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Etude du projet de loi no 92
(Onze heures et cinquante et une)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
est réunie pour continuer l'étude article par article du projet
de loi 92, Loi sur la consultation populaire.
Les membres de la commission sont M. Bé-dard (Chicoutimi), M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Beauséjour (Iberville);
M. Charbon-neau (Verchères) remplacé par M. Fallu (Terrebonne);
M. Clair (Drummond) remplacé par M. Dussault (Châteauguay); M.
Garneau (Jean-Talon^ remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Paquette (Rosemont)
remplacé par M. Gravel (Limoilou); M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond)...
M. Grenier: II a été remplacé par M.
Fontaine de Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Dussault (Châteauguay), M. Guay
(Taschereau), M. Lavoie (Laval) remplacé par M. Gratton (Gatineau); M.
Lé-vesque (Taillon) remplacé par M. Vaillancourt
(Jonquière); M. Morin (Louis-Hébert), M. Raynauld (Outremont)
remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal).
L'émission des brefs
Au moment où nous avons ajourné nos travaux, vendredi
dernier, nous en étions rendus à l'étude de l'article 13.
J'appelle donc immédiatement l'article 13.
M. Bédard: M. le Président, il n'y a pas de
remarque quant à nous.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Nous trouvons, M. le Président, que le
délai pour rémission des brefs, soit les vingt jours qui suivent
celui où l'Assemblée nationale du Québec a approuvé
la proposition visée à l'article 7 ou le projet de loi
visé à l'article 9, est un peu serré. Il faut se mettre au
point de vue pratique. Une fois que la question est adoptée, il y a la
formation des comités provisoires et des comités
définitifs. Je pense bien que le ministre de la Justice voudrait qu'il
se transpose, même si on n'a jamais vécu cette expérience
c'est la première fois qu'on va la vivre et surtout dans
l'hypothèse que les comités nationaux restent tels quels, cela
voudrait dire que durant ce court délai de 20 jours, chaque
comité, prenons l'hypothèse la plus sim- ple, un comité du
oui et un comité du non, en plus de toutes les formalités
prévues à la loi, l'adoption des règlements,
l'élection d'un président et surtout la rédaction des
règlements définitifs... Si, durant ce même délai de
20 jours, il y a demande d'un côté ou de l'autre de 50, 75 ou 100
groupes, comités de citoyens, organismes, qui veulent participer
à la campagne référendaire, pouvez-vous réaliser
que pendant ces 20 jours-là il peut arriver que le Parti libéral
soit obligé d'avoir des rencontres. On ne sait pas encore si l'Union
Nationale fera partie du oui ou du non, mais si jamais c'est du non... Le
Ralliement créditiste, c'est un peu plus clair sa position...
M. Samson: Nous, cela va être peut-être bien.
M. Lavoie: Une qui peut être assez obscure, c'est celle du
député de Beauce-Sud. On ne le sait pas vraiment...
M. Bédard: ...
M. Samson: M. le Président, je suis obligé de
clarifier les propos que vient de tenir le ministre.
M. Bédard: Je l'ai dit en souriant, M. le
Président, je tiens à ce que ce soit au journal des
Débats.
M. Samson: Je clairfie, M. le Président, que ce n'est
sûrement pas du côté du gouvernement.
M. Grenier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton, sur une question de règlement.
M. Grenier: C'est parce que ce qui est dit sur un ton...
M. Bédard: Un non avant de savoir la. question.
M. Grenier: ... un peu badin ... le journal des Débats
n'enregistre pas les tons sur lesquels c'est dit. Je ne voudrais pas laisser
passer au journal des Débats ce qu'a soulevé le
député de Laval et bien faire savoir à cette commission
que les positions pour nous étaient claires. Celle de M. Biron
était claire, comme celle de M. Ryan, qui a été reprise
une trentaine de jours plus tard, M. Ryan ayant dit qu'il voterait possiblement
oui lui aussi, tout dépendrait de la question. Si c'est pour plus de
pouvoir à la province, il serait pour cela lui aussi. Si c'était
pour plus d'autonomie, il serait pour cela aussi. Nous aussi nous avons
répondu la même chose. On a dit, nous aussi, que si la question
devait porter sur la séparation du Québec ou
l'indépendance, on serait contre. C'est pas mal clair dans l'esprit des
gens.
M. Lavoie: Très bien, on vous remercie.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Une autre hypothèse serait que la question
prévoie la séparation du Québec du Canada. Selon cette
hypothèse, d'après les propos du député de
Mégantic-Compton, il y aurait...
M. Bédard: M. le Président, question de
règlement. Nous sommes dans une loi-cadre.
M. Lavoie: Oui, mais je fais...
M. Bédard: II ne faudrait pas discuter d'un
référendum en particullier.
M. Lalonde: Vous n'allez pas revenir encore avec cela pendant
deux semaines.
M. Samson: Ce n'est pas une loi-cadre, c'est une loi
encadrante.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je fais une simulation. Pendant ce temps-là,
pendant ces 20 jours-là...
M. Bédard: Revenons au sérieux.
M. Lavoie: ... vous êtes-vous imaginé qu'il pourrait
arriver, on a même eu des conversations privées dont je peux faire
état, sans briser cette confidentialité. C'est que la Commission
des droits de la personne propose une autre avenue, des comités
associés. Même avec les comités associés, pendant
ces vingt jours, il va falloir qu'il y ait des rencontres, des
négociations, une espèce de comité paritaire, si vous
gardez l'opinion de la Commission des droits de la personne, parmi les fonds
disponibles permis du comité du oui ou du non.
Si c'est l'hypothèse de la rédaction de la loi actuelle,
il va falloir déterminer le budget possible de $2 millions que pourra
dépenser l'un ou l'autre des comités, quel montant sera
alloué à chacun des organismes parmi 50, 75, 100, 125 organismes,
la Chambre de commerce de Val-d'Or, ou le comité de citoyens de
Missisquoi, Action positive, Décision Canada, Rallye Canada, Mouvement
national des Québécois, on sait qu'il y en a beaucoup, Mouvement
national, M... vous le connaissez mieux que moi? Mouvement...
M. Bédard: MNQ?
M. Lavoie: Mouvement national des Québécois et il y
a l'autre aussi, les Sociétés Saint-Jean-Baptiste et autres.
M. Bédard: Les Sociétés
Saint-Jean-Baptiste.
M. Lavoie: Comment pouvez-vous pendant ces vingt jours, comment
serait-il possible...
Une Voix: L'Ordre de Jacques-Cartier.
M. Lavoie: ... durant ces vingt jours, d'intégrer ces gens
au débat public, à la campagne publique du
référendum, soit d'un côté ou de l'autre? Je pense
que ce n'est pas tout à fait réaliste, ces vingt jours. Nous
aurions un amendement à faire pour porter ce délai à 60
jours ou peut-être à 45 jours. On est ouvert à la
discussion.
M. Bédard: M. le Président, à bon droit, le
leader de l'Opposition...
M. Lavoie: J'en fais une motion, 45 jours. (12 heures)
M. Bédard: ... a fait état de certaines discussions
que nous aurions pu avoir, où le leader de l'Opposition m'a
mentionné certaines des difficultés qu'on pourrait prévoir
au niveau de l'ajustement, étant donné le délai qui est
imparti. Non seulement j'ai imaginé ce que pourrait être la
situation, mais j'y ai bien réfléchi et je ne crois pas, quand
même, qu'il faille allonger ce délai. Car il ne faut pas oublier
qu'à partir du moment où le début du processus va
être enclenché, jusqu'à ce que la question ou encore le
projet de loi soit au terme de son étude, il va se passer un
délai quand même très raisonnable c'est le moins
qu'on puisse dire de deux ou trois semaines, peut-être même
plus, avant que ce processus parlementaire ne soit rendu à terme, ce
qui, déjà, donne la possibilité aux tenants d'un
comité national, que ce soit l'un ou l'autre, de pouvoir mettre en place
les mécanismes de fonctionnement de leur comité et les
règlements qui vont leur permettre de déterminer le
fonctionnement tout au long de la campagne référendaire.
J'ajouterais à ceci et je demanderais que le leader de
l'Opposition soit attentif que non seulement il y a le délai qui
va être donné a chacune des parties, à partir de
l'enclenchement du processus, mais il ne faut pas oublier qu'à partir du
moment où on adopte cette loi-cadre, déjà nous savons
quelles sont les règles du jeu. C'est assez facile, et c'est même
indiqué, dirais-je pour chacune des parties, de réfléchir
sur le genre de réglementation qu'elles pourraient mettre au point si un
référendum était déclenché par le
gouvernement.
Déjà, au moment où on se parle parce qu'on a
fait allusion à un référendum en particulier
chacune des parties en cause est à même d'identifier, presque
à 80%, quels pourraient être les groupes qui pourraient se
joindre, d'un côté ou de l'autre.
M. Lavoie: Si le député le permet, vous voyez la
difficulté que cela présente lorsqu'on ne connaît pas la
question. Même si on connaît les règles du jeu, I Union
Nationale ne sera pas prête à s'associer au Parti libéral
sans connaître la question. On va être dans le vide.
M. Bédard: On ne sait pas d'avance. Ni le gouvernement, ni
l'Opposition ne sait d'avance, à 100%, quels seront les groupes qui vont
se joindre
au comité, mais on peut quand même déjà
facilement imaginer une bonne partie de ceux qui vont s'inscrire d'un
côté ou de l'autre.
M. Lalonde: Ne devrait-on pas être un peu plus large pour
une loi-cadre? Est-ce que vous parlez du référendum
particulier?
M. Bédard: Non, j'ai fait une remarque simplement
sur...
M. Lalonde: Ce n'est pas bien bon dans une loi-cadre.
M. Bédard: J'ai bien dit que je parlais d'un
référendum en particulier simplement pour référence
au leader de l'Opposition qui en avait fait état. Je ne veux quand
même pas que ce soit un dialogue de sourds. C'est pour cela que j'y ai
fait référence.
M. Gratton: ... vous entraîner là-dessus...
M. Bédard: Mais ce qui est le plus important non,
vous ne m'entraînerez pas longtemps je pense, c'est qu'à
partir du moment où nous mettons en place une loi-cadre c'est
là qu'on voit toute l'importance d'une loi-cadre
déjà, une grande partie des règles sont fixées et
chacun peut s'ajuster en conséquence. Je ne verrais pas, M. le
Président, qu'il y ait lieu d'augmenter le nombre de jours, soit vingt,
qui est prévu dans la loi. Au contraire, nous avions l'intention, du
point de vue gouvernemental, de diminuer ce nombre de jours. Après les
discussions que j'ai eues avec le leader de l'Opposition et avec d'autres
aussi, on a cru indiqué de laisser ce nombre-là à
vingt.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à la suite de
cette réponse du ministre, j'aimerais rappeler qu'il y a de
déposé actuellement une motion d'amendement en bonne et due forme
par le député de Laval dans le but de remplacer, à
l'article 13, dans la première ligne du premier alinéa, le mot
"vingtième ' par le mot "quarante-cinquième" et que,
dorénavant, nous allons débattre de cette motion d'amendement que
je juge recevable.
Le président a reçu une copie de cette motion; est-ce que
les membres en ont eu une?
M. Grenier: "quarante-cinquième" au lieu de...
Le Président (M. Clair): Etant donné qu'il n'y a
pas d'intervenant sur cette motion, cette motion d'amendement...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... on attendait de voir si, du côté
ministériel on aurait des explications plus limpides que celles du
ministre. Il nous répète depuis deux semaines qu'aucun amendement
ne peut être admis dans ce projet de loi, qui changerait le
caractère de loi-cadre de la loi. Voilà qu'à peu
près la seule justification qu'il a apportée à son
nième refus d'un amendement de l'Opposition. J'admets qu'il
référait à l'argument du député de Laval
aussi dans sa réponse, c'est que dans le cas du référendum
sur l'avenir constitutionnel du Québec, les positions sont relativement
prises, les opinions sont assez polarisées, et que 20 jours seraient
suffisants pour permettre à ces groupes de se réunir sous un
comité-parapluie, étant donné que c'est justement la
difficulté soulevée par les articles 21 et suivants qui inspire
l'amendement du député de Laval. S'il n'y avait pas de
comité-parapluie, s'il n'y avait pas obligation de réunir des
groupes qui sont disparates de par leur organisation, leur origine, leur
fonctionnement, le délai de 20 jours réapparaîtrait
amplement suffisant.
J'aurais espéré que le gouvernement se rappelle ce qu'il
nous a répété depuis deux semaines, à savoir qu'il
s'agit d'une loi-cadre et que dans le cas peut-être du prochain
rendez-vous référendaire, à savoir l'avenir
constitutionnel du Québec, il est possible que les positions soient
assez bien identifiées, quoiqu'on ne connaisse pas encore la
question.
Dans le cas d'un référendum sur un autre sujet très
controversé, que l'on parle de l'avortement, par exemple, qui fait appel
à tout un bagage de valeurs pour chacun d'entre nous, à ce
moment, on serait soumis aussi au comité-parapluie, aux dispositions des
articles 21 et suivants. Le cas échéant, lorsque le gouvernement
voudrait consulter la population sur un sujet aussi controversé
il ne s'agit pas, en particulier, de l'avortement actuellement, étant
donné que c'est une question de droit criminel, mais pas
nécessairement du droit criminel, c'est criminalisé actuellement,
mais on cherche à la décriminaliser, de toute façon
il serait fort possible que le gouvernement, même dans l'état
actuel de la constitution, ait à consulter la population sur un tel
sujet... mais c'est un exemple. Il peut y avoir d'autres questions qui,
justement, soient tellement subjectives dans les réponses que la
population peut leur apporter que le gouvernement désire s'affranchir de
la responsabilité d'en décider et en réfère
à la population.
C'est justement le sort de l'article 21 qu'on retrouve à
l'article 13, le vingtième jour. Immédiatement après la
question, en moins de trois semaines, on déclenche tout le processus du
référendum. Les délais sont extrêmement courts pour
former le comité parapluie et on n'a peut-être pas donné
suffisamment de temps... Peut-être qu'on en a donné suffisamment.
En fait, et de l'autre côté et de ce côté-ci, on
tente de disserter à propos de concepts qu'on n'a jamais vécus,
qu'on n'a jamais mis en application. Mais dans le cas de doute, pourquoi ne pas
jouer atout? Comme on dit en anglais: "When in doubt, play trump".
On est dans le doute ici concernant le réalisme des délais
qui sont inscrits à l'article 13. Pourquoi ne pas les allonger? On
n'ajoute pas
d'éléments, je dirais, d'incertitude ou de... On ne fait
que donner plus de chance aux gens. On ne réduit pas leur
liberté. Au contraire, on leur en donne un peu plus, parce qu'ici, leur
liberté de s'associer est inscrite dans le temps, les chances qu'ils
vont avoir que les associations en-dessous des comités parapluies soient
heureuses, soient faites conformément à la liberté de
chacun. C'est dans ce vingtième jour qu'on mesure cette liberté.
Pourquoi ne pas allonger le délai? Pourquoi ne pas donner plus de chance
aux gens? C'est ça, au fond, qu'on demande.
M. Bédard: Je ne crois pas qu'on doive le voir sous
l'angle de la liberté. Quand même, il ne faut pas employer
à tous les arguments... Il ne faut quand même pas oublier
qu'à partir du moment... je dirais plus, à partir du moment
où cette loi est votée, déjà, on connaît les
règles du jeu au cas où un référendum se tiendrait.
C'est quand même un délai au-delà des 40 jours et de toute
extension de délai que vous pouvez imaginer. On connaît
déjà les principales règles du jeu, et il y a la
possibilité de s'ajuster. Déjà, on peut penser à ce
que pourrait être une réglementation valable. Je ne vois vraiment
pas pourquoi il y aurait lieu d'étendre ce délai.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, j'ai deux arguments qui,
à mon avis, militeraient en faveur non seulement du fait qu'on ne doive
pas allonger cette période, mais peut-être même qu'on doive
la raccourcir, pour au moins la maintenir.
M. Lavoie: Vous faites un amendement pour remettre cela à
trois jours.
M. Fallu: Cette période de vingt jours est
consacrée essentiellement à la ratification des comités
nationaux, à leur encadrement et, notamment, à la
définition du mode de financement. C'est à ce moment-là
que se feront, par le biais du directeur général des
élections, les convocations de réunions de comités et la
délimitation des fonds publics qui seront mis à leur
disposition.
Ce délai j'allais dire a intérêt
intérêt du point de vue du public à
être le plus bref possible puisque, à ce moment-là, la
question est connue, donc la motion est adoptée ou encore la loi est
adoptée en troisième lecture et elle n'est pas encore
sanctionnée. Donc, le processus référendaire, au sens
strict du terme, est enclenché pour de bon. On sait vraiment la question
ou encore on connaît parfaitement le texte de la loi.
On est en pleine campagne référendaire, si on veut; c'est
vraiment le début de la campagne référendaire au sens
juridique du terme. Or, pendant ces vingt jours, il n'y a aucun contrôle,
notamment le contrôle des dépenses, et l'esprit du projet de loi
soutient, entre autres, qu'un référendum doit se tenir dans les
meilleures conditions d'équilibre notamment d'équilibre
financier possible. On se trouve, justement, dans cette période
de flottement qui a intérêt pour le public à être la
plus courte possible puisque, pendant ces vingt jours, il n'y a aucun
contrôle des dépenses des comités appelons-les
encore préréférendaires.
Le deuxième argument, M. le Président. Quand on regarde ce
qui s'est passé concrètement lors d'un référendum
sur lequel, jusqu'à un certain point, on entend prendre modèle
c'est le référendum britannique de 1975; M. le
député de Laval va peut-être contester certains aspects du
modèle sur lequel on prend école... Mais il y en a un, à
mon avis, qui est peut-être moins contestable; c'est la chronologie du
déroulement de ce référendum. On constate, entre autres,
que l'arrêté en conseil, qui complétait les arrangements du
projet de loi, intervient le 14 mai 1975, c'est-à-dire 22 jours avant le
scrutin. Au sens référendaire du terme, c'est à ce
moment-là que toutes les dispositions étaient mises en place pour
le référendum britannique. C'est donc 22 jours avant le scrutin.
(12 h 15)
Or, il faut bien le savoir si on examine rétroactivement le
processus référendaire qui s'est enclenché en Europe, les
comités référendaires ont commencé à se
définir des mois enfin de cinq à six mois avant que
le scrutin n'ait lieu lui-même. Je dirais que c'est un peu le même
modèle qui est mis en place ici comme le ministre disait
tantôt à 80%. Il y a déjà des gens qui ont
tendance à se regrouper; il y a déjà des gens qui ont des
comités préréférendaires depuis au moins cinq mois
alors que la loi-cadre, elle, n est pas encore adoptée, encore moins la
motion à laquelle chacun fait référence.
M. Lavoie: Est-ce que je peux dire au député que
nous n'aurions aucune objection à 20 jours s'il n'y avait pas
l'obligation de faire partie des comités nationaux? En Angleterre, il
n'y avait pas d'obligation de faire partie des comités nationaux. Tous
les autres groupements pouvaient agir indépendamment, ils
n'étaient pas obligés de s'intégrer. Nous soulevons la
difficulté parce qu'il y a une obligation stricte, à tous les
groupes au Québec qui veulent participer, de s'intégrer. Ils
n'ont que 20 jours pour accepter, pour discuter de leur participation et de la
réglementation. S'il n'y avait pas obligation stricte de se grouper, on
adopterait les 20 jours. On trouve cela raisonnable. C'est l'exemple de
l'Angleterre. Il n'y a pas eu de difficulté en Angleterre parce qu'il
n'y avait pas l'obligation de faire partie des groupes.
M. Fallu: Je retourne l'argumentation en reprenant celle du
ministre tout à l'heure, à savoir que les règles du jeu,
le cadre, seront donnés par une loi-cadre justement, celle que nous
étudions présentement. C'est-à-dire que, bien avant que
toute motion soit même présentée en Chambre par le premier
ministre ou que tout projet de loi soit déposé en première
lecture, on connaît déjà le cadre général de
fonctionnement. On connaîtra, tant au niveau des fonds disponibles qu'au
niveau
de la mécanique de la formation de comités, tant
également les montants qui seront permis à un individu seul de
dépenser... L'ensemble des règles du jeu sera connu. Au moment
où la question sera déposée en Chambre ou que le projet de
loi sera lu une première fois, immédiatement, le travail de
regroupement, puisque les éléments seraient, à partir de
là, très clairs, pourrait se faire. Je n'ai pas analysé le
projet de loi complètement sous cet aspect, mais j'imagine que, pour le
moins, cela donne plus de 50 jours avant le début du
déclenchement de la période, j'allais dire électorale ou
référendaire. Donc, au-delà de ces 20 jours, il y a,
à partir du dépôt de la motion en Chambre ou du
dépôt du projet de loi, l'équivalent de cette
période de 20 jours. Il ne faut pas se faire d'illusion puisque,
dès l'énoncé de la motion, les partis sauront à
quoi s'en tenir, sauront donc l'enjeu du référendum.
M. Bédard: Permettez-moi d'ajouter l'importance qu'on doit
attacher et qu'attachent d'ailleurs les partis d'Opposition au respect du
principe du contrôle des dépenses. Je pense que, là-dessus,
on est tous d'accord que les dépenses doivent être
contrôlées. Il ne faut pas oublier que, non seulement il n'y aura
pas de contrôle durant une période de 20 jours c'est quand
même une période importante mais, à partir du moment
où la motion sera introduite à l'Assemblée nationale
c'est la même chose pour le projet de loi et dont la
discussion peut prendre deux, trois semaines, il n'y aura pas de contrôle
là non plus. Alors, il faut être conséquent avec un
principe sur lequel nous sommes tous d'accord, à savoir le
contrôle des dépenses. Il ne faudrait pas qu'un
référendum ayant été décidé, une
consultation populaire ayant été décidée, il y ait
durant cette période plus de temps où les dépenses ne font
l'objet d'aucun contrôle que de temps où il y a un contrôle.
Le seul temps où il y a un contrôle, c'est la période
d'émission des brefs, à partir de là, et la période
préréférendaire qui se situe de 28 à 35 jours,
alors que, déjà, là, on a 20 jours où on sait que
les dépenses ne seront pas contrôlées, il faut y ajouter
tout le temps que prendra la discussion, soit de la motion introduisant une
question ou un projet de loi, je pense qu'à un moment donné, il
faut être conséquent.
Il ne faut pas, d'avance, accepter une situation qui fait qu'il y a plus
de temps où les dépenses ne sont pas contrôlées que
de temps où elles le sont effectivement.
Je ne dis pas que, du point de vue de la mécanique, les arguments
de l'Opposition ne portent pas à réflexion, que le délai
obligera sûrement chacune des parties à en faire quand même
rapidement, en termes d'organisation. Il ne faut pas oublier que, les
règles du jeu étant connues déjà en grande partie,
à partir de l'adoption de ce projet de loi, il y a lieu pour chacun de
commencer à prévoir au niveau de la réglementation, ce qui
est très facile.
M. Lalonde: M. le Président, je ne vois pas.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le ministre essaie de concilier l'objectif de
contrôle avec, d'un autre côté, les contraintes qu'il a
lui-même imposées à l'article 21. On veut être
conséquent, on a enlevé la liberté des gens de s'associer
comme ils le voulaient, on les a obligés à s'associer sous le
même parapluie et voilà ce qu'on en récolte. On en
récolte cette obligation, pour être conséquent, d'imposer
d'autres contraintes.
Si on était conséquent, on commencerait à
contrôler...
M. Bédard: On discutera des contraintes à l'article
21.
M. Lalonde: ... les dépenses à compter du moment du
dépôt de la loi ou de la question. Parce que, si on veut
réellement contrôler, si on veut prendre réellement les
Québécois pour des gens qui vont vouloir, de toute
évidence, frauder le système et s'adonner à des orgies de
dépenses, si on prend les Québécois pour des
crédules à ce point qu'ils vont vendre leur vote au plus offrant
lors du référendum qui va décider...
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, c'est ça, c'est de
ça dont on parle.
M. Bédard: Ce n'est pas ce que nous disons, franchement.
Le député de Marguerite-Bourgeoys fait toujours des procès
d'intention.
M. Lalonde: Aussitôt que le ministre a commencé
à parler de contrôle de dépenses...
M. Bédard: Ce n'est pas discutable avec lui.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous plaît,
messieurs!
M. Lalonde: Aussitôt que le ministre a commencé
à parler de contrôle de dépenses, c'est à ça
qu'on s'attache. Fatalement. Si on laisse un congé, la porte ouverte
pour vingt jours...
M. Bédard: La Charte des droits et libertés de la
personne est d'accord avec le contrôle des dépenses.
M. Lalonde: Un jour, oui. M. le Président, est-ce que j'ai
le droit de parole?
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Lalonde: Présentement, je me demande si j'ai droit de
vote.
M. Bédard: Elle a autant à coeur que vous le
respect des droits et libertés des individus.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, si vous voulez
ajouter ou corriger des choses déjà dites,
vous pouvez exercer votre droit en vertu de l'article 96. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: D'accord.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre parle du
contrôle des dépenses, il dit que c'est la raison pour laquelle
non seulement on devrait conserver le mot "vingtième" à l'article
13, mais on devrait, il l'a indiqué, cela aurait même
été l'intention du ministre et le député de
Terrebonne abondait dans le même sens, on aurait espéré
même le raccourcir. Pourquoi? Justement pour raccourcir la période
de temps où on va pouvoir dépenser sans contrôle.
Mais soyons conséquents et enlevons-la. Je ne vois pas quel est
le principe qui milite en faveur du maintien de cette période d'orgies,
où, à compter du dépôt de la question, pendant les
deux ou trois semaines de débat, pendant les vingt jours de
congé, d'orgies, les Québécois pourront vendre leur vote,
d'après la philosophie du gouvernement, sur le référendum.
A ce moment-là, il faudrait, puisque le ministre a plaidé la
conséquence, être conséquent au point d'imposer tout
contrôle, tout l'appareil gigantesque de contrôle des
dépenses référendaires à compter du
dépôt de la loi, du dépôt de la question.
Alors, quelle est la raison pour laquelle on plaide d'un
côté, qu'il faut contrôler et de l'autre côté,
qu'il faut laisser un congé d'orgies d'à peu près cinq
semaines, deux ou trois semaines pour le débat, plus que ça, et
encore vingt jours pour la période prévue à l'article 23.
Alors, qu'on ne me parle pas de conséquence là-dedans. Si on est
conséquent, on le serait au point où on enlèverait la
liberté des gens de s'exprimer, de s associer à compter du moment
où le gouvernement a décidé de leur imposer une question,
si on était conséquent. Alors, plaidons autre chose.
Je pense que le plaidoyer du ministre, à ce moment-ci, est tout
à fait irrecevable. Qu'on ait autre chose, qu'on plaide autre chose, je
ne sais pas quoi. J'ai demandé qu'on nous assure qu'on va donner de la
liberté à l'article 21. A ce moment-là, l'article 13
devient tellement secondaire, marginal, qu'on peut le laisser à la 20e,
à la 18e. à la 21e. cela a moins d'importance.
Mais on n'a eu aucune assurance que les comités-parapluies seront
élargis, que les dispositions des comités nationaux seront
élargies pour redonner un peu de liberté aux gens de s'associer
et de s'exprimer comme ils le veulent.
C'est pour cela que le plaidoyer de conséquence du ministre est
parfaitement irrecevable.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, ce délai de vingt jours
est inscrit comme une garantie de liberté. S'il n'y avait pas le premier
paragraphe de l'article 13, qui assure un minimum, c'est un minimum et un
maximum, puisque c'est un délai de vingt jours garanti au minimum, cela
pourrait l'être davanta- ge, selon que les vingt jours tomberaient en
fonction d'un calcul de temps référendaire de 28 à 35
jours, cela pourrait être du 20e ou du 23e ou du 24e jour, il y a un
certain ballotement possible, imaginable, strictement en termes
d'échéancier de réalisation d'une période
référendaire. D'un.
De deux, s'il n'y avait pas cette garantie minimale, on n'aurait que
l'article 21, c'est-à-dire qu'on aurait une garantie de sept jours.
Cette garantie de sept jours assurée ferait que les comités
nationaux devraient trouver du temps pour faire leur accord entre eux, à
même la période référendaire, c'est-à-dire
à l'intérieur des vingt-huit ou des trente-cinq jours, à
la limite. A ce compte-là, il y aurait encore moins de temps pour le
faire.
Quand il y a émission de brefs, par exemple, comme on l'a eu la
dernière fois, le 18 octobre, le jour même de l'émission
des brefs, on annonce, le 18 octobre, que l'élection aura lieu le 15
novembre. Mais on ne donne pas de préavis aux partis politiques pour se
mettre en forme, se réchauffer, faire une campagne de souscription, voir
à mobiliser leurs troupes ou quoi que ce soit. C'est bien
évident. Il y a donc une période qui est fixe.
En l'occurrence, dans le domaine référendaire, on donne un
préavis, dirais-je, d'un minimum de 20 jours, pour pouvoir faire le
regroupement, voir à déterminer les comités de
financement, voir à pratiquer, j'allais dire, la mise en place des
organisations, voir à contacter les radios, les
télévisions, les journaux régionaux, les journaux
nationaux, pour réserver de la publicité, voir à
réserver des baux de location de locaux, etc. C'est un minimum de 20
jours, c'est au moins ce minimum de 20 jours.
Je pense que, contrairement à l'action électorale, qui,
elle, est très encadrée, dès l'émission des brefs,
tout est parti. Il reste aux partis à deviner, y compris le parti
ministériel souvent, puisque c'est une prérogative du premier
ministre, quand pourrait éventuellement se tenir une élection. On
mise, pour ainsi dire, sur une date potentielle d'émission de brefs.
Vous savez comment il arrive de précampagnes électorales ou de
vents de campagnes électorales qui finissent par ne pas avoir lieu.
Il y a ici des garanties qui sont supplémentaires. Je pense que
c'est justement pour favoriser cette liberté, la liberté des gens
de se donner le temps de se regrouper, d'orchestrer leur campagne et, pour le
moins, 20 jours après, la campagne démarre. Je pense que ce sont
des conditions absolument idéales.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda. (12 h 30)
M. Samson: Quelques mots là-dessus. M. le
Président. Si on pouvait savoir que. plus loin au cours de la discussion
de ce projet de loi. il y aurait des modifications aux fameux comités
nationaux, des modifications sous toute réserve que ce soit acceptable,
bien sûr. A ce moment-là, l'article 13. tel qu'il apparaît
au premier alinéa.
avec ses vingt jours, ne soulèverait pas tellement d'objection.
Mais, comme on ne sait pas encore, que le gouvernement n'a pas affiché
les différentes possibilités de modifications quant aux
comités nationaux, il y en aura, je le pense et je l'espère...
Mais, en tout cas, pour le moment, on ne peut pas présumer, on n'a pas
eu de réponse là-dessus, et comme on n'a pas eu de réponse
là-dessus, il faut donc présumer qu'il faut s'en tenir aux
comités nationaux dans leur forme proposée et, dans la forme
proposée, il y a des dangers qui sont assez évidents que l'on
demande à plusieurs partis politiques de se regrouper sous un de ces
comités nationaux et d'élire un président, de nommer un
représentant officiel, de se faire des règlements. Pour tout
cela, il y a vingt jours pour faire cela, parce qu'évidemment, une fois
que la question est connue, on peut savoir qui peut se regrouper avec qui,
mais, tant que la question n'est pas connue, cela demeure abstrait. Une fois
que la question serait connue...
M. Bédard: Vous me permettez, M. le député
de Rouyn-Noranda, il ne faut pas oublier non plus que, pour ce qui est de la
question ou encore du projet de loi, c'est bien avant qu'il sera connu, parce
que, dès que la motion sera présentée en Chambre, du point
de vue du gouvernement, déjà au moins trois semaines avant ce
délai de vingt jours, ou peut-être plus, tous les parlementaires
et la population sauront quelle est la question, quel est le projet de loi
où est incluse également la question.
M. Samson: Je suis d'accord, M. le Président, que les
parlementaires connaîtront, dès son dépôt la question
que le gouvernement soumet à l'Assemblée nationale. Dès le
dépôt d'un projet de loi, les parlementaires connaîtront le
contenu du projet de loi, mais ce serait faire fi du parlementarisme que de
nous dire maintenant que c'est à ce moment-là qu'on va
connaître la question. N'oublions pas que ce n'est que le jour où
la question sera votée que nous connaîtrons officiellement la
question, ce sera le jour où le projet de loi sera votée que nous
le connaîtrons officiellement. Si on n'acceptait pas ces règles
comme des règles de parlementarisme élémentaire, cela
voudrait dire que tout ce maquillage pour la parade ne donnerait rien. Que le
gouvernement ne vienne pas nous dire qu'il est utile de présenter la
question à l'Assemblée nationale, que le gouvernement ne vienne
pas nous dire que c'est encore utile de présenter des projets de loi
à l'Assemblée nationale, si on soutient, d'autre part, que c'est
au moment du dépôt du projet de loi, que c'est au moment du
dépôt de la question qu'on connaît tout. Cela voudrait dire
que les parlementaires n'ont rien à faire là-dedans, que le
gouvernement a fait son nid. A ce moment-là, ne présentez pas
cela devant l'Assemblée nationale, ne venez pas rire de
l'Assemblée nationale. Du moins, faites-le par décret et cela va
correspondre à ce que vous voulez faire, d'une façon officielle
et officieuse.
J'ai l'impression que ce que le ministre a souligné tantôt
avait peut-être un peu dépassé sa pensée
parlementaire.
M. Bédard: II s'agit d'une consultation de la population
aussi, n'oubliez pas l'autre aspect, c'est qu'on s'oriente vers la consultation
de la population. N'oubliez pas la population.
M. Samson: La consultation de la population, cela vient seulement
quand la question est officiellement connue. Pourrait-on dire, par exemple, que
le sujet constitutionnel on est en train de parler d'un projet de loi
constitutionnel raisonnablement aujourd'hui qu'on est en train de
consulter la population, ce ne serait pas vrai?
Tant que le projet de loi ne sera pas voté... il y a des
amendements, bien sûr, même si le gouvernement ne voulait pas en
faire, il arrive qu'à travers tout le mécanisme, il en accepte.
Ce n'est que le jour où on aura la sanction de ce projet de loi que le
public pourra dire: On est au courant qu'il y a une loi maintenant qui dit
ceci. Comme ce n'est que le jour où l'Assemblée nationale,
après avoir passé à travers le mécanisme des heures
j'imagine qu'on déterminera un jour ces articles, parce que c'est
encore en suspens que nous saurons quelle sera vraiment la question,
parce que la question, hypothétiquement... Dans notre système
parlementaire, si on veut le conserver et ne pas trop le violer inutilement, ce
système parlementaire permet des amendements et permet des
sous-amendements. Donc, il se pourrait que la question originale soit un peu
changée au cours du débat, compte tenu des arguments qui
pourraient y être apportés, compte tenu de l'ouverture d'esprit
que pourrait hypothétiquement manifester le gouvernement je dis
"hypothétiquement" parce que, de ce temps-ci, ce serait pas mal
hypothétique mais il reste qu'on ne peut... Et je pense qu'en
droit parlementaire, généralement, il est acquis et reconnu qu'on
ne peut présumer de la décision de l'Assemblée nationale
ou du Parlement tant que cette décision n'est pas officiellement prise.
Ce serait faire fi des droits parlementaires les plus
élémentaires que de nous dire: Cela va être trois semaines
avant ces vingt jours. Cela va vous donner vingt jours plus trois semaines.
Donc, cet argument n'étant pas, à mon sens, acceptable, il reste
que nous devons revenir les pieds sur terre et considérer, constater que
vingt jours après que la question est connue, ce n'est pas suffisant.
Pour le gouvernement, c'est suffisant, bien sûr, parce que le
gouvernement, son option, sa question, il va la connaître longtemps avant
de nous la proposer. Là, il a toutes les possibilités...
M. Bédard: Le parlementarisme, qu'est-ce que vous en
faites, à ce moment-là?
M. Samson: Attention! J'en arrive à cela.
M. Bédard: Le gouvernement va le respecter.
M. Samson: Vous aimez jouer sur les mots, je suis capable de
jouer aussi. Ne vous inquiétez pas,
vous ne nous montrerez pas à jouer à cela, vous
autres.
M. Bédard: Non, soyez sérieux. Je vous retourne
votre argument.
M. Samson: Vous me retournez mon argument, mais je vous dis ceci:
Vous serez quand même les seuls à savoir d'avance ce que vous
voulez proposer et ce que vous voulez accepter, modifié ou non.
Autrement dit, en langage vulgarisé, pour que le député de
Terrebonne comprenne, et même les instruits, ce que vous pouvez
"slacker', vous êtes les seuls à le savoir.
M. Fallu: M. le Président, je voudrais remercier
sincèrement le député de Rouyn-Noranda d avoir traduit sa
pensée.
M. Samson: M. le Président, je dis que le gouvernement qui
a le député de Chicoutimi devrait se rappeler certaines
choses...
M. Vaillancourt (Jonquière): Une bien belle ville!
M. Samson:... ses souvenirs me semblent loin tout à
coup...
M. Bédard: Un beau comté!
M. Vaillancourt (Jonquière): Très belle
région!
M. Samson: Oui, là-dessus, il n'y a pas de
problème. Vous avez un très beau comté...
M. Vaillancourt (Jonquière): A côté aussi,
c'est beau.
M. Samson: ... rempli sûrement de gens de bonne foi et de
bonne volonté. Il reste que leur représentant aujourd'hui ne leur
fait pas tellement honneur quand il veut mettre la hache dans le
parlementarisme. Je dis qu'il nous faut... Le député de
Chicoutimi va se le rappeler sûrement. Vous savez, ces fameuses
questions, quand le Parti québécois était dans
l'Opposition, comme nous d'ailleurs là-dessus, on se rejoignait
quand on disait: Le déclenchement des élections qui
relève du privilège d'un seul homme, c'est dépassé,
c'est abusif. On parle d'élections à date fixe justement, et on
en parle encore dans ce gouvernement. Cela fait une suite logique à ce
que ces gens-là disaient quand ils étaient dans l'Opposition. Des
élections à date fixe, c'est une chose qui empêcherait le
gouvernement de prendre avantage de l'Opposition. Cela fait plus
démocratique d'être à date fixe. Donc, tout le monde serait
sur un pied d'égalité. C'était vrai, ce que disait le
Parti québécois quand il était dans l'Opposition. C'est
encore vrai aujourd'hui. Si c'était vrai dans ce temps-là et si
c'est encore vrai aujourd'hui, et si le Parti québécois est
conséquent avec ce qu'il déclare, c'est d'autant plus vrai pour
la question d'un référendum. Là, on est en train de
laisser si ça passe comme ça mettre en place un
mécanisme qui va donner l'avantage net au gouvernement, et, d'abord,
l'avantage de déterminer le moment où il va vouloir
présenter sa question; il sait combien d'heures il va y avoir pour son
débat, il sait ce qu'il va pouvoir lâcher ou modifier et il sait
qu'après ça, il a 20 jours au maximum.
Le gouvernement, d'avance, a un avantage net, qui est
antidémocratique, d'ailleurs, un avantage net sur tous les autres partis
qui, eux, devront se contenter de ce peu de temps, de ce laps de temps, si on
ne change pas les fameux comités nationaux, pour s'intégrer dans
cette mécanique antidémocratique que constituent les
comités nationaux et tenter de s'arranger. N'oublions pas, M. le
Président, que, là-dessus, le gouvernement a aussi un net
avantage. C'est lui qui veut faire un référendum, le premier.
Qu'on arrête de nous parler d'une loi-cadre. Cette loi-cadre n'est qu'un
masque. C'est un masque pour faire le seul référendum qui
l'intéresse et il ne voudra pas en faire d'autre. Il va être
tellement content de se débarrasser de celui-là. S'il pouvait
trouver un moyen de s'en débarrasser, de se débarrasser de sa
promesse sans faire le référendum, il le ferait.
M. Lalonde: ... sans perdre le pouvoir.
M. Samson: Oui.
M. Lalonde: C'est tout un exercice.
M. Samson: Qu'on ne vienne pas nous faire croire... On n'est pas
des enfants d'école, de ce côté-ci de la table, M. le
Président. On a déjà vu neiger, vous savez, surtout dans
le Nord chez nous, il neige souvent.
M. Bédard: Vous avez l'air à bien vous
comprendre.
M. Samson: Pardon? Est-ce que je pourrais demander au ministre de
répéter, s'il vous plaît, je n'ai pas saisi?
M. Bédard: Vous avez l'air à bien vous comprendre
pour...
M. Samson: On a l'air à bien se comprendre? C est le moins
qu'on se comprenne un peu dans l'Opposition...
M. Bédard: ...
M. Samson: ... du côté du gouvernement, vous ne vous
comprenez même pas, vous autres. Vous allez d'un extrême à
l'autre. Entre les extrêmes, ça doit tirailler parfois. En tout
cas, je passe là-dessus.
Le Président (M. Clair): La pertinence du débat,
messieurs! La pertinence du débat, messieurs!
M. Samson: Oui, M. le Président, vous avez
raison, parce que le tiraillement du gouvernement, c'est
impertinent.
Je continue, M. le Président...
Une Voix: ...
M. Samson: Je continue, M. le Président, en vous disant
que le gouvernement, selon ses visées connues, lui, n'aura pas trop
besoin de faire de "bargain'. C'est comme ça que ça va se passer.
Il n'aura pas besoin de marchander avec d'autres partis pour s'entendre sur des
règlements. Il va être tout seul, de son côté,
probablement, ou avec d'autres qu'il aura pu saisir de ses intentions bien
avant de nous présenter la question.
Mais nous, de ce côté-ci, ceux qui ne veulent pas de la
séparation, compte tenu du genre de la question qui sera posée et
de la façon que ça pourrait être posé, on ne le sait
pas encore, ça. L'honnêteté du gouvernement, M. le
Président, oh! Attention! Moi, je suis prêt à ne jamais
mettre en doute l'honnêteté du ministre. Cela, c'est une chose,
l'honnêteté d'une personne. Mais l'honnêteté du
gouvernement comme corps, attention!
M. Gratton: C'est moins facile.
M. Samson: Là, je ne mettrais pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Faites attention à ce
que vous dites.
M. Samson: ... ma main dans le feu là-dessus, parce qu'il
n'y aurait pas assez de pompiers à Québec pour éteindre le
feu.
M. le Président, est-ce qu'on réalise bien ce qu'on est en
train de faire? Est-ce que le gouvernement, les membres ministériels de
la commission parlementaire réalisent bien ce qu'ils sont en train de
faire? Ils sont en train d'obliger les gens, qui voudront prendre une option
différente de la leur, à s'unir dans la diversité. Les
partis politiques n'ont pas tous les mêmes programmes. N'oubliez pas
cela. Ils y ont droit; c'est la base même de la démocratie. Ils
ont droit à la divergence d'opinion.
M. Bédard: ...
M. Samson: Pardon?
Le Président (M. Clair): Ce n'est que du bruit, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: C'est un bruit qui a occasionné un rire
sarcastique de la part du ministre et j'aimerais bien savoir pourquoi. (12 h
45)
M. Bédard: J'espère que j'ai encore le droit de
rire ou de sourire.
M. Samson: Ah! M. le Président. C'est le genre de droit
que je ne refuserai jamais à personne parce que vous savez...
M. Lalonde: Vous avez raison, M. le Président,
c'était du bruit.
M. Samson: J'aime bien mieux voir un ministre rire et sourire que
de le voir pleurer...
M. Lalonde: J'ai entendu ce que...
M. Samson:... comme je sais qu'il pleurera un jour quand il verra
en application cette loi mauvaise et néfaste qu'il est en train de nous
faire passer. En attendant de pleurer, riez; riez-en. Mais au moins soyez quand
même assez conscients. On peut rire de façon inconsciente, comme
on peut rire de façon consciente. J'espère que le ministre rit,
au moins, de façon consciente.
Vous n'êtes pas conscients de ce que vous êtes en train de
faire, du côté gouvernemental. Vous êtes en train de fouler
au pied les principes les plus démocratiques. La vraie
démocratie... c'est toujours au nom de la démocratie d'ailleurs
que le PQ pose les gestes les plus antidémocratiques. Vous êtes en
train de fouler cela au pied, vous savez. Obliger des partis politiques qui ont
droit à leur opinion propre, qui sont déjà depuis quelque
temps encarcanés dans une autre espèce de projet de loi avec des
restrictions. Vous voulez pousser la restriction aussi loin que de les obliger
à être dans un même mécanisme pour les fins de
dépenses. Etre obligé de se faire des règlements avec
toute la divergence d'opinion qui peut exister. Vous donnez seulement vingt
jours pour faire cela.
Mon doux, Seigneur! Cela a pris plus d'un an à faire des partis
séparatistes existants le PQ, et vous voulez que cela prenne vingt jours
pour faire de tous les autres partis d'Opposition un mouvement pour être
d'accord sur une question à laquelle il n'y a probablement pas de
problèmes à être d'accord, mais à laquelle il peut y
avoir des problèmes pour la mise en application. Vous exigez que nous...
C'est ce qui se passe présentement. On trouve le moyen de nous dire...
J'ai entendu quelqu'un nous dire que c'était généreux.
Généreux, vingt jours. Vingt jours pour faire en sorte que les
partis, sous l'empire d'un chapeau national, acceptent les rigueurs d'une loi,
définissent des règlements, définissent les formes de
travail, les thèmes, s'entendent sur une forme de campagne, etc.; vingt
jours pour faire cela, alors que cela prendra plus de vingt jours à
étudier la présente loi ici.
Non. Mais est-ce qu'on est conscient de ce qui se fait-là? Cela a
l'air de rien, c'est comme les autres articles qu'on a suspendus au
début. Il y a eu des articles suspendus qui n'avaient l'air de rien.
Quand même, je trouve cela drôle. C'est moins droit de rire de
temps en temps. Je trouve cela drôle la façon qu'on nous
amène cela du côté gouvernemental. On a l'air de penser
qu'on fait affaires avec des enfants d'école. On nous amène cela
en souriant et en disant: Avalez, mes enfants. Avalez, c'est bon pour vous. A
travers cela, on s'aperçoit que petit à petit, à chaque
article, il y a un piège, M. le Président. Qu'on arrête de
charrier l'Opposition. Ce n'est pas un projet de loi qui prépare une
consultation populaire quand on piège presque à tous les
articles. Une consultation populaire, si on y croit, et libre à ceux
qui
ne veulent pas y croire de ne pas y croire, et si vous n'y croyez pas,
au moins dites-le mais si on croit à une consultation populaire, il faut
que le mécanisme de la consultation populaire, M. le Président,
soit fait dans les meilleurs termes, de la meilleure façon, dans les
meilleures conditions et qu'il ait toute la souplesse pour que le
résultat de la consultation populaire soit réel et vrai.
Le danger qui existe avec la loi que nous étudions
présentement et depuis le début qu'on retrouve des dangers
dans plusieurs articles c'est que le résultat de la consultation
populaire pourrait être tout simplement le désir du gouvernement,
mais il y parviendrait avec une mécanique faussée. C'est cela que
cela pourrait être, M. le Président. C'est avec ce genre de
charbon que nous jouons, présentement. Cela ne serait pas de la
consultation populaire. Ce serait de la mascarade pour se faire appuyer par la
population en laissant croire que la population a appuyé, mais tout en
étant certain qu'on a pris les moyens pour que même si on n'est
pas appuyé, cela laisse croire cela. C'est devant cela qu'on se
retrouve, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre, mais votre droit de parole est
expiré, alors je vous prierais de conclure.
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, et je vous
remercie de me dire que... C'est 20 minutes?
Le Président (M. Clair): C'est 20 minutes.
M. Samson: Alors, M. le Président, je souligne, en
terminant, humblement à la présidence, que la période de
45 jours qui est suggérée dans l'amendement n'est pas
exagérée, donc je voterai pour l'amendement.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie. Messieurs,
l'amendement proposé par le député de Laval est-il
adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je voudrais essayer d'ébranler encore un peu le
ministre des Finances pour qu'il nous accorde au moins un assouplissement... Le
ministre de la Justice.
M. Lalonde: On a de la difficulté à trouver son
nom.
M. Lavoie: II est perdu dans mon exposé.
M. Bédard: Ou vous êtes perdu dans votre
exposé.
M. Lavoie: II y a la Commission des droits de la personne qui
insiste sur l'information qu'on doit procurer à la population sur la
question et sur l'option que la population devra prendre. Ce délai de 20
jours, nécessairement, est un délai assez strict dans toute la
campagne référendaire et cette question du délai
d'information est limitée par ces 20 jours. Si le ministre accordait
notre amendement, soit 45 jours ou un autre compromis, cela étend cette
période d'information à la population. Une autre chose, il ne
faut pas oublier que durant ces 20 jours, il est fort possible qu'on ne soit
pas en pleine campagne référendaire. C'est que les
députés ça peut arriver durant la session ne
seront pas dans leur comté, sur le champ de bataille, comme lors d'une
élection. Il peut arriver que la question soit posée et que la
session ne soit pas ajournée, qu'il y ait encore de la
législation.
Pendant ces 20 jours, les députés seront, fort
possiblement, occupés à d'autres travaux à
l'Assemblée nationale. C'est encore pire si c'est une fin de session
intense. Quand on a un délai en campagne électorale, au moins les
travaux de la Chambre sont prolongés et les députés sont
dans leur comté; ils sont sur le champ de bataille, au combat, alors que
là, il peut fort bien arriver qu'on soit en pleine session. Il faut
tenir des rencontres quand même, établir les règlements et
tout; ce qui est une autre contrainte.
Une autre chose qui me vient à l'esprit, suite aux derniers
commentaires de la Commission des droits de la personne, je me demande comment
on pourrait arriver si le ministre fait suite, comme il l'a laissé voir,
au statut de membre affilié aux comités nationaux. Eh bien, je
voudrais lire ici. pour l'information de cette commission et du ministre, un
passage du rapport des commentaires de la commission, sur une autre exigence
qu'elle semble vouloir imposer aux comités nationaux.
Je lis à la page 5, "Cependant, c'est la mesure de la contrainte
qui l'inquiète encore et le projet de loi 92 ne contribue pas toujours,
il faut bien le dire, à en situer les paramètres exacts. Une
première réponse se trouve sans doute dans les règlements
les fameux règlements qui doivent être adoptés dans
ce délai de 20 jours qui régiront, en vertu de l'article
23, les matières relatives au bon fonctionnement des comités
nationaux et la façon dont ils seront constitués. "Pour la
commission, ces règlements sont d'une importance capitale et elle se
fera un devoir de les étudier et d'en signaler toute atteinte aux droits
et libertés de la personne qu'ils pourraient comporter,
conformément aux responsabilités qui découlent de
l'interprétation qu'elle a donnée à l'article 66, lequel
lui confie la tâche de promouvoir, par toute mesure appropriée,
les principes contenus dans la charte.
Et comme, en vertu de l'article 5603 de la Charte, le mot "loi" inclut
un règlement adopté sous l'autorité d'une loi, il va sans
dire que les règlements adoptés par les comités nationaux,
en vertu de la Loi sur la consultation populaire, devraient faire l'objet d'une
analyse approfondie par la commission avant d'être appliqués.
Toujours pendant ces vingt jours, rédaction des règlements,
rencontres de tous les groupes.
Et là la commission dit qu'elle doit en faire une analyse
approfondie. Elle va plus loin que
cela. A ce sujet, la commission souhaite d'abord que ces
règlements soient publiés dans la Gazette officielle. De la
même façon l'article 28 du projet de loi prévoit que la
nomination de l'agent officiel de chaque comité national sera
publiée par le directeur général du financement des partis
politiques dans la Gazette officielle du Québec. La même
procédure pourrait être prévue pour les règlements
qui régiront chaque comité national. Sous réserve du
tempérament qui suit, ces règlements devraient aussi garantir
à tous les individus et groupes désireux de s'associer à
un comité national qu'ils soient accueillis et accepés sans
discrimination aucune, au sens de la Charte, par le comité directeur,
qu'ils se voient accorder la chance de participer au débat
référendaire et qu'ils soient consultés par le
comité directeur sur cet aspect capital qu'est l'utilisation des
fonds.
Vous voyez cela? En vingt jours, on a tout cela à faire,
possiblement en temps de session. Vous voyez bien que c'est
irréalisable. Une fois que cela va être affiché, il va y
avoir des plaintes de gens qui vont être refusés dans les
comités nationaux. Vous allez en refuser de vos extrémistes qui
veulent vraiment l'indépendance. Et vous n'accepterez pas dans votre
comité ces partisans de la souveraineté-association. Ils vont
voir cela dans la Gazette officielle, ils vont aller se plaindre à la
commission. La commission peut ordonner des auditions. C'est toujours dans le
délai de 20 jours.
Ne me dites pas que c'est réaliste, M. le ministre. Ce n'est pas
achetable. Ce n'est pas achetable en aucune façon, surtout qu'il peut y
avoir 50, 75, 100 groupes, affiliés ou non, qui vont se
présenter, d'un côté ou de l'autre, pour faire partie de la
campagne référendaire. Et cela est toujours dans le délai
de 20 jours.
Soyez compréhensifs et si 45 jours, c'est trop long, acceptez,
dans votre politique d'ouverture, de consensus dont on a entendu parler depuis
des mois et des mois... Depuis le dépôt du livre blanc, on entend
dire, autant par votre prédécesseur, le député de
Maisonneuve, que par vous, que vous voulez une politique d'ouverture et de
consensus. Si vous ne voulez pas changer le nombre de 20 à 30 jours, je
me demande ce qu'on fait ici.
M. Samson: C'est de la démocratie de guerre.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Après avoir regardé ce qu'il
y a là-dedans, je comprends que ceci veut dire que, une fois la question
adoptée à l'Assemblée nationale, il y a un minimum de
vingt jours pour s'organiser, et, ensuite, entre le 1er janvier et un
recensement, il y a un minimum de 35 jours de campagne
référendaire complète ou, entre le dimanche qui suit la
fin du recensement et le 1er janvier, c'est 28 jours; ce qui donne, dans le
premier cas, un total, une fois que la question est connue, de 55 jours et
l'autre, de 48 jours. Il me semble que vingt jours pour être capable de
s'organiser, c'est déjà beaucoup.
M. Lavoie: Vingt jours, le bref est émis à ce
moment-là.
M. Beauséjour: C'est seulement pour s'organiser.
M. Lavoie: Le bref est émis et on est en campagne
référendaire. Cela peut durer uniquement 28 jours après la
campagne.
M. Beauséjour: Le moins que cela peut durer après,
c'est 28 jours.
M. Lavoie: En pleine campagne, on n'a plus le temps de modifier
les règlements et d'intégrer des associés.
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a 60 jours, maximum,
entre le bref et le jour du scrutin.
M. Lalonde: Le bref est parti...
M. Lavoie: Entre le bref et le jour du scrutin, il peut y avoir
28 jours.
M. Beauséjour: Un minimum de 28 jours.
M. Lavoie: Ou un maximum de 35.
M. Beauséjour: ... ou de 35, maximum de 60.
M. Vaillancourt (Jonquière): Article 13, dernier
paragraphe.
M. Lavoie: Article 13, troisième paragraphe.
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne peut s'écouler
plus de soixante jours entre la date de l'émission des brefs et celle du
scrutin.
M. Lavoie: Ce n'est pas la même chose. M. Lalonde:
C'est pour la campagne. M. Samson: Les brefs sont émis.
M. Lavoie: Minimum 28 jours, comme lors des dernières
élections provinciales. Cela a été d'environ 28 jours.
C'est le minimum.
Dans un autre cas, cela peut être 35 jours, mais cela ne peut pas
excéder 60 jours. C'est ce que cela veut dire. Mais cela peut être
28 jours, comme aux dernières élections provinciales.
Là, c'est possiblement uniquement vingt jours avant pour faire
toute la réglementation, la publier, la faire vérifier par la
Commission des droits de la personne.
M. Bédard: C'est la réglementation. A partir du
moment où cette loi est déjà votée, à partir
du moment où on va s'entendre sur les comités nationaux...
M. Lavoie: On ne peut pas s'entendre, on ne connaît pas la
question. L'Union Nationale ne sait
pas si elle va aller vous voir pour s'associer avec vous ou pour
s'associer avec nous...
M. Bédard: Non, peu importe la question.
M. Lavoie: ... tant que la question ne sera pas connue.
M. Bédard: Vous essayez de faire un plat avec toutes
sortes de difficultés qu'on rencontre lors d'une campagne
électorale et qui s'ajustent à un moment donné. Quand vous
avez une campagne électorale qui se déclenche sans que personne
ne soit au courant ou ne s'y attende...
M. Lavoie: Oui, mais d'un autre côté...
M. Bédard: ... et que vous avez des candidats à
choisir, vous avez des agents officiels.
M. Lavoie: Dans une campagne électorale, il n'y a pas de
règlements, parce qu'il n'y a pas de comités nationaux...
M. Gratton: Dans une campagne électorale.
M. Lavoie: Voyons donc, cela ne tient pas debout.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Bédard: Indépendamment de cela, vous le savez
très bien, les règles du jeu, vous allez les avoir à
partir du moment où cette loi sera votée. Réveillez-vous
et, après cela, il s'agira de vous ajuster.
M. Lavoie: Justement, on se réveille avant qu'il ne soit
trop tard. C'est clair.
M. Bédard: Non. au contraire.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 13 heures, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 11
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux pour étudier article par article le
projet de loi no 92.
Au moment où nous avons suspendu nos travaux, nous en
étions à l'étude de l'article 13 et une motion
d'amendement du député de Laval, visant à remplacer, dans
la première ligne du premier alinéa le mot "vingtième" par
le mot "quarante-cinquième", était en discussion. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Lalonde: M. le Président, une seule chose. Je suis
étonné que le député de Laval ne soit pas encore
là. Nous sommes au tout début de nos travaux. Je ne sais pas si
nous ne pourrions pas simplement attendre quelques minutes. Nous aimerions bien
qu'il vote sur sa motion. Il est sûrement en retard, comme plusieurs
d'entre nous.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas d'objection, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
pour cinq minutes.
M. Lalonde: Vous êtes bien aimable! (Suspension de la
séance à 15 h 12)
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! Pour
l'étude article par article du projet de loi 92, la commission reprend
ses travaux. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Suite à ce que je disais avant l'ajournement,
je demanderais, et je crois que c'est normal, au ministre comment dans ce
délai de 20 jours entre le moment où la question sera
adoptée et l'émission des brefs, il sera possible, en premier
lieu, de permettre aux députés de s'enregistrer dans un des
comités provisoires, un des comités nationaux, de s'élire
un président, de rédiger la réglementation de ce
comité, de recevoir les demandes de 40, 50, 75, 100 associations qui
voudront s'intégrer aux comités, d'un côté ou de
l'autre, de s'asseoir avec ces gens, de négocier leur participation
à la campagne référendaire, le partage, si cela reste tel
quel, des dépenses d'un budget d environ S2 millions, quel montant sera
attribué à un comité en particulier pour des
activités données, des activités
spécialisées, pour qu'il n'y ait pas double emploi dans un
comité ou dans un autre; comment, suite à la suggestion de la
Commission des droits de la personne de faire publier les règlements
dans la Gazette officielle, la Commission des droits de la personne veut avoir
un droit de regard sur ces règlements, veut tenir des séances,
entendre, peut-être, les représentations des groupes qui ne seront
pas acceptés dans les comités, pour respecter le droit
fondamental de l'association.
Je voudrais que le ministre nous explique comment, dans 20 jours, ce
sera possible, si, en plus de cela, non seulement les chambres ne sont pas
dissoutes, comme c'est le cas dans une élection, alors qu'on peut aller
directement sur le champ de bataille. Il est possible que les
députés soient en session. Si la question était
adoptée dans une période comme celle que nous connaissons
actuellement, si elle avait disons été adoptée la semainne
passée, les députés auraient eu 15 autres jours de session
intense de 22 heures jusqu'à
passé minuit. Vous allez nous expliquer clairement comment ce
document, un projet de loi pour la consultation populaire qui est censé
être un instrument de démocratie, ne devient pas avec toutes vos
contraintes plutôt un document d'oppression. J'attends vos
réponses. Dans ces 20 jours, comment est-ce réalisable?
M. Bédard: Nous avons déjà donné nos
réponses, M. le Président, mais le leader de l'Opposition
s'ingénie à multiplier les complications. Il sait très
bien que nous avons eu l'occasion d'expliciter que, justement par cette
loi-cadre, déjà les règles du jeu seront fixées
longtemps d'avance; les partis politiques comme les groupes seront à
même d'analyser non seulement leur participation, mais d'analyser
même leur réglementation. Cela ne prend pas 20 jours pour demander
aux députés de s'inscrire dans un comité, selon qu'ils
veulent dire oui ou non, et d'élire un président; c'est l'affaire
de dix minutes.
M. Lavoie: La réglementation.
M. Bédard: La réglementation, à partir du
moment où nous adoptons cette loi, déjà, tous nous savons,
et la population va le savoir aussi, quelles sont les règles du jeu,
elle va savoir qu'on fonctionne par un comité national, qu'il y a des
inscriptions au comité national. Déjà, il y a la
possibilité d'y penser et de prévoir même, parce que vous
avez toujours en tête un seul référendum et vous avez le
droit de l'avoir, c'est normal.
M. Lavoie: Vous l'avez, vous aussi.
M. Bédard: Bien oui, c'est normal, mais il faut penser
à mettre au point un mécanisme qui s'applique non seulement
à ce référendum mais à tous les autres
référendums.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre reconnaît que, même
avec cet instrument qui sera éventuellement adopté...
M. Bédard: Ce sont les mêmes conditions pour tout le
monde.
M. Lavoie: ... par contre, l'Union Nationale a dit ce matin
qu'elle ne saura pas avant que la question soit connue à quel groupe
référendaire elle devra adhérer.
M. Bédard: Je vous donne seulement un...
M. Lavoie: N'importe qui, non seulement l'Union Nationale, mais
d'autres.
M. Bédard:... exemple ce n'est pas fait, on n'est
pas encore rendu à la discussion sur les comités nationaux
à partir du moment où nous reconnaissons dans la loi la solution
proposée par la Commission des droits de la personne de
reconnaître des groupes affiliés, à partir du moment
où on reconnaît cette notion, c'est très facile de
commencer à imaginer quelle sorte de règlement on pourrait mettre
au point, quelle sorte de traitement on pourrait donner aux groupes
affiliés eux-mêmes. Qu'ils soient nombreux ou pas, le
problème n'est pas là pour la réglementation. C'est
simplement au niveau des dépenses. Il y a simplement à identifier
et cela, on peut le faire dès que la loi est votée
quel traitement on donnerait aux groupes affiliés, par exemple, à
partir du moment...
M. Lavoie: Est-ce que le ministre reconnaît que même
les groupes...
M. Bédard: ... où cette formule est retenue.
M. Lavoie:... affiliés, en vertu de la suggestion de la
Commission des droits de la personne, entrent quand même dans le budget
global de $2 millions?
M. Bédard: Absolument. Ce qui veut dire...
M. Lavoie: II faut que les dépenses soient
proportionnelles. Comment voulez-vous qu'on le fasse si on ne sait pas combien
il y aura de groupes qui vont venir s'affilier? On ne peut pas le
prévoir.
M. Bédard: Non, mais à partir du moment on
va le voir où nous laissons la limite à $0.50 par
électeur, déjà nous pouvons identifier quelle somme
globale...
M. Lavoie: $2 millions.
M. Bédard: ... les comités auront à leur
disposition. Déjà, ils peuvent très facilement imaginer
j'espère qu'il y a un peu d'imagination, que ce soit d'un bord ou
de l'autre, peu importe quelle serait la partie, le montant qui pourrait
être affecté aux groupes privilégiés en
général. Ensuite, il restera simplement une réglementation
à faire à l'intérieur des groupes affiliés.
Déjà, on peut prévoir, que ce soit d'un côté
ou de l'autre, qu'un grand nombre de ces organismes pourraient être
intéressés au statut de groupe affilié qui va leur
permettre... je dis toujours à partir du moment où nous
retenons cette recommandation de la Commission des droits de la personne
à qui le comité national devra reconnaître la
manière de fonctionner, le droit d'avoir une stratégie, que
certaines sommes sont à leur disposition, et simplement prévoir
un mécanisme pour qu'ils dépensent les sommes à
l'intérieur du budget qui leur est octroyé. Ce n'est pas
sorcier.
A partir du moment où on y croit vraiment au contrôle des
dépenses, on arrête de faire ce que, à mon humble avis,
fait l'Opposition à l'heure actuelle, trouver des moyens pour aller
à l'encontre du principe. C'est bien beau dire qu'on est d'accord avec
le contrôle des dépenses, en principe; mais si, continuellement,
au niveau des amendements que vous apportez, cela donne comme résultat
qu'il n'y a pas de contrôle des dépenses et
qu'on n'accepte pas qu'il faille quand même rédiger une
réglementation qui tienne compte du respect de ce principe du
contrôle des dépenses, à ce moment-là, on dit blanc
d'un côté et après cela, on agit autrement dans les
faits.
Mais nous, du côté ministériel, croyons au
contrôle des dépenses. Nous savons qu'à partir de ce
moment, comme le dit la Commission des droits de la personne, il y a certaines
contraintes qui sont nécessaires. Il s'agit de trouver le moyen de les
identifier le plus valablement possible et que tout cela soit fait en fonction
d'un autre principe de ce projet de loi qui est de préserver
l'égalité des chances pour chacun des comités nationaux.
On peut compliquer les situations, comme le fait le député
je sais qu'il le fait de bonne foi ce sont des situations qui peuvent se
présenter mais on a le droit de prévoir aussi. Un comité
national, en fonction d'un référendum qui peut être
à venir ou, encore, étant déjà informé au
moins selon les procédures qu'on a un mois à
l'avance, à partir de la motion du dépôt de la question,
plus les 20 jours qu'on prévoit, tout le monde sait qu'il va y en avoir
un référendum. Déjà, il est averti au moins un mois
et demi, deux mois à l'avance.
Vous allez me faire croire qu'un groupe, ou encore des parlementaires
qui veulent faire partie d'une bataille au niveau de la consulation populaire
n'ont pas le temps, premièrement, de se brancher, n'ont pas le temps,
comme groupe, de penser à mettre au point une réglementation qui
respecte les droits de chacun. Je crois vraiment qu'on s'ingénie
à compliquer la situation. Si c'était si compliqué que
cela, les 30 jours dont on nous parle, ou les 45 jours, au niveau de
l'amendement, ce ne serait pas plus réaliste que les 20 jours. C'est
aussi simple que cela. Je le dis en toute honnêteté et avec tout
le respect pour l'argumentation de l'Opposition. Je ne veux pas non plus
simplifier outre mesure la situation qui se présenterait, mais il ne
faudrait pas, dans le sens contraire, la compliquer à tel point que
même une période de 45 jours ne réglerait pas la
situation.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Dans l'esprit de l'Union Nationale, qu'on tâche
de maintenir depuis le début, même si ce n'est pas toujours facile
d'avoir une continuité bien suivie, nous sommes d'abord contre l'orgie
des dépenses qui peuvent se faire à tous points de vue; et du
même côté, il faut tâcher d'avoir, au milieu de tout
cela, un jugement qui fait qu'on doive laisser à la population assez de
temps pour juger et voir clair dans la situation.
Je m'interroge sur les propos qui sont tenus depuis ce matin sur ce
terme de 20 jours. Quand on regarde le milieu des media d'information, on sait
que les familles reçoivent peu de quotidiens, elles sont
généralement soumises à prendre leur information dans les
hebdos. Bien sûr que les media de la presse électronique, c'est
une question de quelques secondes, parfois, sur une question. La plus vaste
information est diffusée dans nos familles par les hebdos. Si on compte
cela, il faut sept jours pour que cela entre dans les familles.
Une fois que la question est connue et répandue, je pense que les
gens doivent s'interroger encore quelques journées avant de se faire une
opinion sur là diffusion de la question qui leur a été
soumise et qui a pris quand même...
M. Bédard: II y a les débats en Chambre en
plus.
M. Grenier: Aussi, qui ont lieu sur la question.
M. Bédard: II y a toute l'ambiance
préréférendaire où les gens, je pense...
M. Grenier: D' accord, excepté qu'à la toute fin,
les gens ont toujours espérance, d'un côté ou de I'autre,
tout dépend de quel côté de la clôture on est, qu'il
y ait des modifications qui s'amènent aux lois qu on vote.
M. Bédard: Je tiens compte de ce que vous apportez;
maintenant, est-ce que... c'est un argument, je pense, qui est très
raisonnable celui dont nous fait part le député de
Mégantic-Compton, mais peut-être que cette information du public
dont vous pariiez, on pourrait la retrouver lorsque nous parlons du droit
à l'information.
On se penchera là-dessus ensemble, on a suspendu les articles et
les amendements, mais on peut penser à la possibilité cela
s'est fait ailleurs d une information objective de la population
autrement que par la télévision, le dépôt du projet
de loi ou quoi que ce soit, une information dans tous les foyers, un genre de
distribution...
M. Grenier: M. le Président...
M. Bédard: ... un genre de distribution d'un fascicule qui
donne certaines explications, sur lequel pourrait s'entendre chacun des partis
et qui informerait la population véritablement; on reviendra
la-dessus.
M. Grenier: Oui, d'accord. Ce dont le ministre parle, on en a eu
des expériences qui se sont faites ailleurs, des brochures qui
proposaient le oui, le non et la position gouvernementale dans le centre, qui
n'était pas toujours celle du oui ou du non, parce que cela recrutait
des gens de l'Opposition et des gens du côté ministériel.
En dehors de cela, je pense que si on s'entend là-dessus, ce sera trop
fort ne casse pas, ce sera une meilleure information, une plus saine
information, et on doit se donner un peu plus de temps, je pense.
Quand on fait état des hebdos, c est sept jours; pour que les
gens puissent se faire une opinion, cela va prendre une autre semaine, au
moins. Il ne s agit pas de bousculer les gens, de leur dire qu ils n'ont qu'une
semaine; il y a déjà
quatorze jours sur les vingt d'utilisés. Il faut se faire une
opinion sur la question qui a été votée, à savoir
que cela a été débattu. Il y aura une question qui sera
soumise en Chambre et qui sera débattue. J'aurai ma façon de voir
cela et une autre formation politique aura la sienne et, souvent, à
l'intérieur d'une même formation, il peut y avoir divergence
d'opinions.
Avant que cela entre dans les foyers et avant qu'on ait
arrêté la question, une fois qu'elle est arrêtée, on
a ensuite vingt jours pour se regrouper. Dans les vingt jours... je ne veux pas
non plus que se répète l'orgie de dépenses qu'on voit et
qui n'est pas mesurée dans le projet de loi du fédéral; je
ne voudrais pas qu'on répète les mêmes choses; mais je
voudrais bien, quand même, qu'on se donne un peu plus de temps. Le chef
parlementaire de l'Opposition, le leader de l'Opposition, a dit tout à
l'heure, dans sa motion, 45 jours. C'est peut-être trop, il l'a
mentionné lui-même, ce pourrait être une trentaine de jours;
ce serait peut-être plus mesuré, plus correct, mais je ne sais pas
pourquoi on amène des débats qui durent aussi longtemps sur des
choses comme celle-là. Le gouvernement veut nous dire qu'il veut que les
gens soient clairs, il veut un consensus, il veut que tout le monde ait bien
compris, il n'y a pas de presse, certains députés nous
répètent que cela fait onze ans qu'on en parle.
On propose quelques jours, on fait un débat qui va
peut-être durer une journée. Pourquoi n'y aurait-il pas un
consensus de la part du gouvernement pour dire: Oui, il n'y a pas de
problème là-dessus. Cela peut susciter des dépenses, mais
on ne peut pas donner un mandat en blanc. J'ai confiance et j'ai eu plusieurs
occasions de vous le dire. Vous seriez en tête de cela et je serais en
sécurité, mais, avec votre monde, je ne suis pas en confiance.
J'ai eu des témoignages, encore cette semaine, et je ne suis pas en
confiance. Ils vont se servir de tous les moyens mis à leur disposition,
ils vont prendre des moyens même honnêtes pour gâter quelques
points, dans votre groupe.
M. Bédard: Même honnêtes?
M. Vaillancourt (Jonquière): Des noms...
M. Grenier: Oui, même honnêtes, j'ai bien dit cela.
Je vous amènerai une coupure, cet après-midi, je vous la
descendrai. Je ne veux pas que cela ait l'air "cheap" de sortir cela; cela peut
être une erreur d'autres personnes. Mais quand tout un texte du journal
est bâti autour d'une chose bien précise, que c'est fait par une
équipe de personnes, cela m'écoeure. Je ne veux pas qu'on laisse
dans une loi des choses aussi précises que cela. On demande un moyen
terme pour faire une bataille, ce n'est pas autour de 45 jours ou de 20 jours.
Je dis au ministre: Pourquoi ne serions-nous pas plus souples que cela et ne
dirait-on pas: Si cela prend une trentaine de jours, on s'entend. Il faudrait
dix minutes pour régler cela et on passe à un autre article. (15
h 30)
M. Bédard: Je vous ai dit tout à l'heure que mon
intention était de le diminuer. Je ne l'ai même pas amené
devant la résolution qui a été faite par
l'Opposition...
M. Lavoie: Diminuer!
M. Bédard: Oui, parce que vous compliquez
énormément les choses pour rien. Les dix jours que vous demandez
de plus, si c'est si compliqué que cela, dix jours ne veulent rien dire.
Ce seraient peut-être trois mois qu'il faudrait donner si c'était
si compliqué; ce n'est pas vrai que c'est si compliqué.
M. Lalonde: Ce sont les associations qui trouvent cela court.
M. Bédard: A ce moment-là, plutôt que de
penser à amener un amendement qui aurait diminué à quinze
jours ou à dix jours, j'ai cru... Parce que je me disais qu'à
partir du moment où le comité provisoire a siégé,
que son président est élu, que sa réglementation est au
point, on pourrait commencer... Mais c'est un minimum.
M. Grenier: M. le Président...
M. Bédard: Les débats vont être
télévisés, tout le monde va être au courant. Voyons
donc!
M. Grenier: ... cela va bien pour le ministre de parler comme
cela, en ce moment, mais il reste que dans les 20 jours qu'on se donne pour
regrouper cela, les gens ne sont pas encore entrés dans un
comité. Il est clair que, pour le référendum qui vient, il
y aura une option qui sera celle de tout le gouvernement et il y aura l'autre
option ou les autres options. On n'a pas encore décidé comment la
question... Elle est limpide, claire, transparente et d'autres termes qu'on va
trouver; elle peut être encore à volets multiples. On n'a pas
encore précisé cela. Les volets multiples, cela suppose qu'il
peut y avoir plusieurs blocs dans les comités nationaux, plusieurs blocs
d'opinion différente.
A partir de là, ce n'est pas aussi clair pour nous et le
gouvernement dit qu'il va poser sa question: Etes-vous pour la
souveraineté? Etes-vous pour une quelconque indépendance?
Etes-vous pour une souveraineté-association? Il va savoir, quand il va
lancer la question, qu'à la fin, ce sera cela. Donc, il va avoir
plusieurs jours de plus que les autres à sa disposition.
M. Bédard: Me permettez-vous une question? M. Grenier:
Oui.
M. Bédard: Avez-vous pensé que les 20 jours, ce
n'est pas seulement pour le comité du non, ce n'est pas seulement pour
le comité du oui, c'est pour les deux comités? Que ce soit du
côté du gouvernement, les 20 jours s'appliquent à lui
aussi. Quand on parle de 20 jours, on parle de 20 jours minimum...
M. Grenier: Bon, M. le Président...
M. Bédard: ... à partir du moment où il peut
s'exercer une certaine discrétion gouvernementalle.
M. Grenier: ... c'est ce que je m'acharne à vous faire
comprendre en ce moment, c'est de vous dire...
M. Bédard: Non, les chances sont égales. M.
Samson: ... bipartite.
M. Grenier: C'est ce que je m'acharne à expliquer au
ministre en ce moment, quand on est le gouvernement si je
l'étais, je saurais où je m'en vais à ce
moment-là, quand la question est décidée et qu'il
l'amène en Chambre, déjà il sait vers quoi il se dirige.
Nous autres, l'Opposition, on ne sait pas jusqu'où va aller le
gouvernement dans la question. A partir de là, il peut y avoir des blocs
différents dans les comités nationaux. Cela me semble bien
clair.
M. Bédard: II peut y avoir... N'oubliez pas que, dans les
comités nationaux, je ne fais pas référence à un
référendum, disons quand il y a un
référendum...
M. Grenier: D'accord, dans l'ensemble.
M. Bédard: ... l'Opposition, globalement, sait où
elle va aller. Le gouvernement qui prend l'initiative d'une consultation
populaire, c'est clair qu'il doit savoir où il s'en va. Egalement de
l'autre côté, à partir du moment où la motion est
déposée, ou le projet de loi, c'est clair que l'Opposition et la
population savent où le gouvernement s'en va, également de
façon globale. Je ne dis pas qu'il ne peut pas y avoir certains petits
amendements mais le problème que vous évoquez je vous
comprends quand vous l'évoquez et j'y ai réfléchi
également des groupes associés qui vont venir, on ne sait
pas exactement quel va être leur nombre, quel genre de groupes vont
vouloir s'associer; vous avez ce problème pour le non, vous l'avez pour
le comité du oui aussi. Le gouvernement ne prévoit pas tout. Il
peut prévoir où il s'en va, quelle question il veut poser, quelle
sera la réglementation qu'il pourrait faire, mais il ne peut pas
prévoir, pas plus que l'Opposition, quels sont tous les groupes qui vont
vouloir s'affilier, soit d'un bord ou de l'autre.
A un moment donné, il faut décider qu'il y a un
délai minimum; à partir de cela, on verra, de part et
d'autre.
M. Grenier: Le minimum...
M. Bédard: Les mêmes exigences existent pour les
deux.
M. Grenier: ... que le gouvernement nous impose, qu'il nous
demande de voter aujourd'hui, c'est 48 jours. On a 20 jours pour se faire une
idée et entrer dans un comité et il nous reste encore 28 jours.
Le gouvernement peut faire campagne déjà, si la question est un
peu torturée, un peu tortillée; si ce n'est pas exactement celle
qu'on attendait, les autres partis qui peuvent être dans le comité
du non, dans l'un ou l'autre référendum, ont 20 jours tandis que
le gouvernement, son idée est faite depuis longtemps et il a 20 jours de
plus, à ce moment-là.
M. Bédard: Je vous ai dit, cela dépend de quel
obstacle on veut mettre d'avance. Je vous ai déjà dit qu'une
question tortillée, de la part d'un gouvernement, c'est la pire erreur
qu'un gouvernement peut faire. Une question piège, c'est la pire erreur.
Les libéraux, avec Mackenzie King, à la conscription, ont
essayé une question piège et ils se sont arrangés pour
avoir la réponse qu'ils voulaient et ils ont eu exactement la
réponse contraire. Cela ne marche pas, l'idée d'une question
piège. C'est la pire des choses que peut faire un gouvernement s'il veut
réussir une consultation.
M. Lavoie: Ils ont gagné...
M. Bédard: Non, il ne l'ont pas gagné, il l'ont
violé, après. La population a dit aux libéraux, à
ce moment-là qu'elle ne voulait pas y aller. Vous savez quelle
réponse ils ont donnée au référendum sur la
conscription? Les libéraux, la première chose qu'ils ont faite,
ils ont violé la volonté exprimée à au-delà
de 70% des Québécois. Ce n'est toujours pas de ces gens qu on va
tirer des leçons de respect des libertés, sauf que ce sont des
gens que vous connaissez bien.
M. Lalonde: Ne prenez pas cela comme précédent. Ce
n'est bon à rien.
M. Bédard: Quand on veut faire... M. Gratton:
Question de privilège...
M. Bédard: J'en ai assez des procès d intention
concernant le Parti québécois, il y a d'autres partis qui ont
existé avant le Parti québécois et qui ont posé des
qestes. Il faut arrêter de faire des procès d'intention, de
compliquer inutilement des situations.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, M. le
ministre voulait dire la même famille.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys soulève une question de règlement.
M. Lalonde: Je pense que je me dois de soulever une question de
règlement, étant donné la remarque, les insinuations
malveillantes...
M. Bédard: Ce n'est pas une insinuation, c'est une
affirmation.
M. Lalonde: Sans vouloir apparenter les membres de cette
formation politique à qui que ce soit, je dois lui dire que la seule
chose que je connaisse de ce référendum concernant la
conscription, c'est la participation que mon père y a eue comme
député de Labelle; il s'est débattu contre la
conscription, à ce moment-là et il n'a pas violé sa
parole. C'est la seule chose que je connaisse de cette opération
référendaire. Les accusations du ministre sont tout à fait
malveillantes...
M. Bédard: Est-ce qu'il y a eu une conscription ou s'il
n'y en a pas eu, après que les Québécois aient
décidé à au-delà de 70% qu'ils ne voulaient pas
aller à la guerre?
M. Lalonde: Là n'est pas la question du ministre, la
question est qu'il a tenté d'apparenter les députés de ce
côté de la table à qui que ce soit qui aurait
violé...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question de
règlement. C'est une question d'ordre familial.
M. Bédard: Je vous ai dit que c'était une formation
politique...
M. Lalonde: Les insinuations du ministre étaient à
la fois malveillantes et tellement larges, que...
M. Bédard: Je vous ai dit que c'était une formation
politique que vous connaissiez bien.
M. Lalonde: Vous avez l'habitude...
M. Bédard: Allez-vous me dire, aujourd'hui, que vous ne
connaissez pas les libéraux fédéraux?
M. Lalonde: Vous avez l'habitude, avec les circonvolutions que
vous faites d'habitude et les tortures que vous faites à la langue et
à la logique...
Le Président (M. Clair): Messieurs... M. le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: C'est assez facile...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: ... le ministre, avant d'être pé-quiste,
où est-ce qu'ils étaient, vos ancêtres?
M. Vaillancourt (Jonquière): Union Nationale. M.
Bédard: Je suis convaincu...
M. Vaillancourt (Jonquière): Les miens étaient
"bleus".
M. Bédard: J'ai toujours été
indépendantiste; je n'ai jamais appartenu à quelque parti que ce
soit.
M. Samson: Cela ne fait que dix ans qu'il y a un parti
québécois; vos ancêtres ne peuvent pas être venus au
monde péquistes.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Ils n'étaient
certainement pas créditistes.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: ... Ils étaient au Bloc populaire.
M. Samson: Cela dépend, s'il y en a parmi les vôtres
qui avaient du bon sens, c'étaient sûrement des
créditistes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Que ne faut-il pas
entendre!
M. Roy: M. le Président, j'ai l'impression qu'on est rendu
dans le cimetière, est-ce qu'on pourrait revenir au projet de loi?
Le Président (M. Clair): Je vous remercie de vous porter
à mon secours, M. le député de Beauce-Sud, parce que d'une
part, il ne s'agissait pas d'une question de règlement, et d'autre part,
je pense qu'on s'éloignait de la pertinence du débat. Pendant que
j'ai la parole, j'aimerais en profiter pour vous indiquer que le
député de Rosemont, qui est membre permanent de la commission et
qui a été empêché d'assister à la partie de
la séance d.'aujourd'hui qui a eu lieu ce matin, avait été
remplacé par le député de Limoilou et il requiert un
consentement unanime pour être à nouveau considéré
comme membre...
M. Grenier: Comme intervenant ou comme membre? Est-ce qu'il est
déjà intervenu?
Le Président (M. Clair):... comme membre de cette
commission à part entière...
M. Lalonde: Je n'ai pas d'objection. Laissez-nous savourer
quelques secondes, M. le Président, ce semblant de pouvoir.
M. Samson: Si on lui donnait vingt jours... M. Lalonde: Un
avis de vingt jours, peut-être.
M. Grenier: De quel côté de la table va-t-il
siéger?
M. Lalonde: Pas de problème.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je comprends qu'il y a
consentement unanime pour que
le député de Rosemont puisse intervenir à titre de
membre.
M. Paquette: Je remercie mes collègues, M. le
Président.
M. Lavoie: L'ouverture et le consensus, on voit à quelle
enseigne et de quel côté de la table ils se trouvent.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie,
messieurs...
M. Bédard: On ne relèvera pas cela, on aura
l'occasion.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pour terminer, je ne veux pas faire une intervention
qui puisse faire perdre du temps...
M. Lalonde: Excusez-moi, je pensais que c'était le
ministre qui avait la parole; il vous avait interrompu à plusieurs
reprises.
M. Grenier: A quelques reprises...
M. Bédard: Avec la permission du député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Clair): Vous êtes en train de faire
de même, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je veux l'aider.
M. Grenier: M. le Président, brièvement, je
résume ma pensée que j'ai tâché d'élaborer
tout à l'heure, à savoir qu'il ne faudrait pas s'en tenir
à ce nombre de jours qui est ou bien 45 ou bien 20. Je pense que cela a
été dit depuis le matin, mais on l'a mentionné, je ne
voudrais pas qu'on éternise les discussions. C'était
également mon intention de proposer, mais je ne voudrais pas le faire
sous forme de motion pour nous obliger à en discuter encore une fois
autour de la table, mais si on n'en vient pas à une entente, je vais
certainement le faire.
J'aimerais bien avoir plus d'ouverture de la part du ministre
là-dessus; cela fait trois ou quatre articles importants qui sont
là; les comités nationaux, ce n'est pas clair; le oui et le non,
c'est de justesse qu'on a remisé cet article. On en a trois ou quatre
mis sur la glace et cela devient de plus en plus compliqué de
décider quels articles... parce qu'un dépend de l'autre. Je ne
sais pas, M. le Président.
M. Bédard: On va adopter ceux-là et on va arriver
aux comités nationaux. Vous allez savoir le reste.
M. Grenier: Bon, à partir de là, là-dessus,
je ne verrais pas vraiment pourquoi il n'y aurait pas un peu plus de latitude
et je ne vois pas ce qui va faire une orgie de dépenses entre 20 et 30
jours, par exemple de s'accrocher à 20 jours, de façon bien
spécifique. C'est sûr que la loi doit porter un nombre; il me
semble que ce serait un moyen terme que de mettre cela autour de 30 jours, sans
que j'en fasse un amendement, bien sûr.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la motion
d'amendement... M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: S'il vous plaît, M. le Président. M.
Lalonde: Cela avait l'air que...
Une Voix: Si vous êtes prêts à voter, on va
voter.
Le Président (M. Clair): Messieurs... M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Avant qu'on en vienne au
vote, je pense qu'on devrait, du côté gouvernemental, tenir compte
des points de vue qui sont émis par l'Opposition. On parle actuellement
de 20 jours et on semble vouloir faire un débat extrêmement long,
à savoir si c'est 20, 30 ou 35 jours. Je pense qu'il y a une question de
logique, une question de gros bon sens. On a énuméré
je pense que c'est l'Opposition officielle qui l'a fait tout
à l'heure toutes les obligations auxquelles seront astreints les partis
politiques, les groupes, les associations qui voudront participer activement
à la campagne référendaire. Je pense que le vrai
débat ne devrait pas être celui de décider et discuter si
ce sera 20 jours ou 45 jours. Je pense que le projet de loi je reviens
encore là-dessus mais je ne serai pas long devrait faire l'objet
d'un certain consensus à cette commission, pour éviter justement
qu'on prenne des semaines, voire même deux mois, pour étudier la
loi du référendum qui nécessitera une autre loi, la loi du
référendum constitutionnel, et un autre débat concernant
la question.
Je pense que les gens qui nous paient pour siéger ici, à
l'Assemblée nationale, à l'heure actuelle, n'ont pas une
très haute opinion de nos débats et de nos discussions à
ce moment-ci. Je ne sache pas que le fait de donner le laps de temps que
demande l'Opposition, pour être en mesure d'agir, étant
donné qu'il y a un certain nombre d'inconnus dont nous devons tenir
compte... Il y a des inconnues pour l'Opposition, des choses qui sont connues
du côté gouvernemental mais qui ne le sont pas du
côté de l'Opposition. Qu'on en vienne donc à accepter une
formule qui sera acceptable. Ce n'est pas dix jours de plus ou dix jours de
moins qui vont nuire à l'avenir du Québec et qui risquent de
nuire à l'émancipation des nôtres.
Je pense, M. le Président, que le gouvernement devrait
écouter un peu plus ce que demandent les députés de
l'Opposition à cette table et
faire en sorte qu'on en vienne à des formules qui seraient
susceptibles de rallier un plus grand nombre de personnes. Si on n'est pas
capable de s'entendre et qu'on fasse des débats qui durent des heures et
des heures, et des journées, pour des détails je dis bien
des petits détails, je me demande où nous irons demain. Je me le
demande sérieusement. Je n'ai pas l'intention d'être plus long, M.
le Président. J'ai dû, pour d'autres considérations,
m'absenter de cette commission parlementaire parce que j'ai une drôle
d'impression que, plus souvent qu'autrement, on perd notre temps ici.
S'il n'y a pas possibilité d'amender le projet de la loi et si on
est fermé aux amendements, qu'on le dise, tout simplement. On va mettre
un terme à la commission et on va faire autre chose.
Une Voix: ... qui sont amendés.
M. Roy: Si on veut en discuter de façon intelligente, je
pense que l'Opposition ne devrait pas toujours être en face d'un mur
extrêmement étanche du côté gouvernemental, à
l'effet que les amendements de l'Opposition et les demandes qu'elle fait, on ne
peut pas en tenir compte.
M. Bédard: M. le Président, c'est bien beau que le
député de Beauce-Sud vienne de temps en temps à la
commission, on lui en est reconnaissant, il fait son devoir, mais de là
à venir nous dire que les gens perdent leur temps et qu'il n'y a pas eu
d'amendements qui ont été consentis par le gouvernement, vous
verrez qu'il y a eu des amendements à l'article 2, qu'il y a eu des
amendements à l'article 4, qu'il y a eu des amendements à
l'article 5, qu'il y a eu des amendements à l'article 7.
M. Roy: Oui, mais cela a pris combien de temps?
M. Bédard: Vous ne me ferez pas croire qu'il n'y a pas
d'amendements, bon!
M. Roy: Cela a pris combien de temps?
M. Lalonde: ... amendements du gouvernement.
M. Roy: Combien de jours?
M. Bédard: Non, non...
M. Roy: Combien de jours? Combien de jours?
M. Bédard: ... des amendements qui venaient de l'Union
Nationale, qui essayaient de rejoindre les idées de l'Union Nationale,
des amendements du député de Rouyn-Noranda, qui étaient
importants.
M. Samson: Un.
M. Bédard: Bien oui, mais si vous voulez faire seuls la
loi, dites-le aussi.
M. Lavoie: Elle serait bien meilleure.
M. Bédard: Je ne pense pas qu'elle serait meilleure. Vous
seriez là pour dire, comme l'Opposition officielle, que vous respectez
des grands principes comme le contrôle des dépenses et vous le
criez tout haut, mais quand vient le temps de l'appliquer dans les faits...
M. Lavoie: On va arriver à cela tout à l'heure,
d'accord?
M. Bédard: Oui, j'espère qu'on va y arriver. Vous
allez voir... (15 h 45)
M. Lavoie: Nous n'accepterons pas votre carcan comme cela.
M. Bédard: Vous allez vous rendre compte que, pour
l'information, nous sommes arrivés avec des amendements. Quand nous
viendrons aux comités nationaux, nous arriverons avec des amendements
qui respectent les représentations faites par la Commission des droits
de la personne. Ecoutez! Il y a une limite à être souple.
M. Lavoie: Nous ne sommes pas encore arrivés à
l'information.
M. Lalonde: Nous ne sommes pas encore arrivés à
l'information, tout est suspendu.
M. Bédard: Je vous le dis encore une fois, si vous
imaginez tant de difficultés, dix jours de plus ou dix jours de moins ne
règlent absolument rien. On exagère les difficultés et on
ne tient pas assez compte du fait que la population, que les parlementaires,
depuis le dépôt de la question et même avant... Parce qu'il
y a une ambiance préréférendaire, ce n'est pas sorcier les
questions, ce n'est pas sorcier un projet de loi, cela se comprend par des gens
et cela ne prend pas une année complète. A ce moment, il y aura
amplement de temps pour tout le monde, pour les parlementaires et la
population, de comprendre l'essentiel du débat.
Un argument de toute première importance, si on croit au
contrôle des dépenses, c'est qu'il ne faut jamais oublier que pour
ces vingt jours dont on parle, aucune dépense n'est
réglementée. Egalement, tout le temps qu'on prendra pour discuter
de la question ou du projet de loi, ce qui peut représenter
au-delà d'un mois, encore là, il n'y a pas de contrôle des
dépenses, ce qui veut dire que cela peut représenter
au-delà d'un mois et demi pendant lequel il n'y a pas de contrôle
des dépenses.
M. Lavoie: On ne parle pas du contrôle des dépenses,
on parle du délai. Un peu de calme!
M. Bédard: Non, mais il faut être logique avec des
principes.
Vous me permettez? Ai-je le droit de continuer mon intervention?
M. Lavoie: On ne vous parle pas de dépenses. On parle du
délai de vingt jours à quarante-cinq jours.
M. Bédard: Le délai de vingt jours. C'est beau
d'arriver et de dire: Le gouvernement ne comprend pas. On demande vingt jours.
On demande seulement dix jours de plus. Pourquoi ne vou-driez-vous pas?
Pourquoi n'êtes-vous pas compré-hensifs? On ne regarde pas ce que
cela sous-tend. Ce que cela sous-tend, à l'heure actuelle, c'est qu'il y
a des principes de base dans ce projet de loi, entre autres, celui du
contrôle des dépenses. Même si on essayait de nous le faire
oublier, nous ne l'oublierons pas, du côté du gouvernement.
Je ne reprendrai pas mon argumentation. Cela veut dire qu'avec ce qu'on
accorde, avec vingt jours, il y aura plus de temps pendant lequel il n'y aura
pas de contrôle des dépenses que de temps pris par la campagne
référendaire proprement dite.
Il y a une limite à être souple quand on croit à des
principes, entre autres, celui du contrôle des dépenses.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Laval visant à remplacer, à l'article 13,
dans la première ligne du premier alinéa, le mot
"vingtième" par le mot "quarante-cinquième" est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
M. Gratton: Vote nominal.
Le Président (M. Clair): Le vote nominal est
demandé. Veuillez indiquer si vous êtes pour ou contre. M.
Bédard (Chicoutimi), pour ou contre la motion d'amendement?
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Samson (Rouyn-Noranda)?
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Clair): Le résultat est le
suivant: Pour la motion d'amendement: cinq; contre: six.
M. Lavoie: Heureusement qu'on a accepté le
député de Rosemont, vous auriez voté, M. le
Président.
M. Gratton: Pour qui auriez-vous voté, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): La motion est rejetée.
M. Samson: Nous aurions dû attendre pour l'accepter.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, sur l'article 13.
M. Gratton: M. le Président, sans reprendre
l'argumentation qu'ont employée les membres de l'Opposition, j'aimerais
faire une motion pour que le mot "vingtième" soit remplacé par le
mot "trentième" dans la première ligne de l'article 13, et je
demanderais que vous demandiez tout de suite le vote, à moins que les
députés ministériels ne nous disent qu'ils veulent
intervenir sur cette motion.
M. Lavoie: On veut savoir jusqu'où va l'ouverture, le
consensus.
M. Bédard: C'est complètement faux ce que vous
dites! Jusqu'où va la logique? La logique, justement, je vous l'ai
expliquée tantôt. Nous sommes prêts à voter et nous
allons voter de la même façon, en ce qui me concerne.
M. Lavoie: Vous êtes constants. Fermez les portes!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. le député de Gatineau fait la motion d'amendement
suivante: Sa motion vise à remplacer, à l'article 13, dans la
première ligne du premier alinéa, le mot "vingtième" par
le mot "trentième". Cette motion sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté.
M. Gratton: Vote nominal.
M. Samson: On va leur donner une chance.
Le Président (M. Clair): Le vote nominal est
demandé. Messieurs, veuillez indiquer si vous êtes pour ou contre
cette motion d'amendement. M. Bédard (Chicoutimi)?
M. Bédard: Contre.
Le président (M. Clair): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Librement contre, M. le Président.
M. Lalonde: Les autres ne sont pas libres? Le Président
(M. Clair): M. Lavoie (Laval)? M. Lavoie: En faveur.
Le Président (M. Clair): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lalonde
Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Samson (Rouyn-Noranda)?
M. Samson: Pour l'amendement.
Le Président (M. Clair): Le résultat du vote est le
suivant: Pour 5, contre 6; la motion est rejetée. Sur l'article 13.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une courte
intervention. De la manière dont je lis l'article, au premier
alinéa: Aucun bref ne peut être émis avant le
vingtième jour qui suit celui où l'Assemblée nationale du
Québec a approuvé la proposition visée à l'article
7 ou le projet de loi visé à l'article 9." Après cela, il
y a d'autres modalités dans les deux autres alinéas, dans les cas
de recensement.
M. Bédard: Dans les autres paragraphes, cela reproduit
presque textuellement la Loi électorale où on parle du
recensement de la révision, et d'une nouvelle révision si le bref
est émis après le 1er janvier.
M. Lavoie: Maintenant, une fois que le bref est émis, dans
certains cas, la votation, le scrutin ne peut pas avoir lieu avant 28 jours.
Cela, c'est dans le cas où les brefs ont été émis
à l'automne, si on peut dire, entre le dimanche de la deuxième
semaine qui suit celle du recensement et le 1er janvier. Si les brefs sont
émis entre le 1er janvier et le recensement, cela ne peut pas durer
moins de 35 jours et, de toute façon, en vertu du dernier alinéa:
Dans aucun cas " il ne peut s'écouler plus de 60 jours entre la date de
l'émission des brefs et celle du scrutin."
Je ne vois nulle part, dans cela, comme cela existe d'ailleurs dans
d'autres législations que je ne mentionnerai pas, que, dès que le
mécanisme a été mis en marche, la question à
l'Assemblée, le débat à l'Assemblée, le
gouvernement est tenu, dans le sens qu'il ne peut pas retarder
indéfiniment le référendum. Tel que c'est
rédigé là, le mécanisme peut être mis en
marche et le gouvernement, même après que l'Assemblée s'est
prononcée et tout, peut retarder indéfiniment l'émission
des brefs. Il n'y a pas de maximum, c'est bien de valeur.
M. Bédard: Non, il n'y a pas de maximum. Ce que nous
faisons à l'heure actuelle, c'est un référendum
d'initiative gouvernementale. Je ne coulerai sûrement pas le
présent gouvernement pas plus que les gouvernements à venir, dans
le ciment ou dans le béton. Une fois que la question a été
analysée, que le débat a eu lieu ou que le projet de loi a
été étudié, il s'agit d'un minimum après
lequel la décision politique se prend par le gouvernement qui sera
là, à ce moment-là, et qui veut faire une consultation
populaire. Je pense que ce serait très imprudent et vraiment
inacceptable que j'emploie l'expression je coule dans le ciment,
soit le présent gouvernement ou les gouvernements à venir qui
voudront faire des
consultations en fonction de cette loi, par des délais,
étant donné que la mécanique est très bien
explicitée.
M. Lavoie: Tel aue c'est rédigé actuellement, la
question peut être adoptée et le gouvernement peut retarder...
M. Samson: Jusqu'à ce que mort s'ensuive.
M. Lavoie: Le gouvernement peut attendre trois mois, quatre mois,
six mois, un an, garder le référendum dans les airs.
M. Lalonde: Et ne pas le faire.
M. Lavoie: II peut ne pas le faire, mais il peut retarder
également deux ans avant de le faire, attendre que les sondages soient
bons ou quoi que ce soit.
M. Lalonde: La question pourrait être devenue
désuète.
M. Bédard: Un gouvernement a quand même une
responsabilité. Il s'agit ici et vous le savez depuis le
début, d'une loi de la consultation populaire d'initiative
gouvernementale, c'est tout. Ce n'est pas une initiative gouvernementale du
Parti québécois ou du présent gouvernement, mais de tout
gouvernement qui pourrait vouloir utiliser la loi-cadre pour faire une
consultation populaire.
M. Grenier: Est-ce que je dois comprendre j'imagine que ce
sont des termes un peu légaux qu'une fois que la question a
été votée, on n'est pas obligé de tenir le
référendum.
M. Lavoie: Non, exactement. Le gouvernement est libre de le tenir
ou de ne pas le tenir.
M. Bédard: Bien oui, c'est un gouvernement responsable qui
met en branle tout un mécanisme aux fins de consulter la population. Ce
qui est important, c'est qu'il ne prenne pas par surprise qui que ce soit des
parties concernées, c'est pour cela qu'on parle du délai dont il
est fait mention dans l'étude du projet de loi ou de la question. Il
faut également indiquer, et c'est ce que nous avons fait, un minimum
d'au moins 20 jours avant qu'il puisse déclencher la consultation
populaire. On ira certainement...
M. Grenier: Cela veut dire qu'une fois qu'on a voté la
question qui dit, par exemple: Etes-vous pour la
souveraineté-association?...
M. Lavoie: Le gouvernement fait un sondage.
M. Grenier: ... et qu'on se rend compte, au cours de tous les
débats, que ce n'est pas bon, le gouvernement peut mettre cela au froid
et attendre.
M. Gratton: En faisant les sondages en même temps.
M. Lavoie: C'est ce que cela veut dire. M. Grenier: C'est
ce que cela veut dire. M. Lalonde: C'est bien clair...
M. Gratton: Si les sondages démontrent que les gens du
gouvernement vont perdre, ils ne le font pas; s'ils démontrent qu'ils
vont gagner, ils le feront.
M. Bédard: II n'y a de quoi à jouer aux
scandalisés, je vous le dis...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
M. Grenier: ... après s'être donné la Loi des
référendums que I'on a, c'est bien sûr que...
Une Voix: Et le débat...
M. Grenier: ... on l'a dit souvent et je pense que c'est dans
l'ordre. Le jour où on a passé peut-être un mois à
discuter de la question, qu on a cette loi et que le gouvernement décide
de ne pas tenir le référendum, cela me paraît un petit peu
drôle.
M. Bédard: Le gouvernement en prendra la
responsabilité apolitique. Imaginez-vous un gouvernement qui, à
un moment donné, interrompt tous les travaux de la Chambre soit pour un
débat sur une question, soit pour un débat sur un projet de loi
et, après cela, qui permet aux comités parce qu'il ne faut
pas oublier qu'une fois le projet de loi adopté, les comités
peuvent se former... imaginez-vous, dis-je, la pression que cela peut
représenter, que ce soit le comité du oui ou le comité du
non, vis-à-vis d'un gouvernement qui ne donnerait pas suite au
projet.
M. Grenier: D'accord. M. le Président, je veux...
M. Bédard: Si vous me permettez de finir, je dis que ce
gouvernement aurait, s'il prend une attitude irresponsable, à faire face
à des électeurs lors d'une élection, c'est tout.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je vois une chose qui est
possible, qui pourrait être difficile à expliquer et qui pourrait
être rentable, à un moment donné, pour une formation ou
l'autre au pouvoir. On décrète un référendum,
c'est-à-dire qu'on a notre loi en main, on fait discuter d'une
question et on se rend compte que la question n'est pas rentable. On
amorce un débat de taxe de vente no 2, on décide que ce ne sera
pas au goût du fédéral et, au lieu de faire un
référendum, on fait une élection sur la taxe de vente,
pour se donner une autre étape, pour passer à la question du
référendum qui demandera un autre débat, qu'il y aura eu
une autre élection et qu'il y aura eu un autre mandat entre les
deux.
M. Bédard: Est-ce que je peux rappeler au
député, en prenant le contexte où nous sommes à
l'heure actuelle où nous adoptons des lois, qu'il n'y a rien qui oblige
le gouvernement à faire sanctionner une loi. Vous savez cela?
M. Grenier: Oui, d'accord.
M. Bédard: Une fois qu'elle est adoptée en
troisième lecture, que tout le processus a été
respecté, il n'y a absolument rien qui oblige le gouvernement à
faire sanctionner cette loi. On va dans la logique normale du système.
S'il y a une place où l'Opposition n'a pas à s'inquiéter,
parce que vous pensez toujours à un référendum, c'est bien
celle concernant ce référendum où il y a un engagement du
gouvernement à en tenir un à l'intérieur du présent
mandat. Les inquiétudes que vous pourriez avoir se situeraient alors
à l'égard d'autres gouvernements qui pourraient se
succéder ou d'autres types de référendums.
M. Grenier: Ouais.
M. Lalonde: D'ailleurs, on est tous un petit peu à
côté du règlement, parce que c'est à l'article 6 que
nous aurions dû poser la question. C'est bien clair que le gouvernement
peut ordonner que les électeurs soient consultés par
référendum sur une question approuvée par
l'Assemblée nationale. C'est bien clair qu'il n'est pas obligé de
le faire. Est-ce que c'est sage, est-ce que c'est transparent? On peut se poser
des questions.
Mais, étant donné que vous avez permis la discussion, M.
le Président, on peut se poser des questions aussi. Est-ce qu'il est
réellement sage, pour le législateur, de laisser tant de latitude
au gouvernement pour déclencher ni plus ni moins le processus
référendaire? Pas formellement, par le bref, mais quand
même de façon significative par le dépôt d'une
question, le dépôt de la résolution du premier ministre ou
d'un projet de loi. C'est là que le processus référendaire
est déclenché. (16 heures)
II y aura peut-être lieu de demander, d'autre part, lorsque tout
cela est en marche, le gouvernement procède au référendum
par la loi, de sorte que le gouvernement n'utilisera pas tout le
mécanisme de la question pour simplement sonder l'opinion publique, mais
va procéder réellement, formellement, à la consultation
suivant la loi, et non pas par des sondages, à la consultation
populaire. Il y aurait peut-être lieu de se poser la question: Est-ce
qu'il ne serait pas sage, avant de déclencher le
référendum par la question, que le gouvernement sache qu en
taisant cela, il s'enga- ge à aller jusqu'au bout? Il y a
peut-être une sagesse là-dedans.
M. Bédard: Je crois, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys on se pose tous la question qu'un
gouvernement responsable qui a enclenché tout ce mécanisme ne
peut pas faire autrement que d'aller consulter la population. Sinon, il aura
à répondre de ses actes devant la population si, effectivement,
il ne procède pas à une consultation.
M. Lalonde: Mais la réponse du ministre...
M. Bédard: Je ne coulerai pas dans le ciment soit le
présent gouvernement ou d'autres gouvernements qui pourraient avoir
à se servir d'une loi-cadre.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, comme vous l'avez vous-même
souligné, j'ai l'impression que, sur le plan technique, notre
conversation glisse, s'éloigne de l'article 13 et je vous prierais, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, de revenir à l'article
13.
M. Bédard: Je pense qu'on s'était tous
écarté un peu.
Le Président (M. Clair): Effectivement.
M. Lalonde: Oui, mais laissez-moi, en revenant à l'article
13, faire la transition suivante. Ma remarque transitoire, c'est que je
n'accepte pas le raisonnement du ministre suivant lequel la
responsabilité du gouvernement est en jeu. Comme législateurs, on
fait des lois non seulement pour le gouvernement, mais pour toute la population
et il me semble qu'on devrait donner à la population cet instrument
complètement étanche et qui ne laisse pas trop d'ouvertures
à la manipulation de l'opinion publique par le gouvernement, quel qu'il
soit.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys ou M. le député de Terrebonne, sur l'article
13, cette fois-ci. On revient véritablement à l'article 13.
M. Bédard: Les trois autres paragraphes, tel que je l'ai
dit, c'est la loi électorale. Nous avons ici un représentant du
directeur général des...
M. Lavoie: On est encore à l'article 13. M.
Bédard: C'est cela.
M. Lavoie: On n'a pas de questions à poser sur les autres
alinéas.
Le Président (M. Clair): Alors, l'article 13...
M. Lavoie: Non, un instant. Je voudrais bien avoir l'opinion de
la commission sur... Je crois qu'on peut discuter, M. le Président;
c'est tout à
fait ce qu'on vient de dire, c'est tout à fait pertinent à
l'article 13; rien ne nous empêcherait d'apporter un amendement pour dire
qu'il devra y avoir des brefs d'émis dans un tel délai.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président. Le député de Marguerite-Bourgeoys a
lui-même dit que, normalement, on aurait dû discuter de cet
élément à l'article 6. Or, l'article 6 n'est pas encore
fermé; si, plus tard, vous voulez y revenir, on pourra y revenir.
M. Lavoie: Ecoutez, si vous...
M. Bédard: Mais je vous ai dit à l'avance notre
idée.
M. Lavoie: Si vous voulez germer la discussion, je vous dis, M.
le Président, qu'il serait pertinent d'apporter un amendement, entre
autres, qui pourrait dire qu'il ne doit pas s'écouler un délai de
plus que tant de jours, après la question, pour l'émission des
brefs. C'est tout à fait pertinent à l'article 13, parce qu'on y
parle des délais et des brefs.
M. Lalonde: L'article 6 n'étant pas fermé, ce ne
serait pas contre...
M. Lavoie: II y a des minimums, il faudrait ajouter un maximum et
ce serait tout à fait pertinent.
M. Bédard: Cela pourrait aussi se situer à cet
article, mais...
M. Lavoie: C'est pour cela que j'en ai parlé tout à
l'heure et je ne croyais pas être non pertinent au débat.
Le Président (M. Clair): Sur l'article 13?
M. Lavoie: Oui. Je dis que, si le Parlement met en marche le
mécanisme pour se doter d'une loi sur la consultation populaire, d'une
loi-cadre; si, dans une deuxième étape, le gouvernement met en
marche, commence un mécanisme référendaire soit sur un
autre sujet ou sur un sujet constitutionnel en consacrant un certain nombre
d'heures à la question, je me dis qu'il y a deux étapes de
franchies. Si le Parlement est souverain, la population est également
souveraine et je ne vois pas pourquoi le gouvernement pourrait garder le
référendum sur les tablettes ou dans les airs, pendant un an ou
un an et demi, ou six mois, ce serait même trop, après avoir tout
mis cela en marche. Je pense que la population serait en droit d'exiger
elle a participé aux débats, et tout qu'il y ait un
délai maximum et que le gouvernement ne garde pas tous les atouts,
toutes les cartes de son côté pour attendre le moment propice pour
amener la question.
S'il décide d'amener la question, il devrait y avoir une suite
logique, ce serait l'émission des brefs et la tenue d'un
référendum.
M. Bédard: Est-ce que le leader de l'Opposition sait que,
dans l'économie même de nos lois je donnais l'exemple
tantôt d'un projet de loi qui, même voté en troisième
lecture...
Une Voix: Bien oui, d'accord.
M. Bédard: ... peut ne pas être sanctionné.
Si vous vous référez à la population souveraine, puis-je
rappeler au leader de l'Opposition qu'en droit municipal, par exemple,
même si le minimum fixé par la loi est atteint, une
municipalité garde la possibilité de faire ou de ne pas faire une
consultation populaire ou un référendum, puisqu'il s'agit d'un
référendum d'initiative municipale, comme, dans le cas
présent, il s'agit d'un référendum d'initiative
gouvernementale.
Je pense que ce serait je comprends très bien les
arguments qui sont énoncés de l'autre côté de la
table, M. le Président irresponsable de ma part, comme ministre
responsable de l'adoption d'une loi-cadre, que de couler le présent
gouvernement, comme les autres gouvernements à venir, dans du
béton sur une loi comme celle-là.
M. Lavoie: Le député de Terrebonne voulait
intervenir, je crois?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, si vous me permettez, j avais
un argument à tirer du référendum municipal et M. le
ministre vient de s'en servir, disant que cela ne fait pas obligation à
la municipalité de faire le référendum. Je pense que,
à toutes fins pratiques, ce n'est peut-être pas le meilleur
exemple à prendre puisque, dès qu'un conseil municipal se voit
contré dans l'une ou I'autre de ces résolutions, il peut donc
reculer et mettre sur les tablettes le refus de la population.
Je prendrai donc l'exemple du projet de loi fédéral, qui
est déposé actuellement en première lecture, je crois.
M. Lavoie: C'est très intéressant parce que.
à Ottawa, on se force à tenir le référendum dans
les 47 jours. Lisez-le!
M. Fallu: Justement...
M. Lavoie: Vous allez plaider...
M. Fallu: ... c est exactement l'inverse.
M. Bédard: II y a une différence entre la
période référendaire et le référendum.
M. Fallu: Si vous permettez, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Terrebonne, vous avez la parole.
M. Fallu: Donc, comme le dit l'article 4b. si plus de 45 jours se
sont écoulés depuis que le
texte du décret en conseil autorisant le lancement d'une
proclamation a été approuvé par une résolution des
deux Chambres du Parlement, il est donc interdit de lancer une proclamation en
vue du paragraphe 1, c'est-à-dire qu'il devient périmé de
faire un tel référendum, si on a excédé les 45
jours. Donc, bien au contraire de faire une obligation de tenir un
référendum, on n'a qu'à laisser écouler 45 jours et
puis cela devient tablette, alors que le projet de loi, dans le
mécanisme prévu, suppose que, dès que la motion est
votée en Chambre, une motion de troisième lecture ou motion mise
de l'avant par le premier ministre, le secrétaire de l'assemblée
générale doit faire rapport. Le secrétaire de
l'assemblée générale a trois jours pour en avertir les
députés, le mécanisme est enclenché et le
référendum est automatique. On a donc ce délai de 20
jours, ce minimum de 20 jours, et l'émission des brefs se fait
automatiquement par la suite.
Le mécanisme même référendaire est
enclenché la journée même de la motion de troisième
lecture, motion de fond votée à l'Assemblée nationale.
Bien au-delà de ce que prévoit l'actuel projet de loi
fédéral, qui peut "tabletter" en 46 jours le projet de
référendum, au contraire, l'économie même de notre
projet de loi-cadre prévoit que le référendum sera
automatique. Les délais sont prévus avec un mécanisme qui
arrive jour après jour.
M. Lavoie: Je voudrais juste répondre au
député de Terrebonne, mon voisin de comté. J'ai ici la loi
fédérale, à l'article 6, le dernier paragraphe: "Mais, en
aucun cas, un bref de référendum ne peut être émis
après le 47e jour précédant le jour du scrutin, ni porter
une date postérieure aux dix jours. ' Ma manière de le
comprendre, c'est qu'après l'adoption de la résolution qui donne
la question, après l'approbation de la question, il y a un délai
d'un certain nombre de jours dans notre cas, c'est 20 jours mais
cela devient caduc, la question, après le 47e jour. Il faut recommencer
tout le processus, une nouvelle question, et tout. Cela ne peut pas rester sur
les tablettes, dans le vent, ou dans les airs pendant six mois, un an ou un an
et demi. D'ailleurs, dans les notes explicatives qui ont été
étudiées du projet de loi fédéral il est dit: "Le
projet de loi stipule que les brefs de référendum ne peuvent
être émis que dans les 45 jours qui suivent l'approbation par le
Parlement de la résolution de tenir un référendum. Ainsi,
un gouvernement ne pourrait pas reporter indéfiniment un
référendum approuvé par le Parlement." Et ici, vous pouvez
le reporter indéfiniment. C'est cela la différence. Vous gardez
toutes les cartes de votre côté, tous les atouts de votre
bord.
M. Lalonde: Si c'est périmé, la question aussi est
périmée...
M. Lavoie: Dans tous les pays, il faut recommencer le processus,
alors qu'ici vous pouvez le mettre en marche et le garder dans les airs, comme
cela, pendant un an, un an et demi, deux ans, alors qu'à Ottawa cela
devient caduc et il faut recommencer le processus. Je crois que ce serait plus
normal.
M. Bédard: Vous savez très bien, ayant à
l'esprit le référendum dont vous parlez constamment, qu'il y a
des engagements moraux très clairs. Quand vous parlez des deux ans,
trois ans, cela me fait rire.
M. Lavoie: Lâchez-moi la moralité, de votre part!
Arrêtez-moi la moralité!
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bédard: Oui, ce doit être comme Mackenzie King,
les engagements moraux.
M. Lalonde: Vous n'avez qu'à jouer avec l'opinion
publique...
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Quelqu'un
réclame-t-il la parole sur l'article 13? M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, à l'article 13, il me
semble que ce ne serait pas être raisonnable du tout que de ne pas tenter
d'améliorer l'article tel qu'on le connaît.
D'abord, il y a deux litiges principaux. Il y a celui de
l'émission d'un bref après l'adoption d'un projet de loi ou
encore d'une question à l'Assemblée nationale qu'on ne veut pas
étirer au-delà de 20 jours, du côté gouvernemental,
ce qui crée tous les problèmes qu'on a mentionnés
tantôt. La deuxième question, c'est celle de ne pas avoir un
maximum pour que le Parlement qui, normalement, est souverain, soit
assuré que la question qu'il a débattue, qu'il a acceptée
pour fins de référendum, aille bien en référendum.
Je pense que nous devons considérer cette question en fonction de ce que
nous retrouvons à d'autres articles, en fonction de ce qu'on retrouve
notamment à l'article 11, où il est dit qu'il ne peut y avoir, au
cours d'une même législature, plus d'un référendum
sur le même sujet. A partir de là, à titre d'exemple,
l'Assemblée nationale, le Parlement souverain adopte une question par
voie de motion. Hypothétiquement, il n'y a rien qui garantisse que cela
pourrait se faire dans tel ou tel délai, puisque ce n'est pas garanti.
Cette question pourrait puisqu'on dit qu'on ne peut pas en faire plus
qu'un dans la même législature tout simplement demeurer au
réfrigérateur, attendre vers la fin de la législature et
ne jamais venir au cours de la législature.
Il me semble qu'il y a lieu d'avoir un délai maximum fixé,
sinon, il y a le danger suivant je pense que le ministre devrait
considérer cela que s'il y a une question qui est adoptée
à titre d'exemple vers l'automne, il pourrait y avoir une
question qui est présentée devant l'Assemblée nationale
et, une fois le débat prévu écoulé, la question est
adoptée. Tout cela, si le gouverne-
ment n'amène pas son référendum, s'il décide
de ne pas l'amener, il fait son lit comme cela, et on se retrouve devant une
situation qui crée énormément d'incertitude dans la
population. Pendant que c'est là comme une espèce
d'épée de Damoclès au-dessus de la tête de tout le
monde, le débat et l'opinion publique se trouvent centrés sur
cette question et on la laisse là. On ne fait pas de
référendum. On relie cela avec l'article 14. Je pense que cela se
tient où il est dit que, dès qu'un bref ordonnant des
élections générales est émis, tout bref ordonnant
un référendum devient nul et aucun nouveau bref ne peut
être émis avant que les élections générales
n'aient eu lieu. (16 h 15)
Je pense qu'il y a un amendement qui vient la pour enlever le mot
"nouveau", mais en tout cas... Cela veut dire que théoriquement et en
pratique, le gouvernement pourrait attendre X nombre de jours, de mois ou
d'années vers la fin de son mandat, déclencher son
référendum après tout le temps que cette question plane
au-dessus de la tête et qu'il y ait des sondages qui se font; dans le
fond, la précampagne peut se faire là-dessus, sur cette question
et ne pas connaître le moment où la campagne viendrait.
La campagne se déclenche donc un bon jour et parce que c'est vers
la fin du mandat ou dans la dernière année, quelque chose comme
cela, il peut y avoir une stratégie quelconque qui fasse que le
gouvernement trouverait mieux d'aller en élection plutôt que de
continuer avec son référendum; donc il nous prépare son
référendum, il émet des brefs référendaires
et comme il est le seul à connaître ses intentions, il
dépense plus d'argent que les autres comités nationaux dès
le début de sa campagne, parce qu'il connaît ses intentions. Les
autres font attention parce qu'ils ne connaissent pas les intentions et ils
réservent leurs dépenses vers la fin de la campagne.
Quand le gouvernement sait qu'il a assez dépensé et que la
campagne a été assez forte, il émet un bref
d'élections et il annule le bref référendaire, ce qui fait
que les comités nationaux ne peuvent pas continuer à
dépenser les sommes qu'ils auraient pu dépenser dans des
conditions normales et on se retrouve devant une campagne électorale en
bonne et due forme, très ordinaire. Le débat peut quand
même continuer sur le même sujet en tant que campagne
électorale.
M. Bédard: Vous pouvez imaginer n'importe quoi.
M. Samson: Cela aurait pour effet de faire en sorte que le
gouvernement, étant le seul à savoir ce qu'il veut faire,
pourrait dépenser pas mal plus que les comités nationaux d'une
part et qu'un parti politique, d'autre part, dans une campagne
électorale. On vient me faire croire, de ce côté-là,
qu'on est d'accord avec la limitation des dépenses et qu'on est les
anges possesseurs de la grande vérité sur la limite des
dépenses. Alors que tous les mécanismes que ces gens se donnent
font en sorte qu'ils peuvent tricher tout le monde sur le plan de la
stratégie et dépenser plus que les autres. C'est ce qu'on essaie
de nous faire croire; c'est ce que je ne veux pas admettre. C'est clair. On
entend parler, depuis que le Parti québécois est au pouvoir, de
transparence, d'honnêteté, de ceci et de cela; des anges au
pouvoir, des anges. Je commence à trouver que, si ce sont des anges qui
sont au pouvoir, ils n'ont pas tout à fait la réaction des anges;
ils n'agissent pas comme tels, en tout cas, à moins que je ne me fasse
pas une opinion juste de ce que devrait être un ange...
Une Voix: De mauvais anges.
M. Samson: C'est vrai que les temps sont changés, mais je
suis méfiant et j'ai le droit de l'être. Je trouve qu'avec les
deux motions d'amendement qui ont été présentées au
gouvernement, l'une qui disait 45 jours au lieu de 20 jours et l'autre qui
disait 30 jours au lieu de 20, je les trouve permettez-moi l'expression
assez "cheap" que je me demande sérieusement, si dans le fond de
tout cela, ce n'est pas exactement ce qu'on pense depuis quelques jours.
De plus en plus, je pense que la loi au complet est tellement
piégée un peu partout, que la loi au complet est faite en
fonction non pas d'une consultation populaire, non pas dans le but de vouloir
consulter le peuple, mais en fonction des besoins partisans du Parti
québécois et en fonction surtout d'orienter, par toutes les
méthodes techniques possibles, par la mécanique qu'ils sont en
train de se donner dans ce projet de loi, le résultat; ils appellent
cela une consultation populaire, je pense que c'est rire de la population, c
est ne pas faire confiance à une population. Ils ne veulent pas savoir,
d'après ce que je vois dans cela, ce que la population pense, mais ils
veulent donner I impression à la population que la population pense
comme eux, ce qui n'est pas vrai. C'est pour cette raison qu'on assiste
à un débat qui est absolument stérile. Il n'y a rien qu'on
peut faire pour changer cela. Même si on accepte... Il y a un amendement
qui a été accepté, venant de l'Opposition, monsieur
Les autres sont des amendements du gouvernement ou des petites modifications de
virgules, M. le Président. On a "bulldoze" pas mal de virgules, mais on
n'a pas changé le sens des phrases et on n'a pas changé non plus
le sens de certains articles qui sont absolument fondamentaux. Je trouve que ce
n'est pas raisonnable.
Le gouvernement utilise son pouvoir remarquez qu'il a le droit de
le faire. Je vous reconnais tous ces droits. Vous avez même le droit
daller encore plus loin, mais entre un droit et quelque chose qui est
légitime, qui est normal et qui est un respect de la population, il y a
cette différence que nous retrouvons avec le gouvernement actuel. On
foule aux pieds la pensée de la population et...
M. Bédard: La pertinence du débat, M. le
Président.
M. Samson: C'est en plein cela. On foule aux pieds la
pensée de la population en n'ayant pas les minimums et maximums que
normalement on
devrait avoir. Je pense que c'est clair et que c'est pertinent. Cela n'y
est pas et il semble... J'ai déjà parlé sur certains
articles en invoquant, en demandant, en suppliant le ministre de les accepter.
Cela n'a pas donné grand-chose. Quelle est la stratégie que l'on
doit utiliser, M. le Président, pour tenter d'obtenir des
assouplissements normaux à un tel projet de loi? Quelle est la
stratégie que l'Opposition doit utiliser? Est-ce qu'il faut gueuler tout
le temps? Cela devient fatigant. Est-ce qu'il faudrait tout simplement ne pas
trop parler et les laisser faire n'importe quelle folie, au risque que...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: ... et c'est encore fatigant, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre, mais...
M. Samson: Cela fait déjà 20 minutes?
Le Président (M. Clair): Non, vous avez encore...
M. Samson: Ah! bon. Vous allez voir que je suis pertinent, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): ... mais au point de vue de la
pertinence du débat, je dois vous avouer que la relation est assez
ténue, M. le député, entre...
M. Samson: C'est en relation directe avec l'article 13 qui suit
l'article 12 et qui vient avant l'article 14, M. le Président. C'est en
relation directe.
M. Bédard: II a le même discours pour tous les
articles.
M. Samson: Le ministre, quand il parle comme cela, M. le
Président, devrait se regarder dans le miroir. Cela n'en prendrait pas
un grand pour qu'il se reconnaisse.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela vous ferait-il quelque
chose de changer de commission?
M. Samson: Pardon? Pardon?
M. Vaillancourt (Jonquière): Parlez, il vous reste dix
minutes.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Jonquière!
M. Samson: M. le Président, j'ai entendu une espèce
de "grinchage". Est-ce que votre poste de radio est mal ajusté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela venait du radical
député de Jonquière.
Le Président (M. Clair): C'était du bruit, M. le
député. M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Lalonde: On vous a invité à aller à une
autre commission, si vous n'avez pas entendu.
M. Samson: C'est cela, vous m'avez invité à aller
à une autre commission.
M. Lalonde: On préférerait que vous ne parliez
pas.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda...
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous n'êtes pas
pertinent, oui.
M. Samson: Vous voyez, M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous ne parlez pas sur la
pertinence du débat, oui.
Le Président (M. Clair): ... vous êtes membre de la
commission. Vous avez...
M. Vaillancourt (Jonquière): A part entière, pour
autant que vous respectiez les règlements.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas dit un mot depuis
que je suis arrivé, M. le Président.
M. Samson: M. le Président, je prends l'impertinence du
député de Jonquière comme...
M. Vaillancourt (Jonquière): Le radical
député de Jonquière...
M. Samson: ... le député radicaliste de
Jonquière, M. le Président. Je prends cela comme un compliment
venant de sa part.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est juste à
côté de Chicoutimi, à part cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Jonquière!
M. Samson: Je prends cela comme un compliment venant de sa part.
De toute façon, ce que j'essaie de faire comprendre, cet que la
population a des droits, M. le Président. On la charrie avec un
supposé référendum depuis déjà assez
longtemps qu'elle est en droit de s'attendre qu'il y en ait un, un jour ou
l'autre, et que cela mette fin à cette question. Mais dans la loi, qu'on
prenne l'article 13 ou l'article 6 qui est en suspens, quel que soit l'article
qu'on choisisse, on ne garantit aucunement à la population que ce fameux
référendum va venir un jour. On est en train de mettre en branle
tout un processus. Est-ce qu'on est en train de vouloir nous amuser simplement
pour faire perdre du temps aux députés qui ont autre
chose à faire, M. le Président, ou est-on sérieux
quand on parle de ce projet de loi?
On ne veut rien lâcher. On parle de consensus après. On
dira: Vous voyez, les six millions de Québécois sont d'accord.
Ils ne sont certainement pas d'accord.
Votre loi, votre consensus, continuez ainsi, vous êtes bien
partis. Continuez de cette façon, continuez à tenir vos
positions, vous allez durcir vos positions, et continuez à ne rien
accepter pour assouplir la loi, surtout quand il s'agit d'une question aussi
fondamentale que celle-là. Que le gouvernement continue comme cela, il
va s'apercevoir que ce sera difficile de jouer au référendum,
après.
La pertinence se trouve à représenter 59% de la population
de ce côté-ci de la table, la pertinence du débat. Il ne
faudrait pas l'oublier, on est devant un gouvernement minoritaire, et ce
gouvernement minoritaire est en train de vouloir bousculer toutes les
règles de base de la démocratie. Tout ce qu'on a comme
réponse, on vient de l'avoir et c'est pertinent, je vais
répéter les paroles du ministre: il se fout de tout, le
gouvernement prendra ses responsabilités. Si vous voulez prendre vos
responsabilités, arrêtez de nous achaler avec le
référendum et prenez-les. Pour le moment, vous avez
décidé que vous vouliez un référendum, vous voulez
jouer aux "référendumeux", continuez à jouer à
cela, mais, au moins, mettez des garanties là-dedans qui vont faire que,
quand on aura, à l'Assemblée nationale, pris connaissance de la
question, quand elle aura été votée, il y ait suffisamment
de jours pour permettre d'entrer dans les règles du
référendum, un minimum, et qu'il y ait un maximum pour nous
assurer que tout cela n'aura pas été fait pour le plaisir
d'épater la galerie du Parti québécois. Je pense que c'est
clair, c'est ce qu'on veut avoir comme assurance.
Le député de Laval suggérait, tantôt, ce
maximum, il me semble qu'on ne devrait pas avoir eu besoin de faire de
débat là-dessus, tellement c'est élémentaire. Il y
aurait normalement eu un consensus qui aurait dû se faire, c'est dans la
ligne de pensée depuis le début. Je vous parle de l'article 13,
mais, en comparaison, pour vous démontrer jusqu'à quel point on a
de la difficulté à se faire comprendre, parce que du
côté gouvernemental on ne veut pas se couler les pieds dans le
ciment, mais on a même la tête rendue dans le ciment, à un
point tel qu'il y a six points de l'article I qui sont en suspens, l'article 3
est en suspens, l'article 6 est en suspens, l'article 8 est en suspens,
l'article 9 est en suspens; notre affaire va bien, M. le Président. Si
on continue comme cela, on va suspendre jusqu'à Noël et, encore
là, le gouvernement n'aura pas compris.
M. Grenier: ...
M. Samson: Evidemment, ces messieurs du gouvernement vont
peut-être dire, après cela, que cela dépend de l'Opposition
si le référendum n'a pas lieu vite, parce que si on acceptait ses
folies tout de suite, il pourrait peut-être le faire vite, parce qu'il
aurait tout de son côté; il appellerait cela un
référendum honnête, il appellerait cela un
référendum où on donne la chance à tout le monde,
un référendum où les comités nationaux garantissent
tout...
M. Bédard: La commission des droits de la personne l'a
dit, des chances égales.
M. Samson: Si on acceptait cela tel que c'est là, cela
voudrait dire qu'on laisse aller les droits de la population, qu'on ne les
préserve pas et qu'on ne les défend pas. On a notamment des
groupes qui nous font part de certaines demandes légitimes,
croyons-nous, d'adhérer ou de ne pas adhérer ou de pouvoir
défendre leur point de vue sans être obligés d'être
encarcanés dans un comité national ou dans un autre.
Est-ce qu'on a réalisé réellement qu'il peut y
avoir un certain nombre de groupes qui veuillent s'associer à l'un ou
l'autre des comités nationaux qui viendront aux articles plus loin?
Est-ce qu'on a réalisé, si jamais ces groupes veulent s'associer,
que le minimum qui est fixé ne leur donne même pas le temps
d'entreprendre des pourparlers, parce qu'il y aura déjà des
pourparlers à faire avec les parlementaires? Est-ce qu'on a pensé
que tout cela peut être en temps de session? Est-ce qu'on a pensé
que, se cela nous arrivait, cette fameuse question, quinze jours avant le 1er
juin, vers le 15 mai, et si on arrive le 1er juin d'une année quelconque
avec la bousculade qu'on connaît présentement, bousculade qui a
fait qu'on siège à des heures impossibles et que les gens sont
tellement rendus à bout qu'on a deux de nos parlementaires qui en sont
malades, devant cette bousculade...
M. Lavoie: C'est vrai. C'est vrai. Il n'y a rien de drôle
dans cela.
M. Samson: Vous devriez avoir honte de rire de cela. M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne ris pas de cela. Je ris
de vous.
M. Paquette: II rit de votre démagogie.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ris de vous. Quand je ris,
je ris de vous.
M. Samson: Votre ministre qui est à l'hôpital ne
doit pas trouver cela drôle comme vous, lui.
Le Président (M. Clair): M. le député
de...
M. Samson: Faites comme l'autre soir. Vous avez ri de moi sur un
amendement que je proposais et le lendemain vous l'avez accepté.
M. Vaillancourt (Jonquière): II vous reste cinq minutes,
continuez. Ce n'est pas vous qui allez améliorer la loi.
M. Samson: La conséquence.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas vous qui allez
améliorer la loi.
M. Samson: M. le Président, je dis que, si cela nous
arrivait dans des conditions comme cela, pensez-vous qu'on aurait le temps,
durant les 23 jours du mois de juin, dans l'un ou l'autre des comités
nationaux, de s'occuper de travailler là-dedans? Pensez-vous qu'on
aurait le temps? Il y a eu à peu près 80 heures de travail des
députés la semaine passée. Et ils ont autre chose à
faire, à part ça. Personne ne peut soutenir qu'on aurait pu tenir
le coup. Je trouve malheureux que, quand on souligne ce genre de folie de fin
de session, qui n'a pas été améliorée...
M. Bédard: C'est la première fois que vous finissez
à date fixe.
M. Lavoie: Elle n'est pas encore finie. Attention!
M. Samson: ... qui n'a pas été
améliorée. M. Vaillancourt (Jonquière): ... on va
finir.
M. Bédard: C'est la première fois. Vous faites
jusqu'à oublier délibérément des choses pour
essayer d'étayer votre argumentation.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous, on va essayer de
terminer, mais...
M. Samson: Date fixe, M. le Président, ne veut pas dire
qu'on a amélioré les débats de fin de session. Cela
devrait être clair pour le député de Chicoutimi. La folie
que vous êtes en train de mettre sur pied...
M. Bédard: Si vous ne voulez plus faire de débats,
vous n'avez qu'à le dire.
M. Samson: ... est pire que tout ce que j'ai vu avant, pendant le
temps que j'ai été ici, M. le Président. Au moins, avant,
on nous donnait le temps de dormir de temps en temps.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela achève! Cela
achève!
M. Samson: Vous n'avez rien amélioré. Vous devriez
avoir honte de ce que vous faites.
M. Bédard: Continuez avec votre démagogie. Le
Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous prie de revenir à l'article 13. M vous
reste deux minutes.
M. Samson: M. le Président, dans les deux minutes qui me
restent, je vais faire une dernière tentative pour vous
démontrer, à vous et à d'autres, que de ce
côté-là, c'est difficile. Mais je vais leur tendre une
dernière perche quant au minimum. Quant au maximum, j'espère que
mes collègues feront un amendement. Je vais faire un dernier amendement
quant au minimum.
Dans la première ligne, lire, au lieu de 20 jours, "25e jour". Je
le fais par principe, pour voir de quel bois ils se chauffent, de l'autre
côté. 25 jours.
M. Bédard: Au lieu de 30, on est rendu à 25. Il a
fait son intervention sur un autre sujet. Là, c'est rendu à
25.
M. Lavoie: Sur cela, on est prêt à voter. Une
Voix: On est en faveur.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rouyn-Noranda, terminant son droit de parole, propose une motion d'amendement
à l'article 13 afin de remplacer, dans la première ligne de
l'article 13, le mot "vingtième" par le mot "vint-cinquième".
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Samson: Adopté.
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté.
M. Lavoie: Vote nominal.
Le Président (M. Clair): Le vote nominal est
demandé.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais demander que M. Gratton
remplace M. Lalonde, tel qu'on l'a fait pour M. Paquette tout à
l'heure?
Le Président (M. Clair): Consentement accordé pour
le reste de la séance de cet après-midi.
M. Lavoie: Jusqu'à ce soir.
Le Président (M. Clair): Jusqu'à minuit Ou
jusqu'à 18 heures?
M. Lavoie: Jusqu'à minuit. Le Président (M.
Clair): Jusqu'à minuit. Une Voix: II va être avec nous
jusqu'à minuit. Le Président (M. Clair): De
consentement... M. Gratton: Je suis pris pour longtemps.
M. Bédard: Vous êtes obligé d'écouter
le leader. Les droits et libertés du député!
M. Grenier: Aimes-tu cela le référendum?
Le Président (M. Clair): Messieurs, de consentement
unanime, la commission étant maîtresse de ses travaux, pour le
reste de la séance d'aujourd'hui, soit jusqu'à minuit, c'est le
député de Gatineau. M. Gratton, qui remplace M. Levesque
(Bonaventure) et M. Lalonde remplacera M. Lavoie (Laval) comme intervenant.
Je rappelle la motion du député de Rouyn-Noranda à
l'effet de remplacer, à la première ligne de l'article 13, le mot
"vingtième" par le mot "vingt-cinquième". Veuillez indiquer si
vous êtes pour ou contre cette motion. M. Bédard (Chicoutimi)
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval).
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gratton (Gatineau).
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud). M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Samson: Pour, M. le Président. M. Gratton: Pour, je le
répète.
Le Président (M. Clair): Le résultat du vote est le
suivant: Pour l'adoption de l'amendement du député de
Rouyn-Noranda, 4; contre, 6. La motion est rejetée.
L article 13 sera-t-il adopté?
M. Gratton: M. le Président. Des Voix:
Adopté.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau sur l'article 13.
M. Gratton: M. le Président, je trouve un peu paradoxal
que, dans un premier temps, le ministre refuse de prolonger le délai
minimal de vingt jours entre le moment d'adoption de la formulation de la
question et la possibilité d'émettre un bref pour tenir un
référendum, en prétextant que ce serait là ouvrir
la porte à la possibilité qu'une orgie de dépenses puisse
s'ensuivre pendant cette période de temps que de le prolonger à
45, 30 ou 25 jours comme vient de le proposer le député de
Rouyn-Noranda. Ce serait, dès lors, une raison suffisante de vouloir
empêcher cette soi-disant orgie de dépenses que de le limiter
à son plus bas niveau.
Le ministre a même failli proposer une motion pour réduire
encore plus cette période de vingt jours. Par contre, lorsque nous
voulons faire en sorte que le texte de loi spécifie une durée
maximale de temps après lequel le gouvernement devra émettre les
brefs, il semble que là, on n'a plus de problèmes avec la
possibilité d'une orgie de dépenses. Il semble que tout soit
conforme: si le minimum était de 30 jours, il y aurait la
possibilité d'une orgie de dépenses, mais de ne pas y avoir un
maximum, il n'y a pas de problème, le gouvernement veut pouvoir avoir
toute la latitude voulue...
M. Samson: Faire de l'orgie.
M. Gratton: ... et faire de l'orgie. C'est probablement la
conclusion qu'on doit en tirer. C'est pour le moins difficile à
comprendre, de la part du gouvernement. A moins, bien entendu, qu'il s'agisse
là d'une stratégie du gouvernement à laquelle fait
allusion Marcel Adam dans un éditorial du journal La Presse
d'aujourd'hui, et comme toute la journée durant nous avons
invoqué, nous-mêmes de I'Opposition, des arguments à
l'appui de cette motion et des autres motions d'amendement, vous me permettrez
de vous citer un passage de I'éditorial de M. Adam qui, comme vous le
verrez, reprend certains des thèmes qu'on a évoqués
à I'appui de nos motions d'amendement et qui réussiront
peut-être à ébranler le gouvernement un peu plus que les
arguments que nous avons invoqués.
M. Adam a dit: "La campagne référendaire sera donc
pour lui entre parenthèses, il s'agit du gouvernement en
même temps, une campagne électorale. Dans un tel contexte, il est
capital pour le gouvernement péquiste de jouer le jeu
électoraliste, conserver l'initiative, cacher son jeu. laisser les
adversaires dans la confusion et l'incer-
titude afin de les empêcher de s'organiser adéquatement ".
Je dirai ici, entre parenthèses, que c'est ce que nous soutenons lorsque
le gouvernement refuse de prolonger la période minimale de 20 jours
entre l'adoption de la question ou du projet de loi et l'émission du
bref référendaire, aussi bien que lorsqu'il nous refuse de
spécifier une durée de temps maximum après laquelle il se
devrait, obligatoirement, de déclencher le processus
référendaire par l'émission des brefs. M. Adam continue en
disant: "Seule, une loi-cadre peut lui permettre cette stratégie". Je ne
reprendrai pas cela, M. le Président, parce que vous me diriez que je
suis en marge du règlement, que je ne suis pas pertinent. Je dirai
simplement nous l'avons répété assez souvent, nous,
de l'Opposition que c'était là une des raisons
fondamentales pour lesquelles nous avons voté contre l'adoption en
deuxième lecture du projet de loi no 92, le fait qu'il s'agissait d'une
loi-cadre plutôt que d'une loi spécifique sur le
référendum, sur l'avenir constitutionnel du Québec.
Je continue ma lecture: "C'est pourquoi le parti gouvernemental a
refusé, vendredi dernier, les amendements du Parti libéral du
Québec, stipulant que le gouvernement dépose trois mois avant
l'émission du bref référendaire une définition
concrète et définitive du projet de
souveraineté-association, avec toutes les implications qui en
découlent. C'est pourquoi il refuse aussi, à l'instar de son
modèle britannique, de révéler d'avance la question du
référendum. " J'ajouterai, de mon propre cru, M. le
Président, que c'est également la raison pour laquelle le
gouvernement a refusé qu'on inscrive, dans le texte de la loi, la
nécessité pour deux tiers des membres de l'Assemblée
nationale, pour adopter la formulation de la question. C'est également,
j'en suis convaincu, la raison profonde pour laquelle le gouvernement refuse,
de façon très claire, d'appuyer toute motion d'amendement qui ne
cadre pas avec ce scénario que le gouvernement s'est tracé. "
M. Adam continue en disant: "L'ennui, dans cette stratégie
électoraliste, c'est qu'un débat vital entourant l'avenir du
Québec est faussé parce que le gouvernement veut se sauver
lui-même en gagnant un référendum qui est pour lui une
question de vie ou de mort. Pourtant, ô ironie, le projet de loi no 92 a
justement pour but, a dit le gouvernement, d'améliorer la qualité
de la participation démocratique au Québec, et de fournir des
chances égales aux camps opposés."
M. le Président, je pense bien que je n'ai pas besoin d'expliquer
plus longuement la conclusion que tire M. Adam lorsqu'il parle de chances
égales aux camps opposés. Je regrette. Dans la formulation
actuelle du texte de l'article 13 comme dans bien d'autres, les chances sont
peut-être égales aux dires du gouvernement, mais je dirai, M. le
Président, qu'elles sont un petit peu plus égales pour le
gouvernement. C'est dans ce sens que je ferai motion d'amendement, toujours
à l'article 13, parce que je veux bien que les intentions de
l'Opposition soient traduites dans les faits et qu'on retrouve au journal des
Débats des efforts con- crets d'amélioration, de bonification du
projet de loi, dans le sens de notre position que nous exprimons depuis le
dépôt du livre blanc sur la consultation populaire.
Nous l'avons dit au début des travaux de cette commission,
même si nous nous opposions à l'élément ou à
l'aspect cadre de ce projet de loi, c'est ce qui a motivé notre vote
négatif en deuxième lecture. Nous sommes venus à cette
commission pour tenter de bonifier le projet de loi, nous nous butons à
chaque occasion à un refus du gouvernement. Je pense qu'il serait
irresponsable de notre part de ne pas continuer nos efforts et de se donner
bonne conscience dans le sens où si le projet de loi no 92 était
adopté tel quel, comme il semble bien que ce soit, l'intention du
gouvernement de forcer cette commission à le faire, on aura au moins la
satisfaction d'avoir fait des efforts soutenus pour le bonifier.
Je propose donc, M. le Président, qu'à l'article 13 soit
ajouté, après le deuxième alinéa, l'alinéa
suivant: "II ne peut s'écouler plus de 50 jours entre la date de
l'adoption par l'Assemblée nationale du Québec, la proposition
visée à l'article 7 ou du projet de loi visé à
l'article 9, et celle de l'émission du bref". (16 h 45)
Le Président (M. Clair): Quelqu'un désire-t-il
argumenter sur la recevabilité de cette motion d'amendement?
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais suggérer,
étant donné que nous avons largement discuté du fond de
cette motion avant qu'elle ne soit présentée, quant à moi,
que nous serions prêts à la voter, à l'adopter
immédiatement.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Gatineau est à l'effet d'ajouter après le
deuxième alinéa, suivant: "II ne peut s'écouler plus de 50
jours entre la date de l'adoption par l'Assemblée nationale du
Québec de la proposition visée à l'article 7 ou du projet
de loi visé à l'article 9, et celle de l'émission du
bref". Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Gratton: Vote nominal.
Le Président (M. Clair): Le vote nominal est demande.
Veuillez indiquer si vous êtes pour ou contre cette motion d'amendement.
M. Bédard (Chicoutimi).
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval).
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval) contre;
M...
M. Lavoie: Eh!
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval) pour; M.
Grenier (Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gratton (Gatineau).
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud). M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Clair): Le résultat est le
suivant: Pour l'adoption de l'amendement, 4 contre 6. La motion est
rejetée. L'article 13. L'article 13 sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Adopté sur division.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
M. Samson: Sur division profonde, M. le Président. Sur
division de tous les membres présents de l'Opposition.
M. Bédard: Parlez pour vous. Des Voix: Vote
nominal.
Le Président (M. Clair): Le vote nominal est
demandé quant à l'adoption de l'article 13. Veuillez indiquer si
vous êtes pour ou contre. M. Bédard (Chicoutimi).
M. Bédard: Contre... C'est sur l'amendement?
M. Lavoie: Ce qui est dit est dit, M. le Président. Il a
voté contre.
Le Président (M. Clair): Pour ou contre I'adoption de
l'article 13?
M. Gratton: II nous dira qu'il n'a pas une attitude
négative, après.
M. Bédard: Je croyais que c'était sur l'amendement,
M. le Président. Pour.
M. Lavoie: II est contre.
M. Gratton: Bon ou pas bon, je suis contre.
Le Président (M. Clair): Pour l'information de tous les
membres, je vous rappelle qu'on est en train de voter pour ou contre l'adoption
de l'article 13. Le député de Chicoutimi a voté pour. M.
Beau-séjour (Iberville).
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval).
M. Lavoie: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Gratton (Gatineau).
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud). M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Samson: Contre.
Le Président (M. Clair): Le résultat est le
suivant: Pour I adoption de l'article 13, 6 contre 4. L'article 13 est
adopté. L'article 14.
M. Bédard: II y avait un amendement qui nous avait
été proposé par l'Opposition afin de rayer le mot nouveau
" à la fin de la deuxième ligne. C'est un amendement qui a
été présenté par le parti Libéral, je
crois.
M. Samson: C'est par vous autres. M. Bédard: Je
n'ai pas d'objection.
M. Samson: Amendez-le vous-même, votre projet de loi. Cela
a été présenté par le gouvernement. Arrangez-le
vous-même, votre projet de loi.
M. Lavoie: On n'en fait pas une motion; c'est toujours non, de
toute façon.
M. Bédard: Ce ne serait pas la première fois que
vous changez d'idée.
M. Lavoie: Ce sera toujours non.
M. Bédard: Alors, M. le Président, un amendement
à l'effet de supprimer, dans la deuxième ligne, le mot "nouveau
".
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le nouvel article, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Je pense bien, messieurs,
qu'étant donné que l'amendement proposé par le ministre
n'est pas un amendement de fond, on pourrait considérer qu'il fait
partie de l'article 14 et passer immédiatement, plutôt de demander
si la motion d'amendement est adoptée, d'adopter immédiatement
l'article 14. L'article 14, si on retranche le mot "nouveau' à la
deuxième ligne, est-il adopté?
M. Lavoie: On donne notre consentement à ce que ce ne soit
pas un amendement formel, parce que cela prend un consentement.
Le Président (M. Clair): Le consentement étant
accordé pour retirer le mot 'nouveau" à la deuxième ligne
de l'article 14, l'article 14 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Samson: M. le Président.
M. Bédard: A l'article 15...
Le Président (M. Clair): Avant l'adoption?
M. Samson: Avant l'adoption, oui. Je n'ai pas l'intention de
faire un "filibuster". Je veux faire enregistrer le fait que je ne suis pas
d'accord sur ce genre de choses. Quand il y a un référendum en
cours, il ne devrait pas y avoir de possibilité de l'arrêter.
Comme je l'ai dit tantôt, mon argumentation a été faite
à l'article 13. Je suis d'accord qu'on procède sans plus tarder,
mais je fais enregistrer ma dissidence sur l'article 14.
Le Président (M. Clair): L'article 14 est-il
adopté.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Samson: Sur division.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
M. Bédard: Sur votre division. Alors, l'article 15, M. le
Président.
Listes électorales
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 15. L'article
15 est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Grenier: Pas d'objection à l'article 15.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Bédard: L'article 16, M. le Président...
Le Président (M. Clair): L'article 16.
M. Bédard: J'aurais un amendement. Lavez-vous? Est-ce que
les membres de l'Opposition ont l'amendement à l'article 16?
M. Gratton: M. le Président, je l'avais, je les avais
tous, malheureusement, ils sont en train de faire le ménage de mon
bureau et je n'ai plus rien.
M. Grenier: Oui, je l'ai.
M. Bédard: M. le Président, c'est un amendement qui
fera partie de l'article lui-même, cela dépendra du consentement
de l'Opposition. C'est un amendement aux fins d'ajouter l'alinéa suivant
à la fin de l'article: "Aux fins du présent article, le Directeur
général des élections peut conclure avec les directeurs
des établissements de détention constitués en vertu d'une
loi du Parlement du Canada toute entente qu'il juge nécessaire ". Cet
amendement est rendu nécessaire, M. le Président, puisqu'il a
été stipulé, et cela avait été
demandé par la Commission des droits de la personne, que
l'incapacité qui frappait les personnes détenues soit
supprimée, ce à quoi nous avons donné suite. Comme
l'article, tel qu'il était rédigé, réglait la
situation concernant les personnes détenues dans des institutions sous
juridiction provinciale, nous ajoutons cet amendement aux fins de
prévoir pour les personnes détenues dans des institutions
fédérales.
M. Samson: J'aurais une question pour le ministre, M. le
Président. Est-ce que l'article 16 parce que je n'ai pas la
mémoire de la Loi électorale est concordant avec ce qu'on
retrouve dans la Loi électorale?
M. Bédard: Non, c'est nouveau.
M. Samson: Est-ce que cela va le devenir, un peu plus loin dans
le projet de loi?
M. Bédard: Pardon?
M. Samson: C'est nouveau, oui.
M. Bédard: C'est nouveau, à cause de la disposition
à laquelle nous avons donné suite, suggestion d'ailleurs qui nous
était faite par la Commission des droits de la personne. Nous avons
rédigé cet article en consultation et en collaboration avec le
président général des élections.
M. Samson: Cela va aller pour le référendum. M.
Bédard: C'est cela.
M. Samson: Mais est-ce que plus loin c'est parce que je
sais qu'on amende la Loi électorale plus loin est-ce qu'il y aura
un amendement concordant qui amendera également la Loi
électorale?
M. Bédard: Non.
M. Samson: Cela va venir dans...
M. Bédard: Ce sera dans une éventuelle...
M. Samson: ... dans la révision de la Loi
électorale, plus tard.
M. Bédard: ... révision de la Loi
électorale. M. Samson: D'accord.
M. Grenier: ... ils n'ont pas le droit de vote à
l'élection générale.
Une Voix: Pas ceux qui ont deux ans et plus.
M. Gratton: Ils n'auront pas le droit de vote au
référendum, eux autres. J'aimerais qu'on précise, parce
que d'abord, il est bon de rappeler que la Loi électorale effectivement,
donne droit de vote à ceux qui ont des condamnations de moins de deux
ans.
M. Bédard: La Commission des droits de la personne nous a
fait une recommandation de l'étendre. C'est ce qui nous oblige à
apporter un paragraphe qui prévoit qu'il y aura des ententes entre le
fédéral et le provincial pour donner suite à cette
suggestion.
M. Gratton: Mais la raison d'être de l'article 16, tel que
je le conçois, c'est que, la loi électorale donnant
déjà droit aux prisonniers de voter, ceux qui sont
condamnés à moins de deux ans, au moment des auditions des
groupes, en particulier je ne me souviens plus de quelle association,
mais celle qui représentait les détenus tout en ayant ce
droit, c'était assez rare ceux qui pouvaient l'exercer, parce que,
effectivement, ils n'avaient pas la possibilité de voter. L'article 16
vient corriger cette situation pour ceux-là. J'avais pensé que,
plus tard, dans le projet de loi, et, effectivement, je ne l'ai pas
retrouvé, on aurait étendu le droit de vote ou qu'on aurait
amendé la Loi électorale pour permettre aux détenus
condamnés à plus de deux ans de détention de voter.
M. Bédard: Cela viendra, mais, à l'intérieur
de cette loi, on ne veut pas amender la Loi électorale. Je pense que
cela viendra à l'occasion d'une éventuelle refonte de la Loi
électorale.
M. Gratton: Une réforme de la loi...
M. Bédard: On amende toujours la Loi électorale en
fonction de cette loi-cadre, comme adaptation à cette loi-cadre.
M. Gratton: Ce à quoi je veux me référer,
c'est que, dans son rapport, la Commission des droits de la personne s'est
interrogée sur les raisons qui avaient amené le gouvernement,
contrairement à ce que le livre blanc avait laissé entendre,
à n éliminer que les incapacités frappant les prisonniers.
Dois-je conclure que, au moment où le gouvernement amendera la Loi
électorale pour permettre aux détenus de voter, il a
également l'intention de lever l'incapacité des juges, par
exemples, et d autres personnes qui sont présentement incapables?
M. Bédard: C'est le cas.
M. Gratton: C'est le cas. Donc, l'inquiétude de la
commission est sans fondement dans le cas actuel.
M. Bédard: Oui, c'est cela. Je l'avais souligné la
semaine passée. Probablement que les membres de la commission n'ont pas
vu la formule révisée du projet de loi. C'était contenu
à lap-pendice, et les membres de la commission avaient l'impression que
la correction n'avait pas été faite, alors que nous avions
donné suite, effectivement, à leur suggestion.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, le député de
Gatineau a posé exactement la question que je voulais poser. C'est
très brillant, pour une fois!
Le Président (M. Clair): L'article 16, contenant le
paragraphe dont le ministre de la Justice propose l'addition, est-il
adopté?
M. Lavoie: Nous donnerions notre consentement pour
l'intégration de l'ajout. Nous disons adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Adopté, avec
amendement.
L'article 17?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 17, adopté?
M. Gratton: Adopté.
Droit de vote
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 18?
M. Bédard: L'article 18 concerne le droit de vote et c'est
fait en relation avec la Loi électorale.
Le Président (M. Clair): L'article 18, adopté?
M. Gratton: Adopté.
Bulletins de vote
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 19?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Lavoie: M. le député de
Mégantic-Compton...
M. Grenier: C'est à l'article 21 que j'avais cela.
Le Président (M. Clair): L'article 20?
M. Gratton: A l'article 20, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: II s'agit des bulletins de vote utilisés dans
des bureaux de votation situés sur une réserve indienne ou dans
un endroit où vit une communauté amérindienne. Dans cet
article, est-ce l'intention du gouvernement de faire en sorte que, dans toutes
les réserves indiennes du Québec, il soit possible d'avoir un
bulletin rédigé dans la langue de la majorité
autochtone?
M. Bédard: C'est dans l'article, où il est dit
que...
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans la mesure où...
(17 heures)
M. Bédard: II est dit que les bulletins doivent être
rédigés en français et dans la langue de la
majorité autochtone du milieu, dans la mesure où le
président d'élection peut faire imprimer des bulletins de vote
dans cette langue. Je pense bien que l'intention gouvernementale est
très claire.
M. Gratton: Je veux préciser parce que j'ai un cas en
particulier, j'en ai justement discuté avec des membres de la tribu
algonquine, à la réserve Maniwaki, en fin de semaine. C'est un
fait, parce que je me suis adonné...
M. Bédard: Est-ce que j'ai l'air de ne pas vous
croire?
M. Gratton: C'est parce que je ne les vois pas souvent, alors,
cela me surprend moi-même.
M. Bédard: Je sais que vous vous exprimez très bien
dans cette langue.
M. Gratton: En réalité, M. le Président,
c'est que si, effectivement, la seule réserve c'est dans la mesure
où le président d'élection peut faire imprimer des
bulletins de vote dans la langue autochtone, cela va; sauf qu'il y aura
peut-être des cas où, sur une réserve donnée, on
pourra dire: II n'est pas nécessaire que le bulletin donne la version
indienne de la question parce que pas mal tout le monde connaît soit
l'anglais, soit le français. Je présume qu'à ce
moment-là, il n'y aura pas de considération à donner
à cela.
M. Bédard: On dit bien: Dans la mesure où le
président d'élection peut", le gouvernement, cela va, mais il y a
quand même le président d'élection dont il faut tenir
compte et qui doit, j'imagine, évaluer certaines situations. Je crois
que cela répond à une demande qui avait été
faite.
M. Gratton: D'accord.
M. Paquette: M. le Président.
M. Gratton: Une dernière question, M. le Président.
La Commission des droits de la personne soulève ce problème
à la page 4; c'est très court, vous me permettrez sûrement
de le lire; "Une réserve, cependant, au sujet de ce dernier article 20.
Dans la mesure où certains autochtones ne lisent pas leur propre langue,
non plus qu'ils comprennent le français, ne conviendrait-il pas
d'ajouter aussi la traduction anglaise de la question soumise au
référendum, sur les bulletins de vote qui seront utilisés
dans des bureaux de votation situés sur une réserve indienne ou
dans un endroit où vit une communauté amérindienne ou
inuit? Cela ne serait-il pas d'ailleurs conforme à l'esprit de l'article
88 de la Charte de la langue française ainsi qu'à la convention
de la baie James? '
Je dirai simplement au ministre que, dans un cas très
précis, celui de la réserve indienne à la Maniwaki, c'est
un fait que, plus souvent qu'autrement, les Indiens apprennent d'abord
l'anglais, après avoir appris leur langue, bien entendu, et qu'à
l'occasion, plusieurs d'entre eux ne parlent pas français et ne lisent
d'aucune façon ni le français, ni l'anglais, ni l'algonquin. A ce
moment, ceux-là seraient parmi ceux dont parle la commission, qui ne
pourraient pas voter en toute connaissance de cause.
M. Bédard: M. le Président, je suis prêt
à donner suite à cette recommandation de la commission.
M. Gratton: Alors, est-ce qu'il y a un amendement...?
M. Bédard: Nous avions l'intention de le faire.
Est-ce que vous aviez préparé un amendement ou si vous
voulez qu'on...
M. Gratton: Non, je n'en ai pas préparé, parce que
j'ai été avec les Indiens toute la fin de semaine...
M. Bédard: Alors il s'agirait d'ajouter: "doit être
rédigé en français, en anglais et dans la langue de la
majorité..."
M. Gratton: Ouais.
M. Bédard: II s'agirait d'ajouter, à la
quatrième ligne, après le mot "français", les mots "en
anglais . En français... "
M. Gratton: Virgule.
M. Bédard: "En français, en anglais et dans la
langue de la majorité..."
M. Gratton: Pas de "et".
M. Grenier: II n'y a pas de "et"?
M. Bédard: "En français, en anglais, et dans la
langue de la majorité autochtone du milieu ".
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a consentement
pour inclure, à la quatrième ligne, après les mots "en
français", les deux mots "en anglais"?
M. Fallu: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Dans l'ordre, s'il vous
plaît, le député de Rosemont, le député de
Châteauguay et le député de Terrebonne.
M. Paquette: M. le Président, d'abord une première
remarque, le député de Gatineau disait tantôt que presque
tous ceux qui parlent une langue amérindienne parlent l'anglais.
M. Gratton: Je m'excuse, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Paquette: Si ce n est pas ce qu'il a dit, d'accord.
M. Gratton: J'ai parlé du cas de la réserve de
Maniwaki.
M. Paquette: Ah! bon! Dans ce cas particulier, parce que je
pensais principalement aux Inuit du Nouveau-Québec qui, je pense, sont
seulement 20% à comprendre une autre langue que leur propre langue. Je
pense que c'est un amendement qui est utile. La question que je voulais poser
au ministre: Qu'arrive-t-il dans le cas où on a un autochtone... Enfin,
je pense que c'est le même cas pour quelqu'un qui est analphabet,
j'imagine que c'est prévu dans la Loi électorale. Quelqu'un qui
ne lit aucune des langues, ni sa propre langue, ni le français, ni
l'anglais? C'est prévu à la Loi électorale, j'imagine?
M. Grenier: Un analphabet, la Loi électorale lui permet de
voter.
M. Paquette: II peut se faire aider par...
M. Grenier: II peut se faire aider par les
préposés, oui.
M. Paquette: Je me demandais, parce qu'il y a toujours le
principe selon lequel on veut favoriser autant que possible le vote par
l'électeur lui-même, sans aucune aide. Je me demande si on ne
devrait pas prévoir dans certains coins bien précis où il
y a une majorité d'autochtones, même la présence
d'interprètes qui pourraient donner le sens des trois options.
M. Bédard: Si vous me permettez, une seconde. Dans la Loi
électorale, il y a peut-être quelques dispositions, je ne la
connais pas par coeur, qui répondent à votre interrogation.
Dans la Loi électorale, il est dit: "Lorsque le scrutateur ne
comprend pas la langue que parle la personne qui se présente pour voter,
il doit assermenter une personne qui lui sert d'interprète auprès
de l'électeur. S'il est impossible au scrutateur de trouver un
interprète, cette personne n'est pas admise à voter." Quoique
cela ne répond pas complètement à votre question.
M. Paquette: Pas tout à fait, mais je pense que cela
laisse la porte ouverte. Dans certaines régions, je pense au
Nouveau-Québec en particulier, la présence d'interprètes
assignés pour tout le monde... Parce que les cas vont être
suffisamment fréquents pour que cela vaille la peine de le faire.
M. Grenier: Je ne connais pas la loi, mais je sais qu'il y a un
article qui permet à des personnes âgées, entre autres,
d'avoir même quelqu'un qui les accompagne pour voter. C'est le même
cas pour les aveugles. A partir de là, je pense qu on peut se
prévaloir des mêmes procédés.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Sur cette question, M. le Président, si je me
rappelle bien, dans la Loi électorale on fait allusion, dans un autre
article, à la langue française et à la langue anglaise.
Quand on parle d'interprète, c'est en fonction d'une de ces deux
langues, je pense. Ce qui fait que les autochtones ne seraient pas couverts par
l'article qu'a lu M. le ministre tout à l'heure, ni par celui auquel je
fais allusion en parlant de l'anglais et du français.
C est un point de vue que je voulais apporter mais qui n'est pas celui
pour lequel j'avais demandé la parole, M. le Président.
Est-ce que l'amendement qu'a apporté M. le ministre va être
considéré comme un amendement, ou si on va simplement
l'incorporer à I'article...
M. Bédard: Vous n'avez pas d'objection à ce que
cela fasse partie de l'article?
Une Voix: ... d'anglais? C'est adopté. M. Lavoie:
C'est adopté. M. Grenier: C'est adopté.
M. Dussault: Ceci dit, M. le Président, je voudrais faire
remarquer que l'on emploie, dans le premier paragraphe ainsi que dans le
deuxième, l'expression "président d'élection", et comme
nous parlons maintenant du président général
d'élection, il y aurait probablement lieu d'ajouter le mot
"général " entre les mots "président" et
"d'élection", dans chacun des deux paragraphes.
Le mot "général", parce qu'on parle de président
général d'élection maintenant. C'est que dans l'article
16, on a ajouté aux fins du présent article "directeur
général d'élection". Est-ce que ce n'est pas l'expression
qu'on doit employer maintenant, "directeur général des
élections" plutôt que "président d'élection"?
Une Voix: Ce n'est pas le président général
d'élection.
M. Dussault: Si ce n'est pas le cas, est-ce que l'on veut dire
ici le président d'élection du comté? C'est ce que je veux
clarifier.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela.
M. Samson: Les présidents...
M. Gratton: Ce n'est pas ce que cela dit.
M. Samson: Ils demeurent présidents, eux autres.
M. Bédard: Effectivement, on veut parler du
président d'élection. Il représente...
M. Gratton: A l'article 20, dans le texte, on ne parle pas du
président d'élection du comté, à moins que la
définition d'un président d'élection dans la loi
électorale soit à l'effet qu'il s'agit effectivement du
président d'élection du comté et non pas...
M. Bédard: C'est parce que l'impression du bulletin de
vote est faite par le président local et non pas par...
M. Gratton: Vous avez raison. Je m'excuse.
M. Paquette: D'ailleurs M. le Président, à
l'article premier où on donne la liste des définitions, on
mentionne, en particulier au paragraphe i, que "directeur général
des élections" et "président d'élection" ont le sens tel
que prévu dans la Loi électorale, Statuts refondus, 1964,
chapitre 7.
M. Gratton: C'est suspendu.
M. Grenier: On n'est pas en concordance avec la loi 101, ici, je
crois.
Le Président (M. Clair): L'article 20...
M. Bédard: M. le Président, à l'article 20,
pour répondre à la question qui a été posée
par le député de Rosemont concernant la possibilité...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, le ministre est en train de vous donner une réponse.
M. Bédard: ... la possibilité de faire voter une
personne qui ne sait pas lire ou qui est aveugle, on peut retrouver à
l'article 249 de la Loi électorale la disposition suivante: "A la
demande de tout votant qui ne sait pas lire ou qui, pour cause de
cécité ou d'une autre infirmité corporelle est incapable
de voter de la manière prescrite par la présente loi, le
scrutateur doit, en la seule présence des représentants admis
à représenter les candidats dans le bureau, aider ce votant
à marquer et à déposer son bulletin, suivant que le votant
le requiert". L'article 249 de la Loi électorale.
Le Président (M. Clair): L'article 20 tel qu'amendé
est-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
M. Grenier: Adopté. M. le Président, cela n'a
peut-être pas de rapport, non plus... Oui, en ajoutant " en anglais",
c'était l'objet de mon intervention antérieure, mais je n'ai pas
eu besoin de le faire parce que cela a été proposé sous
forme d'amendement. Il n'y a pas d'objection ici, je sais que le ministre
Laurin avait des objections farouches à ce qu'on mette le mot "anglais"
dans la loi 101. Il fallait parler d'autres langues.
M. Bédard: Le Dr Laurin fait partie du Conseil des
ministres...
M. Grenier: Vous allez lui soumettre cet amendement.
M. Bédard: ... comme celui...
M. Paquette: M. le Président...
M. Bédard: ... comme celui qui vous parle, et je peux vous
dire que le mot "farouches " est vraiment exagéré.
M. Grenier: J'exagère peut-être en disant cela, mais
il disait: Rédigé en français, et quand on parlait de
l'anglais, il fallait dire "autre langue ". On n'avait pas le droit de mettre,
dans la loi 101, le mot "anglais ".
Le Président (M. Clair): L'article 20 est
adopté...
M. Bédard: Cela montre la souplesse du gouvernement.
M. Paquette: C'est complètement faux, le mot "anglais" y
apparaît à plusieurs reprises.
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 21,
messieurs.
M. Paquette: ... en particulier pour la minorité
anglophone...
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'appelle l'article 21
à moins qu'on en revienne à des articles qui ont
déjà été suspendus.
M. Samson: Pas trop vite!
Campagne référendaire
Comités nationaux Le Président (M. Clair):
L'article 21.
M. Bédard: M. le Président, vous me permettrez
quelques considérations, au début de ce chapitre, concernant la
formation de comités nationaux. Je sais qu'à l'heure actuelle,
les oppositions avaient manifesté leur accord avec le principe de
constitution de comités nationaux.
M. Lavoie: Un instant... non obligatoires et non coercitifs.
M. Bédard: L'Opposition officielle n'a pas... Bon.
M. Lavoie: Parlez pour vous; on est assez grands pour parler pour
nous.
M. Bédard: II arrive assez souvent que vous parlez pour
nous; vous pouvez me corriger si cela ne va pas.
M. Lavoie: Non, on ne parle jamais pour vous.
M. Gratton: D'ailleurs, on nous accuse souvent de parler trop
pour nous.
M. Bédard: En tout cas, vous commencez à chialer
déjà.
M. Grenier: Du calme! Du calme! Consensus, du calme!
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Samson: Lé plus large consensus.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: Je me référerai à un
document officiel de l'Opposition officielle...
M. Lavoie: Vous allez le lire au complet.
M. Bédard: Vous pouvez seulement m'obliger à le
déposer.
M. Lavoie: Même pas!
M. Bédard: Le mieux à faire, c'est peut-être
de nous laisser parler. M. le Président, dans une conférence de
presse où on avait remis aux journalistes et on nous l'a remis
par après un texte où il était question des
comités nationaux, on pouvait y lire ceci: "L'Opposition officielle n'a
pas d'objection de principe à la constitution de comités
nationaux correspondant aux options soumises à la population lors d'une
consultation populaire. Elle y voit même une forme valable d'organisation
de la campagne référendaire pour des fins spécifiques,
telles la perception, l'administration des fonds gouvernementaux qui sont
destinés à chaque option, et elle est d'accord pour qu'on
maintienne à $0.50 par électeur les dépenses de ces
comités nationaux. ' (17 h 15)
Je continue à lire: "Sous aucun prétexte, le gouvernement
n'a cependant pas le droit d'imposer, disait I Opposition officielle, à
quiconque veut participer à la campagne référendaire,
premièrement, de le faire nécessairement à
l'intérieur d'un comité donné; deuxièmement, de se
conformer nécessairement aux règlements de ce comité;
troisièmement, d'accepter nécessairement de travailler sous la
direction d'un président, avec les membres de ce comité;
quatrièmement, d endosser nécessairement le contenu, les formes
et le style d'action de ce comité.
Alors, la loi prévoit, M. le Président, que des personnes
peuvent faire poser des gestes, la loi prévoit déjà que
des personnes et même des groupes peuvent poser des gestes à
l'intérieur de la campagne référendaire, sans
nécessairement le faire à l'intérieur d'un comité
donné, selon une réglementation à l'intérieur de la
loi, et sans se conformer nécessairement aux règlements d'un
comité. C'est d'autant plus clair qu'ils peuvent ne pas y
adhérer.
Maintenant, à partir du moment où un groupe a
décidé de faire partie d'un comité, il se posait le
problème de savoir jusqu'à quel point on pouvait et je
rejoins les paragraphes 3 et 4 du document que je viens de citer exiger
de ces groupes qu'ils acceptent nécessairement de travailler sous la
direction d'un président et avec les membres de ce comité et
qu'ils endossent nécessairement le contenu, les formes et le style
d'action de ce comité.
M. le Président, nous avons, entre-temps, reçu I'opinion
de la Commission des droits de la personne qui, effectivement, avait pris note
de certaines contraintes qui pouvaient exister dans la formule proposée
dans le projet de loi et qui nous propose une autre formule qui s'apparente
je crois qu'on peut le dire beaucoup à celle qui
était déjà dans le projet de loi, mais qui, je crois, a le
mérite quand même de clarifier certaines données. La
Commission des droits de la personne dans son opinion qu'elle nous a fait
parvenir ou les commentaires qu'elle nous a fait parvenir, en date du 5 juin
1978, disait ceci: "En pratique, cependant, le contrôle des
dépenses impliquant né-
cessairement le contrôle de toute la stratégie de la
campagne référendaire pour chacun des comités nationaux,
il se peut que des groupes refusent de se joindre au comité national
correspondant à leur option de crainte de s'y voir indûment
brimés dans leur liberté d'expression, par exemple, parce qu'ils
préféreraient mettre davantage l'accent sur une approche sociale
ou culturelle plutôt que sur la dimension économique du
problème débattu". "Alors, dans le but d'éviter le
boycottage des comités nationaux et la multiplication des groupes
oeuvrant hors de l'organisme-parapluie et d'atténuer significativement
la contrainte pesant sur les libertés d'association et d'expression, la
commission propose d introduire la notion de statut d'affilié pour les
individus et groupes qui ne voudraient pas s'associer à la
stratégie globale décidée par le comité national,
tout en étant d'accord avec l'objectif visé en définitive
".
Egalement, la commission disait dans son opinion: "Sous réserve
du tempérament qui suit, ces règlements... La commission
continuait en ces termes: "En un tel cas, certes, pour que cette dissidence non
sur les objectifs mais sur la stratégie ait un sens, il faudra bien
sûr assurer une répartition proportionnelle des revenus entre le
groupe majoritaire et les groupes affiliés, selon des critères
qui pourront être précisés pour chaque comité
national, le cas échéant, dans ses règlements ".
Après réflexion, M. le Président, nous sommes
d'accord pour donner suite à cette recommandation fondamentale de la
Commission des droits de la personne et permettre, à l'intérieur
des comités nationaux, la possibilité de groupes affiliés
qui, effectivement, auraient le droit de décider de leur
stratégie d'action, qui pourraient être en mesure d'orienter leur
sensibilisation de la population sur des aspects qui leur semblent plus
importants, par rapport à certains aspects qui pourraient retenir
l'attention du comité national lui-même. C'est à cet effet
et pour respecter cette suggestion de la Commission des droits de la personne
que nous ajouterons à l'article 23 un amendement je l'ai fait
distribuer qui pourra prévoir l'affiliation aux différents
comités nationaux de groupes favorables à la même option et
les critères de cette affiliation.
Nous reconnaîtrons, autrement dit, qu'il y a une
possibilité pour le comité national de reconnaître des
groupes dits affiliés.
M. Samson: Dans le cadre de l'énoncé du ministre et
concordant avec ce chapitre des comités nationaux, il y a deux aspects
de la question qui me semblent assez importants. D'abord, les comités
nationaux peuvent regrouper, d'une part, des membres de l'Assemblée
nationale et, d'autre part, d'autres mouvements ou associations qui voudraient
s'y joindre.
Donc, il y a deux sortes, si on peut dire, de mouvements qui peuvent se
retrouver ensemble. Quand vous faites référence à ce
document qui provient de la Commission des droits de la personne, et que,
à la page 7, on dit: "II faudrait bien, en un tel cas, en parlant des
affiliés, assurer une répartition proportionnelle des revenus
entre les groupes majoritaires et les groupes affiliés," il y a les
groupes majoritaires et les groupes affiliés. Les groupes majoritaires
sont les groupes qui composent le comité national et les groupes
affiliés sont ceux qui viennent se joindre. Or, il est dit dans la loi
que les groupes qui composent sont les membres de l'Assemblée nationale,
pour l'une ou l'autre des options et l'une ou l'autre, ou l'autre encore, parce
qu'il peut y en avoir plus qu'une ou deux, selon ce qui sera amené, si
on accepte le principe qu'on veut laisser une certaine latitude aux
différents partis politiques, c'est-à-dire ne pas les obliger
à s'embrigader malgré eux, si on veut leur laisser cette
latitude, compte tenu du fait que, dans la loi il y a aussi une portion des
$0.50 par électeur, ce qui est le maximum de dépenses, il y a une
portion de cela qui viendra par subvention du ministre des Finances à
l'un, à l'autre, ou aux autres comités nationaux.
A ce moment, ne pourrait-on pas envisager je n'ai pas la formule
toute prête, mais je pose la question l'éventualité
que les partis politiques qui sont présents à l'Assemblée
nationale puissent bénéficier, dans la partie qui proviendra de
la subvention du ministre des Finances, d'une espèce d'arrangement qui
rejoindrait ceux qu'on retrouve dans la loi no 2, Loi du financement des partis
politiques?
Comme vous le savez, dans la loi no 2, vous avez une certaine somme
annuelle qui est l'équivalent des $0.25 par électeur
enregistré sur les listes, donc environ $1 million, que l'on redistribue
aux partis politiques suivant le pourcentage des votes obtenus à la
dernière élection générale. Donc, le Parti
québécois reçoit 41% de ce total, le Parti libéral
reçoit environ 35% de ce total, l'Union Nationale 19% et nous recevons
près de 5% de ce total. N'y aurait-il pas une possibilité
d'envisager quelque chose qui, dans les faits, pourrait laisser une certaine
autonomie à chaque parti, quitte, je pense, à ce que ces partis
puissent se regrouper, puissent s'affilier. Si on dit: Un mouvement
extérieur aux membres de l'Assemblée nationale peut avoir un
statut d'affilié, pourquoi le parti politique n'aurait-il pas une
possibilité d'utiliser le statut d'affilié aussi?
Dans ces conditions, les subventions préliminaires pourraient, je
pense, être revues dans le sens de la loi 2 qui a été
étudiée longtemps.
M. Bédard: Je comprends très bien la
préoccupation du député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je ne sais pas, est-ce que le ministre ne pourrait
pas...
M. Bédard: Maintenant, la loi 2 est en fonction de partis,
est en fonction d'élections générales. Là, nous
sommes en face d'une consultation populaire où un des principes
fondamentaux à respecter est le contrôle des dépenses.
Il est clair que si nous voulons que ce soit la subvention
gouvernementale ou encore les subventions possibles des partis politiques
ou
encore des individus ou des groupes vraiment un contrôle
des dépenses, à partir du moment où nous indiquons un
maximum de $0.50 par électeur, il faut que ces partis politiques, ces
individus ou ces groupes, orientent leur participation financière vers
un endroit bien précis qui est le comité national, que ce soit
pour une option ou pour l'autre option.
Une fois le montant atteint, montant qui peut être
dépensé par le comité national, que ce soit celui d'une
option ou d'une autre, ce dernier fait la répartition entre les groupes,
entre les différents participants de ce comité, que ce soit
à titre de groupe affilié ou encore à d'autres titres.
Nous croyons sincèrement que c'est la seule façon,
premièrement d'assurer, de se donner un mécanisme clair de
contrôle des dépenses et aussi de se donner la structure qui
permet, non seulement aux partis politiques, mais également aux groupes
affiliés, de pouvoir bénéficier du fonds
référendaire qui sera fixé par les règlements du
comité national.
Le Président (M. Clair): Messieurs les membres de la
commission, je remarque que nous sommes à l'étude de l'article
21...
M. Lavoie: Je n'ai pas voulu intervenir...
Le Président (M. Clair): Moi non plus, je voulais essayer
d'être souple.
M. Bédard: J'ai voulu répondre à une
question.
Le Président (M. Clair): Oui. Mais l'amendement
proposé par le ministre, en fait, vient à l'article 23.
M. Samson: C'est parce que... M. le Président, sur la
question de règlement; c'est parce que le ministre a commencé en
parlant du chapitre...
Le Président (M. Clair): Vous avez tout à fait
raison.
M. Samson: Je pense que si on veut avoir une discussion la plus
souple possible, on ne peut pas discuter des comités nationaux...
M. Bédard: Je m'étais permis de le faire, à
la suggestion du leader de l'Opposition officielle, à la fin de nos
séances de la semaine passée, suggestion qui me proposait pour
une meilleure compréhension et peut-être pour une meilleure
discussion de l'ensemble du chapitre concernant les comités nationaux,
de dire quelle orientation le gouvernement entendait prendre, et si
c'était la même orientation que celle qui est contenue dans le
projet de loi, ou encore s'il y avait des changements, étant
donné les représentations qui nous avaient été
faites par la Commission des droits de la personne, et également les
représentations qui nous avaient été faites par le
document qui a été porté à notre attention par
l'Opposition officielle.
C'est simplement dans le but de donner cette indication à ce
chapitre... (17 h 30)
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on étudie
l'article 21 ou si on suspend et qu'on étudie l'article 23, tel que
proposé par le ministre?
M. Samson: Est-ce qu'on ne pourrait pas suggérer je
pense que cela rendrait service à tout le monde qu'on ait encore
un peu par consentement, il me semble qu'on pourrait le faire de
discussions sur le chapitre comme tel.
Le Président (M. Clair): La commission est maîtresse
de ses travaux et s'il y a un consentement unanime, il me fera plaisir
d'entériner.
M. Samson: Si je le suggère, c'est parce que le document
que nous avons en provenance de la Commission des droits de la personne est une
couverture générale du chapitre. Il me semble qu'on pourrait
avoir de meilleures discussions si on consentait unanimement à discuter,
pour un certain temps, du chapitre en général. Après cela,
on pourrait le décortiquer par articles, plus facilement.
M. Bédard: D'ailleurs, M. le Président, j'ai
donné cette indication globalement et même à
l'intérieur de l'indication de l'amendement que j'ai porté
à la connaissance des membres de la commission, je dois dire que c'est
même susceptible d'amendement parce que je me rends compte que lorsqu'on
dit que les règlements doivent prévoir l'affiliation aux
comités de groupes favorables à la même option et les
critères de cette affiliation, c'est évident qu'ils doivent
définir également les conditions, les modalités de cette
affiliation. On ajoutera cela tout à l'heure.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Le ministre a apporté, alors que nous
étions à l'article 21, cet amendement à l'article 23; sans
élaborer trop longuement sur l'article 23, je préférerais,
et je crois que ce serait plus dans l'ordre, si le ministre n'y voit pas d
objection, qu'on fasse peut-être une revue ou un tour d'horizon de tout
ce chapitre, ou plutôt de la section 1 sur les comités nationaux.
Je ne voudrais pas l'étendre... les sections 1 et 11, les comités
nationaux et les dépenses réglementées.
On pourrait peut-être faire ce qui a été
suggéré par certains députés tout à l'heure
parce que je trouve que tout se tient dans cela.
Le Président (M. Clair): S'il y avait consentement
unanime, il reste trente minutes et peut-être qu'on pourrait s'entendre
sur dix minutes par parti?
M. Lavoie: Dix minutes, cela n'a pas de sens!
M. Samson: II faudrait un peu plus de temps que cela, je
pense.
Le Président (M. Clair): Je voulais me faire
simplement...
M. Bédard: La meilleure manière de procéder
est de procéder article par article.
M. Lavoie: Ecoutez, est-ce qu'on peut obtenir... Je n'ai pas
d'objection à procéder article par article, mais est-ce qu'on
peut obtenir un consentement quand même, sur un article... Je vais vous
donner un exemple: J'ai un amendement à apporter à l'article 21
qui concerne les partis politiques qui n'adhèrent pas forcément
à un comité national. Je dis, dans ma proposition, que cela
s'applique... ma proposition a trois volets; elle touche les individus qui
veulent participer à la campagne référendaire, elle touche
les groupes et les associations et elle touche les partis.
L'amendement que j'ai pour les partis politiques, je veux m'en servir
pour appliquer ce qui s'applique de ma proposition aux groupes et associations.
Si vous me limitez à la pertinence du débat, je me demande
où on va aller.
M. Bédard: Vous pouvez y aller...
Le Président (M. Clair): C'est pour cela que je
suggérais, tantôt, de prendre la demi-heure qui vient à
raison de dix minutes par parti ou...
M. Vaillancourt (Jonquière): On va vous laisser aller de
façon...
M. Bédard: Essentiellement, c'est ce que j'avais à
dire au niveau de changements majeurs à ce chapitre. Je n'ai pas
d'objection à ce qu'on continue.
M. Lavoie: La contrainte de dix minutes et de trois minutes... on
va se partager dix minutes! Il reste 25 minutes divisées par trois
partis, cela fait huit minutes et un tiers. Est-ce que cela fait votre affaire,
cette contrainte?
M. Bédard: M. le Président, ce n'est pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce serait pire si on disait:
On passe à l'article 21.
M. Lavoie: Cela peut prendre trois jours au lieu de trois
heures.
M. Lalonde: Vous feriez mieux d'ouvrir.
M. Bédard: Le leader va trop vite. Ce qu'on veut offrir
à l'Opposition, parce qu'elle veut faire certaines
représentations, c'est que d'ici la fin de la présente
séance, elle fasse valoir ses représentations globalement;
ensuite on verra, à 20 heures, quelle est la meilleure procédure
à prendre.
Le Président (M. Clair): Bien entendu, je
n'interpréterais pas l'entente comme limitant le droit de parole sur les
articles qui viendraient ensuite à l'étude un par un. Ce serait
un droit de parole général, si on veut, sur le chapitre sur les
comités nationaux.
M. Bédard: Non, une discussion générale
jusqu'à 18 heures.
M. Lavoie: J'aurais une question peut-être à poser
au ministre concernant son amendement choc, cette politique d'ouverture
à l'article 23, qui ouvre tout, qui accorde la liberté.
M. Bédard: II est choc, parce que l'Opposition nous a
assez accusés de vouloir brimer toutes les libertés. Maintenant
qu'on donne suite à la représentation de la Commission des droits
de la personne...
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lavoie: J'ai une question à poser au ministre. En
dehors de la suggestion de la Commission des droits de la personne qui
suggère des comités, des groupes affiliés mais bien
entendu, qui sont limités; ils ont toutes les autres contraintes pour
les finances, etc. tout ce qu'il y a de plus est que cela devient un
groupe affilié; on ajoute le qualificatif "affilié". Ma question
est la suivante, et je demanderais au ministre, le parrain du projet de loi, de
me répondre. Si l'amendement qu'il suggère n'existait pas, que
vous ne l'apportiez pas, cet amendement, qu'est-ce que cela changerait? Ou en
apportant ces trois lignes: "Ces règlements doivent de plus
prévoir l'affiliation aux comités de groupes favorables à
la même option et les critères..."qu'est-ce que cela ajoute de
plus à la liberté d'association? Voulez-vous me le dire?
M. Bédard: Je vais vous le dire tout de suite.
J'espère que vous vous remémorerez votre document dont vous avez
fait part à la presse, dans votre conférence de presse, où
vous disiez, entre autres, que vous n'aviez pas d'objection à la
constitution de comités nationaux, que vous y voyiez même une
forme valable d'organisation de la campagne référendaire, que
maintenant, vous vous interrogiez sur le fait... puisqu'on obligeait les
groupes à faire partie du comité national; à ce moment, on
se trouvait à les obliger à travailler et selon vous
c'était une contrainte on les obligeait d'accepter
nécessairement de travailler sous la direction d'un président et
avec les membres de ce comité, et on les obligeait d'endosser
nécessairement le contenu, les formes et le style d'action de ce
comité.
Cet amendement qui est fait, à la suite de la recommandation de
la Commission des droits de la personne, est fait dans l'esprit de la
Commission des droits de la personne qui dit très carrément ceci:
Qu'on devrait reconnaître la notion de groupes affiliés et que ces
groupes affiliés auraient le droit d'endosser à leur
manière le contenu, autrement dit, ne seraient pas obligés
d'endosser nécessairement le contenu, les formes et le style d'action du
comité national. Ces groupes, à
partir de sommes d'argent qui leur seraient accordées par le
comité national pourront, eux, faire leur campagne pour une option, mais
auront la liberté de la faire en mettant l'accent sur ce qui leur semble
le plus important, du point de vue de l'approche, du point de vue des
idées à véhiculer, du point de vue du style d'action, et
seront nécessairement maîtres de leur stratégie au niveau
de la communication la plus valable possible avec la population, en fonction
d'une option.
Autrement dit, l'amendement comme tel pourrait ne rien changer s'il
n'était pas fait dans l'esprit qui a prévalu dans les
considérations de la Commission des droits de la personne en le
soumettant. Ce n'est pas seulement le fait qu'on reconnaît la notion de
groupe affilié, c'est que, également, il faut reconnaître
dans... nous souscrivons à ce que la commission a laissé entendre
sur la latitude qui serait donnée à ces groupes affiliés,
afin que soient mieux respectés les droits et libertés de la
personne, les droits et libertés d'action de certains groupes.
M. Lavoie: Ne croyez-vous pas que ce statut d'affilié
aurait pu fort bien être aussi bien reconnu, tel que la loi était
rédigée, dans la réglementation du comité national
qui aurait pu de lui-même prévoir cela dans sa propre
réglementation?
M. Bédard: De manière... Il aurait
été possible de le faire au niveau de la réglementation,
et c'était d'ailleurs dans cet esprit que nous travaillions, que nous
avons travaillé au niveau de la rédaction du projet de loi. Mais
comme il y a eu maintes et maintes représentations de l'Opposition
officielle, maintes déclarations de l'Opposition officielle selon
lesquelles la formation de comités nationaux, la manière dont on
les envisageait dans le projet de loi du gouvernement allait à
l'encontre du respect des droits et libertés de la personne... A ce
moment-là on pense que pour clarifier la situation une fois pour toutes,
on va l'insérer dans la loi elle-même.
M. Lavoie: Mon avis diffère un peu. Je parle sur cet
amendement, je vais revenir immédiatement après à
l'article 21. Cet amendement, d'après moi, n'ajoute absolument rien et
même peut être désavantageux, pour certains comités
nationaux. Je donne l'hypothèse suivante, le scénario suivant,
c'est-à-dire que votre question pourrait être
souveraineté-association et on sait que cela veut dire
indépendance.
Du fait qu'il y aurait des comités associés contraints
dans leurs moyens, dans leur publicité parce qu'il n'y a pas
d'extension de moyens de fonctionnement ou d'action, ils sont limités
par une enveloppe globale; si c'est $0.50, cela fait $2 millions pour chaque
comité. Dans l'hypothèse où le gouvernement soumettrait
une question de souveraineté-association, ce qui veut dire, en fin de
compte, indépendance, et où un comité national du non
prônerait dans sa campagne d'action, un fédéralisme, un
vrai fédéralisme renouvelé appelez-le comme vous le
voudrez on serait tenu de s'associer avec un groupe qui, au lieu de
planter le clou à la bonne place, diluerait la campagne d'un
comité national en prônant une confédération.
Vous voyez que vous n'ajoutez absolument rien; au contraire, vous pouvez
diluer la campagne, I action ou le fonctionnement d'un comité national.
Vous ajoutez... Et cela aurait pu être prévu de toute façon
dans la réglementation. Votre amendement de trois lignes n'amène
rien, absolument rien. Vous n'accordez aucune liberté, vous ne respectez
pas plus les libertés individuelles que les libertés
d'association, d'aucune façon.
M. Bédard: II n'amène rien parce que vous n'avez
rien compris à la recommandation de la Commission des droits de la
personne qui dit que dans un cas où il y a reconnaissance d'un groupe
affilié, il faut que la dissidence soit non pas sur les objectifs, mais
sur la stratégie. Quelqu'un qui n'est pas d'accord ne va ni dans un
comité ni dans un autre; quelqu'un qui ne veut pas se mêler de la
campagne référendaire sait ce qu'il a à faire. C'est sa
liberté et c'est son choix, tant au niveau des individus qu'au niveau
des groupes; à partir du moment où un groupe décide
d'entrer dans un comité national, je pense à moins que ce
ne soit un groupe irresponsable et je ne crois pas que ce soit le cas
c'est un groupe qui, globalement, partage les objectifs, mais veut garder sa
latitude d'action sur la manière de véhiculer cet objectif; il
veut garder sa latitude pour orienter sa stratégie de sensibilisation de
la population en fonction d'un objectif qui est bien clair et qui doit
être celui du comité national auquel il a décidé
d'appartenir.
M. Lavoie: Je reviens à l'article 21, M. le
Président.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Mégantic-Compton; M. le député de
Rouyn-Noranda avait demandé la parole, ensuite M. le
député de Rosemont.
M. Samson: M. le Président, c'est sur la question
générale. D'abord, au sujet des comités nationaux, il y a
une grande obscurité autour de cela parce que présentement, il
n'y a rien qui nous dit, du côté gouvernemental, personne ne peut
nous dire, aujourd'hui, s'il y aura une nécessité de deux
comités nationaux ou de trois comités nationaux. Je pense que
c'est important. (17 h 45)
S'il y en a trois, il pourrait y avoir les deux extrêmes de chaque
côté, et une option centriste, mais s'il n'y en a que deux, les
deux extrêmes qui s'affrontent, où allons-nous loger ceux qui ont
des options différentes, qui sont entre les deux? Et le danger que je
vois, c'est celui-là: Vous créez une obligation avec les
comités nationaux, ne sachant même pas quelle est la question et
si elle apportera un "oui" ou un "non", ou un "peut-être bien", ce qui
constituerait un troisième comité. Ne sa-
chant même pas cela, on s'oblige à se faire embrigader
malgré nous. Je dis: On s'oblige, parce que, là, je parle pour le
Ralliement créditiste, à ce moment-ci.
S'il arrivait qu'il y avait seulement deux comités, à
titre d'exemple, c'est la majorité des députés inscrits
qui formera l'un ou l'autre des comités. Evidemment, tout le monde
comprendra que la majorité des députés inscrits, s'il n'y
a que deux comités, vous allez retrouver le Parti
québécois avec sa majorité de députés
inscrits qui en formera un, et le Parti libéral
évidemment, il a plus de députés que les autres, c'est
normal qui formera l'autre comité majoritairement.
M. Gratton: II est meilleur aussi.
M. Samson: Là, je ne parle pas de la qualité du
jambon, pour le moment, je vais parler du marketing.
Je pense qu'il faut réaliser cela. Il y a l'Union Nationale, il y
a le Ralliement créditiste et il y a le PNP qui, normalement, ont des
droits démocratiques de penser comme ils voudront penser.
M. Bédard: II faut réaliser qu'à l'occasion
d'une consultation populaire, il faut se "brancher" quelque part.
M. Samson: Une minute! Une minute! Il faut se "brancher"...
M. Bédard: Ceux qui ne veulent pas se "brancher" sont dans
le décor.
M. Samson: Vous ne me "brancherez" pas malgré moi.
N'oubliez pas cela.
M. Bédard: Non, vous n'êtes pas obligé de
faire partie d'un comité national, vous n'êtes pas obligé
d'être un groupe affilié. Vous êtes libre.
M. Samson: On n'est pas obligé d'être
affilié, je suis d'accord. Nous sommes d'accord pour cette partie.
Seulement, savez-vous ce que vous faites? Vous prenez un gigot et vous le
lancez dans l'Opposition et vous dites: Que le plus fort le mange! C'est ce que
vous faites.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais non.
M. Samson: Oui. Parce qu'il y a des subventions accrochées
à cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): On vous laisse votre part du
gigot en partant.
M. Bédard: Non, je comprends, mais ce que le
député de Rouyn-Noranda oublie, c'est un des grands principes qui
sous-tendent cette loi, le contrôle des dépenses, à savoir
qu'il y aura une somme précise, un fonds référendaire
précis.
M. Samson: D'accord.
M. Bédard: Si c'est cela le gigot, il ne faudra pas
oublier que le parti qui sera majoritaire à l'intérieur de ce
comité devra respecter des règles d'équité.
M. Samson: C'est justement, M. le Président.
M. Bédard: II va falloir qu'il sache quelle est sa part,
et s'il veut manger le gigot des autres, à l'intérieur de son
comité, je pense qu'il y en aura pour lui dire qu'il ne fait pas preuve
d'équité. La Commission des droits de la personne le dira.
M. Samson: C'est justement là où j'en arrive. Vous
dites et la Commission des droits de la personne le dit aussi que
cela se fasse par des critères qui pourront être
précisés pour chaque comité national. C'est ce que la
commission suggère comme subtilité.
M. Bédard: C'est cela.
M. Samson: Mais il reste que, pour un parti politique qui doit
s'affilier, se "brancher", comme on dit, à une place ou à
l'autre, il se "branche", seulement... Ce sont quand même ceux qui, dans
le comité national, seront majoritaires qui feront les règlements
et qui soulèveront ces questions d'équités et ces choses
comme cela qu'on retrouve.
M. Bédard: Sauf qu'ils seront obligés de les faire
de manière à respecter ceux qui veulent se joindre à
eux.
M. Samson: Oui, d'accord.
M. Bédard: Selon que des groupes majoritaires feront leurs
règlements, je pense qu'ils seront jugés.
M. Samson: M. le Président, le ministre sait-il qu'avec la
chicane qui pourrait découler de ces discussions concernant un
règlement possible et, avec le peu de jours que vous avez laissés
à notre disposition, on va réussir à s'entendre 40 jours
après que le référendum sera passé?
M. Bédard: C'est ce que vous prétendez.
M. Samson: Oui, c'est cela.
M. Bédard: Mais je n'y crois pas du tout.
M. Samson: Je le prétends, et le ministre devrait
comprendre, à ce moment-ci, que ce n'est même pas contre le
gouvernement que je lance mon tir. On parle de deux comités, je
présume que je ferai partie de l'un des comités qui ne se
retrouvera pas du côté gouvernemental.
M. Bédard: C'est votre choix.
M. Samson: C'est mon choix, mais ce devrait être aussi mon
choix et le choix de notre parti de décider s'il ne veut pas
s'intégrer. S'il veut faire campagne, c'est son droit aussi de faire
campagne
sans être intégré dans une affaire comme cela, mais
ce serait normalement son droit de pouvoir obtenir sa juste part de cette
subvention, sans passer... C'est là où, le ministre et moi, on
n'est pas sur la même longueur d'onde, on pourrait le devenir.
M. Bédard: Non, je pense que ça va être bien
difficile de venir sur la même longueur d'onde. Non, je vais...
M. Samson: Si vous ne faites pas d'effort, c'est sûr.
M. Bédard: Vous me permettez de vous expliquer. C'est
parce qu'on confond deux choses; vous voyez une campagne
référendaire comme une élection, avec des partis, etc.
C'est votre manière de voir les choses. Pour nous, une campagne
référendaire, avec contrôle des dépenses, suppose
des comités nationaux, et le gouvernement, les individus ou les groupes
ne donnent pas à un parti politique; ils donnent au fonds
référendaire qui est régi par un comité national.
C'est la loi du financement des partis; on n'est pas dans une campagne
électorale. Ce sont des dons gouvernementaux qui sont donnés
à un comité national qui a l'administration d'un fonds
référendaire...
M. Samson: Oui, d'accord.
M. Bédard:... et qui devra, parce qu'il y a contrôle
des dépenses et qu'il y a un montant fixe dont ils peuvent disposer,
autant un comité que l'autre, en faire une répartition
équitable entre les différents groupes avec lesquels il aura
à travailler.
M. Samson: Je vais vous poser seulement une question, vite.
Admettons que lorsque vous aurez précisé votre question, le Parti
québécois forme, par sa majorité... les
députés, pour respecter la loi, mais il se trouve que pour ces
députés, les PQ sont tous du même bord. Je m'en vais chez
vous, dans votre comité, j'exige ma part. Vous allez faire quoi?
M. Bédard: Premièrement, il va falloir que vous
souscriviez, je vous sais assez honnête...
M. Samson: Oui. A votre option.
M. Bédard: Exactement, il faut que vous souscriviez
à l'option du comité.
M. Samson: Je souscris à votre option. Vous allez faire
quoi?
M. Bédard: Si vous souscrivez à l'option et que
vous travaillez en fonction de l'option, c'est une liberté.
M. Samson: C'est ça que je voulais vous entendre dire, M.
le ministre...
M. Bédard: En fonction de l'option.
M. Samson: ... ces comités nationaux, c'est une patente
pour acheter les petits partis. C'est ça que je voulais vous entendre
dire.
M. Bédard: Cela, c'est votre "bag".
M. Samson: C'est ce que je voulais vous entendre dire.
M. Bédard: Je comprends que c'est votre "bag" pour les
prochains jours.
M. Samson: C'est ce que je voulais vous entendre dire. Vous allez
encarcaner les petits partis avec ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez eu les huit minutes et un tiers dont on a parlé
dans l'entente.
M. Samson: Je vous remercie pour le tiers, M. le
Président.
M. Bédard: Je pense qu'on discutait librement, M. le
Président.
M. Grenier: M. le Président, seulement une question avant
de prendre mon droit de parole.
Le Président (M. Dussault): Je voulais simplement faire
remarquer que la convention s'appliquait difficilement, compte tenu qu'il y a
quatre partis et non pas trois.
M. Grenier: On a dit qu'on continuerait à 20 heures.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Rouyn-Noranda?
M. Samson: Oui, oui, M. le Président. Je n'ai pas
l'impression que ça va changer.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rosemont.
M. Grenier: Avant, M. le Président, une question au
ministre, je reprendrai mon droit de parole a 20 heures. Les Fils du
Québec décident qu'ils sont de l'option du gouvernement, la
question se pose, c'est une question bien claire, êtes-vous pour
l'indépendance du Québec? Pour eux, ce n'est pas aller assez
loin, ils veulent la sécession, I'expulsion des Anglais du
Québec, ils veulent avoir une tribune pour pouvoir dire cela. Vous
connaissez le monsieur; il est venu lors de l'adoption de la loi 101. On va en
faire quoi d'un homme comme ça? M ne viendra pas au comité, si la
question est la séparation...
M. Lalonde: La souveraineté-association, ce n est pas
assez...
M. Grenier: Ce ne sera pas aller assez loin pour un gars comme
cela. Alors, par quel comité
va-t-il pouvoir s'exprimer, M. le Président? J'oublie son nom;
qui est ce gars-là?
Une Voix: Raymond Barbeau.
M. Vaillancourt (Jonquière): II va aller au comité
du non.
M. Grenier: II ne sera pas satisfait de cela. Par la façon
dont il s'est présenté lors de l'étude sur le bill 101, ce
ne sera pas aller assez loin. Il va falloir autre chose que cela.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs...
M. Lavoie: Reggie Chartrand.
M. Grenier: La question peut paraître un peu farfelue, mais
un gars comme ça on peut bien prendre l'autre parti qui comprend
peut-être des gens plus modérés, ça peut diluer la
question de l'autre mais avec un bonhomme comme ça... Je lui ai
demandé s'il y avait bien du monde au Québec, il m'a dit qu'on
était 6 millions et que je faisais partie de son groupement. Il est
catégorique, il veut s'exprimer et il veut une tribune. Alors, comment
va-t-il se faire accepter dans les comités de l'une ou l'autre des
options? Il va y avoir aussi le candidat qui se présente dans
Notre-Dame-de-Grâce; ce ne sera pas assez de l'autre côté
non plus. Il va vouloir le faire entrer dans un comité.
M. Lavoie: Autrement...
M. Bédard: Un groupe qui entre dans une option, ce n'est
pas seulement pour aller chercher de l'argent; il faut, au départ, qu'il
souscrive à l'option. S'il ne veut pas, s'il a des nuances, que ce soit
d'un côté ou de l'autre, l'une ou l'autre des options, s'il a des
restrictions sur l'objectif poursuivi par le comité, à ce
moment-là, ce n'est pas sa place. A ce moment-là...
M. Lavoie: J'ai une question à poser au ministre.
M. Bédard: Mais oui, il y a une place pour lui quelque
part, parce que plus loin, on prévoit que des gens, des individus ou des
groupes qui ne veulent ni être dans un comité, ni dans l'autre,
pourront s'exprimer, il n'y a aucun doute, conférence de presse...
M. Lavoie: A condition d'être accepté. M.
Bédard: Non, ils peuvent s'exprimer...
M. Lavoie: Pour être affiliés, cela prend un
consentement.
M. Bédard: Ces gens-là peuvent exprimer leur
opinion au niveau de toute la bataille référendaire, par des
conférences de presse, pourvu que cela n'entraîne pas de
dépenses non acceptées et ils peuvent même avoir le droit
de réunion. Vous savez qu'il y a des dispositions qui
prévoient...
M. Lavoie: $300... Louer une salle.
M. Bédard: ... que des personnes puissent tenir des
réunions pour pouvoir exprimer pourquoi elles ne sont ni pour une
option, ni pour l'autre. Cela fait partie de la liberté...
M. Lavoie: Est-ce que le ministre... J'aurais une question.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Rosemont attend depuis tout à
l'heure son droit de parole.
M. Lavoie: J'aurais une question à poser au ministre. S'il
consent à me l'accorder, ce n'est pas à vous à l'en
empêcher; s'il veut m'accorder ma question...
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre... Remarquez
que c'était M. le député de Mégantic-Compton qui
avait la parole et qui a demandé au ministre de réagir à
ses propos. Il ne faudrait quand même pas mêler les choses.
M. Lavoie: Je pose une question au ministre, s'il me permet une
question.
M. Lalonde: Les 25 minutes n'étaient pas divisées
avec le parti ministériel...
Le Président (M. Dussault): C'est une entente qui ne tient
plus, M. le député.
M. Bédard: On voulait vous donner toutes les 25
minutes.
M. Paquette: M. le Président, je pense que j'avais le
droit de parole.
M. Lavoie: La question que j'ai l'intention de poser au ministre.
Est-ce que vous me permettez?
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton, est-ce que
vous aviez terminé votre intervention?
M. Grenier: C'est-à-dire que j'ai eu un certain
éclaircissement, à savoir que ces gens deviennent des individus.
Je parle du candidat de Notre-Dame-de-Grâce qui est peut-être un
extrême, dans un coin, et de Barbeau, qui est l'extrême, dans
l'autre; ce qui va leur rester comme tribune, c'est qu'ils ne pourront pas
s'appuyer à aucune des options. Il me semble que ce ne sera pas assez
modéré pour eux autres, ni d'un bord, ni de l'autre. Il va leur
rester un budget de $300 pour se louer une salle et donner une
conférence au cours de la campagne électorale. C'est à peu
près cela.
M. Lavoie: Sans publicité.
M. Bédard: Mais s'ils ne veulent embarquer, ni d'un
côté, ni de l'autre, ils peuvent exprimer leur opinion par des
conférences de presse, par la rencontre de journalistes, comme cela se
fait dans une campagne électorale. Cela n'impose pas de
dépenses.
M. Lavoie: Ils ne peuvent pas mettre d'annonces dans les
journaux.
M. Bédard: Ils ont le droit de réunion, comme vous
le dites, avec des dépenses limitées. Vous l'avez dit et
c'est cela, être logique avec un principe le contrôle des
dépenses... A un moment donné, il faut être logique avec
cela.
M. Lavoie: M. le ministre, si je comprends bien, cela veut dire
que la liberté d'expression et d'association est soumise à
l'objectif de chacune des options. Si c'est en dehors des deux objectifs, il
n'y a plus de liberté d'expression, ni d'association.
M. Lalonde: Ils ont le droit de penser, mais pas de
dépenser.
M. Bédard: L'Opposition, M. le Président, joue
à l'homme offensé en parlant de ces groupes et de ces individus.
Elle oublie que dans une période électorale, il y a des
dépenses électorales qui sont coupées...
M. Lavoie: Tout le monde peut se présenter dans une
campagne électorale.
M. Bédard: Oui, mais il y a des dépenses
électorales qui sont acceptées, d'autres qui ne le sont pas. Il y
a des personnes qui, ne militant ni dans un parti, ni dans l'autre, peuvent
faire connaître leur opinion. On n'a absolument rien contre cela.
M. Lalonde: ...
M. Bédard: Mais il y a quand même une
réglementation concernant les dépenses électorales et les
dépenses qui peuvent être faites à l'intérieur d'une
campagne électorale. Il ne faut pas oublier non plus et on en a
parlé tout à l'heure que chacun des comités va
mettre au point une réglementation au niveau de l'ensemble de son
comité, que pour cette réglementation, c'est notre intention de
donner suite à la recommandation de la Commission des droits de la
personne, c'est-à-dire que cette réglementation va être
publiée dans la Gazette officielle, que même la Commission des
droits de la personne pourra faire ses remarques à propos des
réglementations de chacun des comités.
M. Lavoie: Dans les 20 jours. Toujours dans les 20 jours.
M. Bédard: Oui. Et ce n'est pas compliqué, cela. Ce
n'est pas compliqué parce que, à partir du moment où cette
loi est votée, déjà 90% des règlements peuvent
être faits. Il est déjà fait l'Opposition officielle
parle de délais à l'heure actuelle, il est
déjà fait, son comité, quand on regarde le comité
Canada. Mon Dieu! Ils apprennent déjà à vivre ensemble et
à se comprendre.
M. Lavoie: Vous voyez, dans les 20 jours, il y a affichage dans
la Gazette, il y a publication dans la Gazette officielle. Cela nous a pris
trois semaines, un mois, pour avoir l'opinion de la Commission des droits de la
personne. Ils vont avoir l'opinion après le
référendum.
M. Bédard: Vous revenez sur des choses déjà
dites.
M. Lalonde: II faut les répéter, vous ne comprenez
pas.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on parle beaucoup de
liberté d'expression. J'ai laissé mon droit de parole aux
représentants des partis d'Opposition. Je n'ai pas d'objection à
ce qu'ils continuent encore un peu, mais j'aimerais pouvoir parler sur le
débat général. Pour moi, c'est une question fondamentale,
celle qu'on discute. J'aimerais pouvoir me faire entendre.
Le Président (M. Clair): II faudra voir cela à
vingt heures. La commission suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux pour étudier, article par article, le
projet de loi no 92.
M. Grenier: M. le Président, question de règlement
au départ.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'aimerais qu'on s'entende. On commence une semaine.
C'est lundi et on a des exemples derrière nous, à partir de
maintenant... Je pense que je le fais de façon sérieuse. Pour
être efficaces, on ne peut pas se permettre de travailler de 8 heures du
matin à minuit pendant deux semaines dans la traversée que nous
avons là.
Tout le monde fait des journées qui dépassent la moyenne.
On le fait depuis déjà plusieurs
semaines et on va continuer de le faire pendant deux semaines. Pour
être efficace, c'est impossible de penser à ça.
A gauche et à droite, on se lance la balle et personne ne semble
vouloir qu'on coupe ces journées de travail, mais moi, je peux vous dire
une chose on va le contester, bien sûr, des deux
côtés de la table pendant les deux heures qu'on passe, de
22 heures à minuit, je ne vois pas comment on peut être efficace
autour d'une pareille table. Il me semble qu'on devrait en venir à un
consensus pour qu'on suspende nos travaux à 22 heures. Cela n'a pas de
bon sens.
Le Président (M. Clair): Ah sûr...
M. Grenier: On a fait crever du monde jusqu'à maintenant
et on ne sait pas qui est le "next" sur la liste. A partir de là,
j'aimerais bien ça, moi, qu'on se décide et qu'ensemble on
ajourne. A 22 heures, je pense qu'on a une journée raisonnable de faite.
Moi, je suis debout depuis 6 heures ce matin et j'ai conduit mon auto
jusqu'à Québec. J'ai fait mes caucus, mon travail de
député et j'ai siégé aux commissions. Rendu
à 22 heures, j'ai mon maudit voyage, je peux vous dire ça. Je ne
peux plus être efficace après 22 heures et le gouvernement se
prive d'une opposition qui pourrait être plus vigilante après
pareilles heures de travail.
Dans le passé, que ce soit sous l'Union Nationale ou le Parti
libéral, quand bien même on passait des nuits ou minuit pour
travailler, ce n'était pas plus intelligent que ce qu'on fait dans le
moment. Il y a des invités qui sont ici. Il n'y a personne qui va nous
trouver bien intelligents de travailler jusqu'à minuit quand on a
commencé à 8 heures du matin.
A partir de là, on va discuter et ça ne tournera à
rien tout à l'heure, parce qu'on va tous dire qu'il faut soutenir le
principe. On a tous l'air d'une "gang " de gens imbéciles de travailler
ici après 22 heures. On en a pour deux semaines à des chaleurs
comme il fait là. Quand on a donné le meilleur de
nous-mêmes depuis 8 heures du matin...
A partir de là, M. le Président, j'aimerais bien qu'on en
arrive à une entente, sans faire de débat qui dure deux heures,
pour ajourner à 22 heures.
Le Président (M. Clair): Alors, M. le député
de Mégantic-Compton, tout en reconnaissant la pertinence de vos propos,
je me dois de vous indiquer, d'une part, qu'il ne s'agit pas d'une question de
règlement. D'autre part, effectivement, pour convenir
immédiatement d'un ajournement à une heure
déterminée, il faudrait un consentement et on ne pourrait
être saisi qu'à l'heure où vous désireriez que cette
commission mette un terme à ses travaux à une motion
d'ajournement...
M. Lavoie: A moins qu'il y ait consensus.
Le Président (M. Clair): Maintenant, s'il y a consensus ou
consentement unanime, ça me fera plaisir de l'entériner.
M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Laval voudrait-il intervenir là-dessus?
M. Lavoie: Pas pour le moment.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, pour
ma part, ce que je voulais dire, même avant la question de
règlement, c'est que, relativement aux discussions que nous avons eues
avant l'ajournement, nous serions disposés, avant d'entreprendre
l'étude de l'article 21, à parler de façon
générale du chapitre ou de la section 1...
M. Grenier: II n'est pas question de la question de
règlement que j'ai soulevée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, je vais y revenir
après, M. le député de Mégantic-Compton. Avant que
je l'oublie, nous serions disposés à discuter des questions
générales, pour déblayer le terrain relativement aux
comités nationaux, pendant environ une heure, M. le Président.
C'est ce que je voulais dire à mes collègues.
En ce qui concerne ce qui a été soulevé par le
député de Mégantic-Compton, je comprends ses
allégations, mais, d'autre part, M. le Président, nous avons un
règlement qui nous lie. Je ne pense pas que ce soit
déraisonnable. Cinq heures du matin, c'est réellement
déraisonnable. Deux heures du matin, c'est déraisonnable.
Nous sommes dans...
M. Grenier: Minuit, c'est raisonnable.
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous sommes dans une belle
salle, il fait frais. Le député de Jonquière, lui aussi, a
pris l'automobile ce matin pour s'en venir à Québec. Il a
même eu une crevaison. Il a été deux heures et demie le
long de la route avant de se rendre. Alors, M. le Président, je pense
que nous devons respecter les règlements qui nous lient et qui ont
été acceptés. Je ne veux pas trop m'avancer, mais je pense
qu'ils ont été acceptés par l'ensemble des partis
politiques représentés...
M. Samson: Cela n'empêche jamais un consentement
unanime.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, cela n'empêche pas
le consentement. De toute façon...
M. Samson: On vous le donne.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... on pourra voir plus tard,
mais, pour le moment, il est de notre intention de nous rendre jusqu'à
minuit, ce qui est l'heure prévue au règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, vous avez mentionné que du côté
ministériel, vous étiez prêts à une entente
relativement à une discussion générale sur la section 1 du
chapitre VIII, soit celle portant sur les comités nationaux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une heure, M. le
Président. On va oublier la procédure pour un instant. Tout le
monde pourrait émettre son opinion générale sur ces
articles. (20 h 15)
Le Président (M. Clair): Pour me permettre quand
même de guider les travaux, il ne faudrait pas non plus qu'un
député prenne la parole et fasse un discours d'une heure. Ce
n'est pas que je pense qu'un membre de cette commission pourra avoir cette
intention, mais pourriez-vous me détailler un peu plus l'entente qui
interviendrait? Est-ce qu'il y aurait une répartition par parti
ou...
M. Samson: Pourrais-je suggérer je pense que c'est
limité comme représentativité des partis, un, deux, trois,
quatre qu'on utilise le mode ordinaire, pendant une heure de temps?
Une Voix: On pourrait peut-être prendre vingt minutes?
M. Samson: Non, mais si vous prenez vingt minutes, prenez-les
comme vous voudrez.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense qu'on va s'entendre,
M. le Président, c'est une question de bonne foi.
M. Samson: Oui.
Le Président (M. Clair): Les questions de bonne foi,
généralement cela finit sur le dos du président. J'aime
autant me méfier.
M. Samson: Je vous comprends, M. le Président, vous avez
bien raison.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a une entente?
Est-ce vingt minutes par intervenant, sans répartition entre les
partis?
M. Vaillancourt (Jonquière): Si on commence à
parler de temps, on va se chicaner là-dessus, M. le Président. Je
fais confiance à mes collègues. On a une heure pour parler de
cela et déblayer le terrain.
M. Samson: Peut-être qu'on n'en aura pas besoin.
M. Vaillancourt (Jonquière): Peut-être que cela va
prendre quarante minutes aussi.
Le Président (M. Clair): Vous présumez que les
décisions que j'aurai à rendre seront les bonnes? Je vous
remercie de la confiance que vous me témoignez.
M. Samson: On se chicanera en ce temps-là.
M. Vaillancourt (Jonquière): On vous fait confiance, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Qui demande la parole? Le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, face à l'amendement
que le ministre a déposé avant l'ajournement de nos travaux, je
pense qu'on a là un progrès extrêmement...
M. Lavoie: Est-ce que c'est ministériel? Est-ce que c'est
l'entente?
M. Bédard: Chaque député parle.
M. Lavoie: Excusez-moi, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Rosemont parle au nom du député de Rosemont, comme je parle.
M. Paquette: II peut s'en aller aussi.
Le Président (M. Clair): Allez-y, M. le
député de Rosemont. Si un député m'apparaît
être un peu long, je me permettrai de le lui souligner. M. le
député de Rosemont.
M. Bédard: Est-ce que c'est pour une discussion?
M. Paquette: Ce ne sera pas très long, M. le
Président. Je pense que l'amendement qui est devant nous essaie de
concilier deux principes qui sont à la base, qui ont été
annoncés par le ministre, deux principes qui sont à la base
d'une... C'est peut-être la difficulté majeure du projet de loi,
on est au coeur de la question, à mon avis. Il s'agit de concilier le
droit des citoyens à une information équitable,
concrétisée par le principe de contrôle des dépenses
de façon que chaque option ait la même chance de se faire valoir
et, de l'autre côté, le respect de l'expression la plus libre
possible. Jusqu'à un certain point, les deux principes empiètent
l'un sur l'autre.
Dans la discussion de tout à l'heure, dans les interventions
précédentes dans cette discussion générale, on a
remis en évidence le problème qu'on avait mis en évidence
lors des discussions d'ouverture, au tout début de l'étude du
projet de loi en deuxième lecture, soit, dans chaque comité, le
problème d'une minorité qui serait soumise à la
majorité, que ce soit dans le référendum auquel tout le
monde pense dans le comité du oui et du non...
Je pense que la suggestion de la Commission des droits de la personne,
concrétisée par l'amendement que le ministre a annoncé,
l'idée de groupes affiliés, permet de concilier ces deux
principes. Le député de Rouyn-Noranda disait tantôt: Moi,
en tant que parti, est-ce que je vais pouvoir, tout en adhérant à
l'objectif de l'un ou l'autre camp il pourrait dans certains
référendums y avoir trois camps, ce qui est exact tout en
adhérant, dis-je, aux objectifs d'un comité, véhiculer, en
tant que parti, en tant que Ralliement des crédi-tistes l'Union
Nationale pourrait dire exactement la même chose mes options
propres, ma stratégie propre en ajoutant le contenu que je juge
approprié pour atteindre l'objectif, ce qui est le propre de la
liberté d'expression? Je soutiens que
l'amendement annoncé par le ministre permet de le faire. Dans
l'économie générale de la loi, un parti, c'est un
groupe.
Si, au moment de la formation du comité provisoire, le
député de Rouyn-Noranda ou certains députés de
l'Union Nationale ont adhéré à un comité
provisoire, lorsque viendra le temps de préparer les règlements
c'est le comité qui est habilité à le faire
ils pourront se définir comme d'éventuels groupes affiliés
et demander au comité provisoire un fonctionnement indépendant,
avec des budgets appropriés. Je pense qu'on répond là
à une demande du Parti libéral dans sa récente
conférence de presse, dans le sens que chaque parti, chaque groupe...
C'est même plus large que cela parce que les partis n'ont pas un
rôle prépondérant dans la campagne
référendaire, chaque groupe également pourra mener sa
campagne de façon indépendante. La difficulté qui a
été mise en évidence par le député de
Rouyn-Noranda, c'est la répartition des fonds. Comme nous le souligne la
Commission des droits de la personne, ces gens ont la responsabilité de
viser les règlements et de s'assurer que certains groupes ne seront pas
exclus, tout simplement parce que leur stratégie diffère de celle
du groupe majoritaire. Je pense que c'est une épée de
Damoclès au-dessus des comités provisoires pour qu'ils accordent
un traitement juste et équitable à leur propre groupe
affilié. C'est une souplesse qu'on n'avait pas dans le projet original
et qui est introduite par l'amendement annoncé par le ministre.
Donc, cet amendement change quelque chose et quelque chose de
fondamental. Cela va permettre à un groupe de droite ou à un
groupe de gauche de véhiculer le fédéralisme
indépendant du Québec à sa façon, en disant: Cela
favorise tel ou tel modèle de société, ou cela ne le
favorise pas, et donc favoriser la liberté d'expression et
d'association. On parlait également des délais. J'aimerais que
les députés de l'Opposition nous disent d'abord, selon eux,
à quel moment les règlements vont commencer à être
élaborés. Je comprends qu'il faut attendre que le comité
provisoire soit formé, mais je soutiens que, dès que la question
va commencer à être débattue à l'Assemblée
nationale, ou le projet de loi, déjà les gens vont savoir
à peu près comment chacun s'aligne. Il y a un groupe qui va
commencer à préparer des projets de règlement.
Il me semble qu'on pourrait très tôt, lorsqu'ar-rivera le
délai de 20 jours, arriver avec un projet de règlement sur la
table et le comité provisoire pourra s'entendre et décider quel
sort il fait aux groupes affiliés. Est-ce qu'il y a des groupes qui ne
peuvent pas se placer dans la stratégie commune et qui devraient avoir
un fonctionnement indépendant? Il pourra décider aussi quelle
part du budget, à même les fonds publics, sera attribué
à ce groupe. Comme je le disais, il y a toujours, et c'est la Commission
des droits de la personne qui le dit, la commission qui va viser les documents
et qui va pouvoir dire s'ils sont conformes. Imaginez-vous un comité
provisoire qui se ferait reprocher par la Commission des droits de la personne
d'avoir nui à la liberté d'expression de certains des groupes qui
voulaient s'affilier? Je pense qu'il n'y a aucun comité provisoire, dans
une campagne référendaire, qui va vouloir risquer une telle
condamnation de la Commission des droits de la personne.
En terminant, je pense que cela change quelque chose de fondamental dans
le projet de loi. C'était une de mes préoccupations majeures, je
l'avais dit lors des énoncés d'ouverture à cette
commission. Je pense qu'il faut respecter la liberté de parole de
certains groupes dissidents. Je pense que cela change quelque chose.
Maintenant, et j'aimerais que les députés de l'Opposition
nous le disent, peut-être y aurait-il lieu de préciser un peu
plus. Evidemment, si on balise trop, on va se mettre à s'intégrer
dans le fonctionnement des comités provisoires. On n'est quand
même pas pour leur dire quel règlement ils vont adopter, c'est
à chaque comité à le faire. On pourrait peut-être
définir un peu mieux ce qu'est un groupe affilié. On pourrait
dire: l'affiliation aux comités de groupes favorables à la
même option, mais qui désirent mettre des nuances
différentes au niveau des thèmes abordés ou qui ont une
stratégie différente, pour qu'on voie bien qu'il s'agit vraiment
de groupes qui, tout en partageant l'objectif fondamental, veulent avoir une
action propre de leur côté, comme le revendique avec justesse le
député de Rouyn-Noranda, et comme les gens de l'Union Nationale
pourraient aussi dire de leur côté: On adhère à tel
ou tel objectif et on voudrait avoir une action propre. Si les
députés de l'Opposition pouvaient essayer de répondre
à ces questions, il me semble que cela ferait avancer le
débat.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je vais essayer d'être le plus bref possible.
Comme l'a dit le député de Rosemont, les difficultés
majeures de ce projet de loi, à mon point de vue, viennent de
l'institution de ces comités nationaux auxquels tous les citoyens, tous
les groupes du Québec sont obligés d'appartenir, s'ils
désirent participer à la campagne référendaire.
Toute la difficulté vient de là. D'ailleurs, il y a
peut-être une peur empirique, si je peux dire. Jamais dans le monde, dans
tous les pays qui ont l'expérience référendaire, les plus
récents, en Angleterre, entre autres, en France, partout en Australie,
en Californie, on n'a été je ne dis pas aussi loin
mais on n'a voulu aborder des restrictions aussi sévères. C'est
quand même une preuve dont on peut se servir.
Même en Angleterre, où on l'a expérimenté
lors du référendum sur le marché commun, on avait
institué les comités nationaux je le répète
encore une fois que tous les individus, tous les groupes, les syndicats,
les unions, les comités de citoyens avaient la liberté absolue,
totale de participer à la campagne référendaire en dehors
des comités nationaux.
M. Bédard: On n'avait pas comme principe le contrôle
des dépenses.
M. Lavoie: Le seul avantage d'un comité national,
c'était de pouvoir partager une somme assez minime, qui était de
125 000 livres sterling, à peu près $250 000, si on
considère le nombre d'électeurs là-bas, à peu
près sept ou huit fois plus qu'ici. C'était le seul avantage
qu'il y avait d'appartenir aux comités nationaux.
En dehors des comités, il y avait liberté totale de faire
de la publicité et de recevoir des contributions des compagnies, etc. On
arrête beaucoup plus vite que cela en ce qui concerne la proposition du
Parti libéral.
Selon la proposition qu'on fait, tout le monde veut empêcher les
orgies de dépenses et la disproportion des chances. On est contre cela
également. Notre principe veut qu'on respecte l'esprit et la lettre de
la loi 2, et on veut l'appliquer à l'opération
référendaire.
Ce que, personnellement, je ne peux pas saisir, c'est que vous partez
avec les prémisses de chances absolument ou des moyens absolument
égaux pour les deux ou trois comités. Logiquement parlant, d'une
manière cartésienne, je ne peux pas l'accepter. C'est beau en
pratique. Mais si on pousse l'idée à la limite, si on
l'appliquait lors des élections, on dit au Québec qu'il y a
quatre ou cinq partis; leurs membres sont des gens de bonne foi. Si on veut,
lors d'une élection, donner des chances et des moyens égaux
à tous les partis politiques reconnus, on va arriver à la
conclusion qu'il faudrait que l'Etat paie au complet les fonds
électoraux permis dans une campagne électorale au Parti
québécois, au Parti libéral, à l'Union Nationale,
au Parti créditiste et au PNP. Même dans une élection, les
chances ne sont pas égales au départ. Le Parti
québécois peut avoir des fonds de cela coûte
à peu près $2 millions à $3 millions; le Parti
québécois peut l'avoir, le Parti libéral peut l'avoir,
possiblement le parti de l'Union Nationale. Mais cela devient plus difficile
peut-être pour d'autres partis. Déjà, les chances ne sont
pas tout à fait égales.
Les chances égales ne sont pas reconnues non plus dans le
remboursement des dépenses électorales en vertu de notre loi
électorale actuelle où on dit qu'il y a remboursement de l'Etat
à peu près 50% des dépenses dans chacun des
comtés uniquement aux députés qui recueillent 20%
des voix. Encore là, il n'y a pas de chance absolument égale.
Il est très difficile, peut-être que je n'ai pas encore
trouvé la formule pour l'établir parfaitement. Si je prends un
référendum donné prenons sur l'avortement et
qu'on aurait un résultat, avant de commencer, ou qu'on n'aurait le
résultat qu'à la fin sur un référendum
donné, il y a 80% de la population qui s'exprime
démocratiquement. Disons que, pour l'avortement, il y en a 80% je
vous donne un chiffre contre et 20% pour l'avortement libre. C'est la
décision démocratique de quatre millions de
Québécois. Pourquoi, au départ, chacun des deux mouvements
aurait-il, disons, $1 million? Il faut quand même faire confiance, je
crois, à la démocratie.
Ce qu'on tente de faire dans notre formule, je me dis que. si on veut
établir au départ chances et moyens égaux, c'est là
qu'on tombe dans le danger d'empiéter sur les libertés
individuelles et les libertés d'association. Il y a peut-être le
risque d'une légère disproportion. (20 h 30)
Je voudrais vous expliquer la manière, la proposition qu'on
avance qui est "the middle of the road", une proposition qu'on pense du juste
milieu, qui respecte ces libertés fondamentales d'expression et
d'association et le meilleur moyen, je crois, serait de vous lire rapidement.
Je vais vous l'expliquer sans le lire, mais qu'un individu... Prenons un
individu, au lieu de le forcer à faire partie des comités
nationaux, il aurait le droit, lors d'une campagne référendaire,
à même ses propres fonds, il serait autorisé à
dépenser un montant total n excédant pas $3000. C'est la loi 2
qui permet une souscription de $3000 à l'électeur et non pas aux
compagnies. En vertu de la loi 92, il a le droit de souscrire jusqu'à
$3000 pour un comité, s'il peut le faire pour un comité ou un
parti politique, pourquoi ne pourrait-il pas le faire lui-même?
Maintenant, il ne faut pas rêver en couleur, ils ne courent pas la rue
les gens qui vont dépenser $3000. Il faut quand même voir le
côté pratique. Cet individu aurait le droit, comme cela lui est
permis en vertu de la loi 92 de participer en versant sa contribution à
un comité national ou en faisant une initiative de son choix. S'il
dépense au-delà de $100 la je crois que je pousse la
logique plus loin, parce que vous lui permettez, en vertu de votre loi. de
dépenser jusqu'à $300 de sa propre initiative sans aucune
formalité c'est déjà un accroc ces $300 à la
loi 2, parce que ceux qui vont contribuer plus de $100 en vertu de la loi 92 ou
la loi 2. il va y avoir divulgation, alors que celui qui pourrait faire une
dépense de $300 il n'y aura aucune divulgation. Je trouve que c'est plus
logique de dire: L'individu qui ferait toute dépense en haut de $100
devrait en informer un officier référendaire pour qu'il y ait
divulgation comme pour toute personne qui contribue au-delà de $100 en
vertu de la loi 2 ou en vertu de la loi 92.
Voyons pour les groupes, maintenant. Cela c'est pour l'individu. Pour
les groupes, associations, comités, syndicats et tous les groupes sans
but lucratif, a l'exception des corporations industrielles, commerciales et
financières, tout groupe, a même ses fonds propres, CSN, FTQ,
Conseil du patronat, aurait le droit de dépenser à même ses
propres fonds jusqu'à un montant n'excédant pas $3000 pour tenir
des réunions, faire de la publicité ou quoi que ce soit, soit en
participant ou en versant une contribution à un comité national,
mais cela peut-être que je serais prêt à ne pas permettre
même, si vous voulez, ces contributions. Si ces groupes veulent avoir une
initiative jusqu'à $3000, ils pourraient le faire et si cela
dépasse $100 en informant un officier référendaire. S'ils
veulent vraiment dépenser plus de $3000, ils devront obtenir
lautorisation de se faire reconnaître par le directeur du financement des
partis politiques, comme un parti politique et ils seraient assujettis à
la loi 2. Les contributions d'électeurs seulement en
haut de $100 divulgués et pas de contribution de compagnie ou
quoi que ce soit.
M. Bédard: Chaque syndicat, fédération,
aurait droit à $3000...
M. Lavoie: Aurait le droit. On va y arriver. Cela s'applique aux
deux côtés. Le Mouvement national des Québécois
pourrait faire cela. La Société Saint-Jean-Baptiste pourrait
faire cela. Pour les partis politiques, ils auraient droit de se grouper en
vertu des comités nationaux librement et participer tel que la loi le
prévoit. Mais s'ils veulent agir, voler de leurs propres ailes ou s'ils
ne s'entendent pas avec le parti majoritaire, ou quoi que ce soit, ils
pourraient le faire et les mêmes modalités d'un groupe sans but
lucratif s'appliqueraient. Cela veut dire que prenons le PNP, M. Fabien Roy, il
ne voudrait pas se greffer ou s'intégrer à un groupe du oui ou du
non, il aurait le droit de dépenser $3000 à même les
propres deniers de son parti, il aurait même le temps, mais il faut voir
encore là au point de vue pratique, ce serait lors de l'émission
des brefs, il devrait s'enregistrer auprès du directeur
général des partis politiques il aurait l'occasion de
faire une campagne rapide de financement pour le référendum; il
pourrait possiblement recueillir des sommes de $15 000, $20 000, $25 000
sujettes à la loi et il pourrait oeuvrer et participer librement
à la campagne référendaire en s'affichant, en faisant des
annonces ou quoi que ce soit.
Vous allez me dire qu'un comité national aurait le droit de
dépenser $2 millions et l'autre, $2 millions, et il y aurait une
légère disproportion. Peut-être que des comités de
votre côté, l'option oui, pourraient avoir $2 millions que vous
avez le droit de dépenser, $0.50 par électeur; l'aide de l'Etat
ne serait payable qu'aux comités nationaux. Ce ne serait pas payable aux
autres, pour encourager les comités nationaux. Votre parti, en
l'occurrence ceux de l'option oui, pourrait avoir $2 500 000 pour la campagne
électorale, $2 millions en vertu du comité et peut-être
$500 000 qui seront dépensés en dehors, en exerçant une
certaine liberté.
Possiblement, l'option "non" pourrait avoir $3 500 000 ou $4 millions
contre $2 500 000. Mais je vous dis que la disproportion que les gens ont
connue en Angleterre, c'est-à-dire dix fois plus, on ne la
connaîtrait pas ici. Parce que des dons de certaines compagnies comme ils
en ont eus en Angleterre, ce qui était parfaitement légal
là-bas, de Marks and Spencer, au-delà de $50 000; de Ford Motors,
au-delà de $40 000; de Rank Organization, de Sun Alliance, $30 000; des
contributions de $20 000 ou $25 000, il n'y en aurait pas.
Il faudrait que ce soit un électeur. Je vous dis que c'est un
moyen terme, que, de cette façon, on respecte les libertés
fondamentales, on empêche les grandes disproportions. Maintenant, je
pense que le député de Gatineau va en parler, qu'est-ce que vous
allez faire de ceux qui ne veulent pas aller dans le comité du oui, ni
dans le comité du non, qui veulent faire une campagne, qui ne sont pas
satisfaits de la question posée, qui veulent faire une campagne
d'abstention? Il n'y a aucune place.
Maintenant, allez-vous empêcher, pour une raison ou pour une
autre, les maoïstes, les léninistes, les communistes qui voudraient
se greffer à l'option non, ou ça pourrait arriver à
l'option oui, où il y aurait d'autres partis avec lesquels vous ne
voudriez pas vous associer, forcément? Ce sont des points que je vous
soulève, et notre proposition, c'est un moyen terme. Je crois que ce
serait... Même, il n'y a aucun pays qui est allé aussi loin que
nous, avec une limite et un contrôle des dépenses aussi absolu que
celui qu'on vous propose. Mais, en même temps, on respecte certaines
libertés.
Le Président (M. Clair): Dans le but de répartir
aussi équitablement que possible le temps entre les différentes
formations, je pense qu'on pourrait donner immédiatement la parole au
représentant de l'Union Nationale.
M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de Rouyn-Noranda?
M. Samson: M. le Président, je voudrais mentionner le fait
suivant. Bien sûr, c'est une expérience nouvelle, la Loi sur la
consultation populaire; malgré les prévisions de tout le monde,
d'une façon ou de l'autre, tout le monde peut se tromper un peu ou
pourra se tromper un peu quand on arrivera à appliquer ça. Nous
avons, au Québec, une Loi électorale qui date de plusieurs
années et qui était appliquée par un directeur
général qui s'appelait le président général
des élections depuis au-delà de trente ans; il a rodé la
loi, il l'a amendée. On a vu que, d'une élection à
l'autre, il trouvait toujours des trous dans sa loi et il demandait des
amendements pour essayer de la rendre la plus parfaite possible.
Donc, cela veut dire qu'à l'expérience, si, du
côté de la Loi électorale, avec toute l'expérience
du juge Drouin et de ses collaborateurs, il fallait l'amender entre les
élections, chaque fois ou presque, il se trouve toujours des situations
qui font que la loi ne répond pas aux besoins. Or, nous avons là
une loi nouvelle qui, dans notre contexte québécois, est
également une façon nouvelle de légiférer. Cela
devient de la législation par consultation ou encore une position
fondamentale par consultation.
Je me demande, M. le Président, dans quelle proportion la loi
électorale elle-même, qui a fini par nous amener une autre loi qui
s'appelle la Loi sur le financement des partis politiques, la loi no 2 de 1977
pour un financement d'une forme différente de celle qui était
connue auparavant, je me demande dans quelle proportion cette loi, qui est
toute nouvelle et qui commence à être appliquée, ne devrait
pas être pour nous, au moins, un modèle à suivre dans cette
espèce de continuité depuis la loi électorale qui,
dès 1964, subissait des amendements et introduisait une façon
nouvelle de financer les élections. Dès l'élection de
1966, pour la première fois, il y a eu un barème maximal
fixé pour les élections. C'était la première
fois en 1966.
C'était la première fois également qu'il y avait
une possibilité de récupération des dépenses,
compte tenu de ce qu'a dit tantôt le leader de l'Opposition officielle,
d'environ $0.50 du vote, c'est-à-dire 50% des dépenses, pour un
député élu ou encore pour le candidat qui obtenait 20% des
votes.
Il part de là le contexte du contrôle des dépenses
et de la subvention aux candidats. Par la suite, on est arrivés avec la
loi no 2, c'est-à-dire la Loi électorale amendée à
la fin de décembre 1974 dans laquelle on a introduit, pour la
première fois, le financement public direct, à partir des fonds
publics, des partis politiques, selon la formule suivante: $400 000 disponibles
annuellement pour l'ensemble des partis politiques. C'était
distribué au prorata des votes reçus, avec un minimum, pour
chaque parti, de $50 000 par année.
Je pense que c'est là une continuité de 1966 et nous en
sommes arrivés, en 1977, avec la loi no 2, qui a continué dans ce
sens, mais qui a donné à une instance nouvelle le contrôle
du financement des partis politiques et de leurs dépenses. Donc, en plus
d'un président d'élections, qu'on appelle maintenant le directeur
général des élections, il y a maintenant un directeur
général du financement des partis politiques. C'est une instance
nouvelle.
Il y a, à la disposition de ce monde-là, annuellement,
l'équivalent de $0.25 du vote enregistré sur les listes
électorales une fois par année, selon le dernier recensement
4 millions de votes environ il y a $1 million à la
disposition des partis politiques une fois par année distribué au
prorata.
Je le disais avant la suspension, le Parti auébécois
reçoit de ce $1 million environ 41%, le Parti libéral environ
35%, l'Union Nationale environ 19% ou 20%, et nous près de 5%.
C'est la meilleure méthode trouvée jusqu'à
maintenant. Je ne dis pas que c'est la meilleure, mais c'est la meilleure qu'on
ait trouvée jusqu'à maintenant et qui ait réussi à
être appliquée en ce qui concerne les subventions aux partis
politiques. (20 h 45)
Notre système démocratique, qu'on le veuille ou non, c'est
dans les faits, repose sur des candidats qui se présentent à des
élections, mais qui se présentent maintenant dans le sigle et le
patronage des partis politiques, patronage non pas dans le sens mauvais du mot,
bien sûr, mais c'est comme ça, et c'est tellement comme ça
que cela prend, pour chaque candidat qui se présente, une lettre
signée par le chef du parti et c'est comme ça que ce candidat se
qualifie.
Or, M. le Président, je dis que, ces façons de faire
étant déjà introduites dans nos moeurs, on ne peut pas
facilement, même si la loi sur la consultation populaire est une
loi-cadre et spéciale, hors la Loi électorale et hors la Loi sur
le financement des partis politiques, il demeure que nos moeurs existent
toujours et il demeure également que, pour appliquer la loi sur la
consultation populaire, nous devons amender et la Loi électo- rale de
1976 et la Loi sur le financement des partis politiques de 1977, en grande
partie, pour les rendre concordantes avec la Loi sur la consultation
populaire.
Donc, ce que je veux tenter de définir, c'est que la Loi sur la
consultation populaire est, dans les faits, apparentée à la Loi
électorale et à la Loi sur le financement des partis politiques
et, d'ailleurs, son application sera la responsabilité et du directeur
général du financement des partis politiques et du directeur
général des élections.
Je trouve, M. le Président, que c'est à partir de ces
principes établis que le contrôle des dépenses pourrait se
faire, comme dans le cas d'une élection. Dans le cas d'une
élection, chaque parti a son rapport à faire et a le
contrôle de ses dépenses.
Dans le cas d'une élection, s'il y a subvention par
récupération, selon les modes qui sont compris dans la Loi
électorale, ce sont les candidats des partis qui font leurs
réclamations.
Dans le cas d'un référendum, les partis politiques
pourraient également agir dans le même ordre et de la même
façon que pour une élection.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre. Il y avait une heure de
convenue entre les partis. Je veux simplement vous indiquer que jusqu'à
maintenant, le parti ministériel a pris huit minutes, le parti de
l'Opposition officielle, douze et vous, dix.
M. Samson: Merci, M. le Président. C'est très
gentil de me le rappeler...
M. Bédard: ... la démocratie.
M. Samson: Non, j'aime ça quand il me le dit, parce
que...
M. Vaillancourt (Jonquière): On s'était fait
confiance.
M. Samson: ... cela nous aide parfois à essayer de
conclure un peu plus vite.
Mais je pense que le noeud du problème se trouve là. Si on
essaie d'embrigader les partis politiques sous deux chapeaux, il y a des
problèmes qui vont surgir à l'un ou à l'autre de ces deux
chapeaux. Il y en a un qui va défoncer, c'est sûr.
Mais si on laisse les différents partis libres de fonctionner
avec des balises, et libres de s'associer, s'ils le veulent aussi, cela
n'augmenterait pas leur possibilité de dépenses, mais le fait de
s associer pourrait peut-être, dans certains cas, augmenter leur
possibilité d'aller chercher des sommes difficiles à trouver et
qui entreraient, quand même, dans le cadre de la loi, donc, ne
dépasseraient pas.
Ce qu'on veut le ministre nous l'a souvent
répété, je pense c'est un certain contrôle
sur les dépenses pour que ça ne parte pas en foire . Je pense
que, là-dessus, on est d'accord. Mais, ce contrôle-là
pourrait se faire de la même façon en
reconnaissant l'autonomie de chacun des partis politiques reconnus au
sens de la Loi électorale et au sens de la Loi du financement des partis
politiques. On pourrait respecter cette autonomie et avoir le même
contrôle des dépenses. C'est là que les comités
nationaux, à ce moment-là, je pense, doivent être
modifiés dans leur forme, en tout cas, dans la forme où ils sont
présentés, et être disponibles, au cas où les partis
voudraient s'associer. Mais, s'ils ne veulent pas s'associer, M. le
Président, je pense qu'on ne doit pas les forcer à le faire, mais
on ne doit pas non plus les pénaliser s'ils ne s'associent pas, en ce
sens qu'on ne doit pas couper la subvention qui normalement devrait revenir
à ce parti. Or, si c'est 5% dans notre cas je prends, à
titre d'exemple notre cas de I'enveloppe et si on décide de
s'associer, on s'associe avec ces 5% et les possibilités que nous avons
d'aller chercher des souscriptions, mais si on ne veut pas s'associer, ces 5%,
on devrait être capables d'en disposer nous-mêmes à notre
façon en défendant les choses à notre façon.
M. Bédard:... on ne veut pas s'associer au
séparatisme, non?
M. Samson: Pardon?
M. Bédard: Non, continuez.
M. Gratton: ... s'associer, on est séparatiste quand
même.
Le Président (M. Clair): Continuez, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, c'est parce que le ministre de
la Justice et moi-même sommes de vieilles connaissances...
Une Voix: ... disait la même chose.
M. Samson: ... et, parfois, on n'a pas besoin de se parler fort,
pour se remémorer d'excellents souvenirs. Je dis que c'est
peut-être là la façon de régler tout ce
problème.
M. Grenier: L'association de l'Opposition qu'on reconnaît.
Les associations de l'Opposition.
M. Samson: C'est cela, c'étaient des associations de
l'Opposition.
Une Voix: II n'a pas appris de quelle façon...
M. Fallu: Sauf que, dans son cas, cela continue.
M. Samson: Je pense, M. le Président, que c'est
là...
Le Président (M. Clair): En concluant.
M. Samson: Oui, M. le Président, je conclus, parce que je
ne voudrais pas empêcher mes collègues de parler là-dessus.
La discussion me sem- ble orientée, en tout cas, d'une façon
positive, et j'en suis heureux. Je demande au ministre de considérer
cette possibilité, à savoir conserver l'autonomie des partis
politiques. Si les partis politiques veulent s'associer à des gens,
c'est une autre affaire. Cela devrait rencontrer, à ce moment-là,
plutôt les idées de l'honorable leader de l'Opposition officielle,
quant à toutes les autres formes d'association. Merci, M. le
Président. Je m'excuse d'avoir été un peu long.
Le Président (M. Clair): J'ai, sur ma liste, les
députés suivants qui ont manifesté le désir
d'intervenir, les députés de Mégantic-Compton, de
Gatineau, de Terrebonne et de Jonquière. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Tout à fait brièvement, M. le
Président, j'écoute les discussions et c'est avec un peu
d'hésitation que j'accepte cette proposition, la répartition par
groupes, pour la bonne raison d'abord que la question n'est pas posée.
Si la question était posée, elle comporterait peut-être
quelques volets, mais il est possible qu'elle ne comporte que deux volets. Si
elle est aussi claire que celle du programme du Parti québécois
lors de la dernière campagne électorale, elle porterait
uniquement sur l'indépendance du Québec. On s'attendra à
une question aussi claire: êtes-vous pour ou contre l'indépendance
du Québec? A partir de là, il y aura des oui et il y aura des
non, parce qu'on définira bien sûr le terme "indépendance",
j'imagine bien je ne sais pas à quel moment on le fera, puisqu'on
a demandé trois mois et cela semblait trop tôt qu'on finira
par le définir. Quand le terme "indépendance" sera défini,
je pense qu'il y aura place peut-être pour deux options bien
précises, les gens qui s'associent à l'indépendance et
ceux qui se dissocient de l'indépendance.
A partir de là, cela pose peut-être moins de
problèmes. Là où il y a peut-être une raison ou des
raisons importantes que des groupes différents soient reconnus, c'est si
la question comportait quelques volets. Or, jusqu'ici, on ne nous a pas dit
clairement on nous a parlé de limpidité, de clarté,
de transparence de la question qu'on ne voulait pas avoir de question
farfelue et qu'on ne voulait pas avoir de questions d'ambiguïté,
comme on en a connu une lors du référendum fédéral.
On n'a pas la question. Mais j'ai l'impression que si elle avait
différents volets, à ce moment-là, il y aurait
peut-être place pour différentes formations politiques.
Il est, bien sûr, des discussions qui sont menées à
l'intérieur du pays et qui ont leur réson-nance sur la province,
qui veulent que des options, des jugements pourraient être
différents sur les propositions qui seraient faites par un gouvernement
central et, à ce moment-là, si la question n'est pas
réglée par un gouvernement central, les positions seraient
beaucoup moins claires, à savoir que chaque formation politique pourrait
vouloir, si elle est opposée à l'indépendance, une
constitution renouvelée avec des points différents. Mais advenant
une question qui n'aurait que deux
volets, je ne peux pas m'associer à différents groupes,
parce qu'il semble que, pour faire une bataille rangée et avoir une
réponse aussi précise que la question peut l'être, on ne
peut pas subdiviser les groupes, si on veut avoir un résultat
très clair.
Or, c'est peut-être l'avantage du gouvernement d'avoir une partie
qui est claire, très expressive, très limpide et d'ouvrir pour
des partis d'Opposition des questions beaucoup moins limpides qui permettraient
de financer différents groupes politiques ou différents autres
groupes qui voudraient s'associer afin de diluer le vote de l'Opposition.
Bien honnêtement, j'aurais bien voulu qu'on s'entende avant de
régler la question des comités nationaux, chapitre que nous
étudions actuellement, les sections I et II du chapitre VIII. J'aurais
bien aimé qu'on ait une idée de cette question. Avant d'en avoir
une idée bien précise, je ne donnerais pas un mandat en blanc au
gouvernement, à savoir qu'il doit y avoir un groupe du oui et un groupe
du non, et permettre ensuite qu'il y ait des groupes associés avec des
budgets différents pour permettre de diluer la réponse ou diluer
le groupe du non. J'hésite, et je pense que je vais rester
hésitant tant et aussi longtemps qu'on ne connaîtra pas la
question. Cela n'a pas l'air d'être pour maintenant, bien
honnêtement. Cela peut être assez tard. Lancer une campagne sur un
terrain comme cela, c'est un crachage en l'air qui peut nous revenir sur le
nez.
Bien honnêtement, j'aurais aimé ce que je vous dis
là, plusieurs le comprennent autour de la table ... Le jour
où on aura décidé de subventionner des groupes, autant de
groupes qu'il y aura d'options, cela desservira peut-être un groupe qui
sera l'Opposition ou différentes formations de l'Opposition. Tout
dépendra de la question. Cette question, comme on l'a signalé,
pourrait varier selon le temps, puisque, dans le programme, on dit bien, au
chapitre II du programme du Parti québécois: "En
conséquence, un gouvernement du Parti québécois s'engage
à s'assurer, par voie de référendum, et au moment qu'il le
jugera opportun à l'intérieur d'un premier mandat, de l'appui des
Québécois sur la souveraineté du Québec ". C'est au
moment qu'il le jugera opportun. Cela rappelle tous les débats qu'on a
eus cet après-midi, alors qu'on pourrait décider de se donner une
loi qui serait assez bien faite. On pourrait même se donner une question
et, après des sondages, si on trouve que la question peut être
défavorable à ceux qui la posent, décider de garder la
question au congélateur pour six autres mois, et de provoquer
peut-être, en attendant, une autre question sur la taxe de vente avec le
fédéral, se trouver une question litigieuse avec le
fédéral et la rendre favorable à notre province et
décider le lendemain de lancer la question du référendum
qui serait prête.
Il y a autant de danger à ce stade à être favorable
à différents groupes qu'il y en a à être favorable
à deux groupes bien précis. Entre les deux, je vous garantis que
j'hésite et je ne suis pas sûr de sauvegarder les
intérêts d'à peu près 20% de la population que nous
représentons en déci- dant d'opter pour différents
comités ou pour deux comités.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'ai dans ma banque de
temps encore 18 minutes. Je vous suggège de vous faire un partage
à six minutes chacun, puisque...
M. Lalonde: Pourquoi cela?
Le Président (M. Clair): II y a eu une entente qui est
intervenue, avant que vous n'arriviez, sur un partage du temps...
M. Lalonde: Je laisse tout mon temps au député de
Gatineau.
M. Gratton: Je pourrais peut-être en prendre 15 et en
laisser 3 pour...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est parce qu'on a eu
seulement...
Le Président (M. Clair): C'était simplement
à titre indicatif. Pour le reste, je compte sur votre "fair play". M. le
député de Gatineau.
M. Vaillancourt (Jonquière): On a eu huit minutes
jusqu'à maintenant, nous autres.
M. Lalonde: Si vous en voulez plus, on peut aller plus loin.
M. Bédard: On peut s'en garder. M. Grenier: Pas de
problème.
M. Gratton: M. le Président, si vous me permettez, le plus
brièvement possible, compte tenu des contraintes, il serait
peut-être utile qu'on souligne le fait que, dans le rapport de la
Commission des droits de la personne, plus de la moitié des remarques de
la commission porte sur la campagne référendaire et plus
précisément sur la campagne référendaire et sur le
regroupement obligatoire. Je pense que nous sommes tous conscients qu'en
abordant l'étude de l'article 21 et de la section I des comités
nationaux, nous nous rendons tous compte qu'il s'agit là de la viande du
projet de loi en quelque sorte. Or, M. le Président, je pense qu'il
serait également utile de rappeler ce que la commission disait, à
ce point de vue, à la page 5. Je ne la citerai pas au long: "Cependant
et ce après avoir reconnu qu'il y avait certaines
améliorations entre le projet de loi et le livre blanc c'est la
mesure de la contrainte qui l'inquiète encore et le projet de loi 92 ne
contribue pas toujours, il faut bien le dire, à en situer les
paramètres exacts ". La commission continue au bas de la page 6 et
suggère qu'un élément de solution serait d'introduire la
notion de statut d'affiliés pour les individus et les groupes qui ne
voudraient pas s'associer à la stratégie globale
décidée par le comité national, tout en étant
d'accord avec l'objectif visé en définitive. (21 heures)
Cet après-midi, le ministre nous a déjà
indiqué qu'il entendait bien introduire cette notion de statut
d'organismes affiliés au moment où nous aborderons l'étude
de l'article 23.
Mais il y a également une seconde réponse dont la
commission parle. Au bas de la page 7, on parle, par exemple, de la liste des
dépenses non réglementées de l'article 26 du projet de
loi. Vous me permettrez, M. le Président, de citer quelques extraits:
"Si l'on en saisit bien le sens, cette liste permet en quelque sorte aux
individus et groupes non désireux de s'associer à un
comité national pour une raison ou une autre, de contribuer de leur
travail et de leurs efforts au débat référendaire à
condition, bien sûr, que cela soit fait gratuitement ou
bénévolement, le maximum de dépenses permises ayant
été fixé au paragraphe h) à $300 pour la tenue
d'une réunion, y compris la location de la salle et la convocation des
participants."
Que dire, sinon qu'il s'agit d'un minimum? De plus, si ces trois
articles 23, 26 et 27 du projet de loi donnent une certaine idée de la
mesure de la contrainte que représentera au niveau de la participation
un débat référendaire, la centralisation de toute la
campagne, elle est derrière les comités nationaux;
l'équation difficile entre plusieurs droits et libertés qu'a
tenté de réaliser le gouvernement dans ce projet de loi
présente encore des inconnues qui empêchent la commission de se
prononcer catégoriquement sur son succès ou son échec. Les
objectifs sont louables, le mécanisme de la mise en oeuvre est
précis, mais tout cela peut-il fonctionner sans danger pour les
libertés d'opinion, d'expression ou d'association?
C'est la question que la commission se permet de poser de nouveau au
gouvernement; de nouveau, parce qu'elle l'avait posée au moment de ses
réflexions préliminaires sur le livre blanc. Donc, c'est la
question que la commission se permet de poser de nouveau au gouvernement en lui
recommandant une dernière fois la plus grande prudence dans la voie
difficile où il s'est engagé.
M. le Président, je vous ferai grâce de toute la section
suivante à l'article 4.2 qui s'intitule: "En ce qui concerne la
participation des individus et groupes qui représentent ou favorisent
d'autres options que celles soumises à la consultation populaire". Parce
que, là, la solution prônée par le ministre, avec son
amendement à l'article 23, ne règle en rien la situation de ces
organismes qui ne favorisent aucune option. Il s'agit, par exemple, de ceux qui
voudraient prôner l'abstention à un référendum
donné. On veut bien que ce soit une loi-cadre dont on discute; discutons
de la loi-cadre et plaçons-nous dans une situation où un
député ce pourrait être moi comme ce pourrait
être le député de Jonquière une association,
ou un groupe ou un parti politique veuille faire la promotion de l'abstention
au moment d'un référendum sur un sujet donné. Il n'y
aurait aucune façon dans le projet de loi 92, même après
l'introduction de l'amendement sur les groupes affiliés, pour ce groupe,
pour cet individu, pour ce parti politique de promouvoir l'abstention.
Je ne me souviens plus très bien si c'est le Conseil du patronat
ou la Chambre de commerce du Québec qui avait fait allusion à ce
problème au moment de l'étude du livre blanc. Le ministre
responsable de la réforme électorale avait été fort
impressionné par ces représentations et, en réponse
à certaines questions que nous lui avions posées, il nous avait
effectivement admis qu'il s'agissait là d'un problème auquel il
n'avait pas eu le temps de trop penser, mais qu'il tenterait d'y accorder une
plus grande attention dans la formulation du projet de loi, qu'il nous
soumettrait peut-être une solution à ce problème. Or, le
projet de loi 92 est essentiellement ce que proposait le livre blanc et, encore
une fois, nous sommes devant la situation où une personne, un groupe ou
un parti politique qui voudrait prôner l'abstention ne pourrait le faire.
Il en est de même, par exemple et c'est la commission
elle-même qui fait état de l'exemple d'un groupe qui
voudrait se prononcer sur la qualité du débat soit en voulant
coiffer de l'objectivité ou de la neutralité la plus stricte leur
participation à la campagne référendaire, dans le cas
d'associations et de groupes qui voudraient faire un travail d'information sur
les différentes options auprès de leurs membres. Eux non plus, M.
le Président, ne pourraient intervenir de quelque façon, sauf au
niveau de $300 de dépenses ou au niveau des dépenses qui ne sont
pas réglementées et qui sont énumérées
à l'article 26, je pense. En fait, la commission va plus loin que cela,
M. le Président, car à la page 9, en nous parlant de l'article
25, elle pose la question: "Que signifie, en effet, cet article 25?
Possiblement, il voudrait dire que, sous réserve de l'article 26, aucune
dépense ne pourra être effectuée si elle ne vise pas la
promotion d'une des options soumises à la consultation populaire. C'est
là une hypothèse". Je cite là le texte du rapport de la
commission, M. le Président. "Mais alternativement, tel que
formulé, cet article ne pourrait-il pas exempter de l'application des
dépenses réglementées tous ceux qui engagent des frais
pour toute autre option que celle représentée dans la question
soumise au référendum ou qui ne travaillent pas
précisément, selon ses termes mêmes, à favoriser ou
défavoriser une option soumise à la consultation populaire. Dans
cette hypothèse, irait-on jusqu'à permettre aux groupes qui ne se
sentent pas directement concernés par I enjeu proposé ou qui
voudraient se prononcer au débat référendaire, sans
être soumis aux dépenses réglementées, ne serait-ce
pas contradictoire avec les objectifs poursuivis en matière de
réglementation des revenus ou des dépenses? " M. le
Président, la commission poursuit en disant qu'il s'agit là d'une
question fondamentale et que la réponse du gouvernement sera vitale
surtout si le législateur n'accepte pas d'introduire la notion de groupe
affilié, ce que, semble-t-il, il est prêt à faire,
mentionnée antérieurement, etc. Mais la notion de groupe
affilié ne règle pas le cas de ceux qui voudraient s'abstenir,
promouvoir l'abstention, cela ne règle pas le cas d'aucun organisme,
individu ou parti politique qui voudrait favoriser une option qui n'est pas une
ou l'autre dans le cas d'un référendum donné. En
particulier, à l'article 21, M. le Président, quand on parle des
comités en faveur d'une des options
soumises à la consultation populaire, la question que l'on pose
c'est: Est-ce qu'une des options soumises, dans l'esprit du ministre, pourrait
être l'abstention? Ni le oui ni le non, mais l'abstention. C'est une
question à laquelle le ministre se devra de répondre
éventuellement.
Ce sera très court, M. le Président, vous conviendrez que
je n'ai pas abusé du temps de la commission. Si on veut que je reporte
la même intervention à l'article 21, je répéterai
exactement la même chose. On pourrait peut-être me donner trois ou
quatre minutes pour terminer, M. le Président, ou peut-être moins,
et à ce moment-là...
M. Vaillancourt (Jonquière): En autant qu'on nous le
donnera également.
M. Gratton: Ce n est pas nous qui avons jamais
empêché les députés ministériels de
s'exprimer.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est parce qu'il y avait une
entente.
M. Bédard: On peut se le donner. M. Samson:
Consentement.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais rappeler que le
1er novembre 1977, au début de l'étude du livre blanc sur la
consultation populaire, le ministre responsable de la réforme
parlementaire et électorale disait et ie cite la page B-6888 des
débats de l'Assemblée nationale: "Cette institution nouvelle
qu'est le référendum doit rallier le plus grand consensus
possible. Vraiment, là-dessus, tout au cours de nos travaux, on va se
rendre compte que ce ne sont pas de vains mots, c'est véritablement
quelque chose qui préoccupe le gouvernement, du moins quant au cadre
général dans lequel devra se dérouler la consultation
populaire. Il est très important en effet que ce cadre soit
accepté d'une manière qui soit générale, comme
étant véritablement impartial. Et je formule très
sincèrement le voeu qu'il nous soit possible, par la réflexion et
par la discussion, d'atteindre ce consensus général comme nous
avons d'ailleurs réussi à le faire sur d'autres lois importantes
et contestées à l'origine comme celle du financement des partis
politiques". Or, M. le Président, j'enchaînerai très
brièvement avec ce que disait le même ministre M. Burns, le
député de Maisonneuve, le 1er décembre, cette fois-ci,
1977, à la fin de l'étude des mémoires sur le livre blanc
à la page B-8524: "En effet la formule de regroupement que le
gouvernement a proposée dans son livre blanc, celle des comités
nationaux, a soulevé des interrogations, des doutes et même des
oppositions de la part de certains groupes qui ont témoigné
devant notre commission. Dans mon discours d'ouverture, j'ai pris soin de bien
préciser que cette formule n'était, dans notre esprit, qu'un
moyen d'atteindre les objectifs recherchés et que si de meilleures
formules nous étaient proposées, il me ferait plaisir de les
soumettre à mes collègues du Conseil des ministres et,
éventuellement, à I'Assemblée nationale".
Les meilleures formules que souhaitait recevoir le ministre responsable
de la réforme électorale, je dis, tout simplement, qu'une
possibilité de meilleure formule, c'est celle qu'entend soumettre et
dont a fait état le député de Laval. A ce
moment-là, M. le Président, avec la présence des groupes
affiliés et soit dit en passant, ces organismes affiliés
aux comités nationaux pourraient, éventuellement,
présenter plus de problèmes qu'ils n'en régleront, parce
que le ministre conviendra que nous, les fédéralistes, pourrions
facilement susciter la formation de groupes affiliés à la
thèse du "oui", en supposant qu'on parle du référendum sur
l'avenir constitutionnel, et je suis sûr que le Parti
québécois a déjà pensé, il y a longtemps,
à susciter la création de...
M. Bédard: Vous auriez des idées comme cela?
M. Gratton: ... groupes affiliés au comité du
"non".
M. Bédard: ... cela paraîtrait tout de suite...
M. Gratton: ... il y a une chose qui est sûre, c'est que
les vrais indépendantistes, les vrais, les Barbeau et les autres, vont
sûrement devoir s'affilier au groupe du "oui" quelle que soit la
question, "souveraineté-association" ou autre, parce qu'ils se diront,
sûrement que c'est la même chose; eux le savent, espérons
que la population éventuellement le saura également.
M. Bédard: Pensez à vos problèmes, les
sortes de fédéralistes qui existent...
M. Lalonde: Non, il n'y en a qu'une sorte. M. Bédard:
... une troisième voie...
M. Gratton: M. le Président, si le ministre soulève
ces questions, vous devrez me donner trois ou quatre minutes de plus
pour...
Le Président (M. Clair): II ne les soulève
pas...
M. Gratton: La formule préconisée par le
député de Laval est simple. Il s'agit de laisser des partis
politiques, des individus ou des groupes qui ne favorisent aucune des options,
quel que soit le référendum, qui ne favoriseraient aucune des
options libres d'effectuer des dépenses jusqu'à un maximum de
$3000, avec la condition de divulgation pour toutes dépenses de plus de
$100 et, forcément, il y aurait une formule d'autorisation que devraient
obtenir ces individus, groupes ou partis politiques du directeur
général des élections.
Cela permettrait, par exemple, à un groupe, ou à un parti
qui veut faire la promotion de l'abstention à un
référendum donné, tout au moins, de le faire dans ce
cadre-là.
M. Bédard: Oui, mais c'est votre préoccupation les
abstentionnistes?
M. Gratton: Vous nous parlez d'une loi-cadre depuis le
début, si vous voulez revenir à un référendum en
particulier... Je vais vous donner un exemple justement d'une
possibilité à laquelle le député de
Mégantic-Compton a fait allusion cet après-midi. M. Ryan, le chef
du Parti libéral, y a fait allusion également. Dépendant
de la question, il est fort possible que le Parti libéral du
Québec se doive de promouvoir l'abstention. C'est tout à fait
possible. Si le Parti québécois devait, par exemple, proposer
à l'Assemblée nationale une question qui serait empruntée
du programme du Parti libéral du Québec ce qui n'est pas
impossible en tout cas, il pourrait, facilement, la faire passer, parce
qu'avec un débat limité à 30 heures, avec une simple
majorité qu'il possède déjà à
l'Assemblée nationale, il peut passer la question qu'il veut. Et le
ministre ne peut contester cela. Donc, il formulerait une question
empruntée au programme du Parti libéral du Québec et il
dirait: C'est là-dessus que porte le référendum sur
l'avenir constitutionnel du Québec qu'on a promis en campagne
électorale. C'est une hypothèse. Vous m'en ferez une autre, vous,
tantôt. Je vous en fais une qui est à mon goût pour vous
prouver que le Parti libéral du Québec pourrait être dans
une situation de devoir s'affilier avec d'autres partis politiques, avec
d'autres individus, à un comité national pour préconiser
le "non ' à une question qui émanerait de son programme
électoral. Cela serait complètement ridicule.
M. Bédard: Vous n'oseriez pas vous approuver. (21 h
15)
M. Gratton: C'est justement ce qu'on dit et, à ce
moment-là, on pourrait ne pas vouloir non plus préconiser le oui
pour des raisons que je n'ai pas besoin d'expliciter et on pourrait
décider que c'est l'abstention qu'on veut promouvoir. Il y aurait
absolument...
Le Président (M. Clair): Je m'excuse de vous interrompre,
M. le député de Gatineau. L'entente qu'on m'a demandé
d'entériner tantôt est expirée. Il y avait une heure
d'entente. S'il y avait une nouvelle entente, je veux bien l'entériner
à nouveau, sauf que...
M. Gratton: Je suis prêt à en faire une nouvelle, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Je m'y attendais un peu.
M. Gratton: M. le Président, très
sérieusement... C'est difficile d'être sérieux parce que,
chaque fois qu'on fait une remarque, on se met à rire de l'autre
côté.
M. Bédard: Ce n'est pas vrai.
M. Gratton: Quand je vous regarde, je trouve que vous riez un peu
trop pour le sérieux de la discussion.
M. Bédard: On ne vous regardera plus.
M. Gratton: M. le Président, je dirai simplement, en
terminant, que s'il s'agissait d'une proposition qui avantageait le Parti
libéral du Québec, on pourrait nous accuser de faire une
proposition qui n'est pas sérieuse; au contraire, dans la situation
actuelle, le projet de loi fait en sorte qu'on pourrait, au comité
national en supposant que c'est le comité national du non
selon les dispositions de la loi 92, tout simplement nommer qui on veut comme
président du comité national. Ce pourrait être Claude Ryan,
ce pourrait être même Pierre Elliott Trudeau.
Une Voix: M. Biron.
M. Gratton: Le Parti libéral du Québec pourrait en
décider ainsi; et en supposant que l'Union Nationale, le Ralliement
créditiste, le Parti national populaire, seraient au oui cela
reste à voir au non, plutôt, il n'y aurait absolument rien
qu'ils pourraient y faire. Mais s'ils arrivaient avec la proposition du
député de Laval, il y aurait au moins la possibilité pour
chacun de ces partis, aussi bien que pour chacun des organismes comme la CEQ,
la CSN, qui ont aussi dénoncé le caractère restrictif de
la loi 92, de faire jusqu'à $3000 de dépenses et de participer au
débat.
Il y aurait sûrement un plus grand respect des libertés
fondamentales d'association d'expression que recherche également la
Commission des droits de la personne.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: J'ai terminé, M. le Président, je sais
que cela impatiente le ministre.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Non, c'est simplement que
l'entente était...
M. Gratton: On a déjà la réponse du
gouvernement, c'est à se demander ce qu'on fout ici à la
commission en tentant de convaincre, en tentant de faire valoir nos opinions.
Si cela n'a plus d'importance pour le gouvernement, qu'il le dise tout de
suite...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Bédard: J'espère que vous ne prétendez
pas que vous avez la formule magique, comme nous ne prétendons pas
l'avoir. On va étudier votre formule par rapport à la nôtre
et en fonction d'un principe qui est le contrôle des dépenses.
M. Gratton: C'est cela, il n'y a pas de problème. Vous
allez contrôler, et si le ministre veut bien regarder les choses de
près, en toute objectivité, c'est tout ce qu'on lui demande.
M. Bédard: Vous allez voir ce que cela donne...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
étant donné qu'il est 21 h 15, je sollicite le consentement de
mes collègues. Nous avions pris une entente le
député de Gatineau n'était pas ici pour que, de
bonne foi, on respecte une sorte de partage du temps de façon tacite; on
constate que le parti ministériel n'a eu que huit minutes sur la
dernière heure, je pense que mes collègues seront certainement
d'accord pour que les deux interventions qu'on avait mises à la liste
puissent se faire, c'est-à-dire le député de Terrebonne et
moi-même, rapidement. Par après, nous pourrons passer à
l'étude de l'article 21.
Le Président (M. Clair): Une entente pour combien de
temps?
Des Voix: Prenez le temps qu'il faut.
M. Gratton: Si vous avez quelque chose à dire, on va
écouter.
M. Lalonde: Nous, on ne vous brime pas.
Le Président (M.CIair): M. le député de
Terrebonne.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne serez pas
brimés dans cette affaire.
M. Fallu: Mon intention n'est pas d'être long, bien au
contraire. J'aimerais encourager le Parti libéral à s'exprimer,
puisque ce sont des questions que j'ai à poser.
M. Bédard: On est ouvert. M. Fallu:
Effectivement...
M. Lavoie: Je promets d'avance que nous allons nous ouvrir
à votre politique d'ouverture et de consensus pour améliorer la
loi, comme voisins et comme collègues.
M. Gratton: Pas seulement dans les mots, mais dans les faits.
M. Fallu: ... aux questions, comme vous voudrez bien, mais
effectivement, sur des questions que je me pose sur ce qui, à l'heure
actuelle, à notre connaissance, le texte d'une conférence de
presse. La première lecture que j'avais faite de ce texte me laissait
croire qu'effectivement il y avait les comités nationaux et les gens s'y
regroupaient, puisqu'on admettait, au départ, que les comités
nationaux étaient financés en raison de $0.50 par électeur
et que, par la suite, tout s'enchaînait. Donc, pour les autres
dépenses, outre les dépenses de $3000 prévues pour des
individus ou des groupes, on devait s'inscrire chez le directeur
général du financement des partis politiques. En
conséquence, cela faisait partie des $2 millions ou des $0.50 par
électeur.
Vous nous avez appris tantôt que tel n'était pas le cas, il
y avait de nombreuses nuances là-dedans, il y avait un
enchaînement tout à fait différent. Mes questions sont
à peu près les suivantes: Pour ce qui est d'un individu, il y a
exactement la même approche que le projet de loi et donc la
possibilité de dépenser un certain montant. Il n'y a pas entente
sur le montant, mais le principe fondamental est là. Il y a une remarque
que vous avez faite, M. le député, qui est intéressante.
Vous dites, à bon droit, je crois pour ma part en tout cas, je
verrai à faire cheminer cette idée que cette
dépense autorisée de $300 est faite sans formalité,
au-delà des prescriptions habituelles de la loi 2.
M. Lavoie: La loi 2.
M. Fallu: Je veux bien prendre note pour ma part, et
peut-être, éventuellement, faire nôtre cette
considération. Quant aux groupes ou partis, chacun peut dépenser,
selon votre approche, $3000. Mais tant groupe que parti, à ce compte,
est-ce que j'ai tort de les assimiler puisque, au-delà de $3000 ils
peuvent, en s'inscrivant auprès du directeur, en se faisant
reconnaître auprès du directeur du financement des partis
politiques, dépenser au-delà de $3000?
Ceci étant compris, on arrive maintenant aux comités
nationaux. Alors, qu'arriverait-il puisque l'on sait que l'entente doit
commencer initialement par le biais des députés si,
étant connue une question, étant votée une motion à
l'Assemblée nationale ou un projet de loi, il n'y a pas consensus d'une
large fraction de députés, de telle sorte vous allez dire
que j'émets une hypothèse, c'est effectivement une
hypothèse qu'en l'occurrence, pour un référendum
que tout le monde a en tête, seul le Parti libéral se trouvera
à former le comité national, à toutes fins utiles, avec
quelques associés peut-être, quelques comités. A
côté, on aura d'autres types de regroupements basés sur des
partis ou des groupes ou des associations professionnelles, ou quoi que ce soit
qui, eux aussi, pourvu qu'ils s'inscrivent auprès du directeur du
financement des partis politiques, pourraient dépasser ces $3000 et
là, "the sky is the limit". Ce sont ces questions de mécanisme
que je me pose.
M. Lavoie: II pourrait se présenter la même
situation aussi spéciale, dans une autre hypothèse, et la
difficulté vient des comités nationaux obligatoires. On n'en est
pas sorti de cela. Cela peut aussi bien arriver dans le Parlement actuel,
où il y a 71 députés péquistes et 39
députés de l'Opposition. Sur un référendum
donné ne prenons pas le référendum que tout le
monde a à l'esprit où les positions philosophiques ne sont pas
aussi bien établies que sur le référendum donné, il
y aurait 31 députés du Parti québécois qui
prendraient la majorité du oui et 40 autres du Parti
québécois qui iraient dans le non. Le Parti
québécois aurait la majorité dans les deux comités
et contrôlerait les deux comités. C'est ce qui peut arriver avec
le système actuel, avec le Parlement
actuel. Je ne vous parle pas d'un Parlement de 102, mais un Parlement de
80; sur 71 actuellement, 31 vont sur une option, 40 sur l'autre, et vous avez
la majorité des deux, vous avez les deux subventions et vous avez le
contrôle des deux réglementations. C'est ce qu'il va y avoir
également avec votre système de comité forcé.
M. Fallu: Je pense, M. le Président, qu'on n'a pas
répondu à ma question. On a monté un scénario
différent, mais, de fait, si le Parti libéral, seul, forme, avec
quelques associés, un comité référendaire,
qu'est-ce qui se passe pour tous les autres groupes, groupuscules ou quoi que
ce soit, qui se regroupent et dépassent de loin, du moment où ils
s'inscrivent auprès du directeur des finances du parti.
M. Lavoie: Je vous dis qu'avec mon expérience, avec
l'expérience qu'on a, il faut se mettre dans le temps. S'il y a des
groupes qui veulent s'inscrire et dépenser plus que $3000, n'oubliez pas
qu'ils sont limités dans le temps, au moment de la question et de
l'émission des brefs, parce que c'est à partir de la question
qu'on fait la réglementation, et la campagne se met en marche
après rémission des brefs à peu près, ou si vous
voulez l'extensionner en dehors des brefs... Il faut quand même se mettre
dans le temps et on n'accepte aucune contribution de compagnies, de grosses
contributions d'individus, et on en oblige la divulgation au-delà de
$100.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Lavoie: Je vais vous donner un autre exemple pour
répondre...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que je peux avoir la parole?
M. Lavoie: Ce n'est pas enflammé, on discute; c'est
positif, ce qu'on fait.
M. Vaillancourt (Jonquière): Répondez!
M. Lavoie: Je vous donne un exemple qui est arrivé en
Norvège, concernant le problème d'adhésion au
marché commun où le parti travailliste, là-bas, le parti
conservateur, le parti libéral étaient tous en faveur du oui,
à ce que la Norvège rejoigne le marché commun? Il est
arrivé un mouvement... on peut dire que "l'establishment" était
pour le oui, tous les partis politiques étaient pour le oui, et il s'est
formé un mouvement de "grass roots" si on peut dire, de la population,
du petit cultivateur, de l'artisan et tout, qui ont formé un
comité de 130 000 pour le non et ils ont gagné. Ils avaient des
comités nationaux, mais sans restrictions comme vous avez ici.
Qu'arriverait-il avec votre système appliqué à cela?
Là-bas, le parti travailliste n'a pas voulu se joindre au parti
conservateur pour ne pas le mettre en vedette. Je vous dis que vos
comités nationaux, avec les restrictions que vous avez actuellement, je
pense que c'est impraticable.
M. Bédard: On va vous démontrer le contraire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
enfin! Ce ne sera pas long, malgré tout. Ce que j'ai remarqué
surtout, c'est que le député de Gatineau a fait grand état
des déclarations du ministre d'Etat à la réforme
électorale à l'effet que les comités nationaux
étaient un moyen pour assurer le contrôle des dépenses et
que, si l'Opposition ou d'autres trouvaient une autre formule meilleure mais
qui pourrait assurer ce même contrôle des dépenses, ils
feraient preuve d'une ouverture d'esprit.
M. Lavoie: On a le contrôle.
M. Vaillancourt (Jonquière): A ce moment-là, le
député de Gatineau a dit une phrase qui m'a frappé: "La
formule est simple", la formule du député de Laval.
Effectivement, M. le député de Gatineau, elle est très
simple, cette formule qui permet à des groupes de dépenser, sans
autorisation, jusqu'à $3000, mais au-delà de $3000, ils peuvent
obtenir une autorisation et la nomination d'un agent officiel, et ainsi de
suite. Et là, on dit souscrire au principe de la réglementation
des dépenses et des revenus référendaires.
Il y a lieu, dans l'intérêt public, de chercher à
l'avance à empêcher les abus dans ce domaine. Regardons les abus
que va causer la formule du député de Laval. Prenons l'exemple
suivant, j'ai fait une liste très rapide. J'ai pensé, par
exemple, à tous les syndicats affiliés à la
Confédération des syndicats nationaux; j'en ai mis, pour la
forme, 300 au Québec. Je leur donne $3000 chacun je me dis que
personne ne va dépenser au-delà de $3000 je suis rendu
à $900 000. Je suis sûr que seulement dans le domaine du commerce,
il y a plus que 300 syndicats affiliés; j'en mets 300.
La FTQ, tous les locaux de la FTQ Construction auraient droit,
théoriquement, de dépenser $3000; la CEQ, toutes les
ramifications de la CEQ dans les régions; la CSD...
M. Bédard: II n'y a pas de limite; ils peuvent aller
au-delà de $3000.
M. Vaillancourt (Jonquière): Au-delà de $3000, on
peut obtenir une autorisation, c'est en présumant qu'on arrête
à $3000, cela peut être plus. Les chambres de commerce
régionales, locales, dans toutes les villes du Québec où
il y en a; le Mouvement national des Québécois, l'Unité
Fleur-de-Lys, les jeunes chambres de commerce dans tous les endroits,
Mégantic-Compton doit en avoir, il doit y en avoir dans Rouyn-Noranda,
les clubs Kiwanis, Lion, Rotary, Richelieu, Optimiste, les Chevaliers de
Colomb, les Moose, les Elks...
M. Bédard: Dans une campagne
référendaire...
M. Vaillancourt (Jonquière): Les légions
canadiennes.
M. Lavoie: Ce n'est pas de la politique.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Pensez à cela, un peu.
Les restrictions que vous faites c'est à l'occasion de la campagne
référendaire, à l'exception expresse... (21 h 30)
M. Samson: Cela relancerait l'économie.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... des corporations
industrielles... M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Vaillancourt (Jonquière): ... à
l'exception...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
M. Vaillancourt (Jonquière): Raisonnons par l'absurde... A
l'exception expresse des corporations industrielles, commerciales et
financières; or, le Club Kiwanis, c'est un corps intermédiaire,
les clubs Lion, Rotary, Richelieu, Optimiste, Chevaliers de Colomb, Moose, les
Elks, les Légions canadiennes, vont aimer embarquer dans le débat
sur l'unité nationale, en supposant qu'on parle de ce
référendum puisque c'est une loi-cadre, mais prenons-le comme
exemple. Toutes les commissions scolaires régionales et locales, tous
les conseils de ville du Québec il y en a au moins 1600 le
Parti libéral fédéral, section Québec, toutes les
associations de comté, tous les mouvements féminins que nous
retrouvons au Québec, tous ces gens, tous ces groupes...
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous avez contre les femmes?
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce sont des exemples qu'on
donne.
M. Lalonde: Oui, je m'inscris en faux.
Le Président (M. Clair): S'il vous plaît,
messieurs!
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela fait mal, cela fait mal,
n'est-ce pas?
M. Lalonde: Cela ne fait pas si mal que ça que les femmes
pensent.
M. Bédard: Vous voyez que votre formule n'a pas
d'allure.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est toujours la
dernière intervention qui fait le plus mal.
M. Bédard: Vous voyez que votre formule n'a pas
d'allure.
M. Lavoie: Je suis très heureux de voir qu'il y a tant de
monde contre les options péquistes.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Cela me rassure.
M. Lavoie: Adopté. Adopté.
M. Bédard: Ah! s'il vous plaît!
M. Lalonde: Ils sont tous pour vous autres.
M. Bédard: Vous êtes moins sérieux quand vous
voyez que cela n'a pas d'allure.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Bédard: Quand vous voyez que votre formule n'a pas
d'allure.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous plaît!
Messieurs, à l'ordre!
M. Gratton: Quant à cela, il y a les six millions de
Québécois qui peuvent dépenser chacun $300.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous
plaît!
M. Bédard: Ce serait bien mieux...
M. Gratton: ... qui ont le droit de dépenser 3300, sans
contrôle.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bédard: Ce serait bien mieux que vous nous disiez
clairement que vous n'êtes pas pour le contrôle des
dépenses.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, M. le ministre, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Gratton: ... Un examen objectif que vous avez fait de la
proposition.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: ... très souvent.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Gratton: On a...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: On connaît vos couleurs.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau. M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, quand
je pense qu'en multipliant 300 fois $3000 juste pour la CSN, en
présupposant qu'elle a seulement 300... J'en arrive à $900 000.
On dit que chaque comité national a droit à $2 millions; alors,
M. le Président, le contrôle des dépenses, selon la formule
du député de Laval, cela n'existe pas, puisque les groupes que je
viens de vous mentionner, si chacun d'eux décidait de dépenser
même seulement $1500, ce serait quatre, cinq et dix fois plus que ce qui
est prévu pour les comités nationaux dans le projet de loi no
92.
M. le Président, je pense qu'il ne faut pas jouer à
l'autruche. Lorsqu'on dit qu'on veut préserver le contrôle des
dépenses, préserver les abus et qu'on...
Une Voix: Vous avez oublié le comité
subventionné par le fédéral.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'en ai oublié bien
d'autres. J'aurais aimé, M. le Président, avoir le temps de
prendre un annuaire téléphonique ou de prendre des bottins
quelconques pour faire une liste exhaustive. Evidemment ma liste est non
limitative, c'est bien sûr.
M. le Président, des millions et des millions de dollars que la
formule... Je l'ai appelée la formule du député de Laval,
la formule Laval, j'ose espérer que ce n'est pas lui qui l'a
imaginée, j'ose espérer que c'est l'Opposition officielle au
complet... Et c'est pour cela que je trouve extrêmement curieux qu'on ait
le culot, dans une conférence de presse, de vouloir contrôler les
dépenses et de nous arriver avec une formule qui raisonne de
façon purement théorique, puisqu'on ne peut pas présumer
que ces gens ne s'intéresseront pas à la question. Mes exemples
font rire ou choquent l'Opposition officielle mais, M. le Président,
peut-on présumer que les mouvements Fleur-de-Lys, que les Mouvements
nationaux des Québécois, dans toutes les sections locales, que
les Légions canadiennes, dans toutes les villes du Québec ne vont
pas s'intéresser à un sujet en particulier? On ne peut pas
présumer de leur décision de ne pas participer à un
référendum ou de leur abstention puisque, M. le Président
le député de Gatineau a fait grand état qu'on ne
faisait pas de place à ceux qui voulaient s'abstenir le titre de
la loi, c'est justement Loi sur la consultation populaire. On veut consulter la
population, on veut avoir son opinion, son point de vue sur un sujet bien
précis qui peut être différent d'un
référendum à l'autre.
M. le Président, ceux qui ne veulent pas émettre leur
opinion, ceux qui ne veulent pas être consultés n'auront
qu'à s'abstenir et qu'à ne pas aller voter. Un peu comme dans une
élection scolaire, une élection municipale, une élection
fédérale où il n'y a pas de vote obligatoire, les citoyens
sont libres d'exercer leur droit de vote ou non.
M. Gratton: On ne parle pas d'exercer le droit, on parle de le
promouvoir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je suis sûr, M. le
Président, que...
M. Gratton: Vous devez connaître la différence.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Si la Commission des droits
de la personne entendait le député de Gatineau, elle serait
choquée de voir qu'il ne respecte même pas la liberté des
gens qui ne veulent pas participer à une campagne
référendaire, à une élection municipale ou à
une élection scolaire.
Ce que je voulais surtout démontrer, c'est que, effectivement,
elle est simple, elle est très simple, la formule du
député de Laval, puisque, sous le couvert d'une belle affirmation
de principe qu'on veut contrôler les dépenses, éviter les
abus, et qu'on ouvre ainsi la porte à toutes sortes d'abus... Je n'ai
parlé que des groupes, je n'ai pas parlé des individus.
M. Gratton: Mais, parlez-en. Vous l'avez dans votre projet de
loi. Parlez-en!
M. Vaillancourt (Jonquière): Quand on sait que certains
candidats au leadership peuvent ramasser jusqu'à $400 000 dans l'espace
d'un mois et demi, je n'ai même pas parlé des individus, j'ai
parlé des groupes.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Voulez-vous en parler? Parlez-en ici. Parlez-en.
M. Bédard: Laissez-le donc terminer son intervention.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela fait mal, je sais que
cela fait mal.
M. Gratton: Votre projet de loi, ici, cela voudrait dire $1 800
000 000, selon votre théorie.
NI. Bédard: Oui? On va y penser. On va restreindre
cela.
M. Gratton: Oui, six millions de Québécois,
à $300 chacun, selon l'article 26, alinéa h), chacun des six
millions pourrait dépenser $300, sans aucun contrôle, aucune
autorisation, cela fait $1 800 000 000. Si on veut être ridicule, on peut
être ridicule des deux côtés.
M. Bédard: Je tiens pour acquis que vous ne nous
demanderez pas d'augmenter le montant de $300.
M. Gratton: Non, ce que je demande, par exemple, c'est tout
simplement de donner la liberté...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
demande la parole tout simplement. Je demande le respect du
règlement.
M. Gratton: Criez donc un peu plus fort! Faites votre mauvais,
pour voir si cela fera peur au monde!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Gatineau, je dois vous indiquer que vous ne
m'avez pas demandé la parole...
M. Gratton: Je vous la demande tout de suite après, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): ... d'une part, et que, d'autre
part, M. le député de Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai terminé. Je n'ai
pas abusé du temps, M. le Président. C'est la première
fois que je prends la parole aujourd'hui.
M. Gratton: Vous pouvez parler tant que vous voudrez, vous ne
nous empêcherez pas de dire ce que nous avons à dire. Mettez-vous
cela dans la tête en partant.
Le Président (M. Clair): L'entente est à peu
près expirée.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
terminant et en concluant, j'allais dire que je n'avais pas encore parlé
et je ne parlerai pas des individus qui, dans la formule du
député de Laval, pourraient dépenser chacun
également $3000. Non seulement tous les groupes, $3000, mais tous les
individus $3000.
M. Lavoie: En vertu de la loi, actuellement, il. y aurait un
surplus énorme. Tout le monde a le droit de donner $3000 dans un
comité ou dans l'autre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
sont des dépenses...
M. Lavoie: Ils ont le droit, en vertu de la loi,
actuellement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Laval.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
concluant, je pense que j'ai réussi, seulement à voir le nombre
d'interruptions que j'ai eues, à démontrer que la formule du
député de Laval...
M. Lalonde: Que le ridicule ne tue pas!
M. Vaillancourt (Jonquière): ... loin de vouloir
contrôler les dépenses, était une porte ouverte aux
dépenses de toutes sortes, pour faire en sorte que cette orgie de
dépenses que nous voulons éviter soit possible, avec la formule
Laval. Merci, M. le Président.
M. Lavoie: Avec la permission de la commission, je vais vous
donner un exemple où il y a eu un référendum important,
qui a sensibilisé énormément la population en Angleterre,
le comité pour le oui à l'appartenance au Marché commun,
avec sept ou huit fois plus de votants qu'ici la population de
l'Angleterre est d'environ 50 millions, à comparer à 6 millions,
près de dix fois plus. Les contributions étaient permises pour
les compagnies, il n'y avait aucune limite dans les souscriptions, et il s'est
dépensé pour le "oui" $3 millions. Le ridicule!
M. Bédard: Le député de Laval admettra
cependant avec moi qu'en Angleterre, puisqu'il se réfère à
cet exemple, il a été très bien établi que le
comité du "oui " avait dépensé à peu près
dix fois ce que le comité du "non" avait dépensé, et qu'au
lendemain du résultat, ceux qui appartenaient au comité du "non",
ont avec raison expliqué jusqu'à quel point, en fait,
l'égalité des sommes n'avait pas été
respectée.
M. Lavoie: M. le ministre, il y avait des compagnies et tout
là-bas, dix fois plus, mais il s'est dépensé $3 millions,
avec toutes les contributions. Et où vous palliez cela, ici, c'est avec
une contribution énorme de l'Etat. Ce n'est pas écrit dans la
loi, mais vous avez parlé de $0.25 peut-être, vous allez justement
contrebalancer cette disproportion, surtout qu'on empêche les
contributions de compagnies et qu'il y a un contrôle des
dépenses.
Le Président (M. Clair): Messieurs, nous revenons à
l'étude de l'article 21. J'appelle l'article 21. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Sur l'article 21, j'aimerais vous dire que, quant
à moi, je voterai contre son adoption, parce que, justement, on ne
permet pas dans le texte de cet article et des suivants, dans la section 1,
à tous ceux qui voudraient s'exprimer, que ce soient des individus, des
associations, des organismes ou des partis politiques, de le faire
librement.
M. le Président, si le député de Jonquière,
tantôt, tentait par l'absurde de démontrer que la formule du
député de Laval n'était pas simple, c'est-à-dire il
l'a trouvée simple, mais n'était pas idéale, je vais lui
prouver par l'absurde, moi aussi, que celle proposée dans le projet de
loi no 92 et là c'est encore plus grave, parce que c'est inclus
dans un projet de loi est encore plus absurde. Par exemple à
l'article 26 et M. le Président, vous me permettrez d'y
référer très brièvement, parce qu'à
l'article 21, il est question, justement, de savoir qui a droit de
dépenser et qui n'y a pas droit on dit, à l'alinéa
h), que toute personne, quelle qu'elle soit, pourrait dépenser
jusqu'à concurrence de $300, sans aucun compte à rendre à
personne pour l'option de son choix. Ce qui veut
dire, que 6 millions de Québécois sont habilités,
chacun, individuellement...
M. Fallu: 4 millions d'électeurs...
M. Gratton: ... à ce moment-là, 4 millions...
M. Lalonde: ... ce ne sont pas des électeurs...
M. Gratton: ... d'ailleurs, ce ne sont pas des électeurs,
mais je vous concède 2 millions à $300 chacun, cela fait de $1
200 000 000 à $1 800 000 000.
M. Vaillancourt (Jonquière): $3000.
M. Gratton: Non, les individus, il n'est pas question de...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... lisez votre
document...
M. Gratton: De toute façon, que cela soit $300, ou $3000,
quelle différence y a-t-il? On veut être absurde, soyons-le
jusqu'à la fin.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Bédard: ... "$300, encourus pour la tenue d'une
réunion, y compris la location de la salle et la convocation des
participants, pourvu que cette réunion ne soit pas organisée
directement ou indirectement..." Est-ce que c'est à cela que vous
référez?
M. Gratton: M. le Président, il me semble que les
interruptions du côté ministériel doivent avoir à
peu près le même effet...
M. Bédard: ... je vous demande si c'est à cela que
vous référez.
M. Gratton: ... que celles que semblait déceler le
député de Jonquière au cours de la sienne.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Je ne proteste pas, je vous demande tout
simplement si c'est à cela que vous référez, si c'est
à ces $300 que vous référez?
M. Gratton: Je réfère aux $300. Je l'ai dit:
L'article 26, alinéa h), est-ce que cela peut être plus clair?
M. Bédard: Bon, d'accord.
M. Gratton: Bon. C'est bien clair, je parle du projet de loi.
M. Bédard: C'est bien différent, c'est pour des
réunions.
M. Vaillancourt (Jonquière):... c'est $3000.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je vous invite
à être respectueux du droit de parole du député de
Gatineau, s'il vous plaît.
M. Gratton: Cela les achale, M. le Président, parce qu'on
est en train de démontrer que...
M. Paquette: ... amendements...
M. Gratton: ... lorsque le député de
Jonquière a fait la nomenclature des organismes, tant
fédéralistes que souverainistes, qui pourraient se
prévaloir des dispositions de la proposition du député de
Laval pour dépenser $3000, même plus, chacune. M. le
Président, est-ce plus ridicule de proposer cela que de proposer que
tous ces organismes, qui, s'ils sont prêts à dépenser $3000
ou plus, chacun, vont sûrement vouloir faire partie du comité
national, vont sûrement vouloir faire des pieds et des mains pour
inculquer la direction de leur choix aux actions, à la stratégie
du comité national, quelle qu'en soit l'option... Et, on demande
à tout ce beau monde aussi motivé que cela, qui voudra
dépenser des milliards pour une option donnée de se
réunir dans un comité national, dans des délais d'à
peu près dix à treize jours, de s'adopter des règlements
avec lesquels tous vont être d'accord et de se nommer un président
que tous vont accepter volontiers, surtout lorsqu'on parle de partis politiques
différents, de se nommer un agent officiel, et tout ce beau monde va
s'entendre, comme dans le meilleur des mondes, et il va dire: Allons-y pour la
plus grande gloire du pays. C'est ridicule, M. le Président, c'est
complètement ridicule de penser qu'on ne brime pas la liberté des
individus et des organismes en leur imposant un carcan semblable tel qu'on le
voit à l'article 21. Je laisserai là cette espèce de
démagogie qu'a faite le député de Jonquière, pour
vous dire, aussi ridicule que cela puisse sembler, que je préfère
de loin voir, justement, ce grand nombre d'organisme et d'individus agir en
pleine liberté pour l'option de leur choix que d'en voir un seul
brimé de la possibilité de s'exprimer clairement. Et, c'est ce
que vous faites. Je n'ai pas voulu vous interrompre tantôt, vous parlerez
après.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je peux vous poser
une question?
M. Gratton: Vous parlerez. Vous y avez droit à l'article
21.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je peux vous poser
une question?
M. Gratton: Non. Pas de question.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai au moins la politesse de
vous le demander.
(21 h 45)
M. Gratton: M. le Président, pas un seul. J'aime mieux, M.
le Président, que tous fassent des folies extravagantes, d'une part et
de l'autre, quelle que soit l'option, qu'il y ait une orgie de
dépenses. Je préfère cela à ce qu'un seul
québécois ne puisse pas s'exprimer à cause de dispositions
dans le projet de loi. C'est pourquoi on a tenté... Ce n'est
peut-être pas la formule idéale, celle qu'a proposée le
député de Laval durant sa conférence de presse, mais
j'aurais pensé que du côté du gouvernement, on l'aurait
regardée objectivement et qu'on aurait essayé de trouver de
quelle façon l'améliorer. Nous, c'est ce qu'on a fait avec le
livre blanc et le projet de loi 92. On l'a regardé, on le dit depuis six
mois qu'on n'est pas d'accord avec la formule préconisée. On
n'est pas les seuls, d'ailleurs; la grande majorité, sinon l'ensemble
des organismes qui sont venus témoigner devant la commission
parlementaire au moment de l'étude du livre blanc l'ont dit, eux aussi,
qu'ils étaient contre.
Ce n'est pas vrai? Que le ministre me donne des statistiques pour
prouver ce qu'il avance. Ce n'est pas absolument vrai, même la Commission
des droits de la personne a dit qu'elle n'était pas d'accord avec le
regroupement obligatoire.
M. Bédard: Vous n'avez cité que les bouts qui
faisaient votre affaire. On va recommencer.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Vous le ferez quand vous aurez la parole,
d'accord.
M. Bédard: Quand vous aurez fini votre intervention.
M. Gratton: Entre-temps, les bouts que j'ai cités, le
ministre conviendra que je ne les ai pas inventés; quand la Commission
des droits de la personne puisqu'on veut en parler pose des
questions, à la page 9, à toutes les pages, mais sur le
regroupement, quand la commission dit: ..La commission aimerait bien qu'on
apporte à ces questions une réponse précise en clarifiant,
une fois pour toutes... " Ce n'est pas la première fois qu'elle en
parle; elle en parle, elle aussi, depuis six mois, comme tout le monde en parle
depuis six mois. Le gouvernement... c'est une loi-cadre, voyez-vous. Il ne faut
pas parler du référendum, le seul référendum,
d'ailleurs, qui intéresse tout le monde; n'en parlons pas, on pourrait
se faire prendre dans notre stratégie. Parlons plutôt de
généralités.
La commission est très précise; elle demande: "en
clarifiant une fois pour toutes la place dans la campagne
référendaire, de ces individus et groupes qui se situent en marge
de l'enjeu précis de la consultation populaire". Le gouvernement dit
à ces gens: Que le diable les emporte! Ils se tairont. Il se joindront
aux comités nationaux ou ils se tairont. C'est ce que le gouvernement
leur dit.
M. Vaillancourt (Jonquière): Les groupes
affiliés...
M. Gratton: Oui, je le lis: "... et cette réponse sera
vitale, surtout si le législateur n'accepte pas d'introduire la notion
de groupe affilié."
M. Bédard: ...
M. Gratton: Oui, mais surtout. Savez-vous ce que cela veut dire,
surtout? Cela veut dire que même en introduisant la notion de groupe
affilié, que cela ne répond pas à toutes les
interrogations.
M. Bédard: C'est cela!
M. Gratton: Ah! non. Ce n'est pas ce que cela veut dire. Je vais
vous en citer un autre bout, vous allez peut-être comprendre. Quand la
commission... On dit: "La commission, dans ses commentaires
préliminaires sur le livre blanc avait demandé au gouvernement
quel cas il faisait des libertés d'opinion, d'expression et
d'association des citoyens ou groupes partisans d'une option non
représentée dans la question. Plus exactement, ce que voulait
faire préciser la commission, c'est la marge de manoeuvre permise en
campagne référendaire aux citoyens et organismes qui ne
favorisent ni l'une ni l'autre des options soumises au référendum
". Comment ces gens pourront-ils s'exprimer?
M. Beauséjour: Ils l'indiquent...
M. Gratton: Est-ce qu'ils vont s'affilier à un groupe? Ils
sont contre les deux.
M. Beauséjour: Non, mais il s'agit de trouver des formules
dans les groupes affiliés, c'est ce qu'ils indiquent: trouver une
solution dans ce domaine.
M. Gratton: C'est ce que je veux savoir du député
ou de n'importe qui à cette commission, M. le Président, comment,
moi qui voudrais promouvoir l'abstention, à qui vais-je m'affilier? Aux
deux en même temps?
M. Vaillancourt (Jonquière): ... l'abstention...
M. Gratton: Est-ce que je peux m'affilier aux deux en même
temps? Si je peux faire cela, peut-être que je pourrai participer aux
fonds des deux groupes. Vous savez fort bien que ce n'est pas cela qui est la
réponse. Je n'ai pas le droit. En tant que simple député,
c'est mon cas...
M. Bédard: Vous admettrez au moins qu'on ne fait pas une
consultation pour les abstentionnistes; il faut tenir compte qu'il y en a, et
essayer...
M. Gratton: Le ministre a déjà décidé
que les Québécois ne voudront pas s'abstenir.
M. Bédard: Même dans le financement de nos partis
politiques en période électorale...
M. Lalonde: C'est cela; ils n'ont même pas le droit de
s'abstenir.
M. Bédard: Vous n'avez pas un financement spécial
pour les abstentionnistes, quand même!
M. Gratton: Le Parti québécois, à
l'élection de 1972 je ne sais pas trop laquelle
l'élection fédérale, il a fait une campagne d'abstention;
on n'y a pas dépensé un cent.
M. Bédard: On n'a pas été financé
pour faire la campagne d'abstentionnisme.
M. Gratton: II n'a pas fait de campagne d'abstention!
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous êtes en dehors du
sujet.
M. Gratton: Le Parti québécois a simplement dit aux
gens: Abstenez-vous! Il n'y a pas eu d'organisation, il n'y a pas eu de
campagne, il n'y a rien eu. C'est vrai qu'il n'y a pas eu le résultat
désiré par le PQ; on en convient.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, puis-je vous rappeler que nous sommes présentement à
l'article 21?
M. Gratton: Oui, on peut continuer.
Le Président (M. Clair): Je vous inviterais à
regarder d'assez près ce qu'il dit parce que c'est assez loin de ce que
vous êtes en train de nous expliquer.
M. Gratton: M. le Président, j'ai posé une question
au ministre, à savoir si, à la dernière ligne de l'article
21, où on parle des options soumises et qu'on fait
référence, bien entendu, aux comités nationaux il y
aurait un comité pour chaque option soumise à savoir si
une de ces options va être l'abstention. C'est la question. Je dis, M. le
Président, que...
M. Lalonde: C'est très pertinent.
M. Gratton: ... un Québécois, un parti politique,
un organisme, ont droit de promouvoir l'abstention. C'est d'ailleurs tellement
vrai que le Parti québécois a fait une campagne d'abstention lors
des élections fédérales de 1972. Ce même Parti
québécois est en train de faire une loi-cadre pour la tenue de
référendums et de consultations populaires et il empêche
quelque organisme, quelque parti politique, quelque individu que ce soit, de
pouvoir faire...
M. Bédard: C'est faux ce que vous dites là.
M. Gratton: ... la promotion. Si ce n'est pas vrai, expliquez-moi
comment on pourrait le faire.
M. Bédard: Ce n'est pas vrai ce que vous dites.
M. Lalonde: Bien oui.
M. Bédard: Cela vient en contradiction, à part
cela, avec l'insistance que vous avez mise lors de l'étude de l'article
6 pour qu'on en vienne à une question qui se réponde par un oui
ou par un non. Vous n'aviez même pas la préoccupation de
l'abstention...
M. Lalonde: Ah! bien...
M. Gratton: Je vais être obligé d'expliquer au
ministre...
M. Bédard: ... à ce moment-là. Maintenant,
vous dites...
M. Lavoie: Ce n'est pas possible! M. Lalonde: Voyons!
voyons! M. Gratton: M. le Président...
M. Lavoie: On était dans la pertinence du
débat.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! M. le député de Gatineau.
M. Vaillancourt (Jonquière): Article 21.
M. Gratton: M. le Président, je ne vais pas laisser le
ministre m'amener sur ce terrain. Il nous dit qu'à l'article 6, on a
préconisé un amendement pour obtenir que la question soit telle
que les seules réponses puissent être un oui et un non; il dit que
c'est en contradiction avec ce que je suis en train de...
M. Bédard: Votre grande préoccupation
n'était pas l'abstention, vous admettrez au moins cela avec moi.
M. Gratton: Non, que ce soit notre grande préoccupation ou
que c'en soit une d'ordre secondaire, cela a peu d'importance, M. le
Président. C'est le ministre lui-même qui nous
répète, depuis le début du débat, qu'il ne faut pas
parler d'un référendum en particulier, que c'est une loi-cadre.
C'est ce que je suis en train...
M. Bédard: C'est une loi...
M. Gratton: Voulez-vous que je vous donne un exemple d'un
référendum où on pourrait vouloir s'abstenir? Etes-vous
pour ou contre l'avortement? Moi, je suis pour l'avortement pour des raisons
médicales mais je suis contre pour d'autres raisons. Comment vais-je
voter? Je dis oui ou je dis non? Etes-vous pour ou contre l'avortement?
M. Lalonde: Vous ne pouvez pas voter.
M. Gratton: Je ne peux pas voter. Je dis: Moi, je m'abstiendrai
et je veux promouvoir l'abstention pour ceux qui pensent comme moi, en
toute
liberté. Qu'est-ce que je peux faire selon le texte du projet de
loi no 92? Je me pose la question et je me réponds: Rien. Je peux
dépenser $300 pour organiser une réunion, à condition que
ces $300 incluent le prix de la location de la salle; grosse affaire! Je m'en
vais à Saint-Titiphore-du-Branle-Bas et je tiens une réunion avec
les $300; il y a douze personnes qui sont au courant, on est douze qui vont
s'abstenir. Grosse réussite au point de vue promotion, au point de vue
liberté d'expression et au point de vue liberté d'association!
C'est ce que vous êtes en train de faire avec votre loi-cadre. Si je me
trompe, expliquez-moi comment je peux m'y rendre, expliquez-moi par quel
stratagème extraordinaire je vais pouvoir contourner l'esprit et la
lettre du projet de loi parce que je ne pourrai pas le faire à
l'intérieur des dispositions du projet de loi no 92. C'est aussi simple
que cela. N'essayez pas de faire bifurquer le débat; donnez-moi les
réponses. Comment puis-je promouvoir l'abstention à la question:
Etes-vous pour ou contre l'avortement? Avez-vous une réponse, dans le
cadre du projet de loi no 92? Donnez-moi une réponse à cela et
je...
M. Vaillancourt (Jonquière): En n'allant pas voter tout
simplement.
M. Gratton: Je ne parle pas de m'exprimer, moi, je parle de
promouvoir. Il doit y avoir quelque chose qui ne fonctionne pas dans la
tête du député de Jonquière, cela fait douze fois
que je lui répète la même chose. Quand vous allez faire un
discours dans Notre-Dame-de-Grâce, ce n'est pas pour vous faire
élire, vous, c'est pour promouvoir l'élection. Et vous n'avez pas
grand-chance, je vous dis cela en passant.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'irai pas là.
M. Gratton: Non, ne perdez pas votre temps. Mais ce ne sera pas
pour aller voter vous-même, vous n'avez pas le droit de vote dans ce
comté. Vous allez là pour promouvoir l'élection de votre
candidat. Si l'élection de votre candidat ou l'élection partielle
dans NDG était faite à partir des considérations du projet
de loi no 92, vous ne pourriez pas y aller.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est sûr que vous
seriez dans le comité du non.
M. Gratton: C'est cela. On va essayer de retourner cela en farce,
M. le Président.
M. Lalonde: Cela vous en bouche un coin, n'est-ce pas?
M. Gratton: Mais, malheureusement, le fait demeure que le projet
de loi no 92, c'est ce qu'il dit. Je ne lis pas entre les lignes, je dis ce
qu'il dit.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avez-vous lu le titre de la
loi? C'est "Loi sur la consultation populaire".
M. Bédard: Le nouveau cheval de bataille...
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous ne voulez pas
être consulté, ne répondez pas.
M. Gratton: Les grands principes, M. le Président!
Associer la population aux grandes décisions de l'Etat. Si la
population, par hasard, voulait que l'Etat n agisse ni dans un sens, ni dans
l'autre, qu'il laisse les choses telles quelles c'est le cas de mon
exemple sur l'avortement cette population doit absolument se taire. Elle
ne peut rien faire, sauf dépenser $300 par individu pour tenir des
réunions.
On me fait part d'un autre exemple. Au point de vue de l'énergie,
favorisez-vous l'énergie nucléaire ou l'énergie thermique?
Oui ou non? Lequel des deux? Moi, c'est l'hydroélectrique que je
favorise.
M. Beauséjour: C'est peut-être. Une Voix: Ou
solaire.
M. Gratton: Non, c'est un exemple simplifié, mais je veux
que les députés ministériels le comprennent.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est l'ingénieur qui
vient de parler, ce n'est pas le député.
M. Gratton: Bah!
M. Bédard: Sauf que vous admettrez avec nous, lorsqu'on a
pris cet exemple, on a pris quand même l'hydroélectrique, le
nucléaire et le solaire. Il faut quand même que ce soit une
question qui soit intelligente aussi. Si elle a plusieurs volets...
M. Gratton: Oui, on voudrait bien.
M. Bédard: ... vous consultez ou vous ne consultez
pas.
M. Paquette: On offre des choix qui s'excluent mutuellement.
M. Bédard: Consultez pour avoir une réponse, au
moins.
M. Gratton: On voudrait bien que la question soit intelligente,
mais, qu'elle le soit ou pas, on n'y peut rien, nous autres, dans l'Opposition,
en tout cas dans le gouvernement actuel...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est plutôt à
l'Assemblée nationale.
M. Gratton: ... parce que la simple majorité des
députés va pouvoir faire adopter la question quelle voudra. Les
grandes déclarations du ministre d'Etat à la réforme
électorale, du premier ministre et du ministre de la Justice,
maintenant, qui est avec nous, je suis bien prêt à croire tout
cela, à prendre tout cela pour du "cash". Mais je vous avoue
franchement que j'en ai déjà entendu d'autres déclarations
du gouvernement actuel, de ces mêmes personnages. Là, je ne
reprendrai pas l'un après l'autre, tous les engagements qu'a pris ce
gouvernement ou ce parti pendant la campagne électorale. On devait
retourner un autre 2% de ristourne sur la taxe de vente aux
municipalités. On devait éliminer la taxe de vente sur les
factures d'électricité, et j'en passe 3000 ou 4000 de ces
engagements que le Parti québécois avait faits. C'est
drôle, parce que, depuis 18 mois, cela ne s'est pas réalisé
dans les faits.
Quelle assurance ai-je, à titre de Québécois,
à titre d'individu et, encore plus, à titre de
représentant de quelque 37 000 électeurs du comté de
Gatineau, qu'effectivement la question va être si intelligente, si
claire, si simple, si limpide, si honnête que cela?
M. Vaillancourt (Jonquière): J'en ai une assurance.
M. Gratton: Je n'en ai pas une seule. Ils vont nous raconter que
le gouvernement serait bien bête de poser une question qui ne serait pas
claire, parce que la population pourrait mal le juger. Le gouvernement, au
point où il en sera rendu au moment du référendum, aura
déjà été jugé. Il en sera peut-être
rendu à faire absolument n'importe quelle connerie pour essayer de
sauver la face. Je dis donc que, même si moi, personnellement,
j'étais prêt à accepter ces belles assurances verbales du
ministre parce que, dans le texte de loi, on n'en a pas retrouvé
une encore
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans le journal des
Débats.
M. Gratton: ... ce n'est pas valable pour la population, ce n'est
pas valable pour les Québécois qui devront pouvoir s'exprimer
clairement. Je répète encore, pour la nième fois, qu'entre
plus de liberté et moins de contrôles et moins de liberté
avec plus de contrôles, je préfère la première
solution. Je n'ai pas honte du tout de le dire. S'il doit y avoir orgie de
dépenses au point de vue du référendum dont on parle, pour
conserver à chacun des Québécois sa liberté
entière je vais à l'extrême en vous disant cela
je préfère cela encore à avoir l'espèce de
carcan qu'impose la loi 92 qui, de toute façon, va être une
invitation à plusieurs Québécois, autant des
séparatistes que des fédéralistes, à violer le
texte de loi, parce qu'il sera complètement inapplicable et surtout ne
sera pas respectueux des libertés et des droits fondamentaux des
Québécois.
M. Vaillancourt (Jonquière): Elle va respecter les
deux.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les réponses ou les propos du côté
ministériel, lorsqu'on a discuté tantôt de façon
générale sur le chapitre VIII. Je n'ai pas retrouvé dans
leurs propos d'indication sur les suggestions ou encore sur les ouvertures que
j'ai faites dans mon exposé à ce moment, pas plus que je n'ai
retrouvé d'indications sur les ouvertures faites par mon collègue
de Mégantic-Compton. Je présume donc que, ou bien on n'avait pas
d'indications à nous donner, ou bien qu'on les conserve pour nous en
parler un peu plus tard. Je ne sais pas trop sur quel pied le gouvernement
danse, et si on aura, oui ou non, des indications. (22 heures)
Néanmoins, M. le Président, jusqu'à ce qu'on en
ait, à moins que le ministre me fasse signe qu'il a des indications
à nous donner, ça me serait utile avant de continuer mon
exposé...
M. Bédard: J'ai donné les principales indications
au niveau de la politique que nous entendons suivre concernant les
comités nationaux.
M. Samson: Non, mais je ne sais pas si le ministre a bien saisi.
Dans l'exposé fait au tout début dans les commentaires
généraux, il y a à peu près une heure, le
député de Mégantic-Compton et moi-même avons fait
certaines suggestions et, dans les réponses gouvernementales ou dans les
exposés ministériels, on n'a pas eu d'indications quant à
ce qu'on avait dit. Est-ce que cela a été reçu? Est-ce que
cela a été agréé? Est-ce que ça n'a pas
été reçu du tout? C'est dans ce sens-là que je
pense que ça nous serait utile qu'on ait certaines indications, si on en
a à nous donner.
M. Bédard: Non, une des principales questions que me
posait le député de Rouyn-Noranda, c'est de savoir si, à
l'intérieur de l'application de la loi et de la formation des
comités nationaux, c'était l'intention du gouvernement de
reconnaître les partis politiques comme partis politiques, si je
comprends bien. C'est ça?
M. Samson: Oui.
M. Bédard: Je pense qu'on s'est assez expliqué pour
que vous compreniez que quelque parti que ce soit, à partir du moment
où on s'en va dans une consultation populaire, les partis politiques
deviennent des groupes qui peuvent s'insérer dans l'une ou l'autre des
options, et selon les règles prévues par les comités
nationaux.
M. Samson: Bon! M. le Président, ce qu'on vient de me dire
m'amène à poser la question suivante: Est-ce que sous le couvert
du contrôle des dépenses à l'occasion d'une consultation
populaire ou sous le couvert de la nécessité du contrôle
des dépenses à l'occasion d'une consultation populaire, on n'est
pas en train tout simplement d'assister à la mise en place d'un
mécanisme qui ne sera pas le contrôle des dépenses, mais le
contrôle des
partis politiques? Est-ce que ce n'est pas, en fait, ce à quoi on
est en train d'assister présentement? Le parti politique, M. le
Président, est un instrument démocratique qui est en cette
Chambre par la volonté populaire. On peut parler de consultation
populaire, mais...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Samson: ... une élection générale...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Rouyn-Noranda.
Question de règlement, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
que je voudrais dire à ce stade-ci, c'est que vers six heures moins le
quart, ce soir, et à huit heures, nous avons accepté et nous
avons dit à nos collègues qu'il serait de mise que nous parlions,
de façon générale, des comités nationaux ou des
sections 1 et 2 du chapitre VIII.
M. le Président, les députés sont intervenus sur ce
débat général. L'article 21 a été
appelé. Le député de Gatineau a parlé sur l'article
21, et je pense qu'il serait de mise que nous puissions lire, même par
votre entremise, tous ensemble l'article 21, afin que les
collègues...
M. Lalonde: Voyons donc! On a tout lu. Ne soyez pas enfantin!
M. Vaillancourt (Jonquière): Justement! Or, M. le
Président, si tout le monde a lu l'article 21, il est manifeste
qu'actuellement les propos que tient le député de Rouyn-Noranda
pourraient beaucoup plus se retrouver ou se tenir aux articles 22 et 23
qu'à l'article 21, qui ne prévoit que le rôle que doit
jouer le secrétaire général de l'Assemblée à
partir du moment où le texte d'une question est adopté.
C'est une chose très technique. C'est un avis donné par le
secrétaire général aux membres de l'Assemblée
nationale. C'est ça, l'article 21, M. le Président, et je pense
que le député de Rouyn-Noranda est manifestement, soit dans un
domaine très général, ou encore dans les comités
provisoires, dans la réglementation que nous retrouvons à
l'article 22 et à l'article 23.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'écoutais le député de
Rouyn-Noranda qui posait une question à savoir comment les partis
étaient traités dans la formation des comités nationaux et
le ministre lui a répondu. Le député de Rouyn-Noranda
s'inquiétait du traitement des partis politiques comme tels. Si vous
lisez le deuxième alinéa de l'article 21, vous voyez que ce n'est
pas seulement un article technique parce que, par le biais d'un libellé
un peu sibyllin, on a déterminé, à la dernière
ligne, qu'on ne pouvait avoir de comités nationaux, c'est-à-dire
qu'on ne pouvait avoir qu'un nombre de comités nationaux égal au
nombre d'options soumises.
Alors, c'est extrêmement important. A part cela, le
deuxième alinéa parle bien des députés qui sont
avisés par le secrétaire général. C'est là
que le député était tout à fait dans l'ordre quant
à la pertinence parce que cet alinéa traite justement de ce que
le député va faire ainsi que le parti politique à
l'intérieur des comités nationaux.
Le Président (M. Dussault): Puisque l'on demande la
pertinence du débat et qu'en fin de compte, du côté de M.
le député de Jonquière, on remettait en question le fait
que M. le député de Rouyn-Noranda n'avait pas vraiment
parlé du bon sujet, je dois dire à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys que nous avons, à l'article 21, le début
d'un processus de choix pour la formation d'un comité national. A cause
de cela, je pense que les propos du député de Rouyn-Noranda
étaient tout à fait pertinents.
Vous pouvez continuer. Ce n'est peut-être pas ce que les
rédacteurs ont voulu, mais c'est quand même ce que le
président constate à la lecture de l'article 21.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas le sens de
l'article, M. le Président.
M. Lalonde: Etes-vous décidé à contester?
M. Bédard: ...
Le Président (M. Dussault): A cause de cela, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je redonne la parole à M.
le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je vous remercie
énormément. Vous venez de reconnaître dans votre grande
sagesse qu'à l'article 21, effectivement, il est question de la
formation de l'un ou l'autre des fameux comités nationaux. Il s'agit du
mécanisme de formation.
Mais, M. le Président, ce mécanisme de formation des
comités nationaux est un cadre qui mène exactement là
où je disais, il y a à peine quelques minutes, non pas au
contrôle des dépenses qui est voulu et accepté par tout le
monde, mais au contrôle des partis politiques qui n'est pas voulu et qui
n est pas accepté par tout le monde. C'est là que cela
mène. C'est une conséquence directe de ce que nous retrouvons
dans l'article 21.
Au sujet de ces fameux comités nationaux dont la formation se
fera en vertu de l'article 21, après l'adoption d'une question ou d'un
projet de loi à l'Assemblée nationale, le secrétaire
général aura, d'après le libellé de l'article,
trois jours pour faire parvenir à chaque membre de l'Assemblée
nationale un avis officiel indiquant que chaque membre pourra, dans les sept
jours qui suivent celui de l'adoption de la question, s'inscrire auprès
du directeur général des élections pour une
des options soumises à la consultation populaire.
Je pense qu'on n'a même pas, du côté gouvernemental,
considéré... Et c'est technique... Lorsqu'on dit qu'en vue de la
formation de ces comités nationaux, le secrétaire
général aura trois jours après l'adoption de la question
pour nous avertir, nous, les membres de l'Assemblée nationale, que
va-t-il faire trois jours après l'adoption de la question? Il va nous
dire qu'on a sept jours après l'adoption de la question pour
s'inscrire.
Savez-vous, M. le Président, que le secrétaire
général peut nous fournir techniquement cet avis officiel
à la troisième journée? A la troisième
journée, il nous dira que nous avons sept jours à partir des
trois jours qui sont déjà passés. Avez-vous
déjà vu une démarche aussi inconséquente que cela?
Il restera quatre jours, à ce moment-là, à l'un ou l'autre
des membres de l'Assemblée nationale qui voudra s'inscrire auprès
de l'un ou l'autre ou l'une ou l'autre de ces options qui seront connues,
à ce moment, et à ce moment seulement.
Est-ce que du côté gouvernemental on réalise bien ce
qu'on demande aux députés de l'Assemblée nationale? On
leur demandera, après avoir pris, du côté gouvernemental,
peut-être deux ans, pour étudier... parce que les études
qui vont aboutir à la question qui, elle, débouchera sur les
provisions qu'on retrouve à l'article 21, les études que le
gouvernement prépare ou a fait préparer, et qui sont encore en
voie de préparation, sont nombreuses et coûteuses. On parle de 900
pages dans un certain rapport. Imaginez-vous que ce gouvernement, avec toutes
les possibilités financières d'un gouvernement, aura pris
à peu près deux ans ou deux ans et demi pour nous pondre,
à la fin de tout, en ayant chanté comme s'il était pour
pondre une douzaine d'oeufs et pondre un embryon, un oeuf de poule Bendy, comme
disait mon collègue de Mégantic-Compton. Après qu'il aura
réussi à pondre cette affaire et avoir pris autant de temps
à décider quel genre de questions... il aura fait avec ces
études nombreuses et avec ces années, à part cela... il va
nous donner quatre jours, à tous les membres de l'Assemblée
nationale, pour décider d'étudier et de savoir de quel
côté ils vont pencher.
M. le Président, si ce n'est pas là tenter de brimer les
droits d'un député, je ne sais pas ce que cela s'appellerait
brimer les droits des députés. Bien sûr, les
députés ministériels n'ont pas cette enfarge, parce que du
côté ministériel, à ce moment... Si les
députés ministériels ne sont pas encore au courant
cela me surprendrait beaucoup au moment où l'article 21 devra
s'appliquer, c'est qu'il y aura quelque chose qui cloche. Je dois
présumer qu'ils seront au courant à ce moment, et depuis
longtemps. Mais les députés de l'Opposition qui, en fonction
même des droits qui sont dévolus à tous les
députés de l'Assemblée nationale, ont les mêmes
droits que les députés ministériels, et cela, c'est dans
nos traditions parlementaires et c'est également de la bouche même
du premier ministre que nous avons réentendu cette affirmation, que les
membres du gouvernement cela a été dit quelques jours
après les élections, auand il a formé son cabinet, je vous
dis cela de mémoire, mais je dois avoir cela dans mes papiers quelque
part se devaient avant tout d'être des députés.
N'oubliez pas cela. C'est le premier ministre qui a dit cela. Des
députés doivent avoir les mêmes droits, les mêmes
privilèges, les mêmes devoirs. Ils sont élus par la
population en fonction de ces droits, en fonction ds ces privilèges.
Justement, il me semblait que j'avais cela dans mes papiers, la
déclaration du premier ministre, le 27 novembre 1976. C'est
rapporté dans la Presse. Il disait ceci: "La première tâche
de tous ceux qui sont ici sera d'accomplir leurs fonctions de
députés et de participer, avec tous leurs collègues,
à une réforme en profondeur de notre vie parlementaire dans le
but de valoriser le travail de chacun des députés, des
commissions et de l'Assemblée nationale tout entière.
Naturellement, les Québécois ne reconnaissent pas leurs
députés réunis en Assemblée. Il importe de faire en
sorte qu'ils puissent avoir d'eux-mêmes une image dont ils soient fiers".
(22 h 15)
C'est profond, M. le Président, comme pensée. Il me semble
que ce genre de pensée profonde n'a pas encore atteint le gouvernement.
Il me semble que le premier ministre, à cette occasion, aurait
parlé dans le désert devant ses ministres et ses
députés, parce que ce qu'on voit dans les faits, ce à quoi
on assiste depuis le début de cette commission, c'est le contraire de
ces grandes affirmations de principe, ces grandes affirmations qui on
été faites le 27 novembre 1976, par le premier ministre, M.
René Lévesque.
Je soutiens encore une fois que si on laisse l'article 21 comme il se
présente, et les autres qui suivent, parce qu'on ne peut pas parler
uniquement du présent, dans le cas de l'article 21, sans parler de
l'avenir, c'est-à-dire des articles 22, 23, 24... Je rappelle à
mes collègues qui sont en face de moi et qui sont du parti
ministériel ce n'est pas moi qui le dis, c'est dit depuis
longtemps que gouverner c'est prévoir. Quand on parle à
l'article 21 des choses qui se passeront aux articles 23 et 24, cela entre dans
la philosophie de gouverner, parce que gouverner, c'est prévoir, et on
leur demande de gouverner; ils sont élus pour cela. Mais si gouverner
c'est prévoir, on leur demande de prévoir aussi. La
prévoyance, apparemment, est manquante un peu du côté
gouvernemental. On prévoit ce qui fait l'affaire du gouvernement, d'une
façon très partisane, mais ce qui serait de la démocratie
appliquée, ce n'est pas tout à fait la même chose.
Le contrôle des dépenses prend l'allure du contrôle
des partis politiques et c'est clair dans cet article du chapitre 8, les
comités nationaux. On n'a pas été les seuls à le
dire. Beaucoup de gens se sont élevés contre cela; des lettres
nous arrivent d'un peu partout, contre cela. Le gouvernement aussi en
reçoit sûrement, mais le gouvernement n'est pas aussi attentif
qu'il devrait l'être, si on doit tenir compte, pour peu que cela ait de
la valeur, des allégations, des déclarations, des affir-
mations faites et par le premier ministre, et par le ministre d'Etat
à la réforme parlementaire, le député de
Maisonneuve.
Bien sûr, on tente de rassurer l'Opposition du côté
gouvernemental, en leur disant: On est honnête, on vous donne notre
parole, cela se passera d'une façon claire, vous allez pouvoir vous
exprimer; on nous dit cela. C'est écrit dans le journal des
Débats, alors on ne devrait pas avoir de crainte parce que les paroies
sont données. Si on faisait un exercice de lecture du journal des
Débats, on trouverait que la parole donnée par un ministre au
journal des Débats à sa lecture... dans un même
débat, on trouverait de multiples contradictions et c'est là mon
problème. Je veux bien prendre la parole d'un ministre, surtout quand
c'est écrit au journal des Débats, mais comme c'est
contradictoire d'une page à l'autre, je me demande quel parti je dois
prendre. Compte tenu de celui qui lit, compte tenu de celui qui
interprète, compte tenu de l'optique qu'on a, j'en viens à la
conclusion que la parole d'un ministre à une commission parlementaire ou
dans un débat, que la parole d'un ministre inscrite au journal des
Débats est faite en fonction de plaire à tout le monde,
même à toutes les contradictions. Il y en a pour tout le monde,
comme on dit. C'est un éventail.
Ce ne sont pas là des choses qui nous rassurent. Je me dois de
vous dire que le peu de jours qui sont alloués à la formation des
comités nationaux, c'est-à-dire à l'inscription, toujours
selon l'article 21, je me dois de vous dire que ce peu de jours qui sont
disponibles...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre, mais votre temps de parole est
épuisé. Si vous voulez conclure.
M. Samson: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
poser une question? C'est parce que...
Le Président (M. Clair): J'ai déduit de votre temps
deux minutes pour des interruptions.
M. Samson: II me semble que j'ai été interrompu
plus longtemps que cela, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): On vous écoute depuis
20 minutes!
M. Samson: De toute façon, si vous pensez que j'ai
été interrompu pendant deux minutes, M. le Président, je
conclus, à votre demande, en soutenant que nous faisons face
directement, non pas au contrôle des dépenses, mais au
contrôle des partis politiques par le gouvernement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: A cet article 21, il y a un point qui attire mon
attention. Je le soumets brièvement; il a été
soulevé par le député de Rouyn-Noranda. Au deuxième
paragraphe je pense bien qu'au premier il n'y a pas beaucoup de
problèmes on dit: "II doit également, dans les trois
jours, faire parvenir à chaque membre de l'Assemblée nationale du
Québec un avis à l'effet que celui-ci peut, dans les sept jours
qui suivent celui de l'adoption de la question ou du projet de loi, s'inscrire
auprès du directeur général des élections en faveur
d'une des options soumises à la consultation populaire". Je vous fais
remarquer que, s'il s'agit d'une question avec un oui ou avec un non, j'ai bien
l'impression que la réflexion du député peut être
assez courte. S'il s'agit d'une question à plusieurs volets, le
député aura peut-être besoin de plus de temps pour se faire
une opinion, s'il veut bien représenter ses électeurs. Quand je
lis, dans le programme du Parti québécois parce que je
m'en inspire, j'aime bien cela, c'est important en première page
on n'est pas allé le chercher loin...
M. Paquette: C'est fait par des Québécois!
M. Grenier: ... la présentation du premier ministre actuel
qui dit: "La souveraineté nationale, voilà un de ces principes
moteurs auquel le parti ne saurait renoncer sans se trahir. En cours de route
et c'est là la partie importante la démarche qui
nous y mène peut avoir à s'ajuster de plus près aux
exigences de l'opinion publique. Rien là que de normal, puisqu'il s'agit
d'un tournant que le Québec ne prendra jamais qu'avec l'assentiment
majoritaire et non équivoque des Québécois
eux-mêmes, car ce tournant décisif il faut le
répéter ce n'est qu'avec sérénité,
compétence et surtout en solide connaissance de cause que les
Québécois, tels qu'ils sont, accepteront de ne pas le
manquer."
Si je me base sur cet énoncé du premier ministre, il est
clair qu'on en a tenu compte pendant la campagne électorale. On a
parlé beaucoup plus d'un bon et d'un vrai gouvernement que de
l'indépendance du Québec. A partir de là, je dis que les
termes peuvent changer et je l'ai mentionné à plusieurs reprises,
je ne veux pas revenir là-dessus. Mais si la question avait
différents volets, sans pour cela l'empêcher d'être limpide,
d'être claire et d'être transparente, j'ai l'impression que
certains députés... En tout cas je vous dis bien
honnêtement que tout dépend de la question. Je ne
détesterais peut-être pas, en plus d'une conférence avec
nos exécutifs de comté, notre exécutif national, notre
caucus et tous les organismes que chaque parti possède, beaucoup de
consultation. Si la question devait être plus élaborée,
avec plus de volets, il ne serait peut-être pas mauvais de retourner voir
nos électeurs pour leur demander leur opinion. Bien honnêtement,
je l'ai fait, en prévision de ce qui pouvait s'en venir. Je ne vous
cache pas que cela m'a quand même pris un mois et demi avant de
connaître ce que pensaient mes électeurs.
M. Bédard: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Grenier: Oui.
M. Bédard: Est-ce que le député oublie que,
avant que cet avis ne parvienne aux députés parce qu'il
s'agit simplement des membres de l'Assemblée nationale ceci aura
été précédé d'un débat en Chambre,
soit...
M. Grenier: Oui.
M. Bédard: ... soit sur une motion amenant une question ou
un projet de loi, à ce moment, même certains votes auront
été exercés par les députés à la fin
du débat sur la motion...
M. Grenier: M. le Président, M. le ministre, c'est pour
cela que j'ai cité le premier ministre ici en première page.
M. Bédard: Le député aura quand même
à l'occasion de ce débat...
M. Grenier: Aura défendu une option, se sera
prononcé, oui.
M. Bédard: ... eu l'occasion de se prononcer.
M. Grenier: II se sera prononcé, M. le Président,
sur une question je ne l'ai pas à la mémoire il dit
sur une question qui pourrait être amenée. Mais le premier
ministre dit en cours de route: La démarche qui nous y mène peut
avoir à s'ajuster de plus près aux exigences de l'opinion
publique. S'il devait arriver, après un assez bon débat qui se
ferait en Chambre, que le gouvernement décide de transformer,
peut-être pas radicalement sa question, mais si bien que des
députés devraient s'interroger sur certains changements
apportés à la question et je ne vous cache pas que pour ma
part, je m'interrogerai sur certains changements qui pourraient arriver
et, à partir de là, si cela devait arriver à la fin des
débats, à la fin du maximum des 35 heures, si cela devait arriver
dans la dernière journée, et que le lendemain on mettait le
processus en marche, à partir de là, il reste exactement sept
jours, à peu près sept jours. Non, les trois jours sont compris
dans les sept, je m'excuse, c'est bien cela. Après l'acceptation de la
question les trois jours sont compris dans les sept. Il resterait sept jours.
Je trouve que cela est bref. Je trouve que c'est court.
Là-dessus, je me base sur ce qui nous est dit, ce qui est
écrit dans le programme du parti et ce qu'on a vécu
également, depuis l'accession au pouvoir de ce gouvernement. Je me dis
que, en toute honnêteté, je me dois de prendre des
précautions. Si on ne le fait pas, je ne vous cache pas que j'attendrai
les débats, je ne suis pas la personne, j'aime bien en venir à un
consensus, j'aime à faire réfléchir le ministre. Ce que je
lui donne comme source d'information, dans le moment, j'aimerais qu'il s'en
serve afin de réfléchir sur ce que je lui propose.
Avant d'en faire une motion et la discuter et nous faire perdre encore
20 minutes par député où on en arriverait à peu
près à ce que je viens d'ex- primer, j'aimerais que le ministre
réfléchisse à savoir si on ne pourrait pas reporter cette
période de sept jours à quinze jours à peu près. Ce
n'est pas pour le plaisir uniquement de dire le contraire de ce qui est dit
dans l'article ou d'étirer le débat, ou encore d'être
original. Je me fous pas mal d'être original dans la question, quand mes
objections sont soulevées par d'autres députés, je ne
prétends pas que je doive prendre la parole pour valoriser l'opinion qui
est celle de l'Union Nationale. Je me satisfais pleinement de mes opinions qui
peuvent être véhiculées par d'autres députés,
que ce soit du côté ministériel ou de l'Opposition. Je me
soucie bien peu d'intervenir au niveau d'une question quand je sais que les
opinions que je ressens, et que ma formation politique ressent, sont
véhiculées par un autre député, je m'en
satisfais.
M. Bédard: Je vais prendre note de votre réflexion
concernant cet article et ce délai en particulier. Maintenant, je pense
que ce délai avait été inscrit et ne semble pas là,
de prime abord, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, il aura
été précédé d'un long débat à
l'Assemblée nationale d'au moins deux ou trois semaines qui aura permis
aux députés de se faire une idée. Ce délai a quand
même une influence importante puisqu'il s'agit de former des
comités provisoires et, par après, les groupes, dans le
délai des treize jours qui restent, pourront s'affilier, à l'un
ou l'autre des comités.
Maintenant, je prends en note vos réflexions sur ce sujet et on
verra demain ou ce soir s'il y a une possibilité d'ajustement, sans
brimer d'autres droits.
M. Grenier: J'avais fini mon argumentation, c'est à peu
près tout sur cet article, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, mon intervention se
référait plutôt à celle du député de
Rouyn-Noranda. Je suis heureux que le ministre soit quand même ouvert au
problème soulevé par le député de
Mégantic-Compton, il y a peut-être là, effectivement, une
difficulté qu'il s'agit d'examiner.
Je reviens à l'intervention du député de
Rouyn-Noranda qui dit: L'article 21, en forçant les
députés à s'inscrire à l'un ou l'autre des
comités nationaux, c'est non seulement un contrôle des
dépenses mais un contrôle des partis politiques. J'ai une
impression contraire depuis que le ministre a annoncé un amendement
concernant les groupes affiliés. Je vais vous dire pourquoi, M. le
Président. (22 h 30)
Quand je compare cela à ce qui nous est annoncé
également du côté du Parti libéral, je me dis que le
problème fondamental là-dedans ce n'est pas tellement de
permettre à un parti politique ou à tout groupe de
dépenser au-delà de $3000, c'est qu'il soit en même temps
accessible aux subventions de l'Etat. J'imagine que le député
de Rouyn-Noranda ou le député de Beauce-Sud ou même
les membres de l'Union Nationale ne seraient pas intéressés
à pouvoir dépenser... Ils sont sûrement
intéressés à pouvoir dépenser plus que $3000.
Suivant la proposition du député de Laval, qu'il nous a
annoncée, cela voudrait dire qu'un parti politique, comme le Ralliement
crédi-tiste, qui voudrait dépenser plus de $3000 pourrait le
faire mais il serait soumis à la loi 2. Et s'il n'entrait pas dans un
comité national, il n'aurait pas accès aux subventions de l'Etat.
Je me mets à la place d'un tiers parti et j'imagine que ce que veulent
les tiers partis c'est ne pas être noyés dans un comité
référendaire, de pouvoir dépenser plus que $3000 et en
même temps avoir accès à des subventions de l'Etat.
Vous examinerez la proposition du député de Laval et vous
verrez qu'elle ne répond pas à ces conditions. Parce que si elle
permet à un tiers parti de dépenser plus que $3000 sans
être soumis à une majorité quelconque dans un comité
référendaire, elle ne vous donne pas de fonds, elle ne vous donne
pas accès aux fonds de l'Etat et je soutiens que l'amendement
annoncé par le ministre vous offre une bien meilleure garantie si on la
travaille on va pouvoir en discuter à un moment donné
parce qu'elle permet, par le biais des groupes affiliés, à
ces groupes affiliés d'avoir accès aux fonds de l'Etat tout en
ayant une campagne qui se déroulera, indépendamment de la
majorité dans chacun des comités référendaires.
Et dans ce sens, j'inviterais les députés des tiers partis
je ne sais pas si on peut employer ce terme à appuyer
l'article 21, sachant qu'ils auront une très large liberté de
manoeuvre avec un succès aux fonds publics par le biais des groupes
affiliés, tel que nous le recommande la Commission des droits de la
personne.
M. Lavoie: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Paquette: Oui.
M. Lavoie: Le député réalise-t-il que la
subvention n'est pas versée aux comités affiliés?
M. Paquette: Oui.
M. Lavoie: Elle est versée aux comités
nationaux.
M. Paquette: Je suis parfaitement conscient de cela. Mais si la
loi indique qu'il existe des groupes affiliés et que les
règlements du comité provisoire doivent permettre à ces
groupes affiliés un fonctionnement indépendant soumis à
une dénonciation possible de la Commission des droits de la personne, au
cas où une majorité ne traiterait pas équitablement un
groupe affilié, je pense que les tiers partis ont de bien meilleures
garanties qu'avec la proposition du député de Laval.
M. Lavoie: $50 000. Ce n'est pas à lui que cela irait,
cela irait aux comités nationaux. Il n'y a pas de profits à faire
dans cela, voyons! Vous ne saisissez pas du tout.
M. Paquette: II y aura un partage, M. le député de
Laval...
M. Lavoie: II n'y a pas de dividendes dans cela.
M. Paquette: ... soumis, si une majorité ne respecte pas
ses minorités, à une dénonciation possible de la
Commission des droits de la personne. Je pense qu'il n'y a aucun comité
provisoire qui voudrait risquer des règlements qui ne donneraient pas
une part équitable des fonds publics à des groupes
affiliés qui pourraient être les tiers partis, comme le Ralliement
créditiste ou l'Union Nationale.
M. Samson: Est-ce que le député me permettrait une
question? Le député a référé...
M. Lavoie: Excusez-moi, M. le député de
Rouyn-Noranda, avec votre permission...
M. Paquette: M. le Président...
M. Lavoie: Le ministre vient de dire quelque chose...
M. Paquette: J'ai encore le droit de parole.
M. Lavoie: ... qui n'est pas véridique et on ne peut pas
permettre que ce soit enregistré au journal des Débats.
M. Paquette: Si on vous interrompait à chaque fois, ce ne
serait pas drôle!
M. Lavoie: Lorsqu'il dit que le député de
Rouyn-Noranda perdrait un gros montant. Le chèque, s'il a droit à
une partie de la subvention, ne sera pas payable au Ralliement
créditiste, il va être payé au comité national du
non, possiblement, où il est associé seulement.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... donné au
Ralliement créditiste après.
M. Lavoie: II n'y aura aucun chèque au Ralliement
créditiste, voyons.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bien oui, c'est vous qui
allez le donner.
M. Bédard: A un moment donné, le comité
national va devoir décider ce qu'il donne aux groupes affiliés,
par exemple, que représenterait le député de...
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il ne rend pas
justice...
M. Bédard: ... avec sa formation politique.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... il va avoir un gros
problème sur les bras et une dénonciation de la Commission des
droits de la personne à l'horizon.
M. Lavoie: Vous allez voir que c'est peut-être bien plus le
ministre qui va avoir des troubles avec cela que le comité. Je vous
dirai comment, tout à l'heure.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, vous pouvez continuer votre intervention.
M. Paquette: J'avais terminé, M. le Président,
à moins que le député de Rouyn-Noranda ait une question
à me poser.
M. Samson: Oui, c'est sous forme de question, M. le
Président, au député de Rosemont, parce qu'il a fait
référence à un article qui viendra éventuellement
à l'article 23, et qui vient ajouter en substance que les
règlements doivent de plus prévoir l'affiliation aux
comités de groupes favorables à la même option, les
critères de cette affiliation. Est-ce que le député ne
croit pas, d'abord, que c'est une chose très difficile d'application et
qu'il ne serait pas tout à fait juste envers les partis politiques que
de les inclure dans ce genre d'amendement, au même titre que des groupes
quelconques affiliés.
Est-ce qu'un parti politique qui est reconnu en vertu de la Loi
électorale, en vertu de la Loi du financement des partis politiques, qui
est représenté en cette Chambre ne doit pas, selon vous, avoir un
statut au moins un peu différent de celui de groupes affiliés?
C'est une première question. La deuxième question que je pose au
député: Est-ce qu'il ne croit pas que les parties du financement
en provenance de l'Etat, par exemple, ne devraient pas plutôt être
dirigées directement vers ces partis politiques reconnus au sens de la
Loi électorale, au sens de la Loi du financement des partis politiques
représentés en Chambre, pour que chacun puisse faire le travail
selon son bon entendement, plutôt que d'aller à un comité
central et passer par une espèce de procédure de
réglementation et de distribution et où la seule garantie de se
défendre pour les tiers partis serait d'attendre que la Commission des
droits de la personne ou toute autre formation puisse les dénoncer?
Je pense que, si le député peut me répondre
à cela, il pourrait me dire en même temps que ce genre de
dénonciation ne serait pas tellement efficace, compte tenu du fait que
la campagne étant engagée en quelque sorte, cela viendrait trop
tard et cela risquerait de ne pas nous protéger; est-ce que le
député n'est pas d'accord avec cela?
M. Paquette: M. le Président, d'abord sur la question de
principe qui est posée, je pense qu'il faut, quitte à faire des
exceptions à l'occasion, et je veux m'expliquer après,
considérer tous les groupes sur le même pied. Je vous donne un
exemple: Supposons qu'il y a un référendum et que tous les partis
politiques s'adonnent à être du même côté et
dans le même comité. Si on faisait passer toutes les sommes
d'argent par les partis politiques, vous voyez que cela nous mènerait
à l'absurde et que les groupes qui favoriseraient l'autre option
seraient nettement défavorisés au départ, seraient
obligés d'aller quêter leurs fonds aux partis politiques.
Je pense que ce n'est pas ce que le député de
Rouyn-Noranda a à l'idée, mais cela nous montre quand même,
en poussant à l'absurde, qu'on ne peut pas reconnaître de
différences entre les groupes, que ce soient des partis politiques ou
d'autres groupes; avant une question référendaire, tous les
groupes, tous les citoyens, en principe, doivent être égaux et
doivent pouvoir donner leur avis avec le plus grand nombre possible de
garanties de succès. D'autre part, je tiens à dire que le
mécanisme proposé reconnaît une espèce de statut
particulier aux partis politiques dans le sens suivant: Supposons que le
Ralliement cré-ditiste demande un statut de groupe affilié
à l'un des deux comités référendaires.
D'après l'article 35, il a le droit de transférer à ce
comité référendaire une somme, au nom de son parti, qui ne
dépasse pas, enfin il y a une certaine limite, mais il y a des sommes
transférées, il y a une limite sur le total, mais enfin le parti
politique peut transférer des sommes contrairement aux autres groupes,
puisque les seules autres subventions qui sont prévues sont les
subventions gouvernementales prévues à l'article 38, et les
contributions versées directement par un électeur à
même ses propres deniers.
Donc, un groupe qui n'est pas un parti politique ne peut pas contribuer
à un comité référendaire; les seuls groupes qui
contribuent à un comité référendaire sont des
partis politiques. Cela vous donne une monnaie d'échange. Cela veut dire
que quand un groupe affilié qui est un parti politique va discuter avec
un comité référendaire où il n'est pas en
majorité, il va dire: Moi, je peux mettre tant d'argent sur la table. Le
comité va au moins lui redonner cet argent à titre de groupe
affilié et il devrait même lui donner une part équitable de
la subvention de l'Etat; là, c'est le mécanisme de la Commission
des droits de la personne. Ce que je veux dire c'est que le parti politique a
vraiment un statut particulier.
M. Samson: Est-ce que le député me permettrait de
l'interrompre? Il s'agit du cas des tiers partis, du pouvoir que vous leur
attribuez, en ce sens qu'ils peuvent dire: On a un certain montant d'argent
à mettre sur la table. Dans le cas des tiers partis, c'est le contraire;
c'est qu'on n'a pas d'argent à mettre sur la table, on n'aura pas
d'argent à mettre sur la table, il faudra avoir de l'aide si on veut
participer. Vous savez tous que les grands partis sont plus capables de
s'alimenter en financement que les petits. C'est le problème des tiers
partis.
M. Paquette: M. le Président...
M. Samson: Je pense qu'on devrait pouvoir participer.
M. Paquette: Je comprends les préoccupations du
député de Rouyn-Noranda, mais je voudrais simplement lui dire
que, contrairement à n'importe quel groupe, en tant que parti politique,
il va au moins récupérer l'argent qu'il peut y mettre à
même ses ressources propres. Il va pouvoir regrouper les subventions
d'électeurs, d'individus et dire: Voici un montant que j'ai levé
pour la campagne du référendum et je l'amène au
comité référendaire pour autant qu'il me revienne, si je
veux être un groupe affilié.
Je suis d'accord avec le député de Rouyn-Noranda que cela
n'est pas suffisant. Il y a la partie des subventions gouvernementales; je
pense que le statut de groupe affilié, avec la protection de la
Commission des droits de la personne, devra viser les règlements et
s'assurer que ses fonds sont répartis équitablement. Cela leur
donne une garantie de récupérer une partie acceptable des
subventions et des contributions des électeurs, aussi, qui sont les deux
autres formes.
Je pense donc, en conclusion, que les partis politiques ont vraiment un
statut particulier et qu'ils pourront, contrairement à d'autres groupes,
récupérer les mises de fonds par les mécanismes des
groupes affiliés et je soutiens, cela m'apparaît évident,
que c'est une meilleure garantie que la proposition du député de
Laval.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, il est évident qu'au
cours d'un débat référendaire, quel qu'il soit, il y a une
préoccupation qui nous vient des tiers partis qui sont avec nous
à la table, c'est celle de garder j'allais dire une certaine
indépendance mais une certaine autonomie, ou pour le moins de garder un
droit de parole non équivoque, identifié à leur formation.
Bien que l'économie générale de la loi ne donne pas part
aux partis politiques, il est évident qu'ils veulent tâcher
d'être une voie autonome d'un débat, eux ou d'autres organismes,
quels qu'ils soient. Mais, puisque tel est le propos qu'on entend le plus
souvent à cette table, je fais allusion, entre autres, à certains
propos du député de Beauce-Sud qui se portait même, dans un
élan, récemment, jusqu'à déclarer
qu'éventuellement, il serait "relax" pour utiliser un terme de
jadis c'est-à-dire qu'il ne suivrait pas, éventuellement,
les termes mêmes de la loi... On comprend cela.
D'ailleurs, c'est dans cet esprit que le gouvernement fait son
ouverture. Examinons concrètement, au niveau de l'applicabilité,
de la faisabilité de la loi, ce qui en serait dans le cas des tiers
partis. Il y a quatre possibilités: soit qu'ils se regroupent
carrément dans l'une ou l'autre des formules, soit la formule Laval ou
la formule ministérielle; mais, à ce moment-là, ils
perdent leur iden- tité comme tels. Le député ou les
députés ou leur formation politique ou les outils politiques dont
ils disposent, à savoir leurs organisateurs, leur capacité
d'immobilisation, d'électeurs, etc., les plates-formes habituelles
qu'ils ont en tout autre temps, notamment en temps de campagne
électorale, ils ne les ont plus. Ils ne sont plus que des individus dans
ces touts.
Tant la formule Laval que la formule ministérielle permettent
deux autres possibilités. C'est de permettre, soit par le biais d'un
groupe affilié, soit par le biais d'un groupe autonome, de s'exprimer.
Quels sont les avantages ou les inconvénients de l'une ou l'autre
formule pour un tiers parti? Dans la formule Laval, à moins qu'on nous
indique...
Une Voix: La Laiterie Laval. (22 h 45)
M. Fallu: ... le contraire, mais jusqu'à maintenant, non
seulement cela n'a pas été fait, mais on nous a plutôt
laissé entendre que celui qui voudra bien parler la même voix,
mais sans être membre du comité national X ou Y, ne serait
nullement assuré de quelque fonds venant du comité national comme
tel. Au contraire, il serait même prévu dans cette formule qu'il
serait interdit à la formation politique qu'on appelle tiers parti,
justement d'avoir quelque fonds que ce soit, venant du comité national,
venant donc des fonds publics.
A l'inverse, la formule ministérielle propose des comités
affiliés et, j'allais dire, par voie de conséquence, propose donc
une redistribution des fonds publics à travers les comités
affiliés, selon des règles que, librement, ils se
détermineront, qu'ils rendront publiques sans doute, par lesquelles ils
se seront autodéterminés dans le domaine financier. C'est la
seule façon dont un député...
M. Samson: J'avais compris auto-exterminés.
M. Fallu: On ne souhaite pas ça, on vous aime bien trop
pour ça, M. le député.
M. Samson: C'est le Parti québécois dans le
référendum...
M. Fallu: II arrive donc que seule la formule
ministérielle permettrait à un tiers parti d'avoir vraiment un
droit de parole lors d'un référendum quelconque, par le biais
d'une reconnaissance, comme groupe affilié, et par le biais de ce qui va
de pair, à mon avis, c'est-à-dire la participation à
l'aide gouvernementale fournie aux comités nationaux.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, parlant sur l'article 21, je
ne répéterai pas l'argumentation que j'ai présentée
lors de la discussion générale. Je dois vous dire que si nous
discutons et si nous avons des objections, notamment à ce chapitre et
à cette contrainte imposée aux individus et aux groupes de
s'intégrer d'une manière forcée aux comités
nationaux, on le fait justement pour certains principes inscrits dans la
Charte des droits et libertés de la personne. Ce serait beaucoup plus
facile pour nous d'adopter le projet de loi et les articles tels qu'ils sont,
parce qu'à leur lecture même, c'est à l'avantage du Parti
libéral, si ça restait tel quel, parce qu'étant
majoritaires dans l'Opposition, on pourrait mener le spectacle, comme on peut
dire, et on pourrait...
Une Voix: Exterminer.
M. Lavoie: Pas exterminer, cela n'a jamais
été...
M. Lalonde: Le Parti québécois
éventuellement.
M. Lavoie: Les exterminations, surtout avec le contrôle
excessif que vous voulez imposer à peu près dans toute la loi,
'ce mot extermination appartient beaucoup plus, sinon à votre
vocabulaire, du moins à l'esprit qui vous anime, qu'aux partis de
l'Opposition, parce que cela n'a jamais été dans notre
héritage et dans nos traditions au Québec d'imposer des
contraintes, et je n'ai jamais connu de gouvernement, même en
Amérique du Nord, qui a voulu, je ne parle pas de l'étranger,
imposer des contraintes aussi sévères.
J'ai donné des exemples, l'autre jour, d'une quinzaine de pays.
On dit qu'en Scandinavie, on est très avancé au point de vue
droit démocratique, comme en Angleterre et ailleurs, dans les Etats
américains; jamais un pays ou un Etat américain n'a voulu avoir
le culot d'imposer des contraintes de la sorte. Jamais! Un exemple qu'on peut
vous donner, qu'on vous donnait justement sur la liberté, c'est celui du
fair play britannique dont vous avez voulu, dès le début,
emprunter le manteau pour cacher vos intentions peut-être occultes.
Même en Angleterre où on avait des comités nationaux sans
aucune des contraintes que vous avez actuellement, c'est bizarre que, dans un
nouveau projet de loi The Scotland Act adopté en troisième
lecture au mois de février, cette année, par la Chambre des
communes, non seulement n'ont pas eu un regret de ne pas avoir
contrôlé et limité les dépenses suite à
l'expérience de 1975 comme le député de Maisonneuve
nous l'avait dit, résultat de sa visite rapide qu'il avait faite il y a
quelques mois mais il n'y a même plus de comités nationaux
dans la nouvelle loi adoptée par le Parlement britannique, The Scotland
Act, qui prévoit une certaine dévolution, "Devolution act", pour
accorder, lors d'un référendum, à l'Ecosse, un certain
statut avec un gouvernement local.
M. Bédard: Voulez-vous dire que vous n'êtes
même plus d'accord avec la formation de comités nationaux?
M. Lavoie: Nous maintenons notre position en ce qui concerne les
comités nationaux, mais pas avec les carcans que vous voulez leur
imposer.
M. Bédard: On en discutera, de ça.
M. Lavoie: On n'a pas le droit d'assujettir des libertés
fondamentales à une option éventuelle, soit dans un
référendum dans une loi-cadre ou un référendum
particulier, ni à des objectifs d'une telle consultation populaire. Des
libertés fondamentales, ce n'est pas négociable et ça
n'assujettit pas à quoi que ce soit. Le choix que les électeurs
ou les groupes du Québec, le seul choix qu'ils auront lors d'un
référendum en vertu d'une loi-cadre ou en vertu de cette loi, ce
sera soit d'appuyer l'option et l'objectif d'un des deux comités en
s'intégrant directement à ces comités, soit en
s'assujettissant à ses options et à ses objectifs avec des
modalités différentes pour devenir un organisme associé,
mais dans le même but, avec les mêmes options, les mêmes
objectifs.
Sinon, s'ils ne remplissent pas ces deux prérequis, ces deux
conditions, ils sont obligés de se taire dans quelque débat que
ce soit; c'est la loi du silence s'ils ne remplissent pas l'une ou l'autre de
ces conditions.
Je crois que l'amendement que je proposerai à la fin de mon
intervention répondra au moins à cinq questions qui sont
posées dans le dernier rapport de la Commission des droits de la
personne. Il est vrai qu'à un endroit, la commission semble louer
l'effort du gouvernement pour établir cette chance égale
philosophique, théorique. A un endroit dans le rapport, dans les
commentaires de la commission, gn seul endroit, à la page 5, la
commission dit: Ecoutez, on est d'accord avec cette tentative
d'égalité des chances lors d'une consultation populaire.
Cela, vous allez le sortir à satiété, c'est votre
droit. Mais s'il y a une référence à ça dans le
rapport, il y a quand même cinq références directes tout au
long du rapport aux écueils que soulèvent vos restrictions
exagérées, entre autres, à la page 1. La commission
soulève cette question à cinq reprises dans le rapport,
même si elle dit, à un certain endroit, qu'elle louange le
gouvernement de son effort de tenter d'avoir des chances égales.
Page 1: "Considérant que les écueils par rapport aux
droits et libertés de la personne, qui avaient été
relevés à propos du livre blanc, n'ont pas complètement
disparu du projet de loi". A la page 5: "Les questions que la Commission des
droits de la personne avaient posées au gouvernement sur le regroupement
obligatoire et l'interdiction pour toute autre option politique que celle
représentée dans la question de participer à la campagne
référendaire n'ont cependant pas obtenu, dans le projet de loi,
des réponses qui la satisfont entièrement et sur tous les
points". A la même page, un peu plus loin c'est tout de suite
après elle dit qu'elle "souscrit entièrement, à
savoir assurer aux différentes options soumises à la consultation
populaire une chance égale de faire valoir leurs avantages".
Je dois ajouter: "La mise en oeuvre de l'égalité des
chances entre les diverses options comporte nécessairement une part de
contrainte
et, jusqu'à nouvel ordre, la commission ne demande pas mieux que
de l'accepter dans son principe ". Immédiatement après, à
la ligne suivante, même en tenant pour acquis que le gouvernement
respecte cette chance égale et tout, à la page 5, la commission
répète: "Cependant, c'est la mesure de la contrainte qui
inquiète ", la commission encore. "Le projet de loi 92 ne contribue pas
toujours, il faut bien le dire, à en situer les paramètres
exacts".
Un peu plus loin, à la page 7, c'est immédiatement
après la suggestion de la commission d'avoir des organismes
affiliés. Nous tenons pour acquis que le gouvernement, d'ailleurs vous
allez le faire à l'article 23, vous allez apporter un amendement qui va
reconnaître ces organismes affiliés, mais immédiatement
après avoir traité de ces groupes affiliés, la commission
répète encore à la page 7: "Est-il besoin, pour terminer,
de rappeler au gouvernement que les règlements régissant les
comités nationaux seront assujettis à la Charte des droits et
libertés de la personne et de lui souligner les nombreux écueils
pour les droits et libertés de la personne qui jalonnent
nécessairement la recherche de l'égalité stricte entre les
options ".
On peut voir par là qu'il y a un danger à imposer,
à vouloir atteindre cette égalité stricte et absolue.
Enfin, à la page 8, je cite encore le dernier rapport, c'est la
cinquième citation dans le même rapport de neuf pages:
"L'équation difficile entre plusieurs droits et libertés qu'a
tenté de réaliser le gouvernement dans ce projet de loi
présente encore des inconnus qui empêchent la commission de se
prononcer catégoriquement sur son succès ou sur son échec.
Les objectifs sont louables. Le mécanisme de la mise en oeuvre est
précis, mais tout cela peut-il fonctionner sans danger pour les
libertés d'opinion, d'expression et d'association?"
Je voudrais bien que la proposition qu'on vous fait, quitte à ce
que vous la modifiez c'est une ouverture qu'on vous fait vous la
soumettiez, si vous voulez, à la commission. On pourrait avoir ses
commentaires. On pourrait les avoir, j'imagine, assez rapidement. Lorsque le
député de Rosemont dit que la commission pourra se pencher sur
les demandes d'organismes associés, affiliés, acceptés ou
non, sur la réglementation, écouter les plaintes possiblement de
20, 25, 30, 40, 50 organismes d'un côté ou de l'autre, de chacune
des options qui ne seront pas satisfaites de la participation que les
règlements des comités nationaux vont leur accorder...
Pensez-vous que cela va être réalisable d'obtenir l'opinion de la
Commission des droits de la personne dans des délais assez stricts qui
sont dans le projet de loi, les 20 ou 30 jours de campagne? Pensez-vous que la
commission, après la publication dans la Gazette officielle, va avoir le
temps d'entendre toutes les parties qui ne pourront pas être
satisfaites?
M. Paquette: Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. Lavoie: Certainement.
M. Paquette: Ne pensez-vous pas que, justement, c'est cela qui
met une pression sur les comités référendaires, sur la
majorité des comités référendaires que faire des
règlements qui respectent les groupes minoritaires et les groupes
affiliés?
M. Lavoie: On va arriver à cela tout à l'heure.
M. Paquette: Parce que si elle ne veut pas commencer la campagne
référendaire 40 jours après la tenue du scrutin, elle va
avoir intérêt à faire des règlements qui respectent
les minorités au sein du comité national et les libertés
justement.
M. Lavoie: M. le Président, j'ai donné dans la
discussion générale un exemple, tel que vous avez dans la loi aux
articles 21 et 22, où, sur une consultation populaire, en dehors de la
consultation populaire que tout le monde a à l'esprit actuellement,
même avec un Parlement de 71 députés majoritaires d'un
côté, 80, encore plus et cela s'est souvent
présenté ce même parti pourrait contrôler
à sa discrétion les deux comités. Je vous ai donné
l'exemple d'un Parlement de 71 députés, ce qui est votre cas; 31
pourraient prendre l'option A, 40 l'option B, et les oppositions, au nombre de
39, pourraient se grouper dans l'option B et le gouvernement en place aurait la
majorité des deux comités. Je pense que vous allez trouver une
formule pour corriger cela, parce que cela peut fort bien se
présenter.
M. Bédard: Vous ne pensez pas que dans un tel cas, la
population est capable de voir ce qui se passe quand même?
M. Lavoie: Dans la loi, on n'a pas le droit de laisser des trous
comme cela. Ce n'est pas comme cela qu'on fait de la législation. (23
heures)
M. Bédard: Le peuple n'est pas aveugle.
M. Lavoie: Comment se fait-il... écoutez, ce n'est quand
même pas le gouvernement actuel qui a le monopole de la moralité
publique et de l'honnêteté publique. Comment se fait-il que des
quinze exemples... des centaines de référendums qui ont eu lieu
en Scandinavie et dans des pays tout à fait démocratiques comme
l'Australie, l'Angleterre et dans les Etats américains, aucun de ces
pays n'ait jugé à propos d'imposer des contraintes de la
sorte?
M. Paquette: Ils n'ont pas le droit au financement des partis
politiques non plus.
M. Lavoie: M. le Président, je dis que c'est une
expérience aventureuse que le gouvernement nous propose, remplie
d'inconnues. Je me demande dans quelle situation pourrait être un
gouvernement dans un référendum possible avec toutes ces
inconnues, avec un droit nouveau qui n'a été
expérimenté nulle part.
Vous me disiez tout à l'heure que la formule
des subventions, la formule que je propose où les tiers partis ou
autres ne seraient pas admissibles aux subventions de l'Etat... nous sommes
ouverts. Il y aurait une autre approche que vous pourriez avoir. Vous
êtes quand même mieux équipés au point de vue du
personnel et des experts du côté gouvernemental que du
côté de l'Opposition. Même le député de
Maisonneuve, dans deux autres hypothèses qu'il nous avait soumises il y
a quelque temps, proposait que les subventions aux partis politiques soient
versées d'une manière proportionnelle aux votes obtenus lors du
dernier scrutin. Si vous voulez cette formule, nous sommes d'accord de la
même façon, mais respectez donc la liberté d'action des
partis politiques et des groupes!
M. Fallu: Mais pourquoi ne l'avez-vous pas accepté
à l'époque?
M. Lavoie: C'est parce que cela ne répond pas... En ce qui
concerne les deux hypothèses, j'en ai traité d'ailleurs dans
notre conférence de presse, il y en a une qui est contrôlée
totalement par les partis politiques et dans l'autre, les groupes et
associations seraient au même niveau que les partis politiques. Les
moyens seraient répartis proportionnellement aux groupes, avec une
espèce de comité paritaire. Cela serait le directeur
général du financement des partis politiques ou le directeur des
partis politiques qui déterminerait de son propre chef le montant
à dépenser. C'est encore des contraintes et on n'acceptera pas de
telles contraintes. On n'est pas habitué à cela. On n'est pas
habitué à ces contraintes exagérées. Ce n'est pas
dans nos habitudes.
M. Bédard: C'est ce que vous disiez lors de la Loi 2.
Pourtant, c'est une Loi qui amène des contraintes...
M. Lavoie: ... et je vous dis que si le parrain était
resté, nous aurions eu beaucoup plus de chance. Le député
de Maisonneuve est beaucoup plus démocrate que le ministre de la
Justice. On aurait beaucoup plus de chance d'obtenir...
M. Bédard: ... vous avez droit à votre opinion.
M. Lavoie: Nous avons obtenu des amendements à la Loi
2...
M. Paquette:... ce n'est pas cela... c'est faux...
M. Lavoie: ... et entre autres on n'a rien obtenu depuis le
début de la Loi 92, et on en avait obtenu lorsqu'on a commencé...
et même le député de Maisonneuve avait des objections
à ce qu'on demande la consultation sur la...
M. Paquette: ...
M. Lavoie: Faites-vous partie de la commission, vous, monsieur?
Voulez-vous arrêter de manifester? Vous savez que cela n'est pas permis
en vertu du règlement; ni pour, ni contre. Vous me dérangez.
M. Paquette: Vous empêchez les gens de rire...
M. Lavoie: Je dis que lorsque cette commission a
siégé au début et qu'on a demandé l'opinion de la
Commission des droits de la personne, il y a eu des réticences de votre
côté. On va sortir le journal des Débats. Il y avait
beaucoup de députés qui refusaient cette consultation. A un
certain moment, le député de Maisonneuve a dit: D'accord,
arrêtons la discussion, on va la demander l'opinion. C'est pour cela que
je vous dis que vous, vous êtes dans le béton. On se demande si on
a affaire au ministre de la Justice ou au ministre de l'injustice...
M. Bédard: Vous avez deux opinions de la Commission des
droits...
M. Lavoie: ... voulez-vous les lire? A cinq endroits, elle
soulève des points d'interrogation...
M. Bédard:... elle vous fait une solution. Vous
n'êtes pas pour le statut affilié et vous n'êtes pas pour le
contrôle des dépenses, dans le fond.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Je termine...
M. Bédard: Vous acceptez le principe à hauts cris,
mais vous n'acceptez pas de poser les gestes qui font qu'il y a un
contrôle des dépenses.
M. Lavoie: Combien me reste-t-il de temps? Je dépose cette
motion: Ajoutez à la fin de l'article l'alinéa suivant: Un parti
politique qui n'adhère pas à un comité national peut
participer à la campagne référendaire en finançant
une initiative ou une activité de son choix conformément aux
dispositions suivantes: a) un total de dépenses à même ses
propres fonds qui ne peut excéder $3000. b) déclaration
auprès du directeur général du financement des partis
politiques de toutes dépenses de plus de $100. c) autorisation et
enregistrement auprès du directeur général du financement
des partis politiques pour les dépenses dont le total excède
$3000 et assujettissement à la loi régissant le financement des
partis politiques quant à la nomination d'un agent officiel, la
limitation des contributions permises, la limitation aux seuls électeurs
des sources de financement, la divulgation et le rapport.
Je termine, M. le Président, en faisant une mise en garde au
ministre de la Justice qui est le parrain actuel de ce projet de loi. Je me
pose la question si, une fois adopté, un citoyen du Québec
c'est mon opinion après la mise en garde qui a été
faite par le Barreau du Québec sur ces contraintes dans le
mémoire qui a été présenté sur le livre
blanc par le Barreau du Québec, qui avait
énormément de réserves, et quand même, cela
vient de gens expérimentés dans le domaine juridique, qui
soulève un paquet d'objections à cette contrainte des citoyens et
des groupes à s'intégrer aux comités nationaux.
Je me demande ce qui arriverait si un citoyen du Québec
contestait cette loi, une fois son adoption, en vertu de la Charte des droits
et libertés de la personne. Je me pose... Je ne suis point juriste,
personnellement, et je me demande ce qui pourrait arriver en vertu des articles
49, 50, 51, 52, qui réfèrent aux articles 9 et 38 qui
prévalent sur toute disposition d'une loi postérieure qui leur
serait contraire, à moins que cette loi n'énonce
expressément s'appliquer malgré la charte. L'article 10 de la
charte qui réfère... "Toute personne a droit à la
reconnaissance et à l'exercice en pleine légalité des
droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe,
l'orientation sexuelle, l'état civil, la religion, les convictions
politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale ou la condition
sociale."
Je me demande dans quelle situation serait notre nouveau parrain du
projet de loi qui, en vertu de l'article 99 où il est dit... et si cette
loi était contestée devant les tribunaux, possiblement pour
être attaquée, je ne sais pas quel pourrait être le
jugement, mais je me demande dans quel pétrin pourrait être le
ministre de la Justice lorsqu'à l'article 99, il est dit: "Le ministre
de la Justice est chargé de l'application de la présente charte.
"
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: Cela ferait une belle jambe au ministre de la
Justice.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Iberville soulève une question de règlement.
M. Beauséjour: Je voulais savoir si la proposition
d'amendement est déposée.
M. Lavoie: Elle est déposée, oui. J'ai dit que je
déposais un amendement.
M. Beauséjour: Oui, mais elle n'a pas été
débattue encore...
Le Président (M. Clair): Quelqu'un soulève la
question de la recevabilité de la motion d'amendement? M. le
député d'Iverville, vous-même?
M. Beauséjour: Non, non.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, la proposition d'amendement
de M. le député de Laval a fait référence au
financement. Nulle part, à l'article 21, il n'est question de
financement parce qu'effectivement, ces questions viennent plus tard, soit aux
articles 25 et 26 particulièrement, et possiblement avant, mais
sûrement pas à l'article 21 où il n'est question que de
l'inscription des membres de l'Assemblée nationale en faveur d'une
option. Effectivement, on reconnaît un principe de la formation d'un
comité national ou de comités nationaux, mais il n'est pas du
tout question de restriction de financement, de dépenses à cet
article 21. Or, pour cette raison, je vous demande de rendre irrecevable, pour
le moment, je ne me prononce pas sur autre chose, cet amendement à
l'article 21.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je voulais simplement
ajouter que l'amendement est irrecevable pour une autre raison. Il parle
d'adhésion d'un parti politique à un comité national alors
que tout le reste de l'article 21 parle de comités provisoires, et de
comités provisoires formés de députés. Alors, je
pense que c'est tout à fait irrecevable à l'article 21 et
probablement à beaucoup d'autres articles.
M. Lavoie: Sur cette question de recevabilité, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'ai jugé à propos d'apporter cet
amendement en ce qui concerne l'adhésion d'un parti politique dès
la considération de l'article 21, parce que c'est à l'article 21
qu'on met en marche l'organisation des comités nationaux et c'est
limité aux députés qui siègent. Rien
n'empêche, il peut y avoir des partis politiques... il y a sept partis
politiques au Québec, actuellement, qui sont enregistrés en vertu
de la loi 2. C'est une simple modalité. C'est la formation de ces
comités et on sait, dans l'économie de la loi, qu'uniquement les
comités nationaux d'ailleurs, le titre de la section est: les
comités nationaux peuvent s'exprimer, peuvent participer à
une campagne référendaire. Je crois que je ne contredis en aucune
façon l'article 21. Mon amendement ne détruit pas l'article 21.
Il élargit l'article 21 en permettant la participation de partis
politiques représentés ou non représentés à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je vois l'amendement. Les
discussions ont été larges au sujet de cet article 21, mais j'ai
toujours pensé qu'il s'agissait, dans la deuxième partie
principalement et j'ai l'impression que l'amendement qui est
apporté s'accroche à la fin du dernier paragraphe je me
rends compte, en tout cas, à mon point de vue, que ce qui est dit n'est
pas l'essence de l'article. On le constate à ce moment, mais je pense
qu'il y a d'autres endroits pour accrocher cet amendement qui s'en vient.
J'ai l'impression que l'essence de l'article, ce
sont les sept jours qu'on donne aux députés, et uniquement
aux députés. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on en discute
tout de suite, à condition que le président veuille bien accepter
l'amendement. On aurait pu voir cela un peu plus loin.
Et, sur le fond de cet article, j'aurai, bien sûr, des
réticences à manifester.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, justement, dans le cas du
deuxième alinéa de l'article 21, on parle, effectivement, des
députés qui doivent s'inscrire auprès du directeur
général des élections pour une des options soumises
à la consultation populaire, et ce, dans les sept jours qui suivent
celui de l'adoption de la question du projet de loi. Je pense bien que nous
n'avons pas besoin de faire de longues discussions pour dire que les
députés, à l'Assemblée nationale, forcément,
sont membres d'un parti politique. De façon très
générale, ils doivent l'être et, dans le cas actuel, ils le
sont tous, à l'exception d'un.
M. le Président, cela va bien de dire qu'ils doivent s'inscrire,
mais prenons l'hypothèse où il y a un certain nombre de
députés qui ne veulent pas s'inscrire à l'une ou l'autre
des options. A ce moment, un parti politique représenté à
l'Assemblée nationale ou non représenté ne doit pas
être exclu de la possibilité de participer à la campagne
référendaire. C'est dans ce sens, à mon avis, que c'est
dès l'article 21 que l'amendement doit être
présenté. J'en conviens, il serait peut-être
préférable, il serait peut-être valable d'introduire les
divers éléments de l'amendement proposé par le
député de Laval à divers articles, mais vous conviendrez
que, dans la procédure que nous devons suivre ici, à la
commission parlementaire, nous nous devons d'indiquer tous les
éléments dès l'article 21; autrement on risquerait d'avoir
une discussion tout à fait incompréhensible.
M. Grenier: Question de règlement... M. Lalonde: M.
le Président...
M. Grenier: Je m'excuse, j'ai fait une intervention beaucoup plus
tôt dans la soirée, parlant de 22 heures; je constate qu'il est 23
h 15 et je me demande si nous ne devrions pas faire une motion d'ajournement.
Il semble que nous ayons notre "voyage". Je ne sais pas jusqu'à quel
point nous pouvons être efficaces sur un amendement de ce genre.
Je ne veux pas en faire une motion. Je le propose, encore une fois, pour
ne pas être obligé de discuter de cela jusqu'à minuit,
parce que j'ai peur qu'on saute sur l'occasion pour discuter de cela
jusqu'à minuit et faire perdre encore trois quarts d'heure. Y aurait-il
lieu d'en venir à un consensus?
M. Lavoie: Nous avons fait du bon travail aujourd'hui. Nous avons
adopté...
M. Bédard: M. le Président, je pense qu'il y aurait
lieu de suspendre...
M. Paquette: M. le Président, question de
règlement. Je pense que vous avez une motion sur la table. Nous
pourrions peut-être entendre la motion du député par la
suite. Il me semble que vous devez rendre votre décision sur la
recevabilité de la motion.
M. Lavoie: Cela permettra au président de la prendre en
délibéré. Lui aussi a le droit d'être
fatigué, après des journées comme cela! Il rendra
peut-être un meilleur jugement demain matin, favorablement, oui ou non,
à la motion.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il un consentement unanime?
Puisque vous n'en faites pas une motion formelle, s'il n'y a pas de
consentement unanime...
M. Samson: Si nous avions un consentement, nous pourrions
ajourner la séance.
Le Président (M. Clair): Oui.
M. Bédard: M. le Président, je pense que nous
pouvons peut-être faire encore une demi-heure de travail.
M. Lavoie: Encore une heure ou deux.
M. Samson: Quant à faire une demi-heure, rendez-vous
à minuit. On ne braillera pas pour quinze minutes.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. (23 h 15)
M. Lalonde: M. le Président, l'essentiel des arguments sur
la recevabilité a porté sur le caractère
prématuré, dit-on, de la motion d'amendement, je pense que, pour
en décider, on doit aller plus loin pour savoir où, si ce n'est
pas à l'article 21, une telle motion d'amendement serait recevable,
c'est-à-dire ne serait plus prématurée. Si vous allez aux
articles 22 et suivants, vous trouvez qu'on parle de comités et de ceux
qui en sont. Si on veut, tel que la motion d'amendement le suggère,
exclure soit les partis, soit des électeurs, des groupes autres que les
partis, du comité provisoire ou du comité national, c'est au tout
début que nous devons le faire, à moins que vous trouviez un
endroit ailleurs où ce ne serait pas prématuré.
Je soumets qu'à la lecture des autres articles, surtout si vous
allez à l'article 22, au troisième alinéa, on parle de la
première réunion du comité qui est convoqué par le
président général. Si on a voulu ici, à la
commission, si l'Assemblée nationale veut exclure des gens, des groupes,
c'est avant la constitution, avant les articles qui vont parler du
fonctionnement du comité national. Je dois vous dire je ne sais
pas si le député de Laval a oublié de le faire, il est
possible qu'il l'ait
fait que ce n'est qu'un premier amendement, que c'est un
amendement qui ne veut pas favoriser les partis politiques en particulier; on
commence par celui-là, mais s'il y a une ouverture relativement aux
partis politiques, nous avons un amendement semblable pour un électeur,
un groupe, un syndicat ou une association, à l'exclusion des
corporations commerciales.
Autrement dit, c'est pour faire tout le tour de la question, au
départ, au moment de la constitution des comités nationaux, de
sorte que les autres articles, 22 et suivants, vont pouvoir se lire avec une
plus grande compréhension, ils seront complets par eux-mêmes,
à moins que vous me disiez c'est prématuré; où nous
devons le faire.
Le Président (M. Clair): Si vous insistez, M. le
député de Châteauguay, je suis disposé à
rendre ma décision.
M. Dussault: Une petite remarque qui ne sera pas inutile, je
pense. Je voudrais vous faire remarquer que la véritable existence d'un
comité national n'apparaît qu'à l'article 23. On l'annonce
effectivement à l'article 22 mais il n'existerait vraiment, dans le
texte, qu'à l'article 23, pour répondre à la question de
M. le député.
Le Président (M. Clair): Pour disposer de la
recevabilité de la motion d'amendement, je ferais
référence, premièrement, au titre du chapitre qui
s'intitule "La campagne référendaire " et aux deux premiers
titres des sections, soit celui de la section I portant sur les comités
nationaux et celui de la section II portant sur les dépenses
réglementées.
La motion d'amendement est apportée à l'article 21 et fait
référence à deux notions, je pense, soit celle de
l'existence d'un comité national auquel participeraient ou ne
participeraient pas des partis politiques, de sorte qu'on peut, jusqu'à
un certain point, faire un lien avec l'article 21. Cependant, la motion
d'amendement fait beaucoup plus référence à une certaine
réglementation de certaines dépenses, et il y a un titre,
à la section II, qui s'intitule justement "Les dépenses
réglementées'. Je pense que, dans la motion d'amendement, le
contenu, en rapport avec des partis politiques et le comité national,
est beaucoup moins important que l'aspect réglementation des
dépenses des partis politiques ne faisant pas partie ou faisant partie
des comités nationaux.
Pour cette raison et me basant sur le précédent qu'a
établi le député de Prévost lors de l'étude
article par article de la loi 101, le 5 août 1977, je déclare la
motion d'amendement irrecevable, parce que prématurée.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je peux avoir une
directive? Une motion d'amendement ne touchant qu'à l'adhésion
d'un groupe, d'un individu, de quiconque à un comité national
pourrait-elle, suivant votre décision, être faite à
l'article 21?
Le Président (M. Clair): C'est fort habile de votre part,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, de me demander cette
directive; je suis convaincu que vous le faites avec la meilleure intention.
Cependant, je vous ai déjà indiqué plus tôt, lors
des travaux de cette commission, que je préférais disposer de la
recevabilité des amendements, au fur et à mesure qu'ils se
présentent, plutôt que de donner des directives sur des motions
d'amendements hypothétiques dont vous en conviendrez
sûrement je n'ai pas le contenu actuellement.
M. Bédard: II me semble, M. le Président,
qu'à l'article 21, on n'a fait référence qu'aux
parlementaires, d'une part, et qu'à l'inscription des parlementaires en
faveur d'une option et non pas d'un comité; mais surtout, on ne fait pas
référence à des groupes qui peuvent appartenir à un
comité.
Le Président (M. Clair): Autrement dit, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, pour clarifier ma
décision, la motion d'amendement ne serait sûrement pas recevable
avant l'étude de la section II.
M. Lalonde: En ce qui concerne le financement.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement, telle
qu'elle m'a été distribuée.
M. Lalonde: Mon problème c'est que si on arrive à
la section II et qu'on veut faire un amendement tel quel, à ce
moment-là, on a déjà prévu dans la section I que
quiconque veut participer au débat référendaire doit faire
partie d'un comité national. A ce moment-là, on pourrait se
frapper à une irrecevabilité parce que cela contredirait un
principe qui a déjà été accepté.
Le Président (M. Clair): Je pense que vous
démontrez peut-être la nécessité de scinder les deux
problèmes.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Vous nous avez référé à la
section I, Comités nationaux; vous nous avez suggéré de
remettre ce qui concerne le financement à la section II. J'ai
modifié mon amendement et mon nouvel amendement se lit comme suit: "Un
électeur, un groupe et un parti politique peut participer à la
campagne référendaire sans nécessairement adhérer
à un comité national".
Le Président (M. Clair): Est-ce que les membres de la
commission ont bien saisi la motion d'amendement?
M. Paquette: Est-ce qu'on peut relire cette motion
d'amendement?
Le Président (M. Clair): Avant de relire la motion
d'amendement du député de Laval, j'aimerais vous indiquer, M. le
député de Laval, que selon le temps que j'ai indiqué
à votre nom, votre
temps de parole est déjà expiré. Sauf erreur de ma
part, en vertu du règlement, tant qu'un député a le droit
de parole, il peut proposer une motion d'amendement, sauf que votre droit de
parole étant expiré, je suis convaincu qu'un de vos
collègues pourrait reprendre la motion à son compte.
M. Lalonde: J'en prends la paternité, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Ce n'est pas pour être
désagréable, mais c'est parce que j'ai toujours à l'esprit
notre règlement.
M. Lavoie: C'est une adoption légale, M. le
Président.
M. Lalonde: Sans bénéfice...
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys prend à son compte l'amendement. Cette motion
d'amendement se lit comme suit: Ajouter à la fin de l'article 21,
l'alinéa suivant: "Un électeur, un groupe et un parti
politique..."
M. Grenier: Pourriez-vous aller lentement, M. le
Président, parce que ce sera peut-être le seul document qu'on aura
ce soir, avant d'aller se coucher?
Le Président (M. Clair): C'est une dictée?
Parfait!
M. Grenier: Je pense que les machines ont arrêté de
fonctionner.
Le Président (M. Clair): Ajouter à la fin,
l'alinéa suivant: "Un électeur, un groupe ou un parti politique
peut participer à la campagne référendaire sans
nécessairement adhérer à un comité national".
M. Bédard: Selon les règles prescrites par le
présent projet de loi?
M. Lalonde: Nécessairement, cela va sans dire. On n'est
pas obligé de dire qu'on doit se conformer à la loi.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité de la
motion d'amendement, le député de Rosemont.
M. Paquette: J'ai écouté attentivement la lecture
de l'amendement, M. le Président. Je pense que là encore,
l'amendement est prématuré et donc non recevable puisqu'à
l'article 21 on ne parle pas des comités nationaux ni des comités
provisoires mais uniquement des choix qui s'offrent aux membres de
l'Assemblée nationale. Bien sûr, ceux-ci peuvent s'inscrire
à l'un ou l'autre comité ou ne pas s'inscrire. Les
conséquences viennent après, le passage, la formation même
des comités provisoires vient à l'article 22 et c'est
probablement à ce moment-là que l'amendement serait recevable,
mais à l'article 21 il est certainement prématuré.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II est vrai qu'à l'article 21 on ne voit pas
les termes "comité national" ou même "comité provisoire",
mais comme vous l'avez vous-même souligné tantôt, le titre
de la section est: Comités nationaux, donc on peut parler d'un
comité national à l'article 21. On n'en parle pas maintenant mais
on peut en parler à l'article 21. C'est tellement vrai que c'est
là que prend naissa-ce le comité par le libellé qu'a
choisi le gouvernement dans la rédaction de son article, à savoir
que c'est là que les députés de l'Assemblée
nationale sont invités à s'inscrire en faveur d'une des options
soumises, c'est-à-dire à former l'embryon du comité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, dans l'esprit du projet de
loi, celui qui adhère à un comité national adhère
au financement de ses activités référendaires. Si un
électeur, un groupe ou un parti politique peut participer à la
campagne sans nécessairement adhérer à un comité
national, c'est qu'il renonce ou c'est qu'il n'aura pas droit au financement.
J'ai dit à ce moment-là que cela rejoint l'idée du
financement ou l'idée des dépenses et ce thème est
traité à la section II. Pour cette raison je dis aussi que c'est
prématuré et que cela devrait venir plus loin lors de
l'étude du projet de loi. A mon point de vue ce serait donc
irrecevable.
M. Bédard: M. le Président, étant
donné qu'on est présentement à discuter de la question de
la recevabilité et qu'il reste quand même très peu de temps
avant l'ajournement normal, peut-être que cela pourrait permettre... La
nuit peut porter conseil, de part et d'autre aux fins de savoir et d'identifier
peut-être à quel article exactement pourrait le mieux se situer
l'amendement qui est apporté par l'Opposition officielle.
Une Voix: Les libéraux...
M. Bédard: Peut-être, et j'en fais la suggestion: y
aura-t-il lieu d'ajourner nos travaux sine die?
M. Grenier: Excellent!
Le Président (M. Clair): Avant d'ajourner les travaux de
cette commission, j'aimerais savoir, cependant, aux fins de prendre ou de ne
pas prendre en délibéré la question de la
recevabilité de cette motion d'amendement, si d'autres
députés avaient l'intention d'intervenir sur la
recevabilité de la motion. S'il n'y avait plus personne qui avait
l'intention d'intervenir sur la recevabilité de la motion, je prendrais
en délibéré, juste avant d'ajourner.
M. Grenier: ... pour ma part.
Le Président (M. Clair): Je prends en
délibéré la recevabilité de la motion d'amendement
du député de Marguerite-Bourgeoys. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 29)