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Etude du projet de loi no 92
(Dix heures vingt-trois)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour procéder à l'étude
article par article du projet de loi no 92, intitulé Loi sur la
consultation populaire.
Les membres de cette commission sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie),
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Burns (Maisonneuve), M.
Char-bonneau (Verchères), M. Vaillancourt (Jonquière) en
remplacement de M. Clair (Drummond); M. Lavoie (Laval) en remplacement de M.
Garneau (Jean-Talon); M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Laberge
(Jeanne-Mance); M. Gratton (Gatineau) en remplacement de M. Lèvesque
(Bonaventure), M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier)...
M. Burns: Peut-être une dernière modification, M. le
Président. A la place de M. Charbon-neau (Verchères), je vous
suggérerais d'inscrire le nom de M. Rolland Dussault
(Châteauguay).
Le Président (M. Clair): En remplacement de M. Charbonneau
(Verchères), M. Dussault (Châteauguay).
Je reviens aux intervenants: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond),
M. Dussault (Châteauguay), M. Guay (Taschereau), M. Ciaccia (Mont-Royal)
en remplacement de M. Lavoie (Laval), M. Lèvesque (Taillon), M. Morin
(Louis-Hébert).
M. Lavoie: II y a quelque chose qui ne marche pas...
Le Président (M. Clair): En ce qui concerne la liste des
intervenants, effectivement. Le secrétaire de la commission est
allé vérifier puisqu'il semble bien que, du côté de
l'Opposition officielle, au moins un intervenant n'est pas mentionné sur
la liste qui m'a été remise par le secrétaire de la
commission. Le secrétaire est allé vérifier, il n'y a
actuellement qu'un intervenant pour l'Opposition officielle et normalement il
devrait y en avoir deux. D'ailleurs, sur la liste qui m'avait été
remise, M. Roy (Beauce-Sud) apparaissait à la fois comme intervenant et
comme membre.
M. Roy: Merci...
Le Président (M. Clair): J'ai deviné que le
député de Beauce-Sud préférerait être
membre.
M. Lavoie: Nous allons ajouter, du moins pour la séance
d'aujourd'hui, M. Harry Blank, qui sera ici un peu plus tard durant la
séance.
Le Président (M. Clair): M. Blank (Saint-Louis) comme
intervenant. J'imagine que c'est en remplacement de quelqu'un qui apparaissait
officiellement sur la liste.
Avant de commencer les travaux, il y aurait lieu de désigner un
rapporteur pour les travaux de cette commission. Quelqu'un a-t-il une
suggestion à faire?
M. Burns: M. le Président, je proposerais M. Henri
Laberge.
Le Président (M. Clair): M. Laberge accepte-t-il?
M. Laberge: Avec plaisir.
Le Président (M. Clair): Alors, M. Laberge agira comme
rapporteur de cette commission. M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Robert
Burns
M. Burns: M. le Président, mes remarques vont, au
début de nos travaux, être très brèves. Je pense
bien que je n'ai pas à ajouter aux assez substantielles remarques que
j'avais tenté de faire lors du débat en deuxième lecture.
Je veux tout simplement dire que c'est avec beaucoup d'ouverture d'esprit que
nous abordons l'examen du projet de loi no 92, en reconnaissant l'aspect
délicat, dans certains domaines plus particulièrement, d'un
projet de loi sur la consultation populaire puisque, évidemment, on ne
se le cachera pas, l'ombre du référendum sur l'avenir politique
du Québec va constamment planer autour de cette commission, même
si c'est une loi organique sur la consultation populaire en
général. Je suis bien certain que, comme à nos autres
travaux, on fera, à l'occasion, des références à un
référendum en particulier. Je tiens, quant à moi, à
vous dire que ce projet de loi a été conçu,
préparé en ayant en vue la consultation populaire en
général, tout en tenant compte, évidemment, que
peut-être la première application que cette loi aura sera un
référendum sur l'avenir politique du Québec. Mais il n'y a
pas de dispositions spéciales relativement à ce
référendum.
Donc, c'est avec beaucoup d'ouverture d'esprit que nous abordons
l'étude de ce projet de loi. Je remercie, soit dit en passant, les
représentants de l'Opposition de m'avoir fait parvenir d'avance copie de
leurs éventuels amendements, bien que, comme je le leur ai dit, ce n'est
pas une fin de non-recevoir à d'autres amendements. Ce n'est pas
limitatif; je n'ai pas compris que vous vous limitiez, dans l'Opposition, aux
amendements que vous nous suggériez. Cela nous a quand même permis
de les examiner, d'avoir déjà une assez bonne idée de
faite, quitte à entendre les argu-
merits que les représentants de l'Opposition auront à
faire à ce sujet.
Quand je parle d'ouverture d'esprit, je tiens à dire au
départ que cette ouverture d'esprit doit tenir compte également
du fait qu'il y a quand même deux principes très importants dans
ce projet de loi que le gouvernement n'a nullement l'intention de mettre de
côté. L'un de ces principes, c'est qu'il s'agit d'une loi
organique sur la consultation populaire et non pas d'une loi spécifique;
donc, c'est une loi à caractère général sur toutes
les consultations populaires ou sur tous les référendums. C'est
une décision qui a été prise par le Conseil des ministres,
une décision qui est politique au sens large du mot, au sens
élevé du mot. Dans ce sens, je pense bien que nous ne pourrons
pas accepter d'amendements qui pourraient viser à contrecarrer ce
premier principe.
Le deuxième principe que sous-tend ce projet de loi et auquel
tient énormément le gouvernement, c'est le principe de
l'égalité des chances lequel, jusqu'à ce que l'on me
trouve une autre solution, semble se retrouver dans la solution des
comités nationaux. Quant au reste, en termes populaires, j'ai
l'impression qu'on peut dire que c'est de la plomberie. C'est de la
mécanique. C'est quelque chose sur quoi on peut se pencher
individuellement en essayant de trouver les meilleures solutions possibles, les
solutions les plus pratiques en vue d'en arriver à une loi sur la
consultation populaire qui garantisse complètement à la
population la possibilité de s'exprimer avec toute l'impartialité
et l'efficacité requises dans ces cas. Je pense que ce sont les deux
thèmes qu'on voudrait retrouver dans n'importe quelle loi sur la
consultation populaire à savoir efficacité et
impartialité, évidemment, pour que la consultation prenne son
vrai sens. (10 h 30)
M. le Président, je n'ai pas d'autres remarques à faire.
Quant à moi, je suis prêt à entreprendre l'étude du
projet de loi, article par article. Je présume que d'autres personnes
ont des déclarations préliminaires à faire. En ce qui me
concerne, je me limiterai à cela pour le moment.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, avec la permission du ministre
responsable du projet de loi, je voudrais rendre publique une entente que nous
avons discutée et sur laquelle il y a eu acceptation, à savoir
que la première séance de la journée portant sur
l'étude de ce projet de loi en commission parlementaire serait
plutôt de portée générale afin qu'on puisse faire un
tour d'horizon, un peu comme en deuxième lecture et ce, sans tomber
à l'article 1 au début.
A cause de l'importance de ce projet de loi, je ne voudrais pas que,
dans cette première séance, les règles soient
archisévères ou archistrictes, ceci pour permettre à tous
les membres de la commission, autant du côté ministériel
que du côté de l'Opposition officielle et des autres Oppositions,
de faire un tour d'horizon sans aller dans le prin- cipe. Il n'est pas question
pour nous de discuter ou de réouvrir le débat sur le principe. On
devra aller dans les détails. C'est le rôle de cette commission.
Avec votre consentement et celui des membres de cette commission, je voudrais
que cette entente soit ratifiée et qu'on ne soit pas d'une
sévérité absolue pour la première
séance.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval et M. le ministre, le président veut bien agréer toute
convention unanimement acceptée par les membres de cette commission,
surtout si elle a déjà fait l'objet d'un accord. Cependant,
simplement pour faciliter la tâche du président, j'aimerais qu'on
me précise un peu plus quelle est la nature de cette entente, dans le
but de pouvoir continuer à présider les travaux de façon
équitable.
M. Burns: M. le Président, c'est un fait, ce que le
député de Laval mentionne. Nous avons eu l'occasion, en dehors de
l'Assemblée nationale ou de toute commission, de discuter de la
procédure à suivre lors de l'étude de ce projet de loi. Je
me souviens très bien que le député de Laval m'avait fait
cette proposition à laquelle je n'avais pas opposé de
dénégation. J'ai dit que je n'avais même pas d'objection
à cela, sauf que je voudrais qu'on précise ce qu'on entend par
une séance. Comme on le sait, une séance, en ce qui me concerne,
c'est la séance de ce matin. Cet après-midi, c'est une autre
séance. On a déjà une décision du
vice-président de l'Assemblée nationale en ce sens.
Quant à moi personnellement, je serais d'accord à ce qu'on
consacre l'avant-midi à cela. Si on trouve qu'on a encore besoin de le
faire cet après-midi, je n'y ai pas d'objection. Je ne voudrais pas
qu'on se limite absolument toute la journée à reprendre le
débat de deuxième lecture. Je n'ai pas d'objection, si on
s'aperçoit que la séance de ce matin est insuffisante pour que
chacun puisse s'exprimer en long et en large sur les grandes lignes de ce
projet de loi, qu'on y revienne cet après-midi. En principe, je
souhaiterais personnellement, en tout cas, qu'on soit capables d'entrer nos
remarques tout au moins dans la période de temps qu'on a
consacrée à la deuxième lecture, c'est-à-dire
à peu près cela, deux heures et demie.
C'est la suggestion que je vous fais simplement. D'autre part, je dois
vous dire qu'effectivement j'ai donné mon consentement à ce que
les premières heures de la commission soient consacrées à
des remarques à caractère général.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, sur ce sujet.
M. Grenier: Non pas sur l'entrée en matière mais
pour faire préciser davantage la question posée par le leader,
qui m'a quasiment enlevé les mots de la bouche. C'était cela, moi
aussi, les questions que je voulais faire préciser, à savoir
qu'il n'est pas question de déposer les amende-
merits à cette séance, à ce que je sache. Je ne le
pense pas, en tout cas. Je pense aussi que la séance de ce matin serait
peut-être suffisante pour faire l'étude et pour pacler très
généralement sur la loi. Je pense bien qu'il faudrait commencer
à travailler cet après-midi, après la période des
questions, et commencer à procéder. Pour moi, la loi, on commence
à la connaître et on sait ce qu'il y a là-dedans, dans le
moment, avec les amendements qu'on va apporter.
Je pense bien que ce n'est pas une commission où on devra faire
durer l'étude des semaines et des semaines. La population attend le
référendum. Il faut se donner la loi. La population n'est pas
surprise qu'il va arriver un référendum. La population est
peut-être plus surprise de voir qu'on veut faire l'indépendance,
mais pas surprise de voir arriver un référendum, et si on veut
faire un référendum, il faut se donner une loi. Je ne voudrais
pas qu'on perde toute la journée uniquement dans des
considérations générales alors qu'on pourrait
peut-être résumer cela au cours de la présente
séance.
Le Président (M. Clair): Si vous me permettez,
j'interprète la convention de la façon suivante: pour la
séance de ce matin, jusqu'à 13 heures...
M. Burns: 13 h 30.
M. Lavoie: Quoi? Jusqu'à 1 h 30?
M. Grenier: Jusqu'à midi trente.
M. Burns: 12 h 30, pardon.
Le Président (M. Clair): ... pour la séance de ce
matin, soit jusqu'à 12 h 30, à toutes fins utiles,
j'interpréterai l'entente comme signifiant qu'on n'entrera pas dans
l'étude de l'article 1 et qu'on prendra toute la séance pour des
commentaires généraux avant d'entamer l'étude de l'article
1. Le sens des propos qui devront être tenus est celui des commentaires
généraux qu'on tient habituellement au début d'une
commission lors de l'étude article par article d'un projet de loi.
Est-ce que je comprends bien?
M. Burns: Oui, vous comprenez bien.
M. Lavoie: Avec l'adoucissement que si jamais on devait un peu
continuer cet après-midi après la période de
questions...
M. Burns: Je vous le dis d'avance, je vais vous donner mon
consentement, comme je présume que vous allez donner votre consentement,
si cela prend moins de temps, pour qu'on puisse aborder l'article 1.
M. Lavoie: Personne ne désire perdre le temps de
quiconque.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Sur ce même sujet, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Seulement un mot.
J'aimerais savoir de quoi il retourne sur la limite du temps de parole qui
pourra être accordé aux différents représentants des
partis qui siègent autour de cette table. J'aimerais savoir si les
ententes prévalent et si les ententes font en sorte que durant cette
matinée...
M. Burns: Le règlement.
M. Roy:... le Parti libéral peut avoir une heure, l'Union
Nationale une autre heure et que les autres intéressés à
intervenir durant cette première séance peuvent en être
empêchés à cause de la limite de temps.
Le Président (M. Clair): Si vous en faisiez une question
de règlement, M. le député de Beauce-Sud, je pourrais vous
assurer que je verrais quand même, dans le cadre de cette entente,
à ce que l'article 160 de notre règlement soit respecté et
à privilégier le droit de parole de tous et chacun des
intervenants. A mon sens, il n'est pas question d'une entente à savoir
que seuls les représentants des trois partis officiels prennent tout le
temps. Il y a des députés ministériels. Il y a d'autres
députés tel que vous et le député de Rouyn-Noranda,
qui vient justement de me demander la parole sur le même sujet. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je suis un peu du même
avis que l'honorable député de Beauce-Sud. Je suis d'accord avec
ce qui a été dit au tout début, avec cette réserve,
cependant, qu'on permette à tous les représentants de tous les
partis qui sont ici présents de s'exprimer. Si cela devait durer un peu
plus longtemps, à ce moment, qu'on tienne compte de cela et qu'on en
tienne compte immédiatement pour qu'on ne soit pas obligé de
commencer un débat qui durera une autre demi-heure au début de la
prochaine séance. C'est la réserve que j'aimerais qu'on
accepte.
Le Président (M. Clair): Je vous réitère mon
affirmation, M. le député de Rouyn-Noranda, que je verrai
à privilégier le droit de parole de tous et de chacun des
députés.
Nous revenons au député de Laval.
M. Lavoie: Un simple et bref commentaire. C'est un peu pour cela
que je parlais de l'article 160. Dans mes remarques préliminaires, si
jamais j'avais besoin d'un peu plus de vingt minutes, disons une demi-heure, je
ne voudrais pas qu'on applique à la lettre l'article 160, à cause
de l'importance du projet de loi et tout. Ce temps que j'emploierai même
en surplus au départ permettra de raccourcir le débat en cours de
route après, parce que je n'ai pas l'habitude de me
répéter indéfiniment.
Le Président (M. Clair): Je verrai, M. le
député de Laval, à interpréter et l'entente et le
règlement au meilleur de mon jugement et, encore une fois, en
privilégiant le droit de parole de tous et de chacun des membres de la
commission.
M. le député de Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Nous abordons une des étapes terminales, si on
peut dire, du projet de loi. Nous avons déjà eu l'occasion
d'étudier un livre blanc en commission parlementaire. Il y a eu le
dépôt en première lecture et le débat
également de deuxième lecture. Il n'est pas dans notre intention,
actuellement, de revenir sur le principe du projet de loi qui a pour but, au
moyen d'une loi-cadre, de permettre au gouvernement de consulter la population
sur une question ou quelque question que ce soit.
Nous n'avons pas l'intention non plus, à ce stade-ci, ce matin,
de revenir sur la position de l'Opposition officielle que nous avions prise
dès le début, soit que nous aurions préféré
sur un projet de loi aussi important, suite à l'engagement du
gouvernement actuel avant son élection de tenir un
référendum bien précis sur l'indépendance du
Québec notre position est encore la même avoir une
loi spécifique, bien déterminante, au lieu d'une loi-cadre qui
dilue, dans un sens, cette question aussi capitale de l'avenir constitutionnel
du Québec sur lequel les Québécois auront à se
prononcer.
Je n'aborderai pas, non plus, en détail l'ajout dans le projet de
loi d'un élément qui n'existait pas dans le livre blanc,
même si on se pose un paquet de questions nous aurons l'occasion,
lors de l'étude article par article, d'apporter des amendements, des
modifications, des suggestions notamment en ce qui concerne le conseil
du référendum. Nous avons beaucoup de réserves sur la
manière dont il est composé et surtout sur les pouvoirs trop
limités que ce conseil possède.
Un autre élément que nous aborderons au cours de
l'étude article par article est, sans aucun doute, la formulation de la
question. Nous avons eu, à un certain moment, l'engagement
répété du ministre comme il l'a fait ce matin, il
l'a répété au moins 25 fois qu'il aurait beaucoup
d'ouverture d'esprit, qu'il venait ici de bonne foi et qu'il était
à l'écoute autant de l'Opposition que de la population. Je me
pose la question suivante: Cet engagement n'est-il pas que du verbe et des
paroles? On l'a vu. On sait que le projet de loi no 92, en somme, est une copie
quasi conforme du livre blanc dans son esprit; il y a peut-être eu deux
changements. Il y a eu ce semblant de conseil du référendum,
à la suite d'une demande de l'Union Nationale et d'une certaine demande
de l'Opposition officielle. Un conseil du référendum, ce n'est
pas de la façon dont il est créé dans la loi que nous
l'aurions vu.
Le ministre nous a dit qu'il préférait il
était toujours sous le couvert de son opinion personnelle qu'il
souhaitait une question claire et précise, qui n'amenait qu'un oui ou un
non. Dans la loi, on ne retrouve aucune garantie à cet effet. Dans tous
les pays que je connais je pourrais donner au moins une dizaine
d'exemples que je mentionnerai tout à l'heure sur un autre sujet
les lois référendaires obligent le gouvernement ou le Parlement
à poser une question claire et précise, qui n'invite la
population qu'à donner une réponse bien claire, soit positive ou
négative.
La tradition parlementaire, un peu partout, force un engagement du
gouvernement à respecter la décision rendue par la population,
même si ce n'est pas dans toutes les lois. En Angleterre, dans le livre
blanc, il y a eu un engagement formel du gouvernement de respecter et de faire
suite à la décision qui sera rendue par la population. Encore
ici, dans notre loi, nous n'avons aucune garantie à cet effet. Je ne
parlerai pas de la plomberie, comme l'a mentionné le ministre, nous en
parlerons lorsque nous arriverons à ces articles. Nous parlerons de la
clôture du débat, du droit de parole limité des
députés, des échéances, des délais
très courts, autant pour l'émission des brefs, la période
référendaire, que des délais archirestreints dans la
formation des comités nationaux.
Par contre, ce matin, même si nous n'apporterons pas d'amendement
précis au projet de loi, durant la première séance, je
voudrais dire que nous allons prendre tout le temps qu'il faut pour
étudier cet important projet de loi. Même si nous désirons
que ce référendum se tienne le plus rapidement possible je
pense que c'est un voeu très majoritaire de la population nous
savons, d'autre part, qu'il ne semble pas y avoir d'urgence de la part du
gouvernement. On sait que le premier ministre, il n'y a pas tellement
longtemps, a commencé à lever le voile et il a
déclaré qu'il commençait à voir un peu plus clair
et qu'il verrait la tenue du référendum pour la fin de 1979.
C'est la raison pour laquelle, tout en souhaitant que ce
référendum ait lieu le plus rapidement possible, nous allons
prendre tout le temps nécessaire pour étudier ce projet de loi.
(10 h 45)
Nous aurons de très nombreux amendements à proposer et
nous entendons avoir avec le ministre une discussion sérieuse et adulte.
Nous allons chercher à renforcer l'autorité de l'Assemblée
nationale sur le processus référendaire; nous allons chercher
à définir, à l'intérieur de la loi 92, un
régime référendaire acceptable pour la tenue des
référendums et spécifiquement du référendum
particulier sur l'indépendance et nous allons chercher à
élargir le champ de la liberté d'expression et d'association des
Québécois au niveau de la constitution des groupes-parapluies et
à celui de la limitation et du contrôle des dépenses.
Dans un premier temps, M. le Président, je voudrais faire un
appel aux media d'information du Québec, et ce n'est pas un reproche que
je voudrais leur faire. Etudions, depuis le début, ce qui a
été donné à titre d'information sur la loi 92 ou
sur le livre blanc. Je crois qu'il y a une raison à cela; c'est sans
doute dans la stratégie du ministre
que nous avons en face de nous, lorsqu'on considère les dates des
moments du cheminement de l'étude de ce projet de loi. Si on se rappelle
bien, le livre blanc a été déposé le 24 août
1977, à la toute fin d'une session ou à l'occasion d'une
clôture; nous avions étudié, pendant tous les mois
d'été, la loi 101. La session ajournait le 25 ou le 26 août
et, non à la surprise générale, mais après une
certaine préparation, le ministre annonçait le dépôt
de son livre blanc le 24 août, alors que la plupart des
députés c'est normal espéraient quelques
jours de vacances et il en allait de même pour les journalistes, je
crois. Il arrive un certain moment, aux fins de sessions, où on perd un
certain intérêt sur ce qui se passe à l'Assemblée
lorsqu'on sait qu'une loi aussi importante est à l'étape de la
troisième lecture et que tous les partis et le gouvernement ont
annoncé que la session ajournait dans les jours qui suivaient.
Deuxième étape importante de l'étude de ce projet
de loi: Le dépôt de la loi, le 21 décembre 1977, encore
là, alors que le Parlement terminait des travaux importants, suite
à une autre clôture sur la Loi sur l'assurance automobile, deux ou
trois jours avant Noël. Le ministre me fait sourire, mais il ne me fera
pas sourire longtemps; il m'a fait sourire souvent dans le passé, mais
le ministre...
M. Burns: Le ministre sourit, il ne vous fait pas sourire
actuellement!
M. Lavoie: Je ne jouerai pas son jeu; en avocat, sans doute
très habile, il nous a joué le scénario le plus
machiavélique depuis qu'il a pris en main ce dossier. Je voudrais, dans
un premier temps, démasquer cette stratégie.
M. Bertrand: Les gros mots!
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bertrand: Le ton monte!
M. Lavoie: Surtout lorsqu'il a tenté de se couvrir d'une
manière continue et répétée avec le grand
système démocratique anglo-saxon qui existe en Grande-Bretagne.
Et même ce jeu a été joué par le premier ministre
qui, en certaines occasions, pour tranquilliser la population et pour diluer
l'importance du projet de loi, pour ne pas apeurer la population et pour se
couvrir de toutes les vertus, a toujours répété à
qui voulait l'entendre qu'il n'y avait pas de danger, qu'on allait respecter ce
qu'il y avait de plus sincère, de plus honnête dans les
institutions britanniques. Citons au passage ici l'introduction au livre blanc
déposé le 24 août 1977: "On constatera que les dispositions
retenues, tout en s'inspirant de plusieurs pays à très forte
tradition démocratique, sont en tout premier lieu tributaires de
l'expérience vécue par la Grande-Bretagne lors du
référendum de 1975 sur le maintien des liens avec le
Marché commun. Le régime parlementaire, la longue tradition
démocratique et le sens profond du "fair play" sont autant
d'institutions britanniques que les Québécois ont
absorbées dans leurs propres traditions politiques. Les
mécanismes référendaires institués par la
Grande-Bretagne à partir de ces institutions apparaissent au
gouvernement du Québec comme un guide précieux dans
l'amélioration de nos propres institutions."
Comment le ministre pouvait-il se permettre une telle déclaration
lorsqu'on sait je l'ai d'ailleurs dit une fois au mois de novembre 1977
que la seule analogie, à peu près que l'on peut faire
entre l'expérience britannique et l'expérience du Québec,
le seul parallèle que l'on peut faire, la seule comparaison, c'est que
là-bas, effectivement, il y a eu un référendum en 1975 sur
l'appartenance au Marché commun, et il semble qu'au Québec on va
avoir une espèce de référendum. Cela se limite là
ma comparaison avec le système britannique! D'ailleurs on sait qu'en
Angleterre, et je voudrais apporter ici certains parallèles, au
Parlement anglais, avant le dépôt du livre blanc, le ministre
responsable, qui était un ministre un peu moins politisé que
celui que nous avons en face de nous, M. Short...
M. Burns: M. Short était leader parlementaire de la
Chambre également.
M. Lavoie: II était comme vous, mais il était un
peu moins politisé. Il y a différents dosages.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bertrand: Politisé, ce n'est pas péjoratif!
M. Lavoie: II y a eu beaucoup de choses écrites, entre
autres, ici, par M. David Butler et U. Kitzinger, The 1975 Referendum,
où on lit à la page 55 l'exemple d'une chose qui n'a pas
existé ici, à. la suite d'une première déclaration
de M. Wilson au Parlement, le 23 janvier 1975, et du dépôt d'un
livre blanc le 26 février. "Early in February, the Lord President and
members of the referendum unit consulted extensively with the
umbrella-organizations and the political parties. But essentially the officials
had to prepare the white paper with such guidance as they could get from the
Cabinet as a whole. They saw their problems concentrated in five major areas:
the counting of the votes, the broadcasting arrangements, the control of
expenditure, the wording of the question and the government's information
policy." Vous voyez que là-bas, même avant le dépôt
du livre blanc, au lieu de jouer un peu à cache-cache comme ici, il y a
eu une consultation intense non seulement avec les partis politiques, mais
également avec tous les groupes qui étaient déjà
formés là-bas autant en faveur que contre le maintien de
l'Angleterre dans le Marché commun.
M. Burns: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Lavoie: Après. Dans le livre blanc, on avait
déjà formulé la question qui était incluse non
seulement dans la loi ici, nous ne l'avons même pas dans Ja loi;
c'est vrai que c'est une loi d'ordre général, mais rien
n'empêche le gouvernement de faire connaître la question
mais aussi dans le livre blanc. Je l'ai dit, là-bas, c'était une
loi spécifique et non une loi-cadre. C'était une loi
spécifique sur un projet de loi bien précis. Le gouvernement
s'est engagé, dans le livre blanc, à respecter, à
être lié par le verdict du peuple britannique.
Alors qu'on nous a répété à
satiété qu'il y avait un contrôle des dépenses
là-bas, c'est faux. Je le répète encore une fois. Cela
fait 100 fois que je le répète. Il n'y a eu aucun contrôle
des dépenses en Angleterre, ni par les personnes physiques, ni par les
personnes morales.
Là-bas, il est reconnu que tout a été
préparé. Il y a eu un comité d'étude dirigé
par des fonctionnaires non politisés. On a donné carte blanche
à M. Jamieson, un ancien sous-ministre de l'Education, que M. Short
avait choisi. On lui a dit de former une équipe, d'aller étudier
ce qui se passe en France sur le Marché commun et tout et de
préparer une loi du référendum.
Lors de l'étude des mémoires, j'ai demandé ici en
commission parlementaire pourquoi le gouvernement actuel n'avait pas
procédé de la même façon. On m'a répondu
c'est encore une demi-vérité et je dirais un mensonge
qu'on avait agi de la même façon et que notre Jamieson
québécois était un fonctionnaire non politisé qui
s'appelait M. Louis Bernard. Je n'ai jamais connu un fonctionnaire aussi
politisé non dans le sens péjoratif du mot, mais il a
quitté un poste de sous-ministre pour prendre position pour un parti
politique, devenir chef de cabinet et continuer avant comme après
l'élection. Ce n'est pas un reproche que je fais à M. Louis
Bernard, mais je dis qu'il n'est pas à l'abri des attaques parce que
c'est un des fonctionnaires les plus politisés au Québec, sans
mentionner M. Larocque qui est ici et qui a travaillé effectivement au
dossier.
M. Burns: C'étaient, à l'époque, mes deux
sous-ministres.
M. Lavoie: M. le Président, on nous a dit ici,
effrontément, qu'il s'agissait de fonctionnaires non
politisés.
M. Burns: Ce sont des sous-ministres. Qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise?
M. Lavoie: On nous a dit également, le 17 novembre, que
là-bas, alors qu'on avait un ministre qui s'appelait M. Short, il ne
s'est occupé, d'aucune façon, de la campagne
référendaire et il n'a pas été sur la ligne de feu.
J'ai demandé également si c'était la position du ministre
que nous avons en face de nous et qui est responsable du dossier. Il m'a dit:
Maintenant que je suis dans cela, je ne participe plus aux activités
partisanes de mon parti en ce qui concerne le comité
référen- daire et je ne fais plus partie d'un certain
comité où se trouvent M. Claude Morin et M. Léger. Vous
continuez à vous balader dans les instances de votre parti sur la
question référendaire.
M. Burns: II ne s'agit pas d'une attaque de virginité
à partir du moment où j'ai présenté ce projet de
loi.
M. Lavoie: Dites-nous la vérité et prenez vos
responsabilités!
M. Burns: Je suis encore membre d'un parti politique.
M. Lavoie: Ayez de la transparence! M. Burns: Bien
oui!
M. Paquette: Vous parliez de discussion adulte, tantôt. Il
serait peut-être temps de commencer.
M. Bertrand: C'est la première séance, il ne
faudrait pas que le sang monte si vite à la tête du
député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, on a continué à
nous mentir en pleine face, non seulement aux députés de
l'Opposition, mais à la Chambre, à la commission et à la
population. On nous a dit, le 17 novembre, qu'en Australie on avait
limité les dépenses lors des référendums. J'ai
vérifié en Australie. C'est faux. En Australie, on a
adopté une loi...
M. Burns: Troisième lecture.
M. Lavoie: ... pour limiter les dépenses des partis
politiques dans les référendums, uniquement, sans restreindre
aucunement le droit des citoyens de s'associer, de s'exprimer et de se
réunir. Plus que cela, cette loi qui a été adoptée
n est pas en vigueur. Elle n'a pas été acceptée à
la Chambre haute. Il y a eu une dissolution, après cela. Ne venez pas
nous dire que l'Australie a limité les dépenses! C'est encore un
mensonge éhonté que vous nous avez fait, à cette
commission.
En voulez-vous un autre mensonge? Quand vous êtes allés
vous ballader en Angleterre durant I étude du projet de loi en
commission parlementaire, vous êtes allés passer un week-end en
Angleterre, vous êtes revenu nous dire, le 17 novembre, ici, que leur
seul regret là-bas, c'est de ne pas avoir pris la formule que le
Québec prenait pour limiter les dépenses. Je vais vous dire une
chose. C'est un mensonge éhonté puisqu'ils ont
déposé deux autres lois depuis ce temps: la loi de Scotland et de
Wales.
M. Burns: Devolution Bills!
M. Lavoie: Oui. Il y a un petit renseignement que j'ai eu
d'Angleterre hier. Le Scotland Act de 1978 a subi la troisième lecture
à Londres, le 23
février 1978. Non seulement il n'y a pas de limites de
dépenses, "there is no subsidy from the State to help any group". Il n'y
a même aucune contribution de l'Etat, comme il y avait eu une
contribution minime lors de l'appartenance au Marché commun.
Je vais vous lire l'article 80: The schedule 17, item 5, and I quote:
"An order in Council under this schedule shall not charge any sum on the
consolidated fund but may provide for the expenses of returning officers to be
defrayed as administrative expenses of the Secretary of State".
C'est un mensonge quand vous nous avez dit que l'Angleterre ou ceux que
vous avez rencontrés là-bas, autant les tenants du oui ou du non
du référendum de 1975, avaient un regret de ne pas avoir
limité les dépenses dans leur loi. Ils ont déposé
deux lois depuis ce temps. Il n'y a aucune limite, autant pour les personnes
morales que pour les personnes physiques. Plus que cela, il n'y a pas de
subsides de l'Etat.
Je vous dis que c'est malheureux que le ministre nous ait induits en
erreur depuis le début. Cela pose de fond en comble toute cette
opération référendaire. Est-ce l'esprit qui anime le
gouvernement sur la question de fond? C'est un peu cela que nous vivons. Cette
question peut-être la plus brûlante et la plus importante
sur laquelle les Québécois devront se prononcer est
ravalée actuellement à une simple stratégie
électoraliste. On ne connaît pas la date, on ne connaît pas
la question. Le gouvernement n'a pas établi ses positions. Même
dans la tuyauterie, tout est faussé. (11 heures)
Dans un deuxième temps, M. le Président, avec votre
permission, je voudrais parler des comités nationaux. C'est vrai qu'on a
adouci, à partir du livre blanc, avec vos $300. C'est le seul
adoucissement que vous avez autorité pour permettre à un individu
$300. Je vous dis qu'il n'existe aucun exemple au monde où on brime
autant les droits de réunion, d'association et d'expression des
individus.
M. Burns: Ce n'est pas ce que pense M. Ryan.
M. Lavoie: Ni en Norvège, ni en Australie, ni en
Californie, ni au Danemark, ni en France, ni en Irlande, ni en Grande-Bretagne,
ni en Suisse, qui ont peut-être 10 ou 20 référendums par
année. Aucun de ces pays ne limite les droits, n'a une mesure
aussi...
M. Fallu: Le livre blanc de Lalonde.
M. Lavoie: ... qui amène le silence et qui force les
individus dans ces carcans. Vous allez voir...
M. Fallu: $5000 pour des individus.
M. Lavoie: ... les conséquences. Je vais vous donner des
exemples. On pourrait sortir 25 ou 30 hypothèses que votre loi, telle
que rédigée en ce qui concerne les comités nationaux,
n'est pas applicable. Je vais vous donner un exemple. Tel que c'est
rédigé, le oui pourrait être contrôlé par les
députés du côté ministériel et le non par les
députés majoritaires dans l'Opposition, en l'occurrence le Parti
libéral. Pour ces comités, tels que prévus dans votre loi,
nous avons élu un président, il fait ses propres
règlements. Nous pourrions dire à nos amis de l'Union Nationale,
du Ralliement créditiste et du Parti national populaire: Messieurs,
restez sur le petit banc. On pourrait leur refuser, les empêcher de
participer à toute campagne référendaire.
M. Burns: Cela nous ferait une belle jambe.
M. Lavoie: Oui, mais est-ce qu'on fait des jambes ou est-ce qu'on
fait une loi? Ce n'est pas une loi spécifique, messieurs. Cette loi, ce
n'est pas pour une fois. Cette loi sera dans les statuts du Québec. Elle
peut servir à ce gouvernement et à d'autres gouvernements qui
vont vous suivre, sur quelque sujet que ce soit. On pourrait dire: M. Samson,
MM. de l'Union Nationale, M. Roy, à trois mois des élections,
pourquoi nous le Parti libéral on va vous mettre en vedette? Restez donc
sur le petit banc. Vous n'auriez pas le droit de tenir de réunions. Vous
n'auriez pas le droit de participer à la campagne
référendaire.
M. Roy: Vous pensez...
M. Lavoie: ... tel que la loi est rédigée.
M. Roy: Vous pensez qu'on resterait sur le petit banc. En ce qui
me concerne...
M. Lavoie: On devient hors la loi.
M. Roy: ... peut-être hors la loi, mais certainement pas
sur le petit banc. Je tiens à vous le dire.
M. Burns: C'est absolument faux ce que vous dites.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Burns: Vous avez mal lu la loi encore, comme vous lisez mal
tout le temps.
Le Président (M. Clair): M. le leader parlementaire du
gouvernement, messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Pourtant, un notaire, d'habitude, cela sait lire.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Vous êtes un menteur public, avez-vous
compris?
M. Paquette: Question de règlement, quand même, bon
Dieu, il y a un bout.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière, sur une question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
remarque que le député de Laval a commencé à parler
à 10 h 40 et qu'il est maintenant 11 h 5, et je ne pense pas que vous
ayez demandé le consentement unanime dans le cas du député
de Laval.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, étant forcé...
M. Lavoie: J'en aurais à peu près pour une dizaine
de minutes.
Le Président (M. Clair): ... d'interpréter et le
règlement et l'entente, je laisserai la parole encore pour un certain
temps au député de Laval, l'invitant cependant à ne pas
prendre toute la séance parce qu'à ce moment...
M. Lavoie: Non, ce n'est pas mon intention.
Le Président (M. Clair): ... l'entente ne signifierait
rien. M. le député de Laval, vous avez la parole.
M. Lavoie: II reste encore au moins une heure et demie. Je
laisserai tout le temps voulu à tous les membres de cette
Assemblée.
M. Charbonneau: M. le Président, qu'il utilise des termes
parlementaires.
M. Lavoie: La loi telle que rédigée limite aux
parlementaires le contrôle absolu des comités oui et non. Un
exemple: la Norvège, entre autres, sur le Marché commun,
où tous les partis politiques étaient plutôt favorables
à l'entrée de la Norvège dans le Marché commun. Si
de tels carcans, enrégimentations avaient existé comme ici, 130
000 citoyens en Norvège n'auraient pas pu participer, eux qui
étaient contre l'entrée au Marché commun de la
Norvège parce que tous les partis, l'establishment là-bas, tous
les parlementaires, tous les partis politiques étaient favorables
à l'entrée de la Norvège dans le Marché commun, et
c'est un groupe venant de la base, du "grass root" de 130 000 personnes qui a
pu former un mouvement pour le non, ce qui n'aurait pas été
permis possiblement si cela avait été contrôlé comme
ici par les partis politiques.
M. Paquette: Vous n'avez pas lu la loi.
M. Lavoie: J'en ai lu pas mal plus long que vous sur cela.
Si c'est limité uniquement par les parlementaires, M. le
Président, pour un référendum quelconque, prenons un
exemple, dans le but d'étendre le mandat des parlementaires ou augmenter
les salaires des parlementaires, ce serait facile, la chair étant
faible, de permettre que tous les parlementaires prennent le contrôle des
comités. Aucune personne de la base ne pourrait être
intégrée pour participer au référendum. Il pourrait
y avoir un référendum pour pouvoir limiter le droit de
grève. Vos comités nationaux sont ainsi faits que les partis
politiques pourraient, possiblement, être tous favorables à cela,
ce qui empêcherait la participation autant des syndicats que des gens en
dehors de l'Assemblée nationale pour obtenir l'aide de l'Etat, parce
qu'ils ne seraient pas acceptés dans ces comités nationaux
contrôlés strictement par les parlementaires.
Je vais vous donner un autre exemple. Il pourrait y avoir un
référendum, disons genre nanan, bonbon, disant: Est-ce que vous
êtes favorables à ce que le Québec récupère
d'Ottawa tous ses pouvoirs en communications et en culture? Il est
évident que tous les parlementaires en grande majorité seraient
favorables à cela. Si vous décidez d'aider les deux causes avec
$500 000 ou $300 000, il pourrait y avoir un seul député à
l'Assemblée nationale qui serait extrêmement pro-british ou plus
fédéraliste que les autres qui pourrait former le comité
à lui tout seul et profiter à lui seul dans son
comité...
M. Vaillancourt (Jonquière): Comme vous.
M. Lavoie:... parce qu'il est parlementaire, de tous les fonds
qui seraient disponibles pour une des possibilités.
M. Charbonneau: ... être fédéraliste c'est
être probritish.
M. Paquette: II en aurait besoin.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Avec cette loi telle qu'elle est
rédigée, pour vous dire combien ce n'est pas praticable, un
même parti politique pourrait contrôler les deux clans. Avec 80
députés ou même avec 75 députés, un parti
ministériel pourrait avoir la majorité...
M. Burns: C'est possible.
M. Lavoie: ... autant dans l'option "oui" que dans l'option
"non". Où est la démocratie, si même aux
députés de l'Opposition, minoritaires dans la minorité
dans ces comités, on pourrait refuser toute participation dans un
référendum possible?
Une autre chose, c'est tellement peu praticable... Je n'accepte pas le
prérequis proposé par le ministre lorsqu'il veut limiter
justement le contrôle des dépenses pour donner chance égale
aux deux options. C'est cela le but. Pourquoi une telle contrainte si vous
voulez donner chance égale aux deux options? Moi, je me dis qu'il faut
se fier à la démocratie. Prenons une question qui pourrait
être posée à la population je vous donne un
exemple sur l'avortement ou une autre question, l'énergie
nucléaire. Prenons l'hypothèse que tous les sondages, pour une
raison ou pour une autre, donneraient pour l'avortement, 25% de la population
et 75% démocratiquement contre. Soit au moyen d'un test ou s'il y avait
moyen d'avoir le résultat final, supposons que la démocratie, au
Québec, sur une question donnée, s'exprimerait à 25%
contre 75%. Pourquoi, dans un tel cas où la démocratie pourrait
s'exprimer dans une telle proportion, voulez-vous donner un prérequis,
au départ, de chance égale pour les deux options qui ont le droit
de dépenser $0.50 par électeur, soit, pour 4 millions
d'électeurs, $2 millions à un et $2 millions à l'autre? Ce
contrôle strict des dépenses vous amène justement à
brimer des droits de nos concitoyens. Je ne vois pas pourquoi et je ne
comprends pas cette logique. Moi, je dis qu'il faut faire confiance à la
démocratie. Nous aurons, d'ailleurs, lorsque nous aborderons cette
question, tout en limitant les dépenses, tout en contrôlant les
dépenses, des amendements à apporter qui respecteront les droits
fondamentaux des citoyens.
Je dis en terminant, M. le Président, qu'il s'agit d'une mesure
c'est bizarre, le ministre va sauter d'extrême droite que
vous amenez actuellement en limitant...
M. Paquette: C'était dans l'article de Johnson cela
aussi.
M. Lavoie: ... les gens, en privant les organismes, en privant
les individus de participer à un débat public.
M. Bertrand: Retirez la loi.
M. Paquette: Avant c'était le Devoir. Maintenant c'est le
Globe and Mail.
M. Lavoie: J'aurais bien voulu vous voir dans l'Opposition si un
parti traditionnel avait amené une loi de la sorte. N'oubliez pas une
chose. Sous le grand paravent de la vertu, vous allez empêcher les
individus, les citoyens, les organismes de s'exprimer et de participr à
des débats publics et à un débat aussi important que celui
sur l'avenir du Québec. C'est une loi de bâillon, c'est une mesure
du silence, c'est une loi malhonnête, sectaire et
antidémocratique. C'est un contrôle excessif. C'est un
débat public et il faut se fier à la démocratie.
D'ailleurs, vous avez les restrictions on vous les a mentionnées
et je ne voudrais pas les répéter de la Commission des
droits de la personne. Les représentants de cette commission nous ont
dit, lorsqu'ils sont venus en commission parlementaire, qu'ils
préféraient s'exprimer sur une loi au lieu d'un livre blanc. La
loi est actuellement déposée et j'ai reçu un
télégramme ce matin à la suite d'une demande que je leur
ai faite au mois d'avril. Je peux vous le lire, il est plutôt
intéressant. Si vous voulez bien m'accorder quelques instants.
Le Président (M. Clair): Je veux bien vous accorder
quelques instants, M. le député de Laval. J'en profiterai pour
vous indiquer que vous m'aideriez énormément à
interpréter équitablement l'entente si vous terminiez dans
environ trois minutes, puisqu'il y a déjà 42 minutes que vous
exercez votre droit de parole.
M. Lavoie: Je le trouverai tout à l'heure. En deux mots,
la commission dit qu'elle s'est prononcée sur le livre blanc et qu'elle
n'entend pas se prononcer sur la loi. Je la comprends lorsque je lis que, le 20
avril 1978, en commission parlementaire qui a étudié les
crédits de la Justice, M. Hurtubise, par la bouche du ministre de la
Justice, disait les choses suivantes à la suite d'une demande du
député de Marguerite-Bourgeoys qui invitait la commission
à donner son opinion sur le livre blanc: "Ceci dit, dans la mesure
où le projet de loi ne ferait que reprendre ces grands principes, je
pense qu'il n'y aurait pas lieu de revenir à la charge puisque notre
fonction est tout simplement, et je tiens à le préciser,
d'appliquer une grille d'analyse qui est celle qu'on retrouve dans la charte.
La charte énonce un certain nombre de valeurs. Nous vérifions si
un projet de loi est respectueux de ces valeurs ou non et nous transmettons
l'avis. Après cela, notre rôle se termine. Dans la mesure
où ce que nous avons dit sur le livre blanc est à peu près
ce qu'on pourrait répéter sur le projet de loi, je pense que nous
n'avons pas l'intention de revenir". Cela veut dire qu'il pourrait
répéter les mêmes commentaires; ce sont les mots du
président Hurtubise.
M. Paquette: Ils ne sont pas mauvais, ces commentaires.
M. Lavoie: Cela vient un peu en contradiction avec le ministre
lorsqu'il a dit...
M. Paquette: On va vous lire le rapport, tantôt.
M. Vaillancourt (Jonquière): On va vous lire le rapport de
la commission, tout à l'heure.
M. Lavoie: Le rapport que nous avons eu?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, oui.
M. Lavoie: J'en ai une copie ici.
Le Président (M. Clair): Messieurs les
députés ministériels...
M. Vaillancourt (Jonquière): Très bon.
M. Lavoie: Et vous savez toutes les réserves qu'il y a sur
les droits d'association?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Vous faites de la lecture sélective.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Messieurs les
députés ministériels, j'ai prié le
député de Laval de conclure au plus tôt. Je suis convaincu
que vous allez m'aider et l'aider également à conclure. Avez-vous
terminé?
M. Lavoie: Je disais donc que la Commission des droits de la
personne semble dire que les mêmes remarques qu'elle a faites sur le
livre blanc s'appliqueraient à la loi; cela vient en contradiction avec
le ministre qui nous a dit: On n'a plus besoin de l'opinion de la commission
tellement on a bonifié le projet de loi. Vous l'avez dit en Chambre,
d'ailleurs.
M. Burns: Pas comme cela. Vous interprétez
constamment.
M. Lavoie: J'aimerais savoir vos commentaires sur cela, de toute
façon.
M. Burns: Voulez-vous que je vous répète ce que
j'ai dit?
M. Lavoie: Un instant! Je vais terminer et je vous donnerai la
parole après.
M. Burns: Ah bon! Vous n'avez pas à me donner la
parole.
Le Président (M. Clair): C'est moi qui vous donnerai la
parole.
M. Burns: Ce n'est surtout pas vous qui allez me donner la
parole.
M. Lavoie: Je vous céderai la parole après.
M. Burns: C'est cela, employez un vocabulaire plus normal, plus
compatible avec les fonctions que vous occupez actuellement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lavoie: Depuis le début, les dés sont
pipés, c'est un scénario. Nous allons apporter
énormément d'amendements pour clarifier, pour bonifier ce projet
de loi en ce qui concerne la question afin qu'elle ne demande qu'un oui ou un
non. Soyez assurés que nous allons faire une bataille sans
relâche, surtout en ce qui concerne les comités nationaux parce
que ce qui est actuellement dans le projet de loi non seulement n'est pas
applicable, mais c'est contre nos principes de base de démocratie et de
libeté que nous avons toujours connus au Québec. (11 h 15)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je serai très bref,
puisque j'ai en main trois longs discours faits par notre parti et que nos
positions sont maintenant connues, soit par le leader parlementaire adjoint, M.
Brochu. J'ai eu à parler à deux reprises à cette
commission. Inutile de vous dire que je serai bref dans mes recommandations et
que j'ai déjà hâte qu'on passe à l'étude de
cette loi.
Je dois aussi vous dire que ce n'est pas dans l'esprit de l'Union
Nationale de mélanger l'étude de la loi et le
référendum pendant que nous allons être à cette
table.
Nous avons déposé, il y a quelques années, une loi
du référendum qui pouvait être appliquée pour le
règlement de différents problèmes. Je pense que cette loi
est un peu la continuité de l'esprit qui animait notre formation
politique à ce moment. C'est pourquoi nous avons hâte d'avoir en
main cet outil de travail. Nous n'avons pas l'intention de mettre en doute
chacun des articles de la loi en l'épurant, en y apportant toute la
sécurité qu'on doit lui apporter, mais nous ne voulons pas
terminer cette commission d'étude en laissant la population dans le
doute, à savoir qu'on s'est donné le mauvais outil et qu'on
pourra conséquemment donner un référendum qui ne
répondra pas aux aspirations des Québécois.
Nous voulons travailler pour que la population ait confiance dans son
outil de travail. Qu'on soit assuré que, lors du prochain
référendum, si ce devait être celui qui amènera
l'indépendance du Québec je veux dire comme étude
nous voulons que la population ait confiance dans son instrument de
travail, dans cette loi que nous sommes en train d'élaborer. La
population désire ce référendum; pour ce qui est du
résultat, on en discutera. Il est clair que les gens, qui ne sont pas
des politiciens comme nous, ont hâte qu'on arrête de discuter de ce
projet de loi qui deviendra loi, pour enfin passer aux gestes. La population en
général se demande pourquoi tant d'heures passées à
l'étude de cette loi. Il est de toute évidence que nous
travaillerons, que nous aurons au moins une demi-douzaine d'amendements, mais
que nous avons hâte d'être capables de nous donner cet instrument
pour passer à la véritable étape qui est celle du
référendum.
Quant au projet de financement de ces comités nationaux, nous
n'avons rien à dénoncer du fait qu'on limite les dépenses
dans le référendum puisqu'il est peut-être temps qu'on
comprenne que les orgies de dépenses au Québec, que ce soit en
période référendaire ou en élection, il y a un
terme à apporter à cela. On l'a dénoncé dans la loi
du fédéral, quand elle a été déposée
il y a quelques semaines, et on continuera à le dénoncer s'il
devait y arriver des amendements de part ou d'autres, amendements voulant
donner une finance sans fin pour la mise en place de ce
référendum. Encore une fois, qu'on ait bien à l'esprit que
notre formation politique n'entend pas se servir de cette chaire pour parler de
référendum, pour lancer la bataille du référendum.
Il y aura un temps pour cela et je pense qu'il y a une limite à apeurer
la population. Nous allons nous donner cet outil de travail.
Je voudrais bien qu'on me comprenne, autour de cette table. Qu'on soit
des gens qui désirent l'indépendance du Québec, qu'on soit
des gens qui désirent un fédéralisme qu'on connaît
depuis plus de cent ans, ou qu'on soit des gens qui
désirent un fédéralisme renouvelé, de
nouveaux liens canadiens, peu importe notre option, je pense que le sujet est
trop noble pour se permettre de faire de la petite politique, de la
parti-sanerie, et tenter de gagner des votes à même un
référendum, qu'on s'appelle péquistes, libéraux ou
unionistes ou d'autres formations politiques. Nous allons travailler ici, qu'on
ait l'expérience ou pas. Certains députés veulent faire
flèche de tout bois. Je vous dis immédiatement que notre
formation politique, que j'occupe le fauteuil de l'Union Nationale ou que ce
soit un autre député comme intervenant, ne se servira pas de
cette table de travail pour faire, ici, de la partisanerie. Il y a d'autres
champs d'activité pour recruter des votes, recruter des adhérents
à une formation politique. Cette question est depuis trop longtemps
discutée au Québec et au Canada pour qu'on vienne ici la
politiser. J'ai joliment hâte qu'on ait tranché cette question.
S'il y a des agonies quelconques du côté économique, c'est
principalement dû à cette question. Et quand on aura un outil
valable en main que je voudrais le plus parfait possible, que toute cette table
voudrait le plus parfait possible, il sera temps de passer au
référendum. Quant aux politiciens qui sont habitués, aux
nouveaux politiciens, que ce soit une table où il y a de la
sincérité d'un côté comme de l'autre. C'est l'appel
que je lance ici. C'est peut-être une période
préréférendaire que nous vivrons pendant l'étude de
cette loi. Je serais joliment désappointé qu'on passe ici des
semaines à l'étude de cette loi. Je pense qu'il y aura un temps
pour régler la question du référendum et un temps pour
régler la loi du référendum, et c'est pour moi, dans
l'esprit de l'Union Nationale, deux choses fort différentes. Nous allons
régler ce projet de loi. Nous allons le faire le plus honnêtement
possible, en se faisant peut-être plus confiance qu'on ne l'a
entonné ce matin en lançant le débat, en se faisant plus
confiance des deux côtés de la table. Je fais également
appel aux media d'information pour comprendre, comme on l'a fait tout à
l'heure ici, qu'autour de cette table il y a des gens qui ne
représentent peut-être pas la majorité ni l'Opposition
officielle, mais qui ont quand même des opinions fort valables à
émettre et qui sentent le courant de la population, qui ont le pouls de
la population. La population en a assez des études que nous sommes
à faire sur cette loi du référendum. Cela fait 20 ans
qu'on parle d'études sur le référendum et la plupart des
partis ont parlé de référendum à l'intérieur
de leur comité d'étude. Certains partis l'ont mis à leur
programme électoral et je pense qu'il est temps qu'on
procède.
Personnellement, je vous garantis que vous avez mon entière
collaboration. Je ferai ici les amendements que l'Union Nationale proposera, au
nombre d'une demi-douzaine à peu près, et je n'entrerai pas,
jamais, dans un amendement qui viendra ici faire perdre le temps de la table;
et je le dénoncerai, qu'il vienne d'un bord ou de l'autre de la table.
Je pense qu'il est temps, une fois pour toutes, qu'on procède. L'esprit
qui a animé notre parti depuis que nous sommes ici a toujours
été le même. C'est dans cet esprit positif que nous
abordons aujourd'hui cette période de travail. A ce stade de nos
travaux, les efforts de l'Union Nationale porteront sur les
améliorations à apporter au projet de loi de telle sorte que l'on
puisse en faire une loi qui, d'aucune manière, ne puisse arrêter
le flanc à la critique.
C'est principalement le chapitre II concernant le Conseil du
référendum qui fera l'objet des attentions de l'Union Nationale
qui en lançait l'idée en mars 1977 et en avait
réclamé la création jusqu'à ce que le gouvernement
en reconnaisse le bien-fondé et l'inscrive dans son projet de loi 92.
N'étant pas étrangers à la conception du Conseil du
référendum, nous entendons réclamer pour lui toute la
dimension qu'il possède dans notre esprit. Le Conseil du
référendum doit apparaître comme le véritable garant
de la liberté et de la sincérité de la consultation,
laquelle sera utilisée. Cette loi organique de la consultation populaire
devra être acceptée de tous les citoyens, quelle que soit leur
attitude à l'endroit de la question posée. Elle devra garantir
à chaque Québécois qu'il lui sera loisible de s'exprimer
en toute sincérité et liberté et que son expression
d'opinion sera considérée en toute honnêteté
grâce à un mécanisme de consultation parfaitement
étanche et impartial. Il est essentiel que nous en arrivions à
créer ce climat de confiance si nous aspirons véritablement
à obtenir un résultat significatif lors d'un
référendum. Ainsi, dans un tel climat, le débat portera
sur la question de fond, sur la finalité de la consultation, et non sur
tout à la fois, tant forme que fond.
L'Union Nationale, encore et toujours, place bien au-delà des
petits avantages partisans le bien-être de la démocratie au
Québec; en aucun moment il ne doit y avoir place pour la
démagogie, comme je l'ai dit tout à l'heure, lorsque les
intérêts supérieurs de la nation sont en cause. C'est en
vrais Québécois, mandatés par les Québécois,
que nous, législateurs, devons travailler à formuler la meilleure
définition d'un outil éminemment démocratique afin de
faire participer tous les Québécois au développement et
à l'épanouissement du Québec des
réalités.
M. le Président, je vous réitère en terminant que
vous pouvez compter sur notre collaboration, pour autant qu'on se donnera ici
un outil capable de donner confiance à la population. Il faut
déjà préparer, à cette table de travail,
l'après-référendum. Ce n'est pas en voulant se passer des
sapins d'un bord ou de l'autre de la Chambre, ou en voulant faire de la petite
politique ici que nous donnerons cet esprit de confiance dont les gens auront
besoin le lendemain du référendum pour être capable
d'accepter un succès ou une défaite. C'est la position de l'Union
Nationale. Je suis convaincu qu'à la fin de votre période de
travail c'est peut-être celle qui prévaudra.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie, M. le
député de Mégantic-Compton. M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'aimerais
énormément que le ministre soit présent. Je ne sais pas
s'il est sorti pour longtemps.
M. Paquette: II a une rencontre qui ne peut pas attendre. Il
revient tout de suite.
M. Samson: Je vais quand même commencer mes observations,
M. le Président, en vous demandant de lui faire part de certaines de ces
observations.
Le Président (M. Clair): Vous pouvez être
assuré que je lui en ferai part par le biais du journal des
Débats.
M. Camil Samson
M. Samson: Je n'ai pas à annoncer des dizaines et des
dizaines d'amendements, mais il y a des remarques que je voudrais faire. Je
voudrais que le ministre puisse en prendre connaissance et nous donner son
idée, une fois qu'il aura pris connaissance de ces remarques.
Il me semble très important, au début de l'étude de
la loi no 92, et même je considère que cela devrait être un
prérequis, étant donné que la loi 92 sur la consultation
populaire est en même temps une loi qui amende la Loi électorale
et la Loi du financement des partis politiques, que, tout au cours des
discussions en commission parlementaire sur la loi 92, nous ayons la
présence et du président des élections et du
président de bureau du financement des partis politiques.
L'importance de leur présence est due au fait que ces deux
personnages auront un rôle de premier plan à jouer lors d'un
éventuel référendum, étant donné que l'un
sera le maître d'oeuvre du référendum lui-même et que
l'autre sera celui qui aura à surveiller et à contrôler les
dépenses et les entrées concernant le financement.
Si je fais cette demande au tout début de mes remarques, c'est
que nous avons vécu, à titre d'expérience, il y a à
peu près une dizaine de mois maintenant, les discussions sur la loi no
2. Bien sûr, nous ne pouvions pas, à ce moment, avoir la
présence du président du financement des partis politiques parce
qu'il n'était pas nommé. Cela n'était pas possible, mais
nous avons vu à l'expérience que la mise en application de la loi
a été un peu difficile à ses débuts, compte tenu du
fait que ni le président ni ses deux adjoints n'avaient
été présents à l'occasion des discussions de cette
loi qu'ils doivent maintenant appliquer.
Puisque nous aurons à amender cette loi, puisqu'ils auront
à appliquer cette loi, il me semble que cela devrait être
absolument un prérequis qu'ils soient présents à
l'occasion des discussions pour savoir ce qui se dit, connaître la
philosophie de la loi, connaître davantage l'esprit de la loi que nous
sommes à discuter et, à l'occasion, s'il y a lieu je dis
bien s'il y a lieu si nous avons des questions à poser, ces deux
personnages importants pourront être à la disposition du ministre
pour le conseiller sur les réponses qu'il pourra nous donner.
M. le Président, cette loi sur la consultation populaire que nous
étudions aujourd'hui, le principe en a été voté. Je
pense que tout le monde est d'accord sur le principe d'une loi sur les
consulta- tions populaires. Je souligne encore qu'il est temps de penser
à la possibilité, par les amendements qui pourront être
amenés devant cette assemblée, d'en faire une loi spéciale
sur les référendums ou encore, au moins, une loi sur les
référendums constitutionels.
Je dis, M. le Président, que même en ne voulant faire
d'aucune façon de la partisanerie politique, il reste qu'il y a des
choses qui doivent être spécifiées et dites. Nous aimerions
que le gouvernement ne prenne pas avantage de la situation
privilégiée qui peut être la sienne à l'occasion
d'un référendum. (11 h 30)
Bien sûr, on a spécifié qu'il y aura dans cette loi
une limite des dépenses en vue je veux bien le croire de
ne pas privilégier une option plus qu une autre quant au financement. Je
souligne à l'attention de cette commission que, s'il est important que
nous ayons une loi sur le financement des partis politiques et une loi limitant
les dépenses électorales, puisque cette loi limitant les
dépenses électorales établit justement
I'équité entre les différentes options à l'occasion
d'une élection, il ne faut pas oublier qu'il y a quand même,
toutes proportions gardées, une bonne différence entre la
limitation des dépenses à I'occasion d une élection et la
limitation des dépenses à l'occasion d'un
référendum.
Le fait est qu'à l'occasion d une élection
générale les Chambres sont dissoutes. Donc, le gouvernement, les
ministres doivent faire campagne de la même façon que les
candidats de tous les autres partis politiques, c'est-à-dire avec les
deniers des partis, deniers qui sont assujettis maintenant à la loi du
financement des partis politiques. A l'occasion d'un référendum,
rappelons-nous que tous les ministres seront encore en poste. S'il est vrai que
la limitation des dépenses peut être une chose qui limite
différents partis politiques, par le biais d'une tournée
ministérielle, par le biais d un discours d'un ministre, par le biais
d'une conférence bien préparée à l'avance et dont
la publication est faite par d'autres groupes que ceux qui sont
enregistrés au référendum, par tous ces biais il pourrait
y avoir la loi ne I'empêche pas présentement de
facto un déséquilibre, compte tenu du fait que le parti
ministériel pourrait utiliser ce genre de privilège. Je ne lui
prête pas de mauvaises intentions, mais je dis que la loi ne
I'empêche pas. Il faudra y penser au cours de l'étude du
projet.
Le gouvernement est, bien sûr, avantagé dans les questions
référendaires, quelle que soit la question, quel que soit le
référendum, s il y en a plusieurs, si le gouvernement conserve sa
loi-cadre. S'il ne la conserve pas et si cela devient une loi spéciale,
le gouvernement demeure quand même privilégié parce qu'il
est le seul tout le monde va le reconnaître à
connaître la stratégie du référendum. Quant à
la question que personne autour de cette table de l'Opposition je dis
bien de lOpposition ne connaît encore, quant à la date
où sera connue cette question et quant à la date du
référendum, le gouvernement est le seul à connaître
ces détails.
Nous retrouvons dans cette loi un article qui veut qu'un
référendum qui est en cours soit annulé automatiquement
par le déclenchement d'une élection générale. Seul
le gouvernement sait maintenant ou saura plus tard, le cas
échéant, s'il y aura, oui ou non, une élection
générale déclenchée durant le cours d'un
référendum. N'oublions pas qu'il est encore du droit du premier
ministre de déclencher à sa guise une élection
générale. Donc, les membres des partis de l'Opposition, de bonne
foi, entrent dans une campagne je dis cela à titre d'exemple
référendaire et peuvent hypothétiquement
dépenser les sommes d'argent prévues et qui sont limitées,
en prévoyant, au début, une certaine somme, et en
prévoyant, vers la fin de la campagne, peut-être des
dépenses plus fortes, les derniers jours.
A l'encontre de cela, le gouvernement seul, connaissant sa
stratégie, pourrait je dis pourrait, je ne l'accuse pas de
vouloir le faire, remarquez bien, mais il n'y a rien qui l'empêcherait de
le faire, d'après la loi telle qu'elle est présentement
pourrait, lui, y aller à fond de train de dépenses et de
propagande au cours et au début de la campagne, sachant d'avance qu'il a
l'intention de déclencher une campagne électorale
générale en cours de référendum. De ce fait, la
limite de dépenses ne voudrait plus rien dire pour le gouvernement parce
qu'il aurait, par ce moyen technique qui n'est pas défendu par la loi,
la possibilité de dépenser deux fois plus d'argent que les
opposants au référendum s'il advenait qu'il ait l'intention, dans
sa stratégie, de déclencher des élections
générales en cours de référendum.
Une Voix: Vous leur donnez des idées.
M. Samson: Oui, ce sont peut-être des idées que je
leur donne, mais je n'ai pas l'impression pour que même toutes les
Oppositions concertées peuvent donner des idées à ce
gouvernement. Il en a passablement lui-même. M. le Président, je
dis...
Une Voix: C'est interdit par la loi.
M. Samson: Ce n'est pas interdit par la loi, au contraire. M. le
Président, je dis que la valeur du référendum, telle que
prévue par la loi, n'étant qu'une valeur consultative et
n'engageant pas le gouvernement, n'est pas tout à fait dans l'esprit de
ce que ce gouvernement a laissé entendre à la population avant de
prendre le pouvoir. Il y a autre chose qui ne se retrouve pas dans la loi et
qu'il me semble assez important de discuter, qui pourrait se faire par le moyen
d'amendements. Je le répète encore parce que le ministre
n'était pas là au début de mes remarques d'accord,
je n'en fais pas de reproche au ministre je réitère que je
n'annonce pas là des amendements que je déposerai. Je fais des
remarques, j'espère qu'elles seront prises en considération et
qu'on pourra, en temps et lieu, peut-être faire des corrections.
Le pourcentage des votes requis pour qu'un référendum soit
reconnu comme valeur consultative normale devrait, il me semble, être
inclus dans la loi. Autre matière, le Conseil du
référendum sera composé du juge en chef de la Cour
provinciale et de deux autres juges nommés par le gouvernement. Je
suggère également qu'à ce poste on puisse en arriver
et j'aimerais, M. le Président, c'est un souhait que j'ose faire,
qu'il y ait là plusieurs amendements à un consensus, parce
qu'il s'agit d'une loi d'une grande importance qui, il me semble, doit se
situer au-delà des partisane-ries politiques. Le consensus pourrait nous
permettre d'arriver à quelque chose de valable comme outil, et la
population sentirait réellement un effort du parlementarisme d'aller
à la consultation. Quand je parle du Conseil du
référendum, du juge en chef de la Cour provinciale qui en fera
partie et de deux autres juges nommés par le gouvernement, il me semble
que les deux autres juges devraient être nommés autrement que par
le gouvernement, par d'autres méthodes, qui peuvent être
discutables, évidemment. Je vois les signes que le ministre me fait, il
semble qu'ils ont pensé à une possibilité, en tout cas, de
placer ce Conseil du référendum hors de toute atteinte possible
et de toute critique possible.
Il me semble aussi que, pour les fins du ou des
référendums, il serait peut-être valable, en tout cas,
parce que c'est un genre de loi qui est nouveau chez nous, il serait valable
qu'on pense à former un conseil consultatif en plus du Conseil du
référendum dont les rôles sont assez limités. Il me
semble qu'un conseil consultatif des représentants de chaque parti
à l'Assemblée nationale pourrait avoir une certaine valeur. Nous
avons vu que le conseil consultatif a eu une grande valeur, en tout cas en ce
qui concerne la mise en place de la loi 2. C'était une loi nouvelle, une
forme nouvelle de financement des partis politiques et en quelque sorte du
droit nouveau, et la participation du conseil consultatif a permis en tout cas
de mettre la machine en place, ce qui aurait été beaucoup plus
difficile autrement.
J'en viens aux comités nationaux ou encore les
comités-parapluies; il me semble que ce n'est pas là la meilleure
formule pour permettre l'expression libre de la démocratie. Les
comités-parapluies seront pour le oui ou pour le non, toujours en
prétendant qu'il y aura possibilité d'avoir une question claire
qui appellera un oui ou un non, parce qu'il me semble que cette question devra
être claire et devra appeler un oui ou un non, comme c'est le cas dans
plusieurs autres pays. Mais ces comités-parapluies, qui sont et pour le
oui et pour le non, sont des comités qui, comme le disait le leader de
l'Opposition officielle tantôt, risquent fort de semer, sinon de la
division, au moins de la confusion dans les rangs d'au moins l'un des deux
comités. Le comité dans lequel le gouvernement fera son lit fera
sûrement l'unanimité des députés du gouvernement,
donc la majorité, et l'autre comité risquerait fort bien de se
retrouver avec le parti qui a le plus grand nombre de députés
qui, automatiquement, prend le leadership, parce qu'il a la majorité des
membres. Il
me semble que cela n'est pas dans l'esprit démocratique.
Or, est-ce que nous devons penser à une formule
différente? Je dis, M. le Président, que, oui, nous devons penser
à une formule différente, même s'il n'y a que deux options
et, ce que j'espère toujours, qu'il y aura une option qui appellera un
oui ou un non. Mais, même s'il n'y a que deux options, il me semble qu'il
y aurait moyen de faire en sorte, tout en respectant la limite des
dépenses prévues, de laisser l'autonomie de chaque parti
politique, c'est-à-dire que nous n'aimerions pas être
embrigadés par la force et par la loi dans un comité en tant que
représentant d'un parti politique. Je suis persuadé, pour en
avoir discuté avec nos gens chez nous, que nos gens ne seraient pas
heureux d'être embrigadés par la loi dans un
comité-parapluie où ils ne pourraient pas prendre les
décisions, ils ne pourraient pas participer directement aux
décisions. Ce que le leader parlementaire de l'Opposition officielle a
mentionné tantôt comme exemple, que les partis moins
représentés à l'Assemblée nationale pourraient
risquer de se retrouver en arrière, c'est peut-être un exemple
exagéré, si on veut, mais qui explique clairement ce qui pourrait
arriver. On explique souvent par le pire, pour mieux se faire comprendre, mais
cela pourrait effectivement et techniquement arriver.
On m'apportera peut-être en contreproposi-tion le fait qu'il y
aura une subvention prévue dans ce projet de loi pour les comités
et que cette subvention sera versée par le ministre des Finances,
subvention à être discutée et dont le montant sera
versé par le ministre des Finances, comme subvention de départ,
et que, par la suite, les règles seront celles de la loi 2 pour le
financement et la limite des dépenses.
Je dis, et je le dis à l'attention spécifique du ministre,
qu'il y aurait peut-être lieu de voir à la possibilité
d'utiliser la même formule, quant à la subvention de
départ, que celle utilisée pour le financement public des partis
politiques, c'est-à-dire au pourcentage des votes reçus lors de
la dernière élection, ce qui pourrait constituer la subvention de
départ, et que chaque parti politique ait le libre choix ou bien
d'adhérer à un comité ou de pas y adhérer et de
faire campagne selon sa philosophie, selon ses convictions pour l'option de son
choix. Il me semble que c'est un minimum de démocratie qu'on doit
respecter. (11 h 45)
Ces comités-parapluies peuvent créer beaucoup de confusion
et ne pas servir la démocratie. J'espère qu'on pourra, au cours
de l'étude article par article, trouver une formule qui ferait le
consensus. Je continue à souhaiter qu'on pourra procéder le plus
possible par amendements par voie de consensus.
La limite des dépenses pour un référendum ou pour
une élection. C'est notre premier référendum en vue. Nous
savons tous que la limite des dépenses, à l'occasion d'une
élection générale, est de $0.60 par électeur dans
chaque circonscription pour les premiers 10 000 électeurs, $0.50 pour
les 10 000 électeurs suivants et $0.40 pour les autres électeurs.
Le parti peut, lui, dépenser $0.25 par électeur comme parti
politique. Nous retrouvons dans la loi des dépenses moindres que
celles-là. Je le porte à l'attention du ministre, compte tenu du
fait que déjà il semble à pas mal de monde que les limites
de la Loi électorale actuelle auraient tout avantage à être
indexées, parce que ces limites ont été fixées en
1965, je crois, et ont été mises en application la
première fois à l'élection de 1966. Cela fait
déjà douze ans et depuis ce temps-là il y a eu une
augmentation du coût de la vie, il y a eu une augmentation...
M. Burns: Est-ce que le député me permet de
répondre à cette question? Elle est beaucoup plus technique
qu'autre chose.
M. Samson: Oui.
M. Burns: Dans les faits, si vous calculez le prorata des $0.60,
$0.50 et $0.40 auquel vous faisiez référence tout à
l'heure par circonscription électorale, en moyenne, cela donne à
peu près $0.50 par électeur à peu près partout. Il
y a des circonscriptions où cela donne plus parce que ce sont de petites
circonscriptions...
M. Samson: J'en conviens, la moyenne est d'environ $0.50.
M. Burns: ... mais si vous êtes dans la moyenne de
comté de 32 000 électeurs, cela donne à peu près
$0.50.
M. Samson: Je conviens que la moyenne est d'environ $0.50 par
électeur par comté, mais il y a $0.25 par parti en plus.
M. Burns: Quant au deuxième aspect de votre question, je
peux vous dire tout de suite que nous envisageons de déposer, si
possible avant la fin de la présente session j'espère
qu'on ne m'accusera pas de le faire encore à la fin d'une session
mais non pas pour adoption lors de cette session, une espèce de grande
réforme de la Loi électorale. Ce pourrait être un des
éléments qui entreraient dans la réforme de la Loi
électorale comme telle.
M. Samson: Je remercie le ministre de ses précisions. Il
vient, en quelque sorte, confirmer mes inquiétudes et confirmer
également que si on a en tête la possibilité d'augmenter ou
de modifier ces limites de dépenses pour les fins électorales,
pour de très bonnes raisons, je pense, pour la présente loi, la
loi 92, on ne devrait pas attendre la Loi électorale, mais on devrait
immédiatement songer à la rendre plus réaliste. C'est
là une perche que je tends pour qu'on puisse y penser d'ici le moment
où on fera les discussions.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, étant donné que vous étiez vous-même
partie à la convention et pour me faciliter l'interprétation de
l'entente, je vous indique que
vous exercez votre droit de parole depuis 23 minutes, maintenant. Sans
vouloir être restrictif, vous m'aideriez beaucoup si vous vouliez
conclure dans quelques minutes.-
M. Samson: M. le Président, je vais être d'une
collaboration qui va vous surprendre.
Je termine, M. le Président, en soulignant parce que le
ministre n'était pas là; je sais qu'on a peut-être fait le
message, mais je veux être bien sûr qu'il l'a que
j'aimerais, pas pour ce matin, mais pour les prochaines séances,
peut-être à compter de demain ou, si possible, à compter du
moment où on en arrivera à l'article 1 dans l'étude
article par article, qu'on ait la présence du président des
élections et du président du on vous a fait le message,
vous avez une équipe qui est extrêmement efficace, M. le ministre
financement des partis politiques. Je suggère qu'on repense
sérieusement la possibilité, sinon que cette loi devienne
spéciale pour le référendum que nous visons, au moins
d'avoir une loi qui est spéciale pour les référendums sur
les matières constitutionnelles. Qu'il y ait un pourcentage minimum de
votes requis, que la question à être posée, qui fera
l'objet d'un débat de 30 heures à l'Assemblée nationale,
exige j'en fais une proposition l'approbation des deux tiers des
membres de l'Assemblée nationale pour qu'on ait réellement
là une question posée par l'Assemblée nationale et qu'on
n'ait pas l'impression que c'est posé par l'Assemblée nationale
si elle est adoptée seulement à la majorité simple. En
effet, tout le monde va convenir que, lorsqu'une question est adoptée
à la majorité simple à l'Assemblée nationale, c'est
le gouvernement qui décide et non pas l'Assemblée nationale comme
corps. Or, comme dans les matières qui relèvent de
l'Assemblée nationale, autant nous exigeons pour la nomination du
président des élections, pour la nomination du directeur du
financement des partis politiques, pour la nomination du Vérificateur
général, pour la nomination de lom-budsman, les deux tiers de
l'Assemblée nationale, je pense que la question posée, qui devra
faire l'objet d'un débat, devrait aussi exiger une majorité des
deux tiers de l'Assemblée nationale. Qu'on nous garantisse que ce soit
une question claire et qui appelle un oui ou un non. Là-dessus, M. le
Président, je ne peux que terminer en souhaitant que l'on puisse faire
un bon travail, objectivement, positivement et qu'on puisse arriver à
avoir la meilleure des lois sur les référendums, autant que
possible, par consensus.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie, M. le
député de Rouyn-Noranda. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Il y aura bientôt un
an que le ministre responsable a présenté un livre blanc sur la
consultation populaire, puisque, effectivement, ce livre blanc a
été présenté au mois d'août 1977.
Après avoir entendu les remar- ques, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, je constate que le
dossier n'a pas tellement évolué jusqu à présent.
Il y a eu beaucoup de discussions, mais il y a encore beaucoup de questions qui
sont posées et pour lesquelles nous attendons des réponses. Il
nous faudra avoir des réponses et je dis qu'il y a urgence; pas urgence
au point d'apporter le bâillon pour l'étude de la loi je ne
voudrais pas aller jusque-là, nous en avons assez eu jusqu'à
maintenant mais il y aurait une certaine urgence. La loi devrait
être étudiée de façon normale, mais qu'on ne perde
pas de temps inutilement pour arriver à son adoption. Parce que, si nous
continuons à discuter sur la loi du référendum, voire
même à nous engueuler à certaines occasions, je ne pense
pas qu'on fasse avancer le débat constitutionnel au Québec,
lequel doit être placé bien au-dessus de toutes les
préoccupations partisanes des différentes formations politiques
en place.
Est-ce que cette loi finira par servir? Ma question peut peut-être
en étonner plusieurs ce matin, mais les récents
événements qui se sont déroulés non seulement au
Québec, mais à Ottawa nous ont démontré clairement
qu'il est plus que probable que le référendum n'ait pas lieu en
1979, tel qu'il a été annoncé antérieurement,
puisque personne ne peut dire aujourd'hui s'il y aura des élections
fédérales à l'automne ou si ce sera l'an prochain.
M. Burns: Avez-vous des nouvelles récentes à nous
communiquer sur la date?
M. Roy: Je n'ai pas de nouvelles récentes et je serais
étonné que le parrain du projet de loi, le leader du
gouvernement, ait des nouvelles récentes à nous communiquer.
M. Burns: Non, elles ne sont pas récentes.
M. Roy: Mais, comme nous ne sommes pas dans un règne
politique qui favorise les élections à date fixe, je dois dire
qu'aujourd'hui il n'y a personne en mesure de m'assurer qu'il n'y aurait pas
possibilité d'avoir des élections générales au
Québec avant le référendum. C'est une question qui est
posée actuellement et on admettra que de plus en plus de gens se la
posent. C'est pourquoi je dis que, sur cette question nationale, sur cette
question de la consultation populaire je me réfère
uniquement à la question constitutionnelle, puisqu'il n'y a pas d'autres
référendums dans l'air il n'y a pas de temps à
perdre. Il va falloir procéder le plus rapidement possible à
l'adoption de cette loi, de façon à aborder le vrai débat,
le grand débat, le plus tôt possible.
M. Burns: Est-ce que le député me le permet? Deux
secondes, ce sera très bref.
M. Roy: Oui.
M. Burns: Le député devra cependant
reconnaître que c'est un engagement électoral de la
part du parti ministériel, tant par la voix de son premier
ministre que par la voix du gouvernement, tellement de fois
répété depuis ce temps, qu'il y ait un
référendum avant les prochaines élections
générales. Je pense que c'est un engagement. Le gouvernement se
fera juger à ce moment-là sur ie fait d'avoir mis de
côté cet engagement électoral, si jamais il ne le respecte
pas.
M. Roy: Nonobstant les engagements politiques du gouvernement, je
veux bien faire foi au gouvernement, mais on sait très bien que, peu
importe le gouvernement en place, les engagements électoraux sont une
chose et les possibilités en sont une autre. La politique, c'est
toujours l'art du possible. Mais il ne faudrait pas oublier ce point-là.
Je veux bien prendre la parole du ministre ce matin, mais même là
je dois dire qu'il y a un certain nombre d'éléments qui sont
absolument en dehors du contrôle du ministre et un certain nombre
d'éléments qui sont complètement en dehors du
contrôle du gouvernement lui-même. Il ne faut pas l'oublier. Je
pense qu'il faut regarder les choses avec un sain réalisme.
Si nous sommes aujourd'hui rendus à l'étude article par
article de cette Loi sur la consultation populaire au Québec, mon
intention n'est pas de reprendre un à un tous les arguments et
inquiétudes déjà énoncés sur ce projet de
consultation populaire. Cependant, je dois rappeler que nous sommes toujours
d'accord sur le principe même de la consultation populaire qui, je crois,
pourra devenir un important outil de travail pour nous, parlementaires.
Toutefois, il m'est impossible de souscrire entièrement au
mécanisme mis de l'avant dans ce projet de loi 92. Je suis toujours
convaincu que ces mécanismes, bien qu'on nous louange leur
nécessité pour assurer la démocratie
référendaire, sont des obstacles il ne faudrait pas
l'oublier à la libre expression de notre population. Je persiste
à croire que ce n'est pas en multipliant les contrôles, même
si un minimum de contrôle est nécessaire, qu'on nous mettra
à l'abri de cette maladie gouvernementale qui semble devenir de plus en
plus incurable et que l'on aura un meilleur exercice de la
démocratie.
On parle d'un certain contrôle et non pas d'un contrôle
certain des dépenses qui pourront être faites à l'occasion
de la consultation référendaire, parce que cette loi ne peut pas
s'appliquer ailleurs qu'au Québec, on en conviendra. Il y a de la
publicité qui peut se faire ailleurs qu'au Québec. Même si
les Québécois sont les premiers et les plus directement
concernés par cette consultation sur leur avenir constitutionnel, il
n'en demeure pas moins qu'il y en a d'autres qui ne peuvent pas être tout
à fait désintéressés sur cette question. Est-ce que
cela va être plus facile de s'exprimer en Ontario? Est-ce que cela va
être plus facile et moins contraignant de s'exprimer au
Nouveau-Brunswick? Ce sont des questions que nous devons nous poser. Je ne veux
pas faire de démagogie sur cette question, mais il ne faut pas se fermer
les yeux non plus.
Il y a toute la publicité hors Québec, et il y a aussi la
publicité gouvernementale. On connaît très bien toutes les
subtilités possibles, "permises" qui peuvent être
utilisées, que ce soit même à l'occasion d'une
décision politique prise par un autre gouvernement, par le gouvernement
fédéral comme tel, pour amener, dans le débat
constitutionnel, dans le débat référendaire, une nouvelle
dimension et faire en sorte que, par leur action et par leurs obligations, des
ministres responsables de porte-feuille et faisant partie du Conseil
exécutif de la province seront obligés d'intervenir et que la
publicité gouvernementale entre en ligne de compte en faveur de l'option
gouvernementale. S'il y a des contrôles pour ceux qui veulent en faire la
contrepartie ou qui veulent faire connaître à la population
l'envers de la médaille, il y a un risque de déséquilibre
extrêmement sérieux. On n'a pas le droit de se fermer les yeux
là-dessus. (12 heures)
II y a aussi tous les déplacements ministériels. Mon
collègue de Rouyn-Noranda en a parlé tout à l'heure. Les
déplacements ministériels ne sont pas les mêmes dans une
période référendaire, comme dans une campagne
électorale. Les ministres ont les services gouvernementaux à leur
disposition, c'est-à-dire les voitures du gouvernement pour se
déplacer, ce qui n'est pas le cas pour les autres formations politiques,
les partis d'Opposition ou encore pour ceux qui s'opposeraient au projet
gouvernemental.
Il y a aussi les voyages à l'étranger qu'il ne faut pas
oublier non plus, auxquels une grande publicité revient grâce
à l'électronique, grâce même aux journaux. Etant
donné les limites qu'on peut avoir à l'intérieur du
Québec pour faire connaître notre point de vue et exercer notre
droit de parole, est-ce qu'il ne serait pas plus subtil d'organiser un voyage
en France, à New York, à Chicago ou ailleurs, et, à ce
moment, faire en sorte que toute la presse écrite et parlée au
Québec soit tenue d'accompagner les instances gouvernementales qui
iront, à grand renfort de publicité, faire de grandes
déclarations à l'étranger, tout en faisant en sorte que
les gens, à l'intérieur du Québec, soient
contrôlés et limités? Il ne faudrait pas oublier cela non
plus. Le gouvernement ne peut pas, de par la loi no 92, avoir un droit de
regard strict sur les articles que je viens de mentionner et de souligner, Si
cela s'applique, M. le Président, peu importent les opinions qu'on peut
avoir à l'égard du référendum, il ne faudrait pas
oublier que cette loi n'est pas la loi du référendum sur l'avenir
constitutionnel. C'est la loi des référendums. On risque de
créer des précédents à ce moment. Dans d'autres
moments de notre vie politique au cours de laquelle on fera appel à la
consultation populaire, on pourra se servir des précédents
créés pendant la consultation populaire sur l'avenir
constitutionnel et exercer et pratiquer ce qui a été mis en
application durant cette période.
Il y a tous les organismes publics et parapublics. Je pourrais citer de
multiples exemples pour lesquels le gouvernement n'aura pas de contrôle.
Encore une fois, il ne faudrait pas qu'on se place
dans une situation... Je m'excuse d'avoir dérangé mon
collègue, l'honorable député de Jonquière. Je vais
essayer d'être bref pour ne pas vous déranger trop longtemps. Je
ne peux pas reprendre ce que je disais à l'occasion de la
deuxième lecture, mais, comme je l'exprimais, dans la vie
démocratique des peuples, il y a ce qu'on appelle les droits et
libertés fondamentales, dont le droit d'expression des peuples, des
minorités et des ethnies. Ce n'est que par la reconnaissance de cette
pluralité des options nationalistes de notre population que ce projet de
loi sur la consultation populaire servira réellement au plein
épanouissement de la démocratie chez nous.
Tout à l'heure, on a parlé de la fameuse question qui sera
posée. Elle devra être la plus claire possible pour éviter
les débats et les luttes le lendemain du référendum de
façon que la réponse qui soit donnée soit une
réponse claire de la part de la population. Je souscris
entièrement à l'idée. D'ailleurs, c'est un point que
j'avais soulevé dès mes premières observations lors du
dépôt du livre blanc, à savoir que la question soit
décidée aux deux tiers des votes de l'Assemblée nationale.
C'est une question qui est fondamentale. Ce doit être un principe qui
doit être accepté d'emblée, sans même que ce soit
nécessaire d'en discuter excessivement longtemps.
Il faudra qu'on pense aussi à un autre point lors de cette
consultation populaire. Sur une question aussi importante que celle de l'avenir
constitutionnel, est-ce qu'on peut se limiter à considérer la
réponse d'un oui ou d'un non? Peut-on considérer cette
réponse à partir d'une simple expression d'une majorité
simple. J'aimerais citer de très petits exemples pour illustrer
jusqu'à quel point le législateur a été prudent
dans les années passées dans certaines lois régissant les
entreprises, notamment le secteur des coopératives. On sait très
bien que pour toute modification de documents ou de la constitution interne
d'une institution coopérative, que ce soit une caisse d'épargne
ou une association coopérative, on exige les deux tiers des votes
présents pour pouvoir apporter un amendement à ladite
constitution, en n'oubliant pas, cependant, que si un amendement est
adopté il faut l'appliquer. S'il n'y a qu'une majorité simple qui
se prononce de façon favorable, comment pourra-t-on espérer
pouvoir l'appliquer de façon concrète le lendemain, lorsque ce
sera le temps de prendre des décisions? Je n'ai pas de réponses
magiques à fournir au gouvernement de ce côté. Il va
falloir qu'on examine sérieusement dans la loi si, en ce qui concerne
une consultation populaire, nous devons nous limiter à considérer
le verdict à partir d'une majorité simple.
En plus de ces précisions, nous nous interrogeons tout
particulièrement sur l'à-propos des deux fameux organismes dits
organismes parapluies sous lesquels devront s'enrégimenter tous ceux et
celles qui voudront s'exprimer sur le sujet lors d'un référendum.
Sur ce point, nous exigeons que les formations politiques présentes,
reconnues de la Loi électorale, reconnues par la Loi du financement des
partis politiques, aient la marge de manoeuvre nécessaire. C'est
extrêmement important, et j'estime que ce serait extrêmement
préjudiciable. Je reprends un peu les propos qu'a tenus le leader de
l'Opposition officielle lorsqu'il disait que les gens des tiers partis
devraient être sur le banc arrière du Parti
québécois qui sera majoritaire sur une des options dans un
organisme-parapluie ou sur le banc arrière de l'Opposition officielle
qui, elle, serait majoritaire dans l'autre organisme-parapluie. Il y a
là un danger.
Je pense que s'il y a plusieurs formations politiques dans le
Québec, il ne faudrait pas oublier qu'il y en a plusieurs dans d'autres
Parlements aussi, dans le monde. Sans vouloir se faire péter les
bretelles, très souvent, ce sont les tiers partis et les petites
formations politiques qui ont contribué énormément
à faire bouger les grosses et à faire avancer le débat. Je
n'ai pas l'intention je tiens à être bien clair
là-dessus, je veux qu'on note bien de m'asseoir sur aucun banc
arrière pendant le référendum, que ce soit du
côté des oui ou du côté des non. Je
préférerais être un hors-la-loi plutôt que
d'être assis sur le banc arrière. Je tiens à ce que ce soit
bien clair. A ce que je sache, je ne pense pas que ce soit là
l'intention du gouvernement, d'où la nécessité de bien
mesurer la portée de la loi et de bien mesurer les mécanismes
d'application de la loi.
Si un député de l'Assemblée nationale a le droit de
s'exprimer sur n'importe quel sujet, n'importe où, au Québec,
dans n'importe quelle circonstance et dans n'importe quelle salle, je verrais
très mal qu'un député, quel qu'il soit, qu'il soit membre
d'un tiers parti ou qu'il soit membre d'une formation politique reconnue avec
laquelle il ne serait pas d'accord, au cours du référendum, soit
limité dans ses droits d'expression sur un sujet bien précis qui
serait celui de la consultation populaire sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Sur ce point, je tiens à dire qu'il y a une question de
principe qui va aussi loin, et que je pars du fait suivant: je
préférerai être hors-la-loi pendant le
référendum plutôt que d'être assis sur un banc
arrière.
Je termine ces brefs commentaires généraux en souhaitant
que cette commission étudie de façon honnête et objective
chacun des articles de ce projet et ce, sans crainte qu'il y ait lieu de
procéder à des modifications, à des changements
substantiels dans l'intérêt de toute la population et dans le
respect intégral de la liberté d'expression de chaque citoyen du
Québec.
Le Président (M. Clair): Merci, M. le député
de Beauce-Sud. M. le député de Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: M. le Président, j'ai écouté
avec énormément d'intérêt les commentaires,
remarques et suggestions des députés de l'Opposition
particulièrement ceux de l'Union Nationale, du Ralliement
créditiste et du Parti national populaire qui, contrairement à
leurs collègues de l'Opposi-
tion officielle, ont été les seuls à ne pas dire
qu'ils auraient une attitude adulte dans le débat. Je pense qu'ils ont
plutôt prêché par les actes que par la parole.
Heureusement que le député de Laval nous a dit, au
début de son exposé, qu'il allait avoir une attitude adulte parce
qu'on ne s'en serait pas aperçu. Il commence par dire qu'il aura une
attitude adulte et il termine son exposé en traitant le ministre de
menteur public.
Je pense que la caractéristique principale de son exposé,
c'est de tourner autour du pot. Au lieu de parler du contenu, exception faite
des comités nationaux, le député de Laval a
préféré essayer d'attaquer la crédibilité du
ministre. Je pense que c'est un procédé courant en cette Chambre.
C'est pour cela qu'on ne lui a pas demandé de revenir à des
propos parlementaires comme on en a l'habitude.
Le député de Laval a essentiellement repris les articles
du Globe and Mail, sous la signature de William Johnson, que je ne commenterai
pas en détail, mais où on retrouve à peu près tous
les éléments essentiels de son exposé, c'est-à-dire
la question de la loi des référendums en Australie, le fait qu'il
n'y a pas de contrôle des dépenses en Angleterre, également
la question des dépenses et aussi le fait que, en Angleterre, les gens
auraient été unanimes, selon le ministre, pour réclamer un
contrôle des dépenses, alors que ce ne serait pas le cas.ll y a
également, sur la question, beaucoup de mystère et de fausse
vérité: Untruth, half truth and misleading possibilities, ont
été véhiculés par le Parti gouvernemental.
Je suis heureux de constater que les sources d'inspiration du
député de Laval sont passées du Devoir au Globe and
Mail.
M. Lavoie: C'est peut-être publié au Québec
aussi cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Paquette: Mais il y a une bonne raison pourquoi cela n'a pas
été publié au Québec.
M. Lavoie: Ah!
M. Paquette: Une des bonnes raisons, c'est qu'avant d'accuser le
ministre d'être un menteur public, je pense que le député
de Laval aurait dû vérifier les déclarations du ministre.
Je donne un exemple. Le député de Laval a affirmé que le
ministre aurait dit que les dépenses étaient
réglementées en Grande-Bretagne. Je ne me souviens pas une seule
fois avoir entendu le ministre... J'ai siégé à toutes les
commissions parlementaires.
M. Lavoie: Le 17 novembre.
M. Paquette: Et dans le livre blanc, vous admettrez que le
gouvernement a eu l'honnêteté de décrire exactement ce qui
se passait en Grande-Bretagne puisqu'on dit au troisième paragraphe de
la page 21 : Aucune limite ne fut imposée aux dépenses que
pouvait encourir chaque organisation en Grande-Bretagne. On l'a dit dans le
livre blanc. On l'a répété à plusieurs reprises. On
n'a jamais prétendu que les dépenses étaient
réglementées en Grande-Bretagne. Cependant, on a dit qu'on
s'était inspiré, qu'on avait étudié la situation
là-bas, sans dire qu'on avait copié tous les détails et on
pense honnêtement avoir amélioré cette loi de la
Grande-Bretagne et de l'avoir adaptée à la situation du
Québec où le contrôle des dépenses est
accepté lors des élections et est beaucoup plus rigide que
là-bas. C'est normal d'essayer de transposer cela dans une campagne
référendaire qui est encore plus importante, qui touche l'avenir
constitutionnel du Québec et d'autres sujets importants
également, et possibles.
On s est également base sur la question de la loi australienne.
Il me semble que le ministre a dit que cette loi avait été
déposée devant le Parlement en troisième lecture.
M. Burns: Adoptée en troisième lecture.
M. Paquette: Adoptée en troisième lecture, mais on
n'a jamais affirmé qu'elle était passée dans les faits.
Mais le simple fait qu'un gouvernement ait adopté une telle loi en
troisième lecture, cela montre au moins que la loi n'est pas
incompatible avec le régime parlementaire britannique, comme nous le
répète l'Opposition continuellement sans jamais nous apporter un
seul exemple d'incompatibilité d'une loi organique des consultations
populaires avec les institutions parlementaires britanniques. Il n'y en a pas
d'incompatibilité.
Ensuite, le député de Laval a élaboré
longuement sur la question des comités nationaux. Lorsqu'il accuse le
ministre d'être un menteur public, on pourrait lui retourner le
compliment, parce que je reprends à peu près ses paroles, je ne
m'en souviens pas textuellement, mais il nous a dit: En Norvège, lors de
l'entrée dans le Marché commun, il y avait 125 000 ou 300 000
citoyens qui étaient contre et tous les partis politiques qui
étaient pour. Si ces gens avaient été au Québec,
les 125 000 qui étaient contre n'auraient pas pu se faire entendre
durant la campagne référendaire. C est complètement faux.
Je pourrais accuser le député de Laval d'être un menteur
public, mais je ne voudrais pas tomber dans ce genre de partisa-nerie. Je lirai
simplement l'article 22 du projet de loi, que manifestement le
député de Laval n'a pas lu, et qui dit ceci: "Lorsqu'à la
fin du délai prévu au premier alinéa, pour la
formation des comités provisoires s'il n'y a aucun membre de
l'Assemblée nationale du Québec qui se soit inscrit en faveur
d'une des options c'est le cas évoqué par le
député de Laval le directeur général des
élections peut inviter au moins trois et au plus vingt électeurs
à former le comité provisoire en faveur de cette option". (12 h
15)
II me semble que c'est bien clair. Si tous les députés se
retrouvent d'un bord et qu'il n'y en a pas un de l'autre bord, ceux qui sont
contre
pourront également être représentés à
un comité provisoire, lesquels comités provisoires formeront
éventuellement les comités nationaux, les comités
permanents.
Je pourrais relever également les exemples farfelus. Les
comités nationaux ont peut-être des défauts il y en
a qui ont été soulignés par les membres des autres partis;
je vais revenir là-dessus après mais ils n'ont quand
même pas tous les vices, et surtout pas à ce point-là, pas
au point de permettre à des gens qui seraient contre et qui ne seraient
pas représentés par aucun des partis politiques de ne pouvoir se
faire entendre.
J'ai aussi trouvé assez farfelu le fait qu'un même parti
puisse contrôler les deux clans, à moins d'être très
majoritaire en Chambre et que ce soit une question qui fasse l'effet d'une
division interne à l'intérieur du parti. Je pense que c'est la
situation la plus plausible. Je trouve tout à fait sain que les membres
d'un parti puissent se diviser en différentes options lors d'un
référendum.
Une autre objection, c'est le cas où il n'y aurait qu'un seul
député à un comité. S'il n'y a qu'un seul
député à un comité, c'est comme quand il n'y en a
pas. Je trouve que ce député ou ces citoyens qui n'ont aucun
représentant au Parlement en faveur de leur option ont drôlement
besoin d'avoir autant de financement que l'autre comité en face pour
faire triompher leur option. Si on croit à la démocratie, si on
croit au progrès, on ne peut faire autrement que de supposer au
départ que les deux options recueillent à peu près le
même pourcentage dans la population et ont droit à un financement
égal. Qu'il y ait un député, qu'il n'y en ait pas, qu'il y
en ait 50 d'un bord, c'est une question de justice élémentaire.
Dans ce sens, Ottawa n'a pas de leçon de démocratie à nous
donner.
Je reviens à la seule objection valable je constate
qu'elle est valable parce qu'elle a été reprise par les trois
représentants des autres partis. C'est concernant le fait que dans un
comité national, un parti pourrait avoir un contrôle excessif sur
les autres. Je comprends particulièrement le député de
Beauce-Sud et le député de Rouyn-Noranda d'être
extrêmement méfiants face à cette disposition du
comité. Leur préoccupation rejoint d'ailleurs les seules nuances
que la Commission des droits et libertés de la personne indiquait dans
son rapport, en disant: On est d'accord pour le contrôle des
dépenses, c'est une question de démocratie, mais on a des doutes
sur les comités nationaux, il pourrait y avoir des abus, on pourrait
encarcaner un peu trop les gens et nuire à leur liberté
d'association. La commission émettait un doute qui a été
repris par les partis d'Opposition; jamais je ne croirai qu'ensemble on ne
pourra trouver un mécanisme qui permette de lever cette objection.
Un mécanisme qui serait possible serait de mettre des balises
à ce que peuvent faire les comités. Je vois tout de suite le
Parti libéral dire: Vous allez tout contrôler!
M. Lavoie: Encore des contrôles.
M. Paquette: Des contrôles. C'est une mesure
d'extrême droite. Vous allez non seulement créer des
comités nationaux, mais vous allez leur dire comment faire. Je pense que
ce n'est pas forcé. Il y a peut-être moyen, tous ensemble,
d'essayer de trouver des balises. Par exemple, on pourrait dire: Les
comités nationaux doivent répartir équitablement leurs
fonds entre les groupes qui en font partie, laisser cela vague et, s'il y a
abus, on pourrait peut-être mettre une instance d'appel qui pourrait
être le Conseil du référendum ou autre chose. Je lance
cette suggestion à titre personnel, c'en est une. Le
député de Rouyn-Noranda en a fait une qui me satisfait un peu
moins parce qu'elle fait passer tout le financement uniquement par les partis
politiques et elle laisse de côté les groupes et les mouvements
qui, dans une campagne référendaire, dans le fond, devraient
être, en principe, sur le même pied. Au sein des comités
référendaires, on peut leur faire une place adéquate
à leur représentativité.
M. Samson: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Paquette: Oui.
M. Samson: Le député ne considère-t-il pas
que les partis politiques qui sont en présence, advenant un
référendum, pourraient quand même canaliser les options ou
les opinions ou les efforts que veulent faire les citoyens soit dans l'une ou
dans l'autre des formations, qui peuvent être de l'une ou de l'autre des
options? On ne présume pas pour le moment mais...
M. Paquette: II y a le danger du même contrôle d'un
parti politique sur des groupes et je vous donne un exemple bien concret. Dans
le mouvement indépendantiste dans le Parti
québécois, il y a des gens de centre, il y a des gens de
centre-gauche c'est beaucoup plus large que cela, cela va de la droite
à l'extrême gauche; du côté fédéraliste
également. Si, par exemple, le Parti québécois
contrôlait les fonds et que les centrales syndicales ou un mouvement
nationaliste de droite quelconque, ou encore les trotskistes, à
l'extrême gauche, qui se déclarent indépendantistes,
décidaient de faire une campagne de promotion de la
souveraineté-association mais en fonction de leurs propres objectifs, et
en mettant leurs nuances et leur vision de la société
là-dedans, il y aurait le danger que le Parti québécois
contrôle leur financement et les empêche de s'exprimer. On
risquerait d'avoir un peu le même genre de problème avec votre
suggestion.
M. Samson: S'il y a des comités-parapluies, de toute
façon, ils seraient contrôlés à l'intérieur
d'un comité-parapluie. Il faut trouver quelque chose.
M. Paquette: C'est pour cela que je propose qu'on assouplisse le
mécanisme des comités-parapluies et qu'on mette un certain nombre
de balises pour empêcher les groupes majoritaires,
dans les comités-parapiuies, de mettre certains groupes sur le
petit banc, comme le disait le député de Laval.
A la fin de son exposé, le député de Laval nous
dit: il faut se fier à la démocratie. Je pense que, si on a des
balises suffisantes, on pourra se fier à la démocratie des gens
à l'intérieur des comités-parapluies qui auront
suffisamment de sens politique pour ne pas éliminer les gens qui veulent
appuyer la même option qu'eux.
Finalement, j'aimerais dire qu'en arrivant ici, j'avais une certaine
illusion, je pensais obtenir la collaboration de l'Opposition officielle et
obtenir l'unanimité sur ce projet de loi. Lors de mon discours en
deuxième lecture, j'avais fait le tour de tous leurs arguments et je
leur avais dit: Ce sont des prétextes; si vous vous basez sur de tels
prétextes, qui peuvent être réglés au niveau de
l'étude article par article, pour voter contre le principe du projet de
loi, je vais être obligé de conclure que vous voulez à
l'avance dénaturer le référendum en disant: Ce n'est pas
démocratique, ce n'est pas jouer franc-jeu et en contestant, en se
donnant la chance d'en contester, en quelque sorte, les résultats. C'est
un doute que j'avais au moment de la deuxième lecture, c'est maintenant
une certitude. Quand je regarde la performance du député de
Laval, en s'attaquant à la crédibilité du ministre au lieu
de s'attaquer à des améliorations au projet de loi ce qui
est notre rôle ici, en commission parlementaire je suis
obligé de tirer, malheureusement, cette conclusion, à moins que
les députés de l'Opposition officielle me détrompent, et
je dois leur dire que si, au contraire, il s'agit d une saine méfiance
que toute Opposition doit avoir, surtout une Opposition systématique, je
pense qu'ils n'ont absolument pas compris notre démarche.
Notre démarche est de sortir du "quêtage" à Ottawa,
d année en année, de décennie en décennie on
pourrait quasiment dire de siècle en siècle pour aller
demander des compétences permettant l'évolution, la survie, le
développement et l'épanouissement des Québécois. On
s'est toujours heurté à un mur; on a l'exemple récent de
la taxe de vente, mais ce n'est pas le seul, on pourrait en trouver presque
chaque année, dans le domaine des affaires sociales, dans le domaine de
la main-d oeuvre, dans le domaine économique; on a toujours...
M. Lavoie: N'oubliez pas que c est une loi-cadre.
M. Paquette: Oui, mais je suis en train de dire comment vous
voulez dénaturer à l'avance le référendum parce que
vous n'avez pas compris notre démarche et on veut en sortir.
Pour en sortir, on a dit: La seule façon, c'est que les
Québécois répondent clairement à la question: "What
does Quebec want?"
M. Ciaccia: Vous bloquez le référendum pendant ce
temps-là.
M. Paquette: II faut répondre à cette question. La
seule façon dont cela va pouvoir débloquer, c'est d'avoir un
référendum clair, net et dont personne ne pourra contester les
résultats. Vous venez de me démontrer encore une fois que vous n
avez pas compris la démarche. Que les Québécois nous
disent non à la souveraineté-association lors du
référendum, il faudra qu'un autre parti, ou peut-être
même le Parti québécois en tienne un autre, peut-être
sur une autre option. A un certain moment il va falloir que les
Québécois disent clairement: Voici ce que nous voulons. C'est la
seule façon, quand on est minoritaire dans un pays, d obtenir un
changement de cette importance qui est vital pour les Québécois.
La seule façon de le faire c'est que le référendum ne soit
pas truqué, que la question soit claire et précise, que les
résultats ne puissent pas être mis en doute par qui que ce soit,
et qu'on ait le "bargaining power" suffisant pour obtenir les changements qu'on
demande. Vous ne comprenez pas notre démarche, ou vous l'avez trop bien
comprise et vous essayez de la dénaturer à l'avance pour pouvoir
dire ensuite... Et vous mettre du bord des plus forts encore une fois. Toujours
la liberté des plus forts. C est cela votre politique!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: M. le Président, ce matin j'avais un peu
I'intention il nous reste encore quelques minutes, M. le
Président, vous me les accordez et je demanderai la suspension de nos
travaux.
Le Président (M. Clair): Oui, vous avez encore quatre
minutes environ.
M. Fallu: Ce matin, dans lascenceur, je rencontrais les
collègues et j'avais un peu l'intention de leur offrir de prendre des
petites gageures sur la durée de la commission. Les gageures
étaient ouvertes: Quinze jours, trois semaines peut-être bien;
parce que moi aussi je croyais qu'on pourrait, raisonnablement à cette
table, dans une salle un peu rafraîchie, un peu fraîche, ce
printemps, s'arrêter, discuter très calmement d'un outil essentiel
dont nous avons besoin comme Québécois, non seulement pour un
référendum qui s'en vient, mais comme outil de transformation de
nos institutions politiques. M. le Président, je vous annonce maintenant
que je ne prends plus aucune gageure. Ayant assisté à cette
première ronde à cette table, ayant assisté notamment
à ce qu'on pourrait appeler lannonce des couleurs des divers partis en
lice ici, on voit un peu mieux peut-être le déroulement à
venir de la commission. Les premiers intervenants, l'Opposition officielle,
m'ont profondément déçu parce que j'espérais pour
le moins une autre attitude. Qu'est-ce qu'on a eu ce matin? C est une kyrielle,
j'allais dire une litanie, d'injures inqualifiables. Je me suis permis de
noter, comme cela, au hasard, verbatim et literatim ce qui en est. Alors
on trouve: Démasquer cette stratégie, une espèce de
référendum. Evidemment le mot "espèce", en contexte,
étant péjoratif. Un ministre politisé
politisé étant encore non pas une vertu, mais un défaut
des fonctionnaires politisés évidemment cela veut
dire malhonnêtes ...
M. Lavoie: M. le Président, c'est de
l'interprétation... être libre.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Fallu: ... un ministre menteur.
M. Ciaccia: Allez-vous défendre le projet de loi ou
défendre le ministre?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Burns: C'est à votre tour.
M. Paquette: On va sur le terrain...
M. Burns: C'est à votre tour de souffrir. J'ai souffert
tout à l'heure.
M. Fallu: J'ai entendu et j'ai noté également
"fausser l'opération référendaire, une stratégie
électoraliste, une tuyauterie faussée". Là, je demanderais
aux plombiers du 144 de m'expliquer ce que c'est.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne, il est midi trente.
M. Fallu: Vous me permettrez de continuer cet
après-midi?
Le Président (M. Clair): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 16 h 43
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plait!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'examen article par article du
projet de loi no 92, intitulé Loi sur la consultation populaire.
Les membres de cette commission sont: M. Fallu (Terrebonne), qui
remplace M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Burns (Maisonneuve), M. Char-bonneau
(Verchères), M. Vaillancourt (Jonquière) qui remplace M. Clair
(Drummond); M. Lavoie (Laval) qui remplace M. Garneau (Jean-Talon), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Gratton (Gatineau) qui
remplace M. Levesque (Bonaventure); M. Paquette (Rosemont),
M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Dussault (Châteauguay), M. Guay (Taschereau); M. Ciaccia (Mont-Royal) qui
remplace M. Lavoie (Laval); M. Bisaillon (Sainte-Marie) qui remplace M.
Lévesque (Taillon); M. Morin (Louis-Hébert) et M. Raynauld
(Outremont).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux, c'est le
député de Terrebonne qui était en train d'exercer son
droit de parole. Hormis qu'une nouvelle entente ne soit portée à
ma connaissance, à compter de maintenant je considérerais
uniquement l'article 160 de notre règlement aux fins de
déterminer le droit de parole des députés, ce qui
donnerait 20 minutes complètes au député de
Terrebonne.
M. Burns: D'accord, M. le Président, cela va. Je suis
d'accord avec cela.
M. Lavoie: Vingt minutes par député.
Le Président (M. Clair): Vingt minutes par
député au niveau des commentaires généraux; il n'y
aurait pas d'autres 20 minutes, cependant, pour ceux qui ont déjà
exercé un droit de parole.
M. Burns: Cela va.
M. Paquette: Sauf le droit de réplique.
Le Président (M. Clair): Sauf le droit de réplique
du ministre, bien sûr.
M. le député de Terrebonne, vous avez la parole.
M. Lavoie: De quelle longueur? Je lui donne le
consentement...
M. Burns: Je suis capable d'être très concis.
M. Lavoie: Oh! la! la! (16 h 45)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne, vous avez la parole.
M. Fallu: M. le Président, ce matin, avec un humour un peu
noir, un humour qui venait dans ma bouche et dont les paroles avaient
été prononcées par d'autres, décrivait ce qu'on
pourrait appeler un mal absolu, c'est-à-dire le projet de loi 92.
Si vous permettez, sans ironiser plus qu'il ne le faut, parce que c'est
assez triste comme situation, je relèverais également certaines
allusions qui ont été faites par l'Opposition officielle, de ces
tirades à l'emporte-pièce, et je cite toujours au texte, car j'ai
bien noté: ... "ce qu'on a appelé ces mesures d'extrême
droite, loi de bâillon, mesure du silence, malhonnêteté,
sectaire, antidémocratique ... Pour le reste, on se
référera au journal des Débats. C'est peu édifiant,
mais c'est ce qu'on a entendu.
Pour ce qui a trait au financement, on a soulevé ce qu'on a
appelé un adoucissement entre le livre blanc et le projet de loi 92,
à savoir: la possibilité, pour un électeur, de
dépenser $300, à titre individuel, dans la campagne
référendaire. Il s'agit donc d'un adoucissement. Le principe,
certes, on l'a reconnu; j'allais dire, d'ailleurs, on l'avait presque
négocié ensemble, en analysant trois aspects possibles de
remaniement de ce financement. $300, c'est certainement à la
portée de nombreuses bourses de Québécois; c'est un
rapport assez personnel de la fortune moyenne du Québécois moyen;
très certainement mieux, de toute façon, que la limite de $5000
prévue dans le livre blanc du gouvernement fédéral, dans
lequel on peut lire: "Des dépenses de ce genre sont une manifestation
normale de la liberté d'expression." J'aimerais demander aux assistants
si $5000 c'est leur liberté habituelle, quotidienne, de leur
capacité d'expression, de leur liberté d'expression. Avez-vous,
tout le monde, $5000 comme mesure de votre liberté d'expression
quotidienne?
L'ensemble de ce qui nous a été dit, ce matin, par
l'Opposition officielle, que ce soient des dés pipés depuis le
début ou un scénario monté, ce sont deux choses à
mon avis: De l'un, c'est soit que l'Opposition officielle craint, à
partir de maintenant, une défaite de toute son option, notamment
évidemment, puisque c'est son obsession, elle ne pense qu'au
référendum sur la constitution québécoise
elle est tellement assurée de la défaite de son option qu'elle
veut maintenant discréditer l'institution référendaire
pour pouvoir, a posteriori annoncer que tout a été pipé.
Mais, au-delà de cela, je crois, c'est plutôt une industrie de
démolition démocratique, démolition d'abord de la
réforme qui est entreprise alors que, évidemment, pour ne pas
perdre la face, à l'époque, elle a accepté la Loi de
financement des partis. Maintenant, d'une façon lignifiante, elle
voudrait mettre tout cela dehors, ou à peu près, en refusant des
comités nationaux ou, encore, en se donnant, à travers ces
comités, la possibilité de dépenser, sous prétexte
de liberté, mais la liberté qui a ses excès. Voire
même, dans ce parti, je me demande si ce n'est pas tout simplement un
certain mépris des institutions, y compris les institutions
parlementaires quand on voit son chef qui refuse d'entrer à
l'Assemblée nationale.
Il s'est passé chez elle, depuis un certain temps...
M. Ciaccia: Fais donc un référendum
là-dessus.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, à l'ordre!
M. Fallu: ... dans ce parti...
M. Lavoie: ... va être nommé juge.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Burns: C'est aussi vrai l'un que l'autre.
M. Fallu: ... un drôle de virage. Alors qu'on a cru,
notamment au moment de l'étude du livre blanc, alors qu'on recevait des
invités, que son attitude serait un peu celle de démocrates, une
attitude réceptive, sans doute critique on n'en attend pas moins
d'elle, au contraire, on le lui reprocherait si elle ne l'était pas
de telle sorte que le débat, dans cette commission parlementaire,
a été relativement édifiant. Vous vous en souvenez sans
doute, M. le Président, il a été même
chaleureux.
Toutefois, il est arrivé, je crois, dans leur propre parti, un
virage assez étonnant et qui est un peu contradictoire en soi, puisque
d'un côté, celui qu'ils pressentaient comme chef, allait
plutôt approuver le passage du livre blanc au projet de loi 92. Il
l'exprimait, d'ailleurs, dans un éditorial du 29 décembre 1977,
en sept points bien numérotés.
A peu près au même moment, leur propre comité
référendaire, sous la signature du président Jean Lesage,
président de la Commission du référendum du Parti
libéral du Québec. On assistait à un véritable
revirement qui ressemblait à quelque chose comme le
préélectoral du 15 novembre, la dernière séance
d'information publique.
M. Paquette: Ce soir, on fait peur au monde! M. Fallu:
Très exactement.
M. Fallu: ... dans lequel on trouve... J'ai l'impression que,
au-delà de tout ce qu'on a perçu ce matin, c'est peut-être
ce qu'il faut avoir en tête, maintenant, pour discuter ici, à
cette table, avec ce parti, de la loi 92. Qu'est-ce qu'il en est?
Ce livre blanc, leur livre blanc et le référendum sur
l'indépendance, on y trouve... Si vous permettez, M. le
Président, je citerai, à la page 1, par exemple: "Ainsi
élus sous de fausses représentations, ils il s'agit du
Parti québécois doivent maintenant demander aux
Québécois de se prononcer pour ou contre la séparation du
Québec, par voie de référendum". "Elus sous de fausses
représentations", on remet en cause la légitimité du
gouvernement. On peut lire, au hasard, que le livre blanc sur la consultation
populaire est dénoncé par le Parti libéral, que ce livre
blanc cherche à noyer le poisson. Cette loi-cadre est un écran de
fumée qui sert de prétexte aux péquistes notez bien
que les péquistes, dans leur bouche, ce sont des consonances malsaines -
pour arriver à leur but sous le manteau de la démocratie.
Lisons encore, page 8: "Ce livre blanc du Parti québécois
pardon, du PQ constitue le début d'une campagne insidieuse
de propagande".
Lisons encore, page 14. "Le Parti libéral du Québec a
déjà dénoncé les injustices du livre blanc
péquiste l'accent ne peut pas être produit au journal des
Débats, je le regrette sur les référendums".
M. Gratton: Est-ce que c'est souligné?...
M. Burns: Ce ne sera pas long, la TV s'en vient.
M. Fallu: M. le Président, c'est là justement qu'il
faut prendre l'inspiration qu'on entend ce matin, de la part du Parti
libéral. Je suis profondément choqué, comme parlementaire,
de l'attitude qui est prise, parce que nous avons une chance, à cette
Assemblée nationale, de faire des réformes en profondeur.
Déjà, je crois, et la bonne foi aidant, nous sommes
arrivés ensemble à de nombreuses transformations de nos
règlements de l'Assemblée nationale. Déjà ensemble,
nous sommes arrivés, à l'unanimité également,
à transformer, à créer une Loi du financement des partis
politiques. Nos institutions méritent l'unanimité. Nos
institutions méritent cela. Plusieurs ont fait appel, je vois le
député de Rouyn-Noranda, au consensus à notre table de
discussion.
C'est un mérite parce qu'il ne faut absolument pas que
l'institution que nous allons implanter soit préalablement
discréditée. Il en va, non seulement de l'avenir du
Québec, mais de l'avenir de nos institutions. Je supplie le Parti
libéral du Québec de faire un effort de
"départisanisation" du débat. Je fais appel à sa
conscience non seulement politique, mais à sa conscience sociale pour
que l'avenir du Québec ne s'enfarge pas dans un débat de
procédures référendaires; c'est essentiel.
Qu'il comprenne également que les Québécois n'ont
pas l'intention d'assister à des "filibusters" qui dureraient des
semaines et des semaines. Ce ne serait pas séant, je crois, de commencer
une transformation de nos institutions sous l'égide, ou enfin, d'une
façon aussi mal enclenchée.
L'Union Nationale, pour sa part, a demandé qu'on mette justement
de côté l'esprit de parti. Je le veux bien. Je m'y engage
personnellement comme je sais que les gens de notre formation ne mettront pas
en doute votre appel. Le député de Mégantic-Compton a dit
un mot qui est, je crois, absolument prophétique. Il faut que l'outil
que nous nous apprêtons à nous donner, on y ait confiance. La
confiance dans l'outil de travail, a-t-il dit; c'est cela qui est essentiel.
Mais cette confiance, M. le député, sachez que nous allons
l'obtenir pour autant qu'autour de cette table... Je vous supplie
également de prier, comme je viens de le faire, l'Opposition officielle
de se mettre résolument de la partie, car je ne sais trop si vous
arrivez à la même analyse que moi aujourd'hui. Je doute, à
partir de maintenant, qu'on puisse avoir confiance dans l'outil de travail
qu'on va tenter de se donner, pour la bonne et simple raison que l'une des
formations ici présentes tente préalablement d'enlever la
confiance en l'outil qu'on veut se donner.
Je pense qu'il va falloir se serrer les coudes si le Parti
libéral maintient cette ligne de parti pour qu'on puisse être
plusieurs à dire qu'un référendum, c'est une chose utile
dans une société, que peu importent certains petits
détails qu'on a d'ailleurs largement ménagés en passant du
livre blanc, ou à la Loi 92 qu'on s'apprête d'ailleurs à
ménager encore lors de cette discussion, mais qu'au-delà de cela
on fasse confiance quand même aux parlementaires à
l'Assemblée nationale.
Il est évident, M. le Président, en écoutant le
représentant de l'Union Nationale, que le Parti libéral voulait
déjà enclencher ce matin la bataille du référendum,
voulait pour le moins faire je cite toujours le député de
Mégantic-Compton de la partisanerie et voulait encore apeurer la
population. Un esprit de confiance, tel doit être notre leitmotiv au
début de cette commission pour qu'on puisse sortir d'ici en proposant
à l'Assemblée nationale, dans le rapport que le
député de Jeanne-Mance va déposer, qui nous a
confié le mandat d'étudier le projet de loi article par article,
deux choses: un projet de loi qui ait fait le consensus et un projet de loi qui
soit non seulement pour l'Assemblée nationale, mais pour tous les
Québécois, crédible.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Après avoir
écouté les propos que le député de Rosemont a tenus
ce matin aussi bien que ceux du député de Mégantic-Compton
et même ceux du député de Terrebonne à la fin de ses
remarques, je vais tâcher de situer mon intervention dans cet esprit de
recherche de consensus, dans cet esprit de confiance que tous, nous semblons
être unanimes à rechercher pour l'étude de ce projet de loi
92.
Je ne reprendrai pas les arguments de principe que nous avons fait
valoir à I'Opposition officielle au moment de l'étude du projet
de loi en deuxième lecture. Je pense que nous les avons exprimés
très clairement, que nous nous opposions à l'adoption d une
loi-cadre. C'est un choix que nous avons fait et c est ce qui a
expliqué, entre autres raisons, pourquoi nous avons voté contre
l'adoption en deuxième lecture du projet de loi 92.
Mais toujours dans le but de tâcher de nous donner, à
l'issue des travaux de la commission, un outil auquel toute la population du
Québec pourra avoir confiance, je me demande s'il n'y a pas lieu de
revenir sur la non-participation ou la participation éventuelle de la
Commission des droits de la personne, dans l'étude des articles de ce
projet de loi. (17 heures)
Je dirai d'abord, M. le Président, que je regrette
énormément que le président de la Commission des droits de
la personne ait indiqué, en réponse à un
télégramme que lui faisait parvenir le député de
Laval, qu'il n'a pas l'intention de se prononcer à nouveau sur les
divers articles du projet de loi.
Si vous me permettez, M. le Président, je citerai le texte du
télégramme qu'a reçu le député de Laval, ce
matin, et qui donnait suite à une lettre que ce dernier avait fait
parvenir à la Commission des droits de la personne le 20 avril 1978,
dans
laquelle il demandait l'avis de la commission sur le projet de loi, sur
le texte de loi déposé, et qu'il avait fait suivre d'un
télégramme, le 12 mai 1978. La réponse du président
de la Commission des droits de la personne est la suivante: "J'accuse
réception de votre télégramme et de votre lettre du 20
avril; mille excuses pour n'avoir pas encore répondu à votre
lettre. La Commission des droits de la personne du Québec n'entend pas
émettre un avis sur le projet de loi no 92 puisqu'elle a
déjà fait connaître son opinion le 11 novembre 1977,
à l'occasion de la publication du livre blanc sur la consultation
populaire. Il est facile de constater celles de ces recommandations qui ont
été suivies. Nous vous remercions de votre demande et, par
là, de la confiance qui nous est témoignée. Signé:
René Hurtubise, président de la Commission des droits de la
personne du Québec."
Je voudrais revenir sur cette phrase du télégramme: "II
est facile de constater celles de ces recommandations qui ont été
suivies. ' Effectivement, il est très facile de constater lesquelles,
parmi les recommandations ou les constatations qu'avait faites la Commission
des droits de la personne au moment de la présentation de ce qu'elle
avait intitulé "Les réflexions préliminaires de la
commission" et qui portait sur le contenu du livre blanc sur la consultation
populaire, ont été suivies. Effectivement, il y a lieu de
s'interroger sur le refus apparent, en tout cas du ministre de
demander à la commission de nous fournir un deuxième avis.
D'ailleurs, M. le Président, quant à moi, je comprends
fort bien pourquoi la commission et son président ne semblent pas
être trop enclins à venir, sinon témoigner devant la
commission, au moins lui fournir un avis écrit, car il est manifeste,
dans l'attitude du ministre, qu'il ne sollicite pas, qu'il ne désire pas
de nouvel avis de la commission.
J'aimerais reprendre certains propos tenus dans ces réflexions
préliminaires de la commission.
M. Vaillancourt (Jonquière): On peut toutes les lire.
M. Gratton: Oui, n'ayez pas peur, on va toutes les lire, celles
qui sont favorables comme celles qui ne le sont pas. C'est justement dans ce
but que j'aborde la question. Ce matin, j'ai entendu le député de
Rosemont, par exemple, faire une remarque semblable à celle du
député de Jonquière, à l'effet que la Commission
des droits de la personne était généralement assez
favorable aux dispositions du livre blanc alors que nous, de l'Opposition, ne
sommes pas du tout du même avis. On prétend plutôt le
contraire.
Il me semble que dans cette recherche de cet esprit de confiance qui
doit régner à cette commission, dans cet objectif que nous avons
tous de faire en sorte que l'instrument de travail qu'on est en train de voter,
qui est la Loi de la consultation populaire ne soit attaquable sur aucun plan,
que la population non seulement les membres de l'Assemblée
ait confiance en cet outil de travail. Il me semble que la meilleure
façon de redonner confiance aux membres du parti de l'Opposition
officielle serait justement de demander à ia Commission des droits de la
personne de préciser encore plus ses réflexions qu'elle avait
faites sur le livre blanc.
Dans ses remarques préliminaires, la commission dit: "II ne fait
aucun doute que la Commission des droits de la personne préfère
toujours se prononcer sur un projet de loi précis plutôt que sur
un livre blanc qui n'est, somme toute, que l'énoncé d'une
politique générale devant mener à l'adoption d'une loi.
Cependant, il y avait eu invitation à la commission de s'exprimer sur le
contenu du livre blanc, la dernière fois, et on voit bien que c'est
important aux yeux de la commission puisqu'elle en fait un des premiers
considérants. On avait invité la commission à donner un
avis et elle l'a fait.
Cette fois-ci, dans le cas du projet de loi. on ne l'a pas fait, non
seulement, on ne l'a pas fait, on a même refusé, de la part du
ministre la semaine dernière, la présentation d'une motion
demandant qu on fasse cette demande à la commission. Je me mets dans les
souliers du président de la Commission des droits de la personne,
sachant d'avance que les remarques n'ont peut-être pas été
aussi bien accueillies qu'on l'aurait souhaité au moment où elles
ont été faites sur le contenu du livre blanc, sachant fort bien
que le ministre n en veut plus de ces avis qui viennent possiblement contredire
ses énoncés quant aux dispositions de la loi 92. Ils refusent de
venir nous donner leur avis, je les comprends.
Ce que je comprends moins bien, M. le Président, c est que le
ministre, dans son souci de recueillir le plus grand consensus possible, ne
nous permet pas à nous de l'Opposition officielle... En tout cas, je
pense que nous ne sommes pas les seuls autour de cette table, mais même
si nous étions les seuls, il me semble qu'on représente une
partie assez importante de la population pour qu on tâche par tous les
moyens possibles de nous rassurer.
On a fait grand état tantôt du côté
ministériel de I'attitude "négative" du député de
Laval ce matin vis-à-vis les énoncés, vis-à-vis des
déclarations du ministre et des députés
ministériels. Soyons honnêtes entre nous et disons-nous qu on peut
faire toutes sortes d'interprétations lorsque le ministre lui-même
se refuse à demander à la commission de nous dire si,
effectivement, il y en a beaucoup de ces recommandations qui ont
été suivies ou si, à son avis, il y en a quelques autres
qui devraient l'être également.
M. le Président, on peut peut-être continuer la lecture du
document. On parlait du fait que la commission, ayant été
invitée à fournir ses réflexions préliminaires,
s'était sentie justifiée de le faire. Egalement,
considérant l'importance de I enjeu qui touche selon les mots
mêmes du ministre Burns; à ce moment-là, on citait le
ministre à I'essence même de nos institutions
démocratiques, considérant les droits et libertés
fondamentaux qui sont mis en cause dans ce livre blanc en particulier,
et on citait les articles de la Charte des droits et libertés de la
personne...
Ces mêmes considérations existent et elles existent encore
plus aujourd'hui au moment où, des mots mêmes de la commission, on
parle maintenant d'un projet de loi précis et non pas strictement d'un
livre blanc qui ne constitue qu'un énoncé de politique
générale. La commission elle-même dit qu'elle
préfère de loin se prononcer sur un projet de loi précis.
C'est ce que nous avons devant nous à la commission. Pourtant, la
semaine dernière, lorsqu'il a fallu obtenir le consentement unanime pour
demander cet avis à la Commission des droits de la personne, c'est le
ministre responsable du projet de loi qui s'y est opposé. Le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'on peut se poser énormément de questions
sur les vraies intentions. En tout cas, c'est sûrement inviter justement
le genre d'interprétations que plusieurs députés et
plusieurs personnes au sein de la population vont faire des intentions du
gouvernement de se refuser à demander un avis à la
commission.
C'est la commission elle-même, dans ses réflexions
préliminaires, qui parlait des écueils par rapport aux droits et
libertés de la personne que pourrait présenter la future loi sur
la consultation populaire si elle était adoptée
conformément à la philosophie générale qui semble
se dégager du livre blanc. Effectivement, à mon humble avis, le
projet de loi no 92 reprend peut-être pas dans tous les cas et
j'en conviens qu'il y a eu des améliorations... Il y a eu des
réserves exprimées dans l'avis préliminaire de la
Commission des droits de la personne dont le ministre a tenu compte dans la
rédaction du projet de loi no 92. On va revenir à ceux-là
comme on va revenir aux autres.
M. Burns: Ce n'est pas ce que votre collègue disait ce
matin.
M. Gratton: Laissez-moi finir et vous allez voir qu'on va bien
s'entendre. Prenons-les un par un de façon très brève. Par
exemple, la commission se posait des questions quant à la valeur du
résultat d'un référendum tout en souscrivant à
l'aspect consultatif proposé. Par contre, elle exprimait une
réserve et je cite: "II lui semble en effet en vertu des libertés
d'expression et d'association proclamées par la charte il s'agit
ici de la Charte des droits et libertés de la personne que la
future loi sur la consultation populaire devrait être assortie d'un
engagement moral de la part du gouvernement, de se sentir lié par la
majorité exprimée. Il s'agit ici de donner tout leur sens
à ces libertés fondamentales en leur permettant de s'incarner
d'un bout à l'autre du processus référendaire, notamment,
pour le gouvernement en s'engageant à reconnaître les
résultats de la majorité exprimée, selon la
procédure normale prévue par notre système
électoral. A ce jour, dans le projet de loi no 92, on ne satisfait pas
cette interrogation de la Commission des droits de la personne.
Dans le cas du droit d'initiative, la commission donnait raison
je le dis à l'intention du député de Jonquière qui
semblait s'inquiéter que je ne fasse allusion qu'aux recommandations de
la commission qui étaient défavorables, au contraire elle
se disait tout à fait en accord avec la philosophie du livre blanc. J'en
suis fort aise, M. le Président.
Là où cela marche moins bien, c'est sur la formulation de
la question. Je cite le texte des réflexions préliminaires
à la page 2: "Cependant, la présentation de la question à
l'Assemblée nationale sous forme du projet de loi spécial
à l'intérieur de la loi-cadre, plutôt que sous forme d'une
motion assortie d'un débat d'une durée maximale de 25 heures"
j'ouvre une parenthèse pour dire qu'on a augmenté cela
à 30 heures c'est très bien, mais cela n'est pas encore
assez. On va le voir, c'est la commission elle-même qui le dit: "...
d'une durée maximale de 25 heures comme cela est proposé dans le
livre blanc, nous apparaîtrait moins restrictive de la liberté
d'expression à la fois des députés, mais surtout de la
population qui, par la voie des média et, éventuellement, d'une
commission parlementaire, serait plus directement associée au
débat".
La commission le disait clairement, et je dois conclure du
télégramme de la commission qu'a reçu le
député de Laval ce matin, que c'est une des recommandations qui
n'a pas été retenue par le gouvernement. C'est-à-dire de
faire en sorte que la formulation de la question soit adoptée par le
biais d'une loi spéciale plutôt que par une simple proposition ou
une résolution présentée à l'Assemblée
nationale.
Encore plus, à la page 3, la commission continue et dit qu'elle
préférerait, en raison de l'importance de la motion, en supposant
que c'est une motion qui est présentée et non un projet de loi,
que le vote se prenne à la majorité des deux tiers plutôt
qu'à la majorité simple, comme le prévoit la
procédure parlementaire lorsqu'on recherche le plus large consensus
entre les partis politiques. On recherche le plus grand consensus entre les
partis politiques.
C'est la Commission des droits de la personne qui en faisait la
suggestion. On ne retrouve pas cette suggestion dans le projet de loi no
92.
Le gouvernement me dira sûrement tantôt: C'est à nous
de décider et nous avons jugé que cela n'était pas
nécessaire. J'en conviens que c'est au gouvernement d'en décider.
Justement, si le gouvernement est pour invoquer cet argument à chaque
fois que l'Opposition n'est pas d'accord et nous dire: On a pris une
décision politique, on fait notre lit et on est prêt à nous
coucher dedans, qu'on ne nous demande pas, qu'on ne nous fasse pas des
supplications comme l'a fait le député de Terrebonne
tantôt, au plus grand consensus possible. Vous ne pouvez pas avoir les
deux. Soit qu'on recherche un consensus ensemble, mais qu'en même temps
le gouvernement fournisse à l'Opposition un minimum de garanties, ou
bien vous allez nous envoyer promener comme vous l'avez fait dans le cas de la
Commission des droits
de la personne. Continuez à nous envoyer promener, mais ne nous
demandez pas d'être d'accord avec tout ce que vous allez nous proposer,
lorsque vous ne nous permettez même pas de savoir si la Commission des
droits de la personne ce n'est quand même pas le Parti
libéral du Québec est satisfaite des améliorations
que le gouvernement a apportées entre son livre blanc et son projet de
loi 92.
On pourra faire les farces qu'on voudra de ce côté, on
pourra faire toutes les interventions qu'on voudra, M. le Président,
j'ai l'intention de vider cette question le plus rapidement possible.
La commission nous disait qu'elle ne pouvait qu'approuver le principe
que spécifiait le livre blanc de conduire la campagne
référendaire le plus possible selon la procédure
prévue pour la tenue des élections. Donc, la commission
était d'accord avec le gouvernement et nous aussi, on ne cherche pas
à faire dire à la commission que le projet de loi 92 est
tellement différent du livre blanc sur la consultation populaire que
toutes les réserves exprimées dans ses réflexions
préliminaires sont maintenant tombées du même coup. Ce que
je suis en train de démontrer, ou de tenter de démontrer, c'est
que ce n'est pas effectivement le cas. (17 h 15)
Tant et aussi longtemps que la Commission des droits de la personne ne
me dira pas, noir sur blanc, qu'elle est, elle, satisfaite et je tiens
pour acquis qu'elle ne sera peut-être pas satisfaite et que je ne serai
peut-être jamais satisfait, mais tout au moins que je sache ce que la
commission en pense tant et aussi longtemps que je ne saurai pas cela,
M. le Président, je regrette, mais, comme le disait le
député de Terrebonne, tantôt, il y a de fortes chances
qu'on n'ait pas un consensus autour de tous les éléments du
projet de loi qui sont trop importants, à nos yeux, pour qu'on les
laisse passer comme cela.
Il y a tout l'aspect du regroupement forcé dont traitait la
Commission des droits de la personne, après s'être dite d'accord
avec l'objectif du gouvernement qui vise à accorder une chance
égale à tous de faire valoir leur opinion, au moment du
référendum. La commission se demandait cependant, et je cite: "Si
la mise en oeuvre de cette égalité, surtout au niveau de la
mécanique et du fonctionnement de ces organisations-parapluies ne
risquerait pas de porter atteinte aux libertés fondamentales d'opinion,
d'expression, d'association. Le livre blanc laisse, à cet égard,
plusieurs questions sans réponses et quelques inconnues subsistent que
la commission aimerait bien voir éclaircir par le gouvernement à
ce stade de la discussion. "
M. le Président, que le gouvernement ne vienne pas me dire:
Là on permet des dépenses jusqu'à $300 pour quelqu'un qui
voudrait s'exprimer. Ce n'est pas là l'interrogation que se faisait la
Commission des droits de la personne. En tout cas, même si je
n'étais pas sûr, la meilleure façon de m'assurer, ce serait
que la Commission des droits de la personne nous dise si elle est satisfaite de
cette nouvelle disposition contenue dans le projet de loi ou si, à son
avis, il n'y aurait pas lieu d'aller plus loin.
Je vous ferai grâce, M. le Président, des autres
considérations. Je vous le dis tout de suite, si le député
de Jonquière ou le député de Rosemont me disent: Vous
n'avez pas tout lu! Je vais tout vous le lire, parce que c'est dans la
même veine...
M. Burns: On l'a lu, on vous en dispense.
M. Gratton: J'irai simplement à la conclusion, M. le
Président...
M. Burns: Elle est belle. C'est le "fun".
M. Gratton: "La Commission des droits de la personne souscrit aux
objectifs du livre blanc. Elle met en garde, cependant, le législateur
sur les atteintes possibles aux libertés fondamentales qui pourraient
avoir des effets contraires aux objectifs poursuivis.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
M. Burns: Lisez tout, pas seulement la conclusion.
M. Gratton: Je vais le lire au complet, à condition que
vous me donniez le temps de conclure après cela.
M. Burns: Oui, consentement, lisez tout cela, c'est
important.
Le Président (M. Clair): Oui, je vais vous donner le
temps, s'il y a consentement.
M. Gratton: Je recommence, M. le Président, au
début: "La Commission des droits de la personne souscrit aux objectifs
du livre blanc: la démocratisation de nos institutions politiques,
l'association directe des électeurs à la gouverne de l'Etat,
l'élargissement progressif de la participation populaire. La commission
se réjouit...
M. Burns: C'est pas pire, ça non plus!
M. Gratton: Je n'ai pas besoin de lui pour me souffler les pas
pire, M. le Président.
M. Burns: C'est pour vous aider, pour vous montrer jusqu'à
quel point j'apprécie votre intervention.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau sur une question de règlement.
M. Gratton: M. le Président, je me suis abstenu, ce matin,
de faire quelque commentaire que ce
soit, pendant qu'intervenaient le ministre, les députés
ministériels...
M. Burns: D'accord, M. le Président, je m'amende!
M. Gratton: Si on veut jouer à cela, je suis capable de
jouer comme lui. D'ailleurs, j'ai appris de lui entre 1972 et 1976, je peux
jouer le même jeu moi aussi. Je suis sûr que ce n'est pas ce que le
ministre désire.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je vous invite
à la modération. M. le député de Gatineau, vous
avez la parole.
M. Gratton: Je continue, M. le Président: "La commission
se réjouit de retrouver dans le livre blanc sur la consultation
populaire au Québec le principe fondamental de l'égalité
entre les individus tel que reconnu par la Charte des droits et libertés
de la personne, et l'autre principe, non moins important, affirmé dans
la loi sur le financement des partis politiques, celui d'une meilleure
réglementation des revenus et dépenses politiques."
M. le Président, jusque-là on se réjouit de cela,
qu'on retrouve ces éléments dans le projet de loi no 92. Mais
là où on est moins tordu de réjouissance, c'est quand on
poursuit la lecture et qu'on lit: "Elle met cependant en garde le
législateur sur les atteintes possibles aux libertés
fondamentales qui pourraient finalement avoir des effets contraires aux
objectifs poursuivis. On voit bien qu'on peut avoir des objectifs très
nobles, mais qu'on peut encarcaner tout cela dans des mécanismes qui
font qu'on a des résultats contraires ou des effets contraires aux
objectifs poursuivis, ce n'est pas moi qui le dis, c'est la commission,
M. le Président notamment au niveau de la participation des
citoyens au débat et au niveau de la démocratisation de nos
institutions politiques. Ces libertés sont, comme on l'a vu, les
libertés d'opinion, d'expression et d'association. C'est maintenant au
gouvernement, en tant que législateur, qu'appartient le fardeau de
prouver que la législation sur la consultation populaire au
Québec ne portera pas atteinte à ces libertés."
C'est ce que je dis à ma façon. C'est effectivement au
gouvernement qu'appartient le fardeau de prouver que la Loi sur la consultation
populaire au Québec ne portera pas atteinte à ces
libertés. Si on me donne cette assurance de quelque façon, je
vais voter en faveur de l'adoption du projet de loi no 92. Mais ce sera
différent si on me refuse d'entendre, ou même pas d'entendre mais
de connaître l'avis de la commission comme elle l'a déjà
fait à partir du livre blanc. Elle avait même indiqué
préférer pouvoir le faire sur un texte de loi précis, et
c'est le cas avec le projet de loi no 92. Si on me refuse cela, je serai
obligé d'en conclure ce que j'en conclurai! De faire
l'interprétation moi aussi! Et n'en déplaise au
député de Mégantic-Compton, ce matin, qui semblait dire
qu'il faut laisser toute partisanerie de côté je pense que
je n'en ai pas encore fait il ne s'agit pas d'essayer de voter ce projet
de loi ce soir ou finir demain midi, sans avoir de réponses à nos
interrogations. Encore si c'était simplement les nôtres, on
pourrait dire que c'est de la politicaillerie. Ce sont des interrogations qui
ont été soulevées par la Commission des droits de la
personne.
M. le Président, je ne sais trop comment procéder. Je
voudrais que le ministre me donne l'assurance que son refus de la semaine
dernière d'accorder son consentement à la présentation de
la motion du député de Laval qui visait à demander l'avis
de la commission était basé sur des considérations
d'économie de temps de l'Assemblée nationale et qu'effectivement
il n'a pas d'objections, et j'irais même jusqu'à dire qu'il ne
craint pas que la Commission des droits de la personne s'exprime sur le projet
de loi no 92. Je voudrais avoir cette assurance-là, M. le
Président, et je me dis que la seule façon de le faire est de
présenter une motion à la commission. Mais je me dis
également, après avoir écouté mes collègues
tant ministériels que de l'Opposition, si je présente une motion
à cet effet, on va tout de suite se mettre à crier: Mesures
dilatoires, "filibuster ", obstruction systématique, le Parti
libéral du Québec est encore à la remorque et
envoyé donc par là!
Je vous demande s'il ne serait pas possible de demander au ministre s'il
a l'intention de faire en sorte que la commission se prononce. En fait j'irai
même plus loin. Je vais demander au ministre de s'engager à
demander l'avis de la Commission des droits de la personne. Et, s'il devait me
dire non, je présenterai une motion en bonne et due forme pour que nous
puissions la débattre. Je dirai tout de suite que tout cela ne visera
pas à retarder l'étude des articles du projet de loi. Au
contraire, je pense qu'on pourrait aborder je ne parle pas pour les
autres mais quant à moi l'étude article par article, aller
à l'article 1 immédiatement après les interventions de nos
collègues, quitte à suspendre l'étude des articles qui
pourraient être touchés par lavis on l'a déjà
dans les réflexions préliminaires de la commission
suspendre ces articles, demander à la commission de nous fournir cet
avis d'ici une semaine par exemple. Je pense bien qu'il ne s'agit pas de
recherches à n'en plus finir à la commission, le travail est
déjà en grande partie fait. Si j'avais cette assurance du
ministre, j'ai l'impression que ce que souhaitaient le député de
Rosemont aussi bien que le député de Mégantic-Compton, le
député de Rouyn-Noranda et le député de Terrebonne,
on risquerait possiblement de l'avoir. En tout cas, on aurait au moins une
chance de l'avoir. Ce que je dis très candidement, on n'a aucune chance
de l'avoir, si on nous refuse d'avoir l'avis de la Commission des droits de la
personne. C'est aussi simple que cela, c'est aussi clair que cela.
Là-dessus je demanderais au ministre de nous dire ce qu'il en pense,
sinon je me réserverai le droit, à un moment ultérieur, de
présenter une motion en bonne et due forme pour requérir l'avis
de la commission.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, l'objectif qu'on devrait
rechercher dans ce projet de loi, c'est d'avoir un référendum
équitable ouvert et honnête. C'est le but que chacun de nous et
même le ministre devraient avoir pour la rédaction des clauses du
projet de loi. Je pense que la loi, telle qu'elle est rédigée
maintenant, ne permet pas d'avoir un référendum équitable,
ouvert et honnête.
Je vais m'arrêter à trois raisons principales pour
démontrer comment, par la façon dont ce projet de loi est
rédigé, le gouvernement va pouvoir diriger le
référendum. Les trois points du projet de loi que je voudrais
critiquer, ce sont, premièrement, les comités nationaux,
deuxièmement, le conseil des référendums et,
troisièmement, la question des limites de dépenses.
Le ministre doit savoir non seulement que la loi doit être juste,
mais qu'elle doit avoir aussi l'apparence d'être juste. Dans le cas
présent, non seulement la loi n'est pas juste, mais elle est loin
d'avoir cette apparence d'être juste.
C'est vrai que le député de Laval s'est
référé ce matin aux déclarations du ministre quant
à la loi en Australie et en Grande-Bretagne. Le député de
Rosemont s'est choqué un peu, mais je dois vous dire que les
déclarations du ministre peut-être que cela n'était
pas son intention; je ne veux pas lui prêter des intentions quant
à la loi de la Grande-Bretagne, ont donné l'impression que,
vraiment, ce projet de loi-ci avait pris comme modèle le
référendum sur le Marché commun en Grande-Bretagne. On a
voulu donner l'impression que si c'est le droit britannique, ce doit être
"fair play" et que cela doit être juste. Mais il y a plus d'exceptions
ici et elles sont tellement majeures que, vraiment, cela a faussé la
réalité. Quand on utilise de semblables tactiques, le moins qu'on
puisse dire, c'est que ie ministre est suspect en employant ce genre de
tactiques parce que le ministre ne les a pas soulignées au début
lorsqu'il a fait ses déclarations et lorsqu'il a déposé
son livre blanc.
L'impression qu'il a donnée, c'est: Nous allons faire comme les
autres pays, mais il y a tellement d'exceptions que, franchement, il ne le fait
pas.
Prenons les comités nationaux. C'est absolument irréaliste
de suggérer que, dans les brefs délais qui sont inclus dans le
projet de loi, il va y avoir un comité national qui va essayer d
organiser les six millions de Québécois pour une option
fédéraliste. Le député de Beauce-Sud a
déjà dit, à moins que je ne l'aie pas bien compris ce
matin, que la loi ne l'empêcherait pas de parler et d avoir sa
liberté d'expression. C'est quasiment un avertissement qu'il
n'obéira pas à cette loi parce qu'elle est injuste à ce
point de vue. Pouvez-vous vous imaginer que, dans un délai de 30 jours,
il va falloir faire les règlements, organiser le député de
Beauce-Sud, le Crédit social, l'Union Nationale et les libéraux
pour travailler ensemble et aller organiser les groupes minoritaires, les
nombreux et différents groupes qui sont pour loption
fédéraliste pour les placer dans ce comité national? C'est
absolument irréaliste.
Quand le député de Rosemont a dit: "Montrez-nous où
ce projet de loi est contre les lois britanniques, contre l'esprit du
parlementarisme, c est exactement sur cet aspect. On brime le droit
d'association. On brime absolument le droit d expression.
M. Paquette: Le droit d association n'a rien à voir avec
le parlementarisme.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Ciaccia: C est tellement un droit sacré que même
dans la constitution américaine, on a gardé dans le "Bill of
Rights" le droit d'expression.
M. Paquette: C'est un régime présidentiel.
M. Ciaccia: Oui, mais cela découle du système
britannique. Cela découle du "Common Law" et jamais on n'a essayé
de brimer le droit d'association comme on le fait dans ce projet de loi. (17 h
30)
Prenez, par exemple, les groupes minoritaires, les groupes ethniques.
Ils sont habitués, eux, à travailler par l'entremise de leur
association. Ils ne sont pas habitués à la question d'un
comité-parapluie qui doit être organisé dans les
délais de 30 jours, ici, avec les règlements, etc. Ce que vous
faites, c'est que vous limitez la participation de ceux qui prônent
l'option fédéraliste.
M. Paquette: On vous laisse la chance de la limiter, ce n'est pas
pareil.
M. Ciaccia: M. le Président, s'il vous plaît! Chaque
fois qu'on expose un point, on est interrompu. Je ne vous ai pas interrompu. Je
demanderais la même courtoisie.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Mont-Royal, je me porte à votre
défense. M. le député de Rosemont, je vous prie de
respecter le droit de parole du député de Mont-Royal. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. On limite. Vous pouvez
dire: Ce n'est pas notre intention. Je vous dis ce qui va arriver. Même
si je ne veux pas vous imputer d'intentions, ce qui va arriver, avec vos
comités nationaux, c'est qu'on va limiter la participation des centaines
et des centaines de groupements, au Québec, qui sont en faveur de
l'option fédéraliste parce qu'ils ne seront pas capables
physiquement de s'organiser dans un comité. Chacun va avoir sa
manière de s'exprimer, sa manière de s'organiser et vous dites:
Non.
Je voudrais spécialement signaler la question des groupes
ethniques, des groupes minoritaires. Vous allez certainement avoir un gros
pourcentage de ces groupements qui ne pourront pas participer à votre
référendum.
La question qu'on peut se poser, c'est: Pourquoi le gouvernement se
laisse-t-il ouvert à cette accusation? Pourquoi limiter le droit
d'association, un droit qui est sacré pour nous, un droit qui est
sacré pour tout le Québec, pour tous les Canadiens et pour tous
les citoyens? Pourquoi? Vous n'avez pas justifié cela. La question de
limiter les dépenses, c'est un autre principe qui ne peut pas justifier
le principe fondamental dans une démocratie de s'associer et d'exprimer
notre point de vue.
Quand le député de Rosemont dit: On croit nous, à
la liberté des plus forts...
M. Paquette: C'est vous!
M. Ciaccia: Que nous, de l'Opposition officielle, croyons
à la liberté des plus forts, c'est un drôle de concept et
cela m'inquiète quand vous parlez de cette façon. Quand il y en a
plus d'un côté que d'un autre, cela veut dire que le pourcentage
est plus fort. Est-ce qu'on va faire un handicap pour égaliser cela?
Ceux qui prônent l'option fédéraliste sont plus nombreux
que ceux qui prônent l'option séparatiste. D'après votre
théorie, cela, c'est la liberté des plus forts. On doit brimer
nos libertés, parce qu'il y en a plus pour nous autres. Je trouve cela
un concept un peu difficile à digérer, que c'est le gouvernement
qui va décider quelle sorte de liberté il va accorder à
différents groupes. On n'aura pas une liberté pour tout le monde.
Franchement, si c'est la philosophie de ce projet de loi, je la trouve
totalement inacceptable.
Quant au Conseil du référendum, ici, le gouvernement
devient juge et jury. Cela, c'est une autre question que le ministre n'a pas
expliquée. Je demanderais des explications. C'est totalement
inacceptable d'enlever les tribunaux et de créer un Conseil du
référendum que le gouvernement va nommer. Pour tous les litiges
possibles, toutes les difficultés possibles, ce ne sera pas aux
tribunaux qu'on pourrait aller. Cela va être réglé,
jugé et exécuté par le Conseil du référendum
nommé par le gouvernement. Cela, c'est vraiment une attaque à
notre système judiciaire. Cela, c'est quelque chose qui est absolument
inacceptable.
Nous avons des institutions, les tribunaux. Ce sont des institutions qui
ont une objectivité, une impartialité dans notre système.
Si nous portons atteinte à ce principe, c'est toute notre
société qui va en souffrir. Le gouvernement ne peut pas faire ce
mélange. Il faut qu'il y ait la séparation de l'exécutif,
la séparation du judiciaire, la séparation du législatif.
Dans ce projet de loi, on ne voit pas cela.
La question qu'on pourrait poser au ministre, qu'on pourrait poser au
gouvernement: Est-ce une admission, de la part du gouvernement qu'il y a
tellement d'injustices dans ce projet de loi, tellement
d'irrégularités et même tellement
d'illégalités? Il y a peut-être des clauses
illégales quant à la loi 50 sur les droits de la personne. Est-ce
qu'il y a tellement d'illégalités que le gouvernement craigne de
laisser les tribunaux décider des problè- mes légaux,
décider des problèmes qu'un individu peut avoir? Le seul recours,
dans notre société, M. le Président, que l'individu a, ce
n'est pas au Parlement, ce n'est pas au gouvernement, c'est par les tribunaux.
C'est cela qui fait l'équilibre dans notre société, c'est
cela qui protège l'individu. Si le gouvernement a certaines
décisions à prendre, des décisions politiques, il peut les
prendre, mais un individu ne peut pas attendre quatre ans. Il ne peut pas
attendre que le gouvernement soit battu aux élections. Il a des droits
personnels, il a des droits individuels, et sa seule protection, c'est par
l'entremise des tribunaux. Si vous lui enlevez cela, vous lui enlevez ses
libertés, vous lui enlevez ses droits, et c'est cela que le conseil du
référendum fait. C'est cela qui est inacceptable. Alors, quand on
parle d'avoir un consensus, quand on parle d'avoir un référendum
juste et équitable "you cannot stack the cards" et c'est cela que vous
faites ici. "You are stacking the decks". Vous limitez la participation des
groupes fédéraux, vous enlevez le recours des droits individuels
pour ceux qui se sentent brimés. Naturellement, c'est un contrôle,
mais l'aspect collectiviste, c'est votre philosophie collectiviste qui est
démontrée dans ce projet de loi.
M. Dussault: Des attaques personnelles...
M. Ciaccia: On a accusé l'Opposition officielle de faire
des attaques personnelles. Ce ne sont pas des attaques personnelles que je
fais, je vous souligne des termes, dans ce projet de loi, qui sont contre les
libertés des individus et qui permettent au gouvernement de manipuler,
de diriger ce référendum. Naturellement, le moins de
fédéralistes qui vont s'impliquer, qui vont pouvoir participer,
plus cela va augmenter le pourcentage de ceux qui vont voter
séparatiste. C'est clair, mais c'est quelque chose qu'on ne peut pas
accepter.
La question de la limite des dépenses. Encore une fois, quand on
dit qu'on veut confirmer le concept d'égalité, je me méfie
toujours quand on veut me confirmer cela, parce qu'habituellement c'est
l'inverse qu'on fait. On confirme l'illégalité sous
prétexte d'être légal. Vous avez toute la machinerie
gouvernementale. Qui va limiter vos dépenses? Les dossiers noirs des
fonctionnaires, la publicité, la propagande qui se fait dans tous les
ministères. Quand le ministre de l'Environnement passe un message pour
l'environnement à l'effet que, si nous sommes de bons
québécois, nous aurons un Québec sain dans un
Québec souverain, est-ce que c'est la limite des dépenses? Vous
ne trouvez pas que cela affecte le référendum et que cela
dépasse le cadre de cette loi, mais vous le faites légalement. Et
vous osez maintenant nous dire: On va limiter les dépenses pour le
côté fédéraliste. Vous allez limiter les
dépenses, pas de votre côté à vous.
Le budget de Radio-Québec de $22 millions qui est sous la
juridiction du ministère des Communications, les politiques de
Radio-Québec qui sont dirigées par le gouvernement, cela ne
compte pas?
M. Charbonneau: Et Radio-Canada?
M. Ciaccia: Et la totalité, on parle d'un projet de loi au
Québec.
Oui, parlons-en. On peut en parler. Si j'avais le temps, je vous en
parlerais, de Radio-Canada.
M. Charbonneau: Faites-le.
M. Ciaccia: On ne veut pas dire que cela peut être de
l'hypocrisie que d'essayer de limiter les dépenses sous le concept de
légalité mais, d'autre part, le gouvernement a toute la
liberté au monde pour faire toutes les dépenses qu'il veut, sous
d'autres excuses.
M. le Président, les principes du projet de loi ici, tels que
rédigés, affectent les droits fondamentaux des
Québécois. Cela affecte nos droits d'association, cela affecte
notre droit d'expression, cela affecte nos recours aux tribunaux. Qu'est-ce
qu'il nous reste? C'est un projet de loi qui est restrictif et qui est
répressif. Cela ouvre la porte à la manipulation, à la
direction de la population dans la campagne référendaire.
Le gouvernement nous donne vraiment l'impression que cette loi, c'est le
cheval de Troie pour le référendum. Même si la Commission
des droits de la personne a soulevé certaines questions, vous ne pouvez
pas justifier ce que vous avez inclus dans ce projet de loi.
Je voudrais seulement rappeler au gouvernement qu'il faut y penser
aussi, il va falloir qu'on vive ensemble le lendemain du
référendum. Si vous avez empêché la participation
d'une certaine partie de la population, si le lendemain la population trouve
qu'elle s'est fait avoir parce que, de la façon que cela a
été organisé, elle n'a pas eu la chance, l'occasion
ouvertement de s'exprimer, de s'organiser, que vont être les
conséquences sociales? Ce n'est pas assez de dire: On va tout faire pour
le gagner. Cela est l'impression que vous donnez. Vous voulez le gagner
à tout prix; puis, même si vous ne pouvez pas le gagner à
tout prix, vous voulez éliminer la participation d'assez de
fédéralistes pour augmenter votre pourcentage. C'est cela
l'impression que vous donnez ici pour pouvoir dire que ce n'est pas
réglé clairement. Cela n'a pas été clairement
réglé.
M. Dussault: Vous avez peur.
M. Ciaccia: II va falloir avoir un autre
référendum. L'incertitude et les conflits possibles vont
augmenter de plus en plus.
Le lendemain du référendum, il faut que tout le monde, des
deux côtés, sente vraiment que cela a été
équitable, qu'ils ont eu une juste chance, qu'ils ont tous eu les
mêmes droits, que ceux qui ne sont pas du côté du
gouvernement n'ont pas eu moins de droits que ceux du côté
gouvernemental.
Je reviens aux comités nationaux, il y a un parti politique qui
prône le séparatisme et cela est organisé...
M. Dussault: C'est quoi cela?
M. Ciaccia: ... c'est cela que... Alors vos 30 jours ici,
peut-être qu'il n'y aura pas beaucoup de problème pour vous, parce
que c'est déjà organisé. Vous l'avez votre comité
national, d'accord. Vous avez une avance...
M. Charbonneau: Puis vous autres, là?
M. Ciaccia: Sur le côté fédéraliste,
il y en a beaucoup de groupements différents. Ils n'ont pas ce
comité national.
M. Charbonneau: Qu'est-ce qu'il fait, M. Cas-tonguay?
M. Ciaccia: Ils n'ont pas la machinerie gouvernementale...
M. Charbonneau: Ils ont la machinerie fédérale.
M. Ciaccia: ... quant à l'argent, quant aux droits de
publicité.
M. le Président, on dirait que le ministre pense qu'il n'y a pas
de tradition de liberté et de démocratie au Québec et
qu'il peut se permettre de présenter un projet de loi de cette
façon. Cela va être expliqué à la population. Je
veux avoir un référendum le plus vite possible, mais je veux
avoir les mêmes chances et le même droit d'expression que vous. Je
n'en veux pas plus, mais je n'en veux pas moins. De la façon que c est
rédigé, vous nous en donnez moins de ce côté-ci,
parce que tout le contrôle est de vous, le timing' , la date, la
question, les dépenses, la publicité, les délais. Que
reste-t-il de ce côté-ci? Avez-vous pensé que c'est de
même être équitable?
Je me répète, pensez au lendemain, parce qu'il n'y a rien
de pire que quand une population réalise que vraiment on a pris avantage
d'elle.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal!
M. Ciaccia: En conclusion, M. le Président, je dirais que
les principes qui sont à la base de notre système
démocratique ne sont pas respectés. Nous sommes dans une
société libre, nous devons demeurer dans une
société libre. Par cette loi, telle quelle est
rédigée, on porte atteinte à cette liberté. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président, je cède mon droit de parole.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères. (17 h 45)
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Je serai bref car je crois que le ministre
voudrait intervenir. Ce qui me frappe,
en écoutant particulièrement les gens de l'Opposition
officielle, c'est qu'au départ on aurait pu penser qu'ils auraient
été subtils dans leur façon d'aborder les attaques au
sujet du référendum et de l'avenir constitutionnel du
Québec. Plus cela va et plus on se rend compte que, finalement, ils
n'ont en tête qu'un seul objectif. Toute leur stratégie, toutes
leurs actions, toutes leurs paroles sont concentrées vers cet objectif,
celui de discréditer avant coup le résultat du
référendum, probablement parce qu'ils craignent ce
résultat. Ce qui est important pour eux, c'est que déjà
les Québécois soient convaincus que ce sera un
référendum faussé au départ, que le vote
majoritaire des Québécois ne sera pas significatif et que,
juridiquement parlant, tant au Québec, au Canada qu'au niveau
international, il n'aura aucune valeur, donc que personne ne sera tenu de s'y
conformer, que personne ne sera tenu de respecter la volonté
exprimée par ce référendum.
D'ailleurs, quand on entend le député de Mont-Royal
utiliser les mots "manipuler", "diriger", on se rend bien compte que sa
façon d'attaquer le projet de loi ne vise uniquement qu'à
discréditer non pas le projet de loi lui-même, mais à
discréditer le référendum auquel tout le monde pense.
M. Ciaccia: Je vous ai donné des exemples.
M. Charbonneau: Les exemples que vous nous avez donnés, on
pourrait en reparler, comme on dit chez nous, étape par étape. Ce
qu'il est important d'abord de dire bien clairement, c'est cette
intention...
Une Voix: Un autre étapiste!
M. Charbonneau: Non, non, ce n'est pas le même genre
d'étape. Cela dépend de quel Claude vous parlez. J'ai eu
plusieurs maîtres à penser.
M. Grenier: Claude Castonguay?
M. Charbonneau: Donc, pour revenir au sujet qui nous
occupe...
M. Roy: Trop de maîtres à penser finissent par
égarer!
M. Charbonneau: Oui, mais parfois, quand on s'en rend compte, on
en sort. Il y en a qui n'ont pas compris encore.
M. Roy: A la condition de s'en rendre compte. M. Charbonneau:
Oui, mais cela se fait. M. Roy: Je m'excuse, M. le
Président.
M. Charbonneau: Tout cela pour dire ces remarques ne
faisant qu'alléger la conversation qu'il est important que les
gens ne soient pas dupes de ce qui va se passer ici au cours des prochaines
semaines. C'était beau d'entendre le député de Gatineau,
je crois, dire qu'eux seraient prêts, éventuellement, à
appuyer un projet de loi qui, par ailleurs, a été vertement
dénoncé, démoli par son collègue le
député de Mont-Royal qui serait prêt à l'appuyer si
jamais il y avait une recommandation de la Commission des droits de la
personne. C'est comme, finalement, si on oubliait une chose; c'est qu'il n'y a
pas uniquement un petit groupe de privilégiés dans cette
société qui a l'apanage de pouvoir se prononcer sur les droits de
la personne. Ce n'est pas parce que quelques personnes ont été
nommées par différents gouvernements et je pense qu'elles
ont fait l'unanimité des gens à l'Assemblée nationale
qu'elles sont les seules habilitées à se prononcer sur la
valeur d'un projet de loi. Si c'était le cas, je me demande quelle
signification on accorde à des législateurs dans une
société.
Je vois le député de Mont-Royal qui se frotte les mains en
se disant: Le député de Verchères vient de dire que ce
n'est pas important, la commission. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce que je
dis, c'est qu'il n'y a pas uniquement eux qui peuvent se prononcer au
Québec concernant les droits de la personne et les droits des
Québécois.
M. Ciaccia: Qu'ils commencent par se prononcer, au moins.
M. Charbonneau: Ils se sont prononcés, mais vous voulez
faire croire aux Québécois, à la population c'est
votre jeu qu'ils ne se sont pas prononcés, alors qu'ils se sont
prononcés. Vous auriez aimé qu'ils se prononcent en faveur de
votre thèse, qu'ils le fassent plus clairement, qu'ils le fassent d'une
façon tellement explicite que vous n'auriez pas eu à faire le
travail que vous essayez de faire aujourd'hui. Vous auriez eu uniquement
à vous cacher derrière la Commission des droits de la
personne.
Pour revenir à ce que je disais, je pense qu'il y a une
réalité. Il n'y a pas uniquement la commission, il y a des gens
qui ont été élus démocratiquement, qui sont des
législateurs et qui, eux aussi, parlent au nom de ta population du
Québec et qui, probablement, autant que ces sages de la commission,
peuvent, eux aussi, discuter des droits de la personne. C'est, d'ailleurs, eux
qui, finalement et fondamentalement, votent les lois, qui même ont
voté pour la création d'une telle commission. Alors, si les
députés ne peuvent pas se prononcer et si les
députés doivent attendre les opinions de d'autres avant de se
prononcer sur la valeur d'un projet de loi, je pense qu'on fait fausse
route.
Je pense que je terminerai sur cela, parce que c'est là qu'on
voit finalement jusqu'où la bassesse peut aller quand on essaie
d'imputer au gouvernement actuel des intentions collectivistes on n'a
pas osé utiliser le mot communiste, mais c'est ce que le
député de Mont-Royal voulait dire pour essayer de faire
peur au monde...
M. Ciaccia): Question de règlement, M. le
Président, article 96.
M. Charbonneau: II n'y a pas de question de règlement en
commission parlementaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
à la fin de l'intervention, à moins du consentement du
député.
M. Ciaccia: A la fin de son intervention, j'aurais l'intention
de...
Le Président (M. Clair): ... d'exercer votre droit en
vertu de l'article 96? Cela va.
M. Charbonneau: Vous le ferez, monsieur.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce que j'ai dit: A
moins du consentement du député.
M. Charbonneau: Ecoutez, s'il veut absolument rectifier.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, vous avez la parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je disais donc que
le député de Mont-Royal, subtilement, comme c'est son habitude
je l'ai vu faire à d'autres commissions parlementaires,
particulièrement à la commission parlementaire sur la loi 101
souvent attaque indirectement, n'ose pas utiliser les vrais termes, mais
passe les messages subtilement, en pensant que les gens vont le comprendre,
mais en se disant: Je n'aurai pas l'odieux d'avoir utilisé certaines
expressions qui me feront paraître comme un démagogue. Finalement,
quand on parle d'esprit collectiviste, quand on qualifie le gouvernement de
gens qui ont l'esprit collectiviste, je pense que ce que vous voulez dire,
dites-le franchement, c'est qu'on est des communistes, des épouvantables
communistes qui veulent brimer les libertés idividuelles, qui veulent
restreindre le droit d'association, qui veulent réprimer...
M. Lavoie: J'ai dit que vous étiez d'extrême droite,
au contraire. J'ai dit que votre loi est une loi d'extrême droite pour
empêcher les gens de s'exprimer.
M. Charbonneau: il faudrait peut-être que vous vous
entendiez, dans ce cas.
M. Paquette: Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de collectivistes
qui sont à l'extrême droite.
M. Charbonneau: J'ai eu une expérience récente avec
les fédéralistes et je me rendais compte qu'ils avaient
habituellement besoin de traîner leur dictionnaire. Il faudrait
peut-être que vous commenciez par comprendre la signification des
termes.
M. Alfred: Eux, ils sont d'extrême centre.
M. Paquette: Ils passent des lois d'extrême centre.
M. Charbonneau: On voit dans quelle attitude, subtilement, on
essaie de créer un climat. On a essayé d'en créer un
autour de la loi 101, pour...
M. Ciaccia: M. le Président, relativement à
l'article 99.9 de notre règlement.
M. Charbonneau: Cela vous chicote de vous faire
démasquer!
M. Ciaccia: Non. Parce que je vois le jeu du député
de Verchères. Il va aller jusqu'à 18 heures et ne me donnera pas
le droit de parole.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous soulevez une question de règlement?
M. Ciaccia: Oui, l'article 99, paragraphe 9.
Le Président (M. Clair): M. le député...
M. Burns: ... méchantes choses à votre sujet. Cela
crève votre petit coeur! Cela vous fait de la grosse
pé-peine!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, dans la mesure où il s'agit... A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Je ne peux pas laisser...
M. Samson: On devrait partir une garderie... des
prérequis.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, dans la mesure où vous invoquez l'article 99 paragraphe 9,
il me semble que ce que vous avez effectivement et de façon efficace
essayé de faire, c'est de soulever une question de privilège.
Comme il n'y a pas de question de privilège en commission, je dois
considérer votre question comme étant une question de
règlement, et je profite immédiatement de l'occasion pour inviter
le député de Verchères à être respectueux de
l'article 99, paragraphe 9, sans pour autant considérer qu'il y a
là matière à une question de règlement pour
l'instant.
M. le député de Verchères, vous avez la parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je pense que
j'étais dans mon droit de parlementaire et, dans ce sens, je ne pense
pas avoir outrepassé les règlements de l'Assemblée
nationale en tentant de démasquer finalement la stratégie de
l'Opposition officielle qui veut répéter le coup raté de
la loi 101, c'est-à-dire créer une espèce de climat
d'agressivité à l'endroit du gouvernement pour tenter de
discréditer non seulement le projet de loi lui-
même, non seulement le gouvernement, mais éventuellement un
référendum qui portera sur l'avenir des
Québécois.
M. Gratton: Le peuple.
M. Charbonneau: Le peuple oui. Vous avez peur des mots?
M. Gratton: On est en train de discréditer le peuple
québécois.
M. Charbonneau: Non. C'est ce que vous essayez de faire...
Le Président (M. Clair): Messieurs, nous ne sommes
pas...
M. Charbonneau: ... c'est de discréditer un
référendum qui portera sur l'avenir d'un peuple, du vôtre,
à moins que vous ne reniiez votre appartenance!
M. Gratton: Je m'excuse, mais...
M. Charbonneau: Donc, M. le Président, je pense...
M. Gratton: En guise de conclusion...
M. Lavoie: On peut ajourner!
M. Charbonneau: M. le Président, ce que je voulais dire en
conclusion...
Une Voix: C'est le désir unanime.
M. Charbonneau: ... c'était que ce genre de
stratégie, ce genre de bassesse auquel on a été
habitué par la commission parlementaire sur la loi 101, les
Québécois doivent en être avisés. Ils doivent
être conscients de ce qui va se passer ici autour de cette table au cours
des prochaines semaines. Ils ne doivent surtout pas être dupes d'une
stratégie qui vise finalement un seul but, non pas améliorer un
projet de loi, mais discréditer, avant coup, un référendum
qu'on sait qu'on va perdre de toute façon.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, en vertu de l'article 96.
M. Ciaccia: Quand j'ai utilisé le mot "collectivisme", M.
le Président, je n'ai attaqué personne individuellement. J'ai
utilisé ce mot pour donner la philosophie que je voyais dans ce projet
de loi. Je n'ai pas accusé le gouvernement d'être communiste. Pour
l'information du député de Verchères, être
collectiviste, ce n'est pas nécessairement être communiste. Je ne
voudrais pas trop montrer votre ignorance.
M. Charbonneau: II nous faudrait peut-être prendre des
cours de base aux sciences politiques?
M. Ciaccia: On peut être faciste et être
collectiviste et avoir toutes sortes de philosophies politiques.
Une Voix: Est-ce qu'on peut être péquiste?
M. Ciaccia: J'ai même pris les mots de votre ministre
d'Etat au développement culturel.
M. Charbonneau: Ce n'est pas vrai cela.
M. Ciaccia: ... l'approche collectiviste. C'était pour
rétablir ces faits, M. le Président. Je ne voulais aucunement
dire que c'était communiste.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie d'avoir
été bref, M. le député de Mont-Royal. Est-ce qu'il
y a d'autres intervenants au niveau des commentaires
généraux?
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ... j'avais posé une question au ministre.
M. Burns: Je vais répondre largement ce soir à vous
et à votre collègue de Laval, ainsi qu'aux autres
députés de l'Opposition qui se sont exprimés. Je pense
bien que je vais avoir besoin d'au moins 20 minutes. En tout cas, je vais
essayer de réduire cela le plus possible. Il y a des choses importantes
auxquelles je dois répondre. Je le ferai au retour à 20
heures.
M. Lavoie: C'est tout à fait normal. M. Burns:
D'accord. Merci.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Est-ce qu'on va avoir la présence de messieurs
les présidents des élections et du financement des partis avant
qu'on ne commence l'article 1?
Le Président (M. Clair): C'est la question à
laquelle...
M. Burns: C'est une des questions auxquelles j'ai l'intention de
vous répondre ce soir. Si vous me le permettez, je le ferai à ce
moment tout d'un bloc. Cela me permettrait également de vous donner les
raisons de mon attitude là-dessus. D'accord?
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Fin de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92. Au moment où nous avons suspendu nos
travaux ce soir, à 18 heures, nous en étions rendus à la
réplique du ministre d'Etat à la réforme électorale
et parlementaire, au niveau des commentaires généraux. M. le
ministre.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'utiliser tout le temps qui m'est alloué, qui est un temps
illimité, me dit-on; je n'ai pas l'intention de me faire un "filibuster
' à moi-même et au parti ministériel. Cependant, j'ai
l'obligation il m'apparaît de relever un certain nombre de
choses sur lesquelles je ne suis pas d'accord dans ce qui a été
dit par les députés, plus particulièrement les
députés de l'Opposition officielle cet après-midi.
Je tiens quand même à les remercier tous, y compris les
députés du parti ministériel, pour un certain nombre de
choses qu'ils nous ont dites. Je remercie également le "whip" de l'Union
Nationale, le député de Mégantic-Compton, pour l'aspect
positif qu'il a voulu donner à ce débat et je lui dis tout de
suite que je partage entièrement ses vues. J'ai regretté, je vous
le dis tout de suite... Je fais le parallèle mais sans vouloir
vous mettre en opposition entre les deux types d'intervention: celui du
député de Laval, qui parlait au nom de son parti, et celui du
député de Mégantic-Compton, en me disant que l'approche du
député de Mégantic-Compton m'apparaissait beaucoup plus
conforme à la façon dont nous, du côté
ministériel, voulons aborder l'étude de ce projet de loi.
Au départ, je vous le dis, qu'on veuille m'ac-cuser de faire de
la politicaillerie, de la partisane-rie, d'être un ministre
politisé, de confondre certaines décisions que j'ai à
prendre qui sont, elles, partisanes, j'en conviens, comme leader parlementaire
du gouvernement, et celles que j'ai à prendre comme ministre d'Etat
à la réforme électorale, on a beau vouloir jouer ce jeu,
je pense que depuis le début de l'exercice de mon mandat dans ces deux
fonctions, j'ai tenté moi-même d'avoir une double
personnalité.
D'ailleurs, le ministre d'Etat au développement culturel me
surveille régulièrement pour voir si mon état de
santé mentale va très bien là-dessus et je me soumets
régulièrement à son auscultation psychiatrique au cas
où j'aurais un phénomène très grave qui
s'installerait dans ce phénomène de double personnalité.
Mais je tiens à vous assurer que mon approche à l'étude
d'un projet de loi comme celui-ci est tout à fait similaire à
celle que j'avais tenté, je pense, de mettre de lavant quand nous avons
étudié le projet de loi no 2 sur le financement des partis
politiques, c'est-à-dire une approche qui se situe au-delà de
toute partisanerie politique. Qu'on veuille voir et cela, c est le droit
du député de Laval d'essayer de fabuler, lui aussi, à ce
sujet dans mes attitudes un scénario qui est savamment
monté, machiavéliquement monté pour essayer de vraiment
prendre par surprise la population du Québec dans un éventuel
référendum, de vouloir méchamment tromper la population,
je pense que les faits ne supportent pas une telle thèse.
Je vous avoue que j'ai personnellement été
déçu de cette réaction de la part du député
de Laval, parce que je ne crois pas que quelque geste que j'ai pu poser pouvait
justifier cela. Je passe vraiment par-dessus l'accusation de menteur qu on m'a
adressée et je vous ferai remarquer M. le Président, que je ne
l'ai même pas demandé de faire les rectifications voulues en vertu
de notre règlement, parce que c'est le genre d'accusations que je ne
prends plus au sérieux lorsque je pense que le dossier est
éloquent par lui-même.
J'ai effectivement parce que je suis obligé d'en faire un
élément de ma réplique tenté de
m'éloigner le plus possible, pendant I'adoption de ce projet de loi, des
aspects partisans, c est-à-dire de ce qui pouvait à
l'intérieur de mon propre parti... Comme je le disais cet
après-midi, je n'ai pas acquis une virginité politique à
partir du moment où je suis devenu ministre d'Etat à la
réforme électorale, pas plus, d ailleurs, que le président
de I'Assemblée nationale et le député de Laval en
sait quelque chose n acquiert une virginité partisane à
partir du moment où il est nommé à ce poste-là. Il
est quand même un député qui a été élu
sous une bannière très particulière, et dans mon cas, sous
la bannière et j'en suis fier du parti
Québécois. Mais, je pense que le parrain d'un projet de loi comme
celui-ci doit se tenir autant que possible, autant que les circonstances le
permettent, loin d une certaine partisanerie que je qualifierais d interne.
J'ai fait tous les efforts, en accord, soit dit en passant, avec le
Parti dont je suis membre et en accord aussi avec le Conseil des ministres,
pour ne pas mêler les deux choses. J'ai voulu, depuis le début,
garder ce débat en dehors de toute émotivi-té politique.
J'ai senti, dans les remarques, entre autres, des députés de
l'Opposition officielle, une certaine incrédulité relativement
à ce que je vais dire, mais j'ai senti qu'il était
nécessaire que le ministre qui parraine un tel projet de loi. tout en
disant qu'il est membre d'un Parti et quand même j'essaierais de
vous dire le contraire, vous ne me croiriez pas et je le comprends j'ai
senti qu il était nécessaire que je me tienne loin des
débats à ce stade-ci.
C'est très important qu à ce stade-ci il y ait quelqu un
qui essaie de juger ce problème, comme ministre responsable, et avec ses
collaborateurs et avec les membres de I'Opposition qui voudront bien le
député de Mégantic-Compton nous a offert cette
collaboration et, malgré leur absence, je reconnais que le
député de Rouyn-Noranda et le député de Beauce-Sud
nous l'ont offerte. garder cela au-dessus de toute partisanerie
politique.
Personnellement, je souhaite l'adoption de ce projet de loi le plus
rapidement possible. Ce devrait être un souhait qui satisferait, au point
de vue idéal, l'Opposition officielle, elle qui nous presse constamment
de soumettre le plus rapidement possible à la population une question ou
des questions mais je pense que, dans leur esprit, on parle d une
question, si j'ai bien compris le député de Laval pour,
comme on dit dans le langage de tous les jours, "clairer " l'atmosphère,
pour enlever une certaine incertitude relativement à ce
problème.
Je vous cite là-dessus, parce que le député de
Laval, M. le Président, cela n'a peut-être pas été
enregistré au journal des Débats, a dit: Une incertitude, et il a
ajouté: qui existe. Je dis non, je vous cite à ce sujet, parce
que je ne suis pas convaincu que cette incertitude existe.
Je suis convaincu, bien au contraire c'est peut-être la
seule touche partisane que je vais mettre dans ce débat-ci et je me
restreins vraiment que les gens ont hâte d'avoir un projet de loi
qui sera adopté par l'Assemblée nationale, qui leur donnera le
cadre de l'exercice de cette participation de la population à la
gouverne de l'Etat. C'est l'un des buts et c'est entre autres ce qu'a reconnu,
soit dit en passant et le député de Gatineau en a fait
longuement état cet après-midi la Commission des droits de
la personne dans ses réactions au livre blanc. Elle n'a pas eu,
jusqu'à maintenant, de réaction au projet de loi;
là-dessus, on verra. Je suis en train de tenter d'obtenir, de
façon plus précise, pour satisfaire et le député de
Laval et le député de Gatineau, qui ont beaucoup insisté
sur ce plan...
Puisque le député de Laval peut se permettre de
communiquer avec la Commission des droits de la personne, je pense bien qu'on
ne me blâmera pas de communiquer avec la Commission des droits de la
personne également. Mais pendant qu'on est sur ce sujet, jusqu'à
maintenant, un reproche m'a été fait par les deux
députés que je viens de mentionner, soit d'avoir refusé de
faire comparaître ou de forcer à comparaître la Commission
des droits de la personne. Je connais très bien les attitudes de la
Commission des droits de la personne devant l'adoption de projets de loi, pour
une raison bien simple; c'est arrivé à d'autres occasions que
j'ai été obligé de communiquer soit avec Me Hurtubise, qui
en est le président, ou encore à l'époque avec M.
Champagne, qui était le vice-président, pour me faire dire
à chaque fois que la Commission des droits de la personne ne voulait pas
intervenir dans le processus d'adoption d'une loi, que la Commission des droits
de la personne avait et c'est également mon opinion
suffisamment d'indépendance vis-à-vis du Parlement pour
pouvoir, proprio motu, s'adresser au Parlement et lui dire qu'effectivement il
y avait des choses, dans tel projet de loi, qui semblaient à ses yeux
contrevenir à la Charte des droits et libertés de la
personne.
C'est dans ce sens que l'autre jour j'ai dit que je n'avais pas
l'intention de faire de démarches précises auprès de la
Commission des droits de la personne pour les faire venir ici, en commission,
parce que je suis à peu près à l'avance assuré de
leur réponse. Si je me trompais là-dessus, je suis convaincu
également que la Commission des droits de la personne, qui va entendre
ces paroles via le journal des Débats, dirait: Non, M. le ministre, vous
avez complètement tort relativement à ce que vous dites, nous
n'intervenons pas parce que vous ne nous avez pas invités. Si tel
était le cas, je vous dis tout de suite que je n'aurais aucune objection
à la faire entendre. C'est justement parce que je considère cette
commission trop importante pour la mêler, comme elle le dit
elle-même, au processus d'élaboration d'un projet de loi et,
surtout, d'élaboration de grandes politiques gouvernementales. Cette
commission si je me rappelle bien lorsque je siégeais sur les
fauteuils d'en face, lorsque nous avons adopté le projet de loi no 50
était une commission que l'on voulait mettre à l'abri de
toute participation partisane dans l'adoption des projets de loi.
Ce qui me réchauffe le coeur, ce sont justement ces fameuses
conclusions, que je ne relirai pas, mais que le député de
Gatineau nous a lues, cet après-midi. Lorsque la Commission des droits
de la personne nous dit qu'elle souscrit aux objectifs du livre blanc et que ce
livre blanc était déjà, aux yeux de beaucoup de gens,
très imparfait, il m'apparaît... Je reconnais qu'il est imparfait,
c'est d'ailleurs normal qu'un livre blanc soit moins parfait qu'un projet de
loi, c'est pour cela qu'on fait un livre blanc, pour améliorer
l'éventuel projet de loi.
Il y a même un personnage que nos amis d'en face connaissent
très bien qui, lui, a reconnu de nombreuses améliorations dans le
projet de loi par rapport au livre blanc, il s'appelle Claude Ryan. Je ne sais
pas si le nom sonne une cloche, je ne sais pas si cela vous dit quelque chose,
mais M. Claude Ryan, le 29 décembre dernier...
M. Ciaccia: Etiez-vous bouffon, vous, avant de devenir
député?
M. Vaillancourt (Jonquière): A l'ordre! M. le
Président!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! M. le
ministre.
M. Burns: Non, mais j'ai l'impression que vous l'êtes
devenu depuis que vous êtes tombé dans l'Opposition.
De toute façon je peux vous dire ceci, c'est que cela vaudrait la
peine... Je livre cet éditorial du 29 décembre, donc le projet de
loi avait été déposé à ce moment, à
l'Assemblée nationale. Dans une de ses épîtres, M.
Ryan...
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au leader... Je lui donnerais le consentement pour que son droit de
parole soit prolongé, pour qu'il lise l'éditorial au complet au
lieu de le disséquer en parties et prendre uniquement les phrases qui
font son affaire. (20 h 30)
M. Burns: Non, non, non.
M. Lavoie: Je donne mon consentement pour qu'il lise
l'éditorial au complet, s'il veut être honnête et
transparent.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, une
question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, sur une question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que, tout d'abord, le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire a un droit de parole illimité.
M. Lavoie: Qu'il lise l'éditorial au complet.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Maisonneuve et ministre n'a pas besoin du consentement unanime pour exercer son
droit de parole ici, car le règlement justement lui permet ce droit de
parole qu'il exercera selon sa bonne volonté et son bon vouloir.
M. Lavoie: Est-vous consentant à lire l'éditorial
au complet...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre!
M. Burns: Non.
M. Lavoie: ... pour les fins du journal des Débats?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Burns: Si vous voulez, je vais le déposer.
M. Lavoie: Non, non. Lisez-le au complet.
M. Burns: Alors, je vais le déposer.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Prenez uniquement ce qui fait votre affaire.
M. Burns: Non, non, parce que l'éditorial est fait en
trois parties. Donc, on va faire une petite dissertation, si vous voulez. Il
est fait en trois parties. La première partie de l'éditorial du
29 décembre est une introduction qui n'est pas si bête et qui
commence par les mots: "Fidèle à son intention de faire
connaître le plus tôt possible ses choix majeurs en ce qui touche
l'instauration au Québec de l'institution référendaire, le
gouvernement Lévesque, par l'entremise de M. Robert Burns, ministre
d'Etat, etc., a déposé le 21 décembre, etc.".
Déjà, c'est très gentil comme ton et je l'apprécie
de la part de M. Ryan qui, de toute façon, semble me vouer de ce
temps-ci une amitié que je ne connaissais pas. Il me désigne
à des endroits où je n'ai même pas demandé à
être nommé, mais, en tout cas, c'est son droit.
Une Voix: II veut même être député de
ton comté, Robert.
M. Burns: Oui. C'est de la gentillesse.
M. Vaillancourt (Jonquière): De toute façon, c'est
la seule chance qu'il aurait d'être élu dans Maisonneuve si M.
Burns démissionnait.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, il ne s'agit pas d'un débat; il s'agit actuellement de la
réplique du ministre aux commentaires généraux.
Une Voix: Ce n'est même pas un débat, c'est une
jasette'.
M. Burns: Dans une deuxième partie, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): Je vous prierais de respecter son
droit de parole.
M. Burns: ... c'est celle-là qui m'intéresse le
plus parce que c'est le corps de l'article, il s'agit d'une comparaison qui est
faite par M. Ryan. Je suis prêt à lire cette deuxième
partie intégralement. Quant à la troisième partie, je n'ai
pas d objection à la lire non plus, mais cela va être long
inutilement.
Je suis prêt à répondre paragraphe par paragraphe
parce que ce sont les réticences que M. Ryan je vous le dis
a relativement au projet de loi. A ce moment-là, je devrai y
répondre paragraphe par paragraphe.
M. Lavoie: On vous donnera le temps voulu.
M. Burns: De toute façon, je suis convaincu qu'au cours de
l'étude article par article vous aurez l'occasion justement de soulever
ces éléments. Mais je veux tout simplement, dans cette
deuxième partie, contredire de façon très sérieuse,
avec une autorité qui, maintenant, est une autorité non seulement
journalistique, mais politique et même, je dirais, partisane,
politisée, méchante.
Je veux tout simplement dire que, ce matin, le député de
Laval me disait que j'avais présenté un livre blanc qui
était une feuille de chou; que cette feuille de chou, je l'ai
transformée. J'interprète, évidemment; ne vous servez pas
de l'article 96 là-dessus. Vous n'avez pas dit cela textuellement mais
ce que j'ai compris de vos arguments, c'est que j'ai présenté un
livre blanc qui était une feuille de chou et tout à coup cette
feuille de chou s'est retrouvée sous forme de projet de loi qui
s'appelle 92.
Or, justement le chef du Parti libéral, le jeudi du 29
décembre, dans son épître dans le Devoir disait ceci. Cela
vaut la peine qu'on le lise au
complet. C'est bizarre, mais là-dessus j'admire M. Ryan parce
qu'il est en avance sur ses ouailles. Il a réussi à trouver sept
modifications importantes qui valaient la peine de prendre une demi-page de son
éditorial. En fait, c'est une colonne et quart sur trois colonnes.
Connaissant l'importance que M. Ryan accordait à ses travaux dans ce
Devoir, je pense bien que c'était quelque chose d'assez important pour
lui.
Dans cette deuxième partie où il touche aux changements
qui apparaissent dans le projet de loi no 92 par rapport au livre blanc, on
peut lire ceci. Cela vaut la peine de le citer intégralement. Je
m'excuse, cela va être un peu long. Qu'est-ce que vous voulez, c'est une
colonne et quart. "Si on compare le projet de loi no 92 à ce que l'on
connaissait déjà des intentions du gouvernement, le nouveau texte
gouvernemental apporte nombre d'améliorations et de précisions
utiles. Voici les principales: Premièrement, des bruits avaient
circulé, ces derniers mois, voulant que le gouvernement, pour les fins
du référendum, abaisse l'âge du vote de 18 ans à 16
ans. Ce projet semblait naturellement dangereux sinon pervers. Heureusement, il
sera vite dissipé en fumée. Le gouvernement s'en tient, en effet,
à la limite de 18 ans. Il fait, en cela, oeuvre de bon sens, voire de
simple justice". Ici je ne cite plus M. Ryan. Je dis tout simplement qu'en
commission parlementaire j'ai ouvertement et clairement résisté
à toutes les possibilités de me convaincre que nous devions, dans
le projet de loi, modifier les règles du jeu pour un
référendum. C'est la philosophie qui est derrière le
projet de loi no 92. C'est celle que j'avais exprimée à
l'époque, c'est-à-dire de dire que nous avons des règles
électorales et cela vaut également pour le contrôle des
dépenses. Cela existe, le contrôle des dépenses en
matière électorale. Nous avons résisté à
cela comme à celui qui nous était suggéré
relativement à l'abaissement de l'âge quant au droit de vote. Cela
aurait été quelque chose auquel on aurait pu penser. Oui, il y a
des gens sérieux, et je ne considère pas que les gens qui sont
venus nous suggérer cela en commission parlementaire étaient des
gens qui n'avaient pas la capacité de nous faire des recommandations
sérieuses. La preuve, c'est que, dans d'autres cas, ces mêmes
personnes et ces mêmes groupements nous ont fait des suggestions que nous
avons suivies.
Deuxièmement je continue la citation on avait
demandé que soient levées à l'occasion d'un
référendum les interdictions qui, à l'occasion des
élections régulières, pèsent sur certaines
catégories de citoyens, en particulier sur les magistrats, les
procureurs permanents de la couronne, le Protecteur du citoyen et les
détenus. Le gouvernement a tenu compte de ce voeu. Un autre changement
qu'on a fait par rapport au livre blanc.
Troisièmement, dans le livre blanc d'août dernier, il
n'était pas clairement garanti que toute question susceptible
c'est celle qui va faire le plus mal, je pense, au genre d'opposition que je
reçois depuis ce matin et même en deuxième lecture de la
part de l'Opposition; cela vaut la peine que je le lise tout d'un trait parce
que cela se comprend dans son ensemble, ce paragraphe, et c'est celui, je vais
vous le dire tout de suite, qui me plaît le plus dans son
éditorial.
Dans le livre blanc d'août dernier, il n'était pas
clairement garanti que toute question susceptible d'être soumise au
peuple à l'occasion d'un référendum serait d'abord
présentée pour approbation à l'Assemblée nationale.
On pouvait craindre que, par le subterfuge d'une loi-cadre, le gouvernement
cherche à se dispenser d'une telle disposition, d'une telle obligation.
Le projet de loi no 92 dissipe cette ambiguïté. En garantissant que
toute question sera soumise au préalable à l'Assemblée
nationale, il ne donne certes pas satisfaction à tous ceux qui
souhaitent que la question relative au référendum sur l'avenir
constitutionnel doive être obligatoirement approuvée par au moins
deux tiers des députés. Attention, le bout intéressant
s'en vient! Il assure néanmoins le droit de regard des
députés sur le libellé de la question et, dit M. Ryan, il
dispose du même coup de maintes objections que l'on pouvait formuler
à l'encontre du principe même d'une loi-cadre sur les
consultations populaires.
En tout cas, je trouve que M. Ryan, là-dessus, était tout
à fait au rythme et désireux d'améliorer la
législation du Québec; il a vu qu'une loi de cette nature ne
devait pas, à chaque fois qu'un gouvernement voulait tenir un
référendum, nécessairement passer par les mêmes
étapes qu'actuellement. Moi, je dis: Qu'on prenne tout le temps voulu
pour adopter un tel projet de loi, bravo! Si cela prend un mois, cela prendra
un mois. Si cela prend six mois, cela prendra six mois. Je vous dis que M.
Ryan, là-dessus, et moi, on partage le même avis. Nous croyons
clairement et sincèrement...
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais m'excuser
auprès du ministre, j'aurais une question de règlement.
M. Burns: Non, je vais faire comme vous ce matin.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, sur une question de règlement.
M. Lavoie: Cela ne vous dérange pas trop que je
soulève une question de règlement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Soulevez-la! Une Voix:
Question de règlement.
M. Lavoie: Si je comprends bien, le ministre exerce actuellement
un droit de réplique de portée générale sur les
propos qui ont ou qui auraient été tenus par les
différents députés de cette commission depuis ce matin. Il
y a une question de pertinence du débat également.
M. Burns: Ce n est pas pertinent ce que votre chef dit?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Je vais vous interrompre dans vos clowneries si vous
voulez.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur la question de
règlement.
M. Lavoie: Je vais m'adresser à vous M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Effectivement, c est ce qu'il
y a de mieux à faire.
M. Burns: Arrêtez donc d'être suffisant...
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lavoie: C'est très intéressant cet
éditorial de M. Ryan, d'ailleurs, mais je voudrais vous souligner
c est à vous de trancher la question ce que cite le
député de Maisonneuve, le ministre responsable du projet de loi.
Premièrement je l'ai laissé aller, d ailleurs, j'ai une
copie de ce texte sur le vote de 18 à 16 ans, c'était une
discussion qui avait eu lieu en commission parlementaire lors de l'étude
du livre blanc, l'au-tomne dernier, et cela n'a été
soulevé par aucun député de cette commission depuis ce
matin.
Le deuxième point: droit de vote qu on pourrait donner à
certaines catégories de citoyens, les magistrats, les procureurs
permanents de la couronne, le Protecteur du citoyen. A ma connaissance, je suis
ici depuis ce matin, cela n'a été soulevé non plus par
aucun député, cela a fait l'objet de discussions en commission
parlementaire, lors de l'étude du livre blanc.
J'ai laissé aller le ministre également sur le
troisième point, sur la question qu'il y aurait approbation de
I'Assemblée. Cela n'a été soulevé non plus par
aucun député et je me demande comment cela peut faire lobjet d
une réplique du ministre si I'on veut sauver le temps de cette
commission. Cela a déjà fait l'objet de discussions très
détaillées en commission parlementaire I'année
dernière, après le livre blanc.
J'anticipe maintenant sur le quatrième paragraphe où il
est question, on aurait pu craindre... Laissez-moi terminer ma question de
règlement, voulez-vous?
M. Vaillancourt (Jonquière): On n'est pas rendu à
quatre encore.
M. Lavoie: On ne pourrait avoir de référendum en
même temps qu une élection, cest le quatrième point de
l'article de M. Ryan. Il n'en a été question par aucun
député non plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lavoie: D ailleurs, la loi prévoit maintenant qu'il ne
peut pas y avoir de référendum en même temps qu'une
élection.
M. Burns: II y avait même des doutes là-dessus.
M. Lavoie: Cinquièmement, on était inquiet du
bilinguisme du bulletin. Cela n'a été soulevé par aucun
député. Cela a fait I'objet de discussions en commission
parlementaire lors de l'étude du livre blanc.
Sixièmement, les délais qu'il faut observer avant la tenue
du référendum, cela non plus n'a été soulevé
par aucun député. Septièmement, le décompte des
voix. Encore là, cela a fait I'objet de l'étude en commission
parlementaire, mais l'année dernière, et je ne vois pas la
pertinence du débat aujourd'hui ni pourquoi cette réplique dans
le vide de la part du ministre. M. le Président, je vous demanderais de
statuer, c'est vous qui avez la haute décision. Le ministre s'il veut
nous répondre, qu'il nous réponde donc sur les points que nous
avons soulevés, ce matin: les droits fondamentaux des citoyens de
réunion, d'opinion, d association, les limites de dépenses...
M. Burns: Oui. on s'en vient à cela. C'est dans mon
introduction.
M. Lavoie: Autrement le ministre va parler pendant deux heures...
C'est à vous de statuer, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur la question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Si c est sur la même question de règlement, M. le
député de Jonquière, je suis en mesure d en disposer
immédiatement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais j'aimerais quand
même, M. le Président, très brièvement, exercer un
droit de parole...
Le Président (M. Clair): Si vous insistez, étant
donné que le président ne peut refuser à être
éclairé, allez-y.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... tout d'abord, M. le
Président, pour constater que les propos du ministre d Etat à la
réforme électorale et parlementaire font énormément
mal à l'Opposition officielle...
M. Lavoie: Parlez de règlement. Vous n avez pas le droit
de soulever le débat dans une question de règlement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: C'est un président de commission, cela!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, sur la question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... je pense que, comme je le
disais, les propos du ministre doivent énormément faire mal
à l'Opposition officielle pour...
M. Lavoie: C'est hors du sujet, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... soulever une question de
règlement aussi mal fondée. M. le Président, vous vous
rappellerez sans doute que ce matin même le député de Laval
a parlé du livre blanc, qu'il a parlé de la loi 92 et qu en ce
sens, je pense, il est extrêmement important et pertinent que le ministre
fasse part à cette commission parlementaire des améliorations
importantes et profondes que le gouvernement a apportées à la loi
92 par rapport au livre blanc. D'autre part, M. le Président, et cela
est le plus important, le député de Laval a employé ce
matin une expression très grave. Il a employé le mot
"scénario ". Je pense qu'il est du devoir du ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire de démontrer que non
seulement ce scénario n'existait pas dans le livre blanc, mais, encore
plus, que le projet de loi 92, selon le chef actuel même du Parti
libéral, a été considérablement
amélioré. (20 h 45)
M. le Président, je pense que votre décision, de toute
façon, était prête à être rendue, devant une
si faible argumentation du député de Laval, mais j'aimais quand
même dire et constater tout le mal que ces propos faisaient à
l'Opposition officielle.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! Pour
disposer de la question de règlement, il m'apparaît simplement
que, pour déterminer la pertinence des propos du ministre dans ce
cas-ci, on doit appliquer les mêmes règles que pour
déterminer la pertinence des propos des autres membres de cette
commission par rapport au sujet en cause. Quand un député de
l'Opposition ou un député ministériel exerce son droit de
parole au niveau des commentaires généraux après que le
ministre a pris la parole, ce député n'est absolument pas
limité, quant à la pertinence du débat, à s'en
tenir exactement à l'aspect du sujet qui a été
traité par l'intervenant précédent. Sans quoi, on
parlerait sans cesse et continuellement de la même chose.
La pertinence du débat m'apparaît devoir
s'interpréter de façon intrinsèque au niveau de
l'intervention en soi et, ne serait-ce qu'à la lecture même du
document qui est faite par le ministre à ce moment-ci, il
m'apparaît qu'effectivement c'est pertinent.
D'autre part, en ce qui concerne la durée du droit de parole,
encore là, l'article 160, alinéa 2 de notre règlement
indique qu'au niveau de la deu- xième lecture d'un projet de loi lors de
l'étude article par article, la restriction quant aux 20 minutes "ne
s'applique pas au proposeur du projet de loi, ni au ministre qui propose
l'adoption de ses crédits".
En terminant, je vous indiquerai, sans aucune méchanceté
à l'endroit d'aucun des intervenants, qu'il n'appartient pas au
président de décider de l'intelligence des propos qui sont tenus,
mais de la pertinence.
M. Lavoie: J'ai bien remarqué ce que vous venez de
dire.
Le Président (M. Clair): Dans ce sens...
M. Lavoie: Est-ce que je peux soulever une question de
privilège pour le ministre?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, je suis en train de rendre ma décision et, en même temps,
je voudrais qu'elle soit indicative...
Une Voix: Le député de Verchères va vouloir
parler.
Le Président (M. Clair): ... pour la poursuite de ces
travaux. Le président a à décider de la pertinence des
propos qui sont tenus en soi. Ma décision sur cette question de
règlement est de donner le droit de parole au ministre qui peut
continuer son intervention, dans le même sens. M. le ministre.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à l'ordre!
M. Burns: M. le Président, je m'excuse. Je ne veux pas
perturber les travaux de la commission, loin de là. Je pensais que,
entre autres, les membres du Parti libéral seraient très heureux
que j'offre peut-être la seule occasion, d'ici les prochaines
élections générales, à M. Ryan de s'inscrire au
journal des Débats, mais, apparemment, cela ne leur plaît pas.
Cela me ferait plaisir, je vous l'avoue, de voir M. Ryan venir...
M. Paquette: Terminer sa carrière.
M. Burns: ... terminer sa carrière politique dans le
comté de Maisonneuve. Cela me ferait plaisir. Je pensais vous rendre
service là-dessus, mais si cela ne vous rend pas service...
Il reste quand même, M. le Président, que par acquit de
conscience, je vais terminer la lecture; ce n'est pas tellement long. M. le
Président, vous avez rendu votre décision et je vous remercie de
me permettre de continuer. C'est uniquement, dans l'ensemble, pour contredire
une des affirmations du député de Laval selon laquelle on n'avait
rien changé entre le livre blanc et le bill 92; on avait tout simplement
copié la loi 92. Je pense qu'un éminent membre de son Parti
prétend le
contraire, du moins le prétendait le 29 décembre
dernier.
Je vais terminer en disant: "Et il dispose c'est très
important, c'est cette partie qui m'intéresse du même coup
(ce projet de loi) de maintes objections qu'on pouvait formuler à l'en-
contre du principe même d'une loi-cadre sur les consultations
populaires".
Je ne sais pas si la politique du Parti libéral a changé
là-dessus au cours de la fin de semaine ou depuis le 29 décembre
ou depuis le congrès au leadership du Parti libéral, mais je n'ai
pas compris que cette dernière phrase qui apparaissait dans
l'éditorial de M. Ryan était présente dans les remarques
du député de Laval ce matin.
En quatrième lieu, M. Ryan continue en disant: "On avait pu
craindre que le gouvernement ne succombe à la tentation de faire
coïncider la prochaine élection générale et le
référendum sur l'avenir constitutionnel, créant ainsi une
dangereuse confusion susceptible de fausser tout autant le résultat du
référendum que celui de l'élection. Ici encore,
l'objection est levée par le texte gouvernemental, toute
coïncidence entre la date d'une élection et celle d'un
référendum étant interdite dans le projet no 92".
Cinquièmement, on s'était inquiété de la
langue, etc. Je passe rapidement parce que, déjà, le
député de Laval a reconnu que nous avions fait des
améliorations très importantes. D'ailleurs, au moins
là-dessus, il suit son chef qui dit: "Mais le projet 92 dissipe ces
appréhensions en prescrivant que le texte de toute question
référendaire devra être présenté en
français et en anglais ainsi que le veut d'ailleurs le réalisme
le plus élémentaire". J'ajouterais qu'on est même
allé aussi loin que de dire que cela pourrait être dans des
langues d'autochtones, dans des milieux où il n'y a ni d'anglais ni de
français de parlé. Cela va loin, c'est peut-être une des
premières lois où on l'inscrit carrément, ce
droit-là.
M. Lavoie: II y a le pays de Galles où c'était en
gaélique.
M. Burns: Je dis nous, au Québec, c'est une des
premières fois où cela existe.
M. Lavoie: C'est la première fois qu'il y a un
référendum au Québec.
M. Burns: Après cela, on pourra nous faire tout un plat
sur ces gens, du côté ministériel, qui veulent brimer les
droits des gens, qui veulent "maganer" ce monde-là au Québec, ce
n'est pas possible! Je n'ai jamais vu de gouvernement précédent
aller aussi loin là-dessus, surtout après l'adoption d'un projet
de loi no 101. On faisait référence à cela ce matin, comme
étant une de ces méchantes choses que ce gouvernement-là
avait commises durant son mandat. Après avoir entendu cela, je vous dis
que ce matin je me disais: C'est incroyable! Je me demande sérieusement
si le député de Laval a véritablement lu le projet de loi
no 92.
M. Lavoie: Je n'ai jamais mentionné la loi 101. Le
Président (M. Clair): A l'ordre, à l'ordre!
M. Burns: "En sixième lieu, au chapitre des délais
qu'il faudra observer avant la tenue d'un référendum, plusieurs
assouplissements ce ne sont pas mes paroles, c'est toujours M. Ryan qui
parle caractérisent le dernier texte gouvernemental. Les
députés disposeront de 5 heures de plus, etc." Je vous fais
grâce du reste. "La limite minimum de 28 jours paraît trop
serrée, nous dit-il, il faudrait l'allonger; par rapport au livre blanc,
il y a néanmoins amélioration." Enfin, "septièmement, le
décompte des voix suivra le même modèle".
M. Lavoie: Vous en avez sauté un bout. M. Burns: Je
peux tout lire, si vous voulez.
M. Lavoie: Lisez-le, on a tout le temps qu'il faut.
M. Burns: Oui, surtout si mon temps est illimité. Je relis
ce sixième paragraphe au complet. "Au chapitre des délais qu'il
faudra observer avant la tenue d'un référendum, plusieurs
assouplissements caractérisent le dernier texte gouvernemental". Le bout
que j'ai sauté, c'est le texte technique que tout le monde
connaît. Je pensais que vous le connaissiez, je pensais que vous aviez lu
la loi avant. "Les députés disposeront d'abord de 5 heures de
plus, 30 au lieu de 25. pour l'étude de la question devant être
soumise aux électeurs. Ensuite, il devra s'écouler un
délai de 20 jours entre l'approbation parlementaire du texte de la
question et l'émission des brefs sur le référendum". Tout
cela est dans la loi. "Enfin, entre l'émission des brefs et la tenue du
référendum, il faudra un nouveau délai pouvant aller de 28
à 60 jours". Tout cela est dans la loi et j'avais repris en disant: "La
limite minimum de 28 jours paraît trop serrée". C'est bien
sûr, je l'avais cité. "Mais il faudrait l'allonger, dit M. Ryan;
par rapport au livre blanc, il y a néanmoins amélioration".
Est-ce que cela vous va? La citation au complet?
M. Lavoie: Septièmement?
M. Burns: "Septièmement, enfin, le décompte...
M. Grenier: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton sur une question de règlement.
M. Grenier: II est bien clair qu'on s'est donné un chef de
parti qui est un éditorialiste. Si, à chaque fois que
l'Opposition officielle désire lire des éditoriaux dans le
journal des Débats, je ne sais pas, d'abord, en quoi cela va-t-il faire
avancer
les débats? Ce sont des éditoriaux dont on a tenu compte,
qui étaient probablement très bien, je n'ai pas à les
juger un par un, mais on n'est quand même pas pour les faire inscrire un
par un au journal des Débats. Avec autant de pertinence, je pourrais
vous demander de lire l'éditorial où M. Ryan a demandé
d'appuyer le Parti conservateur. Je vais vous demander d'inscrire au journal
des Débats également quand il a demandé d'appuyer M.
Bellemare le 28 août 1974, et je vais vous demander d'inscrire au journal
des Débats que c'est lui qui a demandé de voter pour le PQ en
novembre 1976 aussi. Je ne vois pas en quoi ce sera pertinent et si cela va
aider à faire avancer la cause.
M. Burns: ... vous pourrez les insérer et je vous
conseille de le faire.
M. Lavoie: Après cela, je vais demander qu'on lise les
éditoriaux de M. Joe Clark.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Grenier: II y a pas mal d'égalité avec ceux du
temps.
M. Burns: M. le Président, vous m'avez permis de
continuer, j'achève.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Sur la question de règlement, s'il en est une, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Sur la même question de règlement
soulevée par le député de Mégantic-Compton, M. le
Président, et c'est un peu un reproche que je lui fais au
député de Mégantic-Compton...
M. Grenier: Bon, ça commence!
M. Gratton: Avec son expérience parlementaire, il devrait
savoir que, lorsqu'un député ou un ministre est à court
d'arguments, règle générale, il cite des éditoriaux
là où il peut les trouver.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît! Tout cela est de l'argumentation; finalement, s'il y a une
question de règlement, ce serait de soulever une deuxième fois la
même question de règlement. J'ai déjà eu l'occasion
de dire que ce que le ministre est en train de faire m'apparaît tout
à fait pertinent, d'autant plus que le document qu'il cite s'intitulait
justement "Le projet de loi sur les référendums". M. le
ministre.
M. Burns: D'accord. Merci, M. le Président, et je prie M.
le député de Mégantic-Compton de patienter. Je m'excuse de
choquer vos oreilles avec ces mots qui viennent de l'ennemi, pour vous; pour
nous aussi peut-être, mais, en tout cas, si peu!
M. Lavoie: Cela le fatigue!
M. Grenier: II n'écrit pas, il agit!
M. Burns: Je pense que cela vous fatigue bien plus que moi, MM.
les députés libéraux. Enfin, le décompte des voix
suivra le même modèle que pour les élections
générales, c'est-à-dire qu'il se fera par bureaux de
votation et par districts électoraux. C'est la meilleure méthode
à suivre; elle permet, mieux que tout autre, de savoir avec
précision comment ont parlé les électeurs.
Enfin, à la fin de cette partie, à mon avis, importante,
qui disait de quoi retournaient les changements par rapport au livre blanc, on
lit M. Ryan qui dit: Voilà d'assez nombreux sujets sur lesquels le
gouvernement s'est montré attentif aux suggestions qui lui
étaient venues des divers organismes. En conséquence on est
désormais loin et il faudrait peut-être se le rappeler, ces
paroles sont très importantes, là-dessus je partage
entièrement les vues de M. Ryan également du rouleau
compresseur que l'on pouvait redouter lorsqu'il fut question, pour la
première fois, d'introduire l'institution référendaire
dans nos moeurs. Je trouve que c'est une opinion assez éclairée
du chef du Parti libéral et il m'apparaîtrait assez important que
certains députés qui représentent sa formation politique
à l'Assemblée nationale relisent ces choses à l'occasion
et ne cherchent pas à les oublier parce qu'elles ne font pas leur
affaire pour des raisons d'ordre stratégique.
M. Lavoie: Cette partie de l'éditorial ne vous
intéresse pas?
M. Burns: M. le Président, si vous voulez... Le
Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Ciaccia: Quand il vous critique, ce n'est pas bon!
M. Burns: Non, j'ai lu les critiques et d'ailleurs tout au court
du débat je suis sûr que vous allez vous faire forts de me faire
répondre à ces points-là. Comme je vous ai dit tout
à l'heure, je suis prêt à le citer, mais ce sera
très long, pour une raison bien simple, c'est que je devrai y
répondre au fur et à mesure et vous n'aurez plus rien à
dire au cours de la commission. Cela va vous faire de la peine! Je ne veux pas
vous faire de la peine, que voulez-vous que je vous dise! Je veux que, à
un moment donné, vous ayez quelque chose à dire. Vous cherchez
des occasions pour parler, alors je vais vous en donner. Vous avez tous ces
éléments que vous pourrez relever les uns après les
autres, il me fera plaisir d'y répondre lorsqu'on arrivera article par
article.
M. Lavoie: M. le Président, avec la permission du
ministre. L'autre partie de l'article de M. Ryan couvre exactement tout le
débat qui a été fait depuis le matin, autant par
l'Opposition officielle que par l'Union Nationale, que par les
députés de
Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud. Pourquoi ne pas prendre la
dernière partie qui a fait l'objet du débat de toute la
journée?
M. Burns: Je vais vous dire, je voulais répondre en
général aux faits. Il y a surtout une chose qu'il m'importait de
vous dire, surtout à vous les membres de l'Opposition officielle, c'est
que dans cette opinion ce qui m'apparaissait sensé c'est qu on ne
semblait pas maintenant craindre une loi-cadre, à partir du moment
où existaient certaines garanties, c'est-à-dire les sept qui sont
énoncées dans la partie d'éditorial que je viens de citer.
On ne semblait plus craindre quant à l'existence même d'une
loi-cadre. C'est l'opinion qui ressort de tout cela et je n'ai pas vu,
même dans le texte qui suit, de réticence de la part de M. Ryan.
Je ne le prends pas non plus comme un évangéliste absolu, mais je
dis: Si on se permettait, alors que j'étais dans l'Opposition, de nous
citer des articles de M. Lévesque dans le Journal de Montréal, je
ne vois pas pourquoi je ne me permettrais pas, maintenant, ce petit
amusement...
M. Samson: Quand il n était pas en Chambre.
M. Burns: Quand il n'était pas en Chambre, il était
exactement dans la même situation.
M. Charbonneau: Lui s'est présenté aux
élections.
M. Grenier: Pas aux élections partielles.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! (21
heures)
M. Burns: Tout ceci pour vous dire, M. le Président, que
cette introduction que je faisais à ma réplique avait
principalement pour but d'expliquer que les gens qui croient que le projet de
loi 92... Je ne vous dérange pas trop, M. le député de
Gatineau?
M. Gratton: Non, je répondais à une question du
député de Verchères...
M. Burns: Je m'excuse.
M. Gratton:... qui se demandait à quelles élections
complémentaires M. Lévesque avait refusé de se
présenter.
M. Burns: Je m'excuse si vous m'interrompez.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Gatineau!
M. Gratton: Je lui ai cité 1971, 1972 dans les
comtés de Duplessis et Gatineau et 1974 dans Johnson.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Parce que je voulais répondre à...
M. Burns: Je m'excuse si vous m'interrompez. Vous pouvez aller
dans le corridor et peut-être jaser de cela avec le député
en question.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Parce que j'ai essayé de n'interrompre personne
et j'aimerais ne pas être interrompu.
M. Gratton: Vous n'avez pas réussi toute la
journée.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je vous invite
à être respectueux du droit de parole des uns et des autres.
Une Voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Burns: Je veux maintenant, M. le Président...
Une Voix: A l'ordre!
M. Burns:... prendre point par point toutes les remarques, en
tout cas, les principales. Il y en a quelques-unes que je vais mettre de
côté et qui reviendront à la surface, je présume, au
cours de l'étude article par article. Je pense avoir donné
d'abord, quant à la présence de parties extérieures,
d'organismes extérieurs ou d'individus extérieurs du... Non, non.
Ecoutez! laissez-moi répondre. Je vais vous donner une réponse.
Je ne réponds pas seulement à vous; je réponds aussi au
député de Rouyn-Noranda qui a fait des remarques, à mon
avis, que je ne peux pas mettre de côté parce que je trouve... Je
dois dire que le député de Beauce-Sud et le député
de Rouyn-Noranda m'ont fait réfléchir depuis cet
après-midi sur un aspect. Je vous le dirai tout à l'heure. J'ai
demandé à certains de nos légistes de regarder les
possibilités de trouver des solutions aux problèmes que le
député de Beauce-Sud et le député de Rouyn-Noranda
nous ont très positivement suggérés cet
après-midi.
Je vais prendre d'abord l'argumentation qui m'a été faite
à gauche et à droite, en face de moi, relativement à la
présence, d'une part, du directeur général des
élections et du directeur général du financement des
partis politiques, ce qui est une suggestion de la part du député
de Rouyn-Noranda. D'autre part, j'ai touché tout à l'heure
très brièvement à la question relative à la
présence de la Commission des droits de la personne ou d'un de ses
représentants.
Dans le deuxième cas, le député de Rouyn-Noranda
n'était pas là; cela vaut peut-être la peine de
répéter ce que j'ai dit très brièvement. J'ai dit
que je ne refusais pas d'entendre la commission si elle sentait le besoin de se
faire entendre. Je n'ai aucune espèce d'objection là-dessus, sauf
que je ne crois pas, à cause de l'expérience passée avec
la commission lors de l'adoption, entre autres, du
projet de loi 2 et lors de l'adoption d'autres projets de loi qui ne me
concernaient pas directement et dont je n'étais pas le parrain, qu'il
était du devoir je change de chapeau du leader du
gouvernement ou même du ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire de solliciter directement leur
présence. Parce qu'on nous a dit très clairement de ce
côté-là qu'on ne voulait pas, autant que possible,
intervenir dans le processus d'adoption d'un projet de loi. C'est ce que j'ai
dit substantiellement avant que le député de Rouyn-Noranda
n'arrive.
Quant aux deux autres demandes qui ont été faites par le
député de Rouyn-Noranda, il s'agit du directeur
général des élections et du directeur
général du financement des partis politiques. J'ai la chance de
vous donner des nouvelles fraîches à ce sujet parce que je viens
d'assister, à l'heure du souper, à l'assermentation du futur
directeur général des élections, Me Pierre-F.
Côté, qui a été assermenté à six
heures et qui était là en présence du juge Drouin et aussi
en présence du directeur général du financement des partis
politiques, Me Pierre-Olivier Boucher. J'ai consulté les trois sur
place. Je vous rapporte leurs paroles. Je vous rapporte surtout la sage
expérience du juge Drouin, qui est le directeur général
sortant des élections, indiquant qu'ils n'ont aucune objection à
venir devant la commission, mais sur des questions purement et simplement
techniques. C'est le voeu des trois personnes que je viens de mentionner.
Evidemment, dans le cas du juge Drouin, c'est vrai jusqu'au 25 mai
puisqu'il prend sa retraite le 25 mai. Après le 25 mai, Me Pierre-F.
Côté deviendra le directeur général en vertu de la
décision prise à l'Assemblée nationale.
C'est également le point de vue que m'a servi le directeur
général du financement des partis politiques. On nous a
très clairement indiqué qu'on était prêt à
venir donner des informations à caractère technique, mais qu'on
voulait se garder loin ce sont les mots mêmes des trois personnes
en question que je viens de citer de tout aspect politique du projet de
loi. Elles sont à notre disposition si on croit, à un moment
donné, devoir les consulter sur un point particulier ou sur un autre. Je
vous suggérerais même, si jamais la question se soulève
à l'occasion de l'étude d'un article, de suspendre l'adoption
d'un article du projet de loi si c'est sur ce point que vous voulez avoir des
éclaircissements. Je ne veux pas, et personne autour de la table ne veut
cela non plus, que des hauts fonctionnaires de l'Assemblée nationale
je ne dis même pas du gouvernement parce que ce sont des gens
nommés par l'Assemblée nationale soient mis à notre
disposition, alors que, dans un cas, le directeur général du
financement des partis politiques a une loi à mettre en application. On
sait qu'il en est encore à mettre en application cette loi qui est en
vigueur, officiellement, depuis le 1er avril. Dans un deuxième cas, le
nouveau directeur général des élections doit entrer en
fonction le 26 mai et il doit immédiatement faire face à une
élection partielle le 5 juillet prochain. Tout cela mis ensemble, je ne
voudrais pas qu'on les nolise à la commission. Si, à l'occasion
de l'étude d'un article, il y a des problèmes à
caractère techniques auxquels je ne crois pas avoir la réponse
il est possible que cela arrive je vous dis tout de suite que
cela me fera plaisir de suspendre l'adoption de cet article
peut-être qu'on pourra en accumuler quelques-uns comme cela et
d'inviter ces hauts fonctionnaires à venir nous donner les
réponses appropriées qu'ils croient devoir nous donner sur le
plan technique, à une occasion qui fera l'affaire de notre commission et
qui fera leur affaire également. Je pense que cela répond
à la question que le député de Rouyn-Noranda m'avait
posée.
M. Samson: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
M. Burns: Certainement.
M. Samson: C'est la seule façon que j'ai pour
préciser davantage ma pensée. Le ministre ne croit-il pas que la
présence de l'un et l'autre des directeurs concernés ou encore de
leurs représentants aux débats de la présente commission
ne pourrait pas être utile et à eux et à nous?
C'était là ma pensée ce matin. S'il arrivait que nous
ayons des questions d'ordre technique, par l'entremise du ministre, on pourrait
leur demander des avis. Je devrais préciser que, dans ma pensée,
je ne demandais pas qu'ils soient présents pour nous donner des avis
politiques. Au contraire, c'est absolument technique.
M. Burns: D'accord. J'ai bien compris cela, d'ailleurs.
M. Samson: Ce que j'aimerais demander au ministre, c'est s'il ne
pourrait pas reconsidérer l'à-propos qu'il y ait au moins un
représentant de l'un ou l'autre des bureaux qui soit ici présent
pour les délibérations, ce qui faciliterait la mise en
application de la loi par la suite.
M. Burns: Encore une fois, j'ai heureusement la réponse
toute fraîche à donner au député de Rouyn-Noranda
à cause de l'occurrence que j'ai mentionnée tout à
l'heure. J'ai mentionné cette possibilité justement à l'un
et à l'autre directeur général et on m'a répondu
très clairement qu'on avait pris des dispositions avec des
représentants de mon bureau je l'ignorais, mais j'étais
très heureux que cela soit fait pour que, dès que la
transcription de nos travaux est émise c'est-à-dire non
pas le journal des Débats dans sa forme finale, mais la formule qui nous
est remise à nous, les membres de la commission, laquelle comporte un
certain nombre de ratures et de corrections une copie leur en soit
transmise. Il y a des gens de mon bureau qui se sont engagés à
faire cela immédiatement. Ainsi, physiquement, ils ne seront
peut-être pas ici, mais dans l'espace de 24 heures tous nos travaux vont
être transmis directement à l'un et l'autre bureau des deux
directeurs géné-
raux. Cela m apparaît comme quelque chose qui pourrait, à
mi-chemin, répondre à la suggestion du député de
Rouyn-Noranda.
Dans l'un et l'autre cas, sachant que ces deux bureaux actuellement ont
des problèmes de fonctionnement, pas des problèmes dans le sens
que cela fonctionne mal, mais des problèmes un peu extraordinaires dans
le sens qu'il y a une élection et qu'il y a un début
d'application d'une loi, dans l'autre cas, tout cela mis ensemble, on s'est
dit: Ce serait peut-être plus pratique qu'au lieu de garder quelqu'un de
l'un ou l'autre bureau, ici, de le garder au travail et que quelqu'un soit
affecté à décortiquer le journal des Débats, du
moins la première version qui nous est livrée, habituellement
dans les 24 heures. D'accord? Quant à la présence des personnes,
c'est un peu ce que j'avais à dire.
Maintenant, le plus rapidement possible je ne veux pas prendre le
temps de cette commission, Dieu sait que je suis le dernier qui voudrait
retarder les travaux de cette commission je suis quand même
obligé de passer en revue un certain nombre d'arguments, du moins ceux
qui m'ont paru être importants, ou encore qui m'ont semblé fausser
le débat, pour essayer au moins d'apporter un certain nombre de
rectifications. Là-dessus, je passerai l'une après l'autre les
interventions.
D'abord, le député de Laval, un des premiers points
je vais être très bref là-dessus qu'il reproche au
projet de loi, c'est qu'il ne comporte aucune garantie que la question sera un
oui ou un non, c'est-à-dire que la question comportera, comme
réponse, un oui ou un non, qui devra appeler un oui ou un non. Nous
avons pensé on pourra, si vous le voulez, éventuellement,
reprendre ce débat d'une façon plus extensive qu'une
loi-cadre, une loi à caractère général, une loi
organique devrait ne pas "encarcaner ", pour n'importe quel
référendum, le style de la question ou le style de réponse
sollicitée.
J'ai mentionné maintes fois, et je pense que le premier ministre
l'a mentionné à maintes reprises, que, dans un meilleur but
d'efficacité et de clarté, la question qui inquiète
beaucoup de gens, que je ne connais pas, soit dit en passant, la question sur
l'avenir politique du Québec, nous souhaiterions éventuellement
que nous soyions en mesure de la bâtir ensemble, avec les membres de
l'Assemblée nationale, pour qu'on puisse y répondre par un oui ou
par un non. Je réitère personnellement mon intention
là-dessus. Je sais que le premier ministre partage mes vues
là-dessus. Est-ce que ce sera cela? Je ne peux pas vous faire de
promesses, je ne peux pas prendre un engagement à ce sujet mais il
m'apparaîtrait qu'une loi-cadre est une loi faite pour donner
suffisamment de souplesse pour qu'on ne soit pas obligés de l'amender
chaque fois qu'on tient une consultation populaire.
Dans ce cas-ci peut-être dans le cas de l'avenir politique
du Québec il serait peut-être souhaitable que nous
puissions répondre à la question par un oui ou par un non.
Peut-être trouverons-nous un autre cas de consultation populaire
où on ne doit pas se limiter à un oui ou a un non et
peut-être poser une, deux ou trois questions auxquelles on peut
répondre d'une autre façon. L'Assemblée nationale a cette
garantie qu'à chaque fois, avant que la population ne sont
consultée, elle sera saisie de cette question ou de ce projet de
question et qu'elle aura l'occasion d'en débattre avant qu'effectivement
le référendum en question ait lieu, de sorte qu'il ne
m'apparaîtrait pas souhaitable, dans un projet de loi à
caractère général, que nous nous barrions les pieds dans
le ciment relativement à une telle question.
L'autre point qui a été soulevé par le
député de Laval si vous l'avez remarqué, M. le
député de Laval, je ne ferai même pas état de vos
injures, en passant; je n'ai pas pensé que ce serait nécessaire
de les relever l'autre point était en ce sens que le gouvernement
devait s'engager à respecter la décision. Je ne crois pas
pas plus dans quelques lois, dans le milieu en tout cas, je n'en connais
pas. S'il y en a, cela me surprendrait beaucoup. Dans le milieu parlementaire
britannique, il n'y a pas beaucoup de lois où le
référendum est autre chose que consultatif, c'est-à-dire
que le résultat n'a qu'une valeur décisive. (21 h 15)
Cela pose, à notre avis, peut-être, des problèmes
à caractère constitutionnel, de vouloir aller plus loin que des
référendums à caractère consultatif,
c'est-à-dire que c'est une indication de la volonté de la
population. Je répète une chose que j'ai eu l'occasion de dire
à de nombreuses reprises, quitte à passer pour un gars qui radote
là-dessus. Que voulez-vous! Toutes les fois qu'on me pose la question je
suis obligé de toujours donner la même réponse.
Un gouvernement qui ferait fi d'une opinion clairement majoritaire dans
un sens, soit pour ou contre sa position, serait un gouvernement qui serait
rapidement voué à l'échec, et le jeu de la
démocratie continue, il ne faut pas l'oublier. Ce n'est pas la fin du
monde, une consultation populaire; c'est une façon d'éclairer
l'Assemblée natinale et le gouvernement sur ce que pense la population.
C'est cela qui est le but final. Il ne faut pas s'imaginer qu'après le
référendum c'est fini, il n'y a plus rien d'autre. Après
quelque référendum que ce soit, il y aura des actes
législatifs qui suivront. Il y aura des actes administratifs ou encore,
dans le cas de l'avenir politique du Québec, il y aura sûrement
des négociations, des discussions avec Ottawa, tout dépend du
sort que réservera la population à la question qui lui sera
posée. Alors, il ne faut pas s'imaginer qu'un référendum
est quelque chose de final, que le monde s'arrête le lendemain. Ce n'est
pas vrai, c'est une consultation populaire, c'est une façon de faire
participer l'administration à la gouverne de l'Etat l'ensemble de
la population chose qui est assez difficile à faire. Que
voulez-vous, on ne peut pas demander à 4 millions d'électeurs de
venir constamment voter tel ou tel projet de loi. C'est sûr que c'est
pour cela qu'on a un régime comme le nôtre. C'est pour cela
qu'à un moment donné il y a seulement 110 députés
qui représentent 4 millions d'électeurs.
II faudrait peut-être se poser la question à savoir s'il ne
faudrait pas avoir un Parlement d'un demi-million de personnes, si on veut
élargir et absolument pousser la" démocratie au bout. Que
voulez-vous, c'est une des contraintes. Cela est une des contraintes de la
démocratie. A partir du moment où vous fonctionnez par
représentation, vous êtes obligés de trouver des paliatifs.
Un des palliatifs à cela, c'est dans des questions
particulièrement difficiles à régler, dans des questions
particulièrement sensibles entre l'écorce et l'arbre, je dirais
qui taillent dans les chairs vives, à ce moment-là, c'est
peut-être l'occasion rêvée d'utiliser le
référendum. C'est dans ce sens qu'on le prend. Il ne faut pas
s'imaginer que le sort du monde dépend d'un référendum.
Mais il est très important comme indication. J'ai entendu, je me demande
si c'est le député de Laval, oui c'est justement le
député de Laval qui parlait et qui donnait l'exemple des
sondages, qui érigeait pratiquement en statue de plâtre ou de
bronze ou de n'importe quoi l'utilisation des sondages. Le sondage était
quelque chose d'absolument magnifique. Si les sondages étaient si
magnifiques, on ne prendrait pas la peine d'adopter une loi sur la consultation
populaire.
Chaque sondage, suivant le résultat, est sujet à caution.
Il est sujet à se faire poser des questions par surtout la partie
perdante. On dit toujours: Le sondage n'a pas été bien fait.
C'est évident que la même réaction pourrait venir à
l'endroit d'une consultation populaire d'un référendum, si jamais
les règles du jeu étaient pipées comme il dit. "If the
decks were stacked", comme disent les quelques éditoriaux de la Gazette
que j'ai lus à ce sujet-là. C'est absolument incroyable qu'on
puisse se dire qu'on se fie complètement à des sondages et que
les sondages sont une règle absolue, alors que là on prend toutes
les précautions minutieuses, c'est-à-dire le gouvernement ne
pourra pas monter des coups là-dessus. Le gouvernement qui va vouloir
monter des coups là-dessus, je l'ai dit et je le répète,
c'est un gouvernement qui va se desservir lui-même. La population n'est
pas folle. La démocratie existe encore; si on pensait le contraire, je
me demande ce que les députés qui sont autour de la table ici
penseraient de leur propre élection, si la démocratie ne joue pas
son rôle.
Personnellement, j'ai l'impression que les gens de Maisonneuve,
lorsqu'ils m'ont envoyé siéger à l'Assemblée
nationale, ils savaient ce qu'ils faisaient. J'ai l'impression que, dans le cas
du député de Mégantic-Compton, c'était la
même chose.
M. Grenier: Ils étaient clairvoyants.
M. Burns: C'est la même chose. C'est sûr qu'ils
doivent l'être.
M. Vaillancourt (Jonquière): On se pose des questions des
fois.
M. Burns: Des fois on se pose des questions, que voulez-vous,
c'est une blague de trop. Sérieusement, je pense que tout le monde ici,
autour de la table, a été élu de façon à
respecter justement cette volonté populaire. On se dit: Les gens, ce ne
sont pas des cruches, ils ne se laisseront pas emplir aussi facilement s'ils
s'aperçoivent que les dés sont pipés. C'est la seule
réponse que je peux donner à cela, relativement à ce
problème.
Je passe vraiment très rapidement sur la stratégie du
ministre, M. le Président, mais je ne peux pas m'empêcher de
relever cette affirmation tellement grosse de la part du député
de Laval qui disait qu'il constatait, tout à fait par hasard, ce matin,
qu'il y avait eu une couverture insuffisante de ce problème. J'ai les
coupures de presse, ici. C'est une faible partie, ce n'est même pas
tout... Il y a des choses répétitives que je n'ai pas dans mon
dossier, qui apparaissaient le même matin, soit une nouvelle de la Presse
canadienne qui apparaissait dans quatre journaux, des choses comme cela, qui,
évidemment, n'ont pas été conservées parce qu'elles
se répétaient. C'était le même article.
Quand vous avez simplement, sur le plan sélectif, une pile comme
celle que j'exhibe ici, de la couverture depuis moins d'un an du débat
sur la loi sur le référendum et sur le livre blanc, il
m'apparaît qu'au départ l'affirmation d'une couverture
insuffisante, qui est la prémisse qui précède l'accusation
que le député de Laval a faite à mon endroit par la suite,
est déjà comme une réponse. Quand on voit une
épaisseur d'à peu près un demi-pouce... Je vous le donne
en mille, au point de vue de l'épaisseur.
M. Samson: Un centimètre.
M. Burns: Malheureusement, je ne suis pas encore rendu à
la possibilité de transposer. Je pense que, surtout, cette
prémisse annonçait ce fameux scénario dont parlait le
député de Laval et, vraiment, je me sentais offensé de
cette chose, parce que nous avons, au contraire, sur le plan
stratégique, une stratégie du ministre, mais exactement dans le
sens contraire de ce que tentait de vouloir fabuler, ce matin, le
député de Laval.
Si nous avons déposé le livre blanc sur la consultation
populaire à la fin d'août, le 4 août, plus exactement, avant
la fin de la session et avant la reprise de l'autre, c'était justement
pour donner tout le temps à tout le monde d'en prendre connaissance dans
un cadre relaxé.
Imaginez-vous si j'avais déposé, je vous pose simplement
la question, le livre blanc d'abord il n'était pas prêt, je
vais vous le dire très honnêtement, parce que cela demande quand
même quelques heures de travail pour arriver à cela en
plein milieu du débat sur le bill 101, on m'aurait dit: Vous voulez, M.
le ministre, noyer le poisson, vous voulez que cela passe quelque part sans que
personne ne s'en aperçoive.
Quand j'ai vu que le projet de loi 101 était sur le point
d'être adopté, on le sentait bien mainte-
nant que la clôture était adoptée, qu'on arrivait
à la troisième lecture, etc., j'ai dit: C'est le moment
idéal. On a même hâté nos échéances
pour essayer d'y arriver afin de permettre et aux députés et
à la population et aux commentateurs des média d'information d'en
prendre connaissance largement avant qu'on entreprenne l'étude du livre
blanc en commission parlementaire. Si c'est une stratégie pour essayer
de noyer le poisson, je vous demande comment on ne le noie pas. C'est ce que je
vous demande, M. le député de Laval.
Quand on me dit également, parce qu'on fait flèche de tout
bois, apparemment, dans cette affaire, que pour le projet de loi, j'aurais
très bien pu attendre, que le gouvernement aurait pu attendre et
déposer le projet de loi uniquement au mois de mars, à la reprise
de notre session...
Non, on s'est forcé pour que notre projet de loi... On a
travaillé pratiquement jour et nuit. C'est pour cela que je me sentais
profondément offensé par cette accusation tout à fait
gratuite à mon endroit.
M. Lavoie (Laval): II a été déposé
à quelle date?
M. Burns: II a été déposée le 21
décembre, justement pour la même raison, c'est-à-dire
à la fin d'une session, en dehors de la période où,
vraiment, il y a des activités très difficiles. Vous avez
vous-même fait la relation, à chaque fois, avec le projet de loi
101. Dépôt, à la fin du projet de loi 101 et non pas
pendant la chaleur du débat sur le projet de loi 101, du livre blanc et,
deuxièmement, à la fin de la loi sur l'assurance automobile, le
21 décembre, également pour la même raison...
M. Lavoie: Le 21 décembre.
M. Burns: Oui, le 21 décembre. S'il y a eu une
stratégie, elle est exactement contraire à celle que vous avez
imaginée.
M. Lavoie: L'éditorial de M. Ryan est du 29
décembre.
M. Burns: Oui, c'est cela.
M. Lavoie: II ne se passe rien entre Noël et le Jour de
l'An!
M. Burns: II y a quand même des gens qui continuent
à s'occuper de politique même si Noël arrive. Ce n'est pas
tout le monde qui s'en va à Paris pendant le temps des Fêtes!
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? En ce qui me concerne, je vous dis
simplement ceci: C'est plutôt le contraire qui a été la
stratégie du ministre responsable de ce dossier et du gouvernement. Cela
a été de dire: On ne cachera pas chacune des étapes que
nous allons franchir dans ce dossier; au contraire, nous allons le faire
à un moment où les gens sont plus détendus. Je le
répète et je ne le dirai pas suffisamment souvent: Ce que nous
voulons, dans ce cas-ci, c'est que les gens aient la possibilité de
réfléchir à ce problème. Ce sera la première
fois au Québec que la population sera appelée à se
prononcer directement sur des actions à être posées
éventuellement par le gouvernement, d'une façon ou de I'autre,
sur des suggestions. Ce sera une participation concrète de la
population.
La Commission des droits de la personne a été très
claire là-dessus. Elle l'a compris, elle, que c'était un des
principes de base de ce projet de loi et elle nous en félicite. Vous
devriez nous en féliciter.
M. Lavoie: Je vais m en garder.
M. Burns: Je le sais bien, vous n'êtes pas capable d un
grand sentiment dans une affaire comme celle-là.
M. Gratton: Si jamais on a le droit de parole, on l'utilisera
peut-être. Je ne sais pas quand cela va venir.
M. Burns: En tout cas, j'espère que vous serez capable,
éventuellement, de vous amender et de faire preuve d'un sentiment plus
élevé que d essayer de nous prêter des intentions.
M. Lavoie: Voulez-vous la Légion d'honneur, vous
aussi?
M. Burns: Non, pas du tout. Je ne veux pas avoir la Légion
d'honneur du tout!
M. Lavoie: Deux Légions d'honneur!
M. Fallu: On n'a pas de bretelles, nous, pour se les
péter.
M. Burns: On me signale également un élément
que j'oubliais, soit que tout cela se passait à la suite d'une
commission parlementaire qui a siégé du 1er novembre au 1er
décembre. On a quand même, du 1er décembre au 21
décembre, fait des efforts inouïs pour déposer un projet de
loi qui est quand même M. Ryan le mentionne assez
différent sur certains points du livre blanc. Quand je disais tout
à l'heure qu'on a pratiquement travaillé jour et nuit, il s'agira
de demander aux légistes et au greffier en loi du temps, Me Benoît
Dufour, jusqu'à quel point on a mis des heures là-dessus, en
dehors des séances de l'Assemblée nationale quand on sait, en
décembre, à quel rythme on siégeait.
Je prends vraiment offense et je tiens à le dire de
cette affirmation du député de Laval qui, à mon avis, est
tout à fait injuste, car elle est contraire à la
vérité. Vous allez remarquer que je n'ai pas utilisé
l'expression qu'il a utilisée à mon endroit ce matin, je ne
voudrais pas m'abaisser à cela. Mais elle est contraire à la
vérité, cette affirmation, parce que c'est exactement
l'opposé qui s est passé. On a dit: II faudrait donner le temps
aux députés, aux gens intéressés à cette
situation, à ceux qui voudraient intervenir, que ce
soit la Commission des droits de la personne ou les media d'information,
avant d'adopter le projet de loi, d'en prendre connaissance et dans une
période où ils ne sont pas pris avec le bill 101 ou avec le bill
67. Je tenais particulièrement à souligner cette
question-là.
Un seul point que je veux relever, toujours dans cette intervention du
député de Laval ce matin. Je n'ai jamais, c'est clair et net
je cherche encore à quel endroit j'aurais pu dire cela et, si je
l'ai dit, c'est un lapsus parce que cela ne m'a jamais traversé l'esprit
dit qu'en Angleterre il y avait des contrôles des dépenses.
Je n'ai jamais dit cela. D'ailleurs, le député de Rosemont, ce
matin, l'a très bien relevé en citant le livre blanc où on
dit exactement le contraire, où on essaie de faire brièvement un
portrait de la situation qui existait en Angleterre lors du
référendum de 1975. Nous avons dit, au contraire, qu'en
Angleterre il n'y avait pas de contrôles sur les dépenses. Pour
l'information d'un certain nombre de gens, les gens du comité du oui
avaient à leur disposition dix fois plus d'argent à
dépenser au cours du référendum que le comité du
non; c'était dans une proportion semblable à quelque chose comme
100 000 "pounds" par rapport à 1 000 000 de "pounds", à un point
tel qu'à la fin de la campagne les gens du comité du oui se sont
retrouvés, un peu comme M. Ryan, avec de l'argent de trop. Ils ne
savaient pas trop où le placer, ils ont créé eux aussi une
fondation pas sur le fédéralisme qui va
éventuellement servir à des étudiants, ou je ne sais trop
quoi. M. Ryan aurait peut-être pu penser à cela aussi. (21 h
30)
En tout cas, je vous dis qu'il n'y avait pas de contrôle et je
n'ai jamais dit qu'il y avait des contrôles en Angleterre. Je vous ai
cependant dit que, dans toutes mes rencontres, j'ai reconnu un commun
dénominateur. J'ai utilisé cette expression parce que, à
chacune des rencontres, que ce soit M. Foot, qui est l'actuel leader
parlementaire de la majorité en Chambre et qui était à
l'époque, même ministre, le porte-parole du comité du "non
" au cas où les gens ne le sauraient pas, à
l'époque, le cabinet, volontairement, avait décidé que
chacun allait de son côté; il y avait six ministres qui
s'étaient inscrits contre la position majoritaire du gouvernement, il y
avait six ministres dont M. Foot, l'actuel leader parlementaire
ministériel, ou du moins qui l'était, je ne sais pas si cela a
changé récemment, au mois de septembre dernier, quand je l'ai
rencontré autant M. Foot, que j'ai rencontré, que Sir Con
O'Neill qui était l'organisateur en chef du comité du "oui "
c'est celui qui a monté l'organisation du "oui " que M.
Philip Butler, l'auteur du livre que citait partiellement, ce matin, le
député de Laval, que d'autres personnages, effectivement, de
préparer l'organisation du référendum, sur le plan
mécanique, le commun dénominateur qui ressortait de toutes les
personnes que j'ai rencontrées c'est que, à la question que je
leur posais, avant de les quitter: Si vous aviez à refaire quelque
chose, qu'est-ce que vous changeriez? Le député de Laval sait
très bien que lorsqu'on est allé en Californie ensemble,
relativement à la loi 2, quand on est allé à Washington,
quand on est allé à Toronto et à Ottawa à ce sujet,
la question qui était posée, soit par des députés
de l'Opposition qui étaient présents ou par moi-même ou des
députés ministériels qui étaient avec nous, la
question qu'on posait, parce qu'on s'informait de législations
existantes et de l'expérience qu'on en avait fait, avant de partir: Si
vous aviez à refaire votre loi, y a-t-il quelque chose que vous
changeriez? Y a-t-il quelque chose que vous reprendriez? J'ai justement
posé cette question à des gens comme m. Jamieson, comme Sir Con
O'Neill, comme M. Foot, comme à d'autres personnes que j'ai
rencontrées et, généralement, ceux qui me donnaient une
réponse, me disaient oui. Tant du côté du oui que du
côté du non. Je le répète parce que si cela avait
été M. Foot seul qui me l'avait dit, je n'aurais pas
été impressionné. J'aurais dit: II a perdu, donc il n'est
pas content. Au contraire il a dit: Les règles ont été
absolument, parfaitement exécutées, mais il y a une chose dont je
me plains, c'est qu'il aurait fallu avoir un plafond.
Je vous donne un petit élément de petite histoire, vous
n'aurez pas besoin d'écrire ou d'appeler en Angleterre.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
M. Burns: Non, vous me direz cela après. Je vais vous
rendre la même politesse que vous m'avez rendue ce matin.
M. Lavoie: Pour quelle raison sur la Loi Scotland, ils ne l'ont
pas fait?
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Burns: Voulez-vous vous me poserez la question
après?
M. Lavoie: Cela ne fait pas votre affaire?
M. Burns: Non, je vais vous parler de Scotland et de Wales
après.
M. Gratton: Ah non!
M. Burns: Oui, j'en ai pour la soirée si vous voulez.
M. Lavoie: Cela va bien!
M. Burns: C'est peut-être une question d'éducation
que je suis en train de faire à l'endroit de l'Opposition, et je ne vous
charge rien, imaginez-vous, profitez-en!
M. Gratton: Allez-vous répondre à ma question
durant ce temps-là?
M. Burns: Je vous dis simplement que, dans ce cas, vous n'aurez
pas besoin d'écrire en
Angleterre et de demander quoi que ce soit en Angleterre. Il y a quelque
chose de bien évident, c'est que, à un moment donné, nous
avions la possibilité de nous faire dire, uniquement par ceux qui sont
perdants... Ne vous inquiétez pas, vous pensez que je suis en train de
me "filibuster", mais on va placer les choses clairement en partant. Cela vous
amuse de me laisser parler, parfait, mais ne vous inquiétez pas, je ne
suis pas victime de votre piège...
M. Gratton: II voit des pièges, maintenant!
M. Burns: J'ai trop vu neiger dans ma vie, vous ne me ferez pas
croire à des affaires.
M. Lavoie: Vous êtes encore embourbé et cela
paraît.
M. Burns: Je vous dis simplement qu'il m'ap-paraît normal
que je réponde à ces questions. Si on me pose la question comme
on a tenté de le faire tout à l'heure, cela évitera une
question additionnelle relativement à ce qu'on appelle les deux
"devolution bills" qui visent éventuellement à donner plus
d'autonomie à l'Ecosse et au pays de Galles. Lors de cette visite, je
m'étais informé des projets gouvernementaux sans,
évidemment, m'in-sérer dans le secret du Conseil des ministres.
Mais M. Foot, qui était le leader du gouvernement, m'avait dit à
l'époque que, selon lui, ce serait à peu près le
même phénomène qui se présenterait.
Pourquoi le gouvernement du Royaume-Uni, pourquoi la Chambre des
communes a-t-elle décidé de ne pas contrôler les
dépenses? Je l'ignore. Je ne suis pas en mesure de juger une
décision politique. Peut-être a-t-on décidé que ce
n'était pas approprié et peut-être a-t-on
décidé que les personnes, à qui j'ai parlé et qui
m'ont dit que la seule chose que nous changerions serait le contrôle des
dépenses, n'avaient pas raison. C'est le droit le plus absolu et je n'ai
pas à critiquer la décision du Conseil des ministres, encore
moins celle de la Chambre des communes.
Je voulais rétablir ces faits. L'Australie est un autre cas qui
m'a été soulevé; je suis obligé de le relever; je
m'excuse si c'est long, M. le Président, mais que voulez-vous? Il y a
quand même une limite à se faire dire des âneries. J'ai
patienté ce matin, mais ce soir je ne suis pas patient je n'ai
jamais dit qu'en Australie la loi était en application. J'ai dit
qu'à ma connaissance l'Australie avait adopté
effectivement, si le député de Laval peut avoir une copie du
projet de loi, je vais lui envoyer...
M. Lavoie: J'en ai déjà une.
M. Burns: ... une copie de la loi adoptée en
troisième lecture. Que cette loi n'ait jamais été en
application, je ne le sais pas. Je prends votre parole là-dessus. Je ne
vous traite pas de menteur quand vous me dites ça; je prends votre
parole. Mais je vous dis ceci: C'est quand même assez significatif
c'était mon argumentation lorsque j'avais soulevé le cas de
l'Australie qu'un pays comme l'Australie, qui est de tradition
référendaire et également de tradition parlementaire
britannique, ait pris la peine de voter une loi, quand on sait ce que cela veut
dire faire trois lectures pour adopter un projet de loi pour régir les
finances politiques en matière référendaire. Je pense que
c'est assez significatif. C'est dans ce sens-là que je le citais comme
exemple. Je n'ai jamais dit et je n'ai jamais essayé de plaider que
l'Australie contrôlait les dépenses; j'ai dit qu'une loi avait
été adoptée. C'est tout ce que j'avais en main,
c'est-à-dire la troisième lecture.
Le Sénat ne l'a peut-être pas acceptée.
Peut-être que, devant le refus du Sénat, la Chambre des communes
ou la Chambre basse en Australie ait décidé de se raviser; c'est
peut-être le cas. Ecoutez! Je ne vais pas faire un voyage en Australie
pour voir si c'est bien vrai et comment cette loi s'applique, etc. Je sais,
cependant, et nous a-vons...
M. Grenier: Est-ce qu'on pourrait y aller?
M. Burns: Cela vous intéresse?
Une Voix: On devrait y aller en commission.
M. Burns: On pourrait peut-être organiser cela. On pourrait
y aller en hiver.
M. Lavoie: Allez-y et on va adopter la loi pendant ce
temps-là.
M. Burns: Oui, ce serait...
M. Lavoie: Bien améliorée d'ailleurs.
M. Burns: Oui, je suis convaincu que, si on vous la laissait, ce
serait beau.
M. Lavoie: Ce serait très démocratique.
M. Burns: Je vous dis simplement ceci, M. le Président, en
terminant, relativement aux arguments, parce que je ne veux pas accorder plus
d'importance qu'il ne faut à ces remarques. Par contre, je trouvais
qu'il y avait un certain nombre de choses inexactes qu'il fallait que je
relève. Je ne pouvais pas laisser passer des faussetés, des
choses absolument inexactes qui étaient dites par le
député de Laval ce matin, dans une attitude que je ne comprends
pas encore. Je n'ai pas l'impression d'avoir provoqué depuis le
début des travaux de cette commission, ni depuis le début qui
remonte au mois d'août, une certaine attitude partisane, politisée
méchamment, comme le député de Terrebonne
l'interprétait ce matin, dans ce débat. Au contraire, j'ai
tenté de me situer au-dessus de cela. Là-dessus, j'en sais
gré aux représentants des autres partis qui, eux, ont
gardé le débat au niveau que nous avons tenté de le garder
depuis le début.
Je fais tout simplement une dernière remarque. Je l'ai dit ce
matin et je voudrais le dire pour
que ce soit très très clair: Encore une fois, le
député de Laval a fait de la fabulation lorsqu'il donnait des
exemples de non-applicabilité des comités nationaux en nous
laissant croire imaginez-vous que le projet de loi pouvait
empêcher le député de Rouyn-Noranda ou même le
député de Beauce-Sud de faire partie d'un comité
national.
Il ne faut pas avoir lu, vraiment pas avoir lu la loi pour en arriver
à des conclusions comme celles-là. Il faut lire quand même
les articles 21, 22 et suivants. Entre autres, l'article 22 qui nous dit
carrément que tous les députés s'inscrivent aux
comités provisoires. Ce sont ces comités provisoires qui donnent
naissance aux comités nationaux. Que les députés
minoritaires, comme c'est le cas, par exemple, des deux députés
auxquels je faisais référence tout à l'heure, les
députés de Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud, soient un peu
noyés dans un comité provisoire, bien sûr, je vais
l'admettre. Je vais aller plus loin que cela. Je vais vous dire que c'est une
des tares de la démocratie, mais c'est peut-être aussi un des
grands bienfaits de la démocratie. Si la population n'a pas jugé
que le Ralliement créditiste devait être plus nombreux en Chambre,
il faut se pencher et dire qu'on lève notre chapeau devant ce verdict.
On le regrette quand on est créditiste ou quand on est PNP, mais c'est
comme cela.
Celui qui ricane actuellement est celui qui, soit dit en passant, a fait
adopter ce règlement. Celui que j'entends ricaner actuellement, le
député de Laval, qui nous lance de belles paroles... je ne sais
pas ce qui lui est arrivé depuis qu'il n'est plus président de
l'Assemblée nationale...
M. Lavoie: Cela va plus mal. Cela allait mieux avant.
M. Burns: On a l'impression qu'il est tombé sur la
tête ou je ne sais trop quoi. Quand il nous présentait son projet
de règlement qui a été adopté le 21 mars 1974, qui
a donné...
M. Lavoie: Avez-vous voté contre?
M. Burns: Non, pas du tout. D'ailleurs, je vais vous prouver
jusqu'à quel point vous êtes illogique. Vous avez vous-même
dit, dans votre présentation signée du 21 mars, que vous avez "eu
l'honneur de diriger le groupe de travail", et combien de fois vous vous
êtes pété les bretelles sur ce règlement. C'est
incroyable. Vous vous pétez encore les bretelles et vous, vous rougissez
de jouissance lorsqu on vous dit "le code Lavoie".
M. Gratton: II n'en a jamais parlé. Question de
règlement.
M. Burns: A part cela, question de règlement, voyons donc!
J'en ai pris de bien pires que cela ce matin. Les petits gars, on va essayer de
se parler.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, sur une question de règlement.
M. Burns: Je me le rappelle parce qu'on ne se fait pas traiter de
menteur à tous les jours sans l'oublier, surtout lorsque ce n'est pas
vrai.
M. Gratton: M. le Président...
M. Ciaccia: Quand c'est vrai, vous l'oubliez?
M. Burns: Quand c'est vrai, tu te fermes la boîte et tu
n'en parles plus. J'en parle ce soir. Cela ne m'est pas arrivé
jusqu'à maintenant. Vous m'en sortirez des cas.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre vous avez la parole.
M. Burns: D'accord. Est-ce que j'ai encore la parole?
Le Président (M. Clair): Oui. Vous avez la parole, M. le
ministre.
M. Burns: Je disais, M. le Président c'était
juste une introduction à cet argument que celui que j'entends
glousser en face de moi, depuis tout à l'heure, lorsque je dis qu'il y a
des limites à la démocratie, c'est ce même monsieur, la
même personne, Jean-Noël Lavoie, président de
l'Assemblée nationale, évidemment "other days, other ways"
probablement, autre temps, autre moeurs...
M. Lavoie: Vous rappelez-vous que vous m'aviez invité de
rester président de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Burns: Oui, peut-être que vous auriez
été...
M. Lavoie: Je ne coucherai jamais avec vous.
M. Burns: ... moins amer. C'est peut-être cela. Si on lit
ce règlement, il y en a partout des restrictions. Par exemple, dans ce
règlement, le pauvre député de Rouyn-Noranda, au secours
de qui vous voliez ce matin, n'a même pas le droit de parler sur
certaines motions...
M. Lavoie: II n'a pas besoin de défense.
M. Burns: Mon Dieu Seigneur! J'entendais ce député
de Laval outré, ma chère, de voir le député de
Rouyn-Noranda, ce pauvre petit garçon tout le monde le sait
qui n'est pas capable de se défendre tout seul, qui n'a pas de
voix. Quand il se fait "maganer", il ne dit pas un mot!
M. Lavoie: II est sur le petit banc!
M. Burns: Et son voisin de gauche, le pauvre petit
député de Beauce-Sud; lui aussi, quand on le bouscule, il prend
son trou et ne dit pas un mot. Heureusement qu'il y a eu la bienfaisante
intervention ce matin de ce député protecteur de la
démocratie qui est venu à leur secours! Pauvres
vous autres! Une chance que vous l'avez! C'est ce même gars qui
dit aujourd'hui: Cela n'a pas de bon sens! C'est effrayant! A pleines pages, il
y a des restrictions de temps de parole. A écouter le
député de Lavai, ce matin, je me disais: Bon Dieu! Il faudrait
peut-être réviser complètement notre règlement et
abolir les limites de temps de parole! Il faudrait peut-être, à
l'Assemblée nationale, que tout le monde ait le droit de parler de
n'importe quoi, n'importe où, n'importe quand, tout le monde en
même temps et autant de temps qu'on le veut. Ce serait parfait! (21 h
45)
M. Lavoie: A peu près comme vous, ce soir!
M. Burns: On serait donc bien! Des sessions à temps
plein.
M. Lavoie: Vous en êtes un bel exemple ce soir. Cela fait
une heure et demie qu'on vous entend.
M. Burns: Vous n'avez pas fini, à part cela, parce que,
ià, j'essaie de trouver une certaine logique dans votre intervention.
Vous vous plaignez de la motion de clôture. Je me souviens d'avoir
été, comme député de l'Opposition, un de ceux qui
avaient beaucoup de réticences sur cette motion de clôture.
M. Lavoie: Cela fait trois fois que vous nous coupez le cou!
M. Burns: Bien oui!
M. Lavoie: En un an et demi.
M. Burns: On a appris comment le faire alors qu'on se faisait
couper le cou régulièrement, nous autres, dans l'Opposition.
Une Voix: Pas souvent!
M. Burns: On nous coupait parfois le cou d'autres façons,
quand on nous disait, par exemple... En tout cas, une série de choses.
On pourrait toutes les sortir. Vous connaissez le règlement autant que
moi. C'est ce même monsieur qui vient nous parler de restrictions
à la démocratie. La démocratie il va falloir se le
dire, il faut être clair là-dessus en soi, elle comporte un
certain nombre de règles et un certain nombre de règles qui sont,
en soi, restrictives. C'est restrictif en bonyienne, par exemple, qu'il y ait 4
millions d'électeurs au Québec et que les 4 millions n'aient pas
le droit de voter et de parler sur chacun des projets de loi. Il va falloir se
dire cela. On a décidé de procéder par
délégation de pouvoirs et, par voie de délégation
de pouvoirs, d'encadrer les gens qui reçoivent cette
délégation dans des choses comme celle-là: La Loi de la
Législature, le règlement, la Loi du Conseil exécutif. Que
voulez- vous que je vous dise? Je n'ai pas inventé la démocratie.
On essaie de la garder dans des normes les plus acceptables possible pour
permettre le plus possible l'expression de l'ensemble de la population.
Personnellement, j'ai toujours défendu qu à
l'Assemblée nationale, même si c'était parfois
pénible de voir un certain nombre de débats... Je suis sûr
que, ce soir, certains membres en face de moi trouvent cela pénible de
me voir intervenir.
Des Voix: Non!
M. Lavoie: Non, nous avons beaucoup de respect pour vous.
M. Burns: C'est leur droit comme moi. J'ai trouvé
pénibles certaines interventions aujourd'hui. Je parle surtout des
députés de l'Opposition officielle. Je ne parle surtout pas des
gens de mon extrême droite, du côté de l'Opposition, les
pauvres petits "maganés" qui ne peuvent pas se défendre. C'est
effrayant!
M. Gratton: Incluez-vous le député de
Mégantic-Compton?
M. Burns: Ce sont les quelques remarques que j'avais à
faire relativement aux remarques du député de Laval. Je m'excuse
de m'être étendu un petit peu plus longtemps là-dessus.
Vraiment, il y a un certain nombre de choses que je ne pouvais pas laisser
passer au début de ces travaux. Cela va peut-être "clairer"
l'atmosphère. Je l'espère, en tout cas.
En terminant, je m'en voudrais de ne pas relever parce que
là je pourrais être beaucoup plus violent dans mon langage, je
pense, parce que cela ne me concerne pas directement je m en voudrais de
ne pas m'en prendre à la façon vraiment ahurissante de la part
d'un parlementaire qui se dit chevronné, surtout de quelqu'un qui
prétend qu il est le gardien en cette enceinte de la démocratie,
de traîner dans ce débat des personnes aussi respectables que mes
deux sous-ministres de I'époque, c'est-à-dire Me Louis Bernard,
qui est maintenant secrétaire général du Conseil
exécutif, et M. André Larocque, qui est encore sous-ministre
adjoint auprès du ministre d Etat à la réforme
électorale. Je n'ai jamais vu d attaques aussi basses que
celles-là à l'endroit de fonctionnaires, de hauts fonctionnaires.
Je m'étais toujours gardé de le faire, lorsque j'étais
dans I'Opposition. Et je vous prie de chercher un endroit où j'ai
personnellement attaqué un fonctionnaire, à moins qu
effectivement il y ait eu quelque chose que je considérais reprochable.
Et là, si cela arrivait, j'ai fait une motion en Chambre comme cela doit
se faire.
M. Lavoie: C est grave quand même.
M. Burns: C'est très grave ce que j'ai dit là.
M. Lavoie: Voulez-vous répéter ce que j'ai dit sur
vos fonctionnaires? Pouvez-vous le répéter?
Je n'ai attaqué d'aucune façon. Il y a une limite de jouer
aux vierges offensées.
Le Président (M: Clair): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Ah non! C'est sorti du
journal des Débats.
M. Burns: Vous n'étiez pas réveillé, ce
matin, certain.
M. Lavoie: J'ai dit que c'étaient des gens
politisés. C'est tout. On est tous politisés ici.
M. Burns: Avec quel ton et avec quelle saveur vous l'avez
dit.
M. Lavoie: On interprète le ton maintenant et la
saveur.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Burns: Et tout le monde, de notre côté de la
table, on se retenait pour ne pas intervenir parce qu'on s'est dit: Cela n'a
pas de bon sens, on ne comprend pas ce que l'on entend. Cela ne se peut pas
qu'un député qui se dit un gardien de la démocratie et qui
s'est prétendu aussi longtemps qu'il l'a fait, de 1970 à 1976, un
gardien de la démocratie qui nous arrive avec une chose comme
celle-là, qu'on mette en doute la sincérité,
l'honnêteté de hauts fonctionnaires qui ont prêté un
serment, soit dit en passant...
M. Gratton: II n'a jamais été question de cela. Je
m'excuse, j'étais là moi aussi. C'est bien clair.
M. Burns: Ah non!
M. Lavoie: Je le répète, je n'ai jamais mis en
cause l'honnêteté intellectuelle de ces gens. J'ai fait une
comparaison où en Angleterre on a pris des fonctionnaires non
politisés pour préparer la loi, alors qu'ici on a pris des
fonctionnaires politisés. C'est tout ce que j'ai dit.
M. Burns: C'est quoi la différence entre un sous-ministre
de l'Education, M. Jamieson, en Angleterre, et le sous-ministre à la
réforme électorale et parlementaire...
M. Lavoie: Je vais répondre à votre chose.
M. Burns: ... devenu secrétaire général du
Conseil exécutif, le plus haut fonctionnaire du Québec et son
adjoint, le sous-ministre associé.
M. Lavoie: Je vais répondre bien calmement... M. Burns:
C'est quoi la différence?
M. Lavoie: Jamieson, en Angleterre, et son équipe, aucune
de ces personnes n'avaient milité au sein d'un parti politique. C'est
cela que j'ai voulu dire. C'est cela. Essayez donc de comprendre.
M. Burns: Voyons donc! Arrêtez donc!
M. Lavoie: J'ai dit qu'ils n'ont jamais milité, ils ne se
sont jamais mouillés au point de vue politique, alors que les deux
fonctionnaires qui sont ici...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
M. Burns: C'est ce que j'appelle des attaques basses parce qu'on
est justement à mi-chemin, on laisse couler des affaires comme une
couleuvre...
M. Lavoie: Je ne laisse rien couler.
M. Burns: On essaie à l'endroit de gens qui sont... Soit
dit en passant, si vous aviez eu des hauts fonctionnaires comme ceux-là
dans le gouvernement précédent, peut-être qu'il n'aurait
pas été défait aux dernières élections. Je
n'accepte pas...
M. Lavoie: Une vierge offensée.
M. Burns: Pas une vierge offensée, un parlementaire
offensé par quelque chose qui n'est pas vraiment parlementaire. Je
n'accepte pas que des choses comme celle-là se fassent.
M. Lavoie: M. le Président, j'ai une question de
règlement. C'est assez grave les accusations qu'on porte à mon
égard. J'invite le leader parlementaire du gouvernement, bien sobrement,
demain, à lire la transcription du journal des Débats. Je vous
invite, vous, M. le Président, à le faire, j'invite tous les
membres de cette commission à le faire.
Si j'ai porté une attaque le moindrement malhonnête sur ces
deux personnes, je voudrais qu'on soulève la question en Chambre sur une
question de privilège et qu'on prenne tous les moyens...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
n'est pas une question de règlement.
M. Lavoie: Je mets mon siège en jeu, à
l'Assemblée nationale, s'il y a eu une attaque quelconque contre ces
personnes.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Burns: Vous avez dit ce que vous aviez à dire, ce
matin, je vous dis ce que j'avais à dire et je vais vous dire aussi
comment on l'a compris et comment les sous-ministres en question l'ont
compris.
M. Lavoie: Je pourrai m'expliquer avec eux, d'ailleurs.
M. Burns: Cela vaudrait la peine.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, puisque vous avez soulevé une question de règlement, je
pense que je dois en disposer et vous
indiquer que vous auriez plutôt dû exercer votre droit en
vertu de l'article 96, mais votre message est passé.
M. Lavoie: Je crois que c'était assez grave pour
être fait immédiatement.
M. Burns: M. le Président, je pense bien que se terminent
là les remarques que j'avais à faire. J'ai répondu
déjà à une question double du député de
Rouyn-Noranda. Je le répète parce que je ne suis pas en mesure de
donner une réponse immédiatement, j'ai pris en bonne note
l'approche qu'il avait eue ce matin relativement à la participation de
députés, disons, minoritaires, comme vous l'êtes à
l'Assemblée nationale. Dans les comités nationaux, cela peut, je
l'admet, à première vue, causer un certain nombre de
problèmes.
En droit, dans les grandes théories du droit, mon collègue
de Jonquière me corrigera si je me trompe quant à l'expression,
cela fait quelques années que je n'ai pas pratiqué le droit, il
existe une théorie qui s'appelle la thèse de la protection contre
l'oppression des minorités. Est-ce cela? Ou quelque chose comme
cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): On vous fait confiance.
M. Burns: C'est en droit des compagnies surtout qu'elle a une
application, cette thèse, lorsqu'une majorité se sert vraiment
abusivement de son autorité numérique à l'endroit de
certaines minorités. J'ai un peu pensé à cela comme
parallèle en me disant qu'il y aurait peut-être des accommodements
à apporter pour vous assurer, quitte à garder le système
des comités nationaux... Il y aurait peut-être lieu, en tout cas,
on va y songer... Il y a sans doute quelque chose dans ce que vous disiez.
J'apprécie énormément l'attitude très positive que
vous avez eue à cet égard, vous le député de
Rouyn-Noranda, de même que le député de Beauce-Sud.
Quant à votre suggestion que la question soit adoptée aux
deux tiers de l'Assemblée nationale, autant vous donner tout de suite
mon opinion qui va peut-être vous paraître décevante, mais,
personnellement, je ne peux pas partager cette opinion pour une raison bien
simple, à cause de toute la philosophie qu'il y a derrière une
consultation populaire. Vous avez deux types de consultations populaires: les
consultations populaires de l'initiative du peuple, c'est-à-dire les
initiatives populaires, dans le langage général, et les
initiatives gouvernementales en matière de consultation populaire. Celle
que nous nous apprêtons à adopter par le projet de loi no 92 est
de l'initiative gouvernementale carrément.
J'ai dit à plusieurs reprises qu'à long terme, à la
suite d'une expérience solide de cette Loi sur la consultation populaire
qui est de l'initiative gouvernementale, nous ne mettrions pas de
côté d'autres formules de participation de la population à
la gouverne de l'Etat, telle l'initiative populaire elle-même, mais on
s'est dit: Dans une première bouchée, c'est déjà
beaucoup si on passe à travers cela et si cela devient un succès.
La thèse derrière cela est que si c'est à l'initiative
gouvernementale, il ne faut pas que les règles qui président
à cette initiative gouvernementale puissent empêcher le
gouvernement d'avoir recours à l'initiative gouvernementale. Du moins,
c'est le raisonnement que je vois derrière cela, comme, par exemple, le
jour où on ira jusqu'à l'initiative populaire, il ne faudra pas
que, un nombre minimum de règles étant accepté,
c'est-à-dire un certain nombre de signatures, etc., l'initiative
populaire puisse être empêchée par des règles de
mécanisme, des règles de fonctionnement.
Or, il est très rare que cela arrive dans l'histoire du
Québec, en tout cas. C'est arrivé au cours de la dernière
élection, celle de 1973, qui était un cas assez exceptionnel, que
l'Assemblée nationale avait les deux tiers des membres du
côté ministériel. C'est l'un des rares cas que je
connaisse. Il y en a peut-être eu d'autres, peut-être le Parlement
de 1952 ou dans les environs. Mais disons que c'est le cas d'exception que la
majorité ministérielle représente les deux tiers de
lAssem-blée nationale.
Dans ce sens, le fait d'accepter cela, cela voudrait dire que
l'initiative gouvernementale n'existe plus; c'est-à-dire que, quand
l'Opposition ne voudrait pas qu'il y ait consultation du peuple, il n'y en
aurait pas. C'est ce que cela veut dire. On ne pourrait jamais en arriver
à une question, si systématiquement l'Opposition décidait
de bloquer un référendum en particulier. Cela ne
m'ap-paraît pas sain pour la démocratie. Cela ne m'apparaît
pas sain que le gouvernement n ait pas la possibilité d'agir de sa
propre initiative, en consultant la population, en demandant à I
Assemblée nationale de l'aider à bâtir sa question et
à établir les règles et en demandant, tel qu'on le
suggère dans la loi, d'être assisté par un Conseil du
référendum, etc. Cela ne m'apparaîtrait pas sain qu'on
mette des règles qui soient tellement rigides qu'elles puissent
éventuellement, comme conséquence assez générale,
donner la possibilité, disons-le, à l'Opposition, lorsqu'elle le
veut, d'empêcher l'initiative gouvernementale. Ma position est claire
là-dessus; au risque de vous décevoir, je vous dis que
malheureusement, de la part du gouvernement, je ne pourrai pas accepter un
amendement tel que vous le suggérez.
Le problème qui a été soulevé par le
député de Beauce-Sud malheureusement, il a dû
quitter il y a quelques instants, mais il me fait quand même plaisir d'y
répondre c'est relativement à la restriction de
publicité hors Québec. C est un problème qui est assez
difficile à régler. Il est bien sûr que le problème
de la publicité hors Québec existe. N'importe quel organisme
pourra aller faire des conférences de presse à Ottawa et
possiblement voir sa conférence de presse rapportée dans le
journal Le Droit. C'est une question de bonne foi, c'est une question de "fair
play". Toutes les lois peuvent être contournées, toutes les lois
comportent toujours des trous, mais l'expérience de l'application des
lois montre que
c'est la minorité des gens qui a tendance à chercher des
façons de contourner des lois plutôt qu'à essayer de s y
conformer. C'est en se fiant justement sur ce bon sens populaire qu'on se dit:
C'est sûr qu'il y a des trous dans cette loi, c'est sûr qu'il y a
des trous dans la loi 2 sur le financement des partis politiques, c'est
sûr qu'il y a des trous dans toutes les lois que nous adoptons.
Autrement, il n'y aurait jamais d'amendements à des lois
déjà adoptées. Il n'y aurait pas d'amélioration
possible. On dirait: Cette loi est tellement parfaite qu'il ne faut plus jamais
l'amender. (22 heures)
La preuve, c'est que toutes les lois se font amender. Celle-ci, comme
les autres, sera probablement amendée. Un des trous possibles de cette
loi, c'est justement qu'on ne peut pas légiférer pour
contrôler la publicité hors Québec. C'est pour cette raison
qu'en certains endroits il y a du laxisme dans la loi. Je le regrette, mais par
contre, on ne peut pas, aux dires de nos légistes qui nous conseillent
là-dessus, corriger la situation. On essaiera de se fier à cette
minorité de gens en espérant que cette minorité qui veut
contourner la loi soit très petite.
M. le Président, je termine ainsi mon intervention. Je remercie
les membres de la commission de leur patience, mais vous comprendrez que je me
devais de répondre in extenso à un certain nombre de choses,
même si, ce matin, j'avais été très bref dans mes
commentaires d'ouverture. Je croyais qu'il n'était pas possible de
laisser passer un certain nombre de choses que je considère tout
à fait inexactes ou encore de choses qui méritaient d'avoir une
réponse positive comme celle que je viens de mentionner un peu avant au
député de Rouyn-Noranda.
Alors, M. le Président, là-dessus, je pense qu'il est dix
heures.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est vingt-deux
heures.
M. Gratton: C'est sûrement un oubli de sa part, mais le
ministre n'a pas répondu à la seule question que je lui avais
adressée cet après-midi. Pourrait-il s'engager à nous
donner la réponse demain?
M. Burns: Sur les droits de la personne?
M. Gratton: Oui.
M. Burns: Je la lui ai donnée tout à l'heure.
M. Gratton: On va reprendre demain, M. le Président, parce
qu'il n'a pas répondu à ma question.
M. Burns: Je l'ai dit. Je peux vous répéter ma
réponse de tout à l'heure.
M. Gratton: Je l'ai entendue, mais vous n'avez pas répondu
à ma question.
M. Burns: Ce n'est pas un refus. Comment vous n'avez pas...
M. Gratton: Je ne vous ai pas demandé de comparaison. Il
est dix heures.
Le Président (M. Clair): La commission ajourne ses travaux
à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 3)