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Commission permanente des Institutions
financières,
compagnies et coopératives
Loi de la protection du consommateur
Etude des règlements (2)
Séance du mercredi 28 septembre 1972
(Dix heures vingt minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives étudiera ce matin certaines modifications qui seront
apportées aux règlements de la loi 45 pour la protection des
consommateurs, de même que d'autres amendements qui vous seront
expliqués tantôt par le ministre.
J'aimerais faire part aux membres de la commission de certains
changements. Le député de Bagot est remplacé par le
député d'Iberville; M. Gagnon, député de
Gaspé-Nord, remplace M. Cloutier, de Montmagny; M. Marchand, de Laurier,
remplace M. Fraser, de Huntingdon; M. Charron, de Saint-Jacques, remplace M.
Joron, de Gouin; M. Lamontagne, de Roberval, remplace M. Kennedy, de
Châteauguay; M. Béland, du comté de Lotbinière,
remplace M. Latulippe, de Frontenac. Est-ce que ces changements sont
agréés? Agréé.
M. le ministre.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Messieurs, je vous remercie
d'être venus ce matin. Je vous présente des avant-projets de
règlements à la loi 45, Loi de la protection du consommateur. En
effet, il y a trois règlements.
Application de règlements remise au 1er janvier
1973
M. TETLEY: Tout d'abord, une exemption jusqu'au 1er janvier 1973 des
banques et des caisses populaires pour des raisons que je vais expliquer.
Deuxièmement, une exemption pour les premières
hypothèques pour des raisons que je vais expliquer.
Et, le plus important, un règlement concernant la
publicité destinée aux enfants.
Je voudrais suggérer, M. 'e Président, que nous
procédions dans cet ordre. La raison de la convocation ce matin, c'est
que j'ai toujours promis de présenter les règlements avant leur
adoption. Ces règlements ont été approuvés par le
Conseil de la protection du consommateur.
Evidemment, il faut que les légistes fassent des changements,
changent un mot ici et là, parfois changent une phrase et je ne suis pas
responsable des légistes du gouvernement. Et ils ont une certaine
priorité. D'autre part, ils ne changent pas la nature d'un
règlement. Donc, ici nous allons discuter des principes et chaque mot si
vous voulez.
Au sujet des banques, des caisses populaires et coopératives,
c'est un problème difficile mais il y a des solutions. Vous savez que
certaines provinces ont adopté des lois semblables à la
nôtre qui contrôle même le crédit des banques. Et ces
dernières n'ont pas suivi jusqu'à maintenant la loi des autres
provinces malgré la loi. En vertu de l'Acte de l'Amérique du nord
britannique, les banques relèvent de la juridiction
fédérale.
D'autre part, le crédit, le droit civil, le contrat
relèvent du provincial. Et je crois que notre règlement est
constitutionnel. Notre loi également. Depuis longtemps nous communiquons
avec les banques et nous avons depuis quelque temps une grande
coopération. De plus, les provinces ont nommé une seule personne
responsable d'un comité qui préparera, j'espère, un
règlement pour tout le Canada mais des règlements que chaque
province adoptera.
Le président de ce comité est un avocat de notre
ministère, Me Maurice Marquis, et le comité siège à
l'heure actuelle à Victoria. Les banques sont
représentées. J'ai aussi vu l'association des banquiers, lundi,
à mon bureau de Montréal et nous espérons, en vertu des
réunions que j'ai eues avec presque tous les représentants des
banques, les convaincre d'observer la loi. Autrement, il y aura
nécessairement des procédures judiciaires.
Et je crois fermement que la meilleure procédure dans les
circonstances, est de négocier. C'est une prolongation de la date
d'entrée en vigueur de la loi.
D'autre part, je crois que c'est beaucoup mieux qu'une confrontation
sans avoir à négocier. Pour les caisses c'est la même
raison, ç'a été un peu en retard. C'est peut-être
regrettable, les caisses n'étaient pas prêtes mais en donnant ce
droit aux banques, jusqu'au 1er janvier, je crois qu'on avait raison de le
donner aux caisses. Et les membres du conseil de la protection du consommateur
qui n'étaient pas tellement d'accord, finalement, ont accepté
à l'unanimité la prolongation jusqu'au 1er janvier.
Donc, ça c'est l'explication du 205-a).
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions en rapport avec ce
projet de réglementation qui est présentement à
l'étude à Victoria, comme vient de dire le ministre, et qui aura
pour effet probablement de faire obéir les banques dans tout le Canada
en ce qui touche le crédit?
M. TETLEY: Oui, au moins au Québec.
M. GAGNON: Evidemment là où les banques n'ont pas voulu
obéir, c'est là où ça touchait le
crédit.
M. TETLEY: Ah oui! d'accord.
M. GAGNON: Car je trouvais curieux, je donne un exemple, qu'une banque
décide d'ouvrir une école pour dispenser de l'enseignement et
qu'on dise alors: on ne peut pas toucher à ça, les provinces ne
peuvent pas toucher à ça, parce qu'il y a une charte
fédérale. Mais au niveau de la propagande, dès que
ça touche au crédit ou à la finance, incontestablement,
c'est régi par le gouvernement fédéral, par la Banque du
Canada.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. LE PRESIDENT: Le député Lotbinière.
M.BELAND: Est-ce que la réaction des banques a été
sensiblement la même pour chacune d'entre elles ou s'il y en a
quelques-unes en particulier qui ont apporté quelque chose, un peu plus
de réactions que les autres?
M. TETLEY: Les banques, non.
Vous avez raison, il y a des banques qui voulaient coopérer et
d'autres ne voulaient pas. J'ai visité les présidents, j'ai
déjeuné avec eux souvent, je dois faire d'autres visites à
Toronto je vais voir des gens là-bas et j'ai vu les chefs ici.
Quelques-uns croient que c'est fédéral et que la loi doit
être universelle, mais j'ai expliqué que le fédéral
n'a pas agi et, de plus, les banques n'ont pas de code elles-mêmes, parce
que les sept, huit ou neuf banques auraient pu facilement créer
elles-mêmes, par le truchement de l'autodiscipline, un code obligatoire
et l'imposer. Donc j'ai expliqué pour ces deux raisons que le
Québec a dû agir et j'avais une obligation évidemment
d'agir.
Si je contrôle les compagnies de finance, les caisses et les
autres institutions, les compagnies de fiducie, il faut que je contrôle
les banques, surtout parce que depuis quatre ou cinq ans les banques ont la
grande part du crédit au consommateur. Elles ont déclassé
les compagnies de finance; elles sont plus importantes comme prêteurs
d'argent au consommateur que les compagnies de finance au Québec et au
Canada.
M. BELAND: Est-ce que ce sont celles qui, justement, ont les plus gros
chiffres d'affaires qui ont été les plus réticentes?
M. TETLEY: Cela a été plutôt une réticence
historique mais, évidemment, elles n'aiment pas avoir deux niveaux de
contrôle. D'autre part, ce n'était pas une banque ou une autre...
La banque la plus coopérative est la Banque Royale qui est venue devant
notre commission. C'est un fait reconnu, c'est la seule qui est venue lors de
la présentation du bill 45 et elle a déposé un
mémoire à la commission Bouchard de mon ministère. Depuis
quelque temps, je crois que les autres apprécient nos efforts,
comprennent assez bien que nous sommes prêts à coopérer. Je
suis convaincu que la plupart vont nous suivre et, dans les autres cas, il y
aura peut-être des actions en cour.
M. LE PRESIDENT: II n'y a pas d'autres questions? Nous allons passer
à l'article 2.08.
M. TETLEY: M. le Président, les notaires ont soulevé une
question importante. J'aurais aimé qu'ils l'ait soulevée il y a
un an ou deux ans. Le bill a été présenté par le
ministre de la Justice et des Institutions financières d'alors, le
député d'Outremont, en novembre 1970, il y a presque deux ans, et
les notaires n'ont rien fait. Lors des mémoires on a eu cinquante
mémoires et des journées d'études jusqu'à 10 heures
le soir parfois les notaires ne sont pas venus malgré le fait que
le bill les affectait. J'ai présenté un bill complètement
modifié qui a été adopté le 14 juillet de l'an
dernier, il y a quinze mois, et depuis ce temps les compagnies de fiducie, les
associations de consommateurs sont venues au bureau consulter nos avocats pour
la préparation des règlements, qui sont difficiles.
Ce ne sont pas les notaires. J'ai prolongé le délai de la
mise en vigueur des articles du crédit du 1er mai au 1er juillet et au
1er août, et pas un mot des notaires. Finalement, quand je les ai mis en
vigueur, j'ai reçu des protestations des notaires, mais c'était
un peu en retard.
Malgré cela, nous avons eu des entretiens avec les notaires. Ils
ont, à mon avis, une observation assez importante. La loi ne s'applique
pas tout simplement au crédit donné par les banques et les
compagnies de finance, mais aussi aux prêts par les notaires. Dans le cas
d'une première hypothèque, il n'y a pas vraiment de
problème de fraude ou un tarif trop élevé. Nos
règlements sont compliqués, à cause des compagnies de
finance et de la deuxième hypothèque, etc. Il faut forcer le
prêteur à montrer le vrai coût en dollars et cents. Si vous
regardez l'article 401 de notre règlement, vous verrez que c'est
compliqué. Apparemment, ce règlement a affecté les
prêts par hypothèque. Après étude, je suis convaincu
qu'on est trop protégé, qu'on a trop fait pour les
premières hypothèques. J'ai consulté le conseil. J'avais
reçu des opinions de partout. Le Conseil de la protection du
consommateur, qui est composé de toutes sortes d'associations,
était d'accord. C'est pourquoi je crois que l'article 208 a) est, pour
l'instant au moins, un bon amendement à la loi.
Les vrais cas où il y a de la fraude, c'est dans la
deuxième hypothèque ou les prêts pour les
téléviseurs couleurs, etc. Ici, c'est le type qui achète
une maison et qui demande une hypothèque pour sa maison. C'est
l'hypothèque de premier rang. Je suis convaincu que cet article doit
être adopté.
M. GAGNON: Nous avons donné des exemples au ministre. Est-ce
qu'il pourrait expliciter davantage en donnant un exemple de la façon
dont les règlements et la loi antérieure bri-
maient certaines transactions ou nuisaient à la bonne marche des
choses?
M. TETLEY: En vertu de l'article 401, par exemple, le coût de
crédit doit être déterminé comme étant
égal à tout ce que le consommateur doit payer en vertu d'un
contrat. Il y avait toute une liste de choses que le notaire devait faire. Il y
avait aussi le fait qu'il fallait donner des avis. C'était
compliqué. Si c'était à long terme, pour plus de cinq ans,
c'était presque impossible. Aujourd'hui, les hypothèques sont
presque toutes de cinq ans, mais l'intérêt est pour vingt ans.
Donc, au moment du renouvellement, il fallait tout un autre contrat
hypothécaire et c'était très cher. Il y avait toutes
sortes d'exigences qui s'appliquaient aux compagnies de finance pour les
renouvellements qui, parfois, sans être frauduleux, n'aidaient pas le
consommateur.
Dans le cas d'un homme qui avait une hypothèque sur sa maison, il
n'avait pas besoin de toute cette protection. C'était
compliqué.
M. CROISETIERE: J'ai bien l'impression, M. le Président, que les
notaires, au moment où le ministre a publié les avis relativement
à ce problème, n'avaient pas vécu avec cette loi.
M. TETLEY: Non.
M. CROISETIERE: Alors, par l'expérience des contrats qu'ils ont
dû mettre en application, là, ils ont vu les vices. Ce ne sont
peut-être pas des vices, mais des malformations ou des mauvaises
dispositions de la loi. Alors, c'est certainement une des raisons. Mais, tout
de même, vous allez voir à l'expérience ce que cela va
donner avec le changement de l'article, quitte à le changer si les
besoins l'exigent.
M. TETLEY: Je suis prêt à venir ici encore une fois et
à faire un autre changement.
M. CROISETIERE: Si cela indispose le consommateur au point qu'un
changement soit nécessaire.
M. TETLEY: Cela peut affecter la construction de maisons, parce que
presque chaque maison a une hypothèque. Rare est l'homme qui
achète une maison sans hypothèque.
M. CROISETIERE: Exactement.
M. TETLEY: En tout cas, ces hommes n'ont pas besoin de notre
protection!
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Etant donné que certaines compagnies, dans leurs
contrats à passer avec le consommateur, ont même inscrit qu'elles
hypothéquaient la progéniture future, comme dans le cas, par
exemple, d'animaux de ferme, est-ce que vous avez statué quelque chose
pour clarifier davantage des transactions, des contrats comme cela?
M. TETLEY: Je regrette, M. le député de Lotbinière.
Je n'ai pas exactement compris.
M. BELAND: Disons, par exemple, qu'une compagnie financière va
acheter les comptes soit d'une coopérative, soit d'une meunerie, des
choses comme cela.
M. TETLEY: La loi ne s'applique pas aux commerçants, mais tout
simplement aux consommateurs en général.
M. BELAND: C'est justement ce que je vise, dans ma question, pour que le
consommateur soit davantage protégé dans ces cas. En somme,
souvent, il a signé des contrats qui engageaient même toute la
progéniture future, dans son exploitation.
M. GAGNON: Progéniture d'enfants ou d'animaux?
M. BELAND: D'animaux. A ce moment-là, cela avait de drôles
de conséquences.
M. TETLEY: Ah oui!
M. BELAND: J'aimerais savoir si vous avez statué quelque chose
qui touche ce domaine.
M. TETLEY: Non. Evidemment, ces cas sont plutôt pour un
commerçant que pour un consommateur. Mais il est vrai qu'en vertu de la
Loi sur les banques, on a le droit d'hypothéquer l'avenir. En effet,
c'est cela. C'est peut-être le nantissement agricole. Mon conseiller
juridique me dit que c'est peut-être en vertu de la Loi du nantissement
agricole. Est-ce possible? Non?
M. BELAND: Non. Il s'agissait, à ce moment-là, d'une
compagnie prêteuse qui achetait des comptes je ne sais si elle
exerce encore présentement et qui faisait passer des contrats
d'une dizaine de pages de huit et demi sur quatorze. Tout était compris,
complètement tout, quant à ce qui concernait l'entreprise
même. Cela comprenait même, justement, la progéniture
future, tant et aussi longtemps qu'un certain montant ne serait pas
remboursé plus l'intérêt à 22 p.c, 24 p.c, 28 p.c,
et le reste.
M. TETLEY: Sauf erreur, nous n'avons pas eu de plaintes de ce genre.
Mais si vous pouviez m'envoyer une note d'un exemple concret, je ferais
étudier cela.
J'ai peur de réglementer des problèmes qui n'existent pas.
Les règlements sont assez compliqués, le député de
Wolfe il est absent me parle à chaque réunion de
leur complexité. A ce
jour, notre loi s'occupe tout simplement des problèmes aigus. Il
y a des problèmes partout. Nous en avons touché quelques-uns. Et
si c'est un vrai problème, je suis prêt â faire des
changements dans la loi.
M. BELAND: De toute façon, je tenterai de vous faire parvenir une
photocopie d'un de ces contrats en question, que vous pourrez peut-être
analyser quelque peu et voir s'il vaut la peine de s'en occuper d'une
façon précise.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions en rapport avec le
nouvel article 2.08 a)?
M. le ministre, le troisième sujet à l'ordre du jour, je
voudrais savoir si c'est tout simplement une correction d'une erreur
d'écriture ou si vous avez le règlement no 1 adopté par
l'arrêté en conseil.
M. TETLEY: Oui, c'est de la concordance.
Publicité destinée aux enfants
M. LE PRESIDENT: Adopté. Nous allons maintenant procéder
à la section 5 a), Publicité destinée aux enfants. Le
ministre des Institutions financières.
M. TETLEY: Lors de l'adoption du bill 45 et lors de l'étude, ici
à la commission parlementaire, en 1970 et 1971, nous avons souvent
parlé de la publicité destinée aux enfants et de la
publicité en général. Nous avons, en vertu de la loi,
à l'article 102 o), le droit au Québec de légiférer
dans ce domaine. Et, depuis un an, nous avons étudié le
problème.
Il y a un an, M. Basford, du fédéral, avait, avec
l'approbation du CRTC, des radiodiffu-seurs, de certaines associations
d'annonceurs, etc., préparé un code de publicité
destinée aux enfants à la télévision, code qui
n'est pas encore entré en vigueur. Il l'a présenté en
novembre ou décembre dernier. C'est très bien.
Mais le code, même lors de son adoption, ne sera pas obligatoire.
C'est un code facultatif. Malgré cela, les publicistes l'ont suivi en
grande partie, mais il y a des cas flagrants de publicité trompeuse
malgré le code.
Le Québec a bien aimé le code de M. Basford. D'autre part,
nous voulions que la publicité soit contrôlée dans toute la
province de Québec, pas simplement pour la télévision et
la radio, mais la télévision par câble, les revues et les
journaux.
Deuxièmement, nous voulions que ce soit obligatoire.
D'autre part, il faut marcher avec soin. C'est difficile de savoir les
effets d'un tel règlement. En conséquence, nous avons
consulté des avocats. Un d'entre eux en particulier nous a aidés.
La semaine dernière, après préparation de notre
règlement, nous l'avons présenté au Conseil de la
protection du consommateur, qui l'a étudié et
approuvé.
Mercredi dernier, je vous ai présenté une copie en anglais
parce que, dans le texte, certains mots provenaient de la loi
américaine. Ce matin, vous avez le texte en français. J'ai aussi
envoyé ce texte par lettre à différentes associations,
organismes, dont quelques-uns ont déjà répondu et nous ont
fait part de suggestions assez intéressantes.
C'est notre intention de vous demander vos suggestions et par la suite
de faire des modifications. Nous désirons adopter le règlement le
plus tôt possible parce que nous voulons contrôler la
publicité pour Noël, qui est la saison par excellence pour la
publicité destinée aux enfants.
Donc, voici l'avant-projet et j'aimerais recevoir vos commentaires.
Peut-être pouvons-nous procéder phrase par phrase ou
peut-être y a-t-il des questions ou suggestions.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais faire remarquer aux membres de la commission
une nouvelle section qui s'ajoutera après la section V et qui
s'appellera la section V a). Le député du comté de
Saint-Jacques et non pas de la rue Saint-Jacques.
M. TETLEY: Avec ses $600,000, on se pose la question.
M. CHARRON: Vous me permettrez de faire, avant d'aborder l'étude
de l'article, quelques remarques générales sur le
règlement et sur ses buts. J'ai presque envie de commencer en disant:
Nous, les enfants, voulons parler de la publicité qui nous concerne.
Mais je veux rappeler au ministre la position que le Parti
québécois avait prise lors de l'adoption de la loi 45 alors que
nous avions affirmé qu'il fallait abolir complètement la
publicité qui est principalement destinée aux enfants. Nous
l'avons donc proposé lors de l'étude et cette proposition avait
été refusée par le ministre. Nous avons réussi
à obtenir un amendement qui aujourd'hui aboutit à cette
réglementation. Mais je crois que le compromis auquel nous étions
parvenus éliminait déjà, sans étude ni recherche,
la possibilité de revenir à notre proposition originale. Il nous
semble que réglementer certains abus destinés à la
publicité aux enfants implique que, non seulement on se refuse à
la remettre en cause, mais que le lieutenant-gouverneur en conseil la juge
essentiellement nécessaire et bonne, peut-être, moralement. Je me
souviens que durant le débat le ministre avait dit lui-même que le
fait de refuser toute publicité aux enfants était absolument
inacceptable parce qu'il y a de la publicité, disait-il, de très
grande valeur. Il nous semble qu'à ce moment-là le choix
était déjà fait dans la tête du ministre et je ne
suis pas sûr d'avoir compris toute la logique qui l'amenait à
cette conclusion.
Tout d'abord, il y a le fait qu'on dise qu'il peut exister de la bonne
publicité pour les
enfants. Les exemples qu'invoquait le ministre dans son discours
traitaient des oeuvres de bienfaisance, des scouts et des mouvements religieux.
Mais depuis quand le ministre refuse-t-il de réglementer un secteur
d'activités parce que, par exemple, telle catégorie de
commerçants ou de consommateurs subirait des préjudices à
cause de l'application d'une disposition générale? Toute une
section du règlement général de la Loi de la protection du
consommateur est consacrée, il me semble, à ce genre
d'exemptions.
On dit aussi : Comment déterminer ce qu'est la publicité
principalement destinée aux enfants?
Le député de Bagot avait invoqué
l'impossibilité de déterminer l'âge, la limite de
l'enfance. La loi n'a jamais pu et ne pourra jamais être si claire
qu'elle ne soit sujette à aucune interprétation et ce domaine a
toujours été le domaine propre des tribunaux. Laissons-lui le
soin de définir ces limites, comme le fait le présent
règlement.
Troisième série d'arguments qu'on invoque, c'est de dire
que la suppression totale de la publicité destinée aux enfants
n'est pratiquement pas réalisable, parce que le gouvernement du
Québec n'a pas juridiction sur la télévision et parce
qu'une telle réglementation nuirait aux commerçants
québécois par rapport aux commerçants étrangers qui
n'y seraient pas assujettis. Ceux qui défendent cette hypothèse
reviennent constamment avec l'éternelle suggestion miracle: Donnons aux
enfants, dès l'école primaire, toute l'éducation qui leur
permettra de résister aux assauts concertés des compagnies
publicitaires.
Il nous parait évident qu'il serait inconstitutionnel, dans le
règlement, de viser la publicité télévisée,
ce qui démontre une fois de plus notre incapacité dans le
système actuel de modeler une société originale.
Cependant, nous possédons la compétence de
légiférer pour la protection de l'enfance et nous croyons qu'un
règlement touchant généralement la publicité dans
ce but, à la condition qu'on y crée un nouveau délit
serait parfaitement constitutionnel.
La culture, la langue que nous parlons, limite considérablement
la portée de l'objection qui soutient la concurrence déloyale que
subiraient les commerçants québécois de la part
d'étrangers qui ne seraient pas assujettis à ce règlement.
Notons simplement que cet argument s'applique non seulement à
l'abolition mais aussi à la réglementation des abus, donc que la
simple réglementation que présente le ministre pourrait aussi
être déclarée novice aux commerçants
québécois puisque les commerçants étrangers n'y
seront pas assujettis.
Quant au cours à l'élémentaire, la
prévention, je pense qu'une analyse même superficielle d'un seul
message publicitaire où on fait appel à l'irrationnel et à
l'émotif plutôt qu'à l'intelligence, nous laisse
plutôt perplexe sur cette solution miracle. Tout le monde sait que
désormais les agences de publicité engagent des
diplômés d'université en psychologie afin d'accroître
l'efficacité de leur méthode.
Je n'ose pas croire que quelques cours à
l'élémentaire disséminés à travers d'autres
matières pourraient constituer une muraille; ce n'est pas que je sois
contre, mais de dire que c'est là la muraille qui peut enrayer le
développement des techniques publicitaires actuellement, c'est, je
pense, prendre des vessies pour des lanternes.
Je crois que, sans vouloir tirer des conclusions là où
peut-être le terrain n'est pas prêt à en tirer, il faudrait
plutôt chercher la solution sur le terrain socio-économique. Avant
de résumer les arguments qui militent, dans mon esprit, en faveur de
l'abolition complète de la publicité destinée aux enfants,
j'aimerais citer quelques chiffres extraient d'une revue, non pas d'une revue
gauchisante ou communisante, mais d'une revue qui s'appelle le "Publicity Club"
de Montréal qui dit que Neilson Television Index soutient qu'aux
Etats-Unis il faut croire qu'à cause de la proximité, les
mêmes taux pourraient s'apparenter à la population
québécoise les enfants d'âge préscolaire,
ceux qui ne vont même pas à la maternelle, les trois à cinq
ans, regardent en moyenne 54 heures de télévision par semaine,
soit 54 p.c. de leur temps éveillé.
Donc, à leur entrée à la maternelle, ils auront
déjà passé plus de temps à regarder la
télévision qu'ils vont en passer à l'école
primaire. Il me semble que cette dimension doit apporter le souci au
législateur d'être dans ce domaine, à cause de l'exposition
facile et constante qu'ont ces jeunes Québécois à la
publicité. Autrement dit, plus l'exposition est grande, plus le danger
est grand, donc plus la prévention du législateur à
l'égard des dangers de la publicité doit être grande et
doit même oser aller jusqu'à l'abolition complète de la
publicité.
Il existe essentiellement deux objections destinées à la
publicité aux enfants. Tout d'abord cette publicité ne s'adresse
pas aux enfants, chacun le sait, mais au fond aux parents qui sont les
véritables consommateurs, et on utilise dans cette publicité les
enfants comme des média publicitaires.
En d'autres termes, on suscite des appétits de façon
qu'ils se servent de leur relation, évidemment
privilégiée, avec cette catégorie de consommateurs que
sont leurs parents pour faire acheter-, on s'adresse à des individus
incapables de contracter, au sens du code civil, des achats et on se sert de
leur absence d'esprit critique pour mousser l'achat par leurs parents de biens
qu'ils désirent. La réglementation, dans ce sens, le
reconnaît, elle est assez explicite, la réglementation dont nous
avons le projet ce matin devant nous.
De plus, la qualité des valeurs morales charriées par la
publicité destinée aux enfants est souvent fort douteuse;
dès l'âge de trois ou
quatre ans, on propose aux jeunes garçons des héros
meurtriers ou militaires et aux jeunes filles, des poupées idiotes que
l'on farde; il me semble qu'il y aurait d'autres moyens de définir et
d'éduquer par la télévision les enfants autrement que par
cette publicité sans aucun sens.
Je suis convaincu que si l'on demandait aux parents
québécois s'ils accepteraient de laisser leur enfant être
soumis aux pressions d'un vendeur de jouets, porte à porte ils seraient
les premiers à dire: Voyons donc! il n'est pas en âge, il n'a pas
la capacité mentale, il n'a pas la capacité physique, parfois
même de résister à la pression de pareils vendeurs de porte
à porte les itinérants dont nous avons parlé au
moment de la loi 45. Pourtant, ces mêmes parents laissent et certains
seraient prêts à laisser sans aucune réglementation la
porte ouverte à la télévision 54 heures par semaines
à ces mêmes vendeurs itinérants par la
télévision. Il me semble que le message publicitaire a une
technique beaucoup plus raffinée, beaucoup plus nocive que le vendeur
itinérant.
M. le Président, le règlement que nous propose le
ministre, nous empêchera, dans un avenir raisonnablement
rapproché, d'abolir cette forme de chantage auquel sont soumis les
parents par leurs enfants media publicitaires. Le règlement postule
clairement qu'il y a pour reprendre l'expression du ministre
utilisée l'année dernière, je ne sais pas s'il a
changé de vocabulaire de la publicité de grande valeur
parfois destinée aux enfants. Nous regrettons simplement que, tout comme
le gouvernement libéral fédéral, le 26 novembre 1971,
l'appendice provincial décide sans études ni recherches et
après très peu de consultations, il me semble, que la question de
l'abolition complète de la publicité destinée aux enfants
soit refusée.
Pour revenir plus précisément au texte que nous avons
à étudier, disons tout d'abord que les premiers rapports de
presse laissaient croire que l'on préparait un code qui
réglementerait la fréquence des messages publicitaires
destinés aux enfants et nous ne retrouvons pas de telle disposition
â cet effet dans le texte actuel. Quand on dit : La prohibition de toute
publicité destinée aux enfants qui serait injuste, fausse,
trompeuse ou fallacieuse, est-ce que cela entraf-ne qu'une telle
publicité s'adressant aux adultes serait légale? Si tel n'est pas
le cas, il faudrait alors éliminer, dans l'article 5.51, toute
référence aux enfants de manière à donner au
règlement une portée générale, quitte à
spécifier ailleurs dans d'autres articles quelles pratiques parmi
celles-ci exprimées à l'article 5.52 doivent s'appliquer
spécifiquement aux enfants.
A notre avis, les pratiques décrites aux paragraphes a), b), g),
h), i), j), k) et 1) devraient être prohibées complètement,
qu'elles s'adressent aux enfants ou aux adultes, car il s'agit de moyens
trompeurs, injustes, faux, fallacieux. Nous reviendrons avec d'autres
commentaires mais c'étaient les premières remarques que je
voulais faire et je voulais surtout redonner l'occasion au ministre de
redéfendre sa position, si elle n'a pas changé, de 1971, alors
que nous étudions la Loi 45 et de revenir à la défense de
la publicité de grande valeur qui peut parfois s'adresser aux
enfants.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: M. le Président, voici, nous touchons
évidemment un point important, qui va de la psychologie à tout ce
que fait la psychologie chez les enfants.
Comme père de famille, je n'ai pas tellement d'enfants; j'en ai
dix. Je crois que nous faisons une oeuvre louable en essayant de
réglementer la publicité chez les enfants. Je me pose certaines
questions à savoir si ça va réussir, parce qu'à
99.99 p.c. la publicité chez les enfants se fait par le truchement de la
télévision, en premier lieu et, en second lieu, par la radio.
Si la télévision n'est pas soumise ou ne respecte pas,
comme elle devrait le faire, ce que le Parlement provincial ou le conseil des
ministres pourrait être appelé à adopter, je crois que tous
les efforts que les législateurs provinciaux auront faits seront
à peu près inutiles. Cette propagande est faite par les media
d'information et surtout par la télévision. Je ne partage pas
complètement ce que le député de Saint-Jacques a dit
concernant les heures que les enfants passent devant la
télévision. Cinquante-quatre heures par semaine, c'est presque
impensable. D'abord, l'enfant s'amuse. L'enfant dort l'après-midi,
surtout les plus jeunes. Mais je dirai que, même si ce n'est pas 54
heures, dans la majorité des familles, j'irais peut-être
jusqu'à 30 heures. C'est fantastique chez les enfants. Les enfants sont
traumatisés par la publicité.
Je rejoins l'idée du député de Saint-Jacques,
à savoir que ce sont des intermédiaires entre le vendeur et les
parents, puisque les enfants tentent d'influencer les parents pour leur faire
acheter les jouets ou telle et telle chose qu'ils ont connus par une
publicité éhontée. On sait que les compagnies
publicitaires sont très habiles. Elles montent un scénario pour
présenter leurs produits à la télévision en
particulier ou à la radio. La publicité semble parfois
inoffensive, mais elle pénètre au coeur de l'enfant. Il faut
connaître l'enfant. C'est un être très nerveux et,
même si son comportement intellectuel n'est pas extrêmement
avancé, l'enfant va chercher la pointe qui le pénètre le
plus et qui, apparemment, est la plus dangereuse. Il peut en rester
marqué toute sa vie. Tous tant que nous sommes, nous savons que nous
restons marqués par notre enfance, que ce soit par ce que nous avons vu,
ce que nous avons vécu ou ce que nous avons palpé.
Je lis, entre autres, l'article 550 a): "Publicité, toute
réclame faite ou suggérée par déclarations, par
mots, par dessins, par appareils, par sous, par photos ou quelques-uns de ces
moyens dans le but de..." De quelle façon cela sera-t-il défini?
Je vais donner un exemple. Vous voyez
un juge qui doit prendre une décision dans une cause. Il dit:
Monsieur, je peux vous condamner à trois mois, mais je peux vous
condamner également à deux ans. Cela veut dire qu'il peut agir
avec beaucoup de latitude, car cela fait une différence de près
de sept fois. Quel est celui qui va préparer les règlements ou
qui les appliquera? Est-ce que ce sera un type qui aura une vue assez large,
assez grande, qui sera peut-être célibataire, qui n'aura
peut-être pas d'enfant ou qui n'aura peut-être pas de
difficulté avec ses enfants ou si ce sera quelqu'un qui sera
réaliste... Pardon?
M. VEILLEUX: Avez-vous quelque chose à dire contre les
célibataires?
M. GAGNON: Non, mais disons qu'il est moins planté dans le milieu
de l'éducation des enfants qu'un père de famille.
M. HOUDE (Fabre): II plante moins aussi. Ah! Il dit qu'il ne le fait
pas!
UNE VOIX: Le député ne me fera pas croire que les
pères de 10 enfants sont des célibataires.
M. GAGNON: Ils sont tous célibataires!
M. MARCHAND: C'est de la publicité gratuite.
M. GAGNON: De quelle façon la publicité sera-t-elle
préparée? A quel point va-t-on tolérer la
publicité, comme je vous le dis, avec cette latitude avec laquelle on
peut agir? Il est incontestable qu'aussi longtemps que le gouvernement ne
pourra pas faire respecter tout ce qu'il pourra mettre en vigueur par le media
d'information no 1, la télévision, cela ne fonctionnera pas. Tous
tant que nous sommes, nous regardons, à certaines occasions, des
programmes. Actuellement, on a commencé à présenter des
poupées qui disent un ou deux mots. J'ai demandé à mes
enfants ce que cela voulait dire pour eux. Ils disent: Elle parle! Elle parle!
Pour l'enfant, la poupée pourra tout dire, quand il l'aura. Quand on
sait qu'elle ne dit qu'un mot ou deux. Les parents sont soumis à des
pressions par les enfants, parce qu'ils veulent telle poupée, tel jouet.
Dans d'autres domaines, ce sera peut-être un jouet de guerre qui aura
impressionné l'enfant. On aura peut-être créé une
phychose chez l'enfant et il sera guerrier jusqu'à l'âge de douze,
treize, quatorze ans, parce qu'il aura été impressionné
par cela II en reste toujours quelque chose.
Il va falloir être très prudent. Mais je demanderais au
ministre de bien choisir ceux qui seront appelés à appliquer la
loi et essayer d'avoir une collaboration avec les media d'information, comme
Radio-Canada. Radio-Canada ne peut pas ignorer les efforts que les hommes
publics, sur la scène provinciale, peuvent faire pour essayer de ne pas
manquer le but avec l'éducation des enfants dans un contexte difficile.
Elever des enfants aujourd'hui... Dans une période de dix ans, le
contexte s'est peut-être placé au niveau de la difficulté
en multipliant par trois et quatre fois. La télévision, c'est un
instrument. Je suis convaincu que nous, les adultes, ne palpons pas encore en
profondeur les effets que la télévision peut avoir sur les
enfants. Même si nous l'imaginons, nous ne le savons pas dans toute son
acuité.
M. TETLEY: Vous êtes un père d'une grande famille et je
vous félicite. Je l'ai déjà fait.
M. GAGNON: II faut dire ça à ma femme!
M. TETLEY: Croyez-vous que la télévision a aidé ou
a nui à vos enfants?
M. GAGNON: Je crois qu'à la télévision, il y a des
programmes qui sont bons. Mais je crois qu'un médium d'information,
comme la télévision, ce n'est pas pour permettre qu'on
amène n'importe qui à dire n'importe quoi ou à faire
n'importe quoi. C'est-à-dire que tout doit être pesé et
centré, car dans les familles il y a des enfants et ceux-ci peuvent
être traumatisés. Plus tard, on en aura les effets. Je crois que
sur l'ensemble du problème, je serais porté à dire que les
effets négatifs ont été plus grands que les effets
positifs. Là, il faut combler par une éducation familiale.
L'éducation familiale, vous pouvez avoir un pédagogue, un
psychologue ou un psychiatre qui vient à la télévision. Il
dit des choses qui sont bonnes et qui ont bien du bon sens. Il y en a un autre
qui peut vous arriver avec des choses abracadabrantes, insignifiantes, folles.
Les parents qui voient cela, où est le centre pour les parents?
Tantôt vous allez voir des parents qui vont ouvrir la porte toute grande
parce que M. X a dit qu'il faut l'ouvrir et ne pas avoir peur. Il ne faut plus
les élever sexuellement et il faut les lâcher dans la rue à
treize ans. Il n'y a plus d'aspect moral. Pourtant on sait que l'aspect moral
est un aspect qui tient un peuple, qui le dirige et qui le forme.
Il y en a un autre qui arrive et qui est peut-être un peu
serré. Alors, d'un côté, vous avez celui qui veut ouvrir la
porte au maximum. De l'autre côté, vous avez l'autre qui veut
peut-être la fermer un peu plus. Les parents, qui n'ont pas la formation,
qui ne sont pas dans l'aspect mondain de tout le problème, ne sont pas
capables de juger. Alors, ils vont l'ouvrir un peu plus parce que les enfants
demandent de l'ouvrir un peu plus. Vous vous ramassez avec les problèmes
qu'on connaît. Il s'agit d'aller au ministère des Affaires
sociales pour savoir qu'il y a des problèmes. Ils sont extrêmement
nombreux. J'entendais le ministre des Affaires sociales dire, la semaine
dernière, qu'on est la province, au Québec, qui a le plus
d'enfants en foyers nourriciers. C'est impensable quand on sait que l'Ontario a
un million et demi de
population de plus que le Québec, peut-être deux millions,
et que le Québec les dépasse. On s'aperçoit, à ce
moment-là, qu'il y a des problèmes à l'intérieur de
la famille et que le ministère des Affaires sociales tente de
réajuster ou de jouer un rôle d'intermédiaire. Tout de
même, cela se résout par quoi? Je sais que la
télévision est un élément terrible à ce
sujet. Je le sais parce que je le vis. Je questionne mes enfants. J'en ai de 18
ans jusqu'à trois mois.
M. TETLEY: Trois mois!
M. GAGNON: Je les questionne à partir de l'âge de 18 ans en
descendant jusqu'à quatre ou cinq ans. Je sens quels effets la
télévision a. La radio est plus ou moins écoutée.
Voilà mes remarques.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Iberville.
M. CROISETIERE: Je vais suivre le raisonnement du député
de Gaspé-Nord pour démontrer comment les publications ont des
experts et que c'est présenté de façon assez astucieuse.
On pourrait observer les réclames publicitaires qui sont
présentées sur les aliments des animaux de maison: chiens, chats,
etc. Cette publicité est présentée d'une façon qui
démontre que ces animaux sont les amis des enfants. Ils vont inciter les
parents à acheter tel produit. Cela va jusqu'à ce point.
J'avais une question à poser au ministre: Je sais que dans
l'application de ce règlement, cela va être assez difficile parce
que les résidents, qui sont près des frontières
américaines, captent certainement ces postes dans leur foyer.
Mais j'aimerais savoir si le ministre est au courant qu'il y aurait un
comité réunissant la télévision américaine
et la télévision provinciale ou même nationale,
Radio-Canada, qui pourrait essayer de réglementer d'une manière
générale cette publicité pour les enfants.
M. TETLEY: Vous touchez un peu le bobo: Est-ce fédéral ou
provincial? Il n'y a pas de loi fédérale. Le champ est
inoccupé. La télévision par câble est provinciale.
Les contrats, comme je vous l'ai dit, entre l'agence et le journal, le poste de
télévision ou le fabricant de jouets sont certainement
provinciaux. La vrai raison pour laquelle c'est provincial est la suivante. Et,
ici, j'apprécie la présence des journalistes. Cela peut les
intéresser.
Si, par exemple, quelqu'un se présente à la
télévision de Radio-Canada et fait un discours diffamatoire
contre vous, vous pouvez prendre action en vertu du code civil, la loi
du Québec en dommages, en diffamation, malgré que la
télévision soit fédérale, parce que le dommage a
été fait et que la question des dommages est provinciale. C'est
un droit civil. C'est la même chose pour l'enfant qui subit des dommages
par la publicité trompeuse ou honteuse. J'ai tout un mémoire,
épais d'un pouce, de Me Cohen, qui est à côté de moi
et d'autres mémoires au sujet de la constitutionnalité. Notre
règlement est constitutionnel. Il est vrai que nous avons patiné.
Nous n'avons pas mentionné la télédiffusion. Nous avons
patiné. Mais je crois que le règlement est très
légal, très constitutionnel. En réponse un peu aux
questions du député de Saint-Jacques j'ai également
des réponses en profondeur c'est une des raisons pour laquelle
les choses que j'aurais aimé y voir ne se trouvent pas dans le
règlement.
Je crois que le député de Frontenac aimerait prendre la
parole.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais reprendre un
thème, parce que je pense que l'essentiel de ce qu'a voulu souligner le
député de Saint-Jacques était que toute publicité
adressée aux enfants soit absolument abolie. Je pense que c'est
là-dessus qu'il a fait son plaidoyer. Pour ma part, j'aimerais souligner
que je soutiens qu'une réglementation qui aurait pour but de limiter les
abus, tout en permettant certaines choses qui pourraient être valables,
est de beaucoup supérieure à une action draconnien-ne.
Il ne faut pas oublier que même si nous arrivions effectivement
à abolir toute la publicité, au Québec, comme l'ont
souligné d'autres députés, il y aura toujours d'autres
provinces, dans d'autres milieux qui pourront nous transmettre des ondes et,
finalement, nous inonder de la publicité de leurs produits. Ce serait
donc, à mon point de vue, pénaliser les fabricants
québécois, qui ont aussi une marchandise valable à vendre.
Dans certains cas, cela peut même contribuer à la formation des
enfants.
D'autre part, la publicité comme telle ne s'est jamais
adressée aux enfants mais bien aux parents. Là-dessus, la
réglementation je crois le déceler se veut assez
sévère pour limiter au maximum la publicité qui est
directement faite aux enfants et plutôt l'orienter vers les parents.
Je pense aussi qu'en définitive il y a un autre facteur
essentiellement important. C'est qu'il n'y a pas que la publicité
commerciale qui est consommée par les enfants. Il y a aussi les films.
Même le comportement des adultes, dans notre société, n'est
pas non plus très très évolué, dans certaines
circonstances.
Je pense qu'une réglementation trop sévère serait
pire que dire qu'on va essayer, dans un premier temps au moins, d'introduire
une réglementation qui va viser à corriger les abus de notre
société. Je ne crois pas qu'une action de fermeté
là-dessus soit la solution valable actuellement.
Je crois que la solution qu'a soumise le ministre est une solution
mitoyenne que j'endosse totalement parce qu'elle permet de corriger certains
abus tout en maintenant ce qui
peut être valable. Elle a suffisamment de souplesse, par exemple
à l'article e), pour bannir complètement certains aspects de la
publicité. Dans ce sens, je pense que c'est à peu près ce
qu'on peut faire de mieux dans notre société, tout en ne
pénalisant pas les nôtres, surtout dans l'industrie des
jouets.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a des députés du gouvernement
qui veulent s'exprimer? Autrement, je vais répondre à tout le
monde ensemble.
M. LE PRESIDENT: Le député de Stanstead.
M. VAILLANCOURT: J'aurais une question à poser au ministre.
Est-ce qu'il sera possible que cette réglementation que nous sommes
à étudier ce matin soit respectée par les media
d'information tels que la radio et la télévision?
M. TETLEY: Nous croyons, par les entrevues que nous aurons et que nous
avons eues, les convaincre de la suivre. Il faut aussi un système
d'administration. Je crois que j'aurai des étudiants qui vont regarder
les programmes et en prendre note. Il faut tout un système: regarder les
journaux, les revues, et c'est très difficile. Qu'il y ait prohibition
ou non, c'est difficile, parce qu'il faut un jugement chaque fois que l'on est
destinée aux enfants. Est-ce bon ou mauvais? Il faut décider.
C'est pourquoi je veux la coopération des media.
Nous l'avons à ce jour. Ils ont modifié en grande partie
leur publicité. Elle n'est pas aussi mauvaise qu'avant, certainement.
J'ai écouté la télévision la semaine
dernière, samedi matin...
M. VAILLANCOURT: Croyez-vous que la télévision ou la radio
vont, de par la loi, être obligées de se soumettre à cette
réglementation ou si ce sera seulement de gré à
gré?
M. TETLEY: J'espère qu'elles vont s'y soumettre aussitôt
que ce sera publié dans la Gazette officielle du Québec.
M.VAILLANCOURT: Est-ce qu'il y a des sanctions de prévues?
M. TETLEY: Oui, il y a toutes les sanctions du bill 45. C'est pourquoi
nous sommes dans une meilleure position que les autres provinces. Il ne faut
pas venir avec une loi chaque fois. Je peux réglementer en vertu de
l'article 102 a), P). Q), etc., et nous avons beaucoup de pouvoirs. C'est
pourquoi je vous présente ces règlements, parce qu'en effet,
c'est la loi.
M. VAILLANCOURT: J'aurais une autre question qui n'est pas directement
liée à la section 5 a). Est-ce que le consommateur est
protégé, par la loi 45, des vendeurs de porte à porte qui
vendent des médicaments, remèdes, vitamines, herbages? Ces
médicaments ne sont généralement pas prescrits par les
médecins. C'est donc dire que leur qualité est douteuse. Et vous
savez cela se pratique beaucoup.
M. TETLEY: Ces personnes doivent avoir un permis de notre
ministère. Celui qui vend des médicaments doit être
pharmacien. Donnez-moi un exemple d'un homme qui vend de porte à porte
des médicaments et je vais faire enquête. Je n'ai pas eu, sauf
erreur, de cas semblables.
M. VAILLANCOURT: Ce sont des médicaments brevetés qui
peuvent être vendus n'importe où, par n'importe qui.
M. GAGNON: La compagnie Rolmex, ce sont des herbages.
M. CROISETIERE: Mais, en vertu de cette loi, est-ce qu'on ne pourrait
pas être accusé d'anticléricalisme, si on faisait allusion
aux remèdes de l'abbé Warré?
M. VAILLANCOURT: Je me pose la question parce que j'ai des plaintes de
gens qui ont acheté des médicaments, des herbages pour plusieurs
dollars. Il y a des vendeurs qui sont bons. Ils profiteront du fait qu'une
personne a des petits malaises ici et là et peut-être des malaises
incurables. Le vendeur leur dit: Telle ou telle chose serait bonne. Finalement,
quand il sort, il a vendu pour $25, $30, $40 ou $50. Or, après une
couple de mois, le type qui a acheté ces médicaments
s'aperçoit qu'il n'est pas mieux.
M. TETLEY: Donnez-moi un exemple et je vais faire enquête avec
plaisir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laurier.
M. MARCHAND: M. le ministre, ne craignez-vous pas qu'aujourd'hui, avec
la câblovi-sion et toutes les antennes que nous pouvons avoir sur nos
maisons pour nos appareils de télévision, nous puissions capter
à peu près tous les postes voulus? Il est extrêmement
facile, pour une compagnie qui veut contourner votre loi, d'annoncer, par
exemple, à la station de Burlington ou à quelque poste que ce
soit. En plus, nous aurons la publicité américaine qui entre dans
nos foyers à volonté. Le député de Saint-Jacques
faisait remarquer que les enfants regardent 54 heures de
télévision par semaine. Je suis père de famille et, dans
ma famille, il y a quand même 100 petits-enfants je parle de la
grosse famille Marchand cela représente pas mal de monde. Ces
enfants regardent la télévision le matin. Le samedi matin, ils
commencent parfois à 8 heures. Et ne pensez pas qu'ils regardent les
postes du Québec. Us regardent les postes américains. Ils vont
chercher tout ce qu'il y a d'américain sur le marché. Quand ils
ne vont pas à l'école, c'est six ou sept jours par
semaine qu'ils regardent la télévision américaine.
Cela commence à 8 heures le matin. Les enfants se lèvent. Ils
regardent les "cartoons", avec les annonces. Et, là, il y a de la
publicité pour la viande pour chiens, le pop corn, les corn flakes et
tout ce que voulez, et on en vend. On met des serviettes dans une boite de
"cheap soap". En sortant la serviette, on vide la moitié de la boite,
mais on en vend tant qu'on en veut, du "cheap soap".
De toute façon, je suis bien prêt à
réglementer la publicité. Je suis d'accord qu'elle est tapageuse,
mais il faut quand même penser que l'industrie qui va le plus en
souffrir, encore une fois, c'est notre petite industrie, ici du Québec,
parce qu'elle n'aura pas les moyens, probablement, d'aller en procès
pendant un an ou deux ans pour se défendre et d'aller en appel, tandis
que les grandes compagnies seront sub judice, iront en appel et pourront se
défendre pendant des années en continuant à faire leur
publicité tapageuse.
M. TETLEY: Comme ministre au Québec, je peux faire mon possible.
Si la télévision est de juridiction fédérale et si
le fédéral ne s'en occupe pas, au moins, j'ai l'obligation
d'essayer de régler cela par la coopération et par un
règlement qui est obligatoire.
Il est vrai qu'il est très difficile de réglementer la
télévision. Je ne peux pas réglementer un bon père
de famille qui laisse son enfant regarder la télévision 54 heures
par semaine. C'est impossible. Il faut prohiber la télévision
jusqu'à 8 heures du soir. C'est ce que nous voulons. C'est impossible
sur le plan constitutionnel au Québec j'ai une opinion à
cet effet de demander cela au fédéral. Mais sommes-nous
prêts à prohiber la télévision? Pour moi, le
Canadien français qui regarde la télévision
américaine apprend au moins l'anglais. Mes enfants ont appris le
français par le truchement de la télévision. Ils ont
appris beaucoup par la télévision. Au sujet des chiffres
cités par le député de Saint-Jacques, ce sont des chiffres
des Etats-Unis, 54 heures de télévision par semaine pour les
enfants âgés de trois à cinq ans.
Ce sont des enfants à la maison, de 4e, 5e, et 6e année,
aux Etats-Unis dans un certain Etat: 20 à 23 heures; 1re, 2e et 3e
année, c'est très intéressant: 14 à 17 heures.
Mais je ne suis pas convaincu que toute télévision soit
mauvaise. Mes enfants ont appris beaucoup à la télévision
et la regardent assez rarement, parce que ma femme est, je crois, bonne
mère de famille. Puis-je répondre à...
M. MARCHAND: M. le ministre, avant que vous répondiez, j'aurais
autre chose à ajouter. Lorsqu'il y a publicité à la
télévision, en plus de la publicité pour la vente d'un
article, il y a la vente morale. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen
d'insérer un petit article qui pourrait aussi condamner les saloperies
qu'on nous présente le soir à des heures où les enfants
regardent encore la télévision comme certains programmes? Il y en
a un qui a été annulé dernièrement et
j'espère que d'autres le seront parce qu'il y a encore des enfants qui
regardent la télévision entre huit et dix heures, puis on nous
présente des saloperies épouvantables à certaines
continuités à Radio-Canada. Peut-être que cela pourrait
entrer là-dedans.
M. TETLEY: Ce sont des programmes pour les adultes à six
heures...
M. MARCHAND: D'accord, je voulais passer le message.
M. LE PRESIDENT: C'est un peu hors d'ordre parce que cela ne touche pas
directement le...
M. TETLEY: Pardon, M. le Président, à part la question de
la constitutionnalité et je crois que j'ai répondu
éducation, santé, diffamation, contrat, droit civil, c'est tout
provincial. D'autre part, c'est un champ inoccupé. Mais à part
cette question, il y a celle qui a été soulevée par tout
le monde et tout d'abord par le député de Saint-Jacques: la
question de la prohibition complète. Je crois tout d'abord que c'est
anticonstitutionnel, surtout à la télévision, suivant les
conseils que j'ai.
De plus, il y a de la bonne publicité. Par exemple, apparemment,
la pâte dentifrice Crest est la meilleure et elle a donné de bons
effets. Il faut de la publicité pour ça. Il y a de la bonne
publicité dans la revue des "Scouts", etc., qui paie le coût de
cette revue qui a un tirage de 300,000 exemplaires. Il y a de la
publicité. Je crois que Rusty Staub, lorsqu'il a incité mes
enfants à épargner et à déposer leur argent
à la Banque de Montréal, faisait de la bonne publicité. En
tout cas, deux de mes quatre enfants sont allés à la Banque de
Montréal déposer là, sont devenus membres du club et ont
regardé les Expos au parc Jarry pour $0.50 au lieu de $1. Est-ce que
c'était bon ou mauvais? Je crois que le caractère de M. Staub est
un bon caractère. En effet, comme parent, j'ai trouvé le club
Rusty Staub de la Banque de Montréal de la bonne publicité. Je
peux donner d'autres exemples.
D'autre part, il y en a de la mauvaise et nous essayons, comme a dit le
député de Frontenac, de contrôler la mauvaise
publicité. C'est très difficile. Je dis à tout le monde
ici que c'est un commencement, que je sais que c'est difficile. J'aurais pu ne
rien faire comme les autres provinces ou le fédéral. C'est un
piège, je sais que c'est difficile, mais j'ai décidé
d'agir malgré le fait constitutionnel, malgré
l'administration.
Il y a, dans le règlement, l'abolition dans certains cas. Prenez
le cas de 5.32 g), sur la publicité des médicaments et produits
pharmaceutiques. C'est prohibé.
H y a bien de la prohibition ici. La solution
du député de Saint-Jacques est la prohibition de la
publicité. Il faudrait, je crois dans ce cas, presque étatiser
tous les media ou les revues ou la télévision. Nous savons que
Radio-Canada nous coûte cher, je crois que c'est un déficit de
$300 millions par année, peut-être que je fais erreur. Etatiser
tout coûterait énormément cher. C'est la publicité
qui diminue le déficit de Radio-Canada.
Pour ma part j'espère un jour contrôler en partie la
publicité en général et nous avons ce droit dans le bill
45.
M. CROISETIERE: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TETLEY: Oui.
M. CROISETIERE: Je suis convaincu que le ministre, par le truchement de
ses fonctionnaires, a pris contact avec ceux d'autres provinces relativement
à ce problème. Est-ce que les autres provinces seraient
prêtes à une réunion entre fonctionnaires et même
avec le fédéral? J'ai l'impression que d'autres provinces ont les
yeux sur votre projet de loi et essaient de voir les effets de l'application de
votre règlement. Peut-être que, par après, vous aurez plus
de facilité à avoir une rencontre interprovinciale relativement
à l'application de ce bill.
M. TETLEY: En réponse à la question du
député d'Iberville, c'est la première loi du genre en
Amérique du Nord; mais, nous avons décidé d'agir. A
Victoria on ne discute pas simplement la question du crédit, des banques
et des institutions financières, mais aussi la protection du
consommateur. Surtout, les trois délégués du Québec
sont partis avec notre règlement et vont le discuter. Evidemment, il
faut non seulement le Canada que les Etats-Unis adoptent de tels
règlements. Ils ont des codes, nous les avons copiés mais ils ne
sont pas obligatoires; c'est facultatif.
Un jour, M. le Président, nous allons contrôler la
publicité pour les adultes dans certains secteurs. Je ne veux pas
l'annoncer aujourd'hui, mais une certaine industrie, je vais la
contrôler. Avec la concurrence, ils sont prêts parce que la
publicité coûte cher et augmente le prix du produit.
Le député de Saint-Jacques a suggéré qu'on
contrôle la fréquence de la publicité à la
télévision. Je ne peux pas l'inscrire dans le règlement,
j'ai peur qu'un tel article soit anticonstitutionnel. Je répète
encore, surtout pour les media qui sont présents aujourd'hui, que c'est
un premier pas, c'est difficile. Il faut la coopération de tout le
monde, les autres provinces, le fédéral, les media, l'industrie
et les Etats-Unis. Quelqu'un doit commencer, et jusqu'à maintenant j'ai
la coopération de tout le monde. Avant de vous présenter ce
document mercredi dernier, j'ai posté une copie à tout le monde
afin qu'ils aient un mot de moi avant de le lire dans les journaux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Evidemment, un gouvernement peut toujours avoir des moyens
à sa disposition pour contrôler des compagnies qui abuseraient. Je
suis peut-être avant-gardiste, mais supposons que, pour la
publicité, le gouvernement dirait: Cela va aller selon le chiffre
d'affaires d'une compagnie.
Pour une compagnie raisonnable, on dit qu'on permet $100,000 de
publicité sans imposition. Si vous faites $200,000, vous serez
imposé à 10 p.c sur les $100,000 supplémentaires. Si vous
allez à $300,000, vous paierez 15 p.c. de taxes sur les $100,000
supplémentaires. La compagnie dira: Plus on fait de la publicité,
plus on paie de taxes au gouvernement. Cela fait des revenus au gouvernement
pour tenter de combler les effets néfastes de certaines
publicités et cela permet aux compagnies d'avoir un certain
contrôle sur leur publicité, quand on sait qu'il y a des
compagnies qui font de la publicité presque pour la moitié de
leur chiffre d'affaires. Le gouvernement a toujours une bonne poigne,
c'est-à-dire que les excès de publicité seraient
imposables avec un taux croissant au fur et à mesure que le montant
investi à la publicité augmenterait.
Je suis convaincu que ce contrôle aurait de bons effets. On le
verra plus tard.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Pour faire suite aux propos du député de
Gaspé, j'aimerais souligner que c'est très difficile
d'application. En fait, il y a deux sortes de publicité: il y a toujours
la publicité de prestige qui se rattache beaucoup à la
fabrication et aussi la publicité pour la vente. Cela peut être
exactement le même produit qui peut être tout aussi abusif. On va
prendre un exemple. Supposons que la compagnie A fabrique des cendriers. Elle
peut très bien faire $100,000 de publicité de prestige
elle-même et après, tout le reste de la publicité va se
faire en donnant des escomptes indirects à ses dépositaires qui,
eux, vont faire localement tout un autre schéma de publicité.
Tout ce qu'ils ont à faire, c'est d'adopter une nouvelle
répartition. Je trouve que ce serait très difficile
d'application, quoiqu'une loi comme celle-là soit valable.
M. GAGNON: Evidemment, il y aurait une réglementation. C'est
clair. Tout problème n'est pas facile.
M. LATULIPPE: J'aimerais poser une dernière question au ministre.
Est-ce que vous avez retenu la suggestion qui vous a été faite,
la semaine dernière, relativement à l'action collective, l'action
de groupe? Ce serait aussi très valable dans le cas de la
publicité.
M. TETLEY: Oui, l'action de groupe ou
"class action" comprend un changement ou une modification de notre code
civil et surtout de notre code de procédure civile. Mais nous voulons la
mettre dans le bill no 32, ce que nous avons étudié la semaine
dernière, et aussi dans le bill no 45. Mais il faut des changements dans
le code des procédures civiles. C'est très possible. Je veux en
faire aussi dans la Loi des compagnies et dans d'autres lois du
ministère.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous êtes au courant si l'Office de
révision a justement travaillé sur ce point?
M. TETLEY: Oui, apparemment. Mais je n'attends pas l'office. Evidemment,
nous avons adopté le bill no 45 avec leur coopération. Le bill no
32 aussi sera adopté. Evidemment, je ne peux pas attendre le rapport
final.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions de caractère
général sur ce projet d'addition au règlement? Le
député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'ai dû m'absenter quelques instants. Je ne sais pas
si la question a été posée. Mais est-ce l'intention du
ministre, dans la publicité destinée aux enfants, d'obliger les
compagnies qui font la publicité d'indiquer non seulement dans les
journaux mais aussi à la radio ou à la télévision
le prix des objets? Lorsqu'on arrive à des objets à $50 et
d'autres à $2, il y a une jolie différence. Malgré toutes
les difficultés que mentionnait le député de Gaspé,
tout à l'heure, à éduquer les enfants, même
si je n'en ai pas, du moins officiellement, comme le député de
Chicoutimi et le député de Saint-Jacques les enfants ne
sont pas si stupides que cela et ils sont capables de faire la distinction. Un
enfant de six, sept ans est capable de faire la distinction entre $40 et
$4.
M. TETLEY: Vous croyez? C'est une question de principe. Est-ce mieux
d'imposer ou de forcer les compagnies à noter le prix, ou est-ce mieux
de prohiber l'annonce du prix?
M. CHARRON: Le ministre me permettra de lui faire remarquer que la loi
fédérale qui s'appelle "The Combines Investigation Act", à
l'article 36 prévoit la criminalité dans le cas que vous avez
soulevé, quand on fait de fausses représentations quant au prix
ordinaire d'une marchandise.
L'article 37 de la même loi fédérale, qui concerne
toute déclaration de fait qui serait fallacieuse une fois mise en
application par rapport à la publicité qu'on faisait et à
la résistance du produit, par exemple, une fois qu'on l'a acheté,
cela aussi a déjà été décrété
par les lois fédérales comme étant inacceptable.
M. TETLEY: Oui, quand il s'agit d'un faux prix. On a le droit de
mentionner le prix quand c'est le vrai prix.
M. CHARRON: Pardon?
M. TETLEY: Par la loi fédérale, on a le droit, à la
télévision ou ailleurs, de mentionner le prix, mais pas un faux
prix.
M. CHARRON: D'accord.
M. VEILLEUX: Moi, je demande ce que vous pensez de l'obligation
d'inscrire le vrai prix.
M. GAGNON: Excusez-moi, mais il y a une loi fédérale qui
prévoit qu'ils sont obligés d'inscrire le vrai prix. Il n'y a pas
longtemps, il y a environ deux mois, Simpsons-Sears a été
condamné à une amende pour avoir imposé des prix qui ne
correspondaient pas à la qualité.
M. VEILLEUX: A moins que j'interprète mal l'article de la loi ou
le règlement que vient de mentionner le député de
Saint-Jacques, s'ils inscrivent le prix, ils sont obligés d'inscrire le
vrai prix. Mais ils ne sont pas obligés de l'inscrire. Moi, je parle de
l'obligation d'inscrire le prix.
UNE VOIX: Ce n'est pas facile.
M. VEILLEUX: Pas la liberté de l'inscrire ou pas, mais
l'obligation de l'inscrire.
M. TETLEY: N'oubliez pas que l'enregistrement d'une annonce pour la
télévision est peut-être faite trois ou quatre mois avant,
et les prix changent. Vous, vous insistez pour que les prix soient dans
l'annonce.
M. VEILLEUX: Regardez, il y a des jouets destinés aux enfants,
dont le prix peut varier de $2 à $3, selon l'endroit où on les
achète.
M. CROISETIERE: II faudrait que ce soit un prix
suggéré.
M. TETLEY: C'est ça.
M. GAGNON: Parce que, dès que cela touche la publicité
à la télévision ou à la radio, je suis d'avis que
les postes de télévision et de radio, relevant du gouvernement
fédéral ne seront pas nécessairement soumis à cette
loi pour des pénalités. Cela va être une collaboration.
Tout à l'heure, le député de Stanstead a posé la
question. C'est une opinion personnelle, mais Radio-Canada et les postes de
télévision et de radio qui ont des chartes
fédérales ne sont pas soumis à la loi. Ils peuvent
collaborer.
M. TETLEY: Ils ont le code Basford et ils vont le suivre.
M. GAGNON: Ce n'est pas une loi.
M. TETLEY: Noa
M. GAGNON: C'est une collaboration.
M. TETLEY: Oui.
UNE VOIX: II n'est pas obligatoire?
M. TETLEY: Non.
M. GAGNON: Non.
M. TETLEY: Cela entre tout simplement en vigueur en octobre, je suppose,
même comme code. Mais, depuis l'an dernier, tous les enregistrements
préparés l'ont été suivant ce code, sauf l'affaire
Bobby Orr ou Bobby Hull qui vend des patins. Je crois que c'est contre le code
de Basford, suivant l'avocat-conseil. Peut-être que c'était un
enregistrement préparé à l'avance. Suivant le code
Basford, on n'a pas le droit d'engager une vedette pour vendre quelque
chose.
M. CHARRON: Après l'adoption du règlement que nous avons
devant nous, est-ce que Radio-Canada va être obligée de se plier
à l'article où il est question du recours aux bandes
illustrées ou à des vedettes bien connues des enfants? Quelle
sera la réaction de Radio-Canada?
M. TETLEY: L'article 5.5.2 e), est celui qui me donne le plus de
difficultés, surtout parce que les artistes nous ont
téléphoné de Québec. Ils ont peur de perdre de
l'emploi à l'avantage de personnes d'autres provinces et des Etats-Unis.
L'emploi de vedettes, j'ai certains doutes: Est-ce valable ou non?
Malgré que c'est dans le code de Basford, je me le demande.
M. CHARRON: Pourquoi l'avez-vous mis dans votre règlement?
M. TETLEY: Parce que, parfois, je suis les idées de tout le monde
et non pas simplement mes propres idées. J'ai certains doutes à
ce sujet. C'est pourquoi je veux vos conseils. Je voudrais suggérer, M.
le Président qu'on procède à l'étude article par
article. En arrivant à cet article, j'aimerais avoir vos conseils.
M. LE PRESIDENT: II n'y a pas d'autre question à caractère
général? Alors, nous allons procéder à
l'étude de ce projet d'amendement article par article. Article 5.5.0?
Vous en avez tous une copie, je crois. Alors, il n'y a pas
nécessité de les lire. Cela touche les définitions.
Article 5.5.0. a), Publicité.
M. TETLEY: N'oubliez pas que l'article 5.50 a), i) et ii) est
tiré de la loi canadienne relative aux enquêtes sur les coalitions
et aussi de certaines lois américaines. Ce sont des phrases que nous
avons copiées.
M. VAILLANCOURT: Cela existe dans d'autres lois?
M. TETLEY: Oui. Ces phrases viennent des enquêtes sur les
coalitions.
M. LE PRESIDENT: Pas de commentaires? Paragraphe b), Enfants.
M. CHARRON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe c), Marchandises.
M. TETLEY: M. le Président, le mot "bien", dans l'article, se
réfère à l'article 1 c) où il y a une
définition. Le service est compris. Donc, le service d'une banque comme
le club de Rusty Staub, est contrôlé. Le mot "contrat" est
défini à l'article 1 e) du bill 45 et le mot "crédit"
à l'article 1 f).
M. LE PRESIDENT: Cela pourrait se lire: "Comme tout bien ou service
faisant ou non l'objet d'un contrat."
M. TETLEY: Oui.
M. GAGNON: Simplement un mot. Le ministre a ainsi posé les
limites: "toute personne physique âgée de moins de treize ans."
Pourquoi n'est-ce pas quatorze ans?
M. TETLEY: II faut prendre une décision. Apparemment, suivant nos
experts, c'est l'âge où un enfant passe du primaire au secondaire.
C'est l'âge du high school. C'est l'âge de toutes sortes de
changements, les scouts, etc. C'est le résultat de toutes nos
études et de toutes les études des grands experts. Mais avez-vous
d'autres suggestions? C'est difficile, je suis d'accord.
M. GAGNON: J'aurais aimé autant quatorze ans que treize ans. Mais
en tout cas!
M. TETLEY: A l'article 5.51, nous avons: "Nul ne peut, dans la province
de Québec...". Il est rare qu'on inscrive dans une loi du Québec
le mot "Québec", mais pour des questions constitutionnelles, nous
l'avons employé. Cinq de nos légistes, hier soir, se sont
réunis dans mon bureau. Ils ont fait tellement de corrections,
suggestions et jeux de mots, qu'on peut jouer des années avec cela.
M. GAGNON: Le ministre n'est plus capable de comprendre?
M. TETLEY: Au lieu d'assister, ils ont participé. Ils ont
ajouté le mot "déloyale" avant le mot "injuste": "Qui serait
déloyale, injuste ou fausse."
M. CHARRON: Quel mot?
M. TETLEY: "Déloyale." En anglais, on avait "unfair", qui est
très fort, mais injuste...
UNE VOIX: Où le placez-vous dans l'article?
M. TETLEY: Avant le mot "injuste", on place le mot
"déloyale".
Ils avaient, au lieu de inciter à publier, faire publier. Mais ce
sont des jeux de mots et ils vont jouer avec ça longtemps sans
doute.
M. GAUTHIER: Au point de vue de la phraséologie, publication de
publicité, n'y aurait-il pas un autre mot?
M. TETLEY: L'anglais est beaucoup mieux, nous avons copié quelque
chose des Etats-Unis.
M. CROISETIERE: C'est la traduction de...
M. TETLEY: L'anglais est une traduction, le français est une
traduction en bonne partie aussi. L'article 5.5.2., au lieu de
"considérée", nous avons "réputée". Nous avons
aussi ajouté "déloyale".
UNE VOIX: A quel endroit...
M. LE PRESIDENT: ... destinée aux enfants est
réputée déloyale, injuste, fausse, etc.
M. TETLEY: A l'article 5.5.2. a), nous avons "rendement" au lieu de
"fonctionnement".
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais revenir au paragraphe
a), et je pourrais le faire à d'autres, pour poser la question que j'ai
lancée au ministre tout à l'heure à l'ouverture du
débat. Pourquoi l'exagération de la nature, des
particularités, du rendement, de la durée d'une marchandise
serait-elle interdite lorsqu'elle est destinée aux enfants? Cette
exagération peut se produire dans la publicité destinée
aux adultes. Pourquoi serait-elle légale et reconnue alors?
M. TETLEY: D'accord. Peut-être qu'à l'avenir dans un Etat
quelconque on va contrôler la publicité destinée aux
adultes. Mais un bon jour il faut décider si nous aurons un Etat
complètement contrôlé ou un Etat à moitié
contrôlé. Pour les gens en bas de 13 ans, je suis prêt
à contrôler ou essayer de contrôler la publicité.
Mais, à un certain âge, il faut arriver à la
réalité.
Je me souviens très bien d'un moment dans ma vie lorsque mon
père est venu à la maison le 24 mai, à la fête de la
reine. C'était durant la crise, il arriva un sac de papier rempli de
pièces pyrotechniques pour $0.50. Ma soeur et moi nous regardions
ça. Nous avons commencé à pleurer, parce que le voisin
avait eu un gros sac et nous n'avions qu'un petit sac à $0.50. Et ma
mère a expliqué que nous n'avions pas d'argent pour en acheter
plus. Cela a été dur pour moi, mais il faut arriver à ce
moment-là.
A l'âge de 16 ans, ou lorsqu'on est député, ou qu'on
se marie, on peut avoir une crise cardiaque et une autre crise, je ne sais pas
de quel genre. Il faut perdre l'innocence un bon jour. On ne peut pas
protéger le public et le consommateur jusqu'à la fin de ses
jours, autrement le gouvernement va prendre charge de tout.
M. CHARRON: Ce que vous venez de dire là, c'est dangereux.
M. TETLEY: C'est très dangereux.
M. CHARRON: Je ne vous ai pas demandé de décider pour le
consommateur. Si vous m'aviez dit: Je ne peux pas décider pour le
consommateur jusqu'à la fin de ses jours, j'aurais endossé
parfaitement ce que vous venez de dire. Mais quand vous dites: Je ne peux pas
protéger le consommateur jusqu'à la fin de ses jours, je dis:
Oui, c'est votre devoir.
M. TETLEY: Complètement. On peut prohiber certains actes, mais
peut-être que vous avez raison. On ne peut pas prendre ces
décisions toujours. Et il y a un moment où l'enfant perd son
innocence. C'est dommage, c'est regrettable. Quand? Il faut que ce soit fait
tranquillement.
Un bon jour, il va se présenter au CEGEP ou à son emploi,
il serait très triste. C'est en effet le principe pour lequel, pour
l'instant du moins, je suis contre la prohibition ou le contrôle de la
publicité destinée aux adultes.
M. GAGNON: Comme principe, il est incontestable que lorsqu'un
gouvernement adopte une loi, il intervient dans la liberté de
l'individu. Supposons qu'on circule sur la route à 60 milles à
l'heure, c'est permis. Peut-être que tel conducteur serait capable
d'aller à 70 milles beaucoup mieux qu'un autre peut aller à 60
milles à l'heure. Mais à ce moment-là, la
société accepte qu'un Parlement adopte des lois même si,
dans certains cas, c'est de nature à restreindre un peu sa
liberté pour atteindre à un plus grand bien. Je n'aime pas
chasser, j'aime voir les animaux en forêt, c'est merveilleux. Je n'ai pas
le droit d'aller en forêt avec un fusil, je suis passible d'amende. Or,
à ce moment-là, j'accepte cela parce que si tout le monde pouvait
pénétrer en forêt avec des armes à feu, il n'y
aurait plus de faune. J'accepte de restreindre ma liberté pour donner
à la société un plus grand bien. Alors, quand un
gouvernement adopte des lois, dans tous les domaines, il restreint la
liberté de l'individu mais la collectivité l'accepte pour
atteindre à un plus grand bien. C'est exactement là-dedans comme
dans n'importe quelle autre loi. La société, c'est cela. Les
adultes sont de grands enfants et à un certain moment, on est
obligé d'intervenir par des lois. Mais on l'accepte, vu qu'il s'agit
toujours de chercher un plus grand bien.
M. VEILLEUX: Je voudrais quand même abonder dans le même
sens que le ministre.
M. GAGNON: C'est cela. A un certain moment, il faut poser un geste.
M. VEILLEUX: II faut venir à s'arrêter. M. GAGNON: Oui.
M. VEILLEUX: Prenons l'exemple de la publicité destinée
aux adultes qui le mot n'est même pas juste inonde les
ondes de la télévision: les annonces de savon. La même
compagnie annonce trois savons différents; en réalité, on
ne parle pas de la qualité du savon, mais de la qualité de la
serviette à l'intérieur de la boîte de savon. Il y a des
femmes qui aiment mieux les serviettes que le savon et qui achètent tel
produit uniquement à cause de la serviette à l'intérieur
de la boite. Il faut venir à s'arrêter.
M. GAGNON: C'est cela.
M. VEILLEUX: Je pense qu'il il y a quand même des principes
généraux qui s'appliquent à la publicité
destinée aux adultes et qui doivent régir cette publicité.
Mais de là à arriver dans les détails comme il faut faire
pour une publicité destinée aux enfants, il y a quand même
une différence. L'adulte doit être supposément capable de
faire la distinction entre une certaine exagération et quelque chose de
vrai. Tandis que l'enfant, même si je n'en ai pas, n'est pas capable de
porter un jugement de cette nature.
M. GAGNON: L'adulte peut mieux faire la part des choses.
M. CROISETIERE: Nous continuons?
M. LE PRESIDENT: Toujours à l'article 5.5.2 b): L'amoindrissement
du degré d'habileté, d'âge, de force et d'adresse requis
pour faire usage d'une marchandise. Il n'y a pas de commentaire? Article
5.5.2c): Incitation des enfants à amener d'autres personnes à
acheter une marchandise. Article 5.5.2 d): La publicité de produits qui,
de par leur nature, qualité ou usage coutumier, ne devraient pas
être à l'usage des enfants. Article 5.5.2 e): Le recours aux
bandes illustrées ou à des vedettes bien connues des enfants. On
a fait quelques commentaires tout à l'heure à ce sujet.
M. TETLEY: Cela devrait se lire: "dessins illustrés".
M. LE PRESIDENT: Dessins illustrés?
M. TETLEY: Oui. J'aimerais vos suggestions à ce sujet. Est-ce
qu'il faut des vedettes ou non? N'oubliez pas que le Père Noël est
une vedette. Jésus-Christ est une vedette bien connue.
M. HOUDE (Fabre): M. Caouette.
M. TETLEY: M. Caouette n'est pas une vedette bien connue.
M. HOUDE (Fabre): Claude Wagner qui est passé aux
péquistes.
M. TETLEY: God!
M. CHARRON: Si l'adoption du paragraphe e) devait s'appliquer avec
rigueur nous allons voir cela dans à peu près une
demi-heure est-ce que les annonces de patin CCM par Marcel Dionne
continueront ou ne continueront pas?
M. TETLEY: Vous me posez une question difficile.
J'espère que ça va cesser, mais c'est un premier pas.
Voici la question que je vous pose : Est-ce bon que Marcel Dionne... est-ce bon
pour mon enfant de 11 ans qui joue pour une équipe depuis cinq ou six
ans et qui a acheté ces patins-là? Il voulait acheter les patins
les plus cher, à $55.
M. CHARRON: J'aurais des objections, peut-être pas dans ce sens du
règlement, peut-être pas dans le sens de la protection du
consommateur, mais à cause de ma conception des sportifs, de ma
conception des athlètes. Je partage un peu celle que le
député de Fabre défendait à la
télévision l'autre jour, quant à l'utilisation des
professionnels, par la recherche d'argent. Je pense que ces gars-là en
font assez dans leur sport sans qu'on leur occasionne...
M. MARCHAND: Pour que Tex annonce la Molson.
M. CHARRON: Ce n'est pas destiné aux enfants, même si vous
en prenez.
M. MARCHAND: Parce qu'on va à la même place.
M. HOUDE (Fabre): En dehors des sportifs, je pense que
l'inquiétude du ministre, c'est qu'il s'attaque par cette loi aussi, en
faisant une comparaison avec les autres provinces... Il y a tout le milieu, par
exemple, des artistes indépendamment de l'athlète. Je pense
à Nestor ou à Patof, actuellement on annonce des pyjamas Patof,
des poupées Nestor, dans tout ça, ce n'est pas facile de prendre
une décision.
Lorsqu'on parle aussi des vedettes, on pourrait peut-être
s'interroger sur le contenu du message. Je reviens à l'idée
qu'exprimait le ministre tantôt, que ce soit un athlète ou un
artiste qui incite nos enfants à la sécurité, s'il les
incite par son exemple à protéger la faune ou la flore, alors le
message de l'artiste ou de la vedette est excellent. Est-ce qu'il faudrait
l'empêcher de faire des messages excellents?
Je me demande si on ne devrait pas plutôt
contrôler le contenu, le texte ou le produit, que le fait que
l'individu soit d'abord un artiste ou une vedette sportive. A mon sens, le plus
important, ce n'est pas d'empêcher des vedettes de rendre un service, ou
même, à l'occasion, de faire de l'argent avec des commerciaux,
c'est le message, c'est le contenu. Dans le cas de Dionne, c'est très
subtil. Il annonce des Tack-burry. Je comprends que c'est un patin qui
coûte $50 ou $60 la paire, oui c'est un bon produit. C'est sûr que
c'est peut-être tentant pour un enfant de vouloir cette sorte-là.
Mais je pense aux autres cas, où les messages seraient très
éducatifs, très profitables, non seulement pour les enfants, mais
pour la population adulte en général.
M. TETLEY: M. le Président, peut-être que je peux lire
l'article 3 du code Basford, il peut vous renseigner et me renseigner:
"'L'intelligence des enfants ne leur permet pas toujours de faire la
distinction entre la partie récréative d'un programme et le
message commercial, ou encore, entre l'influence personnelle d'une vedette et
l'attirance intrinsèque de l'objet que cette vedette annonce. La
publicité des produits destinés aux enfants devrait donc se
fonder sur leur qualité propre." C'est le préambule. "En
conséquence, a) Les vedettes ou personnages de programmes pour enfants
ne seront pas utilisés pour faire la publicité de produits, de
primes ou de services à l'intérieur de leur propre programme. "b)
- Des personnalités de réputation nationale, à l'exception
des présentateurs et acteurs professionnels, ne seront pas
employés dans la publicité destinée aux enfants pour
donner leur caution de façon directe ou indirecte à des primes ou
à des produits".
Je crois que Marcel Dionne est visé par l'article 3 b).
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, ceux qui ont eu un peu
l'expérience de la radio et de la télévision savent fort
bien qu'après quelques émissions seulement on vous sollicite
déjà pour être membre de l'Union des artistes. N'importe
qui, présentement, ou à peu près, après cinq ou six
émissions de suite à l'intérieur d'une même
année si le règlement n'a pas changé peut
devenir membre de l'Union des artistes. Prenez l'exemple de Marcel Dionne,
joueur de hockey. Ce n'est pas un professionnel, ce n'est pas un annonceur, ce
n'est pas un comédien, mais, si la loi voulait s'appliquer dans son cas,
alors que le commanditaire désire que cet individu continue à
faire ses annonces, il pourrait devenir membre d'une union quelconque. Camilien
Houde s'est vanté toute sa vie d'être membre de l'Union des
artistes et beaucoup de politiciens sont d'excellents comédiens sans
avoir leur carte de membre, mais ils peuvent l'avoir facilement.
Je ne sais pas si c'est possible d'appliquer ça.
M. VEILLEUX: Je pense que le député de
Fabre a soulevé un point intéressant. Dans le cas d'une
publicité pour sauvegarder la faune, des choses comme ça,
à l'article 5.52, est-ce que ça s'applique à la
publicité exclusivement pour une marchandise ou à toute forme de
publicité dans quelque secteur que ce soit?
M. TETLEY: A un service, oui.
M. VEILLEUX: Tout le service aussi?
M. TETLEY: Tout.
M. HOUDE (Fabre): Cela voudrait dire qu'une vedette ne pourrait pas
annoncer, par exemple, dans des émissions d'enfants au printemps, leur
disant de fréquenter les colonies de vacances durant l'été
ou de participer à telle sorte de voyage éducatif? C'est ce qui
n'est pas facile.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a un intérêt commercial?
M. HOUDE (Fabre): C'est vendre un produit.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a un intérêt commercial dans ce
camp?
M. HOUDE (Fabre): Si c'est un camp...
M. TETLEY: Si c'est un voyage en Espagne ou le camping-jeunesse et tout
ça, il n'y a aucun intérêt.
M. HOUDE (Fabre): Prenez le Club Méditerranée, M. le
ministre...
M. TETLEY: Le Club Méditerranée?
M. HOUDE (Fabre): ... ce sont des entreprises commerciales; prenez une
agence de voyages qui organise un voyage familial. Je pense que mon exemple est
assez bon. De plus en plus, ce sont les vedettes du sport, du cinéma, de
la radio ou de la télévision qui annoncent. En plus, ce sont les
accompagnateurs officiels de groupes organisés en voyage.
M. TETLEY: En voyage en Espage?
M. HOUDE (Fabre): Bien, que ce soit en Espagne ou ailleurs!
M. TETLEY: Peut-être que c'est mauvais de diriger cette
publicité vers les enfants par Bobby Hull, ou, je ne sais pas, une autre
vedette.
M. GAGNON: Je suis de l'opinion du député de Fabre
qu'à ce moment-là c'est le message qu'il faut contrôler. Si
vous contrôlez beaucoup l'individu, votre loi sera attaquée; elle
sera
peut-être déclarée ultra vires parce que vous n'avez
pas touché au message. C'est au message qu'on s'attaque il ne
faut pas que ce soit un message néfaste pour l'enfant ou que l'enfant
serve d'intermédiaire entre un vendeur ce n'est pas la vedette. On
ne pourra pas imposer ce règlement à quelqu'un qu'un enfant ou
des adultes aiment à voir à la télévision, qui
s'exprime bien, qui est un idole pour tout le monde. C'est le message qui
atteint l'enfant. Je crois que, si on tente de toucher à l'individu en
soi sans toucher au message, ça pourrait être une raison pour
qu'une loi soit décrétée, à un moment donné,
par le tribunal ultra vires, parce que la loi veut toucher au message, mais,
dans la réalité, on touche à l'individu.
Je ne sais pas. Mais c'est le message incontestablement...
M. TETLEY: Exactement. Permettez-moi de vous dire que je ne partage pas
votre opinion, parce que, comme le dit le préambule, l'enfant ne fait
pas le choix en vertu des qualités des patins, mais en vertu du fait que
c'est Bobby Orr, Marcel Dionne ou un autre. C'est ce qu'on veut prohiber. Dans
le cas des enfants, que la compagnie prouve que les patins sont meilleurs, mais
pas tout simplement parce que Marcel Dionne parle de ces patins. Il ne les
porte même pas, sans doute.
M. LATULIPPE: Est-ce que cela irait, par exemple, jusqu'à
empêcher un gars comme Tremblay de signer son autographe sur des
bâtons de hockey qui sont vendus sur le marché par la suite?
M. TETLEY: Signer quoi?
M. LATULIPPE: Je vais vous donner un exemple. Dans ma région, il
y a une entreprise qui vit essentiellement de la fabrication des bâtons
de hockey. Vous la connaissez peut-être. Je peux la nommer, c'est la
compagnie Sherwood.
M. TETLEY: Les bâtons de hockey?
M. LATULIPPE: Oui, les bâtons de hockey. La majorité de ces
bâtons sont vendus avec la signature d'un joueur professionnel. Je ne
vois pas ce qu'il y a de mal là-dedans.
M. CROISETIERE: Ce n'est pas trompeur.
M. TETLEY: Ce n'est pas visé par notre règlement.
M. LATULIPPE: Mais c'est quand même l'emploi d'une vedette.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a d'autres opinions au sujet des vedettes?
M. HOUDE (Fabre): Vous avez dit, M. le ministre, que vous aviez
consulté, avant d'envoyer cela. Que dit l'Union des artistes, par
exemple, à ce sujet?
M. TETLEY: J'ai reçu un appel téléphonique mais un
autre a pris l'appel. Elle s'y opposait. Elle avait une certaine peur...
UNE VOIX: Je comprends.
M. TETLEY: Je vais la voir, évidemment, avant d'adopter un tel
règlement.
M. VEILLEUX: Je me demande s'il n'y a pas possibilité pour le
ministre de trouver une formule mitoyenne entre la marchandise qu'on annonce
à la télévision je suis porté à
abonder dans le sens du ministre; par exemple, une paire de patins peut
être annoncée par une vedette, vous mentionnez ici "vedette bien
connue", plus ou moins connue et se vendre quand même et une
publicité destinée aux enfants pour leur dire, par exemple, de
faire attention aux feux rouges aux carrefours des rues.
M. TETLEY: Aucun intérêt...
M. VEILLEUX: On devrait se servir...
M. TETLEY: Cela existe dans la loi, il faut que ce soit pour un but
commercial. Donc, Marcel Dionne peut insister pour que les enfants ne
traversent pas la rue sur le feu rouge.
M. VEILLEUX: Par exemple, Marcel Dionne, Nestor ou Patof pourraient
aller à la télévision et dire: Lorsque vous faites une
excursion dans le bois, n'allumez pas de feu... Même s'ils sont
payés pour faire l'annonce...
DES VOIX: Ah oui!
M. VEILLEUX: Même le petit Simard pourrait faire cela. J'abonde
dans le même sens que le ministre. Si cette distinction existe...
M. HOUDE (Fabre): Mais si le petit Simard annonce des cigares, ce n'est
pas bon.
M. MARCHAND: Je l'ai vu avec des poudings Laura Secord.
M. HOUDE (Fabre): Qu'est-ce que vous feriez si l'inverse arrivait M. le
ministre?
M. LE PRESIDENT: Nous allons passer à l'emploi du terme
"superlatif"...
M. LATULIPPE: Est-ce qu'on comprend que le paragraphe "e" est
retiré?
UNE VOIX: II n'est pas retiré, il reste là.
M. VAILLANCOURT: L'interdiction d'une vedette pour une annonce
commerciale, est-ce que c'est de telle heure à telle heure ou bien
si...
M. TETLEY: Le gros problème que vous avez soulevé est le
suivant: Quelle est la définition de "destinée aux enfants"?
C'est peut-être notre intention d'ajouter un article pour la
définition des mots "destinée aux enfants". Le
député de Stanstead a dit: Est-ce de cinq heures à sept
heures le soir? On ne peut pas mentionner les heures parce que je ne veux pas,
dans la loi, mentionner la télévision.
UNE VOIX: D'accord.
M. TETLEY: Autrement, cela peut être très
anticonstitutionnel.
M. VEILLEUX: Est-ce que le paragraphe e), un autre cas,
empêcherait le petit Simard d'annoncer les chocolats...
UNE VOIX: Les poudings Laura Secord.
M. VEILLEUX: ... les poudings Laura Secord?
M. MARCHAND: II n'a plus le droit.
UNE VOIX: Nous sommes rendus à la ligne.
M. TETLEY: C'est destiné aux enfants, ces poudings!
M. HOUDE (Fabre): Aux enfants ou aux adultes.
UNE VOIX: II n'aura pas le droit.
M. VAILLANCOURT: II n'aura pas le droit d'après la loi,
d'accord.
M. TETLEY: Etes-vous d'accord?
UNE VOIX: D'accord.
UNE VOIX: Non, je ne suis pas d'accord.
M. LATULDPPE: II faudrait exprimer des réserves là-dessus.
Moi je la retiendrais !
M. TETLEY: Vous aimez trop les poudings!
M. MARCHAND: S'ils annonçaient la tarte aux fraises ! ' Ce serait
correct !
M. VAILLANCOURT: Je pense qu'on va un peu loin avec ça.
M. GAGNON: Là, on est en pleine forêt. C'est la
première fois qu'un projet de loi est adopté dans ce domaine.
Nécessairement, il faudra voir l'effet de l'application parce qu'il va y
avoir des amendements en profondeur, incontestablement, lorsqu'on s'apercevra
de l'application de la loi. Mais c'est tout un problème de
présenter un projet de loi et des règlements parce que dans tout
le Canada, il n'y a à peu près rien qui ait jamais
été fait, même aux Etats-Unis. Ecoutez, on est en pleine
forêt.
M. VAILLANCOURT: Voyez-vous, si on interdit les bandes
illustrées, automatiquement on enlève un paquet de vedettes parce
qu'elles ne seront pas à la télévision, tous les soirs,
pour aller annoncer tel et tel produit. En enlevant les bandes
illustrées, cela enlève automatiquement les vedettes.
M. GAGNON: C'est ça.
M. VAILLANCOURT: Je trouve qu'on va un peu loin. C'est mon opinion.
M. CHARRON: Des bandes illustrées, ce sont des "comics".
M. VEILLEUX: Moi, je me demande si par le mot "vedette", on ne devrait
pas accepter... J'essaie de négocier entre le ministre et le
député de Fabre. Une vedette spécialiste...
M. TETLEY: Mais le député de Fabre est une vedette.
M. HOUDE (Fabre): Une ancienne.
M. VAILLANCOURT: C'est son devoir de défendre les vedettes.
M. VEILLEUX: Non, mais une vedette...
M. HOUDE (Fabre): C'est quand on devient député qu'on perd
tout ça.
M. VEILLEUX: ... spécialiste dans le produit qu'elle annonce, ce
serait peut-être différent d'une vedette qui n'a pas affaire du
tout à ce domaine.
Prenons Dionne, avec les patins. Il est censé connaître les
patins, puisque c'est un joueur de hockey. Prenons Patof. Dans les patins,
Patof est à peu près comme moi. Il n'y connaît pas
grand-chose.
UNE VOIX: II peut être un "patineux".
M. VEILLEUX: Nestor, la même chose. Des fois, on peut créer
de toutes pièces un personnage qui devient une vedette et se servir de
ce personnage pour faire de la publicité. J'abonde dans le sens du
ministre pour ce genre de vedettes. Ils n'ont pas affaire à la
publicité pour les enfants. Mais lorsque vous avez des vedettes comme
Jean Béliveau...
M. TETLEY: Est-ce que Dionne connaît la pâte à dents,
selon vous?
M. VEILLEUX: Non.
M. MARCHAND: Peut-être qu'il se brosse les dents de temps en
temps!
M. VEILLEUX: Là, cela n'a pas affaire du tout à sa
spécialité.
M. TETLEY: Est-ce que cela prend un dentiste?
M. VEILLEUX: Cela n'a pas affaire du tout à sa
spécialité.
M. HOUDE (Fabre): Ce n'est pas facile à trancher.
M. TETLEY: Ce n'est pas facile.
M. HOUDE (Fabre): Prenez le commercial du petit nain et d'Edouard
Carpentier, qui annoncent "Close-up", la pâte à dents. Ils
n'auraient plus le droit d'annoncer la pâte à dents?
M. VEILLEUX: Bien non!
UNE VOIX: Qu'est-ce qu'on veut dire par le mot vedette?
M. TETLEY: C'est très difficile. Je voulais le débat au
sujet de l'article 5.5.2. e). Je l'ai laissé dans le règlement
tel que présenté. J'ai des doutes graves au sujet d'une vedette.
Evidemment, c'est au juge de décider.
UNE VOIX: Une vedette ou un artiste?
M. TETLEY: C'est un personnage bien connu, une vedette. Mais un artiste,
non. Mais Albert pourrait...
M. VEILLEUX: Cela ne s'applique pas uniquement aux jouets, l'affaire des
vedettes. Pour la pâte à dents, il ne serait peut-être pas
mauvais que Nestor ou Patof dise de se brosser les dents. Mais, un jouet, c'est
quand même différent. La pâte à dents coûte
$0.59 ou $0.69. La paire de patins coûte $60. Les petites autos qui
descendent sur une rampe de plastique ne fonctionnent pas les trois quarts du
temps et se vendent $40. Il y a quand même une différence. Je me
demande si le paragraphe e) ne devrait pas s'appliquer exclusivement, à
titre d'essai, aux jouets. Pas aux joies, mais aux jouets.
M. GAGNON: De la façon qu'on l'a expliqué, prenons la
paire de patins. Ce qu'on veut faire, c'est enlever la vedette mais laisser le
message. Du moment qu'un autre va l'annoncer, même s'il n'est pas
vedette, le message va pouvoir se faire. A ce moment-là, l'enfant va
penser à ses patins.
M. VEILLEUX: Mais, psychologiquement, cela a moins d'impact.
M. GAGNON: Est-ce qu'on veut seulement enlever la vedette ou si on veut
contrôler le message?
M. VEILLEUX: II n'est pas mauvais que l'enfant pense qu'une paire de
patins, ce serait bon.
M. GAGNON: Mais aller contrôler la vedette en disant: Toi,
ôte-toi de là!
On va donner la place à une autre pour qu'elle fasse l'annonce
sur les patins, on ne contrôle pas le message. Et nous allons être
pris quand même avec les enfants qui disent: Je veux cette paire de
patin.
M. VEILLEUX: II y a des articles dans 5.5.2 qui contrôlent le
message. En plus, le ministre veut contrôler la personne qui ajoute
quelque chose... Mais, moi, je pense qu'à titre expérimental on
devrait appliquer ça aux jouets.
M. MARCHAND: M. le ministre, je me demande comment on va définir
le mot "vedette", et qui est vedette?
M. HOUDE (Fabre): Selon les critères, si vous prenez les
critères de la ligne nationale actuellement, Dionne ce n'est pas une
vedette.
M. TETLEY: Cela va vous affecter énormément. En tout cas,
j'ai bien aimé le débat, les discussions, parce que vous voyez la
distinction que nous voulons ici. Si le message est tellement faible qu'il
faille une vedette, la publicité est honteuse, si les patins ne sont pas
assez bons. Pourquoi? Il faut qu'on parle des patins, pas de Marcel Dionne ou
Bobby Orr ou Bobby Hull. C'est ça.
M. VEILLEUX: On s'est bien servi de M. Jarraud pour vendre des
terrains...
M. CROISETIERE: Si on pousse l'argumentation plus loin, à g), si
un médecin ou un pharmacien faisait l'annonce de médicaments,
là aussi vous auriez encore un autre problème. C'est pour
ça que les vedettes...
M. VEILLEUX: Oui, mais ce n'est au public, même adulte, à
savoir si c'est tel produit pharmaceutique qui est bon ou pas. C'est au
médecin, au spécialiste à le dire. Il s'agit d'assister au
débat qu'on a eu sur les produits pharmaceutiques et, là encore,
on emploie toutes sortes de "gadgets" au lieu de parler du produit, exactement
comme on le fait pour le savon.
M. LE PRESIDENT: On a beaucoup parlé de la publicité pour
les patins, ça me rappelle que c'est à midi et trente que la
partie commence. Article f), l'emploi de termes superlatifs pour décrire
les particularités d'une marchandise ou l'emploi de diminutifs pour en
décrire le prix.
M. GAGNON: Encore là, qu'est-ce que ça veut dire un terme
superlatif? De quelle façon peut-on le définir? Ou un terme
diminutif. C'est assez difficile. C'est encore toujours...
Même dans une cause un juge peut dire : Cela c'est superlatif;
allez en cour d'Appel et les trois juges de la cour d'Appel disent que
ça ne l'est pas du tout; vous allez en cour Suprême et les cinq
juges de la cour Suprême vont vous dire: Un autre procès. Il y a
neuf juges qui ont passé et ils n'ont pas eu la même
décision.
M. CHARRON: Le juge, dans un cas comme celui-là, va
nécessairement faire référence à ce qu'ils
appellent dans leur charabia l'esprit du législateur.
Il est évident que ce n'est pas Larousse ou Quillet qui va
décider si le mot employé est un superlatif ou non et qui va
trancher la question.
M. VEILLEUX: C'est l'ensemble du message.
M. CHARRON: C'est l'ensemble du message ou le vocabulaire. Une
série de mots pris individuellement ne seraient pas des superlatifs,
mais leur juxtaposition en créera un. Le juge se prononcera
là-dessus. Nous ne sommes pas pour nous mettre à enculer les
mouches à chacun des mots qu'il y a là. Il faut comprendre
l'esprit qui est derrière cela. Je pense que c'est la vie du
règlement qui nous permettra de le connaître. Sans cela, il est
sûr que nous pouvons accrocher à chaque paragraphe. Ce que nous
avons à voir, c'est si nous endossons l'esprit qui sous-tend cela.
M. TETLEY: J'ai une modification, M. le Président: "La
publicité de produits pharmaceutiques, spécialités
pharmaceutiques, médicaments brevetés ou de vitamines."
M. GAGNON: Dans les produits pharmaceutiques, est-ce que le ministre
inclut les produits de beauté? C'est une publicité excusez
l'expression maudite.
M. TETLEY: Pour les enfants?
M. GAGNON: Pour les enfants comme pour le grand monde. Les filles de dix
ou onze ans prennent cela. Je crois que les produits de beauté doivent
être également inclus là-dedans.
M. TETLEY: Oui.
M. GAGNON: C'est de la publicité fallacieuse de leur faire croire
qu'à 60 ans elles vont rajeunir.
M. TETLEY: Peut-être faut-il prohiber toute l'industrie.
M. GAGNON: Non, mais la contrôler pour les enfants.
M. TETLEY: Apparemment, cela représente la moitié du
coût de l'éducation au Québec.
M. GAGNON: C'est pour vous dire que c'est important.
M. TETLEY: Je prends bonne note de votre suggestion.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous considérez la pâte à
dents comme un produit pharmaceutique?
M. TETLEY: Ce n'est pas un médicament.
M. VAILLANCOURT: C'est un savon, un nettoyeur.
M. TETLEY: En anglais, c'est "drugs", mais cela se traduit très
mal par drogue.
M. HOUDE (Fabre): On n'a pas le droit de l'annoncer aux enfants.
M. VEILLEUX: On a le droit de l'annoncer aux parents, mais pas aux
enfants.
M. TETLEY: Au paragraphe h), il y a quelques modifications: le mot
"publier" à la troisième ligne; on avait écrit "annoncer".
A la fin, au lieu de mettre "c'est faux", on dirait "quand effectivement ils ne
le sont pas".
On n'a pas de changement jusqu'à la fin du règlement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des commentaires sur i) j) k) et
1)?
M. TETLEY: M. le Président, je remercie tout le monde de leur
coopération. Evidemment, je vais consulter non des centaines, mais des
vingtaines de personnes et je vais publier aussitôt que possible.
J'aimerais aussi recevoir vos commentaires par téléphone, par
écrit personnellement.
M. GAGNON: Evidemment, comme nous l'avons dit tout à l'heure, il
s'agit de pénétrer dans un champ nouveau. L'application par le
ministre ou le ministère ne sera certainement pas facile, mais nous
savons que nous allons être en session très prochainement et que
le ministre n'hésitera pas à présenter les amendements qui
seront de nature à apporter une meilleure application sans léser
tout le monde, tout en pensant à nos enfants.
M. LE PRESIDENT: Je remercie tous les membres et la commission ajourne
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 29)