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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Projet de loi no 7 Loi sur les assurances
Séance du mardi 18 septembre 1973
(Dix heures quatre minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission parlementaire des institutions financières,
compagnies et coopératives, projet de loi no 7.
Je souhaite la plus cordiale bienvenue aux organismes
représentés ce matin et j'inviterais immédiatement le
ministre des Institutions financières, Compagnies et Coopératives
à dire quelques mots.
Préliminaires
M. TETLEY: M. le Président, je vous remercie. Tout d'abord, je
remercie les députés ici présents, cinq du parti
ministériel, deux de l'Union Nationale, de leur présence parce
que la loi en question, le projet de loi 7, Loi sur les assurances, est d'une
importance primordiale pour le Québec. C'est une refonte
complète, pas tout simplement de notre ancienne Loi des assurances, mais
d'autres lois. C'est une loi très difficile, très
compliquée et, pour cette raison, j'ai envoyé mes documents de
travail aux partis de l'Opposition, ainsi qu'au parti ministériel. Il y
a quatre documents de travail énormes que vous avez tous lus, j'en suis
certain. Je note que le député de Montmagny a tout lu deux fois
et je note aussi la présence du distingué député de
Saint-Maurice et de celui de Chicoutimi, ce qui veut dire trois de l'Union
Nationale présents; absence du Parti québécois et du Parti
créditis-te, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. DEMERS: C'est le vide.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils sont allés voir le pape pour savoir
si on pouvait être PQ et FLQ en même temps.
M. TETLEY: C'est une question de conscience, je suppose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. TETLEY: M. le Président, depuis 25 ans, le Québec
prépare la refonte de cette loi. Nous avons déposé le
projet de loi en première lecture. Nous avons convoqué la
commission parlementaire à la suite d'une demande unanime de
l'Assemblée nationale, des deux côtés de la Chambre, parce
que nous voulons écouter les parties impliquées, les compagnies
d'assurance, assurance-vie, des groupes de citoyens, etc. Il y a 17
mémoires et peut-être d'autres.
Il y a certaines questions d'investissement, des questions de protection
du client, de l'assuré, c'est-à-dire du consommateur. Je crois,
comme je viens de le dire, que le bill est d'une importance primordiale. Je
vous remercie de votre présence aujourd'hui.
M. le Président, je n'ai pas d'autre commentaire. J'aurai des
commentaires durant l'étude du projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pour faire suite aux
brefs commentaires, que vient de faire le ministre des Institutions
financières, j'aurais quelques remarques d'ordre général
à faire au nom de mon parti et une déclaration de principe
général sur le projet de loi dont nous commençons
l'étude en commission parlementaire, ce matin.
Cette déclaration de principe ne présume pas que notre
opinion définitive est faite quant à ce projet de loi.
Evidemment, il nous fera plaisir d'entendre, au cours des travaux de la
commission parlementaire, les principaux intéressés, notamment
les compagnies d'assurance qui viendront faire des représentations. Et
il y aura lieu certainement de tenir compte des remarques et des suggestions
qui seront faites pour améliorer le projet de loi.
Le projet de loi no 7 est une mise à jour de la Loi des
assurances, un véritable code moderne des assurances, comme on l'a
déjà nommé. C'est une mise à jour qui s'imposait
déjà depuis plusieurs années. Le ministre vient de dire
tantôt que c'est depuis 25 ans qu'on s'affaire à travailler sur
cette documentation, sur la préparation de ce projet de loi important.
Je le remercie de nous avoir fait parvenir cette série de documents,
très élaborés, évidemment, qui nous permettront,
tout au cours de la commission parlementaire et des travaux législatifs,
de participer plus complètement à l'élaboration de ce
projet de loi.
Le projet de loi no 7 abroge et remplace bon nombre de lois disparates
et parfois désuètes, dont, entre autres, la Loi de l'assurance
des maris et des parents, la Loi des compagnies diocésaines d'assurance
mutuelle, la Loi des agents de réclamation ainsi que la Loi des
assurances et la partie du code civil traitant des assurances, sauf ce qui
concerne l'assurance maritime. Il était temps que le vaste domaine de
l'assurance soit régi par une seule loi. Il ne reste plus maintenant que
l'assurance maritime et l'assurance automobile à être
révisées.
Elles font, semble-t-il, l'objet d'études distinctes et
probablement que d'autres projets de loi suivront, à plus ou moins
brève échéance.
Le projet de loi no 7 est animé d'un esprit fort louable, soit
une meilleure protection du public et également de plus grandes
possibilités de développement pour les entreprises
québécoises. Le projet de loi permet en effet une meilleure
protection des assurés par l'augmentation des dépôts requis
des assureurs, par les rapports qui doivent être fournis par les
assureurs aux bureaux des assurances, etc.
Le projet du ministre des Institutions financières élargit
aussi les pouvoirs de placement des assureurs. Cette mesure devrait avoir des
répercussions sur le développement du commerce des assurances au
Québec et aussi sur la croissance des entreprises.
Parmi les nouveaux placements permis aux assureurs, on peut compter des
certificats de placement garanti d'une compagnie de fiducie faisant des
affaires au Québec, des titres de créance émis par une
caisse d'épargne et de crédit, des obligations ou autres titres
de créance émis par une société de prêt.
Il faut cependant ajouter que, malgré cet élargissement de
leur pouvoir de placement, les compagnies à charte
québécoise se trouvent encore défavorisées
vis-à-vis des compagnies à charte canadienne. En effet, les
compagnies à charte fédérale ont des pouvoirs de placement
plus étendus. Le gouvernement du Québec se doit, il nous semble,
d'être au moins au même point que le gouvernement
fédéral à ce sujet plutôt que de se tenir en
arrière du gouvernement central. Ce n'est pas de cette façon que
le gouvernement provincial encouragera les compagnies d'assurance à se
constituer en vertu des lois du Québec. Cette situation, à moins
qu'elle ne soit corrigée, ne fera rien pour améliorer la
situation économique du Québec.
Les pouvoirs de placement des compagnies d'assurance n'incluent pas les
parts sociales d'organismes coopératifs. Ceci nous parait une lacune
majeure du projet de loi no 7 et nous espérons que le gouvernement saura
la corriger. Le mouvement coopératif est déjà bien
ancré dans le système financier. Dans plusieurs secteurs de
l'économie, il affiche une vigueur insoupçonnée et
s'avère un véritable mouvement de libération
économique pour les Québécois. Les placements des
assureurs dans ces institutions ne pourront qu'en accélérer la
croissance et, en même temps, la croissance de toute l'économie de
la province.
Le domaine de l'assurance au Québec, si important qu'il soit, est
loin d'être contrôlé uniquement par le gouvernement du
Québec. Il y avait, en 1971, un total de 464 compagnies d'assurance qui
faisaient affaires au Québec, dont 134 dans le domaine de
l'assurance-vie et 330 dans le secteur de l'assurance générale.
Je ne compte pas ici les sociétés de secours mutuel et les
mutuelles de comtés, de paroisses et de municipalités. De ce
nombre 464 seule- ment 41 ont des chartes du Québec, soit
8.8 p.c. Si on regarde les primes perçues par les compagnies d'assurance
du Québec, on constate que seulement 16 p.c. des primes sont
perçues par des compagnies ayant des chartes provinciales.
En excluant l'assurance-automobile, le pourcentage des primes
perçues par des compagnies à charte provinciale est encore plus
bas, soit 14.4 p.c. Ces chiffres démontrent clairement que le projet de
loi 7 ne touche, en ce qui concerne l'administration et le placement des
compagnies d'assurance, qu'une infime partie des compagnies faisant affaires au
Québec. On retrouve donc, toujours présent, le problème
constitutionnel, le problème de la dualité des juridictions
fédérales et provinciales. Selon le rapport de la Commission
royale d'enquête sur les problèmes constitutionnels, le rapport
Tremblay, l'assurance est un domaine de juridiction provinciale. Cependant, les
difficultés pratiques de contrôler la solvabilité d'un
assureur dont l'activité s'étend à plusieurs provinces ont
en-trainé un élargissement toujours plus grand du
département fédéral des assurances. Dans les faits, cet
état de choses se manifeste clairement. Le projet de loi no 7 ne touche
que 8.8 p.c. des compagnies d'assurance faisant affaires au Québec.
Cette situation ne nous paraît pas tout à fait normale. Ce
problème n'est évidemment pas nouveau mais il est tout de
même essentiel qu'on l'aborde de façon à le régler
de manière plus satisfaisante.
Un autre problème soulevé dans le domaine de l'assurance
concerne la localisation des investissements des assureurs. Il est vrai que la
législation québécoise n'a aucun contrôle sur les
placements des compagnies d'assurance qui n'ont pas de charte du Québec.
Cependant, il serait tout à fait normal que les primes payées aux
assureurs par les Québécois soient investies au Québec.
Ceci devrait être vrai pour les compagnies à charte
québécoise et également pour toutes les compagnies
d'assurance faisant affaires au Québec. Nul doute qu'il en sera
abondamment question au cours des séances de la commission
parlementaire.
L'Union Nationale croit également à la
régionalisation des investissements à l'intérieur de la
province. En effet, les assureurs devraient se faire une obligation
d'exécuter des placements dans les différentes régions du
Québec afin de donner à chaque région des chances
égales de développement et afin de rendre justice aux
Québécois de tous les coins de la province qui leur confient
leurs épargnes. L'Union Nationale croit que le développement
économique de la province ne peut se faire que sur une base
régionale. Les citoyens de toutes les régions du Québec
ont le droit de s'épanouir dans leur milieu et la régionalisation
des investissements des compagnies d'assurance serait un soutien
précieux pour une politique gouvernementale de développement
économique régional.
Voilà, M. le Président, brièvement, quelques
données générales qu'il nous paraissait utile de livrer
à ce moment-ci. Nous allons dialoguer avec les organismes qui vont venir
devant la comisssion. Nous allons leur poser toutes les questions qui nous
paraîtront susceptibles d'éclairer le débat afin que le
législateur, cette commission parlementaire, élabore la meilleure
loi possible de refonte des assurances.
M. JORON: M. le Président, brièvement. On a maintes fois,
à d'autres occasions, à plusieurs autres séances de la
commission parlementaire sur les institutions financières, exposé
la position du Parti québécois quant au rôle des
différents types d'institutions financières dans la vie
économique du Québec. Alors, je pense qu'il serait superflu de
revenir une autre fois sur le sujet. Je préfère entendre les
commentaires, les mémoires des différentes compagnies d'assurance
et organismes qui comparaissent ce matin avant de commenter davantage le projet
de loi lui-même.
Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, j'invite immédiatement
le ou les représentants de l'Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie. Auriez-vous l'amabilité de vous présenter, s'il
vous plaît?
M. SAINT-LAURENT: Mon nom est Renault Saint-Laurent, M. le
Président, MM. les commissaires, M. le ministre. A titre de procureur de
l'Association canadienne des compagnies d'assurance-vie, je désire vous
présenter ceux qui font partie de notre délégation.
A ma droite, M. Oscar Mercure, président et directeur
général de l'Assurance-vie Desjardins et président du
Comité des affaires régionales du Québec de l'Association
canadienne des compagnies d'assurance-vie; M. Marcellin Tremblay, à ma
gauche, président des Prévoyants, compagnie d'assurance du
Canada, et membre de l'exécutif de l'Association canadienne des
compagnies d'assurance-vie; M. Stan E. Brock, à ma droite,
président de l'Industrielle, compagnie d'assurance-vie, et M. Jean-Marie
Poitras, aussi à ma droite, président du groupe de la
Laurentienne; Me Treford Morgan, à ma gauche, conseiller juridique en
chef de l'Association canadienne des compagnies d'assurance-vie;
immédiatement à ma gauche, Me Adrien Borduas, conseiller
juridique de l'Alliance, compagnie d'assurance-vie.
Avec votre permission, M. le Président, je désirerais
inviter M. Oscar Mercure, qui, comme je l'ai déjà
mentionné, est président du Comité des affaires
régionales du Québec de l'Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie, à vous adresser la parole au nom de l'association.
M. MERCURE : M. le Président, M. le mi- nistre, messieurs les
membres de la commission parlementaire des institutions financières,
compagnies et coopératives, l'association que nous représentons
ici a toujours collaboré de façon positive avec les
autorités gouvernementales tant au pays que dans chacune de ses
provinces. Elle a toujours été désireuse de fournir au
législateur toute l'information touchant l'assu-rance-vie au Canada, de
façon que le législateur soit adéquatement
éclairé.
C'est sans doute grâce à de tels échanges
d'information que cette Loi des assurances, par exemple, a été
repensée.
C'est surtout grâce à cela que les assurés et le
public sont bien protégés, mieux informés, et qu'en
général le monde de l'assurance-vie jouit d'une telle confiance
dans un si large public chez nous. Aussi, qu'il me soit tout d'abord permis de
vous dire que nous sommes heureux de l'occasion qui nous a été
fournie d'être associés à divers niveaux aux consultations
préalables à l'élaboration des différentes clauses
du texte de ce projet de loi no 7 qui constitue, à nos yeux, la
consolidation de multiples amendements à la Loi des assurances du
Québec et la mise à jour de différents articles de cette
loi que nous souhaitions depuis déjà plusieurs années.
D'ailleurs, M. le ministre a dit tout à l'heure que ça fait 25
ans qu'on se penche sur ce projet-là.
Cette révision s'imposait afin de moderniser cette loi, la rendre
plus conforme aux besoins actuels et aux aspirations nouvelles de nos
assurés et permettre ainsi aux entreprises d'assurance-vie qui ont la
responsabilité d'administrer les primes payées par leurs
assurés de disposer désormais d'un guide juridique mieux
articulé et d'un outil administratif de nature à faciliter une
gestion plus rationnelle, tant des fonds dont nous avons la garde que des
obligations contractuelles.
Si nous avons été sensibles aux consultations
antérieures, nous ne le sommes pas moins à l'attention que les
officiers supérieurs du service des assurances du Québec nous ont
toujours portée. Enfin, nous remercions messieurs les membres de cette
commission d'avoir étudié notre mémoire et de nous
recevoir ici aujourd'hui.
Notre association compte 126 compagnies d'assurance-vie au pays dont 108
qui font affaires au Québec et qui perçoivent 99 p.c. des primes
payées annuellement au Québec. Nous avons étudié le
texte de cette nouvelle loi et nous en sommes, dans son ensemble, fort heureux.
Notre mémoire, vous l'aurez déjà remarqué,
suggère plusieurs modifications de caractère technique aux
articles 21, 24, 25, 30, 50, etc., vous avez la liste des articles, et
j'aimerais ajouter ici ce matin que nous apportons un amendement à notre
mémoire pour proposer une modification technique aussi à
l'article 397.
Toutefois, il y a quelques articles sur lesquels nous proposons des
amendements d'une portée sociale ou économique que nous
souhaitons
vous souligner plus particulièrement. Premièrement, aux
articles 388 et 389, nous suggérons comme amendement d'ajouter les parts
sociales d'organismes coopératifs comme placements admissibles pour un
assureur. Je suis très heureux que M. le député Cloutier y
ait fait allusion tout à l'heure. Cet amendement a pour but de faire
accepter comme placements admissibles d'un assureur les parts sociales
détenues dans des organismes coopératifs comme, par exemple, les
caisses populaires, les coopératives de consommation, de production,
d'habitation et autres. Vous comprendrez facilement qu'en tant que
président et directeur général d'une mutuelle
d'assurance-vie fondée par les caisses populaires, j'attache
personnellement beaucoup d'importance à cet amendement.
Deuxièmement, à l'article 389, nous demandons que les
compagnies d'assurance-vie soient autorisées à placer
jusqu'à 1 p.c. de leur actif dans des organismes à buts
socio-économiques. Le but de cet amendement étant de permettre
des placements dans des organismes à buts socio-économiques
bénéfiques à l'ensemble de la société, nous
pensons plus particulièrement à des organismes éducatifs,
à des organismes de lutte contre la pollution, enfin, à des
initiatives qui sont le reflet des aspirations du milieu et dont les objectifs
collent davantage aux besoins de la population. La qualité de la vie
nous préoccupe tout autant que la protection de la vie.
Troisièmement...
M. TETLEY: Pardon. Jusqu'à quel montant voulez-vous investir dans
des organismes socio-économiques?
M. MERCURE: Nous suggérons 1 p.c, M. le ministre, 1 p.c. de
l'actif des entreprises d'assurance-vie.
M. TETLEY: Pardon, je n'ai pas... Cela, c'est votre second
mémoire. En tout cas, merci.
M. MERCURE: C'est 1 p.c. que nous suggérons dans des organismes
à buts socio-économiques.
M. TETLEY: Parfait.
M. MERCURE: Troisièmement, nous suggérons de plus des
amendements de nature à permettre aux personnes moins fortunées
d'accéder au conseil d'administration de nos institutions en
réduisant les exigences financières. C'est notre remarque
à l'article 196. Quatrièmement, un autre amendement vise à
protéger les droits acquis en vertu des chartes existantes concernant
l'administration des compagnies. Ce sont les remarques que nous faisons aux
articles 174 et 207.
Cinquièmement, distinguer plus clairement la position des
compagnies constituées en vertu des lois du Québec de celles qui
sont constituées en vertu d'autres lois en ce qui a trait aux
états financiers et aux inspections. Nous faisons, à ce sujet,
des remarques aux articles 444 et suivants.
Sixièmement, allonger la période de validité des
procurations provenant des détenteurs de police ayant droit de vote. Ce
sont les remarques que nous faisons dans notre mémoire aux articles 205
et 229.
M. le Président, voilà en résumé l'essentiel
de nos recommandations. Nous sommes à votre disposition pour aborder
point par point, le mémoire de notre association, si vous le jugez
nécessaire. Si je comprends bien, vous en avez déjà devant
vous des copies que vous avez eu l'occasion d'étudier.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais tout d'abord remercier
l'Association canadienne des compagnies d'assurance-vie pour leur
mémoire que j'ai étudié depuis deux semaines, depuis que
nous l'avons reçu. Nous avons même un résumé, une
synthèse de votre mémoire. Vous avez parlé de
modifications techniques et nous en prenons bonne note. Vous êtes le
premier groupement arrivé ici; avant certains autres qui ont fait
d'autres recommandations techniques, sur les mêmes articles, dans le sens
contraire ou, des fois, dans le même sens.
Evidemment, au sujet de ces commentaires sur des amendements techniques,
je crois qu'il faut les mettre tous ensemble pour faire une vraie
synthèse que nous préparons, que nous avons
préparée à moitié. A ce moment-là, on pourra
décider quel avocat, quelle association a raison ou si, par hasard, les
avocats du gouvernement ont raison. Il y a certaines questions de principe qui
se trouvent quand même dans les commentaires sur les amendements
techniques. Quant à vos autres recommandations je ne les trouve pas
difficiles à avaler. Je n'accepte pas nécessairement la question
de la prescription de trois ans au lieu de deux ans.
Je préfère trois ans pour des raisons humanitaires
plutôt. Nous voulons que les citoyens aient le droit de procéder
contre les compagnies d'assurance dans les trois ans plutôt que deux,
mais ce sont des questions plutôt politiques ou plutôt
socio-économiques et c'est une question d'opinion. C'est à
l'Assemblée nationale de décider et je ne vais pas commenter
toutes ces suggestions. La loi a 600 articles. Vous en avez commenté un
grand nombre. Je prends note cependant de vos remarques concernant les
investissements.
C'est un problème important et difficile. Nous voulons, et nous
avons une politique ici, qu'autant que possible les investissements soient
faits au Québec. D'autre part, si par exemple les profits d'une
compagnie d'assurance-automobile dépendent des primes, s'il faut
augmenter les primes afin d'augmenter les
profits et si, compris dans les profits, sont les revenus des
investissements et il est aussi important que les investissements rapportent
des profits élevés ou des revenus élevés...
Donc, des fois, les compagnies, même québécoises,
investissent hors du Québec. Aujourd'hui Québec est un
très bon investissement. On peut lire les pages financières des
journaux tous les matins et je sais que les compagnies d'autres provinces
investissent ici au Québec dans une proportion peut-être plus
élevée. Mais c'est une question très difficile. Il y a
aussi la question de la réassurance. Une bonne partie de notre
assurance, de nos polices ici sont assurées ou réassurées
outre-mer ou hors du Québec. Il n'y a pas de compagnie de
réassurance québécoise. Je crois que c'est vrai. Il n'y en
a pas.
M. MERCURE: II y en a une maintenant, la Nationale.
M. TETLEY: Oui, très bien. En tout cas, disons que les
très grandes proportions sont hors du Québec mais ça ne
veut pas dire que ces compagnies n'investissent pas au Québec non plus.
Faire des règles ou règlements au sujet d'investissements est
très difficile et peut même affecter l'investissement des autres
compagnies des autres provinces ici.
Au sujet d'investissements dans les coopératives,
évidemment c'est un projet cher au gouvernement et que nous voulons.
Nous allons augmenter, dans d'autres lois, le pouvoir des
coopératives aussi. Nous allons, évidemment, aider le mouvement
coopératif, tel que le député de Montmagny en a
déjà signalé l'importance.
Donc, c'étaient quelques observations d'ordre
général.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je note, d'abord,
l'observation que le ministre a faite tantôt, en disant que les
suggestions contenues dans le .mémoire de l'association canadienne, pour
sa part, il n'a pas de difficulté à les avaler; c'est le terme
qu'il a employé. Effectivement, je suis heureux d'entendre cette
remarque préliminaire de la part du ministre. Evidemment, tel qu'on le
connait il va procéder à une analyse plus approfondie. C'est un
ministre qui avale bien, qui a une bonne digestion. J'imagine alors...
M. TETLEY: J'en ai beaucoup à avaler!
M. CLOUTIER (Montmagny): ... que sa première réaction est
à retenir. Je voudrais poser quelques questions aux représentants
de l'association canadienne sur différents points de leur
mémoire. Ma première question serait celle-ci: Vous avez dit que
108 compagnies qui font affaires au Québec, sont membres de l'associa-
tion canadienne; 108 sur 126 font affaires au Québec. Quelle est la
proportion de celles qui n'ont que des chartes provinciales dans les 108
compagnies?
M. MERCURE: En fait, la grande majorité des compagnies que nous
représentons ici, ce sont des compagnies à charte
fédérale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais est-ce qu'il y a des compagnies dans
l'association canadienne qui n'ont qu'une charte...
M. MERCURE: Provinciale?
M. CLOUTIER (Montmagny): ... du Québec?
M. MERCURE: Oui, il y en a ici de représentées.
D'ailleurs, je pense à l'Industrielle, à la Laurentienne, aux
Prévoyants du Canada. H y en a plusieurs, mais en fait, la
majorité des entreprises, qui font affaires au Québec, ont des
chartes fédérales. Il y a aussi l'Aeterna-Vie.
M. TETLEY: On m'a dit, M. le député, qu'il y a 22
compagnies d'assurance-vie québécoises.
M. MERCURE: On me remet, ici, une liste. Il y a 19 compagnies...
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui sont membres?
M. MERCURE: ... qui sont membres et qui ont des chartes provinciales.
Est-ce que vous aimeriez que je vous donne la liste des compagnies, que je vous
les nomme?
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait intéressant de le savoir pour
toute la discussion que nous aurons au cours des travaux de la commission
parlementaire.
M. MERCURE: II y a l'Aeterna-Vie; les Assurances UCC; la Laurentienne;
la Mutuelle-Vie des fonctionnaires du Québec; la Prévoyance,
compagnie d'assurance; la Solidarité; l'Assurance-Vie du Saint-Laurent;
La Survivance; l'Economie Mutuelle; les Prévoyants du Canada;
l'Excellence; l'Industrielle; l'Internationale, compagnie d'assurance-vie (elle
n'est pas membre chez nous); l'Union Canadienne (elle, non plus, n'est pas
membre de notre association); l'Union-Vie, mutuelle d'assurance; l'Unique,
compagnie d'assurance-vie, qui n'est pas membre de notre association, la
Compagnie d'assurance Provinces-Unies (elle n'est pas membre, non plus): la
Compagnie Mutuelle d'assurance-vie et les Services de santé du
Québec, qui ne sont pas membres. Les Services de santé du
Québec sont surtout une entreprise d'assurance-santé plus que
d'assurance-vie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y
a une autre association? Est-ce que vous avez, à
l'intérieur de l'association canadienne, une section purement
québécoise qui réunit les compagnies d'assurance qui ont
une charte du Québec?
M. MERCURE: Non. C'est-à-dire que le comité des affaires
du Québec, c'est une entreprise qui groupe les entreprises dont les
sièges sociaux sont au Québec. Elles peuvent être des
entreprises à charte fédérale ou à charte
provinciale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que nous ne commencions l'étude de
ce projet de loi no 7, dans l'état actuel de la législation,
est-ce que vous diriez qu'une compagnie d'assurance qui désire n'avoir
qu'une charte provinciale, une charte du Québec, est
défavorisée par rapport à une compagnie qui obtient une
charte fédérale?
M. MERCURE: Avant l'étude de la loi?
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant l'étude de cette loi.
M. MERCURE: Avant l'étude de la loi, je dirais oui. Maintenant,
je pense que les pouvoirs qui sont actuellement demandés, les pouvoirs
de placement, entre autres, correspondent aux pouvoirs de placement qu'ont les
autres entreprises à charte fédérale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Croyez-vous que la majorité des
compagnies qui font partie de l'association canadienne et qui font affaires
dans le Québec pourraient se prévaloir de la plupart des
suggestions que vous faites, ici, quant aux pouvoirs de placement dans des
organismes coopératifs?
M. MERCURE: Je le croirais.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. MERCURE: Parce qu'en fait, la seule demande qui est faite, en ce qui
concerne les entreprises coopératives, c'est qu'elles soient
autorisées, au même titre que les compagnies, comme placements
autorisés pour les compagnies d'assurance. Alors il n'y a pas de raison
que l'ensemble des compagnies ne s'y intéresse pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez certaines statistiques sur
les placements qui sont faits, dans le Québec, par des compagnies
d'assurance en regard des primes perçues au Québec par ces
mêmes compagnies d'assurance? Est-ce qu'on peut avoir une idée en
pourcentage?
M. MERCURE: Nous compilons ces chiffres régulièrement.
Ici, la dernière compilation qu'on a, est de la fin de 1970. Vous savez
que c'est toujours assez compliqué, c'est très long à
faire et nos derniers chiffres...
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle année?
M. MERCURE: 1970. A la fin de 1970, les entreprises d'assurance-vie de
notre association avaient des engagements envers les assurés, au
Québec, pour $3.8 milliards. Je suis très heureux que vous posiez
cette question parce que nous sommes en très bonne position, à ce
sujet. Nos placements, dans ces compagnies, au Québec, sont de $5.7
milliards. Nous avons presque $2 milliards de plus d'investis, au
Québec, que les engagements que nous avons envers nos
assurés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez une certaine ventilation
des investissements?
M. MERCURE: Je ne l'ai pas en détail. Ces investissements sont
faits sous forme d'obligations, sous forme d'actions et aussi, beaucoup, sous
forme de prêts hypothécaires. Ce sont les trois... Et aussi comme
prêts, évidemment, à nos assurés, les prêts
sur polices.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pardon?
M. MERCURE : Les prêts sur polices, sur valeurs de rachat.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les statistiques que vous venez de donner,
c'est pour l'ensemble de la province. Est-ce que vous avez une certaine
ventilation, aussi, certaines statistiques sur certaines des régions de
la province, les dix régions, telles qu'on les connaît depuis
1965?
M. MERCURE: Non, je n'ai pas de chiffres ici. Par contre, l'entreprise
que je représente personnellement et je pense que c'est une
politique exercée par plusieurs entreprises essaie de retourner
dans les endroits où nous faisons des affaires, des investissements
correspondants. Nous faisons des efforts dans ce sens. Maintenant, je n'ai pas
de chiffres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme association, je comprends que, ce matin,
vous n'en avez peut-être pas mais est-ce que les compagnies d'assurance,
de façon générale, les compagnies les plus importantes,
ont commencé cette compilation qui, à mon sens, est aussi
importante que l'autre?
M. MERCURE : Je ne sais pas si les compilations sont faites par
région. Elles sont faites par province; ce sont les chiffres que je vous
ai donnés, mais je ne crois pas que l'association elle-même fasse
de statistiques, de recherches par région.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, nous aurons des
compagnies qui viendront à titre personnel, si je peux m'exprimer ainsi.
Il y en a trois, entre autres: La Laurentienne, L'Industrielle et La
Solidarité. Probablement que nous aurons l'occasion de leur poser la
même question. Ce serait intéressant si on pouvait avoir un
échantillonnage. A partir de là, on ne tirera pas des conclusions
précises, mais ça pourrait nous indiquer quelles sont les
possibilités de ce côté, du côté de la
régionalisation des capitaux, étant donné que c'est
maintenant une réalité dont il faut tenir compte dans
l'établissement d'une politique régionale. Le
député de Gouin voulait poser une sous-question sur un sujet.
J'aurai d'autres questions à poser après.
M. JORON: Est-ce que vous me permettez?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Gouin.
M. JORON: C'est au moment où on parlait des engagements
vis-à-vis des assurés québécois et des montants
investis au Québec. Je voulais vous demander quels étaient les
critères qui font qualifier un titre de titre québécois.
Par exemple, vous mentionniez que les placements peuvent être faits sous
forme d'obligations, d'actions, enfin sous de multiples formes. Prenons une
corporation qui aurait son siège social à Montréal. Cela
n'arrive pas souvent, mais il se pourrait qu'elle n'opère pas du tout au
Québec. Si vous détenez des obligations de cette corporation
ayant son siège social à Montréal, est-ce que ça
devient un titre québécois?
M. MERCURE: Je vous avoue que je n'ai pas personnellement
participé à cette compilation. Je vois très bien où
vous voulez en venir, mais il reste que ce à quoi vous faites allusion
n'est pas le placement important dans les entreprises. C'est-à-dire que
nous plaçons beaucoup plus dans des obligations gouvernementales et
aussi dans beaucoup de municipalités, d'hôpitaux et aussi dans
beaucoup... Je pense qu'en moyenne, à peu près 45 p.c. à
50 p.c. de nos portefeuilles de placement sont en prêts
hypothécaires. Cela est physiquement, au Québec. Je ne peux pas
vous répondre dans le cas d'une compagnie dont le siège social
est au Québec et qui achète des obligations, disons, de
Bombardier. A ce moment-là, j'imagine que le placement suit le
siège social de l'entreprise dans les compilations. Maintenant, je ne
peux pas affirmer ça de façon précise.
M. JORON: Merci.
M. MERCURE: Mais il reste que ça me parait marginal dans
l'ensemble de nos investissements.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les compagnies d'assurance incorporées,
avec une charte provinciale, demandent des pouvoirs plus étendus. Est-ce
que ce serait la réponse à ce que vous disiez tantôt, que
les compagnies ne sont pas toutes sur le même pied, les compagnies
à charte fédérale sont avantagées par rapport aux
compagnies à charte québécoise? Est-ce que ces pouvoirs
leur donneraient la possibilité de faire un certain rattrapage?
M. MERCURE: Actuellement, l'association considère que les
compagnies à charte provinciale n'ont pas les mêmes pouvoirs et
sont désavantagées. L'association considère qu'avec le
nouveau projet de loi, elles seraient sur le même pied que les compagnies
à charte fédérale. Maintenant, au niveau du
fédéral, nous allons probablement aussi faire des pressions pour
obtenir des amendements. Il est possible que, d'ici un an, nous ayons des
pouvoirs plus étendus au niveau du fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pouvez nous dire
déjà dans quel secteur vous feriez des représentations au
gouvernement canadien pour que la législation soit élargie, afin
d'éclairer le législateur provincial?
M. MERCURE: M. Brock pourrait peut-être... Est-ce que vous savez
quels sont les...
M. BROCK: Je sais qu'ils ont l'intention de demander le droit
d'administrer les caisses de retraite. Ils vont demander aussi, je crois,
d'augmenter les limites, dans ce que nous appelons le basket clause, de 7 p.c.
à 10 p.c. Aussi ils vont demander le pouvoir, dans le cadre
coopératif de la compagnie, de faire affaires sans créer une
subsidiaire. Cela veut dire prendre avantage des pouvoirs maintenant
disponibles par l'entremise d'une subsidiaire sans créer une
subsidiaire; cela veut dire dans le cadre de la compagnie. Je pense qu'ils ont
aussi l'intention de demander le droit d'émettre les certificats de
dépôt dont l'échéance dépasse une
période de cinq ans. Cela est quelque chose...
M. TETLEY: Et aussi le droit d'agir comme fiduciaire? N'est-ce pas, M.
Brock?
M. BROCK: Non, cela est une des fonctions d'une compagnie de fiducie
qu'elle exerce mais ils ne demanderont pas d'avoir les pouvoirs complets des
compagnies de fiducie.
M. TETLEY: Pour régler les successions?
M. BROCK: Quelques-uns des champs d'activité où nous avons
le talent, la capacité et le personnel compétent pour exercer ces
fonctions.
Mais cela est un sujet que nous allons traiter plus en détail,
demain, parce que cela est en dehors du bill 7 et des intérêts de
l'association générale. Cela est plutôt de
l'intérêt des compa-
gnies à charte provinciale. Nous allons certainement traiter ce
sujet demain matin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, j'ai retenu les points sur lesquels les
demandes seront faites au gouvernement fédéral d'amender la
législation. Je voudrais demander à l'Association canadienne si
elle est d'accord que certains pouvoirs spéciaux le ministre
vient d'y faire allusion que le domaine des fiducies soient
accordés aux compagnies d'assurance?
M. MERCURE : La position de l'association à ce sujet-là
est la suivante: L'association est satisfaite des dispositions qu'il y a
actuellement dans le bill no 7. D'ailleurs vous remarquez que nous ne demandons
pas de pouvoirs autres que le problème des coopératives et le 1
p.c. dans des entreprises à caractère socio-économique.
Par contre, l'association ne s'oppose pas à ce que des entreprises du
Québec aient d'autres pouvoirs.
M. CLOUTIER (Montmagny): En ce qui concerne les subsidiaires, au moment
où une compagnie est obligée de créer une subsidiaire pour
certains pouvoirs, si je comprends bien, cela devient onéreux et moins
efficace.
M. MERCURE: II y en a déjà de prévu, en ce sens,
par exemple, que si une entreprise d'assurance a un complexe
électronique important et qu'elle veuille donner des services à
d'autres, il est prévu dans cette loi, je crois, M. le ministre, que sur
demande la compagnie d'assurance pourrait former une compagnie, et elle
pourrait en être propriétaire, laquelle compagnie pourrait donner
des services. Mais ce sont pour des opérations de nature
complémentaire aux opérations que nous faisons
déjà.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres questions des membres?
M. TETLEY: Pardon, la question soulevée par le
député de Montmagny est une question, comme vous avez noté
ou que M. Brock a noté, que nous allons discuter demain. Mais je
voudrais profiter de votre présence, parce que votre association est
composée de compagnies d'assurance-vie de chartes
fédérales et de chartes provinciales.
Nous avons un problème dans chaque juridiction provinciale, qui
est le suivant: le fédéral ou une autre province peut accorder
plus de droits après l'adoption d'une loi que, par exemple, nous en
avons accordés ici. Je suppose que c'est le souci du
député de Montmagny. C'est un souci que j'ai. J'ai
déjà parlé aux ministres d'Ontario et d'Ottawa, parce qu
j'ai la responsabilité de présenter au Parlement de Québec
un bill qui va protéger les compagnies québécoises,
surtout, et qui sera la loi la plus avancée possible.
Donc, je note et c'est important votre déclaration
que vous êtes contents de la loi, et si vous êtes contents, ici,
j'espère que vous serez contents en Ontario et à Ottawa.
M. MERCURE: C'est exactement la position, monsieur le ministre...
M. TETLEY: Donc, nous avons certainement gagné nos salaires
aujourd'hui déjà avec cette déclaration, et publiquement,
grâce au journal des Débats. Vous savez qu'il y avait d'autres
demandes, par d'autres personnes, d'élargir ces droits, de donner le
droit de régler les successions. On est venu me voir afin de demander le
droit de régler les successions, etc., certains droits qui aujourd'hui
sont plutôt des droits de compagnies de fidéicommis ce
qu'on a dit compagnies de trust ou compagnies de fiducie. Donc, je
prends très bonne note de votre réponse.
M. MERCURE: C'est justement notre position, M. le ministre. Nous sommes
satisfaits des pouvoirs qui sont donnés actuellement. Par contre, j'ai
mentionné que l'association a l'intention de faire faire des
modifications, de demander des amendements à la loi
fédérale. Il est sûr que si nous obtenons ces amendements,
qui sont tout simplement à l'étude actuellement, nous allons fort
probablement revenir devant la commission pour vous suggérer de faire
des amendements identiques à ceux que nous demandons au
fédéral.
M. TETLEY: Merci.
M. MERCURE: Vous savez, en fait, il est sûr que, dans l'ensemble
du pays, il est extrêmement difficile d'ajuster toutes ces lois. Il faut
tout de même dire qu'actuellement les entreprises qui avaient une charte
provinciale sont désavantagées depuis au moins 1970 par rapport
aux entreprises à charte fédérale en ce qui concerne les
placements. Je crois qu'il est important de le dire. Je pense que ce qu'il est
important de noter, c'est que nous sommes actuellement satisfaits et nous
espérons que si nous obtenons des amendements à la loi
fédérale il sera plus facile d'obtenir des amendements aussi aux
lois provinciales aussi bien au Québec qu'ailleurs.
D'ailleurs, c'est pour toutes les provinces et nous souhaitons
très ardemment qu'on ne prenne pas 25 ans pour exécuter ces
modifications.
M. TETLEY: Vous avez l'occasion propice aujourd'hui de nous demander les
changements que vous voulez. Je ne veux pas recevoir un mémoire
après l'adoption du bill.
M. MERCURE: Non, je vous dis que l'association actuellement
d'ailleurs, le mémoire est là est satisfaite des pouvoirs
que les compagnies ont.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je comprends, par exemple, les compagnies
à charte québécoise qui viendront devant nous un
peu plus tard demandent des pouvoirs additionnels parce qu'elles
voudraient rattraper, elles voudraient même précéder la
législation fédérale afin de compenser pour le retard
existant depuis 1970. Elles voudraient avoir un petit peu d'avance, même,
sur la législation fédérale pour un certain nombre de
mois.
M. MERCURE: C'est, j'imagine, ce que vous discuterez demain ou
après-demain.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour ça que si le ministre
je voudrais le lui suggérer voulait prendre de l'avance sur la
législation fédérale, pour quelques mois, je pense bien
que cette commission parlementaire n'aurait pas d'objection et les compagnies
à chartes québécoises non plus.
M.TETLEY: Merci. Mais, avant la fin de votre représentation, je
voudrais noter un fait ou un autre problème. S'il y a une question de
juridiction entre les compagnies à charte provinciale et les compagnies
à charte fédérale, il y a aussi une question,
soulevée dans le rapport Parizeau et dans presque tout rapport
économique, de juridiction entre les banques, entre les compagnies
d'assurance, entre les compagnies de fiducie, entre les mutuelles, etc. Dans
l'étude du problème de la juridiction provinciale et
fédérale des compagnies à charte fédérale et
à charte provinciale, il faut inclure ce problème corollaire
d'autres institutions semblables. Je crois que les compagnies de fiducie vont
déposer un mémoire. Elles ne l'ont pas fait encore et c'est
à nous, les députés de la commission parlementaire,
d'étudier ce problème qui est corollaire, mais aussi important
que le problème que vous avez soulevé.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'autres questions?
M. JORON: M. le Président, juste un commentaire en terminant. Je
n'ai pas eu l'occasion de le dire, mais, pour notre part, nous souscrivons aux
amendements présentés par l'Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie, particulièrement les trois premiers qui sont
peut-être les plus intéressants. Ce sont des amendements
progressistes, et nous ferons l'impossible pour les faire avaler au ministre.
Il nous a déjà exprimé sa volonté de le faire; on
s'assurera que ce sera fait. On essaiera, en tout cas.
M. TETLEY: Je peux les avaler, mais pas les digérer.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je remercie les représentants
de l'Association canadienne des compagnies d'assurance- vie.
M. MERCURE: M. le Président, je voudrais vous remercier de nous
avoir reçus et je voudrais aussi assurer M. le ministre de notre
entière collaboration. M. le ministre a mentionné tout à
l'heure qu'il y avait peut-être des difficultés techniques sur
lesquelles les positions ne sont pas toutes les mêmes. Alors, nous sommes
très ouverts, vous le savez d'ailleurs. Nous sommes toujours
disposés à collaborer et nous sommes conscients que les
représentations que nous faisons sont facilement digérables. Nous
sommes, dans l'ensemble, très heureux du nouveau projet de loi. Merci
beaucoup, M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs.
Avant d'entendre le prochain mémoire, j'aimerais mentionner les
changements apportés à la commission. M. Pearson, du comté
de Saint-Laurent, remplace M. Bacon de Trois-Rivières; M. Tremblay de
Chicoutimi remplace M. Cardinal de Bagot; M. Faucher de Yamaska remplace M.
Fraser de Huntingdon; M. Dionne de Compton remplace M. Ostiguy de Rouville et
M. Perreault de L'Assomption remplace M. Pilote du Lac-Saint-Jean. Le nom de M.
Marchand, député de Laurier, est suggéré comme
rapporteur de la commission. Accepté?
UNE VOIX : Adopté.
L'Association canadienne des assureurs accident et
maladie
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'invite immédiatement les
représentants de l'Association canadienne des assureurs accident et
maladie.
M. SAINT-LAURENT: M. le Président, Renault Saint-Laurent qui,
encore une fois...
M. TETLEY: Deux honoraires le même matin, M. Saint-Laurent?
M. SAINT-LAURENT: Non, pas pour le même matin, M. le ministre.
Seulement, notre étude légale a été invitée
depuis un certain nombre d'années à agir comme procureur pour
l'association qui était autrefois l'Association d'assurance contre les
accidents et la maladie.
Le nom a été modifié depuis ce temps-là et
c'est aujourd'hui, comme vous pouvez le constater par le mémoire qui a
été distribué, l'Association canadienne des
assureurs-accidents et maladie. Avec votre permission, M. le Président,
j'aimerais présenter les délégués qui sont
présents ici: M. J.W. MacKinnon, qui est à ma gauche, conseiller
juridique de la Métropolitaine, compagnie d'asssurance-vie, et
président du comité de législation de l'association. Il a
présidé l'étude qui a été faite du projet de
loi relativement à l'assurance-maladie et accident.
A ma droite, j'ai ici Me J.-A Martial, conseiller juridique de la
Prudentielle d'Amérique, compagnie d'assurance, et membre du
comité de législation, également, de l'Association
canadienne des assureurs accident et maladie. M. le Président, je
voudrais m'adresser particulièrement au ministre, au nom des membres de
l'association, pour dire que nous félicitons le ministre et
l'Assemblée nationale d'avoir conçu et présenté le
projet de loi no 7 qui est destiné à devenir la Loi sur les
assurances.
Ce projet de loi constitue une mise au point et un remaniement important
de la loi du Québec en ce qui concerne les assurances. Il modernise les
dispositions législatives et fait état des pratiques courantes
touchant les assurances du Canada. Dans sa forme actuelle, le projet contient
plusieurs articles touchant l'assurance contre la maladie ou les accidents mise
à la disposition des résidents de la province de Québec,
articles au sujet desquels nous prions respectueusement la commission
parlementaire d'étudier les commentaires qui sont contenus dans le
mémoire.
Avec votre permission, M. le Président, j'inviterais Me Jean
Martial à faire les représentations au nom de l'association,
concernant certains amendements respectueusement demandés ou
recommandés à l'Assemblée nationale et à la
commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Me Martial.
M. MARTIAL: Merci, M. Saint-Laurent. M. le Président,
j'apprécie beaucoup l'occasion de comparaître devant la
commission, quoique le mémoire des assureurs accident et maladie n'est
pas aussi compliqué que celui des assureurs-vie. Nous avons,
évidemment, les mêmes buts. Les mêmes compagnies participent
à l'assurance-vie et à l'assurance accident et maladie, mais nos
problèmes sont très limités.
Je proposerais tout simplement de lire les points principaux du
mémoire, quitte, plus tard, à répondre ou, du moins,
à essayer de répondre à vos questions avec l'aide de mon
collègue, M. MacKinnon. Nous avons six points généraux que
nous espérons discuter. Le premier est la question de la prescription.
Le ministre, tantôt, a référé à cette
question dans le cas de l'assurance-vie. Je me demande si on peut faire une
distinction pour les contrats d'assurance accident et maladie. La
deuxième question est celle du domicile et de la résidence.
Encore sur ce point, nous aurions des commentaires additionnels. La
troisième question soulevée vise à désigner ou
à exclure une affection d'une façon plus générale.
C'est une question très difficile lorsqu'on examine les formes qu'on
doit employer dans les polices d'assurance accident et maladie; c'est
très difficile de localiser le problème.
Le quatrième problème est celui de l'assurance globale. Il
semble avoir été manqué dans le projet de loi. Elle
devient de plus en plus populaire dans certains cas. La question du suicide en
accident-maladie, nous le soumettons respectueusement, n'est pas la même
que celle dans l'assurance-vie. Nous avons aussi certains amendements d'ordre
technique énumérés dans le mémoire.
Sur la première question, question de prescription, en
assurance-vie, vous proposez une prescription de trois ans. Nous soumettons
qu'en assurance accident-maladie, cette période est peut-être trop
longue pour plusieurs raisons.
Premièrement, une invalidité peut durer trois jours, une
semaine, deux semaines, un mois, et si on attend deux ans ou trois ans, la
mémoire des témoins n'est peut-être pas aussi bonne:
obtenir des rapports médicaux, c'est très difficile. C'est
même déjà difficile lorsqu'on le fait après un
an.
M. TETLEY: Pardon, Me Martial, quel est le délai dans la province
de l'Ontario?
M. MARTIAL: Dans les autres provinces du Canada, le délai est
d'un an.
M. TETLEY: Contre une compagnie d'assurance?
M. MARTIAL: Exactement. Maintenant, au Québec, en assurance-vie
évidemment, nous avons une période additionnelle de six mois avec
la permission d'un juge. Je me demande un peu s'il y a eu des cas
spéciaux qui ont porté le législateur ou le
rédacteur à soumettre une prescription ou à vouloir une
prescription de trois ans au lieu d'une prescription d'un an.
M. TETLEY: La réponse, c'est que l'Office de révision du
code civil a stipulé trois ans pour tout contrat et toute question de
prescription.
M. MARTIAL: Nous nous demandons un peu, M. le ministre, si une
prescription de trois ans ne donnerait pas lieu à des actions frivoles
pour des sommes plus ou moins importantes.
M. TETLEY: Je me le demande.
M. MARTIAL: Pour cette raison, nous...
M. TETLEY: En tout cas, j'en prends bonne note, mais je ne suis pas
convaincu. Je sais qu'autrefois, les compagnies avaient droit de stipuler dans
leurs contrats même six mois ou des délais très courts.
J'ai même plaidé une cause dans ce sens, une stipulation d'un an
dans une police d'assurance, et le juge a dit que la stipulation courte
était valable. C'est pourquoi nous voulons une stipulation statutaire
d'ordre public.
M. MARTIAL: J'allais justement dire qu'à ma connaissance et
d'après mon expérience, les compagnies ne se servent pas d'une
défense
technique. Je n'ai jamais connu de cas, quoique j'admette que ce n'est
pas une garantie.
M. TETLEY: Moi, je l'ai fait pour un client.
M. MARTIAL: Très bien.
M. TETLEY: ... une compagnie d'assurance.
M. MARTIAL: Le deuxième point est à l'article 37 et c'est
la question d'exclure une affection d'une façon plus
générale. Cela est vraiment un problème. Ce n'est pas un
problème dans un cas, par exemple, d'accident simple où une
personne se blesse, où un athlète se blesse le genou gauche et
qu'il veut par la suite obtenir une assurance de protection du revenu. On peut
dire: Très bien, monsieur, nous vous assurons, mais nous devons exclure
les complications qui pourraient résulter de cet accident. C'est
très facile et je dirais que l'intérêt public est bien
servi.
Lorsque nous arrivons dans d'autres maladies, les maladies plus
compliquées, par exemple l'ulcère peptique, comment exclure
simplement l'ulcère peptique? Je ne suis pas médecin, mais
d'après nos spécialistes, il faut dire: Toute maladie de
l'estomac ou du duodénum, par exemple.
Question de douleur cervicale, quelqu'un qui a mal au dos, ou une
question de disque, il faudrait exclure... On dit "toute blessure ou maladie de
la région cervicale, de la colonne vertébrale". Maison ne peut
pas énumérer toutes les possibilités. S'il fallait faire
ça, je crains beaucoup que certaines personnes ne puissent obtenir
d'assurances. Je me demande si c'est vraiment dans l'intérêt
public.
La question de domicile et de résidence m'intéresse bien
parce que je crois qu'elle m'affecte personnellement, si je peux me permettre
de parler de mon problème. Le domicile, d'après le code civil,
n'est pas la même chose que la résidence. On emploie, en langage
populaire, domicile comme l'équivalent de résidence. Mais le
domicile juridique est une tout autre chose. Le domicile, d'après le
code civil, de toute personne est le lieu où elle a son principal
établissement et le changement de domicile s'opère seulement par
le fait d'une habitation réelle dans un autre endroit joint à
l'intention d'y faire son principal établissement. Alors, lorsque le
projet de loi emploie le mot "domicile ou résidence", nous avons un
conflit de lois immédiat. Par exemple, un employé, un
résident de Montréal ou de la province de Québec est
transféré, par son employeur, disons, à Toronto pour une
période de deux ou trois ans. Il ne change pas son domicile juridique,
mais il change sa résidence. Alors, s'il fait une demande d'assurances
en Ontario, la loi du Québec s'applique et la loi de l'Ontario
s'applique. Alors, vous avez un conflit entre les deux.
Pour cette raison, nous soumettons qu'il faudrait ou enlever le mot
"domicile" ou s'assurer que le mot "domicile" soit défini autrement
qu'étant le domicile juridique de la personne.
M. TETLEY: Quelle est votre suggestion, Me Martial?
M. MARTIAL: Bien, j'allais justement dire ou je viens de dire qu'il
faudrait ne pas employer le mot "domicile", employer seulement le mot
"résidence" ou définir le mot "domicile" comme n'étant pas
le domicile juridique. Cela empêcherait les possibilités de
conflit de lois.
Le point suivant est la question de l'assurance globale. Par l'assurance
globale nous entendons l'assurance, par exemple, d'un groupe de scouts ou d'un
club athlétique de jeunes. On peut assurer les jeunes joueurs de
baseball d'une certaine région. Dans le moment, d'après le
projet, il faudrait obtenir le nom de chaque membre de cette association, ce
qui est une chose presque impossible à faire.
Alors ce qu'on suggère, c'est qu'on fasse, comme, d'ailleurs,
cela se fait dans les autres provinces, d'exclure l'assurance globale de la
nécessité d'émettre un certificat et d'avoir la
désignation de la personne.
M. TETLEY: C'est possible, suivant mes conseillers, qu'il y ait une
erreur dans la traduction, à la question d'assurance globale. Mais nous
prenons très bonne note de votre suggestion.
M. MARTIAL: Merci, M. le ministre.
Le prochain point, la question de nullité en cas de suicide. Je
pense qu'ici, l'important est de faire une distinction entre l'assurance-vie et
l'assurance accident-maladie. En assurance-vie, la clause
d'incontestabilité prévoit normalement qu'après deux ans,
même en cas de suicide, la compagnie paie le capital nominal de la
police. Le litige n'est pas sur une police, disons, de $10,000 ou $20,000, mais
sur la double indemnité pour mort accidentelle.
Lorsque nous arrivons à une police d'accident ou de maladie,
c'est le risque même que nous assurons. Alors nous ne voulons
certainement pas assurer le suicide. Il semble qu'on devrait faire une
exception pour les polices d'assurance-accident-maladie.
Je comprends très bien qu'en cas d'assurance-vie, la chose est
différente.
M. TETLEY: Vous voyez que l'article est important, quand même,
pour le citoyen, mais peut-être qu'on peut distinguer entre
l'assurance-vie et les autres. C'est possible.
M. MARTIAL: C'est ce que nous proposons, M. le ministre.
Messieurs, c'est à peu près tout ce que nous avions
à suggérer. Nous apprécions beau-
coup l'occasion qui nous a été donnée de vous faire
ces quelques recommandations.
J'ai un autre point, je crois, à l'article 57. C'est quelque
chose de nouveau dont nous avons discuté hier: Sauf en assurance
collective, on parle d'un préavis de quinze jours, donné par
écrit, par l'assureur au souscripteur. Dans les autres provinces du
Canada, l'avis est de dix jours. Alors nous nous demandons s'il serait possible
d'adopter une période de dix jours qui soit conforme à ce qui se
passe dans les autres provinces du Canada.
Evidemment, une des raisons qui nous portent à faire cette
suggestion, c'est qu'aujourd'hui, toute la programmation se fait par
ordinateur. Il faudrait, si l'avis est différent, faire une
programmation spéciale pour les polices émises dans la province
de Québec.
M. TETLEY: Je note que, même en France, c'est dix jours aussi. Je
vais m'informer. Encore une fois, nous prenons bonne note.
M. MARTIAL: Merci, M. le ministre. A moins qu'il y ait d'autres
questions, je vous remercie de votre bon accueil. Il nous a fait plaisir de
vous présenter nos recommandations et vraiment, nous aussi sommes
très heureux du projet de loi et nous apprécions beaucoup le
travail que la commission parlementaire a déjà fait et le travail
du ministre et de ses conseillers. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Y a-t-il d'autres commentaires de la
part des membres de la commission?
L'honorable ministre.
M. TETLEY: Au nom du gouvernement et des membres de la commission, je
vous remercie. Je note avec une certaine fierté et même je suis
surpris qu'il n'y ait pas beaucoup de critiques trop sévères de
notre loi. C'est un travail énorme, ce n'est pas moi qui l'ai fait,
évidemment, ce sont des conseillers. Je vais leur transmettre vos
compliments.
M. MARTIAL: Merci, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: Ce n'est qu'une farce, M. le Président. En regardant
les noms des compagnies d'assurance, je vois, à la page 2, the
minister's life. Qu'est-ce qu'on fait des députés?
M. MARTIAL: The minister's life. Je crois que c'est une compagnie...
M. PEARSON: Qu'est-ce qu'elle fait exactement?
M. MARTIAL: ... qui assure seulement les ministres de différentes
religions.
M. PEARSON: Ah, bon.
UNE VOIX: The casualty union.
M. MARTIAL: Présumément, ils sont de bons risques.
M. DEMERS: Etre député, ce n'est pas pratiquer une
religion.
M. PEARSON: C'est pour ça que je me sentais
infériorisé, minister's life.
UNE VOIX: Bon, merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs. M. Marcellin
Tremblay, président des Prévoyants du Canada a demandé la
permission de faire quelques commentaires. Est-ce que les membres de la
commission acceptent?
M. TETLEY: Juste quelques commentaires, parce que...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Marcellin): M. le Président, ce sont tout simplement
des remarques concernant un article de la loi. Vous m'avez pris par surprise,
je ne pensais pas de venir aussi vite que ça. C'est l'article 416 qui se
lit comme suit, dans le projet de loi: "Toute compagnie qui exerce en assurance
autre que sur l'assurance-vie doit maintenir un actif égal à une
valeur d'au moins 15 p.c. supérieure au total des primes acquises sur
les polices non échues et en cours, calculées au pro rata de la
période restant à courir des prestations d'assurance à
payer et des autres engagements de la compagnie". Et on ajoute: "distraction
faite des placements faits conformément à l'article 390". Or, il
s'agit en somme de ce qu'on appelle en langage d'assurance, du test de
solvabilité. Il faut qu'une compagnie ait 15 p.c. d'actif
supérieur à ses passifs, c'est ce que la loi veut dire en
définitive. Mais en ajoutant "distraction faite des placements faits
conformément à l'article 390", on crée un véritable
problème. L'article 390 est l'article qui permet à une compagnie
d'assurance, avec la permission du service des assurances, d'acquérir
une autre compagnie d'assurance. C'est le cas, par exemple, des
Prévoyants du Canada, compagnie d'assurance générale, qui
détient le contrôle des Prévoyants du Canada,
assurance-vie. C'est fait avec l'approbation du service des assurances suivant
les règles. Lorsqu'il s'agit de passer le test de solvabilité, on
dit: Ce placement, maintenant, il ne vaut rien. Il faut le ramener à
zéro, puisque vous dites: "Distraction faite des placements faits
conformément à l'article 390". Je soumets respectueusement que la
loi devrait prévoir une valeur quelconque. Si on ne veut pas l'accepter
à son coût d'acquisition, par exemple, qu'on prenne
au moins la valeur au livre des actions de la compagnie ou toute autre
base d'évaluation jugée raisonnable, mais pas la faire
disparaître totalement et dire: C'est l'acquisition que vous avez faite
en vertu de l'article 390 pour les fins du test de solvabilité,
ça ne vaut absolument rien. Cela ne parait pas raisonnable surtout dans
le contexte où je crois qu'à l'avenir, infailliblement, il y aura
une tendance à la formation de groupes d'assureurs, les plus petites
compagnies joignant des groupes plus importants. Je pense que, dans le contexte
du Québec, il est important de ne pas décourager de façon
aussi rigide, si vous voulez, un mouvement comme celui-là.
M. TETLEY: Mes conseillers ont soulevé une question que c'est le
texte, mot à mot, de la loi fédérale...
M. TREMBLAY (Marcellin): D'accord!
M. TETLEY: Votre problème, c'est que vous avez déjà
agi; vous croyez que vous avez des droits acquis, etc.
M. TREMBLAY (Marcellin): On a justement mentionné, M. le
ministre, que vous aviez probablement le désir de ne pas être
nécessairement juste au niveau de la loi fédérale, et de,
peut-être, tenir compte d'un contexte particulier dans le Québec
et même le devancer dans certains cas.
Ce serait une magnifique occasion de le faire. Cela me paraît plus
logique d'accorder une valeur à un actif qui était acquis avec la
permission du surintendant que de dire: Cela ne vaut rien.
M. JORON: Est-ce que vous pensez que le problème serait le
même si c'était la compagnie d'assurance-vie qui détenait
les actions de la compagnie d'assurance générale?
M. TREMBLAY (Marcellin): Non, dans le cas d'une compagnie
d'assurance-vie, il n'y a pas de test de solvabilité de prévu,
comme dans le cas d'une compagnie d'assurance générale. Dans le
cas d'une compagnie d'assurance-vie, le surintendant peut décider,
suivant le cas en question, si cela doit entrer dans le basket, dans la clause
fourre-tout.
M. JORON: Est-ce que ce n'était pas la situation dans laquelle
vous étiez antérieurement? Cela a été
inversé?
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est cela, la situation est
inversée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais est-ce qu'il y en a d'autres qui sont dans
le même cas et qui pourraient nous en...
M. TREMBLAY (Marcellin): II n'y en a peut-être pas d'autres en
pratique, dans le moment. Je n'en connais pas d'autres, malgré que cela
reste possible. Cela pourrait aussi être une compagnie d'assurance
générale qui détienne une autre compagnie d'assurance
générale. Il y en a peut-être d'autres, remarquez, que je
ne connais pas, mais vous admettrez que c'est un problème assez
sérieux qui peut mettre dans l'embarras une compagnie qui, sous tout
autre rapport, est très solvable mais qui, à cause de cet
article, ne réussirait pas le test de solvabilité.
M. TETLEY: Pourriez-vous, M. Tremblay, m'envoyer une lettre avec votre
explication; je vais en envoyer une photocopie à chaque membre de la
commission.
M. TREMBLAY (Marcellin): M. le ministre, j'ai une question
supplémentaire.
M. TETLEY: J'aimerais la recevoir le plus tôt possible avec autant
de détails que vous voudrez nous donner.
M. TREMBLAY (Marcellin): Merci, M. le ministre.
Fédération des compagnies d'assurance
mutuelle contre le feu
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci, M. Tremblay. La
Fédération des compagnies d'assurance mutuelle contre le feu.
M. PAIEMENT: M. le Président, messieurs, comme
représentant de la Fédération des mutuelles d'incendie
Inc. qui représente 178 compagnies à travers la province, en leur
nom et au nôtre, je voudrais vous dire d'abord que nous sommes
très heureux d'avoir été appelés à nous
faire entendre et surtout d'avoir reçu certaines suggestions; nous
sommes encore plus heureux, travaillant depuis nombre d'années dans la
province, d'être appelés à discuter d'une loi qui
était devenue désuète par les circonstances...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Au-riez-vous l'amabilité de
vous présenter ainsi que votre collègue?
M. PAIEMENT: Mon nom est J.-Romuald Paiement, président de la
Fédération des mutuelles d'incendie Inc. de la province.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voulez-vous présenter aussi votre
compagnon?
M. PAIEMENT: Oui, Me Paul-Emile Blain qui est notre conseiller
juridique.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Procédez.
M. PAIEMENT: Nous sommes heureux de voir qu'actuellement votre
gouvernement s'est penché d'une manière beaucoup plus
adéquate sur la modification de la loi. Depuis nombre d'années,
nous demandions des amendements,
des suggestions, et ainsi de suite, et aujourd'hui vous faites une
refonte qui semble, je dirais en très grande partie, répondre
à nos exigences, peut-être même pour quelques-unes, aller
au-delà de ce que l'on avait demandé.
Nous nous sommes permis de vous présenter des mémoires
demandant certaines petites corrections, et je puis vous donner les raisons
pour lesquelles nous faisons ces suggestions. Dans le milieu agricole, qui est
un petit peu différent, si vous voulez, en assurance, non seulement en
genre d'assurance mais en genre de clients aussi, bon nombre de cultivateurs se
fient à ce que leur compagnie leur recommande, mais ne sont pas
tellement au courant de ce qu'est une loi de l'assurance ou l'assurance
elle-même.
Alors, si vous le voulez, je vais repasser brièvement le texte
que l'on vous a soumis. Vous allez même remarquer qu'au cours de ce texte
il y a certains paragraphes que l'on a supprimés après une
dernière étude pour conserver le texte que vous aviez
suggéré. J'espère que cela ne déplaira pas à
ces messieurs qui l'ont constitué.
Au tout début, si vous voulez, en ce qui concerne la police
d'assurance "conforme à la proposition du souscripteur", on exige,
à cette fin, une copie de la proposition au souscripteur lors de la
demande d'assurance. Nous y sommes bien consentants pour une nouvelle assurance
que l'on prend.
Mais lorsque c'est un cas de renouvellement qui se fait
généralement plusieurs mois précédant l'expiration,
est-ce qu'on pourrait s'exempter de cette formule? Alors on pourrait ajouter:
Mais sauf dans le cas de renouvellement.
Cela éviterait beaucoup d'ennuis. Cette raison c'est lorsqu'on
est chez le client pour déterminer le risque. Dans les risques
agricoles, vous savez, on peut avoir 50, 60 articles, en considérant
l'assurance-récolte, l'assurance des animaux, l'assurance des machines
aratoires désignées une par une, l'assurance des bâtisses.
On a des colonnes de chiffres et on essaie de faire ça. Nos
secrétaires tentent de faire ça le plus rapidement possible.
Alors c'est vérifié ensuite au bureau par la machine à
additionner. Là la police est émise exactement. Les erreurs sont
corrigées.
Il s'agit d'un nouveau risque. On lui donne un certificat, un
reçu certifiant qu'il est couvert pour tel montant. Mais, dans les cas
de renouvellement, l'assuré reçoit sa police ou, s'il a des
créanciers, la copie de sa police. Il la reçoit toujours au moins
quinze jours, trois semaines avant l'expiration de sa police
précédente.
A l'article 114 on désigne 30 jours. Alors on vous
suggère, pour être en accord avec le Bureau d'assurance du Canada
l'article 102 stipule 15 jours de mettre 15 jours pour l'avis du
créancier. Si l'assurance n'est pas payée, l'assurance sera
annulée. Et je continue.
M. TETLEY: Pardon. En effet, nous vou- lions donner plus de temps, mais
nous allons considérer votre demande.
M. PAIEMENT: M. le ministre, nous vous le soumettons.
M. TETLEY: Oui.
M. PAIEMENT: Et nous accepterons ce que vous déciderez.
M. TETLEY: Merci.
M. PAIEMENT: A l'article 235, le ministre peut, après avoir pris
l'avis du surintendant, autoriser la formation d'une société
mutuelle d'assurance-incendie pour toute municipalité de comté
qu'il désigne et où n'existe pas de société
mutuelle d'assurance-incendie exerçant d'une manière efficace.
Nous aimerions lire: Le surintendant et avec l'avis d'une
fédération dûment constituée. Parce que nous avons
la conviction de connaître les campagnes. On vit dans ce milieu, on peut
plus facilement et peut-être plus brièvement vous dire si
réellement une compagnie fonctionne efficacement ou non.
M. TETLEY: II est possible d'ajouter ceci: je vais le considérer
dans le contexte de la loi, mais c'est très possible. Je note que nous
n'avons pas d'article qui force la conversion ou la fusion de compagnies ou
surtout de compagnies ou mutuelles d'incendie ou autrement.
M. PAIEMENT: Nous le sollicitons, nous sollicitons la fusion.
D'ailleurs, vous êtes au courant que nous en avons réussi
quelques-unes. Nous espérons en réussir plusieurs autres, quand
on sait que la compagnie n'est pas une garantie de toute sécurité
pour l'assuré.
M. TETLEY: Mais en effet, nous favorisons plutôt l'auto-discipline
et l'auto-fusion plutôt que la force. C'est pourquoi ce droit n'existe
pas dans la loi. Donc, aussitôt que la loi sera adoptée, ni le
gouvernement, ni le ministre n'aura le droit de forcer les fusions.
M. PAIEMENT: Et c'est afin de vous rendre service que nous faisons cette
suggestion que l'avis de la fédération soit ajouté.
Article 255. "Un membre, à une assemblée
générale, n'a droit qu'à un vote". Il y a longtemps qu'on
le demande. "Ce vote peut être donné par un fondé de
pouvoirs muni d'une procuration, que celui-ci soit ou non membre de la
société."
Nous préférerions que cette procuration soit, tout de
même, donnée à un membre de la société, parce
qu'il y a un danger que des gens qui ont un petit montant d'assurance, qu'ils
demeurent dans nos campagnes dans les villes ou ailleurs, pour une raison
quelconque, parce qu'ils trouvent un bureau de direction peut-être trop
sévère, nous bloquent à un moment donné
dans une assemblée annuelle où ils emportent le morceau,
alors que ce ne sont pas des gens intéressés. Lorsque le titre de
fondé de pouvoir est donné à un membre, il y a
l'intérêt du membre, tout de même. On soumet cela à
votre étude.
M. VINCENT: Si un membre à une assemblée
générale n'a droit qu'à un vote et qu'il arrive avec une
autre procuration, il ne peut pas voter deux fois.
M. PAIEMENT: Non. Il a son vote comme membre et il a son vote comme
procureur d'un autre membre.
M. VINCENT: A ce moment-là, un membre pourrait voter deux fois,
trois fois.
M. PAIEMENT: Pour autant qu'il a une procuration.
M. DEMERS: II peut avoir les procurations de tout un rang dans sa
poche.
M. PAIEMENT: Là, on avait pensé vous suggérer qu'il
n'ait pas droit à plus d'une procuration.
M. VINCENT: II faudrait nécessairement le limiter dans le nombre
de procurations.
M. JORON: C'est exactement la raison pour laquelle il y a un article
dans le programme du Parti québécois qui prévoit
l'abolition du vote par procuration dans des cas semblables.
M. DEMERS: Cela va vous nuire aux élections.
M. JORON: On verra. C'est une question que je voulais adresser à
monsieur. Est-ce que le vote par procuration s'est avéré dans la
pratique, d'abord, fréquemment utilisé? Est-ce qu'il a
été une entrave à la démocratie de principe que
veut consacrer une mutuelle ou une coopérative?
M. PAIEMENT: Ce n'est pas arrivé très souvent, mais c'est
arrivé quelques fois. A l'occasion d'une assemblée annuelle,
c'est assez difficile de réunir une grande quantité de membres,
mais des administrateurs consciencieux avaient été la
preuve de l'expérience peut-être un peu rigides dans la
question d'évaluation, dans le règlement des pertes, ainsi de
suite, mais ils avaient évité des abus. Ces gens-là,
nécessairement, se sont fait l'écho du mécontentement de
ceux qui prétendaient être lésés. A une
réunion, à un moment donné, ils se sont organisés
et ils sont arrivés avec un paquet de procurations de gens qui avaient
$1,500 d'assurance, qui ne restaient même plus dans l'endroit et ils ont
renversé les décisions de l'assemblée.
M. DEMERS: Est-ce que c'étaient des membres?
M. PAIEMENT: C'étaient des membres, mais c'étaient des
membres très peu intéressés et qui ne demeuraient plus
là. Un peu plus loin, dans un autre article, on vous demandera aussi,
autant que possible, que ces gens-là qui résident en dehors du
territoire n'aient pas ce pouvoir-là, que ce soit des membres qui
demeurent dans le territoire assuré.
L'article 264: "Les membres doivent se réunir en assemblée
annuelle avant le 31 mars de chaque année pour adopter le rapport
annuel, élire les administrateurs, ratifier la
rémunération fixée pour le secrétaire". Là,
il y a une question qui, je crois, est une question de principe d'affaires. Le
secrétaire de la mutuelle, suivant le volume d'affaires de sa mutuelle,
suivant les risques d'assurance qu'elle prend, ainsi de suite, est parfois un
homme assez chargé d'affaires. Il est occupé à plein temps
et il mérite une rémunération assez raisonnable. Vous
connaissez le taux des salaires d'aujourd'hui. Ces mutuelles assurent dans
plusieurs paroisses et surtout nos cultivateurs qui ont ce genre de
raisonnement. Leur condition s'améliore aujourd'hui mais ils ont
toujours été très économes et n'ont pas de
très gros revenus. Ils s'imaginent que ce secrétaire-là
est peut être beaucoup trop payé parce qu'ils ne connaissent pas
la valeur du travail. Surtout avec les rapports que vous demandez aujourd'hui
et auxquels on participe pour vous aider à les remplir, avec les
données que vous demandez, enfin tout, ce qu'on trouve justifiable, les
secrétaires, dans les grosses compagnies, ont beaucoup de travail. C'est
le bureau de direction, il me semble, qui peut juger du travail que ce
secrétaire a à remplir et non pas les cultivateurs
répartis à la campagne, surtout sur les petites fermes, qui n'ont
jamais gagné beaucoup de salaire et qui, parce qu'ils engagent encore
cela se voit moins parce qu'ils ont encore des employés
qu'on appelait souvent des immigrés à très petit salaire,
s'imaginent que le type qui est au bureau, à part le renouvellement des
polices, n'a rien à faire. Alors, faire désigner cela par
l'assemblée générale, on craindrait que cela ne nous
occasionne bien des problèmes.
D'ailleurs, ils l'ont tout de même, s'ils veulent s'y
intéresser, parce que, dans le rapport annuel qui leur est produit
à l'assemblée générale, vous avez les
dépenses dans lesquelles entre le salaire du secrétaire.
L'inconvénient serait de le faire accepter par l'assemblée
même.
M. VINCENT: A ce moment-là...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Nicolet.
M. VINCENT: ... d'après l'article 264, on dit: Faire ratifier la
rémunération fixée pour le secrétaire par
l'assemblée générale.
M. PAIEMENT: Oui.
M. VINCENT: A ce moment-là, l'exécutif ou
le conseil d'administration discute le salaire, établit les
conditions, va devant l'assemblée générale,
justifie...
M. PAIEMENT: Ses dépenses.
M. VINCENT: ... le salaire qu'on suggère, qu'on veut donner au
secrétaire, donne toute la justification et, par la suite,
l'assemblée générale est libre de ratifier ou de refuser
cette action posée par le bureau de direction.
M. PAIEMENT: Oui, je comprends très bien votre opinion. En somme,
c'est ce qui se fait d'une manière peut-être un peu plus globale.
Si on le fait spécifier par l'assemblée, fixer, ratifier, dans le
rapport annuel, il est inscrit; si les gens veulent se donner la peine de le
lire. On fait rectifier le rapport annuel, si vous voulez, dans un
ensemble.
M. DEMERS: M. Paiement, vous allez admettre comme moi qu'ils vont le
savoir après qu'il a été fixé dans le rapport.
M. PAIEMENT: Oui.
M. DEMERS: Si l'assemblée générale ne fixe pas le
salaire de son secrétaire, qui va fixer cela? Ce sera le bureau de
direction?
M. PAIEMENT: Oui, parce que le bureau de direction, lui, est au courant
du travail qu'il fait, ce secrétaire-là.
M. DEMERS: Je comprends, mais que l'autre vulgarise son affaire, qu'il
la mette en évidence. Moi, je trouve que c'est un accroc à la
démocratie. Il me semble, en tout cas. Je pense que, quand ils ont
préparé le projet de loi, ils ont tenu compte de cet
élément. En tout cas, vous faites une suggestion.
M. BLAIN: Avec la permission du président, je fais une
intervention ici sur ce point particulier.
M. DEMERS: Vous êtes monsieur?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Me Blain.
M. BLAIN: Je pense que, si on considère la
généralité des cas, que ce soit au niveau d'une compagnie
qui fonctionne, d'une compagnie à fonds social ou même au niveau
d'autres coopératives, je pense plus spécialement à la Loi
des caisses d'épargne et de crédit, le traitement du
gérant, dans une caisse d'épargne et de crédit, n'est pas
déterminé ni ratifié par l'assemblée
générale des membres. La loi prévoit spécifiquement
que le traitement du gérant est déterminé par le conseil
d'administration.
Je soumets, en tout respect, que cela me semble être là une
disposition qui est beaucoup plus réaliste et beaucoup plus près
des choses que celle qui assujettit à une assemblée
générale annuelle, à laquelle peut assister un très
petit nombre de personnes, le traitement du secrétaire qui, lui...
Imaginons l'hypothèse que le traitement est recommandé par le
conseil d'administration et que, pour différents motifs, peut-être
à partir de motifs personnels ou pour favoriser un autre candidat, les
gens qui constitueraient une possibilité de noyautage de
l'assemblée générale infirmeraient la décision et
décideraient que M. le secrétaire Untel aurait un traitement
maximum de tel montant.
On risque, à ce moment-ci, de perdre des secrétaires
compétents. Je pense qu'il faut de plus en plus, étant
donné l'évolution et étant donné l'augmentation du
volume des affaires, rechercher des compétences et assurer une certaine
stabilité au niveau des services. Je soumets respectueusement que cela
devrait être du ressort du conseil d'administration de déterminer
le traitement du secrétaire et d'imposer aussi au secrétaire des
fonctions spécifiques. Le conseil d'administration peut décider,
à un certain moment, que le secrétaire va voir sa tâche
augmentée par tel ou tel travail qu'on va exiger de lui, qu'on
n'exigeait pas antérieurement. Il me semble que ce sont ceux qui sont
les plus immédiatement responsables de l'administration qui sont les
mieux qualifiés pour rémunérer les services qui sont
rendus.
M. TETLEY: Me Blain, l'article dit de ratifier la
rémunération fixée, pas de fixer la
rémunération. Peut-être...
M. BLAIN: Oui, mais alors... Je m'excuse, M. le ministre...
M. TETLEY: ... vous ne savez pas qu'ils ne vont pas...
M. BLAIN:... mais si on donne le pouvoir de ratifier, on donne
nécessairement le pouvoir d'infirmer.
M. TETLEY: Oui, mais pas de le modifier.
M. BLAIN: Alors, à ce moment-là, cela comporte le pouvoir
de déterminer, finalement.
Si on peut ratifier et si on peut infirmer, on va faire quoi? On va dire
au conseil d'administration: soumettez-nous une autre modalité de
traitement. Cela va alourdir singulièrement tout le mécanisme, et
pendant tout ce temps-là le secrétaire va être dans
l'incertitude et, encore une fois, on risque de perdre ses services.
M. TETLEY: Mais tout acte de l'exécutif peut être
infirmé, n'est-ce pas, par l'Assemblée nationale...
M. BLAIN: C'est-à-dire que...
M. TETLEY: ... ou l'assemblée générale?
M. BLAIN: ... l'assemblée générale a comme recours,
a comme moyen de démettre de leurs fonctions les administrateurs sans
nécessairement s'attaquer à des actes. Si l'assemblée
générale n'est pas satisfaite du travail fourni par son conseil
d'administration, cette assemblée générale,
régulièrement constituée, procédera à
changer le conseil mais pas à infirmer les décisions
administratives qui auront été prises en cours d'exercice. C'est
ça qui me paraît...
M. TETLEY: Je sais très bien que vos sociétés
mutuelles ont d'autres règles, un autre esprit et d'autres organisations
que ceux des compagnies à charte, etc., et il faut une loi
spéciale ou des règlements ou des articles de loi
spéciaux, d'accord.
D'autre part, comme le député de Saint-Maurice l'a
noté, il faut si nécessaire protéger les membres de vos
sociétés. Je me demande, si on retire les mots "ratifier la
rémunération fixée pour le secrétaire", si
l'assemblée annuelle ne peut pas l'infirmer quand même. Je crois,
que ce soit là ou non, que c'est un droit de l'assemblée
annuelle, n'est-ce pas, comme avocat?
M. BLAIN: On peut s'interroger sur la question de savoir si, à
l'occasion d'une assemblée annuelle, les membres d'une telle
assemblée peuvent décider qu'un geste précis posé
légalement et régulièrement par le conseil
d'administration va être supprimé dans ses effets ou va être
infirmé dans sa décision. J'entretiens des doutes sérieux
sur cette capacité, sur ce droit de l'assemblée
générale. Le recours de l'assemblée générale
est de changer son conseil si le conseil n'est pas à la hauteur de ses
fonctions mais, à ce moment-là, tous les actes que le conseil
poserait en cours d'année seraient susceptibles, d'une façon
isolée, d'être infirmés, et ça créerait un
régime d'incertitude qui serait difficile à concevoir.
M. TETLEY: Le conseil a le droit de nommer le secrétaire et de
fixer son salaire?
M. BLAIN : Non, exactement, c'est le conseil d'administration qui
désigne le secrétaire. En somme, au niveau des fonctions, le
secrétaire est un employé et il est tout à fait normal et
régulier que ce ne soit pas l'assemblée générale
d'un organisme quelconque que ce soit à caractère
coopératif ou capitaliste qui choisisse et rétribue les
employés.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a des cas d'abus, M. Paiement ou M. Blain?
M. PAIEMENT: Bien voici. On a demandé cela par suite de
l'expérience qu'on a eue, et le département des assurances pourra
certainement vous en faire part. Sur les 178 mutuelles actuellement que nous
avons, on a eu, je dirais, au moins 25 compagnies où il a fallu faire
changer le gérant. Et au premier abord, lorsque les membres de
l'assemblée annuelle ont su qu'on avait engagé, par exemple, un
professeur ou un homme qualifié pour tenir une bonne
comptabilité, ils se sont un peu révoltés, mais quand ils
voient les résultats de leurs compagnies, aujourd'hui, qu'ils ont vu
baisser leurs taux de prime par l'augmentation de leurs affaires et la bonne
administration, aujourd'hui, ils sont très satisfaits. S'il avait fallu
soumettre à l'assemblée générale, tout d'abord,
d'engager cet homme à tel prix, cela aurait bloqué. On
considère que nos mutuelles... Vous savez, l'âme de la mutuelle
est encore le secrétaire-trésorier et c'est pourquoi on lui
demande des compétences. Les cultivateurs ne peuvent pas juger de la
compétence parce qu'ils ne peuvent pas juger nécessairement de la
totalité du travail qu'il y a à faire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): La seule remarque que je voulais faire, M. le
Président, c'est qu'il y a des arguments pour et il y a des arguments
contre. Dans le cas des mutuelles d'incendie, bien souvent, l'assemblée
coincide avec une réunion de la municipalité, parce que, assez
souvent, quand on examine la liste des mutuelles qui font partie de la
fédération, je sais qu'au municipal, le secrétaire de la
municipalité est engagé par la municipalité au taux du
salaire minimum. Si la municipalité veut lui payer un salaire
supérieur au taux du salaire minimum, il faut évidemment que ce
soit accepté par le conseil municipal. Mais le salaire est fixé
par ordonnance du salaire minimum. Si, dans ce cas-là, il n'y a pas de
salaire minimum, sauf la loi générale, qui recouvre tous les
travailleurs ou tous les employés dans la province de Québec, je
ne sais pas si le salarié d'une mutuelle est couvert par la Loi du
salaire minimum. Je ne le crois pas. Il n'y a pas d'indication dans ce
sens-là.
M. PAIEMENT: Ce n'est pas accepté pour le
secrétaire...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pardon?
M. PAIEMENT: Ce n'est pas accepté pour le secrétaire. Et
même pour certains secrétaires...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'est pas à temps complet, bien
souvent il est à temps partiel.
M. PAIEMENT: Les grosses compagnies ont des secrétaires à
temps complet. C'est seulement un dixième de nos compagnies.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dorchester.
M. DEMERS: Ah non! le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, personnellement, je serais enclin
à souscrire à la proposition qui vous est faite parce que
j'estime, à prime abord, qu'on pourrait peut-être, dans une autre
loi ramener encore cela et dire aux caisses d'épargne et de
crédit: Vous devriez vous contenter également pour votre
secrétaire, chaque année, qu'on arrive devant l'assemblée
générale et qu'on fasse ratifier par l'assemblée
générale le salaire du gérant.
Je pense que cela est justifiable pour des raisons de souplesse
administrative à l'intérieur d'une petite communauté,
surtout dans les cas où il y a eu des difficultés
d'administration. Personnellement j'ai déjà vécu
l'expérience au niveau d'une caisse d'épargne et de
crédit. S'il avait fallu faire ratifier le choix fait dans une
période où on a changé de gérant trois fois dans un
terme très court, cela nous aurait amenés sans avoir de gros
inconvénients, dans une position délicate. Parce que, qu'est-ce
que vous voulez, pour avoir des gars compétents, il faut négocier
les salaires. Et s'il faut commencer à faire une publicité
monstre autour de ça et avoir l'assentiment d'un peu tout le monde, je
trouve que c'est une lourdeur administrative qui ne correspond pas à la
mentalité des affaires normales. Je pense que le ministre n'aurait rien
à perdre en souscrivant à la suggestion et à retrancher ce
petit mot.
M. TETLEY: Oui, je vais le considérer. Je trouve vos arguments
très intéressants.
M. PAIEMENT: Je vous remercie, M. le ministre. Je continue à
l'article 266 où on dit: "Avis de convocation d'une assemblée est
donné au moins quinze jours avant sa date, en français dans un
quotidien de langue française et en anglais dans un quotidien de langue
anglaise dont le tirage atteint la localité où la
société a son siège social. Cet avis indique le lieu,
etc.", cela est très bien. Alors, on ajouterait, nous: De langue
anglaise ou de langue française et/ou au moins sept jours au moyen d'un
avis par courrier ordinaire. Dans nos campagnes, aujourd'hui, on en est rendu
au point que les journaux quotidiens, ce sont les petits journaux de fin de
semaine en quantité. Leurs annonces sont dans un très petit
espace. Ils ne sont pas lus par la plupart des gens civilisés mais
plutôt par la jeunesse et ainsi de suite. Tandis que l'avis par lettre,
on est certain qu'ils vont le recevoir.
Si les compagnies le préfèrent, on ne s'objecte pas
à la publication, mais, dans certains endroits, on n'a pas besoin de la
langue anglaise du tout, surtout dans notre province, pour un certain nombre de
compagnies, je ne dirais pas pour toutes. Mais on est convaincu que s'il y a
des compagnies qui fonctionnent ainsi depuis quinze ans, ce sont
celles-là qui avaient une assistance raisonnable. Autrefois, je me le
rappelle, il y a 40 ans, par exemple, on faisait l'annonce à la porte de
l'église, aujourd'hui, c'est disparu. Si vous voulez, cela existe encore
peut-être dans la vieille loi mais dans la nouvelle loi on n'en parle
pas. Alors, ce sont les journaux.
Mais le journal quotidien il y a une quantité aujourd'hui
quels sont les gens qui vont le recevoir et qui vont y voir la petite
annonce qu'il va y avoir dedans? Dans ces journaux, enfin tous les journaux
qu'on appelle de fin de semaine, les colonnes d'annonces sont tellement petites
ou si vous prenez dans la Presse et il y en a tellement que les
gens ne s'occupent pas de les lire et ils ne le sauront pas. S'ils
reçoivent leur avis par lettre, là ils vont l'avoir.
M. BLAIN: Avec la permission du président, pour confirmer ce que
M. Paiement vient de dire, on trouve d'ailleurs une correspondance à
l'article 302. Dans l'article 302, on parle de l'échéance ou de
l'exigibilité de la cotisation.
On prévoit que le membre peut recevoir, par courrier, son avis de
cotisation. Je pense que, pour simples fins de concordance, si une mutuelle
envoie à un membre un avis de cotisation par courrier, ce serait
décent que le membre reçoive également un avis de
convocation par courrier. En somme, qu'on pense au courrier non pas simplement
pour lui réclamer de l'argent, mais aussi pour l'inviter à
l'assemblée.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Ne pourrait-on pas, M. le Président, pour plus de
sécurité, mettre les deux?
UNE VOIX: C'est cela. C'est ce qu'on demande. On dit: "et/ou". On
n'oblige pas les deux. On dit: "et/ou".
M. DEMERS: Non, obliger, parce que, si c'est par lettre, un
secrétaire qui ne veut pas avoir de gens à son assemblée
enverrait les lettres à qui il voudrait, tandis que, s'il est
obligé de le publier dans le journal, il n'y a pas d'excuse pour
personne.
M. PAIEMENT: Ah bon!
M. DEMERS: Ce n'est pas parce que je prévois que les
secrétaires vont être malhonnêtes, mais s'ils ne veulent pas
que leurs salaires soient discutés en public, ils vont peut-être
arranger cela pour qu'il n'y ait pas grand monde.
M. PAIEMENT: Les deux. D'accord, qu'on mette les deux, mais qu'on
accepte au moins la lettre.
UNE VOIX: Oui.
M. PAIEMENT: Parce qu'on a la conviction que les petits journaux, la
grande majorité de nos assurés ne les recevront pas, dans bien
des régions, c'est-à-dire ne les liront pas, parce qu'ils
n'achètent pas le journal. Ils vont acheter "Allo-Police",
différents journaux comme cela. Il faudrait donc les publier dans un
paquet de journaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au lieu de mentionner un quotidien, je
suggérerais qu'on marque: "dans un journal". Parce qu'il y a de vastes
régions de la province je ne parle pas des agglomérations
urbaines il y a des régions qui sont toutes couvertes au moins
par un hebdomadaire, qui a une assez forte pénétration. Alors, si
on disait: "dans un journal", s'il y a une publication dans un journal et
l'avis par courrier... Disons que c'est dans la région de la
Gaspésie. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de quotidiens qui entrent
dans la région de la Gaspésie. Mais vous avez certainement des
hebdomadaires en Abitibi, en Gaspésie, au Lac-Saint-Jean, qui couvrent
cette région et qui ont une assez bonne pénétration dans
les foyers. Je pense qu'une annonce dans ces hebdomadaires serait beaucoup plus
lue qu'une annonce dans un quotidien de la métropole qui n'y va pas ou
qui n'y va presque pas.
M. PAIEMENT: Vous avez grandement raison. Je vous dirai, à titre
d'expérience, que, dans une paroisse où il y a 182 assurés
je me suis informé au bureau de poste il se reçoit
18 journaux "La Presse" et deux "Devoir". C'est tout ce qu'il y a de
quotidiens. Le restant, ce sont des hebdomadaires.
M. DEMERS: Le restant, c'est du toc et ces affaires-là.
UNE VOIX: Alors, d'accord? M. TETLEY: Très bien.
M. PAIEMENT: On passe à l'article 270: "Tout administrateur d'une
société mutuelle d'assurance-incendie doit être porteur
d'une police d'assurance contractée auprès de la
société pour un montant d'au moins mille cinq cents dollars." On
vous demande ceci, la même chose, en ajoutant: Pour son droit
d'administrer la société, qu'il soit un résident dans le
territoire de la société. C'est qu'on a beaucoup de gens qui sont
rendus dans les villages ou dans les petites villes, aujourd'hui, mais qui ont
gardé, en vendant la terre à leur fils, un peu de machinerie ou
certaines choses, un petit montant d'assurance, ou qui demeurent dans un autre
logis et qui ont laissé un petit peu de ménage là, pour se
conserver, à la mutuelle, les $1,500 pour venir voter. On demanderait
que domicile soit élu dans le territoire, pas nécessai- rement
dans la paroisse où ils étaient, mais dans le comté, au
moins, où la mutuelle opère, pour que l'intérêt
reste dans la région, qu'il n'y ait pas simplement
l'intérêt de s'opposer à faire réduire les
cotisations ou à faire supprimer des exigences.
C'est pourquoi nous faisons cette suggestion.
M. LATULIPPE: Vous voulez faire ajouter, à l'article 270, cette
mention de comté.
UNE VOIX: Une condition additionnelle, entre autres.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous spécifiez bien comté ou
territoire d'affaires?
M. PAIEMENT: Le territoire dans lequel on a juridiction, parce que les
mutuelles ont juridiction dans tout le comté si elles le veulent. Il y a
plusieurs mutuelles qui ne font affaires que dans leur propre paroisse, mais
elles ont juridiction, par la loi du moins, dans tout le comté.
M. LATULIPPE: II ne faut quand même pas oublier qu'il vient d'y
avoir une révision.
M. PAIEMENT: Nous demandons cela pour une autre raison aussi. C'est
qu'assurément, dans la paroisse où le bureau de la compagnie
existe, il y a certainement de bons jeunes cultivateurs qui sont
intéressés à ce que l'assurance progresse, qui assurent de
gros montants, ainsi de suite.
Les vieux qui ont gardé un petit montant, soit pour rester
directeurs ou soit pour avoir leur mot à dire là-dedans, mais qui
demeurent en dehors, n'ont pas le même intérêt. Ils
critiquent les compagnies qui évoluent et qui bâtissent des
réserves, par exemple. J'ai entendu, à plusieurs
assemblées générales, des vieux dire: Ça fait 30,
50 ans qu'on existe; on n'a jamais eu de réserve et on a toujours bien
payé nos assurés. La situation n'est plus la même, les
montants d'assurance sont plus forts et on considère que bâtir une
réserve pour une compagnie, c'est une garantie pour l'assuré, un
fonds de solvabilité indispensable.
M. LATULIPPE : M. le Président, c'était seulement un point
de vue. Je préférais le mot, "territoire d'affaires",
"région où elle fait des affaires", qu'employer le mot
"comté". C'était seulement pour éviter certaines
difficultés.
M. PAIEMENT: Cela restreindrait encore davantage.
M. LATULIPPE: Disons que je connais des cas pratiques dans mon coin,
où on arrive à la limite du comté. Le territoire
d'affaires dépasse un peu la limite. En pratique, ça ne pose
peut-être pas de problèmes, mais pourquoi l'inscrire dans la loi?
Ce sont des complications
inutiles. On pourrait les éviter en employant un terme qui
engloberait tout, en parlant du territoire où elles font des
affaires.
M. PAIEMENT: On vous le laisse comme suggestion, M. le ministre.
M. TETLEY: C'est très difficile de rédiger une loi en
commission; c'est comme écrire un poème avec trois ou quatre
poètes. D'autre part, tout le monde peut faire des suggestions, mais
ça prend un homme qui fait la concordance, c'est tout. Mais j'en prends
note.
M. PAIEMENT: On vous soumet, M. le ministre...
M. TETLEY: Vous êtes grand poète, quand même, M.
Paiement.
M. PAIEMENT: On vous donne ça pour les expériences qu'on a
vécues dans certaines mutuelles.
M. TETLEY: C'est ça, vos conseils sont précieux et ils
sont importants.
M. PAIEMENT: Vous savez combien on a eu de difficultés dans
quelques-unes; les départements d'assurance pourraient vous en faire
part, pas pour les faire corriger, pour faire disparaître certains
directeurs qui, en somme, étaient un obstacle au progrès de la
société.
M. VINCENT: A l'article 270, je voudrais que le ministre vérifie
également... Qu'est-ce qui arrive dans le cas de sociétés
d'exploitants agricoles ou de compagnies où trois personnes sont membres
d'une société d'exploitants agricoles, de compagnies, qui
détiendraient une compagnie d'assurance comme sociétaires de
$80,000 ou $100,000? Je voudrais qu'on vérifie si un de ceux qui sont
reconnus comme détenteurs d'une police d'assurance peuvent devenir
administrateurs, premièrement. Deuxièmement, advenant qu'on
établisse le lieu de résidence on a fait la suggestion
si deux des propriétaires, membres de la société,
résident dans le territoire donné et le troisième
réside à l'extérieur, cela signifierait que le
troisième n'a pas le droit de faire partie du bureau d'administration.
C'est pour ça qu'en commission, on ne peut pas rédiger le texte
de loi, mais qu'on regarde cet aspect là également.
M. TETLEY : Je crois que la résidence, dans le cas d'une police
d'assurance d'une compagnie ou d'une société, est là
où se trouve le siège social.
M. DEMERS: Cela ajoute à la poésie.
M. TETLEY: Oui. Mais je vais m'informer.
M. DEMERS: Vous avez beaucoup de notes à prendre, M. le
ministre.
M. TETLEY: Continuez, s'il vous plait, M. Paiement.
M. PAIEMENT: La durée du mandat des administrateurs est d'un an;
elle peut être portée à deux ou trois ans par
règlement spécial. On a pensé vous demander de la mettre
d'abord pour deux ans et ensuite, éligible, partiellement chaque
année. Parce que, si la durée n'est que d'un an, on risque, dans
la même année, de renverser tout un bureau de direction et il n'y
aura pas de continuité. Des gens de bonne volonté, intelligents,
si vous voulez, mais qui arrivent dans une administration un peu extraordinaire
à leur genre d'affaires, risqueraient de placer la compagnie dans une
mauvaise situation. S'il y en a déjà qui ont deux ans
d'expérience, ils porteront l'objection en faisant remarquer aux autres
que telle et telle chose peut amener telle ou telle circonstance.
M. TETLEY: L'inspiration, c'est la loi des associations
coopératives.
M. PAIEMENT: Je vous comprends.
M. TETLEY: C'est exactement ça, l'article 53.
M. DEMERS: La loi ne vous donne pas de pouvoirs, M. Paiement?
M. PAIEMENT: Oui, il faudrait faire passer un règlement.
M. PEARSON: Un règlement spécial serait peut-être
plus difficile à ce moment.
M. DEMERS: Oui, mais on ne peut pas prévoir tous les coûts.
C'est une loi générale.
M. PAIEMENT: 278?
M. DEMERS: Je ne vois pas comment vous allez être enfargés
par cette loi!
M. LATULIPPE: On a déjà l'expérience des caisses de
crédit qui vivent cela depuis un bon bout de temps et cela ne pose pas
de problème.
M. PAIEMENT: C'était trois ans autrefois.
M. LATULIPPE: En fait, toutes les caisses ont fait des règlements
spéciaux et se sont fixé des mandats de trois ans, parce qu'en
bas de cela, ce n'est pratiquement pas possible d'avoir une permanence.
M. BLAIN: M. le Président, notez que si ce point-là avait
été le seul objet du mémoire, il n'y aurait probablement
pas eu de mémoire.
M. TETLEY: S'il vous plaît, continuez, M. Paiement.
M. PAIEMENT: Dans le cas de 278. "Le conseil d'administration se
réunit au moins une fois tous les trois mois c'est peu et
à toute autre époque sur convocation écrite du
président, du vice-président et de deux administrateurs." On vous
demanderait d'ajouter "écrite par le secrétaire sur
recommandation", parce que, dans les grosses compagnies surtout où il y
a quantité d'avis à envoyer, le secrétaire est
équipé, d'abord, d'une machine à écrire et a le
temps de le faire. Tandis que vous allez prendre des administrateurs qui vont
venir à la réunion le soir; s'il leur faut dicter un avis,
l'envoyer à tous les membres, à tout le conseil, cela devient un
problème. Qu'elle soit autorisée par le président ou le
vice-président ou deux administrateurs, mais écrite par...
M. VINCENT: Ecrite, ici, veut dire signée par le président
ou le vice-président.
M. PAIEMENT: C'est encore un embarras. Vous avez les mutuelles il
y en a une représentée ici où le président
demeure, si vous voulez, à 15 milles du secrétaire. Il y a
même des secrétaires qui ont très peu de moyens de
communication; ils sont à leur bureau à la journée et je
vous dirai qu'il y en a même qui n'ont pas de voiture à promenade.
Mais, quand c'est autorisé par eux, est-ce qu'il n'est pas logique que
le secrétaire envoie l'avis tel que demandé?
M. VINCENT: Vous voulez dire...
M. PAIEMENT: Ce ne sont pas les secrétaires qui
décident.
M. VINCENT: Cela a toujours été comme cela. "A toute autre
époque sur convocation autorisée du président, du
vice-président ou de deux administrateurs."
M. PAIEMENT: Oui.
M. VINCENT: Changez le mot "écrite" par...
M. PAIEMENT: II faut changer le mot "écrite", parce qu'ils
peuvent la faire écrire par le secrétaire. Nous ne voulons pas
que le secrétaire décide de la réunion; qu'ils la
décident eux-mêmes.
M. DEMERS: Si le secrétaire n'écrit pas les avis de
convocation, qu'est-ce qu'il va faire?
M. PAIEMENT: Pardon?
M. DEMERS: Si le secrétaire n'écrit pas les avis de
convocation et qu'il ne les rédige pas, quel va être son
emploi?
M. PAIEMENT: C'est justement la question que l'on vous pose.
Actuellement, le secrétaire n'est pas mentionné. On dit qu'il
faut que cela soit écrit par le président, le
vice-président ou...
M. DEMERS: II me semble que, dans tout bureau de direction et dans tout
conseil d'administration, le secrétaire exécute toujours les
ordres qu'il a reçus du président et du vice-président et
que ce n'est pas nécessaire de le mentionner dans une loi.
M. TETLEY: En tout cas, nous... Je cois que le
député...
M. PAIEMENT: C'est parfait, c'est ce que l'on vous demande.
S'il faut que ce soit le président qui écrive, il va dire:
Je n'ai pas le temps. S'il faut que ce soit les administrateurs, c'est la
même chose à certaines périodes de l'année.
M. TETLEY: Non, mais le secrétaire note, à la demande du
président ou à la demande de deux administrateurs, que la
réunion est convoquée.
M. PAIEMENT: Dans certains cas, s'il s'agit d'une réclamation
urgente ou de quelque chose comme cela, le secrétaire est avisé.
Il va appeler son président et lui dire: La réclamation est
considérable; est-ce que l'on doit convoquer une assemblée?
Là, le président va l'autoriser et dire: Envoie les avis.
M. DEMERS: Mais, dans les trois dernières lignes, vous demandez
des pouvoirs spéciaux pour le secrétaire?
M. PAIEMENT: Le pouvoir de l'écrire à la place du
président.
M. DEMERS: II doit y avoir des motifs sérieux de la convoquer. Il
peut convoquer seul l'assemblée?
M. PAIEMENT: Généralement, non.
M. DEMERS: Oui, mais dans ce que vous demandez, c'est ambigu.
M. PAIEMENT: "De deux administrateurs et écrit par le
secrétaire, avis..."
M. DEMERS: Le secrétaire pourrait, lui aussi, avoir des motifs
sérieux de convoquer une telle assemblée.
M. PAIEMENT: Le secrétaire, oui, mais...
M. DEMERS: Si, un matin, un secrétaire décide de convoquer
des assemblées, je pense que ce n'est pas son rôle.
M. PAIEMENT: Bien non.
M. DEMERS: II le fera lorsqu'il agira au nom
du président, du vice-président ou de ces gens-là,
mais qu'il convoque une assemblée à tout propos, je ne vois pas
de corporation et de conseil d'administration où le secrétaire
ait de tels pouvoirs.
M. PAIEMENT: Non, en somme, on se comprend peut-être mal,
monsieur.
M. BLAIN: II y a peut-être eu une erreur de rédaction dans
le rapport qui vous a été soumis. Il est évident qu'il
n'est pas de la compétence du secrétaire de convoquer
l'assemblée.
M. PAIEMENT: Mais on veut qu'il ait l'autorisation...
M. TETLEY: Bon! Parce que nous avons copié mot à mot
l'article 58 de la Loi des associations coopératives. C'est très
important au Québec, je crois, d'avoir autant que possible la même
loi pour les sociétés mutuelles que pour les associations
coopératives.
M. PAIEMENT: Autant que possible. Mais c'est parfait.
M. TETLEY: Souvent, c'est la même clientèle.
M. PAIEMENT: Oui, dans quantité de cas.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Paiement, étant
donné que tous les membres de la commission ont votre mémoire en
main, serait-il possible de résumer les points les plus importants?
M. PAIEMENT: On était rendu à 288. Le montant des risques
n'est pas défini, si vous voulez, mais ce ne l'est même pas dans
la nouvelle loi. L'article 341 a).
M. BLAIN: M. le Président, je voudrais signaler à
l'attention des membres de la commission que nous voulons retirer du
mémoire l'article 341 a).
UNE VOIX: Adopté.
M. BLAIN: C'est vrai également pour l'article 279 où on
maintient le principe de la gratuité.
M. DEMERS: Article 279.
M. PAIEMENT: L'article 341 a), on l'a ajouté et, après
l'étude, on l'a supprimé. Au paragraphe où il est question
des montants des dépôts, on a biffé notre demande de
délai et on conserve votre demande.
Les articles sur la convocation d'assemblées. L'article 446.
Est-ce que c'est bien ça? Si M. le Président le permet, allez-y
donc; vous êtes au courant.
M. BLAIN: Non, allez-y.
M. PAIEMENT. L'article 446 dit ceci: "Tout assureur doit, avant le 1er
mars de chaque année, préparer et déposer au service des
assurances, en la forme prescrite, par les règlements, un état de
ses opérations pour l'année se terminant le 31
décembre".
On vous demande d'ajouter: Le présent article ne s'applique pas
aux sociétés mutuelles d'assurance-incendie ni aux compagnies
d'assurance contre le feu, la foudre et le vent qui peuvent déterminer
la fin de leur année financière selon la période de douze
mois fixée par règlement et sur approbation du surintendant des
assurances.
Voici, c'est que l'obligation de tenir une assemblée avant le 30
mars crée dans certaines régions un problème. Je viens
d'en discuter avec le ministre, je crois. Il y a des régions, vous
savez, où les routes, l'hiver, en mars, sont bloquées à
cause des tempêtes et, puis, il n'y a pas d'assistance à
l'assemblée. Alors, s'il n'y a pas d'assistance, il faut la remettre et
elle va tomber quand?
M. TETLEY: Mais aujourd'hui les routes sont si bonnes à cause du
gouvernement actuel que...
M. PAIEMENT: M. le ministre!
M. TETLEY: ... vous n'avez pas à les remettre.
M.VINCENT: On va faire un mémoire là-dessus.
M. PAIEMENT: Si le bureau de direction était situé dans
les villes et qu'on assurait des gens de la ville, il y aurait toujours un
moyen quelconque de communication, mais il faut penser que la grosse
majorité de l'assurance portée par les assureurs des mutuelles
touche des gens éloignés dans les campagnes. Ce sont des gens des
rangs qui ont de grandes fermes et qui sont bien bâtis. Il peut arriver
que l'assemblée tombe un soir de tempête. Vous avez vu dans notre
province chaque année, chaque hiver, des routes fermées. On ne
peut pas prévoir quand viendra la tempête.
UNE VOIX: Non, non.
M. PAIEMENT: C'est pourquoi on vous demanderait de prolonger cela, s'il
y a moyen, jusqu'au 31 mai, au moins. Là, on est certain que, fin
d'avril et mai, s'il y a des orages électriques, ça passe pareil,
il n'y a pas d'impossibilité de se rendre. Il y a des gens qui sont pris
sur leur ferme, qui ne peuvent pas prendre le risque d'être deux jours
partis et ça, plusieurs compagnies me l'ont fait remarquer.
Les gens ont fait un effort pour se rendre à l'assemblée,
ils ont assisté à l'assemblée mais la tempête dans
la nuit a tellement bloqué les routes qu'ils ont passé deux jours
là avant de se rendre chez eux. Les producteurs de lait, par exemple,
ils doivent être là soir et matin. Ce
sont les voisins qui sont allés rendre service. Cela devient un
inconvénient. Je vous demanderais de prolonger cette date-là si
vous le jugez à propos.
M. DEMERS: Cela se passera tant que le gouvernement ne changera pas et
nous fera de meilleurs chemins.
M. VINCENT: On pourrait mettre un préambule: En attendant de
meilleures routes.
M. TETLEY: II existe un nouveau comté où les gens seraient
contents des routes?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Me Blain.
M. BLAIN: M. le Président, un dernier mot à mentionner. Il
s'agit de l'article 434, où on constate au deuxième
alinéa, qu'on dégage les mutuelles qui font partie d'une
fédération de l'obligation d'avoir leur propre service
d'inspection. C'est excellent.
M. TETLEY: Pardon, à quel article?
M. BLAIN: 434, M. le ministre. Donc, on reconnaît comme valide le
service d'inspection d'une fédération. Je vois là une
invitation discrète mais réelle aux mutuelles de se réunir
de plus en plus en une fédération. D'autre part, on impose ici
des responsabilités à la fédération.
Eventuellement, la fédération, pour satisfaire
adéquatement à ses responsabilités, sera peut-être
amenée à vous demander des pouvoirs qui ne seront que le
corollaire des obligations que vous lui imposez. De toute façon, c'est
une excellente introduction. Après quinze ans de vie à peu
près non officiellement reconnue, aujourd'hui on admet et on constate et
on confirme que les fédérations des mutuelles contre l'incendie
deviennent un organisme de plus en plus indispensable.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. BLAIN: Alors, je termine sur ces mots. Je remercie le
président, M. le ministre et messieurs les membres de la commission de
l'attention qu'ils ont bien voulu apporter à nos représentations.
Dans l'ensemble, je puis assurer les personnes ici présentes que mes
clients sont forts heureux de l'évolution dans le bon sens que marque le
bill 7 vis-à-vis des mutuelles contre l'incendie.
M. TETLEY: Merci. Puis-je aussi noter, M. le Président ainsi que
MM. Paiement et Blain, que le gouvernement et je crois tous mes
collègues des deux côtés de la table sont fiers de votre
fédération, du bon travail que vous avez fait depuis longtemps et
du progrès que vous avez fait, que vous avez noté
vous-mêmes. Nous voulons consacrer dans la loi votre nouveau statut et le
progrès déjà fait et nous voulons évidemment vous
aider pour l'avenir. Merci d'être venus.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. PAIEMENT: Je vous remercie Si vous permettez que j'ajoute un mot.
D'abord nous sommes très heureux de la réception que nous avons
eue. Nous avons fait des suggestions qui amenaient quelques petits changements;
nous avons appris ces suggestions de l'expérience que nous avons
vécue dans différentes compagnies et dans différents
milieux. Là, on est heureux de voir que vous reconnaissez la
fédération.
Maintenant, si vous croyez qu'il y aurait possibilité de lui
donner un peu plus de pouvoirs, celui de représenter ses mutuelles, par
exemple, en certaines occasions... En somme, cela se fait en bon ami, en bonne
considération, mais nous n'avons aucun droit sur nos mutuelles. On veut
les laisser libres, nécessairement, mais qu'on ait au moins le pouvoir
d'aller les représenter à l'occasion, comme nous le faisons ici,
si vous croyez qu'un règlement quelconque puisse nous donner ces
pouvoirs.
On vous remercie infiniment de la bonne attention et de
l'intérêt que vous nous avez manifestés et nous sommes
très heureux de voir que vous vous intéressez à ce projet
qui nous touche depuis nombre d'années.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Paiement...
M. PAIEMENT: Oui, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... je voudrais vous poser une question
indiscrète en terminant. Comment se fait-il qu'il y ait 36 mutuelles qui
ne sont pas membres de la fédération et qui représentent
$200 millions?
M. PAIEMENT: Monsieur, premièrement, je vous dirai que de ces 36
il y en a 2 qui en ont déjà fait partie et qu'on a dû
exclure parce qu'elles ne voulaient pas se conformer à des
règlements raisonnables. Elles en étaient rendues à faire
payer $7 le mille deux fois dans la même année. On trouvait qu'il
y avait de l'abus, etc., et comme elles ne voulaient pas se soumettre, des
inspecteurs ont passé deux mois dans ces compagnies pour leur dire,
à la fin: Nous regrettons mais voulons, nous autres, arriver nos
mutuelles par l'association qui s'appelle la fédération
à modifier d'abord la garantie des assurés et à
réduire le coût de l'assurance.
On va, dans nos mutuelles, chercher la raison du coût trop
élevé, soit à cause d'un surplus d'assurance, soit,
surtout, à cause d'une mauvaise inspection ou, parfois, à cause
d'un secrétaire
incompétent qui ne savait pas diriger ou qui ne pouvait pas dire
à son conseil ce qui se passait, en somme. Nous avons voulu cela.
Maintenant, comme il n'y a pas de loi qui oblige, on a fait une suggestion et
on la retire, parce qu'on veut laisser les mutuelles libres. Il y a
quelques-unes de ces mutuelles qui ont déjà réussi
à se réassurer dans d'autres compagnies. Je pense qu'il n'y en a
qu'une maintenant qui est réassurée, mais tout de même, on
ne peut pas les empêcher de fonctionner. Elles prétendent que
payer une contribution à la fédération, elles n'ont pas
besoin de faire cela. Elles croient avoir la compétence voulue. On ne
les force donc pas, mais chaque année notre nombre augmente: on est
rendu à 178 sur 224.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bien, merci.
M. PAIEMENT: Pour quelques-unes, on les a sollicitées,
c'est-à-dire qu'elles sont venues nous voir. Maintenant, nous ne les
avons pas acceptées pour une raison qui n'est peut-être pas
mauvaise: on leur a conseillé la fusion parce que c'était trois
petites compagnies dans trois paroisses différentes. Elles sont solides
à leur façon mais elles sont loin de pouvoir donner la protection
que les assurés pourraient demander. Alors, on leur conseille:
Fusionnez-vous, les trois, en une seule. On va vous aider à vous
fusionner, on va vous aider à faire tout ce qu'il y a à faire.
C'est une raison pour trois de celles-là.
M. VINCENT: Pour les fusions, vous pourriez rencontrer le ministre des
Affaires municipales.
M. PAIEMENT: On préfère le faire avec ceux qui
s'intéressent à notre organisation, vous savez.
M. DEMERS: Surtout avant les élections.
M. PAIEMENT: On ne va pas faire de politique là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci messieurs. J'invite
immédiatement le représentant du Bureau d'assurance du Canada
à prendre la parole.
Bureau d'assurance du Canada
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Guy Saint-Germain, président du
comité consultatif du Bureau d'assurance du Canada. Mon collègue
est Charles Moreau, directeur du Bureau d'assurance du Canada pour le
Québec.
M. le Président, M. le ministre et messieurs les membres de la
commission parlementaire, notre mémoire est particulièrement
bref. Ce n'est pas que nous n'ayons pas un grand intérêt dans la
Loi des assurances, mais nous avons fait de nombreuses représentations;
je pense que cela va aussi loin qu'au cours des derniers trente ans.
Nous sommes particulièrement heureux de voir enfin le jour
où la Loi des assurances du Québec est consolidée. Nous
sommes en parfait accord sur toutes les dispositions du projet de loi no 7,
à l'exception d'un point en particulier sur lequel nous avons remis un
mémoire. Il s'agit de la question du licenciement des agents de
réclamation.
Brièvement, pour vous exposer l'origine de notre position, le
processus de règlement des sinistres d'une compagnie d'assurance est
quelque chose qui est à la fois complexe et qui nécessite une
grande souplesse dans les responsabilités administratives. Nous nous
étonnons du fait qu'avec le projet de loi actuel, on veuille tenter de
licencier les agents de réclamation à salaire des compagnies
d'assurance, alors que, comme nous le disons dans notre mémoire, le
surintendant des assurances déjà émet des licences, des
permis d'opérer aux assureurs. On dit bien dans la loi, à
l'article 165, que le surintendant ne recommandera pas l'émission des
lettres patentes à moins qu'il ne soit pleinement satisfait des
connaissances et des compétences de l'administration de la compagnie
d'assurance en question. Nous disons que nous sommes ici devant un double
licenciement et on pourrait facilement se passer du deuxième.
Le deuxième argument que nous avons présenté est
que nous retrouvons la fonction d'agent de réclamation dans la plupart
des secteurs de l'activité industrielle, gouvernementale ou commerciale.
L'Hydro-Québec, par exemple, emploie des dizaines d'agents de
réclamation. Le Canadien Pacifique, Bell Canada, la maison Eaton et
toutes les grandes corporations ont leur propre service de réclamation.
Elles en ont un plus grand nombre du fait qu'un grand nombre de ces
sociétés ont recours à leurs propres assurances, le
self-insurance comme on l'appelle.
Là, on introduit un élément de discrimination. On
s'attaque à l'agent de réclamation d'une compagnie d'assurance
alors qu'on laisse en dehors de l'application de cette loi les agents de
réclamation de l'Hydro-Québec, de la Commission de
l'assurance-chômage ou des accidents du travail, de Bell Canada ou de la
maison Eaton.
Il y a un troisième point que nous invoquons. Nous trouvons un
autre élément de discrimination à l'article 490 où
nous excluons des agents d'assurance qui représentent les syndicats, les
souscripteurs non maritimes des Lloyd's, ce qui voudrait dire qu'en pratique,
un agent d'assurance qui représente les Lloyd's pourrait, lui, agir
à titre d'agent de réclamation sans obtenir une licence du
département des assurances, alors qu'un agent de réclamation pour
les Prévoyants ou le groupe "Commerce" ne pourrait pas faire la
même chose sans obtenir
au préalable une licence du service des assurances. Nous trouvons
que c'est inacceptable, la même chose pour les mutuelles de paroisse.
Dans le troisième point que nous invoquons, dans le processus de
règlement des sinistres tel qu'on le connaît aujourd'hui, il y a
deux catégories ou même trois d'individus qui sont
impliquées. Il y a ce qu'on appelle un évalua-teur des dommages.
Il y a un agent de réclamation et il y a aussi du personnel
intérieur qui intervient selon la complexité de la
réclamation.
Alors, nous nous demandons, s'il s'agit de donner des permis à
des agents de réclamation, si on va aller jusqu'à en donner aux
surintendants, par exemple, dans le service des sinistres qui, eux, sont
appelés à négocier des sinistres importants. On soustrait
généralement des responsabilités des agents de
réclamation certains sinistres, dès qu'ils sont très
importants.
Alors, cela nous semble d'une application absolument compliquée.
H faudra avoir des règlements pour dire qu'un tel est
considéré un agent de réclamation dans certaines
fonctions, un autre ne l'est pas. Je peux vous donner un exemple additionnel:
Certaines compagnies, par exemple, ont recours à du personnel de bureau
pour régler tous les sinistres inférieurs à $50 ou $100:
Les brûlures de cigarettes, par exemple, les bris de vitres, des
égratignures sur des voitures, etc. Alors, on se demande s'il serait
nécessaire aussi de soumettre tous ces gens à un long processus
d'examen avant de décréter qu'ils sont compétents.
Le quatrième point que nous invoquons, c'est que nous ne croyons
pas que, dans le passé, le système actuel ait donné lieu
à des abus. Nous savons qu'il y a eu dans ce domaine-là, comme
dans d'autres, des gens malhonnêtes qui ont réussi à se
glisser. Mais si l'argument qu'on nous présente est à l'effet que
c'est plus facile d'évincer les indésirables quand il y a un
permis d'émis, nous ne sommes pas de cet avis. Dans la plupart des cas
de fraudes qui viennent du processus "règlement des sinistres", c'est
quelque chose qui ne se prouve à peu près jamais. Il n'y a
personne qui va donner des affidavits à l'effet qu'un tel a
fraudé. Mais le "management" d'une compagnie d'assurance, d'un ensemble
de circonstances, en arrive à conclure qu'on est en présence d'un
individu qui, effectivement, ne répond pas aux standards
d'honnêteté qu'on exige. A ce moment-là, on a recours au
congédiement. Dans les cas de permis, il faudra prouver tout cela avec
des affidavits, etc., etc. C'est notre prétention que nous ne
réglerons pas le problème de la malhonnêteté, si
problème de malhonnêteté il y a.
Donc, pour tous ces arguments, nous prenons une posision de principe.
Nous sommes contre le permis aux agents de réclamation. Nous avons
regardé ce qui se produit, ce qui se passe aux Etats-Unis. On
reconnaît qu'il y a quelques années il y a eu une tendance, aux
Etats-Unis, à vouloir accorder des permis à certaines parties du
personnel des compagnies d'assurance. Cela s'appliquait tout autant aux agents
de réclamation qu'aux inspecteurs ou aux évaluateurs. Depuis ce
temps, ils se sont aperçus, dans la plupart des Etats qui ont eu cette
loi, qu'ils créaient un nid de difficultés administratives
considérables. Et la tendance est à l'élimination de ces
dispositions.
Alors, notre prétention, c'est que nous disons que le
surintendant des assurances a tous les pouvoirs au niveau de l'émission
des permis d'exploitation des assureurs. Et, s'il devait se convaincre que
certains assureurs ont à leur service des gens indésirables, il
devrait procéder par le biais du permis d'exploitation plutôt que
par l'obligation qu'une fraction du personnel en particulier ait un permis.
M. TETLEY: Merci, M. Saint-Germain. Est-ce qu'il y a des juridictions au
Canada où les agents ont des permis tel qu'il est prévu dans
notre projet de loi?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Pas à ma connaissance.
M. TETLEY: Je crois que non.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Pas à ma connaissance.
M. TETLEY: D y a quand même le rapport McWilliam, en
Nouvelle-Ecosse, à l'effet qu'il faut leur accorder des permis.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): II y a eu une commission royale d'enquête,
en Nouvelle-Ecosse, qui contenait une recommandation à cet effet. Aussi,
dans le rapport McWilliam's, qui est Ontarien, on est arrivé à
cette conclusion quoique je ne crois pas qu'elle ait été
textuelle dans le rapport McWilliam's.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a des juridictions, aux Etats-Unis, où
on insiste pour que les agents, même des compagnies, soient
licenciés?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Par les agents de réclamation?
M. TETLEY: Oui.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Oui. Comme je l'ai dit, je ne peux pas vous
donner le nom des Etats. Nous avons communiqué assez récemment
avec un vice-président de la compagnie Insurance Company of North
America parce qu'on est quatrième ou troisième aux
Etats-Unis et c'est par lui que nous avons eu l'information quant
à l'orientation générale de la réglementation dans
ce secteur. Malheureusement, je n'ai pas le nom des Etats qui l'ont eu et qui
l'ont abandonné, aux Etats-Unis.
M. TETLEY: Nous avons eu, comme vous le savez, de fortes pressions
d'autres groupements,
afin que les agents de réclamation des compagnies aient des
permis et nous avons mis l'article, dans le projet de loi, qui est un document
de travail, afin de soulever le débat. Nous notons toutes vos objections
et vos arguments, qui sont très intéressants. Pour ma part,
j'attends les autres mémoires et autres arguments et
représentations concernant la question et nous allons décider,
ici ou à l'Assemblée nationale, s'il faut accorder des permis ou
non.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Je peux peut-être ajouter un mot, M. le
ministre. C'est que les assureurs québécois, eux, ont
peut-être un intérêt encore plus grand dans cette question
que certains autres assureurs qui opèrent plutôt à
l'échelon national. Il y a une dizaine d'années, les compagnies
québécoises ont opté d'une façon assez
catégorique pour le système d'agents de réclamation de
compagnie, plutôt que le système d'agents de réclamation
indépendants. Il y a certaines raisons, à cela, qui tiennent
à l'efficacité et au coût d'administration, que nous
croyons être inférieur.
Par contre, cela nous amène les problèmes suivants: il
n'est pas plus facile de trouver des agents de réclamation qui vont
aller s'installer à Lac Mégantic qu'il est facile de trouver des
médecins qui vont aller s'installer à Blanc-Sablon ou
ailleurs.
Pour assurer la souplesse dans tout le système, nous pouvons
entretenir des agents de réclamation inférieurs aux standards que
nous exigeons habituellement, pendant une certaine période de temps,
à cause de la nécessité d'avoir un homme en poste, mais
nous allons l'appuyer, à ce moment-là, d'une façon
beaucoup plus complète par le service téléphonique.
En d'autres mots, ses responsabilités sont réduites et il
doit avoir recours à un personnel de cadre, au bureau principal, comme
personnel de soutien. Alors si quelque chose comme cela est adopté, dans
tous les postes éloignés, nous appréhendons de grandes
difficultés pour obtenir tout le temps le personnel requis pour faire
face aux besoins de règlements de sinistres dans ces coins.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT: (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Dans le domaine de l'assu-rance-automobile, ces
gens-là ne vivent-ils pas une expérience dans ce sens, avec les
underwriters et autres?
Cela donne un certain service à la population, même si ce
n'est pas nécessairement très régionalisé dans
certains secteurs. Il faut en faire et ça donne des services assez
rapides. Je pense surtout aux plans des compagnies d'assurance-automobile qui
sont regroupés dans certains secteurs; je pense surtout aux
activités d'underwriters et autres.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): En vertu de la présente loi, de
même que dans le projet de loi, les agents de réclamation,
à salaire, pour le Bureau d'expertise des assureurs, doivent obtenir une
licence. Nous ne nous opposons pas à ça parce qu'ils agissent un
peu comme agents de réclamation indépendants. C'est un groupe de
compagnies qui se sont mises ensemble pour procurer les services d'agents de
réclamation, mais c'est une compagnie à but lucratif et elle
opère de la même façon que les agents de réclamation
indépendants. C'est à distinguer du réseau d'agents de
réclamation à salaire qui font partie du personnel d'un assureur
au même titre que n'importe quel autre employé à
l'intérieur de l'organisation.
M. LATULIPPE: Je soulevais ça parce que vous avez
mentionné tout à l'heure qu'il y avait des possibilités
d'augmentation de coûts parce que vous seriez amenés à
annuler des services dans des régions éloignées, que ce
n'était pratiquement pas faisable à cause de la faible
densité des assurés, etc. Mais, s'il y avait un certain
regroupement volontaire qui se faisait au niveau des assureurs, est-ce que ce
n'est pas un service qui mériterait d'être considéré
de la part des assureurs?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): II y en a un actuellement par le bureau
d'expertise, mais ce service fonctionne à un coût
légèrement supérieur à celui des compagnies comme
Les Prévoyants, la Royale, le Groupe Commerce ou la Commercial Union.
Question de regrouper ces agents de réclamation en une seule
entité, c'est une autre question.
M. LATULIPPE: De toute façon, c'est seulement un renseignement
que je voulais avoir. Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
l'Islet.
M. GIASSON: Vous n'avez pas l'impression qu'au cours des
dernières années, les agents de réclamation, au
Québec, ont atteint un niveau de compétence et
d'efficacité plus grand que ce qu'on constatait autrefois? Autrement
dit, j'ai l'impression que ces gens ont décidé de se donner un
genre de code d'éthique. Si un individu veut aller vers la pratique de
la fonction d'agent de réclamation, il est obligé de se soumettre
à des examens beaucoup plus sévères, beaucoup plus
complexes qu'autrefois. N'avez-vous pas l'impression aussi qu'il y une
espèce de regroupement interne à l'intérieur du groupe des
agents de réclamation au Québec et que déjà les
effets de ce travail se font sentir de façon appréciable?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): II faut distinguer si vous avez en tête
les agents de réclamation indépendants, ceux qui agissent
à leur propre compte et qui louent leurs services à
n'importe quelle compagnie qui veut bien les retenir. C'est exactement
vrai pour eux. Dans le projet de loi, nous ne nous opposons pas à ce
qu'ils soient licenciés parce qu'il n'y a pas d'autorité, pour
juger de leur compétence, autre que celle du surintendant des
assurances, pour ce qui est d'un agent de réclamation
indépendant. Pour un agent de réclamation qui fait partie du
personnel d'une compagnie, il a déjà tout un processus
d'approbation, si vous voulez, des compétences de la compagnie
d'assurance. C'est celui-là que nous n'aimerions pas voir soumis au
processus de réglementation du surintendant des assurances.
Actuellement, celui-là n'est pas obligé d'obtenir une
licence avant de négocier une compensation. Avec le nouveau projet de
loi, c'est l'intention du département des assurances de l'amener au
même titre qu'un agent de réclamation indépendant. C'est ce
à quoi nous nous opposons.
M. GIASSON: C'est ce que vous n'acceptez pas.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): C'est ce que nous n'acceptons pas.
M. VINCENT: J'aurais une question supplémentaire à poser,
M. le Président. A ce moment-là, ne ferions-nous pas mieux
d'ajouter à l'article 490 un autre alinéa où l'on pourrait
dire: L'interdiction contenue à l'article 489 ne s'applique pas aux
employés d'une compagnie qui auraient leur bureau de réclamations
ou leur propre service de réclamations? Est-ce que cela ne
réglerait pas le problème?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): C'est ce que nous demandons et c'est ce qui
existe dans la loi actuelle des assurances.
M. VINCENT: Ajouter simplement un sous-paragraphe...
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Ou un alinéa.
M.VINCENT: ... pour mentionner que les employés d'une compagnie
qui ont leur propre service de réclamations...
M. SAINT-GERMAIN (Guy): C'est cela. Si M. le ministre, dans un vent de
dynamisme, voulait précéder certaines lois, il pourrait aussi
exclure de l'application de la loi les employés des compagnies
d'assurance à salaire qui voudraient bien se regrouper avec d'autres
assureurs québécois pour offrir des postes dans des associations
de sinistres. Actuellement, ce que nous demandons, c'est la soustraction
à la loi d'un agent de réclamations à salaire pour une
compagnie. Or, dans la loi actuelle, dès qu'un agent de
réclamations à salaire pour une compagnie veut négocier
pour une autre, il doit avoir un permis. Par exemple, un agent de
réclama- tions du groupe Commerce ne peut pas négocier pour le
compte des caisses populaires sans obtenir un permis, mais il peut
négocier pour le compte du groupe Commerce sans en avoir un. Or, si vous
vouliez aller plus loin, il faudrait peut-être explorer ces
facilités qui pourraient nous permettre de réorganiser les
services de réclamations.
M.VINCENT: C'est-à-dire qu'il peut faire une recommandation
à l'autre groupe qui, par la suite, passe cette recommandation à
son service de réclamations qui l'approuve ou la refuse.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): C'est toujours possible.
M. VINCENT: C'est un service qu'il prête.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Surtout quand on pense aux possibilités
d'orientation de l'assurance automobile du côté de la
responsabilité sans faute, quelque chose qui est...
M.VINCENT: Vous avez lu notre programme?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): On a lu votre programme, oui.
M. VINCENT: Merci.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): On pourrait vous en parler.
M. JORON: Vous avez beaucoup de loisirs.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Pardon?
M. VINCENT: C'est reposant.
M. JORON: Vous avez beaucoup de loisirs.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): C'est-à-dire que nos loisirs sont
occupés ces temps-ci à lire tous les mémoires qui viennent
de vous, messieurs.
M. DEMERS: Ils ne sont pas habitués aux plaquettes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Messieurs...
M. DEMERS: C'est commenté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Messieurs, merci bien.
M. TETLEY: Je vous remercie, messieurs, de votre mémoire et de
votre coopération. Je note avec un certain plaisir que vous n'avez eu
qu'un seul article à commenter sur les 600 articles.
M.SAINT-GERMAIN (Guy): On aimerait que ce soit toujours comme cela, sans
aucun doute. Il y a une dernière chose que l'on pourrait vous demander.
Vous pourriez peut-être consulter les linguistes quant à
l'appellation d'agent de réclamations. Le mot "agent de
réclamations" a trouvé son chemin dans notre législation
à la suite d'un concours de circonstances, mais il n'est pas du tout
certain que ce soit une appellation correcte, d'après les linguistes.
Mais lorsque l'on va dans ce domaine...
M.DEMERS: Est-ce que vous auriez une suggestion?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Apparemment, il faudrait appeler employer les
mots "expert d'assurance" si on voulait être...
M. DEMERS: Des experts?
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Expert d'assurance.
M. VINCENT: Communément, on les appelle des "ajusteurs".
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Quand le mot "agent de réclamations" a
été retenu, cela a été pour remplacer le mot
dispatcher lorsqu'on en a discuté ici la dernière fois.
Le mot dispatcher avait été suggéré, mais ce
n'est pas ça. Les linguistes pourraient peut-être vous conseiller
sur ça. C'est une question...
M. DEMERS: II est absent, le nôtre.
M. TETLEY: Le député de Saint-Maurice prend bonne note
pour le député de Chicoutimi.
M. DEMERS: Quand on va venir à l'article, je ferai attention,
puis je donnerai la traduction au ministre.
M. TETLEY: Merci.
M. SAINT-GERMAIN (Guy): Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Association des compagnies de fiducie du
Canada
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'invite le représentant de
l'Association des compagnies de fiducie du Canada.
M. TETLEY: M. le Président, pourriez-vous demander s'il y a
d'autres groupes aussi dans la salle qui sont prêts à
témoigner?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'il y aurait d'autres
groupes dans la salle qui sont prêts à témoigner?
UNE VOIX: II n'y en a aucun, M. le ministre.
M. TETLEY: Très bien.
M. PICHE: Marcel Piché, avocat. M. le ministre vient de noter
avec satisfaction que mes prédécesseurs n'avaient qu'une seule
critique à l'égard d'un seul article, je vais lui faire le
plaisir de lui dire que nous n'avons, nous, aucune critique à faire et
aucune suggestion à formuler par rapport à aucun des articles de
la loi.
La seule raison...
M. DEMERS: On est d'accord.
M. PICHE: ... de ma présence ici ce matin je serai
très court c'est que je sais que les compagnies d'assurance ont
fait certaines représentations, demandant des modifications au projet de
loi, de façon à leur accorder les pouvoirs fiduciaires. Nous
voulons simplement que la commission note l'opposition des compagnies de
fiducie du Canada qui font affaires dans le Québec à un
amendement qui donnerait des pouvoirs fiduciaires aux compagnies d'assurance.
Nous croyons que la fiducie est une spécialité, que
l'administration des biens pour autrui est une spécialité, que
les compagnies de fiducie ne se forment pas en un jour ou qu'on n'exerce pas
des pouvoirs de fiduciaire avec un personnel compétent en un seul jour;
je voudrais aussi que vous notiez que, dans le Québec entre autres, le
personnel n'est pas très facile à former, parce que nous n'avons
pas une très longue tradition dans la fiducie. Les francophones qui
travaillent pour les compagnies de fiducie commencent seulement à se
présenter en plus grand nombre; s'il fallait que nous commencions
à nous les arracher avec les compagnies d'assurance, cela
créerait un problème encore plus grave que celui auquel nous
faisons face.
Nous croyons que l'article 391 g), qui donne aux compagnies d'assurance
le pouvoir de faire les opérations complémentaires à leurs
opérations principales, devrait suffire et nous ne voyons pas quel
avantage la société retirerait d'un service fiduciaire par des
compagnies d'assurance.
Je voudrais également souligner que l'administration d'une
succession par exemple et c'est là qu'on trouve surtout les
principaux pouvoirs fiduciaires que nous exerçons n'a
peut-être pas avantage à fractionner l'administration de ses biens
entre différents organismes. On me dit également que les
compagnies d'assurance représentaient qu'elles seraient heureuses
d'avoir le pouvoir d'administrer au moins pour autrui ou pour une succession
les produits des compagnies d'assurance. Là aussi, si vous
concédez cet amendement, vous provoquerez probablement dans certains cas
un fractionnement d'administration de la succession et pas toujours dans le
meilleur intérêt de la succession.
Vous avez une partie des sommes qui seront administrées par les
compagnies d'assurance sur certificat de dépôt ou autrement, vous
aurez les immeubles qui seront administrés par une société
de fiducie. Vous aurez une société de fiducie qui verra
peut-être aussi à l'emploi des sommes qui proviennent d'autres
sources que des assurances qui fera les investissements ou les placements ou
agira comme conseil dans les placements d'obligations et d'actions.
Alors, je me demande si ce ne serait pas compliquer un peu plus la vie
des successions que ce ne l'est pas présentement. Nous avons soumis un
mémoire qui est court, mais qui, je crois, est très au point. Je
ne crois pas devoir prendre plus du temps de la commission, mais c'est la
représentation que nous voulions vous faire. Merci.
M. TETLEY: Merci, Me Piché. Je trouve des plus importantes, les
lettres que vous m'avez adressées, celles du Department of Insurance,
d'Ottawa, and the Ministry of Consumer and Commercial Relations, letters dated
July 12 and July 23, de même que votre mémoire parce que vous
soulevez la question de la juridiction des compagnies d'assurance et de la
juridiction des compagnies de fiducie. Vous avez soulevé une
deuxième question: les pouvoirs de ces compagnies dans d'autres
juridictions, dans d'autres provinces. J'ai déjà dit: Nous
voulons donner les droits qu'il faut à nos compagnies d'assurance au
Québec, mais nous ne voulons pas, après l'adoption de la loi,
qu'une autre province, l'Ontario, par exemple, ou le fédéral
donne d'autres pouvoirs supplémentaires, soit à d'autres
compagnies d'assurance ou à des compagnies de fiducie.
J'ai une question pour vous: Est-ce que votre association, qui est une
association canadienne, a l'intention de demander à d'autres
juridictions d'autres pouvoirs pour les compagnies de fiducie, soit en Ontario,
soit au fédéral ou ailleurs?
M. PICHE: Présentement, non, M. le ministre. Nous sommes
satisfaits de notre sort.
M. TETLEY: Très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le seul élargissement de pouvoirs
que demandent certaines compagnies à charte québécoise,
auquel vous vous opposez. Elles demandent également de pouvoir donner
des services d'actuariat, des services dans le domaine de
l'électronique...
M. PICHE: Ces domaines-là ne nous regardent pas du tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même si vous pouvez tomber en
concurrence, à un moment donné, avec certains autres secteurs. Du
côté de l'électronique, vous n'êtes pas
organisés du tout?
M. PICHE: Du tout. Vous savez, nous voulons vous représenter que,
bien que nous soyons des institutions financières, en même temps
c'est l'évolution qui a voulu cela nos principales
fonctions sont des fonctions de fiduciaires. Le jour où ces
fonctions-là commenceront à être fractionnées, les
compagnies de fiducie n'auront plus raison d'exister. Or, l'histoire veut
nous avons une comparaison qui est tout près de nous que
les pays qui n'ont pas la même organisation et le Canada est une
espèce de leader dans ce domaine-là dans le monde entier
de fiducie que nous avons ici dans le Québec sont en désavantage.
Prenez, par exemple, les Etats-Unis qui n'ont pas de compagnies de fiducie de
même nature que les nôtres. Les compagnies de fiducie, à
toutes fins pratiques, aux Etats-Unis sont des banques, des banquiers tout
simplement. Les successions s'administrent par les banques, même si cela
s'appelle parfois bankers trust ou tout ce qu'on voudra, et la fiducie n'est
pas comprise comme elle l'est chez nous. Chez nous, on trouve le régime
de la fiducie dans le code civil et, en France, on trouve la fiducie comme on
la trouve ici.
Cela fait partie de notre tradition, de la tradition que nous impose
notre culture. Je pense que cela a rendu de grands services à la
société québécoise, que nous existions avec les
pouvoirs que nous possédons. Notre objection, c'est qu'on ne fractionne
pas les pouvoirs des fiduciaires, qu'on les laisse aux compagnies de
fiducie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'autres questions? Merci, M.
Piché.
M. TETLEY: Je remercie votre association, M. Piché. M. le
Président, avant d'ajourner, je voudrais demander au secrétaire
des commissions si, par hasard, il peut convoquer par téléphone
d'autres groupements pour demain. Vous en aviez, si je comprends bien, quatre
de convoqués, mais la commission est si efficace, vous voyez, qu'on a
fait le travail de deux commissions en une matinée.
S'il y a des avocats ou autres qui sont ici présents à
Québec, qui sont disponibles ou d'autres à Montréal, qui
sont prêts à venir, je voudrais qu'ils soient convoqués.
Vous savez, la convocation était pour aujourd'hui et demain; je voudrais
suggérer un ajournement jusqu'à demain, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
à demain, le mercredi 19 septembre, à dix heures.
(Fin de la séance à 12 h 52)