait plus de
précision et que les gens soient mieux informés et sachent
à quoi s'en tenir sur ce à quoi ils s'engagent.
MME PLAMONDON: Oui.
M. ROY (Beauce): Alors, en somme, c'est l'idée maîtresse
que vous avez exprimée dans cet article-là.
MME PLAMONDON: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Maintenant, en ce qui a trait à la
publicité aux enfants. Vous en préconisez l'abolition.
MME PLAMONDON: L'abolition.
M. ROY (Beauce): L'abolition pure et simple et je crois que vous avez
raison. Alors, est-ce que le ministre pourrait donner des informations...
M. TETLEY: Oui, mais madame, je vous souligne encore l'article 71 : "Si
un commerçant fait usage d'une publicité fausse, abusive ou
trompeuse..." etc. Cela dépend de ce que nous voulons contrôler.
Veut-on aller jusqu'à contrôler les annonces publicitaires de
mauvais goût?
MME PLAMONDON: Je vais vous répondre par une question...
M. TETLEY: Pardon, vous permettez... Je crois que la publicité,
dont vous parlez, pour les compagnies de finance est abusive, ou au moins
trompeuse. Je crois qu'on peut admettre cela. Mais il y en a d'autres que je
n'aime pas, comme les savons et d'autres produits, à la
télévision, qui sont vraiment de mauvais goût.
MME PLAMONDON: Vous avez raison.
M. TETLEY: Sous-vêtements pour dames, etc. Finalement...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
MME PLAMONDON: Je voulais justement que vous me décriviez ce que
vous entendiez par le mot abusif. Si cela comprend ce que j'ai voulu dire par
mes exemples, c'est très bien.
M. TETLEY: Je crois que oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais apporter
un correctif à ce qu'a dit, tout à l'heure, le
député de Taillon concernant le décret qui portait
obligation de présenter des produits alimentaires sous étiquettes
bilingues. Ce décret a été adopté par le
gouvernement, à la demande du ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation. Contrairement à ce qu'a affirmé le
député de Taillon, il y avait des mécanismes, puisque
c'était l'Office de la langue française, relevant du
ministère des Affaires culturelles, qui recevait les plaintes qui nous
étaient acheminées par le ministère de l'Agriculture et de
la Colonisation.
Nous nous sommes butés, dès le départ, au
problème du vocabulaire de l'alimentation. C'est pourquoi nous avons
immédiatement mis à l'oeuvre des spécialistes qui ont
dressé un vocabulaire en version préliminaire puis
définitif. Ce vocabulaire est maintenant à l'usage du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation qui peut s'en servir
pour répondre aux plaintes des citoyens. D'ailleurs, ces plaintes qui
nous étaient acheminées venaient soit d'individus soit
d'organismes ou de manufacturiers qui nous demandaient de leur suggérer
des noms et de corriger l'étiquetage qui se trouvait déjà
sur leurs produits.
Il y avait donc un mécanisme de coordination et cela fonctionnait
si bien que nous avons reçu plusieurs centaines de plaintes et que des
entreprises et des manufacturiers ont corrigé immédiatement leur
étiquetage.
M. TETLEY: Peut-être que le député de Taillon
voulait tout simplement noter que le gouvernement actuel est plus efficace que
l'ancien!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Taillon voulait
sans doute indiquer que le gouvernement actuel est plus efficace dans le
chômage que dans la création d'emplois.
M. LEDUC: M. le Président, si vous me le permettez, je ne
voudrais pas engager un débat. Je suis convaincu que, lors du
débat sur l'adresse en réponse au discours du trône, on
parlera de chômage et des 100,000 emplois.
L'allusion que j'ai faite tantôt concernait les quelques mois qui
se sont passés après l'adoption de l'arrêté
ministériel par le conseil des ministres. Il est possible que, depuis,
il y ait eu un changement, mais l'expérience que j'ai vécue
et que j'ai relatée tantôt... Enfin, disons que je ne veux
pas engager un débat là-dessus.
Il y a une seule et dernière question que je voudrais poser
à Mme Plamondon. A la page 7, article 10, vous demandez que les cartes
de crédit ne soient pas offertes aux consommatrices quand elles font
leurs achats. Comme exemple, vous avez dit: Lorsque la vendeuse a fait sa
vente, elle demande à la cliente:
Est-ce pour porter à votre compte ou non? Je me demande, à
ce moment-là, si elle offre une carte de crédit ou si elle
demande quelle sera la façon de payer.
MME PLAMONDON: J'ai donné un exemple, je peux vous en donner
d'autres. Dans notre région, quand Chargex a été mis en
circulation il va m'en vouloir de parler de Chargex parce qu'il est de
la Banque Royale, mais c'est vrai quand même les vendeuses m'ont
dit que, pour chaque carte Chargex utilisée, elles avaient $1 de plus.
Je ne sais pas qui le leur donnait, nous ne pouvons pas savoir cela, mais elles
cherchaient à nous faire utiliser des cartes Chargex.
M. LEDUC: Je pense que cela doit faire partie d'un plan de "marketing",
à ce moment-là.
MME PLAMONDON: Je parle de Chargex, cela pourrait être n'importe
quelle carte. Je veux dire que cela ne devrait pas être offert. Si on ne
veut pas acheter à crédit, ils ne devraient pas nous demander
à chaque fois: Voulez-vous acheter à crédit? Achetez donc
à crédit !
Si nous avons vu un article qui fait notre affaire et que nous n'ayons
que $10 dans notre poche, c'est facile de le faire porter à notre
compte. On se dit: Le mois prochain, il n'y aura peut-être pas
d'imprévu et je vais peut-être équilibre mon budget. Mais,
il y a toujours des imprévus. A ce moment-là, c'est un endette-
ment progressif qui commence avec les cartes de crédit.
M. LEDUC: En fait, vous voudriez que l'on n'offre pas ou que l'on ne
fasse pas de sollicitation auprès de la consommatrice...
MME PLAMONDON: C'est cela.
M. LEDUC: ... pour lui offrir une carte de crédit.
MME PLAMONDON: Oui.
M. LEDUC: II faudrait que l'initiative vienne d'elle-même.
MME PLAMONDON: Justement.
M, LEDUC: Cela répond à ma question.
MME PLAMONDON: Merci.
M. LE PRESIDENT: Je permettrai une dernière question à
l'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Cette dernière question, au sujet de la
recommandation no 12, j'aimerais la poser au ministre, s'il vous plaît.
Le ministre pourrait-il nous dire si c'est l'intention du gouvernement ou de
son ministère de permetre aux femmes de faire partie du Conseil de la
protection du consommateur, tel qu'elles l'ont demandé?
M. TETLEY: Oui, évidemment.
UNE VOIX: Ladies first.
M. TETLEY: En effet, ladies first.
M. LE PRESIDENT: Nos sincères remerciements, Mme Plamondon. La
commission suspend ses travaux à deux heures et demie.
Reprise de la séance à 14 h 32
M. LEDUC (président de la commission permanente des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Pour le besoin des circonstances, je déclare que la commission a
quorum.
Pour la gouverne de ceux qui ont des représentations à
faire, je tiens à vous rappeler quel est l'horaire pour aujourd'hui.
C'est le désir du ministre d'entendre toutes les représentations
aujourd'hui, ce qui veut dire qu'il est possible que nous siégions
jusqu'à onze heures, minuit ou deux heures selon la longueur des
exposés. J'imagine que, basés sur ces renseignements, s'il y en a
qui ont prévu un départ par train ou par avion tôt dans la
soirée, je crois qu'il faudrait prévoir la possibilité que
nous soyons encore ici très longtemps. Je vous remercie.
J'inviterais la Fédération des sociétés de
financement à présenter leurs arguments en voulant bien
identifier celui qui fait l'intervention et nommer la société, ou
l'association, qu'il représente.
Fédération des sociétés de
financement
M. DESLAURIERS: M. le Président, permettez-moi d'abord de
remercier les membres de la commission de nous fournir l'occasion de
présenter nos commentaires sur le projet de loi 45. Si vous voulez bien
me permettre de présenter les membres de la délégation:
à ma droite, M. François Paradis, vice-président de IAC
Limitée; à mon extrême gauche, M. René Tailleur,
gérant de contrôle de l'est du Québec de la compagnie
General Motor Acceptance; le suivant est Me Paul Brown, chef du contentieux de
la compagnie IAC Limitée puis M. Louis Levasseur du groupe Traders et
qui est le gérant général de l'est du Québec. Mon
nom est Guy Deslauriers, je suis vice-président de la Corporation du
crédit commercial.
La Fédération des sociétés de financement
est une association nationale groupant les sociétés de
financement des ventes qui exploitent leurs entreprises au Canada. Nos membres
fournissent environ 90 p. c. de tout le crédit à la consommation
consenti par l'ensemble des sociétés de financement des ventes.
Nos membres fournissent également aux concessionnaires et aux
détaillants les crédits nécessaires au financement des
inventaires. La liste des membres participants de cette
fédération vous est fournie à l'annexe 20-B ainsi que les
détails concernant leurs opérations.
La Fédération des sociétés de financement
est d'accord sur le principe du projet de loi pour la protection du
consommateur et l'appuie entièrement. Nous avons fourni une
collaboration effective aux gouvernements des autres provinces canadiennes
lorsqu'elles ont présenté des lois analogues. Pour que cette
nouvelle loi soit réellement efficace, il faudra informer les milliers
de concessionnaires et de commerçants du Québec des exigences de
la législation.
Pour ces motifs, nous estimons que notre collaboration pourrait
être d'une certaine valeur au gouvernement. C'est dans cet esprit que
nous présentons notre mémoire. Nous espérons que nos
commentaires, basés sur notre longue expérience dans le
financement des ventes et notre adaptation à des lois analogues dans
d'autres provinces vous aideront à atteindre les buts et les objectifs
du projet de loi no 45. L'un de ces buts est certainement la mise en place de
cette nouvelle loi avec le minimum de heurts et de restrictions inutiles au
mouvement des marchandises entre les fabricants et les commerçants et
entre les commerçants et les consommateurs.
Dans ce mémoire, messieurs, nous nous proposons,
premièrement, de présenter nos observations
générales sur l'application de la loi et, deuxièmement, de
faire des recommandations précises sur certains articles du projet de
loi. Premièrement, tel qu'il est rédigé à l'heure
actuelle, le projet de loi s'appliquera à chaque transaction dès
que le montant du crédit dépassera $50, à l'exception de
certains contrats touchant la propriété immobilière, quel
que soit le genre de transaction ou quelles que soient les parties en cause.
Nous tenons à souligner respectueusement que l'envergure de la
législation est trop vaste, et à moins qu'elle soit
réduite, nous estimons qu'il pourrait en résulter des
conséquences graves et fâcheuses.
Dans le financement des ventes, ceux qui sollicitent du crédit se
classent en deux grandes catégories. La première: les
consommateurs qui achètent des biens et se procurent des services pour
leurs besoins et leur plaisir personnel. La seconde: les consommateurs qui
achètent des biens pour fins commerciales, professionnelles et
industrielles. Dans le premier cas, le consommateur sera d'ordinaire un
salarié et le crédit consenti sera de quelques centaines ou de
quelques milliers de dollars. Dans le deuxième cas, le consommateur
sera, soit une compagnie ou un homme d'affaires qui devrait être capable
d'évaluer les revenus que son achat est susceptible de lui rapporter.
Dans cette catégorie, le crédit consenti sera de plusieurs
milliers de dollars et parfois de quelques centaines de milliers.
Puisque la section III du projet de loi réglemente à la
fois le remboursement et d'autres aspects de la transaction et restreint les
droits d'exécution du commerçant, nous supposons que c'est le
consommateur de marchandises et de services personnels que le gouvernement
souhaite et se propose de protéger. Si les règlements et
restrictions de la section III sont appliqués aux transactions
commerciales et industrielles, ils occasionneront, dans de nombreux cas,
beaucoup d'ennuis et de difficultés au consommateur de biens
achetés pour fins commerciales, professionnelles et
industrielles.
Dans ces transactions, la durée et le mode de remboursement
varient énormément suivant le bien qui est acheté, la
raison de son achat et le genre d'entreprise qu'exploite le consommateur. Par
conséquent, ces consommateurs voudront d'ordinaire échelonner le
remboursement de leurs achats à tempérament d'une manière
qui conviendra à leur entreprise et à leurs besoins financiers.
Par exemple, la méthode habituelle de financement d'inventaire d'un
commerçant n'exige aucun remboursement tant que les biens en inventaire
ne sont pas vendus. Si le bien est vendu, le commerçant sera tenu d'en
payer la valeur, plus le coût du crédit. Dans d'autres cas, aucun
paiement ne sera exigible pendant un certain nombre de mois après
l'acquisition des biens en inventaire. Après quoi, un certain
pourcentage du principal sera exigible.
Selon nous, les restrictions apportées aux droits
d'exécution du commerçant ne conviennent pas à la
transaction commerciale. Le commerçant ne participera d'aucune
façon au revenu que devrait normalement produire le bien acheté
par le consommateur commercial ou industriel, mais pourra subir une perte du
fait d'une erreur commise par le consommateur. Par exemple, si une entreprise
surestime ses besoins d'équipement productifs ou de services et manque
à ses engagements en vertu du contrat, le commerçant subira un
long retard dans le recouvrement du paiement intégral au cours des
procédures judiciaires ou, encore, il devra reprendre
l'équipement usagé en règlement complet de la dette. Dans
ce dernier cas, lorsque l'équipement est revendu, la valeur marchande
est souvent inférieure au solde dû en vertu du contrat.
Dans ces circonstances, les petites entreprises, en particulier, auront
peut-être du mal à obtenir le crédit dont elles ont besoin
pour leurs achats à tempérament. Par conséquent, nous
recommandons instamment qu'en cas d'octroi de crédit à des fins
industrielles, commerciales ou professionnelles les transactions de
crédit restent en dehors du ressort du projet de loi. On pourrait
aboutir à ce résultat en inscrivant dans la loi une
définition du terme "consommateur" qui exclurait le consommateur
bénéficiant d'un crédit à cette fin. On pourrait
parvenir au même résultat en modifiant la définition du
terme "contrat" au moyen d'une exclusion analogue.
Si, d'autre part, le gouvernement désirait fournir la même
protection applicable aux consommateurs à certains groupes
d'intérêts spéciaux comme les cultivateurs ou les
pêcheurs, on pourrait inclure ces groupes dans la définition du
consommateur tout en excluant les transactions industrielles, commerciales et
professionnelles.
Dans la section I, article 1, alinéa a), la définition de
l'automobile usagée. Selon cette définition, un grand nombre de
véhicules qui font à l'heure actuelle partie des véhicules
neufs tomberaient, aux fins du projet de loi, dans la catégorie des
véhicules usagés. Tel que l'article est rédigé, si
un vendeur déplace l'automobile de la salle de montre à un
terrain non contigu, le véhicule devient une automobile
usagée.
A l'alinéa b), "bien", nous proposons que la définition
exclue également les comptes à recevoir ou encore que le mot
"corporel", soit inséré après le mot "mobilier", à
la première ligne, et que la remarque touchant la valeur
mobilière soit supprimée.
A l'alinéa f), le terme "droits exigibles". Pour plus de
clarté, nous proposons d'élargir cette définition en
donnant des exemples de l'intention du législateur.
A l'alinéa o), vendeur itinérant.
M. TETLEY: Pardon, si vous me permettez, M. Deslauriers, je vois que la
plupart de vos suggestions qui sont fort importantes, d'accord
ont déjà été faites. Par exemple, M. Paradis, qui
est à votre droite, a déjà fait pour IAC presque les
mêmes suggestions: définition du consommateur, etc. D'autre part,
nous voulons que tout le monde ait le droit et le temps de présenter son
mémoire, et surtout je veux donner aux députés, à
ma droite, en face et même au président, le droit de poser des
questions.
Je suggère à mes confrères et à vous, Me
Deslauriers, qu'il serait peut-être mieux de donner un aperçu pour
chaque article ou chaque amendement, comme l'ont fait les personnes qui se sont
présentées ce matin. C'est une suggestion.
M. DESLAURIERS: D'accord, M. le ministre. Alors, aux termes de "vendeur
itinérant", nous suggérons que la définition de "vendeur
itinérant" clarifie l'intention du gouvernement. Par exemple, un vendeur
d'automobiles qui irait faire une démonstration et qui signerait le
contrat de vente de l'automobile tout en reconduisant son client ne tombe pas
dans cette catégorie. Nous préconisions que le terme
"habituellement" soit placé après le mot "conclut" à la
troisième ligne et que le mot "et" remplace le mot "ou" à la
troisième ligne également. Nous recommandons d'ajouter à
cet article une définition du terme "commerçant".
L'article 6 a pour effet de forcer le marchand à faire une offre
irrévocable de vente ou de prêt, suivant le cas. Cela, pendant une
période illimitée. Nous estimons que cela est injuste et nous
préconisons que l'offre ne lie le commerçant que si le
consommateur exécute le contrat dans un délai
déterminé.
A l'article 12, nous supposons que l'auteur du projet de loi ne vise pas
un prêt hypothécaire garanti. Nous recommandons les amendements en
conséquence.
L'article 13, exige que les frais supplémentaires sur
l'arriéré soient calculés au même taux que le
crédit ordinaire. Nous proposons que la permission nous soit
donnée de pouvoir figurer le refinancement à un taux moindre, si
le cas se produit.
A l'article 14, nous estimons qu'un commerçant qui commet une
erreur par inadvertance et qu'il n'y a aucune mauvaise foi de sa part, a
certainement la permission de pouvoir corriger cette erreur.
A l'article 15, l'exigence suivant laquelle "le contrat doit
prévoir au moins un paiement différé par période"
est trop restrictive. Par exemple, dans le cas d'un fermier, ou d'un
pêcheur, dans le cas où le client n'a pas un revenu
régulier, il devrait avoir la permission de faire ses paiements
échelonnés selon sa forme de revenus.
L'article 16. Si on est d'accord avec le principe des paiements non
réguliers, l'article 16 devrait être modifié en
conséquence Cet article mentionne aussi que le dernier paiement doit
être moindre que les autres versements. Nous proposons, afin
d'éviter plusieurs erreurs de calcul, que le terme pourrait être
changé et l'article dire: "le remboursement ne peut être
supérieur à une fois et demie le montant du paiement
différé."
L'article 17. L'article 17 suggère la méthode de
remboursement des frais selon la règle très connue sous le nom de
règle 78 et acceptée par presque toutes les autres provinces.
Pour une explication de cette règle, nous avons ajouté l'annexe
20 a).
L'article 18. Tout en reconnaissant au consommateur le droit d'obtenir
un état de compte, il faut également reconnaître que la
préparation d'un tel compte peut être très onéreuse
surtout si elle est répétée pour des raisons non valables.
Nous suggérons que cette demande d'informations se limite à trois
fois dans une période de douze mois, et si cette demande est faite plus
souvent, qu'un taux minimum de $5 soit demandé.
L'article 21. Cet article pourrait avoir des conséquences
fâcheuses dans le cas d'une vente à tempérament. Si
l'obligation que le consommateur avait contractée en vertu du premier
contrat est réputée avoir été payée avant
échéance, et si un contrat était modifié d'une
manière quelconque et remplacé, le titre sur le bien mobilier,
l'objet de la vente serait censé avoir passé au consommateur.
Nous pensons que cet article causerait certainement un dommage non seulement au
commerçant, mais au client. Si évidemment, en refinançant
le contrat, le commerçant ou celui qui détient le lien perd ce
lien, automatiquement, il ne sera pas apte à vouloir refinancer ce
contrat.
Article 22, alinéa g): Pour indiquer clairement que le montant
reçu par le consommateur ne doit pas être inclus en vertu de cet
alinéa, nous recommandons d'insérer "d" après le terme
"paragraphes" à la deuxième ligne.
Article 28: Nous vous proposons plusieurs changements à l'article
28, car le terme "crédit accessoire" doit être défini. Son
sens, en vertu de ce projet de loi, est incertain.
Aux alinéas g), 1), q), r) et t), nous comprenons mal le sens de
certaines définitions. Par conséquent, nous ne pouvons
présenter d'observations valables à ce sujet.
Aux alinéas k) et 1), le coût de l'assurance et les droits
exigibles supplémentaires, en suppos-sant que ces derniers soient des
droits officiels ou des droits d'enregistrement, ne devraient pas figurer dans
le coût du crédit. Tandis que l'assurance, comme l'assurance-vie,
accident ou maladie, est disponible et offerte au consommateur, le montant
perçu doit être payé par le commerçant à
l'assureur. De même les droits exigibles supplémentaires doivent
être versés au gouvernement. Par conséquent, ils ne
représentent pas plus un coût de crédit que le prix au
comptant des marchandises.
En ce qui concerne la prime d'assurance, il faut également se
rendre compte que l'assurance contre les dégâts matériels
et les autres genres d'assurance connexes peuvent être inclus dans le
contrat. Nous avons résumé l'article 28 en totalité et
nous l'avons ajouté à l'annexe 20 b), section VIII.
L'article 30: Nous recommandons la suppression de l'alinéa c),
car il ne semble ni approprié ni raissonnable d'obliger un
commerçant à fournir des renseignements par écrit sur
"l'endroit où le bien sera habituellement conservé".
Articles 31 et 32: Le sens du premier paragraphe de l'article 31 ne nous
paraît pas absolument clair. Nous supposons qu'il signifie que seuls les
biens vendus au moment où le contrat est conclu peuvent servir de
garantie pour la vente et que cela n'empêche pas ce que l'on appelle,
dans l'industrie du financement, des contrats supplémentaires.
Les contrats supplémentaires sont des contrats à propos
desquels le consommateur, ayant déjà un compte, effectue un
nouvel achat et demande d'avoir un seul compte et de n'effectuer qu'un seul
versement.
Ce genre de transaction fournit non seulement une méthode de
paiement pratique pour l'acheteur, mais permet également aux petits
commerçants de fournir un programme de financement pratique et
comparable à celui qui est offert par les gros commerçants et les
grands magasins qui offrent des systèmes de crédit variable
autorisés en vertu de cette loi.
On peut aussi mentionner que toutes les autres provinces du Canada qui
ont des lois visant à assurer la protection des consommateurs autorisent
les contrats de vente supplémentaires.
Article 31. L'article 31 exige également un paiement initial d'au
moins 15 p. c. du prix de la vente à tempérament. Bien que les
sociétés de financement exigent en général un
versement comptant minimum pour le financement des
ventes à tempérament, il faut se rendre compte que le
consommateur dispose d'un grand nombre de sources de crédit auxquelles
il peut recourir pour l'achat de biens de consommation et à propos
desquelles il n'existe aucune exigence légale touchant le versement
comptant.
Article 33. Pour établir clairement que le commerçant a
droit au coût du crédit dans les cas où le débiteur
est en défaut, suivant cet article, nous recommandons que les termes
"solde du prix de vente" soient remplacés par "somme globale des
montants différés".
Article 35. Nous recommandons le retrait de cet article. Il faut
comprendre que les biens ne sont repris par le commerçant ou son ayant
cause qu'en dernier ressort. Donc, lorsqu'il y a de fortes raisons de craindre
que les biens couverts par le contrat seront dépouillés des
accessoires endommagés, détruits ou dissimulés, l'exigence
d'un avis de reprise de 30 jours équivaudrait à inviter la
personne malhonnête à endommager ainsi les biens qui sont sous la
protection de la loi. Le marchand se voit refuser le droit d'obtenir
compensation pour ces dommages délibérés puisqu'il ne peut
rien réclamer du déficit après revente.
Nous recommandons que la loi actuelle, i.e. l'article 156-1 h) du code
civil, soit incorporée dans cette nouvelle loi. De cette façon le
consommateur honnête sera pleinement protégé. Nous n'avons
aucune objection à ce que la loi refuse au commerçant le droit de
reprendre possession de son bien avant que la dette ne soit en défaut
depuis au moins 30 jours. De cette façon la rupture
délibérée du contrat par le consommateur pendant une
période de 30 jours servira à celui-ci d'avis de la reprise de
possession possible du bien par le commerçant.
Article 36. Cet article devrait être modifié afin de
prévoir l'envoi de l'avis après la reprise de possession et afin
de prévoir aussi l'obligation du commerçant de conserver le bien
suivant l'article 156-1 h).
Article 37. Nous tenons à indiquer respectueusement qu'il est
injuste que le consommateur qui a traité le bien avec négligence
et insouciance soit autorisé à échapper aux
conséquences de ses actes aux dépens du commerçant.
Nous estimons que tous les biens couverts par le contrat doivent
être rendus au commerçant avant que la dette ne soit
éteinte et que les biens doivent être rendus dans le même
état que celui où ils ont été vendus.
Article 38. Conformément à nos recommandations touchant
l'article 28, il importe de modifier les références aux
paragraphes contenus dans cet article de manière à ce qu'elles se
lisent comme suit : "Si lors du défaut du consommateur, celui-ci a
payé au moins les deux tiers du montant mentionné au paragraphe
p) de l'article 28."
Aux articles 48 et 51, nous estimons que le délai prévu
pour réintégrer les parties dans leur position initiale est trop
long. Tel que la loi est rédigée à l'heure actuelle, le
consommateur peut avoir le bien en sa possession pendant douze jours. Nous
préconisons qu'il serait plus raisonnable et plus juste de
réduire les cinq jours stipulés à l'article 48 à
deux jours et les sept jours stipulés à l'article 51 à
trois jours.
L'article 58. Nous estimons que, sous sa forme actuelle, il est trop
difficile au commerçant de respecter l'article, étant
donné l'étendue du terme" le crédit qu'il accorde." Nous
recommandons donc que les termes "coût du" soient placés avant le
terme "crédit", à la deuxième ligne.
L'article 66. L'étendue de cet article dépasse, à
notre avis, l'intention du législateur. Sous sa forme actuelle, nous
estimons qu'une stipulation du contrat touchant l'inexécution de
l'obligation de payer pourrait être réputée non
écrite, puisque le fait de déterminer s'il faut
l'interpréter comme un défaut est un droit unilatéral du
commerçant. Nous proposons donc que les termes suivants soient
placés en tête de l'article: Excepté en ce qui concerne les
questions de fait.
Les articles 74 et 78. La Fédération des
sociétés de financement appuie la création d'un Office de
la protection du consommateur. Nous saisissons l'occasion pour offrir notre
aide et notre collaboration à cet office, de la manière qui
pourrait être jugée souhaitable et utile. Ce serait un plaisir et
un honneur pour la Fédération des sociétés de
financement qu'un de ses représentants soit nommé pour faire
partie du Conseil de la protection du consommateur, si l'on estime que notre
expérience dans le domaine du financement des ventes pourrait être
utile au gouvernement et à l'office.
La section XIV. L'article III soulève plusieurs points. Dans le
premier paragraphe de cet article, la version anglaise parle du mot "nullity".
Nous ne savons pas ce que ce terme signifie et nous en demandons la
définition. En supposant que le terme anglais "nullity" signifie que le
contrat peut être nul et non exécutoire, nous remarquons que la
version anglaise indique que tout, dans le sens de "any", consommateur peut
demander la nullité du contrat. Nous avons des objections au droit ainsi
accordé à une tierce personne de s'immiscer dans les affaires
d'une partie au contrat et d'exercer les droits de cette partie, sans tenir
compte si la partie en cause désire exercer ses droits elle-même
ou les faire exercer en son nom.
L'article "le", dans l'expression "le consommateur", a été
utilisé dans la version anglaise de ce paragraphe et au paragraphe
suivant. Il semble donc qu'une erreur grave de traduction ait pu se
glisser.
Le second paragraphe de l'article III permet au consommateur d'exiger la
suppression du coût de crédit et la restitution de toute partie du
coût du crédit déjà payée, sans stipuler que
le fait de ne pas respecter cette loi est le
fondement nécessaire d'une telle demande, et sans stipuler que le
principal devient immédiatement exigible et payable.
L'article 112 entraîne le transfert de la propriété
au consommateur du bien acheté en vertu d'un contrat de vente
conditionnelle si le contrat ne respecte pas les exigences prescrites par la
section III de la loi.
Nous demandons qu'une exception soit faite pour les cas mettant en cause
une erreur commise de bonne foi par le commerçant. Nous demandons, en
outre, que le transfert de la propriété soit établi
d'après l'intention du commerçant de tromper le client.
Article 113. Nous recommandons la suppression de cet article à
cause de l'imprécision des termes "inexpérience", "nullity",
"exploited" et "considérablement disproportionnées".
En conclusion, nous espérons que ce mémoire pourra venir
en aide au gouvernement et que nous aurons, une fois de plus, l'occasion de
fournir nos observations sur le projet de loi, s'il fait l'objet d'une nouvelle
révision avant sa promulgation, et sur les règlements y
afférents lorsque lesdits règlements seront
rédigés.
Merci beaucoup.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais tout d'abord remercier M.
Deslauriers ainsi que ses conseillers de leur mémoire et des annexes,
que je trouve très importantes et très intéressantes,
surtout l'annexe au sujet du calcul d'intérêt, coût du
crédit, etc.
Je trouve que le mémoire est important parce qu'il contient des
suggestions d'ordre technique. Je vais en mentionner quelques-unes. Je note,
à la page 4 c'est votre opinion que la législation
est trop vaste. Je voudrais tout simplement noter que d'autres personnes sont
aujourd'hui venues demander une législation beaucoup plus vaste et ont
critiqué le projet de loi 45 parce qu'il n'était pas assez large.
C'est une question d'opinion.
Aux pages 13 et 14 de votre mémoire, je trouve votre suggestion
très intéressante. A la page 17, vous parlez de l'assurance-vie,
et pour quelques personnes l'assurance-vie n'est pas un coût de
crédit. Mais, en effet, c'est un coût pour le consommateur. Je ne
veux pas discuter un terme comme coût de crédit ou toutes sortes
de coût, mais je voudrais noter que c'est un vrai coût pour le
consommateur. C'est notre intention de montrer au consommateur le vrai
coût total de son achat à crédit.
A la page 20, vous avez fait une suggestion intéressante au sujet
de l'article 30, alinéa c); c'est très intéressant. Si je
passe quelques suggestions, cela ne veut pas dire qu'elles ne sont pas
importantes. A la page 28, vous avez parlé des cinq jours en vertu de
l'article 48 et des sept jours en vertu de l'article 51. Je vous avoue que
c'est un problème. Les délais sont même plus longs parce
qu'en vertu de l'article 100, le délai, à moins que le contrat ne
soit écrit le samedi et le dimanche, est de sept jours plutôt que
de cinq jours.
En effet, qu'il me soit permis de vous faire remarquer que nous voulons
aider le consommateur mais sans nuire au commerce. Nous savons tous que l'on
peut nuire à l'économie en faisant des changements à la
consommation du public. On peut aider l'économie. Les économistes
du monde entier affirment que si l'on peut stimuler l'économie, on va
aider l'économie. Je suis certain qu'aider l'économie est le but
de tous, ici. Evidemment, dans la préparation du projet final il nous
faut trouver une entente entre les deux afin de protéger le consommateur
et en même temps aider l'économie. En effet, c'est le
problème dont votre mémoire fait mention à plusieurs
reprises.
A la page 30, vous mentionnez que nous avons donné
peut-être plus de droits aux anglophones qu'aux francophones. Ce n'est
pas moi qui ai rédigé ce texte. C'est tout, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, je serai bref. Je voudrais d'abord
remercier M. Deslauriers d'avoir accéléré la
présentation de son mémoire, ce qui nous permettra de prendre
connaissance probablement de tous les travaux aujourd'hui. Ce que je vais dire
est peut-être une répétition, mais le ministre a
mentionné le coût de l'assurance-vie. Je puis dire que
l'Opposition officielle, sur ce sujet, est de son opinion. On peut discuter des
termes, mais il s'agit non seulement des coûts de crédit, mais du
coût au consommateur.
Le but visé par cette loi nous parait louable, nous l'avons
déjà dit, surtout dans une société comme la
nôtre qui est axée sur la consommation. Il nous paraît
cependant certain, comme les autres partis d'Opposition, que des amendements
doivent être suggérés. C'est ce que font, d'ailleurs, ceux
qui se présentent devant nous, c'est une participation que nous
apprécions, de façon à rendre la loi plus claire. Par
exemple, nous avons souligné, à plusieurs occasion, que la
traduction anglaise était défectueuse et qu'elle ne rendait pas
toujours le même sens que le texte français. Ce n'est pas la
première fois que nous nous rendons compte de ceci.
Dans certains cas, comme membre de l'Opposition, je peux dire,
dès aujourd'hui, que nous avons suggéré quelques
adoucissements à la loi, mais dans d'autres cas je le mentionne
aussi clairement nous avons suggéré des dispositions plus
sévères. Nous nous réservons la deuxième lecture
pour exprimer les principes. Au moment où le comité
plénier se réunira, on pourra prendre certaines suggestions, qui
ont été entendues jusqu'à présent. Je
préviens le ministre dès à présent parce que
déjà l'ancien gouvernement avait préparé, au mois
de mars,
un projet de loi. Sur certains points, les deux projets se rejoignent;
le nôtre était parfois plus doux ou plus sévère et
nous y reviendrons à la lumière de tout ce que nous avons
entendu. Je vous remercie, M. le Président.
M. TETLEY: Vous allez tellement aimer notre projet que vous n'aurez
aucun commentaire.
M. DESLAURIERS: Si vous voulez me permettre, M. le Président, je
voudrais remercier le ministre. Je crois que l'ensemble du mémoire a
été très bien saisi. Je veux réitérer ici le
but de la Fédération des sociétés de financement:
Nous sommes entièrement d'accord sur le principe de la protection du
consommateur, mais nous voulions simplement souligner le fait qu'une loi bien
faite est beaucoup plus efficace et que tout en protégeant le
consommateur au maximum, elle protège aussi le commerçant qui,
lui aussi, doit être protégé si on veut une économie
saine.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai le plaisir de remercier M.
Deslauriers pour le mémoire qu'il nous a présenté et pour
la façon dont il nous l'a présenté. Je ne voudrais pas
prolonger le débat. J'aurais seulement une question à poser
à M. Deslauriers qui est la suivante: A la page 16 de votre
mémoire, article 28, vous dites: "Le terme "crédit accessoire"
doit être défini. Son sens en vertu de ce projet de loi est
incertain." J'aimerais que vous nous donniez quelques explications sur ce que
vous voudriez voir inscrit comme crédit accessoire.
M. DESLAURIERS: Je regrette, le bruit de la salle m'a
empêché de comprendre exactement ce que vous désirez.
M. ROY (Beauce): A l'article 28, page 16 de votre mémoire, vous
avez mentionné que le terme "crédit accessoire" doit être
défini. Si je comprends bien, cela veut dire que vous trouvez que la
définition du crédit accessoire n'est pas assez explicite. Selon
vous, que devrait être la définition du crédit accessoire?
Vous dites plus loin: "Son sens en vertu de ce projet de loi est
incertain".
M. DESLAURIERS: C'est justement le but de notre question. Nous ne savons
pas tout à fait ce que cela veut dire, ce que l'intention du
législateur a été en disant "crédit accessoire". Il
est extrêmement pénible pour nous de vous donner une
définition si nous ne comprenons pas le but ou l'idée que le
législateur avait en utilisant ce terme.
M. ROY (Beauce): Je vais retourner ma question au ministre.
M. TETLEY: J'en prends note.
M. DESLAURIERS: II existe beaucoup de formes de crédit. On peut
vous en donner toute une liste. Si ce n'est pas défini...
M. TETLEY: Je vois le problème. En effet, nous voulons viser tout
contrat. Nous voulons protéger tout consommateur.
M. ROY (Beauce): Mais vous admettez qu'il y aurait lieu de
définir plus clairement le terme de crédit accessoire.
M. TETLEY: Oui, je pense que cela pourrait peut-être
répondre à une remarque que vous avez formulée.
M. DESLAURIERS: Merci.
M. TETLEY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. Deslauriers, à la page 17 de votre mémoire,
vous dites: "... l'assurance est disponible et offerte au consommateur...".
Est-ce qu'un consommateur qui va chez vous a le choix de prendre ou de ne pas
prendre l'assurance?
M. DESLAURIERS: Oui, l'assurance est complètement libre. Nous
l'offrons comme un service. La plupart des compagnies l'offrent, mais aucune
compagnie ne rend l'assurance obligatoire.
M. LEGER: Mais est-ce qu'il a le choix de la compagnie ou si c'est la
compagnie qui fait affaire avec vous...
M. DESLAURIERS: La compagnie qui fait affaires avec nous, avec laquelle
nous avons une entente pour placer l'assurance.
M. LEGER: Pour quelle raison le consommateur n'aurait-il pas le droit de
choisir sa compagnie, en ce sens que c'est lui qui paie la prime et, en
définitive, c'est la compagnie de finance qui va en recevoir le
bénéfice s'il décède ou s'il lui arrive un accident
quelconque?
M. DESLAURIERS: L'assurance offerte en général par la
compagnie de finance est considérée comme une assurance-groupe.
Les taux qu'on offre et les arrangements qu'on a avec la compagnie... Comme
vous le savez, le principe de l'assurance est que si vous placez plusieurs
polices, vous pouvez en diminuer le coût. L'assurance offerte par la
compagnie de finance peut être considérée comme une
assurance-groupe. Est-ce qu'un autre de mes collègues voudrait ajouter
quelque chose?
M. LEVASSEUR: Non.
M. LEGER: Le fait que la compagnie de finance pourrait avoir
intérêt à ce que ce soit telle compagnie plutôt
qu'une autre, non seulement parce que les tarifs sont bons, mais parce qu'elle
a des intérêts dans d'autres compagnies...
M. DESLAURIERS: Oui.
M. LEGER: Si, par hasard, le consommateur ne peut pas choisir et qu'il
doit faire affaire avec une compagnie qui n'a pas de siège social au
Québec, si ce sont des intérêts étrangers au
Québec et que le consommateur veut encourager une compagnie du
Québec qui aurait un taux concurrentiel, il n'a pas le choix
actuellement? Vous n'avez pas un choix de quelques compagnies avec qui vous
auriez fait des ententes vous-même pour qu'il puisse choisir entre
elles?
M. LEVASSEUR: II aurait le choix parce qu'il a toujours le choix de
l'accepter ou de la refuser. Maintenant, le fait que l'assurance est
placée dans une même compagnie, comme M. Deslauriers le disait
tout à l'heure, rend possible un taux minime pour la même
protection. Si l'individu essayait d'obtenir la même protection dans une
compagnie indépendante en se présentant individuellement, la
prime serait certainement beaucoup plus élevée. Mais il a
toujours le choix de la refuser.
M. LEGER: Mon autre question s'adresse au ministre. Je reviens à
une question de ce matin concernant le consommateur qui se sent
lésé, qui est une personne qui n'a pas plus d'expérience
que ça pour se débrouiller. Est-ce que vous prévoyez dans
votre loi, ou dans le mécanisme de fonctionnement de cette loi, un moyen
pour cette personne-là d'avoir une réponse à toutes ses
revendications? Je vais vous donner un exemple. Supposons qu'une personne ait
été lésée concernant l'achat de terrain.
Actuellement l'achat de terrain n'est pas inclus dans la loi que vous avez ici.
Si on se réfère à l'article 70 du bill, on dit que
l'office est chargé de surveiller l'application de la présente
loi et des règlements.
Cela veut dire que l'office n'aurait pas la responsabilité de
s'occuper de cette personne, mais pourrait lui dire: Ecoutez! vous vous
adresserez à tel autre département qui peut s'occuper de votre
cas. Est-ce que vous prévoyez qu'il ne serait pas
préférable que l'office soit le seul endroit qui pourrait diriger
toutes les recommandations allant même jusqu'à des lois
fédérales ou de certaines autres provinces ou même d'Etats
américains qui seraient responsables de l'application de certaines
parties de la loi?
M. TETLEY: Je suis de votre avis et c'est la raison pour laquelle nous
avons placé ensemble à Montréal, tous les services du
ministère. Actuellement il y a un service de vente immobilière.
Il y a des hommes qui reçoivent des appels chaque jour, qui font des
enquêtes, aujourd'hui. A Québec, le 11 février, tous les
services du ministère seront ensemble pour la première fois, pour
cette raison. J'espère que nous aurons dans l'annuaire et dans notre
publicité, un seul numéro de téléphone, afin qu'un
consommateur, homme ou femme, qui téléphone au gouvernement soit
dirigé au bon endroit.
Le gouvernement fédéral a un système
intitulé: Boîte postale 99, où toute personne peut
écrire et demander un renseignement au sujet de la consommation ou de
n'importe quel autre problème. Il l'a annoncé une fois et il a
reçu, je crois, 5,000 demandes au cours des trois premiers mois. Le
quatrième mois, il a reçu 5,000 demandes et il reçoit,
sans publicité, à peu près 5,000 demandes par semaine. En
effet, le fédéral a constaté qu'il avait besoin d'une
équipe de grands spécialistes, parce que les problèmes
sont difficiles. Il faut un avocat, parfois il faut un expert en finance, un
économiste ou souvent un ingénieur. Le fédéral ne
fait aucune annonce à ce sujet depuis sept à neuf mois et le
problème est devenu aigu pour lui parce que, souvent, je regrette de le
dire, mais apparemment les personnes aiment téléphoner ou
écrire et elles insistent. Vous êtes députés, vous
savez aussi bien que moi que vous aidez souvent vos électeurs, mais
souvent c'est impossible d'aider, de répondre convenablement et aucune
réponse n'est acceptable.
Et ce sera le problème. Evidemment, il faut un bureau central, ce
que nous avons déjà au ministère, mais nous avons
déjà la place d'un bureau à Montréal et à
Québec pour l'Office de la protection du consommateur, pour les appels,
pour les lettres. Nous n'avons pas assez d'avocats, d'ingénieurs,
d'experts. J'ai plusieurs idées en tête, par exemple, l'assistance
du Barreau; il a déjà des bureaux d'assistance gratuite,
d'assistance judiciaire. Peut-être qu'il faudra non pas un cours pour les
avocats mais peut-être des leçons où on expliquera...
M. LEGER: Recyclage.
M. TETLEY: ... le bien-fondé de la loi et ses implications.
Nous aurons peut-être besoin, dans toutes les régions
et nous l'avons suggéré en pensant aux bureaux
d'assurance-chômage où il y a un avocat toute la
journée d'un expert en finance, d'un ingénieur, pour donner
des renseignements parce que les problèmes sont très
techniques.
M. LEGER: Mais, M. le ministre, vous répondez partiellement
à ma question. Je vous dis
que cela oblige l'office à ne s'occuper que des cas qui sont
couverts par votre loi. Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est habile ou sage
d'en élargir le sens pour dire que l'office doit recevoir, acheminer et
voir à obtenir la solution d'un problème donné, même
si ça ne touche pas la juridiction du bill 45? Dans l'exemple
cité tantôt, il semblerait que quelqu'un le mentionnait
pour contourner la loi des cartes de crédit, une compagnie puisse
envisager d'avoir un pied-à-terre, mettons, dans l'Etat de New-York pour
envoyer de cet endroit des demandes de crédit. Dans ce cas, est-ce que
le gouvernement provincial pourrait réellement agir?
M. TETLEY: Oui. Je crois que oui. Les personnes hors de Québec
qui font affaires au Québec doivent obéir à notre loi,
qu'elles résident dans les autres provinces ou aux Etats-Unis...
M. LEGER : Avez-vous le pouvoir de les pénaliser?
M. TETLEY: Je crois que oui.
M. LEGER: II faut que ce soit aux Etats-Unis qu'on les
pénalise.
M. TETLEY: Je crois que oui. Nous allons les pénaliser. Si, par
exemple, l'American Express, qui a son siège social à Chicago, je
ne sais où, à New-York...
UNE VOIX: A Los Angeles.
M. TETLEY: ...envoie, au moyen d'un ordinateur central à Chicago
ou à New-York, des cartes ou des offres, etc., aussitôt que
ça arrive ici, il faut que cette compagnie-là se conforme
à notre loi et que les autres provinces le fassent aussi. Nous avons
déjà eu des rencontres et il n'y a pas de problème. Nous
avons même pensé à .un système où, par
exemple, si une compagnie a perdu son permis de vendeur itinérant, nous
allons aviser l'Ontario et elle va faire de même. En effet, j'ai
déjà reçu du ministre de l'Ontario des commentaires sur la
décision rendue en Ontario au sujet de deux compagnies de vendeurs
itinérants.
M. LEGER: Concernant la juridiction fédérale, est-ce que
vous pourriez inclure dans votre loi que l'office serait responsable de
l'acheminement? Un simple consommateur qui n'est pas tellement habitué
se perd dans les dédales administratifs d'organisations comme celles du
Québec, de l'Ontario ou du fédéral. Ne pensez-vous pas
qu'il soit bon que l'office du Québec puisse acheminer le travail et
ramener la réponse?
M. TETLEY: Oui, mais même l'article 70 e) dit: "Coopérer
avec les divers ministères et organismes du gouvernement..." et
l'alinéa f): "Coopérer avec les ministères et services du
gouvernement fédéral et les gouvernements des autres provinces
chargées de la protection du consommateur. "...
M. LEGER: Mais c'est coopérer. Cela ne veut pas
nécessairement dire de mener à bonnes fins la recherche et la
demande.
M. TETLEY: Oui.
M. LEDUC: Messieurs...
M. LE PRESIDENT: Excusez. Si vous me permettez, le but de la rencontre,
ce pourquoi la commission siège aujourd'hui c'est d'entendre les
représentations des différentes associations, organismes et
sociétés. Sans vouloir interrompre la discussion, je crois que
nous aurons l'occasion de poser toutes ces questions-là lors du
débat en deuxième lecture et au moment où nous serons en
comité plénier. Afin de hâter la procédure, je pense
que le député de Lafontaine va comprendre que les questions qu'il
pose sont pertinentes, intéressantes, savantes, mais qu'il pourrait
peut-être les noter et les poser au moment de l'étude en
comité plénier afin de donner l'occasion à ceux qui sont
venus nous rencontrer de causer de leurs suggestions pour qu'on puisse terminer
avant deux heures demain matin.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais répondre à
la question que M. Léger a soulevée.
Est-ce que le bureau va collaborer avec les autres services du
ministère? Oui, j'envisage un bureau central.
M. LEGER: C'est pour, comme le ministre a un autre bill à
présenter, que nous ayons moins de questions à poser; il va
déjà être parfait.
M. TETLEY: Et pour les autres juridictions hors du Québec,
à ce jour je ne vois pas de problèmes.
M. LEGER: Tantôt, l'ancien ministre de l'Education disait qu'il y
aurait une deuxième lecture à nouveau; cela veut-il dire que vous
allez avoir un projet de loi complètement nouveau à nous
présenter, y aura-t-il une deuxième lecture?
M. TETLEY: Suivant la loi adoptée sous le régime de feu
Daniel Johnson, tout projet de loi qui n'est pas adopté au 31
décembre est mort, sauf s'il y a consentement unanime.
M. CARDINAL: Sauf consentement.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions à poser
à M. Deslauriers, nous le
remercions et nous allons passer à un autre groupe. Voici Avon,
messieurs.
Produits Avon du Canada
M. LEBEL: Au nom de la compagnie Avon que je représente devant
vous, M. le Président, messieurs les membres de la commission, je tiens
à vous remercier de nous donner l'occasion d'exprimer notre point de vue
quant à ce projet de loi visant à la protection du
consommateur.
Nos suggestions, remarques et points de vue relativement à ce
projet de loi sont évidemment en fonction de trois considérants
principaux, qui sont d'ailleurs mentionnés dans notre mémoire. Le
premier considérant se réfère au statut même de la
compagnie Avon. Le deuxième concerne son attitude, tant passée
que présente, à l'égard du consommateur en
général, c'est-à-dire à l'égard de ses
propres clients, et le troisième concerne le statut bien particulier des
représentants de la compagnie Avon.
Avant de vous soumettre nos remarques quant au bill 45, je me propose,
avec votre permission, bien entendu, de commenter très brièvement
chacun des trois considérants en question. La compagnie Avon se
spécialise dans la fabrication et la vente de cosmétiques, de
produits de toilette et de certains articles ménagers. Elle fait
affaires dans toutes les provinces du pays depuis 1913. Il est, je crois,
important de mentionner que le siège social de même que l'usine de
fabrication de la compagnie Avon sont situés dans la province de
Québec, à Pointe-Claire; 750 employés y travaillent et il
s'agit d'un investissement d'au-delà de $7 millions. En passant, on peut
dire que la compagnie Avon est bien ancrée dans la province de
Québec; elle vient tout juste de dépenser $1.5 million pour
l'agrandissement de son usine de fabrication et de son siège social.
Il est également important, pour bien comprendre le
mémoire que nous avons présenté, de souligner ceci. La
mise en vente des produits Avon se fait exclusivement par l'entremise de
représentants, qui sont de sexe féminin. Or, les produits Avon ne
sont mis en vente dans aucun magasin de détail ou de gros.
En terminant mes remarques introductives sur la compagnie Avon,
permettez-moi de vous mentionner qu'elle fait partie du groupe Avon, reconnu
actuellement comme la plus grande société de cosmétiques
au monde.
Permettez-moi de traiter de l'attitude présente et passée
de la compagnie à l'égard du consommateur en
général. Cette attitude peut se résumer en quelques mots:
Protection totale du consommateur. La preuve de cette protection totale du
consommateur que nous avons toujours accordée s'établit si l'on
considère les méthodes de vente que la compagnie a toujours mises
en vigueur. À titre d'exemple: Aucun dépôt ou commande
n'est exigé d'un client lorsque la représentante Avon se
présente à domicile.
Le deuxième point: Toutes les ventes de la compagnie, sans aucune
exception, et ceci constitue une politique formelle, se font au comptant.
Lorsque la représentante Avon livre les produits la livraison
suit d'environ deux semaines la commande le paiement comptant de la
marchandise est exigé. Nous n'avons rien de tel que les ventes à
termes, les ventes à crédit, en ce qui concerne nos transactions
avec nos clients. Ce qui est très important à mentionner en
relation avec nos méthodes de vente, c'est qu'en tout temps le client
peut annuler un achat. Au moment de la commande, il reçoit copie du bon
de commande et au verso de cette copie je crois que j'en ai annexé
une à mon mémoire vous avez la garantie Avon, qui est, je
crois, très explicite.
Or, tout client ou toute cliente peut annuler un achat à quelque
moment que ce soit et pour quelque raison que ce soit. Au moment de la
livraison, elle peut annuler une vente; postérieurement à la
livraison, elle peut se prévaloir de la garantie Avon pour annuler un
contrat. A titre d'exemple, j'ai annexé à mon mémoire une
brochure qui pourrait être identifiée comme exhibit p2) et qui
constitue les instructions de la compagnie à ses représentantes.
Si les membres de la commission se réfèrent à la page 10
de cette brochure, ils verront c'est un feuillet jaune que la
compagnie donne à ses représentantes des instructions très
explicites relativement à la procédure à suivre lorsque la
cliente, pour quelque raison que ce soit, refuse la marchandise qui lui est
livrée ou décide d'annuler la vente.
Je passe finalement au statut des représentantes de la compagnie
Avon, statut que nous croyons bien spécial. Les représentantes
sont toutes, comme je l'ai mentionné tantôt, de sexe
féminin. Généralement, les représentantes Avon qui
se rendent à domicile sont des mères de famille, des
ménagères désireuses de vendre des produits Avon pendant
quelques heures de loisir pour gagner quelques dollars à l'occasion.
Il est important de mentionner que le territoire de vente des
représentantes Avon est situé à proximité de leur
domicile. Il est également important de mentionner que la quasi
totalité des ventes faites par les représentantes Avon sont pour
des montants inférieurs à $25. Ici, permettez-moi de corriger,
messieurs, une erreur de copiste très importante qui s'est
glissée à la page 6 de mon mémoire, où il est
mentionné. "Moins d'un pour cent des ventes ainsi faites le sont pour
des montants inférieurs à $25." Il faudrait plutôt lire le
mot "supérieurs" au lieu du mot "inférieurs".
Donc, la représentante Avon c'est ce que je veux souligner
devant vous cet après-midi a, en sa qualité de
représentante, une occupation, de même qu'un revenu, très
marginaux. La durée de travail des représentantes varie de
quelques semaines à quelques mois par année,
peut-être deux ou trois. Le revenu de chaque représentante peut
varier annuellement en moyenne entre $200 et $250. Donc, il s'agit d'une
occupation et d'un revenu très marginaux. Ce ne sont que quelques heures
de loisir consacrées par des ménagères pour se faire,
à l'occasion des Fêtes, à l'occasion de n'importe quel
événement, un revenu supplémentaire.
Ce genre de représentante permettez-moi cette remarque
est difficilement assimilable aux vendeurs itinérants, si l'on se
réfère au sens habituellement donné par les lexiques
français ou anglais à cette expression. Je crois que les
dictionnaires définissent généralement le vendeur
itinérant comme étant plus ou moins un vendeur ambulant, un
vendeur non résident de l'endroit où il fait affaires, inconnu et
difficilement repérable.
Or, il est difficile de concevoir que cette description de vendeur
itinérant puisse coller à la réalité de nos
représentants que je viens de vous exposer.
Tenant compte de ces remarques de fait, je me réfère
à la page 6 de mon mémoire. La première remarque quant au
projet de loi concerne l'article 97 b) de la loi qui dit: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des règlements pour
déterminer les qualités requises de toute personne qui sollicite
un permis". Or, je vous soumets très respectueusement que, tenant compte
du statut bien particulier de nos représentants, nous suggérons
très fortement à votre commission de voir que les
formalités à être adoptées pour l'obtention du
permis, de même que le coût du permis de vendeur itinérant,
si la loi persiste à considérer comme étant des vendeurs
itinérants, des représentantes comme celles que je viens de vous
exposer, je dis bien qu'à ce moment-là il faudrait que les
formalités pour l'obtention d'un permis soient réduites au strict
minimum et que le coût du permis soit réduit au strict minimum.
Ceci est extrêmement important pour nous, car j'ai mentionné
tantôt, au début de mon exposé, que la mise en vente des
produits Avon se fait exclusivement par l'entremise de représentantes.
Aucun produit n'est vendu dans les magasins. Evidemment, s'il en était
autrement, si la mère de famille, la ménagère,
était assujettie à un formalisme trop rigoureux pour l'obtention
d'un permis, à des formalités trop complexes, enfin, je
songe à de longs questionnaires, empreintes digitales ou autre chose du
genre, je n'ai pas tous les cas en tête à ce
moment-là, je pense qu'une ménagère serait
découragée et désintéressée de se lancer
dans la vente des produits Avon.
Il y a une deuxième remarque que je désire formuler: Si la
loi envisage pour des vendeurs de la catégorie que je viens de
mentionner, l'obligation d'avoir un permis, je demanderais avec beaucoup
d'insistance que ce permis habilite le titulaire à vendre dans toute
l'étendue de la province de Québec. Actuellement, il est
regrettable de mentionner qu'il y a dans nos lois passablement de confusion. Je
le mentionne aux pages 7 et 8 de mon mémoire. Vous avez, dans
l'état actuel des choses, la Loi des colporteurs, certaines lois
spéciales, la Loi des cités et villes, et je me
réfère plus particulièrement à l'article 469,
sous-paragraphes 6, 11, 12 et 14, et à l'article 526 de cette Loi des
cités et villes, et finalement à l'article 700 du code municipal.
Tous ces articles, toutes ces dispositions légales permettent
actuellement aux municipalités d'exiger, par voie de règlement ou
de résolution, un permis ou une licence de toute personne faisant
affaires sur leur territoire. Or, je crois qu'un tel état de chose est
de nature à créer de la confusion et que cette situation est
excessivement injuste, si l'on considère le fait que le coût des
permis varie considérablement d'une municipalité à
l'autre. Il est, et je le dis simplement en passant regrettable
de souligner que certaines municipalités, heureusement fort peu
nombreuses, semblent même abuser des pouvoirs que le législateur
leur a accordés et qu'elles imposent des droits exorbitants à de
simples vendeurs itinérants de la qualité, du genre de ceux que
je viens de mentionner devant vous.
Or, nous croyons très utile que le permis à être
émis en vertu de la présente loi, si elle est adoptée,
habilite son titulaire à faire affaires et à vendre ses produits
sans avoir à passer par la kyrielle de permis exigés par les
municipalités.
Il ne faut pas oublier que les représentantes Avon ne sont pas
nécessairement très fortunées. Ce sont des
ménagères comme les autres qui veulent simplement gagner quelques
sous. Il ne faut pas les obliger à des droits exorbitants, tenant compte
également des revenus qu'un tel travail peut leur apporter. Or, nous
insistons énormément dans notre mémoire pour que soient
abrogés les articles de loi que j'ai mentionnés, entre autres
ceux qui donnent aux municipalités le pouvoir d'exiger des permis.
Je suggère, en conséquence, que les articles 117 et 118
soient abrogés ou modifiés afin de tenir compte de mes
remarques.
Le troisième point de droit que je voudrais mentionner devant
vous réfère à l'article 97 de la loi. Vu l'importance
capitale des règlements qui seront adoptés ultérieurement,
nous suggérons que ceux-ci soient préalablement publiés
dans la Gazette officielle et que permission soit accordée aux
groupements intéressés de faire, si besoin est, des
représentations à leur effet.
Je me réfère également, comme quatrième
remarque, à l'article 76 de la loi. Nous suggérons
évidemment que des représentants de l'Association des vendeurs
à domicile, dont la compagnie Avon fait partie, puissent être
nommés au Conseil de la protection du consommateur dont les membres
seront éventuellement choisis par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Comme j'ai traité tantôt de l'article 97,
messieurs les membres de la commission, je réfère au
sous-paragraphe p) qui permet que des règlements soient adoptés
"pour exempter, en totalité ou en partie, de l'application de la
présente loi toute catégorie de personnes, de biens ou de
contrats qu'il indique". Pour ne parler que des contrats, je tiendrais à
vous souligner, en terminant mon exposé, le fait suivant: Le contrat de
vente effectué entre le représentant Avon et le client est
annulable en tout temps, sans formalité. L'argent est remboursé
intégralement de par la garantie qui est mentionnée au bon de
commande, de même que dans plusieurs brochures ou dépliants
publiés par la compagnie.
Je soumets le problème à la considération des
membres de la commission: Est-ce que la loi qui sera éventuellement
adoptée doit considérer de la même façon que les
autres contrats un contrat qui, à sa face même, donne une
protection totale au consommateur? En réalité, il s'agit d'un
contrat qui donne au consommateur une protection encore plus grande que celle
que le projet de loi actuellement à l'étude lui offre. On peut
l'annuler en tout temps et être remboursé de sa mise de fonds pour
quelque raison que ce soit. Je suggérerais que soit peut-être
étudiée par les membres de la commission la possibilité
que des contrats analogues à ceux-là qui, à leur face
même, permettent sans aucune formalité à l'acheteur de
l'annuler sans coût et d'être remboursé intégralement
de l'argent qu'il a investi soient considérés de façon
différente des autres contrats dont il est question dans le
présent projet de loi.
En terminant, je tiens tout simplement à vous souligner ce que
j'ai dit tantôt, au début. La compagnie Avon, pour sa part, est
entièrement d'accord sur les principes énoncés dans ce
projet de loi, qui sont de protéger, par divers moyens, le consommateur.
Nous désirons féliciter les autorités provinciales de leur
initiative dans le domaine de la protection du consommateur.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. TETLEY: Merci, M. le Président, et merci, Me Jacques LeBel. En
effet, l'on peut dire que Avon a vraiment sonné à notre porte
aujourd'hui. Je note vos représentations et surtout votre
coopération qui est bien appréciée.
La question d'abroger la Loi des colporteurs va affecter
énormément les municipalités. La même suggestion se
retrouve dans un autre mémoire présenté il y a quelques
semaines. Je note que c'est un problème difficile. De toute
façon, je vous remercie de votre mémoire.
M. LEBEL: Si vous permettez, M. le Ministre, vous avez fait allusion
à cet autre organisme qui a présenté un mémoire,
qui l'a, je crois, débattu devant la commission antérieurement au
nôtre à l'effet d'abroger ces permis exigibles actuellement par
les municipalités et qui a fait une suggestion un peu analogue à
la nôtre. Je pense qu'il faut quand même faire une distinction
entre différents types de vendeurs itinérants, et c'est la
distinction que j'ai tenté de faire tantôt dans mon
exposé.
En ce qui concerne les représentantes de la compagnie Avon,
autant l'occupation que le revenu qu'elles ont de cette occupation sont
excessivement marginaux. Ce n'est pas un vendeur itinérant dont la
principale occupation est la vente. Ce sont des ménagères qui
veulent très occasionnellement, quelques mois ou quelques semaines par
année et pour diverses raisons, obtenir un revenu supplémentaire
qui vendent des produits Avon.
Faudrait-il placer exactement dans la même catégorie ces
personnes qui ne travaillent que quelques heures par année et qui ont un
revenu très minime et les vendeurs itinérants dont l'occupation
est la principale source de revenus et les soumettre aux mêmes exigences?
C'est sur cette question très précise et très fondamentale
que notre exposé diffère peut-être de celui que vous avez
mentionné tantôt.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie beaucoup
Me LeBel de l'exposé qu'il a fait, du mémoire qu'il a
présenté. Quant à moi, je n'ai pas de question à
lui poser. Il a évoqué certains problèmes dont le ministre
a pris note, particulièrement en ce qui concerne ces taxes, ces permis
municipaux... C'est un problème évidemment assez délicat,
mais à la suite de contacts et de conversations avec bien des citoyens
du Québec je n'ai jamais entendu de critiques sérieuses au sujet
de la société que vous représentez. J'ai vu très
souvent à la maison pas la mienne des
représentantes de produits Avon et je pense que la façon dont
vous avez présenté le mémoire rend non seulement
sympathique votre cause mais encore plus les charmantes vendeuses qui offrent
ces produits aux dames de mes collègues.
M. LEBEL: J'apprécie vos remarques, M. le
député.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remercie également Me
LeBel de la façon dont il a présenté le mémoire.
J'aurais cependant deux petites questions à lui poser. Vos
représentantes sont-elles obligées d'obtenir un permis
émis par les différentes municipalités pour faire de la
représentation?
M. LEBEL: C'est précisément le point, M. le
député. Le projet de loi actuel ne mentionne évidemment
pas ce sera la responsabilité des règlements à
venir le montant du permis que l'on envisage. Mais dans l'état
actuel des choses, nous sommes astreints à la Loi des colporteurs, dans
certaines municipalités. Cette Loi des colporteurs s'applique lorsqu'une
municipalité n'a pas adopté par règlement des permis ou
des licences concernant les colporteurs. A ce moment, par simple
résolution, en vertu de la Loi des colporteurs une municipalité
peut exiger un montant d'argent sous forme de taxe, licence ou permis.
Or, actuellement, dans la plupart des municipalités, ou bien nous
avons à faire face à la Loi des colporteurs, ou bien nous avons
à faire face aux articles, mentionnés dans mon mémoire, de
la Loi des cités et villes, ou encore à l'article 700 du code
municipal. Ce qui veut donc dire que les représentantes Avon, tenant
compte de tout ce que j'ai expliqué tantôt dans mon exposé,
doivent très souvent payer un montant hors de proportion avec les
revenus qu'elles gagnent de cette occupation.
Je citais tantôt des cas extrêmes mais qui, malheureusement,
existent, M. le député. Certaines municipalités vont, dans
des cas précis, exiger des droits pouvant aller jusqu'à $300.
Evidemment, c'est impensable pour des personnes de s'intéresser à
la vente des produits Avon, dans les circonstances, et ceci cause un
énorme préjudice à la compagnie qui peut difficilement
recruter des représentants dans de telles régions. IL y a
malheureusement des exemples.
M. ROY (Beauce): Maintenant, lorsque vous parlez de $300,
évidemment, ce sont les montants maximums que vous avez eus.
M. LEBEL: Il faut s'entendre. Ce sont des montants maximums et qui ne le
sont pas. Cela s'applique dans le cas de résidents. Mais je pense que la
Loi des cités et villes mentionne même jusqu'à $450 dans le
cas de vendeurs non résidents. Or, ceci est un montant maximum, mais
même un montant de $25, de $30 est disproportionné je le
soumets pour une personne dont l'occupation est marginale et dont le
revenu est marginal, comme je l'ai exposé tantôt.
M. ROY (Beauce): Alors, cela répond à ma question. Voici
la suivante: Combien avez-vous de représentants au Québec,
actuellement?
M. LEBEL: Au Québec, nous en avons, messieurs les membres de la
commission, plusieurs milliers. Il m'est assez difficile, au moment où
je vous parle, de vous préciser, de façon exacte, le nombre parce
qu'il faut tenir compte du fait que la vente des produits Avon est, en partie,
saisonnière. A l'approche des Fêtes, vous aurez évidemment
un plus grand nombre de représentants, et à d'autres moments, en
période creuse, vous en aurez moins. Mais je peux certainement risquer
de vous dire que plusieurs milliers de représentants Avon travaillent
actuellement dans la province de Québec et ce, indépendamment
évidemment, des 750 employés permanents du siège social
à Pointe-Claire.
M. ROY (Beauce): Quand vous dites plusieurs milliers, est-ce que cela
veut dire 2,000 ou 3,000 personnes ou si cela peut vouloir dire 6,000 ou
7,000?
M. LEBEL: Cela peut vouloir dire entre 4,000 et 5,000. J'ai les
représentants de la compagnie à mes côtés. Entre
4,000 et 5,000 représentants seraient vendeurs attitrés pour la
compagnie Avon, actuellement.
M. ROY (Beauce): De ce nombre, 4,000 à 5,000, pouvez-vous me
donner un chiffre approximatif du pourcentage de celles qui sont
obligées de détenir un permis des municipalités ou
d'autres permis de vente en vertu des lois que vous avez mentionnées
tout à l'heure, la Loi des colporteurs ou la Loi des cités et
villes?
M. LEBEL: Il m'est difficile, M. le député, de vous donner
le nombre exact de ces milliers de vendeurs qui sont obligés d'obtenir
un permis.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez pas de statistique là-dessus?
M. LEBEL: Je n'ai pas de statistique précise sur ce
point-là, mais je risquerais quand même de vous répondre
que ce sont des règlements habituels et courants pour les
municipalités, autant les municipalités de paroisses, de villes
et de cités que d'avoir de tels règlements.
M. ROY (Beauce): Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je vais poser la question au
représentant Avon. Comment recrutez-vous votre personnel de vendeuses de
vos produits, normalement?
M. LEBEL: II est difficile de répondre de façon
précise à cette question, mais je pense... Habituellement, on
m'informe que c'est par annonce dans les journaux qu'on demande des
représentantes, et très souvent, des représentantes Avon
qui, après avoir travaillé pendant X semaines ou mois,
abandonnent et envoient une autre personne qu'elle connaissent.
Généralement, et d'ailleurs c'est à l'avantage de
la compagnie, ces personnes sont connues. J'ai mentionné tantôt
que le territoire de vente
des représentantes Avon est à proximité de leur
domicile. Ces représentantes sont généralement des femmes
qui se distinguent dans différents champs d'activités, qui sont
connues de leur entourage. Evidemment, cela fait leur affaire d'être
représentante et cela fait l'affaire de la compagnie d'avoir des femmes
connues des personnes avec qui elles feront éventuellement affaires.
Disons que c'est à peu près dans ce sens-là.
M. LEGER: Est-ce que la représentante Avon a un contrat avec la
compagnie?
M. LEBEL: La représentante Avon a un contrat avec la compagnie,
c'est exact.
M. LEGER: Je vois qu'à la page 11 de votre...
M. LEBEL: Si vous me permettez, je pourrais préciser ma
réponse. Il s'agit d'un contrat qui n'établit pas une relation
d'employeur à employé. Ceci est important. La
représentante Avon a un contrat avec la compagnie, elle doit se
conformer aux principes de vente de celle-ci, entre autres, se conformer
à ses directives. Mais, elle-même transmet les commandes à
la compagnie Avon, la compagnie Avon les retransmet à cette
représentante qui, elle a la charge d'effectuer la transaction
proprement dite.
Or, la relation se fait de façon précise entre la
représentante Avon et la cliente, mais toujours, évidemment, avec
la garantie que j'ai mentionnée tantôt.
M. LEGER: Pour que la représentante Avon se fasse un petit
commerce, elle a quand même l'obligation d'acheter comptant de vous des
produits. Je vois, à la page 11, que la représentante doit payer
ses échantillons; je vois aussi qu'il peut y avoir des dépenses
que vous lui suggérez de mettre dans son rapport d'impôt: frais
postaux, de déplacements, etc. Je remarque aussi, à la page 15,
que, si une personne se fait payer par chèque par la cliente, elle n'a
pas le droit de vous envoyer ce chèque. Le chèque ne peut pas
être fait au nom de la compagnie, il est fait au nom de la
représentante Avon. C'est donc dire que, si le chèque n'est pas
bon, la représentante se fait un peu exploiter; c'est sa
responsabilité de voir à percevoir l'argent.
Autrement dit, la compagnie a vendu son produit et c'est à votre
représentante de se débrouiller avec la cliente si le
chèque n'est pas bon.
M. LEBEL: Vous avez parlé d'exploitation. Est-ce que vous parlez
du client ou de la représentante?
M. LEGER: De la représentante.
M. LEBEL: Enfin, je pense que la réponse à votre question
est que vous avez raison, c'est principalement la responsabilité de la
représentante Avon. Il n'existe pas de relation
employeur-employé, c'est la conséquence normale de ce que j'ai
dit tantôt. C'est sa responsabilité, si le chèque n'est pas
bon, de tenter de percevoir l'argent par ses propres moyens et d'assumer
peut-être une perte, s'il y en a.
On me souligne que ces cas sont, en pratique, très rares. Il ne
faut pas oublier que la quasi totalité des ventes sont
inférieures à $25; je peux même aller plus loin et vous
dire que la plupart des ventes sont pour des montants de $2 ou $3. Or, cette
possibilité que vous envisagez est réelle, il peut y avoir une
perte pour la représentante Avon, mais on me souligne que la politique
de la compagnie, dans bien des cas, est de compenser la représentante
par ses produits.
M. LEGER: Est-ce que la langue de travail, dans votre compagnie, est le
français? Je pose cette question parce qu'à la page 13 de votre
mémoire je vois que les formules du cahier de commandes, des copies de
commandes, des spéciaux offerts sont entièrement faites en
anglais. Alors, est-ce que vous avez la même chose en
français?
M. LEBEL: A quelle page?
M. LEGER: Aux pages 12 et 13.
M. LEBEL: 12 et 13.
M. LEGER: "Comment préparer le cahier de commande".
M. LEBEL: Je réponds à votre question. Je me
réfère aux bons de commande et aux diverses brochures de la
compagnie qui sont bilingues, c'est-à-dire que vous avez des brochures
en langue française de même qu'en langue anglaise. Il ne faut pas
oublier que la compagnie Avon, par ailleurs, fait partie du groupe Avon. Je me
réfère à la page 13, qui est l'exemple que vous avez
noté.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons ici une copie d'un bon de commande
en français.
M. LEBEL: Il est en français.
M. LE PRESIDENT: Me LeBel, si vous me le permettez, je voudrais
suggérer au député de la circonscription de Lafontaine de
se référer à l'état de compte de la
société Avon, illustré aux pages 6 et 7.
M. LEBEL: J'allais le mentionner.
M. LE PRESIDENT: C'est en français. Je pense que le consommateur
et l'employé sont protégés. S'il n'y a pas d'autres
questions de la part du député de Lafontaine sur le sujet qui
nous intéresse aujourd'hui, nous allons causer avec le
représentant de la société Sun Oil.
M. LEGER: M. le Président, si vous voulez me le permettre, je
n'ai pas terminé et je ne suis pas d'accord avec ce que vous venez
d'affirmer. Je ne parlais pas de la correspondance avec le client ou de la
publicité; je parlais du bon de travail, du cahier de commande qui
était en anglais. Je me demande si vous avez la même chose en
français.
M. LEBEL: Nous avons la même chose en français. Cela arrive
très souvent pour les photographies. Dans la brochure,
évidemment, c'est pour une raison économique que la photo a
été faite à partir du texte anglais, à titre
d'illustration. Cela ne veut pas dire...
M. LEGER: Vous avez la même chose en français?
M. LEBEL: Oui, nous avons la même chose en français et la
publicité de la compagnie, autant parlée qu'écrite, se
fait dans les deux langues.
M. LEGER: Une dernière question, M. le Président. Votre
mémoire porte le nom de Avon Products of Canada, laquelle compagnie est
à Montréal depuis plusieurs années, je pense. Est-ce aussi
le même nom en français?
M. LEBEL: Le nom français n'existe pas actuellement. La compagnie
est, cependant, très consciente du problème que vous soulevez. Le
fait, pour la compagnie, d'en être très consciente peut impliquer
des changements ou un nom français à brève
échéance.
M. LEGER: Comme le dirait le ministre, vous en prenez bonne note.
M. LEBEL: J'en prends bonne note.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, nous vous
remercions, Me LeBel. J'inviterais maintenant Me Emile Colas à nous
résumer le mémoire de la compagnie Sun Oil.
Sun Oil Company Limited
M. COLAS: M. le Président, M. le ministre, messieurs, il m'est
agréable de vous présenter, au nom de la Sun Oil Company Ltd., la
compagnie Sun Oil Limitée en français, un mémoire qui n'a
aucunement l'intention de dicter aux législateurs des politiques
quelconques, mais simplement d'essayer de clarifier, en mettant dans les
articles plus de précision, pour éviter au consommateur des
ennuis dans l'avenir. C'est la raison pour laquelle nous avons tenté
d'être le plus explicites possible en étudiant l'ensemble des
articles de la loi.
Cependant, certains commentaires préliminaires doivent être
faits de façon que, justement, comme l'a demandé le
président, un simple résumé soit donné du
mémoire. Evidemment, ce qui a attiré notre attention au
départ, c'est le fait que, pour une Loi sur la protection du
consommateur, il n'y avait pas, justement, de définition de ce
consommateur. Je sais que ce n'est pas nous qui avons découvert cela,
mais que plusieurs associations, sociétés et compagnies ont fait
la même remarque.
Nous proposons également dans notre mémoire une
définition du consommateur. Nous avons inclus uniquement la personne
physique, mais il est certain que le Parlement pourra, dans sa politique,
peut-être définir dans le consommateur une personne morale qui
peut acheter pour ses fins personnelles certains biens.
Nous avons également attiré l'attention sur la question du
Conseil de la protection du consommateur qui semblerait être soumis au
ministre sur toute question que celui-ci juge à propos de lui soumettre.
Nous proposons que, au contraire, on devrait étendre davantage le
rôle du Conseil de la protection du consommateur de façon que
lui-même puisse mettre de l'avant, de son propre chef, certaines
questions qui peuvent être d'intérêt pour le consommateur et
lui permettre ainsi de jouer un rôle plus positif et plus dynamique. Il y
aurait intérêt aussi, peut-être, à ce que ce conseil,
lorsqu'il sera composé, soit composé paritairement de
façon que, l'on ait le point de vue de l'ensemble de la population au
conseil.
Relativement aux règlements qui devront être adoptés
en vertu de l'article 97 par le lieutenant-gouverneur en conseil, nous croyons
que ces règlements, qui ont une très grande importance et qui
représentent quand même une législation
déléguée, devraient être soumis d'abord à
l'appréciation du public pour que le public puisse faire les
représentations nécessaires dans l'éventualité
où quelques aspects auraient pu échapper au rédacteur de
ces règlements. Nous suggérons aussi qu'une période de
trente jours puisse être donnée depuis la date de la publication
dans la Gazette officielle, pour que des mémoires comme ceux
d'aujourd'hui vous soient présentés et que des points de vue
venant de tous les horizons de la population puissent ainsi vous rendre
conscients que, peut-être sur le plan théorique, il est
très beau d'apporter une solution mais que, dans la triste
réalité de tous les instants, on s'aperçoive que ce n'est
pas réalisable. C'est d'ailleurs pourquoi, quelque fois, à
vouloir trop protéger, on étouffe plutôt que de
protéger.
Dans la question, des contrats de vente assortis d'un crédit, il
y a comme vous le savez le prêt d'argent, le contrat
accordant un
crédit variable, le contrat assorti d'un crédit accessoire
et la vente à tempérament.
La majorité des lois pour la protection du consommateur
adoptées par les diverses provinces du Canada ont exclu les contrats
accordant un crédit variable et qui sont ordinairement
exécutés par l'usage de la carte de crédit. Comme le
législateur québécois semble vouloir l'introduire et
l'inclure dans la présente loi, il faut alors lui reconnaître,
à notre avis, ses caractéristiques propres et éviter de le
rendre inopérant par une législation non conforme à sa
nature. Il y a donc lieu de ne pas appliquer à ce contrat des
règles ou des principes qui ne valent que dans le cas de la vente
à tempérament ou encore dans le cas de la vente assortie d'un
crédit accessoire.
C'est pourquoi, dans le corps même, à l'étude des
articles respectifs se rapportant à cette question du contrat de vente
assorti d'un crédit, nous avons tenté de montrer la pratique du
contrat à crédit accompagné d'une carte de crédit
et que, justement, il y aurait des modalités à reconnaître
à cette forme de crédit.
Un autre aspect que nous croyons très important pour la
protection du consommateur est la question du taux de crédit. Le taux de
crédit est peut-être dans le commerce le terme le plus vague, le
plus incertain qui puisse exister; s'agit-il de l'intérêt simple,
de l'intérêt composé, s'agit-il d'un taux
d'intérêt mensuel ou d'un taux d'intérêt annuel? Nous
croyons, M. le Président, que, pour éviter des surprises aux
consommateurs, il faut établir une uniformité dans ce domaine.
C'est l'article 28 o) qui décrète que le commerçant qui
consent un crédit accessoire à un contrat doit fournir au
consommateur un écrit énonçant et je cite
"le taux de crédit".
A moins d'avoir une définition permettant d'établir de
façon précise le taux de crédit, le consommateur en sera
quitte pour des désagréments. Autrement, le consommateur est dans
l'impossibilité de pouvoir vérifier si les autres compagnies lui
offrent des avantages identiques. Il est donc important, à notre avis,
que le législateur corrige l'un des plus graves dangers de ce genre de
crédit et qualifie cette exigence de la loi en le déterminant
exactement comme étant le taux de crédit simple annuel.
D'ailleurs, l'Office de révision du code civil vous a
donné une définition dans son article 1 m) dans lequel il a
défini le taux de crédit comme étant le pourcentage annuel
du coût de crédit.
Voilà donc, en résumé, M. le Président,
quelques-unes des observations que nous croyons devoir faire pour permettre de
constater que cette loi qui, dans son ensemble, est réclamée
depuis longtemps par l'ensemble des consommateurs de la province de
Québec en fait notre province est l'une des dernières au
Canada à adopter ce type de législation doit quand
même être suffisamment précise et claire et éviter
l'ambiguïté des termes vagues pour ne pas avoir à placer le
consommateur devant la situation tragique d'une jurisprudence contradictoire ou
encore une jurisprudence qui ne puisse pas répondre aux
définitions que le législateur avait à l'esprit au moment
où il a adopté son texte de loi.
Et c'est la raison pour laquelle nous l'avons étudié
article par article et nous avons apporté des corrections ou, tout au
moins, des modifications qui pouvaient justement, soit définir davantage
un terme, soit encore apporter quelque éclaircissement pour
éviter ce vague, ce flou qui, dans l'ensemble de la législation
est toujours un traquenard et un danger pour le citoyen en
général. Et comme une loi comme celle-ci doit envisager non
seulement le bien du consommateur, mais le bien de la population dans son
ensemble, et comme la population est toute consommatrice, il est évident
qu'à ce moment-là, l'ensemble de la population doit être
intéressé à ce que ce texte de loi évite toute
ambiguïté.
Si vous voulez, M. le Président, que nous repassions en
détail chacun des articles, je suis à l'entière
disposition des distingués membres de votre commission. Croyez qu'il me
sera très agréable, soit de repasser avec vous les articles, ou
encore de répondre aux questions que vous voudrez bien me soumettre.
M. TETLEY: M. le Président, Me Colas, je vous remercie de votre
mémoire. Je regrette, je ne l'ai reçu qu'hier, donc je n'en ai lu
que les grandes lignes. Nous les trouvons tous intéressantes. Vous avez
mentionné à la page 3, contrat de vente assorti d'un
crédit; à la page 4, vous suggérez que les autres
provinces n'ont pas de législation semblable, mais je note ici que la
Colombie-Britannique, la Saskatchewan, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick,
Terre-Neuve et la Nouvelle-Ecosse en ont.
M. COLAS: M. le ministre, je tiens à vous répondre
qu'exactement il y a une législation spéciale pour le
crédit en vertu des cartes de crédit. A tel point qu'il y a une
législation spéciale qui n'est pas incluse dans la Loi de la
protection du consommateur, justement parce que c'est un contrat d'une nature
très spéciale où vous avez toute la question de la demande
d'émission d'une carte de crédit. C'est fait par une formule qui
est adressée à la compagnie, comme vous le savez, et une fois que
la compagnie a fait une enquête pour déterminer si la personne qui
demande la carte de crédit est susceptible d'en recevoir une. A ce
moment-là, la carte lui est adressée et c'est au moment de la
réception de cette carte, non pas de la réception de la carte,
mais de l'usage qu'en fait le consommateur, que le contrat est parfait.
Et c'est pour cette raison, M. le ministre, que nous avons justement
souligné qu'il est parfois très difficile de pouvoir remettre un
double du
contrat dans le cas de la carte de crédit, parce que justement il
n'y a pas de double. Le contrat se fait au moment de la remise, ou de la
réception par le consommateur de la carte de crédit. Et c'est
pour ça que nous avons attiré l'attention sur le fait que, par
exemple, lorsque vous exigez que le nom et l'adresse du consommateur paraissent
sur le contrat, très souvent c'est un numéro de compte dans le
cas de la carte de crédit et non pas son adresse qui parait. Par
conséquent, quel est le but de la loi? C'est de voir à ce que le
consommateur connaisse exactement les termes qui le lient à la compagnie
avec laquelle il fait affaires.
De la même façon, vous avez la question des paiements en
vertu d'une carte de crédit qui peuvent être des paiements
cycliques, au lieu d'être des paiements mensuels qui peuvent être,
évidemment... Il y a tout un ensemble de facteurs dans l'application ou
dans l'usage de la carte de crédit. De la même façon,
à un moment donné vous dites dans votre loi que l'on a une
période de temps de trente jours pour dire à la personne de
remettre l'objet en question. Mais vous savez, au sujet de la carte de
crédit, si je dis à quelqu'un qui a une carte de crédit:
Monsieur, dans trente jours je vous l'enlèverai, vous vous rendez
facilement compte alors de la situation particulière dans laquelle vous
placez la compagnie, parce que le gars se dépêchera d'aller
acheter la plus grande quantité possible de produits avec sa carte pour
ensuite dire: Maintenant, venez me la retirer ma carte, je n'ai plus aucune
responsabilité envers vous.
En fait, la carte, c'est ce que j'appelle communément de l'argent
en plastique. Il est certain qu'à ce moment-là il y a des dangers
sérieux et c'est pour ça que vous ne pourriez pas, à mon
avis, dire: Dans 30 jours, vous nous renverrez la carte de crédit.
Dès que le contrat est terminé, vous devez remettre la carte de
crédit.
Ce sont des exemples que je vous donne, mais je pourrais continuer parce
que j'ai étudié tout l'ensemble des articles relatifs à
cette carte de crédit. Vous avez là les réponses à
toutes les questions, je crois, que vous pourriez soulever
là-dessus.
M. TETLEY: Oui, tout simplement au sujet de mon intervention, j'ai
devant moi le "Consumer Protection Act" de l'Ontario et du Manitoba.
Les articles au sujet du crédit variable se trouvent dans ces
deux lois, mais que les articles se trouvent dans une loi spéciale ou
dans une loi qui protège le consommateur en général, je
trouve intéressantes et pertinentes les observations de votre client et
des autres compagnies d'essence ou d'huile.
M. COLAS: Je vous remercie, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie M. Colas
de son exposé. Nous avons pris connaissance de son mémoire. Les
représentations qu'il a faites rejoignent sensiblement celles qui ont
été faites par des sociétés
pétrolières qui ont déjà comparu devant nous. Nous
avons à ce moment-là fait des observations au ministre. Nous lui
avons posé des questions afin qu'il examine particulièrement le
problème des cartes de crédit qui semble être, à
votre avis et de l'avis des autres sociétés
pétrolières qui ont comparu, une pierre d'achoppement qui exigera
du ministre et de ses fonctionnaires un examen plus approfondi de la question.
Quant au reste, je crois que vos propositions rejoignent celles qui nous ont
déjà été faites. Comme nous en avons
déjà discuté assez longuement ici, nous avons
été heureux de vous entendre et je vous remercie, M. Colas, de la
représentation fort élégante que vous avez faite.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, nous voulons nous aussi, remercier
bien sincèrement M. Colas de ses commentaires précis et brefs sur
son mémoire si bien présenté. Je n'aurais qu'une question
à poser. A la page 24, l'article 94 se lit comme suit: "Le juge peut
confirmer, modifier ou infirmer toute décision qui lui est soumise et
rendre la décision qui, à son jugement, aurait dû
être rendue en premier lieu. La décision du juge est sans appel."
Mes commentaires sont: N'y a-t-il pas un danger de rendre la décision du
juge sans appel? Est-il conforme à votre pensée ou à la
pensée de la compagnie de continuer à maintenir des jugements du
genre de ceux qu'on vient de voir pour une raffinerie qui devait
s'établir à Portneuf, la Caloil? Autrement dit, est-ce qu'il
n'est pas normal que ce soit la cour Provinciale qui juge de ce qui se passe au
Québec au lieu de toujours s'en référer à une autre
administration?
M. COLAS: Vous savez, M. le député, vous me placez dans
une position particulièrement délicate. Néanmoins, je vais
répondre avec le plus d'objectivité possible en vous disant que
je n'ai aucune objection à ce qu'on crée un tribunal d'appel
provincial qui puisse entendre des causes qui ont été
jugées en première instance par la cour Provinciale. Mais je
considère qu'il est toujours délicat et mon
expérience devant les tribunaux est de 21 ans de laisser entre
les mains d'un seul homme la responsabilité finale. Si nous avions des
tribunaux à collégialité où, justement, vous
pourriez avoir deux assesseurs qui puissent appuyer le
tribunal par leur présence et leur contribution, peut-être
que j'aurais moins d'hésitation, mais lorsqu'on laisse entre les mains
d'un seul homme la responsabilité finale, vous en faites une cour
Suprême, le dernier tribunal d'instance dans une juridiction
déterminée. Vous savez, les hommes sont des hommes, ils sont
humains. Par conséquent, il faut reconnaître que s'ils errent, il
ne faudrait quand même pas mettre ça sur le dos des contribuables.
On doit pouvoir permettre aux contribuables d'avoir au moins une seconde chance
dans l'éventualité où, la première fois, il y a eu
une erreur, qui peut se glisser très facilement dans ce genre
d'interprétation, d'autant plus que l'erreur, dans le cas
présent, peut devenir chose jugée, par exemple, pour un ensemble
de cas identiques qui pourraient représenter cependant des positions
particulières. C'est pour cela que je crois qu'on devrait permettre aux
citoyens... Moi, personnellement, je dois vous dire que j'ai tout le respect
qu'il faut pour les autres tribunaux qui oeuvrent dans la province de
Québec, en particulier la cour Supérieure, pour me permettre de
dire qu'elle pourrait servir de tribunal d'appel. Enfin, ce sont là des
raisons purement personnelles.
M. DUMONT: Je vous remercie.
M. TETLEY: M. le Président, c'est tout simplement une question de
personne dont, en vertu de l'article 86, la demande de permis est
refusée. Elle a un droit d'appel devant un juge et, d'après
l'article 94, le juge peut confirmer. Donc, il y a un droit d'appel du jugement
du directeur de l'office.
M. COLAS: C'est exact. Mais c'est un seul palier d'appel. Il faut bien
comprendre que, dans le domaine des permis en particulier, il peut y avoir de
graves dangers dans la discrétion qu'on laisse très souvent
à des fonctionnaires dans l'appréciation des conditions pour
l'émission d'un permis et qui peuvent, par la suite, causer des pertes
considérables à des individus, qui, justement, doivent obtenir ce
permis pour continuer à gagner leur vie. C'est pourquoi il faut,
à mon avis, être très prudent et permettre aux citoyens
d'avoir tous les recours possibles.
M. TETLEY: Mais vous...
M. COLAS: Non, pas pour entraver le cours de l'application d'une loi,
mais, au contraire, pour permettre que cette loi-là soit sainement
appliquée.
M. TETLEY: A l'heure actuelle les municipalités donnent ou
refusent un permis d'appel...
M. COLAS: Et je dois vous dire que c'est quand même dommageable.
Je suis le premier à reprocher cette situation et je considère
que, dans la révision du système judiciaire
québécois, il sera possible d'établir des tribunaux
d'appel pour toute décision administrative, pour éviter ces abus
que l'on peut trouver dans l'application des réglementations
municipales.
M. TETLEY: D'accord, mais dans notre loi nous avons prévu
exactement ce dont vous parlez: il y a un appel de la décision des
directeurs à un juge, et je trouve que c'est un pas en avant.
M. COLAS: M. le ministre, croyez bien que je suis entièrement
d'accord avec vous que c'est un pas en avant, mais quant à le faire,
faisons-le complètement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Non, merci.
M. LE PRESIDENT: Me Colas, merci. Nous allons maintenant...
M. COLAS: Je vous remercie, messieurs, de l'attention que vous avez
apportée aux représentations que j'ai faites.
M. LE PRESIDENT: ... écouter Me André Desmeules, de
l'Association de vente à domicile, qui s'occupera de résumer son
mémoire.
Association de vente à domicile
M. DESMEULES: Merci, M. le Président. Je présume que les
membres de la commission ont pris connaissance de notre mémoire. Je ne
veux pas faire de répétition indue, puisqu'il y a quelques
instants vous avez entendu le représentant de la compagnie Avon,
laquelle compagnie est membre de notre association. Son procureur a fait un
exposé dont certains points rejoignent ceux que nous avons
soulignés dans le mémoire que nous vous soumettons.
Je veux simplement dire que l'Association de vente à domicile
compte une quinzaine de compagnies dont les produits sont tous offerts aux
consommateurs directement à leur domicile et non par l'entremise de
magasins ou dans des centres commerciaux. Cette association, suivant nos
statistiques, emploie environ 15,000 personnes au Québec seulement, qui,
dans la plupart des cas, gagnent leur vie au moyen de la vente à
domicile. Il est vrai que, dans le cas de la compagnie Avon, il s'agit de
personnes qui travaillent à temps partiel dans ce genre de commerce,
mais dans le cas des autres compagnies, la plupart des vendeurs sont des gens
pour qui la vente à domicile est leur principal gagne-pain. Je n'ai pas
de statistiques concernant le nombre de personnes qui peuvent être
reliées à la vente à domicile pour le Québec
seulement, mais suivant les chiffres que l'associa-
tion me donne, au Canada il y a environ 75,000 personnes, qui, de
près ou de loin, sont rattachées à la vente à
domicile, soit comme vendeurs, soit comme ouvriers dans des manufactures ou
employés de bureau, etc.
Plusieurs compagnies ont leur siège social et leur usine de
fabrication ici au Québec, comme la compagnie Avon, la compagnie Rawley,
la compagnie Electrolux, les Produits Familex. Dans le cas de la compagnie
Electrolux, celle-ci a une usine importante à Montréal. C'est
dire que la vente à domicile emploie énormément de
personnes, et vous me permettrez de dire que, même dans des temps
où il peut y avoir du chômage, la vente à domicile est
ouverte à toute personne qui veut trouver un emploi ou une façon
de gagner sa vie honorablement.
Le principal problème c'est celui des licences qui sont
exigées des vendeurs à domicile. Je ne veux pas
répéter ce que le représentant de la compagnie Avon a dit
tout à l'heure, le même problème se présente pour
tous les vendeurs à domicile.
Vous me permettrez d'ajouter que, par l'article 79 du projet de loi,
l'on ajoute une charge additionnelle au vendeur à domicile.
Dorénavant, tout vendeur itinérant pourra avoir un permis pour
lui permettre d'exercer son métier.
Il est vrai qu'antérieurement les vendeurs itinérants
étaient sujets à la Loi des licences et à la Loi des
colporteurs, mais le vendeur à domicile, tel que nous le connaissons
dans la plupart des cas, ne répond pas à la définition de
colporteur suivant la Loi des licences et suivant la Loi des colporteurs.
Suivant ces lois, le vendeur itinérant est une personne qui transporte
avec lui la marchandise et qui la livre immédiatement au moment
où le contrat est effectué. Contrairement à cette
définition, nos vendeurs sont des gens qui prennent des commandes, qui
les transmettent à la compagnie et elles sont exécutées
par la suite. C'est donc dire que les personnes qui travaillent comme vendeurs
à domicile ne sont pas sujettes à l'application de la Loi des
licences. Elles sont, par contre, sujettes aux règlements municipaux
adoptés en vertu de la Loi des cités et villes ou en vertu des
chartes municipales.
Il y a donc une charge additionnelle imposée aux personnes qui
gagnent leur vie au moyen de la vente à domicile. Cette charge
additionnelle pourrait être de nature à décourager
certaines personnes qui, actuellement, trouvent leur emploi dans ce domaine ou
à décourager d'autres personnes qui voudraient se lancer dans ce
genre d'activité.
Nous suggérons qu'il n'y ait qu'un seul permis valide pour tout
le territoire de la province et habilitant les personnes à gagner leur
vie. Ce permis remplacerait les permis exigés par les
municipalités. Vous me permettrez de dire que, dans le cas des
municipalités, les permis ne rapportent pas un revenu telle- ment
important aux municipalités. Le but de ces permis est souvent de
décourager les commerçants extérieurs au
bénéfice des commerçants locaux; à ce
moment-là, ce n'est pas toujours au bénéfice des
consommateurs, parce que l'on peut créer des monopoles dans les
municipalités. Le consommateur verra peut-être la qualité
ou la diversité des produits réduite, et ce sera à son
désavantage.
Comme nous le soulignons, nous présumons que le permis
exigé par l'article 79 sera exigé seulement de la personne
même qui fait la vente à domicile. Nous n'aurions pas d'objection
à ce que ce permis soit exigé des compagnies pour qui le vendeur
travaille. C'est-à-dire que chaque compagnie qui met des produits
à la disposition des consommateurs par l'entremise de vendeurs à
domicile devrait posséder un permis. Ceci serait au
bénéfice des consommateurs. De cette façon les directeurs
de l'office pourraient vérifier le sérieux des compagnies qui
font affaires dans le territoire du Québec. Il arrive malheureusement
que certaines compagnies vont venir ici, vont employer certains vendeurs, elles
vont faire de la vente durant une très courte période elles vont
tromper les consommateurs de bonne foi. Si on exigeait que toute compagnie qui
veut faire de la vente à domicile ait son permis, je crois que ce serait
une protection pour le consommateur. C'est donc dire que nous n'aurions pas
d'objection à ce qu'il y ait un permis, et pour le vendeur
lui-même et pour la compagnie qui fait la vente.
L'autre point que je voudrais souligner, c'est ce qui se rapporte aux
dispositions de l'article 44 où l'on dit que ces contrats de vente
passés par un vendeur itinérant ne sont pas sujets à
l'application de la loi si la valeur est inférieure à $25. Nous
soumettons que le montant de $25 devrait être remplacé par $50. A
ce sujet-là, vous me permettrez d'apporter l'argument suivant. Dans le
cas de l'article 12 du projet de loi, on dit que dans un contrat assorti d'un
crédit, ces contrats-là ne sont pas sujets à l'application
du projet de loi lorsque la valeur du crédit est inférieure
à $50, Nous demandons pourquoi l'on fait une discrimination dans le cas
du vendeur itinérant, alors que dans le cas d'un contrat assorti d'un
crédit, on a indiqué les chiffres de $50. Nous croyons que le
même montant devrait être indiqué pour les deux
catégories de vente.
Nous demandons également qu'un ou plusieurs représentants
de l'Association de vente à domicile soient nommés membres du
Conseil de protection du consommateur.
Ceci évidemment, en toute logique, est une chose qui devrait
être accordée. En effet, si le législateur a pris la peine
de traiter spécialement des vendeurs itinérants, je crois que
ceux-ci ou leurs représentants auraient le droit d'être membres du
Conseil de protection du consommateur parce qu'ils sont très
concernés par les règlements qui vont être adoptés
et par tout ce
qui va en découler. Ce sont les remarques que je voulais faire
aux membres de la commission. S'il y a des questions, nous tenterons d'y
répondre. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Merci beaucoup, Me
André Desmeules. La semaine dernière, une autre association est
venue présenter un mémoire, c'était l'Association
professionnelle des voyageurs de commerce du Canada. Elle a fait la demande
suivante, en même temps que des commentaires intéressants au sujet
du projet de loi. Elle voulait devenir une profession qui contrôlerait
toutes les associations de vendeurs. Est-ce que vos membres font aussi partie
de l'Association professionnelle des voyageurs de commerce du Canada?
M. DESMEULES: On me dit que non. Les membres de l'Association de vente
à domicile ne font pas partie de l'Association professionnelle des
voyageurs de commerce du Canada. Ce sont deux genres de ventes
différents. Le vendeur à domicile va faire du
porte-à-porte, tandis que le voyageur de commerce est un
intermédiaire entre le marchand de détail, le fabricant et le
grossiste.
M. TETLEY: L'Association professionnelle des voyageurs de commerce du
Canada notait la semaine dernière qu'une proportion assez
élevée de ses membres étaient des vendeurs
itinérants, suivant leur témoignage en tout cas, et c'est
pourquoi je pose la question. Il n'y a pas de liens entre votre association et
l'autre?
M. DESMEULES: II n'y a aucun lien entre notre association et celle des
voyageurs de commerce.
M. TETLEY: Merci, Me Desmeules.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas de
commentaires. M. Desmeules a en effet repris sensiblement les observations, les
propositions qui nous avaient été faites auparavant par d'autres
sociétés.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: A la page 2 de votre mémoire, vous dites que selon
l'article 75 de la loi des licences, le vendeur itinérant est celui qui
livre la marchandise tandis que, dans la définition de la loi 45, le
vendeur itinérant est celui qui va rencontrer le client; qu'il livre ou
non la marchandise, il est considéré comme vendeur
itinérant.
M. DESMEULES: C'est ce que je comprends, suivant le projet de loi. Le
vendeur itinérant sera celui qui va de porte en porte tandis que,
suivant la Loi des colporteurs et la Loi des licences, le vendeur
itinérant est la personne qui transporte avec elle la marchandise et qui
la livre immédiatement au moment de la vente, tandis que, dans la
plupart des cas, les vendeurs à domicile ne prennent actuellement que
des commandes; ils ont peut-être des échantillons avec eux, mais
ils ne gardent pas de marchandise avec eux.
M. LEGER: Si on regarde votre position et celle du représentant
de la compagnie Avon tantôt, cela soulève un problème, que
je vois comme ceci: La demande de permis pour un vendeur peut lui coûter
cher, surtout s'il est un vendeur à temps partiel.
M. DESMEULES: Exactement.
M. LEGER: C'est sûr que le problème est le suivant: Si la
personne vend des produits à temps partiel, elle n'a pas le même
niveau de revenus qu'une personne qui vend à temps plein et, à ce
moment-là, le permis est peut-être beaucoup plus onéreux
pour elle que pour l'autre. D'un autre côté, si on faisait une
nuance, il serait peut-être facile de contourner la loi et, pour des
vendeurs à temps plein d'affirmer qu'ils ne vendent qu'à temps
partiel, et il serait difficile de contrôler la chose. D'un autre
côté, je pense aussi que s'il n'y avait qu'un permis exigé
de la compagnie et non pas des vendeurs itinérants, cela pourrait quand
même être à votre désavantage, c'est-à-dire au
désavantage de la compagnie, en ce sens que s'il y a des vendeurs
malhonnêtes sur la route et que le permis est octroyé à la
compagnie, celle-ci ne serait-elle pas maintenant responsable et punissable
pour tous les gestes posés par des vendeurs sur la route?
M. DESMEULES: C'est-à-dire que ce que nous proposons, ce n'est
pas qu'il y ait un permis exigé seulement des compagnies mais des deux:
et des compagnies et des vendeurs personnellement. Il y aurait un
contrôle, comme cela, et sur les vendeurs et sur les compagnies qui
emploient ces vendeurs.
M. LEGER: Dans votre esprit, ce serait un permis pour les vendeurs
itinérants et un autre pour les compagnies.
M. DESMEULES: Exactement, oui. M. LEGER: Merci.
M. LE PRESIDENT: Me Desmeules, nous vous remercions.
M. DESMEULES: Merci.
M. LE PRESIDENT: Nous invitions le représentant du Bureau
d'éthique commerciale de Montréal à se faire entendre.
Bureau d'éthique commerciale de
Montréal
M. GARDNER: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission, permettez-moi de vous présenter M. Wilfrid
Stébenne, qui vous expliquera notre mémoire. M.
Stébenne.
M. STEBENNE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
représentants à cette commission, nous avons eu le plaisir et le
privilège, nous, du Bureau d'éthique commerciale, le Better
Business Bureau, de vous présenter un mémoire.
Comme nous n'avons rien à vendre, comme nos services sont
absolument gratuits, comme nous n'avons pas de cartes de crédit ou de
contrats de vente, nous avons projeté de ne pas commenter le bill 45,
d'autant plus qu'il y a là tellement de problèmes que nous
croyons qu'ils doivent être étudiés par les organismes
spécialisés et non par une organisation comme la nôtre, qui
essaie de régler les problèmes des consommateurs de la
façon la plus amicale et la plus efficace possible.
Selon votre bon vouloir, je pourrai, si vous le désirez, lire ce
mémoire avec vous ou répondre aux questions que vous voudrez bien
nous poser.
M. LE PRESIDENT: Je crois que M. le ministre préférerait
que vous répondiez aux questions que les membres de la commission
auraient à vous poser, M. Stébenne.
M. TETLEY: D'autre part, je laisse d'abord cela à votre
discrétion, M. Stébenne, et à celle des
députés des deux côtés de la Chambre. Pour ma part,
j'ai quelques questions à vous poser: Votre bureau agit gratuitement,
n'est-ce-pas?
M. STEBENNE: Absolument gratuitement.
M. TETLEY: Cela existe depuis combien de temps? Depuis 1914?
M. STEBENNE: Depuis 1914 pour les "Better Business Bureaus", dans
différents pays. Pour celui de Montréal, depuis 1928.
M. TETLEY: Combien de demandes avez-vous par année?
M. STEBENNE: Nous recevons en moyenne, par année, 100,000
demandes d'information ou plaintes, la proportion se situant à 90 p. c.
en information et 10 p. c. en plaintes.
M. TETLEY: Combien d'employés avez-vous, M. Stébenne?
M. STEBENNE: Nous avons un personnel de 14 employés. Nous avons 3
employés au bureau de Québec.
M. TETLEY : Je vous pose ces questions, je regrette de n'avoir
reçu votre mémoire que ce matin. Je ne l'ai pas lu, en tout cas.
Je vous en demande pardon. Au nom du gouvernement, je voudrais vous dire que
nous apprécions votre existence votre travail depuis si longtemps au
Québec et au Canada, parce qu'en effet vous protégez depuis
longtemps les consommateurs. J'ai déjà moi-même
bénéficié de vos efforts. Je vous en remercie
personnellement, également.
Je crois que c'est tout simplement par les moyens d'une institution
telle que la vôtre que nous aurons la véritable protection du
consommateur au Québec, parce qu'il faut la coopération des
citoyens, celle du gouvernement ainsi que celle des institutions comme la
vôtre. Je ne peux pas vous louanger autant que je le voudrais, mais votre
travail est d'une grande valeur au Québec. Puis-je vous demander de quel
budget annuel vous disposez?
M. STEBENNE: Notre budget annuel, au bureau de Montréal est de
$125,000.
M. TETLEY: Et pour la ville de Québec?
M. STEBENNE: Le bureau de la ville de Québec, qui est un
frère tout à fait cadet, a un budget d'environ $25,000.
M. TETLEY: Merci.
M. STEBENNE: M. le ministre, je voudrais vous remercier, ainsi que le
président de cette commission et MM. les membres. Je puis vous dire que
toute la collaboration du Bureau d'éthique professionnelle, "Better
Business Bureau", est acquise au gouvernement de la province de
Québec.
M. LE PRESIDENT: M. Stébenne, vous ne vous en sauverez pas comme
ça. D'autres membres de la commission désirent vous poser des
questions.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas
précisément de question à poser à M.
Stébenne, parce que je connais bien le "Better Business Bureau". Je suis
heureux de constater que cet organisme accomplit au Québec un travail
important pour la protection du consommateur. J'imagine qu'après que la
loi sera votée l'Office de la protection du consommateur pourra non
seulement s'inspirer de vos méthodes de travail, mais que vous lui
fournirez, le cas échéant, toutes sortes de renseignements qui
lui permettront de se structurer, d'identifier les problèmes et que vous
l'assisterez éventuellement dans son travail qui sera
spécifiquement celui d'une surveillance et d'un
élargissement de la responsabilité que l'on
s'apprête à lui confier par la loi 45.
Quant à moi, M. Stébenne, je n'ai pas de question à
vous poser, connaissant bien votre organisme. Je vous remercie de la
présentation de ce mémoire.
M. STEBENNE: Merci, M. le député.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Je veux d'abord vous féliciter pour la tâche que
vous accomplissez, qui est d'abord l'éducation du consommateur. Je pense
que c'est très important. Je veux aussi vous féliciter pour votre
initiative d'avoir traduit en français votre mémoire. Maintenant,
je voudrais vous poser la question suivante: Quelle différence, au
niveau de l'information, faites-vous entre ceux qui sont vos membres et ceux
qui sont simplement des personnes qui vous appellent pour obtenir des
renseignements?
M. STEBENNE: Absolument aucune différence. Notre organisme est
à la disposition gratuite de tout le public sans aucune distinction.
M. LEGER: Comment pouvez-vous obtenir qu'une personne devienne membre de
votre association si elle n'a pas plus d'avantages que le simple consommateur
qui l'a déjà, cet avantage là?
M. STEBENNE: Nous l'obtenons en la convainquant qu'elle fait là
un acte de civisme envers ses concitoyens et qu'en même temps elle
contribue à organiser au Québec des mesures de commerce qui
soient décentes, honnêtes et acceptables.
M. LEGER: Mais, vous tomberez certainement sous l'effet de cette
loi-là au niveau de la sollicitation par téléphone des
membres que vous devez convaincre de vous aider en participant.
M. STEBENNE: Je crois, sauf erreur, qu'il ne se fait pas de
sollicitation de membres par téléphone.
M. LEGER: Peut-être pas régulièrement, mais, moi,
j'en ai déjà eu.
M. STEBENNE: Peut-être.
M. LEGER: J ai déjà été membre de votre
association.
A quelle place et comment faites-vous pour obtenir vos renseignements
sur la solvabilité des compagnies? Vous devez avoir ces renseignements
dans vos dossiers pour répondre aux personnes qui posent ces
questions-là?
M. STEBENNE: Tous les renseignements que nous obtenons ou les plaintes
qui nous sont adressées sont classés.
Nous avons actuellement à peu près 80 dossiers qui
émanent des plaintes que nous recevons. Evidemment, quant à une
demande de renseignements nous devons nécessairement répondre que
nous n'avons pas de dossier, il y a de grandes chances que cette entreprise
soit digne de confiance.
M. LEGER: Je me souviens d'avoir téléphoné à
votre organisme et on me donnait les renseignements suivants: Bien, sur telle
compagnie, nous n'avons aucune plainte. Ou bien: Nous avons eu deux plaintes.
Mais ces plaintes, cela ne veut pas nécessairement dire que la compagnie
est bonne ou pas bonne. Il se peut que ce soient des personnes qui se plaignent
pour d'autres raisons que...
M. STEBENNE: Evidemment, nous ne pouvons pas régler tous les
problèmes. Mais j'imagine qu'une personne sachant que le Bureau
d'éthique commerciale a déjà deux plaintes concernant un
individu va certainement prendre toutes les précautions
nécessaires. Notre entreprise n'est pas une entreprise policière.
Nous classons les plaintes que nous obtenons afin qu'elles puissent servir
à déterminer la qualité, l'honnêteté de nos
marchands et de nos industriels.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, nous vous
remercions, M. Stébenne. Nous allons maintenant passer à la
Family Service Association of Montreal.
M. STEBENNE: Merci beaucoup, M. le Président.
Family Service Association of Montreal
MRS. JOHNSTON: Mr. Chairman, I would like to explain that this is a
joint brief of the Family Service Association of Montreal and the Citizen's
Rights Against Bailiffs' Seizures Committee, which is a part of the Greater
Montreal Anti-Poverty Committee.
MR. CHAIRMAN (Leduc): Would you mind to identify yourself?
MRS. JOHNSTON: Yes, I am Mrs. Alice Johnston, Chairman of the Public
Issues Committee for the Family Service Association.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que je pourrais demander
à cette association s'il n'y aurait pas quelqu'un qui pourrait nous lire
le mémoire ou faire les représentations en français?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. TETLEY: M. le
Président, j'invoque...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plait. Sï on se
réfère à l'article...
M. TETLEY: J'invoque l'article 133 de la constitution, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je crois, messieurs les députés, que si
on se réfère aux articles 272, 132 et 134 du règlement de
l'Assemblée nationale, on constatera que chacun est libre de s'exprimer
dans la langue qu'il veut, soit en français ou en anglais.
I will invite Mrs. Johnston to continue.
M. DUMONT: M. le Président, j'appuie la demande du
député de Beauce en ce sens qu'une autre législation d'un
autre coin de ce pays permet aux gens d'entendre en français et en
anglais. Si la constitution permet d'entendre en anglais les gens qui
s'expriment, qu'on prenne les moyens pour que la traduction française
nous soit donnée.
M. LE PRESIDENT: Je prends bonne note de la suggestion du
député de Mégantic et nous verrons...
M. DUMONT: Et je demande que le rapport qui doit maintenant être
lu et entendu soit remis à plus tard.
M. TETLEY: Mr. Chairman, I would like to speak on this question, because
I believe a very important point has been raised. I have based my objection or
my observation on the right to speak in either language in this House on the
Constitution, article 133, which is very clear. And I am referring to the BNA
Act of 1867. To date, we have had every brief but one in French. I think it is
normal to try to speak in the language of the person to whom you are
addressing. I note, in this case, that we have always spoken in French and I
accept that because the majority of the Members are French.
I think perhaps we can, in this brief which seems extremely interesting,
ask that it would be presented by Mrs. Alice Johnston, this time, in accordance
with the rules which you have decided and also the Constitution, in
English.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement demander ceci.
Je trouve très curieux que le président ainsi que le ministre
aient préparé l'article qui répondrait à une
question prévisible de notre part.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
En tant que président de cette commission, il est de mon devoir
de connaître les règlements qui la régissent. Et j'ai non
seulement prévu ces articles 272, 132 et 134, mais, si je dois
être à la hauteur des responsabilités qui m'incombent, je
dois connaître le petit livre vert que j'ai ici. Je n'accepterai pas
qu'on me reproche ou qu'on fasse semblant de me reprocher d'avoir prévu
des articles du règlement.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement demander, sur
cette motion du député de Mégantic qui veut que l'on parle
en français, le vote de la commission.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que nous
sommes en présence d'un cas caractérisé de
démagogie facile. Il se tient actuellement une élection
complémentaire. On sait très bien...
M. LEGER: Point d'ordre, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qu'un appel...
M. LEGER: Point d'ordre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... a été fait...
M. LEGER: M. le Président, j'ai soulevé un point
d'ordre!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... il y a quelques jours par un candidat du
Parti québécois...
M. LEGER: D'après le règlement, M. le Président,
j'ai le droit de soulever un point d'ordre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... incitant les Canadiens
français...
M. LEGER: M. le Président, j'ai soulevé un point
d'ordre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à la haine contre le groupe
minoritaire anglophone.
M. LEGER: J'ai le droit de soulever un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Lafontaine, sur
un point de règlement.
M. LEGER: M. le Président, nous discutons actuellement un point
d'ordre sur la question de faire entendre le mémoire en français.
Je ne conçois pas que le député de Chicoutimi ait le droit
de prétendre des intentions démagogiques et d'amener des
questions d'élection dans un comté, alors que l'on parle
actuellement de la
question d'entendre un mémoire qui, je crois, est très
intéressant; j'en ai lu une partie, il y a des choses que j'approuve
là-dedans. C'est simplement une question de principe et j'ai
demandé le vote sur cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, revenant à la
proposition de vote, le député a demandé que la question
soit mise aux voix. J'ai fait des observations qui n'ont eu l'heur de plaire au
député de Lafontaine, mais je vous dis ceci, M. le
Président; indépendamment de tout appel à la haine,
indépendamment de tout appel à la division et
indépendamment de tout appel à des actes qui dénoteraient
une intention manifeste de ne pas respecter les droits de la minorité
qui sont consacrés dans nos lois et dans nos statuts, j'estime que la
proposition qui est faite de vouloir entendre le mémoire en
français peut être légitime et raisonnable. Mais, compte
tenu des règlements qui régissent le travail parlementaire en
Chambre ou en commission, j'estime que les citoyens qui désirent se
faire entendre ici dans leur langue ont le droit de le faire. Cela est conforme
à la loi 63 que nous avons votée et cela est conforme
également à la loi 64 qu'ont approuvée les membres du
Ralliement créditiste et les membres du Parti québécois,
laquelle loi est basée exactement sur les principes de la loi 63.
Je considère, par conséquent, que Mme Johnston devrait
être entendue dans sa langue. J'estime personnellement,
évidemment, que l'idéal serait qu'on puisse l'entendre en
français, mais, comme c'est sa langue, je respecte ses droits comme je
demande qu'on respecte les miens toutes les fois que je crois être
lésé. J'estime que l'incident devrait être clos et que l'on
devrait, si nécessaire, mettre la question aux voix. Quant à moi,
je n'ai aucune objection à entendre en anglais les représentants
de cet organisme, conformément aux règles qui régissent
nos débats ici.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: M. le Président, comme je l'ai déjà dit,
je crois que c'est un problème assez délicat. Je voudrais, avant
de me prononcer finalement, écouter les autres
députés.
Je crois que le problème est autant au niveau personnel qu'au
niveau provincial. J'aimerais écouter les voeux des autres
députés, y compris ceux du Ralliement créditiste. Je
voudrais garder mon droit de parole pour l'instant. J'aimerais
sincèrement entendre les autres députés.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, lorsque j'ai fait ma demande
tout à l'heure, je l'ai fait bien poliment. Je voulais voir s'il n'y
aurait pas lieu, pour cet organisme, d'avoir quelqu'un qui aurait pu faire sa
représentation en français afin que nous puissions justement
prendre part à la discussion, faire les remarques qui s'imposaient et
questionner ces gens à nouveau. On est allé aux gros mots
immédiatement et c'est excessivement déplorable, car ce
n'était pas du tout mon intention, ni non plus l'intention du
député de Mégantic ni de l'autre député
également. On a parlé de haine et on est allé aux grands
mots. Je voudrais simplement préciser qu'il n'est pas question pour nous
de déclencher un débat. Nous voulions tout simplement que
l'organisme qui vient ici devant la commission parlementaire ait quelqu'un pour
le représenter en français de façon que tous les membres
de la commission puissent prendre une part active aux travaux et qu'ils
puissent entendre les remarques et les revendications de ce groupe. C'est aussi
simple que cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez
une observation ici, je n'ai pas visé particulièrement le
député de Beauce, non plus que celui de Mégantic. J'ai
visé nommément le député de Lafontaine et je ne me
suis pas gêné pour lui dire ce que j'en pensais.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je suis parfaitement d'accord avec les opinions émises
par le député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, j'ai déjà eu l'occasion
de dire et je redis que c'est à la commission de l'Assemblée
nationale de nous trouver un interprète. Il y a des gens bilingues dans
ce Parlement; les gens ont le droit de s'exprimer en anglais. J'ai
déjà attendu à la porte d'un ministère à
Ottawa et le ministre a trouvé le moyen de me donner un
interprète. Si je l'ai fait en 1962, j'exige en 1971 que la commission
de l'Assemblée nationale nous fournisse un interprète pour que
nous puissions entendre le mémoire qui nous sera présenté
en anglais.
M. LEGER: M. le Président, il faudrait quand même que l'on
puisse clarifier le vrai visage de cette situation. Le député de
Chicoutimi a parlé du droit des citoyens de s'exprimer en anglais ici.
Je n'ai pas d'objection à cette idée. La question que j'ai
posée porte sur la proposition de vote du député de
Mégantic demandant de les entendre en français. Comment
voulez-vous que nous, en tant que députés
du Québec à 80 p. c. francophone, posions des questions en
français au représentant de cet organisme? S'il n'y a personne
pour nous répondre en français, le droit de la majorité du
Québec est-il respecté?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Iberville.
M. CROISETIERE: Je comprends le député de Beauce lorsqu'il
dit qu'il ne voulait pas soulever de débat au début de son
intervention, mais il reste que nous avons une proposition de vote devant nous.
Je suis d'accord avec le règlement, il doit être appliqué.
Je suis à m'interroger à savoir si, à l'ouverture de la
séance, à dix heures trente ce matin, The Family Service
Association, de Montréal, s'était fait entendre, si nous aurions
eu le même débat. Je soutiens également les propos du
député de Chicoutimi et je demande que le règlement soit
appliqué.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Yamaska.
M. FAUCHER: Pour suivre le règlement que le président a
édicté tout à l'heure, et si nous voulons être de
bons garçons, je crois que ces gens qui se sont déplacés
méritent d'être entendus. Cela me fait mal de ne pas comprendre
très bien l'anglais, mais j'imagine que M. Tetley comprendra très
bien. Si j'ai des explications à demander, il me les donnera.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Limoilou.
M. HOUDE (Limoilou): J'abonde dans le même sens que mon
confrère. Disons qu'il y a au Québec deux langues officielles.
Ces gens se sont déplacés d'assez loin pour comparaître
devant nous et nous devrions les entendre dans leur langue.
M. LEGER: On voit le vrai visage de l'Union Nationale actuellement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur un point de
règlement. Le vrai visage de l'Union Nationale est le visage de
l'honnêteté, de l'objectivité et du respect des autres et
non pas des meurtres et des assasinats, c'est clair.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: J'exige que l'on revienne au sujet dont on parle et que l'on
ne fasse pas de la démagogie, très bien articulée, mais de
la démagogie quand même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Lafontaine sait ce
que c'est que de la démagogie, M. le Président, mais il veut
avoir des manchettes...
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui le servent dans l'élection
complémentaire de Chambly.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'on mette la question aux voix.
M. TETLEY: M. le Président, c'est une question très
importante, et je note que nous sommes divisés. Je suis, je crois, le
seul député anglophone ici présent et je crois que j'ai
été, la plupart du temps, le seul député
présent durant les six ou sept séances de cette commission. Je
dois tout d'abord dire que j'ai toujours reçu la plus grande politesse
de la part des autres membres et je leur en suis reconnaissant. C'est une
politesse qui est manifestée depuis mon élection en 1968. En
effet, c'est la première fois qu'un tel problème est
soulevé, à ma connaissance, depuis 1968 et je crois que je n'ai
pas manqué de séances d'une commission ou de la Chambre depuis
mon élection.
Je suis un peu peiné. Je note aussi que dans la constitution que
nous avons apprise en première année à la faculté
de droit, surtout l'article 133 est clair et net, et je voudrais garder la
constitution aussi longtemps qu'on ne l'aura pas amendé. Je crois que
c'est important de suivre la loi, autrement il n'y aurait pas de loi. Je note
aussi le règlement que le président a déjà
cité. Il faut suivre le règlement, autrement le règlement
n'a aucune valeur.
Je crois que le droit de parler les deux langues, ici, est un vrai
droit. C'est un droit qui va garder notre pays uni, notre province unie. Il y a
deux minorités au Canada. Et Charlebois, le chanteur hippy, mais
chanteur de grande valeur artistique, a dit l'autre jour, il y a une semaine,
à ces détracteurs ultra nationalistes Charlebois
lui-même est nationaliste: "Il faut respecter les
minorités". C'était sa réponse. Et si je ne partage pas
l'opinion politique de Robert Charlebois, j'admire son attitude.
Je voudrais dire en effet, comme Charlebois: II faut respecter les deux
minorités au Québec et au Canada. C'est quelque chose que
j'essaie
de faire, ici aujourd'hui, et depuis mon élection. Je pose une
autre question, M. le Président. Je me demande si la motion est vraiment
recevable. Une motion, M. le Président, qui est contre le
règlement, contre la constitution,est contre, à mon avis, bien
d'autres grands principes. Je me demande si vous pouvez accepter la motion d'un
vote ou la motion d'un traducteur ou d'une traduction, ou que Mme Johnston
présente son mémoire en anglais ou en français. Je vous
pose cette question.
Je note aussi que depuis six ou sept séances de la commission,
tout le monde, sauf une personne, a présenté son mémoire
en français, la langue de la majorité ici, la langue de la
majorité en Chambre, la langue de la majorité au Québec.
C'est la plus grande politesse de parler la langue de la personne à qui
vous adressez vos commentaires, d'accord.
J'aurais peut-être préféré que le
mémoire soit présenté en français, mais apparemment
c'était impossible. Nous venons de le recevoir, ce matin ou cet
après-midi.
Je demande encore aux membres de la commission, ici présents
parce qu'au cours des cinq ou six séances j'ai entendu 41 ou 42
mémoires qui ont été présentés en
français que, cette fois-ci, ils soient prêts à
écouter le mémoire de madame Johnston en anglais. Si
nécessaire, je suis certain que vous, M. le Président, qui
êtes un parfait bilingue ou M. le député de Chicoutimi ou
bien d'autres ici présents peuvent aider leurs collègues en cas
de difficultés. Moi, je suis également prêt à faire
la traduction. Donc, les deux questions que je pose, M. le Président:
Est-ce vraiment recevable? Deuxièmement, je demande encore que Mme
Johnston présente son mémoire en anglais.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je suis complètement d'accord
qu'il faut protéger la minorité. Je suis d'accord
là-dessus, mais il faut aussi penser à protéger les droits
que nous avons comme majorité. J'ai lu un peu le mémoire et je
trouve qu'il contient de bons articles, qui sont très
intéressants. Mais, quand une minorité vient présenter un
mémoire à un gouvernement qui représente quand même
80 p. c. de la majorité, qui est francophone, je me demande pour quelle
raison, si on veut réellement faire un Québec uni, on n'a pas pu
avoir un traducteur du mémoire. S'il le faut, qu'on le fasse en
français et en anglais, mais qu'au moins une personne de la commission
puisse répondre à nos question en français.
Je pense que c'est un minimum de décence à avoir et
qu'aujourd'hui c'est un principe qu'il faut défendre pour les
années à venir. Ce n'est pas parce qu'une chose existe depuis
longtemps qu'il ne faut pas tenter de la corriger. J'apprécie beaucoup
les nuances que le ministre veut poser. Je vois et je sens qu'il comprend le
problème et qu'il est pris devant un dilemme. Mais, si nous ne faisons
pas aujourd'hui une représentation devant un cas typique qui pourra se
reproduire encore, je pense que nous manquons à notre devoir de
représentants francophones du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, voilà un
incident déplorable et de très mauvais goût. Nous avons en
Chambre le droit de nous exprimer dans les deux langues. Nous l'avons
également...
M. CROISETIERE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ici, devant les commissions
parlementaires. Depuis plusieurs séances, nous avons entendu des
mémoires. Sauf un, je crois, la plupart des mémoires nous ont
été présentés en français. Nous avons eu
l'exemple aussi, très remarquable et notable et je l'en
félicite ici du ministre des Institutions financières, M.
Tetley, qui n'est pas de langue française, mais qui s'est exprimé
en français. Il a interrogé tous les témoins en
français et il a fait un effort considérable pour suivre ces
délibérations qui, à certains moments, sont difficiles
parce qu'elles ont un caractère technique.
Voilà qu'aujourd'hui on nous demande les services d'un
traducteur, parce qu'un organisme sur un très grand nombre,
présente un mémoire rédigé en anglais. Ce serait
là, évidemment, l'idéal que nous puissions avoir un
interprète ou un traducteur, mais je crois cela ne préjuge
pas de ce que nous devrons faire à l'avenir que les usages que
nous avons suivis jusqu'ici nous incitent à entendre les
représentants de l'association qui est devant nous dans la langue qui
est la leur, l'anglais. J'estime que la plupart des membres de la commission
sont capables de suivre le mémoire, éventuellement, de poser des
questions en anglais ou en français et d'avoir des réponses.
Si toutefois cela était impossible, il reste toujours aux membres
de la commission qui n'auraient pas compris le recours d'en avoir une
traduction officielle par les services du ministère des Institutions
financières ou par ceux du secrétariat des commissions
parlementaires. Si les observations que l'on a à faire sont d'une
importance telle, on pourra revenir, au moment où le projet de loi sera
discuté, et demander que les représentations qui sont faites
soient prises en considération par le ministre.
J'estime donc qu'il s'agit là d'un débat qui se veut un
débat de principe, mais qui n'est qu'un incident suscité à
dessein à un moment stratégique pendant une campagne
électorale et je maintiens ce que j'ai dit tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre!
M. DUMONT: M. le Président, si vous me le permettez, aujourd'hui
même, j'ai communiqué avec le député de Bellechasse.
Il y a une commission fédérale qui siège à
Edmonton. On entend en français ceux qui parlent en anglais et on entend
en anglais ceux qui parlent en français, si l'on veut. Si à
Edmonton, en Alberta ou à Vancouver et j'y suis allé
et à Terre-Neuve, nous pouvons parler dans la langue que nous
voulons et nous faire entendre par des interprètes, peu importe la
façon dont les gens s'expriment, j'exige, encore une fois, qu'à
l'Assemblée nationale, la commission de l'Assemblée nationale
puisse trouver une traductrice. Nous avons ici l'adjointe au secrétaire
des commissions, une jeune fille du Nouveau-Brunswick qui est parfaitement
bilingue et qui pourrait nous faire immédiatement la traduction. Je
demande la traduction du mémoire à mesure qu'il sera lu.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre! Je crois que chacun
d'entre nous a eu l'occasion d'exprimer son opinion. D y a deux points qui sont
soulevés actuellement. On a parlé de permettre à Mme
Johnston de faire son exposé en anglais. H n'est même pas question
de discuter, premièrement, c'est son droit strict. Deuxièmement,
on a demandé un vote suppliant, ou demandant à la commission de
l'Assemblée nationale de nous fournir un interprète.
Malheureusement, si j'interprète les règlements de notre
Parlement, il n'y a aucun article, au moment où je vous parle, et nous
n'avons aucun règlement interne de l'Assemblée nationale qui
prévoit qu'on puisse demander à la commission de
l'Assemblée nationale de nous fournir un interprète. Chacun des
députés est conscient qu'il y a actuellement un comité qui
est en train de réviser les règlements de l'Assemblée
nationale et la procédure au niveau de nos règlements. Je demande
la collaboration de la commission. Pendant 45 minutes, nous avons
discuté de ce point et nous avons sûrement exposé chacun
nos idées, nous avons fait valoir nos opinions; nous aurons l'occasion,
dans une quinzaine de jours de revenir en Chambre, de faire accepter par une
révision de nos règlements le principe de l'interprétation
des textes ou de la langue parlée, ou utilisée et ensuite, de
faire voter des budgets. Parce que, malheureusement, dans un
éléphant blanc comme le gouvernement, je serais très
malvenu de demander à quelqu'un du Nouveau-Brunswick, aujourd'hui, de
traduire pour la commission parlementaire des Institutions
financières...
M. DUMONT: A une Québécoise.
M. LE PRESIDENT: ... à une Québécoise, mais qui
vient du Nouveau-Brunswick, parce qu'à ce moment-là, messieurs,
vous devriez vous présenter devant la Commission de la Fonction publique
pour justifier le rôle qu'elle a joué, aujourd'hui. Ce serait
mettre cette jeune fille dans un embarras qu'elle n'a pas à subir pour
créer un principe. Si on veut un vote, je devrai malheureusement le
refuser, parce qu'il n'y a absolument rien dans nos règlements qui
puisse justifier la demande faite à la commission parlementaire.
M. LEGER: Et l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, dans les
deux langues?
M. LE PRESIDENT: L'Acte de l'Amérique du Nord britannique n'est
pas un des articles du règlement de l'Assemblée nationale du
Québec. Messieurs, je considère l'incident clos et je demanderais
à Mme Johnston de bien vouloir présenter son mémoire and,
if possible, to make it brief. Thank you."
MRS. JOHNSTON: Thank you, Mr. President.
M. LACROIX: Voulez-vous un photographe?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! Nous
sommes en retard de 45 minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez voir les terroristes !
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plait, à l'ordre !
M. LACROIX: Allez retrouver vos gars du FLQ!
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je détesterais utiliser l'article 72
de nos règlements et suspendre la séance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous vous écoutons, M. le
Président.
M. CROISETIERE: Nous avons encore quorum.
MR. TETLEY: Mrs. Johnston, can I interrupt for just one minute?
Your brief is very important and your association which makes you all
the more worthy to be here, because we do not question your pecuniary motive.
Nevertheless, we have had a procedure that you noted all day of asking each
person to give the main points of their brief, and I would ask you in this case
to do it. I apologize for not having read it, I have read every brief that we
have got at Christmas time at each week-end and I only saw this one this
morning. On the other hand, I think it is very important and our legists are
busily reading it besides me and behind me here, as I intend to do this
evening. So, could I ask that
that you give us just the main lines of the brief?
MRS. JOHNSTON: Thank you, Mr. Tetley. I think that you will find in our
recommendations that we favour very much a strong stand on the part of the
Government in terms of consumer protection. We also feel very strongly about
consumer education which we would stress is not the same as consumer
information. Consumer education involves not only the sharing of information
but how you will plan that information, and we would feel that this aspect
should be emphasized.
You will notice as you move in through our recommendations, that we are
suggesting that consumer affairs, including consumer protection and education,
we feel, warrant a separate ministry that a program of this importance cannot
be carried by a department, that it is appropriate whether it fits in, into the
Ministry of Justice, and we feel that this is coming more and more important
now. Rather than continuing, I would ask that the representatives from Family
Service, Mr Davis is here with me and the representatives of CRABS, which is
the Citizens' Rights Against Bailiff's Seizures, would have an opportunity to
speak briefly to our presentation and our position.
MR. DAVIS: Thank you. My name is Robert Davis and I am with the Family
Service Association. I just want to say that we do recognize French as the
primary language of this Province, but we are here today because we understand
this committee did hear an English brief and this was presented by a private
interest. We wanted something to be in English from someone who is representing
what we think is the consuming public. We are going to try to represent the
consuming public of English-speaking people as well as we came here today,
because a brief was accepted before in English, and this is why we are
here.
We would just like to say a word about our brief and then I would like
to introduce the people from CRABS, because they are the people most directly
concerned by the legislation that is before the assembly. So I will not take
time except to say that we are very opposed to the use of advertising in our
modern world which uses illusion and deception. We would just like to say that
we have tried to document in our paper the fact that nearly all commercials
that are seen on television and in very simultaneous papers and on billboards
do use deception and illusion. Because of the ubiquity of advertising, we feel
that people are being required to consume more than they really would chose for
themselves, because they are constantly being hit by things which use
subconscious processes to make us buy things which we would not otherwise buy.
For this reason, we have asked for a special tax on advertising in this
Province and we feel that advertising and the television industry, as a matter
of fact, should become a provincial concern rather than a federal concern. The
reason for this is that the networks are breaking up and the most of the burden
is going to go toward destroying the unity which sometimes exists between urban
and rural people and between poor people and rich people. The rich people are
going to be able to escape commercials and poor people will not and this is why
the brief is the way it is.
I would now like to introduce the people from CRABS because they perhaps
will have something to say about how the merchants, door to door salesmen,
wheel people into debt, and what happens to people when they get into the low
income English speaking community in Montreal.
MISS WALTON: My name is Miss Walton. I would like to talk about what
happens when a door to door salesman comes. First of all, usually they are not
asked to come, they just come to your door and ask if you want to buy things.
Because most poor people have no money cash to buy things when they need them,
this is why there are such things as door to door salesmen. The man will ask if
you want to pay by the week. If you can, you do and they will collect maybe $2,
$5 a week. If you can't pay by the week whatever date you ask them to come,
they will come. This is fine for the first few times that they come. Then, they
start coming on other days, days when the family allowance cheques arrived or
maybe even some times, they come on Sundays and embarasse you into giving the
money even though you haven't got it. They will take whatever money you have
even if it is for food or for your gas bill or for whatever.
The thing is that if they come on these other days and not the days that
you requested it is for some strange reasons like: they have other people to
collect from on those days. They will come around the family's allowance day
and then the day that they are supposed to come, they will come anyhow even
though they already told you that they could not make it on that day. You will
find yourself pay maybe twice for the same article. There are times when they
might forget their card and tell you that they will mark it up the next time.
This is how you start paying twice for the same thing, this is because it is
not marked on the card the next time.
Another thing is that the price of these things that you buy are usually
double the price as if you went into a regular department store and buy
whatever you needed because you do not have the money at the time. We have for
examples here how much they charge for different things. They usually double
the price.
We also have a figure about the man that comes around with articles at
the door that you can buy if you have a party at your house. They have these
pots and pans that they bring around. They bring the food and everything and
you invite people over for the party. They have people come in who cook all the
food for the party without telling them about the pots and pans. After you have
been in, they ask you if the meal was good and then take people one at a time
in private and ask them if they would like to buy these pots and pans: These
pots and pans do not burn, they do not do anything but just cook and they are
life long.
Anyway, the thing is that once the party is over, they will tell you
that you will get a gift if you buy the pots and pans. This is the person whose
party the house is at. You will get the gift only if you have another party and
get more people to buy their pots and pans. Then after this is all over, and
you have decided that there will have no more parties and tell them that you
just want the pots and pans, you will get a bill in a few weeks after you have
agreed to pay so much a week or so much a month. The pots and pans come to
$400. Actually, you are paying the pans, you are paying for the parties, you
are paying for the food and all the gifts. This comes to $400.
Now, if you do not pay on the date that you said you are going to pay,
they will send you interests and sales charge, service charge of $5 or $6 a
month extra for each time you do not pay on time. So, if you miss paying two or
three times, your $400 are going to stay the same for maybe a year. You will be
forever paying these $400 because if you send in the payment and you figure
they should receive it on the date you told them they will receive it and it
gets there a day late, they will still give you the service charge, and it is
not our fault if the mail happens to be a little slow sometimes.
MR. TETLEY: It is not our fault either. MISS WALTON: It is
somebody's.
MR. TETLEY: It is the Federal Government's fault.
MISS WALTON: Okay, well, we will see them. This is about it. But we
would like to have something done about the embarrassment of people who have
not got ready cash to go to the store and buy things, because they are paying
for the rest of their life things that will be long finished within four or
five years. Thank you.
MR. TETLEY: Thank you.
MR. WILSON: Mr. Chairman, I am with CRABS, the Citizens' Rights Against
Bailiffs' Seizures. I am Co-Chaiman there. Regarding these door to door
salesmen, what happens if you do not pay? They actually have a card...
MR. CHAIRMAN: Excuse me. Would you mind identify yourself and give your
name, please.
MR. WILSON: Yes. I am Dave Wilson from the Citizens' Rights Against
Bailiffs' Seizures. They get you to sign a card like this and at the bottom
they state: "that I have this day received the above mentioned goods from so
and so for which I agree to pay" which they say $1 down and $1 a week, which
they do not mark on this card. They can come along at any time, turn around and
ask for the full payment even if you are agreeing to pay that $1 down and $1 a
week. If it goes to Court, the judge will ask you for your proof which you do
not have on the card, naturally. So, what do they do? They turn around and take
a writ of seizure against that person. This is a sort of peggy-back because
they take the furniture, even though the person does not have the $1,000
furniture. We have caught several cases like this where a person got seized and
was not left the $1,000 in furniture. Of course, this we had to take to Court
to win the case again. But they are using such tactics as calling in the
police. The other day they put a seizure and they had three police cars because
they stated to the police that the people had baseball bats, which was not
true. They turned around and took a television out that did not belong to the
party.
Also, what happens here is that they sell the furniture in a public
auction which is supposed to be according to the papers, but if you go down
there to go to a public auction you are questioned left and right about what
you are doing there. All they seem to do is to sell it to just other bailiffs
which the room is completely full of. The public has no rights to these
auctions unless they are questioned high and low and have their background
looked into. This we think should be stopped. We are hoping that you can put it
through, that some kind of a law will be passed, that these tactics of the
bailiffs against not only the Welfare recipients low income or pensioners can
be stopped and that they can get their rights throughout seizures.
MR. CHAIRMAN: Thank you. Are there any other comments before the members
of the Commission ask questions?
MR. DAVIS: I would add one final thing taht I have forgotten before
which is to put in a plug for consumer. I would just like to say that I really
think this needs to be a very broad spread field. It should include adults.
There is now presently some education for consumers in the schools, we realize,
but we think this needs to be greatly expanded. As a matter of
fact, I think it even should be run clear down into the preschool ages.
The reason I say that is that I have here with me two pieces of bubble gum
which my daughter purchased in a store. As you can see, this is what they look
like and this is an ordinary piece of bubble gum, the kind like I got when I
was a kid.
It looks like that. And. I insist, it looks like a jaw-breaker. But when
I opened this up, one time, I have, by chance, opened up one piece of bubble
gum my daughter was getting she is four years old it is hollow
inside. You know, even little kids have to begin to be careful consumers. So
they have to learn how. Nobody is born a good consumer. They have to learn
it.
MR. TETLEY: Mrs. Johnston, ladies, gentlemen, I thank you for your
brief, which is very useful to us. I am sure you have spoken from the heart,
which is very very important.
MRS. JOHNSTON: Mr. Withworth would like to say something, if he may.
MR. WITHWORTH: I am Mr. Withworth from CRABS. And I took a little survey
of the people, like the way they buy at the store. I have taken twelve surveys,
you know. I have taken a survey of twelve families. There are four families or
of three. The cost is on an average of $8 a week for each person. The children
in these families are all under five years. They shop at five of the leading
chain stores: Steinberg, Union, A&P, Metro Food and Dominion.
One family of four live on $6 for each person. The children are four and
six. They buy through the freezer companies. Two families of five spend on an
average of $7 each person. One family shopped at Steinberg and the other at
Metro. The one that shops at Steinberg spends $15 less than the one who shops
at Metro. Those children are between two and eight years of age.
One family of six spends $7 a week per person. This family shops at
Steinbergs. The children's age is from one to seven. There are three families
of seven. The cost is on an average of $12 per person. The children are in the
ages from six to sixteen. They shop at Union because they have low meat
prices.
Now a family of eight spends $4 or $5 a week per person, living on
minced meat and spaghetti or home-made soup. They shop at the small chain store
near their home.
Each of these families agree that the fruit prices in the small chains
stores are much too high and something should be done about in such as price
control or a government owned store for low income families. I thank you.
MR. CHAIRMAN: Thank you.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): I wish to thank Mrs. Johnston, ladies and
gentlemen, for your brief. Your approach of the problem of the consumer's
protection is very peculiar. Although many of your remarks have already been
made by other associations, I am sure that the Minister will take into account
those remarks before presenting the final drafting of the bill in the House.
Thank you.
MR. CHAIRMAN: Thank you, Mrs. Johnston. Now, we will hear le
mémoire présenté par la Banque Royale du Canada. Me
Gauthier.
Banque Royale du Canada
M.GAUTHIER: Honorable ministre, M. le Président, messieurs les
députés, mon nom est Wilbrod Gauthier. Je suis accompagné
de M. Pierre Fréchette, qui est un des directeurs généraux
adjoints de la Banque Royale à son siège social à
Montréal.
M. TETLEY: M. Gauthier, j'espère que vous parlez
français.
M. GAUTHIER: Je vais essayer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous regrettons, Me Gauthier, que les
spécialistes de la Banque du Canada ne soient pas ici pour vous
entendre.
M. CROISETIERE: Ils arrivent tard le matin et repartent tôt.
M. GAUTHIER: Chez nous, nous arrivons tôt le matin et nous partons
tard le soir.
M. LACROIX: Vous n'attendez pas après les autres pour vivre, non
plus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'attendez pas les...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre! Me Gauthier.
M. GAUTHIER: Pour répondre au désir du président,
je ne ferai pas la lecture du mémoire. Je n'entends pas entrer dans trop
de détails non plus. Je me permets simplement de résumer aussi
brièvement que possible la position prise par la Banque Royale. Je
devrais peut-être au départ faire remarquer que nous ne
représentons ici que la Banque Royale. Nous n'avons de mandat que de la
Banque Royale du Canada.
Les représentations faites par la Banque Royale sont de deux
ordres différents. L'un est nettement juridique. Loin de moi l'intention
de vous faire un cours de droit. D'ailleurs, l'honorable ministre a à
son service des légistes qui peuvent le conseiller sur cette question.
Le seul but de la portion du mémoire qui touche à cette question
de conflit possible de juridiction entre les gouvernements provincial et
fédéral est
de faire ressortir d'abord la complexité du problème, mais
aussi d'exprimer l'espoir qu'on puisse simplement le contourner.
C'est d'ailleurs dans cet esprit que la Banque Royale ne s'est pas
bornée simplement à dire: Nous demandons que les banques soient
exemptées de l'application d'une certaine partie de la loi. Même
quant à cette partie-là, nous nous sommes donné la peine
de relever des choses précises qui nous semblaient devoir être
clarifiées. Par conséquent, la suggestion sur le plan juridique
est faite uniquement dans le but d'attirer l'attention des membres de la
commission sur cette question.
La question n'a pas encore été soulevée devant les
tribunaux, d'ailleurs, mais il est évident qu'un jour ou l'autre elle le
sera, et pas nécessairement quant à la législation
québécoise. Ce pourrait aussi bien être quant à une
des lois de la protection du consommateur d'une autre province, on ne le sait
pas. Il faut de plus attendre le texte définitif d'une loi avant qu'un
conseiller juridique puisse se prononcer sur sa portée
véritable.
Par conséquent, il est impossible de dire au préalable
quant au bill 45 aussi bien qu'à n'importe quel autre projet de
loi de la protection du consommateur, par exemple celui de l'Ontario si
oui ou non il y aura conflit de juridiction, si la question constitutionnelle
sera soulevée. Cependant, disons que la position de la Banque Royale se
résume à ceci: Une loi de la protection du consommateur est
bienvenue, sans aucun doute, parce que des abus ont existé, des abus
coûteux pour le consommateur. La Banque Royale croit que ces abus ne lui
sont pas attribuables à elle ni même aux autres banques, mais,
à tout événement, je passe.
Sur les commentaires précis que nous avons faits, j'aimerais en
relever seulement quelques-uns où je pense que des commentaires
additionnels pourraient clarifier notre position. Par exemple, dans la
suggestion que nous faisons que les banques soient exemptées de la loi
quant aux prêts d'argent non pas quant au crédit variable
mais quant aux prêts d'argent il est évident que cette
suggestion est uniquement due au fait que le domaine de la
révélation des termes d'un contrat de prêt d'argent, pour
ce qui est des banques, est déjà amplement couvert, si on peut
employer l'expression, par la Loi des banques et les règlements de la
révélation en vertu de la Loi des banques, édictés
sous l'article 92 de la loi. Ce qui est peut-être moins clair pour les
membres de la commission, c'est la référence à l'article
58, duquel nous aimerions que les banques soient exemptées.
C'est la question de la publicité. C'est que, là aussi, il
existe déjà, régissant les banques, une
réglementation qui contrôle la portée de la
publicité. Par conséquent, il ne s'agit pas, pour la Banque
Royale, de dire qu'elle ne veut pas ou n'aimerait pas se plier aux exigences
quant à la publicité. Elle a déjà des exigences qui
existent dans la loi et les règlements et qui ont existé bien
avant qu'aucune des provinces ne s'intéresse à la protection du
consommateur par une législation spéciale. Par conséquent,
ce n'est rien de nouveau pour une banque. C'est tout simplement que je
désirerais attirer l'attention des membres de la commission sur la
portée de l'article 13 des règlements édictés en
vertu de l'article 92, de la Loi des banques, qui, vis-à-vis de la
publicité, a des exigences différentes de celles qui sont
portées dans l'article 58 du bill 45.
C'est intéressant. Evidemment, la solution qui semble la plus
simple est de dire: Si vous faites de la publicité pour un contrat de
prêt ou pour un contrat variable, vous devrez donner les taux ou le
coût de crédit. Mais ce que les règlements de la Loi des
banques ont édicté, c'est que, si la publicité est
axée, même de loin, sur le taux, il ne faut pas seulement
dévoiler le taux, mais vraiment dévoiler tout ce qui a trait au
coût d'un prêt au consommateur. Par conséquent, l'exigence
de la Loi des banques, d'une certaine façon, est plus grande que celle
que propose le bill 45. Mais elle est moins grande, en ce sens que si la
publicité est uniquement à l'effet de vous servir des
disponibilités dans le prêt d'argent ou dans le crédit
variable, sans parler des avantages qu'il y a à emprunter d'une telle
banque ou d'une telle institution, parce que son taux est plus favorable que
celui d'une autre, à ce moment-là, il n'y a pas d'exigence quant
au dévoilement du taux. C'est seulement si on s'en sert dans la
publicité que, non seulement il faut dévoiler le taux, mais aussi
tout le coût du crédit. C'est donc un moyen, je pense, assez
opportun de contrôler la publicité, tout simplement, sans
l'empêcher. C'est un moyen qui a été pensé au moment
de la réglementation de la Loi des banques. C'est donc uniquement pour
cela que l'article 58 est aussi mentionné dans les articles qu'on
voudrait voir ne pas s'appliquer aux banques, parce qu'elles sont
déjà régies par les articles de la loi
fédérale.
Cependant, nous avons aussi fait d'autres commentaires que je ne
reprendrai pas ici parce qu'ils ont déjà été faits
à plusieurs reprises, même aujourd'hui, sur la définition
du consommateur, etc. Il est évident qu'il y a quelques lacunes dans le
bill 45. Il faut les combler. Nous faisons des suggestions bien humblement. Il
y a peut-être des suggestions qui ont été faites et qui
sont encore meilleures que celles-ci, mais nous les avons faites uniquement
dans le but d'attirer l'attention des membres de la commission sur ces
problèmes.
Cependant, il y a peut-être une remarque, à la page 6 de
notre mémoire, qui demande quelques explications. Nous suggérons
que l'exigence, quant au tableau d'exemples qui est au sous-paragraphe h) de
l'article 24, soit supprimée. Je vous demanderais de lire
particulièrement la dernière partie de ce paragraphe. Au
fond, ce que nous suggérons n'est pas d'élimer totalement
l'exigence de donner un exemple au consommateur de ce que peut lui coûter
son crédit, mais nous trouvons bien plus important de donner un exemple
du coût de crédit à l'emprunteur, sur un prêt
d'argent, en vertu de l'article 22, qu'à celui qui
bénéficie d'un crédit variable.
Nous sommes étonnés que le bill 45, à l'article 22,
n'ait pas d'exigence quant à l'exemple à donner aux consommateurs
alors qu'il y en a une quant au crédit variable. Si on essaie de
formuler un exemple de la façon suivant laquelle le crédit
variable va se calculer, il est facile pour n'importe quel prêteur peu
consciencieux de formuler un exemple qui va être beaucoup plus trompeur
qu'éclairant pour le consommateur. On peut inventer un exemple de
crédit variable qui n'aura aucune relation apparente avec le terme et le
montant du crédit qui sera accordé à tel ou tel
consommateur individuellement.
Par conséquent, ce n'est pas que la Banque royale s'oppose
à l'idée de donner des exemples, mais je vous ferai remarquer que
même si la loi fédérale ne l'exige pas, la banque donne
déjà des exemples dans ses formules de demande de prêt
personnel, ce qu'elle appelle le "term plan". C'est déjà une
chose à laquelle la banque se soumet parce qu'elle trouve normal
d'éclairer le consommateur à l'aide d'exemples. Mais quand on se
reporte au crédit variable, on peut bien le faire, la banque peut bien
facilement le faire, mais je crois que vous allez tout simplement faciliter
plutôt la tromperie en demandant et en permettant même à
l'institution financière qui fait un prêt de donner des exemples
de crédit variable à un consommateur.
Ensuite, c'est peut-être là la dernière remarque que
j'aimerais faire. A la page 5 de notre mémoire, article 4, quant
à l'article 22, nous faisons un commentaire sur la
révélation du coût d'assurance. Tout à l'heure,
quelqu'un ici, je ne me souviens pas qui, a fait des représentations au
sujet du caractère facultatif du coût de l'assurance pour le
consommateur. Cela semble beau, mais si le bill 45 est vraiment destiné
à protéger le consommateur, un peu malgré lui, le
protéger contre la finesse parfois malhonnête des gens qui
transigent avec lui, il faut aussi songer à la protection de ses
héritiers qui peuvent, du jour au lendemain, se trouver affublés
du crédit que le consommateur décédé aura
engagé de son vivant. Par conséquent, la Banque royale prend la
position qu'elle doit même forcer son emprunteur à
l'assurance-vie. Ce n'est pas uniquement pour la protection du consommateur,
évidemment c'est aussi pour la protection de la banque, pour ne pas
l'obliger à courir après les héritiers pour se faire payer
un solde qui reste dû au moment du décès. D'accord, cela
facilite l'opération bancaire du prêt personnel surtout parce que
c'est seulement dans ce cas qu'il y a l'assurance.
Mais l'assurance-vie, qui est ni plus ni moins qu'imposée
à l'emprunteur du prêt personnel à la Banque Royale,
protège aussi ses héritiers. La banque reçoit paiement au
complet du solde et à ce moment-là les héritiers de
l'emprunteur sont dégagés. Je propose respectueusement aux
membres de la commission de garder à l'esprit cet élément.
Par conséquent, il est important qu'il y ait, à mon avis, de
l'assurance sur la vie du consommateur qui demande un prêt personnel.
Mais demander de dévoiler pour chaque emprunteur, c'est-à-dire
pour chaque prêt, le coût de l'assurance quant à cet
emprunteur, quant à ce consommateur, vous demandez peut-être une
chose à laquelle les institutions vont se prêter, mais je suis
loin d'en être satisfait, et il en est de même de la banque.
Il sera impossible de donner vraiment le coût de l'assurance
individuellement pour chaque prêteur à cause de la variation
à l'infini du terme qui lui est accordé, du montant qu'il
emprunte, du taux d'intérêt qui lui est accordé, etc. Cela
peut toujours se faire, les banques ont des ordinatrices. On peut probablement
peser sur un bouton et éventuellement avoir la réponse sans trop
de délai. Mais, il se peut que les prêteurs d'argent autres que
les banques veuillent aussi essayer de se conformer à la loi et qu'il ne
leur soit pas possible d'accorder, dans un délai raisonnable, à
un consommateur le crédit auquel il aurait normalement droit parce qu'on
ne peut pas, à brève échéance, calculer le
coût précis de l'assurance.
La seule suggestion que je ferais et ce n'est pas tout à
fait conforme avec ce que mon mémoire disait, c'est qu'à
la place de demander le coût de l'assurance pour le prêt qu'on
demande le taux, qu'on demande le coût relatif de l'assurance ou alors
que l'on groupe tout simplement le coût de l'assurance avec les autres
renseignements que l'on demande après le coût de l'assurance,
à f ) et à g) de l'article 22.
Ce sont là les seules explications que je croyais utiles
d'ajouter à mon mémoire. Il me fera plaisir, de même
qu'à M. Fréchette, de répondre à vos questions, si
vous en avez.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Gauthier. M. le ministre.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Me Gauthier, j'ai eu le
plaisir de lire votre mémoire au cours de la dernière fin de
semaine. J'apprécie beaucoup que la Banque Royale soit venue, la seule
banque qui se soit présentée, parce que le problème
soulevé par les banques concernant la juridiction fédérale
et notre projet de loi, le bill 45, est très important. Je note que la
Loi de la protection du consommateur de l'Ontario vise les banques autant que
les autres prêteurs d'argent.
Je crois qu'une autre juridiction, celle de l'Alberta,
légifère aussi de cette façon. J'ai remarqué que
vous avez fait des références à
quelques jugements importants comme celui de Tennant vs Union Bank,
etc., que nous avons tous étudiés à l'université.
Peut-être le provincial veut-il occuper un terrain où le
fédéral a laissé une lacune et je vais vous donner un
exemple. Peut-être y a-t-il aussi une lacune dans notre bill. Prenons la
responsabilité du porteur d'un billet promissoire qui l'a reçu,
pour une considération valable, d'un vendeur d'automobiles. Disons que
l'automobile a été vendue $1,000 et un billet promissoire a
été signé par le vendeur ou la compagnie X.
La compagnie X arrive à votre banque, reçoit de l'argent,
et vous êtes le porteur du billet.
Dans les autres provinces, le porteur du billet serait vous,
c'est-à-dire la Banque Royale, où la banque est responsable
envers le consommateur pour les garanties trouvées dans le contrat
original, la bonne conduite de l'automobile, etc.
Le gouvernement fédéral a déjà
légiféré dans ce domaine, vous le savez aussi bien que
moi, mais les autres provinces ont aussi adopté la législation,
ou vont l'adopter bientôt. A la conférence interprovinciale
où assistaient toutes les autres provinces, sauf une et un
représentant du fédéral, tout le monde était
d'accord sur le fait que les provinces devaient légiférer dans ce
domaine car le fédéral n'avait peut-être pas de juridiction
parce que c'est un contrat civil. Je note que vous avez fait les mêmes
commentaires ici.
Je vous pose cette question très importante: Croyez-vous que
c'est nécessaire, au provincial, de légiférer dans ce
domaine de la responsabilité civile d'un porteur d'un billet
promissoire?
M. GAUTHIER: Si le billet porte une inscription l'identifiant clairement
comme billet promissoire donné à l'occasion d'un contrat nanti de
crédit en vertu de la loi, au moins, si on veut légiférer
là-dedans, celui qui éventuellement voudra devenir le
détenteur régulier du billet en sera averti.
Est-ce qu'il y a lieu de légiférer dans ce domaine? Il
faut que quelqu'un légifère, je pense bien. Je suis d'accord, en
principe. L'année dernière, à sa dernière session
1969, lorsque le gouvernement fédéral a modifié la Loi des
lettres de change en ajoutant les articles 187 à 190 ou 191, je crois,
il a introduit cette notion de "marking", d'identification du billet, au moment
où il est donné. Dans tous les cas, ce billet est
évidemment signé ou souscrit par le débiteur, ou par le
consommateur relativement à un contrat d'achat de biens. Je pense que
déjà la législation fédérale atteint le but
qui, à mon avis, devait être atteint par une législation
quelconque. Si cette loi, si les modifications à la lettre de change ne
sont pas encore suffisantes, je ne sais pas ce qu'il faudrait faire.
Vous comprenez qu'il faut distinguer toujours le cas d'un contrat
assorti de crédit c'est-à-dire un contrat de vente de marchandise
assorti de crédit, du contrat du prêt d'argent purement rt
simplement.
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de rendre le détenteur
régulier d'un billet souscrit à l'occasion d'un prêt
d'argent responsable du remboursement du prêt ou des fausses
représentations qui ont pu être faites par le prêteur, parce
que là, d'abord on légiférerait dans un domaine qui est
déjà réservé au fédéral et qui est
déjà pleinement occupé par le fédéral par la
Loi sur les lettres de change. Et ensuite, je pense qu'on commettrait une
injustice envers celui qui acquiert pour une considération valable un
billet promissoire et qui en devient le détenteur régulier.
Mais si votre question se borne à la négociation du billet
qui a trait à une transaction comportant l'achat de marchandises, de
biens ou de marchandises de consommation, je pense qu'il faut
légiférer, mais je crois que la modification récente
à la loi fédérale sur les lettres de change a atteint ce
but-là. Et si elle ne l'a pas atteint d'une façon satisfaisante,
je pense, de toute façon, que si la province essayait de
légiférer aujourd'hui pour atteindre le but qui a peut-être
été raté par le gouvernement fédéral, elle
va soulever de plein front le conflit de juridictions. Ce n'est pas moi qui
vais le soulever, mais je pense qu'il va se soulever immédiatement.
M. TETLEY: Mais n'est-il pas vrai que quelques autres provinces ont
déjà légiféré dans ce domaine?
M. GAUTHIER: La loi de l'Alberta comporte quelque chose qui ressemble
étrangement à ce qu'il y a dans la dernière modification
à la Loi sur les lettres de change. Je crois que c'est la loi de
l'Alberta, mais je peux me tromper, c'est peut-être celle de la
Colombie-Britannique, je n'en suis pas sûr. Il y a certainement une autre
loi provinciale qui a abordé le problème, mais je pense qu'il
s'agit précisément d'une loi qui a été
adoptée avant la modification à la loi sur les lettres de change.
Mais là, je dois vous avouer que je n'ai pas pris connaissance du projet
de loi de la protection du consommateur de l'Ontario et je demanderais à
l'honorable ministre s'il y a là une disposition qui touche au point que
vous soulevez.
M. TETLEY: Non, je crois que la réponse est qu'il n'y a pas de
disposition jusqu'ici, mais je crois qu'ils ont l'intention d'adopter une telle
disposition dans leur loi. En effet, à la conférence
interprovinciale que je viens de mentionner, c'était l'intention de
toute les provinces d'ajouter une stipulation au sujet d'un détenteur
régulier d'un billet promissoire qui serait la même stipulation
par tout le Canada et la même qu'au fédéral, si possible.
Et j'espère que...
M. GAUTHIER: Est-ce que vous permettriez de vous faire remarquer qu'une
telle disposition risque quand même d'atteindre de façon assez
pas mal de difficultés à vivre dans la province de
Québec.
Si le billet qui a été reçu par lui à
l'occasion d'un contrat assorti de crédit ne peut pas être
négocié à une institution financière telle qu'une
banque, parce que, à ce moment-là, la banque devient responsable
des conditions du contrat qui se rattache au billet, le petit commerçant
aura de la difficulté à se financer. Je soulève ce point;
c'est une idée qui me passe par la tête au moment où vous
me posez la question, mais je pense qu'il ne faudrait pas sauter trop vite
à la conclusion qu'il faut absolument légiférer dans ce
sens-là.
M. TETLEY: Puis-je vous demander, M. Gauthier, de faire parvenir au
secrétaire de la commission des idées à ce sujet? Il va
les transmettre à tous les membres et à nos légistes. Je
crois que c'est un problème que nous n'avons pas soulevé. Nous
avons besoin d'une réponse et de vos idées, parce que vous avez
la compétence et l'expérience.
M. GAUTHIER: J'accepte. Il me fera plaisir de le faire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie Me Gauthier de son exposé.
Il a évoqué des problèmes assez sérieux.
D'ailleurs, le ministre en a pris bonne note. Vous avez apporté,
justement, certaines dimensions à certaines questions et à
certains articles de la loi. J'ai été heureux que le ministre ait
posé ce problème de compétence entre le
fédéral et le provincial en ce qui concerne le billet
promissoire, etc. Avec les documents qu'on vous a demandé de nous faire
tenir, il nous sera possible de réexaminer la question. Lorsque le
projet de loi reviendra devant nous, nous pourrons discuter de
l'opportunité d'inclure certaines dispositions ou non, selon la
rédaction finale qui nous sera proposée. Quant à moi, M.
Gauthier, je vous félicite de ce mémoire très clair et je
vous en remercie.
M. GAUTHIER: Merci.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, Me Gauthier et M.
Fréchette, nous vous remercions. Me Gauthier, nous attendons de vos
nouvelles.
M. GAUTHIER: Très bien. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: De rien. Nous allons passer à M. Trebilcock et
à six étudiants qui ont une représentation à
faire.
M. M. J. Trebilcock & CieM. TREBILCOCK: Je suis professeur
de droit à la faculté de droit de l'université McGill. Je
suis arrivé à Québec, de l'Australie, depuis seulement un
an. En Australie, j'étais membre d'une commission qui a
étudié le problème de la protection du consommateur
pendant trois ans. Nous avons soumis un rapport au gouvernement de l'Australie.
Je donne un cours à l'université McGill sur la protection du
consommateur et les étudiants qui m'accompagnent ont fait beaucoup de
recherche sur le sujet. Quoique j'étudie très fort le
français, je n'ai pas la facilité voulue, en ce moment, pour
continuer ma présentation en français. Je demande à la
commission si je peux faire ma représentation en anglais.
M. LE PRESIDENT: Definitely.
M. TETLEY: Mais je peux vous dire que vous vous exprimez assez bien en
français. Je n'ai aucune objection à vous entendre en
français ou en anglais.
M. TREBILCOCK: Trois étudiants, naturellement, feront leurs
représentations en français.
Bill 45 of course is a pattern of statutes which have been enacted in
Canada and the United States in the last five years. The legislative activity
in the field of consumer's protection in the last five years in Canada exceeds
that in the previous sixty. This reflects a sharply awakened public focus on
the deteriorating position of the consumer in the market place. I want to
suggest that there are two principal factors which explain the deteriorating
position of the consumer in the market place. I wish to criticize the bill in
the light of these two factors.
The first factor is increasingly complex goods. The consumer of the last
century was concerned with his horse and his basic furniture. Today he is
concerned with his motor car or his television set, technical commodities which
he has no chance whatever of evaluating for himself, no chance of making a
judgment as to their quality. Goods which have become increasingly complex and
goods of which he cannot have to comprehend any of the technical details.
The second major factor is increasingly complex legal transactions
brought about by the enormous growth of credit here in Canada as elsewhere in
the past four years. Credit has raisen from approximately $40 or $50 per capita
in 1948 to $500 per capita in Canada today. This has been reflected on a
proliferating variety of credit transactions available to the consumer,
revolving credit arrangements, variable credit, bank cards, instalment credit,
chattel mortgages, conditional sales and in the shuffle the consumer gets left
miles behind.
Complex goods and complex legal transactions: two problems which the
consumer of yester-year never had to face.
MR. TETLEY: Excuse me, Mr. Trebilcock. We have not received your brief
and I hope that you will send it again to Mr. Gelly so that he can distribute
it to the members.
Could I ask that you give us "les grandes lignes", the important points
of it, because I think that it is difficult to grasp everything without seeing
something in writing, and seeing headings underlined.
MR. TREBILCOCK: I will give you a few principal points.
MR. TETLEY: If you can give a few principal points on the bill. I think
your two first commentaries are very interesting and have never been raised
before in the last briefs.
MR. TREBILCOCK: These two factors have, as a backdrop to them, two other
factors against which these problems of complex goods and complex legal
transactions have to be seen.
First of all the impersonality of the market place today. Gone is the
time of the little corner grocer with whom the consumer maintained a close
personal continuing relationship which was important for both of them. Also
today an aspect of the market place which never existed before is simply the
speed of things, the supermarket complex, the supermarket syndrome, you do not
stop to examine the goods in a leisurely way.
You buy now and pay later. An aspect of this impersonality of the market
place, the speed of the marketing process, is, of course, the high pressure and
sophisticated merchandising techniques involving advertising and, of course, a
lot of subtle and soft seel deceptive selling practices, which Mr. Dupuis will
address himself to in a moment. So, I am asking you to focus on these four
factors: complex goods, complex legal transactions seen against the background
of these other factors: an impersonal and high pressure and rapid marketing
prices and the second factor which I omitted to mention: an inaccessible legal
system. Those who claim that consumers have never had it so good and that what
is good for General Motors is good for America are starting to sound a little
hollow.
Statistics produced in recent times by studies in the United States
describe the fearful position the consumer faces in terms of quality of
products. For example: between 1960 and 1966, the US National Highway Safety
Bureau reported that 18.5 p. c. of all new cars were defective in some serious
respect. Between 1966 and 1970, the same Government Safety Bureau reported that
43.3 p. c. of all new cars, at the moment that they were wheeled out on the
road, contained some defect. The proliferating bankruptcy figures, execution
figures, unsatisfied judgment figures testify to the speed at which the
customer is losing his grip over the market place.
I come now to some concrete points. Complex goods; what has Bill 45 done
to guarantee to the consumer that the goods which he does not understand and
that he wishes to buy on the market place will be of a reasonable minimum
quality? What has the Act to say on this? The Act has precisely nothing to say
on this. As a very minimum legislative response to this problem, the problem of
insuring the television sets and cars and whatever the consumer product
measures up to some minimum standard of quality the very least that this
Legislature can do is to imply a term which cannot be excluded into
every consumer sale, that the goods shall be reasonably fit for the purpose and
that there is no way that the vendor should be able to dodge that
obligation.
Mr. Belisle, on my right, will expand on the following point and it is
time to recognize that a manufacturer who puts goods into the stream of
distribution with the intention that the consumer buy them and use them, shoud
have to accept some liability, some responsibility for the quality of the
goods. At present, he has almost no responsibility.
MR. TETLEY: In the Civil Code?
MR. TREBILCOCK: The Civil Code, in article 1053, as Mr. Belisle will
point out, mentions liability as if he was at fault, that he was negligent on
the process of manufacturing. But he may not be negligent, as happened in
numerous cases in the States. He puts a car on the market which is dangerously
defective and I am injured. Why should it be a response for the manufacturer to
say: "I was not negligent?" I was not negligent either.
MR. TETLEY: Well. All right. There is also the section of sale in
the...
MR. TREBILCOCK: But the manufacturer is not a party to the sale
contract. I buy my car from a local car distributor, the manufacturer is in
Detroit. This is the man that we want to attach liability to.
This is a scandalous situation and the Legislative response is long
overdue and is the minimum protection the consumer is entitled to. Thirdly I
suggest, as Mr. Belisle will expand on, manufacturers and sellers ought to be
made to live with every statement they make in their advertisement which they
intend the consumer to act upon.
MR. TETLEY: I remind you that that is in the bill.
MR. TREBILCOCK: With due respect, Mr. Minister, these provisions again
are grossly unsatisfactory.
Section 53 says "any goods furnished by a merchant" we presume it
may be the vendor
but actually may be the manufacturer must comply with the
description of them given in the contracts and catalogues, and other means of
advertising. What if he does not? What does Bill 45 say then? Presumably, it is
a criminal offence?
Section 55 says "every warranty in a merchant's advertising shall be
deemed to form part of the contract of sale respecting the goods." But what is
a warranty?
MR. TETLEY: Every announcement and every advertisement.
MR. TREBILCOCK: That is a novel definition of warranty to my mind. The
only concept of warranty that the Civil Law recognizes is the warranty in
insurance contracts. A warranty is a contractual term.
MR. TETLEY: Every warranty in section 55 refers to section 53 and must
comply with the description of it.
MR. TREBILCOCK: That is not so apparent to me. Every warranty, what is a
warranty? I imagine every statement in an advertisement ought to be. If it
means that, why do not we say so? Every statement in an advertisement which a
manufacturer or seller issues, he has to live with.
MR. TETLEY: Excuse me. This has been discussed considerably in the
various briefs, professor.
MR. TREBILCOCK: Complex goods and I am suggesting that those are the
minimum legislative response. Complex legal transactions. I have addressed
myself to the general problem. What has been done about it in bill 45? What has
been done to uncomplicate legal transactions for the consumer? The only section
I see that deals with it is section 5. It says he must be given time to read
the contract. When he gets a contract like this in the car dealer's yard, he
should be encouraged to sit down and read it. I can not understand this
contract myself. The assumption seems to be in section 5 that the car dealer
puts him in a corner by himself. The consumer will go through here, strike out
the clauses that are unacceptable and the dealer will agree to it. We have sent
students down into the village to get their hands dirty and interview car
dealers, and pretend they are buying cars. And the car dealer refuses to
produce the contract until they are ready to sign. Students went down to one of
the leading second hand car dealers in Montreal and said: I want to take the
contract away to show to my lawyer. The dealer said: That is fine, sign it and
take it.
Section 5 of this act most have been drafted by someone from fairyland.
This does not reflect the reality.
M. TETLEY: M. le Président, je proteste. M. le professeur est
venu en retard. Il est venu sans mémoire. Il a fait une demande afin de
le présenter. La dernière date était le 5 janvier.
Je suis prêt à accepter tout mémoire et toute
présentation polie...
M. TREBILCOCK: Je m'excuse.
M. TETLEY: Je vous demande pardon... toute présentation polie. Je
vois que nous sommes ici onze personnes, dont une seule est de langue anglaise.
Vous nous adressez la parole en anglais, ce qui est contre la politesse. Je
crois qu'il vaudrait mieux vous présenter en français, dans ce
cas-ci. Surtout de la part d'un professeur qui enseigne aux
Québécois dans une université de la province de
Québec, dont je suis diplômé. Entendre dire que cela a
été fait en "fairyland", je ne l'accepte pas.
M. TREBILCOCK: Je retire...
M. TETLEY: Je n'ai pas terminé. La section au sujet de la
garantie et de la publicité n'existe dans aucune autre province, dans
aucun autre pays, y compris l'Australie. C'est un précédent
formidable. Peut-être ne comprenez-vous pas la portée de cette
section, mais c'est très d'avant-garde.
Je suis prêt à accepter des commentaires de tout le monde,
y compris de mes distingués confrères qui me taquinent mille fois
par jour, mais qui le font en toute politesse.
M. TREBILCOCK: Je m'excuse.
M. TETLEY: Ils ont critiqué la portée de certains
articles, mais jamais avec des arguments de "fairyland", etc. M. le
Président, je vous demande de remettre de l'ordre dans la
discussion.
MR. CHAIRMAN: I think, Mr. Trebilcock, you understood what the Minister
said. I would like you to keep to the bill itself.
MR. TREBILCOCK: Proceeding further on this question of complex legal
transactions, I suggest that in addition to whatever rights might be given to
the consumer to read the contract at leisure, in fact it might be a more
effective the legislative response to follow the many jurisdictions that
actually prescribe the form of the contract. I refer particularly to the Israel
experience where a tribunal has to certify the contracts, the form, the
contents, the rights and the obligations in them before they are issued. In
other words, as with goods, a minimum guarantee of reasonable rights and
obligations is accorded the consumer a form of quality control.
So, I am asking that the Legislature prescribes the forms upon which
consumer's transactions may be entered into.
MR. TETLEY: Have you got a text? MR. TREBILCOCK: Pardon?
MR. TETLEY: Have you got a text of the suggestion?
MR. TREBILCOCK: I am unable to produce one on the spot. This can be
done. I am simply reporting an experience on another jurisdiction where this
has proved possible.
MR. TETLEY: Well, that is a valuable suggestion. If you have such a
suggestion, as I said, included with your brief to Mr. Gelly, we will all have
a good look at it. Because it is easy to criticize, it is very difficult to
draft. Otherwise, if it was easy to draft law, we would not need law professors
or law faculties.
MR. TREBILCOCK: We are trying to make constructive suggestions. I was
leading my way to the proposition that we needed standard form contracts. I was
trying to move from the provisions of the Act to this constructive suggestion.
I was trying to be constructive.
In addition to prescribing forms, I believe, as is done in some
jurisdictions, there should be a statutely prescribed summary of rights and
obligations.
It is possible to get this up in very intelligible and colloquial form
which a consumer can read even after he has entered into the transaction but
when things start to go wrong.
One final issue I want to raise is the administration of the Act. I
believe that this Act, along with all the other provincial Acts commits a
cardinal error in compromising the position of the Director fo the Consumer
Bureau by asking him on the one hand to be an advocate for the consumers
interest and on the other hand to perform a judicial role in the granting and
withdrawing of permits.
I have spoken and interviewed directors of Consumer Protection Bureaus
in other provinces. They told me confidentially that they regarded as an
invidious task to perform in granting or witholding licences and, on the other
hand, they are expected to prosecute and act on behalf of the consumers. I
believe that we should start from the premise that the director of the Consumer
Protection Bureau is a consumer advocate.
I believe he ought to be asked to litigate test cases in which a general
point of law affecting many consumers is an issue.
MR. TETLEY: It is in the Act.
MR. TREBILCOCK: But this again of course heightens, in a sens, the
conflict of duty because while he is acting for the consumer in test cases the
Act requires him also to grant or withold licences.
MR. TETLEY: I think that it is a good point that you have made: the dual
role of the director of the bureau.
MR. TREBILCOCK: What has happened in some jurisdictions here
again I can make a suggestion is that an administrative part time
tribunal was set up to hear licensing cases. The only time in which a hearing
is required is when the director opposes the grant of a licence, in other words
licences are issued automatically unless the director opposes.
So, again he is placed in a position purely of being a consumer
advocate. Finally, in this connection, I would like to suggest something else
which has been adopted in Australia and that is that the director of the
Consumer Protection Bureau each year compiles an annual report which is tabled
in Parliament enumerating the complaints which he has received, enumerating the
names of the firms against which they have been received and the broad nature
of the complaints. I believe the public is entitled to know the firms against
which there is a heavy incidence of consumer complaint, and publicity is the
best sanction that can be devised for that. It has worked extremely effectively
in Australia and I believe it would be an extremely valuable addition to the
Act, here. At this point, I would ask, with the Committee's permission, that
Mr. Belisle briefly address the commission.
MR. CROISETIERE: May I ask a question to Mr. Trebilcock? Have you been
here before this consumer commission before?
MR. TREBILCOCK: I was here before the Mr. Choquette's parliamentary
committee, on Justice.
MR. CROISETIERE: You dit not have any brief to submit by that time?
MR. TREBILCOCK: I had sent some papers, which I had previously written
and I undertook to present a written mémoire to be up with the agenda of
to day.
MR. CROISETIERE: All right.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): No question, thank you.
M. BELISLE: M. le Président de la commission, M. le ministre et
MM. les membres de la commission. Mon nom est Jean-Pierre Bélisle. Je
suis étudiant en droit à l'université McGill et je
complète une maîtrise en économique à cette
université.
Aujourd'hui, je viens ici vous parler en tant que citoyen. Tout d'abord,
j'aimerais préciser
que je souscris personnellement ainsi que mes collègues à
l'esprit du projet de loi présenté pour la protection du
consommateur. Nous devons souligner que c'est une innovation dans ce domaine.
C'est là une nécessité sociale dans le monde
d'aujourd'hui.
Le problème sur lequel j'axerai mon argumentation sera relatif
à la responsabilité du manufacturier face à ses produits.
Je n'ai pas soumis de mémoire écrit à la commission, mais
en ce moment, je suis en train de rédiger un mémoire assez
détaillé sur la jurisprudence américaine et
québécoise, relativement à ce sujet. Mais à ce
stade de mon développement, je crois que je puis formuler certaines
critiques relativement à la protection du consommateur dans ce
domaine-là.
On s'est attardé, par l'esprit de la loi, bien entendu, à
réglementer les taux de crédit, les contrats, etc. Ce qui semble
encore plus important à réglementer, c'est la
responsabilité de quelqu'un qui met un produit sur le marché. Car
un tel produit peut entraîner d'énormes conséquences pour
la vie, pour la santé de quelqu'un, pour ses intérêts
économiques et commerciaux. Ce n'est pas une question de $25, de $50 ou
de $100 de responsabilité, mais quelquefois c'est une question de
responsabilité de l'ordre de $50,000, $60,000, $100,000.
La première impression dégagée par les articles 53
à 58 du projet de loi sur la protection du consommateur nous permet de
conclure que l'on va aborder la garantie du manufacturier. Mais, après y
avoir regardé attentivement, nullement. On laisse ce problème
complètement en blanc. Or, ces articles ne visent qu'un aspect qui est
très important mais qui a déjà été reconnu
dans certaines autres juridictions, comme aux Etats-Unis, bien entendu. La
conformité d'un objet à la publicité faite. On en fait un
article en soi qui touche aux vendeurs et aux manufacturiers. Mais on ne touche
pas à l'essence du problème, c'est-à-dire pour
protéger un consommateur quant à la qualité, aux
défauts et aux dommages résultant de l'utilisation normale d'un
produit.
Relativement à l'article 54, la critique que je désire
faire est que l'on suppose ou l'on présuppose que le consommateur
connaîtra un tel article et saura l'utiliser à bon escient. Je
soumets respectueusement à la commission que cela n'est pas
prouvé et qu'il n'est pas prouvé que le consommateur exigera
bien entendu, on dit "à la demande" dans l'article de
faire inscrire par le vendeur que tel bien est utilisé pour une fin
déterminée comme l'article l'exige.
Etant donné que tous savent le degré de vulgarisation
d'une loi ou d'un projet de loi, je soumets que peut-être une très
grande proportion des consommateurs québécois ne seront pas
informés d'un tel recours. Par exemple, si quelqu'un va acheter une
brosse à dents électrique, ce serait l'obligation de la part du
consommateur de demander au vendeur, à la personne qui vend cette brosse
à dents, de faire ajouter à quelle fin elle va servir. Cela
constitue une garantie. Est-ce que par là le consommateur, a chaque fois
qu'il achètera un objet, pour obtenir une garantie réelle, devra
dire au vendeur: Eh bien, monsieur, la brosse à dents que
j'achète, c'est pour me brosser les dents et non pour brosser mes
souliers?
Passons maintenant à l'article 56: Obligation de préciser
clairement les clauses de non-responsabilité dans la garantie, sinon,
elle sera considérée comme non écrite. Bien entendu, tous
savent très bien qu'avec les pouvoirs juridiques et administratifs des
corporations modernes et des commerçants, il est très facile de
trouver à Montréal un avocat compétent pour faire
rédiger une clause excluant la responsabilité écrite dans
des termes très précis; donc, l'article ne s'appliquera pas.
Mes critiques générales relativement au projet de loi sont
donc les critiques suivantes: Premièrement, que le terme
"commerçant" des articles 53, 54, 57 et 58 soit défini et
très bien défini. Qu'est-ce qu'on entend par un
commerçant? Est-ce qu'on entend un grossiste, un détaillant ou le
manufacturier? De là toute l'ampleur de la question.
Deuxièmement, comme plusieurs l'ont suggéré, la
définition du terme "consommateur". Est-ce que l'on veut protéger
une corporation qui va acheter d'une autre corporation? Dans le domaine de la
responsabilité du manufacturier, comme je le disais tantôt, il n'y
a rien. Il n'y a rien qui vous empêche de manger une sandwich, comme cela
s'est produit aux Etats-Unis, d'avaler par le fait même un petit ver,
d'être malade pendant six mois et de n'avoir aucun recours contre le
manufacturier.
La situation, dans le code ou dans la loi québécoise, est
la suivante: En vertu de l'article 1527 du code civil, comme le ministre l'a
mentionné tantôt, ce n'est que la relation vendeur-acheteur qui
est envisagée.
Le consommateur se retrouvera sans recours face au manufacturier, parce
que le manufacturier n'est pas considéré comme un vendeur. Ce qui
importe c'est la relation entre moi, lorsque j'achète une automobile, et
le détaillant qui vend la voiture. Le terme "vendeur", selon les
arrêtés québécois, ne visent pas le manufacturier.
Donc, il n'y a pas de recours en vertu des articles qui touchent la vente. Je
vous réfère, dans le mémoire que je veux soumettre,
à certains articles très bien écrits, d'auteurs
québécois, dans le McGill Law Journal et à de nombreux
arrêtés québécois.
Maintenant, si le consommateur veut avoir un recours. Supposons que vous
êtes un conducteur prudent et que vous conduisez votre voiture à
20 milles à l'heure sur une route; sans aucune faute de votre part,
soudain l'engin se met à virer de 180 degrés et il en
résulte pour vous des blessures incroyables. C'est une chose qui s'est
passée, c'est une chose qui pourrait
vous arriver. Qu'est-ce que vous faites? L'article 1527 ne s'applique
pas. L'article 1053, où il est question de la responsabilité
civile stipule que c'est vous qui assumez le fardeau de la preuve,
c'est-à-dire que c'est vous, messieurs, qui devrez démontrer,
hors de tout doute, qu'il y a faute et négligence de la part du
manufacturier.
On sait très bien que c'est une chose impossible ou presque
impossible à faire. Comment vous, qui n'êtes pas un expert dans le
domaine de l'automobile ou dans le domaine de la brosse à dents
électrique ou de je-ne-sais-quoi, pourriez-vous effectivement aller
voir...
M. TETLEY: ...à la cour. M. BELISLE: ...à la cour.
M. TETLEY: Au sujet de votre exemple où vous parlez de dommages
élevés, disons de $50,000 ou $100,000, vous employez des experts
et vous poursuivez. J'ai déjà fait cela en cour contre le
manufacturier.
M. BELISLE: Oui, vous avez peut-être, à l'aide de votre
éloquence et d'experts, su convaincre le juge.
M. TETLEY: Non, ils ont réglé avant le procès.
M. BELISLE: Peut-être, mais tous...
M. TETLEY: II n'y a eu aucune éloquence.
M.BELISLE: ...les cas qui sont rapportés dans les rapports
judiciaires ne sont pas comme le vôtre, je m'excuse, mais c'est le cas
des personnes qui se sont trouvées sans recours. Vous devez l'admettre
avec moi. D'accord?
M. TETLEY: Le problème de celui qui n'a pas d'avocat est d'une
grande envergure, d'accord, mais c'est une autre question.
M. BELISLE: II y en a même qui ne possèdent pas si
je puis ajouter quelque chose les moyens financiers pour se payer un
avocat ou les experts voulus et ils sont dans une situation inextricable.
M. TETLEY: Je crois qu'en Ontario et au Québec notre assistance
judiciaire est d'une très grande valeur aujourd'hui. En Ontario, par
exemple, les avocats, les doyens du Barreau, etc., prennent des causes.
M. BELISLE: Je pourrais vous soumettre que les frais judiciaires sont
peut-être dispensés mais les frais des experts, eux, sont-ils
dispensés?
M. TETLEY: En Ontario?
M. BELISLE: Au Québec. M. TETLEY: Au Québec...
M.BELISLE: Non, je ne croirais pas, M. Tetley.
M. TETLEY: Très bien, mais je crois que la loi doit être
modifiée, ce n'est pas le projet en question. En Ontario, ils ont les
recours dont vous parlez sans la loi dont vous parlez.
M. BELISLE: C'est le "common law", le droit commun qui s'applique. Le
concept de "priority", tel que donné dans le droit commun, a
été éliminé il y a belle lurette. Tandis que, dans
notre droit, la relation acheteur-vendeur est une sorte de relation "priority"
que nous avons toujours conservée. M. le ministre saura me
comprendre.
J'en viens ici à ma conclusion: Pas de recours sous 1527, pas de
recours sous 1053 ou, s'il y a un recours sous 1053, c'est vous qui devez
prouver que, pour la bouteille de Pepsi que vous avez bue et qui vous a
éclaté en pleine figure, bien entendu, c'est le manufacturier qui
a commis une faute ou qui a été négligent. Voyez le
problème.
Cette loi-là, qui touche à la protection du consommateur,
selon moi, devrait inclure une clause de garantie quant à la
responsabilité stricte du manufacturier et du vendeur pour la
qualité de leur produit dans un usage normal et raisonnable. Il faut une
garantie stricte de la qualité du produit, et qu'ils soient responsables
des dommages pouvant résulter de l'utilisation normale du produit. Les
cours américaines excusez-moi si je me réfère
toujours aux cours américaines ont reconnu, avant 1920, qu'une
telle responsabilité s'appliquait. La théorie qui est
sous-jacente à cela est simple: celui qui crée un risque en
assume le fardeau; celui qui met un produit sur le marché doit en
assumer la responsabilité.
M. TETLEY: Vous savez sans doute que le bill 45 touche quelques biens:
automobiles d'occasion, peut-être automobiles neuves. Je crois que,
peut-être, vous avez raison. Peut-être qu'il faut modifier le code
civil. En modifiant le bill 45, qu'avons-nous?
M. BELISLE: Si je me réfère au bill 45, après
l'avoir lu, je me souviens qu'à certaines sections vous modifiez par des
articles quelques règles du code civil. N'est-ce pas vrai?
M. TETLEY: Oui, pour certains services et certains biens.
M. BELISLE: Exactement, mais, alors, je me pose la question: Est-ce
qu'on veut une loi marginale dans le contexte de la protection du consommateur
ou si l'on désire réellement
quelque chose de très important? C'est vital, cette chose-
là. C'est vital pour vous et moi, pour une petite fille, pour un petit
garçon, pour le monsieur tantôt qui vous montrait ce qui pouvait
se passer avec les deux boules de gomme. Cela peut arriver à n'importe
qui. Et à qui allez-vous avoir recours? Le consommateur va se retrouver
sans aucun recours possible.
M. TETLEY: II faut modifier la loi, d'accord.
M. BELISLE: Est-ce que je peux...
M. TETLEY: C'est très important, mais, au Québec, la loi
de base, c'est toujours notre code civil qui touche tout produit, tout bien,
tout service.
M.BELISLE: Oui, mais, comme je l'ai expliqué tantôt, le
recours n'existe pas. Si je puis vous suggérer, M. le ministre...
M. TETLEY: Je suggère que vous proposiez un amendement au code
civil.
M. BELISLE: Exactement, je veux vous proposer un article en même
temps, si vous le voulez.
M. TETLEY: Très bien.
M. BELISLE: Je proposerais l'article suivant: "Tout vendeur, qu'il soit
grossiste ou détaillant, qui perçoit un avantage quelconque par
la vente d'un bien ainsi que le fabricant du produit sont responsables
conjointement et solidairement de la qualité de leurs produits et de
toutes pertes qui peuvent en résulter." Voilà un article de
responsabilité stricte dans le cas du vendeur et du manufacturier, de
n'importe quelle sorte de vendeur, comme je le précise dans mon article.
C'est ma proposition.
M. TETLEY: Très bien.
M.BELISLE: Alors, si je puis continuer à faire mes critiques, mes
recommandations à la commission qui seront, bien entendu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'excuse
d'interrompre M. Bélisle, mais nous assistons actuellement à un
exercice académique fort intéressant. J'ai tenu des exercices
comme ça pendant de longues années avec mes étudiants. Or,
nous sommes devant une commission parlementaire et un très grand nombre
de mémoires nous ont été présentés. Je pense
que les observations qui nous sont faites sont fort pertinantes et fort
intéressantes. Les sujets qui sont traités ont déjà
été examinés ici. J'aurais préféré
que l'on nous présentât un mémoire, afin qu'on puisse
discuter sur des points précis et non pas formulés au fur et
à mesure. On aurait proposé des suggestions, des amendements,
enfin au projet de loi.
Il s'agit du projet de loi no 45. Alors, je me demande où nous
allons. Je ne sais pas combien de personnes ont encore à se faire
entendre ce soir, peut-être deux ou trois, mais je pense que tout cela
pourrait être résumé dans un mémoire qui nous serait
envoyé. Les spécialistes du ministère, les fonctionnaires,
le ministre, ainsi que les membres du Parlement pourraient faire leur profit
des suggestions excellentes que vous nous faites, M. Bélisle.
M. BELISLE: Puis-je ajouter, pour conclure immédiatement et ne
pas faire perdre le temps des membres de la commission, qu'étant
étudiant comme les autres personnes ici, nous n'avons pas un temps
infini pour faire des rapports de ce genre? C'est un exercice
supplémentaire, parce que nous nous sentons impliqués dans le
problème. Je m'excuse, M. Tremblay, de ne pas avoir
présenté un tel mémoire, mais, dans le contexte actuel,
c'était impossible. J'aimerais ajouter, en dernier lieu...
M. CROISETIERE: Si vous le permettez, M. le Président, j'aimerais
souligner que, tantôt, j'ai posé la question à M.
Trebilcock. C'est la deuxième fois qu'il vient devant la commission
parlementaire sur le bill 45. Il nous avait laissé entendre, au
début, qu'il était possible qu'un mémoire soit
préparé. M. le ministre lui a demandé tantôt s'il
avait un mémoire. Alors, vous faites partie d'un même groupe. Cela
fait déjà deux fois que vous venez témoigner verbalement
devant cette commission. Nous sommes fort intéressés, mais nous
insistons davantage pour avoir des notes.
M. BELISLE Alors, je réitère ma position passée,
c'est que vous aurez un mémoire écrit la semaine prochaine, au
plus tard.
M. CROISETIERE: D'accord. Le ministre l'apprécierait
davantage.
M. BELISLE: Puis-je conclure sur deux points, très
brièvement? Il faudrait peut-être, dans des catégories de
biens, c'est-à-dire pour des appareils électriques, ou pour des
choses semblables, établir certaines normes de qualité. Et on
pourrait peut-être faire une comparaison par le processus judiciaire.
C'est-à-dire le juge pourrait juger dans un cas, décider si
effectivement tel bien satisfait à la qualité que le gouvernement
a voulu qu'un tel bien possède. C'est une suggestion que je fais et je
propose en même temps l'établissement d'un mécanisme de
contrôle pour la qualité des produits. C'est tout. Je vous
remercie infiniment de votre attention.
M. TETLEY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Suivant.
M. DUPUIS: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés. Mon nom est Hubert Dupuis. Je suis étudiant en
droit, moi aussi, à l'université McGill. Inutile de vous dire que
nous allons aussi vous soumettre un document, détaillé
d'ailleurs, sur la question que je vais traiter, celle du vendeur
itinérant. Je tiens à ajouter, en plus de la recherche que nous
avons faite, que j'ai moi-même travaillé dans ce domaine tout
l'été dernier comme vendeur itinérant pendant plus de
quatre mois pour une compagnie qui vend des revues, ces compagnies qui font des
appels téléphoniques et qui vous sollicitent.
Nécessairement, en plus de dire... Peut-être serait-il
intéressant de noter qu'une description plus détaillée du
vendeur itinérant devrait être comprise dans ce projet de loi. En
ce sens que lorsque l'article 1 o) indique! Personne qui sollicite, dans son
domicile, un individu, est-ce qu'un appel téléphonique à
cet individu ou une annonce dans les journaux peuvent être
considérés comme une sollicitation au domicile? Je déclare
également que la limite de $25 comme telle est une fausse tentative,
parce que plusieurs compagnies peuvent éviter ce genre d'obstacle. Par
exemple, dans la vente des revues, c'est le même principe. Nous pouvons
diviser, par exemple, les revues sur quatre ou cinq contrats différents
d'une valeur de $24 et faire facilement signer les gens sans qu'ils se rendent
compte de ce qu'ils font exactement. Que les services d'ailleurs dans ce projet
de loi ne sont pas adéquatement inclus. Nécessairement, l'article
43 comprend les services, mais les autres articles réfèrent
plutôt aux biens. Quels sont les droits des parties si les services sont
mal effectués?
Quand commence la période de cancellation pour le consommateur?
Est-ce quand les services sont partiellement ou complètement accomplis?
C'est-à-dire si les services sont complètement accomplis, est-ce
que le consommateur peut toujours annuler? Si les services sont
complètement accomplis dans les délais de cinq jours qu'il
possède pour canceller par exemple. Ce sont là tous des
problèmes.
Comment se resituer dans tel domaine? Est-ce que le consommateur doit
compenser pour les travaux qui sont déjà effectués, si ces
travaux ont été effectués partiellement? Ensuite
définir un écrit comme tel. Nous, comme vendeurs, nous
procédions de façon assez décevante, dans ce sens que nous
avions un écrit qui déjà comme contrat tombait dans toutes
les exigences de ce projet de loi et même à cela, les gens se font
réellement prendre très facilement. Il s'agit simplement de rayer
"payé au complet," "payé partiellement," "payé par
versement initial" par dessus la section qui indique les versements à
payer et les gens ne pensent pas à regarder comme il faut.
Ensuite les caractères dans le contrat, c'est-à-dire
standardiser les contrats. On saurait exactement où lire les clauses
importantes.
M. TETLEY: A l'article 97 c).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout cela a déjà
été prévu M. le Président. M. Dupuis, auriez-vous
des suggestions pratiques à nous faire, parce que les problèmes
que vous évoquez ont déjà été
soulevés ici?
M. DUPUIS: Peut-être dans le domaine de la fausse
représentation...
M. CROISETIERE: II y a 46 mémoires qui ont évoqué
ça.
M. DUPUIS: Je comprends, je veux me dépêcher.
Peut-être que la chose la plus importante pour un vendeur
itinérant c'est de faire de la fausse représentation
auprès du consommateur. Par exemple le contrat fixe les taux de
paiements pour 24 mois et le consommateur dit tout bonnement: II faut que je
paie durant 24 mois? Ne vous inquiétez pas madame, vous pouvez annuler
quand vous voulez. Les gens sont naifs à ce point-là. Il y a eu
de la publicité à la télévision et à la
radio dans ce domaine.
M. LE PRESIDENT: M. Dupuis, j'imagine que vous connaissez très
bien le bill, que vous l'avez bien étudié et que les suggestions
que vous avez à faire ne sont sûrement pas incluses dans le bill
ou si vous en avez c'était pour améliorer le bill. Mais je crois
qu'il y a quelques commentaires que votre prédécesseur et vous
avez faits tantôt qui étaient déjà inclus dans le
bill. Il faudrait nous serions heureux de vous entendre dans
votre critique, essayer de ne pas suggérer ce qui est déjà
inclus dans le bill, mais nous apporter vos lumières pour
éclairer les officiers du ministère et le ministre de
façon à présenter une loi qui sera vraiment efficace.
M. DUPUIS: Très bien. Je pourrais peut-être
suggérer, après maintes lectures, certaines propositions faites
dans d'autres provinces, dans d'autres pays. Certains prétendent qu'en
même temps que la demande de permis pour certains vendeurs
itinérants, il serait bon que ces compagnies, par exemple,
déposent des bons sous forme de garantie. Par exemple, si les compagnies
de vendeurs vous êtes au courant?
Finalement, je proposerais qu'on étende de cinq jours la
période d'annulation.
M. TETLEY: C'est l'article 97 b du...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est obligatoire dans les contrats.
M. DUPUIS: Je voudrais aussi dire quelques mots sur les pratiques
décevantes qui sont employées par cette compagnie pour laquelle
je travaillais et qui a essayé une nouvelle tactique l'été
dernier. Ses représentants se rendaient dans une ruelle de la banlieue
de Montréal,
téléphonaient aux gens et prétendaient
représenter une association de jeunesse, indiquant de cette façon
que chaque contribution serait versée à la jeunesse
athlétique de la région et qu'en retour on donnerait cinq revues
différentes en plus d'un dictionnaire, etc. Disons que cette pratique
décevante et plusieurs autres dans ce domaine devraient être
incluses expressément, en ajoutant un paragraphe restreignant clairement
ce genre de pratique et imposant des pénalités telles que
décrites dans ce projet.
Alors je termine immédiatement. Je vous remercie beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Dupuis. Je crois qu'il y a un autre
porte-parole du groupe. Vous aussi, j'imagine, êtes bien au courant du
bill.
M. MOTOLA: Messieurs, je serai très bref. Je vous remercie,
primo, pour votre patience et je commence.
Primo. Quant au paiement initial suggéré...
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi. Juste une interruption technique. Pour le
journal des Débats, auriez-vous l'amabilité de vous
identifier?
M. MOTOLA: Ah! je m'excuse. Mon nom est Jeff Motola et je suis, comme
mes collègues, étudiant en droit à McGill.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. MOTOLA: Primo. L'article 31 du bill ordonne qu'on doit payer 15 p. c.
en paiement initial.
Je suggérerais qu'on n'a pas besoin de ce dépôt
initial, comme l'ont déjà prouvé certaines commissions de
l'Ontario, de la Nouvelle-Ecosse, de l'Angleterre, etc. On peut très
bien se passer de ce dépôt initial, qui est très souvent
obtenu d'une institution financière, ce qui endette de plus le
débiteur.
Secundo, quant aux saisies-salaires, je suggérerais de supprimer
complètement l'idée de la saisie-salaire, ce qui n'aide pas le
créditeur à se faire payer et ce qui est très souvent
employé comme mesure de chantage.
Tertio, comme remède, les créditeurs», qui seraient
ainsi encouragés vont hausser le prix de l'intérêt qu'ils
demandent à leurs débiteurs. Je suggérerais donc
d'établir un prix fixe de l'intérêt qui sera exigé
de toute personne qui demande un prêt, un prix maximum qu'on ne pourra
pas dépasser. Mais on pourra naturellement négocier pour un prix
moindre.
Quarto, je suggère que le gouvernement, devrait établir un
bureau de conseillers budgétaires. Dans ce bureau se trouveraient des
conseillers qui pourraient conseiller, évidemment, les consommateurs sur
la meilleure façon de mener leurs affaires et qui pourraient aussi
autoriser un prêt d'urgence que le gouvernement garanti- rait et qui
serait fait à la banque à un intérêt minime. On a
l'exemple, d'ailleurs, des prêts offerts aux étudiants qui sont
garantis par le gouvernement, que l'étudiant obtient de la banque et qui
est remboursé par l'étudiant à la fin de ses
études.
En ce cas, naturellement, le consommateur pourrait obtenir son
prêt de la banque, payer un intérêt minime et ce prêt
d'urgence serait garanti par le gouvernement.
Quinto, je conclus. C'est tout. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci. Est-ce qu'il y a des membres de la commission
qui ont des questions à poser?
M. Trebilcock et votre groupe, nous vous remercions de votre
contribution à la commission et nous attendons votre mémoire.
Pour autant que les travaux de la commission sont concernés, ils sont
ajournés sine die. Pardon, on n'ajourne pas tout de suite.
M. TETLEY: Pardon, M. le Président, j'aimerais remercier le
groupe de l'université McGill. Je voudrais aussi remercier mes
collègues du Parti libéral, du parti de l'Union Nationale, du
parti du Ralliement créditiste et du Parti québécois ainsi
que vous, M. le Président, et le président, l'honorable
député de l'Islet, de votre travail.
Je crois que vous avez de la concordance, nous allons vous envoyer
d'autres concordances, donc vous aurez au moins un pied de concordance et vous
pourrez lire ça tranquillement durant les discours de
l'Opposition...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne provoquez pas la bagarre !
M. TETLEY: ... ou à d'autres périodes de
réflextion. J'espère qu'il y aura d'autres séances de
notre commission. Nous reprendrons certainement cette étude en
comité plénier en même temps les règlements et
d'autres problèmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais remercier le professeur et les
étudiants de McGill de s'être présentés devant nous
et de nous avoir fait part de leurs observations sur la loi 45; cela nous sera
certainement très utile. Et, avec mes collègues, nous lirons avec
plaisir le mémoire que vous voudrez bien nous envoyer.
Je vous remercie, M. le Président, et le député de
l'Islet comme je remercie le ministre de sa patience et de l'ouverture d'esprit
qu'il a manifestée toutes les fois que nous lui avons fait des
suggestions ou lorsque nous lui avons posé des questions. Je suis
heureux de dire que tout cela s'est déroulé dans un ordre parfait
avec une gentilhommerie caractéristique d'ailleurs de mon ancien
confrère de droit, le ministre, M. Tetley.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance: 18 h 55)