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Commission permanente des Institutions
financières,
Compagnies et Coopératives
Etude des crédits
Séance du mardi 2 mai 1972
(Vingt heures dix-sept minutes)
M. PILOTE (président de la commission des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Je crois qu'à la dernière séance, nous en
étions encore à l'article "administration" et les questions
étaient au sujet de l'assurance-automobile, si ma mémoire est
bonne.
Administration
Services administratifs
Assurance-automobile (suite)
M. LAVOIE (Wolfe): A ce sujet, M. le Président, je vais prendre
la parole immédiatement. Lorsqu'on s'est quitté, l'autre jour, le
ministre devait nous parler de l'assurance-automobile. Depuis ce temps, je me
demande s'il n'y a pas eu quelques déclarations en fin de semaine. Il
est question des $35 qui seront ajoutés l'an prochain, pour le fonds
d'indemnisation, si la personne qui détient un permis n'est pas
assurée. Pourriez-vous nous donner plus de détails et nous dire
où vous, en êtes rendu concernant l'assurance-automobile?
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Il y a trois étapes
dans notre programme d'assurance-automobile. Tout d'abord, la commission
permanente Gauvin qui va faire rapport vers la fin de l'année et qui
touche toutes les questions, sans exception. Il y a aussi les pressions que le
ministère a faites concernant les tarifs actuels. Il y a 212 compagnies
d'assurance-automobile au Québec et, pour la première fois, elles
se sont réunies ici, à cette table, l'an dernier. Leurs
représentants ont décidé de réduire les tarifs
d'assurance-automobile au Québec, qui est la seule province où
les tarifs ont été réduits. La troisième
étape est l'étude interministérielle. J'ai
été le président d'un comité et j'ai fait rapport
au conseil des ministres. J'ai annoncé hier les résultats, soit
cinq programmes que nous allons suivre ici au Québec. Tout d'abord, le
fonds d'indemnisation sera augmenté chaque année par les
non-assurés. Les assurés ne paieraient rien dans le fonds,
contrairement à ce qui se fait actuellement. Lors de l'achat de votre
permis, si vous n'avez pas d'assurance, vous serez obligé de payer
$35.
Le ministre de la Justice va augmenter l'usage de l'ivressomètre,
notre ministère va augmenter nos demandes envers les compagnies
concernant le tarif et les documents qu'ils vont produire chaque année
dans le livre vert ou ailleurs. Le ministre des Transports va imposer un
système de démérite comme en Ontario.
M. LAVOIE (Wolfe): II existe aussi au Nouveau-Brunswick, je crois.
M. TETLEY: Peut-être, je ne sais pas.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est tout quant à l'assurance-automobile, ou
en sommes-nous rendus après les études...?
M. TETLEY: Oui.
M. LAVOIE (Wolfe): ... des rencontres interministérielles et des
rencontres avec les 212 compagnies qui...
M. TETLEY: Oui.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, pour l'information du
député de Wolfe, peut-être que M. le/ ministre pourrait
aller un peu plus loin dans ses explications, surtout et notamment dans le
domaine du concept interministériel ou du comité qui existait,
à savoir qu'il y a eu, via la sécurité routière,
certaines recommandations qui ont été faites et approuvées
par le ministre à ce moment-là.
M. TETLEY: Oui.
M. HARVEY (Chauveau): Une certaine signalisation doit être
uniformisée; c'est un peu dans ce sens-là, je pense que le
député de Wolfe, M. le ministre, attend une réponse.
M. TETLEY: Mais vous avez raison. Le cinquième point est que nous
aurons, j'espère, une signalisation uniforme au Québec qui,
apparemment, va diminuer le nombre d'accidents et par le fait même, le
coût de l'assurance au Québec. C'est encore le ministre de la
Voirie qui en est le responsable.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais croyez-vous qu'un jour l'Etat aura son propre
système d'assurance-automobile?
M. TETLEY: C'est une question que nous avons laissée à la
commission Gauvin. Tout le monde a le droit de faire des demandes ou de
présenter des mémoires. Je préfère voir ses
conclusions avant de me prononcer; je note que dans le manifeste du Parti
québécois on n'a pas parlé de ça.
M. JORON: Je pense qu'on y fait allusion seulement à un
endroit.
M. TETLEY: Peut-être en passant.
M. JORON: Parce que c'est déjà dans le programme, nous ne
sommes pas revenus...
M. TETLEY: Dans le programme, l'étatisation... Certaines
personnes prônent l'étatisation, d'autres prônent une
compagnie d'Etat avec concurrence, comme le CNR avec le CPR ou Air Canada avec
le Canadien Pacifique. Il y a plusieurs moyens.
M. LAVOIE (Wolfe): En somme, je peux vous dire que j'aime mieux
l'entreprise privée. Par contre, quelles sont vos réactions
concernant les assurances, au Manitoba par exemple? Est-ce que c'est
concluant?
M. TETLEY: Ce n'est pas concluant du tout. Au Manitoba, comme ici, on a
une idée du coût de l'assurance, du coût global de
l'assurance. Au Québec, l'assurance-automobile nous coûte à
peu près $330 millions ou $320 millions par année, ce qui est
plus que l'assurance-maladie. Et si l'Etat dépense $20 ou $25 millions
pour plus de policiers sur les routes, plus d'actuaires dans mon
ministère ou pour bien d'autres choses encore, et coupe
l'assurance-automobile de $50 millions par une dépense de $20 millions,
nous avons bien fait.
Mais il faut que la population soit prête à accepter une
augmentation de taxes. Malgré le fait que les primes d'assurance vont
beaucoup baisser, on n'aime pas les augmentations de taxes.
M. LAVOIE (Wolfe): Par contre, M. le ministre, parmi ces 212 compagnies
qui existent, qui font affaires au Québec, il y en a certainement qui
font des profits.
M. TETLEY: Oui.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que les profits de ces compagnies sont
généralement réinvestis au Québec ou un peu
partout?
M. TETLEY: C'est un problème que le comité Bouchard
étudie à l'heure actuelle et aussi la commission Gauvin. Tous les
deux veulent savoir la nature des investissements des compagnies
d'assurance-automobile et des compagnies d'assurance-vie qui font affaires au
Québec. C'est très important. Je suis de votre avis. Et c'est
l'argument du ministre impliqué au Manitoba.
M. JORON: Si vous me permettez, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: En rapport avec la même question.
M. JORON: Sur la question d'une compagnie d'assurance-vie et
enchaînant sur ce que le député de Wolfe vient de dire, il
faut remarquer que la question du réinvestissement ne se pose pas autant
pour les compagnies d'assurance-automobile que pour les compagnies
d'assurance-vie.
Les compagnies d'assurance-automobile n'accumulent pas
énormément d'épargnes, c'est du "in and out".
M. TETLEY: En théorie, mais elles ont de jolies réserves
quand même.
M. JORON: Mais à ce moment-ci, le montant des actifs des
compagnies d'assurance générale, non seulement l'automobile mais
générale, comparé aux compagnies d'assurance-vie...
M. TETLEY: Ah oui!
M. JORON: ... est d'une proportion d'un pour six ou un pour sept. Sur la
question de la responsabilité, de l'assurance sans
responsabilité, j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Il y a une
expérience j'avais une coupure devant moi qui était
assez intéressante qui a été mise en vigueur en 1971 dans
l'Etat du Massachusetts et qui, dans les six premiers mois je ne sais
pas ce que les résultats pour toute l'année ont donné
avait accusé une baisse de réclamations de 78 p.c...
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: ... du fait d'avoir supprimé la question de la
responsabilité. Est-ce que j'ai bien compris le ministre quand il a dit
qu'il préfère ne pas s'engager dans ce débat...
M. TETLEY: Non.
M. JORON: ... tant que la commission Gauvin n'aura pas fait rapport ou
s'il a des opinions dont il aimerait nous faire part?
M. TETLEY: J'aimerais avoir vos opinions. Je n'ai pas d'opinion
précise. Mais je peux dire que l'Etat du Massachusetts a fait de grands
progrès parce qu'il n'a pas l'assurance-maladie. Nous sommes en avance
au Québec et au Canada dans ce domaine. Et dans l'Etat du Massachusetts,
le coût des avocats, des médecins et des hôpitaux est
tellement élevé que, j'ai vu les chiffres du gouverneur,
le politicien en charge avait mis dans les chiffres que j'ai vus, 37 p.c, pas
autant que vous le gouverneur a dit...
M. JORON: Ce n'était peut-être pas la même
période.
M. TETLEY: ... 48 p.c. et les compagnies d'assurance en ont admis 38
p.c. Donc, c'est au moins 38 p.c. et peut-être plus. Mais leurs tarifs,
malgré cela, sont encore plus élevés qu'au Québec
parce que chaque fois qu'il y a un accident avec dommages personnels, cela
coûte $200,000, parce qu'un avocat est impliqué ou un
médecin ou des médecins et des avocats. Ici, lorsque vous
êtes blessé dans un accident, vous allez à l'hôpital
et ce dernier paie. Mais d'autre part...
M. LAVOIE (Wolfe): II y en a qui ont de l'assurance.
M. TETLEY: Oui et cela diminue énormément le coût de
l'assurance. C'est pourquoi il nous faut au Québec et au Canada des
baisses dans les tarifs de l'assurance-automobile.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Puisque nous parlons d'assurance-automobile, le
ministre me permettra de poser plusieurs questions. Est-ce que les compagnies
d'assurance-automobile qui font affaires au Québec sont tenues de faire
un rapport séparé de leurs opérations pour la partie des
affaires qu'elles font au Québec?
M. TETLEY: Je note votre question. Je crois que oui, mais je ne suis pas
absolument certain. Le surintendant n'est pas ici ce soir.
M. ROY (Beauce): Le surintendant des assurances n'est pas ici ce
soir.
M. TETLEY: Je vais vérifier et j'aurai votre réponse.
M. ROY (Beauce): Puisque nous avons abordé cette question, je
m'étais réservé plusieurs questions que j'ai justement
évité de poser à la Chambre pour attendre la séance
de la commission parlementaire à ce sujet.
A l'heure actuelle, le public se plaint de plus en plus de la hausse
constante et du coût prohibitif des primes d'assurance-automobile surtout
en ce qui a trait aux personnes de 25 ans et moins. Est-ce qu'il serait
possible que le ministère, sans faire une longue enquête, fasse
une enquête sommaire pour découvrir quelles sont les
véritables causes de la hausse des primes d'assurance-automobile depuis
dix ans? Si on se limite à parler uniquement de profits pour les
compagnies d'assurance, c'est une chose, mais j'estime qu'il y a certainement
d'autres causes. Les compagnies d'assurance se plaignent et se plaignent.
M. HARVEY (Chauveau): Sont impliqués dans 90 p.c. des accidents
les jeunes de 25 ans et moins.
M. ROY (Beauce): Je parle d'assurance en général. Quelles
sont les causes, à l'heure actuelle, de la hausse constante des primes
d'assurance et du fait que les primes soient si élevées?
M. HARVEY (Chauveau): Chez les jeunes.
M. ROY (Beauce): En général, les primes sont assez
élevées.
M. HARVEY (Chauveau): II y a une diminu- tion, ici, au Québec. M.
le ministre pourrait peut-être témoigner... Diminution cette
année et diminution éventuelle l'an prochain.
M. TETLEY: Oui, cette année, une légère
diminution.
M. ROY (Beauce): Je sais cela. Est-ce que le ministère a fait
quelque chose? Je ne parle pas des diminutions, nous avons tous lu ça
sur les journaux. Je veux savoir quelles sont les raisons, les causes
fondamentales de la hausse des coûts d'assurance depuis dix ans au
Québec. On m'a dit les compagnies d'assurance d'abord que
lorsqu'il y a des blessés qui, en somme, nécessitent une
hospitalisation, que la hausse des coûts de l'hospitalisation est une
cause assez importante de la hausse des primes de l'assurance-automobile.
Il y a aussi la hausse du coût des réparations. Il y a
aussi la hausse du coût d'administration et autres. Maintenant...
Pardon?
M. LAVOIE (Wolfe): Vous avez la réponse.
M. ROY (Beauce): Non. Ce sont toutes des hypothèses. J'aimerais
que nous puissions avoir en main un rapport qui pourrait nous indiquer ces
choses-là, de façon à pouvoir examiner le problème
de très près parce qu'on n'ignore pas à l'heure actuelle
qu'il y a des pressions visant à ce que le gouvernement étatise
les compagnies d'assurance et se fasse assureur dans le domaine de
l'automobile. J'ai beaucoup de réserve à ce sujet, je pense que
je ne surprendrai personne. Si c'était uniquement une question de
profit, ce serait discutable, mais il y a d'autres questions et j'aimerais que
nous puissions connaître ces causes avec certains pourcentages, des
chiffres à l'appui.
M. LAVOIE (Wolfe): Non, vous parliez d'accidents tantôt
excusez, M. le ministre, si je vous enlève la parole il y a dix
ans, je me rappelle qu'une chambre privée dans un hôpital
était de $8 à $10 par jour, aujourd'hui c'est $80.
M. ROY (Beauce): C'est ça. C'est là que je me demande, si
le gouvernement se lance dans l'assurance-automobile, ce qu'il va faire pour
corriger la situation si les hausses... Le ministre nous a demandé tout
à l'heure si nous avions des commentaires, des observations ou des
recommandations à faire. Alors, j'estime qu'avant d'aller plus loin dans
ce domaine-là, il y aurait lieu d'avoir une étude très
objective, très au point sur tous ces points-là.
M. TETLEY: Exactement, c'est pourquoi nous avons nommé, il y a un
an, la commission Gauvin, qui fait l'étude des coûts de
l'assurance-automobile; je me demande si elle fait une étude depuis dix
ans, mais la commission doit informer le public et le gouvernement, à
savoir pourquoi les primes sont tellement élevées et
donner certains moyens afin de les faire diminuer, si possible. La
commission devrait aussi fournir une opinion sur l'étatisation, si une
compagnie de la couronne entre en concurrence, ou d'autres possibilités.
J'ai certains doutes au sujet de l'étatisation parce que le gouvernement
est un outil lourd. Même dans un ministère comme le nôtre
qui est tout nouveau, nous avons un syndicat que les compagnies d'assurance
n'ont pas et que peut-être elles auront bientôt. Nous avons
certains problèmes. Le syndicat nous donne des avantages et aussi des
désavantages.
Je me demande quand même si le gouvernement du Québec,
à l'heure actuelle, est en mesure de prendre charge de toutes les
compagnies d'assurance ou de leurs affaires. J'aimerais entendre les opinions
des autres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Je pense qu'il faudrait distinguer deux choses. On ne parle
pas nécessairement d'étatisation des compagnies
d'assurance-automobile, acheter les compagnies une par une. On parle
d'implanter un régime public, universel et obligatoire, par l'Etat.
C'est une proposition différente qui ne demande pas un investissement
considérable.
M. TETLEY: C'est vrai.
M.GIASSON: S'agit-il d'un régime de base ou d'un régime
complet dans votre esprit?
M. JORON: Je ne saisis pas la distinction que vous faites.
M. GIASSON: Vous pouvez avoir le régime de base qui se limite
à couvrir la responsabilité civile pour un...
M. JORON: Jusqu'à un certain point.
M. GIASSON: ... minimum et vous laissez à l'industrie
privée toutes les autres couvertures, toutes les autres protections que
vous pouvez retrouver sur le contrat de l'automobile. Ou vous pouvez aller avec
un régime complet et total où tout ce qui est protection,
couverture à l'intérieur d'un contrat, soit entre les mains de
l'Etat.
M. JORON: Je pense qu'en fait, au tout début, on pourrait
commencer par un régime de base, assurant un certain minimum obligatoire
et universel à tout le monde et qu'il y ait la possibilité de
toutes sortes de formes d'assurance supplémentaire en dedans des
régimes privés, un peu comme cela existe dans le cas du
Régime de rentes ou régime public qui s'applique à tout le
monde. Qui veut des régimes supplémentaires est libre de s'en
donner. Ce n'est pas une chose qui coûterait, en investissement initial,
énormément d'argent au gouvernement. En fait, presque rien.
M. TETLEY: Mais il y a un problème, c'est que le Manitoba a
laissé, par exemple, les courtiers faire affaires avec les compagnies de
l'Etat. Ils avaient peut-être peur d'aller jusqu'au fond de leurs
idées socialistes. On blâme aussi le gouvernement du Manitoba et
d'autres Etats, où il y a une assurance nationale, de prendre le petit
risque, jusqu'à $15,000, $30,000. Les risques élevés sont
assumés par les compagnies d'assurance ordinaires. L'Etat n'est pas
prêt à donner l'assurance que nous avons aujourd'hui, au
Québec.
D'autre part, il y a certains avantages. Aussi, dans l'étude de
l'assurance-automobile de l'Etat, au Manitoba, on n'a pas l'état des
coûts. Cela coûte combien à la province? Nous avons ici les
coûts, pas grand-chose parce que le ministère n'a pas de gros
budget. On n'a pas les chiffres des coûts au Manitoba.
M. GIASSON: Vous n'avez pas l'impression, M. le ministre, que
l'idée énoncée à l'effet que le traitement des
réclamations en l'assurance-automobile soit fait sans faire la preuve de
faute ou de responsabilité, contribuerait largement à influencer
la tarification? Si vous traitez les réclamations sans preuve de faute,
du moins à la base, vous ne pouvez pas le faire dans le cas de toutes
les réclamations, quand il s'agit d'invalidité découlant
d'un accident. Mais êtes-vous d'avis que cette forme de règlement
pourrait contribuer à réduire le tarif? Surtout lorsqu'on
connaît la partie d'honoraires que les compagnies d'assurance versent
à des bureaux d'avocats.
M. TETLEY: Oui, vous allez couper peut-être 30 p.c. à 40
p.c. dans certains cas, soit les frais d'avocats. Aussi, n'oubliez pas que le
"no-fault", le système sans faute, implique nécessairement un
tarif. Vous perdez un oeil, c'est un tarif: $1,000 parce que c'est le "no
fault". Vous ne pouvez pas demander plus. Si vous perdez une roue de votre
automobile, c'est tant, c'est un tarif et c'est ce que ça coûte.
Surtout au Massachusetts, il n'y a pas de débats, il n'y a pas de
procès à la cour, il n'y a pas d'avocats, il n'y a rien. Vous
l'avez ou vous ne l'avez pas. C'est comme l'assurance-chômage ou la
Commission des accidents du travail, il y a un tarif, vous l'acceptez ou vous
ne l'acceptez pas. C'est fini.
M. GIASSON: Ce n'est peut-être pas la meilleure formule, M. le
ministre.
M. TETLEY: Mais, ça implique un tarif.
M. GIASSON: Cela implique un tarif, d'accord. Est-ce que c'est la
formule la plus juste, la plus équitable?
M. TETLEY: Certaines personnes croient que la formule la plus juste est
le procès à la cour. Parfois, c'est très long et ça
coûte cher.
M. GIASSON: Dans les provinces où on applique le principe du
paiement sans preuve de faute, lorsqu'il s'agit d'établir le
degré d'incapacité découlant d'un accident d'automobile,
est-ce que la législation prévoit la possibilité d'un
recours aux tribunaux?
M. TETLEY: Parfois, dans certains cas: décès, certaines
demandes élevées. Vous n'avez pas, dans ce cas-là,
l'assurance du paiement sans preuve de faute.
M. LE PRESIDENT: Pour le bénéfice du journal des
Débats, le député Lavoie de Mégan-tic remplace le
député Cloutier de Montmagny.
M. LAVOIE (Wolfe): Lavoie de Wolfe.
M. LE PRESIDENT: Wolfe, je vous demande pardon; le député
de L'Islet remplace le député Dionne de Compton, le
député Veilleux de Saint-Jean remplace le député
Kennedy de Châteauguay, le député de la Beauce remplace le
député de Frontenac.
M. HARVEY (Chauveau): Ce n'est pas de la Beauce, M. le Président.
C'est de Beauce. Parce que si toute la Beauce avait pour député
M. Roy, nous serions minoritaires dans la Beauce.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas saisi très bien le sens.
M. HARVEY (Chauveau): Cela a un sens quand même.
M. ROY (Beauce): J'étais préoccupé par la
question...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): ... que je voulais poser à l'honorable ministre.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, pour le ministère des
Institutions financières, de faire une étude en vue d'examiner
s'il n'y aurait pas possibilité de limiter la responsabilité dans
le cas des petites réclamations. Je pense qu'un des articles, à
l'heure actuelle, qui est extrêmement onéreux pour les compagnies
d'assurance-automobile, c'est le règlement des petites
réclamations de $200, $300, $400 ou $500, qui prennent deux ou trois ans
à se régler. Tout le monde en souffre, tout le monde crie
à l'injustice de ce côté-là.
S'il y avait possibilité d'examiner, sous cet angle-là, de
faire une étude pour voir jusqu'à quel point ça pourrait
influencer la diminution des primes d'assurance-automobile, en éliminant
quantité de frais supplémentaires, de délais de toutes
sortes, il y aurait peut-être un point sur lequel, justement, le public
pourrait se trouver, sinon mieux protégé, du moins
protégé à un coût moindre. Parce qu'à l'heure
actuelle, à ce que je sache on ne peut pas laisser le domaine de
l'assurance-automobile au Québec tel qu'il est sans qu'à un
moment donné il y ait dans l'opinion publique un mouvement qui
réclame l'étatisation des compagnies d'assurance-automobile ou
qui réclame que le gouvernement prenne ça à ses frais.
En ce qui me concerne, je ne surprendrai personne en disant que je ne
suis pas en faveur de l'étatisation de l'assurance-automobile...
M. JORON: Pourquoi?
M. ROY (Beauce): Parce que le gouvernement, quel qu'il soit je ne
veux pas faire de partisanerie politique en disant ça c'est un
fait reconnu et admis que l'Etat n'a jamais administré à des
coûts inférieurs à ceux de l'entreprise privée.
M. JORON : Ah oui? Il faudrait que vous le prouviez.
M. ROY (Beauce): Oui, je vais le prouver. On peut aller le chercher dans
Sogefor, on peut aller le chercher dans toutes sortes de domaines, dans toutes
les institutions gouvernementales à l'heure actuelle et je pense qu'on
pourrait y aller. Il y a des domaines à l'heure actuelle, qui
relèvent nécessairement de l'Etat et nul autre ne peut le faire
à sa place. Mais dans les domaines où l'entreprise privée
peut oeuvrer, je dis qu'il peut y avoir certains mécanismes qui
permettent à l'entreprise privée d'être efficace. Autrement
dit, il y a certaines lois qui permettent à l'entreprise privée
d'être plus efficace.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que je ne pourrais pas poser une question en
passant? Vous n'avez pas l'impression que, depuis que les compagnies
d'assurance ont relevé leurs taux aussitôt que quelqu'un avait un
accident, que beaucoup d'accidents de $100, $200 et $300 n'étaient pas
rapportés et que les gens aimaient mieux faire réparer leur auto
que de déclarer les accidents à l'assurance et voir leur tarif
s'élever pour les trois années à venir?
M. TETLEY: Vous êtes obligés, en vertu de votre police, de
le rapporter.
M. LAVOIE (Wolfe): Même pour les accidents mineurs?
M. ROY (Beauce): On n'a pas le choix. Il y en a qui ne le font
certainement pas, mais...
M. TETLEY: Ils ne le font pas.
M. ROY (Beauce): ... il y a tout de même un grand danger. C'est
que l'autre personne, lorsque la culpabilité n'a pas été
prouvée, peut avoir des dommages supérieurs et, environ une
semaine avant la prescription, envoyer son compte ou encore une mise en
demeure. La
personne n'a pas le temps de réagir à ce
moment-là.
M. LAVOIE (Wolfe): Un accident ne veut, pas nécessairement dire
heurter une autre auto. Le gars peut heurter son garage.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je m'excuse...
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin avait demandé
la parole.
M. JORON: Non, ça va.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Chacun de nous, je pense, y va ad lib avec sa
suggestion. Nous sommes à l'article 7 où, je pense, globalement,
on doit discuter ça. Puisqu'à l'intérieur du budget, en
fait, si on est au service des assurances, si je tente de vous suivre un peu
dans une étude globale du ministère des Institutions
financières, compagnies et coopératives...
M.TETLEY: Numéro 1.
M. HARVEY (Chauveau): ... nous sommes quand même toujours à
l'article 1, sous-article 1, catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations, l'article de base qui va faire démarrer toute chose. Je
pense que le député de Beauce a quand même un point
très intéressant, très important. Sans vouloir être
dictatorial, j'aimerais lui suggérer qu'à l'article 7 on aura
peut-être l'occasion, de vider la question des assurances parce qu'il a
eu une suggestion qui m'apparaît fort pertinente.
Mais cela m'apparaît quand même assez important, puisque
nous avons discuté pendant plus de deux heures et demie alors que le
député de Beauce était absent. Il est sûr que le
député a eu l'occasion de lire les débats qui ont
précédé cette commission parlementaire pour voir
qu'à l'article 1, "administration," alors que nous affectons $1,600,000
pour la question des services administratifs, des traitements et tout
ça, on devrait peut-être commencer l'acceptation des premiers
budgets, quitte à retenir votre question ou votre suggestion qui
m'apparaft, encore une fois, je le répète, très
pertinente, à l'article 7 alors que nous discuterons la question
assurance. On pourra peut-être le suggérer.
Autrement, j'ai l'impression qu'on tourne un peu en rond, on fait un peu
une analyse, une analogie de choses qui réellement ne nous appartiennent
pas, parce qu'au fond on suggère aux compagnies d'assurance de
réduire leurs taux, on a peut-être des mécanismes
intéressants aussi à apporter et, à ce moment-là,
je pense que ça va éclairer davantage le ministre si on va tout
de suite à l'article "administration" et qu'on dit que cela coûte
$1,600,000 et ce qu'il y a là-dedans. On a vidé passablement le
sujet récemment et le ministère, déjà,
lui-même, a sans doute amorcé des dépenses
budgétaires depuis le 1er avril. Il a déjà commencé
à dépenser des sommes.
Alors, si on y va par étapes, je pense bien que pour tout le
monde ce serait davantage intéressant. Autrement, on pourrait bien
parler des compagnies de finance, M. le député de Beauce, on
pourrait tout aussi bien parler de questions de corporations ou, enfin, parler
de bien d'autres sujets. Si vous voulez, M. le Président, je vous le
demande...
M. ROY (Beauce): Si vous permettez, M. le Président, je note les
remarques du député de Chauveau mais tout de même, le sujet
je suis arrivé deux ou trois minutes en retard à la
séance de la Commission, ce soir de l'assuran-ce-automobile, ce
n'est pas moi qui l'ai abordé. Puisqu'on avait commencé à
discuter du sujet de l'assurance-automobile, il y a une tradition dans cette
Chambre qui veut que, lorsque nous sommes à l'article 1 nous puissions
faire un tour d'horizon assez général, quitte à
procéder à l'étude des crédits article par article
et procéder plus rapidement.
M. HARVEY (Chauveau): C'est ça.
M. ROY (Beauce): J'avais tout simplement une question à poser en
ce qui a trait à l'assurance-automobile. C'est concernant l'obligation
que les compagnies d'assurance font d'une formule, la fameuse formule V2C qui
double et même triple la prime d'assurance lorsqu'il y a un délit
quelconque. Si une personne a eu un accident mineur et qu'elle a eu le malheur
de ne pas avoir assuré son automobile ou son véhicule automobile
et qu'elle ne soit pas nécessairement coupable et d'ailleurs que
la preuve est évidente du fait qu'il y a certain délai, la
personne ne peut pas s'assurer sans avoir recours à la formule V2C.
Elle est obligée de déposer en plus le montant à
peu près total de la réclamation auprès du fonds
d'indemnisation quitte à attendre un an et demi ou deux ans avant de se
faire rembourser.
M. TETLEY: ... si elle n'a pas d'assurance.
M. ROY (Beauce): Si elle n'a pas d'assurance, mais il y a toutes les
personnes qui se font suspendre leur permis de conduire et celles qui sont
victimes d'accidents. Est-ce que le montant d'argent réclamé par
la formule V2C contribue à alimenter une partie du fonds d'indemnisation
ou va-t-il directement chez les compagnies? En d'autres mots, est-ce que ce
montant est complètement absorbé par les compagnies
d'assurance?
M. TETLEY: Ce montant va directement aux compagnies d'assurance.
Cependant, ces
dernières, suivant leur contrat avec le fonds d'indemnisation,
doivent alimenter le fonds suivant les exigences de ce dernier. Donc, les
compagnies demandent peut-être un certain montant à une personne
comme cela, ce qui est rare. Les cas de personnes qui achètent de
l'assurance après un accident pour lequel elles n'étaient pas
assuré sont très rares. Donc, leurs paiements n'alimentent pas le
fonds et c'est pourquoi nous allons insister sur le paiement de $35 par
non-assuré, à l'avenir.
M. ROY (Beauce): Concernant cette formule V2C, j'ai eu passablement de
correspondance à ce sujet par des cas qui me sont soumis par la
population et je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'examiner cette
situation. Je dis à l'honorable ministre et au gouvernement qu'il semble
y avoir de ce côté certains abus criants. J'ai vu des gens avec
des primes d'assurance de $300 à $325 par année. J'appellerais
cela une niaiserie. On a exigé la formule V2C, cela coûte $900,
$1,000 et même on en a vu qui ont coûté jusqu'à
$1,200 par année...
M. GIASSON: Je m'excuse auprès du député de Beauce
mais jamais une formule V2C n'est exigée en dehors d'une accusation qui
relève du code criminel. Il y a un seul cas où l'accusation
d'infraction relevant du code civil exige une V2C, c'est lorsqu'un individu est
impliqué dans un accident sans qu'il soit porteur d'assurance. Tous les
autres cas où une V2C est exigée, c'est toujours lors d'une
accusation en vertu...
M. HARVEY (Chauveau): Comme le délit de fuite par exemple.
M. GIASSON: ... des articles 224 et 236 du code criminel.
M. LAVOIE (Wolfe): En bas de $200, ce n'est pas nécessaire. Il
faut que cela soit un accident de $200 et plus.
M. GIASSON: Ou s'il y a des blessures corporelles, cela peut être
inférieur à $200.
M. OSTIGUY: Et quelle est la formule pour les facultés
affaiblies?
M. GIASSON: V2C ou V30C. La formule V2C va avec la police d'assurance de
propriétaire et la formule V30C avec la police d'assurance de
conducteur.
M. OSTIGUY: Pour des facultés affaiblies, cela coûte
énormément cher. Est-ce que cela arrive souvent?
M. LAVOIE (Wolfe): Ce qui est bien regrettable à propos de ce
fonds d'indemnisation, c'est que souvent l'accidenté voudrait avoir un
règlement, un reçu de la personne avec laquelle il a eu un
accident mais il ne peut avoir ce reçu parce que l'autre se
complaît à le fait attendre; pendant ce temps, il ne peut pas
avoir ses permis, ce qui est plus grave.
M. GIASSON: Oui, mais c'est toujours dans le cas d'automobilistes non
assurés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): A la suite des remarques du député de
Chauveau que j'ai trouvées bien faites, je voulais dire que nous avions
entamé la question de l'assurance-automobile. L'autre jour, nous avions
terminé nos travaux sur la question de l'assurance-automobile.
M. TETLEY: Mais c'est parce que cela est inclus dans
l'administration.
M. LAVOIE (Wolfe): Justement.
M. TETLEY: Le coût de la commission Gauvin est inclus dans
l'article 1.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est cela.
M. TETLEY: J'avais mentionné cela et le député de
Montmagny avait posé une question au sujet de l'assurance-automobile. De
toute façon, vous êtes libres de poser des questions.
M. LAVOIE (Wolfe): Nous ne parlons plus de cela. C'est que vous avez
fait des déclarations en fin de semaine et nous voulons plus de
détails. Le ministre avait demandé l'opinion des gens à ce
sujet-là.
M. TETLEY : Ce sont deux questions que vous avez posées. Ces deux
questions sont le sujet d'étude par des experts. J'aimerais
peut-être que vous envoyiez un mot ou une lettre directement à la
commission Gauvin à l'effet que vous voulez une réponse à
ces questions, ou peut-être savoir ce qu'on fait dans les autres
provinces. Parce que dans les autres provinces, on est très
sévère aussi. Et n'oubliez pas, que s'il y a une compagnie
d'assurance de l'Etat, celui-ci doit décider quel montant exiger aux
gens qui ont commis des crimes.
M. LAVOIE (Wolfe): Peut-être que le député de Beauce
ne connaît pas le rouage exact du fonds d'indemnisation. Je peux vous le
dire puisque j'étais en Chambre quand la loi a été
adoptée. Je sais qu'il y a des compagnies d'assurance qui ne voulaient
plus assurer quelqu'un à la suite d'un accident. Alors, une loi a
été adoptée en Chambre et à la suite d'ententes
qu'il y a eues avec des compagnies d'assurance et celles-ci ont accepté
d'assurer à un certain taux des gens qui n'étaient plus
assurables autrement.
M. TETLEY: Ce n'est pas exact. C'est aussi que le fonds d'indemnisation
est plutôt, dans le cas des accidents... Vous avez un accident, vous
n'êtes pas responsable et vous perdez une jambe. Vous faites une
réclamation élevée et votre automobile est
détruite. Que faites-vous? Aussitôt qu'il y a jugement, le fonds
d'indemnisation paie.
M. ROY (Beauce): J'ai toujours compris le fonds devait indemniser les
victimes d'accidents. Donc, ceux qui étaient cause d'accident et
n'avaient aucun emploi n'étaient pas solvables.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est ça!
M. ROY (Beauce): Je pense que cela a été la raison
fondamentale du fonds d'indemnisation. C'est toujours dans ce sens que je l'ai
compris.
Je reviens à la formule V2C. Lorsqu'une personne est
condamnée devant un tribunal sous prétexte qu'on lui a fait
passé les tests d'haleine...
UNE VOIX: Les facultés affaiblies.
M. ROY (Beauce): ... les facultés affaiblies, toutes ces choses,
le tribunal le condamne à payer une amende. C'est normal qu'il ait une
amende à payer en vertu de nos lois. Mais en plus de l'amende qu'il
paie, la compagnie d'assurance lui charge le double et même le triple
pour son assurance.
M. TETLEY: C'est parce que l'homme est un risque. J'ai eu trois cas dans
une semaine dans mon comté. Un qui a quitté le lieu d'un
accident, deux autres qui étaient ivres lors d'un accident. Tous les
trois ont été condamnés. Les trois voulaient s'assurer
mais c'était très élevé.
M. OSTIGUY: Mais, M. le ministre, on ne peut pas dire à chaque
fois qu'une personne est arrêtée pour facultés affaiblies
que c'est un consommateur de boisson.
M. TETLEY: Je sais!
M. OSTIGUY: Mais cela peut arriver. S'il n'est pas difficile, il n'y
aura pas de problème. Un accident peut arriver à n'importe qui.
Cette personne est condamnée à payer de fortes primes
d'assurance. Je me suis toujours posé la question, comme le
député de Beauce...
M. LAVOIE (Wolfe): Même s'il n'a pas d'accident.
M. OSTIGUY: Même s'il n'a pas d'accident, oui. Est-ce qu'il y a
une raison spéciale?
M. TETLEY: C'est un risque, tout comme lorsque vous achetez une
assurance-incendie et que vous habitez une maison construite de bois. Vous
payez beaucoup plus que votre voisin qui a une maison en pierre. C'est pourquoi
quelqu'un qui a été trouvé coupable d'un crime lors de
l'usage de son automobile est un plus grand risque.
M. LAVOIE (Wolfe): La loi s'est assouplie depuis quelque temps. Il y a
quelques années la personne devait retourner automatiquement son permis
au bureau des véhicules automobiles. Maintenant, le juge accorde souvent
la permission de garder le permis si la personne a besoin de son automobile
pour gagner sa vie.
M. TETLEY: C'est ça.
M. GIASSON: Le directeur du bureau des véhicules automobiles a
moins de pouvoir. S'il ne s'en sert pas, c'est qu'autrefois, même lorsque
le juge ne suspendait pas le permis parce qu'il jugeait que l'individu avait
absolument besoin de son permis pour gagner sa vie, après la sentence du
tribunal, le directeur du bureau des véhicules automobiles se
prévalant de certains pouvoirs qu'il avait, suspendait le permis pour
trois mois.
M. LAVOIE (Wolfe): La loi l'obligeait.
M. GIASSON: II dépassait la décision du tribunal, du juge,
pour suspendre.
M. OSTIGUY: Cela devient donc une double pénalité. Une
amende plus une augmentation de la prime d'assurance.
M. ROY (Beauce): Que les compagnies d'assurance exigent pour des risques
particuliers des taux plus élevés, c'est très discutable
et c'est normal puisque les compagnies d'assurance sont en affaires. Mais, ce
qui m'a toujours surpris, c'est que le bureau des véhicules automobiles
exige la formule V2C et oblige les compagnies d'assurance à charger ces
primes.
M. TETLEY: Ah non! la compagnie d'assurance...
M. ROY (Beauce): Ah oui! Il y a des formules à remplir et on ne
remet pas le permis ou on ne renouvelle pas le permis si la formule V2C n'est
pas accompagnée pour le renouvellement du permis de conduire. On ne le
renouvelle pas. A ce moment-là la demande est faite officiellement par
le bureau des véhicules automobiles du Québec.
M. TETLEY: Ah oui! Il faut que l'homme prouve l'assurance. Je connais un
cas où j'ai...
M. ROY (Beauce): Non seulement il doit prouver l'assurance, M. le
ministre, mais je tiens à préciser que c'est le bureau des
véhicules automobiles qui exige la formule V2C.
M. TETLEY: C'est ça! M. GIASSON: C'est ça!
M. OSTIGUY: Est-ce le gouvernement qui perçoit l'augmentation de
la prime d'assurance?
M. TETLEY: Non, non!
M. OSTIGUY: C'est la compagnie d'assurance.
M. ROY (Beauce): Pourquoi le gouvernement oblige-t-il les compagnies
d'assurance à percevoir des primes accrues dans ces cas-là?
M. TETLEY: Non, ce n'est pas vrai. Je peux vous expliquer un cas
où j'ai convaincu, au profit d'un de mes électeurs, une compagnie
d'assurance d'accepter la prime ordinaire, de faire payer la prime
ordinaire.
M. ROY (Beauce): Oui, mais vous avez été obligé
d'intervenir personnellement. J'imagine que les électeurs de tous les
comtés, y compris le comté de Rouville comme le comté de
Chauveau, n'ont pas l'avantage d'avoir le ministre lui-même comme
représentant du comté.
M. TETLEY: Ils ont un bon député dans
Notre-Dame-de-Grâce.
M. LAVOIE (Wolfe): II y a des gens qui aspirent.
M. GIASSON: Cette décision d'augmenter par le double ou par le
triple la prime d'assurance sur production d'une garantie
d'assurance-responsabilité qu'on appelle la V2C, cette décision
ne relève aucunement du gouvernement...
M. TETLEY: Non.
M. GIASSON: ... c'est une décision qui est propre aux compagnies
d'assurance et vous avez l'unanimité chez tous les assureurs, face
à une demande de preuve sur V2C, d'appliquer le tarif uniforme.
M. OSTIGUY: Est-ce que le gouvernement ne pourrait pas sévir
contre les compagnies d'assurance, devant l'augmentation de ces primes
d'assurance, si quelqu'un est arrêté pour facultés
affaiblies?
M. TETLEY;. Mais qui est responsable, qui est coupable, l'assuré
ou le gouvernement? N'oubliez pas, lorsque nous regardons à la fin de
l'année le livre vert où se trouve le total des primes
perçues et les profits des compagnies, les primes perçues des
gens trouvés coupables sont comprises dans le total. Si on ne fait pas
payer ces gens-là, vous allez le faire payer par les gens qui n'ont pas
été trouvés coupables. C'est ça le principe de
l'assurance et c'est un des problèmes de l'assurance d'Etat. Imaginez,
si on avait étatisé l'assurance-automobile pour le Québec
et si le gouvernement avait fixé la prime à $200 pour les
automobilistes, mais pour les jeunes $300, en bas de 25 ans, et pour les gens
trouvés coupables, $600. Imaginez les pressions du député
de Beauce ou de Rouville ou de n'importe où.
M. ROY (Beauce): II ne faut pas me prêter d'intention, M. le
ministre. En vertu de notre règlement, vous ne pouvez pas me
prêter d'intention.
M. LE PRESIDENT: Dernière intervention avant qu'on ne commence
article par article.
M. GIASSON: Tout à l'heure, j'ai remarqué les indications
données par le député de Rouville à l'effet que
tous ceux qui pouvaient passer l'ivressomètre ou étaient
accusés de facultés affaiblies autrefois n'étaient pas des
gens qui prenaient de la boisson par habitude ou des ivrognes. Mais il reste
une chose assez remarquable dans tous les cas où une V2C est requise
pour accusation de facultés affaiblies ou ivressomètre, sur une
période de cinq ans. Ces gens-là, en dépit du fait qu'ils
aient payé très cher et l'infraction et l'augmentation de la
prime, 50 p.c. de ces gens-là, dans un espace de cinq ans, sont des
récidivistes, ont à redemander une autre V2C pour le même
chef d'accusation.
M. OSTIGUY: II ne faudrait pas généraliser.
M. GIASSON: Je ne généralise pas, mais tout de
même...
M. OSTIGUY: ... des cas à maintes reprises, moi.
UNE VOIX: Je ne suis pas d'accord avec le député de
L'Islet.
UNE VOIX: Moi non plus.
M. GIASSON: Sur une période de cinq ans, 50 p.c. de ces
gens-là reviennent avec une demande de V2C.
M. OSTIGUY: Je vois l'ouvrier qui travaille, qui gagne $100 par semaine,
qui paie $107, par exemple, de prime d'assurance...
M. JORON: Pas à la fonction publique.
M. OSTIGUY: Non, pas à la fonction publique. Si cette personne a
le malheur de se faire arrêter pour facultés affaiblies, elle voit
sa prime d'assurance augmentée à $307. Eh bien, il y a quelqu'un
qui en souffre. C'est la femme, ce sont les enfants. Je pensais que
c'était le gouvernement qui en profitait, mais on me dit que ce sont les
compagnies d'assurance.
M. TETLEY: Peut-être qu'il faudrait retirer le permis,
complètement.
M. OSTIGUY: Bien, ce sont deux pénalités. Vous donnez une
double pénalité.
M. TETLEY: Mais elle n'a pas perdu son permis.
M. ROY (Beauce): A ce moment-là, si vous lui retirez son permis,
c'est le ministère des Affaires sociales qui va en hériter. C'est
le gouvernement qui paie l'amende.
M. TETLEY: Mais dans certains cas, le ministère des Affaires
sociales paie les primes d'assurance-automobile. Je me demande s'il paie les
amendes, mais il paie les primes d'assurance. Je crois que c'est contre toute
loi existante que l'Etat paie ses propres amendes.
M. ROY (Beauce): Ce que j'ai voulu dire, M. le ministre, c'est que,
lorsque des personnes perdent leur permis de conduire alors qu'elles en ont
besoin pour gagner leur vie, alors elles deviennent tout simplement à la
charge de l'Etat.
M. TETLEY: Mais plus que cela, on augmente la somme payée
à ces personnes-là parce qu'elles ont une prime d'assurance
élevée et parfois, apparemment, elles paient directement.
M. LE PRESIDENT: Alors, le sous-article 1 est adopté?
Catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations.
M. TETLEY: Mais nous avons, je crois adopté un... non?
Parfait.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations.
M. LAVOIE (Wolfe): En ce qui me concerne, d'accord.
M. ROY (Beauce): ... allocations, vous prévoyez augmenter le
personnel de 22 personnes.
M. TETLEY: Nous avons discuté du personnel la semaine
dernière, j'ai même distribué l'organigramme et aussi
l'effectif de chaque service. Je suis prêt à revenir sur le sujet
mais on l'a discuté.
M. ROY (Beauce): Si cela a été discuté, je vais
laisser faire, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Beauce a une
réponse à sa question, le tableau...
M. ROY (Beauce): Oui, je l'ai ici.
M. LE PRESIDENT: Alors, la catégorie 1 est adoptée?
Catégorie 3: Services de transport et de communication.
Adopté.
Catégorie 4: Services professionnels, administratifs et
autres.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que cela veut dire que ce sont des services
que vous demandez à l'extérieur?
M. TETLEY: La commission Gauvin, dont je vous parle, et certains
experts, certaines recherches à la bourse, etc.
M. LAVOIE (Wolfe): Du travail exécuté par des
professionnels de l'extérieur?
M. TETLEY: C'est cela, des experts.
M. ROY (Beauce): Quand la commission Gauvin doit-elle faire son
rapport?
M. TETLEY: J'espère vers la fin de l'année.
M. ROY (Beauce): Vers la fin de l'année 1972.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté? Catégorie 5:
Entretien et réparations. Adopté. Catégorie 6: Loyers.
Adopté?
M. ROY (Beauce): En parlant de loyers ici, je pense que la question
pourrait comprendre toutes les autres: Tous les services du ministère
des Institutions financières sont-ils situés dans le même
édifice actuellement?
M. TETLEY: Pas exactement. Nous avons des bureaux dans l'édifice
Montcalm, des bureaux à Montréal, dans la Tour de la Bourse
aussi. Nous avons un bureau de la protection du consommateur à
Montréal, rue Crémazie. Mais les frais de loyers ici, consistent
plutôt en coût de louage de certaines machines, comme Xerox, etc.
Le loyer dans le système de comptabilité du gouvernement n'est
pas imputé à chaque ministère. Un jour j'espère que
chaque ministère aura dans son budget le loyer mais tous ces loyers se
trouvent au ministère des Travaux publics.
M. ROY (Beauce): Le loyer qu'il y a ici, c'est la location
d'équipement.
M. TETLEY: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7:
Fournitures et approvisionnements.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est le double de l'an passé, qu'est-ce qui
arrive pour que cela double ainsi?
M. TETLEY: Tout pour le comité d'étude de
l'assurance-automobile et aussi le comité d'étude Bouchard dont
le rapport ne coûte pas
très cher lorsque vous pensez que la Colombie-Britannique a
dépensé un million pour son étude de
l'assurance-automobile. Un million et demi de dollars.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté.
Catégorie 8 : Adopté.
Catégorie 11 : Autres dépenses. Adopté.
M. LAVOIE (Wolfe): Autres dépenses, le montant quadruple presque,
qu'est-ce que c'est?
M. TETLEY: L'augmentation, frais de perfectionnement. Nous avons des
cours pour les services administratifs dans tout le gouvernement, ce montant
est notre quote-part; une augmentation de $14,000 mais nous avons
diminué les autres de $2,000.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Adopté. Catégorie
15:...
M. TETLEY: Cela, c'est ce que j'ai expliqué au début, ce
sont des frais. Nous avons un système de comptabilité moderne,
nous facturons les compagnies de fiducie, de finance pour notre inspection et
nous facturons ces compagnies pour le service administratif du sous-ministre et
les sous-ministres et leur bureau.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 15. Adopté. Sous-article 2:
Service de la recherche, catégorie 1.
Service de la recherche
M. TETLEY: Je vous ai distribué des documents à ce sujet.
Vous savez que nous faisons des recherches partout, sur bien des questions:
L'assurance-automobile, la commission Bouchard, les investissements
étrangers. J'avais le rapport du fédéral ici, il y a
quelques instants.
M. JORON: Allez-vous faire une déclaration ministérielle
demain?
M. TETLEY: J'ai donné ma copie au directeur de la recherche qui
était ici, il y a une heure. Nous allons répondre aux questions
demain en Chambre, évidemment s'il v a des questions. Je suis
président du comité interministériel qui étudie les
investissements étrangers. Nous allons étudier un rapport
intérimaire, le rapport Gray officiel, demain soir au conseil des
ministres. J'ai le bill du fédéral qu'ils ont
déposé, je l'ai lu sommairement. Je crois que le rapport Gray a
coûté $1 million au gouvernement fédéral. J'ai
parlé à M. Gray à Ottawa et sans aucun doute,
l'étude est formidable. Je note que le Parti québécois l'a
souvent cité. C'est une grande étude. Le fédéral a
modifié un peu ses idées et ses conclusions, par rapport à
l'édition de Canadian Forum, mais non pas la recherche.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2 est adopté? Catégorie
1, traitements, salaires et allocations. Adopté?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication, adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5.
M. TETLEY: Deux cent dollars.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce qu'on pourrait savoir ce que c'est?
M. TETLEY: J'aimerais le savoir moi-même. Ce sont des machines de
bureau qui nous ont coûté $200.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5, adopté. Catégorie
6.
UNE VOIX: Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. DES VOIX:
Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. M. ROY (Beauce):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Service de l'actuariat
M. TETLEY: Service de l'actuariat, au sous-article 3. Nous avons
parlé hier de nos actuaires qui font le travail, non seulement pour
notre ministère mais aussi pour le gouvernement dans certains cas.
M. LAVOIE (Wolfe): De ce côté-là, on va voir
ça plus loin, mais est-ce que vous avez aussi des actuaires
professionnels en dehors de...
M. TETLEY: Parfois, mais leurs charges sont comptabilisées dans
l'administration dont je vous ai parlé antérieurement. Rarement,
parce que nos actuaires sont très qualifiés et nous en sommes
très contents.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3 est adopté. Catégorie
1: Traitements, salaires et allocations.
M. LAVOIE (Wolfe): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté. Catégorie
4.
M. ROY (Beauce): Services professionnels, $200?
M. TETLEY: Ce sont des cotisations à des associations et des
abonnements à certaines revues spécialisées.
M. ROY (Beauce): Pardon!
M. TETLEY: Des abonnements à certaines revues
spécialisées et des cotisations.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5. Cela double également.
Adopté. Catégorie 6.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8.
M. ROY (Beauce): On remarque qu'il y a tout près de 800 p.c.
d'augmentation.
M. TETLEY: Nous avions pour $300 un petit ordinateur. C'est de
l'équipement que nous avons acheté. J'étais là
lorsqu'on m'a demandé ça parce que j'ai visité les
bureaux. On a demandé une autre machine à calculer.
M. LAVOIE (Wolfe): Cela va, adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8, adopté?
M. ROY (Beauce): Oui.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11, adopté?
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 15.
M. ROY (Beauce): Catégorie 15?
M. TETLEY: C'est la même chose, les imputations. Vous verrez qu'il
s'agit de compagnies de fiducie, plutôt ici de compagnies d'assurance
parce que les actuaires font des études et nous demandons certains
paiements de compagnies d'assurance. Vous verrez que le coût net n'est
que de $18,700.
M. JORON: Où étaient-elles, l'an passé, ces
imputations-là?
M. TETLEY: Elles ne paraissaient pas exactement. Vous verrez, à
l'article 7, qu'il y a une augmentation. C'est tout simplement là. Le
surintendant de l'assurance voulait prouver aux compagnies d'assurance qu'il y
avait une imputation et que son budget était beaucoup plus
élevé, parce que son budget est moins élevé que nos
imputations. Alors, il a convaincu le Conseil du trésor d'augmenter son
chiffre de $583,700. Mais c'est un drôle de système parce que nous
avons les deux systèmes dans le même budget. C'est une erreur.
M. LE PRESIDENT: Article 15, adopté? M. ROY (Beauce):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Service de l'inspection.
Service de l'inspection
M. ROY (Beauce): Dans le service de l'inspection, il s'agit des services
d'inspection des fédérations? Ou si vous faites de
l'inspection...
M. TETLEY: Les caisses populaires.
M. ROY (Beauce): Dans les caisses mêmes.
M. TETLEY: Dans les compagnies d'assurance, les bourses, les fiducies.
En effet, nous avons une équipe d'inspection. S'il y a un
problème, on peut dire: Allons immédiatement dans une certaine
direction et essayons de résoudre certains problèmes. Nous avons
mis tous les inspecteurs dans le même service, malgré le fait que
certains sont experts en assurance et d'autres sont experts en bourse ou
fiducie ou compagnie de finance.
M. LAVOIE (Wolfe): Le personnel est de 44. Pour 44 personnes, il y a eu
250 enquêtes dans le courant de l'année, n'est-ce pas?
M. TETLEY: Beaucoup plus que ça.
M. LAVOIE (Wolfe): Plus de 250 enquêtes de faites au cours de
l'année.
M. TETLEY: Quelquefois, les documents ministériels se
trompent.
M. LAVOIE (Wolfe): A moins que vous ajoutiez les 130 inspections dans
les secteurs d'assurance et 250 en collaboration avec les forces
policières.
UNE VOIX: Cela doit être avec les forces policières.
M. TETLEY: Parce que les inspections et les enquêtes que nous
avons, c'est beaucoup plus que ça. On m'a informé et j'ai raison
de croire que c'est au moins 450. Quelque 250 enquêtes furent conduites
au cours de l'année, souvent en collaboration avec les forces
policières. Mais c'est beaucoup plus que ça.
M. ROY (Beauce): II y a peut-être une
différence, M. le ministre, entre les enquêtes et les
inspections comme telles.
M.TETLEY:C'est ça.
M. LAVOIE (Wolfe): A cette catégorie-là, on voit une
diminution de salaires et pas de diminution de personnel. De quoi cela
dépend-il? Le même personnel avec une diminution de salaires.
M. ROY (Beauce): C'est peut-être une des causes du conflit que
nous avons à vivre actuellement.
M. TETLEY: Parce qu'à la fin de l'année, on a noté
des absences ou certains postes vacants et le Conseil du trésor a dit:
Nous comptons ces postes vacants comme la moitié de votre budget. Donc,
on a coupé le budget.
M. LAVOIE (Wolfe): Je pensais que vous n'aviez pas dit que vous aviez
été coupé.
M. TETLEY: Non.
M. JORON: Vous ne pouvez pas les remplir?
M. TETLEY: C'est un joliproblème et j'espère les remplir
par tous les moyens, virement de crédits ou je ne sais pas quoi. Bonne
chance, c'est ça.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. Catégorie
3?
M. ROY (Beauce): Adopté au complet quant à moi.
M. LE PRESIDENT: Adopté au complet, catégories 4, 5, 6, 7,
8 et 11.
UNE VOIX: Imputations, c'est quoi?
M. LE PRESIDENT: Imputations, catégorie 15.
M. TETLEY: Imputations, ce sont les compagnies de fiducie.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3: Service des associations
coopératives.
Service des associations coopératives
M. JORON: M. le Président, peut-être pourrait-on demander
au ministre de faire le point? Si c'était une des questions qui allaient
venir, vous y répondriez.
M. TETLEY: Je préfère que les associations de la
protection du consommateur...
M. JORON: Vous la discuterez à cet article-là.
M. TETLEY: Je préfère à l'article 12, parce que
c'est celui du budget. Nous allons discuter de cela à l'article 12,
sous-article. 10. Peut-être que je peux vous parler du service des
associations coopératives. Nous avons un grand service qui s'occupe de
toutes les coopératives au Québec. Notre programme a pour but de
protéger les membres et aussi le public qui font affaires avec ces
coopératives et aussi d'aider ces coopératives dans leur
développement. Je crois que nous avons aidé
énormément ces coopératives jusqu'à ce jour et il
n'y a pas beaucoup de critique, en tout cas. Vous verrez, j'ai
préparé des notes, je ne veux pas les répéter ici
mais je crois que le travail est efficace.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, je voudrais demander au ministre si,
en plus de cette déclaration d'ordre général
évidemment que ce service doit voir à l'extension et à
l'appui des coopératives dans différents secteurs la
politique du ministère va plus loin et a choisi, par exemple, des
secteurs de l'activité économique où elle entend
véritablement faire des efforts spéciaux et peut-être
nouveaux aussi pour y pousser ou y faire éclore l'apparition de
coopératives ou si, enfin, pour l'instant, elle est limitée
à l'aide des coopératives existantes. Est-ce que vous faites ce
qu'on pourrait appeler de la prospective, de l'extension possible de la formule
coopérative dans des secteurs de l'économie où elle est
faible ou inexistante à l'heure actuelle?
M. TETLEY: Donnez-moi un exemple où l'économie est faible,
peut-être les pâtes et papier?
M. JORON: Le secteur coopératif, à toutes fins pratiques,
au Québec, a eu des succès assez marqués dans le domaine
financier. On sait le cas des caisses populaires; dans le domaine agricole,
peut-être, je pense qu'il y aurait une coopérative...
M. TETLEY: Oui, les magasins Co-op. Nous avons aidé...
M. JORON: ... ces choses-là, par exemple, dans ce
domaine-là, oui, et puis, enfin, dans certains secteurs je
comprends que la production industrielle dans tous ses aspects ne peut
peut-être pas se prêter à la formule coopérative, du
moins, on n'a pas trouvé la formule encore ou le joint, si vous voulez
comme l'artisanat ou alors les pâtes et papier au niveau de
l'exploitation forestière, la coupe des arbres, ces choses-là.
Votre intérêt pour les coopératives va jusqu'où?
M. TETLEY: A Particle 4, nous allons parler des questions très
économiques et des caisses populaires. Nous sommes ici à
l'article 3: Service des associations coopératives. Je crois que c'est
très difficile de créer une coopérative qui va prendre en
main une grande industrie comme les pâtes et papier ou une usine
d'automobiles, malgré les déclarations de certaines parties, dans
certains cas. Je crois que c'est très difficile. Je trouve que le
système coopératif commence très petit, comme dans le cas
du commandeur Desjardins et très lentement.
Même là, cela a plutôt été une
coopérative financière qu'une industrie. Depuis que la Caisse
populaire Desjardins est devenue importante, elle se penche sur d'autres
domaines mais pas encore aujourd'hui dans l'industrie à proprement
parler. C'est plutôt la finance et un peu le commerce.
M. JORON:Oui...
M. TETLEY: Et j'aimerais avoir vos suggestions à savoir comment
le gouvernement peut aider l'industrie ou le commerce par des
coopératives. J'avais dans mon comté un épicier
coopératif et cela n'a pas été un gros succès. Tout
le monde et même le ministère l'avaient aidé.
C'était très difficile. Un tout petit bonhomme.
M. JORON: A ce sujet, M. le Président, si vous le permettez,
j'aimerais faire une remarque et je pense que c'est pertinent dans le fond du
débat. Vous avez bien mentionné que les caisses populaires sont
dans le domaine financier. Cela est autre chose. Mais, dans les secteurs
primaire et secondaire, dans la production, si nous faisons la liste des 70
plus importantes entreprises productives industrielles au Québec, nous
nous apercevons qu'il y en a cinq qui sont contrôlées par des
francophones au Québec et il y en a deux qui sont des compagnies d'Etat
ou plus ou moins. Il y a Marine Industrie qui fait partie du complexe
SGF...
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: ... et l'autre est Sidbec. Dya une compagnie privée,
Bombardier et les deux autres sont des coopératives. Alors, il semble
que jusqu'à maintenant...
M. TETLEY: Mais vous n'incluez pas Power Corporation. J'ai noté
dans votre livre que Power Corporation était anglo-canadien mais je
crois que Desmarais est pas mal canadien-français. Il y a aussi Molson
qui n'est pas canadien-français mais cela fait 150 ou 200 ans, plus
exactement 172 ans que les Molson sont ici au Québec.
M. JORON: Je suis d'accord sur ces distinctions à l'effet que les
Molson sont des Anglo-Québécois mais je ne veux pas entreprendre
une discussion de statistiques. Je veux tout simplement signaler, le fait que
les francophones québécois ont pénétré dans
les ligues majeures de la grande industrie principalement de deux
façons: quand c'étaient des entreprises d'Etat ou bien quand
c'étaient des coopératives.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. JORON: Alors, cela a semblé être quelque chose qui
correspondait peut-être à la mentalité des
Québécois, un instrument naturel. A ce chapitre du budget, soit
$300,000, il apparaît curieux, dans un sens, que le gouvernement du
Québec, le gouvernement des Québécois, n'attache pas plus
d'importance que ce montant à l'épaulement ou à l'appui du
système coopératif. En effet il a été quasiment,
dans beaucoup de cas, la seule façon sans laquelle les
Québécois seraient tombés dans une insignifiance
économique totale, une absence économique totale de plusieurs
secteurs.
J'aimerais savoir s'il y a, à ce moment-ci, une
préoccupation quelconque ou un nombre de gestes je ne
suggère pas nécessairement ou peut-être que la formation
d'un autre comité d'étude serait utile, il y a assez de
comités dans tous les ministères, d'accord pour essayer de
donner un sens concret à quelle sorte d'appui l'Etat, par son budget,
pourrait apporter au mouvement coopératif, soit par exemple, par des
facilités de financement accrues, de l'aide technique pouvant se faire
en coopération avec ce qui se fait déjà à
l'Institut Desjardins.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que le ministère des Institutions
financières n'est pas plutôt le ministère qui surveillera
ces coopératives? Est-ce que tout ce mécanisme de
développement, de relance économique, ne relèverait pas du
ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. JORON: Bien, c'est vrai.
M. TETLEY: Mais je crois que vous avez lancé le défi. Il
est vrai que les Canadiens français se trouvent dans le domaine des
coopératives et dans l'industrie primaire. Je note agriculture et
consommation. La plupart de nos coopératives: habitation, pêche,
forêt, étudiants, la cinquième est une drôle
d'industrie, etc.
Nous aidons par des subventions assez élevées que vous
notez à l'article 3, catégorie 10.
M. JORON: Dépenses de transfert. M. TETLEY: Oui. Et aussi par
les...
M. JORON: Est-ce que les subventions de l'ACEF sont incluses dans cet
article? C'est dans l'autre article.
M. TETLEY: Non. Je vous ai dit que L'ACEF était à
l'article 12.
M. JORON: C'est une blague.
M. LAVOIE (Wolfe): Relativement à d'autres provinces, comment se
situe-t-on concernant les coopératives, par exemple l'Ontario ou d'autre
provinces?
M. TETLEY: Je crois que nous avons beaucoup plus que l'Ontario. Mais
peut-être que, du point de vue agricole...
M. LAVOIE (Wolfe): Mais là on dit agricole; nous autres, notre
première affaire... consommation, deuxième; habitation,
troisième.
M. TETLEY: Non. Elles n'ont pas la même structure. Je n'ai pas la
réponse. Je crois que, dans l'Ouest du Canada, les coopératives
agricoles sont très fortes. Mais Québec est dotée de
caisses populaires et d'associations coopératives qui sont aussi
très fortes. Je n'ai aucun chiffre, ni mon sous-ministre. Si le
député de Gouin a une solution, j'aimerais la connaître.
J'ai noté dans son cahier... "Quand nous serons vraiment chez nous". On
avait suggéré exactement ça...
M. JORON: Vous le serez vous aussi.
M. TETLEY: ... sans donner les moyens au ministre actuel. J'aurais
aimé avoir un peu plus de détails.
M. JORON: Je vais avouer très humblement, de mon
côté, que c'est un peu difficile quand on entre dans ce secteur.
Quand on parle de l'effort que l'Etat doit faire dans le domaine
coopératif, par exemple, si c'est une coopérative, par
définition ce sont les coopérateurs ensemble qui s'organisent. On
peut difficilement présumer de l'intention ou de la volonté des
autres. Le rôle de l'Etat, à ce moment-là, peut se limiter
à favoriser l'expansion du mouvement coopératif dans ce secteur
en ne lui faisant pas obstacle, en lui facilitant du financement des cadres
organisationnels, en lui prêtant des techniciens. C'est plutôt
à ce niveau. Ou alors, si le ministre veut être plus audacieux, et
s'il veut chevaucher un peu ce qu'il aura à nous dire demain,
peut-être, sur sa politique d'investissements étrangers, on peut
penser au remplacement...
M. TETLEY: Je vais la lire au lit ce soir.
M. JORON: ... des intérêts étrangers dans un nombre
de secteurs pour ouvrir le champ, justement, plus ou moins, donner certains
champs d'activités au secteur coopératif.
M. HARVEY (Chauveau): Mais cela ne nécessite pas pour autant
l'option nationaliste qu'on reconnaît quand même aux
coopératives. Vous avez bien dit tout à l'heure que le
député de Gouin avance qu'une coopérative s'organise
plutôt que de se laisser organiser. Ce sont leurs termes. A ce
moment-là, on se tourne...
M. JORON: Ce que j'ai dit à...
M. HARVEY (Chauveau): ... vers le gouvernement pour dire: L'Etat doit
créer des mécanismes. Au fond, ce sont d'autres qui les
organisent aussi. Je pense qu'être vraiment Québécois ou
être vraiment coopérateur, c'est comprendre que l'Etat, c'est nous
tous ensemble, aussi bien le législateur que le coopérateur, avec
peut-être la différence que le coopérateur réalise
beaucoup plus à la base, c'est-à-dire au niveau de la
consommation, au niveau de la production, que c'est réellement devant
cette orientation que doit découler la richesse d'un Etat. Je pense que
le ministre, là-dessus...
M. JORON: M. le Président, arrêtez-le! Il est en train de
prendre les rangs du Parti québécois.
M. HARVEY (Chauveau): Non, écoutez, ce n'est pas tellement...
M. JORON: Quand je dis: Arrêtez-le! ce n'est pas qu'on ne le
voudrait pas nécessairement. Je veux dire, qu'il va embarrasser ses
collègues.
M. HARVEY (Chauveau): Je vais un peu plus loin, jusqu'au point de
communiquer avec d'autres à certains moments. De toute façon, je
pense que le député de Gouin a de bons arguments. Il
connaît très bien le mouvement coopératif d'après ce
que je peux voir.
M. VEILLEUX: On a de tout dans le Parti libéral.
M. HARVEY (Chauveau): De tout. Cela prend de tout pour faire un monde.
Mais, d'un autre côté, je pense que là-dessus le ministre a
entièrement raison en disant que l'investissement de capitaux
étrangers doit surtout reposer sur une politique qui ressort d'un
contexte uniquement québécois, et avec des oeillères
beaucoup plus larges qu'on en voudrait dans un texte déjà
produit, parce que nous sommes réellement chez nous.
M. JORON: Vous ne m'embarquerez pas tout de suite.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beau ce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, si nous abordons le domaine de
la coopération, j'y ai passé une partie de ma vie et je ne
voudrais pas que l'honorable député de Gouin ait l'impression que
je suis automatiquement pour le Parti québécois parce que je
tiens à dire que la coopération a existé avant le Parti
québécois.
M. JORON: Est-ce dans votre programme? M. ROY (Beauce): Nous n'avons pas
été
obligés de l'inclure dans notre programme parce que c'est
tellement élémentaire que la coopération est une bonne
chose que nous n'avions pas besoin de nous en convaincre. Dans le domaine des
associations coopératives, disons qu'il y a différents secteurs,
mais je pense qu'on devrait faire un peu la promotion des avantages de la
coopération dans bien des domaines. Je pense que de ce
côté-là le gouvernement pourrait, avec un peu d'effort,
collaborer à un moment donné à faire connaître
davantage les services que les coopératives peuvent rendre comme moyen
de contrôler certaines choses, de permettre de prendre en main certains
pouvoirs de direction et certains pouvoirs de décision.
M. JORON: D'accord.
M. ROY (Beauce): Mais quoi que fasse l'Etat, ce sont les individus qui
vont former les coopératives. Je ne vois pas l'Etat lui-même faire
des coopératives. Il va falloir que les individus soient
encouragés à former des coopératives et qu'ils soient
motivés pour le faire. De ce côté-là, je regarde
l'honorable député de Gouin qui fait des grands signes que oui,
s'il est convaincu, tant mieux.
M. VEILLEUX: Est-ce que le député de Gouin deviendrait
créditiste?
M. ROY (Beauce): Je ne sais pas si le député de Gouin
pourrait devenir créditiste, mais disons qu'il devient
coopérateur, c'est une très bonne chose.
M. VEILLEUX: Clan Samson ou Bois? M. ROY (Beauce): Pour la bonne
cause.
M. JORON: Je n'ai pas encore fait mon choix.
M. HARVEY (Chauveau): Si vous me permettez, M. le Président,
j'aurais une question pour le député de Beauce. Est-ce que, dans
son esprit, être coopérateur, ça veut dire
nécessairement des gens qui se tiennent ensemble pour former une
unité de regroupement pour réaliser certaines choses? Il y a
quand même ce qui ressort dans le système lui-même, parce
qu'au fond le coopératisme est un système. Et si
économiquement nous sommes faibles, est-ce qu'il ne croit pas que le
coopératisme, même dans son application, est très faible,
si c'est une réunion de personnes qui sont faibles au point de vue
pécunaire? Au fond, qu'on soit coopérateur ou qu'on soit
capitaliste, si économiquement nous sommes faibles, on ne vaut pas
grand-chose dans la balance. De toute façon, il faut apprendre à
vivre dans le contexte où on a deux formules: la formule
coopérative qui, parallèlement à la formule capitaliste
qui est la nôtre, doit échanger des services. C'est pourquoi je
pense que le souci du ministre et du ministère des Institutions
financières, c'est d'informer davantage le public. On y affecte quand
même $306,000. Cela pourrait quasiment se traduire uniquement par de la
promotion coopérative au niveau de la responsabilité de l'Etat
pour une unité d'action vers un concept qu'on pourrait peut-être
qualifier de concept économique et qui mérite de militer dans le
contexte actuel, le contexte capitaliste qu'on a.
Première question: Est-ce que, d'après lui, c'est
important d'être uniquement coopérateur sans être un peu
capitaliste pour être rentable? Deuxième question: Lorsque nous
regardons tous les montants d'argent très importants que le gouvernement
du Québec, via la formule capitaliste, affecte en subventions aux
différents services d'associations coopératives, est-ce que ce
n'est pas là justement une formule de quémandage d'une
association coopérative ou de l'ensemble des associations
coopératives pour la promotion de leur système à
l'intérieur d'un autre système qui est viable?
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député de Chauveau
à poser ses questions et non pas à y donner les
réponses.
M. HARVEY (Chauveau): Je vous donne la réponse. Si je l'ai
donnée, c'est que j'ai cru peut-être que je ne pourrais pas les
avoir, mais de toute façon je pense qu'il peut me les donner.
M. ROY (Beauce): J'ai eu l'impression, à un moment donné,
que l'honorable député de Chauveau avait oublié les
années qu'il a vécues avant d'entrer en politique, mais tout de
même je pense qu'il y a des personnes faibles...
M. JORON: Nommez-nous en donc!
M. HARVEY (Chauveau): C'est quelque chose.
M. ROY (Beauce): ... qui peuvent devenir fortes par la
coopération. Si on fait l'historique du mouvement coopératif dans
tous les secteurs à l'heure actuelle, l'on constate que ceux qui ont
réussi dans le mouvement coopératif ont fait preuve
d'héroïsme, de détermination dans tous les domaines. Qu'on
se rappelle, par exemple, les premières coopératives agricoles
qui ont existé au Québec, qu'on se rappelle les premières
coopératives forestières qui ont existé au Québec
quand quatre, cinq ou six personnes ont risqué tous leurs actifs pour
tâcher de vendre une formule à leurs concitoyens pour leur
permettre d'avoir confiance. Je me permets de le souligner, quand je regarde la
liste des coopératives et qu'on parle de la Fédération
régionale des chantiers coopératifs de l'ouest
québécois.
On se rappellera qu'en 1943 des personnes comme Joseph Laliberté
et Odilon Boutin ont tout de même fait un travail héroïque
dans ce
domaine-là et ces mouvements ont survécu aujourd'hui. Mais
ces mouvements auraient pu faire beaucoup plus s'il y avait eu plus de
compréhension de la part du gouvernement.
Je me souviens à l'époque, vers les années
1948-1950-1955, je parle du gouvernement provincial, je ne veux pas faire de
politique comme l'honorable député de Saint-Jean...
M. VEILLEUX: 1943.
M. ROY (Beauce):... à ce moment-là les coopératives
forestières auraient pu connaître un essor beaucoup plus
considérable au Québec si elles avaient eu accès aux
réserves forestières mais cela nous a été
refusé purement et simplement, cela nous a été
impossible.
M. HARVEY (Chauveau): En d'autres termes si elles avaient pu être
plus riches.
M. ROY (Beauce): Nous n'avons eu, à ce moment-là, d'autre
choix que de prendre ce que les compagnies voulaient bien nous donner sur les
terres de la couronne qui nous appartenaient. J'ai vécu le
problème pendant cinq ans, les cinq années peut-être les
plus difficiles que les chantiers coopératifs ont connues qui ont
été peut-être leur apogée aussi. Il y avait tout de
même une dizaine de fédérations dans la province de
Québec. Il avait même existé à ce moment-là
une confédération. Si ce mouvement avait continué dans les
années cinquante, aujourd'hui nous sommes dans les années
soixante-dix. Alors, au moment même où nous vivons nous aurions
quand même dans ce domaine des actifs assez considérables qui
seraient à l'avantage de toute la collectivité
québécoise. On a toujours à faire face au même
problème. Il faut travailler par persuasion, travailler avec beaucoup de
détermination. Il faut faire de l'hérois-me pour réussir
dans ce domaine. Le mouvement coopératif a survécu uniquement par
cela. Je me permets de le souligner en passant, parce que j'ai vécu le
problème peut-être de très près et je vois le
sous-ministre qui connaît le problème aussi. Vous avez un exemple
dans la Beauce de la Caisse d'établissement de la Chaudière, une
caisse d'épargne et de crédit. On parle peut-être des
institutions coopératives à l'heure actuelle, mais si on regarde
l'historique de cette institution qui aujourd'hui a un actif de $8 millions sur
le plan régional, tout de même 23 personnes y ont risqué
chacune la somme fabuleuse de $5.10.
M. GIASSON: Est-ce que vous parlez de la Caisse d'établissement
régionale?
M. ROY (Beauce): Je parle de la caisse d'établissement rural. La
caisse d'entraide économique, c'est la même chose. Mais, là
on est dans le domaine des caisses d'épargne et de crédit. Mais
encore dans les caisses d'épargne et de crédit cela a
été la même chose. Aujourd'hui on a une force dans le
mouvement Desjardins et n'oublions pas qu'il a 72 ans d'histoire. On ne peut
pas arriver et réaliser de grandes choses par la coopération
demain matin, même dans un an et même dans deux ans. Cela se
bâtit et cela se bâtit à la longue. Ce sont quelques
observations que j'avais à faire tout simplement pour dire que dans ce
domaine nous aurions intérêt, collectivement, à faire la
promotion du système coopératif au Québec pour inciter et
motiver les gens à utiliser la formule.
M. JORON: J'appuie entièrement les derniers propos tenus par le
député de Beauce.
M. TETLEY: Je pense, M. le Président, que le ministère a
exactement fait cela. Nous avons aidé la création de plusieurs
coopératives cette année et l'an dernier. Nous avons
subventionné et conseillé les coopératives, nous avons
envoyé nos inspecteurs, non pas pour trouver des fraudes, mais pour
aider la comptabilité, aider les administrateurs, etc. Nous trouvons que
nos coopératives sont très importantes. La plus grande partie des
subventions vient des autres ministères, évidemment: Agriculture,
Industrie et Commerce, Terres et Forêts, etc.
M. LAVOIE (Wolfe): II ne faudrait pas oublier, M. le ministre, qu'on
parle de coopératives. Je suis bien d'accord sur tout ce qui a
été dit mais il y a bien des particuliers, des entreprises
privées qui ont survécu par héroïsme aussi. Elles
sont obligées de payer de l'impôt les coopératives
en sont exemptées elles sont obligées de payer des
taxes.
M. TETLEY: II y a des députés qui sont des héros
aussi. Pas zéro, héros.
M. GIASSON: Vous n'avez pas l'impression que la formule de
coopérative, même si vous voulez en faire la promotion, sera une
formule à laquelle les personnes adhèrent volontairement et
librement?
M. TETLEY: Mais oui.
M. GIASSON: Ce n'est pas un système économique, ce n'est
pas une formule qu'on pourrait imposer. L'activité coopérative se
vit sur une base économique pour autant que les gens acceptent de
travailler à l'intérieur de ce système-là. On
n'impose pas cela. Lorsque les Québécois accepteront librement de
travailler à l'intérieur de structures coopératives,
là, le mouvement coopératif va fonctionner avec sa meilleure
capacité de rendement parce qu'il y a des gens à
l'intérieur qui croient au système et qui veulent fonctionner par
ce système-là. De la coopération imposée, je ne
crois pas à cela.
M. JORON: C'est évident, mais le rôle de l'Etat est de
préparer le terrain.
M. TETLEY: Je vais terminer. Un exemple de votre déclaration, ce
sont des coopératives d'étudiants où parfois, il n'y a pas
d'intérêt, où c'est imposé, où un
étudiant prend son diplôme et part; il n'y a pas de
continuité. Les coopératives d'étudiants ont certains
problèmes.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser au ministre.
Est-ce qu'il y a à l'heure actuelle des brochures qui ont
été mises à la disposition du ministère de
l'Education, pour que la formule coopérative puisse être
étudiée dans les écoles, dans les CEGEP?
M. TETLEY: Nous préparons une brochure dans ce sens-là et
nous aidons les CEGEP. Les caisses populaires Desjardins elles aussi aident
énormément les CEGEP et même les universités et les
collèges.
M. ROY (Beauce): Je pensais surtout aux caisses d'épargne et de
crédit alors que nous touchons le domaine des associations
coopératives, autrement dit, tout l'autre secteur de l'activité
économique, parce que pour ce que vient de dire l'honorable
député de L'Islet, il a entièrement raison. La formule
coopérative, on ne peut l'imposer à personne, ni obliger des gens
à être membres d'une coopérative, je pense que c'est aller
se créer des problèmes. Il y a une chose que j'aurais
peut-être pu ajouter tout à l'heure, c'est que, si la
coopération suscite de grands espoirs pour bien des gens, pour d'autres
elle a été une grande déception. D y a eu des
expériences faites, manque de collaboration ou manque de
compréhension...
M. HARVEY (Chauveau): Manque d'argent!
M. ROY (Beauce): Manque d'argent! Je suis heureux que l'honorable
député de Chauveau commence à le réaliser...
M. HARVEY (Chauveau): C'était l'essence même de ma question
tout à l'heure, question qui n'a pas reçu de réponse de
toute façon.
M. VEILLEUX: II a donné la réponse lui-même.
M. ROY (Beauce): II s'était donné la réponse
à lui-même.
M. LE PRESIDENT: Service des coopératives, adopté?
Catégorie 1. Etes-vous d'accord que toutes les catégories soient
adoptées.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5.
M. ROY (Beauce): Adopté.
UNE VOIX: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre,
réparations, $200? Ce n'est pas fatiguant.
M. JORON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Catégorie 7, adopté?
M. JORON: On ne peut pas faire de suggestion pour augmenter les
dépenses? On aurait pu mettre $100 de plus et il aurait pu offrir des
cigarettes.
M. GIASSON: Adopté.
M. TETLEY: On pourrait faire des cadeaux.
M. ROY (Beauce): C'est une forme de patronage que je ne peux
accepter.
M. VEILLEUX: Ne me dites pas que le député de Gouin
commence déjà à faire du patronage!
M. JORON: C'est votre interprétation.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7, adopté. Catégorie 8,
adopté.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10.
M. ROY (Beauce): Dépenses de transfert. En quoi consistent les
dépenses de transfert? Vous avez la même chose dans les services
des caisses d'épargne?
M. TETLEY: La catégorie 10 dans le budget du gouvernement veut
toujours dire des subventions. Ce sont les subventions du ministère aux
associations coopératives.
M. ROY (Beauce): L'année dernière, le ministre nous avait
donné la liste de subventions qu'il entendait accorder. Est-ce que le
ministre pourrait nous donner la liste, s'il vous plaît?
M. TELTEY: Oui. Vous verrez que, malgré un certain journal
intitulé Québec-Presse...
M. ROY (Beauce): Vous ne me dites pas que vous faites la lecture de ce
journal?
M.TETLEY: Oui, je le lis chaque semaine avec intérêt; il y
a eu un article à l'effet que le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives ne donnait pas de
subvention à IPIC. Vous verrez que la fédération des
magasins Co-op a reçu l'an dernier $26,000. Or IPIC c'est tout
simplement un service de la Fédération des magasins Co-op.
M. HARVEY (Chauveau): J'espère, M. le ministre, que vous ne
continuerez pas quand même, par ces budgets-là, à
revendiquer de l'argent davantage pour les... Bien utilisé, j'en sais
quelque chose.
M. TETLEY: Je suis membre de la Fédération des magasins
Co-op, membre actif...
M. HARVEY (Chauveau): Bravo, M. le ministre !
M. TETLEY: J'achète mon huile à chauffage etc., des
magasins.
M. HARVEY (Chauveau): L'alimentation aussi.
M. TETLEY: Oui, l'alimentation, qui n'est pas loin de chez moi.
M. LAVOIE (Wolfe): Comment se fait-il que les coopératives, si
bonnes soient-elles, doivent avoir des subventions pour...
M. TETLEY: Voici la raison historique et j'aimerais vos commentaires,
peut-être par écrit, parce que ça prend une étude de
plusieurs jours ou semaines. Au début, l'Etat a créé les
coopératives, a donné des chartes. Finalement, il y avait
tellement de plaintes parce qu'il y avait des vols, une mauvaise
administration, aucun reportage, aucune comptabilité, que l'Etat
commença à faire des enquêtes et même à
envoyer des comptables.
Finalement, les associations coopératives, les faibles, ont
demandé de l'argent pour faire leur comptabilité
elles-mêmes, ce que nous avons admis. Et c'est pour aider leur
comptabilité, leur autogestion. Mais nous arrivons à un moment,
ici, dans notre histoire québécoise, à nous demander si le
ministère doit, à l'avenir, donner ces subventions.
C'est pourquoi j'ai préparé ce document-là,
peut-être que les experts dans les associations coopératives
peuvent l'étudier et me donner leur opinion, même ce soir.
M. LAVOIE (Wolfe): Je ne suis pas contre les subventions que vous
accordez à ces gens-là. Il y a beaucoup de gens qui sont dans
l'entreprise privée. Ils font certainement de gros sacrifices et,
à l'occasion, s'ils avaient la chance d'avoir une petite subvention pour
leur petite industrie primaire, peut-être que ça leur donnerait un
bon coup de main.
M. TETLEY: Je suis le ministre des Associations coopératives, non
pas de l'Industrie et du Commerce.
M. LAVOIE (Wolfe): Je comprends, mais l'argent vient quand même du
peuple.
M. TETLEY: C'est un montant de $139,200.
M. OSTIGUY: Je vois, à la Coopérative
fédérée du Québec, $35,000 de subvention. Il me
semble que c'est une goutte d'eau dans l'océan pour un chiffre
d'affaires semblable à celui de la Coopérative
fédérée du Québec.
M. TETLEY: Cela, c'est pour la comptabilité.
M. HARVEY (Chauveau): Cela veut dire quoi?
M. GIASSON: Voici, la Coopérative fédérée et
ses filiales touchent une subvention de l'Etat par le ministère de
l'Agriculture et par l'ODEQ. La coopération agricole, c'est plus
précis, va chercher les subventions. Dans le passé, elle est
allée chercher très fréquemment des subventions par le
ministère de l'Agriculture. Et quand vous regardez l'argent que l'ODEQ a
mis à la disposition de certaines coopératives laitières
dans l'est du Québec, même l'argent mis dans le domaine des
meuneries coopératives pour regrouper des meuneries le mouvement
est commencé dans le territoire de l'ODEQ on peut dire que la
coopération agricole, ce qu'elle va chercher au ministère de
l'Agriculture, représente un montant nettement supérieur aux
$35,000 venant du ministère des Institutions financières.
Si on avait l'occasion de voir le total des subventions que le
ministère de l'Agriculture a consenti à la coopération
agricole depuis 20 ans, j'ai bien l'impression que ce seraient quelques
millions.
M. OSTIGUY: Si elle en avait consenti autant à l'entreprise
privée aussi.
M. GIASSON: C'est peut-être différent aussi. M. LE
PRESIDENT: Catégorie 10, adopté.
M. VEILLEUX: J'aurais une petite question à poser au ministre.
Est-ce que ces subventions-là sont accordées aux associations et
coopératives dans un but précis ou si...
M. TETLEY: Exactement.
M. VEILLEUX: ... elles peuvent disposer de la somme comme elles
veulent?
M. TETLEY: Dans un but précis, le but de comptabilité est
de faire des dépenses suivant nos normes et à notre demande. Il y
a quand même certaines fédérations qui, depuis plusieurs
années, sont devenues très fortes parce qu'il faut aider les
faibles ou les fortes? C'est toujours le problème d'un gouvernement.
M. VEILLEUX: II y aurait peut-être des associations
coopératives aujourd'hui qui n'auraient plus besoin de cette forme de
subventions qui pourraient être versées à d'autres.
M. TETLEY: Oui, mais chaque année, je reçois des lettres
qui prouvent...
M. VEILLEUX: Qui pourraient servir...
M. TETLEY: Qu'elles ont tellement besoin, même les plus fortes.
Les plus fortes envoient les lettres les plus fortes aussi.
M. VEILLEUX: Ces subventions pourraient servir à faire de la
publicité dans le sens que le mentionnait tout à l'heure le
député de Beauce.
M. HARVEY (Chauveau): Vous parliez tout à l'heure de la
Fédération des magasins Co-op. Pour enchaîner dans le
même ordre d'idées que mon collègue, le
député de Saint-Jean, vous avez mentionné que les $26,000
affectés à la Fédération des magasins Co-op
étaient beaucoup plus en vertu d'un encouragement à l'IPIC, qui
est l'Institut de protection du consommateur. A ce moment-là, je ne vois
pas de vérification là-dedans, c'est la promotion
coopérative.
M. TETLEY: C'est pour la vérification. Je note aussi que l'IPIC
est un service que la Fédération des magasins Co-op a
créé récemment. Evidemment, parce que la
fédération reçoit $26,000 de nous, pour la
comptabilité, il y a plus pour l'IPIC.
M. HARVEY (Chauveau): Si je comprends bien, M. le Président, du
fait d'avoir augmenté le montant qui normalement serait pour une
question de contrôle, une question de s'assujettir aux normes du
ministère des Institutions financières, il y a un surplus quand
même qui est versé là. Il y a, d'autre part, via le
ministère de la Justice, des bureaux provinciaux qui vont s'ouvrir pour
l'accessibilité à la justice, pour les moins fortunés. De
ce fait, je pense que les investissements nombreux que fait le Québec
à l'intérieur de formules que l'on pourrait peut-être
appeler des formules polyvalentes, ça devient plus que
l'équivalent de ce que nous concédions autrefois à l'IPIC
pour faire uniquement sa promotion dans un but d'information et de protection
du consommateur. Le gouvernement n'a pas annulé les ACEF au fond mais il
a quand même orienté les budgets, même
supplémentaires, vers ses propres services, ses propres canaux
d'information et de formation du public.
M. TETLEY: Oui, mais l'IPIC n'est pas l'ACEF. D'autre part, c'est vrai
que l'ACEF et bien des associations reçoivent des subventions des
personnes que le gouvernement subventionne. C'est un drôle d'état
de fait, mais c'est vrai.
M. JORON: Y en a-t-il du gouvernement fédéral?
M. TETLEY: Oui, le gouvernement fédéral nous donne
l'argent et nous le donnons aux associations coopératives qui donnent
ça à leurs amis, etc. Mais j'attends de vous, demain ou dans les
semaines qui viennent, vos idées parce que, cette année, je vais
revoir complètement nos subventions.
M. LAVOIE (Wolfe): Pouvez-vous me dire, M. le ministre, si les
fédérations coopératives ou les coopératives
elles-mêmes sont assujetties à l'impôt? C'est une affaire
que je ne connais pas.
M. TETLEY: En réalité, non. M. Benson a fait des
arrangements récents tout simplement au sujet des profits
distribués.
M. LAVOIE (Wolfe): Cela signifie qu'en réalité elles ont
des subventions beaucoup plus généreuses que nous ne le croyons,
vu qu'elles ne sont pas assujetties à l'impôt et, en plus de cela,
on leur donne des subventions.
M. TETLEY: Il y a des cas particuliers.
M. LAVOIE (Wolfe): Elles deviennent de grosses compétitrices de
l'entreprise privée, en même temps.
M. HARVEY (Chauveau): Le député de Wolfe a quand
même posé une question qui est, dans la mesure où nous
sommes concernés, une continuation d'une politique que vous, aussi avez
maintenue pendant...
M. LAVOIE (Wolfe): Possiblement.
M. HARVEY (Chauveau): Parce qu'au fond, il reste que le mouvement
coopératif en étant financièrement peut-être plus
faible que d'autres a besoin de plus d'encouragements pécuniaires.
M. LAVOIE (Wolfe): Bien sûr.
M. HARVEY (Chauveau): Alors, je pense que cela est normal.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est la raison pour laquelle je voulais me
renseigner sur un sujet que je ne connaissais pas tellement pour savoir
où cela en était.
M. TETLEY: Vous savez que M. Benson lorsqu'il était ministre des
Finances, voulait taxer les coopératives. Son livre blanc ou le rapport
Carter même a parlé de taxer les coopératives comme toute
institution et il y avait un arrangement dans sa loi finale
présentée avant Noël.
M. LAVOIE (Wolfe): Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai
déjà été dans le commerce lorsque la
coopérative s'est formée dans ma région et j'en ai
souffert énormément. Parce que j'ai été
obligé de payer de l'impôt et des taxes, différentes
choses. Ces gens avaient des avantages que je n'avais pas.
M. TETLEY: C'est un problème mais...
M. LAVOIE (Wolfe): La situation n'était pas égale.
M. TETLEY: Non. Et c'est un vrai problème. J'apprécie
beaucoup votre intervention. Je n'ai pas toujours raison et j'espère que
je n'ai pas toujours tort.
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez, nous allons terminer. Il reste
seulement...
M. LAVOIE (Wolfe): Oui, jusqu'à l'article 4. M. LE PRESIDENT:
Adopté? M. LAVOIE (Wolfe): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Nous serons rendus à l'article 4: Service des
caisses d'épargne et de crédit. La séance est
ajournée à demain 16 heures.
(Fin de la séance à 22 h 1 )
Séance du mercredi 3 mai 1972
(Seize heures trois minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A
l'ordre.-messieurs!
Avant de commencer la séance, je voudrais mentionner que le
député de L'Islet remplace le député de Saint-Jean.
Est-ce que de votre côté il y a des changements? Nous
étions rendus, hier, à l'article 4: Service des caisses
d'épargne et de crédit.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, avant que nous ne
commencions, j'aurais une remarque à faire sur les présences
à la commission hier soir. Il avait été entendu en Chambre
que nous continuerions l'étude des crédits du ministère
des Institutions financières si la commission qui étudie le
projet de loi 250 ou code des professions avait terminé son travail.
A six heures, on nous a demandé de prolonger les travaux de la
commission, ce que nous avons fait jusqu'à sept heures. Si nous avions
respecté les heures normales de session, cela veut dire que nous aurions
repris le travail en commission sur le bill 250 à 8 h 15 pour ne
terminer que vers 9 h 15, 9 h 30. A ce moment-là, la commission des
institutions financières n'aurait pas siégé. C'est la
raison pour laquelle nous nous sommes volontairement absentés de
l'étude des prévisions budgétaires.
M. HARVEY (Chauveau): Vous étiez d'ailleurs très bien
représentés par le député de Wolfe.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai lu la transcription ce matin et je vois
que le député de Wolfe s'est très bien acquitté de
sa tâche. Il a représenté notre...
M. TETLEY: II a été très fort. Mais, si vous avez
des questions à poser, soit cet après-midi ou à la fin de
l'étude des crédits, vous serez certainement le bienvenu.
M. CARDINAL: Pour enchafner avec le député de Montmagny,
tout en remerciant le député de Wolfe qui nous a sauvés au
dernier instant ceci avait été convenu et moi, avec l'accord du
chef du parti d'ailleurs, je devais hier soir rencontrer des journalistes
justement au sujet du rapport Gray sur lequel il y a eu question en Chambre
aujourd'hui. Ceci explique qu'il faudrait quand même que nous nous en
tenions autant que possible aux ententes, sans quoi, comme il y a trois
commissions qui siègent en même temps et que les partis de
l'Opposition n'ont pas le nombre je ne parle pas ici de qualité
du parti ministériel, nous sommes souvent dans des situations
difficiles. S'il faut remercier le député de Wolfe, il
faudrait à l'avenir, autant que possible, éviter des
situations semblables qui nous placent dans une position difficile.
M. LE PRESIDENT: J'en ferai part au président de la Chambre. Nous
sommes rendus à l'article 4: Service des caisses d'épargne et de
crédit.
Service des caisses d'épargne et de
crédit
M. TETLEY: M. le Président, vous me permettez de noter que j'ai
distribué avant l'ajournement d'hier soir, une liste des subventions aux
caisses d'épargne et de crédit de l'an dernier. Je crois que j'en
ai d'autres exemplaires et je vais demander qu'ils vous soient
distribués.
J'ai fait cette distribution afin que les membres puissent, lors des
heures de repos, étudier ce que le gouvernement a fait l'an dernier.
C'est exactement ce qui a été fait au cours des années
précédentes. J'avais avisé l'an dernier que c'était
notre intention de reconsidérer toutes ces subventions, après
consultation auprès de la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale. C'est l'article no 4, catégorie 10 et nous n'en sommes
qu'à la catégorie 1, c'est pourquoi j'ai fait la distribution
hier soir.
Caisses d'entraide économique et caisses
d'établissement
M. LOUBIER: M. le Président, avant d'aborder dans les
détails l'étude de cet article et des catégories
inhérentes, j'aimerais faire certains commentaires et terminer par une
question assez précise au ministre. J'ai eu nettement l'impression,
à venir jusqu'à il y a quelque temps, que le ministre des
Institutions financières avait une confiance plus ou moins
limitée dans le rôle, dans l'existence même et
également comme agent de l'économie, des caisses d'entraide
économique. Heureusement, depuis un certain temps, j'ai l'impression que
le ministre a tenté en tout cas, d'apprécier, d'avoir une
meilleure perception du rôle que peuvent remplir ces caisses au niveau
régional.
Le ministre n'a pas besoin, je pense, de recevoir du chef de
l'Opposition ou de qui que ce soit, une énumération de tous les
avantages de ces caisses qui, à mon sens, méritent, dans les
structures, et peut-être aussi dans certaines orientations, d'être
dirigées et d'avoir de la part du gouvernement une orientation plus
définie. De toute façon, je pense que le ministre devrait encore
faire des efforts supérieurs pour que ces caisses d'entraide
économique régionales, même s'il y a certains aspects
imparfaits, possèdent des structures juridiques leur permettant de
remplir véritablement leur rôle sur le plan du
développement de l'économie régionale.
Le ministre se rend sans doute compte que les petits économisants
deviennent littéralement de petits économistes parce qu'ils sont
tellement soudés, enracinés dans leur région et que c'est
par la canalisation des petites épargnes qu'on peut donner beaucoup plus
de motivation aux gens d'une région donnée pour le
développement industriel de cette dite région. Je terminerai ces
remarques, parce que, depuis plusieurs mois et même depuis quelques
années, je ne cesse non pas de me faire l'avocat mais d'essayer en tout
cas de défendre la cause de ces institutions qui peuvent
représenter pour les Québécois et les petits
épargnants l'instrument, l'outil le plus valable pour leur donner de la
motivation et voir à très courte vue des réalisations sur
leur propre territoire.
Or, ma question, très précise, au ministre est la
suivante: Est-ce son intention de faire tout en son pouvoir pour que ces
caisses régionales d'entraide économique, ces caisses
d'établissement puissent connaître un meilleur rayonnement? Est-ce
qu'à brève échéance, le ministre arrivera avec
d'autres dispositions pour permettre ces caisses d'entraide économique,
à ces caisses d'établissement, de remplir sur le plan
régional un rôle qui, à mon sens, est absolument salutaire
et merveilleux comme instrument et qui, sans me rattacher à des
fantoches de socialisation ou de socialisme, permet, par le truchement de ces
coopératives financières aux épargnants, d'être
motivés à la base même de l'économie et non pas de
se voir imposer des orientations ou des motivations par le haut de la pyramide,
c'est-à-dire par le gouvernement. Quelles sont donc les intentions du
ministre à court terme et à moyen terme en rapport avec ces
caisses précitées?
M. TETLEY: M. le Président, la question du chef de l'Opposition
officielle est très pertinente. En effet, il avait parlé des
caisses d'entraide économique et, à la fin, des caisses
d'établissement qui sont deux groupements différents dans notre
société. Il y a peut-être, en conséquence, deux
questions.
Les deux groupements sont très importants dans notre
économie. C'est tout d'abord un système de développement
régional que certaines banques et certaines autres institutions ne font
pas. On trouve les caisses d'établissement et les caisses d'entraide
économique dans les régions les plus éloignées et
les plus sous-déve-loppées. Pour cette raison, ces institutions
sont très importantes. De plus c'est une question de "self help". Ce
sont des gens qui font le travail eux-mêmes, ce ne sont pas simplement
des subventions du gouvernement ou des investissements étrangers. Ce
sont des des gens qui travaillent eux-mêmes pour eux-mêmes. Donc,
c'est un ordre de mérite plus élevé.
Troisièmement, c'est québécois. Comme je vous l'ai
dit, ce ne sont pas des investissements
étrangers. C'est en effet l'usage ou l'emploi des épargnes
de nos Québécois, ce qui est très important.
Quatrièmement, il y a d'autres raisons pour lesquelles le
gouvernement appuie ces groupements, c'est que c'est un système
d'éducation pour la population. Parfois la population voit pour la
première fois la valeur de l'épargne, la valeur de
l'investissement et ainsi sa propre force. J'ai eu plusieurs rencontres avec
les caisses d'établissement, les caisses d'entraide économique,
toutes les caisses et tous les mouvements coopératifs et c'est
très important de voir comment les membres et surtout l'exécutif
sont fiers de ce qu'ils font. Ils soulignent toujours que c'est une question
d'éducation qu'ils n'ont pas eue ailleurs.
Nous aidons les caisses d'établissement. Notre service a des
rencontres et nous avons des projets en vue. Par ailleurs, concernant les
caisses d'entraide économique, il y avait, peut-être dans
certaines caisses un manque de système valable de
comptabilité.
Peut-être que d'autres projets d'investissement étaient
faibles, ou il n'y avait pas assez de réserves, etc., suivant la loi ou
autrement ou suivant leurs propres normes ou règlements. En fait, notre
service a fait des enquêtes et a eu des réunions afin de
régler certains problèmes dans certaines caisses.
J'ai eu aussi des rencontres avec des députés des
différents partis. J'ai montré notre travail parce que je n'avais
pas peur de le.montrer. Même ici, il y a des députés qui
ont reçu des documents parce qu'ils voulaient les voir et s'en sont
trouvé satisfaits.
En ce qui concerne les caisses d'entraide économique, j'ai eu
plusieurs réunions depuis deux ans. A la dernière réunion,
spécialement, parce que c'était un peu un problème
d'éducation du ministre, du ministère et aussi des membres de
l'exécutif des caisses d'entraide économique, je crois qu'il y
avait un consensus. Lors de la récente grève, il y a eu une
rencontre au lac Delage. Je crois que nous en sommes arrivés à un
consensus. Par conséquent, nous préparons un projet qui va faire
plaisir à tout le monde, je l'espère.
Votre question précise était: Est-ce que le ministre
était conscient de l'importance de ces caisses d'entraide
économique et des caisses d'établissement? La réponse est
oui et je voudrais même faire plus, si possible.
M. LOUBIER: Le ministre signalait tout à l'heure que l'on
retrouve surtout ces caisses d'entraide économique dans les
régions les plus éloignées, les régions
nommées sous-développées. Je voudrais tout simplement
corriger très amicalement le ministre pour lui dire que nous retrouvons
ces caisses d'entraide économique même ici dans la ville de
Québec.
M. TETLEY: Oui.
M. LOUBIER: Nous les retrouvons dans des régions très
rapprochées de Montréal, des régions qui ne sont pas
fatalement accolées à un sous-développement
éternel. En second lieu, je voudrais signaler au ministre que je prends
acte de ses bonnes intentions de voeux pieux puisqu'il référait
à Rome tout à l'heure, mais je voudrais entendre...
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez d'interrompre
mon chef, pour le bon entendement du journal des Débats, on parlait de
Rome avant que l'enregistrement ne soit commencé.
M. LOUBIER: Le ministre pourrait-il concrétiser ou expliciter
davantage ce qu'il entend par un projet qui ferait l'affaire de tout le monde?
Et, en sous-question, je lui demanderais si ce projet dont il parle serait
rédigé, conçu, inspiré bilatéralement,
c'est-à-dire par le gouvernement, d'une part, qui a son rôle
à remplir et qui est absolument essentiel pour la protection des petits
épargnants et, également, même agir un peu comme ange
gardien à l'endroit des différents exécutifs. Est-ce que
le ministre nous donne l'assurance que ce projet-cadre sera conçu,
inspiré, rédigé par les parties intéressées,
soit le gouvernement, représenté en l'occurence par le
distingué ministre des Institutions financières, et qui a
à assurer la protection des intérêts des petits
épargnants et, d'autre part, l'exécutif des caisses d'entraide
économique pour qu'on en vienne à un consensus, comme il le
disait lui-même, tel que ces caisses d'orientation économique
puissent véritablement et de façon très dynamique
atteindre les objectifs qu'elles se sont fixés?
Le ministre avait raison tout à l'heure de signaler que c'est
pour les petits épargnants peut-être l'outil le plus merveilleux
parce qu'il constate immédiatement les réalisations qu'ils
peuvent tirer de leurs épargnes. Et j'aimerais lui rappeler ce que je
disais en Chambre le 8 mars, j'ai été, pour ma part, non pas
stupéfait, dans le sens péjoratif du mot, mais j'ai
été extrêmement étonné de constater qu'en
1970 les Québécois, que certaines veulent démagogiquement,
et pour des fins inavouées ou avouées, qualifier de peuple de
gueux, de quêteux, etc., ont tout de même acheté pour $1
milliard et quart d'obligations d'épargne du Canada, soit plus que le
total de tous les achats d'obligations du Canada effectués par toutes
les autres provinces ensemble.
Cela ne veut pas dire, dans mon esprit, qu'il faille lancer une campagne
pour que les Québécois n'achètent aucune obligation du
Canada, non, mais je dis que c'est là, je pense, le reflet d'un manque
d'une prise de conscience des Québécois dans le
développement de leur économie par le truchement de ces
coopératives ou de ces banques qui sont de chez nous.
C'est pourquoi je termine en demandant au
ministre s'il peut aller un peu plus avant dans le voeu qu'il exprimait
tout à l'heure concernant ce projet qui donnerait satisfaction à
toutes les parties en cause et nous dire de façon un peu plus
articulée quel serait, au moins dans les grandes lignes, ce projet et
quel serait, dans les grandes lignes encore, le consensus à être
établi entre les parties.
M. TETLEY: Je ne peux pas donner les grandes lignes parce que je veux,
tout d'abord, être certain que la Fédération des caisses
d'entraide économique du Québec ou l'exécutif soit
satisfait. Je crois que l'exécutif est d'accord sur certains grands
principes que je dois soumettre au conseil des ministres, et je ne suis pas en
mesure, comme je le voudrais, d'annoncer cela aujourd'hui. D'autre part, je
peux assurer l'honorable chef de l'Opposition officielle que nous avons fait
toutes les démarches possibles et nécessaires afin d'avoir une
entente cordiale et amicale, et c'est plus qu'une entente, et d'ailleurs je ne
vois véritablement pas de problème. Mais aussitôt que
j'aurai des nouvelles, j'annoncerai et je présenterai cela parce que je
veux le présenter le plus tôt possible.
M. LOUBIER : Ce sera au cours de la présente session.
M. TETLEY: J'espère, mais je ne fais aucune promesse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Je pense que le chef d'Unité-Québec a
souligné, avec beaucoup de justesse, en employant l'exemple des
souscriptions que les Québécois ont faites dans les campagnes
passées d'émission d'obligations d'épargne, que les
Québécois n'étaient pas les gueux et les quêteux que
certains aiment à se complaire à croire qu'ils sont. Il aurait pu
ajouter aussi et c'est dans l'actualité d'aujourd'hui
cette révélation du rapport Gray qui montre que, même
lorsque c'est une compagnie étrangère qui se développe
ici, 80 p.c. de son financement lui provient de sources internes locales.
J'écoutais avec beaucoup d'intérêt l'échange qu'ont
eu le chef d'Unité-Québec et le ministre des Institutions
financières particulièrement sur cette idée qui veut que
les caisses d'entraide et de développement, par exemple, constituant un
organisme de développement économique situé au niveau de
la base qui permet non seulement l'autodéve-loppement, le principe de
gestion démocratique, mais qui assure aussi l'initiative individuelle,
l'initiative régionale, etc.
Par opposition à ça, le chef d'Unité-Québec
disait que cette initiative était souvent brimée quand trop de
décisions dans l'économie venaient d'en haut et notamment, par
exemple, de l'Etat. Quant à moi, je veux lui poser la question suivante,
à savoir s'il est conscient que il y a l'Etat, bien sûr, et
ça représente un danger, selon la façon dont l'Etat
fonctionne, ça va de soi de ces grandes décisions qui
viennent d'en haut aussi, la majeure partie provient de grandes entreprises
qui, elles, sont étrangères. Cela vient d'en haut et ça
vient d'entreprises privées, mais qui sont étrangères. Je
voulais lui demander s'il avait le choix entre l'Etat québécois,
d'une part, et de grandes entreprises étrangères privées
d'autre part, à lequel des deux il ferait le plus confiance?
M. TETLEY: C'est une question de...
M. LOUBIER: Si le ministre me le permet, peu importe la minorité
extrémiste, qu'elle soit incarnée ou représentée
par le capitalisme à l'état pur, et je pense rejoindre les propos
du député à ce moment-là, quelque monopole ou
quelque trust qui orienterait, selon des objectifs très
égoïstes de rentabilité et de profit, toute
l'économie de toutes les régions, eh bien, à ça je
m'oppose à 100 p.c.
D'autre part, je m'oppose également à ce que l'Etat soit
omniprésent et que l'Etat, non seulement agisse de façon directe
et de façon coercitive, ce à quoi je m'oppose encore, mais je
vois plutôt le rôle de l'Etat comme le grand planificateur, celui
qui assure la coordination et qui fait en sorte que les différents
agents de l'économie qui sont représentés par l'entreprise
privée, qui sont représentés aussi par le gouvernement qui
est un agent de l'économie et par le syndicalisme repensé pour
que ces trois agents de l'économie redeviennent véritablement
positifs et puissent ensemble planifier. Mais le leader de ce groupe devrait
être le gouvernement.
M. JORON: M. le Président, c'est intéressant, parce que
j'ai entendu à maintes reprises dans le passé le chef de
l'Unité-Québec, se faire, dans une certaine mesure...
M. LOUBIER: Est-ce que le député sait que je ne suis pas
le ministre des Institutions financières? Il est deux ans avant son
temps.
M. JORON: Oui, je sais. J'ai entendu...
M. TETLEY: ... déclarations contradictoires.
M. JORON: Je veux adresser la question aux deux, en fait. Souvent vous
vous êtes fait le défenseur de l'entreprise privée...
M. LOUBIER: Je continue.
M. JORON: ... mais quand il s'agit de l'entreprise privée au
niveau de la très grande entreprise et qu'à ce moment-là,
presque par définition, elle devient étrangère, c'est
là que je vous demande ce qui vaut le mieux. Est-ce que ça
contredit votre philosophie de l'entreprise pri-
vée que l'Etat, parce qu'il est québécois se
substitue, dans certains cas, à la grande entreprise privée mais
étrangère? La question fondamentale, c'est qu'un grand
capitalisme au Québec, ça n'existe pas. C'est ça le point.
Quand c'est une grande entreprise il y a une seule exception à
cette règle, c'est Bombardier par définition, ce sont des
entreprises étrangères. Est-ce que votre défense de
l'entreprise privée va jusqu'au point de la préférer
à l'Etat québécois, même quand il s'agit de
l'entreprise étrangère?
M. LOUBIER: Sur ce point, si le ministre et le président me le
permettent, pour une fois je partage l'idée de M. René Levesque
qui déclarait dernièrement dans une de ses chroniques je
pourrais donner la référence qu'il faisait amende
honorable à l'endroit de M. Maurice Duplessis concernant le
développement de l'Ungava et que, vingt ans plus tard, il devait lever
son chapeau à cause des circonstances, des découvertes de
d'autres gisements dans d'autres pays, à cause d'un coût
d'extraction, de commercialisation, de transformation, moindre dans d'autres
pays parce qu'aujourd'hui jamais l'Ungava ne serait développé. Je
le dis sur un ton ironique, mais d'une façon plus sérieuse, je ne
vois pas de dogme en économique; je prétends qu'à ce
moment-là nous ne devons pas élever un rempart pour que les
investissements étrangers ne puissent pas entrer sous prétexte
d'intellectualiser la question, de sortir avec des termes comme colonianisme
économique, etc. On sait qu'il y a $7 milliards d'investissement qui
sont absolument essentiels par année au Québec au moins
c'est un chiffre qui n'est pas contredit par des économistes et
cela, au cours de cinq prochaines années. Si vous dites $35 milliards,
il y en a une partie de canalisable par nos économies, par nos propres
ressources financières ici, mais il y en a une autre partie qui,
fatalement, doit provenir d'investissements étrangers. Il s'agit pour le
gouvernement de les diversifier autant que possible, il s'agit pour le
gouvernement de les conditionner autant que possible. Ce qui revient à
dire que je ne prétends pas qu'en économique on puisse, par un
système donné, bien articulé, relancer une économie
parce que, pour moi, un système n'est pas au service d'une
économie, mais c'est plutôt une économie qui est au service
d'un système.
M. TETLEY: M. le Président, le député de Gouin a
parlé d'une seule entreprise québécoise. Bombardier.
M. JORON: ... francophone.
M. TETLEY: ... francophone. Mais moi, j'ai noté la même
déclaration dans un livre...
M. LOUBIER: Il faudrait que je corrige, c'est un système qui est
au service d'une économie.
M. TETLEY: En tout cas, une seule entreprise, mais il y a d'autres
entreprises québécoises: Power Corporation est la
propriété aujourd'hui, non de Peter Thompson mais de Desmarais,
un francophone de l'Ontario venu au Québec qui a remplacé Peter
Thompson, la compagnie Mol-son qui est ici depuis un siècle et demi,
presque deux siècles; je parle de toutes sortes de compagnies. Nous
avons plusieurs entreprises québécoises. Peut-être
sont-elles, comme vous avez dit dans votre livre, anglo-canadiennes. Je trouve
ça très drôle que la compagnie Molson soit anglo-canadienne
et que l'entreprise de Pierre Desmarais soit anglo-canadienne etc., mais en
tout cas, il s'agit d'une opinion.
Je crois que nous nous sommes un peu éloignés du sujet des
caisses d'épargne et de crédit, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: C'est permis.
M. JORON: C'est parce qu'on tentait d'extorquer du ministre certains
commentaires au sujet du rapport Gray.
M. TETLEY: Moi je suis prêt à faire des remarques au sujet
du rapport Gray.
M. CARDINAL: Je ne suivrais pas ici. Je ne voudrais pas qu'on mêle
les questions, parce que le rapport Gray vous me corrigerez, M. le
Président et le ministre aussi conviendrait beaucoup plus au
service des compagnies, qui est l'article 9. Parce que si nous parlons du
rapport Gray à l'occasion des caisses d'épargne et de
crédit, j'ai l'impression que nous ne sommes pas dans le même
domaine.
M. JORON: Je n'ai pas d'objection.
M. CARDINAL: Cela nous donnerait aussi le temps de lire le rapport Gray
qui a 857 pages.
M. JORON: Nous avons pu le lire depuis un an il est disponible depuis un
an.
M. LE PRESIDENT: Pour terminer cette discussion intéressante, si
vous voulez, on va revenir aux services de caisses d'épargne et de
crédit. La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): II y a, M. le Président, deux points que je
désire souligner en partant. Tout à l'heure, lorsque j'ai
demandé la parole, il était évident que je voulais parler
des caisses d'épargne et de crédit. On a permis à deux
membres et même à trois membres de cette commission de
s'éloigner du sujet, mais comme mon tour de parole arrive, on revient
sur la caisse d'épargne et de crédit alors que j'aurais
aimé, moi aussi, être capable d'exprimer un certain point de vue
sur ce qui vient d'être discuté même si cela déborde
le sujet. Je demande donc votre indulgence, M. le Président, d'autant
plus que le député de Gouin est très consentant, pour
essayer de préciser notre point de vue sur tous ces points.
Lorsqu'on veut parler d'incitation ou d'obligation, en quelque sorte
d'obliger les caisses d'épargne et de crédit, les caisses
populaires, à s'orienter vers l'investissement dans la grosse
entreprise, dans la grosse industrie, en vue de garder les centres de
décision chez nous, je pense que nous devons être réalistes
et qu'il ne faudra pas rêver en couleur. Cela, c'est un premier point.
N'oublions jamais l'origine du mouvement des caisses d'épargne et de
crédit et les causes de la fondation de chacune des
fédérations dont nous avons la liste ici fournie par le ministre.
Ces caisses sont nées d'un besoin et les gens qui ont fondé ces
caisses les ont fondées dans un but bien spécifique, celui de se
donner des services qu'ils ne pouvaient pas avoir autrement. Cela a
été l'objectif fondamental et la raison d'être, la
motivation qui a incité tous les membres et tous ceux qui ont
contribué à bâtir le mouvement. A l'heure actuelle, ces
mouvements manquent de capitaux à tous les niveaux pour donner les
services dont leurs membres ont besoin. Je pense qu'il faut être assez
réaliste, assez clair là-dessus. Je pense que le rôle du
gouvernement, en présence de ces fédérations et de tous
ces organismes, ne devrait pas être de s'orienter en vue de limiter leurs
possibilités mais bien en vue d'en faciliter la tâche, de les
rendre plus dynamiques, plus progressifs, mieux adaptés aux besoins
croissants que nous avons dans le secteur privé, je dis bien le secteur
privé, au Québec. Tout à l'heure, le chef
d'Unité-Québec a parlé des caisses d'établissement
et des caisses d'entraide économique; le ministre nous a dit qu'un
projet de loi serait présenté prochainement en ce qui a trait aux
caisses d'investissement ou je ne sais pas quel titre on entend donner à
ces caisses.
M. TETLEY: Au sujet des caisses d'entraide économique...
M. ROY (Beauce): Est-ce que les caisses d'établissement vont
être régies par la même loi...
M. TETLEY: Non.
M. ROY (Beauce): ... que le gouvernement entend présenter pour
les caisses d'entraide économique?
M. TETLEY: Non.
M. ROY (Beauce): II n'en est pas question. Alors, les caisses
d'établissement seraient régies par la même loi, la Loi des
caisses d'épargne et de crédit que nous avons à l'heure
actuelle. A ce moment-là, je m'étonne un peu, parce que si les
caisses d'entraide économique sont des caisses régionales, des
caisses de comté, les caisses d'établissement le sont encorte
plus. Or, les caisses d'établissement ont justement un rôle
à jouer par leur raison d'être dans le développement
commercial et le développement indus- triel, peut-être beaucoup
plus que les caisses populaires, les caisses d'économie ou la ligue des
caisses d'économie dont le rôle est limité à peu
près au prêt individuel et au prêt hypothécaire
uniquement dans le secteur résidentiel. Je me pose des questions
à ce moment-là, je tiens quand même à souligner ce
fait à l'attention du ministre et des officiers du ministère qui
sont ici, et je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'examiner la situation de
plus près. Lorsque nous avons tenu des séances j'ai eu
aussi l'honneur de faire partie de la commission pendant deux ans, sous
l'ancien gouvernement, lorsque l'honorable Armand Maltais était ministre
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives
on a pu à ce moment-là se rendre compte que le cadre de la loi
des caisses d'épargne et de crédit s'adaptait difficilement aux
caisses d'établissement.
Les caisses d'établissement sont la propriété de
leurs membres et ceux-ci ont besoin à peu près des pouvoirs d'une
fédération parce qu'elles couvrent des territoires qui, dans
certaines régions, équivalent aux territoires couverts par les
fédérations régionales, les unions régionales de
caisses populaires. Je sais qu'on a eu énormément de
difficultés à ce moment-là. Je ne sais pas si le ministre
pourrait me donner plus de précisions sur les intentions que le
gouvernement entend poursuivre à ce sujet.
M. TETLEY: II n'y a que douze caisses d'établissement au
Québec. Nous travaillons en étroite collaboration avec ces
caisses parce qu'elles ont des problèmes. S'il s'avérait
nécessaire de modifier la loi ou de présenter une autre loi,
évidemment que nous le ferions. Au sujet des remarques du
député de Beauce concernant les caisses d'épargne
Desjardins, nous avons modifié la loi l'an dernier afin de donner
à une grande entreprise comprenant plusieurs fédérations,
corporations d'assurance, de fiducie, caisses d'épargne, etc., une
espèce de centrale ou siège social, afin que cette entreprise
puisse diversifier ses opérations et mettre l'argent ici et là
dans l'économie du Québec en vertu des sommes importantes qui
existent dans le mouvement des caisses Desjardins à l'heure actuelle,
soit plusieurs milliards de dollars. Nous avons fait exactement ce que les
caisses Desjardins ont demandé.
M. ROY (Beauce): Maintenant, sur le même point, est-ce qu'il y a
des raisons particulières pour lesquelles le ministère
favoriserait plutôt l'action des caisses d'établissement à
l'intérieur de la loi des caisses d'épargne et crédit
plutôt qu'à l'intérieur de la nouvelle loi qu'il entend
proposer pour les caisses d'entraide économique?
M. TETLEY: La nouvelle loi pour les caisses d'entraide économique
ne s'applique qu'aux caisses d'entraide économique. S'il faut une autre
loi pour les caisses d'établissement, tant
mieux. Mais nous allons essayer de trouver une solution à un
problème à la fois. S'il faut une autre loi, tant mieux. Il y a
d'autres solutions possibles pour les caisses d'établissement.
M. ROY (Beauce): Quelle serait cette solution?
M.TETLEY: Nous sommes en discussion avec ces caisses et je ne veux pas
en discuter publiquement. Il y a certaines possibilités et nous sommes
prêts à les considérer.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ça veut dire qu'à ce
moment-là le gouvernement s'apprêterait à limiter l'action
des caisses d'établissement et les conditionner en quelque sorte ou si
le gouvernement est prêt à permettre à cet organisme de
continuer à se développer?
M.TETLEY: Evidemment nous voulons le développement de toutes les
fédérations de caisses, de coopératives y compris la
fédération des caisses d'établissement, n'importe quelle
institution valable.
M. LE PRESIDENT: Je permets une dernière question avant de
passer, si vous voulez, aux articles. L'honorable député de
Montmagny.
M.CLOUTIER (Montmagny): Merci, M. le Président, vous ne le
regretterez pas. Je voulais souligner que la Fédération des
caisses d'entraide économique est dans votre comté, Aima et que
vous pouvez vérifier tous les jours leur action, leur travail, leur
dynamisme dans la ville d'Alma. J'ai été moi-même
sensibilisé il y a quelques années par votre
prédécesseur, M. Desmeules qui était maire d'Alma, au
travail des caisses et, depuis ce temps-là, je l'ai suivi de très
près. Je suis même allé à Alma en 1972,
vérifier sur place leur travail dans trois champs particuliers.
D'abord, au niveau de la Fédération des caisses d'entraide
économique au niveau de la caisse d'entraide économique d'Alma
qui a réalisé des choses extrêmement intéressantes
et au niveau de la promotion que l'on fait sous forme d'animation
économique. C'est une formule qui vient de venir au monde et qui,
rapidement, gagne toutes les régions de la province. Egalement il y a la
création de sociétés de gestion à même les
fonds d'autres individus déjà sensibilisés par le travail
des caisses d'entraide économique.
Nous avons déjà eu l'occasion, ainsi que le ministre des
Institutions financières, à différentes reprises, et c'est
encore le cas aujourd'hui, de parler un peu plus longuement du travail, non
seulement des caisses d'entraide économique mais de l'importance des
caisses populaires et des caisses d'établissement.
Le député de Beauce a surtout parlé il y a un
instant des caisses d'établissement. Mais je reviens à un point
de ce débat qui me paraît important; La motivation des caisses
d'entraide économique, c'est le développement régional,
surtout du côté industriel et commercial.
A ce sujet, on n'a pas utilisé, à ce jour du moins, toutes
les possibilités. Il est vrai que les caisses sont jeunes, que les
possibilités de développement des régions sont immenses.
Il est vrai qu'actuellement il y a, de la part des caisses d'entraide, une
recherche de certaines modalités d'action. Ce qui est désirable.
Ce que le ministère veut aussi faire, c'est l'amélioration de la
protection de l'épargne confiée à tous ces mouvements,
surtout les caisses d'établissement et les caisses d'entraide
économique.
Je suis content que le ministre de l'Industrie et du Commerce soit ici,
à cette table. Il aura connaissance de cette discussion. La
Société de développement industriel dont la mission, elle
aussi, est le développement industriel de la province, pourra utiliser
les épargnes de ces sociétés, épargnes qui vont en
s'accroissant de façon très considérable et très
rapide.
Il y a actuellement 40 caisses d'entraide économique dans la
province. Il y a un capital qui s'accroît de façon très
rapide malgré que le ministère ait demandé aux caisses
d'entraide de ne pas fonder de nouvelles caisses d'entraide depuis deux ans.
C'est un moment d'arrêt de création de caisses pour pouvoir
réévaluer et peut-être réorienter toute l'action des
caisses d'entraide.
Malgré ça, les capitaux disponibles se sont accrus de
façon importante. Un organisme comme la Société de
développement industriel, par le ministère de l'Industrie et du
Commerce, via cet organisme de la société, pourrait utiliser
davantage les possibilités de prêts de ces sociétés.
Mais étant donné qu'elles prêtent à un taux assez
élevé, ce ne sont pas toutes les industries, devant tenir compte
de l'aspect de la rentabilité qui peuvent utiliser ce pouvoir
d'emprunt.
Je suis membre des caisses d'entraide économique. Je connais
actuellement, dans plusieurs endroits de la province, des industries qui sont
nées très facilement grâce aux caisses d'entraide
économique et peut-être aux caisses d'établissement
j'y suis peut-être un peu moins familier et aussi grâce aux
caisses populaires, de plus en plus avec les nouveaux
développements.
Elles sont nées très rapidement et elles ne seraient pas
au monde aujourd'hui s'il n'y avait pas eu ces organismes de prêts. Et
ça, je pourrais vous donner des noms, il y a des emplois qui ont
été créés.
M. TETLEY: Ce sont des industries ou des commerces?
M.CLOUTIER (Montmagny): Des industries.
M. HARVEY (Chauveau): Les preuves ont été faites aux
individus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Des preuves ont été faites aux
industries.
M.HARVEY (Chauveau): Dont les propriétaires sont membres des
caisses.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça.
M. HARVEY (Chauveau): En effet, parce qu'autrement ils ne pourraient
pas, comme la SDI a une vocation bien précise, prêter directement
à une industrie dans un but de développement industriel, mais la
caisse d'entraide économique doit d'abord et avant tout respecter son
mandat qui est quand même une accréditation plutôt
coopérative qu'à caractère économique où
elle peut prêter à quelqu'un qui ne serait pas membre...
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y a rien qui empêche une caisse
d'entraide économique actuellement de prêter à une
industrie sur hypothèque, sur l'immeuble et sur la machinerie.
M. HARVEY (Chauveau): A condition que l'emprunteur soit membre et aussi
que ce soit sa première hypothèque.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais vous avez des membres, vous en avez
déjà 60,000 dans les caisses d'entraide économique
réparties dans tout le Québec; ça commence à
être une force.
M. GIASSON: Les caisses prêtent également en
deuxième hypothèque.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, elles prêtent en deuxième
hypothèque. Mais le point que je voudrais faire ressortir devant le
ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est que la Société de
développement industriel peut subventionner une industrie pour le taux
d'intérêt. Il n'y a rien qui empêche la
société de subventionner une industrie qui trouverait à
emprunter à la Caisse d'entraide économique, disons à 10
p.c., c'est le taux normal auquel elle prête. La société
pourrait subventionner 3 p.c. ou 4 p.c. à même ce taux
d'intérêt et ça permettrait une garantie additionnelle
à la Caisse d'entraide économique qui ferait un prêt
à une industrie.
Je félicite le ministre, je veux le dire ici. J'ai eu l'occasion
depuis quelques mois d'en discuter à quelques reprises avec lui; j'avais
constaté au début certaines difficultés
d'appréciation du travail des caisses d'entraide économique parce
que le ministre n'avait pas en main à ce moment-là tous les
éléments pour porter un jugement. J'ai dit certaines
difficultés pour le ministre de porter un jugement, une
appréciation exacte.
M. TETLEY: Peut-être.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon, ou une certaine hésitation de la
part du ministre.
M. TETLEY: J'avais une certaine hésitation mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Et je dois dire...
M. TETLEY: C'est vrai.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... ici, cet après-midi, que le
ministre, grâce à des études additionnelles, grâce
à des contacts qu'il a eus avec les représentants de la
fédération, les membres des caisses d'entraide économique,
et j'espère aussi grâce aux conversations que nous avons eues
ensemble, le ministre est très ouvert à l'endroit des caisses
d'entraide économique. J'ai eu le témoignage de leur part que les
relations avec le ministère actuellement sont très positives et
très encourageantes. Et nul doute que la législation qui va
être apportée va permettre à ces sociétés
dont les membres s'accroissent très rapidement, d'être des agents
positifs du développement industriel et commercial dans toutes les
régions du Québec.
Et la question que je voudrais poser au ministre est la suivante: Etant
donné que la création des caisses d'entraide a été
suspendue depuis deux ans, est-ce que, actuellement, le ministre est en mesure
de nous dire quand la fédération pourra compter sur la
création de nouvelles caisses, étant donné que plusieurs
demandes leur parviennent de différentes régions de la province
qui n'en ont pas encore?
M. TETLEY: Je remercie le député de Montmagny de ses
éloges j'exagère peut-être de ses compliments
très sincères mais aussi, M. le Président, je le remercie
de son aide.
En effet, depuis deux ans, nous avons tenté de convaincre
certaines personnes de certains faits et moi aussi, comme je l'ai
déjà mentionné, c'est aussi une question
d'éducation du ministre. J'avais certaines hésitations et
j'espère que je n'aurai pas cette hésitation après
l'adoption de la loi. Et au sujet de la Société de
développement industriel, j'espère qu'à l'avenir les
caisses emploieront à bon escient cet outil qui leur est fourni par la
province pour leurs besoins. Je sais que le député de Montmagny a
fait cette suggestion l'an dernier et peut-être aussi il y a deux ans,
mais si tel est le cas, à ce moment je n'étais pas titulaire du
ministère des Institutions financières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, au moment de la loi qui créa la
Société de développement industriel...
M. TETLEY: En Chambre.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... et le ministre des Institutions
financières avait alors approuvé la suggestion. Le sous-ministre
de l'Industrie et du Commerce, M. De Coster, l'avait soigneusement noté.
Le ministre actuel écoute attentivement et nul doute que ça va
finir par déboucher sur une action concrète.
Mais le ministre n'a pas répondu exactement
à ma dernière question. Est-ce qu'on pourra compter
bientôt sur la possibilité de la création d'autres caisses
d'entraide économique?
M. TETLEY: Je l'espère, en vertu de la nouvelle loi.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: II m'apparaît simplement nécessaire
d'émettre un bref commentaire, M. le Président. Il me semble
qu'il y a quand même une certaine complémentarité entre le
rôle de ces caisses et le rôle de la Société de
développement industriel. Il est vrai que, dans la loi de la
Société de développement industriel, il y a des
mécanismes qui permettraient presque de court-circuiter
complètement ces caisses, c'est-à-dire canaliser l'épargne
par l'émission d'obligations à caractère industriel que la
Société de développement peut faire. On pourrait, sans
passer par les caisses, aller chercher directement l'épargne
auprès du Québécois dans toutes les régions et, de
la même façon, évidemment, par le mécanisme qui joue
déjà, de l'analyse de prêts, de demandes de prêts, de
réduction d'intérêt, de réduction d'avantages
fiscaux. On peut aussi s'adresser directement et sûrement au cours
des prochains mois, on a l'intention d'intensifier cela aux industriels
des régions.
Là où je trouve qu'il y a une
complémentarité, c'est que tant dans les mécanismes de
prêts que dans les mécanismes pour attirer l'épargne, on
peut, au niveau de la Société de développement industriel,
y introduire des paramètres tels que les caisses, compte tenu de leur
caractère, compte tenu de la diversité de celles-ci, des centres
de décision qui réflètent peut-être des options
différentes ou une perception différente des choses, ne
pourraient pas le faire, en ce sens que les prêts de la SDI auront
toujours, il me semble, cette nécessité de réfléter
certains choix gouvernementaux tant au niveau des secteurs à favoriser
qu'au niveau des régions. Je pense qu'il est faux quand même de
dire qu'actuellement il n'y a aucune de ces politiques peut-être
la politique est-elle à revoir et peut-être que certaines choses
doivent être changées mais dans les décisions de la
SDI entérinées ou non entérinées par le ministre,
on retrouve des faits. On peut même dire qu'au niveau du gouvernement
fédéral, spécialement dans la politique de M. Marchand, on
y retrouve des éléments de pondération quant aux plans
pour favoriser ou non une concentration industrielle à
Montréal.
Il m'apparaît quand même nécessaire de voir un peu
ces deux mécanismes dans un rôle de complémentarité
et d'y aller avec prudence je sais que c'est un des points qu'on a
considérés avant de faire des émissions
d'obligations pour canaliser l'épargne par des émissions
d'obligations industrielles garanties par la province pour voir l'effet que
ceci pouvait avoir sur des secteurs d'activité comme celui dont nous
parlons.
Il y a un dernier point qui m'apparaît, c'est en réponse
directe à ce que vous avez soulevé, la question de permettre des
prêts à plus faible taux d'intérêt à des
industriels pour des projets peut-être plus petits et qui ne toucheraient
pas la grande entreprise, l'entreprise multinationale. C'est un des programmes
que nous examinons dans le moment avec du pour et du contre. Mais l'un des
programmes aurait été que, sans impliquer la SDI, mais d'une
façon généralisée, mousser l'investissement dans le
secteur manufacturier dans toutes les régions, le gouvernement accepte
de défrayer la différence entre un taux d'intérêt
demandé par les caisses, disons 10 p.c. et un taux plus bas que les
grandes corporations peuvent avoir. Ce qui voudrait dire que, sans
fonctionnaires additionnels, on pourrait avoir, du jour au lendemain, plusieurs
gérants de banque, plusieurs caisses, plusieurs institutions reconnues
qui feraient une analyse financière de la rentabilité, et que si
celles-ci sont prêtes à investir ou à prêter à
l'investisseur, automatiquement, le gouvernement serait prêt à
faire la différence. Il y en a qui sont pour et il y en a qui sont
contre le programme, mais c'est un type de programme qui pourrait non pas
changer notre structure industrielle mais stimuler l'investissement dans le
secteur manufacturier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un commentaire, M. le Président, si vous
le permettez. Le ministre dit que la Société de
développement industriel a le droit d'émettre des obligations
industrielles et que cela pourrait peut-être court-circuiter les caisses
d'entraide économique. Je suis d'accord. Mais il faut se rendre compte
d'une chose. C'est que dans la motivation créée autour des
caisses populaires, des caisses d'établissement, des caisses d'entraide
économique, ce qui fait le succès de ces organismes, c'est la
motivation du développement régional, alors que la vente
d'obligations comme la vente des obligations d'épargne n'est pas
particulièrement liée au développement industriel. C'est
la même chose pour la vente des obligations industrielles, à
l'échelle provinciale, par la SDI pour des projets
généraux. Si c'étaient des projets des grandes entreprises
multinationales, des grandes entreprises à Montréal ou dans des
centres plus populeux, je ne pense pas que les régions soient
sensibilisées à l'achat de ces obligations industrielles autant
que si c'est pour un projet précis dans une région, pour un
projet qui est bien identifié, et c'est là qu'il faut utiliser
véritablement la motivation des régions à l'endroit du
développement de leur région.
Or, c'est quelque chose de sain dans une région que les gens
veuillent prendre en main leur développement industriel et veuillent
faire l'effort et veuillent risquer leur épargne; il faut
leur assurer, par les différents mécanismes, la protection
nécessaire à la poursuite de ces objectifs.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne voudrais absolument pas
imposer le bâillon à qui que ce soit, mais si on avait fini les
discussions générales sur l'article 4, je ferais la proposition
que l'on voie les huit articles. Quant à moi, je le dis, ceci
n'empêche personne d'autre de parler, mais je serais prêt à
adopter les huit articles en bloc, sujet à une seule question. La
question est la suivante et mes collègues du même parti et des
autres partis pourront voir ce qu'ils désirent faire, par la suite.
L'on conserve à la catégorie: Traitements, salaires et
allocations le même nombre de postes que lors du dernier budget. C'est
exact. Cependant, l'on voit une diminution qui n'est pas importante, elle est
de $6,000 sur des milliards, mais est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer comment il se fait qu'en conservant un ministère aussi
important il a obtenu de nouvelles responsabilités au cours de
l'année à cause de deux ou trois lois qui ont été
adoptées à la session précédente l'on garde
le même nombre de postes et l'on diminue le montant des salaires? Est-ce
parce qu'en fait ces postes-là ne sont pas remplis...
M. TETLEY: Exactement.
M. CARDINAL: ... et qu'on ne songe pas à les remplir?
M. TETLEY: Je songe à les remplir. Mais, en effet, le Conseil du
trésor, vous verrez ça dans presque tous les
ministères...
M. CARDINAL: Je l'ai vu.
M. TETLEY: ... c'est la même réponse, je suppose, que les
autres ministres ont donnée et que j'ai moi-même donnée
hier soir. C'est parce qu'à un certain moment il y avait des postes
vacants, donc il a diminué ces postes vacants de la moitié, je
crois, dans notre budget.
M. CARDINAL: Est ce que je pourrais poser une question plus
générale? L'an passé, dans le budget, une somme avait
été prévue au ministère des Finances et cette somme
servait, disons, de réservoir où l'on pouvait puiser pour
compenser dans certains ministères et donner une certaine souplesse,
est-ce qu'on a employé le même système cette
année?
M. TETLEY: Je préfère que le ministre des Finances
réponde à cette question.
M. CARDINAL: Je vais demander à mon collègue de Montmagny
qui est membre, je pense, de cette commission, de retenir la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CARDINAL: L'an passé il s'agissait d'une somme importante. On
en a discuté longuement. Je suis quand même satisfait de la
réponse du ministre. Quant à moi, je n'ai aucune question sur les
autres postes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur les dépenses de transfert, le
ministre nous a remis une liste des subventions accordées aux
fédérations en 1971 pour un total de $180,000.
M. TETLEY: Avez-vous des suggestions, M. le député de
Montmagny?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas de suggestions, mais je constate
que ce ne sera pas compliqué, il y a encore $180,000 aux dépenses
de transfert pour le prochain exercice.
M. TETLEY: C'est exactement le même montant. Je vous ai remis deux
listes. Vous avez la liste pour les associations coopératives. Mais, la
liste pour les caisses d'épargne et de crédit...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est $180,000.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors vous aviez $180,000 l'an dernier.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez $180,000 cette année.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre va suivre la même
liste?
M. TETLEY: Pas nécessairement. C'est pourquoi je vous pose la
question parce que l'an dernier j'ai avisé les fédérations
qu'il y aurait peut-être une augmentation ou une diminution. J'attendais
les brillantes idées de la commission parlementaire des institutions
financières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous ne pouvons pas faire de suggestions au
ministre sans voir les dossiers, sur quoi il base les demandes de travail et le
budget qu'il a. Le ministre est mieux placé que nous pour voir si...
M. TETLEY: Tant mieux!
M. CLOUTIER (Montmagny): Les demandes sont probablement de beaucoup
supérieures à ce que le ministre a eu comme crédits de la
part du ministre des Finances.
M. TETLEY: Pardon?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a $180,000. Combien aurait-il voulu
en avoir du ministre des Finances pour en donner aux fédérations?
Le double?
M.TETLEY:Mais non!
M. CLOUTIER (Montmagny): Non?
M. TETLEY: La même somme, certainement. Mais si nous diminuons une
fédération, nous pouvons peut-être augmenter l'autre. C'est
ça le problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'an prochain le ministre nous dira sur quel
critère il s'est basé pour en diminuer quelques-unes et en
augmenter d'autres.
M. TETLEY: J'ai reçu des lettres de la part de
députés, de maires, de présidents de caisse, de
présidents de fédération et je note tout.
Evidemment, comme le député de Montmagny l'a
souligné, il faut regarder tous les dossiers et le résultat du
travail de l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais une question à poser au ministre. S'il y a un
changement pour les subventions en 1972, étant donné que nous
avons la liste, est-ce que le ministre peut quand même nous assurer qu'il
va consulter tous les organismes mentionnés avant de...
M. TETLEY: Ils me consultent, ils ont déjà commencé
leurs consultations.
M. GUAY: Est-ce que le ministre consulte également ces
fédérations-là?
M. TETLEY: Ah oui!
M. HARVEY (Chauveau): Ils sont obligés de produire des
documents.
M. GUAY: Si le ministre nous assure évidemment que s'il y a
changement en 1972, il s'engage à consulter ces
fédérations, à partir de là il y a beaucoup moins
de problèmes.
M. TETLEY: J'allais poser la question suivante: Etes-vous contents de
subir un changement dans votre subvention? Il faut parler des pour et des
contres, c'est certain. Avant de couper une subvention...
M. GUAY: Parfaitement d'accord.
M. TETLEY: ... je vais en expliquer les raisons.
M. GUAY: Ce que j'avais peur, c'est pour que cela se fasse. Disons que
cela s'est fait peut-être dans le passé à quelques
reprises. Ce que je voulais éviter par là, c'est que ces
fédérations-là soient obligées de toujours avoir
l'oreille tendue au ministère des Institutions financières pour
savoir de quelle façon se fera le partage. Si le ministre peut les
rassurer en disant qu'il va les consulter au préalable, je suis
convaincu qu'on va leur enlever énormément
d'inquiétude.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, pour revenir a un sujet dont j'ai
parlé tantôt, et pour répondre au ministre, parce que le
ministre des Finances n'était pas là, à l'article 11 du
ministère des Finances, il y a un titre qui s'appelle "provision pour
augmenter, avec l'approbation du Conseil du trésor, tout crédit
se rapportant aux traitements, salaires et allocations, par suite de
modifications, etc.", le paragraphe est très long et la somme est de $2
millions.
M. TETLEY: En effet, nous avons la même politique que l'an
dernier.
M. CARDINAL: Sauf que l'an dernier, c'était plus
élevé, c'étaient $10 millions.
M. TETLEY: Oui, c'est ça, on coupe partout.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut considérer les
catégories 1, 3, 4, 5, 7, 8, 10, 11 adoptées?
M. GUAY: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5: Service des compagnies de fiducie.
Service des compagnies de fiducie
M. TETLEY: C'est un service, M. le Président, très
important, notre service des compagnies de fiducie. Je vous ai donné un
sommaire de nos activités. Evidemment, ces compagnies-là, vous
verrez...
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que vous me permetteriez
d'interrompre? Je dois nécessairement partir pour mon bureau. Est-ce que
je peux, avant de partir, poser seulement une question sur le service des
sociétés de fiducie? Ce n'est même pas une question.
Est-ce que le ministre, dans les documents qu'il nous a fournis ou qu'il
doit nous fournir, peut nous donner la liste des sociétés de
fiducie qui opèrent au Québec, en indiquant si elles ont leur
siège social au Québec ou à l'extérieur et en
indiquant quelle est la somme qu'elles ont sous administration, si
possible?
M. TETLEY: Oui. C'est dans un rapport annuel des services de fiducie,
rapport de l'inspecteur des compagnies de fidéicommis.
M. CARDINAL: Ah bon! M. TETLEY: Le voilà.
M. CARDINAL: Je vous remercie beaucoup, ça répond à
ma question et, avec la permission du président, je m'excuserais et je
prierais M. Cloutier de continuer le travail qui a si bien commencé.
M. TETLEY: C'est un rapport... pas en vertu de la loi.
M. CARDINAL: Est-ce que ce rapport a été
déposé à l'Assemblée nationale?
M. TETLEY: Non.
M. CARDINAL: Est-ce qu'il fait partie de la commission?
M. TETLEY: Certainement, je vais essayer de vous trouver des copies.
M. CARDINAL: Je ne fais pas de motion, je fais une suggestion.
M. TETLEY: Vous aurez une copie... M. CARDINAL: Moi, j'ai
déjà la mienne. M. TETLEY: ... demain ou peut-être ce
soir.
M. CARDINAL: Merci, M. le ministre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Gouin.
M. TETLEY: Je voudrais terminer brièvement la question des
remboursements à l'article 5, catégorie 14. Evidemment, c'est
très important. Vous voyez que le service des compagnies de fiducie est
rentable.
M. HARVEY (Chauveau): C'est un coût d'opération de
$1,200.
M. JORON: M. le Président, la question que je voulais poser se
rattache à celle qu'a posée le député de Bagot
avant de partir. Peut-être que le ministre peut me donner le
renseignement. Dans le rapport annuel, est-ce que, particulièrement sur
la question des fonds de sous-administration des différentes
sociétés de fiducie, à présent, on peut savoir
l'origine ou la provenance de ces fonds et la nature de ces placements?
Où sont-ils placés?
M. TETLEY: Non.
M. JORON: Je ne veux pas savoir pour le compte de qui mais...
M. TETLEY: Nous voulons évidemment connaître ces chiffres,
les grands totaux, les chiffres qui concernent les Québécois, les
résidants de l'Ontario et d'autres étrangers, etc. Mais nous
n'avons pas ces chiffres en main encore. En effet la commission Bouchard
étudie ce problème.
M. JORON: C'est ce que j'allais vous demander. Est-ce qu'il y a une loi
quelconque qui empêche de les obtenir ou est-ce la tradition ou le
"secrecy" qui est l'apanage des compagnies privées?
M. TETLEY: II n'y a pas de loi qui empêche, qui force ou oblige de
les obtenir. J'ai causé ce matin même, au déjeuner, avec le
chef de notre service de recherche. J'ai déjà discuté avec
le sous-ministre de la question de notre formule d'information à
laquelle chaque compagnie doit répondre. Nous modifions cette formule
et...
M. JORON : De façon à pouvoir obtenir ces
renseignements?
M. TETLEY: Peut-être que oui ou peut-être que non. Je crois
que non mais dans un certain sens cela servira à augmenter les chiffres
que nous aurons au Québec, parce qu'avant de fixer une politique
d'investissements étrangers, il faut connaître le total
d'investissements étrangers ou l'investissement à
l'étranger par nos Québécois.
M. JORON: C'est en ce sens, je pense bien que le ministre serait
d'accord pour dire que la connaissance de ces chiffres au moment où le
gouvernement d'un pays s'apprête à voter une loi est une chose
d'intérêt public.
M. TETLEY: C'est certain. C'est curieux que les pays du monde je
ne parle pas tout simplement de la province de Québec, des autres
provinces ou du Canada ne connaissent pas véritablement les
sources de leurs investissements, ni la direction de leurs épargnes.
M. JORON: II est peut-être trop tôt pour vous le demander,
mais si on n'arrive pas à obtenir les renseignements voulus et de
façon que le travail d'autre part de la commission Bouchard ne soit pas,
du moins dans ces chapitres-là, inefficace, est-ce que vous envisageriez
de voter une loi pour obliger tout simplement le dévoilement de ces
renseignements?
M. TETLEY: Oui. Je vois qu'il y a un problème. J'ai
déjà noté que certaines institutions canadiennes,
c'est-à-dire à charte canadienne, s'opposent parfois à
nous donner des renseignements et vice versa.
M. JORON: Je le comprends facilement. Je
souligne un exemple entre autres, que vous avez peut-être retenu,
on l'a utilisé. Le Royal Trust dans son fonds hypothécaire, on ne
sait pas quel pourcentage, évidemment, de ces épargnes il
perçoit au Québec. Mais on sait que, dans ses placements
hypothécaires, il y en a seulement environ 13 p.c. au Québec.
Alors, je comprends que souvent les sociétés de fiducie comme les
banques d'ailleurs à travers tout le territoire peuvent être
réticentes à communiquer ces renseignements. On peut s'apercevoir
qu'elles recueillent l'épargne à une place et qu'elles en
prêtent à l'autre. Je pense qu'il est capital que le Québec
les forcent à dévoiler ces renseignements. Je ne sais pas ce que
vous pouvez faire dans le cas des banques pour obtenir ces renseignements, sans
être anticonstitutionnel, puisque c'est une loi fédérale, y
avez-vous songé? Peut-être par la voie, vous m'en avez
déjà glissé un mot, de l'assurance-dépôts,
peut-être un prétexte qui permettrait au gouvernement du
Québec, sans voter une loi ultra vires, d'exiger ces renseignements.
M. TETLEY: Oui, il y a certaines solutions en ce sens. C'est un
véritable problème. Même si vous demandez à une
compagnie de fiducie: Où se trouvent vos investissements? La
réponse est la suivante: Nous avons les chemins de fer Canadien
Pacifique et Steinberg, etc. Mais le Canadien Pacifique a son siège
social à Montréal, est-ce que c'est un investissement
québécois? Donc il faut certains critères.
Vous avez des chiffres vraiment faux. Ce n'est pas simplement en
remplissant les formules qu'on a les résultats. Nous avons vu le rapport
Gray, qui a coûté une somme énorme, peut-être $2 ou
$3 millions. En Ontario, six économistes y ont travaillé deux ans
et ils n'ont ni l'un ni l'autre les chiffres.
M. JORON: Je tenais simplement à souligner que, si je parle en
tant que représentant d'une formation politique, nous avons, dès
la première séance, après les élections de 1970, vu
une commission de crédits des institutions financières demander
ces renseignements-là. Je comprends que ça ne s'organise pas du
jour au lendemain. On est deux ans plus tard et le ministre qui
n'était pas le même à l'époque est toujours
d'accord sur la nécessité d'obtenir ces renseignements. Je ne
souhaiterais pas que dans deux autres années encore
peut-être que le ministre ne sera plus là, ça dépend
à quel moment les élections auront lieu, enfin ...
M. TETLEY: Nous allons gagner nos élections.
M. JORON: ... on soit encore placé devant le même
problème. Il faudrait que, l'année prochaine, par exemple,
à la séance des crédits de ce ministère-ci, on
puisse avoir ces renseignements.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait passer aux catégories?
Catégorie 1.
M.CLOUTIER (Montmagny): D'accord, pour ma part, je n'ai pas de question
à poser sur ces catégories.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut considérer les
catégories 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 14 adoptées?
M. JORON: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article
6.
Service des compagnies de finance
M.CLOUTIER (Montmagny): A l'article 6, M. le Président, le
ministre nous annonce dans ses notes des lois imminentes. Le ministre dit: "Un
projet de loi a été élaboré à cet effet et
est maintenant prêt à être déposé à
l'Assemblée nationale sous le nom de "Loi concernant les
activités financières". Etant donné que c'est imminent,
est-ce que le ministre peut nous donner les grands principes de cette loi?
Est-ce qu'il peut déjà nous en faire une primeur, parce que
là c'est permis, la commission est le prolongement de la Chambre,
personne n'en discutera avec personne.
M. TETLEY: En effet, c'est notre intention de présenter une loi
concernant les activités financières. La première loi que
nous allons présenter est la loi des activités
immobilières. J'espère la présenter bientôt, je ne
sais pas quand, mais c'est toujours le problème du comité
législatif. Les avocats, que je ne blâme pas, mais qui ont des
doutes, prennent un certain temps avant de prendre des décisions. Ils
sont comme les comptables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils ont des doutes sur quoi?
M. TETLEY: Ils ont des doutes sur tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que c'est le ministre qui a
préparé la loi?
M. TETLEY: Non. Sur n'importe quel sujet, ils ont des doutes. Ils sont
des cartésiens, ils commencent par douter et ils doutent que ce soit
vrai, il faut le prouver. La deuxième loi que je voudrais
présenter est la Loi concernant les activités financières,
que j'ai préparée et qui est prête. Une troisième
loi est la Loi de l'assurance, que nous allons amender complètement.
Quand? Il faudrait le demander plutôt au ministre de la Justice,
parce que c'est son comité de législation qui s'occupe de cela.
Nous avons présenté l'an dernier une législation
importante et qui a causé des débats. Nous siégeons
presque neuf mois par année alors
qu'autrefois le Parlement siégeait six ou huit semaines...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a éprouvé
des difficultés particulières en préparant cette loi?
M. TETLEY: Pas du tout. J'ai rencontré divers groupes. C'est une
loi je parle des activités financières qui a pour
but de contrôler les compagnies de finance et d'autres institutions
financières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est le point le plus difficile que le
ministre a trouvé?
M. TETLEY: II n'y a pas eu de point difficile.
Il faut tout simplement le faire adopter par le comité
législatif. Mais c'est quelque part dans leurs dossiers.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut considérer les
catégories 1, 3, 4, 5, 7, 8 et 11 comme adoptées?
M. JORON: Si vous voulez, mais j'aurais une question qui se rattache
à l'ensemble.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. JORON: Je m'aperçois que le ministre a lu le manifeste du
Parti québécois...
M. TETLEY: Ce n'est pas ma bible, au contraire.
M. JORON: Cela aurait peut-être avantage à l'être,
pour le bénéfice des Québécois. Vous avez sans
doute noté le traitement que l'on réservait à cette partie
des activités des compagnies de finance, dans le domaine du prêt
aux consommateurs, qui a donné lieu à tant d'abus. Je veux tout
simplement demander au ministre, non pas la primeur nécessairement du
projet de loi, mais si l'inspiration de ce projet de loi à venir part
justement de cette préoccupation de restreindre et
éventuellement éliminer ces abus cette exploitation qui se
fait au chapitre du prêt personnel.
M. TETLEY: Evidemment, il y a certaines erreurs des compagnies de
finance et autrement. Nous voulons les contrôler, nous n'avons pas de loi
de contrôle. C'est pourquoi vous notez, dans l'article 6, que nous
n'avons pas de catégorie 14. On ne peut pas forcer...
M. JORON: Je vous ai demandé pourquoi...
M. TETLEY: On ne peut pas imposer un changement parce que nous n'avons
pas de loi.
M. JORON: Quelle est la nature général des services
rendus?
M. TETLEY: Ce sont, tout simplement, en vertu de nos lois qui existent
actuellement, de l'inspection, etc.
M. JORON: Mais ces lois ne vous permettent pas, contrairement à
ce qu'elles permettent dans d'autres secteurs, dans le cas spécifique
des compagnies de finance, d'exiger...
M. TETLEY: C'est ça.
M. JORON: C'est abominable, surtout quand ce sont les institutions qui
rendent le moins de services à la population, c'est incroyable que ce
soient celles qui sont tolérées.
M. TETLEY: C'est la raison pour laquelle je veux adopter la loi.
N'oubliez pas que par la Loi de l'assurance-dépôts aussi, nous
allons imposer une charge d'inspection, ils vont la payer.
UNE VOIX: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 7: Service des assurances
Service des assurances
M. TETLEY: M. le Président, c'est un autre service très
important. Nous avons parlé de l'assurance-automobile, nous avons les
problèmes de l'assurance-vie, de l'assurance générale, de
l'assurance contre le feu, c'est un très grand service dans le
gouvernement qui est très rentable aussi et dont nous sommes très
fiers.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a aussi un projet de loi dans ce
domaine-là?
M. TETLEY: Oui, nous allons amender notre Loi des assurances. En effet,
ça fait vingt ans que les différents gouvernement du
Québec ont préparé cette loi-là.
Et il y avait tellement de pressions d'un côté et de
l'autre que le gouvernement s'est directement dirigé dans le milieu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela va être difficile d'y voir une
marque de commerce. Je suppose que c'est inutile de demander au ministre...
M. TETLEY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... les difficultés qu'il a
éprouvées dans cette loi, de quoi il s'est inspiré...
M. TETLEY: Non, il faut que je dépose la loi et, comme je vous
l'ai dit, je crois que c'est la troisième priorité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, nous
allons attendre que le ministre dépose à
l'Assemblée nationale les projets de loi.
M. TETLEY: Je peux ajouter qu'il y a, dans certains secteurs, la demande
que les compagnies d'assurance aient le droit ou les mêmes pouvoirs
qu'une compagnie de fiducie. C'est une drôle de demande mais c'est une
demande sérieuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les renseignements que le ministre nous a
transmis dans les documents, j'imagine, vont être contenus dans le
rapport annuel du ministère?
M. TETLEY: Oui, ça...
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une mine de renseignements très
intéressants dans ce que le ministre nous a appris.
M. TETLEY: Evidemment, je vous ai donné ici des détails
qui se trouveront en sommaire dans le rapport annuel qui paraîtra
bientôt.
Evidemment, le rapport annuel, c'est un sommaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, au chapitre des
assurances, je n'ai pas de question sur les catégories en particulier,
sauf peut-être à la catégorie 10: Dépenses de
transfert, $35,500. Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
détails?
M. TETLEY: Ce sont les bourses d'étude aux actuaires. H n'y a pas
beaucoup d'actuaires au Québec, c'est une science importante, c'est une
profession très importante. En effet, c'est pour des bourses aux
actuaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et des bourses qui leur sont payées une
fois qu'ils ont terminé leurs études dans les universités
ici, au Québec, et qu'ils poursuivent des études ailleurs,
j'imagine. C'est ça?
M. TETLEY: Non, même ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même ici, mais une fois les trois ou
quatre ans du cours normal universitaire terminés.
M. TETLEY: Oui. Il faut une certaine compétence avant de se
lancer dans l'actuariat, et il faut aussi une grande compétence avant de
recevoir une bourse. Evidemment, il faut être diplômé dans
tous les cas, parce que tout le monde peut dire, au début de sa
carrière universitaire, qu'il va devenir actuaire mais, c'est
très rare qu'on réussisse les examens de fellow.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, à l'article 7: Service des
assurances, à la catégorie 1 : Traitements, salaires et
allocations, on remarque une augmentation de $137,600. Je pense que le
personnel est resté le même en nombre.
M. TETLEY: C'est une bonne question. J'ai donné la réponse
à cette question il y a deux jours, je crois, et la raison en est la
suivante : II y a une charge au service de l'inspection, article 2,
catégorie 15 et aussi à l'actuariat, article 3, catégorie
15. Le surintendant de l'assurance voulait prouver aux compagnies d'assurance
que ces services coûtaient au moins la somme qu'elles payaient et il a
réussi parce qu'elle a en effet doublé. Le chiffre est deux fois
dans le budget ici. Il n'y a pas d'augmentation du tout, sauf que cette
année toutes les charges sont là avant l'imputation.Donc, c'est
la même chose.
M. GUAY: Ce sont les dépenses, en quelque sorte, qui ont
été faites auparavant...
M. TETLEY: Oui.
M. GUAY: ... et qui sont chargées au budget de cette
année.
M. TETLEY: Oui. Donc, il n'y a aucune augmentation. C'est un jeu de
comptable, accepté par le Conseil du trésor.
M. GUAY: II n'y aurait qu'aux partis de l'Opposition à
l'accepter.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut continuer les catégories de
l'article 7? Les catégories 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11 et 14,
adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): A la catégorie 14: Remboursements, M. le
Président.
M. TETLEY: En effet, les remboursements, l'an dernier, étaient du
même montant; les assureurs n'aimaient pas le fait qu'ils payaient plus
que $499,400 et ils ont noté tout simplement cela. Donc, on avait
donné les vrais chiffres ici et il n'y a pas d'imputation ailleurs. Cela
fait plaisir aux compagnies d'assurance; elles ont payé, donc elles
ont...
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, ç'a été plus que
$500,000 l'an dernier? Pas mal plus.
M. TETLEY: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8: Service du courtage
immobilier du Québec.
Service du courtage immobilier du
Québec
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le premier des trois projets de loi qui
vont être
déposés pour couvrir les institutions
immobilières.
M. TETLEY: Nous arrivons au Service du courtage immobilier. Nous allons
présenter une loi sur les activités immobilières. Cette
loi sera complémentaire à la Loi de la protection du
consommateur, mais elle concernera les immeubles, et nous aurons le même
article 4 au sujet de la langue. Nous avons certaines pénalités
sévères, les plus sévères dans une loi
québécoise je crois, parce que pour la première fois nous
avons, dans le bill 45, stipulé qu'un président d'une compagnie
peut être responsable des actes de la compagnie ou un autre officier ou
même un administrateur et il peut aller en prison. Vous verrez, c'est
vrai. Soyez prêts. Watch out!
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre...
M. TETLEY: Si vous avez commis des actes en contravention de la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre donne un peu plus de détails
sur cette loi. Est-ce qu'elle aurait franchi l'étape du comité de
législation?
M. TETLEY: Non, j'espère qu'elle sera adoptée demain.
UNE VOIX: C'est encore l'étape du caucus.
M. TETLEY: C'est demain matin. J'aurai peut-être des nouvelles
demain. Mais c'est très important, évidemment.
M. LE PRESIDENT: Alors, la catégorie 1?
M. GUAY: Nous remarquons une diminution. Est-ce que les mêmes
explications qui ont été données tantôt pour le
service des assurances vaudront en sens inverse?
M. TETLEY: Oui. C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie B, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 9: Service des compagnies.
Service des compagnies
M. TETLEY: M. le Président, le service des compagnies est un
service très important, parce que nous voulons des compagnies à
charte québécoise et il est important que le service soit rapide,
efficace. Aussi, nous avons le problème des noms qui est très
important au Québec, le problème de garder dans nos compagnies,
dans nos institutions, des noms en bon français. Et c'est un des
problèmes les plus importants et les plus difficiles au service des
compagnies. Il y a aussi le problème de noms semblables dans les autres
provinces ou dans d'autres pays. Mais, jusqu'à maintenant, je crois que
nous avons résolu ces problèmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): A cette catégorie 1, je ne sais pas si
le ministre a donné des explications antérieures...
M. TETLEY: C'est la même explication.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais il y a une baisse d'effectif, une
baisse...
M. TETLEY: Augmentation...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, une baisse d'effectif et aussi une baisse
de salaires.
M. TETLEY: Ah oui! ces gens ont été
transférés au service administratif, à l'administration,
au fichier...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le fichier central?
M. TETLEY: ... central et à d'autres services comme
ceux-là.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons considérer les
catégories 1, 3, 4, 5, 6,...
M. CLOUTIER (Montmagny): II y en a qui ont fait des remarques
tantôt, ils voulaient parler du rapport Gray à cet article.
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez, nous allons adopter tout cela et
puis nous ouvrirons la discussion par la suite. Alors, les catégories 1,
3, 4, 5, 6...
M. GUAY: A' la catégorie 6, j'aurais une question à poser.
Quand vous mentionnez les
loyers, en ce qui concerne le service des assurances, est-ce que ce sont
des locaux à bureaux ou...
M. TETLEY: Non, au gouvernement du Québec, ce sont plutôt
les IBM, les Xerox, etc. Nous n'avons pas de véritable système de
comptabilité où les loyers et les appels
téléphoniques sont chargés aux ministres ou aux
députés et même aux députés de l'Opposition.
Je favorise un tel système.
Que tout le monde soit responsable de ces appels
téléphoniques et même le ministre, le ministère et
les services.
M. LE PRESIDENT: Alors les catégories 7, 8 et 11 sont
adoptées?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): On voit par les statistiques qui nous ont
été remises qu'un bon nombre de requêtes sont
présentées au ministère dans une année, soit pour
la formation de compagnies ou la modification des lettres patentes, lettres
patentes supplémentaires. Quand il s'agit de création de
nouvelles compagnies, j'imagine que, lorsque l'objet de la compagnie est
à caractère économique, lorsque l'objet de la compagnie
est à caractère social, le ministre transmet la requête en
incorporation à un de ses collègues qui vérifie l'objet
pour lequel la compagnie désire recevoir des lettres patentes et si
véritablement c'est compatible avec le bien public.
M. TETLEY: Non, en effet comme l'ancien ministre des Affaires sociales
le sait, lorsqu'il y a une demande d'incorporation dont les buts de
l'incorporation tombent, disons, dans le domaine du ministère des
Affaires sociales, nous envoyons immédiatement le dossier au
ministère des Affaires sociales pour son imprimatur ou pour son
consentement. Ordinairement ce ministère pose des questions, prohibe
l'émission de ces lettres patentes ou en permet l'émission.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, on peut dire la même chose
pour...
M. TETLEY: Pour les ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le secteur économique ou le secteur
de l'éducation ou les affaires culturelles...
M. TETLEY: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): .. ou sportif.
M. JORON: Si je comprends bien, toute demande d'incorporation est
automatiquement transmise au ministère concerné?
M. TETLEY: Non!
M. JORON: Ah bon! d'accord.
M. TETLEY: Disons économique. Si les buts sont acceptables
suivant nos normes déjà fixées il y a longtemps, ils ont
leur charte le plus tôt possible.
M. JORON: A ce sujet-là justement, vous venez de mentionner que
les normes ont précisément été fixées il y a
passablement longtemps, à une époque où peut-être
l'Etat du Québec n'était pas organisé comme il l'est
aujourd'hui, où le gouvernement, où les gouvernements n'avaient
pas la même volonté de surveiller ce qui se passait, n'avaient
peut-être pas le même sens de la responsabilité dans les
affaires économiques. Mais aujourd'hui, à un moment où
justement ce n'est pas une constatation partisane il y a
passablement de problèmes économiques au Québec, est-ce
que vous ne pensez pas que peut-être ces critères-là
devraient être révisés? Je veux dire par là la chose
suivante: Quand dans une société le Parlement, qui est
l'autorité suprême accorde la vie à une entreprise en lui
émettant une charte, c'est un moment très important. Je ne pense
pas que le Parlement puisse automatiquement ou très librement accorder
la vie, si vous voulez, ou l'existence juridique à des entreprises d'une
façon automatique comme si c'était une machine distributrice. La
responsabilité du gouvernement aujourd'hui est de questionner et de voir
bien davantage quels seront les buts poursuivis par l'entreprise et aussi de
les relier. Si le gouvernement a quelque souci de planification
générale que ce soit, de les relier à ce que lui, le
gouvernement, a déterminé comme politique générale.
C'est pour ça que je me demande si en fait toute demande ne devrait pas
être transmise au ministère de l'Industrie et du Commerce ou
à l'Office de planification qui est en train plus ou moins de mourir de
sa belle mort, faute d'avoir du travail à faire ou presque, de
façon que l'imprimatur ou le nihil obstat soit accordé par les
gens de façon à vérifier si l'apparition de cette nouvelle
entreprise et les buts qu'elle s'est fixés entrent dans les cadres
généraux du plan de développement que le gouvernement
a.
Un plan de développement peut, à un certain moment,
exclure le développement d'un certain nombre de secteurs pour en
favoriser d'autres, il peut juger que tel secteur d'activité
économique est surpeuplé et qu'en conséquence il ne
devrait pas s'émettre, dans ce secteur-là, de nouvelles chartes.
Toutes ces questions-là me font croire que toute incorporation,
éventuellement, devrait être canalisée vers un office de
planification qui serait vraiment équipé pour le faire ou quelque
chose du genre. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
M. TETLEY: Nous avons par année 6,000 ou 7,000 demandes
d'incorporation. Disons, divisées par 200 jours par année, ce
seraient
donc 30 par jour. Les gens étudient et réfèrent
souvent les demandes, soit au ministre ou au sous-ministre. Mais qu'on ait un
"big brother" qui regarde tout, je me demande... Je sais que c'est admis dans
certains secteurs de contrôler toute l'entreprise privée. Je me
demande donc véritablement si c'est votre décision de
contrôler l'entreprise privée, c'est par ce moyen-là lors
de la naissance de la coopération... Je crois que même dans des
Etats comme la Suède, des Etats très socialistes, on peut
incorporer n'importe quelle compagnie. Mais les lois de développement ou
les lois dirigeant l'économie sont claires et c'est aussitôt que
l'homme enfreint la loi qu'on arrête son développement ou ses
activités. Je me demande, moi, si je ne favori-rise pas un tel
dirigisme. Mais même si j'étais en faveur d'un tel dirigisme, je
me demande si je ne serais pas contre un système comme
l'incorporation.
M. JORON: Disons que je ne pousserais pas le dirigisme jusqu'à y
inclure la demande d'incorporation d'un salon de barbier. Vous l'avez
signalé, ce sont des milliers par année. Quand il s'agit d'une
entreprise d'une certaine importance, ou alors ça nous relie
peut-être à la question qu'on avait soulevée par le rapport
Gray, s'il s'agit d'une demande en incorporation faite par des
non-résidants, seriez-vous d'avis que ça devrait aller à
ce moment-là à un comité spécial?
M. TETLEY: J'ai un cas, devant moi, d'une demande d'incorporation
où nous avons donné la lettre, formulaire indiquant que les
lettres patentes seraient accordées dans un délai ordinaire,
etc., faut de changement...
Après j'ai appris que c'étaient des étrangers qui
voulaient se lancer dans un certain domaine où, à mon avis, ce
n'est pas dans l'intérêt de notre économie
québécoise. J'ai appris cela par un concurrent. Donc, j'ai
arrêté les lettres patentes malgré le fait que les trois
personnes qui avaient fait la demande soient trois Québécois de
Montréal, un avocat et ses deux secrétaires. Parce que
c'était leur intention de transférer la compagnie à des
Américains, comme je l'ai fait des centaines de fois lors de mes
incorporations, aux Américains. Je n'ai pas résolu le
problème, c'est devant le conseil des ministres, etc. Mais
peut-être, sans doute, j'ajouterais aux lettres patentes le fait qu'ils
ne peuvent pas le transférer, dans une lettre, avec les lettres
patentes, si c'est leur intention de le transférer aux
Américains, qu'ils fassent une deuxième demande.
M. JORON: Vous, vous avez relevé là un cas un peu par
hasard, vous avez été mis au fait et vous avez agi avec
vigilance. Mais combien de cas peuvent vous échapper?
M. TETLEY: II faut plutôt, comme le premier ministre l'a
aujourd'hui annoncé, une loi ou une politique générale
à l'effet que, même si une compagnie existe à l'heure
actuelle et veut transférer ses actions aux étrangers, elle ne le
peut pas et le gouvernement peut même intervenir après.
M. JORON: Vous n'avez pas besoin de me convaincre. Je présume
donc que vous serez un de ceux qui insisteront le plus sur ces points-là
auprès du premier ministre.
M. TETLEY: Le premier ministre est très au courant du
problème. Avant même qu'on l'ait demandé, il s'est
levé en Chambre et j'ai été impliqué dans l'affaire
de la Prévoyance. Evidemment, nous avons discuté cela, mais il a
donné l'avis du gouvernement sans délai, disant qu'on
était contre le transfert et, si nécessaire, qu'on était
prêt à adopter une loi spéciale. Au sujet du rapport Guay,
il y a deux rapports Gray à l'heure actuelle...
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que le ministre n'entre dans le rapport
Gray, j'aurais un commentaire à faire sur la question du
député de Gouin et la réponse du ministre. On a
parlé du contrôle de l'économie, en contrôlant
davantage les demandes de lettres patentes, Cela pourrait conduire à un
certain dirigisme économique, je le pense. D'autre part, je ne sais pas
ce que le ministre en pense mais est-ce qu'inconsciemment on n'atteint pas le
même résultat actuellement, peut-être sans s'en rendre
compte, par les lois qui obligent les gens d'un certain commerce ou d'un
certain secteur à obtenir des permis? Prenez l'entreprise
forestière: il y a des lois qui obligent celui qui veut s'en aller dans
l'entreprise forestière à avoir un permis du ministère des
Terres et Forêts, pour toute usine ou toute industrie qui se rattache au
bois. On a voté une loi l'automne dernier sur le commerce des produits
pétroliers; c'est ici la même chose, il va falloir être
détenteur d'un permis. Je ne fais pas le tour de tous les
ministères, mais j'imagine que, si on en faisait le tour, on serait
peut-être surpris de voir le nombre de secteurs de l'activité
économique où cela prend un permis.
M. JORON: Qu'est-ce qu'un individu peut faire sans avoir un permis?
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qu'il peut faire sans avoir un
permis? La loi de la protection du consommateur là on entre dans
le domaine commercial exige des permis pour être vendeur
itinérant, agent d'assurance. Et on s'en vient au code des professions,
on en discute actuellement devant une commission spéciale. Or, dans le
code des professions, il est question d'une troisième section par
laquelle le ministère pourrait émettre des permis pour certaines
professions, certains métiers; ce serait la façon de les
contrôler et ils ne feraient pas partie du code des professions, mais ce
serait la façon de fermer la profession et d'exercer un
certain contrôle. Alors, on serait peut-être surpris du
nombre de cas, et j'aimerais que le ministre fasse faire cette enquête
pour voir de quelle façon on peut exercer un contrôle. Supposons
que le ministre a une demande d'incorporation dans le secteur social. Il se
réfère comme il l'a dit tantôt, à la
troisième partie de la Loi des compagnies.
S'il s'agit d'une compagnie qui veut construire ou exploiter un
hôpital ou un centre d'accueil, tout de suite la loi l'oblige à
transmettre sa demande au ministre des Affaires sociales, qui va voir à
l'accepter ou à la refuser. De plus en plus, on voit des compagnies, des
corporations qui sont créées à l'occasion de programmes
spéciaux comme les travaux d'hiver, des initiatives locales ou
Perspectives-Jeunesse. C'est aussi un secteur où il se crée
beaucoup d'entreprises en vertu de la troisième partie de la loi.
Je pense qu'inconsciemment, sans accepter le principe de diriger une
économie, on est fatalement conduit à exercer un certain
contrôle, non pas pour priver les gens de la liberté d'exercer le
commerce ou l'industrie, mais pour empêcher qu'il y ait encombrement dans
ce secteur et qu'ils soient réduits, à un moment donné,
à exercer une activité pour laquelle il y a certainement trop de
monde dans ce secteur, où il n'y a pas de place pour eux.
Les gens n'ont pas tous les moyens techniques de savoir si un secteur
particulier du commerce ou de l'industrie est encombré; ils n'ont pas
tous les moyens de savoir .cela au moment où ils sont prêts
à exercer ce genre d'activité.
Je pense que, sans vouloir diriger l'économie, il y a tout de
même certaines façons de rendre service à la population.
Même si le ministre ne refuse pas l'incorporation, il pourra
peut-être dire à cette entreprise-là: On a des services
techniques et on vous dit par nos services techniques que vous vous engagez
dans un secteur où il n'y a absolument pas de marché. Alors, si
vous voulez y aller, vous en subirez les conséquences. Ne venez pas nous
faire le reproche que le ministère de l'Industrie et du Commerce ne vous
a pas avertis que, dans ce secteur-là, il y avait trop de monde, ou
qu'il n'y avait pas assez de marché. Je ne sais pas si le ministre
comprend?
M. TETLEY: Oui. Je crois que le député de Montmagny a
raison. S'il n'y a pas un certain dirigisme dans notre gouvernement, il y a
certainement un système de tamisage dans presque tous les
ministères. Il y a des lois dans presque tous les ministères
concernant la direction de l'économie ou prohibant l'entrée des
étrangers. On peut prendre le rapport annuel des divers
ministères, regarder les lois l'une après l'autre, et on peut
faire facilement un inventaire des lois. Vous pouvez prendre notre rapport
annuel et vous verrez que, dans nos services, nous avons un système de
dirigisme, de direction ou de tamisage. Prenez la commission des valeurs
mobilières. Depuis longtemps on avait des objections à certaines
institutions et depuis un certain moment nous avons imposé des
règles d'achat de compagnies, etc., siège social à
Montréal, nous avons prévu certains critères. Dans toute
étude d'investissement étranger et aussi dans le contrôle
de l'investissement québécois qui est aussi important ne
l'oubliez pas il y a aujourd'hui et il y aura une certaine direction
donnée par l'Etat. Comment et dans quelle mesure? C'est une autre
question. Il y aura certainement une direction donnée par l'Etat et il
faut une espèce de coordination à l'heure actuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a deux ministères que je n'ai pas
mentionnés tantôt, vous avez tout le secteur privé du
ministère de l'Education. Autrefois, une institution privée
pouvait à son vouloir, à sa bonne volonté, venir au monde
et donner des services dans le domaine de l'Education. Aujourd'hui, il y a une
loi qui l'oblige à avoir un permis. Au ministère du Travail, il y
a encore là un contrôle.
Prenons par exemple les décrets qui obligent à certaines
contraintes. Alors, si on prend tous les ministères, c'est pour
ça tantôt que je parlais d'inventaires, si on n'accepte pas...
Evidemment, je ne suis pas disposé à accepter le principe
d'intervenir en économie et de dire à une entreprise: Vous aurez
ou vous n'aurez pas votre charte suivant la bonne volonté du
gouvernement. A ce moment-là, ce sera le Protecteur du citoyen qui sera
obligé d'intervenir à tout moment pour savoir si l'Etat a
abusé de son pouvoir.
Je ne suis pas d'accord en principe, mais en pratique, il le faut
presque. Plus le gouvernement intervient dans différents secteurs, plus
il exerce ce contrôle sans que nous ne l'acceptions en principe.
M. JORON: La dernière remarque du député de
Montmagny est très intéressante parce qu'il dit qu'il a de la
difficulté à l'accepter en principe, mais qu'en pratique il
s'aperçoit que c'est ce qui se passe.
M. TETLEY: II votait contre en deuxième lecture.
M. JORON: Mais ça, c'est très important. C'est tout ce qui
fait justement que la philosophie libérale n'a aucun sens, n'a pas de
fondements. C'est précisément ce point-là, c'est la
question. On veut souscrire à la liberté d'une part, et d'autre
part, on s'aperçoit que la liberté des individus est
conditionnée par celle des autres. Et à partir de ce
moment-là, dès l'instant où on veut s'organiser en
société, comme le ministre vient de le dire, il faut coordonner
tout ça et l'organiser dans une société.
M. TETLEY: II faut une certaine coordination. J'ai fait une critique de
votre livre "Quand nous serons vraiment chez nous" et je crois que
vous aurez presque tout le monde en cellule. Selon moi, il y a pas mal
de dirigisme.
M. JORON: Je vais vous rassurer tout de suite. Vous n'êtes pas
destiné aux cellules.
M. GUAY: J'aurais peut-être un commentaire à faire, M. le
Président. Evidemment, le ministre des Institutions financières,
ou peu importe quel ministre, ne peut pas présumer des intentions d'un
but non avoué dans une demande d'incorporation.
M. TETLEY: C'est ça.
M. GUAY: Je pense qu'il se fait quand même des enquêtes
rapides, comme on les appelle, avant d'émettre des lettres patentes. Je
me demande à un moment donné si on tente d'établir un
contrôle sévère, s'il n'y a pas un danger d'établir
des barrières. Evidemment, ce ne sera pas des barrières
tarifaires. Mais, qu'on songe au ministère que le député
de Montmagny a souligné tantôt et véritablement, le citoyen
se demande: On pourra faire quoi tantôt sans permis?
Est-ce que ce sera quand même permis, nous en sommes rendus
là, de travailler et d'essayer de gagner sa vie de façon
honorable? Il y a peut-être le danger de tomber dans l'excès en
élevant des barrières. Qu'on ait un contrôle sur des
capitaux étrangers dans le domaine que l'on a discuté, je ne suis
pas contre. Mais que ces lois aient une portée générale,
il y a quand même un danger.
Les problèmes ne sont pas les mêmes. Mais si on tente de
toujours régler les problèmes par les effets, on va toujours et
continuellement être dans l'erreur. Il faut remonter à la source
des problèmes, essayer d'en découvrir la cause le plus justement
possible et à partir de là, apporter des solutions. Mais tant
qu'on prendra les problèmes par les effets, c'est un peu ce qu'on subit
actuellement. L'excès est dangereux aussi.
M. TETLEY: II peut y avoir un excès de direction. J'ai lu, comme
j'espère tout le monde, le livre de Vilias, le vice-président de
Yougoslavie qui a été le grand ami et lieutenant de Tito.
Mais depuis vingt ans, il passe son temps en prison, il sort pour
quelques mois, il écrit un livre et rentre immédiatement en
prison. Je n'ai pas eu l'occasion de discuter de M. Vilias avec M. Tito lors de
sa visite, mais j'ai souvent discuté de ses livres avec des Yougoslaves
que je connaissais, qui sont du gouvernement de Yougoslavie, que j'ai
rencontrés dans ma pratique du droit maritime. Et, évidemment,
ils n'ont pas lu le livre non plus, le livre le plus important, lorsqu'il
parlait de la prochaine révolution, la quatrième
révolution, après Marx, c'est contre l'Etat, les gens seraient
contre l'Etat finalement, contre l'Etat socialiste, contre les hommes en
charge. Je veux donner aux coopératives, aux syndicats, aux groupes, aux
individus une certaine liberté; je ne veux pas donner... Moi-même,
je crois que c'est erroné de donner trop de pouvoirs à l'Etat, il
faut laisser des freins dans la société. Et, en tout cas, M.
Vilias qui a été vice-président de Yougoslavie je
crois qu'il l'est encore s'opposait farouchement à la politique
et je crois qu'il avait raison, parce que la politique affectait le
développement économique de son pays.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, justement, le sens de
la discussion qu'on a eue, c'est que j'ai souligné qu'il serait
peut-être intéressant de faire un inventaire, actuellement, de
toutes les contraintes qui sont exigées par tous les ministères
pour pratiquer dans les différents secteurs d'activité, afin
qu'on ait le portrait, l'inventaire et il faudra peut-être donner une
réorientation dans un sens ou dans l'autre. Et comme le disait le
député de Gouin, je pense bien qu'on ne doit pas chasser les
sorcières non plus; il ne faut pas avoir peur. Si on le fait en
pratique, il ne faut pas avoir peur non plus. Si on se rend compte qu'en
pratique certaines lois... Elles ont été apportées en
Chambre, on l'a mentionné au ministre à ce
moment-là, et quel que soit le gouvernement, des gouvernements
qui nous ont précédés l'ont fait, nous l'avons fait, les
gouvernements qui sont là le font actuellement, c'est donc signe que si
on met ça dans la loi, on constate qu'il y a une nécessité
de le mettre dans la loi.
Il ne s'agit pas d'être effrayés des conséquences de
la loi, parce qu'il y a certainement un besoin. D'autre part, si on ne le met
pas, est-ce que les conséquences ne seraient pas plus
désastreuses que s'il n'y avait pas de contrôle?
Parfois c'est seulement pour contrôler la qualité de
l'activité qui est exercée dans ce secteur-là. Je sais
que, dans le commerce des produits pétroliers, il y a certains dangers
à éviter. Dans le domaine de la construction, quand on utilise
des explosifs ou des choses semblables, il faut des permis. Ce n'est pas pour
empêcher quelqu'un de construire, c'est pour contrôler la
qualité et la responsabilité de celui qui exercera ce
métier. Bien souvent, c'est pour cette raison. C'est pour cela que je
dis qu'il y aurait peut-être lieu de faire cet inventaire simplement pour
la satisfaction de constater jusqu'à quel point l'Etat est entré
dans différents secteurs. Et s'il y a des secteurs où il est
entré, et où il n'aurait pas dû entrer, alors, il exercera
un recul stratégique et tout le monde sera satisfait.
M. GUAY: Est-ce que nous pourrions ajouter que ces lois auxquelles le
député de Montmagny fait allusion sont devenues obligatoires
justement parce que peut-être on a négligé d'apporter des
solutions quand c'était le temps?
M. TETLEY: Peut-être. Nous avons tellement de lois, parce que nous
avons tous l'idée
de détourner la loi, nous avons l'esprit de Barreau...
M. BACON: Ce sont des avocats. M. TETLEY: Peut-être.
M. JORON: Déformation professionnelle du ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, comme il est 6 heures,
je ne sais pas si nous pourrions suggérer... Nous voudrions parler du
rapport Gray mais il reste cinq minutes et je ne pense pas que nous puissions
entreprendre...
M. JORON: ... la commission des valeurs mobilières.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... la commission des valeurs
mobilières. Je pense que nous devrions suspendre l'article 9 pour ne
parler que du rapport Gray. Nous aurions quelque chose à ajouter. M.
Cardinal, le député de Bagot, aurait bien voulu faire quelques
remarques à cette commission.
M. TETLEY: Avec plaisir. Tout l'article est suspendu. J'ai dit
plutôt que nous pouvions revenir à la fin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous serions satisfaits de ne revenir...
M. LE PRESIDENT: Au début de la séance, nous avons
adopté toutes les catégories de l'article 9. A la prochaine
séance nous pourrons parler du rapport Gray.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et aborder l'article 10...
M. LE PRESIDENT: Et aborder l'article 10 ensuite. La séance est
ajournée sine die, selon la volonté des membres de la
commission.
(Fin de la séance à 17 h 58)
Séance du jeudi 4 mai 1972
(Seize heures trente-six minutes)
M. PILOTE (président de la commission des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
M. Assad remplace M. Fraser.
M. CARDINAL Agréé.
M. LE PRESIDENT: Hier, nous nous étions entendus sur une
discussion sur le rapport Gray...
M. LACROIX: Si vous permettez, M. le Président. Voudriez-vous
placer mon nom à la place de M. Veilleux qui est rapporteur à la
commission de la fonction publique? Je quitterai pour quelques minutes, mais je
reviendrai à la commission.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Alors M. Lacroix remplace M. Veilleux.
M. LACROIX: Pour qu'il y ait quorum, parce que M. Veilleux est
rapporteur à la commission de la fonction publique.
M. CARDINAL : Cela ne soulève pas la question du quorum.
M. LACROIX: D'accord. Merci.
M. TETLEY: On commence, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Alors, les questions sur le rapport Gray.
Rapport Gray
M. CARDINAL: D'abord, M. le Président, j'aurais une seule
question. Hier à l'Assemblée nationale, j'ai posé une
question en trois parties à l'honorable premier ministre. Celui-ci, dans
sa réponse, m'a dit que probablement il en serait question au conseil
des ministres le soir même. Je ne demande pas au ministre des
Institutions financières, Compagnies, Coopératives et
corporations religieuses, depuis la loi 86, de dévoiler les secrets du
conseil des ministres. Mais justement, comme il responsable des compagnies
j'emploie le terme tel que la loi l'a choisi du Québec,
qu'il y a juridiction concurrente dans ce domaine, qu'il y a une grande
confusion dont nous avons parlé l'année dernière et
sur laquelle je ne reviendrai pas sur le choix qu'ont les individus de
s'incorporer en vertu des lois du gouvernement central ou du gouvernement du
Québec, je pose tout simplement la question suivante: Est-ce que de
fait, le gouvernement, à la suite de la connaissance publique et
officielle du rapport Gray et du projet de loi déposé aux
Communes, a une position précise
sur la question des investissements étrangers et l'effet de la
loi déposée à Ottawa? En d'autres mots, est-ce que le
conseil des ministres a pris une décision, a l'intention de poser des
gestes et lesquels? Est-ce que ma question est prématurée?
M. TETLEY: Je crois, M. le Président, que la question est un peu
prématurée. Depuis longtemps le gouvernement étudie la
question. J'étais et je suis encore président du comité
interministériel qui étudie la question des investissements
étrangers. J'ai vu M. Gray, j'ai téléphoné à
plusieurs ministres, j'ai vu plusieurs ministres du gouvernement
fédéral et nous avons certaines intentions; le premier ministre
l'a même annoncé dans le discours inaugural de même
qu'hier.
D'autre part, le gouvernement fédéral, dans sa
déclaration, a annoncé qu'il y aurait des consultations. Le
conseil des ministres et le premier ministre croient qu'il est important que,
avant ces consultations, nos idées ou nos plans ne soient pas
dévoilés, mais que nous parlions... Ce sont des positions prises
avec le gouvernement fédéral, malgré la position ferme du
gouvernement du Québec. Je peux dire, au sujet du rapport Gray, que
notre problème est de nature québécoise et non telle que
stipulée dans la loi fédérale dont j'ai copie en main, qui
a été déposée hier, et nous constatons clairement
au Québec que les investissements étrangers sont
nécessaires à notre développement et nous
réalisons, d'autre part, que les compagnies étrangères
et surtout les entreprises multinationales dominent notre
économie en partie, dans certains secteurs. En effet, le rapport Gray,
même le rapport volé de l'an dernier, fait preuve de cet
état de fait.
M. CARDINAL: Soixante pour cent.
M. TETLEY: Cela dépend du secteur. En agriculture...
M. CARDINAL: Dans le domaine manufacturier.
M. TETLEY: Dans le domaine manufacturier. Nous sommes au courant de cela
et nous avons fait des études nous-mêmes. D'autre part, nous avons
constaté, comme le gouvernement fédéral, que l'acte le
plus néfaste est la prise de possession. Parce que lorsqu'il y a un
investissement dans une nouvelle industrie, ça peut aider à
l'épanouissement de la province. Mais l'achat d'une compagnie
québécoise veut dire simplement que certaines familles ou
certains groupes d'actionnaires ont de nouvelles sommes d'argent et qu'ils
peuvent peut-être quitter la province de Québec et aller en
Floride, etc. Mais le placement d'argent au Québec par des investisseurs
étrangers est un autre problème.
Le gouvernement fédéral, jusqu'à maintenant, n'a
attaqué que les "take-over" ou les prises de possession.
Pour ma part, je crois que le problème du Québec consiste
plutôt en intégration de l'industrie dans notre économie,
soit l'industrie en général du Canada entier ou les
investissements étrangers. Pour moi, c'est important. Certains
investissements étrangers aident énormément
l'économie et aident énormément les
Québécois. Prohiber tout simplement les investissements, à
mon avis, n'est pas le vrai critère.
En effet, parlant des critères, vous avez sans doute noté
qu'il y en a cinq dans le bill déposé hier par le ministre de
l'Industrie et du Commerce fédéral, mais aucun critère ne
concerne les provinces du Canada. Il y a des critères de secteurs et je
crois qu'on parle aussi d'industrie.
C'est donc en ce sens que je pense, sans vous donner l'opinion
définitive du gouvernement du Québec parce que je ne peux pas
vous la donner.
M. CARDINAL: M. le Président, je termine là-dessus. On
pourrait faire un long débat mais cela porterait à faux, pour au
moins deux raisons. La première, est que le rapport Gray est une chose.
Ce qui est important, c'est la législation, parce que la
législation est une souris à côté de la montagne
qu'est le rapport Gray.
M. TETLEY: Oui.
M. CARDINAL: Ceci n'est donc pas grave présentement. Il me
paraît dangereux, et je voulais le souligner au ministre, qu'on se place
dans la même situation que l'on s'est placé au Québec
vis-à-vis de Medicare où le fédéral a fait une
loi-cadre qui est devenue très précise, où on avait le
choix d'adhérer ou d'être exclu.
On a vu le provincial, récemment, faire une lutte pour conserver
sa primauté législative en matière sociale.
Or, en matière de compagnies, un problème qui est
très rapproché de l'économie du Québec c'est
un des points faibles de notre secteur économique je craindrais
que le fédéral, par cette loi, crée un
précédent, même s'il est mineur, et que, comme le ministre
fédéral de l'Industrie et du Commerce l'a lui-même
annoncé, plus tard il ne vienne avec une autre loi. Parce que le
ministre l'a dit: Nous faisons ce premier pas et, plus tard, nous irons plus
loin.
C'est pourquoi je voudrais que dès le moment présent
et je termine là-dessus le gouvernement du Québec
soit très ferme pour que plus tard, dans six mois, dans un an ou dans
deux ans, il ne soit pas en présence d'une législation qui
viendra lui imposer un nouveau carcan dans un domaine où, lui, il peut
avoir des raisons différentes d'agir du gouvernement
fédéral. C'est-à-dire: Pourquoi le gouvernement central
admet-il en principe, par le rapport Gray et un début de
législation mineure, un nationalisme canadien en matière
d'investissements et ne l'admet-il pas au niveau des Etats que l'on appelle les
provinces?
Je termine là-dessus, M. le Président, parce que je pense
que ce n'est pas le lieu de faire le
débat sur le rapport Gray, même si on peut en parler parce
que, enfin, les crédits du ministère du ministre qui me fait face
n'ont pas prévu de poste spécifique, évidemment, pour la
mise en application des règles qui pourraient venir de cette loi
présentée hier à Ottawa. Je voulais faire quand même
ce caveat, si on veut, cette mise en garde au gouvernement, au nom de
l'Opposition officielle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, il est évident que le
rapport Gray, même si c'est un rapport qui a été soumis au
gouvernement fédéral, a des implications profondes et touche un
problème qui nous intéresse beaucoup au Québec. Bien
qu'à première vue le rapport Gray semble assez réaliste en
ce qui a trait à l'analyse de la situation qui prévaut à
l'heure actuelle, en ce qui nous concerne, nous en sommes déçus
relativement à certaines de ses recommandations parce que ce rapport ne
touche pas aux causes profondes de la situation actuelle mais tente
plutôt de légiférer sur certaines conséquences que
nous avons à subir présentement.
Il y a d'abord deux points très importants. Je me permets de le
souligner à l'attention du gouvernement pour que celui-ci en prenne
bonne note. D'abord, les investissements étrangers comme tels et aussi,
le contrôle étranger qui n'est pas nécessairement de
l'investissement.
On sait comment, par toutes sortes de subterfuges, les étrangers
s'assurent le contrôle des entreprises chez nous en investissant des
capitaux minimaux qui, même dans certains cas, sont inférieurs
à 10 p.c. et même 5 p.c.
En ce qui a trait aux investissements étrangers, nous ne pouvons
pas analyser le problème sans en faire deux sections bien distinctes. La
première est qu'il y a des investissements étrangers concernant
les développements nouveaux, les mises en valeur de certaines de nos
ressources naturelles nouvelles et de nouvelles industries qui viennent
s'établir chez nous. Nous pouvons prendre comme exemple la question de
l'Iron Ore qui est venue s'installer au Labrador pour extraire le minerai de
fer et nous pouvons également parler, au niveau industriel, de General
Motors qui est venue s'établir à Sainte-Thérèse au
nord de Montréal. Il s'agit d'entreprises étrangères. Mais
il y a aussi des entreprises de chez nous qui changent de mains, qui deviennent
des propriétés étrangères du jour au lendemain.
J'estime qu'il serait illusoire et cela serait courir à une
véritable catastrophe que de vouloir appliquer la même politique
dans les deux cas. Il faut absolument que le gouvernement étudie chaque
cas en particulier. J'estime que le gouvernement du Québec a son mot
à dire dans ce domaine, qu'il devrait s'organiser pour publier un
mémoire pour le soumettre à une commission parlementaire afin que
les membres de la Chambre puissent en discuter. Ce domaine a des consé-
quences importantes pour l'avenir immédiat du Québec et surtout
pour le futur. Particulièrement, lorsque qu'en 1967, selon un article
paru dans les journaux cette semaine, les investissements étrangers
étaient établis à quelque $35 milliards et nous avons de
bonnes raisons de croire qu'à l'heure actuelle, au Canada, les
investissements étrangers dépassent les $50 milliards.
Or, quant aux investissements étrangers je voudrais aussi
souligner un autre point. L'investissement étranger est une
conséquence obligatoire du système financier actuel, du
système économique dans lequel nous vivons. Il y a trois
conséquences dans le système financier et économique
actuel et les investissements étrangers en sont une qui obligent les
gouvernements à les accepter de façon à pouvoir
équilibrer la balance des paiements. Lorsque nous empruntons sur le
marché américain à coups de milliards de dollars, nous
devons nécessairement sortir ces capitaux sous forme
d'intérêts et rembourser le capital en plus. En guise de
compensation, il y a les investissements étrangers qui viennent
suppléer à cette sortie de capitaux. Nous avons alors à
faire face à un endettement pyramidal lorsque le système de
taxation a atteint la supertaxation et la capacité de payer des
citoyens.
J'estime que, sur ces points précis, il y aurait lieu, pour le
gouvernement du Québec, de se pencher non seulement sur les
conséquences des investissements étrangers, mais sur les
problèmes que ça peut nous causer dans certains domaines et sur
les avantages que nous pouvons en retirer dans d'autres. C'est pour ça
que nous, du Ralliement créditiste, nous estimons et je le dis
aujourd'hui au nom de mon groupe qu'il ne peut y avoir une politique
unique, une politique globale dans ce domaine. Il y a trop de secteurs, trop de
départements. Il faut tenir compte des impératifs. Il faut tenir
compte des obligations. Alors, en face de ces faits, je demande au gouvernement
je pense que le rôle du ministère des Institutions
financières est important dans ce domaine de bien étudier
les causes profondes.
Pourquoi l'investissement étranger est-il nécessaire alors
qu'on ne semble pas attacher autant d'importance à l'investissement des
nôtres pour développer chez nous nos propres entreprises? Alors,
il y aurait lieu d'examiner ces causes. Je ne veux pas, M. le Président,
engager un débat parce que j'estime qu'il serait nécessaire et
important qu'une commission parlementaire siège à ce sujet. Je
demande en terminant au gouvernement d'être à la fois prudent et
de ne pas avoir peur de faire connaître son point de vue au gouvernement
fédéral. Si le gouvernement du Québec prend la
responsabilité, l'initiative de mettre la commission parlementaire au
courant, alors à ce moment-là ce ne serait pas un parti politique
qui irait à Ottawa et qui pourrait appuyer le gouvernement du
Québec, mais l'ensemble des Québécois. J'estime que c'est
très important.
Je demande aussi au gouvernement d'être réaliste,
d'étudier bien sérieusement chacune des implications d'une ou de
l'autre des recommandations qui pourraient être faites. Surtout, je
demande au gouvernement d'être responsable en face de cette situation.
Etre responsable ça veut dire énormément de choses. Cela
veut dire d'abord un gouvernement capable de prendre ses
responsabilités, puis un gouvernement qui, après s'être
décidé de les prendre, prend les moyens pour apporter des
correctifs en vue de redresser une situation qui risque, à plus ou moins
brève échéance, si on n'agit pas, de nous placer dans un
pays possédé par les autres où nous serons obligés
d'avoir un permis de l'Etat pour être capable d'avoir du travail.
M. TETLEY: M. le Président, je veux répondre
brièvement et je note que le député de Gouin a son mot
à dire. Je suis assurer le député de Bagot et aussi le
député de Beauce que le gouvernement sera très ferme. Je
note que nous avons déjà, et depuis longtemps, commencé
des études et à fixer nos positions. Je note aussi que, dans
certains ministères, nous avons pris position depuis longtemps.
Si vous faites un inventaire de tout ce que le gouvernement de
Québec a fait depuis longtemps, vous verrez dans les lois du
Québec beaucoup de dispositions prohibant ou contrôlant les
investissements étrangers. D y a certaines taxes, certains impôts
qui favorisent les investissements du Québec. Il y a au ministère
des Institutions financières une politique au sujet des courtiers en
valeurs mobilières, il y avait l'école de la Prévoyance,
etc. D'autre part, je crois que le premier ministre a été
assez clair hier de même que dans le discours inaugural il faut
une loi sans mentionner quelle sorte, mais le gouvernement
fédéral a présenté sa loi et nous allons discuter
avec le fédéral; je crois aussi que le fédéral a
présenté une loi qui constitue un document de travail qui devra
probablement être discuté, avant les élections. Ceci sans
prêter d'intention au gouvernement fédéral, je crois que
c'est un document de travail qui sera considéré à fond
après les élections. Je me demande si on l'adoptera avant les
élections. J'en doute fortement.
M. ROY (Beauce): Je pense, M. le ministre, que ce document va constituer
un excellent cheval de bataille lors des prochaines élections
fédérales.
M. CARDINAL: Ici, c'est le rapport Bouchard.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Gouin.
M. TETLEY: Nous avons notre cheval.
M. JORON: M. le Président, je voudrais reprendre quelques-uns des
propos du ministre des Institutions financières qui nous faisait part de
certaines mesures, de certains contrôles qui avaient été
appliqués dans le passé à cet égard. C'est juste.
Par contre, je pense que, globalement, on peut rire un peu de
l'efficacité de ces mesures quand les statistiques nous montrent que
notre industrie du secteur manufacturier est aujourd'hui contrôlée
à 60 p.c. par des intérêts étrangers au
Québec. La moyenne est un peu plus faible au Québec que dans le
reste du Canada. Cela fait une preuve assez éclatante de
l'efficacité de ce qu'on a fait dans le passé. De là toute
la nécessité de faire davantage. Il n'est pas dans notre
intention de commenter ce qui se fait dans un autre Parlement. Je veux tout
simplement tenter de situer, de raccrocher mes remarques au fait que le
ministre nous faisait part il y a quelques instants qu'il était
responsable d'un comité qui se penchait sur cette
question-là.
Si c'est un sujet qui intéresse le gouvernement du Québec
et si des comités l'étudient, à partir de ce
moment-là cela devient le devoir des partis d'Opposition de faire
connaître leur opinion et c'est ce que je veux faire très
brièvement.
Je voudrais mettre le ministre en garde pour qu'il ne tombe pas dans le
panneau qui veut classer les choses en blanc ou en noir. C'est-à-dire
que, ou bien ce sont les investissements étrangers et on les subit, on
les supporte, on continue la politique de la porte ouverte, ou bien, si on
ferme cette porte-là, c'est la misère, le chômage, la
réduction du niveau de vie. Cette éternelle conséquence,
ou rattachement que l'on fait de l'un à l'autre nous vient surtout de
ceux qui ont des intérêts à défendre
là-dedans et qui veulent faire croire que l'absence d'investissements
étrangers ou de contrôle sévère signifie une perte
d'emplois. C'est très mal poser le problème et c'est
fondamentalement malhonnête. Je vais vous expliquer pourquoi. Le ministre
nous l'a dit et c'est la position de son gouvernement, d'autres
ministres du même gouvernement l'ont répété,
principalement le ministre des Finances nous constatons que nous sommes
dépendants de l'investissement étranger si nous adoptons comme
politique un développement économique
accéléré, une politique de croissance quantitative rapide.
Il faudrait que l'on sache maintenant ce que le gouvernement veut dire quand il
dit: Nous sommes dépendants de l'investissement étranger.
Où la dépendance se situe-t-elle. C'est ce qu'on voudrait savoir,
c'est ce qu'on voudrait que le gouvernement précise pour le
bénéfice de la population pour ne pas induire la population du
Québec en erreur.
Or, cette dépendance peut se situer, en gros, à trois
niveaux. C'est au niveau, soit des capitaux, c'est-à-dire de l'argent,
ou bien c'est l'argent qui manque, ou bien c'est la technologie qui manque, ou
bien c'est l'initiative, c'est-à-dire ce sont les hommes, les cadres
organisa-tionnels. Il y a de fichues différences selon que
cette dépendance-là se situe à l'un ou l'autre des
trois niveaux. Et quand je disais qu'on avait faussement posé le
problème dans le passé en faisant croire qu'à
défaut d'investissements étrangers ce serait le chômage,
c'est qu'on présume que l'investissement étranger, en termes
d'argent, en termes de capital est la denrée et c'est à ce
niveau-là que se situe notre dépendance.
En somme le rapport Gray, il faut le dire, le redire et le souligner, a
clairement démontré que ce n'était pas au niveau de
l'argent ou des capitaux que le Canada pouvait être dépendant
vis-à-vis de l'investissement étranger, puisque 80 p.c. du
développement, de l'expansion de la partie déjà
étrangère de l'économie canadienne avait été
financée à partir de sources canadiennes. On sait que la source
principale par laquelle...
M. TETLEY: C'est 81 p.c.
M. JORON: ... c'est cela. Je suis content de l'entendre confirmer par le
ministre parce que c'est peut-être la première fois qu'on l'entend
de la part du gouvernement.
M. TETLEY: Suivant le rapport Gray. M. CARDINAL: Le rapport le dit.
M. JORON: Mais c'est un point capital. Qu'on réalise une fois
pour toutes que les entreprises, même quand elles sont
étrangères, se financent principalement de deux façons:
d'une part, par l'autodéveloppement, l'autofinancement,
c'est-à-dire les profits accumulés et les réserves
d'amortissement, bien sûr, issus du marché local, puisque cela
vient du chiffre d'affaires qu'elles ont réalisé, donc des
consommateurs locaux et, d'autre part, par les emprunts qu'elles effectuent sur
les marchés locaux et que nos institutions financières
achètent. Finalement, la dernière partie, qui est le capital de
risque, c'est la partie qui, dans le cas d'une nouvelle entreprise, peut venir
de l'étranger et c'est de loin la plus petite partie. C'est beaucoup
moins grave dès l'instant où on réalise que ce n'est pas
l'argent qui manque et que la dépendance vis-à-vis du capital
étranger ne se situe pas à ce niveau-là.
Si elle se situe au niveau de la technologie, c'est plus
compliqué. Tout le monde va admettre que, dans bien des secteurs,
à bien des égards, cette dépendance existe encore et
continuera probablement. Sauf qu'il y a peut-être des moyens de s'en
sortir. Pour avoir accès à la technologie
étrangère, il n'est pas nécessaire de laisser les firmes
étrangères occuper le marché chez nous. La technologie,
ça se loue, ça se prête par redevances, ça se fait
par "joint venture" aussi, de toutes sortes de façons. Je crois
personnellement et le parti que je représente croit qu'il est faux de
situer la dépendance au niveau technologique, de la rattacher à
la nécessité de tolérer la présence, comme on l'a
fait dans le passé, aussi excessive du capital étranger chez
nous.
Si c'est au niveau de l'initiative, c'est un autre problème. Ce
sont les hommes ou les initiateurs ou ceux qui lancent-les projets qui
manquent. On dirait par exemple qu'à un moment donné la
technologie est là où on peut la louer de l'étranger, que
l'argent y est aussi mais que ce qui manque, ce sont les hommes pour organiser
tout ça. A ce moment-là, ça devient un problème
d'une tout autre nature. Cela devient un problème de formation et
d'éducation, à peu près uniquement. Selon qu'on
précise comment et à quel niveau se situe la dépendance,
les méthodes d'action et ce que l'on peut faire par la suite vont se
clarifier et n'ont pas ce caractère apeurant et ahurissant que ça
peut avoir au tout début, tant et aussi longtemps que l'on est
enfermé dans la conviction que c'est l'argent qui manque. Une fois qu'on
aura détruit ce mythe-là, après cela on va pouvoir
avancer.
Les conséquences de tolérer que 60 p.c. de notre industrie
au Québec soit contrôlée par l'étranger sont
considérables. Je ne pense pas qu'on va pouvoir le permettre pendant
longtemps. On dit au Québec qu'il faut restructurer notre
économie. Quand on dit restructurer, on veut dire rajeunir les secteurs
où la machinerie a trop vieilli, faire du développement
régional, ouvrir de nouveaux secteurs, en bloquer d'autres, tous ces
genres de choses-là. Comment une économie peut-elle se
restructurer dans les intérêts, par ou pour les
intérêts des aspirations des Québécois, quand 60
p.c. des centres de décision qui auront à décider si cette
restructuration va se faire ou pas sont étrangers? C'est la question
capitale.
Il me semble qu'à partir de ce moment-là, il ne peut pas y
avoir d'autre choix qu'une politique coercitive de la part du gouvernement ou
une politique de rapatriement d'un certain nombre il ne s'agit pas d'un
blocage, d'une prohibition totale des investissements étrangers, il faut
des distinctions selon des secteurs et choisir dans chaque secteur le leader de
l'industrie ou une place prépondérante dans chacun des secteurs.
On ne propose pas de tout raser. Mais il faut nécessairement rapatrier
un nombre important de centres de décision, sans quoi cette
restructuration de l'économie du Québec et toutes les
conséquences que ça entraîne, le chômage, taux de
croissance insuffisamment rapide, déséquilibre régional,
ça ne se corrigera jamais. Farce que tant et aussi longtemps que l'on
accepte béatement que les principaux centres de décision
appartiennent à l'étranger, ce qu'on est en train de faire
à ce moment-là, on dit: Messieurs, voulez-vous, de grâce,
la faire pour nous cette restructuration économique et non pas dans vos
intérêts, en plus de cela? Mais dans les nôtres, on aura
exactement ce qui s'est passé dans le passé. Ce sera une
économie qui continuera de se structurer selon les besoins des firmes
multi-
nationales, qui sont logiques dans le schème de
développement de ces compagnies mais qui ne seront pas
nécessairement du tout logiques ou dans l'intérêt du
développement du Québec.
En résumé, M. le Président, c'est la position de
mon parti à l'égard des investissements étrangers. Je sais
que, forcément, le gouvernement en place, après les
déclarations successives et du premier ministre et du ministre des
Finances sur la politique de portes ouvertes aux étrangers, ne conclut
pas du tout aux mêmes solutions. Mais j'aimerais entendre, de la part du
ministre, sur la première partie de la discussion qui n'implique pas que
l'on rentre dans les solutions que l'un ou l'autre propose, ses commentaires
sur cette partie; Qu'est-ce que son gouvernement veut dire quand il dit que
nous sommes dépendants des capitaux étrangers? A quel niveau
cette dépendance existe-t-elle dans l'esprit du gouvernement? Est-ce
qu'il la situe au niveau des capitaux, au niveau de l'initiative ou au niveau
de la technologie?
M. TETLEY: Le député de Gouin vient de donner un
exposé de notre dépendance qui se trouve dans le rapport Gray, le
rapport volé ou le rapport officiel. Le rapport volé est officiel
à 20 p.c. Il a parlé de technologie, des hommes et des finances.
Le rapport Gray a parlé des trois et des grands effets sur
l'économie et sur la coutume.
Tout le monde note cette percée vous parlez de
dépendance, moi je préfère le terme percée
dans ces trois secteurs. Comme je l'ai dit, pour moi, la solution n'est pas
nécessairement de prohiber ou de ne pas prohiber les investissements,
les hommes ou la technologie, c'est de l'intégrer dans notre...
M. JORON: Plan d'économie.
M. TETLEY: ... plan d'économie et dans notre économie du
Québec. Et comment le faire? Peut-être que le
fédéral a une agence de tamisage pour les prises de position, non
pas pour les investissements,pour tout simplement un secteur, le plus
important, malgré le fait que c'est tout simplement 20 p.c. des cas.
C'est le secteur le plus néfaste parce que ça n'ajoute rien,
presque rien, suivant Gray et d'autres, Watkins et Gordon, à notre
économie.
Mais je crois que je suis d'accord avec vous jusqu'ici Mais vous avez
parlé d'une politique coercitive et je me demande je suis
d'accord avec un système d'intégration et par quels moyens.
On peut favoriser les entreprises contrôlées par les
Québécois dans le cadre de notre politique d'approvisionnement ou
d'achat au gouvernement.
Nous achetons pour $5 milliards, suivant le budget, sans compter les
municipalités et les commissions scolaires, etc.
M. JORON: Si vous permettez pour bien comprendre. Vous voulez dire par
là que l'Etat, pas seulement l'Hydro-Québec comme par le
passé, mais tout le gouvernement, le secteur public, se sert de sa
puissance d'achat de façon à favoriser les entreprises existantes
ou à susciter la naissance d'entreprises autochtones dans les secteurs
qui existent à l'heure actuelle.
M. TETLEY: C'est ça. Un autre exemple: le gouvernement devrait
favoriser les entreprises contrôlées par des
Québécois dans les cadres de ses programmes de prêts et
subventions qu'il possède.
Le régime fiscal du gouvernement devra avantager les entreprises
contrôlées par des Québécois.
M. CARDINAL: Si le ministre me le permet, ce ne sont pas les 10 p.c.
déductibles des dividendes du Québec qui vont faire ce
développement-là.
M. TETLEY: Peut-être qu'il faut être plus fort.
M. CARDINAL: Le gouvernement fédéral donne au moins 20
p.c, lui.
M. TETLEY : Prenez une entreprise qui a, d'après vous, le
bénéfice de 10 p.c, c'est une entreprise étrangère
quand même. C'est, disons, une corporation québécoise, mais
c'est contrôlé. J'ai dit contrôlé par des
Québécois, non par des étrangers. Et ce n'est pas nouveau,
ça existe dans d'autres pays du monde.
Le député de Gouin avait parlé de centres de
décision et ça, c'est important. Dans votre déclaration,
cependant, il y a une omission à l'effet que, quand nous serons vraiment
chez nous ce qui n'arrivera jamais dans le temps du Parti
québécois, à mon avis mais suivant leur
théorie, ils ont admis que les centres de décision de plusieurs
compagnies vont quitter le Québec. Ils ont parlé du Trust Royal,
des sièges sociaux de ces compagnies multinationales et même des
compagnies étrangères. Et pour moi, ça, c'est une
faiblesse importante, sinon fatale, de votre argumentation, parce que nous
allons perdre ces centres de décision qui donnent les emplois les plus
élevés, qui ont un effet on dit en anglais "multiplier
effect" sur l'économie, parce que les décisions prises ici
favorisent souvent l'assiette de la décision, parce que le gouvernement
peut contrôler la compagnie lorsque le siège social est ici,
surtout au moyen du fisc, etc.
Aussi pour une autre raison qui est très difficile à
comprendre, mais qui est valable. Autrefois, on disait que la faute au
Québec si vous me permettez de le dire, je ne dis pas si c'est
vrai ou non était que les gens étaient
éduqués pour l'Eglise ou le droit, etc. ma profession
au lieu du commerce. Ce n'est pas vrai aujourd'hui, ce n'est pas vrai
depuis longtemps. Mais un grand économiste avait noté
qu'aujourd'hui l'éducation à l'industrie ne se
trouvait pas dans les universités, mais dans les entreprises
multinationales. Et la technologie dont vous avez parlé et les hommes,
les deux autres secteurs se trouvent où? Dans les compagnies
multinationales. Qui a les connaissances, qui a les cours de perfectionnement
en administration les plus élevés? C'est IBM où le cours
est beaucoup plus important que celui de toute université du Canada. Qui
envoie ses hommes à Harvard Business School pour le cours le plus
important, un cours de quatre mois, pour les "exécutives", le
président, le vice-président? Ce n'est pas les "Biscuits Vachon",
c'est IBM, monsieur, qui envoie ses hommes. Parce que ça coûte
combien? Le cours coûte, je crois, $5,000 ou $7,000 pour quatre mois.
C'est un cours important. Si le Québec envoie les compagnies
multinationales et si les Québécois n'ont pas de place dans ces
compagnies multinationales, nous n'aurons pas non plus l'éducation.
C'est un économiste de langue française que je cite. Les
Québécois perdront cette éducation-là. Ce n'est pas
de l'éducation formelle que nous manquons, c'est de l'éducation
dans les entreprises multinationales qui contrôlent notre économie
et l'économie des Etats-Unis, de la France et de partout.
Ce sont, à mon avis, les erreurs ou faiblesses de votre
présentation. Nous allons perdre nos centres de décision et le
système d'éducation. Nos Québécois vont devenir
gérants de succursale à Montréal au lieu de
présidents de compagnies multinationales à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, il y a assez longtemps que
nous discutons de cela. Je vais permettre...
M. JORON: Une dernière intervention...
M. LE PRESIDENT: ... une dernière intervention à chacun
des partis...
M. JORON: Vous nous invitez à nous limiter.
M. LE PRESIDENT: ... quitte par la suite à passer à
l'étude des crédits.
M. JORON: Très bien. Ce n'est pas pour engager un débat,
ce n'est pas le lieu et nous n'aurions pas le temps non plus mais je veux
seulement retenir deux points dans la réponse que le ministre me
faisait. D'une part, je dirai que sa réponse à la question plus
générale que j'avais posée au début a plutôt
pris la forme non pas d'une politique qui viserait à s'attaquer aux
centres de décisions existants et qui sont étrangers dans
l'économie du Québec mais à faire apparaître de
nouveaux centres de décision québécois par trois moyens:
la politique d'achat, les subventions dirigées de façon
privilégiée et, finalement, une modification au régime
fiscal. A cela, je dirai qu'en attendant c'est une proposition qui a des effets
à beaucoup plus long terme si elle doit en avoir. Par contre, je serais
prêt à souscrire dans l'intervalle à de telles
propositions. J'ai hâte de voir si, l'an prochain, par exemple,
possiblement dans le discours du budget du ministre des Finances, on retrouvera
des suggestions pertinentes et valables pour ce moment-ci dans le cadre,
évidemment, d'un gouvernement libéral tel que vient de le faire
le ministre des Institutions financières.
Le dernier point est le deuxième qu'a soulevé M. le
ministre et c'est au sujet des sièges sociaux. Au sujet du
déménagement des sièges sociaux, nous avons répondu
carrément à ce problème dans le manifeste auquel a fait
allusion le ministre en disant: C'est sûr que cela provoquera des
déménagements parce qu'il y a des changements de juridiction.
Sauf, qu'en sens inverse les compagnies qui, à l'heure actuelle,
fonctionnent au Québec, à partir d'un siège social
à l'extérieur, se trouvent juridiquement obligées,
dès cet instant, à créer un nouveau siège social,
si bien que, somme totale, on peut balancer dans une colonne crédit et
débit les deux mouvements pour arriver à peu près à
un équilibre.
Je signalerai au ministre que les déménagements en
question sont amorcés et commencés depuis déjà
quinze ans dans bien des cas et que ce n'est pas en soi l'indépendance
du Québec comme solution politique qui a provoqué cela. Ces
déménagements ont eu lieu dans beaucoup de secteurs et cela
depuis nombre d'années. On peut remonter avant 1960.
Je pense que le ministre devrait être conscient et admettre la
constatation suivante: A moins que le Québec et la preuve
resterait à en faire ne bénéficie de la
présence de sièges sociaux dans un degré je
voudrais bien que nous comprenions supérieur à
l'importance de son économie dans celle du Canada, à ce
moment-là, il y a un avantage net à la présence de
sièges sociaux des compagnies multinationales ici. Cela serait vrai.
Mais ce dont nous nous apercevons si nous prenons la liste des 100 ou
150 plus importantes entreprises ou commerciales ou financières ou
industrielles au Canada d'après l'enquête du Financial Post, The
200 Largest Corporations enquête faite chaque année
nous nous apercevons qu'il y a à Montréal et au Québec, en
gros, 23 p.c. ou 24 p.c. des sièges sociaux des 200 grandes corporations
canadiennes alors que le poids de l'économie du Québec est
d'à peu près 25 p.c. ou 26 p.c. dans l'ensemble du Canada. Or, il
semble qu'à première vue le Québec ne soit pas
avantagé à l'heure actuelle et que les sièges sociaux qui
y sont présents sont directement reliés tout simplement à
l'importance de son économie. Si cette importance n'est pas
modifiée, somme toute, l'emploi global dans tout ce qu'on appelle
sièges sociaux ou succursales devrait nécessairement rester le
même parce qu'il correspond au degré d'activité
économique qui a lieu sur le territoire du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: Très brièvement, disons que je suis d'accord
sur la majorité des choses qui ont été dites, mais il y a
deux choses que je voulais souligner. C'est que, premièrement, aux
Etats-Unis où on contrôle son économie, chose
singulière, on a à peu près les mêmes
problèmes qu'au Québec. La deuxième chose que je voudrais
souligner, c'est que le point de vue de l'éducation je ne parle
pas de l'éducation dans les collèges et dans les écoles,
mais dans les familles l'information par l'Etat est gravement
déficiente.
J'en donne des exemples. Quand on sait que la majorité des
obligations d'épargne du Canada sont détenues par des gens du
Québec, quand on sait que les gens les plus assurés de tout le
Canada sont les Québécois et qu'ils sont en majorité
assurés par des sociétés d'autres provinces et des
Etats-Unis, quand on sait que les sociétés, mêmes
québécoises, francophones, ont elles-mêmes des
investissements, dans une très grande partie, à
l'étranger, là, il y a quelque chose qui va mal, pas au
gouvernement, pas dans le système économique, mais dans la
façon de réagir des gens, parce qu'un certain nombre de personnes
et un certain nombre d'institutions les ont habitués à vivre de
cette façon.
Je ne veux pas blâmer certains agents locaux de la vie
économique, mais parce qu'on retire des commissions de la vente des
obligations du Canada, parce qu'on retire des commissions de polices
d'assurance, parce qu'il y a des gens qui sont influents au niveau local, il
arrive les choses les plus farfelues. Je n'en donne qu'un exemple. Je vois les
institutions privées d'enseignement au Québec prendre des plans
d'assurance-groupe pour les élèves accidents, maladie,
mortalité des provinces de l'Ouest. Je pourrais donner des noms
et des exemples. Cela, c'est nous qui le faisons, peu importe que le
gouvernement soit libéral, uniquiste, créditis-te ou
péquiste. Cela me parait important, parce que là il y a une
grosse somme d'argent. Ce qui va dans les sociétés d'assurance
dans les sociétés de fiducie, dans les portefeuilles
d'obligations, nous n'avons pas encore établi ce que cela
représentait, mais cet argent pourrait être ailleurs et, à
ce moment-là, il pourrait y avoir un plus grand autofinancement
québécois. Je ne parle pas d'autofinancement des industries. Les
caisses populaires sont exactement l'exemple contraire de ce que je viens de
dire. Les caisses dont nous parlions hier sont aussi l'exemple contraire. On
devrait développer ceci et développer aussi l'information. Il y a
trop de gens qui informent mal le public et qui lui font croire que les seuls
placements valables pour lui sont ce que nous appelions autrefois les
placements de veuves. Le code civil a été heureusement
corrigé.
M. TETLEY: C'étaient les notaires.
M. CARDINAL: Non, ce n'étaient pas les notaires.
M. TETLEY: J'ai fait un mauvais investissement.
M. CARDINAL: Je n'ai voulu nommer personne, mais disons que j'incluais
dans le paquet un certain nombre de ceux que je n'ai pas nommés. Merci,
M. le Président, je termine là-dessus.
M. LE PRESIDENT: La discussion fut très intéressante. Je
voudrais qu'on passe maintenant à l'article 10: Commission des valeurs
mobilières du Québec.
Commission des valeurs mobilières du
Québec
M. TETLEY: M. le Président, nous avons modifié la loi,
nous avons un nouveau président. Toutes les autres provinces ont
été surprises par notre enquête. Un journal a écrit:
"Tetley must act", mais le journaliste m'a téléphoné
après que nous ayons agi. Il m'a dit : Comment avez-vous agi si vite? En
effet, nous avions commencé l'enquête avant que ne surgissent les
nouvelles du problème ou avant les manchettes. Je crois aussi que le
ministère de la Justice a agi très vite. Je note que d'autres
provinces et d'autres juridictions dans le monde ont le même
problème, mais parfois elles ont peur d'agir. Au moins, nous avons agi.
Je crois que notre commission des valeurs mobilières fonctionne assez
bien et même très bien.
M. CARDINAL: M. le Président, nous avons discuté assez
longuement l'année dernière de l'article 10. Au point de vue
budgétaire le changement est minime. Personnellement, je n'ai pas
l'intention de faire de débat ni même de poser des questions. Je
laisse la parole aux autres. Mon collègue et moi, nous serions
prêts à adopter l'article en bloc.
M. JORON: M. le Président, je ne sais pas si le ministre jugerait
opportun, peut-être pour le bénéfice de certains membres de
la commission qui ne sont pas aussi familiers avec ce qui se passe dans le
domaine de la Bourse de Montréal, de faire le point sur tout le
brassement qu'il y a eu depuis un certain temps, sur les différentes
enquêtes qui ont lieu, à quoi cela rime. Je pense que cela
pourrait être utile à plusieurs membres de la commission.
M. TETLEY: En effet, il y eut certaines enquêtes. Je crois que le
député de Gouin se réfère à l'enquête
Moore en Ontario, rapport d'un comité conjoint des Bourses de
Montréal, Toronto et Vancouver, le rapport Bouchard et les commentaires
de beaucoup de journalistes et experts.
Parce qu'une compagnie a été achetée, c'est-
à-dire Lloyd's Securities par Merrill Lynch, une entreprise
américaine, il y a eu enquête par l'industrie de notre
marché capital plutôt que par les gouvernements ou par le public.
C'était le rapport Moore. On a décidé qu'on était
contre l'achat de compagnies par les Américains. On était aussi
contre le fait que les courtiers en valeurs mobilières trouvent des
fonds publics. On voulait que ces compagnies restent des compagnies
privées non cotées à la bourse. Le rapport avait un point
de vue, qui était tout simplement au niveau de l'industrie. Cela
favorisait, à mon opinion, Toronto parce que ça favorisait le
statut quo. Toronto a peut-être 60 p.c. ou 70 p.c. du marché
le député de Gouin en est membre puisqu'il s'agit de sa
profession du courtage immobilier et des maisons d'investissement.
Toronto contrôlait et voulait le statut quo. Vancouver était
complètement contre, je parle du gouvernement de Vancouver. Le
gouvernement de Québec avait des doutes sérieux et mon
prédécesseur, l'honorable député d'Outremont qui
était ministre de la Justice et des Institutions financières dans
le temps, a nommé une commission qui a le nom de Bouchard, dont M.
Bouchard, le sous-ministre, est président.
Après un an d'étude, on a décidé qu'il
fallait, non pas ouvrir grandes les portes, mais ouvrir un peu les portes aux
maisons étrangères à certaines conditions et nous avons
imposé de très fortes conditions. Nous avons défendu,
c'est moi qui l'ai fait dans une déclaration, l'achat de compagnies
québécoises et ce avant le rapport Gray, avant même que le
rapport Gray ait été volé. C'était notre
décision. Nous avons préconisé un siège social
à Montréal, le rapport Gray en a parlé. Nous avons dit
qu'il n'y aurait aucun engagement en bloc des courtiers de Montréal ou
de Québec ou du Canada; qu'entraînement devrait être
imposé afin qu'ils parlent le français et l'anglais, pas tout
simplement l'anglais.
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais poser une question? Pourquoi, dans
le projet de loi 250 et toutes ses annexes, n'y a-t-il pas un projet de loi
concernant la profession de courtier en valeurs mobilières comme il y en
a un concernant une corporation des courtiers en valeurs
immobilières?
M. TETLEY: Peut-être pour la même raison que pour les
courtiers en valeurs immobilières... il y a une loi...
M. CARDINAL: II y a une loi au Québec.
M. TETLEY: Oui, pour les contrôler. Aussi, ils sont
contrôlés à la Bourse peut-être parce que nous avons
bouleversé certaines professions sans commencer avec l'une par rapport
à l'autre, mais peut-être que c'est une prochaine
étape.
M. CARDINAL: J'en fais une question sous forme de suggestion mais...
M. TETLEY: Oui, mais il y a bien des professions et n'oubliez pas que le
Québec a apparemment le record mondial pour le nombre de
professions.
M. CARDINAL: D'accord, mais ça me parait plus important que les
podologistes, par exemple.
M. TETLEY: En tout cas...
M. CARDINAL: Ils sont sept au Québec.
M. TETLEY: J'en ai assez dans mon assiette pour ma part, avant de me
lancer dans cette aventure, surtout parce que j'attends le rapport Bouchard
final. En tout cas, pour Morgan Stanley, qui est venue, nous avons dit que cela
est intérimaire. En tout, il y avait treize conditions et surtout que
Morgan Stanley fasse la preuve après avoir été un an ici
qu'elle a aidé le Québec, qu'elle a suivi les lois du
Québec, qu'elle a aidé notre économie et aussi ce qu'elle
a fait de son argent. Est-ce qu'elle a investi de l'argent ici? Est-ce qu'elle
a retiré l'argent? J'ai noté surtout que le permis de Morgan
Stanley n'était pas nécessairement un permis à long terme
mais pas nécessairement non plus à court terme. C'est un permis
qu'il faut reconsidérer périodiquement ainsi que les autres
permis. Parce qu'il est possible, comme vous venez de le dire, qu'une maison
québécoise n'aide d'aucune manière l'économie du
Québec, et lorsque j'ai parlé auparavant de l'intégration,
je voulais dire l'éducation dans l'esprit du Québec, je veux
qu'on pense un peu à l'économie du Québec avant tout,
peut-être pas nécessairement avant les profits, mais cela doit
être un critère dans les décisions à prendre, pas la
dernière priorité.
Nous attendons le rapport final de la commission Bouchard,
j'espère que nous l'aurons d'ici la fin du mois et, après cela,
je crois que les autres provinces vont nous suivre. Je sais très bien
que l'Ontario, depuis le rapport intérimaire de la commission Bouchard,
a changé complètement ses attaques, surtout le premier ministre
de l'Ontario, l'honorable William Davis, qui avait fait une déclaration
conjointe à l'effet que, pour eux, le contrôle était
essentiel et avait donné toute la question à une commission qui
n'a pas fait rapport. Evidemment, j'ai vu les sous-ministre et le ministre,
les deux ministres de l'Ontario parce qu'ils ont changé de
ministre, j'ai vu le président de la commission et nous avons
discuté le problème. L'Ontario voit que nous avons pris une
position et que notre position est la position du Québec. Mais n'oubliez
pas que l'Ontario a toujours une position qui est pour l'Ontario.
M. CARDINAL: C'est toute la différence. M. TETLEY: L'Ontario a
pensé Ontario. M. CARDINAL: Espérons, M. le ministre,
que le rapport Bouchard sera déposé à
l'Assemblée nationale avant d'être volé.
M. TETLEY: C'est impossible de le voler à l'heure actuelle parce
que ce n'est pas dactylographié encore. C'est le rapport de la
commission, moi je vais l'accepter ou le refuser, je n'ai pas à accepter
toutes les idées qui sont dans le rapport Bouchard, pas du tout.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable député
de Gouin.
M. JORON: M. le Président, en relisant des coupures de journaux
de l'année dernière, au moment du bill 63, je vois ceci: "M.
Tetley s'est ensuite dit d'accord avec le député de Gouin sur
l'établissement de quotas par lesquels les représentants des
firmes québécoises seraient majoritaires au conseil des bourses
montréalaises". Est-ce que cela a donné lieu à une
directive de la part du ministère?
M. TETLEY: Des directives n'ont été données
à aucune maison pour l'instant sauf Morgan Stanley, Curb-Boston; je
crois que pour la baie James on voulait des maisons tout près, si
à l'avenir on avait besoin de ces maisons-là, mais le quota est
une prohibition à l'heure actuelle. Il y a une prohibition...
M. JORON: Quel est-il ce quota? M. TETLEY: C'est zéro.
M. JORON: Alors, chaque cas est un cas d'exception quand il peut se
présenter?
M. TETLEY: Oui, il n'y a pas même d'exception. J'attends le
rapport Bouchard.
M. JORON: La question que je rappelais avait trait à la
représentation au comité des gouverneurs des différentes
bourses.
C'était de s'assurer qu'une majorité des membres de ce
comité représente des firmes québécoises par
opposition à des firmes dont le siège social ou la majeure partie
des activités est à Toronto.
M. TETLEY : Vous êtes peut-être plus au courant que moi
parce vous étiez membre, vous aviez droit de vote et moi, je ne l'avais
pas.
M. JORON: Mon ancien associé est devenu un président de la
Bourse canadienne depuis.
M. TETLEY: Pour moi, c'est très important, sinon essentiel. On
m'a informé et le sous-ministre m'informe encore que la majorité
vient de maisons québécoises. Mais, qu'est-ce que c'est une
maison québécoise, lorsque la plupart de ses affaires sont
à Toronto?
M. JORON: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait parler
du poste qu'occupe M. Fernand Lalonde à la présidence de la
Commission des valeurs mobilières? Est-ce qu'il s'agit d'un poste
intérimaire ou si vous êtes à la recherche d'un candidat
permanent, etc.? D'autre part, peut-il commenter la démission de Maurice
Rozon au poste de directeur général au moment de l'adoption du
bill 63 et d'un autre bill qui était connexe, je pense qu'on en a
adopté deux en même temps?
M. TETLEY: C'était la loi des informations, des
renseignements...
M. JORON: Oui. On avait, à ce moment-là, fait grand
état de la création de ce nouveau poste qui devenait très
important, permanent et qui allait décharger le président de la
commission d'un certain nombre de tâches techniques et voici que M. Rozon
démissionne et il n'a pas été remplacé.
M. TETLEY: J'hésite toujours à parler, comme ministre, des
fonctionnaires, parce qu'ils ont leur carrière, leur famille, leurs
problèmes. On peut critiquer le ministre, mais je me demande si
publiquement je peux faire des remarques au sujet des fonctionnaires. Dans le
cas de M. Lalonde, le président, et de M. Maurice Rozon, l'ancien
directeur du service, je n'ai aucune réticence parce que je ne veux pas
les critiquer du tout. Tout d'abord M. Lalonde est intérimaire, il l'a
accepté dans ce sens-là. Si on en cherche un autre, je ne suis
pas en mesure de le dire, on verra.
Au sujet de M. Rozon, parfois il y a des problèmes de
personnalité, c'est plutôt le président qui doit être
content de son chef de service et aussi vice versa. M. Rozon a pris un autre
poste qui est aussi important et qui va devenir peut-être plus important.
C'est un fonctionnaire très important au gouvernement et au
ministère. J'ai même recommandé une augmentation de
salaire. Mais, il y a toutes sortes de changements dans les ministères.
Je crois que c'est notre ministère qui a eu le moins de changements.
J'ai parlé une fois de M. Trudeau, le premier ministre du Canada, qui
avait remplacé tous ses ministres, sous-ministres, adjoints, tous. Ici,
dans notre ministère, on n'a pas eu de changements.
Des fois le premier ministre change un ministre, non pas parce qu'il est
mauvais, mais parce qu'après deux ou trois ans, il a tout
présenté ses idées. Si je pars demain, par exemple,
j'espère que ce ne sera pas parce que je suis la cause de mon
départ mais ce n'est peut-être pas parce que je n'ai pas la
compétence, mais peut-être parce que je n'ai pas la
personnalité de travailler avec le ministre de l'Industrie et du
Commerce etc. etc. Je peux dire que MM. Lalonde et Rozon sont très
compétents mais il peut y avoir des changements dans tout poste dans
tout ministère. Deux, trois ou quatre ans se sont écoulés
sans changements dans le ministère.
Presque tous les autres ministères ont changé.
M. CARDINAL: M. le ministre, je vous approuverais parce que j'ai connu
le ministère de l'Education et on sait combien il y a eu de
changements.
M. TETLEY: Vous avez tout changé et... M. CARDINAL: Non.
M. TETLEY: ... votre successeur a tout changé.
M. CARDINAL: Et on vient encore de tout changer.
M. TETLEY : Oui, de nouveau.
M. CARDINAL: Mais il y a deux limites. Personnellement, comme membre de
l'Assemblée nationale, je considère que chez les fonctionnaires,
il devrait y avoir rotation, d'une façon systématique, pas en
disant des termes de quatre ans, etc. Ce qui me frappe, c'est que tous les
gouvernements, les uns après les autres, ont créé des
universités, des régies, la conférence des
universités, etc. Les institutions privées elles-mêmes ont
établi des règles semblables, à savoir que les recteurs,
par exemple, les vice-recteurs, les présidents, les
vice-présidents ont un terme de quatre ou cinq ans renouvelable une
fois.
M. TETLEY: C'est comme les Jésuites.
M. CARDINAL: Je ne suis pas frappé par les changements de
fonctionnaires. J'aimerais aller chercher le fond des raisons parce qu'elles
peuvent tellement varier. Ayant vécu 32 mois dans un même
ministère... N'invoquons pas toujours les raisons politiques, ici on
n'attaque pas le député de Gouin. Mais au contraire, je suis
malheureux quand je vois un excellent fonctionnaire quitter l'Etat et je ne
suis pas malheureux quand je vois des fonctionnaires, au sein de l'Etat,
changer de poste et, ainsi, se renouveler.
M. JORON: M. le Président, le fait que M. Rozon n'ait pas
été remplacé à ce jour signifie-t-il que vous
auriez changé d'idée quant à l'importance du poste?
M. TETLEY: Non, pas du tout.
M. JORON: Vous n'êtes pas allé à la recherche d'un
remplaçant.
M. TETLEY: N'oubliez pas, M. Rozon voulait quitter, je peux ajouter
ça. Nous avons fait des démarches depuis deux semaines,
même durant la grève ou avant celle-ci. En effet, le sous-ministre
adjoint occupe le poste parce que c'est tellement important, mais nous avons un
remplaçant. J'ai déjà fait la demande,
immédiatement après...
M. JORON: Finalement...
M. TETLEY: ... la recommandation.
M. JORON: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre quel a
été le rôle de la Commission des valeurs mobilières
ou de son ministère dans les enquêtes que font les deux bourses au
sujet de la prétendue infiltration de la pègre dans la Bourse de
Montréal? Quel rôle, ou le ministère, ou la Commission des
valeurs mobilières, a-t-il été appelé à
jouer dans ce cas-là? Est-ce qu'on pourrait peut-être relier
à ce climat la difficulté d'avoir en place des hommes permanents
à la présidence de la Commission des valeurs mobilières et
dans le rôle de directeur général?
M. TETLEY: Non, c'est un poste difficile mais pas à cause des
enquêtes, mais à cause des bouleversements du rapport Moore, des
changements à la Bourse, etc. Les enquêtes ont été
faites. Les deux bourses font leurs enquêtes. Le ministère, avec
le ministère de la Justice parce que je voulais les deux
ministères font enquête ensemble et d'autres juridictions
font une enquête.
Nous travaillons avec la police de la ville de Montréal, la
Sûreté du Québec, la Sûreté de Toronto et
d'autres juridictions, la SCC aux Etats-Unis et la Gendarmerie royale. Est-ce
l'enquête du ministère ou celle de la Commission des valeurs
mobilières? Tout le monde travaille ensemble. Je me demande qui fait
l'enquête et en fait rapport.
M. JORON: Où en est-on?
M. TETLEY: En effet, on n'a pas découvert une grande infiltration
de la pègre. Je n'ai pas rencontré un homme qui était de
la pègre ou de la mafia, ou de naissance italienne surtout; il n'y a pas
de "godfather". Il y en a dans d'autres juridictions, surtout aux Etats-Unis
apparemment et peut-être qu'ils avaient l'idée de se lancer ici
mais ce n'était pas encore fait certain... Nous avons causé le
départ de certaines personnes, je ne peux pas dire de quelles personnes.
Je n'annonce pas d'avance mes descentes, mes brefs de saisie et mes
arrêts. Donc, il n'y a pas de grands problèmes, vraiment. Mais on
continue l'enquête qui est très difficile.
M. JORON: n doit quand même se passer quelque chose. J'ai eu des
témoignages personnels d'un certain nombre d'individus en poste, soit
dans l'un ou l'autre de ces organismes reliés à la Bourse, qui
ont eu des menaces personnelles et qui, depuis des mois, sont sous la
surveillance constante de la police. Je ne sais pas si c'est un bluff
mais...
M. TETLEY: Hier encore, un homme m'a dit qu'il avait reçu des
menaces et, lorsque je l'ai rencontré, il avait peut-être des
menaces...
M. JORON: De sa femme.
M. TETLEY: Oui, plutôt et d'un autre membre de la Bourse qui
n'aimait pas la position qu'il a prise au sujet de la commission Bouchard et du
rapport Moore.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut passer aux articles?
M. JORON: J'ai quelques questions qui ne se relient pas à des
articles.
M. LE PRESIDENT: Je pense que c'est plutôt un interrogatoire.
M. JORON: Je pense que c'est le but aussi de l'adoption des
crédits, justement.
M. TETLEY: Je ne critique pas le député de Gouin. S'il
faut siéger ce soir, parce que c'est important, c'est vrai que ça
prend du temps.
M. JORON: Deux autres questions dont les réponses seront
brèves. Le ministre avait déjà invoqué, dans le
passé, l'idée de transmettre une suggestion au ministre de
l'Industrie et du Commerce voulant que le gouvernement, à l'un ou
l'autre de ces mécanismes, que ce soit la SDI, que ce soit le bill 21,
une exemption fiscale, et ainsi de suite, tente au maximum de relier
l'attribution d'une faveur ou d'un privilège à l'obligation
d'inscription sur les bourses locales des titres de cette compagnie-là.
Vous vous souvenez, c'est une idée que vous aviez choyée à
un moment. Est-ce que la suggestion a été transmise au ministre
de l'Industrie?
M. TETLEY: J'ai transmis la suggestion à la commission Bouchard
et aussi à l'autre direction.
M. JORON : Est-ce que, dans votre recherche de faire de Montréal
une place importante d'échange de titres, ce serait à ce
moment-là un bon moyen de pression, en fait?
M. TETLEY: Oui, un moyen valable aussi. M. CARDINAL: Un bon moyen de
contrôle.
M. TETLEY: Mais oui, un bon moyen de contrôle.
M. JORON: Finalement, je voulais seulement demander au ministre ce qui
avait été fait au cours de l'an dernier au sujet des "take-over
bids". Au moment du bill 63, on en avait discuté et je pense que vous
aviez dit à ce moment-là que cela devait attendre une autre
loi.
M. TETLEY: Un arrêté en conseil.
M. JORON: Oui. Il n'y a pas eu d'arrêté en conseil.
M. TETLEY: Non, c'est vrai. C'est la commission qui prépare
l'arrêté en conseil. J'admets que j'ai eu plusieurs brouillons que
je n'aimais pas et il y avait d'autres solutions, mais je crois que c'est
très important. N'oubliez pas qu'il y avait des gens qui étaient
complètement contre. Ils pensaient que c'était le droit d'un
groupe d'acheter à un plus bas prix ou à un prix plus
élevé du propriétaire des parts majoritaires et de vendre
après, à vous et moi, à un prix modique, les mêmes
parts parce que nous sommes minoritaires. Certains groupes de notre
société, certains membres de la Bourse étaient contre.
J'attends encore un arrêté en conseil. On peut le faire par le
bill 63 notre bill 63, pas le bill concernant la langue...
M. CARDINAL: ... Il est temps que vous le retiriez.
M. JORON: ... Faites attention à cela.
M. TETLEY: Mais je ne veux pas faire sauter le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je ne m'en mêlerai pas.
M. TETLEY: C'est la loi qui amende la Commission des valeurs
mobilières. En effet, c'est important mais pas aussi important que les
autres problèmes que nous étudions.
M. JORON: Je signale quand même que cela serait un moyen
d'arriver, à toutes fins pratiques, au même résultat que la
législation sur les investissements étrangers qu'a
déposée hier le gouvernement fédéral. Ce serait un
biais par lequel le Québec peut retrouver du moins une partie de sa
juridiction. Nous pourrions même avoir des contrôles encore plus
rigides.
M. TETLEY: Exactement. On peut même éviter des prises de
possession par les étrangers.
M. JORON: Est-ce que nous pouvons nous attendre bientôt à
quelque chose d'intéressant?
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: Quelque chose de substantiel à cet effet-là?
M. TETLEY: Oui, je l'espère, M. le Président.
M. JORON: Cela termine les remarques que j'avais à faire au
chapitre de la Commission des valeurs mobilières, M. le
Président, et je serais prêt à adopter toutes les
catégories en bloc.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous pouvons considérer les
catégories de l'article 10, les catégories 1, 3, 4, 5, 6, 7 , 8
et 11 adoptées?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 11: Régie de
l'assurance-dépôts du Québec.
Régie de l'assurance-dépôts
M. CARDINAL: Je n'ai aucune question.
M. TETLEY: Je n'ai pas de commentaire. C'est une institution importante
et efficace.
M. LE PRESIDENT: Pouvons-nous considérer les catégories
adoptées? Est-ce que le député de Gouin a des questions
sur la Régie de l'assurance-dépôts?
M. JORON:Non.
M. LE PRESIDENT: Pouvons-nous considérer les catégories 1,
3, 4, 5, 7, 8 et 11 adoptées?
M. TETLEY: Et la catégorie 14.
M. LE PRESIDENT: Et la catégorie 14? Oui, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. JORON: Seulement une petite question. Est-ce qu'il a
déjà été question d'augmenter l'assurance, de la
limite de $20,000 à davantage? Quelles étaient les raisons qui
avaient milité en faveur de la limite de $20,000?
M. TETLEY: Parce que c'était au gouvernement
fédéral et aussi parce que nous sommes en concurrence avec lui
évidemment. Egalement, parce que quelqu'un qui a plus de $20,000 peut
les placer ailleurs.
M. JORON: II n'a pas besoin d'assurance.
M. TETLEY: Non. Après tout, ce n'est pas tout le monde au
Québec qui a $20,000 et quelqu'un qui a $40,000 peut les placer à
deux endroits, il sera aussi bien protégé. Celui qui a $2
millions, ce n'est pas notre travail de le protéger ou au moins, nous
avons d'autres priorités.
M. JORON: Oui, je suis bien d'accord avec vous.
Ils sont faits par qui ces remboursements-là? Il n'y en avait pas
l'an dernier.
M. TETLEY: Cela, ce sont les charges des compagnies de finance. Nous
allons faire payer pour nos inspections. Comme je vous l'ai dit et même
prouvé, c'est un deuxième ministère du
Revenu ici, c'est presque rentable. Nous allons faire payer, cette
année, les compagnies de finance pour nos inspections.
M. CARDINAL: D'ailleurs si le ministre me le permet et le
président aussi il semblerait, d'après les
dernières nouvelles que l'on entend ou les derniers échos, que
les compagnies de finance commencent à accepter j'entre
peut-être dans l'article 12 le projet de loi no 45 dans tous ses
effets et que, par conséquent, les inspections que vous ferez, sans
être totalement bienvenues, seront quand même acceptées avec
plus de collaboration.
M. TETLEY: Tant mieux.
M. CARDINAL: Enfin, vous n'avez pas vu cela? Cela a paru dans les
journaux.
M. TETLEY: Tout le monde jusqu'à présent a
collaboré, presque tout le monde. Ils ont une jolie assurance, parce que
ça ne coûte rien. Comment peuvent-ils se plaindre? Je me le
demande.
M. CARDINAL: C'est pour ça que je dis que ce n'est pas de
ça dont ils se plaignent, mais plutôt de certains aspects de la
Loi de la protection du consommateur.
M. TETLEY: C'est ça. Ils vont payer parce que le ministère
du Revenu n'est-ce pas? va adopter une loi, en effet une taxe,
faisant payer les compagnies pour l'assurance-dépôts. IL a
déjà annoncé cette loi.
M. LE PRESIDENT: Article 12: Office de la protection du
consommateur.
Office de la protection du consommateur
M. CARDINAL: Je voudrais poser une question, M. le Président.
Ceci est un sujet dont on a discuté fort longtemps. Une commission
parlementaire en a discuté sous tous les aspects. Le ministre, il faut
le souligner, nous a informés je ne sais pas si ce sont tous les
députés, ou simplement les membres de la commission
très régulièrement des décrets qui ont
été adoptés, j'en ai reçu des copies. Il y a eu
aussi de très nombreuses coupures de presse qu'ils ont envoyées
régulièrement à ce sujet.
M. TETLEY: ... au début, je ne savais pas.
M. CARDINAL: Est-ce qu'on peut demander au ministre ce qu'il veut dire
par cette affirmation?
M. TETLEY: Ce n'est pas une erreur, mais le chef du service de la
publicité et de l'information en a envoyé à tous les
députés des deux côtés de l'opposition. Il ne m'en
avait pas avisé. J'ai été avisé parce que tout
à coup il y avait des
questions en Chambre. On me posait des questions à gauche et
à droite. Evidemment, les députés de l'Opposition lisaient
les coupures et me posaient des questions. Finalement vendredi après
deux questions, les réponses se trouvaient toujours dans les coupures,
j'avais les mêmes documents que les députés d'Opposition.
J'ai fait une enquête et finalement je l'ai appris. Mais pour moi c'est
très important.
M. CARDINAL: Je ne le disais pas du tout de façon ironique parce
que j'ai été surpris. Ce n'était pas le seul
ministère qui le faisait. Le ministère de l'Education, quand M.
Saint-Pierre est arrivé, a pris la même position et à la
suite de nombreuses coupures de déclarations de M. René Levesque,
par exemple, et de d'autres, eux aussi ont fait usage de leurs coupures
publiées aux membres de la commission parlementaire de
l'éducation. Mais la question véritablement sérieuse est
celle-ci : Est-ce que généralement le ministre peut nous dire
où le projet de loi 45 en est rendu? Il fonctionne par étapes,
fonctionne-t-il vraiment? Je pose une sous-question. C'est un exemple qui a
vraiment frappé la population cette année. Je puis dire que, dans
mon comté, des gens qui sont de mes connaissances, m'ont donné
confirmation de ce qui a paru dans les journaux surtout dans le domaine des
voitures usagées. Vous savez qu'actuellement, si je ne me trompe pas, le
ministre me corrigera, lorsqu'on vend ce qu'on appelle, un
"démonstrateur", on le considère d'après la loi et les
règlements comme voiture usagée et on doit indiquer comme tel que
c'est une voiture usagée. A ce moment-là les dispositions de la
loi ou des décrets s'appliquent.
Ma sous-question à la question générale, à
savoir comment s'applique en général le projet de loi 45, est la
suivante: L'on a vu énoncer d'une façon pertinente que certaines
voitures européennes qui changent très peu souvent de
modèle ont, en plus, des productions sériées,
c'est-à-dire que dans une même année elles peuvent produire
trois séries différentes d'une voiture portant le même nom.
Si bien que ces voitures, fabriquées ici, ou importées ici,
peuvent passer un hiver complet à découvert et ce que l'on fait,
je pourrais le prouver je ne veux pas bénéficier ici de
l'immunité parlementaire on les repeint tout simplement et on les
vend comme voitures neuves et on indique...
M. TETLEY: On ajoute un an.
M. CARDINAL: Oui, on ajoute même un an parfois, mais le simple
fait qu'on les indique comme voitures neuves, est-ce que ceci est actuellement
inclus dans la loi 45, dans l'opinion du ministre, ou si cela ne l'est pas,
s'il a l'intention de l'inclure? Je connais un cas très précis
où quelqu'un a acheté une voiture et à la suite d'un
léger incident, il s'est aperçu que la peinture était
d'une autre couleur que celle qui avait été posée
antérieurement. A la suite de vérifications, on a
découvert que la voiture datait de 18 mois. Elle a été
vendue, j'ai vue le contrat, comme voiture neuve indiquée sur le
contrat. Je comprends qu'il y a l'APA en plus de la loi 45 et que, si quelqu'un
veut faire des pressions, il peut les faire. Mais quelqu'un qui a acheté
une voiture, qui l'a payé comptant et qui est pris avec le
problème, il est obligé de retourner sa voiture à ce
moment-là et cela lui crée un autre problème. Est-ce qu'il
y a moyen d'éviter cette situation-là? Le ministre pourrait
peut-être répondre généralement d'abord et,
deuxièmement, prendre ce sujet-là en particulier.
M. TETLEY: Je crois que nous avons fait des miracles avec $354,000 l'an
dernier et nous avons fait autant que toute autre province qui avait des
budgets énormes. L'Ontario avait, tout simplement pour la protection du
consommateur, $1,200,000 pour la publicité ou pour l'information, parce
que c'est important. Notre loi, j'en suis certain, est plus forte que dans les
autres provinces. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas l'intention de
l'amender, de la corriger et de la renforcer, etc.
Au sujet des automobiles, c'est un nommé Phil Edmundston, de
l'Association de la protection de l'automobiliste, qui avait souligné
cette question, pas moi.
Il était allé à Ottawa parce que c'est Ottawa, par
le pacte de l'automobile et par d'autres lois fédérales et
arrêtés en conseil du gouvernement fédéral, qui
avait le contrôle de la situation, et aussi un peu notre ministre du
Transport. D est allé à Ottawa se coucher dans les escaliers du
parlement mais il avait avisé M. Andras et d'autres ministres d'avance.
Ils ont même, le jour de son arrivée, fait une déclaration
à l'effet qu'ils avaient changé complètement leur
politique. Une automobile de modèle 1969 se vendait pour le même
modèle 1971 et devait être vendue et notée sur les
documents comme étant de 1969, afin que notre ministère de
Transport ici puisse être capable de vérifier si oui ou non
l'automobile était véritablement un modèle 1969 et non
1971.
M. CARDINAL: Ce n'est pas là qu'est la lacune justement. C'est
que, lors de l'immatriculation de la voiture, on se fie à la
déclaration de la personne qui se présente au comptoir...
M. TETLEY: C'est ça.
M. CARDINAL: ... et cette personne peut parfaitement ne pas être
informée?
M. TETLEY: Je crois que, depuis ce temps-là, le
fédéral a corrigé le problème. J'ai reçu
certains renseignements du député de Chicoutimi, je lui ai
donné tous les renseignements que j'avais; j'attends d'autres
réponses au ministère du Transport et du ministre. Je crois que
le problème est réglé. Je suis au courant du
problème et il faut que ce soit réglé. D'autre
part, il y a, disons une Volkswagen 1969 qui est peut-être la même
chose qu'une Volkswagen 1971; ce n'est peut-être pas vrai dans le cas
d'une Volkswagen, mais dans le cas d'autres automobiles, c'est vrai.
M. CARDINAL: MG, par exemple.
M. TETLEY: Mais c'est la réponse à un problème et
je crois que nous avons trouvé la solution.
M. CARDINAL: La question précise que je posais est celle-ci: On a
fait la distinction entre voitures usagées et voiture neuves. Evidemment
on a fait des définitions à ce moment-là mais en ignorant
ceci. Comme je le disais tantôt, il était clair qu'un
"démonstrateur" est une voiture usagée, parce qu'elle a servi.
Justement, une voiture qui n'a pas servi, qui n'a pas roulé, mais qui
est demeurée pendant deux ans sur un terrain où la nature s'est
chargée de l'user est une voiture usagée.
M. TETLEY: En effet, la Loi de la protection du consommateur, le bill
45, ne protège pas le consommateur dans ce sens-là.
Mais nous avons une autre étape à franchir comme je l'ai
mentionné l'an dernier, que je vais mettre en marche d'ici quelque
temps, c'est un certificat de "road ability" comme en Ontario, à l'effet
que chaque vendeur d'une automobile, neuve ou autrement, doive signer un
document comprenant la date de fabrication, le vrai millage et d'autres
renseignements s'y rapportant.
M. CARDINAL: Le ministre sait qu'il l'a déjà. Lorsque la
voiture arrive au dépositaire, elle est accompagnée d'une fiche
qui indique la date où elle a été terminée, la voie
qu'elle a parcourue et par quels moyens elle est arrivée à tel
endroit, qui indique quels accessoires la composaient, etc. Cette fiche
existe...
M. TETLEY: Oui, mais...
M. CARDINAL: ... sauf que le client ne la voit pas. Mais enfin, moi j'en
ai vu pour des raisons... J'ai eu à m'occuper de cas et je suis
remonté jusque là. Mais cela existe, c'est-à-dire que les
grandes compagnies préparent cette fiche à l'usage du
vendeur.
M. TETLEY: C'est ça, mais il faut que ce document-là ou un
document semblable, même dans le cas d'une vente de seconde main, soit
préparé par le vendeur...
M. CARDINAL: Ah bon!
M. TETLEY: ... et signé par lui comme une déposition de
foi de sa part. Cela, c'est une prochaine étape importante.
M. CARDINAL: D'accord. Merci.
M. LEGER: M. le Président, puis-je avoir la parole? Il est six
heures et nous pourrions recommencer à huit heures ou huit heures et
quart.
M. CARDINAL: II reste les articles douze et treize. Est-ce que je
pourrais faire la suggestion suivante: si les membres de la commission n'ont
pas un débat à reprendre, il reste l'article treize qui est
statutaire. Alors, si le député...
M. LEGER: Moi, j'ai plusieurs choses à dire.
M. CARDINAL: S'il a beaucoup de choses à dire, je ne suis pas
prêt à continuer, comme on l'a fait à une autre commission,
jusqu'à sept heures.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je voudrais faire une
remarque à l'endroit du député de Lafontaine. Je suis bien
d'accord qu'il a plusieurs choses à dire, sans doute très
intéressantes. Je ne veux pas être désagréable en
lui rappelant qu'en vertu des règlements, il faut qu'il soit membre de
la commission pour avoir droit de parole ou autrement, qu'il y ait consentement
unanime. De toute façon, je pense qu'il a sûrement un message
intéressant et je connais assez le ministre; avec son grand esprit
démocratique, il va sûrement le laisser parler. Si c'est pour
durer trop longtemps, je pense qu'on pourrait remettre à ce soir, sinon
on pourrait procéder immédiatement.
M. LEGER: Je crois que les règlements prévoient quand
même qu'à l'ouverture de l'autre séance, à 8 h 15,
on puisse substituer une personne par une autre.
M. HARVEY (Chauveau): En effet, oui. Même sans cela, on serait
assez agréable à votre endroit pour accepter...
M. CARDINAL: M. le Président, je...
M. TETLEY: II faut que tout le monde ait le droit de parole. Je vais
parler à la Commission de la fonction publique dont je ne suis pas
membre...
M. CARDINAL: C'est-à-dire qu'il faut peut-être agir...
M. TETLEY: ... mais j'ai déjà parlé.
M. CARDINAL: M. le Président, dans les circonstances et pour ne
pas être désagréable envers le député de
Gouin, je suggérerais que l'on suspende les travaux jusqu'à 20
heures ou 20 h 15, à votre discrétion.
Quant à moi, l'article 12...
M. TETLEY: 8 h 15.
M. CARDINAL: ... est adopté.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez, on l'adoptera à 8 h 15. Je suis
très souple en ce qui concerne les députés qui veulent
adresser la parole à la commission parlementaire, qu'ils en soient
membres ou non.
M. HARVEY (Chauveau): Nous sommes d'accord nous aussi, mais il fallait
quand même le mentionner. Vous comprenez, M. le Président.
M. CARDINAL: Ce n'est pas comme ça partout.
M. LE PRESIDENT: Nous suspendons les travaux jusqu'à 8 h 15 et je
demanderais aux députés d'être présents à 8 h
15 exactement.
(Suspension de la séance à 18 h 9)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. PILOTE (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
M. HARVEY (Chauveau): Je pense que, lorsque nous avons ajourné
cet après-midi, nous en étions à déblayer l'article
12 qui restait à l'ordre du jour, soit l'Office de protection du
consommateur. A ce titre-là, dans un esprit de démocratie et par
souci également d'entendre les voix qui veulent se faire entendre, nous
avons permis au député du Parti québécois de bien
vouloir remplacer son homologue du comté de Gouin. Je pense que vous
aviez la parole. Alors, nous allons vous écouter et, par la suite, je
pense que nous passerons à l'étude des crédits, si les
membres de cette commission sont d'accord.
M. LEGER: M. le Président, je remercie le député de
Chauveau. Je suis toujours mêlé entre le député de
Chauveau et celui de Jonquière.
M. HARVEY (Chauveau): Nous nous ressemblons politiquement.
M. LEGER: II a dit qu'il accepterait que nous prenions la parole, mais
je pense que cela est dans les règlements qu'au début d'une
commission, nous fassions la substitution par le whip ou par le leader.
M. LE PRESIDENT: Exact.
M. LEGER: Cela a été fait. Je voulais rétablir les
faits. Je ne voulais pas que l'on accepte patiemment de m'écouter
parler, mais c'est parce que j'ai le droit, à ce stade-ci, de
parler.
M. HARVEY (Chauveau): A 6 heures moins cinq minutes, non, mais
maintenant, ça va.
M. LEGER: Merci. Etant donné que le ministre a quand même
passé, au cours de la dernière session, une loi très
importante pour la protection du consommateur, le bill 45, et que cette loi
fait partie du budget du ministère des Institutions financières,
l'article 12 est réservé justement aux remarques
générales sur cette politique gouvernementale. Je voudrais, avant
de donner un compte rendu, poser seulement une question. A quel endroit du
budget, de l'article 1 à l'article 11...
M. TETLEY: L'article 10.
M. LEGER: ... se trouve le budget concernant la publicité,
l'information? De quel article cela relèverait-il?
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président... M. TETLEY: Nous avons
passé cela, c'est
dans l'article 3. Mais dans d'autres domaines aussi, parce que nous
avons le service de la recherche et aussi le service de la publicité
dans l'administration. Mais pour ma part, comme membre de la commission, je
n'ai aucune objection à ce que vous parliez de n'importe quel article
déjà adopté jusqu'à maintenant ou adopté
hier.
M. LEGER: Si je comprends bien le ministre, c'est à l'article 3,
catégorie 10, vis-à-vis du montant de $139,200, qu'est le budget
de publicité duquel peut relever l'Office de protection du
consommateur?
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je pense qu'en
aparté, nous avons déposé...
M. TETLEY: L'article 12, catégorie 3.
M. LEGER: L'artifcle 12, catégorie 3, les $224,000.
M. TETLEY: C'est cela.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais demander au ministre de
nous faire un rapport de l'activité de l'Office de la protection du
consommateur depuis qu'il a été constitué. Voici dans quel
sens j'aimerais avoir des explications. Je pense que parmi les
responsabilités de cet office il y avait, au départ, l'engagement
d'un directeur. Est-ce que jusqu'à ce jour un directeur a
été engagé et est en fonction?
M. TETLEY: Nous avons engagé un directeur au début,
même avant l'adoption de la loi. Nous avons enfin engagé un
deuxième directeur pour Québec. Nous avons muté le
directeur engagé au début, à Montréal. Depuis ce
temps nous avons ouvert un autre concours. Je n'étais pas content des
résultats. Nous sommes en train d'essayer de trouver, par un
deuxième concours, un chef du service. C'est un poste très
important. Le député de Lafontaine le sait. C'est un homme qui
doit s'occuper d'un des services les plus importants du gouvernement,
c'est-à-dire la protection du consommateur. Il faut un administrateur,
un homme qui s'occupe du peuple. Un homme qui connaisse le problème.
C'est un poste très difficile à combler. Jusqu'à
maintenant nous n'avons pas trouvé l'homme en question malgré les
annonces parues dans les journaux de toute la province.
M. LEGER: Le directeur que l'office doit engager, celui qui sera en
charge, qui sera responsable, n'est pas encore engagé.
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: Vous avez jusqu'à maintenant engagé deux
adjoints.
M. TETLEY: Nous avons quand même un directeur parce que le poste
est très important. Nous avons nommé le chef du service
d'administration en charge du service de la protection du consommateur et il ne
s'occupe que de ce service.
M.VINCENT: M. le Président,, en supplément à la
question du député de Lafontaine, le ministre mentionne qu'avant
même que la loi ne soit adoptée il y avait un directeur.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. VINCENT: II est maintenant rendu à Montréal et on veut
engager un deuxième directeur.
M. TETLEY : Un directeur au-dessus des directeurs.
M. VINCENT: Mais qui présentement agit comme responsable de
l'Office de la protection du consommateur.
M. TETLEY: C'est un monsieur Grenier qui est en charge; il était
en charge de l'administration.
M. VINCENT: Oui, mais il est en charge, présentement, de l'Office
de la protection du consommateur.
M. TETLEY: C'est ça.
M. VINCENT: Et il est à Montréal.
M. TETLEY: Non, il est à Québec. A Montréal, il y a
M. Luc Laurin et à Québec, M. Paquet.
M. VINCENT: Mais là, ça fait plus de monde. M. TETLEY:
Oui.
M. VINCENT: Ce que le député de Lafontaine voulait savoir
et moi également... Le responsable de l'Office de la protection du
comsommateur, vous dites que c'est un monsieur Grenier?
M. TETLEY: C'est cela. Pour tout le Québec.
M. VINCENT: Pour toute la province?
M. TETLEY: Oui, mais nous cherchons un remplaçant.
M. HARVEY (Chauveau): Parce que M. Grenier est là par
intérim.
M. VINCENT: Alors, il est directeur intérimaire.
M. TETLEY: C'est ça.
M. VINCENT: Et celui qui est rendu à Montréal...
M. TETLEY: M. Laurin.
M. VINCENT: ... qui était le premier directeur, quel est son
titre présentement?
M. TETLEY: II est directeur à Montréal.
M. HARVEY (Chauveau): C'est que la province de Québec est
divisée en deux régions.
M. TETLEY: Nous avons un directeur à Québec.
M. VINCENT: Ah bon! Et ce que le ministre veut, c'est que M. Grenier et
M. Laurin deviennent deux adjoints.
M. TETLEY: Non.
M. HARVEY (Chauveau): Non, absolument pas. M. Grenier...
M. TETLEY: Je vais l'expliquer encore.
M. VINCENT: Un responsable de la région de Montréal et un
responsable de la région de Québec.
M. TETLEY: Nous avons un responsable à Montréal...
M. VINCENT: Qui est M. Laurin.
M. TETLEY: C'est ça. Nous avons un responsable à
Québec, c'est M. Paquet. Nous avons un responsable pour toute la
province de Québec...
M. VINCENT: Qui n'est pas arrivé encore.
M. TETLEY: ... M. Grenier. M. Grenier est intérimaire, et il
était chef de l'administration de tous les ministères, mais nous
croyons que le poste est tellement important que nous avons pris le chef de
l'administration et nous l'avons mis chef du service de la protection du
consommateur par intérim, jusqu'au moment où l'on trouve un chef,
pour toute la province, de l'Office de la protection du consommateur.
M. VINCENT: Là, il y a eu un concours...
M. TETLEY: II y a un concours à l'heure actuelle.
M. VINCENT: II y a eu un concours et la personne qui avait
été suggérée par la fonction publique... Le
ministre n'était pas content.
M. TETLEY: II y en avait sept de suggérés.
M. VINCENT: Et le ministre ne pouvait accepter ni l'un, ni l'autre.
M. HARVEY (Chauveau): C'est-à-dire que la Fonction publique n'a
pas recommander une personne en particulier.
M. VINCENT: Le ministre a dit tout à l'heure qu'il y avait...
M. HARVEY (Chauveau): II ne faut pas dire que c'est le ministre qui a
empêché la nomination d'un directeur de l'Office de protection du
consommateur.
M. VINCENT: Le ministre a mentionné tout à l'heure qu'il y
avait...
M. HARVEY (Chauveau): On a choisis sept personnes. Sept personnes se
sont présentées.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre a mentionné tout
à l'heure qu'il y avait eu un concours...
M. TETLEY: C'est vrai.
M. VINCENT: ... et que le résultat de ce concours ne donnait pas
satisfaction, le ministre a employé l'expression: Je n'étais pas
content du résultat du concours.
M. HARVEY (Chauveau): Voilà.
M. VINCENT: Donc le ministre a demandé à la Fonction
publique de faire un autre concours. Est-ce qu'il peut nous dire pourquoi il
n'était pas content du résultat du premier concours?
M. TETLEY: Pour plusieurs raisons. Je n'étais pas le seul qui
n'était pas content. Il y en avait d'autres, y compris les membres du
jury, y compris, je crois, le conseil des ministres, y compris la commission de
la Fonction publique parce que nous croyons que le poste est très
important. Moi, j'ai suggéré que peut-être faudrait-il
augmenter le salaire du directeur et c'est ce que nous avons fait pour le
deuxième concours.
Je demande à tous les députés présents de me
suggérer un nom ou des candidats. Nous avons placé des annonces
partout dans la province, dans la Fonction publique et à
l'extérieur et nous invitons, j'invite ce soir n'importe qui à se
présenter à ce poste.
M. VINCENT: Mais le premier concours comportait un salaire de quel
montant?
M. TETLEY: De $21,000 et cette fois-ci c'est $24,000. Le gouvernement
croit que le poste est très important. Je trouve le salaire assez
élevé compte tenu du fait qu'il y a permanence, une pension,
etc., les vacances, les congés de maladie.
M. LEGER: Maintenant, M. le Président, quand la personne sera
trouvée et qu'elle sera en fonction, est-ce que la structure sera
établie
comme suit: Un responsable de l'Office de protection du consommateur
pour tout le Québec, un adjoint à Québec et un adjoint
à Montréal?
M. TETLEY: C'est cela.
M. LEGER: Alors, il y aura trois personnes responsables, deux adjoints
et un responsable pour tout le Québec.
M. TETLEY: C'est cela.
M. LEGER: Maintenant, M. le Président, concernant...
M. TETLEY: Pardon. Une autre chose. J'ai lutté dans les budgets
au sujet de ces salaires et de cette hiérarchie, parce que je trouvais
que c'était très important.
M. LEGER: Est-ce que, dans votre plan d'organisation du système,
vous avez prévu l'ouverture d'autres bureaux, dans la province de
Québec, en plus de ceux de Québec et de Montréal?
M. TETLEY: Dans le budget, non. IL faudrait évidemment d'autres
bureaux dans d'autres régions du Québec les régions
économiques du Québec que ceux déjà
établis et que le gouvernement du Québec a déjà
établis depuis longtemps. Mais, dans le budget, nous n'avons pas de
sommes d'argent pour ces bureaux ni pour ces adjoints, cette année.
M. LEGER: Est-ce que c'est dans vos prévisions, dans vos
objectifs pour l'autre année?
M. TETLEY: Evidemment. N'oubliez pas que nous avons coupé tous
les budgets de tous les ministères. Deux ministères ont eu de
vraies augmentations, soit l'Assemblée nationale, soit les Institutions
financières. Seulement deux ministères ont eu de
véritables augmentations. Il y avait d'autres ministères qui
avaient des augmentations, mais simplement dans leurs subventions; pas dans
leur administration ni dans leurs cadres.
M. LEGER: Dans la Loi de la protection du consommateur, il y avait
obligation, pour les vendeurs itinérants ainsi que pour les vendeurs
d'automobiles usagées, d'avoir des permis. Actuellement, quels sont les
mécanismes de mise en place pour l'application de cette loi? Comment
cela sera-t-il administré? Quels sont les critères de base? Qui
va surveiller cela pour déterminer que telle personne a droit à
un permis? Comment cela fonctionne-t-il actuellement dans le domaine des
permis?
M. TETLEY: Comme vous le savez, nous avons déjà
adopté le règlement nécessaire pour les vendeurs
itinérants, soit le règlement no 9.
Pour les questions du crédit, c'est le règlement no 8. Je
les ai déjà présentés en commission parlementaire
et vous les avez déjà vus, critiqués et changés.
J'ai accepté vos modifications.
Les gens font des demandes aux bureaux de Montréal et de
Québec. Les permis sont émis, rejetés ou adoptés
ici à Québec ou à Montréal et mis à la poste
si les hommes ou les femmes en question ent rempli toutes les exigences de la
loi et des règlements. Jusqu'à ce jour, c'est un grand
succès. Evidemment, ces personnes doivent faire preuve de leur
compétence et présenter un cautionnement.
Nous avons eu des problèmes avec les compagnies d'assurance parce
que les cautionnements sont faits par le moyen d'une police d'assurance et ils
ont produit des polices d'assurance. Nous avons aidé les compagnies
d'assurance à préparer les polices, ce qui est un travail
énorme mais, finalement, nous avons trouvé les formules
nécessaires. Nous avons même produit le règlement no 10 qui
donne le droit à un certain groupe, une certaine association de vendeurs
d'automobiles de présenter un seul cautionnement pour toute leur
association. Ce qui est un bénéfice certain pour le Québec
parce que c'est une somme élevée et nous avons droit de puiser
dans ce cautionnement pour tout membre de l'association.
M. LEGER: Maintenant, quand prévoyez-vous que toutes les
compagnies qui devraient avoir des permis pour leurs vendeurs, autant pour les
vendeurs itinérants que pour les vendeurs d'automobiles usagées,
auront rempli leur obligation d'aller demander ces permis et que l'office aura
réalisé le travail de leur émettre des permis? Pour quelle
date prévoyez-vous ça?
M. TETLEY: Nous avons fixé la date au 1er avril et nous avons
placé un avis dans tous les journaux et la Gazette officielle. Mais
c'est un changement très important, c'est la première fois en
effet qu'on amende le code civil depuis 1866, un an avant la
Confédération que certaines gens ne se sont pas occupé de
la date limite et nous recevons aujourd'hui encore d'autres demandes.
Je regrette de le dire, mais c'est un fait que les gens ont fait fi ce
cette date limite. D'autre part, une grande partie, croyons-nous, un grand
pourcentage des personnes concernées, ont reçu leur permis.
M. LEGER: Vous ne prévoyez pas de date limite où vous
allez être obligé...
M. TETLEY: La date limite est le 1er avril.
M. LEGER: Quand pensez-vous être obligé d'avoir recours
à des amendes pour que tous les gens l'aient? Est-ce qu'il y a des
difficultés techniques qui vous permettent de dire que vous devez
comprendre la situation? A quelle date, pensez-vous, va-t-il falloir imposer
des amendes pour faire respecter la loi?
M. TETLEY: Les personnes en question se placent dans une position
difficile. Nous avons, par exemple, 93 permis de vendeurs itinérants
pour quand même 15,000 personnes, parce qu'un seul commerce peut faire la
demande pour 4,000 ou 2,000 de ses vendeurs.
M. LEGER: C'est le même numéro pour chacun?
M. TETLEY: Oui. Nous avons 694 permis de vendeurs d'automobiles
usagées.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a eu des pourparlers, des
négociations, avec des municipalités concernant les permis
municipaux où il y avait des places? On demandait des permis plus chers
et exorbitants... Est-ce qu'il y a eu des négociations de ce
côté-là?
M. HARVEY (Chauveau): Qu'est-ce qu'il veut dire par là?
M. TETLEY: Non. Il veut dire que, dans certaines municipalités,
on demande, pour un permis d'un vendeur itinérant, $15, parfois $75,
parce que la municipalité veut prohiber, en effet, tout vendeur
itinérant. Disons que Westmount, ou Saint-Georges-de-Beauce, pour des
raisons personnelles, veut prohiber des vendeurs itinérants d'une
certaine catégorie ou tout vendeur itinérant.
Jusqu'à maintenant, personne ne s'est plaint du fait qu'il faut
deux permis et je ne suis pas...
M. LEGER: Excusez-moi. Est-ce que le ministre dit que personne ne s'est
plaint que les municipalités demandent des permis?
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: Si je me rappelle bien, aux commissions parlementaires, il y a
des vendeurs qui viennent se plaindre de cela.
M. TETLEY: Oui, mais depuis ce temps-là, ils n'ont pas fait de
demande. C'est vrai, surtout le Barreau s'est plaint, mais non pas les vendeurs
itinérants. Est-ce que et j'aimerais obtenir les opinions de tous
les membres de cette commission il faut retirera une municipalité
qui ne veut pas de vendeurs itinérants du tout, ou une certaine
catégorie dans un certain secteur, ce droit de prohiber
complètement ou d'exiger des permis de ces gens? Je me le demande. Et
jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu de problème.
M. LEGER: Autrement dit, vous n'avez pas encore eu à
négocier avec les municipalités...
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: ... devant des plaintes de vendeurs qui disaient: Je ne veux
pas avoir deux permis, j'en veux seulement un provincial.
M. TETLEY: Non, je n'ai pas eu de plainte du tout. Et n'oubliez pas que
les municipalités n'imposent pas de cautionnement. Et si
Saint-Georges-de-Beauce ou Westmount veut prohiber la vente de quelque chose
comme Inspiration-Succès, c'est leur droit.
M. LEGER: M. le Président, avant de poser une autre question, je
voudrais quand même féliciter le ministre parfois j'ai
à le blâmer, mais parfois je le félicite aussi pour
le travail qu'il a fait dans l'opération Promotion-Succès,
où, je pense, il a réellement rempli sa tâche. Je dois le
féliciter pour ce geste-là.
M. TETLEY: Mais la ville de Montréal aussi. M. LEGER: Oui.
M. TETLEY: La ville de Montréal a fait récemment une
descente couronnée d'un grand succès, il y a environ une semaine
ou deux.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait me dire ce qui a
été fait jusqu'à maintenant au point de vue de
l'information? Parce que, si je me rappelle bien la loi, il y a un endroit,
l'article 79, où on dit qu'une des responsabilités de l'office,
c'est "de protéger, éduquer et renseigner le consommateur". En ce
qui a trait à renseigner le consommateur, qu'est-ce que l'office a fait?
Quel est le budget précis de la publicité qu'on prévoit au
cours de l'année et quel programme veut-on faire pour réellement
renseigner le consommateur et vulgariser la Loi de la protection du
consommateur?
M. TETLEY: L'an dernier, notre budget, pour l'information, était
de $63,000 pour la publicité et de $22,000 pour le transport. Mais
malgré cela, nous avons...
M. LEGER : Et cette année, quelle est la proportion dans les
$224,000?
M. TETLEY: Les $63,000 étaient dans notre budget, mais nous avons
quand même dépensé beaucoup plus que cela parce que j'ai
pris, dans l'administration, à l'article 1 et aux articles suivants,
l'information pour tout le ministère, certaines sommes que j'ai
accordées à la protection du consommateur. Nous avons
publié une brochure qui a eu un très grand succès...
M. LEGER: Une Promotion-Succès?
M. TETLEY: Cela a été un très grand succès
contre Promotion-Succès. Nous avons publié, dans tous les coins
de la province, des articles au sujet de la protection du consommateur.
J'ai eu l'aide des journaux et des journalistes je l'ai dit au
début de l'étude de nos crédits j'ai eu
peut-être $1 million ou $2 millions de publicité des journalistes
et des postes de radio et de télévision, et trois ou quatre des
membres de notre Conseil de la protection du consomma-
teur ont des programmes de télévision. Tout le monde s'y
intéresse et un ministre d'une autre province qui a un budget beaucoup
plus élevé que le nôtre m'a demandé une fois
à une conférence fédérale-provinciale: Quel est
votre budget, parce que vous avez beaucoup plus de publicité que nous?
J'ai expliqué que c'était grâce à nos associations
de consommateurs, aux journaux, aux postes de télévision et de
radio que nous avions tellement de publicité.
Vous connaissez le dépliant, le député de
Mégantic en a demandé 5,000 copies que j'ai données
finalement et qu'il a distribuées; nous avons imprimé pour $9,000
un million d'exemplaires d'un dépliant qui est très intelligent
parce qu'à chaque paragraphe vous trouvez l'article de la loi. Cela nous
a coûté $1 million...
M. LEGER: Combien de copies?
M. TETLEY: $9,000 pour un million de copies.
M. LEGER: D'accord.
M. TETLEY: Et nous avons imprimé 500,000 exemplaires de plus
à cause de la demande du public. De plus, le Barreau et les Caisses
populaires Desjardins ont publié un magnifique dépliant à
leurs frais, moi, j'ai aidé à la préparation, les membres
du Barreau l'ont préparé. Un de mes amis est venu me voir, notre
ministère l'a corrigé et c'est un autre dépliant d'une
grande valeur. Nous avons évidemment un autre dépliant en vue au
sujet du crédit. Il y avait de la publicité contre
Inspiration-Succès ventes pyramidales et d'autres fraudes semblables,
des pyramides, et à cause du fait que j'ai puisé dans les fonds
du ministère pour la publicité, pour l'information, nous avons
dépensé non pas $63,000, mais $150,000 pour l'information et la
protection du consommateur.
M. LEGER: Maintenant, les $150,000...
M. TETLEY: Mais une autre province, l'Ontario, a dépensé
l'an dernier $1,200,000.
M. LEGER: C'est ça. Vous avez dépensé $150,000 pour
l'année qui se termine, mais dans les $224,000, quelle est la proportion
qui va aller directement à l'information, à la
publicité?
M. TETLEY: Peut-être que nous allons puiser dans l'administration
l'an prochain aussi.
M. VINCENT: Le ministre pourrait-il nous donner le détail du
montant de $224,000?
M. TETLEY: Presque $200,000...
M. LEGER : Non, ça me satisfait quant à moi.
M. TETLEY: Presque $200,000 sont puisés ailleurs.
M. VINCENT: Pour aller plus vite, si le ministre nous donnait le
détail du montant de $224,000 demandé. A ce moment-là, ce
serait plus clair. Parce que ce n'est pas quand même un chiffre
magique.
M. TETLEY: Journaux: $45,000. Radio: $7,500.
M. VINCENT: $7,000? M. LEGER: $7,000, radio? M.VINCENT: $7,500.
M. TETLEY: $7,500. Télévision: $50,000. Films et
photographies: $25,000. Publications du ministère: $68,000.
M. VINCENT: Les publications du ministère.
M. TETLEY: Oui.
M. VINCENT: Et ça donne un total de $224,000.
M. LEGER: A peu près $200,000.
M. VINCENT: L'autre montant est pour les frais de
déplacement.
M. TETLEY: C'est $195,000.
M. VINCENT: Le montant qui reste?
M. TETLEY: C'est pour les déplacements des personnes du Conseil
de la protection du consommateur.
M. VINCENT: Maintenant, si le député de Lafontaine me le
permet, étant donné que nous en sommes à la
catégorie 3...
M. LEGER: Non, je ne suis pas à la catégorie 3.
M. VINCENT: Est-ce qu'on pourrait discuter de la catégorie 1?
M. LEGER: Je voudrais...
M. LE PRESIDENT: Adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LEGER: Non, non, M. le Président.
M. VINCENT: M. le Président, à la catégorie 1, il y
avait, l'an dernier, un montant, tel qu'on le voit au budget, de $121,600. En
date du 31
mars 1972, de ce montant de $121,600, combien ont été
dépensés effectivement à la catégorie: Traitements,
salaires et allocations?
M. LEGER: II y en a 142. Non, je réponds à la question de
pages.
M. VINCENT: Pendant que les fonctionnaires cherchent ce montant,
également à la catégorie...
M. TETLEY: La réponse est $116,000.
M. VINCENT: Soit $116,000 qui ont été
dépensés à la catégorie des salaires alors qu'on
avait voté $121,600. A ce moment-là on avait 22 postes
autorisés. C'est ça? Combien y a-t-il de personnes
présentement en fonction?
M. TETLEY: Au début des crédits, nous avons
distribué une liste des effectifs de tous les ministères, avec
les postes vacants, nouveaux, occupés, utilisés. La
réponse pour les postes occupés le 1er avril 1972 est de 20;
postes vacants, 2; nouveaux, 15.
M. VINCENT: Donc, il y avait 20 personnes et on prévoit
compléter les postes de 20 à 37.
M. TETLEY: C'est ça.
M. VINCENT: II y a donc 17 postes à combler à ce
service.
M. TETLEY: Soit deux postes vacants.
M. VINCENT: A quel moment le ministre croit-il que ces postes seront
comblés?
M. TETLEY: C'est en cours dans tous les cas.
M. VINCENT: Les sommes sont prévues à 60 p.c, 70
p.c...
M. TETLEY: Oui.
M. VINCENT: ... pour les salaires éventuels de ces personnes?
M. TETLEY: Oui.
M. HARVEY (Chauveau): Prévus à 100 p.c.
M. VINCENT: Non.
M. HARVEY (Chauveau): C'est au budget. Vous allez accepter ou refuser le
budget. C'est prévu à 100 p.c.
M. VINCENT: Ce n'est pas prévu à 100 p.c. mais personne
n'est engagé et nous sommes rendus au mois de mai.
M. HARVEY (Chauveau): L'année fiscale commence le 1er avril.
M. TETLEY: Pour les nouveaux postes...
M. VINCENT: D'après la formule, on accepte à peu
près 60 p.c. des salaires prévisibles à cause du
décalage des engagements. On ne les prévoit pas à 100
p.c.
M. TETLEY: Non, mais depuis le 1er avril...
M. VINCENT: II y a quelques postes qui ont été... non?
M. TETLEY: II y a quelques postes comblés, sans doute. Mais, dans
la protection du consommateur on avait évidemment un problème
avec les grèves, mais nous voulons remplir ces postes le plus tôt
possible.
Subventions aux ACEF
M. LEGER: La raison pour laquelle je voulais qu'il me donne le total du
budget de $200,000 est qu'au cours des trois ou quatre dernières
semaines il y a eu une levée de boucliers de protestations dans tous les
coins du Québec concernant la décision du gouvernement et
spécialement du ministère des Institutions financières, de
ne plus accorder de subventions au principal organisme qui s'occupait de
sensibiliser la population au niveau de la protection du consommateur.
M. le Président, je vais donc poser la question suivante au
ministre. En 67/68 les différents ministères avaient donné
un total de $9,000 à l'ACEF, en subvention. L'année suivante, on
a jugé qu'elle faisait un bon travail parce qu'on a augmenté la
subvention à $13,000. L'année suivante on l'a triplée pour
arriver à $41,000. En 70/71, on en est arrivé à une
subvention de $57,000 et en 71/72 on a offert $90,000. Cette année,
l'ACEF, après avoir préparé son budget, a fait une
compression de dépenses, la plus serrée possible.
On a demandé au gouvernement une subvention de l'ordre de
$123,000 et le ministre, à la question que je lui avais posée en
Chambre, avait répondu qu'il doutait qu'il y ait de l'argent pour les
ACEF et qu'il vérifierait. Par la suite on s'est aperçu que le
ministre avait déjà pris sa décision, puisqu'il avait
envoyé une lettre aux ACEF disant qu'il ne lui fournissait plus
d'argent. Est-ce que le ministre peut me dire exactement pour quelle raison le
ministère des Institutions financières a refusé ou refuse
de donner une subvention aux ACEF?
M. TETLEY: M. le Président, je crois que le député
de Lafontaine se trompe un peu dans les faits. L'an dernier, le
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives n'a rien donné aux ACEF.
M. LEGER: Je n'ai pas dit que c'était le ministère des
Institutions financières qui l'avait donné. Le gouvernement par
différents ministères, avait donné ces
montants-là.
M. HARVEY (Chauveau): Un seul ministère.
M. TETLEY: Oui, mais je constate que le ministère des
Institutions financières et Compagnies n'a donné aucune somme aux
ACEF.
M. LEGER: Vous n'aviez pas le pouvoir avant.
M. TETLEY: Pardon, regardez le budget à l'article 12,
catégorie 10, ce sont toujours les subventions. C'étaient $50,000
que nous avions l'an dernier et nous avons le même montant cette
année. En effet, nous avons le même montant, pour toutes les
associations de la protection du consommateur, que l'an dernier. Les ACEF
demandent $120,000. Lorsque le député m'a posé la question
en Chambre, je savais que j'avais, dans le budget, les mêmes montants que
l'an dernier. La demande étant de $120,000, je voyais donc qu'il
était très difficile de subventionner cette somme avec une somme
de $50,000.
M. VINCENT: Sur un point de règlement, M. le Président, si
le député de Lafontaine n'avait pas d'objection là
on s'en va à la catégorie 10, est-ce qu'on ne pourrait pas...
M. LEGER: Je ne touche pas à la catégorie 10, c'est une
question de politique générale.
M. VINCENT: Non, c'est parce que... les subventions.
M. TETLEY: Nous avons un système très
général, on peut revenir...
M. LE PRESIDENT: Voici. La façon de procéder...
M. VINCENT: Si on procédait article par article.
M. HARVEY (Chauveau): La présidence a procédé quand
même en discutant globalement des politiques générales du
ministère et, ensuite, on adopte sans tambour ni trompette
l'ensemble.
M. LEGER: Cela peut être adopté très rapidement par
la suite, c'est une question de politique générale.
M. TETLEY: C'est peut-être hors d'ordre mais quand même, je
n'ai aucune objection parce que c'est une question importante. On n'a pas, au
ministère, d'augmentation pour nos subventions aux associations de la
protection du consommateur cette année. L'an dernier, le
ministère des Affaires sociales avait subventionné les ACEF par
la somme de $90,000. En 70/71, $57,000, en 69/70, $41,000. Le
fédéral, l'an dernier, a envoyé une subvention de $25,000
et l'année précédente $50,000. Appa- remment, le
fédéral refuse cette année toute subvention aux ACEF, mais
c'est le problème du fédéral.
M. LEGER : Cela, c'est du fédéralisme rentable.
M. TETLEY: Ce n'est pas mon problème, je ne suis ni
député ni ministre au fédéral.
UNE VOIX: Vous le prenez quand cela fait votre affaire.
M. VINCENT: Ni ministre des Affaires sociales. On est en train de
discuter le budget des Affaires sociales.
M. TETLEY: Exactement, le député et ancien ministre de
l'Agriculture a 100 p.c. raison, je ne suis pas ministre des Affaires sociales.
Voici la réponse à votre première question: Pourquoi le
ministère des Affaires sociales a-t-il coupé le budget? C'est une
question que vous devez poser au ministre des Affaires sociales, parce que je
n'ai pas eu d'augmentation et je suis content que vous ayez constaté
vous-mêmes ce fait-là. Il n'y a ni coupure aux Affaires sociales,
ni augmentation dans mon budget. Cela est un fait à constater. Moi, j'ai
$50,000 et je n'a pas refusé aux ACEF ni à l'IPIC.
L'IPIC reçoit $26,000 parce que vous étiez
ailleurs, à une autre commission, j'ai noté hier que l'IPIC fait
partie des magasins Co-op fédérés dont je suis membre
actif, un des seuls députés à l'Assemblée
nationale...
M. HARVEY (Chauveau): Moi aussi, M. le ministre.
M. TETLEY: ... et le député de Chauveau, n y avait un
article erroné dans Québec-Presse c'était
peut-être le premier article erroné dans cette publication, je me
le demande en tout cas, on a dit que j'avais refusé l'IPIC. Mais
ce n'est pas vrai. J'avais même donné, l'an dernier, $26,000.
Cette année, j'ai posé la question aux députés des
partis de l'opposition: Qu'est-ce que vous voulez que je fasse? J'ai
été franc et j'ai répondu dans une lettre aux ACEF, que
j'attendais les opinions des députés des deux côtés
de la Chambre avant de décider quoi faire. Le député de
Chicoutimi m'a écrit hier et j'ai répondu immédiatement.
Je suis allé voir le député de Chicoutimi. Il m'a
parlé des ACEF et j'ai dit: Pour-riez-vous venir ici et me conseiller
directement, face à face, au sujet des ACEF...
M. HARVEY (Chauveau): Le député de Chicoutimi.
M. TETLEY: ... et des autres associations? Est-ce que je dois donner
l'argent aux ACEF ou non, à l'IPIC ou non? Ou à l'Association
canadienne des consommateurs ou aux associa-
tions consommatrices du Québec, ou à toute association de
consommateurs? Quelle somme devrais-je envoyer à ces associations, parce
que j'ai $50,000? J'attends avec impatience votre opinion.
M. LEGER: Sur ce point-là... M. VINCENT: M. le
Président... M. LEGER: C'était ma question...
M. VINCENT: Si par exemple, M. le Président, on parle de
$50,000...
M. LEGER: M. le Président, qui est-ce qui a la parole? J'avais
une question à poser. Le ministre me répond et je ne suis pas
satisfait. J'ai une réponse à donner à la question que le
ministre vient de me poser.
M. VINCENT: Pour que ce soit plus clair... M. LEGER: C'était ma
question...
M.VINCENT: On parle, on est rendu à $50,000...
M. LEGER: Je m'en remets au président. Qui a la parole, M. le
Président?
M. VINCENT: Je veux que ce soit clair, M. le Président. Je
voudrais avoir une directive de votre part.
M. LEGER: Je demande qui a la parole.
M. VINCENT: Je veux avoir une directive de la part du président.
On est rendu qu'on parle des $50,000 sans savoir... Non, on parle de
subvention. Le député de Lafontaine parle de subvention aux ACEF.
Je vais dire comme le député de Duplessis: Je ne suis pas
tellement instruit. Une ACEF, c'est une Association coopérative
d'économie familiale?
M. TETLEY: Educationnelle. M. VINCENT: Ah bon!
M. HARVEY (Chauveau): C'est une filiale de la CSN.
M. VINCENT: Je demande une directive au président. Est-ce que ce
ne serait pas mieux, M. le Président, que le ministre nous informe tout
d'abord? Après, le député de Lafontaine pourra plus
facilement aller à l'intérieur des subventions. Que le ministre
nous informe. Sur les $50,000, l'an dernier, quel montant a été
dépensé? A qui les subventions ont-elles été
versées?
M. LEGER: C'est un point de règlement, M. le Président. Le
député, l'ancien ministre con- naît très bien son
règlement. Il a demandé une directive au président...
M. HARVEY (Chauveau): On ne dit pas l'ancien ministre, on dit
l'ex-ministre.
M. LEGER: Sur un point de règlement, j'ai quelque chose à
dire, M. le Président.
M. HARVEY (Chauveau): II est encore jeune.
M. LEGER: C'est que la question...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La parole est au
député de Lafontaine.
M. LEGER: La question que j'ai posée ne touche pas à un
montant précis à donner aux ACEF parce que c'est à
l'article 10 qu'on pourrait en parler peut-être. Ce n'est pas de cela que
je parle. Je parle d'une politique générale...
M. HARVEY (Chauveau): ... l'article 10.
M. LEGER: ... de l'Office de la protection du consommateur relevant du
ministre des Institutions financières en lui demandant quelle est son
attitude, sa politique en vue de subvenir aux ACEF. Cela n'a pas rapport aux
chiffres. C'est une question de politique générale. Le ministre
m'a posé la question suivante, il m'a dit: Donnez-moi des suggestions,
si vous deviez poser votre question au ministre des Affaires sociales. Je
voudrais communiquer au ministre la réponse que le ministre des Affaires
sociales m'a donnée. C'est la suivante. M. Castonguay m'a répondu
ceci: Quant à notre participation dans ce dossier des ACEF, je constate
qu'elle a cessé au moment où la Loi de la protection du
consommateur a été adoptée. La subvention a
été accordée antérieurement par le ministère
des Affaires sociales. La dernière qui a été
octroyée, qui court jusqu'au 31 mars 1972, m'apparaissait comme
étant la dernière qui avait été versée quant
au ministère des Affaires sociales, étant donné les
responsabilités, maintenant, qui incombent au ministre des Institutions
financières. Donc, le ministre des Affaires sociales nous dit en Chambre
que la responsabilité des subventions aux ACEF relève maintenant
du ministre des Institutions financières.
Le ministre des Institutions financières nous dit, et je ne
voudrais pas qu'il se cache derrière des arguments légalistes:
Nous n'avons que ces $50,000. C'était comme si ce n'était pas lui
qui détermine à quel endroit se distribuent les montants de son
budget.
M. HARVEY (Chauveau): Je fais appel au règlement, M. le
Président.
M. LEGER: Depuis tantôt... J'ai encore la parole.
M.HARVEY (Chauveau): Je fais appel au règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Vous qualifiez le ministre d'apollué, je
trouve ce terme assez cavalier...
M. LEGER: De quoi? Le ministre de...?
M. HARVEY (Chauveau): Le ministre des Institutions
financières.
M. LEGER: Oui.
M. HARVEY (Chauveau): Vous le qualifiez quand même un peu
d'ignorant vis-à-vis d'un montant donné. Je pense que ça
peut se discuter. Vous voulez en discuter avec lui et déjà, au
départ, vous le qualifiez d'ignorant en voulant travailler sur un
montant de $50,000 en subventions.
M. LEGER: M. le Président, de toute façon, le ministre n'a
pas compris ça, alors le député de Chauveau doit
être satisfait de savoir que ce n'est absolument pas ça que je
voulais dire, ce n'est pas ce que j'ai dit, ce n'est pas ce que le ministre a
compris.
M. HARVEY (Chauveau): Nous avons un bon ministre, merci, M. le
Président.
M. LEGER: Bon. Ce que j'ai voulu dire, c'est ceci. Le ministre
étant responsable...
M. HARVEY (Chauveau): Merci, M. le Président. Adopté, M.
le Président.
M. LEGER: Le ministre étant responsable de son budget, il peut
affecter les montants aux endroits qu'il juge les plus appropriés pour
réaliser ses responsabilités à l'intérieur de son
ministère. J'ai fait demander au ministre tantôt en quoi
consistent les $224,000 pour l'information. Il m'a dit qu'il y en a pour
$200,000. Alors, pour que le ministre ne se cache pas derrière une forme
légaliste disant: Nous avons seulement $50,000, nous ne pouvons rien
faire, je lui ai dit qu'il y a d'autres endroits dans son budget, pourvu qu'il
accepte le principe de le faire, parce qu'au niveau de l'information, le
ministre doit quand même être au courant que les ACEF, dans tout le
Québec, ont des responsabilités bien précises qui sont
complémentaires, qui ne sont pas les mêmes que celles de l'Office
de la protection du consommateur. Entre autres, ils ont un rôle
d'information auprès des groupes, un rôle d'information et
d'éducation auprès des citoyens consommateurs, un rôle de
présence dans le milieu, chose que l'Office de la protection du
consommateur n'a pas.
L'office est derrière son bureau à réglementer,
à faire appliquer la loi. Mais il n'a pas les moyens de contacter et de
rejoindre les gens tels que les ACEF peuvent le faire. M. le Président,
les ACEF ont prouvé jusqu'à ce jour qu'elles étaient
très sensibles aux problèmes des citoyens, qu'elles apportaient
des services très précieux aux citoyens comme une consultation
budgétaire, chose que l'Office de la protection du consommateur ne peut
pas faire.
Elles avaient aussi la possibilité d'obtenir, par des
études, recherches et pressions auprès du gouvernement, des
changements aux lois existantes du fait des problèmes qu'elles
découvrent à l'intérieur des couches de la
société ou elles oeuvrent. Elles ont aussi à sortir des
dossiers sur des problèmes particuliers, chose que l'Office de la
protection du consommateur n'a pas à faire. Elles ont à recevoir
ces dossiers-là, mais ce n'est pas l'Office de la protection du
consommateur qui a la responsabilité de former et de créer ces
dossiers.
Les ACEF ont présenté des dossiers de la vente de terrains
d'une façon scandaleuse. Des pressions se faisaient dans ce
domaine-là. Elles ont sensibilisé le gouvernement
là-dessus et c'est une des conséquences de leur rôle qui a
amené le ministre des Institutions financières à apporter
une législation appropriée dans ce domaine. La même chose
dans le domaine du colportage, la même chose dans le domaine des
"rackets" de chèques.
Beaucoup de points ont été soulevés par les ACEF
permettant au ministre de remplir son rôle. M. le Président, ce
n'est pas à l'office de recourir aux tribunaux pour établir la
jurisprudence, les ACEF peuvent le faire. La recherche poussée
concernant les causes et les conséquences du problème du
crédit que subit une population souvent désarmée, ce sont
les ACEF qui s'occupent d'établir des dossiers là-dedans, de
trouver des solutions concernant le problème des endettements massifs de
la population.
M. VINCENT: L'AFEAS aussi.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président.
M. VINCENT: L'Association féminine d'éducation et d'action
sociale.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je demande la parole
après.
M. LEGER: L'Office de la protection du consommateur a aussi un
rôle pour compléter et stimuler le travail de l'Office de la
protection du consommateur et encore un autre rôle absolument
indépendant du gouvernement. Si on veut que ce soit une loi qui soit
saine, il faut qu'il y ait un organisme indépendant du gouvernement, qui
puisse critiquer les carences dans le parti actuellement. Autrement, si le
ministère a à remplir des responsabilités, à
légiférer et n'est que celui qui décide, parce qu'il n'a
pas
d'organisme qui ait les moyens de le pousser à agir, un peu comme
les députés de l'Opposition le font, le gouvernement ne permet
pas de résoudre des problèmes très cruciaux dans la
population.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, le député de
Lafontaine...
M. LEGER: M. le Président, le député de Chauveau
est très nerveux, qu'il me laisse parler.
M. HARVEY (Chauveau): Non...
M. LEGER: Je lui donnerai la parole quand j'aurai terminé, j'ai
la parole actuellement...
M. HARVEY (Chauveau): ... le député de Lafontaine donne
son "show".
M. LEGER: Je ne vois pas pourquoi on m'interromprait.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, le député de
Lafontaine, le député de Lafontaine donne son "show"...
M. LEGER: M. le Président, j'ai la parole.
M. HARVEY (Chauveau): Pour ma part, je reconnais tout ce que les ACEF
ont fait via les terrains, le colportage, les chefs...
M. LEGER: J'ai la parole. Est-ce que j'ai la parole ou si vous l'avez
donnée au député de Chauveau?
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est sur une question de
règlement?
M. HARVEY (Chauveau): C'est une question de règlement, M. le
Président. Le député de Lafontaine, dans cette tribune de
mandataire de la ligue pee-wee du Parti québécois...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. HARVEY (Chauveau): ... voudrait exploiter...
M. LEGER: Le député n'a rien à dire sur le
règlement, il parle avec...
M. HARVEY (Chauveau): ... directement la défense du consommateur.
Mais une chose est certaine, M. le Président...
M. LEGER: A l'ordre! M. le Président!
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, le député de
Lafontaine...
M. LEGER: Quel point de règlement soulevez-vous?
M. HARVEY (Chauveau): ... je pense, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. HARVEY (Chauveau): M. le député de Lafontaine, je
pense, M. le Président, emploie des arguments qui sont quand même
des commentaires...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. HARVEY (Chauveau): ... et si le gouvernement...
M. LEGER: Le député n'a rien soulevé au point de
vue de règlement ou de point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: II discute la question de fond et c'est moi qui ai la parole
sur la question.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Lafontaine.
M. LEGER: Merci, M. le Président.
M. HARVEY (Chauveau): Je laisse la parole au député de
Lafontaine mais qu'il ne charrie pas parce que je vais l'interrompre aussi
souvent que ça va se présenter parce que le gouvernement a pris
ses responsabilité à ce sujet.
M. LEGER: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: ... je veux simplement demander au ministre, à la suite
des explications et des conseils que le ministre m'a demandé de lui
donner, il nous a bien dit en Chambre: J'écouterai les conseils des
députés de l'Opposition.
M. TETLEY: ... les conseils ce soir.
M. HARVEY (Chauveau): Vous n'en aurez pas de conseils, M. le
ministre.
M. LEGER: Et, ce soir, j'en ai quelques-uns à lui suggérer
et je voudrais, quand il aura pris sa décision, qu'il tienne compte de
ce que je lui aurai dit. Les ACEF, M. le Président, jouent un rôle
tellement important qu'on se demande ce qui va arriver si le gouvernement ne
permet pas de subventionner les ACEF et quelles conséquences arriveront
dans le fonctionnement quotidien de ces organismes absolument essentiels pour
la protection du consommateur. Et je dis pourquoi ces organismes sont
essentiels. Quand
on regarde l'arrivée de la Loi de la protection du consommateur
qui devrait être un atout supplémentaire et même
décisif pour protéger le consommateur, au lieu de ça, la
Loi de la protection du consommateur ne permet pas aux ACEF de continuer
à survivre. Justement, si on leur enlève cette subvention, elles
ne pourront pas survivre. Elles ont des problèmes majeurs de
financement. Je vais vous donner des exemples de ce problème majeur. Une
autre source de financement de ces ACEF sont les souscriptions qu'elles
reçoivent de la Fédération des oeuvres de
charité.
Quand on sait que la fédération, cette année, s'est
vu diminuer les sommes provenant de compagnies de finance qui ont cessé
leurs souscriptions en prétendant que la fédération aidait
les ACEF qui leur nuisaient dans leur commerce, cela veut dire que les montants
que la fédération pourra donné aux ACEF peuvent être
diminés. En plus, le conseil consultatif, organisme ou groupe qui
devrait aider l'Office de la protection du consommateur, est composé de
quinze personnes dont au moins sept représentent des
intérêts qu'elles ont le droit de défendre mais pas
nécessairement à cet endroit, de représentants, de
commerçants ou de compagnies de finance ou autres.
M. HARVEY (Chauveau): On a écouté les explications...
M. LEGER: C'est donc dire qu'il y a près de la moitié de
ces membres qui auront à défendre des intérêts
autres que celui du consommateur, avec d'autres pesronnes qui ont les
intérêts des consommateurs à défendre. C'est donc
dire que cet organisme ne pourra pas remplir le rôle qu'il devrait jouer
auprès de l'Office de la protection du consommateur parce qu'il se fait
une retenue à un endroit. Ce ne sera pas un organisme qui aura un net
parti pris pour les consommateurs et c'est ça le rôle d'un chien
de garde pour le consommateur. Ce conseil consultatif ne sera pas un chien de
garde officiel puisqu'il aura en son sein des gens qui combattront à
armes presque égales au point de vue de la quantité et de la
qualité de personnes pour des intérêts
différents.
M. le Président, devant ce problème, le ministre devrait
trouver à l'intérieur de son budget, soit dans les articles pour
l'information, soit aux articles de subventions, soit à d'autres
articles, les revenus suffisants pour subventionner les ACEF. Et j'ai
demandé tantôt le ministre me répondra quand il
pourra quel est l'argument réel...
M. HARVEY (Chauveau): On a doublé le budget, M. le
Président.
M. LEGER: ... qui empêche le ministère des Institutions
financières de subventionner les ACEF? Aurait-il dans l'esprit
d'arrêter ou de conclure que les montants qui avaient été
donnés depuis ce jour pour permettre le fonctionnement de ces organismes
ont été des sommes versées inutilement. En effet du jour
au lendemain on arrête de les donner sans avertir ces organismes. On
décide, à la suite de la démission du ministre des
Affaires sociales de ses responsabilités dans ce domaine il
affirme lui-même que ça devrait aller au ministre des Institutions
financières de ne pas prévoir au budget un montant pour
les ACEF. Je demande, M. le Président, au ministre de me donner la
raison exacte et non pas de se réfugier derrière la forme, le
légalisme, et de dire: Je n'ai à mon budget, qu'une
dépense de $50,000 à offrir. Quels sont les autres motifs...
M. LACROIX: Est-ce que c'est M. Marois qui vous demande de poser cette
question-là? M. Marois, le candidat péquiste dans le comté
de Chambly. Est-ce que c'est à lui que cela fait le plus mal?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La parole est au ministre des
Institutions financières.
M. LEGER: Ce sera à la prochaine élection.
M. LACROIX: C'est le texte de M. Marois, vous n'êtes pas assez
intelligent pour le faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Parce que ce n'est pas écrit dans Prions en
l'Eglise.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TETLEY: M. le Président, le député de Lafontaine
a soulevé plusieurs questions. Cela prendra un certain temps pour
répondre mais je vais répondre. Le député a, au
début, noté que les ACEF sont des associations de consommateurs,
du chien de garde. Mais les ACEF ne sont pas seules. Il y a peut-être dix
associations au Québec, toutes sortes d'associations qui font un travail
énorme et qui ont fait des demandes cette année. Les ACEF n'ont
pas fait de demande l'an dernier à mon ministère. Ne l'oubliez
pas!
M. LEGER: Vous n'aviez pas les pouvoirs habituels.
M. TETLEY: Nous avions $50,000 l'an dernier.
M. LEGER: C'était le ministère des Affaires sociales
qui...
M. TETLEY: Un instant...
M. HARVEY (Chauveau): On était sur le bien-être social l'an
passé.
M. TETLEY: Je n'ai pas du tout interrompu le député de
Lafontaine lors de sa présentation et j'espère que j'aurai
l'occasion de répondre. Il y a plusieurs chiens de garde. Il y avait 70
associations ou groupements qui ont présenté des mémoires
à la commission parlementaire de l'Assemblée nationale
lorsqu'elle étudiait le bill 45, y compris les ACEF. Or, les ACEF
étaient un des 70 groupements qui ont produit 50 mémoires. Je
suis reconnaissant de leur travail à tous ces groupements et je favorise
la cogestion dont il a parlé. Voici un exemple: Nous sommes la seule
province au Canada qui a un Office de la protection du consommateur
malgré certaines provinces sociales, avec gouvernement socialiste, qui
ont dans leur loi...
M. HARVEY (Chauveau): Vous remarquerez qu'il ne vous écoute pas,
M. le Président. Il est en train de discuter avec ses conseillers pour
poser la prochaine question.
M. LEGER: Je ne sais pas quel chat a fouetté le
député de Chauveau...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre et j'inviterais les membres
de la commission à s'en tenir au règlement.
M. TETLEY: M. le Président, il y a plusieurs provinces qui ont
dans leurs lois le droit de créer un Office de la protection du
consommateur, trois autres au moins. Mais nous sommes la seule province qui a
créé un tel office avant les autres. Et j'ai donné ce
qu'on sait, le droit de fixer leur ordre du jour pas moi de fixer
la date de leur réunion, l'heure de leur réunion. J'ai aussi
demandé au directeur de l'Office de la protection du consommateur de
faire son rapport chaque mois, non pas au ministre, mais à l'office.
Est-ce qu'il y a un autre ministère dans toute l'Amérique du Nord
où un directeur de service présente son rapport mensuel à
un autre que le ministre. Souvent je suis absent, je suis allé une fois
à Ottawa, et on a fait ce rapport pendant mon absence. Vous parliez de
cogestion. C'était énorme, à quinze personnes qui ne sont
pas du gouvernement. J'avais évidemment mes représentants mais
ils ont fait leur rapport chaque mois et ils le feront à l'avenir
à l'office. J'ai présenté, moi aussi, dans la question de
la cogestion, tous mes règlements à la commission parlementaire
de l'Assemblée nationale. Ce n'était pas la première fois,
mais j'ai pris cet engagement et le président de la Chambre voulait
même l'insérer dans son nouveau règlement, le
règlement Lavoie.
A l'avenir ça le sera, en vertu de mon engagement et en vertu du
fait que c'est très important de présenter tout règlement
à la Chambre et aussi au conseil, malgré le fait que dans la loi
je ne sois pas obligé de le faire tout simplement les exemptions
mais tous les règlements de 1 à 10 jusqu'à
aujourd'hui ont été présentés à la Chambre,
à la commission parlementaire et aussi au conseil. Bon! Le whip en chef
du gouvernement note que c'est une primeur au Québec, sinon en
Amérique du Nord.
M. LACROIX: C'était bon pour un Anglais!
M. TETLEY: II a même noté que c'était bon pour un
Anglais. Peut-être !
Le député de Lafontaine a parlé du travail et de
l'oeuvre des ACEF. C'est vrai que les ACEF ont fait des recommandations.
Quarante à cinquante autres groupements ou institutions ont fait des
recommandations à la commission parlementaire. Je reçois leurs
recommandations, même par la voie des journaux, et aussi directement
presque tous les jours, certainement chaque semaine. Il a parlé des
vendeurs itinérants. Il n'y a pas que les ACEF qui nous aient fait des
suggestions au sujet des vendeurs itinérants. Les agents d'information,
c'est moi qui ai mis ça dans la loi. Seulement moi. Personne, parmi les
cinquante mémoires, n'a suggéré les agents d'information.
Personne. C'est le ministre. Les articles 18 et 19 au sujet du contrat on
ne peut pas diviser le contrat d'achat d'une automobile c'est moi qui
les ai inclus dans le bill. Vous avez parlé des compagnies de finance et
d'endettement. Il y a toutes sortes d'associations qui ont fait des
revendications, des suggestions. La publicité... Tout le monde demande
de l'argent. Tout le monde.
Vous parlez d'organismes indépendants. Moi, je favorise les
organismes indépendants, parce que les pressions faites par ces
organismes envers notre directeur et envers le sous-ministre et le ministre
sont énormes. Cela fait sauter tous les matins le pauvre sous-ministre
et le pauvre ministre, si je puis dire.
J'ai des questions à poser, M. le Président, au
député de Lafontaine. Lorsque vous parlez des ACEF, parlez-vous
de la fédération ou des membres?
M. LEGER: De la fédération.
M. TETLEY: De la fédération. Combien de membres y a-t-il
coopérativement? Le savez-vous?
M. LEGER: Je l'ai ici.
M. TETLEY: Cherchez la réponse!
M. HARVEY (Chauveau): M. Marois ne vous a pas donné la
réponse? Il vous a pourtant donné les questions, mais non les
réponses.
M. LEGER: Je vais vous donner la réponse tantôt,
continuez.
M. HARVEY (Chauveau): Nous les avons de toute façon.
M. TETLEY: L'an dernier, il y en avait huit.
Cette année, il y en a neuf. Je donne la réponse au
député.
M. LEGER: II y a actuellement 53 permanents qui travaillent à la
fédération des ACEF. Il y a une centaine de
bénévoles.
M. TETLEY: Je parle de coopératives membres de la
fédération des ACEF. Il y a neuf coopératives membres
cette année. Il y en avait huit l'an dernier.
M. HARVEY (Chauveau): La maison mère de la CSN.
M. TETLEY: Les ACEF demandent $120,000. Quel a été le
budget des ACEF l'an dernier? Quel est le budget cette année? Vous
faites une demande claire et nette.
M. LEGER: Est-ce une question que vous me posez?
M. TETLEY: Oui.
M. LEGER: Je tiens à vous dire que les ACEF représentent
directement ou indirectement plus de 500,000 citoyens dans toutes les
régions du Québec.
M. TETLEY: Je parle de leur budget.
M. LEGER: Vous m'avez posé la question tantôt. Le budget de
cette année est de $502,291.
M. VINCENT: Ce sont des crédits des ACEF que nous discutons
présentement.
M. LEGER: Oui, mais je réponds à une question que le
ministre me pose.
M. TETLEY: Je pose cette question: Est-ce de la fédération
ou des membres de coopératives?
M. LEGER: De la fédération. M. HARVEY (Chauveau): P.Q.
M. TETLEY: Quel est le budget des membres?
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. LEGER: M. le Président, je peux vous donner les budgets de
Shawinigan, de Québec, de Montréal, du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
du Nord-Ouest, de la Côte-Nord.
M. TETLEY: Je pose ces questions pour prouver que le
député de Lafontaine ne connaît pas son dossier,
c'est-à-dire le dossier des ACEF.
M. HARVEY (Chauveau): II ne le connaît pas. Il est obligé
de chercher. M. Marois pose les questions mais les réponses, il ne les a
pas.
UNE VOIX: II est complet le dossier.
M. LEGER: A la question que me pose le ministre, je réponds que
le budget pour la section de Shawinigan est de $36,000; de Québec,
$39,000; de Montréal, $182,000; du Saguenay Lac Saint-Jean, $29,880;
Nord-Ouest, $21,100; Côte-Nord, $23,593; l'Outaouais, $37,200; l'Estrie,
$24,250; Thetford, $17,695; la fédération elle-même,
$92,213, ce qui fait un total de $502,291. Les subventions demandées
pour chacune des sections, $23,500 pour Shawinigan; $24,500 pour Québec;
$21,000 pour Montréal; $7,000 pour le Saguenay Lac-Saint-Jean; $12,500
pour le Nord-Ouest; $18,000 pour la Côte-Nord. $28,500 pour l'Outaouais;
$12,000 pour l'Estrie; $13,000 pour Thetford et $12,500 pour la
Fédération. On a demandé $120,000 au provincial et $53,000
au fédéral.
M. TETLEY: Combien aux oeuvres de charité de Montréal?
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas de sous-ministre à
côté de moi pour me donner les chiffres précis que vous me
demandez. Je pense qu'à ce jour je peux aussi vous donner ça mais
si vous m'aviez prévenu avant.
M. HARVEY (Chauveau): Vous avez le commissionnaire tout
désigné près de vous.
M. TETLEY: L'an dernier, elles ont reçu des oeuvres de
charité de Montréal $195,000. Elles ont des doutes cette
année.
M. LEGER: C'est $135,500, M. le Président, l'année
dernière, de la Fédération des oeuvres de charité
de Montréal.
M. TETLEY: Elles demandent combien pour cette année?
M. LEGER: C'est le montant qui est demandé pour cette
année.
M. TETLEY: Le chiffre qu'elles m'ont présenté est de
$195,000.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, elles n'ont pas tenu
compte que le Québec se dirige vers de nouveaux champs d'action pour
lequels les critères vont être autant les ACEF...
M. LEGER: De plus en plus près des citoyens... Si le ministre ne
veut pas donner des subventions à ceux qui s'occupent des citoyens, il
se coupe des citoyens, M. le Président. A ce moment-là ce ne
serait pas le pauvre ministre, ce serait le ministre qui n'est pas des
pauvres.
M. HARVEY (Chauveau): ... que les champs d'action pour lesquels ils
étaient déjà assujettis et pour lesquels le Québec
lui-même a une responsabilité. Alors si la responsabilité
répond mieux au public à...
M. LE PRESIDENT: J'inviterais les membres...
M. HARVEY (Chauveau): ... lui-même son mécanisme de
réponses à une meilleure protection du consommateur.
M. LE PRESIDENT: Etant donné qu'il y a à peu près
dix ou douze heures qu'on siège à cette commission dans le calme,
j'inviterais les membres de la commission à continuer jusqu'à la
fin dans le calme.
M. LEGER: On se parle très bien, d'une façon calme, dans
le domaine des idées, il n'y a pas de problèmes.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre...
M. LEGER: On discute dans le domaine des idées, il n'y a jamais
d'attaques personnelles...
M. HARVEY (Chauveau): Les ambassadeurs des ACEF sont nerveux, M. le
Président.
M. LEGER: ... et je ne vois pas pourquoi le député de
Chauveau vient mettre son grain de sel.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La parole est au ministre.
M. TETLEY: J'étudie avec calme, j'espère, les demandes de
toutes les associations, je ne parle pas seulement des ACEF. Dans les chiffres
des ACEF, je trouve les salaires de 53 personnes. J'ai
téléphoné au président de la
fédération des ACEF aujourd'hui, encore une fois et je trouve,
pour 53 personnes, un tiers de million soit $333,086 que je trouve
élevé. Pour les budgets d'avocats, et je trouve ça
drôle, cela monte à peu près $40,000.
M. LEGER: J'ai dit tantôt, si M. le ministre me le permet pour ce
sujet qu'une des responsabilités des ACEF est justement de donner des
consultations juridiques à des gens qui ne sont pas armés pour le
faire. C'est trop loin de venir à l'Office de protection du consommateur
seulement pour se défendre. C'est une des responsabilités
qu'elles ont parce qu'elles vivent dans le milieu de ces citoyens, elles
connaissent leurs problèmes. Elles vivent quotidiennement avec eux et ce
sont les plus armés, les plus facilement accessibles pour ça.
Actuellement, M. le Président, le ministre a deux bureaux, un à
Québec et l'autre à Montréal. On peut appeller à
frais virés de n'importe quel endroit du Québec. Est-ce qu'il y a
des statistiques prouvant qu'il y a des appels téléphoniques qui
viennent de tout le Québec? Est-ce que vous avez établi ces
statistiques pour savoir si vous avez seulement des renseignements provenant de
Montréal ou de Québec?
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, on ouvre 85 bureaux
à travers la province, des bureaux judiciaires sans permettre
l'accessibilité des gens les moins infortunés. C'est de la
protection du consommateur pour les gens qui sont exploités à
travers la province.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me répondre?
M. TETLEY: Je favorise l'idée que le peuple s'entraide. Je vais
distribuer un document produit par l'ACEF sur ce qu'est l'ACEF de
Montréal. On parle d'une association d'aide à l'ACEF en 1968. Ce
document en 1968 parlait du fait que l'ACEF ne voulait aucune intervention,
aucune subvention du gouvernement parce que c'est une institution qui critique
le gouvernement, qui est son rôle comme toute association. Ne
trouvez-vous pas que cette institution est coupable de critiquer le
gouvernement en même temps qu'elle reçoit des subventions de ce
gouvernement?
M. LEGER: Est-ce que le ministre a une réponse à cette
question-là?
M. TETLEY: Pour l'instant, je préfère continuer mon
exposé. C'est un problème difficile quand une institution qui
veut critiquer le gouvernement a une subvention du gouvernement. Les ACEF ont
parlé de trois buts. L'aide, les services pour les citoyens et aussi
l'animation, qui a été dans le passé passablement
politique. Je ne suis pas assez naif pour croire que ce n'est pas vrai ou que
le député de Lafontaine ne croit pas que certaines institutions
ont, dans leurs revendications, des demandes très politiques et ces
institutions, pas simplement les ACEF, mettent le gouvernement dans une
position difficile lorsqu'elles demandent des subventions. Je vais vous donner
un autre exemple. Il y a une institution anglophone c'est pourquoi j'ai
choisi cet exemple qui veut aider les associations sportives anglophones
au Québec. On est venu me voir, on m'a dit: Nous avons besoin d'un
budget de $60,000 ou $70,000, parce que nous croyons que presque toutes les
subventions du gouvernement vont aux institutions, aux parcs, aux sports de
langue française. J'ai dit: Si vous recevez du gouvernement et du
député de Fabre et du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports des subventions, comment allez-vous critiquer ce
gouvernement et sa politique? En effet, l'an dernier, vous n'avez pas fait
cette critique-là, vous n'avez pas rempli ce rôle. Certes, dans
mon comté où, je crois, je n'ai pas reçu assez, j'ai
reçu la moitié de ce qu'a reçu un autre
comté où il y a un tiers de notre population. Comment allez-vous
aider le comté de Notre-Dame-de-Grâce, qui est plutôt
anglophone, si vous recevez tout votre budget du gouvernement et du
Haut-Commissariat qui avait distribué le budget pour toute la province?
Cela est le problème. Les ACEF, pour être très franc, dans
le document que j'espère distribuer, parce que c'est une
présentation très éloquente de son but, parlent de
l'animation et des activités politiques. Moi, j'ai assisté
à son congrès annuel, j'ai été invité
à la dernière minute, je suis allé, mais c'était
annulé à cause du spectacle des gars de Lapalme. Ils ont
marché, c'était le 29 octobre et par conséquent le
congrès a été annulé, malgré que tous les
gens soient venus de tous les coins de la province, parce qu'ils marchaient
ou la Presse, je ne sais pas lequel mais j'étais le seul
présent ce soir-là. Je ne pouvais pas y assister le samedi mais
je vais distribuer un compte rendu de ce qui s'est passé, vous allez
voir que c'était passablement politique. Les ACEF me mettent dans une
position assez difficile, parce que je ne suis pas contre la contestation ou la
cogestion, au contraire, je suis contestataire avant bien des membres du Parti
québécois. Il ne faut que voir mon histoire personnelle.
Ce n'est pas la question ce soir, mais lorsque je dis que je ne suis pas
contre la contestation, je suis pour. Mais que le gouvernement subventionne les
contestataires, j'ai de graves doutes, c'est le problème, pour deux
raisons. Est-ce que le gouvernement doit décider que nous allons
subventionner les contestataires du sud dans les comtés de Rouville? Il
sursaute, parce que cela blesse un peu le député de Rouville.
Est-ce qu'on va subventionner les contestataires anglophones dans le
comté de Notre-Dame-de-Grâce? Cela serait injuste d'envoyer de
l'argent aux anglophones qui veulent leur système de langue
anglaise.
Est-ce que je dois subventionner les contestataires dans un autre
domaine? C'est un véritable problème et c'est pourquoi je suis
content du débat de ce soir. J'espère que j'aurai la
réponse de tous les partis. Je regrette l'absence du Ralliement
créditiste et je note la présence d'Unité-Québec,
du Parti libéral et du Parti québécois, une
délégation d'hommes sérieux, même le chef du parti
au Parlement du Québec, le leader parlementaire, le député
de Lafontaine. Je demande leur opinion. Si on donne aux animateurs politiques
je ne dis pas que c'est une mauvaise affaire c'est parce que le
gouvernement Lesage, en 1964, a décidé de payer les
contestataires, c'est-à-dire les gens qui se présentaient contre
le gouvernement et qui perdaient leurs élections. Si vous aviez
seulement 20 p.c. du vote du gagnant, le gouvernement payait. C'est un
problème et j'aimerais avoir votre opinion sur cette question-là.
C'est difficile pour l'avenir, et moi, je n'en connais pas la
réponse.
M. LEGER: L'argument central autour duquel le ministre semble vouloir
porter son argumentation, c'est lui...
M. TETLEY: Je veux votre opinion.
M. LEGER: J'y arrive. Vous dites qu'il est difficile pour un
gouvernement de subventionner un organisme qui pourrait ensuite être dans
l'impossibilité de critiquer le gouvernement. Vous avez dit tantôt
que, si vous financez l'organisme d'une façon importante, cet
organisme-là ne pourrait pas jouer un rôle de réel critique
du gouvernement.
M. TETLEY: Et, de plus, qui fait de l'animation sur le plan politique.
Il ne pourrait pas renverser le gouvernement, mais peut-être renverser le
système.
M. LEGER: M. le Président, sur ce point-là, je fais quand
même remarquer que le gouvernement subventionne les conseils
régionaux des loisirs qui, eux, ont à critiquer les politiques du
gouvernement en matière de loisirs. J'accepterais, dans l'argumentation
du ministre, que, si cet organisme-là était subventionné
en grande majorité par le gouvernement, il se sentirait
réellement un peu lié. Mais, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la
grande partie du montant dont l'organisme a besoin puisque, sur un budget de
$502,000, c'est seulement un montant de $120,000 qu'on demande. C'est $120,000
qui est demandé et le budget total est de $502,000.
M. TETLEY: Comment peut-on savoir que les $120,000 sont pour les
services des citoyens et les sommes que vous recevez des oeuvres de
charité et du fédéral sont pour l'animation politique?
M. LEGER: Pour être distribuées à travers tout le
Québec. Vous rencontrez toutes les sections des ACEF. De plus, le
fédéral a bien subventionné les Jeunes Canadiens, qui
étaient quand même un groupe contestataire.
Je pense que c'est sain, magnanime, je dirais même
démocratique, qu'un gouvernement se sente dans l'obligation morale de
subventionner une partie importante de la population, de ses citoyens, quelles
que soient leurs allégeances politiques, leur façon de concevoir
la politique au Québec, il n'y a aucun lien à cela.
M. TETLEY: Permettez-moi de dire que M. Pelletier, le ministre
fédéral, avait dit: C'est une bonne chose de subventionner
certains groupes, comme ça, parce que vous leur coupez un peu l'haleine,
peut-être 50 p.c. je crois que j'ai lu ça dans les journaux
et parce qu'ils sont un peu achetés. C'est M. Pelletier qui avait
dit ça et c'est lui qui donne l'argent à la Compagnie des Jeunes
Canadiens. Je note aussi votre livre "Quand nous serons vraiment chez
nous"...
M. LEGER: Vous l'avez lu plusieurs fois, j'espère.
M. TETLEY: On n'y parle pas des subventions à l'Opposition. C'est
une drôle de constatation, on n'en parle pas.
M. LEGER: On parle des coopératives, M. le Président.
M. BURNS: Ce n'est surtout pas la place. Le document que vous avez en
main actuellement est un document d'ordre...
M. LAFRANCE: Une question de règlement...
M. BURNS: Ah! Vous voulez jouer à ça, ah bon!
M. TETLEY: Non, M. le Président, quand même...
M. BURNS: Non...
M. TETLEY: Pour autant que vous ne votez pas, c'est...
M. BURNS: Je ne voterai pas.
M. TETLEY: J'aimerais avoir vos commentaires, mais je note que vous
n'avez pas mentionné ça. Il est vrai que ce n'est pas le plan
final, mais c'est drôle que vous n'ayez pas mentionné dans "Quand
nous serons vraiment chez nous" le fait que vous allez subventionner les
contestataires. Je ne dis pas les anglophones, parce que...
M. BURNS: M. le ministre, je suis bien prêt à vous
répondre là-dessus, à moins que votre député
de je ne sais pas trop où, qui vient de Rivière-du-Loup, qui me
dit... Mais que voulez-vous? Parlez plus souvent, et on va vous en rendre
compte, excepté pour vous opposer à mon droit de parole.
M. LAFRANCE: On parle quand on a quelque chose d'intelligent à
dire.
M. BURNS: A chacun ses appréciations là dessus, mais en
tout cas, M. le Président, en ce qui me concerne, le ministre cherche
des choses dans ce document qui veut être un complément au
programme du Parti québécois alors que la politique de
subventions se trouve déjà dans le programme du Parti
québécois.
M. TETLEY: J'ai le programme ici, j'ai vérifié et je n'ai
pas trouvé une seule résolution à l'effet qu'on va
subventionner...
M. LAURIN: Vous allez en trouver.
M. BURNS: Cherchez comme il faut, vous allez en voir.
M. TETLEY: ... les contestataires du gouvernement. J'ai
vérifié.
M. BURNS: D'abord, c'est vraiment, en ce qui concerne les ACEF, utiliser
un terme très large que de parler d'eux à titre de
contestataires. Ce que le député de Lafontaine vous disait
tantôt, je pense que ce qu'il y a de clair relativement aux ACEF, c'est
qu'ils représentent un groupe de la population, et peu importe leur
idéologie politique, peu importe leur parti-sanerie politique. Ce sont
des gens qui se sentent embarqués dans un système de consommation
contre lequel ils veulent se protéger. Et il y a un groupement qui fait
fonction, qui fait profession de protéger justement ce consommateur, et
comme assistant de tout l'organisme que vous avez mis en place par votre bill
45, ce groupe-là, peut-être pas avec les mêmes moyens,
peut-être pas avec la même direction mais dans
l'intérêt des mêmes gens, si votre office est fait pour
ça, et pour les mêmes objectifs, il me semble que ce serait
parfaitement normal que ces gens-là puissent être
subventionnés.
Il serait normal qu'on fasse une espèce d'équation entre
le fait qu'un des personnages importants des ACEF soit en même temps le
président d'un parti politique, le président du conseil...
M. TETLEY: J'invoque le règlement. Je n'ai jamais
mentionné ça.
M. BURNS: C'est ça. On le voit venir, M. le ministre, c'est bien
simple...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
M. BURNS: ... parce qu'à part ça... Non, non, la parole
n'est pas au ministre... En vertu de l'article 97, M. le
Président...
M. TETLEY: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: II a invoqué le règlement, monsieur.
M. BURNS: Qu'est-ce qu'il fait? Il l'invoque pour quoi, une question de
privilège?
M. TETLEY: Pour rétablir les faits.
M. BURNS: Vous ferez ça après. L'article 97 vous permet de
le faire après, M. le Président. E y a plusieurs décisions
du président de l'Assemblée nationale qui vous disent ça.
Je n'ai pas d'objection à ce que vous rétablissiez les faits,
mais ça doit se faire après.
Je veux seulement dire que le seul souligné qu'on a pu voir, la
seule référence qu'on a pu voir à un certain esprit de
parti contestataire, etc., que voulez-vous? Il y a une personne d'identifiable
dans ce groupe et nous sommes obligés de tirer nos conclusions et de
nous poser des questions.
Maintenant, M. le ministre, j'ai terminé. Si vous voulez
en vertu de l'article 97 rétablir les faits, c'est votre
droit.
M. TETLEY: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
n'ai jamais dit qu'un membre des dix ou douze associations qui ont fait la
demande de subventions cette année faisait partie d'un parti
politique.
M. LAURIN: Le 17 mars, vous avez dit ça.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permet de dire ce qu'il a dit
exactement en Chambre?
M. TETLEY: Je termine et si j'ai...
M. LEGER: Vous avez passé le temps à ne rien faire.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
M. TETLEY: J'ai dit qu'un parti politique parce presque toute
personne vote, j'espère qu'elle vote ou s'occupe de politique et ce
n'est pas un crime, c'est plutôt une qualité mais ce qui
est important aux ACEF à l'Association canadienne des consommateurs,
à l'IPIC ou toute association qui a fait la demande, c'est qu'il faut
décider si elles vont vraiment aider le consommateur. C'est primordial
pour moi. Aussi, j'ai soulevé la question de l'animation politique qui
se trouvait dans leur brochure même.
M. LEGER: L'animation sociale. M. LAURIN: Pas politique.
M. TETLEY: Mais animation, groupe de pression, etc.
M. LEGER: Je sais que vous avez peur, mais c'est une animation sociale
quand même.
M. TETLEY: Aussi, je crois que j'ai distribué un rapport de leur
réunion annuelle qui a été très difficile pour eux,
d'accord. Il n'y avait qu'un seul député libéral qui
était présent. Donc, on peut dire que c'est le Parti
libéral qui favorise les ACEF. J'étais présent le soir,
mais ç'a été annulé à cause d'une
contestation, une marche dans les rues, mais le lendemain, il y avait un seul
député du Parti libéral, pas d'autres
députés, apparemment.
Je ne pouvais pas y assister, parce que j'ai reçu l'avis à
la dernière minute et peut-être par hasard j'espère
par hasard parce que je voudrais y assister l'an prochain. Je ne veux
pas de "red herrings" au sujet du président de l'ACEF ou du
président de toute autre association. Il y a même un
sénateur du Canada qui est vice-président d'une association qui a
demandé une subvention.
Il a été nommé par le Parti libéral mais il
avait une histoire dans le NPD pendant 25 ou 30 ans. Je ne veux pas que cela
affecte notre décision ou nos idées ce soir. Le problème
que je voudrais soulever ce soir est le suivant: Est-ce que le gouvernement
doit subventionner des groupes qui font des pressions, qui font de l'animation
je ne veux pas dire sur le plan politique mais sur le plan social,
quoique social signifie politique aujourd'hui est-ce que nous devons les
subventionner? J'ai donné la réponse de M. Pelletier qui disait
que nous pouvions peut-être les contrôler au moins à 50 p.c.
du temps. J'ai donné l'exemple dans mon comté d'un groupe
anglophone, dont j'oublie le nom. De toute façon, c'est un groupe
sportif anglophone pour la protection des anglophones dans le sport au
Québec et qui a pour but d'obtenir des subventions du
fédéral, du provincial et du municipal pour aider les
anglophones. Voici un exemple et je me demande ce que je dois faire.
M. LEGER: M. le Président, le ministre dit qu'il n'y avait aucune
partisanerie politique dans sa décision...
M. TETLEY: Je ne veux pas.
M. LEGER: Vous ne voulez pas...
M. TETLEY: Je suis...
M. LEGER: Voici ce que le ministre a déclaré le 17 mars et
je cite: "II est certain que en parlant de Pierre Marois s'il a
fait une erreur dans sa vie politique, cette erreur ne doit m'influencer
d'aucune manière".
M. TETLEY: C'est vrai.
M. LEGER: Mais plus loin, il dit: "Mais lorsqu'il agit comme
président de l'ACEF, il faut qu'il s'occupe des buts de l'ACEF et non
pas..." Et là, il lui reproche de faire un geste...
M. TETLEY: C'est vrai.
M. LEGER: ... absolument démocratique et qui est le suivant: soit
de venir ici en Chambre comme il l'a fait en juillet l'an dernier et aider un
certain parti politique en présentant des amendements. Et après
cela: ..."parmi les quatre partis pour m'envoyer un télégramme au
non des ACEF". C'est le rôle d'un de ces groupements de se servir d'un
groupement politique, ou de trois ou de deux ou de quatre. Et si ce groupement,
à ce moment, a trouvé que le parti qui pouvait le plus
défendre son point de vue était le nôtre je tiens
à vous dire que les documents ont aussi été remis à
tous les autres partis politiques la façon dont le
député déclarait qu'il avait fait une erreur dans sa vie
politique est une chose, et, deuxièmement, lui dire qu'il n'avait pas le
droit, comme membre de l'ACEF de venir aider un
certain politique, cela veut dire que les ACEF n'auraient pas le droit
de se servir des députés en place pour faire défendre
leurs intérêts. C'est ce que tous les autres mouvements du
Québec font. Le ministre, par la suite, a déclaré que les
ACEF n'étaient qu'un des 70 mouvements qui avaient
présenté 50 mémoires.
Je voudrais vous faire remarquer, M. le Président, que le
ministre se trompe en disant qu'il n'était qu'un parmi les 70
groupements. Le mémoire présenté correspondait à un
mémoire commun qui regroupait, entre autres, en plus des ACEF, la CSN,
la FTQ, La CEQ, les Sociétés Saint-Jean-Baptiste, les caisses
populaires qui représentent à peu près le tiers du
Québec, si nous groupons les travailleurs de ces trois centrales, les
membres des caisses populaires qui sont représentés, etc.
C'est vouloir diminuer le rôle des ACEF en disant que c'est un
parmi 70 autres. C'est une façon très subjective de
présenter le problème. Le vrai problème là-dedans
est que le ministre avait une responsabilité précise au cabinet
des ministres quand le ministre des Affaires sociales a déterminé
qu'il n'avait plus à donner le montant de $90,000 qu'il avait
donné l'an dernier et qu'il ne pouvait pas le donner cette année
parce que ce n'était pas sa responsabilité.
C'était la responsabilité du ministre des Institutions
financières de récupérer ce montant-là pour
être capable de le donner, par la suite, à ceux qui en ont besoin.
Le ministre ne l'a pas prévu. Il n'a pas négocié ce
montant là à la table des ministres. Il nous dit aujourd'hui
qu'il n'a que $50,000 à donner. Ce sont les mêmes $50,000 qu'il
avait donnés l'année dernière. Il se cache derrière
cet argument-là. Cela me surprend de la part du ministre actuel parce
que le ministre actuel m'a toujours prouvé jusqu'à présent
qu'il était un grand démocrate. S'il se réfugie
derrière ces arguments-là, je ne pourrai que conclure qu'il y a
de la partisanerie derrière cette décision et qu'il ne veut
absolument pas régler un problème majeur de subvention à
des organismes absolument essentiels et que le système qu'il est en
train de mettre en place avec le bill 45 non seulement n'atteindra pas le but
qu'il veut atteindre, mais réglera encore moins le problème que
dans le temps où les ACEF étaient là.
Aussi, M. le Président, ça veut dire qu'il critique
aujourd'hui le budget des ACEF. Le budget des ACEF, si on change les chiffres
d'une année à l'autre, c'étaient quand même les
mêmes moyens qu'ils avaient, les mêmes points à
défendre avec des budgets différents d'année en
année, et si son gouvernement ou les autres gouvernements qui l'ont
précédé ont jugé à ce moment-là que
le budget des ACEF était conforme à des besoins, pour quelle
raison cette année ne le fait-il pas et met-il de côté des
décisions qui ont amené, au cours des quatre dernières
années, à subventionner ces mouvements-là pour $178,000?
Cette année, une décision draconienne. C'est tout simplement pour
cacher son manque de prévision, son manque dé politique
générale dans le domaine de la protection du consommateur, de ne
pas avoir négocié à la table des ministres le montant
qu'il aurait dû recevoir du ministère des Affaires sociales qui
laissait de côté cette responsabilité et,
deuxièmement, le fait qu'il le fait immédiatement après,
qu'il déclare que le président des ACEF...
M. CARPENTIER: Question de privilège, M. le Président.
M. LEGER: ... est un membre d'un parti politique, ça influence
son opinion...
M. CARPENTIER: Question de privilège, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député...
M. CARPENTIER: Question de privilège. M. le Président,
j'aimerais recevoir de vous une directive. Est-ce que l'on discute
présentement du budget des Institutions financières ou si on
discute du programme politique du Parti québécois?
M. LEGER: Pas de question de privilège. Quel programme du Parti
québécois...
M. LE PRESIDENT: Disons que j'ai été très souple
à ce sujet-là...
M. CARPENTIER: Je pense qu'on en a assez.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que je pourrais ajouter
quelque chose?
M. TETLEY: Non, je demande le droit de répondre...
M. LAURIN: Me permettez-vous avant que vous ne commenciez? Bon,
d'accord.
M. TETLEY: Après je vais répondre.
M. LE PRESIDENT: Pardon, M. le ministre. J'ai été
très souple et je ne voudrais pas que ça s'étende. Je
pense que ça fait une heure et demie qu'on parle de ça. Je
voudrais qu'on s'en tienne...
M. BURNS: Oui, mais c'est une affaire importante.
M. LE PRESIDENT: Je comprends que c'est une affaire importante. Passons
immédiatement aux crédits.
M. LEGER: Je ne parle pas de montants précis. C'est la politique
générale du ministre sur les subventions des ACEF.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! M. TETLEY: Un instant.
M. VINCENT: ... ma question de règlement au début. Les
subventions sont à la catégorie 10. Pourquoi ne pas passer les
catégories 1, 3, 4, 5, 7, 8 et revenir à 10?
M. TETLEY: M. le Président, il est trop tard pour soulever
ça...
M. VINCENT: Ce n'était pas trop tard. Je l'ai soulevé au
début de la séance.
M. TETLEY: Mais j'aimerais répondre. Je ne veux pas laisser
passer les remarques erronées du député de Lafontaine,
malgré le fait qu'il est sans doute de bonne foi. Je ne veux pas laisser
passer ces remarques. Ce n'est pas moi qui ai soulevé la question en
Chambre au sujet de M. Marois. Mais j'ai répondu et je vais
répondre. M. Marois, le 12 ou le 13 juillet 1971, est venu ici. Je sais
la date parce que le 14 nous avons adopté la loi, de bonne heure le
matin.
C'était la fête du premier ministre, il y avait la baie
James, et tout le monde connaît très bien la date. De
mémoire, sauf erreur, c'est à 5 h 30 le matin que nous avons
adopté le bill. Le député de Lafontaine avait treize
critiques du bill en deuxième lecture. J'ai rencontré M. Marois
qui n'est pas venu conseiller le gouvernement par hasard, parce
qu'on avait des pourparlers, le député de Lafontaine et moi, au
sujet de certaines choses. J'ai donc rencontré M. Marois, le
président de l'ACEF, dans la salle à manger du Parti
québécois. Cet après-midi là, le
député de Lafontaine a parlé lors du débat en
deuxième lecture de 13 erreurs dans le bill. J'ai répondu qu'il
avait tort. J'ai accepté une des treize erreurs, nous avons
modifié le bill pour corriger cette erreur. C'étaient des
questions de crédit, deux contre le rapport Parizeau, une autre contre
un rapport du Parlement d'Angleterre au sujet du crédit, etc. Bref, il y
en avait treize. La même journée, j'ai reçu de M. Marois un
télégramme avec les mêmes critiques dans le même
ordre, au nom de l'ACEF. J'ai trouvé que c'était une coincidence
curieuse que le député de Lafontaine et le président de
l'ACEF aient les mêmes critiques, dont six étaient
particulièrement de nature politique. S'il fallait contrôler le
crédit au Québec, n'oubliez pas que Parizeau avait dit non au
coût du crédit. Mais l'ACEF et le député de
Lafontaine étaient d'accord de un à treize dans le même
ordre. Donc, j'ai trouvé, qu'il y avait, peut-être par erreur,
certaines affinités dans leurs idées, par hasard. En Chambre,
quelqu'un, pas moi, a soulevé la question de M. Marois. C'est une autre
personne qui avait posé la question, finalement on a posé des
questions, de mémoire je ne m'en souviens pas, parce que je n'ai pas les
papiers devant moi, je n'ai pas le journal des Débats devant moi, et
c'est pourquoi j'ai répondu que le président de l'ACEF est venu
conseiller, à mon avis, un parti politique.
M. LEGER: Quel mal y a-t-il à cela?
M. TETLEY: II n'y a pas de mal à ça, même s'il a
tort. Il a le droit d'avoir raison ou tort.
M. LEGER: Ce n'est pas clair.
M. TETLEY: Je crois que c'est son rôle d'avoir raison ou d'avoir
tort. Le tort cependant est qu'il ne soit pas allé aviser
l'Unité-Québec, ni le Ralliement créditiste, ni le Parti
libéral, mais il est allé voir tout simplement le Parti
québécois. Vous allez répondre après le
député de Maisonneuve.
M. LEGER: Je souligne un point de règlement, M. le
Président.
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord.
M. TETLEY: Pouvez-vous demander à votre collègue de suivre
le nouveau règlement?
M. BURNS: J'ai accepté de le faire.
M. TETLEY: C'est le problème, ça. C'est un "red herring",
à mon avis, tout ce problème-là. Ce n'est pas important.
Ce qui est important, c'est de savoir si le gouvernement doit subventionner les
contestataires de notre société. Je demande votre opinion, parce
que l'ACEF a ce but.
M. VINCENT: Oui, il le fait. C'est un des trois partis de
l'Opposition.
M. TETLEY: Peut-être qu'il faut subventionner les partis
politiques ou diviser cela.
M. VINCENT: Ce sont des contestataires.
M. TETLEY: Parce que j'ai l'impression que l'ancien ministre de
l'Agriculture va demander une subvention pour son groupement, qu'il va faire la
même contestation et peut-être le Ralliement créditiste va
demander une subvention afin qu'on crée au Québec une Banque du
Canada. C'est possible et ça, c'est la véritable question. Le
deuxième point que vous avez soulevé après M. Marois
j'ai téléphoné à M. Marois la semaine
dernière et cette semaine sans succès a été
le budget. Lors de la question en Chambre, le budget était chez
l'imprimeur, ce n'était pas un problème de changer...
c'était décidé. Si vous étudiez le budget des
Affaires sociales vous verrez qu'à la catégorie 10, il n'y avait
pas de diminution ce sont toujours des subsides, n'est-ce pas? de la
part du gouvernement, ce qu'on appelle les transferts et il n'y avait
pas d'augmentation dans notre ministère non plus. Je reste sur ma
position,
je n'ai pas eu d'augmentation. Tout de même, je partage un peu
l'idée de M. Pelletier; je ne veux acheter ni l'Opposition, ni les
anglophones, ni les francophones, ni l'ACEF, ni l'Association des consommateurs
du Canada...
M. LAURIN: Seulement la famille.
M. TETLEY: ... ni les consommatrices du Québec, etc. Je veux
qu'ils fassent leur contestation. Récemment, un membre de votre groupe
politique a fait l'éloge du ministre des Institutions
financières, j'ai été très surpris.
M. LEGER: Je le fais souvent.
M. TETLEY: Un non-élu. Je ne vais pas dire dans quelle ville,
mais une dame, à un programme de télévision je l'ai
manqué, mais le député de Maskinongé m'a obtenu la
retranscription je suis trop modeste pour le produire ici, mais...
M. LAURIN: C'est de l'objectivité.
M. TETLEY: C'est un peu exagéré peut-être. Je suis
conscient des problèmes de l'ACEF, mais il y a un problème
au-dessus de celui-là. C'est vrai que ce n'est pas le plan final. Quand
nous serons vraiment chez nous, votre prochaine étape, votre
thèse pour l'avenir... mais on ne parle pas ici de la subvention des
contestataires.
M. VINCENT: II faudrait qu'ils décident de la monnaie avant.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que je pourrais ajouter
quelque chose à la question que vous avez posée tout à
l'heure? Vous avez dit tantôt que le mouvement des ACEF était
contestataire et qu'il était à se demander si le gouvernement
devait subventionner des mouvements contestataires. Pour cela, vous vous en
tenez à une seule réunion des ACEF, au congrès
général, à un rapport très biaisé que je
viens de lire.
Je pense bien que ça ne dit pas toute la vérité sur
le mouvement des ACEF. Le mouvement des ACEF existe depuis un- très
grand nombre d'années. Si vous regardez la charte, la constitution, les
règlements et surtout l'action pratique, quotidienne des ACEF, je pense
que votre "fair play" britannique vous fera vous rendre compte, hors de tout
doute, que l'action des ACEF a été véritablement au
service des démunis, des défavorisés, des endettés,
des victimes de la société de consommation afin de leur venir en
aide contre ceux qui essayaient, à tort ou à raison, selon leur
principe à eux, de les exploiter. Si vous regardez toute l'action des
ACEF, depuis plusieurs années, vous verrez qu'elles se sont
préoccupées des assistés sociaux, des
défavorisés. Elles ont essayé d'aller les sortir du trou
lorsqu'ils étaient trop endettés, de leur procurer des avocats
lorsqu'ils ne le pouvaient pas, de leur procurer des plans afin qu'ils puissent
organiser les maigres ressources qu'ils avaient. C'est l'action quotidienne,
pratique des ACEF, depuis plusieurs années. Et même si à
l'occasion d'un congrès quelques-uns de ses membres peuvent faire des
déclarations enflammées, ça ne correspond pas à
l'action quotidienne, concrète des ACEF, depuis plusieurs
années.
Quand on a à juger un mouvement, c'est plutôt à
cette action continue qui s'étend au fil des mois, des années que
l'on doit faire attention, et non pas à quelques déclarations
tirées hors de leur contexte et rapportées par des observateurs
dont le moins qu'on puisse dire, ne sont pas impartiaux. Donc, je crois que le
ministre devrait se rappeler ceci lorsqu'il entend baser son refus sur une
circonstance très épiso-dique.
La deuxième chose que je voudrais dire au ministre est qu'autant
nous sommes pour l'Office de protection du consommateur, autant nous nous
rendons compte, avec lui, que son Office de protection du consommateur ne
possède pas le personnel, les ressources suffisantes pour pallier les
immenses problèmes qui se trouvent dans ce domaine. Lui-même l'a
reconnu â plusieurs reprises. Pourquoi alors, M. le ministre, voulez-vous
vous priver de l'assistance que ce mouvement peut vous offrir et qu'il offre en
fait aux démunis, aux défavorisés depuis tellement
d'années? Pourquoi voulez-vous vous priver d'une assistance experte qui
a fait ses preuves, alors que vous reconnaissez vous-même qu'il y a
tellement de problèmes dont il faut tenir compte? Vous avez là
des centaines de bénévoles qui pourraient aider vos assistants,
vos fonctionnaires stipendiés du ministère. Us pourraient
répercuter, élargir, perfectionner leur action. Pourquoi, en
refusant des subventions, vous privez-vous de cet apport extraordinaire que
peuvent vous apporter les bénévoles?
M. VINCENT: Qu'est-ce que vous avez dit?
M. LAURIN: Stipendié veut dire qui reçoit des
subventions.
Donc je pense que...
M. TETLEY: Ce sont les évêques qui reçoivent des
subventions.
M. LAURIN: Au strict point de vue de l'efficacité administrative,
au strict point de vue de l'austérité productive que recommande
votre gouvernement, vous n'avez pas le droit de vous priver de l'assistance, du
secours, que peuvent vous offrir ces associations qui sont parfaitement
organisées sur une base régionale. Elles ont des états de
service, qui se sont fait une réputation, qui ont reçu des
éloges de tous les corps qui les subventionnent, que ce soit la
Fédération des oeuvres de charité, que ce soient
les coopératives qui les subventionnent. Il me semble que vous
n'avez pas le droit de vous priver de ce secours. En même temps, en le
faisant, il nous semble que vous ne feriez pas justice à votre propre
Office de protection des consommateurs qui a pour rôle de coordonner, qui
a pour rôle de régionaliser, qui a pour rôle au fond
d'étendre à tout le Québec cette fonction de protection du
consommateur qui était le but même de la loi.
Un troisième point, M. le Président, que j'aimerais
rappeler au ministre, c'est qu'il a confondu jusqu'ici, dans ses
exposés, animation sociale et animation politique. Il y a une
très grande différence entre les deux. L'animation politique,
c'est l'animation de quelqu'un qui veut changer un parti politique pour un
autre à la direction de l'Etat alors que l'animation sociale veut
simplement dire un processus en vertu duquel les gens qui sont engagés
dans la société en font le procès, en font la critique, et
Dieu sait qu'on a toujours besoin de faire le procès d'une
société, parce qu'il n'y a aucune société parfaite.
Il y a toujours des rouages à perfectionner, à changer, à
transformer. Il y a toujours des améliorations à apporter. Et
c'est précisément le rôle de l'animation sociale au-dessus
de tous les partis politiques. Si, à un moment donné, les
préoccupations sociales que nous avons peuvent mener vers la politique,
ça devient le rôle d'un autre organisme, d'un autre corps qu'on
appelle, à ce moment-là, un parti politique. Mais au
départ, il faut d'abord qu'il y ait de l'animation sociale,
c'est-à-dire une sorte de regard critique qu'on jette sur la
société, une sorte de constatation sur les défauts que
possède cette société, sur les réformes que l'on
pourrait faire.
Et c'est la raison pour laquelle il ne faut pas confondre l'animation
sociale et l'animation politique. Et si, par hasard, un même homme se
retrouve comme animateur social et animateur politique, ce n'est qu'une
circonstance, une exception et il ne faudrait pas, à cause de cette
exception, confondre des concepts qui sont entièrement différents
et des fonctions qui sont absolument différentes.
Si vous confondez, volontairement ou involontairement, ces deux concepts
d'animation sociale et politique et si vous "embarquez" dans la même
condamnation les hommes qui font de l'animation politique et de l'animation
sociale, vous vous exposez au reproche de profiter de votre fonction, de votre
rôle au gouvernement pour exercer des représailles à
l'endroit de certaines personnes ou de certains mouvements qui ne font pas
l'affaire du gouvernement en place.
Je sais que ce reproche-là, vous ne voudriez jamais qu'on vous le
fasse, parce que ça ne correspond à votre éthique et
aussi, ça ne correspond pas au "fair play" britannique dont vous voulez
toujours donner l'exemple en cette Chambre. Donc, pour ces trois raisons, M. le
Président, je demanderais au ministre de reconsidérer sa
décision et de faire l'impossible pour permettre à un mouvement
qui a fait ses preuves, qui a ses lettres de noblesse, de continuer à
aider l'Office de la protection du consommateur à mieux s'acquitter de
ses fonctions à l'échelle du Québec, dans toutes les
régions du Québec et surtout dans des secteurs que le
ministère ne rejoint pas actuellement, le secteur des classes
populaires, le secteur des couches de population les plus
défavorisées, qui s'occupe de questions dont le ministère
n'est pas encore prêt à s'occuper, c'est-à-dire tous ces
problèmes où l'assistance sociale voisine avec l'assistance
juridique, où l'assistance juridique voisine avec la
nécessité de faire des plans pour sortir du marasme où
elles sont.
Je pense que le ministère devrait faire tous les efforts pour
profiter de ses derniers moments et reconsidérer le refus qu'il a
opposé à des demandes qui, selon nous, étaient
parfaitement légitimes et qui ne s'inspiraient que d'un désir
d'aider le gouvernement à mieux s'acquitter de ses fonctions.
M. TETLEY: II y a en effet un, peut-être deux arguments que vous
avez soulevés. Premièrement le coût des opérations
des ACEF est très élevé, regardez le nombre de
fonctionnaires, leur coût et leurs salaires. Il ne faut que regarder le
budget.
Deuxièmement, vous avez souligné qu'il y a une grande
différence entre l'animation sociale et l'animation politique. Je vais
vous donner un exemple de votre animation sociale-politique. A la
réunion annuelle où il y avait un observateur qui était
pas mal...
M. LAURIN: Un observateur du gouvernement?
M. TETLEY: Oui.
M. LAURIN: Ah! voilà.
M. TETLEY: Mais le gouvernement est pour le peuple autant que les
autres.
M. LAURIN: J'ai lu le rapport et le rapport est très
biaisé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TETLEY: C'est un homme très sympathique...
M. LAURIN: A vous.
M. TETLEY: A notre province et aux citoyens.
M. LAURIN: A votre parti.
M. TETLEY: II est du gouvernement, il est
très sympathique à la population et n'a aucun parti pris
politique dans son passé ou son avenir, je crois.
M. LAURIN: Cela reste à prouver.
M. TETLEY: La première intervention... Il parle de la
réunion annuelle des ACEF, les 29, 30 et 31 octobre. Le 29 ç'a
été contremandé pour la grande marche qui a mené
directement aux barricades et à la prison. Le 30, il en parle. La
première intervention se résume de la manière suivante:
"Pourquoi étudier les problèmes de la pauvreté, du
chômage et des réformes à être apportées alors
que l'on sait que tout dépend du maudit capitalisme et des gouvernements
de marionnettes. C'est le premier congrès de la Fédération
des ACEF et il doit se brancher sur une action globale, créer un Etat
socialiste c'est très social, ça, et peut-être
politique nous sommes venus ici pour faire un plan d'action et non
perdre notre temps à étudier les caisses populaires et les
coopératives au service des capitalistes." Je continue la citation.
Cette intervention ralliait un certain nombre de partisans visiblement
organisé c'est l'opinion d'un gars et vous étiez absent,
vous et tout l'avant-midi du 30 fut perdu à discuter de quoi
allons-nous discuter? Malgré les rappels à l'ordre du
président et les quelques interventions des modérés, la
parole fut aux extrémistes.
Finalement, le président rappelle d'une manière
énergique les méthodes de travail du congrès, le mandat
que la Fédération des ACEF avait reçu des locales et,
fortement appuyé par l'assistance, il ramenait le tout dans l'ordre sans
pouvoir cependant empêcher une proposition à
l'emporte-pièce. "Qui est favorable à un régime socialiste
dans cette salle? " C'est assez politique, ça. Ce qui donna,
d'après les rapporteurs, un résultat de 100 p.c. pour un
changement sauf deux abstentions.
M. LEGER: L'opinion du gouvernement. M. TETLEY: Peut-être. M.
LEGER: ... ont-ils voté?
M. TETLEY: Peut-être, peut-être. Ils se sont abstenus. Je
continue la citation: "Le même groupe a entrepris systématiquement
la critique destructive des caisses populaires, mais d'une manière plus
timide et moins affirmative que les autres secteurs coopératifs. En
résumé, les caisses populaires...
C'est pourquoi je vous protège contre ces gars-là parce
que dans votre document "Quand nous serons vraiment chez nous", vous prenez les
coopératives. Mais l'ACEF était contre les
coopératives.
M. LAURIN: Donc, cela montre bien qu'il n'y a rien à faire avec
le Parti québécois.
M. TETLEY: Pardon. Le journal des Débats peut noter que j'ai ri.
Je continue la citation: "En résumé, les caisses populaires sont
sous la domination d'un establishment capitaliste". Au moins cette fois, ce
n'étaient pas les anglophones. Elles ont $3 milliards qui appartiennent
aux travailleurs et servent à renforcer le système capitaliste.
Les autres formes de coopératives, sauf les clubs coopératifs de
consommation, sont également sous contrôle capitaliste. De droite
et de gauche fusaient toutes sortes de déclarations fantaisistes dues
à un manque d'information ou à la malhonnêteté
intellectuelle". Je peux lire tout le reportage...
M. LAURIN: Et c'est à cause de...
M. TETLEY: Le député de Bourget a aussi laissé
entendre que je n'ai pas fait d'enquête. J'ai reçu certaines
lettres, j'ai téléphoné à beaucoup de personnes,
j'ai dit: Connaissez-vous vraiment l'oeuvre de l'ACEF, connaissez-vous vraiment
l'oeuvre de l'Association des consommateurs du Canada, connaissez-vous vraiment
l'oeuvre de toute l'association? Parce que j'ai toutes sortes de demandes. Ce
soir, le Parti québécois ou ses députés parlent
d'association, les soeurs directrices, quelques chefs de coopérative ne
connaissaient pas personnellement l'oeuvre des associations pour lesquelles ils
m'ont écrit. Sauf quelques cas. J'ai visité certaines ACEF. J'ai
mangé avec le président à Montréal, M. Ed
Smith...
M. VINCENT: Qui a payé le dîner?
M. TETLEY: J'ai payé le dîner mais c'était un
drôle de dfner. Je l'avais invité à un club dont je suis
membre, le Cercle de la Place d'Armes.
C'est un chic type, un diplômé de Harvard et de Laval qui
parle très bien le français. Je lui ai offert un emploi en effet,
en passant; il portait un chandail d'un club canadien-français
distingué qui me concernait. En tout cas, les anglophones ne sont pas
exactement, vous savez, comme l'establishment canadien-français, si vous
me permettez cette remarque ironique. J'ai fait des recherches et je ne suis
pas encore convaincu qu'un gouvernement doive aider des groupes d'animation
sociale-politique.
M. LAURIN: Vous n'en êtes pas convaincu.
M. TETLEY: Vous ne m'avez pas convaincu.
M. LAURIN: Pourquoi les aviez-vous aidés dans le passé,
d'une part, et deuxièmement, est-ce uniquement à cause de ce
rapport que vous avez coupé la subvention de cette association?
M. TETLEY: Non, non, premièrement j'ai fait toutes sortes de
recherches. Deuxièmement, notre ministère n'a jamais
accordé une subvention â l'ACEF dans le passé.
M. LAURIN: Le ministère des Affaires sociales l'avait fait. Le
gouvernement l'avait fait.
M. TETLEY: Je suis solidaire.
M. LEGER: M. le Président, j'aimerais quand même lire un
télégramme que le ministre des Affaires sociales envoyait au
président des ACEF. Il disait ceci: "Jai pris connaissance, aujourd'hui
même, des remarques contenues dans la lettre que vous m'adressiez le 17
février et qui faisait suite à celle que le Dr Brunet,
sous-ministre, vous avait fait parvenir le 7 février dernier. Je
transmets votre lettre au ministre responsable de la protection du
consommateur, M. William Tet-ley, afin qu'il y donne une réponse. Bien
à vous".
M. TETLEY: Signé-M. LEGER: C'est signé: "Le ministre des
Affaire sociales", qui vous transmettait le dossier.
M. le Président, ce que je ne comprends pas dans l'attitude du
ministre, c'est que tout à coup, sans avis, sans période de
transition, on arrête complètement, subitement, des subventions.
Alors que les arguments que le ministre nous donne aujourd'hui étaient
les mêmes que ceux des autres gouvernements, les autres ministres qui
subventionnaient les ACEF avant, dans son gouvernement ou dans l'autre,
continuaient à les subventionner. Et, du jour au lendemain, le ministre
arrête subitement les subventions. Les arguments que le ministre nous
apporte sont qu'il craint de subventionner un organisme qui ferait de la
contestation, un organisme qui ferait de l'animation politique. On lui dit bien
sincèrement que l'animation existe à l'intérieur des ACEF,
c'est de l'animation sociale et que, dans l'animation sociale, il se peut que,
parfois, on touche l'aspect politique, parce qu'une politique sociale,
tôt ou tard, doit arriver à une prise de position politique.
M.TETELY: Je prends bonne note de votre admission.
M. LEGER: Oui. Finalement, M. le Président, le ministre a
déjà dit et c'est ce qui me surprend à deux
occasions en Chambre qu'il était dangereux pour des
députés de l'Opposition de faire de l'obstruction
systématique en Chambre. Je me rappelle qu'à deux occasions le
ministre est venu nous voir, le visage absolument crispé de
colère, et a dit: Rappelez-vous que ceux qui ont fait de l'obstruction
n'ont pas été réélus à l'élection
suivante. Je dis au ministre qu'actuellement dans son rôle, il fait de
l'obstruction systématique à une subvention qui avait
été continuellement donnée. Je lui dis que le geste qu'il
pose aujourd'hui de refuser une subvention en la faisant teinter, qu'il le
veuille ou non, et ce qu'il ressortira des déclarations du ministre,
c'est que la décision provient du fait qu'il croit que cet organisme a
aidé un parti politique dans ses déclarations à
l'Assemblée nationale à l'occasion du bill 45. C'est une des
remarques qu'il a faites. De plus, il refuse de subventionner un groupe qui
veut être contestataire. Il dit entre autres qu'il ferait à ce
moment-là le geste de l'acheter et que ce groupe ne pourrait plus
remplir son rôle en toute liberté vis-à-vis du
gouvernement. Je lui ai dit tantôt, M. le Président, que d'autres
organismes sont subventionnés, comme la Confédération
régionale des loisirs, qui est subventionnée par l'Etat mais dont
la portion de subvention venant de l'Etat est absolument infime et n'est pas la
partie majeure de la subvention.
Actuellement, pour l'ACEF, ce n'est pas la partie majeure. Cela peut
être la partie, par exemple, qui manquerait et qui ne permettrait pas
à l'ACEF de continuer à remplir son rôle d'animateur social
et de groupe qui peut être très près de la population pour
ressentir les problèmes et informer l'Office de la protection du
consommateur de ces problèmes, et lui amener une série de
dossiers provenant d'études faites spécialement dans les milieux
défavorisés, études que le ministère ne pourrait
pas recevoir parce que les gens qui sont démunis ne sont pas
nécessairement organisés. Ce sont ceux qui sont les plus aptes
â être organisés par un système, mais ce ne sont pas
eux qui sont aptes à s'organiser eux-mêmes pour défendre
leurs droits.
A ce moment-là, M. le Président, l'image que le ministre
donnerait dans la population serait l'image d'un ministre qui n'est pas
perçu de la population comme quelqu'un qui s'occupe des pauvres, des
démunis qui ont besoin d'une loi de protection du consommateur. Il
protégerait ceux qui sont surtout dans le domaine du financement, de
l'organisation de compagnies, de représentants, etc. J'ai donné
tantôt les quatre points précis qui ressortent de l'action que
nous amène le bill 45: la nomination d'un conseil consultatif qui ne
pourra pas être un organisme spécialement et uniquement
dévoué aux intérêts du consommateur. En effet
à l'intérieur de cet organisme, il y en a près de la
moitié qui représente des intérêts différents
et absolument opoosés à ceux du consommateur. Par la suite, M. le
Président, je voudrais demander au ministre de repenser sa
décision parce qu'elle pourrait lui être fatale et à son
gouvernement et à lui-même.
M. TETLEY: Je termine brièvement en di-
sant que je suis contre les "filibusters" mais je favorise la discussion
ce soir. Je ne m'oppose pas à la législation. Dans le cas en
question, vous vous êtes opposés à une loi par les moyens
d'un' "filibuster", soit de parler jusqu'à la fin, trente jours, trente
ans ou même cents ans, suivant le député de Maisonneuve qui
était passif. Ici c'est une question tout à fait
différente. Moi, je demande votre opinion mais il n'y a aucun
"filibuster". Il est possible que je décide oui ou non et que notre
commission décide oui ou non de la question. Mais, tout gouvernement
doit prendre une décision. Je note aussi que vous avez admis qu'il y
avait parfois de l'animation politique et, encore une fois, je me demande si je
dois suggérer au gouvernement des subventions pour des animateurs
politiques.
M. PRESIDENT: Je crois que j'ai laissé libre...
M. VINCENT: Est-ce qu'on peut aller au plus urgent M. le
Président?
M. BURNS: Est-ce que j'ai la permission d'ajouter quelque chose au
débat?
M. LE PRESIDENT: Très très court.
M. BURNS: Je veux dire d'abord, M. le Président que, sur la
question de règlement, vous avez le droit, c'est-à-dire pas vous
mais la commission a le droit de m'empêcher de parler parce que je n'en
suis pas membre, mais vous n'avez pas le droit de me dire d'être
très très court sinon dans le cadre des règlements.
M. LE PRESIDENT: Voici, j'ai laisse...
M. BURNS: Je vais être très court d'ailleurs.
M. LE PRESIDENT: ... libre cours ce soir alors je pense que...
M. BURNS: Cela va être très bref. Remarquez, je faisais
simplement un parallèle sur le plan des règlements. Je vous
avertis que je vais être très court.
Ce qui m'a frappé quand j'ai lu j'ai pris la peine de le
lire au complet le rapport qui s'intitule "Rapport du congrès
annuel de la fédération des ACEF du Québec" tenu à
Montréal les 29, 30 et 31 octobre 1971, le ministre nous a
expliqué d'où venait ce rapport, c'est-à-dire qu'il y
avait un observateur sans doute.
M. TETLEY: Un invité.
M. BURNS: Un invité qui a fait son rapport au gouvernement. Cela
m'a frappé et j'en appelle en même temps et au ministre qui
s'adonne en plus d'être un avocat et en plus d'avoir été
et je ne m'en cache pas un de mes anciens professeurs... Lui, il
est peut-être gêné de le dire, mais en tout cas...
M. TETLEY: II a mal tourné.
M. BURNS: Je prévenais cette affaire-là. J'ai dit que
peut-être que lui s'en cachait, mais moi je ne m'en cache pas. Je
m'étonne, M. le Président, que justement un ministre de ce
calibre-là, avec la formation juridique qu'il a, puisse prendre la
peine, ou accorde de l'importance à un document comme celui-là;
importance qu'il lui a accordée à un point tel qu'il nous en a lu
près d'une page et demie, qui est inscrite au journal des Débats.
Je pense que cette formation que j'ai toujours reconnue chez le ministre aurait
dû déceler l'aspect biaisé de ce document-là,
l'aspect vraiment partisan. Je ne discourrai pas, M. le Président,
vousm'avez dit d'être bref, je vais être très court
mais je vais vous donner certaines expressions qui m'ont frappé
comme étant très biaisées.
Comment voulez-vous que vous puissiez donner un appui sérieux
à un rapport qui utilise des expressions comme "la critique
destructive", etc? Je vais vous en citer quelques exemples. "De droite et de
gauche fusaient toutes sortes de déclarations fantaisistes". Si ce n'est
pas prendre parti sur le mérite ça, je ne sais pas ce que c'est.
"Le procès des coopératives se continua de plus belle." Je ne
sais pas, je ne suis pas un linguiste très fort, mais quand je lis
ça, je sens énormément de biais dans la façon de
rédiger, dans la façon de rapporter ce document qui s'appelle un
rapport et qui se veut un rapport. Imaginez, c'est la perle que j'ai vue:
"Deuxième intervention. Devant l'ignorance, le manque d'information ou
la malhonnêteté intellectuelle qui faisaient dire toutes sortes de
faussetés, le représentant du service." bla bla bla...
Si ce n'est pas un rapport biaisé, je ne sais pas ce que c'est.
Je vais arrêter, il m'en reste seulement deux. Ne vous énervez
pas, M. le Président, j'achève. On dit à un moment
donné... Pour un certain nombre, des informations comme celles
citées plus haut furent positives. Mais pour les extrémistes...
bla bla bla... et on continue.
Et enfin, une dernière, c'est aussi un autre bijou dans le style:
"L'intervention des modérés était noyée par les
interventions démagogiques des extrémistes de tout cran. On
inventait, déformait, allant jusqu'aux menaces et à
l'intimidation".
M. le Président, ayant lu ça, je fais appel strictement au
sens du "fair play" que le chef parlementaire du Parti québécois
a mentionné tantôt, que je reconnais chez le ministre. Surtout
chez cette formation qui ne lui permettrait jamais, jamais, devant, quelque
tribunal, devant quelque organisation quasi judiciaire, que ce soit, devant
même des tribunaux à
caractère moins formaliste, d'accepter qu'un genre de
témoignage comme celui-là puisse servir de base à un
jugement pour accepter ou ne pas accepter une condamnation.
En l'occurrence, la condamnation, c'est de dire: J'ai trouvé que
cette organisation-là était tellement partisane. Je comprends
qu'elle soit partisane, c'est plein d'extrémistes, c'est plein de
fantaisistes, c'est plein de gens qui déforment, qui inventent, qui
intimident, si l'on considère ce rapport-là. Il est certain que
c'est quelque chose, mais je suis sûr que le ministre n'accepterait
jamais qu'un tribunal si bas soit-il, au point de vue de la
hiérarchie, non pas au point de vue de la valeur dont la
juridiction, si restreinte soit-elle, puisse baser un jugement sur un document
comme celui-là.
Ne vous inquiétez pas, nous ne ferons pas de "filibuster", M. le
Président, M. le ministre, ce n'est pas du tout notre intention, mais
nous avons l'intention de soulever ce problème-là. Et le ministre
devrait prendre la responsabilité, s'il maintient son attitude, de dire
à la face de toute la population: C'est comme ça que je juge si
une subvention doit être organisée, doit être
acceptée ou non. C'est avec ce genre de rapport-là que je
décide s'il y a ou non esprit de parti. C'est avec des preuves
circonstancielles comme celles sur lesquelles le ministre s'appuyait
tantôt pour juger que les ACEF étaient des organismes
dominés par le Parti québécois... Et entre autres preuves
circonstancielles, ce que j'ai trouvé assez extraordinaire... C'est
sûrement de propos délibéré que le ministre nous en
parle, parce que ça fait deux fois qu'il nous le dit.
E en a parlé une fois en Chambre, en réponse à une
question du député de Lafontaine et encore une fois tantôt,
à une réponse, où il trouvait tout à fait
inconcevable que le représentant des ACEF, Me Pierre Marois qui est
également, comme le ministre et comme moi-même, un membre du
Barreau et qui a droit à ce respect, ait des arguments tout à
faits semblables à ceux que le député de Lafontaine sert
en Chambre. Si je n'appelle pas ça une preuve circonstancielle, je ne
sais pas ce que c'est.
Ce sont les quelques remarques que je fais. Mais, M. le ministre, vous
allez être obligé de vous rendre compte que cette commission
parlementaire de la façon que vous répondez à la demande
concernant les subventions, va vous hypothéquer avec le temps. Vous
allez être obligé de tramer derrière vous une attitude
comme celle-là, une attitude à laquelle remarquez
on n'est pas habitué et qu'on aurait espéré ne pas voir
chez vous à cause d'un certain nombre de choses que j'ai
mentionnées tantôt. Mais on sera obligé de tirer ces
conclusions, que vous êtes aussi tombé dans cette partisanerie que
vous cherchez ailleurs, que vous voyez ailleurs et que vous voyez surtout sur
des rapports de oui-dire tout à fait inacceptables, devant quelque
organisme que ce soit, si peu procédural et si peu formaliste
soit-il.
Ce sont les seules choses que j'avais à dire, M. le
Président. Seulement, je dois vous dire que ça m'étonne
énormément de la part du ministre des Institutions
financières pour qui j'ai toujours eu énormément de
respect.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais répondre...
M. LE PRESIDENT: Sauf une intervention courte, j'aimerais...
M. VINCENT: Cela fait deux heures, M. le Président...
M. TETLEY: Oui...
M. VINCENT: ... qu'on fait le procès des ACEF.
M. TETLEY: Moi-même, je m'étonne de mon ancien
élève étudiant en droit, le député de
Maisonneuve. Tout d'abord, il était absent, mais j'ai dit que le fait
que Pierre Marois ou un autre soit président de l'ACEF ou un
sénateur soit président d'une autre association, est sans
importance pour moi.
M. VINCENT: D'accord, c'est clair.
M. TETLEY: Au sujet du document que j'ai produit, je ne l'ai pas lu au
complet. Il y a d'autres arguments dans le document. C'était en
réponse à une déclaration, sans preuve. Vous parlez de
preuve d'un avocat. Le député de Bourget avait dit qu'il n'y
avait pas d'animation politique du tout.
Après la production du document et d'autres remarques que j'avais
faites, il y avait une admission du député de Lafontaine à
savoir qu'il y avait, dans certains cas de l'animation politique.
M. BURNS: Sociale. M. TETLEY: Non.
M. LEGER: Qui peuvent toucher parfois la politique.
M. LAURIN: Ce n'est pas la même chose.
M. TETLEY: Nous allons voir le journal des Débats.
M. LEGER: J'invoque le règlement.
M. TETLEY: Je n'ai pas... J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: ... 17
M. TETLEY: Je n'ai pas...
M. LEGER: Je rétablirai les faits.
M. TETLEY: II avait fait une admission. De plus, ce n'est pas la seule
enquête que j'ai faite. Vous avez reçu le document et l'aviez
devant vous. J'ai fait toutes sortes d'enquêtes personnelles. J'ai
visité l'ACEF au Lac-Saint-Jean et il y avait un seul
député présent qui n'a pas fait ce rapport. Incidemment,
c'était un député libéral...
M. LEGER: Qui?
M. TETLEY: ... qui a fait un rapport oral de la réunion.
M. BURNS: II ne savait pas écrire.
M. TETLEY: Et la réunion a très bien noté les
conclusions à l'effet que les extrémistes n'ont pas pris
possession de l'ACEF. Je note cela avec un grand plaisir, parce que pour moi,
l'ACEF est importante au Québec.
M. BURNS: D'accord.
M. TETLEY: ... Ce n'est pas la seule enquête que j'ai faite.
C'était tout simplement en réponse à une
déclaration du député de Bourget qui avait dit qu'il n'y
avait pas d'animation politique. Je crois que je l'ai prouvé, que j'ai
eu une admission et que mon ancien élève sait très bien
que l'admission par un avocat en cour ne peut être contredite par aucun
moyen.
M. BURNS: Les admissions de droit et les admissions de fait sont deux
choses différentes.
M. TETLEY: L'élève veut intervenir contre le
règlement dont il est un des auteurs. Il oublie un peu son droit, mais
qu'est-ce que vous voulez?
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président...
M. TETLEY: Non, un instant. C'est un exemple parmi plusieurs.
Quand même aucun député ici, y compris les trois du
Parti québécois le président les a laissés
parler parce que, moi, je suis contre les députés
québécois "filibusters" et je suis pour le libre échange
d'idées aucun député, dis-je y compris les trois,
le député de Lafontaine, le député de Bourget et le
député de Maisonneuve, n'a répondu à la question.
Ils ont certes répondu, mais pas à...
M. BURNS: A votre satisfaction.
M. TETLEY: ... ma satisfaction ou à la question: Est-ce qu'on
doit subventionner des gens qui ont des buts politiques ou qui font l'animation
politique? C'est un joli problème, je l'admets d'avance.
M. BURNS: Juste sur ce point-là...
M. TETLEY: C'est pourquoi, M. le Prési- dent, je voulais ce
débat ce soir. J'ai laissé parler le député de
Lafontaine au début et il n'est lancé à l'attaque dans la
catégorie 10 avant d'aborder la première, malgré
l'insistance de l'ancien ministre de l'Agriculture.
M. BURNS: Ce n'est pas grave, la discussion aurait eu lieu de toute
façon à un endroit ou à un autre.
M. TETLEY: Oui.
M. BURNS: Je veux simplement relever quelque chose très
brièvement, M. le Président. Ce que le ministre vient de dire,
subventionner des mouvements contestataires, il y a même une loi qui
s'appelle la Loi de la Législature, qui subventionne peut-être le
mouvement contestataire au point de vue politique le plus clairement
identifié actuellement, qui s'appelle entre autres le Parti
québécois, qui veut la souveraineté du Québec, qui
veut changer le système et qui veut changer tout cet appareil
fédéral dans lequel on vit. Le ministre a sans doute lu cette loi
à l'élaboration, à l'adoption de laquelle il a
participé et pourtant on est subventionné. L'Union nationale,
l'Unité-Québec de son nouveau nom qui, à certains
égards, peut-être d'une façon plus diluée, mais qui
en tout cas, n'est sûrement pas d'accord avec le gouvernement,qui est
contestataire à ce titre-là, est aussi subventionnée. Le
Ralliement créditis-te qui vous parle constamment de prêts sans
intérêt, de Banque du Canada, de Banque du Québec, etc.,
n'est pas tout à fait d'accord avec les idées du Parti
libéral, du gouvernement au pouvoir. Ce sont de mouvements
contestataires qui sont subventionnés, c'est de la saine
démocratie, c'est tout à fait normal. Il n'y a pas de quoi
s'inquiéter de ça. Il y a un deuxième point que je veux
relever, encore une fois aussi brièvement que le premier.
Je pose simplement la question au ministre, je lui demande ce qu'il
aurait dit parce qu'il semble me reprocher de ne pas avoir
été présent à ce fameux congrès de l'ACEF
si nous avions été là, tous les sept
députés du Parti québécois, il nous aurait dit:
Vous voyez comme ce parti-là est vraiment le levier de contrôle de
l'ACEF. Actuellement, il utilise l'argument contraire pour dire qu'on domine ce
mouvement-là.
Je dois dire clairement, au nom de mon parti et mes deux
collègues qui sont ici peuvent me contredire s'ils croient que je ne
donne pas un point de vue exact que le Parti québécois n'a
rien à faire comme tel, comme parti, comme mouvement, avec L'ACEF. Qu'il
arrive à d'autres partis que cette situation se présente, que
vous ayez des membres du Parti québécois qui soient
également membres de l'ACEF et qui militent, c'est tout à fait
normal, comme on rencontre des gens qui sont membres du Parti libéral et
qui sont dans le Conseil du patronat, qu'on
rencontre des membres du Parti libéral qui sont membres du
Barreau, il y en a même qui sont bâtonniers. Il y a même des
bâtonniers qui sont uniquistes. Ce n'est pas plus grave que
ça.
M. TETLEY: J'invoque le règlement. Je n'ai pas parlé des
membres de l'ACEF ou des membres du Parti québécois dans l'ACEF
et si...
M. BURNS: C'était très clair, cette insinuation.
M. TETLEY: Pas du tout. J'ai parlé contre.
M. BURNS: Si vous voulez me permettre de terminer, M. le
Président, je vais rétablir les faits en vertu de l'article
97.
M. LEGER: J'avais tenté de rétablir les faits avant. Je
l'avais demandé tantôt, en invoquant l'article 97, et le
président m'a dit que ce serait après que le ministre aurait fini
de parler.
Le ministre me disait tantôt que j'avais contredit le
député de Bourget quand j'avais affirmé ou admis que
l'ACEF faisait de l'animation politique. Ce que j'ai dit tantôt, c'est
que l'ACEF faisait de l'animation sociale mais que, dans l'animation sociale,
on doit nécessairement toucher des aspects politiques,
économiques, culturels, et qu'on va sûrement à un certain
moment, devant des problèmes sociaux, trouver des solutions politiques
pour résoudre les problèmes dans lesquels on vit. L'animation
sociale que l'ACEF fait, ce n'est pas de l'animation politique comme telle mais
c'est tout simplement une animation sociale qui touche différents
aspects de la société québécoise, soit l'aspect
économique, l'aspect culturel, l'aspect politique et l'aspect social. Je
veux rétablir cette chose-là, M. le Président, et pour
rétablir les faits, le ministre a dit tantôt que j'aurais pu
attendre à l'article 10 pour en parler. Je regrette, mais le
problème est tellement général que j'aurais pu en parler
autant à l'article 3 qu'à l'article 10. Ce sont deux endroits
où le ministre pouvait subventionner l'ACEF.
C'est sur le principe de la subvention que je parlais au début.
Après cela, aux articles, on pourra parler de choses plus
précises mais uniquement limitées au champ que nous permettent
les articles en question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet a demandé la
parole.
M. VINCENT: Dans le cadre de la présente discussion concernant
les ACEF, les subventions, l'an dernier il y avait un montant de $50,000 en
dépenses de transfert, subventions. De ce montant de $50,000 combien
d'argent a été dépensé?
M. TETLEY: $5,000. M.VINCENT: $5,000 seulement. M. TETLEY: A l'APA. M.
VINCENT: A l'APA?
M. TETLEY: L'Association de la protection des automobilistes.
M. VINCENT: A l'Association de la protection des automobilistes il y a
eu $5,000. Donc, il y a eu $45,000 qui n'ont pas été
dépensés l'an dernier. Deuxièmement, cette année on
nous redemande un budget de $50,000 à titre de subventions. Est-ce que
déjà on prévoit des subventions à certains
organismes?
M. TETLEY: Non, j'attends vos opinions.
M.VINCENT: Est-ce que c'est possible que l'ACEF soit
subventionnée à même ce montant de $50,000?
M. TETLEY: C'est possible, tout est possible.
M. VINCENT: C'est possible que l'ACEF soit subventionnée à
même ces montants de $50,000. Deuxièmement, le ministre nous a
parlé des Affaires sociales tout à l'heure, où il existait
à la catégorie 10, le même montant que l'an
passé.
M. TETLEY: Je crois.
M.VINCENT: Est-ce possible le ministre fait quand même
partie du gouvernement que le ministère des Affaires sociales
subventionne également l'ACEF?
M. TETLEY: II faut poser cette question au ministre des Affaires
sociales.
M. VINCENT: Mais il y a tout de même un montant de $45,000
disponible pour fins de subvention.
M. TETLEY: $50,000.
M. VINCENT: Oui, mais $5,000 ont été donnés l'an
passé à l'APA. On peut quand même les retourner à
l'APA cette année.
M. TETLEY: Peut-être.
M. VINCENT: Donc, il resterait $45,000. Cela peut être
donné en subvention aux ACEF.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. VINCENT: Donc, tout à l'heure quand on a mentionné que
le ministre avait pris sa décision, qu'il ne voulait pas donner de
subvention aux ACEF, cette décision n'est pas encore prise.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. VINCENT: Mais ça ne sera certainement pas $120,000.
M. TETLEY: Non.
M. VINCENT: Parce que le budget lui permet seulement $45,000 ou $50,000
au maximum.
M. TETLEY: $50,000. M.VINCENT: Catégoriel. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. VINCENT: Catégorie 1, en ce qui me concerne, on l'a
discuté tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3? Adopté.
M. VINCENT: Egalement, M. le Président. Tout à l'heure on
a posé des questions à la catégorie 3. Le ministre a
disséqué pour nous le montant de $224,000. C'est bien clair, il
prévoit $45,000, $7,000, $50,000, $25,000 et $68,000 pour faire un
montant total de $224,000.
UNE VOIX: Adopté.
M. LEGER: Voici, M. le Président, les montants que le ministre
mettrait à la catégorie 3 et qui toucheraient la
publicité, il les avait divisés en journaux, radio,
télévision fil et publicité.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. LEGER: Comment le ministre peut-il réellement être
convaincu qu'il va informer une population uniquement par ces media
d'information? Ils donneront à la population aux consommateurs, un
article, une nouvelle qui passe à la télévision qu'on ne
revoit plus le lendemain, des documents que les gens vont perdre. Ils ne seront
pas nécessairement dans les mains d'un consommateur quand son
problème lui arrivera. Autrement dit, vous présentez une petite
brochure; cette brochure, il se peut que les consommateurs la reçoivent.
Mais ils la recevront peut-être à un moment où ils n'en ont
pas besoin. Ce n'est pas sûr et c'est absolument impossible de penser que
tousles consommateurs vont mettre ce document de côté dans leur
armoire de cuisine au cas où ils en auraient besoin plus tard. C'est
donc dire que ce sont des informations, la publicité, qui ne font
qu'atteindre comme une nouvelle, les consommateurs. S'il pouvait rajuster dans
ce budget une partie qui irait aux ACEF qui, elles, sont constamment
présentes, qui pourraient faire un travail d'information continuel au-
près des gens qui viendraient leur demander des réponses ou des
solutions à leurs problèmes, elles atteindraient les
consommateurs au moment où ils en ont besoin. Là, on se limite
justement à des media d'information traditionnels. On sait, pour qu'une
publicité prenne dans la population, qu'il doit y avoir
répétition, répétition pour qu'on s'en rappelle,
pour qu'on le sache. Comment voulez-vous que la population soit
réellement informée si on ne lui donne que ces choses-là?
Je dis au ministre que, s'il pouvait repenser le montant global, il pourrait
donner aux ACEF, en fonction non seulement de la catégorie 10, mais
aussi de la catégorie 3, qui pourrait être
déterminée de nouveau, redéfinie et qui serait beaucoup
plus utile auprès de la population.
M. VINCENT: C'est impossible, M. le Président, à la
catégorie no 3. Le député de Lafontaine est parfaitement
au courant que les subventions sont à la catégorie no 10 qui est:
Dépenses de transfert.
M. LEGER: Je regrette mais le député de Nicolet affirme
une chose. On sait très bien qu'un ministre peut faire des transferts de
poste.
M. VINCENT: Bien oui mais...
M. LEGER: Et il l'a fait l'année dernière puisqu'il a
donné des montants...
M.VINCENT: Oui, d'accord mais, M. le Président...
M. LEGER: ... qui étaient placés à d'autres
catégories pour des buts différents.
M. VINCENT: Oui, mais si le député... M. LEGER: Ce n'est
pas une impossibilité... M. VINCENT: Non, M. le Président... M.
LEGER: Non, M. le Président...
M. LEGER: ... comptable.
M. VINCENT: Si le député de Lafontaine veut être
logique avec lui-même, il peut faire toutes ces interventions à la
catégorie 10 en disant que, même s'il y a $45,000 qui pourraient,
hypothétiquement, aller aux ACEF, ce n'est pas suffisant et, à ce
moment-là, à la catégorie 10, il recommande au ministre,
au cours de l'année, de présenter un virement de crédit de
la catégorie 3 à 10 pour augmenter les subventions.
M. LEGER: Mais, de toute façon, M. le Président, si on
veut que le ministre fasse un détournement de la catégorie 3
à 10 il faudrait quand même l'étudier à la
catégorie 3...
M. VINCENT: Ce n'est pas un détournement.
M. LEGER: Parce que si on l'adopte tel quel, le ministre peut dire
que...
M. VINCENT: Non parce que...
M. LEGER: ... il est adopté dans tel but.
M. VINCENT: A la catégorie 3, le ministre ne peut, dans aucune
circonstance, d'aucune façon, légalement, donner une subvention
en vertu de la catégorie 3.
M. TETLEY: Et aussi notre publicité, non pas pour l'animation
politique mais directement pour aider la population. Notez que, sur tous les
dépliants, il n'y a pas même mon nom. Je ne fais aucune
publicité personnelle.
M. LEGER: Je n'ai jamais dit ça non plus.
M. VINCENT: Le ministre continue la politique de ses
prédécesseurs.
M. TETLEY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4?
UNE VOIX: Adopté.
M. VINCENT: Services professionnels et administratifs, M. le
Président, $45,000, combien d'argent a été
dépensé l'an dernier sur le montant voté? C'est à
peu près la même question qui va revenir à toutes les
catégories. Le montant total dépensé?
M. TETLEY: $10,000 sur $45,000. M. VINCENT: $10,000 sur $45,000.
M. TETLEY: Parce que la loi a été adoptée si
tard.
M. VINCENT: D'accord. Maintenant, cette année, on prévoit
un montant de $47,900. Est-ce que le ministre pourrait nous donner les grandes
lignes de ces services professionnels, administratifs et autres?
M. TETLEY: C'est pour les études de la publicité
destinée aux enfants. Est-ce que notre projet de règlement pour
l'emploi d'avocats afin de procéder contre les compagnies pyramidales
est constitutionnel? Tous les actes de l'extérieur parce qu'il faut
engager des avocats de l'extérieur...
M. VINCENT: Pour arriver à $47,900, il doit y avoir des articles
particuliers, $10,000 pour telle chose...
M. TETLEY: Ici, traitement des données, utilisation de
l'imprimeur pour adresser les avis divers aux détenteurs de permis et
travail d'une poinçonneuse: $20,000...
M. VINCENT: D'accord, cela me suffit, M. le Président.
M. TETLEY: Services techniques: $30,000.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5?
M. VINCENT: A la catégorie 5, il n'y a pas de problème,
c'est l'entretien et les réparations. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements. C'est le matériel de bureau, ça?
M. TETLEY: Oui.
M. VINCENT: Le montant est diminué, c'est normal, parce qu'on
avait organisé ça l'an dernier.
M. TETLEY: C'est ça. DES VOIX: Adopté.
M. VINCENT: Catégorie 8: Matériel et équipement,
c'est la même chose.
DES VOIX: Adopté.
M. VINCENT: Catégorie 10: Dépenses de transfert, c'est
là que le député...
UNE VOIX: Cela fait assez longtemps que vous en parlez.
M. VINCENT: ... dans les dépenses de transfert. Est-ce que je
suis à la catégorie 10? C'est là que le
député de Lafontaine, M. le Président, aux dépenses
de transfert, $50,000, il n'a pas le droit de proposer un amendement
pour l'augmenter pourrait faire une suggestion pour que le
ministre...
M. LEGER: J'appuie le député.
M. VINCENT: ... au cours de l'année, après avoir
analysé les demandes, et c'est bien possible. Tantôt, on a fait le
procès des ACEF. C'est possible qu'on revienne avec l'AFEAS qui veut
également s'en occuper, qui représente 45,000 dames, les
fermières qui en représentent également 60,000, plus les
consommatrices de Montréal qui veulent faire un travail dans la
protection du consommateur. Si le ministre donne une subvention de $40,000 ou
$50,000 aux ACEF, peut-être que ces gens seraient également
intéressés à avoir une subvention de $20,000 ou
$25,000.
A ce moment-là, si le ministre a l'intention, au cours de
l'année, d'aller chercher des sommes d'argent dans d'autres articles,
qui ne seront pas dépensées et qu'il augmente les subventions,
qu'il regarde, en plus des ACEF, d'autres organismes qui sont près des
consommateurs et qui pourraient faire un travail de dépistage,
d'information et même de préparation de dossiers, pour que ces
personnes-là puissent aller devant l'Office de la protection du
consommateur.
Je ne voudrais pas qu'on se limite seulement aux ACEF, même si son
objectif ou le but qu'elle poursuit est très louable. C'est un
commentaire que je fais au ministre mais, par ricochet, je voudrais que le
député de Lafontaine se rende compte qu'il n'y a pas seulement
les ACEF qui existent. Il y a d'autres organismes qui peuvent faire un travail,
peut-être pas aussi bien structuré, aussi bien cadré, mais
qui font un travail très intéressant auprès des
consommateurs.
M.TETLEY: Oui, il y a certaines associations qui font un travail
très structuré.
M. VINCENT: Quand je dis cadré, peut-être pas aussi bien
cadré ou structuré, (entre parenthèses pour le journal des
Débats) sur d'autres plans.
M. TETLEY: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: La catégorie' 8 est adoptée?
M. CARPENTIER: Adopté.
M. LEGER: Je n'ai pas eu le temps de parler mais ce que je voulais dire
il y en a qui sont pressés il y a des problèmes que
certains députés ne semblent pas voir. M. le Président,
j'ai une simple question très courte à poser au ministre. Elle ne
sera peut-être pas directement en rapport avec cela, mais c'est une
question importante. Est-ce que le ministre fera des règlements
bientôt concernant la publicité pour les enfants?
M. TETLEY: J'ai laissé cela, comme je l'ai dit, au Conseil de la
protection du consommateur qui fixe son propre programme.
M. LEGER: Est-ce que le conseil fera la réglementation?
M. TETLEY: II a déjà soumis plusieurs documents
d'études et nous espérons produire une réglementation que
je présenterai à la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. LEGER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 11 est-elle adoptée?
M. CARPENTIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Nous avons fini l'étude des
crédits.
M. TETLEY: Sauf...
M. LE PRESIDENT: Sauf l'article 1...
M. TETLEY: ... S 13. L'article 1 a été adopté mais
S 13...
M. LE PRESIDENT: S 13: Pensions.
M.TETLEY: C'est pour les anciens commissaires de la Commission des
valeurs mobilières.
M. VINCENT: Est-ce qu'on a donné une raison et qui avait
demandé de le réserver?
M. TETLEY: Personne ne l'a réservé.
M. VINCENT: Pourquoi l'avait-on réservé? Je ne le voudrais
pas, parce que je n'étais pas ici.
M. LE PRESIDENT: Personne ne l'a réservé.
M. TETLEY: Ce n'était pas réservé.
M. LE PRESIDENT: ... qui est à la suite de...
M. VINCENT: Ah bon! c'est...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: Qui est rapporteur?
M. LE PRESIDENT: Je remercie les membres de la commission.
M. TETLEY: Je remercie tout le monde.
M. LE PRESIDENT: Je demande au rapporteur de faire rapport en Chambre au
président. La séance est levée.
(Fin de la séance à 23 h 4)