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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude des crédits du ministère des
Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
Séance du mardi 1er mai 1973
(Seize heures treize minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Nous commençons cet après-midi l'étude des
crédits du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives. A ce stade-ci, j'inviterais l'honorable
ministre à nous donner un exposé de la situation de son
ministère et de ses prévisions budgétaires.
Exposé de la politique du
ministère
M.TETLEY: M. le Président, merci. Je voudrais, tout d'abord,
noter la présence avec moi du sous-ministre, M. Fernand Lalonde; du
sous-ministre associé, M. Albert Jessop; du sous-ministre
associé, M. Bernard Angers; de M. Jacques Fortier, qui est le chef de
l'administration au ministère; de mon directeur de cabinet, M. Richard
Mongeau, et de mon secrétaire particulier, M. Rémi Bujold.
M. le Président, j'ai distribué à tous les membres
une copie d'un dossier qui donne certaines informations supplémentaires
au sujet des crédits. Mes crédits se trouvent, évidemment,
dans les crédits déposés par le ministre des Finances aux
pages 15 et suivantes. Mais vous trouverez des documents concernant les
crédits du ministère et je voudrais, au lieu de les lire, faire
certains commentaires que je crois très importants afin d'ouvrir la
discussion. L'an dernier, nous avons étudié vos remarques faites
lors de l'étude des crédits. Les chefs de service, les
sous-ministres et le ministre ont trouvé certains commentaires, sinon
tous les commentaires, intéressants et certains d'une grande importance
et d'une grande valeur.
J'ai divisé mes commentaires en deux parties: les
réalisations et les perspectives; les réalisations de l'an
dernier, avec les points saillants, et les perspectives pour l'an prochain,
encore une fois, avec les points saillants.
La législation. Vous avez déjà dans vos mains le
document en question. Une loi importante a été la Loi modifiant
la loi des compagnies, le bill 56. C'est une loi d'une certaine valeur parce
que, par cette loi, nous avons modifié le système des
incorporations.
Autrefois, un groupe de personne demandait l'incorporation par une
espèce de document "Demande d'incorporation" et le ministère
devait prendre la demande, la corriger et retaper une charte. Nous avons
réduit le temps nécessaire pour incorporer une compagnie parce
qu'à l'heure actuelle, en vertu du bill 56, le requérant tape
deux copies de la charte et il nous les envoie. Nous apposons le sceau sur une
copie et ceci devient la charte d'une compagnie incorporée au
Québec. C'est le système d'incorporation par
dépôt.
En plus d'aider les avocats et les requérants, nous avons, je
crois, économisé des milliers et des milliers de dollars de
salaires. En effet, nous avons transféré certains
secrétaires à d'autres services, le service d'information des
compagnies, qui, à cause de leur travail, ont augmenté les
revenus du ministère de $327,000., durant une période de six
mois. Voilà un changement administratif qui a porté fruit et je
voudrais féliciter les fonctionnaires qui sont les vrais responsables de
ce changement et de ce résultat.
Nous avons adopté certains règlements très
importants à la Loi de la protection du consommateur, au sujet de la
divulgation du coût de crédit et du taux de crédit, la
réduction du taux de crédit, la publicité de taux de
crédit, des règlements modifiant les conditions requises pour
obtenir un permis, des règlements concernant la publicité
destinée aux enfants, etc. Je crois que c'est un grand succès. Si
on parle de fédéralisme rentable, je note que c'est possible que
le CRTC adopte un règlement de Québec et quelque chose qui
n'était pas noté, quant à notre politique
intergouvernementale avec le gouvernement fédéral, dans le
Soleil, récemment. En passant, je peux noter incidemment que ce que j'ai
vu dans le Soleil était erroné au sujet de notre
ministère. C'est une question que l'on pourrait peut-être soulever
en temps approprié. Mais ce que j'ai vu était très
erroné, à mon avis.
La Loi des activités immobilières, vous l'avez
discutée l'an dernier et j'espère la présenter cette
année, en juin ou en mai, même. Il y a un problème. La
commission qui étudie notre code civil a certaines objections de forme
et lorsque plusieurs avocats étudient ensemble une question, n'importe
quelle question, il y a toujours des délais. Mais pour moi, la loi est
très importante.
Nous avons fait plusieurs modifications à l'Office de la
protection du consommateur. Nous avons nommé un nouveau directeur, Mlle
Niquette Delage. Vous avez ici une liste de nos réussites. Je ne vais
pas les citer. Il y avait un examen de 6,016 plaintes, 51,705 appels
téléphoniques, etc., etc., l'émission de plusieurs
brochures ou dépliants, des millions, en effet, d'exemplaires et, je
crois que nous avons eu un certain succès.
Un autre succès dont je suis fier, c'est le Conseil de la
protection du consommateur, qui siège au moins une fois par mois, qui
siègera encore la semaine prochaine durant deux jours. C'est un conseil
composé de dix membres des associations des consommateurs et de cinq
membres des associations de marchands ou de
commerçants. Ils ont discuté tous les sujets, tous les
arrêtés en conseil, tous les règlements avant que je ne les
présente au conseil des ministres. Ils ont même fixé leur
propre agenda et j'apprécie beaucoup leur travail.
Je note que c'est un drôle de conseil. Les membres ont le droit
d'assister, au moment où le chef ou le directeur de l'Office de la
protection du consommateur présente son rapport mensuel. Et je ne
connais pas d'autres ministères ou d'autres organismes, au
Québec, même dans la vie privée, où quinze personnes
de l'extérieur sont présentes lorsqu'un rapport mensuel d'un
directeur est présenté.
Le fichier central des entreprises entrera en vigueur cette
année. On m'a promis que ce serait le 1er avril. Cela marche un peu.
J'invite tout le monde à visiter le ministère afin de le
voir. C'est très difficile de l'expliquer, mais nous avons quelque chose
au Québec que les autres provinces vont visiter et ont
déjà visité. Et le fédéral va copier.
Nous avons déjà un système de fichiers sur
ordinateur. Ce sont les ordinateurs du ministère du Revenu, incidemment;
il n'y a pas d'autres dépenses.
La Commission des valeurs mobilières, même là il y a
eu de grands changements, un nouveau président. Nous avons
modifié les lois, les règlements, nous avons augmenté
énormément le budget comme vous verrez, et ça bouge.
Au service des compagnies, comme je vous l'ai dit, nous avons
modifié le système d'incorporation. Nous avons aussi
modifié certaines autres formules, les rapports annuels, et je crois que
c'est un assez grand succès.
La section des assurances augmente ses services au public. L'an dernier
il y a eu 7,000 plaintes, à Montréal, que le service a
reçues. Il y a deux ou trois ans, il n'y en avait que quelques
centaines.
Le service du courtage immobilier. Encore une fois, le service a
reçu 8,200 plaintes, parce qu'en effet le ministère s'occupe de
la protection du public; aussi, il y a un deuxième but, c'est d'aider le
commerce intègre. Le service reçoit depuis deux ou trois ans de
plus en plus de plaintes et de demandes d'information.
Le service des compagnies de fiducie. J'espère présenter
une loi cette année au sujet des compagnies de fiducie et modifier la
loi actuelle. Encore pour le service des compagnies, les compagnies de finance,
le ministère s'occupe de plusieurs centaines ou milliers de demandes et
plaintes par année.
Les caisses d'épargne et de crédit sont les institutions
les plus importantes au Québec. Le ministère s'occupe de
plusieurs demandes, donne certaines subventions que vous verrez. Je crois qu'il
s'occupe de plus en plus du problème des caisses d'épargne et de
crédit.
Service des associations coopératives. Voici un autre secteur
très important de notre économie qui n'existe pas ailleurs au
Canada, même dans l'ouest du Canada. Le Québec est muni d'un
mouvement coopératif très important et le ministère
s'occupe de ce mouvement et de ce secteur que nous croyons très
important. Nous avons, par exemple, formé 80 nouvelles
coopératives d'étudiants, d'ouvriers, de production, des clubs
coopératifs, de consommation, de taxis, etc.
La Régie de l'assurance-dépôt, encore une fois, est
quelque chose qui n'existe qu'au Québec. Il y a un système au
fédéral, mais notre service qui a été mis en
vigueur par le gouvernement actuel, en vertu d'une loi adoptée par le
gouvernement précédent, s'occupe des secteurs où il y a
des trous dans l'économie et dans la loi fédérale.
Relations interprovinciales, fédérales et internationales.
Nous avons assisté à plusieurs conférences
interprovinciales comme vous le verrez. Au sujet du rapport dans le Soleil
très récemment, on a laissé entendre que le
fédéral contrôlait d'une certaine façon nos
institutions financières et qu'il sera de plus en plus important, mais
je dois noter que le fédéral, apparemment, depuis un an, s'est
retiré, a laissé tomber l'idée d'une commission des
valeurs mobilières pour le Canada. Cela a été
annoncé à plusieurs reprises quelques mois après que j'ai
pris charge du ministère ici. J'ai reçu des fonctionnaires du
fédéral et des ministres du fédéral, mais, depuis
ce temps-là, ils ont apparemment laissé tomber la commission des
valeurs mobilières pour le Canada.
Nous avons aussi au ministère un comité d'étude sur
l'assurance-automobile et j'attends le rapport vers le mois d'octobre ou
novembre; un comité d'étude sur l'industrie des valeurs
mobilières. La commission Bouchard a fait son rapport.
Et, pour l'avenir, j'espère présenter une loi amendant la
loi des valeurs mobilières, la loi des assurances, qu'on attend depuis
25 ans; loi des compagnies de fiducie c'est une refonte de la Loi des
compagnies de fidéicommis loi des activités
financières; loi amendant la Loi des compagnies, et loi des
activités immobilières. Au sujet de l'Office de la protection du
consommateur, j'espère ouvrir cinq bureaux régionaux, et au
conseil de la protection du consommateur, j'espère qu'on va adopter des
règlements concernant l'automobile, la publicité, l'information
et l'éducation du consommateur.
Vous verrez aussi que nous avons le désir de créer un
fichier central où se trouveront 105 fichiers déjà
existants au Québec. A l'heure actuelle, 43 fichiers du gouvernement se
trouvent sur notre fichier, dans notre ministère, sur des bandes
magnétiques. A la Commission des valeurs mobilières, comme je
viens de vous le dire, ça bouge et j'espère que nous allons
adopter ici ensemble une nouvelle loi. Service des compagnies, il y a d'autres
consolidations, l'ouverture d'un bureau à Montréal, et surtout
des changements de mécanisation. Service des assurances, encore des
changements, service du
courtage immobilier, service des caisses d'épargne et de
crédit, et service des associations coopératives, nous
espérons faire des changements et aider de plus en plus ces
secteurs.
Donc, voilà mes commentaires préliminaires, M. le
Président. J'ai d'autres documents ici dans le dossier que l'on peut
discuter.
Peut-être est-ce le temps d'écouter les commentaires des
chefs de parti. Je me demande s'il ne serait pas juste d'écouter les
commentaires de tous les membres.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Messieurs, pour la bonne marche
des travaux, j'aimerais souligner que le député de Brome remplace
le député de Napierville-Laprairie; que le député
de Shefford remplace le député de Bagot pour cet
après-midi et que le député de Laurier sera le rapporteur
de cette commission d'étude sur les crédits.
L'honorable député de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, je suis bien d'accord pour adopter
ces changements-là. Après avoir entendu le ministre, je me pose
plusieurs questions. Lorsqu'il dit que son ministère est à
l'avant-garde, je ne doute pas...
M. TETLEY: Je n'ai pas dit cela.
M. RUSSELL: II a dit que son ministère allait de l'avant.
M. TETLEY: Je crois qu'il est à l'avant-garde, mais je ne l'ai
pas dit.
UNE VOIX: II devrait aller de l'avant.
M. RUSSELL: Je note que le ministre doute que son ministère soit
à l'avant-garde.
M. TETLEY: Non, non. Je crois que c'est à l'avant-garde, mais je
suis beaucoup trop modeste pour le mentionner.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que je dois accepter que le
ministre doute ou qu'il accepte que son ministère est à
l'avant-garde ou qu'il a annoncé que son ministère est à
l'avant-garde? Je note, en plus, qu'il a annoncé des lois probablement
avec la permission du conseiller du premier ministre, le plus puissant, ici,
à l'étude des crédits. J'en suis conscient; c'est
peut-être que ces lois sont nécessaires afin qu'il conserve cette
option d'avant-garde qu'il prétend avoir dans ce ministère.
Je crois que nous pourrons l'établir à la suite de la
discussion que nous aurons en étudiant les crédits un à un
et en pouvant le questionner sur chaque article afin de lui fournir l'avantage,
à lui, de se faire renseigner par ses fonctionnaires sur ce qui se passe
exactement à son ministère. Je suis convaincu que, lorsque
l'étude des crédits sera finie, il sera pas mal plus
renseigné qu'il ne l'est aujourd'hui sur le fonctionnement et sur
l'appréciation de ce qui se passe à l'intérieur de son
ministère. Je constate qu'il est bien entouré. On a eu le plaisir
de connaître par leur nom ses fonctionnaires et je suis certain que ces
gens-là s'empresseront de fournir au ministre toutes les informations ou
l'aideront à répondre à toutes les questions que nous
aurons à lui poser durant l'étude de ses crédits.
S'il fallait commencer à analyser le document que nous a
déposé le ministre et qu'il vient de lire partiellement, je pense
bien que ce serait peut-être faire perdre le temps de la commission,
étant donné que nous avons simplement une dizaine d'heures.
Peut-être que le ministre voudra étendre à vingt
heures...
M. TETLEY: Ah! Vingt heures.
M. RUSSELL: ...le temps mis à notre disposition pour pouvoir
analyser la justification de toutes ces dépenses occasionnées par
le fonctionnement de ce ministère qui, à mon sens, est
extrêmement important pour la protection du Québécois en
général, étant donné qu'il nous a fait certaines
déclarations en ce qui concerne le fédéral.
On pourra y revenir tout à l'heure à l'étude des
crédits. Quant à moi, M. le Président, je suis
disposé à passer immédiatement à l'étude des
crédits pour pouvoir accélérer les choses et conserver
tout le temps dont nous aurons besoin pour l'étude de ces
crédits.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Avant de commencer au programme 1,
j'inviterais le député de Beauce s'il a des commentaires
généraux.
M. ROY (Beauce): Oui, merci, M. le Président. Mes premiers mots
seront pour remercier le ministre ainsi que ses collaborateurs immédiats
pour le dossier qu'ils nous ont remis. Il y a longtemps, depuis que je fais
partie de l'Assemblée nationale du Québec, que je demande que
dans les différents ministères, on nous remette des documents,
une copie de la documentation de façon à pouvoir informer les
parlementaires de la meilleure façon possible et la plus objective
possible. Je constate que l'honorable ministre des Institutions
financières est le seul à le faire. C'est pourquoi, je me permets
au début de la séance, de le remercier et de le
féliciter.
Le ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives est un ministère extrêmement important, parce
que c'est le ministère qui doit surveiller toutes nos institutions au
Québec, que ce soit les compagnies qui oeuvrent dans tous les domaines
d'activités économiques, que ce soit les entreprises de services
comme les assurances, des entreprises qui oeuvrent dans les activités
mobilières, dans tout le secteur des caisses d'épargne et de
crédit et tout le secteur des associations coopératives. Je
souhaite au ministre et je formule un voeu à ce moment-ci
ainsi qu'à ses collaborateurs,
que ce ministère n'ait pas peur. Je ne dirai pas de prendre les
contrôles des institutions, au contraire, parce que j'estime qu'il y a
une nuance très importante à souligner entre le contrôle et
la surveillance. Je pense que contrôler une chose est une chose et
surveiller un domaine, surveiller des associations, surveiller des
institutions, c'est un autre domaine. Parce qu'au niveau de la surveillance, il
est évident pour qui que ce soit, lorsque l'on se sent surveillé,
évidemment ça invite à la prudence. Lorsqu'il y a des
contrôles, on brime toute initiative et on risque de fausser
complètement le jeu de la concurrence qui peut exister entre les
entreprises elles-mêmes, entre les différents groupes
d'entreprises, concurrence que je considère, non pas comme
néfaste, mais comme un stimulant puis un excellent régulateur
pour éviter à un moment donné que tel domaine, par
exemple, empiète sur tel autre et qu'on forme des cartels, des monopoles
et alors l'Etat est obligé de sévir. Je pense que c'est
absolument important, c'est absolument essentiel.
Dans le domaine des caisses d'épargne et de crédit,
domaine que je connais plus particulièrement, il est évident que
ce domaine, avec la Loi de l'assurance-dépôts, avec la Loi des
activités immobilières, parce qu'en quelque sorte il y a
certaines caisses d'épargne et de crédit qui font de
l'activité immobilière, la Loi des valeurs mobilières, la
Commission des valeurs mobilières et autres... évidemment il y a
une réglementation qui vient de ce côté et qui verra
à s'assurer du bon fonctionnement de ces entreprises.
Maintenant, je pense et je tiens à le souligner à ce
moment-ci, au niveau des caisses d'épargne et de crédit et au
niveau des institutions financières, vous avez le secteur
coopératif, vous avez le secteur privé, qui sont deux secteurs
complètement différents.
Si on applique la même réglementation dans le secteur
privé et dans le secteur coopératif, on risque ou
d'écraser le secteur coopératif ou de donner trop de pouvoirs au
secteur privé.
Dans le domaine de l'épargne et du crédit, il est
évident que les institutions ne sont que des mandataires. Ce n'est pas
un commerce et je ne trouve pas que c'est une industrie, non plus. Ce sont des
mandataires qui ont, pour une période de temps déterminée,
limitée, la garde des biens, des épargnes, des réserves
que les individus ou les sociétés leur confient. Alors, il faut
être extrêmement prudent dans ce domaine, de façon à
éviter que les petits épargnants du Québec ne soient
continuellement les victimes de chevaliers d'industrie qui, eux, se lancent
dans le commerce, dans les activités immobilières et qui ne
suivent pas, je ne dirais pas les normes du gouvernement, mais les normes
justes et raisonnables que ce secteur d'activités doit observer. A un
moment donné, ils se retrouvent dans des situations telles qu'on voit
des milliers de petits épargnants du Québec perdre leurs maigres
économies, alors que ces économies représentent pour eux,
assez souvent, 50 p.c, voire même 75 p.c. des biens qu'ils ont
accumulés pendant dix, quinze ou vingt ans, voire 25 ans de labeur. On a
vu cela trop souvent dans le passé.
Au niveau des institutions financières privées je
suis bien conscient que notre parti se fait le promoteur de l'entreprise
privée; j'en suis conscient et je le fais encore il va falloir
être extrêmement prudent pour que ces gens, ces individus aient des
normes à suivre et qu'ils soient surveillés de très
près, de façon que l'on évite la fraude ou encore la
négligence. Ce n'est pas toujours de la fraude. Il y a eu beaucoup plus
de négligence, de laisser-aller que de fraudes réelles. Mais
qu'il y ait négligence ou qu'il y ait fraude, c'est la même chose
lorsque l'épargnant perd ces sommes d'argent.
Par contre, si l'on fait une réglementation très rigide
dans le secteur coopératif, qui n'est quand même pas la même
chose... Le secteur coopératif n'est la propriété de
personne; c'est la propriété des sociétaires; il commence
avec des moyens de fortune, avec des moyens du bord. Qu'on se rappelle, sans
avoir à faire tout l'historique du mouvement Desjardins, que le secteur
coopératif, dans le domaine de l'épargne et du crédit, a
commencé à zéro cent. On a commencé à
accepter les dépôts de $0.10, de $0.15, de $0.20 et de $0.25. Dans
les presbytères, les vicaires et les curés des paroisses
s'occupaient de recevoir cela après la messe, quand ce n'était
pas la servante du curé ou encore le bedeau, lorsque le curé
était appelé auprès des malades. On a vu cela dans toutes
les paroisses rurales du Québec.
Si, à ce moment-là, on avait été
extrêmement sévère pour avoir des normes de
sécurité, des normes de garantie et autres au niveau du mouvement
coopératif, je dis que le mouvement coopératif n'aurait pas pu
naître. Aujourd'hui, le secteur du mouvement coopératif
contrôle des actifs, je pense, qui sont de l'ordre de $3 milliards. Ils
sont la propriété des Québécois, la
propriété des nôtres. Je pense que, si on regarde à
quoi ont servi les épargnes qui ont été confiées
à ces institutions, on se rend compte que les gens ont eu accès
à des prêts pour pouvoir soit acquérir une
propriété pour pouvoir en quelque sorte améliorer leur
sort, pouvoir avoir du crédit, ce que dans les institutions nous
n'avions pas.
Malheureusement, au Québec je dis malheureusement
à cause du fait qu'il n'y avait à peu près pas de
concurrence dans le secteur bancaire, ils ont ramassé les
économies de tous les milieux ruraux du Québec, sans à peu
près faire de prêts. On constate les pouvoirs des banques
je tiens à le dire à ce moment-ci on constate que les
banques peuvent multiplier le crédit, à cause de leurs pouvoirs
et de la Loi des banques, la loi fédérale existante. Les
institutions bancaires, dans les régions rurales, après avoir
amassé $1 million d'épargne sur le plan local, s'étaient
limitées à faire des prêts à
peu près de l'ordre de $150,000 à $200,000. Alors si on a
tant de disparités économiques à l'heure actuelle, dans la
province de Québec, cela est un des facteurs principaux.
Ces gens ont exercé un monopole sans concurrence et ils ont
drainé les épargnes de toutes les régions du
Québec, de toutes les régions rurales, vers des grands centres,
lorsque cela ne fut pas à l'extérieur du Québec. C'est un
phénomène, un problème que nous avons dû vivre, un
problème que nous avons dû subir. Mais, heureusement, le mouvement
Desjardins est né. Le mouvement coopératif, le secteur
coopératif des caisses d'épargne est né. Regardons tout ce
que le mouvement coopératif a fait pour développer le
Québec, développer les régions rurales du Québec,
toutes les régions du Québec. S'il nous était donné
le pouvoir de voir, demain matin, dans une vue d'ensemble, toutes les
propriétés, les constructions qui se sont faites dans nos
régions rurales, qui n'auraient pas été construites, qui
n'auraient pas été établies comme telles même
des établissements dans d'autres domaines sans le mouvement
coopératif des caisses d'épargne et de crédit, je pense
que la situation du Québec serait beaucoup plus grave qu'elle ne l'est
présentement.
Alors il faut que le mouvement coopératif se développe.
Vous avez d'autres niveaux de caisses d'épargne et de crédit.
J'ai parlé énormément des caisses populaires parce que ce
sont elles qui ont fait oeuvre de pionniers, ce sont elles qui ont accompli la
tâche la plus gigantesque au Québec. A l'heure actuelle, dans
d'autres domaines, vous avez des caisses syndicales, qu'on appelle des caisses
d'économie. Elles font de la retenue à la source auprès
des travailleurs, dans certains syndicats, dans certaines régions du
Québec. Elles aussi contribuent à faire des prêts à
nos individus, à nos travailleurs, à des taux
d'intérêt réguliers, de façon que ces gens puissent
emprunter sans avoir toujours à se plier aux exigences des compagnies de
finances, à des taux usuriers, ou encore être obligés de
faire appel à certains chevaliers d'industrie, qui les ont toujours
exploités.
Vous avez deux autres secteurs dans les caisses d'épargne et de
crédit, qui sont les caisses d'établissement et les caisses
d'entraide économique, qui vont beaucoup plus loin à cause de
leurs structures, à cause de leur organisation, à cause de leurs
pouvoirs, à cause justement des objectifs que ces institutions se sont
fixés, se sont déterminés. Alors ces gens-là
commencent aujourd'hui à aller dans le développement du secteur
artisanal, secteur industriel, pour commencer à permettre à des
petites industries familiales de s'étendre, de se développer dans
nos différents milieux. Alors ceci contribue à faire, en quelque
sorte, la prospérité du Québec. Cela, c'est au niveau des
caisses d'épargne et de crédit.
Au niveau des institutions d'assurance, d'assurance-vie, je serais en
faveur c'est une opinion très personnelle que j'émets
que toute institution d'assurance qui vend de l'assurance-vie, au
Québec, puisse, à un moment donné, être capable
d'avoir une charte provinciale, d'avoir un permis pour vendre dans la province
de Québec. Je tiens à dire que je ne suis pas un type qui
favorise particulièrement les permis. Ce serait un permis pour agir au
Québec, de façon à inviter ces gens à publier leurs
états financiers des opérations qu'ils font au Québec.
Regardons le volume des assurances-vie qui sont achetées dans des
compagnies qui ne sont même pas canadiennes, des compagnies
internationales.
On assiste ici à un drainage de nos épargnes au
Québec, de façon énorme, je dirais que c'est à
coups de milliards. Ces sommes ne nous reviennent pas, sauf lorsque nous sommes
obligés de faire des lois spéciales au niveau de la province
je pense que pour une fois le député de Gouin sera
d'accord avec moi pour que certains investisseurs étrangers
viennent investir chez nous ou participer au développement de
l'économie. Ou encore, dans d'autres domaines, nous sommes
obligés d'aller réemprunter par le ministère des Finances,
ou alors permettre aux municipalités de retourner emprunter en nous
créant des servitudes qui ne s'éteindront jamais. J'ai eu
je ne veux pas parler de mes expériences personnelles à
oeuvrer dans ce domaine et j'ai été tout simplement
renversé, pour ne pas dire scandalisé, de constater
jusqu'à quel point les économies des Québécois
sortaient à l'extérieur du Québec pour des fins qui
allaient à l'encontre de nos aspirations légitimes.
Les institutions d'assurances devraient être obligées de
détenir un permis et de publier un état de leurs
opérations, étant donné que ce n'est pas commercial, que
ce ne sont que des fiduciaires je tiens bien à le dire, ce n'est
pas la même chose ce ne sont que des mandataires. Je pense que les
conférences fédérales-provinciales au niveau fiscal
prendraient peut-être déjà une nouvelle tournure, la
péréquation serait peut-être un peu moins soulignée
avec force parce qu'on pourrait avoir nos perceptions, nos taxes, nos
impôts directs de la part de ces institutions et de ces entreprises.
Mais ce n'est pas le point le plus important, c'est qu'on pourrait
déterminer et on pourrait voir à quel pourcentage ces
institutions réinvestissent l'argent des Québécois au
Québec. Je mentionnais tout à l'heure plusieurs
expériences personnelles. Des compagnies d'assurance-vie que je ne
nommerai pas, des compagnies très rentables, des compagnies à
prestige, très sécuritaires pour le public, je suis convaincu que
nos Québécois qui ont fait affaires avec ces institutions ne
perdront pas d'argent.
Nous avons fait écrire des gens, des souscripteurs d'assurances,
qui avaient des grosses polices d'assurances pour tâcher d'inviter ces
institutions à faire du prêt hypothécaire ailleurs que
dans les villes de Montréal, de Québec ou Sherbrooke. Je
pourrais même produire des lettres, j'en ai dans mes dossiers, ces
compagnies ne faisaient aucun prêt dans aucune des régions du
Québec parce qu'elles n'avaient pas les moyens ou les services
donnés.
On constate que sur ce plan le Québec a été
nettement défavorisé. On oblige les compagnies d'assurance-vie
québécoises qui font affaires au Québec de publier leurs
états financiers au Québec. Et dans leurs états financiers
on est en mesure d'analyser quel est le pourcentage et la distribution de leur
portefeuille dans chacun des secteurs, ce qu'on ne peut pas faire pour les
institutions canadiennes et américaines, les institutions qui nous
viennent d'outre-mer, si vous voulez.
Je pense que dans ce domaine le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives aura certainement un
travail assez important à faire.
Pour ce qui a trait au domaine des compagnies comme telles, des
entreprises, c'est avec satisfaction que nous avons appris aujourd'hui de la
bouche même du ministre qu'il y a quelque chose qui se fait au niveau des
émissions des lettres patentes et que le gouvernement veut
procéder avec diligence dans ce domaine, de façon que ceux qui
demandent des lettres patentes ne soient pas obligés d'attendre deux,
trois ou quatre mois avant de pouvoir avoir leurs lettres patentes pour leur
permettre d'agir.
Et encore dans ce domaine, si on veut que le Québec soit vraiment
maître de lui-même, il va falloir aussi qu'on permette la
création et le développement d'entreprises typiquement
québécoises.
Il va falloir que le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives travaille en
collaboration, je dis bien en étroite collaboration, avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, travaille en étroite
collaboration également avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, travaille également en étroite
collaboration avec le ministère des Richesses naturelles; nous avons
tout à faire en ce domaine et si nous avions un véritable
ministère de l'économie pour chapeauter tout cela et pour faire
la coordination des activités dans tous ces ministères d'une
très grande importance, je pense que dans quelques mois,
déjà, on sentirait un regain de vigueur au Québec, on
sentirait un nouveau climat de confiance chez nos hommes d'affaires, chez nos
industriels et on pourrait espérer une vraie relance économique
et pas une relance économique artificielle d'ailleurs, je ne veux
pas prêter ces propos à l'honorable ministre des Institutions
financières on n'assisterait pas à une relance
économique qui nous arrive d'outre-frontière avec des gens qui
viennent posséder et diriger le Québec, mais véritablement
à une véritable relance économique qui se ferait par des
Québécois, pour des Québécois et au profit de tous
et chacun des Québécois.
M. le Président, je terminerai mes observations d'ordre
général là-dessus, quitte à revenir au début
de chaque secteur parce que je vais prendre le temps à l'heure du
dîner ce soir pour examiner attentivement les documents que nous a remis
l'honorable ministre. Je suis sûr que grâce à la
collaboration du président, nous pourrons revenir sur des
considérations générales qui concernent chaque secteur au
moment où chaque élément sera appelé devant la
commission.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Gouin.
M. JORON: M. le Président, en écoutant le
député de Beauce évoquer d'abord l'importance des
institutions financières puisque ce sont les institutions qui
récoltent à titre de fiduciaire dans un certain sens les
épargnes de la collectivité, donc toute l'importance du
ministère qui nous occupe aujourd'hui; évoquer aussi le drame des
sorties de capitaux, d'une part, des régions du Québec, les
capitaux qui sont déposés par les épargnants dans des
régions mais qui souvent, à cause du mécanisme de nos
institutions financières, ne sont pas reprêtés dans la
région concernée mais trouvent leur chemin vers d'autres
régions et trop souvent c'est le deuxième aspect du
même drame également à l'extérieur du
Québec, comme le soulignait le député de Beauce en ce qui
touche les compagnies d'assurance-vie, celles sur lesquelles le
ministère des Institutions financières de Québec n'a pas
de contrôle, il y a aussi, il est important de l'évoquer, parce
que je me souviens que le député de Beauce disait au début
que le ministère qui nous occupe aujourd'hui a une supervision sur
toutes les institutions financières... Evidemment, ce n'est pas toutes,
forcément, puisque les plus importantes d'entre elles,
c'est-à-dire les banques à charte qui, à elles seules,
réunissent environ 45 p.c. à 50 p.c. de toute l'épargne
confiée à toutes les sortes d'institutions financières,
celles-là puisqu'elles relèvent, dans notre système
constitutionnel, du gouvernement fédéral, échappent au
contrôle du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives du Québec.
Et c'est souvent par le biais des banques à charte justement
qu'une partie de l'épargne perçue localement dans les
différentes régions du Québec et même dans les
grands centres comme Québec, ou les capitales régionales et
Montréal trouve son chemin aussi vers d'autres parties du Canada,
puisque nous fonctionnons dans un système bancaire pannational,
pancana-dien, c'est-à-dire à succursales multiples, les
déplacements, les frontières de provinces n'existent pas pour les
banques à charte canadiennes. Alors, on n'a pas de mesure, le
gouvernement du Québec n'a toujours pas de moyen de vérifier si
les épargnes, d'une part, les prêts consentis par ce type
d'institutions financières au Québec correspondent en plus ou en
moins
au montant déposé par les Québécois dans les
mêmes institutions.
Evidemment, tant qu'on n'aura pas ce contrôle, c'est bien partiel
ce dont on peut parler aujourd'hui.
Cela me rappelle que c'était l'objet de l'intervention que
j'avais faite, il y a deux ou trois ans, sur tout cet aspect du rôle des
institutions financières. D'autant plus qu'on apprend depuis
à la suite d'une série de comités d'étude, qui
finissent par faire leur rapport, et une série de confirmations qui nous
arrivent par différentes statistiques, comme l'a souligné il n'y
a pas tellement longtemps le ministre de l'Industrie et du Commerce, M.
Saint-Pierre que le problème au Québec ce n'était
pas le manque de capital, contrairement à ce que l'un des mythes ou des
illusions passées ont laissé croire, mais d'avoir les
mécanismes suffisants pour contrôler l'orientation de cette
épargne-là et qu'on soit en mesure de s'assurer que les
épargnes des Québécois sont d'une part investies au
Québec et dans des secteurs qui correspondent aux priorités ou
aux besoins du développement du Québec.
Enfin, je ne reviendrai pas longuement sur une discussion qu'on a
déjà eue et qu'on continuera toujours d'avoir tant, finalement,
que le Québec ne pourra pas exercer une juridiction totale sur
l'ensemble des institutions financières. Je le disais ce matin à
la commission qui étudie les crédits du ministère de
l'Agriculture, dont le ministre fait face à des problèmes
semblables de conflit de juridiction, lui non plus n'exercera pas, ne pourra
pas mettre en marche une politique agricole tant qu'il ne sera pas responsable
de tout l'ensemble de la juridiction dans le domaine agricole. Puis, si on les
prend un par un comme ça, l'addition de tout ça porte un nom,
ça s'appelle l'indépendance politique, c'est-à-dire le
droit pour le Parlement, dont cette commission est une émanation, de
légiférer et de légiférer seul sur les affaires qui
l'intéressent dans ce pays qui s'appelle le Québec.
C'était la raison pour laquelle j'ai présenté,
à l'occasion du discours inaugural, les propositions très
précises du Parti québécois en matière
d'institutions financières. Je ne veux pas rouvrir le débat
là-dessus, dire que ce serait, je le résume tout simplement pour
fins d'annotation si vous voulez, un système qui équivaudrait
à appliquer à l'intérieur du Québec, rien de plus
compliqué que l'actuelle loi fédérale sur les banques,
c'est-à-dire qui oblige les institutions financières, de quelque
type qu'elles soient, opérant au Québec, à être
contrôlées majoritairement par des résidants
québécois.
C'est le cas dans le domaine des banques au niveau canadien, c'est le
cas dans le domaine des institutions financières dans à peu
près tous les pays du monde. C'est le genre de loi qu'on voudrait
appliquer au Québec. J'ai pris la peine longuement, à l'occasion
de ce discours, de décrire très précisément et dans
le menu détail quelles seraient les conséquences de cette loi,
qui est-ce qui est visé par ça et puis combien ça
coûterait. Et je vous rappelle brièvement, encore une fois,
l'exposé que je faisais. Evidemment, il subsisterait un bon nombre
d'institutions financières qui, au départ, ne seraient pas
conformes à cette loi voulant que les institutions financières
soient contrôlées majoritairement par des intérêts
québécois, c'est-à-dire par des résidants du
Québec, des citoyens québécois, ce qui provoquerait, pour
être conforme à la loi, évidemment, le transfert ou la mise
en vente, si vous voulez, du contrôle d'un certain nombre d'institutions.
On a évalué même le montant global des actions sujettes
comme ça à un transfert et l'évaluation de ce qui est en
cause se chiffre par $300 millions.
On a évalué aussi que pour acquérir le
contrôle de ces $300 millions il n'était pas nécessaire de
dépenser un sou, dans le sens suivant: soit qu'il n'était pas
nécessaire de trouver de l'épargne nouvelle, de trouver des
sources, des disponibilités nouvelles, c'est-à-dire qui
n'existent pas à l'heure actuelle. Si bien que s'il y avait une loi au
Québec identique à celle qui existe au niveau
fédéral, par exemple, dans le domaine des compagnies d'assurances
qui obligent les compagnies d'assurances ou d'autres types d'institutions
à maintenir un pourcentage minimum de, selon le cas ça peut
varier, 90 p,c. en titres canadiens, une loi identique s'appliquant au
Québec obligerait les institutions financières
québécoises à détenir évidemment un
pourcentage x de titres québécois en leur portefeuille.
Juste cette loi aurait pour effet de provoquer immédiatement la
mise en vente, par des institutions québécoises, à l'heure
actuelle et je n'en nomme que deux, la Caisse de dépôt et
le mouvement coopératif en général, c'est-à-dire
l'ensemble des institutions dans le domaine financier qui font partie du
Mouvement Desjardins, du mouvement coopératif...
Dans ces deux seules institutions, l'une publique, l'autre
coopérative, la vente des titres non québécois procure
suffisamment de disponibilités pour acquérir l'ensemble du
contrôle des autres institutions financières au Québec, si
bien qu'il y a là une possibilité de rapatrier globalement
l'essentiel du contrôle sur notre système financier sans qu'il en
coûte un cent, c'est-à-dire que tout ce que cela coûte,
c'est une opération. D'une part, vous vendez un titre pour le remplacer
par un autre, c'est un transfert de titres.
Je n'insiste pas inutilement encore là-dessus parce que, comme je
le disais il y a un moment, on a déjà dit tout cela. Il y a une
deuxième chose qui découle directement de tout le problème
de la canalisation de l'épargne, c'est le problème des capitaux
étrangers. L'année dernière, au moment de l'étude
des crédits du ministère des Institutions financières,
j'ai longuement soulevé la question parce qu'on venait, quelques mois
auparavant, de connaître le
rapport Gray, la commission fédérale qui a
enquêté sur la question des capitaux étrangers et qui
venait compléter, si vous voulez, des chiffres ou des constatations que
la commission Porter, une dizaine d'années auparavant, avait
également faites. Des chiffres encore une fois, le ministre de
l'Industrie et du Commerce le reprenait dans un discours tout récemment
et des statistiques qui témoignaient que l'essentiel des
investissements au Canada comme au Québec est financé par du
capital local contrairement, encore une fois, au mythe qui, dans certains
milieux en tout cas, continue de circuler à l'effet que quand une
compagnie même contrôlée par l'étranger
vient s'installer au Québec... le développement industriel
c'est important de le signaler et la majeure partie des investissements
nouveaux dans une année ne viennent pas tant d'entreprises
complètement nouvelles, qui viennent faire une installation, mais
proviennent bien davantage d'agrandissements d'industries ou d'usines
déjà installées au Québec.
Même quand celles-ci sont contrôlées,
c'est-à-dire quand la majorité des actions appartient à
des intérêts étrangers, américains dans la plupart
des cas, les investissements de ces sociétés sont finances par de
l'épargne locale dans un sens, premièrement, par
l'autofinancement, c'est-à-dire par ses réserves d'amortissement
et ses réserves de profit accumulées qui, par définition,
ont été accumulées à partir des dollars des
consommateurs locaux à qui la compagnie a vendu des produits depuis le
nombre d'années qu'elle opère sur le territoire. C'est la
première source de financement. C'est de l'épargne locale, mais
sous contôle étranger. La deuxième, évidemment, ce
sont les prêts que peuvent consentir nos institutions financières
avec l'épargne québécoise soit sous forme de souscriptions
d'obligation ou quelque autre forme de titres que ce soit.
Finalement, les gouvernements, lorsqu'ils font soit des prêts,
soit des subventions, soit lorsqu'ils permettent une détaxation,
c'est-à-dire une vacance fiscale, ou alors des amortissements
accélérés qui correspondent à procurer des fonds
publics aux entreprises. On a appris cela, que le capital étranger, au
Canada comme au Québec, ce n'était pas du tout le mythe qu'on
s'en était fait dans le passé. Le ministre Saint-Pierre, je le
rappelle encore une fois, le soulignait récemment. Il a dit: II y a
suffisamment d'épargne au Québec pour que l'économie du
Québec se développe de façon adéquate sauf en
période temporaire de très très forte croissance. Cela se
comprend. A ce moment-là, si vous voulez atteindre un taux annuel de
croissance de 15 p.c. par année, c'est bien évident qu'il faut
faire appel à des emprunts à l'étranger à ce
moment-là et c'est ce qui arrive occasionnellement.
Sur une longue période, bon an, mal an, ce qui développe
le Québec, c'est finalement des capitaux québécois. C'est
quelque chose qui n'est peut-être pas encore perçu par la
majorité des Québécois, victimes d'une longue
aliénation économique, de mésinformation
économique, victimes aussi de bien des gens qui, sans connaissance de
cause, continuent de charrier ces mythes et d'entretenir la population dans une
forme d'ignorance. On voit, à l'intérieur même du
gouvernement, un débat assez intéressant à ce sujet
à l'heure actuelle, entre deux parties. C'est le conflit ou le
supposé conflit je ne suis pas dans les secrets des dieux
qui est censé opposer actuellement le ministre Saint-Pierre, conscient
de cette autosuffisance du Québec en matière de capital et,
d'autre part, les conseillers du premier ministre.
Parmi ceux-ci, on retrouve le fameux M. Desrochers qui, lui, inconscient
peut-être de cette réalité, continue, parallèlement
à ce qu'essaie de faire le ministre de l'Industrie et du Commerce, une
politique de quête de capitaux à l'étranger, comme s'il
n'avait pas encore réalisé qu'il y en avait au Québec et
que le problème essentiel, c'était encore une fois, que le
gouvernement du Québec ait le pouvoir nécessaire et
ça, on ne l'a pas dans le régime constitutionnel actuel
pour orienter les investissements, les canaliser vers un secteur ou vers un
autre. Qu'il puisse être en mesure de définir une politique
visant, par exemple, à limiter certains secteurs aux
intérêts étrangers, à en réserver un certain
nombre à des intérêts proprement québécois,
ceux que l'on estime les plus vitaux, les plus primordiaux pour le
développement de l'économie du Québec et, entre les deux,
permettre à l'autre opposé des secteurs complètement
ouverts aux intérêts étrangers, parce qu'il y en a qui
n'ont pas d'incidence réelle sur l'orientation de notre économie,
avec, entre les deux, toutes les variations des systèmes mixtes que l'on
peut prévoir. C'est, encore une fois, suite à tout ça que
j'exposais, l'année dernière, les propositions du Parti
québécois en cette matière, qui se résument dans un
code d'investissements qui définit justement ces secteurs. Il est
inutile évidemment, dans le cadre actuel, de poursuivre cette
discussion. On n'a pas le pouvoir de faire un tel code d'investissements,
même si on le souhaitait et même si le ministre il l'est
peut-être finalement dans le fond de lui-même était
d'accord sur ça. Mais on n'a pas le pouvoir de faire une telle
chose.
M. TETLEY: En raison de quoi?
M. JORON: En raison tout simplement... Regardez dans le domaine de
l'agriculture, le ministre de l'Agriculture du Québec s'avance juste
pour réglementer le commerce des oeufs, puis ça tombe, selon un
article X, dont je ne me souviens plus, de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, sous la limitation du commerce interprovincial et le
règlement est déclaré ultra vires. On ne peut pas le
faire, ainsi de suite. Evidemment, tant que le Parlement du Québec ne
sera pas seul autorisé à faire les lois au
Québec, c'est rêver en couleur de penser qu'on va
établir un système global qui va permettre justement cette
organisation des capitaux étrangers à l'intérieur de notre
économie et surtout un système qui va permettre d'orienter notre
épargne à nous.
Le gouvernement fédéral, suite à l'année
dernière, qui a été l'année de la discussion autour
du capital étranger, qui a été l'année de la
publication du rapport Gray, tout ça, a finalement accouché d'une
petite souris législative. C'est une petite affaire pas bien
compliquée, beaucoup plus timide que les législations des pays
les plus arriérés et économiquement infiniment plus
faibles que le Canada. Tous les pays, même les je ne les nommerai
pas, ça n'insultera personne soi-disant républiques de
bananes se donnent des réglementations du capital étranger
beaucoup plus sévères que ce qu'a osé se donner le
Parlement fédéral canadien. On ne parle évidemment pas du
Parlement du Québec; ce n'est pas son domaine. C'est ce qui a
donné lieu à cette espèce de loi dont j'ai oublié
le numéro à Ottawa qui prévoit un "screening mechanism",
c'est-à-dire un mécanisme de supervision, de contrôle, de
tamisage où, dans certains cas, le Parlement fédéral est
appelé à autoriser ou à ne pas autoriser une transaction.
Cela se limite à Ça.
D'ailleurs, j'ai hâte d'entendre, un peu plus tard, les remarques
du ministre à ce sujet, parce que le ministre des Institutions
financières, dans un geste typiquement québécois, voulait
évidemment que le train ne lui passe pas complètement en dessous
du nez. Il voulait un peu participer à cette supervision, si vous
voulez, des transferts de contrôle de compagnies pouvant aller à
des intérêts étrangers. Cela se limite à ça.
C'est pourquoi il écrivait une lettre, il y a quelques mois, à M.
Gillespie, le ministre fédéral, demandant une négociation
pour déterminer quelle pouvait être la forme de coopération
ou de collaboration ou d'intéressement du gouvernement de Québec
à cette agence, pour que, finalement, comme je le disais tout à
l'heure, le train ne lui passe pas entièrement sous le nez et qu'on ait
un mot à dire dans cette affaire.
Peu de temps avant l'ajournement de Pâques, j'avais posé la
question au ministre en Chambre. Je lui avais demandé s'il avait
reçu une réponse à sa lettre à M. Gillespie et s'il
en était satisfait. La réponse a été lapidaire; il
m'a dit: Non et je ne suis Das satisfait du tout. Cela a fini là.
Alors, tout à l'heure, on verra ce que vous pourriez ajouter.
Ceci dit, j'ai déjà pris pas mal trop de temps pour
évoquer les discussions qu'on a déjà eues finalement, qui
restent les discussions les plus importantes à mon avis. Mais elles
tourneront en rond tant que le Parlement de Québec n'aura pas pleine
juridiction en la matière, c'est-à-dire qu'elles tourneront en
rond, à moins que d'autres partis politiques au Québec se
prononcent en faveur de la souveraineté politique du
Québec, tant que le Parti québécois ne sera pas au
pouvoir, finalement.
J'aimerais davantage centrer mes dernières remarques, et fort
brièvement, sur un aspect beaucoup plus spécifique et beaucoup
plus précis du domaine qui nous intéresse aujourd'hui.
Evidemment, il y en a plusieurs que j'aurais pu choisir. Mais je ne veux pas
abuser. On aura probablement l'occasion d'y revenir au fur et à mesure
que nous étudierons les différents articles.
En ce qui concerne les remarques d'ordre général, je me
limiterai à cette dernière remarque qui concerne le marché
des valeurs mobilières à Montréal, au Québec, et le
rôle de la Commission des valeurs mobilières, si vous voulez.
C'est d'actualité, je pense, à l'heure actuelle et c'est
peut-être ce qui inconsciemment me pousse à en parler. Il y a eu
de petits je ne sais pas comment les qualifier on a appelé
cela des scandales ou enfin des aventures malheureuses dans le domaine du
marché des valeurs mobilières montréalais cette
année. Il y a eu la déconfiture de Champion Savings, il y a six
mois à peu près. Il y a eu, tout récemment, l'affaire L.J.
Forget, une maison de courtage de Montréal. Il arrive souvent des
événements semblables, pas.trop souvent heureusement. Ce que l'on
s'aperçoit, c'est que, lorsqu'il arrive des événements
semblables, c'est à ce moment-là qu'on voit les choses commencer
à bouger. La plupart du temps, cela prend une affaire du genre où
des épargnants se font directement ou indirectement frauder pour
inciter, d'une part, le gouvernement à apporter des lois. Ce n'est pas
mauvais en soi mais ce serait encore mieux si on pouvait y penser avant.
D'autre part, cela prend une telle affaire pour inciter des organismes comme la
Commission des valeurs mobilières à aiguiser leurs dents,
à se donner plus de personnel, être à la recherche de
mesures préventives. Tout cela est excellent mais cela fait
longtemps qu'on le dit, on le disait il y a trois ans il y a toute la
nécessité d'avoir au Québec une Commission des valeurs
mobilières équipée, outillée, avec le personnel
nécessaire, avec la législation nécessaire aussi qui
l'accompagne pour lui permettre de jouer véritablement le rôle que
la loi lui attribue, qu'elle est censée avoir mais qui n'a jamais
été appliqué complètement, le rôle de
gardien, si vous voulez, de tout ce qui se passe dans le domaine des valeurs
mobilières pour la protection du public épargnant. Il y a
ça. Il y a l'accentuation, si vous voulez, du rôle de la
Commission des valeurs mobilières. Est-ce en cours et jusqu'à
quel point cela l'est? Est-ce suffisant? C'est ce que l'on verra dans un
moment.
Toujours dans le domaine du marché des valeurs mobilières,
il y a eu, bien entendu, le rapport Bouchard dont une partie a
été rendue publique jusqu'à présent et une autre
doit suivre cette année. J'aurais aimé entendre le ministre, dans
sa présentation générale peut-
être qu'il nous en parlera un peu plus loin, c'est ce que je lui
demande à ce stade-ci élaborer davantage ce qui s'ensuit
de ce rapport Bouchard. Est-ce que les recommandations vont rester sur les
tablettes? Qu'est-ce qui est en marche? Quelles recommandations? Jusqu'à
présent, on n'a peut-être pas eu le temps de les avoir toutes
étudiées ou on a commencé à agir sur chacune
d'entre elles. Il y en a peut-être un certain nombre qui ont
été retenues et sur lesquelles un travail est en train de se
faire. Lesquelles? Qu'est-ce que l'on fait finalement? Cela se rattache
à un voeu qui est cher, une idée, une aspiration, un désir
qui est cher au ministre des Institutions financières comme il l'est
autant à moi-même, celui de faire de Montréal une grande
place financière, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
Il faut bien l'admettre, malgré certaines prétentions
qu'on peut avoir, malgré un snobisme, malgré, enfin, de vieilles
traditions et le fait que le marché de Montréal ait
précédé celui de Toronto, tout cela. On essaie, des fois,
de s'endormir un peu sur des lauriers, en fait, qui ne représentent plus
de pouvoirs effectifs. Il y a un fait brutal, c'est que et je prends
l'exemple du marché des Bourses le volume transigé sur
l'ensemble des Bourses au Canada, c'est 20 p.c. à 25 p.c. à
Montréal, en moyenne depuis une dizaine ou une quinzaine d'années
et 65 p.c. à 70 p.c. à Toronto, ce qui ne s'explique absolument
pas, vu que l'importance économique des deux régions
concernées est à peu près équivalente. Une
disproportion semblable n'a pas de sens. On voudrait la rétablir. Il y a
des choses qui sont en train de se faire. La Commission des valeurs
mobilières a un nouveau président et, enfin, il s'active. Je ne
sais pas exactement jusqu'à quel point, mais en tout cas, bon, il y a
cela. D'autre part, il y a un nouveau président de la Bourse de
Montréal. On a voté la fusion des deux Bourses aussi.
Mais ces gestes d'ordre organique ou structurel, si vous voulez, en soi,
ne sont pas une garantie qu'on va faire de Montréal une grande place
financière. Il y a un rôle de promotion qui, à mon
goût à moi, en tout cas, ne se fait pas suffisamment pour inciter
des entreprises à inscrire leurs titres à la Bourse de
Montréal, pour inciter des placeurs de fonds, des investisseurs, des
institutions financières. Les plus gros investisseurs, les plus gros
placeurs ou manipulateurs de fonds, si vous voulez, en Bourse, sont maintenant
des institutions financières. On sait qu'à New York cela
dépasse maintenant 50 p.c, le volume qui est assuré par les
institutions financières. Il ne s'agit donc plus d'un marché qui
est l'addition d'une foule de petits individus. C'est un marché qui est
maintenant dominé par des grandes institutions financières. On
n'incite peut-être pas assez les grandes institutions financières.
On n'a peut-être pas les moyens de le faire non plus.
Malgré tous ces souhaits qu'on continue de partager, je me
demande jusqu'à quel point ce n'est pas illusoire de penser qu'on va
faire de Montréal cette grande place financière, aussi importante
et peut-être même davantage que Toronto l'est devenue sur le
marché financier pancanadien, à l'heure actuelle, si on ne se
sert pas, finalement, de nos institutions financières locales. Cela ne
se fait pas tout seul. Cela ne se fait pas par la bonne volonté des
autres, par des incitations et des appels à quoi que ce soit. Cela se
bâtit et cela s'établit. C'est quand on contrôle un certain
nombre d'institutions financières soi-même que l'on crée
soi-même le marché financier en question.
Nous n'avons, à toutes fins pratiques, que deux gros instruments,
à l'heure actuelle, dans ce domaine, qui sont entre des mains
québécoises proprement dites. D'une part, la Caisse de
dépôt, avec ses $2.5 milliards, qui est le principal facteur,
même au Canada, sur le marché financier maintenant et, d'autre
part, le mouvement coopératif avec ses $3.7 milliards. C'est à
partir d'un certain nombre d'institutions comme cela, quand on les
contrôle, qu'on s'organise soi-même un marché financier.
Cela me rappelle ce que je disais ce matin au sujet de l'agriculture.
Tant que les producteurs agricoles ne contrôleront pas la partie de
l'industrie qui est la transformation et la troisième partie, qui est la
commercialisation, tant que tout cela ne sera pas intégré et dans
les mains des mêmes intérêts, il n'y aura pas de survie
assurée pour l'agriculture québécoise. On peut faire un
peu le même dessin ici. On n'aura pas, par cadeau des autres, un
marché financier solide, gros, actif aussi, tant qu'on ne
contrôlera pas les instruments qui vont permettre de le bâtir.
Et cela vous voyez que je referme la boucle me
ramène évidemment à ce que je disais au début.
C'est que tous ces souhaits-là, finalement, reposent sur notre
possibilité de contrôler nous-mêmes l'épargne qui
circule dans le Québec. Cette épargne, elle a été
épargnée excusez le pléonasme par des
Québécois. Elle est déposée auprès
d'institutions financières dont la majorité n'est plus
contrôlée par des Québécois.
Tant que cette contradiction ou tant qu'il n'y aura pas traduction du
contrôle des Québécois qui est exercé sur
l'épargne au Québec et également sur les institutions qui
manipulent je ne le dis pas au sens péjoratif qui jouent
avec cette épargne, j'ai l'impression qu'on va continuer longtemps de
construire des rêves chimériques.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Laurier.
M. MARCHAND: Permettez-moi, au début de mes remarques, de
féliciter le ministre pour le gigantesque travail accompli depuis qu'il
est titulaire du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives. Naturellement, la loi la plus importante
qu'il ait apportée
est la Loi de la protection du consommateur, c'est-à-dire le bill
45, loi qui touche particulièrement les gens du comté de Laurier
puisque c'est un comté de travailleurs, d'ouvriers qui ne pensent
qu'à travailler et à faire vivre leur famille. Aussi cette loi
est-elle un bienfait pour eux.
Et ce dont je suis le plus fier en leur nom c'est que de toutes ces
plaintes 7,000 à travers la province de Québec, une bonne
partie naturellement dans le comté que je représente
toutes ces revendications ne coûtent absolument rien au consommateur. Et
je ne crois pas me tromper en affirmant ceci.
C'est donc à juste titre que nous pouvons dire que c'est une loi
qui a amélioré la condition de vie des citoyens du Québec
et je voudrais ajouter, contrairement à ce que le député
de Shefford pense, que le ministre est très bien renseigné et
très conscient de tous les projets de loi de son ministère,
puisqu'il en est le promoteur et l'initiateur.
Je voudrais dire aussi, en réponse au député de
Beauce, qui affirme que nos compagnies d'assurance-vie ne sont pas un
investissement assez grand pour le Québec, que, proportionnellement, les
compagnies d'assurance-vie, pour n'en nommer que trois: La Sauvegarde, la Sun
Life, la Great West, sont des compagnies canadiennes, qui ont des bureaux
à travers le monde entier, qui rapportent énormément au
pays et qui réinvestissent les sommes qu'ils vont chercher dans d'autres
pays, au Québec et au Canada.
J'ai aussi écouté avec intérêt les propos du
député de Gouin, lorsqu'il parlait des investissements
étrangers, ce qui semble toujours lui faire extrêmement mal. Je ne
vois pas comment un Québécois, depuis peut-être 50 ans,
serait parti en affaires s'il n'était pas allé voir une tierce
personne pour emprunter et partir en affaires. Je pense que tous, tant que nous
sommes, ceux qui sont partis en affaires, nous avons agi comme ça. Nous
allons voir une autre personne et nous allons chercher de l'argent. Et aussi je
me demande comment on peut se fier à nos investissements propres, du
Québec seulement, lorsque le député de Gouin
lui-même investit la majorité de ses biens dans des pays
étrangers. Et surtout s'il fallait se fier...
M. JORON: M. le Président, je soulève une question de
privilège.
M. MARCHAND: Je regrette, je n'ai pas interrompu le député
de Gouin...
M. JORON: Juste pour dire deux choses, c'est non pertinent et c'est
faux, c'est tout.
M. MARCHAND: Je n'ai pas interrompu le député de
Gouin.
M. JORON: Mais la question de privilège, on la soulève au
moment où elle se pose. Je m'excuse si je vous ai coupé la
parole.
M. MARCHAND: D'accord, j'accepte votre interruption.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Gouin, sur une question de privilège.
M. JORON: Non, c'est fini. C'est tout. J'ai dit que ce n'est pas
pertinent et que c'est faux.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Laurier, continuez.
M. MARCHAND: Et s'il fallait se fier...
M. JORON: Le premier ministre le sait parce qu'il a des espions partout.
Même M. Bourassa va vous le dire.
M. MARCHAND: Je n'ai pas interrompu le député de Gouin
lorsqu'il a parlé de notre conseiller, qui est un homme extraordinaire
et que, s'il n'existait pas, il faudrait l'inventer.
M. RUSSELL: ... M. le Président.
UNE VOIX: Vous parlez de M. Desrochers?
M. MARCHAND: Oui, et je n'ai pas peur de le nommer. Et s'il n'existait
pas, il faudrait l'inventer, parce que c'est un homme extraordinaire.
UNE VOIX: ... le pouvoir deux semaines de plus.
M. ROY (Beauce): On le sait. Nous sommes très au courant.
M. MARCHAND: Je m'aperçois que le...
M. ROY (Beauce): ... M. le premier ministre.
M. JORON: Tiens, vous allez pouvoir...
M. MARCHAND: ... député de Beauce est souvent une vierge
offensée lorsqu'on l'interrompt mais il ne se gêne pas pour
interrompre les autres. Et le député de Gouin la même
chose.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas parlé de M. Desrochers du tout.
C'est le député de Laurier qui en parle.
M. MARCHAND: Je veux tout simplement finir en disant...
M. ROY (Beauce): C'est le député de Laurier qui parle de
M. Desrochers.
M. MARCHAND: D'accord, mais vous m'interrompez...
M. ROY (Beauce): Pourquoi vous sentez-vous obligé de vous
justifier?
M. MARCHAND: On ne se justifie pas, on répond aux objections du
député de Gouin. Je veux tout simplement continuer en disant que
si on se fiait aux investissements du chef du Parti québécois, au
président du Parti québécois, je pense qu'il n'y aurait
pas une compagnie qui s'ouvrirait dans la province de Québec.
M. BOURASSA: Quelle a été votre majorité dans
Laurier?
M. MARCHAND: 4,500.
M. JORON: M. le Président...
M. MARCHAND: La prochaine fois, 7,000
M. JORON: ... est-ce que vous...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): C'est fort possible.
M. JORON: Si vous me permettez, je profite de la présence du
premier ministre pour lui demander s'il voudrait bien répondre aux
inquiétudes que soulevait il y a un moment le député de
Laurier. Le député de Laurier veut savoir où je place mon
argent; j'ai dit: Attendez que le premier ministre arrive et il va vous le
dire.
M. BOURASSA: Je le lui dirai privément.
M. JORON: Vous le savez, c'est au Trust général du Canada
et vous recevez une copie de mes rapports mensuels à part de ça,
parce que vous avez des espions partout. Alors, passez-les donc au
député de Laurier et on va arrêter d'en parler.
M. TETLEY: On ne sait pas.
M. BOURASSA: Ne parlez pas d'espionnage ces jours-ci.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): J'inviterais l'honorable
ministre...
M. TETLEY: A moins que le premier ministre ait des commentaires.
M. BOURASSA: Est-ce qu'ils vous ont félicité pour votre
travail?
M. TETLEY: Quelques députés.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Si l'honorable premier
ministre...
M. BOURASSA: Sur quoi, quel est le sujet en question?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): C'est la discussion
générale.
M. BOURASSA: Je pense qu'on doit consta- ter que le gouvernement et le
ministère ont posé des gestes, ont fait des nominations
extrêmement valables dans le secteur, ont renouvelé le personnel
à des postes importants dans le secteur des institutions
financières et il y a des gestes concrets qui sont posés par la
Commission des valeurs mobilières, notamment pour l'opération
nettoyage qui se fait à tous les niveaux avec notre gouvernement, au
niveau du crime organisé...
M. RUSSELL: Même en Chambre aujourd'hui, il a fait un ralliement
de cabinet...
M. BOURASSA: ... au niveau du patronage, on essaie de présenter
l'administration la plus saine et la plus efficace avec les résultats
concrets qu'on a obtenus à l'occasion du dernier...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable ministre.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais noter à part la
présence des fonctionnaires que j'ai mentionnés, M. Laurent
Lamoureux qui est ici et qui est l'assistant de M. Jacques Fortier.
M. le Président, le député de Beauce a noté
qu'il ne faut pas imposer les mêmes règles aux coopératives
qu'aux corporations et compagnies, et c'est vrai. Parce que les compagnies sont
tout à fait différentes, les coopératives sont un
mouvement d'entraide. C'est pourquoi nous avons des lois différentes et
des pratiques différentes et même des administrations
différentes. En effet, le ministère se divise depuis quelque
temps en trois parties; nous avons la protection du public, nous avons le
secteur des coopératives ou le mouvement coopératif et nous avons
les compagnies. C'est peut-être un changement, nous aurons un jour un
changement de nom, parce que lors de l'élection de notre gouvernement,
il n'y avait que des institutions financières et le nom a
été adopté en vertu du rapport Parizeau. Mais depuis ce
temps, nous avons dû adopter une politique de la protection du
consommateur et nous avons augmenté nos efforts au sujet des
coopératives.
De plus, je crois que le député de Beauce a bien
parlé lorsqu'il a parlé du mouvement des coopératives.
Pour moi, c'est le lien entre le public, le citoyen, le consommateur et les
compagnies. C'est pourquoi un nom comme le ministère des affaires des
consommateurs, coopératives et compagnies est peut-être un nom que
le gouvernement doit adopter d'ici quelque temps. Je n'ai même pas
parlé au premier ministre à ce sujet, donc ce n'est pas
même une suggestion, c'est tout simplement une idée.
Aussi, le député de Beauce a soulevé la question de
la protection du public et je veux souligner les deux buts du ministère,
la protection du public et l'aide à l'entreprise efficace et
honnête, le commerce intègre. Je voudrais aussi noter, comme le
premier ministre a dit, que nous avons modifié nos cadres; à part
le
président de la Commission des valeurs mobilières et les
nouveaux sous-ministres, un nouveau sous-ministre associé, nous avons
modifié presque tous les chefs de service depuis trois ans, avec des
promotions et des changements.
Je crois que l'administration est beaucoup plus forte qu'avant et je
remercie encore une fois nos cadres de leur travail, en fait tous les
fonctionnaires du ministère.
Le député de Beauce a mentionné les caisses
populaires et d'autres caisses. Je voudrais aussi souligner l'importance des
caisses populaires, des caisses d'économie, des caisses
d'établissement, des caisses d'entraide économique et en effet de
tout le mouvement coopératif.
J'ai assisté à plusieurs réunions de ces
institutions, dont une à Alma. Le député du Lac-Saint-Jean
est parti. Il est présent, pardon. J'ai assisté à la
réunion annuelle de la Caisse d'établissement d'Alma et...
M. ROY (Beauce): La Caisse d'établissement ou d'entraide
d'Alma?
M. TETLEY: Pardon, les deux.
M. ROY (Beauce): La Caisse d'établissement n'est pas à
Alma, elle est à Chicoutimi.
M. TETLEY: Ils ont deux...
M. PILOTE: La Caisse d'établissement rural du
Saguenay-Lac-Saint-Jean a été visitée au manoir Durocher
à Alma.
M. TETLEY: Ils ont eu leur réunion annuelle à Alma,
j'oublie la date mais j'étais certainement présent parce que j'ai
été présent deux fois et on m'a nommé membre
honoraire.
M. ROY (Beauce): Ah bien je vous félicite, M. le ministre, c'est
bien.
M. TETLEY: Alors ce n'est pas un rêve, c'est un plaisir et
j'étais là deux fois. Et le fait d'un certain
intérêt que je veux noter, ç'a été que les
membres étaient présents et leur épouse et ç'a
été une réunion pas tout simplement d'hommes d'affaires ou
de citoyens ou de résidents et de cultivateurs. Les caisses
d'établissement et leurs réunions annuelles montraient que
c'était un mouvement de famille et de groupe de personnes.
L'épouse avait autant d'intérêt dans le mouvement que le
mari. Les autres, les caisses populaires...
M. ROY (Beauce): Aussi je pense à la Caisse
d'établissement de la Chaudière.
M. TETLEY: Ah oui! J'ai eu le plaisir de visiter la caisse, et
même je suis allé là lors de l'ouverture d'un
édifice magnifique à Saint-Georges-de-Beauce. J'ai visité
plusieurs caisses d'établissement, caisses d'économie et
d'entraide économique et caisses populaires. Au sujet des compagnies
fédérales, la loi de Québec impose des restrictions
à ces compagnies. Il faut faire rapport au surintendant des assurances,
comme les compagnies d'assurances provinciales, il faut déposer un
cautionnement, etc.
Nous avons un comité qui étudie les investissements de nos
compagnies d'assurances, le comité d'étude sur l'industrie des
valeurs mobilières. Le deuxième livre, j'espère, donnera
le résultat des investissements des compagnies d'assurance-vie au
Québec.
Le député de Beauce avait mentionné l'importance
d'une administration efficace et je crois que c'est pour l'instant plus
important que la législation dans le ministère et peut-être
dans le gouvernement. Je note votre observation au sujet de la collaboration
avec les autres ministères. Nous avons un groupe, un comité
interministériel qui siège chaque semaine; nous faisons partie de
ce groupement et il est très actif.
Le député de Gouin a parlé surtout des
investissements étrangers et c'est un problème difficile parce
que, si on veut que les Québécois investissent tout simplement au
Québec, vous allez contrôler la vie personnelle et privée
des Québécois. A l'heure actuelle c'est clair que nos
institutions, nos banques, nos caisses, notre Caisse de dépôt
investissent ailleurs.
C'est aussi clair que les étrangers investissent ici,
achètent nos obligations du Québec, achètent nos
obligations de l'Hydro-Québec et achètent des actions et des
obligations de nos compagnies privées. Même dans le Marché
commun de l'Europe, qui existe entre la France, l'Angleterre, l'Italie, etc.,
ces pays investissent partout dans le monde, pas simplement dans le
Marché commun.
Si je comprends bien l'idée fondamentale du Parti
québécois, c'est de créer un Québec
séparé, mais dans un marché commun quelque part, dans une
association avec d'autres provinces ou d'autres pays. Je suis certain que le
Québec donnera le droit à ses citoyens d'investir ailleurs et, en
conséquence, le Québec aura besoin d'investissements
étrangers. Pour ma part, je ne peux pas accepter le principe qu'un
Québécois, même dans un Québec séparé,
dans un Canada fédéral ou dans le monde qui existe à
l'heure actuelle, ne puisse pas investir ailleurs. Le député de
Gouin a été courtier en valeurs mobilières; il l'est
peut-être aujourd'hui. Je ne sais pas si vous avez gardé votre
commercé ou votre permis de la Commission des valeurs mobilières.
Il fait signe que non, mais, dans le passé, c'est certain que vous avez
conseillé à vos clients d'acheter hors du Québec. Vous
avez vous-même, peut-être, acheté des actions et des
obligations ailleurs; vous les avez peut-être vendues et achetées
au Québec et changé vos investissements.
On a même parlé de "Independant Petrolium" où vous
aviez certains intérêts ou votre famille. Moi, je n'ai pas
d'investissements, je n'ai que des obligations. Autrefois, j'en avais, avant
mon élection.
M. ROY (Beauce): Je vais me sentir lésé dans mes droits,
M. le Président, si les membres de la commission continuent à
parler de leurs investissements.
M. TETLEY: Oui, mais je n'en avais pas beaucoup, devrais-je dire au
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je suis à la veille d'avoir des complexes.
M. TETLEY: Oui, peut-être, j'ai un complexe à ce sujet. Un
Québec séparé, qui défendrait à ses citoyens
d'investir ailleurs, je me demande si c'est possible.
M. JORON: M. le ministre, si vous me permettez que je vous
interrompe...
M. TETLEY: Oui, oui, avec plaisir.
M. JORON: On s'est peut-être mal compris là-dessus. Quand
je parlais de réglementation des investissements étrangers ou
d'un code d'investissements qui paraît dans le programme du Parti
québécois, ça ne vise d'aucune façon à
restreindre le droit des Québécois de faire ce qu'ils veulent
avec leur argent; ça vise ce que des intérêts
étrangers viennent investir au Québec. Va-t-on les laisser
investir dans tel secteur ou pas? Est-ce qu'on va réserver le domaine
des banques, par exemple, à des intérêts
québécois ou va-t-on permettre que des entreprises
québécoises passent à des mains étrangères
dans tel ou tel secteur? Ce n'est pas une restriction, d'aucune façon,
du droit des Québécois de faire ce qu'ils veulent avec leur
argent, mais c'est pour contrôler les secteurs que l'on veut ouverts et
ceux que l'on veut fermés ou ceux que l'on veut à moitié
fermés aux investisseurs étrangers.
M. TETLEY: D'accord, mais vous avez dit que le seul moyen de
créer un marché de capitaux, c'est de contrôler l'emploi de
tous les capitaux.
M. JORON: De nos institutions financières.
M. TETLEY: J'ai une citation ici, mais j'accepte votre correction. Je
pense immédiatement à Londres et à la Suisse. Londres a
plus de banques étrangères que de banques d'Angleterre. Londres a
apparemment 150 banques d'autres pays qui sont là, qui font affaires,
qui empruntent de l'argent des Allemands et le prêtent aux Suisses.
Londres ne contrôle d'aucune manière ces capitaux-là.
M. JORON: Mais elle ne permet pas à ces banques
étrangères d'ouvrir des succursales multiples de façon
à établir... Par exemple, jamais l'Angleterre ne permettrait que
la Banque royale du Canada prenne le contrôle de Barclays Bank, qui a
2,000 succursales à travers l'Angleterre. Que la Banque royale puisse
ouvrir un bureau à Londres, oui, de la même façon
évidemment qu'il n'y a aucune raison qui nous empêcherait de faire
le contraire. Mais des réseaux contrôlés par des
intérêts étrangers permettent l'établissement de
succursales multiples, ce qui équivaut à transférer les
contrôles de l'épargne locale à des intérêts
étrangers. Le Canada ne le permet pas, c'est pour ça qu'on a
forcé la Mercantile Bank à vendre ses actions, c'est ça
qu'on veut dire.
M. TETLEY: C'est ça, mais en Angleterre la plupart du "banking"
est fait par les étrangers. Un président d'une banque
américaine m'a avisé il y a six mois, que New York perdait
Londres et qu'une des raisons était qu'il n'y avait pas beaucoup de
contrôle et aussi que les coûts d'administration étaient peu
élevés. Je me demande s'il faut contrôler, comme j'ai
contrôlé l'emploi de tous capitaux, si ce n'est pas votre
argumentation, je l'accepte. A Londres et en Suisse, les gouvernements ne
contrôlent pas leurs institutions, d'aucune manière. Mais,
j'ajoute que je suis de votre avis et le gouvernement actuel est de votre avis
qu'il faut contrôler l'emploi de tous capitaux, pas simplement des
étrangers, mais dans certains secteurs, de tout le monde dans certains
secteurs. A mon avis, il faut dire: Bon, vous voulez investir ou vous voulez
acheter une mine ou exploiter une mine, très bien, mais que les produits
soient transformés au Québec. C'est ça qui est important.
Que l'industrie secondaire soit créée au Québec en
conséquence, que nos richesses naturelles soient transformées au
Québec et que les investissements étrangers soient
contrôlés de cette manière. Je suis d'accord et c'est en
effet notre politique. C'est une politique que nous avons essayé de
mettre en vigueur depuis quelque temps, depuis plus d'un an ici au
gouvernement.
Au sujet de notre marché du capital, vous avez parlé du
rapport Bouchard, vous m'avez posé une question: Qu'est-ce que nous
allons faire? Je peux dire que nous avons préparé la Loi des
valeurs mobilières, ça fait six mois que nous luttons un peu avec
l'Office de révision du code civil, mais j'espère
présenter cette loi bientôt. Nous avons créé quatre
nouveaux secteurs dans la Commission des valeurs mobilières, nous avons
nommé des chefs de secteur et nous avons changé l'administration
énormément dans la commission.
Nous avons même, par nos efforts, essayé de créer un
IDA du Québec, qui n'existait pas il y a un an ou deux. Nous avons
essayé d'aider les deux Bourses, de changer les commissions, de
protéger les compagnies. Tout cela était des observations et
suggestions du rapport Bouchard.
Vous avez parlé d'un rôle de promotion au sujet des
sièges sociaux. Je me demande vraiment si le Parti
québécois a aidé le Québec dans
l'établissement de sièges sociaux au Québec. Votre livre,
que j'ai déjà commenté, contient une certaine idée
de socialisme, de contrôle des
media de publicité et d'information. Mon opinion, c'est que votre
mouvement, le Parti québécois, a fait absolument le contraire de
votre suggestion qui visait à promouvoir l'établissement de
maisons mères à Montréal ou au Québec.
Le député de Laurier a parlé, je crois avec raison,
de la protection du consommateur. J'apprécie ses remarques. Je crois
aussi qu'il faut noter, quand même, qu'on ne peut trop protéger le
citoyen. Je crois que peut-être il faut l'avertir, il faut prohiber
certaines transactions. D'autre part, il faut aussi laisser au consommateur une
certaine liberté. En tout cas, je crois que notre budget nous restreint
un peu. Nous n'avons pas tous les moyens nécessaires, évidemment,
pour protéger complètement le consommateur au Québec ou au
Canada. Je crois que le député de Laurier a certainement raison.
C'est une oeuvre très importante et le gouvernement est de son avis. Il
va suivre les idées qu'il a suggérées.
M. JORON: M. le Président, le ministre a soulevé un point
que je me proposais de soulever dans mon introduction tout à l'heure. Je
me suis abstenu de le faire parce que cela commençait à
être trop long. Cela m'amène à une question que je veux
vous poser. D'abord, il s'agit des déménagements de sièges
sociaux. Juste une petite rectification. Vous mentionniez des
éléments contenus dans notre programme en ce qui touche la
publicité et l'information qui auraient pu être responsables de
faire peur à un certain nombre d'entreprises, les incitant à
déménager leur siège social à l'extérieur.
Pour être bien clair, la publicité doit se faire dans le cadre
d'une loi de protection du consommateur. Il s'agit d'un contrôle de la
qualité de la publicité dans le sens de la protection des
intérêts du consommateur pour éviter les abus, de la
même façon qu'on contrôle la publicité
destinée aux enfants et ainsi de suite. C'est de cela qu'il est
question.
Au sujet de l'information, par exemple, il ne faudrait pas induire les
gens en erreur. Il n'est pas de proposition, bien loin de là, de
contrôle par le gouvernement de l'information au Québec, dans le
programme du Parti québécois. Au contraire, un mécanisme
est prévu d'un tribunal indépendant pour garantir l'autonomie des
media d'information face au gouvernement, comme face à des monopoles
privés. C'est pour cela que dans notre programme, on propose qu'il ne
puisse pas exister de monopole d'information, que ce soit public ou
privé, sur les media d'information et que, de toute façon, dans
ce secteur en général, parce que c'est un secteur vital, en
démocratie, les instruments par lesquels l'information circule dans une
société, que cela soit un des secteurs dont on parlait tout
à l'heure qui soit réservé à des
intérêts québécois, soit publics, privés ou
coopératifs, à ce moment-là.
La question que je veux vous poser, au sujet des sièges sociaux,
est une question très très importante. Il se fait,
évidemment, un mouvement je ne sais pas si on peut appeler cela
un mouvement mais il y a des sièges sociaux qui
déménagent de Montréal pour s'en aller à Toronto,
peut-être qu'il y en a vice versa aussi. De ceux-là, on parle
moins, un petit peu. C'est un petit peu comme le camion de la Brinks de
l'élection de 1970, qui était censé
déménager des valeurs du bureau...
UNE VOIX: Vers Toronto.
M. JORON: Oui, c'est cela. Mais ce qu'on avait oublié de
photographier, en 1970 les publicistes du Parti libéral devaient
être absents c'est qu'à chaque 1er mai, il y a toujours des
déplacements de valeurs d'une succursale du Royal Trust de
Montréal vers Toronto, comme il y en a dans toutes les autres
institutions, j'imagine. Et là où il y a un certain nombre de
valeurs qui partent de Montréal pour s'en aller à Toronto, ceux
que les publicistes du Parti libéral avait oublié de
photographier, c'était le camion qui partait de Toronto...
M. TETLEY: J'invoque le règlement.
M. JORON: ... et qui venait porter des valeurs à Montréal
aussi.
M. TETLEY: Une question de privilège, parce que comme membre du
Parti libéral...
M. JORON : Vous n'êtes peut-être pas responsable, mais en
tout cas, cela s'est fait.
M. TETLEY: Je n'étais pas responsable. J'ai fait enquête et
c'était apparemment un seul journaliste qui a eu vent de cela.
M. JORON: De toute façon, laissons les choses passées, les
morts avec les morts.
M. MARCHAND: Pourquoi en parlez-vous? M. JORON: On parlait de la
Brinks.
M. MARCHAND: Pourquoi en parlez-vous? Vous dites de laisser les morts
là. Parce qu'on peut en sortir d'autres, nous autres. Cela va être
facile, à part de cela.
M. JORON: Allez-y!
M. MARCHAND: Cela va être facile. On peut parler de vos machines
électroniques de $500,000 dans le comité de René Levesque,
dans Laurier. $500,000.
M. JORON: Des quoi?
M. MARCHAND: Des machines électroniques.
M. JORON: Des machines électroniques! M. MARCHAND: Oui, oui! Oui,
oui! M. JORON: Vous rêvez en couleur!
M. MARCHAND: Des tableaux, et toute la patente. Trois étages. Un
comité de trois étages, je n'ai jamais vu cela pour un
comté et j'ai vu cela dans le comté de Laurier.
M. JORON: M. le Président, s'il vous plait! Je ne sais pas quoi
invoquer, une question d'ordre, de privilège ou de simple bon sens!
Allez donc vérifier vos informations avant de lancer des "folleries"
semblables!
M. MARCHAND: Faites donc la même chose!
M. JORON: C'est faux! Que voulez-vous que je vous dise de plus!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre!
M. MARCHAND: Faites donc la même chose!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre ! A l'ordre, messieurs
!
M. JORON: C'est faux et puis...
M. MARCHAND : Vous portez des accusations continuellement et lorsqu'on
vous attaque le moindrement, vous êtes déjà malade! Vous
êtes un malade naturel!
M. JORON: Mais visez à la bonne place, mautadit! N'inventez pas
des affaires!
M. MARCHAND: Et puis cela vous fait mal, quand on vous vise, parce que
vous êtes des malades naturels!
M. ROY (Beauce): Est-ce que je peux trancher le débat?
M. JORON: Oui. UNE VOIX:Oui.
M. JORON : Je me fie à l'impartialité du
député de Beauce.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre!
M. MARCHAND: On l'a vu au...
M. ROY (Beauce): Alors le Parti libéral accuse le Parti
québécois d'être malade.
M. MARCHAND: On l'a vu au congrès, d'ailleurs!
M. ROY (Beauce): Le Parti québécois accuse le Parti
libéral d'être malade et le Parti libéral accuse le Parti
québécois d'être malade.
M. MARCHAND: On l'a vu à votre congrès!
M. ROY (Beauce): Vous avez raison tous les deux!
M. MARCHAND : On a vu à votre congrès que vous avez besoin
de soins avec un chef qui n'a jamais été créditiste.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre, messieurs!
M. JORON: Ce que je voulais dire au ministre au sujet des
déménagements des sièges sociaux, c'est, d'une part, qu'il
faut être bien conscient d'une chose: le mouvement de déplacement
de l'activité économique de Montréal en faveur relative de
Toronto, ça n'a pas commencé ni avec le gouvernement
libéral ni avec celui de l'Union Nationale, ni avec le Parti
québécois, ou le RIN ou tout ce qui a existé auparavant.
Cela a commencé à la fin du dix-neuvième siècle.
Vous le savez. De la même façon quand le centre économique
du Canada s'est déplacé. C'est bien simple, tant que le Canada
allait des Grands Lacs à l'Atlantique le centre c'était
Montréal. Ce n'est pas compliqué.
Et quand, au début du siècle, on a ouvert les Prairies et
la Colombie-Britannique, le centre géographique n'était plus
Montréal, il s'est déplacé vers Toronto. Et le même
mouvement a existé aux Etats-Unis aussi. Cela s'est
déplacé de la côte de l'Atlantique vers le centre, et
tranquillement c'est la région des Grands Lacs qui est devenue le coeur
industriel de l'Amérique.
Alors, quand on va fouiller dans le programme du Parti
québécois pour expliquer les déménagements de
sièges sociaux, je trouve ça drôlement
démagogique.
Il reste un fait, qu'à l'heure actuelle... L'histoire
économique du pays, peut-être que ça n'intéresse pas
le député de Laurier, ça le fait sourire.
M. MARCHAND: Cela m'intéresse énormément.
M. JORON: Mais, s'il la connaissait un peu, il saurait que ce que je
viens de dire est vrai.
M. MARCHAND: Si vous voulez attaquer...
M. JORON: II réussit toujours à me faire embarquer.
M. MARCHAND: J'en suis fier.
M. JORON: Ce que j'allais dire, c'est qu'à l'heure actuelle, le
nombre de sièges sociaux des principales corporations canadiennes
si on prend les grandes corporations industrielles à
travers le Canada est à peu près équivalent,
ceux qui sont à Montréal, en gros c'est quelque part entre 25
p.c. et 30 p.c.
Or, on s'aperçoit que le poids économique du Québec
dans l'ensemble du Canada, soit mesuré par sa population ou soit
mesuré c'est peut-être un critère plus
économique par le produit national brut du Québec, c'est
encore là entre 25 p.c. et 30 p.c. En d'autres mots, il y a à
l'heure actuelle à peu près l'équivalent de sièges
sociaux ou d'employés de sièges sociaux qui reflètent
l'importance de l'activité économique du Québec de celui
de l'ensemble du Canada.
Mais ce qu'il est peut-être important de contrôler à
l'avenir et c'est ça qui fait l'objet de ma question
puisque le titre du ministère a une juridiction financière sur
les institutions financières, les compagnies et les coopératives,
en ce qui concerne les compagnies, est-ce que vous êtes
équipés pour vérifier, et si besoin est, faire pression
je ne sais pas s'il faut songer à une loi ou une
réglementation qui vous donnerait le droit légal de le faire, il
est peut-être suffisant des fois de se parler, de se comprendre. Il y a
des tas de compagnies qui opèrent au Québec sans, à toutes
fins pratiques, avoir autre chose qu'un comptoir de vente, un bureau
régional ou un bureau de division qui emploie très souvent fort
peu de personnes.
Des compagnies qui réalisent des chiffres d'affaires
considérables au Québec, des fois des dizaines de millions, en
maintenant sur place juste un minimum d'équipe de vente mais sans
et là je n'entre pas dans les détails faire de
transformations au Québec, cela arrive dans bien des cas, sans faire de
recherches au Québec, mais sans même avoir de personnel de
secrétariat équivalent ou un petit peu équivalent en tout
cas à l'ampleur des activités économiques qu'elles
conduisent au Québec. Il y a bien des cas semblables où on peut
acheter directement en passant par le bureau d'Ottawa, le bureau de Toronto ou
ainsi de suite.
Est-ce que vous seriez en mesure et c'est peut-être cela
qui serait bien davantage important pour l'avenir économique du
Québec que de faire des drames sur des prétendus
déménagements de sièges sociaux de vérifier
si les compagnies qui font affaires ici et qui exploitent le marché des
consommateurs québécois, qui profitent du marché de
consommation qu'offre le Québec ont un minimum de personnel engagent...
et là je n'entre pas, à part de ça, malgré que la
tentation soit là, dans la question de la langue de travail et tout
cela, mais strictement au niveau, on ne peut peut-être pas appeler cela
des sièges sociaux, appelons ça des sièges
régionaux. A un moment donné, il faudrait que vous soyez en
mesure de vous asseoir et dire: Ecoutez, vous faites tant d'affaires au
Québec, vous ne pensez pas qu'il serait temps que vous ouvriez un bureau
au Québec, correspondant un peu au volume d'affaires que vous faites
ici, ainsi de suite? On s'apercevrait à ce moment-là que,
où que soit le siège social, qu'il soit à Montréal
ou à Toronto, il y aurait finalement autant de gens qui travailleraient
à l'emploi de ces entreprises que la proportion équivalente des
affaires. Finalement, c'est ce qu'on veut protéger, on veut que les
affaires qui sont réalisées au Québec soient conduites
dans le plus grand bénéfice possible des Québécois,
c'est-à-dire que ça emploie des Québécois d'une
part et ainsi de suite. C'est l'objet de ma question. Qu'est-ce que vous
êtes en mesure, dans le cadre actuel de la législation, de faire
et qu'est-ce que vous faites à cet égard?
M. TETLEY: Nous ne sommes pas en mesure de constater le nombre de
sièges sociaux ici ou le nombre de bureaux régionaux, etc., au
Québec. Aucune province ou même les Etats-Unis n'ont ces
renseignements. J'espère...
M. JORON: ... centrale les entreprises...
M. TETLEY: ... un bon jour avec le fichier central... et il faut noter
que le bureau des statistiques n'est pas au ministère; il est au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Peut-être qu'il y aura un
changement.
Mais le voici; il arrive toujours au bon moment.
M. BOURASSA: Quelle est la question?
M. ROY (Beauce): Six heures moins deux, toujours au moment
psychologique.
M. TETLEY: Mais, un bon jour, avec notre fichier central et le Bureau de
la statistique, nous espérons avoir toutes les données au sujet
des sièges sociaux, mais c'est très difficile. J'ai cité
votre manifeste sans le citer. J'ai parlé de l'étatisation; je
n'ai pas le manifeste ici, mais j'ai une citation de:"Quand nous serons
vraiment chez nous," page 90. Le manifeste est clair et je cite: "Une des
premières étapes sera de nationaliser les stations privées
qui jouissent d'un monopole régional et de les incorporer à la
chaîne nationale".
Mais, si vous avez peur d'un monopole, il y a un autre moyen que de
créer un monopole d'Etat, c'est de les forcer à vendre comme le
fédéral a forcé plusieurs postes de
télévision et de radio à vendre les actions qui sont la
propriété des étrangers aux Canadiens. Au lieu de dire:
Bon, vous avez un monopole, il faut que vous vendiez vos actions, votre
solution dit: Vous avez un monopole privé, nous allons
étatiser.
M. JORON: Non, c'est de façon à assurer que, dans chaque
localité du Québec, la radio publique ait un poste partout, que
tous les citoyens puissent bénéficier du réseau d'Etat. Il
y a des avantages, c'est pour ça qu'on en a fait un, au Canada, c'est
pour ça qu'il y a Radio-Canada. C'est parce que ça donne
l'avantage...
M. BOURASSA: Et pourquoi voulez-vous étatiser les postes
privés?
M. JORON: Voulez-vous me laisser terminer? C'est faux, vous le savez
à part ça.
M. BOURASSA: Mais c'est à la page 44 du manifeste du Parti
québécois; vous recommandez l'étatisation des postes
privés.
M. JORON: On parle de ..."qui jouissent d'un monopole régional,
de façon à assurer une couverture par le réseau public
à l'ensemble du territoire". Il y a bien des avantages au réseau
public, ne serait-ce que celui de fournir une programmation, des fois, que les
stations privées ne peuvent pas fournir, parce qu'évidemment
elles ont des critères de rentabilité à rencontrer qui ne
sont pas ceux du réseau privé.
La garantie de la séparation de ce réseau public est
donnée. Il n'y a peut-être pas, à l'heure actuelle, des
mécanismes suffisants qui garantissent l'autonomie de Radio-Canada par
rapport au gouvernement fédéral. Nous, on s'est soucié,
par exemple, de cette garantie-là, de façon qu'il y ait un
divorce réel entre ce réseau public de
radio-télévision et puis le gouvernement par la présence
au conseil d'administration non seulement de représentants des
employés, puis des syndicats concernés, mais de
représentants élus directement par la population, en plus de ce
que je mentionnais tout à l'heure, soit l'existence d'un tribunal
d'information qui garantisse aux citoyens cette impartialité.
M. TETLEY: M. le Président, je trouve que c'est drôle parce
qu'il y a un monopole privé, donc un mariage et après cela un
divorce. C'est le système du Parti québécois.
M. BOURASSA: Ce n'est pas réaliste. Ils ne sont pas
réalistes dans leur manifeste. Je ne comprends pas que le
député de la Beauce, le représentant de la Banque du
Canada, ne s'oppose pas à cela.
M. ROY (Beauce): M. le Président, contrairement aux habitudes du
premier ministre j'écoute religieusement et, lorsque mon tour de parler
vient, je fais mes observations et mes précisions moi-même. Je
voudrais rassurer le premier ministre, le député de Gouin ne m'a
pas convaincu cet après-midi.
M. RUSSELL: M. le Président, il est six heures. Est-ce que je
pourrais demander la suspension des débats et peut-être faire une
suggestion au ministre et aux autres membres de la commission? Est-ce que l'on
pourrait, ce soir...
M. JORON: Avoir un poste de télévision pour regarder le
hockey?
M. RUSSELL: Oui, ce serait une des propositions qui serait acceptable de
ma part mais, en attendant qu'on accepte celle-là, on pourrait
peut-être continuer...
M. BOURASSA: Vous pourrez de temps à autre venir regarder la
partie...
M. RUSSELL: D'accord, j'enverrai ceux qui feront le plus de bruit de
l'autre côté.
M. BOURASSA: ... si vous trouvez cela plus sérieux que...
M. RUSSELL: On pourrait peut-être continuer la discussion de
façon générale avant de prendre les articles un par un. Je
n'ai pas vu, dans le dossier qu'on nous a remis, l'organigramme du
ministère, peut-être qu'on pourrait avoir...
M. TETLEY: Oui.
M. RUSSELL: ... à huit heures, à la reprise du
débat, l'organigramme du ministère.
M. TETLEY: Oui. De huit heures à dix heures.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Si nous avons l'assentiment des
membres de la commission, nous pourrions suspendre nos travaux jusqu'à
huit heures et terminer à dix heures ce qui permettrait...
M. RUSSELL: De regarder la troisième période.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Peut-être. UNE VOIX:
Adopté.
M. RUSSELL: A ce moment-là, on va retirer la proposition du fait
qu'on n'aura pas de télévision ici.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): La commission suspend ses travaux
jusqu'à huit heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 10
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission, pour étudier les crédits du
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, continue ses travaux. Je donne la parole à
l'honorable député de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, lorsque nous avons suspendu les
débats, je voulais simplement demander au ministre ce qu'il voulait dire
par: renforcer son ministère, ou avoir un ministère plus fort
qu'il ne l'était. Ensuite, j'aimerais qu'il nous dépose, s'il l'a
en main, le rapport d'une enquête sur le déménagement
le fameux énoncé du transport des documents par
Brinks, à l'occasion des élections de 1970. Il a dit, tout
à l'heure, qu'il avait fait enquête là-dessus. Est-ce qu'il
pourrait nous donner un rapport de l'enquête, ou nous déposer les
documents, afin que tout le monde puisse en prendre connaissance, à la
satisfaction de tous les membres de la commission et des journalistes, parce
que le tout sera certainement discuté et enregistré ici?
Je voudrais aussi m'étendre sur trois ou quatre points, s'il veut
les noter, pour éviter de revenir à des questions. Il a fait une
déclaration, l'an dernier, je crois, dans le domaine économique.
Il disait, à ce moment, que peu importe le chômage, l'inflation,
l'exode des sièges sociaux, le degré de satisfaction devait
être plus élevé ici que dans la plupart des autres
provinces, peu importe la pollution, le désarroi des
municipalités, la stagnation dans le domaine de l'éducation. Il
affirmait que, d'après lui, pour contenir l'inflation, il fallait couper
sensiblement les crédits. Ce sont les déclarations du ministre.
Je les lui lirai si...
M. TETLEY: En quelle année?
M. RUSSELL: Ce sont des déclarations qui ont été
publiées dans le Nouvelliste du 13 février 1973: "Québec
est dans une meilleure situation économique que beaucoup d'autres
provinces."
M. TETLEY: C'est vrai.
M. RUSSELL: A ce moment-là, je voudrais savoir de quelle
façon il a l'intention de s'y prendre pour couper les crédits. Il
nous réfèrait aux pouvoirs qui lui étaient
délégués par le bill 45. Je voudrais savoir de quelle
façon il peut utiliser le bill 45 pour couper les crédits, afin
de restreindre les dépenses du consommateur, pour éviter
l'inflation ou favoriser l'économie de la province.
M. TETLEY: Je vois trois questions, M. le Président. Tout
d'abord, comment faire un ministère plus fort? Je crois que c'est
grâce aux cadres ainsi qu'aux fonctionnaires, tout d'abord, et aux
changements que nous avons faits: un nouveau sous-ministre et de nouveaux
sous-ministres associés. Je crois que c'est grâce aussi à
la législation, aux nouvelles structures dans tous les services du
ministère. C'est clair que le ministère est plus fort. Nous avons
un système de réunions des cadres, tous les mercredis. Je
rencontre les chefs de service. Le sous-ministre les rencontre. Nous avons des
échanges d'idées. Je crois que c'est par le travail continuel que
nous allons modifier et améliorer les services du ministère, en
faisant des comparaisons avec les autres ministères des autres
gouvernements et même par des visites. Je peux vous dire qu'il y aura,
j'espère, une conférence interprovinciale au sujet des compagnies
pour discuter de certains problèmes des compagnies et des
problèmes de la protection du consommateur, où nous allons faire
ces comparaisons.
Au sujet de la Brinks, j'ai vérifié, autant que possible;
personnellement, je n'ai pas de document. C'est un événement.
J'ai rencontré, au lunch, le président du Trust Royal. Quant
à savoir si le Parti libéral était impliqué, ou a
téléphoné, apparemment, c'est par un simple hasard qu'un
journaliste, qui a son bureau en face du Trust Royal, a vu les camions de
Brinks, ce samedi matin.
C'est tout ce que je sais. Je n'ai pas d'autres preuves au contraire.
Comme je l'ai toujours dit, c'est une affaire regrettable. Je n'ai pas compris
exactement les remarques au sujet des crédits. Mais ce que le
gouvernement a fait et j'ai déjà écrit un article
dans le Monitor de Notre-Dame-de-Grâce à ce sujet c'est que
nous avons créé au gouvernement du Québec un
système de PPBS qui a contrôlé les dépenses des
ministères, qui a de plus planifié les dépenses et a
même créé des priorités. Je sais qu'au
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives cela a été un système de valeur parce
que le système force les administrateurs à adopter ou à
renoncer à certains programmes, à prouver leur efficacité
ou à renoncer à ces programmes. Je crois que le système,
surtout à cause de ses priorités, a un grand effet au
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives et aux autres ministères également. Je l'ai
souligné au conseil des ministres.
M. JORON: M. le Président, au sujet de crédit, je ne sais
pas exactement la citation à laquelle se réfèrait le
député de Shefford mais j'ai l'impression qu'il ne s'agissait pas
des crédits des ministères mais de la possibilité par le
bill 45 de restreindre le crédit au Québec en exigeant par
exemple, de plus grands versements initiaux, etc. pour diminuer le
crédit de façon à ne pas alimenter l'inflation.
M. TETLEY: Pardon! Je vous demande
pardon! Le bill 45 contient deux grands principes au sujet du
crédit: II faut énoncer dans tout contrat de crédit le
coût annuel en dollar et il faut énoncer aussi le coût
annuel en pourcentage. Cela est le premier grand principe. Le deuxième
est que certains droits aux emprunteurs n'existaient pas avant. Il y avait
certains délais. Il y avait un contrat écrit. D y avait une copie
du contrat, écrit dans la langue de l'emprunteur. Par ces deux moyens on
voulait non pas contrôler la quantité de crédit ni le taux
mais au moins donner à l'emprunteur autant de droits que la compagnie de
finance ou la banque, etc. Je crois que le bill 45, en conséquence, a
coupé certains emprunts parce que les gens, pour la première
fois, ont vu que le véritable taux d'intérêt était
de 37 p.c. ou 23 p.c. C'est par ce moyen que je crois qu'il faut
contrôler le crédit. Nous avons suivi le rapport Parizeau. Le
rapport Parizeau a conclu qu'il ne fallait pas fixer le taux
d'intérêt. Et le rapport Crowther de Lord Crowther d'Angleterre
est arrivé aux mêmes conclusions que les nôtres. D'autre
part, il est possible que le gouvernement du Québec, un bon jour, doive
fixer ou contrôler le taux de crédit si c'est constitutionnel
quoique le meilleur moyen pour l'instant est de donner certains droits à
l'emprunteur.
M. RUSSELL: Je pense bien que le ministre, qui tente de répondre
à ma question, ne l'a peut-être pas totalement comprise. Lorsqu'il
a fait une déclaration en ce qui concerne le contrôle,
l'amélioration de la situation économique du Québec, il a
chevauché pas mal en...
M. TETLEY: Pourriez-vous citer le document ou lire la citation? Et nous
allons juger.
M. RUSSELL: C'est un photostat que j'ai.
M. TETLEY: Peut-être que j'avais tort; c'est possible.
M. RUSSELL: Je pense bien que le ministre a voulu s'embarquer dans le
domaine économique et soit qu'il ait été mal compris...
C'est une conférence qu'il a donnée à son bureau à
Montréal, à la Tour de la Bourse, Place Victoria, le 12
février 1973 probablement. Je ne peux pas lire mot à mot la
citation, elle est un peu effacée ici, je n'ai pas toute la
première partie. Je peux la lire difficilement. Mais, je pense qu'il
doit se rappeler les faits qu'il a cités à ce moment-là.
Je pense bien qu'il a voulu commenter le secteur économique en voulant
tâcher de faire comprendre aux journalistes ou aux gens qui voulaient
avoir un rapport qu'il y avait une façon d'améliorer la situation
économique et que c'était de restreindre le crédit, soit
qu'il ait lui-même cité le bill 45 ou qu'il ait été
cité par les journalistes en se référant au bill 45. La
question était celle-ci: De quelle façon prétend-il
utiliser le bill 45 pour restreindre le crédit? Comme il l'expliquait
lui-même, le bill 45 lui donne des droits pour contrôler les
compagnies de finance qui abusent du pauvre qui n'a pas les facilités ou
qui ne comprend pas le système des compagnies de finance. Et lorsque
celles-ci abusent, le bill 45 donne au ministre le pouvoir de rescinder
certains contrats et de mettre à l'ordre certaines compagnies qui ne
sont pas claires dans leurs exigences, mais le bill 45 ne donne aucunement le
droit de restreindre le crédit aux consommateurs. C'est la façon
dont cet article a paru dans le journal, laissant entendre que le
ministère ou le ministre par le bill 45 pouvait restreindre le
crédit aux consommateurs. Je pense que c'est une fausse impression et le
ministre devrait en profiter pour corriger cette impression qui a
été laissée dans le public.
M. TETLEY: Je ne veux pas corriger une citation que vous n'avez pas
citée. Citez-la et je corrigerai s'il y a lieu.
M. RUSSELL: M. le Président, je pense que je vais la faire
descendre, le photostat est ici. Je ne peux pas lire la première partie,
mais je vais la faire descendre et je vais la relire.
M. TETLEY: En tout cas je peux citer le rapport Parizeau si vous voulez,
à la page 264, conclusion 80, au sujet du crédit: La loi
et on parle d'une nouvelle loi ou une loi suggérée en 1968 et en
1969 ne devrait pas prévoir de limite maximum de taux
d'intérêt sur les prêts aux consommateurs et les
dispositions actuelles du code civil limitant le taux d'intérêt
applicable aux ventes à tempérament devraient être
supprimées." Peut-être que je peux répondre à
l'article au sujet du crédit en disant que nous avons suivi
jusqu'à maintenant cette conclusion du rapport Parizeau. Nous voulons
donner à l'emprunteur certains droits. Si nous ne pouvions pas
contrôler le crédit, peut-être faudrait-il un autre
moyen.
D'autre part, il y a un livre intitulé: Les Assoiffés du
Crédit, qui est très intéressant et qui est publié
par l'ACEF, apparemment avec l'argent des subventions du ministère des
Affaires sociales d'il y a deux ans, où on a conclu qu'il fallait
essayer de contrôler le crédit et de descendre progressivement le
taux de crédit à chaque année ou à chaque mois
jusqu'au taux des banques.
Mais le problème c'est qu'ils croient que les banques
prêtent à 11.7 p.c. ou 11.8 p.c. mais en effet les banques
prêtent de l'argent plutôt à 18 p.c. aux consommateurs.
Donc, elles ont pas mal les mêmes taux que les compagnies de prêt,
je ne parle pas des compagnies de finance. Les compagnies de finance financent
des objets, soit des automobiles ou des réfrigérateurs. Les
compagnies de prêts prêtent de l'argent ordinairement à un
prix moins élevé que les compagnies de finance.
Et les banques prêtent à un taux qui est ordinairement
à peu près à 18 p.c. Donc, vous pouvez lire le rapport
Parizeau ou les assoiffés
du crédit, ou le rapport Crowther d'Angleterre. Vous pouvez
arriver à vos propres conclusions. Pour l'instant, je suis content
d'accepter le principe qu'on ne doit pas essayer de fixer le taux du
crédit aux consommateurs.
M. RUSSELL: Si le ministre dit que les banques prêtent à 18
p.c, est-ce que ce sont les prêts personnels ou si ce sont les comptes
courants?
M. TETLEY: Au consommateur.
M. RUSSELL: Au consommateur?
M. TETLEY: Oui, pour votre Chargex, etc.
M. RUSSELL: Est-ce qu'elles ont le droit, suivant la loi
fédérale, de prêter à ces taux?
M. TETLEY: Apparemment, elles ont le droit.
M. RUSSELL: Mais le ministre n'a pas vérifié.
M. MARCHAND: Mais si on paie à terme on paie quand même 18
p.c. ou si...
M. TETLEY: On dit qu'on paie 11 p.c. ou 12 p.c, mais je crois que c'est
plutôt 18 p.c.
M. RUSSELL: C'est une déclaration de conséquence. Si
réellement le ministre a une certitude qu'une banque prête
à 18 p.c., c'est une chose qui devrait être
réexaminée certainement.
M. TETLEY: Mais Chargex prête apparemment à 18 p.c.
M. MARCHAND: Mais si on paie nos comptes à terme, est-ce que
Chargex exige de l'intérêt?
M. TETLEY: Je crois que non.
M. MARCHAND: Alors, il n'y a pas d'intérêt si on paie ce
qu'on doit payer.
M. RUSSELL: Si j'utilise Chargex, j'ai l'argent dans mon compte de
banque, ça coûte combien d'intérêt?
M. TETLEY: Franchement, je ne sais pas.
M. RUSSELL: Je pense qu'il serait faux de dire que ça coûte
18 p.c. avec Chargex.
M. TETLEY: Mais, après le délai donné, trente
jours, apparemment on paie 18 p.c.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'il y a une distinction très nette
à faire entre le taux qu'exige Chargex et le taux qu'exigent les
banques. C'est une administration complète- ment séparée.
Si vous utilisez la carte Chargex, vous pouvez payer à la banque
d'accord, mais la banque crédite à Chargex.
Encore, vous pouvez payer par chèque toutes les semaines, tous
les quinze jours ou encore à la fin de chaque mois ou par période
de deux mois, si vous voulez. Vous payez à Chargex directement, mais la
banque perçoit les comptes de Chargex. C'est une entité juridique
complètement différente.
M. TETLEY: Mais Chargex est la...
M. ROY (Beauce): C'est la propriété, d'accord, en
définitive... Mais c'est un corps juridique complètement
séparé, avec une administration complètement
séparée qui n'a rien à voir avec l'administration interne
d'une banque, à ce que je sache.
M. JORON: Vous ne retrouverez pas les comptes de Chargex dans les
comptes de la banque.
M. RUSSELL: Je pense qu'il est faux de dire que la banque réclame
18 p.c, parce que c'est Chargex. Si la corporation Chargex qui est la
propriété de la banque charge 18 p.c., il faut le dire. Mais la
banque elle-même ne charge pas 18 p.c, et je crois bien que par la loi
fédérale, elle n'a pas le droit de charger 18 p.c. Voilà
les faits. Et si ce ne sont pas les faits, je pense qu'on devrait s'adresser
à Ottawa, au moins à la Banque du Canada, pour savoir quels sont
les taux qu'une banque a le droit d'exiger.
M. ROY (Beauce): II y a le taux légal bancaire aussi. Il y a
toutes sortes de choses qui entrent en ligne de compte.
M. TETLEY: Je crois que le taux légal de 6 p.c. a
été enlevé avec l'amendement, mais je crois que les
banques peuvent charger n'importe quel intérêt aujourd'hui.
M. RUSSELL: Elles ont le taux légal, après ça, ce
qu'elles appellent le "handling charge" qu'elles peuvent charger en plus de
ça, qui augmente les taux, qui est incorporé dans le taux. Mais
ça dépasse rarement 12 p.c. et il faut que ce soit des affaires
assez compliquées. Les prêts personnels, c'est un des prêts
où le taux est à peu près le plus élevé que
je connaisse. Maintenant, je pense que le ministère, dont le ministre
est titulaire, devrait être au courant de tous ces taux pour pouvoir
donner l'information au public, pour savoir si le public se fait rouler, oui ou
non.
Est-ce que les caisses ont les mêmes droits, les mêmes
pouvoirs et est-ce qu'elles chargent le même taux? Ce sont des choses
qu'il nous intéresse de savoir et je sais que les caisses d'entraide
économique chargent 12 p.c.
M. TETLEY: C'est ça.
M. RUSSELL: Est-ce qu'elles sont régies par la Banque du Canada?
Je ne le crois pas; c'est le ministère qui a autorité sur ces
gens. Ce sont toutes des choses qui nous intéressent et je pense qu'on
devrait avoir l'information ici, ce soir.
M. TETLEY: Mais, si vous voulez l'information, je vais la trouver. Votre
question, si je comprends bien était: Voulez-vous que le gouvernement du
Québec contrôle le crédit?
M. RUSSELL: Non, ma question est: Le ministre a affirmé qu'il
fallait restreindre le crédit pour empêcher l'inflation.
M. TETLEY: M. le Président, c'est la troisième citation
sans donner la source. Je ne peux pas répondre à des citations
imprécises de la sorte. Peut-être que, plus tard ce soir, le
député pourra trouver la citation et nous allons en discuter.
M. RUSSELL: Elle est devant lui.
M. TETLEY: C'est la citation qu'il ne pouvait pas lire. Lisez-la, si
vous voulez, mais je ne vois pas une telle déclaration. Le
problème n'est pas si vous pouvez ou ne pouvez pas lire une citation; le
problème, c'est de poser une question et nous allons trouver la
réponse, soit aujourd'hui ou demain. La première question que
vous avez soulevée, c'est la question du contrôle du taux de
crédit. Pour ma part, je ne crois pas que le gouvernement doive essayer
de fixer le taux de crédit. Il y a, de plus, un problème
constitutionnel, parce que les intérêts sont peut-être du
ressort du fédéral, malgré le fait que le code civil a
fixé le taux de crédit dans certains cas. Personne ne l'a
contesté. J'ai certainement l'esprit ouvert si vous croyez qu'il faut
modifier ou essayer de fixer un taux de crédit. Je suggère que
vous lisiez les trois rapports que je vous ai mentionnés, parce que tous
les trois ont certains doutes graves.
M. RUSSELL: Sur la fixation des taux? M. TETLEY: Oui.
M. RUSSELL: Je suis bien d'accord, le taux ne devrait pas être
fixé directement au débiteur; il devrait être fixé
au prêteur, par une banque centrale. Je crois bien que c'est la seule
façon dont on peut contrôler les taux, mais on ne contrôle
pas les prêts. C'est la façon dont les prêts sont faits qui
est importante. Le bill 45 donne les pouvoirs au ministre pour qu'il puisse
examiner les contrats de finance qui se donnent.
M. TETLEY: Bien oui.
M. RUSSELL: Puis, ce qui est plus grave, dans bien des compagnies de
finance où l'on va acheter une auto, c'est que l'acheteur va payer le
tiers comptant ou 25 p.c. comptant et cela se pratique assez rarement. On donne
très peu de comptant et la balance est embarquée sur un contrat
de finance. C'est là qu'est le vice de forme qui fait en sorte que bien
des gens qui achètent par la finance n'ont pas les moyens d'acheter;
ça, le ministre peut le contrôler. Je pense que c'est là
qu'il devrait orienter ses recherches et tenter de contrôler pour faire
en sorte que les compagnies de finance prêtent lorsqu'il y a une garantie
suffisante et qu'elles n'aillent pas exploiter ou soutirer un certain capital
pour, après ça, aller chercher la marchandise qu'elles ont
financée, puis la retourner toujours au vendeur.
M. TETLEY: II y a certaines dispositions dans le bill 45 dans ce sens.
C'est une des modifications et un des droits que nous avons donnés
à l'emprunteur. En effet, nous avons copié presque mot à
mot le rapport Parizeau dans ce sens.
C'est drôle, dans une autre disposition du rapport Parizeau, qui
est intéressante on était contre l'obligation de payer un
versement initial que le député vient de soulever. Je cite
l'article 77 "La disposition du code civil prévoyant un versement
initial minimum de 15 p.c. dans toute vente à tempérament devrait
être abolie." Je ne lirai pas l'argumentation dans le rapport, parce
qu'encore une fois il y a un pour et un contre, mais le rapport Parizeau
prévoyait plutôt un système d'éducation de
l'emprunteur ou du citoyen et le système où l'emprunteur avait
des droits dans le contrat.
M. MARCHAND : II prévoyait quel taux? M. TETLEY: II ne
prévoyait aucun taux.
M. MARCHAND: A ce moment-là ça ne veut rien dire.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que le ministre a
déjà envisagé la possibilité justement d'inciter
les coopératives de crédit à financer la vente à
tempérament? Je ne sais si le ministère a déjà
été intéressé à faire une certaine
publicité dans ce sens-là ou à inviter les caisses
populaires, caisses d'entraide, caisses d'établissement, à
s'orienter vers ce secteur, parce que ça contribuerait justement
à un abaissement des coûts du crédit. La majorité,
par exemple, des caisses d'entraide, peut prêter à un taux moyen,
à la vente à tempérament, peut-être de 12 p.c, mais
quand même meilleur marché que du 18 p.c, le minimum qu'on va
rencontrer dans les compagnies de finance.
Et de ce côté-là, M. le Président, on a fait
une expérience dans Frontenac à la caisse d'entraide. On a
essayé de faire de la vente à
tempérament et, croyez-le ou non, les gens
préféraient encore aller emprunter à du 18 p.c, parce
qu'apparemment ils n'avaient pas confiance dans l'institution qui prêtait
à 12 p.c. J'ignore exactement les facteurs. J'ignore même pourquoi
les caisses populaires ne se sont pas penchées vers ce mode de
financement-là qui est beaucoup plus rémunérateur pour les
institutions financières de n'importe quel genre d'autre
financement.
M. TETLEY: Vous permettez une réponse? Je me demande si c'est la
réponse. Un prêt en bas de $1,000 est peu efficace pour une
institution ou surtout une banque à 12 p.c. On m'a dit que les banques
perdent de l'argent dans un prêt inférieur à $1,000 et le
financement d'un réfrigérateur, etc. ou quelque chose de $200 ou
de $400, une motoneige ou une motocyclette, etc., même une automobile,
c'est une perte d'argent. C'est pourquoi les caisses d'entraide
économique aiment prêter $50,000 ou $100,000 à un centre
commercial parce qu'il n'y a pas de frais d'administration.
Ils prêtent à une seule personne $100,000 au lieu de $500
à 200 personnes. Les frais réclamés chaque semaine, un
petit paiement, etc, sont très élevés et c'est pourquoi je
suppose le taux d'intérêt pour le financement d'une motocyclette
ou un autre objet de $500, peut-être de 26 p.c. Et peut-être que
c'est la raison pour laquelle les caisses d'entraide économique n'aiment
pas la vente à tempérament, le financement.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Laurier.
M. MARCHAND: M. le Président, d'abord je vais m'excuser
d'être en retard à la commission. Croyant énormément
que devant la clôture que j'ai eu à traverser en m'en allant, en
revenant il y aurait une foule énorme pour revendiquer la
libération des chefs syndicaux, alors j'ai été
obligé de faire le tour de la ville de Québec pour m'en venir ici
puis après ça je suis sorti par la porte centrale où je me
suis aperçu qu'il n'y avait personne. Alors c'est pour ça que je
suis en retard, M. le Président.
Je me suis écarté, parce que je pensais qu'il y avait une
foule de gens qui, encore une fois, appuierait la libération des chefs
syndicaux. Je m'aperçois qu'il n'y en a pas beaucoup. Alors...
M. RUSSELL: Est-ce que le député de Laurier avait
l'intention de suivre la foule pour aller assister à la
libération des chefs syndicaux?
M. MARCHAND: Non, j'en faisais le tour.
M. JORON: Vous n'êtes pas en faveur de la libération?
M. MARCHAND: Pas tellement.
M. ROY (Beauce): Ce qui prouve que la voie la plus courte est toujours
la voie directe.
M. MARCHAND: Mais est-ce que vous êtes en faveur, M. le
député de Beauce?
M. ROY (Beauce): En faveur de quoi?
M. MARCHAND: De la libération des chefs syndicaux.
M. ROY (Beauce): Quand j'aurai des déclarations à faire
sur le sujet, j'en ferai.
M. MARCHAND: C'est à peu près comme au congrès.
Vous, vous glissez entre les chefs!
M. ROY (Beauce): Je pense que nous sommes complètement en dehors
du sujet.
M. MARCHAND: Je pense que vous avez encore appuyé n'importe quoi,
comme vous avez l'habitude de le faire.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre, messieurs!
M. ROY (Beauce): II ne s'agit pas d'appuyer ou de ne pas appuyer quoi
que ce soit. Je m'excuse, mais je veux quand même parler de
l'intervention intelligente du député de Laurier, qui vient de
nous faire perdre exactement deux minutes.
M. MARCHAND: C'est tout ce que j'avais à dire, mais vous
n'êtes pas capable de me répondre.
M. RUSSELL: J'ai écouté avec beaucoup d'attention la
réponse du ministre aux aurgu-mentations du député de
Frontenac. Je pense bien que lorsqu'il a dit que la Caisse d'entraide
économique avait offert de petits prêts à 12 p.c. et que
les gens préféraient encore aller rencontrer les compagnies de
finance et payer de 18 p.c. à 24 p.c, c'était là son
intervention. Maintenant, ma question est celle-ci: Est-ce que les caisses
d'entraide économique ont le pouvoir de faire ce genre de
prêts?
M. TETLEY: La réponse est: oui.
M. RUSSELL: Elles en ont le pouvoir?
M. TETLEY: Oui.
M. RUSSELL: A leurs membres?
M. TETLEY: Oui, évidemment, à leurs membres.
M. RUSSELL: D'ailleurs, il faut être membre pour emprunter.
M. TETLEY: Oui, c'est une coopérative.
M. RUSSELL: M. le Président, je veux simplement poser une
question au ministre. Combien y a-t-il de sièges sociaux qui ont
déménagé de Montréal à l'extérieur,
depuis un an?
M. TETLEY: Comme je l'ai dit avant l'ajournement, le bureau de la
statistique est sous la juridiction du ministre de l'Industrie et du Commerce.
Ces statistiques se trouvent à ce ministère. J'espère, un
bon jour, que j'aurai tous ces renseignements, quand même.
M. RUSSELL: Le ministre n'est pas au courant du
déménagement, du va-et-vient des sièges sociaux de grosses
compagnies de finance, de banques et autres qui déménagent de
Montréal à Toronto ou à d'autres endroits du Canada?
M. TETLEY: Parmi les institutions financières, je me demande s'il
y en a eu depuis un an ou deux. Nous avons créé ou
incorporé plus de 7,000 compagnies l'an dernier, et 7,000 depuis
plusieurs années, donc c'est très difficile de décider que
Québec a perdu plus qu'il n'a gagné. Le Canada et les autres
provinces espèrent avoir un bon jour, un fichier central et un
système de statistiques, afin d'être capables de vérifier
le nombre véritable de sièges sociaux qui arrivent et qui
quittent une province ou le pays.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse, mais pour faire suite, comme il s'agit
d'entreprises, quand on parle de sièges sociaux qui ont quitté le
Québec pour aller dans l'Ontario, on ne parle pas d'une petite
entreprise qui a un capital de $50,000 et qui a trois employés, on parle
de grosses entreprises.
M. TETLEY: C'est cela.
M. ROY (Beauce): Je m'étonne un peu du fait qu'au
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives on n'ait pas au moins quelques statistiques
là-dessus. A moins que ce soit comme le rapport sur le
fédéralisme, que ce ne soit pas rentable, et à ce
moment-là, comme ce n'est pas avantageux, on n'a pas de chiffres, pas de
détails.
M. TETLEY: Non. Vous voulez une réponse honnête, ou vous
voulez que je vous donne un chiffre? Il n'y a pas de province, comme je vous
l'ai dit, il n'y a pas de juridiction que je connaisse qui ait un chiffre clair
et net. C'est pourquoi le Québec a créé un fichier
central. C'est la première province à en avoir un. A la fin du
mois, j'espère que les gens d'Ottawa et des neuf autres provinces vont
nous visiter, vont voir notre fichier central.
C'est mon espoir de coopérer avec les autres provinces afin
d'avoir les mêmes données dans notre fichier que dans celui
qu'elles vont créer, je l'espère, afin d'avoir ces données
dans un avenir rapproché. C'est important pour une économie
d'avoir de telles données. Nous ne les avons pas. C'est plutôt le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui a le Bureau de la
statistique qui a le budget et les fonctionnaires lui permettant de compiler
ces statistiques.
M. RUSSELL: Si je veux savoir si la compagnie Texaco est une compagnie
québécoise, je peux m'adresser à votre ministère,
M. le ministre. Vous avez un dossier concernant cette compagnie pour savoir si
elle est québécoise. Est-ce que Texaco est une compagnie
québécoise?
M. TETLEY: Non, je pense que c'est une compagnie canadienne.
M. RUSSELL: Canadienne. Ce n'est pas une compagnie
québécoise, donc elle peut déménager ses bureaux
où elle veut et elle ne fait pas de rapport au Québec, même
si elle obtient des contrats plantureux sans soumission sur l'autoroute des
Laurentides.
M. TETLEY: Pas sans soumission. Je suis de votre avis. Je ne suis pas
content qu'une compagnie comme Texaco quitte le Québec.
M. RUSSELL: Moi non plus.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Laurier.
M. MARCHAND: M. le Président, je voudrais quand même faire
remarquer au député de Beauce, lorsqu'il dit qu'un capital de
$50,000 représente trois ou quatre employés, que je pense que
c'est complètement faux, parce qu'un capital de $50,000...
M. ROY (Beauce): M. le Président, je soulève une question
de privilège.
M. MARCHAND: D'accord!
M. ROY (Beauce): II y a quand même des limites. Le
député de Laurier ne comprend absolument rien. Ce n'est pas ce
que j'ai dit. J'ai dit qu'une entreprise qui avait $50,000 de capital avait
trois employés.
M. MARCHAND: C'est ce que vous avez dit, elle représentait trois
employés.
M. ROY (Beauce): J'ai dit: Je prends à titre d'exemple une
compagnie qui aurait en quelque sorte $50,000...
M. MARCHAND: Qui a trois employés.
M. ROY (Beauce): ... ou $100,000 de capital social et qui aurait trois
employés. Je n'ai pas
fixé le nombre d'employés avec les $50,000. C'est
complètement stupide. C'est ridicule au dernier degré. M. le
Président, si le député de Laurier n'a pas autre chose
à faire que de nous faire perdre notre temps et nous tenir des propos
aussi stupides et aussi ridicules que ceux qu'il vient de nous tenir... Je
pense quand même que nous discutions de façon très
sérieuse et là il est en train de fausser complètement
l'idée que j'avais émise tout à l'heure et de fausser
complètement la question que j'avais posée à l'honorable
ministre. Sur ce point, je regrette, je ne marche pas et je n'accepterai pas
ça.
M. MARCHAND : J'aimerais faire remarquer au député de
Beauce que tout ce qu'il va dire ne m'influence pas mais que lorsqu'il avoue
que $50,000 d'investissement représentent trois employés....
M. ROY (Beauce): Je n'ai jamais dit ça, M. le
Président.
M. MARCHAND: Vous venez de le dire. Vous n'êtes pas conscient de
vos paroles. Lorsque vous dites que vous êtes sérieux, vous...
M. ROY (Beauce): M. le Président, je soulève une question
de privilège. Je n'ai jamais dit qu'une entreprise de $50,000...
M. MARCHAND: M. le Président, je regrette, j'avais la parole. Je
n'ai pas interrompu le député de Beauce quand il a
parlé.
M. ROY (Beauce): Mais je ne vous laisserai pas dire n'importe quoi parce
que vous interprétez des propos que j'ai tenus, et je ne vous laisserai
pas interpréter les propos que j'ai tenus parce que je suis quand
même conscient et responsable de mes paroles.
M. MARCHAND: Vous parlerez quand j'aurai fini.
M. ROY (Beauce): Je n'ai jamais dit, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre!
M. ROY (Beauce): ... et je regrette, mais je n'ai jamais dit et je ne
laisserai pas le député de Laurier charrier et m'amener sur ce
terrain.
M. MARCHAND: Vous parlerez quand j'aurai fini, monsieur. Vous ne
connaissez pas ça.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je ne le laisserai pas faire.
Non, je ne vous laisserai pas parler là-dessus.
M. MARCHAND : Je le sais que vous ne connaissez pas ça ! Vous ne
connaissez rien.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre messieurs!
M. MARCHAND: M. le Président, j'avais la parole, je
l'espère.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Je demanderais la collaboration
des membres de la commission.
M. MARCHAND: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Si vous voulez que les travaux
progressent, il ne faudrait pas élever le ton plus qu'il ne le faut.
M. MARCHAND: M. le Président, je ne relève que les paroles
d'un membre de la commission qui ne sont pas justes. C'est dommage, mais que
voulez-vous que je dise? J'ai la parole et je n'interromps à aucun
moment le député de Beauce lorsqu'il parle. Et chaque fois que je
parle, il est impoli et il m'interrompt.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre!
M. ROY (Beauce): Dites donc des choses sensées et je ne vous
interromprai pas.
M. MARCHAND: Si vraiment il est conscient de ce qu'il dit, qu'il attende
que j'aie fini et après ça il va dire exactement comme moi parce
qu'il va penser que cela a du bon sens. Je veux dire, M. le Président,
que le député de Beauce...
M. RUSSELL: Lui va le penser, mais ce n'est pas sûr que...
M. MARCHAND: Non, il ne peut pas le penser.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre, messieurs !
M. MARCHAND: De toute façon, M. le Président, je demande
la parole. Je dis que le député de Beauce a déclaré
qu'avec un investissement de $50,000 avec trois employés, ce qui est
impensable d'après mon livre, parce que lorsqu'on investit $50,000 on
fait un chiffre d'affaires d'au moins $200,000 à $300,000...
M. ROY (Beauce): M. le Président, je m'excuse, mais je ne peux
pas laisser le député de Laurier interpréter aussi
faussement mes paroles. Ce n'est même pas dans le sens que je l'ai dit.
La question que j'ai posée tout à l'heure, j'ai dit: Je vais
prendre à titre d'exemple...
M. MARCHAND: Ce n'est pas le sens. Moi, je vous ai dit le bon sens.
Question de bon sens.
M. ROY (Beauce): La question que j'ai
posée tout à l'heure, est celle-ci: J'ai dit: Je vais
prendre, à titre d'exemple...
M. MARCHAND: C'est une question de bon sens. Ce n'est pas une question
de sens.
M. ROY (Beauce): C'est une question de niveau d'entreprise dont je
parlais à ce moment-là, au niveau du ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
M. MARCHAND: Voulez-vous, s'il vous plaît, me laisser
terminer?
M. ROY (Beauce): Je m'excuse, mais je ne vous laisserai pas dire de
telles faussetés. Ce n'est pas cela que j'ai dit. Si vous m'avez mal
compris, tant pis pour vous! Ce n'est pas cela que j'ai dit, et ce n'est pas
dans ce sens.
M. MARCHAND: Le journal des Débats...
M. ROY (Beauce): Et je ne vous laisserai pas dire n'importe quoi pour
qu'après vous puissiez interpréter le journal des Débats
et charrier comme vous avez l'habitude de charrier! Je regrette, mais mon
collègue de Laurier...
M. MARCHAND: Le journal des Débats publiera ce que vous avez dit
et ce que j'ai dit. Et je n'ai pas peur de ce que j'ai dit. Je dis qu'un
investissement de $50,000 représente un chiffre d'affaires d'au moins
$200,000. Il représente au moins entre dix et quinze employés, ce
que vous ne pouvez pas concevoir, parce que vous ne connaissez pas cela.
M. ROY (Beauce): Je ne discute pas cela. M. MARCHAND: C'est ce que j'ai
dit.
M. ROY (Beauce): Je ne discute pas cela. Ce n'est pas ce que j'ai
dit.
M. MARCHAND: Vous ne pouvez pas le discuter. Vous ne connaissez pas
cela!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre, messieurs!
M. ROY (Beauce): Je soulève une question de privilège. Je
n'ai jamais dit qu'un investissement de $50,000 créait trois emplois. Je
demande au député de Laurier de s'ouvrir les oreilles!
Voulez-vous vous ouvrir les oreilles, s'il vous plaît?
M. MARCHAND: Le Ralliement créditiste, avec des experts
financiers comme vous, je le trouve malheureux! Vous ne savez même pas
additionner 50 plus 200!
M. ROY (Beauce): Laissez faire les experts. Je veux préciser, en
vertu de notre règlement, pour dire que tout à l'heure j'ai
donné un exemple. J'ai dit à l'honorable ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives que je ne
voulais pas préciser si le ministère tenait des statistiques au
niveau des petites entreprises qui auraient trois employés ou qui
auraient un capital de $50,000 comme tel, mais au niveau des grosses
entreprises qui ont de l'importance dans l'économie du Québec.
C'est tout simplement cela. Je n'ai jamais voulu, d'aucune façon, dire
et affirmer qu'une entreprise de $50,000 est une entreprise de trois
employés. Je n'ai jamais dit cela. Le député de Laurier a
mal compris. Je le laisse à ses propos.
M. MARCHAND: Je n'ai pas mal compris. J'ai répété
vos paroles. Vous n'êtes pas conscient! Malheureusement, vous êtes
un expert financier du Ralliement créditiste qui reste le Ralliement
créditiste...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre, messieurs!
M. ROY (Beauce): Si je n'avais pas de respect pour vous, je dirais que
vous êtes un imbécile! Mais, comme j'ai du respect pour vous, je
ne vous le dirai pas.
M. MARCHAND : Moi non plus, je ne vous l'ai pas dit, mais cela fait
longtemps que je le pense !
LE PRESIDENT (M. Croisetière): J'inviterais l'honorable
député à revenir à la pertinence du sujet.
L'honorable député de Shefford avait la parole.
M. RUSSELL: S'ils ont d'autres questions générales...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Si vous n'avez pas d'autres
questions générales, nous allons...
M. MARCHAND: M. le Président, je n'avais pas fini mon
intervention. Je ne permettrai pas au député de Beauce
d'intervenir lorsque je parle.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'ordre, messieurs!
M. MARCHAND: Pardon! Quand même il serait n'importe quoi, je ne
permettrai pas...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le règlement demande aux
honorables collègues de prendre les déclarations des autres
collègues et de les considérer comme...
M. MARCHAND: M. le Président, avec toute la
déférence que je vous dois, j'accepte.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): D'accord. L'honorable
député de Frontenac.
M. LATULIPPE: J'aurais deux ou trois courtes questions, M. le
Président. Tout à l'heure, dans son exposé, le
député de Gouin a semblé s'interroger sur le rapport
Bouchard. Quand croyez-vous que la dernière partie sera disponible?
M. TETLEY: Les membres du ministère travaillent, à l'heure
actuelle, à la question de la commission des valeurs mobilières,
aux modifications de la loi, modifications des structures. Je ne peux pas dire
quand nos recherchistes et nos experts auront terminé le travail
nécessaire pour nous donner le deuxième volume. C'est impossible
de fixer une date. Surtout parce que nous n'avons pas beaucoup de recherchistes
et qu'ils font d'autres travaux que nous avons jugés absolument
essentiels, à l'heure actuelle.
M. LATULIPPE: Je vais changer de sujet. En ce qui concerne
également les travaux que le ministère a entrepris au niveau de
la recherche pour les conditions de l'assurance-automobile, le rapport Gauvin,
est-ce que ces travaux sont avancés?
M. TETLEY: Oui. M. Gauvin m'a dit, la semaine dernière, qu'il va
présenter son rapport en octobre ou novembre. J'espère recevoir
le rapport en octobre.
M. LATULIPPE: Egalement, l'été prochain, il y aura un
autre programme qui sera à l'étude à votre
ministère, le truc des coopératives funéraires. J'ai eu
l'occasion, d'une façon indirecte, de travailler justement à une
demande de charte de coopérative funéraire. Le ministère
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives nous a
informés qu'il y avait un programme en voie de préparation et
qu'on travaillait au niveau de la régionalisation des effectifs dans ce
domaine. Est-ce qu'effectivement votre ministère a fait des recherches?
Est-ce que vous êtes en voie d'implanter quelque chose en collaboration
avec la Fédération des caisses populaires?
M. TETLEY: Le travail est toujours en cours, surtout parce que nous
travaillons avec les coopératives funéraires qui existent
déjà. Pour ma part, très récemment, il y a deux ou
trois semaines, je suis devenu membre d'une coopérative funéraire
dans Saint-Roch, du curé de Saint-Roch, et...
UNE VOIX: Ce n'est pas à...
M. TETLEY: Non, ici à Québec. J'espère mourir
à Québec, je suppose. En tout cas, je suis membre de cette
coopérative. Mais, le travail est encore en cours.
M. LATULIPPE: Est-ce un travail qui se fait conjointement avec la
Fédération des caisses populaires ou quelque chose du genre?
M. TETLEY: C'est fait avec la fédération ou les
coopératives funéraires.
M. LATULIPPE: Quand croyez-vous que le ministère va aboutir dans
ces recherches ou ces travaux d'implantation dans ce domaine? En somme, je veux
savoir si c'est un projet que le ministère entend réaliser de
façon définitive.
M. TETLEY: On m'a dit qu'il y aurait une autre réunion la semaine
prochaine. Cela ne veut pas dire que nous allons terminer nos travaux la
semaine prochaine. Mais j'espère que ce sera bientôt. Depuis ce
temps, nous avons quand même réglé plusieurs cas. Presque
chaque cas est un cas particulier. Je ne veux pas faire de promesse.
M. LATULIPPE: Est-ce que vos travaux se limitent presque exclusivement
à éviter la multiplication des coopératives
funéraires ou si cela va beaucoup plus loin que ça?
M. TETLEY: Cela va beaucoup plus loin. On ne veut pas les limiter. On
veut les renforcer. Nous voulons éviter...
M. LATULIPPE: Quand je parlais de les limiter, je voulais dire en
nombre, pour éviter une concurrence indue.
M. TETLEY: Non, non. Nous ne voulons pas les limiter, mais nous voulons
protéger les membres...
UNE VOIX: Les citoyens.
M. TETLEY: Exactement, les citoyens de Québec et certains
membres, parce qu'il y a certains systèmes qui sont presque pyramidaux.
Il y a d'autres systèmes qui sont valables et d'autres sont presque de
l'assurance funéraire. Chaque cas est un cas particulier.
M. LATULIPPE: En ce qui concerne le dossier de la Loi des caisses
d'entraide économique, est-ce qu'il faut s'attendre à des
développements très prochains?
M. TETLEY: Encore là, leurs avocats et leurs conseillers
juridiques rencontrent nos avocats et nos conseillers juridiques et je crois
que la prochaine réunion doit avoir lieu cette semaine. Il y avait une
réunion hier, je crois, et nous avons parlé à leurs
avocats. Ils ont engagé...
M. LATULIPPE: Jean Lesage?
M. TETLEY: ... un avocat très expérimenté,
très bien connu et très compétent.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous croyez que cela va être de nature
à activer les choses au mieux, parce qu'on a l'impression, dans les
milieux des caisses d'entraide, que ces démarches semblent tramer
en longueur.
M. TETLEY: II y a certains problèmes. Je peux dire, au sujet des
caisses d'entraide économique, que le ministère et les
fonctionnaires ont aidé énormément les caisses. Pour leur
part, les caisses d'entraide économique sont des institutions
très importantes.
J'ai vu sur place la Caisse d'entraide économique, dont le
siège social est à Alma, et aussi la caisse d'Alma, et le travail
que fait la caisse m'a impressionné. J'ai passé une
journée à Alma. J'ai vu comment la caisse a pris charge de
certaines industries dans le secteur industriel de la ville. C'est la caisse
qui l'a fait avec l'assistance et la coopération de la ville. J'ai
été très impressionné par les Caisses d'entraide
économique. Evidemment j'en ai visité d'autres, dont celle de
Rimouski, très récemment.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous pouvez risquer une date, dire vers quelle
date vous croyez être en mesure de déposer ce projet de loi?
M. TETLEY: Non, je ne peux pas.
M. LATULIPPE: Sur un autre sujet, j'ai lu vos articles, quelles sont les
recherches que vous faites dans le secteur forestier en collaboration avec le
ministère des Terres et Forêts? Cela vise à quoi
exactement?
M. TETLEY: Ce sont plutôt les coopératives.
M. LATULIPPE: Ce sont des projets de regroupement forestier?
M. TETLEY: II y a le regroupement et aussi la création d'une
certaine coopérative qui, comme vous le savez, a pris charge de
certaines industries. C'est un travail fait par le ministère, le
sous-ministre Jessop et ses fonctionnaires. Je crois que c'est très
efficace jusqu'à maintenant, parce que nous croyons que le mouvement
coopératif doit toucher non simplement les institutions
financières sur le plan financier mais aussi sur le plan industriel.
M. RUSSELL: Le genre d'enquête qui se fait dans les
coopératives forestières, si je comprends bien, est-ce en ce qui
concerne le pouvoir qu'elles possèdent et l'exploitation qu'elles
font?
M. TETLEY: C'est le regroupement pour leur donner de l'aide et
même des subventions, pour leur donner aussi des conseils et
étudier leurs projets.
M. RUSSELL: Quel est le genre des subventions et pour quelles fins?
M. TETLEY: Je vais faire distribuer une liste. C'est pour
vérification. Je vais vous donner la liste des subventions. C'est dans
le dossier. Vous allez voir les subventions.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, ce sont des subventions à la
Fédérée, qui a charge des inspections des
coopératives.
M. TETLEY: Des inspections mais aussi des conseils. Elles viennent
demander des conseils. Lorsque les inspections sont faites, on voit que nous
sommes souvent les conseillers. Par exemple, l'Association coopérative
forestière régionale de la Gaspésie, $2,500.
M. ROY (Beauce): Vous avez, je pense, la Fédération des
chantiers. Le chantier coopératif du Nord-Ouest reçoit aussi un
certain montant.
M. TETLEY: Oui.
M. ROY (Beauce): Au niveau des coopératives forestières,
disons que c'est un domaine qui est particulièrement intéressant,
on constate que les coopératives forestières ont connu leur
apogée au Québec, les bonnes années, vers les
années cinquante et cinquante-deux. Depuis, elles ont eu
énormément de difficultés à survivre, puisqu'elles
étaient des coopératives d'exploitation forestière.
Lorsque j'ai parlé de collaboration, avant l'ajournement pour le souper,
avec le ministère des Terres et Forêts, c'est un peu à
ça que je pensais, à titre d'exemple. Des coopératives
forestières qui ont existé et qui ont été
créées, seulement dans ma région, il y en a
déjà eu huit. Il en reste une, c'est-à-dire que des huit
qui existaient au début il n'en reste aucune. Il y en a une qui a
été créée récemment à Saint-Robert,
dans la région de Frontenac, aux limites de la Beauce et du comté
de Frontenac. Ces coopératives forestières ont toujours
été à la merci des compagnies papetiè-res, vu
l'impossibilité de négocier avec le gouvernement des droits de
coupe sur les terres de la Couronne pour pouvoir ensuite revendre le bois, que
ce soit à l'industrie du bois de sciage ou encore aux entreprises de
pâtes et papiers.
On a dû, à ce moment-là, parce que les compagnies
nous ont placés j'ai oeuvré dans ce domaine pendant un
certain nombre d'années dans des situations des plus difficiles...
Ils accordaient aux coopératives les terrains forestiers les plus
difficiles. Il y a même eu alors, des fiascos, des désastres, des
endroits où des bûcherons ont perdu non pas leur salaire, mais un
pourcentage de leur salaire, alors que, dans d'autres régions, cela fut
excessivement bénéfique, cela a été bon. Il y en a
encore aujourd'hui, dans le Nord-Ouest québécois. Il y en a dans
le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je pense que, dans les autres régions, vous
n'en avez pas beaucoup.
Si on veut développer le secteur des coopératives
forestières, il va falloir que les ministères impliqués,
le ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives... Je com-
prends qu'il peut faire seulement un travail au niveau de la
vérification et leur aider au niveau de l'administration et de la
comptabilité comme tel. Je pense que ça pourrait aller un peu
plus loin. Parce que c'est un excellent moyen de participation de la part de
travailleurs forestiers.
M. PILOTE: Ce serait aller où? Un peu plus loin, quand vous dites
aller...
M. ROY (Beauce): Qu'on leur permette d'avoir accès aux limites
forestières et qu'on favorise la création de nouvelles. A l'heure
actuelle, on est en train de demander une formule coopérative, par
exemple, dans le cas des programmes 40-60, programmes qui sont accordés
avec des subventions du gouvernement fédéral, pour organiser le
reboisement ou le développement des boisés dans certaines
régions qui ont été ouvertes à l'agriculture et qui
n'auraient pas dû l'être, à cause du contexte
économique qui a prévalu, au cours des années
antérieures. Mais on oblige en quelque sorte ces gens-là à
se former en compagnie. Des compagnies qui prennent le contrôle sur la
propriété privée des cultivateurs. C'est peut-être
un domaine qu'on pourrait discuter de façon beaucoup plus
précise, plus générale. Ce serait beaucoup plus important
pour le ministère de l'Industrie et du Commerce ou encore pour le
ministère des Terres et Forêts. Mais le ministère des
Affaires sociales est également impliqué là-dedans.
Il y a le ministère des Affaires sociales qui est
impliqué, le ministère de l'Industrie et du Commerce et le
ministère des Terres et Forêts, par voie de conséquence,
indirectement, par le ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives qui accorde des lettres patentes,
c'est-à-dire qui n'accorde pas des lettres patentés, mais qui
reconnaît l'existence de la compagnie ou encore qui permet l'existence
d'une coopérative. Au lieu de favoriser la formule coopérative,
on favorise la formule des compagnies. Tantôt, ce qui va arriver, c'est
que la compagnie aura le droit d'acheter, aura la priorité, le
privilège de racheter d'un actionnaire qui désire vendre. La part
d'un actionnaire n'est pas transférée à un autre
actionnaire éventuel. C'est la compagnie qui la rachète. De
façon que l'on va se retrouver bientôt avec un nombre de personnes
de plus en plus restreint à l'intérieur de ces compagnies et
entreprises. Et bientôt, on verra, dans un deuxième temps, les
grosses entreprises acheter ces entreprises, après qu'on aura
dépossédé les petits.
M. TETLEY: II y a même des entreprises étrangères,
parce que...
M. ROY (Beauce): Même des entreprises
étrangères.
M. TETLEY: Une coopérative n'est jamais
étrangère.
M. ROY (Beauce): Jamais une coopérative ne passe entre les mains
des entreprises étrangères. A l'heure actuelle, on est en train
de préparer, au niveau du reboisement de certaines régions, on
est en train de créer tous les mécanismes pour permettre encore
aux grosses compagnies qui nous ont toujours exploités à
continuer d'oeuvrer dans le même sens. On fait cela, à l'heure
actuelle, pour donner du travail aux petites gens. On fait cela pour
revaloriser des terrains qui n'ont à peu près plus aucune valeur
à l'heure actuelle et avec la bénédiction de certains
ministères du gouvernement provincial. Je vois un danger à moyen
et à long terme, là-dedans. On a réglé la formule
coopérative, d'accord. Mais avec la formule de compagnie qu'on a prise,
je m'interroge, à l'heure actuelle, sur les conséquences qui
pourraient en découler. Il serait peut-être bon d'en prendre note,
au niveau du ministère des Institutions financières et d'examiner
cela, de regarder, par exemple, et parce que vous avez certainement des copies
des lettres patentes de ces compagnies, d'examiner les dossiers. Ce qu'on a
accordé à ces gens, ce n'est pas ce qu'ils avaient
demandé. Ce sont des compagnies subventionnées par le
ministère des Terres et Forêts, en plus. Je pense que si on veut
faire la promotion de l'individu, de la personne, si on veut assurer
l'existence de la petite propriété privée, du petit
propriétaire terrien et permettre que la forêt soit pour lui un
complément en agriculture qui, dans certaines régions, est
très marginal... C'est là qu'on voit la vocation
économique que pourrait prendre le ministère des Institutions
financières.
M. PILOTE: Mais le député de la Beauce ne pense-t-il pas
qu'il demande une trop grande tutelle de la part du gouvernement par rapport
aux coopératives, et ainsi de suite, lorsqu'il demande au
ministère des Institutions financières de les aider du
côté administration, comptabilité, etc?
M. ROY (Beauce): Non, je n'ai pas demandé de les aider. J'ai dit
que le rôle du ministère des Institutions financières
devrait se limiter à cela. C'est justement le gouvernement qui impose,
à l'heure actuelle, qui oblige, pour donner les subventions, que ce soit
des compagnies qui soient formées.
J'aimerais que le ministère des Institutions financières
analyse la question et examine ce dossier pour voir s'il n'y aurait pas quelque
chose à faire là-dedans.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de l'Islet.
M. GIASSON: J'ai écouté religieusement le
député de Beauce. Je sais qu'il parlait d'une expérience
vécue dans les chantiers coopératifs. Cependant, je dois
m'inscrire en faux contre des affirmations globales que le député
de Beauce a faites tout à l'heure en affirmant que les
compagnies forestières ont toujours donné aux chantiers
coopératifs les plus mauvais contrats.
M. ROY (Beauce): J'ai dit que dans la plupart des cas, cela
s'était produit.
M. GIASSON: Vous relirez le journal des Débats, avant de
prétendre ce que vous avez dit. Je vous ai suivi religieusement. J'ai
travaillé personnellement dans des chantiers coopératifs. J'ai
connu les prix et les taux qui étaient alloués dans les chantiers
coopératifs où j'ai travaillé. Je connaissais
également les prix et les taux qui étaient consentis par les
mêmes compagnies à des entrepreneurs indépendants. Si je
m'inscris en faux, c'est parce que je sais pertinemment, avec une certitude
absolue, que dans mon expérience personnelle, nous avons obtenu dans des
chantiers coopératifs des taux supérieurs à des taux
consentis à certains entrepreneurs à l'intérieur de la
compagnie qui avait consenti des contrats de coupe pour chantiers
coopératifs et dans des conditions de boisés qui valaient
facilement les conditions consenties dans des contrats accordés à
des entrepreneurs. J'ai travaillé dans des chantiers coopératifs
qui détenaient des contrats de Price Brothers; j'ai travaillé
dans des chantiers qui détenaient des contrats de CIP et de Lake Saint
John. Entre autres, l'hiver où j'ai travaillé chez Lake Saint
John, les quatre chantiers coopératifs de la région du Saguenay,
à qui nous étions allés prêter main forte,
après avoir terminé nos opérations chez Price, division
des écorces, détenaient les meilleurs contrats jamais consentis
par la compagnie Lake Saint John au cours de cet hiver à des
entrepreneurs privés. Je n'accepte pas la déclaration formelle
que les chantiers coopératifs ont toujours eu les pires conditions chez
les compagnies privées. Ce n'est pas une bénédiction que
je donne aux compagnies privées, loin de là. J'ai bien des
reproches à leur faire mais, à ce niveau-là, je n'accepte
pas cette déclaration.
M. PILOTE: Pour compléter, le territoire boisé de la Lake
Saint John est un territoire plat par rapport au territoire du Lac-des-Ecorces
dans le parc des Laurentides, et j'appuie ce que vient de dire le
député de l'Islet.
M. GIASSON: D'ailleurs, le député de Beau-ce le sait
très bien.
M. ROY (Beauce): Sur le même point, M. le Président, dans
ce que j'ai dit tout à l'heure, j'ai premièrement pris bien soin
de ne pas ajouter le mot toujours.
M. GIASSON: Vous relirez le journal des Débats.
M. ROY (Beauce): On relira le journal des Débats.
Deuxièmement j'ai dit que, dans les chantiers coopératifs, il y
avait eu, dans des régions... Je parle de la région de
Québec-Sud, je n'ai pas l'intention de faire le procès des
compagnies. Mais le député de l'Islet sait très bien les
expériences qui ont été vécues dans certains
chantiers coopératifs. H le sait très bien.
M. GIASSON: Je connais mes limites, mais pas celles des autres.
M. ROY (Beauce): J'ai travaillé au niveau des
fédérations de chantiers coopératifs, c'est
peut-être pour ça que j'ai fait une revue un peu plus globale. De
toute façon, M. le Président, je ne retire rien de ce que j'ai
dit. C'est passé et j'ai dit qu'ils avaient connu leur apogée
vers les années 50/52. Le député de l'Islet est encore
très au courant sur ce plan. Ce sont des choses passées pour
lesquelles on ne peut rien, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse. Maintenant,
j'ai demandé, et c'est en faisant appel à votre bonne
attention...
M. TETLEY: Je prends bonne note de votre suggestion.
M. ROY (Beauce): ... qu'à l'avenir, en ce qui concerne les
coopératives forestières, on examine la situation de
près.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, j'ai vécu un peu les
mêmes expériences que le député de la Beauce; j'ai
connu ces coopératives qui étaient prospères, je les ai
vues disparaître graduellement. Je me suis posé souvent des
questions, parce que, dans plusieurs cas, j'ai vu des compagnies, comme le
disait le député de Beauce, qui ont pris la relève des
coopératives mais à peu près dans les mêmes
conditions. Ce qui était mauvais pour les coopératives peut
être mauvais pour les compagnies privées. Je me demande s'il n'y a
pas une raison majeure que vous pourriez déceler, lorsque vous faites
ces enquêtes, ces relevés de comptabilité, pour informer la
commission de la raison pour laquelle ces coopératives ne peuvent jamais
fonctionner sans subventions de la province, tandis que l'entreprise
privée, qui prend la relève, est obligée de payer des
impôts à la province. Ce qui fait un contraste assez difficile et,
à mon sens, il y a là une certaine injustice. L'entreprise
privée est obligée de se tirer du mieux qu'elle peut, sinon, elle
est vouée à la faillite. Quant à la coopérative,
lorsque son affaire ne marche pas, malgré les subventions qu'on lui a
données, on est encore obligé de combler le déficit par
des subventions. Je me demande si, à la lumière des faits que
vous relevez lorsque vous faites des enquêtes, avec vos inspecteurs, vous
ne possédez pas déjà les faits. Ils pourraient vous donner
les faits afin d'informer les responsables du contrôle de ces
coopératives.
Cela permettrait de faire en sorte que les prochaines
coopératives, ou même celles qui existent, on pourrait les
informer, comme vous disiez si bien tout à l'heure, pour les orienter
d'une façon qu'elles puissent elles-mêmes se tenir debout et
opérer avec succès dans l'avenir. Et si on en forme d'autres,
lorsque vous accepterez qu'il y ait une nouvelle coopérative, de
s'assurer qu'elles accepteront la même formule qui aura eu du
succès dans des coopératives à qui vous aurez donné
un guide pour travailler.
M. TETLEY: Je prends note de votre question. C'est très difficile
et je sais que souvent le mouvement coopératif est allé où
personne ne veut aller. Je vous donne un exemple. Les caisses populaires se
sont rendues au nord du Québec. Aucune banque ne voulait y aller. Ce
n'était payant ni pour les caisses ni pour les banques, mais les caisses
y sont allées. Ou, dans le cas des premières années des
caisses populaires, c'était le seul moyen de prêter de l'argent
à la population. Ces gens-là n'avaient aucune chance d'emprunter
de l'argent dans les banques ou ailleurs; et peut-être que c'est la
raison pour laquelle certaines coopératives ont des problèmes.
N'oubliez pas non plus qu'il y a beaucoup d'institutions financières
privées et publiques qui ont des problèmes. J'ai des scandales et
des faillites à Montréal, parmi les grosses institutions. Donc,
c'est difficile de juger. D'autre part, je prends note de vos observations.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne blâme pas les
coopératives, je m'inquiète. J'ai été
président d'une coopérative d'électricité. J'en ai
pris une qui était presque à la porte de la faillite et à
force . de travailler avec les membres de cette coopérative, on est venu
à bout de réussir. Mais aujourd'hui, tous les ministères
ont un mécanisme pour aider les coopératives et je me demande
s'il n'y a pas une façon de les orienter pour s'assurer qu'elles ont du
succès. Comme vous le disiez si bien, ces coopératives-là
souvent travaillent dans des régions où la situation est
difficile et compliquée, mais il ne faut pas oublier non plus que les
entreprises privées souvent dans les mêmes régions,
travaillent dans les mêmes conditions et qu'elles ne sont pas assujetties
aux subventions comme le sont les coopératives. Donc, s'il y a une
coopérative qui opère dans un coin, qui opère en sorte,
pour être au moins rentable ou si elle n'est pas rentable, on doit
s'assurer d'avance des raisons pour lesquelles elle n'est pas rentable et de la
justification de toutes ces subventions que l'on donne, avec raison, je crois
bien. Le gouvernement actuel et le gouvernement précédent l'ont
fait, mais je pense bien que c'est une chose dont on devrait s'assurer. Votre
ministère a tous les pouvoirs de le faire.
M. TETLEY: Parfait.
M. GIASSON: M. le Président, je pense que le député
de Shefford vient de toucher le noeud du problème des
coopératives. Lorsque les coopératives ont connu des
insuccès, c'était d'abord dû à l'incompétence
de l'équipe d'administrateurs qui les dirigeait. Lorsqu'une
coopérative était équipée de bons administrateurs,
s'il ne fallait pas prendre un contrat ou aller dans telle directive, on n'y
allait pas, on ne bougeait pas plutôt au lieu d'y aller à
l'aveuglette. Les coopératives qui sont bien administrées au
Québec, dans n'importe quel secteur d'activité connaissent du
succès. Celles qui n'ont pas l'équipe d'administrateurs requise
mais des personnes qui n'ont pas les qualités pour administrer une
entreprise ne connaissent pas de succès.
M. RUSSELL: Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas des administrateurs
incompétents, mais je pense que s'il y a des administrateurs
incompétents cela doit paraître à l'inspection des
livres.
M. MARCHAND: Oui, mais il est trop tard.
M. GIASSON: S'ils sont compétents ils prennent les bonnes
décisions administratives.
M. MARCHAND: II est trop tard, les déficits sont là.
M. GIASSON: Quand un chantier coopératif est allé signer
des contrats avec les compagnies forestières à des taux ou
à des prix qui n'étaient pas rentables, cela prouvait
l'incompétence de ceux qui prenaient la décision. C'est aussi
simple que cela.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Dois-je comprendre que dans les
généralités nous serions prêts à...
M. ROY (Beauce): Dans les généralités, j'aurais
d'autres choses.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Beauce.
M. ROY (Beauce): Le ministre a parlé tout à l'heure de la
question des contrats hypothécaires, des activités
immobilières. On a parlé des contrats hypothécaires aussi
dans la Loi de la protection du consommateur et concernant les garanties
hypothécaires de deuxième hypothèque. Est-ce que le
ministère a des études de faites, des décisions qu'il
entend prendre là-dedans? De quelle façon le ministère
entend-il examiner ce secteur de la deuxième hypothèque dont on a
parlé souvent durant l'étude de la Loi de la protection du
consommateur concernant les garanties offertes, concernant les taux
d'intérêt qui sont exigés?
On sait que, dans ce secteur particulier, les gens sont
énormément victimes de prêts à des taux
épouvantables, et assez souvent, à des clauses qui font en sorte
que, pour la personne, cela équivaut tout simplement à
céder sa propriété.
Est-ce qu'il y a quelque chose de préparé dans ce
domaine?
M. TETLEY: Pas pour l'instant. J'ai un fonctionnaire qui étudie
les questions du taux d'intérêt sur tous les plans. Est-ce qu'on
peut le contrôler sur le plan constitutionnel? Est-ce qu'on peut le
fixer? Est-ce qu'il faut le fixer? Dans quel secteur? Au consommateur ou par
hypothèque, comme vous le suggérez. Mais c'est un sujet
très difficile, surtout sur le plan constitutionnel, et aussi sur la
question à savoir si on doit essayer de le fixer.
J'espère présenter je ne sais pas quand les
résultats de mes conclusions. Peut-être faut-il fixer une limite,
un maximum. J'ai trouvé quelque chose dans le rapport Crowther, qui est
un rapport en deux volumes, fait en Angleterre, où ils ont
étudié tout simplement le crédit. C'est le rapport le plus
important au monde et je vais le lire en anglais: "A statutory limit on
interest is considered but rejected". Ils ont rejeté une limite, un
maximum. "But the provisions in the Money-Lenders Act that the rate of over 48
p.c. is prima facie excessive and the transaction is harsh and unconscionable
should be extend." Ils ont conclu que 40 p.c. était trop
élevé en Angleterre. Le maximum en Angleterre est de 48 p.c.,
mais je suis d'accord que 48 p.c. est pas mal élevé. Mais comment
le contrôler? Je ne suis pas certain. J'attends vos observations.
M. ROY (Beauce): II n'y a pas seulement le taux d'intérêt.
Il y a aussi les conditions du prêt, certaines clauses qu'on ajoute
à des actes hypothécaires qui font en sorte... Et je pense que
les conditions auxquelles le prêt est fait, dans des contrats
préparés à l'avance, qui contiennent
énormément de clauses et dont la complexité demande
énormément d'études et des experts pour s'y retrouver...
Alors, on profite du fait qu'une personne est dans une situation
déplorable, même si le taux d'intérêt parait
acceptable. Il reste que ce sont les conditions du prêt qu'on retrouve
dans les actes qui deviennent à ce moment une énormité et
la propriété de la personne devient, tout simplement, à
toutes fins pratiques, la propriété exclusive de celui qui a
prêté l'argent.
On a vu le cas, entre autres... Je me permets de signaler à
l'honorable ministre une entreprise qui a fait énormément de
ravages dans les milieux ruraux, surtout dans le secteur agricole, une certaine
institution financière qui achetait des comptes des coopératives
ou des meuneries. Cela s'est fait surtout au niveau des meuneries. A ce moment,
on pouvait, par exemple, obliger... J'ai vu et j'ai les dossiers de personnes
qui viennent me trouver pour me montrer leur dossier. Je vais vous citer un
exemple fictif.
Pour prêter $10,000 à une personne, pour acheter sa
créance, on lui a fait un prêt de $20,000 et on l'a forcé
à acheter pour $10,000 de titres, de billets provisoires de la compagnie
prêteuse.
M. TETLEY: C'est très possible que ce soit illégal en
vertu du bill 45.
M. ROY (Beauce): Cela a existé sur une haute échelle et
j'ai même vu un cas de cultivateur qui aurait eu une affaire de $20,000
de prêts. Pour finir par se libérer de cette entreprise, cela lui
a coûté quelque $65,000 dans l'espace d'une dizaine
d'années. Je vois le député de Shefford qui donne des
signes. Cette compagnie a fait affaires dans toute la province de Québec
et on serait surpris de constater le nombre de cultivateurs qui ont dû,
soit déclarer faillite, faire des ventes à l'encan, ou soit se
débarrasser...
M. TETLEY: Envoyez-moi ces exemples, les dossiers ou les noms. Et je
vais m'occuper des problèmes, parce que c'est très possible que
ce soit illégal.
M. ROY (Beauce): Mais les contrats ont été signés
antérieurement à l'adoption de la Loi de la protection du
consommateur.
M. TETLEY: Mais, depuis la loi, je crois que c'est très...
M. GIASSON: ... une compagnie qui avait son siège social dans la
région de Joliette.
M. ROY (Beauce): Entre Montréal et Joliette, Pas tellement
loin.
M. GIASSON: Bien, il y a le comté de l'Assomption qui est tout
près.
M. TETLEY: Je crois que, en vertu du bill 45, un tel contrat est
illégal; si c'est illégal, votre électeur a l'option soit
d'annuler le contrat ou de continuer le contrat et de ne payer aucun
intérêt. Mais j'aimerais voir les documents.
M. ROY (Beauce): Je suis très heureux de la réponse du
ministre et je veux l'assurer que, d'ici quelques jours, il va avoir un dossier
type, un dossier intéressant, et non seulement intéressant mais
aussi un peu révoltant.
M. TETLEY: Très bien. Je vais m'en occuper.
M. ROY (Beauce): Parfait. L'autre question que j'avais à poser
concerne aussi la protection du consommateur. Etant donné que c'est une
généralité, nous n'aurons pas besoin d'y revenir tout
à l'heure. Le ministre, à la page 5 de son rapport, parle du
regroupement des mutuelles de paroisse.
M. TETLEY: Des mutuelles...
M. ROY (Beauce): Des mutuelles de paroisse. Nous savons que, dans
plusieurs régions du Québec, il existe des mutuelles de paroisse
qui
assurent un service de protection surtout à la classe agricole,
à des taux très avantageux. Ce sont des entreprises qui ont
donné d'excellents services. J'aimerais savoir quelle est la politique
du ministère des Institutions financières concernant ces
mutuelles.
M. TETLEY: La politique est de rencontrer la fédération,
il y a une fédération, et plusieurs mutuelles
indépendantes, ce que nous avons fait. Nous avons écouté
et discuté le problème et je crois que nous l'avons
réglé. M. Prémont, qui est président de la
fédération, est venu me voir avec ses hauts fonctionnaires et
nous allons, comme vous le savez, présenter une nouvelle loi des
assurances et nous n'allons pas imposer la fusion de force. Aucune fusion par
la force, mais nous allons aider la fusion où elle est acceptable pour
toutes les parties et nous allons aider ces mutuelles à agir selon la
loi. Nous allons les aider, parce que ces mutuelles font un très bon
travail au Québec, elles sont valables. Elles existent où il n'y
a pas d'autre assurance.
Par exemple, mon beau-père est assuré par une de ces
mutuelles. Dans la loi, vous verrez qu'il n'y aura aucune fusion par la
force.
M. ROY (Beauce): Maintenant, dans la réglementation, je ne
voudrais pas anticiper sur la loi qui est actuellement à l'étude,
mais est-ce que, dans cette loi en préparation, vous avez l'intention de
les obliger à satisfaire aux mêmes critères que les grosses
compagnies d'assurance?
M. TETLEY: Mais non.
M. ROY (Beauce): Vous aurez une section particulière parce
qu'elles ne peuvent pas rencontrer les normes.
M. TETLEY: Evidemment, il ne peut pas y avoir les mêmes
comptables, les mêmes cautionnements, dépôts, etc.
M. ROY (Beauce): Mais est-ce que, pour elles, ce sera possible
d'envisager l'avenir avec confiance et avec possibilité de faire la
promotion et de développer ce secteur?
M. TETLEY: Oui, certainement.
M. ROY (Beauce): Alors, on peut avoir l'assurance du ministre
aujourd'hui que les mutuelles de paroisse qui existent sont là pour
continuer à donner d'excellents services et que la collaboration du
ministère leur est acquise?
M. TETLEY: Elles ont et auront notre collaboration parce que, comme je
l'ai déjà dit, nous croyons que ces mutuelles d'assurance-feu
sont importantes et font un travail que personne autre ne peut faire.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre est également au courant
qu'il existe au Québec une mutuelle d'assurance-vie de paroisse? Il n'y
en a qu'une.
M. TETLEY: Si vous dites que ça existe, j'accepte votre parole.
Laquelle?
M. ROY (Beauce): Je pense que c'est la paroisse de Saint-Zacharie dans
le* comté de Dorchester.
M. TETLEY: Ah bon! Est-ce très fort?
M. ROY (Beauce): C'est quelque chose qui allait très bien lorsque
j'en ai découvert l'existence...
M. TETLEY: Est-ce une société de secours mutuel?
M. ROY (Beauce): Je ne pourrais pas vous dire en vertu de quelle loi
elle a été fondée, mais je sais que cela s'appelle
communément la Mutuelle vie de la paroisse.
M. TETLEY: Mais c'est peut-être...
M. ROY (Beauce): A un moment donné, ils ont fait des prêts
temporaires ils ont des réserves à la commission
scolaire, aux conseils municipaux. Cela a évité des frais
à la commission scolaire et aux conseils municipaux. Ils font même
des dons à des oeuvres paroissiales et autres. J'ai trouvé la
formule tout simplement fantastique, lorsque j'ai appris l'existence de
cela.
M. TETLEY: ... le Parti québécois.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire que dans la région de la Beauce
parce que Saint-Zacharie va faire partie du nouveau comté de
Beauce-Sud les gens sont à l'avant-garde.
M. TETLEY: Mais ce n'est pas le seul.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas le seul? J'avais rencontré les
dirigeants et ils m'avaient dit qu'il n'y en avait pas d'autres au
Québec, avec la même formule. Il y a peut-être des formules
similaires.
M. TETLEY: Des sociétés de secours mutuel, il y en a
71.
M. ROY (Beauce): Je pense que ce n'est pas la même formule. Ils
sont les seuls à avoir cette formule.
M. TETLEY: C'est paroissial. Il faut que je m'informe auprès du
surintendant des assurances, qui est absent aujourd'hui.
M. GIASSON: Mais est-ce que le député de Beauce pourrait
nous dire quel genre de police cette société de secours mutuel
vend à ses
assurés? Est-ce que la société mutuelle en question
a une multitude de contrats, de types de plans d'assurance?
M. ROY (Beauce): Ils n'ont pas tellement de contrats, mais ils ont
permis à toutes les petites gens de pouvoir avoir une assurance à
un prix modique, à un prix aussi avantageux que...
M. GIASSON: Je suis bien d'accord, mais est-ce qu'on vend par exemple de
l'assurance temporaire sur la vie, dix paiements, quinze paiements ou vingt
paiements?
M. ROY (Beauce): Je pense qu'ils ont une seule police.
M. GIASSON: Vie entière, la dotation. UNE VOIX: Un peu comme
l'âge d'or.
M. ROY (Beauce): Non, c'est une assurance, ce n'est pas une vie
entière, ce n'est pas une police d'assurance qui a une valeur de
rachat.
M. GIASSON: C'est une assurance-vie temporaire?
M. ROY (Beauce): C'est ça, avec certains...
M. GIASSON: A ce compte-là, ils ne doivent pas faire de gros
prêts à taux réduit et pas tellement de...
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas parlé de taux réduit. J'ai
dit qu'ils avaient fait des prêts aux commissions scolaires et aux
municipalités...
M. GIASSON: A meilleur compte.
M. ROY (Beauce): ... et leur avait évité de passer par la
réglementation des voies d'emprunt, ce qui leur avait
épargné de l'argent. Je n'ai pas parlé des taux
réduits.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce que...
M. RUSSELL: M. le Président...
M. ROY (Beauce): C'est effrayant comme on voudrait me faire dire toutes
sortes de choses ce soir.
M. RUSSELL: ... le ministre a fait allusion tout à l'heure
à une économie certaine par la nouvelle façon
d'administrer le ministère avec le nouveau système de PPBS.
Est-ce qu'il pourrait nous exposer de quelle façon il prétend
qu'il y a une économie comparativement à l'ancien
système?
M. TETLEY: Pourquoi j'admire le PPBS?
C'est parce qu'autrefois il n'y avait pas de priorité
attachée à chaque dépense. Aujourd'hui, nous avons,
à la demande du conseil des ministres, divisé en effet chaque
ministère en plusieurs programmes, et vous allez voir nos programmes
ici, les éléments un après l'autre, avec des objectifs. Et
en effet on peut les diviser presque en deux, l'économie et aider la
société.
Notre ministère se divise dans ces deux parties. Quand on dit
aider ou protéger le consommateur, ça c'est la
société, et l'économie c'est d'aider le commerce
intègre. Et ça m'a forcé, ça a forcé les
sous-ministres et les chefs à se demander: Est-ce vraiment utile ce
qu'on fait? Prenez l'exemple du rapport annuel. Le rapport annuel exigeait des
réponses à des questions depuis 40 ou 50 ans. Par exemple, la
valeur immobilière de chaque compagnie. Chaque année il fallait
d'autres questions.
Finalement, parce que nous avons repensé les buts du
ministère, nous avons vu que nous n'avions pas besoin de cette
information.
Cela n'aidait ni la société ni l'économie. J'ai
employé moi-même et presque tous les jours j'emploie ces
priorités. Et c'est l'idée de "planning" et de "programming". Au
conseil des ministres je ne peux pas vous donner d'exemples parce que
c'était au conseil des ministres, je n'ai pas le droit nous avons
souvent posé des questions: quelle est la valeur d'une industrie qui
n'a, disons, que $5 millions de produits annuels, qui a des subventions de $2
millions? Finalement, nous avons coupé les subventions, même au
ministère.
Je crois que le PPBS, qui a été créé par
McNamara aux Etats-Unis, je crois, et qui a été copié en
Ontario, aide le gouvernement actuel, et va nous aider dans l'avenir. C'est
aussi un moyen. Nos gens visitent demain matin, je crois, le Conseil du
trésor pour présenter le plan quinquennal, pour discuter
véritablement les buts et la programmation, la planification du
ministère pour les années qui s'en viennent. Il faut admettre
qu'avant le PPBS nous ne l'avons pas fait; je l'ai fait, j'avais un plan
quinquennal la première année, que j'ai fait moi-même; mais
depuis le PPBS, tout le monde a été forcé de le faire et
avec les buts et les priorités imposés par le gouvernement.
M. RUSSELL: M. le Président, je conçois que le ministre
nous parle du PPBS sur le plan d'une planification à l'ensemble du
gouvernement, mais je ne vois pas de quelle façon ça va
créer une économie certaine à l'intérieur du
ministère uniquement, comparativement à l'ancien système.
C'est peut-être plus facile d'administration, ça exige
peut-être que le fonctionnaire qui demande des crédits ait une
explication plus claire ou je ne sais pas quelles sont les exigences à
l'intérieur mais, préalablement, selon l'ancien système,
il y avait des priorités qui étaient établies
distinctement en trois catégories et qui devaient être
prouvées par le fonctionnaire responsable qui demandait des
crédits, de la même façon que votre système
actuel.
M. TETLEY: Vous verrez que même cette année nous avons
coupé certains crédits.
M. RUSSELL: Oui, on va vous poser des questions.
M. TETLEY: Je vois Communications: $70,000 à $50,000; il y a une
baisse de $20,000. A la page 15-4, élément 3. C'est un exemple.
Parce qu'il fallait couper quelque part, nous avons cru qu'il fallait couper et
nous avons décidé qu'il y avait véritablement autant de
valeur qu'ailleurs. C'est un exemple dans le ministère; vous verrez que
nous avons, l'équipe en arrière de moi, fait ce travail et, je
crois, très efficacement.
M. RUSSELL: II n'y a aucun doute, je pense que ça ressemble un
peu à la même explication qu'on obtient de tous les autres
ministres avec lesquels j'ai eu l'avantage de discuter de crédits;
à la même question, ils répondent à peu près
la même chose. En ce qui concerne les priorités, cela existait
avant. C'est seulement une nouvelle présentation.
M. TETLEY: Oui.
M. RUSSELL: Je ne vois pas où ça peut réellement
apporter des économies à l'intérieur du ministère.
Autre chose, il y a des changements de politiques; on a transféré
des articles d'un service à un autre et on...
M. TETLEY: Oui, ça c'est un jeu.
M. RUSSELL: C'est une question d'effectif...
M. TETLEY: Oui, je l'admets.
M. RUSSELL: ... il n'y a pas d'économie là. De toute
façon, je tiens pour acquis que ça n'a pas changé
grand-chose, excepté une façon différente
d'administrer.
M. TETLEY: Je ne suis pas de votre avis mais je note votre
observation.
M. ROY (Beauce): Une autre question: on parle de l'ouverture possible de
cinq bureaux régionaux, est-ce que le ministre pourrait nous dire, sans
dévoiler quelque chose qui pourrait être encore confidentiel parce
que la décision ne serait pas définitive, s'il a des endroits
arrêtés pour...
M. TETLEY: Pas encore.
M. ROY (Beauce): ... les lieux de ces bureaux? Possiblement, ça
va être par région?
M. TETLEY: Oui, mais c'est difficile parce que nous avons dix
régions et je n'ai l'argent que pour cinq bureaux. Donc, je n'ai pas
fixé les endroits à l'heure actuelle.
Si vous avez des observations ou des suggestions, je serais très
reconnaissant, à part de Beauce.
M. ROY (Beauce): "A part de Beauce," ah bien, M. le ministre, vous avez
déçu mes espoirs.
M. TETLEY: Je veux des suggestions objectives.
M. ROY (Beauce): Rien d'important.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Alors, si je comprends bien, nous
serions prêts à passer au programme 1 : Protection du
consommateur.
Protection du consommateur
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Alors élément 1 :
Délivrance de permis.
M. RUSSELL: Je remarque qu'il y a diminution de $88,800 à
$82,300, le ministre pourrait peut-être nous expliquer quelle est la
raison qui justifie cette diminution. Est-ce qu'on a changé,
diminué le nombre de fonctionnaires?
M. TETLEY: Nous avons essayé par certains moyens d'émettre
plus de permis avec moins de fonctionnaires, moins de coût.
M. RUSSELL: Quel était le nombre de fonctionnaires en 72/73
comparativement au nombre actuel?
M. TETLEY: Dans les documents que je vous ai donnés...
M. ROY (Beauce): J'ai une feuille ici: "ventilation des
crédits".
M. TETLEY: Non, non. C'est en bas ici, 51 cette année, 47
l'année dernière. On a huit personnes cette année, et pour
l'an dernier, c'est très difficile à dire, parce que c'est le
seul élément au programme où on ne peut pas faire une
vraie comparaison, parce que c'était tout nouveau l'an dernier, mais il
y en avait neuf de prévus l'an dernier. Et on a éliminé
une personne.
M. RUSSELL: Vous avez enlevé une personne, mais ce n'est pas le
fait que vous ayez enlevé une personne qui a changé les
crédits.
M. TETLEY: Un peu, parce que ce n'était pas toute une
année l'an dernier.
M. RUSSELL: Je remarque que si je; prends traitements, salaires, et je
prends et 1 et 2, pour lire d'une façon horizontale, si vous regardez
sur l'autre page, vous avez quand même une augmentation de $245,000
à $415,000.
M. TETLEY: Oui, c'est parce que nous avons cinq nouveaux bureaux
régionaux. Mais
c'est le total. Vous verrez que nous n'avons qu'un total pour les
éléments des deux ensemble.
M. RUSSELL: Oui, c'est la raison peur laquelle je le prends
horizontalement.
M. TETLEY: Oui, merci. Et c'est parce que nous aurons cinq nouveaux
bureaux avec d'autres fonctionnaires.
M. RUSSELL: Dans quelles régions fonctionneront les bureaux?
M. TETLEY: C'est la même question. J'espère
évidemment mettre un bureau dans votre comté, mais ce n'est pas
une promesse.
M. RUSSELL: Combien de fonctionnaires par bureau?
M. TETLEY: II n'y en aura que deux peut-être.
M. RUSSELL: Deux fonctionnaires.
M. TETLEY: L'idée est soit de coopérer avec le
fédéral ou avec un autre ministère comme celui des
Communications et de mettre notre bureau dans le leur, avec leur
téléphone et avec certains de leurs fonctionnaires. Si notre chef
peut trouver soit un palais de justice ou un autre bureau, nous allons les
mettre ensemble.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre n'a pas peur qu'avec le nombre
d'appels qu'il reçoit tous les jours à ses bureaux cela va
paralyser le téléphone?
M. TETLEY: Peut-être que je pourrai charger le
téléphone aux Communications. Si on divise le coût et si le
ministère des Communications paie la moitié et moi, la
moitié, cela peut m'aider.
M. RUSSELL: Ce n'est pas du coût du téléphone que je
parle; c'est de l'utilisation totale par son fonctionnaire. Celui qui sera le
complice, c'est-à-dire celui qui fera l'utilisation du bureau d'une
façon partagée ne pourra pas utiliser le
téléphone.
M. TETLEY: J'ai toujours l'impression que d'autres ministères
peuvent nous aider. D'autres ministères ont payé, par exemple,
notre publicité. Le ministère des Communications a
été très coopératif.
M. RUSSELL: Qui est le directeur du service actuel?
M. TETLEY: Mlle Niquette Delage.
M. RUSSELL: Est-ce que ces gens sont engagés par concours?
M. TETLEY: II y avait quatre concours, avec à peu près 60
personnes pour chaque concours et c'est elle qui, finalement, a
réussi.
M. RUSSELL: L'effectif actuel de cette année, le ministre a dit
que c'était combien?
M. TETLEY: Pardon?
M. RUSSELL: L'effectif demandé cette année?
M. TETLEY: 51.
M. RUSSELL: Est-ce que ces postes sont tous comblés
actuellement?
M. TETLEY: Vous verrez, dans le document que j'ai donné, qu'il y
a 8 postes pour la protection du consommateur, section des permis, et 43
à la protection du consommateur, section des plaintes. Postes ouverts 7,
plus 22, c'est-à-dire 29. Postes occupés, PO, PV, postes vacants,
et PA, postes autorisés, comme je l'ai dit, 51.
M. RUSSELL: Dans les deux éléments, il y a 72 plus 170, si
je comprends bien, postes autorisés.
M. TETLEY: Non, 51 pour ces deux éléments et pour la
protection du consommateur. Ce n'est pas beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Si je comprends bien, le rapport
qui nous est présenté est en date du 31 mars 1973.
M. TETLEY: Oui, je croyais passer mes crédits avant Pâques.
Est-ce que nous avons un chiffre plus à jour? Sur les 22 postes ouverts,
n'oubliez pas qu'il y a certains postes pour les nouveaux bureaux que nous
n'avons pas créés.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre a les crédits pour combler les
nouveaux postes?
M. TETLEY: Oui.
M. RUSSELL: Totalement?
M. TETLEY: J'espère, après l'adoption par vous des
crédits.
M. RUSSELL: Par la Chambre, pas par moi.
M. TETLEY: Par notre commission et, après, par la Chambre.
M. RUSSELL: D'accord.
M. TETLEY: Confirmé par la Chambre.
M. RUSSELL: II y a une différence, à l'article
traitements, de $170,000. Est-ce qu'il
s'agit de nouveaux postes seulement ou d'augmentations de salaire?
M. TETLEY: Oui, évidemment, il y a une augmentation en vertu de
la convention collective, suivant la convention et le règlement.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce que d'autres membres ont
des questions à poser? Adopté.
M. RUSSELL: Les communications, il y a une diminution de $224,000
à $177,000.
M. TETLEY: Cela, c'est déplacement, transport et
publicité. Nous avons décidé de réduire ça,
surtout au niveau de la publicité. D'autre part, je note que les caisses
populaires et d'autres institutions ont fait de la publicité à
leurs frais pour la protection du consommateur. Les caisses, par exemple, ont
dépensé presque $50,000 pour un dépliant que nous avons
préparé. D'autres institutions ont fait ce même
travail.
M. RUSSELL: Est-ce que la publicité est faite par l'Office
d'information?
M. TETLEY: La publicité est faite par le ministère des
Communications.
M. RUSSELL: L'Office d'information? M. TETLEY: Je suppose que oui.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Elément 1,
adopté?
M. RUSSELL: Elément 1, oui. On les voit les deux ensemble.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): C'est entendu, c'est pour
ça que je vais demander tantôt si vous adoptez 1 ft 2 du programme
1. Alors, si vous voulez poser des questions.
M. RUSSELL: L'entretien consiste en quoi? Quels sont les sujets compris
dans l'entretien?
M. TETLEY: 0.6 et 0.4, c'est pas beaucoup. Entretien de machines de
bureau, c'est pas beaucoup. Même après l'adoption d'un
élément ou d'un programme, je n'ai aucune objection à la
fin que vous souleviez une autre question.
M. RUSSELL: Catégorie 11, autres dépenses; ce n'est pas un
gros montant, $1,000. Cela consiste en quoi, ça?
M. TETLEY: 0.4 et 0.6.
C'est une catégorie résiduelle. Vous savez, quand on doit
aller placer une dépense...
Terminez, mais la prochaine fois...
C'est pour une "miscellaneous", pour une mauvaise chance.
M. RUSSELL: L'an dernier, il y avait...
M. TETLEY: Cest tout simplement $1,000, c'est pas un gros cadeau.
M. RUSSELL: Oui, je comprends.
M. TETLEY: Repas et temps supplémentaire.
M. RUSSELL: Ce n'est pas pour des dépenses
électorales?
M. TETLEY: Non, ni pour le ministre.
M. RUSSELL: Le ministre a le droit de faire des dépenses
électorales par cette catégorie.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 1?
M. RUSSELL: Non.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Elément 1, adopté?
Elément 2, adopté? Alors, programme 1, adopté en son
entier.
UNE VOIX: Est-ce qu'on ne pourrait pas arrêter là pour
aller voir la joute de hockey?
Contrôle et surveillance des entreprises
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Programme 2. est-ce qu'on peut
ventiler? C'est contrôle et surveillance du développement des
entreprises.
M. TETLEY: Elément 1, c'est le fichier central. Elément 2,
c'est le service des compagnies. Elément 3, c'est les immeubles ou le
courtage immobilier. Elément 4, c'est associations
coopératives.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Alors, si nous prenons
l'élément 1, fichier central des entreprises.
M. RUSSELL: M. le Président, je remarque qu'il y a une petite
augmentation assez prononcée; on part de $185,300 et on monte à
$438,500.
M. TETLEY: Cela, c'est le fichier central. M. RUSSELL: Oui.
M. TETLEY: Parce que le fichier central était, comme vous le
savez, inexistant l'an dernier. C'était l'implantation; le fichier
central est entré en vigueur le 1er avril.
Le directeur m'avise qu'il y a 43 fichiers qui marchent. J'ai certain
doute parce que à chaque fois que je les visite pas à
chaque fois mais il y a certaines difficultés. Je crois qu'il
suit
exactement l'échéancier que nous avons fixé. Le
fichier marche assez bien. J'invite encore tout député à
le visiter n'importe quand. Vous verrez quelque chose d'intéressant au
ministère.
M. RUSSELL: Le fichier central. M. TETLEY: De neuf à cinq.
M. ROY (Beauce): Je remercie beaucoup le ministre de son invitation
d'autant plus qu'il y a inclus un document qui m'a intéressé. Je
l'ai parcouru d'une façon assez rapide. C'est l'état des
compagnies à fonds social étrangères, autorisées
à exercer leur commerce dans la province de Québec,
conformément aux dispositions de la Loi des compagnies à fonds
social étrangères, SRQ 1964, chapitre 282 durant l'exercice
financier 72/73. C'est le fichier central qui vous a permis de pouvoir nous
donner toutes ces informations.
M. TETLEY: Non. c'est le service des compagnies,...
M. ROY (Beauce): Ah, c'est le service des compagnies!
M. TETLEY: ...élément 2.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ce fichier central vous permet de
connaître la nature exacte de chacune des entreprises, de pouvoir
être en mesure de faire une certaine compilation?
M. TETLEY: Eventuellement, oui.
M. ROY (Beauce): Eventuellement. D'ailleurs, le fichier central est
bâti pour ça.
M. TETLEY: II est bâti pour des renseignements de ce genre, pour
éviter que Québec ou Joliette donne un certain nom à une
société, comme Roy Transport Ltée, lorsque ce nom existe
déjà dans le comté de Beauce,...
M. ROY (Beauce): Oui.
M. TETLEY: ...et d'autres exemples comme ceux-là. Quant au
fichier, nous n'avons pas fixé tous ses buts. Mais vous verrez certains
de ses buts dans le dépliant.
A l'heure actuelle, les buts sont l'identification des noms et des
entreprises mais nous voulons un bon jour identifier les buts, certaines
qualités dos entreprises, y compris une entreprise
étrangère et, deuxièmement, si son siège social est
ici et, troisièmement, si c'est une grande entreprise ou une entreprise
moyenne ou petite.
Mais pour l'instant, nous n'avons pas cette capacité.
Apparemment, le seul pays au monde, qui est capable, c'est la France qui a un
fichier central.
M. ROY (Beauce): Ah bon!
M. LATULIPPE: Est-ce que vous prévoyez être en mesure de
rendre des services pour informer les personnes qui seraient
intéressées... Peut-être que le fichier pourrait donner des
renseignements sur l'objet de l'entreprise. Est-ce que vous allez être en
mesure de fournir ces renseignements?
M. TETLEY: Oui, il y a un code d'activité. J'ai été
ministre au ministère du Revenu lorsqu'il y avait un système
d'ordinateurs. Cela a été mis en marche par le gouvernement
précédent. Mais j'ai eu l'honneur et le plaisir...
M. RUSSELL: Qui a commencé à être
installé.
M. TETLEY: ...de l'arrêter à un certain moment parce que
les gens ont finalement appris que l'on ne peut pas courrir avant de marcher
lentement. Il n'y avait pas de "back-up system". Il n'y avait rien. Donc, nous
avons gardé au ministère le système original lors de
l'installation du fichier central. Nous avons notre système ordinaire
pour tous les fichiers mais nous allons, un bon jour, remplacer tous ces
systèmes par le seul fichier central. Mais ce n'est pas pour
l'instant.
J'espère que nous aurons les données que vous cherchiez et
que je cherche.
M. ROY (Beauce): Je crois que tout le monde serait
intéressé à savoir parce que je pense que pour
élaborer des politiques économiques au Québec...
M. TETLEY: Exactement.
M. ROY (Beauce): ...il faut quand même savoir où on en est
un bon matin.
M. TETLEY: Exactement. M. ROY (Beauce): Parfait.
M. RUSSELL: Le nombre des fonctionnaires, comparativement à l'an
dernier, se trouverait à être augmenté
considérablement.
M. TETLEY: Oui. Vous verrez, 163 à 169... M. RUSSELL: 153
à 169.
M. TETLEY: Oui, oui. Mais pour élément 1, oui. Vous avez
les chiffres ici. Je crois que c'est sur un de vos papiers. Nous avons
augmenté les effectifs d'élément 1, programme 2,
c'est-à-dire le fichier central, de 27 personnes à 52 personnes.
Est-ce qu'ils ont ce document? Ah! Je regarde un document que je ne vous ai pas
donné.
M. RUSSELL: Ah bon!
M. TETLEY: Je vous demande pardon. Je
vais vous donner ces documents à la fin de la soirée.
M. ROY (Beauce): Une chance que vous ne nous avez pas demandé de
consulter le document que vous ne nous aviez pas donné!
M.TETLEY: Mais vous l'avez sur un autre document.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Sur la page 1, dans le bas de la
page du programme 2, élément... Page 1, programme 2,
élément 1.
UNE VOIX: Ah oui!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): C'est vingt-cinq postes
nouveaux.
M. TETLEY: Mais ils n'ont pas le comparatif. Je vous donnerai ce soir ou
demain la comparaison.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A la prochaine séance.
M. TETLEY: Oui.
M. RUSSELL: Donc, l'augmentation du crédit, c'est simplement
plutôt les fonctionnaires qu'autre chose.
M. TETLEY: Plutôt les fonctionnaires et aussi l'augmentation de
salaires.
Est-ce qu'on peut adopter l'élément 1 au moins, du
programme 2?
M. RUSSELL: Je n'ai pas d'objection à l'adopter. S'il y en a qui
ont des questions, on pourrait même revenir là-dessus.
M. ROY (Beauce): Non.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): On pourrait adopter
l'élément 1, fichier central des entreprises.
M. ROY (Beauce): L'élément 1.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Adopté?
M. ROY (Beauce): Oui pour l'élément 1. On recommencera
à l'élément 2.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A l'élément 2, ce
serait Création et modification de personnes morales.
Alors nous ajournons les travaux de la commission...
M. RUSSELL: Sine die.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): ... sine die.
(Fin de la séance à 22 h 2)