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Commission permanente des institutions
financières
compagnies et coopératives
Projet de loi no 32 Loi concernant les
activités immobilières
Séance du jeudi 16 novembre 1972
(Dix heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission parlementaire des institutions financières,
compagnies et coopératives continuera ce matin l'étude du projet
de loi 32, Loi concernant les activités immobilières. J'aimerais
faire part à l'assemblée de certains changements qui m'ont
été transmis par les leaders parlementaires des différents
partis. Pour la présente séance, M. Roy, du comté de
Beauce, remplacera M. Latulippe, du comté de Frontenac, et M. Assad, du
comté de Papineau, remplacera M. Harvey, du comté de
Chauveau.
Je cède immédiatement la parole au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives qui en
profitera, je n'en doute pas, pour souhaiter la bienvenue aux personnes qui ont
l'intention de présenter des mémoires ici ce matin. M. le
ministre.
Dernières auditions
M. TETLEY: Merci. Je suis encore très content de voir d'autres
associations et organismes qui vont présenter des mémoires
à notre commission ce matin. Je crois que le bill 32, qui est la
continuation de la Loi de la protection du consommateur au sujet des immeubles,
est très important. Le vrai titre, c'est la Loi concernant les
activités immobilières.
Cette réunion sera la dernière avant la deuxième
lecture et, je l'espère, l'adoption du bill. Peut-être que
d'autres réunions auront lieu à la demande des membres de la
commission, mais nous n'avons que trois autres organismes à entendre.
Donc, nous sommes prêts à vous présenter les changements
suggérés et même à vous présenter une
concordance en partie prête.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre vient de nous dire qu'il va nous
présenter ce matin des projets d'amendements?
M. TETLEY: Non.
M. CLOUTIER : Pas ce matin?
M. TETLEY: Non. J'attends évidemment...
M. CLOUTIER: Après...
M. TETLEY: Oui, d'ici une semaine, j'espè-
M. JORON: Est-ce que vous avez l'intention de faire réimprimer le
projet en tenant compte des suggestions que nous avons entendues ici?
M. TETLEY: Oui. Le réimprimer ou, au moins, vous présenter
des amendements. Peut-être pouvons-nous les discuter. C'est plutôt
en Chambre que nous aurions dû les discuter. Je vous présenterai
aussi la concordance des suggestions qui pourra peut-être vous aider lors
de l'étude des mémoires.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'il serait préférable que ces
choses nous soient soumises avant.
M. TETLEY: Oui.
M. ROY (Beauce): Que ces choses soient soumises devant
l'Assemblée nationale afin que nous puissions en prendre connaissance,
les étudier, faire nos recommandations et faire le point, si
nécessaire.
M. JORON: Est-ce que vous pouvez nous dire à ce stade-ci quand
vous prévoyez la deuxième lecture, en termes vagues?
M. TETLEY: Avant Noël. Il y a d'autres lois. S'il n'y a pas de
"filibuster", cela peut aller très vite.
M. JORON: Cela dépend de vous autres et de vous
particulièrement, parce que vous alimentez bien les "filibusters".
M. TETLEY: J'ai fait quelques remarques l'autre soir. J'attends avec
impatience les associations en question.
M. LE PRESIDENT: J'ai ici les noms de trois différentes
associations qui ont des porte-parole dans cette salle présentement. Il
y a la Canadian Bankers' Association, le Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal et le Federated Council of Sales
Finance Companies. Est-ce que M. J.-H. Perry de la Canadian Bankers'
Association est ici? Je l'invite à faire part du mémoire à
la commission.
Association des banquiers canadiens
M. LAPRADE: MM. les membres de la commission parlementaire. Je ne suis
pas M. Perry, mais Lionel Laprade qui parlera ce matin au nom de l'Association
des banquiers canadiens. Nous sommes ici cinq représentants de cette
association et c'est à ce titre que nous voulons vous faire certaines
représentations. Dans les fonctions de tous les jours, je suis directeur
du service juridique de la Banque Canadienne Nationale.
Je suis accompagné de M. Reed, qui est le conseiller juridique de
l'Association des banquiers canadiens, accompagné de son assistante,
Me Marie LaRue. M. Cowling, de la firme de Ogilvy, Cope, Porteous et
al., avocats, est conseiller juridique en même temps de la Banque Royale
du Canada, et M. Yvon Julien est directeur adjoint du service des prêts
hypothécaires à la Banque Provinciale du Canada.
Je tiens à vous remercier de votre invitation. C'est presque une
première de la part de l'association de venir entamer, à votre
invitation, un dialogue au sujet du bill 32. Je me propose, messieurs, de vous
faire lecture du mémoire, qui est plutôt bref. Ensuite, je voulais
faire un bref historique de la Loi sur les banques, qui régit
particulièrement les prêts hypothécaires et nous serons
ensuite à votre disposition pour répondre à vos
questions.
Messieurs, l'Association des banquiers canadiens représente les
neuf banques canadiennes à charte qui sont régies, comme vous le
savez, par la Loi sur les banques. Huit de ces banques font affaires dans la
province de Québec et mettent à la disposition de la population
1,493 succursales localisées dans tous les coins de la province et qui
offrent les services bancaires courants à tous les citoyens du
Québec.
Les banques canadiennes se trouvent parmi les principaux prêteurs
hypothécaires du Québec, tant pour les prêts conventionnels
que ceux en vertu de la Loi nationale de l'habitation, plus
particulièrement en ce qui concerne les hypothèques consenties en
vue de la construction de maisons d'habitation, soit à des individus,
soit à des compagnies.
Cette activité est exercée dans tout le Canada en vertu de
procédures bancaires, comme vous le savez, bien établies, et
d'opérations régies, en somme, par la Loi sur les banques. Les
articles 75, 79, 80, 81 et 84 de la loi régissent en somme la Loi sur
les banques, les activités immobilières des banques. A titre de
référence, pour vous aider, nous avons joint des photocopies des
articles qui pourraient vous intéresser.
En plus des pouvoirs et des limitations que renferment les articles que
je viens de vous citer, il existe aussi d'autres dispositions se rapportant
à l'inspection des prêts hypothécaires, entre autres, des
actifs de la banque où apparaissent ces prêts hypothécaires
ainsi que le dépôt de rapport. En raison de l'étroite
surveillance en matière de prêts hypothécaires à
laquelle le législateur a voulu que les banques soient soumises, pour
ces raisons, l'association s'est intéressée à l'effet, aux
conséquences qui pourraient découler du présent projet de
loi 32 notamment certains articles sur lesquels nous reviendrons
tantôt qui a été déposé à la
troisième session.
L'intention générale de ce projet de loi 32, qui a pour
but d'éliminer les pratiques frauduleuses à l'occasion de ventes
de terrains dans la province et aussi de prévoir des mesures en vue
d'établir un mode de vente de terrains par lotissement, est, au point de
vue de l'association, hautement recommandable. Il n'y a certes aucune objection
au principe voulant réglemen- ter les personnes qui accomplissent des
activités immobilières dans cette province et qui ne tombent pas
encore sous le coup d'aucune réglementation en cette matière. Mis
à part l'aspect constitutionnel, comme les banques canadiennes se
trouvent actuellement régies par certaines dispostions de la Loi sur les
banques et soumises à l'inspection et à la réglementation
qui y sont prévues, nous croyons qu'il n'y a aucun besoin ou aucune
nécessité qu'elle tombe sous l'application des dispositions du
présent projet de loi.
Nous avons actuellement la Loi sur le courtage immobilier qui est
reproduite aux Statuts refondus du Québec de 1964, chapitre 267, et qui
exclut les banques à charte quant aux prêts garantis par
hypothèques ou nantissements d'immeubles et consentis en leurs propres
noms ou au nom de leurs clients. D'ailleurs, nous retrouvons une disposition
similaire au projet de loi, à l'article 8, sous-paragraphe h).
Cependant, comme les activités des banques dans le champ immobilier
tombent sous la définition de "commerçant en immeubles", parce
qu'elles consentent des prêts hypothécaires garantis par
hypothèques, tel que défini à l'article 1 c) du projet de
loi, nous suggérons respectueusement que l'article 7 du projet soit
modifié en y ajoutant un sous-paragraphe c) dont le texte serait, en
somme, proche de celui que l'on retrouve au sous-paragraphe h) de l'article 8.
Qu'il soit également stipulé que les banques à charte ne
soient pas soumises aux dispositions, entre autres, des sections 8 et 9,
concernant respectivement la tenue des vérifications des livres et
comptes et les rapport et inspection.
Jusqu'en 1967, messieurs, la Loi sur les banques 1967
était la date de la dernière révision prohibait aux
banques de prêter contre hypothèques. Elles ne pouvaient prendre
une hypothèque que comme garantie additionnelle lorsque, par exemple, un
débiteur était en retard dans le paiement de ses avances à
elles consenties.
Alors à l'article 75 voir les photocopies que nous vous
avons fournies avec le mémoire on retrouve les pouvoirs des
banques. L'article 75 parle de l'ouverture de succursales, d'accord. Mais, je
voudrais attirer votre attention sur le fait que le commerce bancaire par
définition consiste à prêter, à faire des
prêts commerciaux, qu'ils soient garantis ou non. Lors de la refonte, la
prohibition dont je vous parlais tantôt a été
enlevée et on a permis aux banques, à compter de cette date de
prêter avec ou sans garantie, la garantie pouvant consister dans un bien
meuble ou pouvant consister dans une hypothèque, mais avec des
restrictions. Par exemple, j'attire votre attention à l'article 75, 4e,
de la loi, au premier paragraphe: Les banques ne peuvent pas prêter...
et, à la fin du premier paragraphe, le montant prêté "ne
doit pas excéder le moindre des deux montants suivants: a) un montant
égal à 10 p.c. du total du passif-dépôts de la
banque payable en monnaie canadienne." Donc, une restriction, ça
ne peut pas dépasser 10 p.c. Ceci fait ressortir
immédiatement, je vous le soumets, que c'est un
à-côté. Le montant ou le pourcentage de ces prêts
hypothécaires constitue la fraction la moins importante de l'ensemble
global des prêts que les banques peuvent consentir dans le cours
ordinaire de leurs affaires.
D'autres articles, comme l'article 78, prévoient de quelle
façon la banque doit réaliser ses garanties. Si j'ai raison de
dire que le projet de loi 32 dans son esprit a pour but d'empêcher la
spéculation, je pense que du côté des banques, on ne peut
pas, en matière de garantie hypothécaire, parler de
spéculation. Elles prêtent sur hypothèque pour garantir les
avances qu'elles ont consenties. C'est tout.
D'après le projet de loi, au paragraphe 1 c), on parle de
commerçants en immeubles. C'est ça en somme l'amplification de la
Loi du courtage immobilier qui existe actuellement. En plus de parler de
courtiers en immeubles, on parle de commerçants en immeubles. Qu'est-ce
qu'on entend par un commerçant en immeubles?
C'est une personne, qu'elle soit constructeur ou non, qui fait pour son
propre compte le commerce d'activités immobilières. Quand on se
réfère à l'article 1 a), sous-paragraphe i), on
définit l'activité immobilière, entre autres, à la
fin. C'est là que les banques se sentent impliquées, non pas un
peu; le prêt est garanti par hypothèque ou nantissement d'un
immeuble.
Est-ce que réellement on peut parler, dans le cas de vente, de
commerçants en immeubles qui, en somme, sont entrepreneurs, dans le seul
but d'obtenir l'hypothèque? Nous vous soumettons que non, parce que les
prêts qu'ils consentent, qui sont des prêts commerciaux, peuvent
être, comme je vous le disais tantôt, garantis ou non garantis et,
quand ils sont garantis par hypothèque, ils le sont conformément
à la Loi sur les banques.
M. le Président, c'est mon propos, nous sommes à votre
disposition ainsi qu'à celle des membres de la commission pour
répondre à vos questions. Si je ne puis répondre,
j'essaierai de trouver quelqu'un qui vous fournira la réponse. Merci,
messieurs.
M. TETLEY: M. le Président, M. Laprade, je vous remercie de votre
présence aujourd'hui. Je regrette l'absence de M. Perry, que je connais
très bien, mais pourriez-vous transmettre mes meilleurs voeux à
M. Perry et à M. McNeil, le président? Je suis content de votre
présence, parce que c'est une étape importante que celle-ci. Lors
de la présentation des mémoires sur le bill 45, plusieurs
institutions étaient absentes y compris l'Association des banquiers
canadiens.
Je crois que c'est important que vous soyez ici parce que vos
recommandations sont intéressantes. Je ne vois pas de sérieuses
objections pour l'instant à la condition que les banques ne fassent pas
le commerce de la vente de lots.
Et vous avez déjà créé deux banques dont
l'une a d'abord commencé à administrer un "Real Estate
Investments Trust" communément nommé REIT, où les banques
s'occupent des immeubles. Si les banques veulent agir comme courtiers ou comme
compagnies de fiducie pour le compte des autres, évidemment, il faut que
les banques se soumettent à la loi.
Au sujet du bill 45, vous savez que nous avons et vous me
permettez de le mentionner parce que les représentants des banques sont
ici, j'ai quelques documents pour les membres de la commission
exempté les banques et les caisses populaires jusqu'au 31
décembre. Les exemptions sont finies après cette date. Nous avons
ici une forme de règlement pour les banques et les caisses populaires,
l'ébauche d'un avant-projet que je vais présenter à tous
les membres de la commission, pour étude. C'est dommage qu'on soit
tellement en retard. Peut-être est-ce la faute de l'Association des
banquiers qui était absente, il y a deux ans, lors des séances de
la commission parlementaire relativement au bill 45? Je crois qu'au sujet du
bill 32, au moins, nous allons légiférer avec tous les documents
en main et avec au moins votre mémoire qui est important. Merci.
M. CLOUTIER : Un mot seulement. La représentation faite par
l'Association des banquiers canadiens, ce matin, me semble absolument normale.
D'ailleurs, des articles de la loi couvraient déjà cet aspect. Je
pense qu'il s'agit d'un oubli du législateur ou d'une précision
à apporter à l'article 7.
Je voudrais inviter l'Association des banquiers canadiens à
continuer de suivre la législation gouvernementale et à revenir
le plus souvent possible devant les commissions parlementaires.
M. LAPRADE : Nous nous proposons de le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser à M.
Laprade. A la suite d'un prêt consenti à un particulier, à
une entreprise ou à une compagnie quelconque, est-ce qu'il est possible,
advenant le cas d'une liquidation de ces actifs, que la banque se retrouve
propriétaire des actifs de la personne et, le cas échéant,
qu'il y ait des étendues de terrain, des lots, des terrains pour
lotissement qui deviennent la propriété de la banque? Alors, si
cela se produit, j'aimerais savoir de quelle façon la banque dispose de
ces actifs et de quelle façon la coutume établie lui permet-elle
de liquider ces actifs. Parce que si, par exemple, la banque se retrouve
propriétaire de cent lopins sur une même étendue, elle doit
normalement agir selon une règle ou une procédure établie
d'avance. Quelle est la façon de procéder?
M. LAPRADE: Si je comprends bien votre question, vous avez en vue
l'acquisition, à la suite d'une liquidation, d'un ensemble de lots et
non pas seulement d'un lot individuel...
M. ROY (Beauce): Un ensemble de lots.
M. LAPRADE: Est-ce qu'on parle de lots subdivisés?
M. ROY (Beauce): Cela peut même être des lots
subdivisés.
M. LAPRADE: Je vous parle d'après mon expérience. Il y a
22 ans que je suis à la Banque Canadienne Nationale. Ce n'est jamais
arrivé à ma connaissance que la banque récupère
d'un débiteur, d'un promoteur de lots, un ensemble de lots,
subdivisés ou non. Elle a pu acquérir plusieurs lots en raison de
plusieurs actes émanant du même promoteur parce que, en pratique,
les prêts mêmes d'un promoteur se font par lot. A ce
moment-là, elle obtient les droits que vous connaissez, qui lui
découlent de son acte de préhypothécaire qu'elle exerce,
soit à la façon d'une action de dation en paiement, soit en
exécution en faisant vendre l'immeuble en justice. Mais je pense que,
quant aux banques, l'élément de spéculation
disparaît, parce que la banque ne peut pas se rembourser en somme plus de
100 p.c. de son prêt. C'est-à-dire que, si vous vendez l'immeuble,
en pratique, que les avances se montent à $5,000 et que la banque
récolte $6,000, elle remettra $6,000 au débiteur ou à son
syndic de faillite. Est-ce que cela répond à votre question?
M. ROY (Beauce): Oui. Vous avez dit que cela ne s'est jamais produit
mais vous admettez quand même que ce sont des choses qui peuvent se
produire à un certain moment? Ce sont des choses possibles?
M. LAPRADE: Oui. Je crois que la différence est que la banque, en
devenant propriétaire des lots en vertu de la cause de dation en
paiement, à ce moment-là, dispose des lots mais pour
elle-même, non pas au nom d'un autre comme courtier.
M. JORON: Elle est commerçante à ce moment-là.
M. LAPRADE: C'est-à-dire que la Loi sur les banques, M. Joron,
lui enjoint d'en disposer de telle façon et dans un tel délai. En
somme, pour les immeubles qui servent à ces fins et qui doivent servir
à ces fins, si, à un certain moment, la banque décide
qu'elle n'en aura plus besoin, elle doit en disposer dans les sept ans; pour
les autres, elle ne peut pas les garder plus de douze ans. Il y a tout de
même un contrôle qui s'exerce qui est vérifié par
l'inspecteur des banques.
M. ROY (Beauce): II semble qu'il soit néces- saire que vous
exerciez ces activités possibles à un certain moment pour
récupérer des montants que vous avez prêtés suite
à l'exercice de dation en paiement que vous venez de mentionner. Est-ce
que vous auriez objection à vous soumettre aux dispositions du bill 32,
dans la façon de disposer de ces biens, de ces lopins de terre?
M. LAPRADE: Si on tient pour acquis que les banques, aux termes du bill
32, devraient être ou sont commerçants en immeubles, elles se
trouvent assises entre deux chaises, parce que d'abord, tombant sous
l'application du bill 32 définitif, elles sont commerçants
d'immeubles et, d'autre part, en raison de l'article 75 de la Loi des banques,
on leur défend de faire tout commerce autre que le commerce bancaire.
C'était le début de ma proposition que je n'ai peut-être
pas très bien passée. Les prêts hypothécaires sont
donnés comme garantie de prêts commerciaux qui sont fournis par
les banques, et quand on parle de prêts bancaires, on parle de
prêts commerciaux et ce n'est pas en raison d'une exception, et je pense
que, comme législateurs, vous êtes plus familiers que moi, avec le
sujet, on ne légifère pas pour l'exception.
M. JORON: Bien, avant-hier...
M. LAPRADE: Je ne suis pas qualifié, M. Joron, pour faire la
distinction.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. LAPRADE: J'espère que j'ai répondu le mieux
possible.
M. ROY (Beauce): Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. Laprade, au nom de la commission, je désire
vous remercier de l'exposé que vous venez de faire. J'invite maintenant
le porte-parole du Service de la police de la Communauté urbaine de
Montréal. J'ai ici le nom de Me Jacques Dagenais. Est-ce bien cela? Si
vous voulez vous approcher.
Vous pouvez commencer, Me Dagenais.
Service de la police de la Communauté urbaine
de Montréal
M. DAGENAIS (Jacques): J'aimerais vous présenter M. Léo
Talbot, qui est l'officier commandant de la sous-section des fraudes
commerciales à la police de Montréal. M. Talbot est, entre
autres, le patron de l'escouade qui a fait une cause qui a connu son heure de
gloire, la cause de Lakefield Corporation.
Je suis présentement conseiller juridique de la police de
Montréal, ainsi que du conseil de sécurité publique. J'ai
également, à titre d'expérience, plaidé ladite
cause en première instance
et devant la cour d'Appel au mois d'octobre dernier.
Je ne lirai pas le mémoire. Vous en avez une copie. Je voudrais
simplement commenter les idées que nous avons soulevées dans le
mémoire.
Le premier article, qui concerne la définition d'activités
immobilières, souligne le fait que, peut-être, cette
définition ne comprendrait pas le concept de promotion. On parle en
effet, dans la définition, d'activités immobilières, et
ceci est évidemment très important parce que les personnes qui
devront avoir des permis sont précisément des personnes qui font
des activités immobilières. Or, il arrive que, dans certains
systèmes de ventes, il y a des personnes qui ont des rôles
très précis, qui ne font pas, à précisément
parler, visiter de lots, qui n'annoncent pas de lots, qui n'en font pas non
plus la vente, mais qui, lors de la conférence de vente, lors du
système qui est employé dans les grandes compagnies qui font des
ventes massives, vont tout simplement être présentées comme
des conférenciers. Sans leur donner le titre d'économistes, on va
un peu donner cette impression-là aux gens qui sont dans la salle. Ces
gens-là font la plus grande partie du discours de vente sans
véritablement, à proprement parler, offrir en vente des terrains.
Mais il vont parler, par exemple, du développement extraordinaire que
peut connaître une certaine région, de la certitude que, dans
quelques années, à cause des 100,000 emplois qu'amènera
telle entreprise, etc., à cause des industries, à cause de
contrats signés avec le gouvernement, ces terrains-là vont
sûrement atteindre dix fois leur valeur. A la fin, les gens aboutissent,
arrivent un peu plus particulièrement aux terrains de la compagnie, mais
ne feront pas, à notre sens, à proprement parler, une
activité qui serait couverte par la définition d'activités
immobilières. Nous avons qualifié ce genre d'activités de
promotion et nous nous demandons si cela entre dans la définition
d'activités immobilières.
Le deuxième point, ce n'est pas, à proprement parler, une
recommandation, mais plutôt une confirmation. C'est la question du
permis. Nous avons noté que, contrairement à la Loi du courtage
immobilier, le simple vendeur d'une compagnie serait, dans l'état actuel
de la loi, soumis à la disposition du permis et nous nous
inquiétions à savoir si, en réglementation, on ne
viendrait pas restaurer cette ancienne exception. Nous ne croyons pas que ce
serait approprié parce qu'encore une fois, pour parler toujours des
compagnies qui font de la vente massive, les représentants sont
véritablement des professionnels de la vente. Lorsqu'il y a fraude, ce
sont les instruments premiers de la fraude. Quand j'employais le mot
"professionnels", ce sont des gens qui vont d'une compagnie à l'autre.
Si on étudie, par exemple, les compagnies qui ont fait parler d'elles
depuis les sept ou huit dernières années, ce sont des gens que
l'on retrouve d'une compagnie à l'autre. Lorsqu'une compagnie ferme ses
portes à cause d'une mauvaise publicité ou d'action en cour, ces
gens-là, qui sont spécialisés, sont engagés par une
autre compagnie.
Ce sont des représentants, de simples vendeurs. Ils ne sont, je
crois, ni courtiers, ni commerçants. Il nous semble que c'est tout
à fait souhaitable que ces gens-là soient régis par la
disposition du permis.
La troisième idée en est une de même nature.
Nous voudrions vous dire quel bien nous pensons de l'obligation de
subdiviser officiellement un lot avant de le mettre en vente.
Nous pensons à une expérience toute récente qui a
connu une certaine publicité. Des centaines de lots ont
été mis en vente dans la région de Sainte-Scholastique. La
subdivision de ces lots, à partir de laquelle on vendait, avait
été refusée par la municipalité. Les gens de la
municipalité estimaient qu'il était impossible de construire,
dans cette région montagneuse, des routes, comme elles apparaissaient au
plan. Lors des conférences de vente, on exposait une carte tout
simplement un lotissement qui avait été faite par un
arpenteur-géomètre. On voyait de belles rues droites, de belles
subdivisions avec des parallèles et des perpendiculaires. Or, la
municipalité a refusé ce plan pour la bonne et simple raison
qu'elle croyait impossible, comme je l'ai dit tout à l'heure, de tracer
des routes droites. Elle trouvait que les routes, telles qu'elles
étaient tracées, coûteraient une fortune; elle ne voulait
pas construire ces lots. Egalement, la superficie des lots était
illégale, selon la municipalité, parce que c'était un sol
granitique et on exigeait une superficie minimum de 10,000 pieds carrés
pour que les fosses septiques, dans un sol très peu perméable, ne
contaminent pas les terrains. En somme, les gens achetaient des lots, des
centaines de personnes ont acheté des lots à partir d'une
subdivision qui avait été refusée. On sait que ces gens ne
pourront pas s'y construire, parce que la superficie n'est pas satisfaisante
pour la municipalité. Et les routes, qui les construira? Certainement
pas la municipalité, ce qui pose de sérieux problèmes.
Nous croyons que c'est là une disposition tout à fait
judicieuse. Nous nous rendons compte que, pour les promoteurs, ça peut
impliquer des dépenses plus considérables au point de vue des
impôts fonciers. Chacun son problème. Il nous semble que, pour
protéger les citoyens, cela est une bonne mesure, une excellente
mesure.
M. LE PRESIDENT: M. Dagenais, dans le cas auquel vous
référez,, pouvez-vous nous dire approximativement quelle
était la superficie des lots offerts à la population?
M. DAGENAIS: On vendait aux gens dix lots de 10,000 pieds carrés.
La superficie totale
était de 72,000 pieds mais on leur disait qu'il s'agissait de dix
lots de 5,000 pieds carrés, ce qui fait 50,000 pieds carrés et le
reste sera pour les routes... Excusez-moi, je ne suis pas très clair. On
leur vendait un grand terrain qui avait 72,000 pieds carrés, donc deux
acres, et cela représentait dix lots.
M. LE PRESIDENT: La subdivision préparée par cet
arpenteur-géomètre avait été refusée par la
municipalité. Il s'agissait donc d'une subdivision théorique.
M. DAGENAIS: Absolument. C'était un plan de lotissement.
M. TETLEY: Quelle municipalité?
M. DAGENAIS: La municipalité du canton de Gore et aussi la
paroisse de Saint-Jérusalem qui se trouvent dans le début du
bouclier des Laurentides, région de Lachute.
Le point suivant s'adresse aux articles 12, 13 et 17 qui instituent la
résolution pour la non-observance de ces dispositions. Il nous semble
nécessaire, afin que ces articles puissent être appliqués
la question du prospectus et du permis nous semble très
importante que le consommateur soit averti de ce droit très
important qu'on lui donne. Or, la simple publication d'un projet de loi n'est
pas suffisante; l'expérience démontre que les citoyens sont
très peu au courant de leurs droits. Comme c'est un droit très
important, il nous semble que, si la reproduction de ces articles était
obligatoire au verso du contrat, promesse, enfin, du document qui est
échangé, le consommateur serait alors averti de ses droits; il
saurait qu'il a droit de recevoir un prospectus, il saurait aussi que le permis
est nécessaire; mais le prospectus nous semble surtout très
important.
Si une réglementation disait: Ces articles devront être
reproduits au prospectus, ce serait une protection illusoire pour tous les cas
où le vendeur ne remettrait pas le prospectus. Une chose est certaine,
lors d'une transaction, il y aura toujours un écrit, quel qu'il soit, et
si on imprimait les dispositions excellentes des articles 12, 13 et 17 au
verso, le consommateur, l'acheteur en prendrait connaissance.
Il faudrait en prendre connaissance le soir même, mais souvent les
gens sont emportés dans un tourbillon d'enthousiasme. D'ailleurs, dans
cette même cause, nous avions même rencontré un psychiatre
qui s'était laissé aller à l'enthousiasme. Il avait
acheté un terrain et après il me disait: Je ne vois vraiment pas
comment j'ai pu faire cela! Je crois que c'est très
révélateur.
Il reste quand même que, une fois l'enthousiasme passé, le
coup de vent terminé, la passion emportée, le lendemain, la
personne qui a acheté le terrain regardera son papier, l'examinera de
bord en bord et les probabilités qu'elle prenne connaissance de ce droit
sont donc très fortes, s'il est imprimé au verso du contrat.
Nous avons également un commentaire sur l'article 27. L'article
27 est celui qui exige, sous peine d'infraction à la loi, que l'on
inscrive trois types de promesses au contrat. Nous avons noté tout
d'abord que cet article ne semble s'appliquer qu'au courtier ou à son
représentant. Alors nous voyons très bien que cela pourrait
également s'appliquer au commerçant, à son
représentant et à ses vendeurs, dans le cas des grandes
compagnies qui font elles-mêmes leurs ventes, qui vendent par l'entremise
de vendeurs.
Nous nous sommes demandé pourquoi on limite les promesses qui
doivent être inscrites au contrat, pourquoi on les limite aux trois types
de promesses qu'énoncent les trois sous-paragraphes? Les promesses sont
celles de procurer une hypothèque, d'assurer la vente ou la revente
d'une maison. Il est exact que ce sont des promesses qui avaient une certaine
popularité dans certaines entreprises par les années
passées et même présentement. Actuellement, cependant,
l'expérience de la réalité démontre qu'il y a des
promesses autres qui sont extrêmement usitées, à savoir,
entre autres pour les compagnies qui vendent de petites maisons unifamiliales
à la population; on leur vend le terrain et on s'engage à
commencer la construction de la maison unifamiliale dans trois mois. Par
exemple, si on vend en hiver, on s'engage à construire pour le mois de
mai. Certaines entreprises dont les activités ont été
portées à notre connaissance n'ont jamais respecté ces
promesses, n'ont pas construit les routes qui auraient permis la construction,
n'ont pas amené non plus les services. Ce sont des
considérations, du moins l'exemple que je viens de vous donner est une
considération déterminante pour quelqu'un qui achète une
maison pour y demeurer. Alors, toute cette question les promesses de
cette importance, telles que l'aménagement des services,
l'aménagement des routes, la construction de maisons nous semble
aussi importante à nous que les trois types de promesses que l'on
retrouve actuellement dans le contrat. Si l'intention du législateur ou
l'idée du législateur, quand il écrit cela, est qu'il juge
ces types de promesses assez importants, assez usités et assez
déterminants dans la conclusion du contrat pour justifier d'en faire une
infraction, il nous semble que les exemples que je vous ai donnés sont
aussi importants que ceux-là dans la pratique.
Nous avons une question qui est très chère au Service de
la police de la Communauté urbaine, c'est la question de la limitation
des poursuivants.
M. TETLEY: M. Dagenais, au sujet de l'article 27, nous avons aussi
l'article 64, qui est une copie du bill 45,où le consommateur peut faire
la preuve orale ou testimoniale pour contredire et il aurait le droit de dire:
Vous m'avez promis une route ou quelque chose.
M. DAGENAIS: Ce ne sera cependant pas
une infraction que de ne pas l'avoir écrite au contrat.
M. TETLEY: Non. Quand même je trouve intéressantes vos deux
observations à ce sujet à l'article 27, et les autres
observations aussi.
M. DAGENAIS: L'article 58 est celui qui édicte que les poursuites
seront intentées par le ministre, par le surintendant ou une personne
autorisée par le procureur général.
C'est une dérogation en somme, si l'on peut dire, du
régime de droit commun, le droit statutaire étant régi par
la Loi des poursuites sommaires qui, elle, a une application très vaste.
Enfin, toute personne qui se sent lésée peut porter plainte.
Dans le bill 45, on retrouvait une disposition analogue à
celle-ci et qui a eu pour effet d'amener un certain
désintéressement de la police pour les raisons que je vais vous
énumérer. Je me permets de revenir un peu en arrière. Ce
qui désopile un peu la police de la Communauté urbaine, c'est
qu'elle pense comme suit, elle dit: Nous avons une section de gens
spécialisés dans les fraudes commerciales. Sur le territoire de
l'île de Montréal, cette section a une assez bonne
réputation. Lorsqu'il y a une fraude, on appelle la section des fraudes
de la police de Montréal. C'est une procédure extrêmement
usitée à Montréal. Les plaintes par
téléphone à la section des fraudes, qui est une section
d'enquêtes spécialisées, affluent constamment. C'est donc
un réservoir de plaintes tout d'abord.
Il y a également une main-d'oeuvre qualifiée, qui a fait
ses preuves dans le passé, qui a fait une guerre relativement et je
dirais même très efficace, on peut le dire objectivement, aux
pyramides entre autres, qui a fait aussi certaines campagnes contre des
promoteurs de terrains peu scrupuleux. Ce sont donc des gens sérieux,
qui aimeraient disposer de tous les outils pour appliquer la loi et pour
instaurer un certain ordre, une certaine protection du public. Or, dans
l'état actuel des choses, si la police voulait s'occuper de faire
respecter la loi, tout ce qu'elle pourrait faire, ce serait de faire
l'enquête et aller porter cela au surintendant, au ministre ou enfin
à l'organisme qui sera chargé d'appliquer la loi. Evidemment, on
parle aussi de personnes autorisées, mais personnes autorisées
s'entend toujours dans un sens restreint. On ne pourrait pas nommer 50
personnes et dire que ce sont des personnes autorisées. Du moins en
vertu de la Loi de la protection du consommateur, il n'y a pas beaucoup de
personnes qui sont autorisées.
Or, la section des fraudes commerciales de la police de Montréal
a reçu une quantité de plaintes en regard de violations de la Loi
de la protection du consommateur et elle n'est pas précisément
satisfaite de la façon dont ces plaintes, qu'elle a dû
référer à l'Office de la protection du consommateur, parce
qu'elle n'avait pas le pouvoir de les poursuivre, ont été mises
à exécution. Si mes renseignements sont exacts, il n'y aurait pas
beaucoup d'inspecteurs présentement à l'Office de la protection
du consommateur. Du moins, à notre connaissance, il n'y a pas de tels
inspecteurs. Il y aurait un service de téléphonistes ou de gens
qui répondent au téléphone aux plaintes et qui donnent des
conseils. Mais ça prend beaucoup plus que cela évidemment pour
porter des accusations et aller faire la preuve en cour. La police de
Montréal serait très intéressée à appliquer
cette loi. Elle est moins intéressée évidemment à
faire purement la section des enquêtes et à aller porter le
dossier à des fonctionnaires qui vont dire: Nous vous remercions, ne
nous appelez pas, nous vous appellerons. Il n'entre pas dans la
mentalité du policier de faire juste un travail de valet, il aime bien
conduire ses propres causes à la cour. C'est un peu ce que j'avais
à dire à ce sujet. Nous n'arrivons pas vraiment à
justifier pourquoi les poursuites seraient limitées. C'est pourquoi nous
suggérons l'abolition de ce paragraphe et qu'on retombe donc sur le
système du droit commun. Je pense que ce serait pour la plus grande
protection du public.
M. TETLEY: Me Dagenais, je suis de votre avis. C'est pourquoi je suis
très content de vous voir ainsi que le lieutenant Talbot. Les banques
nous ont snobés pendant deux ans, je ne veux pas dire que vous l'avez
fait vous-même, en tout cas, the prodigal son has returned, vous
êtes doublement béni et le bienvenu. Je crois que vous avez raison
à 100 p.c. C'est dommage que vous n'ayez pas été ici il y
a deux ans pour expliquer cela, lorsque nous avons adopté le bill 45.
Soixante-quinze groupements sont venus, disons qu'il y en avait assez. Nous
avons apprécié tous les groupements sans aucune exception, mais
c'est dommage que le vôtre ne soit pas venu. Je crois que votre
suggestion est très importante et je comprends très bien que des
villes comme Montréal et Québec et surtout
Montréal, qui a un si bon système d'enquête n'aiment
pas faire l'enquête et l'envoyer ailleurs. C'est le même
problème chez nous.
Nous avons quand même, à notre ministère, tout un
système d'enquêtes. Les enquêtes sont faites par la
Sûreté du Québec. Mais limiter vos pouvoirs de
procéder après une enquête, d'accord. Je suis de votre
avis. Voici une erreur dans la loi, une erreur que nous allons éviter
ici à cause de votre présence ce matin.
M. DAGENAIS: Précisément, c'est pourquoi nous
n'étions pas là lors du premier projet de loi, le bill 45; il
nous satisfaisait. Et c'est uniquement avec l'expérience pratique...
M. TETLEY: Ah bon!
M. DAGENAIS: ... de la disposition similaire que nous voyons qu'elle
pourrait être améliorée.
M. TETLEY: Parfait.
M. DAGENAIS: Article 58, biffé?
M. TETLEY: Non, nous allons prolonger l'article, nous allons donner
toutes sortes de...
M. DAGENAIS: Le Consumer Report de septembre 1972 renferme un article
assez intéressant qui s'appelle "Land Sales Boom" et, comme tout le
monde le sait, depuis 1968, il y a le "Interstate Sales Land Act" ou
"Disclosure Act" et un organisme est justement chargé d'administrer les
poursuites. Et à Washington, en mai 1972, il y a eu des auditions sur la
performance de l'organisme en question. De 1968 à mai 1972, seulement
quatre accusations avaient été portées, en vertu de cette
loi, dans tous les Etats-Unis. Et seulement 18 permis avaient été
révoqués. C'est d'ailleurs pourquoi il y a eu des auditions
à Washington. C'est qu'il y avait un net mécontentement sur la
façon dont c'était administré.
J'arrive à la fin. Une dernière disposition, qui ne se
trouve pas au mémoire, mais qui m'est venue en tête en lisant la
loi américaine. C'est une disposition qui nous semble excellente. Dans
la loi américaine, un article dit qu'il est interdit de se servir du
fait je ne sais pas quel est le nom exact de la personne qui accorde les
permis et qui approuve les prospectus, supposons que c'est le secrétaire
de cette approbation-là pour dire: La vente de nos terrains est
approuvée par l'organisme en question et on nous pousse même
à vendre des terrains.
J'ai trouvé ça très clairvoyant parce que,
précisément, dans une cause récente, l'organisme disait
à sa clientèle: Le gouvernement nous pousse à vendre.
C'était dans la région de l'aéroport. Le gouvernement nous
demande de ne pas retarder le développement et nous pousse à
vendre nos terrains parce que l'aéroport doit apporter beaucoup de
commercialisation et on fait pression sur nous pour que nous participions
à cette commercialisation.
Ce sera encore plus tentant, si je puis dire, parce que le surintendant
aura approuvé un prospectus, aura donné des permis. Ce sera une
plus grande tentation de se réclamer du surintendant et il serait
peut-être approprié de faire une interdiction spécifique.
Je vous laisse le soin de préparer la disposition, mais je crois que ce
serait utile.
En matière de réglementation, je serai très bref.
Nous faisions des voeux pour le prospectus qui viendra. Nous n'avions pas pris
connaissance du projet de loi américain à ce moment-là.
Mais nous croyons qu'il serait bon qu'on situe très bien l'endroit
où se trouve l'immeuble, à quelle distance est la plus proche
municipalité, s'il y a présentement des routes qui s'y rendent,
s'il y a des services et ainsi de suite.
La population, en général, est très peu
renseignée et le fait de coucher sur papier tous ces détails
très vitaux pour la valeur d'un terrain, sera ensuite une mise en garde
pour les vendeurs qui voudront outrepasser les détails du prospectus.
Ils sauront que le client, l'acheteur éventuel a un prospectus avec la
description de la qualité du site et de tout ce qui en fait un peu la
valeur. Nous imaginons que ce prospectus, ayant été
approuvé, sera raisonnablement véridique et, par
conséquent, sera une sorte de frein pour les vendeurs.
Il y a la question des ventes conditionnelles. Nous ne voyons pas
tellement comment assurer une protection de ce côté-là.
La question des ventes conditionnelles de terrains est un
problème extrêmement grave. Plusieurs compagnies
présentement vendent des lots en faisant signer des promesses d'achat,
en recevant des chèques postdatés pour quatre ou cinq ans.
Lorsque la personne a fini de faire ses paiements, lorsqu'elle demande
son titre pour devenir propriétaire, elle s'aperçoit souvent que
le terrain est hypothéqué, que la compagnie plus ou moins
scrupuleuse avec qui elle faisait affaires est presque en faillite, elle est
insolvable, ou elle a toutes sortes de difficultés financières et
elle n'est pas capable de solder l'hypothèque.
Dans la cause à laquelle j'ai fait allusion
précédemment, où des centaines de personnes ont
acheté, c'est le nouveau problème qu'elles ont
présentement. Personne n'est capable de se faire donner un titre clair
parce que la propriété est hypothéquée. Les
paiements hypothécaires n'ont pas été respectés par
le propriétaire, qui était en même temps le vendeur, et des
avis de soixante jours ont été enregistrés sur les
terrains. Alors, les gens se voient dans la situation où, les lots
n'ayant pas été subdivisés, le créancier
hypothécaire ne veut pas dire: Pour vous donner une mainlevée,
c'est $200, c'est le montant de l'hypothèque. Le créancier
hypothécaire semble vouloir jouer "rough", si vous me permettez
l'expression. Il dit: Je veux le paiement global de l'hypothèque sur le
terrain. Il n'accepte pas de mainlevée individuelle pour les parcelles
non subdivisées. C'est un casse-tête épouvantable et les
gens ne sont pas au bout de leurs cauchemars.
Il y a eu à Saint-François-de-Sales, vers 1966, un cas
similaire. Les gens achetaient des maisons sans en être
propriétaires. Une fois la maison payée, ils se sont
aperçus que le vendeur, dans l'intervalle, qui était le
propriétaire enregistré, avait enregistré jusqu'à
trois hypothèques sur le terrain et n'était absolument pas
intéressé à faire les règlements de ceci.
C'était une ville ouvrière. Les personnes
intéressées, pour avoir un titre clair, devaient absorber
jusqu'à trois hypothèques après avoir payé
complètement le prix de vente.
Peut-être y aurait-il une amorce de solution dans la question du
cautionnement que les vendeurs, les commerçants seraient appelés
à payer. Nous ne le savons pas, nous n'avons pas vraiment
d'expérience comme civilistes et nous faisons tout simplement pointer le
problème du doigt. Voilà ce que nous avions à dire.
M. LE PRESIDENT: Je pense que les mem-
bres de la commission seraient intéressés à voir
quelle réponse vous pourriez donner à une question comme
celle-ci. Vous avez mentionné tout à l'heure que vous aviez des
renseignements relatifs à une situation un peu frauduleuse à
Sainte-Scholastique. Vous venez de mentionner un autre cas, à
Saint-François-de-Sales. Est-ce à dire que c'est l'escouade
antifraude de la Sûreté de Montréal ou de la
Communauté urbaine de Montréal qui va faire enquête dans
ces endroits? Le cas échéant, j'aimerais savoir si le Service de
la police de la Communauté urbaine est dédommagé par le
gouvernement de la province pour faire ce travail?
M. DAGENAIS: Non. Absolument pas. Le cas de
Saint-François-de-Sales est un cas fini, réglé. Quant
à Sainte-Scholastique, ce sont des citoyens de Montréal qui se
font frauder. La vente se fait sur l'île de Montréal. La compagnie
même avait son siège social à Montréal mais vendait
naturellement à l'extérieur de l'île de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: II n'y a aucun dédommagement pour aider à
défrayer le coût de ces enquêtes faites en dehors du
territoire de la ville de Montréal.
M. ROY (Beauce): Avez-vous fait des demandes?
M. DAGENAIS: II n'y a pas de dédommagement sauf le plaisir du
devoir accompli.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous avez fait des demandes de
dédommagement auprès du gouvernement pour de telles
enquêtes?
M. DAGENAIS: Non. Savez-vous, vous me posez la question, je pense que ce
n'est jamais venu à l'esprit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Robert-Baldwin en a
fait une de $140,000...
M. TETLEY: Ah oui!
M. CLOUTIER (Montmagny): ... pour dédommager le Service de la
police de la Communauté urbaine de Montréal?
M. LE PRESIDENT: La police de Pointe-Claire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, c'est dans la Communauté
urbaine.
M. TETLEY: Sa cause est subjudice.
M. LE PRESIDENT: Alors, s'il n'y a pas d'autres questions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais demander à Me Dagenais ou au
lieutenant
Talbot si les deux autres communautés urbaines ont un service
comme le vôtre, soit la Communauté urbaine de Québec et
celle de l'Outaouais, ou si c'est seulement la Communauté urbaine de
Montréal qui a une telle unité.
M. TALBOT: Je ne le crois pas. Je crois que c'est seulement la
Communauté urbaine de Montréal qui a le service des fraudes
commerciales. Même Toronto est en train d'en créer un mais il
n'est pas sur pied encore. Nous existons depuis septembre 1969 à
Montréal.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est l'entraînement spécial
que reçoivent les membres de l'unité?
M. TALBOT: Les prérequis sont l'expérience
policière, cinq ans, sergent-détective, et l'expérience
est acquise au fur et à mesure du travail exécuté. On fait
suivre des cours de comptabilité aux enquêteurs pour qu'ils
connaissent les problèmes de chiffres et de formules.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après le témoignage de Me
Dagenais, tantôt, les plaintes affluent constamment et de plus en plus
à votre service.
M. TALBOT: De plus en plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'à votre connaissance le
même besoin se ferait sentir ailleurs dans la province, à
Québec...
M. TALBOT: II serait souhaitable qu'il y en ait dans d'autres
régions également.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que votre unité pourrait
également assumer d'autres responsabilités comme l'application de
la Loi 45 de la protection du consommateur, avec le même effectif que
vous avez dans le moment? Non?
M. TALBOT: II faudrait augmenter le personnel.
M. LE PRESIDENT: Qui paierait pour cette augmentation de personnel?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais souligner au ministre des
Institutions financières, que pour la Loi de l'aide sociale, sauf
erreur, c'est la Sûreté du Québec qui fait des
enquêtes régulièrement sur tout le territoire de la
province. Mais cela n'empêche pas le ministère des Affaires
sociales d'avoir une équipe spéciale d'inspecteurs ils ne
sont pas tellement nombreux qui travaillent en collaboration avec la
Sûreté du Québec pour les enquêtes concernant la Loi
d'aide sociale.
M. TETLEY: Lorsque j'étais ministre du Revenu, j'ai
remarqué un certain froid entre la
Sûreté du Québec et la Police de Montréal,
lors des enquêtes, et surtout entre le personnel du ministère du
Revenu et la police de Montréal, et même la Sûreté du
Québec. A cette époque, nous avons fait disparaître ce
froid. Je crois que les choses vont beaucoup mieux. Nous avons un
problème de coopération. La ville de Montréal a
commencé avant nous, mais il y a place pour tout groupement. J'ai un
petit problème qu'il faut mentionner. Un policier gagne un salaire assez
élevé. Un sergent-détective gagne un salaire beaucoup plus
élevé qu'un avocat qui possède sept ou dix ans
d'expérience chez nous. Un policier gagne $11,000, un avocat avec trois
ans d'expérience, $7,200. Et c'est très difficile de faire
augmenter le salaire de ces personnes. Je suis limité dans mon action
à cause du budget de la fonction publique. J'aurais aimé un
personnel de sergents-détectives, ou policiers, ou même un
lieutenant compétent. C'est pourquoi je favorise la coopération
à 100 p.c. J'apprécie beaucoup votre présence et ce que
vous avez fait. Par exemple pour Koscot International inc., c'est votre
enquête. Félicitations. Même si Me Faucher travaille pour
nous depuis septembre. Il a quand même plaidé la cause pour la
ville de Montréal, malgré le fait qu'il fusse fonctionnaire de la
province. Nous voulions gagner. Vous savez que, pour la première fois,
une compagnie à ventes pyramidales a payé $175,000, et non pas un
montant de $500, comme dans le jugement rendu contre la compagnie Inspiration
et Succès, qui est une insulte à l'intelligence. Je regrette de
le dire.
Je lève mon chapeau devant la ville de Montréal.
J'espère travailler dans l'avenir avec Montréal et
j'espère que d'autres villes de Beauce, Dorchester, Frontenac,
Montmagny, feront autant que la ville de Montréal et la ville de
Québec.
M.CLOUTIER (Montmagny): Autant, toutes proportions gardées, M. le
Président.
M. TETLEY: Mais, vous savez, il y a autant de fraudeurs là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre va être obligé de nous
donner des précisions.
M. TETLEY : Mais Inspiration et Succès fait rage chez vous
beaucoup plus qu'à Montréal.
M. ROY (Beauce): Je dois dire à M. le ministre, et je dois
attirer son attention sur ce fait, que les grands fraudeurs de la Beauce
viennent de l'extérieur.
M. TETLEY: Ils sont tous créditistes.
M. LE PRESIDENT: Je laisse la parole maintenant à l'inspecteur
Léo Talbot.
M. DAGENAIS: II doit y avoir erreur, nous sommes venus ensemble pour
faire la même présentation.
M. LE PRESIDENT: Vous étiez debout, je croyais que vous aviez
quelque chose à dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous remercie, lieutenant.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie. Le ministre aurait un mot à
ajouter, je crois.
M. TETLEY: Me Dagenais, je vous remercie, aisni que le lieutenant
Talbot. Si votre présentation a été aussi bien faite, Me
Dagenais, c'est sans doute parce que vous avez fait votre cléricature
dans mon ancien bureau d'avocat.
M. DAGENAIS: Alors, je vous en remercie aussi.
M. JORON: J'aimerais remercier Me Dagenais et le lieutenant Talbot. Je
pense que les suggestions que vous avez apportées sont fort pertinentes.
Celle qui m'a le plus frappé est celle qui concerne les poursuites. Je
vois que la loi vous avait particulièrement oubliés, à
tort d'ailleurs, si on se rappelle l'expérience du service de la police
dans les affaires de ventes pyramidales, par exemple, ces choses-là. Je
vous remercie infiniment.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Au nom de mon groupe, j'aimerais aussi remercier Me
Dagenais. J'ai eu le temps de lire son mémoire hier. Malheureusement
j'étais en retard ce matin. Son apport a été
considérable et je l'en remercie beaucoup. J'ai noté que
c'était aussi très concis et qu'il attaquait de plein fouet les
réformes qu'il voulait apporter, sans détour. Je l'en
félicite.
M. JORON: II ferait un excellent candidat.
M. TETLEY: C'est peut-être un prochain candidat.
M. LE PRESIDENT: Je remercie Me Dagenais, de même que le
lieutenant Talbot, que j'ai appelé tout à l'heure inspecteur
Talbot, c'est une promotion que je voulais vous donner. C'est bien beau les
remerciements et les félicitations, mais je pense qu'une promotion
aurait beaucoup plus d'effet. Merci, messieurs.
J'invite maintenant le porte-parole du Federated Council of Sales. J'ai
ici le nom de M. Guy Deslauriers. Vous êtes M. Deslauriers?
Conseil fédéral des compagnies de ventes
financières
M. LEVASSEUR (Louis): II y a erreur. Je suis Louis Levasseur, le
vice-président adjoint
de la compagnie le Group Traders Ltd. à Québec et j'ai
avec moi M. Paul Brown, le conseiller juridique de la compagnie IAC
Ltée.
M. LE PRESIDENT: M. Paul? M. LEVASSEUR: Brown.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Levasseur, vous avez la parole.
M. LEVASSEUR: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de
la commission, la Fédération des sociétés de
financement des ventes remercie la commission de lui avoir donné
l'occasion, encore une fois, de faire certaines représentations au sujet
du projet de loi 32.
La Fédération et ses membres comprennent très bien
les objectifs et les buts de la loi 32, soit la protection du consommateur
contre les fraudes et les fausses représentations impliquant la vente et
la location des propriétés immobilières. La
Fédération des sociétés de financement des ventes,
ses membres et ses compagnies associées, pour des raisons que nous
comprenons très bien, ont pris un intérêt particulier au
projet de loi 32. Les seules activités immobilières que les
membres de la fédération peuvent avoir, c'est par les prêts
que ses membres consentent au consommateur sur des immeubles, des prêts
commerciaux et des prêts sur des résidences privées.
Cependant, la grande majorité, si ce n'est la totalité de
ces prêts, sont garantis par des deuxièmes hypothèques sur
des résidences. Ces deuxièmes hypothèques, comme vous le
savez, sont déjà régies par la Loi de la protection du
consommateur ou le bill 45. Nous croyons que le projet de loi, par certains de
ses articles, semble impliquer les compagnies de financement ou les compagnies
de prêts. Je répéterai ce qui a déjà
été mentionné par quelqu'un qui m'a
précédé. En vertu de l'article 8, les compagnies de
prêts sont exemptées en ce qui a trait à détenir un
permis de courtier en immeubles. Nous soulignons qu'en vertu de l'article 7, on
peut être considéré comme commerçant en valeurs
immobilières. Nous soumettons à la commission le fait que nos
activités dans le domaine des valeurs immobilières, et surtout
dans le domaine des prêts, que les prêts en deuxième
hypothèque tombent sous la juridiction du bill 45, qu'en vertu des
règlements du bill 45, nous devons dévoiler les coûts, les
frais, les taux d'intérêt, le coût du crédit, la
langue qui doit être utilisée, suivant le consommateur, soit le
français ou l'anglais.
Nous soumettons respectueusement à la commission que le fait que
nos activités, en ce qui a trait aux valeurs immobilières, se
résument principalement à des prêts en deuxième
hypothèque, qui sont déjà régis par la Loi de la
protection du consommateur, que nous soyons exemptés de la loi 32.
En résumé, c'est ce que la Fédération des
sociétés de financement des ventes désire apporter
à l'attention de la commission.
M. TETLEY: M. le Président, l'idée d'un permis par
institution est valable. Que notre ministère présente deux bills,
soit deux permis par institution et deux surintendants qui s'occupent de ces
institutions, est peu valable. Je prends bonne note de vos observations. Nous
avons déjà préparé un avant-projet avec les
suggestions. Je crois que cette suggestion se trouve dans le nouveau projet. Je
crois que le public est protégé si un surintendant du
ministère s'occupe de vous, ce qui est le cas du bill 45.
D'autre part, si vous entrez dans le commerce d'immeubles, il vous faut
un permis. Mais ce n'est pas votre intention.
M. LEVASSEUR: Pas du tout, M. le ministre.
M. LATULIPPE: J'aurais une question à poser à ce sujet.
Est-ce que vous avez l'intention de demander à tous ceux qui feront des
transactions commerciales d'une façon directe ou indirecte, aux
représentants de caisses d'entraide économique, de caisses
d'établissement, de détenir un permis comme agent vendeur? Vous
demandez que leur permis soit limité. Vous demandez également
qu'ils aient des références assez solides, avec des
critères. Est-ce que vous avez l'intention de soutenir des demandes
semblables pour tous ceux qui sont dans le commerce de l'immeuble d'une
façon directe ou indirecte? A ce moment, cela compenserait pour
l'histoire des doubles permis dans les mêmes institutions.
M. TETLEY: Le cas des caisses d'établissement, des caisses
populaires est un cas semblable. Il ne faut qu'une seule source de
règlementation à moins qu'elles exploitent deux sortes de
commerces. C'est un peu le problème.
M. LATULIPPE: Prenons le cas des caisses d'établissement
où il y a un éventail de services, en passant par
l'immeuble...
M. TETLEY: Elles font un tout. Evidemment, ces institutions doivent
suivre le bill 45 au sujet de leurs prêts et le bill 32 au sujet de leurs
activités immobilières, parce qu'elles ont les deux, mais je
crois qu'il faut que ces institutions n'aient qu'un seul permis. C'est
l'idée que j'ai à l'heure actuelle.
M. LATULIPPE: Avez-vous l'intention de rattacher également un
permis aux agents de la compagnie, exactement dans le même ordre que le
demandait le bill 45?
M. TETLEY : Pour les agents qui travaillent pour les caisses, le
secrétaire m'a avisé que oui.
M. LATULIPPE: Dans le domaine de l'immeuble, est-ce que se sera
exactement la même chose?
M. TETLEY: Oui.
M. LATULIPPE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. Levasseur, votre Conseil fédéral des
compagnies de ventes financières regroupe, si j'ai bien compris au
début, la plupart ou la quasi-totalité des compagnies de finance
qui exercent au Québec. Est-ce exact?
M. LEVASSEUR: Oui. Notre fédération regroupe la majeure
partie ou la totalité presque la totalité des
compagnies de financement des ventes. Il faut faire une distinction avec ce que
vous appelez une compagnie de finance. Cela peut inclure' les compagnies de
prêts personnels. Naturellement, la fédération groupe
surtout les compagnies de financement des ventes. Nous avons certaines
filiales, les membres ont certaines filiales qui font des prêts
hypothécaires principalement, comme je le disais, et presque en
totalité, en deuxième hypothèque.
M. ROY (Beauce): Vous avez des compagnies, je pense, qui financent des
ventes et qui, en même temps, ont des activités comme il est
stipulé dans la loi. Elles font non seulement le financement des ventes
mais elles font aussi du prêt personnel et des prêts en
deuxième hypothèque.
M. LEVASSEUR: C'est cela.
M. ROY (Beauce): Vous avez donc des compagnies affiliées qui font
ce genre d'activités. Maintenant, est-ce que votre siège social
est ici, dans la province de Québec?
M. LEVASSEUR: Le siège social de la fédération est
à Toronto.
M. ROY (Beauce): Je veux en venir au but de ma question mais j'aimerais
savoir au début s'il y a des conditions spécifiques pour faire
partie de la fédération? Si les compagnies de finance sont
soumises, par exemple, à certaines règles ou à un genre
d'autodiscipline concernant la réglementation ou encore la façon
de procéder dans les prêts?
M. LEVASSEUR: Je répondrais oui. La fédération a
une charte et a également un code d'éthique qui doit être
respecté par ses membres.
M. ROY (Beauce): II y a quand même, au Québec, des
compagnies de finance qui ont fait un travail dans ce sens-là, dans le
prêt de deuxième hypothèque. Je ne voudrais en nommer
aucune, mais il y a des compagnies de financement qui ont fait du prêt de
deuxième hypothèque et cela a été à peu
près une ruine complète pour ceux qui ont eu à
négocier ce genre de prêt. Je n'accuse pas une compagnie en
particulier, parce qu'il y a quand même des compagnies de finance qui ont
une excellente réputation. J'ai eu personnellement à travailler
dans le domaine de la finance pendant un certain nombre d'années et j'ai
été en mesure de me rendre compte, à ce moment-là,
qu'il y avait quand même des compagnies de finance qui obligeraient le
gouvernement à intervenir là-dedans et à régir les
prêts de façon à éviter des abus.
M. LEVASSEUR: Oui. Mais pour répondre à votre question, M.
le député, je dirais que, malheureusement, je dis
malheureusement, en tant que Québécois dans la grande
majorité des cas où c'est arrivé; c'étaient des
compagnies québécoises.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ces compagnies québécoises
font partie de votre fédération?
M. LEVASSEUR: II n'y en a plus actuellement. Vous avez eu des choses qui
sont arrivées au Québec, c'est malheureux, mais ce
n'étaient pas des compagnies membres de la fédération.
Aujourd'hui, des compagnies majeures qu'on peut appeler, comme vous dites,
compagnies de finance au Québec, il n'y en a pas tellement.
M. ROY (Beauce): Je suis un peu surpris d'entendre dire que ce sont des
compagnies québécoises, parce que j'ai certains noms à
l'esprit.
M. LEVASSEUR: Je voudrais préciser qu'il s'agit de certaines
compagnies qui n'existent plus actuellement.
M. ROY (Beauce): Ce sont peut-être des compagnies qui faisaient
affaires au Québec, mais je n'ai pas vu de noms québécois
dans leur raison sociale. Je tiens à le préciser.
M. LEVASSEUR: II y a certaines compagnies qui ont fait affaire au
Québec déjà et qui sont disparues après des
faillites.
M. ROY (Beauce): Que ces compagnies aient fait affaires au
Québec, d'accord, mais que ce soient des compagnies exclusivement
québécoises, j'ai une certaine réticence à ce
moment-là.
M. LEVASSEUR: Vous en avez une en particulier qui s'appelait Alliance
Crédit, qui a été une compagnie exclusivement
québécoise, qui a fait affaire de Montréal et qui a, il y
a déjà quelques années, fait faillite après avoir
causé énormément de problèmes.
M. ROY (Beauce): Pour les compagnies qui se livrent à ce genre
d'activités, qui sont membres de votre fédération, est-ce
que votre fédération a des exigences particulières? Est-ce
que votre fédération leur impose des sanctions? On parlait
d'autodiscipline tout à l'heure, d'un code d'éthique
professionnelle, quelles mesures votre fédération ou votre
association prend-elle dans de pareils cas?
M. LEVASSEUR: Vous allez jusqu'à parler des sanctions, je connais
beaucoup d'associations qui regroupent un nombre assez important de membres,
que ce soient des associations de compagnies ou des associations avec d'autres
buts ou d'autres activités, mais j'ai rarement vu un code qui
prévoyait des sanctions aux membres.
M. ROY (Beauce): C'est un code d'honneur.
M. LEVASSEUR: Exactement comme je vous disais tout à l'heure,
c'est un code d'éthique professionnelle. Si les membres ne le respectent
pas, ils sont rappelés à l'ordre par la fédération,
mais de là à aller jusqu'à avoir une sanction,
peut-être jusqu'à l'expulsion, c'est à peu près tout
ce que la fédération pourrait faire.
M. ROY (Beauce): Je vous remercie.
M. LATULIPPE: J'aurais une question. Est-ce que vous seriez d'accord que
vos membres, en tant qu'individus je ne parle pas en tant que compagnies
qui font de la sollicitation ou qui reçoivent des demandes de
deuxième hypothèque soient soumis à une espèce de
réglementation et soient tenus de détenir un permis personnel,
qui garantirait que ce sont des gens honnêtes et qu'ils ont
l'expérience valable dans le métier?
M. LEVASSEUR: Les membres qui font partie de la fédération
sont des compagnies qui détiennent, premièrement, une charte et,
deuxièmement, un permis pour faire affaires au Québec
déjà.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous accepteriez que les individus comme tels,
vos agents vendeurs, détiennent des permis, comme c'est exigé
actuellement des associations qui font de la collecte de fonds, comme les
caisses d'entraide économique?
M. LEVASSEUR: Nous n'avons pas, comme vous dites, des agents comme les
caisses d'entraide économique qui font principalement de la
sollicitation. Nous avons des succursales qui sont composées
d'employés et c'est tout.
M. LATULIPPE: Vous croyez que vos employés n'ont pas besoin
d'être sous la surveillance de l'Etat pour assurer le client qu'il aura
un service reconnu par une personne reconnue par une organisation publique?
M. LEVASSEUR: Mais justement, la compagnie elle-même est une
compagnie responsable qui se soumet aux lois existantes. Comme je le disais
tout à l'heure, nous avons accepté le bill 45 et nous pensons
avoir coopéré pleinement avec le gouvernement de la province et
le ministère des Institutions financières dans le cas du bill 45.
Nous sommes déjà soumis à des lois.
M. LATULIPPE: En somme, c'est un prolongement du bill 45, je le vois
comme ça. Peut-être que ça ne l'est pas mais, â mon
point de vue, c'est ça. Dans cette mesure-là, si vous avez
accepté la ligne de pensée du bill 45 pour les autres, pourquoi
ne l'accepteriez-vous pas pour...
M. LEVASSEUR: Non, nous ne disons pas ça. Nous ne disons pas que
nous n'acceptons pas la philosophie ou les objectifs du bill 32; absolument
pas. Mais nous disons que nous ne sommes pas des courtiers en immeubles ou des
commerçants en valeurs immobilières. La seule relation qu'on peut
avoir, c'est par la voie d'un prêt hypothécaire sur une valeur
immobilière.
Nous disons que nous ne sommes pas des commerçants en immeubles.
Le but principal de nos activités n'est pas de faire la vente ou l'achat
d'immeubles. Mais nous pouvons devenir propriétaires d'un immeuble par
la voie d'un prêt hypothécaire, si nous étions dans
l'obligation d'avoir recours à la dation en paiement et de reprendre la
propriété pour la revendre. C'est la seule instance où
nous pourrions avoir à vendre une propriété. C'est ce que
nous disons. Nos activités ne sont pas d'acheter ou de vendre des
valeurs immobilières.
M. LATULIPPE: II n'y a pas seulement les compagnies reconnues qui font
la deuxième hypothèque, il y a des individus dans le secteur
privé. A ce moment-là, si on ne réglemente pas
c'est une hypothèse les professionnels de la deuxième
hypothèque, il va falloir aller réglementer les individus
privés, parce que là aussi, il se fait des abus. Ils se lancent
là-dedans sans permis. Ils font la deuxième hypothèque
pour des revenus personnels.
Je trouve que, finalement, on va arriver avec quelque chose de boiteux.
On va exiger un permis d'un individu parce qu'il sera individualiste, et de
l'autre, parce qu'il sera dans une organisation bien structurée, on
n'exigera pas de garanties morales. Je trouve que c'est un peu incompatible.
Peut-être que je manque d'expérience dans ce genre de transactions
commerciales mais, jusqu'à maintenant, nous avons beaucoup plus de
demandes de personnes qui veulent être exemptées de la loi.
Finalement, on se demande, si on exempte tout le monde, quelle sorte de
portée nous allons avoir avec une loi comme celle-là. Le ministre
s'est donné
du mal pour essayer de protéger le consommateur et, au bout de la
course... Il faut ultime-ment essayer de viser quelqu'un.
M. LEVASSEUR: Justement, je suis d'accord avec vous; mais nous disons
que le bill 45, actuellement, régit presque la totalité de nos
activités en ce qui a trait à des prêts ou à un
prêt en deuxième hypothèque, principalement parce que nous
savons que le prêt en deuxième hypothèque tombe sous le
bill 45 et nous avons à respecter le bill 45. Nous sommes absolument
d'accord.
Mais nous croyons que nous ne sommes pas des courtiers en immeubles ou
des commerçants en immeubles. Parce que l'article 8 exempte
déjà les compagnies de prêts, les banques, les caisses, les
coopératives; mais l'article 7 dit: "commerçants." Nous croyons
que nous tombons sous l'article 7 de la loi, qui nous oblige à avoir un
permis alors que nous disons que nos activités principales ne sont pas
la vente d'immeubles, de valeurs immobilières.
M. LATULIPPE: Je vous remercie.
M. LEVASSEUR: Nous sommes plutôt des prêteurs.
M. LE PRESIDENT: M. Levasseur, nous vous remercions. Il n'y en a pas
d'autres?
M. TETLEY: Non, je vous remercie, M. Levasseur et M. Brown. Nous prenons
bonne note de vos recommandations. C'était assez intéressant.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. La commission...
Avant-projet de règlements
M. TETLEY: J'aimerais, si cela était possible, distribuer une
copie de Pavant-projet de règlements, tel que promis. Je crois que c'est
assez compliqué. Peut-être pourrions-nous nous réunir un
autre jour pour en discuter? Vous pouvez me téléphoner pour fixer
un rendez-vous avec les fonctionnaires. A l'heure actuelle, le Conseil de la
protection du consommateur étudie aussi ces documents. Vous savez,
suivant la loi, je suis obligé de présenter les
règlements, au moins les exemptions, au conseil. Je présente tous
les règlements au conseil et je vous présente tous les
règlements. Il y a parfois un problème, parce que si vous
êtes d'accord et que le conseil est contre... Je peux aussi annoncer que
le Conseil de la consommation du Canada est à Québec aujourd'hui
et demain. J'invite les membres de la commission à assister, à 5
h 15, à une réception pour notre conseil qui siège
aujourd'hui, le conseil du Canada qui siège au Château Frontenac.
La réception aura lieu au parlement, au Café, à 5 h 15,
aujourd'hui. J'aimerais bien que les représentants des quatre partis
soient présents et les membres de la commission, si cela est
possible.
M. LE PRESIDENT: Vous avez reçu l'invitation. L'honorable
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'aimerais poser une question à l'honorable
ministre. D'abord, je veux le remercier de l'invitation qu'il vient de nous
faire. Est-ce que les règlements que vous venez de nous soumettre
tiennent compte ou ont été faits selon l'intention que vous aviez
d'amender la loi qui nous est déjà présentée et au
sujet de laquelle vous avez dit qu'il y aurait soit une refonte, soit des
amendements?
Est-ce que les règlements que nous avons à l'heure
actuelle tiennent compte des amendements que vous avez l'intention
d'apporter?
M. TETLEY: Oui. J'ai six ou sept lois qui sont prêtes à
être adoptées, mais il y a tant de lois! Chaque ministre a cinq ou
six lois. Il y a la législation des bills privés des autres
partis et j'ai peur que cela bloque tout. Donc, je préfère agir
aujourd'hui plutôt qu'attendre l'amendement du bill 45. Je crois que le
bill 32 est plus important pour l'instant. La Loi des assurances, la Loi des
compagnies de fiducie, la Loi des compagnies, toutes ces refontes... Ça
fait 20 ans que la Loi des assurances n'a pas été
modifiée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Institutions financières
doit avoir hâte que le ministre des Affaires sociales ait fini de
présenter sa législation.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui?
M. TETLEY: Je ne blâme pas le ministre des Affaires sociales,
mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): II prend beaucoup de place.
M. TETLEY: J'espère que nous allons bientôt adopter la loi
de la pollution ou de la qualité de l'environnement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a six ou sept lois à nous
présenter?
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que nous pouvons savoir les titres?
M. TETLEY: Activités immobilières, Loi de l'assurance, Loi
des compagnies, Loi des compagnies de fiducie...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les caisses d'épargne...
M. TETLEY: Les caises d'entraide économique.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous allez avoir une loi qui va toucher
exclusivement les caisses d'entraide économique...
M. TETLEY: Oui.
M. ROY (Beauce): ... ou si cela sera une loi qui va concerner les
caisses d'investissement régional? A ce moment-là, les caisses
d'établissement et les caisses d'entraide seraient régies par la
même loi.
M. TETLEY: II y a des pourparlers, mais ceci est pour l'avenir.
M. ROY (Beauce): Non, mais dans la loi qui est en préparation
à l'heure actuelle?
M. TETLEY: Je crois que non.
M. ROY (Beauce): De quelle façon entendez-vous
légiférer dans un avenir rapproché concernant les caisses
d'établissement?
M. TETLEY: Aussitôt que tout le monde sera d'accord et que M.
Castonguay et M. Goldbloom auront terminé leur législation. Je
suis prêt à légiférer.
M. ROY (Beauce): Vous savez que ces caisses d'établissement sont
soumises à la Loi des caisses d'épargne et de crédit
général, l'ancienne loi 8. Je pense que c'est une camisole qui ne
leur fait pas du tout, une camisole empruntée. Elles ont des
problèmes juridiques. C'est dangereux de se réveiller à un
certain moment avec des malformations, comme le disait le député
de L'Islet.
M. TETLEY: II est vrai que certaines corporations et certaines
coopératives tombent mal dans la loi. La loi était là bien
avant les coopératives mais certaines de ces coopératives
n'aiment pas la loi. C'est cela le problème. La loi est bonne
peut-être, mais elles ont tellement changé qu'elles ne trouvent
pas que la loi est acceptable.
M. ROY (Beauce): Je pense, M. le ministre, que le problème
découle du fait que, lorsque ces institutions, ces coopératives
ont été formées, elles l'ont été en vertu de
la Loi des syndicats coopératifs, une loi qui a été
refondue en 1941, qui donnait des pouvoirs très larges et permettait
d'avoir toutes sortes d'activités. Alors, lorsque la Loi des syndicats
coopératifs a été abolie pour être remplacée
par la Loi des associations coopératives, la Loi des caisses
d'épargne et de crédit et autres, on a essayé de trouver
un moyen pour tâcher de dire à certains organismes: Vous
dépendez de telle loi; et à d'autres: Vous dépendez de
telle autre loi. Mais ces lois étaient beaucoup plus restrictives que la
première. C'est pour cela que le mouvement coopératif s'est
retrouvé avec d'énormes difficultés pour tâcher de
suivre la loi et aussi pour se donner les services que les sociétaires
voulaient obtenir, c'étaient justement les raisons qui les avaient
motivés à se donner telle ou telle institution.
Alors, la Loi des caisses d'épargne et de crédit est une
loi qui a été faite pour les caisses populaires, à l'image
des caisses populaires et exclusivement pour les caisses populaires. Les autres
organismes qui s'y rattachent, à l'heure actuelle, qui ont des
activités régionales je pense que je n'apprends rien
à personne et que je ne scandaliserai personne ce matin sont
obligés de fermer les yeux sur certaines dispositions de la loi. Au
niveau du ministère des Institutions financières, on doit, pour
permettre à ces institutions-là de jouer leur rôle...
M. TETLEY: Ils ont raison.
M. ROY (Beauce): ... être tolérant parce que ce n'est pas
un abus que ces institutions exercent à l'endroit des consommateurs, au
contraire, c'est dans le but de leur rendre service. Mais la loi ne leur donne
pas entièrement satisfaction. Je vais prendre un exemple qui me vient
à la mémoire en passant. Au chapitre de la
rémunération des administrateurs, au niveau des
fédérations de caisses populaires, étant donné les
grands déplacements que doivent faire ces personnes, il est permis de
dédommager les administrateurs des fédérations. Mais
prenons le cas des caisses d'établissement, dont plusieurs ont le
même territoire qu'une fédération de caisse populaire, les
administrateurs ont à faire face aux mêmes obligations, aux
mêmes dépenses.
Comme la caisse est une caisse régionale, elle est obligée
de se soumettre à la même loi, aux mêmes directives qu'une
caisse populaire locale. A ce moment, si l'on veut, en quelque sorte,
dédommager les administrateurs pour les dépenses qu'ils doivent
encourir, je dis qu'on est obligé de se fermer les yeux vis-à-vis
de la loi. Le ministère est lui aussi obligé en quelque sorte de
ce côté de se fermer les yeux. C'est pour ça que je dis
qu'il est urgent que le ministère des Institutions financières se
penche sur ce problème et qu'il prévoie une loi qui permettra
à ces organismes de jouer leur rôle, qui est essentiel dans les
régions rurales, parce qu'il n'y a pas d'autres institutions qui le
remplissent; c'est le point de vue des grosses institutions, comme le Trust
général du Canada, le Montreal Trust, le Trust Royal ou autres;
leurs opérations ne seraient pas rentables dans ces régions.
Il a fallu la formule coopérative pour permettre à ces
régions de se donner les services nécessaires, dont elles ont
besoin. Avec la formule coopérative, à l'heure actuelle, on est
en quelque sorte dans une demi-camisole de
force, je ne dirais pas une camisole de force. Je dis que c'est urgent,
parce que ce problème a été souligné à
l'attention du gouvernement vers les années 1964 et 1965, les demandes
ont été répétées au cours des années
1966, 1967, 1969, 1970. Nous sommes rendus à la fin de 1972 et nous
sommes encore en face du même problème.
M. TETLEY: Tout d'abord, je voudrais dire au député de
Beauce et à tous les membres de la commission que je ne peux pas, je ne
veux pas et je ne vais pas fermer les yeux sur des irrégularités.
Deuxièmement, c'est vrai qu'il faut peut-être amender la loi mais
quelquefois la loi a raison. Il ne faut jamais oublier qu'on a eu des
faillites, des problèmes, pas seulement dans le domaine
coopératif mais partout. On vient de parler de compagnies de finance qui
ont fait faillite. La loi est souvent valable. Les raisons de cette loi et les
restrictions sont souvent très valables. Je prends toutefois note de vos
observations, M. le député de Beauce.
M. JORON: M. le Président, je vois la même urgence que le
député de Beauce sur ce sujet. J'apprécie aussi le
rôle que remplissent ces institutions relativement nouvelles mais
ça fait quand même une dizaine d'années et plus que ce
rôle spécial, particulier, des institutions le remplissent dans
des régions où les autres grandes institutions ne sont pas
présentes. En raison de ça, je crois qu'il y a effectivement
urgence. Je veux tout simplement raccorder mes propos à ce que disait le
député de Beauce.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ça peut aider le ministre si,
à la période des questions, on lui demande de temps à
autre quand il va nous présenter sa législation?
Vous me faites penser au leader parlementaire. Le ministre des
Institutions financières a des lois importantes.
M. TETLEY: Mais, faites-le discrètement, pas ici.
Je ne peux pas dire oui ici à la commission.
M. ROY (Beauce): Nous ne vous demanderons pas la permission, M. le
ministre. Mais disons que nous allons nous prévaloir de nos droits, de
nos privilèges.
M. TETLEY: La question de la législation, pour moi, c'est
très important. Je viens d'engager deux personnes hors du
ministère, tout simplement pour cette législation. J'ai
forcé les gens en charge de la question de l'argent et de la question de
la fonction. Cela pourra m'aider, je l'espère.
M. ROY (Beauce): Le ministre disait qu'il ne voulait pas se fermer les
yeux sur les irrégularités. Mais je tiens quand même
je ne voudrais pas prolonger la discussion, M. le Président
à souligner qu'en ce qui regarde les caisses d'établissement, par
exemple et Me Vaillancourt est parfaitement au courant des
difficultés que nous avons eues dans le temps nous avons fait des
activités immobilières pendant six ans, complètement dans
l'illégalité. D'abord, il n'y avait pas de courtier en immeubles
qui venait dans nos régions et les gens des milieux ruraux ont quant
même le droit d'avoir les services de courtage immobilier. Prenons la
question des problèmes qui ont découlé à la suite
de l'aménagement des fermes, de l'agrandissement des fermes. Il a fallu
faire du regroupement de fermes avec nos institutions et le regroupement de
fermes nous a obligés en quelque sorte à faire des
activités immobilières pour pouvoir placer ailleurs les
agriculteurs qui, eux, changeaient de profession du jour au lendemain, qui
allaient demeurer en ville ou dans les villages. C'est donc à la suite
de démarches et en multipliant les démarches, les rencontres, que
nous avons fini par réussir à obtenir gain de cause et à
avoir un petit appendice dans la Loi des caisses d'épargne et de
crédit, pour permettre de régulariser une situation. Mais il y a
d'autres situations à régulariser. Lorsque le ministre dit qu'il
n'a pas l'intention de fermer les yeux sur les irrégularités,
c'est à ce moment-là que je commence à
m'inquiéter.
M. TETLEY: Mais vous avisez le policier qu'il y a un crime dans votre
paroisse et c'est votre père ou votre fils qui est le voleur.
Après cela, vous demandez au policier de se fermer les yeux.
M. ROY (Beauce): M. le ministre, je ne voudrais pas comparer des
activités saines, des activités normales, des activités
que la population réclame, des services à la population, il ne
faudrait quand même pas comparer cela à des crimes. Parce que, si
c'est un crime de rendre service, j'estime que le gouvernement n'est
certainement pas sorti du bois.
M. GIASSON: Dans certains cas, le député de Beauce a
raison.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a des exemples heureux.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. La commission parlementaire ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 57)