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Commission permanente des
institutions financières, compagnies et
coopératives
Projet de loi no 7 Loi sur les assurances
Séance du mercredi 19 septembre 1973
(Dix heures deux minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs !
Canadien Pacifique
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je vous souhaite la plus cordiale
bienvenue à la deuxième séance de la commission
parlementaire des institutions financières, compagnies et
coopératives. J'invite immédiatement les représentants du
Canadien Pacifique.
M. JOANNETTE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Auriez-vous l'amabilité de
vous présenter et de présenter aussi votre collègue.
M. JOANNETTE: Mon nom est Jean-Guy Joannette, avocat et je
représente Canadien Pacifique Limitée.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Allez-y.
M. JOANNETTE: Notre intervention, M. le Président, a trait au
chapitre 7 du bill qui traite des agents de réclamation. Ce chapitre
faisait autrefois partie de la loi 57 des Statuts de 1964, d'un chapitre
séparé, d'une loi séparée et notre intervention
concerne particulièrement l'article 490 qui donne une liste d'exemptions
de gens qui sont soumis à la loi. Sous les dispositions du chapitre 57
des Statuts de 1964, les employés de compagnies, comme le Canadien
Pacifique, le Canadien National et l'Hydro-Québec et même les
services gouvernementaux étaient exclus de l'application de la loi parce
qu'ils faisaient affaires uniquement pour un seul employeur.
Nous remarquons que l'article 490 n'a pas inclus cette exclusion et nous
souhaiterions que le paragraphe 4 g) du chapitre 57 soit incorporé
à l'article 490, sous le sous-paragraphe i) par exemple.
M. TETLEY: La question a été soulevée fortement
hier, évidemment, et j'attends d'autres mémoires. J'ai même
lu des mémoires d'autres associations et d'autres groupements. Pour ma
part, comme je l'ai dit hier, l'article en question, Me Joannette, était
un article dans un document de travail. Nous avons lancé le défi
ou la suggestion. Nous attendions vos commentaires. Nous avons reçu vos
commentaires.
Pour ma part, j'étudierai attentivement vos recommandations.
Cette loi nouvelle n'existe pas ailleurs, sauf qu'il y a deux commissions qui
ont recommandé une telle loi, en Nouvelle-Ecosse et en Ontario. Mais
comme vous, j'ai certaines réserves.
M. JOANNETTE: Je vous remercie infiniment, M. le Ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde Limoilou): Aucun commentaire des membres de la
commission? Je vous remercie infiniment, messieurs.
J'invite immédiatement les représentants de l'Entraide de
la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec.
Entraide de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Québec
M. CASTONGUAY (Charles): M. le Président, mon nom est Charles
Castonguay. Je suis ici le porte-parole d'un groupe de sociétés
d'entraide et de sociétés de secours mutuels et de ce qu'on
appelle sociétés de dollars au décès, pour ce qui
regarde la première partie du mémoire qui a été
présenté par onze sociétés. J'ai à mes
côtés le porte-parole de l'Entraide de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Québec et de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Québec, M. Emile Jacob, et également des
représentants des diverses sociétés mentionnées
dans notre mémoire. A mon extrême droite, M. Laval Turcotte,
président de l'Association de protection mutuelle de la province de
Québec dont le siège social est à Thetford, M. Henri
Paquet, secrétaire-trésorier de cette même
société d'assurance, et, à ma gauche, M. Jacques Otis qui
représente le groupe de sociétés du Bas Saint-Laurent, ce
que l'on appelle couramment les sociétés de dollars au
décès et ici, M. Marcel Bureau, directeur général
et représentant de la Société Saint-Jean Baptiste de
Sherbrooke.
M. le Président, M. le ministre, Messieurs les membres de la
commission parlementaire, pour résumer le contenu de notre
mémoire, qu'il me suffise, au départ, de mentionner que les onze
sociétés qui se sont unies en quelque sorte pour présenter
ce mémoire se classent en quatre catégories de
sociétés. Nous avons d'abord deux sociétés
d'assurance légalement constituées en vertu de la Loi des
assurances.
Ce sont L'Entraide de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Québec et l'Association de protection mutuelle de la province de
Québec, dont le siège social est à Thetford et L'Entraide
de Québec, qui a son siège social à Québec.
Nous avons, en deuxième lieu, des sociétés
diocésaines, les Sociétés Saint-Jean-Baptiste des
diocèses de Sherbrooke, La Pocatière, Valley-field et Amos. Ces
sociétés administrent des
services d'entraide mais ont une entente avec des sociétés
d'assurance pour protéger leurs membres en vertu de diverses formules
d'assurance collective. Nous avons une société autrefois
appelée Société Saint-Jean-Baptiste et qui s'appelle
Société nationale des Québécois
d'Abitibi-Témiscamingue; nous avons enfin des représentants qui
participent à ce mémoire, L'Entraide des associés de
Trois-Pistoles Inc., L'Association d'entraide des amis de Saint-Ulric Inc., et
l'Association d'entraide du Bas Saint-Laurent. Ce sont celles-là que
l'on qualifie dans notre mémoire comme sociétés de dollars
au décès.
Alors, comme résumé de notre mémoire, dans une
courte introduction, nous faisons allusion déjà aux
démarches ou aux gestes qui ont été posés par ces
diverses sociétés pour se conformer le plus possible à la
Loi des assurances. C'est-à-dire qu'au début des années
soixante, sur invitation du service des assurances, deux de ces
sociétés ont quand même été
transformées en sociétés d'assurance; vous en avez
d'autres qui se sont préoccupées de faire assurer leurs membres
par des compagnies d'assurance. A la suite de cette introduction, nous
retrouvons dans notre mémoire trois choses. Au début, quoiqu'on
puisse discuter de l'à-propos de certains de ces changements
proposés dans la loi no 7, ayant comme critère
l'intérêt public, nous croyons que, dans l'ensemble, ces
changements sont acceptables et, au lieu de les contester, nous
préférons demander la collaboration du législateur dans
leur application en sollicitant un délai de deux ans pour permettre
à ces différentes sociétés de rendre leurs
règlements conformes aux dispositions de cette loi des assurances qui se
dessine. C'est la première...
M. TETLEY: Quels règlements sont tellement difficiles qu'il
faille deux ans?
M. CASTONGUAY (Charles): M. le ministre, il ne s'agit pas tellement de
règlements que nous considérons comme difficiles mais nous
considérons quand même que certains paragraphes de la loi no 7
obligeront ces sociétés à se conformer à la Loi des
assurances.
Un exemple me vient à l'idée: dans certaines
sociétés, il y aurait la réglementation concernant le
nombre de personnes au conseil d'administration. Dans certaines
sociétés, il y en a 15 et dans d'autres, il peut y en avoir
douze, et la loi no 7 dit 9. On demande que, pour tous ces règlements,
ces sociétés aient un certain temps pour s'ajuster à la
loi des assurances. Maintenant, il y a d'autres sociétés qui sont
ce qu'on appelle des sociétés de dollars au décès.
Si on se reporte à l'expérience du passé, M. le ministre,
on pourrait dire aussi qu'advenant que la loi no 7 soit
concrétisée, ces diverses sociétés qui ne sont pas
encore transformées en sociétés d'assurance, ne pourront
pas le faire du jour au lendemain; nous sollicitons donc tout simplement un
délai pour nous conformer le plus possible à la loi des
assurances.
M. TETLEY : Je suis à cent pour cent de votre avis qu'il ne faut
pas renverser tout le monde par la signature du lieutenant-gouverneur au bas
d'une loi adoptée à l'Assemblée nationale et c'est notre
intention de mettre la loi en vigueur par étape; la Loi de la protection
du consommateur a pris deux ans avant d'être mise en vigueur. Mais il y a
certaines stipulations qui protègent le citoyen. Je suis certain que
l'Assemblée nationale va insister pour que ce soit mis en vigueur
immédiatement, c'est-à-dire que les contrats soient
rédigés pour certaines stipulations de la loi, mais pour
certaines stipulations qui vous affectent, surtout certains règlements,
il faut un certain délai. Le nombre d'administrateurs, si la loi stipule
de 5 à 9, c'est à votre prochaine assemblée
générale annuelle que vous allez demander ça, mais vous
allez voir que l'Assemblée nationale va prendre en considération
cette demande parce que c'est évidemment absolument nécessaire
que la loi soit mise en vigueur par étape.
M. CASTONGUAY (Charles): Je vous remercie, M. le ministre, de cette
précision. Ceci sécurise quand même toutes ces
sociétés.
Le deuxième point touché dans notre mémoire,
concerne le statut de l'agent intermédiaire entre nos
sociétés et le public. Il y a la formule, si vous le voulez, de
divers considérants que je me plais à résumer ici, pour
nous placer dans le contexte:
Considérant la vocation sociale de nos sociétés
respectives et considérant que les services actuellement offerts au
public par nos sociétés sont limités à ce qu'on
pourrait appeler de l'assurance populaire;
Considérant que ce marché semble négligé par
les autres entreprises d'assurance-vie et leurs représentants en faveur
d'un public bénéficiant d'un revenu plus élevé;
Considérant qu'il est dans l'intérêt du consommateur
que les solliciteurs d'assurance soient licenciés et possèdent
les connaissances nécessaires pour conseiller le public en la
matière;
Considérant également les difficultés des
entrepises d'assurance-vie de recruter et de conserver des assureurs-vie de
carrière se limitant exclusivement à la sollicitation et à
la vente d'assurance-vie ;
Considérant également que les entreprises d'assurance-vie
se dirigent de plus en plus vers une représentation par des agents
à double permis il est même question de triple permis, il y
a des choses qui ont été publiées dans les journaux
;
Considérant que les représentants de nos
sociétés sont actuellement limités à de
l'assuran-ce-vie populaire;
Nous proposons aux législateurs de prévoir dans cette
future loi une catégorie de permis pour les représentants
à temps partiel de nos diverses sociétés, avec certaines
exigences qui sont mentionnées dans le mémoire.
Finalement, quant au troisième point touché dans le
mémoire, disons que nos sociétés, les onze
sociétés représentées ici, ont pris connaissance
quand même d'un travail de recherche qui a été fait par le
département des relations industrielles de la faculté de sciences
sociales de l'université Laval, concernant le statut de l'assu-reur-vie
au Québec. Considérant également que ces quatre organismes
ont demandé déjà au gouvernement de mettre sur pied un
organisme quelconque, un organisme consultatif, une espèce de table
ronde pour permettre à tous les gens intéressés...
M. TETLEY: Pardon, M. Castonguay, au sujet des agents, le statut de
l'agent dont vous avez parlé...
M. CASTONGUAY (Charles): Oui.
M. TETLEY... votre société ou vos sociétés
sont exclues, je crois, par l'article 467 b), mais vous ne demandez pas une
exclusion si je comprends bien votre mémoire. Vous demandez une
catégorie spéciale et même un examen.
M. CASTONGUAY (Charles): Oui.
M. TETLEY: C'est demandé par le surintendant des assurances, je
suppose.
M. CASTONGUAY (Charles): C'est-à-dire qu'en vertu de l'article
142, alinéa 3 de la Loi actuelle des assurances, les
représentants de sociétés de secours mutuels sont
exemptés d'une licence. Maintenant, si vous le voulez, dans un effort de
collaboration avec le législateur, face au projet de loi no 7, nous
disons que, dans l'intérêt du consommateur, il serait bon que les
représentants de sociétés de secours mutuels soient
licenciés.
Cependant, nous demandons une catégorie de permis pour ces gens
parce qu'ils sont quand même des gens à temps partiel et auront
probablement plus de difficultés à réussir l'examen
d'admission que l'assureur-vie de carrière. C'est l'esprit, si vous le
voulez, de notre deuxième intervention dans notre mémoire.
M. TETLEY: Je vous remercie, même je vous félicite. Vous
êtes le premier groupement à arriver ici pour demander un permis.
Tout le monde a demandé une exemption.
M. CASTONGUAY (Charles): Finalement, j'en arrivais à notre...
Nous nous sommes permis d'appuyer une demande faite par quatre organismes, ce
qui est appelé, dans le travail fait par l'université Laval, un
conseil consultatif des assurances.
Nous nous sommes permis, tout simplement, d'appuyer cette demande qui a
été faite. Là-dessus, M. le ministre et M. le
Président, je cède la parole à mon collègue, M.
Jacob, qui, à son tour, va résumer ce que vous avez à
l'annexe 4 de notre mémoire, concernant l'Entraide de la
Société Saint-Jean Baptiste de Québec et la
Société Saint-Jean Baptiste de Québec. M. Jacob est
l'ex-président général de cette société.
M. JACOB: M. le Président, M. le ministre, à la lecture de
ces règlements, trois surtout ont attiré notre attention.
D'abord, l'article 255, où il est question de vote par procuration,
lequel admettrait des personnes non-membres de la société
d'assurance à l'assemblée générale. On se demande
si c'est réellement une fonction qui pourrait être accordée
à des non-membres d'une société, de venir voter,
même pour un membre, à une assemblée
générale. On se demande s'il ne devrait pas y avoir plus de
précision là-dessus et permettre aux membres de donner une
procuration à un autre membre.
Maintenant, il y a une chose au sujet de laquelle on s'est posé
des questions. Est-ce qu'une personne peut recueillir plusieurs votes par
procuration, c'est-à-dire est-ce qu'elle pourrait représenter
à la fois plus d'une personne lors d'une assemblée
générale? L'article de loi, à notre sens, ne nous a pas
semblé trop précis là-dessus. On se posait la
question.
M. TETLEY: Oui, en effet, le problème apparaît avec la Loi
des corporations qui donne à la personne, qui a un fondé de
procuration, le droit de voter autant de fois qu'elle le veut, à la
condition qu'elle attende le fondé de procuration. C'est le principe du
mouvement coopératif, un homme, un vote. C'est un dilemme pour nous et
pour vous.
M. JACOB: Oui. On pourrait peut-être essayer de le résoudre
ensemble. On serait prêt à collaborer dans ce sens. A l'article
266, c'est ce qui se rattache un peu plus au niveau de la Société
Saint-Jean-Baptiste. On dit: "Si nous considérons que la langue de la
majorité est le français, il nous semble que les
sociétés ou les corporations à prédominance
française devraient être privilégiées sur ce point.
Ainsi les sociétés auraient le choix de publier uniquement en
français ou obligatoirement dans les deux langues, selon le cas.
C'est une demande légitime des sociétés
Saint-Jean-Baptiste et peut-être des sociétés nationales
des Québécois.
A l'article 269, c'est peut-être particulier à notre
conseil d'administration. M. Castonguay en a fait mention tantôt Nous
nous demandons, puisque la loi mentionne neuf au maximum... On voit que, dans
les compagnies d'assurance, par exemple, à l'article 194, il est
question de 7 à 21; à l'article 231, pour certaines
sociétés de secours mutuels, il est question de sept et pas de
maximum. Nous nous demandons pourquoi nous, les sociétés de
secours mutuels, sommes limitées à neuf alors que d'autres ne le
sont pas. Nous croyons aussi que plus la représentation des membres sera
grande au sein du conseil d'administration, plus grande sera la protection
du consommateur ou des membres assurés, s'ils ont une plus grande
représentation au sein du conseil d'administration. C'est notre
représentation, M. le ministre.
M. TETLEY: Combien d'administrateurs avez-vous ordinairement?
M. JACOB: Actuellement, nous en avons douze.
M. TETLEY: Douze. Je me demande pourquoi le gouvernement insiste pour
cinq à neuf, pour cinq à douze. Si douze vous convient, cela me
convient. Et c'est à vous; vous connaissez le problème beaucoup
mieux que moi et les exigences chez vous. Donc, c'est assez raisonnable, sauf
erreur. Nous nous sommes inspirés de la Loi des associations
coopératives. Nous voulions une loi et des stipulations uniformes, mais
si vous avez des raisons personnelles, je ne vois pas de raison de ne pas la
changer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là-dessus, je voudrais demander... Vous
tenez compte aussi, je suppose, de la représentation
géographique.
M. JACOB: Autant que possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour cela, j'imagine, que vous en avez un
nombre un peu plus élevé que celui d'une compagnie d'assurance
plus homogène, une compagnie qui peut exercer ses activités avec
cinq ou neuf administrateurs. Je pense que c'est un critère important,
si vous avez toujours fonctionné comme cela.
M. JACOB: C'est cela. On essaie d'accepter la participation... On
couvre, en fait, le diocèse de Québec qui est divisé, pour
nous, en neuf régions au départ. On essaie d'avoir une
participation de ces neuf régions plus une partie administrative plus
permanente.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne vois pas d'objection à ce que la
loi stipule que les règlements pourront permettre douze administrateurs,
si vous avez toujours fonctionné comme cela.
M. TETLEY: D'accord. M. JACOB: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
L'Islet.
M. GIASSON: J'ai remarqué une demande formulée par M.
Charles Castonguay relativement au statut de l'agent qui travaille à
l'intérieur des sociétés ou des groupes philanthropiques,
surtout la Société de secours mutuels. Le ministre en a fait
mention d'ailleurs. J'ai été un peu surpris par cette demande
d'un permis spécial pour des agents à temps partiel. Est-ce que
cela n'est pas possible pour vous autres de songer à opérer votre
société avec des agents à temps plein?
M. CASTONGUAY (Charles): Je pense qu'il faut tenir compte d'une
réalité en assurance-vie aujourd'hui. On ne demande pas une chose
nouvelle.
Actuellement, les sociétés de secours mutuel fonctionnent
avec des représentants à temps partiel. C'est une chose acquise.
Or, on ne demande pas de faveur spéciale de ce
côté-là. Par ailleurs, pour répondre à la
question de M. le député, à savoir si on pourrait engager
des représentants à temps plein, je pense que cela s'inscrit dans
le cheminement de toute société d'assurance, si on regarde le
passé, et ce sont toujours des choses possibles mais cela s'inscrit dans
le développement d'une entreprise d'assurance-vie. Il y a
peut-être un autre facteur social qui se produit, c'est qu'aujourd'hui,
même les assureurs-vie de carrière, à temps plein si vous
le voulez, dans l'assurance-vie, on est à se demander s'ils ne sont pas
à temps partiel avec le double permis, avec le triple permis, avec
toutes les autres fonctions que l'assureur-vie de carrière exerce
aujourd'hui de par les changements qui s'introduisent dans le marché de
l'assurance. Je regardais dernièrement le rapport d'une grosse
société d'assurance qui opère ici au Québec, pour
les résultats des huit premiers mois de l'année dans la province
de Québec, et en comparant les chiffres, j'ai noté que la moyenne
de production ou de vente de polices d'assurance-vie de ces agents à
temps plein était de 26 polices pour les huit premiers mois de
l'année et $4,200 de primes mises en vigueur alors que la moyenne de nos
sociétés démontre un état de 90 polices par
représentant et $4,300 de primes. Je pense, quand on y
réfléchit, que cela nous justifie de penser que le
représentant à temps plein est à temps partiel quand
même. D'après ces résultats, il doit faire autre chose pour
vivre avec un rendement comme cela, il doit vendre des fonds mutuels, il doit
vendre de l'assurance générale ou il doit vendre autre chose.
Est-ce que cela répond à votre question, M. le
député?
M. GIASSON: Oui. Est-ce que, dans les montants d'assurance que votre
société peut vendre, des limites de montant maximum existent ou
si quelqu'un qui peut souscrire $100,000 d'assurance sur sa vie peut...
M. CASTONGUAY (Charles): Nous sommes limités, en ce qui concerne,
par exemple, l'Entraide de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Québec, qui est une mutuelle d'assurance à $5,000 vie
entière avec valeur garantie, et nous pouvons aller jusqu'à
$15,000 par une combinaison de plans temporaires, croissants ou
décroissants; pour ce qui est de l'Association de protection mutuelle de
la province de Québec,
de celle de Thetford, elle peut vendre jusqu'à $15,000 de vie
entière. Ce sont les limites.
M. JACOB: Si vous permettez, il y aurait peut-être un autre
facteur à considérer aussi, c'est qu'actuellement les
sociétés que nous sommes, nous nous intéressons
actuellement surtout à la classe populaire, c'est-à-dire à
la classe qui n'a pas le moyen de se payer de l'assurance de protection
à coups de $25,000, $50,000, $100,000. On s'adresse à une
catégorie de clients ou de personnes qui ont un revenu plus que moyen ou
moins que moyen. A ce moment-là, nos plans ne permettraient pas ou la
commission sur ces plans ne permet pas à une personne de gagner sa vie
à vendre uniquement ces plans-là. Alors, on couvre un
marché qui n'est pas couvert, à notre sens, et qui n'est pas
couvert par les grosses compagnies d'assurance.
M. GIASSON: Je pose la question dans le sens suivant: je me dis que si
vos représentants ne sont pas limités quant au montant maximum
d'assurance qu'ils peuvent faire souscrire à un client éventuel,
c'est que, pour compenser cette situation-là, ils sont obligés de
multiplier les ventes parce qu'ils font toujours de petites ventes. Donc,
nécessairement, cela rapporte moins par unité de vente tandis
que, dans l'ensemble du marché de l'assurance-vie, du moins dans le
monde des compagnies d'assurance-vie, il se produit très souvent qu'un
représentant n'a pas besoin de multiplier le nombre de ses polices
vendues, il se rattrape comme agent par des volumes assez importants sur des
unités de ventes individuelles.
M.CASTONGUAY (Charles): M. le Président, nous avons M. Leblond,
qui représente la Société Saint-Jean-Baptiste du
diocèse de Sain-te-Anne-de-la-Pocatière et qui voudrait dire
quelques mots.
M. LEBLOND: C'est uniquement pour préciser un peu ce qui se passe
chez nous au niveau de ce que vous disiez tout à l'heure, le revenu des
recruteurs. On a 29 locales, le secrétaire de chacune des locales fait
le recrutement chez nous. La moyenne du revenu annuel du secrétaire
venant de ce recrutement, du fait qu'il est secrétaire de la
société Saint-Jean-Baptiste locale, varie de $50 à $150 ou
$200 dans 26 locales sur 29. Il y en a trois grosses qui peuvent se permettre
de donner $600 par année.
Alors, ce n'est vraiment pas de l'assurance et c'est
peut-être une précision qu'on peut apporter c'est un
service que l'on maintient au niveau surtout des grosses familles, parce que
ça coûte très bon marché; ce n'est pas de la
publicité que je fais ici, mais on ne voit pas nos recruteurs comme des
agents d'assurance, on les voit comme des secrétaires de la
Société Saint-Jean-Baptiste, qui offre un service
supplémentaire comme le service du prêt d'honneur et d'autres
services, comités culturels, artistiques et autres. Je voulais
simplement apporter cette précision.
M. GIASSON: M. Castonguay, sauf erreur, vous me corrigerez si je me
trompe, lorsque vous placez un service d'assurance dans votre
société M. Jacob peut me répondre est-ce
qu'il y a obligation de façon absolue d'être membre de la
Société Saint-Jean-Baptiste pour souscrire à une police
chez vous?
M. CASTONGUAY (Charles): En ce qui concerne l'Entraide de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, c'est une
obligation. Il faut faire des distinctions: Par exemple, si on regarde
l'Association de protection mutuelle de la province de Québec, dont le
siège social est à Thetford, elle vend de l'assurance-vie et ce
n'est pas une initiative de la Société Saint-Jean-Baptiste qui
opérait autrefois un cercle de philan-tropes. En ce qui regarde les cinq
diocésaines représentées ici, qui opèrent des
services d'entraide pour lesquels elles réassurent leurs membres dans
des compagnies, nécessairement, ces gens doivent être membres de
la Société Saint-Jean-Baptiste.
M. GIASSON: Examinons l'hypothèse suivante: Je souscris une
police chez vous; nécessairement, je suis membre de la
société diocésaine de Québec. Au bout de cinq ans,
pour des raisons qu'on ne cherchera pas, je ne veux plus être membre de
la société Saint-Jean-Baptiste et je veux maintenir ma police,
est-ce que c'est possible de le faire?
M. CASTONGUAY (Charles): M. Jacob, en ce qui regarde...
M. JACOB: Actuellement les règlements, c'est une assurance de
groupes avec des plans de polices individuels à l'intérieur d'un
groupe. Disons que c'est peut-être, si vous me permettez une comparaison,
un peu comme l'assurance des Chevaliers de Colomb, pour profiter de
l'assurance... Disons que ça se compare à ça. Il faut
être membre du groupe pour bénéficier d'un service
d'assurance qui est offert au groupe.
M. GIASSON: Si je ne voulais plus être membre, cela veut dire
qu'automatiquement ma police va s'annuler et on va me remettre une des valeurs
garanties attenantes à la police?
M. JACOB: II y a des plans avec valeur garantie.
M. LEBLOND: Chez nous, c'est différent, M. Giasson, étant
donné que nous avons un contrat global avec une compagnie d'assurance,
notre membre qui déciderait de ne plus être membre de la
Société Saint-Jean-Baptiste et qui voudrait continuer à
être protégé, le serait comme toute police d'assurance
suivant le tarif
en vigueur à ce moment-là, pour les membres isolés.
Il y a une possibilité de conversion, mais directement avec la compagnie
avec qui on fait affaires. Elle est obligée de le garder; c'est inclus
dans nos ententes.
Notre maximum est de $2,000 par année, $1000 ou $2000. Sur les
11000 personnes qu'on a, on doit en avoir 10800 qui ont $1000 de protection et
200 qui ont $2000; ce sont les plus riches.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Leblond, vous avez parlé tantôt
d'un revenu de $50 à $150, vous n'avez pas spécifié,
est-ce que c'est par mois?
M. LEBLOND: Par année. Ce ne sont pas vraiment, ce qu'on peut
dire, des gens à plein temps.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais demander à M. Castonguay:
Vous n'avez pas parlé, sauf si j'ai été distrait, du
conseil consultatif, vous l'avez à la mémoire?
M. CASTONGUAY (Charles): J'en ai parlé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pourriez préciser un
peu? Est-ce que vous pourriez expliciter quelle serait la formule et quelle
serait la responsabilité du conseil consultatif proposé? Quelle
serait la composition et la responsabilité de ce conseil?
M. CASTONGUAY (Charles): En résumé, ces quatre organismes
ont demandé et nous avons décidé de les appuyer. Cela se
résume à une table ronde où tous ceux qui ont affaire au
monde de l'assurance-vie, peuvent se consulter autour d'une table et je
m'explique. De par le passé, de par les traditions, lorsque les
assureurs-vie, d'une part, veulent obtenir certains avantages du
législateur, l'assureur-vie va au service des assurances ou va au
ministère des Institutions financières pour demander certains
avantages. Les compagnies, j'imagine, font la même chose, toutes les
parties font la même chose, mais séparément.
Ce qui est recommandé par cette étude, c'est que toutes
les parties se consultent lorsqu'un projet de loi, par exemple, est
annoncé ou lorsque des amendements sont proposés à un
projet de loi. Ces amendements peuvent être à la suite d'une
intervention, si vous voulez, faite par des compagnies, cela peut être
des assureurs-vie qui ont demandé aux législateurs de faire des
changements à la Loi des assurances. Ce qui est proposé
là-dedans, c'est qu'avant que ces changements soient abordés de
façon officielle, cet organisme consultatif pourrait, à notre
point de vue, être bien pratique, puisqu'il est quand même au
niveau consultatif, permettant aux parties d'abord de s'entendre sur les
changements éventuels et en même temps être, je pense,
utilisé de façon efficace par le gouvernement comme il le fait
dans d'autres domaines, si on pense à d'autres organismes consultatifs
qui ont été mis sur pied.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, là-dessus je voudrais
préciser qu'il y a deux formules que le gouvernement ou le
ministère des Institutions financières peut utiliser. Si je
comprends bien votre explication, ce ne serait pas un conseil consultatif du
type de celui du ministère de l'Education ou du ministère des
Affaires sociales. C'est une structure assez importante et qui suppose des
budgets importants. Si on regarde le volume des crédits de ces
ministères, je pense que cela joue entre $300,000 ou $400,000 et
$700,000 ou $800,000, je ne sais pas, je donne les chiffres sous
réserve, mais ce sont des chiffres importants, au moins $200,000
à $500,000 de budget, parce qu'ils ont un personnel. Il y a aussi une
autre structure moins formelle, si on veut, qui est une structure plutôt
administrative et qui réunirait à la même table, de
façon systématique, peut-être une fois ou deux fois par
année, si on veut, au ministère des Institutions
financières, des représentants de toutes les compagnies
d'assurance, de tous les intéressés avec des fonctionnaires du
ministère des Institutions financières ou tous les fonctionnaires
dont la présence est requise à une telle table. Ce comité
pourrait réévaluer, si on veut, la législation en cours,
la réglementation, le fonctionnement; le service des assurances serait
évidemment impliqué forcément dans une telle structure.
Cette formule serait peut-être plus souple que tout un appareil de
conseil consultatif, genre conseil supérieur, avec un budget et toute
une structure...
M. CASTONGUAY (Charles): Je pense que...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... c'est plutôt cela la deuxième
formule...
M. CASTONGUAY (Charles): ... c'est dans ce contexte que les demandes ont
été faites, c'est une table ronde où les participants
seraient obligés de s'asseoir pour se parler si vous le voulez, si on
veut bien se comprendre. Actuellement, on se parle séparément;
les quatre parties vont voir le gouvernement séparément ou elles
vont se rencontrer à deux mais c'est plus difficile actuellement de
faire le point sur un projet de loi quelconque. C'est ce deuxième
contexte que nous favorisons et nous appuyons vos demandes.
M. TETLEY: Je partage un peu l'opinion du député de
Montmagny. Nous avons, comme vous le savez, un Conseil de la protection du
consommateur, qui est composé de dix ou onze associations de
consommateurs, et quatre ou cinq de l'industrie commerçante, et qui est
formé et payé par le gouvernement; je peux noter qu'il ne
coûte pas aussi cher que d'autres
comités consultatifs au Québec, cela nous coûte
à peu près $30,000 à $40,000; malgré leurs efforts,
ils travaillent...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le plus gros ministère qui mange
60 p.c. ou 70 p.c. du budget de la province.
M. TETLEY: Je fais un peu de publicité en passant, mais le but
est double, c'est de mettre ensemble public et commerçants. Nous avons
aussi l'intention de former un comité consultatif des institutions
financières afin de mettre ensemble les banques, les compagnies
d'assurance, les compagnies de finance et les courtiers en valeurs
immobilières et en valeurs mobilières, etc., ainsi que certains
représentants du public, parce que j'aime cette idée d'une
rencontre à l'amiable, plutôt qu'une confrontation violente
lorsqu'il y a un manque de rencontres.
Ce que vous demandez est très intéressant. Le
problème est que votre industrie, qui a un produit national brut au
Québec de $1.5 milliard, je crois, des assurances au Québec,
à peu près, apparemment, n'a pas d'organisme central. Il n'y a
pas d'endroit où les vendeurs d'assurance et où vos
sociétés, etc. se rencontrent une fois par année. Il n'y a
pas de barreau comme le député de Laurier l'a mentionné.
Vous êtes encore assez éloignés l'un de l'autre. Je vois le
devoir et la responsabilité de vous mettre ensemble. J'ai l'impression
que nous aurons dans notre conseil consultatif des institutions
financières un comité d'assurance qui va siéger,
peut-être comme vous l'avez suggéré, trois ou quatre fois
par année ou même plus, à demande, et où le
comité va examiner tous les règlements.
Vous savez que le Conseil de la protection du consommateur, par droit,
de par la loi, regarde tout règlement avant son adoption, toute
exemption à la loi, mais moi, je passe tout arrêté en
conseil devant le comité et aussi devant la commission parlementaire. Je
n'ai donc aucune objection à soumettre tout règlement concernant
l'assurance à un tel comité. En effet, c'est mon intention, parce
que j'ai reçu il y a deux mois le mémoire dont vous parlez.
UNE VOIX: Un gouvernement déficitaire. Donc, la politique du
gouvernement est dans ce sens-là.
M. TETLEY: Mais c'est un gouvernement uni.
M. JORON: Je sais que vous aimez la participation et je vous en
félicite. Vous prenez des moyens, mais ce n'est pas le même cas
dans tous les ministères. Ce n'est réellement pas le cas à
la tête du gouvernement.
M. TETLEY: Je vous demande pardon. Je crois que nous sommes tous les
deux hors d'ordre lorsqu'on parle en marge du notre ministère, ici, mais
je peux vous donner d'autres exemples de la participation dont j'ai
été très fier. Voici un exemple dans ce sens: Dans l'ouest
du Canada, on ne savait pas ce qu'est une commission parlementaire où le
public est invité et où n'importe qui peut venir. Cela n'existe
pas dans le système parlementaire britannique. C'est une invention;
c'est une patente québécoise.
M. JORON: Cela existe à Ottawa.
M. TETLEY: On y a quelques comités qui invitent des gens mais
ici, il faut toutes sortes de procédures pour une loi, pour corriger
chaque loi.
M. DEMERS: On doit faire venir les gens.
M. TETLEY : En tout cas, je crois que nous sommes hors d'ordre, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plait !
M. DEMERS: J'allais dire que quand les gouvernements sont faibles, on
est obligé de faire venir les gens pour les consulter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
Autres commentaires?
M. DEMERS: Non. M. TETLEY: Merci.
M. CASTONGUAY (Charles): M. le Président, je tiens d'abord
à remercier le ministre de sa largeur de vue, face à cette
demande d'appuyer un conseil consultatif. Connaissant officiellement la
position de l'Association des compagnies d'assurance, des courtiers d'assurance
et des assureurs, je pense que ce qui est important dans cet organisme est que
le public, à un moment donné, puisse s'adresser à lui.
C'est le voeu que nous formulons en terminant.
Je voudrais aussi remercier M. le Président, M. le ministre et
tous les membres de la commission parlementaire de l'accueil qu'ils ont
réservé à nos groupes de sociétés et soyez
assurés que nous ferons notre possible pour collaborer davantage au
projet de loi no 7.
M. TETLEY: Je vous remercie d'être venus.
Les compagnies d'assurance La Lauren tienne,
L'Industrielle et La Solidarité
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs. J'invite les
représentants de La Laurentienne, de L'Industrielle et de La
Solidarité.
Voulez-vous présenter vos collègues, s'il vous plait?
M. POITRAS: M. le Président, M. le ministre, Messieurs les
députés, mon nom est Jean-Marie Poitras, président de La
Laurentienne, et j'ai à ma droite, M. Stanley Brock, président de
L'Industrielle, M. Georges Smith, conseiller juridique à L'Industrielle;
à mon extrême-gauche, M. Albert Boulet, président de La
Solidarité, et Me Louis Tardif, conseiller juridique à La
Laurentienne.
Est-ce qu'on vous a distribué le texte de nos commentaires, de
nos propos?
M. TETLEY: Vous parlez du résumé ou du mémoire?
M. POITRAS: Je parle des propos de ce matin, d'une présentation
verbale que je voulais faire...
M. TETLEY: Ah bon!
M. POITRAS: ... pour expliquer et illustrer par des exemples le texte
concis des pouvoirs spécifiques, tel que mentionné dans notre
mémoire.
M. TETLEY: Le texte est daté du 17 septembre.
M. POITRAS: Oui c'est bien... UNE VOIX: Le 19... M. TETLEY: Le 19,
pardon. M. POITRAS: Aujourd'hui.
M. TETLEY: J'ai trois autres textes ici. Très bien.
M. POITRAS: Dans le préambule du mémoire que nous avions
l'honneur de déposer au secrétariat de votre commission en
juillet dernier, nous soulignions que les actifs détenus au 31
décembre 1972 et les revenus perçus en 1972 par nos trois
compagnies représentaient plus de la moitié des actifs et des
revenus détenus ou perçus par toutes les compagnies
d'assurance-vie constituées en vertu des lois du Québec. Puis,
nous rappelions deux principes que, selon nous, doit reconnaître toute
nouvelle loi relative aux institutions financières, c'est-à-dire
l'évolution des besoins et la juste concurrence.
Ce matin, nous voudrions souligner de façon pratique certaines
implications de l'application de ces deux principes du projet de loi no 7.
Au sujet de l'évolution des besoins, nous aimerions rappeler tout
d'abord que nos clients attendent maintenant de nous que nous leur rendions
certains services additionnels que nous sommes d'ailleurs en mesure de leur
rendre. A titre d'exemple, citons la gestion de caisses de retraite. On sait
que le but visé par la constitution d'une caisse de retraite est l'achat
à l'échéance prévue d'une rente viagère et
que cette rente ne peut être servie que par une compagnie
d'assurance-vie. Or, les compagnies d'assurance-vie ne peuvent
présentement agir comme fiduciaires lorsque, par exemple, on veut
constituer une caisse de retraite et prévoir le placement de fonds en
vertu d'un acte de fiducie rédigé à cet effet.
Comment peut-on justifier l'exclusion des compagnies d'assurance-vie de
ce rôle restreint de fiduciaire et cela dans le domaine de la
constitution et de la gestion de caisses de retraite, domaine où leur
compétence est depuis longtemps reconnue.
Il y aurait sans doute lieu de souligner les bienfaits pouvant
découler d'une concurrence, en certains domaines, entre
différentes institutions financières. Ces bienfaits ont
déjà été reconnus, par exemple, à
l'égard de certains services partagés par les banques et les
compagnies de fiducie. Le résultat pratique se présente sous
forme de réduction de coût et d'amélioration dans la
qualité des services. Tout cela, pourtant, sans qu'il y ait confusion
quant au rôle principal qu'est appelée à jouer chaque
institution financière. C'est ainsi que les compagnies d'assurance-vie
n'entendent pas jouer le rôle de compagnies de fiducie. Elles ne veulent
pas, par exemple, agir comme tuteur, curateur, exécuteur testamentaire,
liquidateur, séquestre ou fiduciaire pour les porteurs d'obligations. Ce
qu'elles veulent est de rendre certains services additionnels ou
complémentaires à leurs opérations d'assurance.
A titre d'exemple, citons l'administration de certains biens pouvant
composer une succession. On constate souvent qu'au décès d'un
assuré, ce dernier laisse dans sa succession plusieurs contrats
d'assurance ou de rentes émis par plus d'une compagnie. Or, à ce
moment, le rôle de chaque compagnie se borne très souvent à
verser le montant prévu au contrat qu'elle a émis; ce montant
étant alors fréquemment confié par les ayants-droit
à une autre institution financière. Pourquoi ne serait-il pas
permis à l'une de ces compagnies, au choix des ayants-droit de
l'assuré décédé, de recevoir et de faire fructifier
le produit de tous ces contrats? En outre, il arrive que la succession d'un
assuré décédé se compose également de
valeurs mobilières ou immobilières. Pourquoi une compagnie
d'assurance-vie qui a su se mériter et conserver la confiance d'un
assuré pendant toute l'existance d'une police et qui, pour
elle-même, possède et administre un important portefeuille de
valeurs mobilières et immobilières, ne pourrait-elle pas,
à la demande des ayants-droit, administrer ces autres valeurs composant
la succession de son client décédé? Pourquoi ne pas
permettre aux compagnies d'assurance-vie de faire profiter leur client de
certains autres services spécialisés qu'elles ont dû
développer pour leur propre usage, par exemple, dans le domaine des
placements, dans la planification successorale, dans l'actuariat ou
l'informatique?
Dans le mémoire qu'a déposé devant vous
hier l'Association des compagnies de fiducie du Canada, on y affirme:
"Le rôle de fiduciaire et d'exécuteur testamentaire constitue
l'essence même des sociétés de fiducie." Nous ne contestons
pas cet énoncé. Nous rappelons cependant que le rôle de
fiduciaire ou d'exécuteur testamentaire, tel que prévu dans le
code civil, s'applique lorsque trois personnes sont concernées, un
donateur ou un testateur, une personne chargée d'un mandat,
c'est-à-dire le fiduciaire ou l'exécuteur testamentaire et une
personne en faveur de qui le mandat doit être exécuté. Dans
ce domaine, les compagnies de fiducie ont joui jusqu'à ce jour d'une
situation privilégiée, mais l'objet de notre demande se situe
précisément en dehors de cette relation tripartite, puisque nous
ne transigeons pas avec un donateur ou un testateur. Ainsi, pour reprendre ce
que nous avons dit précédemment au sujet de l'administration de
certains biens composant une succession, nous demandons le pouvoir
d'administrer certains biens à la demande des ayants-droit ou des
exécuteurs testamentaires d'un client décédé. Un
tel mandat nous serait confié après le décès d'un
client et il est bien évident que nous n'agirions pas alors comme
exécuteur testamentaire qui aurait pu être nommé par le
client avant son décès. Au sujet du deuxième principe,
celui de la juste concurrence, nous avons dit dans notre mémoire que ce
que nous réclamions c'était un traitement égal entre les
compagnies d'assurance-vie constituées au Québec et celles
constituées ailleurs et exerçant au Québec. Nous
réaffirmons notre conviction que sans cette égalité, les
compagnies constituées au Québec sont d'avance vouées
à jouer un rôle marginal. Or, nous affirmons aujourd'hui devant
vous que cette égalité, non seulement n'existe pas actuellement,
mais qu'elle risque de ne pas exister même après l'adoption du
projet de loi no 7. Il faut d'abord ne pas perdre de vue la dimension
réelle des compagnies constituées au Québec. Selon le
rapport annuel du Service des assurances 1971, les primes nettes perçues
au Québec en assurance-vie ordinaire, totalisent $352 millions. De ce
total, seulement $61 millions ou 17 p.c. desdites primes avaient
été perçues par des compagnies d'assurance-vie
détenant une charte provinciale. C'est dans ce contexte, selon nous,
qu'il faut situer notre demande de pouvoirs corporatifs accrus. Bien sûr,
quelques-uns des pouvoirs que nous demandons, sont prévus au projet no
7, mais ils nécessitent la constitution de filiales.
A titre d'exemple, citons le droit accordé par l'article 391 de
détenir des actions d'une corporation ayant uniquement pour objet
d'acquérir ou d'administrer des immeubles. Dans ce cas, une compagnie
qui désire se prévaloir de ce droit doit accepter d'encourir des
coûts d'incorporation et d'opération qui peuvent devenir pour
elles prohibitifs en considérant, non seulement le volume additionnel
des affaires d'immeubles qu'elle sera ainsi appelée à traiter,
mais encore le désavantage fiscal qu'elle devra subir par comparaison
aux autres corporations. En effet, les dividendes perçus de ces filiales
par une compagnie d'assurance-vie sont imposables. C'est une
particularité. Tout cela, malgré le fait que plusieurs compagnies
d'assurance-vie en raison de placements considérables qu'elles font en
prêts hypothécaires, ont mis sur pied, pour leur propre usage, un
service expérimenté dans l'évaluation et l'administration
des immeubles. Pourquoi, dans ce contexte, imposer à ces compagnies la
formation d'une filiale pour rendre au public des services dont elles jouissent
déjà pour elles-mêmes?
Par ailleurs, le fait d'accorder ces pouvoirs corporatifs accrus
n'implique pas qu'ils peuvent être exercés en tout temps par ces
compagnies. Il est bien évident que des normes devront être
établies par règlement et être préalablement
atteintes avant qu'une compagnie donnée puisse exercer en faveur du
public tel ou tel pouvoir. C'est le cas du bill 283 qui a été
suivi d'une réglementation qui permet, selon certaines normes, d'exercer
des pouvoirs.
Enfin, qu'il nous soit permis d'insister sur le caractère
réaliste de nos demandes. Nous reconnaissons, bien sûr, que le
projet de loi no 7 tend à combler le fossé qui existe depuis
plusieurs années entre certains pouvoirs accordés par la loi
fédérale et ceux, plus restreints, qui étaient
accordés par la loi du Québec. Les compagnies constituées
au Québec ont subi à cet égard, depuis plusieurs
années, un préjudice. Mais ce qui serait pire encore et pourrait
constituer un préjudice beaucoup plus sérieux, serait de voir se
continuer, même s'accentuer, un tel décalage. Or, tel que les
représentants de l'Association canadienne des compagnies d'assurance-vie
l'ont affirmé ici même hier matin...
M. TETLEY: Je note ça, vous arrivez à ce point. Est-ce
qu'ils l'ont affirmé? J'aimerais avoir la page du journal des
Débats.
UNE VOIX: Voudriez-vous la lire? M. POITRAS: Oui.
M. TARDIF : Je puis peut-être la lire. "M. Mercure: Actuellement,
l'association considère que les compagnies à charte..." je
ne sais pas si j'ai bien la référence, R/47-B/IF, page 2
"...provinciale n'ont pas les mêmes pouvoirs et sont
désavantagées. L'association considère qu'avec le nouveau
projet, elles seraient sur le même pied que les compagnies à
charte fédérale. Maintenant, au niveau du fédéral,
nous allons probablement aussi faire des pressions pour obtenir des
amendements. Il est possible que, d'ici un an, nous ayons des pouvoirs plus
étendus au niveau du fédéral".
Là, M. Cloutier pose une question et M. Brock donne des
précisions.
M. TETLEY: Très bien.
M. POITRAS: Je crois que M. Brock avait même mentionné
quelques pouvoirs particuliers, nous pourrons y revenir tout à l'heure.
Les compagnies d'assurance-vie à charte fédérale ont
l'intention de réclamer des modifications à la loi
fédérale, en particulier au chapitre traitant des placements, et
cela afin d'obtenir ils ont dit d'ici un an des pouvoirs plus
étendus. Nous sommes informés que plusieurs demandes de
modification seraient faites au sujet de l'article 63 de la loi
fédérale, soit l'article qui traite des placements et des
prêts de fonds. A titre d'exemple, voici trois demandes qu'on
projetterait de formuler. Je crois que M. Brock y a touché hier.
Premièrement, porter à 15 p.c. l'investissement total des
placements en immeubles. Cette limite est fixée à 12 p.c. par
l'article 394 du projet de loi no 7. Porter à 10 p.c. de l'actif de la
compagnie le total des placements non nommément admis et, par l'article
397 dans le projet de loi no 7, on suggère de continuer à 7
p.c.
Troisièmement, de ne pas assujettir à la limite globale de
25 p.c. de l'actif de la compagnie les montants des actions ordinaires qu'elles
peuvent détenir à l'égard de ces filiales. En outre, on se
proposerait de réclamer des pouvoirs corporatifs accrus. Parmi ces
derniers, il s'en trouverait qui correspondent exactement à certains des
pouvoirs corporatifs additionnels que nous réclamons nous-mêmes
à la page 8 de notre mémoire, soit peut-être aux articles
1, 4, 5, 8 et 9.
Enfin, les compagnies à charte fédérale
demanderaient le pouvoir d'émettre des certificats de placements
garantis. Comme on le constate, nous soulignons ici une difficulté
réelle dont les conséquences ne peuvent être
sous-estimées.
En terminant, M. le Président, messieurs les membres de la
commission, nous tenons à vous remercier sincèrement de nous
avoir permis de vous exposer nos vues au sujet des besoins nouveaux de notre
clientèle et de la nécessité de maintenir un juste
équilibre entre les compagnies d'assurance-vie exerçant au
Québec. Soyez assurés que, dans la recherche de cet
équilibre, vous pouvez toujours compter sur notre entière
collaboration. Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. TETLEY: Je vous remercie de nous avoir préparé hier
soir, apparemment, ce mémoire supplémentaire qui est très
important. Vous avez soulevé deux points ou deux problèmes, la
question de vos pouvoirs et les pouvoirs de compagnies de fiducie et,
deuxième question, vos pouvoirs et les pouvoirs des compagnies
fédérales ou de l'Ontario. Il faut régler ces deux
problèmes, ce n'est pas simplement un seul problème. Je ne
connais pas la solution, sauf peut-être que les visites au
fédéral que j'ai déjà faites et une rencontre
peut-être fédérale-pro- vinciale et aussi des rencontres...
C'est pourquoi je veux un comité consultatif des institutions
financières afin de régler le premier problème, entre vous
et d'autres institutions. Il faut le régler et vous avez
présenté une solution: d'autres pouvoirs pour vous, mais je ne
veux pas que, même après cela, dans le Québec, les
compagnies canadiennes aient des pouvoirs, même plus larges que les
vôtres. Il faut donc une concurrence et des rencontres avec le
fédéral, c'est clair, et l'Ontario, surtout l'Ontario.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je m'adresse autant au
ministre qu'aux compagnies qui sont devant nous, et peut-être plus au
ministre. Le problème posé devant la commission parlementaire,
c'est que les compagnies à charte québécoise, depuis
quelques années, plusieurs années, ont moins de pouvoirs que les
compagnies à charte fédérale. Elles sont obligées
de fonctionner dans ce contexte-là, ce qui rend leur action un peu plus
difficile dans un régime de concurrence. L'Association canadienne nous a
dit hier qu'elle se préparait à faire des pressions auprès
du gouvernement canadien pour faire élargir les pouvoirs et M. Brock
nous a dit hier, et le mémoire aujourd'hui y fait allusion, quels
seraient assez précisément les points sur lesquels on insisterait
auprès du fédéral pour faire changer la loi et
élargir les pouvoirs. L'Assemblée nationale étudie
à ce moment-ci une loi, la refonte des assurances. Le ministre a dit
déjà et il a affirmé hier, sauf erreur, qu'il entretient
des consultations avec son homologue du gouvernement central dans ce domaine de
la loi. Je ne sais pas si le ministre peut nous dire à ce moment-ci quel
accueil réserverait le fédéral ou s'il a des indications
quant aux possibilités que le gouvernement canadien accepte les
suggestions que veut faire l'Association canadienne des assurances. Nous avons
une occasion, tenant compte, je pense, de l'efficacité qu'il y aurait
à ce que les pouvoirs accordés aux compagnies ou du moins
l'égalité des pouvoirs accordés aux compagnies
québécoises, à charte québécoise et à
charte fédérale, soit reconnue afin que les compagnies puissent
fonctionner dans un contexte normal.
Il serait peut-être possible, à ce moment-ci, de profiter
de cette occasion pour prévoir ces changements que le
fédéral pourrait apporter à une occasion qui lui sera
donnée, parce que les travaux sessionnels sont également en cours
à Ottawa. Cela serait peut-être une occasion de... Si ce ne sont
pas tous les pouvoirs demandés, parce que je comprends que... Hier,
l'Association canadienne a eu certaines réserves quant à certains
pouvoirs demandés par les compagnies d'assurance, surtout en ce qui
concerne les pouvoirs de gestion et les pouvoirs de fiducie. Mais ce matin, on
nous a donné plus de
précisions. On a mentionné dans quel domaine,
précisément, seraient utilisés ces nouveaux pouvoirs. Mais
je comprends qu'il y a certains pouvoirs sur lesquels l'Association canadienne,
déjà, est d'accord. On pourrait peut-être commencer par ces
pouvoirs et que la loi québécoise les reconnaisse. Je ne crois
pas que cela fasse un drame du point de vue des négociations possibles
entre le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives du Québec et son ou ses homologues du
fédéral et je pense que cela serait logique dans ce contexte de
l'importance d'une réforme.
Il ne s'agit pas d'une modification ordinaire à la Loi des
assurances pour corriger quelques articles, mais il s'agit d'une réforme
en profondeur. Je pense que le geste serait parfaitement justifié et il
ne s'agirait pas de voir là une négation du mérite de
quelque loi que ce soit, d'un jugement de valeur sur la loi
fédérale actuelle ou d'un jugement sur
l'infériorité de la loi québécoise, mais il
s'agirait de reconnaître un état de fait, des besoins qui existent
actuellement pour les compagnies québécoises à charte
québécoise dans le domaine des assurances.
Je crois, M. le Président, que d'ici au terme de nos travaux de
la commission parlementaire, il y aura probablement aussi d'autres organismes
qui soulèveront ce point. Je pense qu'il est important que la commission
réfléchisse à cet aspect important, cette
représentation importante qui est faite par les compagnies d'assurance
à charte québécoise et notamment les trois qui sont devant
nous en ce moment, pour peut-être anticiper et non pas seulement
s'aligner automatiquement sur la loi canadienne, ce qui est assez facile en
somme. On le fait dans le domaine de la fiscalité. Je comprends que
c'est plus efficace d'avoir deux lois fiscales qui se ressemblent passablement,
mais ce n'est pas obligatoire non plus. On a déjà eu, à
certains moments, des différences importantes dans le domaine des lois
fiscales, notamment dans le domaine des exemptions de base, et cela n'a pas mis
en péril tout le fonctionnement du système que l'on
connaît.
Je pense que, lorsque c'est le temps de marquer des points, il est
important que le Québec le fasse. Et nous avons une occasion de le
faire. Pour ma part, parlant au nom de mon groupe, je serais favorable à
ce que déjà la loi québécoise le reconnaisse et
prenne de l'avance sur la loi fédérale, surtout dans des domaines
où il semble bien que les compagnies d'assurance à charte
canadienne et à charte québécoise sont d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais demander à
l'opinant de tantôt s'il y aurait possibilité de nous dire si les
pouvoirs qu'il demande en ce qui a trait, par exemple, au pouvoir
d'établir des caisses de retraite, existent dans d'autres provinces ou
en Amérique du
Nord? Est-ce que la chose se pratique par les compagnies
d'assurance?
M. BROCK: Pas dans les autres provinces du Canada, parce que cela tombe
plutôt sous la loi fédérale, mais, comme je l'ai
mentionné hier, c'est un pouvoir que les compagnies à charte
fédérale ont demandé. Elles sont déjà en
pourparler avec le surintendant des assurances à Ottawa pour avoir ce
privilège, parce que ce privilège de gestion des caisses de
retraite est juste une partie de ce que nous faisons actuellement. Nous autres,
nous avons des annuités différées où nous acceptons
les primes de l'employeur et de ses employés. Nous accumulons ces primes
pendant les années de travail de ces employés.
A la fin, nous commençons à payer une annuité aussi
longtemps que l'employé survit. Cela veut dire qu'aujourd'hui, nous
faisons tout le processus et jusqu'à maintenant, le droit d'accumuler
les fonds particuliers d'un employeur, sujet à la politique de placement
qu'il aimerait suivre, nous est refusé. Il me semble que c'est un peu
ridicule quand nous sommes déjà dans une opération
beaucoup plus importante avec beaucoup plus de responsabilités y
attachées. C'est la même chose pour la gestion des biens
immobiliers, nous sommes dans cela continuellement. Il y a une remarque qui a
été faite hier et qui m'a frappé quand le
représentant des compagnies de fiducie a dit qu'elles manquent de
personnel compétent dans les compagnies de fiducie et elles ne veulent
pas entrer en lutte avec les compagnies d'assurance. Je peux vous dire que pour
les pouvoirs que nous demandons ce matin, nous avons actuellement le personnel
compétent dans tous ces domaines. Nous ne sommes pas obligés
d'aller chercher le personnel des compagnies de fiducie parce que notre
personnel travaille déjà dans ces domaines, mais pour le compte
d'une compagnie d'assurance. Pourquoi ne peut-on pas offrir les services au
public en général? Il me semble que relativement aux autres
institutions financières, nous sommes très limités. Les
compagnies de fiducie ne sont pas limitées à la sphère
strictement fiduciaire. Elles sont dans beaucoup d'autres domaines; elles
achètent et vendent des maisons; elles font des prêts personnels;
elles ont le droit de créer des fonds mutuels. Il y en a quelques-unes
qui commencent à penser à faire de la location
d'équipement. Ce matin, je remarque dans un journal qu'une compagnie de
fiducie vient d'acheter le contrôle de Computal, une compagnie qui offre
un système de traitement de données. Elles ont un champ d'action
formidable et nous sommes plutôt limités. C'est exactement
pourquoi nous sommes ici ce matin, pour avoir l'opportunité d'ouvrir la
porte aux compagnies d'assurance parce que nous avons la conviction d'avoir
déjà le personnel compétent pour offrir ces services
sujets naturellement, aux règlements que vous allez nous imposer.
M. DEMERS: A la page 4 du rapport, au dernier paragraphe, vous
mentionnez que vous voudriez obtenir les pouvoirs de faire
bénéficier vos clients de certains avantages comme la
planification successorale. Vous n'avez pas ces pouvoirs actuellement?
M. POITRAS: Non, nous avons nos équipes de vente qui sont
capables de conseiller sur de la planification, mais pas davantage.
M. DEMERS: Vous êtes toujours obligés de vous allier
à une compagnie de fiducie pour en arriver à cela?
M. POITRAS: Oui. Ceci ne nous répugnerait pas
nécessairement quand même. Je voudrais peut-être revenir sur
votre question de fiducie de tout à l'heure, M. le député.
Le problème, c'est qu'il y a peut-être ambiguïté
lorsqu'on veut créer une fiducie par rapport à une
société de fiducie. Il s'agit, à toutes fins pratiques, de
fiducie individuelle, privée. Autrement dit, un employeur, une
compagnie, la compagnie A veut former son propre fonds de retraite,
l'employeur, l'employé et bien souvent, soit un notaire ou un actuaire
conseil forment une fiducie sans qu'ils aient à recourir à une
société de fiducie. Ce sont des fiducies particulières
pour administrer des biens, il peut s'en former comme cela à la douzaine
dans la province. C'est juste sur ce pouvoir, sur ce secteur où nous
sommes déjà... Prenez au bas de notre page 4, également,
pourquoi ne pourrions-nous pas donner les services d'administration de feuilles
de paye. Nous avons des actuaires, nous avons de l'informatique, les
sociétés de fiducie vous ont dit qu'elles n'étaient pas
organisées...
M. TETLEY: Est-ce vrai que vous avez toutes les trois... Mais il y a
d'autres compagnies qui n'ont même pas de service de placement, elles le
renvoient ailleurs.
M. POITRAS: Nous avons bien voulu mentionner que c'est une chose que
d'avoir des pouvoirs dans une loi et c'en est une autre que d'avoir, selon des
règlements que vous émettez toujours, le privilège de les
exercer à un temps donné. Je ne prétendrais pas que notre
compagnie pourrait donner en même temps les mêmes services que
L'Industrielle pourrait être prête à rendre.
Dans un autre cas, nous pourrions, dans tel champ d'action particulier,
exercer un pouvoir; nous venons ici demander qu'il y ait une liste de pouvoirs
pour ne pas avoir à reviser la loi chaque fois que vous voulez l'ajuster
par des règlements, quitte à ce que des règlements
permettent à un ou l'autre d'exercer ces pouvoirs dans un temps
donné. Nous sommes bien conscients de cette dimension, ça vaut
pour tout.
M. DEMERS: Vous ne prévoyez pas qu'il pourrait y avoir conflit
d'intérêts? Je m'explique. Vous êtes les assureurs et si
vous venez à exécuter la succession, comme vous semblez le
demander en ne le demandant pas trop, ce ne sera pas dangereux que le tout
reste dans les mains de la compagnie? Je ne vois pas d'objection. Parce qu'un
type qui s'est confié à une compagnie tout le temps de sa vie,
peut lui faire confiance après sa mort, surtout quand il n'y a plus de
risque pour lui.
M. POITRAS: Nous ne demandons pas à être des
exécuteurs testamentaires.
M. DEMERS: Non, mais vous demandez de disposer un peu de la
succession.
M. POITRAS: Aujourd'hui, nous avons...
M. DEMERS: ... après le décès. Mais qu'est-ce qui
vous empêchera de planifier avant? Ce serait bien mieux d'organiser votre
affaire avant, pendant que le gars vit. Comme ça, les droits de
succession seraient passés, ça détruirait un peu le
ministère du Revenu, mais ça empêcherait le contribuable de
se faire peler.
M. POITRAS: Vous avez une situation particulière, un
assuré qui a trois polices d'assurance dans chacune de nos
sociétés. Sa veuve est obligée de dire si elle veut
laisser l'argent pour que nous en disposions sur une base d'annuités,
elle est obligée de transiger avec trois. Si elle disait : Je voudrais
tout remettre à telle ou telle compagnie, transiger avec une, ce n'est
pas possible actuellement. Ce sont des choses comme ça. De la même
façon que d'exercer ces pouvoirs, les pouvoirs corporatifs par rapport
à des filiales, pour les compagnies du Québec, c'est une
dimension importante. Parce que nous n'avons pas le même âge, la
majorité de nos compagnies, nous sommes plus jeunes, par le fait
même, il est beaucoup plus difficile de distraire des sommes très
importantes pour créer un certain nombre de filiales. On dit: Pourquoi
être obligés de rechercher des pouvoirs pour exécuter la
même chose? Si on ne peut pas les exercer parce qu'on n'a pas cette
souplesse, nous demandons, étant donné la nature des compagnies
à charte provinciale, que ces pouvoirs nous soient donnés afin
que nous puissions les exercer réellement. C'est là que nous
amenons des pouvoirs corporatifs plutôt que par filiale.
M. DEMERS: Je m'excuse, j'ai une petite question. Quelqu'un
décède, il est assuré chez vous; lors du règlement
de la succession, il devra passer par une maison ou antérieurement il
devrait déposer son testament chez un notaire ou dans une compagnie de
fiducie, est-ce que, avec les prévisions et les demandes que vous
formulez, vous pourriez vous approprier ces droits grâce à la
demande que vous formulez actuellement?
M POITRAS: Etre exécuteur testamentaire, non.
M. DEMERS: Absolument pas.
M. POITRAS: Non, il n'en est pas question.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Gouin.
M. DEMERS: Je ne veux pas mettre les notaires en faillite.
M. JORON: M. le Président, j'aurais deux questions à poser
à ces messieurs, et aussi peut-être une question au ministre. En
page 2 du mémoire de ce matin, quand vous parlez de la juste concurrence
entre les compagnies d'assurance-vie constituées au Québec et
celles constituées ailleurs, vous dites à la fin du premier
paragraphe que cette égalité non seulement n'existe pas
actuellement mais qu'elle risque de ne pas exister même après
l'adoption du projet de loi. Est-ce que vous parlez uniquement en fonction des
modifications qui pourraient être apportées à la loi
fédérale qui feraient que, par la suite, si, par exemple, au
niveau fédéral, on décidait d'augmenter les pouvoirs des
compagnies d'assurance-vie détenant une charte fédérale,
que celles incorporées au Québec seraient en décalage par
rapport à celles d'Ottawa? Ou si vous parlez de celles qui
détiennent une charte de l'étranger, ni québécoise
ni canadienne mais pouvant opérer ici? Quelle est votre situation
concurrentielle, à l'heure actuelle? Entre les compagnies
incorporées au Québec et celles au fédéral, on le
sait, on se parle depuis hier, mais par rapport à celles
incorporées à l'extérieur et opérant au
Québec, de quelle façon êtes-vous en désavantage
concurrentiel face à ces compagnies? Je pense à La Metropolitan
ou à La Prudential?
M. POITRAS: Elles ont toutes des permis du fédéral.
M. BROCK: Pour tous les pouvoirs qui sont dans le nouveau bill, article
391, dernièrement, vous avez adopté la loi 283 qui nous en a
donné une partie. Mais à tous les autres points
énumérés ici à la section 391, les compagnies
fédérales peuvent prendre avantage aujourd'hui et nous ne
pourrions pas...
M. JORON: Même après l'adoption du bill no 7?
M. BROCK: Non, je parle d'aujourd'hui. Après, nous allons
être sur le même pied.
M. JORON: Oui, d'accord, mais face aux compagnies détenant des
chartes étrangères?
M. SMITH: Par rapport aux compagnies américaines, nous sommes
déjà en retard et nous allons rester en retard. Par exemple, La
Prudentielle a sorti un fonds mutuel. C'est la même unité
juridique qui a sorti le fonds mutuel. D'après notre loi et la loi
fédérale actuelle, on ne pourra pas sortir de fonds mutuels. Les
compagnies américaines sont déjà en avant de nous autres.
Cela est un des cas où elles sont en avant de nous autres. Il y a
d'autres cas.
M. JORON: Là, il y a des choses. Ce qui m'amène à
une deuxième question. Je rejoins les propos du député de
Montmagny, tout à l'heure. L'objectif ne doit pas, à mon avis,
être nécessairement de calquer la loi fédérale. Vous
avez fait allusion à la réforme fiscale que, d'ailleurs, dans une
autre commission, on a étudiée ensemble, l'année
dernière. Là, je comprenais que, même s'il y a des
différences quand même mineures, le cas n'est pas le même,
parce que là, il y avait un objectif ou un principe à
protéger. C'est de ne pas soumettre le contribuable parce que
c'est le même contribuable qui a à faire face à deux
autorités différentes à des complications, à
deux régimes fiscaux trop nettement différents, bien qu'en
théorie ça peut toujours se faire. En pratique, c'est odieux pour
le contribuable. Tant qu'il n'y aura pas un seul gouvernement percepteur des
taxes, on ne pourra pas soumettre le contribuable à ce poids ou à
ce fardeau supplémentaire. J'y ai souscrit.
Le cas n'est pas le même dans les assurances, parce que l'individu
s'assure, soit d'une compagnie québécoise qui peut avoir tels
pouvoirs, soit d'une compagnie détenant une charte
fédérale, qui peut en avoir d'autres, ou soit d'une compagnie
détenant une charte américaine, qui peut en avoir d'autres encore
une fois.
On pourrait et je ne vois pas ce qui nous en empêche
poursuivre un objectif, non pas de calquer la loi fédérale, comme
le fait le bill no 7, comme la réforme fiscale du Québec l'avait
fait vis-à-vis ou en relation avec la réforme fiscale
fédérale, mais on pourrait aller plus loin. Pas seulement non
plus prévoir, dans le projet de loi no 7 que nous étudions ici,
que si le fédéral, dans l'année qui vient,
élargissait les pouvoirs des compagnies d'assurance-vie, il faudrait
tout de suite essayer de le devancer dans ce domaine pour que, finalement, il
nous rattrape dans un an. Est-ce que la similitude absolue des pouvoirs est un
objectif en soi que vous poursuivez ou si on peut imaginer une loi
québécoise originale des assurances?
M. TETLEY: Bon...
M. JORON: J'avais posé la question à ces messieurs.
Qu'est-ce qui arriverait, qu'est-ce qui serait arrivé je
comprends que c'est un peu de la science-fiction si, depuis quelques
années, les compagnies d'assurance-vie, détenant une charte du
Québec, avaient eu des pouvoirs comme ceux de La Métropolitaine
ou de La Prudentielle? Qu'est-ce que cela aurait fait dans
le domaine des assurances au Québec? Qu'est-ce que cela aurait pu
produire si vos compagnies avaient joui de pouvoirs même plus grands
encore que ceux qu'on se propose de demander à Ottawa? Cela aurait fait
quoi? Cela aurait produit quel mouvement dans le domaine des assurances au
Québec? Quelle serait votre situation aujourd'hui?
Je comprends que ce soit difficile d'y répondre, mais
enfin...
M. POITRAS: On a tous... Je pense que l'association a accepté
hier que nous avions subi un préjudice, les compagnies du Québec.
C'est donc dire que si l'inverse avait été fait, si, en 1971,
lorsqu'on a présenté un mémoire ici au Québec,
toutes les compagnies du Québec, nous avions eu des pouvoirs
additionnels, si le fédéral avait retardé...
M. JORON: Plus grands...
M. POITRAS: ... nous aurions été favorisés par
rapport à d'autres...
M. JORON: Votre part du marché se serait sans doute
étendue par rapport...
M. POITRAS: II me semble que c'est une conséquence directe, d'une
façon générale. Il n'y a pas que ce seul facteur, mais
cela nous semble...
M. JORON: Je pensais bien que vous alliez le dire aussi. Je relis cela
et je reviens à ma question au ministre. Au fait, vous avez la
responsabilité des institutions financières.
Je comprends, par exemple, que les banques vous échappent parce
qu'elles découlent d'une loi fédérale, mais vous avez la
responsabilité des institutions financières oeuvrant au
Québec. C'est une clé dans la vie économique d'une
société, c'est la clé de tout jusqu'à un certain
point, parce que ce sont les institutions qui drainent l'épargne de la
société, qui l'affectent à tel ou tel investissement, et
qui conditionnent notre développement.
C'est à vous que je pose la question maintenant. Est-ce que vous
pensez qu'on pourrait aller plus loin encore avec le bill no 7? Est-ce qu'on
pourrait se donner une loi québécoise originale dans le domaine
des assurances? Je ne me prononce pas sur le mérite, sur le fond. Je
comprends que partager les domaines d'activités et les pouvoirs entre
les différentes institutions financières, cela n'est pas chose
facile. Il y a des tas de commissions d'enquête qui ont joué
là-dedans depuis bien des années et on n'arrivera probablement
jamais à voir très clairement à quel partage on devrait
arriver, mais je serais curieux quand même de connaître votre
opinion sur cela. Est-ce que votre objectif est simplement de rendre la loi
québécoise similaire à la loi fédérale ou si
vous n'avez pas d'objection peut-être à faire une loi des
assurances originale au Québec?
M. TETLEY: En effet, notre objectif est d'avoir la meilleure loi
possible. S'il le faut, le fédéral et l'Ontario et les autres
provinces, mais surtout le fédéral et l'Ontario, doivent nous
suivre. Je donne des exemples. Dans le cas de la protection du consommateur,
nous avons forcé les autres provinces et le fédéral
à nous suivre dans bien des domaines, dans quatre ou cinq lois ou
règlements. Ici, c'est notre objectif. En mars, nous avons adopté
la loi 283, que nous avons modifiée à votre demande, exactement
comme vous l'avez demandé, et c'est pourquoi je trouve curieux certains
commentaires. Nous avons amendé l'article 391 g) et nous sommes
prêts à amender ce projet de loi, qui est un avant-projet.
J'ai déjà rencontré les représentants du
fédéral et de l'Ontario, ils sont venus ici et je suis certain
que nous allons adopter une loi que les autres adopteront. J'ai l'intention
d'adopter la loi, les autres vont nous suivre, et c'est pourquoi je veux
obtenir vos conseils à tous. Après, je verrai les
représentants du fédéral. Donc, sur cette question, je
vais être clair. Ce sera la loi de Québec et je crois que les
autres vont nous suivre comme ils l'ont fait dans le passé dans d'autres
domaines. Cela ne veut pas dire que je veux donner aux compagnies d'assurance
les droits des compagnies de fiducie ou des droits autres que ceux des
compagnies de fiducie. Votre demande va vous aider sans pour autant être
contre les autres compagnies parce que, évidemment, si on change quelque
chose ici, le fédéral va donner les mêmes droits et
l'Ontario aussi à leurs compagnies d'assurance. Votre demande va vous
aider tout simplement contre les compagnies de fiducie.
Au sujet de La Prudentielle, une compagnie étrangère de
l'Amérique du Nord, elle a besoin d'un permis d'Ottawa et de nous et n'a
pas le droit de vendre des fonds mutuels ici.
M. JORON: C'est-à-dire que les compagnies à charte
étrangère peuvent...
M. TETLEY: ... d'assurance...
M. JORON: ... d'assurance qui veulent oeuvrer ici sont soumises alors...
Je veux dire que, même si chez elles dans leur charte, leurs pouvoirs
sont plus larges, vous les restreignez aux pouvoirs équivalents des
compagnies à charte québécoise.
M. TETLEY: Ah oui! On peut les contrôler n'importe...
M. JORON: Oui, mais est-ce cela qui se passe dans le moment très
exactement?
M. TETLEY: En fait, ces compagnies ont besoin d'un permis venant de
nous.
UNE VOIX: Du fédéral.
M. JORON: Oui, mais dans le permis que
vous leur accordez, est-ce que les pouvoirs peuvent aller plus loin que
ceux qui appartiennent aux compagnies à charte
québécoise?
M. TETLEY: Nous avons ce droit, oui.
M. JORON: Vous avez le droit de le faire mais ma question est: Le
faites-vous?
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: Ecoutez. Je ne suis pas un spécialiste dans la
matière. Je ne peux pas vous reprendre sur des exemples. Il y a
peut-être des gens dans la salle ici qui pourraient vous en trouver.
Enfin, M. le Président, si vous me permettez, je suis heureux
d'entendre la volonté du ministre de se donner une véritable loi
québécoise des assurances qui n'est pas conditionnée, par
ce que les autres, qu'ils soient à Ottawa ou ailleurs, veulent faire. Il
y aurait, je le souligne, peut-être des avantages énormes, non
seulement d'élargir la part du marché qu'occupe au Québec,
les compagnies à charte québécoise, mais cela aurait
peut-être pour effet je veux dire si on va plus loin que les
autres vont à l'heure actuelle dans ce domaine-là de
provoquer des incorporations au Québec.
M. TETLEY: Mais n'oubliez pas les compagnies à charte canadienne
qui, comme la Sun Life, sont ici à Montréal et qui font affaires
à New York et au Massachusetts; c'est un investissement à
l'étranger pour le Canada et je considère la Sun Life comme une
compagnie québécoise très importante. Que la charte soit
émise par le fédéral, cela est important, mais que la Sun
Life soit ici est aussi important.
M. JORON: De toute façon, sur le fond, quant à se
prononcer, je termine là-dessus, sur les demandes qui nous sont
présentées spécifiquement ce matin. Je pense que le but
n'est pas de trancher là-dessus. Nous ne sommes peut-être pas en
mesure de le faire non plus. C'est ce qui se fera au moment où on aura
la version finale du projet de loi, et qu'on discutera après la
deuxième lecture, en comité parlementaire. A ce moment-là,
on verra si vous avez donné suite aux intentions que vous avez
exprimées ce matin.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Je prends l'exemple de l'article 5, les services de conseiller
en planification successorale. Qu'est-ce que vous voudriez par rapport à
ce que vous avez actuellement? C'est à la page 8 de votre
mémoire.
M. BOULET: Voici. C'est que nous sommes énormément
consultés par des gens qui nous demandent des avis, à savoir
comment régler... quel montant d'assurance ils ont besoin pour
prévoir la taxation qu'il leur sera imposée au moment de leur
décès.
Beaucoup de compagnies... nous l'avons nous à La
Solidarité. Nous engageons des comptables agrées, nous engageons
des experts en fiscalité pour pouvoir aviser ces gens...
M. BACON: Mais quand vous parlez de pouvoirs additionnels dans ce
domaine...
M. BOULET: ... à l'heure actuelle, nous ne le faisons que
lorsqu'il y a une question d'assurance à vendre, mais nous voudrions
peut-être avoir le pouvoir de le faire, même s'il n'est pas
question de vendre de l'assurance.
M. BACON: On mentionnait tantôt, M. le Président, advenant
que les pouvoirs que vous demandez vis-à-vis de l'administration de
biens composant une succession... En fait, disons, je n'ai pas de chiffres, je
ne sais même pas s'il y a eu des enquêtes à ce
sujet-là, à savoir si un bonhomme, à un moment
donné, achète une police d'assurance, et achète toujours
des polices d'assurances avec la même compagnie... Lorsque vous vous
retrouvez en face de plusieurs compagnies, en vertu de quelle option, à
un moment donné, un gars va aller dans une compagnie plutôt que
dans une autre?
M. BOULET: C'est le client qui choisira.
M. BROCK: Comme pour le choix d'une compagnie de fiducie.
M. BACON: Oui, mais c'est parce que dans le choix d'une compagnie de
fiducie, généralement un gars le fait de son vivant.
M. POITRAS: C'est l'idée d'élargir pour le public que les
besoins soient rendus selon les besoins du public. Plutôt que de
transiger avec trois, ils peuvent décider de transiger avec une, ce
serait peut-être plus simple de laisser l'argent à nous seuls,
vice versa, ça peut se faire...
M. BACON: Parce qu'en fait, dans les pouvoirs additionnels que vous
demandez, vous êtes en plein dans le champ des compagnies de fiducie,
à peu près complètement, sauf là où vous
avez fait une énumération...
M. POITRAS: Non, d'accord!
M. BACON: ... tuteurs, curateurs, exécuteurs testamentaires, en
fait, cela devient quasiment un jeu de mots: liquidateurs, fiduciaires. Vous
demandez presque en fait les pouvoirs d'une compagnie de fiducie?
M. TARDIF: Non, ici...
M. POITRAS: M. le Président...
M. BACON: On ne peut pas juger, mais il ne reste que cela, si on regarde
l'énumération que vous faites en page 8.
M. POITRAS: Non, je pense que d'une part... Prenez, par exemple, la
question des caisses de retraite, peut-être, M. le ministre, que vous
permettiez... Vous avez mentionné que si vous nous accordiez des
pouvoirs, tout ce qui nous resterait, ce serait d'avoir un argument contre les
compagnies de fiducie.
Ce n'est pas ça que nous recherchons et nous ne croyons pas
travailler contre. Nous croyons que, dans les caisses de retraite de
sociétés, on ne va pas toujours, pour former ces fiducies,
à une société de fiducie. Souvent, on n'y va pas. Alors,
on n'est pas en opposition à une société de fiducie comme
telle. Ce sont des fiducies privées. Cela peut être un actuaire
conseil, il y en a qui agissent comme tels, ça peut être un
notaire, avec l'employeur, l'employé, et souvent, on ne va pas à
des fiducies; nous ne cherchons donc pas et nous ne croyons pas que ce soit sur
la gestion de caisses de retraite, une chasse gardée des
sociétés de fiducie.
M. BACON: Vous avez raison.
M. POITRAS: Pour ce qui concerne des conseillers en actuariat, en
informatique, je pense qu'on est mieux placé et je pense que les
sociétés de fiducie ont dit hier qu'elles ne voulaient pas,
qu'elles n'étaient pas prêtes. Pour ce qui concerne les immeubles,
nous avons tout d'abord tout le service pour nos prêts
hypothécaires. La loi sur les assurances permet déjà que
si un emprunteur fait défaut, nous puissions reprendre sa bâtisse,
l'administrer pendant sept ans et plus. Nous avons nos immeubles, pourquoi ne
pourrions-nous pas le faire quand quelqu'un nous dirait: J'ai des immeubles,
même de mon vivant, à administrer, administrez-les donc pour nous.
Je ne crois pas qu'on vienne en concurrence directe et que ce soit, encore
là, une exclusivité des sociétés de' fiducie.
M. BOULET: M. le Président, je voudrais souligner un aspect, une
des raisons principales pour lesquelles nous demandons de pouvoir oeuvrer au
sein de notre charte, avoir des pouvoirs plus étendus au lieu d'oeuvrer
par l'intermédiaire de filiales. C'est que lorsqu'une compagnie
d'assurance possède un actif de $3 milliards, $4 milliards ou $5
milliards, si elle est obligée de prendre $1 million dans son actif pour
fonder une filiale, ça ne la dérange pas. Mais une compagnie qui
a $30, $40 ou $50 millions d'actif peut difficilement distraire $1 million de
son actif pour fonder une filiale. Je pense que c'est une raison absolument
importante, et elle intéresse à peu près toutes les
compagnies à charte provinciale. Les compagnies à charte
fédérale ont en grande partie des actifs qui dépassent le
milliard de dollars, il n'y a pas beaucoup de compagnies à charte
provinciale qui dépassent le milliard de dollars. Je pense qu'il y a
L'Industrielle.
M. BROCK: C'est $325 millions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
l'Islet.
M. GIASSON: D'après le dernier mémoire que vous avez
déposé ce matin, on semble découvrir nettement que vous
désirez pour les compagnies d'assurance, du moins celles que vous
représentez, obtenir certains pouvoirs fiduciaires. Même si vous
aviez ces pouvoirs fiduciaires, est-ce que vous avez la conviction de pouvoir
donner un meilleur service à un meilleur coût à cette
clientèle éventuelle qui, très souvent, va vers les
compagnies de fiducie existantes? Deuxièmement, vous avez fait allusion
à des pouvoirs fiduciaires que détiendraient des compagnies
étrangères ou à charte fédérale. Mais
avez-vous vraiment l'impression que ces compagnies étrangères ou
à charte fédérale ont véritablement exercé
beaucoup de pouvoirs fiduciaires dans ce que la loi fédérale leur
permet actuellement au Québec? H semble bien que ce n'est pas possible,
parce qu'il y a encore un contrôle provincial. Je vous pose la question
parce que j'essaie de voir ça dans le champ pratique d'opération.
J'ai vécu dans le monde de l'assurance pendant quelques années;
j'ai remarqué que les compagnies étrangères qui oeuvrent
chez nous offrent très peu aux ayants-droit, aux héritiers des
types de pouvoirs fiduciaires tels que ceux que vous réclamez et que,
par contre, lorsque vous avez affaire à des successions où le
défunt a accumulé passablement de biens, déjà, il a
réglé du côté fiduciaire, l'orientation et la
disposition des biens après sa mort. C'est que, dans les successions
importantes, les compagnies de fiducie sont généralement
déjà choisies par celui qui aura des biens à laisser
à ses héritiers. Ce qui veut dire que, dans l'ensemble des
petites successions ou des citoyens qui détiennent des montants
d'assurance assez minimes dévolus à leurs héritiers ou
ayants-droit, dans la plupart des cas, ces gens qui héritent du capital
assuré du défunt ne sont pas tellement intéressés
à confier le placement de ces biens aux compagnies de fiducie et
préfèrent s'en remettre à une administration personnelle.
C'est pourquoi, suite à la question du député de Gouin, je
me suis demandé si vous aviez véritablement subi un grave
préjudice en n'ayant pas de par la loi du Québec des pouvoirs
tels que ceux que possèdent les compagnies à charte
fédérale ou étrangère.
M. TARDIF: Si vous voulez, je vais répondre également
à votre question de tout à l'heure. On a mentionné tout
à l'heure qu'à toutes fins pratiques, c'était un jeu de
mots, qu'on ne demandait pas d'être exécuteurs testamentaires
alors qu'au fond, on le demandait. Il faudrait bien nous comprendre et
ce que je vais vous dire, vous pouvez le retrouver de façon très
explicite au bas de la page 5 de notre mémoire de ce matin. En fait,
quand nous voulons intervenir auprès de certaines personnes qui
détiennent des biens, c'est après le décès de la
personne qui les possédait alors. De telle sorte que, si le
décédé a choisi un exécuteur testamentaire, nous ne
sommes pas du tout dans le portrait. Nous ne voulons pas y être.
Maintenant, s'il n'y a pas d'exécuteur testamentaire ou si nous
disons, à la demande d'un exécuteur testamentaire. Il faut bien
se rappeler qu'un exécuteur testamentaire, ce n'est pas
nécessairement une compagnie de fiducie. Cela peut être un
individu, cela peut être l'époux, cela peut être
l'épouse, cela peut être le beau-frère, etc. Si, à
la demande de l'exécuteur testamentaire ou si, en l'absence de
l'exécuteur testamentaire, à la demande des ayants-droit, on
demande à une compagnie d'assurance qui a été pendant
plusieurs années la compagnie avec laquelle on a fait affaires, en
laquelle on a confiance, si on lui demande d'administrer certains biens,
à ce moment-là, il faut dire: Non, monsieur, on se retire parce
qu'on ne peut pas. Nous ne pouvons pas malgré que nous administrions
nous-mêmes des portefeuilles considérables, que nous ayons des
spécialistes, que nous ayons tout pour pouvoir rendre service à
ce client-là. Nous disons: Non. Cela, fondamentalement, il faut
peut-être le rappeler, revient à une disposition du code civil,
c'est l'article 365, je pense, qui dit qu'à cause de la nature
même d'une corporation, elle ne peut pas remplir certaines fonctions
comme d'être fiduciaire, curateur, etc., parce que cela entraf-ne une
responsabilité personnelle. Là, le législateur est
intervenu, à un moment donné, au début des années
1900, pour dire: On fait une exception pour les compagnies de fiducie. Depuis
ce temps-là, les compagnies d'assurance se sont
développées chez nous au Québec, les compagnies
québécoises, et on est en mesure maintenant d'offrir des services
équivalents à ceux offerts par les compagnies de fiducie dans des
cas où les compagnies de fiducie ne sont pas. Je pense qu'il faut bien
préciser cela. Nous demandons de nouveau aujourd'hui au
législateur: Faites une deuxième exception. Dites que, dans
certains cas, les compagnies d'assurance pourront remplir ce que font
actuellement les compagnies de fiducie dans les cas où elles sont
présentes.
Alors, nous ne voudrions pas, ce matin, laisser entendre que ce que nous
voulons, c'est enlever quelque pouvoir que ce soit aux compagnies de fiducie.
Ce que nous voulons, c'est agir comme des compagnies de fiducie, si l'on veut,
dans des cas précis où les compagnies de fiducie ne sont pas
présentes. C'est exactement cela que vous allez retrouver à la
page 5 de notre mémoire de ce matin.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Trois-Rivières avait une question à poser.
M. BACON: Justement, à la suite de tout cela, en fait, je pense
que le but premier d'une compagnie d'assurance, c'est de vendre de l'assurance
et c'est de travailler là-dedans. Vous ne trouvez pas qu'avec tous les
pouvoirs que vous demandez, cela vous distrait un peu de votre but principal?
M. le Président, vous me permettrez. On a étudié pendant
presque deux ans le code des professions. Si on avait écouté tout
le monde, on aurait eu juste une profession qui aurait tout fait. Cela n'aurait
pas été tellement compliqué. Cela aurait été
pas mal moins compliqué.
M. TETLEY: Les chiros.
M. BACON: M. le ministre, je ne voulais pas apporter cet
exemple-là, mais il reste quand même qu'à un moment
donné, du moins à mon point de vue, des compagnies exercent
certaines activités à l'intérieur d'une certaine
philosophie ou d'un champ d'action. On va m'arriver avec tout le droit de
l'exécuteur testamentaire et tout le droit du fiduciaire. Il reste quand
même que, d'un point de vue pratique d'administration, je prétends
qu'avec les pouvoirs additionnels qu'elles demandent, elles s'en vont
directement dans le champ des compagnies de fiducie. Je me demande si,
après cela, à un moment donné, on ne viendra pas nous
demander de faire les règlements de succession et je me demande si les
compagnies de fiducie ne viendront pas nous voir pour dire: il n'y aurait pas
moyen qu'on émette des contrats d'assurance? Je trouverais cela logique
si cette chose-là arrivait. Si on donne les pouvoirs des compagnies de
fiducie aux compagnies d'assurance, pourquoi ne pas donner les pouvoirs aux
compagnies de fiducie de faire de l'assurance? C'est pour cela que je dis que
vous vous distrayez de votre but premier. Enumérez tout cela: la gestion
des caisses de retraite vous m'ébranlez un peu, vous avez
peut-être raison mais dans le reste, gestion de biens mobiliers,
gestion de portefeuilles, service de conseillers en placement, service de
conseillers de planification successorale, administration de biens composant
une succession. Là, vous n'êtes plus beaucoup dans
l'assurance.
M. POITRAS: Dans l'actuariat, est-ce qu'on...
M. BACON: Comme je vous le disais tantôt, moi je pense qu'il y a
très peu de clients qui achètent une première police
d'assurance avec telle compagnie et qui continuent toute leur vie avec la
même compagnie. Au fait, ils achètent de différentes
compagnies. Question de confiance en une compagnie ou en une autre? Je
doute
un peu là-dessus. Question de représentant, c'est un homme
qui est plus près de lui, qui est un de ses amis, qui va travailler pour
une compagnie. Il va acheter de cette compagnie-là. Il va acheter d'une
autre compagnie. Je pense qu'autour de la table, si on examinait nos
portefeuilles d'assurance, il y a très peu de gens qui sont avec la
même compagnie depuis l'âge de vingt ans jusqu'à
aujourd'hui. Là-dessus, je ne pense pas que ce soit ça qui soit
l'argument valable pour dire qu'on va donner les pouvoirs aux compagnies
d'assurance d'administrer des biens, pas d'agir comme exécuteurs
testamentaires, ça je le comprends. Mais à un moment
donné, elles vont arriver ici et vont dire: Ecoutez, on a tous ces
pouvoirs et ça ne marche pas encore. Donnez-nous donc le pouvoir de
faire des règlements de succession.
La compagnie de fiducie va venir ici et va nous dire: Pourquoi
n'émettrait-on pas des contrats de polices d'assurance? On va
également être obligé de dire, en se basant sur votre
argumentation, qu'elles ont raison.
M. BROCK: C'est évidemment dans le plein pouvoir d'une compagnie
de fiducie. Au moins, j'ai été bien satisfait de vous entendre
quand vous avez dit que, pour la gestion des caisses de retraite,
peut-être que oui. Il me semble que la gestion du bien immobilier tombe
dans la même catégorie, au moins.
M. BACON: Je ne vous l'ai pas dit. Je ne vous donne pas la gestion des
biens immobiliers, la gestion des caisses de retraite.
M. BROCK: Pourquoi pas, par exemple, quand nous sommes dans ça
actuellement? L'article le plus important dans notre bilan est celui des
prêts hypothécaires. Est-ce que nous avons la compétence
d'évaluer les bâtisses? Nous avons le droit, d'après votre
loi, de placer dix personnes à notre actif dans les immeubles. Est-ce
que nous n'avons pas la compétence de faire la même chose pour
d'autres? Il me semble que ce n'est pas raisonnable, parce que si vous
appliquez le même raisonnement aux compagnies de fiducie, comme je l'ai
dit il y a quelques minutes, les compagnies de fiducie font beaucoup de choses
en dehors du rôle spécifiquement fiduciaire. Elles vendent les
maisons; elles ont des fonds mutuels; elles louent l'équipement; elles
font des prêts personnels en concurrence avec les compagnies de finance;
elles font toutes sortes de choses, mais quand ça arrive aux compagnies
d'assurance, vous voulez nous limiter. Nous sommes beaucoup plus limités
que les banques et les compagnies de fiducie, parce que, depuis vingt ans,
leurs pouvoirs ont été augmentés constamment, mais nous
autres, nous sommes toujours restés à la même place.
Dernièrement, M. Turner, qui a rencontré les compagnies
d'assurance-vie, a dit: Je ne comprends pas votre defensive humility au sujet
de pouvoirs additionnels. C'est exactement ce que M. Turner a dit. C'est vrai.
Nous avons été trop conservateurs, les banques et les compagnies
de fiducie ont beaucoup...
M. TETLEY: C'est une erreur d'être trop conservateur, M.
Brock.
M. BROCK: Oui, c'est vrai.
M. TETLEY: Vous êtes même conservateur.
M. BROCK: C'est pourquoi nous avons le support des libéraux
maintenant.
J'aimerais attirer votre attention sur un autre aspect. Les demandes
faites ici, ce matin, sont faites par trois compagnies. Nous sommes des
compagnies mutuelles. La plupart des compagnies à charte provinciale
sont des compagnies mutuelles.
Dans la province de Québec, nous avons un genre de concurrence
qui n'existe pas dans les autres provinces, du moins pas au même
degré. Nous avons la concurrence de plusieurs groupes très
importants dans la province de Québec, comme le groupe Desjardins, qui a
une compagnie d'assurances générales, d'assurance-vie, de
fiducie, etc. Ils ont toutes les compagnies subsidiaires détenues par un
holding.
A part cela, vous avez le groupe Prêts et Revenu. Ils ont
l'assurance-vie générale, les fonds mutuels, les compagnies de
fiducie; encore le groupe Desmarais Power Corporation. Ils ont tout cela. Ils
ont le Montreal Trust, la Great West Life, l'Imperial Life. Ils ont toutes ces
affaires-là, mais parce que nous sommes une compagnie mutuelle, nous ne
pouvons pas marcher dans le même sens. Saint Lawrence Diversified, les
affaires de M. Webster, Prévoyants, International Trust. Ils sont tous
nos concurrents, mais nous, les compagnies mutuelles, on ne peut rien faire,
mais la holding company peut faire n'importe quoi. Nous, on ne peut rien faire,
à part l'assurance-vie. Je ne sais pas si vous avez saisi le point que
M. Poitras a soulevé.
Nous, quand nous sommes obligés de créer des compagnies
subsidiaires, et quand cette compagnie subsidiaire fait un profit et nous paie
un dividende pour notre placement, ce dividende est imposable entre le
subsidiaire et nous. Et ce l'est encore dans notre revenu. Nous sommes le seul
genre d'institution imposable de cette manière. Mais pour les autres
groupements, les dividendes vont directement... Si Great West Life, Imperial
Life paient un dividende à Power Corp., cela n'est pas imposable: c'est
imposable naturellement après cela, dans les mains de Great West Life et
d'Imperial Life, mais non pas quand c'est payé de Great West Life
à Power Corp.
Il faut donc nous donner à nous, les compagnies d'assurance-vie
mutuelle, un autre champ d'action.
M. TETLEY: Mais si les mutuelles au Québec, au Canada ou
ailleurs, ont des problèmes avec le fisc, je suis prêt à
plaider votre cause, et je suis prêt à modifier la loi ici pour
les questions de fisc, mais il ne faut pas mêler les questions du fisc et
le droit d'être fiduciaire.
M. BROCK: Oui, mais, M. le ministre, est-ce que nous allons toujours
être à la remorque du fédéral? Cela fait trois ans
et demi déjà et si nous devons avoir l'uniformité entre le
fédéral et le Québec, est-ce que cela veut dire que nous
allons toujours attendre ce que le fédéral va faire en 1974 et
qu'après cela, il faille venir nous voir? Est-ce que cela va prendre
encore quelques années avant de régler notre problème?
M. TETLEY: On peut régler la question du fisc, mais pas ici. Je
peux vous aider à la régler.
M. JORON: Est-ce que vous avez des entrées spéciales
auprès de M. Garneau?
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: Ah bon! Mais cela porterait juste quand même, si
déjà vous régliez la question de fiscalité
provinciale sur une partie seulement de l'impôt qui touche les
sociétés.
M. TETLEY: Oui, mais...
M. JORON: Le point que soulève M. Brock...
M. TETLEY: ... si les compagnies mutuelles ont un problème avec
le fisc, il faut le régler avec le fisc, mais ne pas mêler cette
question avec le droit des compagnies d'assurance à charte
québécoise d'avoir des droits fiduciaires, c'est une autre
question. Je ne dis pas que je sois pour ou contre. Je considère votre
problème.
M. BROCK: Je donne cet argument comme un argument en faveur de nous
donner ces pouvoirs dans le cadre corporatif que nous allons avoir.
M. TETLEY: Si le fonds mutuel est mauvais, changez-le.
M. BROCK: Je n'ai pas dit que c'est mauvais. Je n'ai pas dit cela.
M. JORON: IL dit que les lois actuelles les désavantagent...
M. TETLEY: Bien...
M. JORON: ... et c'est exact.
M. TETLEY: Oui, mais on peut modifier ces lois...
M. BROCK: C'est pourquoi nous sommes ici.
M. TETLEY: ... ou on peut modifier leur charte, et c'est ce que nous
avons fait.
M. BROCK: La demande, M. le ministre, que nous faisons ce matin est de
nous donner des pouvoirs dans les cadres actuels de la compagnie sans
être obligés de créer une compagnie subsidiaire. C'est une
des demandes importantes que nous faisons ici ce matin. Je ne veux pas que vous
partie'z d'ici pensant que tout ce que nous voulons avoir ce sont des pouvoirs
propres aux compagnies de fiducie. Ce sont quelques-uns de leurs pouvoirs que
nous aimerions avoir mais pas tous et il y a beaucoup beaucoup d'autres
demandes que nous faisons ici et je ne veux pas que vous oubliiez les autres
demandes.
M. TETLEY: Nous avons pris note et n'oubliez pas que nous avons
adopté à votre demande personnelle, M. Brock j'ai pris le
lunch avec vous le bill 283 à l'unanimité au
Parlement.
M. BROCK: Oui, M. le ministre, mais...
M. TETLEY: On ne peut pas reprocher à ce Parlement-ci ni au
gouvernement...
M. BROCK: Nous avons demandé ce pouvoir et cette idée,
c'est une loi fédérale, on avait besoin de cette loi pour faire
quelque chose. Je pense que cela n'était pas une faveur dans un sens. On
en avait besoin et...
M. TETLEY: Aussitôt que vous l'avez demandée, nous l'avons
adoptée...
M. JORON: Avec la coopération de l'Opposition.
M. TETLEY: ... grâce à la coopération des quatre
partis et à l'unanimité.
M. BROCK: Vous me placez dans une position difficile, M. le ministre,
parce que c'est en 1971 que nous avons demandé les pouvoirs qui sont
maintenant dans le bill 7. Cela a pris deux ans et demi à trois
ans...
M. POITRAS: Je pense que, pour... M. TETLEY: Oui. En tout cas.
M. POITRAS: ... en revenir à nos points de vue...
M. TETLEY: Oui.
M. POITRAS: ... nous voulions vous faire des suggestions que vous nous
avez permis de faire, M. le Président, M. le ministre, d'une
façon constructive. Je crois qu'aujourd'hui,
beaucoup plus qu'il y a 50 ans, les compagnies du Québec peuvent
être un apport réel au développement du Québec.
Notre compagnie a apporté sa participation à deux reprises
particulièrement, en permettant de prendre le contrôle de la
cablôdiffusion dans le Québec, avec la Caisse de
dépôt, puisque nous deux, nous en avons le contrôle, et
aussi, par exemple, en rapatriant une compagnie d'assurance
générale qui était détenue à
l'extérieur, La Paix, une compagnie à charte
fédérale, que nous avons rapatriée. Il arrive assez
rarement qu'on rapatrie. Je cite ce cas peut-être à titre
d'exemple des difficultés qui se présentent. Cette compagnie que
nous avons acquise en premier, dans nos compagnies d'assurance
générale, lorsque nous avons acquis deux autres compagnies
d'assurance générale, a pris 10 p.c. des actions des deux autres
compagnies à charte provinciale. Or, le fédéral ne
reconnaît pas ces placements comme étant des placements admis,
parce que les autres compagnies sont des compagnies à charte provinciale
et donc considérées, jusqu'à un certain point, comme des
compagnies étrangères. C'est une autre difficulté à
considérer, soit qu'il y ait des négociations au niveau des deux
gouvernements pour que cette restriction soit enlevée ou soit que notre
compagnie à charte fédérale revienne à une charte
provinciale s'il y a de plus grands avantages à le faire. Ce sont des
difficultés concrètes que nous avons et je pense que, l'esprit
dans lequel nous venons débattre ici permet de voir les
différentes façons où, ensemble, nous pouvons permettre un
développement plus grand de nos compagnies. D'une part, le rattrapage du
bill 7, nous l'avons dit dans notre mémoire, c'est un grand pas, M. le
ministre, et nous vous en félicitons, mais il y a peut-être
davantage à faire, et c'est l'esprit de notre échange.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: La première clarification que j'avais à
demander a été apportée il y a quelques instants. J'arrive
à ma deuxième question et elle s'adresse au ministre. En ce qui
concerne les compagnies d'assurance qui n'ont pas de charte
québécoise, est-ce qu'il existe une échelle quelconque de
barèmes, un pourcentage d'investissement obligatoire ici au
Québec? Est-ce que vous avez l'intention d'instituer quelque chose
à ce sujet?
M. TETLEY: J'attendais des suggestions à ce sujet. C'est
très difficile de savoir ce que c'est un investissement au
Québec. Est-ce que l'achat, par vous, d'actions du Canadien Pacifique,
c'est un investissement au Québec, parce que le siège social est
à Montréal, ou est-ce que c'est un investissement par tout le
Canada ou outre-mer parce que cette entreprise a des succursales et des
filiales ailleurs? C'est très difficile à évaluer. Nous
n'avons, ni le Canada ni le Québec, les moyens pour faire cette
évaluation que je sache. Mais nous croyons que les investisseurs, nous
avons certains calculs, sont au moins, dans une proportion juste, valable et
égale pour le Québec. Ce sont d'autres provinces qui souffrent,
je ne veux pas parler trop de ça, mais surtout dans l'Est du Canada et
dans l'Extrême-Ouest. Je crois que l'Ontario et le Québec ont une
part plus élevée des investissements, des épargnes des
Canadiens en général.
M. BELAND: Cela peut être difficile de faire une étude
assez longue pour savoir exactement l'ampleur de la situation
présentement. Mais je pensais qu'il y aurait possibilité à
certains paliers d'en savoir davantage. C'est pour ça que je pensais
à une échelle de barèmes quelconque, compte tenu que vous
avez soulevé un point. Que ce soit le Canadien Pacifique ou le Canadien
National, c'est entendu, c'est à une échelle nationale
canadienne. A ce moment-là, il faut regarder ces éléments
sur un autre palier. Mais je parle des autres investissements possibles qui se
font dans le domaine immobilier, du prêt hypothécaire, quelque
chose comme ça.
M. BROCK: Les chiffres que M. Mercure vous a cités hier, c'est
l'accumulation des chiffres de toutes les compagnies d'assurance. Par exemple,
vous soulevez la question du Pacifique Canadien, je pense que c'était M.
Joron ou un autre qui a demandé ce qui se fait quand le siège
social est à Montréal. Nous avons des règles à
suivre.
Par exemple, pour le Pacifique Canadien, c'est divisé
d'après le millage ferroviaire dans tout le pays. Pour les magasins
à rayons, c'est divisé d'après les ventes. Dans les
banques, c'est divisé d'après la valeur des chèques
négociés. Nous avons essayé de faire une division
raisonnable. Les chiffres que M. Mercure vous a donnés hier
étaient les chiffres de toutes les compagnies, divisés par
province, d'après des règles raisonnables. Une étude a
été faite. Nous, nous le faisons une fois par année dans
les compagnies d'assurance.
M. BELAND : M. le Président, je pense qu'il serait tout
simplement raisonnable je n'ai pas de chiffres en tête ou de
pourcentage que les compagnies d'assurance qui n'ont pas de charte
provinciale aient au moins un minimum d'investissements bien spécifiques
au Québec. Ce serait logique, en somme.
M. TETLEY: D'accord, mais depuis plusieurs années, nous avons
demandé à l'Association canadienne des compagnies d'assurance,
même des compagnies de fiducie et d'autres, de nous donner une
explication ou des détails, autant que possible, suivant certains
barèmes, etc., de leurs investissements au Québec. Je sais, et
c'est un expert de Toronto qui a même écrit un article dans le
Toronto Star à notre sujet.
"Depuis six mois ou un an, les investissements au Québec des
autres provinces du Canada ont augmenté énormément." J'ai
peur de dire que les chiffres mentionnés par M. Mercure, hier, ou par
d'autres, sont parfaits. Même M. Mercure a noté qu'il est
difficile de le dire. Mais je crois qu'il est clair qu'aujourd'hui, le chiffre
d'investissements au Québec est plus élevé que la
proportion juste et égale de ces compagnies.
M. JORON: C'est vrai dans le domaine des compagnies d'assurance-vie,
mais ce n'est pas vrai dans toutes les sortes d'institutions
financières. Loin de là. On vous a demandé souvent
d'être en mesure de contrôler dans le domaine des banques, par
exemple...
M. TETLEY:Oui.
M. JORON: ... si les dépôts perçus ici correspondent
aux prêts faits ici et, sur une base régionale aussi, comme le
soulevait fort judicieusement hier le député de Montmagny.
M. TETLEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un aspect très important. Je crois
que les indices montrent que les investissements au Québec, qui montent
et descendent, sont aujourd'hui très élevés. J'ai un autre
chiffre dans le même article. C'est le nombre de familles qui ont
quitté Montréal l'an dernier pour se rendre dans d'autres
provinces et le nombre de familles qui sont venues à Montréal.
Or, il y a plus de familles qui ont quitté Montréal, l'an
dernier, que de familles qui sont venues s'y établir. Cette
année, le nombre est complètement inversé, puisque 12,000
familles sont venues s'établir à Montréal et que 8,000
l'ont quittée.
M. JORON: C'est pour cela que le prix des maisons monte.
M. TETLEY: Je ne dis pas que c'est à cause de notre gouvernement.
Je crois que c'est à cause du gouvernement. Mais au moins,
l'économie est meilleure.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils s'en vont dans
Notre-Dame-de-Grâce...
M. TETLEY: Peut-être à cause de leur député.
Ils sont contents. J'ai peur des chiffres. J'étais content de voir les
chiffres de M. Mercure, hier, mais je les regarde avec un oeil attentif.
J'aimerais aussi voir vos chiffres sur les banques.
M. BELAND: D'accord! Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Prési- dent, enchaînant sur
ce qu'on vient de dire au sujet des investissements, j'avais soulevé,
hier, le problème ou l'aspect des investissements régionaux ou du
développement régional qui pouvait être influencé
assez directement par les placements des compagnies d'assurance.
J'avais demandé à l'association canadienne si on avait
certaines statistiques et on a dit que cette question devrait être
plutôt posée à des compagnies. Etant donné qu'avec
vos trois compagnies ici, vous détenez une part importante du
marché des compagnies à charte québécoise, est-ce
que vous avez certaines statistiques sur la répartition des
investissements que vous faites dans les différentes régions du
Québec?
M. BROCK: Par exemple, dans notre compagnie, à la fin de 1972,
sur un actif nous avions placé $134 millions dans les prêts
hypothécaires et pour la ville de Québec et la région, $33
millions; à Montréal, $56 millions; dans les Cantons de l'Est,
$6,500,000; dans la Mauricie, $3,500,000; au Saguenay, $4 millions; dans le Bas
du Fleuve, $2,700,000; à Ottawa, $8,500,000; à Toronto, $11
millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce critère du
développement régional ou de l'importance de retourner dans la
région autant qu'il en est sorti entre en ligne de compte ou si c'est
selon la demande qui arrive à la compagnie d'assurance?
M. BROCK: Nous n'avons pas une formule exacte, mais nous essayons de
faire des affaires dans la région où nous vendons. Je ne peux pas
vous dire que les placements sont exactement égaux aux primes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les domaines autres que celui du
prêt hypothécaire, qui est un prêt direct dont vous pouvez
mesurer immédiatement l'effet, supposons que dans le domaine du
placement surtout avec les nouveaux pouvoirs de placement, c'est
peut-être plus étendu est-ce que vous pourriez influencer
non seulement le développement régional mais certains secteurs de
développement du Québec? Est-ce que vous pourriez, par une
politique de placement, influencer ou infléchir le développement
de certains secteurs particuliers? Est-ce que ce serait possible pour les
compagnies d'assurance?
M. BOULET: Je pense que c'est un peu difficile. Nous pouvons
certainement le faire, nous le faisons nous aussi à La
Solidarité. La politique est d'investir dans les endroits où nous
percevons des primes, mais en dehors du prêt hypothécaire, je
pense que c'est assez difficile. Notre placement sur actions est surtout
axé sur les actions cotées en bourse, à quelques
exceptions près. Dans certaines émissions industrielles,
évidemment on n'en a pas tellement d'émis-
sions industrielles dans la province de Québec, dans notre
industrie moyenne et dans notre petite industrie. Il y a eu très peu
d'émissions industrielles qui ont été faites depuis trois
ou quatre ans, depuis la hausse du taux d'intérêt, très peu
d'émissions industrielles qui ont été faites dans des
entreprises moyennes; cela a surtout été fait dans des
entreprises nationales. Je pense qu'en dehors du prêt
hypothécaire, on peut plus difficilement influencer un
développement régional.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par fonds mutuel, est-ce que vous pourriez
davantage?
M. BOULET: Difficilement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez parlé tantôt des
compagnies américaines qui ont la possibilité de...
M. BROCK: Les fonds mutuels sont placés dans les actions et
c'est...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Ils sont placés dans les actions,
mais j'admets que même en plaçant dans des actions, même si
c'est en bourse, cela peut, à certains moments, peut-être exercer
une influence moins directe que la création d'une entreprise; ce sont
des entreprises qui existent déjà, mais...
M. POITRAS: M. le Président, je pense que nous ne pouvons pas
vous dire que notre conseil d'administration a une politique établie sur
cela. Dans nos investissements où nous participons directement ou
indirectement à la croissance, c'est-à-dire par actions
c'est un portefeuille limité puisque nous sommes limités à
25 p.c. nous avons eu différentes préoccupations. Une
première, se donner des investissements dans les secteurs auxiliaires de
l'assurance, d'une part. Egalement prévoir, si un jour il devait, par la
concurrence venant des Etats-Unis ou ailleurs y avoir des formules où
cela serait regroupé, que nous en ayons l'instrument et en même
temps le rendre rentable et le récupérer des compagnies de
l'extérieur. Ceci fait, nous avons établi une deuxième
politique, celle de placer là où nous aurions la
possibilité d'influencer l'orientation d'une compagnie. Nous avons
posé trois conditions: Aller dans les secteurs de pointe, ne pas prendre
le contrôle seuls, de le prendre avec un minimum de trois autres
sociétés, de préférence des sociétés
d'individus parce qu'il y a une continuité. L'exemple de la
câblodiffusion n'est pas un incident. Nous avons considéré
que c'était un secteur de pointe. C'était contrôlé
par des compagnies de l'extérieur. Lorsque nous avons voulu en prendre
le contrôle au Québec, plusieurs compagnies ont été
pressenties.
Certaines ne le pouvaient pas, d'autres avaient fait d'autres
investissements. Nous y sommes allés avec d'autres corporations et je
pense que c'est un exemple concret du fait d'aller dans les secteurs de pointe
où nous pouvons investir. Le résultat en est qu'aujourd'hui nous
contrôlons les compagnies que Columbia des Etats-Unis contrôlait;
une compagnie d'Angleterre qui contrôlait Sherbrooke, Drummondville et
Cap-de-la-Madeleine est contrôlée par les compagnies du
Québec; nous avons acquis l'Abitibi et il peut après cela y avoir
un développement.
Nous sommes également, par l'entremise d'une petite compagnie, en
collaboration avec d'autres sociétés du Québec dans le
secteur de la recherche et en collaboration avec le Centre de recherche
industrielle du Québec pour participer à la recherche dans des
secteurs de pointe où il y a également des subventions ou des
possibilités d'appui provincial et fédéral. Je pense qu'il
y a différents endroits, sous réserve d'une limite, bien entendu,
de notre envergure, où il pourrait peut-être y avoir... Nous
n'avons pas dans notre mémoire touché cette question, mais
lorsque les gouvernements subventionnent directement des entreprises, ils
pourraient peut-être garantir une certaine partie d'investissement
capital-actions quand c'est pour apporter un concours, une garantie indirecte,
qui empêcherait les gouvernements de sortir de l'argent. C'est que
l'assurance-vie produit des capitaux régulièrement, c'est
l'essence même de notre compagnie, ce qui nous permettrait d'apporter
peut-être un concours plus grand. Il y a davantage à faire. Plus
vite on se développera, plus on pourra apporter notre concours et je
pense que nos gouvernements le gouvernement du Québec
savent qu'il peut compter avec nous.
C'est dans cet esprit que plus nous pourrons, avec des règles,
bien entendu, des règlements, justice également dans la
concurrence nous comprenons tout cela faire davantage que ce qui
a été fait. Je pense que je réponds directement à
cette préoccupation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Votre réponse, M. Poitras, est
très intéressante. Je pense qu'il y a des avenues à
explorer pour toutes les compagnies d'assurance. Si on me le permet, je
voudrais faire allusion, sans les donner en détails, à des
statistiques que j'ai données hier dans un document que j'ai fait
distribuer aux membres de la commission parlementaire sur les montants des
primes perçues au Québec en 1971 avec leur répartition.
Les compagnies avec charte du Québec ont perçu des primes
d'assurance pour $233 millions, soit 16 p.c. du total. Les compagnies à
charte d'une province canadienne autre que le Québec, $36 ou $37
millions j'arrondis les chiffres pour 2.5 p.c. Les compagnies
à charte du Canada, $607 millions pour 41.7 p.c. et les compagnies avec
charte d'un autre pays pour $504 millions pour 34.6 p.c. et les Lloyd's $75
millions pour 5.2 p.c. On voit l'importance des points qui ont
été soulevés devant la commission quand on
voit la répartition actuelle du chiffre d'affaires dans le
domaine des compagnies d'assurance. Il y a l'assurance-vie et
l'assurance-générale. J'ai ces statistiques aussi. On pourrait
enlever l'assu-rance-automobile et on verrait que la même tendance est
conservée, pour un grand total de primes de $1,457,372,000. C'est de
là que les points qui sont soulevés devant la commission
parlementaire prennent toute leur dimension. Quand les compagnies à
charte québécoise demandent des pouvoirs additionnels pour
être sur un pied de concurrence avec les compagnies à charte
canadienne et quand on fait la comparaison comme le député de
Gouin l'a mentionné tantôt, avec les compagnies qui
détiennent d'autres pays, on voit quelle est la proportion du chiffre
d'affaires qui est fait par chacun des groupes économiques et quand on
parle d'investissements, de pouvoirs additionnels dans le domaine des
investissements... Hier, l'Association canadienne a insisté sur un
point, sur l'achat des parts sociales des institutions du domaine
coopératif, des caisses d'épargne et de crédit, cela est
un domaine aussi où on peut certainement infléchir une politique
d'investissement ou de décentralisation et de stimulation du
développement économique régional.
C'est pour cela qu'on souligne tous ces aspects, parce que je pense que,
de plus en plus, les compagnies d'assurance sont conscientes des
possibilités qui leur sont offertes dans ce domaine.
Je pense que le gouvernement doit être conscient aussi de
l'importance du partenaire que peuvent être les compagnies d'assurance
par le truchement, en fait, de tous les organismes qui existent, du
gouvernement d'abord, des régies gouvernementales comme la Caisse de
dépôt et placement pour le développement des
régions. C'est un point, je pense, qui ressort nettement des travaux de
la commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Laviolette.
M. CARPENTIER: M. le Président, vous parliez il y a quelques
instants de grosses et de petites successions. Quelles sont les normes qui
définissent une grosse ou une petite succession? Est-ce que vous avez
des normes précises pour décider quel montant d'argent cela peut
représenter et qu'est-ce que c'est précisément?
M. POITRAS: Non. Je n'ai pas de normes particulières et il semble
que la grande majorité des successions dans le Québec, si on
regarde les revenus successoraux, sont de petites successions. Nous assumons
que les petites successions de moins de $100,000 je dirais que ce sont
certainement de petites successions ne se réfèrent pas
généralement à des organismes corporatifs comme les
fiducies et autres. Cela reste généralement soit chez leur
comptable, soit dans la parenté. Cela se fait sur une base encore
personnelle. Je dirais que la grande majorité des successions sont de ce
type des petites successions, $100,000 ou moins, en tout cas, il me semble bien
que c'est la grande majorité. Il y en a beaucoup, mais peut-être
que le département des successions a davantage de détails, pas
moi.
M. CARPENTIER: Est-ce que cette règle s'applique en
général à toutes les successions?
M. POITRAS: II semble que pour les petites successions en
général, c'est soit leur notaire, leur avocat. Ce ne sont pas des
organismes corporatifs qui les exécutent. Souvent on se
réfère à nous en amis, personnellement, parce qu'on nous
connaît plus, on va chercher des formules, on envoie chercher les
formules. Je l'ai fait pour ma parenté, souvent. Mais la grande
majorité, je ne crois pas. Le ministère pourrait dire si la
majorité se réfère à des sociétés de
fiducie. Il le sait.
M. CARPENTIER: Est-ce qu'il existe une certaine concurrence entre des
organismes comme le vôtre ou ce que vous mentionnez, soit des notaires ou
des comptables? Est-ce qu'il existe un genre de concurrence à cet
effet?
M. POITRAS: Non. Les notaires en font beaucoup. Nous n'en faisons pas
officiellement. Ce que nous faisons, nous le faisons à titre personnel
sur le plan privé, en tout cas, bénévolement. Sur le plan
même des fiducies, il ne faudrait pas dire qu'il existe une
animosité. Nous sommes très heureux d'avoir dans nos
portefeuilles des actions des fiducies.
M. CARPENTIER: Mêmes si elles sont petites.
M. POITRAS: II n'y a pas de conflit d'intérêts dans ce sens
avec les compagnies de fiducie.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je vous remercie infiniment,
messieurs. J'invite immédiatement...
M. TETLEY: Merci beaucoup.
M. POITRAS: Merci de nous avoir entendus.
M. TETLEY: Nous prenons tous bonne note de vos revendications.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... les représentants de la
Fédération de Québec des caisses populaires
Desjardins.
Fédération de Québec des caisses
populaires Desjardins
M. CHARRON (Paul-Emile): M. le Président, messieurs les membres
de la commission, mon
nom est Paul-Emile Charron, secrétaire général de
la Fédération de Québec des caisses populaires Desjardins.
M'accompagnent, à ma droite, Me Robert Giroux, conseiller juridique de
la fédération et, à ma gauche, M. Gaétan Cantin,
conseiller juridique de l'Assurance-vie Desjardins.
Juste un mot. Je pense bien que tout le monde connaît le Mouvement
coopératif Desjardins. Il est peut-être nécessaire quand
même de rappeler en un mot seulement que le Mouvement coopératif
Desjardins, que représente la fédération, groupe 1,275
caisses populaires locales, dix unions régionales, deux institutions
d'assurance-vie, deux institutions d'assurance-incendie et une
société de fiducie.
Ces institutions provinciales d'assurance ou de fiducie sont la
propriété des caisses populaires et des assurés. Alors, il
n'est pas question de ce qu'on appelle une holding company. Il y a
l'Association coopérative Desjardins qui peut être
considérée, à certains égards, par certains comme
une holding company, mais l'Association coopérative Desjardins qui fait
le lien entre les sociétaires et les caisses et la Société
de fiducie, la Sécurité et la Sauvegarde, sont la
propriété indirecte des sociétaires et des caisses
populaires. Mais tout cela est contrôlé à la base par les
sociétaires et les caisses qui en sont les propriétaires. Je
voulais tout simplement signaler cela en passant pour qu'on comprenne bien ce
qu'est le mouvement coopératif Desjardins.
Notre mémoire est très bref. Nous avons peu de choses
à demander. Vous en avez pris connaissance. Le point important, c'est la
reconnaissance du statut juridique du mouvement coopératif, de
façon à permettre, de façon claire et précise, aux
sociétés d'assurance, quelle que soit la loi qui les
régisse dans le Québec, de rejoindre de façon claire le
mouvement coopératif et permettre, selon les allusions qui ont
été faites, du développement sur le plan local,
régional et aussi, évidemment, provincial. Je pense que la
façon la plus rapide de procéder je n'ai de
procédure à indiquer à personne ce serait
peut-être de demander au procureur, Me Robert Giroux, de mettre tout
simplement en relief les points principaux, étant donné que ce
sont des questions juridiques et moi, je ne suis pas un homme de loi. Je ne
veux pas m'enfarger et me perdre dans des longueurs. Je pense que M. Giroux
pourrait nous synthétiser rapidement les points principaux du
mémoire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Me Giroux.
M. GIROUX: M. le Président, à la suite des interventions
qui ont déjà été faites devant la commission, je
pense qu'on peut encore raccourcir le court mémoire qu'on a
présenté et s'en tenir substantiellement et principalement
à cette partie qui traite du placement dans les coopératives, ce
qui n'est pas prévu présentement dans le projet de loi.
On demande qu'on traite, comme première étape, sur un pied
d'égalité à tout le moins, les actions et les parts
sociales, les parts sociales de coopératives, qu'elles soient
privilégiées ou ordinaires, et les actions de compagnies. On
voudrait que cela soit fait nommément et non pas par analogie afin
qu'à ce moment-ci, on soit sur la carte officiellement dans les textes
de loi, au même niveau que d'autres entreprises. On demandait
aussi...
M. TETLEY: Vous vous référez à quel article?
M. GIROUX: C'est dans les articles traitant...
M. TETLEY: A 391?
M. GIROUX: C'est dans le chapitre 3 du projet de loi. Ce sont les
articles 387 et suivants.
M. TETLEY: 391 ou...
M. GIROUX: On pensait toucher, à ce moment-ci, les articles 387,
388, 389 et 396 où il y aurait lieu de doubler les mentions qui s'y
trouvent. On ne parle que d'actions de corporations.
M. CHARRON (Paul-E.): C'est parce que certains prétendent qu'on
est déjà rejoint parce qu'on utilise dans le texte le mot
"corporation", mais nous, nous ne sommes pas satisfaits de l'utilisation du mot
"corporation", parce qu'on est habitué de parler de coopératives,
quoique le code civil et la loi disent que les coopératives sont des
corporations au sens du code civil, mais nous, nous trouvons que ce n'est pas
suffisant. On n'est pas bien identifié. Nous voudrions être
identifiés. Qu'on identifie, à côté du mot
"corporation", qu'on mette le terme "association coopérative ou
société coopérative" parce qu'il y a deux ou trois lois
coopératives, et qu'on mette aussi, à côté
"d'actions", les mots "parts sociales" et, à côté
"d'actions privilégiées", les mots "parts sociales
privilégiées" dans tous les textes.
Je pense que des explications là-dessus ont déjà
été données et elles ont été bien
reçues.
M. TETLEY: D'accord, M. Charron. Je me souviens très bien de ce
qui s'est passé.
M. CHARRON (Paul-E.): Oui.
M. TETLEY: Nous avons consulté presque tout le monde pendant des
années, y compris, évidemment, les Caisses populaires Desjardins,
et vous n'étiez pas prêts au moment de...
M. CHARRON (Paul-E.): De la rédaction. M. TETLEY: ... la
rédaction de la loi à nous
faire parvenir vos suggestions. Mais nous les avons et je peux dire que
les avocats-conseils trouvent acceptables, en général, les
revendications. Evidemment, il faudra incorporer ces suggestions dans le projet
de loi au moment de la troisième lecture. Ce n'est pas un
problème. Ordinairement, après une commission parlementaire, une
nouvelle rédaction est déposée même avant la
deuxième lecture, ce qui a pour but d'aider l'Opposition à
formuler ses revendications et ses suggestions.
M. CHARRON (Paul-E.): Je suis heureux de confirmer ce que vient de dire
M. le ministre.
M. TETLEY: Disons qu'en général, sauf peut-être
quelques changements techniques et...
M. CHARRON (Paul-E.): Nous avons fait des représentations qui ont
été bien accueillies. Très bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou) : Autres questions? L'honorable
député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas de questions particulières.
Les points ont été soulevés à l'occasion d'autres
mémoires. Je pense qu'on a couvert pas mal le sujet et nous endossons
les suggestions que vous faites.
M. GIROUX: C'était la seule chose nouvelle, je pense, à la
suite des interventions déjà faites. Ce n'était pas
nouveau pour le ministre.
M. TETLEY: Vos compagnies d'assurance-vie sont-elles des compagnies
à charte canadienne?
M. CHARRON (Paul-E.): L'assurance...
M. CANTIN: Les deux compagnies d'assurance sur la vie, soit La
Sauvegarde et l'Assurance-vie Desjardins, sont à charte
fédérale.
M. TETLEY: Oui. Et vous avez une compagnie de fiducie. Puis-je vous
poser une question peut-être indiscrète? Est-ce que vous favorisez
la demande des trois compagnies qui sont venues ici il y a quelques
instants?
M. CHARRON (Paul-E.): Vous me prenez un peu au dépourvu. Mais la
réflexion que je me suis faite pendant l'audience c'est que, chez nous,
le contexte dans lequel nous sommes, le Mouvement coopératif Desjardins
qui oeuvre dans le Québec, est un contexte un peu particulier, un
contexte un peu différent à bien des égards du contexte
général. Je m'explique. Nous avons des caisses populaires qui
font l'épargne et le crédit. Nous avons des caisses centrales qui
les consolident et qui font la compensation avec les banques. Nous avons une
fédération qui dirige le mouvement mais qui groupe aussi des
institu- tions d'assurance que nous nous sommes données, les caisses
populaires. Graduellement, en commençant par la Société
d'assurances générales, parce que cela répondait à
un besoin plus urgent du point de vue de la protection contre le vol interne et
le vol externe, parce que la vertu n'est pas complète sur cette terre
il faut tout de même se protéger et protéger la
société en attendant le ciel on a réglé ce
problème-là. En 1949, nous avons obtenu une charte provinciale
pour fonder L'Assurance-vie Desjardins. Après cela nous avons
demandé la fiducie.
C'est pour vous dire tout simplement que ce sont des services
complémentaires. Ce sont différentes institutions
spécialisées qui donnent des services complémentaires aux
sociétaires des caisses, aux personnes mêmes qui ne sont pas
sociétaires, parce qu'il y en a un certain nombre qui ne sont pas
sociétaires et qui s'adressent à la fiducie et aux corporations.
C'est pour vous dire aussi que ce sont des services complémentaires les
uns des autres. Nous n'avons pas soulevé ce problème parce qu'en
d'autres termes, au stade actuel, nous sommes satisfaits d'une situation
où nous sommes complémentaires les uns des autres.
M. TETLEY: Merci.
UNE VOIX: M. le ministre, si nous avions les pouvoirs, nous ne les
exercerions pas...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou) L'honorable député de
l'Islet.
M. GIASSON: M. Charron, avez-vous l'impression que si L'Assurance-vie
Desjardins et La Sauvegarde avaient certains pouvoirs fiduciaires tels que
demandés par ceux qui vous ont précédés d'abord,
que, par ce fait-là même, en ayant ces pouvoirs, dans les deux
sociétés en cause, vous seriez en mesure de donner un meilleur
service, peut-être pas parce que vous avez la Société de
fiducie du Québec, mais est-ce que vous donneriez un service à
meilleur coût si ces pouvoirs fiduciaires...
M. CHARRON (Paul-E.): Ecoutez-là, moi, je suis...
M. GIASSON: ... que la Société de fiducie du Québec
peut donner tout de même à l'ensemble des
sociétaires...
M. CHARRON (Paul-Emile): Je ne peux pas répondre à votre
question, mais je peux vous dire tout de même que, si nous n'avons pas
fait de demande, c'est que nous croyons que, de la façon dont nous
sommes structurés, nous répondons aux besoins, parce qu'on est
dans un contexte particulier où des gens, sociétaires de caisses,
demandent un service d'épargne et de crédit, demandent un service
d'assurance-protection contre le feu, demandent un autre
service. C'est dans un monde donné. S'ils ne peuvent pas avoir le
service à l'un, ils vont le chercher à l'autre. S'ils ne peuvent
pas l'avoir à l'autre, ils vont le demander à un autre. Ce sont
des organismes qui se complètent. Je pense que nous sommes satisfaits de
la situation, d'autant plus que nous n'avons pas fait de demande. S'il y avait
eu un besoin, comme vous le dites, nous l'aurions fait. Je vous donne cela
prima facie parce que je n'ai pas approfondi la question. Je parle pour
aujourd'hui. Dans x temps, je ne sais pas ce que cela sera. Je n'en sais
rien.
M. JORON: ... s'adresser a un groupe comme le mouvement Desjardins,
justement par le fait qu'ils ont un ensemble de sociétés. C'est
le même exemple que celui que M. Brock donnait tout à l'heure de
Power Corporation; que le pouvoir appartienne à sa compagnie d'assurance
ou à sa compagnie de fiducie, dans le fond, il s'en fiche, mais la
question s'adresse aux compagnies d'assurance qui n'opèrent que dans le
domaine de l'assurance. Ce ne sont pas eux...
M. GIASSON: Tout de même, ce que je regarde au fond de tout cela,
ce ne sont pas les pouvoirs que les compagnies doivent posséder parce
qu'elles ont leurs propres services de placement et d'administration de
portefeuilles et d'hypothèques. Elles l'ont déjà et c'est
pour leurs besoins. Mais quand elles font valoir qu'elles ont ces services,
qu'elles seraient en mesure de les mettre à la disposition d'une
clientèle nouvelle, si cela ne coûte pas meilleur marché
à cette clientèle nouvelle que de se diriger vers les
sociétés de fiducie, pourquoi donner des pouvoirs nouveaux quand
il y a déjà des entreprises au Québec qui peuvent
opérer et répondre aux besoins?
M. JORON: Tout à l'heure, les sociétés d'assurance
ont répondu à cette question. Elles prétendent le donner
à meilleur coût. C'est obliger le consommateur...
M. GIASSON: Mais elles ne l'ont pas affirmé globalement.
M. JORON: II me semble que, par définition, c'est bien simple,
c'est obliger le consom- mateur à passer de la compagnie d'assurance
à la compagnie de fiducie.
M. DEMERS: Le député de Trois-Rivières agit
directement...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît !
Merci bien, messieurs.
M. TETLEY: Je vous remercie messieurs de la Fédération de
Québec des Caisses populaires Desjardins.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les représentants
du Barreau sont ici?
M. CHARRON (Paul-Emile): Merci beaucoup.
M. TETLEY: Merci.
M. GRONDIN: Je représente le Barreau, mais le bâtonnier,
Mme Vallée, et Me Pierre Sébastien qui doivent présenter
le mémoire sont allés vérifier si effectivement les copies
du mémoire étaient rendues ici et si elles vous avaient
été remises. Elles sont parties de Montréal ce matin par
livraison spéciale et on ne sait pas ce qui s'est passé. Le
secrétaire du comité, semble-t-il, prétend qu'elles ont
été reçues ici. Nous l'ignorons et c'est justement ce que
Mme Vallée et Me Sébastien ont été vérifier.
Ils sont sortis pour quelques instants à peine.
M. DEMERS: Des communistes.
M. GRONDIN : Je ne le sais pas, mais comme membre de
l'exécutif... Si vous voulez attendre quelques instants, ils doivent
avoir des nouvelles. Peut-être que le secrétaire du comité
est déjà au courant, à savoir si le mémoire a
été reçu.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Dans ces conditions, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 h 30 cet après-midi.
M. TETLEY: 14 h 30, très bien. (Suspension de la séance
à 12 h 34)
Reprise de la séance à 14 h 35
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs !
J'invite immédiatement les représentants du Barreau du
Québec à se présenter.
Barreau du Québec
M. SEBASTIEN: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de
la commission, je me présente. Mon nom est Pierre Sébastien, de
Montréal. J'ai avec moi, à ma droite, Mme le bâtonnier de
Québec, Gabrielle Vallée, et, à ma gauche, M. Henri
Grondin, qui est le premier conseiller au Barreau de Québec et
également membre du bureau provincial du Barreau de la province de
Québec.
Le bâtonnier du Québec s'excuse de ne pas être
présent mais il était retenu dans une réunion que je crois
très importante, à Montréal, et qui ne pouvait être
annulée pour cet après-midi.
Je me fais le porte-parole du Barreau du Québec pour
déclarer tout d'abord que nous sommes particulièrement heureux du
nouveau projet de loi no 7 sur les assurances qui constitue, selon nous, une
pièce de législation plus qu'adéquate et donne un nouveau
cadre à des lois éparses et souvent incomplètes.
Il nous parait évident que ce bill a fait l'objet d'études
et de réflexions très poussées de telle sorte que le
produit que nous avons en main n'appelle que peu de commentaires. Ces
commentaires, toutefois, nous les avons couchés dans notre
mémoire, que vous avez en main, et nous espérons que les
recommandations qu'il contient sauront aider le législateur.
En le préparant, nous avons cru qu'il était
particulièrement de notre devoir d'assurer la protection de
l'assuré-consommateur c'est sans doute un mot cher au ministre;
c'est un mot que j'aime beaucoup moi-même en partant du principe
que les assureurs sont généralement mieux équipés
pour veiller à leurs propres intérêts.
Ceci ne veut pas dire, toutefois, qu'à l'occasion, nous ne
préconisons pas des changements qui pourraient leur être
favorables, car notre souci fondamental est toujours celui de voir à
l'adoption éventuelle de lois justes et équitables.
Nous avons reproduit, dans notre mémoire, les seules articles qui
nous semblent devoir être modifiés, en inscrivant tout d'abord
l'article du projet de loi, suivi de la modification suggérée et
d'une note explicative motivant le changement.
Cet après-midi, je me contenterai de souligner ce que nous
considérons, ici, comme étant les changements les plus
importants; mais je me ferai un plaisir de répondre à toutes les
questions qu'on voudra bien m'adresser sur tout autre article dont je ne
parlerais pas dans ma présentation.
M. TETLEY: Me Sébastien, nous avons lu et nous avons des notes au
sujet de tous vos commentaires. Pour nous, le mémoire du Barreau est
très précieux parce que c'est une étude d'avocats
importante et sans frais!
M. SEBASTIEN: Toujours sans frais, M. le ministre.
M. TETLEY: En tout cas, j'aimerais que vous notiez les articles les plus
importants du mémoire.
M. SEBASTIEN: M. le ministre, je ne veux surtout pas ennuyer la
commission. J'avais prévu souligner quelques articles.
M. TETLEY: Parfait.
M. SEBASTIEN: Les notes sont quand même données dans le
mémoire. Alors si c'est le désir de la commission, je vais le
faire avec plaisir.
M. TETLEY: Non. Notez tout simplement les articles les plus
importants.
M. SEBASTIEN: Pour vous donner un exemple, c'est un problème
d'abord juridique et de droit d'assurance: l'article 20, qui est au tout
début, à la page 1, prévoit, dans le texte
français, que l'obligation relative aux déclarations ne doit pas
contenir d'omissions importantes. C'est le texte du projet de loi,
actuellement. Nous proposons, non pas à cause du français mais
pour une fin juridique, si vous voulez, de changer le mot "importantes" pour le
mot "sensibles", parce que le mot "important" dans le contexte, traduit le mot
material, en anglais.
Et le mot "material" est un mot qui est très plein de
signification dans le droit des assurances parce que c'est la charnière
des fausses déclarations, des déclarations mensongères,
comme on dit ailleurs.
Si on emploie deux mots différents dans le même article ou
dans deux articles qui se suivent, articles 20 et 21, pour exprimer le concept
de materiality en assurance, je pense que l'on risque d'oublier un peu une
jurisprudence qui est bien établie et d'arriver à des situations
qui risqueraient d'être inéquitables autant pour l'assuré
que pour l'assureur.
Comme vous pouvez le voir, c'est un peu technique ce que je vous
explique maintenant mais pour nous cela revêt une importance capitale
parce que "important" ne veut pas dire material nécessairement. Par
ailleurs, dans un autre article, on parle d'omissions sensibles. Je pense que
c'est à l'article 21 ou 20 ou 19 même; c'est à l'article
19.
M. TETLEY: Mais nous sommes...
M. SEBASTIEN: Nous croyons qu'il serait plus sage législativement
d'employer un mot, même si ce n'est pas le meilleur mot français,
qui est le même partout. Maintenant les linguistes...
M. TETLEY: "Sensible"?
M. SEBASTIEN: Nous avons proposé le mot "sensible", "omissions
sensibles", mais ça pourrait être n'importe quel mot pour autant
que l'on emploie le même mot dans les articles 19 et 20 pour dire la
même chose.
M. TETLEY: Parfait. J'ai pris note de vos revendications et je vois que
la plupart, sinon toutes, sont d'ordre très technique. Je me
demande.
M. SEBASTIEN: Oui, en fait...
M. TETLEY: ... s'il faut faire des commentaires. Evidemment,
après que tous les mémoires seront déposés, nous
allons refaire les cahiers que nous avons donnés à chaque parti
de l'Opposition. Nous allons refaire ces cahiers avec les remarques du Barreau,
de la Société Saint-Jean-Baptiste, etc. Nos avocats vont à
ce moment décider qui a raison, quoi faire. Evidemment, ensuite, nous
allons présenter ce projet de loi, réimprimé probablement,
en deuxième lecture.
Y a-t-il d'autres points que vous voulez soulever
particulièrement?
M. SEBASTIEN : II y en a d'autres, mais je pense que ce serait un peu
dans le même ordre d'idées que ceux que je viens d'expliquer. Ce
que je pourrais peut-être dire, par exemple, en sautant très
rapidement, c'est que nous avons été vraiment très
impressionnés au Barreau par cette nouvelle loi.
Nous croyons qu'il s'agit d'une loi vraiment d'avant-garde. Au nom du
Barreau le bâtonnier me le suggère; il me donne des coups
de pieds actuellement je dois dire que nous abondons dans le sens du
législateur. Si l'on veut bien retenir nos suggestions et voir ce qu'on
pourra en faire, nous serions très satisfaits.
M. TETLEY: Merci.
MME GABRIELLE VALLEE: Tout ce que j'ai à dire, c'est que nous
abondons dans le sens du législateur. Il nous fait plaisir de souligner,
car cela arrive très rarement que nous abondions totalement dans le sens
du législateur, mais, pour une fois, cette loi-ci, quant à nous,
protège complètement le consommateur et l'assuré. Ce sont
mes commentaires.
M. TETLEY: Merci, madame.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Devant un tel témoignage, je m'abstiens
de poser des questions. D'ailleurs le mémoire est très bien fait,
mais il est d'ordre technique. Je pense bien que ce sont les conseillers du
ministre qui auront à se pencher sur les suggestions que vous faites et
à en tenir compte dans toute la mesure du possible.
M. SEBASTIEN: On sait très mal compter. M. le
député.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Je garderai mes réserves de tout à
l'heure. J'ai des réserves sur toutes les qualités que l'on
semble vouloir trouver au projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, merci. J'invite les
représentants de Reed Shaw Osier Limited.
Reed Shaw Osler
M. TELLIER : M. le Président, je me présente. Mon nom est
Claude Tellier, avocat. Je suis le représentant de Reed Shaw Osier et
j'ai à mes côtés M Paul Fillion, l'un des administrateurs
de la compagnie. Nous vous avons soumis un mémoire et je vais essayer de
vous le présenter dans une forme différente, en insistant sur un
point important sur lequel nous voulions attirer votre attention, car il est de
taille. Avant d'aller plus loin, je veux vous souligner que Reed Shaw Osier est
une entreprise qui fait le courtage d'assurances et qui est le successeur
juridique d'autres entreprises. De façon générale, on peut
dire qu'il s'agit d'une entreprise qui fait affaires au Québec depuis
1925 environ, si on tient compte des antécédents. C'est une
entreprise nationale, avec une charte fédérale, dont les actions
sont cotées en Bourse.
On peut vous dire qu'il y a présentement environ 6 millions
d'actions émises et en circulation dans toutes les provinces du Canada.
Reed Shaw Osier est une entreprise également qui fait affaires dans
toutes les provinces. Elle a des bureaux dans sept provinces et dans les
Territoires du Nord-Ouest. Au Québec, l'entreprise engage environ 152
personnes de façon permanente.
Le problème dont nous voulons vous entretenir, c'est le
problème du courtage. On traite, dans le projet de loi, du
problème du courtage à compter des articles 467 et suivants. A
l'intérieur de ce problème de courtage, ce que nous voulons vous
souligner davantage, c'est le problème du permis à être
accordé aux corporations ou aux compagnies qui font le courtage.
Le problème remonte à 1963, lorsque l'Assemblée
nationale de l'époque a adopté une loi qui s'appelle la Loi des
courtiers d'assurance. En somme, par cette loi, on faisait du courtage un acte
professionnel qui était réservé aux seuls membres de
l'association. Depuis 1963, l'Association des courtiers d'assurance, qui
était incorporée par cette loi, s'est assez bien acquittée
de sa fonction de reconnaître la compétence requise pour
émettre des permis de courtiers aux différents candidats.
Cette association, face au bill 7 qui est soumis à notre
considération, a produit un rapport que vous avez peut-être
entendu ou que vous allez entendre très prochainement. Elle y
soulève notamment deux problèmes, soit celui de l'émission
des permis aux courtiers individuellement et, deuxièmement, les permis
émis aux compagnies. Quant aux courtiers individuellement, l'association
vous a dit: Les articles 467 et suivants laissent entendre qu'en plus des
permis de courtiers que peut émettre l'association le surintendant
pourrait aussi émettre d'autres permis de courtiers. Nous croyons, dit
elle, que ce n'est pas logique qu'il y ait deux autorités dans la
province pour reconnaître la même qualité.
Là-dessus, nous sommes tout à fait d'accord avec elle. En
effet, que ce soit les surintendants ou l'association, je crois qu'il serait
malsain qu'il y ait deux organismes pour émettre des permis de
courtiers, parce qu'inévitablement il y en a un qui sera plus
sévère ou plus libéral que l'autre et il se créera
nécessairement des zones d'interférence.
Nous croyons que ce serait là desservir le public et desservir
également le commerce de courtage que permettre, si vous voulez, un
dédoublement à ce niveau. Où la situation se complique,
c'est que l'association, dans son mémoire, reconnaît que depuis
1963, elle viole sa propre loi. Elle viole cette loi parce qu'il y a un
problème réel qui n'est pas réglé par la loi. En
effet, dans le mémoire de l'Association des courtiers et je cite: "A
l'heure actuelle, l'association n'est pas habilitée à
décerner des permis à des corporations de courtiers. Elle remet
cependant des attestations à toutes les corporations lors du
renouvellement des permis des membres de ces corporations".
On ajoute: "Les autorités des autres provinces, Etats ou pays,
lui demandent, à l'association, de confirmer qu'une corporation de
courtiers d'assurances générales a le droit d'opérer au
Québec. L'Association confirme ce fait par lettre". Vous vous rendez
compte de la situation extrêmement périlleuse qui existe à
l'heure actuelle. Une association qui n'a pas le droit de donner des
attestations, le fait et laisse entendre non seulement à des gens du
Québec, ici, mais à des gens de l'extérieur, que telle ou
telle compagnie a le pouvoir d'exercer l'opération de courtage au
Québec. C'est une situation inadmissible.
Là-dessus, l'Association des courtiers deman- de qu'on
confère à l'association le permis de certifier les corporations
comme courtiers. Nous soumettons que ceci n'est pas acceptable et que le
processus de certification des corporations devrait relever du surintendant,
à la condition, bien sûr, que les membres ou les employés
de ces corporations, qui feront les opérations de courtage, soient des
membres de l'association.
M. TETLEY: Me Tellier, quelle est la règle dans les autres
provinces? Prenons l'exemple de l'Ontario.
M. TETLEY: Je ne saurais vraiment pas vous le dire, monsieur.
M. FILLION: Si je peux répondre, M. le ministre, dans les autres
provinces, je crois que c'est accordé par le surintendant. Ici, dans le
Québec, l'association a un système éducationnel qui a
mené à cette reconnaissance professionnelle que les autres
provinces n'ont pas atteinte.
M. TETLEY: Mais dans les autres provinces, le vrai débat entre
vous et l'autre groupement qui va arriver bientôt, soit aujourd'hui ou
mardi, c'est un débat pour savoir si une corporation peut être
membre, surtout une corporation hors du Québec ou
étrangère si le siège social est ailleurs. Est-ce qu'une
corporation peut être courtier en Ontario?
M. TELLIER: M. le ministre, la façon dont nous vous
répondrions est la suivante: il faut distinguer entre l'acte
professionnel, en somme, qu'est le courtage et le milieu institutionnel
où le courtage se fait, de la même façon, par exemple,
qu'un médecin est certifié médecin par le Collège
des médecins et qui pratique sa profession dans un hôpital qui,
lui, a un permis qui lui est décerné par le ministère des
Affaires sociales. Je pense qu'il serait très important de ne pas
confondre les deux notions. De la même façon, quand le Barreau
permet à un individu de porter le titre d'avocat, on ne lui dit pas:
Vous allez exercer dans tel bureau ou pour le compte de telle compagnie. Par
conséquent, ce qu'il est important de sauvegarder c'est que le courtage
soit fait par des gens compétents, peu importe qu'ils soient à
leur compte ou au compte ou au service d'une compagnie. Ce qui est important,
c'est que le courtage soit véritablement fait par quelqu'un dont les
qualités sont attestées par l'association.
M. TETLEY: Parfait. Je note que vous êtes venus, une compagnie
particulière et je vous félicite parce que c'est vous qui
présentez le point de vue d'autres compagnies, parce que ça
fait...
M. TELLIER: Je ne veux pas...
M. TETLEY: ... trois années que je suis la
contestation ou le conflit entre les deux pensées. Y en a t-il
d'autres qui se sont joints à vous pour préparer ce
mémoire? Où sont-ils les autres?
M. TELLIER : Je dois vous dire, M. le ministre, que, derrière
moi, il y a d'autres représentants de compagnies qui sont
impliqués dans le même problème et qui ont soumis un
rapport distinct, mais peut-être un peu moins détaillé que
celui que nous vous soumettons. J'allais mentionner, M. le ministre, le point
suivant: cette Loi de l'association des courtiers est centrée sur la
reconnaissance du courtage et des qualifications personnelles. Toutefois,
à l'article 32 de cette loi, on permet indirectement le courtage par des
compagnies, à la condition que la majorité des actions ayant
droit de vote, en toute circonstance, de cette compagnie, soit détenue
par des membres de la corporation.
Nous sommes venus mettre en évidence le fait que cette
disposition législative, adoptée en 1963, ne répond plus
aux exigences de la réalité et cause une situation vraiment
chaotique. Voici ce qui s'est produit depuis 1963. On vous l'a dit à
toutes les sauces. Les choses se sont compliquées, dans le milieu de
l'assurance comme dans tous les autres milieux, si bien qu'à certains
niveaux le courtage n'est plus possible au niveau d'une petite entreprise. Le
courtage demande des maisons bien structurées, bien organisées,
avec, à leur emploi, de nombreux spécialistes, ingénieurs,
comptables, spécialistes en fiscalité, en toutes sortes de
techniques. Cela demande également des organisations qui ont des
contacts sur le marché international de l'assurance. Parce que les
risques sont plus gros, plus compliqués, plus techniques et doivent
être assumés par différentes personnes, un seul assureur ne
voudra pas assumer de tels risques. Cela demande des entreprises d'envergure
nationale et même internationale.
La preuve en est que Reed Shaw Osier, que nous représentons
aujourd'hui, vient de se réorganiser, à toutes fins pratiques,
pour prendre une dimension internationale et sera connue, très
prochainement, sous le nom de Reed Shaw and Stenhouse avec l'apport de capitaux
écossais. C'est indispensable, sans cela vous n'avez pas accès au
marché ni aux possibilités d'assurance et de réassurance.
Si bien qu'il y a à certains niveaux, encore possibilité de
maintenir des corporations de courtage sur le plan local. Fort bien. Mais il
est, je pense, inconcevable de limiter l'envergure ou la dimension des
entreprises de courtage à des entreprises strictement
québécoises.
En somme, cet article 32, dont je vous ai fait lecture, veut
régler deux problèmes mais en ne le faisant pas. C'est qu'on
confond la question du permis de courtage, d'une part, et, d'autre part, le
problème de la propriété des actions. Là-dessus, je
voudrais vous signaler que, personnellement, je crois que cette disposition est
fort discutable sur le plan de la constitutionnalité même de la
loi. Par exemple, dans le contexte où il s'agit d'une compagnie à
charte fédérale, dont les actions sont cotées en bourse,
comment peut-on justifier l'autorité provinciale de réglementer
le problème du courtage en s'atta-quant au problème de la
propriété des actions? Je me pose des questions. Je ne suis pas
ici pour donner des réponses à ce niveau, mais pour vous montrer
la complexité de l'affaire.
En fait nous sommes venus vous dire que, d'abord, il existe un
problème très sérieux; qu'à l'heure actuelle, pour
régler ce problème sérieux, l'association n'a pas
trouvé autre chose de mieux à faire que de transgresser sa propre
loi et d'émettre des permis, ce qu'elle n'a pas l'autorité de
faire, et que nous sommes tous, à l'heure actuelle, dans une situation
d'imprécision. Cela serait une belle occasion, nous vous le
suggérons, pour l'Assemblée nationale de régler par une
méthode législative un problème réel sans attendre
les contestations judiciaires qui, évidemment, faute de mieux,
pourraient prendre assez longtemps et perpétueraient, pour autant, le
climat d'insécurité juridique qui existe dans le milieu.
Par conséquent, la solution pratique que nous vous
suggérons, à partir, si vous voulez, des pages 8, 9 et 10 de
notre mémoire, c'est de faire, dans le projet de loi no 7, une
distinction, d'abord, entre la notion d'agent d'assurance et la notion de
courtier et de réaffirmer que, sur le plan personnel, la capacité
ou la qualité professionnelle du courtier sera sous la juridiction de
l'Association des courtiers mais que sur le plan institutionnel,
c'est-à-dire sur le plan de reconnaître et d'attribuer des permis
à des compagnies, cela relève du surintendant.
Cette position nous parait d'autant plus logique que, dans la Loi des
courtiers d'assurance, le surintendant peut réviser, en appel, tout
refus que l'association ferait à la demande d'un permis.
Par conséquent, il y a d'une part, si vous voulez,
intégration, coordination mais, d'autre part, il y a une association
qui, jusqu'à présent, a donné quand même, sur le
plan personnel, des résultats concrets.
Nous vous disons également qu'il serait très peu sage,
à notre humble avis, que l'on mette dans un même cadre
d'association des individus et des corporations. L'expérience
démontre qu'il est extrêmement difficile de faire cohabiter l'un
et l'autre de ces groupes, des individus et des corporations, parce que
nécessairement il y en a un des deux qui sera plus maltraité que
l'autre. Ce sera soit les compagnies qui, par leur force financière,
auront une influence indue ou ce sera les individus qui, par leur force
numérique, auront une influence indue mais ils ne s'entendront pas,
parce qu'ils n'ont pas le même intérêt.
Nous vous suggérons, à ce moment-là,
également, dans vos dispositions transitoires et finales, d'apporter un
amendement à l'article 32 de
la Loi des courtiers d'assurance, de façon à faire
éliminer de cette loi cette chose qui est étrangère au
problème et qui consiste à régler indirectement une
question de propriété des actions, qui n'a rien à voir
avec le courtage comme tel.
Voilà, je pense, M. le Président, dans les grandes lignes,
le message que nous voulons vous livrer aujourd'hui, en rapport avec cette
loi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que des membres ont des
commentaires à faire? Alors merci, messieurs.
M. TETLEY: Nous allons écouter, évidemment, les
revendications des autres groupements et nous allons examiner les deux
côtés du problème. Merci beaucoup de votre
présence.
M. TELLIER: Merci, M. le ministre.
Institut canadien des actuaires
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'invite l'Institut canadien des
actuaires.
M. SCHARFF: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de cette commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Un instant, s'il vous plaît.
Voulez-vous vous présenter, ainsi que votre compagnon?
M. SCHARFF: Je suis Alan Scharff et je suis coprésident d'un
comité d'étude du projet de loi no 7 de l'Institut canadien des
actuaires.
M. TETLEY: Et votre collègue?
M. SCHARFF: Mon collègue et coprésident du même
comité, son nom est Gilles Lachance.
M. TETLEY: Le député de Saint-Maurice avait une question,
M. Scharff. Etes-vous actuaire vous-même?
M. SCHARFF: Oui, c'est cela. M. TETLEY: Ainsi que votre collègue?
M. TREMBLAY (Gilles): Exactement. M. TETLEY: Très bien.
M. DEMERS: Comme cela, il y en a d'autres que celui qu'on
connaît.
M. TREMBLAY (Gilles): Encore quelques-uns, oui.
M. TETLEY : Est-ce qu'un dénommé Caston-guay est toujours
membre?
UNE VOIX: Oui.
M. DEMERS: Est-ce qu'il a payé sa cotisation?
M. SCHARFF : II est membre et nous sommes fiers de lui.
M. TETLEY: Est-ce qu'il est d'accord sur votre mémoire? Non, je
retire cette question.
M. DEMERS: Pour une fois qu'il serait d'accord!
M. TETLEY: II est toujours d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, messieurs! Vous avez la
parole, M. Scharff.
M. DEMERS: Vous allez être obligé de
démissionner...
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser. Votre
mémoire est daté du 6 juillet 1973 et est numéroté
7-M. Alors, j'aimerais savoir, puisque l'on se réfère dans cette
lettre à un mémoire que devait ou doit présenter
l'Institut canadien des actuaires, s'il y a un mémoire
effectivement.
UNE VOIX: C'est 7-M.
M. ROY (Beauce): Merci. Je ne l'avais pas.
M. SCHARFF: Vous l'avez trouvé?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Allez-y, M. Scharff.
M. SCHARFF: D'abord, je vous prie de m'excuser car je vous avoue que ma
connaissance de la langue française est bien limitée.
M. ROY (Beauce): C'est très, très bien.
M. SCHARFF: Merci. Le but de notre mémoire est de préciser
le rôle que doit jouer l'actuaire dans le domaine de l'assurance sur la
personne, surtout pour la protection du consommateur, et nous vous sommes
très reconnaissants de nous fournir l'occasion de présenter notre
mémoire.
Maintenant, avec votre permission, je vais demander à mon
confrère, Gilles Lachance, de vous présenter l'essence de notre
mémoire, et je veux dire que chacun d'entre nous sera heureux de fournir
des explications additionnelles sur le point de vue de notre profession
vis-à-vis de ce projet de loi.
M. LACHANCE: Merci. M. le Président, l'Institut canadien des
actuaires est l'organisme mentionné à l'article 1, paragraphe m)
du projet de loi en cause. L'Institut canadien des actuaires est un institut
à charte fédérale, si on veut, mais à peu
près le tiers de ses membres est québécois, environ 200
(à peu près 140 mem-
bres titulaires, membres "fellow", et 75 étudiants, alors
à peu près 200 à l'heure actuelle). Ce sont ces actuaires
évidemment qui auront à oeuvrer dans le secteur de l'assurance et
des compagnies à charte provinciale principalement.
L'Institut canadien des actuaires, de cette façon, a voulu
également offrir ses suggestions sur ce projet de loi, sachant bien que
non seulement une bonne part de ses membres était affectée, mais
également que ce projet de loi, à cause de l'importance qu'il a
et à cause de l'importance de cette refonte, aura très
probablement des répercussions non seulement au Québec mais
également ailleurs au Canada.
Essentiellement notre mémoire se situe à l'annexe II des
documents qui vous ont été transmis et où nous
suggérons, avec un très bref exposé, la raison de la
modification que nous proposons. Le tout est centré autour,
évidemment, du certificat de l'actuaire, et on trouve à l'article
450, l'article qui vise la certification par l'actuaire. Nous trouvons que le
législateur pourrait donner davantage de protection au public en
demandant non seulement à l'actuaire de s'engager professionnellement,
mais en plus disons de certifier que les réserves qu'il établit
et qu'il évalue lors de l'évaluation annuelle sont non seulement
conformes au minimum imposé par la législation mais qu'elles
représentent, selon lui, le montant adéquat pour remplir toutes
les obligations prévues en vertu des contrats. En conséquence,
l'article 450 pourrait se formuler de façon un peu différente
pour engager davantage l'actuaire sur le plan professionnel.
Maintenant les recommandations que nous faisons pour les autres articles
découlent, d'une certaine façon, de l'amendement que nous
proposons à l'article 450. L'article 438, par exemple, a trait à
la vérification, enfin au rôle du vérificateur. Etant
donné qu'environ 90 p.c. des réserves d'une compagnie d'assurance
sur la personne sont composées des réserves mathématiques
ou actuarielles, nous croyons que le certificat de l'actuaire, s'il avait une
signification vraiment, professionnelle, devrait être l'un des documents
principaux sur lesquels le vérificateur fonde la signature de son
certificat de vérification. A l'heure actuelle, s'il n'y a aucun
changement, nous croyons qu'il serait difficile pour le vérificateur de
signer le document de vérification parce qu'il n'est pas en mesure de
contrôler vraiment le travail professionnel de l'actuaire. Il peut
évidemment, et nous le souhaitons, poser toutes les questions voulues
à l'actuaire sur les hypothèses et sur les méthodes mais
nous souhaiterions que le certificat de l'actuaire prenne une importance sur le
plan professionnel et que, de plus, il ait une signification dans le rôle
du vérificateur, pour permettre au vérificateur de jouer vraiment
son rôle et de ne pas être pris dans un coin, quoi!
A l'article 440, c'est une question encore là de savoir
jusqu'à quel point on veut aller dans l'information du public, mais nous
croyons que le certificat de l'actuaire devrait être l'un des documents
importants qui pourraient être acheminés, à titre
d'information, dans le rapport annuel des sociétés
d'assurance.
Finalement, il nous a paru qu'aux articles 458, 459 et 461 il y ait une
certaine forme de double emploi, enfin qu'il y ait deux périodes
d'évaluation, à savoir qu'il y ait une vérification
à tous les trois ans sur la suffisance des réserves, en vertu des
articles 458 et 459, et qu'à tous les cinq ans il y ait une
évaluation des mêmes réserves dans le domaine des
assurances sur la personne. Il nous semble donc que, si le législateur
veut bien accorder plus d'importance au rôle professionnel de l'actuaire
dans le certificat, une vérification à tous les cinq ans pourrait
être effectuée. A ce moment-là, le double emploi des
articles, enfin ce qui nous parait comme étant un double emploi, tout au
moins, des articles 458, 459 et 461 pourrait être
éliminé.
Voilà, cela nous semble être tout. J'aimerais, toutefois,
souligner, à l'annexe III, une légère erreur que nous
avons commise. A un endroit, on mentionne le mot "corporation" et il faudrait
lire "assureur". Nous souhaiterions que le texte proposé à
l'annexe II soit plutôt le texte de notre proposition, plutôt que
se référer à l'annexe III. Il nous semble que l'intention
était assez claire. Comme mon collègue le mentionnait tout
à l'heure, nous sommes reconnaissants d'avoir pu exprimer notre opinion,
d'une part, et sommes ouverts à toute question que vous voudriez bien
nous poser. M. le Président, je vous remercie.
M. TETLEY: Je vous remercie de votre mémoire. MM. Scharff et
Lachance. En effet, vous demandez que toute compagnie et toute
société, même une société mutuelle, produise
un rapport ou certificat d'un actuaire de ses réserves, etc., qu'elle
emploie les services d'un actuaire. J'ai deux questions: Tout d'abord,
accepteriez-vous que l'actuaire soit du gouvernement, dans le cas des
sociétés mutuelles qui n'ont pas les moyens d'engager un
actuaire? Nous avons cinq actuaires au gouvernement, n'est-ce pas?
Ou, à l'inverse, comment allez-vous trouver les moyens, qu'est-ce
que le gouvernement va subventionner, les mutuelles ou...
M. LACHANCE : Je me permettrai de mentionner que nous ne recommandons
pas qu'il y ait un certificat d'évaluation dans tous les cas,
contrairement à ce que, je crois, vous exprimez, M. le ministre. Nous
recommandons que, dans les cas où c'est prescrit à l'heure
actuelle, le certificat de l'actuaire ait une signification plus grande qu'il
ne semble en avoir en vertu du projet de loi actuel.
Nous ne recommandons pas que le législateur demande autre chose
que ce qui est actuellement demandé en vertu du projet de loi.
M. DEMERS: Je pense qu'il faut faire une distinction excusez, M.
le ministre entre la certification et un rapport d'actuaire. En effet,
l'article 450 dit ceci: "Tout assureur qui exerce en assurance de personnes
doit annexer à son état annuel le rapport d'un actuaire". Vous
croyez, vous autres, d'après votre suggestion, que le législateur
pourrait mieux protéger le public en demandant à l'actuaire de
s'engager professionnellement et de certifier la suffisance des
réserves. Il y a une différence, je pense, entre un rapport et
une certification.
M. LACHANCE: Exactement.
M. DEMERS: Parce que vous allez engager personnellement votre
responsabilité et vous attachez votre responsabilité à
l'assurabilité ou à la rentabilité de la compagnie
d'assurance. C'est là le sens de votre recommandation; c'est
peut-être ça?
M. LACHANCE: Oui, essentiellement, c'est ça.
M. ROY (Beauce): En vous obligeant de cette façon à
certifier le rapport, ça vous oblige à engager votre
responsabilité personnelle, à faire beaucoup plus de travail
d'inspection, de vérification et à exercer de plus grands
contrôles.
M. LACHANCE: C'est-à-dire que ça ne changera probablement
rien ou, enfin, ça changera très peu de choses par rapport
à la situation actuelle.
M. DEMERS: Dans le cas contraire, est-ce que ça va changer
quelque chose? Les recherches devraient être plus complètes pour
la certification que pour un rapport. Vous constatez que vous avez eu un
rapport.
M. LACHANCE: De la façon dont nous le voyons à l'heure
actuelle, c'est que, pour les réserves, il y a des minima qui sont
prévus par la législation. Ces minima sont sûrement
adéquats, à notre point de vue, mais il peut arriver certaines
circonstances où l'actuaire ait des raisons de croire que des
réserves supérieures aux minima sont requises, par exemple. Dans
ces cas, nous voudrions que l'article 450 oblige l'actuaire à
évaluer les réserves et même à établir des
réserves d'un montant supérieur au minimum prescrit.
C'est en ce sens qu'il y a une certaine responsabilité
professionnelle, bien sûr, qui ne semble pas apparaître dans le
contexte du projet de loi actuel.
M. MARCHAND: Dans les amendements que vous proposez, il me semble que
vous exigez l'engagement d'un actuaire. Il me semble que c'est assez clair dans
vos amendements. Bien, c'est plus que suggéré dans les
amendements.
M. DEMERS: Bien, la loi exige un actuaire dans le projet de loi 7,
article 450. Eux le détaillent, puis précisent le droit.
M. LACHANCE : C'est simplement ça.
M. MARCHAND: Moi, je pense que c'est dans les détails que vous
semblez exiger un actuaire. Peut-être que je me trompe, mais il me semble
que c'est ce que je vois, moi, à la lecture.
M. DEMERS: Exactement. L'article 450.
M. MARCHAND: Cela vient dans tous les détails.
M. DEMERS: Les actuaires viennent faire des suggestions sur la
façon dont ils devraient s'engager tant qu'à y aller. Mais la
suggestion du ministre à l'effet que ça pourrait être des
fonctionnaires du gouvernement, de l'actuel gouvernement, pourrait simplifier
la tâche à beaucoup de petites compagnies, de petites maisons qui
n'ont pas les moyens de s'engager à requérir les services d'un
actuaire.
M. MARCHAND: Les suggestions du ministre sont toujours excellentes.
M. DEMERS: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais demander aux actuaires,
étant donné que les suggestions qu'ils font je ne dirai
pas revalorisent le professionnel mettent davantage l'actuaire en
évidence et font davantage appel à sa compétence
professionnelle, si c'est pour la protection du public que vous faites cela.
C'est pour la protection du public?
M. LACHANCE: C'est le seul but que nous ayons vraiment à
poursuivre, nous placer sur la carte, ça ne nous donne pas grand-chose
si nous ne valons rien. Je pense que c'est la seule réponse. Il y a
également un aspect que nous avons remarqué aux articles 438 et
440, particulièrement, qui nous parait, d'une certaine façon,
important. Si 90 p.c. des passifs d'une société d'assurance sont
constitués par ses réserves actuarielles, nous comprenons fort
mal qu'un vérificateur puisse, en toute conscience professionnelle,
signer un certificat, parce qu'il n'est pas en mesure de tenir compte de ces 90
p.c. des réserves. Il peut poser toutes les questions qu'il voudra, mais
il n'est pas en mesure de certifier que cela représente
adéquatement les obligations de la société en
question.
A ce moment-là, nous recommandons que le certificat de l'actuaire
soit l'un des documents sur lequel s'appuie le vérificateur pour
effectuer sa vérification. Troisièmement, nous recommandons aussi
que le public assureur ait droit à la
certification de l'actuaire quant aux réserves dans le cadre des
états financiers qui sont distribués au public, soit parce que
ces gens sont détenteurs de police, soit encore parce qu'ils sont
investisseurs éventuels ou enfin, pour toutes sortes de raisons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Votre responsabilité, comme
professionnel, se comparerait à celle du vérificateur qui, lui
aussi, signe un rapport sur les états financiers qu'il produit; elle se
comparerait à l'évaluateur agréé qui signe un
rapport lui aussi, à l'administrateur agréé qui, lui
aussi, signe un rapport. Ces trois groupes, que je viens de nommer, sont
couverts par le code des professions. Dans ce contexte, avec les suggestions
que vous faites et les signatures des certificats, est-ce que vous êtes
d'avis que la profession d'acutaire devrait être couverte par le code des
professions?
M. LACHANCE: Je m'attendais à cette question. On me permettra,
tout d'abord, de faire une distinction. La loi actuelle et le projet de loi no
7 demandent, de toute façon, un certificat d'actuaire. Nous recommandons
qu'il ait un peu plus de signification. Actuellement, et dans la loi
proposée et dans la loi fédérale, un certificat existe en
vertu de l'article 417. L'article 450, actuellement, prescrit que tout
assureur, qui exerce une assurance de personne, doit annexer à son
état actuel le rapport d'un actuaire attestant... Le certificat
existe.
Maintenant, j'en viens à votre question. Le Club actuariel de
Montréal, le Club actuariel de Québec, dont nous sommes les
présidents, et l'Association des étudiants en actuariat de
l'université Laval ont formé, il y a bientôt un an et demi,
un comité qui a pour mandat d'étudier s'il est opportun ou
désirable de demander une incorporation en vertu de la Loi sur les
professions, maintenant. Ce comité-là doit faire rapport
incessamment. Il m'est difficile de vous dire quelles seront les
recommandations de ce comité, mais je dois vous dire que nous avons
étudié la question. On doit nous faire rapport incessamment,
auquel cas nous prendrons, évidemment, des décisions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous prendrons connaissance, avec beaucoup
d'intérêt, des recommandations du comité parce que
maintenant, il y a une commission permanente de l'Assemblée nationale,
qui est celle du code des professions. Alors, j'imagine que, si votre
comité se prononce dans ce sens-là, la commission parlementaire
sera saisie de votre demande et nous essaierons de l'acheminer à bon
port.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'autres questions des membres de la
commission? Alors, merci, messieurs.
M. TETLEY: Je vous remercie, Messieurs les actuaires.
M. LACHANCE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'appelle Les Coopérants,
compagnie mutuelle d'assurance-vie.
Les Coopérants
M. SAINT-PIERRE (Jules): M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, mon nom est Jules Saint-Pierre, membre du conseil
d'administration des Coopérants, compagnie mutuelle d'assurance-vie. Je
suis aussi trésorier général de l'UPA mais je suis ici
aujourd'hui à titre de délégué des
Coopérants. J'ai avec moi M. Pierre-Eugène Proulx, à
l'extrême droite, ici, qui est secrétaire des Coopérants,
et Me Desmarais, notre conseiller juridique.
D'abord, je voudrais tout simplement vous remercier de nous avoir fourni
l'occasion de nous faire entendre. Nous n'entendons pas porter un jugement sur
l'ensemble du projet de loi mais il y a un point bien précis qui nous
concerne directement. Au cours de l'été, nous vous avons fait
parvenir un court document et je demande à Me Desmarais de vous en faire
rapidement la synthèse, après quoi, nous serons heureux de
répondre à vos questions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Me Desmarais.
M. DESMARAIS: M. le Président, le 3 juillet 1973, Les
Coopérants, anciennement connus comme L'Assurance-UCC, compagnie
mutuelle d'assurance-vie, vous ont fait parvenir un mémoire au sujet du
mode de représentation à leur assemblée annuelle. Ce qui
se produit, à l'heure actuelle, c'est qu'en 1962, l'Assemblée
législative du temps a incorporé L'Assurance-UCC, compagnie
mutuelle, en lui donnant certains droits de représentation à son
assemblée annuelle.
Le territoire couvert par L'Assurance-UCC, était divisé en
seize régions dans la province de Québec et, chaque année,
les représentants d'Assurance-UCC, maintenant des Coopérants,
allaient dans chaque région économique expliquer aux
assurés les bénéfices qu'ils retiraient de leur police et
les états financiers de la compagnie. Au lieu d'attendre que les
assurés viennent à l'assemblée générale
annuelle, la compagnie allait vers les assurés. Evidemment,
c'était, à mon avis, extrêmement démocratique
puisque, lorsqu'on voit le petit nombre d'assurés qui se rendent aux
assemblées annuelles, Les Coopérants pouvaient au moins
réunir un certain nombre d'assurés à chaque
assemblée, d'autant plus que le territoire couvert est tout de
même assez grand, puisque c'est la province de Québec. A cette
assemblée annuelle, où on donnait de l'information sur les
états annuels de la compagnie, on élisait aussi les
représentants à l'assemblée annuelle et les substituts de
ces représentants. A l'assemblée annuelle, les trois
représentants élus par chaque section locale, si vous le voulez,
étaient les seuls membres habilités à voter sur les
états financiers. Donc,
c'étaient les deux buts, premièrement, un but
d'information pour atteindre, si vous le voulez, l'assuré chez lui et,
deuxièmement, faire nommer des représentants pour
l'assemblée annuelle.
Avec le projet de loi no 7, à l'article 207, à toutes fins
pratiques, on supprime ce droit acquis que Les Coopérants avaient obtenu
de l'Assemblée législative en disant que le présent
chapitre s'applique, nonobstant toute loi générale ou
spéciale et c'était une loi spéciale dans le cas
des Coopérants à la mutualisation des compagnies
d'assurance sur la vie, constituées en vertu des lois du Québec.
C'était en plein le cas des Coopérants.
Si nous sautons aux articles 228 et 229, on dit: "Tout membre est habile
à voter à toute assemblée générale de la
compagnie pourvu que, s'il s'agit d'une personne physique, il soit majeur". Il
est évident que, d'après le mode de représentation
existant à l'heure actuelle dans la charte des Coopérants, il
n'est pas possible que tous les membres et tous les assurés des
Coopérants puissent voter à l'assemblée
générale annuelle, puisque seulement les représentants des
seize sections locales sont admis à voter à cette
assemblée.
On pourrait aussi dire qu'il n'y a en réalité aucune
différence. Légalement, sans doute, il y a une différence,
mais matériellement, il n'y a aucune différence, sinon un sens de
la démocratie poussé plus loin avec le régime des
Coopérants qu'avec le régime ordinaire. Ce qui arrive dans le
régime des compagnies à capital-actions ou des compagnies
mutuelles, c'est que les assurés remplissent tout simplement une
procuration nommant M. X, qui est administrateur de la compagnie, pour les
représenter, C'est généralement un membre du conseil
d'administration, le président, le directeur général ou un
membre du conseil d'administration. Cette personne-là contrôle
purement et simplement l'assemblée, aussi facilement qu'elle peut le
faire, parce qu'elle a tous les pouvoirs puisqu'elle a toutes les procurations
entre les mains.
Les Coopérants, au contraire, demandent que les membres, à
la base même, donnent un mandat déterminé à des
représentants qui eux, vont aller à l'assemblée annuelle,
vont voter sur les états annuels et poseront les questions à ce
sujet-là. Ce que nous demandons, au nom des Coopérants, c'est que
la situation actuelle soit maintenue, que le mode de représentation qui
existe à l'heure actuelle demeure le même à l'avenir.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. TETLEY: Merci, MM. Graveline et Desmarais. Connaissez-vous des cas
d'abus, parce que votre cas, c'est un cas d'exception. A ce que vous demandez,
pour ma part, sans consulter les experts et les avocats-conseils, je ne vois
pas d'objection, pas parce que c'est un droit acquis, parce que s'il y a un
abus, je ne veux pas d'abus acquis, je veux assister à un vrai droit. Si
cela aide vos Coopérants, tant mieux. S'il y a des abus,
évidemment, nous sommes contre, Donc, est-ce que vous voyez des cas
d'abus ou est-ce qu'il y avait des abus dans le passé dans votre
système?
M. DESMARAIS: M. le ministre, c'est assez difficile de vous
répondre s'il y avait des abus parce que je n'ai pas eu connaissance
qu'il y ait eu des abus, mais je voudrais simplement souligner ceci. La
Société des artisans, qui était une société
fraternelle et qui s'est mutuée en compagnie mutuelle en 1970 ou 1971, a
obtenu du gouvernement fédéral exactement le même mode de
représentation que celui que les Coopérants ont à l'heure
actuelle.
M. TETLEY: Parce que moi, j'ai plusieurs polices d'assurance mutuelle et
je n'assiste jamais aux réunions. Je n'y ai jamais assisté. Je ne
connais personne qui y ait assisté...
M. DESMARAIS: M. le Président, est-ce que je pourrais souligner
quelque chose? Je fais partie d'un sous-comité juridique de
l'Association canadienne des compagnies d'assurance-vie le
sous-comité siégeant pour la province de Québec et
lors d'une discussion que nous avons eue sur le bill no 7, nous avons fait une
enquête parmi les conseillers juridiques qui étaient là et
nous leur avons demandé on était une dizaine
peut-être : Cette année, en 1973, combien d'assurés
avaient assisté à l'assemblée générale. Le
maximum d'assurés a été cinq à la compagnie. La
compagnie qui en avait le plus, c'était cinq.
M. DEMERS: Cinq. Vous en voudriez un peu plus.
M. DEMARAIS: Par la représentation même. A l'heure
actuelle, chez les Coopérants, il y en a certainement plus puisqu'ils
font 16 assemblées régionales à travers la province
où il y a un minimum de 100 à 150 personnes qui assistent
à chaque assemblée et là, elles sont mises au courant. Il
y a tout de suite 2,000 à 2,500 personnes qui y assistent.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): C'était la question que je voulais poser pour
voir si les Coopérants avaient tenu des statistiques de cela dans les
différentes régions dans lesquelles vous tenez vos
réunions, pour savoir le nombre de participants et le taux de
participation par rapport au nombre total de vos assurés, en comparaison
avec d'autres. Vous aviez déjà répondu partiellement avant
que je pose la question.
M. DESMARAIS: C'est assez difficile de
répondre globalement à la question que vous posez parce
qu'il y a quand même des contrats d'assurance collective. Or, le contrat
d'assurance collective est passé entre les Coopérants et
l'employeur. Donc, les personnes assurées, cela peut être 10,000
personnes. Par exemple, l'Hydro-Québec, cela représenterait
12,012 personnes, si vous voulez.
M. ROY (Beauce): Non, mais par rapport aux polices individuelles.
M. DESMARAIS: Par rapport aux polices individuelles, je pense que le
pourcentage est nettement supérieur et n'est même pas comparable
à celui des compagnies mutuelles ou à capital-actions.
M. ROY (Beauce): Vos réunions, si ma mémoire est
fidèle, vous aviez l'habitude de les tenir avec les congrès
régionaux de l'UCC. Vous avez gardé encore la même
formule?
M. SAINT-PIERRE (Jules): C'est cela.
M. ROY (Beauce): Cela permet aux gens qui sont assurés par votre
compagnie de ne pas faire de voyage spécial, une participation
particulière pour assister aux séances d'information, aux
séances que vous donnez dans les différentes régions. Vous
auriez l'intention de continuer et de maintenir ce système. Est-ce que
le ministre aurait des objections à se rendre à la demande...
M. TETLEY: Je trouve, sans me mettre complètement dans une boite
sans consulter les autres que votre suggestion est raisonnable.
M. SAINT-PIERRE (Jules): Merci, M. le ministre.
M. DEMERS: Bien oui et cela existe.
M. ROY (Beauce): Cela existe déjà et je pense que cela a
été une excellente formule.
M. DEMERS: Ah oui.
M. ROY (Beauce): Si on me permet une appréciation personnelle,
cela a été une excellente formule.
M. DEMERS: II n'y a pas d'abus.
M. TETLEY: C'est cela le vrai test, s'il y avait des abus et on
m'avise qu'il n'y a pas eu d'abus dans le passé donc on peut
continuer dans le même sens.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Gouin.
M. JORON: M. le Président, j'allais simplement dire la même
chose. Je souhaite que le ministre accueille favorablement la demande qui est
faite par Les Coopérants parce qu'en t'ait, pour notre part, en ce qui
concerne le Parti québécois, cela entre tout à fait dans
l'esprit avec lequel on a abordé tous ces problèmes de
démocratie de participation, que cela soit dans les institutions
financières ou ailleurs. J'irais même plus loin.
J'inviterais...
M. ROY (Beauce): II semble bien que vous ayez copié sur les
autres.
M. JORON: Vous êtes spécialistes là-dedans. On a vu
à quel point vous avez pigé dans notre programme.
M. ROY (Beauce): Je posais la question.
M. DEMERS: Est-ce que je dois m'asseoir entre les deux?
M. ROY (Beauce): Je m'étais bien abstenu de faire une allusion
politique partisane dans mes questions. Je m'étais abstenu tout
simplement d'y faire allusion.
M. DEMERS: Cela ne sentait pas non plus.
M. JORON: J'étais sur le point d'inviter le ministre à se
pencher pour voir si cette formule de représentation aux
assemblées générales ne pourrait pas
éventuellement, après une certaine étude, devenir la
règle de la loi et non pas l'exception pour Les Coopérants. Il y
a dans cette formule... Enfin, on a une expérience. Il y avait celle de
la Société des artisans également, mais on voit par les
chiffres qui nous sont soumis que cela fonctionne. La démocratie, c'est
bien beau d'y donner de temps à autre des coups d'encensoir, mais il
faut parfois lui fournir les structures qui lui permettent de fonctionner. On
s'aperçoit que dans une structure semblable, c'est vrai, cela marche et
les gens participent. Moi, je souhaiterais voir la formule s'étendre
éventuellement dans l'ensemble des compagnies mutuelles et j'invite le
ministre à y réfléchir. Peut-être que si la
réflexion peut être suffisamment longue, si, par exemple, le
projet de loi ne venait... Je ne sais pas quelle était l'intention
du...
M. TETLEY: Le 23 octobre. M. JORON: Le 23 octobre? M. DEMERS: Deux jours
avant.
M. JORON: Si par hasard, il y avait une élection entre les deux
et que la session devait reprendre plus tard, à ce moment...
M. DEMERS: Elle ne reprendrait pas, il y aurait une nouvelle
session.
M. JORON: Une nouvelle session? Vous
allez en apprendre encore, parce qu'on ne sait pas qui sera au
gouvernement à l'époque...
M. DEMERS: Nouvelle session, nouveau gouvernement.
M. JORON: ... mais pour ce qui est de notre part, si par hasard, il se
produisait quelque chose, le bill 7 serait peut-être repris et on y
verrait peut-être justement l'application générale de cette
règle.
M. TETLEY: Mais vous me permettrez de noter que nous avons
déjà adopté cette formule dans le Parti libéral,
parce que vous avez parlé de partis, les votes dans les régions.
Mais je trouve que c'est intéressant, le système...
M. DEMERS: C'est le support mutuel que vous avez invoqué...
M. TETLEY: Pardon, monsieur le député de...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pensais que le député de Gouin
était pour dire: Ceux qui ont quelque chose à dire, profitez-en
cet après-midi, au cas où ils n'auraient pas la chance de le dire
après les élections. Mais de toute façon...
M. DEMERS: Oui, parce qu'avec un régime totalitaire, on ne parle
plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...pour revenir au sujet en discussion, j'ai
noté l'observation du député de Gouin. En principe, tout
le monde souhaite que la participation des membres soit la plus nombreuse
possible, n'importe où, dans n'importe quelle association, dans
n'importe quel groupement. Les compagnies d'assurance, comme les autres,
seraient très heureuses que beaucoup plus de membres assistent aux
assemblées, mais il y a, je pense, un argument, qui aide à amener
des membres aux assemblées. Le député de Beauce l'a dit
tantôt, cela coïncide avec d'autre chose.
On ne parle pas seulement d'assurances dans cette
réunion-là. Il y en a une pour l'assurance, mais il y en a pour
d'autres choses. Les mutuelles, c'est la même chose. Les mutuelles de
paroisses, de comtés font coïncider cela avec des réunions
de municipalités ou de conseils de comté. Si une compagnie fait
une réunion ou une assemblée générale juste pour ce
qui concerne l'assurance on va y parler seulement de l'article qui traite du
rapport de l'assemblée générale sur l'assurance. C'est
peut-être un peu difficile. En principe, on peut être d'accord,
mais, en pratique, avant que cela devienne la règle
générale, je pense qu'il y aurait peut-être un peu de
rodage à faire de cette machine-là. Je serais d'accord, pour ma
part, qu'on garde cela a bien fonctionné cette disposition
pour Les Coopérants. Si d'autres groupes le demandent et que ce soit
pratique et possible de le faire, qu'on l'ajoute à ces groupes-là
ou même qu'on prévoie la possibilité par règlement,
sans le mettre dans la loi, de changer des dispositions pour que les compagnies
qui voudront le faire le fassent par la réglementation, de sorte qu'on
n'ait pas à changer le texte législatif.
M. SAINT-PIERRE (Jules): M. le Président, je voudrais tout
simplement donner un supplément d'information. Bien que cette
assemblée régionale des Coopérants se fasse à
l'intérieur d'un congrès des producteurs agricoles, c'est
vraiment une assemblée régionale. On arrête toutes les
autres délibérations et, pendant 1 h 30, 2 heures, c'est le
problème des assurés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, j'avais compris cela, mais, ils font le
voyage pour parler de tout ce qui concerne l'association.
M. SAINT-PIERRE (Jules): Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
L'Islet.
M. GIASSON: M. le Président, j'ai dû m'absenter et je n'ai
pas eu l'occasion d'entendre les remarques formulées par le
représentant des Coopérants et également les commentaires
du ministre et de mes autres collègues, sauf ceux qui viennent de
s'exprimer à l'instant même. J'aurais aimé entendre le
ministre exposer de quelle façon il voit le problème particulier
qui se pose aux Coopérants du Canada à la suite de l'adoption
d'une loi en 1962, au temps de l'assurance UCC. Brièvement, si vous
voulez.
M. TETLEY: Au sujet de leur mémoire ici? Je suis très
sympathique à leur demande. Evidemment, nous allons
étudier...
M. GIASSON: Mais vous saisissez bien dans quel contexte Les
Coopérants fonctionnent en matière de tenue d'assemblée
générale, de représentation de délégation,
etc.?
M. TETLEY: Oui. Il y a plusieurs moyens d'agir, d'avoir une
réunion annuelle. Ils ont un certain système où on m'avise
qu'il n'y a pas d'abus. Il y a d'autres systèmes. Dans une compagnie
mutuelle, tout le monde a une voix, mais personne n'est là. J'en suis un
exemple; je n'ai jamais assisté aux réunions, mais j'ai au moins
deux polices d'assurance-vie avec des compagnies mutuelles. S'ils sont vraiment
démocratiques autant qu'ailleurs, je ne m'oppose pas à cela du
tout.
M. GIASSON: Mais vous acceptez, tout de même, le principe de la
plus grande participation possible des membres ou des sociétaires.
M. TETLEY: Oui. Evidemment, il faut regarder à fond leur demande,
mais je trouve que c'est raisonnable, s'il y a une vraie participation.
M. DESMARAIS: M. le ministre, on peut dire que la participation minimum
est de 2,000 à 2,500 par année. Evidemment, cela
s'échelonne sur une période de deux mois, où les
représentants des Coopérants font 16 visites. A l'heure actuelle,
il est question de rediviser même le territoire de Montréal
éventuellement pour donner encore plus d'information et faire d'autres
sections. Plus les territoires sont petits, plus c'est facile de grouper les
gens. Il y a déjà 16 assemblées annuelles, parce
qu'à toutes fins pratiques ce sont des assemblées annuelles qui
se tiennent, et cela groupe à peu près 2,000 à 2,500
personnes. Je pense bien qu'il n'y a pas une compagnie mutuelle ou une
compagnie par actions qui...
M. SAINT-PIERRE (Jules): Au niveau de l'assemblée
générale annuelle, cela nous assure aussi une
représentation. Vous avez les trois délégués de
chaque région, le conseil d'administration; cela nous assure une
représentation qui n'est jamais moindre que 75 participants. Cela peut
être plus que cela, mais ce n'est jamais moins que cela. Par
conséquent, le conseil d'administration est bel et bien élu; les
membres du conseil d'administration sont élus par les participants
délégués de leur région.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre accepterait une suggestion
à l'effet de prévoir, non pas par voie de réglementation,
mais dans la loi les deux formes de représentation que l'on discute? Le
ministre a mis une disposition dans la loi. Les Coopérants nous
apportent une autre forme qui, d'ailleurs, est pratiquée chez eux et que
nous aurions intérêt à adopter. Je pense que ce serait dans
l'intérêt de tous les assurés qui font partie des mutuelles
d'assurance que cette formule puisse être étendue, toujours dans
les limites du bon sens. Il faut quand même tenir compte de
l'organisation des réunions, de la présence, de la participation
et des coûts. Dans une mutuelle, ce sont quand même les
assurés qui paient.
S'il y avait des prévisions dans la loi qui permettaient ces deux
formes de représentation en laissant les mutuelles libres de choisir
l'option, les mutuelles qui désireraient adopter cette formule ne
seraient pas dans l'obligation de revenir devant le gouvernement pour faire
changer la réglementation ou la loi. Je préférerais que
cela soit dans la loi pour donner un caractère de permanence.
M. TETLEY: Oui, mais il y a peut-être d'autres coopératives
qui ont une autre forme, plus ou moins la même que la vôtre, un peu
différente mais il est possible qu'on l'inclue dans la loi.
M. ROY (Beauce): Le prévoir dans la loi. Deux formes mais pas
trop strictes pour laisser quand même une certaine souplesse pour que les
compagnies puissent s'adapter aux possibilités des membres, et aussi aux
conditions des régions, et tenant compte aussi des régions dans
lesquelles elles font le plus gros volume d'affaires. Il y a peut-être
des régions, à un certain moment, où certaines mutuelles
font moins d'affaires que dans d'autres. C'est une formule souple et pratique
que je suggérais au ministre.
M. TETLEY: Mais la plus grande souplesse se trouve avec les
règlements parce qu'il y a plusieurs sortes de mutuelles et
coopératives. Nous allons trouver une formule qui vous convienne, en
tout cas.
M. DESMARAIS: Merci, M. le ministre mais je voudrais souligner ceci. On
a fait une enquête parmi les compagnies à charte provinciale et on
n'a trouvé absolument aucun exemple dans la province de Québec,
parmi ces compagnies à charte provinciale autres que Les
Coopérants, le seul autre exemple encore une fois est la
Société des artisans qui a obtenu les mêmes modes de
représentation mais elle est à charte fédérale.
M. TETLEY: Bon, merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres questions des membres?
UNE VOIX: Non.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci bien, messieurs.
M. SAINT-PIERRE (Jules): Merci beaucoup. UNE VOIX: Merci, M. le
ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'invite la Chambre des notaires.
Chambre des notaires du Québec
MME THISDALE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission parlementaire, mon nom est Louise Thisdale. Je suis
recherchiste à la Chambre des notaires. Je suis accompagnée cet
après-midi de Me Gilles Deniers, président de la commission de
législation de la Chambre des notaires et de Me Jean-Marc Audet,
secrétaire de la même commission. Nous sommes tous notaires.
La commission de législation de la Chambre des notaires en
collaboration avec le service de la recherche de la chambre a
étudié avec beaucoup d'intérêt le projet de loi no 7
intitulé
Loi sur les assurances, nous avons fait des remarques et nous avons
soulevé des commentaires qui se retrouvent d'ailleurs à
l'intérieur de notre mémoire. Nous les croyons de la plus grande
importance et c'est la raison pour laquelle nous vous les soumettons à
nouveau cet après-midi.
Compte tenu du fait que ce projet de loi contient à la fois des
dispositions de droit civil et également des règles
administratives concernant le surintendant des assurances, le service des
assurances de même que les compagnies d'assurance elles-mêmes, la
Chambre des notaires s'est attardée principalement à
l'étude des articles 1 à 140 du projet de loi qui concernent
principalement les règles de droit civil sans toutefois délaisser
les autres dispositions du projet de loi.
Avant de laisser la parole à mes confrères, j'aimerais
vous faire part de deux remarques générales en ce qui concerne ce
projet de loi. Ma première remarque concerne le caractère civil
du droit des assurances. Cette remarque se retrouve à la page 2 du
mémoire. Nous avons été étonnés, je dois le
dire, de retrouver ces articles dans le projet de loi et qu'on n'ait pas
pensé à les insérer à l'intérieur du code
civil.
Ces articles 1 à 140 du projet de loi sur la Loi des assurances
réglementent des problèmes de droit civil qui touchent notamment
aux contrats, aux obligations et aux droits des personnes, à leur
capacité, à leur propriété et ainsi de suite. De
plus il y a longtemps que cette question a été tranchée
à tous les niveaux et la solution à cette question abonde dans le
sens que je viens de vous exprimer. Je crois d'ailleurs que tous les juristes
sont d'accord sur ce point de vue. C'est pourquoi...
M. TETLEY: Pas tous les juristes que je connais.
MME THISDALE: Disons la majorité, M. le ministre.
M. DEMERS: Vous ne les connaissez pas tous.
MME THISDALE: II y a d'ailleurs plusieurs jugements en notre faveur.
M. TETLEY: Nous ne connaissons pas les même juristes.
MME THISDALE: Nous connaissons les bons.
C'est pourquoi nous croyons absolument inconcevable, disons-le, de
laisser les articles 1 à 140 du projet à l'intérieur d'un
statut ou d'une loi particulière. Je pense qu'il s'avère
indispensable, voire obligatoire de réintégrer ces dispositions
à l'intérieur du code civil même qui est une loi
générale, qui concerne les droits civils des personnes. Vous
admettrez avec nous qu'il est de plus en plus difficile pour un juriste de s'y
retrouver à travers les divers textes de loi, leurs amendements, leurs
règlements ainsi que leurs modifications. Alors, il serait
peut-être opportun d'alléger leur tâche et nous recommandons
encore une fois de réintégrer ces articles à
l'intérieur du code civil.
Je souligne également aux membres de cette commission le
deuxième paragraphe de l'article 8 du projet de loi qui stipule que les
règles particulières à l'assurance maritime demeurent
à l'intérieur du code civil. Permettez-moi de vous dire que si
les règles de l'assurance maritime doivent demeurer à
l'intérieur du code civil, à plus forte raison les autres
règles concernant le contrat d'assurance et les parties contractantes
dans une transaction d'assurance. Je vous rappelle qu'il serait peut-être
préférable que la recommandation que nous faisons à propos
du contrat d'assurance suive la voie qui a été suivie en ce qui
concerne le projet de loi 78, soit la loi concernant le louage de choses. Je
sais que cette loi ne relève pas du ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, mais le
législateur a cru bon, à raison, d'insérer des
dispositions de droit civil à l'intérieur du code civil. De plus,
nous ne croyons pas que cela donne grand-chose de laisser ces
dispositions-là à l'intérieur d'une loi
particulière parce que, d'une part, ni le surintendant des assurances,
ni le service des assurances, ni le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopérative n'aura juridiction pour
régler les litiges concernant un contrat d'assurance ou concernant la
capacité ou quelque autre problème touchant une personne qui a
contracté une assurance. Ce seront des tribunaux de droit civil.
D'ailleurs, nous ne sommes sûrement pas les seuls à avoir ce point
de vue.
Je passe tout de suite à la deuxième remarque qui concerne
les mineurs et les autres incapables dont la vie est assurée ou qui sont
nommés bénéficiaires d'un produit de police d'assurance.
Nous avons abordé quelque peu ce problème à la page 6 du
mémoire. Je vais détailler ici. Nous croyons qu'il y a une
carance à ce sujet dans le projet de loi et qu'il y aurait lieu d'y
remédier. A la lecture du projet de loi, nous n'avons retrouvé
que quelques dispositions concernant la minorité ou l'incapacité
en général, et ce sont notamment dans les articles 44 et 64, qui
s'avèrent malheureusement imcomplètes à notre avis.
D'autre part, le droit actuel régissant cette matière,
soit la minorité et l'incapacité en matière d'assurance,
est plus loquace. D'une part, je vous mentionne, à titre d'exemple,
l'article 219 des Statuts refondus de 1964, du chapitre 295, qui stipule que
tout mineur de quinze ans accomplis peut assurer sa vie pour son propre
bénéfice ou en faveur de ses héritiers légaux ou de
l'un ou plusieurs d'entre eux, mais il ne peut se prévaloir, pendant sa
minorité, de tout choix ou privilège mentionné dans la
police ni donner une quittance valable à la compagnie.
D'autre part, il y a également les dispositions des articles 16
et suivants de la Loi de l'assurance des maris et parents, qui prévoient
diverses modalités de paiement du produit de la police d'assurance.
Nous ne prétendons pas apporter de solution à ce
problème. Nous vous le soulignons et nous sommes assurés que le
législateur connaît l'importance du problème des personnes
mineures ou des personnes incapables d'exercer leurs droits, qui veulent
assurer leur vie ou qui ont été nommées
bénéficiaires du produit d'une police d'assurance ou encore dont
les biens doivent être assurés.
Nous espérons que le législateur y apportera une
solution.
Je vous remercie, messieurs. Je laisse la parole à mes
confrères.
M. AUDET (Jean-Marc): Notre mémoire est assez technique, nous
l'avouons. Cependant, je voudrais traiter de certains points qui n'ont
peut-être pas été exposés d'une façon
suffisamment claire.
Premièrement, remarque générale, c'est qu'il semble
bien que, pour certaines dispositions qui sont reproduites actuellement dans le
projet de loi no 7, il y a peut-être un certain recul par rapport
à la rédaction qu'on avait dans le code civil. Nous en faisons
mention, parfois, dans la rédaction de notre mémoire.
Deuxièmement, il y aurait peut-être lieu de mentionner le
rôle des notaires en matière d'assurance. Le nouveau projet de loi
ne reproduit pas l'article 132 de la Loi des assurances. Il est vrai
qu'actuellement, dans certaines localités éloignées
je pense, disons, à Murdochville des notaires font encore le
commerce d'assurance, à titre d'agent, parce qu'il n'y a pas d'agent
disponible et qu'ils ont déjà des droits acquis. Nous croyons
qu'il serait préférable du moins pour les notaires actuels
qui font encore le commerce des assurances et nous aimerions que ce
droit leur soit reconnu par la loi, parce que c'est un droit acquis.
Il y en a très peu mais disons que les notaires qui font le
commerce des assurances le font depuis plusieurs années. Ils sont connus
comme tel et il y aurait lieu de leur reconnaître encore ce droit. Ce
sont des droits acquis. Cependant, pour l'avenir, nous savons qu'il y a de plus
en plus d'agents qui ont un titre professionnel, qui peuvent remplir ce
rôle et nous sommes d'accord pour nous retirer de ce champ de
compétence.
M. TETLEY: Si j'ai bien compris, vous allez vous retirer?
M. AUDET (Jean-Marc): C'est-à-dire qu'on se retire de ce champ de
compétence pour l'avenir. Les futurs notaires ou les notaires actuels
qui n'ont pas de commerce d'assurance n'auront évidemment pas le droit
de reprendre ce commerce ou de le prendre, à un moment donné.
Egalement, l'article 132 de la Loi des assurances n'étant pas
reproduit, il y a lieu de se demander quel sera le rôle des notaires en
matière d'assurance-dommages. On sait très bien c'est de
notoriété publique que les notaires, lors d'une
transaction immobilière, que ce soit un acte de vente ou un acte
d'hypothèque, représentent soit une partie au contrat, soit
l'agent, ou le courtier, ou la compagnie, pour signer des formules de transfert
d'assurance ou des formules de renonciation d'intérêt de
créancier hypothécaire dans une assurance-dommages. Nous
aimerions que ce droit soit bien défini dans la loi. Nous ne voulons pas
que ce soit un usage. Nous aimerions que le notaire engage la compagnie ou, du
moins, soit le professionnel attitré ou reconnu comme tel pour signer au
nom de parties les formules de transfert d'assurance.
Ainsi moi, si je suis propriétaire d'une maison et si je la vends
à M. B., le notaire qui fait le contrat signera en mon nom une formule
de transfert d'assurance de ma part en faveur de l'acquéreur B. Ceci
dit, nous avons, disons, certains problèmes de fond dont nous avons
traité dans le mémoire. Il y a la question des agents et des
courtiers. Nous croyons qu'ils ont un titre professionnel, qu'ils ont des
qualifications maintenant plus grandes qu'ils avaient autrefois et nous
souhaiterions que le projet de loi lie davantage les agents et les
courtiers.
Evidemment, les gens ont l'impression suivante lorsqu'ils contractent
une police d'assurance, en particulier en matière d'assurance-dommages.
Disons, par exemple, qu'un individu veut assurer sa maison pour $10,000. Il
appelle son courtier et son courtier lui dit: D'accord, ta maison est
assurée. Nous croyons que le projet de loi n'est pas assez
spécifique à cet effet. Nous aimerions, du moment que l'agent dit
ou agit de manière à laisser entendre qu'il assure la maison,
qu'il lie la compagnie qu'il représente. Nous aimerions que cette notion
soit bien définie dans la loi. Puisqu'il a des qualifications
professionnelles, puisqu'il a un titre professionnel, puisqu'il est
compétent dans ce domaine-là, il y aurait sans doute lieu de
consacrer dans la loi les responsabilités de l'agent et du courtier.
Mon collègue me fait mention, pour en revenir au rôle des
notaires en matière d'assurance, qu'il y a la question de l'article 412.
Je laisse le soin au notaire Demers d'élaborer à ce
sujet-là.
M. DEMERS (Gilles): L'article 412 prévoit qu'aucun administrateur
ou dirigeant d'un assureur ne doit toucher, directement ou indirectement,
quelque honoraire, commission ou compensation que ce soit pour un prêt ou
un placement fait par cet assureur, ni être autrement
intéressé dans un tel prêt ou placement. Si on
interprète strictement et à la lettre cet article-là, il
empêcherait un notaire qui serait un administrateur d'une compagnie de
pouvoir recevoir des prêts hypothécaires pour cette compagnie
d'assurance.
Or, déjà la Loi du notariat permet à un notaire
d'agir pour une compagnie dans laquelle il peut être officier ou
administrateur pourvu qu'il ne la représente pas, évidemment,
directement dans le contrat concerné. Nécessairement, il y a une
incompatibilité entre cet article 412 et la Loi du notariat actuelle. Je
crois aussi que c'est assez fréquent que des gens qui sont notaires et
qui sont administrateurs de compagnies reçoivent des contrats pour ces
compagnies sans que cela ait causé quelque tort que ce soit à un
emprunteur. Nous soumettons que cet article 412 devrait tenir compte des
dispositions de la Loi du notariat.
MME THISDALE: C'est l'article 33.
M. AUDET (Jean-Marc): Article 33 de la Loi du notariat.
UNE VOIX: On est hors d'ordre. M. DEMERS (Gilles): Pardon?
M. TETLEY: Pardon, continuez. C'est une blague de gens qui sont un peu
énervés.
M. DEMERS: Ah, Seigneur!
M. DEMERS (Gilles): C'est tout pour cette remarque.
M. AUDET (Jean-Marc): Nous en venons maintenant aux articles 19 et 20 du
projet de loi. A l'article 19, il est mention de circonstances connues dans les
déclarations du contractant. A l'article 20, il est question des
circonstances en question. Si nous interprétons bien le projet de loi,
à l'article 19 il s'agit, disons, d'une appréciation subjective
de la part du contractant. C'est le contractant qui dit: Moi, je connais telles
circonstances qui font que peut-être le risque est en cause dans ma
proposition d'assurance. Tandis que, l'article 20, c'est plutôt une
question objective, c'est-à-dire que l'assureur pourra toujours
vérifier si les déclarations faites par le souscripteur sont
précises, véridiques, réelles, objectives.
Nous soutenons, évidemment, que cela fait l'objet
d'interprétations.
Nous nous demandons si, en matière d'assurance-vie en
particulier, il n'y aurait pas lieu que, par réglementation, le projet
de loi reconnaisse que le questionnaire, auquel pourrait répondre un
assuré ou un contractant, ne lierait pas les deux parties.
En d'autres termes, au lieu de laisser une marge d'appréciation
dans les réponses du contractant, il y aurait peut-être lieu
d'avoir un questionnaire type, un questionnaire standard auquel devrait
répondre l'assuré. La question serait assez précise pour
avoir une réponse négative ou positive. Mais disons qu'il y
aurait une réponse beaucoup plus certaine.
D'autre part je me réfère maintenant à la
page 18 du mémoire ce qui est un corrollaire à cela, si
vous voulez, les déclarations de l'assuré devraient jouer en sa
faveur, du moins lorsque son état de santé est concerné.
On sait très bien que parfois, un contractant peut être pris d'une
maladie incurable et que son entourage et son médecin n'en soufflent
mot. Evidemment, l'assuré se sent bien, se sent bien capable de
répondre à des questions parce qu'il se sent en bonne
santé alors que son entourage sait très bien que c'est un
individu qui, à toutes fins pratiques, est fini. Nous aimerions que,
dans de telles circonstances, le contrat d'assurance soit
interprété en faveur de l'assuré parce que, à ce
moment-là, le contractant est de bonne foi.
D'autre part, si l'on voit la force des compagnies d'assurance, qui font
passer des examens médicaux, on voit très bien que les compagnies
sont en mesure de dépister réellement l'état de
santé de l'individu. Compte tenu de ces deux faits-là, d'une
part, l'ignorance du contractant et, d'autre part, les possibilités de
vérification des déclarations que détiennent les
compagnies d'assurance, nous croyons que, dans une telle confrontation, si le
risque est accepté par la compagnie, les dêclarations,de bonne
foi, faites par le contractant, jouent en faveur de ce dernier.
L'article 43 du projet fait mention de l'intérêt assurable.
Notamment, l'article 43 d) devrait être modifié pour dire ceci:
Une personne à intérêt assurable: d) dans la vie et la
santé de toute personne dont elle dépend en tout ou en partie
pour son soutien réel, éventuel ou légal et son
éducation. Les raisons de notre recommandation sont les suivantes: C'est
qu'en matière d'assurance-vie, évidemment, il faut avoir un
intérêt assurable. Mais rien dans le projet de loi ne consacre le
fait que, par exemple, un concubin peut avoir un intérêt assurable
sur la vie de sa concubine, qu'un mineur ou un tuteur peut avoir un
intérêt assurable dans la vie de la personne qui le protège
ou qu'il protège. Notamment, aussi, pour en venir au code civil,
l'intérêt assurable pour les personnes qui peuvent
légalement être obligées de verser une pension alimentaire;
dans certains cas, comme le code civil dit qu'il n'a pas eu la pension
alimentaire, il n'y a pas d'intérêt assurable en
conséquence. Alors, du côté technique, nous aimerions que
l'aspect de l'intérêt assurable couvre une plus grande
étendue de cas ou de possibilités, compte tenu de
l'évolution de la société.
A l'article 63, nous recommandons que l'article 2593 a) du code civil
soit accepté plutôt que la nouvelle rédaction.
Nous en venons, maintenant, à l'article 81 qui est un article
très important à notre avis. Il s'agit de la question de la
désignation d'un bénéficiaire. Le droit actuel soumettait
la nomination, la désignation ou l'acceptation d'un
bénéficiaire à l'article 1029 du code civil. Or, l'article
81 vient tout simplement changer complètement la portée de
l'interprétation ac-
tuelle, donc vient changer le principe de base qui était
fondé sur l'article 1029 du code civil.
Si on accepte qu'un bénéficiaire est irrévocable
s'il a accepté le bénéfice ou le produit de l'assurance,
nous aimerions que cela soit sujet à certaines formalités. En
d'autres termes, il y aurait lieu d'abord que le bénéficiaire
accepte par écrit l'intention d'accepter le produit de l'assurance et,
d'autre part, que l'acceptation par écrit soit portée à la
connaissance de l'assureur, de manière à rendre le
bénéfice irrévocable.
Donc, en principe, on peut dire que tout bénéficiaire
serait révocable, à moins que le bénéficiaire ait
accepté, ce qui crée un critère
d'irrévocabilité en faveur du bénéficiaire.
Même si le produit de la police doit être versé à un
bénéficiaire qui est nommé irrévocable, il y a
cependant une exception. C'est que la loi dit que lorsque l'épouse est
désignée bénéficiaire, elle est automatiquement
bénéficiaire irrévocable, sans condition de forme. A ce
sujet, nous aimerions que non seulement l'épouse nommée sur une
police d'assurance soit bénéficiaire irrévocable, mais
aussi le conjoint donc rendre cela plus générique
c'est-à-dire non seulement l'épouse mais le conjoint, que ce soit
l'époux ou l'épouse de même que les enfants.
Si, par exemple, sur une police d'assurance-vie ce sont ou
l'épouse ou l'époux ou les enfants qui sont nommés
bénéficiaires, même s'ils n'ont pas accepté comme
tels, ce sont des bénéficiaires irrévocables au sens de la
loi. Nous croyons que ce serait là peut-être importer une notion
de la Loi de l'assurance des maris et des parents qui a été
abrogée en vertu de ce projet de loi-là.
Nous aimerions également que le legs universel fait dans un
testament comprenne le produit de toutes les polices d'assurance-vie
désignant un bénéficiaire révocable, de
manière à clarifier la situation au moment du décès
d'un assuré.
Egalement, en matière d'irrévocabilité, si on
accepte le principe qu'un assuré désigne comme
bénéficiaire son conjoint ou ses enfants comme
bénéficiaire irrévocable, il y aurait peut-être lieu
que le projet de loi envisage la situation du produit de cette police
d'assurance en matière de divorce.
L'article 208 du code civil permet au juge d'annuler certaines donations
dans un contrat de mariage, mais ne lui permet pas de rendre révocable
le bénéfice d'une police d'assurance. En d'autres termes, si, par
exemple, M. A a désigné son épouse
bénéficiaire d'une police d'assurance, l'épouse n'est pas
obligée d'accepter, mais elle est quand même
bénéficiaire irrévocable, parce que le projet de loi le
prévoit ainsi. Advenant un divorce entre les deux conjoints, il y aurait
lieu que la loi prévoie la possibilité pour le juge de rendre le
produit de la police ou la désignation du bénéficiaire
révocable.
Ainsi, si l'épouse de A est coupable ou jugée indigne, si
c'est elle qui est la partie fautive, le juge pourrait dire: Bien voici, dans
mon jugement, la police qu'avait prise M. A en faveur de Madame B devient
maintenant révocable, ce qui permettrait au mari de changer le
bénéficiaire de la police.
M. TETLEY: Me Audet, permettez-moi de noter que les commentaires que
vous faites à l'heure actuelle sont d'ordre technique et assez
technique, je crois...
M. AUDET: C'est assez technique.
M. TETLEY: Je sais très bien que le député de
Saint-Maurice a tout compris, mais peut-être qu'il y a d'autres...
M. DEMERS: Oui, j'ai entendu, M. le Président.
M. TETLEY: Nous avons reçu votre mémoire il y a une
semaine ou dix jours, je crois, nous l'avons étudié et nous
allons le réétudier avec nos fonctionnaires, mais j'aimerais que
vous terminiez le plus tôt possible, parce que j'ai certaines questions
d'ordre très général sur les trois grandes questions
soulevées par vous, Me Thisdale et Me Demers.
M. AUDET (Jean-Marc): D'accord. Il reste seulement deux points à
discuter encore: La question de l'insaisissabilité d'une police
d'assurance. Nous faisons la distinction entre l'insaisissabilité de la
police d'assurance du vivant du contractant et l'insaisissabilité du
produit de la police d'assurance après le décès du
contractant. Nous croyons qu'il y aurait lieu de préciser, d'une
façon très ferme et très claire, dans la loi, que toute
police d'assurance est insaisissable du vivant du contractant à moins
que le contractant ait transporté sa police en garantie. Nous croyons
que ce serait là un principe très clair à exprimer, qu'il
y aurait lieu d'exprimer et de rédiger dans le texte de loi.
D'autre part, au décès du contractant, en principe, il y
aurait lieu de distinguer si le bénéficiaire est
irrévocable ou révocable. Si le bénéficiaire est
irrévocable, ce qui comprend l'épouse et les enfants, nous
aimerions que le projet de loi précise très clairement que le
produit de l'assurance n'est pas saisissable puisqu'il appartient à un
bénéficiaire irrévocable. Même s'il n'y a pas de
bénéficiaire nommé dans la police et que ce sont
l'épouse et les enfants qui en fin de compte sont les
bénéficiaires de la police, parce qu'ils sont des
héritiers légaux au sens de la loi, nous recommandons que,
même à ce niveau-là, le produit de la police d'assurance
soit insaisissable.
Enfin, il y a l'article 113 du projet de loi qui dit ceci:
L'aliénation de la chose assurée met fin à l'assurance,
sauf si la police est transportée en même temps. Nous portons
à votre attention les termes "sauf si la police est transportée
en même temps." Nous faisons une distinction
d'abord au sujet de la vente d'une maison. Moi, je vends ma maison
à B. Je transporte en même temps la police d'assurance, donc le
droit de propriété dans la police et dans toute la police. Cet
article, à ce moment-là, serait acceptable. Mais si d'autre part,
moi, j'hypothèque ma maison en faveur d'une compagnie C, à ce
moment-là, je transporte certains droits dans ma police d'assurance, le
droit à l'indemnité éventuelle. A ce moment-là il
ne faudrait pas que cette police devienne nulle pour le simple fait que j'ai
transporté des intérêts dans une police d'assurance
à la compagnie C. C'est très technique mais nous croyons que
l'article 113 est assez mal rédigé, surtout si on le compare
à la rédaction antérieure du code civil.
En d'autres termes, le terme "aliénation" à l'article 113
est très générique et on devrait faire la distinction
entre l'aliénation d'un droit de propriété et la cession
de droits ou de certains droits dans une police d'assurance-feu, en
particulier.
C'est là, M. le ministre, quelques-unes des précisions que
nous voulions ajouter au mémoire, pour certains articles. Mais disons
que nos recommandations sont d'ordre général, très
techniques et nous croyons de toute manière que cette loi est
très valable et acceptable. C'est certainement là un coup de
maître et nous souhaitons que ce projet de loi soit accepté le
plus tôt possible.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. TETLEY: Merci. Vous avez soulevé trois questions importantes.
Tout d'abord: Est-ce que la loi en question doit se trouver en partie dans le
code civil?
M. AUDET (Jean-Marc): Nous faisons une distinction entre le droit
substantif et le droit administratif.
M. TETLEY: En partie de droit substantif, etc. Dans le cas de l'autre
d'ailleurs... Voici la réponse: Nous avons tout d'abord
rédigé la loi comme un code, dans l'esprit d'un code. Cela ne
ressemble pas au droit commun ou à la loi des assurances ailleurs. Donc,
nous avons gardé l'esprit qui est important, que c'est un code
écrit dans le refonded code.
Deuxièmement, en France, où nous nous sommes
inspirés, on a mis le code d'assurance dans un code à part.
De mémoire, parce que c'est une question que j'ai
étudiée au printemps lorsque j'ai présenté le bill
au conseil des ministres, troisièmement, le citoyen, l'homme qui n'est
pas notaire, ni avocat, disons le député de Saint-Maurice ou de
Dorchester ou de Laurier, il veut trouver la loi dans un seul cahier,
plutôt que dans deux endroits.
Et aussi l'avocat et le notaire et, je crois, les assureurs. Nous avons
eu des demandes à cet effet, de ces groupements, que ce soit au
même endroit. Ce n'était pas dans le code civil, c'était
dans le code civil partie commerciale, à la fin, n'oubliez pas. C'est un
autre argument. C'était à la fin. Je crois que c'est, de
mémoire, dans le 7e rapport. Comme vous le savez, nos trois
codifi-cateurs, qui ont fait un rapport l'un après l'autre, dans le 7e
rapport, de mémoire, ont stipulé que la Loi des assurances serait
hors du code, mais dans la section commerciale. Donc la solution que je
préconise n'est pas une décision finale, parce qu'il y en a
d'autres, de très grands juristes qui partagent votre opinion.
Moi Je préconise une loi des assurances visible et proche du
peuple mais attachée et imprimée dans le code civil à la
fin, et de mettre certains articles dans le code, parce que ça affecte
les personnes. On peut les mettre dans les chapitres des personnes ou le titre
des personnes, et d'autres ailleurs dans le code, et le reste, à la fin.
Je trouve que ce n'est pas la solution pour l'année 1973. Ce
n'était pas même la solution pour l'année 1866 lorsque le
code a été adopté. C'est une opinion, et je sais qu'il y a
de très grands juristes qui ne partagent pas cette opinion.
Au sujet de la vente de l'assurance par les notaires, j'ai certaines
réticences, sauf que je trouve, selon votre compromis ou votre solution,
que c'est un droit acquis intéressant. Je ne dis pas que c'est
acceptable. J'aimerais entendre les commentaires de mes collègues ici
parce qu'il y a des notaires qui vendent de l'assurance, des immeubles,
préparent les titres, demandent des honoraires pour la recherche des
titres parfois aux deux parties, une comme vendeur et l'autre pour la recherche
des titres. Ils font des prêts aussi. C'est une profession avec plusieurs
pouvoirs. D'autre part, les notaires ont une grande compétence et si
quelqu'un peut valablement agir dans tous ces sens-là, ça va
énormément aider le citoyen qui, au lieu d'aller à quatre
ou cinq endroits, a devant lui un seul homme qui peut donner ces services.
C'est un centre commercial personnel, mais je dis que j'ai certaines
réticences et j'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet.
Le troisième commentaire que j'aimerais faire, c'est au sujet de
votre remarque, Me Demers, suivant laquelle l'agent doit viser l'assureur. J'en
prends note. Elle va assez loin, mais c'est important.
M. DEMERS (Gilles): Faites-vous allusion à l'article 412, M. le
ministre?
M. TETLEY: Oui. Le pouvoir de lier l'assureur.
M. DEMERS (Gilles): Ce n'est pas la même chose, là. On ne
parle pas de la même chose.
M. TETLEY: En tout cas, je n'ai pas à l'esprit l'article, mais
votre remarque, je trouve que c'est très important. Je me demande si
c'est une revendication valable.
M. DEMERS (Gilles): M. le ministre, concernant le droit des notaires de
vendre de l'assurance...
M. TETLEY: Mais permettez aux autres députés
présents de faire leurs commentaires. Peut-être parce qu'ils ont
une certaine expérience aussi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui, le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que je voulais dire là-dessus, c'est
que le même problème, ou un problème semblable s'est
présenté dans le code des professions pour les médecins
qui vendaient des médicaments dans des régions
éloignées.
M. TETLEY : Les médecins ne vendaient pas de l'assurance-vie,
j'espère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, pas de l'assurance-vie, mais des
médicaments dans des régions éloignées. Quand nous
avons étudié...
M. DEMERS: ... cela pour les entrepreneurs de pompes
funèbres.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le code des professions, nous avons
dû statuer si c'était un champ d'exercice exclusif pour chacune
des deux professions. Les pharmaciens vendent des médicaments et les
médecins font de la médecine, mais nous étions devant une
situation de fait. Dans des régions un peu plus éloignées,
il n'y avait pas de pharmaciens, pas de pharmacies et le médecin
était le professionnel de la santé qui dispensait, qui
distribuait les médicaments et cela rendait service à la
population. On a accepté une période de transition de, je pense,
cinq ans, durant laquelle les pharmaciens le Collège des
pharmaciens et les associations de pharmaciens se sont engagés
à inciter les professionnels, les pharmaciens à aller s'installer
dans ces régions-là.
Au fur et à mesure que des pharmaciens s'installeront, les
médecins n'auront pas le droit de vendre des médicaments. Je
comprends qu'on est dans un domaine où il y a deux professions
d'engagées. Il y a le notaire qui, dans des régions où il
n'y a pas d'agent d'assurance, vend de l'assurance; d'autre part, l'agent
d'assurance ne jouit pas encore, sauf erreur il faudrait que je retourne
au code des professions de l'exclusivité du champ de pratique.
Cela n'a pas été reconnu encore. Peut-être qu'un jour
l'agent d'assurance, devenant de plus en plus un professionnel de la vente de
l'assurance, aura non seulement un titre réservé mais aura aussi
peut-être un champ d'exercice exclusif.
Pour ma part, tenant compte de la situation de fait dans laquelle se
trouvent certaines régions où des notaires donnent ce service
complémentaire et rendent à la population un service que la
population a le droit d'avoir dans ces régions où il n'y a pas,
pour toutes sortes de raisons faible densité de la population,
éloignement d'agent d'assurance, je pense qu'on devrait
peut-être permettre cette période de transition comme on l'a fait
dans le domaine de la santé. Cela permet aux agents d'assurance de voir
s'ils ne peuvent pas aller servir cette région-là ou si des
jeunes de ce milieu-là ne pourraient pas acquérir la formation
nécessaire dans le domaine des assurances et aller s'y installer. A
partir de ce moment-là, il serait bien dit que quand il arrive un agent
d'assurance dans cette région-là, qui est capable de donner des
services d'assurance-vie, d'assurance générale, le notaire se
retire de ce champ de pratique. Je pense que c'est un compromis qui est bien
acceptable et pour la Chambre des notaires, pour protéger les droits
acquis de ceux qui donnent des services à la population, et aussi pour
la profession des agents d'assurance qui devient de plus en plus une profession
spécialisée. Il y a des études, il y a des cours, il y a
des diplômes qui se donnent, alors je pense que, là aussi, on
devrait les protéger.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
L'Islet.
M. GIASSON: M. le Président, personnellement, je trouve plus que
raisonnable la demande formulée par la Chambre des notaires à
l'effet de garder les droits acquis aux notaires qui, déjà, ont
une clientèle du côté de l'assurance et également
pour les motifs invoqués par le député de Montmagny. Je
dis que je la trouve très raisonnable parce qu'on limite ce droit acquis
à ceux qui exercent déjà dans le champ de l'assurance et
qu'on ne le demande pas pour ceux qui sont en profession mais qui n'ont jamais
touché au domaine de l'assurance ainsi que pour les nouveaux venus dans
le monde du notariat.
Cela me paraîtrait être d'une exigence fantastique que de
vouloir, d'un seul coup, d'une seule décision, leur retirer ces droits.
D'ailleurs, dans d'autres domaines... Le député de Montmagny a
fait allusion à la question des médicaments pour les
médecins dans les centres éloignés. Je regarde dans la loi
qui régit les courtiers d'assurance du Québec; on visait à
ce que le courtier d'assurance devienne un homme à temps plein dans le
monde de l'assurance mais on a gardé encore des droits acquis à
ceux qui avaient d'autres activités en dehors du champ de l'assurance
propre. Il ne faudrait pas être plus exigeant vis-à-vis de ce qui
existe du côté du notariat que ce qui existe dans d'autres
secteurs de l'activité sociale ou financière au
Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Pour abonder dans le sens du député de
Montmagny, n'y aurait-il pas lieu que le comité interprofessionnel, le
bureau interprofessionnel ou l'Office des professions, qui chapeaute tout le
code des professions et qui se réunit assez régulièrement,
soit saisi du problème, si problème il y a, de l'exercice, par
les notaires, du droit d'assurer et que ce soit référé
là?
Qu'on délimite leur champ d'activité comme on a
délimité les champs d'activité de toutes les autres
professions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais une question à
poser afin de mesurer l'ampleur du problème. Combien de notaires,
à votre avis, exercent encore la profession d'assureur dans leur
milieu?
M. DEMERS (Gilles): C'est infime. M. LATULIPPE: Combien?
M. DEMERS (Gilles): Je dirais que, dans les milieux urbains, c'est
à peu près inexistant. Cela n'existe pas en milieu urbain, sauf
peut-être les notaires qui ont une pratique depuis très longtemps,
et encore là, c'est minime. Cela peut exister dans des centres ruraux
éloignés. Là-dessus, la position de la Chambre des
notaires est très claire. On voudrait que les notaires fassent du
notariat. Cela arrête là. Mais évidemment, il y a des
endroits où on est confronté avec ce problème. On essaie
de le résoudre de la meilleure façon. Je pense que celle que nous
vous proposons et celle que vous nous offrez peuvent se marier afin d'arriver
à un compromis valable. On ne veut pas priver les gens qui sont
là du service d'un assureur et on ne veut pas non plus d'une
façon draconienne, pénaliser un notaire qui a bâti sa
clientèle plutôt dans ce domaine. Si on peut lui donner l'occasion
de se recycler sur une période de temps, pas de problème.
M. LATULIPPE: M. le Président, tout en étant d'accord avec
ceux qui m'ont précédé, je pense que le ministre a un
moyen très facile, grâce au contrôle qu'il peut avoir par
l'émission des permis à ceux qui auront le droit de faire de
l'assurance, d'avoir une mesure de tolérance dans sa
réglementation qui évitera de retourner le problème au
code des professions. Je pense que c'est un problème limité
à une portion infime de la profession.
M. TETLEY: Nous n'avons pas à régler ce problème
ici.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
l'Islet.
M. GIASSON: M. le Président, j'aimerais bien avoir la position ou
l'opinion du ministre sur la référence à l'article 412 du
projet de loi où on interdirait à un notaire qui serait
administrateur d'une société d'assurance, par exemple, ou
officier dans une compagnie, de faire des transactions pour un client ou au nom
d'un client qui transigerait avec ladite compagnie où il est
administrateur. C'était ça, je pense, l'idée de ces
articles.
M. DEMERS (Gilles): L'article 412, à toutes fins pratiques,
empêcherait cela.
M. TETLEY: La raison est que, dans certains cas, dans le passé,
il y avait un conflit d'intérêts. Les gens étaient
administrateurs, dirigeants et même présidents, occupaient des
postes à la direction de compagnies et ils touchaient aussi des
honoraires. C'est pourquoi nous avons cet article dans la loi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Laurier.
M. MARCHAND: M. le Président, je suis complètement
d'accord avec ce que le député de l'Islet a dit
précédemment quant à laisser un droit acquis aux notaires.
D'ailleurs, tout le monde connaît la grande compétence du
député de l'Islet dans ce domaine. Je pense que le
député de l'Islet est l'un des hommes les plus compétents
au Parlement et dans le domaine de l'assurance.
M. DEMERS (Gilles): C'est juste.
M. MARCHAND: Et je suis d'accord avec lui. Maintenant, je voudrais
demander, même si on a dit que, dans les milieux urbains, il n'y avait
pas tellement de notaires qui professaient ce métier, s'il y en a, par
exemple, sur l'île de Montréal.
M. AUDET (Jean-Marc): Nous en doutons.
M. MARCHAND: Est-ce qu'il y en a à Montréal
même?
M. AUDET (Jean-Marc): On ne pourrait pas vous l'affirmer, mais nous en
doutons très très fort, sauf des notaires, peut-être, qui
ont 75 ans d'âge et plus. Il n'y en a pas chez les jeunes.
M. MARCHAND: Avec la foule d'agents d'assurance que nous avons un petit
peu partout dans toutes les associations, je me demande vraiment ce qu'ils
feraient là.
M. AUDET (Jean-Marc): Dans notre esprit, nous avons deux ou trois cas en
particulier.
M. MARCHAND: D'accord.
M. AUDET (Jean-Marc): Des gens en Gaspésie ou sur la Côte
Nord qui sont isolés malgré tout et qui assurent ce service
depuis X années.
M. MARCHAND: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres commentaires des membres de la
commission?
Merci, messieurs.
M. TETLEY: Je vous remercie Mlle Thisdale et M. Audet.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'invite immédiatement la
Société funéraire, région Baie Comeau Inc.
M. TETLEY: Je voudrais ajouter, entre parenthèses, que l'article
412 était tiré de la loi fédérale et aussi de la
loi américaine. Il y a quelques abus que nous voulons éviter dans
l'avenir. C'est pourquoi l'article se trouve dans la loi. Certains
administrateurs dirigeaient des affaires vers eux mêmes par leur
compagnie, croyez-le ou non.
M. DEMERS (Gilles): On vous croit, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Au-riez-vous l'amabilité de
vous présenter, s'il vous plaît?
Société funéraire de
Baie-Comeau
M. DESMEULES: André Desmeules. Je représente la
Société funéraire de Baie-Comeau. J'ai avec moi, ici,
l'abbé Donat Breton, qui est curé de la paroisse Saint-Georges de
Baie-Comeau, qui est secrétaire...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou)-. Excusez-moi. Voulez-vous
répéter le nom de l'abbé, s'il vous plaît?
M. DESMEULES: L'abbé Donat Breton, qui est curé de la
paroisse Saint-Georges de Baie-Comeau et secrétaire de la
société, ainsi que M. Raymond Montmigny, trésorier, et M.
Marcel Boulanger, conseiller en administration.
Alors, je veux remercier le président et M. le ministre de nous
avoir permis de nous présenter aujourd'hui. Notre mémoire a
été soumis à la dernière minute. Voici, en deux
mots, en quoi consiste la Société funéraire, région
de Baie-Comeau, et quelle est l'origine de cette société.
Elle remonte à l'automne de l'année 1971, alors qu'un
groupe de membres du conseil des Chevaliers de Colomb de Baie-Comeau
réalisaient que plusieurs personnes, dans les milieux
défavorisés et même dans les classes moyennes, avaient de
la difficulté à rencontrer les dépenses énormes qui
sont occasionnées lors du décès d'un membre de leur
famille. D'ailleurs, le conseil des Chevaliers de Colomb de Baie-Comeau a
été appelé, à plusieurs reprises, à fournir
une aide financière à ces gens qui, autrement, devaient
s'adresser à des compagnies de finance ou à des compagnies de
prêt et qui contractaient des dettes énormes.
Alors, c'est pour pallier cette situation qu'un groupe de membres du
conseil des Chevaliers de Colomb en question, dont faisait partie l'abbé
Breton, ont décidé de former une société
funéraire sous l'empire des dispositions de la partie III de la Loi des
compagnies, c'est-à-dire une corporation sans but lucratif.
Voici comment cela fonctionne. La compagnie recrute des membres. Elle
leur charge un droit d'entrée de $10 et, ensuite, un montant annuel de
$15 est exigé par chef de famille et de $10 par personne
célibataire. En retour, le chef de famille, son épouse, ainsi que
ses enfants jusqu'à l'âge de 18 ans et même au-delà
de 18 ans, si l'enfant est encore étudiant, et le célibataire,
s'il est seul évidemment, ont droit à un service funéraire
gratuit au cas de décès d'une des personnes en question. Je peux
dire que les services funéraires qui sont offerts par la
société sont à peu près identiques à ce qui
se donne actuellement dans nos milieux par n'importe quelle compagnie qui
exerce ce commerce de funérailles.
Immédiatement après sa fondation, la Société
funéraire a reçu un accueil extrêmement enthousiaste de la
part de la population de Baie-Comeau et des environs, puisque, dès le
mois de septembre 1973, la société comptait 3,655
adhérents, soit des chefs de famille et des célibataires, ce qui,
en fait, englobait un groupe de 12,000 à 13,000 personnes qui sont
couvertes actuellement par les services offerts par la
société.
Même deux mois après...
M. TETLEY: Pardon, monsieur, combien?
M. DESMEULES: 12,000 à 13,000 personnes. Voici, c'est 3,655
adhérents. Cela comprend des chefs de famille et des
célibataires. Alors, si on prend une moyenne de quatre personnes
à peu près par famille, on arrive à 12,000 ou 13,000
personnes qui sont couvertes par la société en question.
La charte a été obtenue le 1er février 1972 et deux
mois après sa fondation, il y avait déjà 2,300 chefs de
famille et célibataires qui avaient adhéré à la
société. Cela représentait de 8,000 à 10,000
personnes.
M. TETLEY: La cotisation annuelle est de combien?
M. DESMEULES: De $15 pour un chef de famille et de $10 pour un
célibataire, plus un droit d'entrée, la première
année, de $10 qui n'est pas renouvelable, évidemment, si le chef
de famille renouvelle sa cotisation par la suite.
M. TETLEY: C'est payable pendant combien d'années?
M. DESMEULES: Aussi longtemps que le chef de famille le veut.
Evidemment, à chaque année, c'est renouvelable. A chaque
année, on lui demande une cotisation de $15, pour lui, sa femme et ses
enfants jusqu'à 18 ans, ou plus de 18 ans si c'est un étudiant.
Il renouvelle sa cotisation d'année en année. Si, une
année, il décide de ne plus renouveler la cotisation il n'est
plus membre et il n'a plus droit, évidemment, aux services.
M. TETLEY : Avez-vous votre propre maison funéraire, etc.? Quel
est votre système?
M. DESMEULES: A propos du système, l'abbé Breton pourrait
peut-être détailler plus, mais voici ce que j'en sais. La
société a son propre système. Elle a un local, à
Baie-Comeau, où les gens sont exposés. Elle achète
elle-même ses cercueils, elle a son fourgon pour conduire les gens
à l'église et au cimetière. La société donne
elle-même les services pour accommoder les gens en question.
En 1972, 41 personnes décédées étaient
éligibles aux services et ont eu droit au service funéraire. En
1973, jusqu'au 1er septembre, le chiffre qu'on me donne, c'est 27 personnes
décédées, parmi les membres de la société,
qui ont eu droit aux services.
Je peux dire, d'après ce que l'abbé Breton me dit, ainsi
que les autres membres de la société, que toutes les familles
concernées ont été entièrement satisfaites des
services funéraires qu'on a donné, dans les circonstances, parce
qu'autrement cela leur aurait coûté environ $1,100 par service
funéraire.
M. MARCHAND: Mais la moyenne revient à quoi, dans les tarifs,
pour une personne?
M. BRETON: C'est-à-dire que nous fournissons un service
complètement gratuit selon une description qui est établie
à l'avance.
M. MARCHAND: D'accord. Mais la moyenne de coût, pour une personne,
revient à peu près à quoi, $150, $200 ou $250?
UNE VOIX: $15.
M. MARCHAND: Cela coûte $15 par année, je suis d'accord
avec vous. Ce que je demande, c'est la moyenne de paiement pendant X
années pour une personne.
M. BACON: ... pendant 60 ans...
M. DESMEULES: Actuellement, les personnes qui sont
décédées la première année, cela leur a
coûté $25. Le droit d'entrée...
M. MARCHAND: Je comprends très bien. Je demande la moyenne.
M. BRETON: Est-ce que je comprends bien votre question, à savoir
au moment des funérailles, qu'est-ce que cela coûte? Est-ce que
vous voulez savoir?
M. MARCHAND: Ce n'est pas cela du tout. La moyenne des personnes qui ont
été dans votre société, depuis X années.
Vous n'avez pas de moyenne, actuellement?
M. DEMERS: ... par la moyenne de vie.
M. MARCHAND: Si c'est depuis 1971, il n'y a pas de moyenne.
UNE VOIX: La charte a été obtenue...
M. MARCHAND: Je suis certain que votre moyenne est bonne. Je voulais
vous la faire dire mais c'est trop récent.
M. DEMERS: ... vivre 150 ans. UNE VOIX: Cela va coûter cher.
M. MARCHAND: Mais cela va être à son avantage.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Gouin.
M. JORON: Je voudrais poser une petite question, brièvement.
Est-ce qu'il y a une limite d'âge? Evidemment, s'il y a un bonhomme,
à 107 ans, qui vient vous voir, vous êtes à peu près
sûr que...
M. BRETON: II n'y a pas de limite d'âge. Il y a une condition
à l'effet que les personnes au-delà de 65 ans, au moment de leur
adhésion, en plus des dispositions normales de $15 pour une famille ou
$10 pour un célibataire, doivent payer $50 par personne pour une
période de trois ans, ceci afin d'assurer la société que
la personne paie au moins son coût direct. S'il y a mortalité dans
la première année de cotisation, la société, pour
ces cas, demande $150 de surplus.
Dans la deuxième année de cotisation, $100 de surplus;
dans la troisième, $50; pour ce qui est de la quatrième, c'est
sur le même pied que tous les autres membres.
M. DESMEULES: Je crois également que vous n'assurez pas
évidemment une personne qui est à l'hôpital.
M. BRETON: La seule exclusion qu'on a, c'est qu'on n'assure pas une
personne hospitalisée.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je demanderais à M. Desmeules
de continuer son exposé.
M. DESMEULES: Comme je le disais, il y a
eu 41 personnes en 1972, 27 en 1971 et le bilan des opérations
pour la première année s'est soldé avec un surplus de
$18,590. De ceci, on avait déduit les dépenses d'organisation qui
s'élevaient à environ $5,000. Pour l'année 1973, les
chiffres ne sont pas encore publiés, mais je pense que le surplus va
être supérieur à celui-ci.
Maintenant, pour permettre â la société de
fonctionner sur une base d'affaires, on fait faire actuellement une
étude actuarielle pour établir notre coût, le montant que
l'on doit charger et, à partir de cette étude, soit qu'on
réduise la cotisation ou qu'on offre des services additionnels, si on le
peut.
Evidemment, le problème que la société affronte par
rapport au bill 7, c'est l'article 74 qui vient prohiber les contrats
d'assurance funéraire. Le législateur a probablement des raisons
pour avoir placé dans le bill cet article 74, paragraphe 1). Nous
ignorons les raisons, elles doivent sûrement être excellentes.
M. TETLEY: Est-ce de l'assurance que vous vendez? Moi, je trouve que
c'est idéal de donner aux citoyens des funérailles à des
prix très modiques. C'est mon ministère qui vous a accordé
votre charte en 1971. Donc, je ne suis pas prêt à vous retirer en
1973 par une loi la charte que je vous ai accordée en 1971.
M. JORON: Est-ce qu'il s'agit d'assurance funéraire?
M. TETLEY: C'est une compagnie sans but lucratif en vertu de la
troisième partie de la Loi des compagnies. Ce n'est incorporé en
vertu d'aucune loi des assurances?
UNE VOIX: Non.
M. TETLEY: Donc, nos articles 74 et 589 de la loi sont contre les
maisons funéraires; disons que la compagnie John Smith ou Joseph
Tremblay, maison funéraire, vend de l'assurance ou soi-disant de
l'assurance. Mais vous... Moi, je suis membre d'une société de
secours mutuel...
M. JORON: Une coopérative funéraire?
M. TETLEY: Oui, Mgr Lavoie me l'a vendue la dernière fois qu'il
est venu ici. Je suis membre.
M. JORON: II veut vous enterrer.
M. TETLEY: II veut enterrer un protestant à Saint-Roch
apparemment.
UNE VOIX: II n'y a plus de différence aujourd'hui.
M. DEMERS: II a toujours protesté, lui. Vous allez vous
comprendre tous les deux.
M. TETLEY: II est pas mal protestant ou protestataire, c'est vrai, Mgr
Lavoie.
M. DEMERS: Vous avez bien raison de ne pas aller à
l'assemblée annuelle.
M. TETLEY: Certain. Je n'y suis pas allé. M. DEMERS: Attendez
d'être mort.
M. TETLEY: Mais je me demande si vous êtes visés par notre
loi. Si vous l'êtes, nous allons modifier la loi.
M. DESMEULES: On a été informé par le conseiller
juridique de votre ministère qu'on était visé par la loi.
C'est la raison pour laquelle les gens de notre société ont eu
des craintes, mais ce n'est peut-être pas définitif. En fait, on
peut dire qu'il y a un contrat qui se passe entre la société et
ses membres. On leur donne un papier et on leur dit: Voici ce qu'on vous offre
et, en retour, vous nous donnez tant.
M. TETLEY: Ce que je n'aime pas, c'est qu'après un an et demi,
vous ayez $18,000 de surplus.
M. DEMERS: C'est sans but lucratif.
M. DESMEULES: Evidemment, l'argent reste, parce qu'on ne peut pas le
distribuer.
M. TETLEY: Des réserves, mais après 30 ans, ils en auront
combien?
M. JORON: Cela va faire du monde à enterrer.
M. DEMERS: Vous ne pouvez pas blâmer une région
d'être en santé.
M. JORON: Je signale que c'est dans un comté péquiste.
Cela doit être pour ça qu'ils sont en santé.
M. BRETON: L'organisation de notre société a
été basée sur des budgets qui ont été faits
le mieux possible à notre connaissance, et après une certaine
période d'activité qu'on s'était fixée à
l'avance, nous voulions faire faire une étude actuarielle. Ce qui se
fait présentement. Selon les résultats de l'étude, il peut
arriver que l'actuaire nous suggère certaines modifications à
l'effet qu'on demande peut-être trop cher. C'est possible. Mais si on
demande trop cher, ce sera notre devoir d'aller en assemblée
générale et d'offrir peut-être des services additionnels ou
de réduire le coût, selon la décision des membres. C'est
dans ce sens. Il nous paraît aussi nécessaire, dans une
organisation comme la nôtre, de prévoir des fonds de
réserve suffisants pour le futur.
M. TETLEY: Il est possible, M. l'abbé Breton, que nous puissions
sans frais vous transformer en société mutuelle afin de vous
donner d'autres droits dans votre charte, ce qu'on m'a suggéré
ici. Il y a une solution, c'est certain.
Nous, pour notre part, ne voulons pas de petites compagnies d'assurance
par les maisons funéraires. C'est très injuste. Nous avons le cas
d'un homme de 80 ans qui est le père du propriétaire. Pour $2, il
est assuré, il meurt et tout le monde paie pour ce bonhomme. Dans votre
cas, c'est dans votre paroisse, c'est très démocratique, et je ne
vois pas de problème. Mais si la loi vous affecte j'espère
que non nous allons modifier la loi.
M. DESMEULES: C'est cela, évidemment, on ne sait pas si la loi
nous affecte ou non, on nous a dit que c'était possible. L'article 589,
par contre, semblait nous dire: Vous allez pouvoir continuer à
fonctionner, mais sans passer de nouveaux contrats. Evidemment, cela n'est pas
une solution, parce que, éventuellement, on va finir par
s'éteindre. D va y avoir des décès, il va y avoir des gens
qui déménagent, puis passé un certain niveau ce ne sera
plus économiquement viable.
M. TETLEY: Je vois une solution, comme l'a suggéré M.
l'abbé. C'est que, avec l'argent, parce qu'il y a un surplus de $18,000
une année... je vais devenir actionnaire...
M. DEMERS: Je comprends. Il faudrait dire que, probablement, ils ont
assuré seulement des jeunes en partant, mais ils vont vieillir, les
petits bonshommes.
M. JORON: Ils en ont 3,600.
M. BACON: C'est une bonne chose...
M. TETLEY: Je n'ai rien contre, sauf qu'avec l'argent vous pouvez
peut-être aider les malades...
M. BACON: ... préparer les morts, dans vos services
additionnels...
M. TETLEY: En tout cas, continuez M. Desmeules.
M. DESMEULES: En vertu des dispositions de la partie 3 des compagnies,
ce surplus ne peut pas être partagé, il ne peut pas être
distribué, il faut qu'il reste dans la compagnie, parce que c'est une
compagnie sans but lucratif.
M. BACON: Vous en avez besoin.
M. DESMEULES: Evidemment, la compagnie ou la société est
prête à se conformer à tout règlement que le
ministre voudra édicter, que ce soit sous forme de dépôt ou
de réserve auprès du ministre, du ministère ou du service
des assurances. Ce qu'on veut, je pense, c'est un service qui est rendu
à la population. Comme on le disait, chaque fois qu'il y a eu un
service, à Baie Comeau ou dans les petites paroisses des environs, la
société a recruté des adhérents sans aucune... les
gens ont vu ce qui se passait, ont vu de quelle façon les services
étaient donnés, il y a eu de nouveaux adhérents qui se
sont présentés sans aucune sollicitation. Je pense que l'accueil
que la population a fait démontre que cela répond à un
besoin réel et on espère qu'il y aura une solution de
trouvée pour qu'on puisse continuer à donner ces services.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Quelles sont vos possibilités de placement? Votre
réserve de $18,000, c'est en quoi cela? Avez-vous des placements
quelconques?
M. DESMEULES: La réserve, je comprends, est placée en
dépôt garanti. Il y a un montant de $10,000 placé
actuellement pour un dépôt de garanti de 5 ans.
M. BACON: Obligatoire?
M. DESMEULES: Non, cela a été fait du propre chef des
administrateurs, par bonne administration et le reste est placé sur
dépôt à terme échelonné à des
périodes moins longues...
M. BACON: Excellent.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un groupe de chevaliers de Colomb qui a
pris cette initiative. Vous étiez sept, mais ce n'est pas seulement les
membres chevaliers qui ont le droit de souscrire, c'est tout le public. Est-ce
qu'à votre connaissance, il y a d'autres conseils de chevaliers de
Colomb dans la province qui ont pris semblable initiative? Je crois savoir
qu'il y en a d'autres.
M. BRETON: A notre connaissance, il n'y en a pas présentement,
mais au moins deux ont pris des renseignements auprès de notre
organisation pour lancer la même chose ailleurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais quand je dis d'autres groupes ailleurs,
là je fais allusion à des groupes qui n'assurent ou qui
n'admettent dans ce programme-là, dans ce plan que des Chevaliers de
Colomb et leur famille à l'intérieur d'un conseil de Chevaliers
de Colomb. Je sais que ça existe à des endroits le
ministère pourra vérifier auprès de l'organisme central
des Chevaliers de Colomb ici dans la province de Québec, mais je
crois savoir qu'il y a des conseils de Chevaliers de Colomb qui fournissent ces
mêmes services moyennant une contribution spéciale en même
temps que la cotisation annuelle se paye. C'est une section, c'est un fonds, un
compte de banque spécial dans lequel on verse ces cotisations-là.
Les membres
chevaliers seulement je ne voudrais pas m'avancer trop loin
mais au moins les membres chevaliers ont ces bénéfices au
moment du décès mais peut-être que leur famille aussi peut
bénéficier de ces avantages.
M. BRETON: A ma connaissance il y a plusieurs conseils de Chevaliers de
Colomb que je connais qui ont un système d'assurance groupe simplement
pour les membres et, au décès, c'est un montant d'argent qui est
donné à la famille dans les 24 heures.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une autre forme. Est-ce que
ceux-là seraient couverts par cette même loi?
M. TETLEY: Mais ces systèmes ne sont pas un problème pour
nous, c'est plutôt les commerçants qui ont le même
système et un système très frauduleux.
M. DESMEULES: C'est ce qu'on a cru qu'il y a eu des abus dans
l'autre...
M. TETLEY: De grands abus mais j'ai toutes sortes de lettres des gens
qui ont payé des années. Le prix de la maison funéraire
est de $1,000 et il n'y a qu'un escompte de $150 et aucun contrôle du
prix chargé par la maison funéraire.
UNE VOIX: Dans notre cas c'est absolument gratuit.
M. BRETON: Je pense qu'il nous apparaît que, du moins quant
à nous, nous avons été inquiets à la suite de la
lecture de l'article 74. Nous avons consulté Me Hamel, qui est à
côté de vous.
M. TETLEY: C'est lui le responsable.
M. BRETON: ... Il nous a dit que l'article 74 semblait nous viser
directement. C'est à la suite de cela que nous avons
étudié plus profondément la chose. Maintenant, si la loi
ne veut pas nous viser directement, je pense qu'il y aurait peut-être une
précision à apporter à l'article de telle sorte qu'il soit
clair qu'une société comme la nôtre puisse continuer
d'exister.
M. TETLEY: Je vous remercie, messieurs. M. DESMEULES: Merci, M. le
ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, j'invite immédiatement
le groupe de Corporations de courtiers d'assurances.
Corporations de courtiers d'assurance
M. MELOCHE: M. le Président, M. le ministre, messieurs, M. Alan
Drumm, vice-président de Morris and MacKenzie, à ma droite; M.
Thomas Litchfield, à mon extrême-gauche, président de
Robert Howard and Co. A ma gauche également, Claude Saint-Pierre,
vice-président de Dupuis, Parizeau, Tremblay et également de
Johnson & Higgins. Moi-même, Pierre Meloche, vice-président
exécutif de J. Meloche Inc. et également président de
Monnex Insurance Agencies Ltd. compagnie de courtiers établie en
Ontario. Nous avons été désignés pour
représenter un groupe de 23 des plus importantes corporations de
courtiers d'assurance établies au Québec.
Le secrétaire des commissions parlementaire a bien voulu nous
inviter à répondre à vos questions qui pourraient
découler de la présentation à votre commission d'un
mémoire préparé par Me...
M. TETLEY: Avez-vous un texte?
M. MELOCHE: Le texte, je pense, vous a déjà
été soumis.
M. TETLEY: 19. Pardon, continuez.
M. MELOCHE: Le mémoire a été préparé
par Me Pierre de Grandpré au nom de 23 bureaux de courtiers d'assurance
constitués en corporation. Nous vous sommes reconnaissants, messieurs,
d'avoir bien voulu nous convoquer. Malheureusement, à cause du court
délai, Me de Grandpré étant retenu en cour
Supérieure, il ne peut être présent. Donc s'il y a des
questions d'ordre technique, on ne pourra pas y répondre, on ne pense
pas avoir la compétence légale nécessaire.
Nous éviterons de vous lire le document qui vous a
déjà été soumis. Permettez-nous, cependant,
d'insister, dans l'intérêt public, sur les points suivants.
L'Association des courtiers d'assurance de la province a déjà
soumis un mémoire à votre commission. Les courtiers d'assurance,
constitués en corporation, endossent ce mémoire, exception faite
de certaines dispositions qui les touchent plus particulièrement. Or, la
Loi des courtiers d'assurance n'accorde pas présentement à
l'Association des courtiers le pouvoir de décerner des permis aux
corporations de courtiers.
Il est à se demander aussi si, présentement, la loi est
suffisamment claire pour que le surintendant ait le droit de décerner
des permis à une corporation. C'est à se demander effectivement
si, vraiment, les corporations sont contrôlées. Donc,
l'association n'accorde pas ce permis présentement. Seules les personnes
physiques peuvent être membres de l'association et celle-ci ne peut que
décerner des certificats d'appartenance à ses membres. Les
corporations de courtiers sont d'accord pour reconnaître à
l'association seule le droit de surveiller et de contrôler la
qualité de l'acte professionnel.
Lorsqu'il s'agit, toutefois, de réglementer la structure à
l'intérieur de laquelle les courtiers
d'assurance peuvent désirer exercer leur profession, nous
soumettons que cette autorité revient de fait, comme dans le cas de
toute autre corporation, au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives. Le surintendant des
assurances comme représentant de ce ministère semble être
la personne toute désignée pour émettre ces permis aux
corporations de courtiers d'assurance. Dans son mémoire même,
l'association reconnaît qu'il est nécessaire que les corporations
de courtiers obtiennent des permis. Or, on s'entend là-dessus, je pense
bien. L'association veut que les corporations soient contrôlées;
nous aussi on accepte ce fait. Nous recommandons cependant que les corporations
soient sous le contrôle du ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives plutôt que sous le
contrôle d'une association, l'Association des courtiers d'assurance de la
province de Québec.
Au fait, nous recommandons que la nouvelle loi établisse
clairement, d'une part, que les permis aux corporations de courtiers
d'assurance soient émis par le surintendant comme représentant du
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives à la condition que les courtiers représentant
ces corporations au Québec soient membres en règle de
l'association; donc, que l'acte professionnel soit contrôlé, que
l'individu faisant partie d'une corporation soit contrôlé au point
de vue de l'éthique professionnelle, au point de vue de la discipline,
par une association professionnelle mais que, par contre, le véhicule,
la corporation, l'institution qui existe, soit contrôlé par le
ministère.
D'autre part, nous recommandons que l'Association des courtiers soit
seule compétente à juger de la qualité de l'acte
professionnel de ses membres. En fait, ce que l'on suggère, c'est qu'on
ne confonde pas, en définitive, trois notions pourtant fort distinctes:
la connaissance de la compétence professionnelle du courtier sur le plan
personnel pour lui permettre de poser des actes de courtage; d'autre part,
l'octroi d'un permis au milieu institutionnel où l'acte professionnel
est posé par les personnes autorisées personnellement, et en
troisième partie, la propriété des entreprises de
courtage. Je pense que ce sont là trois notions tout à fait
différentes.
Je pense également à une question qui n'a pas
été soulevée dans le mémoire mais qui a
été soulignée cet après-midi.
Je pense qu'il est valable que les corporations, autant du Québec
que des autres provinces, s'établissent sur un niveau national ou
même international pour fournir aux assurés en
général un meilleur service, plus de capacité d'assurance,
de meilleurs services au point de vue technique.
M. le ministre a déjà soulevé la question de
l'Ontario ou d'autres provinces; présentement, je pense qu'il y a un
certain conflit entre les provinces. Il est très difficile de normaliser
la réglementation entre provinces. Je pense honnêtement que ce
serait beaucoup plus facile si les corporations du Québec, ou
établies au Québec, étaient contrôlées par
votre ministère. Je pense qu'il y aurait beaucoup plus de
facilité à normaliser la réglementation entre les
différentes provinces si on ne laissait pas intervenir une association
professionnelle en plus des différents ministères
provinciaux.
En résumé, messieurs, ce sont nos commentaires. Vos
questions seraient les bienvenues.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. TETLEY: Merci, M. Meloche. Avez-vous la réponse à ma
question sur ce qui se passe en Ontario? Est-ce que les corporations ont des
permis du gouvernement ou de leur association?
M. MELOCHE: En Ontario, les associations agissent dans
l'intérêt du public. Elles n'ont aucun pouvoir sur la
réglementation. Les permis aux membres et les permis aux corporations
sont émis par le surintendant, par le ministère.
M. TETLEY: L'association en Ontario fait quoi, en effet?
M. MELOCHE: Elle tente par différents moyens d'améliorer
la formation de ses membres, elle fait de l'éducation, mais elle n'a pas
de pouvoirs comme on les connaît ici au Québec. On sait que
l'association professionnelle au Québec détient des pouvoirs
quant à la discipline des membres.
M. TETLEY: L'association n'a aucun droit disciplinaire?
M. MELOCHE: Non. En Ontario, non. Sans faire de discrimination, je pense
qu'on est un pas en avant sur le voisin pour une fois.
M. TETLEY: A votre association, ici à Québec, est-ce qu'il
y a eu un vote? Evidemment il y a eu une discussion, il y a eu un vote parce
que l'association viendra bientôt, la semaine prochaine, présenter
un mémoire. Vous êtes les quatre compagnies... Vous avez dit les
23 compagnies?
M. MELOCHE: Exactement, nous représentons vingt-trois
compagnies.
M. TETLEY: Est-ce que les 23 compagnies ont voté pour ou contre
lors du scrutin?
M. MELOCHE: Pour.
M. TETLEY: Evidemment, l'association a eu une résolution, je
suppose, présentée ou quelqu'un a présenté une
résolution lors d'une réunion de l'association des courtiers,
adoptant
leur point de vue. Etiez-vous présent lors du vote?
M. MELOCHE: Au fait, le problème a commencé il y a un an
et demi ou à peu près. Le problème a débuté
quand un certain article du bill 157 a failli être changé.
Certains courtiers ont voulu amender un des paragraphes de la Loi des courtiers
qui dit qu'un certain bonhomme ne peut pas pratiquer à
l'intérieur d'une corporation à moins que la corporation soit
contrôlée quant au vote, quant aux actions votantes par 51 p.c,
soit par une majorité de courtiers. Or, certains courtiers ont voulu
augmenter le pourcentage de 51 p.c. à 100 p.c. Donc, une corporation de
courtiers qui aurait appartenu à d'autres qu'à des courtiers du
Québec n'aurait pas eu le droit de pratique au Québec. Tout
ça a déclenché une espèce non pas de guerre mais de
rébellion, tout au moins. On a vu une autre crise d'octobre,.. Tout ce
que cette histoire a amené est que certains avocats ont analysé
la Loi des courtiers pour trouver qu'il y avait une certaine ingérance,
qu'au fait, la loi permettait de contrôler des individus et
qu'effectivement certains paragraphes en arrivaient à contrôler
les corporations. Donc, c'est pour ça qu'aujourd'hui on vous
suggère de faire la différence entre le contrôle des
corporations et des individus. On prétend que la loi, le bill 157, n'est
pas précis là-dessus. Cela a été la première
partie; il n'y a pas eu de vote. Pour répondre à votre question,
M. le ministre, il n'y a pas eu de vote de pris là-dessus ou disons que
s'il y a eu des votes, il n'y a pas eu de changement, c'est demeuré
à 51 p.c.
La deuxième partie qui a été soulevée...
M. TETLEY : Un instant. Quel est le nom de votre association ou de votre
corporation?
M. MELOCHE: L'Association des courtiers d'assurance de la province de
Québec.
M. TETLEY: L'Association...
M. MELOCHE: Des courtiers d'assurance de la province de
Québec.
M. TETLEY: ... des courtiers d'assurance... M. MELOCHE: De la province
de Québec.
M. TETLEY: ... de la province de Québec. Bon. Est-ce qu'ils ont
voté en faveur du mémoire qu'ils vont présenter?
Apparemment, l'Association des courtiers d'assurance de la province de
Québec va venir ici la semaine prochaine.
M. MELOCHE: D'accord. J'agis à titre...
M. TETLEY : Est-ce qu'ils ont un mandat, en effet? Parce que je vois 23
compagnies, plus Reed Shaw Osier qui sont contre. Comment se fait-il qu'ils
aient un mandat de présenter un mémoire et comment avez-vous un
mandat? Je vois, dans la même association, deux mandats.
M. MELOCHE: Au fait, il y a eu une assemblée
générale, en juin, où la question a été
présentée, mais il n'y a pas eu de vote précis sur le
mémoire qui a été présenté. Il n'y a pas eu
de vote, non plus, au niveau du conseil d'administration et j'en fais partie.
Il y a eu, par contre, un comité qui a été chargé
de présenter un mémoire, mais il n'a pas eu l'appui du
membership. Il n'y a pas eu d'appui des membres en général quant
à la présentation du mémoire, quant au contenu du
mémoire, au principe de base, à la dissociation des fonctions ou
des responsabilités de l'association quant aux corporations et aux
individus. Il n'y a rien eu de précis là-dessus. Pour
répondre à votre question, il n'y a pas eu de vote.
M. JORON: Avez-vous pris connaissance du mémoire que va
présenter l'association, la semaine prochaine? Est-ce que vous
êtes en accord ou en dissidence avec ce mémoire, ce qui fait que
vous êtes ici aujourd'hui?
M. MELOCHE : Non. Au fait, on endosse le rapport ou le mémoire de
l'Association des courtiers, sauf en ce que l'association, qui n'a jamais
contrôlé les corporations, veut, à l'avenir,
contrôler les corporations. On ne pense pas qu'elle soit habilitée
à contrôler les corporations.
M. JORON: D'accord. Elle veut contrôler les corporations. Dans
quel sens?
M. MELOCHE: En ce sens qu'elle voudrait exercer un contrôle dans
l'intérêt public. L'intérêt public, apparemment,
pourrait être mieux servi si la propriété des corporations
était celle des courtiers.
M. JORON: C'est cela, le point en litige, si je comprends bien.
M. MELOCHE : Au fait, c'est ça le point en litige.
M. JORON: C'est la même chose que la IDA et les courtiers en
valeurs mobilières, cette question-là.
M. MELOCHE: Au fait, si le projet de loi était adopté
comme tel ou si ce principe était accepté, cela veut dire que, si
les sociétés nationales avaient des associés formés
en corporations, mais des associés dans chaque province, quand il
y a des affaires qui sont transigées dans trois, quatre, cinq, six ou
sept provinces inévitablement le contrôle de 51 p.c. ne
pourrait être détenu par des courtiers du Québec.
M. JORON: Oui, mais là, si je comprends
bien, la question ne porte pas sur la résidence au Québec;
elle porte sur le fait qu'une corporation ne se qualifie plus dès
l'instant où plus de la moitié des actions dans la
société appartiennent à des gens qui n'exercent pas le
métier de courtiers en assurance.
M. MELOCHE: II y a une nuance, d'accord. Par contre, de la façon
dont le texte a été préparé ou de la façon
dont c'est appliqué, je pense que, quand on réfère
à un courtier, ici au Québec, cela s'appelle, en Ontario, un
agent.
Donc, quand on parle de brokers ou de courtiers, cela veut dire des
Québécois seulement, parce qu'en Ontario ce sont des agents. On
n'a pas le droit de s'appeler broker ou courtier en Ontario; il faut s'appeler
agent. L'équivalent est un agent. Donc, ceux qui font partie de la
compagnie Meloche doivent s'appeler des insurance agents, en Ontario, et des
courtiers ici.
Pour répondre à votre question, si le texte de loi dit
qu'il faut que 51 p.c. des votes soient détenus par des courtiers,
techniquement, des courtiers, cela veut dire seulement des gens du
Québec. Il y a un conflit.
Maintenant, il y a le problème des sociétés
publiques. Je pense que les grandes corporations sont le plus souvent
desservies en matière d'assurances par de grandes corporations de
courtiers qui font des affaires sur une base internationale. Un bon nombre de
ces compagnies sont des compagnies publiques. Comment peut-on exiger que de
telles compagnies nationales ou internationales soient assujetties à des
restrictions quant au contrôle par des courtiers (51 p.c. des votes) ou
encore qu'elles soient contrôlées par l'Association des courtiers
d'assurances de la province de Québec. Il nous semble plus raisonnable
que de telles corporations soient contrôlées par le
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. le ministre a posé une question, tout à l'heure. En
Ontario, le surintendant exige qu'un courtier résident soit responsable
des opérations, réponde des opérations d'une corporation
résidente. C'est peut-être une solution pour qu'il n'y ait pas de
façons d'échapper à des responsabilités pour une
corporation en prétendant qu'il n'y a aucun individu, aucun
professionnel qui a exercé un acte professionnel.
Mais je pense qu'il faut dissocier la propriété, l'acte
professionnel et le milieu dans lequel l'acte est posé. Il y a trois
questions. Par contre, la solution, évidemment, ou l'idéal, c'est
de protéger le public. C'est ce qu'on recherche, nous aussi. Mais on ne
pense pas qu'il soit valable de mêler les trois notions parce que ce
serait défavorable et, au fait, ce serait contre l'intérêt
public.
J'ai mentionné tout à l'heure que nous de notre groupe,
nous étions établis en Ontario. Si on s'est établi en
Ontario, c'est qu'on considère qu'il faut élargir nos cadres pour
fournir de meilleurs services, soit d'ordre technique, ou de capacité,
ou de placement, autant sur les marchés européens,
américains ou autres. Je pense qu'il faut élargir nos cadres. Ce
n'est pas le temps de les restreindre.
M. JORON: Mais enfin, tout cela, c'est un vieux débat. Je prends
l'exemple que j'ai vécu dans le domaine des courtiers en valeurs
mobilières. A l'origine, autrefois, les courtiers en valeurs
mobilières ne pouvaient même pas s'incorporer en compagnies par
actions, sur la base de la responsabilité professionnelle, de la
même façon qu'on ne permet pas aux ingénieurs, aux
médecins ou aux avocats de s'incorporer dans des sociétés.
C'est venu dans l'évolution des choses. Après cela, on a permis
aux courtiers de s'incorporer. On a continué d'exiger, par contre, que
le contrôle de ces corporations soit détenu par des gens du
métier, qu'il n'y ait pas une majorité de outside capital.
Cette question, cela fait plusieurs années qu'elle est en
discussion, parce que la profession que vous exercez est à cheval entre
une opération commerciale, d'une part, et une opération
professionnelle, de l'autre.
M. MELOCHE: Oui.
M. JORON: C'est cela qui pose toute la difficulté. Je ne sais pas
comment on peut trancher cela.
M. MELOCHE : Oui, c'est évidemment très complexe à
cause de l'opération commerciale. Evidemment, on est des professionnels,
on pose un acte professionnel. On est des consultants. Par contre, il y a quand
même une opération commerciale. Pour vraiment rendre les services
auxquels le public s'attend et a droit, surtout lorsque nous assurons des
grandes entreprises ou de grands risques, il est fort important que nous
puissions profiter de l'appui technique et financier de grandes institutions
telles que les assureurs européens ou américains ou les grandes
maisons de courtage internationales. Maintenant, je pense qu'en dissociant les
trois notions déjà mentionnées, il n'y a pas de
problème.
Que l'association contrôle les individus. Par ricochet, le
ministère ne pourrait-il pas suivre certaines suggestions d'une
association professionnelle comme, par exemple, pour contrôler la
publicité, pour contrôler l'éthique et la discipline ainsi
de suite. Le ministère pourrait peut-être appliquer certaines
normes établies par l'association et qu'on accepte. En fait,
l'association joue un rôle formidable au Québec, dans son
domaine.
Je pense que peut-être des parties de règlements de
l'association pourraient être applicables aux corporations de courtiers,
mais définitivement, qu'il soit quand même laissé au
ministère plutôt qu'à une association professionnelle, de
contrôler les corporations. Comme
Me Tellier cet après-midi l'a indiqué c'est qu'on a deux
blocs, qui font la contrepartie; les corporations de courtiers qui
contrôlent un volume d'affaires très important et les individus
qui par leur force numérique veulent imposer certaines restrictions aux
corporations importantes. Je pense honnêtement qu'il est du rôle du
gouvernement de trancher cette question dans l'intérêt du public
et des courtiers eux-mêmes. Que l'association contrôle la pratique
des individus et que le ministère contrôle les corporations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le pharmacien quand il vend un
médicament, l'optométriste quand il vend une paire de lunettes,
ça arrive aussi; il y a le partage, de fait, entre l'acte commercial et
l'acte professionnel. Ce n'est pas encore réglé. La discussion se
poursuit encore là-dessus, pour le pharmacien, la même chose, la
façon dont il va être rémunéré, ça
devient un problème, la surveillance de l'acte professionnel, ça
devient aussi un problème, alors je...
M. JORON: Est-ce que pour cette raison dans le cas des pharmaciens
justement pour les...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les pharmaciens qui sont propriétaires
à 51 p.c. des parts.
M. JORON: Non, mais c'est ça le problème
soulevé.
M. MELOCHE: Au fait ce qui voudrait dire qu'une corporation publique de
courtiers d'assurances pourrait être détenue à 51 p.c. par
des gens du métier sans pour autant qu'ils soient résidents du
Québec ou du Canada.
M. JORON : Pour ça, oui.
M. MELOCHE: Ainsi le public ne pourrait pas avoir plus de 49 p.c. des
votes et les gens du métier devraient contrôler 51 p.c. Il
faudrait cependant faire la distinction dans la loi entre un courtier
d'assurances et un insurance agent. D faudrait que la définition soit
dans le sens le plus large, pour permettre, je pense, à ceux du
métier, à ceux qui sont responsables vis-à-vis le client,
qui vraiment accomplissent ou rendent l'acte professionnel d'être
considérés comme des gens du métier qu'ils soient
résidents de Montréal, Vancouver, Londres ou Paris.
M. LITCHFIELD: Si vous permettez, sans répéter les mots
que M. Meloche mentionne, je pourrais procéder peut-être par un
exemple. Je représente une firme qui a des bureaux à travers le
Canada, parce que les besoins de nos clients, je parle de firmes nationales
à ce moment-là, sont établis ici à travers le
Canada. Alors, si dans chaque province, il faut que la corporation ait 51 p.c.
des votes par des résidents je comprends difficilement qu'on puisse
rejoindre neuf ou dix provinces avec 51 p.c. à chaque endroit. Par
rapport aux besoins de nos clients... C'est la même chose, je pense, pour
Morris MacKenzie pour Robert Howard, enfin ça existe dans plusieurs
domaines, le service d'assurance est un service qui, vous me permettez, est
différent d'un service de pharmacien ou d'un service d'ingénieur.
Peut-être, on se doit de suivre nos clients là où leurs
opérations ont lieu. Que les actes posés par des courtiers dans
le Québec, membres de l'Association des courtiers d'assurance soient
régis par l'Association des courtiers d'assurance, parfait. Mais, si le
droit de propriété ou, enfin, la propriété de la
corporation, par rapport à ses besoins, ne peut pas être
concentrée dans un seul et même endroit, cela n'a rien à
voir avec l'Association des courtiers d'assurance. Cela relève
plutôt du ministère des Institutions financières.
M. MELOCHE: M. le Président, si vous me permettez un dernier
commentaire...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord.
M. MELOCHE: Ce que M. Joron suggère, au fait, je pense que c'est
un compromis valable. Par contre, il y a un élément qui
crée un autre problème, celui des direct writers. Assumons que
l'acte professionnel et le milieu où il est posé soient
séparés, que le ministère contrôle les corporations
quant au point de vue financier etc., et que les individus soient
contrôlés par l'association quant à l'éthique, la
discipline etc. A ce moment-là, je pense qu'il y aurait un
contrôle aussi sur les "direct writers", les assureurs qui opèrent
directement. Il pourrait peut-être y avoir un contrôle semblable
par le ministère sur ces institutions qui, au fait, rendent au public un
service semblable. On peut prétendre qu'ils sont moins bons, mais
assumons qu'ils donnent un service semblable à celui des courtiers. Si
le compromis de M. Joron était accepté, il y aurait une
restriction à l'endroit des courtiers, ce qui veut dire que les
assureurs, les compagnies d'assurance n'auraient pas cette condition que leur
corporation soit détenue à 51 p.c. par des gens du métier,
tandis que les courtiers l'auraient. Je suis d'accord avec vous. Il y a l'acte
professionnel et il y a l'acte commercial, mais il y a aussi cet aspect qu'il y
a des assureurs qui interviennent en plus et qui nous créeraient un
problème en tant que courtiers ici, au Québec. Maintenant, si on
y regarde de plus près, il y a beaucoup d'entreprises ici qui
réussissent assez bien; je pense à des entreprises du
Québec. En ce qui concerne les directs writers, je n'en connais peu qui
soient au Québec. Donc, peut-être qu'en s'imposant 51 p.c. on
s'impose des restrictions. On pourrait restreindre les assureurs, mais je ne le
verrais pas dans ce sens-là; je préférerais voir un
élargissement des cadres.
M. JORON: Les direct writers, vous parlez d'une compagnies comme
Wawanesa, par exemple, ou semblable.
M. MELOCHE : Oui. Qui contrôle quand même un volume
important au Québec.
M. JORON: Allstate, c'est la même chose?
M. MELOCHE: Exactement, qui ne seraient pas sujettes à ces
restrictions des 51 p.c. et qui, en fait, offrent des services au public de la
même façon.
Maintenant, selon notre suggestion, on pourrait dissocier l'acte
professionnel et laisser nos corporations sous votre tutelle.
Inévitablement, si vous exigez des critères d'éthique
professionnelle, ou de discipline, ou autres, ou certains contrôles sur
nos corporations, je pense que vous allez peut-être exiger les
mêmes de ces gens qui pratiquent l'assurance directement. Ce sera dans
l'intérêt public, je pense, honnêtement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, merci, messieurs.
M. MELOCHE: Merci.
M. TETLEY: Thank you very much, gentlemen. Je vous remercie. Vous
êtes à la fin, je vous demande pardon, mais peut-être que
c'est le meilleur vin à la fin.
Il nous reste deux mémoires, mais les témoins sont
absents, ils ne pouvaient pas venir.
Je voudrais suggérer, M. le Président, que nous ajournions
jusqu'à mardi, le...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le 25 septembre.
M. TETLEY: ... 25 septembre à dix heures...
UNE VOIX: Dix heures ou dix heures trente?
M. TETLEY: ... ou dix heures trente. Qu'est-ce que vous
préférez? M. le secrétaire, est-ce que cela ne vous
affecte pas?
UNE VOIX: D'accord.
M. TETLEY: Dix heures trente. Mais cela va être très vite.
Nous allons passer rapidement les mémoires. Un de ces mémoires
vous affecte. Je voudrais suggérer, M. Meloche, qu'un des membres de
votre groupement soit ici, pour répondre peut-être à
d'autres questions, parce qu'un débat a été soulevé
par le mémoire que nous n'avons pas lu. C'est possible qu'on vous repose
des questions.
M. MELOCHE: D'accord. Donc, le 25?
M. TETLEY: Mardi, le 25 septembre, à dix heures trente.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission ajourne ses
travaux à mardi, 25 septembre, dix heures trente.
(Fin de la séance à 17 h 27)