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Commission permanente des Institutions
financières.
Compagnies et Coopératives
Etude des crédits
Séance du vendredi 28 avril 1972
(Onze heures vingt minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Avant de commencer les travaux de cette commission des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, j'aimerais souligner que
le député de Limoilou va remplacer le député de
Châteauguay; que le député du Lac-Saint-Jean va remplacer
le député de Rouville et que le député de Chauveau
agira comme rapporteur de cette commission.
J'aimerais, au tout début, souhaiter la bienvenue aux membres de
la commission et j'aimerais savoir, de la part de la commission et du ministre,
de quelle façon nous pourrions procéder. Est-ce qu'il y a
plusieurs façons? Est-ce que le ministre voudrait commencer par
énoncer les politiques de son ministère? Nous pourrions aussi
procéder avec réplique de la part des représentants des
différents partis ou encore nous pourrions procéder article par
article avec les questions. J'inviterais le ministre à nous faire ses
commentaires.
M. TETLEY: Je préfère moi-même votre système
par lequel le ministre fait des remarques et, après, les partis
répondent avec leurs observations et critiques.
M. LE PRESIDENT: D'un commun accord, j'inviterais le ministre à
procéder.
M. PILOTE: M. le Président, il faudrait, au départ, nommer
le rapporteur.
M. LE PRESIDENT: C'est fait. C'est le député de
Chauveau.
Remarques préliminaires
M. TETLEY: M. le Président, à l'ouverture de notre
étude des crédits du ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, je voudrais noter la
présence ici, avec moi, de certains hauts fonctionnaires du
ministère, pas tous, parce que plusieurs fonctionnaires sont ailleurs,
évidemment. Tout d'abord, le sous-ministre en titre, M. Louis-Philippe
Bouchard; le sous-ministre associé, M. Albert Jes-sop; M. Fortier, de
l'administration; M. Genest, de la comptabilité; M. Dionne,
également de la comptabilité; M. le sous-ministre associé,
Albert Gagnon et certains membres de mon équipe personnelle, soit MM.
Picard, Bujold et O'Farrell.
M. le Président, pour couper un peu la discussion, j'ai
distribué des remarques en quatre pages sur les grandes lignes, les buts
du ministère, les réussites je n'ai pas mentionné
les erreurs, c'est votre devoir de les noter certains projets et
certaines réalisations.
J'ai aussi distribué un organigramme et, avant l'étude de
chaque service, j'aurai d'autres remarques à vous faire. En effet, je
vais vous donner ces remarques d'avance. Vous pourrez les lire à votre
aise, chez vous, en fin de semaine au lieu de jouer au golf.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre pense qu'il va revenir la semaine
prochaine en commission.
M. TETLEY: Tout d'abord, nous avons deux buts au ministère: la
protection du public et, deuxièmement, le développement du
commerce intègre ou le développement économique.
Evidemment, nous avons un troisième but qui est très
important, que j'ai souvent et même toujours mentionné, c'est le
bien-être de nos fonctionnaires. C'est un devoir et une
responsabilité du ministre.
Sur le plan de la protection du public nous avons
évidemment un de nos onze services, c'est-à-dire la protection du
consommateur mais chaque service s'occupe de la protection du
public.
Par exemple, le service des assurances s'occupe des tarifs, des formules
d'assurance, en faisant enquête à la suite de plaintes, etc. En
effet, la plupart du temps, le service des assurances s'occupe de la protection
du public et le reste du temps, évidemment, à la poursuite de
notre deuxième objectif, soit le développement économique
ou le développement intègre du commerce.
Nous avons aussi la Commission des valeurs mobilières qui
protège le public, le service des immeubles, etc. Au niveau du
développement économique, nous avons évidemment les
caisses, les compagnies de fiducie, les caisses d'épargne et de
crédit, les valeurs mobilières, l'assurance-dépôts,
etc.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, le ministre me permet-il de
l'interrompre? Je suis tout à fait surpris de voir que les experts
financiers du Ralliement créditiste ne sont pas ici. Il a des experts en
finance, de la banque du Canada et tout ça et ils ne sont pas ici pour
écouter les sages remarques du ministre. Je voudrais en faire la
remarque en passant.
M. TETLEY: Je prends bonne note de votre observation, M. le
député de Wolfe. Peut-être est-ce parce que nous ne
parlerons pas de la Banque du Canada? Nous pouvons parler de la Banque du
Québec, bientôt, j'indiquerai ça quand nous serons vraiment
chez nous. C'est peut-être un sujet qu'on peut négliger.
Peut-être que le député de Gouin, à cause de
sa Banque du Québec, représente-t-il le Rallie-
ment créditiste et sa Banque du Canada? Je n'ai aucune nouvelle
de cela.
M. PILOTE: Ce sont des créditistes qui s'ignorent.
M. TETLEY: Donc, dans les grandes lignes, nous avons ces deux buts et
nous avons en effet dans les services, je crois, depuis la création du
ministère et depuis quelque temps, convaincu les fonctionnaires de nos
deux grands buts et cela a apporté des changements. Il y avait des
problèmes de gens du ministère qui s'occupaient un peu de la
vente d'entreprises pyramidales, par exemple, chez eux et qui ne savaient pas
l'importance et le caractère néfaste de certaines entreprises
pyramidales contre lesquelles le ministère a publié tant de
brochures et fait tant de publicité.
J'arrive à un autre point important, c'est notre budget. Vous
verrez que notre budget brut, cette année, c'est-à-dire 1972/73,
est de $5,690,000. Vous verrez que nous avons certains remboursements de
compagnies de fiducie, de compagnies d'assurance, de la Régie de
l'assurance-dépôts, un total de $811,000. C'est important de
comprendre et que le public comprenne ce que le ministère réclame
pour ces services. Et le montant de $811,000, c'est la somme que nous exigeons
du public, à ces trois groupes de compagnies, parce que, si c'est un
service, c'est aussi un service important qui aide ces institutions et elles
doivent payer, c'est la politique du gouvernement. Nous avons donc un budget
net de $4,880,000 mais nous avons d'autres revenus, par exemple, les honoraires
pour services aux compagnies pour chaque incorporation, des honoraires pour
presque tous les services.
Les honoraires seront, je l'espère, cette année, de
l'ordre de $4,390,000. Le budget net, si vous me permettez une telle
expression, est de moins d'un demi-million de dollars. Le budget net du
ministère, après les remboursements, après les revenus,
sera, nous l'espérons, de $483,900. Vous verrez que, cette année,
nous avons augmenté les revenus par, nos charges à la Commission
des valeurs mobilières et par d'autres moyens. C'est très
important. Le premier ministre, le ministre des Finances, le cabinet, certains
ministres surtout étaient conscients du problème des finances du
Québec. Chaque ministère a reçu la demande de se serrer la
ceinture. Notre ministère, à la fin, c'est clair, lorsque vous
notez notre vrai budget, coûte à la province moins d'un
dixième, un douzième peut-être, de notre budget. C'est
incroyable et je dois féliciter le sous-ministre de la
préparation du budget. Dans ce cas-là, le Conseil du
trésor a évidemment accepté avec grand plaisir nos
prévisions.
M. le Président, je passe aux réalisations de l'an
dernier. Nous avons énormément modifié le service de
l'inspection, aidé par mon ami, M. Fraser, de Huntingdon. On y retrouve
beaucoup plus de services. Le service des assurances a aussi augmenté
ses services, le service des compagnies s'est donné un cadre
entièrement administratif, libérant nos conseillers juridiques
des travaux routiniers. En effet, nous avons retiré des avocats de
certaines tâches ordinaires, routinières, afin qu'ils puissent se
pencher sur des problèmes difficiles et importants.
Nous avons, en vertu d'une loi adoptée à
l'unanimité, l'an dernier, modifié le service des valeurs
mobilières. En vertu d'un ordre du gouvernement, le fichier central qui
sera l'outil le plus important du gouvernement à l'avenir nous sera
confié. Lorsque nous serons vraiment chez nous, je ne dis pas que je
suis incommodé par cela... C'est très important pour un
gouvernement d'avoir un fichier central, un inventaire moderne, rapide de
l'économie de la province. Cela a été confié
à notre ministère. Nous avons, évidemment, adopté
la Loi de la protection du consommateur, le 14 juillet, de bonne heure le
matin. Nous avons fait plusieurs changements et modifications, adopté
des règlements, avec l'assistance de cette commission.
Nous avons formé le comité de l'assurance-automobile qui
fera rapport bientôt, j'espère.
Nous nous préparons pour d'autres lois à venir. Je peux
ajouter que notre rapport annuel je dois en féliciter les
fonctionnaires supérieurs du ministère a été
le premier produit de tous les ministères, je crois même que c'est
treize mois avant certains ministères. J'avais l'intention de vous
présenter notre rapport annuel pour cette année aujourd'hui,
mais, à cause de la grève, nous ne pourrons pas. Mais le rapport
de cette année sera prêt bientôt.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que vous allez le présenter mardi
prochain?
M. TETLEY: Je ne sais pas, un des problèmes est la lettre du
ministre. Moi, je voulais faire des remarques que j'ai finalement
retirées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous étiez mieux d'attendre que le
volume "Quand nous serons maîtres chez nous" soit sorti, parce que...
M. TETLEY: Je n'étais pas pour attendre cinquante ans...
M. CLOUTIER (Montmagny): S'ils ont oublié certaines choses dans
leur manuel, peut-être que vous, M. le ministre, vous n'en oublierez pas,
il y aura peut-être des échanges.
M. TETLEY: Pas d'échanges, parce que j'ai dû l'acheter.
Voici donc les grandes lignes de mes remarques
générales.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): II est toujours extrêmement
intéressant, chaque année, au début de l'étude des
prévisions budgétaires du ministère, d'entendre le
volubile ministre des Institutions financières nous faire la revue des
activités de son ministère. On n'a pas beaucoup parlé des
projets mais nous y viendrons au cours de l'étude des prévisions
budgétaires. Parfois, le ministre est très modeste, parfois, il
prend conscience de l'importance de son ministère, et avec raison, M. le
Président, pour s'étendre devant les membres de la commission sur
les réalisations qui ont été faites et sur les projets,
parce que quelques-uns sont assez ambitieux, mais je pense que le ministre a
raison d'être conscient de l'importance de son ministère. Ce n'est
pas parce que et on le dit chaque fois que l'occasion se présente
un ministère n'a que $5 millions de budget qu'on doit comparer
son importance avec un ministère qui a un milliard et plus. On sait que
l'activité du ministère des Institutions financières se
répercute dans bien des champs d'activité dans le Québec.
On voit que certaines mesures qui ont été prises dans le
passé ont corrigé certaines situations qui étaient
inacceptables. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Le ministre
nous présente des objectifs, cette année. Il y a seulement deux
objectifs dans son budget; l'année dernière, il en avait trois.
Il en avait laissé tombé un en cours de route mais, pour se
reprendre, il a dit tantôt qu'il y en aurait un troisième, le
bien-être de ses fonctionnaires, dans le sens qu'il veut faire participer
ses fonctionnaires à cette opération qu'il a entreprise, à
ce rayonnement qu'il désire pour son ministère des Institutions
financières. Je pense qu'il est juste de dire que le ministre fait
participer ses fonctionnaires, d'ailleurs on en a l'exemple au cours de
l'étude des prévisions budgétaires.
M. le Président, nous avons des questions précises
à poser au ministre sur chacun des grands thèmes. Il y en a
plusieurs, il y a le rapport des travaux de la commission Bouchard, il y a le
comité d'étude sur l'assurance-automobile, il y a le fichier
central des entreprises dont il vient de parler. On a posé la question
au ministre du Revenu hier et celui-ci nous a répondu que la question
devrait être posée au ministre des Institutions financières
qui nous donnerait tous les renseignements pertinents. Nous allons
également discuter, j'imagine, de l'application de la Loi de la
protection du consommateur, des travaux de l'Office de protection du
consommateur. Nous allons parler de la nouvelle législation.
M. le Président, je ne voudrais pas, à ce moment-ci de nos
travaux, discourir trop longuement par un commentaire général.
Quand nous passerons à l'article no 1, l'article général,
nous aurons l'occasion de reprendre les grands thèmes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Les domaines couverts par le ministère sont très
vastes. Comme le mentionnait le député de Montmagny, nous
reprendrons, sous chaque thème général, des points
précis mais je voudrais au départ faire porter mes observations
sur les objectifs du ministère. Le député de Montmagny
signalait que nous en avions perdu un en cours de route, depuis un an...
M. TETLEY: Lequel?
M. JORON: ... deux, en fait, pas seulement un, parce qu'ils ont
changé d'une année à l'autre. L'année
dernière, parmi trois objectifs, vous en aviez deux qui n'apparaissent
pas cette année. Un était l'efficacité administrative
vous me direz que c'est parce que vous l'avez atteinte dans
l'intervalle, mais le deuxième, par exemple, pose plus de questions. Le
deuxième objectif qui est disparu cette année était
l'amélioration du climat social. Vous allez me dire que cela aussi a
été atteint. C'est un peu plus difficile d'y répondre.
M. TETLEY: Je ne veux pas vous interrompre.
M. JORON: M. le Président, il me semble qu'il y a un objectif qui
devait apparaître au ministère des Institutions financières
et c'est le suivant. Je suis d'accord avec ceux qui sont
mentionnés-là, cela va de soi; le développement
économique, la protection du public et de l'épargnant. Mais il y
en a un troisième qui est très important à mon avis et
c'est que, comme le ministère des Institutions financières a
juridiction, à l'exception des banques, malheureusement, dans
notre régime fédéral, ce domaine appartient à
l'Etat central sur bon nombre d'institutions financières qui sont
les réservoirs d'épargne dans lesquels le public, la population
en général, dépose son argent. Essentiellement, la source
des sommes confiées à ces institutions est de nature populaire.
Or, le contrôle de ces institutions financières devient
extrêmement important. Nous souhaiterions voir un objectif que je
qualifierais d'avènement de la démocratie dans le domaine de la
vie financière. Le terme de la démocratie n'a été
réservé, à toutes fins pratiques, qu'au domaine politique
et puis encore, je devrais dire, au domaine électoral. Nous
souhaiterions voir ce même souci du partage du pouvoir dans une
société, apparaître par exemple dans un ministère
qui a une aussi grande responsabilité que celui de gérer les
institutions qui reçoivent l'épargne de la population. Nous avons
un système d'institutions financières principalement
privées qui fait que la population leur confie son épargne, et la
somme totale au Québec, à l'heure actuelle, cette année,
si nous incluons toutes les institutions financières, voisine à
peu près $25 milliards. C'est la somme des épargnes
déposées par les Québécois dans des institutions
financières. C'est donc une masse extrêmement impor-
tante. L'utilisation qui est faite de cette épargne est celle qui
en grande partie déterminera le genre de vie, le genre de
société que nous aurons demain parce que cela conditionne toute
l'orientation de notre développement économique.
Or, il se produit que six millions d'individus ce n'est
peut-être pas six millions si on exclut les enfants et les
bébés des millions de Québécois
déposent dans des institutions financières qui, elles;
appartiennent, sont contrôlées par des intérêts
privés, un groupe très restreint qui fait peut-être au
total un "establishment" de 100, 200, 300, 400 personnes, etc. C'est le
problème fondamental à notre avis. Comme le ministre a lu le
manifeste économique du Parti québécois, il s'est
aperçu; en le lisant, que nous accordions une importance très
grande au chapitre des institutions financières parce que c'est un des
centres de décision très importants dans la vie d'une
société et que, malheureusement, à l'heure actuelle, il
échappe au contrôle de cette société, non seulement
dans une optique nationale globalement, dans le sens qu'à peu
près les trois quarts des institutions financières sont
étrangères, non québécoises, mais il échappe
aussi, même quand elles sont québécoises, à un
contrôle par la population.
Nous avons donc, je le répète, cet objectif, ce souci de
l'installation d'un régime démocratique, de participation
démocratique, au chapitre des institutions financières et nous
aurions aimé le voir apparaître parmi les grands objectifs de ce
ministère. Nous comprenons, toutefois, et sans vouloir être
méchant, qu'une formation politique, comme le gouvernement actuel, comme
le Parti libéral, qui est issue et qui est liée, à bien
des égards, avec l'establishment financier dont je parlais, ne peut
peut-être pas se permettre ce souci.
J'ose souhaiter quand même que le ministre a ce souci-là.
Là-dessus, M. le Président, j'ai terminé mes remarques
générales.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre aurait des commentaires?
M. TETLEY: Oui, certainement, parce que je trouve deux commentaires
jusqu'à présent fort intéressants et très
importants. Mais, avant de répondre, je me demande s'il y a d'autres
députés...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais souligner que tous les
députés, qu'ils fassent partie de la commission ou non...
M. VEILLEUX: J'aurais bien aimé entendre un représentant
de la Banque du Canada. Il est venu et il est reparti rapidement.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres députés, est-ce
que le ministre veut donner des commentaires? Nous procéderons article
par article ensuite.
M. PILOTE: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. JORON: Si le président le permet...
M. PILOTE: Ma question est peut-être personnelle, mais je sais que
vous êtes de famille riche. Où placez-vous votre argent?
M. JORON: M. le Président, je vous demande si la question
mérite une réponse. Je vous dirai ceci, le jour où la loi
et je souhaiterais qu'il y ait une loi semblable exigera de tous
les hommes qui occupent une fonction publique de déposer publiquement
leur portefeuille, ou enfin tous leurs intérêts financiers, je
serai le premier à le faire.
M. PILOTE: Oui, mais est-ce à l'intérieur d'organismes
québécois que vous placez votre argent?
M. LE PRESIDENT: J'aimerais bien être agréable au
député, mais seulement ça ne devrait pas soulever de
débat.
M. JORON: Cela, c'est de la politicaillerie. Cela me ferait plaisir de
vous répondre personnellement.
M. PILOTE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Vous vous écrirez. M. le ministre.
M. TETLEY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Avant de procéder à l'étude
article par article.
M. TETLEY: Je voudrais répondre, M. le Président, parce
que le député de Montmagny et le député de Gouin
ont soulevé des questions importantes. Le député de
Montmagny a dit que le ministère est important et c'est un
problème pour le ministre de toujours parler de son ministère
parce que les journalistes, la population, les autres ministres et les
députés vont bientôt croire que le ministre parle de
lui-même et pour ses propres fins. C'est très difficile, on est
parfois réticent pour cette raison.
D'autre part, j'apprécie votre remarque parce que, pour moi, le
ministère est très important. C'est le ministère qui
contrôle une bonne partie de l'économie sauf l'Industrie et
Commerce qui a un budget élevé et important, très
nécessaire pour les subventions.
Je parlerai de la grève. La grève a coûté
cher à la province et au ministère des Institutions
financières; très cher, parce que nous sommes en retard et nous
sommes en concurrence avec le fédéral et les autres provinces
dans tous ces domaines, soit onze services, pas tout simplement pour la
protection du consommateur ou
du public, mais les enquêtes ici et là, nos enquêtes
des caisses, des compagnies de fiducie, de la bourse, ou les deux bourses
à Montréal, dans tous ces domaines. Je dois féliciter le
service des compagnies, nous avons un grand souci d'émettre le plus
tôt possible et de la manière la plus efficace et rapide nos
incorporations, plus vite qu'Ottawa. C'est une tradition qui existait depuis
longtemps avant mon arrivée et je veux la garder.
Mais comment puis-je le faire lorsqu'il y a une grève? Il n'y
avait pas de grève en Ontario ni à Ottawa et, de plus, il y a une
espèce de ralentissement au ministère parce que la grève a
causé, avec raison, un certain défi que je connais et que
j'apprécie parmi certains fonctionnaires. Cela prouve l'importance du
ministère. D'autres ministères n'ont certainement pas souffert
comme notre ministère.
Le député de Gouin a mentionné un but que je
n'avais apparemment pas mentionné. Dans mes remarques
générales, j'avais mis ensemble les autres buts. En effet,
à la page 3, j'ai mentionné le rôle socio-économique
et nous sommes de plus en plus conscients de ce problème.
Nous avons eu deux colloques de fonctionnaires supérieurs durant
l'année où ils ont parlé franchement des problèmes.
Nous avons entendu quatre orateurs: le président de la
Société de la baie James, le secrétaire
général du Conseil exécutif, Me Julien Chouinard, des gens
de la fonction publique, des ministres, et cela, pour deux raisons: d'abord
afin que les gens du ministère puissent faire part aux ministres de
leurs problèmes, comment réaliser les buts du ministère,
puis que les gens en question, par exemple, le président de la
Société de la baie James, puissent nous aviser de ce qu'ils
attendaient de notre ministère.
Pour moi c'est très important. Nous avons aussi, sur le plan
socio-économique, un Conseil de la protection du consommateur qui
n'existe pas ailleurs. Je parle des neuf autres provinces. Lorsqu'on parle de
la cogestion, nous avons insisté, j'ai insisté pour que le chef
du service de la protection du consommateur fasse son rapport au conseil, non
pas au ministre. Imaginez un fonctionnaire qui fait son rapport à quinze
citoyens. Vous parlez de cogestion, sur le plan socio-économique, je
crois que c'est un événement très rare dans le Parlement
du Québec et dans les Parlements des autres provinces et même aux
Etats-Unis.
Je ne veux pas donner l'impression que les banques ne nous
intéressent pas, surtout sur le plan des épargnes. Depuis un an,
les banques ont dépassé les compagnies de finance dans le
crédit des consommateurs pour deux raisons: une modification de la Loi
des banques qui donne aux banques le droit d'augmenter au-dessus de 6 p.c. le
taux d'intérêt, à cause du système Chargex, etc.
C'est une idée importante des banques et plusieurs compagnies de
pétrole, par exemple, ont confié leur système de
crédit aux banques. Récemment un autre grand a tout donné
à Chargex. Je crois que c'est Texaco.
Je suis très conscient du problème du contrôle des
banques. Qu'est-ce que j'ai fait? Parce que c'est votre question. J'ai vu les
présidents des banques personnellement et leurs officiers, leurs
associations. J'ai dit: Je veux que vous coopériez avec le
ministère. Vous n'avez pas assisté à la commission
parlementaire au sujet de la protection du consommateur, sauf une banque, la
Banque Royale. Vous n'avez pas déposé un mémoire au
comité Bouchard, dont le sous-ministre, Louis-Philippe Bouchard, est
président, sauf la Banque Royale. J'ai demandé et je crois que
j'ai reçu récemment, surtout de la Banque Royale, leur aide et
leur coopération. Je vois aussi que nous allons dans la Loi de la
protection du consommateur les banques sont visées nous occuper
des banques. Un de nos fonctionnaires supérieurs a été
nommé à un comité interprovincial, comme président,
pour la rédaction des lois avec le fédéral, pour le
contrôle du crédit des banques. C'est Me Maurice Marquis qui
remplit les mêmes fonctions que dans le gouvernement
précédent.
Le député de Gouin a soulevé la question des
épargnes, et, comme je vous l'ai dit, le rapport Bouchard va traiter de
ce sujet. C'est très important. La commission Bouchard fait un
inventaire des épargnes des Québécois, inventaire qui
n'existe pas, à l'heure actuelle. Je suis 100 p.c. de votre avis, c'est
très important. Evidemment, ces actes ont causé un certain remous
peut-être chez les banques et les compagnies de fiducie. Si vous avez lu
le rapport annuel de la Compagnie de fiducie de Montréal, vous avez vu
qu'on y a critiqué les gouvernements, en général, et, je
suppose, le gouvernement du Québec, parce qu'il parlait du
crédit, des hypothèques, etc. dans notre Loi de la protection du
consommateur. On y a dit que les gouvernements ne consultent pas les compagnies
de fiducie et le commerce, en général, avant de préparer
les lois.
Au moment où la commission a prononcé ces mots, dans son
rapport annuel, les officiers de l'Association des compagnies de fiducie
étaient ici, à Québec. Ils étaient avec nos
fonctionnaires exactement pour la préparation des règlements que
je vous ai soumis. En fait, ces remarques n'étaient pas exactes. Une
autre compagnie de fiducie a dit le contraire vous me permettez une
remarque qui est en notre faveur nous avons fait notre possible pour
coopérer avec les compagnies de fiducie, les banques, etc., sans tout
donner, évidemment. C'est vrai qu'elles n'aiment pas toujours nos
demandes, mais c'est "just too bad", parce que nous avons, comme je vous l'ai
dit, nos deux buts. Le premier est la protection du public et le second est le
développement du commerce intègre. Donc, voici ma
réplique, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le ministre.
Maintenant, avant de commencer article par article, conformément
à l'article 30 de notre nouveau règlement, la séance de
l'assemblée du vendredi devrait se terminer à une heure. Mais on
m'informe que, vers 12 h 30, nous serons probablement appelés en Chambre
pour voter en deuxième lecture sur le projet de loi actuellement en
discussion à la Chambre. Alors, nous ajournerons quand les cloches
sonneront, sine die, à ce moment-là.
Administration Services administratifs
M. LE PRESIDENT: Sans plus de préambule, nous allons
débuter. Article 1: Administration; sous-article 1: Services
administratifs; catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
M. le député de Montmagny.
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à l'article 1, il
s'agirait de questions générales. Je ne sais pas si mon
collègue veut poser une question.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est sur le nombre de fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant cela, nous aurions des questions d'ordre
général à traiter, quitte à entrer, lors d'une
autre séance, dans l'étude des sous-articles.
M. LE PRESIDENT: Alors, la discussion serait d'ordre
général sur l'administration.
M.CLOUTIER (Montmagny): A l'article 1. M. LE PRESIDENT: Très
bien.
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il y aurait deux
sections, deux thèmes généraux que nous pourrions traiter:
II y a les réalisations du ministère, ce qui est en voie de se
réaliser, et il y aurait les projets. Je ne sais pas ce que mes
collègues préféreraient traiter en premier, mais je
suggère que nous suivions un peu le travail que le ministre nous a
présenté, le travail général, et que nous prenions,
sous sa rubrique, le premier objectif, que nous prenions la Loi de la
protection du consommateur, et que le ministre fasse le point sur l'application
de la loi, ce qu'il a constaté jusqu'à maintenant.
Est-ce que le ministre pourrait nous parler de la Loi de la protection
du consommateur, ses réactions devant la première application de
la loi, le succès qu'il en escompte, les difficultés, ce qu'il
entrevoit, peut-être, comme loi de correction.
M. TETLEY: Le député de Montmagny me permettrait-il une
suggestion? C'est que le document, pour une synthèse de deux pages,
n'est pas préparé, parce que l'Office de la protection du
consommateur est à l'article 12. Alors je préférerais
peut-être discuter et répondre aux questions concernant
l'effectif. Nous pourrions passer à cela. A la prochaine séance,
vous aurez la documentation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors vous ne nous donnerez pas la
documentation ce matin?
M. TETLEY: Non, je ne l'ai pas.
M.CLOUTIER (Montmagny): Alors pour accommoder le ministre, nous allons
parler durant une demi-heure de l'organisation de son ministère, de
l'organigramme et des structures. Je n'ai aucune objection à cela.
M. TETLEY: Je suis prêt pour les onze premiers articles, mais pour
le douzième, celui de la protection du consommateur, la documentation
n'est pas prête.
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que, pour ce matin, si mes
collègues n'ont pas d'objection, nous pourrions parler de l'organigramme
du ministère, des fonctions dévolues aux principaux responsables,
aux dirigeants du ministère, du recrutement, des postes vacants et de la
rémunération à l'intérieur du ministère. Le
ministre pourrait-il commencer à répondre à certaines de
ces questions?
M. TETLEY: M. le Président, vous avez une seule feuille
intitulée "Effectif". Vous verrez que nous avions en place, le 1er avril
1972, 349 personnes. Vous verrez aussi que le gouvernement a augmenté
notre budget. Je crois qu'il n'y a que deux ministères qui ont eu des
augmentations véritables, à part les subventions. Evidemment,
l'assistance sociale a augmenté parce qu'on a apparemment plus
d'assistés sociaux cette année que l'an dernier. Mais il n'y a
que deux ministères, le ministère des Institutions
financières qui a eu une augmentation d'à peu près 29 p.c.
et celui de l'Assemblée nationale, je crois, qui ont eu des
augmentations.
Nous sommes en quête, en conséquence, de plusieurs
personnes. Nous avons toujours le problème, quand même, de trouver
des cadres suivant notre budget, suivant les règles de la Fonction
publique et suivant les normes édictées par le Conseil du
trésor. La Commission de la Fonction publique et le Conseil du
trésor sont deux organismes de contrôle mais lorsqu'on veut
augmenter son effectif, cela pose des problèmes, mais pas des
problèmes sans solution.
Evidemment, j'aimerais avoir un personnel plus élevé que
435 personnes, mais je suis aussi membre du conseil des ministres, je suis un
membre solidaire du gouvernement et je vois les problèmes du
Québec. Il faut vivre selon nos moyens, si je peux citer l'honorable
premier ministre. C'est la raison pour laquelle nous avons une augmentation,
mais évidemment pas
celle que j'aurais aimé avoir, comme ministre.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, au sous-article service de
l'actuariat, ici, j'aimerais savoir combien gagnent les actuaires qui sont
à l'emploi du gouvernement.
M. TETLEY: Je vais chercher les chiffres, mais nous avons des actuaires
fidèles et compétents. La plupart des actuaires du gouvernement
se trouvent chez nous. Je crois qu'ils gagnent beaucoup moins que leurs
confrères de même grade à Ottawa.
Je crois qu'Ottawa a une responsabilité importante, celle de ne
pas trop affecter les provinces mais, à cause de la ville de
Québec et pour d'autres raisons, peut-être à cause du
ministère, les gens sont contents ici. Voulez-vous le chiffre?
M. LAVOIE (Wolfe): Je vais vous dire pourquoi, je pose la question, M.
le ministre. Il y a quelques semaines, je voyais dans une demande d'emploi de
la Fonction publique où on demandait des actuaires pour votre
ministère, si je ne fais erreur, avec un salaire de base de $7,200. Je
me demandais si un actuaire pouvait travailler à ce salaire-là,
après tant d'années d'études?
M. TETLEY: Le salaire le plus bas, sans les augmentations' et tout ce
que nous allons mettre en vertu de notre bill 19, était celui d'une
secrétaire, soit $6,000 qui n'est pas un actuaire. Pour les actuaires,
le plus bas est $11,584 et c'est pour un étudiant.
M. LAVOIE (Wolfe): Pour un étudiant?
M. TETLEY: Voici, il y en a un autre à $9,865, ce n'est pas un
"fellow" non plus, il y en a jusqu'à $19,000. Mais aujourd'hui, cet
homme est rendu à $21,000.
M. LAVOIE (Wolfe): Parce qu'à l'occasion j'avais demandé
à M. Castonguay qui est actuaire s'il aurait travaillé pour un
salaire semblable de $7,200.
M. HARVEY (Chauveau): C'est comme les députés, il y a des
valeurs différentes.
M. TETLEY: II y a des hommes dévoués aussi qui ont
travaillé pour des salaires moins élevés que dans
l'industrie et le commerce ou au fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a demandé de prendre 32
nouveaux postes pour cette année 72/73 et il y avait déjà
54 postes vacants au 1er avril 1972. Donc, ça lui fera 86 postes
à combler en cours d'exercice.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense bien qu'il y aura des problèmes
pour combler tous ces postes. Je constate que, dans certains services, comme
pour le fichier central, je ne sais pas quelle sorte de compétence est
requise, quelle sorte de spécialité est requise, il y a onze
fonctionnaires qui sont requis pour ce service-là. Je comprends que
c'est un service qui est en pleine organisation. Le ministre nous en parlera un
peu plus tard. Comment le ministre pense-t-il être capable de combler ces
86 postes en cours d'exercice? Il y aura certainement une partie importante des
crédits périmés et j'imagine que le ministre des Finances
compte là-dessus aussi.
M. TETLEY: Moi, je n'y compte pas du tout. En effet, pour les postes
vacants, les procédures sont en marche dans tous les cas. Ça
c'était au 1er avril et certainement que depuis ce temps nous avons
comblé certains de ces postes. Mais c'est un vrai problème, mais
le pire est qu'on perd les gens aussi vite qu'on les trouve. C'est un
ministère de spécialistes. L'homme qui visite une compagnie
cotée à la Bourse, qui visite une maison de courtage doit
être expert. L'homme qui visite le Trust Royal et regarde ses $12
milliards de fonds doit être un vrai expert.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est probablement le ministère qui a la
plus haute moyenne de rémunération, de salaire moyen. Est-ce que
le ministre a fait le calcul avec la Fonction publique?
M. TETLEY: J'ai essayé de le faire une fois. J'ai même dit
à mon sous-ministre qui s'est opposé farouchement, parce qu'il ne
croit pas que ses hommes sont assez payés.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour faire ressortir ce n'est pas
parce qu'ils seraient trop payés peut-être la
difficulté de recrutement. C'est un degré de
spécialisation plus poussée. D'autre part, le
député de Wolfe vient de le mentionner, par sa question quand on
veut recruter les actuaires à $11,000, même s'ils sont
étudiants, s'ils n'ont pas terminé les longues années
d'études, mais même à $11,000. On peut comparer les
écarts lorsqu'il s'agit d'un jeune médecin qui fait de la
pratique générale avec le régime d'assurance-maladie. Ce
n'est pas moi qui l'ai dit hier, c'est un autre ministre qui l'a
mentionné, le ministre du Revenu.
Si on prend la scolarité d'une part et si on prend, d'autre part,
l'écart de rémunération dans le cas de ce professionnel
qui, déjà, à sa première année, entre sur le
marché du travail, je comprends que le ministère et le
gouvernement en général peuvent avoir certaines
difficultés de recrutement du personnel mais ce n'est pas par plaisir
que le ministre et ses fonctionnaires ont demandé à la Fonction
publique 32 nouveaux postes, c'est parce qu'il y a des programmes, parce qu'il
y a du travail à
accomplir au ministère qu'on a besoin de cet effectif.
La Fonction publique doit être réaliste dans ses
échelles de rémunération. Là, je ne fais pas
particulièrement référence aux négociations
actuelles, mais, d'une façon générale, je pense que la
Fonction publique doit être réaliste pour permettre à
différents ministères, qui ont réussi à faire
accepter un effectif de tant de personnes, de pouvoir aussi en cours
d'exercice, le plus tôt possible, combler ces postes. Quand un service
s'organise, plus le recrutement est lent, plus cela prend du temps avant que ce
service prenne véritablement sa dimension. Le ministre organise un
fichier central, c'est bien important, c'est la base de toute une série
d'activités et de décisions qui devront être prises au
ministère. C'est pour cela qu'il est important que, selon le fichier
central, au moment où le ministre aura besoin de ses effectifs,
l'échelle de rémunération, compte tenu de certaines
contraintes qu'il est normal de prendre en considération, permette aussi
le regroupement des bons hommes. La Fonction publique doit continuer de se
spécialiser par le recrutement des compétences et des gens qui
veulent travailler, qui sont motivés à l'accomplissement d'un
excellent travail au gouvernement du Québec.
M. TETLEY: Jeudi, je vais assister au Conseil du trésor et je
vais présenter mes idées sur le ministère de l'an
prochain, le PPBS, etc. Je vais prendre une copie du discours que vous venez de
prononcer et je vais le déposer comme document faisant la preuve de
l'importance du ministère. Je ne peux qu'appuyer vos remarques.
D'autre part, la préparation du budget a été
très difficile cette année, même plus difficile que l'an
dernier et l'année précédente. Elle a été
difficile parce qu'en grande partie, le PPBS est en marche et qu'il faut faire
la preuve. On ne peut pas parler dans le vague comme on le faisait autrefois,
mais moi, je l'admets.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand le ministre venait nous voir lors de
l'étude des crédits, quand il était de ce
côté-ci de la Chambre est-ce que le ministre parlait dans le
vague, non?
M. TETLEY: Non, pas dans ce temps.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce était documenté. Je me souviens que le
ministre, comme première question, nous demandait si le ministère
avait un plan de développement quinquennal, si on avait fait des
prévisions pour cinq ans. Je n'ai pas osé poser la question au
ministre, je suis certain qu'il m'aurait répondu oui, parce qu'il
m'avait posé la question tellement souvent.
M. TETLEY: La réponse est oui. Le système de PPBS est plus
avancé que je ne pensais dans le temps, malgré que, lors de mes
critiques du côté de l'Opposition, j'avais le PPBS de l'Ontario et
c'était facile, je basais mes questions sur l'Ontario. Je dois avouer
quand même, malgré les difficultés, que le gouvernement a
été très soucieux des problèmes de notre
ministère. Il a fait des efforts énormes. Lorsque les gens ont
regardé chaque ministère, ils ont vu une diminution ici et
là, et une augmentation de 29 p.c. au ministère des Institutions
financières. Après, ils ont décidé de couper tout
le monde. J'ai eu même une petite augmentation après et ils ont
commencé à se demander si j'avais des amis quelque part, si je
donnais des pourboires ou quoi. Ce n'était pas vrai. Je crois qu'on
était conscient de l'importance du problème.
Le chef du personnel est ici et il a pu noter lui aussi l'importance que
la commission parlementaire porte à ce problème de postes vacants
et l'état de nouveaux postes.
J'espère que le sous-ministre et le sous-ministre associé
en prennent bonne note.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, je ne sais pas
si mes collègues ont à poser une question sur l'effectif.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que je peux poser des
questions d'ordre général?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, c'est-à-dire qu'on s'est entendu en
fait pour parler de façon générale mais sur les effectifs
autant que possible. Le ministre avait des documents à nous distribuer
sur des problèmes généraux, il va les distribuer avant la
fin de la séance pour qu'on les ait pour la fin de semaine.
M. LATULIPPE: C'est parce que tout à l'heure vous aviez dit que
vous vouliez également aborder la question des projets.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. LATULIPPE: Mais ce sera après que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce qui a un peu changé, modifié
l'orientation de la marche de la commission, c'est que le ministre voulait
déposer les documents généraux sur chacun des services,
sur chacun des articles. Dans les documents généraux,
probablement que le ministre donne des précisions sur certains projets?
Est-ce que c'est exact?
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors avant de poser des questions sur les
projets, peut-être qu'on pourrait prendre connaissance en fin de semaine
des documents généraux que le ministre va déposer pour
accélérer peut-être nos travaux.
M. TETLEY: En tout cas, nous sommes...
M. LATULIPPE: On aurait besoin d'une amélioration à notre
budget.
M. TETLEY: Je vous ai donné les pages, 5, 6, 7, 8, 9 et 10, qui
concernent l'article no 1: Administration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre explique le fichier central des
entreprises, c'est une question importante.
M. TETLEY: Cela tpmbe exactement là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon, à ce moment-là, est-ce que
le ministre peut nous dire où en est rendue son organisation?
M. TETLEY: On est rendu peut-être à mi-chemin. Depuis
presque un an, le chef du personnel a vu tous les ministères, il a
même publié une brochure qui explique aux fonctionnaires, au grand
public, les deux fichiers centraux. Dans mes notes, vous avez les grandes
lignes, c'est un inventaire du Québec sur le plan commercial, industriel
et financier.
Toute institution sera inscrite sur des ordinateurs. C'est une primeur
pour le Québec, le fédéral ne l'a pas. J'ai visité
le fédéral, on y discute de notre ministère du
commencement à la fin, mais on a parlé de la protection du
consommateur et c'est le fichier central, la plupart du temps, qui
intéressait le fédéral. On nous a même
demandé si nous allions pouvoir donner des informations sur demande.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est contraire aux habitudes.
M. TETLEY: Mais peut-être peut-on donner pour recevoir.
M. JORON : Est-ce que le ministre me permettrait une question?
Le fichier central, est-ce que ça inclut toutes les entreprises
incorporées au Québec?
M. TETLEY: Et non incorporées.
M. JORON: Et non incorporées. Est-ce que ça inclut alors
des compagnies qui fonctionnent en vertu d'une charte
fédérale?
M. TETLEY: Oui, toutes les entreprises au Québec, sans exception.
Et c'est pourquoi nous avons...
M. JORON : Les compagnies étrangères aussi,
forcément, qui font affaires en vertu d'un permis ou d'une licence.
M. TETLEY: Multinationales ou étrangères canadiennes ou
québécoises, qui sont plutôt étrangères,
malgré la...
M. JORON: II y en a combien, 80,000, c'est ça le chiffre
approximatif?
M. TETLEY: Je crois, à peu près.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: De toute façon, M. le Président, les
compagnies qui ne font affaires qu'avec l'un ou l'autre des ministères
ou organismes du gouvernement est-ce dans votre fichier ou si vous allez
inclure des compagnies qui ne font pas affaires avec le gouvernement?
M. TETLEY: Toute compagnie qui fait affaires avec le gouvernement, je
crois, c'est un des problèmes, a, je crois, quatre, cinq, six ou sept
numéros de dossiers avec le gouvernement. Tout d'abord, il y a la loi
des informations que chaque compagnie doit donner au gouvernement chaque
année, il y a le fisc.
Il y a tous les ministères où toute compagnie est
impliquée mais nous voulons un seul dossier pour chaque compagnie.
Lorsque j'étais au ministère du Revenu, j'ai vu qu'une
compagnie comme Texaco avait peut-être onze numéros pour onze
taxes et avec onze services et onze inspecteurs qui allaient la voir. Un
inspecteur pouvait peut-être faire le travail de trois ou quatre.
Finalement, le ministère du Revenu a mis le tout ensemble. Il n'y a que
deux fichiers ou dossiers pour une compagnie, soit les taxes, soit
l'impôt.
Mais tous ces dossiers se trouveront chez nous. Si un inspecteur veut
visiter, disons Texaco, il pourra voir les noms des directeurs qu'il n'avait
pas au ministère du Revenu. Il pourra voir bien d'autres choses
même des documents du ministère du Travail. Et, j'espère,
en poussant sur un bouton quelque part, que nous aurons bientôt toutes
sortes de chiffres; si on veut savoir...
M. JORON : Combien de main-d'oeuvre, par exemple, et toutes ces
choses-là? C'est le genre d'information que vous pensez mettre dans la
banque centrale d'information...
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: ... la propriété, les directeurs de
l'entreprise, nature des opérations, nombre d'employés...
M. TETLEY: Les investissements au Québec et les investissements
ailleurs.
M. JORON : Vous penserez à mettre aussi les profits
rapatriés à l'étranger.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'espère que le ministre va en profiter
pour créer tout un système de comptabilité sur les emplois
créés.
M. TETLEY: Ah oui!
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait l'endroit pour mettre le
système de comptabilité, si
vous avez toutes les entreprises. Il faudrait que le premier ministre
accepte vos chiffres, cependant. Il a tendance à ne pas accepter les
chiffres donnés par ses autres ministres.
M. TETLEY: II a toujours accepté mes chiffres, au
ministère du Revenu et au minitère des Institutions
financières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, vous allez avoir des informations...
M. TETLEY: Je vous demande pardon. Autant que je sache, il a toujours
accepté nos chiffres.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... confidentielles dans le fichier
central.
M. TETLEY: Oui, évidemment. Le gouvernement avait peut-être
donné les grandes lignes, investissements étrangers ou
épargnes étrangères, dans les journaux ou à la
demande peut-être d'un député. Mais on dira pas que, dans
un certain commerce, il y a tant de profits ou que le salaire du
président est de tant.
M. LATULIPPE: M. le Président, sur le même sujet. Est-ce
que la Commission des valeurs mobilières va avoir accès au
fichier? Les renseignements qu'elle demande seront-ils également
compilés au fichier?
M. TETLEY: Surtout la Commission des valeurs mobilières.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'organisation va se terminer quand, en
1972?
M. TETLEY: En 1973, nous l'espérons. La mise en place,
évidemment, est un travail énorme qui fait trembler les gens.
M. LAVOIE (Wolfe): Tout le système PPBS.
M. TETLEY: C'est le fichier non pas du gouvernement mais de l'entreprise
privée. L'Hydro-Québec s'y trouvera et fait partie du
comité, évidemment.
M. LAVOIE (Wolfe): Les régies gouvernementales.
M. TETLEY: Oui, la Société des alcools aussi se trouvera
dans le fichier central parce que c'est une industrie ou, du moins, un
commerce.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais les experts en PPBS doivent être assez
rares à trouver, les compétences dans ce domaine doivent
être assez rares?
M. TETLEY: Oui, parfois le PPBS nous vole nos hommes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et ils sont attachés au Conseil du
trésor, eux.
M. TETLEY: Mais le PPBS est au Conseil du trésor ou au
ministère des Finances.
M. LATULIPPE: M. le Président, me serait-il permis de demander au
ministre si son ministère a publié une liste de la nature ou de
la qualité des renseignements qui seront contenus et qui seront
disponibles dans le fichier central, de telle sorte que l'individu sache
jusqu'à quel point l'Etat peut facilement contrôler son entreprise
ou avoir les renseignements?
M. TETLEY: Oui, nous avons déjà publié, je vais la
donner une brochure qui a même été distribuée
en Chambre.
M. CLOUTIER (Montmagny): On l'a eue.
M. TETLEY: En voici une deuxième copie pour le fichier central,
parce que c'est important que tout le monde soit au courant de son importance
et de ses pouvoirs, autrement le fichier n'aurait pas grande importance. C'est
tout simplement un commencement et il explique que notre sous-ministre est en
charge du comité. Il y a huit autres membres qui sont tous
sous-ministres, sauf M. Paul Dozois de l'Hydro-Québec et M. Réal
Châtelain de Mobec (finance).
M. LATULIPPE: Je ne parlais pas du personnel, mais seulement de la
nature des renseignements, de la diversification, de l'éventail que vous
entendez couvrir. Est-ce que c'est compris là-dedans aussi?
M. TETLEY: Nous allons publier d'autres brochures et d'autres documents
d'information dans ce sens.
M. LATULIPPE: Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'autres questions au sujet du
fichier central. Le ministre nous parle, dans son court mémoire sur
l'administration, du service des relations publiques.
M. TETLEY: Le service est très important. Nous avons un seul
service au ministère, dont plusieurs des fonctionnaires sont
évidemment du ministère des Communications, mais qui travaillent
à temps plein. Notre service, je crois, était si compétent
qu'on nous a pris notre chef pour lui donner un poste beaucoup plus
élevé. En effet, il est maintenant responsable de tout le
ministère. Il est directeur général adjoint aux
Communications. Nous l'avons remplacé.
M. LAVOIE (Wolfe): Qui était-il?
M. TETLEY: C'était M. Jean-Marie Beaudet.
M. LAVOIE (Wolfe): II a été remplacé par qui?
M. TETLEY: II a été remplacé par M. Gérard
Tremblay. C'est un homme très compétent. Le service est
très important et je crois qu'on travaille très bien avec le
ministère des Communications. Un document, "Une piastre, c'est une
piastre" a été préparé par des avocats avec
lesquels j'ai travaillé plusieurs après-midi et une
matinée. Cette brochure nous a coûté plus de $9,000. Le
tirage a été d'un million d'exemplaires. On a dû faire
imprimer 500,000 autres exemplaires. Elle se vend $1. Les députés
des deux côtés de la Chambre en ont demandé des copies
le député de Mégantic en a même
demandé 5,000 que je leur ai finalement données.
Récemment, quelqu'un qui est un critique parfois sévère du
ministère parlait de ce document que le ministère des
Communications a présenté sous une forme intéressante.
Cette personne, à un poste radiophonique de Sherbrooke, a tellement bien
parlé que le député bâtonnier de Maskinongé
m'a dit, la semaine dernière qu'il fallait que je trouve une copie de
l'éditorial, ce que j'ai fait. Je ne veux pas le présenter
à la Chambre, parce, que ce n'est pas la place peut-être. Il a
loué le fait que la brochure explique dans un langage assez courant les
problèmes que le bill 45 peut régler. Je crois que c'est un bon
exemple du travail fait par notre service des relations publiques. Nous avons
reçu aussi et je dois le noter la coopération de la
presse écrite et orale, ainsi que de la télévision parce
que c'est un sujet très important au Québec. Nous avons
reçu toute sorte de publicité gratuite.
Notre budget de l'an dernier était de $63,000 pour la
publicité pour la protection du consommateur et nous avons eu
peut-être $1 ou $2 millions de publicité. Chaque journal
aujourd'hui a un rédacteur responsable de la protection du consommateur,
au moins un journaliste ou rédacteur qui a fait un grand travail.
Parfois, ils ont critiqué le ministre ou le ministère et
certaines critiques étaient valables mais au moins ils ont
suscité de l'intérêt.
M. LAVOIE (Wolfe): Les caisses populaires ont aussi produit leur
fascicule, l'Association du Barreau aussi, je crois.
M. TETLEY: Je remercie le député de Wolfe. Le Barreau et
les caisses populaires ont préparé ensemble en fait, le
Barreau l'a préparé et la caisse a payé, je crois que
c'est $45,000 pour la distribution un document très important.
L'avocat du Barreau est venu chez moi un dimanche après-midi et il m'a
montré le projet en préparation. Je l'ai complètement
modifié, et je l'ai donné à mes avocats qui ont
complètement modifié mon travail. C'est pourquoi il faut
être modeste dans le ministère.
Et finalement, la brochure est très bien faite.
On y pose des questions comme: Qu'est-ce que la vente à
tempérament? Réponse. La loi oblige-t-elle le consommateur
à payer comptant une certaine proportion du prix de vente?
Réponse. Des pages de questions et réponses. C'est formidable.
Cela a été distribué partout à un prix très
élevé.
Il y a d'autres associations de consommateurs qui nous ont aidé
énormément aussi pour la publicité. Donc, notre service
des relations publiques, j'en suis très fier.
Un autre exemple, lorsque Québec voulait vendre les obligations
d'épargne pour environ $40 millions, qui a-t-il pris pour
préparer la publicité? Notre chef de service est parti avec un
homme ou deux pour deux mois. Ils ont pris les avocats de notre service des
compagnies pour sa préparation au lieu de donner ça
à des avocats de l'extérieur ou du Barreau sans frais. Et
nous savons tous son grand succès. On a vendu, je crois, pour $143
millions d'obligations d'épargne au Québec. Donc, notre service
des relations publiques est, à mon avis, formidable.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne sais pas si nous
devons entreprendre un autre sujet. Vous avez mentionné que vers midi
trente...
M. LE PRESIDENT: Nous attendons les cloches pour nous aviser.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que l'autre sujet que nous voulons
aborder, c'est le comité d'étude sur l'assurance-automobile. Cela
va peut-être être un peu long.
M. TETLEY: C'est dans l'article 1.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce serait le désir des membres de la
commission d'ajourner?
M. TETLEY: Le leader parlementaire m'a demandé de continuer parce
qu'apparemment quelqu'un veut parler encore en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Alors nous attendrons les informations de la
Chambre.
Assurance-automobile
M. TETLEY: Je crois que nous pouvons aborder la commission
d'enquête de l'assurance-automobile, parce que ça tombe exactement
dans ces chiffres-là: administration.
Nous avons, pour l'assurance-automobile, trois moyens d'agir. Tout
d'abord, j'ai convoqué les compagnies d'assurance, les trois groupes se
sont réunis pour la première fois depuis la
Confédération, depuis Jacques Cartier. J'ai expliqué que
suivant nos chiffres nous avons le livre vert et leurs chiffres,
il ne fallait pas augmenter les tarifs cette année, mais il fallait les
réduire. Ce qu'ils ont fait.
Les autres provinces ont eu une légère augmentation, nous
avons eu, au Québec, une légère diminution. Nous
continuons à travailler avec ces compagnies. Deuxièmement, nous
avons formé, l'an dernier, une commission d'étude
indépendante. Il n'y a que deux personnes du ministère qui en
font partie. Le président est un actuaire de l'extérieur. Un
avocat, une économiste et d'autres personnes en font partie.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le ministre, quel est le bureau
d'actuaires-conseils que vous venez de mentionner?
M. TETLEY: Le bureau de M. Jean Gauvin. Il est de l'ancien bureau de M.
Castonguay. C'est moi qui l'ai choisi comme étant le meilleur homme,
après étude du problème pendant deux mois. Je crois qu'il
a fait preuve de compétence depuis ce temps.
M. LE PRESIDENT: Je ne veux pas interrompre le ministre, mais nous
sommes appelés en Chambre pour voter. Nous ajournons la commission sine
die pour reprendre à une date ultérieure.
(Fin de la séance à 12 h 37)