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Etude du projet de loi no 92
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire.
Les membres de la. commission sont: M. Fallu (Terrebonne) en
remplacement de M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Burns (Maisonneuve), M.
Charbonneau (Verchères); M. Vaillancourt (Jonquière) en
remplacement de moi-même; M. Garneau (Jean-Talon) est remplacé par
M. Lavoie (Laval); M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Laberge
(Jeanne-Mance); M. Gratton (Gatineau) en remplacement de M. Levesque
(Bonaventure); M. Paquet-te (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Dussault (Châteauguay), M. Guay (Taschereau); M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) en remplacement de M. Lavoie (Laval); M. Lévesque
(Taillon), M. Morin (Louis-Hébert); M. Ciaccia (Mont-Royal) en
remplacement de M. Raynauld (Outremont).
Au moment où nous avons suspendu nos travaux hier, nous n'avions
pas encore entamé l'étude de l'article 1. J'imagine que c'est ce
que l'on va s'apprêter à faire très prochainement. M. le
député de Gatineau.
Considérations générales
M. Gratton: M. le Président, à la fin de nos
travaux hier...
M. Burns: Sur l'article 1?
M. Gratton: Non, mais ce ne sera pas long. Je ne le pense
pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que vous n'avez plus
de temps.
M. Burns: Les remarques générales sont
terminées, j'espère.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais justement revenir
sur une remarque générale que j'avais exprimée hier et
à laquelle...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, je veux bien vous permettre une question parce que je sais un peu la
nature de votre propos; cependant je vous indique que votre droit de parole, au
niveau des commentaires généraux, était largement
épuisé parce que je vous avais laissé la parole pendant 25
minutes hier.
M. Samson: D'ailleurs, M. le Président, je pense qu'on
serait malvenu, ce matin, de commencer à couper la gorge à
l'Opposition. Hier soir, on a laissé parler le ministre pas mal plus
longtemps que...
M. Burns: Ce n'est pas vous qui m'avez laissé faire cela.
C'est le règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je ne coupe la gorge à personne. Je fais respecter... (10
h 15)
M. Samson: D'accord. Si vous voulez jouer à cela, on peut
trouver d'autres moyens.
Le Président (M. Clair): Ecoutez, M. le
député de Rouyn-Noranda...
M. Samson: Je pense, M. le Président...
Le Président (M. Clair): ... j'ai donné le droit de
parole au député de Gatineau et cela ne fait pas votre affaire.
Qu'est-ce que c'est qu'il faudrait que je fasse? M. le député de
Gatineau, vous avez la parole.
M. Samson: Je vous dis, M. le Président, que ce matin, en
partant, vous seriez malvenu de couper la gorge de l'Opposition. On demande
cinq minutes et, si on en a besoin de dix, on va en demander dix.
Le Président (M. Clair): II est sûrement malvenu de
dire que je coupe la gorge au député de Gatineau quand il a
déjà exercé un droit de parole de 25 minutes et que je lui
accorde encore un droit de parole. M. le député de Gatineau.
M. Samson: Vous avez été un peu conditionnel, M. le
Président. Soyez plus clair.
M. Gratton: Je veux vous dire, M. le Président, que ma
toux, ce matin...
M. Samson: Vous êtes transparent.
M. Gratton: ... n'a rien à voir avec des coupures de gorge
quelconques. M. le Président, il ne s'agit pas de remarques
générales. Par contre, j'avais soulevé une question dans
mes remarques préliminaires et à laquelle le ministre n'a pas
fourni de réponse hier soir.
M. Burns: Ce matin, je suis en mesure de vous donner plus de
précisions, si vous le voulez. Plus exactement, à 9 h 50, j'ai
parlé à Me René Hurtubise, le président de la
Commission des droits de la personne, qui avait hier soir rencontré le
premier ministre à une autre occasion. J'avais fait part au premier
ministre, dans le courant de la journée, des inquiétudes
exprimées par le député de Gatineau. Il en a
profité pour parler à Me Hurtubise hier.
M. Gratton: C'est fantastique, combien loin se retrouvent nos
propos!
M. Burns: C'est incroyable! Vous ne saviez pas qu'on travaillait
comme cela! Finalement, le premier ministre m'a dit, hier après-midi,
que comme il devait rencontrer le président de la Commission des droits
de la personne hier soir, à une autre occasion, et non pas
spécifiquement pour cela, il lui en glisserait un mot pour avoir sa
réaction. Ce matin, au Conseil des ministres, le premier ministre m'a
demandé, pour compléter, pour que ce soit vraiment de Me
Hurtubise à moi que vienne la réponse, de l'appeler
personnellement, ce que j'ai fait vers 21 h 50. J'ai parlé à Me
Hurtubise et je lui ai exposé les désirs exprimés, entre
autres par le député de Gatineau. Il m'a dit clairement que, dans
leur esprit, c'est-à-dire dans l'esprit des membres de la commission,
les commentaires qu'ils avaient fournis en date du 11 novembre 1977 sur le
livre blanc ne seraient pas suivis d'autres commentaires, quant à eux,
en somme qu'ils ne rappliqueraient pas.
Le raisonnement de Me Hurtubise, si je l'interprète bien, en tout
cas, évidemment, c'est très relatif parce que là, je
rapporte les paroles de quelqu'un d'autre et ce n'est pas toujours parfait...
Je vous dis ce que j'ai compris de cette conversation. Il m'a dit: Nous avons
pensé que la seule chose que nous aurions pu faire on n'a pas
l'intention de le faire c'est un constat, par rapport à nos
recommandations, de l'application de cela dans le projet de loi 92. Nos
recommandations, nos réflexions préliminaires avaient
été faites sur le livre blanc et non sur la loi 92.
Il m'a dit: Dans ces circonstances, nous n'avons pas l'intention de
donner de rapport additionnel et nous laissons la commission apprécier
elle-même, via nos réflexions préliminaires, ce qui a
été suivi et ce qui n'a pas été suivi dans la
rédaction du projet de loi no 92.
Voilà, je vous fais rapport de cette situation très
récente qui date de moins d'une demi-heure.
M. Gratton: M. le Président, je remercie le ministre pour
les précisions, sauf que, malheureusement, je me retrouve encore dans le
même dilemme qu'hier. Effectivement, les réserves ou les
inquiétudes que j'exprimais hier portaient justement sur le fait qu'on
demande aux membres de la commission, pour citer les paroles du ministre,
d'apprécier eux-mêmes ou de constater eux-mêmes lesquelles
des réflexions ou lesquelles des recommandations de la commission ont
été suivies dans la préparation du texte.
M. Burns: II me semble que c'est notre rôle comme
législateurs, M. le député.
M. Gratton: D'accord, mais je me situe toujours dans le contexte
où on parlait hier de la nécessité d'avoir un consensus le
plus large possible, d'avoir un climat de confiance mutuelle qui
régnerait à la commission, de façon que nous puissions
adopter ce que le député de Mégantic-
Compton a qualifié d'un outil de travail dans lequel tout le
monde aurait confiance. Malheureusement, on se retrouve dans une situation
où, d'une part, le parti ministériel à raison, selon ses
vues des choses, s'inspire des réflexions préliminaires de la
commission pour dire: Voyez, ils sont d'accord avec le projet de loi parce
qu'ils nous disent: On est d'accord sur les objectifs que poursuit le livre
blanc et qui sont les mêmes dans le projet de loi, alors que nous, en
tant qu'Opposition, nous attachons plus d'importance aux passages des
réflexions de la commission qui nous disent: Nonobstant le fait qu'on
constate que les objectifs sont très valables, il faut faire attention
que dans les mécanismes on ne fasse pas en sorte que ces objectifs ne
puissent pas être atteints. C'est dans ce sens que j'aurais
préféré qu'au lieu d'une conversation privée
et en fait, je ne nie pas qu'elle ait eu lieu ...
M. Burns: Ou d'un télégramme adressé au
leader de l'Opposition.
M. Gratton: ... ou d'un télégramme adressé
au député de Laval, effectivement et la commission
elle-même, semble-t-il, y a même pensé elle ait fait
un constat des recommandations en question. Il me semble qu'à ce moment,
si la commission nous fournissait...
M. Burns: Elle a justement pensé de ne pas le faire.
M. Gratton: Non, en fait, elle y a pensé avant de
décider de ne pas le faire. Si la commission nous fournissait un tel
document, à ce moment il ne relèverait plus du
député de Jonquière d'argumenter avec moi sur qui a raison
dans ce consta'. On l'aurait devant nous.
M. Burns: M. le député, comme législateur,
c'est votre rôle d'apprécier ces choses.
M. Gratton: C'est également le rôle de l'Opposition
M. le Président, je pense que vous en conviendrez de
traduire ses désirs, ses appréhensions par des expressions
claires et précises. C'est dans ce sens, M. le Président, que je
disais hier que je me retrouvais dans un dilemme. Si le ministre m'avait dit ce
matin: J'ai effectivement demandé à Me Hurtubise de nous fournir
cet avis, on dirait: Procédons à l'étude de l'article 1.
L'avis de la commission s'en vient. Et cela m'aurait satisfait. Mais, dans les
circonstances, il semble que le ministre l'ait écarté autant que
le président de la commission...
M. Burns: Vous interprétez mal, je m'excuse. M. le
député.
M. Gratton: Je suis obligé de vous interpréter
à ma façon, M. le ministre...
M. Burns: Vous interprétez mal, parce que...
M. Gratton: ... parce que justement, on n'a rien d'officiel, il
s'agit de conversation...
M. Burns: Mais il y a quelque chose d'officiel, et je vous prie
de le lire. La Commission des droits de la personne a comparu devant la
commission parlementaire de la justice, cette même question a
été posée par un député de l'Opposition et
une réponse a été donnée. Je me demande si ce n'est
pas le député de Marguerite-Bourgeoys qui avait posé la
question. Déjà, vous aviez une amorce de réponse
là-dedans qui donne une indication. Déjà, nous avons eu
l'expérience du projet de loi no 2 où je sais que la commission
n'est pas intéressée à comparaître dans le cadre de
l'adoption du projet de loi. Ce n'est peut-être pas cela que vous voulez,
vous voulez peut-être juste avoir une opinion écrite. Si c'est le
cas, vous avez une motion à faire, j'imagine, faites-la donc.
M. Gratton: Je remercie le ministre de ce début
d'ouverture. Effectivement, je n'ai jamais voulu et je n'aurais jamais
demandé que les membres de la commission comparaissent. On l'avait faite
cette motion, si vous vous en rappelez, au début de l'étude du
livre blanc.
M. Burns: C'est réglé, vous ne voulez pas qu'ils
comparaissent, d'accord.
Motion invitant la Commission des
droits de la personne à faire parvenir
ses remarques et ses recommandations
M. Gratton: C'est réglé, il n'en est pas
question.
Je fais donc motion, M. le Président, pour que cette commission
demande à la Commission des droits de la personne, conformément
au paragraphe e) de l'article 67 de la Charte des droits et libertés de
la personne, de faire au gouvernement, d'ici le 25 mai 1978, les remarques et
recommandations appropriées au sujet du projet de loi no 92, Loi sur la
consultation populaire.
M. Burns: M. le Président, tenant compte des remarques,
parlant sur la motion, j'imagine que vous...
M. Gratton: Est-ce que...
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité de la
motion.
M. Burns: Moi, je pense qu'elle est recevable, il n'y a pas de
problème.
M. Samson: Est-ce que je pourrais avoir le consentement du
député de Gatineau, parce que j'aurai une couple de petites
questions...
M. Burns: Avez-vous une copie de cela?
M. Samson: ... que j'aurais aimé poser au ministre.
J'aimerais peut-être le faire avant qu'on discute de la motion. Il me
semble que le ministre a oublié de répondre à une couple
de questions hier...
Le Président (M. Clair): Est-ce que c'est sur... je
voudrais d'abord disposer d'une chose...
M. Samson: C'est sur les réponses qu'a données le
ministre hier, et il manque une couple de réponses, je pense.
Le Président (M. Clair): C'est sur des réponses
qu'il a données hier. Cela va. Alors, permettez-moi, juste avant de
donner la parole, de constater que, d'une part, il n'y a personne qui
soulève de question d'irrecevabilité de la motion et que, d'autre
part, je la déclare recevable. Ce sera fait. D'accord?
Maintenant vous avez un consentement pour revenir un petit peu en
arrière, si je compends bien.
M. Samson: D'accord. Si j'avais le consentement du
député de Gatineau, je pourrais poser mes deux questions puis on
passera à la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord, M. le
Président. On peut suspendre la discussion sur la motion pour quelques
minutes.
Le Président (M. Clair): On suspend la discussion sur la
motion pour quelques minutes.
M. Samson: J'ai souligné dans mes remarques hier la
possibilité d'envisager la création d'un conseil consultatif au
genre de celui que nous avons pour la loi 2; une autre question que j'ai
soulignée est celle du pourcentage des votes requis pour qu'un
référendum soit considéré comme valable. Le
député de Beauce-Sud avait renchéri là-dessus en
suggérant les deux tiers. On n'a pas eu de réponse à ces
deux questions et je me demande si le ministre peut nous la donner ce matin ou
plus tard.
M. Burns: Oui, peut-être plus tard. Je pensais
remarquez que cela a peut-être été trop rapide qu'il
y avait des éléments de réponse dans une réponse
que je donnais au député de Laval, parce que cela se tient
ensemble, cette conception du référendum et des résultats
du référendum. Je pensais avoir donné des
éléments de réponse lorsque j'ai dit au
député de Laval que c'était un référendum
consultatif qui, comme tel, ne lie pas le gouvernement, sauf moralement; je
l'ai toujours dit. Je pense que n'importe quel gouvernement qui mérite
ce nom va se sentir lié moralement par une réponse donnée
clairement par la population. Devant cela, je ne pense pas, à ce
stade-ci en tout cas, que nous devions insister pour un pourcentage particulier
à être obtenu lors d'un référendum. On aura
l'occasion d'en discuter à un article particulier. A ce
moment-là, on pourra peut-être ouvrir un débat plus large
là-dessus, si le député est d'accord pour remettre sa
question à ce moment-là.
M. Samson: D'accord. Quant à la possibilité du
conseil consultatif?
M. Burns: Je vous avoue que nous sommes actuellement à
travailler, je l'ai mentionné hier, à une grande réforme
de la Loi électorale qui, comme vous le savez, est une pièce de
législation qui a été montée morceau par morceau.
Je ne blâme pas les législateurs de l'époque qui ont quand
même bâti quelque chose d'assez...
M. Samson: Je pensais que vous étiez pour dire "une
espèce de musée".
M. Burns: II y a des bouts qui sont vétustes dedans, c'est
justement pour ça qu'on veut rajeunir la loi et peut-être la
mettre à l'heure de 1978. On est au travail et c'est une réponse
à caractère beaucoup plus général qu'on devrait
donner là-dessus qui s'appliquerait et aux élections
générales et aux consultations référendaires.
M. Samson: Un genre de conseil consultatif qui pourrait
être utilisé pour les trois formules.
M. Burns: Oui, c'est-à-dire un genre de conseil
consultatif qui pourrait être utilisé en matière
d'élections ou en matière de référendums.
M. Samson: De référendums.
M. Burns: Je vais être très franc avec vous
et là c'est une opinion personnelle notre décision n'est
pas arrêtée; il y a un comité qui travaille
là-dessus actuellement. Je vous avoue que j'ai plutôt tendance
à ne pas favoriser ce type de conseil consultatif en matière
électorale ou en matière référendaire, parce que je
considère que le directeur général des élections a
besoin de beaucoup plus de flexibilité et de rapidité dans
l'exécution de ses décisions que n'en a besoin, par exemple, le
directeur général du financement des partis politiques. Si vous
me permettez d'utiliser les sigles, le DGFPP a le temps de prendre une
décision, de consulter et d'essayer de trouver le plus large consensus
possible, alors que le DGE a souvent des décisions immédiates
à prendre, c'est-à-dire des choses qui vont s'appliquer dans la
minute qui suit. Par exemple, en période électorale, on l'appelle
et on dit: II y a telle chose qui se passe. Mon président de
comté n'a pas fait telle et telle chose; mon président local
d'élection de comté n'a pas fait telle et telle chose, y a-t-il
moyen de corriger cela? C'est une décision que souvent il est
obligé de prendre rapidement. Si on lui ajoute une instance, même
si elle n'est que consultative, cela risque peut-être de limiter son
efficacité dans le temps. En tout cas, c'est une opinion
préliminaire, elle n'est pas finale.
M. Samson: Peut-être aurais-je dû être un peu
plus précis dans mes remarques. Je vais le faire maintenant.
Mes intentions n'étaient pas d'avoir la créa- tion d'un
conseil consultatif qui pourrait être utilisé en période
référendaire. Je pense que là je vous rejoins, cela
n'aurait pas de bon sens.
M. Burns: A ce moment-là, je suis prêt à
discuter.
M. Samson: Mes intentions étaient plutôt d'avoir un
conseil consultatif pour mettre en application, au début, la nouvelle
loi. C'est nouveau pour tout le monde. Mais ce conseil ne serait aucunement mis
à contribution dès que les brefs sont émis, parce que je
pense qu'à ce moment cela relève directement du directeur
général des élections. (10 h 30)
M. Burns: Si vous m'arrivez avec un amendement qui précise
votre opinion là-dessus...
M. Samson: Je vous précise mon opinion et je vous laisse
le soin, avec vos officiers...
M. Burns: Je suis moins réticent là!
M. Samson: ... de rédiger quelque chose; je n ai pas
d'amendement de préparé.
M. Burns: Je vais prendre bonne note de votre suggestion.
Le Président (M. Clair): Si on revient à la motion
du député de Gatineau, si celui-ci me demandait le droit de
parole immédiatement, je le lui accorderais, puisque c'est sa motion et
qu'il n a pas encore exercé son droit de parole, du moins je n ai pas
compté de temps pour cela.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Oui, M. le Président, ce sera relativement
bref. Je voudrais simplement rappeler la raison qui me motive à
présenter cette motion. C'est loin d'être une motion dilatoire ou
une motion pour utiliser du temps, bien au contraire. Vous noterez dans le
libellé de la motion qu'on demande strictement à la Commission
des droits de la personne de nous fournir un avis. Non pas de venir
comparaître devant la commission, il n'en est pas question, mais
simplement de nous fournir un avis d'ici le 25 mai 1978, et ce pour nous
permettre d'aborder l'étude du projet de loi article par article,
quitte, comme je le disais hier, à suspendre l'étude des articles
qui pourraient contenir des principes qui sont mis en cause dans les
réflexions préliminaires de la commission. Je voudrais dire
à l'intention des membres de la Commission des droits de la personne
qui, semble-t-il, ont des rapports directs du premier ministre sur les propos
que je tiens à cette commission parlementaire, presque
instantanément...
M. Burns: Que le premier ministre a eus de ma part, remarquez
bien!
M. Gratton: Oui, oui, c'est évident... que si, par hasard,
il s'avérait impossible ou difficile de four-
nir cet avis avant le 25 mai advenant le cas où la motion serait
adoptée, effectivement, je pense que la commission ici, le ministre en
tête, serait la première à accepter qu'on ne discute pas
des articles qui sont touchés par les réflexions
préliminaires de la commission avant qu'on ait reçu cet avis,
même s'il devait nous parvenir avec quelques jours de retard.
Cela étant dit, M. le Président, je voudrais revenir sur
la nécessité d'éclaircir tout ce débat autour des
réflexions préliminaires de la Commission des droits de la
personne. Je conviens avec les ministériels que la commission, dans ses
réflexions préliminaires, n'a pas été exclusivement
négative vis-à-vis du livre blanc et maintenant du projet de loi
92. En fait, dans ses conclusions, la commission dit clairement qu'elle
souscrit aux objectifs du livre blanc. Je ne les reprendrai pas; tout le monde
est au courant. Mais ce qu'il est important de retenir, à notre point de
vue dans l'Opposition, c'est que, dans ces mêmes conclusions, la
commission met en garde le législateur contre les atteintes possibles
aux libertés fondamentales qui pourraient finalement avoir des effets
contraires aux objectifs poursuivis, notamment au niveau de la participation
des citoyens au débat et au niveau de la démocratisation de nos
institutions politiques.
C'est exactement à ce sujet qu'on voudrait avoir des
éclaircissements et des précisions, de façon que nous
sachions, lorsque nous adopterons des articles du projet de loi qui touchent
des libertés fondamentales, que la Commission des droits de la personne
est de tel ou tel avis sur un point donné.
A la lumière de l'éditorial de M. Ryan que nous a
cité hier le député de Maisonneuve, on peut prendre sept
points, par exemple, et dire qu'entre le livre blanc et le texte du projet de
loi no 92, il y a eu sept améliorations. Il y a eu des
améliorations à un point tel qu'on n'a plus de réserve
vis-à-vis de l'âge pour le droit de vote et vis-à-vis de
combien d'autres dans ces sept paragraphes de l'éditorial de M. Ryan qui
nous a été si longuement cité hier soir. Il reste encore
des points d'interrogation, M. le Président. Ce n'est pas sur ceux qui
sont maintenant clairs, sur ceux qui nous ont donné satisfaction que
nous voulons revenir et que nous voulons avoir l'avis de la commission, mais
bien sur ceux qui ne sont pas encore éclaircis, du moins, dans mon
esprit.
C'est d'autant plus normal que nous fassions cette demande à la
Commission des droits de la personne que c'est la commission elle-même
qui, au début de ses réflexions préliminaires, disait: "II
ne fait aucun doute que la Commission des droits de la personne
préfère toujours se prononcer sur un projet de loi précis
plutôt que sur un livre blanc qui n'est, somme toute, que
l'énoncé d'une politique générale devant mener
à l'adoption d'une loi." C'est le moment opportun et idéal,
à mon avis, pour la commission, de préciser la portée et
la teneur du télégramme qu'elle faisait parvenir hier, au
député de Laval et où on dit dans une phrase: "II est
facile de constater celles de ces recomman- dations qui ont été
suivies." Effectivement, M. le Président, on l'a fait hier tant bien que
mal. On a relevé les recommandations de la commission qui ont,
effectivement, été suivies par le gouvernement dans la
préparation de son projet de loi no 92.
On a également relevé un bon nombre de recommandations de
la Commission des droits de la personne qui ont sûrement
été considérées par le gouvernement, mais qui ne
sont pas inscrites dans le projet de loi. Je vois le député de
Terrebonne faire des signes pour dire que ce n'est pas clair, c'est justement
parce que ce n'est pas clair que je présente la motion ce matin.
M. Fallu: C'est lui qui n'est pas clair.
M. Gratton: Qu'on vide le sujet une fois pour toutes.
M. Burns: Voulez-vous qu'on la clarifie?
M. Gratton: Si vous allez me dire que vous adoptez la motion.
M. Burns: Je vais vous dire qu'on est d'accord avec votre
motion.
M. Gratton: Parfait.
M. Burns: Je vais juste vous demander, pour une question de
forme, si vous le voulez bien je ne ferai même pas d'amendement,
si vous ne le voulez pas, on va la laisser de même je vous
suggère, de bonne foi, de changer le mot "demande" par le mot "invite"
et, à la quatrième ligne, d'ajouter "à faire parvenir au
gouvernement". Je vous demande tout simplement de modifier cela. Si vous
êtes d'accord, on est prêt à adopter la motion.
M. Gratton: Je voudrais dire une seule chose. M. Lalonde:
M. le Président... M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je voudrais dire que nous avions pris le
libellé de la motion dans le texte de loi de la Charte des droits et
libertés de la personne.
M. Burns: On leur demande de faire parvenir au
gouvernement...
M. Gratton: Je n'aurais pas d'objection, M. le Président,
quant à moi.
M. Burns: C'est juste une question de forme.
M. Gratton: C'est strictement une question de forme.
M. Burns: Adopté, M. le Président.
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais ajouter quelques
mots. Je voudrais que la commission nous donne son opinion, non pas qu'elle
nous envoie un télégramme comme celui que j'ai reçu. Je ne
voudrais prendre le droit de parole de personne...
M. Burns: On n'est pas pour imposer quoi que ce soit à la
commission.
M. Lavoie: J'ai l'intention non pas de le lui imposer, mais de
l'inviter fortement à donner son opinion. C'est une demande.
M. Burns: D'accord. On va lui demander cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, à l'ordre, s'il vous plaît! Effectivement, messieurs,
même s'il m'apparaît que cette motion va être adoptée
à l'unanimité, il n'en demeure pas moins, sauf erreur de ma part,
que chaque membre a le droit de s'exprimer sur cette motion. Dans l'ordre, le
député de Gatineau; s'il a terminé son intervention, ce
sera le député de Mégantic-Compton, ensuite le
député de Jonquière, le député de Laval, le
député de Rosemont et le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Burns: Bon!
Le Président (M. Clair): Premièrement, c'est le
député de Gatineau qui avait toujours la parole.
M. Gratton: Je voudrais simplement dire que je suis très
heureux de l'ouverture du ministre. Quant à moi, j'accepte volontiers
qu'on fasse l'amendement de forme qu'il a suggéré à la
quatrième ligne, c'est-à-dire de remplacer les mots "de faire "
par les mots "à faire parvenir au gouvernement ", en laissant le mot
"demande " dans la première ligne, à cause du texte de la Charte
des droits et libertés de la personne. Si je le juge à propos, je
pourrai faire d'autres remarques en réplique, après que les
membres de la commission se seront exprimés sur la motion.
M. Burns: Vous n'aurez pas de réplique à faire, il
n'y a personne qui va être contre.
M. Gratton: S'il n'y a personne qui est contre, je ne ferai pas
de réplique. D'accord!
M. Burns: Je vous dis qu'on est d'accord pour l'adopter.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Avant d'apprendre que le gouvernement était en
faveur de la motion, j'avais cet amendement que j'aurais pu apporter, mais que
j'aurais pu laisser passer, du mot "invite ", moi aussi. Une commission qui est
ainsi nommée, on se sert maintenant du terme déjà inscrit.
J'aurais également mis le mot "invite" pour qu'on sente bien qu'on ne
voulait pas l'obliger en quoi que ce soit.
Cependant, quand on voit le premier paragraphe du texte qu'on nous a
remis à l'occasion du livre blanc, je pense qu'il est de toute
évidence qu'on doit demander. Elle est déjà d'accord de
nous fournir un avis, alors qu'il est dit, dans le premier paragraphe: II ne
fait aucun doute que la Commission de droits de la personne
préfère toujours se prononcer sur un projet de loi précis
plutôt que sur un livre blanc, qui n'est somme toute que
l'énoncé d'une politique générale devant mener
à l'adoption d'une loi.
Je pense qu'on a là toute l'ouverture qu'il faut pour demander
à ces personnes de nous donner leur point de vue. Si on nous donne les
points de vue, on n'a pas à mentionner des articles qui sont plus
importants les uns que les autres. Si on leur demande leur point de vue, ils le
feront, bien sûr, sur des questions de base, des articles de base. Je
fais uniquement mention de deux qui ont été relevés hier
par le député de Rouyn-Noranda, soit les articles 21 et 22. Il
serait joliment intéressant de connaître ce que pense la
Commission des droits de la personne à ce sujet.
Je ne veux pas être plus long pour ne pas retarder le
débat. C'est un amendement qu'on est prêt à adopter. On
peut procéder immédiatement à l'article no 1.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président.
C'est un message que je voudrais transmettre par le biais ou le canal du
journal des Débats à la commission. Je n'ai pas d'instruction ou
de directive à lui donner, sauf que, dans ce débat, le ministre a
dit constamment qu'il cherchait le consensus le plus large, le plus grand
possible. Je cite encore le ministre le 1er novembre: Je pense que c'est
très important, non seulement qu'un référendum soit tenu
de façon impartiale et honnête, etc., par ceux qui l'organisent,
c'est-à-dire l'administration de l'autorité publique, mais que ce
référendum, pour être crédible, ait toutes les
garanties d'efficacité, d'honnêteté et, de l'autre
côté, c'est-à-dire de la part de ceux qui y participent et
de ceux qui donnent leur opinion...
Un peu plus loin, le ministre nous dit encore: Je veux, comme ministre
responsable de ce dossier, que nous soyons vraiment très "fair play",
d'une impartialité non seulement claire, mais qui apparaisse très
claire.
C'est un appel que je fais à la commission devant le dilemme dans
lequel nous nous trouvons actuellement. Il y a eu, entre autres, une dizaine
d'organismes qui sont venus se faire entendre en commission parlementaire sur
le livre blanc, où on a évoqué le doute qui existait sur
certaines limitations qui apparaissent dans le livre blanc, sur lesquelles nous
avons beaucoup de réserves, et qui existent possiblement encore dans la
loi. Je vous citerai entre autres le Barreau du Québec qui dit:
"Le regroupement obligatoire d'associations diverses et de tendances par
ailleurs variées peut mettre gravement en péril la liberté
d'association. Il y a là un sérieux danger sur lequel le Barreau
ne peut se dérober à attirer l'attention."
Vous avez le mémoire de la Fédération des
travailleurs du Québec: "Nous demandons donc de préparer une loi
qui établisse clairement que les organismes comme le nôtre
demeurent absolument souverains en ce qui a trait à l'encadrement de la
discussion sur le référendum à l'intérieur de leurs
structures. Une attitude contraire constituerait un grave accroc à la
démocratie".
Un dernier organisme que je voudrais citer, la Société
nationale des Québécois de l'Outaouais dit: "La
Société nationale des Québécois de l'Outaouais est
également favorable à l'intention du gouvernement de faire en
sorte que toutes les options aient des chances égales de se faire valoir
lors d'une campagne référendaire. C'est pourquoi nous sommes
d'accord avec la proposition gouvernementale selon laquelle tous les organismes
ou personnes approuvant une option se regroupent dans une organisation unique
par option. "Nous sommes également d'accord pour que cet organisme soit
subventionné et contrôlé par l'Etat au même titre que
les partis politiques. Cependant, nous tenons à souligner que la
réglementation proposée dans le livre blanc laisse des zones
grises. En effet, des groupes qui ne sont pas des partis politiques pourraient
fort bien ne pas adhérer à une organisation unique par option et
pourraient quand même défendre une des options proposées.
Ces groupes pourraient-ils alors se financer comme ils l'entendent? Egalement,
comment concilier la réglementation qui sera apportée par la loi
des référendums et le principe de la liberté de parole et
d'association?" (10 h 45)
Devant ce dilemme que nous avons, le ministre a ses opinions, il les a
exprimées. D'après lui, il a corrigé cet état de
fait dans la loi et nous, personnellement, nous avons d'énormes
réserves. Je dis qu'il y a encore d'énormes zones grises.
Le seul organisme, les seules personnes qui peuvent trancher cette
question, faire un constat, comme le ministre l'a dit, entre le livre blanc et
la loi, c'est la Commission des droits de la personne. Surtout je
rappelle encore une chose ici que cette commission a des pouvoirs,
notamment en vertu de l'article 67, paragraphe d), sur les lois
antérieures à la charte. Je cite l'article 67, paragraphe d): "La
commission doit notamment: d) procéder à l'analyse des lois du
Québec antérieures à la présente Charte et qui lui
seraient contraires et faire au gouvernement les recommandations
appropriées."
C'est la raison de notre motion et c'est pourquoi j'insiste vraiment le
plus fort possible pour que la commission tranche ce dilemme et éclaire
la commission. Nous avons besoin de cet éclairage.
M. Burns: Ici, c'est une loi postérieure à la
charte.
M. Lavoie: Oui, raison de plus. Si elle a un droit de regard sur
les lois antérieures, je dis que, raison de plus, avant qu'on adopte une
loi, elle a des responsabilités beaucoup plus graves, avant que cela
n'entre dans les statuts du Québec, d'apporter l'éclairage. Une
commission qui a été créée par l'Assemblée
nationale, dont les membres sont nommés par les deux tiers de
l'Assemblée nationale doit se prononcer sur une loi aussi capitale et
sans doute la plus importante, qui affecte l'avenir de tout un peuple. Raison
de plus, s'il y avait des lacunes dans cette loi, dans l'exercice du droit
d'association, du droit d'opinion, du droit de réunion. Je dis que cette
commission a des responsabilités encore beaucoup plus fortes
d'éclairer les législateurs, de leur indiquer comment on doit
adopter une loi nouvelle, surtout une loi d'une telle importance où il y
aurait danger de brimer des dizaines de milliers de citoyens. Ce sont nos
prétentions si la loi était adoptée dans son texte actuel,
en ce qui concerne les comités nationaux. C'est grave et c'est l'appel
que je fais à la Commission des droits de la personne pour qu'elle nous
donne, dans un délai convenable, de huit ou dix jours, son opinion. Il
faut trancher ce dilemme. C'est le point sur lequel l'Opposition
libérale va se battre le plus fort dans ce projet de loi. C'est la
question des libertés fondamentales des citoyens qu'on ne voudrait pas
négliger, qu'on ne voudrait pas mettre de côté.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Très brièvement, M. le
Président, parce que je ne veux pas allonger le débat. Je
voudrais simplement dire que, personnellement, également, je souhaite
que la commission nous fasse connaître ses commentaires, parce qu'on n'a
jamais trop d'éclairage. Cependant, on ne peut évidemment pas la
forcer, on ne peut pas envoyer la police, puis on ne peut pas la mettre
à l'amende si elle ne nous fait pas parvenir ses commentaires, mais je
souhaite qu'elle le fasse. Je souhaite également qu'elle nous dise
je pense que c'est bien clair qu'il n'y a aucune
incompatibilité entre la loi 92 et la Charte des droits et
libertés de la personne qui, de toute façon, aura
préséance sur cette loi, puisque c'est une loi postérieure
à l'adoption de la Charte des droits et libertés de la personne.
Donc, il y a une protection complète concernant les droits et
libertés de la personne qui est offerte aux citoyens à cause de
cette préséance de la charte.
Je pense que les réserves qu'émettait la commission dans
son rapport avaient trait à cette toujours difficile équation
entre différentes libertés, l'une étant la liberté
des citoyens à l'information équilibrée, à ce
qu'aucun clan ne monopolise par des moyens financiers supérieurs les
tribunes publiques; la commission est d'accord sur ce principe; l'autre qui est
la liberté d'association, la possibilité pour les groupes de se
faire entendre
avec le moins de contraintes possible. Tout ce que la commission a fait,
c'est nous préciser la difficulté d'adéquation entre ces
deux principes. Si la commission voulait aller plus loin, il faudrait quelle
entre beaucoup plus dans le détail des modalités. Je souhaite
qu'elle puisse le faire, mais, en dernier ressort, cela demeurera notre
responsabilité de voir comment on ajuste ces deux principes fondamentaux
qui sont tous les deux aussi importants l'un que l'autre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné
l'acceptation du gouvernement de la motion du député de Gatineau,
j'aimerais simplement profiter de l'occasion pour préciser ce que
l'Opposition désire obtenir par cette consultation de la Commission des
droits de la personne.
Le ministre, tout à l'heure, s'est référé
à la question que j'avais posée lors de l'étude des
crédits de la justice. J'ai ici la transcription de cette question et de
la réponse que Me Hurtubise m'avait donnée. La question se
situait cela s'est passé le 20 avril 1978, donc il y a moins d'un
mois dans l'étude des crédits de la Commission des droits
de la personne, à savoir comment la commission fonctionnait eu
égard aux demandes qui lui sont faites, eu égard aux lois qui
étaient déposées.
J'avais posé la question au président. Me Hurtubise, qui
m'avait répondu très franchement et je cite la réponse.
C'est assez difficile d'identifier, dans la transcription, quand c'est Me
Hurtubise qui répond ou quand c'est le ministre de la Justice parce que
c'est toujours sous le nom du ministre de la Justice. Après avoir bien
examiné le texte même des réponses, je pense pouvoir dire
ici que c'est Me Hurtubise qui répond. Je pose la question suivante: "Je
pose la question à la commission et j'espère que le ministre va
les laisser répondre." Le ministre avait, de toute évidence,
tenté de répondre pour la commission. "M. Bédard: Oui, je
ne veux pas lui enlever la possibilité de répondre. "M. Lalonde:
La liberté de parole." Des grands mots, M. le Président! "M.
Bédard: Mais le leader du gouvernement a bien explicité,
concernant cette loi, qu'il n'avait pas fait de demande précise à
la commission. Si la commission juge bon d'exprimer son opinion, elle pourra le
faire. Je pense que c'est la démocratie." Dans la même citation,
encore sous le nom de M. Bédard, arrive le texte suivant: "Sur la
question du livre blanc, nous avions d'ailleurs été
invités." Donc, de toute évidence, c'est Me Hurtubise qui parle.
"Nous avions d'ailleurs été invités par les
autorités à réagir; nous avons accepté l'invitation
en donnant les espèces d'explications préalables auxquelles vous
avez fait allusion. C'est plutôt exceptionnel parce que d'habitude nous
préférons réagir sur les projets de loi."
Je vous fais grâce du reste de l'échange, étant
donné la décision du gouvernement d'appuyer notre motion. Je ne
veux me servir de ces propos que pour inviter la commission à
répondre affirmativement à la demande qui lui est faite, à
répondre avec toute la liberté et l'indépendance dont elle
a fait preuve jusqu'à maintenant. Dans le passé, nous avions vu
la commission soit réagir proprio motu à des gestes, y compris
des gestes du gouvernement, et répondre, à moins que je ne fasse
erreur, presque à chaque demande qui lui a été faite par
le gouvernement. Je me demande même si les remarques préliminaires
du 11 novembre 1977 de la commission ne sont pas justement une réaction,
comme le dit lui-même le président Me Hurtubise, puisque demande
leur avait été faite. Est-ce qu'une demande formelle avait
été faite par le leader du gouvernement? Je l'ignore. Etait-ce en
réaction aux propos qui avaient été tenus à la
commission parlementaire qui étudiait le livre blanc, propos tenus le
1er novembre 1977? Possible. De toute façon, le président
lui-même reconnaît qu'une demande lui a été faite.
Dans ses remarques préliminaires mêmes, il reconnaît que
demande lui a été faite. A la première page de ses
réflexions préliminaires, la commission dit ceci et je cite:
"Cependant, considérant l'invitation qui lui a été faite,
considérant l'importance de l'enjeu qui touche, selon les mots
mêmes du ministre Burns, l'essence même de nos institutions
démocratiques..." La commission venait, dans le paragraphe
précédent, de dire qu'elle préférait se prononcer
sur un projet de loi plutôt que sur un livre blanc.
Dans un premier temps, j'invite instamment la commission à
répondre au voeu de toute cette commission parlementaire. Ce n'est plus
le gouvernement qui lui demande, c'est la commission parlementaire, qui est la
créature directe de l'Assemblée nationale. Cette motion ayant
été adoptée deviendra le voeu de l'Assemblée
nationale adressé à la Commission des droits de la personne. En
assumant que la commission va répondre favorablement à notre
demande, M. le Président, j'aimerais l'inviter, de façon plus
précise, à répondre à certaines questions que la
commission s'était posées à elle-même lorsqu'elle a
fait ses réflexions préliminaires.
Ainsi, à la page 2, la commission dit qu'elle se pose des
questions sur les modalités qui lui sont assorties
c'est-à-dire au type de référendum proposé,
d'après le début de la phrase en particulier celles qui
concernent l'acceptation ou le refus du résultat du
référendum par le gouvernement. La commission, dans le paragraphe
suivant, parle d'un engagement moral, de la part du gouvernement, de se sentir
lié par la majorité exprimée.
M. le Président, ce sont des questions que la commission se pose
et je pense que la commission parlementaire aimerait, du moins quant à
nous, nous aimerions savoir quelles sont ces questions que la commission s'est
posées.
En deuxième lieu, sur la formulation de la question, la
commission est d'accord que la formulation de la question soit confiée
à l'Assemblée nationale. Elle préférerait un projet
de loi
spécial et elle le dit dans la même page: Cependant, la
présentation de la question à l'Assemblée nationale, sous
forme de projet spécial, à l'intérieur de la loi-cadre,
plutôt que sous forme d'une motion assortie d'un débat d'une
durée maximale de 25 heures, comme cela est proposé dans le livre
blanc, nous apparaît moins restrictive. Alors, quelles sont les questions
plus particulières que la commission se pose sur cette deuxième
question?
Troisièmement, la commission trouve le délai de 25 heures
imparti pour la durée de ce débat on parle toujours du
livre blanc beaucoup trop court. Quel est ce délai raisonnable,
acceptable que la commission pourrait nous suggérer?
Quatrièmement, elle préférerait, en raison de
l'importance de la motion, que le vote se prenne à la majorité
des deux tiers plutôt qu'à la majorité simple.
M. le Président, je pense que, là-dessus, la commission
s'est inspirée de remarques d'un législateur chevronné,
qui a participé au débat concernant la Charte des droits et
libertés de la personne. Ce législateur chevronné se
posait des questions semblables et il disait, en 1975, le 21 janvier, et je
cite le journal des Débats, à la page B-218: "Vous ne croyez pas
qu'à cause de l'importance de la loi on doive rendre ou bien son
amendement ou bien sa contravention ou la contravention à cette loi plus
difficile à faire... Ce législateur chevronné disait, un
peu plus loin, à la page suivante: "Vous ne croyez pas que lorsqu'une
loi est adoptée et qu'elle contrevient aux dispositions de la loi
concernant les libertés des personnes qui maintenant s'appelle la
charte cette loi doit, pour être adoptée, subir un peu plus
de difficultés avant de recevoir sa sanction, pour souligner justement
de façon concrète le fait qu'on contrevient à l'un des
principes énoncés dans cette loi."
M. le Président, ce législateur expérimenté
poursuivait, quelques lignes plus loin: "C'est cela, je pense, par exemple, aux
deux tiers ou aux trois quarts ou à une autre formalité qui
souligne qu'il s'agit d'un cas véritablement exceptionnel".
M. le Président, ce législateur est maintenant le ministre
responsable de cette loi et c'est lui qui proposait... C'est le
député de Maisonneuve.
M. Lavoie: Est-ce que c'est au nom de M. Burns?
M. Lalonde: Oui, les citations que je viens de faire sont au nom
de M. Burns, M. le Président. C'est lui qui, justement, suggérait
les deux tiers lorsqu'une loi contrevient aux libertés fondamentales,
aux principes fondamentaux qu'on retrouve dans la charte, comme les
réflexions préliminaires de la commission le proposent, M. le
Président. (11 heures)
Est-ce que ce sont les suggestions du ministre que la commission suit?
Est-ce que la Commission des droits de la personne a d'autres sources aussi
sérieuses à nous révéler? Ce sont des questions que
nous aimerions poser à la commis- sion et j'espère que sa
réponse favorable à notre demande y répondra.
Enfin, à la page 4, la Commission des droits de la personne dit
ceci: "Les deux points du livre blanc qui ne convainquent pas tout à
fait la Commission des droits de la personne et sur lesquels elle aimerait
beaucoup que le gouvernement lui fasse la preuve qu'ils ne sont pas contraires
aux libertés d'opinion, d'expression et d'association sont les suivants:
Premièrement, l'obligation pour quiconque et je continue la
citation individu ou groupe qui veut participer à la campagne
référendaire d'appartenir à l'une ou l'autre
organisations-parapluies, les seules habilitées, nous dit le livre
blanc, à recevoir les contributions et à engager des
dépenses en vue du référendum. Si tel est le cas, ces
regroupements obligatoires ne mettent-ils pas en péril la liberté
d'association?" Nous voulons avoir la réponse de la commission à
cette question que la commission se pose elle-même, et j'espère
que sa réponse favorable à notre demande va contenir des
précisions là-dessus.
Un peu plus loin, voici le deuxième point sur lequel la
commission n'était pas convaincue: "L'interdiction pour toute autre
option politique que celle représentée dans la question et par
conséquent dans des organisations-parapluies de participer à la
campagne référendaire en recevant des contributions ou en
engageant des dépenses". Est-ce que la commission est convaincue
maintenant? Relativement au livre blanc la commission n'était pas
convaincue que les libertés d'opinion, d'expression et d'association
étaient protégées dans cette interdiction ou
étaient violées par cette interdiction. Alors, est-ce que la
Commission des droits de la personne est maintenant convaincue?
Septièmement: "Que fait-on, dans ce cas, des libertés
d'opinion, d'expression et d'association de ces citoyens ou de ces groupes non
désireux de se joindre aux organisations-parapluies parce qu'elles ne
représentent pas leurs idées? N'est-ce pas là les priver
du droit qu'a tout citoyen de participer aux affaires publiques?" Quelle est la
réponse de la commission maintenant qu'on a un projet de loi?
Ce sont ces réponses-là que nous voulons voir, M. le
Président. Enfin et je termine là-dessus la
commission a terminé elle-même ses remarques préliminaires
par les mots suivants: "Elle met en parlant de la commission en
garde, cependant, le législateur sur les atteintes possibles aux
libertés fondamentales qui pourraient finalement avoir des effets
contraires aux objectifs poursuivis, notamment au niveau de la participation
des citoyens au débat et au niveau de la démocratisation de nos
institutions politiques".
La question à laquelle nous voudrions avoir une réponse
est: Est-ce que maintenant la Commission des droits de la personne est
rassurée, étant donné que le projet de loi est produit? Je
termine la lecture des remarques préliminaires à la
septième page: "Ces libertés sont, comme on l'a vu, les
libertés d'opinion, d'expression et d'association. C'est maintenant au
gouvernement, en
tant que législateur, qu'appartient le fardeau de prouver que la
législation sur la consultation populaire au Québec ne portera
pas atteinte à ces libertés".
Je rejoins naturellement les propos du député de Rosemont
tantôt et du ministre en d'autres lieux, selon lesquels c'est aux
législateurs à prendre leurs responsabilités. Il faut en
convenir. Mais la question qui a été posée dans cette
proposition de la commission, c'est: Est-ce que le gouvernement en tant que
législateur a fait la preuve? C'est lui qui a le fardeau de la preuve,
dit la commission. Est-ce que, par le projet de loi 92, le gouvernement, en
tant que législateur, a fait la preuve que la législation sur la
consultation populaire ne portera pas atteinte aux libertés
fondamentales, plus particulièrement aux libertés d'expression,
d'opinion et d'association? J'espère que la commission donnera un
écho favorable à notre demande et qu'elle pourra répondre
spécifiquement aux questions qu'elle-même se posait dans ses
réflexions préliminaires. Je vous remercie.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je suis également
d'accord avec la proposition qui vient d'être faite. Je suis aussi
d'accord avec ce qu'a dit le député de Rosemont, à savoir
que la Charte des droits et libertés de la personne doit normalement
avoir préséance sur les autres lois. Mais je me dis que la loi 92
que nous sommes en train d'étudier, sur plusieurs aspects et
principalement sur la question des comités nationaux, pose une question
de principe fondamental, soit celui du droit à la liberté
d'association, d'expression, en fait tout ce que l'on retrouve dans les
dispositions fondamentales de la Charte des droits et libertés de la
personne.
Il me semble que si, en 1975, nous avons voté la loi 50 avec
toutes les précautions prises à ce moment, si on a, de par cette
loi, formé la Commission des droits de la personne, c'est sûrement
pour pouvoir avoir son avis en temps et lieu. C'est sûrement pour
être capable de se faire aider, même si je considère, comme
tout le monde, que le législateur est souverain, c'est normal. Si on
croit à la Charte des droits et libertés de la personne, si on
croit à sa préséance sur les autres lois, il me semble
qu'on devrait prendre toutes les précautions pour s'assurer qu'on ne
contrevient pas à l'avance, en faisant une loi nouvelle, à la
Charte des droits et libertés de la personne.
Bien sûr, nous pourrions légiférer et, par la suite,
devant l'une ou l'autre des cours, on pourrait retrouver des procès
très intéressants. Le législateur d'aujourd'hui ne vise
pas, à mon sens, à mettre en contradiction cette loi avec la loi
50, mais plutôt à la cadrer à l'intérieur des
dispositions fondamentales que sont celles de la charte.
Je dis, M. le Président, que nous aurions tout avantage, à
les entendre, compte tenu du fait que les députés, comme
représentants de la popula- tion, ont leurs responsabilités
à prendre et que c'est nous qui allons les prendre, ces
responsabilités. C'est à titre d'avis et, en matière de
prévention, je pense que trop ne ferait pas de mal dans les
circonstances; cela ne pourrait que nous aider.
Quant à moi, je réclame de la Commission des droits de la
personne l'avis le plus clair possible quant aux fameux comités
nationaux. Je ne les digère pas encore. Je sais que le ministre m'a dit
hier qu'il prenait cela en sérieuse considération. Cela veut dire
que, même du côté gouvernemental, on a des doutes quant
à l'efficacité premièrement et, deuxièmement, quant
à la façon dont ces comités pourraient travailler, quant
au respect des droits et libertés des associations
concernées.
C'est surtout en cette matière que la commission pourrait nous
être d'un grand secours. Bien sûr qu'on pourrait prendre son avis
et, compte tenu de ce que nous connaissons comme difficultés que
pourraient apporter ces fameux comités nationaux, cela pourrait aider
tout le monde à trouver peut-être la meilleure des solutions.
Je donne un exemple de ce danger que nous courons à adopter la
loi telle qu'elle est quant à l'article 21, lequel concerne les fameux
comités nationaux. Considérons les associations
différentes, les partis politiques différents qui peuvent se
retrouver je le dis d'un côté ou de l'autre de la
clôture, ou encore du troisième côté parce qu'il
peut y en avoir un troisième. On étudie une loi qui ne nous
garantit pas présentement combien de comités nationaux seraient
nécessaires. On y parle de plusieurs options, on y parle de deux
options. Il se pourrait éventuellement que, s'il y avait plus de deux
options, les différents partis politiques en cette Chambre se retrouvent
sous des chapeaux divers. Comme il se pourrait qu'il n'y ait que deux options,
cela devient une espèce d'embrigadement obligatoire, même si les
députés qui devraient s'enregistrer auprès des
comités peuvent peut-être le faire parce que, ici, on est
habitués à se côtoyer, quelles que soient nos couleurs
politiques. Malgré tout, on a une certaine habitude de se côtoyer
et de se parler. N'allez pas croire que les militants des différents
partis politiques sont aussi habitués que cela. N'allez pas croire
qu'il serait aussi facile de faire appuyer l'une ou I autre des deux
thèses, s'il n'y en a que deux, qu'il serait facile de faire en sorte
que les parrains des thèses adhèrent à un comité
national. Nécessairement, s'il n'y a que deux thèses, l'un et
l'autre des deux comités verraient, dans son rang, un groupement
majoritaire qui, automatiquement, prendrait le leadership de fait, même
s'il ne voulait pas le prendre. Sa majorité l'oblige à le
prendre, de toute façon. C'est à ce moment-là que cela
devient plus sérieux. Les militants des différents partis
politiques seraient obligés pour pouvoir faire valoir leur
opinion de s'enrégimenter malgré eux et peut-être
avec des adversaires, dans d'autres circonstances.
Evidemment, il pourrait peut-être y avoir un certain
dénominateur commun pour une question, mais il y a tellement d'autres
choses qui peuvent les différencer que, moi, il me semble, en tout
cas.
que ces fameux comités-parapluies, cela équivaut à
lancer dans la même fosse des humains et des lions. Cela équivaut
à cela. C'est pourquoi je dis qu'avant que nous n'en arrivions à
la discussion de ce fameux article, il serait important que la commission nous
fasse savoir son avis.
A part cela, si on a créé cette commission, ce n'est pas
seulement pour y faire des prières. Elle doit être au service de
quelqu'un. Si elle doit être au service de quelqu'un, il me semble
qu'elle doit être au service de l'Assemblée nationale aussi. Je me
demande pourquoi on se met à genoux pour lui demander de nous
présenter un avis. On n'a pas à se mettre à genoux, c'est
nous qui l'avons créée, cette commission. Ce sont nos
employés, ce sont les employés de l'Assemblée nationale.
S'ils sont là pour quelque chose et si cela vaut quelque chose, cette
fameuse commission, si on ne l'a pas créée pour rien, c'est le
temps qu'on nous fasse la preuve que cela n'a pas été
créé pour rien et que cela serve à quelque chose. Je dis
que cela presse, qu'on ait un avis de cette commission. Ce n'est pas six mois
après que le projet de loi sera adopté qu'il faut l'avoir, c'est
avant de l'adopter, pour éviter le plus possible, en tout cas, qu'il y
ait des erreurs de faites.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Très rapidement, M. le Président.
Simplement pour relever une question que le député de
Marguerite-Bourgeoys a posée à la fin de son intervention,
lorsqu'il disait, en fait, que c'est au gouvernement de faire la preuve que le
projet de loi ne va pas à l'encontre des libertés fondamentales.
Il a parlé sur ces libertés, celles d'association, de droit de
parole, etc.
Je suis bien d'accord avec lui, que c'est au gouvernement de faire la
preuve que son projet de loi ne va pas à l'encontre; c'est aussi, je
pense, aux Oppositions et non pas à la Commission des libertés de
la personne, éventuellement, de prouver que le gouvernement va à
l'encontre, et non pas à la commission. (11 h 15)
Je pense qu'elle peut obtenir un avis, on est bien d'accord avec cela et
je pense que c'est pour cela qu'on appuie la motion, mais il ne faudrait
peut-être pas tenter de faire faire par d'autres le travail pour lequel
on a eu de la difficulté, qu'on ne veut pas faire directement. Je me le
rappelle bien, pour avoir assisté à la commission parlementaire
sur la loi 101. Eventuellement, la commission pourrait être d'accord avec
le gouvernement sur bien des aspects, ce qui n'empêcherait pas, et
à bon droit d'ailleurs, des députés de l'Opposition de
différer d'opinion avec les gens de la commission ou de continuer
à prétendre, par exemple, que le gouvernement va à
l'encontre des libertés fondamentales.
La commission, sur l'ensemble du projet de loi 101, avait exprimé
son accord avec la position gouvernementale, ce qui n'a pas
empêché les députés de l'Opposition et ce qui
n'empêche pas encore certains députés libéraux, en
particulier, de décrier la loi 101. Il ne faudrait peut-être pas
essayer de créer une espèce de mythe autour de l'opinion qui
pourrait être émise par la Commission des droits de la personne.
Je pense que ce serait une opinion qui serait intéressante, importante,
mais qui, de toute façon, par expérience, ne lierait aucune des
parties à cette table, pas plus le gouvernement que l'Opposition.
L'expérience passée et pas tellement lointaine nous le
démontre.
M. Lavoie: M. le Président, un dernier mot à
l'attention de la commission. A la lecture de la Charte des droits et
libertés de la personne, ce que le député de Rosemont et
le député de Rouyn-Noranda ont dit tout à l'heure, je ne
suis pas un légiste, mais cela peut porter à
interprétation. Je fais un appel à la commission pour qu'elle
nous dise bien s'il y a possiblement, telle que la loi est
rédigée, des atteintes à la liberté, d'opinion,
d'expression, de réunion et d'association. Personnellement je ne me sens
pas en mesure d'interpréter l'article et surtout ce que le
député de Rosemont a mentionné sur la
préséance de la charte sur les lois postérieures à
la charte, une loi comme la loi 92. Je vais vous dire pourquoi. Il est dit,
à l'article 52 de la charte: "Les articles 9 à 38
prévalent sur toute disposition d'une loi postérieure qui leur
serait contraire, à moins que cette loi n'énonce
expressément s'appliquer malgré la charte."
Retournons à deux articles antérieurs dans la charte. Il
est vrai que l'article 10, qui est compris dans 9 à 38 de l'article 52,
semble avoir préséance. Mais c'est loin d'être clair parce
que je vais citer par la suite l'article 3 où sont les droits
fondamentaux qui ne sont pas couverts dans cette fourchette de 9 à 38.
Dans l'article 10, il est dit: "Toute personne a droit à la
reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des
droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe,
l'orientation sexuelle, l'état civil, la religion, les convictions
politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale ou la condition
sociale." Cela ne me paraît pas vraiment clair et cela semble limitatif.
Mais c'est à l'article 3, qui n'est pas couvert par l'article 52 qui
parle des articles 9 à 38, qu'on retrouve les droits fondamentaux.
Article 3: "Toute personne est titulaire des libertés
fondamentales telles que la liberté de conscience, la liberté de
religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la
liberté de réunion pacifique et la liberté d'association.
C'est pour cela que je dis que cette opinion de la commission nous est
essentielle pour clarifier. Je peux errer peut-être dans mon
interprétation, mais je pense que l'éclairage de la commission
pour une loi aussi importante nous est absolument essentiel pour vraiment
trancher la question.
Le Président (M. Clair): Sur la motion du
député de Gatineau, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Très
brièvement, M. le Président, je ne voulais pas intervenir,
mais
d'abord je pense qu'on réitère notre intention d'adopter
la motion telle qu'elle a été modifiée du consentement du
député de Gatineau. Ce que je trouve personnellement curieux,
c'est qu'on sente le besoin d'indiquer à une commission aussi
sérieuse et aussi fondamentale que la Commission des droits de la
personne les points sur lesquels elle devrait donner son opinion. Je pense que
la motion du député de Gatineau est très claire à
l'adresse de la commission et on demande qu'elle fasse parvenir les remarques
et les recommandations appropriées. Comme cette Commission des droits de
la personne a à sauvegarder une loi qui est bien précise qui se
retrouve dans les Lois du Québec au chapitre 6, je pense qu'il faut
faire confiance à la commission et que celle-ci verra à nous
faire parvenir, si elle le veut bien, ses recommandations sur le mandat qu'elle
a, comme commission à remplir.
Je pense qu'il serait de mauvais aloi de suggérer comme le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a fait, et d'autres
à la commission les points précis sur lesquels elle aurait... Je
pense que la commission comme telle est une commission sérieuse qui a
à voir au respect d'une loi importante au Québec et qu'il faut
lui faire confiance. Elle verra, s'il y a lieu, à nous faire parvenir
ses commentaires sur tous ces points.
En ce qui concerne l'interprétation du député de
Laval, j'admets avec lui que c'est un point qui mérite discussion. Je ne
voudrais pas émettre une opinion ici qui pourrait ne pas être
correcte. A entendre son argumentation, je me pose également certaines
questions et je pense que la commission pourra également y
répondre. Je pense que nous serions disposés, quant à
nous, maintenant, à adopter la motion telle qu'elle a été
modifiée pour passer à l'étude de l'article 1.
M. Lalonde: M. le Président, en vertu de l'article
96...
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys, en vertu de l'article 96.
M. Lalonde: Le député de Jonquière voit dans
mes suggestions des propos de mauvais aloi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas mauvais.
M. Lalonde: Quand même, je pense que, ayant fait partie du
gouvernement qui a fait adopter cette charte et ayant été
témoin du sérieux, justement, de la commission, je ne voudrais
pas que mes propos soient interprétés, comme le suggère le
député de Jonquière, comme étant une atteinte au
caractère sérieux de la commission. Au contraire. Je pense qu'il
est toutefois de notre devoir, comme membres de cette commission, comme membres
de l'Opposition officielle qui a suggéré cette motion, de donner
à la commission les questions que nous nous posons. Je pense que ce
n'est pas lui faire injure que d'indiquer que les questions que nous nous
posons sont exactement celles que la commission se posait en novembre 1977.
C'est dans ce sens que j'ai cru bon préciser jusqu'à quel point
nous prenons au sérieux ses réflexions préliminaires et
jusqu'à quel point nous voulons, quant à nous, recevoir des
réponses de cette commission que nous croyons très
sérieuse, des réponses aux questions mêmes que la
commission se posait.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton a demandé la parole.
M. Grenier: Juste pour vous dire que cela fait presque une heure
et quart qu'on encense la résolution et qu'on l'enterre de fleurs,
j'imagine qu'on doit être prêt à voter.
Le Président (M. Clair): Je suis tout à fait de
votre avis.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, je ne sais pas pourquoi le député de
Mégantic-Compton est si pressé, depuis hier.
M. Lalonde: S'en va-t-il à l'élection
fédérale?
M. Gratton: Je veux simplement d'abord remercier les membres de
la commission de leurs interventions et d'accepter que la motion soit
adoptée. C'est justement parce que nous avons confiance en
l'intégrité intellectuelle des membres de la Commission des
droits de la personne que nous avons insisté avec autant
d'insistance, comme le dit le député de Jonquière
à plusieurs occasions pour faire préciser les réflexions
préliminaires de la commission.
Loin de nous la pensée de présumer ce que nous dira la
commission; loin de nous, comme le disait le député de
Verchères, la pensée de nous attendre à ce que nous soyons
tous d'accord sur l'interprétation de ce que nous dira la commission,
mais justement, dans la mesure où la Commission des droits de la
personne sera aussi précise que possible on connaît la
rigueur intellectuelle des membres qui la composent tout au moins, cela
nous donnera un élément de plus pour mieux nous entendre, pour
mieux travailler dans le climat de confiance dont tout le monde a parlé
hier et que nous souhaitons tous retrouver à la commission, de
façon à adopter le projet de loi no 92 dans sa meilleure forme
possible...
M. Burns: Bravo!
M. Gratton: ... et le plus rapidement possible. M. le
Président, j'ai terminé là-dessus, ce qui ne veut pas
nécessairement dire que je n'ai plus rien à dire à la
commission d'ici la fin.
M. Burns: Je présume que non.
Le Président (M. Clair): La motion du député
de Gatineau pour que cette commission parlemen-
taire demande à la Commission des droits de la personne,
conformément au paragraphe e) de l'article 67 de la Charte des droits et
libertés de la personne, de faire parvenir au gouvernement d'ici le 25
mai 1978 les remarques et les recommandations appropriées au sujet du
projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire, est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. M. Burns: Adopté.
Interprétation
Le Président (M. Clair): Adopté. J'appelle
l'article 1.
M. Lavoie: M. le Président, c'est une suggestion que je
voudrais faire.
Le Président (M. Clair): Je vous écoute.
M. Lavoie: Je voudrais que le ministre m'écoute
également. Je sais qu'il est très attentif, d'ailleurs.
M. Burns: Oui, j'ai deux oreilles.
M. Lavoie: C'est pour cela que j'ai attendu dix secondes. N'y
aurait-il pas lieu de suspendre l'article 1? Je vais vous dire pourquoi, parce
que, si on l'adopte, il faudra y revenir.
M. Burns: Je serais d'accord...
M. Lavoie: Nous allons apporter d'autres amendements et il y aura
peut-être lieu d'inscrire des définitions nouvelles. Ce n'est pas
dans un but dilatoire.
M. Burns:... pour suspendre certains paragraphes, si vous voulez,
mais il y en a certains dont on pourrait disposer immédiatement. Comme
règle générale, la suggestion du député de
Laval est sage, car il est possible que des numéros d'articles changent
également. Tous les paragraphes qui se réfèrent à
des articles comme définition, on pourrait les suspendre jusqu'à
la fin de l'adoption de la loi, mais il y en a d'autres par exemple, je
vous signale le paragraphe b), le paragraphe g), le paragraphe i), le
paragraphe j) qu'on pourrait adopter facilement.
M. Lavoie: Lesquels?
M. Burns: Le paragraphe b), "référendum" ou
"consultation populaire": un référendum ordonné et tenu en
vertu de la présente loi". Je pense bien qu'on ne se trompe pas en
adoptant cela.
Le Président (M. Clair): En principe, M. le leader
parlementaire du gouvernement, sauf erreur, on adopte les articles un par un au
complet. Si on les divise paragraphe par paragraphe, je veux simplement vous
indiquer qu'on peut le faire, sauf qu'à ce moment-là on peut
envisager comme conséquence que chaque député a un droit
de parole de 20 minutes sur chacun des sous-paragraphes.
M. Lavoie: Ce n'est pas notre intention.
M. Burns: C'est, d'ailleurs, notre règlement qui le permet
sur chaque paragraphe et sur chaque article.
M. Gratton: C'est malheureux que le député de
Châteauguay ne soit pas ici pour vous entendre dire cela, parce que j'ai
déjà eu une prise de bec avec lui là-dessus.
M. Burns: C'est la façon dont j'interprète le
règlement.
M. Lalonde: On est rempli de présidents de commission.
M. Gratton: II était ici hier.
M. Burns: Je respecte les décisions contraires, mais j'ai
toujours pensé que sur chaque paragraphe un député...
M. Lalonde: L'article 160 est clair.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 160 est clair.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on adopte des
paragraphes de l'article 1?
M. Burns: D'accord avec le député de Laval, M. le
Président, je vous suggérerais de suspendre l'étude du
paragraphe a).
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Aux fins de cette commission, il
est inutile de présenter des motions; on suspendra de consentement.
M. Burns: D'accord, suspendu de consentement.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Clair): On suspend l'étude du
paragraphe a).
M. Burns: Le paragraphe b), je pense bien qu'on peut l'adopter,
si c'est le voeu de la commission.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe b) est
adopté. Le paragraphe c)?
M. Burns: On pourrait le suspendre et ce serait la même
chose pour d), e), f).
Le Président (M. Clair): Le paragraphe d) est
suspendu.
M. Lavoie: Les paragraphes d), e), f) sont suspendus.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe e) également
de même que f). Le paragraphe g)?
M. Burns: Je pense que le paragraphe g) pourrait être
adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté?
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Burns: Maintenant, au paragraphe i), c'est une
législation par référence à la Loi
électorale.
Le Président (M. Clair): II y a le paragraphe h)
avant.
M. Burns: Oui, le paragraphe h), excusez-moi. Il se
réfère à un article.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe h) est
suspendu.
M. Burns: Quant au paragraphe i), ce sont des
références aux définitions qui existent déjà
concernant l'électeur, la section de vote, etc., dans la Loi
électorale. C'est une technique législative qui est reconnue. A
moins que des gens ne veuillent changer des définitions dans la Loi
électorale, la définition de ces termes...
M. Lavoie: Qu'est-ce qui arriverait si on ajoutait...
M. Burns: Des définitions?
M. Lavoie: ... d'autres mots? Je vais vous donner un exemple. Je
pense qu'il y a un endroit où on parle du chef d'un parti reconnu. Des
listes sont données uniquement au président. Les listes
électorales ou certains documents, en vertu de la loi telle que
rédigée, seraient remis uniquement au président des
comités nationaux. Si on voulait ajouter les chefs de partis reconnus,
parce qu'ils ne sont pas couverts dans cela, qu'est-ce qui se passerait? C'est
le cas qui me vient à l'esprit.
M. Burns: Je ne suis pas certain, à première vue,
si la définition du chef du parti reconnu apparaît dans la Loi
électorale.
M. Lavoie: Elle peut apparaître, oui. M. Burns: Elle
apparaît?
M. Lavoie: Lorsqu'ils certifient la candidature de certains
candidats.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda. (11 h 30)
M. Burns: Oui, c'est cela, on est d'accord.
M. Samson: M. le Président, je pense que, par prudence, i)
et j) pourraient être suspendus.
M. Burns: A j), il n'y a pas de problème, c'est la
définition du "directeur général du financement des partis
politiques", "parti autorisé", "représentant officiel d'un parti
politique": ce qu'entend par ces expressions la Loi régissant...
M. Samson: C'est d'accord pour j), ça va!
M. Burns: Cela va? Alors, suspendons i), par prudence.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe i) suspendu et le
paragraphe j) adopté.
M. Lavoie: D'accord.
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 2.
Conseil du référendum
M. Burns: M. le Président, à l'article 2, j'aurais
une proposition d'amendement. Nous avons pris connaissance d'un certain nombre
de remarques à ce sujet que je trouve bien fondées. Entre autres,
celles du député de Rouyn-Noranda. Je lui mentionnais hier que
j'aurais éventuellement une réponse à cette question. Dans
le deuxième paragraphe, dans une loi comme celle-ci, pour garder sa
crédibilité à cette loi, pour éviter que le
gouvernement puisse sembler choisir des juges qui lui sont favorables, il est
évident que nous sommes prêts à enlever ce pouvoir qui est
donné au gouvernement lorsqu'on dit: "En cas d'incapacité d'agir
d'un des membres du Conseil du référendum, le gouvernement
désigne un autre juge de la Cour provinciale pour le remplacer." Nous
serions prêts à modifier cela.
Quant au premier paragraphe: "Est institué un Conseil du
référendum composé du juge en chef de la Cour
provinciale", nous nous sommes dit que, peut-être qu'en pratique, le juge
en chef de la Cour provinciale ne voudrait pas présider. Mais nous
croyons quand même devoir lui donner le pouvoir de désigner les
juges. Alors, le nouveau texte que je vous propose est le suivant: "Est
institué un Conseil du référendum composé de trois
juges de la Cour provinciale, dont un président, désignés
par le juge en chef de cette cour. "En cas d'incapacité d'agir d'un des
membres du Conseil du référendum, le juge en chef de la Cour
provinciale désigne un autre juge de cette cour pour le remplacer."
C'est la proposition que je fais, M. le Président, pour remplacer
l'article 2, tel qu'il apparaît dans le projet, pour remplacer
complètement cet article.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que cela devient une
motion principale?
Le Président (M. Clair): Oui. La motion que fait le
ministre, c'est la motion d'adopter l'article 2 tel qu'il le propose et non pas
tel qu'il apparaît dans le projet de loi.
M. Lalonde: Donc, c'est une motion principale.
Le Président (M. Clair): C'est une motion principale et
non pas une motion d'amendement.
M. Lavoie: C'est cela.
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas faire de
chinoiseries là-dessus, mais je propose qu'on amende le projet de loi en
remplaçant l'article 2 par le suivant. C'est donc un amendement.
Le Président (M. Clair): Effectivement, mais, suivant ce
que je connais du règlement, ou des décisions qui ont
déjà été rendues antérieurement par le
vice-président, ce que vous proposez, à titre de ministre, est
réputé faire partie intégrante du projet de loi et, en
conséquence, c'est une motion principale.
M. Burns: Je ne pensais pas que j'étais aussi important
que cela!
Le Président (M. Clair): C'est aussi important que
cela.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Burns: C'est ma mère qui va être contente
encore!
M. Gratton: Le ministre pourrait en parler à sa
mère, on pourrait être plus formaliste que cela et...
Le Président (M. Clair): Je pense que, d'ailleurs, cela
simplifie les choses que de procéder ainsi.
M. Gratton: Oui, c'est cela que je dis.
M. Burns: M. le Président, je me range entièrement
à votre opinion. Je ne voulais pas faire de chichi avec cela.
M. Gratton: Non, moi non plus, M. le Président, je voulais
simplement dire que, en fait, si on voulait être complètement
formaliste, il faudrait rejeter le texte de l'article 2, tel qu'il
apparaît au projet de loi et, ensuite, adopter un nouvel article. C'est
ce qui justifie que c'est une motion principale.
M. Burns: D'accord.
M. Gratton: Vous voyez, pas besoin d'être avocat pour
comprendre.
M. Burns: Même les ingénieurs comprennent. M.
Gratton: Surtout les ingénieurs!
Le Président (M. Clair): Alors, sur l'article 2, tel que
proposé par le ministre, est-ce qu'on suit l'ordre habituel? Le
député de Laval, à titre de représentant de son
parti?
M. Lavoie: Je céderai ma parole au député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'on doit remercier
le ministre d'avoir accueilli certaines de nos remarques. Je ne sais pas si
c'est en réaction aux nôtres en particulier, je ne veux pas jouer
le jeu de celui qui cherche les droits d'auteur, jeu qui se joue dans d'autres
partis, mais nous avions sûrement des réserves très
sérieuses quant à la désignation de deux juges par le
gouvernement.
M. Burns: Je m'excuse. J'ai parlé du député
de Rouyn-Noranda parce qu'il m'a fait la remarque spécifiquement hier
soir, mais je reconnais, si cela peut vous satisfaire, que j'ai reçu des
représentations du Parti libéral aussi et de l'Union Nationale
là-dessus.
M. Lalonde: Ce n'est pas du tout ce que je voudrais jouer le
jeu...
M. Gratton: ... M. Ryan.
M. Lalonde: Je veux simplement vous dire que c'est une
amélioration sérieuse de l'article 2 à savoir que les
juges ne soient pas désignés par le gouvernement. Le
député de Maisonneuve se souvient peut-être de cette
période où dans le Code des professions une telle proposition
avait été faite au départ. Après les nombreux mois
de délibérations, nous en sommes arrivés à
l'article 158 actuel, où on retrouve que le Tribunal des professions qui
est institué est formé de trois juges de la Cour provinciale
désignés par le juge en chef. Comme proposition originelle, au
moins deux, sinon les trois, étaient désignés par le
gouvernement. Ce n'est pas malicieux, c'est probablement une question de
commodité, mais il est apparu à ce moment-là beaucoup plus
prudent de laisser le président du tribunal, le juge en chef,
désigner les juges, comme cela se fait normalement. Je pense que cette
amélioration mérite d'être soulignée. Nous avions
l'intention de suggérer que ce soient des juges de la Cour d'appel et
non pas de la Cour provinciale qui soient désignés comme faisant
partie du Conseil du référendum. Nous avions dans l'esprit cette
suggestion à cause de l'existence du dernier paragraphe à
l'article 3 qui enlève
tout droit d'appel. Mais si nous ne faisons pas de motion d'amendement
formel pour que ce soit les juges de la Cour d'appel qui forment le Conseil du
référendum, c'est que nous avons l'intention et je vous le
dis tout de suite de changer l'article 3 pour prévoir un droit
d'appel. Je ne sais pas de quelle façon notre proposition va être
accueillie, mais quant à moi j'accepte d'emblée cet amendement et
même de renoncer à suggérer que ce soit la Cour d'appel.
Mais je fais appel c'est le cas de le dire à l'ouverture
dont le ministre a fait preuve jusqu'à maintenant pour considérer
très favorablement une suggestion à savoir que, étant
donné l'importance, on ne peut pas trop le dire, des questions qui
peuvent être appelées à être décidées
par un tel tribunal, un droit d'appel soit prévu au cas où ce
soit la Cour provinciale qui constitue le Conseil du
référendum.
Naturellement, lorsqu'on parle de Cour provinciale, Cour
supérieure, Cour d'appel, on est tenté d'interpréter des
remarques comme celle que je viens de faire comme étant injurieuses
à l'égard de la cour inférieure ou des membres de cette
cour. Ce n'est pas du tout mon intention. Il reste que la Cour d'appel
étant ce qu'elle est, appelée à étudier des cas en
appel, s'il n'y avait pas d'appel, il m'aurait paru important de confier
à au moins la plus haute cour de ce territoire le soin de
déterminer des cas qui peuvent lui être soumis.
Je vais terminer mes remarques quant au premier paragraphe, et le
deuxième corrige aussi le défaut que l'on voyait au premier. Je
termine mes remarques maintenant sur ces deux alinéas et je verrai si le
ministre jugera à propos de réagir à la suggestion que je
viens de faire.
M. Burns: Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre qui veut
intervenir?
M. Grenier: Brièvement, le nouvel article
déposé après changement ou le nouvel article, comme on
avait l'habitude de l'appeler, déposé par le ministre, nous va.
Bien sûr, nous avions un amendement pour donner plus de
crédibilité, si vous voulez, à l'alinéa a). On
avait l'intention d'ajouter: "Est institué un conseil du
référendum garant envers la population du Québec de la
liberté et de la sincérité de la consultation'. En fait,
c'était pour faire suite à l'exposé que j'ai fait hier
afin qu'on puisse donner à ce conseil du référendum toute
la crédibilité à laquelle il a droit et pour que tout le
monde ait en main un outil de confiance. C'était dans cette intention
que nous voulions apporter un amendement. Ce que le ministre nous donne ce
matin comme changement m'apparaît tout à fait correct. Cela nous
permet, pour cette première proposition, sans vouloir tirer la
couverture comme on a toujours tendance à le faire à une
commission comme ici, à savoir que c'est notre enfant qui est le plus
beau... Là-dedans, je pense bien que chacun y allait de son amendement
et que le ministre a vu qu'il y avait un correctif à apporter. J'ai
l'impression qu'il va faire l'affaire de beaucoup de gens. Je ne voudrais pas
faire perdre le temps de la commission, mais passer à autre chose. Bien
sûr, on vous donnera là-dessus tout notre appui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, cela m'apparaît comme un
début de manifestation de procédure par consensus, ce qui n'est
pas mauvais. Je ne revendiquerai pas la paternité de cette idée,
parce que c'est bon que cela vienne par consensus. La preuve est faite ce matin
que le ministre donne suite à une idée qui vient à peu
près de tout le monde et qui se ressemble. Du côté
gouvernemental aussi, on a cru que cela était bon; l'article
d'amendement qui est là en fait foi. Je suis absolument satisfait de cet
article 2 tel qu'il est refait.
Toutefois, j'apporte aussi la nuance que le député de
Marguerite-Bourgeoys a apportée tantôt quant à l'article 3.
On pourra en discuter un peu plus tard. Peut-être que le ministre, en
nous donnant sa réplique, pourra nous donner une indication.
J'abonderais un peu dans le même sens que le député de
Marguerite-Bourgeoys quant à l'article 3 qui viendrait magnifiquement
compléter l'effort très louable qui a été fait pour
cet article 2, que je considère comme excellent.
M. Burns: Est-ce que c'est terminé?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, avez-vous terminé votre intervention?
M. Samson: Oui.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, je remercie tous les membres de
la commission pour cet accord. Je veux simplement dire que j'apprécie la
remarque du député de Mégantic-Compton ainsi que le fait
que le député de Marguerite-Bourgeoys accepte de mettre de
côté son amendement. Dans le cas de l'amendement qui avait
été suggéré par l'Union Nationale, on pensait
justement que le nouveau texte garantissait à la population du
Québec la liberté et la sincérité de la
consultation parce que le gouvernement s'en abstrayait complètement.
J'ai reçu également, de la part de l'Union Nationale, un autre
amendement qui concerne plus particulièrement les services que peut se
donner, à titre temporaire, le président de la commission. Je
serais prêt, essentiellement, à donner mon accord à cet
amendement. Cependant, je ferais la suggestion c'est à la
suggestion de nos officiers légistes que je la fais que
l'amendement suggéré par l'Union Nationale relativement aux
services du président, à titre temporaire, serait peut-être
mieux placé après l'article 5 sous forme d'un article
spécial qui s'appellerait l'article 5a ou qu'on pourrait
renuméroter. Vous n'avez pas reçu les copies des amendements?
Si on était d'accord, du côté des
représentants de l'Union Nationale, je vous ferais cette suggestion pour
qu'on reparle de cet amendement immédiatement après l'article 5?
D'accord?
M. Grenier: Cela me va, M. le Président. (11 h 45)
Le Président (M. Clair): L'article 2 est-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 3.
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas de remarques
à faire à l'article 3. Je vais attendre les remarques du
député de Marguerite-Bourgeoys qui, je le présume, vont
être assez substantielles à ce sujet.
M. Paquette: Elles vont être longues!
M. Burns: On prendra la décision à savoir si c'est
faisable ou pas. Je ne connais pas l'amendement puisque je ne l'ai pas
reçu.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... la suggestion que j'ai à faire sur
l'article 3 est double. D'abord, c'est une question que je poserais au ministre
relativement à la juridiction exclusive. En principe, je n'ai pas
d'objection à la juridiction exclusive qui est confiée au Conseil
du référendum pour connaître toute procédure
judiciaire relative à cette loi. Toutefois, étant donné le
dernier jugement de la Cour suprême concernant le Tribunal des
transports, je veux simplement lui demander si ses conseillers légistes
ont examiné la concordance ou l'influence que peut avoir ici le dernier
jugement de la Cour suprême sur le Tribunal des transports. Je ne l'ai
pas lu, je l'ai parcouru. J'ai surtout cru comprendre, d'après les
remarques qui ont été faites, que c'est à cause de
l'exclusivité qu'on donnait au Tribunal des transports et, par le fait
même, à cause de l'élimination du pouvoir de surveillance
de la Cour supérieure que la Cour suprême a trouvé
inconstitutionnelle cette partie de la loi.
En donnant juridiction exclusive au conseil, est-ce qu'on n'ouvre pas la
porte à des contestations inutiles et embarrassantes? C'est ma
première question. Si le ministre veut y répondre maintenant ou
en prendre avis...
M. Burns: Oui, surtout que je vais vous donner une réponse
vraiment très préliminaire, très linéaire.
J'attendais surtout votre réaction à cela pour pouvoir obtenir
des conseils beaucoup plus précis de nos légistes. Je me suis
effectivement enquis à la suite de la décision de la Cour
suprême dans l'affaire de la Commission des transports...
Une Voix: Tribunal des transports.
M. Burns: ... du Tribunal des transports. La première
réaction de nos conseillers juridiques est que la décision ne
s'appliquerait pas à un type de conseil du référendum
comme celui-ci. Je préciserai davantage lors d'une prochaine
séance, si vous le voulez bien. Je pense bien qu'on n'adoptera pas
l'article 3 ce matin. Grosso modo, la raison en serait que nous n'enlevons pas
de juridiction à un tribunal déjà existant, ce qui peut
possiblement être le cas dans le cas du Tribunal des transports. Encore
une fois, c'est très préliminaire comme opinion, ce que je vous
donne. Je vous promets, lors d'une prochaine séance, de vous donner
quelque chose de plus circonstancié.
Egalement, leur opinion, c'est qu'il est de tradition, dans notre droit
électoral québécois, que c'est la Cour provinciale qui a
juridiction en ces matières. On n'a qu'à penser aux contestations
d'élection, aux recomptages qui sont demandés à la suite
d'une élection. Dans le cas de contestations, il y a cependant droit
d'appel. C'est pour cela que je vais demander à la commission de
réfléchir à toutes cette situation et peut-être
obtenir une opinion encore plus circonstanciée de la part de nos
conseillers juridiques.
Comme vous le savez, la décision de la Cour suprême
n'était pas rendue au moment où nous avons préparé
la rédaction du projet de loi. Alors, il va falloir vraiment se pencher
sur ce problème qui est sérieux, je l'admets. Je pense que c'est
normal, cette précaution que prend le député de
Marguerite-Bourgeoys de nous dire: Pourquoi le faire exprès d'avoir des
problèmes, si on peut les éviter dès l'adoption de la loi?
C'est une philosophie que je partage. Sur ce point, en tout cas si le
député a d'autres questions, cela me fera plaisir de les entendre
je me réserve le droit de revenir beaucoup plus in extenso lors
d'une prochaine séance.
M. Lalonde: M le Président, je remercie le ministre. Ma
question n'est pas dans le but de contester cette proposition qu'on retrouve au
premier alinéa de l'article 3. C'est simplement une question, je pense,
que tout le monde se pose, étant donné le jugement de la Cour
suprême.
Ma deuxième question est plus sérieuse, elle s'adresse au
deuxième alinéa qui élimine tout droit d'appel. Si le
ministre est convaincu qu'on peut changer cet alinéa sans passer
formellement par le biais d'une motion d'amendement et d'un long plaidoyer, je
vais lui dire simplement que j'ai l'intention de proposer de remplacer ce
deuxième alinéa par un alinéa qui se lirait comme suit: II
peut en être appelé à la Cour d'appel des décisions
du Conseil du référendum. De façon toute
préliminaire, pour lui permettre simplement de réagir
immédiatement favorablement, je voulais mentionner ce qu'il vient de
dire, à savoir des cas pas tellement identiques mais les plus
rapprochés, comme la Loi électorale, les contestations de
l'élection d'un député, alors que dans le
référendum, on veut parler de l'avenir d'un peuple, la
contestation de l'élection d'un député peut aller
jusqu'à la Cour d'appel. Dans les cas de recomptage, par exemple,
on a trois juges.
M. Burns: Dans un recomptage, il y a un juge. C'est dans une
contestation qu'il y a trois juges.
M. Lalonde: Oui, il y a trois juges. Excusez-moi, dans la
contestation, il y a trois juges.
M. Burns: Et il y a appel.
M. Lalonde: Et il y a appel quand même. Le
député de Jonquière semblait faire des gestes à
savoir qu'il y avait seulement un juge.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour le recomptage, il y a un
juge.
M. Burns: Pour le recomptage, c'est...
M. Lalonde: Pour le recomptage, il y a un juge. Dans le cas de
contestation, il y a trois juges et il y a quand même appel à la
Cour d'appel, pour les 110 députés qui, tous les quatre ans,
peuvent changer, alors que dans le cas d'un référendum, qui peut
avoir une influence beaucoup plus marquante, beaucoup plus importante sur toute
la population, on réserverait au simple Conseil du
référendum la décision finale de toutes les contestations,
de toutes les procédures dont il a déjà
l'exclusivité. Puisque cela semble être le désir du
gouvernement et en particulier du ministre d'assurer à cette loi toutes
les garanties de crédibilité et d'ailleurs, l'attitude du
ministre jusqu'à maintenant, c'est la première séance
à laquelle j'ai le plaisir d'assister, va dans ce sens d'essayer de
trouver le large consensus concernant cette loi même si on n'est
pas d'accord sur certains points bien particuliers, bien précis, il
reste que cette attitude du ministre me semble devoir faire augurer un avenir
favorable à un tel amendement. Il me semble que ce n'est pas dans le
but... Le droit à l'appel, il faut le dire, est inscrit
traditionnellement dans notre droit. Quand il n'y en a pas,
généralement, c'est l'exception, on dit: II n'y en a pas,
à compter de tel montant en descendant. Généralement, dans
les questions de droit, il y en a toujours. C'est dans les questions de fait
qu'on les limite.
M. Burns: C'est du droit administratif surtout.
M. Lalonde: Oui, c'est cela.
M. Burns: C'est surtout là qu'il n'existe pas.
M. Lalonde: Mais quand le tribunal administratif veut savoir si
un tel va avoir un permis pour faire telle chose, naturellement, parce
qu'à ce moment on peut se lancer dans des détails de
procédure. Mais quand il s'agit de savoir si un référendum
est légal ou non, si le vote de, mettons, toute une circonscription
devrait être annulé ou non, qui peut faire changer le
résultat, il me semble que cela ne devient plus nécessaire- ment
une question administrative. C'est pour cela que j'invite le ministre à
réagir favorablement à cette suggestion. Je ne veux pas encore
faire d'amendement. S'il faut le faire, je vais le faire parce que j'y
tiens.
M. Burns: Ecoutez, j'apprécierais beaucoup que vous me
donniez une copie de votre amendement. Je vais vous demander la
possibilité d'y songer. Cet article, tout à l'heure, je vais vous
demander de le suspendre parce que je veux, tant relativement au premier point
qui a été soulevé par le député de
Marguerite-Bourgeoys que quant à ce deuxième point,
peut-être y réfléchir davantage.
Je peux dire quand même immédiatement que je suis
touché par cet argument. Cela me parait que, dans le cas de doute, on
doit plutôt pencher du côté du fait qu'il doit y avoir appel
que du côté qu'il ne devrait pas y en avoir. Surtout quand on
parle de procédures judiciaires; on parle carrément, à
l'article 3, de procédures judiciaires. Dans ce sens, ma première
réaction à votre amendement énoncé, ou en tout cas
l'intention de faire modifier l'article, serait plutôt favorable que
défavorable.
Maintenant, comme je le mentionnais tout à l'heure, cet article,
je vais demander de le suspendre pour qu'on puisse évaluer les
conséquences de la décision de la Cour suprême dans le cas
du Tribunal des transports, entre autres. J'aimerais, là-dessus, avoir
une nouvelle consultation avec nos légistes, avant de vous donner une
réponse définitive. Après cet énoncé
préliminaire, je vous suggère, à la commission,
peut-être de suspendre l'étude de cet article à une
prochaine séance.
M. Grenier: M. le Président, est-ce qu'il y a eu
véritablement amendement?
M. Burns: Non.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas eu de motion
d'amendement formelle. Même si aucune motion n'est annoncée en
fait, on a eu de facto une espèce d'annonce de motion d'amendement
à l'article 3, qui est suspendu. J'appelle l'article 4. M. le ministre,
sur l'article 4.
M. Burns: A l'article 4, M. le Président, je n'ai pas
reçu de quelque parti que ce soit d'amendement. Le gouvernement n'a pas
d'amendement à suggérer, à ce stade-ci. Je ne sais pas
si... Remarquez que, comme je l'ai mentionné, ce n'est pas limitatif ces
amendements que j'ai reçus; la preuve c'est que je viens d'avoir une
suggestion du député de Marguerite-Bourgeoys qui n'était
pas dans la liste originale, mais je suis prêt à la
considérer quand même. Je pense que ça faisait partie de
l'entente que nous avions eue; c'est que, si à la dernière minute
vous avez un amendement, je suis prêt à le considérer.
Mais, jusqu'à maintenant, aucun des partis représentés ici
ne m'a fait valoir de suggestions d'amendement. Le gouvernement n'a pas de
suggestions d'amendement non plus.
Le Président (M. Clair): L'article 4 est-il
adopté?
M. Lavoie: Je voudrais bien dire que, si nous avons donné
déjà certains amendements au ministre, ces amendements ne sont
pas nécessairement limitatifs.
M. Burns: Je viens de le dire, d'ailleurs. Je viens de le
confirmer.
M. Lavoie: On se réserve le droit...
M. Burns: Oui, oui. C'est sûr et en cours de route,
d'ailleurs, moi aussi, je me réserve le droit d'en ajouter à la
liste que je vous avais fournie.
M. Lavoie: D'ailleurs, si nous avons fourni des amendements au
ministre, le ministre ne nous a pas fourni ses amendements.
M. Burns: Cela n'a pas été fait? Je m'en excuse
profondément, vous allez les avoir.
M. Lavoie: C'est une suggestion qu'on voudrait faire.
M. Grenier: On en a eu un qui vient de nous être
donné. Mais est-ce qu'il est prévu qu'il y a une brique
d'amendements que vous allez nous donner?
M. Burns: Je m'excuse. De la part du gouvernement il y a sept ou
huit amendements.
M. Lavoie: Nous remettant certains amendements, cela peut
raccourcir et éliminer certains débats.
M. Grenier: Eliminer certains des nôtres.
M. Burns: En éliminer certains autres. Dans l'heure du
lunch, je vais m'organiser pour que chaque membre de la commission du
côté de l'Opposition les reçoive. Du côté
ministériel ils les ont, c'est pour cela que j'avais pensé que la
circulation avait été faite au complet. Je m'en excuse. Je vais
corriger cela dans l'heure du lunch, qui s'en vient dans quelques secondes.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, sur l'article 4.
M. Gratton: J'aurais une question au ministre à l'article
4. Il s'agit d'une demande que peut faire le président ou un membre de
l'Assemblée nationale au conseil consultatif, au Conseil du
référendum vis-à-vis de la possibilité ou
l'impossibilité de tenir deux référendums, dans une
même Législature, sur le même sujet.
Au deuxième paragraphe, on mentionne que la demande du
président ou du membre de l'Assemblée nationale doit être
faite avant l'adoption de la question ou de la deuxième ou du projet de
loi, selon le cas. Est-ce qu'il y aurait lieu, selon le ministre de
préciser que non seulement la demande, mais la réponse du Conseil
du référendum soit également donnée avant
l'adoption?
M. Burns: Je pense que cela va de soi; si la demande doit
être faite avant l'adoption, je présume que le débat serait
suspendu jusqu'à ce que la réponse nous soit donnée. Je
vois que cette question se soulèverait sous forme de question de
règlement fort probablement. Je ne vois pas comment l'Assemblée
nationale pourrait faire autrement que dire ceci. (12 heures)
Imaginons le scénario suivant pour faire plaisir au
député de Laval. Imaginons que le premier ministre arrive en
Chambre en disant: Je fais motion pour qu'un référendum se tienne
à telle date. En tout cas, ce n'est peut-être pas comme cela que
la motion serait faite, mais que la question relative à tel
référendum soit la suivante, deux points, entre guillemets... Et
la résolution est soumise au feuilleton et est éventuellement
débat-table. Je présume qu'à ce moment-là un
député de l'Opposition, ou même un député
ministériel, pourrait se lever et dire: M. le Président,
j'invoque une question de règlement, je crois qu'il s'agit là
d'un référendum sur une question identique. On est au cours d'une
même Législature et j'invoque l'article 11 de la loi.
En cas de doute, probablement que le président s'adresserait
immédiatement, sans mettre en délibération...
M. Gratton: Oui, mais le président de l'Assemblée
nationale pourrait personnellement décider qu'il ne s'agit pas d'une
question de règlement acceptable. Si c'était soulevé sous
la forme d'une question de règlement, il pourrait trancher ou même
faire appel, comme le prévoit notre règlement, à une
décision de l'Assemblée; à ce moment-là, le Conseil
du référendum ne serait pas saisi de la question. Je me demande
s'il n'y a pas lieu...
M. Lavoie: C'est un fardeau beaucoup trop lourd que vous donnez
au président de l'Assemblée.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection à examiner cela et
à trouver une façon d'amender ce texte si ça le
clarifie.
M. Gratton: On pourrait le suspendre en attendant.
M. Burns: De toute façon, selon l'entente, nos travaux se
terminent à midi.
M. Lavoie: Oui, on va suspendre les travaux de la commission.
M. Burns: Pour la prochaine séance, comme nous ne
siégeons pas cet après-midi mais plutôt demain matin, je
tenterais d'avoir une réponse sur les articles 3 et 4 afin de ne pas les
garder en suspens.
M. Lalonde: Si vous permettez, avant de suspendre, je ne
m'attendais pas à une démonstration, à un plaidoyer de
deux heures comme sur l'affaire du Tribunal des transports.
M. Burns: Non, ne vous inquiétez pas.
M. Lalonde: Simplement, qu'on soit assuré que le
gouvernement s'est posé la question.
M. Burns: D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'a jamais parlé
deux heures!
M. Burns: Je n'ai jamais parlé deux heures, excepté
hier soir.
M. Lalonde: Pour activer les débats un peu.
Le Président (M. Clair): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)