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Commission permanente de la justice
Projet de loi no 8 Loi modifiant de nouveau
la loi des tribunaux judiciaires
Séance du vendredi 14 décembre 1973
(Dix-sept heures trente cinq minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs !
Le secrétaire des commissions me fait part des changements pour
les membres de la commission. M. Verreault (Shefford) remplace M. Bienvenue; M.
Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M. Ciaccia; M. Tardif (Anjou) remplace M.
Harvey (Dubuc); M. Massicotte (Lotbinière) remplace M. Levesque
(Bonaventure).
Il s'agit pour nous d'étudier chaque article du projet de loi no
8, Loi modifiant de nouveau la loi des tribunaux judiciaires. Article 1.
Remarques préliminaires
M. BURNS: M. le Président, avant qu'on aborde l'article 1, il y a
un certain nombre de questions préliminaires que j'aimerais soulever. La
première de toutes, c'est quelque chose qui n'est pas sans
intérêt depuis hier, qui ne se veut pas méchant, mais qui
mérite d'être posé au tout début alors qu 'on
étudie article par article le projet de loi. Remarquez qu'on aurait pu
peut-être relever cela précédemment au cours du
débat mais ce sujet se soulève peut-être plus facilement en
commission parlementaire. Hier, c'est avec beaucoup d'attention que j'ai
écouté le député de Louis-Hébert, dans son
discours de deuxième lecture. J'ai appris certaines choses qui m'ont
étonné mais, entre autres, une qui m'a étonné plus
qu'une autre. C'était comme une espèce d'annonce qui se faisait.
Au feuillet R/675 de la transcription d'hier, à la page 2, on entend ce
député dire ceci, en parlant du juge: "M. Desjardins: Je pense
que nous devons lui donner l'occasion de suivre au moins une partie de la
hausse du coût de la vie en accordant cette hausse qui sera
approximativement de l'ordre de 4 p.c, tel que mentionné par l'honorable
pas juge encore mais bientôt ministre de la Justice. Merci.
"Doit-on vous féliciter? " demande M. Morin. "M. Choquette: Je note que
mon adjoint parlementaire a hâte que j'accède à la
magistrature".
Au départ, vu qu'on est en train de discuter d'un projet de loi
qui décide, il pourrait peut-être se poser un problème
d'ordre strictement parlementaire, M. le Président. Selon la
réponse du ministre de la Justice à la question que je vais lui
poser, il pourrait même se poser une question qui aurait une influence
sur le vote à cette commission-ci.
Si, éventuellement, le ministre de la Justice doit être
nommé juge dans les jours ou dans les semaines, ou même dans les
mois qui vont venir, et qu'il le sait maintenant, je considère, en toute
justice, que le ministre de la Justice se doit de nous le dire, et se doit
également de s'abstenir même lorsqu'il y aura un vote, parce que,
à toutes fins utiles, il est assimilable à une partie
intéressée.
M. CHOQUETTE: En vertu de quoi?
M. BURNS: Je veux dire qu'il est notoire...
M. CHOQUETTE: Qui vous dit que je n'ai pas l'intention de proposer votre
nomination comme juge, ou celle du chef de l'Opposition?
M. BURNS: Je ne le sais pas, donc, à ce moment-là, je ne
suis pas partie intéressée, c'est cela qui est la
différence.
M. CHOQUETTE: Mais, moi non plus. Je ne pourrais pas...
M. BURNS: C'est cela que je veux savoir. Cet énoncé nous a
pour le moins surpris. Et connaissant la jeunesse, l'ambition du
député de Louis-Hébert, je me suis dit: C'est
peut-être que déjà son enthousiasme l'empêche de
garder sous son chapeau cette nouvelle qu'il aurait apprise
antérieurement. Alors, je demande au ministre de la Justice: Est-ce
qu'il est question qu'il démissionne comme ministre de la Justice et
qu'il soit nommé juge éventuellement?
Encore une fois, ce n'est pas sans manque d'intérêt, au
niveau d'une commission. De tout temps, les commissions parlementaires ont
toujours établi la règle suivante ce n'est pas vrai en
Chambre, nécessairement même si maintenant ce n'est pas
écrit spécifiquement dans le règlement, mais comme les
précédents et les lois antérieures nous régissent
encore: une partie intéressée s'abstient habituellement de voter.
Alors, ce n'est pas sans intérêt que je pose cette question au
ministre de la Justice. Ce n'est pas sans intérêt, d'ailleurs, sur
le plan de la personne ou des personnes intéressées, parce que,
comme je l'ai dit cet après-midi au ministre de la Justice: Au moins, le
ministre de la Justice actuel, je le connais. Je préfère que ce
soit lui, quant à moi.
M. DESJARDINS: Et j'ai dit: Moi aussi.
M. BURNS: Alors, je ne suis pas certain de ce qui peut arriver. Je ne
suis pas sûr qu'ayant mieux connu le député de
Louis-Hébert, je ne changerais pas d'avis et je ne dirais: Est-ce que
cela fait un meilleur ministre de la Justice que l'autre? C'est fort possible.
Comme on l'a dit, d'ailleurs, à propos du prédécesseur du
ministre de la Justice. Je lui pose simplement la question, sans plus. Elle est
posée peut-être avec un petit ton ironique. Je la lui pose quand
même de façon sérieuse.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Louis-Hébert.
M. DESJARDINS: Comme il est arrivé à maintes reprises,
pendant les débats, que des avocats qui ont plaidé beaucoup en
s'adressant au Président, au lieu de "M. le Président", disaient
"Votre Seigneurie" la même chose m'est arrivée. J'ai voulu dire
"l'honorable ministre de la Justice, et j'ai dit "honorable juge." C'est parce
que, même de ce temps-ci, je plaide encore, parce que j'avais des
procès de fixés.
Je suis habitué à dire "l'honorable juge, M. le juge".
Alors, cela m'a échappé tout simplement. C'est une
déformation professionnelle semblable à la vôtre, M. le
Président, qui avez dit "votre Seigneurie", un moment donné,
à quelqu'un, et...
M. BURNS: C'est moi qui l'ai dit.
M. DESJARDINS: M. Burns aussi a mentionné " Seigneurie" au
président. Alors, c'est la même chose qui m'est arrivée. Je
ne faisais allusion à absolument rien.
M. BURNS: Et le ministre de la Justice, lui? M. DESJARDINS: II n'y a pas
besoin.
M. BURNS: C'était à lui que je posais la question. Parce
que le ministre lui-même... Remarquez que si cela avait été
seulement un lapsus, que vient de nous expliquer brillamment le
député de Louis-Hébert, qui avait apparu dans le
débat, j'aurais dit que c'était un lapsus, comme je l'ai fait
d'ailleurs. J'ai appelé le président "votre Seigneurie". Mais on
ajoute à cela, M. Choquette, et je cite: "Je note que mon adjoint
parlementaire a hâte que j'accède à la magistrature." Il
donne pied à l'impression que ...
M. DESJARDINS: Remarquez que j'ai été interrompu à
ce moment-là aussi. Il y a des points de suspension dans le texte qui
m'a été soumis et je n'ai pas pu terminer la phrase que j'avais
commencée avant l'intervention du ministre de la Justice.
M. MORIN: Remarquez, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: Je ne doute pas que le ministre de la Justice ferait un
excellent juge. Ce n'est pas ce qui est en cause. Au contraire, je pense qu'il
a toutes les qualités de sérénité, de
compétence nécessaires. Mais depuis quelque temps, en tant que
ministre de la Justice, on doit constater qu'il y a eu un certain nombre de
nominations politiques à cette cour Provinciale et c'est cela, en ce qui
me concerne, qui me met un peu la puce à l'oreille et m'inquiète.
Après tout, je sais que le ministre a fait un effort de qualité.
On l'a constaté dans certaines nominations. Mais n'est-il pas vrai, tout
de même, qu'il a été nommé des gens comme Roy
Fournier...
M. CHOQUETTE: Mon ancien solliciteur général qui a une
grande compétence...
M. MORIN: Et Claire Kirkland-Casgrain...
M. CHOQUETTE: ...une compétence reconnue.
M. MORIN: Le ministre Pinard... M. CHOQUETTE: Egalement.
M. MORIN: Je ne doute pas que vous aussi soyez d'une compétence
reconnue. Je dirais même qu'il ne serait pas difficile de
reconnaître que votre compétence est supérieure à
celle des personnes que je viens de nommer. Mais cela m'inquiète quand
même un peu de constater que ces habitudes continuent au
Québec.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je crois que le chef de
l'Opposition nous amène dans un débat de portée assez
générale. Malgré que je ne croie pas que la question... Du
moins, avant d'aborder la question soulevée par le chef de l'Opposition,
en termes généraux, je voudrais quand même répondre
à la première question du député de
Maisonneuve.
Même si, M. le Président, je considère que la
question posée n'est pas pertinente et n'a aucune influence sur le
débat actuel, après tout, je note que, dans cette commission, il
y a plusieurs avocats et tous ces avocats sont susceptibles à un moment
ou à un autre, de devenir juges.
Si on devait faire des personnalités sur une question comme
celle-là, je pense, M. le Président, que l'on soulèverait
des questions qui n'ont rien à voir avec le projet de loi comme tel.
Mais pour rassurer le député de Maisonneuve, je lui dirai
que je n'ai aucune espèce d'intention d'être nommé juge
à l'heure actuelle, ni dans un avenir rapproché ou même
relativement éloigné.
M. BURNS: Vous trouvez que le salaire n'est pas assez
élevé.
M. CHOQUETTE: Quels que soient mes motifs, M. le Président, je
peux lui dire catégoriquement que je n'ai aucune espèce
d'ambition d'accéder à la magistrature.
M. BURNS: Remarquez que ça me soulage beaucoup d'entendre
ça, pour bien des raisons que je ne donnerai pas, mais j'aurais mal vu
le ministre de la Justice aller consulter ceux qui le consultent habituellement
relativement à sa nomination comme juge.
M. CHOQUETTE: Je n'aurais pas pu. Je pense bien que le
député de Maisonneuve comprend très bien que je n'aurais
pas pu...
M. BURNS: Vous auriez pu démissionner avant.
M. CHOQUETTE: ... proposer ma propre nomination.
M. BURNS: Mais vu que cela se savait déjà, je me suis dit:
Ne me dites pas qu'il est aller consulter déjà, avant de
partir.
M. CHOQUETTE: Non, j'espère que, sur cette partie du
débat, la question est bien clarifiée. Je n'ai aucune
espèce d'intérêt actuellement.
M. BURNS: D'accord! C'est parfait, cela clarifie votre position, vous
nous montrez patte blanche et de sorte que vos votes que vous enregistrerez au
cours des séances qui viennent, on saura qu'ils sont faits dans les
intérêts supérieurs de la justice, comme vous les
concevez.
M. CHOQUETTE: Vous pouvez être sûr qu'ils sont
désintéressés, à tous le moins. Etant donné,
M. le Président, même si nous sommes dans un "filibustering", je
crois que c'est malgré tout assez évident, par l'attitude qui a
été prise par l'Opposition, je voudrais quand même,
à ce moment-ci, faire quelques réponses à des questions
qui ont été soulevées par le chef de l'Opposition, en
particulier, et le député de Maisonneuve. Parce qu'il y a quand
même des choses qui ont été dites, qui méritent une
réponse que je vais tenter de faire brève, si on me le permet, de
façon à clarifier ces questions au mieux de mes
capacités.
M. le Président, on faisait allusion lors d'une intervention du
chef de l'Opposition, à l'existence de juges ou de personnes qui ont le
titre de juge et qui président des commissions administratives ou quasi
judiciaires au sein de l'administration québécoise.
Je lui dis immédiatement que je suis, dans l'ensemble, d'accord
qu'il faudra un jour en arriver à instituer une magistrature
administrative qui sera distincte de la magistrature civile ou criminelle,
c'est-à-dire cette magistrature qui préside les
procès.
Je suis donc d'accord, généralement parlant, sur des
suggestions qui ont été faites dans ce sens, soit dans le rapport
Dussault auquel le chef de l'Opposition a fait allusion dans son intervention,
ou soit encore dans d'autres interventions. Cela sera une mesure qui viendra,
sans aucun doute, en son temps, dans une réforme un peu
générale du système judiciaire
québécois.
Certaines interventions ont fait état que le projet de loi
présenté actuellement n'abordait pas un certain nombre de ces
réformes souhaitables et que, pour ma part, j'entends
réaliser.
Je ne dis pas et je n'ai jamais prétendu que ce projet de loi
était une réponse absolue au problème de l'administration
de la justice, aux problèmes d'ordre général de
l'administration de la justice au Québec.
Je n'ai jamais soutenu que le fait de hausser le salaire des juges
constituait la seule mesure qu'il fallait envisager de façon à
remédier aux carences du système et améliorer la
qualité de la justice ici.
C'est donc qu'il ne faut pas voir dans ce projet de loi plus de
prétention que celui de donner justice aux intéressés,
c'est-à-dire aux magistrats, de leur permettre de rétablir leur
traitement en termes de valeur réelle, comte tenu de l'accroissement du
coût de la vie qui s'est produit depuis 1969.
Il ne faudrait quand même pas critiquer ce projet de loi par son
insuffisance alors qu'il ne cherche pas du tout à être une
réponse à des questions ou des aspects de l'administration de la
justice auxquels il nous faudra remédier par ailleurs, à
l'occasion de lois qui viendront à la suite de la préparation de
ce livre blanc que j'ai mentionné dans mon intervention, lorsque j'ai
présenté ce projet de loi. Car, je voudrais bien préciser,
une fois pour toutes, que le ministère de la Justice, en collaboration
avec tous les secteurs de l'administration de la justice, est actuellement en
train d'élaborer, justement, un programme général de
réformes de notre système judiciaire, que ce livre blanc sera
rendu public d'ici quelques mois tout au plus et que le livre blanc pourra
faire l'objet d'une discussion, soit au Parlement, soit sur la place publique,
parce que les solutions que nous proposons ne seront peut-être pas toutes
retenues intégralement. Elles seront sujettes à être
contestées et approuvées suivant le cas, mais nous aurons quand
même envisagé, dans une oeuvre cohé-rante, l'ensemble des
problèmes de l'administration de la justice, de manière à
poser le problème d'une façon globale au lieu de le poser d'une
façon parcellaire, comme c'est souvent le cas.
Donc, M. le Président, au risque de me répéter,
mais pour être parfaitement clair, le projet de loi
présenté et dont nous demandons l'adoption parce
qu'à mon sens, il ne fait que rétablir la situation
financière des magistrats compte tenu de l'augmentation du
coût de la vie, ce projet de loi n'a sûrement pas pour objectif de
remédier aux différents problèmes de l'administration de
la justice en général.
M le Président, je voudrais quand même faire une
parenthèse, parce que je n'ai pas eu l'occasion de répliquer tout
à l'heure en deuxième lecture. Je voudrais féliciter le
député de Beauce-Sud qui, même s'il n'est pas juriste,
même s'il n'a pas la formation d'avocat, a quand même
démontré énormément de bon sens dans sa
façon d'aborder ce projet de loi. J'aurais fort peu de chose à
ajouter, en fait, à ce qu'a dit le député de Beauce-Sud
lorsqu'il a fait la dernière intervention avant que nous votions en
deuxième lecture. J'ai trouvé que les propos
du député de Beauce-Sud étaient empreints de
réalisme, qu'il comprenait bien la situation, qu'il avait bien
apprécié la portée du projet de loi, mais qu'il
encouragait le gouvernement à apporter des réformes au
système judiciaire, entre autres pour remédier aux délais
judiciaires, entre autres pour, dans la mesure du possible, dépolitiser
l'administration de la justice.
Je crois que le député de Beauce-Sud a donné une
leçon remarquable aux deux représentants du Parti
québécois à cette commission parlementaire, ces brillants
esprits que sont le chef de l'Opposition et le député de
Maisonneuve, tout munis de leur diplôme d'avocat, tout professeur qu'est
l'un et tout avocat qu'est l'autre. Le député de Beauce-Sud a
servi une véritable leçon de choses aux représentants du
Parti québécois, il a démontré que le bon sens
populaire au Québec est plus fort que les théories, les
élaborations stratégiques et les tactiques parlementaires du
Parti québécois. Je crois donc que ce député a
démontré qu'il avait le sens des responsabilités et,
même s'il n'est pas de notre parti, je n'hésite pas, publiquement,
à lui dire qu'il s'est exprimé avec énormément de
réalisme et de bon sens. Pour ma part, j'aimerais voir, même si ce
sont nos adversaires politiques, parce que j'ai malgré tout de
l'amitié pour nos honorables opposants du Parti
québécois...
M. BURNS: Cela me surprend.
M. CHOQUETTE: ... j'aimerais les voir, dans une large mesure, imiter
l'attitude empreinte de réalisme du député de Beauce-Sud
et, au lieu de poursuivre des luttes inutiles, des luttes au fond qui font
perdre un temps énorme à l'Assemblée nationale, des luttes
qui ne leur procureront même pas des avantages sur le plan politique
et je pense qu'ils se trompent sérieusement...
M. MORIN: Une lutte de principes.
M. CHOQUETTE: Oui. Je ne crois pas que ce soit une lutte de
principes.
M. MORIN: Vous ne croyez pas aux principes?
M. CHOQUETTE: Oui, je crois aux principes, mais je ne crois pas à
vos principes et je pense que...
M. MORIN: Voilà le fond.
M. CHOQUETTE: Oui, mais le fond, il est bien simple. M. le
Président, le Parti québécois, fait ce "filibustering" sur
une loi qui au fond cherche simplement à rétablir
l'égalité de traitement des magistrats par suite de
l'augmentation du coût de la vie, par suite de l'exercice de leurs
responsabilités. Je crois que ce projet de loi ne méritait pas
une lutte aussi acharnée et empreinte, il faut bien l'avouer, comme l'a
dit le député de Beauce-Sud, d'un élément de lutte
des classes qu'il était déplorable de constater dans, pas toutes
les interventions des représentants du Parti québécois,
mais dans certaines interventions des membres de votre parti.
M. MORIN: Vous politisez inutilement le débat.
M. CHOQUETTE: Je ne politise rien du tout, je constate et je dois
l'exprimer et j'exprime mon opinion.
M. MORIN: C'est un problème technique.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me le permettez, je vais
continuer mon intervention, non pas dans le but de contribuer au
"filibustering" de nos adversaires, mais bien plutôt pour rectifier
quelques affirmations.
On a fait état de la nécessité d'instituer un
mécanisme de nomination des juges, d'une procédure
institutionalisée de façon à s'assurer que les meilleurs
candidats soient nommés à la magistrature. Je suis d'accord sur
cette proposition. On peut être sûr que le gouvernement actuel va
légiférer dans ce sens une fois que nous aurons
étudié l'ensemble de la question et que nous aurons
proposé des solutions dans ce sens que l'on trouvera dans le livre blanc
auquel j'ai fait allusion tout à l'heure. Par conséquent,
ça n'est pas une matière qui nous laisse insensible, au
contraire. Pour ma part, on peut être sûr que les mécanismes
que nous allons mettre en place vont être de nature à
véritablement rassurer tout le monde que les nominations à la
magistrature se font à partir des meilleurs candidats.
A ce propos, je voudrais quand même corriger une affirmation, ou
enfin, certaines conclusions que tirait le député de Maisonneuve
d'une comparaison entre les revenus et les traitements des avocats en
général avec le traitement proposé par le gouvernement
dans son projet de loi pour les juges.
Le député de Maisonneuve nous a dit dans son intervention
que, en fait la majorité des avocats gagnaient moins que le salaire que
nous proposions pour les juges. Mais ces statistiques de salaire tiennent
compte de tous les membres du Barreau à partir du moment où un
jeune avocat est reçu et a 3 mois, 6 mois ou un an de pratique. Or, pour
être nommé juge, il faut avoir au moins dix ans d'exercice du
droit.
M. BURNS: On a une bonne réponse pour vous tantôt. Je ne
veux pas vous interrompre davantage mais je veux simplement vous dire qu'on a
une très bonne réponse là-dessus.
M. CHOQUETTE: D'accord, vous me direz votre réponse tout à
l'heure. Mais je dis que, lorsque nous nommons les juges, nous nommons les gens
qui, en général, ont entre 40 et 50 ans d'âge. Ce sont des
avocats qui sont dans
la force de l'âge, qui ont souvent 15 et 20 ans d'exercice de leur
profession derrière eux et nous cherchons à nommer des avocats
qui ont réussi dans l'exercice de leur profession, qui ont le respect de
leurs confrères, qui ont la plupart du temps une clientèle
considérable et qui, par conséquent, se situent au niveau
supérieur de la pyramide des revenus. Moi qui ai la
responsabilité du recrutement des juges, je puip vous assurer que pour
intéresser des avocats à devenir juges, il me faut être en
mesure d'offrir plus que le traitement moyen de la profession quand on
comprend, dans cette profession, l'ensemble des avocats, soit à partir
des plus jeunes jusqu 'aux plus âgés. On sait, à ce point
de vue, que la majorité de la profession est composée d'avocats
de moins de dix ans d'exercice de la profession.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II est six heures.
M. CHOQUETTE: Je fais motion, M. le Président, pour que les
travaux de la commission soient suspendus jusqu'à 8 h 15 et que nous
nous réunissions ici pour poursuivre les travaux.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs!
Nous en étions toujours à l'article 1 du projet de loi
8.
M. LEGER: Nous sommes dans les préliminaires.
M. CHOQUETTE: Non, non. Je regrette, le Président avait
appelé l'article 1.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Ah non! Jamais, je regrette infiniment. Nous n'avons pas perdu
un mot de ce débat, et jamais l'article 1 n'a été
appelé.
UNE VOIX: Ah oui!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
J'ai personnellement appelé l'article 1 au tout début dans
les premières secondes. D'ailleurs, nous sommes en commission pour
étudier article par article.
M. BURNS: Oui, d'accord, M. le Président. J'ai bien compris, mais
il faut s'entendre. On n'a pas commencé à étudier
l'article 1. Si je comprends bien, c'est cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai appelé l'article 1.
M. BURNS: Vous avez appelé l'article 1, ce qui est parfaitement
votre droit et j'ai dit qu'on avait quelques remarques préliminaires
à faire. Sur cela on s'entend.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): D'accord, on s'entend
là-dessus.
M. BURNS: Avant qu'on aille plus loin, M. le Président, est-ce
qu'il y a des modifications qui ont été faites, qui ont
été mentionnées relativement à des présences
à la commission...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'en ai fait au début de la
séance à cinq heures trente.
M. BURNS: Oui, il y avait M. Verreault, M. Faucher, M. Tardif et M.
Massicotte. Je vois et je souhaite la bienvenue, à M. Houde. Est-ce
qu'il remplace...
M. HOUDE (Limoilou): Je ne suis pas membre ce soir, mon cher ami.
M. BURNS: Vous venez comme observateur, mais...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, on ne peut pas comme d'autres qui
sont ici, également... Je ne peux défendre à personne de
venir à la commission.
M. BURNS: Pas du tout, ils ont le droit, ce n'est pas cela que je
dis.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ils sont bien invités, et on a
essayé d'en inviter d'autres également à partager notre
soirée.
M. BURNS: On voulait simplement savoir, M. le Président, s'il y
avait eu des modifications surtout, ce n'est pas plus grave que cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Aucune, je ne peux pas en accepter. Mais
on invite tout le monde à se joindre à nous pour la
soirée.
M. SPRINGATE: Est-ce que tout le monde a le droit de parole, ce soir, ou
si c'est seulement ceux qui sont membres de cette commission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Comme vous le savez, en vertu de l'article
148 des règlements, pour une personne qui n'est pas membre de la
commission, pour obtenir le droit de parole, cela prend le consentement de la
commission.
M. BURNS: Je pense aussi, là-dessus, M. le Président, que
cela a déjà été décidé de nombreuses
fois, que le député qui veut intervenir, intervient. C'est un
consentement qui est quasi automatique.
M. CHOQUETTE: II n'y aura pas de consentement sur cela.
M. LEGER: Vous défendez la tradition à laquelle vous
êtes si fièrement attaché.
M. CHOQUETTE: C'est exact.
M. LEGER: Parce que M. Bourassa venait régulièrement
parler, sans être membre de la commission, et on le laissait parler, sans
demander la permission.
M. SYLVAIN: Justement parce qu'on n'était pas là.
M. LEGER: Et ce soir, vous changez la tradition.
M. CHOQUETTE: Et temporairement, pour les fins de la présente
commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs! L'honorable ministre
de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, au moment où vous avez,
avec tant d'esprit, d'à-pro- pos suspendu les travaux de la commission
qui nous permettent d'examiner en profondeur tous les aspects sous-jacents de
ce projet législatif de la plus haute importance pour l'administration
de la justice québécoise, j'étais à dire, M. le
Président, que plusieurs aspects ont été soulevés
au cours des débats sur des réformes possibles quant à
l'administration de la justice québécoise et que le gouvernement,
loin d'être insensible aux carences de notre administration de la
justice, aux critiques qu'on formule dans certains milieux et aux
remèdes à y apporter de façon à en élever
constamment le niveau, que le gouvernement s'était déjà
penché depuis longtemps sur le problème et énoncerait dans
un avenir rapproché une politique d'ensemble qui fera de la justice du
Québec une des plus remarquables au monde.
Je le dis avec l'esprit d'humilité qui me caractérise
lorsque je ne me retiens pas, M. le Président. Je ne voudrais pas, vous
comprenez bien, à l'occasion d'un projet de loi comme celui-ci, aborder
des sujets qui ne sont pas véritablement pertinents à la
discussion des articles, puisque vous aurez remarqué, M. le
Président, que ce projet de loi vise véritablement le traitement
des magistrats, qui est un aspect, sans doute, de l'administration de la
justice, qui n'est pas tout, je ne dis pas que c'est tout, mais qui est un
aspect dont le législateur doit s'occuper.
Je pense que le moment était venu, malgré l'opinion
contraire, de s'occuper de cette catégorie de serviteurs éminents
de la société, et de leur donner, à leur tour,
après que nous eûmes envisagé diverses mesures,
prévu et organisé diverses mesures pour les autres groupes qui
servent les intérêts de la collectivité à un titre
ou à un autre, une amélioration de leurs conditions pour les
rendre conformes à leurs responsabilités, à leurs
obligations, à la situation qu'ils occupent dans la
société, et également maintenir la capacité
réelle de leur traitement en termes de salaire.
C'est donc, M. le Président, que je n'ai pas l'intention d'en
dire plus car à mon sens, tous les arguments ont été
exposés sur cette question.
Ils l'ont été par moi-même, ils l'ont
été par mon collègue, le député de
Louis-Hébert, qui est assis à ma droite, qui a, en termes
extrêmement intéressants, et grâce surtout à son
expérience devant les tribunaux, expérience que n'a pas le chef
de l'Opposition, il faut bien l'admettre, M. le Président, car le chef
de l'Opposition a poursuivi une vie de professeur, n'est-ce pas, à
l'ombre de l'université... C'est ceci peut-être qui l'a
mené à la politique et, aujourd'hui, alors qu'il se
présente si maigrement équipé pour faire face aux
problèmes concrets de la législation, nous, de notre
côté, nous avons l'avantage d'avoir avec nous des hommes
d'expérience qui ont fait face à des litiges, à des
problèmes devant les tribunaux, tel le député de
Louis-Hébert qui a vraiment exposé, de façon magis-
traie, hier soir le dilemme judiciaire. Cette qualité est requise
de la part des magistrats dans l'exercice de leurs fonctions, de résumer
les débats contradictoires, de tenir compte des contradictions dans la
preuve et des questions de droit difficilement résolubles et donc de
faire cette synthèse de questions parfois excessivement
enchevêtrées, excessivement difficiles à percevoir et
à concevoir, à déceler à travers les
témoignages des témoins qui parfois, malheureusement se
contredisent volontairement ou involontairement, à déterminer
quel est le niveau de crédibilité qu'il faut attribuer aux
témoins qui comparaissent devant le tribunal. En fait, M. le
Président, vous qui partagez avec nous les responsabilités de
l'administration de la justice puisqu'en votre qualité de notaire, vous
avez à plusieurs occasions commis des erreurs que nous juristes avons
été obligés de réparer par la suite devant les
tribunaux.
Mais, il est notoire, je pense, parmi nous...
M. DESJARDINS: II est notoire.
M. CHOQUETTE: ...que les notaires, malgré le discrédit que
l'on attache dans certains milieux à leur profession, au contact des
avocats plaideurs, tel le député de Louis-Hébert, tel
moi-même autrefois, alors que j'étais avocat plaideur devant les
tribunaux, à ce moment, réussissent à franchir rapidement
ce pas le Rubicon, pas du tout cet espace qui auparavant les
séparait.
C'est ce qui vous est arrivé, M. le Président, et ce qui
fait que vous êtes un des excellents vice-présidents de la Chambre
puisque l'on distingue constamment chez vous la sagesse juridique, le jugement,
la pondération, la justesse de vue, la clarté de
l'expression...
M. MORIN: Vous oubliez l'objectivité, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: ... l'objectivité. Mais le chef de l'Opposition...
j'oubliais l'objectivité, mais c'est votre qualité la plus
frappante, M. le Président. C'est ce qui m'a saisi la première
fois que je vous ai vu, arrivant à la Chambre, comme jeune
député, un jeune député, à la suite de cette
victoire de 1970 qui avait permis à notre parti de rétablir le
cours de l'histoire de la révolution tranquille abandonnée
temporairement aux mains d'un parti maintenant défait,
c'est-à-dire le parti de l'Union Nationale.
M. MORIN: Je crois que c'est un billet de $1,000 qu'il faudrait passer
au ministre.
M. CHOQUETTE: Mais à côté de nous, qu'est-ce que
nous avons? Nous avons bien les successeurs du parti de l'Union Nationale et le
député de Maisonneuve a pris la relève, a revêtu le
manteau du procédurier qu'était l'ancien député de
Maskinongé et je ne crois pas que l'on puisse dire que le
député de Maisonneuve se grandisse en faisant abus de
procédure alors qu'aujourd'hui...
M. BURNS: Je suis assez grand. Je me trouve assez grand.
M. CHOQUETTE: ... tout dans le droit nous incite à la
simplification, à aller directement au problème, à
envisager les questions sans ce fatras de la procédure traditionnelle,
sans ces excès...
M. BURNS: C'est parce que vous ne comprenez pas ce qu'on fait.
M. CHOQUETTE: ... qui ont alourdi pendant tant de siècles
l'administration de la justice; et l'actuel ministre de la Justice essaie de
débarrasser le Québec, justement, de cette tradition
poussiéreuse...
M. BURNS: C'est parce que vous ne comprenez pas.
M. CHOQUETTE: ... de ces fils d'araignée qui étaient
là, dans cette administration de la justice, qu'il voudrait être
une cathédrale toute nettoyée, toute clarifiée, et dans
laquelle la justice présiderait dans sa figure traditionnelle d'une
femme aux yeux bandés, tenant, d'une part, le sceptre de la force et, de
l'autre côté, la balance de l'équité.
Je conclus mes observations en disant que pour toutes ces raisons, ce
projet de loi, mes amis de l'autre côté de la table y sont
réconciliés malgré tout. Je ne sais quel grain d'orgueil,
quelle caractéristique psychologique que je ne saurais sonder, en
connaissant leurs qualités réelles, les amènent à
vouloir, comme je le disais tout à l'heure au chef de l'Opposition,
véritablement, consolider pour toujours la position du Parti
québécois dans l'Opposition.
Merci, messieurs. Merci de cette attitude qui nous garantit que nous
gagnerons la prochaine élection et l'élection après et
toutes les élections par la suite.
M. BURNS: Vous n'aurez peut-être plus le droit de vote, si vous
êtes juge.
M. CHOQUETTE: D'accord, mais je pense que nos amis font fausse route. Je
le regrette pour eux, parce que j'aurais de la sympathie, j'aimerais au moins
qu'ils puissent entretenir un certain espoir d'arriver un jour au pouvoir.
Mais, même là, ils ont renoncé à tout espoir. Je
revois, n'est-ce pas, dans quelques années, le député de
Maisonneuve reprendre le chemin de son bureau d'avocat pour y défendre
des personnages qui sont d'ailleurs mes amis, comme MM. Marcel Pépin,
Laberge, Yvon Charbon-neau...
M. BURNS: Vous voyez que c'est vrai quand on dit: "Aime bien qui
châtie bien".
M. CHOQUETTE: C'est vrai, c'est très vrai. Et défendre ces
messieurs, n'est-ce pas...
M. MORIN: Je ne sais pas si le député de Maisonneuve
prendrait M. O'Bront parmi ses clients.
M. CHOQUETTE: II ne le refusera pas. M. BURNS: Absolument pas.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve n'a rien d'un
étroit d'esprit, il a beaucoup de défauts, mais je ne crois pas
que ce soit un étroit d'esprit. Je conclus donc en disant qu'à
tout point de vue, alors que c'est vendredi soir, qu'il neige, nous pourrions
penser aussi que le Parti québécois veut vraiment...
M. BOUTIN (Johnson): De bons patins.
M. CHOQUETTE: ... le Parti québécois vraiment s'acharne
pour rien.
Nomination d'un rapporteur
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un instant. J'apprécierais qu'on
nomme un rapporteur, on a omis de nommer un rapporteur au début de la
séance.
M. CHOQUETTE: M. le Président, vous permettez une question,
est-ce que le rapporteur doit être ici à toutes les séances
de la commission?
M. MORIN: Oui.
M. BURNS: Oui, s'il doit faire un rapport.
M. CHOQUETTE: Alors, M. le Président, je suggère que je
sois nommé rapporteur.
M. BURNS: Mais là, cela pose un problème! UNE VOIX: C'est
excellent!
M. BURNS: Cela pose un très sérieux problème. M. le
Président, cela pose, à mon avis, un très sérieux
problème.
M. CHOQUETTE: Alors, je retire ma proposition et je suggère le
député de Portneuf.
M. BURNS: Je voulais parler sur votre proposition.
M. CHOQUETTE: Je la retire.
M. BURNS: J'ai déjà commencé à parler sur
votre proposition, vous ne pouvez pas la retirer comme cela.
M. CHOQUETTE: Ma proposition est retirée.
M. BURNS: M. le Président, écoutez...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La proposition est retirée. Il n'y
a aucune proposition, le proposeur ayant retiré sa propre
proposition.
M. BURNS: Je voulais dire simplement au ministre de la Justice qu'il
serait bien mal placé pour être rapporteur dans une commission
où, d'une part, il est déjà engagé et où il
nous faut la neutralité d'un député libéral.
Cela nous prend absolument la neutralité d'un
député libéral pour être un bon rapporteur et Dieu
sait combien les rapporteurs, habituellement dans une commission, travaillent
de longues heures à rédiger ce rapport-là, travaillent de
longues heures à fixer la pensée exacte qui s'exprime dans les
commissions. J'ai même vu des députés libéraux ne
pas reconnaître le rapport remarquez que c'est parce qu'il avait
été dactylographié entre-temps une fois qu'il
était soumis à la Chambre. Je préférerais voir un
simple député neutre et non pas un ministre qui parraine, qui
attache son nom à un projet de loi. Voilà pourquoi j'étais
surpris que le ministre fasse une telle suggestion.
M. CHOQUETTE: D'avance je me suis rendu à vos arguments et je
suggère que ce soit...
UNE VOIX: Le député de Portneuf.
M. CHOQUETTE: ... le député de Portneuf.
M. PAGE: M. le Président, je tiendrais à vous souligner
que de la part du député de Maisonneuve, c'est mal
connaître mon esprit d'objectivité et mon
honnêteté...
M. BURNS: Ce n'est pas sûr que vous allez être élu
encore. Alors ne partez pas trop en peur, parce qu'on peut vous faire d'autres
suggestions.
M. PAGE: C'est pour rire, je vous en prie. Ce qui prouve que je suis
apte à remplir ce rôle.
M. MORIN: Je ne connais pas personnellement le député de
Portneuf. Il me paraît, à première vue, avoir certaines
qualités, mais j'ai l'intention de citer à plusieurs reprises un
certain nombre de choses dans la langue anglaise. Or, je voudrais être
bien sûr je n'en suis pas convaincu, je ne le connais pas, je
voudrais m'en assurer comme première qualité, que le
député...
M. CHOQUETTE: Speak white. He can speak white.
M. MORIN: ... est parfaitement bilingue. Car, dans ce secteur que nous
allons étudier, les salaires des juges et de manière plus
générale tout ce qui touche à l'administration de la
justice, il y a énormément de documents. J'allais justement en
sortir ici. Je dirais même
que la majorité des documents que nous allons avoir à
citer et auxquels nous allons devoir nous référer... Par exemple,
The Journal of American Judicature Society. Il y a un article très bien
fait sur les salaires des juges et les plans de pension aux Etats-Unis, dans
les divers Etats des Etats-Unis, vous pourriez consulter une bibliographie
où presque tout est en anglais. De même, il y a un certain nombre
d'articles sur lesquels je voudrais attirer l'attention parce que cela va
certainement influer sur le choix du rapporteur. Nous avons un document
intitulé "Merits of the Merit Plan for Judicious Selection". Il y a
là-dedans un certain nombre de considérations sur les salaires,
aussi sur les pénalités qui peuvent s'attacher dans un
système disciplinaire sur le plan de la mise à la retraite, des
conséquences pécuniaires.
Et c'est très technique. J'attire votre attention, il faudrait
que le député, comme deuxième qualité, connaisse
parfaitement ce sujet. Je n'ai pas entendu le député de Portneuf
je m'excuse, je n'ai pas terminé ouvrir la bouche une fois
sur cette importante question en Chambre ou en commission. Donc, je ne suis pas
convaincu...
M. PAGE: II allait le faire,
M. MORIN: ...de prime abord, que le député de Portneuf
possède les qualités requises pour exercer cette fonction si
délicate, à ce point délicate que le ministre
lui-même voulait l'assumer il y a un instant. Or, chacun sait que le
ministre n'aurait jamais pensé à s'attribuer une fonction comme
celle-là s'il n'avait pensé qu'elle était de la plus haute
importance, qu'elle exigeait des qualités tout à fait
exceptionnelles de lucidité, d'intelligence, de perception, pour tout
dire de sensibilité qui le caractérisent, n'est-ce pas?
Donc, je voudrais attirer votre attention encore ici sur un article sur
la discipline des juges, qui est paru dans une revue américaine, dont
j'aurai l'occasion de citer des extraits plus tard, ici, dans The American
Economic Review and International Comparison of the Trend of Professional
Earnings, qui permet d'établir une comparaison entre les salaires des
juges et les salaires des autres professionnels. Il y a même, un autre
document intitulé "Judicial Ethics and Discipline for the 1970s", qui
est signé par un M. Frankle, qui est spécialiste de ces
questions, et c'est un des articles auquel il faudrait accorder le plus
d'importance au cours de ces débats qui s'annoncent.
Au Canada, maintenant, nous avons également deux articles fort
bien écrits sur la question, mais toujours en anglais, parce que le
livre blanc du ministre n'ayant pas encore été publié,
hélas, bien que probablement, il ait à sa disposition de nombreux
dossiers qu'il n'a pas jugé bon d'apporter sur cette table, nous serons
obligés de nous référer, assez longuement, je le crains,
à des articles comme ceux qui sont parus dans l'Alberta Law Review et,
là encore, c'est hautement technique, ça ne peut pas être
laissé dans les mains même d'un juriste s'il n'a pas approfondi
ces questions. Enfin, je citerais, M. le Président, un article de
l'University of Toronto Law Journal, le tome 21, no 2, 1971, dans lequel on
trouve un article que je recommande au ministre, un nommé Tollefson, qui
est intitulé: "The System of Judicial Appointments, a collateral
issue."
J'ai déjà cité d'ailleurs, de cet article en
particulier, en les traduisant, à vrai dire je n'aurais
peut-être pas dû les traduire je crois qu'il faudra, cette
fois-ci, que je cite les extraits dans la langue originale pour que personne ne
perde toutes les subtilités de la chose. Donc, il faut nous assurer que
nous ayons quelqu'un qui connaît parfaitement cette question. A vrai
dire, je ne voyais guère que le ministre de la Justice. Je sais qu'il
est parfaitement bilingue puisqu'il a fait ses études dans une
université anglophone et je voudrais ajouter aussi que le ministre a
bien fait de ne pas insister, quoique ses qualités le destinaient tout
naturellement à remplir ce poste, et sa modestie naturelle aussi. Je
dois dire que le ministre m'a beaucoup déçu dans son intervention
du début.
M. le Président, ce mépris des universités qui le
disqualifie d'avance pour devenir ministre...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, le ministre s'est permis une incursion
dans le domaine des universités. Je crois qu'il est de mon droit strict
d'y répondre.
M. CHOQUETTE: Il y a une question pendante.
M. MORIN: Ah! mais c'est à propos de vos qualités pour
remplir ce poste, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas le droit.
M. MORIN: De même, M. le Président, je puis tout de
même faire valoir au début de ce débat et au moment de
choisir un rapporteur qui doit être d'une objectivité parfaite,
d'un bilinguisme intégral, qui doit également connaître la
question à fond... Je voudrais dire au ministre qu'il m'a beaucoup
déçu tout à l'heure en faisant du créditisme dans
son discours inaugural, en mêlant la politique, de la manière la
plus éhontée qui soit, à nos débats, alors que nous
arrivons ici pour considérer ce problème et là
aussi cela touche la fonction de rapporteur de manière technique.
Pour nous, c'est un problème technique et un problème
économique, pas un problème politique. Cela ne se situe pas au
niveau très bas où le ministre l'a situé tout à
l'heure.
M. le Président, à moins que je ne sois convaincu des
qualités du député de Portneuf,
je serais plutôt enclin à choisir un autre membre de cette
commission.
M. PAGE: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
répondre là-dessus, étant donné que...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. Le député de
Portneuf.
M. PAGE: Comme l'a soulevé l'honorable député de
Sauvé, je tiendrais tout d'abord à lui souligner que ce qui est
le principal dans la fonction de rapporteur, c'est d'être en mesure de
rapporter, comme le mot le dit, fidèlement l'esprit des débats. A
ce titre, n'ayant pas une langue anglaise parfaite, je tiens à souligner
à l'honorable député que j'ai une oreille bilingue et
à caractère anglophone, chose que malheureusement il ne peut pas
constater.
En ce qui concerne mes connaissances, je tiendrais à souligner
à l'honorable député qu'ayant suivi mon cours de droit
à ce centre de haut savoir qu'est la faculté de droit de
l'université Laval, j'ai eu, au cours de ces jours, dans les
différentes salles de lecture, à étudier et à me
pencher sur les différents travaux préparés et les
différentes leçons de théorie préparées par
l'honorable député de Sauvé, leçons de
théorie qui, j'en suis convaincu, me donnent un bagage adéquat
pour remplir ce rôle. C'est ce que je tenais à vous souligner.
M. SPRINGATE: I would like to say that I also support the fact that the
new Member from Portneuf should be the reporter for this commission, simply
because as the leader of the Opposition stated, he was looking for someone very
neutral.
And the simple fact that the Member from Portneuf has not participated
in this discussion to date was basically because he was preparing himself for
this particular role.
M. MORIN: M. le Président, un point de privilège... Je
veux rectifier. Le député me met dans la bouche des mots que je
n'ai pas dits. Je n'ai jamais dit "neutre" parce que je ne crois pas à
la neutralité de la part des membres du gouvernement. J'ai dit
"bilinguisme", deuxièmement: "connaissance du dossier et des aspects
techniques du dossier". Ce n'est pas la même chose que...
MR SPRINGATE: I doubt if I heard wrong, but I definitely heard the word
"neutral", sometimes in all of your talks as you were going along. Possibly,
you said so much that you forgot... and I am speaking in English at this
particular time, simply because you had recourse to so many English documents.
I think we will leave it like this, that the Member from Portneuf will make an
excellent reporter for this commission and if 'he does run into any difficulty,
whatsoever, with any document in English, the members of this commission may
rest assured that he can count on my help, if he needs any.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Mister Speaker, the last words of the member from Sainte-Anne
are convincing me that we are about to decide on a real bad choice. I think
that, as a matter of fact, we do not have a choice now: We have a proposition
or a motion before us appointing the Member for Portneuf, and as the Leader of
the Opposition mentioned before, we probably will have the discuss of a certain
number of things that will be discussed in English because of the quotations
that we will be working from. Therefore I am very happy to hear the Member from
Sainte-Anne say that he will be free to help us out or help the Member from
Portneuf if he is in a bad posture. That means that he will be free to be here
during all the sessions that we will be having. Otherwise, he would not have
promised his assistance to the Member from Portneuf and therefore I would have
a tendancy to make a motion that the Member from Sainte-Anne be appointed as
reporter for this commission.
Et, maintenant que j'ai expliqué dans la langue du
député de Sainte-Anne pourquoi je posais un certain nombre de
doutes relativement à la nomination du député de Portneuf,
je suis bien prêt à répéter pour le
député de Portneuf que j'ai appris avec beaucoup de plaisir que
le député de Sainte-Anne se mettait à notre disposition en
appuyant la candidature du député de Portneuf pour agir comme
rapporteur à cette commission. Il nous a dit : Bien, s'il a des
problèmes, ce député de Portneuf, je suis à sa
disposition relativement aux nombreux documents qu'a cités le chef de
l'Opposition tantôt en anglais. D'ailleurs, il n'en a cité que
quelques-uns, soit dit en passant. On aurait pu aller encore plus loin.
D'ailleurs, j'ai devant moi, justement, une loi qui est bilingue, qui
s'appelle, en français: la Loi modifiant la loi sur les juges, en
anglais: An Act to amend the judges'Act, et qui est une loi
fédérale, les statuts révisés au chapitre C-J 1,
1970-71-72, etc. Mais je pense que si on traite véritablement du texte
fédéral, tout le monde sait que la première version est
faite en anglais, il faudra, pour être exact, pour être bien
sûr qu'on ne nous interprète pas mal, retourner à la source
même du texte, c'est-à-dire la source, la langue où le
projet de loi a été d'abord rédigé, de sorte que
c'est un autre exemple de citation anglaise que nous devons faire.
Je disais donc que je suis content d'apprendre que le
député de Sainte-Anne se met à la disposition du
député de Portneuf et qu'il l'appuie en disant: Même s'il a
des problèmes avec la langue anglaise, je suis prêt à lui
prêter assistance. A ce moment-là, je suis convaincu que si le
député de Sainte-Anne nous dit cela,
c'est parce qu'il sera aussi à la disposition de la commission et
je pense que le député de Sainte-Anne devrait accepter cette
espèce de... comment dirais-je...
M. DESJARDINS: Dites-le en anglais.
M. BURNS: Non, je cherche le mot, c'est quelque chose qu'on nous a fait
à un moment donné alors que le reste du Canada était pour
et le Québec était contre, comment a-t-on appelé ça
déjà pendant la guerre?
M. MORIN: La conscription.
M. BURNS: La conscription, oui. J'aimerais que le député
de Sainte-Anne accepte la conscription dont il sera l'objet par la proposition
que je ferai. Je vais proposer, à l'encontre de la proposition qui a
été faite par le ministre de la Justice, de nommer comme
rapporteur le député de Portneuf, le député de
Sainte-Anne parce que le député de Sainte-Anne, depuis le
début de la session, au moins à une occasion et aussi parce que
nous connaissons ses talents... Je ne parle pas de ses talents en
matière sportive ou autres, il n'est pas du tout question de ça;
je connais ses talents, sa compréhension. Il est avocat lui aussi. En
plus d'être avocat, il a une grande expérience dans le domaine
judiciaire puisqu'il a été à un autre bout de
l'application de la loi, il a été policier. Il est avocat, mais
il a été policier. C'est en étant d'abord policier qu'il
est devenu avocat. Je pense que c'est même quelque chose de plus à
son palmarès que même le ministre de la Justice qui, malgré
toutes ses tendances, ne peut pas dire... Il n'est pas, même s'il le
voulait, policier lui, le ministre de la Justice. Même le
député de Louis-Hébert...
M. DESJARDINS: Je savais que cela s'en venait.
UNE VOIX: Un policier qui s'ignore.
M. BURNS: ... lui qui a travaillé de très près avec
les policiers, n'a jamais été policier et je pense que le
député de Sainte-Anne... Entre autres, je cite le cas où
au cours du débat sur le discours inaugural, il nous a prouvé
qu'il était parfaitement bilingue; moi, je le sais parce qu'à
toutes les fois où je lui parle, je lui parle en français et je
n'ai jamais pensé que le député de Sainte-Anne ne me
comprenait pas quand je lui parlais en français, mais je l'ai
également entendu parler en anglais qui est sa langue maternelle. Je
pense sincèrement, M. le Président, que je me dois de faire comme
proposition alternative et je souhaite que la commission se penche du
côté de ma proposition de proposer le député
de Sainte-Anne comme rapporteur de cette commission.
En plus de toutes les qualités que je pourrais
énumérer mais que je vais éviter de faire à cause
de la modestie du député de Sainte-Anne que je blesserais sans
doute, il y a chez lui quelque chose qui, en faisant le tour de la table, me
saute aux yeux. C'est que le député de Sainte-Anne est
probablement un de ceux qui ont le plus d'expérience parlementaire, qui
a le plus d'expérience législative outre évidemment le
ministre de la Justice qu'on a écarté tantôt, tout de
suite, pour des raisons bien évidentes parce qu'il serait...
UNE VOIX: II n'aurait pas le droit de parler.
M. BURNS: ... pratiquement juge avant le temps et partie et
vous-même, M. le Président, qui feriez, je pense, un très
mauvais rapporteur parce que vous devez être plus neutre qu'un simple
député; vous devez être en dehors de tout ça. Il
faut quasiment qu'on oublie, M. le Président, que vous êtes un
député libéral et, quant à nous, je pense qu'on
aurait l'air de... Oui, j'y viens, mais en tout cas, on verra si jamais le
député de Sainte-Anne refuse la proposition que je suis en train
de faire ou si la commission refuse la proposition que je suis en train de
faire. Il y a des possibilités...
M. CHOQUETTE: M. le Président, question de règlement.
M. BURNS: Je n'ai pas encore terminé, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre de la Justice, sur une
question de règlement.
M. CHOQUETTE: J'ai proposé, M. le Président, que le
député de Portneuf soit nommé rapporteur.
Le député de Maisonneuve vient de proposer que cela soit
le député de Sainte-Anne. Je pense que ma proposition doit
être mise aux voix avant sa proposition conformément à
l'article 159...
M. BURNS: Vous faites exprès pour que cette commission dure.
M. CHOQUETTE: Je voudrais que vous mettiez ma proposition aux voix,
parce que le député de Maisonneuve vient de faire une proposition
et je ne pense pas qu'il puisse procéder sur sa proposition avant qu'on
ait vidé la mienne.
M. BURNS: Sur la question de règlement, je vous
réfère non pas à un article en particulier de notre
règlement...
M. CHOQUETTE: A l'esprit...
M. BURNS: ... je vous réfère à tout notre
règlement, à l'article 179, sauf erreur, de notre
règlement, exactement. Je suis tombé sur le bon chiffre. Je pense
que nous sommes placés dans une situation qui est tout à fait
semblable à l'élection d'un président à
l'Assemblée nationale.
M. DESJARDINS: Question de règlement.
M. BURNS: Je suis justement sur une question de règlement.
M. DESJARDINS: Je m'excuse. D'accord.
M. BURNS: Je tente de répondre à la question de
règlement qui a été soulevée par le ministre de la
Justice. Nous avons à faire face au dilemme suivant: Tout le monde sait
qu'il est nécessaire d'avoir en commission un rapporteur. Tout le monde
sait qu'il est important aussi d'élire en commission ce rapporteur, sauf
que notre règlement ne dit rien quant au mode, quant à la
façon d'élire le rapporteur d'une commission. Je me dis à
ce moment: Comme c'est une fonction, dans le fond, comme c'est une
conscription, comme je disais tantôt, de la part d'une commission
parlementaire, de la même façon d'ailleurs qu'un président
de l'Assemblée nationale est un peu conscrit par l'Assemblée
nationale pour servir aux meilleurs intérêts des travaux de
l'Assemblée nationale, je me dis que la seule façon dont on
puisse interpréter le style de vote qui peut présider à
l'élection d'un rapporteur de commission, c'est celui qui nous aide
à élire un président de l'Assemblée nationale. Or,
quand on élit le président de l'Assemblée nationale, vous
le savez, M. le Président, je pense qu'on en a eu des exemples
récemment, cela se fait en additionnant un certain nombre de
propositions. Ces propositions peuvent être faites à la suite les
unes des autres et peuvent être débattues toutes ensemble comme le
dit l'article 9 de notre règlement. A l'article 9, on nous dit: "S'il
n'est proposé qu'un seul député..." parlant du
président de l'Assemblée nationale..." le secrétaire qui
préside au tout début le proclame élu. S'il est
proposé plus d'un député, toutes les motions sont
débattues à la fois".
Je vous soumets bien respectueusement, M. le Président, qu'il
s'agit d'un cas tout à fait analogue, d'un cas d'abord où notre
règlement est silencieux dans le cas précis qui nous occupe,
c'est-à-dire la nomination du rapporteur, et que je ne vois pas d'autre
façon de régler de façon satisfaisante ce débat qui
nous préoccupe actuellement, à l'effet de savoir qui sera
rapporteur de cette commission, sinon que de procéder par voie
analogique et d'utiliser le mode d'élection d'un président
à l'Assemblée nationale.
Si on utilisait la méthode que semble suggérer le ministre
de la Justice dans sa question de règlement à laquelle je
réponds, on nous priverait, par l'entremise de la majorité
gouvernementale qui se trouve ici, de pouvoir exprimer notre choix à
l'encontre, avec tout le respect que je peux avoir pour le député
de Portneuf, de la suggestion qui est faite par le ministre de la Justice pour
ce député. Remarquez que le député de Portneuf, en
ce qui me concerne, ne me semble pas une méchante personne. Il ne doit
pas ce soir, quand il se couchera, souffrir d'insomnie pour les remarques que
je fais à son égard. Je ne pense qu'il doive les prendre
personnellement. Je fais ces remarques uniquement dans le but d'avoir le
meilleur rapporteur possible.
Je ne connais pas assez bien le député de Portneuf pour
pouvoir dire que c'est le meilleur choix. Je connais cependant suffisamment
bien, même si ce n'est pas beaucoup, puisque nos voies politiques nous
ont séparés, le député de Sainte-Anne et moi, mais
je connais quand même plus le député de Sainte-Anne. Je
connais ses qualités personnelles. Je sais qu'il est capable...
D'ailleurs, il a agi dans le passé, à quelques reprises, comme
rapporteur de commissions, et à la satisfaction, semble-t-il de la
Chambre, parce que je n'ai jamais vu de gens faire de critiques directes
à l'égard du travail du député de Sainte-Anne comme
rapporteur de commissions? Non pas qu'on en ferait à l'égard du
député de Portneuf, mais je dis qu'on doit me laisser ce choix de
proposer la personne que je crois la plus apte à remplir la fonction de
rapporteur. En l'occurrence, je pense que c'est le député de
Sainte-Anne qui remplirait, à mon humble avis, et avec ma limite de
connaissances sur le sujet, sur les sujets aussi qui sont ici autour de la
table... C'est pour cette raison que je propose également, en même
temps que la proposition qui est faite par le ministre de la Justice, le
député de Sainte-Anne comme rapporteur.
Je pense qu'il pourrait y avoir d'autres choix valables. Je pense que
j'aurais pu, entre autres, s'ils avaient été membres de la
commission, proposer des députés d'expérience comme le
député de Lafontaine ou le député de Saguenay ou le
député de Saint-Jacques qui sont présents comme tout autre
député, mais vous diriez, à ce moment-là, je pense
que les membres de la majorité ministérielle diraient que je
charrie...
M. BOUTIN (Johnson): Est-ce que vous me permettez...
M. BURNS: ...que j'exagère dans le sens que je propose...
M. BOUTIN (Johnson): ...une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un instant.
M. BURNS: ...quelqu'un de mon côté...
M. BOUTIN (Johnson): Sur une question de règlement...
M. BURNS: ...quelqu'un qui est de mon parti, et à ce
moment-là, M. le Président, on me taxerait de partisanerie.
M. BOUTIN (Johnson): M. le Président, une
question de règlement. Si on regarde l'article 160, je pense que
le député de Maisonneuve parle depuis au moins 25 minutes, au
moins 20 minutes, parce que nous avons débuté à 8 h 20 et
la proposition est venue presque quelques minutes après.
M. MORIN: J'ai terminé a moins le quart, donc vous êtes en
train d'amputer...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! s'il vous plaît !
M. BOUTIN (Johnson): J'ai le droit d'exprimer mon point de vue, je
pense.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai
bien compris, je vais suivre l'heure avec le plus d'exactitude possible. Le
député de Maisonneuve avait proposé le
député de Sainte-Anne. Est-ce qu'il y a d'autres
propositions?
M. SPRINGATE: M. le Président, je remercie le
député de Maisonneuve pour les paroles à mon égard,
mais malheureusement, je ne serai pas présent demain. I think I should
say in English also where I used the word "help", It means just that, help. It
does not mean to be present at all occasions.
M. BURNS: ...if you are not here...
M. SPRINGATE: Because you are presenting documents which can be read on
another time.
M. BURNS: Yes, but how can you understand...
M. SPRINGATE: I offered my help.
M. BURNS: ...the substance of what we are going to be discussing...
M. SPRINGATE: I think I can remember. M. BURNS: ... if you are not at
hand?
M. SPRINGATE: ...This is why we have typists up there writing everything
down, this is why we have documents that can be read.
M. BURNS: What do you mean? Does the Member from Sainte-Anne mean to say
that as reporter for a commission, a Parliamentary commission, that actually
the Member appointed to that function does not really have to do something, but
it is the other persons that are behind us that are doing the work?
M. SPRINGATE: In no way shaper form. That is not the question.
M. BURNS: I am sorry, I misunderstood you.
M. SPRINGATE: I did not say that at all. They are there to help us
here.
But, unfortunately, as presences demanded to be reporter, and I cannot
be here tomorrow, I have to regretfully declined the wonderful proposition I
was put on by the Member of this commission.
M. MORIN: M. le Président, c'est vraiment...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un instant, s'il vous plaît. Est-ce
qu'il y a d'autres propositions?
M. MORIN: Oui, j'allais justement faire une autre proposition parce que,
vraiment, c'est navrant que le député, M. Springate, ne puisse
pas accepter ce poste. Je pense, hélas, que son absence est
sûrement très bien motivée. N'eût été
cette absence, il aurait pu certainement aider le député de
Portneuf à comprendre tout ce jargon technique auquel je vais être
obligé de faire appel demain. Je suis sûr qu'il a
déjà potassé ces questions-là de manière
très profonde et qu'il aurait su, je suis sûr, avec autant
d'aptitudes qu'il en a pour le football, s'y retrouver dans ses textes. Je ne
savais pas que le député...
M. LESSARD: II fait de bons bottés.
M. SPRINGATE: II me reste encore six convertis à faire.
M. MORIN: Je ne savais pas, M. le Président, que le
député de Sainte-Anne était également musicien. Si
j'en juge d'après les gestes très éloquents qu'il fait
devant moi depuis tout à l'heure, il doit être excellent
violoniste.
M. le Président, devant cette navrante démission, je
proposerais le député de Nicolet-Yamaska. Je le proposerais parce
que je crois que c'est un monsieur qui, bien qu'il ne fasse pas beaucoup de
bruit, a certainement énormément de qualités de coeur,
d'esprit, beaucoup d'expérience, d'assiduité aussi. Il ne manque
jamais une séance, bien qu'on ne l'y entende pas encore une fois, mais
cela, c'est tout à fait secondaire. Ce qui est important, c'est que le
député suive avec beaucoup d'attention tout ce qui va se passer.
J'ai une seule inquiétude toutefois, qui pourrait m'amener à
changer d'idée. Je me demande si le député a une bonne
connaissance de la langue anglaise. Je ne sais pas, j'ai quelques doutes sur la
question. Est-ce qu'il satisfait aux critères que je définissait
tout à l'heure pour la connaissance de ce dossier? Est-ce qu'il a eu
l'occasion d'étudier la question?
M. CHOQUETTE: Il y a au moins un critère auquel il satisfait.
C'est un vétérinaire.
M. LEGER: C'est un bon appui pour le Parti libéral.
M. MORIN: M. le Président, je vois que peut-être...
M. CHOQUETTE: Pour vous regarder.
M. MORIN: Peut-être pourra-t-il être de quelque service
à l'occasion au ministre de la Justice dans cette capacité, mais
je ne sais pas, cela me laisse un peu inquiet. Je suis moins sûr, M. le
Président. Je l'avais proposé, maintenant je ne sais plus
très bien. Est-ce que je pourrais demander au député s'il
a une bonne connaissance de la langue anglaise? Est-ce que je pourrais lui
demander s'il connaît assez bien ce dossier?
M. BOUTIN (Johnson): II n'y a pas de question à poser.
M. MORIN: Je veux dire... Ce n'est pas rigide comme à
l'Assemblée nationale ici, on cherche le meilleur homme pour remplir
cette tâche.
M. SPRINGATE: Le voilà, le député de Portneuf.
M. MORIN: Vous ne serez pas là demain pour l'aider. C'est ce qui
m'inquiète M. le député de Sainte-Anne.
M. PAGE: Bien oui...
M. MORIN: II vous l'a offert, j'ai pensé qu'il avait jugé
que ce serait nécessaire.
M. SPRINGATE: C'est justement cela. M. PAGE: J'ai refusé sur un
petit mot.
M. MORIN: Mais de toute façon, le député de...
Est-ce bien de Nicolet-Yamaska ou de Yamaska?
M. BURNS: C'est Nicolet-Yamaska.
M. MORIN: H me semble que j'ai eu l'occasion d'aller parler dans ce
magnifique comté, M. le Président, et il me semble que le
comté de Nicolet-Yamaska sait produire des hommes et sans doute aussi
des femmes de très grande qualité. C'est un pays très
bénin, comme vous le savez, un pays où le climat est
agréable. J'y avais d'ailleurs quelques ancêtres du
côté de ma mère, je crois.
M. TARDIF: La pertinence...
UNE VOIX: C'est pertinent.
M. MORIN: C'est tout à fait pertinent, M. le Président,
parce que je tente d'établir, à ma propre satisfaction
d'ailleurs, que le député de Nicolet...
M. DESJARDINS: Vous avez fait aUusion à vos ancêtres,
déposez votre arbre généalogique.
M. LESSARD: Pour les ministres.
M. MORIN: Je pourrais donner satisfaction. Je prends avis de la question
du député de Louis-Hébert. Je pourrai certainement donner
une réponse satisfaisante d'ici quelques jours, M. le Président,
parce que... Mais le député de Nicolet-Yamaska connaît sans
doute cet endroit qui est situé sur la rivière Nicolet, à
Nicolet même...
M. TARDIF: La pertinence.
M. MORIN: On m'a posé une question, je ne sais pas. Est-ce que le
ministre était impertinent tout à l'heure lorsqu'il me posait la
question, M. le Président? De toute façon, je voudrais revenir de
manière plus précise à l'objet de ce débat. Je
crois que le député de Nicolet-Yamaska, en raison des influences
certainement très importantes que son pays, que sa région du
Québec ont exercées sur lui, est certainement apte à
remplir cette fonction, mais encore une fois, je m'inquiète seulement du
bas taux de bilinguisme dans cette région du Québec et c'est ce
qui m'inquiète le plus.
Si le député avait été de Montréal,
on aurait pu dire, étant donné l'anglicisation rapide des couches
populaires j'espère que le député prend cela comme
étant un compliment ou penser que le député avait
les qualités requises. Mais, il n'est pas de Montréal, il est
d'une région du Québec qui est demeurée très
française. Ce qui est une très grande qualité aux yeux de
plusieurs membres de cette Assemblée et certainement de cette
commission. Mais, je ne suis pas sûr que cette région du
Québec soit suffisamment bilingue pour avoir produit le type d'homme
qu'il nous faut pour servir de rapporteur à cette commission. Surtout,
M. le Président, qu'il y a dans toute cette question des termes
techniques et même je dirais, ce que nous appelons en anglais, des...
M. BURNS: Des "colloquialisms".
M. MORIN: ... "colloquialisms", that is it. Par exemple, est-ce que le
député sait ce qu'est le "merit system"? Est-ce qu'il sait ce
qu'est le "pork barrel method of judicial appointment"? Je vais être
obligé d'utiliser constamment ce genre d'expressions techniques, comme
le suggère le député de Maisonneuve, le "California plan"
qui est hautement technique, qui est très difficile à comprendre.
Est-ce qu'il va comprendre un mot qui, je ne sais pas s'il a des
équivalents en français, mais en anglais, on dit "patronage".
C'est un mot qui revient constamment dans...
M. SPRINGATE: Ce n'est pas du patronage, c'est plutôt de la
reconnaissance.
M. MORIN: C'est un mot qui revient constamment. Dans ces documents, on
trouve constamment des recommandations, M. le Président, pour
éviter... "to avoid patronage in the nomination of judges".
M. TARDIF: Favoritisme.
M. MORIN: Oui, voilà, le député d'Anjou qui, je
crois, a été un de mes étudiants a eu l'occasion de se
frotter...
M. BURNS: Cela ferait un bon candidat.
M. MORIN: ... à ce vocabulaire bilingue. Au fond, je me demande
pourquoi je ne proposerais pas plutôt le député d'Anjou, M.
le Président.
Enfin, nous sommes devant un certain nombre de choix.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous pourriez faire part de
votre proposition?
M. MORIN: Oui. Ma proposition serait que ce soit le député
de Nicolet-Yamaska. Il m'ap-paraît, bien que je ne le connaisse pas,
encore une fois, avoir toutes les qualités requises, sauf
peut-être, encore une fois, la question linguistique qui me "chicote",
mais d'un autre côté, je me dis que s'il pouvait nous donner des
assurances immédiates qu'il connaît cette langue, ça
réglerait peut-être le problème. Tout à l'heure,
j'ai posé la question, il n'a pas répondu. Je serais porté
à croire qu'il l'est, mais je n'en suis pas sûr.
M. le Président, j'en fais donc une proposition tout à
fait formelle que le député de Nicolet-Yamaska... je m'offre
d'ailleurs pour le cas où le député accepterait à
traduire en français in extenso tous les textes que j'aurai cités
en anglais. Je pourrai...
M. DESJARDINS : Non, non, non, vous voulez dire en anglais.
M. MORIN: Non, je crois que pour aider le rapporteur, il faudra quelque
fois que je traduise longuement, à moins que le député de
Louis-Hébert qui est excellent, déjà, très
certainement très familier avec la langue anglaise, si ce n'est pas
même en voie d'anglicisation, pourrait peut-être, à
l'occasion, traduire des passages de ce que j'aurai à citer. Je dois
dire que c'est une préoccupation constante chez moi, d'ailleurs, chez
tous les membres du Parti québécois, que d'assurer une juste
répartition des langues. Bien sûr, le français doit
être la langue officielle du Québec, mais ce n'est pas, pour
autant, qu'on veut brimer les droits linguistiques de la minorité. Nous
sommes prêts à reconnaître...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MORIN: Je fais une proposition, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais avertir que, par tradition, je
suis très large lorsque je préside une commission, mais il ne
faut pas abuser non plus de ma bonne volonté à ce sujet. Vous
avez une proposition, soit que le député de Nicolet-Yamaska...
disons, vous allez terminer d'ici quelques minutes, s'il n'y a pas d'autres
propositions, nous prendrons le vote.
M. MORIN: Oui, je n'ai pas...
M. CHOQUETTE: Question de règlement, M. le Président.
Question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sur une question de règlement.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve a
épuisé son droit de parole, M. le Président. Il a
parlé plus de vingt minutes et je pense qu'il n'a plus le droit de
parole. Je pense que c'est la même chose pour le chef de l'Opposition. Je
propose que les propositions qui sont sur la table soient mises aux voix.
M. BURNS: M. le Président, je pense que le ministre de la
Justice, tout bon juriste qu'il soit, n'a pas lu de très près
l'article 160 qui semble être la base de son argument. Mais
d'après moi, il ne l'a pas lu. Moi, si je soulevais une question de
règlement comme celle qu'il vient de soulever, je prendrais la peine de
lire bien comme il le faut l'article 160. L'article 160 dit: "Lorsqu'une
commission étudie un projet de loi après la deuxième
lecture ou des crédits..." On est en deuxième lecture, je pense
bien que personne ne va me contester cela. "Un député peut
prendre la parole sur le même point aussi souvent qu'il lui plaît
à condition de ne parler plus de vingt minutes en tout sur un même
article, un même paragraphe, une même motion j'insiste sur
ces mots-là, M. le Président: une même motion ou une
même question d'ordre ou de règlement".
Le député de Sauvé, l'honorable chef de
l'Opposition, vient de faire une motion sur laquelle je n'ai aucunement
parlé, M. le Président. Je n'ai pas parlé sur la motion
que vient de faire le député de Sauvé et j'ai nettement
l'intention de parler sur cette motion-là.
M. MORIN: J'ai d'ailleurs été interrompu, M. le
Président. Je n'avais pas terminé.
M. BURNS: D'ailleurs, M. le Président, je vous le dis tout de
suite. Puisque c'est la deuxième fois que cette question-là est
soulevée, puisque, également, à la lecture de l'article
160, il est évident que votre travail ne sera pas facile, celui de
calculer ces fameux vingt minutes, puisque ces vingt minutes, contrairement
à ce qui se passe en Chambre à l'Assemblée nationale, ne
doit pas nécessairement être fait
d'un seul trait, je vous suggère tout de suite, M. le
Président, de vous munir d'un chronomètre si vous voulez
absolument vérifier la durée. Je vous dis, avec tout le respect
que j'ai pour vous, que je suis sûr que vous n'êtes pas capable,
vous ne pouvez littéralement, physiquement et mentalement pas, en
suivant les débats comme vous le faites, savoir si j'ai utilisé
complètement mes vingt minutes, pas plus que le ministre de la Justice
d'ailleurs peut le savoir, pas plus que le chef de l'Opposition, pas plus que
moi-même, pas plus que n'importe quel membre de la commission.
Vous allez être obligé, M. le Président c'est
peut-être bon que ce problème se soulève dès le
début d'installer devant vous une espèce de charte
à plusieurs colonnes avec autant de noms et autant de colonnes qu'il y a
de membres ici, et vous allez être obligé de chronométrer
les interventions de tous et chacun des membres, par parti, sur le même
point qui pourra revenir, sur le même article, le même paragraphe,
la même motion, la même question d'ordre ou de
règlement.
M. le Président, tant que vous ne me direz pas que vous
êtes muni des instruments de mesure nécessaires, adéquats,
pour m'assurer au-delà de tout doute que mes vingt minutes ont
été utilisées, je pense que vous n'êtes absolument
pas en mesure, pas pour une question d'intelligence, loin de là, mais
pour une question physique, une question mentale, une question d'ailleurs
et c'est pour cela que cet article est fait de cette façon
de faciliter les échanges entre députés. Il arrive
très souvent qu'au cours d'un échange entre deux
députés, il soit difficile de savoir si la phrase du
député de Sainte-Anne tantôt a duré deux minutes et
si ma réplique a duré trois minutes et demie. Mais c'est ce vers
quoi le ministre de la Justice vous pousserait si vous voulez
véritablement, en toute justice, savoir si les vingts minutes de chaque
député ont été utilisées sur chaque point,
sur chaque article, sur chaque paragraphe, sur chaque motion, sur chaque
question d'ordre et sur chaque question de règlement.
Or, M. le Président, je suis bien placé pour vous dire que
je pense que vous comprenez très bien le sens de cet article, parce que
vous et moi, nous le savons.
Quand cet article a été discuté, nous faisions
partie du sous-comité. Et vous vous rappellerez sûrement, M. le
Président, que c'est à ma demande à moi que des
amendements ont été apportés à l'article 160, que
le texte actuel de l'article 160 est une reproduction de l'ancien texte de
l'article 134 du vieux système qui nous régissait avant le
présent règlement et que l'article 134 a été tout
simplement reproduit avec quelques variantes, mais avec le même sens. La
seule chose qui avait été changée au moment de la mise en
vigueur de ce nouveau règlement, c'est que c'était une heure dans
le vieux règlement, sur chaque article, sur chaque paragraphe, sur
chaque motion, sur chaque question d'ordre et de règlement; on a
réduit cela à vingt minutes.
Pour le reste, c'est absolument pareil et j'insiste sur le fait que je
me sens drôlement concerné. C'est que j'avais demandé que
l'article reste comme cela. Tout ceci, M. le Président, pour vous dire
que je me dois d'intervenir sur la motion de l'honorable chef de l'Opposition,
et je pense que j'ai le droit. Je n'ai pas parlé sur la motion
proposée par le chef de l'Opposition relativement au
député de Nicolet-Yamaska.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle n'avait pas terminé. C'est dans ce sens-là que je
l'avais invité à terminer il y a quelques minutes. Naturellement,
vous avez le droit d'intervenir sur cette motion.
M. BURNS: Merci, M. le Président.
M. MORIN: II me restait, au moment où j'ai été
interrompu...
M. LESSARD: On ne le sait pas.
M. MORIN: ... assez brutalement par le ministre de la Justice...
M. BOUTIN (Johnson): Je propose un chronométreur.
M. MORIN: II me restait, à ce moment-là, entre quatre et
cinq minutes, quelque chose comme cela.
M. LESSARD: Une quinzaine de minutes!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
Pour le chronométrage, lorsqu'il sera absolument clair... Je
pense qu'on est capable de s'apercevoir que, lorsque quelqu'un est seul
à parler et qu'il parle pendant une demi-heure, je pense que tout le
monde s'apercevra qu'il a dépassé ses vingt minutes. Lorsque cela
ne sera pas clair, je n'interviendrai pas; mais lorsque cela sera clair,
j'interviendrai et ma décision sera sans appel.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais revenir peut-être
à ce qui au fond... Le fond du débat, ce sont les qualités
qu'on doit exiger d'un rapporteur. J'ai déjà fait allusion
à quelques-unes d'entre elles plus tôt, mais j'ai peut-être
oublié la qualité essentielle.
Un rapporteur est quelqu'un qui doit traduire la pensée de ceux
qu'il écoute. M. le Président, est-ce que j'ai votre attention?
Je vous vois toujours en caucus avec le ministre de la Justice.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, nous parlons de chronométrage,
mais vous pouvez continuer â parler. Je peux également
me tourner à gauche et à droite sans vous empêcher
de parler.
M. MORIN: C'est parce que je voulais avoir le sentiment que vous
m'écoutiez parce que...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, vous pouvez continuer. C'est le
journal des Débats qui vous écoute.
M. MORIN: Je n'aime pas que mes paroles se perdent, qu'elles soient
inutiles.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous écoute très
bien.
M. MORIN: Merci. Donc, je disais, M. le Président, que le
rapporteur, non seulement doit posséder ces qualités que je
décrivais tout à l'heure, c'est-à-dire une connaissance
technique du dossier... Vous savez, au cours des heures qui viennent, des
longues heures qui viennent, nous allons avoir l'occasion d'entrer dans
énormément de détails techniques, parce que c'est une
question technique. Nous allons avoir à étudier des statistiques,
nous allons avoir à étudier des lois étrangères. Je
n'ai pas encore mentionné ce point, mais il est sûrement
très important.
M. le Président, est-ce que j'ai votre attention? Je voudrais
bien vous persuader de l'importance de cette question.
Nous allons avoir, ai-je dit, à consulter constamment des lois
étrangères, et pas seulement des articles de revue comme ceux que
je mentionnais tout à l'heure. Nous allons avoir à consulter la
loi de l'Etat de New York, par exemple, et le système salarial pour les
juges de l'Etat de New York. Nous allons avoir à consulter les lois de
la Californie, les lois... Je n'en mentionne que quelques-uns parmi les plus
importants parce qu'évidemment, on ne va pas faire le tour des 50 Etats.
Mais il y a tout de même au moins une quinzaine d'Etats américains
qui ont des systèmes intéressants de nomination et de
rémunération des juges.
Nous allons donc avoir à nous pencher sur la législation
des Etats du Colorado, du Connecticut, du Delaware, de la Géorgie, de
1'Indiana, du Kansas, de la Louisiane. C'est curieux, la Louisiane, je me
serais attendu, étant donné l'effort de bilinguisme qu'on fait
dans cet Etat depuis quelque temps, à trouver une version
française qui aurait été très utile aux membres de
cette commission mais, hélas, j'ai dû constater qu'en Louisiane,
la langue anglaise est la seule langue officielle...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Je vous invite à parler
du rapporteur que vous proposez.
M. MORIN: C'est tout à fait pertinent, je suis en train de
dire...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ecoutez, là.
M. MORIN: ... tout ce dont nous allons parler...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'aime à vous donner beaucoup de
liberté, mais je pense que la Louisiane et le rapporteur sont assez loin
l'un de l'autre. Tout en étant fort large pour tout ce que vous voudrez
dire au cours des prochaines heures, il n'y a pas de problème avec moi,
mais je vous invite tout de même à demeurer dans le cadre du
débat actuel, qui est une proposition sur le député de
Nicolet-Yamaska comme rapporteur de la commission.
M. MORIN: M. le Président, j'espère que vous n'allez pas,
tout au long de nos débats, constamment tenter de nous restreindre de la
sorte parce que ce n'est pas une question simple, c'est une question
très complexe, qui fait appel à des comparaisons...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Vu que
vous dites que je veux vous restreindre, je dois vous dire que j'ai le minimum
requis pour savoir faire certaines distinctions, et lorsque quelqu'un est rendu
en Louisiane, je m'en aperçois fort bien. Je vous invite dès
à présent, pour que ce soit fort clair pour vous comme pour les
autres, que je veux la pertinence du débat et je vais intervenir
à toutes les minutes si vous ne respectez pas la pertinence du
débat.
M. MORIN: Oui mais, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous invite immédiatement, c'est
une décision; la pertinence, c'est votre proposition au sujet du
député de Nicolet-Yamaska.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais dire ceci: Vais-je
être chaque fois obligé de démontrer la pertinence de ce
que je suis en train de dire?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suis capable de m'en apercevoir.
M. MORIN: M. le Président, j'estime, très
respectueusement, je vous soumets que les membres de cette commission sont bien
placés pour savoir ce qui leur paraît pertinent ou non dans le
débat. Très respectueusement, encore une fois, je trouve
ça autoritaire, cette façon de vouloir nous dire ce qui est
pertinent et ce qui n'est pas pertinent.
J'estime, pour ma part, que la connaissance du système judiciaire
américain est essentielle au rapporteur. Puis-je continuer, M. le
Président?
Ce que j'essayais de dire, ce dont je voudrais vous persuader, c'est que
la connaissance du système judiciaire américain est une
chose...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
viens juste de vous voir. Je
m'excuse auprès du chef de l'Opposition installer deux
chronomètres devant vous et j'aimerais, pour les fins de l'entendement
qu'on puisse avoir de ce débat, que vous nous expliquiez comment vous
avez l'intention de vous servir de ces deux chronomètres.
M. TARDIF: Cela ne vous regarde pas.
M. BURNS: Cela me regarde dangereusement, parce que ce sont mes droits,
il y en a trois, y en a-t-il trois? Ce n'est pas un chronomètre
cela, au cas où le député de Johnson ne le saurait pas,
c'est une horloge.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: Elle n'est pas assez grosse pour que vous trouviez que c'est
une horloge fabriquée par Cyrille Duquet?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: A part cela, c'est un objet d'art, monsieur, que vous traitez
bassement de chronomètre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai mentionné tout à
l'heure, en réponse au député de Maisonneuve, que
j'interviendrai lorsqu'il sera absolument clair que les vingt minutes sont
dépassées. Je ne veux pas m'installer un système de
chronométrage pour arrêter à toutes les interventions.
Lorsque ce sera vraiment clair que les vingt minutes sont même
dépassées de quelques minutes, à ce moment-là, je
pense que, par exemple, si vous prenez la parole et que vous parlez vingt-cinq
minutes sans arrêt le chronomètre va marcher.
M. BURNS: Sans arrêt, là, le chronomètre va marcher.
Si je suis interrompu, vous allez l'arrêter?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ecoutez, à ce moment-là, je
vais peut-être vous laisser parler vingt-cinq minutes, pour que ce soit
clair.
M. BURNS: D'accord, parce qu'autrement je vais peut-être vous
demander qu'il y ait un chornomètre par député ici.
M. BOUTIN (Johnson): C'est une farce.
M. BURNS: Non, ce n'est pas une farce parce que si on doit
véritablement suivre le chronométrage, toutes les fois que je
suis interrompu, je pense que le député qui m'interrompt devrait
être chronométré lui aussi.
M.MORIN: M. le Président, sur un point d'ordre, êtes-vous
en mesure d'arrêter ce chronomètre chaque fois que nous sommes
interrompus?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Comme je viens de le mentionner tout
à l'heure, lorsque cela fera 20 minutes exactement, je n'arrêterai
pas l'intervenant de parler. Si je sens qu'il y a eu quelques interventions qui
ont peut-être duré 30 secondes, je donnerai, pour être bien
sûr, quelques minutes de plus.
M. MORIN: Est-ce que vous êtes en mesure de chronométrer
les interruptions?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je ne les chronométrerai pas.
M. MORIN: Bien, c'est quand même...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai dit tout à l'heure et
là, je ne voudrais pas entamer de débat là-dessus, c'est
tout de même mon rôle comme président... Je vous ai
mentionné que, lorsqu'il serait très clair que les 20 minutes
auront été dépassées, je signifierai que les 20
minutes auront été dépassées.
M. MORIN: Bon. Alors, est-ce que je puis compter maintenant...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Portneuf, sur la même intervention.
M. PAGE: Par souci d'objectivité, honorable député
de Sauvé.
M. MORIN: Comment?
M. PAGE: Par souci d'objectivité.
M. MORIN: Oui. Quoi donc?
M. PAGE: Etant un député très objectif, j'aimerais
savoir si, pour les deux chronomètres, une minute pour l'un
équivaut à une minute pour l'autre, par souci
d'objectivité.
M. MORIN: Je n'aurais pas poussé la chose jusque-là, mais
enfin si le député de Portneuf y tient, je suis bien prêt
à vous laisser procéder à toutes les vérifications
nécessaires. Personnellement, j'aurais été porté,
je vous avoue, à faire confiance au président. Je sens que le
président sera de la plus grande objectivité au cours de ces
débats. Je vous ferai remarquer, M. le Président, que ce n'est
pas moi et que ce n'est pas l'Opposition qui vous a soumis à ce
régime humiliant d'avoir à peser sur des chronomètres
constamment. Ce n'est pas nous. Seulement, maintenant qu'ils sont devant vous,
comme le député de Portneuf l'a fait remarquer, il est
extrêmement important qu'ils soient précis, il est important que
vous teniez compte de toutes les interruptions parce que cela serait trop
facile pour le gouvernement, étant donné le nombre de
députés qu'il a sur cette commission de nous interrompre à
tout propos et de manger de notre temps. Or, nous avons besoin
énorme-
ment de temps pour aller au fond de ce dossier. C'est clair.
Bon, est-ce que je peux revenir maintenant à mon propos initial?
M. le Président, j'étais en train de parler, si je ne m'abuse,
des qualités requises pour qu'un député serve de
rapporteur dans cette commission. Vous m'aviez interrompu parce que
j'étais en train de donner une liste de lois auxquelles nous comptons
nous référer. J'étais d'avis que c'était pertinent
parce qu'il va falloir entrer dans le détail de la structure judiciaire
des Etats-Unis, qui est une structure extrêmement complexe étant
donné qu'il s'agit d'un Etat fédéral avec deux
systèmes, c'est plus compliqué encore qu'au Canada...
M. SYLVAIN: Et un président.
M. MORIN: Et un président, oui bien sûr. Ecoutez, M. le
Président, on me rappelait la pertinence du débat tout à
l'heure, je ne sais pas ce que le député...
M. LESSARD: Un vice-président aussi.
M. MORIN: ... je ne sais pas ce que le député de...
M. SYLVAIN: ... Beauce-Nord. M. MORIN: ... Beauce-Nord... M. SYLVAIN:
Cela me fait plaisir. M. MORIN: ... vient interjeter... M. BURNS:
Bienvenue...
M. LESSARD: Au moins, il va être nommé dans le journal des
Débats.
M. MORIN: Je ne sais pas pourquoi le député de Beauce-Nord
a interjeté cette remarque dont je ne vois pas la pertinence pour les
débats à moins qu'il ne m'explique exactement ce qu'il avait en
tête. Vous savez qu'aux Etats-Unis l'exécutif est un pouvoir tout
à fait distinct du judiciaire. Donc, cela n'a rien à voir dans le
débat actuel, de savoir qu'il y a un président aux Etats-Unis.
J'avoue que le député de Beauce-Nord me porterait à rire
avec ses interventions. J'essaie de m'en tenir au sujet, sur votre
recommandation. J'essaie de ne parler que du système judiciaire
américain. C'est celui qui nous intéresse puisque nous parlons du
salaire des juges, n'est-ce pas, c'est bien cela?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. Nous parlons actuellement de votre
proposition.
UNE VOIX: II ne s'en rappelait plus.
M. MORIN: Bien sûr que nous parlions du rapporteur, mais nous
parlions également de ce qui va faire l'objet de nos débats et ce
sur quoi le député de Nicolet-Yamaska aura certainement à
apprendre beaucoup de choses parce que, comme je le disais avant d'être
interrompu de façon malencontreuse par le député de
Beauce-Nord, le système juridictionnel américain est très
complexe. Il y a un système fédéral qui a ses propres
salaires, toute sa propre échelle de salaires et qui va de la cour
Suprême, au sommet, jusqu'à tout ce qu'on appelle les "county
courts" à la base, qui sont fédéraux en ce sens qu'ils
sont nommés et payés par le pouvoir fédéral, mais
pour s'occuper des questions fédérales, des lois
fédérales et aussi des questions entre Etats, aux Etats-Unis.
En plus de cela, il y a dans chaque Etat, une échelle de salaires
distincte. Il y a des lois avec toute une pyramide de tribunaux comportant
chacun plusieurs juges, depuis la cour Suprême de chaque Etat au sommet,
en descendant à la base jusqu'à ce qu'on appelle là-bas
les "Surrogate Courts", il y a toute une série je ne veux pas
vous embêter, ce serait sûrement jugé non pertinent par vous
avec tout le système de cours inférieures des Etats
américains. Mais toujours est-il que les fonctions de ces juges sont
également complexes et appellent des salaires différents pour
chaque catégorie de juges. En sorte que le rapporteur qui traitera de
ces questions doit être au fait du système américain,
comme, à plus forte raison, étant donné que nous sommes
intégrés, bien malgré certains d'entre nous, dans un
système fédéral canadien, il faudra â plus forte
raison que le rapporteur connaisse parfaitement le système des autres
provinces.
Est-ce que, par exemple, le candidat sait que, dans les provinces
canadiennes, le plus haut tribunal s'appelle souvent la "Supreme Court", la
cour Suprême, alors que, dans le Québec, on se contente,
modestement et servilement, j'allais dire, d'une simple cour d'Appel. Est-ce
que le candidat rapporteur sait que, dans d'autres provinces, la cour du plus
haut échelon, la cour de dernier ressort provincial, s'appelle la "High
Court"? Quelles sont les fonctions de la "High Court"? Quels sont les salaires
attachés à chaque rang de juges et aussi, c'est encore plus
compliqué que cela par moment, comme on le verra longuement,
éventuellement. Pour chaque catégorie de juges, il y a
quelquefois des échelles de traitements, c'est-à-dire qu'ils
n'ont pas tous le même traitement. Quelquefois, ils commencent à
$18,000 et ils montent peu à peu avec les années, avec leur
ancienneté, ils montent tranquillement jusqu'à $28,000, $28,000
étant le maximum dans toutes les provinces canadiennes pour les juges
provinciaux, au Québec comme dans les autres provinces canadiennes.
Est-ce que le rapporteur est assez familier avec tout ce jargon, avec toutes
ces structures auxquelles nous allons être bien forcés de faire
allusion? Est-ce que le candidat rapporteur, le député de
Nicolet-Yamaska, va être capable d'assumer cette tâche? A vrai
dire,
si j'ai proposé le député de Nicolet-Yamaska, c'est
parce que je ne voyais personne d'autre à la table, sauf peut-être
le ministre ou encore l'aspirant-ministre, mais je ne sais pas s'ils
accepteraient. Le ministre nous a dit qu'il n'accepterait pas. Si j'ai fait une
proposition, c'est un peu parce que, faute de mieux, j'avoue qu'en ce moment je
suis un peu dans la confusion quant à savoir qui ferait le meilleur
rapporteur pour cette commission.
J'en ai terminé, M. le Président, je vous fais remarquer
que je n'ai même pas épuisé mon temps.
M. BURNS: M. le Président, sur la motion...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: ...sur la motion de l'honorable chef de l'Opposition, d'abord,
je me demanderais s'il est pertinent pour moi, avant même de commenter la
motion, de demander au député de Nicolet-Yamaska s'il accepte la
proposition du chef de l'Opposition. Est-ce que M. le Président me
permet de poser cette question au député de Nicolet-Yamaska?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II n'y a pas de clause quant à
cela.
M. BURNS: Est-ce que le député de Nicolet-Yamaska est en
mesure de me répondre à cette question?
M. MORIN: Je me demande...
M. BURNS: Est-ce que le député de Nicolet-Yamaska
accepterait la proposition du chef de l'Opposition? Est-ce que le
député de Nicolet-Yamaska désire me répondre ou
s'il ne désire pas me répondre?
Je pose une question. Est-ce qu'il veut me répondre ou ne pas me
répondre, M. Faucher? C'est parce que, M. le Président, cela va
motiver ma façon de commenter la motion du chef de l'Opposition. Alors,
comme justement j'entends le député de Saint-Jacques qui me
souffle l'adage: "Qui ne dit mot consent", comme le député de
Nicolet-Yamaska ne semble pas vouloir répondre à ma question
à savoir s'il accepte ou non, je présume qu'il accepte s'il ne me
répond pas.
M. le Président, j'ai entendu toute cette
énumération des qualités du rapporteur idéal qui a
été faite par le chef de l'Opposition et qui, évidemment,
est absolument exacte en ce sens que le genre de sujet que nous allons traiter
durant les heures et les jours qui vont suivre sera un sujet hautement
technique, d'une part, et qui demandera une assiduité que je reconnais
au député de Nicolet-Yamaska pour le connaf-tre
déjà depuis trois ans et demi et je sais que du côté
de l'assiduité il n'y a aucune espèce de doute, quant à
moi, que le député de Nicolet-
Yamaska accepterait de bon gré de faire ce travail et que sa
présence parmi nous serait constante.
Cependant, M. le Président, et encore une fois puisque
nous discutons de candidature ce que je vais dire n'a rien de
péjoratif je ne suis pas certain que le député de
Nicolet-Yamaska soit le meilleur candidat autour de la table, pas plus et
toujours avec la même réserve à l'égard du
député de Portneuf, comme je le disais tantôt, ce ne sont
pas des attaques personnelles, loin de là, à l'égard de
ces députés que je respecte sur un pied d'égalité
avec moi-même. Il n'y a aucune espèce de problème
là-dessus.
Ce que nous recherchons, M. le Président c'est le candidat
idéal. A ce moment-là, je me demande si un jeune
député, avec la fougue qu'il semble vouloir nous démontrer
depuis le tout début des activités de cette session, qui
lui-même est avocat, ne serait pas le candidat idéal. J'ai
été bien déçu tantôt parce que, pour moi, le
candidat idéal était le candidat que je proposais,
c'est-à-dire le député de Sainte-Anne. J'ai
été déçu de voir qu'il n'acceptait pas cette
nomination que je lui faisais, que je lui proposais. Mais je pense qu'un
député comme le député d'Anjou ferait
peut-être plus l'affaire en l'occurrence. C'est justement ce jeune
député, avec la fougue qu'on lui connaît
déjà, qui peut-être, parce qu'il accepterait une fonction
officielle à l'intérieur de la commission, lui permettrait de
restreindre cette fougue pendant le débat, l'empêcherait, à
cause du sens de responsabilités que lui imposerait la fonction de
rapporteur, d'intervenir à tort et à travers comme il a
déjà pris l'habitude de le faire au cours des débats
depuis quelques semaines.
Egalement, M. le Président, je sais, sans le connaître
très bien, que le député d'Anjou a été
très actif dans les Jeunesses libérales, qu'il a l'habitude des
milieux politiques, qu'il a l'habitude de tourner autour des ministres, de leur
parler, de discuter avec eux de problèmes qu'il veut régler, de
sorte que même tout jeune qu'il soit, le député d'Anjou a
sans doute, parmi les nouveaux députés qui siègent ici ce
soir, peut-être le plus d'expérience à cause de ses
activités à l'intérieur des Jeunesses libérales,
entre autres.
Mon premier choix, je le répète, était toujours le
député de Sainte-Anne et c'est à ma grande
déception qu'il n'a pas accepté. Comme second choix, je
proposerais le député d'Anjou afin, justement, que ce sens de
responsabilités qu'on va lui imposer, en étant rapporteur,
même si, comme le disait le chef de l'Opposition tantôt, personne
n'est absolument neutre, personne n'est capable de l'être
définitivement, je pense que cette fonction aiderait à faire les
travaux de cette commission dans le meilleur ordre. Alors, le
député de Portneuf qui a aussi cette jeunesse et cette fougue
l'utilisera, je suis certain, non pas pour faire des interruptions indues dans
le débat, mais pour apporter une contribution au débat. J'ai
plutôt l'impression qu'on perdrait un certain nombre d'interven-
tions, même partisanes de la part du député de
Portneuf, s'il était rapporteur, il se sentirait même à
l'aise d'intervenir, alors que ça réglerait plusieurs
problèmes que d'avoir le député d'Anjou comme
rapporteur.
Ce qui empêcherait la contribution du député de
Portneuf aiderait, s'il s'agissait du député d'Anjou,
énormément le genre de débats que nous tiendrons ici, afin
qu'ils progressent normalement.
M. le Président, comme je le disais aussi tantôt, sans que
ça puisse paraître être une critique à l'égard
du député de Nicolet-Yamaska, le fait que, peut-être, sa
préparation professionnelle n'en fasse pas un candidat idéal,
parce que sa préparation professionnelle lui a fait suivre d'autres
voies que celles des matières que nous aurons à discuter au cours
des jours qui vont suivre et c'est uniquement dans ce sens que je fais une
autre proposition, ce n'est sûrement pas, loin de moi l'idée qu'il
y ait quelque chose de personnel là-dedans parce que, évidemment,
mon deuxième choix, à toute autre commission qu'une commission de
la justice, aurait été le député de
Nicolet-Yamaska. C'est là l'avantage du député d'Anjou et
c'est pour ça, je pense, qu'en l'occurrence, mon deuxième choix
se porte surtout sur ce jeune député et j'espère qu'il
acceptera cette fonction, j'espère qu'on se ralliera tous autour de la
proposition que je fais actuellement. J'espère même que le chef de
l'Opposition se fiera à ma connaissance de l'expérience du
député de Nicolet-Yamaska et ce que j'ai semblé
détecter chez le jeune député d'Anjou depuis le
début de la présente session, c'est-à-dire depuis le 22
novembre dernier.
M. le Président, comme le disait le chef de l'Opposition
tantôt, je suis convaincu que la formation légale du
député d'Anjou lui permettra de comprendre un certain nombre de
comparaisons qu'il nous sera difficile de ne pas apporter dans le débat,
de comparaisons qui je le mentionne, seront très souvent, d'un ordre et
d'un caractère purement techniques et c'est dans ce sens que nous
espérons du moins que, moi, j'espère avoir, comme
rapporteur, le député d'Anjou. Pour vous citer simplement un cas
qui éventuellement sera lancé dans le débat, j'ai devant
moi un article de M. Tibor Scitovsky qui s'intitule "An International
Comparison of the Trend of Professional Earnings" qui est fortement axé
sur les salaires payés dans les milieux professionnels à
caractère juridique.
C'est un article qui nous vient de The American Economic Review, volume
56, mars 1966.
Tout au long de cet article, un certain nombre de statistiques seront
apportées qui demandent, dans le fond, une certaine connaissance
professionnelle, toujours, encore une fois, pour les traduire dans le rapport
qui sera fait et qui, éventuellement, sera soumis en Chambre, afin
d'informer nos autres collègues, qui ne sont pas membres de la
commission ou qui, contrai- rement à nous ici, ont
préféré aller faire autre chose, ce soir, plutôt que
d'écouter les interventions que nous avons l'intention de faire.
Ces membres de l'Assemblée nationale, même s'ils ne sont
pas ici, je pense, ont droit d'avoir un rapport fidèle de ce qui se
passe, de ce qui se passera et, même d'avoir M. le
Président, j'insiste un certain nombre de données
techniques que nous discuterons ici. Vous allez peut-être vous demander
pourquoi on insiste, le chef de l'Opposition et moi, sur l'aspect des
données techniques. Avec la connaissance que je vous sais du
règlement, je suis sûr d'avance que vous comprenez que c'est
à cause du fait qu'au moment de la discussion des amendements sur le
rapport, au moment de la discussion qui est quand même déjà
en soi restreinte, de par notre règlement, il est évident qu'on
ne pourra pas rapporter en Chambre, par l'entremise du discours sur les
amendements, toutes ces données techniques.
Nous espérerions que ces données techniques soient, d'une
part, bien comprises en commission par le rapporteur et, deuxièmement,
bien traduites dans le rapport, afin que, malgré la courte
période qui nous sera allouée, en vertu du règlement, pour
discuter du rapport et des amendements au moment de son retour en Chambre, les
députés qui ne participent pas à cette commission aient
quand même le loisir de parcourir ce rapport que nous espérerons
le plus complet possible. D'ailleurs, je vous cite simplement comme exemple du
fait que ce que je dis est vrai, qu'au cours du discours de deuxième
lecture, hier, alors que j'avais l'intention de citer un très grand
nombre de statistiques je n'ai été à cause du
manque de temps mis à ma disposition par le règlement,
c'est-à-dire que je n'avais que vingt minutes mis à ma
disposition capable véritablement que de citer un seul tableau.
Pourtant, j'en avais au moins une dizaine sous la main, une dizaine de tableaux
statistiques qui auraient pu et c'est peut-être pour cela,
d'ailleurs, que le ministre de la Justice, au début de la séance,
m'a reproché cette comparaison que j'avais faite avec la moyenne des
revenus nets professionnels des avocats au Canada, seul tableau que j'ai
cité intégralement hier faire comprendre davantage la
situation à nos collègues de l'Assemblée nationale, si
j'avais pu les relier aux quelques dix autres tableaux statistiques que j'avais
sous la main.
Si le rapport est à ce point succinct qu'on soit absolument
incapable de traduire pour le bénéfice de nos autres
collègues de l'Assemblée nationale qui sont ici toute la
substance de l'argumentation que nous allons soumettre à la commission,
je considère qu'on aura véritablement manqué notre coup en
commission. Je crois qu'on aura perdu cette chance, puisque nous ne sommes
qu'une douzaine de députés sur 102 ici. D'ailleurs, tout au cours
de ces travaux, je pense, sans vouloir présumer, n'importe quel
député peut venir se joindre à nous,
s'il en a le désir, mais cela ne semble pas être parti pour
cela, que nous priverons nos autres collègues qui, pour toutes sortes de
bonnes raisons ne sont pas ici, ce soir je ne les critique pas pour leur
absence, loin de là mais nous les priverons, dis-je, de la
possibilité de saisir un certain nombre de choses qui se seront
discutées ici, à cette commission.
Alors, M. le Président, c'est dans ce sens que je fais la
proposition du député d'Anjou, comme rapporteur de cette
commission.
Evidemment, vous allez me dire que vous ne le connaissez pas tellement.
C'est un nouveau député. Soit, c'est vrai...
M. MORIN: J'allais justement vous dire cela.
M. BURNS: Mais, l'ayant vu agir, depuis le début, il me semble
vif, intelligent, il me semble prêt à participer à tous les
débats, même à intervenir dans des débats où
la parole ne lui a pas été accordée, de sorte que cette
vivacité d'esprit pourra lui servir énormément quand
viendra le temps d'analyser, de synthétiser et de traduire dans le
rapport les discussions, particulièrement les discussions statistiques,
à caractère professionnel. Professionnel, en ce qui concerne le
député d'Anjou, de cette profession dont il fait lui-même
partie.
Evidemment je le dis, encore une fois, c'est malheureusement pour moi un
deuxième choix que le choix du député d'Anjou. Je le
répète et je ne le répète pas suffisamment assez.
Il reste que mon premier choix aurait été le député
de Sainte-Anne. Mais devant son refus, devant son impossibilité
lui aussi doit probablement avoir de très bonnes raisons
d'être ici demain, je dois me soumettre avec je le dis au chef de
l'Opposition une certaine inquiétude, parce que, justement, nous
n'avons vu à l'oeuvre le député d'Anjou à peine
quelques semaines. Je dois dire que la véritable chose qui
m'inquiète, relativement au député d'Anjou, est sa
façon d'avoir interprété les résultats de
l'élection dans son discours sur le débat inaugural.
Remarquez qu'à ce moment j'ai cru voir poindre, dans le coin de
ses yeux, une lueur de partisanerie qui peut-être risquerait d'en faire
un rapporteur de moindre qualité, M. le Président. Si on me
donnait le choix parmi les 102 députés, à
l'Assemblée nationale, peut-être que mon choix se porterait sur
une autre personne que le député d'Anjou. Mais, actuellement, au
stade où j'en suis, il y a peut-être aussi même au sein de
cette commission je ne le sais pas à part le
député de Sainte-Anne et le député de Portneuf,
d'autres personnes qui pourraient remplir la fonction également bien.
Mais malheureusement au début d'une session comme ça, je ne
connais pas suffisamment bien les autres députés qui
siègent autour de cette table, outre évidemment le
député de Nicolet-Yamaska et de Sainte-Anne, de sorte que je me
résigne, M. le Président, à formuler cette proposition du
député d'Anjou. A moins que, du côté
ministériel, on me dise qu'il soit un candidat absolument non valable
pour ce poste, je pense qu'il peut être d'une utilité,
jusqu'à preuve du contraire. Utilité, comme je le disais
tantôt, positive dans le sens qu'il est de la profession et qu'il
comprendra, sans aucun doute, facilement tous les arguments, je dirais
même toutes les arguties que nous livrerons à cette commission,
mais aussi de façon négative il nous sera utile parce que le
caractère de neutralité pratiquement reliée à la
fonction de rapporteur devra, je pense, l'inspirer à ne pas intervenir
dans les débats qui seront sûrement de haute qualité, du
moins en ce qui nous concerne et d'après ce que nous annonce le
chefde l'Opposition et moi-même. Je pense que vous en
êtes convaincu qu'ils seront véritablement de haute
qualité.
Vous me faites signe, M. le Président, est-ce que
déjà mon temps est terminé?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. Sans interruption.
M. BURNS: Sans interruption, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sans interruption.
M. BURNS: C'est drôle, je pensais... Alors, malheureusement,
j'aurais encore beaucoup de choses à dire au sujet du
député d'Anjou...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous pourrez vous reprendre.
M. BURNS: Je termine immédiatement ces remarques et je m'excuse
profondément auprès du chef de l'Opposition, de le contredire
dès le départ comme ça.
Soyez certain que, connaissant le chef de l'Opposition, on saura que lui
et moi avons des expériences différentes en matière
parlementaire, de sorte qu'on puisse avoir une communauté de
pensées sans avoir, au niveau de la pratique, du détail, quant au
choix d'un rapporteur, les mêmes idées. De sorte que, M. le
Président, je formule cette proposition formellement que le rapporteur
à la commission qui sera désigné soit le
député d'Anjou.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, d'abord un point de renseignement
avant que vous ne commenciez à me chronométrer. C'est bien une
nouvelle proposition qui est devant nous.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est cela, vous avez le droit de
parole.
M. MORIN: Et si j'ai bien compris, le député de
Nicolet-Yamaska que j'avais proposé tout à l'heure n'a pas
accepté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II n'a pas dit un mot.
M. BURNS: II nous a fait un signe ambigu.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous avez le droit de parole sur la motion
du député de Maisonneuve, si vous voulez vous en servir.
M. MORIN: Oui, je crois. Evidemment, l'éloge qu'a
prononcée mon collègue, le député de Maisonneuve,
à l'endroit du député d'Anjou n'a pas été
sans m'influencer. A vrai dire, quand je promène mon regard autour de
cette table, nous ne sommes pas si nombreux, le choix n'est pas si
étendu, je me prends à regretter, par moments, que le ministre de
la Justice qui dormait, il y a un instant sur son fauteuil et qui se rendort
maintenant, n'ait pas accepté d'être le rapporteur.
D'un autre côté, si j'en juge d'après sa
capacité d'éveil, quand je songe que tout en nous
écoutant, il pourrait s'endormir, alors que la tâche de rapporteur
exige une présence de tous les instants, une attention soutenue,
à tout ce que nous avons à dire, quand je vois le ministre
s'endormir, je me dis que bien qu'il ait eu toutes les qualités pour
être rapporteur, parce que de cela je ne doute pas, je me dis tout de
même que le ministre finalement nous aurait déçu
sûrement. Vous voyez, déjà nous avons eu quand même
un échange extrêmement délicat, portant sur des personnes,
un bon rapporteur aurait énormément de difficultés
à faire la synthèse de tout ce qui a été dit
déjà, je n'en doute pas. Je ne sais pas pourquoi le
député de Louis-Hébert esquisse, à tout moment, un
sourire et fait mine d'éclater de rire, le rire étant contagieux,
je ne voudrais pas que ce rire nuise au sérieux de nos
délibérations.
Donc, M. le Président, nous sommes devant une nouvelle
proposition. On a dit: Personne n'est neutre, et c'est vrai. Moi-même, M.
le Président, je ne pense pas que je serais apte à remplir cette
fonction de rapporteur quoique j'ai eu le plaisir de la remplir à
plusieurs reprises lors de conférences internationales. Mais je ne pense
pas que dans le contexte qui est le nôtre ce soir, ce contexte
extrêmement difficile, délicat, où nous allons avoir
à traiter de questions objectivement, mais dans un contexte partisan, je
me demande si moi-même j'eusse fait un bon rapporteur. Alors, vous
comprenez que je m'interroge sur toutes les propositions qui nous sont
soumises. Personne n'est neutre et le ministre de la Justice nous en a fait la
démonstration au début de cette séance en tenant des
propos désobligeants à l'endroit de l'Opposition, des propos
partisans, je n'hésite pas à le dire, des propos qui font que je
ne reconnais pas, par moments, le petit garçon en culotte courte,
à l'esprit si ouvert, que j'ai connu autrefois, le chef de patrouille
scout si dévoué, si aimable à l'endroit de tous ses
patrouilleurs. Par moments, je me dis que le ministre a beaucoup
évolué depuis les trente et quelques années, je n'ose dire
davantage, où nous étions tous les deux en culotte courte sur la
rivière Bécancour, sur la rivière Noire.
Il se souviendra de tous ces camps fabuleux où il avait fait
preuve de toutes les qualités d'un chef, ce qui certainement ne
l'empêchera pas un jour d'aspirer peut-être non pas à la
fonction de juge dont nous parlons durant cette commission, mais à la
fonction peut-être de chef du Parti libéral. Je ne doute pas qu'il
ait toutes les qualités nécessaires. D'ailleurs, je le crois tout
à fait apte à cela en plus d'être tout à fait apte
à discuter ce soir à fond de cette question dont nous nous
entretenons et qui est la rémunération des juges.
M. le Président, personne n'est neutre, c'est vrai. Le ministre
ne l'est pas. Je ne le suis pas. Nous avons en commun certainement plusieurs
choses, mais nous avons aussi des choses qui nous différencient, des
choses qui font de nous des adversaires, il faut l'admettre. Nous ne sommes pas
neutres, même devant un problème comme celui-là, la
rémunération des juges, qui semble, à première vue,
du moins c'est comme cela que j'entendais l'attaquer, qui semble être un
problème essentiellement technique. Le ministre ayant
démontré dès l'abord, dès le début de cette
séance, à quel point on peut, dans des questions techniques
pourtant, introduire de la partisanerie, je suis conduit à la conclusion
que personne n'est neutre et, sans doute, le député d'Anjou, qui
a été présenté pour remplir cette tâche
délicate, n'est-il pas plus neutre que les autres.
D'un autre côté, je me demande si la neutralité est
absolument essentielle pour remplir ce poste délicat de rapporteur. Je
l'ai pensé au début de la séance et puis, en faisant le
tour de la table, je constate que personne ici n'est neutre, même pas mon
bon ami le député de Sainte-Anne, qui, pourtant, a de très
grandes qualités. Je ne crois pas qu'il soit neutre! Le
député de Nicolet-Yamaska, proposé également pour
cette tâche délicate de rapporteur, n'est sûrement pas
neutre non plus. Et comme je le disais, moi-même, je ne crois pas
être neutre dans cette affaire, parce que nous avons affaire à une
question qui met en cause la politique, la politique dans son sens le plus
noble, c'est-à-dire une série de décisions portant sur les
salaires des juges, mais, par contre-coup, des décisions qui auront des
conséquences également pour les salaires, les émoluments,
les honoraires, pour tout dire, l'argent que toucheront, chaque mois, les
fonctionnaires, les membres de la fonction publique. Or, les juges sont
certainement, de plus d'une façon, associés à la fonction
publique. Ds sont donc rémunérés par l'Etat comme tous
ceux qui vont être rémunérés par l'Etat et dont les
traitements vont être discutés au cours des mois qui viennent,
sinon des années qui viennent, parce qu'on peut s'attendre à des
négociations très difficiles, étant donné la hausse
du coût de la vie.
M. le Président, ne craignez rien, je ne partirai pas dans un
long discours sur la hausse du coût de la vie. Ce serait,
évidemment, très peu pertinent à ce dont nous parlons.
Tout de même, il y a certains liens que je dois souligner. Qui donc va
devoir servir de rapporteur? Le député d'Anjou, qu'on nous
propose, non seulement ne sera pas nécessairement neutre, je n'exigerais
pas cette qualité de lui, mais il doit connaître peut-être
plus que ce qu'indiquait mon collègue, le député de
Maisonneuve. A vrai dire, je n'ai pas eu le temps de m'entretenir aussi
longuement que je l'aurais souhaité avec mon collègue, le leader
de l'Opposition officielle, sur les qualités requises d'un bon
rapporteur, sur les qualités, nommément, du député
d'Anjou. J'aurais aimé que nous ayons le temps de le faire longuement,
pour pouvoir peser le pour, le contre, et peut-être nous mettre d'accord
avant d'entrer dans cette commission. Mais, comme chacun le sait, cette
proposition de faire du député d'Anjou le rapporteur de cette
commission est venue sur la table pendant que nous siégions. Donc, je
n'ai pas pu m'en entretenir auparavant avec le leader de l'Opposition
officielle. Et je me demande si le député de Maisonneuve, dans
l'éloge qu'il a fait du jeune juriste qui est parmi nous, le
député d'Anjou...
M. BURNS: Si le chef de l'Opposition me permet une simple insertion dans
son interrogation?
M. MORIN: A condition que cela ne compte pas sur mon temps.
M. BURNS: Non, cela sera très bref. D'ailleurs, la raison pour
laquelle le député d'Anjou n'a pas été
considéré par moi, avant la séance d'aujourd'hui, c'est
que d'une part, le député d'Anjou n'est pas un membre
régulier de la commission, il remplace, à ma connaissance, le
député de Dubuc, M. Harvey, pour la séance, n'est-ce pas,
M. le Président?
M. MORIN: Je m'étonne que le député de Dubuc ne
soit pas parmi nous.
M. BURNS: Remarquez que j'aurais peut-être fait la proposition du
député de Dubuc, s'il avait été ici, mais je
signale simplement, à titre d'information au chef de l'Opposition, que
le député d'Anjou n'est pas membre régulier de cette
commission, et qu'il y remplace, pour la séance, le député
de Dubuc, M. Harvey.
M. MORIN: Est-ce que je peux demander une directive, M. le
Président? S'il vous plaît, pas sur mon temps, parce que je tiens
à mon temps, je veux en avoir...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'intervention du député de
Maisonneuve était sur votre temps. Si vous demandez une directive...
M. MORIN: Elle n'est pas sur mon temps.
C'est une question de règlement. Je voulais simplement savoir si
un membre de l'assemblée qui n'est pas membre en titre de cette
commission mais qui ne fait que remplacer temporairement sans doute,
probablement seulement pour la fin de semaine, puisque le député
Harvey a voulu confier au jeune député la tâche de
siéger durant cette longue fin de semaine, si un jeune
député qui n'est pas membre en titre de cette commission peut
agir comme rapporteur, parce que cela risque d'être assez long, ces
débats. Est-ce que cela veut dire que le député d'Anjou va
devoir siéger toute la semaine au moins? Il faut compter probablement
jusqu'à la veille de Noël et peut-être après Noël
sans doute aussi. Il faudrait que nous soyons assurés que le
député d'Anjou soit disponible et, ma foi, si, tout à
coup, M. Harvey voulait reprendre son siège à cette commission
dans le courant de la semaine prochaine ou après Noël, ou
peut-être même après le Jour de l'an, ou même demain,
pourquoi pas, est-ce que cela ne créera pas de problèmes?
Autrement dit, ce que je vous demande, est-ce que le député
d'Anjou peut agir comme rapporteur?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La réponse est oui, si vous voulez
continuer votre intervention.
M. BURNS: Excusez, je n'ai pas compris votre réponse.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La réponse est oui.
M. BURNS: Il peut siéger pour autant qu'il assiste à la
séance. C'est cela, pour autant que le député de...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le rapporteur n'est pas tenu d'assister
à toutes les assemblées de la commission.
M. BURNS: Comment peut-il faire un rapport exact?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je pense que tout le monde le sait.
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II pourrait en théorie lire le
journal des Débats.
M. BURNS: M. le Président, il n'aura pas la saveur des
débats en lisant le journal des Débats.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Mais, de toute façon...
M. BURNS: D'ailleurs on sait que le journal des Débats,
heureusement pour nous, est corrigé au point de vue du style, mais n'est
pas corrigé au point de vue du sens, des paroles;
mais il l'est au point de vue du style, heureusement pour nous. Je le
dis, je suis un des premiers à me complaire à ces corrections
qu'on fait de mon mauvais style de français. Il reste quand même
que le fait que le rapporteur ne soit pas ici, vous ne trouvez pas... Je ne
sais pas, je vous pose la question, toujours au niveau des directives. Je vous
pose la question, étant donné qu'il y a même une autre
possibilité, il y a même la possibilité de nommer quelqu'un
qui n'est même pas membre. Si vous me dites qu'il n'a pas besoin
d'être ici, je pourrais même vous faire la suggestion d'un
député qui n'est pas membre...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, il faut qu'il soit membre de la
commission. Actuellement, le député d'Anjou est membre. Nous ne
pouvons présumer, à l'heure actuelle, si ce changement ne sera
pas annoncé à l'Assemblée nationale comme un changement
permanent. A ce titre, étant membre de la commission, il y a eu un
changement d'opéré, il est donc apte à être
nommé rapporteur.
M. BURNS: J'ai une deuxième question au niveau des directives.
Comme le député d'Anjou, s'il était choisi, est un
député qui est nommé pour la séance, au sens de
notre règlement, est-ce qu'il est possible que, demain, on se retrouve
avec le même problème d'être obligé de se gratter le
crâne pour trouver encore un rapporteur? On a assez de difficultés
à en trouver un pour ce soir. S'il fallait que demain le
député d'Anjou se retrouve remplacé par un autre
député, je frémis de voir qu'on va être
obligé, encore une fois, de passer à travers ces
difficultés pour trouver le candidat idéal. Je vois le
député de Johnson qui lève la main. Est-ce qu'il se
propose comme candidat aussi?
M. BOUTIN (Johnson): Je pense que vous n'auriez qu'à reprendre le
même texte que vous avez prononcé et de le relire, cela ne sera
pas plus long que cela. Prendre la transcription de ce que vous avez dit.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! On m'a
demandé une directive. Je vous donne la réponse rapidement. Si
le...
M. MORIN: Je la trouve trop rapide, M. le Président, parce que ce
n'est pas si simple que cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ecoutez. Chacun ses manières de
répondre.
M. BURNS: Cela pose un problème.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Quand la réponse est oui, je ne
suis pas obligé de prendre une demi-heure pour dire oui. La
réponse est oui.
M. MORIN: Mais M. le Président, je ne connais pas tous les us et
coutumes de cette assemblée, mais cela me paraît un peu
surprenant. Je ne sais pas comment cela se fait dans les autres commissions.
Vous savez, c'est la première commission que j'ai l'honneur de
fréquenter officiellement, quoique j'ai déjà comparu
souvent ici, de l'autre côté de la table, là-bas.
M. le Président, très respectueusement, je m'oppose
à l'idée d'un rapporteur qui ne serait pas présent
à toutes nos séances parce qu'on va dire beaucoup de choses
durant ces séances-là et des choses pertinentes.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est-à-dire que vous ne pouvez pas
vous opposer à ce qu'un rapporteur ne soit pas continuellement
présent ou même ne participe pas à une séance,
pourvu qu'il soit membre de la commission, il peut être rapporteur.
Actuellement le député d'Anjou est membre de la commission pour
cette séance-ci, il peut l'être demain, son nom peut être
donné à titre permanent à l'Assemblée nationale,
suivant les règlements de l'Assemblée nationale. Ma
réponse à la directive que vous avez demandée est: Oui, le
député d'Anjou peut être nommé rapporteur de la
commission de la justice.
M. MORIN: Même si M. Harvey venait prendre sa place par la
suite?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Har-vey pourrait prendre la place d'un
autre.
M. BURNS: Alors, cela veut dire... C'est cela. Je suis satisfait de
votre réponse, M. le Président. Si je résume, si je
comprends bien, le député d'Anjou étant nommé
rapporteur, il faudra qu'il reste rapporteur d'ici à la fin.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est cela.
M. BURNS: A moins qu'on se repose des cas de conscience qu'on se pose
actuellement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Exactement.
M. BURNS: ... à une future séance si jamais il
n'était plus membre de cette commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous pourrions même faire une
séance spéciale.
M. BURNS: Spéciale pour cela. D'accord.
M. MORIN: M. le Président, avant que je reprenne mon droit de
parole, est-ce que vous pourriez m'indiquer combien de temps il me restait?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A peu près dix minutes.
M. MORIN: Très bien. Je pourrai effleurer le sujet.
Nous avons parlé de la neutralité et je voudrais
m'arrêter maintenant aux qualités que possède le
député d'Anjou comme juriste.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous voulez me permettre, je vais
arrêter votre temps. Je voudrais suggérer aux membres de la
commission un arrêt, une suspension d'un quart d'heure, vingt minutes,
quitte après à reprendre pour une dizaine de minutes le chef de
l'Opposition officielle?
M. MORIN: Excellent, M. le Président, pourvu que je ne perde pas
une seule minute de mon temps.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous promets que vous ne perdrez pas
une seule minute.
(Suspension de la séance à 22 h 20)
(Reprise de la séance à 22 h 38)
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition officielle pour
une douzaine de minutes.
M. MORIN: Une douzaine encore, très bien. C'est onze heures ou
dix heures...?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Onze heures moins vingt et une.
M. MORIN: Merci, M. le Président, j'en étais à
parler des qualités de nature juridique qu'on pourrait exiger d'un
rapporteur de cette commission. Nul doute que le député d'Anjou
que je crois avoir vu sur les bancs de la faculté devant moi je
ne pense pas me tromper certainement a fait de brillantes études
quoique je n'aie pas son dossier devant moi. Il connaît certainement
très bien le système québécois et peut-être
aussi nous l'enseignons aussi à la faculté le
système des tribunaux canadiens. Sûrement qu'il est très
documenté. Mais ce qui me ferait peut-être douter un peu de la
valeur du bien-fondé de la proposition de mon collègue de
Maisonneuve, c'est que je trouve... Je ne sais pas si le député
d'Anjou me pardonnera de dire les choses franchement; je pense qu'on est
là pour se parler assez franchement. Je ne voudrais pas faire des
personalités, je crois que nous ne sommes pas là pour ça.
Je me demande s'il possède l'expérience requise pour ce type de
travail. Il est venu bien jeune à la politique, il doit certainement
être brillant orateur, mais qui dit brillant orateur ne dit pas
nécessairement brillant rapporteur. Qui dit brillant rapporteur ne dit
pas nécessairement brillant orateur.
Prenez le ministre de la Justice, je suis sûr qu'il ferait un bon
rapporteur, mais je ne suis pas sûr qu'il ferait un bon orateur. Voyez,
il y a une distinction très marquée entre ces deux
qualités. Quoiqu'il ne m'ait pas été donné de
fréquenter les assemblées libérales, ce n'est pas tout
à fait dans ces milieux que je fraie, donc je n'ai pas eu l'occasion
d'entendre le ministre de la Justice dans une de ses grandes envolées
dont on me dit, qu'à l'occasion, il est capable. Mais le
député d'Anjou doit certainement être brillant orateur en
ce qui le concerne puisqu'il doit être ambitieux aussi et, ma foi, en ce
qui me concerne, je n'ai aucune objection à ce qu'un jeune homme
politique soit ambitieux. Certainement que le fait d'être rapporteur de
cette commission, par exemple, signifie qu'il va monter dans la
hiérarchie du Parti libéral. Peut-être même le fait
qu'il aura été rapporteur de cette commission en particulier,
commission délicate entre toutes, M. le Président, commission
qui, à l'instar de la commission sur la réforme de la carte
électorale, va probablement passer dans les annales comme étant
l'une des plus longues, des plus difficiles, celle qui aura demandé le
plus de perspicacité, le plus d'endurance. Je vois le ministre de la
Justice qui dort, on voit que ça
demande de l'endurance. Autrement, on est vite conquis par le
caractère suporifique des propos que nous nous tenons, les uns aux
autres.
Je suis sûr que le jeune député d'Anjou, pour lequel
je n'ai que de l'estime je tiens à le lui rappeler est
certainement très ambitieux et ne manquera pas de monter dans la
hiérarchie libérale. Pour qui est libéral, c'est une chose
importante. Pour qui n'est pas libéral, c'est plutôt douteux comme
honneur.
Mais, me situant dans sa perspective, je ne doute pas qu'étant
rapporteur de cette commission lui vaudrait, s'il sait faire un bon rapport,
s'il sait faire preuve d'esprit de synthèse, s'il sait être
patient surtout, parce que cela va être extrêmement long, je ne
doute pas qu'on le verra devenir, peut-être un jour, ministre d'Etat
à la Justice, étant donné que notre commission, justement,
porte sur des questions qui relèvent du ministère de la Justice;
peut-être même un jour, le député d'Anjou,
étant donné sa formation juridique, sera-t-il ministre de la
Justice, car les hommes passent, M. le Président.
Le ministre actuel de la Justice, d'ailleurs, est visiblement
déjà un peu passé ce soir et les hommes passent mais les
fonctions demeurent. Il y a des fonctions qui ne demeurent pas, bien entendu;
la fonction de rapporteur, par exemple, ne saurait durer que deux ou trois
semaines, peut-être un mois, la fonction de rapporteur de cette
commission, mais la fonction de ministre de la Justice, ça, M. le
Président, c'est quelque chose de durable, quelque chose de rentable, et
je ne doute pas qu'avec l'ambition qu'on lui connaît, le
député d'Anjou ne veuille accéder un jour à ce
poste.
Donc, je dirai que l'ambition... Pour me résumer parce que
je crois avoir développé ce point un peu trop longuement, et il
me reste tellement de choses à dire que je devrais pas m'attarder
à des aspects secondaires comme ceux-là certainement que
le député d'Anjou a eu la préparation professionnelle la
plus adéquate qu'on puisse souhaiter. Il a fait ses études
à l'Université de Montréal, je crois, malgré le
mépris affiché tout à l'heure pour les universitaires par
le ministre de la Justice dont on peut prédire qu'il ne sera jamais
ministre de l'Education, avec l'opinion qu'il entretient sur les
enseignants.
Nul doute donc que cette préparation professionnelle obtenue dans
une maison aussi savante que celle-là, nul doute que son
entraînement comme jeune avocat aussi, les plaidoiries sans doute
brillantes qu'il a faites devant les tribunaux... Parce que je puis vous dire
qu'il n'a pas besoin d'être avocat bien longtemps pour prendre la
tournure nécessaire, la façon de plaider devant les tribunaux.
J'ai, moi-même, eu l'occasion de plaider pendant trois ou quatre ans,
très modestement, devant un peu tous les tribunaux, les plus
inférieurs comme les plus supérieurs, qu'on trouve au
Québec et je dois dire que cela m'a valu beaucoup de satisfaction, parce
que, comme le ministre de la Justice le disait l'autre jour, il n'a jamais eu
le malheur de perdre une cause devant les tribunaux, devant les cours
provinciales, eh bien, très modestement, je voudrais lui dire qu'il en a
été de même de ma modeste personne. Donc, cette
expérience m'a enseigné que les connaissances et la pratique
qu'on peut avoir devant les tribunaux, des plus hauts jusqu'aux plus bas,
c'est-à-dire de la cour Suprême, au sommet, jusqu'aux cours
provinciales dont on tente de nous faire augmenter les salaires, alors que ce
ne sont certainement pas les plus hauts tribunaux du pays... M. le
Président, cette préparation professionnelle, que j'ai eue
moi-même, m'a enseigné qu'un jeune homme brillant il faut
être brillant, bien entendu, comme l'est le député d'Anjou,
qui a fait une ou deux années...
Je ne sais pas d'ailleurs combien d'années il a plaidé
devant les tribunaux, combien d'années il a passé dans un bureau
d'avocat avant d'entrer si jeune dans la vie politique. Cela m'a
enseigné qu'il suffit d'une ou deux années dans la pratique du
droit et devant les tribunaux pour être capable d'agir comme rapporteur
d'une commission de l'Assemblée nationale. Quoique ce soit là un
rôle très exalté. L'Assemblée nationale, ce n'est
pas rien du tout, M. le Président, c'est là que se font les lois.
C'est une chose extrêmement importante dans la vie du Québec et
même du Canada puisque le Canada, on nous le répète
toujours, inclut le Québec, quoi que nous en ayons.
M. le Président, je suis donc convaincu, pour me résumer
toujours, que le député d'Anjou possède certainement des
qualités de juriste, qu'il saura déjouer toutes nos arguties,
qu'il saura pénétrer les arcanes les plus secrets de nos
argumentations les plus savantes, les plus complexes. Mais, M. le
Président, est-ce que le député d'Anjou aura l'endurance
nécessaire? Nous disions tout à l'heure que c'est une condition
qu'il doit rester autour de cette table; il peut se faire remplacer, sans
doute, mais il doit, en principe, être présent lors de toutes nos
réunions pour faire son rapport. Est-ce qu'il va être capable
d'endurer cela?
Je le vois qui lit, depuis tout à l'heure, va-t-il être
capable d'avoir toute l'attention requise pour nos débats? Je le vois
qui est absent. Est-ce qu'il va nous faire l'honneur, s'il est nommé
rapporteur, d'être un peu plus présent? C'est ce dont je ne suis
pas tout à fait sûr. Nous avons cet immense désavantage de
ne pas nous connaître. Si nous nous connaissions, messieurs, comme cela
serait vite fait ce choix! Si nous étions liés déjà
par les liens d'une vieille amitié comme ceux que j'entretiens avec le
ministre de la Justice depuis de si longues années! Le ministre de la
Justice... Je voudrais bien pouvoir lui chanter une berceuse en ce moment,
comme nous le faisions lorsque nous étions si jeunes.
Si nous étions liés par des liens aussi amicaux, aussi
intimes, si, en plus de cela, nous avions tous la même profession, celle
de juriste! Je vois le député de Louis-Hébert qui me
lance un air entendu. Nous sommes en effet tous les deux des juristes.
Ce qui va d'ailleurs peut-être m'amener à une proposition. Je sais
que très modestement, vous ne refuserez pas si, par hasard, je vous
propose comme rapporteur de cette commission.
Si nous nous connaissions, messieurs, si les fleurs de l'amitié
avaient pu croître, un tant soit peu, sur le printemps de nos
amitiés !
Ce soir, le choix serait très rapidement fait.
Déjà, je n'en doute pas, depuis des heures, nous aurions
réglé ce problème du rapporteur. Nous n'aurions pas, comme
nous avons dû le faire, M. le Président, malheureusement, nous
n'aurions pas...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais vous indiquer qu'il vous reste
30 secondes.
M. MORIN: Est-ce vrai? Alors, dans ce cas-là, pour son esprit de
synthèse, M. le Président mon Dieu, comme le temps passe
vite pour son esprit aussi très juridique, je voudrais proposer
que le député de Louis-Hébert soit nommé...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MORIN: ... rapporteur de cette commission. J'ai terminé.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que vous avez tous les
deux proposé une motion...
M. BURNS: Je veux parler sur la question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, oui, je vais vous laisser parler sur
la question de règlement. Je vais vous laisser parler
immédiatement.
M. MORIN: M. le Président, éclairez-moi là-dessus.
J'avais proposé le député de Nicolet-Yamaska, mais il n'a
pas accepté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II n'a pas refusé non plus.
M. MORIN: II a fait signe: Non, non, non. Je ne veux pas en entendre
parler !
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je n'ai pas entendu le
député de Nicolet-Yamaska refuser.
M. MORIN: Alors, il faut clarifier tout de suite cette situation, M. le
Président. A quel genre de jeu jouons-nous?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II a été même convenu,
je crois, le député de Maisonneuve, en citant un non-membre... Le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je vous réfère d'abord
à l'article 9. Je pense que vous avez accepté, au début de
la séance, mon argument, puisque vous nous avez permis de faire plus
d'une proposition, que nous fonctionnions ici, lors de la nomination d'un
rapporteur, selon le même système, évidemment de
façon analogique, que celui utilisé pour désigner le
président de l'Assemblée nationale.
La nomination, d'abord je vous réfère à un
précédent qui est de date récente et qui va c'est
la première partie de mon intervention sur le plan du règlement
vous guider justement par rapport à la question que vient de
formuler le chef de l'Opposition, à savoir si le député de
Nicolet-Yamaska accepte.
A mon avis, tôt ou tard, au cours de cette séance, il
faudra déterminer si un député proposé accepte, et
le précédent auquel je vous réfère, c'est le
précédent du 22 novembre 1973, c'est-à-dire lors de
l'ouverture de la présente session, où j'avais moi-même
proposé comme président de l'Assemblée nationale, le
député des Iles-de-la-Madeleine. Je me souviens que le
secrétaire général de la Chambre, qui présidait,
comme il se doit à l'ouverture d'une nouvelle session lorsqu'il n'y a
pas de président désigné, M. René Blondin, notre
dévoué collaborateur à l'Assemblée nationale, avait
permis au député des Iles-de-la-Madeleine de dire bien que
je m'y opposais d'ailleurs, je me disais que ce n'était pas au
député des Iles-de-la-Madeleine de nous dire si on devait l'avoir
ou non comme président de l'Assemblée nationale avant le
vote, pour nous guider justement, qu'il refusait cet honneur que je lui faisais
en le proposant président de l'Assemblée nationale, toujours bien
à regret et, d'ailleurs, je ne veux pas revenir sur ça mais, bien
à regret, parce que le député de Laval, je le sais, est
sans doute parmi les présidents, le président le plus
compétent que nous ayons eu à l'Assemblée nationale.
A ce moment-là, vous vous souviendrez que devant le refus du
député des Iles-de-la-Madeleine, j'avais proposé le
député de Saguenay. Encore là, bien à regret parce
que, comme leader de l'Opposition, je me serais privé d'une de mes
meilleures cartouches, si vous me passez l'expression, en matière de
débat parlementaire. Mais, j'étais prêt à sacrifier
le député de Saguenay pour le mieux-être de la Chambre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous me permettez, je suis parfaitement
éclairé.
M. BURNS: J'arrive au point, M. le Président. Je pense qu'il y a
une première étape à suivre, soit qu'on réponde
à la question du chef de l'Opposition, à savoir si le
député de Nicolet-Yamaska accepte l'honneur qui lui a
été fait par le chef de l'Opposition lorsqu'il l'a proposé
et, si oui, j'aurais une autre représenta-
tion M. le Président, à vous faire ensuite, sinon, il n'y
a vraiment aucune ambiguïté et je n'ai aucune autre
représentation.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Dans le même esprit que celui avec
lequel vous avez parlé vous-même, je voudrais d'abord dire que,
tout à l'heure, lorsque le chef de l'Opposition a posé la
question qui est demeurée sans réponse, le fait qu'il n'y ait pas
eu de réponse, j'ai présumé, peut-être à
tort, qu'il avait accepté. C'est pour cela que j'ai laissé
continuer le chef de l'Opposition sur la proposition.
M. MORIN: J'ai compris le contraire, M. le Président, moi, j'ai
pensé...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Dans ce cas, on va tout simplement
demander au député de Nicolet-Yamaska s'il accepte... Vous
acceptez d'être mis en nomination? Le député de
Nicolet-Yamaska accepte.
M. BURNS: A ce moment, cela me force à vous soumettre un
deuxième point de règlement. Il utilise toujours par voie
d'analogie les articles 8 et 9 tout simplement. En fait, l'article 9 est la
procédure et l'article 8 est l'essence même. Surtout à la
fin de l'article 8, on découvre que l'esprit de ce règlement est
de donner la chance à tout l'éventail des opinions de s'exprimer.
On voit à l'article 8 que le secrétaire est appelé
à présider à l'élection du président qui se
fait à la suite d'une motion non annoncée c'est un peu ce
qu'on fait ici, M. le Président et qui n'est pas susceptible
d'amendement. Je pense que ces mots sont à retenir et cela explique mon
argumentation et j'y reviendrai, si cette proposition n'est pas susceptible
d'amendement. On ajoute, et cela explique le sens des mots qui viennent: "...
il doit être fait autant de motions qu'il est proposé de
députés". C'est-à-dire que l'esprit du règlement
est de pouvoir soumettre à l'Assemblée nationale, quand il s'agit
de nommer un président et, par voie d'analogie, à une commission,
quand il s'agit de nommer un rapporteur, autant de motions qu'on veut proposer
de députés.
Je soumets respectueusement, M. le Président, que le chef de
l'Opposition n'est pas limité à une seule proposition. C'est
toute l'économie de ces articles 8 et 9 qui nous laisse entendre qu'on
peut mettre sur la table toutes ces propositions. Je ne vois pas et
j'insiste beaucoup sur cet aspect de l'interprétation que l'on
puisse être privé, que le député de Sauvé, le
chef de l'Opposition, soit privé de ce droit, si ce droit ne lui est pas
spécifiquement enlevé. Je pense que, comme juriste, M. le
Président, vous admettrez avec moi que, lorsqu'on prive quelqu'un d'un
droit, une des premières règles d'interprétation est de
voir à ce que cette privation de droit soit explicite dans un texte. On
doit interpréter les textes privatifs de droit de façon
restrictive. Or, je ne vois rien de tel nulle part dans l'article 8 ou dans
l'article 9 qui nous servent de guide actuellement puisque nous n'en avons pas
d'autre en commission parlementaire. Et même si nous n'en avons pas
d'autre, je pense que nous avons amplement de directives dans notre
règlement lorsqu'à la fin du chapitre sur les commissions,
à l'article 163, on nous dit: "... à moins de disposition
contraire, les règles relatives à l'Assemblée s'appliquent
aux commissions..." Je sais que je n'ai pas besoin de vous le rappeler, mais je
pense que cela renforce mon argument à l'effet que les articles 8 et 9,
étant ce qu'ils sont, ne limitant pas les droits de qui que ce soit,
doivent être interprétés de façon large dans le sens
que le chef de l'Opposition, s'il le désire, puisse proposer plus d'une
personne qui sera soumise dans cet éventail de choix sur lequel on aura
à se pencher à un certain moment pour décider qui sera ce
rapporteur idéal.
Je pense que, s'il y avait un texte précis disant qu'un
député ne peut proposer qu'un seul député,
j'admettrais avec vous que le chef de l'Opposition serait restreint à sa
première proposition, c'est-à-dire celle du député
de Nicolet-Yamaska. Mais peut-être, au cours de la discussion qui a
suivi, le député de Sauvé, le chef de l'Opposition, a-t-il
détecté quelque chose dans l'argumentation qui le porterait
à croire que c'est plutôt le député de
Louis-Hébert qui devrait être soumis aux voix de cette
commission?
C'est cela mon argument, M. le Président. Je trouve qu'il est
essentiel que vous trouviez dans notre règlement quelque chose qui prive
le chef de l'Opposition de son droit de faire une seconde proposition, pour lui
enlever ce droit.
M. MORIN: Surtout, M. le Président... Sur une question de
règlement, je vais laisser parler le ministre.
M. CHOQUETTE: M. le Président, la position prise par le leader du
Parti québécois est une position absurde. Je me demande comment
on peut soutenir qu'un député puisse multiplier les motions
simultanées pour nommer différentes personnes à un seul et
unique poste. Je crois qu'il est insoutenable, en toute logique, que l'on
puisse ainsi proposer deux, trois, quatre, cinq, six députés au
même poste, alors qu'il n'y a qu'un poste à combler. Il me semble
que c'est élémentaire, que les députés du Parti
québécois ont fait leur lit. Le chef de l'Opposition a
proposé le député de Nicolet-Yamaska, le
député de Maisonneuve a proposé le député
d'Anjou, j'ai proposé le député de Portneuf et il n'y a
pas d'autre proposition sur la table. Les députés de l'autre
côté, ayant épuisé leur temps de parole, je vous
soumets que vous devez mettre les trois motions aux voix, en commençant
par ma proposition de nommer le député de Portneuf, étant
donné que, par analogie avec les articles 7, 8, 9, c'est la proposition
du premier ministre qui doit être mise aux voix la première. Je
ne
dis pas que j'essaie de me substituer au premier ministre, mais
étant donné que je suis le ministre responsable du projet de loi,
je crois que ma proposition doit avoir priorité. Si je m'en
réfère également à l'article 159, le
président met d'abord en délibération celles qui viennent
du député qui a charge de l'affaire, ce qui est en l'occurrence
le ministre de la Justice. Alors, c'est ma position sur la question du
règlement.
M. BURNS: C'est juste sur ce point-là, sur le point du
règlement. Avec la permission du chef de l'Opposition, je veux
répondre seulement sur un point spécifique au ministre de la
Justice. Il dit que ma position est insoutenable et illogique. Or, on a
régulièrement, à chaque élection, l'exemple que
c'est parfaitement soutenable. Dans chaque comté, vous pouvez retrouver,
à une élection générale, un candidat
présenté par 25 électeurs du district, lesquels 25
électeurs du district pourraient théoriquement, il n'y a rien
dans la loi électorale qui l'empêche, proposer également la
candidature d'un autre candidat. Vous l'avez eu dans plusieurs comtés la
dernière fois, je n'ai jamais fait de statistiques là-dessus,
mais la loi électorale ne l'empêche pas. Donc la Loi
électorale n'est pas illogique, je pense, elle n'empêche pas du
tout qu'un des 25 qui a proposé M. A propose également M. B.
C'est une des règles de base de la démocratie électorale.
Cela pourrait même, comme le dit mon collègue de Saint-Jacques,
être les 25 mêmes. Je suis sûr qu'aucun président
d'élection dans un comté ne refuserait une proposition faite par
25 électeurs pour M. A, et si ces 25 électeurs proposent M. B, je
suis sûr qu'il jugerait les deux candidatures valides, acceptables, si
elles sont, sur les autres points de forme, acceptables. Je vous cite
également que, dans toutes les assemblées
délibérantes et en particulier dans le code Morin,
évidemment qui ne s'applique pas ici, je suis absolument d'accord
là-dessus cela n'a aucune relation d'ailleurs avec le chef de
l'Opposition, ce fameux code Morin...
M. MORIN: Si, si.
M. BURNS: Oui? C'est de la famille. Bon, elle se porte bien!
M. le Président, dans le code Morin, on peut, dans une
assemblée délibérante, proposer plusieurs candidats
à une élection, quelle qu'elle soit, et on ne limite pas le droit
du participant à l'assemblée délibérante de
proposer plus d'un candidat. De sorte que je trouve, au contraire, non
seulement que la position que je soutiens n'est pas illogique, mais je trouve
qu'elle est usuelle, est est acceptable, et, faute de directives
précises je répète cet argument, de directives
précises dans notre règlement, nous empêchant de le
faire, je trouve que vous devez accepter la proposition de l'honorable chef de
l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle, sur une question de règlement.
M. MORIN: M. le Président, j'ai beau retourner dans tous les sens
les articles 8 et 9 qui me semblent être les plus pertinents dans ce
débat, je ne trouve vraiment aucune disposition qui m'empêcherait
de proposer plusieurs personnes. D'ailleurs, la raison pour laquelle je l'ai
faite et je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai un droit acquis dans
la chose mais presque c'est que quand j'ai demandé et quand
vous-même avez demandé au député de Nicolet-Yamaska
s'il acceptait ma proposition, j'ai très nettement vu un signe
négatif, et de la tête et de la main, de sorte que je me demande
à quelle genre de tactique on a recours à l'heure actuelle. Le
député de Nicolet-Yamaska semble avoir changé
d'idée en cours de route, je ne sais trop pour quelles fins. En tout
cas, moi, M. le Président, j'ai tenu pour acquis que son signe
était négatif et vous l'avez vu, je pense, vous-même, ce
signe, ce signe de la main, ce signe négatif de la main et ce hochement
de la tête qui dans tous les pays occidentaux quoique je serais
prêt à admettre qu'en Chine c'est le contraire...
M. BURNS: En Grèce aussi.
M. MORIN: En Grèce aussi. Je ne sais pas si les honorables
collègues le savent, c'est une chose très drôle, en
Grèce quand on fait ce signe de la tête cela veut dire : Non et
quand on fait ce signe de la tête cela veut dire: Oui. En sorte
qu'à tout moment en Grèce, on risque de tomber dans la graisse
chaude, dans l'eau chaude, dis-je, parce qu'on ne se fait pas comprendre des
gens. Us nous posent une question et on répond le contraire de ce qu'on
veut et cela...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Compte tenu justement de la
diversité des langages que l'on peut tenir, c'est dans ce but d'ailleurs
que j'ai demandé à nouveau au député de
Nicolet-Yamaska s'il acceptait. Il a répondu: Oui.
M. MORIN: M. le Président, je trouve que vous avez l'air de
prendre très à la légère des questions très
sérieuses et, si je n'avais le respect que j'ai pour la fonction que
vous occupez, pour le fauteuil que vous occupez, je serais navré de
constater que vous puissiez rire à ce point d'une question très
sérieuse. C'est une autre partie de mon argument. Suite aux explications
qu'a données le député de Maisonneuve, j'ai cru
comprendre, étant donné la lenteur avec laquelle le
député de Nicolet-Yamaska a répondu à ma question
tout à l'heure, qu'il n'avait pas les qualités nécessaires
pour exercer le poste de rapporteur et c'est à la fois cet
argument...
M. CHOQUETTE: Je crois que le chef de l'Opposition excède la
question de règlement et je pense qu'il faut qu'il...
M. MORIN: Ah non!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): S'il vous plaît, brièvement.
Je suis largement éclairé pour rendre ma décision.
M. MORIN: Alors écoutez, je vais retirer ma proposition à
l'endroit du député de Nicolet-Yamaska.
M. CHOQUETTE: Vous ne pouvez pas, il a accepté.
M.MORIN: Je la remplace par la proposition que j'ai faite au
député de Louis-Hébert.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II faut en disposer.
M. MORIN: M. le Président, de toute façon, j'ai beau
consulter les articles 8 et 9, les retourner sous tous les sens, je ne vois
vraiment pas ce qui m'empêche de faire deux propositions. Je ne sais pas
où le ministre de la Justice a pris ces arguments parce qu'il est bien
clair que, s'il est proposé plus d'un député, toutes les
motions sont débattues à la fois. C'est du moins la
procédure dans l'Assemblée. Je crois qu'elle déteint sur
notre commission. Je crois que je suis habilité, que rien ne
m'interdit... En tout cas, vous devez trouver une disposition expresse dans le
règlement qui m'interdise de faire plus d'une proposition. D'ailleurs,
je ne suis pas sûr, M. le Président, que lorsque vous m'aurez
éclairé et vous avez une décision délicate
à rendre parce qu'elle aura des conséquences je sois au
bout de mes propositions, parce que peut-être le député de
Louis-Hébert ne voudra pas de l'honneur que je lui propose. Alors je
voudrais, à ce moment-là, être libre de proposer un autre
député.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Pour le
moment, nous sommes sur la question de règlement. Avant la
proposition...
M. BOUTIN (Johnson): Question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, le député de
Johnson.
M. BOUTIN (Johnson): Si je résume un peu les faits, le but des
premières motions était de nommer un rapporteur. Je pense qu'il
n'y a aucun doute là-dessus. Nous devons nommer un rapporteur. Si je
regarde l'article 65, il est bien dit que: "Le président doit mettre en
délibération toute motion, mais dès qu'une motion lui
paraît irrégulière, en elle-même ou par les buts
qu'elle veut atteindre, il doit le signaler à l'Assemblée et il
peut, après avoir motivé sa décision, refuser qu'on en
délibère ou qu'on la mette aux voix".
Evidemment, à l'heure actuelle, le but est de nommer un
rapporteur et, si on propose le député de Louis-Hébert,
cette motion ne va pas au but, parce que nous avons déjà trois
propositions, dont l'une vient du ministre de la Justice et deux du Parti
québécois. Si ce parti propose encore une troisième
personne, je présume et je suis certain que nous n'arriverons pas au but
pour lequel nous sommes ici, en premier, de nommer un rapporteur. Je
prétends qu'en vertu de l'article 65, le président a toute
autorité pour dire que cette motion ne vise pas un but bien
précis, que le but a été atteint en ayant trois
propositions et qu'il doit rendre une décision immédiatement et
passer au vote.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suis maintenant prêt à
rendre ma décision, j'ai donné le droit de parole à chacun
d'entre vous. Je pense que si nous finissions la soirée en ayant
nommé une personne à cette fonction très importante de
rapporteur, nous aurions...
M. MORIN: II ne faut pas sacrifier la qualité autant, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): De toute façon, je suis prêt
à rendre ma décision. En fait, pour reprendre certains arguments
qui ont été mentionnés par le député de
Maisonneuve, il est d'abord exact qu'aucun article du règlement ne
traite de l'élection d'un rapporteur. Il faut donc s'en rapporter
à l'élection d'un président qui est le seul, avec les
vice-présidents, dont il est fait mention dans nos règlements. Il
faut donc également déterminer, lorsqu'on parle de priver un
député d'un droit. J'aurais personnellement l'impression de
priver un honorable député d'un droit légitime si je ne
lui permettais pas de faire une motion pour la présentation d'un
candidat au poste de rapporteur. L'article 8 de nos règlements dit en
effet qu'il peut être fait autant de motions qu'il est proposé de
députés. Il faut, je pense, bien comprendre qu'à
l'Assemblée nationale, il y a actuellement 110 députés, ce
qui suppose qu'il peut y avoir 110 propositions. Tous les
députés, de quelque allégeance politique que ce soit,
peuvent, en pratique, faire une motion pour proposer un président ou un
vice-président de l'Assemblée nationale. Si quelqu'un voulait
faire une proposition semblable et n'avait pas l'autorisation du
président d'alors pour faire sa proposition, il serait à ce
moment privé d'un droit. Nous n'avons pas de texte précis, bien
entendu, pour la nomination d'un rapporteur. Mais je pense que le fait
même qu'un député puisse, s'il y avait droit, en pratique,
de proposer deux personnes, il est évident, à la face même
de cette deuxième motion, que cette deuxième motion aurait comme
conséquence immédiate de détruire la
première motion parce qu'il proposerait une autre personne que
celle qu'il a originellement proposée, ce qui est en fait, bien que non
inscrit, dans l'article 8. Je rends ma décision.
M. LESSARD: C'est ridicule.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Saguenay n'a pas le droit de parole et, s'il
intervient, je vous demanderai de l'expulser.
M. MORIN: M. le Président, cet autoritarisme ne sied pas au
ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Ou au moins de faire rapport au président de la
Chambre, à cause de la grande sympathie que je porte au
député de Saguenay.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Il est
évident qu'une décision de président n'est pas de nature
à plaire à tout le monde. Mais je pense que j'ai une grande
quiétude d'esprit en disant tout simplement, comme décision
finale, qu'il est normal et évident que si un député avait
le droit de faire deux propositions pour le même poste, il y a
certainement une contradiction de fait dans cette proposition. Je
considère que les mises en candidature sont closes et j'en appelle au
vote en commençant...
M. MORIN: J'accepte votre point de vue, M. le Président. A vrai
dire, je ne m'y rends pas, mais c'est une autre affaire.
Je l'accepte, mais je vois qu'elle aboutit à priver la commission
des services du député de Louis-Hébert...
M. DESJARDINS: Vous vous reprendrez.
M. MORIN: ... qui, je suis sûr, aurait fait cela de façon
magistrale.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons procéder au vote
à main levée. La première proposition, celle qui a
été faite par le ministre de la Justice...
M. BURNS: Qu'on appelle les députés!
M. CHOQUETTE: II n'y a pas d'appel de députés à
faire.
M. BURNS: M. le Président, nous avons une espèce de
coutume en commission à savoir que l'appel des députés se
fasse, ce qui équivaut au vote à main levée. Si le
député veut lever la main, je n'ai pas d'objection. C'est
uniquement pour vérifier et je vais suivre sur ma liste
pour voir si véritablement le membre qui vote est membre de la
commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Exact.
Maintenant la proposition du ministre de la Justice veut que le
député de Portneuf soit proposé comme rapporteur de la
commission de la justice. Je vais nommer les noms. Ceux qui sont en faveur
diront: pour, et les autres: contre.
M. Verreault (Shefford)?
M. VERREAULT: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Boutin (Johnson)?
M. BOUTIN (Johnson): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns?
M. BURNS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher (Nicolet-Yamaska)?
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Choquette?
M. CHOQUETTE: Pour.
M. BURNS: M. le Président, est-ce qu'il a droit de voter contre
lui?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Mais certainement.
UNE VOIX: II ne vote pas contre lui, il vote pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tardif (Anjou)?
M. TARDIF: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Massicotte (Lotbinière)?
M. MASSICOTTE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Morin (Sauvé)?
M. MORIN: Abstention.
M. CHOQUETTE: Vous êtes comme Fabien.
M. MORIN: Vous nous l'avez proposé comme moyen tout à
l'heure, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pagé (Portneuf)?
M. PAGE: Par souci d'objectivité, M. le Président, je
m'abstiens moi aussi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Springate?
M. BURNS: Cela vous honore; il va faire un bon rapporteur.
M. SPRINGATE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Sylvain?
M. SYLVAIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Portneuf est
nommé, il est élu.
M. MORIN: Est-ce que vous me permettrez, M. le Président,
de...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Excusez-moi, M. Desjardins
(Louis-Hébert)?
M. DESJARDINS: Pour.
M. MORIN : M. le Président, est-ce que vous me permettez de
présenter mes félicitations au député de Portneuf?
Je crois qu'il va faire un excellent rapporteur. J'espère que M.
Springate s'assoiera à côté de lui pour les traductions de
l'anglais au français. Je crois que ce serait de nature à aider
énormément le député de Portneuf. Je suis
navré pour les autres; je tiens à le dire, M. le
Président, parce que, franchement...
M. CHOQUETTE: Vous avez l'étoffe!
M. MORIN : ... j'aurais espéré que le
député...
M. CHOQUETTE : Les propos du député sont hors d'ordre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. M. MORIN: Mais, M. le
Président...
M. BURNS: Il est d'usage de faire des félicitations à la
suite d'une élection.
M. CHOQUETTE : Là, on va couper les usages.
M. MORIN: Non, M. le Président, au contraire, une
société qui ne se fie pas aux usages du passé, une
société qui devient trop rigide, comme le type de
société que, sans doute, le ministre de la Justice voudrait nous
imposer...
M. CHOQUETTE: Société efficace.
M. MORIN: ... une société comme celle-là, M. le
Président, perd tout le charme de la vie. C'est pourquoi vous me
permettrez mais, très brièvement, de dire au député
de Nicolet-Yamaska que j'avais l'honneur de proposer, ainsi qu'au
député d'Anjou, que j'avais également l'honneur de
proposer, mais je tiens à le signaler au député de
Nicolet-Yamaska que c'est à la suite d'une erreur que j'ai
commenté la proposition du député d'Anjou, parce qu'en
réalité j'avais toute confiance en lui. C'est d'ailleurs pour
cela que je l'avais proposé. Mes condoléances aux perdants
et...
M. CHOQUETTE: M. le Président, c'est de la rigolade, tout le
monde sait que les députés proposés ont tous
l'étoffe voulue pour être rapporteur, mais le sort voulait que ce
soit le député de Portneuf.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ceci étant dit...
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que je peux intervenir?
M. CHOQUETTE: Je m'oppose, M. le Président.
UNE VOIX: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Saint-Jacques
n'a pas le droit de parole à cette commission. Je ne peux pas en vertu
de l'article...
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La question de règlement est
tellement...
M.MORIN: C'est un vieil usage, M. le Président.
M. BURNS: M. le Président, sur ce point de règlement, je
tiens à rappeler à nos honorables collègues qu'il est
d'usage, qu'il a toujours été courant et, si le
député de Taillon était ici, je le prendrais à
témoin. C'est lui qui depuis toujours, à ma connaissance, s'est
fait fort de demander aux commissions parlementaires de permettre à tout
député de s'exprimer non pas de voter, il y a une
distinction dans une commission parlementaire et c'est cela qui est la
distinction...
M. CHOQUETTE: M. le Président, question de règlement.
M. BURNS: Cela n'ajoute pas... Je suis sur une question de
règlement, M. le Président, parce qu'en vertu de notre
règlement, les précédents...
M. le Président, je vous réfère à l'article
3 qui nous dit: "La procédure de l'Assemblée nationale du
Québec est réglée, premièrement, par des lois;
deuxièmement, par des règlements; troisièmement, par les
règlements adoptés pour
la durée d'une seule session; quatrièmement, par des
ordres spéciaux adoptés par l'Assemblée et dont l'effet
est limité aux matières pour lesquelles ils sont votés; et
cinquièmement, par les précédents établis par suite
de l'interprétation des lois et du règlement."
Nous avons ce précédent, le plus courant qui existe, et
c'est celui d'accepter. Je n'ai pas vu, M. le Président, en trois ans et
demi et même plus je ne sais pas, mais approximativement en trois
ans et demi où j'ai siégé à cette
Assemblée, je n'ai jamais vu un député se faire refuser le
droit de parole à une commission et je vous le dis, M. le
Président, même pas à l'occasion d'un "filibustering" comme
celui qui a été tenu par l'Union Nationale au cours du
débat sur la réforme de la carte électorale.
Je pense qu'on devra juger de l'attitude des partis là-dessus et,
de toute façon, M. le Président, en vertu de l'article 148, pour
trancher tout débat là-dessus, je fais une proposition pour que
le député de Saint-Jacques ait le droit de parole à cette
commission, en vertu de l'article 148, si nos honorables collègues
veulent en prendre connaissance: "Tous les députés ont
accès aux commissions..." C'est pour cela que, depuis le début,
le député de Saguenay et le député de Saint-Jacques
sont ici sans que personne ne s'y oppose. D'ailleurs, l'honorable ministre du
Revenu, qui est député de Jonquière, a assisté bien
calmement, sans intervenir dans le débat, je l'admets. Personne n'a
suscité de problème là-dessus. C'est clair qu'ils ont
accès aux commissions.
M. MORIN: II peut parler, il peut parler.
M. BURNS: "...mais ceux qui n'en sont pas membres, dit l'article, et les
autres personnes doivent obtenir la permission pour s'y faire entendre."
J'admets que, si quelqu'un s'y oppose ici, il n'y aura pas possibilité
que ces personnes, ni le député de Jonquière, ni le
député de Saguenay, ni le député de
Saint-Jacques... Alors, pour régler le problème, je propose, M.
le Président, que le ministre du Revenu, le député de
Saint-Jacques et le député de Saguenay aient droit de parole au
cours des séances de cette commission.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je m'y oppose.
M. BURNS: M. le Président, cela devient une motion
débattable, j'aimerais parler sur ma motion.
M. DESJARDINS: II ne s'agit pas d'une motion.
M. CHOQUETTE: Une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: Je l'ai faite, la motion, M. le Président. C'est une
motion dont vous êtes saisi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Il ne
s'agit pas d'une motion, il s'agit, actuellement... Vous invoquez l'article 148
qui nie le droit de parler.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous demandez la permission pour
d'autres...
M. BURNS: Je demande la permission. Et ma seule façon de demander
cette permission, c'est de faire motion pour que les trois
députés que j'ai mentionnés aient le droit de parole
à cette commission. Je fais cette motion, M. le Président.
J'insiste pour que vous la mettiez en délibération afin que je
puisse vous dire pourquoi je pense que cette motion-là devrait
être...
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je puis vous
éclairer sur un point de règlement? J'ai un
précédent à invoquer et un précédent dans
cette commission, commission permanente de la justice...
M. DESJARDINS: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Excusez-moi. Le député de
Louis-Hébert, sur une question de règlement.
M. MORIN: Excusez-moi...
M. DESJARDINS: L'article 148, paragraphe 1, ne fait pas l'objet d'une
motion puisqu'il dit à la fin: "...et les autres personnes doivent
obtenir la permission..." Alors, si une personne, devant une commission,
désire adresser la parole, cette personne doit elle-même demander
la permission à la commission et la commission décide. Alors,
cela ne peut pas faire l'objet d'une motion...
M. BURNS: C'est cela.
M. DESJARDINS: ... de la part d'une personne autre que celle qui
désire être entendue. Ce n'est pas une motion, c'est une
demande.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais entendre...
M. BURNS: ... Je veux parler également sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ...très brièvement parce
que...
M. BURNS: Cela, M. le Président, est un problème central.
Si vous en êtes rendu à me dire que je ne peux pas faire cette
motion-là...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est-à-dire que je ne veux pas
que...
M. BURNS: Je ne veux pas précéder votre décision,
mais j'entends les arguments du député de Louis-Hébert et
je me dis que cela commence à être grave. Il y a une autre chose
dans le règlement que j'ai l'intention de vous...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous demandez la permission, vous avez
le droit de demander la permission.
M. BURNS: Comment puis-je le faire, M. le Président, sinon par
une motion?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'article 148 a trois lignes et demie.
C'est assez clair.
M. BURNS: M. le Président, je vous réfère à
l'article 54 de notre règlement, qui nous dit: "La motion est un acte de
procédure par lequel un député propose à
l'Assemblée ici, il faut lire commission de faire une
chose, d'ordonner l'accomplissement d'une chose ou d'exprimer une opinion sur
un sujet." Comment puis-je demander à la commission d'exprimer son
opinion sur la permission qu'elle doit donner au député de
Saguenay ou au député de Saint-Jacques et à l'honorable
ministre du Revenu? Comment peut-elle s'exprimer s'il n'y a pas de motion sur
la table?
Voulez-vous, M. le Président, que nous prenions un vote sur rien?
Voulez-vous que nous fassions un tour de table en disant aux gens:
Exprimez-vous, une demande vous est faite? Si une demande est faite, il y a une
motion qui est devant vous, il n'y a pas d'autre façon, c'est une
règle de base, c'est élémentaire à toute
assemblée délibérante. Il est absolument impensable et
incroyable qu'une assemblée délibérante puisse fonctionner
autrement que par motion. La meilleure preuve, c'est que si je me lève
en Chambre et qu'il n'y a rien qui m'y autorise comme, par exemple, l'article
34 qui me permet de poser une question au leader de la Chambre avant les
affaires courantes ou bien au cours des affaires du jour, je ne peux pas me
lever, sinon sur une question de règlement. Il faut qu'il y ait une
motion devant l'Assemblée pour qu'on puisse s'exprimer dessus.
Ce que je demande à la commission, par ma motion, c'est
d'exprimer son opinion tout simplement au sens de l'article 54, et les derniers
mots disent qu'on peut demander, par voie de motion, d'exprimer une opinion sur
un sujet. Le sujet, c'est le droit de parole du député de
Jonquière, le droit de parole du député de Saguenay, le
droit de parole du député de Saint-Jacques. La façon de
demander cette chose, il n'y en a pas d'autres. J'aimerais ça, M. le
Président, que vous me le trouviez quelque part dans le
règlement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suis prêt à vous
répondre immédiatement.
Je vais répondre immédiatement. Lorsqu'un président
se trouve assez bien éclairé pour rendre sa décision, il
la rend.
M. MORIN: M. le Président, je vais vous citer un
précédent qui porte exactement là-dessus et vous m'aviez
reconnu, tout à l'heure, lorsque...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, c'est exact.
M. MORIN: ... le député de Louis-Hébert m'a
interrompu.
C'est un précédent qui s'est produit à cette
commission-ci, le 6 juillet 1973, au fascicule numéro 117, à la
page B-4048 des débats de la commission...
M. BURNS: C'est même sur le même projet de loi
essentiellement, dans une autre Législature.
M. MORIN: ... projet de loi no 85, Loi modifiant de nouveau la loi des
tribunaux judiciaires. M. le Président, je vous remettrai le fascicule
après pour que vous puissiez en prendre connaissance. Il s'agissait
exactement du même problème. Est-ce qu'on allait autoriser M.
Laurin qui n'était pas membre de la commission à prendre la
parole? "Le président (M. Blank): Le député de Bourget
demande la permission de parler, il n'est pas membre de la commission, est-ce
que la commission lui donne la permission de parler? "M. Laurin: C'est la
coutume. "M. Bossé: Tout le monde a le droit de parler". J'attire votre
attention là-dessus: "M. Bossé: Tout le monde a le droit de
parler".
M. CHOQUETTE: C'est une grande autorité en droit parlementaire,
M. Bossé.
M. MORIN: Je n'en doute pas.
M. CHOQUETTE: Vous faites bien de le citer.
M. MORIN: "Le président (M. Blank): écoutez bien,
M. le Président Parce que le député de
Maisonneuve...
M. BURNS: II y a eu le consentement général
là-dessus.
M. MORIN: Oui.
M. BURNS: S'il n'y a pas consentement, j'ai le droit de faire une
motion, c'est simple.
M. MORIN: Ecoutez bien, M. le Président, je m'excuse.
Réponse du président, M. Blank, ce sera la fin de la citation:
"Parce que le député de Maisonneuve a posé la question au
premier ministre, à l'article 148, j'applique l'article 148".
Vous vous trouvez devant le dilemme suivant. Premièrement, si
vous décidez d'emblée d'accorder la parole aux
députés, il n'y a pas de problème, ils peuvent parler,
mais ils n'ont pas le droit de vote et c'est réglé. Si vous ne
l'accordez pas d'emblée vous-même je vous demande une
directive, parce qu'avant d'aller plus loin dans mon argumentation, il faut que
vous m'éclairiez faut-il l'unanimité de cette commission
pour que le député puisse parler? Je vous soumets que non. Enfin,
vous me direz ce qu'il en est et c'est très important parce que, si vous
rendez un précédent, nous allons l'appliquer dans toutes les
commissions, M. le Président, songez-y bien. Nous pouvons, dans toutes
les commissions de cette Assemblée, empêcher les
députés libéraux de participer aux débats et, si
vous rendez cette décision, je crains que nous ne soyons enclins
à l'utiliser comme précédent chaque fois que cela fera
notre affaire.
Donc, si l'unanimité n'est pas nécessaire, comme je vous
le soumets, s'il suffit d'un simple vote majoritaire, comme je le pense, c'est
la règle générale dans toutes les commissions, alors il
faut un vote. Donc, s'il faut un vote, il faut une proposition.
Donc, le député de Maisonneuve est tout à fait dans
l'ordre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suis prêt à rendre ma
décision. Le député de Maisonneuve a invoqué
à juste titre l'article 54 lorsqu'il s'agit de s'adresser à une
assemblée délibérante ou autre, soit l'Assemblée
nationale, à l'effet de procéder par motion. Or, l'article 148
justement ne parle pas de motion parce qu'il s'agit d'une personne qui, au
moment où elle est non membre de la commission, ne fait pas partie de
l'assemblée délibérante et de la commission. C'est pour
cela que l'article 148 dit que la personne qui veut parler doit obtenir la
permission. C'est donc la personne, le député de Saint-Jacques,
s'il sollicite la permission de parler, qui peut s'adresser à la
commission pour parler. Je n'ai pas le droit, comme président, de
décider si le député de Saint-Jacques aura ou non le droit
de parole. Je m'en réfère à une décision de la
commission qui par vote... Parce que lorsqu'on parle d'une commission, il n'est
pas question de l'unanimité. Il faut donc un vote pour déterminer
si le député de Saint-Jacques ou toute autre personne, comme le
député de Maisonneuve l'a mentionné tout à l'heure,
le député de Saguenay, le député de
Jonquière, a le droit de parole ou non à cette séance de
la commission.
En fait, dans mon esprit, demain la même question pourrait
être posée. C'est-à-dire le député de
Saint-Jacques pourrait dire: Est-ce que je peux parler? Je ne crois pas que,
par le fait que la commission donne un droit de parole aujourd'hui à
quelqu'un, ce droit soit automatiquement donné à une autre
commission.
M. BURNS: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est dans ce sens que le
député de Saint-Jacques demande la permission de parler. A ce
moment, je soumets à la commission que le député de
Saint-Jacques demande la permission de parler.
M. BURNS: On la lui refuse, M. le Président. On la lui a
refusée. Qu'est-ce qui me reste à faire...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On n'a pas refusé.
M. BURNS: ... parce qu'il n'a pas le droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On n'a pas refusé.
M. BURNS: Oui. Cela a été refusé. Il y a des
députés qui ont dit...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je n'ai pas demandé le vote.
M. BURNS: J'ai entendu et c'est pour cela que j'ai fait ma motion, M. le
Président. Ecoutez la logique de ceci. Je vous demande, je vous prie
d'écouter la logique de ceci.
M. HARVEY (Jonquière): Sur une demande.
M. BURNS: J'ai entendu, lorsque le député de Saint-Jacques
a demandé la permission et on pourra le revoir dans le journal
des Débats au moins le ministre de la Justice dire: II n'a pas le
droit de parler, il n'est pas membre. Comment voulez-vous qu'il demande la
permission à partir de ce moment sinon par ma voix, qui, moi, suis
membre, qui, moi, ai droit de parole et qui donc ai droit de demander en son
nom la permission et comment puis-je le faire, sinon par une motion que j'ai
faite? Je vous demande en grâce, je vous demande pour la sauvegarde
je pèse bien mes mots et le bon ordre de toutes les
commissions parlementaires à venir, de juger recevable ma motion, M. le
Président. Et comment autrement le député de Saint-Jacques
pourra-t-il vous demander la permission? Il n'a pas eu la chance de demander la
permission. Dès qu'il a dit: M. le Président, le ministre de la
Justice a dit: II n'a même pas le droit de parler à cette
commission et je m'oppose à ce qu'il parle. Est-ce clair cela, M. le
Président?
Alors, si le député de Saint-Jacques ne veut pas
créer de désordre, qu'est-ce qu'il lui reste à faire,
sinon se taire? Mais moi qui ai droit de parole et qui ne veux pas que
justement le député de mon groupe parlementaire vienne faire du
désordre ici, que me reste-t-il à faire sinon de soumettre
à la commission une motion en bonne et due forme demandant la permission
au nom de ces députés de parler? Le vote exprimera le
désir de la commission, le vote sur ma motion exprimera la permission ou
le refus de la commission de laisser ces députés parler?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je dois dire que l'argumentation du
député de Maisonneuve est fort sympathique, mais malheureusement
je reprends textuellement ce qui est écrit c'est que le
député de Saint-Jacques ou tout autre député peut
demander le droit de parole. Mon rôle comme président est de m'en
référer à la commission. Quelqu'un peut bien dire
rapidement: II n'a pas le droit de parler, mais c'est la commission, comme
telle, lorsque je lui demande de se prononcer, qui doit se prononcer par
vote...
M. HARVEY (Jonquière): C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... et par la suite, étant
donné le fait que la commission vient de se prononcer sur l'acceptation
ou non d'un droit de parole, il est évident que je ne peux permettre une
motion sur une chose sur laquelle la commission vient immédiatement
auparavant de se prononcer. Le chef de l'Opposition officielle mentionnait des
précédents. Il est bien évident qu'il y a plusieurs
précédents et, comme le fait qu'une commission siégeant
aujourd'hui ou demain se prononce sur l'acceptation ou non d'une personne, d'un
membre, d'un non-membre à parler, ne crée pas une jurisprudence
pour toutes les autres commissions.
C'est une décision de la commission siégeant à un
moment donné...
M. BURNS: M. le Président, c'est vous qui créez le
précédent refusant que je fasse une motion de cette
nature-là. C'est cela que je dis. J'ai fait une motion, c'est clair,
c'est-à-dire je propose, est-ce clair, c'est comme cela qu'on fait une
motion?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ecoutez. A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, je l'ai faite cette motion, je vous
demande de la recevoir. Je trouve cela tellement grave que si vous ne trouvez
pas ma motion acceptable, je vous demande en grâce et dans le but du bon
ordre des séances de cette commission-ci, entre autres, et de toutes les
autres, de vous en référer au président de
l'Assemblée nationale pour lui demander une opinion là-dessus. Je
trouve cela grave à ce point. Alors, c'est votre décision qui
risque de nous régir pour les mois, pour les années à
venir. N'oubliez pas cela, M. le Président. C'est la première
fois que le problème se pose comme cela. C'est la première fois
d'ailleurs que j'entends...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suis prêt à rendre, une
fois de plus, ma décision quelles que soient les conséquences. Si
je suis ici, c'est que je dois avoir probablement, le potentiel pour assumer
mes responsabilités.
M. BURNS: M. le Président, je veux seule- ment vous demander une
dernière chose. Je veux simplement vous référer à
l'article 65 avant que vous ne preniez votre décision: "Le
président doit mettre en délibération toute motion
vous n'avez pas le choix mais dès qu'une motion lui paraît
irrégulière..." J'aimerais que vous me disiez en quoi ma motion
vous paraît irrégulière.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Votre motion est irrégulière
parce que, d'abord, le député de Saint-Jacques ou le
député de Jonquière doit s'adresser lui-même
à la commission.
M. BURNS : Ils ont tenté de le faire, non pas les autres
députés, mais le député de Saint-Jacques a
tenté de le faire et, dès ses premiers mots, le ministre de la
Justice a dit: Vous n'avez même pas le droit de parler.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est comme maintenant, j'essaie de parler
et tout le monde parle. C'est moi le président, c'est à moi que
le député de Saint-Jacques doit s'adresser. Je termine
là-dessus, parce que je pense que cette décision est tellement
claire. Je serais très heureux qu'elle fasse...
M. CHARRON: Est-ce que je peux parler sans m'adresser à la
commission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais vous le permettre.
M. CHARRON: M. le Président, vous avez dit tout à l'heure,
et je respecte votre opinion, que si vous m'accordiez le droit de parole, si la
commission m'accordait le droit de parole, ce soir, il n'est pas dit qu'elle me
l'accorde pour l'autre séance. Si la commission me le refuse ce soir,
est-il dit qu'elle me le refuse pour les autres séances?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai dit exactement la même chose.
Je dis, pour répondre au chef de l'Opposition officielle, que la
décision de ce soir n'implique pas de précédent et que,
demain, toute autre personne pourra s'adresser à nouveau à la
commission parce que, ce soir, il y a un ajournement à demain. Je ne
peux pas présumer que ce sont les mêmes personnes qui sont...
M. CHARRON : Merci. C'est tout ce que je voulais savoir.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que je pourrais vous demander
bien brièvement une directive? Comment la commission peut-elle se
prononcer sur quelque chose s'il n'y a pas de motion sur la table? A l'article
148, il n'est pas dit "à l'unanimité," il est dit justement qu'un
député demande la permission; mais, à ce moment-là,
si la permission est refusée, tout député qui est membre
d'une commission peut présenter une motion, et en vertu de l'article
65, vous devez, si cette motion n'est pas irrégulière, et
je ne crois pas qu'elle soit irrégulière...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Irrecevable.
M. LESSARD: ... mettre la motion en délibération...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Malheureusement.
M. LESSARD: S'il s'agissait d'unanimité, à ce
moment-là, seulement la réponse du ministre de la Justice aurait
fait en sorte que justement le député de Saint-Jacques n'aurait
pas eu droit de parole. Mais, il s'agit du nombre et, quand il s'agit du
nombre, il faut demander un vote, mais demander un vote, il faut le faire sur
quelque chose qui est sur la table. Vous ne pouvez pas demander un vote sur
quelque chose qui n'est pas...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Je comprends que les
décisions ne puissent faire l'affaire de tout le monde, mais je dois
m'en tenir strictement aux règlements...
M.MORIN: Cela avait l'air d'un précédent.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cela avait l'air d'un
précédent sur la formule qui est marquée en trois lignes
et demie à l'article 148. Actuellement, j'ai une demande du
député de Saint-Jacques de prendre la parole à la
commission parlementaire de la justice. Je vais demander à chaque membre
de la commission de se prononcer, à savoir s'ils donnent le droit au
député de Saint-Jacques. Pour le moment, c'est celui qui a
demandé la parole, si d'autres veulent la demander.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que son honneur le
président, sa seigneurie, me permettrait, étant donné que
j'ai quand même des choses à dire sur ce projet de loi qui touche
tous les citoyens québécois et que je suis un
député qui représente des citoyens
québécois, il me semble que ce serait bâillonner
l'Opposition, ce serait bâillonner les députés qui ont
été élus par la population que de nous refuser, à
la commission, le droit de parole. Je vous demande le droit de parole.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'aurais une question à
soulever. Apparemment, nous n'avons adopté que la motion pour
désigner un rapporteur, n'est-ce pas? Avez-vous appelé un
article, M. le Président, dans le projet de loi que nous
commençons à discuter?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je me propose de le faire dans quelques
instants.
M. CHOQUETTE: Alors, est-ce que la de- mande de prendre la parole n'est
pas prématurée?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. Elle n'est pas
prématurée. Je soumets aux honorables membres de la commission
que les honorables députés de Saint-Jacques et de Saguenay
demandent de participer aux délibérations de la commission
parlementaire de la justice siégeant ce soir.
M. Verreault (Shefford)?
M. VERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Boutin (Johnson)?
M. BOUTIN (Johnson): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns (Maisonneuve)?
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Choquette?
M. CHOQUETTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Desjardins?
M. DESJARDINS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tardif?
M. TARDIF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Massicotte?
M. MASSICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Morin?
M. MORIN: Pour, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pagé?
M. PAGE: Soucieux d'objectivité, mais quand même conscient
que le règlement doit être appliqué, en tant que
néophyte et pour donner le bon exemple, je suis contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Springate? Par respect du
règlement.
M. SPRINGATE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Sylvain?
M. SYLVAIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette décision, quant à moi,
lie la commission pour la séance de ce soir.
Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Vous
avez décidé que la permission se demandait comme cela. Je vous
soumets que, maintenant que la permission a été demandée
de cette façon-là, ce n'est pas comme cela qu'elle devait se
faire, que cela doit se faire par motion et je vous demande de recevoir ma
motion. Je fais motion, M. le Président, pour que le
député de Jonquière, le député de Saguenay
et le député de Saint-Jacques aient le droit dé parole
à cette commission-ci.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je m'oppose. Cette motion est
irrégulière. La motion est irrégulière.
M. BURNS: En quoi est-elle irrégulière?
M. CHOQUETTE: Elle est irrégulière parce que le
député de Jonquière n'a pas demandé la parole.
M. BURNS: Cela ne me dérange pas qu'il l'ait demandée ou
qu'il ne l'ait pas demandée. Je retire d'abord de ma liste le nom du
député de Jonquière.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve, tout en comprenant fort bien le but de son intervention,
comprendra également qu'il est impossible, pour quelque président
que ce soit qui siège ici, de recevoir une motion ayant pour objet de
faire prononcer une commission sur un vote qui vient justement d'être
pris.
M. BURNS: Elle ne s'est prononcée sur rien justement. La
commission ne s'est prononcée sur rien. Il n'y avait même pas de
motion, M. le Président. Je n'ai même pas pu. Comment voulez-vous
que j'argumente en faveur du droit de parole à être accordé
au député de Saguenay et du droit de parole à être
accordé au député de Saint-Jacques s'il n'y a pas de
motion? Je ne peux pas argumenter dans le beurre. C'est cela le principe, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): En fait, c'est que l'article...
M. BURNS : Vous ne m'auriez jamais permis, M. le Président,
d'argumenter là-dessus et je crois...
M. DESJARDINS: II n'y a pas d'argumentation.
M. BURNS: Au contraire, M. le Président, il y a une grande
argumentation à tenir là-dessus. Je trouve cela tellement grave,
votre décision là-dessus, que si vous la maintenez, vous semblez
la maintenir, je pense bien que c'est cela, M. le Président, je propose
et cela, c'est une motion que j'ai le droit de faire que vous
fassiez rapport au président, M. le Président.
Voici les raisons pour lesquelles je vous propose ça. C'est une
proposition qu'on peut faire en tout temps, de faire rapport au
président de la Chambre ...
M. BOUTIN (Johnson): Question de règlement, M. le
Président. Si on se fie à l'argumentation du député
de Maisonneuve, si sa motion était acceptable, suivant les articles 54
et 55, ça deviendrait, ni plus ni moins, un ordre de la commission. A ce
moment-là, on ne pourrait plus refuser, en aucun moment, à tout
individu qui viendrait ici, de parler. Parce qu'on aurait permis à un
individu de parler, on n'aurait plus le droit de refuser...
M. BURNS: Ils sont nommés dans ma proposition.
M. CHARRON: On n'a pas dit tous les députés.
M. BOUTIN (Johnson): L'article qui s'explique dans ce cas, dit: A toute
personne. Si on regarde l'article bien clairement, on dit: A toute
personne...
M, BURNS: A tout député ou à toute personne.
M. BOUTIN (Johnson): A ce moment-là, ça peut...
M. BURNS: Il n'y a pas toute personne dans ma motion, il y a le
député de Saguenay et le député de Saint-Jacques.
On m'a dit de retirer le nom du député de Jonquière par
respect pour lui ou par amitié au cas où il voudrait intervenir,
il est ici et je l'avais inclus. Si le député de Jonquière
ne veut pas parler, je suis bien d'accord.
M. MORIN: M. le Président, le député de Maisonneuve
est libre de soumettre une motion à l'effet que toute personne qui se
trouve dans la salle ici puisse parler. Ce n'est absolument pas
irrégulier. Le ministre de la Justice veut faire du "filibustering" et
nous empêcher d'avancer, c'est tout.
M. TARDIF: II parle en connaissance de cause.
M. CHOQUETTE: Cela, c'est une campagne de salissage.
M. MORIN : M. le Président, le ministre de la Justice sait que je
ne veux pas l'injurier, sûrement pas...
M. CHOQUETTE: Je me considère très injurié.
M. MORIN: Le ministre de la Justice passe son temps à faire de
l'obstruction c'est un fait.
M. BURNS: M. le Président, vous m'aviez donné la parole et
je vous expliquais pourquoi je commençais lorsqu'on a
soulevé une question de règlement il était
nécessaire à cette commission de faire rapport au
président. Je le demande pour une raison bien simple.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous me permettez, voulez-vous me citer
l'article du règlement en vertu duquel vous demandez...
M. BURNS: M. le Président!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... que la commission ou que le
président fasse rapport?
M. BURNS: Que le président fasse rapport, "... en commission
élue, un député peut proposer que la commission ajourne
ses travaux". Je peux bien vous proposer d'ajourner les travaux.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous me demandez de me rapporter au
président, vous savez fort bien qu'en commission parlementaire...
M. BURNS: Je vous demande, M. le Président, je ne fais même
pas une motion de ce genre. Je vous dis tout simplement que c'est grave. Je
n'ai pas l'intention de vous "charrier" inutilement. Je dis que la
décision que cette commission vient de prendre est grave. Elle est grave
à ce point que...
M. CHOQUETTE: Avez-vous un article à invoquer?
M. BURNS: J'invoque, par analogie, l'article 157, au début: "En
commission plénière, un député peut proposer de
rapporter à l'Assemblée que la commission n'a pas fini de
délibérer..." C'est le seul moyen que j'ai actuellement.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce ne sont pas du tout les fins du
premier alinéa de l'article 157, la motion que propose le
député.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je veux comprendre que vous avez
changé votre motion?
M. BURNS: Oui. Ecoutez, je n'ai qu'un seul moyen pour faire un appel,
vous savez que je ne peux pas en appeler de vos décisions.
Je sais, M. le Président, que je n'ai pas le moyen d'en appeler.
On va admettre cela. Je vais le dire bien respectueusement. Cependant, je
trouve grave, à ce point, la décision de cette commission de
refuser, d'une part, la permis- sion de parler à deux
députés qui le demandent, d'autre part, de la refuser à un
député qui est membre de la commission. C'est cela, dans le fond,
tantôt, qu'on a décidé de refuser à un
député qui est membre, en l'occurrence moi-même, le
député de Maisonneuve. Je pense que vous ne me contesterez pas ce
droit-là; je suis sur votre liste. Cela fait déjà une
couple de fois que je vote; vous avez remarqué que j'étais
ici.
UNE VOIX: Ah oui!
M. BURNS: Vous me refusez, M. le Président, le droit de faire
motion. C'est pour une raison bien simple que je veux faire une motion. Je veux
expliquer aux collègues chose qu'il ne m'a pas été
permis de faire présents ici pourquoi il était
nécessaire que le député de Saint-Jacques et le
député de Saguenay aient la permission de s'adresser à
nous. On a voté sans qu'il y ait une motion. C'est cela que je trouve
grave. N'ayant pas de motion sur la table, comment voulez-vous que, moi,
j'argumente?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. BURNS: J'aurais pu vous dire, M. le Président, entre autres
choses, que le député de Saint-Jacques représente, je
pense, une population...
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre de la Justice a une question
de règlement.
M. CHOQUETTE: Oui, j'invoque le règlement. Le
député de Maisonneuve plaide sur un jugement que vous avez
déjà rendu et je pense qu'il n'a pas le droit de rouvrir le
débat sur cette question.
M. BURNS: M. le Président, ce n'est pas cela. Ce que j'aurais pu
dire, évidemment, ne vous influencera pas puisqu'il n'y a pas de motion
sur la table, mais c'est pour cela que je demande au président de faire
rapport au président de l'Assemblée nationale et de lui demander,
dans le fond, une directive relativement à mon droit de faire ce genre
de motion.
M. BOUTIN (Johnson): En vertu de quoi?
M. BURNS: En vertu de quoi? En vertu du simple bon sens. En vertu du bon
sens qui dit tout simplement que si, à un moment donné, il y a un
doute qui s'installe dans l'esprit des gens, c'est d'aller au grand patron de
toute cette boutique-ci, alors qu'il n'y a pas de droit d'appel d'une
décision du président, je l'admets. La seule autre façon
de régler un problème litigieux comme celui-là, c'est
d'aller au moins chez le président et de lui dire: Voici la
situation qui s'est passée. Le député de
Maisonneuve a voulu faire une motion. Je lui ai refusé le droit de faire
cette motion, donc d'argumenter sur cette motion.
M. le Président, je suis prêt à admettre que vous
n'avez rien dans notre règlement actuel qui me permette de faire cette
motion, que vous alliez faire rapport au président dans le but
évident que je vous mentionne, mais je vous réfère
à nouveau au fait qu'il y a eu des précédents et que
l'article 3 de notre règlement, au cinquième paragraphe,
reconnaît les précédents établis dans le
règlement, dans un cas non prévu par les règles de
procédure: Là, je vous cite l'article 4 où "...dans un cas
de divergence d'opinions sur l'interprétation d'une règle de
procédure, le président décide, en tenant compte des
usages de l'Assemblée depuis son origine.
Or, je peux vous citer, par les cas M. le Président je ne
les ai malheureusement pas sous la main, mais votre expérience et votre
mémoire va vous les rappeler où votre collègue, le
vice-président de l'Assemblée nationale, le député
de Saint-Louis a, à au moins deux reprises, fait rapport au
président alors qu'il présidait une commission
plénière pour des raisons de procédure.
Il a décidé de faire rapport et, à ma demande,
entre autres, dans un cas, je me souviens très bien que c'était
allé dans le cas de la décision que le
député de Saint-Louis avait prise jusqu'à me priver
de mon droit de parole. C'était la seule et unique façon,
à un moment donné, que j'avais de soulever un problème que
je considérais grave. On ne permettait pas, en l'occurence le cas
précis que j'ai à la mémoire et je suis sûr
que vous vous en souvenez à un député du Parti
québécois à l'époque, qui était un des
partis de l'Opposition, d'argumenter à plusieurs reprises sur un
même fait ou sur un même article ou sur une même motion, en
commission plénière.
J'ai été obligé je m'en suis excusé
auprès du député de Saint-Louis, par la suite de
provoquer un véritable chiard, M. le Président, pour que le
député de Saint-Louis aille faire rapport au président et
qu'il lui dise ce qui est advenu. Et il est arrivé ceci: Le
député de Saint-Louis est revenu avec la décision du
président, qui lui a dit que nous avions raison dans notre
argumentation. Et s'il l'avait fait quand je lui ai demandé dès
la première fois, cela aurait évité, à mon humble
avis c'est cela que j'essaie de vous éviter, M. le
Président bien des complications.
Je ne sais pas si c'est cela que l'on veut, que le bordel prenne
à cette commission, mais au moins je dois en remercier nos
collègues, d'ailleurs, du côté ministériel, d'avoir
gardé une espèce d'attitude calme, malgré que je suis
certain que cela ne doit pas leur plaire beaucoup...
M. CHOQUETTE: M. le Président, si le député
de...
M. BURNS: ... ce qui s'est passé ce soir depuis le
début.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député permettrait une
intervention de ma part?
M. BURNS: Certainement. On essaie de se comprendre, c'est pour cela que
je vous le permets.
M. CHOQUETTE: M. le Président, moi, je pense que vous avez pris
une décision sage et raisonnable en fonction du règlement.
D'ailleurs, je suis assuré que vous l'avez prise en toute bonne foi.
D'un autre côté, il est vrai qu'au point de vue de la
procédure, on peut dire que le président de la Chambre est
certainement l'autorité suprême sur ce Parlement. Sans aller
disons donc, jusqu'à donner suite à cette motion que propose le
député de Maisonneuve, parce que je ne crois pas qu'il y ait lieu
de créer un précédent qui forcerait les présidents
de commission à faire des rapports, lorsqu'on leur demande, je vous
dirais très simplement que, pour ma part, je n'aurais aucune
espèce d'objection et je suis sûr que nos collègues de la
commission n'auraient aucune espèce d'objection à ce qu'à
la prochaine occasion, vous discutiez du cas avec le président pour
vérifier s'il abonde dans le sens de votre décision et tant mieux
s'il vous approuve.
Si le président, par hasard, attirait votre attention sur une
autre façon d'aborder le problème et que le député
de Maisonneuve s'avérait avoir raison, pour ma part, M. le
Président, je serais le dernier à vous reprocher de changer votre
attitude à la prochaine séance.
Est-ce que ceci devrait satisfaire...
M. BURNS: M. le Président, si vous agréez la proposition
je dois vous dire que ce n'est pas par manque de confiance en vous que je fais
cela, c'est parce que je trouve important ce genre de motion que je voulais
faire et que vous m'avez refusée. Je dois dire que, devant l'esprit
conciliant manifesté par le ministre de la Justice...
M. SPRINGATE: Libéral.
M. BURNS: Libéral, oui, dans le bon sens du mot, parce qu'il a un
autre sens que j'aime moins, vous allez me concéder ça, dans le
sens conciliant suggéré par le ministre de la Justice, je suis
prêt à attendre à demain. Remarquez que nos travaux
achèvent pour ce soir et je suis d'accord pour que, lors d'une prochaine
occasion, la prochaine fois que nous nous réunirons, si vous avez eu la
chance, entre les deux, de consulter le président là-dessus...
Encore une fois, ce n'est pas par manque de confiance à votre
égard, mais c'est parce que je trouve vraiment incompréhensible
que je ne sois pas capable de faire ce genre de motion où que n'importe
quel autre député ministériel ne soit
capable de faire cette motion pour une raison ou l'autre.
M. MORIN: C'est parce que ça va se présenter encore demain
matin.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II reste quelques minutes seulement et je
voudrais agir dans le même esprit que celui avec lequel le
député de Maisonneuve vient de parler. Vous savez, hier soir, en
vous rappelant un peu le débat que nous avons eu, j'ai eu à
rendre une décision et à consulter le président, Me
Jean-Noël Lavoie, par la suite. Et aujourd'hui,...
M. CHARRON: Vous êtes encore concerné.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ...vous avez mis à l'épreuve
une fois de plus l'article 77 et on a vu que la décision qu'on avait
rendue à un moment donnée avait été, au cours de la
nuit, rediscutée. C'est dans le même esprit, il est normal, que
nous nous consultions. Je le ferai avec beaucoup de plaisir et d'empressement
pour que, demain, à dix heures je fasse rapport des conversations que
j'aurai eues avec le président de l'Assemblée nationale sur ce
qui vient de se passer, c'est normal.
M. MORIN: Alors, si bien que, demain matin, si les deux
députés se présentent, vous serez en mesure...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ecoutez, c'est-à-dire que le
député de Maisonneuve a parlé d'une motion, il veut faire
une motion.
M. MORIN: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je conviens qu'un député
peut demander un droit de parole, c'est ce qu'ont fait les
députés de Saint-Jacques et de Saguenay. Mais le
député de Maisonneuve, lui, tient à proposer une motion
débattable par la suite. Je lui ai refusé ce droit en disant que
la commission venait de se prononcer sur le même sujet.
Je discuterai donc d'ici demain matin avec le président de
l'Assemblée nationale sur les discussions que nous avons eues ici ce
soir.
M. MORIN: Pardonnez au néophyte, mais, si je comprends bien,
cette décision aura des conséquences pour toutes les
séances subséquentes. Je veux dire que cela va trancher la
question pour toutes les fois où le député de Maisonneuve
va se trouver à vous demander d'accueillir nos collègues.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je reprends. C'est bien précis ce
que je veux dire. C'est toujours la personne non membre qui demande le droit de
parole, ce qui a été fait.
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Maisonneuve,
par la suite, a voulu présenter une motion avec argumentation qu'elle
était débattable pour permettre une certaine discussion, ce
pourquoi il veut que certaines personnes ou toutes les personnes qu'il
désigne aient droit de parole. C'est dans cet esprit. Mais ceci
n'empêche pas que cela se fait en deux parties. Premièrement, les
députés demandent le droit de parole, je le propose à la
commission, je fais part de ce voeu à la commission...
M. MORIN: Bon, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... elle se prononce, si c'est non, le
député de Maisonneuve est revenu avec une motion qu'il dit
débattable, motion...
M. MORIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... que j'ai refusée disant qu'on
venait de redécider.
M. MORIN: Est-ce que je peux vous demander une dernière chose?
Est-ce que, demain matin, par exemple, je pourrais faire une motion à
l'effet que tel, tel, tel députés qui sont à la table et
qui ne sont pas membres de la commission puissent siéger à la
commission pour toutes les séances subséquentes au cours de la
présente session?
M. CHOQUETTE: Le chef de l'Opposition est trop intelligent pour poser
une question comme cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Excusez. Je le demanderai, c'est
évident, parce que l'article 148...
M. CHOQUETTE: Le chef de l'Opposition n'est pas obligé de se
déprécier à l'occasion d'un "filibuster."
M. MORIN: C'est parce que je veux bien comprendre la portée.
M. CHOQUETTE: Vous comprenez très bien.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La portée est toujours la
même. Je viens de la distinguer. Tout non-membre devra demander la
permission. En fait, l'objet de l'argumentation, c'est que le
député de Maisonneuve, quelle que soit la décision rendue
par une commission parlementaire, veut obtenir le droit de présenter une
motion qu'il dit recevable.
M. CHOQUETTE: Je constate qu'il est minuit. Je propose l'ajournement des
travaux de cette commission à demain matin, 10 heures, à la
chambre rouge.
M. BURNS: Je pense que cette motion d'ajournement est débattable
en vertu de l'article 157, justement celui dont on a parlé tantôt.
Donc, j'aimerais parler sur cette motion d'ajournement avant que le vote ne
soit pris.
M. le Président, je vous réfère à la
dernière ligne de l'article 157, premier paragraphe, qui dit: "En
commission élue, un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux. Ces motions sont mises aux voix, sans amendement, et elles
ne peuvent être faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par
un ministre. Elles ne peuvent être débattues, sauf qu'un
représentant de chaque parti reconnu peut prononcer un discours de dix
minutes chacun à leur sujet."
Je suis le représentant du parti reconnu qui s'appelle
l'Opposition officielle, c'est-à-dire le Parti
québécois...
M. CHOQUETTE: Question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de la Justice sur une
question de règlement.
M. BURNS: ... et je pense qu'avant que le vote ne soit pris sur la
motion du ministre de la Justice, j'ai le droit de la débattre.
M. CHOQUETTE: Sur la question de règlement, M. le
Président. Les règles établies par l'Assemblée
nationale sont que les travaux s'ajournent à minuit. En vertu de
l'article 158: "Une commission ne peut modifier, dans son principe, une
proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée. "Et j'invoque comme autorité le député
d'Anjou pour lequel...
M. MORIN: Tout à l'heure, vous refusiez l'autorité de M.
Bossé.
M. CHOQUETTE: ... le député de Maisonneuve a la plus haute
estime, d'après ce que j'ai constaté ce soir, je crois.
M. MORIN: Pourquoi est-ce que le député Bossé
n'aurait pas eu le même crédit tout à l'heure aux yeux du
ministre?
M. CHOQUETTE: Je pense, M. le Président, qu'il n'y a pas de
débat à y avoir sur cette motion d'ajournement des
débats.
M. BURNS: M. le Président, il y a, au contraire, un débat,
toujours sur la question de règlement. Il y a un débat à y
avoir et c'est clair; au texte de l'article 157, c'est débattable, j'ai
le droit, en tant...
M. DESJARDINS: Cela réfère au paragraphe 1.
UNE VOIX: ... cela à dix heures.
M. BURNS: C'est cela, mais vous auriez dû le faire avant dix
heures. Mais, M. le Président, je vous signale qu'il est même
passé minuit actuellement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BURNS: ... que nous n'avons même pas le droit d'adopter la
motion du ministre de la Justice. Ce n'est absolument pas automatique, toute
motion doit être votée. Je comprends que le député
d'Outremont, que le ministre de la Justice a fait une motion, qu'il
était minuit lorsqu'il l'a faite, mais que jamais avant minuit... Et je
signale qu'il est presque minuit et deux minutes pour que ce soit
enregistré. Je parle même illégalement actuellement, M. le
Président, et cette motion n'a jamais été
votée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BURNS: Je vous dis cela tout de suite, pour que ce soit bien
enregistré, cette commission n'a pas le droit de siéger demain,
M. le Président.
Cela va prendre maintenant un nouvel ordre de la Chambre.
DES VOIX: Non. DES VOIX: Oui.
M. BURNS: Oui, M. le Président, d'ailleurs on siège
illégalement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! La
commission ajourne ses travaux à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 0 h 4)
Commission permanente de la justice
Projet de loi no 8
Loi modifiant de nouveau
la loi des tribunaux judiciaires
Séance du samedi 15 décembre 1973
(Dix heures trois minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Justice): A l'ordre, messieurs!
Avant de commencer, je voudrais cependant, comme le secrétaire
des commissions m'en a informé, vous faire part des changements qui
m'ont été soumis pour les membres de la commission. M. Boudreault
(Bourget) remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Faucher (Nicolet-Yamaska)
remplace M. Ciaccia; M. Tardif (Anjou) remplace M. Harvey (Dubuc); M. Ostiguy
(Verchères) remplace M. Lévesque (Bonaventure).
Retrait de l'Opposition
M. BURNS: M. Lamontagne, est-ce que je peux vous dire simplement ceci,
très brièvement? A minuit quatre, hier soir, j'avais la parole
sur la motion d'ajournement. La motion n'a pas été adoptée
avant minuit et, en ce qui nous concerne, cela équivaut à un
ajournement sine die, de sorte que je viens simplement je m'excuse de
déranger votre caucus libéral vous dire que nous
considérons que, si vous désirez siéger...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: ... M. Lamontagne, vous siégez illégalement et
que nous attendrons.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Je vais
vous permettre...
M. BURNS: ... des avis en vertu des articles 140 et 150 avant de
revenir, le chef de l'Opposition et moi. C'est cela que je viens vous dire. On
va attendre les avis en vertu des articles 140 et 150. Merci, M.
Lamontagne.
Décision du président
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai une
décision à rendre ce matin. Si vous ne voulez pas y participer,
c'est votre affaire; elle sera inscrite dans le journal des Débats.
Comme, hier soir, nous en avons discuté, à la fin de la
séance, le ministre de la Justice a proposé l'ajournement des
débats à ce matin, 10 heures, au Salon rouge. Nous nous sommes
à plusieurs reprises, hier soir, référés les
règles de pratique d'une commission parlementaire aux règles
établies à l'Assemblée nationale. Or, le
député de Maisonneuve, vers minuit deux minutes, parlait d'une
motion débattable. La commission parlementaire, quelle que soit la
longueur ou l'efficacité de ses travaux, n'a pas comme but de bonifier
une loi qui, de toute façon, à la suite d'un rapport, doit
être soumise aux délibérations de l'Assemblée
nationale. Dans ce cas-là, nous nous référons aux
principes de l'Assemblée nationale et, à la suite d'une motion du
leader ministériel, cette semaine, il a été établi
que les heures de session de l'Assemblée nationale étaient
de 10 heures à minuit, tous les jours, sauf le dimanche.
En transposant l'Assemblée nationale en commission parlementaire,
comme c'est le cas, évidemment, le leader ministériel devient, en
commission parlementaire, le ministre responsable du projet de loi à
l'étude. Le ministre de la Justice, hier soir, a proposé
l'ajournement des travaux de la commission parlementaire à ce matin, dix
heures, en conformité avec l'avis accepté à
l'Assemblée nationale à l'effet que les travaux parlementaires se
feraient tous les jours de dix heures du matin à minuit le soir.
De toute façon, je l'ai mentionné tout à l'heure,
les travaux de notre commission n'ayant pas comme but de bonifier, mais de
soumettre, dans les meilleurs délais possibles, un rapport à
l'Assemblée nationale pour fins d'étude de rapport et
également du projet de loi en question, je considère que nous
pourrions ce matin continuer nos travaux de manière que nous fassions
rapport des travaux de la commission parlementaire mardi matin à dix
heures et que le rapport contienne tout ce qui est nécessaire, suivant
la méthode employée ce matin, pour faire rapport des travaux de
la commission à l'Assemblée nationale.
M. CHOQUETTE: Très bien, M. le Président.
Adoption des articles
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je propose qu'on passe à
l'étude de tous les articles du bill.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Projet de loi no 8, Loi modifiant de
nouveau la loi des tribunaux judiciaires, article 1.
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 2?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 3?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 4?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 5?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 6?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 7?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 8?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 9?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 10?
M. CHOQUETTE: Adopté. M. le Président, ceci termine
l'essentiel des travaux de la commission. Je voudrais féliciter ici les
députés présents pour leur sens de la coopération
et pour leur esprit de collaboration dans l'étude de ce projet de loi.
Je suis sûr que notre rapporteur, le député de Portneuf,
fera un rapport tout à fait approprié quant aux travaux de la
commission.
M. le Président, est-ce qu'il faut maintenant faire une motion
quelconque pour proposer que la commission s'ajourne sine die et que rapport
soit fait à la Chambre des travaux de la commission élue?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Exactement.
M. CHOQUETTE: Je fais une telle motion, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre de la Justice propose que la
commission de la justice s'ajourne sine die. La motion est-elle
adoptée?
M. SPRINGATE: Adopté.
M. CHOQUETTE: Et que rapport des travaux soit fait à la
Chambre?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cela est obligatoire.
UNE VOIX: C'est automatique.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est automatique.
UNE VOIX: M. le Président, qui va aviser la presse?
(Fin de la séance à 10 h 12)