Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de la Justice
Projet de loi privés nos 121, 115, 123, 124,
125, 109, 111, 122 et 139
Séance du jeudi 29 juin 1972
(Dix heures quinze minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs!
Tout d'abord, je vais vous informer de la marche des lois qui seront
étudiées ce matin. Pour commencer, les deux projets de loi
laissés en suspens la semaine dernière, soit le projet de loi
privé no 121, Loi modifiant le testament de feu François
Desjardins, et, en deuxième lieu, le projet de loi privé no 115,
Loi concernant Place Dupuis Inc.
Par la suite, les projets de loi privés 123, 124 et 125, sont des
lois concernant des donations à M. Paul Vachon, M. Benoit Vachon et Mme
Imelda Savoie-Vachon. Nous allons commencer par ces lois-là. La parole
est au ministre de la Justice.
Projet de loi no 121 (suite)
M. CHOQUETTE: M. le Président, relativement au projet de loi 121,
Loi modifiant le testament de feu François Desjardins, nous avons,
depuis la dernière séance, sollicité un avis juridique,
qui confirme la position que j'avais prise à la dernière
séance de la commission, à l'effet que d'accéder à
la demande des requérants serait modifier d'une façon indue la
volonté du testateur, feu François Desjardins.
Cependant, compte tenu des arguments qui nous ont été
apportés au sujet de la vente du commerce, compte tenu de la
volonté unanime exprimée par les héritiers, nous sommes
disposés à faire droit en partie à ce bill et à
faire en sorte que le partage de la succession de feu François
Desjardins se fasse au décès de son épouse,
l'usufruitière. Si cela convient aux requérants, je suis
prêt à faire une proposition pour que le bill soit amendé,
afin d'accélérer de dix ans la période fixée pour
le partage des biens de la succession.
M. BLAIN (Paul-Emile): M. le Président, MM. les membres de la
commission, évidemment, c'est déjà une forte
amélioration sur la situation qui prévalait au moment où
le bill était présenté, que de voir disparaître ce
délai, qui était de douze ans, en fait. En révisant le
testament, je me suis rendu compte que c'était un délai de douze
ans.
Je me demandais s'il n'y avait pas possibilité de prévoir
que le partage intervienne lors de l'extinction de l'usufruit.
M. CHOQUETTE: Non, parce que l'extinction de l'usufruit pourrait
peut-être se faire par une renonciation de l'usufruitière qui,
elle-même, provoquerait le partage. Je crois que, malgré tout, il
faut respecter la volonté du testateur. On doit comprendre que
même si nous sommes, sur le plan humain, très sympathiques
à beaucoup de demandes qui nous sont faites, telles que la vôtre,
Me Blain, demandes, en somme, qui sont le fruit d'un consensus d'une famille,
ou des héritiers d'une famille, malgré tout, nous avons un autre
devoir, je pense, et c'est celui de faire en sorte que les testaments aient une
valeur absolue, de façon que nous ne soyons pas inondés de
demandes de la part de personnes qui viendraient refaire des testaments une
fois les testateurs décédés.
Sur le plan de l'ordre public et sur le plan de l'intérêt
public, je crois que l'Assemblée nationale et particulièrement
cette commission ont un devoir de faire en sorte que les testaments continuent
à exprimer la volonté du testateur. Sinon, cela pourrait
même engendrer toutes sortes de dérèglements, en ce sens
que les testateurs pourraient se dire, si nous intervenions trop souvent et
indûment: Je fais un testament, mais l'Assemblée nationale pourra
le modifier une fois que je serai mort! Cela pourrait devenir, en quelque
sorte, un régime anarchique.
Dans les conditions actuelles, il faut que les testateurs pensent
à ce qu'ils font, au moment où ils font leur testament et que les
héritiers acceptent les biens de la façon que les testateurs
décident de les leur accorder. Il est clair que, dans certaines
circonstances spéciales cependant, nous pouvons, en quelque sorte, nous
mettre à la place du testateur et nous dire que, s'il avait connu des
circonstances qui se sont produites ultérieurement, en vertu du bon
sens, il n'aurait pas pu tester de cette façon. Je pense que c'est la
seule règle de conduite que nous puissions adopter devant ce genre de
demandes.
Je dois vous dire, M. Blain, que j'ai même consulté
différents notaires éminents de l'Assemblée nationale, que
je ne nommerai pas, et qui m'ont signalé que d'intervenir dans les
testaments introduirait une telle incertitude dans le régime de la
dévolution des biens par testament, que nous n'en verrions jamais la fin
et que ce serait vraiment un geste regrettable de notre part.
M. HARDY: Cela pourrait peut-être amener les gens à ne plus
faire de testament.
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas que ce soit à ce niveau parce
que...
M. BACON: Cela diminuerait la valeur des testaments.
M. BLAIN: C'est évidemment une règle de base, un principe
fondamental. L'immuabilité des testaments est quelque chose qui est bien
reconnu et établi. Il y a des circonstances spéciales que vous
avez signalées et si, après
étude du cas, vous en êtes venus à faire la
proposition que vous avez exprimée tantôt, au nom de mes clients,
je dois vous dire que nous acceptons cette proposition. Enfin, si la loi peut
être adoptée dans ce sens, nous en serons heureux parce que
l'objet essentiel du bill était de faire sauter cette période de
douze ans qui n'est plus justifiée par les circonstances que je vous ai
exposées lors de la première audition.
M. CHOQUETTE: Très bien! Concrètement, ce que nous vous
suggérons, c'est que le deuxième alinéa de la page 2 de
votre bill soit remplacé et se lise comme suit: "qu'il est dans
l'intérêt de tous les héritiers que le testament de feu
François Desjardins soit modifié et que le partage des biens de
la succession se fasse au décès d'Anna Jacques, épouse de
François Desjardins." Ceci remplacerait le deuxième alinéa
en haut de la page 2 et il y aurait lieu de remplacer dans les deux
dernières lignes du premier alinéa de l'article 1 les mots "de la
manière suivante" par les mots "à la date du décès
d'Anna Jacques, épouse de feu "François Desjardins", et de
retrancher les paragraphes a), b) et c) du paragraphe 1, si ceci vous convient,
Me Blain.
M. BLAIN: Je suis entièrement d'accord sur ces modifications et
je remercie la commission d'avoir accueilli en partie ce bill et d'avoir
accordé toute l'étude requise à la demande que nous
soumettions. Je vous remercie, M. le Président, merci, MM. les membres
de la commission.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Blain. J'appelle maintenant le projet de loi
115, Loi concernant Place Dupuis Inc. Je donne la parole au ministre de la
Justice.
Projet de loi no 115 (suite)
M. CHOQUETTE: M. le Président, nous avions pris ce bill en
considération la semaine dernière et il a été remis
à la séance de cette semaine, la séance de ce matin. Nous
sommes maintenant avisés qu'un accord est intervenu entre les parties
qui avaient comparu devant nous et, par conséquent, les
requérants désirent retirer leur bill. Dans les circonstances je
crois qu'il est opportun de donner suite à cette demande.
M. BURNS: Je suis bien heureux qu'on n'ait pas à se
prononcer.
M. CHOQUETTE: Je crois malgré tout, que nous n'aurions pu faire
autrement que de nous prononcer dans un sens que le député
connaît très bien. Il y avait une question de principe
fondamentale dans tout ça.
M. BLANK: On va retourner leur dépôt avec le bill aux
requérants.
M. CHOQUETTE: Non, je pense que les requérants devraient payer
les frais dans ce cas-ci...
M. PAUL: Ils nous ont assez fait travailler.
M. CHOQUETTE: ... parce que s'il y a un cas où ils doivent payer
les frais, c'est bien ici.
M. BURNS: Ils se sont servis de nous comme moyen de conciliation.
M. CHOQUETTE: Je ne sais pas si on peut dire ça, mais j'ai vu que
M. Carrière a donné une conférence de presse et qu'il
construit un énorme édifice. Je pense qu'il est capable
d'absorber les frais.
M. BURNS: Sûrement!
Projets de loi nos 123. 124 et 125
M. LE PRESIDENT: Projet de loi privé 123, Loi concernant une
donation de Paul Vachon. J'inviterais Me Jean-Marie Bouchard, procureur du
pétitionnaire. Me Bouchard, en fait, présente les lois 123, 124
et 125. Projet de loi 123: Loi concernant une donation de Paul Vachon.
M. BOUCHARD: M. le Président, MM. les membres de la commission,
afin de probablement faire ressortir davantage l'intérêt qu'il y a
à présenter ces trois bills privés, vous me permettriez
peut-être, au tout début, de vous faire un court historique de ce
que je peux appeler le succès d'une entreprise du Québec qui a
abouti au résultat de la présentation de ces trois bills.
Il s'agit de l'entreprise Vachon, de Ste-Marie, comté de Beauce,
qui, en 1960, valait $2,250,000. Cette entreprise était détenue
par quatre promoteurs, quatre individus de la famille qui avaient
succédé à leur père. Les actions étaient
détenues à parts égales par les quatre membres de la
famille et parce qu'à cette époque, déjà, on
décelait des signes certains d'un succès magnifique qui
s'annonçait, il devenait nécessaire de préparer une
planification successorale pour prévoir précisément ce
qu'il pourrait advenir de cette entreprise après un certain temps parce
que, déjà, les promoteurs prenaient de l'âge.
Il est donc arrivé par le jeu de mécanismes juridiques
fort complexes création de différentes compagnies
satellites que l'on a procédé à une subdivision des
actions de cette entreprise, à la valeur qui était la valeur
véritable dans le temps, et valeur qui a été
acceptée par les différents ministères, au
fédéral et au provincial, pour fins d'impôt. Les membres de
la famille ont, par la suite, vendu à la valeur réelle ces
actions à ces compagnies et ces compagnies se trouvaient à
détenir l'une des classes d'actions de cette compagnie Vachon qui
était ce qu'on appelait les actions partici-
pantes, c'est-à-dire qui bénéficiaient de tout le
surplus de l'entreprise de la compagnie, laissant aux promoteurs les
décisions, l'orientation, mais gelant de façon absolue la valeur
des biens entre les mains des donateurs.
C'est ce qui est arrivé et les espérances se sont
concrétisées puisqu'en 1971, comme vous vous le rappelez, le
Mouvement Desjardins a acquis l'entreprise Vachon pour $11,363,600. Les membres
de la famille Vachon, les promoteurs, avaient entre-temps créé
des actes de donation, actes de donation pour un montant suffisant, savoir
$10,000, pour acquérir la valeur des actions qu'ils détenaient
à ce moment-là, en 1960. Les donations, fortes de ce montant de
$10,000, ont par la suite acquis des pairs les actions qu'ils détenaient
dans leur entreprise, ce qui fait que, par le mécanisme de cette
donation, lorsque le Mouvement Desjardins a acquis en 1971 l'entreprise Vachon,
tout le complexe, Vachon Produits Diamant, Biscuits Lido, ainsi de suite,
l'effet a été de faire retomber dans les donations Vachon le
produit total de cette vente, dépouillant les donateurs c'est ce
qu'ils avaient voulu ne leur donnant à même le prix de
vente qu'un montant minime par rapport à un montant de $26,868 mais
donnant à leurs enfants le produit total de leur vente, soit
$11,363,000.
Les trois actes de donation que vous avez devant vous comportent des
dispositions très sévères quant à l'utilisation du
capital et à la distribution des revenus. Ce sont des actes de donation
qui précisent également de façon certaine les
bénéficiaires de ces donations. Il n'est pas question de toucher
en quoi que ce soit aucune des dispositions de l'acte de donation concernant la
remise des biens, soit en capital, soit en revenus, concernant le changement de
bénéficiaires, les actes de donation demeurent intangibles. Le
seul but de la présentation de ces trois bills, c'est d'adjoindre au
fiduciaire qui est actuellement en fonction, Trust général du
Canada, deux autres fiduciaires dont le but est purement et simplement de
continuer l'administration de manière que cette masse de $11 millions
qui, maintenant, est le produit de la vente de Vachon et qui est
administrée par cette donation, soit administrée par trois
personnes, c'est-à-dire toujours une compagnie de fiducie, dans les
circonstances, Trust général du Canada, et deux autres
individus.
Ce qui a limité de façon peut-être plus certaine
pour la présentation du bill, c'est une des dispositions de l'acte de
donation fiduciaire qui disait à l'article 2: Lors du vivant des
donateurs, le fiduciaire dans le temps le seul fiduciaire en fonction
distribuait les revenus à sa discrétion aux
bénéficiaires. Ce qui veut donc dire que, lorsque le fonds
fiduciaire n'avait que quelques milliers de dollars à administrer, le
problème n'était pas tellement considérable, parce que les
revenus n'étaient pas élevés.
Mais maintenant que le fonds fiduciaire a une masse considérable
à administrer, il devient extrêmement difficile, pour ne pas dire
délicat, de laisser à une seule personne en l'occurrence une
compagnie, le soin de décider de façon discrétionnaire la
distribution des revenus du vivant du donateur. On ne modifie pas l'acte de
donation en ce sens que nous demandons que la distribution des revenus se fasse
différemment, du tout. Nous maintenons la volonté du donateur.
Mais nous disons ceci: Afin de permettre précisément au
fiduciaire en fonction d'exercer une discrétion qui, pour lui, serait
assurée d'une sécurité, parce qu'il y a beaucoup plus
d'idées dans trois têtes que dans une, et le mettre dans une
position beaucoup plus certaine vis-à-vis des
bénéficiaires, l'on a fait le jugement suivant: Nous allons
adjoindre deux autres personnes, et plus particulièrement des gens qui,
depuis au-delà de quinze ans, connaissent très bien la famille
Vachon, les différents enfants, les souches de la famille Vachon, entre
autres M. Roland Beaudin, qui est le comptable du complexe Vachon depuis
au-delà de quinze ans, et M. Marius Laliberté, qui est le
vérificateur de la compagnie depuis quinze ans, qui connaissent tous les
problèmes des enfants, les problèmes de la famille, qui ont
vécu précisément l'existence de ces différentes
compagnies et de ces formations fiduciaires, donc des personnes au jugement
intéressant, au jugement solide, qui connaissent très bien la
situation de la famille, qui vont venir aider cette compagnie de fiducie
à l'administration de ces trois donations.
En somme, pour me résumer, nous demandons, dorénavant, que
ces différentes fiducies soient toujours administrées par trois
personnes en fonction et que leurs pouvoirs soient ceux déjà
conférés dans l'acte de donation par les différents
donateurs.
Donc, les dispositions fondamentales demeurent inchangées en ce
qui concerne la volonté des donateurs et tout se porte au niveau de
l'administration du fonds fiduciaire.
M. CHOQUETTE: Le Trust général du Canada n'a pas
d'objection?
M. BOUCHARD: Non, M. le ministre. Il y a ici un représentant, M.
Samson, qui est le gérant du Service de fiducie, qui est d'accord sur la
présentation du bill.
M. CHOQUETTE: Alors, nous n'avons pas d'objection à faire droit
à cette demande.
M. BOUCHARD: Merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, est-ce que je
pourrais vous faire part de certaines modifications mineures qu'en accord avec
les légistes du gouvernement nous avons décidé d'apporter
aux différents projets qui sont très mineurs? A la page 3.
M. PAUL: Quel projet de loi?
M. BOUCHARD: Le projet de loi 123. Les trois sont identiques. Les
remarques s'appliquent aux trois.
L'article 12 proposé se lisait: Il y aura toujours trois
fiduciaires en fonction dont une compagnie de fiducie. Nous suggérons
d'ajouter, en accord avec les officiers: "ayant son siège social dans le
Québec". Nous n'y avons pas d'objection.
Au même article 12, au bas de la page, nous avions: "acte
notarié portant minute et signifiée sans délai au
fiduciaire." Il a été suggéré, et nous sommes
d'accord, au lieu de: "au fiduciaire", "à chaque fiduciaire".
Enfin, toujours au même paragraphe, lorsqu'il s'agit de faire
signifier une renonciation au bénéficiaire, le paragraphe se
terminait en disant: "Ils ne feront encourir aucune responsabilité au
fiduciaire", nous ajoutons: "sauf le cas de fraude ou de faute
grossière". De telle sorte que nous ne voulons pas couvrir la fraude ou
la faute grossière d'une démission d'un fiduciaire. Si vous
étiez d'accord, nous proposerions ces modifications mineures.
M. CHOQUETTE: Sur la question de l'amendement relativement à
fraude ou faute grossière, ce serait à la fin du premier
alinéa de la page 4, n'est-ce-pas? Moi, je ne vois pas pourquoi on
préciserait ça, je dirais ceci: Le défaut de signifier
cette renonciation à un ou plusieurs bénéficiaires
n'invalidera pas cette renonciation et ne fera encourir aucune
responsabilité au fiduciaire, sauf celle prévue par la loi.
M. BOUCHARD: Je n'ai pas d'objection.
M. CHOQUETTE: Parce que s'il y a une responsabilité prévue
par la loi, pourquoi l'exclure? Et s'il n'y en a pas, pourquoi l'inclure?
M. BOUCHARD: Je n'ai pas objection, ça m'irait.
M. CHOQUETTE: Sauf celle prévue par la loi.
M. BOUCHARD: D'accord.
M. CHOQUETTE: Vous devriez, dans ces conditions, avoir un amendement
identique à la page 2, article 12, au milieu de la page: Sauf le cas de
fraude ou de faute grossière.
M. BOUCHARD: C'est-à-dire que celui-là, M. le ministre,
c'est le texte actuel que nous modifions, à la page 2. C'est la
disposition qui existe actuellement dans l'acte de donation.
M. CHOQUETTE: Ah! c'était déjà prévu dans
l'acte?
M. BOUCHARD: C'était déjà prévu tel
quel.
M. CHOQUETTE: Alors, ce que je vous suggère changerait l'acte de
donation?
M. BOUCHARD: Vous modifieriez l'acte.
M. CHOQUETTE: Alors, mieux vaut suivre le même texte.
M. BOUCHARD: Je n'ai pas d'objection, l'une ou l'autre.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'il vaut mieux suivre la volonté des
donateurs.
M. BOUCHARD: C'est ça, oui.
M. CHOQUETTE: Je pense que vous aviez raison.
M. BOUCHARD: Nous ferions, si vous étiez d'accord, les
mêmes changements aux trois bills.
M. LE PRESIDENT: Les projets de loi 123, 124, 125 sont adoptés
avec amendement.
M. PAUL: Adopté. M. BOUCHARD: Merci beaucoup.
Projet de loi no 109
M. LE PRESIDENT: Projet de loi 109, Loi concernant les successions de
Patrick Labelle et de Maxime Brisebois. Me Michel Cogger, procureur des
pétitionnaires, et Me Jean-Claude Nolin, conseiller juridique de Mme
Ghislaine O'Neil et Jean Hamilton. Me Cogger.
M. COGGER: M. le Président, c'est un bill qui concerne les deux
successions que vous venez de mentionner et dans lesquelles j'agis avec mon
associé sénior, Me Antoine Geoffrion, qui est dans l'immeuble. La
commission pourrait peut-être m'accorder quelques minutes afin de
localiser Me Geoffrion qui est venu à Québec pour s'occuper de
cette affaire.
M. LE PRESIDENT Nous allons passer à un autre projet de loi, nous
reviendrons au vôtre plus tard.
Projet de loi no 111
M. LE PRESIDENT: Projet de loi privé 111, Loi concernant la
Commission des écoles catholiques de Baldwin-Cartier. Me Jacques Viau,
procureur de la pétitionnaire, soeur Marie Larose, à titre
personnel. Me Viau.
M. VIAU: M. le Président, il s'agit d'un projet de loi qui
rectifie certains titres et corrige certaines situations. A l'article 1, il
s'agit de clarifier des doutes qui se sont élevés au sujet du
nom. Le nom a été changé à un moment donné
par des lettres patentes émises sous l'autorité du
lieutenant-gouverneur en conseil et il y a eu confusion par la suite. Nous
avions suggéré dans le temps que la corporation porte
le nom de Commission scolaire Baldwin-Cartier et on a continué
à l'appeler, dans certains milieux, municipalité scolaire
Baldwin-Cartier. Il y a même eu une émission d'obligations. Pour
corriger la situation, nous demandons que cette corporation soit reconnue une
fois pour toutes sous le nom de Commission scolaire Baldwin-Cartier. En
anglais, malheureusement, on a mis le mot "board", mais depuis que le nom a
été changé, tout a été fait toujours sous le
nom de "commission". Alors, il s'agirait, je crois, de faire une correction
à la cinquième ligne de l'article 2 pour remplacer le mot "board"
par "commission".
M. PAUL: Pour les textes anglais et français?
M. VIAU: Le texte, oui, exactement, en français aussi: Baldwin
School Commission au lieu de Board.
A l'article 2, c'est un retour aux dispositions de la loi
générale, en ce qui concerne le nombre de commissaires qui
peuvent faire partie de la commission. Actuellement, il y en a sept. Il y avait
eu des dispositions spéciales, lorsque la loi avait été
adoptée, en 1958, pour la première fois. Par la suite, il y a eu
augmentation de cinq à sept. On a même eu certaines
difficultés parce qu'on avait émis des doutes à savoir si
on pouvait procéder par une loi générale, vu qu'il y avait
des dispositions spéciales dans une loi. Aujourd'hui, nous demandons que
les articles 91 et 103 s'appliquent à la Commission scolaire
Baldwin-Cartier. On revient à la loi générale.
Je crois qu'ici il y a eu une suggestion de faite par le légiste
d'ajouter, à la fin, après les mots "institution publique", les
mots "tel qu'applicable à cette commission scolaire, de la
manière prévue à l'article 125, chapitre 67 des lois de
1971". C'est à la recommandation de Me Pierre D'Amours que ce changement
est proposé.
M. CHOQUETTE: Très bien, M. Viau. Maintenant, on attire mon
attention sur le fait que l'article 90, noté à votre
article...
M. VIAU: L'article 91. M. CHOQUETTE: Oui.
M. VIAU: La machine a toujours le dernier mot.
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que c'est, la machine?
M. VIAU: La machine à imprimer.
M. PAUL: Si je comprends, ce n'est pas vous qui aviez commis
l'erreur.
M. VIAU: Cela se peut, vous savez. Nous ne ferons pas d'enquête
sur cela.
A l'article 3, il s'agit d'une rectification de titre. En deux mots, un
terrain avait été cédé, en 1844, pour servir
à des fins d'école catholique exclusivement. Le terrain est
désaffecté. C'est un terrain d'une grandeur très minime,
pour ceux qui connaissent le secteur, sur la Montée-des-Sources. Il y a
eu une demande de retour par les héritiers légaux de Pierre Melo-
che, qui avait fait la session dans le temps. Nous avons fait un acte de
cession par la commission scolaire, en faveur de la succession de feu Richard
Meloche, qui était un des héritiers qui avait commencé les
négociations et qui est décédé entre-temps. C'est
pour cela que l'on dit la succession de feu Richard Meloche. Ce contrat
rétrocède, ni plus ni moins, aux héritiers de
l'ancêtre Pierre Meloche cette partie de terrain, moyennant certaines
conditions qui étaient spécifiées au contrat, dont on
demande qu'il constitue désormais un titre absolu et incommutable de
l'immeuble décrit audit acte.
C'est pour donner un titre clair, parce que c'est un terrain qui a pris
beaucoup de valeur. Il y aura des aménagements. Les prêteurs sont
toujours inquiets de ces réserves qu'il peut y avoir. C'est pour cela
que nous voulons donner un titre clair aux héritiers du donataire.
M. CHOQUETTE: Bien.
M. VIAU: A l'article 4, c'est une situation un peu semblable. C'est une
autre donation qui avait été faite en 1890. Je lis simplement un
des paragraphes de cette donation: "La présente donation est aussi faite
à la charge et obligation pour ladite corporation de toujours faire
tenir une école publique dans une maison sise sur le morceau de terre
présentement donné. S'il arrivait que telle école serait
tenue ailleurs que sur ce morceau de terre, ce terrain redeviendrait alors la
pleine propriété du donateur, héritiers ou ayants
cause.
Nous avons pu retrouver deux descendants de cette personne, de Charles
Denis, qui avait fait la donation. Il y aurait peut-être lieu, M. le
Président, pour protéger, si jamais un héritier se
présentait, d'ajouter une clause à l'effet qu'il aurait droit
à un dommage quelconque.
Nous ne voulons priver personne de ses droits. Mais, il s'agit d'une
situation de 1890. Cela fait déjà 82 ans. C'est un terrain qui ne
sert plus pour les fins scolaires. Il y a eu une demande de la ville de
Baie-d'Urfé, qui voulait l'acquérir pour en faire un parc et pour
des fins municipales. Nous ne pouvons pas donner de titre. C'est pour cette
raison que nous demandons d'être déclarés
propriétaires absolus de cet immeuble.
M. CHOQUETTE: Vous suggériez de réserver des recours en
dommage à des héritiers éventuels.
M. VIAU: J'en avais discuté avec Me Pierre d'Amours. Nous avions
pensé mettre une clause
pour protéger des héritiers éventuels. Je ne sais
pas. Je soumets le cas. Je veux être bien objectif, dans le cas
présent, pour qu'on ne puisse pas accuser la commission scolaire
à un moment donné, d'enlever un bien qui pourrait appartenir
à des héritiers possibles.
M. CHOQUETTE: Oui, je pense qu'en principe il y aurait lieu, justement,
d'avoir une réserve sur les droits.
M. VIAU: Je crois que Me D'Amours avait même un texte qui a
déjà passé l'épreuve de l'Assemblée.
M. CHOQUETTE: Pour une circonstance semblable?
M. VIAU: Oui.
M. CHOQUETTE: Les deux héritiers que vous avez retracés,
quelle est leur...
M. VIAU: Pardon?
M. CHOQUETTE: Vous nous avez dit que vous aviez...
M. VIAU: Nous n'avons retracé aucun héritier.
M. CHOQUETTE: Vous n'en avez retracé aucun.
M. VIAU: Non. Mais à un moment donné, il se peut que
quelqu'un se présente. C'est pour cela qu'avec cette réserve qui
était dans l'acte de donation de 1890, s'il arrivait que telle
école était tenue ailleurs que sur ce morceau de terre, ce
terrain redeviendrait alors la pleine propriété du donateur,
héritiers ou ayants-cause.
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on arrêterait la valeur de la
réclamation au moment de l'adoption du bill, sur le problème qui
se pose?
M. VIAU: Je pense bien que ce sera une question qui deviendra l'objet
d'une décision par une cour. Je pense que, dans le texte que Me D'Amours
va suggérer, il y a une réserve qu'on peut faire demande à
la cour, pendant un certain délai.
M. CHOQUETTE: Nous pourrions ajouter un alinéa à cet
article, qui se lirait comme suit : "Si les quelques personnes qui, sans cette
loi, auraient eu droit de réclamer en justice quelque droit de
propriété en totalité ou en quelque partie de l'immeuble,
sa réclamation est, par les présentes, convertie en une
réclamation personnelle contre la Commission scolaire Baldwin-Cartier,
pour un montant égal à la valeur de tel droit de
propriété, calculé à la date de la sanction de la
présente loi. Toute telle réclamation personnelle sera prescrite
le même jour que l'aurait été la réclamation du
droit de propriété dont elle tient lieu, si elle n'avait pas
été ainsi convertie et elle ne constituera pas un droit
réel ni une charge ou une hypothèque, quant aux immeubles ou
à l'une quelconque de leurs parties".
M. VIAU: Je n'ai pas d'objection à cela. M. CHOQUETTE: Cela
va?
M. VIAU: Le secrétaire de la commission me dit qu'il s'agit d'un
terrain de 8,000 pieds, sur lequel il n'y a plus aucune construction, le feu
s'étant chargé de faire un nettoyage.
L'article 5, c'est un troisième problème dans la
même veine, M. le Président. En 1954, la Commission scolaire
catholique de Roxboro qui, maintenant, fait partie intégrale de la
Commission scolaire de Baldwin-Cartier, avait reçu de Remy Realty
Limited, un terrain pour y construire une école.
Et je lis une des conditions que l'on retrouve à cet acte de
donation: "La présente donation est faite gratuitement de la part de la
donatrice à la charge par le donataire d'employer ledit lot pour des
fins scolaires catholiques seulement." Or, l'école existe et fonctionne
encore, mais il y a également une résidence pour les religieuses.
Les religieuses ont demandé à la commission scolaire
d'acquérir cette résidence, ce qui a été
accepté en principe et autorisé également par le
ministère de l'Education.
Le notaire de la communauté des Soeurs franciscaines de Marie
n'est pas satisfait du titre, surtout à cause de cette restriction
à titre gratuit, à charge d'employer ledit lot pour des fins
scolaires catholiques seulement. Voici ce que le notaire écrit: "Dans
l'évolution de notre système d'enseignement, l'on ne peut
prévoir que les religieuses puissent conserver indéfiniment cet
immeuble pour des fins scolaires catholiques seulement. C'est pourquoi, pour
obtenir un bon titre de propriété, les religieuses ne pourront
signer l'acte de vente que lorsque la commission scolaire aura obtenu la
radiation de cette charge, au moins sur le terrain de la résidence."
Or, Remy Realty Ltd., qui était une compagnie privée, a
abandonné sa charte depuis. C'est une compagnie qui appartenait à
M. Roland Bigras et ses deux soeurs. Nous avons eu certains pourparlers avec M.
Bigras, qui représente également les intérêts de ses
soeurs, et il a été question peut-être d'une
indemnité qui lui sera payée pour la partie que la commission
scolaire revend aujourd'hui à la communauté des Soeurs
franciscaines de Marie, qui est un terrain d'environ 20,000 ou 22,000
pieds.
La clause, telle qu'elle se lit, c'est de permettre à la
commission scolaire autorisée d'aliéner l'immeuble no untel pour
donner un titre clair.
M. CHOQUETTE: M. Viau, en droit, quelle
est la situation juridique de M. Bigras et de ses soeurs? Est-ce qu'ils
peuvent se déclarer les ayants-droit de la compagnie qui a
abandonné sa charte?
M. VIAU: Nous avons eu des discussions et M. Bigras m'avait fait
parvenir un document qu'il avait fait préparer par un notaire parce
qu'il avait déjà eu des situations semblables. Quand il a
abandonné sa compagnie, Remy Realty Ltd. c'est la compagnie qui a
fait le lotissement presque à 60 p.c. de Roxboro quand cette
compagnie a abandonné les lettres patentes en 1965 ou 1966, elle avait
encore certaines promesses de vente ou certaines autres choses et elle avait
fait un acte devant le notaire Messier, acte qui est peut-être assez
discutable, mais qui disait que, même une fois la compagnie
abandonnée, les lettres patentes abandonnées, elle pourrait
continuer à donner quittance ou à remplir les obligations.
M. CHOQUETTF. : Les héritiers de la compagnie.
M. VIAU: Je n'étais pas trop sûr de cette procédure,
parce que...
M. CHOQUETTE: D'après vous, si une compagnie abandonne sa charte,
qu'elle a des obligations ou des actifs qui lui incombent
postérieurement à l'abandon de sa charte, quelle est la
position?
M. VIAU: Ce n'est pas la couronne qui se trouverait à recevoir
ça? Nous pourrions demander à notre ami, Me Geoffrion.
M. CHOQUETTE: Peut-être qu'il pourrait vous donner un...
M. GEOFFRION: ... ce sont les actionnaires. Les actionnaires qui
reçoivent les actifs d'une compagnie dissoute se rendent responsables
des dettes en même temps, quand ils la reprennent.
M. CHOQUETTE: Il y a une espèce de phénomène
successoral.
M. GEOFFRION: Oui.
M. VIAU: Même une fois que la compagnie est dissoute?
M. GEOFFRION: Les anciens actionnaires, qui prennent l'actif de la
compagnie, prennent aussi les obligations.
M. VIAU: Je comprends, mais si l'actif appartenait à une personne
morale?
M. CHOQUETTE: Mais supposons qu'une compagnie soit dissoute, mais qu'il
lui échoit des droits postérieurement à sa dissolution, il
faut bien que ce soit versé à quelqu'un. Est-ce que ce ne sera
pas versé aux actionnaires, comme dit Me Geoffrion? Et s'ils
reçoivent ces droits, est-ce qu'ils n'auraient pas aussi la chance
d'acquitter certaines obligations qui pourraient survenir subséquemment
aussi à même ce qu'ils peuvent recevoir?
M. GEOFFRION: Oui.
M. CHOQUETTE: Je pense que vous devriez vous entendre avec M.
Bigras.
M.VIAU: Dans un premier projet d'ailleurs nous en avons fait
plusieurs voici le texte que j'avais suggéré: "La
mainlevée donnée par M. Roland Bigras, conformément
à un acte de convention intervenu entre Remy Realty Ltd, et Roland
Bigras in trust, devant Me Henri Messier, notaire, sous le no 15303 de ses
minutes, aura pour effet d'annuler et d'éteindre, à toutes fins
que de droit, les restrictions qui existaient dans l'acte d'acquisition par la
commission scolaire".
M. CHOQUETTE: Cela me paraît assez bien, excepté que vous
oubliez les deux soeurs de M. Bigras.
M. VIAU: In trust, dans l'acte on disait qu'il est autorisé
â agir, lui, pour les représentants. J'ai fait une
référence à l'acte 15303, précisément cet
acte qui est intervenu entre Remy Realty Ltd. et Roland Bigras in trust,
où il se trouve à agir pour toutes les parties qui pouvaient
avoir un intérêt dans l'affaire.
M. CHOQUETTE: L'article dont vous venez de donner lecture me
paraît valable, il devrait être ajouté après
l'article 5.
M. VIAU: C'est une suggestion, parce qu'encore là nous voulons
être absolument équitables. J'ai eu des pourparlers à
plusieurs reprises avec M. Bigras, je l'ai encore averti hier que le bill
venait ce matin. Je lui ai dit que j'étais pour exposer la situation
telle qu'elle était. Il s'agit de donner un titre clair. D'ailleurs il y
aura négociation avec M. Bigras pour une indemnité.
M. CHOQUETTE: Pouvez-vous donner lecture lentement de ce que vous
proposez, Me Viau, que M. D'Amours puisse prendre ça en note et qu'on
l'insère.
M. VIAU: Je pense que j'en ai un double quelque part.
M. CHOQUETTE: L'alinéa à ajouter à l'article 5 se
lirait comme suit: "La mainlevée donnée par M. Roland Bigras,
conformément à un acte de convention intervenu entre Remy Realty
Ltd. et Roland Bigras in trust, devant Me Henri Messier, notaire, sous le no
15303 de ses minutes, aura pour effet d'annuler et d'éteindre, à
toutes fins que de droit, les restrictions qui existaient dans l'acte
d'acquisition par la commission scolaire".
M. Viau, la mainlevée n'est pas encore donnée à
l'heure actuelle, n'est-ce pas? Elle est à venir et elle sera
donnée en vertu de cet acte auquel on fait référence dans
l'alinéa.
M. VIAU: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Il y a une controverse qui s'est élevée. La
mainlevée...
M. VIAU: Après avoir causé de ce dont il s'agit dans ce
cas-ci, je ne voudrais pas qu'à un moment donné vis-à-vis
de Remy Realty ou de Roland Bigras on puisse dire: On a un titre clair et on
n'a aucune responsabilité.
Si on faisait peut-être une rédaction semblable à
celle qu'on a mise pour le dernier, le paragraphe 4 en disant: "Nonobstant les
dispositions de l'acte de donation intervenu à telle date...
M. CHOQUETTE: On connaît les héritiers, c'est ça, le
problème. Dans le cas actuel, on connaît très bien M.
Roland Bigras.
M. VIAU: Et s'il y a une réclamation, à un moment
donné, il dit: Ecoutez, vous voulez disposer d'un terrain. Admettons
dans le cas présent qu'on a une obligation. Si on voulait s'en tenir
strictement aux mots, le terrain que l'on vend sert encore pour des fins
d'éducation, c'est une résidence où les religieuses qui y
enseignent demeurent mais c'est une question qui peut se prolonger,
peut-être aussi que, dans cinq ans, la situation sera changée et
que le terrain pourra être vendu à gros prix. A ce
moment-là, c'est là qu'il pourrait y avoir une injustice pour
ceux qui ont cédé le terrain pour rien, à des fins bien
spécifiques.
M. CHOQUETTE: Cette aliénation est sujette à une
mainlevée préalable à être donnée par M.
Roland Bigras et les actionnaires de Remy Realty Ltd.
M. VIAU: Oui, supposons qu'il ne veut pas la donner pour une raison ou
pour une autre.
M. CHOQUETTE : C'est son droit.
M. VIAU: On n'est pas plus avancé à ce
moment-là.
M. CHOQUETTE: Bien oui, vous êtes plus avancé.
M. PAUL: Est-ce que vous craignez qu'il refuse de vendre?
M. VIAU: Je ne crains pas qu'il refuse, mais à un moment
donné, s'il y a une réclamation et si on ne s'entend pas, je
suppose qu'on ne s'entend pas pour un montant, mais que ce défaut
d'entente ne soit pas une objection à la vente et à titre clair,
absolu.
M. CHOQUETTE: Cela l'est nécessairement, Me Viau, parce que dans
les cas où on ne connaît pas d'héritiers, de personnes qui
ont un droit de propriété, l'Assemblée nationale a une
justification d'intervenir au point de vue législatif et de transformer
un droit réel en un droit personnel. Mais, dans le cas où nous
connaissons les personnes qui ont un droit, je ne vois pas comment nous pouvons
prendre sur nous de transformer leur droit et même de leur enlever leur
droit.
M. VIAU: Oui, mais là encore il y a un doute. Est-ce que les
anciens actionnaires peuvent encore donner validement? Je crois qu'il peut y
avoir un doute là aussi. Est-ce qu'ils peuvent donner validement une
mainlevée? On le spécifie d'une façon directe, mais je
suppose que, à un moment donné, il n'y a pas de loi qui est
adoptée et qu'on est dans une situation... La mainlevée qui
serait donnée de façon ordinaire, la renonciation par Roland
Bigras en fiducie ou n'importe comment, est-ce que ce serait valable alors que
Remy Realty Ltd, n'existe plus?
M. CHOQUETTE: On pourrait dire ceci: Les derniers actionnaires de Remy
Realty Ltd. sont habilités à renoncer à tout droit de Remy
Realty Ltd. et à tous leurs droits, tout simplement.
M. VIAU: Que l'on conserve le texte actuel: "... est autorisée
à alinéner...," sujet à la renonciation par...
M. CHOQUETTE: Les derniers actionnaires de Remy Realty Ltd.
M. VIAU: Je pense qu'on réglerait le problème. Il s'agit
de donner un titre clair.
M. CHOQUETTE: C'est ça qui est important. A condition que vous
ayez ça et vous avez votre titre clair.
L'article qu'on passe est sujet à une renonciation. S'il n'y a
pas de renonciation de leur part, vous n'aurez pas de titre clair.
M. VIAU: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ça vous va?
M. VIAU: La phrase serait "sujet à la renonciation...
M. CHOQUETTE: A la renonciation à tout droit. A la renonciation
des derniers actionnaires de Remy Realty Ltd à tout droit sur ledit
immeuble.
M. VIAU: Alors à tout droit et restriction réservés
et stipulés en faveur de Remy Realty Ltd. dans l'acte de donation.
M. CHOQUETTE: C'est ça.
M. VIAU: Comment se lirait le texte? Est-ce que vous avez...
M. CHOQUETTE: Sujet à la renonciation. Me Viau, on me
suggère que nous ajournions ce bill, qu'aussitôt, que nous aurons
passé vos derniers articles, nous préparions le texte.
M. VIAU: Alors, on va passer aux autres articles, ce n'est pas long,
c'est seulement pour avoir un texte plus précis.
A l'article 6, il s'agit d'une abrogation dans la loi constitutive, dans
une loi qui avait amendé la loi constitutive qui se rapportait au nombre
de commissaires et qui n'a plus sa raison d'être, car ces articles
stipulaient 5 alors qu'aujourd'hui, il y en a 7. L'article 7, c'est la
même chose. C'est une abrogation d'un article qui n'a plus sa raison
d'être en ce qui regardait le nombre de commissaires. L'article 8 abroge
les articles 10 et 11 de la même loi qui concernaient les
élections. Les articles 9 et 10 abrogent des vieilles dispositions qui
sont désuètes depuis déjà presque douze ans,
concernant la taxe de vente que pouvait prélever la commission scolaire.
L'article 11 concernant la journée du scrutin, également n'a plus
sa raison d'être. L'article 12 a pour effet de déclarer que les
actes posés par la Commission des écoles catholiques de
Baldwin-Cartier, c'est-à-dire que tous les actes qui ont pu être
passés sous les différents noms sont déclarés,
réputés valides.
M. CHOQUETTE: Nous allons renvoyer votre bill à la fin. Dans
l'intervalle, on va rédiger un texte pour l'article 5.
M. VIAU: Ce n'est plus un papillon, c'est un drapeau.
M. PAUL: Sans référence aucune à celui que vous
avez à Montréal.
M. VIAU: Non, jamais.
M. LE PRESIDENT: Nous avons été informés que soeur
Marie Larose désirait se faire entendre à titre personnel.
M. VIAU: Soeur Marie Larose m'a appelé à quelques
reprises; elle est désireuse de pouvoir acheter. Elle est
l'économe des Soeurs franciscaines de Marie. Je la tiendrai au courant
de ce qui s'est passé ici.
Projet de loi no 109 (suite)
M. LE PRESIDENT: Merci. Nous revenons au projet 109, loi concernant les
successions de Patrick Labelle et de Maxime Brisebois. Me Geoffrion.
M. GEOFFRION (Antoine): Mesdames, messieurs les membres de la
commission, le bill tel que présenté originellement était
le résultat d'une entente intervenue entre tous les
intéressés. Depuis ce temps, il y a eu des ententes sur certaines
dispositions, que nous allons retirer parce que, s'il n'y a pas d'entente, nous
n'en ferons pas une disposition. Nous allons limiter le bill aux dispositions
sur lesquelles il y a encore entente.
Disons qu'il y aura certains paragraphes du préambule qui vont
sauter; après cela, il y aura des amendements de texte.
Commençant à la page 2 du bill, le deuxième paragraphe
complet du préambule doit être biffé ainsi que le dernier
paragraphe au complet. Deuxième paragraphe complet à la page 2 du
préambule, biffé; le dernier paragraphe de la page 2,
biffé; le premier paragraphe de la page 3, biffé; les derniers
mots du paragraphe qui finit au haut de la page 4: "Est présentement
habité par ladite Yvonne Labelle", biffé; l'article 1 au complet
du bill est biffé; l'article 3 au complet est biffé; le 2 reste;
on va y revenir. J'essaie d'éliminer les détails.
L'article 3 est biffé. L'article 8 est biffé. Il reste
l'article 2 qui devient l'article 1, les articles 4, 5, 6 et 7 qui deviennent
2, 3, 4 et 5 et, évidemment, l'article 9 qui devient l'article 6. Il y a
entente là-dessus par tous les intéressés. Je vais
signaler également quelques changements de texte, mais le but du bill,
tel qu'il demeure, c'est de permettre à des successions, chose qui n'est
pas permise par le testament, mais qui est d'une nécessité
urgente si on veut éviter la ruine, de vendre des immeubles de
succession.
L'immeuble principal, à Montréal, de la succession, c'est
un immeuble sur la rue Dorchester, à l'angle des rues Crescent, Bishop
et Dorchester, qui fait l'angle, côté nord, Cet immeuble est
occupé actuellement par MidTown Motors Sales dont le bail expire en
octobre.
Cette compagnie quitte les lieux en octobre et évidemment, c'est
le terrain qui vaut cher dans ce coin-là plus qu'autre chose. Il est
essentiel pour la survie, pour la solvabilité de la succession, que l'on
puisse vendre cet immeuble ainsi que les autres immeubles. Les successions
immobilières, c'est pas mal passé de mode aujourd'hui. Tous les
intéressés sont d'accord pour donner le pouvoir qui est contenu
à l'article 2 original, qui est maintenant l'article 1, soit de vendre
ou autrement disposer aux conditions approuvées, avec l'approbation de
la majorité des intéressés de ces immeubles. C'est l'effet
du premier paragraphe qui demeure. L'article 4 qui est l'article 2, c'est
simplement d'annuler de consentement, de déclarer nuls certains actes de
cession de droits qui ont été faits malgré une clause
d'accessibilité contenue dans le testament. Là encore, tout le
monde est d'accord. L'article 5 qui est maintenant l'article 3
décrète retard dans le partage jusqu'à la vente des
immeubles, en d'autres termes, on ne veut pas créer de situation
d'indivision. On vend les immeubles aussitôt qu'on le pourra et c'est
l'argent qui sera partagé ou les soldes de prix de vente et non
pas les immeubles. Il y a un immeuble à Ottawa et un immeuble principal
à Montréal. C'est simplement un retard dans le partage.
L'article 4. A la remise des biens par suite du partage. C'était
l'article 6 originairement. L'article 5 accorde une pension de $600 par mois
à la veuve d'un des bénéficiaires, Gilles Brisebois qui a
laissé des enfants... durant viduité. Tout le monde est d'accord
à ce sujet.
Maintenant, nous avons des changements de texte mineurs.
M. PAUL: A l'article 5 où il est question de la pension, vous
mentionnez une pension non inférieure à $600 par mois à la
valeur du dollar telle qu'établie lors de l'entrée en vigueur de
la présente loi.
M. GEOFFRION: Nous avons changé ça. La rédaction
laisse à désirer.
M. PAUL: A ce moment-là, j'aurais craint que vous puissiez faire
allusion à la valeur future des billets créditistes ou des
billets de la banque du Québec.
M. GEOFFRION: Non. Je comprends et c'est une des raisons... On vient de
le changer, il y a un nouveau texte pour ça, on vient de le changer
justement pour ça et d'autres raisons, à cause de
difficultés politiques que ça pouvait créer. D'ailleurs,
je vous donne le nouveau texte. Je voudrais me débarrasser des
amendements de moindre importance pour commencer, les amendements de rien. Dans
le premier paragraphe du préambule, il y a un des requérants,
Vincent-de-Paul Marceau qui a soudainement vu la lumière, qui a
déménagé de la ville de Dollard-des-Ormeaux à la
ville de Québec. Il a déménagé à
Québec. Il faudrait dire Vincent-de-Paul Marceau de la ville de
Dollard-des-Ormeaux, au lieu de la ville de Québec. Il faudrait changer
le titre également parce que là on ne parle plus de la succession
de Maxime Brisebois, on ne parle que de la succession Patrick Labelle. Les
articles qui ont été retirés avaient trait à la
succession Maxime Brisebois, alors il faudrait dire Loi concernant la
succession de Patrick Labelle. Ce sont les deux changements à la page
1.
A la page 3, il y a des changements de numéros, simplement des
descriptions de lots. Au dernier alinéa, à la quatrième
ligne, en français et en anglais, au lieu de 119-41, c'est 1194-41 et
à la cinquième ligne, en français et en anglais
également, au lieu de 119-P. 43, c'est 1194-PSO 42.
Comme j'ai dit, en haut de la page 4, on enlève: "est
présentement habité par ladite Yvonne Labelle" parce qu'elle ne
l'habite plus. Après ça, il y a à l'article 4, maintenant
l'article 2, à la cinquième ligne, au lieu de 970122, c'est
990122, une erreur typographique. A l'article 3, originalement 5, la
deuxième avant-dernière ligne, la référence est
à l'article 1 au lieu de l'article 2; concordance. De même
à l'article 4, originalement article 6, à la dernière
ligne, la référence doit aller à l'article 5 au lieu de
l'article 7.
Maintenant, pour le nouveau texte de l'article 5, je n'ai
malheureusement que le français, je n'ai pas encore fait l'anglais.
D'ailleurs, ça va se faire. "A la suite de tout partage partiel ou
final, les fiduciaires et exécuteurs testamentaires c'est comme
ça que ça se lit maintenant de ladite succession devront,
à même les biens capitaux revenant aux enfants dudit Gilles
Brisebois qui est mort retenir par devers eux des biens
suffisants pour assurer à Jean Hamilton, la mère desdits enfants
et verser à cette dernière, et ce durant viduité
seulement, une pension de $600 par mois, le capital desdits biens devant
être remis aux propriétaires à l'expiration de telle
obligation alimentaire."
Je crois que ce nouveau texte est plus satisfaisant que l'ancien, sans
changer aucunement l'intention qui est exprimée dans l'ancien.
M. PAUL: Est-ce que vous avez une copie de votre papillon?
M. GEOFFRION: Malheureusement non, il est écrit ici. Je peux vous
donner, par exemple, ce que j'ai ici. Comme nous l'avons fait il y a seulement
quelques minutes et après l'ouverture de la session, nous n'avons pu le
discuter avec les légistes. Mais ce qui est arrivé, c'est que je
n'avais pas vu ce texte avant et quand je l'ai vu, je n'en étais pas
satisfait. Alors, je l'ai fait changer.
M. LE PRESIDENT: Nous allons maintenant entendre Me Nolin.
M. CHOQUETTE: Il y aurait peut-être des questions que nous
pourrions poser à Me Geoffrion tout de suite. Si je comprends bien, M.
Patrick Labelle est décédé en 19...
M. GEOFFRION: 1934, c'est-à-dire il y a 40 ans.
M. CHOQUETTE: En 1964.
M. GEOFFRION: Non, 1934.
M. CHOQUETTE: En 1934.
M. GEOFFRION: Oui, cela fait 38 ans.
M. CHOQUETTE: Et il a laissé un testament...
M. GEOFFRION: Oui.
M. CHOQUETTE: ... qui instituait son épouse, son
usufruitière. C'est ça?
M. GEOFFRION: C'est bien ça, oui. M. CHOQUETTE: Quoi? M.
GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: La vie durant de l'épouse?
M. GEOFFRION: Exactement. Elle est encore en vie.
M. CHOQUETTE: Elle est encore en vie. Le partage doit se faire au
décès de l'épouse...
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: ... en faveur de ses petits-enfants...
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE : ... par souche.
M. GEOFFRION : C'est par souche, oui, je crois.
M. CHOQUETTE: Actuellement, il y a trois immeubles en succession...
M. GEOFFRION: Il y a trois immeubles en succession.
M. CHOQUETTE: ... il y en a un à Ottawa, un sur la rue Dorchester
et un sur la rue Sherbrooke.
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Celui d'Ottawa est grevé d'une hypothèque de
$900,000.
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: ... celui du boulevard Dorchester, c'est le garage
Mid-Town et l'autre, c'est une maison d'habitation qui est occupée
par...
M. GEOFFRION: Qui était occupée jusqu'à
récemment par la veuve, mais qui ne l'est plus.
M. CHOQUETTE: L'effet de votre bill c'est, premièrement, de
permettre la vente des immeubles en question ou l'aliénation des
immeubles en question avant le partage de la succession.
M. GEOFFRION: Oui, avec le consentement de la majorité des
intéressés.
M. CHOQUETTE : Sans intervention judiciaire.
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Deuxièmement, c'est de retarder même le
partage au moment où les immeubles auront été
aliénés.
M. GEOFFRION: Pas pour l'immeuble de la rue Sherbrooke; pour les deux
autres, oui.
M. CHOQUETTE : Evidemment, vous dites que vous avez le consentement des
héritiers. Qui sont les nus-propriétaires?
M. GEOFFRION: Ils sont tous requérants.
M. CHOQUETTE : Ils sont tous mentionnés dans la liste ici.
M. GEOFFRION: Il y en a un qui consent au principe du bill, c'est Donat
Brisebois, mais, lui, sa position est assez particulière. C'est un
enfant adoptif et la question de savoir s'il a, oui ou non, des droits comme
héritier est actuellement devant les tribunaux. Je n'ai pas d'opinion
à exprimer sur le sujet, d'un bord ou de l'autre.
M. CHOQUETTE: Combien M. et Mme Patrick Labelle ont-ils eu
d'enfants?
M. GEOFFRION: Cinq enfants; pas Patrick Labelle. M. et Mme Patrick
Labelle n'ont eu qu'une fille.
M. CHOQUETTE : Une fille qui était Mme Brisebois?
M. GEOFFRION: Oui.
M. CHOQUETTE: Et il y a cinq petits-enfants?
M. GEOFFRION: Oui, c'est Mme Brisebois qui a actuellement le revenu
d'ailleurs. Mme Labelle est morte.
M. CHOQUETTE: Les petits-enfants sont mineurs?
M. GEOFFRION: Non, ils sont tous majeurs.
M. NOLIN: M. le Président, excusez M. le ministre, ce n'est pas
que je veux reprendre M. Geoffrion, c'est que Patrick Labelle, le
grand-père, a laissé l'usufruit à son épouse et
à sa fille. Et Yvonne Labelle qui est mentionnée... Cet usufruit
dure encore et, en 1934, au moment du décès, c'est cinq enfants
qui étaient nés du mariage de Yvonne Labelle, la fille de Patrick
et de Maxime Brisebois. On les a mentionnés; vous avez, à la page
2, en haut, le texte même du testament qu'on a reproduit en disant que,
"et en définitive, quant au capital, des enfants issus du mariage de
cette dernière avec Maxime Brisebois, lesquels enfants il institua ses
légataires universels". On a pris exactement le texte du testament
à cause de ce débat qui existe devant les tribunaux au
sujet...
M. CHOQUETTE: Les nus-propriétaires sont les cinq enfants issus
du mariage de la fille du testateur originaire?
M. NOLIN: C'est ça, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Ces cinq enfants, est-ce qu'ils sont tous majeurs?
M. NOLIN: Ils sont tous majeurs; il y en a un qui est
décédé, c'est Gilles...
M. CHOQUETTE: Sans...
M. NOLIN: Oui, en laissant deux enfants.
M. CHOQUETTE: En laissant deux enfants, les enfants de Jean
Hamilton.
M. NOLIN: C'est ça, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Ce sont les deux mineurs?
M. NOLIN: Les deux mineurs, en ce sens qu'il y a d'autres enfants
mineurs, parce qu'il y a d'autres enfants mariés qui ont des enfants
eux-mêmes. A partir du moment du décès de Gilles, le
testament prévoit que tout légataire à titre universel qui
décède et qui laisse des enfants, ce sont ses enfants qui
prennent sa place. C'est pour ça qu'il faut faire cette
référence bien précisément, parce que les deux
enfants de Gilles sont actuellement les légataires.
M. CHOQUETTE: Je comprends. Ils viennent par représentation de
leur père décédé.
M. NOLIN: Ils viennent plus que par représentation, c'est le
testament lui-même qui les...
M. CHOQUETTE: Ah bon! en plus.
M. NOLIN: Ce n'est pas seulement par représentation.
Ils sont désignés, pas parce qu'ils ont été
identifiés, mais le testament prévoit plus que ça, vous
allez voir, par les dispositions quant à deux autres des
légataires, Suzanne et Micheline, c'est qu'il est question des enfants
d'Yvonne, qui décèdent sans enfant, leur part retourne à
ceux des autres légataires. C'est dans le testament ça aussi.
La disposition principale qui reste dans le bill, c'est parce qu'il y
avait une probihition d'aliéner pour la rue Dorchester, qui est en fait
l'article 1 du bill, c'est ça qui était une des questions
importantes. Il y avait une prohibition d'aliéner qui, en fait, cause
des ennuis, des difficultés à cette succession, aux fiduciaires,
qui est demandée et pour retarder, comme disait M. Geoffrion, le partage
tant que les immeubles principaux ne sont pas vendus, à savoir celui
d'Ottawa et celui de la rue Dorchester.
M. GEOFFRION: Effectivement, sur les cinq enfants, il y en a un de
décédé et il y en a deux d'interdits, qui n'ont pas
d'enfants et qui ne sont pas mariés, et deux autres qui usent de leurs
droits.
M. PAUL: Pour prodigalité? M. NOLIN: Non.
M. GEOFFRION: D'autres raisons. C'est une interdiction
d'incapacité mentale, disons.
M. CHOQUETTE: De qui les deux interdits sont-ils les enfants?
M. GEOFFRION: Ce sont les enfants de Mme Brisebois. Vous avez Marceau et
Colombe Cousineau, qui sont curateurs de Micheline Brisebois. Vous avez
Marie-Antoinette Gervais et Roland Brisebois, qui sont curateurs de Suzanne
Brisebois.
Vous avez Mme Jean Hamilton, qui est tutrice des enfants et qui est
là aussi comme requérante. En d'autres termes, tous les
intéressés disponibles sont là. Les enfants mineurs sont
représentés par tuteurs, les interdits par leur curateurs.
M. CHOQUETTE: Est-ce que Mme Brisebois mère serait interdite?
M. GEOFFRION: Interdite également; le curateur, M.
Senécal, est requérant également.
M. CHOQUETTE: Pour ce qui est de Mme Hamilton, en somme, on lui verse
une pension, mais non inférieure à $600 par mois. Cela
résulte de quoi?
M. GEOFFRION: C'est une pension qui doit jouer après le partage,
suivant nos textes. Ce n'est pas une pension qui va prendre effet
immédiatement. Cela prend effet après le partage, quand la part
de ses enfants sera établie.
M. CHOQUETTE: En vertu de quoi est-ce qu'on lui donne une pension? On
dit que c'est à même les biens-capitaux revenant à ses
enfants.
M. GEOFFRION: Tout le monde s'est entendu pour qu'il en soit ainsi,
c'est la première et meilleure raison. La deuxième raison que je
peux suggérer, c'est qu'il existe une obligation alimentaire des enfants
envers leur mère dans toutes les juridictions. Elle demeure en Floride
en fait.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec vous, mais est-ce que c'est à
nous de passer une loi comme ça?
M. GEOFFRION: C'est l'entente entre les intéressés. Je
vous le dis bien franchement. C'est tout ce que je peux dire.
M. CHOQUETTE: Les enfants ne sont pas ici pour dire le contraire.
M. GEOFFRION: Je suis d'accord, mais ils sont
représentés.
M. CHOQUETTE: Est-ce que nous allons nous mettre à la place des
enfants?
M. GEOFFRION: Je laisse ça à la commission. J'ai dit tout
ce que je pouvais dire à ce sujet, parce que réellement c'est une
entente, c'est pour sanctionner ce que j'appellerais une obligation naturelle,
c'est tout ce que je peux dire.
M. LE PRESIDENT: M. Nolin, s'il vous plaît.
M. NOLIN: M. Geoffrion a fait exactement le résumé du
projet de loi présenté tel que maintenant modifié; je n'ai
rien à ajouter à ce que M. Geoffrion vient de dire.
M. CHOQUETTE: Qui représentez-vous?
M. NOLIN : Moi, je représente Mme Hamilton et Mme O'Neil, Mme
Ghislaine Brisebois, la veuve, et les enfants de Gilles Brisebois.
M. CHOQUETTE: Mme Hamilton, je présume qu'elle a des revenus,
à l'heure actuelle, de cette succession.
M. NOLIN: Non.
M. CHOQUETTE: Comment cela se fait-il
M. NOLIN : Vous voyez que les articles 1 et 3 du premier projet ont
été retirés; c'est qu'on prévoyait que les revenus
appartenaient à Mme Maxime Brisebois, veuve, son usufruit, c'est elle
qui les reçoit. Il s'agissait, à un moment donné que le
surplus soit distribué par le curateur. Cela, on l'élimine, on
n'en parle plus. Par conséquent, il n'y a pas de revenus de la
succession à une autre personne que Mme Labelle. Il n'y a pas de revenus
payés à une autre personne que Mme Brisebois.
M. CHOQUETTE: J'ai beaucoup de sympathie en principe pour Mme Hamilton
et, pour lui voter une pension à même les biens de ses enfants, je
pense que ce n'est réellement pas faisable dans un texte de loi. A
l'article 5, de prime abord, j'ai des objections.
M. NOLIN: Oui.
M. CHOQUETTE: Il me semble qu'on fixe le montant de la pension que les
enfants devraient payer à leur mère en vertu de l'obligation
alimentaire à laquelle M. Geoffrion a fait allusion et ce n'est
même pas tout de suite qu'on le fait, c'est dans l'avenir, seulement
après le partage. Je pense que cet article on ne peut pas l'accorder. Ce
seront les tribunaux qui changeront les obligations alimentaires entre la
mère et les enfants à ce moment.
M. NOLIN: En fait, tant et aussi longtemps que le bill restait tel que
présenté originairement, que les articles 1 et 3 étaient
pour être présentés devant la commission mais ils ne
le sont plus celui-là s'attachait à ces articles 1 et 3.
Alors, avec la disparition des articles 1 et 3, je suis d'accord avec vous, M.
le ministre, que cela a moins de couleur.
M. CHOQUETTE: On ne peut pas faire cela. Je pense qu'on doit l'exclure
tout de suite, celui-là. Maintenant, les autres, il faut lui donner le
temps de concevoir les répercussions de tout cela, même si les
incidences au point de vue juridique et au point de vue des enfants... Ils ne
sont pas ici. Je suis très embarrassé pour me prononcer sur le
reste du bill immédiatement. Je ne sais pas si les honorables
collègues sont plus éclairés que moi.
M. BURNS: Nous partageons votre embarras.
M. PAUL: Mais d'un autre côté, il ne faut pas les placer
dans l'embarras non plus de ne pas avoir essayé de régler un
problème.
M. CHOQUETTE: Non, je comprends la situation réelle; et en
rapport avec les immeubles, si on peut faire quelque chose, on va
sûrement le faire. Ce n'est pas un refus d'agir, c'est simplement qu'on
voudrait être sûr qu'on pose des gestes compatibles avec...
M. GEOFFRION: Evidemment, je n'ai pas grand-chose à ajouter; vous
comprenez très bien la situation. C'est dans l'intérêt de
tout le monde de disposer des immeubles de nos jours, les successions
immobilières c'était à la mode il y a cinquante, soixante
ans.
M. CHOQUETTE: Article par article, M. Geoffrion; commençons
à votre article 1. Commission de base. Alors, permission de vendre les
immeubles, c'est cela?
M. GEOFFRION: Non, seulement l'immeuble de la rue Dorchester.
M. CHOQUETTE: Vous l'aliénez.
M. GEOFFRION: Avec le consentement de la majorité des
personnes...
M. CHOQUETTE: C'est un immeuble qui vaudrait combien à peu
près?
M. GEOFFRION: C'est un immeuble qui peut valoir de $2 millions à
$3 millions. Vous devez le connaître cet immeuble. Le terrain forme un...
Il a front sur trois rues.
M. NOLIN: C'est cela.
M. GEOFFRION: Il forme Dorchester, Crescent et Bishop, il est à
côté de l'ancien hôtel Ford, les anciens quartiers
généraux de Radio-Canada. Il comprend plusieurs centaines de
mille pieds carrés et au prix que cela vaut sur la rue Dorchester de nos
jours, pouvoir attendre plutôt que de vendre rapidement $2 millions
à $3 millions...
Ce n'est pas une estimation exagérée de sa valeur.
Maintenant, si vous procédez par vente du tiers ou par partage et
licitation, évidemment, on peut perdre beaucoup d'argent et c'est une
des raisons pour lesquelles on aimerait bien pouvoir en disposer de gré
à gré, dans l'intérêt de tout le monde, quoi.
M. CHOQUETTE: Cet immeuble-là, si on ne donne pas la permission
de l'aliéner, tel que demandé par votre article 1,
évidemment la succession doit continuer à...
M. GEOFFRION: Payer les taxes.
M. CHOQUETTE: ... à le garder dans son patrimoine jusqu'au moment
du partage.
M. GEOFFRION: Exactement.
M. CHOQUETTE: Bon! Actuellement, il est loué à Mid-Town
Motor Sales Ltd.
M. GEOFFRION: Mais le bail expire au mois d'octobre prochain et ils nous
ont donné... Même, il expire avant ça, mais ils sont
restés et ils nous ont donné avis qu'ils quittaient au mois
d'octobre; c'est ce qui fait le bris. Voyez-vous! Ce bill-ci a
été attaché par feu le notaire Faribault qui disait: "Il y
a une crise là-dedans parce qu'ils s'en vont à la fin de
l'année." Cela n'est pas arrivé, Mid-Town Motor Sales Ltd. n'est
pas parti à la fin de l'année; il est resté un an ou deux
de plus.
Mais, c'est définitif il a dit qu'il s'en allait au mois
d'octobre. Alors, on a sur les bras un immeuble vide qui n'est pas très
facile à louer, qui n'est pas facile à vendre et c'est là
notre difficulté.
M. CHOQUETTE: Maintenant, si on pense...
M. GEOFFRION: Les taxes sont considérables évidemment.
M. CHOQUETTE: Je comprends la situation. Si on pense aux conditions,
à la seule condition d'obtenir le consentement de la majorité des
personnes étant, soit des légataires universels majeurs et
capables de feu Patrick Labelle, soit curateurs à desdits
légataires universels incapables, soit tutrice aux enfants de Gilles
Brisebois, soit curateur à Yvonne Labelle, cela couvre tout le
monde.
M. GEOFFRION: Cela couvre tout le monde.
M. CHOQUETTE: Bon! Et ça, sans qu'il soit besoin d'intervention
judiciaire...
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: ... ou de conseil de famille pour autoriser... Pourquoi ne
pas avoir de conseil de famille? Moi, je trouve qu'on...
M. GEOFFRION: Voyez-vous, les deux interdits sont ici. Les mineurs sont
en Floride; c'est déjà très compliqué. Ce qui
m'embête, c'est qu'on aimerait bien pouvoir recevoir une offre. Disons
que parfois, c'est cinq jours, parfois, c'est dix jours. Parfois c'est moins
long que ça, parfois c'est 30 jours; cela varie. Mais nous aimerions
bien pouvoir accepter le plus vite possible. C'est une question de
célérité dans la procédure.
M. CHOQUETTE: Mais moi, j'exigerais, de prime abord, une autorisation
d'un juge de la cour Supérieure sur requête sommaire...
M. GEOFFRION: Peut-être.
M. CHOQUETTE: ... pour autoriser ça.
M. GEOFFRION: Cela se fait bien. Remarquez bien que, si on se borne
à cela, qu'on n'a pas besoin de convoquer les conseils de famille, je
dirais que ça pourrait aller. En d'autres termes, je pourrais dire que,
si les exécuteurs peuvent arriver avec une requête sommaire
à un juge de la cour Supérieure, en faisant valoir qu'ils font
preuve du consentement de la majorité, ça va parce que c'est une
question de...
M. CHOQUETTE: M. Geoffrion, nous sommes en train d'enfreindre plusieurs
règles. Premièrement, nous sommes en train de permettre la vente,
sans licitation, sans mise à l'enchère. C'est la première
règle que nous écartons. Deuxièmement, nous sommes en
train d'écarter les conseils de famille pour autoriser les curateurs et
les tuteurs. Je trouve ça très fort; je trouve que l'on devrait
avoir des conseils de famille. Si vous me demandez un avis...
M. GEOFFRION: L'embêtement, c'est la question de temps. Je vous le
dis bien franchement, c'est la question de temps qui m'embête.
M. CHOQUETTE: Mais la réunion d'un conseil de famille, ce n'est
pas si compliqué que ça.
M. GEOFFRION: J'en ai fait et évidemment, moi, je n'en fais pas
à toutes les sauces mais disons que j'en ai fait faire. Cela prend
toujours bien du temps. Dans ce cas-ci, ça
prendrait quatre conseils de famille, remarquez bien.
M. CHOQUETTE: Cela se fait le même matin. M. Geoffrion, cela se
fait le même matin.
M. GEOFFRION: Tout cela se ferait le même matin. C'est exact. Nous
sommes capables de le faire. Strictement parlant, nous sommes capables de le
faire. Cela prendra un peu plus de temps, c'est tout. Je ne peux pas vous dire
que cela prendrait tellement de temps.
M. CHOQUETTE: Il faudrait que ce soit unanime.
M. GEOFFRION: Je crains que l'unanimité ne soit pas à
conseiller, dans ce cas. Mon associé, Me Cogger, a passé par les
négociations dans cette affaire. Je ne voudrais pas que des membres de
la famille soient en position de faire chanter les autres. Je le dis bien
franchement, sans arrière-pensée. C'est un cas de
majorité. C'est une décision d'affaires qu'il faut prendre. Il y
a six intéressés, c'est donc quatre sur six. Ce sont les deux
tiers, n'importe comment.
M. NOLIN: Si M. le ministre me permet, comme c'est le seul immeuble. Les
fiduciaires ont plein pouvoir de disposer des autres immeubles, sous toutes les
formes, sans aucune consultation avec les légataires. C'est pour cela
que nous avons suggéré la présente formule, pour ne pas
détruire complètement l'esprit du testament, à savoir
qu'il y avait une prohibition d'aliénés. Les fiduciaires peuvent
disposer de tous les autres immeubles, sans aucune espèce de
consentement, de consultation, d'avis de quelque sorte que ce soit. C'est le
testament. Donc, quand on arrive à celui de la rue Dorchester, comme M.
le ministre me le suggère, naturellement, nous aurions pu nous en
remettre aux fiduciaires, avec les mêmes pouvoirs qu'ils ont pour les
autres immeubles, mais en respectant ce que le testateur avait
suggéré. C'est comme cela qu'on arrive à ce texte qui,
comme on l'a mentionné, met de côté certaines
règles, mais pas complètement, en ce sens qu'on demande la
majorité des légataires, et de ceux qui représentent
certains des légataires.
En fait, c'est pour cela. Si tous les immeubles étaient pour
être réglés par l'article 1 de la loi... mais les
fiduciaires peuvent disposer des autres immeubles. Je ne vous dis pas qu'ils ne
le font pas, et qu'ils ne consultent pas les légataires, mais, entre
cela et dire qu'ils ont la possibilité de le faire, je dis qu'ils
peuvent le faire sans les consulter.
M. HARDY: Il y avait quand même des raisons pour que le testateur
fasse cette distinction entre l'immeuble de la rue Dorchester et les
autres.
M. NOLIN: On croit qu'il y a un attachement sentimental. Il avait
vécu près de là.
M. HARDY: Cela revient au principe évoqué plus tôt
par le ministre de la Justice. Je comprends que des raisons d'ordre pratique,
à un moment donné, doivent obliger le législateur à
mettre de côté certaines volontés des testateurs, mais,
d'un autre côté, il faut aussi respecter les testaments. Sans
cela, si on démantibule tous les testaments au gré des gens, il
n'y a plus de testament possible.
M. GEOFFRION: J'aimerais bien parler sur cette question qui est un peu
épineuse. Il ne faut pas oublier deux choses: A une certaine
période de notre histoire je ne sais pas si c'était la
faute des notaires ou la faute des testateurs mais les testateurs
aimaient bien se perpétuer, en s'assurant que les conditions resteraient
toujours les mêmes. Ils ont établi des règles qu'ils
considéraient comme stabilisatrices.
Evidemment, depuis ce temps, les choses ont beaucoup changé.
Elles changent encore et sont appelées à changer encore plus,
à mon avis. Je ne veux pas dire que vous devriez passer une loi
générale, remarquez bien. Mais, personnellement, je suis contre
la tentative d'un testateur de se perpétuer, parce que,
généralement, à moins que la Législature
n'intervienne, il finit par ruiner sa succession s'il essaie de poser des
règles rigides. C'est bien beau de dire: C'est la volonté du
testateur, mais est-ce que vous pouvez dire réellement qu'un testateur a
voulu ruiner sa succession et que, s'il avait su ce qui allait se passer, il
aurait fait la même chose? La réponse à cela est non.
C'est bien beau, la volonté des testateurs, mais, dans les
circonstances actuelles, ça n'a plus de bon sens. Nous sommes pris avec
un gros immeuble qui vaut $2 millions ou $3 millions. Nous payons des taxes
considérables. Nous n'aurons pas de locataires à partir du mois
d'octobre prochain. Il s'impose et il est nécessaire pour le
bien-être de tous les intéressés qu'on agisse vite. C'est
là-dessus qu'on soumet la situation. Je n'aimerais pas obtenir
l'unanimité. La majorité semble suffire pour avoir le
consentement. On peut toujours passer par les procédures s'il le
faut.
M. HARDY: Vous voulez dire qu'il y aurait... Vous posez la situation
extrême. C'est évident qu'il n'y a pas de testateur s'il est sain
d'esprit, qui désire que sa succession soit brimée. Tout le monde
est d'accord. Je pense que vous mettez de côté un peu trop
facilement cet instinct de conservation. Vous n'avez pas l'air de tenir
tellement compte du désir des testateurs de se perpétuer. C'est
quelque chose de profondément humain et, pour autant que cela ne met pas
une succession en péril, je trouve ça normal qu'un testateur
veuille se perpétuer. C'est l'instinct de conservation. C'est
comme les hommes politiques qui essaient de passer à
l'histoire.
M. GEOFFRION: Ce n'est pas exactement la même chose.
M. HARDY: Pour revenir au cas pratique, peut-être serez-vous
d'accord; mais, au moins, qu'il y ait unanimité. Parce que, si vous
n'acceptez pas l'unanimité, si je continue votre raisonnement, si c'est
vrai que la non vente de cet immeuble de la rue Dorchester va conduire à
la ruine de la succession et si vous n'avez pas d'unanimité, cela
présuppose qu'il y a des héritiers à qui la ruine de la
succession ne fait rien. Je ne comprends pas trop.
M. CHOQUETTE: Je pense, M. Geoffrion, comme le dit M. Hardy,
député de Terrebonne, que, si vous avez le consentement des
héritiers, soit, pour ceux qui sont capables, leur consentement
personnel, et pour les autres, le consentement de leur tuteur ou curateur, sur
avis du conseil de famille, à ce moment-là, c'est pas mal plus
défendable qu'on vous autorise à aliéner l'immeuble.
M. GEOFFRION: Est-ce qu'on ne pourrait pas prendre un moyen terme alors?
S'il y a unanimité, ça va. Sinon, si la majorité consent,
on doit s'adresser à la cour et elle décidera.
M. CHOQUETTE: C'est une pure formalité.
M. GEOFFRION: Non, ce n'est pas une pure formalité parce que
celui qui est contre peut comparaître et donner les raisons de son
objection. C'est aussi simple que ça. En d'autres termes, ce n'est pas
une pure formalité et vous avez l'esprit de la Loi des compagnies pour
l'acquisition ou l'expropriation des actions d'une minorité. Vous devez
être pas mal familiers avec cette loi-là puisque plusieurs d'entre
vous l'ont adoptée? En principe, lorsque quelqu'un, sur une offre
d'acquisition d'accès à une compagnie, est à 90 p.c. ou
plus, il peut exproprier les autres. Mais les autres ont le droit de s'opposer
à l'expropriation devant les tribunaux et si les tribunaux leur donnent
raison, l'expropriation n'a pas lieu. Vous avez fréquemment...
M. CHOQUETTE: C'est une matière commerciale. L'action est en
matière civile.
M. GEOFFRION: Ici, malheureusement, on est en matière
commerciale. Pas techniquement, parce qu'il s'agit d'immeubles. On est en
matière d'affaires. Des affaires qui ne sont pas petites.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord, mais on demeure malgré tout en
matière civile. Est-ce que vous prévoyez qu'il y a des
héritiers ou encore des représentants d'héritiers qui
pour- raient s'opposer à une vente à un prix raisonnable?
M. GEOFFRION: Actuellement, la réponse est non. Mais je dirais
qu'étant donné les difficultés que nous avons eues, si la
négociation s'était faite ici... On avait eu une entente sur tout
le bill, tel que présenté. On ne l'a plus. Il n'est pas question
de blâmer qui que ce soit; remarquez bien ça. Je ne me prononce
pas là-dessus. Je dis simplement ce que la situation nous a
prouvé.
La situation et toutes ces négociations nous ont prouvé
que les héritiers sont quelque peu, certains d'entre eux au moins,
volatiles. Je me sentirais beaucoup plus en paix avec la majorité
qu'avec l'unanimité. C'est ma difficulté. On risque que la
solution ne soit pas pratique.
Remarquez que vous ne créez pas une situation qui va durer bien
longtemps non plus. La bénéficiaire actuel a 75 ans et elle n'est
pas en bonne santé?
M. CHOQUETTE: Qui?
M. GEOFFRION: La légataire actuelle a 75 ans et n'est pas en
bonne santé. Evidemment, si nous retardons le partage pour que la vente
d'un immeuble... Réellement, M. le ministre, M. le Président, je
crains que l'affaire s'avère inutile si on exige l'unanimité. La
majorité est favorable aux procédures de la cour. Que le
dissident ait le droit d'aller devant la cour et protester il faut lui
donner avis évidemment sur l'enquête s'il a de bonnes
raisons, la cour lui donnera raison, si c'est simplement un caprice, la cour ne
lui donnera pas raison. Cela revient à ça. Je crains qu'on suive
par caprice.
M. CHOQUETTE: M. Geoffrion, le Solliciteur général me fait
une suggestion qui vaut peut-être la peine d'être
étudiée. On exige l'unanimité avec conseil de famille pour
une vente; à défaut d'une telle unanimité, qu'il puisse y
avoir une requête à la cour Supérieure pour obtenir un
accord de la cour à une vente projetée. Vous comprenez?
M. GEOFFRION: Oui, accepté. S'il n'y a rien qui s'y oppose, il
ira montrer pourquoi. S'il a de bonnes raisons, la cour va lui donner raison;
s'il n'a pas de raison, la cour lui donnera tort. Par définition, tous
les juges sont de bons juges.
M. CHOQUETTE : Cela semble recueillir l'unanimité.
M. HARDY: On a l'accord du député de Portneuf, Me
Drolet.
M. CHOQUETTE: Adopté sous réserve de rédiger, parce
qu'il faudrait que cela soit rédigé.
M. GEOFFRION: Je suis d'accord.
M. PAUL: C'est l'art d'un bon patron de ne pas travailler, Me
Geoffrion.
M. GEOFFRION: Exactement, il faut travailler le moins possible.
M. PAUL: Les comptes, est-ce que ce sont vos associés ou vous qui
vous en occupez?
M. GEOFFRION: Cela varie, je vous dirais qu'également je m'en
occupe le moins possible. Je ne veux pas dire que je ne m'en occupe pas, par
exemple.
M. PAUL: Adopté avec rédaction dans le sens
suggéré par le ministre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous demandez que le texte soit relu? Dans
ce cas-là, il n'est pas adopté.
M. CHOQUETTE: Suspendu.
M. HARDY: L'article est suspendu, quitte à voir...
M. LE PRESIDENT: Le texte sera relu peut-être avant la fin des
présents travaux de la commission.
M. HARDY: Est-ce que vous pensez pouvoir rédiger le texte avant
la fin de la séance?
M. GEOFFRION: Cela dépendra du moment où la séance
sera finie.
M. LE PRESIDENT: Il reste deux autres projets de loi.
M. GEOFFRION: Je calcule que le texte va prendre une demi-heure à
rédiger, pas plus que cela. J'essaie d'être réaliste.
M. CHOQUETTE: Si nous n'avons pas le temps ce matin, nous reviendrons
à quatre heures cet après-midi.
M. GEOFFRION: Pour cet après-midi, c'est certain.
M. LE PRESIDENT: Il est déjà midi et nous avons deux
autres projets de loi, Me Viau également. Préparez le texte et
s'il n'est pas prêt pour midi et demi, nous reviendrons à quatre
heures pour l'entendre.
Me Viau avec le projet de loi...
M. GEOFFRION: Les autres articles, 2, 3 et 4 restent.
M. BURNS: L'article 2, quel en est le but?
M. GEOFFRION: Tout le monde est d'accord, nous voulons éviter
d'aller devant les tribunaux. C'est aussi simple que cela. Nous pourrions aller
devant les tribunaux et faire déclarer ça nul.
M. HARDY: Pour quelle raison?
M. GEOFFRION: Il y a prohibition d'aliéner. Ils ont
transféré leurs droits en violation d'une prohibition
d'alinéner contenue dans le testament. C'est la raison.
M. HARDY: C'est pour régulariser une situation.
M. GEOFFRION: C'est simplement ça. M. BURNS: Adopté.
M. GEOFFRION : Nous ne viendrons jamais ici que pour cela, remarquez
bien.
M. PAUL: A l'article 3, pour être logiques avec nous-mêmes,
il faudrait corriger les trois dernières lignes, où il est
question du consentement de la majorité.
M. NOLIN: Mme Labelle sera décédée, il n'y aura pas
de partage. C'est pour cela que l'exemption du curateur de Mme Labelle
n'existera plus, la curatelle sera terminée. Le partage ne peut pas se
faire avant la fin de l'usufruit de Mme Labelle.
M. CHOQUETTE: Je trouve que cet article est prématuré.
Vous devriez vous adresser à un autre Parlement lorsque... Là,
vous nous demandez de retarder un partage jusqu'à la vente des
immeubles. Cela dépend de la volonté de vendre et un partage a
été ordonné dans le testament. Je trouve que le partage
devrait avoir lieu à ce moment-là. Si vous voulez avoir un retard
de partage, vous présentez un autre bill dans ce temps-là. Nous
ne pouvons pas tout prévoir ce qui va se produire.
M. NOLIN: C'est advenant le cas où l'immeuble ne serait pas
vendu. Il n'y a pas qu'un immeuble, il y en a plusieurs. Le plus important est
celui d'Ottawa, le deuxième est celui de la rue Dorchester. Donc, c'est
pour cela que nous mentionnons ces deux-là, de façon comme
M. Geoffrion l'a expliqué que le partage ne soit pas
précipité ou qu'il y ait de l'indivision entre les... C'est pour
que les fiduciaires continuent à administrer avant que les ventes
n'interviennent. C'est le but.
Vous dites que c'est prématuré avec la demande de
permission de vendre l'immeuble de la rue Dorchester, si c'était
avantageux pour tout le monde. Naturellement, comme les fiduciaires ont le
droit de réinvestir le produit, ça veut dire qu'ils peuvent se
retrouver à un autre immeuble. A un moment donné, les
administrateurs de la succession vont être assez intelligents pour aller
réinvestir cela dans l'immeuble.
M. GEOFFRION: Je pense que oui.
M. CHOQUETTE: Je trouve que de reporter le partage, à plus tard,
on ne peut prendre une décision intelligente sur cela. C'est un
événement qui va se produire on ne sait dans combien
d'années. On ne sait pas quel sera l'actif de la succession à ce
moment-là, de quoi il sera composé. Dans ce temps-là, vous
présenterez un autre bill, si vous voulez retarder l'adoption. Comme on
a fait dans plusieurs successions, la succession Masson, la succession Rodier,
on a remis les partages, on donne des délais de trois ans, cinq ans,
suivant le cas.
M. NOLIN: Les articles 3 et 4.
M. GEOFFRION: D'accord, les articles 3 et 4.
M. PAUL: Tenez-vous à l'article 6, M. Geoffrion.
M. NOLIN: Il va devenir l'article 3.
M. GEOFFRION: J'espère ne pas parler trop longtemps à
l'article 6.
M. PAUL: Les articles 3 et 4, M. le ministre, il demande de les rayer.
Us sont rayés. L'article 5 est rayé. Il reste les articles 2, 4,
9 qui deviennent 1,2, 3.
M. CHOQUETTE: L'ancien article 6?
M. PAUL: Il est rayé.
M. CHOQUETTE: Vous l'avez rayé?
M. GEOFFRION: L'ancien article 6 est conforme au testament, on peut le
garder.
M. CHOQUETTE: Il reste l'ancien article 2, l'ancien article 4 et
l'ancien article 9.
M. NOLIN: C'est ça.
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Alors, à revoir cet après-midi.
M. GEOFFRION: Merci beaucoup. M. LE PRESIDENT: Me Viau.
Projet de loi no 111 (suite)
M. VIAU: Il y a deux...
M. LE PRESIDENT: Pour référence, c'est le projet de loi
111.
M. VIAU: Il y a deux solutions possibles. Nous avons
rédigé quelque chose. Une alternati- ve serait que la commission
accorde la permission d'aliéner sous réserve de la renonciation
par les derniers actionnaires de Remy Realty Limited à la condition
contenue dans l'acte de donation à l'effet que ledit immeuble doit
être employé pour des fins scolaires catholiques seulement.
Si la commission siégeait la semaine prochaine, je me demande
s'il y aurait possibilité d'ajourner et, d'ici là, j'essaierais
d'avoir des actionnaires en question, leur renonciation pour en venir à
un règlement. On pourrait alors avoir un texte qui serait simplement une
permission de tout aliéner purement et simplement.
M. CHOQUETTE: M. Viau, on aimerait donner suite à votre demande,
mais nous sommes à la fin des travaux parlementaires et nous sommes
bousculés au point de vue du temps à notre disposition pour faire
tout ce qu'il y a à faire. Franchement, je crois que les membres de la
commission auraient préféré vider toutes les questions de
justice aujourd'hui.
M. VIAU: Oui. Je faisais la suggestion mais je comprends la situation.
Il y avait deux choix. Je vais vous remettre le texte et je vais vous en faire
la lecture. On commencerait l'article par ceci: "Nonobstant l'acte de donation
entre Remy Realty Limited et la commission scolaire catholique de Roxboro
passée le 20 août 1954 devant le notaire Jean-Pierre Charette et
enregistré au bureau de la division d'enregistrement de Montréal
sous le numéro 10977010 là, on revient au texte la
commission scolaire Baldwin-Cartier est autorisée à
aliéner l'immeuble portant le numéro, etc." Après les mots
"Paroisse de Sainte-Geneviève" on ajoutera ceci: Sous réserve de
la renonciation par les derniers actionnaires de Remy Realty Limited à
la condition contenue dans ladite donation à l'effet que l'immeuble doit
être employé pour des fins scolaires catholiques seulement.
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Projet de loi 111. Adopté avec amendements.
M. VIAU: Merci, M. le Président.
Projet de loi no 122
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi 122, Loi concernant le titre de Bochar
Inc. à un certain immeuble. La parole est à Me John Bishop,
procureur de la pétitionnaire.
M. BISHOP: M. le Président, MM. les membres, il s'agit d'un
immeuble dans l'est de la ville de Montréal, d'à peu près
50 par 75 pieds, qui vaut de $75,000 à $100,000. Le but du bill
privé est de clarifier un défaut dans le titre à cet
immeuble, qui est survenu en l'année 1905. La question a
été soulevée récemment,
quand le propriétaire de l'immeuble a essayé de le vendre.
Le titre a été rejeté par un notaire, à cause des
défauts mentionnés dans le préambule au bill
privé.
M. PAUL: Est-ce le notaire qui a rejeté le titre?
M. BISHOP: Oui. Mais nous étions d'accord avec lui que le titre
laissait à désirer.
M. PAUL: Je suis très bien entouré. J'en ai deux à
côté de moi.
M. BISHOP: Le principal défaut, c'est le fait qu'en 1905 la
propriété appartenait aux quatre enfants, une moitié
obtenue de leur mère, une moitié obtenue de leur père, par
testament dans chaque cas. En 1905, seulement deux des enfants ont vendu le
terrain en question, en disant, dans l'acte de vente, qu'ils agissaient comme
administrateurs de la succession de leur mère pour l'autre
moitié, mais sans la participation des deux autres enfants. Nous n'avons
pas pu trouver une signification pour les deux autres enfants, ni leurs
héritiers, par après. C'est le principal défaut.
M. PAUL: Est-ce que vous pensiez aux règles de la prescription,
à ce moment-là?
M. BISHOP: Oui, nous avons pensé à cela. Le notaire aussi,
je crois. Mais le problème était le suivant. Pour obtenir un
jugement de la cour qui satisferait tout le monde, il fallait que les personnes
qui peuvent avoir des intérêts dans l'immeuble, aujourd'hui, se
voient signifier la requête pour confirmation de propriété.
Cela a été une impossibilité physique de localiser ces
héritiers, à venir jusqu'à maintenant. Il y en a des
centaines. Pour cette raison, l'acheteur éventuel a refusé
d'accepter un jugement sans signification à tous les héritiers
intéressés. La seule solution possible était de faire une
demande pour un bill privé.
L'autre défaut est le suivant. Dans le testament du père,
on exigeait que le prix de vente soit employé c'était une
condition précédant la vente par ses exécuteurs au
rachat d'autres immeubles, ce qui ne semble pas avoir été fait.
Le montant a été employé pour le paiement des dettes de la
succession, au lieu d'être replacé dans les immeubles.
Ce sont les principales raisons qui justifient la demande du bill
privé. Je suis à la disposition de la commission pour toute autre
question que les membres voudraient poser.
M. PAUL: C'est pour régulariser une situation qui existe, en
fait, depuis 1905.
M. BISHOP: C'est cela. A ma connaissance, les héritiers n'ont
jamais pris de procédure pour réclamer leurs droits dans cet
immeuble.
Les avis ont été publiés huit fois dans les
journaux, mentionnant la succession et les enfants par leur nom. On n'a pas eu
de plainte ni de demande quelconque de personnes intéressées.
M. FOURNIER: Vos publications dans les journaux, ont été
faites quand?
M. BISHOP: Elles ont été faites...
M. CHOQUETTE: Les vendeurs en 1905, étaient-ils les
exécuteurs ou les héritiers?
M. BISHOP: Ils agissaient comme héritiers. C'est-à-dire
que deux des quatre enfants agissaient aussi en qualité
d'exécuteurs et de fiduciaires du testament de leur père. Ils
prétendaient agir en même temps comme administrateurs de la
succession de leur mère pour essayer de lier les deux autres enfants.
Ils avaient le droit de disposer, par le testament de leur père, des
trois quarts de l'immeuble, c'est-à-dire la moitié de la
communauté qui appartenait au père. Ils pouvaient aussi disposer
du quart indivis de la succession de leur mère personnellement, laissant
un quart indivis au nom des deux autres enfants héritiers de leur
mère.
M. FOURNIER: En plus des avis, avez-vous fait des recherches
particulières, pour les retracer? Vous avez les noms de ces gens.
M. BISHOP: Nous avons trouvé les procédures en licitation
parce que nous cherchions d'abord une ratification par les héritiers de
cette vente. Plusieurs actions ont été prises entre les
héritiers en 1915, 1920 et 1921 pour des questions litigieuses survenues
dans le règlement de la succession. En 1922 il existait au moins une
cinquantaine d'héritiers, de 30 à 50 héritiers des deux
enfants qui manquaient. Nous avons considéré qu'aujourd'hui ces
30 ou 50 héritiers seraient assez nombreux, au point de vue pratique.
Les signifier par un jugement serait un travail difficile et dispendieux pour
la valeur de l'immeuble en cause.
M. FOURNIER: Les avis publiés dans les journaux...
M. BISHOP: Oui, ils ont été publiés dans le Devoir
le 1er, le 8, le 15 et le 22 février et dans la Gazette le 2, le 9, le
16 et le 23 février 1972 dans chaque cas. Ils ont aussi
été publiés dans la Gazette officielle quatre fois.
M. FOURNIER: Dans la référence, dans les avis on parle de
Bochar, est-ce qu'il était question de la succession Tessier? Est-ce que
le nom Tessier apparaissait dans les avis?
M. BISHOP: Oui, nous avons... Je lis l'avis: Avis est par les
présentes donné que lors de la
prochaine session de l'Assemblée nationale du Québec,
Bochar Inc. déposera une requête pour que soit adoptée une
loi qui déclare valide et légal son acte de vente fait par les
représentants des successions Emery Tessier et de son épouse
Amélie Wagner en faveur de la compagnie de publication La Patrie. On
mentionnait aussi la description de l'immeuble.
M. PAUL: Postérieurement à la publication de ces avis,
est-ce que quelqu'un a communiqué...
M. BISHOP: Non, nous n'avons eu aucune nouvelle depuis ces
publications.
M. PAUL: Aucune nouvelle.
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on ne devrait pas réserver un recours
à ceux qui pourraient avoir un droit et qui pourraient faire surface
à un moment donné?
M. BISHOP: Si ces héritiers ont des recours personnels, ils vont
rester en vigueur, ils ne seront pas affectés par la loi.
M. CHOQUETTE: Oui, mais pas contre le propriétaire actuel.
M. BISHOP: Non, les recours réels seront éteints et
remplacés. Les droits personnels contre les administrateurs et contre
leurs héritiers, si c'était le cas, existeront encore. Les
administrateurs, certainement, oui...
M. CHOQUETTE: Dans le cas actuel évidemment, à cause de
l'importance de l'immeuble qui n'est pas très considérable,
à cause du fait qu'il s'agit d'un quart d'une autre proportion de la
valeur, le droit me paraît assez réduit au point de vue du
montant. Mais, sur une base de principe, étant donné qu'on a
souvent des cas un peu similaires à celui-là, on réserve
les recours qui peuvent exister, on les monnaye en somme au cas où ils
apparaîtraient.
M. BISHOP: J'ai pensé un peu à ce problème. Il y a
deux choses d'abord. J'ai vu cette clause insérée dans quelques
bills privés, quand il s'agissait d'enlever les droits existants aux
gens. Dans les quatre dernières années, un bill privé
corrigeant les défauts de titre contenait cette clause. C'était
le cas où on essayait d'éteindre les servitudes existantes en
faveur de certaines personnes dans leur propriété à
Montréal. Alors, je suis complètement d'accord qu'on ne devrait
pas enlever les droits qui existent sans indemniser les propriétaires de
ces droits. Ici, c'est un cas qui existe depuis 65 ans. Il se peut qu'il y ait
eu des substitutions, ensuite d'autres substitutions et des choses semblables
pour peut-être suspendre ou interrompre la prescription. Mais la
compagnie qui est propriétaire maintenant, pour le moment, n'a pas de
responsabilité personnelle envers ces héritiers. Nous craignons
un peu que, si les héritiers de cette succession qui sont assez
nombreux, ils voient qu'apparemment des droits sont créés par
cette loi, personnellement, contre le propriétaire existant, bien qu'ils
n'auront pas poursuivi les autres membres de la famille. Ne seront-ils pas
peut-être plus prêts à poursuivre le propriétaire
actuel qui est étranger à la famille?
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est vous qui avez acquis l'immeuble avec ce
défaut de titre.
M. BISHOP: Malheureusement, oui.
M. CHOQUETTE: Alors, il faut accepter votre situation.
M. BISHOP: Bien, on aurait un recours contre le vendeur de l'immeuble.
S'il s'agissait d'une réclamation réelle contre la
propriété, on aurait une action en garantie contre le vendeur.
Mais si nous consentons aujourd'hui à créer des droits personnels
contre la compagnie, maintenant propriétaire, je ne crois pas qu'on
aurait un recours quelconque pour ces droits personnels contre celui qui nous a
vendu cet immeuble.
On n'a aucune raison de soupçonner que le prix reçu
à ce moment-là n'était pas un prix juste. La vente a
été faite de gré à gré, ce n'était
pas fait entre les membres d'une famille. C'était une vente commerciale.
La vente était uniforme à la volonté du testateur, le
père, qui a voulu que les droits de la mère et ses droits dans
l'immeuble soient vendus ensemble. Je ne crois pas qu'il existe d'injustice.
C'est un point légal qui nous empêche...
M. CHOQUETTE: M. Bishop, quand la vente s'est faite en 1905, vous ne
savez pas si les deux qui ont vendu ont versé le prix de vente à
ceux qui étaient censés être représentés?
Vous n'avez aucune indication.
M. BISHOP: Non, le prix de vente a été versé au
Crédit foncier à qui la succession avait emprunté de
l'argent pour payer ses dettes.
M. CHOQUETTE: A l'acquis de tous les héritiers.
M. BISHOP: C'était pour le compte de toute la succession du
père.
M. CHOQUETTE: On peut tirer de ce fait la conclusion que, même si
les deux vendeurs de 1905 n'avaient pas une qualité complète pour
tout vendre, malgré tout, le produit de la vente a été
versé à l'acquis de l'ensemble de la succession et des
héritiers, les quatre héritiers.
M. BISHOP: C'est ça.
M. CHOQUETTE: On peut tirer cette conclusion de ce fait.
M. BISHOP: Oui.
M. CHOQUETTE: Moi, je suis d'accord dans ces conditions.
M. BISHOP: Merci, M. le Président, MM. les membres.
Projet de loi no 139
M. LE PRESIDENT: Adopté? Le projet de loi 122 est adopté.
Projet de loi 139: Loi supprimant des restrictions de construire grevant
certains immeubles situés dans la cité de Beaconsfield. M. Peter
Lust, pétitionnaire.
M. LUST: M. le Président, M. le ministre, j'ai
présenté cette pétition parce que j'ai acheté une
propriété en 1946 qui était grevée de restrictions
passées dans un acte de vente de 1891. A ce moment-là, la ville
de Beaconsfield n'existait pas encore. C'était complètement en
campagne, il n'y avait pas de taxes. Pour cette raison, il n'y avait aucune
différence car, à ce moment-là, tous les
propriétaires ont dit : On ne fait pas de construction à 60 pieds
du lac Saint-Louis et à 75 pieds de Place Beaurepaire.
A ce moment-là, il n'y avait à peu près personne.
Quand j'ai acheté cette maison, les taxes foncières payables
à chaque année étaient de quelque $200. Ce n'était
pas beaucoup, j'étais bien capable de les payer.
Maintenant, comme vous le savez, la ville de Beaconsfield est populeuse,
les taxes sont très élevées. Je dois payer $4,000 par
année...
M. PAUL: Est-ce que vos terrains n'ont pas augmenté de valeur
également?
M. LUST: Peut-être techniquement, oui, mais pas en pratique. Les
taxes étaient si élevées, j'ai essayé
immédiatement depuis ce temps de vendre ma propriété. J'ai
cinq lots, monsieur. J'aimerais garder un lot avec ma maison. Les autres lots
n'ont pas de valeur pour moi. Ils sont beaucoup trop grands pour une famille,
mais personne n'a voulu les acheter pour la raison que les lots étaient
grevés de ces restrictions et qu'on ne pouvait pas construire sur ces
terrains, mais ils ont dû payer les taxes quand même.
Quand ces restrictions seront annulées, il sera possible, je
crois, de trouver des acheteurs. C'est pour cette raison que j'ai inscrit cette
pétition.
M. BURNS: Dans votre pétition vous nous dites qu'il serait
pratiquement impossible d'obtenir une renonciation.
M. LUST: A peu près impossible, M. le Président...
M. BURNS: Bien comment?
M. LUST: Je vais vous l'expliquer. Il y a 30 lots, je crois 32 pour
être exact. Mes lots sont très grands. Par exemple, le plus grand
lot est de 40,000 pieds carrés, les autres de 30,000 pieds
carrés. Tous les autres lots, les autres propriétés ont
quelque chose comme 10,000 et 15,000 pieds carrés. Alors, pour cette
raison, on ne pourrait pas y construire plus qu'une maison en tout cas. Sur mes
lots qui sont très grands, on pourrait les subdiviser sans ces
restrictions, mais avec ces restrictions ce n'est pas possible.
Alors je suis dans une situation très...
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas répondu à la question du
député de Maisonneuve qui veut savoir quel est l'obstacle que
vous avez rencontré lorsque vous avez voulu obtenir la renonciation des
propriétaires envers lesquels vos lots ou votre lot est grevé
d'une servitude?
M. LUST: J'ai trouvé cinq ou six propriétaires qui
étaient bien prêts à me donner ces assistances, mais tous
les autres n'ont pas voulu.
M. LAVOIE (Laval): Il vous faudrait combien de signatures?
M. LUST : Toutes les signatures. M. LAVOIE (Laval): Combien?
M. LUST: Je crois à ce moment-là que c'est 32 ou 33 et
c'est impossible. Aussi il y a une autre situation, il y a un lot, le lot no
22, qui appartient au successeur des marchands d'immeubles qui ont fait
originalement ces restrictions. On n'était pas capable de trouver tous
ses successeurs, parce que cela fait déjà 81 ans maintenant.
M. CHOQUETTE: La ville de Beaconsfield, est-ce qu'elle est ici?
M. LUST: Oui.
M. PAUL: Vous n'avez pas d'objection de la part de la ville?
M. HARDY: Il y a quand même un principe si je comprends bien le
projet de loi, c'est que par une loi on enlève des droits à des
tiers. Moi je trouve que c'est encore une question de principe.
M. PAUL: Je voudrais savoir de M. Lust s'il y a une objection de la part
de la ville de Beaconsfield.
M. LUST: Mais la ville de Beaconsfield est bien prête à
l'accepter. On me l'a dit.
M. PAUL: Elle aura des revenus...
M. LUST: J'ai parlé avec M. MacKay qui est le gérant de la
ville et avec mon échevin M. Dale. Ils m'ont dit: Si vous allez à
Québec, j'espère que vous serez chanceux. C'est ce qu'ils m'ont
dit.
M. PAUL: Mais vous avez mentionné tout à l'heure que
quelques-uns vous avaient refusé, pour quelles raisons?
M. LUST: Pas beaucoup de raisons. Par exemple, il y en a une qui a
refusé, une vieille dame. Elle m'a dit qu'elle avait toujours
été là, elle a 85 ans, je crois, Mme Lindsay et elle ne
veut pas changer la situation. Elle n'est même pas ma voisine. Elle est
assez loin de moi. Cela ne lui ferait pas de différence si cette chose
est changée pour ma propriété.
M. FOURNIER: Dans ces lignes de recul, il y en a une ligne de recul
relativement à la Place Beaurepaire, puis il y en a une autre
relativement au lac Saint-Louis, est-ce qu'il y a d'autres immeubles construits
à l'intérieur des lignes de recul? Cela devait être pour
l'avantage de tout un secteur?
M. LUST: Premièrement, dans la ville de Beaconsfield, il y a
beaucoup de maisons dont le terrain donne directement sur le lac.
M. FOURNIER : Près de votre terrain?
M. LUST: Près de mon terrain, oui. La maison de M. Snyder, par
exemple, est à peu près à 800 ou 1,000 pieds de ma maison.
C'est directement sur le lac, comme se font maintenant les constructions.
M. FOURNIER: Y a-t-il plusieurs autres personnes qui ont des
restrictions semblables dans leurs titres? Etes-vous le seul?
M. LUST: Je suis vraiment le seul propriétaire qui a ces
restrictions sauf les autres participants de la même loi, mais pour eux
il n'y a qu'une très petite différence parce qu'ils n'ont que de
très petits lots. Je suis le seul qui ait un grand lot à avoir
ces difficultés.
M. FOURNIER: Quant à la Place Beaurepaire, qu'est-ce que c'est?
Est-ce un parc?
M. LUST: La Place Beaurepaire est un cercle qui comprend un court de
tennis. Le district s'appelle aussi Thompson Point.
M. HARDY: Au fond, M. le Président, par l'adoption d'une loi
semblable, bien sûr, on augmente peut-être la valeur de la
propriété du requérant mais, par la même occasion
aussi, on diminue la valeur des propriétés au
bénéfice desquelles ces servitudes existent.
M. PAUL: Ces personnes ne sont pas ici pour protester.
M. HARDY: Elles ne sont pas ici pour protester, peut-être.
M. CHOQUETTE: On le fait quelquefois. On l'a fait dans certains endroits
de la ville de Montréal.
M. HARDY: Moi, en tout cas, je ne peux pas y souscrire. Si c'est la
majorité...
M. CHOQUETTE: Dans certains secteurs de la ville de Montréal, il
y avait des servitudes sur certains lots affectant la construction de ces lots;
aujourd'hui, le quartier est tout en hauteur. On a eu un bill comme
celui-là la semaine dernière, pour la succession Brown.
M. HARDY: Cela devient une question de négociation avec les
parties privées.
M. CHOQUETTE: Non, mais il y avait des difficultés
particulières pour obtenir le consentement de tout le monde.
MR. BLANK: What is the area zoned for?
M. LUST: Je m'excuse mais il serait plus facile pour moi de
répondre en anglais si vous n'avez rien contre cela, messieurs.
M. HARDY: Les deux langues sont officielles.
M. LUST: C'est très gentil de votre part. Ma langue maternelle
n'est ni le français, ni l'anglais, mais j'ai vécu à New
York pendant 30 ans et c'est pour cette raison que mon anglais est meilleur que
mon français.
It is zoned for 15,000 feet and, incidently, the zoning restrictions on
Thompson Point are such that what you have said, Sir, may not apply because
actually the area will then be built up better, if these restrictions are
dropped, and the zoning for Thompson Point is wider than in the rest of
Beaconsfield.
Consequently, in other words, you have to have 10,000 feet lot, you have
to have 90 feet on this public street, which makes for a very large lot; you
are not allowed to build closer than 20 feet to the street; now, I am fined 55
extra feet. It is being 75 feet in my restrictions. In other words, while
everybody else in Beaconsfield may build up to 20 feet from the street, I have
to be back 75 feet. While everybody is allowed to build straight up to the
lake, I have to be 60 feet away from the lake. They are assessing us, $2 a
foot, the assessment rate in Beaconsfield is $2 a foot for a lakeshore
land.
In other words, I am fined, if I may use that word, 60 feet back times
$2. J'aimerais le dire en français aussi.
M. CHOQUETTE: J'ai bien compris.
MR. BLANK: If the servitudes are lifted, it
would not change the type of dwelling that is going to be there...
MR. LUST: No, I am not asking to be allowed to anything which the zoning
of Beaconsfield forbids.
MR. BLANK: In other words, it would still be for private home there?
MR. LUST: It will still be for private home there, yes. There is no
change at all, I only will be then allowed to benefit from the same law that
everybody else in Beaconsfield has benefited from all the time.
M. CHOQUETTE: Je crois que c'est justifié, d'après vos
explications.
M. LUST: C'est très gentil, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Terrebonne.
M. HARDY: J'aimerais bien que vous enregistriez ma dissidence.
M. BLANK: Mais c'est enregistré au journal des Débats.
M. CHOQUETTE: On ne vous invitera plus. M. HARDY: Adopté sur
division.
M. CHOQUETTE: On va vous laisser à la Chambre. A part cela, on va
faire rapport au président de votre comportement quand vous venez
à la commission.
M. LUST: M. le ministre, vous êtes très gentil et je
suis...
M. CHOQUETTE: Après cela, je commence à comprendre les
sorties du leader de l'Opposition officielle contre votre comportement dans
certaines autres commissions.
M. PAUL: Je vous prierais, M. le ministre, de ne pas attiser les
cendres.
M. LUST: Merci beaucoup, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Je crois que quand même une petite conclusion
d'ordre juridique s'impose pour qu'il ne semble pas que nous fassions d'accroc
à des principes que nous posons habituellement. Il nous est
arrivé dans d'autres lois, dans d'autres cas, je ne dis pas qu'ils sont
absolument similaires à votre cas, de supprimer ce genre de servitude,
lorsqu'un quartier a pris un tout autre développement que lorsque les
servitudes originaires avaient été imposées. Dans votre
cas je note que l'acte date de 1891. Il est clair que la situation
contemporaine à Beaconsfield n'est pas celle qui prévalait en
1891. A ce moment-là nous sommes justifiés de prendre en
considération le développement actuel de cette ville.
M. LE PRESIDENT: Le député de Terrebonne.
M. HARDY: Si vous me permettez, je ne sais pas, je n'ai pas ce
renseignement, mais si, il y a cinq ans, quelqu'un a acheté une
propriété du requérant, cela a pu très bien
être un des éléments qui l'a incité à acheter
cette propriété. Se rendant compte du fait que cette
propriété jouissait d'une servitude de non-construction dans le
voisinage cela a pu être un élément qui l'a incité
à acheter.
M. CHOQUETTE: Mais par rapport à l'ensemble de la ville de
Beaconsfield et du secteur auquel M. Lust se réfère, il est clair
qu'il est dans une situation d'exception par rapport à l'ensemble. Or,
je ne vois pas comment les propriétaires environnants pourraient se
prévaloir de cette exception. C'est la même chose que si quelqu'un
s'en va acheter une maison unifamiliale ou un duplex sur la rue Saint-Marc ou
la rue Linton à Montréal aujourd'hui. S'il vient prétendre
à la commission qu'il l'a acheté en disant: Le voisin avait une
servitude de non-construction en hauteur, je dirais: Monsieur, vous êtes
fou parce qu'il est évident que c'est un secteur qui est appelé
à être construit en hauteur. D'abord que M. Lust se conforme, en
somme, au développement général et qu'il cesse
d'être une exception en vertu d'un acte qui est très très
ancien, je suis satisfait qu'il a droit de faire rectifier sa situation.
M. BURNS: C'est la situation d'exception qui m'a convaincu du
bien-fondé. En principe, au premier abord en tout cas, je n'étais
pas très favorable â sa demande mais, comme il est dans une
situation exceptionnelle, je pense que le ministre a parfaitement raison
lorsqu'il dit cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: Je retire ma demande de parole. M. HARDY: Je maintiens ma
dissidence.
M. PAUL: Dans les circonstances, M. le Président, pour
répondre à l'argumentation soulevée par mon bon ami, le
député de Terrebonne, supposons que le Solliciteur
général et moi signons un contrat de vente de
propriété avec une servitude de vue ou de non-construction,
n'importe quelle, et que le député de Terrebonne, sachant que
j'ai une servitude qui affecte mon immeuble, veuille se prévaloir des
avantages de cette servitude pour se construire, en aucun temps le
député de Gatineau et moi-même ne pouvons mettre fin
à la servitude que nous avons de consentement établie.
Je ne crois pas que ce soit un gros argument que vous apportez
là.
M. HARDY: Pas une fois je ne suis devenu propriétaire de
l'immeuble en question.
M. PAUL: Non, si vous voulez profiter d'une situation qui résulte
d'un consentement d'un contrat intervenu entre l'honorable député
de Gatineau et moi et que volontairement nous mettions fin à cette
restriction...
M. HARDY: Cela vous regarde tous les deux.
M. PAUL: Oui mais vous aussi. Si vous êtes venu vous construire
parce qu'il y avait une restriction qui affectait mon immeuble et que cette
restriction disparaît du consentement de mon vendeur, vous devenez
affecté par la situation privilégiée dont vous vouliez
vous prévaloir.
UNE VOIX: Adopté?
M. LE PRESIDENT: Adopté sans...
M. PAUL : Nous ajournons à quelle heure?
M. HARDY: Avec dissidence.
Le député de Maskinongé m'a un peu
ébranlé mais pas suffisamment pour retirer mes paroles.
UNE VOIX: La présidence vous ébranlera après la
commission.
M. GEOFFRION: Nous avons notre texte.
M. LE PRESIDENT: La loi 139 est adoptée avec amendement.
Projet de loi no 109 (suite)
M. GEOFFRION: C'est l'article 2, devenu l'article 1. Il n'y a pas
d'amendement, pas de changement avant l'article 2. A la ligne 13, le premier
changement est là. Au lieu de la majorité on remplace les mots
"de la majorité" par le mot "unanime". Ensuite on descend jusqu'à
la 3e avant dernière ligne. Aux mots Yvonne Labelle, on biffe tout ce
qui suit et on les remplace par ceci: Tout consentement donné par tuteur
ou curateur devant l'être sur l'avis du conseil de famille, et là
on ajoute: A défaut d'un tel consentement unanime, les fiduciaires et
exécuteurs testamentaires... Je ne dirai pas ça comme ça,
je pense que je changerais ça juste un tout petit peu.
Je dirais: "Si le consentement n'est que majoritaire il faudra
toujours bien une majorité n'importe comment les fiduciaires et
exécuteurs testamentaires, devront s'adresser à la cour
Supérieure par voie de requête pour obtenir une telle autorisation
après avis aux personnes ci-haut mentionnées." Je crois que c'est
ce que vous suggérez.
UNE VOIX: C'est ce qu'on a dit.
M. LE PRESIDENT: A ce moment-ci c'est le député
d'Outremont qui semble être enclin à la dissidence.
M. CHOQUETTE: Bien je le suis un peu, oui franchement.
M. PAUL: Il y a une requête.
Oui. Ce qui vous fatigue, vous inquiète quelque peu, c'est le
fait qu'il n'y aura pas de consultation, de conseil de famille.
M. CHOQUETTE: Non, non, c'est prévu. Non, ce qui me trouble,
c'est qu'en somme nous permettons la vente de biens qui appartiennent à
des personnes en état d'indivis sûrement, alors que nous ne les
astreignons pas à la licitation et que nous forçons la vente chez
certains propriétaires indivis qui voudraient refuser un tel contrat.
C'est ce qui me semble...
M. GEOFFRION: Vous avez enlevé la question du partage. Ceci, en
principe, ne s'applique qu'à la fin de l'usufruit. C'est une vente
immédiate cela. Il n'y a pas de copropriété actuellement,
ce sont seulement les exécuteurs qui les tiennent. C'est simplement pour
enlever une restriction qui dit qu'ils n'ont pas droit de vendre.
Si on veut faire quelque chose à propos du partage plus tard,
bien, comme vous l'avez dit, on reviendra. J'admets qu'une fois l'usufruit
éteint, comme tout le monde est copropriétaire, ça sera
quelque peu différent et cet article ne s'applique pas. Mais seulement
malheureusement, nous sommes pris pour le moment à prendre une
décision très rapide étant donné que notre
locataire s'en va.
M. CHOQUETTE: Cette situation, cet article vaudrait jusqu'au
partage?
M. GEOFFRION: Bien non! peut-être pas jusqu'à l'ouverture
ou à la fin de l'usufruit. Appelez cela substitution ou usufruit je ne
sais pas...
M. CHOQUETTE: J'aimerais mieux qu'on mette que ça vaut
jusqu'à l'ouverture de l'usufruit, parce qu'on a une bonne raison de
créer un mécanisme.
M. GEOFFRION: Je suis d'accord là-dessus! C'est mon idée.
D'ailleurs, je suis parfaitement d'accord.
M. CHOQUETTE: Là, on a une raison de créer un
mécanisme, en somme, assez rapide et exceptionnel pour la vente de cet
immeuble particulier, avant que la succession ne s'ouvre.
M. GEOFFRION: Jusqu'au décès d'Yvonne Labelle. Est-ce que
c'est parfait? Disons jusqu'au décès d'Yvonne Labelle. Il n'est
pas question de renonciation, comme c'était le cas la dernière
fois, parce qu'elle est interdite. Elle
ne peut pas consentir. C'est une question de décès
simplement. Jusqu'au décès d'Yvonne Labelle.
M. CHOQUETTE: Alors on ajouterait...
M. GEOFFRION: Non. D'ici le décès d'Yvonne Labelle. Au
début, tout à fait au début.
M. CHOQUETTE: Oui, justement.
M. GEOFFRION: Je pense que ça répondrait à votre
objection, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Très bien! M. GEOFFRION: D'accord! M. CHOQUETTE:
Merci.
UNE VOIX: Il y a encore un autre amendement.
M. GEOFFRION: Oui.
M. LE PRESIDENT: La loi 109 adoptée avec amendement. Je
demanderais à M. Geoffrion, si possible, de nous donner le dernier
texte.
M. GEOFFRION: De le lire ou bien d'en parler seulement. Est-ce que vous
voulez qu'on donne lecture?
UNE VOIX: C'est d'intérêt public.
M. HARDY: Ce serait enregistré au journal des Débats, si
vous donniez lecture.
M. GEOFFRION: Si vous voulez que je donne lecture du nouveau texte.
M. HARDY: S'il vous plaît, monsieur.
M. GEOFFRION: Certainement. Article 1: "D'ici le décès
d'Yvonne Labelle et nonobstant toutes dispositions contraires dans le testament
de Patrick Labelle, passé le 2 juin 1925 devant le notaire E. Lemire
sous le numéro 5731 de ses minutes, les fiduciaires et exécuteurs
testamentaires sont autorisés à disposer du lot 1576 du quartier
Saint-Antoine de la ville de Montréal, par vente, bail
emphytéotique ou autrement, y compris le droit d'emprunter sous forme
d'hypothèque, aux prix et conditions qu'ils jugeront convenables,
à la seule condition d'obtenir le consentement unanime des personnes
étant soit des légataires universels, majeurs et capables, de feu
Patrick Labelle, soit curateur à un desdits légataires universels
incapables, soit tutrice aux enfants de Gilles Brisebois, soit curateur
à Yvonne Labelle, tout consentement donné à la tutelle ou
curateur devant l'être sur avis du conseil de famille; si ce consentement
n'est que majoritaire, les fiduciaires ou exécuteurs testamentaires
devront s'adresser à la cour Supérieure par voie de requête
pour obtenir telle autorisation de vente après avis aux personnes
ci-heut mentionnées."
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Projet de loi 109 adopté avec
amendement. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 55)