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Commission permanente des Institutions
financières,
Compagnies et Coopératives
Crédits du ministère des Institutions
financières,
Compagnies et Coopératives
Séance du mercredi 2 juin 1971
(Quinze heures trente-cinq minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Nous entreprenons l'étude des crédits du ministère
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives, poste
1.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, j'ai six ou sept sujets d'ordre
général dont je voudrais traiter et après ça,
ça ira plus rapidement sur la discussion article par article.
M. TETLEY: Très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que mon collègue est
d'accord.
M. TETLEY: Merci. Je n'ai aucune objection.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre me permet, est-ce qu'il
pourrait, avant de faire son exposé, nous présenter les brillants
fonctionnaires que nous connaissons pour la plupart? Pour les fins du journal
des Débats, voudrait-il nous les présenter?
M. TETLEY: Tout d'abord, M. le Président, j'ai à ma gauche
le sous-ministre, M. Louis-Philippe Bouchard; le sous-ministre associé,
M. Albert Jessop; un autre sous-ministre associé M. Albert Gagnon; nous
avons ici M. Grenier, qui est en charge du personnel et des services
administratifs, y compris le personnel, la comptabilité et les services
administratifs à Montréal. Nous avons M. Dion, qui est à
la comptabilité, et M. Etienne Genest, qui est le nouveau fonctionnaire
chargé de la comptabilité. Nous avons M. Lacombe, du personnel,
pour les deux bureaux évidemment, pour tout le ministère, et mon
chef de cabinet, M. Jacques Roy, qui s'occupe de tout évidemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne demanderai pas au ministre de nous
présenter ses collègues.
Remarques préliminaires
M. TETLEY: Oui. Ils sont quand même très brillants.
M. le Président, je voudrais faire quelques remarques
préliminaires. Tout d'abord, le gou- vernement a trois objectifs: la
croissance économique, l'amélioration du climat social et
l'efficacité administrative. Je crois que notre ministère a ces
trois mêmes buts. Un exemple de nos efforts en ce qui concerne la
croissance économique, ce sont nos efforts pour créer et
augmenter le marché du capital à Montréal. Un exemple de
l'amélioration du climat social est l'enquête sur
l'assurance-automobile ou peut-être la protection du consommateur. Quant
à l'efficacité administrative, vous avez devant vous des
fonctionnaires qui sont très efficaces à mon avis.
Depuis le 1er octobre, j'ai fait mon possible pour m'occuper des
fonctionnaires; j'ai rencontré les fonctionnaires personnellement et
privément au lunch ou à dîner le soir, nous avons eu
plusieurs réunions de groupe, un colloque à la fin de
l'année. J'ai même demandé leurs suggestions
écrites, confidentielles, dirigées directement vers moi, avec un
certain succès, je crois, M. le Président. Evidemment, j'ai aussi
des attaches assez étroites avec le monde et le milieu de la finance.
J'ai représenté le premier ministre en Californie le 3 octobre et
j'ai eu des centaines de rencontres avec des coopératives, des
compagnies, des individus depuis le 1er octobre, soit ici, soit au bureau
à Montréal, et nous avons, j'espère, au programme d'autres
rencontres. J'ai aussi visité l'Europe pendant neuf jours. Nous avons
l'intention, M. le Président, de modifier notre administration et nous
l'avons fait par l'intégration du ministère.
D'abord, nous avons placé tout le ministère au même
endroit, même la Commission des valeurs mobilières qui
était toute seule, qui avait son propre système d'inspection, son
bureau de poste, etc. Nous avons tout regroupé. Aujourd'hui, à
Montréal, nous n'avons qu'un service d'inspection, qu'un service de
recherche, etc. La même chose à Québec. Cette année,
vers le 1er février, nous avons placé tous les services ensemble,
y compris les actuaires, le service d'inspection, le service de
comptabilité et le personnel.
Nous avons beaucoup modifié notre service de caisses
d'épargne et nos associations de coopératives. Vers la fin de
décembre, on nous a confié la protection du consommateur qui est
presque un ministère en soi et qui est d'une grande importance. Je
reçois des lettres personnelles tous les jours au sujet des
problèmes chez les consommateurs et cette situation me fait plaisir.
Nous avons un service d'activités immobilières et, comme
vous le savez tous, nous avons l'intention de présenter un projet de loi
au sujet des activités immobilières. Le service des assurances
était logé dans un édifice de la Grande-Allée, tout
seul, avec son bureau de poste, son chef, etc. Nous avons regroupé le
service, y compris les actuaires, dans le ministère, place Youville, et
ce fut un grand bénéfice pour le ministère, pour le
gouvernement et, je crois, pour toutes les compagnies d'assurance... Parce
qu'il y a des problèmes qui ne sont pas simplement ceux de
l'assurance. Je parle des vendeurs qui vendent de l'assurance en même
temps que les fonds mutuels par exemple.
Il faut que le service des assurances travaille avec la Commission des
valeurs mobilières. Il y avait de grands avantages à les
regrouper. Nous voulons, évidemment, aider le marché des capitaux
à Montréal. Depuis quelque temps et je ne parle pas de mon
ministère ni du gouvernement depuis quelques années, le
marché a fait beaucoup de progrès. Je crois que c'est parce que
le ministère des Institutions financières a décidé
d'aider la Bourse de Montréal et la Bourse Canadienne. Je crois aussi
que les deux bourses ont décidé de s'aider en même temps.
Je note que, l'an dernier, à Montréal, il y a eu 75 nouvelles
inscriptions, c'est-à-dire 54 à la Bourse Canadienne et 21
à la Bourse de Montréal. A Toronto, il n'y en avait que 52 dont
17 ont été, en effet, des inscriptions intérimaires
modifiées en inscriptions permanentes. Dans la même
période, c'est-à-dire en 1970, à Toronto, il n'y en avait
que 45. Cette année, la bourse de Montréal va encore de l'avant.
La Bourse de Montréal et la Bourse Canadienne ont eu 29 inscriptions
à la fin d'avril 1971. Vancouver n'en a que 9 et Toronto, 15.
Vers la fin de janvier, le gouvernement a confié à notre
ministère le fichier central des entreprises. Je note que c'est un
fichier central d'entreprises, pas de citoyens, parce que, évidemment,
nous ne voulons pas suivre les citoyens chez eux. Nous ne voulons pas un Etat
policier. D'autre part, au Québec, et surtout au ministère du
Revenu, où j'étais, j'ai noté qu'une compagnie pouvait
avoir cinq ou six numéros, cinq ou six fichiers, suivant le montant des
taxes que la compagnie payait.
Imperial Tobacco, par exemple, avait une taxe de vente, une taxe de
corporation, une taxe d'impôt, une taxe de déductions
d'impôt, et il y avait cinq ou six inspecteurs qui visitaient l'un
après l'autre. D'ici deux ans, j'espère que nous aurons le
système d'un seul fichier pour chaque entreprise, ce qui va aider le
Revenu et certainement notre ministère, parce que nous avons besoin
d'informations sur ces compagnies, sur leurs administrateurs, sur leurs
directeurs.
Le fichier central aidera aussi le ministère de l'Industrie et du
Commerce, le ministère du Travail et tout le gouvernement. Un autre
avantage du fichier central sera de créer une source de chiffres, de
statistiques pour le public. Nous n'allons pas donner au public les
détails particuliers d'une certaine entreprise, mais nous aurons
peut-être tous les renseignements au sujet des compagnies d'assurance,
des compagnies qui vendent des souliers, qui fabriquent des autos, etc.
En conclusion, depuis le 1er octobre, au moins, le ministère des
Institutions financières prépare une structure que
j'espère véritable- ment adaptée aux exigences du commerce
et, selon le cas, aux aspirations de notre société
québécoise. Je crois que nous allons arriver peut-être aux
trois objectifs du gouvernement que je viens de mentionner, soit: la croissance
économique, l'amélioration du climat social et
l'efficacité administrative, et dans l'avenir "the proof of the putting
is in the hitting." Je vous remercie M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais remercier
le ministre de nous avoir résumé l'action de son ministère
et de nous laisser entrevoir les objectifs qu'il poursuit. Le ministre des
Institutions financières est reconnu nous venons d'en avoir une
preuve comme un ministre qui fournit une somme de travail assez
considérable et, pour ma part, j'apprécie particulièrement
la présentation qu'il vient de nous faire dans un texte qu'il a
résumé, mais que nous lirons.
Je retiens de cette partie des objectifs qu'ils ne sont pas particuliers
à son ministère. Il collabore à la poursuite d'objectifs
plus globaux pour le gouvernement. L'action que son ministère peut
exercer sur ces objectifs est assez considérable en ce qui concerne
surtout la croissance économique, parce que le ministère des
Institutions financières, par ses responsabilités, est intimement
lié au succès des entreprises et, par voie de conséquence,
à la situation économique du Québec.
Quant au plan d'action dont il nous a parlé, ses rencontres avec
les fonctionnaires, avec le milieu financier sont là d'excellentes
initiatives et plusieurs de ses collègues auraient intérêt
à suivre cette ligne de conduite.
Il est inutile pour le ministre ou le titulaire d'un ministère
d'essayer d'atteindre des objectifs, d'élaborer des programmes si ses
principaux collaborateurs, n'ayant pas assez de communications avec lui, ne se
sentent pas impliqués ou ne se sentent pas assez motivés pour
l'aider à réaliser ses objectifs. Quant à ces rencontres
avec le milieu financier, cela va de soi, étant donné la
responsabilité particulière avec ce secteur de la population.
Il a parlé, en troisième lieu, de la protection du
consommateur. C'est là, je crois, depuis quelques mois, un des objectifs
principaux qui a retenu son attention, l'attention des fonctionnaires de son
ministère, aussi de l'Assemblée nationale et de tous les groupes
qui sont venus se faire entendre devant la commission.
Comme première question d'ordre général, je
voudrais que l'on parle un peu de la protection du consommateur, la loi. Je
voudrais demander au ministre, bien que la question lui ait été
posée en Chambre, s'il peut nous dire, cet après-midi, à
quel moment cette loi peut être étudiée par la Chambre et
s'il y aura des modifications sensibles par rapport au projet de loi
initial?
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais
présenter le projet de loi le plus tôt possible. Nous
avons, à cause de la conférence
fédérale-provinciale de la semaine dernière, fait des
modifications parce que nous avons appris des autres provinces certaines
idées qui nous ont aidé.
Nous avons aussi le problème des crédits que le leader
veut faire adopter avant toute autre chose, apparamment. Nous avons aussi le
problème des conseillers juridiques du gouvernement qui doivent
vérifier que chaque amendement du projet de loi n'affectera pas trop de
lois. Je sais que le code civil adopté en 1866, un an avant la
Confédération, a nécessité dix projets avant
d'être adopté. Cela avait été présenté
dix fois. Un bill comme celui de la protection du consommateur, est un code, un
changement complet de la loi, des principes de droit qui existent au
Québec. Au lieu du "Let the buyer be aware", aujourd'hui, en vertu de la
loi, le fardeau de la preuve est en faveur du consommateur. Cela a tellement
affecté notre loi que les conseillers travaillent encore sur des
questions très techniques. C'est la raison du délai.
Je peux dire qu'il y a des changements très importants. Je peux
vous en donner un exemple, c'est une commission de la Chambre. Il faut tout
annoncer à l'Assemblée nationale et non pas au public. Par
exemple, l'autre bill s'occupait tout simplement des biens. Nous avons
ajouté, en vertu de plusieurs recommandations, le mot "services". Donc,
cela ajoute énormément au bill. Est-ce que cela double la valeur
du bill? Je me le demande. Mais c'est un changement, par un seul mot, qui est
énorme.
Nous avons ajouté une section au sujet du "credit report". Nous
avons gardé, je crois, malgré les pressions énormes dont
vous vous souvenez aussi bien que moi, le principe de la lésion,
même pour les adultes. C'est-à-dire qu'un adulte peut annuler un
contrat s'il y a vraiment inégalité entre les deux parties. Dans
le code civil, vous savez que c'est un droit accordé simplement aux
mineurs.
Nous avons gardé le grand principe d'ordre public. C'est un autre
article qui n'existe dans aucune autre province, incidemment. Nous sommes la
seule province à avoir service, ordre public et lésion dans notre
bill. Suivant l'avis des autres provinces, notre bill est très
très fort.
Nous avons également gardé les principes de
publicité et de garantie qui n'existent pas ailleurs. Nous avons
évidemment modifié quelque peu ces articles. En effet, de
mémoire, nous avons modifié presque chaque article et nous avons
aussi ajouté des articles. De plus, nous avons fait une concordance des
suggestions, de tous les partis politiques, de tous les groupes, de toutes les
personnes, même les personnes qui m'ont écrit personnellement.
Avant de refuser une suggestion d'accepter une suggestion, de faire un
amendement, nous avons regardé les suggestions de tout le monde.
Il y avait des pressions des deux côtés et nous avons
jugé, dans la plupart des cas, de faire des amendements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant aux règlements...
M. TETLEY: Les règlements? En effet, les avocats, à
l'heure actuelle, travaillent et préparent des règlements, dans
les grandes lignes. Je ne veux pas que le projet de loi soit
présenté et que nous ayons oublié quelque chose qui
devrait se trouver dans le projet de loi au lieu des règlements. C'est
un tout, n'est-ce pas? Le projet de loi et les règlements, ensemble.
M. JORON: M. le Président, avant de passer à... J'aimerais
qu'on aille plus loin dans la question de la Loi de la protection du
consommateur. Avant de s'y engager trop loin, si vous me le permettez, je ferai
un retour en arrière sur les considérations
générales de l'orientation du ministère. Ce qui donnera
peut-être l'occasion d'ailleurs au député de Beauce qui
vient d'arriver, de faire de même.
Je remercie, moi aussi, le ministre de nous avoir présenté
une vision globale, si vous voulez, de l'action de son ministère, en
définissant des objectifs. Nécessairement, c'est la
première question qui doit nous venir à l'esprit.
Brièvement, vous me permettrez peut-être de dire comment
nous, la formation politique que je représente, envisageons, si vous
voulez, les objectifs d'un tel ministère. Evidemment, je vais le faire
brièvement. Vous verrez que cela diffère probablement puisqu'on
ne s'inspire pas à partir de la même idéologie et les
objectifs ne sont pas nécessairement les mêmes. Parmi ceux que
vous avez mentionnés, il y en a un, bien sûr, qui est
omniprésent à tous les ministères, celui de
l'efficacité administrative. Bien entendu, cela nous semble aller de
soi.
Quant aux deux autres, cependant, au sujet de l'objectif de croissance
économique qui est un objectif global du gouvernement et de toute la
société, vous avez mentionné, entre autres, un objectif
central qui est celui de faire de Montréal ou du Québec plus
généralement, un meilleur marché, un marché plus
vivant, plus actif, plus vaste, de capitaux.
Nous pensons que le problème n'est pas là. Il y a des
pays, effectivement, qui ont des marchés de capitaux limités. Je
pense à Paris, par exemple, qui a un marché de capitaux moins
important que Montréal. Vous avez insisté beaucoup, par exemple,
sur les transactions de bourse et Paris a un marché public de capital
moins important que Montréal. Il y a des transactions en balance, si
vous voulez et les montants des transactions sont moins importants à
Paris qu'ils ne le sont à Montréal. Ce qui semble un peu
inconcevable à première vue, parce que Paris est le centre d'un
pays qui a une population neuf fois ou dix fois plus considérable que le
Québec.
Tout ceci pour dire que la croissance écono-
mique d'un pays et l'importance des investissements qui se font dans un
pays ne sont pas nécessairement reliés à la
présence d'un marché public des capitaux vivant. Ainsi, je
donnais l'exemple de Paris, généralement, puisque Paris est le
centre financier de la France, non seulement les investissements en France
sont-ils bien des fois supérieurs au Québec, mais le taux de
croissance depuis une vingtaine d'années et ce qui est
peut-être encore plus significatif pendant qu'il y avait le
rattrapage d'après-guerre, mais surtout dans les dernières
années, a été considérablement plus
élevé qu'au Québec.
Je pense que la vocation du ministère des Institutions
financières en ce qui concerne cet aspect de la chose n'est pas
tellement de mousser le plus grand marché de capital possible à
Montréal, mais son problème est davantage celui du contrôle
des capitaux disponibles, du contrôle des capitaux que nous avons. Je
reste absolument convaincu par la suite de plusieurs témoignages, et ils
se font de plus en plus nombreux. Il y en a un principalement, le plus
important de tous, soit le rapport Porter, sur les institutions, sur le
système financier canadien. Il a sorti au début des années
1960 des chiffres fort pertinents montrant que contrairement à ce que
l'on continue de croire, l'essentiel des capitaux qui financent notre
développement vient de sources locales, de sources autochtones. C'est
ainsi ce sont des chiffres du rapport Porter que l'on
découvrait que, de 1946 à 1961, les quinze années qui ont
suivi la guerre, qui ont pourtant été des années
d'entrée massive de capitaux surtout américains, et malgré
que ça correspondait à une période d'arrivée
massive de capitaux américains, 91 p.c. des investissements totaux faits
au Canada avaient été financés à partir de sources
locales.
Il y a une distinction importante, quand on parle de capitaux
étrangers, à établir entre l'origine du capital et le
contrôle de ce capital. C'est la distinction la plus importante. Il peut
arriver que des filiales de sociétés étrangères
établies ici réinvestissent des profits accumulés. A ce
moment-là, on peut les coiffer d'investissements étrangers dans
le sens où c'est un investissement qui est contrôlé par
l'étranger. Mais on aurait tort de dire que les capitaux eux-mêmes
viennent de l'étranger. Ce sont essentiellement des fonds qui ont
été drainés à partir des consommateurs locaux.
C'est vrai, principalement dans l'industrie manufacturière si on sait
que l'autofinancement dans l'industrie manufacturière compte pour
à peu près 75 p.c. des fonds des investissements des
entreprises.
De la même façon, des compagnies, des institutions
financières, des compagnies d'assurance-vie qui prêtent à
long terme, sur hypothèques, dans la mesure où elles
achètent des obligations d'entreprises industrielles, fournissent
infiniment de capitaux à des entreprises étrangères. Alors
il nous semble que le problème central est celui du contrôle des
capitaux existants. La vocation principale du ministère des Institutions
financières n'est pas tellement, en soi, de susciter l'arrivée de
nouveaux capitaux, de contrôler ceux qui existent déjà et
que différents agents, notamment les Institutions financières,
viennent percevoir à même la collectivité.
Vous savez, on a tort de penser qu'il y a des pays dans le monde qui
sont entièrement financés par d'autres. Temporairement dans
l'histoire, ces périodes existent. On peut prendre l'exemple du plan
Marshall pendant les quelques années qui ont suivi la guerre. Il y a eu
une injection de capital vers l'Europe. A long terme, il n'y a aucun pays qui
en subventionne un autre. Cela n'a jamais existé dans l'histoire du
monde. Le développement de chacun des pays, à long terme
toujours, provient toujours de ses capitaux locaux. C'est cela le
problème central. Je voudrais voir un jour un ministère des
Institutions financières qui véritablement est un grand gardien
ou un grand contrôleur du marché des capitaux qui surveille
l'utilisation qu'on en fait.
Le problème finalement au Québec si on me le
permet, je vais terminer sur la croissance économique ne
m'apparaît pas, en tout cas, comme étant le manque de capital mais
davantage le manque de projets. On dit souvent que, dès l'instant
où il y a un projet intéressant, le capital trouve toujours son
chemin pour y accourir, qu'il soit local ou qu'il vienne de l'étranger
même. Le problème central est de définir des objectifs de
développement économique et de contrôler le capital qui
existe déjà pour le canaliser vers ces objectifs-là. Si
j'avais à définir les priorités dans le sens de la
croissance économique au Québec, je dirais que la
définition des objectifs serait une première priorité. La
deuxième serait les instruments de contrôle du capital qui
permettraient d'orienter ce capital vers ces objectifs. Et la troisième,
qui est supplémentaire, est celle de tenter d'attirer par-dessus cela
on veut mettre du crémage par-dessus le gâteau le
maximum de capital étranger possible.
C'est l'optique dans laquelle nous verrions l'action du
ministère.
Quant au deuxième objectif, je serai plus bref à ce sujet,
celui qui concerne le climat social. Alors, on apporte, comme exemple, cette
loi importante de la protection du consommateur. J'ai l'impression que le titre
même de la loi ou l'optique dans laquelle on fait cette
législation devrait nous amener à réfléchir, si on
veut parler justement du climat social. Si on est obligé d'en venir
à faire des lois qui protègent le consommateur contre le
système de production, c'est qu'il y a un vice fondamental quelque part.
Il faudrait peut-être s'interroger, non pas à tenter de
protéger le consommateur contre un système qui, visiblement,
l'offense ou l'opprime puisqu'on fait des lois pour le protéger, on le
dit textuellement. On devrait chercher à voir comment le système
de production
lui-même n'est peut-être pas la source de
l'aliénation en question. Une modification à ce système
pourrait nous permettre d'éviter d'avoir à passer des lois de
protection du consommateur, justement. Dans la mesure où le
ministère, qui nous intéresse ici aujourd'hui, a à
s'occuper des institutions financières, des compagnies et des
coopératives, dans la mesure où il est responsable, si vous
voulez, du droit des compagnies si on peut faire cette extension
est-ce que ce n'est pas à ce ministère que l'interrogation
suivante devrait être posée? Là, je ne veux pas faire un
long historique de toute l'évolution culturelle, non seulement au
Québec mais en Amérique, surtout aux Etats-Unis où cela
est commencé amplement, surtout en Californie, mais de cette
contestation d'une partie, non seulement des jeunes, de plus en plus importante
de la population s'étend, à partir du hippy, jusqu'à
inclure le pape Paul VI, depuis sa récente lettre... Non, non, le pape
Paul VI, apparemment, fait partie de ce groupe de ceux qui contestent
maintenant, le régime juridique dans lequel on permet à nos
entreprises et à nos compagnies de vivre.
Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose à changer dans l'esprit ou
dans l'économie même de notre droit civil ou de notre droit des
compagnies? Dans le sens là, je me permets simplement
d'être très vague de donner un corps, une signification
quelconque à ce qui semble être des objectifs qui se dessinent
tranquillement dans cette nouvelle culture qu'on voit apparaître, la
participation, l'autogestion, participer, enfin, tout ce genre de choses, qui
peut-être feront qu'on sera obligé de reviser notre droit des
compagnies et de remettre en question des choses. Par exemple, qu'est-ce qui
fait que, dans une entreprise, selon notre droit, le propriétaire
d'actions donnant droit de vote a le droit de prendre une décision? On
viendra probablement à être obligé de remettre ce droit en
cause; à accorder un droit de décision, non seulement aux
employés ou aux ouvriers impliqués dans l'entreprise et aux
consommateurs qui subissent ou qui font vivre cette entreprise aussi, dans une
grande partie et à l'Etat, comme une espèce de gardien, si vous
voulez, dans un équilibre général dans la
société. Ce sont des interrogations qui devraient être
présentes à l'esprit des gens d'un ministère semblable, si
véritablement on veut donner un sens à des objectifs comme celui
de l'amélioration du climat social.
Ce sont les remarques, d'ordre général, que je voulais
faire. Je suis intéressé, ensuite, à reparler du cas plus
particulier, dans la protection du consommateur. Si le député de
Beau-ce...
M. TETLEY: Vous me permettez de répondre?
M. JORON: Oui.
M. TETLEY: Je vois que c'est très important et je n'ai aucune
objection à siéger plusieurs jours. Pour moi, c'est très
important et d'une grande valeur aussi. Voici, brièvement, M. le
Président, le député de Gouin a soulevé plusieurs
questions. Tout d'abord, la question de contrôle des capitaux. Pour ma
part, je veux créer, à Montréal, un marché de
capitaux parce que c'est une industrie notre ministère n'est pas
le ministère de l'Industrie et du Commerce qui est de notre
juridiction et aussi le marché des capitaux à Montréal et
le marché des assurances.
Il y en a d'autres aussi, dont les compagnies de finance. Je
préfère l'exemple de Bruxelles qui a un grand marché de
capitaux comme il n'existe dans aucun autre pays du monde. Le résultat
est que Bruxelles a six sièges sociaux de compagnies internationales
avec tous les employés du siège social à Bruxelles. Ces
compagnies sont beaucoup plus grandes que toute compagnie au Canada. Au moins
six d'entre elles le sont. J'aimerais que Montréal ou
Québec...
M. JORON: A vocation internationale. M. TETLEY: Oui.
M. JORON: Ah oui! Je comprends mieux ce que vous voulez dire.
M. TETLEY: J'aimerais que Montréal ou Québec serve de
siège social pour ces compagnies peut-être en modifiant nos lois.
Je vais vous donner un exemple. Une compagnie de fiducie s'installera
bientôt à Montréal, avec siège social à
Montréal pour tout le Canada. La plupart de ses actions seront la
propriété d'une banque nationale d'un pays étranger
d'Europe, disons la Turquie, par exemple, parce que je ne peux rien annoncer
avant l'événement. Pour moi, c'est très important que
Montréal soit le siège social et non pas Toronto.
On a choisi Montréal parce que, suivant notre Loi des compagnies,
plus de 50 p.c. des actions peuvent être détenues par des
étrangers. Je ne trouve pas ce fait inacceptable mais il est apparemment
inacceptable à Toronto.
Lorsqu'une compagnie a changé son siège social de
Montréal à Québec et envoyé des gens de
Montréal à Québec et à Ottawa, Montréal a
apparemment perdu la location d'au moins 60 chambres d'hôtel par jour
parce qu'il y avait autant de personnes qui visitaient le siège social.
Le siège social de cette compagnie est encore à Montréal
mais parce qu'elle a élargi ses opérations, elle a envoyé
plusieurs employés ailleurs, elle a plusieurs services à
Québec ce dont je suis très content et aussi
à Ottawa, mais nous avons apparemment perdu, à Montréal la
location de 60 chambres d'hôtel par jour.
C'est la même chose pour les compagnies d'assurance. Il y a deux
moyens de les aider. Un de ces moyens j'ai déjà
commencé une étude du problème est d'insister
peut-être en ce qui concerne au moins l'assurance maritime sur
le
fait que toute police d'assurance maritime de cargaison qui quitte le
Québec par exemple notre blé ou le fer soit
inscrite au Québec. Toute exportation du Japon et du Brésil doit
être assurée au Japon ou au Brésil à l'heure
actuelle. Peut-être peut-on ainsi aider notre industrie de l'assurance.
Cela n'implique pas que les compagnies assureurs soient tout simplement des
compagnies québécoises canadiennes mais que le courtage soit fait
au Québec.
Le député de Gouin a soulevé une question
très importante, c'est-à-dire le contrôle des capitaux au
Québec, ce qui est une autre question.
M. JORON: Si vous me permettiez, juste avant que vous terminiez, il y a
moyen de faire une distinction à ce moment-là. Je suis tout
à fait d'accord avec vous au sujet de cette vocation internationale de
grandes places financières que l'on souhaite à
Montréal.
A ce moment-là le ministère peut introduire une
distinction entre des institutions financières internationales
installées ici pour effectuer à partir de Montréal par
exemple des opérations internationales, ou des institutions
financières installées ici pour percevoir de l'épargne
locale. A ce moment-là, c'est une autre catégorie d'institutions
financières dans la mesure où elles drainent l'épargne
locale, et je prétends que le ministère a alors droit d'avoir un
contrôle passablement plus strict.
Je pense que les Suisses font cette distinction entre les institutions
installées chez eux pour faire leurs opérations internationales
et celles qui viennent s'installer... D'ailleurs je pense qu'une compagnie
étrangère n'a pas le droit d'aller s'installer en Suisse et de
recevoir des dépôts, d'y ouvrir des comptoirs. H y a une
distinction.
M. TETLEY: Je suis d'accord. Mais nous avons des moyens de
contrôle. Ainsi, nous allons présenter une Loi des
activités financières, nous avons trois lois toutes prêtes:
Loi des activités immobilières, Loi des activités
financières et Loi amendant la commission des valeurs mobilières.
Ces trois lois sont dans la direction dont vient de parler le
député de Gouin. Nous allons aussi modifier notre Loi des
compagnies afin de contrôler, j'espère, les transactions
d'initiés, l'"insider trading". Nous avons un comité
intitulé le comité Bouchard, qui s'occupe de l'endroit
véritable des investissements au Québec, des épargnes des
Québécois, ce qui est très important.
Quant à la Loi des valeurs mobilières, nous allons par
l'amendement de cette loi contrôler les deux bourses. Je peux l'annoncer
ici en Chambre, je crois l'avoir déjà fait, mais je peux
l'annoncer encore. A Toronto, la bourse est contrôlée et il y a un
appel au gouvernement, à la Commission des valeurs mobilières de
l'Ontario. Nous allons modifier notre loi dans le même sens, ce qui est
très important, afin, comme l'a justement dit le député de
Gouin, de contrôler un peu, si possible, nos capitaux. Nous avons
évidemment pour les épargnes au Québec nos associations de
coopératives et notre service de coopératives, qui est
très important, et notre service des compagnies de fiducie. Avec les
résultats du rapport Bouchard, nous allons certainement, je
l'espère, modifier notre loi, nos lois et notre attitude, ce qui est
très important.
Pour la protection du consommateur, je note que même les pays
socialistes ont de telles lois ou ont besoin dans certains cas de telles lois.
Vous avez soulevé une autre question, ainsi que le député
de Montmagny, c'est la participation non pas tout simplement du ministre mais
des députés. Peut-être pouvez-vous me renseigner ou
m'aider, c'est difficile de tout faire seul, mais en vertu de notre
système d'allocations d'argent, nous ne pouvons pas demander à un
député, même du côté ministériel,
d'assister à une conférence fédérale-provinciale.
Il n'a pas le droit d'y assister.
On ne peut pas non plus demander aux députés
ministériels ou de l'Opposition de visiter peut-être une compagnie
avec laquelle il a des liens pour la convaincre de s'intéresser au
Québec. Apparemment, le seul moyen est de demander au président
de nommer, à même son budget de l'Assemblée nationale, une
commission, un comité ou autre chose. Il n'y a pas de liberté; je
n'ai pas la liberté que j'aurais aimé avoir pour travailler avec
une équipe, entre les élections, évidemment. C'est un peu
plus qu'une équipe, parce que je crois qu'au fond, sauf certaines
options politiques que je ne partage pas et vous ne partagez
peut-être pas mes options nous avons, à part ces
options-là, presque les mêmes buts.
S'il y a une solution à ce problème, je vous en serais
très reconnaissant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, quelques brèves
remarques. Disons d'abord que le ministère des Institutions
financières est un ministère intéressant. Il a accompli un
travail magnifique jusqu'à présent et je tiens à rendre
hommage aux officiers de ce ministère pour le travail qui a
été fait au cours des derniers mois et depuis qu'il a
été formé.
Je voudrais cependant faire une brève observation. Tout à
l'heure, le député de Gouin a parlé de contrôle de
capitaux qui sortent du Québec, qui vont à l'étranger,
etc. Disons que je pense que c'est essentiel et que le ministère des
Institutions financières est le ministère tout
désigné pour faire des études auprès des
institutions financières, compagnies, coopératives, assurances ou
autres, qui viennent au Québec. Disons que les institutions
financières et coopératives ne viennent pas au Québec, ce
sont des institutions financières et coopératives que nous
avons à l'intérieur du Québec et qui oeuvrent au
Québec.
Tout de même, il y a une multitude de compagnies dont le
siège social est en dehors du Québec, au Canada et même
outre-frontières, qui viennent chercher chaque année des masses
assez importantes de capitaux, des capitaux dont nous aurions besoin chez nous.
Je souhaite que le ministère des Institutions financières puisse
le plus tôt possible organiser un système qui lui permettrait de
connaître les sommes d'argent qui sortent du Québec afin
d'organiser une politique qui pourrait inciter ces mêmes institutions
à réinvestir au Québec sous différentes formes, de
différentes façons, les capitaux qu'ils viennent chercher chez
nous, de façon que ce ne soient pas des entreprises
étrangères qui utilisent les capitaux qu'elles viennent chercher
chez nous pour investir sous forme d'investissements étrangers et de
là à venir chercher les bénéfices, les dividendes
et autres.
Je pense que ce serait extrêmement important. C'est surtout de ce
côté-là que je verrais un contrôle au
ministère des Institutions financières, plutôt que de voir
un contrôle à l'intérieur des institutions que nous avons
au Québec. En ce qui a trait aux institutions que nous avons au
Québec, je vois très bien le rôle de surveillance que
devrait exercer le ministère des Institutions financières. J'aime
mieux le mot "surveillance" que le mot "contrôle". Disons qu'il y a
différents degrés de contrôle, mais une surveillance est
tout de même préférable, avec de l'information, de
façon à ne pas brimer les initiatives qui peuvent être
prises par les gens de chez nous.
Il y a beaucoup d'initiatives qui ont été prises dans le
domaine de la finance, dans le domaine des compagnies d'assurance-vie; depuis
quelques années, nous avons une quantité d'institutions,
c'est-à-dire de compagnies d'assurance-vie, qui sont venues du
Québec qui sont aujourd'hui devenues des institutions rentables, mais
qui, tout de même, au début, ont dû commencer par pouvoir
exister avant de donner des certitudes de rentabilité. Si on n'avait pas
permis à ce moment-là, sous prétexte de critères de
rentabilité au début, à nos compagnies
québécoises d'assurance de naître chez nous, nous aurions
encore uniquement des compagnies d'assurance à contrôle, à
capital étranger. C'est donc dans ce domaine-là que je verrais
surtout une certaine surveillance de la part du ministère et que
j'imagine que le ministère pourrait en même temps continuer le
magnifique travail qu'il a commencé au niveau de l'information. Au
niveau de l'information, vous me permettrez de souligner le petit bulletin que
la Commission des valeurs mobilières publie chaque semaine et qu'on
envoie un peu partout.
En ce qui me concerne, c'est que j'ai gardé ces documents et un
groupe d'étudiants du séminaire de Saint-Georges se sont
réunis et ils font des études sur les placements, sur les
activités mobilières et à chaque semaine, ils viennent
chercher ces documents à mon bureau. Alors, c'est vous dire que c'est un
exemple que je me permets de citer en passant pour souligner que ces
initiatives sont extrêmement importantes pour initier nos jeunes au monde
des affaires; aussi cela permettrait justement de faire un travail
d'éducation dans ce sens.
Maintenant, je ne sais pas si la question a été
posée tout à l'heure, mais on a beaucoup parlé de la Loi
pour la protection du consommateur. Est-ce que la Loi pour la protection du
consommateur le ministre a peut-être répondu tout à
l'heure, je m'excuse, je n'ai pas pu arriver au début parce que j'avais
une délégation à mon bureau va être
déposée avant l'ajournement de la Chambre?
M. TETLEY: Oui, M. le député de Beauce. M. ROY (Beauce):
La loi va être déposée... M. TETLEY: Et votée,
j'espère!
M. ROY (Beauce): Une nouvelle loi complètement
rebâtie...
M. TETLEY: Oui.
M. ROY (Beauce): Ou si elle va être sensiblement la même que
celle qui avait été présentée...
M. TETLEY: Non, je crois qu'elle est modifiée.
M. ROY (Beauce): Alors, je termine, M. le Président, mes
observations sur les politiques générales et je me permettrai de
revenir sur chaque article qui sera discuté tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Avant de passer à l'étude article par
article...
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a d'autres députés...
M. LE PRESIDENT: ... est-ce qu'il y a d'autres députés qui
auraient des énoncés d'ordre général à
faire?
M. GIASSON: M. le Président, j'écoutais attentivement,
tout à l'heure, le député de Gouin qui posait des
questions sur l'orientation du ministère des Institutions
financières. A un moment donné, il a attaché le grelot
particulièrement sur le contrôle des capitaux qui pourrait
s'instaurer à l'intérieur du ministère. J'aimerais savoir
de quelle façon il voit dans son esprit, un contrôle
établi, fait à l'intérieur du ministère et
jusqu'où ce contrôle-là pourrait aller vis-à-vis de
tout ce qui est le monde financier au Québec, partant des institutions
coopératives allant aux entreprises à caractère uniquement
capitaliste.
M. JORON: Fort brièvement, c'est que cela
part de l'idée suivante. C'est que des institutions
financières, de quelque nature que ce soit, qu'on parle d'une banque,
d'une caisse populaire, d'une compagnie d'assurance-vie ou d'une compagnie de
fiducie dans la dimension de ses opérations qui est de recevoir des
dépôts, enfin de toute institution à qui on accorde le
privilège de ramasser des capitaux, de l'épargne dans les poches
des individus,...
M. GIASSON: Des citoyens.
M. JORON: ... dans les poches des citoyens, on privilégie un
certain nombre d'institutions en leur donnant droit de recevoir de
l'épargne locale. Dans la mesure où il s'agit de l'épargne
locale, je pense qu'au nom de cette collectivité-là, l'Etat doit
être très, comment dire...
M. GIASSON: ... parcimonieux.
M. JORON: Oui, pour la surveillance de ce privilège-là.
Quand on laisse le droit à des institutions privées de jouer avec
des capitaux collectifs, des capitaux venant de la collectivité,
à ce moment-là, ce privilège-là doit être
très circonscrit. Peut-être que la forme de contrôle... Je
me demande même si, idéologiquement, remarquez que je ne suis pas
prêt à faire le choix tout de suite, on peut même admettre
la rationalité d'un tel système et si on ne devrait pas arriver
certains pays l'ont fait sans être nécessairement des pays
qui se définissent, par exemple, d'appartenance à une
idéologie socialiste ou une idéologie marxiste. La France a
nationalisé ses institutions financières, la grande
majorité, en tout cas, de ses banques. Peut-être pas dans les
mêmes circonstances, c'étaient peut-être des suites de la
guerre. Je ne me souviens plus très bien de l'exemple, de ce qui avait
motivé cette décision en France. Le Mexique, dans une grande
mesure, l'a fait aussi. Enfin, je ne connais pas tous les exemples à
travers le monde. Mais ce n'est pas nécessairement quelque chose qui est
rattaché, si vous voulez, à cette division du monde en deux
camps, qu'on essaie de poser entre les marxistes d'un côté et les
autres de l'autre côté. Je pense finalement que je souhaiterais un
système d'institutions financières public, collectif dans lequel
il n'y a pas d'institutions privées.
A partir de la notion suivante c'est que si on veut concevoir et
on pourra peut-être concevoir un jour les services financiers dans ces
différents aspects les services qu'offre une compagnie
d'assurance ne sont pas les mêmes qu'offre une banque ou ceux qu'offre un
autre type d'institutions financières.
On pourrait imaginer les services financiers ou appelons ça le
service financier, si vous voulez, de la même façon qu'on en est
venu à concevoir le service de la santé ou le service de
l'éducation. C'est-à-dire, par définition, c'est un
service public que la collectivité se rend à elle-même.
Est-ce qu'on n'aboutira pas un jour, peut-être, à l'exemple
suivant? Est-ce que ça ne donnera pas lieu à une meilleure
utilisation de nos ressources plutôt que d'avoir sur un même coin
de rue, par exemple, quatre succursales de banque qui se font
compétition? Peut-on concevoir la fonction bancaire comme un service
public, alors un peu si vous voulez à l'exemple d'un bureau de poste? On
dit il y a un bureau de poste par quartier, pour desservir un nombre x de
personnes. Alors il y a un comptoir financier par quartier pour desservir un
nombre optimum, il faudrait le savoir, de personnes. Peut-être un
quartier de 2,000 pu de 500 personnes, 20,000 je ne le sais pas.
M. GIASSON: Mais, l'idée qui vous anime là, c'est de
permettre une meilleure utilisation des capitaux qu'on a à
l'intérieur de l'Etat, c'est quoi l'idée d'un...
M. JORON: Bien savez-vous ce qui m'effraie? Ce pourquoi je m'interroge
je ne suis pas un idéologue qui est parti de la lecture d'un
bouquin c'est un certain nombre d'exemples qui m'ont frappé. Par
exemple, à la suite de gens que je connais puis dans la pratique des
affaires et de la finance, j'ai côtoyé des gens et j'ai vu des
exemples qui m'ont frappé.
Est-ce que cela a du bon sens finalement que parce qu'un tel est le fils
d'un bonhomme qui fait partie du conseil d'administration d'une banque? Il est
le cousin du président d'un trust par exemple; pour une série de
raisons de relations personnelles, il a un bon crédit, un bonhomme qui a
de l'argent mettons, se voit accorder un prêt par une banque, c'est un
bonhomme, c'est un exemple concret. Sans le nommer, je peux vous le dire, il a
acheté une maison d'appartements de $3,100,000; $100,000 comptant venant
de sa poche, un prêt hypothécaire de $3 millions d'une banque, $3
millions ce sont les déposants, c'est nous tous qui nous trouvons
à le financer ce bonhomme-là. Comment se fait-il que c'est lui
qui est privilégié d'avoir l'utilisation de vos $3 millions?
Quand c'est une institution financière privée, qui est
dominée par un conseil d'administration, puis on sait que c'est tout un
phénomène de relations sociales et de relations interpersonnelles
ainsi de suite, la justification des administrateurs de la banque dans le
contexte actuel, je la comprends très bien et je ne vois rien de
machiavélique là-dedans. Ils se disent: Nous avons des
responsabilités envers nos déposants, c'est donc de prêter
$3 millions ou prêter quelque montant que ce soit à des gens qui
vont nous rembourser, parce qu'on ne peut pas mettre en jeu les
dépôts de la population. Et c'est vrai, mais c'est à partir
de ce raisonnement-là qu'on aboutit à maintenir dans notre
société, dans des mains très, très restreintes,
l'utilisation du capital des autres. Puis c'est ça qui
m'inquiète, que je ne trouve pas correct, que les capitaux de la
collectivité
soient utilisés par un nombre si restreint de personnes.
C'est à partir de ça que toute la vocation de ce
ministère-là, je la vois aller peut-être même,
appelons ça contrôle dans un... Mais il y a toutes sortes
d'étapes là-dedans puis remarquez que c'est beaucoup plus
avancé qu'on pense si on veut s'en servir.
M. GIASSON: On ne peut pas déduire de votre exemple que vous
donnez-là que les $3 millions en question qui sont sous le
contrôle d'un individu pour des raisons que vous avez
énumérées, que dans votre esprit vous voyez une autre
utilisation de la même masse monétaire à d'autres fins.
M. JORON: Non, bien justement c'est qu'il y en aurait peut-être
eu. une. Justement, les déposants qui ont contribué à
former ces $3 millions, c'est peut-être représenté par une
série de $5 ou de $100 ou de' $200 ou de $20, peu importe. Auraient-ils
choisi, eux collectivement, si par exemple ils avaient déposé
ensemble leurs $3 millions, puis que ça représente quelques
centaines de déposants ça? Est-ce qu'ils auraient choisi eux de
prêter leurs $ 3 millions pour qu'un bonhomme s'achète une maison
d'appartements de luxe quelque part à Westmount, ou bien s'ils auraient
peut-être choisi d'autres priorités de développement? Cest
ça qui est toute la question de la canalisation de l'épargne puis
du choix de nos investissements qui est sous-tendu par ça.
Le réseau, comment se prennent les décisions... C'est
toujours l'argent du peuple...
M. GIASSON: Je pense bien, dans le contexte présent, que le petit
épargnant, ne se demande pas de quelle façon ça sera
utilisé. Ce qu'il veut, s'il a une telle épargne...
M. JORON: C'est peut-être ça qui est le dommage.
M. GIASSON: ... c'est de mettre ça entre les mains d'une
entreprise...
M. JORON: Sûre.
M. GIASSON: ... donnée en qui il a confiance, pour être
sûr d'une rentabilité. Qu'elle l'utilise d'une façon ou
d'une autre, ce n'est pas là que le petit épargnant dans
l'ensemble va hésiter à prêter.
M. JORON: Bien, remarquez qu'avant qu'on en arrive à
l'idéal de participation que sous-tend votre question, en fait c'est
l'épargnant lui-même qui s'autogère, on n'y est même
pas arrivé dans le cas de la caisse populaire, c'est un peu ce qui
l'inspire, mais on n'y est pas arrivé en vérité, c'est le
conseil d'administration finalement qui continue de mener.
Même dans les compagnies d'assurance-vie mutuelles, on sait bien
qu'en théorie une compagnie qui est mutuelle appartient à ses
déposants. Alors c'est une structure de participation idéale qui
est démocratique, mais dans le fond ce sont des conseils
d'administration qui se perpétuent et qui se réalimentent parmi
le même groupe de personnes.
M. FRASER: Si on prend l'exemple de la famille Rothschild en Europe qui
se perpétue de père en fils depuis plus de 300 ans.
M. JORON: On ne brisera pas ça tout de suite.
M. FRASER: ...la compagnie, la banque Rothschild a de l'argent, puis
tout le monde le sait, puis tout le monde a confiance dans la famille
Rothschild.
M. JORON: On continue de l'entretenir, je suis d'accord avec vous, on
entretient le système.
M. FRASER: C'est la même affaire, il faut créer une
confiance dans la maison avant que tout le monde dépose son argent
là.
M. JORON: Je veux dire que tout ça est relié à une
question d'objectif. Cela dépend vers quelle sorte de
société on vise. Si on part avec l'idée qu'on veut viser
vers une société plus largement démocratique, une
société de participation, ça commence à me fatiguer
d'employer ce terme-là parce qu'on l'utilise à toutes les sauces,
bien il faut peut-être commencer à poser des gestes. Dans ce
sens-là j'aurais une question précise à poser au ministre,
est-ce qu'il favorise la mutualité?
M. TETLEY: Avant votre question, je voudrais dire que je ne partage pas
exactement votre opinion. Je crois que vous allez trop loin.
M. JORON: Vous savez de qui il s'agissait dans mon exemple.
M. TETLEY: Oui, votre opinion est assez floue, mais en
général je veux noter...
M. JORON: Votre dissension.
M. TETLEY: ...pour le journal des Débats, que pour ma part je ne
partage pas votre opinion,
M. JORON: Je m'attendais à ça.
M. LE PRESIDENT: Oui, le député de Beau-ce a
demandé la parole puis le député de Montmagny, ensuite
on...
M. ROY (Beauce): M. le Président, le député de
Gouin a dit tout à l'heure qu'il était inquiet,
moi j'étais un peu inquiet par les propos du député
de Gouin. Il a parlé du cousin tout à l'heure, disons qu'il y a
certaines influences qui peuvent peut-être à un moment
donné, influences familiales, influences d'amitié ou autres, qui
peuvent peut-être influer au niveau des décisions, mais je me
demande quel est le système qui pourrait empêcher ça. Je
pense que c'est un argument pour débâtir un système, c'est
un argument qui ne tient pas, parce qu'il y a tout de même d'autres
systèmes qui vont servir de critère, c'est la carte de membre du
parti qui sert comme critère et le degré de qualification dans le
parti ou le degré d'appartenance au parti qui justifie à un
moment donné des privilèges ou des priorités.
Si ce que mon ami le député de Gouin a
préconisé se concrétisait dans le Québec, je me
demande si actuellement, étant donné le contexte dans lequel nous
sommes, où ceci pourrait nous conduire sur le plan pratique. Alors je
pense que tout de même on peut se permettre de faire des voeux, de faire
des souhaits, de préconiser certaines choses, mais il y a tout de
même une limite, il y a les conséquences, il faut penser aux
conséquences.
Le député de Gouin, je pense, a mis en doute ou si vous
voulez il a voulu illustrer toute la différence qu'il peut y avoir dans
un système de libre entreprise où la petite
propriété est permise, avec un système de dirigisme
économique le plus totalitaire possible avec la propriété
collective. Alors je ne veux pas engager de débat de ce
côté-là...
M. JORON: Vous faites tout pour l'engager.
M. ROY (Beauce): ...mais je pourrais accepter une question. Je pense que
le député de Gouin a été le premier à ouvrir
la porte de ce côté-là. Je vais permettre la question.
M. JORON: Non, mais... il ne faut pas engager un débat.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai été tenté souvent
d'intervenir durant les propos tenus par le député de Gouin et
l'échange qu'il a eu avec le député de L'Islet
particulièrement. Quand on connaît évidemment le
député de Gouin, on sait qu'il est animé de très
bons sentiments; il est à la recherche, c'est un homme qui cherche. Et
à plusieurs moments de ses interventions, non seulement à cette
commission-ci, mais ailleurs en Chambre quand il est question de
problèmes économiques, de problèmes financiers, on sent
que le député de Gouin fait un effort, un effort qu'on remarque,
qui est évident, pour chercher dans le système actuel des
correctifs. Parfois il a la main heureuse et parfois il a la main moins
heureuse. Je pense que, dans les questions qu'il se pose, dans les
interrogations, il n'a pas posé de conclusions cet après-midi,
mais il se pose des points d'interrogation. Jusque là, je pense bien que
nous ne pouvons pas faire de reproche au député de Gouin de se
poser des points d'interrogation comme une foule de gens.
Il a donné des exemples tantôt, à partir de Paul VI,
en descendant, beaucoup de gens se posent des questions. Evidemment, de
là à traduire dans la réalité les interrogations
qu'il se pose et trouver en termes pratiques quels pourraient être les
correctifs que l'on pourrait apporter aux défauts du système, il
y a toute une marge. C'est une discussion d'ordre théorique. A partir du
moment où l'on est situé dans un contexte qui est celui de
l'Amérique du Nord et qui comporte certaines structures, certaines
façons d'opérer, certaines traditions, pas plus dans le domaine
économique que dans le domaine financier, je vois difficilement le
ministère des Institutions financières du Québec apporter
des réponses ou des solutions ou des changements aussi radicaux que ces
interrogations appellent.
De toute façon, il est certain que nous assistons à une
évolution dans différents secteurs et le secteur financier
lui-même n'étant pas imperméable, ce secteur subira lui
aussi à la longue une certaine évolution. Il s'est
interrogé sur certaines conséquences du système actuel qui
permettraient à certains individus qui profitent d'argent de la
collectivité pour prendre certaines décisions et même, ce
qu'il a appelé profiter de certains avantages. A ce moment-là, il
faudrait remettre en cause, je pense bien aussi tout notre système de
gouvernement, tout notre système de taxation, parce que les individus
versent à un gouvernement des impôts assez considérables et
le gouvernement, avec la collaboration ou la critique de l'Opposition, adopte
des façons de dépenser cet argent, tenant compte des
décisions que lui-même prend et dont il assume la
responsabilité. A ce moment-là, si l'on pousse la participation
aussi loin que le député de Gouin l'a mentionnée
tantôt, il faudrait que les individus dans le Québec, tous les
individus qui paient des taxes participent directement à la
décision, mais pour ce faire ils ont élu des représentants
et ils ont élu un gouvernement et le gouvernement et leurs
représentants prennent leurs décisions sur la façon de
dépenser les programmes. C'est un peu la même chose si l'on me
permet cette comparaison dans le système actuel qui permet à des
institutions de recruter, de ramasser des fonds et de les dépenser de la
façon dont ils ont établi les règles du jeu.
Le ministère des Institutions financières, et c'est
là sa responsabilité, je crois, doit voir à la
surveillance de ces décisions qui peuvent être prises par ces
institutions financières et essayer de les orienter dans le sens
où c'est à l'avantage de la collectivité, où c'est
à l'avantage des citoyens du Québec pris collectivement. Dans ce
domaine-là, je crois que le ministère des Institutions
financières, peut augmenter son
rôle et le ministre nous le dira un peu plus tard quand nous
discuterons des moyens qu'il prend ou des suggestions qu'il peut faire, ou des
indications qu'il peut faire vis-à-vis des institutions
financières qui collectent l'argent du public et de façon
à dépenser ou à l'investir aux bénéfices du
Québec, surtout quand ce sont des capitaux qui sont ramassés par
des institutions étrangères. Et là-dessus, le ministre dit
qu'il désire que des entreprises multinationales viennent établir
leur siège social même si elles appartiennent dans une proportion
de plus de 50 p.c. à: des étrangers, qu'elles viennent
s'établir sur notre territoire, et je pense qu'il est possible pour un
ministère comme celui des institutions financières d'exercer une
action sur ces institutions-là afin qu'elles agissent dans le sens des
priorités gouvernementales et selon les intérêts de la
collectivité.
Pour ma part, je n'irais pas jusqu'à proposer un dirigisme
économique dont a parlé le député de Beauce il y a
un instant parce que je crois qu'enfin, si des solutions aussi radicales
étaient employées à l'égard du secteur financier,
je pense que l'on serait rendu dans un dirigisme économique qui
enlèverait, qui pourrait comporter peut-être certains avantages de
planification, comme on l'a mentionné tantôt, pour empêcher
la multiplication des institutions ou une mauvaise répartition des
institutions, mais par contre, qui pourrait enlever une certaine motivation qui
est désirable dans le milieu des affaires, une certaine concurrence qui
est saine. Alors, ce sont les considérations, M. le Président,
que je voulais apporter à ce moment-ci. Le député de
Gouin, je pense bien, ne voulait pas avoir de la part du ministre, ni de la
part des membres de la commission, une opinion définitive et il se pose
des interrogations et nous aussi, à certains moments, nous nous en
posons avec lui.
M. LE PRESIDENT: Le député du Lac-Saint-Jean.
M. PILOTE: Je voudrais, à la suite des propos tenus par le
député de Gouin et des propos tenus par le député
de la Beauce, dire un mot sur ce que je pense de la croissance
économique qui est en fonction du capital-risque. Le
député de Gouin voudrait que le capital-risque soit beaucoup plus
grand de façon à permettre une croissance économique plus
rapide. Je ne crois pas, demain matin, à une décision
gouvernementale. Je crois plutôt, à ce qu'a dit le
député de la Beauce tantôt, à une éducation
économique à partir de la base et ce serait au ministère
des Institutions financières, en collaboration avec les Institutions
financières, à donner une éducation économique
à nos jeunes. On ne naît pas investisseur. On le devient. Ce
serait une façon d'augmenter le capital-risque.
M. LATULIPPE: M. le Président, vous me permettez une courte
intervention. J'ai pris rapidement connaissance du document qu'on m'a remis
tout à l'heure en entrant. Je suis toujours un peu impressionné
par le ministère des Institutions financières. J'aimerais dans
l'avenir c'est un voeu que je formule que le ministère
s'oriente et oriente les institutions financières à s'engager sur
une base régionale, parce que nos institutions financières
surtout dans les secteurs ruraux je pense surtout aux compagnies
d'assurance-vie, aux compagnies d'assurance-incendie, aux compagnies
d'assurance-automobile, viennent chercher une somme appréciable
de leurs revenus qui sont réinvestis en ville parce que leur
siège social... Toutes leurs organisations sont plus rentables dans un
milieu urbain.
Je ne sais pas si le ministre peut, à un moment donné,
prévoir un projet de loi pour forcer les compagnies à se rendre
compte qu'elles ont une responsabilité régionale et qu'elles
doivent participer au refinancement des secteurs dans les lieux mêmes
où elles s'alimentent. Dans le même document, on fait allusion
à une organisation, à un système de codification que le
ministère est en train de mettre en oeuvre pour les compagnies et divers
genres d'entreprises. Je me demande s'il ne serait pas avantageux pour le
Québec, en collaboration avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce, d'étendre ou d'incorporer à ce système de
codification une banque de sous-traitants pour non seulement savoir qui compose
l'industrie, mais ce qu'elle fait, quels sont ses besoins, de quelles
matières premières elle s'alimente, quels matériaux elle
utilise comme matières premières et autres, justement afin de
constituer une banque de sous-traitants où d'autres manufacturiers du
Québec pourraient aller chercher des clients éventuels. Je pense
que ce serait un service à rendre à notre population qui
contribuerait grandement à favoriser la croissance du Québec.
Actuellement, je connais certaines compagnies qui vont s'alimenter
à l'extérieur, en Ontario ou aux Etats-Unis parce qu'elles ne
trouvent pas au Québec de fabricants pour certaines pièces dont
elles ont besoin, notamment dans le domaine de l'automobile et autres. Si on
avait une banque de sous-traitants organisée en collaboration avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, je pense qu'il y aurait
avantage pour tout le monde dans ce domaine-là.
Cela résume, en gros, les suggestions que j'aimerais faire au
ministère à ce sujet-là.
M. TETLEY: Merci. L'investissement régional est très
important. Vous notez quand même que j'ai une certaine tâche. Je ne
suis pas ministre de l'Industrie et du Commerce. D'autre part, vous avez
raison, il faut investir. Il faut trouver de l'investissement pour nos
régions hors du triangle Québec-Sherbrooke-Montréal. Un
moyen, dans le ministère, est certainement
les caisses d'épargne et le mouvement coopératif. Il faut
louer ce mouvement, parce que, dans bien des endroits, c'est la seule
véritable source d'investissements, même parmi les Esquimaux, la
caisse populaire Desjardins est là et il n'y a aucune autre banque. Ce
n'est pas payant du tout pour la caisse populaire Desjardins, mais la caisse
est là! Au Lac Saint-Jean, des caisses d'entraide économique sont
là et les caisses d'économie sont partout et c'est un moyen que
nous considérons, et plus que cela, nous aidons les caisses et surtout,
à l'heure actuelle, les caisses d'entraide économique.
Dans ce sens, il faut noter que nous avons un sous-ministre et deux
sous-ministres associés, dont un s'occupe tout simplement des caisses et
de mouvement coopératif, à temps plein.
Je note aussi que je m'occupe des caisses et du mouvement
coopératif chaque jour. Cela occupe une grande partie du temps que je
consacre au ministère, parce que je crois que c'est très
important.
Vous avez raison. Tout le monde ne peut pas habiter Montréal. Les
autres régions sont très agréables à habiter. La
vie y est tellement agréable. En effet, c'est un véritable
problème. Si vous avez des solutions, très bien. Vous avez
donné une solution, votre deuxième question, une banque
sous-traitante. C'est encore une tâche qui est en oeuvre apparemment au
ministère de l'Industrie et du Commerce. C'est assez intéressant,
je crois que vous devez poser cette question à ce ministère.
D'autre part, c'est un véritable problème pour nous. Je
parle souvent de créer un marché de capitaux à
Montréal. Nous voulons des investissements, comme vous dites, de toute
la province et, s'il y a des solutions, je serai encore reconnaissant.
M. LATULIPPE: M. le ministre, est-ce que vous me permettez une question
sur le sujet que vous venez d'aborder? Nous avons les fonds mutuels, compagnies
d'assurance-vie, compagnies d'assurance-incendie et tout le domaine de
l'assurance. Je ne sais pas s'il y aurait moyen d'adopter une
législation quelconque pour permettre à nos institutions
financières de s'alimenter là pour récupérer une
partie au moins des capitaux qui ont quitté la région.
Je peux vous citer l'exemple d'une enquête qui a été
faite à Lac Mégantic l'endroit où j'habite
auprès des institutions financières et auprès des
investisseurs dans les fonds mutuels. Il a été découvert
qu'à peu près $1,000,000 étaient dans nos caisses
populaires locales et caisses d'épargne. Pendant que les fonds mutuels,
assurance-vie et assurance-incendie avaient tout près de $9 millions
pour une petite ville d'à peu près 7,000 habitants. C'est donc
dire qu'il y a un exode de capitaux assez important qui nous a
complètement échappé.
Si on ne permet pas d'une part au mouvement coopératif d'aller
faire de l'assurance-incendie dans une petite région comme la
nôtre, à ce moment-là, je me demande quelle sorte de
possibilité nous avons de garder chez nous des capitaux dans le secteur
privé. Cela devient excessivement difficile de survivre. On a beau dire
qu'on a les caisses d'établissement, les caisses d'entraide
économique, la perception des fonds est très difficile et aussi
très dispendieuse.
M. TETLEY: Vous me permettrez de répondre brièvement. Vous
étiez peut-être absent à une autre commission lorsque j'ai
parlé de la commission Bouchard. Je crois que c'est la première
fois que j'ai mentionné cette commission. C'est une commission du
ministère où nous allons essayer de trouver où sont,
à l'heure actuelle, les investissements et les épargnes de nos
Québécois. Voici, c'est beaucoup plus difficile que
peut-être M. Bouchard lui-même ne pense. Par exemple, si vous avez
des actions de CPR dont le siège social est à Montréal,
cela ne veut pas dire que l'investissement sera fait à Montréal.
Cela peut être à Victoria, cela peut être aux Bermudes, en
effet. Parce qu'il y a plusieurs filiales du CPR et un siège social aux
Bermudes. Donc, c'est un problème difficile, mais au moins, je vous
assure que nous avons commencé l'étude...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire deux
remarques sur ce qu'a dit le député de Frontenac, il y a un
instant. D'abord, il a parlé de la bourse de sous-traitance. La bourse
de sous-traitance existe depuis l'automne dernier. Elle a été
fondée en collaboration par la Chambre de commerce de Québec avec
le ministère de l'Industrie et du Commerce. Ds ont jusqu'à
maintenant fait le recensement de 75 industries de la rive sud, dans le domaine
particulier de la métallurgie. C'est la première
expérience ici au Canada. Ds se sont inspirés d'expérience
qui ont été très fructueuses, très réussies
dans d'autres pays.
Alors, c'est une chose acquise maintenant. Avec la collaboration du
ministère de l'Industrie et du Commerce, je crois que cette bourse de
sous-traitance pourra prendre de l'expansion et véritablement jouer le
rôle qu'elle a joué ailleurs dans d'autres pays. A ceux qui
veulent avoir de la documentation, le président de la Chambre de
commerce de Québec, M. Leten-dre, fournira toute la documentation
à ce sujet. Peut-être que le ministère de l'Industrie et du
Commerce l'a également.
Deuxièmement, il a parlé de l'investissement
régional et de la possibilité d'une loi pour forcer les
institutions qui perçoivent des fonds dans une région d'en
réinvestir une partie. Les gens, dans les régions, sont de plus
en plus conscients de cette nécessité parce que c'est de
là que sont nées, justement, les institutions comme les caisses
d'épargne, les caisses de crédit, les caisses d'entraide
économique qui connaissent un succès vraiment remarquable depuis
quelques an-
nées surtout. Alors, les gens sont bien conscients que les
grandes institutions peut-être ont manqué de ce côté
et que, s'ils plaçaient leur argent, leur épargne dans des
institutions qui sont plus proches de la région, ils auraient plus de
possibilité que les investissements plus directs se fassent. De ce
côté-là, il y a des progrès qui ont
été faits ces dernières années. Espérons que
ça continuera dans ce sens.
M. JORON: M. le Président, justement, ce qu'a soulevé le
député de Frontenac est très important. C'est une des
raisons d'ailleurs pour lesquelles, tout à l'heure, dans une discussion
plus générale, on s'interrogeait sur la nature du système
financier que l'on devrait avoir. Un des buts, justement, un des objectifs que
je n'avais pas mentionné tout à l'heure est
précisément celui-là, arriver à avoir un
système financier qui laisse aux collectivités le temps ou aux
individus concernés le maximum de contrôle possible sur
l'utilisation de leurs propres épargnes. C'est pour cela que je
comprenais mal, d'autre part, l'intervention du député de, Beauce
qui introduisait, par exemple, le qualificatif d'autoritaire. Ce n'est pas le
système que l'on propose. Ce n'en est pas un qui permet à un
état dominateur, au-dessus, de diriger tout le monde. C'est au contraire
une loi qui est changée et qui permet, justement, d'arriver à
cette participation par les individus du contrôle direct par ceux qui y
sont impliqués.
J'aurais une question à poser au ministre. Dans l'optique de ce
que disait justement le député de Frontenac, est-ce que la
commission Bouchard pourra savoir c'est une question que j'ai
posée l'année dernière à l'étude des
crédits justement à ce ministère-ci, à M.
Cho-quette, à l'époque des banques à charte le
montant perçu dans les régions et le montant réinvesti ou
reprêté, si vous voulez, régiona-lement? C'est quelque
chose qu'on est incapable de savoir des banques à charte. Il serait
intéressant de le savoir globalement pour le Québec aussi. Mais,
si on le sait région par région, on peut faire le total.
Serez-vous capable d'avoir ce renseignement?
M. TETLEY: Nous essayons. Sans ces renseignements, nous n'aurons
pas...
M. JORON: L'essentiel...
M. TETLEY: Exactement. Je voudrais ajouter que c'est notre intention,
avec ces renseignements, d'inciter les banques, les mouvements
coopératifs, les compagnies de finance, les compagnies d'assurance de
s'occuper, si nécessaire, si la preuve en est claire et nette, un peu
plus au Québec ou plus du Québec, et plus dans les régions
dont vous venez de parler. Nous allons voir, mais il nous faut l'outil avant de
critiquer tout le monde. Je répète que notre idée est
d'abord l'incitation plutôt que le contrôle, la suggestion
plutôt que la force.
Parce que je me demande si on peut vraiment forcer un investisseur.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce qu'on pourrait
revenir à la Loi du consommateur, après ce grand écart qui
aura probablement été utile quand même?
En passant, plus précisément en ce qui concerne la Loi de
la protection du consommateur, nous avons des prévisions
budgétaires, sans entrer dans les détails et sans mentionner de
chiffres, le ministre a dit qu'il n'était pas satisfait des budgets qui
ont été mis à sa disposition pour l'application de la Loi
de la protection du consommateur. Tantôt, il nous a dit que la nouvelle
loi comporterait également la notion de service. Cela implique donc une
surveillance et des responsabilités accrues. Est-ce que le ministre
pense qu'il va disposer cette année des sommes nécessaires pour
que la loi soit vraiment efficace, en pratique?
M. TETLEY: Aucun ministre n'est content de son budget. C'est un grand
principe, incontestable. Deuxièmement, j'ai participé à la
préparation du budget de la province et de celui de notre
ministère. Il fallait des priorités. Troisièmement, je
crois qu'au début nous allons demander la coopération et
à la fin aussi de la population, des consommateurs et de
l'industrie. Je note que d'autres provinces ont de plus grands budgets et que
d'autres provinces ont de plus petits budgets. Je suis, en effet, content du
budget que vous voyez de $360,000, pour la protection du consommateur.
D'autre part, je n'aurais pas peur de demander d'autres sommes. Vous
savez, M. le député de Montmagny, que dans un ministère on
peut envoyer pour un temps un fonctionnaire, ici et là, pour aider. Je
vais, si nécessaire, aider ce service; peut-être pas d'autres
services, par le service d'inspection ou par le service de recherches. Donc,
avant de dire que je n'ai pas assez d'argent, je vais voir si le
ministère fonctionne bien et si le service va bien. Je suis confiant en
l'avenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous en aviez demandé à l'ACEF.
Est-ce que l'ACEF va vous prêter une partie de son budget?
M. TETLEY: J'ai noté que l'ACEF, une institution privée, a
un budget plus élevé que notre budget pour la protection du
consommateur. Je crois que son budget est de $390,000. Peut-être
faudra-t-il demander une subvention à l'ACEF.
M. JORON: II faudrait transmettre la demande à Pierre Marois.
M. TETLEY: Oui, je vois que M. Marois n'a aucune crainte à
accepter l'argent du fédéral.
M. LE PRESIDENT: Si les députés sont d'accord on passera
au poste budgétaire 1: Administration. L'article 1 : Services
administratifs.
Administration Services administratifs
M. ROY (Beauce): Au sous-article 1: Traitements, salaires et
allocations, est-ce qu'on prévoit doubler le personnel cette
année? L'année dernière, il y avait un crédit de
$396,000 et cette année il est de $876,800.
M. TETLEY: En effet. J'ai distribué une liste de fonctionnaires.
Nous allons ajouter plusieurs fonctionnaires parce que nous aurons à ce
poste budgétaire le fichier central et l'administration est plus grande.
Nous avons à assumer l'administration de la protection du consommateur.
Les autres postes, compagnies de finances, compagnies de fiducie, etc. nous
occupent de plus en plus. Notons que notre ministère a augmenté
son budget total cette année.
M. LE PRESIDENT: Article 1, services administratifs, adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre prévoit avoir de
la difficulté à recruter le personnel autorisé?
M. TETLEY: Pas du tout, j'ai tout...
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement, le recrutement est en cours?
M. TETLEY: Oui, et il n'y a pas de problème, ou plutôt,
c'est toujours le problème de trouver les meilleurs hommes. Mais il y a
beaucoup de demandes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2: Service de la recherche,
adopté.
M. ROY (Beauce): A l'article 1, vous avez passé tous les
sous-articles?
M. TETLEY: Oui, et pas mal vite.
UNE VOIX: M. le Président est un homme rapide.
M. CLOUTIER (Montmagny): A certains sous-articles, on aimerait avoir
quelques détails. Alors, sous-article 1, adopté.
UNE VOIX: On va les passer un par un si vous voulez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sous-article 2: Frais de déplacement,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3.
M. CLOUTIER (Montmagny): Honoraires et commissions, est-ce que le
ministre pourrait nous donner quelques détails?
M. TETLEY: L'augmentation, M. le Président, va, en grande partie,
à la Commission de l'assurance-automobile et à l'installation du
fichier central. J'ai déjeuné aujourd'hui avec quelqu'un qui,
évidemment, veut devenir le conseiller du gouvernement pour
l'installation du fichier central, et si nous retenons les services d'une
compagnie, ce ne sera pas nécessairement la compagnie en question.
M. GIASSON: Est-ce à dire qu'à la commission qui
enquête sur l'assurance-automobile, vous avez un certain nombre de
personnes qui seraient en dehors du ministère?
M. TETLEY: Oui, parce que je crois que c'est important que la commission
soit indépendante autant que possible. Nous avons deux fonctionnaires
qui en font partie, M. Steven Normand et M. Belleau, et les autres sont de
l'extérieur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous prévoyez que, dans les
recommandations de cette commission, il y aura la création d'une
régie de l'assurance-automobile?
M. TETLEY: J'attends le rapport.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est le ministre des Transports qui
aura le rapport ou si c'est le ministre des Institutions
financières?
M. TETLEY: Non, c'est le gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le gouvernement.
M. TETLEY: Parce que c'est une équipe, peut-être
d'étoiles, je ne sais pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le ministre ne peut pas poursuivre ses
commentaires avant d'avoir reçu le rapport de la commission.
M. TETLEY: Evidemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et toute déclaration qui aurait
été faite jusqu'à maintenant est d'un caractère
fictif et ne comporte aucun lien avec la réalité. Est-ce que
c'est ça?
M. TETLEY: Non, je trouve que tout commentaire est valable, tout le
monde dans notre gouvernement a droit à une opinion.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3, adopté. Sous-article 4: Frais de
bureau.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 8.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10.
M. ROY (Beauce): Véhicules moteurs et outillage, en quoi
ça consiste?
M. TETLEY: M. le Président, s'il y a un achat, c'est le
sous-article pour l'automobile du ministre parce que j'habite tout près
du Parlement et je n'ai pas d'automobile à Montréal. En effet,
souvent, l'automobile est plutôt une automobile de messager. Je suis
certain que s'il y a achat d'une voiture, ce sera une Pontiac fabriquée
au Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour l'achat de son automobile, est-ce que le
ministre doit prendre conseil de je ne me souviens pas de son nom
celui qui est venu devant la commission pour protéger les consommateurs
dans le domaine des automobilistes, surtout?
M. TETLEY: C'est M. Edmonston. J'ai même offert un poste à
M. Edmonston.
M. CLOUTIER (Montmagny): II en avait été question quand il
est venu.
M. TETLEY: Je trouve qu'il a de l'initiative. Il a certainement de
l'énergie et il s'occupe de la protection du consommateur. Je lui ai
donc offert un poste. Il n'a pas accepté, parce qu'il veut rester libre.
C'est une bonne réponse, vous voyez. Honoraires et commissions. J'ai
aussi offert à M. Edmonston, dans son bureau j'ai visité
son petit bureau, appartement-bureau, le tout est ensemble où il habite
le droit de faire enquête pour le ministère comme
enquêteur indépendant. Il n'a pas accepté jusqu'à ce
jour. J'ai aussi, M. le Président, communiqué avec le
fédéral afin de trouver de l'argent pour M. Edmonston, parce que
le fédéral a toutes sortes de crédits, vous le savez tous.
J'ai aussi communiqué avec le fédéral afin de trouver des
étudiants cet été, afin qu'ils puissent travailler pour M.
Edmonston à une enquête au sujet du prix, de l'essence et de
l'huile à chauffage et aussi pour enquêter sur les
réparations des automobiles, sujet que M. Edmonston aime tellement. J'ai
réussi et le fédéral a nommé trois étudiants
qui ont commencé à l'heure actuelle à travailler avec moi
à une enquête sur l'industrie de l'essence et de l'huile à
chauffage. Ces étudiants font aussi enquête chez les garagistes et
sur les réparations d'automobiles, aux frais du
fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme cela, le ministre a oublié de
suggérer de demander de l'argent à la compagnie Allstate pour M.
Ed- monston. De toute façon, il avait été question
à la commission et je félicite le ministre d'avoir offert
un poste à M. Edmonston d'utiliser ses services, parce qu'il
avait créé une excellente impression devant la commission, et il
fait un excellent travail dans le domaine de la protection du consommateur.
Pour ma part, je crois qu'il est peut-être préférable qu'il
ait gardé sa liberté, il va continuer à surveiller et le
ministre et les consommateurs.
M. TETLEY: Puis-je noter, M. le Président, que M. Edmonston, qui
n'a pas d'emploi, sauf son association, qui n'a qu'un budget de $5,000, s'est
inscrit à des cours du gouvernement fédéral, de 4 heures
à 11 heures le soir, des cours d'étude du français. Il
parle assez bien le français, et cela lui assure un revenu de $75 par
semaine. Ce sont ses revenus. Je suis de votre avis, M. le député
de Montmagny, que c'est un homme dont nous avons besoin ici au Québec.
Je peux ajouter, de plus, que ce n'est pas un Canadien, c'est un
Américain, je crois, qui veut évidemment devenir sujet
canadien.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un électeur du
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Ce n'est même pas un électeur du
député de Notre-Dame-de-Grâce, il habite ailleurs.
M. LE PRESIDENT: Alors, le sous-article 8, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10, adopté? Sous-article 11,
adopté? Sous-article 29?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. Quels sont les remboursements au
sous-article 32?
M. TETLEY: Les remboursements sont les frais d'inspection payés
par les compagnies de fiducie et autres, parce que, pour nos inspections et
notre service d'inspection, il y a une charge du ministère et elle
comporte aussi des frais d'administration, comme vous le voyez au poste 5,
sous-article 32: Remboursements. Cela fait partie de leurs paiements directs au
gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse, M. le Président, je vois au poste
2: Service de l'inspection, il y a un sous-article 32, où on dit
"remboursements", aussi. Comment se fait-il qu'il y a des remboursements au
service de l'inspection et qu'il y a d'autres remboursements?
M. TETLEY: Parce que vous voyez que le service de l'inspection nous a
coûté $565,800,
mais la part des compagnies de fiducie pour l'inspection simplement a
été de $235,900. Elles ont payé plus que cela. Elles ont
payé leur quote-part de notre administration, parce que l'inspection ne
veut pas dire tout simplement l'inspection, il faut que quelqu'un lise les
rapports des inspecteurs.
M. JORON: C'est une imputation. M. TETLEY: Oui, c'est cela.
M. ROY (Beauce): Autrement dit, c'est une subdivision des
remboursements.
M. TETLEY: Oui, c'est cela.
M. LE PRESIDENT: Alors, le sous-article 32, adopté. L'article 2:
Service de la recherche, sous-article 1.
Service de la recherche
M. CLOUTIER (Montmagny): De quoi s'occupe plus particulièrement
ce service? De quelle recherche s'agit-il?
M. TETLEY: Le service de la recherche s'est occupé, par exemple,
de faire un rapport au sujet de l'assurance-automobile, avant que j'aie
commencé l'étude, à la fin de janvier. En effet, à
un des dfners, soupers ou déjeuners que j'avais, c'est un actuaire dans
la vingtaine qui m'avait suggéré une telle enquête deux
mois avant que tout le monde parle de l'assurance-automobile et de ses
problèmes. C'est pourquoi nous étions prêts lorsque tout le
monde en parlait. Il y a des recherches qui, j'espère, vont aider la
commission Bouchard, parce que dès que tous les renseignements sont
là, ils font la synthèse et les recherchistes répondent
à toutes les questions du ministère, de toutes les sections; les
coopératives, par exemple, posent une question, de même que les
caisses d'épargne, les compagnies de fiducie. Nous avons des
économistes qui peuvent faire une vraie recherche, une vraie
étude si nécessaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, sous-article 1. 2.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas de question à l'article
2.
M. ROY (Beauce): Tout l'article 2 est adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 3.
Service de l'actuariat
M. ROY (Beauce): Au service de l'actuariat, combien y a-t-il d'actuaires
au service du ministère?
M. TETLEY: De mémoire je puis dire qu'il y en a quatre, plus
quatre autres personnes. Ce qui fait huit au total.
M. ROY (Beauce): En quoi consiste le service de l'actuariat du
ministère, au juste?
M. TETLEY: Autrefois, le service de l'actuariat était une partie
du service de l'assurance et il s'occupait plutôt des compagnies
d'assurance et il vérifiait les chiffres donnés par les
compagnies d'assurance, le livre vert des compagnies d'assurance-automobile.
Mais nous avons mis le service dans le ministère, par
l'intégration, avec un statut particulier, si vous me permettez cette
expression. Je crois que le service est beaucoup plus content, depuis le
changement. Ils ont, par exemple, fait un rapport au sujet d'Inspiration et
Succès, je l'ai vu moi-même, un soir j'ai demandé au chef
du service, un actuaire, d'y aller lui-même et de vérifier si, en
effet, c'était pyramidal. Avant de me lancer dans cette aventure, de la
critiquer publiquement en Chambre et hors de la Chambre, j'avais une opinion
écrite de l'actuaire à l'effet que c'était pyramidal.
Voici un autre exemple. Il se fait un grand travail au sujet de nos
coopératives, pour aider les coopératives, parce qu'aucune caisse
d'entraide économique n'a d'actuaire. Ces recherches m'ont certainement
aidé dans les entretiens que j'ai eus avec les caisses d'entraide
économique. En effet, il est là pour l'assurance-automobile
surtout et je crois que son travail est très important et très
nécessaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé des ventes
pyramidales. Est-ce qu'il a bien la situation sous contrôle
maintenant?
M. TETLEY: Elles ont changé de nom et nous avons donné
tous nos renseignements y compris les rapports. Nous avons fait l'étude,
à notre ministère, avant les autres ministères. Nous avons
tout donné au ministère de la Justice. Vous savez qu'au
Québec le ministère du Revenu a présentement un
service juridique tous les fonctionnaires font partie du
ministère de la Justice où les décisions sont prises pour
les poursuites. C'est la même chose ici dans notre ministère C'est
le ministre de la Justice qui intente toutes les poursuites. Nous lui avons
donc donné tous les renseignements. Nous trouverons d'autres
renseignements, parce que nous faisons d'autres enquêtes. En effet, hier
soir ou lundi soir, mon adjoint est allé à une réunion
dans le comté de Dorion ou d'Olier j'oublie lequel et s'y
est vu refuser l'admission par une entreprise nommée Entreprise
fantastique, qui ne vendait pas des cours de personnalité, mais
plutôt des actions. Je crois que cette entreprise viole clairement les
règlements de la Commission des valeurs mobilières.
Aussitôt que j'aurai tous les renseignements, nous allons
évidemment intenter des procédures contre cette entreprise, si
nécessaire.
M. ROY (Beauce): Si le ministre me le permet, les activités de
ces institutions de ventes pyramidales se continuent bon train. Chez nous, dans
mon comté, elles viennent régulièrement toutes les
semaines et il ne se passe pas une journée sans que nous ayons des
appels téléphoniques de gens qui se plaignent. M. le ministre, je
n'avais pas l'intention de parler de cela ici cet après-midi, mais
puisque on nous a ouvert la porte, si on est hors d'ordre, M. le
Président, vous n'avez qu'à me rappeler à l'ordre
quelle attitude pourrait-on prendre, de quelle façon pourrait-on agir en
face de cette plaie? C'est même devenu une plaie sociale.
M. TETLEY: II faut que le ministre ou le ministère de la Justice
intervienne. Il faut aussi que la population s'arrête avant de se lancer
dans de telles aventures. Je connais l'exemple d'une personne qui a lu ma
déclaration, qui a lu aussi un reportage clair dans un journal de
Québec, mais qui, malgré tout' cela, a investi. Deux ou trois
semaines après, elle m'a téléphoné expliquant
qu'elle veut quand même c'est une dame se sortir de
l'impasse, etc. Je me demande ce qu'on peut faire vraiment. Je note que notre
bill no 45, depuis la présentation du projet de loi l'année
dernière au sujet des ventes pyramidales, etc., est beaucoup plus fort.
Nous avons ajouté un paragraphe à l'article 67. On peut
protéger le public jusqu'à un certain point, mais après
cela, il faut que le public y pense un peu. Autrement, nous aurons un
état où tout argent en banque sera la propriété du
gouvernement. Aucune autre personne n'aura le droit de faire des ventes
pyramidales.
M. ROY (Beauce): Mais entre les directives totalitaires je ne
voudrais pas faire peur aux gens ...
M. TETLEY: Oui, posez la question.
M. ROY (Beauce): ... et entre des directives générales qui
concerneraient toutes les institutions financières, il y a tout de
même une certaine forme de vente et de publicité dans lesquelles
j'estime qu'il serait d'intérêt public que le gouvernement puisse
procéder de façon à interdire complètement, surtout
lorsque, par exemple, ça pourrait porter le nom ou ça serait
prouvé que ce serait pyramidal. Ce qui arrive, c'est que ces
gens-là qui viennent de l'extérieur recrutent des gens du milieu
et le travail est effectué par la suite par des gens du milieu dans leur
cercle personnel et c'est une chaîne. On sait quand ça commence,
mais c'est impossible de déterminer de quelle façon ça
pourra se terminer.
A ce moment-là les gens sont aux prises avec les gens du milieu,
ils ne sont pas aux prises avec des gens de l'extérieur. Il y a quelques
années, il y avait une espèce d'organisation de ce genre
pyramidal, ils vendaient des montres, c'était une entreprise de
Rivière-du-Loup et, du jour au lendemain, elle a complètement
disparu du marché. Et le plus tragique c'est que les gens vont faire des
emprunts auprès d'institutions financières pour pouvoir devenir
membres de ces choses-là. Quelqu'un me disait qu'il y a même des
personnes qui ont emprunté par contrat de compagnies de finance et se
sont engagées à rembourser pendant trois ans pour être en
mesure de payer comptant leur adhésion au système pyramidal, au
club de personnalité, Inspiration et Succès.
Lorsqu'une personne a l'argent pour payer comptant disons que
c'est une perte quand même mais lorsque des personnes engagent leur
budget trois ans d'avance dans ces choses-là alors qu'en
réalité ils ne retireront à peu près rien, je pense
que, sans intervenir dans les comptes d'institutions financières, il y a
tout de même certaines précautions, certaines dispositions qui
pourraient être prises en tenant compte de ces
différences-là, de façon à protéger la
population.
Je n'ose pas employer le terme, mais je pense que nous avons tous le
même terme à l'esprit pour qualifier ce genre de
procédé. Dans la Beauce actuellement ces entreprises exercent un
ravage. J'ai rencontré des gens en fin de semaine qui s'étaient
fait prendre. D'autres m'ont téléphoné pour voir si
c'était bon. Inutile de vous dire que je pense que la compagnie ne me
donnera pas de commission pour les recommandations que j'ai faites, mais tout
de même ça nous place dans des situations assez
délicates.
M. GIASSON: Dans ce domaine-là, j'ai déjà suivi de
près l'organisation de ventes pyramidales qui ont existé il y a
quelques années auxquelles vous avez fait allusion il
vient un temps où il faut que les citoyens se protègent
eux-mêmes. Ils en discutent avec toi, tu dis ce que tu en penses et
où ça peut mener, les gens y vont quand même, ils
embarquent dans le jeu. Que veux-tu? Cela devient une décision
personnelle d'une foule de citoyens. Tu ne peux plus rien faire contre
ça.
M. ROY (Beauce): Ce qui est étonnant c'est que prenons un
autre exemple ce n'est pas un reproche que je fais, c'est une
constatation personne ne peut se livrer dans le commerce des valeurs
immobilières sans détenir un permis. Est-ce exact?
M. TETLEY: C'est vrai.
M. ROY (Beauce): Si une personne se lance dans le commerce des valeurs
mobilières et que les valeurs mobilières sont excellentes, de
très bons titres, sans un permis, il est mis à l'amende. Comment
se fait-il que ces personnes-là s'en trouvent exemptées, qu'on
n'exigerait pas pour ces mêmes personnes-là l'obtention d'un
permis? Peut-être que l'obtention
d'un permis pour pouvoir faire ce genre de ventes pourrait
éliminer bien des choses, parce que le gouvernement a plusieurs
possibilités à sa disposition. Mais il prend
énormément de temps à répondre aux demandes
c'est un exemple entre autres et les enquêtes peuvent être
extrêmement longues.
Mais je pense que, si on exigeait un permis lorsqu'il est question de
ventes pyramidales, ça pourrait peut-être être un moyen
détourné pour pouvoir empêcher ce genre d'exploitation du
public. Je me permets de penser aux Américains qui sont
extrêmement pratiques dans bien des domaines. Un groupe de femmes a fait
une parade l'année dernière et, lorsqu'elles sont arrivées
sur un pont, en guise de protestation elles se sont déshabillées.
Elles se sont fait prendre par les autorités américaines, mais
vous ne savez pas pour quel motif?
Parce qu'elles avaient pollué la rivière. C'est un exemple
peut-être un peu baroque.
M. GIASSON: Pour cette raison, vous trouvez les Américains
pratiques.
M. ROY (Beauce): Disons que j'ai trouvé l'astuce très
bonne.
M. FRASER: Avez-vous déjà entendu la phrase de M. Barnurn,
du Barnum and Baily Circus, celui qui a dit: "There is a sucker born every
minute? "
M. TETLEY: M. le Président, même en Ontario où on a
adopté la Loi de la protection du consommateur, Inspiration et
Succès a fait un ravage aussi, de même qu'aux Etats-Unis. J'ai
déjà dit, à la réunion annuelle des compagnies de
fiducie, que je trouve néfastes des prêts pour un tel projet,
comme un prêt de $1,500 pour Inspiration et Succès. Je trouve que
les compagnies de prêts ont des responsabilités claires à
ce sujet. La compagnie doit chercher la raison de l'emprunt et doit
vérifier si l'homme ou la femme en question peut vraiment emprunter et
si l'investissement est bon. A Sept-Iles, le maire a refusé un permis
municipal à Inspiration et Succès. Il y a eu aussi une bagarre
à la première ou deuxième réunion. L'entreprise est
disparue très vite. C'est peut-être un des moyens, dans votre
comté, de combattre Inspiration et Succès et d'autres
entreprises.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 1, article 3, Service de
l'actuariat, sous-article 1, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les sous-articles 2, 4 et 29
adoptés.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 2: Service de
l'inspection.
Service de l'inspection
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une augmentation assez
considérable, le ministre a fait allusion, tantôt, au
début, aux services améliorés.
M. TETLEY: Oui, en effet, c'est ça. Tout le monde nous demande de
faire l'inspection de toute entreprise.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel a été le chiffre réel
des dépenses en 70/71, parce qu'il n'y a pas tellement d'augmentation au
nombre des fonctionnaires?
M. TETLEY: En effet, la dépense réelle a été
de $304,713 nette après remboursements ou $353,077 avant les
remboursements.
M. ROY (Beauce): Le service d'inspection consiste en l'inspection des
caisses?
M. TETLEY : Des caisses, des compagnies de fiducie, des compagnies
d'assurance et tout ça.
M. ROY (Beauce): Tout est regroupé à ce poste
budgétaire-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, au poste budgétaire 2, les
sous-articles 1, 2, 3, 4, 10 et 29 adoptés.
M. LE PRESIDENT: Les sous-articles 1, 2, 3, 4, 10 et 29 adoptés.
Le sous-article 32 adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les remboursements, nous en avons parlé
tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 32, adopté. Le poste
budgétaire 3: Service des associations coopératives.
Service des associations coopératives
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser une question au ministre. A
la suite de l'adoption des lois, l'an dernier, au sujet des caisses
populaires...
M. TETLEY: L'assurance-dépôts?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, des caisses de crédit. H y avait
des articles qui comportaient la protection des noms des caisses populaires et
des entreprises qui n'étaient pas dans une fédération.
Il fallait qu'il y ait un certain contrôle sur ces entreprises.
Est-ce que les dispositions ont été prises à la suite de
la loi pour donner suite aux stipulations?
M. TETLEY: Oui, et il y avait je le sais très bien
de la coopération de la part des
fédérations qui, quelquefois, prenaient le nom des autres
caisses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, coopératives ou caisses
populaires.
M. TETLEY: Donc, à ce jour, il n'y avait pas de problèmes
ou de contestations et pas de plaintes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce le service d'inspection qui
vérifie ça aussi?
M. TETLEY: C'est plutôt une plainte par écrit que nous
recevons souvent. Je reçois presque toutes les lettres adressées
au sous-ministre, du mouvement coopératif. C'est son système de
travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au sous-article 12, les subventions, le ministre
pourrait-il nous donner la liste des subventions prévues pour
l'année prochaine?
M. TETLEY: Pas prévues, mais je peux donner la liste de l'an
dernier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TETLEY: La raison pour laquelle je ne peux pas vous donner la liste
des prévisions est que nous aurons une autre politique au
ministère au sujet des subventions. Vous avez noté que nous
chargeons nos inspections aux compagnies de fiducie et aux compagnies
d'assurance. Mais pour les coopératives, au lieu de cela, nous avons
payé notre inspection. En effet, les subventions sont souvent pour
engager des inspecteurs de l'extérieur pour faire des enquêtes,
des comptabilités, etc. Le poste 3, sous-article 12 a été
coupé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sera la même chose pour le poste 4,
sous-article 12 aussi? Est-ce que l'argumentation vaut pour le poste 4,
sous-article 12?
M. TETLEY: Oui, c'est le même principe. Le ministère n'a
pas encore décidé les sommes que nous payons cette année.
Nous avons avisé les caisses qui étaient reconnaissantes pour des
paiements faits dans les années passées, de notre politique pour
cette année. J'aimerais entendre vos commentaires. Dans certains cas, il
faut aider les caisses faibles. Dans d'autres cas, les caisses ont
été d'accord. J'ai rencontré l'association des caisses et
la fédération, privément depuis le 1er octobre, au moins
une fois, et ils acceptent le principe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ces subventions sont
accordées surtout aux fédérations qui, elles,
redistribuent aux organismes locaux?
M. TETLEY: Oui, quelquefois les fédéra- tions sont
faibles, quelquefois très fortes. Cela dépend de la caisse en
question ou de la fédération en question. Nous
préférons une subvention à la fédération
parce que nous voulons un autre contrôle des caisses particulières
par la fédération. D'autre part, parfois il faut subventionner
par exemple les caisses d'étudiants. H y a plusieurs caisses
d'étudiants qui ont apparemment réellement besoin de notre aide.
Donc, nous allons décider dans chaque cas selon les vrais besoins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce dans ce sous-article que des subventions
peuvent être payées à des associations d'étudiants
qui sont à l'étranger, dont il a été question
à certains moments?
M. TETLEY: Non, je crois qu'il n'y aura pas de telles subventions cette
année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre ne serait pas favorable à
ces subventions.
M. TETLEY: Oui, vous pouvez dire ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre nous demande notre avis, alors.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1, 2, 4, 12 et 29, adoptés. Poste
budgétaire 4: Service des caisses d'épargne et de
crédit.
Service des caisses d'épargne et de
crédit
M. CLOUTIER (Montmagny): Les mêmes questions...
M. TETLEY: Les mêmes...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... qu'au poste 3 excepté qu'au poste
4...
M. LE PRESIDENT: Sous-articles 1, 2...
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce l'intention de votre
ministère je sais que le ministère est très actif
actuellement au niveau des caisses d'épargne et de crédit pour
établir une réglementation d'exiger l'uniformisation des
procédés comptables et aussi l'uniformisation de
présentation des états financiers en vue de certaines
inspections?
M. TETLEY: En effet, c'est en cours. J'ai vu ce matin même une
lettre du sous-ministre adjoint à une caisse lui demandant d'appliquer
un autre système de comptabilité ou notre système, le
système qui se trouve dans la loi. C'est une demande que je vois souvent
et il est absolument nécessaire que chaque caisse ait le même
système de comptabilité comme chaque compagnie d'assurance ou
chaque compagnie de fiducie.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4, sous-article 1, 2, 4, 12 et
29, adoptés.
M. ROY(Beauce): Au sous-article 12, est-ce que la même question
s'applique qu'au sous-article 12 du poste 3 de tout à l'heure?
M. TETLEY: Oui.
M. ROY(Beauce): II y a moins de diminution en ce qui a trait au service
des caisses d'épargne et de crédit...
M. TETLEY: Oui...
M. ROY (Beauce): ... qu'il y en a au service des associations
coopératives.
M. TETLEY: ... Les caisses d'épargne se trouvent dans le poste
budgétaire 4, mais la raison en est que les caisses de crédit ont
besoin de notre aide cette année. Pour les caisses comme celles du
mouvement Desjardins, qui est si fort, si bien géré, il est
possible que nous diminuions notre subvention après rencontre,
évidemment. Mais les autres caisses au poste budgétaire 4 ont
vraiment besoin d'aide. C'est encore une question de jugement. J'espère
que nous pourrons...
M. ROY (Beauce): Chaque cas sera étudié à son
mérite.
M. TETLEY: Oui, à son mérite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des critères
d'appréciation?
M. TETLEY: Oui, je crois que le critère... Non, je crois que
c'est le bon jugement du ministre et surtout du sous-ministre et de ses
fonctionnaires avec la coopération des caisses. Je n'ai pas eu de
plaintes à ce jour. N'oubliez pas que c'est une enquête assez
détaillée d'une entreprise par une source
étrangère. C'est donc quelque chose de grande valeur pour elles
mais, d'autre part, parfois c'est peu intéressant les résultats
de nos comptables. Tout dépend de chaque cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, si les critères
sont discutables, il leur reste toujours le loisir de s'adresser à
l'Opposition pour faire valoir leurs revendications.
M. TETLEY: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-articles 1, 2, 4, 12 et 29, adoptés. Poste
budgétaire 5: Service des compagnies de fiducie.
Service des compagnies de fiducie
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Prési- dent, entre les postes 5 et
6 il y a une différence notable. Au poste 5, les services fournis sont
remboursés presque en entier. Au poste 6, il n'y a aucun sauf
erreur remboursement de services rendus aux compagnies de finance.
Quelle est la différence?
M. TETLEY: Nous attendons, M. le Président, l'adoption de notre
Loi des activités financières. C'est une des trois lois dont je
vous ai parlé. Aussitôt faite l'adoption, nous allons
contrôler, nous allons enquêter sur ces compagnies comme nous
contrôlons un peu les coopératives et les compagnies de fiducie,
etc. Mais aussitôt la loi adoptée, j'espère que vous verrez
au moins l'an prochain, un sous-article 32 au poste budgétaire 6,
c'est-à-dire un remboursement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 5, adopté. Poste 6:
Service des compagnies de finance.
Service des compagnies de finance
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de faire allusion aux lois
qui seront passées à l'automne probablement...
M. TETLEY: Non. J'espère qu'elles seront présentées
en juin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous espérez en juin?
M. TETLEY: Oui. Je voudrais présenter les trois lois et la Loi de
la protection du consommateur.
M. ROY (Beauce): Les lois pour que nous puissions les étudier et
les adopter, il faudrait que le ministre les dépose.
M. TETLEY: D'accord! Mais comme je l'ai expliqué, avant votre
arrivée lorsque vous étiez à une autre commission, il n'y
a qu'un certain nombre d'avocats au comité législatif et ces
avocats regardent les autres lois déjà présentées.
J'ai fait ce matin une autre demande afin que ces trois lois soient
adoptées le plus tôt possible par le comité
législatif. Il faut que je passe ces lois avant la fin de la
présente session, avant l'été. Avec votre
coopération.
M. ROY (Beauce): Notre coopération vous est acquise.
Présentement, on attend la coopération du ministre pour nous
présenter les projets de loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les services que le service des
compagnies de finance rend actuellement, par exemple, pour effectuer un certain
contrôle?
M. TETLEY: Nous essayons d'étudier le bilan. Nous n'avons pas le
contrôle que la loi va nous donner. Nous faisons quand même une
inspection, pas la même inspection que nous ferons. Nous avons plusieurs
plaintes contre les compagnies de finance. C'est une autre tâche du
service. Depuis l'adoption de la Loi de l'assuran-ce-dépôt, nous
avons eu des demandes de la Régie de l'assurance-dépôts
pour faire des enquêtes et c'est ce service qui fait quelques
enquêtes et regarde le rapport des inspecteurs. En effet, le service est
prêt à se lancer aussitôt que la loi sera adoptée. Le
budget n'est que de $71,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une chose qui me frappe, M. le
Président. Nous avons passé plusieurs postes où il y a des
services des fonctionnaires qui effectuent de la vérification, du
contrôle, de la surveillance. Quel est le lien entre tous ces
fonctionnaires? Est-ce qu'il existe des mécanismes de liaison pour
qu'ils se concertent dans leur travail?
M. TETLEY: Tous ces fonctionnaires sont sous la responsabilité
d'un seul sous-ministre, un seul ministre. Il y a des rencontres continuelles.
J'ai mentionné un colloque tenu en janvier et nous en aurons un autre ce
mois-ci. En janvier, il y a eu chez-moi une réception afin de permettre
à ces fonctionnaires de se rencontrer. Ils étaient 45 qui
ont dansé avec leurs épouses...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'était pas de l'inspection...
M. TETLEY: Ilyade grands liens surtout parce que tous ces fonctionnaires
travaillent dans la même bâtisse à Québec ainsi
qu'à Montréal. Autrefois, c'était un vrai
problème.
Il y avait neuf services au ministère, neuf divisions, neuf
chefs, neuf "coffee parties", neuf "parties" de Noël, etc. Aujourd'hui, il
n'y a qu'un ministère, et, malgré le fait que nous ayons un
service, je crois qu'il y a beaucoup de coopération depuis notre
intégration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
Service des assurances
M. LE PRESIDENT: Poste 6, adopté. Poste 7 : Service des
assurances.
M. JORON: M. le Président, au sujet des assurances, je ne sais
pas si c'est le moment de l'aborder, mais au sujet de tout le dossier de
l'assurance-automobile, est-ce que vous avez l'intention de faire bientôt
quelque chose de précis dans ce domaine?
M. TETLEY: Le 29 janvier, le gouvernement a nommé un
comité interministériel immédiat, dont était
chargé le ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives. Depuis, il a siégé sept ou
huit fois. Ce comité avait la charge de répondre à onze
questions, y compris le "demerit system", le contrôle de la route, des
suggestions que le ministère pourrait adopter immédiatement. Et
demain, en effet, ce comité-là remettra un rapport
préliminaire. J'ai assisté souvent à ses réunions
et j'ai convoqué tous les ministères encore une fois tous
les sous-ministres et les ministres pour voir le rapport.
J'espère que nous allons adopter, en vertu de ce rapport-là, une
législation, dès cette session, c'est-à-dire en septembre
ou octobre.
Nous avons, comme vous savez tous, nommé aussi un comité
pour une étude plus approfondie du problème, un comité
indépendant qui va se lancer dans la question de l'étatisation et
de tout le problème. Son mandat est sans limite. Ce
comité-là va être présent demain aussi parce qu'il
faut un lien entre les deux évidemment. J'espère qu'il y aura des
recommandations assez importantes.
M. JORON: Vous personnellement, est-ce que vous avez des opinions
déjà arrêtées dont vous pouvez nous faire part
à ce stade-ci, ou si vous préférez attendre?
M. TETLEY: Non, j'ai nommé des commissaires pour faire rapport.
Ces hommes-là vont faire leur rapport, je ne fais aucun commentaire
avant leur rapport évidemment.
M. JORON: Mais si dans la mesure où les rapports
préliminaires vous me dites qu'ils seront soumis demain on
est presque rendus au moment...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne voudrais pas être dans la situation
du ministre des Affaires sociales qui a à appliquer un rapport au lieu
de le faire préparer.
M. TETLEY: Oui, mais c'est ça le risque d'un ministre. Il demande
un rapport et voici le rapport. Il est visé, malgré le fait qu'il
n'a pas assisté et que ce n'est pas lui qui a écrit le
rapport.
Mais, d'autre part, si on veut un vrai rapport, au lieu des idées
du ministre, il faut procéder par ce moyen.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez une diminution assez
considérable au sous-article: Traitements. Je suppose que le chiffre
réel de 70/71 a été plus bas.
M. TETLEY: La raison pour laquelle il y a une diminution, c'est que
l'actuariat et surtout l'inspection se trouvent dans un autre endroit. Nous
avons retiré l'inspection. Le service des assurances n'a pas de service
d'inspection. C'était une décision difficile à prendre, au
début, mais, à l'heure actuelle, tout le monde accepte.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la responsabilité
précise du service des assurances s'il ne fait pas l'inspection?
M. TETLEY: Le service des assurances peut exiger l'inspection. Le
service des assurances est aussi responsable aujourd'hui qu'avant, sauf que le
service n'a pas ses propres inspecteurs, c'est tout. Ce service doit m'aviser
de toute difficulté de toute compagnie, il doit m'aviser des
problèmes comme l'assurance-automobile ou l'assurance des taxis ou les
problèmes des compagnies d'assurance-vie. En fait, les
responsabilités ne sont pas changées du tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'ils font l'analyse des états
financiers et des compagnies d'assurance?
M. TETLEY: Ah oui!
M. CLOUTIER (Montmagny): De quelle discipline sont ces fonctionnaires au
service des assurances?
M. TETLEY: Ces fonctionnaires sont d'anciens employés de
compagnies d'assurances, des comptables, des avocats. H n'y a pas d'actuaire
à l'heure actuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suppose que le service de l'actuariat leur
fournit des services.
M. TETLEY: Oui. Mais ils sont de toutes les professions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté. M. ROY (Beauce): Adopté. M. LE PRESIDENT: Poste
budgétaire 8.
Service du courtage immobilier
M. ROY (Beauce): Y a-t-il des changements prévus dans la Loi du
courtage immobilier?
M. TETLEY: Oui, le troisième, la loi dont j'ai fait mention. Nous
allons surveiller ou contrôler le courtage immobilier au Québec ou
plutôt les activités immobilières au Québec parce
que la loi visera tout le champ d'action, pas simplement le courtage. Mais la
loi s'intitule: Loi des activités immobilières.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire qu'à ce moment-là le
ministère, par cette loi, va pouvoir toucher toute transaction
immobilière?
M. TETLEY: C'est ça!
M. ROY (Beauce): Qu'elle se fasse de gré à gré ou
qu'elle se fasse par l'entremise de courtiers.
M. TETLEY: Qu'elle se fasse par un notaire.
M. ROY (Beauce): De toute façon, c'était toujours par un
notaire, que je passe par un courtier ou non.
M. TETLEY: Même si le notaire a une commission...
M. ROY (Beauce): Vous voulez parler des cas où le notaire agirait
comme courtier.
M. TETLEY: C'est ça!
M. ROY (Beauce): Ce que j'ai voulu illustrer, par exemple, c'est que si
une personne vend une propriété immobilière à une
autre personne, il est évident qu'elles vont aller chez le notaire, et
celui-ci a droit à ses honoraires comme notaire qui fait le contrat.
M. TETLEY: Toute personne a droit de vendre...
M. ROY (Beauce): Toute personne a droit, mais ce que je veux savoir
c'est si la loi que le ministère a l'intention de nous présenter
peut aller jusqu'à exercer une certaine surveillance là-dedans
dans certains cas.
M. TETLEY: Une personne qui vend elle-même sa maison sans avoir
recours aux services d'un courtier en immeubles n'aurait pas besoin d'un permis
parce qu'il y aura une exemption dans la loi pour une telle vente. Si la
personne vend plusieurs terrains ou des lots, elle aurait certainement besoin
d'un permis.
M. ROY (Beauce): Si un particulier, par exemple, vend plusieurs
lots.
M. TETLEY: Oui. Dans le cas de ce qu'on appelle un lotissement ou plus
de cinq lots, il aura besoin d'un permis, même s'il est
propriétaire.
M. ROY (Beauce): En tout cas, disons que ceci pourrait faire l'objet de
longues discussions, mais nous pourrons y revenir lors de l'étude du
projet de loi.
M. TETLEY: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste 8, adopté?
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste 9: Service des compagnies.
Service des compagnies
M. CLOUTIER (Montmagny): Au poste 9, si je comprends bien les services
que rend cette section du ministère, toutes les demandes d'incorporation
qui sont transmises s'adressent d'abord à ce service et les demandes
d'incorporation qui vont à d'autres ministères comme le domaine
des affaires sociales, les institutions hospitalières...
M. TETLEY: Travail.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le ministère du Travail et d'autres
corporations aussi à caractère social, les chartes sont
approuvées par ce service-là. A présent, il arrive souvent
surtout depuis quelques années que les organismes
demandent des chartes pour faire de la promotion sociale, pour faire de la
réhabilitation, pour faire toutes sortes d'oeuvres inspirées par
des bons motifs. Je comprends qu'à ce moment-là il est assez
difficile pour le ministère d'accepter, de se baser sur certains
critères pour accepter ou refuser la charte. De quelle façon
procède-t-on dans ce service-là? Est-ce qu'on recourt à
l'opinion du ministère concerné à savoir quelle peut
être l'utilité des objets mentionnés dans la charte? Est-ce
que le ministre pourrait nous donner quelques détails?
M. TETLEY: Oui, en effet, le député de Montmagny a raison.
Aussitôt qu'un groupe en vertu de la troisième partie de la Loi
des compagnies demande une charte pour une raison sociale ou autre, nous
envoyons le dossier avec une lettre demandant une opinion du ministre des
Affaires sociales ou du ministre du Travail ou peut-être les deux,
suivant le cas. Il n'y a pas évidemment de charte avant d'avoir leur
permission. Il y avait aussi le cas de Saint-Jean-Vianney où trois ou
quatre groupes ont demandé l'incorporation ou une charte pour des fins
de charité et c'est notre ministère qui a mis ensemble ces
personnes-là et finalement nous avons accordé une seule charte
avec l'approbation du ministre du Revenu qui s'occupait du problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas votre ministère qui a
émis la charte à la Compagnie des jeunes Canadiens?
M. TETLEY: Non, je crois que c'est une charte
fédérale.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste 9, adopté. Poste 10?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il est six heures, les
trois derniers postes à mon sens sont assez importants, je pense qu'il y
a, je ne sais pas, pour ma part j'aurais quelques questions à poser.
Probablement que mes collègues aussi. Alors je pense qu'il serait
préférable de remettre à demain l'étude des trois
derniers postes.
M. TETLEY: Très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, nous pouvons rapporter
progrès, nous sommes presque au terme.
M. TETLEY: Oui. Et nous ne siégeons pas ce soir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, demain, ce serait demain
après-midi.
M. TETLEY: Demain, c'est vrai.
M. LE PRESIDENT: A une heure que nous donnera le leader du gouvernement,
après les affaires de la Chambre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Après avoir disposé des affaires
du jour.
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous avons plusieurs questions,
il sera possible je pense de terminer...
M. CLOUTIER (Montmagny): Assez rapidement.
M. ROY (Beauce): ... assez rapidement avant le souper pour que les
fonctionnaires du ministère n'aient pas à revenir.
M. TETLEY: Oui et je n'ai aucune objection, si vous revenez, mais je
crois que nous pourrons terminer demain de bonne heure.
M. CLOUTIER (Montmagny): Certainement.
M. LE PRESIDENT: Alors la commission ajourne ses travaux à demain
après-midi, après les affaires courantes.
(Fin de la séance: 18 h 4)
Séance du jeudi 3 juin 1971
(Seize heures et trente huit minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Nous sommes rendus au poste budgétaire 10.
Commission des valeurs mobilières du
Québec
M. JORON: M. le Président, au poste 10 qui traite de la
Commission des valeurs mobilières du Québec, j'ai relevé
dans mes dossiers les propos tenus par le président de la Commission des
valeurs mobilières, M. Lajeunesse, au mois de novembre je pense
de l'année dernière, dans lesquels il disait à peu
près ceci, le journal rapporte: "Les amendements à la Loi des
valeurs mobilières du Québec exercent peu d'attrait sur les
électeurs de la province de telle sorte que cela la classe loin dans
l'ordre des priorités gouvernementales". C'est ce qu'a
déclaré M. Lajeunesse, ainsi de suite.
Un peu plus loin, on dit: "Dans son allocution, M. Lajeunesse a dit que
les législations sur les valeurs mobilières de l'Ontario sont
fort en avance sur celles du Québec". Je voudrais demander au ministre
ce qui se brasse du côté de l'harmonisation entre les
différentes commissions mobilières provinciales à travers
le Canada et, d'autre part, quelle est sa réaction face à la
proposition ontarienne d'un COMSEC, d'une commission qui incluerait le
gouvernement fédéral et les dix gouvernements provinciaux dans le
cas des émissions évidemment qui touchent plus d'une province.
Qu'est-ce qu'on fait, en d'autres mots, pour accélérer
l'émission d'un prospectus au Québec qui a toujours
été un...
M. TETLEY: Voici, je crois que l'émission d'un prospectus ou
d'une note d'information est plus vite au Québec qu'en Ontario. A deux
reprises, j'ai fait des enquêtes pour vérifier si c'est vrai ou
non ou pour inciter notre commission à travailler plus vite ou aussi
vite que possible.
La suggestion d'une commission COMSEC ou même la suggestion du
fédéral d'une commission fédérale des valeurs
mobilières, je trouve cela, pour le moment au moins, inacceptable, parce
que je ne veux pas créer un autre niveau de commission où il faut
faire une demande si on veut émettre des obligations, des actions. Aux
Etats-Unis, il y a deux niveaux de commission: le fédéral et les
commissions des Etats.
Pour cette raison je suis contre la proposition du
fédéral. Je suis aussi contre la proposition du
fédéral parce que le fédéral, à mon avis, va
installer sa commission peut-être à Toronto ou Ottawa et je veux
qu'on ait une commission, un marché de capitaux à Montréal
ou au Québec. Si le fédéral avait l'idée de
l'installer au Québec, à Montréal, pour tout le Canada,
évidemment je serais prêt à considérer avec
enthousiasme une telle décision.
Au sujet de COMSEC qui est une suggestion faite il y a six mois, je
crois, par l'Ontario, c'est une suggestion assez intéressante sauf que
depuis ce temps-là les provinces se sont réunies, les commissions
des valeurs mobilières de chaque province se sont réunies et ont
décidé d'adopter un système de coopération par
lequel un prospectus ou une note d'information est étudié disons
à Montréal et immédiatement après, un avis par
Télex est envoyé à chaque commission de chaque province.
Le système est en marche depuis deux mois, je crois, ça va
très bien. Il n'y a pas même de problème de langue. Et
ça évite, je crois, une commission fédérale ou
même l'idée de l'Ontario.
Je crois que l'Ontario aussi avait l'idée d'un seul siège
social à Toronto. C'est pourquoi je préfère le
système actuel au moins pour le moment.
M, JORON: Le système actuel veut dire que, dès l'instant
où un prospectus est approuvé par une commission provinciale, les
autres s'engagent, sur la foi de l'étude faite par la commission
concernée, à l'accepter sans autre modalité, sans autre
délai.
M. TETLEY: C'est ça, sauf peut-être quelques notes dans le
cas de la Colombie-Britannique pour une raison régionale. Mais, à
ce jour, les résultats sont formidables.
M. JORON: Cette espèce de protocole-là, si on peut
l'appeler ainsi, nous engage à prendre de bonne foi le jugement de
certaines commissions. Je comprends que ce n'est pas à vous
diplomatiquement de vous prononcer, on sait qu'il y a des provinces beaucoup
plus petites qui sont relativement mal équipées, si je
réfère à certaines incorporations qui ont
été faites à l'Ile-du-Prince-Edouard ou ailleurs, cela
peut devenir à certains moments dangereux. En fait, c'est un jugement
qu'on se trouve à porter sur les autres commissions provinciales. Est-ce
que cela ne peut pas comporter des dangers? Evidemment, peut-être
qu'à ce moment-là la commission du Québec a l'oeil plus
averti quand cela vient d'une province moins bien équipée.
M. TETLEY: Tout d'abord, c'est vrai que tout le monde regarde notre
commission d'un bon oeil. Notre commission a une grande réputation.
Aussi, je crois que les 24 premières demandes, en vertu du
système que je viens de décrire, étaient soit de Toronto,
Vancouver ou Montréal et non des autres provinces.
M. JORON: C'est très rare que ça vient de...
M. TETLEY: Montréal a eu sa part et peut-être plus que sa
part parce que notre commission travaille avec une certaine rapidité.
Malgré ça, je crois que le système va très
très bien. D'autre part, je le regarde soigneusement
parce que je ne veux pas qu'à Montréal ce soit
remplacé par un tel système.
M. JORON: Il y a un avantage dans cette entente mutuelle, c'est
qu'à ce moment-là la compagnie qui veut faire émettre des
titres le plus rapidement possible aura tendance à aller s'adresser
à la commission qui fait le travail le plus rapide et le plus efficace.
C'est peut-être une façon de stimuler l'activité
financière à Montréal. Cela fait une saine
émulation entre les provinces.
M. TETLEY: C'est ça, sauf que chaque commission a l'obligation de
faire un rapport au moins préliminaire dans les cinq jours. D'autre
part, une commission qui est trop exigeante pour les petits détails
serait dépassée. En effet, il y a un avantage d'être
efficace. La concurrence a vraiment commencé avec ce système.
M. JORON: M. le ministre, où en est-on avec le rapport Moore?
M. TETLEY: Le rapport Moore est un rapport d'une commission
formée de membres des Bourses de Montréal, Toronto et Vancouver.
M. Moore lui-même est de Toronto. Le rapport Moore a été
publié et demande de limiter le nombre de courtiers en valeurs
mobilières au Canada. A première vue, c'est une bonne
idée. C'est certainement une bonne idée pour Toronto parce que
Toronto contrôle, en partie au moins, les Bourses de Vancouver et de
Montréal par le moyen d'un siège social à Toronto et d'une
succursale à Montréal ou même par le fait que le
siège social est à Montréal mais le vrai bureau-chef est
à Toronto. Je n'ai pas pris de décision finale jusqu'à
maintenant sur le rapport Moore. Nous avons nommé la commission Bouchard
afin de faire enquête et de répondre à des questions que le
rapport Moore n'a pas étudiées.
Il y a le problème... peut-être au lieu de protéger
Toronto par les moyens suggérés par le rapport Moore qui parle
tout simplement du Canada mais j'ai l'impression que ça va aider
Toronto il faudrait protéger Québec. J'aimerais
considérer quelques membres d'Europe dans notre bourse. Vous êtes
au courant de notre bourse, vous la connaissez très bien,
peut-être pourriez-vous nous renseigner sur une telle suggestion.
Apparemment, il y a plusieurs actions en Europe qui ne sont pas cotées
à la Bourse de New York ou aux autres bourses pour certaines raisons.
C'est en cherchant un endroit où elles peuvent être vendues et
achetées en Amérique que Montréal pourrait devenir
l'endroit de ces ventes, comme Bruxelles est un endroit de vente et d'achat, et
Londres est un centre d'assurance de tout le monde, qu'en pensez-vous?
M. JORON: Je pense que vous avez tout à fait raison d'aborder ce
sujet, c'est une ouvertu- re qui peut s'avérer très
intéressante. Il y a des compagnies européennes, des compagnies
multinationales considérables. Je pense à Philipps, en
particulier, la compagnie Hollandaise d'équipement électronique
et d'outillage électrique qui est, après General Electric, la
plus grosse au monde et dont près de 20 p.c. et à une
époque, ça été même près de 40 p.c.
des actions étaient détenues en Amérique du Nord.
Or, ce sont des histoires de comptabilité pour des raisons d'ordre,
justement parce que la Bourse de New York a une réglementation qui n'a
pas la même forme de comptabilité que nous et que ça ne
répond pas aux critères exigés par la Bourse de New York.
Il y aurait certainement un avantage énorme à ce que de telles
actions, pour garder cet exemple, puissent être transigées
à une bourse en Amérique du Nord. Cela impliquerait
évidemment à ce moment-là que les règlements de la
Bourse de Montréal, les règlements d'inscription de la Bourse de
Montréal, différeraient largement de ceux de la Bourse de New
York et peut-être de certains règlements nord-américains au
point de vue comptable. Cela impliquerait aussi à ce moment-là
une intervention du ministère des Institutions financières par la
Commission des valeurs mobilières pour imposer les règlements
à la bourse.
M. TETLEY: C'est la deuxième partie de votre question si vous me
le permettez. Vous avez fait la comparaison avec Montréal et Toronto
à partir d'une remarque ou d'une citation de M. Marcel Lajeunesse, le
président de notre Commission des valeurs mobilières. J'ai
déjà annoncé des amendements à la Loi des valeurs
mobilières. Un de ces amendements n'est pas le contrôle mais la
supervision de nos deux bourses, la Bourse Canadienne et la Bourse de
Montréal par la Commission des valeurs mobilières, donnant
à la commission les mêmes pouvoirs que la Commission des valeurs
mobilières de Toronto a à l'heure actuelle sur la Bourse de
Toronto. Par ce moyen, M. Lafferty, qui a perdu son appel devant la bourse
aurait droit d'appel directement à la commission. Cette commission, ne
l'oubliez pas, est indépendante. Les membres sont nommés à
vie. Le président a le salaire d'un juge de la cour Supérieure.
Les commissaires sont assez indépendants.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quel genre de promotion le ministre
songe-t-il pour intéresser des entreprises étrangères, des
entreprises multinationales à venir faire inscrire leurs actions
à la Bourse de Montréal?
Est-ce que la Commission des valeurs mobilières est
équipée pour faire une telle promotion ou si elle pourrait
joindre son action à celle des bureaux du Québec à
l'étranger par l'intermédiaire de certains
spécialistes?
M. TETLEY: C'est très difficile de trouver
des compagnies qui veulent se coter à nos bourses. Mais les deux
bourses à Montréal ont des experts, des commis-voyageurs si vous
voulez, des gens qui visitent l'Europe, New York et vont souvent ailleurs.
J'avais l'intention de visiter New York à la fin de juin. J'étais
prêt, mais nous avons la session et il est très difficile de
quitter Québec. J'ai rencontré à plusieurs reprises des
présidents de compagnies qui voulaient se coter à notre bourse.
Je travaille avec le président des deux bourses. Je travaille aussi avec
le gérant général, M. Charles Neapole. Je crois vraiment
c'est un problème qu'un ministre peut aider beaucoup ces
bourses-là. Nous n'avons pas de budget pour de telles entreprises, mais
la présence du ministre peut aider certainement une compagnie à
décider de s'installer à la Bourse de Montréal au lieu de
la Bourse de Toronto ou de Vancouver. Le problème est que nous
siégeons presque dix mois par année. Le ministre est aussi un
administrateur. Je me demande par quel moyen on peut faire ce travail.
Peut-être par des ministres associés ou peut-être
faudra-t-il au Québec une espèce de ministre qui
représente la province tout simplement et qui n'a pas de
tâche...
M. JORON: Les Affaires étrangères, quoi! M. TETLEY: Je
parle d'un ministre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Un ministre itinérant.
M. TETLEY: Un ministre itinérant ou je ne sais quel titre. Peu
importe. Le ministre de l'Industrie et du Commerce a le même
problème et, de plus, il est leader parlementaire. Notre Loi des valeurs
mobilières va aussi donner un droit d'appel de la décision de la
commission qui n'existe pas encore. Nous allons donner le droit de faire des
règlements au sujet des initiés, "insider trading" etc. Il y a
d'autres changements à la loi que je trouve très importants. Dans
l'administration interne, nous allons, j'espère, donner à la
commission plus de pouvoirs judiciaires et moins de pouvoirs administratifs.
Parce que la commission, à l'heure actuelle, est administratrice aussi
d'une partie de la gestion de la commission. Le président doit commander
des crayons, de la papeterie, etc. Je veux qu'il s'occupe de jugements tout
simplement et aussi de l'incitation à des compagnies de faire affaires
à Montréal.
M. JORON: II y aurait un transfert de charges administratives, à
ce moment-là, au ministère lui-même.
M. TETLEY: Oui, mais non les pouvoirs de faire des règlements ou
de refuser ou d'accepter un prospectus.
M. JORON: Est-ce que nous pouvons attendre cette
législation-là pour l'automne?
M. TETLEY: J'espère pour le mois de juin. C'est presque tout
prêt, sauf, encore une fois, nous avons ce problème que le
comité législatif, les avocats, les fonctionnaires ont beaucoup
de travail.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions au poste 10,
sous-article 1: Traitements, salaires? Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant d'adopter l'article 1, je vois que tous
les effectifs demandés à la Fonction publique, soit 37, ont
été obtenus. Il y a 37 postes qui ont été
demandés pour 71/72 et les postes obtenus, au 1er avril 1971, sont de
37. Le ministre songe-t-il, l'an prochain, évidemment pour donner suite
à toutes ces excellentes suggestions dont il a été
question, des initiatives et de la promotion, à augmenter les effectifs
de la commission?
M. TETLEY: Oui, j'aimerais cela. Je voudrais, en effet, pour le
ministère, un autre service, un service d'incitation ou de vendeurs
itinérants pour tous les services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand le ministre pense à un ministre
itinérant, il ne pense pas nécessairement au ministre des
Transports.
M. TETLEY: Non, pas du tout. Par exemple, il nous faut, à mon
avis, un représentant du ministère en Europe; pas
nécessairement à Londres ou à Paris, mais peut-être
à Amsterdam, à Bruxelles ou je ne sais trop où. Je donne
l'exemple de l'un de mes amis, un ingénieur diplômé de
Harvard Business School, un Québécois bilingue, employé
par l'Ontario, par Stanley Randall du ministère de l'Industrie et
Commerce de l'Ontario. Il a son bureau à Amsterdam; non, il n'a pas de
bureau, il a un appartement, son épouse, un téléphone et
une automobile, mais je crois qu'il fait du bon travail. Au moins, il fait acte
de présence et je sais que, par exemple, à Paris ou à
Londres, il y a trois personnes du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
J'ai quelquefois envoyé des demandes à ces personnes pour
s'occuper de nos problèmes et ils travaillent très bien et
très fort. Ils ont assez de problèmes. J'aimerais peut-être
avoir un représentant à New York parce que New York peut nous
aider facilement et peut-être aussi ailleurs. Donc, je vois vraiment un
autre service. Mon gros problème, c'est que le ministère est
très jeune et, au lieu de commencer comme ministre le 12 mai, j'ai
commencé le 1er octobre. J'ai dû recommencer l'étude du
problème des lois et je suis six mois en retard.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre peut rattraper quelques-uns de ses
collègues. Le ministre est vite.
M. TETLEY: Je vous remercie, mais je vois que le problème est
difficile. D'autre part, les fonctionnaires ont de l'initiative et de
l'énergie. Le ministère est très jeune et je crois qu'il
peut faire du rattrapage. Je vous remercie de votre compliment.
M. LE PRESIDENT: Article 1? M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M.
LE PRESIDENT: Adopté. Article 2? M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. ROY (Beauce): En quoi consistent ces honoraires?
M. TETLEY: Ce sont des analystes, ou des ingénieurs, ou des
comptables lorsqu'une semaine la commission reçoit sept ou huit
recommandations, nous voulons que les prospectus passent très vite et
nous employons les services d'experts de l'extérieur comme des
analystes, des recherchistes. Quelquefois, lorsqu'il y a un problème
spécial ou qu'une compagnie est en difficulté, lorsqu'il y a une
enquête très spéciale, une compagnie papetière,
etc., nous n'avons pas de spécialistes.
M. LE PRESIDENT: Alors, sous-article 3, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Sous-article 4.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Sous-article 5. M.
CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Sous-article 10.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté jusqu'au sous-article 29.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 29, adopté. M. ROY (Beauce):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste 10, adopté. Poste 11.
Régie de l'assurance-dépôts du Québec
M. ROY (Beauce): Poste 11 : Régie de
l'assurance-dépôts du Québec, est-ce que le
ministère prévoit des changements à la Loi de la
Régie de l'assurance -dépôts ?
M. TETLEY: Non. Peut-être avez-vous en vue la question de
l'assurance de certaines coopératives? Vous savez que la loi existe
depuis longtemps, mais nous avons mis en marche la régie le 1er juillet.
Depuis ce temps, de mémoire, l'an dernier, nous avons assuré
1,632 institutions et nous faisons de grands progrès. N'oubliez pas que
c'est la seule province qui a une telle régie. Peut-être que je
dois informer la commission que jusqu'à maintenant nous ne chargeons pas
de commission alors que le fédéral charge une commission.
L'assurance est donc gratuite présentement au Québec. En effet,
le fédéral impose une taxe qui est une prime, si vous voulez. Je
crois que c'est l'intention du gouvernement, un bon jour, bientôt,
d'exiger la même prime, mais évidemment avec une ristourne
égale au paiement au fédéral, s'il y en a.
M. HARVEY (Chauveau): Lorsque vous parliez de certaines entreprises
coopératives, dans mon esprit vient tout de suite la question des
caisses d'entraide économique du Québec. Nous en avons
déjà parlé, je connais substantiellement votre opinion
là-dessus. Une chose qui ne me surprend pas, c'est qu'il y en a
quelques-unes qui sont déjà régies par
l'assurance-dépôts du Québec, d'autres ne le sont pas,
peut-être un nombre de huit ou dix sont actuellement sous la régie
de l'assurance-dépôts. Quelles sont les raisons pour lesquelles
les autres ne le sont pas? Est-ce qu'il y a à ce moment-là des
critères établis et qui sont défavorables à celles
qui voudraient être considérées à l'intérieur
de cette régie? Quelle est votre politique d'avenir vis-à-vis des
caisses d'entraide économique qui sont au nombre d'une quarantaine
à travers le Québec?
M. TETLEY: Oui, M. le Président, il y a huit caisses d'entraide
économique assurées, huit ou dix sur, je crois, 44. L'assurance
cependant naît des dépôts à ces caisses, donc
même les huit ne sont pas vraiment assurées pour la grande partie
de leurs opérations ou des sommes détenues.
Par exemple, à une caisse populaire, vous déposez votre
argent, c'est un vrai dépôt. A une caisse d'entraide
économique, évidemment, il n'y a pas d'intérêt, mais
on y fait des profits qui, chaque année, sont élevés et
beaucoup plus élevés qu'à une caisse d'épargne.
Vous n'avez pas un dépôt, vous avez des parts et aucune compagnie
ou coopérative n'est assurée pour ses parts. Donc, la
première distinction à faire est de noter que, pour les caisses
d'entraide économique, les huit qui sont assurées le sont tout
simplement pour certains dépôts, si, par exemple, quelqu'un fait
un dépôt d'argent à ces caisses, sans recevoir de
parts.
La deuxième partie de votre question est pour savoir si nous
allons modifier notre politique. Oui, nous avons un plan, nous avons
rencontré souvent les caisses d'entraide économique,
j'espère rencontrer bientôt encore tous les présidents de
toutes les caisses, pas simplement la fédération, et expliquer
notre suggestion qui en est une préparée avec le ministère
de l'Industrie et du Commerce. Par ce moyen, nous espérons aider
davantage l'investissement régional, aider les caisses d'entraide
économique et aussi éviter toute perte possible au gouvernement
parce que le gouvernement est un assureur responsable sans aucune prime
présentement et à l'avenir pour une prime minime, et on ne peut
garantir n'importe quel risque.
Les caisses d'entraide économique ont des risques plus
élevés peut-être que d'autres caisses, mais par contre
elles paient des profits beaucoup plus élevés aussi.
Donc, cela, c'est notre politique générale.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, durant l'étude
du projet de loi no 20, la Société de développement
industriel, il a été question d'associer l'action de la
Société de développement industriel avec celle des caisses
d'entraide de cette façon-ci, c'est-à-dire que les fonds
disponibles aux caisses d'entraide économique auraient pu être
prêtés à l'industrie. Etant donné que le taux
d'intérêt sont assez élevés, à ce
moment-là la Société de développement industriel
aurait pu considérer la possibilité de subventionner l'industrie
tenant compte du taux d'intérêt payé à la caisse
d'entraide économique pour l'emprunt.
A ce moment-là, la suggestion que j'avais faite a
été prise en note par les sous-ministres concernés. Est-ce
qu'il y a eu depuis ce temps de nouveaux développements, étant
donné que la société qui a commencé ses
opérations...
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... était prête, on est à
édicter les règlements?
M. TETLEY: Présentement, aucun prêt n'a été
fait dans ce sens. Je crois que c'est plutôt au ministre de l'Industrie
et du Commerce que vous devriez poser votre question. Mais aucune
démarche positive n'a été faite et j'espère qu'il y
en aura dans l'avenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, je pose la question au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives parce que je
sais qu'il a une excellente mémoire et que si son collègue...
M. TETLEY: J'étais présent.
M. CLOUTIER (Montmagny): II était présent, il est
intervenu, il a dit à ce moment-là qu'il avait rencontré
les caisses, il a dit son appréciation pour le travail des caisses
d'entraide économique et c'est pour rappeler au ministre l'engagement
à ce moment-là qu'avait pris le ministre de l'Industrie et du
Commerce et, si sa mémoire lui fait défaut, je sais que le
ministre des Institutions financières, Compagnies et Coopératives
veille et qu'il va voir à ce que cette possibilité soit
réellement étudiée et utilisée. Parce qu'il y a $60
millions qui peuvent être utilisés.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, ça augmente à tous les
jours, disons que je donne ça sur le rapport du mois d'avril.
M. TETLEY: Bien, c'est peut-être $38 millions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, il y a $60 millions de souscrits, il n'y
a pas...
M. TETLEY: De souscrits, il y a peut-être $60 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ou $70 millions.
M. TETLEY: Oui. Bon, je prends note encore une fois et je vais
m'informer.
M. ROY (Beauce): M. lé Président, pour la Régie de
l'assurance-dépôts, nous avons le plaisir d'avoir le directeur
général avec nous. On dit ici dans un document qui a
été émis par l'Office d'information et de publicité
du Québec qu'il y avait 1,800 institutions...
M. TETLEY: Ils ont souvent tort.
M. ROY (Beauce): Ils ont souvent tort, mais disons que ça va
permettre au ministre...
M. TETLEY: Non, ce n'est pas vrai.
M. ROY (Beauce): ... de rectifier certains faits. On dit: La
régie contribuera à créer au Québec disons
qu'elle le fait présentement un réseau sain d'institutions
financières grâce à la surveillance exercée sur
quelque 1,800 institutions qui recueillent des fonds du public.
Le ministre vient de nous dire qu'il y a 738 institutions actuellement
qui sont régies alors qu'on nous donne un chiffre qui est de 1,800
institutions. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, grâce aux
informations que pourra lui fournir, par exemple le président directeur
général de l'assurance-dépôts et pour quelles
raisons elles ne le sont pas?
M. TETLEY: Vous avez certaines caisses, comme les caisses d'entraide
économique, vous avez certaines autres compagnies qui n'ont pas fait de
demande, vous avez certaines autres qui l'ont faite mais qui ne remplissent pas
les exigences, surtout du système de comptabilité.
Le président, qui est aussi sous-ministre, a dit que le chiffre
de 1,800 a été lancé mais que ce n'est peut-être pas
le chiffre exact. Moi-même, j'ai été un peu surpris du
chiffre. Je crois que c'est beaucoup plus élevé que 1,800. Mais,
apparemment, il n'y a pas beaucoup d'institutions qui ne sont pas
assurées aujourd'hui.
M. ROY (Beauce): H n'y en a pas beaucoup. J'ai pensé que
peut-être on avait inclus dans les 1,800 les caisses populaires
individuelles comme telles, alors qu'au niveau de la Régie de
l'assurance-dépôts, on considère peut-être le
mouvement dans son ensemble.
M. TETLEY: Non.
M. ROY (Beauce): II n'est pas question de cela. Disons que je suis un
peu surpris que les chiffres de l'Office d'information et de publicité
du Québec ne semblent pas conformes. Je ne voudrais pas faire un
parallèle avec ce qu'a dit le ministre des Affaires sociales,
hier,...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour ça que...
M. ROY (Beauce): ... lorsqu'il a blâmé le
député de Rouyn-Noranda d'avoir pris ses renseignements dans une
revue de l'Ontario. Je serai peut-être obligé de faire la
même chose.
M. HARVEY (Chauveau): Au moins, vous avez l'avantage...
M. TETLEY: C'était à quelle date votre
communiqué?
M. ROY (Beauce): C'est un communiqué qui a été
émis au mois de juin 1970.
M. TETLEY: En juin?
UNE VOIX: Ah! C'était au début...
M. ROY (Beauce): On parlait de 1,800 institutions qui recueillent des
fonds du public. Je pense que le chiffre peut valoir encore aujourd'hui. J'ai
noté tout à l'heure que le ministre nous disait qu'il y avait
738...
M. TETLEY: ... 1,632 sur 1,800... M. ROY (Beauce): 1,632... M. TETLEY:
Oui.
M. ROY (Beauce): Ah! Je m'excuse. J'avais compris 732.
M. TETLEY: Non, 1,632 sur 1,800...
M. ROY (Beauce): Oui, la différence s'explique facilement.
M. HARVEY (Chauveau): Pour revenir aux caisses d'entraide
économique, si vous me permettez...
M. ROY (Beauce): Excusez, je voulais... M. HARVEY (Chauveau): Non,
allez-y...
M. ROY (Beauce): C'est parce que je parlais justement des caisses
d'entraide économique, mais je vais vous laisser poser votre question et
j'y reviendrai après.
M. HARVEY (Chauveau): A la lumière de ce que le ministre a dit
tout à l'heure, et si on considère que certaines caisses
d'entraide économique ont cette reconnaissance ou cette protection de la
Régie de l'assurance-dépôts, il est clair que c'est parce
qu'elles se conforment aux règlements du ministère, je pense.
Deuxièmement, on sait que le permis de fonctionnement d'une caisse
d'entraide économique provient justement du ministère des
Institutions financières.
Or, lorsqu'on donne le feu vert à une exploitation
financière quelconque, c'est à la lumière,
évidemment, d'une réglementation qui doit régir cette
même caisse. Si on regarde le nombre de caisses, disons,
chapeautées par cette protection, on voit que ce sont, pour la plupart,
les premières caisses qui ont existé, sauf quelques-unes,
évidemment. Alors ces nouvelles caisses entrées, sans mentionner
de nom, je pense à une en particulier, qu'est-ce qui les empêche
de bénéficier de cette protection?
M. TETLEY: Elles ne reçoivent pas de dépôts, mais
pour leurs dépôts, tout dépend de leur système de
comptabilité, parce que chaque caisse est étudiée
individuellement.
M. HARVEY (Chauveau): Comment interprétez-vous, M. lé
ministre je voudrais être renseigné là-dessus
la différence entre versements mensuels via une caisse d'entraide
économique et un dépôt qui peut être un
dépôt global? C'est ça que vous faites comme
différence?
M. TETLEY: Voici, quelqu'un qui a des actions est un sociétaire,
et les membres d'une caisse d'entraide économique sont des
sociétaires...
M. HARVEY (Chauveau): En vertu des coopératives...
M. TETLEY: ... et ils déposent, disons, $1,500 ou $2,000 plus une
certaine somme pour l'administration, cette année, et aussi qui peut
être, dans certains cas, une partie des profits. Mais quelqu'un qui fait
un dépôt, il dépose $2,000 et il a un certificat de
dépôt. D reçoit peut-être 5 p.c. où 7 p.c.
d'intérêt. Il a un premier droit contre la caisse, avant tout
sociétaire. Mais le sociétaire croit, parce qu'il prend des
risques, c'est du capital-risque, qu'il aura droit à 10 p.c., soit le
pourcentage du profit et du revenu distribué chaque année...
M. HARVEY (Chauveau): M. le Ministre... M. TETLEY: ...par des
caisses.
M. HARVEY (Chauveau): ...dans l'intention que vous avez
énoncée tout à l'heure, à savoir de convoquer
éventuellement tous les présidents de chacune des caisses
d'entraide économique et possiblement les membres de la
fédération, est-ce qu'on ne doit pas voir là, dans
cette action de votre part, une table ronde susceptible d'apporter une
solution au problème qui se pose...
M. TETLEY: Oh oui.
M. HARVEY (Chauveau): ...particulièrement dans les caisses
d'entraide?
M. TETLEY: Ce n'est pas la première réunion. J'ai dit hier
que les caisses, en général, me préoccupent beaucoup.
C'est un plaisir. J'ai eu plusieurs réunions privées, publiques,
dans des restaurants, au Café du Parlement, dans des cercles
universitaires, restaurants, motels avec les dirigeants des caisses qui sont
des hommes d'affaires, grands vendeurs, commis voyageurs et chasseurs de primes
et chasseurs de ministres! Donc, finalement, j'ai rencontré, à
plusieurs reprises, la fédération. Mais cette fois-ci, je vais
rencontrer les présidents de toutes les caisses et aussi les officiers
de la fédération.
M. HARVEY (Chauveau): C'est un domaine qui m'intéresse.
M. TETLEY: Très bien.
M. HARVEY (Chauveau): Merci, M. le ministre.
M. TETLEY: Etes-vous officier?
M. HARVEY (Chauveau): Ce serait difficile.
M. LE PRESIDENT: Le député de...
M. LATULIPPE: Qu'est-ce qui empêcherait exactement d'adopter un
projet de loi pour dire que le capital social peut être assuré de
la même façon qu'un dépôt? Parce qu'enfin de compte,
même s'il y a une différence fondamentale, ils remplissent
exactement les mêmes fonctions dans...
M. TETLEY: Ah! Je vais vous donner une raison. Parce qu'aussitôt
que le gouvernement stipule qu'il garantira pas simplement les
dépôts mais les actions, il garantira Bell Telephone, Aluminium
Company, CPR, n'importe quelle action, en effet; c'est l'étatisation de
l'industrie par le gouvernement de garantir toutes les actions.
M. HARVEY (Chauveau): II faudrait avoir un gouvernement socialiste
à ce moment-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais dire au ministre...
M. TETLEY: Ce serait une prime assez élevée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce. M. CLOUTIER
(Montmagny): ...des Institu- tions financières que j'ai profité
de la visite du ministre de l'Industrie et du Commerce pour lui rappeler le
problème dont nous avons discuté tantôt.
M. TETLEY: Ah bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne l'a pas oublié.
M. TETLEY: Très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): II a admis que le ministre des Institutions
financières avait une très bonne mémoire aussi.
M. TETLEY: Je note que le ministre de l'Industrie et du Commerce est en
forme aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Voici, je pense que nous venons de toucher un point
extrêmement important, comme l'ont souligné les
députés de Chauveau et de Frontenac, la question du capital
social dans le mouvement coopératif au Québec. Le même
problème se pose, je pense, dans les caisses d'entraide
économique, dans nos caisses d'économie, dans les "Cendel
Credit", dans ce genre de caisses. Il se pose également dans les caisses
populaires et les caisses d'établissement.
M. TETLEY: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Alors, nous verrions très bien le rôle de
la Régie de l'assurance-dépôts de donner de l'assurance
à notre mouvement coopératif au Québec et d'augmenter la
confiance des épargnants. Parce que disons que, dans les régions
éloignées du Québec, dans les régions rurales du
Québec, si nous n'avions pas le mouvement coopératif pour
recevoir les dépôts des gens et leur consentir des prêts,
qu'est-ce que nous aurions?
M. TETLEY: D'accord.
M. ROY (Beauce): Une succursale de banque à toutes les deux ou
trois localités et même pas de concurrence, mais une succursale de
banque. Alors, il faut aller dans les grands centres pour voir deux succursales
de banque, pour voir une certaine concurrence dans le domaine bancaire en vue
d'assurer un meilleur service à la population. A ce moment-là, le
mouvement coopératif, justement par rapport aux investissements qui ont
été faits ailleurs, soit dans les sociétés de
fiducie, soit dans tous les autres mouvements qui ont donné de l'ampleur
au niveau des assurances et ailleurs, a demandé aux épargnants ou
aux sociétaires des caisses populaires d'augmenter leur contribution en
termes de capital social. Même, l'assurance-vie Desjardins a
accordé aux Caisses populaires des
privilèges spéciaux, des privilèges d'assurance-vie
pour tâcher d'inciter les gens à souscrire du capital social dans
le mouvement coopératif afin que le mouvement coopératif,
justement, soit capable de jouer son rôle.
Je verrais très bien, d'ailleurs c'est un peu le sens que
j'avais, dans mon imagination, prévu pour la Régie de
l'assurance-dépôts lorsqu'elle a été
créée... La Régie de l'assurance-dépôts
garantira, en quelque sorte, les épargnes de nos gens, chez nous, dans
nos institutions parce qu'en somme, il ne s'agit aucunement d'étaliser.
Je pense que, s'il y a une forme coopérative qui est bonne, c'est dans
le domaine de l'épargne et dans le domaine du crédit. Alors je
voyais très bien, à ce moment-là, la Régie de
l'assurance-dépôts aller un peu plus loin que ce qu'elle a
été jusqu'à maintenant en vue de donner, justement, cette
confiance aux Québécois d'investir dans leurs institutions
à eux.
Je comprends que le mouvement coopératif est peut-être en
concurrence avec certaines grosses institutions financières, dans les
grands centres, mais cette concurrence n'existe pas dans les régions
éloignées. Les grosses institutions financières sont
installées à Québec, Montréal, Sherbrooke,
Trois-Rivières. En dehors de cela, je pense qu'elles sont à peu
près inexistantes, sinon en très faible pourcentage. Alors je me
demande s'il n'y aurait pas lieu de suggérer à la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec, de suggérer au
ministre des Institutions financières de se pencher sur ce
problème pour tâcher de donner les avantages et les garanties que
nos épargnants on droit d'obtenir si on veut, justement, qu'ils
investissent dans nos institutions pour que nos institutions puissent permettre
à notre économie de se développer. Quitte, M. le
Président, à faire un peu comme ce qui existe, par exemple, dans
l'assurance-automobile, en ce qui a trait au capital social,
c'est-à-dire avoir un déductible.
Par exemple, pour être sociétaire d'une caisse
d'épargne et de crédit, il suffit d'un capital de $5 seulement.
La loi est là. Mais il y a des gens qui souscrivent jusqu'à 400
actions de capital social, jusqu'à $2,000 de capital social. A ce
moment-là, les gens, au lieu de souscrire du capital social,
étant donné qu'il n'est pas assuré, ont plutôt
tendance à le déposer sous forme d'épargne. Mais les
capitaux de la caisse populaire, de la caisse d'économie ou des caisses
d'ordre économique, des caisses d'établissement ou autres servent
exactement les mêmes fins.
M. TETLEY: Ils n'ont pas le même intérêt ou profit
non plus.
M. ROY (Beauce): Justement, le mouvement coopératif a
peut-être été obligé de donner plus
d'intérêt au capital social justement parce qu'il y avait des
désavantages à côté.
M. TETLEY:. C'est cela. Mais voici: si je reçois une lettre des
caisses d'entraide économi- que demandant que leurs actions soient
assurées aussi bien que leurs dépôts, je reçois
peut-être deux lettres de l'autre côté de la
médaille, c'est-à-dire de personnes je ne dis pas des
caisses mais des caisses ordinaires qui ne veulent pas de concurrence
comme cela parce que leurs dépôts sont assurés mais,
d'autre part, ils paient des dividendes de 4 p.c. ou 5 p.c, non pas de 10 p.c.
C'est du capital de risque plutôt qu'un dépôt. C'est le
problème. Peut-être avez-vous une solution?
Que feront les caisses populaires si nous assurons les actions? C'est
difficile de payer 10 p.c. à chaque année, si elles paient 10
p.c, assurées par nous. Si elles paient 20 p.c. et font faillite,
sont-elles prêtes à accepter notre contrôle et dire: Cette
année, aucun dividende?
M. JORON: M. le Président, sur ce sujet...
M. ROY (Beauce): Toutes les caisses ne paient pas 10 p.c.
M. TETLEY: La plupart des caisses d'entraide économique paient 10
p.c.
M. JORON: M. le Président, pour éclairer le débat,
peut-être serait-il utile de rappeler la distinction importante le
ministre l'a rappelée tout à l'heure entre un dépôt
et un investissement. Il y a une différence fondamentale entre un
dépôt qui peut être retiré en tout temps et qui est
forcément prêté par l'institution en question, à
court terme, puisqu'elle court le risque d'être obligée de le
rembourser tôt et un investissement qui peut être engagé
pour une période beaucoup plus longue.
A ce compte-là, il ne faut pas oublier qu'immédiatement,
si on doit assurer les investissements finalement, c'est presque
à cela que cela nous amène si on doit assurer à peu
près toutes les formes d'investissements au Québec, il est clair
que les détenteurs d'obligations de la SDI, par exemple -- ils ont
peut-être la garantie du gouvernement, nous ne le savons pas
réclameraient la même assurance. Les actionnaires de la SGF, par
exemple, ceux qui ont prêté des capitaux à la SGF sous
quelque forme que ce soit, que ce soit sous forme d'actions ordinaires ou
d'actions privilégiées ou d'obligations voudraient eux aussi la
même assurance et la même garantie.
Ceux qui placent leur argent en prêtant à la
municipalité, par exemple quand ils achètent des obligations
municipales, voudront eux aussi se les faire assurer.
Finalement, théoriquement il n'y a plus de limite. Il est
évident que l'Etat pourrait se porter garant de tout et dire nous allons
tout assurer. Mais si on a à ce point dilué la garantie de
l'Etat, elle ne veut plus rien dire au bout de la ligne et nous revenons au
même point de départ.
M. TETLEY: C'est la même question que
vient de poser le député de Beauce. Allons-nous assurer le
capital-action aussi et où faut-il arrêter? Si oui, faut-il
imposer toutes sortes d'autres normes, limiter les dividendes? Il est difficile
parfois de prouver qu'on n'a pas payé les 10 p. c. du capital.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour ça la suggestion à
l'effet que les caisses d'entraide économique travaillent conjointement
avec la Société de développement industriel. C'est
là où il y a une certaine forme de garantie...
M. HARVEY (Chauveau): En vertu du projet de loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... sur les prêts du gouvernement, la
participation qui est faite dans les caisses. Parce que si la caisse d'entraide
économique fait son prêt directement à une entreprise, elle
n'a que les garanties que l'entreprise peut lui donner. Si ce
prêt-là est fait conjointement avec la Société de
développement industriel alors que la société est beaucoup
mieux équipée techniquement pour étudier le dossier,
étudier la demande et que la société de
développement peut elle aussi, c'est dans ses possibilités, dans
son mandat, garantir le prêt qu'a effectué l'entreprise, c'est une
forme de garantie pour le déposant à la caisse d'entraide
économique. Cela tient compte de l'argumentation que l'on fait à
ce moment-ci quant à l'assurance-dépôts directe d'un
placement et non pas d'un dépôt sous la forme qu'on entend. Je ne
sais pas si le ministre saisit bien.
M. TETLEY: Oui, j'ai bien saisi votre observation que je trouve
très importante, très valable.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais tout simplement
ajouter un mot pour dire que tout à l'heure je n'avais pas voulu toucher
le domaine du capital-action. Je m'étais limité seulement au
capital social du mouvement coopératif.
M. TETLEY: Si je comprends bien vous voulez...
M. ROY (Beauce): Lorsqu'on touche le capital-action, on entre dans
toutes les entreprises privées.
M. TETLEY: C'est le problème, Bell Canada...
Nous aurons énormément de demandes d'inscriptions comme
les coopératives ou n'importe quelle entreprise, par exemple une
compagnie de taxis, pour garantir à l'avance son exploitation et
où l'on pourra se payer n'importe quel salaire et être
garanti.
M. ROY (Beauce): Je ne voudrais pas prolonger le débat, mais si
je comprends bien, il semble plus difficile pour le ministère et la
Régie de l'assurance-dépôts de toucher au domaine du
capital social.
M. TETLEY: Oui.
M. LATULIPPE: M. le Président, une proposition a
déjà été faite par le président de la caisse
d'entraide économique qui a dit: Si nous n'arrivons pas à faire
assurer notre capital social, nous allons tout simplement le transformer en
dépôt et nous allons demander à nos gens d'organiser leurs
charges en conséquence et le tour sera joué.
M. TETLEY: Qu'ils fassent ce que nous avons suggéré.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président.
M. LATULIPPE: Je vais vous donner son nom: M. Jacques Gagnon,
président de la fédération des caisses d'entraide
économique.
M. HARVEY (Chauveau): Vous m'étonnez, de toute façon j'en
prends note.
M. LATULIPPE: C'est dans une conversation qui n'était pas
publique mais...
M. HARVEY (Chauveau): Je l'espère.
M. TETLEY: Quelques fédérations ont déjà
fait cela, mais pas une caisse d'entraide économique.
M. JORON: A ce moment-là ils sont obligés de changer la
nature de leurs placements et l'on détruit le but des caisses
d'entraide.
M. TETLEY: C'est exact. Le député de Gouin a noté
qu'il y avait une grande différence entre un dépôt
où il faut remettre l'argent peut-être en trente jours ou à
demande et une action.
Vous avez tout simplement une part du total.
M. LATULIPPE: D'un autre côté, il faut tout de même
considérer aussi que dans les règlements des caisses d'entraide
économique, il y a justement des clauses qui permettent à
n'importe quel déposant ou sociétaire de retirer son avoir sur
une période de 90 jours assez facilement.
D'ailleurs, chaque caisse a un fonds spécialement affecté
aux réserves, une réserve spécialement affectée
à ceux qui veulent retirer leur argent assez rapidement. On a de plus un
fonds de stabilisation pour prévoir les mauvaises créances
à la fédération. Du côté sécuritaire,
je pense que les caisses sont assez bien organisées. Naturellement, il
reste, surtout au niveau de la structuration et de la tenue de livres, que
certaines caisses laissent peut-être à désirer
actuellement, mais la majorité des caisses sont actuellement en
voie de réorganisation et je pense que d'ici peu de temps, l'on y aura
une très bonne structure financière.
M. TETLEY: Je suis d'accord pour dire qu'elles sont en voie de
réorganisation et j'admire leurs efforts. J'admire aussi le travail que
ces caisses font dans les régions de la province.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Pour revenir à la déclaration que
faisait M. Gagnon, il avait peut-être pour référence qu'il
se préparait justement à accepter d'entrer de plein gré
dans les bills 20 et 21.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense que la suggestion qu'a
faite l'honorable député de Montmagny est très
intéressante pour permettre non seulement aux caisses d'entraide
économique mais même à d'autres caisses régionales,
caisses d'investissement, caisses d'établissement ou autres, de
travailler en collaboration avec la SDI, la Société de
développement industriel.
Pouvons-nous espérer que le ministre des Institutions
financières et ses officiers vont faire des représentations
auprès du ministre de l'Industrie et du Commerce pour que ces voeux
deviennent réalité le plus vite possible? Je pense que ce serait
probablement le meilleur outil étant donné les
difficultés que l'on semble avoir vis-à-vis de l'assurance du
capital social que nous aurions pour pouvoir régionaliser les
capitaux au Québec et favoriser le développement régional
non seulement dans quelques régions, mais dans toutes les régions
de la province.
M. TETLEY: Oui, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Sous-article 1?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 12?
Office de la protection du consommateur
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous avons parlé antérieurement
du poste 12, mais je vois sur la feuille des demandes d'effectifs que
là, le ministre a été moins chanceux. Il avait
demandé 22 postes et il en a obtenu 4.
M. TETLEY: Pardon, c'est plutôt ce que je vous demande. Les
effectifs demandés sont ceux que je demande ici à la commission,
à savoir si vous allez voter le budget du ministère. Au poste 12,
nous aurons 22 employés cette année. Lorsque c'est marqué
"effectifs demandés", c'est demandé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que j'ai compris, d'après votre
tableau, c'est que vous en aviez demandé 22 et que vous en avez obtenu
4.
M. TETLEY: Non, au 1er avril, il n'y en avait que 4, mais nous en aurons
22 bientôt.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez eu la réponse et cela a
été accepté.
M. TETLEY: Cela a été accepté par le conseil des
ministres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me réjouis de cette décision.
J'étais inquiet parce que, si la loi doit entrer en vigueur
bientôt, il faut que l'office ait les moyens, qu'il ait à sa
disposition les fonctionnaires requis pour assurer le succès du
fonctionnement de l'office.
M. TETLEY: Très bien. C'est notre désir.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quelle discipline sont les 22 fonctionnaires
qui vont être recrutés?
M. TETLEY: II y aura, j'espère, des hommes qui ont
été des chefs d'entreprise ou des hommes d'affaires;
évidemment, des secrétaires, des personnes qui ont du bon sens,
un bon jugement, parce que les demandes sont de toutes sortes. On demande
même des ingénieurs parce qu'il y a des problèmes
techniques, nous aurons aussi besoin d'avocats. Peut-être notre service
de recherche et le ministère de la Justice nous aideront-ils parce que
nous avons au ministère plusieurs avocats payés par le
ministère de la Justice.
M. JORON: M. le Président, justement la question que vient de
poser le député de Montmagny me fait penser que la discipline
à laquelle se rattachent ces personnes-là est importante. Est-ce
que vous prévoyez engager par exemple des économistes? Je vais
vous dire pourquoi. Il y a, particulièrement dans l'optique suivante,
plusieurs façons évidemment d'envisager toute la question de la
protection du consommateur. Ou bien on protège le consommateur contre
les produits que le système de production lui apporte, ou bien on
s'attaque à l'autre côté de la médaille, et on le
prend à partir du système de production. On ne va pas rentrer
dans le débat philosophique qu'on a eu hier. Troisièmement, si on
choisit par exemple de protéger le consommateur contre le produit
lui-même et les défectuosités du produit, de la
mauvaise publicité, la publicité frauduleuse et ces
choses-là, ou contre le marchand lui-même, il y a la dimension du
crédit qui est très importante.
Jusqu'où pensez-vous que vous allez devoir aller
éventuellement dans la question du contrôle du crédit?
Est-ce que ça va se limiter, par exemple, à ce que le taux du
crédit soit correctement indiqué sur le contrat de façon
que le consommateur sache bien dans quoi il s'embarque ou si on en arrivera
peut-être même éventuellement à une régie du
crédit au Québec qui aurait un pouvoir pour décider du
montant de crédit auquel on peut faire appel pour tel type de produits
et ainsi de suite? On sait que devant certaines difficultés
économiques, à l'occasion, les pays comme l'Angleterre ou la
France ou d'autres légifèrent en vue de rendre le crédit
plus ou moins accessible ou ainsi de suite. Est-ce qu'à partir du noyau
qui s'annonce dans cet office de la protection du consommateur, on peut
déceler l'embryon d'une éventuelle régie du
crédit?
M. TETLEY: Nous avons $121,000 pour 22 personnes, ça veut dire
$6,000 par personne. Donc, on n'a pas beaucoup d'économistes pour $6,000
à moins que vous...
M. JORON: Ce n'est pas pour cette année. A la suite des
suggestions qui vous sont faites, vous en ferez sûrement la demande
l'année prochaine.
M. TETLEY: Oui, d'autre part, nous avons des économistes dans
notre bureau de recherche, et il faut...
M. JORON: Oui, c'est ça.
M. TETLEY: ... et il faut que ces gens-là se penchent et aident
l'Office de la protection du consommateur. Au sujet d'une régie du
crédit, l'intérêt est clairement de la juridiction
fédérale. Est-ce qu'on peut fixer le taux d'intérêt
au provincial? Peut-être qu'on peut limiter le crédit rendu
à une personne.
M. JORON: C'est ça.
M. TETLEY: Je me demande si vous êtes prêts à
suggérer que le gouvernement dépose une loi à cet effet.
Tant de crédit en vertu de ses revenus, je me demande moi-même ou
aussi je crois que le crédit en général peut être de
notre domaine quand même provincial parce que dans la question de
crédit, vous avez aussi la question des charges, des frais d'avocat. En
effet, le concept de contrat est le droit civil et c'est certainement de notre
juridiction. Donc, disons que nous avons ce droit, je me demande si vous
personnellement ou votre parti êtes prêts à
légiférer sur le taux de crédit, et si oui, quel taux?
Deuxièmement, la quantité de crédit. Et si oui,
quelle quantité et par quel moyen?
M. JORON: Je vais répondre brièvement à votre
question. Il existe dans le programme du Parti québécois
effectivement une régie du crédit. Quant à ce qu'en serait
sa réglementation, évidemment c'est sujet à
l'évolution de la conjoncture économique. Je ne peux pas vous
dire aujourd'hui si, sur l'automobile par exemple, il serait souhaitable...
M. TETLEY: Disons aujourd'hui.
M. JORON: ... d'avoir du crédit à $12,000 ou à
$18,000. Enfin, vous comprenez qu'il est évident que je ne peux pas vous
en faire la réglementation comme ça immédiatement. Mais je
pense qu'il y a une nécessité quelque part et que, suite à
une étude ou à une recherche dans ce domaine-là, on
décèlerait facilement des endroits où il serait
souhaitable de l'appliquer.
Dans tout ce problème de la protection du consommateur, il y a
cette dimension-là aussi de la trop grande facilité du
crédit qui est une forme de publicité dans un sens, qui incite le
consommateur à s'embarquer comme on dit et à se
mettre des charges par dessus... Il y a un travail d'éducation à
la base que font les ACEF pour apprendre aux gens que, même si le
crédit leur est accessible, ils soient bien sûr qu'il est
employé à bon escient.
Peut-être qu'une régie du crédit est essentielle. Si
dans notre système financier notre crédit est trop facilement
accessible, spontanément les gens et on ne peut pas
présumer que cette éducation-là sera faite
immédiatement à brève échéance vont
vouloir s'en prévaloir et cela peut conduire dans plusieurs cas
individuels vous le savez aussi bien que moi à des
catastrophes financières personnelles considérables. Je pense
à toute cette publicité de Household Finance à
titre d'exemple ou de bien d'autres qui disent: C'est si facile, vous
n'avez qu'à vous présenter et ça y est.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser une question au
député de Gouin, M. le Président. S'il avait à
réglementer une régie du crédit, est-ce qu'il obligerait
le gouvernement à se soumettre à une telle régie?
M. JORON: C'est sans doute votre expérience qui vous fait dire
que ce serait nécessaire !
UNE VOIX: Le député de Montmagny a presque volé ma
question.
M. TETLEY: Peut-être que la Régie de
l'assurance-dépôts devrait assurer ces...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je comprends que le sous-article 1 est
adopté?
M. PILOTE: Le député va à l'encontre de la
philosophie de son parti lorsqu'il parle de limiter le crédit du
consommateur car il crie souvent après la liberté et la
démocratie.
M. JORON: Je pensais que vous me confondiez avec le Ralliement
créditiste.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense qu'il est
peut-être difficile, ou le moment n'est peut-être pas opportun de
faire des suggestions au ministre, mais, tout de même, puisqu'on parle de
l'Office de la protection du consommateur et que nous sommes à
l'étude de ses crédits, je pense que si le gouvernement
provincial ne peut pas légiférer en ce qui a trait au taux
d'intérêt, parce que cela relève du gouvernement
fédéral, je pense que le gouvernement du Québec, par
contre, peut établir certains règlements en ce qui a trait
à l'utilisation du crédit aux consommateurs dans le
Québec. Sur deux points, je pense que le gouvernement devrait agir en
obligeant les compagnies qui font des prêts aux consommateurs d'indiquer
dans leur contrat le taux d'intérêt simple, le taux
d'intérêt bancaire.
D'ailleurs, lors de l'étude des mémoires qui ont
été présentés par différentes associations
lors des séances de la commission parlementaire sur le problème
de la protection du consommateur, nous avions posé plusieurs questions
à ce sujet-là et nous avions demandé à plusieurs
associations si elles ne seraient pas intéressées à le
faire. Ce qui arrive, c'est que bien des gens ont l'impression d'emprunter
à 9 p.c, 9 1/2 p.c. et 10 p.c. et, lorsqu'ils ont fini de payer, ils
s'aperçoivent qu'effectivement ils ont payé 20 p.c, 21 p.c. et 22
p.c. Si le taux d'intrérêt bancaire simple, y compris les frais
d'administration, était indiqué dans les contrats, je pense que
ce serait la meilleure forme d'éducation, en vue d'éviter les
abus qu'il y a là-dedans. Malheureusement, ce qui arrive et que
l'on ait une régie du crédit aux consommateurs ou non je
pense que c'est assez difficile, parce qu'on se rend compte que le
gouvernement, avec FEDCO, a essayé de régler le problème
des oeufs et tout de suite vous avez vu le marché noir apparaître.
Il y a tout de même toutes sortes de détours que les gens prennent
dans la loi. Si on obligeait les institutions de prêts à publier
leurs taux d'intérêt simple dans les contrats, je pense
qu'à ce moment-là...
M. TETLEY: Vous me permettrez de dire que c'est dans le bill
déjà présenté. Nous n'allons pas,
évidemment, retirer ces articles.
M. ROY (Beauce): Mais, dans le bill qui a été
présenté, il était question du taux
d'intérêt.
M. TETLEY: Du coût de crédit total.
M. ROY (Beauce): Le coût de crédit. Mais le coût du
crédit est une chose, parce que le coût peut se mesurer en termes
de masse globale sur une certaine période et le taux est une autre
chose. Le taux, autrement dit, est le coût en termes de pourcentage. Les
gens sont habitués de voir en termes de pourcentage lorsqu'ils
empruntent. Alors, il y a une nuance assez importante à apporter
à ce niveau-là.
M. TETLEY : Je crois que, de mémoire, la définition du
coût de crédit dans le projet de loi, était le taux
réel, ce dont vous parlez.
M. ROY (Beauce): Parce que vous pouvez prendre...
M. TETLEY: Et je crois que le taux réel comprenait les
intérêts, l'assurance sur la vie de la personne en question, les
frais d'administration, etc. Je crois que ce que vous stipulez est exactement
dans la définition du coût de crédit.
M. ROY (Beauce): Parce que le coût de crédit, par exemple,
peut être indiqué sur une base annuelle. Mais après six
mois de remboursement, effectivement, le taux se trouve à changer. Alors
lorsqu'on perle du taux de crédit annuel, cela peut être une chose
et, lorsqu'on parle du taux bancaire, c'est le taux de la balance due. Je vous
dis toutes ces choses parce que je suis assez au courant du problème,
ayant travaillé dans ce domaine pendant plusieurs années. Alors
j'ai été en mesure de me rendre compte jusqu'à quel point,
à un moment donné, on peut détourner, on peut jouer sur
les mots dans ce domaine, au niveau de certaines institutions. Alors c'est un
premier point. On pourra y revenir plus tard.
Sur le deuxième point, si la publicité que certaines
compagnies de finance font à l'effet de rendre les gens heureux en
regroupant leurs dettes et avec des emprunts faciles, je me demande s'il n'y
aurait pas lieu pour l'Office de la protection du consommateur de faire
certaines interdictions sur la publicité des compagnies de finance.
C'est une publicité dont on pourrait se passer.
M. TETLEY: Oui, ça, c'est pour les règlements. Je crois
que vous avez raison. Quelqu'un a mentionné, hier soir, les banques qui
vendent au moins une automobile dans leur succursale. Où se trouve le
ministère des Institutions financières, il y a une banque. C'est
l'édifice d'une banque et il y a une automobile dehors, une "sport's
car". Evidemment, pour les riches. Je crois que l'annonce est: Pourquoi ne pas
l'acheter? Ou pourquoi ne pas emprunter' Ou pourquoi ne pas la financer ici? Je
trouve que c'est une publicité honteuse et trompeuse.
M. ROY (Beauce): On peut faire beaucoup de publicité pour inviter
les gens à épargner, mais moins pour ce qui a trait à leur
faire penser de faire des emprunts à long terme. Lorsque les gens
dépensent, ils paient comptant, c'est une chose. Mais lorsqu'ils
empruntent, c'est une autre affaire. Alors, M. le Président, je n'ai pas
d'autre question.
M. LE PRESIDENT: Alors, sous-article 1, adopté. Adopté.
Sous-article 2?
M. HARVEY (Chauveau): Au sous-article 2, j'aurais une question. Est-ce
que le ministre n'a pas été conservateur dans le montant de
$22,000 seulement, comme frais de déplacement?
M. TETLEY: Ce n'est pas moi qui ai été conservateur. J'ai
été très libéral.
UNE VOIX: C'est le ministre des Finances.
M. HARVEY (Chauveau): Alors, comme ça, on peut l'adopter.
M. ROY (Beauce): Au sous-article 2, sur le montant de $60,000 qui avait
été demandé l'année dernière, quel montant a
été dépensé? Est-ce qu'il y a eu effectivement un
montant d'accordé?
M. HARVEY (Chauveau): C'est nouveau de cette année. Il y avait
$2,000 l'an dernier.
M. ROY (Beauce): II y a $2,000, mais les $58,000 à l'article
"traitements et salaires..."
M. HARVEY (Chauveau): Ce sont les salaires pour les trois personnes qui
ont été à l'emploi toute l'année.
M. TETLEY: $42,000 des $58,000.
M. ROY (Beauce): $42,000 des $58,000.
M. HARVEY (Chauveau): Crédits périmés, $16,000.
Alors, ça va, adopté.
M. TETLEY: II y avait $308,000 de subsides périmés l'an
dernier.
M. HARVEY (Chauveau): Merci. M. LE PRESIDENT: Sous-article 3?
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sous-article 3, est-ce que c'est là
où est M. Edmonston?
M. TETLEY: M. Edmonston m'a téléphoné cet
après-midi. Je vais le rencontrer ainsi que tous ces étudiants,
samedi. Nous allons parler de ses études et peut-être d'un moyen
d'employer M. Edmonston tout en lui gardant son indépendance.
M. LE PRESIDENT: Sous-articles 4, 7, 10, adoptés? Sous-article
11?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 11, adopté. Le sous-article 12:
Subventions.
M. TETLEY: Cela m'échappe aussi!
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est pour l'ACEF?
M. TETLEY: Non, ce n'est certainement pas l'ACEF.
M. CLOUTIER (Montmagny): II faut dire que l'ACEF reçoit
déjà une subvention du ministère des Affaires sociales,
une subvention assez importante.
M. HARVEY (Chauveau): II y a le fédéral et il y a les
fonds canadiens.
UNE VOIX: Peut-être aussi du ministère de la Justice.
UNE VOIX: Ils ont d'autres sources de financement.
M. TETLEY: Nous n'avons aucun nom sur la liste, ici. Si, à
l'avenir, durant l'année, quelqu'un peut prouver qu'il a plus besoin
d'argent que moi, je vais lui donner une subvention. Je parle du
ministère!
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, vous ne ferez pas de
publicité.
M. TETLEY: Non.
M. JORON: Vous n'avez donc pas d'indication où cela peut aller.
Est-ce une réserve?
M. TETLEY : Ce peuvent être des groupes. Il y a des groupes qui
font de l'excellent travail indépendant, dans le "Business Bureau", le
mouvement Desjardins, l'ACEF, M. Edmonston, etc.
M. ROY (Beauce): Je pense que c'est sage d'avoir un certain montant.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement la façon de
décupler l'action du ministère, parce que ces organismes qui
reçoivent des subventions ont déjà un budget plus
considérable. Ils peuvent suppléer au budget du
ministère.
M. TETLEY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 29, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. En terminant je veux remercier
le ministre de sa collaboration toute particulière au cours de
l'étude de ses prévisions budgétaires et également
de la collaboration que lui ont apportée ses officiers. C'est un
ministère jeune, qui est important et même beaucoup plus important
que le montant d'argent qui est à sa disposition. On a fait un tour
d'horizon assez complet et on a vu, par les questions que nous avons
posées et les réponses qui nous ont été
données, qu'il y a dans ce domaine beaucoup de travail à
accomplir. Nous souhaitons que l'an prochain le ministre soit en mesure de nous
faire part de
progrès et de résultats sensibles dans l'action de son
ministère.
M. ROY (Beauce): A mon tour, je voudrais remercier le ministre et ses
hauts fonctionnaires d'avoir bien voulu accepter de répondre à
toutes les questions et de fournir tous les renseignements que nous avions
demandés. Je me permets de formuler le voeu, à la suite du
député de Montmagny, soit que le ministère des
Institutions financières, ayant un rôle très important
à jouer dans l'avenir du Québec soit un ministère
dynamique, agressif et d'avant-garde.
UNE VOIX: A l'image de son ministre!
M. JORON: J'aimerais faire miens aussi les remerciements et les voeux
qu'ont exprimés mes collègues.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais remercier mes amis d'en
face', les députés de Montmagny, de Beauce, de Gouin et de
Frontenac et aussi les députés de notre côté de la
table: les députés de Lac-Saint-Jean, de l'Islet, de Chauveau et
même le député Brisson. Puis-je noter que c'est notre
intention de modifier toute notre législation et je donne avis que
j'accepterais avec plaisir des suggestions au sujet de toutes nos lois? Il y a
à peu près 127 lois qui se trouvent de la juridiction de notre
ministère. Si vous avez des suggestions ou des experts dans vos
comtés qui ont des suggestions, je serais très reconnaissant de
les recevoir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas d'ici quinze jours.
M. TETLEY: D'ici quinze jours ou sept jours. Can I also say and I
said it in French, I think I should say it in English that the purpose
of the Ministry is to supervise and control and to protect the consumer as well
as to protect the economy. I think that it is very important. Je vous remercie,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, la commission ajourne ses travaux. Je ferai
rapport au président et je remercie les membres de la commission ainsi
que les officiers du ministère qui nous ont aidés à
étudier ces crédits. Merci.
(Fin de la séance: 17 h 53)