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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Projet de loi no 7 Loi sur les assurances
Séance du mardi 25 septembre 1973
(Dix heures quarante minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs! Nous allons procéder immédiatement. J'appellerais Me
Véronique Roberge, représentante de l'Association provinciale des
assureurs-vie du Québec.
Association provinciale des assureurs-vie du
Québec
MME ROBERGE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission parlementaire des institutions financières,
compagnies et coopératives, je suis Véronique Roberge, conseiller
juridique permanent de l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec, et j'ai le plaisir de vous présenter la
délégation de cette association: M. Rosaire Bertrand, de
Québec, assureur-vie agréé, président de
l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec; M. Richard
Lemieux, de Sherbrooke, assureur-vie agréé, vice-président
de cette association; M. Archibald Bookless, de Montréal, assureur-vie
agréé et comptable agréé, directeur du
comité permanent de la fiscalité et de la législation de
cette association; M. Jacques Grenier, directeur général de cette
association.
M. Bertrand.
M.BERTRAND: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission parlementaire, l'association que nous
représentons est heureuse de profiter de l'occasion qui lui est offerte,
ce matin, de soutenir le mémoire qu'elle vous a adressé sur le
projet de loi sur les assurances.
Notre association est le seul organisme qui représente les
assureurs-vie du Québec et qui est officiellement reconnue par le
service des assurances. Elle compte plus de 4,500 membres, groupés en 21
associations régionales réparties dans la province de
Québec. Tous sont des assureurs-vie de carrière et un grand
nombre d'entre eux sont des assureurs-vie agréés.
Bien que notre association ne représente pas tous les agents
d'assurance-vie du Québec, elle compte la grande majorité des
assureurs-vie de carrière et nous soulignons qu'une récente
étude sur le statut de l'assureur-vie, au Québec,
effectuée à notre demande par le département des relations
industrielles de l'université Laval, démontrait que 75 p.c. du
volume d'assurance-vie, au Québec, étaient souscrits par
l'intermé- diaire d'assureurs-vie membres de notre association.
Nos membres jouent, au Québec, un rôle économique et
social des plus importants. Auprès du public, leurs activités se
caractérisent par la double fonction d'intermédiaires entre
l'assureur et l'assuré et de conseillers permettant l'adaptation des
combinaisons de protection et de sécurité financière
à des besoins individuels.
Dans cette perspective, notre association se reconnaît des
responsabilités, à la fois à l'égard de ses membres
et envers le public. Nous avons donc orienté les activités de
l'association en fonction du rôle qu'elle entend jouer. Nous nous
préoccupons d'abord de la formation professionnelle de nos membres et de
leur perfectionnement, en suivant une politique d'éducation
permanente.
A cet égard, nous aimerions mentionner que nous avons
collaboré récemment avec le ministère de l'Education,
à élaborer un projet d'introduction de l'enseignement de
l'assurance vie au niveau des CEGEP. De plus, nous exerçons un
contrôle sur la conduite de nos membres qui sont soumis à un code
de déontologie ou d'éthique professionnelle qui donne la
priorité aux intérêts du public assuré.
Il nous fait plaisir de souligner que nous avons été la
première association professionnelle à créer son propre
comité de protection du consommateur qui reçoit les plaintes du
public ayant trait aux activités des assureurs-vie. Nous
déplorons cependant que notre association, dont l'adhésion est
volontaire, ne regroupe pas tous les assureurs-vie du Québec et, donc,
qu'un certain nombre d'entre eux puissent tirer profit de ces services et ne
soient pas soumis aux mêmes règles de conduite professionnelle.
Cependant, au nom de la grande majorité des assureurs-vie, nous vous
soumettons respectueusement nos commentaires sur le projet de loi no 7, Loi sur
les assurances.
Nous croyons que cette refonte du droit des assurances du Québec
était nécessaire et nous avons accueilli avec beaucoup de
satisfaction ce projet de loi qui remplace des lois parfois
désuètes et certainement incomplètes et qui nous
présente un véritable code des assurances dont la
rédaction a été présidée par le désir
de protéger adéquatement le public et de permettre le
développement d'un des secteurs économiques les plus importants
au Québec. Nous nous réjouissons du fait que certaines
dispositions de ce projet de loi prévoient l'adoption d'une
réglementation souple, qui permettra à l'industrie de l'assurance
de se développer au rythme de notre évolution économique
et sociale.
Nous soutenons que la loi devrait proscrire tout ce qui est nettement
contraire à l'intérêt public et qui le demeurera mais
qu'elle ne devrait pas comporter des interdictions non nécessaires et
qui sont susceptibles d'enrayer un développement normal dans le domaine
des
assurances. C'est dans cette optique que nous avons formulé les
commentaires contenus dans le mémoire que nous avons soumis. Nos
commentaires ne portent que sur les dispositions de la loi qui ont trait aux
questions reliées à nos responsabilités et à nos
préoccupations, auxquelles nous suggérons des modifications. Nous
ne croyons pas qu'il soit nécessaire de soulever ici toutes les
questions mentionnées dans notre mémoire, mais nous aimerions, si
vous le permettez, souligner brièvement quelques points.
A l'article 145, qui parle de l'appel des décisions du
surintendant et de ses adjoints, nous recommanderions de prévoir un
recours judiciaire pour forcer le surintendant des assurances ou ses adjoints
à agir ou à s'abstenir d'agir dans certaines circonstances et un
appel à la cour Provinciale des décisions rendues par le
surintendant ou ses adjoints. Nous recommandons une nouvelle disposition. On
demande la création d'un organisme consultatif chargé de
conseiller le gouvernement en matière d'assurance.
Cet organisme serait représenté par des composantes de
l'industrie de l'assurance et du public. Les règlements adoptés
en matière d'assurance devraient faire l'objet d'études et de
représentations préalables par cet organisme consultatif ou, en
son absence, par les parties intéressées.
L'article 197 traite de l'interdiction pour l'assureur-vie de
siéger au conseil d'administration d'une compagnie qu'il
représente. Nous croyons que cette mesure peut être
discriminatoire à l'égard de l'agent d'assurance et ne nous
parait pas suffisamment justifiée. Nous en demandons la radiation.
Article 467, représentant les sociétés de secours
mutuels. Nous demandons la radiation de ce paragraphe qui a pour objet de
soustraire aux prescriptions de la loi, concernant les agents, un grand nombre
de personnes qui agissent à ce titre et dont les activités ne
sont pas autrement régies ou contrôlées, ce qui est
certainement contraire à l'intérêt public.
Article 476, titre que peut prendre un assureur-vie. Après avoir
souligné qu'il y aurait lieu de remplacer l'expression anglaise life
insurer par l'expression life underwriter et de corriger la version anglaise du
nom de l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec, qui
devrait se lire: The Provincial Association of Quebec Life Underwriters, nous
recommandons de réunir les sous-paragraphes d) et e), de façon
à éviter toute équivoque. Je souligne, M. le
Président, que nous sommes très heureux de voir que le terme
assureur-vie a été employé plutôt que le terme
producteur-vie.
Article 477, titre, conseiller ou consultatif. Nous suggérons que
cet article soit modifié pour en faire une disposition
générale, ne visant aucun titre en particulier.
A l'article 480, nous demandons de rayer de cet article, les mots: "qui
en sont en même temps des actionnaires", puisqu'il s'agit de la
responsabilité professionnelle reliée à la fonction
d'agent et non au titre d'actionnaire.
A l'article 483, la loi devrait interdire à l'assureur de fixer
des primes qui ne comprennent pas la commission normale d'agent.
A l'article 484, nous suggérons de modifier ce paragraphe de
telle sorte que la réglementation relative au remplacement de polices
d'assurance sur la vie puissent porter sur les remplacements impliquant
d'autres instruments de sécurité financière et sur les
devoirs à cet égard de toutes les personnes autorisées par
le gouvernement à transiger dans le domaine de la sécurité
financière.
A l'article 485, nous demandons d'accorder au débiteur, non
seulement le choix de l'agent d'assurance, mais également le choix de
l'assureur. Nous soumettons qu'il y aurait lieu d'exiger que le
créancier divulgue le coût de l'assurance relative à
l'obligation contractée.
Nous espérons, messieurs, que ces recommandations recevront votre
approbation et nous vous remercions de l'attention que vous nous avez
accordée. Nous serions maintenant heureux, mes collègues et
moi-même, d'apporter des précisions ou de répondre à
toutes les questions que vous désirez formuler.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. TETLEY: Je vous remercie, M. Bertrand, ainsi que vos
collègues, madame, d'être présents et de nous avoir
envoyé votre mémoire et votre résumé. Les deux
documents sont très importants et très bien
préparés. Je n'ai qu'une question, c'est au sujet de l'article
197, qui est une prohibition pour un agent ou autre personne d'agir comme agent
et aussi administrateur, parce que, suivant notre service d'assurance, certains
administrateurs donnaient tout simplement l'assurance à eux-mêmes
comme agent, et je ne vois pas votre objection. L'article n'est pas une
prohibition pour un agent d'être agent d'une autre compagnie. Si je note
le sens de vos commentaires dans votre mémoire...
M. BERTRAND: C'est une prohibition, M. le ministre, pour une compagnie
avec qui on fait affaire. Au Québec, un assureur-vie peut cela ne
veut pas dire qu'il le fait dans tous les cas mais il peut faire
affaires avec toutes les compagnies. On peut quand même en déduire
qu'il ne pourrait pas être eligible à un poste d'administrateur.
Si on veut parler de conflit d'intérêts, on ne voit pas quelle
différence il peut y avoir entre conflit d'intérêts pour un
simple assureur-vie d'être membre d'un conseil d'administration quand on
sait que, dans des conseils d'administration de différentes compagnies
d'assurance, il y a des gens de banques, de fonds mutuels, etc... Alors conflit
d'intérêts pour conflit d'intérêts, nous ne croyons
pas ou nous croyons plutôt, que ce serait discrimina-
toire d'éliminer l'assureur-vie, quitte peut-être à
modifier la loi ou à mettre un minimum ou un maximum requis, mais
à ne pas l'éliminer complètement.
M. TETLEY: Je prends bonne note de votre point de vue.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez parlé, M. Bertrand, du nombre
de membres qui font partie de votre association ; il y en a 4,500. A combien
estimez-vous le nombre de membres qui ne font pas partie de l'Association et
que vous voudriez bien... qui pourrait le faire?
M. BERTRAND: C'est très difficile d'estimer le nombre exact. On a
déjà fait une étude avec le département des
assurances. Il y a des types qui sont à l'extérieur du
Québec, qui ont des permis au Québec. Il y a des types qui sont
courtiers, qui font plutôt des affaires générales et qui
transigent un peu de vie. Je dirais qu'il y a environ 1,500 à 2,000
assureurs-vie qui pourraient être membres si on disait demain matin: Tous
ceux qui veulent vendre de l'assu-rance-vie doivent détenir une carte de
membre de l'Association des assureurs-vie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ces 1,500 membres sont à
temps complet dans la vente, dans la profession d'assureur-vie?
M. BERTRAND: Oui, si vous prenez en considération que, dans ces
membres, il y a aussi des courtiers d'assurances générales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez parlé également
et c'était intéressant des cours, de l'intégration
possible de cette option au CEGEP. Est-ce que vous pourriez être un peu
plus explicite là-dessus? Est-ce qu'il y a des démarches? A quel
point sont rendues les démarches? Quel est l'échéancier
possible? Quelles seraient un peu les avenues qui seraient permises?
M. BERTRAND: Vous tous qui êtes dans la politique savez qu'il y a
certaines choses qu'on peut dire et d'autres qu'on ne peut pas dire. Je peux
tout simplement dire que le projet est sur le bureau du ministre de
l'Education, qu'il a été très bien accueilli par les
membres du ministère de l'Education et que l'acceptation finale doit se
faire ces jours-ci.
Qu'est-ce qui se ferait? Ce serait que l'enseignement de l'assurance-vie
se donne dans les CEGEP, dans deux CEGEP expérimentaux. Ce serait la
base de l'assurance-vie. Je veux bien apporter un point clair et précis.
C'est que ce ne serait pas dans le but de former des assureurs-vie, ce serait
dans le but de mieux éduquer notre public, à savoir ce qu'est
l'assurance-vie, cette industrie tellement importante.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que votre association a fait certaines
démarches auprès de l'Office des professions, qui est en train de
se constituer ou avant que l'Office des professions ne soit constituée,
auprès du gouvernement, pour que la profession soit reconnue comme une
profession, soit à titre réservé ou à champ de
pratique exclusif?
M. BERTRAND: Mme Roberge.
MME ROBERGE: Oui, nous avons pris connaissance, justement, de la
nomination du directeur permanent du conseil interprofessionnel, Me Dussault.
Nous avons l'intention d'entrer en communication avec lui. Je pense que nous
aurons à faire une étude préalable pour soumettre en
détail les considérations que nous voudrions qu'il
étudie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a, dans votre profession,
plusieurs dispositions qui existent actuellement et qui sont compatibles et
exigées par le code des professions, tel que le code de
déontologie, le code d'éthique ou certaines règles
particulières à la profession d'assureur-vie?
MME ROBERGE: Oui, nous avons actuellement, comme partie de notre
constitution, un code d'éthique qui comporte une série d'articles
et une série de directives. Ce code a été fait à
partir des dispositions de la loi et va plus loin que les dispositions de la
loi. Il prend toujours, comme priorité, l'intérêt du
public.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans votre mémoire, une des
recommandations importantes, je pense bien, c'est que vous proposez une
nouvelle disposition. Je fais abstraction des suggestions que vous faites quant
aux articles actuels. Ce sont des modifications à caractère plus
technique. Mais celle-là, c'est une nouvelle disposition que vous
proposez, le conseil, l'organisme consultatif.
Vous avez entendu, j'imagine, les discussions antérieures, du
moins pour ceux ou celles d'entre vous qui étaient ici, aux
séances antérieures.
Vous avez entendu les observations qui ont été faites par
un autre organisme, un ou deux, je pense, et les réponses du ministre. A
la lumière de ce qui s'est dit à la commission parlementaire,
notamment, la réponse du ministre qui a déclaré je
ne voudrais pas le mal citer, il me corrigera si je me trompe qu'il
avait l'intention de mettre sur pied un comité consultatif des
institutions financières mais non sur une base aussi fortement
structurée que celle du Conseil supérieur de l'éducation
ou du Conseil supérieur des affaires sociales, avec un budget assez
considérable...
M. TETLEY: J'aimerais le budget, mais... M. CLOUTIER (Montmagny): Vous
aime-
riez le budget, oui. Le ministre est pratique, mais j'espère
qu'il ne veut pas le budget sans créer le conseil, par exemple. A la
lumière de ce qui a été dit, est-ce que cette formule
rencontrerait le souhait que vous exprimez dans votre mémoire? Vous
n'avez pas parlé tellement longuement sur la structure elle-même,
sur la forme que cela pourrait prendre. Vous avez souligné que ce serait
un organisme nécessaire et qui faciliterait les relations entre le
gouvernement et votre association, notamment pour l'étude des
règlements. Qu'est-ce que vous pourriez ajouter là-dessus, sur le
conseil consultatif?
M. LEMIEUX: M. le Président, d'abord, la raison pour laquelle on
n'a pas voulu parler plus longuement que cela du conseil consultatif, c'est
qu'on ne veut pas donner, évidemment, aux législateurs la
façon dont ça devrait être structuré, cette chose;
on pense que le législateur est capable de le faire. Seulement, on a
déjà fait parvenir à tous les députés de
l'Assemblée nationale, un projet dans lequel on suggérait une
certaine structure. Ce que l'on demande, dans le fond, c'est un comité
consultatif fonctionnel. Pour qu'il soit fonctionnel, évidemment, il
faut que tous les organismes intéressés à l'assurance y
participent, et cela inclut le public. En fait, sans le public, on n'en
vendrait pas de l'assurance.
On demande qu'il y ait peut-être, à l'intérieur d'un
comité ou d'un conseil des institutions financières, un
comité spécial qui s'occuperait de l'assurance en particulier et
auquel siégerait le public au même titre que tous les autres
intéressés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous autres, vous le rattachez au surintendant
des assurances.
M. BERTRAND: Particulièrement, assurément.
M. CLOUTIER (Montmagny): Particulièrement. Est-ce que vous
craignez, si ce comité des assurances est trop noyé dans le grand
comité des institutions financières, qu'il ait certaines
difficultés, peut-être, à faire entendre sa voix?
M. LEMIEUX: Cela, c'est sûr parce que le comité des
institutions financières, ça comprend, j'imagine, les compagnies
de fiducie. Cela va comprendre les banques, etc. Evidemment, il y a des
problèmes d'assurance qui n'intéressent pas les banques et qui
n'intéressent peut-être pas non plus les compagnies de fiducie. Ce
qu'on voudrait, c'est que, si le comité est bien structuré
à l'intérieur du grand conseil, il pourrait sûrement
être fonctionnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais peut-être une
question à adresser au ministre. Cette question du comité
consultatif, comme cela a été présenté, j'imagine,
à tous les députés, il y a plusieurs mois que vous avez
dû étudier la possibilité de l'introduire dans la loi.
Quels sont les motifs qui ont amené le ministère à ne pas
l'inclure immédiatement?
M. TETLEY: La demande faite ici, concerne plutôt un comité
consultatif de l'industrie des assurances. Il y a, au Québec, plusieurs
industries. Même dans mon ministère, il y a l'industrie des
courtiers en valeurs mobilières, des courtiers en immeubles; à
part de l'assurance, il y a toutes sortes de services: les compagnies de
fiducie, l'industrie des gens qui vendent les automobiles, etc., etc. On peut
avoir, au Québec, pour chaque industrie, un comité consultatif,
c'est-à-dire peut-être 1,000. Un comité consultatif, pour
un ministre, c'est une joie, mais c'est aussi un vrai problème, en
même temps. C'est très difficile. Le conseil consultatif ou le
Conseil de la protection du consommateur me demandent deux ou trois jours par
mois ou plus. Avoir deux comités et aussi être présent en
Chambre, être ministre, tout ce qu'il faut, c'est très
difficile.
C'est pourquoi aucune province n'a un comité consultatif ni un
Conseil de la protection du consommateur. Aucun autre ministre des Institutions
financières, ailleurs, n'a un seul comité. Moi, j'aurai deux
comités, celui de la protection du consommateur et celui des
institutions financières.
Donc, d'avoir un comité pour chaque industrie, cela me prendrait
100 jours par mois et je n'ai que 30 jours par mois.
La deuxième question, c'est que je crois que la demande de cette
dame et de ces messieurs est valable. Ils veulent que les compagnies
d'assurance, les courtiers, les agents, les mutuelles et toutes les
institutions à charte québécoise et à charte
fédérale soient ensemble, parce qu'il n'y a pas de concordance.
Ils veulent surtout, eux, faire des demandes légitimes au sujet de leurs
commissions, leurs heures de travail, la protection du public et tout. Est-ce
le rôle du gouvernement de les mettre ensemble?
Aujourd'hui, tout le monde parle de l'intervention du gouvernement. Moi,
je crois que c'est notre rôle. Je le vois pour ces gens qui demandent
l'intervention du gouvernement, parce que c'est vrai, n'est-ce pas, M.
Bertrand, que, jusqu'à maintenant, il n'y a pas de vrais liens ou de
rencontres dans l'industrie. C'est très difficile, même pour vous,
lorsque vous êtes venu me voir, c'était l'une des choses
soulevées de faire rencontrer et de mettre ensemble toutes les
compagnies, les agents et les courtiers, parce que même les compagnies,
pour certaines raisons, ne se rencontrent presque jamais. Elles ont une
association mais elles ont peur de la Loi des coalitions d'Ottawa ou ont
d'autres raisons. Elles sont trop concurrentielles.
Donc, est-ce le rôle du gouvernement de vous mettre ensemble? Le
plan que j'ai, c'est un autre comité consultatif pour les institutions
financières, et un comité spécial pour vous. Mais ne vous
levez pas, à l'avenir, pour dire qu'il y a trop d'interventions de la
part du gouvernement, parce que c'est vous qui êtes venus ici, ce matin,
demander l'intervention du gouvernement. Lorsque certains politiciens parlent
de l'intervention du gouvernement, de red tape et tout cela, voici un exemple
où on est venu publiquement demander ce qui n'existe pas dans la vie
privée ou dans celle de la coopération. Le gouvernement va nous
mettre ensemble mais peut-être pas exactement comme vous l'entendez.
Mais je note votre demande. C'est ma solution au problème.
M. BERTRAND: Vous m'avez demandé si j'étais d'accord, M.
le ministre. Je suis d'accord sur une partie de ce que vous avez dit, lorsque
vous dites qu'il est difficile, en fait qu'il est impossible, actuellement,
jusqu'à maintenant, de se rencontrer ensemble. Cependant, en aucun temps
et vous l'avez répété lorsqu'on vous a
rencontré, le point sur lequel je ne suis pas d'accord ce n'est
pas notre intention d'amener cet organisme consultatif à discuter de nos
conditions avec les compagnies, absolument pas. C'est quand il est question de
réglementation, quand il est question de domaines touchant l'industrie
de l'assurance-vie. Ce n'est la question, en aucun temps, pour nous, de
discuter, ou l'endroit où on discutera de nos commissions.
Maintenant, si M. Lemieux veut compléter, M. le ministre...
M. TETLEY: Oui. C'est presque impossible de discuter de l'industrie de
l'assurance sans parler de la protection des agents autant que du public. Je
trouve que c'est une discussion quand même valable. Si vous n'avez pas
cette intention, certains de vos membres avaient à l'esprit certaines
demandes que je trouve légitimes. Il y a aussi la question de savoir si
un agent peut vendre des valeurs mobilières et être en même
temps un agent d'assurance-vie ou de fond mutuels. Il y a toutes sortes de
questions qu'il faut étudier ensemble. C'est dommage que l'industrie ne
soit pas capable de créer un tel comité, mais s'il y a un vide,
c'est au gouvernement d'agir et nous allons agir.
M. LEMIEUX: Je crois, M. le Président...
M. LATULIPPE: Je me demande si, dans d'autres provinces du Canada, des
démarches semblables se font justement pour essayer d'introduire un tel
conseil ou si il en existe déjà.
M. LEMIEUX: II en existe un dans le moment, en Colombie-Britannique, un
genre de comité consultatif.
M. LATULIPPE: Depuis combien de temps existe-t-il?
M. LEMIEUX: Une dizaine d'années, si je me rappelle bien.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il est exactement de la même nature que
celui que vous réclamez?
M. LEMIEUX: Non.
M. LATULIPPE: II ne relève pas du ministre, mais du surintendant
des assurances?
M. LEMIEUX: II relève du surintendant des assurances, mais avec
une grosse différence, c'est qu'au comité, en
Colombie-Britannique, le public n'y siège pas. Or, on sait que, dans le
domaine de l'assurance comme ailleurs, tous les intéressés font
leur lobbying. Les compagnies d'assurances aussi, les courtiers, nous; tout le
monde le fait. Le lobbying généralement, cela se fait pour
protéger ses intérêts. Tout ce qu'on suggère, c'est
d'institutionnaliser le lobbying. Si les compagnies d'assurance ou nous, on a
du lobbying à faire, pourquoi ne pas s'asseoir avec les gens qui sont
dans le domaine de l'assurance, y compris le public qui l'achète, et
parler ouvertement de ce qu'on demande? C'est aussi simple que cela.
M. LATULIPPE: Je vous remercie beaucoup.
M. TETLEY: Donc, vous croyez que le comité serait un endroit pour
le lobbying?
M. LEMIEUX: C'est sûrement un endroit pour le lobbying, mais tout
le monde va essayer de demander la même chose, dans
l'intérêt du public.
M. TETLEY: Je n'ai pas compris votre président. M. Bertrand avait
une autre opinion.
M. LEMIEUX: II ne s'agit pas de discuter de problèmes
particuliers, mais par exemple, admettons que le surintendant applique un
certain règlement; tout ce que l'on demande, c'est que, avant que ce
règlement soit appliqué, il soit soumis au comité
consultatif et que le comité puisse l'étudier et faire une
recommandation au surintendant.
M.BERTRAND: Prenons l'exemple, M. le ministre, que vous avez
apporté vous-même. Je crois qu'on est d'accord là-dessus,
mais peut-être que les termes ne sont pas tout à fait les
mêmes. Supposons que quelqu'un demanderait demain matin pourquoi on ne
permettrait pas aux assureurs-vie, aux courtiers qui ont déjà ou
qui détiennent déjà deux permis, de vendre de
l'assurance-vie et du général ou vendre du fonds mutuel et de la
vie, ou du fonds mutuel et du général, d'ajouter à cela
les trois ou d'ajouter à
cela un quatrième permis. A notre sens, ce n'est pas une question
d'intérêt personnel, que d'arriver à cet organisme
consultatif, de tous les intéressés ensemble et du service des
assurances pour étudier la question, au lieu que ce soit une compagnie
ou des individus qui eux, veulent essayer de mousser leurs
intérêts seulement. Si on n'aime pas le terme lobbying, parce que
c'est un terme que, je le sais, certains politiciens n'aiment pas, même
si on sait qu'il se pratique, si on n'aime pas ce terme, peu importe, employons
le mot "consultation". Mais, au lieu d'avoir des consultations seulement dans
un sens, que tout le monde soit à la table en même temps, c'est
aussi simple que cela. Je ne vois pas la nécessité de
créer un budget aussi extraordinaire. Il me semble que, pour tout
simplement conseiller, aider le secteur des assurances, cela ne prend pas une
commission avec un budget de quelques centaines de millions de dollars.
M. TETLEY : Je suis de votre avis, je regrette que le gouvernement doive
intervenir, parce que le gouvernement va être blâmé, en
partie, de certaines décisions peu majoritaires, etc. Je
préfère et je crois que presque tout le monde
préfère que l'industrie s'autodiscipline, qu'il y ait de
l'autodiscipline et que la coopération soit établie sur le plan
de l'industrie. Mais je sais que c'est impossible. Donc, nous allons essayer de
créer un tel comité, mais je dois dire que j'aurais
préféré un groupement créé par
vous-mêmes, dans votre industrie.
M. BERTRAND: M. le Président, vous savez qu'actuellement nous
rencontrons les compagnies avec lesquelles nous faisons affaires. Il y a un
comité qui s'occupe de cela, mais Jos. Public est de l'autre bord, et
nous sommes les intermédiaires du public; cela, c'est impossible. Le
législateur, en même temps, actuellement, en tout cas... Cela
s'est encore avéré impossible. On a tenté de le faire.
Vous disiez tout à l'heure: Si on fait une loi, ne venez pas dire qu'on
se mêle de telle et telle chose. On sait que les décisions
gouvernementales, les lois ou les règlements qui sont faits ne plaisent
pas toujours à tout le monde. On y a bien pensé et quand on les
demande, on est conscient des avantages et des inconvénients.
M. CHARRON: M. Bertrand, je n'ai pas l'impression que si on devait
créer un organisme consultatif, comme vous le demandez, ce serait par
l'institutionnalisation du lobbying. Il existe dans d'autres ministères
prenons celui du Travail et de la Main-d'Oeuvre, par exemple des
conseils consultatifs très importants. Celui-ci regroupe les trois
centrales syndicales, deux maintenant, à la table, plus une partie qui
représente le patronat. Parce que cela est consultatif, justement, le
ministre est toujours libre, à toutes fins pratiques, de
référer ou de ne pas référer une question
politique, lorsqu'il y a une décision à prendre, à cet
organisme.
Il arrive souvent aussi que les conflits d'intérêts,
à cette table du conseil consultatif, font que l'avis qu'on essaie de
faire le plus unanime possible, puisque le conseil doit donner un avis, soit
très dilué. Finalement, lorsque chacun a mis un peu d'eau dans
son vin, il y a plus d'eau que de vin, c'est très dilué et cela
continue quand même à tirer par en arrière. On a eu
l'occasion, par exemple, au cours des dernières années
continuons avec l'exemple du Travail et de la Main-d'Oeuvre de voir que
la plupart des interventions, je dirais, litigieuses du ministre du Travail
dans certains conflits ou dans certains domaines, se sont faites sans
consultation. C'est le ministre du Travail je prends sa parole
qui dit que dans certains cas il vaut mieux, quand une décision
importante est à prendre, la prendre et, après cela, avoir les
avis, même s'ils doivent être défavorables, parce que,
dit-il, j'avais une décision à prendre et j'ai dû la
prendre. C'est à ce moment-là, lorsque la décision se
prend, que le "lobbying" particulier de l'un après l'autre des
organismes que vous avez réunis se joue.
Prenons la loi 9 que cette Assemblée nationale a votée au
début de la session en cours et qui s'achève, la loi de la
construction. On ne l'a pas faite avec l'avis du conseil consultatif, on l'a
faite après et on leur demandera ensuite leur avis. J'ai l'impression
que si le ministre des Institutions financières, à un moment
donné, de l'avis de ses fonctionnaires et pour l'intérêt
public, parce que c'est son rôle de le faire, avait une décision
assez radicale à prendre devant plaire à quelques-uns et
déplaire à d'autres, comme vous venez de le rappeler c'est
le cas de toutes les décisions politiques l'organisme consultatif
que vous auriez pèserait très peu dans la balance.
Je ne dis pas qu'il est inutile, à mon avis, parce que je crois
qu'un gouvernement doit gouverner avec, autant que possible, les citoyens et,
en particulier, les plus impliqués. Donc, je ne m'oppose pas à la
création d'un tel organisme, je ne le dis pas inutile, mais je dis que
si on espère que peut-être il remplace ou qu'il annihile tous les
conflits d'intérêts particuliers qui soient parce qu'il devra
à la même table forcément y avoir un accord, c'est
peut-être aller plus loin que ce que la réalité a
apporté dans d'autres ministères, comme je viens de vous le
rappeler. Je ne sais pas si je me suis fait comprendre.
M. LEMIEUX: M. le Président, on ne rêve pas en couleur non
plus. On sait fort bien que dans peut-être au moins 50 p.c. des cas, il y
aura des décisions de prises où il n'y aura pas eu de
consultation. Mais il en reste quand même 50 p.c. Et même s'il n'en
restait que 10 p.c, c'est quelque chose.
Evidemment, la raison pour laquelle on demande que le public soit
présent à ce comité consultatif, c'est que s'il y a une
recommandation de faite par le comité consultatif et que le
ministre décide de faire autre chose, ce sera un peu plus
gênant que s'il n'y a pas de public.
M. CHARRON: C'est pour cela que je vous dis que je suis favorable, quand
même. C'est toujours plus embêtant, effectivement, quand les
principaux intéressés se disent en désaccord avec une
décision qui est prise. Là-dessus, vous avez raison.
M. LEMIEUX: Pour nous, il ne s'agit pas de vouloir embarrasser le
ministère avec un conseil comme celui-là. On sait que le ministre
a des décisions à prendre. Il ne peut pas attendre que le
comité se réunisse et qu'il fasse des recommandations. Sur cela,
on est d'accord. Mais seulement, comme vous l'avez si bien dit tout à
l'heure, il peut arriver que le comité se réunisse après,
par exemple, et demande au ministre de changer peut-être sa
décision ou encore de l'approuver.
M. CHARRON: Je m'excuse. Sans revenir à la lettre même de
votre mémoire, vous avez signalé l'exemple de la
Colombie-Britannique. Est-ce que, dans votre demande, vous incluez la
participation du public?
M. LEMIEUX: Oui.
M. CHARRON: C'est une autre dimension plus importante, plus
intéressante.
M. BERTRAND: M. le Président, sans vouloir trop continuer les
discussions sur ce sujet, à moins que vous n'ayez d'autres discussions,
j'aimerais seulement apporter un point important qui pourrait être
discuté par cet organisme consultatif, avec le département des
assurances. C'est que dans la nouvelle loi, vous créez quelque chose qui
est, à notre sens, absolument nécessaire et qui est bien vu.
C'est le pouvoir de réglementation. Pourquoi cet organisme consultatif
ne serait-il pas justement en coopération avec le département des
assurances, avant, justement, que les réglementations se fassent? Cela
n'empêche pas le ministre de prendre ses responsabilités.
M. TETLEY: Oui, c'est un moyen. Un autre moyen, c'est la consultation
que nous avons faite directement avec le public. Notons que nous avons
présenté un projet de loi de 600 articles et une association, la
IBC, est venue et a critiqué un seul article. Même le Barreau, qui
aime trouver des failles, des lacunes, etc., n'en a trouvé que trois ou
quatre. Au lieu de passer quatre ou cinq jours ici, le Barreau a
présenté son mémoire dans l'espace de quinze minutes.
Il y avait de la consultation avec vous. D'autre part, comme je l'ai
dit, j'ai l'intention de créer un comité consultatif des
institutions financières. Il pourra y avoir et je crois qu'il y aura un
comité ou sous-comité de l'assurance. Je crois que c'est
important, pour les raisons que j'ai déjà mentionnées et
surtout parce que l'industrie, qui est une industrie de $1.5 mil- liard, au
Québec, est incapable de créer un tel comité,
elle-même.
En tout cas, j'apprécie beaucoup vos remarques, que je trouve
importantes et intéressantes.
M. CHARRON: M. le Président, si vous me permettez, parmi les
articles que vous recommandez de modifier c'est plutôt au ministre
que je vais poser la question il y a l'article 471. Vous dites que cet
article semble nécessiter une nouvelle rédaction. Dans votre
explication, il me semble que vous voulez faire dire à l'article autre
chose que ce qu'il dit, en vérité. Donc, si c'est vraiment ce que
vous voulez lui faire dire, c'est vrai qu'il nécessite une nouvelle
rédaction.
M. le ministre, quand l'article dit: "Une corporation peut obtenir un
permis si toutes les personnes par le truchement desquelles elle agit ou se
propose d'agir à titre d'agent d'assurance, possèdent un permis",
le "peut" que le mémoire conteste et voudrait voir être
remplacé par le mot "doit", est-ce qu'on doit le lire comme: "Une
corporation ne peut obtenir un permis que si toutes les personnes par le
truchement desquelles..."? Est-ce que c'est comme cela qu'on doit le lire? Si
c'est comme cela qu'on doit le lire, alors il remplit parfaitement ce que le
mémoire voudrait lui faire dire.
Pour obtenir son permis, toutes les personnes à
l'intérieur doivent avoir un permis d'exercice.
M. TETLEY: C'est cela le sens.
M. CHARRON: C'est cela. A ce moment-là, on aurait pu utiliser la
formule française "ne peut que", "ne peut obtenir que si toutes les
personnes". Mais à la lecture de l'article, il me semblait que cela
répondait à l'objectif que vous fixiez en bas. C'est tout.
M. BERTRAND: Mme Roberge, auriez-vous un commentaire?
MME ROBERGE: C'est exactement notre représentation, il nous
semble que l'article devrait dire: Une corporation ne peut obtenir un permis
que si toutes les personnes...
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions? Nous remercions les
représentants de l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec. J'appellerais l'Association des courtiers d'assurance de la
province, M. Nicholas Di Perno.
Alors, M. Di Perno.
Association des courtiers d'assurance de la
province
M. DI PERNO: M. le Président, Monsieur le ministre, messieurs les
députés, j'aimerais vous
présenter nos membres: M. Jacques Vaillancourt, notre conseiller
juridique, à ma gauche; à ma droite, M. Jean-Louis Dubois,
directeur général; M. Gérard Hudon, président du
conseil d'administration; et M. Pierre Marquis, vice-président.
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. le Président, vous avez
sûrement devant vous le mémoire de l'Association des courtiers
d'assurances de la province de Québec. Ce n'est pas mon intention de
recommencer la lecture de ce mémoire ou même de revenir sur la
plupart des points qui sont soulevés par ce mémoire. Il est
succinct, bref, mais le fait que nous n'insisterons peut-être que sur
deux ou trois points ne veut pas signifier que nous apportons moins
d'importance à tous et chacun des points qui sont soulevés dans
ce mémoire. Comme je m'apprêtais à vous le dire, il est
bien inutile de redire deux fois la même chose. Cependant, nous voudrions
vous souligner deux points. Avant d'arriver à l'étude de ces deux
points, qu'il nous soit permis de vous faire un bref résumé de ce
qu'est l'association.
L'association détient ses pouvoirs de par une loi qui date de
1963. C'est le chapitre 268 des statuts révisés de la province.
Lors de la présentation de cette loi, comme il se doit, des
mémoires, des représentations furent faites, et la loi fut
votée à cette époque. La province de Québec est la
seule qui ait une loi du genre de celle qui régit les courtiers
d'assurance. On faisait, la semaine dernière, des comparaisons avec les
pouvoirs que le surintendant avait et nous reviendrons sur ceci tout
à l'heure d'accorder certains permis à des corporations.
Le parallèle ne pouvait pas se faire ici, parce que forcément en
Ontario cela doit être fait par le surintendant, puisque seul le
surintendant a le pouvoir de donner ces permis. L'association compte 4,362
membres groupés en 2,300 bureaux de courtiers.
Elle vend pour environ un milliard d'assurances générales
par année, dont 75 p.c. par les courtiers autres que ce que nous
appelons les grosses corporations. Depuis 1963, l'Association des courtiers
d'assurance a bien atteint son but au point de vue de la formation
professionnelle, au point de vue disciplinaire. Comme personne devant vous
n'est venu soulever ce point, si ce n'est que pour féliciter, en quelque
sorte, l'association, je crois bien inutile de donner plus de détails
là-dessus. Nous avons, dans le mémoire, certains détails
de ce qui fut fait à ce sujet.
L'association, donc, a pour but l'intérêt public et
l'intérêt public nous vous le soumettons elle l'a
desservi pleinement depuis sa fondation. Les deux points du mémoire que
nous voulons souligner, c'est d'abord la double juridiction. La section I du
chapitre VI des articles 467 à 476 est, de l'avis d'à peu
près tous ceux qui sont venus devant vous, de nature à
prêter à confusion. On exclut bien, à l'article 467, ceux
qui sont membres de l'association, mais qu'advient-il de ceux qui deviennent ou
qui veulent devenir membres de l'association? Est-ce dire qu'à partir de
la promulgation de cette loi quiconque pourrait s'adresser, par exemple, au
surintendant directement pour obtenir un permis? Je ne crois pas que ce soit le
but de la loi. Il faudrait donc faire en sorte que ce soit clair pour ne pas
avoir de difficultés, pour que cela ne soulève pas de
difficultés.
Le texte dit: "La présente section ne s'applique pas aux
personnes qui ont droit d'agir à titre de courtier d'assurance en vertu
de la Loi des courtiers d'assurance". Puis, dans cette même section, on
dit, à l'article 471, qu'une "corporation peut obtenir un permis si
toutes les personnes par le truchement desquelles elle agit ou se propose
d'agir à titre d'agent d'assurance possèdent un permis". C'est
surtout l'article 468 qui nous occupe, parce qu'on peut inférer de cet
article que le surintendant pourrait donner des permis. Il faudrait donc que
cela soit clarifié. Tous ou presque tous les mémoires qui vous
ont été présentés je me
réfère, en particulier, à celui du groupe des corporations
et à celui de Reed Shaw Osier ont insisté eux-mêmes
sur les dangers de cette double juridiction.
Nous voulons insister sur le danger de cette double juridiction, qu'il
n'est pas difficile de réaliser. Sans vouloir revenir à tout ce
qui s'est dit, on voit difficilement un double comité de discipline, de
doubles normes pour accepter des membres au point de vue professionnel, etc. Si
ces articles ne devaient pas être clarifiés, nous vous soumettons
qu'on pourrait avoir une association parallèle ou des membres
parallèles, de telle sorte que ceux qui sont insatisfaits, par exemple,
des disciplines trop sévères qui sont prononcées au niveau
de l'association pourraient bien s'adresser au niveau du surintendant pour
obtenir soit d'être membres de l'association, soit d'être
relevés de certaines disciplines.
Le deuxième point sur lequel nous voulons insister, c'est celui
qui a été soulevé la semaine dernière devant vous
par certaines corporations qui ont soumis un mémoire, ainsi que par Reed
Shaw Osler. Ces corporations, disent-elles, ne peuvent se soumettre aux 51 p.c.
prévus à l'article 32 de la Loi des courtiers d'assurances.
M. TETLEY: Est-ce que cet article a été accepté par
le surintendant?
M. VAILLANCOURT (Jacques): Cet article est loi, il fait partie de la Loi
des courtiers d'assurance.
M. TETLEY: Oui mais il y a eu un nouveau règlement, n'est-ce pas,
récemment?
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. Dubois.
M. DUBOIS: C'est-à-dire que les règlements
actuels, qui ont été votés par l'assemblée
annuelle, ont été, je crois, déposés au bureau du
surintendant et ils n'ont pas encore été approuvés.
M. VAILLANCOURT (Jacques): Avant de passer à l'étude de ce
point, nous voulons vous souligner que nous croyons respectueusement que ce
n'est ni l'endroit, ni la place pour étudier un article d'une loi
déjà votée et en vigueur depuis 1963. Nous croyons que
c'est une occasion, pour les corporations, de demander encore la
révision de cet article qui existe et nous ne croyons pas que ce doive
être l'endroit et la place. Cependant, puisqu'il y a eu des remarques de
faites, nous y répondrons.
Nous voulons aussi souligner un point qui a été
soulevé voulant que le mémoire qui a été
présenté devant vous ne l'est pas de l'assentiment, du
consentement ou de l'approbation des membres de l'Association des courtiers
d'assurance. Sur ce point, nous différons d'opinion avec ceux qui sont
venus exprimer cette idée ici. Lors de la dernière
assemblée annuelle qui a eu lieu, si les membres de l'association
n'avaient pas le document dans la forme que vous avez devant vous, s'ils
n'avaient pas le texte avec ses virgules et ses points, ils ont quand
même eu toutes et chacune des idées qui y sont exprimées et
un vote de confiance fut donné avec approbation je crois que
c'est au bureau de direction de continuer dans la ligne qui existait.
Donc...
M. TETLEY: Au bureau de direction, un vote de confiance?
M. VAILLANCOURT (Jacques): Une motion de confiance fut donnée au
bureau de direction et des instructions furent données de
présenter un mémoire dans la ligne des idées qui
étaient acceptées par l'assemblée générale.
Ce sont les informations qu'on m'a transmises. M. Dubois pourrait donner de
plus amples informations avec les documents et les procès-verbaux qu'il
a.
M. DUBOIS: C'est tout à fait exact, M. le Président. Voici
l'original qui s'appelle "Projet de loi no 7, Loi sur les assurances, points
soulevés et argumentation". Ceci a été soumis à
tous les membres présents lors de l'assemblée
générale annuelle. Après, évidemment, des
discussions de toutes sortes, des points de vue, finalement, il est
arrivé qu'il y a eu un vote de confiance dans le comité de
législation qui avait préparé ce travail, effectivement,
et le comité exécutif avec l'autorisation d'aller plus loin parce
qu'il y avait le facteur temps qui était en jeu. Je pourrais dire que le
mémoire présenté contient exactement ce que ce document
présentait aux membres sauf, évidemment, que le document qu'ils
avaient était sous une forme schématique et pour le
mémoire la formulation a été plus étendue mais tout
était là-dedans.
M. TETLEY: Combien de personnes étaient présentes lors de
ce vote? Est-ce qu'il a été pris à main levée?
M. DUBOIS: Oui.
M. TETLEY: Ah, bon! C'était durant la réunion annuelle, au
printemps?
M. DUBOIS: Pendant l'assemblée.
M. TETLEY: Ici, au Château Frontenac?
M. DUBOIS: C'est-à-dire que c'était à
Montréal, cette année, M. le Président.
M. TETLEY: Vous ne savez pas combien de personnes étaient
présentes.
M. DUBOIS: Je crois qu'il y en avait de 400 à 425.
M. TETLEY: Au moment du vote? M. DUBOIS: Oui, oui.
M. TETLEY: Bon, combien de membres y a-t-il?
M. DUBOIS: En tout, dans la province de Québec, il y a 4,263
membres.
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. le ministre, il s'agissait d'une
assemblée dûment convoquée. Je crois qu'évidemment,
tous les membres avaient reçu un avis de convocation. C'était une
assemblée annuelle dûment convoquée.
M. TETLEY: C'est parce que vous êtes devant une commission qui va
me conseiller, des deux côtés de la Chambre, comment
rédiger un point très important qui est la prohibition, en effet,
des courtiers d'agir ou des compagnies d'agir comme courtiers.
Cela, c'est trancher la question, c'est ça la question. Et
accepter que vous, à une réunion annuelle, ou à un vote
à main levée ayez eu le droit de nous aviser de changer
complètement ce qui existe au Québec, c'est très
important. En tout cas moi je trouve la responsabilité très
lourde. Votre point de vue est très important. Les autres, les
compagnies sont venues la semaine dernière.
Elles avaient un autre point de vue.
M. DI PERNO: M. le ministre, on ne demande pas de changer la loi. On
vous demande de retenir ce que vous avez dans le moment. Il y a pas mal de
différence entre les deux.
M. TETLEY: Mais vous allez suggérer un changement complet dans la
pratique de l'assurance au Québec.
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. le ministre...
M. TETLEY: ... les compagnies, et c'est votre idée. Je sais que
c'est votre idée finale...
M. DI PERNO : Je ne pense pas...
M. TETLEY: ... de prohiber les pouvoirs des corporations.
M. DI PERNO: Non, M. le ministre, ce n'est pas ça. Je
regrette.
M. TETLEY: Surtout les corporations sur le plan national. Il faut autant
de directeurs, d'administrateurs, et de sociétaires au Québec,
etc., ce qui n'est pas nécessairement un mal, mais c'est un changement
radical et énorme.
M.VAILLANCOURT (Jacques): M. le ministre, l'article 32, j'ai
insisté là-dessus...
M. TETLEY: Oui, oui.
M.VAILLANCOURT (Jacques): ... est un article de la loi. Cet article est
là depuis 1963. Si nous ne demandons pas de le changer, mais si vous
lisez le mémoire et mon confrère, Me Tellier, me reprendra
là-dessus; j'ai devant moi le mémoire si vous lisez le
mémoire, vous allez voir qu'à la fin, devant une commission
parlementaire qui étudie un projet de loi, on vous demande d'amender la
Loi des courtiers d'assurance, article 32.
Alors, ce n'est pas nous qui demandons de changer la situation qui
existe à l'heure actuelle. Nous sommes conscients de
l'intérêt public, nous voulons continuer à protéger
cet intérêt public, non seulement vis-à-vis des courtiers,
qui font 75 p.c. des affaires dans la province de Québec au point de vue
des assurances générales, mais vis-à-vis aussi des grosses
corporations multinationales, qui se plient très bien aux directives et
aux lois des autres pays.
Si vous voulez, je vais vous exprimer notre idée
là-dessus, quitte ensuite à répondre à toutes les
questions que vous voudrez bien nous poser.
Donc, M. le ministre, il demeure que l'Association des courtiers
d'assurance a comme intérêt primordial, ce but primordial, la
protection de l'intérêt public et du consommateur c'est son
but primordial par la discipline, par une formation professionnelle,
obligation dont elle s'est très bien chargée au cours des
années.
Par contre, d'un autre côté...
M. TETLEY : Mais les compagnies sont incompétentes et ne
protègent pas les...
M.VAILLANCOURT (Jacques): Pas du tout...
M. TETLEY: ... les plaintes. La plupart des plaintes que nous recevons
sont contre les compagnies ou contre les gens que vous représentez ce
matin.
M.VAILLANCOURT (Jacques): Je ne suis pas au courant, M. le
Président, des plaintes qui sont portées au niveau du
surintendant. Ce que nous affirmons et ce qui saute aux yeux, c'est que les
corporations comme moi-même, un avocat, comme une compagnie qui fait de
la construction, nous sommes d'abord en affaires pour faire des profits. Ces
corporations ne viennent pas dans la province de Québec pour servir
l'intérêt public d'abord. Elles sont là pour faire des
profits et nous ne verrions pas une maison de courtage internationale venir
s'établir ici, et y demeurer longtemps, si elle devait faire des
pertes.
Donc, lorsque ces corporations viennent vous parler de leur
énorme problème: Nous avons des actions sur le marché, six
millions, etc.. Les actionnaires sont publics. Nous comprenons leurs
problèmes, mais ce n'est pas et c'est le noeud de toute notre
argumentation ce n'est pas à la loi de faire un patron ou de
s'adapter à ces besoins particuliers minoritaires de ces grosses
compagnies très influentes.
C'est plutôt à ces corporations à s'adapter à
la loi. Elles nous disent qu'elles ne peuvent pas le faire. Je ne veux pas
être ironique mais si ces corporations mettaient autant d'imagination
à trouver une solution à ce problème qu'elles en ont mis
à développer pour l'intérêt public, c'est
vrai, mais ce n'est pas leur but leur chiffre d'affaires ce n'est
pas un reproche elles trouveraient une solution. J'irais même
jusqu'à dire que si elles n'ont pas de solution, qu'elles viennent donc
nous voir; nous ne promettons pas de leur en trouver mais nous en voyons tout
de suite quelques-unes.
M. TETLEY: C'est peut-être un moyen facile de passer votre
règlement mais, pour moi, ce n'est pas la solution. Je n'ai aucune
sympathie pour une corporation internationale qui ne protège pas les
intérêts ou l'économie des Québécois. Pour
moi, c'est primordial. Mais je ne veux pas, en privant certaines de leurs
pouvoirs, donner tout à un autre groupe de professionnels qui ne vont
peut-être pas protéger les citoyens et leur économie. Je
vois une espèce de petite guerre ou de contradiction entre deux groupes
mais dire que, parce que c'est une question d'investissements étrangers,
que nous allons complètement changer et favoriser un autre groupe, ce
n'est pas la solution que je préconise de toute façon.
M.VAILLANCOURT (Jacques): M. le ministre...
M. TETLEY: Ni un moyen; je vois, comme avocat, un moyen de contourner
facilement votre règlement ou la loi telle qu'elle est par une
incorporation québécoise, ainsi de suite.
M. VAILLANCOURT (Jacques): Bien, je ne me suis...
M. TETLEY: Mais moi, je...
M. VAILLANCOURT (Jacques): ... pas permis de...
M. TETLEY: ... ne trouve pas qu'une telle solution soit la solution de
tout.
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. le ministre...
M. TETLEY: Je crois que c'est plus important de déterminer si les
grandes compagnies font le travail nécessaire ici et si les petits
courtiers font ce travail, c'est beaucoup plus important.
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. le ministre, ce que nous vous soumettons
ici, c'est que, comme dans toute autre corporation, il faut que tous ceux qui
pratiquent la profession, que ce soit à l'intérieur d'une
corporation, comme c'est permis ici pour les courtiers, ou que ce soit
personnellement, il faut que tous les membres de cette corporation soient
soumis aux mêmes règlements, à la même discipline,
aux mêmes lois, c'est tout. Nous disons: Ces règlements et ces
lois doivent s'appliquer à tout le monde. Et là nous ne sommes
pas du tout, vous savez, sur le projet de loi qui occupe cette honorable
commission, nous parlons de la Loi des courtiers d'assurance. C'est pour
ça que je vous disais tout à l'heure que ces points de vue
soulevés ne sont pas tellement à propos.
M. TETLEY: L'article 468 touche énormément votre
problème. Cet article 468...
M. VAILLANCOURT (Jacques): Oui, c'est bien l'article 468 et ensuite
l'article 471.
M. TETLEY: ... et les suivants y touchent énormément parce
que l'article 468 stipule que: Nul ne peut prendre le titre d'agent d'assurance
ni agir à ce titre s'il deux choses ne possède un
permis délivré par le surintendant, etc. ou à moins
d'être... Il y a deux moyens, donc les compagnies auront tout simplement
un permis du surintendant et non pas votre bénédiction. C'est la
question. La loi touche directement votre loi et, de plus, n'oubliez pas que la
Loi des assurances est un ensemble de sept ou huit lois des assurances que nous
avons mises ensemble.
M.VAILLANCOURT (Jacques): Oui, d'accord...
M. TETLEY: Donc, je crois que la discussion est pertinente
aujourd'hui.
M. VAILLANCOURT (Jacques): La ques- tion est pertinente mais le sujet
des 51 p.c. soulevé par les corporations qui sont venues devant vous la
semaine dernière, c'est plutôt l'article 32. Maintenant, nous vous
avons soumis il y a quelques instants que cet article 468 est
précédé d'un article 467 qui dit: "La présente
section ne s'applique pas aux membres qui ont droit d'agir à titre de
courtiers d'assurance en vertu de la Loi des courtiers d'assurance". Donc,
l'article 468, qui fait partie de la même section, ne s'appliquerait pas.
C'est là qu'il y a confusion et c'est là que ça peut
prêter à une mauvaise interprétation et à des
difficultés.
Je ne crois pas que le but de cet article soit d'empêcher ceux qui
veulent devenir membres, dans l'avenir, de passer exclusivement par
l'Association des courtiers d'assurance. Si c'est cela, ce n'est pas clairement
dit et je soumets qu'à ce moment-là c'est aussi bien de dire que
vous aurez des membres qui ne seront absolument pas sujets aux règles de
discipline du comité de l'Association des courtiers d'assurance et que
vous en aurez qui seront, par contre, sujets aux disciplines du surintendant,
ce qui créera énormément de problèmes. C'est cela,
la juridiction double que nous vous avons soulignée. D'accord?
Maintenant, lorsque nous parlons des corporations, nous disons: Ces
corporations doivent être aussi sujettes au comité de discipline
et doivent respecter les mêmes règles d'éthique que tout
autre courtier dans la province de Québec. Pour en arriver là,
nous passons par le jeu des règlements et de l'article 32 de la Loi des
courtiers d'assurance. Nous soumettons respectueusement qu'il ne peut y avoir
deux poids, deux mesures.
Vous parliez, tout à l'heure, d'une incorporation d'une autre
compagnie. Je crois que je devrais être un peu en désaccord avec
vous, parce qu'à ce moment-là la loi prévoit un
contrôle de 51 p.c. Il pourrait certainement y avoir une corporation qui
serait associée avec un contrat, par exemple, avec la maison mère
c'est une idée jetée en l'air qui ferait en sorte
que les courtiers d'assurance auraient quand même le contrôle
professionnel sur la qualité des services donnés par cette
corporation associée à une maison internationale. Parce que le
service donné par ces maisons internationales ou multinationales est
important. Nous réalisons pleinement que c'est un service qui doit
exister. Il n'est pas question de s'en priver. Mais c'est à eux autres
de s'adapter. Il n'y a pas de doute qu'ils vont le faire. Ils vont trouver les
solutions, parce qu'il y a ici un profit à faire. Ils vont trouver les
solutions pour s'adapter à la loi et donner le service tant qu'il y aura
des profits à faire sur le marché québécois. Et il
y en a.
Donc, M. le Président, c'était l'intervention de
l'Association des courtiers d'assurance. J'ai parlé d'abondance et
sûrement que les membres qui m'accompagnent auraient des remarques
à faire.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions, d'autres remarques? Nous
remercions les représentants de l'Association des courtiers d'assurance
de la province de Québec.
Oui, monsieur?
Corporations de courtiers d'assurance
M. MELOCHE: M. le Président, vous vous référiez
tout à l'heure à certains commentaires que j'ai faits la semaine
passée et qui, en ce qui me concerne, ne sont pas tout à fait
justes. Est-ce qu'on peut...
M. TETLEY: C'est vrai que je vous ai invité à venir
assister et écouter. C'est rare qu'une commission permette un
débat. Autrement, un autre groupe de la semaine dernière pourrait
demander de revenir. Il est permis d'écrire à une commission.
Tout député reçoit une pile de lettres, chaque matin. Si
vous avez une réplique, envoyez-moi une lettre, ou au président
ou au secrétaire, et, dans mon cas, je vais la distribuer aux membres et
aussi à l'association qui est devant nous ce matin. Si la commission
veut vous écouter, je n'ai aucune objection. Je n'impose pas le
bâillon, surtout. M. le Président, quelle est votre suggestion?
Est-ce que les autres membres veulent écouter la personne en
question?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Avant, nous aurions à entendre un
petit mémoire qui nous a été remis, ce matin, par l'Office
de révision du code civil. Je pense que la suggestion du ministre, soit
de m'écrire ou de lui écrire, est valable. Si vous donnez vos
observations par écrit, comme cela, nous pourrons en prendre
connaissance et, si vous avez des remarques additionnelles à faire
à celles que vous avez faites la semaine passée, nous les
prendrons en considération.
M. MELOCHE: C'est qu'au fait, M. le Président, on a
interprété mes commentaires la semaine passée j'ai
le texte des Débats puis disons qu'il y a des choses qui ne sont
pas tout à fait justes. Je peux très bien vous...
M. TETLEY: C'est la vie politique!
M. MELOCHE: C'est la vie politique! Je m'excuse, mais je suppose qu'avec
le temps je vais m'y faire. Au fait, je vous écrirai
là-dessus.
M. TETLEY: Parfait.
M. VAILLANCOURT (Jacques): M. le Président, nous allons demander
à notre bon ami M. Meloche de nous envoyer une copie de cela.
M. TETLEY: Je vous enverrai une copie. M.VAILLANCOURT (Jacques): Nous
re- mercions, M. le Président, les membres de la commission de nous
avoir écoutés. Merci.
Office de révision du code civil
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je vous remercie infiniment. Ce matin, nous
avons reçu un mémoire, des suggestions et commentaires de
l'Office de révision du code civil au sujet du projet de loi no 7, Loi
sur les assurances du Québec. Je pense que M. Paul Crépeau, qui
est président, est dans la salle.
Me Crépeau, je vous inviterais à, disons, ne pas lire
complètement votre mémoire; nous allons en prendre connaissance
et le prendre en considération. Je vous inviterais à parler
pendant une période de quinze minutes; je crois que ce serait suffisant
pour faire les principales remarques que vous auriez à nous faire
concernant ce projet de loi.
M. CREPEAU: Je vous remercie, M. le Président. Monsieur le
ministre, messieurs, je voudrais d'abord vous remercier d'avoir eu
l'amabilité de nous inviter à formuler des commentaires au sujet
de ce projet de loi no 7. Si vous le voulez, M. le Président, cette
contribution pourrait se faire en deux temps. D'abord, je pourrais faire
quelques observations générales sur des questions qui, à
mon avis, devraient être soulevées, pour ensuite permettre
à mon collaborateur, Me Luc Plamondon, de faire quelques observations
sur certaines dispositions du mémoire. Vous aurez l'occasion de
remarquer que ce mémoire n'est en somme qu'une reprise du mémoire
que j'avais déjà fait parvenir à M. le ministre au mois de
mai. Ce que nous avons fait dans ce mémoire, c'est simplement de faire
une comparaison entre le projet de loi no 7 et le projet de l'Office de
révision du code civil. Ce sont des commentaires, en
général de forme, quoique qu'il y ait quelques questions de fond
que je voudrais pouvoir discuter devant vous. Je puis vous assurer que nous ne
dépasserons pas le temps que vous nous aviez imparti.
Comme présentation générale, j'aurais aimé
faire d'abord quelques observations, sur la collaboration qui s'est
instaurée entre l'Office de révision du code civil et le
ministère des Institutions financières. Un mot ensuite du
problème de la localisation matérielle des dispositions
contractuelles dans l'ensemble législatif. Enfin, le problème
particulier de la législation contractuelle concernant le contrat
d'assurances maritimes.
Je pense que je me dois de signaler une collaboration extrêmement
fructueuse qui remonte déjà à l'année 1969, alors
que l'honorable Maltais, ministre des Institutions financières,
demandait à l'Office de révision du code civil d'examiner la
partie contractuelle du projet Faribault, qui, vous le savez, avait
été soumis au gouvernement vers la fin de l'année 1959.
C'est à ce moment-là que cette collaboration a été
entreprise.
Je puis dire qu'elle s'est poursuivie par la suite, d'abord au sein
d'une commission générale d'enquête sur les assurances qui
a été créée par monsieur le ministre Tetley;
ensuite, au sein d'un comité de l'Office de révision du Code
civil qui a été créé précisément pour
examiner la partie contractuelle du droit de l'assurance sur la base du projet
de loi qui avait été préparé par les conseillers du
ministère, à ce moment, Me Claude Rioux, et d'autres
collaborateurs du ministère.
Cette collaboration s'est également poursuivie au sein d'un
comité de linguistique du droit des assurances, alors que l'office,
estimant absolument essentiel que le langage des assurances soit et en
français et en anglais corrects et qu'il puisse traduire le droit des
assurances dans l'ensemble de notre législation civile, ce comité
de linguistique a eu l'occasion de discuter des propositions linguistiques qui
nous ont été faites par M. Pierre Beaudry, un expert en
linguistique, et dont les services, m'a-t-on dit, sont retenus également
par le ministère à cet effet.
J'ai cru devoir signaler cette collaboration parce qu'il me semble que
c'est précisément un des objectifs de l'Office de révision
du Code civil de collaborer avec d'autres organismes du gouvernement pour faire
en sorte que les textes législatifs soient les meilleurs. Et à ce
propos, je m'en voudrais de ne pas signaler d'une façon toute
particulière la collaboration extrêmement précieuse que
nous ont fournie Me Pierre-Paul Turgeon et Me Jean-Yves Hamel de même
que, à l'époque, Me Claude Rioux qui était conseiller
spécial, je crois, du gouvernement.
Mais et j'en arrive à mon deuxième point, M. le
Président tout au long de ces discussions, de cette
collaboration, il y a un problème qui n'a jamais été
résolu, tout au moins officiellement, et c'est celui de la localisation
matérielle des règles de droit relatives au contrat d'assurance.
Et je pense que c'est un problème qu'il convient de poser au moins une
fois, quelle que soit la réponse qui puisse y être
donnée.
Le problème est précisément de savoir si l'on doit
prévoir l'ensemble des règles relatives au contrat d'assurance
dans le Code civil, comme c'est le cas actuellement, ou si l'on doit
prévoir, comme c'est le cas du projet de loi no 7, la
réglementation de la partie contractuelle des assurances dans une loi
dite statutaire, à côté de la réglementation
administrative de l'assurance.
C'est un problème qui se pose, et qui se pose d'une façon
toute particulière, bien sûr, à l'Office de révision
du Code civil puisque nous sommes en train, en vertu d'un mandat que nous a
donné le législateur, de procéder à une
réforme globale des institutions juridiques du Québec.
Et alors, en toute déférence pour l'opinion contraire,
j'estime que la réglementation du contrat d'assurance devrait finalement
trouver sa place naturelle dans le code civil au titre des contrats
nommés à côté de la réglementation
prévue pour le contrat de vente, le contrat de louage, le contrat de
société, le contrat de mandat, le contrat de rente qui ne sont
conçus, dans le code civil, que comme des applications
particulières de la théorie générale du contrat, et
encore d'une façon plus large, de la théorie
générale des obligations.
Les raisons pour lesquelles j'exprime cette opinion au nom de l'Office
de révision du code civil sont les suivantes. Premièrement, le
principal argument invoqué et combien de fois entendu en faveur d'une
loi statutaire, groupant à la fois la partie contractuelle et la partie
administrative, est d'ordre purement pratique.
Il convient, avons-nous souvent entendu, de regrouper tous les textes
législatifs concernant l'assurance afin d'en faciliter la consultation
à la clientèle du droit de l'assurance, qu'il s'agisse des
assureurs, qu'il s'agisse des procureurs des sociétés
d'assurance. Ceux-ci auraient ainsi en quelque sorte leur "bible" à
laquelle ils pourraient se référer plus facilement que s'ils
devaient consulter une loi statutaire pour la partie administrative et le code
civil pour la partie contractuelle.
Un tel argument n'est pas dénué de fondement mais,
à mon avis, il ne saurait emporter l'adhésion. D'abord, parce
que, s'il est utile et personne ne saurait le nier de
réunir matériellement, dans un seul ouvrage, les textes
législatifs relatifs à une matière donnée, on peut
facilement satisfaire cette exigence bien légitime, par le truchement
des codifications administratives, groupant à la fois dans un seul
volume la partie contractuelle et la partie administrative du droit des
assurances. C'est une pratique qui a été courante au
Québec. C'est une pratique courante dans d'autres juridictions.
Un second argument, c'est qu'il me semble que la technique de la "bible"
de l'assurance pourrait facilement donner à croire que tout le droit de
l'assurance s'y retrouve. Or, à mon avis, rien n'est plus susceptible de
créer une illusion, d'inspirer un sentiment de fausse
sécurité, parce que, M. le Président, qu'on le veuille ou
qu'on ne le veuille pas, le contrat d'assurance, tout en étant l'objet
d'une réglementation spéciale, demeure, comme tout autre contrat
nommé, un contrat assujetti aux règles de la théorie
générale des obligations, de la théorie
générale du contrat, les articles 982 et les suivants du code
civil, de même qu'aux règles générales du droit
international privé ou encore des règles du code de
procédure civile. C'est ainsi qu'en l'absence de dispositions expresses,
applicables spécialement au contrat d'assurance, doivent s'appliquer et
s'appliquent en fait devant les tribunaux, les règles relatives à
la formation du contrat, le consentement, la capacité, la sanction des
règles de formation du contrat; s'appliquent également les
règles concernant les effets du contrat, le contenu impératif, le
contenu supplétif du contrat; de même également les
règles relatives
à l'interprétation des contrats, les
célèbres articles 1013 et les suivants du code civil, dont on
sait combien de fois ils ont été utilisés par la
jurisprudence, particulièrement l'article 1019 concernant
l'interprétation du contrat; également, les règles du code
civil dans la théorie générale du contrat, concernant la
preuve. Les articles 1203 et suivants. On sait que la jurisprudence a eu de
multiples occasions de se référer à cette théorie
générale.
La "bible" de l'assureur ne deviendrait véritablement, en
pratique, un livre complet pour les avocats ou pour les assureurs que si on y
incluait également toutes ces autres dispositions de la théorie
générale des obligations et des contrats, ce qui est du droit
international privé, ce qui bien sûr est inconcevable.
Bien sûr, cette solution de la "bible", elle se conçoit
beaucoup plus facilement dans les systèmes de common law où le
régime des statutes qui sont matériellement et qui sont
juridiquement distincts les uns des autres, s'explique au fond; ceux-ci
s'expliquent par l'absence en common law d'une théorie
générale du contrat semblable à celle que nous connaissons
dans le code civil. Mais il me semble qu'on ne saurait transposer cette
technique dans notre système du droit civil de la province de
Québec.
Il me semble, en effet, M. le Président, que l'acceptation du
principe d'une telle solution est susceptible de mener, à plus ou moins
longue échéance, à l'éclatement du code civil. Elle
porte atteinte, à mon sens, à la notion même que l'on se
fait d'un code civil qui veut réunir en un tout organique et
cohérent les règles générales relatives aux
personnes, relatives aux biens, relatives aux obligations. Et je peux
même dire qu'elle menace une conception civiliste du droit privé
qui, notamment en matière de contrat, veut procéder par voie de
règles générales c'est la théorie
générale des obligations et du contrat et ensuite par voie
de dérogations particulières c'est la théorie de
contrats nommés et non pas par pièces législatives
autonomes juridiquement distinctes comme on le trouve trop souvent dans les
pays de common law.
Ce n'est pas à dire que cette deuxième méthode, que
l'on retrouve dans les autres provinces, ne comporte pas des avantages.
Mais, jusqu'à nouvel ordre, vu le mandat qui a été
confié par le législateur à l'Office de révision du
Code civil, ce n'est pas notre façon de procéder, car si on
estime devoir le faire pour le contrat d'assurance, pourquoi ne le ferait-on
pas pour la vente? Pourquoi ne le ferait-on pas pour le louage, la
société, le transport, le mandat, le contrat médical et
hospitalier, le contrat de construction? Au fond, ne trouve-t-on pas dans la
législation récente, dans les projets récents du
gouvernement, un exemple qui illustre cette opinion que j'émets devant
vous? C'est l'exemple des projets 78 et 79 qui séparent très
nettement la réglementation du contrat de louage de choses qui doit se
retrouver dans le code civil au chapitre du louage de choses et celle du
contrôle administratif et judiciaire des baux dans une loi statutaire, le
projet de loi 79. Il me semble que l'exemple de ces projets 78 et 79
mérite d'être suivi, non seulement dans les projets de loi du
ministère de la Justice mais également, il me semble, dans tous
ceux qui émanent des autres ministères du gouvernement.
Ces raisons me conduisent donc, M. le Président, à
proposer que la loi relative aux contrats d'assurance soit placée dans
le code civil et que, d'autre part, le service des assurances soit
chargé de préparer à l'intention du consommateur
professionnel ou profane de l'assurance une codification administrative des
divers textes législatifs disséminés dans les codes, dans
les lois statutaires concernant le droit des assurances.
Je voudrais maintenant passer très brièvement à un
autre problème et c'est celui que nous avons étudié
à l'Office de revision du code civil, le problème des
dispositions générales du projet en ce qui concerne le contrat
d'assurance-maritime. Le projet de loi no 7 prévoit en effet, en son
article 588, que les dispositions générales du code civil sont
remplacées par les dispositions de ce projet. Or, cet article 588 du
projet, qui propose l'abrogation pure et simple des dispositions
générales du code applicables à tous les contrats
d'assurance, ne peut pas, à mon avis, dans l'état actuel des
choses, être mis à exécution. Une telle mesure aurait, en
effet, non seulement pour but d'éliminer les dispositions
générales du code applicables aux contrats d'assurance maritime
mais également de rendre applicables aux contrats d'assurance maritime
les dispositions générales du projet de loi no 7. Une telle
solution s'avère, à mon avis, impossible à l'heure
actuelle, en raison des différences notables que l'on trouve entre,
d'une part, les dispositions générales du projet de loi no 7 et
les dispositions concernant le contrat d'assurance maritime. A cet
égard, M. le Président, je dois vous dire que nous avons au sein
de l'Office de révision du code civil un comité d'étude
qui a précisément pour fonction d'examiner la partie
contractuelle de l'assurance maritime. Ce comité est
présidé par Me Bruce Clevend; en font également partie Me
Pierre Côté et M. Michel Pourcelet et le but précis de ce
comité est précisément de tâcher d'incorporer dans
notre réglementation contractuelle de l'assurance maritime les
dispositions à caractère international qui proviennent de la loi
anglaise de 1906. Il s'agit donc d'incorporer, d'introduire dans notre
législation contractuelle sur l'assurance maritime les dispositions qui
au fond ont aujourd'hui un caractère international.
Ce sont là les opinions que je voulais, à titre
d'introduction, vous présenter. Si vous le permettez, M. le
Président, mon collègue, Me Luc Plamondon, pourrait
présenter quelques obser-
vations très courtes sur certaines dispositions qui ont fait
l'objet du mémoire de ce matin.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Plamondon.
M. PLAMONDON: Merci, M. le Président. Le président de
l'office a fait allusion au renouveau linguistique de notre langue juridique.
Le problème s'est posé de façon très aiguë
pour ce qui touche le contrat d'assurance, particulièrement aux articles
21 et quelques autres articles qui suivent, quand on parle des
déclarations que l'assuré doit faire à l'assureur.
Le code civil employait depuis cent ans certains termes que l'on ne
pouvait pas conserver tels quels. Aujourd'hui, il parlait de fausse
représentation et de réticence; au point de vue linguistique, ces
termes étaient inacceptables et nous avons dû en suggérer
d'autres. Le projet de loi en retient d'autres.
La difficulté à l'office, et pour toutes les personnes qui
se sont penchées là-dessus, c'est de trouver un vocabulaire qui
soit acceptable en langue française et qui ne coupe pas les ponts avec
une jurisprudence qui date maintenant de près de 100 ans dans ce domaine
et il a fallu composer de part et d'autre. Nous sommes inquiets des
déclarations mensongères, toute la notion du mensonge qui est
utilisée dans ces articles et nous préférons ce
sont les termes qui sont utilisés dans notre mémoire les
termes fausse déclaration et omission qui sont acceptables en langue
française et qui sont assez près des termes malheureusement
fautifs que le code utilisait, pour ne pas couper les ponts avec la
jurisprudence existante et un aspect qui nous inquiète, ne pas utiliser
un vocabulaire dont on ne sait pas totalement toutes les conséquences.
On ne sait pas si la jurisprudence, en se penchant sur les mots
déclarations mensongères ne créeront pas toute une
nouvelle ligne dans ce domaine alors qu'effectivement, depuis cent ans, je
pense que la jurisprudence a interprété ces articles
énormément en faveur des assurés, par conséquent,
contre les sociétés d'assurance mais à l'avantage du
public en général. C'est un des points.
L'autre point porte sur l'article 95 du projet de loi touchant la
déchéance des droits du bénéficiaire qui a
assassiné l'assuré. Il y a eu un flottement entre divers projets
sur ce point. A un moment donné, il suffisait pour être
déchu de ces droits que le bénéficiaire ait attenté
à la vie de l'assuré, qu'il ait réussi ou non; le projet
de loi maintenant dit que le bénéficiaire ne sera déchu
que s'il réussit, celui qui a commis la mort. Nous
préférons revenir à la théorie
générale du code sur l'indignité dans certains cas et que
le bénéficiaire ait eu le manque d'habileté, pour manquer
son coup, ne devrait pas lui permettre de conserver ses droits de
bénéficiaire contre l'assuré. L'assuré pourrait
peut-être se dire: II a manqué une fois, il va continuer à
s'essayer jusqu'à ce qu'il réussisse.
C'est pourquoi nous suggérons dans notre mémoire, que cet
article 95 se lise: "Toute personne est déchue de ses droits dans
l'assurance d'un assuré à la vie duquel elle a
attenté."
Il y avait un autre commentaire et c'est le dernier que nous avons sur
l'article 123, la clause compromissoire. Je demanderais au président de
faire les commentaires qui s'imposent.
M. CREPEAU: Sur cette question, M. le Président, il s'agit
simplement d'opérer concordance avec ce qu'est actuellement le Code de
procédure civile au titre de la clause compromissoire et ce que sera
également le projet de réforme du contrat d'arbitrage qui sera
inséré dans le projet de Code civil et suivant lequel la clause
compromissoire pour être valable, devrait résulter d'un
écrit. Il nous semble en effet que la clause compromissoire qui a pour
but de soustraire les parties à la juridiction normale des tribunaux ou
qui a pour but de faire en sorte que les problèmes soient
réglés suivant les lois d'une autre juridiction il nous semble
étant donné qu'il y a là possibilité pour une
partie d'être lésée, que la validité de cette clause
qui est tout de même exorbitante pour la protection du consommateur de
l'assurance, doive être faite par écrit pour en assurer la
validité.
Les autres suggestions que nous faisons dans ce mémoire, nous ne
voulons pas les reprendre. Si M. le ministre le désire, nous sommes
à sa disposition pour poursuivre cette oeuvre de collaboration que nous
avons déjà eue au cours de ces récentes années. Je
vous remercie de l'attention avec laquelle vous avez voulu nous recevoir, Me
Plamondon et Me Desrosiers de l'Office de révision du code civil.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a quelques questions?
M. TETLEY: Oui. Merci, M. le Président, madame, M. Plamondon.
L'Office de la révision du code civil existe depuis quelle
année?
M. CREPEAU: Depuis le 10 février 1955, M. le ministre.
M. TETLEY: 1955, et c'était l'honorable juge en chef...
M. CREPEAU: Le premier titulaire de l'office a été, en
effet, M. le juge Thibodeau Rinfret...
M. TETLEY: M. Rinfret.
M. CREPEAU: ... qui venait de prendre sa retraite comme juge en chef de
la cour Suprême.
M. TETLEY: C'est cela.
Combien d'articles avez-vous révisés depuis ce
temps-là? Je parle de vos prédécesseurs et
vous-même.
M. CREPEAU: Je dois vous dire, M. le ministre, que, telle qu'elle est
posée, je me permettrai d'y répondre d'une façon qui
respecte la vérité.
M. TETLEY: Espérons, parce que vous êtes tellement
occupé !
M. CREPEAU: C'est qu'il y a eu à l'Office de la révision
du code civil pour respecter l'objectivité diverses
périodes. De même que l'on ne veut pas se voir chargé les
épaules des péchés d'Israël, de même, en ce qui
me concerne, l'Office de révision du code civil a commencé, d'une
façon à véritablement remplir son mandat, à partir
de la nomination de mon prédécesseur immédiat, Me
André Nad eau, aujourd'hui juge à la cour Supérieure;
cette nomination date de 1960. Me André Nadeau, pour toutes sortes de
raisons qu'il ne convient pas d'analyser ou de critiquer, a cru devoir
procéder suivant une méthode qui consistait à commanditer
les travaux et, entouré d'un comité de quelques personnes,
à préparer des projets de législation à un rythme
que je dirais moins accéléré que celui que j'ai
tâché d'instaurer à partir de 1965.
A partir du premier octobre 1965, nous avons estimé que l'Office
de révision du code civil devait être une oeuvre de
réflexion collective, que l'on ne pouvait pas procéder en petits
comités parce que et c'est la réponse, je pense, que vous
auriez espérée peut-être avec cette méthode,
la réforme se serait terminée, je pense, au cours du XXIe
siècle.
Ce que nous avons voulu faire, nous avons voulu procéder
autrement...
M. TETLEY: ... toujours au pouvoir, mais peut-être que le public
serait déçu.
M. CREPEAU: A partir de 1965, d'ailleurs, avec un appui financier
considérablement accru de la part du gouvernement, au lieu de
créer un comité, nous avons maintenant, M. le ministre, plus de
26 ou 27 comités qui, de front, procèdent à la
réforme des divers titres du code civil. Je puis vous dire qu'en ce qui
concerne les projets de réforme, notre calendrier, notre programme de
réforme prévoit la remise du rapport final de l'office pour fin
1974, c'est-à-dire dans une quinzaine de mois, ou début 1975.
M. TETLEY: Bon, mais vous n'avez pas répondu à ma
question. Combien d'articles ont été révisés?
M. CREPEAU: Dans le code civil, il y a officiellement 2,613 articles. Si
vous me demandez exactement la proportion qui a fait l'objet de
révision, je pourrais, je pense, vous dire, M. le ministre, sans crainte
d'exagérer, que nous avons, en ce moment, des projets dans nos cartons
pour au-delà des deux tiers du Code civil.
Il nous reste en fait le titre des successions, celui des donations,
celui du contrat d'assurance maritime.
M. TETLEY: Vous avez soulevé la question, M. le professeur et
président, de la place dans le code civil ou autrement de la Loi des
assurances...
M. CREPEAU: La partie contractuelle.
M. TETLEY: Oui, la section contractuelle. Il y a d'autres arguments et
notre devoir, comme commission, c'est de décider où placer ces
articles. J'ai déjà, la semaine dernière, mentionné
certains arguments que je vais répéter brièvement, c'est
la question du citoyen: Où trouver véritablement ces articles?
Nous voulons garder l'esprit d'un code qui, pour ma part, est plus important
que le livre ou le titre de code, c'est-à-dire que nous voulons que
notre loi soit un code rédigé dans l'esprit d'un code et c'est
pourquoi votre collaboration a été précieuse.
N'oubliez pas que les codificateurs de 1866 ont mis la Loi des
assurances dans la section commerciale et non pas dans le code. N'oubliez pas
que la France vient de mettre les assurances, tout récemment, dans une
loi spéciale et pas dans un code. N'oubliez pas que le ministre actuel
de la Justice a présenté le premier projet de loi de la
protection du consommateur, qui est une loi qui n'est pas dans le code non
plus. N'oubliez pas non plus qu'aujourd'hui l'esprit de la protection du
citoyen a complètement changé, non pas la rédaction,
l'esprit de la rédaction, mais l'esprit de protection a changé.
Par exemple, dans la Loi de la protection du consommateur, c'est d'ordre
public, toute la loi, un article qui n'existe pas au code civil. Aussi, vous
verrez certains articles qui sont d'ordre public. Donc, votre solution de
rédaction ou d'imprimer les différentes lois ensemble est
intéressante. Une autre suggestion est de mettre la loi à la fin
du code. En tout cas, il faut décider, c'est au gouvernement à
décider et je note avec intérêt vos remarques.
M. CREPEAU: Si vous me permettiez, M. le ministre, je ne voudrais pas
prendre votre temps mais, je pourrais fort bien tenter, par écrit, si
vous le désirez, de répondre à certains des arguments qui
ont été soumis.
M. TETLEY: Avec plaisir, j'ai certains de vos écrits ici quand
même et je vais distribuer toute lettre que nous recevrons aux membres de
la commission.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Autres questions?
UNE VOIX: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois que la communication que nous a faite
tout à l'heure Me Crépeau mérite qu'on y attache beaucoup
d'importance. Je conçois que le législateur, en certaines
périodes particulièrement, soit pressé de procéder.
Mais Me Crépeau vient de souligner à nouveau à l'attention
du législateur le danger que court le code civil, soit sa fragmentation
par le truchement des lois dites statutaires et surtout la dilution du code
civil dans une codification générale dont l'inspiration n'est pas
du tout celle qui a présidé à la rédaction de ce
monument de droit qu'on a chargé d'ailleurs des spécialistes dont
Me Crépeau, que je félicite ici, de refondre ou de réviser
;
II est, en effet, assez clair cela apparaît tous les jours
que nous procédons à légiférer par
pièce, sans nous occuper de savoir si ces pièces de
législation présentent ce caractère de logique et de
cohérence qui avait présidé à la conception et
à l'organisation du code civil. Le code civil est un monument de droit
d'inspiration française, mais l'usage forcé que nous avons
dû faire, depuis 1760, de la Common Law a fait que petit à petit
on a accordé beaucoup moins d'importance à cette somme du droit
des personnes, des gens, des biens qu'est le code civil.
Le ministre peut invoquer, ses collègues peuvent le faire et
n'importe qui de nous, qu'il est plus pratique pour le consommateur, l'usager
de la loi, le praticien de la loi d'avoir de ces petits compendiums qu'on
appelle les statuts et qui ont fini par donner une codification énorme
qu'il faudrait elle-même réviser afin d'en replacer chacun des
éléments majeurs dans le cadre général du code
civil. Ce que je déplore dans notre attitude de législateurs
ici, ça ne s'adresse pas aux législateurs actuels, mais
à tous les législateurs depuis que ce Parlement existe
c'est qu'on a substitué, petit à petit, à l'esprit de
logique, de cohérence, à cet esprit cartésien comme on se
plaisait à l'appeler, cet esprit pragmatique de la Common Law qui est
fort utile à certains moments, mais qui aboutit à une
véritable confusion lorsqu'il s'agit de se retrouver soit au
prétoire, soit ici, à l'Assemblée nationale, dans cet
immense dédale des lois qui s'empilent les unes sur les autres,
année après année, à telle enseigne que, lorsqu'on
s'avise de modifier un projet de loi, on est obligé d'apporter ici des
bouquins et des bouquins pour essayer de retrouver le fil conducteur qui a
inspiré une législation déterminée.
Ces considérations, M. le Président, m'amènent
à demander au ministre de se pencher sérieusement sur les
propositions qui nous ont été soumises ce matin, qui me
paraissent extrêmement sérieuses et qui sont très sensibles
aux gens d'esprit latin et à ceux qui pensent encore que le code civil,
dans sa formulation comme dans sa substance, répond davantage à
la psychologie de la majorité des citoyens du Québec. On me dira
que la jurisprudence a statué dans tel ou tel cas de telle ou telle
façon et qu'à partir de là on a petit à petit mis
en veilleuse des prescriptions impératives du code civil pour leur
substituer ces jugements toujours empiriques et dont on peut toujours appeler,
d'ailleurs, qui sont consacrés dans les répertoires de
jurisprudence.
C'est un grand danger que court le code civil. Le législateur,
face aux propositions qui nous ont été soumises ce matin, doit se
poser la question que je me pose. Il aura d'ailleurs, à trancher la
question; il aura à trancher le débat. Il aura à prendre
une position bien nette. Est-ce qu'on veut conserver le code civil comme le
monument de droit et cette sorte de charte qui recouvre un ensemble de valeurs
juridiques ou si on veut tout simplement, tout en laissant l'Office de
révision du code civil travailler, le faire disparaître, ce code
civil?
Il est très important de se poser la question, et c'est en ces
termes que je la pose, non pas au ministre, mais au gouvernement et à
tous les législateurs.
Je connais la qualité du travail qui a été accompli
par l'Office de révision du code civil. Je connais la compétence
de ceux qui s'occupent de cette révision et je demande au ministre
d'accorder toute son attention à ce problème, qui est un
problème extrêmement sérieux.
Le gouvernement devrait être également très sensible
aux propositions qui lui sont faites en ce qui concerne la langue, la langue de
nos lois. Nous avons, au Parlement, utilisé pendant des années un
code de procédure parlementaire qui était une monstruosité
linguistique. Nous avons un nouveau code, qui est supérieur à
celui qu'il a remplacé mais qui, à mon sens, ne respecte pas
toutes les règles de la logique et de la logistique. Nous avons un
ensemble de lois, une codification des lois qui est un fouillis indescriptible
et qui, du côté linguistique, est une véritable
infamie.
C'est pourquoi je voudrais que le gouvernement soit très sensible
aux propositions qui lui sont faites, qu'il laisse travailler les
spécialistes de l'Office de révision du code civil et qu'en
même temps il demande au ministère responsable d'entreprendre,
dans les plus brefs délais, une révision de la codification des
lois.
J'avais, au temps ou j'étais ministre des Affaires culturelles,
amorcé ce travail en demandant aux spécialistes de l'office de
préparer les documents nécessaires à la mise en place de
toutes ces structures qui nous eussent permis de réviser nos lois, de
leur donner une formulation française. Or, la plus grande
résistance que j'ai rencontrée je le dis ici devant M. le
ministre, qui est avocat nous l'avons rencontrée chez les avocats
eux-mêmes, chez des gens qui pratiquent plus la loi, qui ont plus
l'esprit légaliste que l'esprit juridique et qui s'offusquaient du fait
qu'on leur demande de changer tel terme, pour qu'il soit plus français,
parce
que, nous disaient-ils: Bien, vous savez, quand on plaide devant des
tribunaux, devant des juges qui ne sont pas de notre langue, il faut toujours
essayer de trouver le mot qui soit le plus près possible du vocable
anglais. A telle enseigne qu'on nage maintenant en pleine confusion et que les
mots sont dépouillés de toute valeur sémantique.
L'Office de révision du code civil propose, dans le cas de la Loi
sur les assurances, des modifications d'ordre linguistique. Ce ne sont
peut-être pas les plus importantes, parce que je crois que l'aspect
substantiel est plus important que l'aspect linguistique mais les deux se
complètent, parce que, si on veut très bien recouvrir une
réalité et l'exprimer, il faut avoir les termes exacts qui
expriment cette réalité. C'est cette double préoccupation
qui inspire, à mon avis, les responsables de l'Office de révision
du code civil.
On demandait tout à l'heure et c'est M. le ministre qui
posait la question : Où en êtes-vous rendus? C'est un peu
simpliste comme question. C'est très simpliste. S'il faut
s'arrêter de réviser le code civil et s'il faut s'interdire de
réviser l'ensemble de nos lois parce que cela prend du temps, je pense
qu'on n'a pas un respect très grand du monument juridique comme tel et
de ce qu'il peut représenter pour des citoyens dont on veut assurer la
souveraineté culturelle et linguistique.
Ces observations étant faites, M. le Président, je
désire remercier Me Crépeau et ses collaborateurs et demander au
ministre de prendre en très sérieuse considération les
demandes qui nous ont été faites ce matin, j'oserais dire la
requête qui nous a été soumise ce matin et d'entendre au
mérite la cause qui a été plaidée, trop
brièvement malheureusement, mais avec beaucoup de brio, par M. le
professeur Crépeau.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais ajouter simplement
quelques mots. J'ai trouvé que le plaidoyer que nous a fait M.
Crépeau était relativement court mais quand même
très dense comme contenu. Comme on a eu le mémoire à la
toute dernière minute, c'est assez difficile pour un gars comme moi, qui
ne suis pas du domaine juridique, de voir toute la portée, les
implications qui sont assez techniques et assez subtiles relativement à
l'implication qui peut exister entre le code civil et le domaine des
assurances. Bien sûr, on avait saisi l'essentiel et on en a su
suffisamment pour saisir qu'il y a là un problème fondamental et
qui mérite de retenir votre attention. Je suis persuadé que
l'apport de l'Office de révision du code civil au projet de loi, parce
qu'il s'agit en somme, j'oserais dire, de la pièce de résistance
des diverses auditions qu'on a eues ici, peut faire en sorte d'améliorer
considérablement la Loi des assurances et lui donner une portée
qui, dans le temps, ait une concordance avec d'autres lois et sera de nature
à lui donner un caractère de stabilité et d'acceptation
plus durable.
Dans ce sens, M. le Président, je pense que la déposition
de M. Crépeau et de ses adjoints aura été pour la
commission un apport précieux et je les en remercie. Je remercie
également tous les membres de la commission.
M.TETLEY: Permettez-moi de revenir sur un des problèmes
soulevés ce matin et c'est pourquoi j'ai demandé depuis combien
de temps votre commission travaille. Parce que je sais qu'un de vos
prédécesseurs a travaillé dix ans à reviser douze
articles et l'achat d'un réfrigérateur était apparemment
dans le rapport. Depuis ce temps, vous avez fait un travail important et il n'y
a donc aucune critique à votre sujet et au sujet de vos
collaborateurs.
Mais un problème que je vois, comme avocat et législateur,
c'est que la vraie loi, les meilleurs changements dans la loi sont venus de
l'Assemblée nationale, sont venus du gouvernement qui a
précédé le gouvernement actuel. Car la Loi de la
protection du consommateur a été préparée par le
gouvernement précédent, un avant-avant-projet, et cette loi est
venue, ces changements à loi, cette conception de loi importante ne sont
certainement pas venus de votre commission dans le passé. D'autre part,
vous avez soulevé une question importante et bien décrite par le
député de Chicoutimi en demandant où il faut mettre ces
nouvelles lois et s'il faut détruire tout le code civil.
Je note que la Loi des assurances, dans l'ancien code civil,
était en effet dans le titre du livre IV avec une loi
fédérale, les lettres de change et c'était placé
dans la section commerciale. Ce n'était pas dans le code civil,
c'était le code commercial et d'autres choses, mais cela ne veut pas
dire que nos codificateurs avaient raison et peut-être est-ce vous qui
avez raison. Mais, en tout cas, voici le problème d'un
législateur qui veut procéder, qui attend toujours des rapports,
non pas nécessairement de vous mais aussi d'autres personnes, et je suis
forcé d'agir ici, par exemple, ou dans le cas des activités
immobilières. J'attends et j'attends des rapports de toutes sortes de
personnes et aussitôt la loi sera imprimée et
déposée. J'ai reçu une lettre avec certaines remarques,
mais c'était un peu trop tard.
D'autre part, vous aviez une tâche énorme, je l'admets.
C'était un travail énorme de modifier notre code. En tout cas,
j'ai bien aimé la discussion aujourd 'hui.
M. CREPEAU: Si vous me permettiez, M. le Président, je suis
très sensible aux observations que vient de faire M. le ministre et il
n'y a aucun doute que la fonction de l'Office de révision du code civil
ne pourra jamais être celle d'un service de législation d'un
ministère.
M. TETLEY: Non.
M. CREPEAU: Le service de législation d'un ministère est
pressé par le quotidien, il est pressé par les demandes que lui
font les
citoyens, des demandes parfaitement légitimes et auxquelles on
doit apporter des réponses. Mais, il ne faut pas dire que c'est le
rôle de l'Office de révision du code civil. Le rôle
essentiel de l'office est de prendre un peu de recul par rapport à la
législation du quotidien et essayer d'organiser puisque, pour le
meilleur ou pour le pire, cela a été notre destinée
historique c'est d'essayer d'organiser les législations dans des
pièces organiquement réunies. A telle enseigne, M. le ministre,
vous vous rappelez, que, pour ce qui est de la Loi de la protection du
consommateur, l'Office de révision du code civil y a contribué,
l'office de révision a même cédé sans aucune
discussion tout ce qui concerne la réglementation de la vente à
tempérament pour obtenir un tout cohérent.
Je puis vous dire également, M. le ministre, que, comme toute
législation qui est préparée pour des besoins pressants,
l'office sent le besoin de revoir, de regarder à l'occasion de la
réforme de la législation sur la vente, sur le louage, sur la
société, sur diverses parties des contrats, certains textes de la
Loi de la protection du consommateur et se demander si, dans une
intégration rationnelle de cela, il n'y a pas lieu de rapatrier dans le
code civil ce qui a bel et bien été légiféré
pour répondre à des besoins pressants et qui devait l'être,
mais qui mérite, je pense, d'être intégré dans un
tout harmonieux qui sera notre code.
Je ne voudrais tout de même pas laisser passer le fait qu'en toute
objectivité, je pense que l'Office de la révision du code civil,
en présentant la réforme des régimes matrimoniaux en 1969,
en suggérant au gouvernement la célébration civile du
mariage, le problème de la déclaration judiciaire de
décès, le problème de l'adoption, autant de pièces
législatives que le législateur a acceptées, venant de
l'office, sont tout de même des pièces législatives qui,
dans une certaine mesure, M. le ministre, répondent à des
préoccupations actuelles.
M. TETLEY: Peut-être que les législateurs avaient peur de
présenter cette législation. Pardon, le...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Autres remarques? Nous vous remercions,
messieurs.
UNE VOIX: Madame.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Madame, également.
M. TETLEY: M. Plamondon, merci. Je vous remercie d'être venu, je
vous remercie de votre mémoire.
M. le Président, puis-je suggérer que notre rapporteur
fasse rapport puisqu'il n'y a pas d'autres mémoires et que nous n'en
attendons pas d'autres. Donc, il faut, je crois, demander au
député de Laurier de faire rapport. C'est le...
LE PRESIDENT (M. Brisson): De faire rapport...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De faire rapport à qui?
M. TETLEY: A l'Assemblée nationale.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quel moment?
M. TETLEY: Le 23 octobre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le 23 octobre. On retient cette date.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je demanderais au député de
Laurier de faire rapport en conséquence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce qu'il y a une
proposition d'ajournement?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Disons que c'est ajourné sine die.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II faut une proposition, M. le
Président. Je propose qu'on se réunisse la semaine prochaine pour
examiner...
M. TETLEY: Je suis disponible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre information est... M. le
Président? Mettez la question aux voix.
M. TETLEY: Peut-être faudrait-il... Tant mieux. Avez-vous d'autres
mémoires à écouter?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On veut vous entendre.
M. TETLEY: Je n'ai pas d'autres commentaires à faire. Blague
à part, je suis très content que nous ayons entendu tous les gens
qui avaient présenté des mémoires. Je veux que mes
législateurs, mes avocats préparent une synthèse, pour
vous et pour moi, des mémoires et qu'ils préparent leurs
suggestions d'amendement parce que, évidemment, certaines des
suggestions sont des plus valables.
C'est pourquoi je préfère, M. le Président,
ajourner sine die avec le droit... Je suis prêt à convoquer la
commission n'importe quand, si le député de Chicoutimi veut
entendre d'autres mémoires ou s'il veut exposer lui-même quelques
idées importantes, mais je veux que mes fonctionnaires présents
commencent leur important travail de révision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je propose l'ajournement à mercredi
prochain. Mettez la question aux voix.
M. TETLEY: Un, deux, trois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas assez de monde. Le
président va être obligé...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je vous ferais remarquer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah non! La proposition est formelle, M. le
Président.
M. TETLEY: Je vais discuter de cette question...
UNE VOIX: Est-ce qu'on a quorum?
M. TETLEY: On a le quorum. On est sept. Nous allons discuter de cette
question. Tout d'abord, je veux vérifier le nom des membres de la
commission. Qui est membre? Est-ce que le député de Chicoutimi
est membre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. TETLEY: J'espère qu'il est membre, autrement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chicoutimi est plus
procédurier que vous ne le pensiez.
M. TETLEY: Je n'ai aucune objection. J'accepte votre motion à
condition...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qu'on la mette aux voix.
M. TETLEY: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mettez-la aux voix.
M. TETLEY : Je vais discuter de la question. Je n'ai pas d'objection. Je
veux la discuter pour un instant. Qu'on se réunisse la semaine
prochaine, tant mieux, mais je veux, à moins que le député
de Chicoutimi n'ait d'autres mémoires à écouter, que les
officiers commencent leur travail. Je présume que vous n'avez aucune
objection à ce qu'ils préparent une synthèse des
mémoires et une concordance des objections et des suggestions pour les
membres de la commission et qu'ils commencent la révision du projet de
loi. Mais qu'on ajourne à mercredi prochain, d'accord. Je n'ai aucune
objection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux à
mercredi prochain, 10 h 30.
M. TETLEY: J'espère que vous serez ici.
(Fin de la séance à 12 h 49)