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Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du mercredi 4 juin 1975
(Dix heures et douze minutes)
M. Picard (président de la commission permanente de la
Justice): A l'ordre, messieurs! La commission de la justice continue ce
matin l'étude des crédits du ministère de la Justice. Pour
la séance d'aujourd'hui, M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M.
Bienvenue (Crémazie) et M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal)
Contrôle des jeux de hasard et des
courses
Programme 14: Contrôle des jeux de hasard et des courses.
M. Caron: Mon collègue remplace M. Ciaccia, de
Mont-Royal.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pensais que c'était M.
Springate qui remplacerait M. Ciaccia.
M. Tardif: Vous rêvez en couleur.
M. Choquette: M. Springate est un expert dans le code de la
route, tout le monde le sait.
M. Caron: Avant longtemps, il va vouloir prendre la
responsabilité de la circulation au Québec. Il ne vous a pas fait
de demande encore? Il n'a pas fait de demande au ministre de la Justice? Ce ne
sera pas long.
M. Choquette: Oui? Vous pensez?
M. Caron: Oui, parce qu'il va avoir de la publicité,
probablement: journalistes, caméras...
M. Choquette: Est-ce qu'il va parler seulement en anglais?
M. Caron: Probablement.
M. Choquette: Cela va lui causer des problèmes.
M. Caron: Oui, cela peut lui jouer un certain tour dans un
comté où...
Le Président (M. Picard): Ces propos sont
enregistrés.
M. Caron: ...il y a plus de francophones.
M. Choquette: On me dit que nos propos sont enregistrés,
mais...
M. Tardif: Cela ne fait rien, on lui en enverra une copie.
M. Choquette: ...cela ne fait rien. C'est une discussion...
Une Voix: Ce sont des paroles hors d'ordre.
M. Choquette: Non, cela fait partie de l'étude des
crédits du ministère de la Justice.
M. Caron: On n'a pas peur de nos paroles.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont des questions
sérieuses, cela fait suite...
M. Choquette: A des interventions.
M. Bédard (Chicoutimi): ...à l'importance que les
journaux ont donnée aux réponses du ministre de la Justice.
M. Choquette: Bien oui.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir du ministre
quelle est l'importance des revenus que le Québec tire de la vente des
permis de course et loterie.
M. Choquette: En 1974/75, nous avons retiré $1 million
pour l'émission de permis de loterie.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cela comprend tous les
revenus des...
M. Choquette: Dans le domaine des courses, je ne pense pas que
nous retirions de revenus car la réglementation s'appliquant aux courses
n'a pas encore été adoptée. Le ministère de la
Justice et la Régie des loteries et courses sont en train
d'étudier une réglementation très complète qui
s'appliquera aux courses. Il est probable que cette réglementation sera
mise en vigueur, au cours de l'année qui vient.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle serait la tendance de ces
nouveaux règlements, par rapport aux profits que l'Etat pourrait en
retirer?
M. Choquette: C'est assez difficile pour moi d'estimer le montant
des revenus que nous pourrons...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, sans estimation, seulement la
tendance.
M. Choquette: ...dériver du contrôle des courses.
Ces règlements s'appliquant aux courses vont comporter des coûts,
parce qu'il va falloir nommer des juges, des arbitres de courses, des
inspecteurs pour les chevaux; alors il y aura certainement des dépenses
qui vont être encourues. Mais je ne peux pas, au moment où je vous
parle, vraiment vous donner une estimation des revenus ainsi que des
dépenses qui découleront de l'application de cette nouvelle
réglementation.
Quant aux revenus qui dérivent de l'émission de permis de
loteries, ces revenus croissent d'année en année.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais peut-être une
question concernant la protection qu'il faudrait, dans certains cas, accorder
aux gagnants à la Loto dans le sens suivant. On connait l'exemple en
particulier qui a eu beaucoup de publicité, soit celui d'un jeune homme,
M. Sean T. Cahill, dont le tuteur était M. Cahill, de Montréal,
qui avait gagné un montant assez appréciable et qui l'a
complètement perdu, à la suite de mauvais placements qui avaient
été faits par Montréal Trust.
M. Choquette: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir du ministre si
les gagnants à la Loto peuvent bénéficier des conseils
d'experts financiers, cautionnés par le gouvernement.
M. Choquette: D'abord, je crois que le député de
Chicoutimi devrait poser sa question au ministre des Finances, qui est
responsable de la Loto-Québec ou de la Société
d'exploitation des loteries québécoises.
Dans le cas du programme 14, que nous étudions à l'heure
actuelle, il s'agit d'un autre organisme, c'est-à-dire l'organisme qui
contrôle non pas les loteries organisées par le gouvernement, par
l'entremise de la société d'exploitation de la
Loto-Québec, mais qui contrôle les loteries et les bingos qui sont
tenus soit par des organismes charitables dans des paroisses ou des
organisations agricoles.
Maintenant, je ne pense pas que le gouvernement doive, d'une certaine
façon, donner un curateur à toute personne qui gagne...
M. Bédard (Chicoutimi): Sans donner un curateur...
M. Choquette: ... à la Loto-Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): ... je veux dire offrir
peut-être les services d'experts financiers, de manière à
prendre les précautions pour protéger les gagnants contre toute
exploitation.
M. Choquette: Je ne sais pas si cette mesure s'imposerait parce
que là il me semble que le gouvernement...
M. Bédard (Chicoutimi): S'immiscerait dans... M.
Choquette: S'immiscerait?
M. Bédard (Chicoutimi): ... des affaires
privées?
M. Choquette: Non, ce ne serait pas nécessairement
irrégulier qu'on mette à la disposition des gens certains
conseillers. Par contre, est-ce que le secteur privé ne pourrait pas se
plaindre justement de l'action gouvernementale? Il y en a des conseillers en
placements sur la rue Saint-Jacques ou sur le boulevard Dorchester à
Montréal. Les gagnants peuvent aller les consulter.
J'incite le député à faire sa proposition au
ministre des Finances, qui aurait vraiment les responsabilités
pertinentes dans le cas actuel.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous aurons l'occasion de la lui
faire, mais pas avant l'année prochaine, parce que les crédits
sont finis.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, vous êtes au courant que,
pour les permis qui sont émis pour l'agriculture...
M. Choquette: Oui.
M. Caron: ... on a le droit de faire de la publicité.
M. Choquette: Oui.
M. Caron: Et d'autres, comme des associations sportives ou
charitables, n'ont pas le droit de faire de publicité. Je pense qu'il y
a là une lacune.
Il me semble que les organisations sportives font autant que les
agriculteurs qui ont le droit d'annoncer à la radio et à la
télévision avant leurs bingos et les autres organisations n'ont
pas le droit d'avoir plus qu'une annonce de 3 x 3 ou de 3 x 4. Je pense qu'il y
a là une lacune et il me semble qu'il faudrait faire quelque chose pour
que tout le monde soit sur le même pied.
M. Choquette: Je vais vérifier ce qu'il en est.
Maintenant, j'ai l'impression je peux me tromper que cela
découle des dispositions du code criminel, qui ne mettent pas sur le
même pied les bingos et les loteries organisés par des organismes
charitables ou religieux et les loteries et bingos organisés par des
groupes agricoles à l'intérieur de foires agricoles ou d'autres
manifestations du même genre. Donc, je pense que notre régie
serait esclave du cadre juridique du code criminel, ce qui fait que les
dispositions s'appli-quant à la publicité ne sont peut-être
pas les mêmes pour les deux sortes de loteries. Mais je vais
vérifier pour me satisfaire et pour pouvoir donner une réponse au
député de Verdun.
M. Caron: Merci.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autre question sur
ce programme, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Programme 14, adopté.
Programme 15: Contrôle des permis d'alcool. Adopté?
Une Voix: Adopté.
Contrôle des permis d'alcool
M. Bédard (Chicoutimi): Une question, M. le
Président. Il y a plus d'un an, le 16 mai 1974, les journaux
annonçaient la mise en branle d'une vaste opération de
vérification des quantités et des qualités de boissons
vendues par les tenanciers d'établissements détenteur d'un
permis. Est-ce qu'il y a eu une suite? Est-ce que le ministre peut nous en
donner les résultats? Il s'agissait d'une annonce qui avait
été faite à la suite de certaines vérifications
dans certains établissements et qui démontraient que les vendeurs
s'étaient arrogé le droit si on peut employer
l'expression d'enlever un peu de boisson dans les bouteilles pour
remplacer cette quantité par de l'eau.
M. Choquette: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait un contrôle quand
même assez difficile à faire sur cet aspect par le
gouvernement.
M. Choquette: On sait qu'un détenteur de permis de la
Commission de contrôle des permis d'alcool doit acheter l'alcool qu'il
vend à ses clients de la commission et paie une taxe additionnelle de
5%. Ce montant dépasse le prix qui est ordinairement demandé pour
les mêmes qualités et marques d'alcool qui sont vendues au
consommateur ordinaire.
Il arrive qu'il y ait des substitutions faites par des détenteurs
de permis. Par exemple, il est facile et élémentaire de se
procurer comme un consommateur ordinaire, une bouteille de Black & White,
ne pas payer les 5% et s'en servir dans l'établissement, alors qu'on
devrait payer 5% additionnels et que la bouteille du détenteur de permis
devrait être timbrée pour indiquer le paiement du droit
additionnel exigé des détenteurs de permis.
Il est également facile, je pense bien, pour des
détenteurs de permis qui sont malhonnêtes, de mettre un peu d'eau
dans les bouteilles, et les consommateurs qui ne portent pas attention ou qui
sont légèrement en état d'ébriété ne
peuvent sûrement pas noter la dilution de l'alcool qui leur est servi. Ou
encore il est facile, pour un détenteur de permis malhonnête de
servir des marques ou des qualités inférieures d'alcool à
celles qui sont demandées par le consommateur. Ce sont toutes sortes de
"schemes" qui existent dans certains établissements.
Les corps de police, qu'il s'agisse de la police de la Communauté
urbaine de Montréal ou de la Sûreté du Québec, font
périodiquement des vérifications surprises dans les
établissements, de façon à vérifier d'abord si les
timbres se trouvent sur les bouteilles qui sont entreposées chez ces
détenteurs de permis, vérifier si la composition des produits qui
sont dans ces bouteilles correspond en teneur d'alcool aux normes ou aux
standards des manufacturiers et vérifier également, par les
tests, si on sert au consommateur les boissons qu'il a demandées et non
pas des substituts de qualité moindre.
Ce sont des opérations de police qui ont lieu à des
intervalles plus ou moins fréquents et qui ont pour but de
contrôler l'honnêteté des procédés des
détenteurs de permis.
M. Bédard (Chicoutimi): Suite à ces enquêtes
que fait la police de la Société des alcools, est-ce qu'il s'est
présenté plusieurs exemples de propriétaires
d'établissements qui se permettent de réduire les boissons
vendues?
M. Choquette: Je ne suis pas au fait des résultats de
toutes ces enquêtes qui se font d'une façon assez
régulière et depuis des années. Le député
peut être assuré qu'il y a certainement des cas où ces abus
ont lieu. Cela ne sert à rien de dire au député que de
tels abus n'ont pas lieu. Ils ont lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis convaincu que, là
comme ailleurs, il peut y avoir des abus. Le sens de ma question était
plutôt de savoir jusqu'à quel point ces abus sont répandus,
si les enquêtes faites par la Sûreté, jusqu'à
maintenant, permettent au ministre de nous fournir ce renseignement.
M. Choquette: Au moment où je vous réponds, je ne
suis pas en mesure de vous dire quelle est l'étendue du mal. Le
député peut être sûr qu'il existe.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez parlé tout
à l'heure de certains "schemes" que se permettaient des
propriétaires. Est-ce exagéré lorsqu'on mentionnait, dans
l'article de journal en question, qu'on pouvait estimer à $40 millions
les sommes que le gouvernement perdait ainsi?
M. Choquette: A la suite du fait qu'on servait des alcools qui
n'avaient pas été payés au prix fixé pour les
détenteurs de permis?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Choquette: Je ne sais pas si je pourrais corroborer un chiffre
comme celui-là, mais le député peut être sûr
que c'est pratiqué d'une façon assez considérable.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autre question sur
ce programme.
Le Président (M. Picard): Le député de
Beauce-Nord.
M. Sylvain: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. La Commission de contrôle a émis certains
permis à des coopératives. D'autre part, la nouvelle loi de la
Commission de contrôle empêche l'émission de permis de vente
de bière à des chaînes d'alimentation. Je sais que les
coopératives agricoles, qui sont à la fois des
coopératives incluant des meuneries, incluant l'alimentation, incluant
un peu de tout, surtout au niveau des municipalités rurales ou
semi-rurales, ont reçu ces permis. J'ai déjà posé
cette question.
L'économie de la loi, où la chaîne des magasins
d'alimentation est empêchée de vendre de la bière au niveau
urbain, semble ne pas être suivie quand la commission de contrôle
émet des permis à ces coopératives du milieu rural. Il y a
autant de différence entre le petit épicier qui, avec sa femme et
sa famille, a souvent nombre d'heures a travailler et la coopérative qui
tient souvent des affiliations avec la Coopérative
fédérée du Québec, non pas que j'en veuille
à la Coopérative fédérée. Mais est-ce que
vous avez examiné ce problème? Il semble que la plupart des
petits épiciers en milieu rural, à l'heure actuelle, se
regroupent et font des objections globales quant à l'émission de
permis à ces coopératives?
M. Choquette: Dans le cas des coopératives, nous
appliquons les mêmes normes qu'aux chaînes d'épicerie, pour
autant que la loi interdit d'émettre des permis de vente de bière
à de tels groupements économiques. Comme vous le savez, nous
avons introduit une disposition dans la Loi des alcools à l'effet que la
commission ne doit pas émettre de permis à des magasins qui font
partie d'une organisation ou d'un système de vente. Il y a des limites
qui sont imposées à la Commission de contrôle des permis
d'alcool, quant à l'émission des permis, de façon à
protéger les épiciers indépendants.
Dans le cas des coopératives qui se sont vu reconnaître le
droit de recevoir des permis de vente de bière, nous appliquons les
mêmes normes. Si la coopérative est indépendante, n'est pas
reliée à une plus grande chaîne coopérative, cette
coopérative peut recevoir un permis de vente de bière.
Rien n'interdit dans la loi actuelle que les épiceries ou les
coopératives aient des services d'achat communs pour l'achat des choses
qu'elles vendent. Vous savez que la loi n'interdit pas que des épiciers
indépendants se groupent aux fins d'acheter en commun les biens qu'ils
veulent vendre aux consommateurs.
La même pratique s'applique également dans le cas des
coopératives.
M. Sylvain: Sur le plan de l'économie locale,
déjà une clientèle est orientée vers ce genre de
coopérative, qui possède à peu près tous les
services, autant sur le plan de la vente de machinerie agricole c'est
aussi vaste que cela que le service d'électricité, la
vente d'un peu tout. Dans une municipalité, au cours d'une semaine, il
n'y a pratiquement aucun citoyen qui ne passe pas par la coopérative. A
mon sens, cela engendre, au niveau de l'économie et en regardant
à qui cela profite, une espèce de déséquilibre qui
peut être créé et qui arrache au petit épicier une
clientèle qui est quand même très importante.
M. Choquette: Dois-je comprendre que le député de
Beauce-Nord trouve que nous avons eu tort de permettre l'octroi de permis de
vente de bière à des coopératives de consommation? Cela
semble ressortir des questions qu'il me pose.
Quand nous avons adopté ces dispositions, nous avons tenu compte
du fait que les coopératives de consommation vendent de
l'épicerie, de la viande, des légumes, etc., et qu'elles devaient
normalement être habilitées à vendre aussi de la
bière, qui faisait partie de l'alimentation générale.
Maintenant, vous me dites que la concurrence des coopératives est
néfaste pour les petits épiciers ou, enfin, vous laissez percer
cette idée. C'est possible que, dans certains cas cela ait nui à
des épiciers, mais je ne suis pas sûr que, pour protéger le
petit épicier, il faille aller jusqu'à interdire à des
coopératives de vendre de la bière en même temps qu'elles
vendent d'autres produits alimentaires. C'est la loi de la concurrence,
qu'est-ce que vous voulez! Dans le domaine économique, il faut que les
gens qui s'y engagent s'habituent à l'idée qu'ils vont être
en concurrence avec d'autres commerces similaires et qu'ils essaient de tirer
le meilleur parti possible des circonstances. Il n'y a rien que le gouvernement
doive et puisse faire pour éliminer la concurrence dans le domaine
commercial.
Je pense, au contraire, que c'est seulement bénéfique pour
les consommateurs. Les consommateurs ont le droit d'être servis, les
consommateurs ne doivent pas être pénalisés par suite de
monopoles ou voir leurs services réduits parce qu'on veut
protéger tel ou tel secteur. Je comprends qu'on l'a fait à
l'égard des petits épiciers et des coopératives à
rencontre des grandes chaînes d'épicerie. Mais là, cela
correspond, en somme, à des facteurs historiques et au fait que le
législateur est sensible à la situation des petits
épiciers par rapport à leurs concurrents beaucoup plus forts sur
les grandes chaînes d'épicerie. On a tracé la ligne
à cet endroit et je ne pense pas, du moins dans l'état actuel des
choses, qu'il faudrait revenir sur les mesures qui avaient été
adoptées pour donner aux coopératives de consommation le droit de
vendre de la bière en même temps que de vendre d'autres produits
alimentaires.
M. Sylvain: Je pose ces questions ce matin non pas dans le
dessein de montrer que je suis contre le mouvement coopératif, surtout
dans nos milieux, bien loin de moi cette pensée, mais il y a un
déséquilibre, quand on examine les choses de plus près, au
niveau du marché local.
Il y a une espèce de déséquilibre qui fait que,
depuis que ces coopératives, qui offrent à peu près tous
les services de consommation en général, ont pu obtenir les
permis de vente de bière, cette clientèle ordinaire de
l'épicier local, puisqu'elle peut avoir en même temps la
bière à la coopérative, va aussi y compléter le
reste de ses emplettes. C'est simplement parce qu'il appert que, chaque fois
qu'une coopérative demande un permis, les épiciers d'une
même municipalité ou de deux ou trois municipalités se
regroupent toujours pour y faire objection globalement. Il semble que cela a
causé un problème, et je voulais avoir simplement une opinion du
ministre là-dessus.
M. Choquette: Dans le domaine de la vente de
la bière, vous savez que nous avons élargi les
dispositions qui permettent à la commission de contrôle
d'émettre des permis de vente. Autrefois, l'intérêt public
était un facteur qui pouvait être tenu en considération par
la commission dans l'octroi des permis d'épicerie. Ceci avait pour effet
qu'un moment donné un épicier nouveau pouvait se voir refuser un
permis de vente de bière, parce qu'il y en avait suffisamment dans la
municipalité ou la localité en question. A l'occasion de
l'étude du projet de loi no 21, qui a été adopté en
1974, cette question a été discutée de façon assez
approfondie par les députés. Tout le monde, je pense bien, est
tombé d'accord pour admettre que le temps était venu de faire en
sorte que tout vendeur d'alimentation, tout épicier bona fide pouvait,
sans preuve de l'intérêt public ou de la nécessité
pour les consommateurs, faire une demande et obtenir un permis de vente de
bière. Alors, on a changé la tradition, à ce moment.
A l'heure actuelle, nous avons préparé un projet de
règlement qui s'appliquera a définir ce qu'est l'épicier
bona fide, quelles sont les exigences qui s'appliqueront à un vendeur
d'alimentation pour qu'il puisse se qualifier pour avoir un tel permis de vente
de bière. Comme vous le savez, le projet de règlement a
été publié dans la Gazette officielle. Nous avons
reçu des mémoires de divers groupes, à l'heure actuelle,
que nous considérons. Dans le projet de règlement nous avons mis
comme exigence pour qu'un épicier se qualifie automatiquement pour avoir
un permis d'épicerie, c'est-à-dire lui permettant de vendre de la
bière, qu'il devait avoir un stock de marchandises de $2,000 et que ses
ventes hebdomadaires devaient être de $400.
Je tiens à vous dire que nous avons reçu des
représentations de certains groupes d'épiciers qui sont
déjà munis du permis de la commission, évidemment,
à l'effet qu'il fallait hausser les exigences à l'égard
des nouveaux détenteurs. C'est toujours la même histoire. Vous
savez, quand on a le permis, on veut empêcher les autres de rentrer. Mais
il ne faut pas se formaliser ou se scandaliser de cela, c'est dans la nature
des choses. Le gouvernement devra chercher l'équilibre approprié
pour éviter; je crois bien, que des épiceries ne deviennent des
établissements qui soient purement et simplement des débits de
bière.
Vous savez que c'était une chose qui s'était formée
dans quelques endroits.
Dans des épiceries où l'on tenait à peu près
trois saucisses, trois boîtes de sardines et trois boîtes de
fèves au lard, avec un pain et une pomme de laitue, on faisait une vente
énorme de bière. C'est évident que de tels épiciers
ne satisfaisaient pas à l'esprit et aux exigences de la Loi de la
Commission de contrôle des permis d'alcool.
Donc, il a fallu fixer des normes formelles qui s'appliqueront
dorénavant à définir ce qu'est un épicier. Nous
avions suggéré, dans notre projet de règlements, les
exigences que j'ai mentionnées tout à l'heure. Compte tenu des
représentations qui nous sont maintenant faites par ces groupes, nous
allons réévaluer la situation pour voir quel sera, en
définitive, le contenu de ces règlements qui s'appliqueront
à ce domaine.
M. Sylvain: Nous avons pu prendre connaissance de la
réglementation. Est-ce que, après l'étude de ces quelques
mémoires qui vous sont soumis avant l'entrée en vigueur de la
loi, on avait dit le 1er juillet, et des règlements qui en
découlent, les députés auront l'occasion je sais
qu'on peut toujours avoir l'occasion de soumettre nos commentaires
...
M. Choquette: Oui.
M. Sylvain:... de prendre connaissance de ces quelques
modifications à la réglementation que vous insérerez avant
le 1er juillet?
M. Choquette: Dans quel cadre suggérez-vous que les
modifications, que le gouvernement voudrait proposer, soient
discutées?
M. Sylvain: Peut-être simplement avoir la
possibilité d'obtenir une copie de cette réglementation
remodifiée.
M. Choquette: Je pense que, si nous projetons d'apporter des
changements au projet de règlements, je pourrai peut-être le dire,
d'une façon qui ne soit pas formaliste, aux différents partis et
tenir compte de leur avis.
M. Sylvain: Prévoyez-vous des modifications majeures?
M. Choquette: Non, vraiment pas... M. Sylvain: Ah bon!
M. Choquette: ... de changements majeurs. Cela peut être
simplement des détails parce que je dois dire que, dans l'ensemble, le
projet de réglementation a été très bien
accueilli.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Les représentations, qui
ont été faites par l'Association des épiciers
licenciés, ne sont quand même pas futiles et peuvent être
sérieuses si on regarde le contexte actuel. Dans certaines
localités, certaines régions plus qu'ailleurs, vous avez des
épiciers licenciés qui, effectivement, vivent avec leur commerce
d'épicerie autant qu'avec la vente de la boisson. Ceci
représente, dans bien des cas, les seules ressources qu'ils ont pour
assurer leur subsistance.
Je pense que les représentations des épiciers
licenciés étaient à l'effet de savoir jusqu'à quel
point le ministre veut étendre le fait d'accorder des permis. Entre
autres, on s'aperçoit depuis un bout de temps que tout ce qu'il y a
d'épiceries de dépannage...
M. Choquette: Ah oui! Des magasins d'accommodation, de
dépannage.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, ces magasins d'accommodation,
etc. peuvent obtenir assez facilement des permis d'épicerie.
Je voudrais savoir jusqu'où... Je suis d'accord pour la libre
concurrence, que le ministre, dans la réglementation, ait cru bon
d'établir une ligne de démarcation lorsque le gouvernement n'a
pas permis, en fait, l'octroi de permis de boisson aux grandes chaînes
d'alimentation, d'une part. Mais, d'autre part, il faudrait savoir
jusqu'où on peut aller dans l'autre sens. Les épiciers
licenciés ont fait des représentations au gouvernement.
M. Choquette: Pour ce qui est des magasins d'accommodation ou les
dépanneurs, ils devront évidemment se conformer aux exigences du
règlement en ce qui concerne la quantité...
M. Bédard (Chicoutimi): D'épicerie
nécessaire.
M. Choquette: ... d'épicerie ou de produits alimentaires
qu'ils doivent avoir en stock, et à leur chiffre d'affaires hebdomadaire
pour pouvoir conserver un permis d'épicerie.
D'autre part, au point de vue des heures de vente de la bière,
ils doivent se conformer aux dispositions qui s'appliquent aux
épiceries. On sait que les magasins d'accommodation peuvent avoir des
heures d'ouverture et de fermeture différentes des épiceries,
mais ceci ne leur permet pas de vendre de la bière à toute heure
du jour et de la nuit. Ils doivent néanmoins se conformer aux
dispositions de la loi qui s'applique aux permis d'épicerie.
M. Bédard (Chicoutimi): II s'agirait peut-être...
Une Voix: Vous voulez dire, M. le ministre...
M. Choquette: C'est-à-dire qu'ils peuvent vendre
jusqu'à six heures le soir. Ils ne peuvent pas vendre...
M. Bédard (Chicoutimi): II s'agirait peut-être de
définir un peu plus ce qu'est une épicerie de dépannage ou
d'accommodation. Si, dans un secteur donné très limité,
territorialement parlant, vous rencontrez au moins trois ou quatre
épiceries dites de dépannage, à ce moment-là,
jusqu'à quel point cela répond-il à la définition
même?
M. Choquette: La vocation de l'épicerie et celle du
dépanneur ne sont pas précisément les mêmes,
malgré qu'elles se recoupent.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, cela...
M. Choquette: Je connais des magasins de dépannage
où on va, le samedi soir, à dix heures, aller acheter trois
pintes de lait et un pain, ainsi que quelques articles parce qu'on est mal
pris.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je veux dire, c'est que si
vous avez quatre épiceries de dépan- nage dans un rayon d'un
mille, vous ne dépannez plus rien là.
M. Caron: Oui mais le commerce est libre. On ne peut pas limiter
les dépanneurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas la question de
limiter, c'est la question de savoir jusqu'à quel point on veut
libéraliser le terme d'épicerie de dépannage. Il faut
quand même une définition.
M. Choquette: II n'y a pas de moyen de contrôler la
prolifération des magasins d'accommodation ou des dépanneurs. Je
ne pense pas qu'il soit opportun de commencer à limiter le nombre de
dépanneurs et de magasins d'accommodation. D'ailleurs, je ne vois pas
comment on le pourrait.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que le but de mes
questions n'est pas de vouloir les limiter.
M. Choquette: Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est simplement de savoir, dans
l'esprit du ministre, ce que c'est au juste.
M. Choquette: Je pense qu'il va se faire une certaine adaptation
entre les dépanneurs, d'une part, et les épiceries, d'autre part,
même si ce sont des plus petits établissements que ces
épiceries par rapport aux grandes chaînes d'alimentation.
L'épicier devra probablement avoir un stock plus considérable,
donner une variété de produits nettement plus complète que
le dépanneur, ce qui n'empêchera pas l'un et l'autre de vendre de
la bière, suivant les mêmes conditions. Si le député
de Chicoutimi s'en rapporte à son expérience individuelle, je
suis sûr que s'il a un gros marché à faire, le vendredi
soir, il n'ira pas chez le dépanneur. Il va aller chez un épicier
et là, il va acheter toute la viande voulue pour la semaine, les
boîtes de conserves, les oeufs, le beurre, en fait tout ce qu'il faut, en
gros, pour l'alimentation d'une semaine.
Le dépanneur, c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): II est très utile, le
dépanneur. Il n'y a pas de doute là-dessus.
M. Choquette: II est utile. Et c'est peut-être
l'utilité du dépanneur qui fait qu'actuellement, on voit pas mal
de ces magasins se créer.
Comme chez les journalistes, il y a des épiciers et il y a des
dépanneurs. Je viens juste de voir entrer un dépanneur. Ils ont
tous les deux le droit d'écrire la même chose et ils ont tous les
deux un permis de vente de bière. Je vois un épicier par
contre.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre se permet des
appréciations ce matin.
M. Choquette: Je taquine la tribune de la presse.
M. Caron: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): II est maître de sa
définition des journalistes.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président...
M. Choquette: Comme on peut dire, par exemple, que M. Ryan ou M.
Michaud sont de grandes chaînes d'alimentation.
M. Caron: M. le Président, le fait de contrôler les
petits qui ont un permis de bière et qui vendent un certain pourcentage
de marchandises va être très bon, parce que vous avez certains
dépanneurs qui vendent de la bière en coupant les prix et le fait
qu'ils seront obligés de vendre un certain montant d'épicerie va
aider. Je pense que le type qui a une épicerie en gros se fait souvent
jouer des tours parce que certains vendeurs de bière la vendent à
prix coupés, comme on dit. Ils ont seulement un petit pourcentage par
caisse, ils font cela un certain moment, ils tombent en faillite et ce sont les
compagnies de bière qui y perdent. On a eu quelques cas comme
ceux-là à Montréal.
Alors, le fait qu'il y a un pourcentage de marchandises
d'épicerie à vendre va être plus juste pour le type qui a
une grosse épicerie, qui a un "overhead" plus élevé que
l'autre.
M. Choquette: Exactement.
M. Caron: Je pense que c'est tout à fait normal que ce
soit comme cela.
M. Choquette: C'est le but qui est sous-jacent aux exigences
qu'on pose au point de vue de la quantité de marchandises disponibles et
du chiffre d'affaires hebdomadaire.
M. Caron: Je pense que c'est juste pour tout le monde de cette
façon.
Le Président (M. Picard): Programme 15, adopté.
Programme 16, Conciliation entre locataires et propriétaires.
Conciliation entre locataires et
propriétaires
M. Bédard (Chicoutimi): Lors de l'étude annuelle de
la loi prolongeant de nouveau la Loi de conciliation entre locataires et
propriétaires, le ministre avait acquiescé à nos demandes
et à celles des groupes de locataires afin de régler au plus vite
le problème des coupures d'électricité.
Comme le ministre le sait, l'article 26 de la loi 80 qui apportait une
solution non pas permanente, mais une solution temporaire à ce
problème est en vigueur seulement jusqu'au 1er juin. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire quel a été le résultat de
l'expérience de l'application de cet article jusqu'au 1er juin, et quels
sont les projets du ministre pour le futur?
M. Choquette: D'abord, la loi qui a été en vigueur
cinq ou six mois a fait qu'il n'y a pas eu de coupure
d'électricité s'appliquant à des groupes de locataires,
à tous les locataires d'un même immeuble. A ce point de vue, elle
a été efficace.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a eu des comptes non
payés.
M. Choquette: Je ne le sais pas, je n'ai pas les données
d'Hydro-Québec pour vous renseigner précisément sur les
effets que la loi a eu par rapport à la perception par
Hydro-Québec des montants qui lui sont dus au point de vue de
l'électricité. Une chose est certaine: les locataires ont
été protégés durant cette période.
D'autre part, j'ai demandé à notre service de
législation de préparer une loi permanente pour nous permettre de
régler ce problème définitivement. Je pense que, d'ici
quelques semaines ou enfin sûrement avant l'ajournement des travaux, une
loi va pouvoir être déposée de façon à
régler définitivement ce problème.
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis les expropriations massives
qui ont été effectuées par le ministère
fédéral des Transports dans la région de
Sainte-Scholastique, les anciens propriétaires de certaines terres
expropriées qui louent du ministère fédéral leur
ancienne propriété se sont vus pris dans une sorte de conflit de
juridiction.
Le ministère des Transports refuse de se soumettre à la
Loi de la Régie des loyers et il traite ces locataires, semble-t-il,
sans tenir compte de la loi québécoise. Pour sa part, le
ministère de la Justice a, à plusieurs occasions, affirmé
l'applicabilité de la Loi de la Régie des loyers. J'aimerais
savoir quelles sont les intentions du ministre face à cette situation
d'un ministère qui ne semble pas vouloir appliquer la loi
déjà en vigueur.
M. Choquette: Vous savez qu'il y a certains immeubles qui
appartiennent au gouvernement fédéral. A ce point de vue, ils
échappent au contrôle de la Régie des loyers, parce qu'ils
sont des immeubles fédéraux et que nous ne pourrions pas les
réglementer. Donc, il y a un problème de ce
côté.
Par contre, il y a d'autres immeubles construits dans le cadre de
programmes de la Société centrale d'hypothèques et de
logement, à l'égard desquels la société centrale
conserve la propriété et qui, eux, sont assujettis au
contrôle de la Régie des loyers. D'ailleurs, il y a des locataires
de ces immeubles qui se sont prévalus de leur droit de contester des
hausses de loyer qui leur étaient réclamées.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a-t-il pris
connaissance d'un jugement qui a été rendu je n'ai
pas la date précise entre, d'une part, la reine, le gouvernement
et M. Gérard Monette?
M. Choquette: Je ne connais pas le sujet. Un jugement de la cour
Fédérale. Le député ne me donne pas le jugement; il
me donne la déclaration dans l'action instituée par la reine
contre M. Gérard Monette.
M. Bédard (Chicoutimi): Le jugement était que la
cour en venait à la conclusion que le fédéral pouvait se
soustraire à la Loi de la Régie des loyers du Québec dans
des cas de cette nature.
M. Choquette: Dans les cas d'immeubles expropriés par le
ministère des Transports...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Choquette: ... et qui sont, par la suite, reloués
temporairement à l'ancien propriétaire ou à quelqu'un
d'autre, en attendant que le fédéral en dispose.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre trouve-t-il cela
normal?
M. Choquette: Je pense qu'il y a un fondement constitutionnel
à un tel jugement. Il n'y a pas grand-chose que je puisse faire pour
modifier la situation de ces locataires. Cela découle sans aucun doute
du fait qu'il s'agit, à ce moment, d'immeubles affectés aux
services publics du gouvernement fédéral et la Régie des
loyers, comme organisme provincial, ne peut intervenir.
Même si je n'étais pas d'accord, et que je trouvais, en
fait, que le contrôle de la Régie des loyers devrait s'appliquer
à de telles circonstances, il n'y a pas grand chose que je puisse y
faire.
M. Bédard (Chicoutimi): N'y a-t-il pas des
négociations que vous pourriez faire avec le fédéral,
puisqu'il s'agit de cas où il y a des hausses abusives de loyer?
M. Choquette: On pourrait regarder le problème,
mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais que vous avez pas mal de
négociations à l'heure actuelle en cours.
M. Choquette: C'est ça. Et cela me fait penser, puisque
vous parlez de négociations, ce matin, je vais rendre publique une
lettre que j'ai écrite à M. Allmand au sujet de notre
réclamation en matière de police. Elle va être
distribuée à la presse.
M. Bédard (Chicoutimi): J'avais posé la question
à la commission parlementaire la semaine dernière.
M. Choquette: Oui, M. Burns aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous m'aviez...
M. Choquette: J'ai écrit à M. Allmand hier en date
du 2 juin et je lui ai répondu à une lettre qu'il m'avait
envoyée le 20 novembre 1974 où il me faisait part de
prétendues économies d'échelle que le gouvernement
fédéral ou les huit provinces contractantes dériveraient
de la combinaison des missions fédérales, provinciales et
municipales en matière de police.
Je crois que ma lettre est suffisamment explicite pour réfuter
d'une façon définitive les prétentions du gouvernement
fédéral qu'il y a des économies d'échelle qui
justifient la location des services de la Gendarmerie royale du Canada à
des prix réduits allant jusqu'à 50% des coûts du
gouvernement fédéral. Je pense que l'argument des
économies d'échelle va trouver sa belle mort à l'occasion
de ma lettre et qu'on va réaliser que le gouvernement
fédéral, effectivement, donne aux huit provinces contractantes
une subvention de 50% en matière de police.
M. Bédard (Chicoutimi): On va réaliser encore
là jusqu'à quel point il existe un autre cas où le
fédéralisme n'est pas rentable.
M. Choquette: Oui, mais on va réaliser aussi que le
dialogue et les communications sont toujours possibles et qu'on peut conserver
un espoir légitime que le gouvernement fédéral...
M. Bédard (Chicoutimi): Etes-vous certain que le dialogue
n'est pas juste dans un sens? Que vous écriviez une lettre, ça ne
donne pas nécessairement la preuve qu'il y a un dialogue dans le sens
qu'il y a quelqu'un qui écoute à l'autre bout.
M. Choquette: Tant que la question n'est pas réglée
définitivement, ça ne sert à rien de s'enterrer
dansledésespoirqui caractérise le Parti
québécois.
M. Bédard (Chicoutimi): On a tout pour être
optimiste de ce temps-ci.
M. Choquette: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Votre comparaison arrive au
mauvais moment.
M. Choquette: Cela dépend. Parlez-vous du sondage? Ce
n'est pas ma spécialité.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas seulement. On parle surtout de
la faiblesse du gouvernement aussi, il y a tout.
M. Choquette: Cela ouvrirait un large débat.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Mais concernant les
expropriés, les citoyens concernés dans la région de
Sainte-Scholastique par rapport à la situation que je viens de
vous expliciter et qui peut amener certains abus ou préjudices
vis-à-vis de certains citoyens est-ce qu'on peut s'attendre
que le ministre va poursuivre une enquête peut-être un peu
plus approfondie pour voir s'il n'y aurait pas lieu de remédier à
la situation, s'il n'y aurait pas lieu, comme il l'a dit, d'intensifier
peut-être des négociations avec le fédéral pour que
la situation se clarifie dans le meilleur intérêt des citoyens de
Sainte-Scholastique?
M. Choquette: Je vais regarder le problème en
prévision des mesures législatives qui pourraient être
proposées par le gouvernement dans le domaine des dispositions
législatives s'appliquant à la conciliation entre
propriétaires et locataires.
M. Bédard (Chicoutimi): Le service technique de la
Commission des loyers a effectué au cours de l'année
dernière une évaluation des divers administrateurs de la
Commission des loyers. Suite à cette évaluation, la commission a
congédié certains administrateurs pour les remplacer par
d'autres.
M. Choquette: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles sont les qualifications
qui sont exigées par le ministère pour ces nouveaux
administrateurs? Est-ce qu'on a tenu compte, par exemple, des recommandations
qui ont été faites par le Barreau sur la nécessité
d'une certaine formation juridique?
M. Choquette: Pour ce qui est des administrateurs, nous exigeons
des personnes qui sont appelées à juger en première
instance des cas où il y a litige entre propriétaires et
locataires quant à une hausse de loyer réclamée, que ces
administrateurs aient une formation juridique d'avocat ou de notaire.
Nous avons modifié ou écarté les cas où les
administrateurs n'avaient pas une formation juridique.
On me dit qu'il est cependant resté des cas où des
administrateurs, qui n'étaient pas avocats ou notaires, mais qui avaient
une très grande expérience dans la loi de conciliation,
après avoir passé des examens qui leur ont été
imposés par le contentieux civil, se sont qualifiés pour demeurer
administrateurs. Mais notre politique est que, dans l'avenir, les futurs
administrateurs seront avocats ou notaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant l'intégration
des employés de la Commission des loyers, comme le ministre le sait, les
employés de la Commission des loyers ne sont pas rattachés
à la fonction publique, étant donné le caractère
temporaire de la loi en vertu de laquelle la Commission des loyers existe. Il y
a certaines représentations qui ont été faites par des
employés à l'occasion du projet du ministère en vue de les
intégrer à la fonction publique. Quels sont les projets du
ministère concernant cette intégration possible?
M. Choquette: II y avait une étape à passer avant
d'intégrer ces fonctionnaires à la fonction publique et
c'était de procéder à une intégration pro forma. Il
s'agissait de voir les normes et exigences s'appliquant à la fonction
publique et de les appliquer au personnel en service auprès de la
Régie des loyers, de façon qu'éventuellement
l'intégration de ce personnel à la fonction publique ne pose pas
de problème fondamental. A l'heure actuelle, le processus
d'intégration pro forma est très avancé et devrait pouvoir
se compléter d'ici quelques semaines, en fait, durant
l'été.
Si le gouvernement décide d'instaurer un contrôle permanent
des loyers à la suite de recommandations qui pourraient lui parvenir du
comité sur l'habitation et des études de ce comité,
à ce moment-là, on pourra envisager l'intégration
définitive du personnel de la Régie des loyers à la
fonction publique.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais une dernière
question sur ce programme, concernant les groupes de travail sur l'habitation.
Je voudrais simplement savoir pour quelle date le ministère entrevoit le
dépôt du rapport des groupes sur l'habitation.
M. Choquette: J'ai demandé qu'on dépose un rapport
préliminaire ou provisoire sur la question du contrôle des
loyers.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on doit s'attendre
à une loi sur ce sujet?
M. Choquette: J'attends le rapport du comité sur la
question spécifique du contrôle des loyers. J'avais demandé
au comité de me fournir ce rapport au cours du mois de juin et
j'espère qu'il va être en mesure de déposer ce rapport
à la suite de ses études. Quant au rapport définitif, le
comité a jusqu'à la fin de l'année 1975 pour le faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour le produire. M. Choquette:
Pour le produire.
Le Président (M. Picard): D'autres questions au programme
16?
M. Bédard (Chicoutimi): Pas d'autre question.
Le Président (M. Picard): Programme 16, adopté.
Programme 17: Contentieux général du gouvernement.
Contentieux du gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas tellement de questions
là-dessus, M. le Président. Je voudrais simplement savoir, au
niveau du contentieux, si ce sont des avocats du contentieux qui assurent la
défense du premier ministre dans la plainte d'outrage au tribunal qui
avait été portée contre lui, il y a déjà de
cela au moins un an et demi.
M. Choquette: Non, le premier ministre se défend par ses
propres avocats.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque cette plainte remonte
déjà à plus d'un an et demi, est-ce que le ministre ne
trouve pas anormal que cela traîne aussi longtemps, étant
donné que le ministre ne perd jamais une occasion de parler de la
célérité avec laquelle son ministère procède
de l'accélération de la justice, de la nécessité
que l'écho soit entendu le plus vite possible? Est-ce qu'on doit en
conclure qu'il y en a qui ne sont pas pressés de se faire entendre ou
encore si, effectivement, il y a des raisons précises qui peuvent
expliquer que le retard dans cette cause d'outrage au tribunal qui,
effectivement, a été portée à l'endroit du premier
ministre devant les cours de justice et sur le même pied
d'égalité que n'importe quel citoyen? Est-ce que le ministre peut
me dire s'il y a des raisons particulières qui motivent ce retard, qui
peut paraître indu, à première vue, à être
entendu?
M. Choquette: Tout d'abord, il s'agit d'un litige privé.
En fait, l'outrage au tribunal qui est reproché au premier ministre dans
cette procédure découle de la publication d'un livre...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça, sur la baie
James.
M. Choquette: ...espace qui aurait été de nature
à affecter les procédures pendantes entre les Inuit de la baie
James et le gouvernement...
M. Bédard (Chicoutimi): Et le gouvernement.
M. Choquette: ...à l'occasion des travaux qui se
déroulent actuellement dans ce territoire. Mais pour ce qui est de la
procédure d'outrage au tribunal qui a été entreprise
contre le premier ministre, c'est un litige privé, les parties sont
libres de faire procéder cet incident, ce litige particulier à la
vitesse qu'elles estiment conforme à leurs intérêts. Je
présume que si la procédure ne va pas plus rapidement, c'est
peut-être parce que les Inuit ne sont pas plus pressés qu'il faut
d'amener cette matière à son terme.
Je me rappelle que le débat sur l'outrage au tribunal s'est
ouvert à la cour Supérieure et que le premier ministre a
été en appel sur un incident qui doit être vidé par
la cour d'Appel. Les choses en sont là, à ce moment-ci. Il ne
m'appartient pas de m'immiscer dans des litiges qui intéressent les
parties agissant privément.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que le ministre n'est
pas en mesure de me dire si l'état des négociations est à
ce point avancé que, peut-être, comme dans bien des litiges
privés, le litige se réglant, on réglera les
procédures incidentes.
M. Choquette: Je ne sais pas ce qui va découler de la
cause principale entre les Inuit et le gouvernement. Je sais qu'il y a des
pourparlers de règlement qui sont assez avancés puisqu'il y a eu
un accord de principe entre le groupe des Inuit et le gouvernement sur les
grandes lignes d'un règlement général de toute cette
affaire. Qu'est-ce qui découlera par la suite quant au règlement
de cet outrage au tribunal dont le député fait état? Je ne
suis pas en mesure de le dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas d'autres questions?
Le Président (M. Picard): Programme 17, adopté.
Ceci termine l'étude des crédits pour le ministère
de la Justice. Je vous remercie, messieurs.
La commission ajourne sine die.
(Fin de la séance à 11 h 14)