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(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la justice est ouverte.
Je rappelle que le mandat de la commission est d'étudier les
crédits du ministère de la Justice. Est-ce que vous avez des
remplacements? M. Rivest remplace-t-il toujours M. Paradis?
M. Marx: Oui. Mais il n'est pas encore arrivé.
Le Président (M. Rodrigue): Cela vaut encore pour
aujourd'hui?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce qu'il y en avait
d'autres? Est-ce qu'il y a des remplacements du côté
ministériel? Il y en avait hier, à ce que je vois. Est-ce que ce
sont les mêmes ou s'il y a des chanqements? Ce sont les mêmes. Vous
êtes revenu. Alors, M. Marquis ne remplace plus M. Brouilllet. Il
remplace M. Boucher.
Les membres de cette commission sont: M. Dussault (Châteauguay),
M. Bédard (Chicoutimi), M. Marquis (Matapédia), M. Brouillet
(Chauveau), M. Charbonneau (Verchères), M. Dauphin (Marquette), Mme
Juneau (Johnson), M. Kehoe (Chapleau), M. Lafrenière (Ungava), M. Marx
(D'Arcy McGee), M. Rivest (Jean-Talon).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Bissonnette
(Jeanne-Mance), M. Blank (Saint-Louis) M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Dussault (Châteauguay), M. Lachapelle (Dorion), M.
Martel (Richelieu), M. Pagé (Portneuf).
Nous en étions au programme 9. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions là-dessus? M. le ministre.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants (suite)
M. Bédard: D'une façon générale, M.
le Président, voici quelques remarques. Je l'ai déjà
souligné, dans ce secteur, il y a eu un accord de coopération
avec le gouvernement du Venezuela, touchant la formation scientifique et
professionnelle ainsi que l'échange de chercheurs et de recherchistes.
Également, des études ont été faites en ce qui a
trait aux alternatives à l'emprisonnement pour défaut de paiement
d'amende, ce qui nous semble un élément très important.
Cela constitue une des causes du surpeuplement des institutions de
détention.
Au cours de l'année 1980, la direction générale, en
collaboration avec les autres directions du ministère de la Justice,
s'est attaquée au problème de l'emprisonnement pour défaut
de paiement d'amende. Le groupe de travail a essayé d'identifier des
solutions visant à diminuer l'ampleur de ce phénomène.
Cette étude a été référée au Conseil
consultatif du ministère de la Justice et nous savons que, dès le
début de l'automne, le conseil consultatif nous fera connaître ses
vues. Nous attendons cela, parce que nous avons vraiment l'intention d'y aller
d'une politique assez précise concernant ce problème. On est
à même de constater qu'il y a beaucoup trop de citoyens qui sont
en prison parce qu'il y a de leur part défaut de paiement d'amende. On
pense qu'il y a possibilité de trouver des solutions de rechange.
M. Marx: D'accord.
M. Kehoe: Justement, une de ces solutions que vous avez
mentionnées dans vos déclarations initiales, c'est la question
des travaux communautaires. Avez-vous jusqu'à maintenant un bilan sur
cela, comment cela marche, l'efficacité? Vous avez mentionné que
vous avez déjà mis cela en marche depuis un certain temps. Est-ce
depuis un an? Je pense...
M. Bédard: C'est cela. Le programme de travaux
communautaires que nous avons étendu à l'ensemble du
Québec à partir du 1er avril 1980 concernait d'une façon
spéciale les infractions criminelles et non pas les infractions
auxquelles je réfère. Nous avons pu compter, concernant
l'application de ce programme, sur la collaboration des procureurs de la
couronne, des juqes et avocats, parce que cette collaboration est
nécesssaire. Peut-être que si le député...
M. Kehoe: Mais quel genre de...
M. Bédard: ...veut certaines statistiques concernant les
résultats...
M. Kehoe: Pas nécessairement, voici où je veux en
venir; quelle sorte de travaux communautaires font les gens qui ont cette
sentence, quelle en est l'efficacité de façon
générale? Je voudrais un bilan généra! de
l'efficacité du système de travaux communautaires.
M. Bédard: En 1980-1981, il y a eu environ 300 sentences
de travaux communautaires qui ont été données par les
juges du Québec. Le genre de travaux, c'est assez diversifié,
mais principalement il s'agit de travail auprès d'organismes sans but
lucratif qui sont au service de qroupes plus défavorisés de la
population québécoise. Par exemple, nous avons des personnes sous
sentence de travaux communautaires qui ont enregistré sur cassette des
livres pour les aveugles. Nous avons des personnes sous sentence de travaux
communautaires qui ont aidé des personnes âgées dans des
menus travaux comme, par exemple, nettoyer les galeries l'hiver, descendre les
poubelles du deuxième étage, des choses comme cela.
M. Marx: M. le ministre, vous avez parlé d'une entente
avec le Venezuela. Pourquoi avec le Venezuela? Le ministre a-t-il l'intention
de faire de semblables ententes avec d'autres pays?
M. Bédard: II n'est sûrement pas
écarté de faire d'autres ententes avec d'autres pays. Pourquoi le
Venezuela? Les autorités responsables du secteur détention du
Venezuela se sont intéressées d'une façon tout à
fait particulière au système de détention que nous avons
ici. Nous avons eu l'occasion de recevoir dans un premier temps des
fonctionnaires du Venezuela qui ont passé plusieurs jours et qui sont
demeurés en communication avec nos fonctionnaires. Cette rencontre a
été suivie par après d'une rencontre avec le ministre du
Venezuela, ce qui a amené l'entente. (11 h 45)
M. Marx: Dans un autre ordre d'idées, le Syndicat des
agents de la paix négocie toujours avec le gouvernement, et cela dure
depuis des mois et des mois maintenant, et il n'y a pas d'entente, il n'y a pas
de convention collective signée. Hier, il y avait une journée
d'étude des agents de la paix à la prison d'Orsainville. Des
détenus ont fait ce qui a été décrit dans les
médias comme un mini-bingo; vous devez comprendre ce qu'est un
mini-bingo, ils n'ont pas joué au bingo. Qu'est-ce que le ministre a
fait pour s'assurer que la sécurité soit qarantie dans les 28
centres de détention au Québec? Dans quel état sont
actuellement les négociations avec le Syndicat des agents de la
paix?
M. Bédard: M. le Président, je pense que mon
collègue comprendra que, concernant les négociations, je
n'aborderai pas ce sujet, il y a des instances privilégiées qui
sont à en discuter et je ne crois pas que le moment soit venu...
M. Marx: Est-ce que ça va bien, est-ce que ça va
mal?
M. Bédard: ... de faire la négociation sur la place
publique. Ce qui s'est passé à Orsainville hier ne doit pas
être considéré comme un élément à
l'intérieur de l'ensemble de la négociation. Effectivement, la
situation est redevenue normale concernant Orsainville. Puisque le
député m'en fournit l'occasion, on a évoqué dans
les journaux qu'il y aurait eu possiblement deux ou trois gardiens de
blessés, ce qui n'est pas le cas. Deux ou trois gardiens ont
été incommodés, personne n'a dû être
soigné à l'hôpital. Je crois qu'ils ont plutôt
été incommodés que blessés, tel que le rapportent
les journaux. Il y a certains griefs qui ont été
évoqués par les autorités syndicales, ils feront l'objet
d'une étude au niveau de la Direction qénérale de la
détention.
M. Marx: Je ne pense pas que le ministre puisse dire que
ça va bien dans les centres de détention au Québec,
même si...
M. Bédard: Je ne le dis pas d'une façon
qénérale, pas seulement parce que nous sommes dans une
période de négociation, mais, effectivement, c'est un secteur
assez difficile.
M. Marx: Je pense que le problème d'hier à
Orsainville s'insère dans les négociations qui ont lieu entre
vous et le Syndicat des agents de la paix. Supposons qu'il y ait des
journées d'étude dans d'autres centres de détention,
supposons qu'il y ait des journées d'étude dans tous les centres
de détention, est-ce que le ministre y a un plan d'action en cas
d'urgence?
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Oui? C'est quoi, votre plan d'action?
M. Bédard: Franchement, soyez un peu sérieux.
M. Marx: Est-ce que vous allez envoyer la Sûreté du
Québec dans les centres de détention? Est-ce que vous allez faire
appel à l'armée? Vous avez beaucoup d'options, est-ce que vous
pouvez nous décrire quels sont vos intentions?
M. Bédard: Je vous demande seulement d'être
sérieux dans votre question. Vous me demandez s'il y a un plan d'action
de
préparé concernant toutes les éventualités
possibles et je vous réponds que oui. Je pense que l'efficacité
d'un plan d'action, c'est justement le fait qu'il ne soit pas connu et rendu
public, mais c'est clair que nous allons employer tous les
éléments qui sont à notre disposition pour que la
sécurité des détenus soit assurée.
Si vous me permettez, concernant l'ensemble de la néqociation, je
voudrais porter à l'attention du député de D'Arcy McGee
qu'il y a à l'heure actuelle un protocole d'entente qui a
été accepté. Il doit faire l'objet d'un vote au niveau de
la structure, ce vote se terminant le 16 juillet. Nous espérons
que...
M. Rivest: J'ai une question sur le problème de la
sécurité des qardiens, des agents de la paix. Je comprends que,
dans certains de ces éléments, sans doute, cela fait partie un
peu de la négociation pour le renouvellement des conventions collectives
quant aux conditions de travail. Cette partie, je conçois que le
ministre puisse difficilement en parler à une commission parlementaire.
Mais ma question est assez générale et je devrais au moins avoir
la réaction du ministre. C'est quand même assez étonnant -
parce que ça revient depuis toujours, cette question-là, et ce
n'est pas propre au Québec, encore une fois, ça existe dans les
pénitenciers fédéraux et un peu partout - que, quand il
s'agit d'autre catégories de travailleurs - santé et
sécurité au travail, finalement, c'est un peu le même type
de problème - on reconnaisse d'emblée ce droit. L'impression que
ça donne, chaque fois qu'il s'agit des gardiens de prison en
particulier, c'est qu'ils sont obligés de passer par un processus de
négociation. En dehors de ce qui est contenu dans le processus de
négociation, y a-t-il des mesures qui existent - j'imagine qu'il y en a
qui sont évidentes et auxquelles les institutions ou le ministère
consent d'emblée - pour assurer la sécurité et, à
ce niveau-là, y a-t-il des mesures additionnelles, autres que celles
incluses dans le processus de négociation pour l'instant, des mesures
générales sous forme de directives, de précautions? Est-ce
que, dans les incidents comme celui qu'on vient de connaître, il n'y a
pas des améliorations encore à apporter, de manière
à répondre aux problèmes que les travailleurs dans ce
secteur revendiquent depuis toujours, dans le cadre des négociations?
Mais il y a sans doute des choses qui sont hors du cadre des
négociations et qu'on pourrait regarder de plus près.
M. Bédard: D'une façon générale,
quand on parle de santé et de sécurité au travail, je
crois, c'est mon opinion, que les agents de la paix doivent être sur le
même pied que tous les autres travailleurs, dans le sens qu'ils ne
doivent pas avoir à utiliser des moyens autres que ceux des autres
travailleurs pour faire valoir ce droit fondamental de la
sécurité au travail et de la santé au travail. Pour
l'autre aspect de votre question, à savoir si, à
l'intérieur du fonctionnement normal des institutions de
détention, il y a réqulièrement des échanges et des
dispositions qui sont prises pour assurer une meilleure sécurité
des agents de la paix dans l'exercice de leurs fonctions, je peux vous
répondre que oui et je demanderais à mon sous-ministre
responsable de ce secteur d'en parler davantage.
M. Rivest: Quelques exemples qui nous permettront...
M. Bédard: II y a d'ailleurs, prévus dans la
convention collective, des mécanismes qui permettent aux membres du
syndicat des agents de la paix de discuter et de soulever, devant un
comité paritaire qui se localise au niveau de chacun des
établissements, toute question relative à la
sécurité au travail. Évidemment, les deux
préoccupations principales qu'on a dans les établissements de
détention sont d'abord d'assurer la sécurité de notre
personnel et aussi d'assurer la sécurité des personnes qui sont
détenues.
Ce mécanisme particulier auquel je fais allusion s'appelle le
comité de sûreté et chaque fois qu'il y a raison de croire
qu'on pourrait améliorer la sécurité du personnel au
travail ou que telle situation risque de créer des risques inutiles pour
le personnel, nous avons des discussions avec les représentants du
personnel et les représentants patronaux. Ces comités de
sûreté siègent régulièrement dans divers
centres de détention. Ceux qui sont très actifs actuellement,
c'est celui d'Orsainville, qui a été très actif cet hiver,
celui de Hull, celui de Parthenais, enfin, on fait à peu près le
tour des établissements pour revoir, à des périodes plus
ou moins régulières, l'ensemble de la situation en ce qui a trait
à la sécurité du personnel. Parce qu'évidemment il
faut aussi changer les méthodes de travail, les procédures dans
la mesure où, après un certain temps, les personnes
incarcérées deviennent au courant de la façon que le
personnel réagit dans telle et telle circonstance et il est
nécessaire de modifier les pratiques, les procédures, pour
assurer le maximum de sécurité possible à nos
employés.
Alors, chaque fois que la situation le commande aux yeux soit de
l'employeur, soit du syndicat, ces comités de sûreté se
réunissent et analysent. Ce ne sont pas des comités qui analysent
la situation globalement pour l'ensemble du Québec parce que,
l'architecture de chaque établissement, selon le type de personnes qui
sont incarcérées dans chaque établissement, la
situation change d'une place à l'autre. Alors, ce sont des
comités qui siègent localement pour trouver localement les
solutions aux problèmes qui peuvent se présenter.
M. Rivest: Juste une dernière précision, à
titre d'exemple, dans la Loi sur la santé et la sécurité
du travail, un droit a été reconnu pour le travailleur de refuser
de poursuivre un travail si, dans son évaluation... Il y a tout un
mécanisme, je ne veux pas entrer dans ces détails. Est-ce que,
quand il est question de négociations, un tel droit pour les gardiens
est prévu ou est prévisible? Je sais que cela a d'autres
conséquences, parce qu'à ce moment, si un gardien l'abandonne, il
y a un problème de sécurité avec le détenu. Dans la
démarche que poursuivent les représentants des gardiens de
prison, les agents de la paix, est-ce que cela fait partie du contenu de cette
négociation? Est-ce dans ce sens que leurs démarches de
négociation s'orientent? Le ministère, sur la base de
négociations, reconnaît sans doute les mérites des
prétentions qui lui sont offertes, mais il insiste davantage pour dire:
Écoutez, on a des détenus, il faut assurer la
sécurité du public ou la sécurité de l'institution.
Est-ce cela, la dynamique?
M. Bédard: D'abord, il faut savoir que, dans le syndicat
des agents de la paix, il n'y a pas seulement des personnes qui travaillent en
détention. Il y a des personnes qui travaillent pour le ministère
des Travaux publics et de l'Approvisionnement, pour le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le ministère des Transports,
etc. Le syndicat regroupe tous les agents de la paix gui travaillent pour le
gouvernement du Québec. Dans la convention collective, gui est une
convention collective générale gui s'adresse à l'ensemble
des groupes d'agents de la paix, il y a effectivement des
éléments spécifiques qui s'adressent à la
détention et, en particulier, qui s'adressent à la
sécurité en détention.
Il arrive très souvent, dans les opérations quotidiennes,
qu'il y a des discussions sur des questions de sécurité. Je vais
vous donner un exemple. S'il s'agit de transporter quelqu'un d'un
pénitencier vers un palais de justice pour fins de comparution et que
cette personne est considérée comme un risque très grand,
il y a discussion entre le personnel gui est chargé d'aller chercher
cette personne et les gestionnaires responsables du centre pour voir ensemble
quelle est la meilleure façon d'assurer la sécurité dans
ce cas précis, qu'il s'agisse, par exemple, de mettre un véhicule
d'escorte additionnel, armé ou non, qu'il s'agisse parfois de faire
assurer une escorte par la Sûreté du Québec, dans des cas
rares, mais qui se produisent à chaque mois, qu'il s'agisse du nombre de
personnes qui vont être dans le véhicule, qu'il s'agisse de
déterminer le trajet que va suivre le véhicule pour faire son
déplacement de Sainte-Anne-des-Plaines jusqu'à Montréal.
Ce sont tous des éléments qui, régulièrement, sont
discutés par les représentants syndicaux et l'administration
locale et qui peuvent être soulevés à l'occasion d'un
événement spécifique ou du transport d'une personne qui
est reconnue comme étant particulièrement violente. Dans la
convention collective, il y a des éléments généraux
gui établissent les bases de discussion. C'est à
l'intérieur de ces bases que les discussions se font dans chaque
établissement.
Je dois dire que, généralement, nous sommes en mesure de
nous entendre relativement facilement avec notre personnel là-dessus. De
toute façon, il n'y a pas beaucoup d'heures à perdre. Lorsqu'il
s'agit, par exemple, de transporter un détenu du pénitencier,
à la suite d'un ordre de cour, de Sainte-Anne-des-Plaines au palais de
justice de Montréal, généralement, on le sait à la
fin de la journée pour le lendemain matin. Il faut que cela se discute
relativement vite. On trouve des façons de s'entendre relativement
rapidement avec notre personnel.
M. Rivest: Une dernière guestion, si vous le permettez.
Dans le cadre actuel des négociations - je ne veux pas avoir votre
opinion, c'est simplement au niveau descriptif - quel est, au titre de la
sécurité pour les agents de la paix, la revendication majeure qui
est adressée au ministère?
M. Bédard: Je dois dire gue, dans le cadre des
négociations actuelles et comme on l'a signalé tout à
l'heure, il y a un protocole d'entente qui a été convenu il y a
déjà guelques semaines, cet élément de
sécurité en détention n'a pas fait l'objet de très
longues discussions parce gue les mécanismes déjà
existants vont être reconduits et ont semblé jusgu'à
présent satisfaisants. (12 heures)
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Chauveau. Est-ce gue vous aviez une réponse additionnelle, M. le
ministre?
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Rodrigue): Non. M. le
député de Chauveau. Alors, M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Passons à un autre sujet, M. le ministre. Vous
êtes sans doute au courant des manipulations psychiatriques qui ont eu
lieu dans au moins un hôpital de Montréal, peut-être dans
d'autres hôpitaux, on ne le sait pas. On allègue que ce sont
des
manipulations psychiatriques faites par la CIA. Le ministre a-t-il
l'intention de faire une enquête en ce qui concerne les actions de la CIA
au Québec dans ce dossier?
M. Bédard: J'ai demandé au ministère qu'on
fasse une cueillette de renseignements concernant ce problème. S'il y a
lieu...
M. Marx: Quand avez-vous demandé au ministère de
faire cela?
M. Bédard: Cela remonte à peu près à
deux semaines, je pense.
M. Marx: Deux semaines. M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: Avez-vous l'intention de faire une enquête? On a
déjà fait des enquêtes sur les agissements de la
Gendarmerie royale, au Québec, la Sûreté du Québec,
les corps municipaux. Je veux bien que, dans cette politique de faire des
enquêtes sur les agissements des corps policiers au Québec, on
fasse peut-être une enquête sur les agissements de la CIA au
Québec.
M. Bédard: Vous comprendrez que, lorsque je serai mis au
courant des éléments qui auront pu être retenus au cours de
ce travail, c'est à ce moment-là que je verrai s'il y a lieu
d'aller plus loin, à partir des renseignements qu'on portera à
mon attention.
M. Marx: La réponse est qu'il faut que la population
attende l'étude. Quand l'étude va venir...
M. Bédard: Non, ce n'est pas une étude, je viens de
vous le dire. J'ai l'impression que c'est difficile de procéder
autrement, en termes d'administration de la justice, le ministre de la Justice
ne peut quand même pas réagir à toutes les secondes et
à tous les articles de journaux. À partir d'un article de
journal, avant que quelque décision soit prise, il y a lieu de voir
jusqu'à quel point les éléments raoportés peuvent
être sérieux. S'ils le sont, à ce moment-là, nous
agissons. Je pense que, comme gouvernement, nous avons fait la preuve que,
lorsque des opérations policières sont portées à
notre attention et qu'elles ne sont pas respectueuses des droits et
libertés, nous agissons.
M. Marx: Oui.
M. Bédard: C'est la même attitude à l'endroit
de tout ce qui peut s'appeler action policière par quelque corps
policier que ce soit au Québec.
M. Marx: Je suis sûr que le ministre est favorable aux
beaux principes, mais je n'ai pas...
M. Bédard: Nous sommes plus que favorables aux beaux
principes, nous avons posé des gestes très pratigues.
L'enquête Keable est là pour en attester.
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: Certaines actions qui ont été
prises par le ministère de la Justice tout dernièrement
démontrent très clairement que nous donnons suite à ces
recommandations.
M. Marx: M. le ministre, je n'ai pas posé ma question en
fonction des articles de journaux. Vous pouvez envoyer un de vos fonctionnaires
à la Cour supérieure de Montréal et vous allez voir que
c'est plus que des ragots. Il y a un procès assez sérieux qui s'y
déroule et l'information est publique depuis des mois. Vous avez
demandé à votre ministère de faire une étude, comme
vous avez dit, il y a deux semaines. Pourquoi...
M. Bédard: Ce n'est pas une étude, c'est une
cueillette de renseignements, ce qui est tout à fait normal avant qu'une
décision soit prise par un ministre de la Justice.
M. Marx: ... n'avez-vous pas demandé...
M. Bédard: Vous ne me ferez pas dire autre chose, parce
que c'est la seule manière intelligente de procéder. C'est
tout.
M. Marx: ... au ministère de faire cela il y a
déjà quelques mois, pourquoi seulement il y a deux semaines?
C'est sur la place publique depuis des mois et des mois. Vous vous êtes
réveillé seulement il y a deux semaines.
M. Bédard: Je pense que nous avons agi avec
célérité, tenant compte des circonstances.
M. Marx: À cause des élections, du
référendum et tout cela, il a été impossible
d'administrer de façon saine la justice au Québec.
M. Bédard: C'est votre réponse. Si vous voulez
dormir avec elle, vous avez beau.
M. Marx: Voilà un autre éclaircissement sur un
autre dossier. On attend l'étude.
M. Bédard: Une autre question mal posée.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que
le programme 9 et ses éléments... M. Marx: Pas
encore.
Le Président (M. Rodrigue): Pas encore. Allez-y, je vous
en prie.
M. Rivest: On passe par toute la gamme des sentiments. C'est
toujours le même gars qui répond.
M. Bédard: Un homme sensible.
M. Marx: Le ministre est sûrement au courant d'un
mémoire qu'il a reçu de M. Robert Beaulac en ce qui concerne la
Commission de police du Québec. Ce monsieur a soulevé des
problèmes d'incompatibilité des divers rôles de la
Commission de police. Il a parlé des procédures qu'on prend
devant la commission qui sont contraires à certaines de nos pratiques
aux principes de l'égalité. Il a parlé des carences des
services d'enquête et ainsi de suite.
Est-ce que le ministre peut commenter ce mémoire? Je suis
prêt à lui donner une copie s'il n'a pas encore vu ce
mémoire qui lui a été envoyé le 1er juin.
M. Bédard: Mes commentaires ne seront pas très
longs, M. le Président. Effectivement, M. Beaulac fait état,
selon lui, de certaines incompatibilités entre les différents
mandats qu'a à assumer la Commission de police. Ce débat a
été fait entièrement lors de l'adoption de la nouvelle Loi
de police. Nous avons convenu de donner à la Commission de police les
pouvoirs qu'elle a présentement - il y a la Direction
qénérale de la sécurité publique - que vous
connaissez.
M. Marx: Je vais laisser le soin à d'autres
collègues de poser des questions.
M. Bédard: Je ne dis pas qu'il a foncièrement tort,
mais il reste que là-dessus, un débat...
M. Marx: S'il n'a pas foncièrement tort, sur quels points
a-t-il raison?
M. Bédard: Qu'il y ait certaines incompatibilités
concernant différents rôles de la Commission de police, entre
autres son pouvoir de faire les réglementations et en même temps
d'avoir à juqer sur l'application de ces mêmes
réglementations, mais...
M. Marx: Avez-vous l'intention de changer certains de leurs
rôles? Vous avez dit qu'il y a une incompatibilité des
rôles. Est-ce que vous voulez dire que vous êtes prêt
à changer quelques-uns des rôles de la Commission de police?
M. Bédard: Je n'en vois pas l'opportunité
présentement.
M. Marx: Vous trouvez qu'il y a incompatibilité, mais vous
n'allez rien faire.
M. Bédard: Non. Conclure entre certaines
incompatibilités et trouver le moyen de les corriqer, les solutions ne
sont pas si faciles que cela.
M. Marx: Avez-vous demandé au ministère de faire
une étude sur cette question?
M. Bédard: Nous avons procédé, comme vous le
savez, il y a un an, à l'adoption de la nouvelle Loi de police qui,
effectivement, départageait les rôles de la Commission de police
et ceux de la Direction générale de la sécurité
publique. Nous avons eu un débat de fond là-dessus avec
l'Opposition. Mais je ferai remarquer que l'Opposition a voté... C'est
une des rares lois qui a été votée avec l'assentiment de
l'Opposition.
M. Marx: Ne faites pas le procès de l'Opposition. Nous
sommes ici pour poser des questions.
M. Bédard: Est-ce que c'est un procès qu'on fait
à l'Opposition lorsqu'on dit qu'elle a jugé bon de voter
favorablement à ce projet de loi?
M. Rivest: Mais on s'en sert à l'occasion. Quand cela sert
à empêcher le ministre de prendre une décision face
à un problème, on dit: L'Opposition était d'accord. Cela
ne règle pas le problème, que l'Opposition soit d'accord ou non,
entre vous et moi...
M. Bédard: Je suis bien d'accord avec vous que
l'Opposition n'a pas réglé grands problèmes jusgu'à
maintenant.
M. Marx: Est-ce que le ministre est d'accord - il a admis qu'il y
a une incompatibilité des rôles de la Commission de police - que
par certaines de ses procédures, la Commission de police enfreint le
principe de l'égalité, le principe de la justice naturelle?
M. Bédard: M. le Président, nous avons avec nous
aujourd'hui...
M. Marx: Je ne veux pas poser des questions au président,
je veux interroger le ministre.
M. Bédard: Est-ce que vous m'interrogez pour le plaisir ou
pour avoir des réponses? Nous avons ici présent le
président de la Commission de police qui pourrait
avoir certaines remarques très intéressantes pour
l'ensemble des membres de la commission. Si vous voulez vous en priver, faites
votre travail d'une façon négligée. Mais je pense - parce
qu'il y a quand même des gens qui lisent le journal des Débats
-qu'il y a peut-être lieu que M. le président de la Commission de
police nous fasse certaines remarques à la suite de votre question
très intéressante.
M. Marx: Je m'excuse, M. le président de la commission. Je
vois plutôt mon rôle dans le fait de poser des questions au
ministre et non pas à tous les présidents de tous les organismes
qui sont sous son administration.
M. Bédard: Vous êtes le premier critique de
l'Opposition qui se plaint du fait que le ministre responsable trouve le moyen
d'avoir autour de lui tous les fonctionnaires susceptibles de répondre
à toutes les questions que vous pouvez poser.
M. Marx: Non, je ne me plains pas mais je vous ai posé une
question et vous avez refilé la question à quelqu'un d'autre
à chaque fois....
M. Bédard: J'ai répondu à votre
question.
M. Marx: Pas à la deuxième.
M. Bédard: Je vous ai dit qu'il y avait certaines
incompatibilités, que nous avions fait le débat de fond et que je
ne jugeais pas opportun de faire d'autres changements pour le moment. C'est
ça que vous vouliez savoir? S'il y a d'autre chose...
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Je pense que relativement à
l'incompatibilité, M. le Président, la loi a été
modifiée de façon à apporter des correctifs. Anciennement
la commission avait le pouvoir d'adopter des règlements qui
étaient soumis à l'approbation du gouvernement, mais celui-ci ne
pouvait pas les modifier. Aujourd'hui la commission a toujours le pouvoir
d'approuver ou d'adopter des règlements sur les sujets mentionnés
à l'article 19 de la loi, mais, par contre, le gouvernement peut les
modifier et la commission doit de plus publier ces règlements avec un
avis de 30 jours avant qu'ils ne soient soumis à l'approbation du
gouvernement.
Je pense qu'un correctif a été apporté par ces
nouvelles dispositions de la loi qui sont entrées en vigueur le premier
juin 1980. Quant à l'incompatibilité des rôles de la
commission, je vous dirai qu'il y a possiblement deux écoles de
pensée mais je pense qu'il n'y a pas incompatibilité dans les
rôles attribués à la Commission de police dans
l'état actuel de la loi.
M. Marx: Vous faites partie d'une école et le ministre
fait partie de l'autre. Je ne sais pas de quelle école je fais partie
maintenant ou à quelle école, je dois me renseigner sur cette
question.
M. Bédard: J'ai parlé tout à l'heure de
certaines incompatibilités qui peuvent être corrigées. Je
viens de faire état d'une amélioration qui a été
apportée au niveau de la nouvelle Loi de police, en ce qui a trait
à l'ensemble de la réqlementation qui est maintenant sujette
à approbation par le gouvernement.
M. Marx: Je pense que le ministre a bien dit qu'il trouve qu'il y
a des incompatibilités. Le président de la commission a dit qu'il
n'y a pas d'incompatibilités et il a souligné qu'il y a deux
écoles de pensée. Franchement, je ne sais pas à quelle
école je dois me renseigner sur cette question.
M. Bédard: C'est ce qui fait la richesse des
échanges que je peux avoir avec le président de la Commission de
police.
M. Marx: Je vois qu'il y a solidarité sur cette question
au ministère. Je voudrais poser une autre question sur ce dossier soit
au ministre soit au président de la commission. M. Beaulac a
soulevé un autre problème en ce qui concerne les
procédures qu'il a prétendu aller à l'encontre du principe
de l'égalité, du principe de "natural justice", la justice
naturelle. Est-ce que vous avez des commentaires dans ce sens?
M. Bédard: II est évident que des règles de
la justice naturelle s'appliquent à un organisme comme la Commission de
police du Québec. Nous devons, par l'entremise de notre service
d'enquêtes, procéder à une vérification des faits
dans le but d'entreprendre uniquement des enquêtes non susceptibles de
nuire inutilement à des réputations. Lorsque nous en venons
à la conclusion que les faits dont un plaignant peut se plaindre ne sont
pas prouvés, qu'il n'y a pas possibilité d'en retracer la preuve
ou encore lorsque nous sommes devant des déclarations qui sont
signées par divers témoins qui exposent la situation et si on en
vient à la conclusion que les mêmes déclarations seraient
faites lors d'une enquête publique et qu'il n'y aurait pas de blâme
possible, à ce moment-là nous rendons une décision qui est
transmise à toutes les parties intéressées et nous pouvons
conclure de ne pas tenir une enquête.
Il n'en reste pas moins que, dans
environ 12% à 15% des plaintes que nous recevons, nous
procédons à une enquête publique et les parties sont
représentées par procureurs. Je pense que nous devons continuer
à travailler de la même façon justement pour éviter
de détruire inutilement des réputations.
Quant au cas de M. Beaulac, il a obtenu un jugement de la Cour
supérieure l'autorisant à exercer un recours collectif. C'est une
phase préliminaire. Cette affaire-là étant sub judice,
évidemment, on ne pourra pas en discuter. Quant aux plaintes qu'il a
formulées à la Commission de police, je dois vous dire que nous
les avons examinées à fond. Nous avons un dossier
extrêmement volumineux sur ce cas et nous en sommes venus à la
conclusion que nous n'avions pas obtenu les éléments pouvant
justifier dans ce cas la tenue d'une enquête publique. (12 h 15)
Le Président (M. Rodrigue): J'ai l'impression qu'on est
pratiquement rendu au programme 14...
M. Bédard: J'aurais pu le faire remarquer, mais je n'ai
pas d'objection...
Le Président (M. Rodrigue): ...le programme qui vise
à assurer l'élaboration de politiques et normes concernant les
activités de corps de police.
M. Bédard: J'ai pensé qu'on s'embarquait dans le
programme 14.
Le Président (M. Rodrigue): Je voudrais simplement vous
demander s'il y a d'autres questions sur le programme 9. À ce
moment-là, on pourrait procéder à l'adoption du proqramme
9 et, en son temps...
M. Marx: Souvent, on ne sait pas à quel dossier, dans quel
programme et...
Le Président (M. Rodrigue): Non, mais il semble que...
M. Marx: ...comme il reste 40 minutes, je pense qu'on veut
adopter tous les programmes à la fin, si le ministre est d'accord.
Le Président (M. Rodrigue): Ah! si vous voulez
procéder comme cela, je n'ai pas d'objection.
M. Marx: C'est parce qu'il ne reste que 40 minutes.
M. Bédard: Effectivement, il ne reste que 40 minutes, M.
le Président.
M. Marx: Même si on s'écarte du programme dont on
discute, je pense que ce serait mieux de fonctionner ainsi pour les quelques
minutes qui restent.
Le Président (M. Rodrigue): Si vous souhaitez fonctionner
comme cela, cela va. On va continuer comme cela et on adoptera à la fin
l'ensemble des programmes.
M. Bédard: En tenant pour acquis qu'à l'expiration
des 40 minutes, l'ensemble des crédits seront adoptés.
M. Marx: Oui. J'ai seulement une autre question à poser au
président de la Commission de police. Il y a quelque chose qui m'a
frappé dans le mémoire de M. Beaulac. Je conviens que c'est notre
rôle de poser ces questions qui sont soulevées par les citoyens,
parce que les citoyens n'ont pas d'autres occasions de faire valoir leurs
soucis. Il a écrit dans son mémoire, à la page 5, que la
commission avait convoqué une séance publique dans un dossier,
décrété le huis clos à la demande du procureur des
policiers impliqués et est allée jusqu'à exclure de la
salle d'audience le plaignant, qui avait pourtant été
convoqué à cette audience. Ce dernier n'a pu conséquemment
entendre les témoignages des policiers mis en cause, alors qu'eux ont pu
assister à toute la cause.
M. Bédard: Ce qui s'est produit dans ce cas, c'est que M.
Beaulac avait transmis à la commission une plainte émanant d'un
autre citoyen. Il n'était pas personnellement la personne qui avait
subi, semble-t-il, un certain préjudice. Dans ce cas, la commission a
décidé de tenir une enquête publique et, lorsque M. Beaulac
s'est présenté, il avait servi de trait d'union entre le
plaignant et la commission. La commission en est venue à la conclusion
à ce moment qu'il n'était pas le témoin oculaire ou
connaissant les faits, sauf par ouï-dire, parce que la personne qu'il
représentait et pour laquelle il agissait comme trait d'union l'avait
informé de certains faits dont M. Beaulac ne pouvait pas
témoigner lui-même.
M. Marx: Je vous remercie, M. le Président, pour ces
éclaircissements sur cette question que je vais porter à la
connaissance de M. Beaulac.
M. Bédard: Remarquez bien que M. Beaulac, dans certains
articles de journaux, a noté des conclusions des décisions de la
commission sans indiquer dans ces articles tout ce qui précédait
et qui donnait ouverture aux conclusions des décisions de la
commission.
Information juridique
M. Marx: Je n'ai pas d'autre question sur ce dossier.
J'avais une question sur l'information juridique. Puis-je poser ma
question sur l'information juridique, M. le ministre? Hier, je vous ai dit
qu'il était difficile de parler d'accès à la justice,
parce que l'information juridique n'est pas vraiment accessible au
Québec. J'ai une ou deux questions à poser sur l'information
juridique et j'aimerais faire un petit exposé là-dessus, parce
que cela vous permettra peut-être de répondre d'une façon
plus complète à mes questions. Je m'inspire, pour faire cet
exposé, d'un article du professeur Jean Hétu dans le Devoir du 9
septembre 1980. Le titre de l'article est: "La jungle dans l'administration
municipale". J'ai aussi consulté son cours de méthodologie en
droit, qui est donné à l'Université de Montréal.
J'ai aussi lu l'article du professeur Jacques L'Heureux, publié dans la
revue du barreau, tome 39, no 5, page 961. J'ai aussi pris connaissance d'une
conférence donnée par le bâtonnier Viateur Bergeron. J'ai
trois points à soulever; premièrement, la refonte des lois.
Des avocats, à Sept-Îles, ont pris un bref de mandamus dans
le but de forcer le gouvernement à procéder à une mise
à jour complète et intégrale des lois refondues du
Québec, édition sur feuilles mobiles du 31 décembre 1967
au 31 décembre 1980. Me Viateur Bergeron, l'ancien bâtonnier du
Québec, a souligné le fait que les Lois refondues du
Québec de 1967 contiennent les lois en vigueur au 31 décembre
1967 et que les modifications adoptées en 1967, mais non en vigueur au
31 décembre 1967, n'ont pas été incorporées aux
lois refondues. Une des sources principales du problème réside
dans le fait que les lois adoptées du 1er janvier 1978 au 31 août
1979 renvoient aux Statuts refondus de 1964 et aux lois subséquentes,
comme s'il n'y avait pas eu de refonte, en tenant compte que les lois refondues
du Québec ne sont entrées en vigueur qu'au 1er septembre 1979.
S'attaquant vigoureusement aux multiples problèmes causés par ce
système absolument confus, Me Berqeron a illustré de façon
concrète, à l'aide de la Loi sur la Commission des affaires
sociales, quel fouillis monumental l'application de la refonte des lois a
créé. Pour l'ancien bâtonnier, le problème est
alarmant. Non seulement a-t-on inventé un système pour refondre
les lois, mais le gouvernement se proposait d'agir de la même
façon pour la refonte des règlements.
Deuxièmement, j'aimerais parler de la confusion dans l'adoption
des lois actuelles. Je ne vais pas parler à travers mon chapeau, je
parlerai en fonction de cas précis. Je vous donne des exemples, M. le
ministre, peut-être pourrez-vous demander à quelqu'un de votre
ministère de faire une étude par la suite, mais ce sont des
exemples assez précis. Premièrement, je vous ai
déjà parlé hier des problèmes du Code civil du
Québec; il y a vraiment deux codes, il y a des articles qui portent le
même numéro. Le deuxième exemple, c'est celui de la Loi
modifiant la Loi de la qualité de l'environnement, Lois du Québec
1978, chapitre 64, et la Loi modifiant de nouveau la Loi de la qualité
de l'environnement, Lois du Québec 1978, chapitre 94, qui modifiait de
façon contradictoire l'article 106 de la Loi de la qualité de
l'environnement.
Un troisième exemple: Pourquoi permettre de modifier des chartes
municipales, qui sont des lois provinciales, par l'émission de lettres
patentes publiées dans la Gazette officielle du Québec?
Quatrième exemple, voici le titre d'une loi: Loi concernant certaines
dispositions législatives, Lois du Québec 1978, chapitre 18. Dans
cette loi, on modifie la charte de la ville de Québec, celle de la ville
de Montréal, celle de la ville de Laval, et bien d'autres choses. On ne
peut plus se fier aux titres des lois qui ne veulent plus rien dire. Le dernier
exemple: Loi modifiant le Code municipal et la Loi sur les cités et
villes concernant les ententes intermunicipales, Lois du Québec 1979,
chapitre 83. L'article 1 de cette loi n'a aucune relation avec les ententes
intermunicipales, il parle de la "protection contre les inondations."
M. Rivest: Vous pourriez ajouter la loi 11 du ministre des
Finances, actuellement, qui règle le sort de l'enseignement privé
dans des dispositions fiscales invraisemblables.
M. Marx: II est toujours difficile d'avoir une loi à jour
à cause de la confusion qu'on retrouve dans les modifications entre les
Statuts révisés du Québec (1964) et les Lois refondues
(1977). Les deux refontes présentent des numérotations
différentes. Je peux vous citer des exemples, mais je pense que c'est
assez pour vous donner une idée des problèmes qu'il y a dans
l'adoption des lois actuelles.
Le troisième point concerne le Répertoire
législatif de l'Assemblée nationale du Québec et je vais
encore vous donner des cas précis pour faciliter la tâche de vos
fonctionnaires. Parmi les différents instruments qui nous permettent de
connaître l'état de la législation, il y a, depuis 1977,
bien sûr, le Répertoire législatif de l'Assemblée
nationale du Québec. Cependant, ce document est trompeur. Dans
l'avant-propos de 1980, on indique que le répertoire ne contient pas les
lois privées. Puisque toutes les lois sont publiques, il aurait fallu
parler de lois à caractère privé. D'autre part, on
constate que le répertoire fait, malgré tout, mention de
certaines lois à caractère privé, telles la Loi concernant
BNP Canada Inc., la Loi concernant des terrains de la fabrique de la paroisse
de Saint-Elzéar,
alors que sont exclues la plupart des lois à caractère
privé dont certaines plus importantes comme, à titre d'exemple,
la Loi modifiant la Charte de la ville de Montréal (Lois du
Québec 1980, chapitre 401, la Loi modifiant de nouveau la Charte de la
ville de Québec (Lois du Québec 1980, chapitre 41). Le
répertoire serait beaucoup plus utile s'il indiquait toutes les lois
adoptées durant l'année et que l'on va retrouver dans le volume
annuel des lois.
Mes questions sont les suivantes, j'ai trois questions: Comment peut-on
parler d'accès à la justice s'il est impossible d'avoir
accès à l'information juridique et que les avocats
eux-mêmes ne peuvent pas se retrouver dans les lois du Québec?
Deuxièmement, comment ceux qui sont appelés à administrer
la justice peuvent-ils exercer leur rôle face a une telle confusion?
Troisièmement, la refonte des lois est-elle vouée au même
échec que celui qu'a connu la refonte des règlements
d'application des lois il y a quelques années?
M. Bédard: M. le Président, comme les membres de la
commission l'ont constaté, le député de D'Arcy McGee nous
a fait la lecture de plusieurs...
M. Marx: Ce n'est pas la lecture... M. Bédard: ...de
l'essentiel d'articles...
M. Marx: ...d'un document que j'ai préparé; c'est
la lecture de mes notes.
M. Bédard: Vous ne trouvez pas que je vous ai
laissé le temps de l'expliquer? En avez-vous encore à dire?
M. Marx: Non, mais j'aimerais que ce soit
précisé.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Bédard: Vous avez référé
continuellement dans votre exposé à certaines opinions qui ont
été exposées par des spécialistes en la
matière, entre guillemets, spécialistes.
M. Rivest: Parlez-en aux avocats de pratique privée.
M. Bédard: Je pense que vous avez raison de soulever
l'ensemble du problème et je vais demander à nos responsables,
tant au niveau du sous-ministre en titre qu'au niveau du responsable de la
législation, d'essayer de faire le meilleur tableau possible de
certaines améliorations qui ont été apportées, tout
en étant très conscient que nous avons encore beaucoup de chemin
à faire dans ce domaine.
M. Marx: J'imagine qu'on a fait des améliorations parce
que vous êtes toujours en train de faire des améliorations dans
votre ministère, mais pouvez-vous prendre un engagement ou faire
promesse que vous allez faire une autre étude sur toute cette
question?
M. Bédard: Soyez donc sérieux. Voulez-vous une
réponse? Je vous offre la possibilité d'en avoir une sur ce qui
s'est fait, sur certaines des remarques que peuvent avoir à faire les
principaux responsables au niveau des problèmes que vous avez
évoqués concernant la législation, la rédaction des
lois, la refonte des lois, en fait, la confusion possible au niveau de
l'adoption de certaines lois actuelles, ce qui peut effectivement être le
cas... (12 h 30)
M. Marx: On va entendre le fonctionnaire en question.
M. Bédard: ... parce que tout est loin d'être
parfait.
M. Marx: Je suis toujours sérieux et toujours responsable
quoique vous puissiez penser, M. le ministre. C'est un problème...
Le Président (M. Rodrigue): Je vais vous demander,
cependant, de ne pas interrompre les personnes et de vous adresser au
président, parce que cela devient un échanqe un peu confus. M. le
ministre, je vais vous demander de compléter votre réponse et,
par la suite, si le député de...
M. Rivest: M. le ministre a l'air tellement malheureux.
M. Bédard: D'autant plus que c'est un échange qui
n'a rien de constructif, parce que j'ai laissé tout le temps possible,
étant donné l'importance du problème, au
député de D'Arcy McGee d'expliquer ses préoccupations.
J'imagine qu'il est désireux d'avoir quelques réponses.
M. Marx: Très.
M. Rivest: Le ministre n'est pas au courant.
M. Marx: Qui répond? Le sous-ministre en titre va nous
répondre.
M. Bédard: Je ne serai pas en mesure de répondre
à toutes les questions, parce qu'il y en a qui sont assez
précises, mais pour ce qui est de la refonte des lois et des
règlements, actuellement, nous avons un mandamus qui est pris par des
avocats de Sept-Îles, donc, je pourrais dire que c'est sub judice. Par
ailleurs, il y a la résolution du conseil général du
barreau. Quand on
compare l'objet du mandamus et la résolution du barreau, on
arrive à la conclusion qu'il y a peut-être un manque de
coordination dans les besoins de chacun des avocats. D'un côté,
par le mandamus, on nous demande de produire les lois le plus rapidement
possible, tandis que le barreau nous demande de tout arrêter et de
recommencer sous l'ancien système ou à peu près,
globalement.
Quoi qu'il en soit, pour ce qui est de la refonte des lois, comme c'est
une expérience, surtout la question de l'édition sur feuilles
mobiles qui est, à toutes fins utiles, une expérience nouvelle,
on se rend compte que nous avons des ajustements à faire peut-être
pour répondre davantage aux besoins des utilisateurs. Là-dessus,
je pourrais dire qu'il n'y a pas d'étude en cours, qu'elles sont faites
et que nous avons éventuellement un éventail de solutions pour
régler ces problèmes. Les études sont faites. On
s'interroge actuellement même sur la technique de la feuille mobile,
parce qu'à l'époque où elle a été
conçue n'existaient pas les supports informatiques que l'on
connaît aujourd'hui. On peut se demander dans quelle mesure on ne
pourrait pas éventuellement abandonner la feuille mobile pour quelque
chose de plus raffiné, en termes d'information et de documentation
juridique. On peut penser, par exemple, à l'utilisation de simples
postes de télévision dans les bureaux d'avocats, chez les
utilisateurs, à être branchés directement sur la banque des
lois et règlements que l'on a chez l'Editeur officiel et à la
Commission de refonte des lois et des règlements.
Sur cette question, j'ai eu l'occasion ces derniers temps de prendre
contact avec le barreau du Québec. Nous avons pris l'engagement de se
rencontrer dans les prochains jours, plus précisément d'ici une
dizaine de jours, pour aborder notamment la question de la feuille mobile, la
question de la mise à jour. Il y a plusieurs confusions chez les
utilisateurs, parce que les lois refondues ou les mises à jour ne visent
que ce qui est en vigueur. Il est certain qu'une loi qui est sanctionnée
n'est pas nécessairement en vigueur. Une loi peut être
sanctionnée et avoir une disposition finale qui dit que son entree en
vigueur se fera sur proclamation. Or, le principe qui a été
utilisé jusqu'ici, c'est de ne mettre à jour que ce qui est en
vigueur. C'est peut-être aussi à repenser.
Pour ce qui est maintenant des difficultés que l'on peut
connaître à l'occasion de certaines lois, il est certain que,
depuis déjà trois ans, nous faisons des efforts
considérables pour essayer d'améliorer les techniques de
rédaction et la préparation des lois. Cela ne se fait pas en une
seule journée. Sur les cas précis que vous avez
mentionnés, je n'ai pas de réponse à donner, mais chose
certaine, la direction qui a été prise jusqu'ici, c'est de former
davantage et de perfectionner les corps de légistes à
l'échelle gouvernementale, tant au niveau des services juridiques qui
préparent des avant-projets de loi qu'au niveau du ministère de
la Justice et au niveau du comité de législation. À cet
égard, le ministère de la Justice vient de publier le premier
numéro d'un bulletin de rédaction des lois et des
règlements à l'usage des rédacteurs et des
administrateurs. Ce bulletin devrait être un élément parmi
d'autres pour améliorer la qualité technique de la
législation et de la réglementation.
M. Marx: J'aimerais remercier le sous-ministre de sa
réponse. Je retiens qu'il y a des problèmes. Si on consulte les
avocats, ils vont vous dire que cela empire d'une année à
l'autre. C'est pire aujourd'hui qu'il y a un an, deux ans, trois ans, cinq ans.
Le ministre nous...
M. Bédard: Ce sont les résultats de votre
consultation.
M. Rivest: ... un problème.
M. Marx: Si vous lisez les numéros du barreau 1980-1981,
vous allez voir. Je n'invente pas, je vous ai donné une série
d'exemples. Le sous-ministre a lui-même admis qu'il y a des
problèmes. Si vous voulez dire qu'il n'y a pas de problème, M. le
ministre, que tout marche bien dans votre ministère, il n'y a aucun
problème dans les prisons, dans les cours de justice, dans les lois,
tout est beau, eh bien, vous avez un ministère propre, mais c'est
à vous de le dire et ceux qui lisent les Débats vont vous donner
raison ou tort.
M. Bédard: Ceux qui lisent les Débats vont voir
très clairement qu'à la suite de votre exposé, j'ai
moi-même évoqué le fait que nous avions des
difficultés...
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: ... mais que nous essayons de poser des gestes
de nature à améliorer la situation qui ne s'améliore pas
du jour au lendemain.
M. Marx: C'est cela, c'est un excellent...
M. Bédard: C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'au niveau
du ministère de la Justice, nous avons mis en place deux directions
concernant la législation, l'une en ce qui a trait à la
législation faite par le ministère de la Justice lui-même,
l'autre direction concernant la législation faite par tous les autres
ministères utilisateurs. Nous avons une préoccupation tout
à fait
particulière en fonction de former des légistes. Mais la
formation de légistes, apprendre ce qu'est la technique
législative, ce qui est un travail de spécialisation, le
député de D'Arcy McGee en conviendra, cela ne se fait pas du jour
au lendemain. Former un légiste, ce n'est pas le travail de cinq ou six
mois, c'est souvent un travail quand même plus long que cela.
M. Marx: Quand vous m'avez interrompu, j'avais commencé
à dire que c'est évident qu'il y a des problèmes
sérieux en ce qui concerne les questions que je viens de soulever. Que
vous nous disiez que vous êtes au courant et que vous avez établi
des comités et que vous avez des projets pour faire d'autres choses,
etc., cela va bien, on comprend cela. Vous avez dit que vous avez des
études terminées. Peut-on prendre connaissance de ces
études ou si ce sont des études sérieuses et qu'il sera
nécessaire d'attendre la nouvelle loi sur l'accès à
l'information gouvernementale?
M. Bédard: Ce ne sont pas des thèses de doctorat,
ce sont des analyses internes qui identifient des problèmes et qui
prévoient plusieurs solutions. Ces solutions, on va les examiner
très prochainement avec le barreau du Québec et avec la
magistrature qui aussi utilise beaucoup les lois refondues, mais nous avons des
analyses.
M. Marx: Une autre fois, je remercie le sous-ministre de sa
réponse, mais cela peut aider les gens dans le métier de lire ces
études. C'est nous qui payons pour ces études. Pourquoi nous dire
maintenant qu'on ne peut pas les avoir? Oui ou non, peut-on les avoir? C'est la
question, M. le ministre. C'est à vous à prendre la
décision. Oui ou non?
M. Bédard: Le sous-ministre vient de vous expliquer
très bien ce qui en était, ce ne sont pas des thèses de
doctorat, c'est l'évaluation...
M. Marx: Qui décide de la politique dans votre
ministère, vous ou vos sous-ministres?
M. Bédard: Voulez-vous continuer? Sûrement que les
sous-ministres ont un qrand travail à faire dans mon ministère.
Je travaille en collaboration continuelle...
M. Marx: J'espère.
M. Rivest: Heureusement, une chance qu'ils sont là.
M. Marx: On voit cela, ils font tout le travail.
M. Bédard: ... avec l'ensemble des fonctionnaires de mon
ministère. J'ai tenu à dire au début de l'étude de
ces crédits que c'était un travail d'équipe. C'est ainsi
que je vois le travail d'un ministre...
M. Marx: On se demande où vous êtes dans
l'équipe, c'est là le problème.
M. Bédard: ... non pas en marqe du travail fait par ses
fonctionnaires, mais d'essayer de s'incorporer à l'ensemble de la
réflexion faite par ces derniers.
M. Rivest: Les légistes...
M. Marx: Peut-on avoir ces études, oui ou non? On ne vous
demande pas si ce sont des études au niveau du doctorat, on vous demande
des études pour aider des gens qui sont dans le métier de
comprendre les problèmes.
M. Bédard: Dans un premier temps, nous allons travailler
avec le barreau concernant l'ensemble de la réflexion dans ces documents
d'information, ensuite nous jugerons s'il y a lieu...
M. Marx: Donc je ne peux pas avoir les études?
M. Bédard: Non, présentement non. Je ne crois pas
que ce soit indiqué présentement.
M. Marx: C'est secret, c'est un gouvernement transparent avec des
grands secrets d'État. Souvent je me demande, M. le ministre, si ces
études existent.
M. Bédard: Amusez-vous avec les secrets d'État.
M. Rivest: Les légistes, M. le ministre, le
problème, je l'ai connu un peu, au temps ou Robert Normand était
à la législation, ensuite Jules Brière, M. Jacoby, etc.
C'est un problème qui a commencé avec la prolifération
considérable des lois au cours des quinze dernières
années, mais vous avez eu un problème au gouvernement en arrivant
en 1976, alors que M. Normand avait déjà quitté pour le
ministère de la Justice; enfin, ce problème remonte au
départ de Robert Normand. Vous avez dit...
M. Bédard: C'est un problème qui existe depuis
longtemps, la nécessité d'avoir des légistes bien
formés.
M. Rivest: Du temps où M. Pigeon était là,
il assumait la totalité mais sauf que les lois étaient moins
précipitées.
M. Bédard: C'est clair qu'il y avait
moins de législation à ce moment-là.
M. Rivest: Vous dites: On va former des légistes.
Très bien. Il y avait ce qu'on appelait le contentieux des
ministères qui envoyait des lois au comité de législation,
enfin au personnel qui relève du ministère. Qu'est-ce que vous
avez fait comme effort, combien avez-vous actuellement de légistes
auxquels vous vous référez, combien en avez-vous actuellement
à temps plein dont la fonction est celle d'être légistes?
Tantôt vous avez dit que vous vouliez en former.
M. Bédard: Si l'on considère aussi bien le
côté réglementation que le côté
législation, il y a actuellement 26 légistes qui relèvent
de la Direction générale des affaires législatives.
M. Rivest: ...dont la fonction est à temps plein sur la
technique de la rédaction des lois et des règlements.
M. Bédard: C'est cela. Leur fonction est de rédiger
ou de superviser les lois rédigées à l'intérieur de
chacun des ministères.
M. Rivest: Qui est en charge, c'est vous?
M. Bédard: C'est moi.
M. Rivest: J'adresserai davantage ma question au ministre, parce
que vous en demandez plus. Est-ce que, compte tenu du volume ou de la
quantité de lois qu'on adopte et surtout du déferlement
réglementaire qui caractérise notre législation,
actuellement, vous êtes satisfait? Avez-vous suffisamment de
personnel?
M. Bédard: Je puis vous dire que je n'ai pas eu de
demandes d'effectifs additionnels et je crois que, dans l'ensemble,
l'équipe que nous avons peut répondre à nos besoins.
À mesure qu'elle se spécialise, le travail devient de plus en
plus présentable.
M. Rivest: Donc, je suis content, je le savais un peu, mais
là il y a vraiment un milieu de légistes qui s'est rebâti
et qui est en place. En général, je suppose que ce sont des
jeunes?
M. Bédard: C'est cela. Néanmoins, nous avons
également des personnes d'expérience qui sont des avocats ou des
notaires ayant déjà de très longues années
d'expérience et qui se sont spécialisées dans le domaine
législatif.
M. Rivest: Est-ce que le ministère a encore, j'imagine que
oui, parce que ce n'est pas une mauvaise chose en soi, la pratique de confier
la rédaction de certaines lois à des contractuels?
M. Bédard: Non, c'est une pratique qui n'existe plus. En
ce qui concerne les lois provenant du ministère de la Justice, nous
n'avons confié aucun mandat à qui que ce soit.
M. Rivest: Je parle des lois, parce que le ministère a un
droit de regard sur l'ensemble, qui émanent de n'importe quel des
ministères.
M. Rédard: À ce point de vue, nous ne sommes pas
toujours informés de la façon dont un ministère
procède à la rédaction de ses propres lois. (12 h 45)
M. Rivest: Prenons la loi d'Hydro-Québec, la nouvelle loi,
pour prendre un exemple concret. Elle provient probablement
d'Hydro-Québec, enfin du ministère de l'Énergie et des
Ressources. Le ministère de la Justice et les légistes, sur la
qualité et la rigueur de la rédaction, parce qu'ils ont
eux-mêmes leur propre service juridique qui rédige les lois...
Très souvent, je suis allé au comité de législation
et une des grandes difficultés qui faisaient faire à M. Lesage
des colères épouvantables, c'est que souvent il
considérait, jusqu'à encore tout récemment, que les
légistes ou les avocats qui travaillent dans les ministères ont
souvent bien d'autres préoccupations que celle de la technique
législative. Tout d'abord, il y avait une disparité sur la
méthode, sur les systèmes, etc. M. Lesage voulait toujours - et
je pense que" cela a été l'ambition du gouvernement quand il est
arrivé en 1976 - créer un corps de... Vous intervenez au niveau
du comité de législation sur une loi sectorielle qui vient d'un
ministère. Oui?
M. Bédard: Oui.
M. Rivest: Et vous assurez la cohérence. C'est
là-dessus que je veux appuyer. C'est vraiment le sens de la
réforme pour améliorer la qualité de la rédaction
des lois.
M. Bédard: C'est dans ce sens-là qu'on a fait cette
réforme au niveau du ministère de la Justice. C'est d'avoir non
seulement des juristes qui s'occupent des projets de loi du ministère,
mais de tous ceux du gouvernement, d'essayer de les améliorer le plus
possible
M. Rivest: Mais je reviens aux contractuels.
M. Bédard: En ce qui a trait aux contractuels...
M. Rivest: II y en a dans les ministères.
M. Bédard: ... il arrive exceptionnellement qu'on ait
recours à des contractuels. Je peux entre autres vous
référer à la loi d'Hydro-Québec. Je crois que M.
Brière, entre autres, a travaillé au niveau de la
rédaction, du contenu de la loi.
M. Rivest: C'est un patriarche de la léqislation, M.
Brière.
M. Bédard: II était auparavant d'ailleurs en charge
du comité de léqislation au point de vue gouvernemental.
Emprisonnement discontinu
M. Marx: Nous avons deux autres questions. Une porte sur le
problème de l'emprisonnement discontinu. Le ministre est sûrement
au courant que cela ne marche pas très bien dans ce dossier. Les
législateurs ont adopté des lois, en ce qui concerne certaines
infractions pénales, pour permettre aux détenus de purger leur
sentence durant les fins de semaine. Le but de ces lois, c'est pour
protéger l'emploi des détenus et aussi pour empêcher que
les familles de ces détenus ne tombent sur l'aide sociale. Les gens
peuvent, tout en purgeant leur sentence pendant les fins de semaine, travailler
et nourrir leur famille. Je pense que c'est une bonne politique que les
gouvernements ont dans ce domaine.
Cependant, à cause des difficultés administratives et
à cause de surpeuplement à la prison de Bordeaux à
Montréal, il arrive que les sentences discontinues deviennent de plus en
plus rares à Montréal. J'ai lu aussi dans les journaux qu'on
héberge des détenus au WMCA en bas de la ville. J'imagine que
cela coûte moins cher de faire cela de cette façon que de les
héberger dans la prison. Peut-être que le ministre pourrait louer
un hôtel Hilton à Montréal, le cas échéant,
s'il y a un problème de surpeuplement aigu.
M. Bédard: Si vous connaissez le WMCA, ces gens font un
travail magnifique.
M. Marx: II y a une léqislation bénéfique
qui a été adoptée et qui est mise au rancart à
Montréal, à cause des problèmes de surpeuplement à
Bordeaux. Cela mène à une inégalité des
Québécois, c'est-à-dire quelqu'un qui pourrait
bénéficier d'un tel emprisonnement discontinu ne l'aurait pas
à Montréal à cause du surpeuplement, mais, s'il habite
à Chicoutimi, il pourrait en bénéficier, parce qu'il n'y a
pas les mêmes problèmes administratifs dans d'autres
régions.
J'ai deux questions à poser au ministre, j'espère qu'il
pourra répondre à ces questions lui-même, étant
donné que j'ai voulu lui poser ces questions en Chambre la semaine
dernière, mais je n'en ai pas eu l'occasion.
Premièrement, le ministre peut-il nous dire si le substitut en
chef du Procureur général pour le district judiciaire de
Montréal a demandé, depuis le début de 1981, à ses
procureurs de ne plus suggérer des sentences de fins de semaine, et en
plus de ne pas donner leur consentement quand une telle sentence est
demandée par les avocats de la défense?
Et deuxièmement, quelles mesures le ministre a-t-il prises pour
rectifier la situation pour que les voeux du législateur, en ce qui
concerne des sentences de fin de semaine soient respectés et que ces
voeux soient réalisables?
M. Bédard: L'expérience des sentences de fin de
semaine ne donne pas présentement les résultats escomptés
en fonction peut-être de deux raisons. La première, c'est que ce
genre de sentences a été généralisé. La
deuxième raison tient au surpeuplement des institutions de
détention, comme vous l'avez mentionné.
Je pense que la grande cause du surpeuplement des institutions de
détention, c'est le fait que le nombre des citoyens qui choisissent de
faire de la prison plutôt que de payer une amende augmente
considérablement. Je crois que, fondamentalement, c'est à ce
problème qu'il faut s'attaquer. C'est dans ce sens qu'il y a
déjà un an, je crois, j'avais demandé qu'une étude
soit faite de la possibilité d'apporter des options au défaut du
paiement de l'amende, de manière que... C'est la constatation qu'on fait
actuellement, il y a presque 40... Actuellement...
M. Marx: Puis-je poser une question au ministre?
M. Bédard: Laissez-moi terminer.
M. Marx: Juste une petite question. Je comprends votre
réponse...
M. Bédard: Vous ne comprenez pas ma réponse, parce
que je vais la terminer. Vous ne me laissez pas terminer.
M. Marx: C'est parce qu'il y a un élément que
j'aimerais soulever, mais si vous ne voulez pas, continuons. Il est 12 h
52.
Il y a des lois fédérales qui prévoient des
sentences de fin de semaine. Ai-je raison? Vous ne pouvez pas...
M. Bédard: D'accord, nous sommes d'accord avec cette
politique...
M. Marx: Mais vous avez la responsabilité d'administrer le
Code criminel
au Québec. Donc, vous ne pouvez pas dire: Les résultats ne
sont pas satisfaisants, on ne va pas appliquer le Code criminel de cette
façon, mais on va le laisser appliquer...
M. Bédard: Laissez continuer la réponse. On a beau
dire n'importe quoi en termes d'administration de la justice, quand les prisons
sont pleines, on ne peut quand même pas entasser le monde dans les
prisons.
M. Marx: Est-ce que vous allez dire aux juges de ne pas donner
des sentences de fin de semaine?
M. Bédard: Ce que j'essaie de vous faire comprendre, c'est
que le premier problème à régler est celui du
surpeuplement des institutions de détention et que, si ce surpeuplement
n'existait pas, on pourrait donner suite à toutes les sentences de fin
de semaine et donner la chance à tout ce système très
valable en soi de trouver sa pleine efficacité. Mais il faut
réqler le problème fondamental du surpeuplement des institutions,
qui fait que... Ce surpeuplement existe justement parce qu'il y a trop de gens
qui sont dans nos prisons et qui ne devraient pas y être, entre autres
toutes les personnes qui choisissent de faire de la prison plutôt que de
payer une amende.
Les études que nous avons faites nous ont amenés justement
à des possibilités de solution en termes d'options. J'ai
référé cette étude au Conseil consultatif de la
justice et, dès l'automne prochain...
M. Marx: Quelles options?
M. Bédard: Par exemple penser à la
possibilité que soit exercée une saisie avant de permettre
à quelqu'un de faire de la prison, à défaut du paiement de
l'amende.
M. Marx: Ce n'est pas la question que j'aimerais vous poser, vous
n'avez pas répondu à mes autres questions. Voici une autre
question: Dans le Code criminel, on prévoit de l'emprisonnement...
M. Bédard: Ce que je veux vous dire, c'est que, quand bien
même ce serait prévu dans le Code criminel, quand bien même
ce serait très valable - et le système des sentences de fin de
semaine est très valable à mon humble opinion - pour donner
pleine efficacité à ce système, il faut quand même
qu'il y ait de la place dans les prisons pour que les gens puissent faire leur
temps. Or, le problème, c'est qu'il y a un surpeuplement des
institutions et tous les efforts du ministère, tous mes efforts sont
orientés en fonction de trouver le moyen de corriger cette situation, ce
qui permettrait à ce moment de donner pleine efficacité aux
sentences de fin de semaine, qui constituent, je crois, un moyen très
efficace et très acceptable en termes de sentence.
M. Marx: Oui, mais on ne peut pas trouver des options en ce qui
concerne les sentences de fin de semaine dans le Code criminel.
M. Bédard: Vous ne comprenez pas ma réponse. Je ne
vous ai jamais dit que je trouvais une alternative au système des
sentences de fin de semaine. Au contraire, je trouve que c'est très
valable. Ce que je vous dis, c'est que, pour mettre en application, donner
pleine efficacité à ce système, il faut qu'il y ait de la
place dans les prisons. Or, le premier problème du ministère de
la Justice, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de surpopulation dans nos
institutions de détention. Nous avons identifié la principale
cause de cette surpopulation dans nos institutions qui est la présence
de plus en plus grande de citoyens qui préfèrent faire de la
prison plutôt que de payer des amendes. Ma conviction, c'est que ce sont
des qens qui ne devraient pas aller en prison. Il faut trouver un moyen de
faire en sorte qu'ils satisfassent à la sentence qui a été
prononcée par le tribunal autrement que par le fait de décider
d'aller en prison. Entre autres, la saisie des biens lorsque quelqu'un en
a...
M. Marx: En vertu des amendes au provincial.
M. Bédard: C'est cela... peut représenter un
élément de solution. Si ces alternatives que nous allons trouver
et que nous allons mettre en application dès l'automne donnent les
résultats escomptés, à savoir faire de la place dans nos
institutions de détention, à ce moment-là, je pourrai
être en mesure de donner la pleine efficacité à cet autre
système qui consiste dans les sentences de fin de semaine et qui est
très valable.
M. Marx: Conclusion, à cause des problèmes que vous
avez maintenant et que vous n'avez pas prévus il y a des mois, des
années - c'était prévisible, certains problèmes,
j'imagine - les...
M. Bédard: Non, pardon!
M. Marx: ...sentences de fin de semaine ne sont pas
données à Montréal. Elles sont très rares à
Montréal et les Québécois ne peuvent pas
bénéficier de ces sentences.
M. Bédard: Soyez objectif plutôt que d'essayer de
faire du pathos. On ne peut pas...
M. Marx: Ce n'est pas du pathos. C'est vrai.
M. Bédard: Non, non, au niveau de l'explication ou de
l'exploitation du problème que vous évoquez qui en est un,
essayez d'être objectif.
M. Marx: Ce n'est pas de l'exploitation.
M. Bédard: La hausse de la criminalité, cela ne se
prévoit pas dix ans d'avance! Cela se prévoit ou peut se
prévoir durant un an.
M. Marx: Le problème existait-il il y a trois mois, six
mois, un an ou deux ans? Non, c'est d'hier matin.
M. Bédard: Non, c'est depuis...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Bédard: La meilleure preuve, c'est que jusqu'à
1979 il n'y avait pas de problème dans le sens de donner suite à
ce système de sentences de fin de semaine. Or, nous le savons, tant au
Québec que dans tout le Canada et dans toute l'Amérique du Nord,
nous avons assisté à une auqmentation du phénomène
de la criminalité qui se traduit par plus de citoyens dans nos
institutions de détention. Ceci s'ajoute au phénomène
nouveau qui fait que les citoyens de plus en plus désirent plutôt
aller en prison que de payer certaines amendes. Nous avons réaqi, au
contraire, très rapidement, parce que c'est depuis déjà un
an, sentant peut-être venir cela, que j'ai demandé de voir
jusqu'à quel point on pourrait trouver des alternatives et des
solutions.
M. Marx: Dans d'autres provinces, ils ont aussi des ministres de
la Justice et dans d'autres villes ils purqent leur sentence en fin de semaine
dans les prisons et pas dans les YMCA. Mon collègue a une
dernière question à vous poser.
M. Bédard: M. le Président, encore une fois...
M. Marx: Vous avez eu l'occasion de répondre à ma
question depuis quinze minutes et vous n'y avez pas répondu.
M. Bédard: Justement, vous n'avez pas d'objection
à...
M. Marx: Je vous ai demandé si le Procureur
général à Montréal avait demandé qu'on ne
donne pas des sentences de fin de semaine.
M. Bédard: Effectivement, il nous a fait des
représentations en ce sens et pour les raisons que je viens de vous
donner. M. Marx: Mais on ne les donne pas.
M. Bédard: J'imagine que vous avez un peu compris...
M. Marx: Oui, c'est cela.
M. Bédard: ...que, quand il y a tant de personnes qui
peuvent aller dans une institution...
M. Marx: Dans tout ce verbiage, il faut chercher la
réponse.
M. Bédard: ...on ne peut quand même pas doubler le
nombre de ces personnes, parce qu'on va se faire accuser à ce
moment-là d'empiler les qens dans les prisons. C'est la charte des
droits et libertés qui, avec raison, va intervenir. C'est dans ce sens
que nous avons...
M. Marx: Les Montréalais subissent un préjudice
aujourd'hui parce qu'à Chicoutimi...
M. Bédard: Vous n'êtes pas juste dans
l'évaluation du problème et on sent que vous ne voulez pas...
M. Marx: Non, mais si...
M. Bédard: ...essayer, avec nous, de trouver des
solutions. Vous voulez seulement exploiter la situation.
M. Marx: Ce n'est pas une...
M. Bédard: C'est dans ce sens que nous avons fait des
efforts dernièrement, il y a quelques mois.
M. Marx: C'est...
M. Bédard: Une seconde, là!
M. Marx: Oui, mais vous...
M. Bédard: Nous avons acheté des bâtisses
à LaSalle. Ce n'est pas pour rien que nous sommes devenus
propriétaires de ces bâtisses.
M. Marx: Oui, on est toujours en train de faire quelque
chose.
M. Bédard: C'est parce que nous sommes conscients que nous
manquons de place. Or, l'Opposition s'est fait un devoir d'essayer de
sensibiliser la population pour que cette institution ne soit pas
acceptée. À ce moment-là, on essaie de trouver d'autres
solutions, mais... (13 heures)
M. Marx: Admettez, M. le ministre,
qu'on peut avoir une sentence pour une fin de semaine à
Chicoutimi, c'est plus facile que de l'avoir à Montréal où
le procureur a dit non. Cela met les Québécois sur un pied
d'inégalité. C'est vrai ou faux?
M. Bédard: Vous concluez à votre
manière.
M. Marx: Ce sont les faits.
M. Bédard: Vous avez parfaitement raison en disant qu'il y
a un problème à Montréal qui fait qu'on ne peut pas donner
tous les effets attendus du système des sentences de fin de semaine. Je
pense vous avoir donné suffisamment d'éléments pour vous
montrer jusqu'à quel point nous nous en préoccupions, mais il
faut préalablement s'attaquer à la cause de fond, qui est le
surpeuplement de nos institutions de détention.
M. Marx: Le ministre est toujours prêt à s'attaquer
à tous les problèmes. Mon collègue a une question, la
dernière question, si le ministre le permet.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection, pourvu que vous
écoutiez les réponses.
Le Président (M. Rodrigue): II y a consentement pour
permettre une dernière question au député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président.
M. Bédard: C'est peut-être par rapport à une
question que vous avez posée hier?
M. Dauphin: Dont j'attendais d'ailleurs la réponse, mais
ce n'est pas la même.
M. Bédard: J'ai demandé à la Direction
générale des services judiciaires de vérifier la situation
concernant l'audition des causes au Tribunal de la jeunesse à Kirkland;
vous avez soulevé ce problème hier. Ce que j'ai, en termes
d'information, c'est qu'en matière de délinquance, au Tribunal de
la jeunesse de Kirkland, les causes sont entendues à raison de six jours
par mois. Il n'y a pas possibilité de faire davantage en raison du
manque de procureurs. Les affirmations à savoir qu'il y aurait
peut-être 200 personnes dans les salles d'attente me semblent fausses
parce qu'on y retrouve au maximum quelque 70 personnes, et les délais
d'audition, sans être parfaits, sont tout de même acceptables, de
telle façon qu'on peut dire que si on avait à fixer une date pour
une comparution aujourd'hui, la cause serait fixée au 20 juillet, ce qui
veut dire un délai de quatre semaines, alors que les délais
réguliers sont de trois semaines ou un mois.
M. Dauphin: Ce n'est pas ce que j'ai vécu.
M. Bédard: Vous êtes peut-être arrivé
à un moment particulièrement achalandé, mais la situation
générale est celle-ci.
M. Dauphin: Dans le document d'information qu'on a reçu,
à la page 82, j'ai juste une petite question à poser
là-dessus. Concernant des contrats de moins de 25 000 $, je voudrais
savoir, sous la rubrique des noms, l'Université Laval, traitement de
l'information pour APLSVA, qu'est-ce que c'est exactement?
M. Bédard: C'est une méthode informatique qui
existe à l'Université Laval que nous avons utilisée pour
tenter de développer de nouvelles cédules de travail pour notre
personnel dans les établissements de détention.
M. Dauphin: Autrement dit, quelle est la siqnification de...
M. Bédard: C'est un sigle qui se réfère
à des mots anglais, je ne peux pas vous le dire, on utilise ça
très fréquemment, on se réfère à APL; je
dois confesser que je ne connais pas la signification du sigle. J'en connais
très bien la méthode, par exemple.
Il n'y a pas de secret d'État là-dedans, on va essayer de
donner de plus amples informations et vous dire ce que ca peut
représenter.
M. Dauphin: Est-ce que vous m'en permettez une autre, M. le
Président? À la page 88, dans le même document de travail,
concernant la liste des fichiers au ministère de la Justice, sous la
rubrique crime organisé, j'aimerais savoir si, lorsque des individus
font affaires avec le gouvernement ou demandent une subvention, vous faites
référence à ce fichier, si vous le consultez.
M. Bédard: Non, d'aucune façon.
Adoption des programmes 9 à 17
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que les programmes 9,
10, 11, 12, 13, 14, 15, 16 et 17, incluant leurs éléments, sont
adoptés?
M. Bédard: Adopté. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère est adopté?
M. Marx: Oui, avec plaisir.
Le Président (M. Rodrigue): Je demande
au rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale du
résultat des délibérations de cette commission et, en
particulier, de l'adoption des crédits du ministère de la
Justice.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 13 h 05)