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Commission permanente de la Justice
Projet de loi no 281 Loi constituant
le service de police de la Communauté
urbaine
de Montréal et modifiant de nouveau la
Loi
de la Communauté urbaine de
Montréal
Séance du jeudi 16 décembre 1971
(Onze heures trente minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Justice): A l'ordre, messieurs!
Je désire, tout d'abord, souhaiter la bienvenue à ceux qui
voudront bien présenter des mémoires ou se faire entendre dans le
cadre de l'étude du bill 281. Vous me permettrez d'abord de faire
certains changements â la suite de propositions qui ont été
faites. D'abord, M. Harvey, député de Chauveau, remplacera M.
Vézina, député de Montmagny.
M. HARVEY (Chauveau): Montmorency.
M. LE PRESIDENT: Montmorency. M. Picard, député d'Olier,
remplacera M. Springate, député de Sainte-Anne et M. Brochu,
député de Richmond, remplacera M. Drolet, député de
Portneuf.
Maintenant, pour établir l'ordre du jour des auditions, vu le
délai assez court qui a malheureusement été
accordé, j'aimerais que ceux qui devront présenter un
mémoire ou se faire entendre, puissent se lever et s'identifier
dès à présent.
M. BENOIT: Bernard Benoit, maire de la ville de Pointe-aux-Trembles et
président de la conférence des maires de banlieue de l'île
de Montréal.
M. DESMARAIS: Pierre Desmarais, maire d'Outremont.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Voulez-vous M.
Benoît, pour le bénéfice des députés,
répéter?
M. BENOIT: Maire de la ville de Pointe-aux-Trembles et président
de la conférence des maires de banlieue de la Communauté urbaine
de Montréal.
M. VIAU: Jacques Viau, avocat, représentant la ville de
Pointe-Claire, la ville de LaSalle et la ville de Hampstead.
M. OUIMET: Paul Ouimet, maire de Westmount.
M. LASNIER: Roger Lasnier, président de l'Association de
bienfaisance et de retraite de la police de Montréal.
M. DESTROIMAISONS: Jean Destroismaisons, président du Syndicat
des fonctionnaires municipaux de Montréal et président de la
Fédération des employés des services de la CSN.
M. LEGAULT: Jean Legault, représentant du Groupement des chefs de
police de l'ouest de l'île.
M. FINLAYSON: Mon nom est Stuart Finlayson et je suis le maire de la
ville de Hampstead.
M. RAYMOND: My name is Gerald Raymond, mayor of the City of LaSalle.
M. BEAULIEU: Je suis Richard Beaulieu, représentant la ville de
Dollard-des-Ormeaux.
M. LAPLANTE: J'aimerais ici enregistrer le nom de M. Hubert Grenier, qui
est retardé présentement, pour représenter le
Comité de groupement des policiers de banlieues de Montréal. Mon
nom est Jean Laplante.
M. MARCIL: Guy Marcil, président de la Fraternité des
policiers de Montréal. J'aimerais être entendu.
M. MELOCHE: Jean Meloche, Syndicat canadien de la fonction publique,
représentant des employés manuels, ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Avant de commencer les auditions, je demanderais la
collaboration des membres de la commission, vu le nombre assez
élevé de ceux qui veulent se faire entendre. Nous allons
commencer par donner la parole au ministre et également à un
représentant de chacun des partis. Ensuite le premier groupe sera celui
représenté par M. Bernard Benoît, soit les maires de
banlieue.
Brefs commentaires
M. CHOQUETTE: M. le Président, chers collègues, chers amis
qui sont à la barre pour nous faire des représentations sur le
bill 281, je ne prendrai pas la parole longuement parce que, comme vous le
savez, il y a urgence en somme à ce que nous travaillions sur ce bill.
Il y a urgence à ce qu'il soit adopté, et également
à ce que nous rapportions un progrès à la Chambre,
étant donné que les travaux parlementaires sont bousculés
par l'abondance de la législation et que la session doit se terminer
à brève échéance.
Alors, je ne veux pas m'exprimer longuement, mais simplement vous
accueillir ici, vous remercier de votre présence et vous dire que vos
représentations seront écoutées et analysées avec
le plus d'objectivité possible de façon que le projet de loi que
nous adopterons soit, en définitive, le plus parfait possible et
convienne au plus grand nombre d'intéressés.
M. PAUL: Je veux moi aussi souhaiter la bienvenue à tous ceux qui
ce matin ont des représentations à nous faire. Sûrement que
le ministre réalise le bien-fondé de la demande que mon
collègue, le député de Maisonneuve, et moi-même lui
avions faite pour convoquer cette séance de la commission parlementaire;
mais en toute justice, je dois dire que le ministre avait lui aussi
exprimé le désir de convoquer cette commission parlementaire.
L'honorable ministre a parlé d'urgence des travaux sessionnels, nous en
convenons. Je suis sûr cependant qu'il ne veut pas dire et je ne voudrais
pas, non plus, qu'urgence veuille dire bâillon. Nous souhaitons que dans
la rapidité nous puissions passer à travers tout le travail qui
nous est imposé, et par contre nous espérons qu'à la suite
du dialogue, nous puissions avoir une loi meilleure si possible que celle que
nous a présentée le ministre de la Justice.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. BROCHU: Je voudrais également souhaiter la bienvenue à
ces messieurs qui ont pris la peine de se déplacer pour venir manifester
leurs propositions face au bill 281. Je ne pense pas qu'il y ait besoin de
souligner l'importance de ce bill. On a simplement à constater ici les
nombreuses présences des gens intéressés. Malgré
l'urgence des travaux parlementaires qui sont en cours, malgré le grand
nombre de ces travaux-là, je pense que nous devons accorder
priorité et tout le temps nécessaire à cette commission,
afin que le bill qui sera finalement adopté puisse répondre aux
besoins et aux réalités auxquels, messieurs, vous avez à
répondre. Je remplace présentement mon collègue, le
député de Portneuf, étant donné que les travaux
sont nombreux et que nous devons nous remplacer de temps à autre.
Cependant je me ferai son porte-parole pour le mettre au courant dès son
retour en commission parlementaire, afin qu'il soit en mesure d'assurer une
continuité à notre parti et une représentation qui rende
justice aussi aux mémoires qui sont déposés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, également, je souhaite la
bienvenue à tout le monde. Je remercie le ministre d'avoir
convoqué cette commission et je pense que les nombreuses
présences enregistrées jusqu'à maintenant sont
évidemment une justification de la demande que le député
de Maskinongé et moi-même avions faite de convoquer cette
commission. En ce qui nous concerne, nous aborderons les mémoires, nous
écouterons chacune des représentations avec toute
l'objectivité que requiert l'étude d'un projet de loi tel que le
projet no 281 qui, comme je le disais l'autre jour, est sans doute le premier
de ces mouvements d'intégration ou de régionalisation des corps
policiers.
C'est à ce point de vue que je le considère
peut-être encore plus important malgré le fait que ce soit une des
communautés urbaines les plus importantes qui soient visées.
Alors, évidemment, comme mes collègues l'ont dit, nous prendrons,
malgré l'urgence, le temps nécessaire, le temps requis pour
examiner chacune des positions qui nous seront soumises.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais dès à présent M.
Bernard Benoît à présenter son mémoire.
Conférence des maires de banlieue de la
CUM
M. BENOIT: M. le Président, je désire en premier lieu
remercier l'honorable ministre de la Justice, ainsi que tous les membres de
l'Assemblée nationale qui nous fournissent, ce matin, l'occasion
d'exprimer nos points de vue respectifs sur cette question d'intégration
des forces de police. J'essaierai d'être le plus bref possible. Je vous
dirai que je serais tenté de vous répéter, de vous redire
que la conférence des maires a fait une étude de cette question
lors d'un comité présidé par le maire d'Outremont, M.
Desmarais. A la suite de cette étude, il y a eu un consensus de fait au
sein de la conférence des maires appuyant plutôt une coordination
des services de la police que l'intégration totale telle, qu'elle a
été proposée par la suite et adoptée par le
règlement 26 au sein de la Communauté urbaine de Montréal.
Mais, tout ceci, je ne vous le redirai pas. Je voudrais quand même vous
faire valoir un certain point de vue. La conférence des maires souhaite
que l'on évite de procéder avec trop de vitesse dans cette
question et que l'on prenne le temps, dans l'établissement du plan
d'intégration, de prévoir quels pourraient être les
problèmes pour les populations que nous représentons et quels
pourraient être les inconvénients qu'elles seront appelées
à subir. Je pense qu'il est facile de considérer que la
qualité des services... je ne veux pas mentionner ici qu'elle pourrait
être diminuée, ce serait présumer de l'efficacité de
l'intégration proposée par l'honorable ministre, mais c'est
évident que les services seront certainement un peu chambardés
dans les municipalités de banlieue.
Les contribuables, les citoyens sont habitués à recevoir
un service assez personnel, beaucoup plus personnel que dans les grandes
municipalités. Les besoins n'étant pas les mêmes en
banlieue que dans les grandes villes, il est évident qu'il se produira
des changements assez importants dans les services qui nous seront offerts si
l'on procède trop rapidement.
En pensant aussi aux chargés d'hommes que les
municipalités de banlieue doivent actuellement protéger à
la suite de la production des prévisions budgétaires de la
Communauté urbaine, nous avons des points de vue sur quelques-uns des
articles que comprend ce projet de loi no 281. Nous voulons nous assurer que
toutes
les dispositions seront prises afin que les villes de banlieue puissent
au moins avoir un mot à dire dans l'adoption de ces prévisions
budgétaires du nouveau service de la Communauté urbaine de
Montréal.
Ici, je fais allusion à l'article 8 et à l'article
14 amendant l'article 240 du bill de la communauté urbaine
où il est dit que le budget est préparé par le Conseil de
sécurité et parvient au conseil de la Communauté urbaine
pour faire partie, intégralement, du budget de la Communauté
urbaine.
Or, il semble que nous n'avons pas, au conseil de la Communauté
urbaine, de représentation à faire, quelle qu'elle soit, si le
budget qui nous est soumis à ce moment-là nous parait non
conforme ou exagéré dans ses prévisions quant aux
dépenses.
La même chose s'applique aussi à l'article 14, lorsqu'il
est question de l'adoption d'un budget supplémentaire qui peut
être adopté par le conseil de sécurité, qui devient
automatiquement en vigueur et qui est imposé à toutes les villes
de la Communauté urbaine de Montréal.
A l'article 2, amendant l'article 201, il est question aussi que le
mandat qui est confié aux représentants des villes de la
Communauté urbaine au sein du Conseil de sécurité ne cesse
avec la cessation de leur mandat au sein du conseil de la communauté.
Nous avons là aussi des représentations à faire, puisque
le gouvernement nomme trois représentants au Conseil de
sécurité et la Communauté urbaine en nomme trois aussi. Il
nous semble assez important et plus démocratique que chacun des
représentants de la communauté au sein du Conseil de
sécurité qui a quand même beaucoup de pouvoirs soit, durant
toute la période de son mandat, effectivement le représentant
d'une municipalité, qu'il conserve ce mandat comme représentant
de cette municipalité.
Je laisserai à mes confrères le soin de faire d'autres
représentations. Il y aurait plusieurs articles aussi au sujet desquels
nous pourrions faire des représentations quant à la protection
accordée à nos services, à nos policiers, chacun dans nos
villes respectives.
Je crois que l'on a vu, par la présence de ces fraternités
qui auront l'occasion de se faire entendre, que les policiers auront
eux-mêmes le privilège de s'assurer une certaine protection
à laquelle nous pensons qu'ils ont droit. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Benoît. La parole est au
ministre.
M. CHOQUETTE: M. Benoît, au sujet de la question du budget que
vous avez soulevée, est-ce que vous auriez une suggestion
concrète à nous faire pour que les membres du conseil de la
Communauté urbaine aient en somme, sur le vote de ce budget-là,
un contrôle plus affirmatif, que le projet tel que
rédigé?
Vous n'êtes pas sans savoir, je pense, qu'à Toronto,
lorsque le conseil de sécurité présente son budget, qu'il
y a désaccord avec le Conseil de la communauté et qu'on ne
voudrait pas l'adopter, parce qu'on le trouverait excessif ou
exagéré ou enfin pas adéquat dans les conditions qui
pourraient prévaloir, il y a un arbitre qui est la Commission de police
d'Ontario. Est-ce qu'une formule comme celle-là vous semblerait
appropriée, vous semblerait satisfaire au besoin de contrôle
approprié de la part des élus du peuple sur le vote du
budget?
M. BENOIT: M. le Président, je crois qu'un mécanisme de ce
genre qui assurerait aux villes un recours pour présenter des arguments
valables à l'encontre de prévisions budgétaires qui ne
correspondraient pas à nos opinions, pourrait être valable. Vous
comprendrez aussi que nous n'avons pas tellement eu le temps de prévoir
ce genre de mécanisme qui pourrait s'appliquer.
Je voyais le maire d'Outremont qui faisait signe de la tête. Il a
peut-être une idée plus précise, ainsi que Me Viau, pour
vous indiquer ce genre de mécanisme auquel il aurait peut-être
pensé. Mais je dois vous avouer qu'au sein de la Conférence des
maires, nous n'avons pas eu le temps, à cause du court délai que
je ne vous reproche pas, de prévoir quel serait ce mécanisme. Il
est évident qu'un mécanisme du genre de celui que vous
suggérez actuellement pourrait probablement nous satisfaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le maire, est-ce que vous pourriez nous dire si vous avez
été consultés, vous, les membres de la conférence,
au sujet de la présentation ou des principes que l'on retrouve dans ce
projet de loi, avant qu'il ne soit présenté à
l'Assemblée nationale?
M. BENOIT: Je dois vous avouer que dans l'immédiat c'est non,
mais par contre, depuis un an qu'on tient la Conférence des maires,
cette étude se poursuivait.
M. PAUL: Par le règlement 26?
M. BENOIT: ... et cette étude s'est traduite par la suite par
l'adoption du règlement 26 au sein de la Communauté urbaine, au
sujet duquel il y a eu plusieurs dissidences et qui a été
adopté sur division. Nous ne pouvons certainement pas prétendre
à ce moment-ci que nous sommes pris par surprise. Il reste quand
même que, lorsqu'on fait allusion à certains mécanismes,
l'on vient de prendre connaissance des articles du bill et sur ce point
précis, nous n'avons pas eu le temps d'étudier quel pourrait
être ce mécanisme.
M. PAUL: M. le maire, je vous remercie, j'aurais une autre question
à vous poser. Dans le cours de vos remarques, vous avez mentionné
que vos corps de police municipaux étaient
appelés à rendre beaucoup de services personnels, ce qui
disparaîtrait probablement par l'intégration de toutes les forces
policières de l'île de Montréal ou de la Communauté
urbaine de Montréal. Pourriez-vous apporter des précisions sur ce
terme de services personnels? Qu'est-ce que la population reçoit
effectivement dans l'application de cette politique de services personnels que
vous craignez de voir disparaître?
M. BENOIT: Je ne veux pas parler à ce moment de privilèges
immédiats qu'un citoyen peut obtenir d'un service de police.
M. PAUL: Non, loin de là.
M. BENOIT: Je pense que, si on se place sur le plan des individus dans
les villes de banlieue, qui sont tellement plus près de l'administration
municipale, donc de leurs services de police, que dans les grandes
municipalités ou dans les grands centres urbains, il est facile de
concevoir que, si un citoyen ou un groupe de citoyens d'un secteur de la
municipalité considèrent qu'il devrait s'exercer une surveillance
un peu plus spéciale à une certaine période de
l'année donnée, sur le va-et-vient, sur la circulation dans un
secteur, c'est beaucoup plus facile de l'obtenir d'un service de police local
que d'un grand service de police intégré à l'ensemble de
la Communauté urbaine de Montréal. Je sais que nos policiers
comme corps demeureront locaux pour une période de temps plus ou moins
longue. Il est aussi prévu que des policiers peuvent être
déplacés après une certaine période de temps ou
selon une certaine période de temps limitée, ils doivent rester
dans la municipalité selon l'utilisation que l'on fait de leurs
services. Quand même, ce n'est pas une garantie que, dans plusieurs
années ou quelques années d'ici, ce même corps de police
demeurera intact, tel qu'il est, et il est possible qu'il nous arrive, dans
chacune de municipalités de banlieue, des policiers venant d'autres
municipalités pour y accomplir leur travail. Comme les ordres viendront
certainement de beaucoup plus loin qu'ils ne viennent actuellement, il faut
penser que ce service sera bien dépersonnalisé par rapport
à ce qui existe actuellement.
M. PAUL: Si je tente de résumer votre pensée, vous me
corrigerez si ce n'est pas exact, votre conclusion serait qu'en certaines
circonstances sur un territoire donné, dans les limites d'une
municipalité, le citoyen est mieux protégé par un coprs de
police local, en raison de la connaissance de ses problèmes par les
forces policières, que le tout ne pourra se résumer ou se
concrétiser dans l'avenir avec l'intégration des forces de
police.
M. BENOIT: Oui, évidemment, c'est ce que j'allais dire.
Il faut aussi tenir compte des besoins diffé- rents dans les
municipalités de banlieue par rapport à un grand centre urbain.
C'est là, je pense, que le service peut être beaucoup plus
personnel, plus efficace, parce que tout le monde se connaît davantage et
que tout le monde peut s'adresser pous facilement à son administration
municipale et par ricochet à son corps de police ou à son
directeur de police pour obtenir ce service plus personnalisé auquel
j'ai fait allusion.
M. PAUL: Je vous remercie, M. le maire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, il y a certains points assez
importants que je retiens du mémoire qui nous a été
présenté par M. Benoît. Premièrement, M. Benoit a
mentionné le fait que la Conférence des maires s'était
attardée sur le fait d'une coordination possible plutôt que d'une
intégration comme telle.
Deuxièmement, M. Benoît a répondu à la
question que je me posais lorsque le député de Maskinongé
a souligné le fait des services plus personnels dans les
municipalités de banlieue que dans les grands centres urbains. Il y a
aussi un point qui a attiré mon attention et sur lequel j'aimerais vous
poser une question en dernier lieu; vous avez mentionné qu'il serait
souhaitable de ne pas procéder trop rapidement dans cette
intégration afin de prévoir les problèmes. Est-ce que la
conférence des maires, à ce moment-là, s'est
attardée sur le problème qui sous-tend votre affirmation ici,
lorsque vous parlez de prévoir les problèmes possibles et dans
quelle optique ces problèmes peuvent exister? Est-ce que vous pourriez
nous donner plus d'information à ce sujet?
M. BENOIT: Si vous permettez, je pourrais transmettre la parole à
M. le maire d'Outremont, qui était le président de ce
comité qui a étudié plus à fond la question,
comité à la suite duquel nous avons reçu un rapport auquel
vous faisiez allusion. S'il vous plaît, M. Desmarais, pourriez-vous
donner des précisions quant aux problèmes qui peuvent
survenir?
M. DESMARAIS: M. le Président, en fait, nous ne sommes pas
allés dans les détails de ces problèmes particuliers. Nous
avions proposé le sous-comité que j'ai eu l'honneur de
présider que l'on procède premièrement ce
serait la première journée et les premiers mois à
une coordination de façon générale et à une
intégration la plus rapide possible des services d'investigation, des
services d'enquêtes criminelles, par exemple. Nous proposions aussi de
laisser de côté ou d'attendre à plus tard, après une
bonne étude, l'intégration des services de gendarmerie qui
rattachent un petit peu le service aux citoyens, particulièrement dans
les villes de banlieue où notre citoyen est plus près
de ses policiers et où nos policiers sont plus près de nos
citoyens. C'était de façon générale le
problème. C'est évident qu'il y en a d'autres mais si nous nous
donnons un temps raisonnable, je pense que le mécanisme qui est
prévu dans le projet de loi me semble acceptable pour finir par
régler ces problèmes au fur et à mesure qu'ils se
présenteront.
M. BROCHU: C'est simplement, si je comprends bien, M. Desmarais,
à ce moment-là, une progression plus logique dans le sens d'une
première étape, la coordination des services, et une seconde
étape, une intégration comme telle.
M. DESMARAIS: Exactement. En fait, l'on dit souvent que le service de
police de la Communauté urbaine sera intégré à
partir du 1er janvier 1972 et l'on voit tout de suite que tout disparaît.
Les corps de police de toutes les municipalités, y compris
Montréal, disparaîtraient et leur identité
particulière disparaîtrait. Il est bien évident que cela
prendra un bon bout de temps, mais encore une fois, le mécanisme
prévu dans le bill me semble satisfaisant.
M. BROCHU: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. Benoît ou M. Desmarais je ne sais pas qui
devrait répondre à cette question préliminaire la
conférence des maires groupe les maires de quelles
municipalités?
M. BENOIT: Toutes les municipalités de banlieue, sauf la ville de
Montréal, qui font partie de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. BURNS: D'accord, c'est ce que je voulais savoir au début.
M. BENOIT: Il y a aussi la ville de Verdun, qui vient de se retirer.
M. BURNS: La ville de Verdun vient de se retirer.
UNE VOIX: Hier.
M. BURNS: M. Benoît, il y a des positions divergentes sur
l'urgence de la mise en application de la réforme prévue par le
projet 281. Certains disent, et je pense que les porte-parole de la
Communauté urbaine comme telle, insistent sur le fait que cette mise en
vigueur soit très rapide.
Vous avez dit, d'autre part, et cela m'a frappé au début
de votre représentation devant le comité, qu'il fallait
éviter de procéder avec trop de rapidité. J'aimerais que
vous nous expliquiez ce point-là. Je pense que M. Desmarais vient d'y
toucher un peu en parlant d'abord de coordination et ensuite
d'intégration, mais c'est un point qui me préoccupe beaucoup.
D'une part l'on entend des représentants de la Communauté urbaine
et même le ministre qui fait siennes ces remarques-là et qui dit
qu'il faut que cela se fasse vite, on parle du 1er janvier 1972. D'autre part,
j'entends un représentant d'au moins 23 maires de municipalité
qui nous dit: Allons-y calmement.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je pense que le
député de Maisonneuve se méprend complètement sur
le sens des paroles prononcées par M. Benoit et M. Desmarais.
M. BURNS: M. Benoît me le dirait si je me méprends. Je
pense que ce n'est pas au ministre de rectifier le fait que je comprenne mal
les paroles de M. Benoit.
M. CHOQUETTE: Je ne dis pas...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Ecoutez, il ne faudrait pas commencer avec ça, M. le
ministre.
M. CHOQUETTE: Non, d'accord, mais...
M. BURNS: Je l'ai dit tantôt, on vient ici en toute bonne foi. Je
sais que c'est un problème grave, un problème important qui est
sous-tendu par le projet 281 et je sais aussi qu'il faut prendre le temps de
l'examiner. Qu'on ne commence pas à me dire que je fais perdre le temps
de la commission! Je demande une précision. Si M. le maire pense que
j'ai mal compris; il me le dira. Ce n'est pas au ministre à rectifier
mon interprétation des paroles de M. Benoît.
M. BENOIT: M. le Président, je m'excuse si je suis responsable de
la méprise...
M. BURNS: Pas du tout. C'est le ministre qui est responsable de
ça, ce n'est pas vous, M. Benoît.
M. PAUL: Il a pensé tout haut.
M. BURNS: C'est le ministre qui est responsable de cela.
M. BENOIT: Si je peux clarifier, disons que toutes les villes de
banlieue réalisent une chose: c'est que l'intégration frappe
à la porte. Il n'y a pas de doute là-dessus, on le réalise
et je pense qu'il n'est pas question de faire marche arrière. Nous
sommes assez réalistes pour admettre que le principe de
l'intégration a été accepté au sein de la
Communauté urbaine; même sur division, il a été
accepté.
Ce que nous souhaitions, c'était une coordination justement pour
souhaiter que l'on évite
d'aller trop vite, et que l'on établisse un plan
d'intégration pour que l'on dise après: L'intégration se
fait tout de suite et on règle les problèmes après. C'est
ce que nous avons toujours souhaité. Nous le souhaitons certainement
encore aujourd'hui.
Si on passe à l'intégration des coûts qui a
été faite lors de la fondation de la Communauté urbaine,
cette intégration des coûts évidemment était de
nature à nous apporter un accroissement assez rapide et une augmentation
des coûts, mêmes des services de police. Le raisonnement de chacune
des villes est celui-ci et le raisonnement de nos policiers est qu'ils se
croient tous qualifiés au même titre que ceux d'autres villes. Si
vous payez pour une partie du salaire des autres municipalités, pourquoi
n'acceptez-vous pas de payer pour nous-mêmes aussi et de faire payer par
les autres le salaire équivalent? Cela a été la raison
immédiate de l'augmentation fantastique qu'on a constatée depuis
deux ans dans les services de police.
Si l'intégration, dès le 1er janvier, était de
nature à freiner un peu cette course à l'augmentation des
coûts je ne pense pas uniquement aux salaires à ce
moment-ci mais ce serait certainement une bonne chose.
Nous souhaitons que tout se fasse avec beaucoup de discernement et qu'on
tente de régler les problèmes avant d'établir
définitivement un remue-ménage au sein des services de police
dans les villes de banlieue. Je pense que Me Viau pourrait apporter des
explications lorsqu'il aura l'occasion de s'adresser à vous tout
à l'heure. Est-ce suffisant?
M. BURNS: Je comprends très bien. J'avais compris au
début, c'est le ministre qui n'a rien compris, ce n'est pas ma
faute.
M. CHOQUETTE: Il est plus intelligent que cela d'habitude.
M. BURNS: Qui? Le ministre. M. CHOQUETTE: Non, le
député.
M. BURNS: Je n'ai aucun problème en ce qui concerne cela. Je vais
dire comme l'autre: Je n'ai pas de complexe de supériorité, je me
sens nettement supérieur.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez d'autres questions?
M. BURNS: Oui, j'ai d'autres questions.
M. Benoît, est-ce qu'à la Communauté urbaine vous
vous êtes penchés sur le problème qui est sous-tendu, entre
autres, par l'article 31? C'est-à-dire qu'à un moment
donné, à toutes fins pratiques ce n'est pas encore clair
cela et peut-être qu'au cours des discussions de la commission on va
l'élaborer on semble prendre comme critère de
qualification ou d'évalua- tion ce qui existe comme qualification chez
les policiers de Montréal, pour intégrer les 24 autres corps de
police à cela. Est-ce qu'on s'est penché, à la
Communauté urbaine, à votre connaissance, sur le problème
que comporte l'absence de mécanismes de mise en place de cette
intégration?
M. BENOIT: Si vous me demandez si l'on s'y est penché, à
la Communauté urbaine, je pourrai vous dire que je n'en sais rien. Parce
que toutes ces questions sont, plus souvent qu'autrement, débattues au
sein même de l'exécutif auquel nous ne participons pas.
Si vous voulez faire allusion à la Conférence des maires,
je vous dirai...
M. BURNS: Je m'excuse, mais je vous posais la question parce que vous
êtes un des membres siégeant à la Communauté
urbaine; pour la simple raison qu'à ma connaissance, la
Communauté urbaine n'est pas ici représentée et n'a pas
l'intention de nous faire de représentation, sauf erreur. Je vous posais
la question plutôt comme un des membres participant à la
Communauté urbaine.
M. BENOIT: Non, nous ne nous sommes pas penchés
là-dessus.
M. BURNS: Ni à la Conférence des maires?
M. BENOIT: Chez les maires, nous en sommes venus à la conclusion
que les fraternités ici présentes s'occuperaient certainement de
ce point de vue, afin d'obtenir justice vis-à-vis de
l'intégration des services de police. Nous souhaitons certainement que
nos policiers soient traités adéquatement dans cette
intégration, dans ce nouveau service global de la Communauté
urbaine. Je pense que nous devons laisser, nous les maires ou les
représentants de villes de banlieue, le choix aux fraternités de
défendre leur propre point de vue pour leur propre politique.
M. BURNS: Est-ce que les fraternités vous ont signalé ce
danger, cette crainte qu'elles ressentaient, qu'elles éprouvaient?
M. BENOIT: Non, pas du tout.
M. BURNS: Dernière question, M. Benoît. Vous avez fait
référence au problème que comportent les articles 8 et 11
relativement au budget. Est-ce que la Conférence des maires s'est
penchée sur le problème du coût de l'intégration
elle-même? En somme, est-ce que le fait de l'intégration va
coûter plus cher pour une courte période de temps, selon vous?
C'est-à-dire la mise en place de cette nouvelle structure de corps
policiers unifiés, est-ce que cela va augmenter le coût?
M. BENOIT: Il n'y a pas eu d'étude poussée
non plus de ce côté-là à cause du
délai assez court, sur cette question. Mais là où nous
sommes inquiets, c'est dans la façon dont le bill prévoit que le
budget nous sera déposé et...
M. BURNS: Vous n'avez pas un mot à dire. M. BENOIT: ... que nous
aimerions...
M. BURNS: Moi aussi, cela m'inquiète, remarquez bien.
M. BENOIT: Il semble bien que le gouvernement soit disposé
à nous accorder un mécanisme où nous aurons quand
même un certain mot à dire, pour éviter justement cette
augmentation à laquelle vous faites allusion et que nous craignons
peut-être. Mais j'ai dit aussi tout à l'heure que l'augmentation
assez astronomique qui s'est faite depuis deux ans est certainement due
plutôt à l'intégration des coûts et répartie
dans l'ensemble de l'évaluation sur les territoires. Chacun soutient le
raisonnement que, si vous payez pour d'autres, vous devriez payer pour nous et
faire payer les autres en même temps. C'est surtout là qu'a
été la raison immédiate des augmentations.
Quelle serait la raison d'autres augmentations qui pourraient survenir
à la suite de cela? En étant protégé par la
préparation du budget du Conseil de sécurité, en pouvant
obtenir une participation ou un certain contrôle, là, je pense que
nous avons la protection que nous souhaitons.
M. BURNS: En fait, je vous avais dit "dernière question"
tantôt, mais là, c'est vraiment la dernière. C'est une
sous-question au problème budgétaire. Dans
l'éventualité où l'intégration elle-même
coûterait quelque chose, c'est-à-dire pas simplement réunir
le coût des divers services de police ensemble, mais qu'en plus de cela,
l'intégration elle-même coûte quelque chose, est-ce que vous
croyez que ce coût additionnel devrait être défrayé
par la Communauté urbaine, par le gouvernement ou autrement?
M. BENOIT: Quand on dit défrayé par la Communauté
urbaine, cela veut dire défrayé par les villes.
M. BURNS: C'est ça.
M. BENOIT: Par ricochet. Alors, nous soutenons que nos contribuables...
Je pense que c'est la même situation qui prévaut un peu partout
à travers la province, les contribuables des villes en ont suffisamment
à payer dans le moment sans que l'on pense à leur en imposer
davantage. Et nous souhaiterions certainement que le gouvernement puisse venir
davantage en aide à la Communauté urbaine, surtout lorsque l'on
pense aux $15 millions qui doivent être partagés par les
contribuables, pour les seize derniers mois, pour les services de police
les quatre mois de 1970 et les douze mois de 1971 qui vont tomber sur la
tête des contribuables dès cette année en 1972, en plus des
frais des services de police qui sont prévus à $84 millions,
chiffres au sujet desquels nous avons des doutes assez précis, je ne
pense pas qu'il y ait lieu de penser à en ajouter davantage.
Que le gouvernement soit en mesure de venir davantage en aide à
la Communauté urbaine, c'est certainement un voeu que nous faisons.
M. BURNS: Merci, M. Benoît.
M.PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a discuté
de ce problème avec le ministre des Finances pour venir
éventuellement au secours de la Communauté urbaine de
Montréal dans l'intégration des forces de police?
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas l'idée de proposer une
dépense d'argent?
M. PAUL: Non, non, je ne propose pas. Il y a erreur. C'est une
inquisition bien aimable.
M. CHOQUETTE: M. le Président, il n'y a pas de doute que l'aspect
financier de ce projet de loi nous a préoccupés
énormément. Je tiens à dire aux maires et à tous
ceux qui sont présents ici aujourd'hui que le côté
financier de toute cette situation nous a préoccupés et que nous
entendons, en somme, faciliter, dans la mesure du possible, l'opération
qui est devenue nécessaire pour pour reprendre un peu ce que
disait M. Benoît assurer que nous allons reprendre en main le
contrôle des coûts à la Communauté urbaine de
Montréal dans le domaine policier. Parce que le système qui
existait précédemment, celui de l'intégration des budgets,
nous semble avoir entraîné un certain désordre dans
l'administration des affaires policières. Par conséquent, il est
absolument nécessaire qu'il y ait une reprise en main de la
situation.
Deuxièmement, il n'y a pas de doute que le changement de
régime budgétaire qui suit l'adoption de ce projet de loi,
puisque l'on va passer d'un régime de répartition à un
régime de prévisions budgétaires, impose une
période de rattrapage, puisqu'il y a un décalage, entre les
années financières, de quatre mois, comme on le sait. Il y a
également le changement de régime qui va entraîner des
coûts supplémentaires pour l'année 1972. Le gouvernement
fera ce qu'il peut, avec ses disponibilités qui ne sont pas très
considérables il faut l'admettre à l'heure
actuelle. Les conversations que j'ai eues avec le ministre des Finances
n'étaient pas très encourageantes. Je dois vous le dire
franchement. Mais d'un autre côté, ne pas procéder à
l'intégration le 1er janvier 1972 aurait des conséquences pires
sur l'avenir financier, en somme sur la fiscalité, dans toute la
région montréalaise que si nous procédons
immédiatement.
Il est malheureux que ce soit la situation, mais nous devons l'accepter
telle qu'elle l'est, nous devons faire face à la réalité.
Je crois que remettre les échéances à plus tard aurait des
conséquences financières encore plus désastreuses. Je
crois que c'est tout ce que je peux dire en réponse à votre
question extrêmement pertinente, ainsi qu'à vos observations.
M. PAUL: M. le Président, me prévalant des dispositions de
l'ancien code de procédure civile, est-ce que vous me permettriez de
faire une motion pour détails pour demander au ministre de
définir exactement l'emploi des termes suivants dans le cours de ses
remarques: Faciliter les opérations de l'intégration? Est-ce
qu'il s'agit d'une assistance technique? Si je demande au ministre s'il s'agit
d'une assistance financière, il me répondra que le ministre des
Finances ne veut pas, ou du moins, ne peut pas.
M. CHOQUETTE: Le ministre des Finances, dans l'état actuel des
choses, ne peut tout simplement pas.
M. PAUL: C'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement, sur ce
dernier point, faire le commentaire suivant. En ce qui me concerne, si j'ai
posé la question à M. Benoit au sujet de l'intégration,
c'est que je suis conscient du fait qu'à toutes fins pratiques, cette
intégration qui se fait à Montréal est un peu une
expérience que le gouvernement fait, qui pourra servir ailleurs et que,
peut-être, cette expérience comportera certaines erreurs au
début. Je ne pense pas, personnellement, que ce ne soit ni la
Communauté urbaine ni, si vous voulez, les municipalités qui en
font partie, qui doivent défrayer cela. Cela, je pense que c'est une
responsabilité gouvernementale et, malgré les réticences
du ministre des Finances, je compte sur les talents de plaideur du ministre de
la Justice pour convaincre le ministre des Finances que ce ne sont pas les
municipalités visées qui doivent défrayer le coût de
cela. Si, évidemment par l'intégration elle-même, on se
retrouvait avec les budgets des diverses municipalités
additionnés ensemble, cela donnerait le budget, du moins pour la
première année de la Communauté urbaine, du service
intégré de la police.
Je dirais d'accord, qu'elles continuent à prendre leurs
responsabilités. Mais si la mise en place de cette affaire coûte
quelque chose, puisque c'est le gouvernement qui a l'initiative de faire bouger
cette affaire-là, je ne pense pas que ce soient les municipalités
qui doivent défrayer le coût de cette intégration ou le
coût additionnel causé par cette intégration.
M. CHOQUETTE: Le point de vue soumis par le député de
Maisonneuve qui fait suite aux questions du député de
Maskinongé, peut avoir incontestablement une certaine valeur et je suis
prêt à le reconnaître, mais comme on le sait, nous venons de
déposer un budget supplémentaire de $132 millions qui comporte
$80 millions pour l'accroissement des besoins au niveau du bien-être
social, c'est dire que la situation financière du gouvernement lui donne
fort peu de marge pour manoeuvrer. Alors, quelles que soient nos bonnes
intentions et l'on peut être assuré des miennes en tout cas
c'est certain que j'aimerais venir en aide à la communauté
et aux municipalités et aux contribuables de Montréal. Je
réalise la difficulté de la situation, je ne l'ai pas
caché quand j'ai exposé le projet de loi en deuxième
lecture, mais il faut quand même regarder les faits en face. Je ne peux
pas faire de promesse aujourd'hui, mais cela ne veut pas dire que, dans
l'avenir, je ne m'emploierai pas à tenter d'alléger le fardeau
financier qui pèsera sur les contribuables de la région de
Montréal.
M. LAURIN: Mais avez-vous une idée des sommes que cela
impliquerait?
M. CHOQUETTE: Lesquelles?
M. LAURIN: Si vous répondiez à la suggestion du
député de Maisonneuve.
M. CHOQUETTE: On en a une idée certainement.
UNE VOIX: De quel ordre?
M. CHOQUETTE: Cela dépend de quoi on parle.
M. BURNS: Le coût de l'intégration lui-même.
M. CHOQUETTE: Il y a des développements ultérieurs au
coût de l'intégration, il est assez difficile de prévoir
quelle sera l'issue des négociations de la convention collective,
comment on va traiter la question des plans de retraite entre les policiers des
différentes municipalités. Alors il y a une série
d'impondérables dans ce domaine qui rendent un calcul précis
assez difficile.
M. LAURIN: On ne vous demande pas de chiffres précis, mais
simplement un ordre de grandeur.
M. CHOQUETTE: Je n'oserais pas avancer un ordre de grandeur. J'ai vu que
M. Saulnier a déposé son budget à la Communauté
urbaine de Montréal, hier, je pense, on en a vu les résultats
dans les journaux. Or, je pense que M. Saulnier a quand même donné
une idée assez précise des conséquences financières
au point de vue des contribuables. Je ne voudrais donc pas m'avancer sur ce
terrain-là et commencer à discuter des chiffres de façon
précise.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question au
député de Maisonneuve. Il a parlé des talents de plaideur
du ministre, ne croit-il pas que pour que le ministre réussisse dans son
plaidoyer auprès du ministre des Finances, il serait mieux de retenir
ses services et les miens comme avocats-conseils?
M. BURNS: Je suis d'accord sur la suggestion du député de
Maskinongé, s'il a besoin de deux plaideurs de plus.
M. LE PRESIDENT: Ce matin, nous allons nous résumer à
écouter à la barre ceux qui soumettent des mémoires!
M. CHOQUETTE: Je vous prends tous les trois, c'est sûr et certain,
sans salaire et sans honoraires.
M. LAMONTAGNE: Est-ce qu'il y a d'autres questions pour M.
Benoît?
UNE VOIX: Il pourrait y avoir des objections a l'emploi de ces
deux-là!
M. BURNS: Du côté ministériel, il y en aurait
plusieurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous allons nous servir du service d'ordre
des policiers pour rétablir l'ordre de ce côté-ci.
M. CHOQUETTE: Je crois que c'est le député de Baldwin que
je vais prendre comme mon avocat-conseil, je pense qu'il va avoir plus de poids
auprès du ministre des Finances.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Benoît. J'inviterais maintenant M.
Jacques Viau, au nom des villes de Pointe-Claire, LaSalle et de Hampstead.
M. BENOIT: Le maire Desmarais aurait encore un mot à dire.
Outremont
M. DESMARAIS: M. le Président, je me suis levé trop vite
tantôt, et il me semble que vous m'avez perdu en cours de route. J'avais
demandé à être entendu, Pierre Desmarais, maire
d'Outremont. Si M. Viau n'a pas d'objection.
M. VIAU: Pas du tout.
M. DESMARAIS: M. le Président, comme je l'ai dit tantôt,
j'ai eu l'honneur de présider un sous-comité de la
Conférence des maires qui, au cours de la fin de l'année 1970 et
du début de 1971, s'est penchée sur la question de
l'intégration des forces policières à la Communauté
urbaine. J'ai été très heureux, ainsi que mes
collègues, de retrouver, de façon générale, dans le
projet de loi qui est devant vous des principes que nous appuyions, des
principes qui étaient basés sur des rencontres nombreuses avec
les représentants des différentes municipalités, y compris
les représentants de la ville de Toronto.
Je ne voudrais pas m'attarder sur la question du principe, mais je
voudrais simplement souligner quelques détails rappelant comme le
président de la conférence l'a fait, la question du budget que
nous aimerions voir revenir au conseil pour bonne étude, quitte à
ce qu'il y ait un tiers-parti qui éventuellement siège en appel
de la non-approbation ou des changements que voudrait y apporter le conseil.
Evidemment, ce principe, à mon point de vue, devrait s'appliquer sur la
question de la négociation, parce qu'il est prévu à
l'article 205 b) que le Conseil de sécurité mènera la
négociation, ce que je trouve excellent, et fera rapport au conseil de
la communauté, ce que je trouve un peu moins bon.
Il ne faut jamais oublier que le conseil de la communauté, par
ses représentants, sera appelé à taxer les citoyens de qui
ont détient notre mandat et, si les articles sont adoptés tels
quels, nous retournerons vers nos commettants en leur disant: Oui, nous avons
vu à la communauté et le budget et le fruit des
négociations qui prévoient des augmentations de tant et tant,
mais nous n'avons rien à dire là-dessus.
Comme le budget de la communauté et le budget de la police
qui est chargé à des propriétaires
représentent dans toutes nos municipalités une grande proportion
des sommes imposées, je pense qu'il serait bon que nous puissions avoir
quelque chose à dire même si je suis d'accord sur le principe que
nous ne menions pas à la Communauté urbaine des
négociations ou que nous n'ayons pas le pouvoir de faire des changements
majeurs mais plutôt d'aller peut-être à la Commission de
police pour remettre le problème devant elle et nous donner l'occasion
d'en discuter.
Dans le projet, il est prévu, sur le sujet de la nomination du
directeur et de consultations avec le conseil de la Communauté urbaine.
Il est cependant indiqué que, pour le premier directeur, le conseil ne
sera pas consulté. Je comprends que nous sommes pressés et qu'il
faut faire vite. D'autre part, je me demande s'il n'y aurait pas moyen de
changer cette clause-là de façon que le conseil de la
communauté, pour le premier directeur, qui va être très,
très important, soit consulté. Je ne pense pas que de
façon générale les membres du conseil de la
communauté s'opposent de façon systématique. Mais
étant donné que les gestes que posera cet homme seront de
très grande conséquence et pour l'avenir du service de police de
la communauté et pour les coûts imposés, je vous soumets,
M. le Président, que nous aimerions et je parle à ce
moment-ci à titre de maire d'Outremont que cette nomination soit
apportée au conseil s'il y a possibilité.
Le président a mentionné la question du jugement qui sera
porté sur les policiers de
banlieue et je veux laisser aux différentes fraternités le
soin de défendre ce point-là, je pense qu'ils peuvent très
bien le faire. On a posé tantôt la question du coût, c'est
mon dernier point, et cela se rattache à ces $15 millions auxquels les
municipalités, la plupart des municipalités de banlieue, ce n'est
pas Montréal à ce moment-ci, ont à faire face, soit dans
leur budget de 1972, soit selon une méthode proposée dans le bill
75 qui a été adopté il y a quelques semaines, par un
emprunt et une répartition sur plusieurs années.
M. le Président, nos citoyens réaliseront ce que veut dire
l'intégration des forces policières quand, au mois de janvier ou
au mois de février prochain, ils recevront un compte de taxes
soit à l'intérieur du compte de taxes de la municipalité
ou un compte de taxes séparé qui indiquera que les
coûts de la Communauté urbaine, y compris les coûts de la
police, sont de tant et sont dans la grande majorité des
municipalités, sauf quatre, plus élevés que ce qu'ils
étaient auparavant. Ils vont certainement réagir à ce
moment-là et je pense que c'est notre devoir, à titre de
représentants directs de ces gens-là, d'implorer le gouvernement
de faire quelque chose pour nous au point de vue financier.
S'il y avait moyen, quelque part, de trouver des sommes
nécessaires pour permettre, le paiement de ces $15 millions qui viennent
en fait d'une décision prise contre la volonté de la
majorité des villes de banlieue, il y a deux ans, au moment de la
création de la Communauté urbaine par le gouvernement provincial
et qui vient, je le comprends, d'une série d'échéances
auxquelles nous avons à faire face aujourd'hui. C'est la dernière
fois, mais nous avons à y faire face.
En conséquence, je crois que nos citoyens se sentiraient
peut-être mieux disposés envers leurs gouvernants s'ils voyaient
que, non seulement, l'intégration est peut-être une chose
absolument nécessaire et je suis maintenant d'accord; mais, d'autre
part, à cause des gestes qui ont été posés pour,
à l'origine, régler les problèmes financiers, les
policiers de la ville de Montréal, nos citoyens se trouvent maintenant
devant un compte de taxes qui à mon point de vue est ridicule.
On a prévu dans la loi, nous le savons fort bien, que nous
pourrons emprunter par le chemin de la communauté sur une période
allant jusqu'à quinze ans, je pense, pour payer ces sommes-là.
Mais, si nous établissons le principe une fois que les
municipalités peuvent, pour toutes sortes de bonnes raisons et il
y en a des bonnes raisons emprunter pour des dépenses courantes,
je pense bien que les municipalités viendront ici, à l'occasion,
et je sais qu'elles s'adresseront à ce moment-là par le chemin
des Affaires municipales. Elles reviendront donc et diront : Pourquoi de telles
dépenses courantes? Parce que nous n'avons pas les moyens ou, pour telle
ou telle raison, nous voudrions avoir la permission d'emprunter, ce qui
à mon point de vue est absolument irréaliste.
Je termine en demandant au gouvernement de bien évaluer cette
somme d'argent qui va frapper le citoyen dans deux mois. Aujourd'hui, nos
citoyens de Montréal ne sont pas au courant. Même s'ils le
lisaient demain dans le journal, cela ne les frappera pas. Quand ils vont
recevoir le compte de taxes, cela va les frapper en plein visage et, dans
certains cas, c'est très, très, très élevé.
Merci. M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Monsieur le ministre.
M. CHOQUETTE: M. le maire, seulement une question d'information. A
Toronto, la négociation des conventions collectives et la conclusion des
conventions collectives se font avec le conseil de sécurité.
Est-ce que vous êtes au courant des mécanismes de consultation des
municipalités qui existent?
M. DESMARAIS: Il n'y a pas de consultation en cours de
négociation. Pour autant que je me souvienne, cela remonte à un
an, le président de la Commission de police nous disait: Ecoutez, nous
préparons notre budget, nos négociations et nous
présentons cela au conseil du Toronto métropolitain qui lui a le
pouvoir d'en discuter, je pense, pendant quinze jours et qui, s'il ne l'a pas
adopté après quinze jours, peut faire appel à la
Commission de police de l'Ontario.
M. CHOQUETTE: Oui, sur le budget, mais sur la question de la conclusion
des conventions collectives, est-ce que...
M. DESMARAIS: C'est de la négociation directe entre le conseil de
sécurité et les fraternités ou les syndicats. Je m'excuse,
M. le ministre, est-ce que je comprends votre question?
M. CHOQUETTE: Non. Vous soulevez, en somme, l'intérêt qu'il
y aurait d'examiner une solution à l'effet que le conseil de la
communauté pourrait avoir le mot définitif en matière de
conclusion de conventions collectives, mais s'il y a désaccord avec le
conseil de la communauté, cela pourrait aller à la Commission de
police. Evidemment, dans le domaine budgétaire, je vois que nous
pourrions adopter un système comme celui-là. Mais dans le domaine
de la conclusion de conventions collectives, je ne suis pas fixé sur
l'intérêt d'une telle solution.
M. DESMARAIS: M. le ministre, M. le Président, la conclusion
d'une convention collective a des implications tellement directes dans le
budget que, si le conseil de sécurité, à un certain
moment, décide, pour toutes sortes de raisons qui lui seront propres,
d'augmenter les salaires de 5 p.c, 10 p.c, 15 p.c, 20 p.c, le conseil de la
communauté, à mon point de vue,
devrait avoir son mot à dire, puis poser des questions sur le
sujet.
M. CHOQUETTE: C'est la raison pour laquelle, dans le projet de loi, nous
avions mis, pour ce qui est du budget et des conventions collectives, que cela
allait au conseil de la communauté qui pouvait en discuter et exprimer
son avis, malgré que cela ne pourrait pas nécessairement lier le
Conseil de sécurité. C'était cela que nous avions en vue;
c'est-à-dire que nous nous sommes dit ceci: Le Conseil de
sécurité va négocier les conventions, va traiter avec les
fraternités et les syndicats.
Une fois qu'il est arrivé à un accord de principe, il
envoie le tout au conseil de la communauté et là celui-ci peut
dire: Ecoutez, il y a telle chose et tel aspect que vous devez
considérer, etc. mais sans que le conseil puisse lier le Conseil de
sécurité à une décision précise ou à
une approbation nécessaire pour la conclusion d'une convention
collective.
M. DESMARAIS: M. le ministre, nous sommes d'accord sur cela; nous
l'avons étudié cet article-là en Assemblée; je
pense que l'on réfère à l'article 8 qui amende l'article
240, où il est dit que le budget fait partie du budget de la
communauté. Nous n'avions pas vu à la conférence des
maires qu'à ce moment-là, cela venait en discussion à la
communauté. Si le conseil de la communauté, pour une raison ou
une autre, décidait de ne pas l'adopter, on ne voyait pas très
bien quel était le mécanisme pour l'adoption
éventuelle.
M. CHOQUETTE: Le mécanisme prévu était l'adoption
automatique au bout d'un temps "X", mais quand même en permettant au
conseil de la communauté d'exprimer son avis, son désaccord, de
critiquer l'administration du Conseil de sécurité, s'il y a lieu,
ou de l'approuver.
M. DESMARAIS: A ce moment-là, ça va bien. Le
mécanisme additionnel qui serait peut-être intéressant, est
le recours à un tiers parti qui pourrait être la Commission de
police. Pour le budget, je vois cette solution parce qu'elle a
été adoptée, semble-t-il, à Toronto. Mais pour la
conclusion d'une convention collective, je me demandais quel était le
régime qui existait en Ontario. Nous allons le vérifier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voulais simplement poser une question au maire d'Outremont
concernant l'article 31 qui touche l'évaluation du personnel policier
des municipalités qui vont être intégrées dans ce
projet de loi-là. Etant donné que l'on semble vouloir mettre une
évaluation particulière aux policiers en dehors de la ville de
Montréal, chose qui ne serait pas exigée pour les policiers de
Montréal, est-ce que vous trouvez que c'est une chose normale? Quelle
est votre opinion à ce sujet-là?
M. DESMARAIS: M. le Président, il est bien évident que le
corps de police de Montréal est le mieux structuré. En
conséquence on devrait comparer les autres avec lui et je n'ai pas
tellement d'objection à ce que l'on compare les gens des
municipalités de banlieue avec les grades de la ville de Montréal
pour savoir où se situerait un lieutenant de la ville X versus un
lieutenant de la ville de Montréal.
Je remarque qu'à la fin du paragraphe, le ministre de la Justice
se réserve le privilège d'indiquer dans quelle mesure cela se
ferait. Personnellement, ça ne me dérange pas que ça ne
soit pas plus clair que cela dans la loi. Entre le ministre et les
différents syndicats qui représentent les policiers et le Conseil
de sécurité, on devrait en venir à une entente.
De toute façon, on touche à 1,000 personnes sur 4,000. Je
ne peux pas croire que les mille auront des problèmes. Eliminons ceux
qui sont de la gendarmerie et il en reste peut-être 300 ou 400. Il ne
devrait pas y avoir de problèmes majeurs là-dessus à mon
point de vue.
M. PAUL: M. le maire, ne croyez-vous pas que le deuxième
paragraphe de l'article 31 va passer comme une lettre à la poste de la
part des membres de la Fraternité des policiers de Montréal? Je
ne sais pas, mais j'ai bien l'impression que M. Marcil va attirer notre
attention d'une façon toute particulière sur cet
article-là.
UNE VOIX: Non, je ne crois pas. M. PAUL: Vous ne croyez pas.
M. DESMARAIS: M. le Président, j'espère que le
député de Maskinongé ne me demande pas de répondre
au nom de M. Marcil.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je remercie le maire d'Outremont. Ma
question ne s'adresse pas directement à lui, mais plutôt au
ministre et à travers lui à la Commission de police. Sur ce
problème de l'article 31, on parle d'évaluation du personnel, de
normalisation de grades et de fonctions, est-ce qu'il y a des critères
qui sont établis actuellement? Quels sont ces
critères-là?
M. CHOQUETTE: Des critères pour les grades...
M. BURNS: Pour l'évaluation. Evidemment, M. le ministre, sauf
erreur, mais avec la petite expérience que j'ai dans le domaine, je me
suis toujours dit qu'avant de faire une évaluation de personnel, il
fallait au départ de façon objective
et non pas subjective avoir des critères d'évaluation.
Comme éventuellement, ce sera la Commission de police qui
procédera à cette évaluation-là, est-ce qu'avant
d'adopter ce projet de loi, on connaît les critères
d'évaluation?
M. CHOQUETTE: Actuellement, dans les corps de police du Québec,
je pense que l'on va admettre facilement que la situation est extrêmement
variable d'un corps policier à l'autre.
M. BURNS: C'est justement pourquoi c'est tellement important d'avoir des
critères objectifs.
M. CHOQUETTE: Je comprends. Mais je ne pense pas que nous puissions
préciser dans les moindres détails, à l'occasion d'un
projet de loi comme celui-ci, les critères qui devraient s'imposer. Je
crois qu'il s'agira pour la Commission de police d'élaborer certains
critères qui ont une certaine flexibilité pour faire son travail
en vertu de l'article 31. Elle devra, je crois, considérer le standard
moyen qui prévaut dans la région de Montréal. Je crois
bien que, si quelqu'un faisait l'analyse des différents corps de police
à Montréal, on en arriverait à certains standards moyens.
D'ailleurs, je signale au député que les critères
d'embauche sont déjà fixés d'une façon
définitive, soit par règlement de la Communauté urbaine ou
même par règlement de la Commission de police.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre. Je vous arrête là,
parce que même si les critères d'embauche sont établis
moi cela ne me dérange pas du tout le problème, ce
sont les policiers qui sont là actuellement, ce sont eux qui seront
évalués. Que vous me disiez que, dans l'avenir, vous n'engagiez
pas des policiers qui n'ont pas telle formation, cela ne me dérange
pas.
M. CHOQUETTE: Oui, mais comme disait le maire d'Outremont tout à
l'heure, le problème ne peut pas se poser au niveau de l'agent d'une
municipalité de banlieue ou de l'agent de la ville de Montréal.
Il est un agent, donc, il n'y a pas de problème concret. Là
où le problème concret peut exister, en rapport avec certains
détenteurs de grades dans des corps de police, c'est à savoir si
ces grades correspondent au standard moyen dans la région de
Montréal. Je pense que ça devrait être la question que se
posera la Commission de police. D'ailleurs, je pense bien que la Commission de
police ne prendra pas une attitude étroite et serrée à
l'extrême dans l'analyse de la compétence des officiers. Je pense
qu'elle prendra plutôt une attitude libérale.
M. PAUL: Dans le bon sens du mot.
M. CHOQUETTE: Compte tenu de ce que, à l'occasion d'une
intégration comme celle-ci, nous partons avec un certain passé
qu'il faut accepter, je crois que les pouvoirs de l'article 31 permettront
d'agir à l'égard de certaines personnes qui ont peut-être
reçu des promotions très récentes dans certaines
municipalités, en vue de l'intégration si le problème se
pose. Je ne pense pas que ce soit l'intention ni du gouvernement ni de la
Commission de police de commencer à sabrer dans les corps de police de
la ville de Montréal. Nous savons que la plupart du temps ils ont agi de
bonne foi et nous n'allons pas mettre en péril des intérêts
légitimes de la part de certaines personnes qui ont des grades et qui
peuvent prétendre y avoir droit. Ce sont les abus que nous voulons
réprimer.
M. BURNS: Sur ce point-là, est-ce que le ministre me permet une
question? Est-ce que la façon dont l'article est rédigé
n'établit pas comme standard ou critère de base celui sur lequel
s'appuie la ville de Montréal?
M. CHOQUETTE: Je pense que le député a raison en grande
partie. Le corps de police de Montréal est établi depuis
peut-être plus longtemps que les autres, il est plus perfectionné,
je pense bien qu'au total, cela indique sûrement une intention de la part
du législateur qu'en règle générale on maintienne
le statu quo au sein de la force policière de Montréal, mais avec
la réserve que j'ai apportée tout à l'heure, en
réponse à la question du député de Maisonneuve, au
sujet des officiers dans les corps de police de banlieue.
M. BURNS: M. le Président, sur ce point-là, j'imagine,
comme le disaient les deux maires tantôt, que les fraternités,
syndicats et associations nous feront part de leur point de vue. Une
dernière question: Le maire d'Outremont nous a posé le
problème de la nomination du premier directeur. Je pense qu'il a tout
à fait raison quand il dit que cette première nomination est
très importante, parce que, toutes choses étant normales, il est
à prévoir que cette nomination est pour quelques années
à venir.
Je partage son désir de faire participer les membres de la
Communauté urbaine à cette première nomination et je pense
tout haut en disant au ministre: Même s'il y a un facteur de temps dans
cela, semble-t-il, et qu'il devient urgent de nommer le directeur, parce que,
évidemment, il va être la cheville ouvrière de cette mise
en place, ne serait-il pas possible qu'on prévoie quand même une
consultation de la Communauté urbaine, des municipalités, quitte
à dire que, s'il n'y a pas entente, un moment donné, sur la
nomination, cela reviendra alors au ministre de décider ou au
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. CHOQUETTE: Evidemment, le député signale, comme le
maire d'Outremont, la question d'urgence, la question de temps, ce qui explique
un peu la procédure proposée pour la première nomination.
On peut être assuré que, même si le bill devait rester dans
sa teneur
actuelle, des consultations appropriées seront faites par le
gouvernement, avant la nomination du premier chef de police.
Même si elles ne sont pas inscrites dans la loi d'une façon
formelle, j'entends bien que nous allons consulter des personnes au niveau des
autorités municipales et ailleurs dans les corps de police de
façon à trouver le meilleur candidat.
M. BURNS: Je suis bien content d'entendre le ministre dire ça
parce que le fait que la première nomination, apparemment, du moins par
le texte, ne devait pas être précédée d'une
consultation mais je me posais la question à savoir si le chef en
question n'est pas déjà choisi.
M. CHOQUETTE: Non, je peux vous assurer qu'aucune décision n'est
prise à l'heure actuelle et que, comme je le répète,
même s'il n'y a pas d'obligation stricte de consultation, le gouvernement
n'ira sûrement pas faire une nomination aussi importante sans avoir
consulté des personnes qui sont dignes et capables de nous donner un
point de vue objectif.
M. PAUL: Papa Doc.
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. PAUL: Je dis Papa Doc n'a pas encore été
consulté.
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas d'autre question, s'il n'y
a pas d'autre membre de la commission qui a des questions, je signale qu'il est
midi et trente cinq.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais remercier, les deux maires, MM. Benoit et
Desmarais, s'ils ont terminé. Je voudrais les remercier au nom des
membres de la commission de leur participation, mais avant de suspendre
jusqu'à deux heures trente, je voudrais donner l'ordre...
M. VIAU: M. le Président, j'aurais une demande à faire au
nom du maire Finlayson qui malheureusement doit retourner à
Montréal dans le plus court délai possible, parce qu'il a une
réunion très importante cet après-midi, il aurait
peut-être deux ou trois mots à dire, quatre ou cinq minutes.
M. LE PRESIDENT: Le maire de...?
M. VIAU: Le maire de Hampstead, M. Stuart Finlayson.
M. LE PRESIDENT: Parfait, si les membres acceptent.
Hampstead
M. FINLAYSON: Merci, M. le Président. J'ai un problème,
parce que nous avons un référen- dum dans la ville de Hampstead
aujourd'hui au sujet d'une patinoire.
I must be back late this afternoon. I would just like to make a few
comments in principle.
In the first place, I have listened with a great deal of interest to
what has transpired so far, and I am very encouraged by the level of the debate
and the level of the questions and of the replies that have been given.
It seems to be three or four basic things what we must try to cover if
this Bill and the subsequent action is to be of the best in the interest of the
taxpayers of what I will call justice and good police work and in the interest
of the employees.
First is that the more rapidly we go, the more likely we are to
encounter problems which have not had time to be digested, and that will cost
money.
So, I would urge upon the Government that in the conclusion of this
Bill, we should do everything we can to proceed by logical stages rapidly, but
without undue haste. I am not talking of being slow, I am merely talking of
being deliberate in the sense of being sure that we have got aright foot here
solidly planted before we can move the left foot out. I think this is very
important.
Another point is that is seems to me to be a number of these clauses,
which undoubtedly Mr. Viau or others will talk about, which require some
refinement to make it clear what the intend and the final legislation will be.
Now, these cover a multitude of things and I will not try to take the time of
the committee to discuss them, because I know that they will be brought out
later, and some of them have already been brought out, like clause 31, which I
regard as extremely important, not only from the point of view of the
municipalities, but from the point of view of the men themselves.
But to illustrate one of the concerns, if you will look at clause 31
(10), I am on the unfortunate position of having concluded a collective bargain
with our police force, about a month ago, for salaries and other working
conditions for two years forward: 1972 and 1973. And so immediately with the
wording of that clause, there would appear to be a problem as what our
municipality will do with respect to the rates of pay, which we have already
agreed to put into effect with our men, on January the first next.
There are a number of clauses, M. le Président, of that time,
that I think we need to have considerably clarified before we can proceed on a
solid basis. I cannot speak for other municipalities, but I know one or two
that are in a similar position, with respect to this clause 31 (10).
I would hope that in the final form of the legislation there will be a
clarification of this, which will permit a proper proceeding in connection with
a contract, which I believe is legally binding until, of course, such time as
it is over ridden by new decisions by the new
proposed police commission.
So I would urge that we should proceed with deliberation. I mean by that
the Bill should be structured so we can proceed with deliberation in this
thing, that we do not leap into the field of integration until we have studied
all the other measures that seem to me to be preliminary to it, and M. le maire
d'Outremont and others who have spoken to this. I think it is extremely
important that we should move through stages of co-ordination and delight
toward to whatever final objective there may be.
I should also like to say, dealing with some of the questions that were
directed to M. Benoît, that in many of our municipalities there is a very
intimate relationship between police service and the citizens. I would
deprecate any legislation or any proceeding which would remove that condition,
which seems to me to be terrifically important in the interest of the citizens
and which I am sure helps to make police work much more straight-forward and
more simple.
I do not want to take any more time, M. le Président, but I did
want this opportunity; I am grateful to you for according it in order to try to
emphasize these matters of what to me are very clear principles. I have had
about a half a life time of collective bargaining, I have had a long long
period of business administration, and I have had a modest period in municipal
administration and this experience makes it to me at least
extremely clear that there are certain fundamentals here, and I would like to
urge that in the final form of this legislation there be adequate provisions
for full consultation with all municipalities and all officials in
municipalities that can contribute to the final form and that we should not
embark on a total system only to find that we have got to unravel some part of
it later on because we find some element that could not be assessed in advance
and indeed which may not be known in advance. I hope that this little
contribution of mine would be of some use. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Thank you very much. M. le députe de
Maisonneuve.
M. BURNS: Mr. Finlayson, I appreciate your concern for the recent
signing of your collective agreement passed September the first. One question
that your remarks brought up to my mind was: What is the wage rate situation in
Hampstead compared to that in effect in Montreal? Is there a parity of some
sort?
M. FINLAYSON: Not quite, M. le Président. We have agreed on a
wage rate, "le salaire lui-même", which is higher than, as far as I know,
in most municipalities on the island and certainly to my knowledge, higher than
any on the island. However, from the point of view of total cost, which is the
important thing, we must take into account the fringe benefits and the contract
which we have signed, I believe, is not only fair to the men and fair to our
taxpayers, but as a total cost, will be not greater than and perhaps well
materially less than, will be the going rate for the total cost looking forward
two years. I am fairly confident that it is right.
M.BURNS: A further question: Was this situation prevailing before the
recent negociations?
M. FINLAYSON: Not particularly, Mr. President. We had a two year
contract with our men and it drifted quite a long way behind the going rates
over that period of time, and we have tried to envisage what might happen
taking all the information we could get from sources on the Island of Montreal
and sources beyond the Island of Montreal, and we form this compact in the
sincere belief that it will bring to the men interline with the "avenir" and,
at the same time, will not be beyond a rational total cost of the community and
hence a rational total cost to our taxpayers.
M. BURNS: Thank you, Mr. Finlayson.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Avant d'ajourner, je voudrais donner
l'ordre dans lequel nous entendrons les personnes, cet après-midi: En
premier lieu, M. Jacques Viau; en deuxième lieu, la ville d'Hampstead,
LaSalle, Westmount, la ville de Dollard-des-Ormeaux, Pointe-Claire,
probablement; la Fraternité des policiers de Montréal, le
Comité de groupement des policiers de banlieue de l'île de
Montréal; l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de
Montréal; les Chefs de police de l'ouest de l'île; les
Fonctionnaires municipaux de Montréal de la Fédération des
services de la CSN et le Syndicat canadien de la fonction publique,
employés manuels de Montréal. La séance est
ajournée à cet après-midi, à 2 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
Reprise de la séance à 14 h 40
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Justice): A l'ordre, messieurs!
J'inviterais immédiatement Me Jacques Viau, au nom des villes de
Pointe-Claire, LaSalle et Hampstead, à prendre la parole.
Pointe-Claire, LaSalle et Hampstead
M. VIAU: M. le Président, je voudrais diviser les observations
que j'ai à faire au sujet du bill 281 en deux chapitres: observations
générales et observations spécifiques concernant les
dispositions du bill qui sont à l'étude devant l'Assemblée
nationale.
En premier lieu, je regrette le peu de temps qui a été mis
à la disposition des parties intéressées et les parties
intéressées, je crois que ce sont toutes les municipalités
de l'île de Montréal.
Voici un projet de loi qui règle un problème ou qui veut
tenter de régler un problème pour plusieurs années
à venir. L'on avait dit qu'il fallait que le projet soit loi avant
Noël. Noël devient toujours une date presque cauchemardesque pour les
municipalités de banlieue de la ville de Montréal, car j'ai
souvenir qu'il y a deux ans et quelques jours à peine, j'étais
debout à la même place, faisant part de certaines craintes et de
certaines observations au sujet du bill 75.
M. PAUL: C'était le 18 décembre.
M. VIAU: Pardon, c'était le 10 décembre, M. le
député.
M. PAUL: Le 18 décembre.
M. VIAU: C'était le 10 décembre, devant cette commission.
J'ai d'ailleurs le procès-verbal ici devant moi qui rapporte bien...
M. PAUL: Cela dépend. Vous venez souvent.
M. VIAU: Les 10 et 11 décembre 1969 où il y avait eu une
commission parlementaire sur le bill 75 qui est à l'origine du bill qui
est aujourd'hui devant cette assemblée.
C'est un bill dont j'ai dit qu'il avait des implications très
profondes et immenses, tant pour les municipalités que pour les
citoyens. N'oubliez pas, que par ce bill, vous affectez plus que le tiers de la
population de la province de Québec. C'est regrettable, mais je crois
que nous sommes toujours pris à la dernière minute.
Ce n'est pas un reproche que je fais au ministre de la Justice, pour qui
j'ai beaucoup de considération, parce que je connais ses intentions
objectives, mais il n'en demeure pas moins que nous sommes toujours en face
d'une situation où il faut agir rapidement. D'ailleurs, le projet a
été déposé vendredi dernier, et il a fallu faire
dilligence pour obtenir des copies et en prendre connaissance.
Il y a quinze jours, un bill était adopté d'une
façon assez rapide, le bill 75, édition 1971, qui amendait le
bill 75 de 1969. Là encore, je regrette et je dois exprimer le regret au
nom des municipalités qu'on n'ait été mis au courant que
lorsque le bill a été adopté par l'Assemblée
nationale. Je crois que c'est une méthode qui n'est pas acceptable. Je
crois qu'il est de mon devoir de protester d'une façon officielle au nom
des municipalités. Parce que, lorsqu'il y a des projets de loi qui
affectent les municipalités, qui affectent les citoyens, je crois que si
l'on veut réellement la participation des citoyens du Québec,
dans quelque endroit de la province, il faut qu'ils puissent réellement
participer. La participation n'est pas un vain mot, mais elle doit être
vécue dans les faits et dans la réalité.
Le bill 75 a introduit dans la législation des principes
nouveaux. Un premier principe sur lequel je voudrais dire quelques mots, c'est
celui de l'article 9 de ce bill 75 où l'on permet aux
municipalités d'emprunter pour payer des dépenses
d'administration. Je crois que c'est un principe nouveau et avec les quelque
vingt-cinq années d'expérience que j'ai dans les affaires
municipales, je crois que c'est même un principe extrêmement
dangereux.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous êtes sur le bill 75 ou le bill
281, M. Viau?
M.VIAU: M. le Président, je ferais remarquer au ministre que
l'article 9 a une incidence directe sur la Loi de police. Si vous permettez, je
ne sais pas si vous l'avez devant vous, mais ici, le bill 75 dit: "Pour le
paiement de la partie de la quote-part représentant les dépenses
des services de police... Alors, on parle toujours de police et je veux m'en
tenir strictement à la police.
M. CHOQUETTE: Oui, mais vous savez que la commission s'est réunie
pour étudier le bill 281.
M. PAUL: On en a disposé du projet de loi 75.
M. VIAU: Très bien. Alors, j'en parlerai plus tard. Vous verrez
que cela a une incidence...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas pour vous empêcher de parler, M. Viau,
pas du tout. Vous savez qu'ici nous sommes très ouverts et nous
discutons les choses très franchement.
M. VIAU: Je me sens très à l'aise aussi, M. le
ministre.
M. CHOQUETTE: Vous avez toutes les raisons de vous sentir à
l'aise.
M. VIAU: Je voulais simplement attirer l'at-
tention là-dessus. Comme remarque préliminaire, je trouve
que cette méthode de procéder... D'ailleurs, ce n'est pas un
reproche au gouvernement actuel, c'est une méthode qui, malheureusement,
a eu des précédents sous l'autre gouvernement et contre laquelle
je dois protester.
M. CHOQUETTE: Oui, mais écoutez, M. Viau, vous savez que nous
sommes toujours passablement bouleversés par le temps et, à un
moment donné, il devient nécessaire de poser des gestes.
M. VIAU: Oui, oui.
M. CHOQUETTE: On ne peut pas toujours, en somme, calculer d'avance les
échéances. On aimerait avoir plus de temps nécessaire. Et
même avec mes savants confrères ici présents nous nous
sommes tous entendus pour dire que c'était une nécessité
absolue que d'entendre les municipalités, les fraternités de
police, les fonctionnaires et tous les gens intéressés à
ce bill-là.
Alors, il ne faudrait pas dire que le gouvernement, ou qui que ce soit
à la Chambre, aurait pu être réfractaire à vous
écouter.
M. VIAU: Non, non, je ne dis pas que vous êtes réfractaire,
puisque vous avez d'ailleurs accepté de référer le bill
à la commission parlementaire. Mais je pense qu'il n'en demeure pas
moins que c'est un projet de 60 articles, qui a été
déposé vendredi dernier et que le temps pendant lequel les
municipalités ont pu en prendre connaissance a été
relativement court.
Je crois en toute objectivité que l'on doit se rendre à
l'évidence d'un fait. Maintenant, c'est une remarque d'ordre
général et je crois que, si l'on veut la participation des
citoyens, il faut qu'il y ait des mécanismes qui soient un peu plus
à point pour permettre cette participation.
Alors, le bill 75, en 1969 parlait de l'intégration des forces
policières. Je dirais que les dispositions du bill 75 concernant la
police avaient deux étapes.
A la première étape, on a intégré les
coûts de police. C'était urgent en 1969, pour renflouer
Montréal, d'intégrer les coûts de police. Eh bien, cela a
été fait. C'est un fait accompli. Nous sommes obligés de
nous incliner. C'est une loi, c'est adopté. Le bill 75 prévoyait
également qu'il devait y avoir intégration réelle des
services et on prévoyait une procédure. On prévoyait
précisément à l'article 233 qu'il devait y
avoir des plans d'intégration, soit partiels, soit complets.
Ces plans devaient se répartir, devaient concerner soit les
étapes d'une telle intégration, les modalités de transfert
de l'emploi à la communauté, le transfert des biens qui
appartenaient aux municipalités je lis toujours l'article 233 en
diagonal quels étaient les biens qui appartenaient aux
municipalités affectées en partie, qui devaient être
transférés également et toutes autres conditions et
modalités de ce plan.
On avait reconnu le principe qu'il fallait avant d'intégrer des
plans précis, savoir ce qui arriverait demain. Au mois de février
1971, il y a eu un règlement d'adopté par la Communauté
urbaine; le règlement 26 décrétait l'intégration
à partir du 1er janvier 1972, mais les plans étant toujours
à venir, on disait: Le directeur fera des plans pour dire de quelle
façon cela se fait. Aujourd'hui, nous sommes encore dans la même
situation. On intègre et on réglera après. Eh bien, cette
méthode, je la crois extrêmement dangereuse et je désire
préciser immédiatement qu'il n'est pas question de discuter
l'intégration. L'intégration, je pense que c'est une tendance
irréversible; les municipalités ont admis le principe mais, d'un
autre côté, les modalités demeurent importantes.
D'ailleurs, on a cherché en 1969 à renflouer les finances de
Montréal et je le dis en toute objectivité, cela n'est un secret
pour personne. Il y a eu des déclarations de faites à cette
époque par les membres des deux côtés de la Chambre, je ne
fais pas de personnalités et je ne veux pas non plus retourner aux
déclarations qui ont été faites dans le temps. On a
reconnu que cela était une contribution financière à la
ville de Montréal.
Aujourd'hui, on a le bill 281 qui décrète
l'intégration pour le 1er janvier 1972. Il y a d'excellentes choses dans
le bill, M. le Président. On a reconnu des principes qui ont
été mis de l'avant pas les municipalités dès 1969
et pour la composition, entre autres, du Conseil de sécurité, je
crois que c'est un pas dans la bonne direction, malgré les
déclarations qui ont été faites en sens contraire. Moi,
j'ai toujours soumis, et je prétends aujourd'hui qu'il faut sortir la
politique de la police et je crois que c'est un pas dans la bonne direction,
quelles que soient les déclarations qu'on a faites sur cette
question.
D'ailleurs, cela avait été la proposition du conseil des
maires de File de Montréal en 1969 et cette proposition s'y rapprochait
de très près. On recommandait à ce moment-là un
conseil de cinq membres, vous en faites un de six membres, nous ne sommes pas
loin l'un de l'autre. C'était précisément pour chasser les
influences et les interférences politiques.
A Toronto j'ai déjà eu l'occasion d'en parler dans
le passé j'ai eu l'occasion, il y a un certain temps,
d'accompagner un comité de maires et nous sommes allés visiter
Toronto: nous sommes allés constater sur place, nous avons passé
une journée complète avec le président et les membres de
la Commission de police de là-bas. Je peux vous dire que le
système de Toronto est un système que je trouve équitable
et réaliste, mais ce n'est pas un système qui s'est
matérialisé du jour au lendemain. Il faut se rappeler que le
gouvernement métropolitain de Toronto a été
créé, est entré en vigueur le 1er janvier 1954. La police
a été intégrée ou unifiée le 1er janvier
1957. Pendant trois ans on a travaillé, on a fait des plans et, lorsque
la police de Toronto a été unifiée, le 1er
Janvier 1957, on savait exactement où on allait. On savait
exactement quels seraient les districts qui couvriraient le territoire du
Toronto métropolitain, et on savait exactement quel serait le
régime de rajustement de fonds de pension, quels seraient les
rajustements de salaires et la reclassification des gens.
Aujourd'hui, on intègre ici pour Montréal mais on dit
encore: On fera le plan après. Je me permets de sauter
immédiatement à l'article 53. Je reviendrai sur d'autres, mais
ceci est le principe des étapes.
L'article 53, M. le Président. "En priorité, mais
après consultation avec les associations qui représentent les
policiers fonctionnaires du service de police de la Communauté urbaine
de Montréal, le directeur de ce service prépare et soumet au
Conseil de sécurité et à la Commission de police du
Québec un plan d'allocations des ressources humaines et physiques du
service, compte tenu des besoins de la communauté." Où sont les
municipalités? Les municipalités n'ont pas un mot à dire
dans l'élaboration de ces plans. Je comprends que, si on regarde dans la
procédure qui est suivie plus tard, une fois que tout est fait, que les
plans sont préparés, le Conseil de sécurité
transmet à la communauté qui en donne avis aux
municipalités.
Les municipalités qui représentent les citoyens seront
mises au courant en dernier ressort, alors que tout sera préparé,
tout sera cuit et que tout sera cuisiné. On a toujours soumis... Je
comprends que l'honorable ministre l'a dit ce matin, même si ce n'est pas
marqué dans la loi, il y aura consultation.
Vous savez, des intentions j'en ai vu beaucoup depuis le temps que je
viens ici. Je crois toujours à un texte précis et à des
garanties écrites, parce que le temps passe et on oublie. Des
changements se font assez rapidement d'ailleurs dans une loi. On parlait du
bill 75, à incidence de police. Dans le bill 75 original, il y avait
l'article 371, dans ce temps-là. Pour pouvoir donner bonne bouche
à tout le monde, on avait prévu qu'il y aurait des subventions,
pendant trois ans, à la Communauté urbaine; 1970, 1971 et 1972.
Le bill 75, édition 1971, abroge l'article 371. Cela veut dire que, pour
l'année 1972, les subventions qui avaient été
stipulées à ce moment-là disparaissent. Il n'y a plus de
subventions de la part du gouvernement. On a abrogé cette disposition
par laquelle la Communauté urbaine devait recevoir une subvention de $3
par tête. Il y a à peu près 2,400,000 habitants dans
l'île de Montréal. Si mes calculs sont bons, cela fait quelque
chose comme $7,200,000.
C'est pour vous dire qu'ici, à l'article 53, on va
préparer des plans mais les municipalités seront mises de
côté.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, M. Viau, je me permets de vous interrompre sur ce
point. Ce n'était sûrement pas l'intention de l'article 53 de
mettre les municipalités de côté. Il est vrai que la
consultation se fait peut-être à deux paliers. Il y a une
consultation originale au départ avec les fraternités de
policiers, sûrement. Mais après ça, il est sûrement
de notre intention de soumettre le plan aux municipalités par
l'intermédiaire de la communauté urbaine, pour avoir leur point
de vue et, même, par la suite, nous avons prévu la
possibilité pour les municipalités d'être entendues par la
Commission de police pour, là encore, faire valoir leurs arguments, si
elles ne reçoivent pas un traitement équitable.
M. VIAU: Une fois que le plan est fait, M. le ministre?
M. CHOQUETTE: Bien oui.
M. VIAU: Alors, pourquoi les municipalités qui
représentent les citoyens envers qui on veut donner le service ne sont
même pas consultées?
M. CHOQUETTE: M. Viau, je suis bien d'accord pour consulter les
municipalités, comme je l'ai dit.
Est-ce qu'on pourrait trouver un mécanisme par lequel vous seriez
consultées au départ? Peut-être les municipalités
pourraient-elles désigner un groupe limité de personnes que l'on
pourrait consulter lors de la préparation du plan d'intégration?
N'oubliez pas que ça va être assez difficile de dialoguer avec 29
municipalités différentes.
M. VIAU: Cela, je l'admets.
M. CHOQUETTE: Vous admettez que c'est un problème.
M. VIAU: Je n'en suis pas sur la mécanique ou sur la
procédure mais je pense que, comme principe, c'est bien important, M. le
ministre, que les conseils municipaux qui sont élus par les populations
et qui représentent, avec les banlieues, à peu près
800,000 personnes sur l'île de Montréal, qui seront
affectées et, à un moment donné, on leur dira: C'est
ça maintenant, les postes de police et tout ça.
M. CHOQUETTE: C'est ça, une fois que le plan d'intégration
a été adopté en définitive par la Commission de
police. Ce n'est pas ça au départ, il y a différentes
étapes qui sont prévues. Si vous avez une suggestion
concrète à faire pour essayer d'améliorer les
mécanismes de consultation, je suis bien prêt à l'entendre
et, si on peut, on pourrait l'insérer au projet.
M. VIAU: C'était pour vous dire, M. le ministre, pour exprimer le
danger d'intégrer sans avoir de plan. On met tout ensemble et,
après ça, on fera le partage. C'est ce que je trouve dangereux,
on procède à l'envers de la logique.
M. CHOQUETTE: En pure logique, vous avez 100 p.c. raison, M. Viau.
M. VIAU: Ah! c'est une question...
M. CHOQUETTE: Mais on est dans la vie; on n'est pas dans la logique et
il est nécessaire de procéder à l'intégration. Pour
le mécanisme de l'intégration, on a prévu toutes les
garanties possibles et imaginables pour qu'il n'y ait pas de
municipalités qui soient mal traitées. On a prévu une
procédure pour arriver à une intégration équitable.
Je vous pose la question autrement: S'il fallait attendre le consentement de
toutes les municipalités de l'île de Montréal pour
procéder à un plan d'intégration avant de passer une loi
d'intégration, écoutez, M. Viau, vous serez mort avant qu'on ait
une loi d'intégration de la police à Montréal.
M. VIAU: J'espère vivre plus vieux que ça, M. le
ministre.
M. CHOQUETTE: Malgré que votre longévité est encore
très considérable...
M. VIAU: Je pense que vous êtes un avocat très habile, M.
le ministre, et que vous déplacez légèrement la
question.
M. CHOQUETTE: Non, non.
M. VIAU: Je ne dis pas qu'en fin de compte les plans
d'intégration doivent recevoir l'approbation des municipalités.
Je dis que les plans d'intégration devraient être faits avant
qu'on intègre réellement. C'est pour cela qu'on a toujours
parlé de coordination. Quand j'entends dire qu'il y a
nécessité d'intégrer immédiatement, cela je ne peux
pas le comprendre. J'ai beau vouloir être le plus objectif possible mais
je me dis, en fin de compte, quels changements y aurait-il? Que la police soit
intégrée le 1er juille 1972, mais qu'on ait des plans
spécifiques bien déterminés et une fois que les plans
seront faits...
M. CHOQUETTE: M. Viau, la plupart des conventions collectives vont
expirer le 30 décembre. Qu'est-ce qui va arriver à partir du 1er
janvier? Qui va négocier la ou les conventions collectives? Est-ce qu'on
va recommencer le même processus qu'on a vécu depuis deux ans
à Montréal, depuis que la Loi de la Communauté urbaine est
passée? Est-ce qu'on va recommencer la même chose qui s'est
produite cet automne? Il faut que quelqu'un prenne le contrôle de cette
affaire-là. C'est aussi simple que cela.
M. VIAU: M. le ministre, la question des conventions collectives n'est
pas, à mon sens, une raison parce que cela peut se contrôler.
D'ailleurs, cela pouvait se contrôler facilement par le Conseil de
sécurité. Parce que, à un moment donné, une
municipalité ne pourrait pas négocier à moins d'avoir une
autorisation du Conseil de sécurité. Ce qu'on dit, c'est qu'il
n'y a pas de plans qui ont été faits.
Comment se fait-il que, depuis deux ans, on n'a même pas
trouvé le tour, on n'a même pas trouvé l'occasion de faire
un plan d'intégration pour dire: Quel sera votre service dans tel et tel
secteur de l'île de Montréal? Parce que la police, ne l'oubliez
pas, on vous l'a dit, c'est un service qui s'attache à la personne et
les besoins policiers dans les municipalités de Pointe-Claire, Outremont
et autres ne sont pas les mêmes que dans le centre de Montréal, on
admet tout cela. Les problèmes sont différents. Actuellement, il
y a une crainte et je crois une crainte justifiée de la part des
citoyens, que les services seront plus ou moins bons d'ici quelque temps. Parce
que là, comment cela va-t-il fonctionner?
On crée le service. On nomme un directeur, mais ce
directeur-là, on lui met un fardeau sur le dos en partant. C'est
à lui qu'appartient de préparer un plan, mais s'il veut
réellement être le directeur, comment va-t-il pouvoir concilier?
Même en travaillant quinze heures par jour, il ne pourra pas arriver.
Ce que nous avions toujours recommandé, c'est que les plans
d'intégration auraient dû être faits...
M. CHOQUETTE: Ils ne sont pas faits, M. Viau.
M. VIAU: Oui. Mais est-ce que cela n'aurait pas dû être fait
avant de décréter réellement l'intégration?
M. CHOQUETTE: Théoriquement oui, mais en pratique c'est
impossible.
M. VIAU: Pourquoi cela est-il impossible?
M. CHOQUETTE: Parce que là, on est pris par des
échéances, parce que le processus d'intégration est
engagé dans les faits, il se réalise depuis un an ou deux. Que
voulez-vous que je vous dise?
M. VIAU: Mais on n'a rien fait pour...
M. CHOQUETTE: Faites des reproches à qui vous voudrez mais...
M. VIAU: Non, non, ce n'est pas un reproche que je fais à vous,
M. le ministre...
M. CHOQUETTE: Non, non.
M. VIAU: ... j'ai expliqué d'une façon bien objective
M. CHOQUETTE: Jusqu'à un certain point, je suis prêt
à reconnaître la valeur de vos arguments. Dans le livre blanc, la
police est au service des citoyens. Nous reconnaissons que le processus que
vous décrivez serait un meilleur procédé.
M. VIAU: Alors...
M. CHOQUETTE: Mais on n'a pas le choix actuellement.
M. VIAU: Je ne sais pas si vous n'avez pas le choix. D'ailleurs, dans
votre livre blanc, je pense qu'à la page 52, vous êtes
catégorique sur cela. Il nous faut mentionner, au nom des
problèmes soulevés par l'intégration, que l'omission d'un
plan d'intégration exigé par la loi a laissé sans
réponse des questions d'une extrême importance.
On ne sait pas comment se fera l'intégration. Qu'elles en seront
les principales étapes? Par quelle modalité
transférerons-nous le personnel policier et civil? Quels biens
appartenant aux municipalités passeront en communauté? Quelle
tâche sera désormais confiée aux policiers?
Je reprends : Nous ignorons comment se fera l'intégration. Est-ce
qu'on le sait plus par la loi?
M. CHOQUETTE: Nous avons pris des précautions.
M. VIAU: Nous ne le savons pas, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Nous avons donné des délais et nous avons
donné des garanties aux municipalités; même, ce matin, les
maires qui sont venus nous ont exposé, je pense, une
préoccupation des citoyens de leur municipalité: c'est le service
personnel qu'assurent les corps policiers à la population locale. La
preuve que nous avons pris des précautions sur ce rapport, c'est que
l'on dit que le personnel policier dans chaque municipalité restera en
place sans être modifié ou changé jusqu'à ce que le
plan d'intégration ait été réalisé et
approuvé. M. Viau, ne venez pas nous dire que nous ne prenons pas des
précautions justement pour protéger la population locale!
M. VIAU: M. le ministre, avec tout le respect que j'ai pour vous, et je
sais que vous êtes absolument objectif et de bonne foi dans vos
remarques, je ne partage pas ce point de vue. J'ai dit que l'on a toujours
prétendu qu'il devait y avoir un plan d'intégration avant. C'est
tellement vrai que le bill 75 de 1969 prévoyait des étapes. Si en
deux ans, on n'a pu le faire, pourquoi n'a-t-on pas pu le faire?
M. CHOQUETTE: Ne me posez pas des questions auxquelles je ne peux pas
répondre. Je ne suis pas un membre de l'exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal et je ne suis pas membre du
Conseil de sécurité de la ville de Montréal. Nous ici,
à Québec, savez-vous ce que nous avons fait? Il y a eu un
échec au plan de l'intégration au niveau municipal.
M. VIAU: Pourquoi?
M. CHOQUETTE: Attendez une minute! Echec dû à de nombreux
facteurs; entre autres, un échec sur le plan juridique parce que le
règlement 26 n'était pas conforme au bill 75.
M. VIAU: Je suis d'accord.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, devant un problème qui
risque de s'aggraver, qui risque d'empirer, une solution non
réglée va entrafner encore plus de conséquences pour la
vie des citoyens de Montréal ainsi que sur leur vie comme contribuables.
Il faut que Québec prenne ses responsabilités.
M. VIAU: Pour votre information, M. le ministre, je vous dirais que,
lorsque le règlement 26 a été soumis à la
Communauté urbaine, il y a eu des représentations qui ont
été faites, il y a eu des plans qui ont été soumis
pour l'intégration...
M. CHOQUETTE: Oui, mais M. Viau, j'ai lu les débats qui ont eu
lieu à la Communauté urbaine de Montréal auquel les maires
et les membres de l'exécutif de la communauté ont
participé. J'ai été vraiment impressionné par le
niveau et la qualité des débats à la Communauté
urbaine. Mais je me suis rendu compte qu'il y avait, dans ce groupe, des
divergences de vues sur certains aspects de l'intégration, malgré
que la majorité se soit prononcée en faveur du principe, sur des
aspects qui faisaient qu'en somme le règlement qui en est sorti,
était un règlement boiteux. C'est cela qu'il faut
réparer.
M. VIAU: Oui, mais pourquoi? Parce que l'on n'a pas voulu prendre ses
responsabilités.
M. CHOQUETTE: On, je ne sais pas qui.
M. VIAU: Je dis que ce ne sont pas les maires parce que les
règlements sont préparés par les comités
exécutifs de la Communauté urbaine.
M. CHOQUETTE: M. Viau, pour vous donner un simple exemple, il y a
plusieurs maires que vous représentez ici, qui se sont prononcés
au niveau de la Communauté urbaine en faveur d'un conseil de
sécurité, entre autres, le maire d'Outremont, M. Benoit, le maire
de Pointe-Claire...
M. VIAU: Nous sommes tous en faveur...
M. CHOQUETTE: Mais, vous allez admettre avec moi que la
Communauté urbaine de Montréal ne pouvait pas créer et
légiférer un conseil de sécurité. Donc, il a fallu
prendre cette recommandation qui nous a paru valable et faire une loi dans
laquelle nous incorporons cet aspect-là. Je trouve que vous remettez en
cause le passé et que cela ne donne rien de positif relativement au bill
qui est devant nous.
M. VIAU: Je ne remets pas en cause le passé. Je pense que j'ai
posé, comme principe, que, tout le monde a admis que
l'intégration est irréversible: sur l'île de
Montréal, les forces policières doivent dans un délai plus
ou moins long être intégrées.
Mais au sujet de l'intégration et de la coordination, on a
toujours dit: Commençons par faire de la coordination, préparons
des plans et sachons exactement ce à quoi les municipalités
seront sujettes dans six mois, dans un an d'ici. Actuellement, pour
l'intégration, le 1er janvier, nous mettons tout cela ensemble et
qu'est-ce qui arrivera? On va préparer des plans, on demandera au niveau
directeur de préparer des plans. A mon sens, le Conseil de
sécurité devrait faire le plan.
D'ailleurs, je reviens encore à Toronto. A Toronto, il y avait eu
une commission provisoire qui est devenue la Commission de police de Toronto
qui a préparé le plan. Le 1er janvier 1957, ils étaient
prêts avec des formules précises et spécifiques. On savait
exactement quels allaient être les districts, comment allaient se faire
les transferts, et comment allaient être réglés les fonds
de pension.
Ici, encore pour les fonds de pension, on dit que l'on va
préparer... Je ne sais pas, attendez un peu là, il y a l'article
sur les fonds de pension. On doit préparer dans un délai de...
unifier tous les fonds de pension. On sait que la question de fonds de pension,
c'est une question extrêmement épineuse et surtout dispendieuse,
parce que déjà les municipalités, vous savez, commencent
à avoir la peau sensible sur l'aspect financier. On nous avait
présenté dans le temps: Ah! Vous allez économiser de
l'argent. A un moment donné, à cette même tribune, on a
parlé du coût. M. Lesage faisait une observation en disant que les
chiffres avaient varié. M. Saulnier avait dit $0.12 1/2 et que cela
pouvait aller jusqu'à $0.17. M. Viau avait parlé de $0.25 et M.
Laurin, de $0.22 1/2. C'est moi qui ait été le plus
libéral des trois.
M. CHOQUETTE: Cela vous va bien, à part cela.
M. VIAU: Non, mais c'est parce qu'à ce moment-là, on avait
parlé d'une dépense de $55,800,000 pour l'année 1971. Nous
sommes rendus, M. le Président, M. le ministre, à des coûts
exorbitants. Je puis vous donner simplement les chiffres qui ont
été déposés hier à la Communauté
urbaine. Je prends la ville de Pointe-Claire, entre autres. La ville de
Pointe-Claire, pour la période passée, du 1er septembre 1970 au
31 décembre 1971, $1,022,000. Alors, cela représente $750,000 de
plus que si elle n'avait pas été intégrée. Cela,
sans compter leurs petits $0.40, la surtaxe sur les immeubles qui
dépassent $100,000. Cela coûte $346,000 à la ville de
Pointe-Claire.
Alors, vous savez que, lorsque l'on dit que cela coûte seulement
tant à une municipalité...
Actuellement, on assiste à une escalade des prix et on continue
les subventions à la ville de Montréal. Pendant ce
temps-là, la ville de Montréal augmente son effectif. Au cours de
l'année 1971, la ville de Montréal a augmenté son effectif
d'environ 307 hommes, alors que les municipalités ne peuvent même
pas avoir un homme de plus.
M. CHOQUETTE: C'est justement avec ce bill que l'on peut sortir de cette
impasse-là.
M. VIAU: Vous êtes optimiste.
M. CHOQUETTE: Parce que si vous perpétuez le système de
l'intégration exclusivement budgétaire, vous allez nous mettre et
vous mettre et mettre vos clients dans des difficultés pires
qu'actuellement. Je ne vous dis pas que les solutions qui ont été
adoptées il y a deux ans étaient meilleures. Mais elles font
partie de l'histoire. Elles sont là, ce sont des faits. Il faut compter
avec.
M. VIAU: Oui, mais M. le ministre, si à un moment donné,
on s'aperçoit qu'il y a eu des erreurs, je crois qu'en toute
objectivité, on doit essayer de les corriger. Ou bien, est-ce que vous
proposez que l'on revienne au régime d'avant 1969? Je dis qu'il y aura
lieu à un moment donné de ne pas écraser les
municipalités. Si Montréal a des difficultés
financières, je ne vois pas pourquoi on va maintenant conduire les
municipalités dans des difficultés financières presque
inextricables?
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous admettez que enfin...Alors, qu'est-ce que
vous proposez?
M. VIAU: Je propose, à un moment donné, alors les
services... Il devait y avoir une enquête par la Commission de police sur
les services de police qui existent dans toute l'île avant de savoir ce
qui doit être fait; parce qu'actuellement, c'est ce qui a
été proposé par les municipalités: faire un
inventaire des forces policières.
M. CHOQUETTE: Le rapport du Conseil de sécurité du 26
août 1970, qu'est-ce que c'est?
M. VIAU: C'est un inventaire sans recommandation.
M. CHOQUETTE: Il y a 75 recommandations.
M. VIAU: Ce sont des recommandations plus ou moins pratiques, parce
qu'en fin de compte, on ne s'attache pas au noeud du problème. Pourquoi
faut-il marcher avec un homme de plus par mille de population à Toronto,
tandis qu'on peut le faire avec un homme de moins? Alors, je pense que tout
cela...
M. CHOQUETTE: Demandez cela à M. Marcil.
M. PICARD: M. Viau, est-ce que vous permettriez une question?
M. VIAU: Certainement.
M. PICARD: Est-ce que vous trouveriez que la solution à ce
problème-là, au lieu de faire l'intégration, serait que le
Parlement de Québec adopte une loi pour obliger toutes les
municipalités à l'extérieur de Montréal
d'établir et de fournir à la population les services
équivalant à ceux qui sont fournis à la ville de
Montréal? Alors, ce qui voudrait dire que, de par la loi, les
municipalités seraient tenues d'avoir des services d'antifraude, par
exemple, des services pour combattre le terrorisme. Elles seraient tenues
d'avoir des services pour les vols d'auto. A ce moment-là, croyez-vous
qu'elles pourraient faire les économies qu'elles font actuellement, ces
municipalités-là?
Si leur budget actuel du service de la police était doublé
sinon triplé, on serait peut-être encore en mesure de se poser la
question: Est-ce qu'ils sont en mesure de fournir des services efficaces?
M. VIAU: M. le Président, cette question-là a
été posée à plusieurs reprises et cela me fait
plaisir, M. Picard, d'y répondre. Quand vous demandez si les
municipalités seraient prêtes à défrayer un service
équivalant à celui que l'on retrouve dans Montréal, je
pense qu'en fin de compte, les services sont en rapport avec les besoins qu'on
retrouve au niveau de chaque municipalité. Si on veut aller plus loin,
actuellement, en dehors de Montréal, qui s'occupe des vols
d'automobiles? La Sûreté du Québec.
M. PICARD: Vous permettez que je vous cite un exemple, M. Viau? Il n'y a
pas tellement longtemps, il y a à peine un an, j'ai un de mes
employés qui me racontait que, la veille, il avait assisté
à une réunion d'une organisation dont vous avez tous entendu
parler et qui s'appelait Inspiration Succès. Il m'expliquait que la
réunion avait eu lieu dans un motel de boulevard Taschereau. Pas
à Montréal, à Longueuil. Alors, comme bon
député, mon devoir voulait que j'appelle la Sûreté
du Québec. Je leur ai fait part de cette organisation-là. Cela me
semblait être un peu douteux. Cela me semblait un cas de fraude.
Qu'est-ce que l'on m'a répondu à la Sûreté du
Québec? On m'a donné un numéro de téléphone,
le nom d'un inspecteur de l'escouade de la fraude de la ville de
Montréal, pour un cas qui se passait à Longueuil.
Ecoutez, c'est parce qu'à Longueuil ils n'ont pas d'escouade
antifraude. Pas plus qu'ils n'en ont probablement à Pointe-Claire ou
à Lachine. Qui est-ce qui fait "la job"? C'est toujours Montréal
qui le fait.
M. SEGUIN: Ils ont un meilleur service qu'à Montréal.
M. PICARD: Justement.
M. CHOQUETTE: La manifestation du 29 octobre ne s'est pas passée
à Beaconsfield, M. Viau. Admettez que les problèmes de
manifestation se passent-dans le coeur de la ville.
M. VIAU: Ecoutez, je ne dis pas, M. le ministre, que les
problèmes de la police de Montréal ne sont pas plus
considérables. Nécessairement, Montréal est une ville
cosmopolite. On a des gens de toute race et qui viennent de partout.
Il est évident que les problèmes dans le centre de
Montréal sont différents de ceux qu'on trouve dans Outremont ou
dans Saint-Léonard ou dans Pointe-Claire. C'est évident. Mais de
là à dire qu'on va payer à un moment donné, qu'on
va devoir payer pour cela...
Si je prends l'argument de M. Picard, eh bien! étendons le
service de police à 50 milles à la ronde.
M. CHOQUETTE: M. Viau, vous êtes avocat d'un certain nombre de
municipalités à Montréal, d'un grand nombre, je pense, en
particulier dans l'ouest de la ville de Montréal, n'est-ce pas?
M. VIAU: Quelques-unes.
M. CHOQUETTE: Vous allez avouer avec moi que la ville de
Montréal, le corps de police de la ville de Montréal, au cours de
la période d'octobre, de novembre et de décembre qu'on a
vécu l'année dernière, a joué un rôle
très important comme corps policier. Ce n'est pas les corps policiers
locaux qui ont eu le fardeau, en somme, de l'action. C'est la ville de
Montréal qui a payé le temps supplémentaire des hommes qui
ont travaillé. Je veux dire qu'après tout, il y a une question de
justice distributive. C'est une question de contrôle approprié de
la dépense.
Quand on arrive au fond des choses...
M. VIAU: Oui, mais, M. le ministre, si vous voulez aller sur ce
terrain-là, parler de justice distributive qui est une excellente
expression que j'ai entendue lorsque je faisais mon cours chez les
Jésuites si il y a eu des troubles au mois d'octobre 1970 dans
Montréal, est-ce que ce sont seulement les municipalités de
l'île qui doivent en supporter le fardeau? Je pense bien, à un
moment donné, que Laval, qui est plus près du centre-ville que ne
l'est Pointe-Claire, devrait peut-être alors participer dans le club. Je
pense qu'à ce moment-là, toute la province devrait fournir sa
contribution.
La Sûreté du Québec est dans toute la province. Vous
payez pour détecter le crime, les vols d'automobiles, les meurtres,
partout,
sauf dans Montréal et dans Québec peut-être. Mais
pourquoi, en fin de compte, est-ce que ce seraient les gens des banlieues qui
seraient obligés de supporter le coup de montants aussi exorbitants que
celui-là? Pointe-Claire, un million pour seize mois, alors que le
coût réel, dépenses admises, est de $677,000. Cela
représente une dépense de $1,900,000 pour sa contribution dans la
Communauté urbaine. Et ce sont les chiffres du budget !
M. PICARD: Qui ne concordent pas avec les chiffres du maire.
M. VIAU: Ce sont les chiffres qui ont été
déposés hier soir. Je pense qu'ils sont encore pires
ceux-là. Mais c'est pour 1971; en 1972 ce sera encore pire.
Maintenant la question financière: je pense que les
municipalités ont reconnu encore une fois ce principe-là. Il ne
s'agit pas de remettre cela en cause mais je dis que, avant qu'il y ait
intégration, pourquoi les municipalités ne pourraient-elles pas
savoir le genre de services qu'elles vont avoir, quels seront les districts,
etc.? C'est pour cela qu'on dit que cela aurait dû être une
coordination, qu'il y ait un directeur nommé immédiatement. Un
conseil de sécurité, très bien, cela presse; qu'il y ait
un directeur nommé pour l'île de Montréal, très
bien, mais dire qu'il y aurait intégration le 1er janvier 1972, je pense
qu'on brûle les étapes et ie trouve toujours extraordinaire qu'ici
au Québec l'on veuille toujours reprendre le temps perdu dans l'espace
de quelques semaines ou de quelques mois. Ce n'est pas un reproche, vous faites
votre devoir, M. le ministre, mais je pense qu'en toute objectivité l'on
se doit de se pencher sur ce problème-là. Qu'est-ce qui va
arriver le 1er janvier, au matin? Eh bien là, il y a un chef de police,
pour toute l'île, on continue et la loi prévoit qu'il y aura alors
un plan. Dans combien de temps va se faire ce plan, combien de temps il nous
faudra continuer? Si au contraire on arrivait avec un plan bien
déterminé, et que l'on dirait: A telle date, l'île de
Montréal est partagée en sept ou huit districts, il y aura un
poste de police ici, il y en aura un autre là et ce seront des districts
bien déterminés, un plan bien pensé,
réfléchi. Il ne faudrait pas commencer par dire: On met tout
ensemble et après cela on ne sait pas comment on fait le partage. C'est
cela qui est la grosse difficulté, la faiblesse.
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez, le chef de l'Opposition
officielle aurait quelques questions à vous poser.
M. LOUBIER: Je n'ai qu'une seule question à poser à M.
Viau et c'est la suivante, si vous êtes extrêmement libéral
dans vos rétrospectives et généreux dans les chiffres que
vous avez avancés". Est-ce que vous pourriez, d'une façon
très conservatrice, résumer les propositions que vous voulez
soumettre au comité, aujourd'hui, à la commission?
Premièrement, deuxièmement, troisièmement,
quatrièmement, pour que, et je ne veux pas par là limiter votre
droit de parole ni votre plaidoirie, parce que vous avez
énormément d'élan. Mais est-ce que vous pourriez
résumer et nous dire: Premièrement, je propose telle solution;
deuxièmement, troisièmement, quatrièmement et là on
pourrait discuter d'une façon très directe des propositions que
vous faites d'une façon concrète.
M. VIAU: M. le chef de l'Opposition, d'ailleurs je crois que vous
êtes arrivé quelques minutes en retard, c'est pas un reproche que
je vous fais mais j'ai dit au début...
M. LOUBIER: Ecoutez, M. Viau, à mon bureau j'ai un appareil qui
me permet d'écouter tout ce qui se dit.
M. VIAU: Alors, j'ai dit au début que mes remarques seraient en
deux parties: remarques générales, remarques spécifiques
et propositions. On m'a posé des questions, alors, je pense que
l'occasion m'a été fournie par le ministre et par les
députés de l'Opposition.
M. LOUBIER: Mais est-ce qu'on est rendu au stade des propositions?
M. VIAU: Oui, si vous le voulez, je suis rendu à ce
stade-là, à moins qu'il y ait d'autres qu'estions des partis
d'opposition en général. Alors, quant à la première
partie, à l'article 201 entre autres, il y aurait peut-être un
amendement qui serait à considérer, pour le remplacement d'un des
membres, du Conseil de sécurité. Ici l'on dit: "Qu'il continue
jusqu'à l'expiration de son mandat." Alors cela veut dire que si un
bonhomme est nommé au Conseil de sécurité,
représentant la Communauté urbaine et qu'il n'est plus membre du
conseil de la Communauté urbaine, il continue encore, il lui reste
encore deux ans sur un mandat de trois ans, eh bien, il continue pour deux
autres années. Je crois que si on veut avoir une représentation
vraiment de la Communauté urbaine, cela devrait être des personnes
qui appartiennent au conseil. Je pense que c'est l'intention de l'article
199.
M. PICARD: C'est la même suggestion que celle faite par le maire
Benoit de Pointe-aux-Trembles, je pense.
M. VIAU: Oui, sauf que j'indique l'article où cela avait
été fait. Maintenant, je pense que le maire Benoit a parlé
aussi de la question de négociations et de transmission des conventions
collectives, cela c'était le paragraphe g) à l'article 205 d).
Maintenant, je crois que le maire Desmarais avait également fait une
recommandation au sujet de la nomination du premier directeur à l'effet
qu'il devrait y avoir consultation, c'est-à-dire que le mécanisme
prévu à l'article 205 e) devrait être suivi.
L'article 8 parle du budget, on en a parlé ce matin. Maintenant,
à la façon dont le bill est rédigé, il y a eu des
questions qui se sont posées, à savoir: On dit que ce budget fait
partie du budget de la communauté. Il y aurait peut-être lieu, M.
le Président, de prévoir que pour ce budget qui fait partie du
budget de la communauté, il faudrait déjà qu'il y ait un
droit de regard et des discussions. Actuellement, le budget de la
communauté est présenté par le comité
exécutif au conseil même; si le conseil ne l'adopte pas, quinze
jours après il devient automatiquement en vigueur. Je pense que la
question de devenir automatiquement en vigueur peut être dangereuse. Je
crois que le conseil devrait avoir le droit de pouvoir poser des questions sur
les dispositions ou les articles qu'on inclut dans le budget du Conseil de
sécurité.
M. PICARD: M. Viau, que pensez-vous de la suggestion faite par M.
Bernard Benoit à savoir qu'il y aurait un arbitre ou une tierce personne
pour discuter?
M. VIAU: Je pense que c'est plus loin... c'est-à-dire le
budget... Le budget de la communauté est préparé par
l'exécutif et déposé au conseil. Dans ce budget il doit y
avoir une partie pour le Conseil de sécurité. Ce montant est
préparé par le conseil de sécurité. D'après
les textes, il y a ambiguïté à savoir s'ils peuvent le
discuter d'une façon particulière, parce que c'est dans un grand
tout. Même l'exécutif ne semble pas avoir le droit de le discuter
d'une façon officielle. Je pense qu'il serait bon de prévoir
qu'il pourrait y avoir discussion. S'il y a mésentente peut-être
pourrait-on dire que la partie du budget relative au conseil de
sécurité, s'il y a discussion sur des articles, pourrait
être arbitrée soit par la Commission de police ou par la
Commission municipale, vu qu'il y a une implication financière. C'est
surtout sur cela que les municipalités peuvent avoir certaines choses
à dire. Une fois que le budget se trouve adopté, il appartient au
Conseil de sécurité de le dépenser suivant les articles
qui y sont inscrits. Je pense que, dans le cas présent, c'est
peut-être la protection que l'on retrouve pour les négociations,
parce que, quand le conseil va négocier les conventions collectives, il
va nécessairement falloir que le conseil s'en tienne aux montants
prévus dans les budgets. Sinon, il faudra qu'il demande un budget
supplémentaire et, encore là, je pense que pour le budget
supplémentaire, on retrouve une disposition à l'article 13: Le
Conseil de sécurité peut également, en cours d'exercice de
la communauté adopter tout budget supplémentaire qu'il juge
nécessaire et le transmettre, pour adoption, à la
communauté. Je pense que le même processus d'arbitrage devrait
être prévu pour un budget supplémentaire qui se trouve
à être très important.
Maintenant, il y a peut-être l'article 14, M. le Président,
qui ajoute l'article 251a). La question de virement de fonds. Si le Conseil de
sécurité veut faire un virement de fonds à
l'intérieur du budget qui a été approuvé par la
communauté, ce virement-là doit être approuvé par le
conseil et là il peut avoir délégation par le
comité exécutif, par règlement. Je comprends que le
règlement devrait être approuvé par la majorité.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de rendre la procédure
plus simple si on veut réllement... Je crois qu'on peut lier le Conseil
de sécurité dans ces dispositions qui semblent un peu trop les
restreindre.
L'article 26 dit que les traitements et bénéfices sociaux
des policiers transférés ne peuvent être réduits.
Ici, on se demande si c'est jusqu'au moment du rapport de la Commission
municipale sur la normalisation des coûts, c'est-à-dire suivant
l'article 31. Est-ce qu'une fois que l'évaluation du personnel policier
a été faite, il peut y avoir changement dans les traitements? Si
on regarde le paragraphe 8 de l'article 31 qui dit "par la transmission de ces
décisions" ce sont les décisions de la Commission de
police qui a fait l'évaluation du personnel policier ainsi que la
normalisation des grades je me demande si on ne crée pas deux
catégories de policiers à l'intérieur de la
communauté: La catégorie de la grande famille et la
catégorie de la petite famille. Si les gens qui sont là depuis 15
ou 20 ans... Actuellement, on semble tenir pour acquis que les 3,800 policiers
de la ville de Montréal sont des hommes qualifiés sans
discussion, tandis que, pour ceux qui sont dans les municipalités, il y
a un point d'interrogation sur la tête de chacun. On intègre et on
crée des policiers de première classe et des policiers de
deuxième classe en partant.
Cela paraît peut-être brutal, mais je pense que, si on
regarde ce point d'une façon objective, je pense que mes
représentants des différentes fraternités ont quelque
chose à dire. Ceci ne s'applique pas à la ville de
Montréal.
Ceci veut dire qu'il ne s'applique aux corps policiers de
Montréal que dans la mesure qu'indique le ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas confiance en moi.
M. VIAU: Pardon! J'ai confiance en vous, M. le ministre. Je pense que
c'est peut-être vous mettre dans une position difficile que d'être
obligé de dire: Il y en a de pas bons dans la ville de Montréal.
Pourquoi ne pas trouver une formule qui mettrait tout le monde sur un pied
d'égalité? La fusion doit être équitable, ne doit
pas créer des difficultés et ne doit pas créer un malaise
au sein du corps policier. Tout le monde doit être traité sur un
pied d'égalité et avec justice.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, M. Viau, le point que vous soulevez,
c'est qu'actuellement, dans les municipalités, il y a plusieurs
capitaines, lieutenants, etc. Dans l'intégration, à la suite de
la révision effectuée par la
Commission de police, il pourrait arriver que ces gens-là
deviennent simplement sergents, caporaux et qu'il y ait un changement non
seulement dans les grades de ces policiers, de ces officiers, mais qu'il y ait
un changement de salaires. C'est là votre appréhension?
M. VIAU: Si on reprend le texte à l'article 31, il y a une
normalisation. En anglais, on dit "and standardize the ranks". La normalisation
des grades, qu'est-ce que ça veut dire au juste? Cela peut être
bien large. Je ne connais pas l'explication de M. le ministre sur
l'étendue du mot "normalisation".
M. LOUBIER: Est-ce que, dans vos revendications ou dans vos
représentations plutôt, M. Viau, vous suggéreriez qu'il y
ait une intégration de tous les lieutenants dans ce corps de police
unifié et qu'ils conservent leur titre de lieutenants sans qu'il y ait
révision par la Commission de police?
M. VIAU: M. Loubier, je ne puis pas vous répondre parce que je ne
suis pas un expert dans l'organisation des corps policiers.
M. LOUBIER : Je vous demande si, comme suggestion, vous êtes
mandaté?
M. VIAU: Peut-être. En fin de compte je crois qu'il faut
être équitable. On crée un doute et il y a des gens qui
sont actuellement mes capitaines et qui peuvent se ramasser sur le "beat" dans
un coin éloigné, après six ou sept mois.
M. LOUBIER: Comme dirait un linguiste: "Se retrouver sur le bord de la
rue et faire du trafic".
M. VIAU: Oui, en donnant des billets. M. LE PRESIDENT: Le
député d'Olier.
M. PICARD: J'aimerais attirer l'attention des membres de la commission
et de M. Viau sur le deuxième alinéa du paragraphe 8 de l'article
31.
Je ne parle pas des grades, des titres, mais je vais lire l'article:
"Les membres non salariés bénéficient
rétroactivement des traitements et conditions de travail applicables aux
officiers du même grade de la ville de Montréal." Les conditions
de travail, ça implique comme je l'interprète qu'il
ne serait pas possible, dans un corps de police intégré, que l'on
décide que M. le lieutenant ou le capitaine Untel, à l'avenir, va
s'occuper de diriger la circulation au coin de la rue.
M. VIAU: Si on prend ce paragraphe que vous venez de lire, quel salaire
va avoir le bonhomme qui est actuellement sous-capitaine, par exemple, à
Outremont et qui devient sergent, après décision de la Commission
de police?
M. PICARD: Ecoutez, les conditions de travail... Lorsque, dans le texte
de loi...
M. VIAU: "... bénéficient rétroactivement des
traitements et conditions de travail applicables aux officiers du même
grade de la ville de Montréal." Cela veut-il dire que,
rétroactivement, au 1er janvier 1972, il va être payé comme
un sergent?
M. PICARD: A l'exception des personnes qui auraient reçu une
promotion après le 1er septembre 1971. C'est prévu dans la
loi.
M. VIAU: Non, ce n'est dit nulle part.
M. PICARD: Il y a quelque chose qui est prévu dans la loi...
M. VIAU: Non, pour les salaires.
M. LOUBIER: Je trouve que ce que vous venez de soulever est
extrêmement intéressant. Cela deviendrait de l'injustice assez
flagrante à l'endroit d'individus qui ont des droits acquis, au moins
sur le plan salarial et sur le plan sécurité.
M. CHOQUETTE: Le chef de l'Opposition m'a posé une question
privément et je pense qu'elle indiquait une préoccupation de sa
part sur l'effet de l'article 31, la normalisation des grades. D'après
ce que l'on me dit, une décision de la Commission de police, par
exemple, de rétrograder un lieutenant au grade de sergent, ne
s'appliquera qu'à partir du moment où le plan
d'intégration sera déclaré en vigueur. C'est-à-dire
que, même si une personne subit une rétrogradation, elle ne
s'appliquera qu'au moment de l'intégration. Et il n'y a pas d'effet
rétroactif du tout. La personne aura le bénéfice du
salaire de lieutenant jusqu'à ce que le plan d'intégration soit
en vigueur.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, lorsque le moment de la
rétrogradation arrive...
M. CHOQUETTE: Elle subit la baisse de salaire.
M. LOUBIER: ... elle subit la baisse de salaire.
M. CHOQUETTE: Elle la subit.
M. LOUBIER: Cela tombe dans le même vice que celui que soulignait
M. Viau, tout à l'heure.
M. PAUL: Il y a certains droits acquis qui vont être perdus.
M. CHOQUETTE: Bien, vice, entendons-
nous. Est-ce qu'on peut dire que c'est un vice?
M. LOUBIER: Ce n'est pas un vice de forme, c'est un vice de fait
à ce moment-là.
M. CHOQUETTE: Oui. Je veux dire ou on aura une normalisation
réelle des grades, ou on n'en aura pas.
M. LOUBIER: Si l'on pouvait, par exemple, concilier la révision
des grades, ça pourrait être acceptable. Si, en plus de se voir
dégrader pas dans le sens péjoratif du mot de
devenir sergent après avoir été capitaine, il se retrouve
avec un salaire de sergent, je pense que, strictement sur le plan humain
d'abord, c'est pécher contre une règle de droit ouvrier qui est
acceptée partout. Quand on fait de l'unification ou du regroupement,
j'admets que ça déplaît au capitaine qui va devenir sergent
mais, d'autre part, si on le pénalise par surcroît dans ses
revenus, j'ai peine à concilier cela sur le plan...
M. COURNOYER: Je ne m'oppose pas à ça, M. le chef de
l'Opposition, mais avez-vous pensé aux autres sergents qui sont
payés à un salaire inférieur à ce capitaine devenu
sergent?
M. LOUBIER: On retrouve cela dans la fonction civile. Au gouvernement,
vous voyez ça régulièrement.
M. PICARD: Ceux-là, on les met sur les tablettes!
M. LOUBIER: Sérieusement, on voit cela au niveau gouvernemental.
Vous allez avoir un avocat à $9,500 par année alors qu'un
conseiller juridique, qui n'a pas son bureau et qui est là depuis dix ou
douze ans, va gagner $8,500 par année.
M. CHOQUETTE: On me dit et je le pense que c'est un risque
beaucoup plus théorique que pratique parce que, premièrement, le
nombre des réductions de grade ne peut pas faire autrement qu'être
limité. D'ailleurs, nous avons eu l'occasion d'en parler ce matin.
Deuxièmement, les officiers de banlieue, en général,
gagnent moins cher que ceux de la ville de Montréal.
Même en tenant pour acquis qu'un officier de banlieue subirait une
réduction d'un grade, ou même de deux grades, étant
donné qu'en somme, les salaires s'ajusteront, semble-t-il, autour d'un
niveau assez comparable à celui de la ville de Montréal ou des
policiers de la ville de Montréal, je ne pense pas que les
répercussions financières soient très considérables
dans les cas...
M. LOUBIER: Est-ce qu'il y a un tableau comparatif des salaires qui a
été fait...?
M. CHOQUETTE: On connaît les conven- tions collectives qui
prévalent dans les vingt-cinq corps policiers. Je crois que le risque
que le chef de l'Opposition souligne existe mais qu'en somme, en pratique, cela
ne peut pas avoir de conséquences terribles pour l'individu
concerné.
M. VIAU: J'admets ce que dit M. le ministre mais, en fin de compte,
pourquoi n'est-il pas question de qualifier ceux de Montréal? Alors la
loi les qualifie!
M. CHOQUETTE: Pas nécessairement. Le premier alinéa de
l'article 31...
M. VIAU: Oui, mais...
M. CHOQUETTE: Mais cela indique justement un souci de la part du
législateur de donner le bénéfice du doute, dans la mesure
du possible, pour le maintien des grades. C'est ce qu'indique cet article.
Qu'on lise le premier ou le deuxième alinéa, notre intention
n'est pas que ce soit la guillotine, cet article 31. Que ce soit seulement dans
les cas les plus patents et les plus évidents que cela s'applique.
M. PAUL: M. le Président, à l'intérieur du corps de
police de la ville de Montréal, je crois qu'il y a des normes, des
règles qui doivent être observées pour obtenir un grade. Je
pense bien que, sous l'oeil éveillé des membres des syndicats,
des officiers, je ne crois pas que l'on puisse obtenir de grade sans être
soumis d'abord à toutes les exigences des examens, des années de
service et ainsi de suite. Alors je ne verrais pas comment, à
l'intérieur même du corps de police de Montréal, on
pourrait accorder un grade à un simple policier sans observer les
règles qui sont déjà de rigueur pour obtenir une telle
promotion.
M. VIAU: Mais pour l'information...
M. PICARD: Les cadres ne sont pas syndiqués.
M. PAUL: Je sais que les cadres ne sont pas syndiqués,
excepté, par exemple, qu'on ne peut pas obtenir... Pardon?
M. VIAU: Pour l'information de l'honorable député, M. le
Président, les concours se font également dans les
municipalités lorsqu'il y a des postes à combler. La plupart des
municipalités font passer des concours actuellement pour connaître
ceux qui vont être qualifiés. Cela se fait dans la plupart des
municipalités maintenant. Je ne dis pas dans toutes, mais les normes
dont vous parlez ont été suivies de plus en plus dans les
dernières années. Mais, encore une fois,...
M. PAUL: C'est ça...
M. CHOQUETTE: Cela nous donne toutes les garanties que l'article ne
s'appliquera pas.
M. PAUL: A toutes fins pratiques, il n'y en aura pas beaucoup qui seront
victimes de l'application de cet article-là.
M. VIAU: Mais pourquoi ne pas donner une protection si l'on veut
réellement faire une intégration qui soit juste et ne pas laisser
la porte ouverte à toute injustice possible? De toute façon, ce
point-là, je le laisse de côté, parce qu'il y a des
représentants qui vont en parler d'une façon plus
précise.
Maintenant, l'article 35. C'est encore un des problèmes que j'ai
soulevés. C'est la question des fameux fonds de pension, des
régimes de retraite et, même en l'espace de deux ans, je pense que
c'est un problème encore épineux. C'est encore un autre domaine
qui, à mon sens, aurait dû être étudié avant
qu'on réalise l'intégration.
M. le Président, quant aux articles des fonds de pension, il y en
a d'autres qui en parleront parce qu'en fin de compte, ce n'est pas ma
spécialité. Mais je soumets que c'est un problème
très épineux et qui peut être excessivement dispendieux
pour les municipalités. On ne semble pas avoir trouvé de formule
en deux ans. J'espère qu'avant même d'unifier les fonds de
pension, on trouvera des formules qui seront réellement
équitables pour toutes les municipalités, parce que cela
représente des millions.
J'en reviens à l'article 53 qui est un article des plus
importants. C'est l'article où on fera réellement
l'intégration et je dis que, dans le premier paragraphe, je ne vois pas
pourquoi il n'y aurait pas consultation avec les municipalités au
même niveau qu'avec les associations qui représentent des
policiers et les fonctionnaires.
En fin de compte, si l'on veut protéger 5,000 personnes, les
municipalités représentent bien 800,000 personnes. Je ne crois
pas que l'on devrait mettre les municipalités devant un fait accompli:
voici les plans de l'intégration, leur faire parvenir cela et leur
donner quinze jours pour aller se plaindre à la Commission municipale,
c'est-à-dire à la Commission de police du Québec.
Je crois qu'il devrait y avoir des consultations. Je ne dis pas que les
municipalités doivent être appelées à travailler.
Que le nouveau directeur du Conseil de sécurité fasse son
travail. Mais avant de le soumettre au Conseil de sécurité, qu'il
y ait une certaine discussion et une certaine consultation au même niveau
que les associations de police et les fonctionnaires. Je crois que cet article
53 même s'il y a des intentions extrêmement bonnes
est peut-être l'article le plus important. C'est que l'on a toujours
prétendu que la coordination aurait dû se faire avant que l'on
procède à l'intégration. Parce que l'on dit simplement
l'application du plan et des étapes de sa réalisation.
Si l'on transfère tous les hommes, si l'on prend la loi telle
qu'elle est, le 1er janvier, tous les corps policiers deviennent membres du
Conseil de sécurité de la Communauté urbaine, mais les
municipalités continuent à payer les salaires. Puis les chefs de
police, on n'en parle pas. Qu'est-ce qui va arriver des directeurs de police?
Il n'y a aucune disposition qui concerne les directeurs de police dans chaque
municipalité.
M. CHOQUETTE: L'article 31. M. VIAU: L'article 31?
M. CHOQUETTE: Nous ne pouvons pas avoir 25 chefs.
M. VIAU: Non, je comprends. C'est une grosse amélioration.
D'ailleurs, je pense que ce qui avait été prévu dans le
règlement 26 était tout simplement ridicule parce que chacun
gardait le titre de chef. Nous étions pour avoir 29 chefs dans
l'île pour le même corps de police. Je pense que l'article 31
devrait avoir peut-être plus de précisions en ce qui concerne les
directeurs qui demeurent sous la direction une suggestion qui
demeureraient sous la direction du directeur responsable du territoire
jusqu'à ce que les plans soient faits.
M. PICARD: C'est une question de régie interne. Le directeur qui
sera nommé sera obligé de déléguer son
autorité. Normalement, il devrait la déléguer au chef en
place.
M. VIAU: Mais pourquoi n'est-ce pas écrit?
M. PICARD: Ecoutez, un projet de loi ne peut pas aller dans tous les
moindres détails.
M. VIAU: Ce n'est pas un détail, M. le député.
C'est un détail qui a de l'importance, celui-là.
M. PICARD: Le directeur du Conseil de sécurité ne pourra
pas assumer toutes ces responsabilités-là. Il sera obligé
de déléguer les pouvoirs. Pour les chefs de police actuels, dans
chaque municipalité, j'ai mentionné plus tôt qu'ils sont
protégés par le texte de loi sur le plan financier, sur le plan
salarial. Maintenant, s'ils tiennent au titre de chef...
M. VIAU: Non.
M. PICARD: L'on a adopté un projet de loi, hier ou avant-hier,
pour donner des décorations.
M. VIAU: Je ne dis pas, M. le Président, que l'on devrait garder
les titres de chef. Je suis d'accord. Mais je dis que ceux qui le sont
actuellement demeurent responsables sous la direction du directeur du Conseil
de sécurité jusqu'à ce que les plans d'intégration,
prévus par l'article 53, soient présentés. Ceci devrait
être un amendement.
M. PICARD: Ce que vous suggérez sera certainement pris en
considération.
M. VIAU: Alors, vous m'en donnez la garantie, M. Picard?
M. PICARD: Ecoutez, c'est le ministre qui décidera. J'ai dit que
cela serait pris en considération par les membres de la commission, des
deux côtés de la table.
M. BURNS: Parlez pour vous autres, ne parlez pour nous autres!
M. PICARD: Vous ne le prendrez même pas en
considération?
M. BURNS: On va le prendre en considération, sauf qu'on aimerait
peut-être mieux avoir des garanties, comme le demande M. Viau.
M. PICARD: Le représentant du PQ désire enregistrer son
refus absolu à cette suggestion.
M. BURNS: Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Je dis simplement:
Parlez pour vous autres. Vous parlez de prendre en considération. Vous
dites: Après consultation, "so what" consultation? Mais je peux vous
consulter et puis faire à ma tête après, moi. Ce n'est pas
grave.
UNE VOIX: C'est normal.
M. BURNS: C'est ça qui est toute l'affaire.
C'est ça que les gens veulent avoir. Ce sont des garanties. Ils
veulent savoir où ils vont. C'est tout. Je le disais au niveau de la
deuxième lecture. C'est bien beau. Il y a de beaux énoncés
de principes. On est tous d'accord sur le projet de loi. On veut que ça
se fasse le plus vite possible. Mais il n'y a pas de mécanismes de mise
en place. C'est cela qui inquiète tout le monde. C'est pour cela que
vous avez dix associations différentes, représentant je ne sais
pas combien de gens, qui viennent vous dire leur inquiétude. Si je
comprends M. Viau, c'est cela qu'il est en train de nous dire. Il y a manque de
mécanismes de mise en place. C'est cela que l'on veut, des garanties.
Alors, quand vous dites que vous parlez pour l'autre côté...
M. PICARD: Les membres de la commission, des deux côtés de
la table...
M. BURNS: On va les prendre en considération.
M. PICARD: ...prendront ces remarques-là en
considération.
M. BURNS: Moi, j'aimerais mieux entendre le ministre dire qu'il va les
prendre sérieusement en considération. Sérieusement, en
voulant dire qu'il est prêt à l'amender s'il le faut.
M. CHOQUETTE: Je comprends que M. Viau a posé un problème
réel. Si on peut faire une amélioration de l'article 31
relativement aux chefs, on va l'étudier en fin de semaine, on va
apporter un amendement approprié. Etes-vous satisfait, M. le
député?
M. VIAU: L'article 54, M. le Président. Je comprends que,
lorsqu'il y aura une police intégrée sur l'île de
Montréal, il faudra avoir des règlements uniformes. Les
règlements qui sont appliqués par la police, dans une
municipalité, sont extrêmement nombreux des nuisances en
passant par les chiens je pense qu'il y a une foule de problèmes.
Dans cet article 54, l'on dit que le conseil doit, sans délai, soumettre
à la Communauté urbaine un projet de règlement
uniformisant les divers règlements des municipalités concernant
les matières visées au paragraphe a) de l'article 205d). Si l'on
prend la Loi des cités et villes, l'article 424 et suivants, les
municipalités peuvent faire des règlements pour la paix, le bon
ordre et le bon gouvernement dans la municipalité, paragraphe a) "est
responsable du maintien, de la paix, de l'ordre et de la sécurité
publique dans les territoires de la communauté". Je me demande si, par
cet article 54, on n'élimine pas des pouvoirs, que l'on empiète
pas sur les pouvoirs et si l'on ne devrait pas préciser davantage quel
serait le champ d'activités dans lequel la Communauté urbaine
pourrait adopter les règlements. J'ai mentionné les chiens, c'est
un exemple classique. Il y a des municipalités qui en ont plus que
d'autres et qui n'ont pas d'objection à laisser circuler les chiens six
mois par année; d'autres, qui ne veulent pas qu'ils circulent pendant 12
mois par année sans qu'ils soient mis en laisse. C'est un champ
spécifique où je pense que l'on devrait au moins laisser une
certaine discrétion aux municipalités. Je me demande si l'on ne
devrait pas être un peu plus spécifique, parce que cela veut dire
tel qu'il est fait qu'on peut prendre tous les règlements
qui peuvent être appliqués directement ou indirectement par la
police. Alors que va-t-il rester aux municipalités? Percevoir les taxes.
Je pense que c'est quelque chose qui, à mon sens, manque de
précision. Il y a les articles 57 et 58 qui regardent le budget. Je
comprends que, dans l'article 57...
M. SAINT-GERMAIN: Pour en revenir à 54, est-ce qu'il n'y a pas un
autre élément qui mériterait d'être souligné?
C'est que ce règlement uniformisé va être de la
décision du conseil de sécurité en fait, dont les membres
ne sont pas non plus des hommes élus.
M. VIAU: C'est le Conseil de sécurité qui l'approuve, qui
le soumet pour être approuvé par la Communauté urbaine. Ce
règlement est de la communauté. Cela devient un règlement
proposé par le Conseil à la communauté, qui doit
l'adopter.
Une fois adopté, il doit être transmis à la
Commission municipale en vue de sa recom-
mandation au lieutenant-gouverneur en conseil.
M. SAINT-GERMAIN: Alors c'est dire que, par le biais d'un
règlement, on enlève à l'homme élu certaines
obligations.
M. VIAU: Oui, je dis que l'on devrait limiter le champ
d'activités pour que les municipalités puissent avoir, en fin de
compte, s'il y a certains problèmes spécifiques... Parce qu'on a
beau vouloir intégrer la police, je pense bien qu'il n'y a pas
d'intention d'intégrer les modes de vie des citoyens dans toute
l'île, de Sainte-Anne-de-Bellevue jusqu'à Pointe-aux-Trembles.
Même dans la ville de Montréal, on trouve des
caractéristiques différentes d'un quartier à l'autre. A
plus forte raison dans les municipalités. Il y a certaines choses qui
peuvent être tolérées dans une municipalité et
d'autres aspects qui ne seront pas tolérés dans d'autres
municipalités.
Je crois qu'il faut toujours laisser aux municipalités une
certaine liberté d'action.
M. PICARD: M. Viau, la recommandation du conseil serait soumise à
la Communauté urbaine qui doit l'approuver...
M. VIAU: Oui.
M. PICARD: On n'a pas cela dans le bill. Où est-ce que vous voyez
cela, vous?
M. VIAU: Ce règlement de la communauté...
M. PICARD: Le conseil doit le soumettre, mais il n'est pas dit que la
communauté doit l'accepter.
M. VIAU: Quand on dit ce règlement de la communauté, si
c'est un règlement de la communauté, qui doit l'adopter?
M. PICARD: Vous avez dit que le Conseil de sécurité doit
soumettre...
M. VIAU: Doit soumettre...
M. PICARD: Il doit soumettre, mais il n'est pas dit que la
Communauté urbaine doit l'accepter. Si vous laissez les membres du
conseil de la Communauté urbaine discuter du pour et du contre de la
réglementation, il y a des représentants de toutes les
municipalités au conseil.
M. VIAU: Oui, mais on sait quels sont les...
M. PICARD: Ecoutez, vous parlez de démocratie.
M. VIAU: Vous savez, M. le député, la démocratie,
on pourrait en parler longtemps.
M. SEGUIN: De toute façon, l'initiative n'appartient pas à
l'homme élu.
M. VIAU: La protection est mieux que la démocratie dans un texte
de loi.
M. CHOQUETTE: Mais, est-ce que les municipalités de banlieue que
vous représentez n'ont pas un droit de veto à l'intérieur
de la communauté?
M. VIAU: Oui, mais voici. A un moment donné, il peut y avoir
trois ou quatre municipalités qui seraient affectées par un
projet de règlement. Les autres municipalités ne s'en soucient
pas. Pourquoi pénaliser trois ou quatre municipalités parce que
les autres, cela ne leur fait rien. Il faut protéger un peu les droits
de chaque municipalité. C'est pour ça que je dis, encore une
fois, que sur ce sujet, je n'ai pas de position. J'attire votre attention que
cela devrait être limité.
M. CHOQUETTE: On pourrait peut-être insérer une petite
nuance à 54. Après les mots "uniformisant dans la mesure du
possible", ou uniformisant dans certaines limites, parce qu'il pourrait quand
même y avoir des distinctions.
M. VIAU: Je crois que cela manque de précision, M. le ministre.
Je vous soumets le cas et je vous dis que je n'ai pas eu le temps de penser
à une formule. Mais je connais la compétence de vos conseilleurs
juridiques qui pourront certainement trouver quelque chose.
M. CHOQUETTE: On pourrait mettre quelque chose à l'effet qu'on
tiendrait compte des besoins ou des particularités locales, que le
règlement, tout en cherchant l'uniformité, ne serait pas
automatiquement uniforme pour tout le monde, dans tous les domaines.
M. SEGUIN: Je vais vous donner un exemple. Je ne dirai pas qu'il s'agit
ici de normalisation pour tout le corps de police ou tout le système de
sécurité. Disons, par exemple dans les villes de banlieues, qu'il
y a certaines villes qui assument une responsabilité vis-à-vis de
la protection sur l'eau. Je vais prendre une municipalité entre autres,
disons le Lakeshore, qui a une équipe, qui a tout le personnel
nécessaire et expert pour faire des sauvetages, pour aller secourir des
gens qui sont pris sur le lac Saint-Louis. Cela arrive très
fréquemment, La patrouille se fait régulièrement à
toutes les heures du jour et de la soirée, surtout en fin de semaine et
à d'autres heures. Il ne faudrait pas, par exemple, arriver, à
cause du coût de ce service-là aux contribuables de certaines
villes qui le fournissent, que la Communauté urbaine ou le conseil
puisse dire: Ecoutez, nous ne sommes pour commencer à faire des
règlements d'exception.
Nous ne reconnaissons pas notre responsabilité. Tandis que ces
municipalités, connaissant leurs responsabilités en
sécurité publique, ont
vu depuis des années à pourvoir ou à fournir ce
service. C'est aussi important, par exemple, pour une municipalité sur
le bond du lac Saint-Louis, de voir à sa population qui passe une partie
de l'été sur l'eau; c'est aussi important pour elles, pour ces
municipalités, que ça l'est, par exemple, pour la police de
Montréal de renforcer son escouade de la moralité, ou de faire la
tournée des dépositaires de journaux pour voir s'il n'y a pas de
pornographie. Peut-être que cela ne nous intéresse pas ce
côté-là. On les laisse publier.
M. CHOQUETTE: Une chose est certaine, M. Viau...
M. SEGUIN: Il s'agit d'avoir...
M. CHOQUETTE: ... l'article 54 va requérir les services d'un bon
avocat.
M. VIAU: Vous en avez d'excellents... M. PICARD: Nommément le
maire de...
M. VIAU: ... pour faire une bonne rédaction. Il y a
également, M. le Président, la question du budget. Je constate
que les articles 57 et 58 prévoient des modalités de budgets pour
qu'en 1974 l'on tente de faire payer les déficits qui resteraient, qui
n'auraient pas été payés au cours des années 1972
et 1973. C'est une espèce de consolidation qu'on prévoit pour
1974. Est-ce que c'est cela le but de l'article 58? Parce que, si je comprends
l'article 57, le budget de la communauté pour l'exercice financier 1972
doit prévoir, pour des fins de police, un montant au moins égal
aux dépenses encourues pour l'ensemble des municipalités durant
l'exercice financier 1971, pour fins de police. On sait qu'il y a augmentation
sensible. Quand je dis sensible, c'est quelques millions de 1971 à 1972,
parce qu'apparemment les estimations pour la police pour 1972
malgré les prévisions optimistes qui ont été faites
il y a quelques années s'élèveraient à
au-delà de $84 millions, bien que le président, la semaine
dernière, a dit à la télévision et au Star que cela
pourrait être $90 millions. On va lui donner le bénéfice du
doute et on va dire $84 millions. Si on enlève de cela $16 millions,
cela veut dire qu'il reste à la police un montant de $72 millions qu'il
faut faire payer par Montréal et les autres municipalités. C'est
Montréal qui paie la grosse proportion. Ceci peut être très
intéressant, M. le ministre, quand on parle de subventions à la
ville de Montréal. Du 1er septembre 1970 au 31 décembre 1971, le
remboursement qui sera fait à la ville de Montréal sera de
l'ordre de $38,200,000. Alors, vous savez, les économies, on les
cherche, et avec de grandes loupes. Cela, c'est pour ce qui est passé et
l'escalade évidemment se continue. Pourtant, il y avait eu des
déclarations vous en avez fait vous-même dans le temps
à l'effet que la police serait une économie sur une longue
période.
M. CHOQUETTE: Avez-vous un moyen d'empêcher l'escalade?
M. VIAU: Le moyen, nous l'avions recommandé, M. le
Président, dans le temps, dans un mémoire qui avait
été présenté par la Conférence des maires en
1969, lorsqu'on avait dit qu'il devrait y avoir une enquête par la
Commission de police pour réellement rechercher les problèmes. Je
ne veux pas être trop long mais, à la page 20 de ce
mémoire, on dit, entre autres: Etudier toutes les raisons qui font que
la force policière de la ville de Montréal c'est en 1969
représente 2.68 policiers par mille de population, la
région métropolitaine 2.37 par mille de population, alors que la
plupart des grandes régions du Canada ont une force policière de
moins de 1.5 policier par mille de population.
M. CHOQUETTE: Oui, mais M. Viau, allez donc aux Etats-Unis, comparez
donc Chicago, San Francisco, New York.
M. VIAU: Je ne vais pas...
M. CHOQUETTE: Le taux d'encadrement est 3.5... 4.0
M. VIAU: Je ne vais pas à New York. Je n'aime pas faire des
comparaisons.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, M. Viau... M. VIAU: Allez à Toronto.
M. CHOQUETTE: A Toronto, ils ont moins de crimes qu'ici.
M. VIAU: Moins de crimes, écoutez! On nous parle de crimes. M. le
ministre, quand on a, dans la police de Montréal, des gens qui
émettent des billets, des gens qui sont chauffeurs et qui ne font pas
des travaux policiers... Cela n'a jamais été étudié
et on paye pour la mauvaise administration. Je ne veux pas porter de jugement
contre les hommes publics. En fin de compte, il faut se rendre à
l'évidence. Pourquoi, à Toronto, ont-ils pu le faire à des
taux raisonnables. Si on a des gens qu'on paye $10,000 et $12,000 par
année pour donner des billets... Ils ont réglé le
problème à Toronto.
M. CHOQUETTE: M. Viau, il y a un point sur lequel je suis d'accord. Pour
coller des billets, ça ne demande pas quelqu'un qui a un salaire de
$11,000 par année. Je suis de votre avis.
M. VIAU : Combien y en a-t-il dans la ville de Montréal?
M. CHOQUETTE: Il y en a pas mal.
M. VIAU: A Toronto, pour régler le problème, on a
même pris des handicapés. Parce que
ça ne prend pas des gens qui puissent courir le mille en quatre
minutes pour mettre des billets. Il s'agit de savoir écrire et de
pouvoir constater que ça fait une heure et demie qu'une auto est
là au lieu d'une heure. On n'a jamais été au fond du
problème. On constate que Montréal est étouffée par
ses dépenses et on répartit le coût sur les
municipalités. La ville de Montréal est presque en faillite, et,
dans cinq ans d'ici, les municipalités vont être aussi mal
prises.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'il peut y avoir des améliorations
à l'administration policière et je pense qu'avec un Conseil de
sécurité, on peut arriver à réaliser une grande
part de ces objectifs. D'un autre côté, il ne faudrait quand
même pas faire croire que le service de la police de la ville de
Montréal, c'est une gabegie, qu'il y a un abus extraordinaire. Si vous
regardez le taux d'encadrement, même à la ville de
Montréal, compte tenu de la situation de la criminalité, compte
tenu des comparaisons qu'on peut faire avec d'autres villes, même s'il y
a des améliorations qu'on peut y apporter, ce n'est quand même pas
une situation aussi déplorable que vous le laissez entendre.
M. VIAU: Je comprends mais, en fin de compte, il y a quelque chose. Si
on prend les villes canadiennes, je pense bien que ce n'est pas pire à
Vancouver qu'à Toronto. Quand on dit qu'il y a des crimes à
Montréal, il y en a; il va y en avoir encore. Cela déborde
l'île. Si on fait payer Sainte-Anne-de-Bellevue, si on fait payer des
municipalités, pourquoi ne ferait-on pas payer Rigaud, Laval,
Longueuil?
M. CHOQUETTE; Il faut commencer quelque part.
M. VIAU: Mais pendant ce temps-là, on écrase les
contribuables. Je pense que, d'ici un an ou deux ans, le coût de la
Communauté urbaine, pour les citoyens de la ville de Montréal,
sera environ $1 de taxe. C'est cela, M. le Président, qui sera une
tragédie. Je comprends que, quand cela a été fait,
c'était pour aider Montréal. Il y avait des problèmes.
Aujourd'hui, on continue encore dans la même veine, sans savoir où
ça va finir. C'est une escalade et les municipalités vont
être taxées au point qu'elles vont être plus taxées
que la ville de Montréal même. Ceci je ne veux pas
être prophète de malheur d'ici deux ans. Je pense que
j'aurai l'occasion d'y revenir et avec des chiffres. Prenez les chiffres qui
avaient été avancés dans le temps. Etudiez-les et vous
verrez qu'on est bien loin de ce qui avait été prévu
à ce moment-là. Même avec ce qu'on prévoit
aujourd'hui, on en est encore bien loin. On prévoit toujours que des
municipalités pourront emprunter. Mais quand on est rendu à
emprunter pour payer des dettes courantes, pour acheter des mitaines, des
bottines, je pense qu'au point de vue de l'administration municipale, c'est
excessivement dangereux. C'est cela qui est la crainte des municipalités
et de tous les citoyens. Je pense qu'actuellement, la réaction n'est pas
encore... Mais quand les comptes vont être reçus, d'ici quelques
mois, et qu'on va recevoir la masse du 1er septembre 1970 au 31 décembre
1971...
M. CHOQUETTE: Cela ne sert à rien de reprendre tout le
débat.
M. VIAU: Je pense que c'est un problème très
sérieux et je crois que tous, nous devons nous pencher pour trouver une
solution équitable, une solution qui soit juste pour tous les citoyens,
non seulement de Montréal, mais de toutes les banlieues.
Ce n'est pas juste de dire que les banlieues n'ont pas fait leur part.
C'est un argument que j'entends depuis au-delà de vingt ans ici.
M. PICARD: C'est vrai.
M. VIAU: Dans le temps du maire Camillien Houde, on avait le même
argument. Montréal, vache à lait des banlieues. Cela va
être le contraire sous peu.
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas. Je crois que vous exagérez un peu.
Vous allez quand même admettre avec moi que toutes les données
qu'on connaît du problème indiquent que la population de
Montréal si on fait abstraction du système
d'intégration budgétaire supporte une plus grande part du
coût de l'ensemble des services policiers que 1» population des
banlieues. C'est une réalité.
M. VIAU: C'est une réalité qui est discutable. Il y a bien
des...
M. CHOQUETTE: Les chiffres le démontrent, M. Viau.
M. VIAU: Encore dernièrement, on vient de mettre à la
charge d'une des municipalités l'inspection des aliments. Il y a
$1,300,000 qui seront mis à la charge de la communauté.
L'inspection des aliments n'est pas la responsabilité de
Montréal. Cela devrait être la responsabilité de la
province. Il n'y a pas de raison pour qu'on paie pour l'inspection du lait
à 100 milles à la ronde.
De toute façon, je pense que les chiffres sont là. Cette
année, pour ce qu'on va avoir au Conseil de sécurité, la
ville de Montréal va payer $39 millions contre un total de $68 millions
pour toute la communauté.
M. le Président, c'étaient les remarques que j'avais
à faire. Encore une fois, je crois que c'est un problème
sérieux. J'ai eu des remarques peut-être un peu directes. Je crois
que c'est en toute objectivité. Vous pouvez compter sur la collaboration
des municipalités. Je crois que nous devons participer à
l'élaboration des for-
mules et que, dans tous ces problèmes-là, le citoyen est
le premier concerné et ce sont les municipalités qui
représentent les citoyens. S'il n'y avait pas de municipalité, il
n'y aurait pas de citoyens. La municipalité est, premièrement,
pour le citoyen et non pas le citoyen, pour la municipalité. Nous devons
toujours nous rappeler que la municipalité, ce sont les citoyens qui la
font vivre et qui paient pour maintenir cette organisation communautaire.
Encore une fois, je vous remercie et j'espère que vous prendrez
bonne note des remarques que j'ai faites. Je m'excuse d'avoir été
un peu long.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Viau. Nous entendrons maintenant le
maire, le représentant de LaSalle.
M. VIAU: Je crois qu'il appuie les remarques que j'ai faites il y a
quelques minutes.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. M. Ouimet de la ville de Westmount.
Westmount
M. OUIMET: M. le Président, M. le ministre, j'ai deux
commentaires à faire. Le premier est à l'effet que l'article 8
devrait assurément être examiné par les
municipalités. Je crois que, lorsque nous parlons de millions de
dollars, même de $75 millions, dans le cas de Westmount nous parlons de
$1,700,000, alors que le budget originaire de Westmount était de
$850,000. Donc, il est doublé automatiquement et nous parlons
d'administration de $2 millions.
Je pense qu'avec des chiffres aussi importants, les municipalités
devraient être consultées. Mon deuxième point, c'est que
les citoyens de Westmount sont extrêmement fiers de leur police. J'habite
Westmount depuis 53 ans. J'ai 53 ans. Nos gens en sont doublement fiers. Nous
avons notre chef de police ici, aujourd'hui. J'ai été pressenti
par nombre de citoyens de la ville qui m'ont dit qu'ils étaient
tracassés par les taxes de la CUM, mais qu'ils sont aussi
tracassés par le fait qu'ils estiment et aiment beaucoup leurs
policiers.
S'il y a moyen, nous serions extrêmement intéressés
à garder surtout nos policiers en uniforme. Je vous parle de
circulation, je vous parle de patrouille, de gens en uniforme. C'est tout, M.
le Président, merci.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Simplement une question, est-ce que vous voulez dire que vous
êtes contre l'intégration ou quoi quand vous dites que vous voulez
garder vos policiers en uniforme? Vous vous opposeriez, dans le fond, à
ce que vos policiers soient confondus avec l'ensemble des corps policier de la
Communauté urbaine? Est-ce que c'est ce que nous devons comprendre?
M. OUIMET: Au contraire, depuis 1959, Westmount est en faveur d'une
intégration partielle.
M. BURNS: Vous dites partielle dans quel sens?
M. OUIMET: On aimerait avoir l'escouade d'investigations criminelles, la
centrale d'information, l'unification des formules et des rapports, une
coordination des escouades qui s'occupent de meurtres, de terrorisme et de
narcotiques pour être coordonnées ou remises à l'ensemble
de la CUM.
M. BURNS: Et la gendarmerie, vous voudriez la garder?
M. OUIMET: L'agent en uniforme, on voudrait le garder. Il y a un contact
extrêmement personnel entre les citoyens de Westmount et les policiers.
On les connaît presque tous; moi-même, je les connais tous et quand
j'étais tout simplement citoyen, j'en connaissais au moins 80 p.c. Il y
a un contact extrêmement important avec le policier, que nous admirons.
Quand j'étais échevin, j'étais parmi les deux volontaires
qui se sont occupés des cinq bombes de Westmount et les policiers qui
étaient avec nous à ce moment-là étaient des gens
en qui nous avions entière confiance.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. J'inviterais maintenant M. Beaulieu de
la ville de Dollard-des-Ormeaux.
Doll ard-des-Ormeaux
M. BEAULIEU (Richard): Merci, M. le Président, M. le ministre,
comme vous savez, la ville de Dollard-des-Ormeaux pour des circonstances, quant
à elle, plus ou moins indépendantes de sa volonté n'a pas
soumis de mémoire écrit. Cependant, elle a jugé bon
d'envoyer un représentant à titre d'observateur plus ou moins
actif. Nous avions des inquiétudes ainsi que des observations à
faire. Je crois qu'elles sont toutes maintenant sur la table devant vous et que
vous avez les arguments pour et contre. Donc, nous voulons tout simplement dire
que nous appuyons les observations qui ont été faites et par M.
le maire Benoit et Me Viau, ainsi que les inquiétudes qui ont
été soulevées quant à la participation continue des
municipalités en banlieue de Montréal. Je vous remercie, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. J'inviterais maintenant M. Meloche, du
Syndicat canadien de la fonction publique des employés manuels, à
Montréal.
Syndicat canadien de la fonction publique
M. MELOCHE: M. le Président, le problème que nous voulons
vous soumettre en est un qui, pour nous parce que nous avons été
saisis à la dernière minute du projet de loi no 281, est
quasiment sans solution. Le problème est le suivant: De par notre
convention collective...
M. BURNS: Je voudrais attirer votre attention. Connaissant le
problème qui nous est soumis par M. Meloche, je pense qu'il est un
problème à part, il mériterait d'être
écouté. Je ne vous fais pas de reproche, c'est que quelqu'un
tentait de vous parler. C'est un problème d'ordre très
spécial.
M. MELOCHE: Dans le texte de loi, on ne voit pas les modalités
qui ont été prévues pour notre problème. Le
problème est le suivant: Lorsque nous avons signé la convention
collective, le 25 mars 1970, il avait été entendu avec la
Communauté urbaine de même qu'avec la ville de Montréal des
modalités avec lesquelles les employés manuels de la ville de
Montréal devaient être transférés à la
Communauté urbaine.
Disons au paravant que le texte de loi stipule que les fonctionnaires
sont des employés qui relèvent du budget du service de la police
ou qui ont des fonctions connexes.
Nous avons des employés de la ville de Montréal qui sont
soit palefreniers, soit ça qu'on appelle jockeys ou chasseurs d'autos.
Nous avons les surveillants de Terre des Hommes qui relèvent
également du service de la police. Nous avons également tous les
mécaniciens qui font l'entretien et la réparation des
véhicules du service de la police. Nous, ce que nous voulons savoir
d'abord, c'est une question d'information c'est quelle est la
position du gouvernement ou quelle est la position contenue dans le bill
parce qu'on ne voit pas de modalités prévues quelles sont
dans le bill les prévisions d'intégration de ces employés.
On veut connaître les modalités d'intégration. Est-ce qu'on
va respecter les mêmes modalités qui ont été
approuvées par la Communauté urbaine ou si on doit faire face
à différentes modalités?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas saisi complètement ce que vous avez dit
parce que j'ai été distrait; des gens sont venus me parler. Mais
vous représentez un groupe de syndiqués, n'est-ce pas?
M. MELOCHE: C'est cela. M. CHOQUETTE: Pardon?
M. MELOCHE: Le local 301, les employés manuels de la ville de
Montréal.
M. CHOQUETTE: D'accord. Alors, vos membres seront intégrés
aux conditions arrêtées par votre convention collective.
M. MELOCHE: Mais dans le texte de la loi, on ne voit pas les
stipulations de cela. On ne retrouve pas les mêmes modalités qui
ont été approuvées par la Communauté urbaine. Je
tiendrais à vous faire remarquer qu'il y a des modalités
là-dedans. Seulement pour vous donner un exemple: une des clauses, la
clause 30 de notre convention collective, prévoyait encore plus que la
façon d'être intégré à la Communauté
urbaine. On n'avait pas pensé en 1970 au Conseil de
sécurité ou à la Commission de police, mais on allait
encore plus loin que cela: l'individu conservait son ancienneté à
la ville de Montréal, pouvait être transféré
à la Communauté urbaine et revenir à la ville de
Montréal tout en ayant conservé son ancienneté à la
ville. On se demande si on ne fera pas affaires avec un troisième
employeur. Au niveau des fonds de pension, pour nous aussi cela crée
beaucoup de problèmes. Est-ce qu'on va avoir deux et possiblement trois
fonds de pension? Est-ce qu'on va avoir trois conventions collectives à
signer? Pour nous, ce sont des problèmes pas mal sérieux.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, monsieur, vous me parlez de collets bleus. Je
vous suggère de rencontrer M. Dufour, peut-être à
l'ajournement, de lui exposer le problème au point de vue du nombre
d'employés que vous représentez, ceux qui passeraient normalement
au service de la Communauté urbaine, et nous allons inclure des
dispositions qui seront similaires dans votre cas à celles des autres
syndicats.
M. MELOCHE: Mais est-ce que cela va être inclus dans le bill?
M. CHOQUETTE: Mais certainement, nous apporterons des amendements au
bill et nous nous occuperons de votre situation particulière.
M. PAUL: Vous pouvez être assuré que M. Burns va surveiller
cela et je vais lui rappeler de bien surveiller cela, parce qu'il est plus
spécialiste que moi, toujours en la matière.
M. BURNS: Je suis content de savoir que le député de
Maskinongé me surveille. Cela va m'aider.
M. PAUL: Mais je calcule que je travaille presque toujours en vain.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Meloche. J'inviterais maintenant le
capitaine Hubert Grenier au nom du Comité du groupement des policiers de
banlieue de l'île de Montréal.
Comité du regroupement des policiers de
banlieue
M. GRENIER: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission, messieurs. Avant de vous faire la lecture de ce
mémoire, permettez-moi de vous donner des
précisions sur la formation, les buts de notre comité et
de vous présenter les membres qui le composent.
Le capitaine-détective, Jean Laplante de la police de la ville de
LaSalle qui a treize années de service, président de sa
fraternité; le sergent Gilles Dubuc de Côte-Saint-Luc,
président de la fraternité avec douze années de service;
l'agent Claude Saint-Pierre, policier de Verdun, quatorze ans de service,
président de sa fraternité et l'agent André Massé
avec dix ans de service à la ville d'Anjou, également
président de sa fraternité.
Moi-même Hubert Grenier, capitaine de police à
Saint-Laurent, 20 années d'expérience, président de ma
fraternité et premier vice-président de la
Fédération des policiers du Québec, et également
président de ce groupement élu par les représentants des
23 associations de policiers faisant partie de la Communauté urbaine de
Montréal.
Ce comité du groupement fut formé en octobre 1969, lorsque
le projet de loi no 75 fut déposé à l'Assemblée
nationale, constituant la CUM.
Les buts de notre comité étaient de représenter et
d'être le porte-parole de tous les policiers syndiqués des
banlieues de Montréal, face à l'intégration
éventuelle de tous nos corps de police.
Nous avons eu plusieurs rencontres avec l'exécutif de la
Fraternité des policiers de Montréal, l'ABRPM., le
président du conseil de sécurité, le juge Jacques Coderre,
les membres du comité exécutif de la CUM. Nous avons aussi fait
des représentations et soumis nos observations devant la commission des
Affaires municipales lors des auditions publiques sur le règlement 26 de
la CUM.
Durant cette même période, nous avons eu plusieurs
réunions avec les représentants des corps de police
concernés et ceux-ci ont toujours été informés de
nos démarches. Dimanche dernier, soit le 13 décembre, nous les
avons réunis pour les informer des implications du bill 281.
Depuis 1969, nous nous sommes toujours prononcés en faveur de
l'intégration totale de nos forces policières et l'ensemble des
policiers le sont également. Cette intégration apportera de bons
résultats et augmentera l'efficacité de nos corps policiers, pour
autant que nos membres ne seront pas lésés dans leurs droits et
considérés pendant un certain temps comme candidats-policiers
comme le furent les policiers de Saint-Michel, lorsque ce corps policier fut
annexé à celui de Montréal et où il appert
qu'environ douze d'entre eux furent refusés parce qu'ils ne
répondaient pas aux normes du comité de sélection.
Nous admettons cependant qu'il y a une différence entre annexion
et intégration; dans le processus de l'intégration, nous
espérons que les autorité de la Commission de police en tiendront
compte.
Cette intégration de nos corps policiers, après une
période d'adaptation de trois à cinq ans, sera plus efficace et
fonctionnelle; dans la mesure où les membres intégrés
n'auront pas été brimés et considérés
inférieurs aux policiers de Montréal au moment de
l'évaluation du personnel et de la normalisation des grades en rapport
avec l'article 31 ; sinon cette intégration sera désastreuse et
entraînera des répercussions pour plusieurs années à
venir.
Cet article laisse songeur et perplexe tous les policiers des futures
villes intégrées. Afin d'enlever ce climat de crainte et
d'insécurité qui plane, il est souhaitable que, dans le but de
dissiper cette crainte et ce malaise, l'article 31 soit amendé et que
des critères et barèmes soient bien définis, afin de
déterminer ce sur quoi va se baser la Commission de police pour faire
l'évaluation du personnel policier, ainsi que la normalisation des
grades.
Pour ce faire nous voudrions être consultés et nous
suggérons qu'un comité soit formé dans lequel la
Fédération des policiers du Québec serait
représentée. Ce comité pourrait élaborer les
critères et normes de base requis devant s'appliquer à une telle
normalisation.
Car même avec toute la compétence que nous reconnaissons au
personnel attaché à la Commission de police, ne connaissant pas
l'organigramme, la structure, les fonctions et les responsabilités
attachés à chacun de ces corps policiers qui sont souvent
différents, il serait injuste en prenant comme principe de base dans la
normalisation des grades, de vouloir comparer, grade pour grade, un sergent de
police de banlieue à un officier du même rang à
Montréal, et ainsi de suite en gravissant tous les échelons.
Souvent dans un corps policier, petit ou moyen, composé comme
dans nos banlieues, de quatre à cent quinze hommes, le sergent ou le
lieutenant a la charge totale de sa relève, à l'exception de la
relève de jour, lorsque le directeur ou son assistant sont en devoir. Il
a alors la responsabilité entière des policiers et en plus, dans
treize villes, il doit également connaître les rudiments du
travail de pompier et diriger ses hommes sur les scènes de
l'incendie.
Nous admettons que dans les banlieues, le personnel est moins nombreux,
mais partant du simple agent à l'officier, lorsqu'une situation
d'urgence ou une décision à prendre s'impose, il doit se servir
de sa propre initiative et de ses connaissances pour résoudre le
problème, car il n'y a pas d'officier supérieur ou une autre
division à qui il peut s'en remettre. Contrairement à
Montréal où un autre officier supérieur ou une autre
escouade est toujours disponible pour prendre la relève et continuer
l'enquête.
Dans un corps policier moyen comme ceux des banlieues, le personnel est
peut-être moins spécialisé dans certains domaines:
enquêtes criminelles, homicides, terrorisme, fraudes, automobiles
volées, moralité, etc, mais ses membres font et touchent plus de
domaines que ceux des policiers d'une grande ville qui, eux, ont un personnel
spécialisé, mais peut-être individuellement moins
versatile.
Partant de ce principe, il est impérieux que, pour le bon
fonctionnement futur d'un tel corps policier, le personnel
intégré soit évalué à sa juste valeur et que
les mécanismes et modalités de la normalisation des grades et
fonctions des membres des corps de police le soient également, mais non
nécessairement en comparant la fonction et le grade actuel d'un officier
de Montréal avec ceux de celui qui occupe le même poste dans une
banlieue. Cette comparaison ne peut s'appliquer, car dans une banlieue
où il n'y a pas de capitaine ou de lieutenant, le sergent prend ses
responsabilités car il est seul en autorité dans son corps de
police et, partant de ce principe, il pourrait jouer en faveur de l'officier
des banlieues qui, même en détenant un titre inférieur sur
l'ensemble des responsabilités, joue le rôle d'un officier
supérieur.
Nous pourrions également ici développer plusieurs
thèses et prouver qu'un officier de police de Montréal ou un
agent travaillant depuis un certain nombre d'années dans un poste d'un
quartier tranquille pourrait difficilement s'adapter à un poste comme le
4 et 10 sans avoir de sérieux problèmes.
Il faut que, dans cette intégration, ces problèmes humains
soient sérieusement analysés et pris en considération,
afin de ne pas bouleverser tout le personnel, ce qui pourrait être
néfaste pour plusieurs.
Nous devons vous rappeler que dans certaines villes de la partie ouest,
plusieurs sont unilingues et craignent sans doute qu'un jour ils soient
changés de territoire. Mais pour le bon fonctionnement de ce service, il
faudra, dans la mesure du possible, éviter des changements radicaux sans
le consentement des intéressés, sinon l'efficacité du
service en général sera affectée si le personnel
assigné est malheureux. Dans le même article, au paragraphe 3, il
est dit que la Commission de police communique à chacun des membres du
corps de la municipalité intéressée, dans la mesure
où il est affecté, les conclusions de l'enquête et le
délai imparti pour demander par écrit une revision des
conclusions.
Nous demandons que l'association représentant ce policier soit
également informée des conclusions de l'enquête.
Qu'arriverait-il à un policier qui serait rétrogradé et
pour qui, durant sa demande de révision dans le délai de quinze
jours prescrit, on appliquerait les paragraphes 7 et 8?
Quelle association le représenterait? Nous constatons avec
stupeur qu'en plus de perdre son droit de grief, ce membre serait seul pour se
défendre, car son ancien syndicat serait dissous et aucun article ne
prévoit qu'il pourrait être alors représenté par la
Fraternité des policiers de Montréal Inc. Nous vous demandons d'y
apporter des changements en indiquant au paragraphe 7 que le paragraphe 8 ne
peut s'appliquer tant et aussi longtemps que les jugements dans les demandes de
révision applicables au paragraphe 7 n'auront pas été
rendus.
A l'article 35 touchant les fonds de pension, dans un mémoire
précédent, soumis au Conseil de sécurité publique,
nous nous sommes prononcés en faveur du fonds de pension de l'ABRPM,
l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de Montréal,
qui donnerait des bénéfices accrus pour tous les policiers
intégrés.
A l'article 46, si aucun changement n'est apporté, aucun policier
des treize villes où ils agissent également comme pompiers ne
pourra être intégré avant le 1er janvier 1973.
Comme il y a environ 460 policiers-pompiers concernés, nous
demandons que, durant l'année 1972, ces membres aient le
privilège de choisir entre demeurer policiers ou faire option pour
devenir pompier.
Dans la ville de Westmount, 34 membres de ce corps policier ont le titre
de Public Safety Officers, agissent comme policiers-pompiers et demandent
d'être reconnus comme policiers. Comme ils sont effectivement des
policiers ayant un travail particulier, patrouillant dans une camionnette
équipée de tous les instruments d'urgence et du nécessaire
pour répondre à un appel d'incendie, comme ils sont régis
par la même convention que les policiers, leurs officiers étant
ceux de ce service, il est normal qu'ils soient considérés comme
policiers.
Il est à noter que les policiers de Westmount ne sont pas
protégés par un système de jours de maladie cumulatifs;
étant les seuls dans ce cas, une autre formule devrait être
négociée afin de les protéger lorsqu'ils seront
intégrés. Dans l'ensemble, nous croyons que cette
intégration sera profitable pour les citoyens pour autant qu'elle ne
sera pas faite sur le dos et au détriment de nous tous, policiers. Nous
vous remercions de nous avoir donné l'occasion de nous faire entendre,
tout en espérant que M. le ministre prendra en considération nos
remarques et suggestions. Dans le cas contraire, nous sommes convaincus que
cela pourrait causer un tort immense à ce nouveau corps de police que
nous voulons tous fonctionnel. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Maintenant, si le ministre a des
questions. Le député de Robert Baldwin.
M. SEGUIN: Afin d'éclairer un peu ma lampe et de peut-être
mieux me placer en face de la polisiton que voudrait le projet de loi 281
vis-à-vis de la police de Montréal, capitaine, si je mets de
côté les problèmes de bienfaisance je parle au point
de vue humain, de l'individu dans le corps de police si je mets de
côté les droits acquis ou les droits qui n'existent pas dans
certains milieux, mais qui devraient être intégrés ou
ramenés au niveau d'autres, si je mets de côté les plans de
pension, que ce soit de la ville de Montréal, des banlieues, peu
importe, si je mets de côté toute cette partie sociale, exception
faite de cela, strictement sur le service de police et de
sécurité, le service pour lequel paie
le citoyen, le contribuable, ce à quoi, lui, le citoyen a droit
en retour de son argent, s'il y a intégration totale, pourriez-vous, en
quelques mots, m'expliquer l'avantage pour celui qui paie?
Mettons de côté toute la question personnelle de
l'individu; cela, c'est une autre phase, c'est un autre aspect de
l'intégration, c'est au point de vue social. C'est très
important, je ne le mets pas de côté, je le mets de
côté tout simplement pour les besoins de l'argument
d'intégration. Vous êtes de Saint-Laurent dans le moment, alors,
parlons de Saint-Laurent. Vous êtes intégré avec tous les
autres corps de police de l'île. Quel sera le bénéfice
direct ou indirect pour le citoyen, celui qui paie votre salaire? Un petit
bénéfice, s'il y en a un.
M. GRENIER: M. le député, je pense bien que vous allez
admettre que nous ne nous sommes pas tellement arrêtés à
cet angle-là. Seulement, je peux vous donner mon point de vue.
M. SEGUIN: Oui, oui.
M. GRENIER: Je me place comme policier; également, je suis
citoyen comme tout le monde, je crois qu'une intégration comme celle-ci
pourra faire bénéficier tous les citoyens parce que, comme je
l'ai mentionné dans un des paragraphes, le citoyen, peu importe la ville
où il est, a droit à la même protection que celui de
Montréal. Ici, je m'explique: peu importe le genre de crime qui arrive
dans une municipalité, quelquefois, à défaut d'un effectif
suffisant ou nécessaire ici, je ne veux blâmer aucun corps
de police des villes de banlieue on n'a pas les ressources suffisantes.
Et le public en général peut, à un certain moment, sentir
qu'il pourrait y avoir une meilleure protection. Avec un corps de police
intégré comme celui-là, je n'ai pas à vous dire
que, lorsque nous avons offert de demander l'aide de spécialistes, on
sait où aller. Actuellement, dans le contexte où l'on vit, on a
certainement une bonne coopération, de ce côté-là,
de la ville de Montréal. D'ailleurs, cela a toujours existé.
M. SEGUIN: C'est cela que vous avez dit "coopération"?
M. GRENIER: Oui, c'est cela. Je crois bien qu'il est normal à un
certain moment que tout le monde ait à payer pour ces services-là
qui, en définitive, lorsqu'on n'a pas les renseignements... La plupart
du temps, lorsqu'un gros crime est commis dans une municipalité de
banlieue... Je vais vous donner un exemple: en 1962 lorsque deux de nos
policiers se sont fait tuer, qui a fait enquête là-dessus? C'est
nous de Saint-Laurent. Mais je n'ai pas à vous dire que les policiers de
Montréal, là-dedans, ont travaillé autant, sinon plus, que
nos policiers, à un certain moment. C'est un travail d'équipe et
je ne crois pas que, dans une situation géographi- que comme celle de la
ville de Montréal, il devrait y avoir des frontières comme il en
existe présentement pour le travail policier. Cela pose un
problème à tous les niveaux, en commençant par le niveau
de la patrouille. Je pourrais vous en énumérer plusieurs.
M. SEGUIN: Vous ne croyez pas que des ententes bilatérales ou des
ententes entre municipalités, appuyées par une
législation, pourraient permettre cet échange de services facile,
sans que le coût nécessairement soit...? Vous ne croyez pas
à cela?
M. GRENIER: Non, M. le député, je n'y crois pas parce
qu'avec mon expérience comme policier, les ententes, la
coopération, lorsque les directives ne viennent pas de la même
source, lorsque ce n'est pas uniformisé, chacun tente à un
certain moment je ne sais pas si c'est par intérêt ou
autrement... De toute façon, il faut que ce soit uniformisé et
c'est la seule façon de rendre un service fonctionnel et efficace.
M. SEGUIN: Vous ne croyez pas que cette question j'emploie vos
propres paroles cette uniformisation, soit possible par
législation autre qu'une législation d'intégration?
M. GRENIER: Non, je n'y crois pas. Sincèrement, je n'y crois
pas.
M. SEGUIN: Avez-vous déjà fait l'essai?
M. GRENIER: Non, mais seulement... On pourrait peut-être reculer
de quelques années. Ce qui s'est produit, c'est qu'on a eu souvent des
situations qui, à un certain moment, exigeaient de la
coopération. Mais parfois, on arrive à certains niveaux
ici, je ne peux blâmer personne en particulier où il peut y
avoir, à un moment donné, un manque de communication et c'est
dû au fait que...
Cela a été amélioré avec notre réseau
de la protection civile, le réseau de radio et communications. A part la
formule de l'intégration et à part d'être sous un
commandement unique avec les directives nécessaires réparties
dans toutes les municipalités, pour ma part, je crois que c'est la seule
solution pour envisager une meilleure protection de l'ensemble des
citoyens.
M. SEGUIN: Les mots reviennent souvent "uniformisation", "entente",
"communications", "chef unique", je pense qu'on s'entend très bien
là-dessus. C'est la façon d'appliquer ou d'arriver justement
à "uniformisation", "entente", "communications", c'est ces
points-là et d'autres que je voulais vous entendre communiquer. Vous
êtes convaincu que pour M. X. qui demeure à 00, telle rue, dans
Saint-Laurent, avec l'intégration de la police, lui, si aujourd'hui
ça lui prend deux minutes pour recevoir une réponse d'un policier
ou pour avoir une voiture à sa porte, avec l'intégration
ça sera une minute et demie ou une minute?
M. GRENIER: Non, non. M. Séguin.
M. PAUL: Un instant.
M. SEGUIN: M. le Président, c'est moi qui...
M. PAUL: Je fais un rappel au règlement.
M. SEGUIN: J'ai la parole à ce moment-ci.
M. PAUL: Je fais un rappel au règlement.
M. SEGUIN : Vous ferez vos commentaires après.
M. PAUL: Non, non.
M. LE PRESIDENT: C'est un rappel au règlement.
M. PAUL: Je dis, M. le Président, que mon ami le
député de Robert-Baldwin est à discuter du principe du
projet de loi dont nous avons disposé en Chambre. Je n'ai aucun doute
que l'honorable député verra à poser des questions
concernant les modalités du projet et non pas quant au principe
même. Il a fait un excellent discours, il a été une voix
discordante à l'Assemblée, c'était son droit. Il nous a
donné des renseignements fort précieux qui ont été
confirmés aujourd'hui en grande partie par M. Viau. De là
à reprendre toute la discussion du principe du projet de loi, je dis que
ce n'est pas le travail que nous devons faire ici en commission
parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. SEGUIN: Dans le projet de loi, il y a une partie qui se rattache
à des changements apportés au bill 75, la Loi de la
Communauté urbaine. Il y a une partie aussi qui se rattache à la
partie sociale, en ce qui concerne la bienfaisance et les fonds de pension,
etc. J'ai mis de côté cette partie-là pour restreindre mes
commentaires en me rapportant directement aux premiers articles du bill qui ont
pour effet de faire confirmer certains commentaires qu'on entend ici, non pas
nécessairement pour le principe; je voulais simplement l'avoir de la
bouche de celui il est capitaine d'un corps de police avec nombre
d'années d'expérience et c'est à peu près la
seule façon, le seul moyen, le seul local et le seul temps où
nous pouvons poser ces questions à la personne qui doit appliquer la
réglementation que l'Assemblée nationale doit passer. Je pense
qu'il ne faut pas qu'il y ait de restriction à ce moment-ci, ni entre le
principe, ni entre les articles. J'attends vos commentaires. Est-ce que j'ai
encore la parole?
M. LE PRESIDENT: Certainement. Je vous avais redonné la
parole.
M. SEGUIN: Capitaine Grenier, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: J'aimerais poser une question au capitaine Grenier. Vous
mentionnez dans votre mémoire, à la page 8, le corps de la ville
de Westmount, où 34 membres ont le titre de "Public Safety Officer". On
n'est pas tellement au courant de ce que c'est, alors j'aimerais avoir
certaines précisions si cela vous était possible de nous en
donner; à savoir si ces agents font plus un travail de policier que de
pompier et s'ils ont un traitement en conséquence ou s'ils ont un
traitement équivalant au traitement des policiers.
M. GRENIER: M. Samson, je vais vous donner les explications que je
connais et, si parfois vous désirez en avoir des supplémentaires,
je vais me référer à des policiers de Westmount qui sont
ici.
D'après les informations que j'ai des policiers eux-mêmes,
ce sont des policiers. Au lieu de patrouiller dans une voiture de police
ordinaire, ils patrouillent je ne sais pas si c'est encore le cas
dans une camionnette équipée de tous les instruments d'urgence.
Entre autres, là-dedans, à moins que je ne fasse erreur
mais on m'a informé qu'ils ont un équipement de
pompier.
Lorsqu'il y a un appel d'incendie, eux qui sont en patrouille comme
policiers, ils se rendent immédiatement sur les lieux de l'incendie
peut-être pour préparer le travail des pompiers ou trouver la
source ou le nid du foyer de l'incendie. C'est un peu leur rôle. En plus,
ces policiers, s'il y a un accident et que les automobilistes sont pris l'un
dans l'autre et qu'ils ont besoin d'équipement comme des leviers ou
d'autres accessoires dont j'ignore les noms, ils se servent de leur
équipement pour déprendre ou porter secours aux victimes. En
gros, c'est un peu leur travail.
Pour vous faire un peu l'historique, ces membres-là qui forment
une escouade spéciale sont 65 policiers; seulement 34 d'entre eux font
partie de cette escouade qui s'appelle "Public Safety Officer". Cette escouade,
selon mes informations, a été formée il y a environ dix
ans avec des membres du corps de police de Westmount. Cette ville voulait avoir
un groupe de policiers spécialisés rendant un service un peu
particulier à leurs citoyens tout en rendant également service
aux pompiers et à l'occasion en faisant ce travail.
Pour ce faire, étant donné que la ville de Westmount a
également des pompiers et qu'une partie des policiers faisait
strictement le travail de policier de patrouille ordinaire, ceux qui voulaient
faire partie ce cette escouade, selon leur convention collective, avaient le
salaire régulier d'un policier plus $300 pour avoir une
spécialisation à part.
Les policiers de Westmount n'ont pas les $300 de plus. Cela, c'est
secondaire. Par leur convention collective étant donné que le
titre au lieu d'être comme dans toutes les conventions collectives
agent classe I, II, III, pour eux c'est le "Public Safety Officer"
classe une telle et ils ont des catégories. La seule chose et je
crois que c'est normal étant donné que c'est la même
convention qui les régit que celle des policiers et qu'effectivement ce
sont des policiers, car même quelques-uns d'entre eux sont passés
par l'Ecole de police de Nicolet ou peut-être également par celle
de Montréal, je l'ignore, mais je sais qu'il y en a qui sont
passés par l'Ecole de police de Nicolet c'est que ce sont des
policiers. Je crois qu'il serait nécessaire, étant donné
qu'ils le demandent, de reconnaître que ce sont des policiers et ils
désirent l'être, car d'après leur convention collective,
à un moment donné, ça pourrait être ambigu. C'est la
raison pour laquelle on porte cette chose à votre attention.
M. SAMSON: Maintenant, M. Grenier, je m'excuse...
M. CHOQUETTE: Simplement une parenthèse si vous le permettez. Je
comprends que Hampstead et Beaconsfield ont également des "Public Safety
Officers". Est-ce qu'on devrait traiter leur cas de la même façon
que ceux de Westmount?
M. GRENIER: M. le ministre dans le cas de Hampstead et de Beaconsfield,
je ne crois pas. A un moment donné ces deux associations ont soumis un
certain document, un petit mémoire. Je peux vous assurer que ces
représentants sont ici et que les clauses ou les articles qui semblaient
les inquiéter ont été clarifiés avec l'aide de nos
conseillers juridiques. Ils sont satisfaits des représentations qu'on
vous a formulées par ce mémoire.
M. SAMSON: Ces "Public Safety Officers", est-ce qu'ils font du travail
de policier ou est-ce qu'ils pourraient faire du travail de policier? Est-ce
que c'est essentiellement du travail de policier qu'ils font
présentement?
M. GRENIER: Oui, M. Samson, c'est du travail de policier. Ce sont des
policiers habillés en uniforme de policier. On pourrait peut-être
demander des explications au directeur, M. Harper, de Westmount.
M. SAMSON: Non, je pense que cela va bien...
M. GRENIER: Ce sont des policiers avec l'uniforme ordinaire de policier,
mais qui, à un moment donné, ont l'équipement dans leur
voiture. Lorsqu'ils se rendent à un foyer d'incendie ou sur les lieux
d'un incendie, ils enlèvent leur uniforme de policier et ils mettent
celui de pompier pour aider aux pompiers qui se dirigent sur la
scène.
M. SAMSON: Est-ce qu'ils sont sous les ordres du chef de police
directement?
M. GRENIER: Oui, M. Samson. Pour répondre à cette
question, je le mentionne ici, comme ils sont régis par la même
convention, leurs officiers étant ceux de ce service,
c'est-à-dire du service de la police, effectivement, pour le groupe de
"Public Safety Officers" ce groupe-là n'a pas d'officier à
même ce corps-là.
Ce sont les officiers de police qui sont également officiers pour
ce groupe d'hommes qui font le travail de "Public Safety Officer". En
définitive, ce sont des policiers. Vous voyez, à certain moment,
ce titre qui est utilisé dans certaines villes des Etats-Unis. Au lieu
d'appeler cela le service de police, ils appellent ça "Public Security
Officer".
M. SAMSON: En fait, monsieur...
M. GRENIER: Pour vous donner une clarification, on me dit qu'ils font
environ 93 p.c. de travail de policier. Cela veut dire qu'ils ne touchent pas
tellement le domaine des pompiers; ils font à peu près 7 p.c,
selon l'évaluation qui a été faite par les
autorités de ce service.
M. SAMSON: Si je comprends bien, ce sont des policiers qui font un
travail supplémentaire au travail de policier; ils sont un peu plus
spécialisés pour ce genre de travail qui est demandé
à Westmount.
Dans un deuxième temps, j'ai remarqué la question que vous
avez soulevée dans le mémoire, à la page 8, qui concerne
le système de jours de maladie. Il n'y a pas de système de jours
cumulatifs de maladie à Westmount et vous suggérez que soit
étudiée une formule. Est-ce que votre association a
étudié une formule qui pourrait nous être
suggérée à la commission parlementaire?
M. GRENIER: Non, M. le député. Nous aimerions qu'il y ait
un article dans la loi qui donnerait les prévisions nécessaires
à la future fraternité pour négocier une protection qui
ressemblerait à nos journées de maladie ou quelque chose
d'équivalent, tout en prenant également en considération
le fait que ces policiers étaient couverts à 100 p.c. lorsqu'ils
étaient malades, blessés au devoir ou blessés à
l'extérieur du devoir. Nous, tous les autres corps de police, avions
simplement un total de journées de maladie que nous accumulions et,
à un certain moment, on pouvait l'épuiser, tout dépendant
de notre maladie ou d'un accident si c'était survenu en dehors du
travail policier.
De toute façon, je pense bien que cette explication est
peut-être...
M. SAMSON: Comme exemple, si le ministre
envisageait je ne peux pas présumer des intentions du
ministre de faire étudier la situation et, par la voie
d'établissement d'une moyenne de ce qui existe comme réserve de
congés de maladie sur l'ensemble de tout le territoire et si ça
pouvait être suggéré comme solution, en partant toujours de
cette base moyenne, est-ce que vous croyez que ça pourrait être
reçu ou étudié favorablement par votre association?
M. GRENIER: Peut-être qu'une autre formule pourrait être
utilisée parce que celle que vous suggérez, à prime
abord...
M. SAMSON: Je ne la suggère pas; je dis que, si le ministre avait
l'intention de la suggérer, j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
M. GRENIER: Je crois qu'à ce stade-ci, tout ce que nous
aimerions, c'est qu'il y ait une prévision dans la loi qui dise que,
après négociation entre la fraternité qui nous
représenterait et le Conseil de sécurité, on pourrait
négocier une certaine protection pour les policiers. Je ne me suis pas
arrêté à la formule, j'en ai discuté vaguement avec
M. Marcil. Seulement, sans toutefois en tirer les conclusions...
M. SAMSON: Une dernière question, revenons au "Public Safety
Officer". Avec votre expérience, capitaine Grenier, cette formule qui
est actuellement en pratique à Westmount; est-ce que votre association a
déjà étudié la possibilité de la
suggérer pour l'ensemble du territoire, par exemple, comme escouade
spéciale?
M. GRENIER: Etant donné qu'une ville comme Montréal a le
personnel requis pour faire ce travail, souvent sur les lieux d'accidents
majeurs, pour une personne prise dans un ascenseur ou quoi que ce soit, les
policiers font appel aux pompiers qui ont des unités d'urgence et qui
font ce travail. Dans une ville comme Montréal ou dans le futur corps
intégré de la Communauté urbaine, ce serait difficile
à appliquer.
M. SAMSON: Ce ne serait pas nécessaire. Merci.
M. GUAY: J'aurais également...
M. PICARD: Le président est occupé. M. le
Président, me donnez-vous la parole?
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier.
M. PICARD: M. Grenier, dans votre mémoire, à la page 3,
vers la fin du deuxième alinéa, vous mentionnez que vous seriez
favorable à certains amendements à l'article 31.
Vous dites: Que des critères et barèmes soient bien
définis afin de déterminer ce sur quoi va se baser la Commission
de police pour faire l'évaluation du personnel policier ainsi que la
normalisation des grades.
La question que je voudrais vous poser c'est que si, dans le texte de
loi, on faisait ce que vous demandez, vous allez admettre avec moi que les
critères pour un corps policier de l'importance de la Communauté
urbaine de Montréal, sont nécessairement assez
élevés: on serait un peu plus exigeant qu'on pourrait
l'être pour une petite ville du Bas-du-Fleuve ou de la
Gaspésie.
Ne craignez-vous pas qu'il y aurait un danger pour certains de vos
membres qui ont douze, quinze, dix-huit, vingt, vingt-cinq ans de service et
qui sont entrés dans le corps de policiers de la municipalité en
question avec une scolarité d'une sixième année? Il y
aurait donc un danger de se faire éliminer comme étant
inacceptables. Ne croyez-vous pas qu'il est préférable
d'intégrer les postes afin de protéger réellement tous les
droits acquis de tous les policiers qui ont un uniforme actuellement dans tous
les corps de police de toutes les municipalités? Une fois qu'ils sont en
place, là on pourrait établir des critères pour
établir ce qu'on exigera des nouveaux candidats.
M. GRENIER: Là-dessus, M. le député, il n'y a pas
de doute que cette suggestion aurait certainement l'approbation de 100 p.c. de
tous les membres concernés. Comme vous disiez, c'est dangereux
d'établir des critères et des barèmes de base...
M. PICARD: Avant.
M. GRENIER: ... avant, parce que l'affaire est passablement
compliquée. Ici, je veux seulement vous donner un exemple: Si vous
prenez un sergent de police de la ville de Montréal, placez deux
sergents ensemble, un qui a été nommé il y a vingt ou
vingt-cinq ans et l'autre qui est nommé en 1971 ou 1972. Les exigences
et les qualifications requises ne sont pas les mêmes. Le sergent qui a
été nommé il y a vingt ou vingt-cinq ans, avec son
expérience, même si dans le temps, peut-être, demandait-on
un peu moins de connaissances, il les a certainement acquises par son
expérience. Comprenez-vous? Je veux ici faire la comparaison qui
pourrait s'appliquer aux sergents des villes de banlieue ou à un
lieutenant, peu importe son grade.
C'est pour cela, comme vous dites, que peut-être, cela pourrait
être dangereux, cela pourrait jouer contre nous autres...
M. PICARD: Contre un certain nombre d'agents en fonction
actuellement.
M. GRENIER: Absolument, seulement...
M. PICARD: Si on insère des critères dans un texte de loi,
ils deviendront applicables le jour de la sanction.
M. GRENIER: Nous autres...
M. PICARD: A ce moment-là, vous ne serez pas
intégrés encore. Alors, moi, je crois que le moment où on
devrait fixer ces critères-là, c'est une fois que vous êtes
tous intégrés dans le nouveau corps policier. A ce moment, vous
êtes en place, on ne peut pas vous dégommer, comme on dit.
M. GRENIER: C'est cela.
M. PICARD: Vous êtes là et pour les autres qui viendront
après, d'accord, on exigera probablement une dixième ou une
onzième année au lieu de cinq pieds huit, cinq pieds dix et cent
quatre-vingt-trois livres et plus. Mais avant...
Alors c'est pour cela que je ne comprends pas que vous suggériez
des amendements pour avoir des critères établis dans le texte de
loi, aujourd'hui.
M. GRENIER: M. le député, l'article tel que
rédigé, nous avons rencontré les autorités qui ont
préparé ce texte de loi et les trois personnes que nous avons
rencontrées avaient une interprétation différente.
Donc, si on part de cette opinion des trois personnes en
autorité, on se demande ce que cela veut dire "évaluation" et
"normalisation" des fonctions et du personnel. On a pensé que,
peut-être, ce serait une bonne chose, au moins, on se serait dit... mais
là, on prend tous les facteurs et on revise: est-ce que, dans telle
ville, il y a eu un système de promotion d'établi?
Avant de devenir sergent, combien de temps a-t-il été
constable? Même dans ce système-là, à un certain
moment, cela pourrait causer des préjudices. Il n'y a pas d'erreur, la
formule que vous suggérez serait certainement idéale. Il y a une
autre chose: nous sommes conscients que, pour uniformiser nos méthodes
de travail, à un certain moment nous serons obligés de nous
recycler; cependant, il faut s'entendre sur le mot "recyclage".
Nous ne voulons pas qu'à un certain moment tous les officiers
admettons qu'il y ait un officier d'une ville qui a 55 ans
passent par le recyclage. Le type est capitaine, lieutenant ou même
simple agent et parce qu'après son recyclage de deux ou trois semaines,
il n'a pas eu la note requise, on lui dit: Tu n'es pas bon, tu iras travailler
au système d'aqueduc ou tu seras inspecteur sanitaire.
Nous ne voulons pas cela. Nous sommes prêts à nous
recycler, parce qu'étant donné que les méthodes de travail
seront uniformisées, tout le monde est conscient de ce problème.
Cependant, nous ne voulons pas que le recyclage en question joue contre nous
à un certain moment. Comprenez-vous l'idée? Sur ce point, il faut
être assez conscient des problèmes que cela pourrait engendrer
parce que nous avons de nos officiers, pas nécessairement dans
Saint-Laurent... On n'a qu'à parler de recyclage, même en ce
moment, et tout le monde part en peur. Comprenez-vous l'idée? Parce que
recyclage signifie, au bout, un examen.
Je crois que vous êtes au courant qu'il y a 25 ans, pour faire
partie de la police, il y en a qui ont été admis avec une 7e
année. Donc même à Montréal, si aujourd'hui l'on
appliquait la même chose, mais à l'inverse, il y en a qui auraient
des problèmes comme nous. Il faudrait être très conciliant
sur ce point. Il ne faudrait pas créer un climat de panique qui,
à un certain moment, semble s'emparer de nos membres. Ils se demandent
tous ce qui leur arrivera le 1er janvier, surtout ceux qui possèdent des
grades.
Il ne faut pas oublier, comme je l'ai mentionné plus tôt,
que dans une municipalité de banlieue il y a quelques années, il
n'y avait même pas de normes définies pour embaucher un policier.
Le policier qui mesurait cinq pieds sept pouces ou qui était
âgé de 35 ou 40 ans pouvait tout aussi bien être
embauché pour autant qu'il pouvait passer à certains
endroits.
UNE VOIX: Ce n'est pas le passé...
M. PICARD: Je me suis même laissé dire, M. Grenier, qu'il y
a plusieurs années de cela, un policier, à Montréal
remarquez bien, avait à dresser un procès-verbal parce qu'il y
avait un cheval qui était mort au Carré Chaboillez, mais
étant donné qu'il ignorait comment écrire Chaboillez, il
l'avait traîné jusqu'à la rue Saint-Paul.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le président, j'aurais également quelques
questions à poser au capitaine Grenier. Avant, j'aimerais formuler un
commentaire. Je trouve bien ingénieux que des policiers soient
équipés d'outils sur les lieux d'un incendie. Cela existe
même chez nous. Mais le problème que l'on a chez nous, c'est que
le chef de police est le chef des pompiers. Alors, c'est un problème.
Maintenant, vous avez souligné les difficultés d'adaptation pour
un policier, par exemple, qui aurait l'habitude de travailler dans une ville de
banlieue et qui serait appelé à aller travailler dans le grand
centre de l'île de Montréal. Vous avez souligné le poste 10
ou 4. Vous dites qu'il pourrait y avoir de sérieux problèmes.
M. GRENIER: Non, vous avez mal compris ma phrase. Au début, je
vous apporte une comparaison. J'ai dit que vous prenez un officier, même
de la police de Montréal actuellement, qui travaille depuis dix ou
quinze ans, même un simple agent, dans un quartier tranquille comme
Rivière-des-Prairies. Les quartiers tranquilles à
Montréal, quels sont-ils?
M. PICARD: Est-ce qu'il en reste?
M. GRENIER: On m'a parlé du poste sept.
De toute façon, je ne suis pas à Montréal. Je sais
pertinemment que les postes 4 et 10 sont reconnus, mais prenez ce policier ou
cet officier qui a travaillé à Ville-Emard j'ai une
antenne tout à coup qui est un des secteurs les plus tranquilles
de la ville de Montréal.
Prenez un policier ou un officier qui est habitué à sa
petite routine et qui n'a pas grand appel, même du simple agent à
n'importe quel échelon. Prenez-le du jour au lendemain. Cela fait quinze
ans, vingt ans qu'il est là. Dites-lui: Toi, demain matin, tu vas
travailler au poste 10 ou au poste 4. Le gars va avoir des problèmes.
D'abord les effectifs et l'ouvrage ne seront pas les mêmes. La même
chose peut s'appliquer. Il y a vingt-trois villes dans les banlieues. Je pense
bien qu'à Saint-Laurent, je veux dire à Senneville, si j'allais
travailler du jour au lendemain à Senneville, avant de m'adapter et de
connaître exactement... Les problèmes ne sont pas les
mêmes.
Il faut aller avec les besoins de la population. C'est cela qui est
important. On ne veut pas par là avoir des engagements que l'on va
demeurer à vie dans les territoires actuels. On sait qu'à un
certain moment, pour être fonctionnels, après l'évaluation
du personnel et des fonctions par la Commission de police, ils peuvent dire:
Dans telle ville c'est une ville-dortoir, comme on l'appelle vous
avez trop de policiers, comparativement à la ville X, à
côté, qui est une ville commerciale et qui souffre d'un manque de
policiers, par rapport, je ne sais pas, aux besoins financiers de la ville qui
ne sont pas les mêmes. C'est une chose dont les citoyens ont toujours
souffert. Mais il va certainement y avoir une possibilité de normaliser
la chose et également les effectifs afin qu'ils soient mieux
répartis.
M. PICARD: Oui. Mais, M. Grenier, ne croyez-vous pas que les inspecteurs
responsables ne prendront pas des décisions comme celles que vous
craignez? Parce qu'après tout, ils ont à coeur
l'efficacité du service. Ils ne sont pas pour prendre quelqu'un, comme
vous disiez tantôt, de Ville-Emard, l'envoyer au poste et le mettre en
charge du poste 4. A ce moment, l'efficacité, il n'y en aura plus.
Alors, les officiers en charge, les inspecteurs ne prendront pas des
décisions dans ce sens-là. Je crois qu'il n'y a pas de raison de
s'effrayer.
M. GRENIER: Cela, M. Picard, on n'en a aucune garantie, parce
qu'à un certain moment, dans nos municipalités respectives,
peut-être qu'il s'est créé des animosités. Je ne
réfère pas à ma ville parce que je m'entends très
bien avec mon directeur. Mais, de toute façon, il y en a eu dans
certaines villes. A un certain moment, il y a eu de l'animosité entre le
président du syndicat et le directeur. Nous n'avons aucune garantie,
nous autres, que, par certaines manigances, l'autorité en place
surtout si la même autorité y demeure, que tel type, on le sait,
demeure dans la ville ne prenne pas quel- qu'un de la partie est de la
ville et qu'on ne l'envoie pas dans le secteur nord ou ouest sans que cette
personne en fasse la demande, seulement pour lui causer du tort ou des
problèmes. On croit que cette chose-là est humaine et qu'il faut
tenir compte de cela dans une intégration. Parce que les policiers qui
sont en place depuis 10, 15, 20 ans, peu importe le nombre d'années,
craignent que la même chose arrive. Je vais vous le dire franchement. Il
est entendu qu'on n'est pas contre que le policier. Je pense qu'il n'y en a
plus sur l'îlede Montréal qui auraient un dossier.
Ceux-là, il n'y a pas d'erreur, il faut qu'ils soient
éliminés, s'il y en a.
Mais, par contre, dans l'ensemble, après avoir fait
l'évaluation, si cette personne-là est en place depuis X
années, qu'elle fait son travail selon les besoins de l'endroit
où elle est, je ne vois pas la raison pour laquelle on pourrait,
à un certain moment, invoquer quoi que ce soit pour dire que le sergent
ou le lieutenant ou le constable qui était dans une ville depuis x
années et qui faisait bien son travail, n'est plus bon avec
l'intégration. C'est comme tantôt, quelqu'un a fait des remarques,
je crois, que des policiers, que c'est Me Viau, dans les municipalités
de l'extérieur, dans toutes les fonctions et dans tous les domaines, il
y en a des "bons" et des "pas bons". Seulement, il ne faut pas s'organiser pour
faire souffrir la masse au détriment de ceux qui font leur devoir.
Cette chose-là s'applique dans toutes les villes, à
Montréal comme dans la banlieue.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé, s'il vous
plaît.
M. PAUL: M. Grenier, dans votre mémoire, vous parlez de l'esprit
d'initiative qui doit souvent marquer le travail de vos membres. Vous avez
même parlé de versatilité. Cela nous a frappés.
C'est un peu la même chose à l'Assemblée nationale, vous
savez. Les députés des comtés ruraux doivent être
beaucoup plus complets que les députés des villes.
M. le Président, je continuerai le débat de cette question
devant la commission parlementaire de l'Assemblée nationale.
Voici, M. Grenier. Si je comprends bien l'esprit de votre
mémoire, c'est que les policiers de votre association ne s'opposent pas
à l'intégration et que même ils la désirent à
un certain point, pour l'efficacité de travail, pour
l'épanouissement peut-être de votre rôle de policier.
Ce que vous cherchez, c'est la sécurité. Est-ce que le
ministre peut nous dire s'il envisage une reformulation du texte de l'article
31 de manière à faire disparaître les doutes que la lecture
de cet article peut nous présenter et les doutes qui peuvent se
développer chez les membres des corps de police à être
intégrés par suite de l'adoption du bill 281?
M. CHOQUETTE: M. le Président, puisque le député de
Maskinongé m'invite à exprimer un
avis sur l'article 31 et sur la façon qu'il pourrait être
rédigé pour permettre de rassurer ceux que M. Grenier
représente, je vous dirai tout de suite que je trouve que votre
mémoire est excellent et contient beaucoup de bonnes suggestions. Je
suis sûr qu'un certain nombre d'entre elles vont être
acceptées et vous trouverez des amendements pour satisfaire vos demandes
dans le projet définitif. C'est donc dire que je trouve que le
mémoire est très sérieux.
Quant à l'article 31, je comprends votre point de vue et je me
demande si la formule ne serait pas, avant que la Commission de police ne
commence à faire l'évaluation du personnel et avant qu'elle ne
procède à la normalisation des grades, qu'elle ait des
séances de consultation avec le groupe que vous représentez ainsi
qu'avec la Fraternité des policiers de Montréal, de façon
que l'on s'entende sur certains barèmes qui pourraient être
appliqués. Je serais donc favorable à une solution de cet ordre
et vous pouvez être assuré, que ça soit écrit dans
le texte de loi ou que cela ne le soit pas, que cela se passera comme cela.
Maintenant, si vous voulez être plus sûr, nous allons
l'insérer dans le texte de loi. Le vice-président de la
Commission de police est d'ailleurs ici. C'est lui-même qui m'a
suggéré la procédure que je vous mentionne et je crois
même qu'il y a eu des discussions à ce sujet-là avec M.
Marcil. Je pense que ceci serait de nature à vous rassurer et je tiens
à vous dire ainsi qu'à ceux qui sont policiers de banlieue qu'il
n'y a pas lieu de s'inquiéter et que, je l'ai dit plus tôt,
l'article 31 n'est pas article-guillotine dans le projet de loi.
M. GRENIER: Là-dessus également je crois qu'en faisant un
tel travail, nous pourrions également rendre service aux policiers de
nos états-majors qui ne sont pas syndiqués, les directeurs, les
chefs, ainsi de suite. Je crois qu'en établissant une certaine entente
pour les autres, cela pourrait leur rendre service dans le cadre de grades
devant leur être attribués et je crois bien...
M. CHOQUETTE: Vos observations, M. Grenier, étaient très
pertinentes, et quand vous avez comparé, par exemple, les
prérequis pour un sergent il y a 25 ans par rapport à ceux qui
existent aujourd'hui il y a un décalage, c'est sûr parce qu'il y a
eu un progrès depuis ce temps-là. Evidemment, le même
phénomène s'applique en banlieue. Il va falloir en tenir
compte.
M. PICARD: M. le Président, j'aimerais attirer l'attention du
ministre sur ce que M. Grenier vient de mentionner à savoir que les
cadres qu'on appelle capitaine, chef, directeur de police, tout cela, n'ont pas
la protection des fraternités, parce que la loi ne leur permet pas
d'être syndiqués. Je ne crois pas qu'ils aient, dans le texte de
loi, de protection, ces gens-là. Je pense qu'il y aurait lieu
d'étudier un peu plus en profondeur les dispositions pour ce qu'on
appelle les cadres qui ne bénéficient pas des syndicats pour se
protéger.
M. CHOQUETTE: Je pense que le sujet des chefs avait déjà
été abordé précédemment. Vous
élargissez un peu la pyramide dans le sens que vous allez aux cadres,
mais l'article 31 c'est l'ensemble des policiers de banlieue. Je pense que le
député de Maisonneuve avait des questions à poser.
M. BURNS: C'est-à-dire que j'avais une question, mais en fait, le
ministre y a répondu. Tout simplement, ce que je retirais du
mémoire de l'association de M. Grenier et j'ai l'impression que
la réponse a été donnée c'est cette
inquiétude vis-à-vis d'une insécurité d'emploi et
d'une insécurité au point de vue des conditions de travail. Je
pense que, pour dissiper ce doute-là, on devrait même aller plus
loin et le dire carrément dans un article à part, qu'il y aura
sécurité d'emploi. Alors, personnellement,...
M. CHOQUETTE: C'est dit. M. BURNS: C'est dit, mais...
M. CHOQUETTE: C'est dit d'une façon absolue et même,
aussitôt l'intégration faite, les conditions demeurent exactement
les mêmes.
M. BURNS: ... d'une façon claire en tout cas, peut-être
même, encore une fois...
M. CHOQUETTE: Non, je crois que c'est tout le brassage de cette
intégration qui est de nature à créer une
inquiétude. Je pense que M. Grenier se rend parfaitement compte qu'on a
pris toutes les précautions, qu'on a recherché, en somme, les
précautions.
M. BURNS: Là-dessus, M. le Président, je
référerai le ministre et surtout le député d'Olier
qui disait tantôt qu'il y a des gens responsables en place, etc. Il faut
se rappeler très bien ce qui est arrivé lors de la fusion des
municipalités qui a donné naissance à Laval. Dans le cas
de Laval, le problème des policiers est devenu, à un moment
donné, tellement aigu que la fraternité a été
obligée de prendre une injonction contre la municipalité de Laval
pour protéger certaines conditions de sécurité, même
de sécurité corporelle.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. BURNS: Alors, je pense que le cas de Laval pourrait peut-être
nous servir de critère pour ne pas répéter certaines
erreurs.
M. CHOQUETTE: Certainement. Si vous permettez, dans son intervention en
deuxième lecture, le député de Maisonneuve a
soulevé un
cas particulier, mais qui, je pense, a son importance. C'est
peut-être le moment de poser la question à M. Grenier; c'est le
cas des policiers unilingues de langue anglaise. Quelle est la situation sous
ce rapport, quel est leur nombre, si vous avez une idée, est-ce
que...
M. GRENIER: Sans avoir de chiffres précis, je crois que c'est
à peu près 75 p.c. dans les municipalités ouest; 75 p.c,
c'est un pourcentage conservateur. Je ne pourrais pas vous dire... Cela peut
être supérieur. Je suis bien content, ici il y a un chef de police
d'une banlieue ouest qui a réduit cela à 25 p.c; dont cela doit
être... C'est possible parce que sans être parfait bilingue... A un
certain moment, il ne faudrait pas que les policiers qui parlent l'anglais plus
que le français, comme vous pouvez également appliquer cela
à l'inverse... On a certainement des policiers dans toutes les banlieues
comme à Montréal il y a 25 ans, celui qui rentrait là, je
pense bien qu'on ne demandait pas qu'il soit aussi parfait bilingue qu'en 1970
ou en 1971. De toute façon, ici j'aimerais faire la parenthèse,
parce qu'à un certain moment les policiers qui parlent mieux l'anglais
et qui sont habitués à rédiger leurs rapports en anglais
pensaient que cela pourrait leur causer des problèmes. A
Montréal, on m'informe que le policier, s'il veut faire ses rapports en
anglais, il le fait dans sa langue. Je crois que ce privilège pourrait
s'appliquer aux policiers qui, tout en le parlant un peu, peuvent avoir une
certaine difficulté à rédiger un rapport en
français, comme la chose pourrait s'appliquer à un Canadien
français qui parle l'anglais mais à qui faire un rapport en
anglais pourrait causer des problèmes. Je crois que c'est dans cette
optique. Moi, je vous avais dit 75 p.c, je croyais que c'était plus
élevé parce que je m'étais imformé auprès
d'un policier d'une de ces villes-là, mais peut-être
qu'effectivement la plupart le parlent, mais non couramment. Comme je vous l'ai
dit tantôt, la chose pourrait s'appliquer à certains de nos
membres qui parlent plus ou moins l'anglais.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Concernant la question des policiers unilingues, je pense que
c'est une question de mobilité de la main-d'oeuvre policière. Je
pense qu'à ce moment-là on peut faire confiance aux
supérieurs qui verront à les faire travailler dans des endroits
appropriés.
J'en profite pour souhaiter qu'à l'avenir on puisse prendre des
dispositions pour que dans les quartiers où on engageait des policiers
unilingues, qu'on engage au moins des policiers bilingues parce que la ville de
Montréal n'est quand même pas une ville unilingue anglaise. Je
pense qu'on peut le souhaiter et que cela ne tombera pas dans les oreilles de
sourds. Je suis certain que vous allez le prendre en considération.
Quant à la normalisation des grades, à l'article 31, je demande
au ministre si c'est possible qu'il envisage... J'ai compris tantôt ce
que vous avez suggéré. Je le pense très valable.
J'aimerais mieux le voir apparaître à l'article 31 dans le projet
de loi.
M. CHOQUETTE: On va le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester, parfait.
M. SEGUIN: M. le Président, simplement un commentaire.
M. LE PRESIDENT: Oui, certainement.
M. SEGUIN: C'est qu'à la suite des commentaires du ministre qui
disait tout à l'heure et, à la demande expresse, je pense, du
député de Maskinongé qui suggérait au ministre
qu'il serait peut-être possible d'insérer à certains
articles toute la protection voulue pour assurer aux policiers leur
mieux-être et leur bien-être qu'il n'y ait pas d'injustice et qu'il
y ait de la sécurité, peut-être que le ministre,
sans...
M. PAUL: On n'est pas contre ça.
M. SEGUIN: ... que je m'exprime ou qu'on interprète mes
pensées comme un voeu pieux autour de l'article 8, soit l'article 240 de
la Loi de la Communauté urbaine, pourrait donner les mêmes
assurances aux contribuables, les mêmes garanties qu'on donnerait
à l'employé. Peut-être est-ce une façon de regarder.
Si j'avais l'assurance du ministre qu'on voulait apporter ces assurances et ces
garanties, je pense bien qu'on pourrait arrêter toute discussion à
l'article 281 et qu'on l'adopterait. Il s'agirait d'avoir ces
assurances-là et ça n'existe pas dans le bill.
M. PAUL: Mais il va l'étudier.
M. SEGUIN: The end of the statement.
M. GRENIER: Messieurs, j'aimerais également attirer votre
attention sur les notes au début du bill 281, page 3 a) à
l'article 205 d). On a eu des explications du ministre du Travail. Pour
l'ensemble des policiers, je vais vous faire la lecture du paragraphe qui nous
semble ambigu. En haut de la page 3 a): "Aucun de ces policiers ou
fonctionnaires ne devra être mis à pied ou ne devra subir de
réduction de traitement par suite de ce transfert. En premier, on dit:
"Aucun de ces policiers ou fonctionnaires ne devra être mis à pied
ou ne devra subir de réduction de traitement par suite de ce transfert".
Après ça on dit: "La personne qui serait mise à pied ou
dont le traitement serait réduit par suite de ce transfert pourrait en
appeler d'abord au conseil de sécurité et en définitive,
à la Commission de police".
Si on s'en va à l'article 26 qui traite également du
même problème, on lit: "Les
traitements et bénéfices sociaux des policiers et
fonctionnaires transférés ne peuvent être réduits
par suite de ce seul transfert et aucun de ces policiers ou fonctionnaires ne
peut être congédié ou mis à pied par la seule raison
de la mise en application des dispositions de la présente loi. Tout
policier ou fonctionnaire transféré peut demander au conseil de
sécurité, dans les huit jours, la révision".
Si on fait un certain rapprochement entre les deux articles, lorsqu'on a
eu l'explication de la bouche même du ministre, on comprend
l'application. Mais j'aimerais que vous me donniez l'explication que le
ministre du Travail nous a donnée et je crois bien qu'il peut y avoir
différentes interprétations. Là-dessus, c'est difficile
peut-être qu'on le comprend mal pour nous de
l'expliquer...
M. CHOQUETTE: C'est très simple: ça vous donne en somme
une procédure de grief au cas où il y aurait une violation de la
garantie qui se trouve au premier alinéa de l'article 26. Alors
procédure de grief qui vous mène d'abord au Conseil de
sécurité, et, au deuxième palier, en appel à la
Commission de police. Vous ne pouvez pas avoir de meilleure garantie que
ça.
M. GRENIER: C'est d'ailleurs l'explication qu'on avait eue comme je vous
l'ai dit. A la demande des membres, c'est la raison pour laquelle...
M. CHOQUETTE: Là vous avez deux ministres qui vous disent la
même chose.
M. SAMSON : C'est rare.
M. BURNS: Il y en a un qui est au repos actuellement. On nous a dit
ça hier en Chambre.
M. CHOQUETTE: Chacun a sa période de repos.
M. LE PRESIDENT: C'est tout. M. GRENIER: C'est tout.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie beaucoup. Nous allons maintenant
ajourner jusqu'à 8 h 30 et le premier à être entendu sera
M. Lasnier, de l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de
Montréal.
(Suspension de la séance à 17 h 31)
Reprise de la séance à 20 h 36
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Justice): A l'ordre, messieurs!
J'inviterais immédiatement M. Lasnier, au nom de l'Association de
bienfaisance et de retraite de la police de Montréal, à prendre
la parole.
Association de bienfaisance et de retraite de la
police de Montréal
M. LASNIER: Merci, M. le Président, messieurs de la commission.
Nous tenons, à cette occasion, à remercier les membres de la
commission de l'occasion qu'ils nous fournissent de pouvoir exprimer la
position de l'Association de bienfaisance et de retraite de la police de
Montréal face au présent projet de loi de l'intégration
des forces policières de l'île de Montréal.
Notre point de vue sera exprimé en trois parties.
Premièrement, sur la reconnaissance de l'existence de notre association.
Deuxièmement, sur le projet de loi 281 et l'assurance du ministre de la
Justice quant à l'existence de notre association et,
troisièmement, sur certaines modifications qui devraient être
faites aux articles 36, 38 et 40 du présent projet de loi no 281. .
Premièrement, sur la reconnaissance de l'existence de notre
association. Quant à l'existence de notre association, le
législateur a, depuis 1892, reconnu notre association par sa loi
d'incorporation, Victoria 90, et ses amendements.
Le premier ministre Jean Lesage, lors de l'instauration de la Loi du
Régime de rentes du Québec, a déclaré que les
droits acquis d'un régime existant seraient conservés et qu'il
n'était pas question de l'abolition d'un régime privé. Le
premier ministre actuel s'est exprimé ainsi en 1970: Je vous
réitère l'assurance qu'il n'a jamais été question
d'intégrer la Caisse de retraite des policiers de Montréal
à la Caisse de dépôt et placement.
En 1969, le législateur a reconnu notre association par l'article
233, dernier paragraphe du bill 75, Loi créant la Communauté
urbaine de Montréal, lequel se lit comme suit: La présente loi
n'a pas pour effet d'enlever à l'Association de bienfaisance et de
retraite de la police de Montréal le droit et l'obligation d'administrer
et de gérer la caisse de retraite des policiers de Montréal
intégrés à la Communauté urbaine.
Un comité d'étude, le comité Reynault, a
été chargé par le gouvernement d'enquêter sur le
financement de la caisse de retraite des employés municipaux tant de la
ville de Montréal que des autres municipalités du
Québec.
Ce comité a approuvé notre association et le
président du comité, M. Reynault, a déclaré que
notre caisse était la seule dont les contributions
suffisaient à son maintien. Le comité de regroupement des
policiers de banlieue a demandé, au nom de mille policiers de banlieue,
d'être intégré à notre caisse de retraite. La
Fraternité des policiers de Montréal appuie, sans réserve,
le rôle de notre association comme étant l'institution devant
continuer de s'occuper du problème et du fonds de retraite des 4,000
policiers de Montréal et des 1,000 policiers de banlieue
intégrés à la communauté.
Le comité exécutif et le conseil de la Communauté
urbaine de Montréal ont reconnu notre association par les articles 14 et
17 du règlement 26 de la communauté. Par après, la
Commission municipale du Québec, qui a siégé et entendu
les municipalités et les personnes intéressées lors du
débat sur le règlement 26, a constaté également
cette volonté du législateur de ne pas faire perdre les droits
acquis à notre association.
Dans son livre blanc, le ministre de la Justice veut que soit
assurée la transférabilité des contributions et que soit
assuré le regroupement des caisses de retraite existantes sans cependant
affecter les droits acquis.
C'est l'objet même de la deuxième recommandation contenue
dans notre mémoire, déposé le 7 décembre 1971,
à la commission parlementaire de la Justice. M. le Président,
nous constatons donc que deux premiers ministres nous ont donné leur
assurance quant à la reconnaissance et à l'existence de notre
caisse. Deux lois distinctes: la Loi de l'association et la Loi de la
Communauté urbaine ont reconnu l'existence de notre association. Les
représentants élus de la communauté, c'est-à-dire
au-delà de 2 millions de citoyens, ont reconnu l'existence de notre
association par le règlement 26.
La Commission des Affaires municipales du Québec a
entériné cette reconnaissance dont faisait état le
règlement 26. Un comité d'étude a approuvé les
mesures financières de notre association. Les 5,000 policiers
syndiqués de la communauté ont demandé que notre
association soit l'institution qui administre et gère la caisse de
retraite des policiers de la communauté.
Un consensus général se dégage donc pour
reconnaître notre association comme l'institution toute
désignée et structurée qui répond à tous les
objectifs contenus au livre blanc du ministre de la Justice en matière
de régime de rentes.
Notre deuxième point de vue sur le projet de loi no 281 concerne
l'assurance du ministre quant à l'existence de notre association. M. le
ministre de la Justice nous a informé qu'il n'était pas du tout
question, dans le projet de loi no 281, de faire disparaître notre
association. Selon le ministre, notre association sera appelée à
jouer son rôle qui sera déterminé et précisé
dans un second temps. Dans un premier temps, en vertu de l'article 205 d),
paragraphe g), la Fraternité des policiers de Montréal qui est
accréditée devra négocier avec le Conseil de
sécurité un plan de retraite pour les 5,000 policiers de la
Communauté urbaine de Montréal. Il revient à la
fraternité aussi de négocier pour que notre association soit
l'institution qui administre et gère ce plan de retraite.
Le projet de loi que nous avons déposé devra être
modifié en conséquence, pour répondre aux besoins
existants, suite aux ententes ainsi intervenues entre le Conseil de
sécurité et la fraternité au printemps prochain, lors de
la prochaine session. Entre-temps, en vertu de l'article 36, notre association
continuera d'exercer ses fonctions et recevra, selon l'article 35 de la ville
de Montréal, la contribution de l'employeur ou selon l'article 57, cette
contribution à même le budget du Conseil de sécurité
et ce, jusqu'à conclusion des négociations d'un plan de retraite
avec la fraternité.
Nous voudrions voir reproduite dans cette loi cette consécration
des droits acquis de notre association, que l'on retrouvait au dernier
paragraphe de l'article 233 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal qui a été abrogée par l'article 7 de la
présente loi.
Notre troisième et dernier point. A certaines modifications qui
devraient être faites quant à l'article 36, nous aimerions voir
ajouter un deuxième paragraphe qui pourrait se lire comme suit et
c'était le dernier paragraphe de l'article 233:
La présente loi n'a pas pour effet d'enlever à
l'Association de bienfaisance et de retraite de la police de Montréal le
droit et l'obligation d'administrer la caisse de retraite des policiers
intégrés à la Communauté urbaine de
Montréal.
L'article suivant, 38, article très important: Quant au
déficit actuariel mentionné à l'article 38...
M. PICARD: Voulez-vous nous lire la dernière ligne. Est-ce que
vous avez sauté un mot ou si c'était par entrain? L'obligation
d'administrer et de gérer...
M. LASNIER: ... la Caisse de retraite des policiers de la ville de
Montréal intégrée à la communauté.
M. PAUL: Il l'avait dit. M. PICARD: D'accord.
M. LASNIER: Article 38. Quant au déficit actuariel
mentionné à l'article 38, nous voudrions voir ajouter la
précision suivante: après les chiffres 1972, insérer les
mots suivants "laquelle en est responsable." Ceci afin de préciser que
les municipalités assument les déficits actuariels encourus avant
le transfert de leurs policiers ou fonctionnaires.
Le présent article 38 de même que le paragraphe qui
apparaissait à l'ancien article 233 précise que la
Communauté urbaine ne doit assumer aucun déficit actuariel
encouru. On ne
doit pas, je crois, oublier que, lors de ce transfert-là, les
villes doivent demeurer responsables des déficits accumulés au
moment de ce transfert.
Enfin le dernier article sous lequel nous avons une suggestion, c'est
l'article 40. Nous suggérons que l'article 40 soit abrogé pour
les motifs suivants: Cet article permet que chaque policier puisse exiger le
transfert de ses contributions accumulées à la communauté.
Cet article pourrait avoir comme conséquence de vider une caisse de
retraite et de laisser cette caisse dans une situation désastreuse, si
chacun des membres s'avisait de demander le transfert de ses contributions.
Nous suggérons donc que cet article soit enlevé du projet de
loi.
Nous sommes conscients que nous voulons bien répondre aux voeux
du ministre dans son livre blanc lorsqu'il dit d'assurer la
transférabilité des fonds et le regroupement des caisses de
retraite. Toutefois, il est mentionné dans le livre blanc que les droits
acquis sont conservés. Nous voudrions, tout en respectant et en voulant
que ce désir soit aussi le nôtre, éviter que par un geste
posé des préjudices soient causés à des caisses
existantes.
Ce sont là, M. le Président, le contenu et les remarques
que notre association désire soumettre. Nous tenons à remercier
la commission et espérons qu'elle saura prendre en considération
les remarques que nous avons déposées. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup M. Lasnier. M. le ministre?
M. CHOQUETTE: M. Lasnier, nous allons vous donner satisfaction
immédiatement sur un certain nombre de points. On va commencer par la
page 7 de votre mémoire, par la fin plutôt que par le
début. Pour votre suggestion sur l'article 40, c'est d'accord. Nous
allons donner suite à votre demande et enlever l'article 40 pour les
raisons que vous avez exposées. Le premier alinéa de l'article
40.
Pour ce qui est de l'article 38, nous sommes d'accord également,
c'est que les municipalités continuent à assumer le
déficit actuariel accumulé par les différentes caisses de
retraite, entre autres, celles de la ville de Montréal.
Pour l'article 36, en principe, je crois que vous avez raison
malgré que nous ne l'exprimerons peut-être pas exactement de la
façon que vous demandez, mais nous sommes d'accord que votre association
continue à gérer sa caisse de retraite. Maintenant, quant
à incorporer les mille policiers qui vont entrer dans le service de la
police de la Communauté urbaine immédiatement dans votre caisse
de retraite, le problème qui se pose est un problème de calcul de
valeurs actuarielles de votre fonds de pension ainsi que des fonds de pension
qui existent déjà dans les diverses municipalités
où les avantages sont différents et, la plupart du temps, sinon
dans tous les cas, inférieurs à ceux que vous accordez en vertu
de votre propre plan de pension. Cela va prendre une analyse serrée et
précise de la situation de votre propre fonds de pension avant que nous
ne donnions suite à un régime unique. Je n'ai pas d'objection
à vous dire qu'en principe, notre objectif est de faire que les
négociations qui vont être entreprises par vous et par la
fraternité avec le Conseil de sécurité vont viser cet
objectif. Il y a des aspects pratiques, financiers et mathématiques et
tout ce qu'on veut, qu'il faut quand même considérer.
Quelle est la situation de votre propre fonds de pension, quels sont les
avantages offerts par les autres, pour combien contribuent les autres policiers
en vue de leur pension? Ce sont toutes sortes de détails
extrêmement complexes, parce que je crois qu'il y a environ 23
systèmes de pension à Montréal. Alors, cela va prendre des
études appropriées. Donc, je peux vous dire que, sur les grands
principes, on s'entend, mais il faut ajuster cela. Il va falloir que vous et la
fraternité, vous négociiez avec le Conseil de
sécurité pour arriver, en définitive, à
établir ce système d'un fonds de pension unique.
Je n'ai pas non plus d'objection à vous dire que, dans les
amendements que nous allons probablement présenter à la Chambre,
nous allons proposer que, dans la période immédiate, vous
continuez à administrer les contributions et le capital des policiers de
Montréal et que, pour les autres policiers et pour l'avenir, nous allons
créer une caisse transitoire, avec objet de faire en sorte que cette
caisse transitoire, au moment opportun et après que les
négociations seront effectuées, soit fondue avec votre propre
caisse.
M. LASNIER: Je vous remercie, M. le ministre. Nous avons très
bien saisi les explications que vous nous avez fournies et nous sommes aussi
conscients que, dans le problème des caisses de retraite, à
l'heure actuelle, il y a plusieurs inconnues et que la modalité que vous
suggérez, eh bien, nous devons faire face à cette
réalité-là. Nous acceptons cette suggestion et, dans un
second temps, lorsque ces inconnues, ces questions-là seront toutes
connues, nous pourrons procéder et aller de l'avant avec le
problème des caisses de retraite.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Robert-Baldwin.
M. SEGUIN: J'ai une question. J'ai peut-être mal compris. Est-ce
que le ministre aurait dit qu'il y aurait négociation entre le corps de
police, ou la Fraternité de la police de Montréal et
l'Association de bienfaisance, en vue de déterminer le sort des autres
fonds, ou des autres plans?
M. CHOQUETTE: Pour le passé, on ne peut rien changer.
M. SEGUIN: Ou pour l'avenir?
M. CHOQUETTE: Pour l'avenir, c'est nécessaire, parce qu'à
partir du 1er janvier 1972, les 5,000 policiers qui deviennent des
employés du Conseil de sécurité, membres du service de la
police de la communauté, deviennent tous sur un pied
d'égalité. Ce sont tous des employés de la
Communauté urbaine. Alors, il faut, à long terme ou à
court ou à moyen terme pas à long terme, parce que je ne
voudrais quand même pas donner l'impression que c'est une affaire qui va
durer et que ces négociations vont être très longues
mais il faut, à moyen terme, viser à ce qu'il n'y ait qu'une
seule caisse de retraite pour les policiers.
J'admets que nous ne pouvons pas refaire tout le passé. Si, dans
certaines municipalités, à Montréal, certains policiers,
actuellement, n'ont pas de plan de pension comme cela existe, je pense,
dans deux municipalités on ne peut pas leur créer une
pension pour le passé. Je veux dire qui va donner le capital pour
justement acquitter cette pension-là? Il y a d'autres plans de pension
où les bénéfices, où la pension est moindre que
celle qui est donnée par la ville de Montréal et par
l'Association de bienfaisance.
M. PICARD: La pension à laquelle vous référiez,
lorsque vous parliez des déficits actuariels, ce n'est pas ce
cas-là qui serait réglé par une contribution additionnelle
de ces municipalités-là?
M. CHOQUETTE: Il n'est pas question d'une contribution additionnelle des
municipalités pour la pension de leurs policiers, comme telle, pour
remédier, en somme, au passé. On ne peut tout de même pas
astreindre des municipalités, qui ont assumé des obligations
déterminées jusqu'au 31 décembre 1972, à des
obligations plus considérables au point de vue de la pension de leurs
agents de police.
M. PICARD: Mais, n'est-ce pas ce que l'on fait dans le cas de la ville
de Montréal?
M. CHOQUETTE: Non.
M. PICARD: Lorsqu'on dit que Montréal devra assumer tout
déficit actuariel au 31 décembre 1971?
M. CHOQUETTE: Non. Cela veut dire que la ville de Montréal, en
somme, continue d'être responsable légalement, comme elle l'est
d'ailleurs à l'heure actuelle, en vertu des lois existantes, pour le
déficit actuariel du fonds de pension des policiers de Montréal.
Alors, chaque municipalité reste avec ses responsabilités telles
qu'arrêtées et déterminées au 31 décembre
1972. Et cela, on ne peut rien y changer. On ne change rien à cela. Mais
on dit, pour l'avenir, étant donné qu'en somme, il faut viser
à l'uniformité au point de vue de la pension dans le corps
policier, étant donné qu'il est impossible de régler le
problème instantanément, vu que les bénéfices
donnés par le fonds de pension de Montréal sont, tout le monde
l'admet, considérables au point de vue de la pension, parce que je pense
qu'après 25 ans de service, cela donne 80 p.c. du salaire.
M. MARCIL: C'est 50 p.c.
M. CHOQUETTE: Oui, 50 p.c, excusez, c'est l'enthousiasme! Tandis que
dans d'autres municipalités où le déficit actuariel peut
être moindre, par exemple le cas de Verdun, de mon éminent
collègue qui est à mes côtés, où les
bénéfices pour les policiers sont moindres s'ils prennent leur
pension, mais où le déficit actuariel encouru ou existant
à l'heure actuelle est très petit, comparativement à celui
du fonds de pension de Montréal. Alors, c'est pour vous donner deux
situations différentes. Il y en a 23 autres, à peu près,
de ce genre-là. Alors, il s'agit d'ajuster tout cela ensemble, avoir une
négociation avec le Conseil de sécurité pour arriver, en
somme, à une pension qui sera uniforme.
M. PICARD: Non, j'ai de la difficulté à comprendre les
explications du ministre. Si on se transportait dans le concret: prenons deux
policiers dont un est policier à la ville de Montréal. On a
expliqué que s'il y a actuellement un déficit actuariel, jusqu'au
31 décembre 1971, la ville devra le payer.
M. CHOQUETTE: Mais qu'est-ce que c'est un déficit actuariel?
M. PICARD: C'est justement. D'après les actuaires...
M. CHOQUETTE : Mais cela veut dire que c'est une obligation que l'on
n'est pas obligé de remplir tout de suite. C'est-à-dire que
l'obligation de la ville de Montréal deviendrait imperative le jour
où tout le monde pas tout le monde, mais un certain nombre de
personnes dirait: Nous autres, on réclame notre pension parce
qu'on est dans des conditions pour avoir notre pension. Alors, à ce
moment-là, il se peut qu'il y ait une responsabilité
légale de la ville de Montréal de payer. Mais tant qu'on n'est
pas rendu devant cette échéance, c'est pour cela que l'on a un
déficit actuariel et que l'on peut continuer avec des fonds de pension
qui ne sont pas complètement fondés au point de vue du capital.
Je ne sais pas si le député me comprend.
M. PICARD: Vous avez tout de même une seule chose. En d'autres
termes, si à un moment donné tout le monde arrivait à
échéance.
M. CHOQUETTE: Actuellement, dans la plupart des fonds de pension, si
tout le monde réclamait ou avait droit à sa pension, aujourd'hui,
les fonds seraient encore plus bas.
M. PICARD: Maintenant, dans le cas d'un policier d'une
municipalité de banlieue, disons pour émettre une
hypothèse, que ce policier-là a des bénéfices pour
lesquels il contribue et que les municipalités contribuent. Disons
qu'à un moment donné ces bénéfices sont à
peu près la moitié de ce qu'ils sont dans le cas d'un policier de
Montréal. Vous avez parlé d'essayer d'uniformiser les
pensions.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. PICARD : Est-ce que cela veut dire que ce policier-là, qui
n'aurait donné que la moitié de ce qu'un policier de
Montréal aurait fourni éventuellement, va recevoir les
mêmes bénéfices?
M. CHOQUETTE: Non, cela ne veut pas dire cela. Parce que l'on ne pourra
pas défaire ce qui a été fait dans le passé. Par
exemple, on va prendre un policier, on va dire une ville hypothétique,
admettons que ce soit Outremont. Comme vous le dites, les
bénéfices seraient de moitié moindres que ceux de
Montréal. Alors, un policier qui aurait quinze ans de service à
la ville d'Outremont, qui entrerait au service de la Communauté urbaine
à partir du 1er janvier et qui aurait encore dix ans de service pour la
Communauté urbaine, il y aurait une part de sa pension, sur quinze ans,
qui serait fondée sur les contributions qu'il a payées, que la
ville d'Outremont a miser dedans et l'autre part sera fondée sur le
nouveau système de pension qui s'appliquera pour les dix ans de la
pension à venir.
M. PICARD: Là, je comprends. Parce que tantôt, vous avez
dit que ce seraient des régimes de pension uniformisés.
M. CARON: Bien, c'est à partir du 1er janvier.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas dit, d'abord, que ce seraient des
régimes uniformisés parce que là encore il peut y avoir
d'autres distinctions à faire. Mais je veux dire que c'est
sûrement souhaitable et que c'est sûrement un objectif qu'on peut
viser. Mais régime ne veut pas dire pension égale pour tout le
monde. Ainsi, au gouvernement du Québec, on me dit qu'actuellement les
fonctionnaires d'avant 1942 ont un régime de pension, les fonctionnaires
d'après 1942 ont un autre régime de pension, parce qu'il y a eu
une modification essentielle dans le système. Il y a aussi les
coûts que la Communauté urbaine devra encourir pour uniformiser
tout cela. C'est ce qui fera l'objet des négociations entre le Conseil
de sécurité et M. Marcil et M. Lasnier. On verra comment ils se
débrouilleront.
M. SEGUIN: M. le Président, je reviens tout de même
à ma question du début. J'ai entendu et compris tout ce que le
ministre a dit. Mais, je comprends mal ou plutôt j'interprète
peut-être mal les paroles du ministre si je dois déduire de ce
qu'il a dit que dans le cas des fonds de pension existants dans les
municipalités de banlieue, là où les policiers des
municipalités de banlieue ont contribué d'une part et où
les citoyens, par l'entremise de leur municipalité, ont contribué
d'autre part, que ces fonds, ces régimes de pension seront
négociés en vue de leur absorption par l'association de
bienfaisance.
La négociation se ferait par l'entremise de la fraternité
de la police de Montréal. Est-ce que c'est de cela que vous avez
l'idée?
M. CHOQUETTE: Non, j'ai voulu dire pour l'avenir, à partir du 1er
janvier. Pour le passé, évidemment, on ne peut rien changer.
Là, il y a une question technique. Je ne pense pas que cela veuille dire
en aucune circonstance et là on me corrigera si j'ai tort
que les capitaux actuellement entre les mains des municipalités pour
payer des pensions à leurs agents en vertu d'un système qui a
existé jusqu'au 31 vont rester entre les mains des municipalités
et seront administrés conformément à la loi. Ces
capitaux-là ne seront pas envoyés dans le nouveau régime
de pension qui s'appliquera soit au niveau de la police de Montréal,
soit au niveau de tout le monde.
M. CARON: Ils paieront au fur et à mesure.
M. CHOQUETTE: C'est cela. Les fonds de pension municipaux vont rester
gelés après le 31. Il n'y aura plus rien qui changera parce que
les municipalités ne seront plus obligées de contribuer à
la pension, quoique la responsabilité des villes, individuellement, sera
maintenue pour leur déficit actuariel respectif vis-à-vis de leur
propre fonds de pension, qui est gelé à partir du 31
décembre.
M. SEGUIN: S'il y a déficit actuariel.
M. CHOQUETTE: S'il y en a, je vais être bien content s'il n'y en a
pas, mais s'il y en a un.
M. PICARD: Et géré par chaque municipalité...
M. CHOQUETTE: Et géré suivant les conventions qui existent
à l'heure actuelle quant à la gestion de leurs fonds de pension
respectifs.
M. PICARD: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, à un moment
donné, de transférer tous ces fonds-là dans un...
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas qu'on puisse en faire une obligation de
transporter les actifs à un fonds commun et que... Monsieur me dit que
l'article 358 de la Communauté
urbaine permet une négociation entre la communauté et les
municipalités pour le transport d'un actif. Mais cela dépend de
la volonté des municipalités.
M. SEGUIN: Oui.
M. CHOQUETTE: Toute négociation dépend de la
volonté de l'interlocuteur...
M. SEGUIN: D'ailleurs, c'était la réponse que j'aurais
voulu vous entendre donner dès le début.
M. CHOQUETTE: Pardon!
M. SEGUIN: C'était la réponse à laquelle je
m'attendais dès le début.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SEGUIN: J'ai mal compris, mais si vous l'avez dit, tant mieux. Je
n'avais pas compris mais là, j'ai compris.
M. CHOQUETTE: C'est ce que cela voulait dire, c'est-à-dire que
cela requiert une négociation entre la ville et la communauté
pour faire en sorte que ces actifs...
M. SEGUIN: Il faudrait aussi considérer, je pense, dans cette
situation de déséquilibre, le cas typique d'une
municipalité où le fonds de pension, le fonds de retraite, est au
niveau municipal, c'est-à-dire que si vous maintenez au fonds de pension
pour tous les 300 employés y compris les 75 pompiers et policiers, les
collets bleus, enfin tout ce que vous voulez, il faudrait aussi qu'on puisse
s'arrêter assez longuement à savoir quel effet cela peut avoir sur
le fonds total. Si on diminue, par exemple, les contributions au nombre de 75
sur 300 à un fonds, il faudrait aussi essayer d'apprécier le
résultat qui pourrait en découler au point de vue des
bénéfices pour les employés qui y demeurent.
Est-ce que cela leur coûtera plus cher pour maintenir les
mêmes conditions? Est-ce que la contribution municipale devra être
plus forte? A ce moment-là, si on maintient les conditions telles
qu'elles existent présentement, quel sera le montant du déficit
actuariel qu'il pourrait y avoir dans ce fonds de pension en
réalité?
M. CHOQUETTE: J'ai à ce sujet un technicien qui pourrait
répondre beaucoup plus facilement à la question du
député de Baldwin, M. Lessard, de la Régie des rentes,
peut répondre à votre question, M. le député.
M. LESSARD: En fait, les déficits actuariels existants au 31
décembre 1971 sont des obligations qui restent à assumer par les
municipalités. Ce sont des obligations qui résultent du fait que
le coût des rentes pour le service accompli à cette date-là
par chacun des employés n'a pas encore été
défrayé complètement. L'impact que cela peut avoir, c'est
que le coût pour le fonds de pension exprimé en pourcentage des
salaires peut être plus fort qu'il était auparavant à cause
de certains employés qui sont partis pour aller au service de la
Communauté urbaine. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. SEGUIN: Il y a aussi dans cette question de fonds de pension, le
portefeuille de ces différents fonds qui sont ordinairement
administrés soit par une compagnie d'assurance ou par une tierce partie,
où dans certaines municipalités il y aurait eu une modification
au point de vue du portefeuille; c'est dire qu'on aurait peut-être
renversé un système d'antan où il fallait
nécessairement maintenir ce fonds à 50-50 en valeurs: 50 p.c.
dans les obligations, 50 p.c. pour des parts ou d'autres méthodes de
finance et où, dans les années récentes, par exemple, on
aurait changé le système, diminué la partie des
obligations et augmenté la partie des risques ou actions. Si on
ramène le tout à une nouvelle méthode, quel effet cela
pourrait-il avoir sur le fonds existant qui devra demeurer en partie pour les
employés de la police qui ne sont pas transférés à
la Communauté urbaine?
M. LESSARD: Au fond, c'est tout le problème de
l'évaluation des actifs, conformément à la valeur au
marché qui se pose dans ce cas-là.
M. SEGUIN: Mais cela peut varier d'une municipalité à
l'autre, étant donné que pour les actions ou les placements, les
valeurs ne seront pas les mêmes. Alors, c'est une recherche qu'il faudra
faire au niveau de chacune des municipalités, avant de pouvoir faire le
transfert. Est-ce que je comprends bien?
M. LESSARD: Oui.
M. PICARD: N'est-ce pas le rapport Raynauld qui avait fait des
recommandations, justement, sur les méthodes de gestion du fonds de la
fraternité?
Le rapport Raynauld, je pense, avait fait des critiques sur la gestion
du fonds de la fraternité, à savoir que vous aviez un trop fort
pourcentage en hypothèques et pas assez en actions ou dans des
placements qu'on appelle de risques. N'est-ce pas le rapport Raynauld qui avait
fait cela?
M. LASNIER: Non. Le rapport Raynauld n'a pas fait de blâme envers
l'association quant à la division du portefeuille de l'association.
Quant aux hypothèques, le blâme que le rapport Raynauld avait fait
à l'association c'était au sujet du taux
préférentiel que nous avions fait pour un certain temps à
nos membres. Or, le rapport Raynauld a constaté dans ses conclusions,
que nous avions justement rajusté ce taux d'hypothèques avec
celui du marché, le taux que nous faisions à nos membres.
M. PICARD: Il y avait cela et vous prêtiez à vos membres,
sur hypothèques, à des taux, à un moment donné, de
2 p.c. inférieurs au taux du marché. Est-ce que ce n'était
pas cela?
M. LASNIER: Pour une année, je crois que vous avez raison.
M. PICARD: Le marché était de 8.2 p.c. et vous
prêtiez à vos membres à 6 p.c. C'est un reproche qui a
été fait par la commission Raynauld et un autre était, si
ma mémoire est fidèle, justement sur la façon de placer
les fonds disponibles. Il y en avait trop. Au prorata, je pense que vous aviez
quelque chose comme 82 p.c. ou 83 p.c. de vos fonds qui étaient
placés en hypothèques pour les policiers qui s'achetaient des
maisons ou quelque chose comme cela.
M. LASNIER: Premièrement, permettez-moi, M. le
député d'Olier, de vous corriger, quant aux taux. Il y a eu une
année où le taux a évolué d'une façon assez
rapide. Or, il est exact, lorsque vous dites qu'à un moment donné
nous étions environ à 2 p.c. inférieurs, en deça du
marché. Mais, un an ou deux ans après, nous nous sommes
rajustés avec ce taux du marché. Cela répond à la
première partie de votre question.
Quant à la deuxième partie de votre question, notre
portefeuille n'a jamais eu au-dessus de 80 p.c. en hypothèques. Le plus
haut pourcentage que nous avons eu d'investi en hypothèques a
été de près de 50 p.c. et, actuellement, ce taux du
portefeuille en hypothèques est rendu inférieur à 40 p.c.
Cette situation d'hypothèques à nos membres, ou tout autre
portefeuille que nous puissions prêter à nos membres en
hypothèques, faisait suite à une entente et à des
négociations avec les autorités de la ville de Montréal
qui étaient d'accord pour ce pourcentage d'hypothèques à
nos membres. Mais nous n'avons jamais eu au-dessus de 50 p.c. de portefeuille
investi en hypothèques.
M. PICARD: M. Lasnier, parmi les membres qui jouissent du fonds de
retraite de l'association, en plus des policiers comme tels, est-ce que cela
inclut les employés civils que vous avez et qui sont attachés au
corps de police de la ville de Montréal? Est-ce qu'ils contribuent
à ce fonds de pension?
M. LASNIER: Non. D'abord, les employés civils sont les
fonctionnaires, les cols blancs, qui, eux, font partie de la caisse de retraite
des fonctionnaires de la ville de Montréal.
Ils ne contribuent pas et ne font pas partie de notre caisse.
M. PICARD: Ah! Même s'ils sont attachés au service de la
police? Parce que vous en avez 800, à peu près, je pense.
M. LASNIER: Nous avons environ 400 fonc- tionnaires de la ville de
Montréal au service de la police de Montréal. Ils font partie de
la caisse de retraite règlement 3030, de la ville de
Montréal.
M. PICARD: De la ville de Montréal?
M. LASNIER: Oui, ils ne participent pas à notre caisse de
l'association de bienfaisance. Seuls les policiers participent à cette
caisse-là.
M. PICARD: Alors, ceci explique peut-être l'objection que vous
avez soulevée dans votre rapport, à une recommandation du livre
blanc, je ne me souviens pas où, qui parlait justement que les fonctions
des policiers comme par exemple...
M. LASNIER: 43 et 44.
M. PICARD: 43 et 44? Alors, c'est cela. Au sujet des tâches, comme
la perception de sommes d'argent, l'émission de certains types de
permis, d'inspection et puis l'émission de billets de stationnement.
Mais, là, l'association s'est opposée. Est-ce que ce n'est pas
plutôt parce que, s'il y avait des policiers ou des personnes qui
faisaient ces tâches-là, le nombre de vos membres se trouverait
à diminuer? C'est surtout pour cela que vous vous êtes
opposé à cela.
M.. LASNIER: C'est que l'objection que nous faisions était
d'ordre financier, si vous vous rappeliez bien, vous étiez
présent lorsque nous avons fait cette objection-là. Alors,
c'était d'ordre financier. Actuellement, si ces recommandations
étaient mises en application à Montréal, cela voudrait
dire qu'il y aurait un certain nombre de policiers qui pourraient, par
l'application de ces recommandations, être mis à la retraite. Or,
nous, notre crainte, c'est de voir que nous pourrions avoir du jour au
lendemain, tant de policiers additionnels...
M. PICARD: Trop de policiers à la retraite.
M. LASNIER: ... mis à la retraite, donc, il y aurait une
conséquence financière sur la caisse de retraite, si un tel
état de choses se produisait.
M. PICARD: Mais s'il n'y avait pas ces implications-là, vous
seriez d'accord sur la recommandation du livre blanc qui est basée sur
le fait, comme le disait le ministre cet après-midi, qu'on ne peut pas
concevoir que l'on exige les normes que vous exigez pour embaucher un policier
et qu'on leur paie un salaire de $10,000 par année pour aller poser des
billets de stationnement.
M. LASNIER: M. le député d'Olier, je vais vous faire la
même réponse que j'ai faite au ministre Choquette lors de
l'audition le 7 décembre, à la commission parlementaire de la
Justice sur le livre blanc, je préfère laisser cette
question à mon confrère M. Marcil, qui lui, est responsable de
cette situation-là.
M. PICARD: Oui, mais il ne veut rien entendre.
M. SEGUIN: Il voudrait avoir le même outillage que les banlieues,
M. Marcil. Vous allez en parler tout à l'heure de cela? Cela va
venir?
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Lasnier, je vous remercie beaucoup. Nous
allons inviter maintenant, M. Legault, au nom des chefs de police de l'ouest de
l'îlede Montréal. Il faudrait peut-être informer les
membres de la commission et les personnes présentes que le ministre de
la Justice doit s'absenter pour partir pour Montréal vers 10 h 30. Mais
si on pouvait essayer d'écouter tout le monde rapidement, parce que, si
l'on n'a pas de mémoires, il faut que le ministre de la Justice soit ici
pour les entendre.
M. CHOQUETTE: Non, je ne veux pas astreindre la commission à mes
heures. Ce n'est pas la question du tout, d'autant plus qu'il y a des gens qui
notent tout ce qui se dit et tout ce qui se suggère. Alors, par
conséquent, d'un autre côté, là, je pense que l'on
commence à entrer dans des parties peut-être un peu moins
contentieuses et un peu moins compliqués que celles que l'on a eues. On
pourrait peut-être essayer d'accélérer si vous n'avez pas
d'objection.
M. LE PRESIDENT: M. Legault.
UNE VOIX: M. Legault est parti. Il est à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Alors, les chefs de police ont eu leur réponse
cet après-midi. Il n'y a pas de représentant à la place de
M. Legault. Maintenant nous allons entendre...
M. SEGUIN: Je vous ferai remarquer M. le Président, que M.
Legault a déposé son mémoire avant de partir, les quelques
notes qu'il avait.
M. CHOQUETTE: Je les ai.
M. SEGUIN:On se contenterait, par exemple, que ce soit inscrit au
journal des Débats.
M. CHOQUETTE: Est-ce que l'on peut inscrire un mémoire dans le
journal des Débats?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. CHOQUETTE: Alors, M. le Président, j'ai le mémoire de
M. Legault.
M. LE PRESIDENT: M. J. Legault, au nom des chefs de police de l'ouest de
l'île de Montréal...
M. CHOQUETTE: Oui, c'est cela, M. Jean Legault, de la police de
Pointe-Claire. Alors voici le mémoire, je vous suggère de
l'inscrire au journal. (Voir Annexe A).
M. LE PRESIDENT: M. Destroismaisons au nom des fonctionnaires municipaux
de Montréal et de la Fédération des services de la
CSN.
Fonctionnaires municipaux de Montréal
M. DESTROISMAISONS: Considérant que l'heure avance, je vais
tenter de résumer le plus possible le mémoire que...
M. LE PRESIDENT: M. Destroismaisons, nous pourrions peut-être,
pour vous également, si vous voulez résumer votre mémoire,
le déposer cependant en entier au journal des Débats. (Voir
annexe B)
M. DESTROISMAISONS: Certainement. Avec plaisir, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Cela va faire la même chose.
M. DESTROISMAISONS: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission. Un premier problème se posait, celui de
l'accréditation du syndicat des fonctionnaires. Je résume; c'est
en bloc dans le mémoire. C'est que, par le projet de loi, le syndicat
des fonctionnaires se trouvait à perdre son accréditation pour
les cols blancs travaillant au service de la police de la ville de
Montréal et appelés à être transférés
à la CUM.
De fait, je pense que, peut-être, les légistes n'en avaient
pas été informés, mais le syndicat des fonctionnaires
municipaux de Montréal est déjà accrédité
à la Communauté urbaine de Montréal en bonne et due forme
et a effectivement signé une convention collective avec l'administration
de la CUM en date du 30 novembre 1971. Sur ce point, je pense que j'ai obtenu
les réponses qui me satisfont pour dire que ce problème sera
effectivement corrigé avec l'accord du ministre de la Justice et du
ministre du Travail, pour reconnaître de fait le syndicat des
fonctionnaires municipaux comme le négociateur des fonctionnaires
à col blanc travaillant au service de la police et, automatiquement,
pour confirmer l'accréditation qui existe déjà à la
CUM. Premier point. Cela va?
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. DESTROISMAISONS: Un autre point est soulevé par le projet de
loi. C'est qu'à l'intérieur du projet de loi on parle d'une
négociation avec le Conseil de sécurité. Vu que
déjà nous avons une convention collective à la CUM qui
couvre tous les cols blancs travaillant pour la CUM, il serait, quant à
nous, paradoxal d'avoir deux conventions pour les mêmes fonctions et pour
le même groupe de fonctionnaires.
Je pense qu'au départ le projet de loi devrait être
modifié pour faire en sorte que la convention qui existe soit celle qui
prévaille pour les cols blancs du service de la police, comme
déjà à Montréal c'est la situation. Vous avez les
cols blancs qui travaillent au service des Travaux publics, par exemple un chef
de bureau, vous allez retrouver un chef de bureau au service de la police
engagé sous les mêmes normes, engagé par le même
mécanisme et régi par la même convention collective, comme
tous les autres fonctionnaires de la ville.
Alors, on se demandait pourquoi à la CUM il y avait un
régime différent, c'est-à-dire qu'on prévoyait que
les cols blancs de la CUM auraient à négocier avec le Conseil de
sécurité. Il est, quant à nous, très anormal de
retrouver dans la même entreprise ou pour le même gouvernement deux
conventions collectives régissant les mêmes fonctions.
Je ne sais pas si le ministre peut me confirmer que des corrections vont
être apportées dans ce sens-là. Cela éviterait une
plus longue discussion.
M. CHOQUETTE: M. Destroismaisons, je crois que ce n'est pas un
problème insurmontable. Je veux dire dans ce sens que, même si le
Conseil de sécurité a une large autonomie au point de vue de la
direction du service de police, tel que prévu dans le projet de loi, il
n'y a pas de personnalité juridique différente de la
Communauté urbaine de Montréal. Par conséquent, il est
très possible d'envisager une négociation au niveau du
comité exécutif de la communauté mais applicable aux
fonctionnaires de la communauté dans leur ensemble et incluant les
fonctionnaires affectés au service de la police.
M. DESTROISMAISONS: Cela veut dire, effectivement, qu'ils seraient
régis par la même convention, mais avec les recommandations
habituelles qu'on retrouve déjà à la ville dans tous les
services municipaux. C'est que le directeur, pour embaucher par exemple une
dactylo, une sténo-secrétaire ou une secrétaire, doit
recommander dans un rapport l'engagement de la personne concernée. Cela
donne une grande autonomie, jusqu'à un certain point, au service
concerné. Le directeur doit approuver l'embauche par le truchement du
service du personnel et l'adoption par le comité exécutif d'une
résolution d'engagement.
J'aimerais également souligner aux membres de la commission que
nous ne faisons pas de différence avec ce qui existe à la
Sûreté du Québec. Les fonctionnaires de la
Sûreté du Québec sont régis par la Loi de la
fonction publique. D'accord?
M. CHOQUETTE: C'est vrai.
M. DESTROISMAISONS: Quant aux caisses de retraite, un autre point
important, si on considère le premier comme, de l'avis du ministre,
réglé.
Considérant que déjà tous les fonctionnaires
embauchés directement par la CUM sont régis par le
règlement 24 de cette dernière.
Considérant qu'un mécanisme est prévu dans le bill
75 permettant à la CUM de réaliser avec les municipalités
des ententes concernant l'uniformisation des bénéfices de
retraite...
On retrouve, à l'intérieur du bill 75, l'article 358 tel
que modifié par le bill 99 où sont prévus les
mécanismes en vigueur qui permettent à la CUM de négocier
avec les municipalités les méthodes de transfert et le
régime qui pourra s'appliquer pour les personnes visées par
l'intégration.
Egalement, une entente est intervenue entre la ville de Montréal
et la CUM sur ce point. Cette entente a été ratifiée
d'ailleurs par la Régie des rentes. Alors, on peut transférer nos
fonds. Un employé de Montréal transfère à la
communauté et vice versa; il peut transférer sous forme de
certificat les fonds accumulés dans la caisse.
Nous croyons que la CUM doit maintenir ses prérogatives et
continuer à assumer ses obligations dans ce domaine pour les
fonctionnaires, tant pour ceux du service de la police que pour ceux des autres
services.
Afin que le bill 281 reflète ses positions et, compte tenu de
certains autres ajustements que nous voulons voir reconnus dans le bill, nous
soumettons qu'il y aurait lieu de faire des amendements dans le sens suivant:
Article 2... je pense que je les ai énumérés dans le
mémoire, je ne les prendrai pas individuellement. Je donnerai par contre
les notes explicatives au niveau de chaque article.
Nous soumettons que ces articles et alinéas ne devraient pas
s'appliquer aux fonctionnaires parce qu'il y a une convention collective
existante à la CUM prévoyant des normes de sélection et
d'embauchage par le truchement de descriptions de fonctions acceptées
par le syndicat et l'employeur, descriptions qui pourraient être
amendées selon les besoins déterminés par le Conseil de
sécurité.
Article 2, 205 d), alinéa g), article 10 et 241 a) 11, nous
soumettons que les fonctionnaires ne doivent pas être régis par
ces articles tels que rédigés parce qu'ils sont
déjà couverts par une convention collective à la ville et
que leurs fonctions sont également déjà régies par
une convention existante à la CUM. La convention existante à la
CUM qui s'appliquera dès leur transfert à la communauté
est identique, je dis bien identique, à celle présentement en
vigueur à Montréal. Il est même prévu dans cette
convention négociée avec la CUM une formule d'ajustement de
façon que, suite au transfert à la CUM, ces fonctionnaires
jouissent des mêmes conditions que s'ils étaient demeurés
à la ville.
Le tout conformément à une décision du commissaire
enquêteur qui confirmait que l'article 36 s'appliquait pour les gens du
métro.
Nous avons déjà eu sur le plan de l'expérience
vingt-cinq personnes qui travaillaient au métro à
Montréal, qui ont été transférées à
la CUM et qui travaillent maintenat à la CUM. Le
commissaire-enquêteur a recommandé la reconduction des droits au
niveau de la convention collective et de l'accréditation du
syndicat.
M. CHOQUETTE: M. Destroismaisons, on me signale que vous avez
probablement raison pour les syndiqués que vous représentez, mais
il faudrait quand même maintenir ces articles-là pour autant
qu'ils s'appliquent à des cadres qui sont non syndiqués.
M. DESTROISMAISONS: D'accord. Ce que nous soulignons, nous, c'est le mot
"fonctionnaire". Il faudrait peut-être trouver une autre formule et
retirer le mot "fonctionnaire" parce qu'on le sent un peu attaché
à nous.
Alors, pour la formule, je pense que les experts de votre
ministère ou de d'autres ministères trouveront le terme
juste.
Egalement, au niveau de la caisse de retraite, il serait impensable de
négocier une convention avec le Conseil de sécurité
puisque cette convention se fera à partir d'un certificat
d'accréditation unique qui donne mandat au syndicat de négocier
pour tous les fonctionnaires de la CUM. Donc, autant pour ceux du service de la
police que pour les autres services de la CUM.
S'il fallait négocier avec le Conseil de sécurité,
nous signerions donc deux conventions à la CUM pour des fonctions
identiques. Nous pensons que, l'administration du service de la police
étant confiée au Conseil de sécurité, le conseil
peut par des directives atteindre ces objectifs. Ce que nous requérons
s'applique d'ailleurs pour les fonctionnaires provinciaux affectés
à la Sûreté du Québec.
Article 2, 205 d) alinéa h). Pour les raisons mentionnées
relativement à l'alinéa g), nous demandons que les fonctionnaires
soient également soustraits à l'application de cet alinéa,
toujours conformément, comme vous l'avez souligné, aux
corrections qui pourraient s'appliquer à l'intérieur des articles
en question.
Si nous faisons cette demande, c'est en vue d'une politique
cohérente de relations de travail. De plus, ces fonctionnaires sont
soumis aux mêmes conditions générales de travail et de
bénéfices sociaux, la caisse de retraite.
Article 2, 205 d), alinéa j). Cet alinéa ne devrait pas
s'appliquer aux fonctionnaires du service de la police, pas plus qu'il ne
s'applique aux fonctionnaires provinciaux affectés à la
Sûreté du Québec selon l'article 41, chapitre 17 des lois
de 1968 déjà citées. Nous trouvons inacceptable que les
fonctionnaires soient soumis à de telles dispositions de la Loi de
police.
Dans mes propres mots, je pourrais vous dire qu'on est surpris un peu
que des fonctionnaires aient comme mécanisme d'appel la Commission de
police. Déjà, à l'intérieur de la convention
collective, sont prévus des mécanismes normaux de
procédure de grief et d'appel devant un arbitre nommé par les
deux parties.
D'autre part, je pense que les fonctionnaires provinciaux de la
Sûreté du Québec sont régis par une convention et
doivent et ce, au même titre que les autres fonctionnaires
suivre la procédure déjà prévue là. Je ne
pense pas qu'il y ait de procédure d'appel à la Commission de
police. Or, ce qu'on demande, c'est que les fonctionnaires continuent à
être régis par les mêmes conditions qui les régissent
déjà. Et d'ailleurs, à la ville, si le principe... Je ne
dis pas nécessairement qu'il n'est pas bon. Mais dans le passé,
au service de police de Montréal, les fonctionnaires auraient fait appel
à ce qu'on appelle la Commission de police. Mais ces gens-là
n'ont jamais été protégés par ce mécanisme.
Effectivement, les fonctionnaires de Montréal ne sont même pas
protégés par le code de discipline des policiers. C'est la
convention collective qui s'applique dans leur cas.
Article 10, 241 a) 1 b). Pour les raisons mentionnées à
205 d) e), nous soumettons qu'il devrait s'agir de fonctionnaires
engagés par la CUM, sur la recommandation du directeur du service de
police et non par le Conseil de sécurité. Dans la loi, on
prévoit que c'est le conseil qui engage les fonctionnaires. Ce que nous
disons, nous en plus lorsqu'il s'agit d'une question administrative, c'est que
ce n'est pas inscrit dans le mémoire ce que je dis nous
sommes en train de tripler les services du personnel. Je pense qu'il n'est pas
dans l'intérêt, autant des contribuables que des gouvernements, de
doubler et de tripler les services. Exemple: La ville de Montréal,
actuellement, a un service du personnel bien structuré, naturellement,
à cause du nombre d'employés, etc.
A la Communauté urbaine, on devra éventuellement, je
pense, créer un service du personnel au niveau des relations de travail.
Ce que l'on propose pour le Conseil de sécurité, jusqu'à
un certain point, au niveau de l'embauche et du recrutement, c'est d'instituer
dans ce Conseil de sécurité, ou si vous voulez au niveau du
service de la police, un troisième service du personnel.
Ce n'est pas une critique syndicale, c'est strictement une remarque
administrative que je fais. Cela fait en sorte que ce serait, à ce
moment-là, gaspiller les fonds publics que d'instituer un nouveau
système au niveau du conseil de sécurité.
Ce que le Conseil de sécurité doit faire, ce sont,
naturellement des recommandations comme cela se fait déjà
à Montréal et comme cela se fait probablement au niveau du
gouvernement du Québec. Le Conseil de sécurité a besoin
d'un certain nombre de personnes ayant telle ou telle qualification, il en fait
part au service du personnel et le service fait le recrutement pour le Conseil
de sécurité. Vous évitez d'autant un dédoublement
au niveau des services et des coûts. Cela n'est pas dans le
mémoire, j'ai tenu à l'ajouter.
M. PICARD: M. Destroismaisons, je ne sais pas, mais je pense je
vais employer une expression qu'on utilise quelquefois que vous
"charriez" un peu. Parce que lorsque vous parlez de trois conventions
collectives différentes, n'oubliez pas une chose, c'est qu'après
que les policiers seront intégrés, vous ne pourrez plus comparer
les fonctionnaires de la Communauté urbaine avec ceux de la ville de
Montréal, pas plus que vous ne pouvez présentement comparer les
fonctionnaires de la ville de Montréal avec ceux de la province. Nous
avons des unités complètement séparées. Il y aura
peut-être deux conventions collectives à l'intérieur du
Conseil de sécurité, mais pas trois. Ne rattachez plus celui de
Montréal.
M. DESTROISMAISONS: Je m'excuse...
M. PICARD: Montréal est complètement endehors.
M. DESTROISMAISONS: Je pense que j'ai peut-être été
mal interprété.
M. PICARD : Vous avez parlé de trois tout à l'heure.
M. DESTROISMAISONS: Non, j'ai parlé du service du personnel, par
de trois conventions. J'ai parlé d'instituer trois services qui seraient
chargés de s'occuper de l'embauche et de l'organisation, de la question
du personnel. Un, parce que l'on préconise l'embauche par le Conseil de
sécurité; donc vous allez avoir un secrétariat qui va
être obligé de s'occuper, de recruter, d'établir des
normes, de faire de la paperasse, si vous voulez, d'administration. Et vous
avez en place à la CUM également un autre service du personnel
qui va s'occuper des autres fonctionnaires de la communauté et vous
avez, à Montréal, c'est bien sûr que ce sont deux
gouvernement différents un autre service du personnel
déjà bien structuré qui s'occupe du personnel de la ville.
Cela veut dire que si vous étendez, vous avez un groupe de
fonctionnaires "Conseil de sécurité", un groupe de fonctionnaires
"CUM" et un groupe de fonctionnaires "Ville de Montréal". Vous avez donc
à créer trois organismes différents qui ont le même
but effectivement, celui de s'occuper du personnel, quand vous pouvez vous en
tenir à deux.
Un à Montréal, parce que Montréal, en perdant son
service de police, conserve encore d'autre services municipaux; et la
Communauté urbaine d'autre part qui aussi a d'autres employés que
ceux de la police.
Alors, ce que je dis, c'est que le Conseil de sécurité
fasse des recommandations, mais ne s'occupe pas de l'organisation du
personnel.
M. PICARD: Qu'il utilise le service de la Communauté urbaine.
M. DESTROISMAISONS: M. Picard, c'est exactement ce que j'ai dit.
M. PICARD: D'accord. Parce que tout à l'heure vous parliez de
trois. J'étais rendu loin.
M. DESTROISMAISONS: Articles 26 et 27. Nous soumettons que le
fonctionnaire transféré à la communauté ne doit pas
en appeler au Conseil de sécurité d'une décision
l'affectant en violation des dispositions de l'article 26, mais bien à
un enquêteur nommé par le ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre et détenant, pour les circonstances, les mêmes
pouvoirs que le commissaire-enquêteur nommé en vertu du code du
travail et dont la décision est finale.
Il en est de même pour l'article 27.
M. CHOQUETTE: ... aux conséquences du principe, en somme,
qu'on...
M. DESTROISMAISONS: D'accord. Je termine, M. le ministre, il reste une
page.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. DESTROISMAISONS: Disons qu'il n'y a pas de problème à
l'article 33. Article 34. Considérant notre recommandation concernant
l'article 33, nous demandons que l'article 34 dise que les articles 30 à
33 s'appliquent au lieu de 30 à 32. D'accord?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. DESTROISMAISONS: Article 35. Nous demandons que, pour fins de
négociations nécessaires à l'uniformisation des
régimes de retraite des fonctionnaires transférés à
la CUM, ce soit la communauté qui négocie et non le Conseil de
sécurité.
Je remercie le président ainsi que le ministre et les membres de
la commission de m'avoir permis de m'exprimer au nom du Syndicat des
fonctionnaires de Montréal. Merci.
M. CHOQUETTE: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous des questions?
M. CHOQUETTE: Non. Je n'ai pas de question, c'est très clair.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais immédiatement M. Marcil, au nom de
la Fraternité des policiers de Montréal.
M. CARON: M. Marcil, c'est le dessert.
Fraternité des policiers de
Montréal
M. MARCIL: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, je tiens à vous remercier, en mon nom et au nom de mon
association, pour l'occasion qui nous est donnée de faire des
représentations. Je tiens aussi à remercier l'Opposition ainsi
que le ministre qui nous a accordé cette chance de nous exprimer en
commission parlementaire.
Ce matin, beaucoup de gens sont partis, beaucoup de gens ont posé
des questions, beaucoup de gens ont mentionné la police de
Montréal à plusieurs occasions et les policiers comme tels. Il y
a une chose dont je dois vous assurer, c'est que la Fraternité des
policiers de Montréal est consciente des responsabilités que
l'intégration va donner, dans le sens qu'il s'agit pour nous, les 4,000
policiers de Montréal, de recevoir ces 1,000 policiers et d'en faire une
Fraternité des policiers de Montréal, sans discrimination aucune.
Et je pense que, si le passé peut être garant de l'avenir, je peux
les assurer que je les considère comme des membres de la
fraternité et qu'ils pourront toujours compter sur elle. Ils ne seront
pas des nègres dans un service de police, mais bien des policiers
à part entière.
Aux questions qu'on a posées, je voudrais ajouter ceci. C'est
que, dans ce défi auquel nous devons faire face, il y a tellement
d'impondérables que je pense que cette loi ne peut pas les couvrir tous
et je ne peux pas avoir toutes les réponses. Mais il reste que, si nous
devons relever le défi pour le bien de la communauté, le bien des
citoyens, le bien des policiers, il faut aussi recevoir la même
coopération des gens qui sont en place.
Il n'y a pas de doute qu'il y a des éléments humains, des
facteurs humains qu'il va falloir regarder. On va essayer qu'il y ait le moins
de heurts possible. Mais je dis au gouvernement, aux gens qui seront en place
dans ce mécanisme je m'adresse à la Commission de police,
au Conseil de sécurité et à la Communauté urbaine
de nous garder toujours un dialogue pour qu'il ne puisse pas y avoir
d'affrontements, pour que la population se sente protégée
adéquatement sans qu'il y ait de conflits. Et si, nous, de la
fraternité, nous avons des problèmes, je viendrai voir le
gouvernement, je viendrai voir ces gens-là et j'ose espérer,
comme c'est le cas présentement, d'avoir toujours un dialogue qui ne
nous permettra pas d'avoir des affrontements dans lequel le public, dans une
société en évolution et en ébullition, ne sera pas
conscient des problèmes. Nous essaierons toujours de laver notre linge
sale en famille.
Ceci dit, encore une fois, c'est une coopération que nous vous
assurons et nous demandons cette même coopération à tous
les impliqués.
Ce matin, on a abordé plusieurs sujets. On a parlé de
budget, on a parlé, entre autres, et je me souviens d'une question du
député de Robert-Baldwin qui disait: Qu'est-ce que cela va vous
donner vous, à part les bénéfices marginaux? Qu'est-ce que
le citoyen peut attendre d'une intégration? C'est assez difficile au
départ d'expliquer, à ses premières heures d'existence,
à sa première année, quels vont être les
résultats. Nous partons tous ensemble dans une position difficile. Je le
dis, elle est difficile. Vous placez 24 fraternités dans une et je
répète toujours l'exemple que je donne: du jour au lendemain,
dans une maison d'appartements où demeurent 24 familles, nous enlevons
les murs, il y a certainement une adaptation à faire. De toute
façon, quand on regarde les problèmes du côté
budgétaire, on semble s'attacher à ceux qui donnent des billets
de stationnement. Il semble que, pour une fois, si nous disions, nous les
policiers, que les billets de stationnement sont donnés par d'autres, il
n'y aurait plus de problème vis-à-vis des policiers. Il semble
qu'à chaque fois cela revient toujours aux fameux billets de
stationnement. Je pense que chez nous, il n'y en a pas qui donnent
exclusivement des billets de stationnement. On fait de la croisée, on
applique les règlements de la circulation et le dernier policier qui a
été tiré était un agent de croisée. C'est
pour vous dire que le policier dans la rue agit dans son rôle comme
protecteur et aussi comme détecteur du crime.
Quand on parle du budget, ce matin on disait: Si on pouvait
récupérer certaines fonctions, peut-être cela
allégerait-il le fardeau fiscal des municipalités. Ce que je
reproche aux municipalités, c'est ceci: elles n'ont jamais fait, d'une
façon concrète, des demandes à tous les paliers
gouvernementaux pour que ceux-ci leur viennent en aide. Si celles-ci l'ont
fait, de mémoire, elles se sont adressées au gouvernement
provincial et je pense qu'elles ne se sont jamais adressées à
l'échelon supérieur qui est le gouvernement
fédéral. Un citoyen à Montréal, au prorata, paie
environ $35 par tête; le même citoyen paie pour la
Sûreté du Québec $7 et $7 pour la Gendarmerie royale, ce
qui fait un montant d'environ $49 à 50. La municipalité pour
laquelle il travaille, pour l'application des règlements municipaux qui
est fondamentalement un des rôles de son agent dans une ville, cela lui
coûte peut-être $5, c'est-à-dire que le solde de ce montant
de $45 est pour mettre en application le code criminel et les lois provinciales
et personne ne vient en aide aux municipalités. Cela est dans le facteur
budgétaire.
On se pose beaucoup de questions, et, M. le ministre, au livre blanc,
nous avions parlé et vous aviez fait beaucoup de démarches, je le
sais, pour le fameux bill C-218 qui va révolutionner complètement
la pensée du policier vis-à-vis de l'arrestation. Depuis 25 ans
c'est la pièce de législation qui change complètement la
pensée du policier. A la date que je vous parle, M. le ministre, il n'y
a pas un policier dans le Québec qui connaît cette loi-là.
Lorsque la sécurité publique n'est pas mise en danger et que vous
faites une arrestation, la loi est claire et précise, le policier peut
être poursuivi au civil ou au criminel. Je ne peux pas exprimer les mots,
à la date où nous sommes rendus et cette loi-là devient en
vigueur le 3 janvier.
Le télégramme que j'ai ici, que j'avais envoyé en
date du 6 et je le réfère, c'est signé par M. Turner: "Je
réfère à votre télégramme du 6
décembre 1971, concernant la Loi sur la réforme du cautionnement
en vertu de l'ordre du conseil. La Loi sur la réforme du cautionnement,
sanctionnée le 19 mai 1971, entrera en
vigueur le 3 janvier 1972. Cette date a été chosie
après avoir consulté les procureurs généraux des
provinces. A la conférence des commissaires sur l'uniformité de
la loi, convoquée à Jasper, Alberta, au mois d'août, la
date qui a été discutée était le commencement de
janvier 1972". En plus le 28 octobre 1971, le ministre a écrit à
tous les procureurs généraux des provinces pour les aviser que la
Loi sur la réforme du cautionnement entrera en vigueur le 3 janvier
1972. Je regrette qu'à ce stade je ne puisse pas retarder
l'entrée en vigueur telle que demandée dans votre
télégramme ci-haut mentionné.
Vous savez, quand les gens d'Ottawa nous parlent de naiveté au
moment de l'application de certaines lois, je vous dis encore une fois, il y a
quelqu'un qui va nous dire qu'on est encore naïf dans l'appication du bill
c-218, parce qu'on n'est pas au courant. Cela, c'est regrettable parce
qu'à ce moment-là c'est une loi qu'un policier ne peut pas faire
respecter. Je ne peux pas décrire les mots pour vous démontrer
mon désappointement, qu'on n'ait pas retardé l'application d'une
loi de cette ampleur. Je pourrais vous lire quelques passages dans un bottin
que nous avons reçu. Chez nous à Montréal, il n'y a pas un
policier qui est au courant et on commence cette semaine à le faire.
Même le bill omnibus, à travers le Canada, n'est pas
appliqué selon le code criminel parce que les policiers n'ont pas
été informés. Ce n'est pas leur faute, ils le demandent;
mais les mécanismes ne sont pas prévus. C'est plus profond que
cela; quand on parle de cette formule, je reviens à ce que j'ai dit en
regard du coût que cela entraîne pour les municipalités de
maintenir les lois criminelles et les lois provinciales. C'est un montant
minime pour les règlements municipaux. Personne ne vient en aide aux
municipalités. Chez nous, nous avons à l'escouade des mandats, 50
à 75 policiers. Je vous dis, M. le ministre, que d'ici un an ou deux, il
y aura 500 policiers qui travailleront à l'application de cette loi.
Les villes seront obligées d'engager d'autres policiers. Elles
seront obligées encore de payer la facture. A ce moment-là,
peut-être rejetterons-nous un peu la faute sur les demandes syndicales
pour justifier l'augmentation des budgets de police? En somme, je voulais
attirer votre attention sur le fait que les villes et les municipalitées
devraient demander l'aide du gouvernement.
Il me semble que le gouvernement est bien pressé de verser
à l'Institut de criminologie $150,000 ou $200,000. Mais quand il s'agit
de donner quelque chose aux policiers, un mécanisme et des outils pour
faire le travail, je pense qu'il n'est pas pressé. A ce
moment-là, on dit: les policiers ont agi avec naiVeté.
C'étaient là des remarques préliminaires, M. le
ministre. Je remercie M. le président de m'avoir permis de sortir du
sujet. Mais je crois que ces remarques étaient pertinentes en regard des
autres observations qui ont été faites ici ce matin.
Si nous prenons le bill 281, en principe, depuis 1964, nous l'avions
demandé à la commission Blier. Nous sommes revenus plus forts en
1965, tous les syndicats représentant les 24 villes ont appuyé la
ville de Montréal. Par contre, nous nous sommes opposés au
règlement 26 parce qu'il ne prévoyait pas ce que le
législateur ordonnait à savoir consulter les syndicats, et avoir
un plan d'intégration. Et encore une fois, le gouvernement a vu juste
dans nos représentations et le règlement 26 n'a pas eu force de
loi.
Nos premières remarques M. le Président, portent sur le
premier article à la page 5. A la page 5, paragraphe g) on dit que "le
lieutenant-gouverneur en conseil, sur la recommandation du ministre de la
Justice, nomme ensuite le directeur." Il s'agit là du processus de votre
première nomination. Ce que nous vous demandons, c'est de mettre un
délai. Lorsqu'il y a un remplaçant, il n'y a pas de délai
fixé pour nommer ce remplaçant.
M. CHOQUETTE: Pour nommer le nouveau chef de toute la
communauté?
M. MARCIL: D'accord.
M. CHOQUETTE: Je tiens à vous dire, M. Marcil, que je n'ai
sûrement pas l'intention de...
M. MARCIL: Je m'excuse. C'est la question du remplaçant. Le
premier, nous comprenons que vous allez le nommer dans un délai assez
rapide. Mais lorsque celui-ci partira et que le mécanisme prévu
par 205 g), s'appliquera, ce sera le lieutenant-gouverneur sur recommandation
à ce moment-là, et il n'y aura pas de délai prévu.
Regardez le dernier paragraphe: "Jusqu'à ce que le directeur entre en
fonction, le directeur général de la Sureté du
Québec remplit les fonctions de directeur". Nous disons que le directeur
de la Sûreté du Québec est mêlé à bien
des sauces. Nous aurons un corps de police structuré et chez nous, nous
sommes assez fiers des gens qui nous gouvernent pour suggérer que cela
devrait être, au moins par intérim, un membre choisi à
l'intérieur du corps de police de la Communauté urbaine. C'est
une suggestion que nous faisons, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: C'est justement pour... enfin, je prends la
suggestion.
M. MARCIL: A la page 6, à l'article 241 a) les policiers de
banlieue vous ont fait une représentation ce matin, qui a d'ailleurs
été très bien faite par mon collègue M. Grenier. Il
vous a parlé de "Public Security Officers". Nous aimerions faire
définir le statut de ces gens-là. Je me suis informé et il
est difficile présentement de savoir quel est le véritable statut
de ces gens-là qui agissent comme "Public Safety
Officers" depuis apparemment une dizaine d'années. Lorsqu'on aura
établi leur statut et s'ils sont reconnus comme des policiers, ils
devraient être considérés aussi comme des policiers, tel
que le prévoit la Loi de police et être intégrés tel
que l'article 241 le prévoit.
Dans le paragraphe 7, de la page 7, qui se lit: "Le directeur reste en
fonction durant bonne conduite et jusqu'à l'âge de la retraite que
détermine le Conseil de sécurité. Une fois fixé,
l'âge de la retraite ne peut pas être réduit." Ce que nous
demandons, c'est qu'il y ait négociation avec le fonds de pension pour
que cet âge de la retraite, en vue d'une entente, soit
déterminé. Chez nous, présentement, à l'ABRPM,
notre association, tous les policiers doivent prendre la retraite à
l'âge limite de soixante ans.
Je pense que le même principe s'applique à l'article 10, de
la page 7, les policiers du service. Vous retrouvez aussi l'article 11, la
concordance des deux articles précédents. Nous demandons de
négocier un âge de la retraite pour que tout le monde puisse,
disons, espérer. Cela a peut-être été un des
problèmes de la Sûreté du Québec que l'âge de
la retraite n'ait pas été fixé pour les cadres.
M. CHOQUETTE: C'est fixé, maintenant.
M. MARCIL: A la page 11, M. le Président, à l'article 25,
vous parlez d'un plan d'intégration. Est-ce que l'article 25
prévoit l'intégration de tous les policiers?
M. LE PRESIDENT: Le premier janvier 1972.
M. CHOQUETTE: Quant à l'article 25 "tous les policiers et les
fonctionnaires, mentionnés au paragraphe 1 de l'article 241 a) de la Loi
de la Communauté urbaine", il faut retourner à l'article 241 a)
de la Loi de la Communauté urbaine, à la page 6 où nous
avons une définition de "policier", et de "fonctionnaire" aux
alinéas a) et b). Cela inclut tous les policiers de toutes les
municipalités, ainsi que les policiers engagés par la suite par
le Conseil de sécurité, et tous les fonctionnaires relevant de
l'autorité d'un chef ou directeur du corps ou service de police d'une
municipalité, et relié à l'exercice de la fonction
policière.
M. MARCIL: Cet après-midi, vous avez référé
à un plan d'intégration. Quand on parle d'un plan
d'intégration on voit "à compter du 1er janvier 1972" est-ce que,
effectivement, nous sommes transférés le 1er janvier 1972?
M. CHOQUETTE: Le 1er janvier 1972, vous cessez d'être un
employé de la ville de Montréal. Vous devenez un employé
de la Communauté urbaine de Montréal à l'intérieur
du service de la police de la Communauté urbaine de Montréal.
M. BURNS: Mais cela, M. le ministre, c'est vrai pour les policiers de
Montréal, mais semble-t-il, de par le texte...
M. CHOQUETTE: C'est aussi vrai pour tous les autres policiers. C'est la
même chose excepté que, pour les municipalités de
banlieues, il y a une disposition, à l'effet, que les policiers dans les
banlieues vont continuer à exercer leurs fonctions dans les banlieues,
excepté pour des périodes limitées de 7 jours, suivant
qu'il peut être requis d'aller travailler, par exemple, dans la ville de
Montréal. Si cela devait être pour des délais plus
considérables, et que les villes s'y opposent, il y a alors un
mécanisme de règlement de ce problème-là. C'est
simplement pour faire en sorte que pendant la période requise pour
concevoir, discuter, réaliser et faire accepter le plan
d'intégration définitif, on ne dérange pas trop les
situations qui prévalent dans les différentes
municipalités.
Légalement parlant, un policier de Beaconsfield, d'Outremont, de
LaSalle, de Lachine, sera un membre du service de la police de la
Communauté urbaine de Montréal, à compter du 1er
janvier.
M. BURNS: Je m'excuse, M. Marcil. Sauf erreur, c'est ainsi que j'ai
compris la question de M. Marcil: si l'on écoute le ministre et si on
lit le texte: "Sont transférés à la Communauté
urbaine de Montréal, à compter du 1er janvier 1972" et que
l'article arrête là, ce serait tout à fait vrai ce que
vient de dire le ministre.
Mais là, s'ajoute: "Suivant les étapes et les
modalités indiquées dans les articles suivants". Alors, il semble
que, dès qu'on parle d'étapes, cela veut dire que ça ne se
fera pas d'un seul coup et je pense que c'est la question que vous posez, M.
Marcil, sauf erreur.
M. MARCIL: C'est ça! C'est parce qu'on cherche. On nous mentionne
deux fois un plan d'intégration et nulle part dans la loi nous ne
retrouvons de plan d'intégration.
M. CHOQUETTE: Avant. Mais vous allez le trouvez plus tard. Mais
j'accepte un peu l'observation de M. Marcil et du député de
Maisonneuve. Je crois que cela introduit un peu d'ambiguité, les deux
dernières lignes. Maintenant, il va de soi que l'intégration, en
fait, est faite suivant les étapes et les modalités
indiquées aux articles suivants. Mais l'intégration en droit se
fait le 1er janvier 1972. Je ne sais pas si c'est clair, ça?
M. BURNS: C'est-à-dire que l'employeur de tous les policiers dans
le territoire de la Communauté urbaine...
M. CHOQUETTE: Devient... oui.
M. BURNS: ... à compter du 1er janvier 1972 devient la CUM.
M. CHOQUETTE: C'est exactement ça!
M. MARCIL: C'est parce que cela semble ambigu, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Juridiquement? Exactement.
M. PICARD: Mais dans les faits...
M. PAUL: Je pense que M. Burns a parfaitement raison et je me demande
s'il n'y aurait pas avantage de faire disparaître cette
ambiguïté possible que l'on peut trouver dans les deux derniers
paragraphes de l'article 25.
M. CHOQUETTE: Les deux dernières lignes.
M. PAUL: Les deux dernières lignes de l'article 25.
M. CHOQUETTE: Ce que nous allons faire, nous allons enlever les deux
dernières lignes et on mettra plus loin, dans les articles qui traitent
de l'intégration, "nonobstant l'article 25..."
M. PAUL: D'accord.
M. MARCIL: C'est parce qu'il n'y en a pas d'intégration. Ils
seront intégrés le 1er janvier. C'est de là que vient
l'ambiguïté parce qu'il n'y en a pas de plan d'intégration.
Les mots "à compter", nous y avons attaché une certaine
importance. On aurait pu dire: "Ils sont transférés à la
Communauté urbaine le 1er janvier 1972 suivant". Mais quand vous dites
"à compter" et que vous me parlez de plan d'intégration, c'est
là qu'il y a une certaine ambiguïté.
M. CHOQUETTE: Je pense que nous avons la méthode pour le
régler, M. Marcil. On l'a, je pense. Regardez, M. Marcil,
là...
M. MARCIL: L'article 31, deuxième paragraphe.
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que vous dites?
M. MARCIL: J'ai dit l'article 31, deuxième paragraphe.
M. PAUL: L'article 31, deuxième paragraphe. Il vous croit mais il
a hâte d'arriver à l'article 31, deuxième paragraphe.
M. CHOQUETTE: Ah bon! D'accord. En droit, vous êtes un
employé de la communauté mais vous agissez, en somme, suivant un
système qui est élaboré, en fait, par la suite.
D'ailleurs, la preuve en est qu'à partir du 1er janvier 1972, M. Marcil,
vous avez probablement remarqué ça dans le projet de loi, la
Fraternité des policiers de Montréal devient l'unité de
négociation de tous les policiers de la Communauté urbaine.
L'avez-vous remarqué, cet article-là?
M. PICARD: Vous ne l'avez même pas demandé.
M. MARCIL: C'est plus ou moins clair.
M. PICARD: Vous ne l'aviez même pas demandé cet
article-là.
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que vous voulez de plus?
M. MARCIL: Ce matin, M. le ministre, vous avez donné certaines
explications relatives à l'article 26 de la page 11. "Les traitements et
bénéfices sociaux des policiers fonctionnaires
transférés ne peuvent être réduits par suite de ce
seul transfert et aucun de ces policiers ou fonctionnaires ne peut être
congédié ou mis à pied par la seule raison de la mise en
application des dispositions de la présente loi". Est-ce
qu'effectivement, lorsqu'il y aura eu normalisation, le type qui est
affecté par cette normalisation gardera ses traitements ou s'il prend un
nouveau traitement?
M. CHOQUETTE: S'il y a normalisation d'un grade et qu'un policier subit
une baisse de grade, cela sera seulement une fois que la décision
définitive par la Commission de police aura consacré sa baisse de
grade que là il subit une baisse de traitement. Mais, il n'y aura pas de
réduction de traitement rétroactive. C'est-à-dire que,
s'il a été capitaine et qu'un jour on lui dise: Monsieur, on
regrette, vous faites un bon lieutenant mais vous n'êtes pas un
capitaine, il tombera au salaire de lieutenant à ce moment-là. On
n'ira pas lui réclamer ce qu'il a pu avoir comme capitaine dans
l'intervalle.
M. MARCIL: C'est parce que la loi ne le dit pas, remarquez bien.
M. CHOQUETTE: Oui, oui. A part ça, je vous dirai qu'au moment de
l'intégration il entre avec le grade qu'il a à l'heure
actuelle.
M. MARCIL: Parfait! Mais jusqu'à la décision de la
Commission de police.
M. CHOQUETTE: Jusqu'à la décision de la Commission de
police.
M. BURNS: Si vous permettez, c'est un peu ce à quoi je faisais
référence cet après-midi quand je disais d'une part que
l'inquiétude des policiers, c'était une inquiétude de
sécurité d'emploi et de sécurité de conditions de
travail. Là-dessus le ministre m'avait répondu: Il n'y a pas de
problème, ils sont tous transférés. C'est vrai. Mais
à la suite de la mise en application des dispositions de l'article 31,
c'est de là que vient l'inquiétude et cette
inquiétude-là n'est pas disparue.
M. CHOQUETTE: Pendant que le député de Maisonneuve est
allé prononcer un grand discours à la Chambre...
M. BURNS: Il a été très court.
M. CHOQUETTE: ... le député de Maskinongé et moi,
nous avons discuté de cet article 31 et nous en sommes venus â des
conclusions tout à fait satisfaisantes pour dissiper toute
insécurité possible.
M. BURNS: D'accord. Alors, je...
M. PAUL: Je suis resté quand même avec une
inquiétude.
M. CHOQUETTE: Vous aussi?
M. PAUL: Jusqu'à ce que l'on ait le texte.
M. CHOQUETTE: Jusqu'à ce que vous ayez eu le texte.
M. BURNS: J'attendrai le texte, moi aussi. Je m'excuse d'avoir...
M. CHOQUETTE: Je suis sûr que l'on va pouvoir insérer des
dispositions.
M. MARCIL: C'est qu'à ce moment, M. le ministre, il est
écrit à la page 13 de l'article 8: "Dans le cas de ce policier"
et vous nous assurez que rétroactivement il n'a pas à rembourser
des deniers. Mais quand vous regardez l'article 8... Par la transmission de ces
décisions, les membres salariés du corps de police de la
municipalité concernée sont versés à l'unité
de négociations pour laquelle la Fraternité des policiers de
Montréal Inc. est accréditée, et leur traitement et
conditions de travail sont régis rétroactivement par la
convention collective..." d'un certain côté vous me dites oui,
mais d'un autre côté, par le mécanisme de la loi, c'est que
le type, rétroactivement, prend le salaire de la Fraternité des
policiers de Montréal.
M. CHOQUETTE: Je crois, M. Marcil, que nous pourrions ajouter quelque
chose â l'effet qu'il n'y aura pas de réduction de traitement pour
le passé. Vous comprenez ce que je veux dire? On va le mettre en noir et
blanc.
M. MARCIL: Nous aimerions, à l'article 26, au troisième
paragraphe, "Sur refus du Conseil de sécurité de rescinder ou de
modifier cette décision, l'employé concerné peut, dans les
huit jours de la communication qui lui en est faite par écrit, loger un
appel de cette décision à la Commission de police du
Québec qui décide en dernier ressort et, le cas
échéant, adjuge également les dépens".
Dans ce troisième paragraphe, nous aimerions "que l'appel soit
entendu par le tribunal du travail". C'est une relation de travail et je pense
qu'à ce moment-là, il y a une décision qui a
été rendue et que l'on ne peut être partie et juge en
même temps, qu'il devrait y avoir un recours au tribunal du travail.
M. CHOQUETTE: En délibéré.
M. BURNS: M. le Président, si je peux me permettre de ramener une
suggestion... Je ne sais pas si c'est la fraternité qui l'a faite ou une
autre association, peut-être même l'APPQ, à la commission
parlementaire sur le livre blanc qui parlait... Je pense même qu'il y a
deux mémoires qui ont référé à la
possibilité de créer un tribunal spécial et
indépendant, de façon permanente, pour ce genre de
choses-là. L'une ou l'autre façon, mais je pense que la demande
de M. Marcil est valable quand il dit que c'est assez difficile d'être
juge et partie dans une histoire comme celle-là.
M. CHOQUETTE: En fait, la commission n'est pas partie, parce que c'est
plutôt le Conseil de sécurité qui serait partie et la
fraternité représenterait le policier. On ne peut pas dire
réellement que la Commission de police va être partie.
M. BURNS: Le lien...
M. CHOQUETTE: La commission, en somme, n'a aucun intérêt
à ce que la décision soit favorable ou défavorable, je
veux dire... La commission a l'expérience avec les policiers. La
commission aura pas mal de responsabilités à l'intérieur
du cadre de cette loi-là. Aller insérer un autre tribunal, par
exemple, en plus de la Commission municipale qui a des responsabilités
à l'égard des biens des municipalités, il me semble que
c'est compliquer la situation pour rien.
D'ailleurs, M. Marcil, je sais que vous avez confiance à la
Commission de police.
M. MARCIL: Non, je pense que ce n'est pas tout à fait le but.
Tout à l'heure, j'y reviendrai à la commission. A ce moment-ci,
quand on parle de congédiement, c'est certainement une relation de
travail.
Nous disons que nous aimerions qu'à ce moment-là le
policier ait la chance de se faire entendre au tribunal du travail.
M. CHOQUETTE: En tout cas, on va y penser.
M. MARCIL: A la page 12, au sujet de l'article 29, nous demandons des
éclaircissements, M. le Président. Quand on dit que la
Communauté urbaine est substituée de droit à chacune des
municipalités qui sont parties â des conventions collectives de
travail régissant des policiers transférés, est-ce que la
substitution va se faire juridiquement?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. MARCIL: C'est que la convention se termine le 31 décembre.
M. CHOQUETTE: Là, on tombe dans le domaine de la prolongation des
conventions de travail expirées jusqu'à ce qu'une nouvelle
convention soit négociée pour remplacer celle qui expire. Je
crois que ce serait...
M. MARCIL: C'est parce que ce n'est pas le même employeur,
remarquez bien.
M. CHOQUETTE: Je sais, mais ici, on dit spécifiquement que la
Communauté urbaine est substituée à chacune des
municipalités. Alors, elle a les...
M. MARCIL: A quelle date?
M. CHOQUETTE: C'est le 1er janvier 1972.
M. MARCIL: Cela veut dire que notre convention n'existe plus à ce
moment-là.
M. BURNS: Non, elle est transférée; les obligations et les
droits en sont transférés à la CUM.
M. MARCIL: Oui, mais regardez...
M. BURNS: Là où vous avez raison peut-être, c'est
que l'article 29 ne vous dit pas clairement à quel moment cela
arrive.
M. MARCIL: C'est cela.
M. BURNS: Je vois à l'article 29 le remplacement du recours aux
dispositions des articles 36 et 37 du code du travail. Je suis bien d'accord
pour que les syndicats de policiers n'aient pas à retourner devant le
commissaire-enquêteur pour demander une décision, et qu'il y ait
litige autour de cela. Mais il vaudrait peut-être la peine d'apporter un
éclaircissement sur le moment où cela arrivera, même si on
a dit, à quelques articles précédents, que
l'intégration se faisait le 1er janvier.
M. CHOQUETTE: Aucune objection.
M. PICARD: M. Marcil, j'aimerais revenir au paragraphe de l'article 26,
à la page 11, lorsque vous avez parlé de congédiement. Si
on continue plus loin, il est écrit: "Par la seule raison de la mise en
application des dispositions de la présente loi". Alors, cela ne touche
pas la discipline. La façon dont je l'interprète, moi, ce serait
que, par exemple, la Communauté urbaine dise: Celui-là, on va le
congédier parce qu'on en a un de trop.
M. MARCIL: Oui.
M. PICARD : Ce n'est pas une question de discipline.
M. MARCIL: Non.
M. PICARD: Parce que...
M. MARCIL: Si cela arrivait, à ce moment-là, la Commission
de police le congédie. C'est-à-dire qu'elle a été
partie et juge dans ce congédiement.
M. PICARD : Mais il faudrait que les raisons invoquées soient des
raisons...
M. MARCIL: Remarquez bien que je ne veux pas prêter d'intention
à la commission. Je pense qu'en fait tout le monde réalise qu'on
a tous un boulot à accomplir. Si la chose arrivait, s'il y avait un
congédiement, nous autres on dirait qu'effectivement il s'est commis une
injustice, qu'on n'a pas regardé tous les critères, etc, que le
type puisse en appeler au tribunal du travail.
Nous voici à l'article 31, M. le ministre. L'article 31 a
laissé dans la bouche des policiers de banlieue, je pense, une certaine
amertume de se voir passer au "blanchissoir" d'une façon je ne
dirais pas cavalière mais d'une façon qu'ils n'ont sans
doute pas appréciée. Et je pense que tout le monde a parlé
du fameux article 31. Il reste que, si l'on regarde ce problème
et c'est un problème humain, c'est un problème complexe
nous devons donner à César ce qui appartient à
César. Je pense que le policier de carrière dans une banlieue a
droit à sa promotion. Nous, les seules restrictions que nous avons
à ce moment-là, je pense que je leur en ai parlé
à plusieurs reprises c'est que chez nous nous avons des
structures de 4,000 hommes avec un encadrement d'officiers d'environ 15 p.c.
Les banlieues ont un encadrement d'officiers d'environ 25 p.c. Chez nous, le
problème des promotions, je peux vous dire que c'est le problème
épineux pour tous les membres. A la sûreté, vous avez 600
sergents-détectives, 35 lieutenants-détectives et vous avez
environ 8 capitaines-détectives. Vous avez dans une banlieue 4
capitaines-détectives, 5 lieutenants-détectives et aucun
sergent-détective. Vous avez, dans d'autres endroits, des policiers qui,
pour toutes sortes de raisons, sont partis d'agents et sont montés dans
un laps de temps très limité au grade de capitaine, inspecteur,
assistant-directeur.
Chez nous, pour atteindre ces cadres-là, ce sont des
années qui sont assez dures et si le policier de banlieu n'a pas eu la
chance de parfaire son niveau scolaire comme policier, ce n'est pas sa faute,
c'est parce qu'on ne lui en a pas donné la chance et les moyens. Il
reste que, chez nous, il y a environ 3,000 policiers qui suivent des cours pour
se perfectionner. Tout marche selon un système de crédits. Pour
atteindre le grade d'inspecteur, cette année, cela prend 20
crédits. Il y a des types qui mettent de côté leur famille.
Ils ont des ambitions. Pour être sergent, chez nous vous pouvez
devenir sergent environ en cinq ans ordinairement cela se situe aux
environs de huit ans; lieutenant, aux environs de treize ans, et capitaine, aux
environs de vingt ans.
Nous disons ceci: lorsqu'on parle de normali-
sation, je vous donne une exemple. Un policier est entré dans une
banlieue venant d'une autre ville, qui est à l'extérieur de
Montréal, au grade de sergent. Il a passé par-dessus tout le
monde au grade de sergent et, aujourd'hui, je pense que ce sont des cas qui
sont similaires à celui-ci que, nous, de Montréal, pensons qu'on
devrait normaliser. Si un type passe d'agent et que dans l'espace de trois
mois, il devient capitaine, je le dis honnêtement: je ne peux pas
accepter que ce type-là puisse devenir capitaine d'après les
critères. Donnons à César ce qui appartient à
César. Le type qui travaille depuis dix-huit ans dans une banlieue et
qui a atteint ses galons d'une façon qu'on le désire, moi, je dis
qu'il a le droit à sa promotion. Mais celui qui a sauté des
échelons pour toutes sortes de raisons politiques, nommez-les. A ce
moment-là, c'est bien regrettable, il va se replacer dans des cadres
qu'il devrait effectivement avoir gardés au tout début de son
entrée dans ce corps de police.
M. PICARD: Est-ce que vous incluez dans vos remarques, M. Marcil, le
cas, par exemple, d'officier junior que j'appellerais soit un lieutenant
ou un sergent de police de la ville de Montréal qui, pour une raison ou
pour une autre, est prêté ou est embauché dans une ville de
banlieue pour réorganiser le corps de police et qu'on le nomme au
départ chef de police ou directeur de police?
M. MARCIL: Nous avons, je pense, cinq cas. Ces cinq cas-là, je
pense qu'on devrait en faire faire l'appréciation. Déjà,
ils reçoivent de chez nous une pension qui est adéquate. C'est
réellement le problème. Est-ce que nous l'embauchons de nouveau
avec une pension déjà payée par les contribuables,
recevant le même salaire des mêmes contribuables, et en retour il
retirerait une autre pension des mêmes contribuables? Je pense
qu'à ce moment-là ce sont des cas frontières sur lesquels
on doit certainement se pencher. Je ne peux pas vous dire que j'ai une
réponse immédiate et qu'on pourrait faire l'arbitrage, je dis
non, mais je pense que ces cas-là devraient être
étudiés.
M. PICARD: J'apprécie le fait que vous disiez que c'est une
question d'appréciation parce qu'il ne faut pas oublier qu'il peut
arriver des cas où vous aurez un lieutenant de la police de
Montréal qui ne prévoit pas obtenir une promotion tout simplement
parce que les cadres au-dessus de lui sont remplis et qu'il accepte d'aller
organiser un corps policier d'une ville de banlieue et il sait qu'à ce
moment-là... Lui, s'il quitte le service de la police de
Montréal, c'est tout simplement qu'il prévoit que cela peut lui
prendre huit ou dix ans pour avoir une autre promotion alors qu'il pourrait
l'avoir immédiatement. Ce n'est pas que le gars n'a pas la
compétence, il l'a.
M. MARCIL: Ce serait assez difficile de se produire.
Présentement, un officier chez nous qui est prêté à
une banlieue, cela ne veut pas dire qu'il a une promotion à
l'intérieur de nos services. S'il quitte le service et que le conseil de
cette ville prétend que ce serait l'homme idéal, il est
embauché. A ce moment-là, ce sont des règles du jeu qu'il
joue. Chez nous, présentement, un officier et il y en a plusieurs
qui sont prêtés présentement cela ne lui donne pas
un sou de plus. Il continue à avoir les mêmes traitements.
Lorsqu'il revient au service, il y a des examens, il doit se qualifier comme
tous les autres pour ces examens.
M. PICARD: Est-ce que cela arrive assez souvent que vous prêtiez
des policiers aux villes de banlieue? Maintenant, est-ce que le contraire se
produit? Est-ce que les policiers des villes de banlieue viennent donner un
coup de main à la ville de Montréal?
M. MARCIL: En toute sincérité, je le pense et je l'ai dit
dans mes premières remarques. J'ai pour les policiers qui feront partie
de notre syndicat le plus grand respect. Je pense qu'ils ont
représenté dans ces villes, qui sont une entité
municipale, l'esprit d'une population; ils ont rendu des services à une
population. Je pense que c'est dans un tel contexte qu'on devrait
premièrement établir les barèmes, et deuxièmement
établir les critères selon lesquels nous pourrions
déterminer... et c'est surtout le point que j'attache, ceux qui ont
obtenu des promotions de façon assez rapide sans passer par nos
systèmes. Si, dans le temps, le syndicat, pour toutes sortes de raisons,
ne pouvait pas, à cause de sa clause de griefs, faire des griefs, je me
verrais dans la position de faire un grief pour un type qui ne méritait
pas un poste. Je pense que c'est là qu'il doit y avoir une normalisation
et que des critères soient établis et que la compétence
soit reconnue.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. Marcil, il y a quelques instants, vous avez
donné l'exemple d'un policier qui pouvait s'intégrer dans une
force policière d'une petite municipalité de banlieue et
atteindre les plus hauts échelons dans l'espace de quelques mois pour
toutes sortes de raisons.
A ce point de vue, je crois qu'il y a des choses semblables qui sont
arrivées et je ne dis pas que ces gens devraient garder leurs grades et
leurs responsabilités.
Mais d'un autre côté, l'on peut aussi dire que certains
policiers se sont engagés dans des municipalités de banlieue et
qu'ils ont monté de grade très vite. Au tout début de leur
engagement, on leur a donné un grade. Peut-être que, pour ce
faire, ces gens ont dû laisser des emplois, ont dû prendre certains
risques. S'ils ont décidé de faire partie de la police, c'est
parce qu'on leur avait offert un grade semblable. Peut-être
ont-ils effectivement rendu service à la municipalité. Il ne faut
pas oublier non plus qu'à cause des différentes populations qui
existent dans l'île de Montréal, il peut arriver qu'on exige d'un
capitaine, chez vous, dans un corps policier énorme, où il est au
service d'une population plutôt anonyme avec des problèmes
très complexes, des connaissances techniques, un jugement hors de
pair.
Mais dans les municipalités plus petites, les services rendus
sont beaucoup plus personnels. Vous pouvez avoir des gens qui, chez vous,
seraient capitaines et qui ne rendraient pas nécessairement de grands
services dans une municipalité plus petite ou de banlieue.
Le capitaine, qui a peut-être moins de connaissances techniques
dans une municipalité donnée à cause de ses relations avec
la population ou à cause de ses relations humaines à
l'intérieur même du groupe des policiers, peut rendre un service
bien efficace.
M. MARCIL: Remarquez bien que je ne voudrais pas faire des
évaluations des officiers de banlieue, des officiers de chez nous.
Cependant, il est peut-être difficile de vous parler des officiers de
banlieue parce que je n'ai pas les données. Encore une fois, je dis que,
parmi eux, le capitaine qui vous a parlé ce matin est un exemple
d'efficacité... Il reste toutefois que, lorsque vous parlez des
capitaines de chez nous, c'est que les examens, les critères
demandés, les entrevues où l'on parle de tous les sujets de notre
société, de sociologie, etc., font que, lorsqu'ils obtiennent
leur promotion, ils sont qualifiés.
Dernièrement, nous avons eu le lieutenant Ranger qui a
été nommé capitaine. Quinze jours après, il est
devenu directeur de la police de Hull. Ceci est un exemple. Je ne vous dis pas
que tout le monde a les mêmes critères que le capitaine Ranger.
Effectivement, quand il a passé par toutes les structures que le service
demande de nous aujourd'hui, je crois que le type a la compétence pour
diriger un corps de banlieue. Je réponds pour nous.
Cela n'enlève rien au capitaine Grenier; il pourrait certainement
s'intégrer à un poste de police de Montréal et remplir la
fonction d'une façon très adéquate.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, sur le plan professionnel, je ne douterais pas
qu'en général, les gens qui, dans votre corps de police, sont
gradés, le sont certainement pour des raisons habituellement
sérieuses et parce qu'on leur a trouvé des connaissances
professionnelles supérieures.
Si je vous dis cela, ce n'est pas pour faire des comparaisons. Je veux
simplement vous sensibiliser au fait que cette intégration, à
l'échelle humaine, amènera des problèmes extrêmement
complexes. Les gens de banlieue sont des hommes qui aiment leur
sécurité, qui se sont engagés dans la police, selon des
conditions données, qui y ont vécu dix, quinze ou vingt ans.
Lorsque ces gens croient qu'ils ont un emploi assuré, qu'ils sont en
toute tranquillité, voilà que, par une législation, l'on
bouleverse tout le système, que l'on change leur milieu au complet, que
l'on change leur façon de vivre. C'est un problème
extrêmement délicat.
Et si l'on essaie de le résoudre exclusivement par des questions
de compétence professionnelle, de connaissances techniques ou
scientifiques, je crois que l'on va faire fausse route. Il va certainement
falloir faire entrer, dans toutes ces discussions et dans toutes ces
planifications, des éléments humains et penser que les hommes
peuvent avoir des droits acquis.
M. MARCIL: Oui, je comprends, mais quand le type en question obtient
cette promotion, disons que, dans ce corps de police, il passe au-dessus de
vingt policiers. Vous avez vingt problèmes humains. Souvent, les
policiers sont arbitrairement obligés de pencher la tête et de
l'accepter et pour eux, dans leur carrière, ils ont voulu se donner une
promotion, on s'aperçoit que le conseil, d'une façon arbitraire,
a choisi M. X pour toutes sortes de raisons.
Et vous me dites aujourd'hui, lui a le droit certainement à son
emploi mais les autres qui ont été lésés et les
autres chez nous qui attendaient cette promotion-là, vous me dites, vous
devez l'intégrer à l'intérieur des cadres et le respecter,
ce qui avait été fait dans le temps d'une façon
peut-être cavalière et d'une façon qui n'était pas
acceptée.
M. SAINT-GERMAIN: Ce n'est pas l'idée que j'ai voulu
émettre. On ne parle pas au même diapason.
M. MARCIL: Peut-être.
M. SAINT-GERMAIN: Je veux simplement dire qu'il va falloir que les
comparaisons ne se fassent pas strictement au palier que vous venez de
mentionner et vous avez raison de le mentionner,
M. MARCIL: D'accord.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne dis pas que votre façon de voir est sans
importance ou qu'on ne devrait pas en tenir compte. Ce n'est pas du tout
ça que je veux dire. Cela peut même rester l'élément
le plus important. Mais je veux dire simplement qu'il y a, au point de vue de
droits acquis, ces gens-là ont des droits acquis qui devront
probablement être analysés un par un, policier par policier et
essayer de les traiter en y mettant beaucoup d'éléments humains.
C'est tout ce que je veux dire.
M. SEGUIN: M. Marcil, veuillez m'excuser, je veux utiliser pour
l'instant mon droit d'invité. Dois-je comprendre, comme ça, que
dans le
corps de police de Montréal, toutes les promotions d'agents en
montant jusqu'au directeur se font toujours bien dans l'ordre.
M. MARCIL: Non, remarquez bien, jusqu'au grade de capitaine dans lequel
nous sommes accrédités. Au-dessus du grade capitaine, ils ne sont
pas accrédités, et à ce moment-là, c'est
l'administration qui décide de la promotion. J'ai voulu vous dire qu'il
y a dernièrement un policier chez nous qui a obtenu une promotion et
nous avons fait un grief et il a été
réintégré dans les cadres où il devait
être.
M. SEGUIN: C'est dire aussi que dans ce cas-là, par exemple dans
le cas des banlieues, lorsqu'il s'agit de faire avancer un capitaine au rang
d'inspecteur ou de directeur adjoint, étant donné le plus petit
nombre, le moins grand choix que les autorités de l'endroit ont, que son
avancement ou l'avancement de l'individu peut être un peu plus rapide que
dans la ville de Montréal. Je pense que c'est tout à fait normal
et je voudrais bien que ce soit entendu, par exemple, qu'il y a un très
grand degré de ressemblance entre la façon dont les promotions
sont faites dans les banlieues et à Montréal aussi.
M. MARCIL: Je vous ai dit tantôt qu'au premier niveau, ça
prend vingt crédits, l'année prochaine 30, 40 et 50; ça
prend le diplôme en techniques policières dans trois ans. Au
niveau de l'inspecteur, c'est fait à la discrétion du
directeur.
M. SAINT-GERMAIN: Il y a un autre facteur aussi, c'est qu'il y a des
villes de la banlieue qui ont doublé, triplé ou quadruplé
leur population en très peu de temps. Alors, un policier qui a une
séniorité minime peut se trouver à un moment donné,
à cause de l'amplification du corps de police... Il y a un vide...
M. MARCIL: Encore une fois, je répète que nous avions
demandé d'être consultés pour établir des
critères. Qu'on fasse une évaluation, qu'on établisse des
normes et qu'au sein de la Commission de police nous soyons mandatés,
que l'on soit un policier de banlieue, de Montréal ou par l'entremise de
la fédération, pour établir des critères. Je pense
que, lorsque ces critères seront établis, déjà tout
le monde en place saura à quoi s'en tenir, et je pense qu'à ce
moment-là, les règles de justice, on pourra les
établir.
M. SAINT-GERMAIN: Comme critères, est-ce que c'est simplement une
question d'examens, de connaissances professionnelles ou de connaissances
techniques?
M. MARCIL: Non, je ne pense pas qu'on puisse prendre comme
critères la ville qui aurait le plus petit corps policier, disons de
quatre membres. Il est difficile aussi, je vous l'ai dit tantôt, qu'un
policier qui fait carrière à Pointe-Claire ou dans une autre
ville, c'est un type qui répond aux besoins d'une communauté. Ce
que les policiers m'ont bien demandé, j'en profite pour l'exprimer
à la commission qui est ici, c'est que les policiers de banlieue
désireraient demeurer dans leur banlieue.
Je pense que si, à un moment donné, ils désirent
faire une mutation ou sortir, ce qu'ils appréhendent le plus, c'est que
du jour au lendemain ils partent d'une communauté où ils ont
travaillé peut-être pendant dix ou quinze ans pour se retrouver
dans une autre communauté.
C'est peut-être sur le plan humain, mais je pense que cela devrait
être retenu: il faut que ces policiers-là restent en place dans
leur banlieue.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: J'ai une question là-dessus M. Marcil. Je veux
être bien sûr que je comprends votre point de vue sur la
normalisation ou l'uniformisation des grades. Est-ce que vous dites que les
policiers ou les officiers des banlieues, une fois intégrés dans
le grand groupe de la Communauté urbaine, devraient garder le grade
qu'ils avaient ou l'équivalent chez vous si, d'après les
critères en vigueur chez eux ils ont gravi normalement les
échelons? Est-ce que c'est' ça que vous voulez dire?
M. MARCIL: Dans un sens, oui.
M. BURNS: Même si les échelons qu'ils ont gravis ou la
façon dont ils les ont gravis tout en étant conformes... Je
m'excuse, cela a peut-être l'air enchevêtré. Mais, tout en
étant conformes au système de leur banlieue, ces échelons
n'étaient pas conformes aux vôtres. C'est ça que vous
voulez dire?
M. MARCIL: D'accord. Je pense qu'il serait arbitraire à ce
moment-là d'exiger des 23 villes qu'elles aient eu un seul
système alors qu'il y a 23 systèmes différents. Je pense
qu'il serait arbitraire de dire qu'on établit un tel système. Je
ne pense pas que ce doive être un des critères. Je pense qu'on
doit regarder l'ensemble des critères, de quelle façon la
promotion a été faite, l'âge d'entrée du policier et
de quelle façon il a accédé aux grades. S'il a cinq ans de
service et qu'il est rendu inspecteur-chef, encore une fois, je pense que ce
sont des critères qu'on devrait retenir, étudier et mettre en
vigueur avec la Commission de police.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Le député d'Olier.
M. PICARD: M. Marcil, d'après les propos que vous avez tenus sur
cette question de
normalisation des grades ou des fonctions des policiers, je vois que
c'est une question qui va être très importante et qui peut
créer d'énormes problèmes dans les mois à venir.
Est-ce que vous êtes satisfait du fait que le projet de loi
prévoit que ce travail soit fait par la Commission de police? Ce qui
m'inquiète c'est qu'on dit que c'est la Commission de police qui va
avoir la responsabilité de le faire. A l'article 31 du paragraphe 2, on
dit que "le président de la Commission de police pourrait
désigner un ou plusieurs enquêteurs aux fins de procéder
à l'enquête dans chaque municipalité". Est-ce que cet
enquêteur seul disons qu'il y en a un va être capable
de réellement comprendre tout ce qui...?
M. MARCIL: C'est pour ça qu'on vous demande d'établir des
critères. C'est que la Commission de police n'ayant pas de
critères pourrait désigner deux enquêteurs dans deux villes
différentes et les deux appliqueraient des normes ou des critères
complètement différents. Ils n'ont pas de ligne de conduite.
Alors un reviendrait avec un rapport disant qu'un tel devrait avoir son grade
normalisé. C'est pour ça qu'en vous demandant qu'on
établisse des critères, les deux officiers-enquêteurs vont
s'en aller avec des critères bien établis qu'un tel officier
remplit sa fonction selon des critères non pas simplement sur l'opinion
de l'enquêteur comme tel.
M. CHOQUETTE: Je pense que tout le monde s'entend, M. le
député et M. Marcil, qu'avant de procéder à
l'évaluation du personnel et à la normalisation des grades, il y
aura consultation entre la Commission de police, le groupe de M. Marcil,
c'est-à-dire la fraternité, le groupe des policiers de banlieue,
s'il y a lieu, des représentants des cadres et des chefs de police pour
qu'on établisse certains barèmes applicables à ces
situations-là. Est-ce que c'est clair?
M. PICARD: C'est très important même.
M. MARCIL: Parfait. Peut-être aussi, M. le ministre, dans l'esprit
que vous établissez à l'article 3 de la page 13: "Le
secrétaire de la commission communique à chacun des membres du
corps de police de la municipalité intéressée dans la
mesure où il est affecté, les conclusions de l'enquête et
le délai imparti pour demander par écrit une révision de
la conclusion." Nous disons aussi que la fraternité doit recevoir les
mêmes avis.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas d'objections. Parfait.
M. MARCIL: La même chose s'applique à l'article 4, M. le
Président. C'est que le policier en question peut se faire
représenter par la fraternité qui le représentait,
à l'article 4.
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire soit par la Fraternité des
policiers de Montréal ou par un autre syndicat.
M. MARCIL : Je pense que cela devrait être son syndicat pour que
le type qui va être représenté puisse dire: C'est mon
syndicat. Je ne voudrais pas penser qu'on pourrait le léser. Je pense
qu'il serait plus juste que son syndicat le représente.
M. CHOQUETTE: De toute façon, il peut se faire
représenter, cela, c'est sûr.
M. MARCIL: Messieurs, à l'article 8, c'est peut-être une
technicité. Par la transmission de ses décisions, le paragraphe
8, les membres salariés du corps de police de la municipalité
concernée sont versés à l'unité de
négociation pour laquelle la Fraternité des policiers de
Montréal inc. est acréditée et leur traitement et
conditions de travail sont régis rétroactivement par la
convention collective conclue par l'application de l'article 31. Mais je pense
qu'il y a une erreur, c'est l'article 30. Ce qui arrive, le corps de police est
intégré, se joint à la convention collective de la
fraternité et cette convention cellective n'a pas été
signée avec le Conseil de sécurité.
M. CHOQUETTE: Voulez-vous répéter cela, M. Marcil, je ne
saisis pas.
M. MARCIL: C'est que, pour les besoins, le type du corps de police qui
est transféré devient partie intégrante de la
fraternité.
M. CHOQUETTE: C'est ça.
M. MARCIL: Et devenant partie de la fraternité, il prend une
convention qui n'a pas encore été signée avec la
communauté, quelle que soit la convention qui le régisse. C'est
une technicité, remarquez bien, qui pourrait arriver si cela prend du
temps.
M. CHOQUETTE: C'est la convention collective que vous allez conclure
avec le conseil de sécurité pour l'année 1972.
M. MARCIL: Mais pas conclue encore, quelle convention la
régit?
M. CHOQUETTE: Rétroactivement, celle de 1972, parce que la
convention collective que vous allez passer, elle va rétroagir au 1er
janvier 1972.
M. MARCIL: C'est peut-être une technicité, mais au moment
où il s'intègre, la convention collective n'est pas
signée.
M. CHOQUETTE: Bien il ne faut pas...
M. MARCIL: Eh bien, elle n'est pas en
vigueur. Nous ne nous sommes pas entendus avec le Conseil de
sécurité. Je vous le dis, c'est une technicité. Cela
devrait être celle de Montréal, je pense, qui s'appliquerait,
comme elle va s'appliquer avec nous par intérim.
M. CHOQUETTE: Je crois.
M. MARCIL: Dans le paragraphe 8, deuxième alinéa: Les
membres salariés du corps de police de la municipalité
concernée sont versés à l'unité de
négociation pour laquelle la Fraternité des policiers de
Montréal inc. est accréditée. Nous avons, nous, dans notre
accréditation, jusqu'au grade de capitaine. Il se peut je n'ai
pas fait le relevé qu'il y ait des capitaines qui ne soient pas
accrédités, qui ne fassent pas partie de l'accréditation,
qui fassent partie de l'état-major dans certaines banlieues. Nous , ce
que nous demandons, c'est que le type, à ce moment-là, fasse
partie de notre accréditation.
M. CHOQUETTE: Cela va de soi.
M. PICARD: Est-ce qu'à Montréal, cela va de soi?
M. MARCIL: Ce n'est pas tellement clair. La date...
M. CHOQUETTE: Cela va être l'unité de négociation
qui va être déterminante. Alors, si quelqu'un n'était pas
régi par une convention collective et qu'il tombe au service de la
communauté pour laquelle vous êtes accrédités, il
tombe automatiquement dans votre syndicat.
M. MARCIL: Peut-être qu'on devrait marquer: membres
salariés versés à la fraternité en vertu de
l'accréditation.
M. CHOQUETTE: M. Marcil, quand on essaie de faire dire au texte plus que
ce qu'on en peut déduire, il arrive qu'on puisse s'empêtrer. C'est
la raison pour laquelle vous voulez qu'on précise un texte qui, pour
moi, est clair comme de l'eau de roche. Je veux dire: Vous avez une
unité qui a été définie dans une
accréditation. Que fait-on? On dit: On la connaît
légalement. Par conséquent, aujourd'hui, les conditions
déterminées pour votre unité de négociation
s'appliquent "at large" pour toute la Communauté urbaine.
M. MARCIL: C'est parfait, M. le ministre.
M. PICARD: M. Marcil, est-ce que les capitaines sont inclus dans vos
conventions?
M. MARCIL: Oui.
M. PICARD: Les capitaines sont inclus?
M. MARCIL: Oui.
M. PICARD: Ce sont seulement les inspecteurs et les directeurs dans les
cadres?
M. MARCIL: Je m'excuse...
M. PICARD: On m'a donné la réponse.
M. MARCIL: A l'article 31-10, on pourrait aussi rattacher ce texte, M.
le Président, à l'article 46. Présentement, l'article 10
dit: "Les traitements et conditions de travail des policiers des
municipalités autres que la ville de Montréal continuent de
s'appliquer tels qu'ils existent le 10 décembre 1971 jusqu'à ce
que le paragraphe 8 s'applique, c'est-à-dire jusqu'à
l'intégration en vertu de l'accréditation de la
fraternité." Le problème actuel, c'est que nous avons, par ce gel
des conventions collectives, des conventions collectives qui ont expiré
en septembre et d'autres en avril. Vous avez, à l'article 46, le
transfert des policiers-pompiers prévu au 1er janvier 1973. Je prends
comme exemple les policiers de Côte-Saint-Luc dont la convention
collective s'est terminée le 1er septembre c'est-à-dire que, pour
une période de trois ou quatre mois, leur salaire est gelé. Leur
salaire est gelé pour toute l'année 1972. Ils sont
intégrés en 1973. Quel est le mécanisme qui va
prévoir que ces policiers vont retirer leur salaire de
l'intégration pour 1972 et une augmentation de salaire pour les trois ou
quatre mois de 1971?
M. CHOQUETTE: Vous devrez négocier ces conditions au cours de
votre propre négociation avec le Conseil de sécurité. Vous
comprenez ce que je veux dire? Faites-en un sujet de négociation avec le
Conseil de sécurité.
M. MARCIL: C'est quelque chose de bien délicat. J'ai parlé
aussi aux policiers de banlieue. Je me place dans une position où nous
allons négocier et, je pense qu'encore une fois nous avons essayé
de trouver. Je demandais aux policiers impliqués quel devrait être
le salaire qui leur donnerait satisfaction pour 1971. A un moment donné,
on peut me critiquer et dire: Toi, tu as eu un tel salaire alors que, dans les
autres villes de banlieue, on a eu un salaire qui était peut-être
de $300 ou $400 en dessous du nôtre. Il est difficile à ce
moment-là d'établir des barèmes vis-à-vis de ces
policiers. Il arrive aussi qu'une ville Mont-Royal où
depuis le 1er avril c'est terminé et où vous avez une convention
collective de 1971, une de 1972 et nous sommes rendus à 1973. Ces
policiers, encore une fois, n'ont rien reçu. Je pense à ce qu'ils
m'ont dit. Remarquez bien qu'ils sont conscients des problèmes que cela
cause. Ce qu'ils ne veulent pas perdre c'est, en fait, une augmentation de
salaire aussi pour 1971 et 1972, quitte à donner quelque chose
rétroactivement.
Dans ce contexte-ci je ne vois absolument aucun mécanisme qui
permettrait à la fraterni-
té de négocier des augmentations pour 1971 et de donner
aux policiers le salaire négocié par la fraternité en
totalité pour 1972.
M. CHOQUETTE: On va calquer ce point-là, M. Marcil. On va vous
donner le droit de négocier, pour la partie de l'année 1971 avant
le 31 décembre, les conventions collectives qui n'ont pas existé
ou qui n'existent pas à l'heure actuelle.
M. MARCIL: Avec qui est-ce que je vais négocier?
M. CHOQUETTE: Avec le Conseil de sécurité.
M. MARCIL: Je négocie avec le Conseil de sécurité
pour un contrat de travail que ces policiers-là avaient en 1971 avec la
ville de Côte-Saint-Luc et l'autre avec la ville... Je m'en vais, moi Guy
Marcil et je dis: Je viens négocier avec vous. C'est ce que vous voulez
dire?
M. PICARD: C'est tout enregistré, ce que vous venez dire.
M. MARCIL: Remarquez bien: c'est que vous avez une entité
à ce moment-là qui est la ville jusqu'au 31 décembre 1971
et vous avez une Communauté urbaine qui vient à l'existence.
M. CHOQUETTE: Quelles sont les municipalités dans ce
cas-là?
M. MARCIL: Il y en a deux ou peut-être plus. A Mont-Royal, le
contrat est expiré depuis le 1er avril et à Côte-Saint-Luc
on me dit depuis le 1er septembre pour les policiers-pompiers. Les treize corps
de police qui représentent 450 policiers-pompiers peuvent être
intégrés simplement en janvier ou février 1973.
M. CHQQUETTE: Evidemment, vous savez qu'actuellement des villes peuvent
négocier avec des corps policiers des conventions collectives. Le
Conseil de sécurité peut intervenir pour réduire le
résultat de la négociation si cela dépasse certaines
normes. C'est un pouvoir qui existe déjà dans la Loi de la
Communauté urbaine.
M. MARCIL: L'article 10 dit: Les traitements et conditions de travail
des policiers des municipalités autres que celles de Montréal
continuent de s'appliquer telles qu'elles existent le 10 décembre 1971
jusqu'à ce que le paragraphe 8 s'applique". Le paragraphe 8 c'est
lorsqu'ils sont intégrés. Leur salaire est gelé, leur
convention est gelée jusqu'à ce qu'ils se conforment à
l'article 8 et à ce moment-là ils prennent rétroactivement
la convention collective de la fraternité.
Il faut enlever le gel là-dessus pour les policiers-pompiers et
donner une chance aux autres, qui n'ont pas négocié leur
convention collective, de négocier au moins leur convention collective
pour 1971.
M. CHOQUETTE: On pourrait, quitte à laisser le Conseil de
sécurité exercer les pouvoirs qui lui sont reconnus dans la loi
actuelle de la communauté, à savoir de réduire une
augmentation qu'il trouve excessive. On peut très bien faire cela.
Prenons par exemple le cas d'Hampstead, dont on a discuté ce
matin, qui a obtenu des conditions qui, nous dit-on, seraient
supérieures à celles de la ville de Montréal.
M. MARCIL: Non. Nos policiers d'Hampstead ont négocié leur
contrat pour 1972 et nous faisons une projection. Si vous dites qu'en 1972 nous
n'aurons pas le salaire d'Hampstead, nous serions bien déçus
parce que nous comptons bien...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas moi qui vais négocier avec vous, M.
Marcil. Il ne faut pas me poser ces questions-là à moi.
M. MARCIL: Pour une fois, on changerait de parité.
M. PICARD: C'est une nouvelle parité alors. Après
Hampstead, vous aurez Toronto. Là, c'est Hampstead. Pour l'an prochain,
est-ce que ce sera New York?
M. MARCIL: On revient dans le produit québécois.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, M. Marcil, pour le problème que vous avez
soulevé, nous allons soit adopter la dernière solution ou la
première que j'ai mentionnée, mais l'une ou l'autre.
M. MARCIL: D'après ce que vous mentionnez, ces
policiers-là ne perdront pas les salaires qui leur sont dus en 1971,
1972?
M. CHOQUETTE: Pour lesquels, ça?
M. MARCIL: Les policiers que je vous ai mentionnés, comme ceux de
Côte-Saint-Luc et de Mont-Royal. D'après ce que vous dites, ils ne
perdront pas l'augmentation qui leur est due pour 1971, c'est ce que vous me
dites.
M. CHOQUETTE: Non.
M. MARCIL: Alors à ce moment-là, pour 1971, ils n'ont pas
d'augmentation de salaires.
M. CHOQUETTE: Je dis que nous allons trouver une formule de
négociation, soit par votre entremise ou par leur fraternité
actuelle.
Vous comprenez ce que je veux dire. Vous
n'avez pas l'air de vouloir vous charger de ce mandat-là.
M. MARCIL: Remarquez bien le fait de me donner le mandat ne me fait
rien. Ce que je veux, c'est que les policiers aient une augmentation pour 1971.
La seule précision que je vous pose, c'est sur le détail
technique. A ce moment, je m'en vais négocier à leur place, avec
la ville de Hampstead ou avec la ville de Mont-Royal.
M. CHOQUETTE: C'est pour ça qu'on va peut-être utiliser
l'autre procédé que j'ai suggéré à savoir
que leur fraternité actuelle puisse continuer à les
représenter dans ces cas-là.
M. BURNS: M. le ministre, à propos de cette dernière
suggestion, est-ce que ce n'est pas un peu incompatible avec ce que vous disiez
tantôt, c'est-à-dire que ces policiers deviennent, à toutes
fins pratiques, des employés de la CUM à compter du 1er janvier
1972?
M. CHOQUETTE: Leur convention collective individuelle continue à
subsister nonobstant.
M. BURNS: D'accord.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas absolument incompatible avec le fait que leur
fraternité négocie une convention collective, rétroactive
en 1971, et applicable jusqu'à l'intégration au cours de
l'année 1972 ou 1973. J'admets que ça pose un problème
très délicat.
M. BURNS: En plus, c'est que la ville ou la municipalité en
question, sans vouloir lui prêter des intentions, serait un peu folle de
négocier quelque chose d'intéressant, qu'elle va être
obligée de payer pour puis ensuite transférer ses policiers
à la CUM. J'ai l'impression que cela met ces deux groupes dans un
état d'infériorité au point de vue de la
négociation.
M. CHOQUETTE: Bref, je vais penser à une solution à ce
problème-là. Là, je ne l'ai pas ce soir, mais je vais y
penser.
M. MARCIL: Il y a un autre problème qui pourrait peut-être
être envisagé dans les solutions. Qu'est-ce qui arriverait si la
Communauté urbaine embauchait, disons le 5 janvier, deux cents
policiers? Par quelle convention seraient-ils régis?
M. CHOQUETTE: Mais je pense que cela ne se produira pas, M. Marcil. A
notre sens, cela est assez hypothétique.
M. MARCIL: Parfait. Le Conseil de sécurité devrait
être avisé des problèmes que pourrait causer le fait de
faire l'embauche de policers du moins jusqu'à ce que ceci soit
déterminé. A l'article 32: "Une association représentant
les policiers d'une municipalité est dissoute par l'avis donné
par la Commission de police du Québec au ministre du Travail de la
transmission de ces décisions au Conseil de sécurité
suivant le paragraphe 7, de l'article 31 et la Fraternité des policiers
de Montréal inc. succède à ses droits et obligations".
Nous suggérons, M. le Président, qu'un rapport
détaillé sur la situation financière, en date du 10
décembre, soit envoyé dans un mois de l'adoption de cette loi. Je
m'explique: Nous prenons les actifs et nous prenons le passif. Il y a
déjà une ville que nous connaissons et qui réellement, a
des problèmes financiers. Nous sommes bien d'accord: nous allons payer
la facture. S'il fallait que hypothétiquement les villes, tout le monde,
dilapident leurs fonds, à ce moment-là nous serions placés
dans une situation financière assez difficile.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. MARCIL: A la page 15, à l'article 35: "Le Conseil de
sécurité entame sans délai des négociations
nécessaires". Entame avec qui? Il manque peut-être quelque chose,
M. le Président, c'est que le Conseil de sécurité entame
avec la Fraternité des policiers de Montréal inc., il manque
quelque chose à l'article 35.
M. CHOQUETTE: Les articles 35 à 40 subiront une révision
complète. Nous connaissons la nature des problèmes que vous avez
déjà soulevés et je crois que l'on pourra y
répondre.
M. MARCIL: A l'article, j'aimerais peut-être aussi souligner le
fait du mandat qui nous est donné, par cette loi, de négocier les
fonds de pension. Je dois ajouter quelque chose à ce que le
président du fonds de pension a dit, ce président qui,
incidemment, est très qualifié, pour dire ce qu'il avait à
dire. Je dois vous dire cependant que, nous de la fraternité, nous
considérons l'ABRPM d'une façon assez jalouse, avec un
nationalisme peut-être assez farouche et que les années que nous
avons passées au service de la police ne sont souvent que le
résultat d'un fonds de pension qui nous permet peut-être, à
un âge relativement jeune, de retourner dans une société et
d'être compris par cette même société.
Je vous dis que, pour nous, l'ABRPM est l'institution qui a toujours
été reconnue par nos membres. Encore une fois, je souligne
à cette commission que l'ABRPM, pour nous, sera toujours l'organisation
représentant les policiers.
Il y a peut-être le côté technique. Qui peut
négocier à l'article 36 pour les policiers mentionnés?
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce qu'il dit? Non, il n'y a pas de problème
avec cela. La caisse de retraite continue à exister.
M. MARCIL: Oui, mais quand vous parlez de négociations, vous
dites que le syndicat de la fraternité négocie.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. MARCIL: Il négocie pour les gens qui sont
accrédités en vertu de son mandat ou qui sont
accrédités dans d'autres corps de police. Pour les
pensionnés, mon certificat d'accréditation ne parle pas des
pensionnés. Si nous devions, à un certain moment, faire des
représentations pour les pensionnés, est-ce qu'en vertu de cette
loi nous serions reconnus comme les agents pouvant négocier les
bénéfices additionnels au fonds de pension?
M. CHOQUETTE: Il me semble que tous les syndicats le font. Dans la
plupart des fonds de pension, les clauses de fonds de pension se trouvent aux
conventions collectives. Alors, s'il y a des représentations à
faire pour ceux qui bénéficient de la pension, le syndicat peut
très bien les faire. Je ne crois pas que l'on soit obligé de
préciser ceci dans les moindres détails.
M. MARCIL: En pratique, cette année, nous avions
présenté, à l'article 301, une pension indexée pour
le policier qui est en fonction et qui prend sa pension. On nous a
refusé cet article en se basant strictement sur le fait que notre
accréditation ne couvrait que les policiers en fonction au service de la
police. Il faut dire que c'est une technicité.
M. CHOQUETTE: Je crois que ce sont des technicités qui nous ont
été soulevées à tort.
M. MARCIL: Ecoutez, si vous me dites...
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire, M. Marcil, on ne peut pas dire dans
un texte de loi, qu'on va vous accréditer pour négocier pour des
gens qui ne sont plus dans votre unité syndicale.
M. MARCIL : Dites-moi au moins que le fonds de pension pour les
pensionnés, nous avons le droit de le négocier ou de le
revendiquer.
M. CHOQUETTE: Oui, mais revendiquer, tout le monde a le droit de
revendiquer...
M. MARCIL: Sans revendiquer, je m'exprime mal. Disons qu'il a le droit
de négocier des bénéfices additionnels à ces
pensionnés.
M. CHOQUETTE: Qui négocie pour les pensionnés à
l'heure actuelle?
M. MARCIL: C'est le fonds de pension, c'est l'association de
l'ABRPM.
M. PICARD: Vous ne les considérez pas assez compétents
pour le faire eux-mêmes?
M. MARCIL: Ce n'est pas ce que je dis. Je demande l'explication sur la
loi. Si vous me dites que c'est la fraternité, je vous explique les
problèmes que cela peut poser. La seule chose que je demande, c'est que
quelqu'un soit reconnu au moins pour les représenter.
M. BURNS: Il se pose un problème, en fait, M. le ministre. Si
vous dites pour les policiers qui continuent à être en fonction,
d'accord. L'ABRPM continue à avoir juridiction. Mais cette même
association, que risque-t-elle de se faire dire quand elle rencontre, à
un certain moment, soit la CUM, le Conseil de sécurité, pour
parler des pensionnés qui sont déjà à la retraite?
C'est-à-dire des gens qui sont représentés par eux, mais
qui n'ont jamais rien eu à faire avec la CUM. Je crois que c'est cela le
problème qui se pose. Est-ce qu'elle se fait dire tout simplement: Ceci
est un problème réglé, vous les avez réglés
avec la ville dans le temps; ne nous "achalez" plus avec cela.
M. CHOQUETTE: Non, parce que le fonds de pension, dans ce cas-là,
continue. C'est le même fonds de pension. Ce n'est pas un fonds de
pension de la ville, c'est un fonds de pension indépendant de la ville
de Montréal, le fonds de pension de l'association de bienfaisance.
M. BURNS: Qui est administré de façon indépendante,
mais qui reçoit quand même des fonds de la ville en plus des fonds
que les policiers émettent eux-mêmes.
M. CHOQUETTE : Oui, mais là, on coupe les cheveux en quatre,
parce que si, à un moment donné, ils s'agit de négocier
des bénéfices additionnels pour des gens qui sont à leur
retraite, c'est clair, à mon sens, que vous allez en même temps
négocier des bénéfices futurs pour vos membres. Par
conséquent, les bénéfices futurs que vous négociez
pour vos membres, s'ils se prolongent naturellement à ceux qui sont
à leur retraite, ceux qui vont être à leur retraite vont en
bénéficier. Mais supposons que vous négociez une
réduction pour les gens qui sont à leur retraite, on ne peut pas
vous donner le pouvoir de négocier pour eux. C'est un droit individuel,
le droit à la pension. Il n'y a personne, en somme, qui peut venir dire:
Moi, je vais négocier pour des gens qui ne sont plus dans le syndicat.
On peut améliorer les conditions par la négociation et tant mieux
si cela a ces répercussions-là, mais je ne vois pas comment on
peut accréditer quelqu'un pour dire: En plus de représenter votre
unité de négociation, on va vous donner le pouvoir de
représenter une classe X de gens qui peuvent avoir un point de vue
X.
M. BURNS: Ils le font actuellement. N'importe quelle association qui
administre un fonds de pension représente même les
pensionnés. Sauf erreur, c'est...
M. CHOQUETTE: Elle représente... mais on ne peut pas dire qu'elle
représente des pensionnés. Elle a un fonds de pension, il y a des
pensionnés.
M. PICARD: Elle ne représente que les cotisants.
M. CHOQUETTE: Habituellement.
M. PICARD: Il est à sa pension et il fait partie des...
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez, le député d'Olier a
demandé la parole.
M. LASNIER: Le problème va se présenter d'une façon
assez cuisante dans l'avenir. D'une part, nous avons déjà
l'association de bienfaisance, de par l'historique de notre association qui a
été reconnue comme étant une institution qui
négociait les problèmes de pension pour tous les employés
actifs et pensionnés. Maintenant je constate dans le projet de loi que
l'on veut que la fraternité soit l'association accréditée
pour négocier la question des plans de retraite. Très bien.
D'autre part, nous avons le problème des pensionnés qui existe et
nous avons actuellement soumis à la ville de Montréal des projets
d'amendement, d'amélioration de bénéfices pour nos
pensionnés. Si d'une part, la fraternité devient l'association
accréditée pour négocier dans l'avenir les
bénéfices de pension, il faudrait aussi prévoir un
mécanisme, prévoir que l'institution, elle, va négocier
pour les pensionnés, ce que nous avons toujours fait dans le
passé. Maintenant, on change un peu le problème. Si la
fraternité devient l'agent négociateur, il ne faudrait pas
oublier que nous avons 900 pensionnés et que nous voulons apporter des
améliorations de bénéfices à ces gens-là.
C'est là qu'est le problème et nous voudrions bien voir dans la
loi une précision à cet effet-là, afin que nous ne soyons
pas pris devant l'inconnu.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, d'après le fonds de pension qui existe
à la ville de Montréal, est-ce qu'il est dit en noir et blanc que
l'APPM représente les pensionnés?
M. LASNIER: Oui.
M. CHOQUETTE: C'est dit.
M. LASNIER: Dans notre loi, oui.
M. CHOQUETTE: Dans votre loi? On va vérifier cela et, s'il y a
lieu, on fera les changements pour que ce soit la fraternité.
M. MARCIL: Si on prend peut-être seulement l'article 38, vous avez
parlé tantôt, M. le Président, du déficit actuariel.
On nous a assurés, semble-t-il, que des amendements se- raient
apportés pour que les villes puissent garantir le déficit
actuariel. Je n'ai peut-être pas saisi exactement. Est-ce que les villes
vont assurer le déficit actuariel jusqu'à une entente entre la
fraternité et le... jusqu'à quel point?
M. CHOQUETTE: Jusqu'au 31 décembre.
M. MARCIL: C'est peut-être encore un détail technique, mais
si, nous autres, pour nous conformer à la Régie des rentes, nous
devons... Disons que le déficit actuariel doit être garanti dans
un laps de temps, dans une période creuse, jusqu'à ce que nous
retournions à l'ABRPM, la Communauté urbaine, la première
seconde de son existence, va assumer un déficit actuariel. On est
d'accord? La première seconde de son existence la Communauté
urbaine assume un nouveau déficit actuariel et si, d'un
côté, les villes assument le déficit actuariel au 31
décembre, qui va assumer le déficit actuariel pour que l'on
puisse se conformer à la Régie des rentes?
Qui va assurer le déficit actuariel de la Communauté
urbaine à compter du 1er janvier?
M. CHOQUETTE: Ce problème est prévu dans les modifications
qu'on va apporter aux articles 35 à 40.
M. MARCIL: A la première lecture que nous avons faite, M. le
Président, de l'article 46, il nous a semblé que d'après
l'article 46, les policiers-pompiers n'étaient pas
intégrés en vertu de la loi. Tous les policiers ont
été intégrés, à l'exception des
policiers-pompiers, qui deviennent intégrés au plus tard le 1er
janvier 1973, après consultation avec les municipalités
concernées, le Conseil de sécurité décide des
conditions et modalités de l'intégration de ces
employés.
M. CHOQUETTE: Pourriez-vous répéter votre question, M.
Marcil?
M. MARCIL: J'ai dit, M. le Président, que d'après
l'article 46, notre interprétation est celle-ci, c'est que les
policiers-pompiers ne sont pas intégrés, ce qui semblait
être au début une intégration totale de toutes les forces
policières. L'article, au deuxième paragraphe, se lit: "Au plus
tard le 1er janvier 1973 et après consultation avec les
municipalités concernées, le Conseil de sécurité
décide des conditions et modalités d'intégration de ses
employés".
Oui, c'est justement qu'en attendant, la communauté loue leurs
services.
M. CHOQUETTE: M. Marcil, on me dit qu'en réglant le cas de
l'article 25 sur lequel on a déjà prévu de rayer les deux
dernières lignes, nous allons pouvoir, en même temps,
régler le cas de l'article 46.
M. MARCIL: Oui, mais nous aimerions, si
c'est l'interprétation que vous nous donnez, M. le ministre,
être consultés sur les modalités de cette
intégration. Je pense qu'il serait naturel que le comité soit
consulté sur les modalités de cette intégration.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. MARCIL: A l'article 58, nous nous gardions de parler de la Commission
de police à la fin. C'est que, premièrement, dans une des
remarques que vous avez faites ce matin, en ce qui concerne le budget, il nous
a semblé, dans vos remarques, M. le ministre, que la Commission de
police pourrait être l'organisme qui pourrait décider en appel du
budget du Conseil de sécurité. Le budget du Conseil de
sécurité étant presque en totalité, pour les
services de police, une question de salaire, il s'agit pour nous de budget ou
de négociations avec le Conseil de sécurité sur des
questions de salaire. Nous nous retrouverions peut-être, à un
moment donné, à un autre niveau, celui de la Commission de
police, pour pouvoir encore une fois convaincre cet organisme. Si vous me dites
que c'est...
M. CHOQUETTE: Pas lors du budget, par exemple. Lors du budget, vous
n'avez pas d'affaire à être là parce que le budget est une
question qui regarde le Conseil de sécurité...
M. MARCIL: D'accord.
M. CHOQUETTE: ... qui regarde la communauté. Que les
prévisions budgétaires soient suffisantes ou insuffisantes, ce
n'est pas votre problème.
M. MARCIL: D'accord, mais en appel de budget. Ce que vous disiez ce
matin, ce que j'ai cru retenir de vos paroles, c'est que si, à un moment
donné, on en appelait de la décision du budget que la
communauté doit entériner, c'est que la Commission de police
pourrait dire, réellement, le budget est excessif. Est-ce que c'est
l'idée, est-ce que j'ai bien saisi, au chapitre des salaires par
exemple?
M. CHOQUETTE: Non, j'ai soulevé ça comme une
possibilité parce que ça se passe comme ça à
Toronto et ce serait peut-être une façon de régler le
problème. Une autre façon de régler le problème
serait que, tout comme le budget de la communauté, le budget du Conseil
de sécurité pour la police soit déposé au conseil
de la communauté, que là, il puisse faire l'objet d'une
discussion et que, s'il n'est pas adopté au bout de x jours, quinze
jours par exemple, comme le budget de la communauté dans l'état
actuel des choses, il s'adopte automatiquement. Alors...
M. MARCIL: Sur le mécanisme d'appel à la Commission de
police, lors d'une augmentation de salaire, on reviendrait à l'ancienne
clause, lorsque celle-ci est excessive, il apparaît que le Conseil de
sécurité... Mais là, c'est la Commission de police qui
aurait ces pouvoirs.
M. CHOQUETTE: Non. Je pense qu'il faut toujours faire une distinction
quand on parle de budget et de salaire. Il est vrai que dans un budget on
prévoit certains salaires. Par exemple, le gouvernement du Québec
arrive et dépose un budget, disons le 30 avril. Il prévoit tant
pour les salaires. On sait très bien qu'il est possible qu'à la
suite des négociations de réouverture de conventions collectives,
ces dernières donnent des résultats différents du budget.
Le budget qu'un gouvernement dépose ne prévoit jamais, ou ne doit
pas prévoir les augmentations à résulter de
négociations dans une convention collective parce que ce serait vous
annoncer d'avance ce qu'on va vous donner. Ce ne serait pas de la bonne
négociation, vous admettrez.
M. MARCIL: Nous avons retenu les remarques de celui qui nous a
précédé, M. Destroismaisons, en Ce qui concerne la
création d'un bureau du personnel. Nous aimerions, nous, retenir la
formule stipulant que la fraternité négocierait au niveau du
Conseil de sécurité. Sans faire un retour sur le passé,
nos négociations ont toujours été assez lentes au niveau
du bureau du personnel et cela a peut-être été l'un des
facteurs.
M. CHOQUETTE: La situation des policiers et celle des fonctionnaires ne
sont pas identiques, vous allez l'admettre avec moi.
M. MARCIL: Je voulais simplement souligner que nous aimerions retenir la
formule d'avoir un interlocuteur valable qui serait le Conseil de
sécurité.
M. CHOQUETTE: C'est ce qui est prévu dans le texte.
M. MARCIL: A la page 20, article 53, on lit: "En priorité, mais
après consultation avec les associations qui représentent les
policiers et fonctionnaires du service de la police de la Communauté
urbaine de Montréal, le directeur de ce service prépare et soumet
au Conseil de sécurité et à la Commission de police du
Québec un plan d'allocation des ressources urbaines." Bon c'est
très bien. Aussi, "des plans partiels peuvent être soumis". Nous
en déduisons aussi que les associations seront avisées ou seront
consultées.
Au deuxième paragraphe, nous lisons: "Le Conseil de
sécurité approuve ce plan, avec ou sans modifications, et le
transmet à la Communauté urbaine qui en donne avis aux
municipalités sans délai. Dans les quinze jours de la date
d'expédition de cet avis, une municipalité ou une association de
policiers ou de fonctionnaires peut appeler à la Commission de police la
décision du Conseil de sécurité. La Commission
de police entend les parties." C'est le paragraphe qui nous dit un peu:
"En l'absence d'appel, la commission peut, de sa propre initiative, convoquer
le Conseil de sécurité." Nous disons à ce moment-ci: Vous
avez une entité, vous avec un Conseil de sécurité, vous
n'avez pas eu d'appel. Nous nous demandons pourquoi la Commission de police
peut, de sa propre initiative, reviser tout ce qui a été entendu
sans appel.
M. CHOQUETTE: Je note la suggestion, M. Marcil.
M. MARCIL: A ce stade-ci, M. le Président, je tiens à vous
remercier ainsi que les membres de la commission. Encore une fois, nous avons
eu une oreille attentive et, au nom des membres et en celui des 5,000 policiers
de la fraternité, je tiens à vous remercier de nous avoir
écoutés.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Marcil. M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Je ne prolongerai pas les débats, les discussions
et les distinctions d'aujourd'hui. Je pense que chaque groupe qui a comparu
devant nous a vraiment contribué à améliorer ce projet de
loi. Vous pouvez être assurés que nous allons considérer
très sérieusement toutes les suggestions qui ont
été faites. Je peux vous assurer dès maintenant que
beaucoup d'entre elles seront retenues. Je vous remercie de votre contribution
au travail de cette commission. Je souhaite que le nouveau régime que
nous allons instituer donne des résultats favorables tant à la
population de Montréal qu'aux policiers qui vont assurer la protection
des citoyens dans l'Ile de Montréal à partir du 1er janvier.
M. PAUL: M. le Président, je veux joindre ma voix à celle
du ministre pour féliciter et remercier tous ceux qui nous ont
présenté des mémoires et qui nous ont permis de saisir
certains aspects ou détails techniques de la loi qui commandent des
modifications et des amendements. J'ai été heureux d'apprendre
que le ministre avait l'intention de présenter ces amendements pour
lundi ou mardi.
Je présume que toutes les recommandations qui ont
été faites, sans être entièrement retenues, pourront
se matérialiser, se concrétiser par des amendements afin de
donner protection à tous les corps de police en même temps que ces
amendements permettront une entrée totale des officiers de police et des
corps de police dans la Communauté urbaine de Montréal. Je crois
que tous en retireront des bénéfices et avantages.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aimerais au nom de mon parti remercier tous les groupes qui
se sont présentés à la commission parlementaire d'avoir
envisagé le problème d'abord sous l'aspect humain et on l'a
démontré ce soir. Je voudrais remercier ceux qui nous ont permis
de modifier le projet de loi. J'endosse les paroles du député de
Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je dois aussi remercier tout le monde de sa contribution.
Quant à moi, j'ai trouvé cette commission très positive je
dirais même très instructive pour tous les membres de la
commission. Je pense que c'est la grande valeur de la contribution des diverses
associations et des divers organismes qui se sont présentés
devant nous. Nous avions à démontrer que ce projet de loi no 281
comportait des lacunes. Je le dis sans faire grief au ministre, au contraire.
Personne n'est parfait en ce monde. Grâce à ces remarques et
grâce aussi à l'annonce que le ministre prend en
considération les diverses remarques faites on pourra en sortir avec un
meilleur projet de loi.
C'est surtout pour ça que je remercie tout le monde qui a
contribué à ces séances.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux ajouter quelque chose à ce que
vous avez dit? Les représentations qui nous ont été
faites, tout en nous permettant de perfectionner notre projet, m'ont
amené à la conclusion que nous étions dans la bonne
voie.
M. BURNS: Vous avez remarqué qu'on a voté en faveur du
principe. Je vous dis encore une fois que je ne vous en fais pas grief.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verdun.
M. CARON: Pour ma part, je voudrais remercier tous les gens qui sont
venus ici faire leur exposé. En deuxième lecture, j'avais dit au
ministre que j'étais favorable à l'intégration mais que
j'avais certains doutes sur quelques articles. A la manière dont le
ministre nous a éclairés sur certains doutes ainsi que son
personnel, ça me fera plaisir de voter favorablement en troisième
lecture.
M. BURNS: Est-ce que vous parlez au nom du député de
Robert-Baldwin?
M. CARON: Non, non.
M. SAINT-GERMAIN: Je dois remercier ceux qui sont venus ici ce soir. Je
crois qu'on a travaillé d'une façon positive. Comme je
représente une population qui va à l'avenir payer les pots
cassés, je dois en toute logique m'abstenir de remerciements.
M. LE PRESIDENT: La commission est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 23 h 8)
ANNEXE A
Groupement des chefs de police et d'incendie de la
ville de Pointe-Claire
Messieurs,
Mon nom est Jean Legault, directeur du service de police de la ville de
Pointe-Claire. Je représente ici le groupement des chefs de police et
d'incendie du secteur ouest de l'île, afin de vous présenter les
parties du bill 281 qui, dans l'opinion de nos membres, sont
discriminatoires.
Tel que le bill est présentement écrit, seuls les membres
du service de police de banlieue doivent être évalués et
nous demandons que ce bill soit modifié et éclairci et, en
particulier, les articles suivants:
ARTICLE 241 (a) 10 "Les policiers du service de police qui ne
sont pas des salariés au sens du code du travail sont nommés sur
la recommandation du directeur et ils restent en fonction durant bonne conduite
et jusqu'à l'âge de la retraite que détermine le Conseil de
sécurité. Une fois fixée, l'âge de la retraite ne
peut pas être réduit.
Ils ne peuvent être destitués que par la Commission de
police du Québec après enquête faite par elle à la
demande du Conseil de sécurité ou du directeur. La
décision de la Commission est sans appel.
Les articles 93, 94 et 95 ne s'appliquent pas aux policiers
mentionnés au présent article."
Ceci s'applique-t-il aux employés actuels ou aux nouveaux
employés?
Et nous croyons que l'âge de retraite devrait être
spécifiée ici.
ARTICLE 26 "Les traitements et bénéfices sociaux
des policiers et fonctionnaires transférés ne peuvent être
réduits par suite de ce seul transfert et aucun de ces policiers ou
fonctionnaires ne peut être congédié ou mis à pied
par la seule raison de la mise en application des dispositions de la
présente loi.
Tout policier ou fonctionnaire transféré peut demander au
Conseil de sécurité, dans les huit jours, de reconsidérer
une décision qui l'affecterait en violation des dispositions du
présent article.
Sur refus du Conseil de sécurité de rescinder ou de
mofidier cette décision, l'employé concerné peut, dans les
huit jours de la communication qui lui en est faite par écrit, loger un
appel de cette décision à la Commission de police du
Québec qui décide en dernier ressort et, le cas
échéant, adjuge également les dépens.
Que signifie "les bénifices sociaux et traitements qui ne seront
pas réduits seulement à la suite d'un transfert? "
Nous suggérons que cet article soit modifié en rayant les
mots suivants: "Seulement à la suite d'un tel transfert". 31. 1.
Dès que possible, après le 1er janvier 1972, la Commission de
police du Québec procède à l'évaluation du
personnel policier ainsi qu'à la normalisation des grades et des
fonctions des membres des corps de police des municipalités en vue
d'indiquer le grade et la fonction de chacun des policiers de cesmunicipalités dans le service de police de la Communauté
urbainede Montréal.
Le présent paragraphe ne s'applique au corps de police de la
ville de Montréal que dans la mesure qu'indique le ministre de la
Justice. 2. A cette fin, le président de la commission désigne un
ou plusieurs enquêteurs aux fins de procéder à
l'enquête dans chacune des municipalités suivant l'ordre qu'il
décide.
Il peut désigner plusieurs enquêteurs de la commission pour
agir simultanément dans des municipalités distinctes. 3. Le
secrétaire de la commission communique à chacun des membres du
corps de police de la municipalité intéressée, dans la
mesure où il est affecté, les conclusions de l'enquête et
le délai imparti pour demander par écrit une révision de
ces conclusions. 4. La commission saisie de cette demande de révision
entend l'affaire en audience publique après avoir donné avis de
cette audience à l'intéressé. 5. Pour les fins de cette
audience, un juge, membre de la commission, peut siéger seul. 6. En
l'absence d'une demande de révision, les conclusions de
l'enquêteur sont entérinées par la commission.
La décision du juge qui a entendu une demande de révision
est finale. 7. Lorsque la commission a terminé son enquête dans
une municipalité, elle transmet ses décisions au Conseil de
sécurité. 8. Par la transmission de ces décisions, les
membres salariés du corps de police de la municipalité
concernée sont versés à l'unité de
négociation pour laquelle la Fraternité des policiers de
Montréal inc. est accréditée, et leur traitement et
conditions de travail sont régis rétroactivement par la
convention collective conclue par application de l'article 31.
Les membres non salariés bénéficient
rétroactivement des traitements et conditions de travail applicables aux
officiers de même grade de la ville de Montréal. 9. Tout
différend résultant de l'intégration au service de police
de la Communauté urbaine de Montréal d'un membre à la
retraite du service de police de la ville de Montréal est
décidé
exclusivement et en dernier ressort par un juge membre de la commission.
10. Les traitements et conditions de travail des policiers des
municipalités autres que la ville de Montréal continuent de
s'appliquer tels qu'ils existent le 10 décembre 1971, jusqu'à ce
que le paragraphe 8 s'applique.
Le Conseil de sécurité peut toutefois annuler toute
augmentation de traitements ou d'avantages sociaux consentie par une
municipalité après le 1er septembre 1971 manifestement dans le
but de faire supporter par la communauté des charges anormales.
Il faudrait considérer que plusieurs membres salariés des
services de la police urbaine ont donné plusieurs années de
service loyal et efficace à leur municipalité, et ce service
devrait être reconnu sans la nécessité d'évaluation
et devrait être accepté à la Communauté urbaine de
Montréal sur le même pied que leurs homologues de
Montréal.
Aux fins de cet article, l'évaluation et la représentation
contre ce même article sont faites par les mêmes personnes.
ARTICLE 46 "Les services des employés qui, le 31
décembre 1971, cumulent les fonctions de policier et pompier pour une
municipalité sont loués au Conseil de sécurité pour
une somme égale à la proportion du coût des fonctions
policières remplies par ces personnes par rapport au coût des
fonctions de police et de pompier qu'elles remplissent, telle
qu'acceptée par le Conseil de sécurité.
Au plus tard le 1er janvier 1973 et après consultation avec les
municipalités concernées, le Conseil de sécurité
décide des conditions et modalités de l'intégration de ces
employés.
Au cas de mésentente, la municipalité
intéressée peut, dans le mois de la décision, appeler de
celle-ci à la Commission municipale du Québec qui décide
en dernier ressort et, le cas échéant, adjuge également
les dépens.
Le présent article s'applique, mutatis mutandis, aux
fonctionnaires transférés pour la partie de leurs services qui
sont rendus au service de police de la communauté.
Il est essentiel de mettre au point les questions de salaires qui
concernent les fonctionnaires.
ANNEXE B
LA FEDERATION DES EMPLOYES DE
SERVICES PUBLICS INC. (CSN)
ET LESYNDICAT DES FONCTIONNAIRES MUNICIPAUX DE
MONTREAL
Monsieur le président, Messieurs les ministres, Membres de la
commission,
C'est à double titre de président de la
Fédération des employés de services publics et de
président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal
que je m'adresse à vous. D'une part, la Fédération compte
parmi ses syndicats affiliés des syndicats qui seront affectés
par le projet de loi 281; d'autre part, le Syndicat des fonctionnaires est
l'organisme syndical qui représente la très grande
majorité de fonctionnaires affectés par les répercussions
du projet de loi 281.
J'aimerais donc à ce double titre, vous souligner certains
aspects des problèmes qui seraient posés à nos membres si
le projet de loi était adopté tel que présenté.
J'aimerais d'abord faire une rétrospective des
événements qui ont marqué l'intégration ou le
transfert des fonctionnaires de la ville de Montréal à la
Communauté urbaine de Montréal: a) Le 9 septembre 1971, le
Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal était
accrédité pour tous les salariés, au sens du code du
travail, à l'emploi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je tiens, sur ce point, à vous souligner que
l'accréditation nous a été accordée sans aucune
objection ni de la part des autres organismes syndicaux ni de la
communauté qui regroupe plusieurs municipalités.
Autre point: l'adhésion des nouveaux employés de la CUM au
Syndicat des fonctionnaires a été, de la part des
employés, unanime. b) Le 27 septembre 1971, à la suite de
discussion tripartite entre le Syndicat des fonctionnaires municipaux, la ville
de Montréal et la Communauté urbaine de Montréal, une
entente est
intervenue relativement à la transférabilité des
crédits de retraite de la ville à la communauté et vice
versa.
Egalement, ce même jour, sur les mêmes bases de discussion
relativement à la caisse de retraite, une entente est intervenue au
niveau du transfert des crédits en maladie: entente à laquelle
les autres municipalités peuvent éventuellement participer. c)
L'accréditation du Syndicat des fonctionnaires, à la suite d'une
enquête du représentant du ministère du Travail, a
été en quelque sorte à nouveau confirmée par la
constatation de l'application des articles 36 et 37 du Code du travail dans le
cas des employés de la ville de Montréal transférés
à la CUM. d) Quant au règlement 24 de la caisse de retraite de la
CUM, à la suite d'une consultation entre le Syndicat des fonctionnaires
et la Communauté urbaine, ce règlement fut adopté par le
Conseil de la CUM, le 17 février 1971 et la Régie des rentes en
approuvait le contenu le 10 septembre 1971.
ASSOCIATION REPRESENTANT LES FONCTIONNAIRES DU SERVICE
DE LA POLICE DE LA CUM
Quand nous faisons l'analyse de cette rétrospective et que nous
envisageons ce qui est prévu à l'article 33 du projet de loi,
article qui prévoit les mécanismes qui permettraient la
détermination: 1-a) de l'unité de négociation; 1-b) de
l'association qui aurait droit à l'accréditation; 2) de la
convocation en séances publiques des associations de fonctionnaires et
du Conseil de sécurité; 3) des demandes d'accréditation;
4) de l'enquête ou du vote selon le cas; 5) de l'attribution de
l'accréditation par le tribunal du travail;
Si nous faisons également l'analyse de tous les travaux de
relations de travail effectués à la CUM et les implications de
l'article 33 cité plus haut, nous devons souligner que notre organisme
représente déjà à la CUM les employés
fonctionnaires qui sont à ce jour au nombre de 140.
Si nous considérons les 415 employés du service de la
police de Montréal qui seront éventuellement
intégrés, nous obtenons un total de 555 employés à
la CUM.
Quant aux autres municipalités touchées par le bill, selon
les statistiques de la CUM au 31 août 1971, les employés à
être intégrés sont au nombre d'environ 85 répartis
dans les 27 municipalités.
Le législateur semble ne pas être informé de
l'existence de notre certificat d'accréditation pour les employés
de la communauté. Nous aimerions lui rappeler les faits suivants: 1. Le
Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal représente les
fonctionnaires de la ville de Montréal du service de la police depuis 27
ans et ces mêmes personnes ont eu, entre le 1er octobre et le 30 octobre
dernier, la possibilité d'exercer un droit de changement d'unité,
tel que prévu par le code du travail. Je vous souligne qu'aucune plainte
ou demande en ce sens n'a été formulée par ces mêmes
employés. 2. Considérant le nombre d'employés
fonctionnaires visés par l'intégration au projet de loi, il ne
fait aucun doute dès le départ sur la majorité: 415 ville
de Montréal - 85 autres municipalités. 3. Considérant que
le projet de loi souligne que les fonctionnaires engagés pour le service
de police de la CUM et ceux qui n'ont pas de caisse de retraite seront
régis par la caisse de la CUM, nous soulignons que, déjà,
nous représentons les employés de la CUM sur le conseil
d'administration de cette caisse et qu'il serait paradoxal, sur le plan
pratique, que d'une part nous représentions les employés du
service de la police au comité de gestion de la caisse et que d'autre
part nous ne soyons pas le syndicat accrédité. 4.
Considérant que suite à l'obtention du certificat
d'accréditation le 9 septembre 1971, nous avons négocié la
convention en vigueur pour les employés à la CUM et que cette
convention est identique à celle de Montréal, nous croyons que
nous sommes les mieux habilités à l'appliquer et ce, dans le
meilleur intérêt des employés visés.
5. Considérant que la procédure prévue à
l'article 33 est coûteuse en temps et en argent et qu'à toutes
fins pratiques elle aurait pour résultat d'arriver aux mêmes
conclusions,
NOUS DEMANDONS que le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal ne se voit pas retirer son accréditation, mais bien
reconnu comme étant l'association représentant les
employés fonctionnaires visés par ce projet et ce, dans le
même esprit que la Fraternité des policiers de Montréal,
procédure qui, dans le cas des policiers, va même jusqu'à
dissoudre des syndicats existants tandis que dans notre cas je tiens
à le faire remarquer ici aucune association de fonctionnaires
existante dans les diverses municipalités formant la CUM se trouve
à perdre des droits de représentation au niveau de leurs
municipalités respectives.
Un autre point et ce, à titre de président de la
Fédération, je tiens à vous faire remarquer que
déjà au niveau des employés impliqués par
l'intégration éventuelle, notre organisme représente:
Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal: 415
ANJOU 5
DORVAL 3 VERDUN7
TOTAL: 430 et que
Le Syndicat canadien représente 17 employés que 37 ne sont
pas représentés par aucun syndicat et que 9 le sont par d'autres
organismes, le tout sur un total de 500 fonctionnaires visés par le
bill. CAISSE DE RETRAITE
Considérant que déjà tous les fonctionnaires
embauchés directement par la CUM ou transférés à la
CUM sont régis par le règlement 24 de cette dernière,
Considérant qu'un mécanisme est prévu dans le bill
75 (art. 358 tel que modifié par le bill 99) permettant à la CUM
de réaliser avec les municipalités des ententes concernant
l'uniformisation des bénéfices de retraite,
Considérant que ce mécanisme a été
utilisé entre la CUM et la ville de Montréal,
Et tenant compte que l'entente intervenue entre la CUM et la ville de
Montréal a été approuvée par la Régie des
rentes,
Nous croyons que la CUM doit maintenir ses prérogatives et
continuer à assumer ses obligations dans ce domaine pour les
fonctionnaires, tant pour ceux au service de la police que pour ceux des autres
services.
Afin que le bill 281 reflète ces positions et compte tenu de
certains autres ajustements que nous voulons voir reconnus dans le bill, nous
soumettons qu'il y aurait lieu de faire des amendements dans le sens suivant :
1- Article 2, 205d - alinéas e et i
Article 10, 241a - 8b Article 37
Nous soumettons que ces articles et alinéas ne devraient pas
s'appliquer aux fonctionnaires parce qu'il y a une convention collective
existante à la CUM prévoyant des normes de sélection et
d'embauchage par le truchement de descriptions de fonctions acceptées
par le Syndicat et l'employeur: descriptions qui pourraient être
amendées selon les besoins déterminés par le Conseil de
sécurité. 2- ARTICLE 2, 205d, alinéa g
ARTICLE 10, 241a 11
Nous soumettons que les fonctionnaires ne doivent pas être
régis par ces articles tels que rédigés parce qu'ils sont
déjà couverts par une convention à la ville et que leur
fonction est également déjà régie par une
convention existante à la CUM.
La convention existante à la CUM et qui s'appliquera dès
leur transfert à la CUM est identique à celle présentement
en vigueur à la ville. Il est même prévu à cette
convention négociée avec la CUM une formule d'ajustement de
façon, à ce que suite au transfert à la CUM, ces
fonctionnaires jouissent des mêmes conditions que s'ils étaient
demeurés à la ville, le tout conformément à la
décision du commissaire-enquêteur confirmant que l'article 36 C.T.
s'appliquait pour les gens du métro.
Il serait impensable de négocier une convention avec le Conseil
de sécurité, puisque cette négociation se ferait à
partir d'un certificat d'accréditation unique qui donne mandat au
Syndicat de négocier pour tous les fonctionnaires de la CUM, donc autant
pour ceux du service de police que pour les autres services de la CUM. S'il
fallait négocier avec le Conseil de sécurité, nous
signerions donc deux conventions avec la CUM pour des fonctions identiques.
Nous pensons que l'administration du service de la police étant
confiée au Conseil de sécurité, le conseil peut, par des
directives, atteindre ses objectifs. Ce que nous requérons s'applique
d'ailleurs pour les fonctionnaires provinciaux affectés à la
Sûreté du Québec, (art. 41, chap. 17, loi de 1968: Loi de
police qui se lit: "Les fonctionnaires et employés autres que les
membres et les cadets sont nommés et rémunérés
suivant la Loi de la fonction publique". 3-ARTICLE 2, 250d, alinéa m
Pour les raisons mentionnées relativement à
l'alinéa g, nous demandons que les fonctionnaires soient
également soustraits à l'application de cet alinéa.
Si nous faisons cette demande, c'est en vue d'une politique
cohérente de relations de travail et, de plus, ces fonctionnaires sont
soumis aux mêmes conditions générales de travail et
bénéfices sociaux, (caisse de retraite). 4- ARTICLE 2, 205d,
alinéa j
Cet alinéa ne devrait pas s'appliquer aux fonctionnaires du
service de la police, pas plus qu'il ne s'applique aux fonctionnaires
provinciaux affectés à la Sûreté du Québec
selon l'article 41, chap. 17 des lois de 1968 déjà
cité.
Nous trouvons inacceptable que des fonctionnaires soient soumis à
de telles dispositions de la Loi de police. 5- ARTICLE 10, 241a - 1b
Pour les raisons mentionnées à 205 d) e), nous soumettons
qu'il devrait s'agir de fonctionnaires engagés par la CUM sur la
recommandation du directeur du Conseil de sécurité et non par le
Conseil de sécurité. 6- ARTICLES 26 et 27
Nous soumettons que le fonctionnaire transféré à la
communauté ne doit pas en appeler au Conseil de sécurité
d'une décision l'affectant en violation des dispositions de l'article
26, mais bien à un enquêteur nommé par le ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre et détenant pour les circonstances les
mêmes pouvoirs qu'un commissaire-enquêteur nommé en vertu du
code du travail et dont la décision est finale. Il en est de même
pour l'article 27. 7- ARTICLE 33
Conformément à notre exposé de principe, nous
soumettons que les fonctionnaires transférés au service de police
de la communauté devraient être couverts, dès leur
transfert, par le certificat d'accréditation détenu par le
Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, certificat couvrant
à la CUM tous les salariés au sens du code du travail, sauf les
membres de chacune des professions visées aux chapitres 247 à
249, 253 à 255 et 257 à 266 des statuts refondus, 1964.
Dès leur transfert, ces fonctionnaires ou salariés sont
régis par la convention existante entre la CUM et le syndicat. De plus
les fonctionnaires transférés après le 1er janvier 1972
devraient voir, dès leur transfert, leurs traitements et conditions de
travail s'appliquer rétroactivement au 1er janvier 1972 selon les termes
de la convention existante à la communauté.
8- ARTICLE 34
Considérant notre recommandation concernant l'article 33, nous
demandons que l'article 34 dise que les articles 30 à 33 s'appliquent...
au lieu de 30 à 32. 9- ARTICLE 35
Nous demandons que pour fins de négociations nécessaires
à l'uniformisation des régimes de retraite des fonctionnaires
transférés à la CUM, ce soit la communauté qui
négocie et non le Conseil de sécurité.
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de vous faire
part de nos inquiétudes et recommandations concernant ce bill 281.
FEDERATION DES EMPLOYES DE SERVICES PUBLICS INC.
(CSN)
et le SYNDICAT DES FONCTIONNAIRES MUNICIPAUX DE
MONTREAL
Jean Des Trois Maisons, Président.