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Étude du projet de loi no 92
(Vingt heures huit minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire.
Les membres de la commission sont M. Bé-dard (Chicoutimi). M.
Beauséjour (Iberville) en remplacement de M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Fallu (Terrebonne) en remplacement de M. Char-bonneau (Verchères); M.
Dussault (Châteauguay) en remplacement de M. Clair (Drummond); M. Garneau
(Jean-Talon)...
M. Lalonde: Remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Grenier (Mégantic-Compton), M.
Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M. Lavoie
(Laval); M. Paquette (Rosemont) remplacé par M. Vaillancourt
(Jonquière); M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Dussault (Châteauguay) remplacé par... Est-il remplacé par
quelqu'un? Il est déjà inscrit à titre de membre.
M. Dussault: Je ne suis pas remplacé comme
intervenant.
Le Président (M. Clair): ... M. Guay (Taschereau), M.
Lavoie (Laval)...
M. Lalonde: Remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal).
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Lévesque (Taillon), M. Morin
(Louis-Hébert) et M. Raynauld (Outremont).
Au moment...
M. Lalonde: M. Raynauld (Outremont) remplacé par M.
Gratton (Gatineau).
Le Président (M. Clair): M. Raynauld (Outremont)
remplacé par M. Gratton (Gatineau).
Au moment où les travaux ont été ajournés,
il y a maintenant une semaine, nous...
Une voix: Plus que cela.
Le Président (M. Clair): ... deux semaines, nous en
étions à l'étude de l'article 6. Auparavant, avant de
continuer le débat sur la motion d'amendement du député de
Laval, le nouveau parrain du projet de loi a sûrement des propos
préliminaires à tenir pour les membres de cette commission.
M. le ministre.
Commentaires préliminaires
M. Bédard: Ce seront des propos très
préliminaires, M. le Président. Je regrette, comme tous mes
collègues, les circonstances qui me font remplacer temporairement mon
collègue, le député de Maisonneuve.
Par ailleurs, je dois le dire, c'est avec plaisir que je vais travailler
avec les membres de cette commission et poursuivre l'étude de ce projet
de loi article par article.
J'espère, évidemment, que nous progresserons dans cette
étude afin de donner aux citoyens du Québec, dans les meilleurs
délais, ce nouvel instrument démocratique d'expression de la
volonté populaire.
Sans autre préambule, M. le Président, cette commission,
tel que vous l'avez mentionné, en était à l'étude
de l'article 6 de ce projet de loi. Je suis prêt à débuter
immédiatement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Peut-être que le leader de l'Opposition
voudrait faire certaines remarques préliminaires aussi, pour accueillir
le ministre, sinon...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, pour des remarques préliminaires.
M. Lavoie: Oui, très brièvement. On se rend compte
que l'Assemblée nationale a perdu un gros morceau depuis l'accident, si
on peut dire, qui est arrivé au député de Maisonneuve.
Nous avions commencé à travailler ensemble sur ce dossier depuis
près d'un an, lors du dépôt du livre blanc. Je sais qu'il
avait ce dossier à coeur. Même s'il est à une certaine
distance de nous, j'imagine qu'il va suivre de très près...
M. Bédard: II continue de l'avoir à coeur, je peux
vous le dire.
M. Lavoie: Je ne sais pas si on lui a fourni les services du
perroquet, pour qu'il puisse suivre, mais je ne lui conseillerais pas. Je n'en
ferai pas une proposition. Je pense qu'on est mieux de le laisser tranquille,
se reposer calmement...
M. Bédard: Qu'il nous revienne rapidement.
M. Lavoie: ... qu'il reprenne des forces, mais pas à
l'extrême, qu'il en prenne assez, mais pas trop.
Je voudrais exprimer notre déception et nos regrets, à
cause de cet accident stupide qui est arrivé, à la suite d'un
surcroît de travail. Nous allons continuer, nous, de l'Opposition
officielle, avec le ministre de la Justice, nouveau responsable, nouveau
pilote, nouveau capitaine à la barre de la loi 92. Nous espérons
que le ministre de la Justice aura une politique d'ouvenure, pas uni-
quement dans les paroles, mais dans des actes, dans la
réalisation et dans des acceptations de certains amendements que nous
proposerons. C'est malheureux que nous ayons perdu deux semaines. Le voeu du
gouvernement, et je dois dire que le voeu de l'Opposition officielle est de
terminer l'étude de ce projet de loi pour la date convenue, soit le 23
juin. Cela nous donne trois bonnes semaines à partir de la semaine
prochaine. On a perdu deux semaines. Il va falloir que nous siégions
d'une manière tout à fait intense...
M. Bédard: C'est ce que nous nous proposons de faire.
M. Lavoie: Nous ne pouvons pas assurer le gouvernement que cela
pourrait être adopté pour le 23 juin. On ne peut pas donner cette
garantie, ce blanc-seing, parce que nous avons de nombreux amendements à
apporter. Il y a des questions que nous trouvons...
Nous allons accepter certaines positions du gouvernement, même si
ça ne fait pas notre affaire. Nous respectons l'autorité
gouvernementale. Le gouvernement doit prendre la responsabilité
d'adopter ses lois, même si elles ne sont pas bonnes, dans plusieurs cas,
et, d'ailleurs, nous donnerons la chance au gouvernement d'adopter de mauvaises
lois, parce que, si on bonifiait toutes les lois, il aurait trop l'occasion,
peut-être, de se faire réélire trop facilement à la
fin de son mandat.
M. Bédard: Ce n'est pas le rôle d'un
législateur sérieux.
M. Lavoie: Oui, mais lorsque nous avons affaire souvent à
un gouvernement trop têtu, il y a quand même une limite à la
persévérance. Mais soyez assuré que nous allons tenter de
bonifier ce projet de loi. C'est un projet de loi important, même si nous
ne nous faisons pas l'illusion qu'il servira à de multiples occasions;
je pense bien que, entre nous, on peut se regarder, il servira à peu
près une fois sur l'avenir constitutionnel du Québec. Je doute
fort qu'un mécanisme de la sorte, au coût que ça
représente $15 millions à peu près, l'exercice du
droit référendaire avec l'expérience qu'on peut
avoir, autant le ministre de la Justice, depuis une huitaine d'années
qu'il siège au Parlement, que moi, ce n'est pas tous les deux jours
qu'on peut exercer ce mécanisme de démocratie directe. Qu'on ne
rêve pas en couleur et qu'on ne se fasse pas d'illusions. Je pense bien
qu'on s'en servira dans les prochains mois, je l'espère, le plus
rapidement possible, sur cette décision que les Québécois
auront à prendre sur leur avenir constitutionnel et, personnellement, je
pense bien que ça leur donnera l'occasion de s'exprimer clairement.
Personnellement, mon voeu, c'est que cet instrument soit le plus parfait
possible dans l'exercice le plus entier d'une saine démocratie. (21 h
15)
Je vais demander, lors de cette première rencontre, que le
ministre je l'ai dit en Chambre une fois qui est un peu
l'intermédiaire avec la
Commission des droits de la personne, se penche fortement sur la
question du chapitre VIII, les comités nationaux, parce que nous allons
revenir à la charge sur cette question.
Pour ma part, encore une fois, sans aucune idée de partisanerie,
je vous dis que, tel que le projet de loi est rédigé je ne
voudrais pas être un oiseau de malheur ça ne sera pas
praticable tel que c'est fait. Cela n'a été praticable dans aucun
pays où l'exercice du droit référendaire existe, ces
contraintes sur les droits d'opinion, d'expression, de réunion,
d'association et tout. Cela n'a été appliqué nulle part.
Je ne dis pas en Angleterre, en Australie, nulle part! Nulle part, tel que
c'est rédigé.
On a vu ce matin, un article dans un journal où la CEQ, entre
autres, qui n'est pas une alliée de l'Opposition, loin de là, dit
qu'elle n'accepte pas le mécanisme prévu dans la loi 92. Il y en
a beaucoup d'autres; il y aura des centaines et des centaines d'organismes bona
fide, de bonne foi, au Québec qui n'accepteront pas les carcans
parapluies prévus dans cette loi. C'est un appel je voudrais le
détacher de toute partisanerie politique que je veux faire au
ministre.
M. Bédard: Peut-être qu'il y aura lieu de le
discuter quand le chapitre viendra.
M. Lavoie: D'accord. Mais je voudrais que vous commenciez...
M. Bédard: J'ai voulu être bref justement pour qu'on
procède rapidement.
M. Lavoie: ... à vous pencher sur ce problème parce
que nous annonçons nos couleurs. Cette question est impraticable et il
est impossible de l'accepter. Je sais que nous allons bien travailler avec le
ministre de la Justice.
M. Bédard: C'est bien d'annoncer ses couleurs.
M. Lavoie: On annonce nos couleurs. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président...
M. Lalonde: J'avais demandé la parole, M. le
Président, sur la motion.
Le Président (M. Clair): M. le député de...
Sur la motion. Je ne pense pas que l'intervention du député de
Mégantic-Compton soit sur la motion.
M. Grenier: Non.
Le Président (M. Clair): C'est sur des remarques
préliminaires.
M. Lalonde: Oui, cela me fait plaisir pour... du ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Elles sont déjà
faites. Ce sont des mots de bienvenue au ministre, M. le Président. Les
remarques préliminaires sont déjà faites.
Le Président (M. Clair): Oui, les remarques
préliminaires au projet de loi sont déjà faites.
M. Vaillancourt (Jonquière): On ne recommencera pas.
Le Président (M. Clair): C'est simplement parce qu'il y a
un nouveau parrain à ce projet de loi. Je pense qu'il est de mise de
prendre quelques minutes au début. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Bien sûr, juste
deux mots; je n'ai pas l'intention d'accaparer le peu de temps qui nous est
alloué ce soir. Il semble qu'on ait donné le consentement pour
terminer vers 22 heures. Simplement pour dire le regret que je ressens
personnellement au départ du député de Maisonneuve qui
faisait un excellent boulot autour de cette table. Il semble bien que,
même à distance, nous continuons de mener ici, à titre de
représentant de notre formation politique, un travail positif. Nous
voulons bonifier ce projet de loi et nous donner un instrument de travail qui
aura la crédibilité et qui fera, une fois voté, que
personne ne se sentira leurré par cet instrument de travail, ne se
sentira pris au piège. Cette loi que nous nous donnons servira
peut-être pour la première fois lors du référendum
sur l'avenir constitutionnel de notre province. On se sentira en
sécurité au moment où elle sera mise en application.
Je voudrais assurer le ministre de la Justice qui vient de prendre place
à cette table ce soir de notre entière collaboration. Nous avons
soumis certains amendements; vous en avez sûrement pris connaissance.
Nous ne sommes pas ici, nous vous le répétons, pour
épouvanter, énerver ou inquiéter la population. Il est
acquis que l'Union Nationale se bat ici pour se donner une loi de
sécurité, mais nous ne sommes pas ici pour mêler loi et
référendum. Nous allons d'abord travailler pour nous donner cet
instrument et faire des suggestions très constructives. Ensuite, nous
procéderons à l'étape du référendum.
Inutile de vous dire que je ne lance pas l'idée d'amendements
puisque, le gouvernement ou d'autres partis les connaissant, ils pourraient
voter contre afin de se faire un lit pour pouvoir voter contre la loi en
troisième lecture. Je vous dis tout simplement que nous allons tenter de
bonifier cette loi, d'y aller de nos amendements qui sont dans l'esprit
constitutionnel et l'esprit de notre programme politique, celui de l'Union
Nationale. C'est dans cet esprit que nous allons travailler. Vous pouvez
compter sur notre collaboration. Nous ne serons pas ici pour faire perdre le
temps de la commission. Dans les trois semaines de travail qui nous restent
d'ici la Saint-Jean-Baptiste, je suis disposé à donner autant
d'heures qu'il le faudra par jour afin qu'on puisse se donner cet instrument
qui pourra recevoir sa crédibilité, j'imagine, au cours de
l'été.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, sur le même sujet.
M. Samson: M. le Président, comme les autres l'ont
souligné, bien sûr, je regrette cet accident qui est arrivé
à notre collègue de Maisonneuve. Je voudrais, par votre
entremise, M. le Président, qu'on lui dise combien il nous manque. C'est
quand même un collègue pour qui nous avons beaucoup de respect. En
souhaitant qu'il puisse se rétablir dans les plus brefs délais,
je salue avec plaisir la venue à cette commission parlementaire du
ministre de la Justice. Je ne sais pas si on devra l'appeler "le parrain ", M.
le Président, mais il me semble que dans le jargon parlementaire, tout
double sens exclu, il devient le nouveau parrain de ce projet de loi.
M. le Président, j'avais, au tout début de cette
commission, souligné que j'espérais qu'on en arrive, dans
l'étude de ce projet de loi, au plus large consensus possible. Compte
tenu de l'importance de la loi, compte tenu de l'importance qu'elle aura dans
son application, il me semble que tout comme la loi 2 que nous avons
votée en 1977 à l'unanimité et par un très large
consensus dans les discussions, il serait très utile qu'on puisse
essayer tout au moins d'en faire autant pour la présente loi. Le
ministre nous arrive... je ne sais pas s'il a un nouveau mandat, un mandat
modifié; je ne sais pas s'il peut nous annoncer, en plus des amendements
que le gouvernement a déjà annoncés, d'autres amendements
ou d'autres intentions. De toute façon, s'il en a, nous les recevrons
avec plaisir. Je souligne également au ministre que même si on est
rendu à l'article 6, à ma connaissance, à moins que j'aie
manqué des bouts et il me semble que je n'en aie pas trop manqué,
il y a quelques articles ou parties d'articles qui sont en suspens, parce que
ce seront des articles de concordance avec des articles futurs. Je pense qu'on
se comprend bien là-dessus, par les signes de tête que fait le
ministre.
M. Bédard: II y a l'article 3 en suspens, à ce
qu'on m'a dit.
M. Samson: Et l'article 1 aussi.
M. Bédard: Au niveau des définitions.
M. Samson: Certaines parties de l'article 1.
Alors, je salue l'arrivée du ministre en lui souhaitant bonne
chance, M. le Président et, compte tenu de ce qu'il aura à nous
livrer comme marchandise, peut-être que nous pourrons concourir à
sa bonne chance.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... quelques mots seulement pour souhaiter la bienvenue
à cette commission parlementaire à l'honorable ministre qui a
accepté cette grande responsabilité de parrainer le projet de loi
no 92. Je pense que de la part du gouvernement, c'est un choix excellent. Je
veux l'assurer de mon entière collaboration pour que ce projet de loi
corresponde aux objectifs désirés.
Je m'en voudrais de ne pas souligner, à mon tour, avec regret, ce
qui est arrivé à notre collègue, le député
de Maisonneuve, celui qui a été à l'origine de ce projet
de loi, espérant qu'il pourra bénéficier d'un prompt
rétablissement et qu'il pourra nous revenir bientôt à cette
Assemblée nationale. Nous avons appris aujourd'hui qu'il n'a pu obtenir
son congé de l'hôpital, mais j'espère qu'il pourra se
rétablir le plus rapidement possible.
Encore une fois, je veux assurer le ministre, le nouveau parrain de ce
projet de loi, de notre entier appui et de notre collaboration pour que ce
projet de loi puisse correspondre aux objectifs désirés et
surtout qu'on fasse en sorte de tenir compte des remarques que nos
collègues de l'Opposition ont à formuler et que j'ai à
formuler, de mon côté.
Cette loi sur la consultation populaire doit en être une qui
découle d'un consensus général de la part des membres de
l'Assemblée nationale. Il serait extrêmement malheureux, dans
l'intérêt du Québec, que nous nous livrions une bataille de
fond sur le projet de loi sur la consultation populaire avant d'aborder la
question du référendum lui-même.
C'est le voeu que je formule. Je pense que ce voeu est partagé
par un très grand nombre non seulement de membres de l'Assemblée
nationale, mais par un bon pourcentage de la population
québécoise.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je remercie les membres
de l'Opposition de leurs bonnes paroles à mon endroit et de leur offre
de collaboration qui aura, j'en suis convaincu, l'occasion de se
concrétiser rapidement, tout au cours de l'étude de ce projet de
loi.
Un député me demandait si j'arrivais avec des amendements
majeurs à apporter au projet de loi. Je dois dire là-dessus que
je crois que le gouvernement a annoncé très clairement ses
couleurs, par le projet de loi que nous avons à étudier; il a
très clairement énoncé les principes qu'il a à
coeur et sur lesquels il ne peut valablement reculer. Je suis convaincu que ces
principes majeurs étant connus de tous les membres de la commission,
c'est de nature à orienter les amendements que pourraient vouloir nous
suggérer les membres de l'Opposition et à leur donner une
idée de la possibilité du gouvernement d'accepter ces
amendements.
Je pense également qu'étant donné que le leader de
l'Opposition a fait état qu'il aurait beaucoup d'amendements à
apporter, entre autres au chapitre des comités nationaux, il y aurait
avantage, si nous voulons vraiment accélérer les travaux de la
commission, à ce que les oppositions, si tel est leur désir, nous
fassent connaître rapidement quels sont les amendements qu'elles
voudraient apporter, de manière que nous puissions avoir le temps de les
évaluer et être en mesure d'y répondre promptement ou de
donner des explications qui pourraient s'imposer, dans le cas de
non-acceptation.
Pour ce qui est du gouvernement, le projet de loi annonce très
clairement les principes sur lesquels nous nous basons, annonce très
clairement nos couleurs. Je puis dire d'avance aux membres de la commission
qu'il n'y aura sûrement pas un déluge d'amendements de la part du
gouvernement.
Je suis très heureux que chacun des membres de l'Opposition, le
leader de l'Opposition, d'une façon tout à fait
particulière ait qualifié cette loi d'instrument de
démocratie directe. À partir du moment où on est d'accord
que nous devons employer nos efforts à doter le gouvernement et les
Québécois d'un instrument de démocratie qui nous permet de
les associer à la prise de décisions majeures qui peuvent
être prises par leur gouvernement, je crois qu'il y a lieu
d'espérer, avec tous les membres de l'Opposition, que les travaux de
cette commission avanceront rapidement.
Reprise de l'étude du projet de loi
Le Président (M. Clair): Messieurs, avant de donner la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys, j'aimerais simplement
vous récapituler la situation. (21 h 30)
Au moment où nous avons ajourné nos travaux, nous en
étions à l'étude de l'article 6 et plus
spécifiquement à une motion du député de Laval qui
se lisait comme suit: Ajouter à la fin l'alinéa suivant: "Quel
que soit l'objet du référendum, il doit s'agir d'une question
à laquelle il ne peut être répondu que par un oui ou un
non".
Relativement à cette motion, les députés suivants
avaient exercé un droit de parole, avec le temps correspondant. Le
député de Laval avait parlé pendant quatorze minutes; le
député de Mégantic-Compton, deux minutes; le
député de Rouyn-Noranda, huit minutes; le député de
Terrebonne, onze minutes et le député de Rosemont, quatre
minutes.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lavoie: Avec la permission du député de
Marguerite-Bourgeoys, très brièvement, le ministre a-t-il eu la
communication de la Commission des droits et libertés de la personne qui
devait faire son commentaire?
M. Bédard: J'ai eu une communication de la part de la
Commission des droits et libertés de la personne dans le sens que,
dès le début de la semaine prochaine, elle serait en mesure de
fournir, à l'avantage de l'ensemble des membres de la commission, une
opinion de sa part sur le projet de loi.
M. Lavoie: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, pour entamer
immédiatement la poursuite de la délibération sur
l'amendement, je voudrais le faire en souhaitant au député de
Maisonneuve un prompt et complet rétablissement et une bonne
santé au ministre de la Justice.
L'amendement a fait l'objet de certains propos que vous avez
rappelés, M. le Président. Il est clair, je crois, des propos que
nous avons entendus, que le gouvernement n'a pas l'intention de l'appuyer.
C'est un amendement qui cherche à faire en sorte que la question
à un référendum qui serait tenu en vertu de la loi que
nous étudions reçoive une réponse d'un oui ou d'un
non.
Il est toutefois apparu très clair, très clairement aussi,
surtout des propos du ministre d'État à la réforme
parlementaire, que son ojbection à l'amendement serait
atténuée, enfin disparaîtrait, s'il s'agissait d'un
référendum sur l'avenir politique du Québec.
J'ai la transcription des débats, à la page R-274, du 18
avril, où M. Burns dit, à la page 1 : "Je pense qu'on peut dire
que dans le cas du référendum sur l'avenir politique du
Québec, afin qu'on ait une décision claire, il est sûrement
souhaitable de répondre à la question par un oui ou par un non".
Il poursuit: "Mais sauf que je ne crois pas souhaitable, par mesure de
prudence, de l'inclure dans la loi au cas où d'autres occasions
justifieraient une question à volets multiples ".
Il est donc évident, étant donné le
caractère de loi-cadre du projet de loi 92, que le ministre ne voulait
pas réduire les possibilités de tout référendum
à une contrainte aussi sévère, à savoir que la
question doive nécessairement faire appel aux réponses oui ou
non; mais d'autre part, en ce qui concerne un référendum sur
l'avenir politique du Québec, il serait favorable à ce que ce
soit le cas.
L'objet de la consultation (suite)
Motion de sous-amendement
Alors, dans le but de rejoindre le gouvernement là-dessus,
j'aurais un sous-amendement à suggérer à la motion
d'amendement du député de Laval. La motion d'amendement commence
comme ceci: "Quel que soit l'objet du référendum..." Ce sont ces
mots qui créent un problème au gouvernement. Ce sont ces mots que
je voudrais remplacer justement pour rejoindre l'accord qui nous a
été annoncé par le ministre. Je proposerais de les
remplacer par les mots suivants: "dans le cas d'un référendum
portant sur le statut constitutionnel du Québec". C'est le but de mon
sous-amendement. Je n'ai pas eu le loisir, parce qu'il était possible
que le gouvernement apporte lui-même cet amendement avec les deux
semaines de réflexion qu'il a eues... Je ne l'ai pas fait
dactylographier. J'en ai ici un texte écrit à la main, qui se lit
comme suit: "Remplacer les mots: quel que soit l'objet du
référendum, par les mots suivants: dans le cas d'un
référendum portant sur le statut constitutionnel du
Québec". Je vous le passe.
Le Président (M. Clair): Avant d'accorder un droit de
parole sur cette motion de sous-amendement, est-ce que quelqu'un veut soulever
une question de recevabilité de cette motion de sous-amendement? Alors,
le sous-amendement est déclaré recevable.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie. Je ne veux
pas reprendre le débat là-dessus. Je pense que tous les arguments
qui ont été apportés en faveur de l'amendement du
député de Laval sont valides à l'égard de ma motion
de sous-amendement. En fait, ma motion de sous-amendement se veut simplement
une ouverture, se veut une tentative de rejoindre le désir du
gouvernement exprimé de façon on ne peut plus claire, non
seulement à cette commission parlementaire le 18 avril, mais aussi
auparavant le député de Laval en a fait état de
façon complète dans son plaidoyer en faveur de son amendement
par le même ministre, le député de Maisonneuve, et
aussi, je crois, par le premier ministre, du moins, c'est ce que le
député de Maisonneuve reconnaissait. Il reconnaissait avoir eu
l'appui du premier ministre à l'égard de cette opinion qu'il
avait exprimée auparavant selon laquelle il est désirable, en ce
qui concerne l'avenir constitutionnel du Québec, que le
référendum fasse appel à une question à laquelle on
doive répondre par un oui ou par un non.
Vous me voyez dans la situation difficile, M. le Président,
où je ne voudrais pas faire perdre inutilement le temps de cette
commission à plaider une cause gagnée d'avance, étant
donné les propos du député de Maisonneuve. Je les ai
mentionnés tantôt en introduisant ma motion de sous-amendement, et
je vais simplement attendre la réponse du gouvernement sur cette motion,
qui m'apparaît très claire. On réduit, de cette
façon-là, la proposition du député de Laval. Je
m'excuse à son égard de l'avoir réduite, quoique je pense
avoir eu son accord, quitte, après avoir eu l'accord du gouvernement
ensuite, à revenir, peut-être, d'une autre façon, pour
élargir encore la brèche, mais il me semble tellement important
que le résultat du référendum sur l'avenir constitutionnel
du Québec soit clair, soit honnête, soit accepté, soit le
résultat d'un large consensus, que nous devions, par ce sous-amendement,
réduire la portée de l'amendement, quitte à laisser,
naturellement, les autres référendums sur d'autres questions
ouverts, pour ce qui concerne la réponse possible.
Je vous remercie, M. le Président.
M. Grenier: M. le Président, sur le sous-amendement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur le sous-amendement qui est amené par le
député de Marguerite-Bourgeoys, on a reconnu, bien sûr, le
sous-amendement que j'avais proposé avant l'ajournement de nos
débats il y a quinze jours, alors que j'avais demandé
d'introduire: à l'occasion d'un référendum ayant
pour objet le statut constitutionnel. C'était exactement pris... Il y a
une couple de mots qui sont changés et qui reviennent exactement au
sous-amendement que j'avais suggéré avant la fin de nos
débats; il va de soi que nous serons d'accord sur ce
sous-amendement.
C'est avec, remarquez bien, un peu de... Je l'aurais fait, bien
sûr, s'il avait été loisible pour moi de le faire. Quand on
forme l'Opposition officielle, on a le droit de trier les meilleures talles de
fraises et sauter dedans quand ça nous tente...
M. Samson: Par dessus la clôture.
M. Grenier: C'est avec un peu de réticence quand
même, parce que sentant que la question qui se répondra par un oui
ou par un non peut nous jouer, à la fin, des mauvais tours, je le fais
quand même, parce que, entre deux maux, on choisit le moindre. Mais s'il
arrivait je déborde le sujet à ce moment et je sais que
vous allez me rappeler à l'ordre qu'on n'avait pas eu, à
ce moment-là, d'autres propositions de faites par le gouvernement
central, on se serait fait prendre un peu à notre piège quand on
arrivera avec une question qui dira: Si vous êtes pour
l'indépendance du Québec, si on apporte d'autres propositions qui
seront mises sur la table à ce moment-là, je ne vous cache pas,
M. le Président, qu'on se repentira peut-être un peu de notre
amendement de ce soir; mais, à tout prendre, je pense bien que j'aime
mieux choisir une question aussi claire que celle-là. Il appartiendra
aux gens qui seront... Si la question devait être aussi claire que de
demander l'indépendance du Québec, il appartiendra aux gens de ce
côté-ci de la table de se préparer en conséquence
pour être capables d'offrir autre chose. Mais cet amendement cache quand
même... j'en aurais même fait la proposition comme je vous
l'ai signalé avant la fin de nos débats puisque entre deux
maux on choisit le moindre, mais je voudrais bien que le gouvernement, comme
l'a dit le député de Maisonneuve avant son départ, se
range de ce côté et accepte que cette question ne se
réponde que par un oui ou par un non.
Alors, il va de soi que j'appuie ce sous-amendement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, quoique j'avais eu l'occasion
de parler quelques minutes sur l'amendement, je réitère que
j'aurais préféré que le gouvernement accepte l'amendement
tel que rédigé. Mais, comme le gouvernement a fait savoir
directement, au cours des discussions sur l'amendement même, qu'il
n'était pas disposé à l'accepter, par contre, l'ouverture
qui nous a été faite est une ouverture dont nous devons tenir
compte. Je ne sais pas si c'est parce que le consensus semble se faire d'une
façon assez normale. En même temps que mon collègue de
Mégantic-Compton avait préparé un amendement, j'en avais
préparé un aussi. Les termes ne sont pas les mêmes, mais
ils se ressemblent passablement. Je pense que cela démontre
jusqu'à quel point un consensus est possible.
Bien sûr, nous avons l'article 6 qui nous dit que le gouvernement
peut ordonner que les électeurs soient consultés par
référendum, ou bien sur une question approuvée par
l'Assemblée nationale, selon les articles 7 et 8, ou bien sur un projet
de loi, selon l'article 9.
Je conviens que, dans sa forme originale, l'amendement aurait
peut-être été un peu plus difficile d'application, surtout
pour les lois qui auraient pu être assujetties à un ou des
référendums. Mais quant à une question, telle que
prévue par l'article 7, et surtout délimitée dans la forme
du sous-amendement, délimitée à des questions en
matière constitutionnelle, il me semble que c'est faire preuve de
prudence, voir assez loin devant soi que d'accepter un tel sous-amendement.
Surtout en partant du fait je pense qu'on n'aurait peut-être pas
de difficulté à faire accepter ce sous-amendement par le
gouvernement que cette loi est une loi qui, maintenant on le sait
on ne peut pas changer les choses, même si on avait réclamé
autre chose; pour le moment, c'est la situation est une loi-cadre.
Donc, il y a possibilité pour un gouvernement de faire un
référendum et de revenir sur d'autres questions advenant qu'un
oui ou un non délimite certaines balises au gouvernement. Un peu comme
le député de Mégantic-Compton disait tantôt,
même en matière constitutionnelle, la question pourrait être
posée de sorte qu'un oui ou un non pourrait devenir un peu
embêtant. Mais c'est la seule façon. Il faut d'abord savoir si,
oui ou non, on veut telle chose ou on n'en veut plus et, après, il faut
savoir, à partir de cela, ce qu'on a comme options. Il me semble que ce
genre de choses ne peut pas être posé, en matière
constitutionnelle, du même coup. Il faut d'abord savoir si on veut
continuer au sein d'une fédération canadienne à
titre d'exemple, parce que je pense qu'il faut procéder par exemples
oui ou non. Une fois qu'on a la réponse, de quelle façon
doit-on continuer à demeurer là-dedans?
Il peut se poser d'autres questions et on peut également
répondre par un oui ou par un non. Si, au contraire, la réponse
est non, je pense que cela ne peut pas se faire au même
référendum. Il faut d'abord savoir la réponse avant
d'arriver avec une proposition de ce que pourrait être une nouvelle
forme, à partir du moment où on a la réponse. (21 h
45)
II me semble que c'est encore plus important pour le premier
référendum parce qu'on nous a dit clairement je pense que
c'est bien qu'on nous l'ait dit clairement que le premier
référendum aura trait à la question constitutionnelle, tel
que le veut rengagement du Parti québécois. C'est acquis, on nous
l'a dit, on nous l'a déclaré. Comme tout le monde sait que cela
va être le premier, il me semble qu'il serait prudent c'est quand
même une première expérience du genre au Québec
que la question qui sera posée soit une question d'avance
régie par la loi comme devant
appeler une réponse par oui ou par non. Je ne veux pas revenir
avec tout le baratin, je pense que les membres du gouvernement le savent comme
nous. Là où il y a des référendums, où il y
a habitude de référendum, dans 95% des cas, si ce n'est plus
j'ai une réserve pour un cas que j'ai en mémoire... Dans
99% des cas au moins on demande un oui ou un non, un pour ou un contre, mais
cela veut dire la même chose.
Il me semble que c'est important. On ne peut pas porter un débat
technique au niveau de la population. Il faut poser une question qui puisse
amener une réponse qui veuille réellement dire ce que le peuple
veut dire. Les questions pièges sont trop faciles. Je ne veux pas que le
ministre pense que je lui prête des intentions. Au contraire. C'est
l'exemple que je veux donner. Cela pourrait être un autre gouvernement
qui nous apporte cette loi et je dirais la même chose. Je ne voudrais pas
que nous laissions dans cette loi une espèce de trou qui laisse la porte
ouverte à des questions pièges qui amènent la population
à ne pas dire, involontairement, exactement ce qu'elle veut nous
dire.
Si on appelle cela la Loi sur la consultation populaire, il faut que ce
soit une véritable consultation, il faut qu'on sache exactement ce que
le peuple veut nous dire et la meilleure façon de le savoir exactement,
c'est de s'assurer, par un mécanisme prévu dans la loi, que la
question est très claire et qu'elle appelle un oui ou un non. C'est la
meilleure forme possible, quitte à revenir, une fois qu'on
connaîtra le sentiment populaire, avec une autre chose qui ira un peu
plus loin dans le sens de la première réponse que nous aurons
reçue.
Je dis, M. le Président, que ce serait compliquer la situation
beaucoup trop pour la population que de ne pas prévoir ce genre de
mécanisme. C'est donc pourquoi je serais d'accord sur le sous-amendement
et je vais aller un peu plus loin, je serais d'accord sur un sous-amendement,
celui-là ou un autre, qui ait une formulation différente, mais
qui nous amène aux mêmes fins. Je ne veux pas m'attacher à
des formulations spécifiques.
Qui sera le père de l'amendement? Bien sûr, c'est beau pour
celui qui l'amène d'en retirer le crédit, mais dans la recherche
d'un consensus, M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce que
le gouvernement lui-même soit le père de cet amendement et qu'il
le reformule dans sa formulation, dans ses termes à lui. Qu'on en arrive
à cela et nous pourrons poser là un véritable geste de ce
que nous avons appelé, au tout début, une volonté
très ferme de procéder par large consensus en cette
matière.
M. Roy: M. le Président.
M. Grenier: Juste une seconde. On a signalé tout à
l'heure l'arrivée du nouveau ministre ici, mais je ne voudrais pas qu'on
passe l'occasion de signaler l'intérêt qu'a cette loi ce soir en
voyant dans cette salle notre invité qui a accepté la
responsabilité du Comité de l'unité canadienne, le
président du comité préréférendaire, M.
Claude Castonguay.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aimerais rappeler, M. le
Président, au député de Mégantic-Compton qu'il y a
une différence entre le référendum et le projet de loi sur
le référendum; c'est lui qui nous l'avait dit.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sur la motion de
sous-amendement. Disons que je serai d'accord avec la motion de sous-amendement
qui est proposée mais, en ce qui me concerne, je me serais satisfait de
l'amendement original qui a été proposé... Je m'excuse,
est-ce que je dérange quelqu'un?
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je disais, M. le Président, que je serai d'accord
avec la motion de sous-amendement proposée par le député
de Marguerite-Bourgeoys. Mais je me serais satisfait aussi de l'amendement, tel
qu'il nous avait été proposé et que je cite: "quel que
soit l'objet du référendum, il doit s'agir d'une question
à laquelle il ne peut être répondu que par un oui ou par un
non". Je pense qu'il y a une question de grosse logique, de gros bon sens dans
tout cela. Je vois difficilement comment un gouvernement pourrait tenir un
référendum et demander autre chose à la population que de
répondre par un oui ou par un non.
Parce qu'à la fin du référendum, il faudra compiler
les résultats, il faudra additionner les réponses, d'un
côté comme de l'autre. Mais on additionne difficilement des
commentaires si le référendum demandait des commentaires. Je
pense que ce n'est pas là l'intention du gouvernement. Disons que je
pousse peut-être un peu loin pour dire tout simplement ceci...
M. Lalonde: La loi des peut-être. Le Président
(M. Clair): À l'ordre. M. Roy: Des peut-être. M.
Lalonde: Non, des peut-être "ben".
M. Roy: II y a déjà suffisamment de peut-être
"ben" actuellement; ce serait bon de clarifier la situation. Alors, je dis
simplement ceci, je pense que ça se passe même de débat,
c'est absolument élémentaire que cet amendement ou ce
sous-amendement se retrouve dans la loi comme telle. Qu'on regarde les
référendums qui se sont tenus dans le monde, je ne veux pas en
faire l'énumération, cela a déjà été
fait à cette commission, le référendum est toujours ce
qu'on appelle la consultation populaire, consultation populaire, consultation
du peuple.
Alors, il faut que les questions soient assez claires, assez
précises pour être comprises par tout le monde, pour inciter
ceux-ci à prendre une décision responsable et exercer leurs
droits à
l'occasion de la tenue du référendum. Mais à
l'issue de ce référendum, il faut aussi compiler les
résultats. Je pense, M. le Président, que sans plus de
préambule, sans plus de commentaire, le gouvernement devrait accepter
d'emblée la recommandation faite par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Je serais prêt, même en ce qui me concerne, à dire ce
que le député de Rouyn-Noranda a dit, à lendosser
là-dessus: si le gouvernement a besoin de la formuler lui-même
pour en être parrain, je ne suis pas susceptible au point de m'y
opposer.
Le Président (M. Clair): Le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, je crois qu'on vit
présentement un certain malentendu. Puisque ce qu'a toujours
déclaré le ministre d'État à la réforme
électorale, c'est qu'il s'engageait à recommander au gouvernement
que pour un référendum de nature constitutionnelle, la question
soit simple et qu'on y réponde par un oui ou par un non.
Ce n'est pas un engagement du gouvernement, mais un engagement personnel
du ministre à recommander à son gouvernement une formule
telle.
Je crois au départ que...
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Fallu: Je crois au départ qu'il fallait d'abord faire
cette mise au point. . M. Lalonde: Les absents ont toujours tort.
M. Gratton: Relisez le journal des Débats, vous allez voir
que ce n'est pas cela...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Je vous le lirai tantôt.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je vous invite
à être respectueux du droit de parole des uns et des autres. M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, on retrouve un premier
amendement venant du Parti libéral qui est maintenant amendé par
le même parti, qui est en concordance avec un autre amendement qui sera
proposé sans doute à l'article 8, relativement à la tenue
d'une commission parlementaire lors de laquelle les parlementaires au nombre de
vingt on n'a qu'à le calculer ce n'est pas l'Union
Nationale mais bien seulement le Parti libéral avec son nombre de 25
seulement maintenant, ou le parti ministériel qui pourrait donc
convoquer une telle commission parlementaire.
M. Lavoie: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, sur une question de règlement.
M. Lavoie: Le député de Terrebonne s'embarque dans
l'article 8 où on a proposé effectivement un amendement, qu'on a
remis au gouvernement dans un esprit de collaboration, sur un autre sujet
complètement éloigné du propos que nous devons tenir sur
l'article 6.
Nous n'étions pas obligés de fournir nos amendements au
gouvernement pour permettre le débat de trente heures à
l'Assemblée et qu'il y ait un autre dix ou vingt heures en commission
parlementaire, à la demande de 20 députés. Voulez-vous
ramener le député de Terrebonne à l'ordre. C'est dans un
esprit d'ouverture de la part de l'Opposition qu'on a soumis des amendements.
Qu'on ne nous fasse pas des reproches, à l'article 5, d'avoir soumis les
amendements à l'article 8.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Le leader de l'Opposition reconnaîtra que
c'est également dans un esprit d'ouverture que le gouvernement a aussi
fait parvenir aux oppositions certains amendements qu'il voulait apporter.
Le Président (M. Clair): Je suis bien conscient qu'il y a
eu beaucoup de gentillesse de part et d'autre. Je voudrais simplement rappeler
que la motion à l'étude actuellement, c'est une motion de
sous-amendement du député de Marguerite-Bourgeoys. Je comprends
que le député de Terrebonne a fait allusion à un autre
article, mais je l'invite cependant à ne pas déborder sur
l'article 8 qui sera étudié en temps et lieu. M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: Je vous remercie, M. le Président. Je reviens
donc aux propos du sous-amendement. Je ne reprendrai pas ce soir
l'argumentation que j'ai tenue relativement à l'amendement. C'est
déjà dit. Toutefois, j'aimerais justement à propos,
à la fois de l'amendement et peut-être surtout du sous-amendement,
puisqu'il s'agit là de matières constitutionnelles, rappeler
certaines circonstances historiques ou certains faits qui se sont produits
depuis, pour étayer mon argumentation, si vous le permettez, M. le
Président.
Il faut se rappeler que c'est suite aux intentions exprimées par
le gouvernement fédéral de donner une leçon de civisme, de
démocratie au PQ, qu'on a vu apparaître, de la part du Parti
libéral, cette volonté de faire exprimer dans la loi
référendaire des référendums un article quelconque
portant sur un éventuel oui ou non. Or, personne autour de cette table
n'a jamais vraiment fait allusion à cette mesure que nous proposent nos
grands frères d'Ottawa, ceux qui veulent nous faire de belles
leçons de démocratie, ceux qui veulent qu'on instaure justement
dans une loi référendaire de nature constitutionnelle, puisque
tel est le sujet du sous-amendement, une question amenant une réponse
par oui ou par non.
M. le Président, vous me permettrez je crois que c'est
dans la pertinence du débat de rappeler justement le
modèle que nous propose le grand frère d'Ottawa sur cette
question et réponse.
On lit, à l'article 3.2: "Une proclamation lancée en vertu
de, etc., peut ordonner que soit soumise aux électeurs une ou plusieurs
questions' . Voilà, pour des questions constitutionnelles. "Chaque
question doit être formulée et le bulletin de vote utilisé
à une élection générale remanié par le
directeur général des élections de façon à
permettre aux électeurs, aux fins du référendum, d'exposer
leur point de vue sur la question en faisant une croix je le souligne,
M. le Président sur le bulletin de vote à la hauteur du
oui ou en faisant une croix sur le bulletin de vote à la hauteur du
non". Excellent!
Toutefois, il y a un article 3.3. "Le bulletin de vote utilisé
à un référendum doit, si une proclamation est
lancée en vertu du paragraphe 1, ordonner que soient soumises aux
électeurs des questions qui sont des choix, préciser s'il s'agit
de questions qui sont des choix, que les électeurs peuvent voter oui
à l'une de ces questions ou voter non à l'une ou à toutes
ces questions, et que les électeurs qui votent oui sur un bulletin de
vote à plus de l'une de ces questions verront leur bulletin de vote
rejeté lors du dépouillement du scrutin". Avez-vous compris
quelque chose, vous autres, dans l'assistance? C'est clair, c'est une loi
référendaire fédérale. C'est comme cela qu'il faut
faire une loi référendaire. C'est le modèle qui nous est
proposé.
Or, avant-hier, le ministre du PQ est venu au club Rotary à
Québec préciser la leçon qu'il voulait nous donner.
Évidemment...
M. Bédard: Le ministre fédéral.
Une voix: Le ministre du PQ ou le ministre
fédéral?
M. Fallu: Le ministre du PQ fédéral. M. Gratton:
Le ministre fédéral du PQ. M. Roy: C'est à n'y
rien comprendre.
M. Gratton: Comprenez-vous quelque chose dans l'assistance?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
Une voix: II s'appelle Marc Lalonde.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est difficile à
comprendre, parce qu'il nous aide énormément de ce temps-ci.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): II nous aide tellement de ce
temps-ci.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: II est plus clair que la loi, lui.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fallu: II est venu donc traduire exactement comment... Cela
pourrait justement nous servir de modèle pour un futur amendement qui
viendrait peut-être de la partie gouvernementale cette fois sur le
modèle de celui qui doit nous imposer, qui doit nous faire la
leçon de démocratie. (22 heures)
Donc, il ne faut surtout pas traiter de souveraineté-association
ou de statu quo. Parce qu'il faudrait opter, cela serait-il juste? Le projet de
loi permettrait même au gouvernement d'offrir trois options. Donc, c'est
le programme fédéral. Il pourrait offrir trois ou quatre choix,
de façon à scinder, disons, les forces de l'Opposition. Alors, le
projet fédéral, quant à lui...
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que l'amendement...
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Lavoie: À ma connaissance, le député de
Terrebonne est député au Parlement provincial...
M. Fallu: Je parle sur le oui et le non, et la pertinence de
l'inscrire dans une loi-cadre...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
M. Gratton: Ils ne savent plus quoi dire...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je reconnais M. le député de Jonquière sur
une question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'il y a un article de notre règlement qui demande aux
collègues de respecter le droit de parole que le député de
Terrebonne exerce actuellement. C'est très pertinent. Il parle du oui,
il parle du non, il parle de questions uniques; c'est justement dans le cadre
du sous-amendement. Je comprends que cela fait mal à l'Opposition, mais
qu'est-ce que vous voulez, je pense qu'il est normal que le
député de Terrebonne dise ces choses.
M. Lalonde: Question de règlement!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense qu'il y
aurait lieu, M. le Président, de rappeler à l'ordre les
députés de l'Opposition, même si les propos du
député de Terrebonne font mal.
M. Lalonde: Sur la question de règlement!
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Ciaccia: ... le journal des Débats va...
M. Lalonde: Le sous-amendement ne parle même pas du oui et
du non. Le sous-amendement ne fait que suggérer qu'on remplace les mots
"quel que soit l'objet du référendum ' pour le réduire
à un référendum qui serait plus constitutionnel.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comment se lirait
l'amendement tel que sous-amendé?
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole?
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Gratton: Voulez-vous qu'on parle du nouvel article qui serait
sous-amendé? Voyons donc!
M. Lalonde: II me semble que, si on peut parler de oui et non et
faire appel à un projet de loi d'une autre juridiction, à ce
moment, on s'éloigne de la pertinence. J'ai tout le temps. Si vous
voulez, on peut siéger jusqu'à minuit ce soir. Il me semble que
vous devriez quand même, M. le Président, maintenir le corridor de
notre délibération.
Le Président (M. Clair): Je peux disposer
immédiatement de la question de règlement. Je rappelle,
premièrement, à tous les membres de cette commission de bien
vouloir respecter le droit de parole des uns et des autres et, d'autre part, je
reconnais que le député de Terrebonne était dans la
pertinence du débat. M. le député de Terrebonne, vous avez
la parole.
M. Lalonde: Est-ce que vous pouvez m'expli-quer, s'il vous
plaît?
M. Fallu: De fait, je peux justement reprendre l'argument dans le
sens de la pertinence. Il s'agit, dans le cadre d'un référendum
constitutionnel... Il faut donc savoir quoi faire, comment poser des questions,
dans le cadre d'un référendum constitutionnel. Quelqu'un nous a
dit comment faire. Je m'applique donc à savoir si c'est ainsi qu'il faut
faire. C'est ainsi que, dans cette logique, dans cette pertinence, je
continuerai. Ainsi, notre collègue fédéral,
québécois de surcroît, nous dit que, dans son projet de
loi, dans le projet de loi fédéral, il peut être
nécessaire de poser plus d'une question; que, par exemple, on
pourrait...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Dans notre cas, l'amendement et le sous-amendement et
même si vous voulez parler de l'amendement, il n'est pas question de
plusieurs questions ici, dans le projet de loi no 92 soumis à
l'Assemblée nationale du Québec. Si on propose, dans un autre
gouvernement...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
M. Lavoie: Laissez-nous finir!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'ilvous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, c'est
un appel de votre décision...
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Gratton: ... du président de commission en herbe...
M. Lavoie: M. le Président...
M. Gratton: II ne l'est pas aujourd'hui.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): L'ex-président ne doit
pas s'énerver non plus.
Le Président (M. Clair): Si c'est bien moi qui suis le
président, vous allez d'abord respecter mon propre droit de parole et
vous adresser à moi. Je m'ennuie quand vous ne me parlez pas.
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je disais donc, en dehors de l'énervement du
député de Jonquière, que le projet de loi qui, à ma
connaissance, est devant l'Assemblée nationale, c'est le projet de loi
no 92. Nous en sommes à l'article 6. Il y a un amendement où on
pose une question qui appellerait un oui ou un non sur tout
référendum. Le député de Marguerite-Bourgeoys veut
limiter, et c'est l'objet de son sous-amendement sur les
référendums à but constitutionnel, qu'il y ait une seule
question, un oui ou un non.
Le député de Terrebonne nous parle d'un autre projet de
loi qui est devant un autre gouvernement, où il y a possibilité
de plusieurs questions. Mais ça, ça ne nous regarde pas. Dans
notre cas, on ne propose, autant dans le projet de loi no 92, dans l'amendement
et dans le sous-amendement, qu'une seule question. Je ne voudrais pas entendre
la possibilité de trois ou de quatre questions. Ce n'est pas le voeu
d'aucun membre de cette commission, M. le Président. Une question.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur ma question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
veux simplement porter à votre attention je ne veux pas faire
injure à votre compétence l'article vous le
connaissez 43, premièrement et surtout deuxièmement
où l'on dit que lorsque le président rend sa décision, il
indique ce qui la justifie et il n'est pas permis de la critiquer, ni de
revenir sur la question décidée. Il en est de même lorsque
le président décide de laisser l'assemblée se prononcer
sur une question.
Je pense, M. le Président, que vous avez jugé cette
question il y a quelques minutes.
Le Président (M. Clair): Je pense que je viens de
rendre...
M. Gratton: ... dire un mot sur la question...
Le Président (M. Clair): Je peux disposer
immédiatement... Si vous insistez pour éclairer le
président...
M. Gratton: Je n'insiste pas...
Le Président (M. Clair): ... je peux difficilement, mais
je suis en mesure...
M. Gratton: ... à condition que vous nous garantissiez que
vous allez nous donner raison.
Le Président (M. Clair): ... de disposer
immédiatement de la question.
Si vous voulez m'éclairer, allez-y!
M. Gratton: C'était tout simplement pour répondre
au député de Jonquière, M. le Président. Il y a eu
des propos échangés après la décision que le
président a rendue et c'est sur ces propos postérieurs à
la décision qu'on en appelle à nouveau, parce que le
député de Terrebonne ne veut pas rester dans la pertinence.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, premièrement, effectivement, le député
de Terrebonne, ayant à nouveau exercé son droit de parole, on
peut à nouveau soulever une question de règlement sur la
pertinence des propos qu'il vient immédiatement de prononcer et non pas
sur ceux qu'il aurait prononcés avant que je rende ma
décision.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Clair): D'autre part, en ce qui concerne
la question de règlement du député de Laval relativement
à la pertinence des propos du député de Terrebonne, le
sous-amendement dont il est présentement question, c'est celui de
remplacer les mots "quel que soit l'objet du référendum" par les
mots "dans le cas d'un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec".
Selon moi, c'est ma décision sur ce sujet le
député de Terrebonne faisait effectivement
référence à un projet de loi ou à des documents qui
sont présentement à l'étude devant un autre gouvernement,
que ce soit le gouvernement d'Ottawa ou le gouvernement d'Australie. La
pertinence de la question doit s'évaluer de la même façon:
Est-ce que, oui ou non, le député de Terrebonne parlait à
propos du sous-amendement, soit que les mots "quel que soit l'objet du
référendum" soient remplacés par "dans le cas d'un
référendum portant sur le statut constitutionnel du
Québec?"
Or, il m'apparaît qu'effectivement le député de
Terrebonne parlait d'une question relativement au statut constitutionnel du
Québec.
M. le député de Terrebonne, vous avez la parole.
M. Fallu: Merci, M. le Président. Je vous préviens,
M. le Président, que vous risquez d'avoir d'autres appels de même
nature. Je continue. Je dis donc, puisque je me suis opposé comme
vous le savez, on peut se le remémorer à l'amendement, de
la même façon je m'oppose au sous-amendement. Je continue donc. Je
rappelle donc qu'on nous a indiqué un certain Parlement, un
certain gouvernement in abstracto qu'il était possible de tenir
des référendums constitutionnels et qu'il fallait donc les tenir
sous des aspects multiples; entre autres, on pouvait poser plusieurs questions,
on pouvait demander, par exemple, s'il s'agissait de réformer le
Sénat, plusieurs questions pour savoir comment le réformer.
À ce compte-là, M. le Président, pour ce qui a
trait au cas de référendum de nature constitutionnelle au
Québec, on pourrait donc poser des questions multiples, pourvu qu'elles
se répondent par oui ou par non; toujours dans cette même logique.
Alors, pourquoi pas deux ou trois façons d'instaurer la
souveraineté-association, deux ou trois façons de restaurer la
Confédération, deux ou trois façons d'aménager le
statu quo. Cela ressemble étrangement, M. le Président si
vous me le permettez, c'est à titre de petite digression, je vous en
avertis d'avance à ces propos que l'on tenait jadis au
collège lorsque, à court d'idées sans doute, mais surtout
à la blague, on dissertait sur tout et rien pour le plaisir de pratiquer
le verbe. Alors, un de ces jours, on avait organisé un long concours sur
l'utilité du poil dans le mortier. Alors, on pourrait de la même
façon...
M. Samson: ... poil de vache. Les vaches qui regardent passer les
trains.
M. Fallu:... faire un référendum avec plusieurs
variantes. L'utilité du poil de chameau dans le mortier,
l'utilité du poil de vache dans le mortier, pour convenir à M. le
député de Rouyn-Noranda, ou l'utilité de la soie de porc
dans le mortier. Bref...
M. Samson: Les trains passent, mais les vaches demeurent.
M. Bédard: Vous êtes solidaire des vaches, que je
sache.
M. Samson: Je me désolidarise de votre gouvernement tout
de suite.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne, je vous invite à
vous limiter à la pertinence du débat. Je pense que la digression
a été assez longue.
M. Fallu: Oui, mon ex cursus est terminé, M. le
Président. C'était uniquement à titre de
référence historique. Je reviens donc au sujet. Nous avons
déjà indiqué notre intention que dans une loi-cadre on
n'indique pas de détails de telle nature, que dans une loi-cadre on
n'indique pas si les questions doivent être uniques, alternatives ou quoi
que ce soit, multiples ou autres. De la même façon, on n'indique
pas, dans une loi-cadre, une clause spécifique sur l'un ou l'autre
référendum qui pourra venir un jour au Québec, peu importe
la date. M. le Président, on est en train, par le biais d'une loi-cadre,
de transformer cela en loi spécifique, ce qu'on n'a
précisément pas le droit de faire ici à cette commission,
puisque cela va à l'encontre du principe même de...
M. Ciaccia: Vous contestez la décision du
président?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Le président a dit que c'était
recevable.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Les propos du député de Terrebonne vont complètement
à l'encontre de votre décision. Il prétend que ma motion
d'amendement va à l'encontre du principe du projet de loi, alors que
vous-même l'avez déclarée recevable. Vous avez reconnu
qu'un amendement qui fait référence à un
référendum sur l'avenir constitutionnel est parfaitement
recevable. C'est une décision que vous avez rendue.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne, si vous désiriez intervenir sur la recevabilité de la
motion de sous-amendement, vous auriez dû le faire au moment où je
l'ai indiqué.
M. Fallu: Je m'excuse, M. le Président, mon intention
n'était nettement pas, d'une façon rétroactive, de mettre
votre décision en doute. J'aurais plutôt dû dire, au
contraire... j'aurais pu, au moment de l'étude de la recevabilité
de la motion, soulever l'opportunité d'étudier une telle motion
dans le cadre d'une loi-cadre, puisque, de fait, cela ressemble pour le moins,
ou cela pourrait ressembler pour le moins à l'introduction d'un principe
de spécificité dans une loi-cadre.
M. le Président, je ne veux pas aller plus loin que cela pour le
moment, parce qu'il est entendu que l'objet même de l'article 6,
l'amendement et le sous-amendement, de mon point de vue je parle
évidemment à titre de député je ne pourrai
pas ici voter pour ce sous-amendement, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: C'est une question de règlement que je voulais
soulever, il me semblait, non pas me semblait-il, mais il y avait une entente
faite qu'on terminerait à 22 heures et d'après moi, il est 21 h
58. Ce serait le temps qu'on y pense.
M. Lavoie: II est 21 heures quoi? M. Grenier: 58 minutes.
M. Lavoie: II est 22 h 13.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, le président n'a pas pris connaissance de cette
entente actuellement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Effectivement, M. le
Président, j'avais consulté le député de Laval et
le député de Mégantic-Compton et, je m'excuse, le
député de Rouyn-Noranda et le député de Beauce-Sud
n'étaient pas ici à ce moment-là, sauf que je voulais
savoir s'il y avait possibilité, s'il y avait consentement, pour
terminer à 22 heures, faute de présenter une motion, ce
consentement avait été donné par le député
de Laval, il était d'accord, le député de
Mégantic-Compton également.
M. le Président, je ne sais pas si mes collègues seraient
d'accord...
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais suggérer, étant
donné que nous avons un nouveau parrain du projet de loi, à ma
connaissance, ce n'est pas le député de Terrebonne qui remplace
le député de Maisonneuve...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce que j'allais dire,
M. le député de Laval.
M. Lavoie:... j'aimerais bien avoir l'opinion du
gouvernement.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce que j'allais dire,
M. le député de Laval.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce que j'allais dire, c'est
que le ministre est le prochain orateur prévu sur la liste du
président...
M. Lavoie: Êtes-vous président de cette
commission?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je m'excuse, j'ai
demandé au président, M. le député de Laval.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'ai
l'impression...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je connais les...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous avions l'intention, M.
le député de Laval, M. le Président, par votre
intermédiaire, d'obtenir ce consentement ou de présenter une
motion d'ajournement immédiatement après que le ministre de la
Justice aura pris la parole.
M. Lavoie: On n'est pas pressés, nous. M. Vaillancourt
(Jonquière): D'accord.
M. Bédard: M. le Président, si on parle du
référendum sur l'avenir du Québec, sur le statut
constitutionnel du Québec, je voudrais préciser des choses et
j'espère qu'on n'aura pas besoin de revenir tout au long de la
discussion sur cette loi-cadre sur un référendum en particulier
et c'est normal que nous avons tous à l'esprit. M. le
Président, personnellement, ça fait vingt ans, je puis le dire,
que je fais des efforts au point de vue démocratie pour essayer de
convaincre mes concitoyens, tout en respectant les autres, que la voie de
l'avenir constitutionnel du Québec se situe dans la souveraineté
politique.
Je puis vous dire que je n'ai pas fait vingt ans d'efforts pour
appartenir à un gouvernement qui se permettrait de poser une question
sur l'avenir constitutionnel du Québec, une question ambiguë, une
question-piège, parce que je crois que les questions ambiguës
n'apportent jamais de réponses précises et c'est ce dont nous
avons tous besoin, les Québécois, d'une réponse
précise des Québécois, lorsqu'on parle du
référendum sur la souveraineté politique. (22 h 15)
Je ne crois pas non plus en une question-piège, au succès
d'une question-piège posée par un gouvernement, parce que les
questions-pièges se retournent toujours contre ceux qui les posent. Ce
serait, à mon sens, un manque fondamental de respect vis-à-vis
des Québécois qu'on veut consulter.
Par conséquent, je puis vous dire que j'ai la conviction
et ce sera une nécessité que concernant l'avenir
constitutionnel du Québec, le gouvernement pose une question, une
question j'irais même plus loin, une question unique, claire,
précise, qui amène une réponse précise de la part
des Québécois.
Cela étant dit, concernant l'amendement ou le sous-amendement qui
est fait par l'Opposition, qui est appuyé par les oppositions, je crois
quand même qu'on ne peut y donner suite, au point de vue gouvernemental,
étant donné que nous sommes, à l'heure actuelle, à
essayer ensemble de mettre au point une loi-cadre qui soit la plus correcte
possible, aux fins de consulter, aux fins de permettre à quelque
gouvernement que ce soit, de consulter les Québécois lorsqu'il le
jugera à propos.
Autrement dit, ce n'est pas une loi-cadre qu'on passe en fonction d'un
référendum précis que nous avons en tête et
c'est normal mais c'est une loi-cadre que nous passons et qui doit tenir
compte que notre gouvernement, d'autres gouvernements pourront utiliser cet
instrument démocratique, pour consulter la population.
Ce n'est pas une loi-cadre, lorsqu'on parle de l'avenir constitutionnel,
ou d'autre ordre de question, que nous passons et que nous allons jeter au
panier une fois que le référendum sur l'avenir constitutionnel du
Québec sera fait.
C'est dans ce sens-là qu'on ne peut pas dans une loi-cadre donner
suite à l'amendement présenté, de bonne foi, c'est
évident, par l'Opposition je me permets un exemple parce
qu'il se peut qu'un gouvernement, le nôtre ou un autre, puisse utiliser
cette loi-cadre pour consulter la population sur des questions
constitutionnelles, sur plusieurs questions constitutionnelles même.
À titre d'exemple, il se pourrait qu'après le
référendum sur la souveraineté politique, celui-ci ayant
été positif, nous l'espérons, d'autres ont une opinion
contraire, le gouvernement quel qu'il soit, se serve de cette loi
supposons un résultat positif sur le référendum de la
souveraineté politique pour consulter, ce qui serait normal, le
peuple québécois sur le genre de régime parlementaire
qu'il voudrait voir instaurer ici au Québec. Est-ce que ceux-ci
préféreraient cela pourrait faire l'objet d'un
référendum un système politique qui se rapproche du
système présidentiel américain ou du système
présidentiel français, ou encore sur un régime qui se
rapproche du système parlementaire britannique? Ce serait dans l'ordre
normal des choses de consulter les Québécois sur ces
hypothèses. Il ne faudrait quand même pas...
S'il fallait donner suite à l'amendement qui est proposé
par l'Opposition, à ce moment-là, nous nous condamnerions
à ce que les gouvernements qui suivraient, s'ils voulaient consulter,
seraient obligés, quand il s'agit de statut constitutionnel du
Québec, de faire un référendum avec une question unique,
avec une réponse obligatoirement qui soit un oui ou un non, alors qu'il
est clair que le gouvernement ne pourrait quand même pas faire trois
référendums sur le genre de système politique qu'on
voudrait, une fois la souveraineté acquise, à savoir un
référendum sur le fait que si les gens préfèrent le
système présidentiel américain, un autre
référendum sur le régime présidentiel
français. Si c'est non, à ce moment, un autre
référendum sur un système parlementaire britannique. Je
pense bien que ce n'est pas l'intention que poursuivent les oppositions. Je
voudrais rappeler, je sais que c'est peut-être difficile de le faire,
mais nous avons tous en tête un référendum qui est celui de
l'avenir constitutionnel du Québec le gouvernement l'a
annoncé qui doit se tenir à l'intérieur de ce
mandat. C'est normal que nous l'ayons en tête, mais, pour le moment, ce
que nous faisons, c'est de la mise au point d'une loi-cadre qui puisse se
révéler vraiment un instrument
efficace pour consulter la population du Québec. Dans ce sens, je
ne crois pas qu'on puisse donner suite, en toute logique, dans la logique d'une
loi-cadre, à l'amendement proposé de bonne foi par l'Opposition.
Je pense que, concernant le référendum spécifique sur
l'avenir constitutionnel du Québec, que nous avons en tête, je
n'ai pas besoin de répéter ce que j'ai dit au tout
début...
Le Président (M. Clair): S'il n'y avait pas...
M. Bédard: ... à savoir que cela devrait être
une question unique, que cela devrait se répondre par un oui ou par un
non.
M. Lavoie: Ce que je voulais dire au ministre, très
brièvement... Ce que nous proposons, c'est qu'il pourrait y avoir, comme
vous dites, deux ou trois questions, mais sur des sujets différents, qui
n'amènent qu'un oui ou un non. Vous ne pouvez pas dire à la
population: Faites votre choix entre quatre ou cinq formules. À quoi
cela mène-t-il? Dites: Un, deux, trois ou quatre, vos
préférences... À quoi cela mène-t-il? Quelle
décision pourrait prendre le gouvernement lorsque chacune des options
peut prendre 15%, 20% ou 25%?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, est-ce que c'est relativement au consentement, à
l'entente qui est intervenue...
M. Vaillancourt (Jonquière): À ce stade, je demande
à mes collègues si on peut appliquer le consentement, sinon, en
vertu de l'article 77, je ferais je ne fais pas encore motion
pour que la commission ajourne ses travaux sine die.
M. Lalonde: M. le Président, sans aller dans le formalisme
de la procédure, est-ce qu'on pourrait savoir pourquoi, en ce 1er juin
de l'ère de nos fins de travaux...
M. Bédard: II serait peut-être mieux que vous
parliez à votre leader. On en a discuté tous ensemble...
M. Lavoie: Je dois dire qu'il y a eu consultation pour ajourner
les travaux pas trop tard pour le premier soir.
M. Bédard: Si vous voulez aller jusqu'à...
M. Lavoie: On ne voudrait pas vous essouffler en partant. Si vous
voulez faire votre motion, on va ajourner les travaux.
M. Bédard: Vous allez vous rendre compte qu'on a beaucoup
de résistance.
M. Lalonde: M. le Président, c'est sérieux!
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous êtes
prêts à continuer, nous sommes prêts à continuer.
M. Lalonde: C'est sérieux! Maintenant, on va se voir
imposer un programme de travail très intense d'ici le 23 juin. Les
quelques heures qu'on pourrait perdre ce soir, on pourrait les ajouter
ailleurs. S'il y a de bonnes raisons, d'accord, je n'ai pas d'objection, pour
accommoder le député de Jonquière.
M. Bédard: Non, mais pardon!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
M. Bédard: Ce n'est pas une question d'accommoder...
Le Président (M. Clair): II m'apparaissait que les bonnes
raisons, c'était qu'il y avait eu un consentement, je ne sais pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
suis extrêmement surpris et je constate que le député de
Marguerite-Bourgeoys justement n'a pas participé à cette
consultation dont a parlé le député de Laval.
C'était tout simplement le premier soir que cette commission se
réunissait avec le ministre de la Justice, c'était un jeudi soir.
Il n'est pas dans notre intention je le dis, M. le Président, au
député de Marguerite-Bourgeoys de terminer à cette
heure à tous les soirs. Par contre, si les députés veulent
continuer à travailler, le parti ministériel est disposé
à travailler jusqu'à minuit, heure où le règlement
nous dit d'ajourner nos travaux, mais pour respecter cette consultation que
j'avais faite au nom du ministre à ce sujet...
M. Lalonde: ... le désir du ministre...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est pour ça que je
l'offrais.
M. Lalonde: ... c'est sa première...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas le désir
du ministre, c'était le désir et de l'Union Nationale et
de...
M. Grenier: Je pense qu'il faut cesser de se lancer la pierre
d'un bord et de l'autre. Ce n'est pas parce qu'on va ajourner à 10 h 30
que ça dépend du ministre, de l'Union Nationale ou des
Libéraux. Il y a eu une consultation tout à fait normale qui a
été bien faite, je pense, comme ce doit être fait
régulièrement et il y a eu un consentement donné de notre
part, de la part des gens qui sont arrivés plus tard, M. le
député de Beauce-Sud et M. le député de
Rouyn-Noranda, du gouvernement et des députés libéraux. Je
ne vois pas pourquoi on n'ajournerait pas immédiatement.
M. Bédard: Disons, M. le Président, que c'est une
question d'amendement. Je le dis très sincèrement. Si les
députés veulent poursuivre les travaux jusqu'à minuit, je
suis disponible.
Le Président (M. Clair): Alors, je comprends qu'il y a
consentement unanime pour qu'on ajourne...
M. Ciaccia: ... c'est du "double talk", et c'est pour ça
que ça nous a amenés à faire cette intervention.
Le Président (M. Clair): ... immédiatement les
travaux de cette commission sine die.
La commission permanente de la présidence du conseil...
M. le député de...
M. Lalonde: M. le Président, une seconde! Une
information.
Est-ce qu'il y a eu un avis à la Chambre pour la prochaine
séance de cette commission?
Le Président (M. Clair): Non. On ajourne sine die.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 26)