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Etude des crédits du Conseil
exécutif
(Vingt heures treize minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
se réunit pour étudier les crédits budgétaires du
Conseil exécutif, la partie concernant la réforme de la Loi
électorale, ainsi que du Conseil du statut de la femme.
Les membres de cette commission sont M. Bédard (Chicoutimi)
remplacé par M. Lévesque (Taillon); M. Bisaillon (Sainte-Marie)
remplacé par M. Perron (Duplessis); M. Charbonneau (Verchères);
M. Clair (Drummond) remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Gameau
(Jean-Talon) remplacé par M. Raynauld (Outremont); M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le-vesque
(Bonaventure), M. Paquette (Rosemont) M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda). Comme intervenants, M. Bertrand (Vanier), M. Brochu
(Richmond)...
M. Grenier: M. le Président, voudriez-vous, s'il vous
plaît, mettre Grenier comme intervenant et M. Biron comme membre?
Le Président (M. Jolivet): M. Biron en remplacement de M.
Grenier (Mégantic-Compton) comme membre de la commission; M. Grenier
remplaçant M. Brochu comme intervenant. M. Dussault (Châteauguay),
M. Guay (Taschereau), M. Lavoie (Laval), M. Morin (Louis-Hébert) et M.
Raynauld (Outremont) remplacé par M. Garneau (Jean-Talon).
Cela nous prendrait un rapporteur pour cette commission, s'il vous
plaît. M. Charbonneau (Verchères). M. le premier ministre, la
parole est à vous.
Remarques générales
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, M. le chef
de l'Opposition, M. le chef de l'Union Nationale, chers collègues, je ne
voudrais pas faire de longue introduction, mais simplement souligner d'abord
qu'on s'en teindrait, vu que les autres ministres d'Etat vont s'occuper
d'autres parties des crédits, si vous voulez, au programme 1 : Bureau du
Lieutenant gouverneur. Si le député de Laval vient nous rejoindre
surtout, on pourrait laisser en suspens, en l'attendant le programme 2 qui
traite de la question électorale et du financement des partis
politiques. Programme 3, les organismes-conseils; c'est probablement le coeur
de votre intérêt ce soir, le mien en tout cas. Et puis il y a le
programme 6, qui est CPDQ dont je suis encore le ministre tuteur. C'est le
CPDQ, c'est séparé. (20 h 15)
M. Levesque (Bonaventure): Oui. J'aime autant le garder pour
demain.
M. Lévesque (Taillon): Enfin, c'est comme vous
voudrez.
M. Levesque (Bonaventure): Parce qu'il est très
près de l'OPDQ...
M. Lévesque (Taillon): Oui, tout en l'étant
moins...
M. Levesque (Bonaventure): ... à moins que vous n'ayez
changé les choses.
M. Lévesque (Taillon): ... qu'il ne l'était dans le
sens suivant, c'est que maintenant ils ont le droit, enfin on les a
autorisés à publier leurs avis, ce qui a donné beaucoup
plus de force à la partie consultative, mais aussi à la partie
analyse. Ce serait peut-être une explication à donner.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Lévesque (Taillon): Programme 7, sur lequel Mme Payette
va venir nous rejoindre à la promotion du statut de la femme. Cela va?
Les autres morceaux seront couverts, je crois, par les ministres d'Etat.
Pour peut-être rendre service et répondre d'avance à
une question à laquelle j'ai répondu aujourd'hui, mais
peut-être un peu trop vite, il y avait cinq erreurs à une question
du 24 mai concernant le secrétaire général, les
secrétaires généraux associés, les sous-ministres
nommés entre le 24 mai 1977 et le 30 avril 1978. Je l'ai
déposé en Chambre au début de la séance. Il y a
cinq erreurs. Je vous enverrai les copies corrigées. Mais on a fait
mieux que cela, on a fait la liste, que je voudrais bien remettre aux
représentants de l'Opposition, de secrétaire
général, de secrétaires généraux
associés, sous-ministres, sous-ministres associés, sous-ministres
adjoints aussi nommés depuis le 26 novembre 1976 jusqu'au 14 juin 1978.
Les corrections sont faites. Je pense que cela permettra de voir aussi que,
contrairement à certaines allusions que je comprends mal, il n'y a pas
eu ces excès de chambardement et encore moins de ces assauts de
partisanerie systématiques qu'on semble véhiculer dans certaines
rumeurs.
En tout cas, j'espère que cela pourra servir pour éclairer
le tableau. Ce sont tous les hauts cadres, de sous-ministre adjoint
jusqu'à secrétaire général, qui ont
été nommés. Cela corrige en même temps les cinq
erreurs essentiellement...
M. Levesque (Bonaventure): Nommés ou mutés.
M. Lévesque (Taillon): Nommés, mutés,
déplacés, etc.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on a le chiffre total de
cela?
M. Lévesque (Taillon): Je n'ai pas compté, mais
c'est facile à vérifier.
Le Président (M. Jolivet): On vous distribuera cela
après avoir eu le nombre de photocopies nécessaires.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. le Président.
M. Lévesque (Taillon): C'est tout, j'aime autant
écouter les questions.
M. Levesque (Bonaventure): A moins que quelques membres de la
commission insistent pour des généralités, on pourrait
procéder par ordre indiqué par le premier ministre je suis
d'accord en commençant par le bureau du
lieutenant-gouverneur.
Si le chef de l'Union Nationale insiste pour parler, on va être
obligé de faire comme la dernière fois.
M. Biron: M. le Président, je n'insiste pas pour parler,
mais je crois qu'il serait temps, avant d'étudier chaque programme,
peut-être de poser quelques questions d'ordre général au
premier ministre. C'est peut-être l'endroit approprié, et cela
avance d'autant plus. On en a eu l'expérience hier soir où,
très rapidement, finalement, après cela, on a accepté les
programmes sans trop de questions. Généralement, on savait
où le ministre voulait aller. Dans cet esprit en particulier, je sais
qu'avec...
M. Levesque (Bonaventure): Si on procède comme cela, M. le
Président, peut-être que le premier ministre va vouloir partir
la...
M. Lévesque (Taillon): Non.
Le Président (M. Jolivet): La question posée par le
chef de l'Union Nationale est de savoir de quelle façon on
procède.
M. Biron: J'ai des questions d'ordre général, avant
d'atteindre les programmes, et je crois qu'on va accélérer
finalement la discussion.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que c'est une excellente
idée, mais j'aimerais autant attendre les questions, car je n'ai pas
préparé de laïus préliminaire.
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre doit trouver que
c'est une excellente idée, comme les questions de l'Union Nationale sont
toujours d'excellentes questions!
M. Lévesque (Taillon): Non, mais je présume...
M. Biron: On a des questions intelligentes, surtout, M. le chef
parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, j'ai vu que vous aviez l'air
intelligent, ce soir, à la télévision.
M. Biron: Vous avez le temps de regarder la
télévision, je n'en ai même pas le temps!
M. Levesque (Bonaventure): Vous pourriez utiliser votre temps
à cela, ce serait peut-être mieux.
Le Président (M. Jolivet): Dans ce contexte, compte tenu
qu'on peut parler de généralités, en termes de
questions...
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que c'est le premier ministre
qui est venu passer un examen, ce n'est ni l'un ni l'autre de nous.
M. Biron: C'est cela.
M. Lévesque (Taillon): Je suis prêt pour l'examen,
le mieux possible!
Le Président (M. Jolivet): Donc, pour ce qui est de la
façon de procéder, la parole est à vous, M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Non, je suis sorti du Conseil des
ministres à six heures, je n'ai pas eu le temps de préparer
d'introduction.
Référendum commun avec Ottawa
M. Levesque (Bonaventure): Je vous assure, M. le
Président, que j'aurais préféré l'autre
méthode sur laquelle on semblait s'être entendus, mais, par
contre, si on veut passer aux généralités, j'aurais d
abord une question à poser au premier ministre.
Quelle est sa réaction à la suggestion faite aujourd'hui,
par le premier ministre du Canada, qu'on pourrait avoir un
référendum commun?
M. Lévesque (Taillon): A cette question, je vais devoir
donner une réponse très très rapide. Comme je l'ai dit
tout à l'heure, en répondant au chef parlementaire de
l'Opposition, il y a un instant, on a eu une séance du Conseil des
ministres, entrecoupée d'un caucus, sans compter évidemment le
début de la journée, ce matin en Chambre, séance dont on
est sortis à 18 heures passées. J'avais tout juste le temps de
rapailler le matériel qui m'était nécessaire pour faire
face à cet examen oral. Je n'ai même pas eu le temps de lire
c'est venu sur le fil, m'a-t-on dit et encore moins de faire le
minimum de consultation qui me permettrait de répondre.
Si le chef parlementaire de l'Opposition veut reprendre sa question
demain matin, en Chambre, peut-être pourrait-on faire un peu plus de
millage.
M. Levesque (Bonaventure): Si le premier ministre veut prendre
avis de ma question, il pourrait peut-être accepter une question
additionnelle.
Dans l'intérêt d'une réponse qui serait plus
significative, qui pourrait être plus déterminante,
dans un contexte de transparence si évidemment on
s'entendait sur les conditions de cette action commune ne
préférerait-il pas un tel exercice dans les conditions
idéales? Je ne dis pas qu'il faudrait accepter toutes les conditions,
mais accepterait-il que le peuple québécois soit en mesure de
faire un choix, qui encore une fois pourrait amener des changements profonds,
dans les conditions que lui permettraient d'indiquer réellement son
choix et de la façon la plus démocratique possible?
M. Lévesque (Taillon): Je ne vois pas le rapport. Tout en
étant très sévères les uns pour les autres, parce
qu'il s'agit d'une chose très importante, en coopérant pour
mettre au point la loi 92 qui est une loi de l'Assemblée nationale du
Québec, qui a le droit souverain, c'est un élément de
souveraineté qu'on a de statuer là-dessus, je pense qu'on
prépare un référendum démocratique. Je n'ai pas
encore eu le temps de lire la façon dont M. Trudeau présente
cette espèce de consortium référendaire, mais j'avoue
qu'au départ, instinctivement, je penserais que c'est quelque peu
aléatoire. Enfin, je vous donnerai une réponse plus
élaborée demain.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas l'impression que cela a
été une suggestion faite dans une forme particulière ou
une offre officielle au gouvernement du Québec. J'ai l'impression que
cela a été dans une réponse, dans une émission
Présent à l'écoute, je pense, à Radio-Canada,
mais...
M. Lévesque (Taillon): Au départ, moi je suis
contre. Ecoutez, je vais dire le fond de ma pensée, seulement je n'ai
pas encore lu la réponse de M. Trudeau, je ne peux pas la commenter en
détail puisque je n'ai pas la phraséologie, mais au
départ, tout ce qui, par la porte d'en arrière, pourrait rouvrir
cette idée d'une sorte de référendum pancanadien pour
décider et le gouvernement fédéral est après
tout gouvernement pancanadien de l'avenir d'un peuple qui est d'abord et
avant tout le peuple français du Québec, qui a une
décision à prendre, puis tous les Québécois avec
lui, moi, je serais contre. C'est aussi simple que cela comme réponse
instinctive, si on veut. J'aimerais bien que le chef de l'Opposition, s'il le
veut, revienne avec sa question demain.
M. Levesque (Bonaventure): Parce que je crois qu'on doit revenir
un peu plus tard sur les sujets qui sont normalement de la
responsabilité du ministre d'Etat à la réforme
parlementaire et électorale, on pourrait attendre la réponse du
premier ministre, et on pourrait peut-être avoir certains corollaires
à ce moment-là.
M. Lévesque (Taillon): D'accord.
Le Président (M. Clair): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Le premier ministre a noté tout à l'heure
la loi 92 que nous étudions présentement. Il y a un rapport de
presse, ce matin et je voudrais entendre un commentaire personnel du
premier ministre là-dessus qui dit que, d'après certains
documents publiés par le Parti québécois dont le premier
ministre est en même temps le président, le gouvernement pourrait
faire plusieurs référendums sur le même sujet, pendant un
mandat, alors que l'article 11 de cette nouvelle loi 92, sur une suggestion de
l'Union Nationale, du député de Mégantic-Compton, je
crois, dit "qu'il ne peut y avoir, au cours d'une même
Législature, plus d'un référendum sur le même objet
ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du référendum, lui est
substantiellement semblable".
Est-ce que le premier ministre pourrait expliciter, dans sa philosophie
à lui, dans ses mots à lui, ce que veut dire "objet"? En d'autres
termes, est-ce qu'on pourrait poser une question sur le
fédéralisme statu quo et, un mois après, poser une
question sur la souveraineté-association? C'est un peu ce que je
voudrais me faire expliciter, d'autant plus que la coupure de presse, ce matin,
en fait mention.
M. Lévesque (Taillon): Je n'ai pas l'article, mais il me
semble qu'en trois lignes il est très clair; il dit non seulement sur un
même sujet, mais sur quelque chose qui y correspond à peu
près. Je parle de l'article du projet de loi. "Il ne peut y avoir, au
cours d'une même Législature, plus d'un référendum
sur le même objet ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du
référendum, lui est substantiellement semblable." On ne peut pas
jouer avec les gens. Si l'Assemblée nationale finit d'approuver ce
projet de loi, avec ou sans amendements je crois que l'article 11 a
déjà été approuvé en commission, sauf erreur
c'est la loi du Québec et c'est celle-là qui
prévaudra. Donc, ce que peuvent dire les textes du parti, cela
peut-être des hypothèses d'explications en vue de la formation des
militants. Je dois dire qu'on a, assez gauchement, créé un
certain remous à la commission qui étudie le projet de loi no 92,
parce qu'il y a certaines expressions qui sont gauches. Il y a des
bénévoles qui travaillent sur ces textes. Cela n'a pas toujours
été révisé. Cela fait partie d'une
préparation qui se fait progressivement, qui n'est pas
nécessairement toujours à point. Ce n'est pas la question du
référendum; c'est pour essayer d'expliciter.
Alors, quand on dit une stratégie politique et non une obligation
juridique, je n'ai pas trouvé cela très heureux parce que cela va
beaucoup plus loin qu'une simple stratégie au sens où les
partisans politiques l'entendent. C'est une stratégie au sens où
il s'agit, au sens propre du mot, de quelque chose qui est fondamental; c'est
une opération nationale, ce qui veut dire que les
Québécois, pour la première fois depuis qu'ils existent
comme population, comme peuple identifié, vont avoir à choisir
leur régime. Jusqu'ici, même au 19e siècle, cela a
plutôt été parachuté par des gens qui n'ont
pas consulté la population. Une consultation populaire sur nos
constitutions, on n'en a jamais eu. Pour cette fois, le mot "stratégie "
doit être employé au sens le plus noble. C'est une
stratégie politique. C'est un engagement que le gouvernement actuel a
pris avant d'être élu, de consulter la population du Québec
sur son avenir. Depuis 35 ou 40 ans qu'on en parle. Pas plus qu'une fois par
mandat, et c'est la loi qui le dira. Qu'il puisse y avoir des
référendums successifs, ce n'est pas la première fois que
c'est dit. Cela viendrait après d'autres élections et si
révolution le commande. Cela n'est pas exclu, si cela doit être
requis. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas légitime de le dire.
Ensuite, tout ce que dit ce passage, c'est qu'il peut y avoir des
référendums successifs qui sont comme la progression d'une
émancipation. Si la première réponse est "oui" à un
référendum, ce qui voudra dire qu'on veut la souveraineté
du Québec avec une association nouvelle, il est évident qu'il
faudra une constitution. Dans les démocraties modernes, il est assez
normal qu'on se serve du processus du référendum pour approuver
ou désapprouver un projet de constitution parce que ce sont des
institutions fondamentales. Dans tout cela, je vois certaines gaucheries, mais
il n'y a rien qui contredise le projet de loi no 92.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien...
M. Biron: Je n'ai pas terminé, M. le Président. M.
le Président, j'avais la parole.
M. Lévesque (Taillon): Par définition, ce n'est pas
un document du gouvernement.
M. Biron: M. le Président, si j'ai bien compris le premier
ministre, pour lui, l'objet du référendum peut être la
grande philosophie générale de l'avenir constitutionnel du
Québec. Peu importe le genre de questions, cela veut dire que cela fait
l'objet d'un référendum.
M. Lévesque (Taillon): II n'y en aura pas deux par
mandat.
M. Biron: D'accord. Cela va. Maintenant, j'ai une question
additionnelle. Je voudrais que le premier ministre m'explique un peu plus
clairement ce qu'il a dit tout à l'heure. Je ne sais pas si c'est un
lapsus ou si les mots ont dépassé sa pensée. Il a dit que
le peuple francophone québécois pourra décider de son
avenir.
M. Lévesque (Taillon): Non, je dis que, fondamentalement,
c'est une option qui est reliée à l'avenir d'une
société française qui est la nôtre, mais cette
option doit être examinée et éventuellement
approuvée ou désapprouvée par l'ensemble des
Québécois, c'est-à-dire tous ceux qui habitent le
Québec et qui ont le droit de vote.
M. Biron: Tout à l'heure, le fait qui a frappé mon
oreille c'est que vous avez mentionné québécois
francophone, mais...
M. Lévesque (Taillon): On ne commencera pas les
discussions sur...
M. Biron: Je voulais juste que vous précisiez pour
être bien cité par nos amis des media, que ce sont
véritablement tous les Québécois. (20 h 30)
M. Lévesque (Taillon): D'accord, je vous remercie de me
demander la précision parce qu'il y en a qui ont l'oreille
extraordinairement facile à écorcher là-dessus. Ce n'est
pas compliqué. Quant à moi, je l'ai déjà dit et il
me semble que le bon sens le dit. Ce sont les gens qui vivent dans le
Québec, qui habitent au Québec, qui paient leurs taxes, qui
votent au Québec et qui tiennent à rester au Québec au
point de participer à la décision sur son avenir. Au fond de
cela, à moins que l'on soit des autruches, il y a quand même les
deux peuples au Canada. Or, un de ces deux peuples est centré sur le
Québec. C'est un peuple français et c'est la majorité du
Québec. C'est son avenir qu'il s'agit de décider essentiellement
en même temps que celui de tout le Québec. Du côté
anglophone, à l'intérieur d'un pancanadianisme majoritairement
anglais, il n'y a pas le même problème. Je pense que cela saute
aux yeux.
Le Président (M. Jolivet): Sur le même sujet. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Sur le même sujet, le premier ministre vient de
dire qu'il n'y aura pas deux référendums pendant le même
mandat. Si je me réfère à l'article, il semble que ce soit
un document qui existe, effectivement, auquel on s'est
référé.
M. Lévesque (Taillon): II existe. Terriblement.
M. Roy: On parle d'un référendum sur le principe
même de la souveraineté, qui débloquerait la situation
actuelle et enclencherait le processus. C'est ce qu'on dit dans l'article. Un
second référendum porterait sur la future constitution et un
autre éventuel pourrait porter sur les accords avec le Canada. Alors, si
on parle de mandats différents, cela veut dire qu'il faudrait trois
mandats pour régler la question.
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Roy: Non, ce sont trois sujets différents. Je suis bien
d'accord.
M. Lévesque (Taillon): Si c'est le premier dont on parle
qui serait sur la souveraineté-association, d'une façon ou de
l'autre, l'option que le parti que nous sommes, le Parti
québécois, depuis onze ans maintenant et plus il y en
avait d'autres qui avaient commencé avant défendons, par
conséquent, avec le pour et le contre, il porterait essentiellement
là-dessus. C'est le premier référendum. Il n'y en aura pas
deux dans le même mandat. Si celui-là dit oui, il n'y a rien qui
exclut qu'il y en ait un sur une constitution.
Si les Québécois veulent se donner une structure qui leur
appartienne exclusivement, au point
de vue politique, il faut tout de même que ce soit encadré
par des institutions nouvelles, celles qu'on aura décidé de se
donner, y compris, par exemple, peut-être une charte des droits, etc.,
beaucoup plus détaillée. Ce n'est pas seulement à Ottawa
qu'on peut penser à des choses qui touchent les droits fondamentaux des
citoyens des collectivités. Il me semble que cela fait partie de
l'honneur d'un peuple de penser à ces choses. Cela s'incorpore dans des
constitutions. Il n'y a rien qui exclurait qu'il y ait un
référendum sur une constitution, une fois la première
décision prise.
M. Roy: Cela pourrait être dans le même mandat.
M. Lévesque (Taillon): Oui, si la réponse
était positive. Cela s'enchaîne logiquement.
M. Roy: Non, je comprends que ce n'est pas le même objet.
Je comprends cela.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est plus du tout le même
objet. Les accords? Je ne sais pas d'où cela sort. C'est pour cela que
je vous dis qu'il y a des gaucheries là-dedans. Il n'est pas impossible
qu'un jour on décide, s'il y a une association avec le Canada,
forcément, qui prenne telle ou telle forme technique et politique,
sûrement, que sur cela aussi il y ait une consultation. Cela
découlerait d'un référendum essentiel. Il n'y en aura pas
deux sur l'essentiel.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton, sur le même sujet.
M. Grenier: On a répondu assez largement à la
question que je me proposais de poser, par le chef de l'Union Nationale et cela
a été complété par le député de
Beauce-Sud. Tout ce problème a été soulevé ce
matin, quand j'ai lu l'article. J'ai demandé des explications au
ministre. Quelques minutes plus tard, cela a déclenché une motion
proposée par le député de Laval. Ce que vous me donnez
là ce soir, je pense que cela tranche la question de façon
définitive et très claire. Si le premier référendum
qui porterait sur la souveraineté recevait un oui, à ce
moment-là, cela pourrait impliquer d'autres référendums
qui arriveraient avant la fin du mandat, mais on ne tricoterait pas une
espèce de référendum qui permettrait à tout le
monde de dire oui avec quelque chose de très large pour ensuite passer
à un autre au cours du même mandat.
Alors, le mot "objet" est un mot familial qui voudrait tout cela, en
fait, ce qui est dit dans l'article.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela. Je voudrais de nouveau
souligner je suppose que le ministre de la Justice a dû avoir
l'occasion d'en parler un peu en commission...
M. Grenier: C'était l'Opposition officielle. M.
Lévesque (Taillon): ... que le ministre des
Affaires intergouvernementales a eu quelque chose à dire aussi en
dehors de la Chambre. Je voudrais simplement souligner ce que les autres ont
dû souligner, mais enfin on est bien d'accord là-dessus que ce qui
prévaut, c'est le texte de l'article en question dans le projet de loi.
A partir du moment où c'est la loi, ce sera la loi pour tout le monde,
à commencer par le gouvernement qui l'a proposée, même si
l'amendement venait du député et que ce texte n'a rien
d'officiel. C'est une réflexion par des bénévoles qui se
sont laissés aller à penser à ces choses pour
réfléchir avec d'autres militants. Cela n'engage en rien ni
l'Assemblée nationale, bien sûr, ni le gouvernement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Simplement pour formuler une remarque à la
suite de l'intervention du député de Mégantic-Compton qui
est assez importante à mon sens. J'espère que les membres de
l'Opposition officielle pourront transmettre le compte rendu de la discussion
qui vient d'avoir lieu au député de Laval. Peut-être qu'il
va pouvoir retirer sa motion demain matin et qu'on va pouvoir travailler un peu
plus efficacement par la suite.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne vois pas dans ce qui s'est dit
ce qui va changer la procédure, la stratégie, le fond de la
politique du Parti libéral du Québec...
M. Lévesque (Taillon): Je n'ai pas vu la motion.
M. Charbonneau: Vous laisserez votre motion dans ce cas.
M. Levesque (Bonaventure): ... I attitude parlementaire en
particulier, etc., ect.
M. Paquette: M. le Président, c'est parce que la motion
avait pour but justement de faire clarifier par le premier ministre la position
sur ce qu'on a appelé, nous, à la commission, une tempête
dans un verre d'eau. Comme le député de Mégantic-Compton
vient de le dire, il me semble que la situation est suffisamment
clarifiée pour qu'on puisse continuer à étudier le projet
de loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef du Parti
libéral, avez-vous d'autres questions d'ordre général ou
si on continue?
M. Lavoie: J'aurais une question. J'arrive. Je ne voudrais pas
répéter, si la question a été posée.
J'aurais peut-être une directive à vous demander, M. le
Président. On dit que la Chambre doit être étrangère
à ce qui se passe dans une commission. Ici, est-ce que la même
commission est étrangère à ce qui se passe dans la
même commission?
M. Paquette: Cela ferait votre affaire.
M. Lavoie: Non, M. le Président. La seule chose, c'est que
si nous avons fait cette motion cet après-midi, c'est que cet article de
journal nous a un peu tracassés du fait...
M. Lévesque (Taillon): Nous autres aussi.
M. Lavoie: Elle vous a tiraillés un peu? Il est dit, dans
un document de formation politique préparé à l'intention
des associations de comté et dont le Devoir a obtenu copie, que le
comité central du parti, en l'occurrence le Parti
québécois, va plus loin que le chapitre 2 du programme quant aux
modalités d'accession à l'indépendance et
révèle l'essentiel...
M. Lévesque (Taillon): ... comité central, il va
dire Politburo.
M. Lavoie: Ce n'est pas moi qui l'ai dit de toute façon...
et révèle l'essentiel de sa stratégie
référendaire. C'est le parti. Sous le thème:
Québécois, demain nous appartient, le document rappelle dans un
premier temps que la promesse de tenir un référendum n'est qu'une
stratégie politique et non une obligation juridique. On peut comprendre
qu'il n'y a pas d'obligation juridique, mais ce qui nous embête, c'est
que l'opération référendaire serait une stratégie
politique. J'ai demandé au ministre de la Justice si ce document
existait. Il nous a dit que le document existait. Je lui ai demandé de
réfuter cette dernière partie si c'était faux que, dans le
document, il était dit que la tenue d'un référendum n'est
qu'une stratégie politique. Il ne l'a pas réfutée.
Lorsqu'on arrive au point où la personne à qui je
m'adresse avec beaucoup d'humilité ce soir est en même temps
président du Parti québécois, donc liée j'imagine
à un parti politique, à un comité, appelez-le comme vous
voudrez, conseil général ou comité central. Vous
êtes quand même le président de cette instance et, en
même temps, vous êtes le président ou le chef du
gouvernement.
M. Charbonneau: Pas encore.
M. Lavoie: Chef du gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): Etape par étape.
M. Lavoie: Président du Conseil exécutif.
M. Paquette: Cela commence à entrer. Cela fait son chemin,
tranquillement.
M. Perron: C'est vrai que ça commence à entrer.
M. Lavoie: Mais en dehors de ces taquineries, peut-être
voulues d'ailleurs...
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que le
député... M. Lavoie: ... je me demande qu'est-ce qu'on
fait, nous, à étudier un grand scénario
référendaire. On n'a pas tellement de temps à perdre, vous
savez.
M. Lévesque (Taillon): Je vais résumer très
rapidement, parce que le député de Laval pourrait peut-être
reprendre ce qui a été dit tout à I heure. Cela a
été consigné. On a passé dix minutes, sinon quinze
minutes là-dessus. Je résume rapidement. J'ai dit, d'abord, que
"n'est qu'une stratégie politique et non une obligation juridique",
c'est, le moins qu'on puisse dire, gauchement formulé, parce que "n'est
qu'une" signifierait quelque chose qu'on diminue un peu. En fait, ce n'est pas
cela du tout. C'est vrai que ce n'est pas une obligation juridique. Je pense
que là-dessus il n'y a pas de discussion. Mais, quand on voit à
Ottawa, à Québec, un peu partout, nos amis d'en face, tout le
monde non seulement s'intéresser, mais se préoccuper du poids
politique et du poids moral collectif du référendum, si c'est une
stratégie, c'est une stratégie au plus haut niveau et cela engage
tout l'avenir d'un peuple, possiblement.
C'est mal formulé, ce n'est pas un texte par lequel le
gouvernement est tenu, le parti non plus. J'ai expliqué tout à
l'heure que cela a été fait en grande partie par des
bénévoles qui s'habituent en ce moment à préparer
des textes de discussion pour les militants entre eux. Pour ce qui est de la
suite, qui parle de référendums successifs, etc., je ne me
répéterai pas. On a passé dix minutes à expliquer
au départ une chose. C'est qu'à partir du moment où le
projet de loi no 92 deviendra loi, c'est l'article qui dit: Sur le même
objet ou sur un objet substantiellement pareil, il ne peut pas y avoir plus
qu'un référendum par mandat. Autrement dit, il n'y en aura pas
deux, il n'y en aura pas trois à l'intérieur d'un même
mandat. Qu'il puisse y en avoir un éventuellement sur la constitution,
cela on en a parlé. Peut-être que je pourrrais
référer le député à ce qui a
été dit pendant les quinze dernières minutes.
M. Lavoie: D'ailleurs, dans ma question, si le premier ministre
se le rappelle bien, je ne vous ai pas parlé des
référendums successifs. Je m'attends qu'on respecte la loi. Moi,
je vous pose la question...
M. Charbonneau: Ce n'est pas cela que vous disiez cet
après-midi.
M. Lavoie: Voulez-vous demander à vos gamins de rester
tranquilles?
M. Charbonneau: Cela vous énerve.
Le Président (M. Jolivet): C'est moi qui fais cela.
M. Lavoie: Je m'adresse à vous par le canal de la
présidence de la commission. Je ne vous ai pas parlé des
référendums successifs; je présume que vous allez
respecter l'article 11. Mais voici, ce qui me chicote: on a consacré
quand même des
heures et des heures pour étudier une loi-cadre; je ne voudrais
pas que ce projet de loi ne devienne qu'une stratégie politique.
M. Lévesque (Taillon): Je viens de réexpliquer.
M. Lavoie: Attention. Par contre, j'ai lu dans un autre quotidien
qui s'appelle la Presse, que ce document a été tiré
uniquement à 2000 ou 3000 copies qui ont été
distribuées sur le volet à des gens très...
Une Voix: Pas à des libéraux.
M. Lavoie: Est-ce que ce sont seulement des gestations de
bénévoles, comme vous venez de nous le dire?
M. Lévesque (Taillon): Non, il y a de tout
là-dedans, y compris du travail de bénévoles. C'est un
premier ou un deuxième cahier, un "kit " comme dirait le ministre de
l'Agriculture.
M. Lavoie: Le "kit " du vendeur du référendum.
M. Lévesque (Taillon): Oui, si on veut, pourquoi pas! J'ai
l'impression que nos amis d'en face vont essayer de vendre tout ce qu'ils
peuvent dans l'autre sens.
M. Lavoie: On va peut-être le vendre d'une manière
plus sérieuse.
M. Lévesque (Taillon): C'est déjà
passablement commencé, mais ce sera peut-être sérieux le
jour où vous aurez quelque chose à dire. Pour l'instant, on
essaie d'approfondir, avec des bénévoles, dont les textes peuvent
avoir des gaucheries, et sans le moindre secret. Il y a peut-être eu 2000
ou 2500 exemplaires. C'est tellement secret que, l'autre jour, j'étais
avec des hommes d'affaires que cela intéressait, dans le comté de
Taillon, et je leur ai dit: II y a quelque chose comme cela je l'avais
en main je peux vous en envoyer une copie à chacun. Je ne pense
pas que cela enfreigne les règlements du parti ni le grand secret, au
contraire.
M. Lavoie: S'il n'y a pas tellement de secrets dans cela...
M. Lévesque (Taillon): II n'y en a pas eu assez sur ce
passage!
M. Lavoie: D'accord, mais, pour nettoyer un peu
l'atmosphère, ne serait-il pas possible que nous en ayons une copie,
pour la bonne marche des travaux de la commission parlementaire?
M. Lévesque (Taillon): Je comprends donc! Mais on mettra
un erratum quelque part.
M. Lavoie: Des corrections...
M. Fallu: Est-ce que je pourrais suggérer au
député de Laval de prendre une carte de membre du Parti
québécois!
M. Lavoie: C'est qu'on est fatigué d'être un peu
dans le brouillard. On veut savoir... Vous savez, une opération
référendaire, c'est un mécanisme démocratique. Vous
êtes d'accord?
M. Paquette: Ecrivez à l'un des membres de votre
comté, il doit en avoir!
M. Lavoie: C'est un mécanisme peut-être beaucoup
plus délicat que certains apprentis-sorciers du Parti
québécois qui veulent en faire un écran ou un instrument.
C'est un instrument démocratique beaucoup plus délicat que
l'élément d'élection, parce qu'au lieu de juger des
hommes, on juge un concept ou une décision d'un peuple.
M. Lévesque (Taillon): C'est tellement délicat et
c'est tellement sérieux, je suis d'accord avec le député
de Laval, que quand j'ai vu, par exemple, des collègues d'un autre
niveau du Parti libéral et, pour ne pas le nommer, un ministre comme M.
Marc Lalonde, rire aux éclats quand il présentait son
contre-projet de référendum en disant: On vient de leur jouer un
bon tour, je n'ai pas trouvé que cela faisait très
sérieux.
M. Lavoie: Non, mais est-ce que vous êtes d'accord qu'on
est au Parlement du Québec actuellement?
M. Lévesque (M. Taillon): Ce qui veut dire que, pour nous,
c'est fondamentalement sérieux.
M. Lavoie: Est-ce qu'on est au Parlement du Québec
actuellement?
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais c'est que je me
référais à certaines questions de votre chef
parlementaire, avant que vous arriviez.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai jamais parlé de M. Marc
Lalonde.
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire sur les
idées de M. Trudeau, dont on parlera demain.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais vous m'avez dit que vous ne
me répondriez pas ce soir.
M. Lévesque (Taillon): Je parlais de choses que je
connais, non pas de celles qui sont arrivées aujourd'hui.
M. Levesque (Bonaventure): C'est une bonne habitude!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont... Vous avez terminé?
M. Lavoie: Pratiquement. Depuis le début du cheminement de
l'opération référendaire qui date
d'un peu avant le 15 novembre et après le 15 novembre, je pense
que c'est normal, pour une équipe d'Opposition, sur un mécanisme
qui doit être, à mon point de vue, le plus limpide possible, qu'on
veuille avoir et qu'on exige du gouvernement, si ce n'est pas trop
lui demander, le plus de clarté possible.
Je donnais, comme exemple, cet après-midi, où cela a
été mis en marche, dans certains pays démocratiques: en
Angleterre, au Danemark; en Norvège, en Australie, en Irlande, où
il n'y a eu aucun affrontement sur la question de la mise en place du
mécanisme référendaire. (20 h 45)
M. Lévesque (Taillon): Deux fois, mais en tout cas!
M. Lavoie: Bon, entre autres, sur le Marché commun, mais
pour les plus récents. Cela a été pratiquement unanime
dans les Chambres, la loi anglaise avait deux ou trois pages seulement la
question était connue, la date était connue. C'est un peu pour
cela, peut-être, que nous demandions une loi spécifique, au lieu
d'une loi-cadre. Mais, ne reconnaissez-vous pas avec nous que, depuis le
début, on est dans la soupe ou dans le brouillard? On ne connaît
pas la date; cela on vous la laisse la date, d'accord?
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Lavoie: On ne connaît pas la question. M.
Lévesque (Taillon): Non.
M. Lavoie: On ne sait plus à quoi s'en tenir à
certains moments. Vous nous parlez de souveraineté-association, le
ministre des Finances nous parle d'indépendance, le député
de Rosemont nous a parlé de confédération...
M. Paquette: Vous en lirez la définition!
M. Lavoie: Même la souveraineté-association, vous
reconnaîtrez avec moi qu'il peut y avoir 25 sortes de
souveraineté-association, comme il peut y avoir 25 sortes de
fédéralisme. Le fédéralisme américain ou le
fédéralisme canadien, indien ou ouest-allemand, il y a une
variété là-dedans.
M. Lévesque (Taillon): On va assurément envoyer le
cahier bleu au député de Laval et, aussitôt qu'il y aura
d'autre matériel qui peut servir à nos militants, moi je m'engage
à en envoyer des exemplaires au députe de Laval aussi pour qu'il
suive le processus et qu'il puisse nous critiquer.
M. Lavoie: C'est tellement peu limpide, suite à ce qu'on
nous dit ce matin que l'opération référendaire n'est
qu'une stratégie politique. C'est dans un document de votre parti. Dans
les autres Parlements, sur les questions référendaires
récemment, il n'y a pas eu de demande comme on en a faites en commission
parlementaire où cela a été refusé, entre autres
les deux tiers de la Chambre pour une opération mécanisme
démocratique, consultation aussi importante que le
référendum. Cela nous a été refusé qu'une
question n'appelle qu'un oui ou un non. Cela nous a été
refusé, une question même sur un référendum-cadre
où on obtient automatiquement l'opinion de la Commission des droits de
la personne; cela a été non. On sait tellement peu où on
va que même l'Union Nationale ne sait pas si elle va dire oui ou non
à la question.
M. Lévesque (Taillon): Bien non, d'accord, on verra.
M. Biron: Votre chef non plus. M. Lévesque (Taillon):
On verra.
M. Lavoie: Même M. Ryan ne le sait pas. Vous pensez qu'il y
a une limpidité dans le débat...
M. Paquette: Vous le saviez avant le congrès. M. Biron:
M. Ryan va s'abstenir, lui.
M. Lévesque (Taillon): Je suis obligé de
reprendre...
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Lavoie: Moi je vous connais peut-être plus que M. Ryan,
je suis un interlocuteur plus privilégié. Moi, comme je vous
connais, cela va être non, M. Ryan ne le sait pas encore, parce qu'il ne
vous connaît pas encore assez; étant dans l'arène, moi je
tiens au départ que cela va être non. Cela va être non
à votre disposition...
M. Lévesque (Taillon): Au référendum? M.
Lavoie: Oui.
M. Lévesque (Taillon): Ah bien! vous le tenez pour acquis;
moi je tiens pour acquis, mais sans prétendre être aussi fort en
prophétie que vous l'êtes, deux choses. Je vais revenir quand
même à certaines des évocations spécifiques que
vient de faire le député de Laval, je tiens pour acquis que, tout
en n étant pas complètement idiot, on sait qu'on a une côte
à monter encore pour gagner le référendum. De toute
façon on croit, nous, que cette côte s est amenuisée par
rapport au vote de 1976, c est notre perception, puis ce sont certains sondages
qu'on fait aussi, comme d'autres partis en font, qui nous donnent cette
impression, mais on a du travail à faire. On va le faire de notre mieux.
Je suis sûr, à un moment donné que je l'ai
déjà dit, puis je vais le répéter aussi simplement
que je le pense, on mettra dans les deux plateaux de la balance une question
claire qui sera articulée autour de l'option que le Parti
québécois défend depuis onze ans, on ne le changera pas.
En onze ans de travail, on s'est arraché le coeur pour véhiculer
cette option et jamais la cacher,
pas même au moment des élections de 1976. On ne chambardera
pas cela pour le plaisir de la chose. Cela va être axé
là-dessus.
Je suis convaincu qu'on a à condition de travailler
très fort, de ne pas faire trop de gaucheries de très
bonnes chances de gagner ce référendum légitimement; je ne
crois pas que la marge soit très large, mais j'ai l'impression qu'on va
le gagner. Cela c'est chacun son opinion. Je pense que, légitimement, on
a seulement à partir de là et dire. On travaille chacun de son
côté. Si vous êtes férocement contre et que vous
continuez de l'être jusqu'au bout, quelle que soit la question, continuez
de vous battre contre, avec les alliés que vous aurez, dans le paysage,
puis nous aussi. Je pense que cela est de bonne guerre.
Maintenant, revenons aux références spécifiques que
le député de Laval a faites à une loi-cadre, par exemple.
On a choisi une loi-cadre plutôt qu'une loi spécifique ou une loi
sur une question spécifique; c'est un débat qui a
déjà fait l'objet de je ne sais combien de discussions. Je ne
sais pas pourquoi on le reprendrait là, le projet de loi est là,
il a été approuvé en deuxième lecture, sauf erreur.
Donc le fondement de ce projet de loi, il est là. Moi j'ai bonne
confiance qu'avec bonne foi des deux côtés, et en surveillant
sévèrement même des accidents de parcours comme cela, on
peut aboutir avant trop longtemps. Il y avait une impatience que manifestaient
les gens de l'Opposition à ce que cette loi soit finalement
approuvée, en l'améliorant autant que faire se peut.
M. Lavoie: Ce sont les règles normales du jeu.
M. Lévesque (Taillon): Oui, oui. Comme il s'agit d'une
loi-cadre, il ne peut pas être question de toujours indiquer d'avance que
cela demanderait un oui ou un non, parce qu'il peut y avoir des
référendums sur divers sujets. On voudrait que ce soit une loi
polyvalente. Cela n'exclut pas, par exemple, ce que le député de
Maisonneuve, leader parlementaire, et votre serviteur ont déjà
dit, c'est que préférablement on n'est pas rendu à
le formuler parce qu'on ne veut pas avoir des
questions-accordéons qui mêleraient le monde ce soit une
question, quelle qu'elle soit, qui appelle un oui ou un non. On ne veut pas le
mettre dans une loi-cadre puisqu'une loi-cadre doit ouvrir la porte à
plusieurs possibilités sur bien des sujets.
Mais, sur ce sujet, tout en ne le mettant pas dans la loi, il y en a
deux d'entre nous déjà et on parlait au nom du
gouvernement qui ont dit leur préférence pour que,
justement, ce soit un référendum qui ait la chance d'être
décisif, donc d'appeler un oui ou un non et non pas des peut-être
bien.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je suis heureux que le
premier ministre ait mentionné son intention de faire parvenir un
document au député de Laval parce qu'il pourra trouver une
définition des termes "indépendance,
souveraineté-association, Confédération"...
M. Lavoie: Quel document me faites-vous parvenir? Le document du
Devoir?
M. Paquette: ... et voir que ce n'est pas... Oui, c'est cela.
M. Lavoie: C'est le document du Devoir que vous allez me faire
parvenir?
M. Paquette: Oui...
M. Lévesque (Taillon): II y a certains passages qui ne
sont pas bien bons.
M. Lavoie: Voulez-vous me l'autographier, s'il vous
plaît?
M. Paquette: M. le Président, simplement...
M. Lévesque (Taillon): J'aime mieux formuler des voeux
pour que cela aide à vous éclairer.
M. Lavoie: Vous avez besoin de la baie James pour cela, je vous
avertis.
M. Paquette: Dans ce document, M. le Président, le
député de Laval pourra trouver une définition de
l'indépendance, de la souveraineté, de la
souveraineté-association, de la Confédération, et il
pourra voir comment tout cela se marie dans l'option du Parti
québécois.
Maintenant, simplement pour clarifier une dernière chose
et je pense que le premier ministre pourrait le confirmer le document
dont on a parlé dans le Devoir, on a dit que c'était la position
du Parti québécois, alors que cela évoquait un certain
nombre d'hypothèses. A ma connaissance, cela n'a jamais
été adopté par aucune instance décisionnelle du
parti. D'abord, le comité central, au parti, cela n'existe pas. A ma
connaissance, le conseil national non plus ni encore moins un congrès
n'a approuvé un tel document, d'autant plus que c'est un document qui
fait référence à des hypothèses. Je pense que vous
aviez une marge assez mince pour bâtir toute l'argumentation et la
tempête dans un verre d'eau que vous avez faite cet
après-midi.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
Réforme des ministères
M. Biron: J'aurais une autre question à poser au premier
ministre, sur un autre sujet. A propos de la réforme de l'appareil
gouvernemental en général, on sait, on a entendu, en tout cas on
a vu dans les journaux, il y a déjà à peu près un
mois, que le premier ministre ou le gouvernement avait l'intention d'apporter
des réformes importantes à l'appareil gouvernemental en
créant de nouveaux ministères et en appelant, surtout à la
tête d'un
comité de la réforme, un sous-ministre qui est
actuellement à l'Education, M. Pierre Martin. Est-ce que le premier
ministre voudrait nous faire part, à cette commission, des intentions du
gouvernement concernant la réforme globale de ces différents
ministères et nous dire s'il va créer de nouveaux
ministères au cours de la prochaine année?
M. Lévesque (Taillon): La réponse va être en
vrac un peu, mais je vais essayer de donner tous les éléments
disponibles. Je dis que cela va être en vrac parce que, pendant
l'été, pendant l'ajournement, après les consultations
nécessaires, on verra où on s'en va avec cela. Il y a d'abord
l'expérience qui dure depuis 18 mois des ministres d'Etat qui sont
regroupés, avec deux ou trois de leurs collègues, y compris votre
serviteur, dans le comité de priorités à l'occasion. Cette
expérience, qui correspond à ce qu'on appelle un "inner Cabinet"
ailleurs, qui correspond à une expérience qui a été
faite en Ontario, qui correspond d'une certaine façon au comité
de priorités qu'on a au gouvernement fédéral, on pourrait
même dire que cela correspond un petit peu au gouvernement
américain d'une autre façon, parce que tous les gouvernements
sentent ce besoin de concentrer certaine coordination des priorités. Il
y a dix, douze ministres, aux Etats-Unis, pour 215 millions d'habitants. Mais
à la Défense, il y a un sous-secrétaire à l'air
je prends cet exemple à la mer, aux forces terrestres et
il y en a probablement deux ou trois autres.
Donc, d'essayer de concentrer la coordination tout en gardant une
polyvalence de départements, je pense que c'est une expérience
qu'on est obligé de faire dans n'importe quelle société
moderne. Il y a actuellement cinq ministres d'Etat. Cela a permis une
coordination on ne peut pas conclure encore qui, je pense,
n'existait pas avant, qui s'améliore. Cela a permis de bâtir pas
mal de projets intersectoriels. Par exemple, le recours collectif, qui
était très complexe il y avait déjà eu des
projets autour de cela impliquait une coordination, entre autres, avec
le ministère de la Justice et certains autres collègues; la
protection de la jeunesse impliquait les Affaires sociales et la Justice;
l'assurance automobile où il y avait le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières mais
aussi les Transports, avait des implications judiciaires. Les ministres d'Etat
je parle du domaine social ont aidé à coordonner et
à faire avancer ces projets intersectoriels. C'est leur travail
essentiel. Le livre blanc sur la culture, peu importe la discussion qui
commence à s'articuler autour, c'est quand même un travail de
plusieurs ministères, mais qui a été coordonné
grâce à l'équipe d'un ministre d'Etat. En économie,
ce qu'on appelle OSE, le programme de stimulation de l'emploi, impliquait
littéralement...
M. Raynauld: Ce n'est pas osé.
M. Lévesque (Taillon): Presque. ...tous les
ministères qui ont une vocation économique et quelques autres. Il
fallait que ce soit coordonné.
Les ministres d'Etat ont servi à cela. Je pourrais continuer: il
y a le zonage agricole, l'aménagement et l'urbanisme. Du
côté électoral, la télédiffusion des
débats impliquait peu importent les accidents de parcours, les
Travaux publics, etc. tout cela avait besoin de coordonnateurs. Les
ministres d'Etat de plus en plus font ce travail avec leurs petites
équipes d'une façon qui donne des résultats.
J'ai dit dans le discours inaugural qu'il ne faut pas multiplier
inutilement les structures, mais il y a également deux grandes
préoccupations de notre époque auxquelles aucune
société ne pourra échapper pendant la fin du 20e
siècle: un, c'est I'environnement et deux, c'est l'énergie. Je ne
les mets pas par ordre de priorité. Je dis simplement qu'il y en a au
moins deux qui crèvent les yeux. On ne serait pas les premiers à
avoir quelque chose qui soit la coordination ministérielle des
problèmes de l'énergie. Dieu sait! Il suffit de regarder
I'expérience des autres. La même chose pour I'environnement. Nos
prédécesseurs avaient déjà une loi de
l'environnement. Une des questions auxquelles on va essayer de répondre
cet été, c'est: Est-ce que ces deux grands domaines ne
méritent pas d'avoir un statut de ministères autonomes? On verra
cet été, mais, encore une fois, il s'agit de ne pas multiplier
inutilement les structures. Cela peut amener, dans cette espèce de jeu
de dominos que sont les ministères, des changements additionnels. Comme
je l'ai dit dans le discours inaugural, j'espère qu'on pourra
présenter quelque chose qui soit bon pour un bout de temps, on
l'espère, avant la fin de l'année. Pour ce qui est de la
nomination de M. Martin, il s'occuperait justement de nous aider à
examiner le fonctionnement de l'appareil gouvernemental, enfin, les centres de
décision. C'est ce que faisait M. Rompré jusqu'à ce qu'il
soit tout récemment nommé il était
secrétaire général associé sous-ministre de
I'Immigration. J'ai donné en vrac les éléments dont on
dispose en ce moment.
M. Biron: Cela veut dire que M. Martin serait
éventuellement responsable du comité des réformes
administratives.
M. Lévesque (Taillon): Je ne peux pas le nommer avant que
le Conseil des ministres soit d'accord, mais, si mes collègues sont
d'accord, cela va être bientôt.
M. Biron: Je crois que le premier ministre, il y a une quinzaine
d'années, lorsqu'il était ministre d'un autre gouvernement,
parlait de réformes de l'appareil gouvernemental. Si j'ai bien compris
ce qu'il nous a dit tout à l'heure, cela veut dire qu
éventuellement on pourrait peut-être, ici au Québec, au
cours des années, selon sa philosophie c'est beaucoup plus sur
une question de philosophie générale que je voudrais l'entendre
répondre avoir sept, huit ou neuf superministres avec toute une
série de ministre juniors, parce que vous avez mentionné tout
à l'heure le système américain.
M. Lévesque (Taillon): Ce ne serait sûrement pas
exclu dans un régime qui se donnerait ses propres institutions et qui
aurait le droit de se les donner au complet, mais on n'est pas rendu là.
On ne reprendra pas la discussion de tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): Avez-vous d'autres
questions?
M. Biron: Oui, j'ai une dernière question
là-dessus. Le premier ministre a mentionné l'énergie et
l'environnement. Est-ce qu'il prévoit aussi avoir un véritable
ministère des loisirs? J'ai vu aussi en fin de semaine qu'il
était question de s'occuper en particulier de l'Age d'or. Est-ce
qu'éventuellement on pourrait avoir, dans cette réforme de
l'appareil gouvernemental un ministre associé à l'Age d'or ou aux
personnes âgées dans sa philosophie générale?
M. Lévesque (Taillon): Oui. A ce compte-là, il y a
le logement, il y a plusieurs domaines comme cela. C'est pour cela que j'ai
évoqué l'image de dominos. D'une autre façon, on pourrait
parler de casse-tête chinois. C'est à repenser et cela ne se fait
pas au coin de la table. Ce n'est sûrement pas à la fin d'une
session, lorsqu'on travaille tous d'arrache-pied les uns et les autres pour
essayer de terminer la partie de notre programme qu'on peut faire encore
pendant une semaine qu'on peut faire cette réflexion. Il y a toutes
sortes d'éléments qui sont là. J'ai donné ceux qui
étaient le plus clairement disponibles. Quant aux autres, on va essayer
de les mettre ensemble cet été. On verra où cela nous
mène.
M. Roy: Additionnelle sur le même sujet.
Le Président (M. Jolivet): Sur le même sujet. (21
heures)
M. Roy: Si on me le permet, M. le Président. Le premier
ministre a parlé, à la suite des questions du chef de l'Union
Nationale, de l'environnement, de l'énergie. Est-ce que le premier
ministre songe éventuellement à doter le Québec d'un
véritable ministère des Consommateurs? Je sais très bien
que cela fait l'objet de représentations. Alors que le Parti
québécois faisait partie de l'Opposition, très
réduite à ce moment-là, il y a eu des questions de
posées à l'Assemblée nationale. En ce qui me concerne,
j'ai toujours eu de la difficulté à comprendre comment on pouvait
associer l'intérêt des consommateurs avec les institutions
financières.
M. Lévesque (Taillon): II y a plusieurs
incohérences dans nos structures ministérielles. On ne
prétend pas inventer le monde parce qu'on est maintenant au pouvoir. Je
pense que ce n'est pas d'hier que c'est noté. Il y a même des cas
où cela a purement été des préférences
personnelles qui ont amené il n'y a rien qui dure comme le
permanent parfois certaines de ces incohérences ou de ces curieux
mariages. Le cas de ce ministère que mentionne le député
de Beauce-Sud en est un qui est flagrant. Quand on parle de loisirs et qu'on
voit chasse et pêche, loisirs et tourisme, qui est un secteur
plutôt d'économie, de développement économique dans
le monde d'aujourd'hui, on peut se poser des questions aussi. C'est pour cela
que, quand on parle de loisirs, de sports, de consommateurs, etc., tout cela
fait partie de ce travail d'imbrication qui va peut-être demander de
désimbriquer des choses et de les imbriquer autrement et sur lesquelles
on n'est pas encore mûrs. On espère l'être un peu,
convenablement, au moins pour une étape, avant la fin de
l'année.
M. Roy: Est-ce que, d'ici à la fin de l'année,
effectivement, le gouvernement sera un peu plus fixé sur cette
question?
M. Lévesque (Taillon): II a besoin.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Une question
additionnelle. Je pense que c'était le député de
Lotbinière qui demandait au premier ministre s'il avait l'intention de
créer éventuellement un ministère particulier pour les
personnes âgées.
M. Levesque (Bonaventure): Etes-vous titulaire?
M. Grenier: Le député de Laval a lancé sa
campagne au club de l'Age d'or, l'autre matin.
M. Charbonneau: Donc, M. le Président, je sais que le
premier ministre s'intéresse à ces questions. Comme on a
profité tantôt de l'occasion...
M. Lévesque (Taillon): Je crois que le
député de Dorion est arrivé juste après qu'on ait
commencé à "décocrisser" son ministère, grâce
à une intervention du député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Verchères, on revient.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
M. Lavoie: Va-t-il y avoir une autre menace de
démission?
Une Voix: Arrêtez de faire circuler des rumeurs!
M. Roy: Mme le ministre ne peut pas dire que j'étais dans
son dos.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, on
revient.
M. Charbonneau: Donc, M. le Président, à la suite
de l'intervention du député de Lotbinière qui
demandait au premier ministre s'il avait l'intention de créer
éventuellement un ministère pour les personnes
âgées, comme également on a profité du début
de cette commission pour demander au premier ministre certains commentaires et
certaines réactions, est-ce que je pourrais demander au premier ministre
s'il a des commentaires à formuler devant l'annonce faite par le
ministre fédéral de la santé de son intention de
créer un bureau des personnes âgées au ministère
fédéral de la santé?
M. Lévesque (Taillon): Non, je n'ai pas eu le temps de
voir cela et d'en parler avec mon collègue du domaine social. Au fond,
c'est une façon comme une autre ce n'est pas parce que c'est
fédéral que l'idée est mauvaise en soi de souligner
l'importance croissante du secteur du troisième âge dans toutes
nos sociétés. Dans le cas du Québec, par exemple, je crois
que l'augmentation est quelque chose comme 3% ou 4% de la proportion des gens
de 65 ans et plus depuis une dizaine d'années. Cela va aller
probablement s'accélérant, comme partie, comme proportion de
notre société. Que ce soit sous la forme du colloque que nous, on
a eu, au niveau de notre parti, en fin de semaine dernière, ou que ce
soit sous d'autres formes, que d'autres peuvent inventer, ou les mêmes,
il faut se pencher pas dans le sens académique, avec une urgence
de plus en plus grande sur le problème de tout le
troisième âge on va tous y arriver, d'ailleurs, si Dieu
nous prête vie et comment une société
civilisée doit traiter ces vieux. A ce point de vue, on a encore bien
des croûtes à manger.
Est-ce que cela doit prendre la forme d'un bureau spécial, d'un
département? Enfin, c'est cela. Au fond, cela rejoint la question du
député de Beauce-Sud. C'est sûr qu'elle se pose. Je n ai
pas encore la réponse. Que ce soit une expérience
fédérale ou autre, tout peut servir dans l'expérience des
autres. Il ne faudrait pas s'imaginer tout le temps qu'on est obligé
d'inventer le monde.
On se dit souvent, nous autres, vis-à-vis de tel ou tel projet de
loi, de tel ou tel projet tout court, qu'on a passé l'habitude, nous
autres, dans l'appareil gouvernemental, de faire un peu de comparaison. On a
parfois l'impression qu'il faudrait toujours cela a été
dit par un de mes collègues trouver la somme totale de tous les
progrès du monde occidental pour voir si on ne pourrait pas tout faire
cela d'un coup. Ce ne serait peut-être pas mauvais d'étudier mieux
l'expérience des autres, non pas pour la copier, mais simplement pour
s'en inspirer et voir les accidents de parcours. Cela s'applique à tous
ces sujets.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de I Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on se
rappellera que, le 26 novembre 1976, le premier ministre nouvellement
élu avait dit quelque chose comme ceci je rapporte un article de
journal, sans doute assez fidèle: Avec nuance, mais sans
équivoque, il a aussi servi un message d'humilité aux nouveaux
titulaires et de consolation à ceux qui devront se contenter de
l'arrière-ban. A ses collaborateurs immédiats, il a clairement
laissé entendre que le poste de ministre n'est pas inamovible, qu'il
serait indiqué que des ministres, à l'occasion, cèdent
leur place à d'autres et reviennent à leur vocation
première de député.
M. Lévesque (Taillon): C'est en attendant qu'on parle avec
le député de Bonaventure du lieutenant-gouverneur.
M. Levesque (Bonaventure): Je pense qu'il y en a qui ont plus le
goût que j'en avais. Je vois des yeux très pétillants
depuis que j'ai commencé cette citation, M. le Président,
même autour de cette table. On s'est rencontré ici dans un
contexte un peu similaire, l'an dernier, sauf qu'il y avait un peu moins de
fonctionaires du bureau du premier ministre; ce n'était pas encore aussi
bien organisé.
M. Lévesque (Taillon): C'est le programme 3, cela.
M. Levesque (Bonaventure): II était question à ce
moment, c'est en juin 1977, d'un remaniement ministériel qu'on
prévoyait pour l'automne. Que s'est-il donc produit, M. le
Président? On se rappellera qu'à l'automne, si ma mémoire
me sert bien, le premier ministre a eu quelques tiraillements qui se sont
perpétués durant la période des Fêtes et qui ont
abouti à un avortement de première classe, M. le
Président. Le premier ministre a sans doute évidemment vu que ces
tiraillements allaient peut-être amener certaines bousculades quelque
part. Est-ce que le premier ministre se sent prisonnier de son cabinet à
l'heure actuelle?
M. Lévesque (Taillon): Ce n'était pas un
avortement. Je me suis rendu compte que c'était une grossesse nerveuse,
c'est tout.
M. Lavoie: Cela aurait pu être une ménopause.
M. Levesque (Bonaventure): On n'arrivera pas au climatère.
M. le Président, le premier ministre sait fort bien ce que je veux dire.
Avec les bonnes intentions qui avaient servi à laisser des espoirs
à tous ceux qui n'avaient pas été choisis à ce
moment, est-ce que le premier ministre entend faire un remaniement
ministériel dans les mois à venir et est-ce que ce remaniement
pourrait être un remaniement en profondeur?
M. Lévesque (Taillon): Je rappellerai au
député de Bonaventure qu'après cette expérience,
cette quasi-impossibilité qui est une femme à moitié
enceinte, j'ai décidé de faire certains changements, surtout pour
soulager certains de nos collègues qui cumulaient des fonctions d'une
façon qui devenait de plus en plus pénible. Deuxièmement,
très solennellement, je vais le répéter de nouveau encore
plus solennellement pour le député de Bonaventure, mon excellent
vis-à-vis, la pro-
chaîne fois qu'il sera question de remaniement, ce sera
annoncé le jour où on en parlera pour la première fois.
Donc, on n'en parlera pas ce soir.
M. Levesque (Bonaventure): Bon. Est-ce que je peux demander au
premier ministre, ce n'est pas parce que j'en veux à quiconque dans le
cabinet, comprenez-moi bien, ce n'est pas moi qui fais l'évaluation des
tâches, s'il continue de prétendre que le poste de ministre n'est
pas inamovible...
M. Lévesque (Taillon): Bien oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... et qu'il serait indiqué que
des ministres, à l'occasion, cèdent leur place à d'autres
et reviennent à leur vocation première de député?
Est-ce qu'il continue de dire cela?
M. Lévesque (Taillon): Oui. Je voudrais
répéter simplement ce qui est fondamental là-dedans, mais,
après 18 mois, on n'est pas rendu là. L'évidence est
là. Les questions répétées du chef de l'Opposition
le soulignent.
M. Levesque (Bonaventure): Cela en fait deux.
M. Lévesque (Taillon): Je comprends l'insistance, mais on
n'est pas rendu là. Je voudrais répéter de nouveau, par
exemple ce qui me paraît essentiel que tous ici, à
commencer par le chef de l'Opposition, votre serviteur et tous les autres, on
est d'abord des députés, on a été élus. Pour
autant qu'on fait partie d'un cabinet, on est des fonctionnaires, parce que
c'est un rôle d'administrateurs. On dit toujours que le sous-ministre est
le sous-chef, Je chef du ministère; le premier fonctionnaire de chaque
ministère, c'est le ministre. C'est un fonctionnaire temporaire. Pour
autant qu'il a un mandat, il a le mandat de député. L'autre,
c'est une tâche qui lui est confiée addi-tionnellement. Par
conséquent, rien de permanent, même pas pendant la durée du
mandat d'un gouvernement. Cela reste fondamentalement vrai, mais encore une
fois je répète au chef de l'Opposition que quand il y aura des
remaniements, en profondeur ou épidermiques, peu importe, on n'en
parlera pas pendant six mois. En tout cas ce ne sera pas moi qui sera
responsable d'en parler pendant six mois une deuxième fois.
M. Levesque (Bonaventure): II me semble que c'est plus facile de
déplacer des sous-ministres que des ministres d'après ce que je
peux voir.
M. Lévesque (Taillon): Cela, j'admettrai tout de suite que
c'est vrai.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Terrebonne.
Consultation populaire
M. Fallu: M. le Président, il y a eu deux grandes
réformes au niveau de l'Exécutif. L'une qui a été
une réforme organique et qui a consisté à créer ces
ministères d'Etat. Le premier ministre tantôt y a fait allusion
sans aller plus loin. Il ne lui est peut-être pas permis de le faire ici
à cette table, c'est-à-dire en faire l'évaluation puisque,
de toute façon, il est peut-être trop tôt pour le faire. La
seconde réforme est-ce que c'est une réforme, une
attitude, une tradition qui est en train de s'implanter, je ne sais trop
comment la nommer a été celle de la consultation. Elle a
été abondante, elle s'est appelée quelquefois sommet,
quelquefois mini-sommet, et Dieu sait si les mini-sommets maintenant
s'égrènent en chapelets un peu partout dans le Québec sur
des sujets très multiples. Quelques-uns sont bien connus, d'autres qu'on
apprend un peu au hasard, sont, j'allais dire, même très
restreints, sectoriels, et touchent à des points géographiques
déterminés ou à des problèmes régionaux.
J'aimerais que le premier ministre, dans ce type de questions
préliminaires sur les crédits du Conseil exécutif nous
fasse un peu un bilan d'évaluation de ces sommets. J'ai l'impression que
cette approche puisque je disais tantôt que j'arrive difficilement
à la nommer est en train peut-être de changer d'une part,
les habitudes des citoyens; d'autre part, peut-être surtout de
créer une nouvelle approche du pouvoir.
M. Lévesque (Taillon): Vous auriez dû
m'aver-tir.
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que j'ai suscité la
question en parlant du remaniement tout simplement.
M. Fallu: Entre Gaspésiens quand même!
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas mauvais entre
Gaspésiens qui l'ont été ou qui veulent l'être.
M. Lévesque (Taillon): Je pense qu'à ce que vient
de donner le député comme énumération rapide de
choses générales mais qui traduisent une approche qu'on essaie
d'établir, je pourrais ajouter les tournées que s'imposent, que
vont s imposer encore une fois, pendant l'ajournement, pendant plusieurs jours,
tous les membres du Conseil des ministres, les tournées
ministérielles où chaque ministre est censé...
M. Levesque (Bonaventure): Dans Notre-Dame-de-Grâce pour
commencer.
M. Lévesque (Taillon): Cela sera en parallèle,
parce que les choses vont tellement bien. Je suis sûr que les gens de
Notre-Dame-de-Grâce vont comprendre que c'est important la
représentation à Québec et peut-être que nos
concitoyens anglophones auront l'occasion d'avoir un représentant de
leur milieu...
M. Levesque (Bonaventure): Je vous ai donné une chance de
faire un petit "speech".
M. Lévesque (Taillon): Oui, on y reviendra. J'ajouterai
ces tournées...
M. Fallu: Les occasions ont juste manqué à M.
Ryan.
M. Lévesque (Taillon): ... probablement d'autres exemples
qui sont reliés à... Je pense qu'il va être
nécessaire pour n'importe quel gouvernement désormais d'essayer
de maintenir un contact je ne parie pas du contact partisan au sens
électoral du mot entre l'administration des fonds publics, des
lois, de tous les gestes administratifs et les citoyens qui paient pour. (21 h
15)
On est dans une société qui est de plus en plus
compliquée, où tout le monde s'en va dans des compartiments
où les jargons spécialisés sont de plus en plus
ésotériques et où c'est très difficile, pour le
citoyen, de savoir exactement qu'est-ce qu'on fait avec son argent, comment il
est administré au niveau de la représentation politique des
affaires collectives pour lesquelles il consacre une si grande partie de son
argent. Il va falloir qu'on trouve ce genre de moyen non seulement d'expliquer
et de clarifier les choses, ce qu'on essaie de faire en pataugeant à
l'occasion, mais aussi de démêler ce qu'il reste de consensus ou
ce qu'il faut retrouver de consensus, de convergences à
l'intérieur d'une société. Il y a tellement
d'affrontements et je pense qu'on n'évitera pas les affrontements. On ne
peut pas retourner en arrière; une rivière ne remonte pas son
cours. On est dans une société qui se "complexi-fie "
constamment, où les gens ont de plus en plus de peine à se
retrouver et où il faut essayer, par tous les moyens légitimes,
de tenir nos concitoyens au courant, d'avoir l'input-output", pour parler le
jargon à la mode, c'est-à-dire ce qui a été fait ou
ce qui est à l'essai de la part des délégués qu'ils
ont élus au niveau politique et quels sont les mécontentements,
les exigences, ou les nostalgies d'action qu'on n'a pas perçus.
Je n'ai pas d'autre réponse qui essaierait de philosopher
là-dessus. Je sais que, par exemple, quelqu'un qui vient d'avoir une
leçon assez sévère, qui a passé tout juste au
travers de sa campagne électorale, c'est notre collègue de
l'Ile-du-Prince-Edouard, qui a une province qui peut quasiment servir de projet
pilote, parce qu'il y a à peine 100 000 habitants; c'est plus facile
à cerner. Après avoir reçu cette leçon qui a failli
faire sombrer son gouvernement, il nous parlait, au New Hampshire où on
était ces jours derniers, du premier projet de loi qu'il a
présenté et de tout ce qui commence à s'articuler autour
de cela. C'est un projet de loi pour étudier et diminuer au maximum
toutes les chinoiseries des règlements, ce qu'on appelle la bureaucratie
un peu délirante. Je ne parle pas des fonctionnaires individuels; je
parle de cet appareil qui fait que très souvent même ceux qui ont
la meilleure volonté du monde n'arrivent pas à
démêler, à la vitesse où cela devrait être
fait pour ceux qui en ont besoin, telle mesure, tel projet, etc. Je pense
qu'ils le sentent là-bas; on doit le sentir ici, on le sent partout. Si
on ne fait pas attention, les gens finissent par se demander pourquoi ils
paient.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, j'aurais une autre question
à poser au premier ministre, sur un thème.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce sur le même
sujet?
M. Paquette: Non.
M. Raynauld: C'est sur le même sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, dans la suite à
donner à la question qui vient d'être posée sur les
sommets, il me semble que cela soulève tout le problème de la
consultation et des structures de consultation qu'un gouvernement se donne. La
formule des sommets a un très grand avantage en ce sens qu'elle permet
de consulter beaucoup de monde et qu'on peut en faire souvent. Elle a aussi un
défaut...
M. Lévesque (Taillon): II ne faut pas trop les
multiplier...
M. Raynauld: Non.
M. Lévesque (Taillon): ... si on veut bien les faire. Il y
a un petit secrétariat, comme le député d'Outremont le
sait je veux simplement situer le mécanisme qui a
été mis sur pied; je pense qu'il y a cinq ou six personnes
à titre permanent. C'est dans le budget du Conseil exécutif;
d'ailleurs, peut-être que cela simplifiera le problème tout
à l'heure. Ils travaillent d'arrache-pied. Par exemple, on leur a
confié la conférence municipale-provinciale qu vient d'avoir
lieu. Cela a quand même pris des semaines harassantes et,
pourtant, c'était d urgence qu'il fallait la préparer
à mettre cela au point. Il est question du tourisme bientôt et
d'un ou deux autres sujets. Peut-être de nouveau, enfin la reprise, qui
avait été à moitié, sinon au trois quarts promise,
du sommet général. On ne peut pas multiplier cela à
volonté, mais disons quelques fois par année, sur des sujets qui
paraissent indiqués, oui.
M. Raynauld: M. le Président, ce que j'allais dire sur ce
sujet, c'était que la formule des sommets présentait certains
avantages, mais que, par ailleurs, lorsqu'on voit cela comme des
mécanismes de consultation, c'est aussi une formule qui a de grandes
lacunes, dans le sens qu'elle
n'assure pas de façon automatique une continuité. Elle
n'assure pas une permanence. On peut comparer la formule des sommets, comme
mécanisme de consultation, à d'autres organismes que nous avons
aussi au Québec, par exemple le CPDQ. C'est une autre formule de
consultation où on a des représentants des organisations
syndicales, des organismes régionaux, des organisations patronales,
etc.
Là, on vient de créer un Institut national de
productivité où, là aussi, on a donné une formule
consultative, dans un certain sens, puisqu'il y a trois membres qui vont
représenter les intérêts des travailleurs et des
organisations syndicales, trois membres aussi des organisations patronales. On
sait qu'il y en avait même d'autres qui étaient un peu moins
formelles, comme le Conseil général de l'industrie, par exemple.
J'ai l'impression que c'est en train de tomber en désuétude, en
tout cas il n'y a pas eu d'activité cette année. Mais il y a
surtout le CPDQ, puis M. le premier ministre y a fait allusion, tout à
l'heure, en disant qu'on avait peut-être permis à ce conseil de
prendre un peu plus d'initiatives.
Ma question est: Comment le gouvernement envisage-t-il à l'heure
actuelle, ces mécanismes de consultation? Est-ce que, par exemple, sur
le plan de la consultation en tant que telle, l'Institut national de
productivité ne vient pas doubler le CPDQ, qui est aussi un conseil qui
donne des avis au gouvernement? Comment ne voit-il pas aussi la
possibilité que, si on multipliait des sommets par exemple, cela
affaiblirait les organismes plus permanents qui donnent des avis, ou est-ce
qu'il voit cela,...
M. Lévesque (Taillon): Non, les sommets...
M. Raynauld: ... en tout cas il y a toute la structure.
M. Lévesque (Taillon): Au départ, très
rapidement, le député d'Outremont a parlé de ce qu'on
appelle dans le jargon, le suivi, c'est-à-dire la continuité si
on veut, sur quoi cela peut déboucher jusqu'ici, les sommets; surtout
ceux qu'on a appelés les mini-sommets ont été très
spécifiques, et je pense qu'ils doivent le demeurer. Autrement dit,
sectoriel, cela peut aussi être régional. Par exemple, il pourrait
y avoir, je suppose, moi, sur les problèmes de telle ou telle
région, une consultation du même genre préparée
aussi soigneusement, mais cela reste sectoriel.
Ce qui en découle, cela peut être des projets, c'est
sûrement, sinon un consensus général, du moins certains
consensus parcellaires, ponctuels sur la situation, et une meilleure perception
parce qu'en général il y a les employeurs, il y a les
employés, il y a le gouvernement, il y a des observateurs de divers
corps qui gravitent autour de ce secteur, une meilleure perception par tous
ceux que cela intéresse et qui, souvent, tirent leur gagne-pain de ces
secteurs, une meilleure perception des problèmes, des possibles
solutions.
Moi, je ne trouve pas que cela heurte...
Prenons un cas spécifique, ce rôle, ce mandat très
général, et admettons-le pionnier un peu de l'institut de
productivité. Pendant qu'on en discutait avec nos collègues pour
préparer le projet de loi, on s'est bien rendu compte qu'il en est
question de plus en plus, mais qu'à peine deux ou trois, peut être
quatre sociétés du monde occidental en tout cas ont
commencé à mettre au point des instruments à la fois de
mesure et de stimulation de cette notion extrêmement diffuse encore de
productivité que souvent chacun définit subjectivement selon le
coin de la société auquel il appartient. Alors c'est vraiment,
admettons-le, un projet-pilote sur un sujet extraordinairement important.
Le CPDQ c'est autre chose. C'est une sorte d'embryon possible de ce
qu'on appelait, il y a quelques années, et c'est pour cela que je ne
prétends pas prophétiser sur son avenir, mais ce qu'on appelait
il y a quelques années le Conseil économique et social, ou
quelque chose du genre, qui était dans l'air et qui mérite
probablement de finir par exister sous une forme ou sous une autre. C'est pour
cela que, quant à moi, puisque je suis encore responsable du CPDQ, le
Conseil de planification et de développement, j'ai été
renversé quand j'ai appris que, normalement, il ne publiait aucun de ses
avis et que cela restait sur les tablettes. Dès la première
réunion qu'on a eue ensemble, je leur ai dit: Non seulement je voudrais
vous autoriser, mais je vous inviterais avec insistance à publier vos
avis. S'ils gênent le gouvernement, tant mieux, dans un certain sens. De
toute façon, l'aréopage que cela représente de pas mal
tous les milieux, je pense, de travail ou professionnel, les plus importants du
Québec mérite d'être entendu. Peut-être qu'il y a
là le noyau de ce qu'on discutait vaguement sous la forme de Conseil
économique et social, il y a plusieurs années, mais on n'est pas
rendu là encore.
Il fallait d'abord que ces opinions prennent le corps que donne quand
même la réaction de l'opinion publique qui n'avait pas l'habitude
d'entendre parler même des avis du CPDQ. Le danger c'est
évidemment qu'à un moment donné on se noie dans trop de
structures, il faut faire attention, mais je ne vois pas de heurts entre celles
qu'on a mentionnées.
M. Raynauld: Ce qui m'a amené à poser cette
question, c'est que, lorsqu'on a étudié le projet de loi sur
l'institut de productivité, cela m'a un peu surpris de le voir
organisé comme il est, avec des gens qui représentaient des
parties parce qu'au sommet de La Malbaie, l'année passée, vous
l'aviez présenté, M. le premier ministre, comme étant
surtout une espèce de "fact-finding", une espèce d'organisme qui
donnerait des faits.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais ce qui a dû
être souligné, c'est qu'il y a ces définitions subjectives,
même des opinions presque idéologiques sur la productivité;
est-ce le capital, est-ce le travail, est-ce le management, c'est quoi? A cause
de cela, je pense qu'il n'est pas mauvais que les parties qui
représentent le plus symboliquement les
grands intérêts dans la société soient
là mais l'insistance qu'on doit mettre et je pense que cela a
lieu d'être mentionné dans le débat c'est quand
même sur une expertise technique qui se fait, le personnel, le noyau
très restreint mais ex-traordinairement en dehors de ce "fact-finding",
si on veut, et qui constituerait le bras agissant au point de vue technique de
l'institut.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
Libertés collectives et individuelles
M. Biron: M. le Président, je voudrais questionner le
premier ministre sur un thème qui est cher à mes amis de droite,
c'est-à-dire la philosophie du gouvernement, à savoir comment
concilier les libertés collectives et les libertés individuelles.
Je ne voudrais pas avoir des discussions angéli-ques ou pieuses, ou
même fiévreuses, mais c'est important à cause de plusieurs
projets de loi qui ont été présentés depuis un an
et demi. A tort ou à raison, on est revenu souvent en disant: Ce projet
de loi enlève des libertés individuelles pour les remplacer par
des libertés collectives, ainsi de suite. Je ne voudrais pas discuter du
fond de chacun des projets de loi mais je voudrais pouvoir percevoir la
philosophie générale de ce gouvernement concernant sa conception
pour concilier les libertés individuelles et les libertés
collectives. Cela pourra nous éclairer dans nos discussions à
venir au cours de l'année, vis-à-vts d'autres projets de loi.
M. Lévesque (Taillon): II avait été
demandé les heures de tombée n'ont pas
coïncidé par un quotidien bien connu du matin, qui a une
page 5, qui aime les textes sinon philosophiques, du moins substantiels, qu'on
lui fournisse une copie d'un texte qui avait été
préparé, que j'avais ajusté à mon débit, si
on veut, pour le congrès du Barreau et qui traitait tout
récemment très précisément de cette
réconciliation sur laquelle il n'y a pas de recette magique que je
connaisse dans aucune société, cette réconciliation des
droits individuels, des droits et libertés de la personne et des droits
et des libertés communautaires ou collectifs. C'est un des domaines
où il y a le plus, actuellement, d'incertitude. Par exemple, je ne sais
pas si on se souvient c'est un exemple qu'on a vécu de ce
débat qu'il y a eu autour de la Charte des droits et libertés de
la personne et de la Charte de la langue française; finalement, on a
laissé les deux plus ou moins non pas en opposition mais en
affrontement, de façon que l'une puisse éclairer l'autre, parce
qu'on s'en va dans une espèce de droit nouveau à ce point de
vue.
Cela ne fait pas 20 ans que la plupart des pays d'Europe ou des pays
occidentaux ont, les uns après les autres, édicté des
Chartes des droits de l'homme, etc., essayant de les ajuster au monde
contemporain. Même les Nations Unies, cela ne fait pas très
longtemps; ils ont été les pilotes là-dedans. Alors que
l'on ne s'imagine pas que, là encore, on va faire la somme
immédiatement parfaite du jour au lendemain de toutes les pratiques.
Tout ce que je peux dire, c'est qu'on fait un effort pour écouter, de
même que notre commission qui, elle aussi, patauge de son mieux parce
qu'elle est toute nouvelle, elle a à peine trois ans d'existence, la
Commission des droits de la personne. On veut suivre la loi,
l'améliorer, on l'a fait au point de vue de l'orientation sexuelle.
Enfin, cela nous paraissait un pas utile. Il est question actuellement
d'ajuster cela par rapport aux nouvelles lois sur les droits des
handicapés, comment cela pourrait s'articuler ensemble.
On essaie de découvrir ces articulations mais il y a une chose
qui, quant à moi, de toute façon, va continuer; je n'ai vu nulle
part d'expression concrète, à partir de nos lois,
d'empiétement qui aurait été fait. Je vois bien toutes
sortes de méfiances, la plupart du temps artificielles, qui sont
exprimées par certains adversaires du gouvernement actuel et qui vont
même jusqu'à nous traiter de protofascistes à l'occasion,
de trucs comme cela, ou d'évoquer des maudites folies. Mais,
concrètement, je n'ai pas vu un seul damné exemple. Seulement,
j'ai vu des choses déplorables, par exemple. J'ai vu d'anciens
éditorialistes, que je ne nommerai pas, et qui jouent des rôles
politiques, au moment de certains "contests" pour certaines chefferies,
évoquer la possibilité que si la liberté collective du
Québec, c'est-à-dire du peuple québécois, devait
dangereusement arriver, cela pourrait être périlleux pour les
droits et les libertés des individus. (21 h 30)
Ce qui sous-tend cela, c'est cette espèce de complexe
d'infériorité qu'on essaie de maintenir à
l'intérieur d'une société, qui a toujours eu un certain
relent colonial ce n'est pas sa faute comme quoi on n'est pas
assez civilisé, et on ne serait pas assez avancé, contrairement
à tous les autres peuples civilisés et avancés, pour
administrer notre propre société tout en respectant les droits
des individus. Cela a été évoqué sournoisement le
long du chemin il y a quelques mois par des gens que je ne nommerai pas
davantage. Ce qui impliquerait que si les Québécois ne sont pas
éternellement en tutelle collectivement, ils ne seraient pas capables de
respecter les droits des personnes ou des individus aussi bien que n'importe
quelle société civilisée. Cela, je ne le prends pas, mais
pour le reste, on admet, comme la plupart des autres sociétés,
qu'on a ce problème de réconciliation des notions de droits
individuels et des notions de droits communautaires ou collectifs. Il n'y a pas
de recette magique. C'est à l'usage, et en faisant bien attention, en
écoutant les observateurs autorisés à commencer par ceux
qui fonctionnent dans notre commission des droits, qu'on ne fera pas d'erreur.
Qu'on ne vienne pas nous raconter que, par nature, on n'est pas capable de
faire aussi bien que les autres.
M. Biron: M. le Président, sur ce je voudrais
d'abord...
M. Raynauld: ... existe.
M. Lévesque (Taillon): II existe partout.
M. Biron: Si, demain, le premier ministre pouvait déposer
à la Chambre une copie de ce document préparé pour ce
journal du matin, cela intéresserait tous les membres de cette
Assemblée nationale. Ma question additionnelle est la suivante. Est-ce
qu'il y a des occasions dans lesquelles le gouvernement pourrait décider
ce gouvernement dans sa philosophie d'assurer la primauté
de la collectivité ou de la communauté sur les libertés
individuelles? Est-ce qu'il y a des exemples que le premier ministre peut me
donner?
M. Lévesque (Taillon): Je ne comprends pas. La
primauté de la collectivité sur les droits individuels. Cela
n'existe pas.
M. Biron: ... de la liberté des droits collectifs sur les
libertés individuelles.
M. Lévesque (Taillon): Je vais vous donner un exemple, si
vous me le permettez. Je ne vois pas où on peut faire ce genre de
hiérarchie. Justement, il s'agit de droits complémentaires au
fond. Les droits collectifs, s'ils sont bien définis et,
évidemment, bien protégés, ne peuvent pas faire autrement
s'ils sont bien compris aussi que d'enrichir les droits
individuels. Je vais vous donner un exemple de cet espèce de faux
conflit tel qu'on a voulu l'évoquer à tour de bras,
l'année passée, lorsqu'il s'agissait de l'étude de la
langue. En grattant pour ce que j'avais à dire au Barreau et en
demandant à d'autres forcément, de faire de la recherche, j'ai
découvert des choses assez intéressantes qu'on n'a pas
évoquées autant qu'on aurait peut-être dû le faire
l'an dernier. Parmi ceux qui font cette expérience de
réconciliation des droits ils connaissent cela les
minorités, en Europe, Dieu sait que cela leur a coûté assez
cher et ils ont eu assez d'expérience de ce côté il
y a eu le cas de la Belgique où les Wallons, d'un côté,
francophones, sont devenus unilingues par décret. Surtout au point de
vue scolaire; il n'y a pas d'écoles autres que wallonnes francophones.
De l'autre côté, il y a les Flamands qui n'ont que des
écoles flamingophones, si vous voulez. Cela a créé,
surtout autour de Bruxelles, des affrontements parce que là il y a des
zones marginales. Je simplifie. Cela est allé devant la Cour
européenne, la Commission européenne des droits de la personne
où il y a des protocoles qui ont été signés par
tous les pays intéressés. Ce sont quand même des pays
civilisés, occidentaux et démocratiques. On a eu comme jugement
que les seuls droits fondamentaux qui existent du côté scolaire et
que toute personne civilisée, toute société
civilisée doit respecter, c'est le droit à l'enseignement
également pour tous les enfants. Le droit à l'enseignement
gratuit pour toute société qui a les moyens de se le payer. Le
droit à l'enseignement gratuit jusqu'au niveau le plus
élevé possible selon les moyens de la société. Le
droit de dissidence, d'une certaine façon je simplifie
pour des parents qui ne sont pas contents de ce régime et qui veulent,
à leurs frais, se payer des écoles différentes pour des
raisons religieuses, culturelles ou peu importe. Tant qu'on n'enfreint pas ces
libertés, il n'y a nulle part, dans les droits fondamentaux tels qu'ils
sont perçus en ce moment, le droit automatique, dans une
société, d'avoir le choix de la langue qu'on veut. Ce n'est pas
vrai, mais le droit fondamental d'avoir de l'instruction gratuite avec le
même droit d'avoir la même instruction de même qualité
pour tous les enfants. Mais pas des droits "wide open " de choisir la langue
qu'on veut, ce qui, si on poussait la logique jusqu'à l'extrême,
voudrait dire que le Québec pourrait fort bien décider
d'être unilingue, et, pourvu qu'il donne des écoles de même
qualité à tout le monde, il n'aurait enfreint aucun des droits
fondamentaux tels qu'on les perçoit aujourd'hui. On n'a pas voulu aller
de ce côté, pas plus que nos prédécesseurs, parce
que pour des raisons historiques et des raisons d'enracinement qui datent de
deux siècles, on croit qu'on doit maintenir un système scolaire
et Dieu sait qu'il est plus généreux qu'à peu
près n'importe où dans le monde pour la minorité
anglophone. Tout ce débat qu'il y a eu, où on avait l'impression
que, littéralement, la moindre restriction, dans certains esprits,
c'était quasiment comme attenter aux droits fondamentaux, c'est un faux
débat dans le monde d'aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Opposition. Sur
le programme 1 ou sur l'ensemble de nos travaux?
M. Levesque (Bonaventure): Cela dépend. Y a-t-il d'autres
questions?
Le Président (M. Jolivet): Je pense que tout est
terminé. On pourrait commencer le programme 1.
Bureau du lieutenant-gouverneur
M. Levesque (Bonaventure): Le programme 1, c'est...
M. Lévesque (Taillon): C'est l'indexation pure et simple
du budget qui permet d'entretenir le lieutenant-gouverneur.
M. Levesque (Bonaventure): Parlant d'entretien, est-ce que le
premier ministre a eu des entretiens avec le lieutenant-gouverneur
récemment, depuis l'assermentation?
M. Lévesque (Taillon): Oui, une fois ou deux.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ces relations sont
différentes de celles qu'il entretenait avec son
prédécesseur?
M. Lévesque (Taillon): M. Lapointe ayant qualité de
doyer un peu, on se vouvoyait. M. Côté
ayant qualité d'ancien citoyen de la rive-sud et un peu de la
même génération, on se tutoie. Pour le reste, il n'y a rien
de changé.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le lieutenant-gouverneur
est appelé à sanctionner les lois dans les mêmes langues
qu'autrefois? Il n'y a pas de changements de ce côté?
M. Lévesque (Taillon): Je ne suis pas allé à
des sanctions depuis qu'il est là. Enfin, comme il n'y a pas eu d'accroc
et que le chef de l'Opposition n'a pas posé de questions en Chambre,
cela doit être correct.
M. Raynauld: On change de page?
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions, M. le chef
de l'Opposition officielle?
M. Levesque (Bonaventure): On peut adopter cela assez rapidement,
à moins que le premier ministre n'ait quelque chose à ajouter
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): II y a M. le chef de l'Union
Nationale qui aurait des questions à poser.
M. Lévesque (Taillon): Non, les relations avec M.
Côté sont très bonnes. Le choix a été fait
par le gouvernement fédéral, comme il est normal. Je vous ferai
remarquer simplement une chose, tout de même, c'est que ce budget est
probablement le budget le plus généreux pour le
représentant de Sa Majesté britannique qu'il y ait au Canada. En
tout cas, une chose certaine, c'est que j'ai constaté qu'à
Toronto, dans la province évidemment la plus fortunée de la
fédération canadienne, il n'y avait pas de résidence
réservée au lieutenant-gouverneur et que le personnel
était passablement plus modeste. Alors, je pense qu'en indexant un
budget comme celui-là, tant que le régime est ce qu'il est, on
n'est sûrement pas mesquin.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Je voudrais que le premier ministre parce que
c'est la première fois, en tout cas, pour moi, qu'on a un nouveau
lieutenant-gouverneur me rappelle brièvement le processus du
choix et de la consultation quant au choix ou à la nomination du
lieutenant-gouverneur. Deuxièmement, quelle est sa conception, à
lui, le premier ministre, du rôle pratique pas juridique
que le lieutenant-gouverneur pourrait avoir au Québec? Et est-ce qu'il y
a eu un échange entre le premier ministre et le lieutenant-gouverneur
sur son rôle pratique, au Québec?
M. Lévesque (Taillon): Son rôle pratique, tel que je
le conçois, c'est le rôle de chef officiel, de symbole, en
attendant mieux, de l'autorité politique. Pour ce qui est du choix, le
choix est fait par le fédéral. Cela a pris la forme de plusieurs
appels téléphoniques que j'ai échangés avec M.
Trudeau.
Je pense qu'il avait ses intentions politiques, parce que cela a
toujours été aussi relié à des soucis politiques.
Par exemple, il s'agissait de caser M. Wagner, ce qui, forcément,
pouvait avoir, comme conséquence secondaire, seulement une importance
minime de dégager le comté de Saint-Hyacinthe.
Tant que cela a été sur ce ton, moi, tout ce que je
pouvais faire, c'était résister à toutes sollicitations.
Je n'ai pas endossé des choix comme ceux-là. M. Trudeau insistait
pour en parler, au cas où j'échapperais quelque chose qui
ressemblerait à un endossement. Alors, c'était plutôt du
ballet téléphonique. A un seul moment, j'ai trouvé que
peut-être l'idée pourrait être intéressante on
l'avait évoquée en discutant tout les deux qu une
personne, une femme, par exemple, qui ne soit pas un vétéran de
la carrière politique, mais qui soit plutôt l'incarnation d'une
réussite un peu spéciale dans la société, puisse
être nommée. L'idée est tombée assez rapidement
parce qu'on avait, très évidemment, des soucis politiques
à court terme à Ottawa. Alors, quand cela a été
clair, j'ai dit: Choisis qui tu voudras et on s'arrangera avec.
M. Biron: Dans ce cas, il y a eu au moins une amorce de
consultation, si j'ai bien compris.
M. Lévesque (Taillon): Si cela peut s'appeler une
consultation. Oui.
M. Biron: Je veux revenir sur ma deuxième question de tout
à l'heure et la réponse du premier ministre, le rôle
pratique. Est-ce que le premier ministre croit qu'on pourrait se servir
davantage du lieutenant-gouverneur pour rendre plus de services? Je comprends
que peut-être l'ancien lieutenant-gouverneur était
habitué...
M. Lévesque (Taillon): C'est curieux, j'aurais
plutôt l'opinion inverse, mais enfin...
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur le
programme 1 ? M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, dans le cadre du programme 1
qui vise le lieutenant-gouverneur, le montant de $380 900 comprend-il le
traitement du lieutenant-gouverneur lui-même?
M. Lévesque (Taillon): Non. Le traitement du
lieutenant-gouverneur est la responsabilité du gouvernement
fédéral et, symboliquement, de la couronne, telle que
représentée à Ottawa. Pour tout le reste,
c'est-à-dire ce que j'ai appelé l'entretien tout à
l'heure, sans aucune intention péjorative, c'est la
responsabilité du Québec et c'est reflété dans le
budget: les traitements, ceux du personnel, je le répète, qui
sont très généreux comparés à ce qui se fait
ailleurs, je crois, les effectifs, l'entretien de la résidence. Il y a
une résidence. Depuis que Bois-de-Coulonge a brûlé, il y a
une résidence d'achetée à Québec, ce qui implique
l'intendance.
M. Perron: En d'autres mots, ce sont presque tous les services
qu'on donne au lieutenant-gouverneur du Québec.
M. Lévesque (Taillon): Je dirais que c'est tout, sauf son
traitement de base qui est de responsabilité fédérale.
M. Perron: Son traitement de base est-il connu?
M. Lévesque (Taillon): Je ne le lui ai pas demandé.
Ce serait facile à vérifier. Mettez une question au
feuilleton.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre ou
quelqu'un de son gouvernement demande occasionnellement ou fréquemment
au lieutenant-gouverneur de recevoir des visiteurs étrangers, ou des
dignitaires canadiens ou des groupes, etc? Est-ce que c'est à la demande
ou à la suggestion du gouvernement que le lieutenant-gouverneur
procède à certaines fonctions?
M. Lévesque (Taillon): Non, je pense qu'il procède
plutôt motu proprio à l'intérieur d'un budget qu'il a pour
recevoir des gens ou pour faire des rencontres. Finalement, c'est une question
de jugement de sa part. Il peut arriver, comme on me le rappelait, que le
protocole puisse suggérer que certaines gens soient reçus de
façon un peu plus spéciale. Je pense que cela fait partie d'une
sorte de pratique établie.
M. Levesque (Bonaventure): Mais il n'y a pas de changement
établi de ce côté.
M. Lévesque (Taillon): Aucun.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 1 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Nous allons passer au programme
3.
M. Lavoie: 2.
M. Levesque (Bonaventure): Non, j'aimerais mieux 3, on
s'était entendu.
M. Roy: Je m'excuse, mais le programme 2...
Le Président (M. Jolivet): On va y revenir tout de suite
après.
M. Lavoie: D'accord.
Organismes-conseils auprès du premier ministre
et du Conseil exécutif
M. Levesque (Bonaventure): Le cabinet du premier ministre et
bureaux des ministres d'Etat.
Je vois que nous avions, l'an dernier, une somme votée par
l'Assemblée qui apparaît comme étant $2 657 900 et, pour
l'année 1978/79, c'est-à-dire l'exercice financier actuel, cette
somme de $2 millions est passée à $6 254 700. Est-ce que le
premier ministre pourrait nous donner une explication?
M. Lévesque (Taillon): Oui, il y a trois explications
essentielles. La première, c'est l'ensemble des fêtes nationales
dont le budget de base était la loterie spéciale versée
spécifiquement pour entretenir le budget des fêtes. Cette
année, la loterie versera au fonds consolidé, et on l'a inscrit,
c'est plus clair, je peux donner le détail quand on le voudra...
M. Levesque (Bonaventure): Quelle est cette somme?
M. Lévesque (Taillon): De base, c'est $2 400 000...
M. Levesque (Bonaventure): L'an dernier, elle n'était pas
là?
M. Lévesque (Taillon): L'an dernier elle n'était
pas là. Elle n'apparaissait pas parce que la loterie, je ne sais pas si
on s'en souvient, a eu des tirages spéciaux spécifiquement
dirigés vers ce financement, ce qui fait que cela n'apparaissait pas,
c'était pour ainsi dire extra-budgétaire. Tandis que cette
année, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, il va y avoir
tout de même des fonds de la loterie, c'est normal, qui vont être
versés au fonds consolidé comme ils doivent l'être, et
c'est du fonds consolidé... (21 h 45)
M. Levesque (Bonaventure): L'an dernier, les fêtes
nationales coûtaient combien?
M. Lévesque (Taillon): Si j'extrais la contribution du
milieu, parce qu'il y a des revenus, si on veut, qui sont perçus par les
associations, etc., pour contribuer au projet, l'an dernier, cela a dû
coûter autour de $2 millions; cette année ce sera autour de $2 500
000, parce qu'il y a toujours une somme, depuis quelques années pour le
patrimoine qui est prévue aux Affaires culturelles et qui est d'environ
$150 000.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y a d'autres
ministères qui contribuent aux fêtes nationales, à part le
Conseil exécutif?
M. Lévesque (Taillon): Les Affaires culturelles, c'est le
patrimoine, c'est environ $150 000 dont je parlais, c'est tout. Et puis,
évidemment, il faut ajouter cette fête additionnelle,
reliée à l'anniversaire de la ville de Québec qui sert de
tremplin au Festival d'été de Québec qu'on appelle le
retour aux sources et qui implique environ $700 000 ou $800 000 de plus; donc
un total d'environ on reviendra là-dessus $3 millions. Il
y a la masse salariale...
M. Levesque (Bonaventure): Aux fêtes nationales, on ajoute
un montant additionnel.
M. Lévesque (Taillon): Oui, à cause de cette
fête des 2 et 3 juillet.
M. Levesque (Bonaventure): Qui est seulement pour cette
année?
M. Lévesque (Taillon): On ne le sait pas. Avec cette
ampleur, sûrement. Mais l'idée fondamentale est à la fois
une idée, je pense, d'identité, ce qu'on peut appeler la
présence française en Amérique. Je notais encore à
quel point cela intéresserait les six gouverneurs et leur entourage de
la Nouvelle-Angleterre qu'on rencontrait en fin de semaine dans le New
Hampshire. Je dois dire très terre à terre que c'est
également peut-être une idée qui pourrait servir chaque
année, d'une certaine façon pourvu qu'il y ait un peu
d'imagination et que cela coûte de moins en moins cher à
sous-tendre la saison du tourisme essentielle du Québec pour tout
l'été. Cela est autre chose, on verra les résultats.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, il s'agit, à ce moment,
de célébrer le 370e anniversaire.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas aussi bon qu'un 400e,
mais on fait ce qu'on peut.
M. Levesque (Bonaventure): Mais cela fait un peu curieux 370e.
Pourquoi 370, est-ce qu'il y aurait une raison? Est-ce la ville de
Québec qui vous a demandé cela?
M. Lévesque (Taillon): Non, l'idée a
été adoptée d'emblée par la ville de Québec
et les autorités québécoises, parce que, comme je viens de
le dire, cela peut servir de tremplin au Festival d'été de
Québec, qui dure une quinzaine de jours. On se rend compte quand
même qu'en axant la publicité sur le caractère historique
de première source européenne, on rejoint en Amérique du
Nord une population de 3 à 6 millions on n'est jamais capable
d'établir des chiffres de Franco-Américains en particulier
qui sont de racine, le terme à la mode, québécoise. Les
liens sont encore assez forts. Cela peut à la fois être
extrêmement bon pour ce qu'on appelle la francophonie
nord-américaine que ce retour au sens de l'identité et puis aussi
pour le tourisme, ce qui n'est quand même pas négligeable.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que j'ai bien compris que c'est
une somme de...
M. Lévesque (Taillon): Entre $700 000 et $800 000.
M. Levesque (Bonaventure): Entre $700 000 et $800 000.
M. Lévesque (Taillon): Dont $50 000 au départ vont
à la ville de Québec comme subvention pour son festival
d'été.
M. Levesque (Bonaventure): Mais les $700 000 et $800 000
où étaient-ils, l'an dernier?
M. Lévesque (Taillon): Ils n'y étaient pas.
M. Levesque (Bonaventure): Ils n'y étaient pas.
Vous avez décidé là, vous autres, tout seuls, qu'un
370e anniversaire...
M. Lévesque (Taillon): Comme des grands
garçons.
M. Levesque (Bonaventure): ... Cela valait $800 000? Au 371e,
qu'est-ce qu'on fait?
M. Lévesque (Taillon): On verra. Il y a environ $300 000
pour une campagne de publicité qu'on a rattrapée de justesse,
parce qu'on parlait encore, dans la publicité touristique, de la Belle
Province et d'une espèce de présence quasiment folklorique du
français. On a rattrapé ce qu'on a pu, on l'a axé sur
cette idée du retour aux sources. Il y a environ $300 000 qui sont venus
de cette subvention et additionnellement un peu du budget de publicité
du tourisme aux Etats-Unis, de façon à essayer d'axer une
campagne de publicité sur quelque chose qui ait un contenu valable et
non pas uniquement un peu quétaine.
M. Levesque (Bonaventure): On pourrait peut-être revenir
là-dessus, si le premier ministre le désire, s'il veut
compléter ses trois points.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela, si le chef de
l'Opposition permet, c'est environ $3 millions qui n'apparaissaient pas l'an
dernier, mais qui étaient ailleurs pour ce qui concerne la fête
nationale. Il y a, en 1978/79, comme dans l'ensemble de la fonction publique,
une bonification moyenne d'environ 9% qui doit être prévue dans
les traitements, la masse salariale, ce qui représente environ $150 000,
$160 000 et puis, du côté des effectifs, il y a eu addition de 67
postes, soit professionnels ou de soutien aussi bien à mon cabinet
qu'à ceux des ministres d'Etat qui représentent environ $554 000.
Je pense que vous avez le total à peu près complet.
M. Levesque (Bonaventure): Pourtant, curieusement, je regarde les
effectifs et je vois qu'on passe de 347, si je ne m'abuse, à 349.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais si le chef parlementaire
de l'Opposition voulait retourner, parce qu'il y a toujours cette consolidation
de l'année précédente...
M. Levesque (Bonaventure): Parce qu'il y a eu un budget
supplémentaire, je suppose?
M. Lévesque (Taillon): Non, ce n'est pas... Cela a
dû être couvert quelque part. Il y a eu des budgets
supplémentaires, mais il y a aussi eu des transferts. Ce qu'il y a c'est
que, l'an dernier, ce qui était étudié aux crédits
si le chef parlemen-
taire de l'Opposition voulait reprendre le livre des crédits de
l'an dernier c'était 239 postes autorisés au
départ, pour l'ensemble, soit 67 postes pour les cabinets des six
ministres, dont votre serviteur, le ministre d'Etat et moi-même; 89 pour
le secrétariat général et le greffe du Conseil
exécutif; aucun pour les conférences socio-économiques,
puisqu'elles étaient à peine amorcées; aucun pour ce qu'on
appelle maintenant SAGMAI, parce que c'était le bureau de l'entente avec
les Inuit et les Cris qui était au ministère des Richesses
naturelles; 83 pour le soutien administratif.
Ce qui s'est ajouté en cours d'exercice et qui constitue le total
de 300, que voit maintenant le chef parlementaire de l'Opposition, c'est, comme
on le voit: 25 postes qui sont des postes de secrétariat politique,
aussi bien chez moi que chez mes cinq collègues, ministres d'Etat; 12
postes qui sont le transfert des gens du bureau de l'entente et l'addition de
quatre personnes pour un nouveau secrétariat pour les affaires
amérindiennes et inuit, dont, pour l'instant, je suis le ministre
responsable, et 24 postes de soutien pour l'ensemble. Alors 61 plus 239, cela a
donné 300, finalement, pour les crédits modifiés. C'est de
là qu'on part. Tout ce qui s'ajouterait cette année,
jusqu'à nouvel ordre, ce sont six personnes qui sont le noyau permanent
du secrétariat des sommets, comme on dit, des conférences
socio-économiques.
M. Levesque (Bonaventure): Cela veut dire que, en cours
d'exercice, pour le cabinet du premier ministre et ministre d'Etat et pour le
soutien administratif, on a ajouté une cinquantaine de personnes.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Cela forçait ou quoi? Qu'est-ce
que c'est?
M. Lévesque (Taillon): C'est parce qu'il fallait quand
même atteindre un niveau normal. Est-ce que le...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on voudrait ventiler cela un
peu?
M. Lévesque (Taillon): On peut le ventiler beaucoup mieux
que cela. Je pourrais donner deux éléments d'information au chef
parlementaire de l'Opposition.
Le premier c'est que le cabinet du premier ministre, en 1976, avant les
élections, comportait 62personnes comme effectifs autorisés, le
cabinet de M. Bourassa. Avec les mutations, qui sont toujours prévues
après des élections, quand le gouvernement change, et avec,
également, des mutations de gens qui sont retournés dans les
ministères auxquels ils appartenaient, mais dont ils étaient
détachés, ce qui restait, pour 1976/77, pour mon coin, si on
veut, excluant les ministres d'Etat, c'était 31 personnes.
Avec les additions qu'il a fallu faire pour consolider ce personnel, qui
l'ont monté à 57, c'est ce qu'on trouve dans ce que j'ai
donné au chef de l'Opposition c'est encore cinq de moins que pour
le dernier cabinet libéral.
M. Levesque (Bonaventure): Le total n'est pas de 57, mais de
67.
M. Lévesque (Taillon): Moi, j'ai l'addition de 15, plus un
peu de soutien, à 31, mais tout le total est de 57 dans mon coin, en ce
moment, et les ministres d'Etat sont impliqués par le reste des 92 qui
sont mentionnés là...
M. Levesque (Bonaventure): C'est dans les 92? D'accord.
M. Lévesque (Taillon): C'est l'élément 1,
Cabinet du premier ministre et bureaux des ministres d'Etat.
Je ne veux pas m'en servir comme un argument d'autorité, mais les
responsabilités n'ont pas diminué depuis 1976 et il faut y faire
face.
M. Levesque (Bonaventure): Alors, on attribue l'augmentation de
62 à 92 à la venue des ministres d'Etat.
M. Lévesque (Taillon): Forcément, écoutez,
cinq ministres d'Etat, il ne faut pas oublier qu'ils ont des
responsabilités.
M. Levesque (Bonaventure): On ne parle pas du personnel de
soutien; on parle des cadres, enfin des secrétaires particuliers, des
secrétaires particuliers adjoints.
M. Lévesque (Taillon): La diférence entre 57 et 92,
c'est cela; ce sont les ministres d'Etat, c'est-à-dire la petite
équipe qui est leur cabinet un peu plus large peut-être des fois
que celui d'un ministre départemental, parce qu'ils n'ont pas de
département sur lequel tirer, à part leur entourage
immédiat, et ils ont beaucoup de coordination, de dossiers à
piloter, à fouiller, de comités à présider. Ce sont
purement parfois des occasionnels et des emprunts à l'occasion, mais un
tout petit personnel.
M. Levesque (Bonaventure): Tout de même, on était
parti d'une différence dans le budget du cabinet du premier ministre de
$2,6 millions à $6,2 millions. Pour l'expliquer, on avait trois
éléments.
M. Lévesque (Taillon): Donc, il y a trois
éléments.
M. Levesque (Bonaventure): II y avait $2,5 millions pour les
fêtes nationales; de plus, pour les fêtes de Québec il y
avait, pour le 370e anniversaire, entre $700 000 et $800 000.
M. Lévesque (Taillon): Et le retour aux sources, oui.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, oui. Cela faisait $3,3 millions.
Vous avez ensuite les 9% qui
représentent $160 000, selon ce que vous m'avez dit. Alors, on
n'est pas encore rendu à $3,5 millions. Ce sont des postes qui
représentent combien?
M. Lévesque (Taillon): Environ $554 000.
M. Levesque (Bonaventure): Vous êtes rendus seulement... Ah
oui! c'est cela.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Lévesque (Taillon): C'est cela. Juste une seconde, M.
le député d'Outremont me le permettra. Pour reprendre un tableau,
mais plus complet que l'an dernier cela permettra de faire le suivi pour
l'Opposition; on pourra donner plus de détails si l'Opposition en veut
sur les éléments 1, 2, 3, 4, c'est-à-dire le
cabinet, le premier ministre et les ministres d'Etat, secrétariat
général et greffe du Conseil exécutif, affaires
amérindiennes et inuit, gestion interne et soutien administratif, le
total de 300, les "bodies", les gens qui sont là, découpés
en quatre éléments, vous avez tous et chacun, toutes et chacune
de ceux qui y travaillent. Alors, de 1 jusqu'à 4, les 300 personnes sont
là. L'an dernier j'avais déjà donné une
première liste, mais, enfin, celle-là est plus
complète.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Vis-à-vis des ministres d'Etat, est-ce que le
premier ministre pourrait nous indiquer pas son appréciation, car
je sais qu'il va nous donner une bonne appréciation de ses ministres
d'Etat, bien sûr s'il y a des études ou des
évaluations des ministères d'Etat qui sont faites actuellement ou
qui se feront au cours des mois d'été, pour n'avoir pas
nécessairement des changements, mais peut-être une meilleure
efficacité ou une meilleure productivité de ces ministres
d'Etat?
M. Lévesque (Taillon): On la cherche tout le temps, mais
je renverrais le chef de l'Union Nationale à ce que je disais tout
à l'heure rapidement, en répondant à certaines questions
qui m'ont été posées en ce qui concerne le fonctionnement
de l'administration politique. Je ne peux pas aller plus loin pour
l'instant.
M. Biron: Maintenant, j'ai remarqué qu'il y a des
fonctions politiques ou des secrétaires politiques qu'on a
ajoutés. J'ai reçu, personnellement, mes députés
aussi, la visite de quelques analystes politiques. Ils disaient que leur
rôle, c'était justement de faire la liaison, en dehors même
du fonctionnarisme, entre les députés et le ministère.
Alors, est-ce que c'est un nouveau rôle, si j'ai bien perçu, celui
d'analyste politique, et c'est quoi la responsabilité d'un analyste
politique et puis est-ce qu'on en a beaucoup qu'on a ajoutés au
gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): Non, écoutez, très
simplement, si vous regardez, on en parle de ces ca- binets ministériels
dans le nouveau projet de loi sur la fonction publique, le projet de loi 50,
qui est discuté sur d'autres plans, mais j'espère que cette
idée paraîtra un progrès. Il y a une tradition qu'on n'a
pas inventée, qui est celle des cabinets ministériels qui sont
des cabinets politiques. Il y a le fonctionnarisme de chaque ministère,
il y a le fonctionnarisme du secrétariat général, de
l'exécutif, mais, autour de chaque ministre, y compris votre serviteur
et tous les autres, il y a une tradition d'établie qu'il y a un cabinet
politique qui est foncièrement politique, qui fait la liaison
forcément avec le caucus, qui fait la liaison avec le ministère
quand il s'agit de choses politiques, avec le comté du ministre, le cas
échéant, avec les autres ministères aussi, mais pour les
implications politiques. Cela, c'est normal. (21 heures)
L'analyste politique dont on parle, c'est simplement que le chef de
cabinet est, en général, une personne assez surchargée,
qui n'a pas le temps, qui doit faire une coordination d'un petit personnel mais
un personnel important autour du responsable politique; il y a un
attaché de presse, en règle générale; il y a des
adjoints qui se prennent des rôles. Nous avons simplement défini,
pour notre régie interne, qu'il fallait quand même ajouter une
fonction d'analyste politique. Prenons, par exemple, les implications d'un
projet de loi, un ministre pilote un projet de loi. Les fonctionnaires vont
préparer soigneusement le projet de loi, ses implications techniques
on l'espère on fait faire toute l'étude de ce que
cela peut représenter comme changement dans tel ou tel secteur de la
société. Mais cela va être fait strictement de façon
non politique; ce n'est pas le rôle des fonctionnaires de voir les
implications dans le milieu. Alors, il y a une analyse politique pour qu'on
voie quand même quelles peuvent être les réactions
possibles, quelles sont peut-être les imperfections à ce point de
vue par rapport au milieu concerné. Cela paraît tout à fait
normal comme fonction identifiée dans un cabinet politique. C'est tout
ce que cela veut dire.
M. Biron: Est-ce que les analystes politiques relèvent
directement du cabinet du premier ministre ou s'ils relèvent...
M. Lévesque (Taillon): Non, non...
M. Biron: ... directement de chacun des ministres?
M. Lévesque (Taillon): ... chacun des ministres qui ont,
autour d'eux, ce cabinet additionnel. Ce que je voulais dire à propos du
projet de loi no 50, c'est que, pour briser avec une tradition qui avait un peu
trop d'automatisme si l'Assemblée nationale l'approuve
c'est que ces cabinets ministériels, qui sont des nominations politiques
cela a toujours été accepté comme cela
n'auraient plus l'automatisme de la permanence, sauf ceux qui l'ont
déjà acquise parce qu'il y a quand même des droits acquis.
Mais si le projet de loi est
adopté, ceux qui ont acquis une permanence l'auront, selon la
classification que la Commission de la fonction publique leur donne, et ceux
qui sont déjà de la fonction publique, en service
détaché, ils gardent leur permanence. Ceux qui viendraient,
à partir du moment où le projet de loi serait adopté,
joueraient le jeu comme tout le monde, c'est-à-dire qu'ils
redeviendraient des citoyens ordinaires, et s'ils réussissent des
concours, tant mieux, mais c'est tout. Ils n'auraient plus cette espèce
de "casage" automatique qui était devenu une tradition et qui,
franchement, était abusive.
M. Biron: Est-ce que, maintenant, au bureau du premier ministre,
on a des analystes politiques qui analysent l'effet des politiques des projets
de loi et, même si cela est déjà fait au bureau de chacun
des ministres...
M. Lévesque (Taillon): Cela se fait de plus en plus.
M. Biron: ... afin qu'on soit informé, au bureau du
premier ministre, constamment de l'effet des projets de loi.
M. Lévesque (Taillon): Cela se fait de plus en plus
systématiquement dans mon coin, et chez les autres ministres aussi.
C'est en train d'entrer dans les habitudes, et cela correspond à ce
qu'on disait tout à l'heure à propos de la complexité de
plus en plus grande et des affrontements de plus en plus évidents dans
une société comme la nôtre. Il faut essayer
d'évaluer les répercussions; on n'y réussit pas encore
toujours, c'est nouveau comme préoccupation systématique, mais il
faut le faire.
M. Biron: Alors, cela veut dire que le bureau du premier
ministre, c'est un nouveau CAD mais qui surveille quand même
l'implication des projets de loi et non les individus.
M. Lévesque (Taillon): Les implications des projets de
loi, dans la société, c'est sûr.
M. Biron: C'est cela. Ce n'est pas ma question.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, je vais vous donner un
exemple concret. On ne l'a pas fait comme peut-être on aurait dû le
faire, pour des raisons de précipitation, etc., cela a rapport aux
modalités du "déclubage". C'était une chose, depuis bien
longtemps je crois quelque chose de caricatural dans le
Québec. On était les seuls, sauf erreur, en Amérique du
Nord, qui avaient encore cette espèce de découpage de plusieurs
milliers de milles carrés de territoire consacrés au
privilège exclusif de tel ou tel groupe, de chez nous ou d'ailleurs.
C'était plus que le temps de l'abolir, mais on n'a pas fait cette
analyse des répercussions, de la façon d'ajuster les
modalités, aussi bien qu'on aurait dû le faire; cela a
créé des confusions, des accidents de parcours. C'est ce genre de
choses, pour essayer de les baliser mieux, quand il y a des changements que
prévoient des projets de loi, afin qu'on puisse voir un peu d'avance les
répercussions et essayer de les ajuster mieux. C'est tout. Plus un
projet de loi sera bien préparé pour être accueilli
convenablement, plus il a des chances de réussir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Lévesque (Taillon): Je ne vois pas le lien avec le
CAD.
M. Roy: Merci. J'aurais une question à poser à
l'élément 1, la sous-catégorie 10.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, je n'ai pas terminé
ma question.
M. Roy: Excusez-moi, je suis toujours à
l'élément 1.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, oui, mais écoutez, dans
l'élément 1, on avait posé certaines questions quant
à la ventilation. On avait des fêtes nationales et le 370e
anniversaire, $2,5 millions d'une part et, en fait, $700 000 et $800 000 de
l'autre. Est-ce qu'on va avoir une ventilation de ces sommes?
M. Lévesque (Taillon): Oui. Pour ce qui est du 24 juin et
du patrimoine, parce que cela a été pour employer
l'expression qu'ils ont employée arrimé ensemble, entre le
23 juin... Cela ne veut pas dire que certaines choses ne commencent pas avant,
comme les rallyes des enfants, au point de vue historique qui avaient
été amorcés il y a déjà un an ou deux, ou
trois même, certaines participations sont reliées à une
conscience de l'identité collective, ce qui est normal. Cela peut
démarrer c'est démarré dans certains cas
bien avant le 24 juin. Normalement, l'essentiel est concentré entre le
23 juin, la veille de la Saint-Jean avec les feux traditionnels, et le 30 juin.
Comme on l'a dit, il y a une pause de courtoisie qui est prévue pour le
1er juillet. C'est le budget de base de la fête nationale.
Ce que cela représente cela ne manque pas
d'intérêt de le noter avec la nouvelle formule qui sera
encore à rediscuter après parce que depuis deux ou trois ans on
s'essaie là-dessus, mais ce qui se passe en ce moment, c'est qu'il y a
eu 974 demandes de groupes, de comités, d'associations, d'organismes ou
de milieux à travers le Québec qui ont manifesté leur
intérêt. Il y a eu 974 groupes qui ont fait des demandes pour
participer. Si on compare cela avec l'an dernier où une autre formule
faisait ses essais, il y avait eu 187 demandes. Cela a été
fêté avec ces 187 demandes et cela a été
accepté dans 250 localités ou municipalités. Cette
année, sur 974 demandes, 869...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant. Le premier ministre vient
de parler de 187 demandes l'an dernier...
M. Lévesque (Taillon): Reçues.
M. Levesque (Bonaventure): Reçues.
M. Lévesque (Taillon): ... et 105 réponses dont le
sens de l'acceptation avait été donné pour des
projets.
M. Levesque (Bonaventure): Oui. Et 250 quoi?
M. Lévesque (Taillon): Tout cela se répartis-sait
dans 250 localités du Québec.
M. Levesque (Bonaventure): Un projet pouvait être dans plus
dune localité?
M. Lévesque (Taillon): Je présume. Cela pouvait
être régional. Je suppose.
M. Levesque (Bonaventure): C'est parce que, lorsqu'on fait le
compte des localités, on arrive à plus de deux fois le nombre de
demandes acceptées.
M. Lévesque (Taillon): II y a deux choses qu'il ne faut
pas oublier. Dans certains cas, il y a des jumelages, dans d'autres cas, il y a
des trucs qui ont un caractère qui peut être régional,
intermunicipal, etc.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Cette année, il y en
a 974?
M. Lévesque (Taillon): II y en a 869 qui ont
été acceptés à la date de la semaine
dernière. Cela impliquera 576 municipalités ou groupes de
municipalités avoisinantes. C'est un peu la même idée.
M. Levesque (Bonaventure): Cette année, il y a moins de
municipalités qu'il y a de demandes acceptées? L'an dernier, il y
a eu deux fois plus de municipalités que de demandes
acceptées?
M. Lévesque (Taillon): Vous demanderez au comité
d'organisation de vous expliquer cela dans son rapport. Je prends ses chiffres
parce qu'il n'y a pas de raison qu'il essaie de nous conter des histoires.
Comme je le disais, il y a des rallyes historiques...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on a un chiffre...
M. Lévesque (Taillon): En ce moment, on dit 45 000...
M. Levesque (Bonaventure): ... pour le montant consacré
à ces groupes?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que j'ai la ventilation
régionale. Vous savez que l'an dernier on avait cela avait
déjà été amorcé essayé de
pousser davantage la régionalisation des fêtes; quant à
avoir un budget qui vient de tous les citoyens, que toutes les régions
aient une chance d'en profiter. On pourra en faire des copies. J'ai ici la
ventilation régionale à partir de l'Abitibi-Témiscamingue
jusqu'à Montréal, en passant par le Sud-Ouest, le Saguenay, le
Lac-Saint-Jean, etc., avec les budgets qui ont été prévus
et qui diminuent encore quelque peu l'apport toujours prédominant de
Montréal. On essaie tranquillement de régionaliser davantage. Par
exemple, Québec, avec un budget de $251 000, fait un saut par rapport
à l'an dernier. La même chose s'applique ailleurs. Il y a eu une
sorte d'indexation partout. Je pense que c est normal. La ventilation est
là.
M. Levesque (Bonaventure): Le total de tous ces groupes monte
à combien?
M. Lévesque (Taillon): Pour l'instant, au 5 juin, $1 826
000. Si le chef de l'Opposition le veut, on va finir très rapidement
là-dessus le "break down", je m'excuse, mais sans entrer dans tous les
détails...
M. Levesque (Bonaventure): On avait deux millions et demi et on
n'est pas rendu à cela. Où est le reste?
M. Lévesque (Taillon): On est au 5 juin. Il y a encore pas
mal de demandes dans la machine. Il y a des participations du milieu que je
n'ai pas ajoutées.
M. Levesque (Bonaventure): Qui s'occupe de cela au bureau du
premier ministre? Qui est le coordinateur de cela?
M. Lévesque (Taillon): II n'y a pas de coordonnateur chez
moi. Cela est encore inscrit aux crédits du premier ministre, mais, en
fait, la coordination se fait chez le ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. C'est au
cabinet de M. Charron qu'il faudrait poser la question. La coordination est
faite sous la responsabilité administrative du minisre Charron, mais
sous la responsabilité générale d'organisation de ce qu'on
appelle la Corporation des fêtes. Cela comprend onze membres
représentant et Montréal traditionnel et un certain nombre de
conseils régionaux qui ont été mis sur pied.
M. Levesque (Bonaventure): Ces sommes sont-elles des subventions
inconditionnelles? Est-ce qu'il y a des normes?
M. Lévesque (Taillon): Inconditionnelles et avec certains
critères de base, si on veut, mais inconditionnelles au sens que
même la corporation ne fait qu'entériner normalement les
décisions prises dans les régions. Autrement dit, ce sont les
conseils régionaux qui jugent, à partir de certains
critères, si les projets leur paraissent intéressants,
acceptables, stimulants et, à partir de là, si cela va, à
l'intérieur d'une enveloppe qu'on ne peut pas dépasser.
M. Levesque (Bonaventure): J'avais entendu parler de
difficultés avec la Société Saint-Jean-Baptiste, etc.
M. Lévesque (Taillon): II y en a eu.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que cela a été
réglé?
M. Lévesque (Taillon): Avec la Société
Saint-Jean-Baptiste, aussi avec les sociétés nationales et avec
le mouvement national.
M. Levesque (Bonaventure): Avec la Société
nationale des Québécois.
M. Lévesque (Taillon): II ne faut pas oublier qu'elles ont
un intérêt, je pense, presque héréditaire
maintenant. Si les sociétés Saint-Jean-Baptiste de
l'époque qui, avec des mutations, sont encore la Société
Saint-Jean-Baptiste, la Société nationale, etc., ne
s'étaient pas occupées de la fête nationale pendant
longtemps, je pense qu'on n'en aurait pas eu ou, alors, il aurait fallu le
réinventer autrement. Donc, c'est normal qu'elles aient un
intérêt assez enraciné et ancien et qu'il est douloureux de
relâcher. Tout ce qu'on demandait, c'était essentiellement qu'il y
ait un partage avec des nouvelles forces, des nouvelles activités dans
le milieu. Cela s'est fait avec certaines douleurs, cette année. On a
promis qu'il y aurait une réévaluation de cette formule
après les fêtes. On n'attendra pas au mois de février. On
le fera, si possible, avant l'automne pour voir comment il y aurait moyen de
concilier tout cela, pour ne pas éliminer des gens qui ont quand
même joué un rôle plus qu'honorable, en fait, un rôle
essentiel dans le passé, mais qui ne doivent pas avoir un monopole. Je
pense que c'est admis.
M. Levesque (Bonaventure): Comme il s'agit de fonds publics,
est-ce que le premier ministre est conscient qu'il y a danger de politisation
dans ce genre de...
M. Lévesque (Taillon): II y aurait danger de politisation
et de partisanerie même si on ne faisait pas attention. C'est pour cela
qu'il faut des garde-fous. Je pense que cette année, vous ne trouverez
pas je ne crois pas, en tout cas de politisation parce que cela
émane du milieu et les conseils ont été formés
vraiment après des assemblées de 200 ou 300 personnes, parfois,
qui représentaient aussi bien des conseils de la culture que des
conseils de loisirs, que des clubs de l'Age d'or, etc. Enfin, ils peuvent tous
avoir leurs convictions politiques mais, par définition, ce ne sont pas
des groupes partisans.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le gouvernement a pris des
mesures spéciales pour éviter cela et assurer que les fêtes
nationales soient réellement les fêtes nationales de tous les
Québécois?
M. Lévesque (Taillon): Oui. Des mesures spéciales?
C'est pour cela qu'on va réexaminer la formule pour être bien
sûrs qu'on peut, non seulement nous, éviter les tentations mais ne
pas en donner à des successeurs éventuels de politiser des
fêtes qui appartiennent à tout le monde. Concrètement, par
exemple, il y a un effort qui commence à donner de grands
résultats, cette année, pour impliquer ceux qu'on appelle les
gens des communautés ethniques, et toutes les communautés
ethniques qui le voudront bien, les solliciter et les entrer dans la fête
qui est la fête de tous les Québécois, quelle que soit leur
origine.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre
pourrait ventiler de la même façon les fêtes du 370e
anniversaire?
M. Lévesque (Taillon): Oui. Il y a une subvention à
la ville de Québec, je l'ai dit, qui est pour faire le lien, de $50 000,
pour le lancement du festival d'été. Je répète que
cela sert de tremplin au festival d'été de Québec qui est
une tradition. Il y a une subvention spéciale au Conseil de la langue
française qui aura des choses intéressantes dont je n'ai
pas le détail définitif encore à faire avec des
gens des autres provinces, des minorités françaises et aussi des
représentants de la francophonie américaine même, surtout
de la Nouvelle-Angleterre, $25 000, une petite subvention, mais ils ont
déjà un budget pour des événements spéciaux.
Seulement, pour ce cas, ils avaient besoin d'un coup de main. Il y a $300 000
qui sont réservés a la publicité, dont une énorme
partie est faite du côté des media américains. Là,
je dois avouer qu'il y a une préoccupation terre à terre qui
rejoint l'autre, qui est celle du tourisme. Je n'ai pas besoin de faire de
dessins sur le déficit touristique du Québec qui va
s'élargissant et s'alourdissant tout le temps. Il arrive qu'on y
participe les uns et les autres.
Je ne crois pas que la recette soit d'essayer de faire un ghetto
nordique mais plutôt de rendre notre territoire nordique plus attrayant,
surtout dans ses bonnes saisons, de façon qu'il y ait un
équilibre dans les échanges. Alors, il y a $300 000 là. Il
y a des frais de fonctionnement divers qui sont de $225 000, tel que
prévu, et il y a un spectacle dont le tout est prévu à
$200 000 qui serait le spectacle du 2 juillet...
M. Levesque (Bonaventure): Le 2 juillet? (22 h 15)
M. Lévesque (Taillon): ... le 2 juillet s'il fait
beau, ce sera le 3 s'il ne fait pas beau dont on m'assure qu'il sera
très réussi. L'organisation a été confiée
à la seule firme qui a, je pense, actuellement la maîtrise des
grands spectacles, Kébec Spec, et on a l'impression que ce sera
réussi. Enfin, ce ne sera peut-être pas l'équivalent des
trois grands champions sur les plaines, mais ce devrait quand même,
d'après ce qu'on nous dit, être une belle soirée,
reliée à cette idée des sources.
M. Levesque (Bonaventure): A quoi serviront les $200 000, pour
des honoraires, des cachets?
M. Lévesque (Taillon): Oh Seigneur! il y a de tout. Je
peux donner au chef de l'Opposition, si cela l'intéresse, le budget au
10 juin. Je voudrais éviter d'avoir là-dedans des choses qui ne
sont pas confirmées. C'est parce que certains des artistes clés
ne sont pas encore confirmés. Je ne peux pas donner en ce moment les
noms. Mais de 1 jusqu'à 25, il y a le détail du spectacle au
point de vue technique, cachets compris. Ce ne sont pas les cachets qui
coûtent le plus cher, loin de là. C'est à peine, je pense,
prévu à $30 000, $40 000 et on sait que, dans le monde artistique
d'aujourd'hui et pourtant il s'agit de vedettes, cela implique une
contribution. Mais il y a tout l'aménagement technique, les
répétitions, les droits d'auteur, les frais de voyage, etc.
Enfin, vous avez tout cela. C'est le devis.
M. Levesque (Bonaventure): Le 2 juillet, c'est axé sur le
370e anniversaire.
M. Lévesque (Taillon): C'est axé sur Québec
ville, sa naissance, le fait que c'est la première ville
d'Amérique, c'est la première ville de la francophonie. C'est un
salut, en même temps, à tous ceux qui viendront faire un tour,
qu'ils soient d'origine francophone, française d'ailleurs en
Amérique. Si le chef de l'Opposition n'a pas d'objection, toute cette
publicité axée sur une identité qui est unique en
Amérique du Nord pourrait peut-être aider au tourisme parce qu'il
en a sérieusement besoin.
M. Levesque (Bonaventure): Un peu comme le carnaval d'hiver.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est peut-être pas la
même inspiration, mais disons que, si cela aidait à maximiser nos
revenus touristiques en été, comme, à sa façon, le
carnaval d'hiver a réussi à le faire pendant un bon bout de
temps, ce ne serait peut-être pas mauvais pour une industrie je
pense que le chef de l'Opposition a déjà été
fugitivement ministre du Tourisme et il doit s'en souvenir qui demande
moins d'investissements que la plupart des autres...
M. Levesque (Bonaventure): Toujours des expressions, lui.
M. Lévesque (Taillon): On est tous fugitifs.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne suis pas encore sûr.
M. Lévesque (Taillon):... et dont le rendement est
considéré comme un des éléments les plus importants
dans la balance économique de n'importe quelle société. Il
ne faut tout de même pas diminuer cette préoccupation.
M. Biron: Un point bien précis, M. le Président.
Est-ce que justement, pour ces fêtes du 370e anniversaire de
Québec, on a dépensé plus d'argent en publicité
à l'extérieur du Québec? Vous avez parlé d'attirer
les touristes chez nous. Quelle partie a-t-on dépensée à
peu près en moyenne au Canada et quelle autre partie aux Etats-Unis?
M. Lévesque (Taillon): Vous pourriez poser la question,
pour avoir des réponses plus précises, au ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. Je pense que le budget du tourisme
publicitaire, la campagne publicitaire comme on l'appelle, est d'environ $2 500
000, quelque part par là. C'est peut-être plus, parce que je parle
peut-être seulement de la saison estivale. Je le dis de nouveau: C'est
une industrie plus qu'importante. On demande $2 millions, d'accord, mais, par
rapport aux centaines de millions que cela peut rapporter, ce n'est pas un
énorme investissement. Les $300 000 qui sont dans cette subvention pour
les 2, 3 juillet, arrimés au Festival d'été de
Québec, pour la publicité, sont complétés par
environ $200 000 qu'on a réussi à immobiliser et à
réorienter avec le ministère du Tourisme sur cette nouvelle
définition de l'identité, du retour aux sources, etc. Donc, en
tout, cela peut correspondre à environ $500 000 sur ce budget et, sinon
la quasi-totalité, la grosse partie de ces montants sera
dépensée du côté des Etats-Unis.
M. Biron: Alors, la campagne, comme cela, est beaucoup plus
axée du côté d'une campagne touristique pour amener de
l'économie à Québec en particulier.
M. Lévesque (Taillon): En tout cas, disons que c'est une
préoccupation majeure, mais l'autre existe également,
c'est-à-dire cette espèce de façon de souligner
l'importance historique et, encore aujourd'hui, actuelle de la francophonie sur
ce continent. Ce n'est pas seulement au Québec, mais évidemment
le coeur étant le Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Levesque (Bonaventure): J'aurais juste deux questions à
poser au premier ministre, si la commission me le permet: La première
est relative à la législation et la seconde aux subventions du
Conseil exécutif.
Relativement à la législation, le premier ministre avait
déjà admis une faiblesse de ce côté. Il regrettait,
à un moment donné, qu'il n'y avait pas eu suffisamment de
relève, etc. Le premier ministre voudrait-il faire un commentaire
là-dessus?
M. Lévesque (Taillon): Oui, je pourrais peut-être,
en consultant, aller un peu plus loin.
M. Levesque (Bonaventure): On pourrait peut-être demander
au secrétaire général s'il veut répondre. Je n'ai
pas d'objection.
M. Lévesque (Taillon): Cela simplifierait. Vous n'avez pas
d'objection?
M. Levesque (Bonaventure): Non, je n'ai pas d'objection.
Allez.
M. Lévesque (Taillon): En matière de
législation, nous avons trois opérations que nous avons
lancées, qui ne sont pas toutes de même importance, mais qui se
complètent les unes les autres. A l'Assemblée nationale
même, nous avons nommé un greffier en loi, Michel Leclerc, qui a
une longue expérience de la législation antérieurement,
qui a passé par le Conseil exécutif, qui est en train de
renforcer l'équipe, ici même, au service de l'Assemblée
nationale, en particulier les amendements apportés en cours de travaux,
d'études à l'Assemblée nationale même et dans les
commissions.
Deuxièmement, au ministère de la Justice, il y a une
nouvelle division qui est en train de se renforcer autour de M. Jacoby, le
sous-ministre associé, qui est chargé particulièrement de
constituer une petite équipe de jurisconsultes au service des
différents ministères, sur la préparation des premiers
projets de loi. Cette équipe sera localisée au ministère
de la Justice, mais elle aura également des contacts avec chacun des
contentieux des ministères, de sorte que, dans chaque ministère,
un juriste soit spécialisé dans la fabrication des lois.
M. Levesque (Bonaventure): Un par ministère?
M. Lévesque (Taillon): Cela dépendra de la
quantité des lois, mais il y en a au moins un.
M. Levesque (Bonaventure): Plus au ministère des Affaires
municipales, peut-être.
M. Lévesque (Taillon): Sauf que dans les tout petits
ministères, où on a peu de législation, ce sera le
ministère de la Justice qui aura une petite équipe volante qui
sera au service des ministères qui auraient soit un surcroît de
travail, ou qui seraient mal équipés au point de vue
jurisconsulte.
C'est la deuxième opération qui est en cours, au
ministère de la Justice.
Troisièmement, au Conseil exécutif, nous sommes à
renforcer l'équipe qui était déjà là, qui
était assez petite au début, autour de M. Claude Rioux, qui reste
membre du personnel chargé de la législation, avec des mandats
spéciaux. En particulier, il a travaillé sur les lois sur les
Indiens, et il travaille maintenant sur la préparation du nouveau Code
civil. Autour de M. Jules Brière, qui n'est pas membre de la fonction
publique, nous avons constitué une équipe de juristes qui, sous
sa direction, révise les projets de loi et sert de secrétariat au
comité de législation. C'est notre intention de faire en sorte
que cette équipe soit dirigée par un fonctionnaire. Nous sommes
en discussion avec M. Brière pour savoir s'il serait prêt à
réintégrer la fonction publique. Cela lui pose des
problèmes sur le plan personnel et sur le plan de sa carrière de
juriste. On ne peut pas dire que le problème soit réglé.
Si, malheureusement, nous ne pouvons pas compter sur les services de M.
Brière, nous serons obligés de recourir à quelqu'un
d'autre, parce que c'est notre intention d'avoir une équipe permanente
avec un fonctionnaire de carrière à la tête de
l'équipe qui révise la législation pour le comité
de législation.
C'est une opération qui est bien lancée, mais on ne peut
pas dire qu'elle a encore atteint son point de maturité.
M. Levesque (Bonaventure): Non, parce qu'il me semble que ce sont
tous des morceaux, mais qu'il 'y a pas d'intégration.
M. Lévesque (Taillon): C'est pour cela que nous sommes
obligés de compter sur l'Opposition pour bonifier les projets de
loi.
M. Levesque (Bonaventure): C'est bien. Je pense que vous allez
continuer à le faire.
M. Lévesque (Taillon): Pour ce qui est des subventions, je
donne la liste.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, les subventions. Y a-t-il des
modifications?
M. Lévesque (Taillon): C'est la liste de l'année
écoulée, évidemment, du dernier budget.
M. Levesque (Bonaventure): Cela demeure toujours
discrétionnaire, dans la bonne tradition.
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire que cela sert
de supplément parfois pour des cas qui ont été
négligés ailleurs, mais on essaie de suivre des critères.
En tout cas, vous verrez en jugeant.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais regarder si mon
comté est là.
M. Lévesque (Taillon): Non, pas spécifiquement. Le
mien non plus.
M. Levesque (Bonaventure): Non?
M. Roy: Quel est le montant prévu pour ce genre de
souscriptions?
M. Lévesque (Taillon): Environ $390 000.
M. Roy: $390 000, je constate que le budget n'a pas tellement
augmenté depuis quelques années, parce que je me souviens...
M. Lévesque (Taillon): II est diminué en fait.
M. Roy: Je pense qu'il est diminué, oui, parce que je me
souviens...
M. Levesque (Bonaventure): II était de cet ordre, de toute
façon, entre $300 000 et $400 000.
M. Roy: Oui, mais je me souviens, en 1973/74, le budget
était de l'ordre de $300 000 environ.
M. Lévesque (Taillon): Ce sont les fonctionnaires qui me
disent qu'il a diminué. Je ne sais pas, je ne l'ai pas noté.
M. Roy: Je me souviens, en 1974, d'un budget d'environ $300
000.
M. Lévesque (Taillon): II avait dû monter, autour de
1976, pour des raisons que je ne comprends pas!
M. Roy: En 1976, je n'avais pas vérifié.
M. Levesque (Bonaventure): Pour les mêmes raisons qu'il va
monter l'an prochain!
M. Roy: Oui, c'est sûr! J'aimerais bien dire au premier
ministre qu'en 1976 je n'avais pas fait de vérification.
M. Lévesque (Taillon): D'accord.
M. Roy: On a parlé du personnel tantôt; avec votre
permission, M. le Président, j'aimerais demander ceci au premier
ministre. Les études qui sont faites actuellement, par le gouvernement,
sur la souveraineté-association, on a parlé de 15 à 20
études, sont-elles faites à même le budget du Conseil
exécutif ou si cela est fait sur le budget des Affaires
intergouvernementales?
M. Lévesque (Taillon): Tout ce qui a été
fait d'études qui ont émargé aux fonds publics je
pense que vous avez les explications les plus complètes jusqu'ici et je
n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit par le
ministre des Affaires intergouvernementales provient du ministère
des Affaires intergouvernementales. Cela a été fait, soit par des
équipes qui gravitent autour de M. Bonin, sous-ministre adjoint, soit
par des fonctionnaires, soit par des occasionnels, des contractuels et
strictement en dehors de toute préoccupation d'option politique. C'est
beaucoup plus comme des études, soit d'hypothèses reliées
à l'association éventuelle, ce qui se passe dans le monde dans ce
domaine, soit, forcément, des évaluations ou des bilans du
fonctionnement du système fédéral, tel qu'il est, ce qui
d'ailleurs, d'une façon ou de l'autre, a toujours été
fait, depuis ce que j'ai connu du gouvernement Lesage aussi bien sous Johnson
et probablement sous M. Bertrand aussi, qui sont passés vite, que sous
Bourassa, sauf certaines choses qui avaient été changées,
par exemple les comptes nationaux qui avaient été
arrêtés en 1970. Tout gouvernement en a besoin. Tant qu'on est
dans un système fédéral, quelles que soient les options
qui se posent, on a besoin d'avoir une perspective constamment mise à
jour de fonctionnement du régime parce qu'on est impliqué dans ce
régime.
M. Roy: Je ne veux pas remettre en cause là-propos...
M. Lévesque (Taillon): Tout cela, d'ailleurs, sera rendu
public, cela a été dit par le ministre.
M. Roy: Bon, mais je voulais quand même vérifier
pour voir si, dans le budget du premier ministre, il y avait des montants qui
étaient prévus.
M. Lévesque (Taillon): Non.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, d'abord, une question un peu
stupide, probablement...
M. Lévesque (Taillon): Qui appelle une réponse
idoine?
M. Raynauld: Peut-être. Peut-être que la
réponse va être stupide aussi, c'est bien possible, mais, dans le
budget de 1977/78, il y avait 239 postes autorisés, au départ, et
là on en eu 300.
Je regarde ensuite le budget de 1978/79, c'est $2 600 000; on me dit que
c'est le même chiffre qu'il y avait dans le livre de l'année
dernière, 1977/78. Cela ne concorde plus.
M. Lévesque (Taillon): Attendez, je ne sais plus où
vous êtes. $2 657 000...
M. Raynauld: Cela est le budget autorisé au départ
et il y avait, correspondant à ce budget, 239 postes autorisés au
départ, en 1977/78. En cours de route on ajoute 65 postes ou quelque
chose du genre, mais on garde le même budget. Il me semble qu'il y aurait
un iatus entre les deux.
M. Lévesque (Taillon): Pendant qu'on se consulte pour voir
comment ces chiffres se concilient, il y a une chose que je dois dire tout de
suite, c'est qu'avec postes et budgets au no 3, affaires
amérindiennes et inuit il y a un petit groupe qui a
été transféré avec postes et budget, en cours de
route, des Richesses naturelles; c'était le bureau de l'entente inuit et
cris. Pour le reste je ne sais pas s'il y a eu un budget supplémentaire
ou si tout simplement une consolidation n'a pas été faite, je ne
le sais pas.
On me dit qu'il n'y a pas nécessairement correspondance. Le
député d'Outremont a raison, il y a une consolidation qui est
faite des effectifs, il n'y a pas nécessairement correspondance dans les
chiffres. Si on veut avoir des chiffres beaucoup plus précis, il
faudrait probablement faire une autre opération de
réconciliation. Si le député la veut... (22 h 30)
M. Raynauld: Non, je ne veux pas faire recommencer les livres,
mais la question qu'il m'intéresse de savoir, c'est lorsqu'on fait ce
genre de livres de crédits, est-ce que normalement on prend les budgets
autorisés, plus les budgets supplémentaires partout?
M. Lévesque (Taillon): Normalement, oui.
M. Raynauld: Et dans ce cas-ci on ne l'aurait pas fait. C'est
cela?
M. Lévesque (Taillon): Ou, alors, il n'y a pas eu de
budgets supplémentaires. C'est venu du fonds consolidé
possiblement, avec autorisation pour les effectifs du Conseil du
trésor.
M. Raynauld: Parce que vous n'aviez pas l'argent pour remplir les
postes.
M. Lévesque (Taillon): Non, non, ce n'est pas cela, mais,
quand les postes sont autorisés, on peut les faire justifier par le
Conseil du trésor, parce que c'est dans l'organigramme que c'est
justifié et approuvé. A ce moment-là, si on ne voit pas la
nécessité d'un budget supplémentaire, les questions de
l'Opposition finissent par nous faire dire: Voici, ils sont payés
quelque part, puis c'est le fonds consolidé jusqu'à ce que ce
soit de nouveau autorisé. Il y a aussi des postes autorisés qui
ne sont pas nécessairement comblés, non plus, et qui arrivent en
cours de route.
M. Raynauld: Je comprends cela, mais il me semble qu'il y a
effectivement un hiatus entre les deux là, ce qui me paraît
inhabituel.
M. Lévesque (Taillon): Evidemment, le député
ne se réfère pas au total de 1978/79; on l'a expliqué tout
à l'heure. Mais la réconciliation complète on ne l'a
pas.
M. Raynauld: Non, c'est sûr. Maintenant, j'avais une
question aussi, avant de quitter ce programme 3. Je pense qu'à
l'intérieur de ce programme-ci on peut poser une question comme
celle-là qui concerne les relations du gouvernement avec les
sociétés d'Etat. Il y a eu des changements en cours
d'année, il y a eu quelqu'un qui a été chargé
spécifiquement des sociétés d'Etat. On sait qu'il y a une
étude apparemment qui est en cours de route, à propos des
sociétés d'Etat. Alors, ce qui m'intéresserait, ce serait
de savoir, dans la problématique qui a été posée au
départ par le premier ministre sur ces relations
générales, comment il voit ces relations du gouvernement avec les
sociétés d'Etat qui sont relativement nombreuses au Québec
et qui sans doute peuvent être un sujet de préoccupation.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que je ne
répéterai pas les propos assez percutants que le ministre des
Finances a prononcés là-dessus dans le discours du budget. Il y a
là une question de rentabilité éventuelle, mais il n'y a
pas seulement ce critère-là qui joue; il y a également
l'importance parfois sociale, souvent sociale, au point de vue de l'emploi
comme au point de vue du rôle à jouer, de ces entreprises. Il y en
a qui ont une vocation industrielle et commerciale, et d'autres qui n'en ont
pas. L'ensemble est assez disparate, cela a été noté
souvent. Je pense que je l'ai dit, et j'en ai parlé dans le discours
inaugural aussi. Cela a grandi très vite au cours des quinze, vingt
dernières années. Alors, ce qu'on essaie de faire, depuis un an
et demi, il y a d'abord, pour prendre les choses les plus concrètes, un
secrétaire géné- ral associé qui est M. Jessop,
ancien sous-ministre, qui est chargé spécifiquement
d'accompagner, si on veut, cette étude et l'évolution
nécessaire, à mesure qu'on peut l'actionner, des relations entre
le gouvernement et les sociétés d'Etat. Parmi ces relations,
certaines des priorités qu'on a établies et qu'on essaie
d'appliquer, ce sont par exemple, des programmes de développement qui
vont probablement entrer, d'ailleurs, de façon générale
dans la Loi de l'administration financière, dans un des amendements
éventuels qui viendront peut-être avant la fin de la session, de
façon à baliser de manière générale, avec
une annexe qui donne la liste des sociétés d'Etat, cette exigence
de programmes de développement qui peuvent être
périodiquement révisés, mais qui permettraient de voir la
perspective dans laquelle ces gens-là travaillent. Il faut
également établir peu à peu des critères de
performance. Cela demande pas mal d'études comparatives. Il y a des
choses qui se font, mais on n'est pas rendu là encore. Il y a des
contacts qui s'établissent aussi. Par exemple, il y a une petite
section, avec un sous-ministre adjoint, qui a été
créée au ministère de l'Industrie et du Commerce, pour
celles assez nombreuses qui dépendent de l'Industrie et du Commerce.
Alors, tout cela est encore un peu disparate, si on veut, mais on croit que
l'approche est bonne, sauf qu'on ne veut pas bousculer non plus les choses.
M. Raynauld: Est-ce qu'il existe une étude en cours de la
performance des sociétés d'Etat, indépendamment de ce que
le gouvernement entend faire à l'avenir? On nous a dit souvent qu'il y
avait des études en cours.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela. On met l'accent, que ce
soit SOQUIA, par exemple, qui relève de l'Agriculture...
M. Raynauld: Oui.
M. Lévesque (Taillon): ... ou que ce soient les
sociétés d'Etat qui relèvent du ministère de
l'Industrie et du Commerce, ou que ce soit le monstre, dans le meilleur sens du
mot, que représente l'Hydro-Québec, avec la nouvelle loi qui
devrait aider à lui donner une structure plus adaptée à
son époque. Ce sont plutôt des choses ponctuelles, ce n'est pas
à partir de ces critères généraux qu'on essaie
d'établir, d'études comparatives, on n'est pas encore capable
d'en établir. Chaque ministère tuteur, chaque ministre tuteur,
chaque ministère de tutelle doit suivre, à partir de certains
éléments généraux, comme les programmes de
développement, le commencement de critères de performance et
peut-être aussi il faudrait insister là-dessus des
relations humaines beaucoup plus suivies parce que, souvent, cela a
été perdu dans le paysage. Ce sont finalement des hommes qui font
vivre les organigrammes. Tout cela, je pense, nous donne de plus en plus de
bonne perspective de ce qui se passe mais on n'est pas rendu au point où
on pourrait faire des théories globales.
M. Raynauld: Je pensais simplement à des analyses qu'il
serait normal, il me semble, de faire de façon courante, pas
nécessairement des procès des sociétés d'Etat. Je
suis surpris, il n'existe pas d'analyse en tout cas publique au
sein du gouvernement, apparemment, un peu courante, autre que les rapports
annuels. On a les rapports annuels, mais il n'y a pas d'analyse, et j'avais
compris, depuis le début, depuis que je suis ici, que c'était
l'intention du gouvernement d'analyser, d'examiner, peut-être pas pour
faire une théorie générale, ni de voir toutes les
sociétés en bloc, mais peut-être une par une, examiner ces
sociétés et voir quel a été leur rendement, ce qui
est arrivé des fonds publics qu'on a utilisés là-dedans.
On a nommé des gens spécifiquement responsables ici, au Conseil
exécutif, ensuite au ministère de l'Industrie et du Commerce,
sans doute peut-être aussi ailleurs, j'ai pu en oublier.
M. Lévesque (Taillon): Je suis entièrement d'accord
avec le député.
M. Raynauld: Effectivement, il n'y a toujours rien,
semble-t-il.
M. Lévesque (Taillon): II n'y a pas rien, mais il y a des
approches qu'il faut faire avec une certaine prudence. Je vais vous donner un
exemple qu'on a vécu, celui de SIDBEC. SIDBEC s'en allait, tant bien que
mal, avec des ingérences politiques en cours de route, il y a quelques
années, vers un plan de développement. Mais ce plan de
développement s'est heurté parce que, justement, il n'avait pas
été systématisé, à toutes sortes de
contingences, les unes politiques, les autres comme le marché, etc. La
prospective n'avait jamais été faite conjointement par le
gouvernement et SIDBEC. Je pense qu'on peut dire que jamais, non plus, cela n'a
été fait de façon systématique, même pas une
par une pour les sociétés d'Etat. C'est ce qu'on essaie de faire
avec les plans de développement. SIDBEC a un plan de
développement qui doit, je pense, être approuvé d'abord par
le conseil d'administration incessamment...
M. Raynauld: Bientôt.
M. Lévesque (Taillon): ... mais qui, évidemment, va
être mâché cette fois-là, sassé, si vous
voulez, par le gouvernement il y a un comité de la
sidérurgie, parce qu'on sait à quel point cela implique beaucoup
des fonds publics de façon qu'on puisse déboucher sur
quelque chose de plus systématique qui répondrait à ce
qu'évoque le député d'Outremont, mais cela ne s'improvise
pas. Il faut d'abord avoir les instruments et un premier instrument, c'est
justement d'exiger certains critères et des plans de
développement. On partait avec rien.
M. Raynauld: J'ai une autre question connexe à celle-ci.
La procédure parlementaire, à l'heure actuelle, fait qu'à
l'étude des crédits, on nous dit: Vous pouvez peut-être
poser quelques questions au ministre responsable des sociétés
d'Etat, mais il arrive qu'à l'intérieur de ce cadre, il n'est pas
possible, en réalité, d'étudier sérieusement les
sociétés d'Etat. On sait ce que c'est, l'étude des
crédits, on a deux jours, et si on voulait faire justice à des
problèmes aussi gros que l'Hydro-Québec ou SIDBEC, c'est
absolument ridicule de faire cela dans ce cadre.
On me dit qu'il y a des occasions ad hoc qui sont choisies, par exemple,
lorsqu'une société demande des fonds ou qu'il y a un nouveau
projet de loi. Mais il m'a semblé et je voudrais avoir la
réaction du premier ministre là-dessus qu'il serait plus
normal qu'il y ait une occasion périodique, de type annuel, où on
aurait l'occasion, comme parlementaires, de faire venir les principaux
responsables et de poser des questions, d'avoir des informations sur ce qu'ils
font, parce qu'il peut arriver que, quant à certaines
sociétés, qui n'ont pas besoin de budget, qui n'ont pas besoin
d'être réformées, les parlementaires passent quatre ou cinq
ans avant de pouvoir avoir accès à des informations qu'ils
devraient avoir.
M. Lévesque (Taillon): Je suis parfaitement d'accord avec
le député d'Outremont. Le seul grand organisme d'Etat qui a pris
cette habitude, qui est devenue une tradition à peu près
annuelle, je pense, c'est l'Hydro. On sait l'ampleur des chiffres que cela
implique et on sait jusqu'à quel point on peut patauger, et même
là, ce n'est pas toujours satisfaisant.
Je suis parfaitement d'accord avec le député sauf que je
lui rappellerais ceci et il faut qu'on se le rappelle ensemble: C'est qu'avec
la longueur de nos sessions, la durée des débats, on a fait un
effort avec le règlement sessionnel, cette année,
l'extraordinaire avalanche de commissions spéciales, statutaires, de
travail en Chambre, les crédits qui mangent je ne sais pas combien de
temps, le discours sur le budget qui est un débat qui finit
ordinairement avec l'ajournement, le discours inaugural, si on peut
établir un calendrier qui permettrait, de façon humaine, vivable,
de faire cela, et cela demanderait la coopération de tout le monde et
peut-être un certain élagage de certaines choses, ce serait
sûrement plus qu'intéressant. Ce pourrait être sacrement
instructif parce qu'il y a des dizaines de milliers de gens qui sont
impliqués comme employés dans ces entreprises, cela
représente quelques milliards par année...
M. Raynauld: Et on s'amuse à discuter...
M. Lévesque (Taillon): Je pense que, comme responsable
parlementaire, c'est-à-dire politique, de l'emploi des fonds publics, je
suis parfaitement d'accord. Si on pouvait trouver le moyen d'ajuster cela avec
le reste du calendrier, ce serait une tradition à établir.
M. Raynauld: Dont le respect avec lequel le leader a
expliqué cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Je voudrais avoir une explication sur la
catégorie "Fonctionnement, autres rémunérations". On
avait, en 1977/78, $272 000, et on a monté, cette année, à
$599 000. Est-ce que cela veut dire qu'on a engagé plus de contractuels
qu'à l'habitude ou...
M. Lévesque (Taillon): Non, c'est surtout essentiellement
à l'élément 4. A l'élément 4, c'est le
soutien, je pense. La gestion et le soutien.
M. Biron: Oui.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que vous allez trouver
l'explication concrète dans la liste des employés qu'on vous a
donnée.
M. Biron: Non, la liste des employés c'est dans les
traitements, habituellement; autres rémunérations,
habituellement, c'est contractuel.
M. Lévesque (Taillon): Si vous regardez le total de 47
occasionnels, 43 maintenant, en bas, si on regarde les effectifs, cela rejoint
ce que je disais tout à l'heure, en réponse à une autre
question. Essentiellement, autour des ministres d'Etat, il y a des petits
groupes de permanents. Ce sont quelques douzaines de gens, il n'y a pas de
ministère, pas de service de haute technicité; ils ont les noyaux
essentiels de professionnels autour d'eux. Ils doivent faire appel à un
certain nombre d'occasionnels, de contractuels et ce sont les autres
rémunérations. Cela arrive assez régulièrement.
Il y a également là-dedans j'ai la liste, si cela
intéresse le député ou la commission un certain
nombre de gens qui ont été engagés par la commission
Malouf, la Commission d'enquête sur les jeux olympiques, dont le budget
est incorporé. Il va probablement y avoir un transfert de postes de
responsabilité, etc. vers le ministère des Finances; cela n'a pas
affaire à l'Exécutif, je pense que l'administration du Conseil
exécutif serait d'accord avec moi. On n'a pas l'expertise, parce qu'il
s'agit surtout d'enquêtes financières, budgétaires,
etc.
M. Biron: On peut conclure que les $597 000, ce n'est pas normal,
et que vous allez les transférer là où ils vont aller
normalement.
M. Lévesque (Taillon): En partie, sûrement, sous la
forme d'un transfert de cette Commission d'enquête sur les jeux
olympiques qui irait plutôt au ministère des Finances.
M. Biron: J'ai une autre courte question. On a
déposé la liste des subventions discrétionnaires
accordées par le premier ministre. Je vois que le plus haut montant
qu'il y a est au Conseil de presse du Québec. Vous, M. le premier
ministre, comme ancien journaliste, voyant qu'on n'a pas de président au
Conseil de presse depuis le décès du dernier est-ce que vous
auriez un commentaire ou est-ce que cela ne vous fatigue pas un peu?
M. Lévesque (Taillon): Le seul commentaire, je ne peux pas
aller jusque-là, c'est pour expliquer les deux ou trois plus grop
chiffres: OXFAM, $60 000, c'est devenu plus ou moins une tradition, maintenant,
c'est à peine si c'est indexé d'année en année et
je pense que c'est bien le moins qu'on puisse faire. Ce qui est marqué
pour le fait du retour aux sources dont on parlait tout à l'heure,
c'était sur la fin du budget, il s'agit du budget de l'an dernier, et
c'est incorporé dans le chiffre que j'ai donné tout à
l'heure, autrement dit, cela fait partie du total que j'ai donné. (22 h
45)
Les $100 000 du Conseil de presse, cela, c'est une entente
renouvelée qu'on a prise avec les représentants des journalistes.
C'était une entente sur trois ou quatre ans, je pense, qui avait
été prise par l'ancien gouvernement, de "matching funds", comme
on dit en anglais, c'est-à-dire de faire un effort pendant cette
période de mise en place de l'organisme, un effort conjoint que le
milieu, les entreprises et le milieu de la presse recueillent au moins
l'équivalent. Il faut que ce soit sous la forme d'un fonds en fiducie,
je pense.
La première année précédente et, je pense,
les deux premières années, il n'y a pas eu cet effort
équivalent. On avait vaguement l'impression que cela
n'intéressait pas le milieu. On a eu beaucoup de représentations.
L'organisme, en soi, est très valable. C'est un chien de garde qui sort
du milieu. Alors, on a renouvelé l'entente de l'an dernier pour cette
année mais à condition que cette fois-là, ce soit vrai.
Evidemment, si les journaux peuvent paraître, cela va peut-être
aider à les rentabiliser, mais que ce soit vrai que le milieu de la
presse fasse au moins un effort équivalent pendant les quelques
années qui viennent, cela reste à voir.
M. Biron: Est-ce que le fait qu'il n'y ait pas de
président du Conseil de presse cela a été ma
question tout à l'heure vous, comme ancien journaliste, est-ce
que cela dit que le milieu s'intéresse moins à son Conseil de
presse?
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas à nous de
nommer le président du Conseil de presse. Il ne manquerait plus que
cela!
M. Biron: Je ne vous demande pas de le nommer. Je vous demande
votre réaction, comme ancien journaliste.
M. Lévesque (Taillon): Ma réaction, c'est que je
déplore, comme vous, M. le chef de l'Union Nationale, qu'on n'ait pas
encore remplacé le disparu. J'espère que vous serez entendu et
moi aussi.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Beauce-Sud, c'est terminé. Donc, sur l'ensemble du programme,
êtes-vous prêt...
M. Biron: Seulement une question, M. le Président,
spécialement au ministre d'Etat. On a publié, depuis un an et
demi, beaucoup de livres de
toutes sortes de couleurs. Depuis le sommet économique, on avait
parlé d'un livre vert sur l'orientation économique. Cette
année, dans le discours inaugural du premier ministre, on a
appuyé énormément sur l'économie. Y aura-t-il une
idée sur la publication éventuelle d'un livre vert sur
l'économie ou, au moins, une orientation sur l'économie du
Québec?
M. Lévesque (Taillon): II me semble que je reconnais une
question toute récente du chef de l'Union Nationale. Demain, le ministre
d'Etat au développement économique est censé, je pense,
défendre sa part des crédits. Si le chef de l'Union Nationale est
encore présent, c'est peut-être à lui qu'il reviendra de
répondre, parce que c'est dans son secteur que ces choses peuvent se
mijoter.
M. Biron: Si le règlement me le permettait, je ferais
peut-être une recommandation au premier ministre de faire pression sur
son ministre d'Etat au développement économique pour publier les
orientations économiques du gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): En tout cas, je vais l'avertir que
la question s'en vient.
Le Président (M. Jolivet): Tout ce que vous pouvez faire,
à ce moment-ci, c'est un voeu. L'élément 1 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté. M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
est-il adopté?
M. Raynauld: Adopté. M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 3
est-il adopté?
M. Raynauld: Adopté. M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 4
est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 3 au complet est
adopté. Nous revenons au programme 2.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Le représentant de
l'Opposition officielle. M. le député de Laval.
Administration des élections et financement des
partis politiques
M. Lavoie: J'aurais quelques questions. Elles ne sont pas
très nombreuses. D'ailleurs, l'étude de ce programme nous
rappelle la bonne mémoire du député de Maisonneuve. Je
crois que cela nous donne l'occasion, au moins, de temps à autre, de
penser à lui, même si nous avons sollicité son retour cet
après-midi, à l'étude de la loi 92.
M. Lévesque (Taillon): Apparemment, il prétend
même avoir l'intention de venir voir ce qui se passe avant le 23
juin.
M. Lavoie: Ce serait une très bonne chose, d'ailleurs,
parce qu'on aurait une prochaine motion. Nous avons beaucoup de
difficultés avec le ministre de la Justice sur ce projet de loi.
M. Lévesque (Taillon): Non, seulement pour voir ce qui se
passe. Pas plus.
M. Lavoie: Oh, là, là! Cela va être difficile
de le retenir, je crois...
M. Fallu: Je tiendrais à avertir le premier ministre
qu'une journée, c'est le ministre de la Justice, l'autre journée,
c'est le leader parlementaire. Donc, l'amour change.
M. Lavoie: Non, c'est surtout le ministre de la Justice qui est
tout à fait intransigeant sur ce projet de loi.
M. Lévesque (Taillon): Devant des motions comme celles
d'aujourd'hui, il a donc raison.
M. Lavoie: Nous avons des motions très logiques, lorsqu'on
demande au gouvernement d'établir sa position constitutionnelle, on n'a
pas beaucoup de succès dans nos amendements. On avait même
pensé, dans notre prochaine motion, de proposer que la commission
devienne itinérante pour qu'on aille siéger au lac Simon.
M. Roy: Avec un CL-44. CL-215. Je m'excuse. M. Perron:
CL-215.
M. Lavoie: M. le Président, au programme 2, j'aurais une
question de portée générale sur la Loi électorale.
D'ailleurs il y a eu des consultations entre le cabinet du leader parlementaire
du gouvernement, ministre d'Etat à la réforme électorale
et différents partis politiques. Je crois qu'il y a une réforme
assez globale de la Loi électorale présentement en gestation.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous donner les grands
éléments de fond de cette réforme de la Loi
électorale?
M. Lévesque (Taillon): Je pense qu'au fond on vient de me
suggérer la meilleure réponse parce que commencer à
essayer d'élaborer ce que peut être le fondement on a
employé le mot deux ou trois fois ce soir de façon un petit peu
abusive philosophique de cette réforme de la Loi
électorale... Je pourrais tout simplement apprendre au
député de Laval et aux autres membres de la commission qu'un
projet de loi pas mal élaboré, un avant-projet, bien sûr,
doit venir au
Conseil des ministres. Les représentants du caucus ont
travaillé là-dessus après les consultations
qu'évoquait le député de Laval. Cela va être
transmis aux partis de l'Opposition, pour qu'on puisse réfléchir
là-dessus. Il n'y a vraiment pas de raison pour qu'on ne travaille pas
tous ensemble sur une réforme de la Loi électorale.
Cela vaêtre transmis aux partis probablement avant la fin de la
session, ou juste après la fin de la session, en tout cas dans les
semaines qui viennent, de façon que, si on doit travailler dessus
à l'automne, on ait eu le temps de faire son idée et au fond de
trouver les réponses aux questions comme celle que vient de poser le
député de Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, sans aller au fond de
la question. Le député de Saint-Jacques, qui agit comme leader
parlementaire actuellement, me faisait part qu'il proposerait possiblement
même un amendement dans la présente session sur la liste
électorale pour la rendre plus universelle dans les
municipalités. Cela pourrait même servir à la ville de
Montréal.
M. Lévesque (Taillon): Pendant la présente session,
oui, mais, si vous parlez d'avant l'ajournement, il semble que ce soit plus
difficile qu'on pensait à cause du cens électoral qui est plus
compliqué pour les villes. Donc, cela va probablement être tout
reporté à l'automne. Cela donnerait le temps à tout le
monde de réfléchir là-dessus.
M. Lavoie: Deux autres éléments que je
considère très importants dans cette refonte globale de la Loi
électorale, est-ce que le premier ministre serait en mesure de nous dire
si le gouvernement ou le ministre d'Etat à la réforme
électorale, au nom du gouvernement, aurait fait son lit ou aurait
décidé une prise de position sur le mode de scrutin, vote
proportionnel?
M. Lévesque (Taillon): Non. Pas encore.
M. Levesque (Bonaventure): Ce sera ouvert à la discussion.
Une autre information que nous aurions eue aurait été la carte
d'électeur. Est-ce qu'il y a eu une décision de prise de la part
du gouvernement sur cette carte d'électeur, carte d'identité?
M. Lévesque (Taillon): Non. C'est un point qui reste une
patte en l'air et il y a plusieurs hypothèses qui ont été
évoquées. Il y avait la carte classique avec la photo, etc., les
coûts que cela peut entraîner, tout ce que cela peut aussi amener
de "tatillonnage" additionnel. Il y a peut-être l'usage possible de
certaines cartes qui sont d'un usage de plus en plus général, la
carte d'assurance-maladie. Ce sont des hypothèses de travail qu'on aura
la chance de discuter. Il semble bien qu'il y aurait un avantage pour tous les
citoyens, dans n'importe quel contexte de consultation électorale ou
autre, de pouvoir avoir un mode d'identification plus immédiat, plus
sûr que ce qui est plus ou moins, c'est le moins qu'on puisse dire,
incertain actuellement.
Mais cela reste encore à discuter. On n'a pas pris de
décision dans le sens où le député posait la
question pour faire notre lit là-dessus.
M. Lavoie: Je ne parle pas au nom du parti actuellement, j'ai
beaucoup de réserves sur cette carte, cette multiplication de
contrôles et de cartes...
M. Lévesque (Taillon): Sauf une chose qu'il faudra tout de
même admettre. Si le député de Laval comme moi ouvre son
portefeuille et regarde le nombre de maudites cartes qu'on traîne
déjà la plupart d'entre nous...
M. Lavoie: Je vois l'American Express, Diners Club, je vois tout
cela là. Chargex.
M. Lévesque (Taillon): Je n'en ai pas, mais je pourrais en
ajouter. J'ai toujours eu peur de ces maudites cartes. On en a
déjà assez.
M. Lavoie: II y a une grande différence; celles que vous
avez ne sont pas obligatoires.
M. Lévesque (Taillon): II reste ceci. C'est que s'il
s'agit d'une carte obligatoire pour des élections...
M. Lavoie: Pour le référendum.
M. Lévesque (Taillon): ... pour identification
uniquement... Ou pour le référendum qui a quand même une
importance historique comme consultation, je ne pense pas que la fraude soit
quelque chose qu'on souhaite personne d'entre nous. A partir de là, pour
ces moments très spécifiques, qu'il y ait une carte qui soit
requise, si on peut s'entendre sur la forme de carte, la formule, ce n'est pas
plus odieux que de se faire demander sa carte par un policier dans la rue, si,
à un moment donné, il vérifie la circulation. Cela devient
obligatoire; sinon, on va au poste. On peut se faire demander une carte
à tel ou tel moment spécifique de la vie et, si on ne l'a pas,
c'est bien dommage, mais on devrait l'avoir.
M. Lavoie: Mais on n'est pas rendu au point où, si on
n'est pas au volant d'une voiture, si on est sur le trottoir, on vous demande:
Vos papiers, monsieur. On n'en est pas encore rendu là.
M. Lévesque (Taillon): Non, mais si, par exemple, vous
allez acheter quelque chose et que vous voulez payer avec un chèque,
dans à peu près toutes les entreprises organisées du
Québec, on va vous demander une identification. Si vous ne l'avez pas,
votre achat est légèrement compromis.
M. Lavoie: II y a une différence. Là, c'est un
service, c'est un crédit qu'on demande.
M. Lévesque (Taillon): D'accord, j'ai interrompu le
député, je m'excuse, mais il y a des moments spécifiques
plus ou moins importants où, si on n'a pas une carte ad hoc,
forcément, cela nous complique l'existence. On est habitué
à cela. Je ne vois pas ce qu'il y a de coercitif, excessivement,
à ce que, dans un moment spécifique aussi important que
l'élection, avec, surtout dans les régions urbaines, le danger de
fraude qui est permanent, on essaie de trouver une forme beaucoup plus
sûre que ce qu'il y a actuellement d'identification, mais
spécifiquement pour ce moment.
M. Lavoie: Je pense qu'il y a eu une amélioration dans les
moeurs électorales depuis une quinzaine d'années. On a
vécu tous les deux les élections de 1956, soit dans Laurier ou
dans Laval à l'époque.
M. Lévesque (Taillon): En 1960.
M. Roy: Les nouveaux partis ont contribué il ne
faut pas oublier cela à assainir le climat électoral
durant les campagnes électorales. Il faut que ce soit public.
M. Gagnon: C'est un fait.
M. Paquette: Qu'on se le tienne pour dit.
M. Lavoie: II y a quand même eu des réformes
majeures au point de vue de la Loi électorale qu'on se rappelle
les années 1963 qui ont limité les orgies de
dépenses qu'on a connues justement dans le temps.
Maintenant, sur cette carte d'électeur, ce serait peut-être
bon et je demande cela au premier ministre de demander au bureau
général des élections, comme document de travail, des
chiffres sur les arrestations qui ont pu avoir lieu, soit lors du dernier
scrutin dans les différents comtés du Québec pour
supposition de personnes. Ce serait peut-être assez intéressant,
ce serait un élément de base.
M. Lévesque (Taillon): De toute façon, je dois dire
une chose, c'est que je pense que cela va de soi, tout le long du chemin dans
cette réflexion qu'on aura à faire, tout le monde ensemble, sur
la réforme ou, enfin, les changements nécessaires à la Loi
électorale, le président général des
élections et son équipe vont être consultés et
doivent l'être.
M. Lavoie: Sur la Loi électorale, j'aurais une
dernière question. Est-ce qu'on pourrait avoir peut-être
l'assurance, pas un engagement, mais une parole du gouvernement disant que ce
sujet est ouvert à la discussion, la carte d'identité ou la carte
d'électeur, et qu'il y aura consultation entre les membres de
l'Assemblée et les différents partis avant qu'il y ait une
décision finale prise de la part du gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): Oui. Ecoutez, la décision
qu'on a prise cela fait une couple de semaines qu'on est obligé
de la retarder, parce qu'il y a trop de choses urgentes et cela c'est pour I
automne et qu'on va probablement concrétiser par des discussions
la semaine prochaine au conseil, c'est d'examiner le projet dans l'état
où il est, d'avoir les réactions des députés, d'en
tirer concrètement un avant-projet qu'ensuite on distribuerait un
avant-projet, ce n'est pas final sans qu'il y ait des décisions
absolues sur ces points, pour qu'on puisse en discuter entre nous.
M. Lavoie: Si je comprends bien, sur un autre sujet, le
recensement électoral qui avait été suspendu
l'année dernière aura lieu cette année.
M. Lévesque (Taillon): Oui. Même si, dans le projet,
on espère s'en aller vers la liste permanente, ce serait quand
même une garantie, puis un point de repère, parce qu'on ne passe
pas d'un système à l'autre sans avoir certaines protections.
Cette année, il nous semble nécessaire d'en faire une
conformément à la tradition. (23 heures)
M. Lavoie: Une autre question au premier ministre relativement au
dernier rapport de la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux. Je vous donne une réaction première, si vous
voulez. Ce que je trouve un peu bizarre, c'est surtout la proposition
d'augmenter les comtés de 110 à 121 comtés. Surtout que la
première question qui me vient à l'esprit, c'est que cette
commission avait fait un rapport, il n'y a pas tellement longtemps,
peut-être deux ans avant, dans lequel elle suggérait deux
circonscriptions additionnelles. A deux ans de différence, on arrive
avec onze comtés additionnels.
M. Lévesque (Taillon): J'étais au New Hampshire,
l'autre jour et j'ai appris et j'en étais sidéré,
sauf que la session ne dure pas longtemps qu'au New Hampshire, il n'y a
même pas un million d'habitants et il y a 400 parlementaires. Enfin,
chacun ses traditions!
M. Lavoie: Je crois que dans le Maine c'est un peu comme cela
aussi.
Mais est-ce qu'il y a une réaction préliminaire du
côté gouvernemental, du côté ministériel sur
cette augmentation de 110 à 121?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que, de ce
côté-ci de la table, vous trouveriez aussi certaines questions qui
se posent sur la nouvelle délimitation, etc. C'est bien normal, cela
nous touche tous directement, professionnellement, si on peut dire. Il reste
que la première réaction et la perspective générale
dans laquelle la carte a été établie dans le
système actuel il ne faut pas oublier qu'il reste à
discuter encore, par une imbrication évidente du mode de scrutin, parce
que si par hasard, on passait à un mode de scrutin parapropor-tionnel,
comme le modèle allemand qui a souvent été
évoqué, ajusté à nos conditions, cela impliquerait
quand même des additions; partant de là, cela reste un peu en
suspens la première
réaction, en prenant le système tel qu'il est et le projet
de carte, sur le nombre, nous, cela nous paraît logique, relativement
cohérent.
Le secrétaire général adjoint me rappelle...
M. Lavoie: On peut lui donner la parole si vous le voulez...
M. Lévesque (Taillon): Oui, si c'est nécessaire
dans un instant.... que si on avait suivi strictement la règle des 32
000 qui est encore là avec les variantes d'à peu près 25%
de chaque côté, nous aurions abouti à 127
comtés.
M. Lavoie: Oui, la règle stricte de 32 000, sans prendre
le dosage de 25%...
M. Lévesque (Taillon): Prenez le cas de celui qui vous
parle. Dans le comté de Taillon, il y a à peu près le
double de ce que devrait être le maximum admis. Alors, forcément,
il fallait un découpage nouveau. La logique stricte aurait mené
à 127.
M. Lavoie: Oui, mais je crois qu'il y aurait quand même une
prudence sur l'augmentation trop forte des députés. Il ne faut
pas oublier qu'un député, actuellement, coûte, par
tête de pipe, une centaine de milliers de dollars à l'Etat.
M. Lévesque (Taillon): Si vous tenez compte du
soutien...
M. Lavoie: C'est au moins $100 000, personnel, etc. D'ailleurs,
on a augmenté le budget de soutien dans les circonscriptions. Je crois
qu'un député, dans les milieux surtout urbains ou suburbains
urbains surtout peut aussi bien, avec les moyens que nous avons,
les appuis, autant de personnel physique et autres, représenter
la moyenne peut aller à 40 000 électeurs jusqu'à 45
000 ou 50 000 électeurs.
M. Lévesque (Taillon): Oui, sauf qu'il faut faire
attention, dans ce sens, d'aller trop loin. Je pense que je ne rappellerai rien
au député de Laval en évoquant le fait que, si on laisse
se gonfler indûment les comtés urbains, il y a des choses qui se
débalancent au point de vue de la représentation. Si on fait le
même genre d'ouverture du côté des comtés ruraux, on
aboutit à des comtés qui sont des immensités, à
cause du genre de territoire qu'on a. Alors, il faut...
M. Lavoie: Je crois qu'il faut trouver un juste milieu.
Peut-être changer le quotient de 32 000, sans augmenter, de
manière démesurée, les comtés ruraux où ils
ont déjà 40 ou 50 municipalités. Je ne les envie pas, ces
députés qui ont à représenter ces grands
territoires. Mais il faudrait trouver une formule et ne pas augmenter, en trop
grand nombre, surtout en prenant en considération une augmentation, si
le scrutin proportionnel était accepté, d'augmenter d'un autre
30%, par un dosage proportionnel. Je pense qu'il faudrait prendre cela en
considération.
M. Lévesque (Taillon): D'accord, mais il ne faudrait pas
oublier quand même tout cela fait partie de la discussion qu'on
peut avoir, parce que c'est interrelié à la question de la carte,
à la question de la Loi électorale, et la discussion
éventuelle autour du mode de scrutin pas oublier qu'on est
arrivé aux élections, en 1976, avec trois ou quatre ans de
retard.
M. Lavoie: Oui, trois ans de retard.
M. Lévesque (Taillon): II n'y avait pas eu la
révision prévue par la loi.
M. Lavoie: Une dernière remarque.
M. Roy: Sur le même point que le leader du gouvernement, je
voulais justement soulever cette question et je remercie le leader
parlementaire de l'Opposition officielle de l'avoir soulevée. Mais je
pense qu'il faudrait peut-être j'aimerais demander l'opinion du
premier ministre de ce côté revoir la loi des 32 000, 25%
de plus et 25% de moins. Je suis heureux que le leader parlementaire du
"gouvernement" abonde dans ce sens ce soir, parce que cela a fait l'objet de
représentations répétées.
M. Lavoie: Une question de privilège: Le leader
parlementaire de l'Opposition.
M. Roy: Le leader parlementaire de l'Opposition. Ai-je dit du
gouvernement?
M. Lavoie: Oui.
M. Roy: Je m'excuse.
M. Lévesque (Taillon): Vous retardez de deux ans.
M. Roy: Je m'excuse. Oui, je voudrais rassurer tout le monde.
M. Lavoie: Et surtout celui qui a été
visé.
M. Roy: Je m'excuse encore une fois. Mille fois pardon pour ce
lapsus.
Il faudrait quand même tenir compte de l'étendue du
territoire. Je regarde, par exemple, mon collègue de Duplessis, et mon
collègue de Lotbinière, ici. Il ne faut pas oublier que le
député n'est pas seulement le représentant d'un nombre
d'électeurs. Il est le représentant d'une population qui vit dans
un territoire donné. Si le député ne peut pas rencontrer
et représenter adéquatement les gens du territoire sur lequel il
a une responsabilité, je pense qu'on dévie, qu'on fausse un peu
le régime démocratique. Je pense qu'il devrait y avoir une plus
large mesure. Au lieu de 25%, on devrait mettre 33 1/3%. C'est une suggestion
que je fais. Il devrait aussi y avoir une limite de territoire afin qu'il y ait
plus de comtés que seulement le comté des Iles-de-la-Madeleine
qui a été retenu comme étant un cas particulier, un cas
bien précis.
Je ne veux pas revenir sur tous les débats qui ont eu lieu
à l'Assemblée nationale, ici, au sujet de la
représentation. D'ailleurs, les députés des comtés
urbains le savent très bien aussi; le travail d'un député
rural et d'un député urbain n'est pas le même, à un
point tel et je pense que c'est une grande lacune qu'il devient
extrêmement difficile pour un député d'un comté
rural d'accepter des charges ministérielles. Quand on a 35, 40 je
pense que le député de Lotbinière a environ 50
municipalités ...
M. Biron: 54.
M. Roy: ... ou 54 municipalités dans un comté et
qu'on fait un parallèle avec les comtés urbains, je pense qu'il
n'y a pas de commune mesure. Je suis très heureux de l'ouverture
d'esprit du premier ministre ce soir et j'ose espérer que les
recommandations que nous faisons ici, à cette commission parlementaire,
pourront être retenues dans un éventuel projet de loi, avant
même la tenue des prochaines élections
générales.
M. Lévesque (Taillon): Oui. On peut s'engager à
cela et on n'est pas sorti du bois, parce qu'il y a ce que vient de souligner
le député de Beauce-Sud, à quoi s'ajoute ce débat
qu'on doit avoir, cette discussion qu'il va falloir finir par engager sur le
mode de scrutin, parce que cela affectera nécessairement le
découpage et la représentation parlementaire.
M. Lavoie: Un dernier commentaire, en ce qui me concerne, sur ce
programme.
Lors d'une rencontre du conseil consultatif créé par la
Loi régissant le financement... la loi no 2...
M. Lévesque (Taillon): La loi no 2, le financement des
partis.
M. Lavoie: ... et, qui assiste le directeur général
du financement des partis politiques, on a fait un commentaire et il y a un
voeu unanime d'ailleurs des représentants de tous les partis que le
budget de cette loi devrait peut-être émarger du budget de
l'Assemblée nationale. Je comprends que cela peut rester au bureau du
premier ministre, même si la Loi électorale ne relève
d'aucun ministre en particulier. Il n'y a aucun ministre qui est responsable de
l'application de la loi. On me dit que, d'après la coutume, dans ce cas,
lorsqu'il y a absence de ministre pour voir à l'application de la loi,
c'est le ministre de la Justice, comme jurisconsulte du Québec, qui
agit. Mais je comprends que cela peut émarger au Conseil
exécutif, étant donné l'autorité qu'un premier
ministre a sur l'émission des brefs, etc. Je n'ai pas d'objection
à ce que cela soit là, mais je me demande c'est une
remarque que je fais pour les fonctionnaires du Conseil exécutif
si les deux autres budgets, pour la loi de la Commission permanente de la
réforme des districts électoraux et la Loi rég issant le
financement des partis politiques ne devraient pas, justement, appartenir aux
crédits de l'Assemblée nationale pour deux raisons. Ces
organismes font rapport, d'abord, non pas au premier ministre, mais à
l'Assemblée nationale.
Deuxièment, cela permettrait peut-être un débat plus
ouvert entre les partis politiques parce qu'on sait qu'on a un peu plus de
latitude si on veut débattre soit les districts électoraux ou le
financement des partis politiques lors des crédits de l'Assemblée
nationale, et on sait qu'on n'a pas l'intention de retenir le premier ministre
du Québec pendant plusieurs séances à défendre ses
crédits. Sans vouloir faire un débat très long sur ces
deux articles, ce serait plus logique que cela relève de
l'Assemblée nationale. C'est une simple suggestion que je fais.
M. Lévesque (Taillon): II y a d'ailleurs une logique qui
pourrait s'appliquer presque à tout, parce que les deux cas clés
qui sont le président général des élections et le
directeur général du financement, ce sont deux officiers, si on
veut, ou deux fonctionnaires de l'Assemblée, en un sens.
M. Lavoie: Nommés par l'Assemblée nationale.
M. Lévesque (Taillon) II y aurait certainement une logique
évidente à accepter l'idée ou à rediscuter
sérieusement l'idée du député de Laval en ce qui
concerne les éléments 2 et 3. On peut partir...
M. Lavoie: Vous pouvez y penser.
M. Lévesque (Taillon): ... un petit peu de recherche
là-dessus et on en reparlera.
M. Lavoie: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Simplement un commentaire, M. le Président. Le
financement des partis politiques, tout à fait par accident, parce qu'on
n'a pas pu s'entendre sur le choix d'un directeur général,
finalement, cela a abouti avec le choix d'un directeur général et
deux directeurs adjoints ou associés...
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire qu'on voulait
avoir des bretelles et une ceinture en même temps, mais enfin...
M. Biron: Finalement, on s'aperçoit...
M. Lavoie: Je pense que cela a été prudent de le
faire.
M. Biron: ... que cela a véritablement rapporté
quelque chose. Je discutais dernièrement avec celui qu'on a
suggéré, M. Clément Vincent, et il semble qu'il y a une
compréhension meilleure de la vie démocratique par les partis
politiques en
présence, que ce soit le gouvernement ou l'Opposition. Ce sera
peut-être un souhait que je ferai ce soir vis-à-vis de la
continuation de cette philosophie, pour reprendre un terme que le premier
ministre a mentionné tout à l'heure, du gouvernement du
Québec, à savoir une plus grande participation, au niveau de la
direction d'organismes comme la Loi du financement des partis politiques ou
comme la Loi électorale, des autres partis politiques. Puis, finalement,
il y aura peut-être une vie démocratique plus intense au
Québec, surtout de ce côté.
M. Lévesque (Taillon): Je suis entièrement
d'accord, et cela va entrer dans le même laboratoire conjoint, puisqu'on
va en parler tous ensemble. Est-ce que je peux me permettre une petite
remarque? Il est déjà 23 h 10 et mon collègue, Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, est là qui fait le pied de grue depuis pas loin de
deux heures. S'il n'y a pas de choses essentielles, c'est le seul programme qui
reste à voir et on l'avait annoncé, au début.
M. Lavoie: Adopté en ce qui me concerne.
Le Président (M. Jolivet): Cela va? Programme 2,
élément 1, adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 2,
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 3,
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Programme 2, adopté au
complet. Mme le ministre, vous pouvez maintenant vous attabler avec nous, sur
le programme 7: Promotion du droit et du statut de la femme. Mme le ministre,
la parole est à vous.
Promotion du droit et du statut de la femme
M. Lévesque (Taillon): Je dirais un petit mot liminaire
pour m'excuser, au départ, si on me permet de filer dans une minute ou
deux. Le programme est au Conseil exécutif mais l'administration est
sous la responsabilité entière, en ce qui concerne le Conseil du
statut de la femme, de Mme le ministre. Alors, je pense que je pourrais
simplement être oiseux si je m'attardais.
Le Président (M. Jolivet): Mme le ministre, la parole est
à vous.
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'on est
exactement à l'heure à laquelle on commence à penser aux
femmes, en général.
M. Lévesque (Taillon): Cela commence bien, je vais
rester.
Mme Payette: II est 23 h 15, cela me paraît tout à
fait indiqué qu'on aborde maintenant la responsabilité qui
m'incombe comme ministre responsable du Conseil du statut de la femme. Il y a,
au point de départ, assez peu de chose à dire quant aux chiffres.
On aura sans doute remarqué que le budget du Conseil du statut de la
femme a été augmenté de 44%, c'est-à-dire de $379
500, qui est une augmentation qui peut paraître importante. Quand on
sait, cependant, qu'une commande toute particulière a été
faite au Conseil du statut de la femme, lui demandant de procéder
à des consultations des organismes féminins et féministes,
à travers le Québec, et de produire, pour l'information du
gouvernement et de la population en général, un document qui sera
rendu public en septembre sur la condition féminine au Québec, je
pense qu'il est facile de comprendre cette augmentation. Surtout que les
budgets du Conseil du statut de la femme avaient été pratiquement
gelés depuis deux ans, qu'il y a eu à cet égard un certain
retard et que ce retard est maintenant rattrapé avec cette augmentation
qui paraît importante. Au delà de cela, je suis disposée
à répondre aux questions, mais je pense que c'est l'essentiel en
ce qui concerne la partie budget du Conseil du statut de la femme. (23 h
15)
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'au-delà
des chiffres que nous avons dans le livre des crédits il serait
peut-être utile que le ministre chargé du statut de la femme nous
explique un peu le contenu des programmes et quels sont les projets qui
viennent. Je pense qu'elle vient d'y faire allusion un peu, à une
consultation. Je pense que, pour l'information des gens de la commission, elle
pourrait peut-être élaborer un peu plus sur la nature de ses
activités.
Mme Payette: Un mandat a été confié au
Conseil du statut de la femme, qui est un conseil consultatif et qui, pour la
première fois, se voit confier un mandat d'exécution. Le Conseil
du statut de la femme est le maître d'oeuvre d'une politique d'ensemble
à être définie sur la condition féminine. Ce que
cela a voulu dire sur le plan pratique, ce sont des consultations
régionales qui ont eu lieu au cours des derniers mois et qui ont permis
de travailler avec des organismes représentatifs dans différents
milieux. Elles ont permis également la création d'un
comité interministériel qui réunit tous les
ministères du gouvernement pour mener à l'élaboration d'un
document qui serait rendu public, si les échéanciers sont tous
respectés au moment où on se parle on a toutes les raisons
de penser que les échéanciers seront respectés
autour du 15 septembre prochain et traiterait de l'ensemble de la condition
féminine au Québec.
M. Raynauld: M. le Président, ce serait le résultat
d'une consultation et cela prendrait la forme d'une étude, d'un rapport
de cette consulta-
tion? En quelque sorte, cela ferait suite aux deux volumes qui ont
été déposés il n'y a pas tellement longtemps?
Mme Payette: Cela ne fait pas suite. Les deux volumes qui ont
été rendus publics récemment sur la situation
économique des femmes québécoises étaient un
travail commandité par le Conseil du statut de la femme et
exécuté par un groupe spécial de l'Université du
Québec à Montréal. Ces deux volumes sont utiles pour
préparer le document, le rapport sur la condition d'ensemble, mais il ne
fait pas suite à ces deux documents.
M. Raynauld: Dans ces deux documents, il y avait un premier
volume qui était essentiellement descriptif et il y en avait un second,
si ma mémoire est bonne, qui portait sur les programmes. Si ce travail a
été commandé, c'est pour qu'il soit utilisé. Que
va-t-il inspirer?
Mme Payette: C'est-à-dire que ce travail a
été commandité par le Conseil du statut de la femme, mais
le conseil a bien fait savoir, au moment de sa parution, qu'il n'endossait pas
nécessairement toutes les recommandations contenues dans ce travail. Il
servira de référence pour la préparation du document sur
la condition d'ensemble, mais ce n'est pas nécessairement sur l'ensemble
des travaux qu'on s'est appuyé pour le reste des études.
M. Raynauld: Ce rapport sera fait vers le 15 septembre, et il
s'agit bien d'un rapport du Conseil du statut de la femme. A ce
moment-là, est-ce que, en tant que gouvernement, vous avez l'intention
de le faire suivre, si vous voulez, par une étape supplémentaire
qui, je suppose, devrait conduire à des recommandations que le
gouvernement pourrait faire et qui pourraient prendre la forme soit de...
Est-ce que vous envisagez des livres blanc ou des projets de loi?
Mme Payette: Si on parle de couleur de livre, on s'est beaucoup
interrogé. J'avais lancé au départ, un peu à la
blague, que cela pourrait être un livre rose parce que justement, vous
l'avez mentionné tout à l'heure, il y a des livres de toutes les
couleurs et que la discrimination envers les femmes commence dès la
naissance, comme vous le savez tous, avec cette prédilection pour le
rose en ce qui concerne les filles et le bleu pour les garçons. Il
m'était venu à l'esprit d'en faire un livre rose, il semble
cependant que les femmes prennent la chose beaucoup plus au sérieux, et
même la couleur a déplu à certains groupes. Je comprends
qu'on n'ait pas compris l'humour qu'il pouvait y avoir derrière la
couleur du livre.
Si bien que là, on se pose la question, on ne veut pas que ce
soit un livre vert; on ne veut pas que ce soit un livre blanc. Nous, les
femmes, on aurait eu très envie que ce soit un livre noir mais, comme il
risque d'y en avoir aussi, quant au fédéralisme que l'on
connaît, on se retrouve un petit peu à court de couleurs et on
envisage que ce soit un livre arc-en-ciel.
Puisque c'est la politique d'ensemble du gouvernement, je pense que cela
pourrait aller jusque-là. Blague à part, je crois que le contenu
de ce document serait extrêmement important. Je pense que le gouvernement
a déjà, en faisant cette commande, pris l'engagement de recevoir
ce document avec beaucoup d'attention. Ce que nous avons l'intention de faire,
c'est non seulement faire des recommandations, mais tenter de chiffrer ces
recommandations. Il faut savoir ce que cela implique comme coûts et il
faut se tracer un échéancier de réalisation, sur le plan
législatif par exemple, chaque fois qu'il faudra intervenir dans chacun
des ministères qui seront concernés par les recommandations.
Le Président (M. Jolivet): Cela va! Monsieur le chef de
l'Union Nationale.
M. Biron: D'abord, j'ai remarqué que le Conseil du statut
de la femme a un programme visant à permettre au conseil de travailler
à la promotion de l'égalité. Je pensais alors que
lorsqu'une province comme la nôtre si, temporairement, a
été économiquement malade, c'est alors la femme qui
écope des problèmes en premier et vous avez peut-être un
travail énorme à faire au sein de ce conseil là et si l'on
fait des mises à pied, malheureusement ce sont les femmes qui, les
premières, écopent des conséquences. Lorsque le mari est
en chômage c'est la femme qui se casse la tête au foyer pour savoir
comment économiser.
Mme Payette: Et quand le chômage augmente, en
général, on dit que c'est parce que les femmes sont sur le
marché du travail.
M. Biron: Oui, alors je vous encourage à continuer.
Mme Payette: L'égalité pour reconnaître le
choix des femmes de pouvoir travailler si elles le désirent.
M. Biron: Exactement, mais lorsqu'elle est à la maison, si
le mari est en chômage, c'est elle qui se casse la tête, le plus
souvent, pour rejoindre les deux bouts.
Mme Payette: J'espère qu'il se la casse un peu avec
elle.
M. Biron: Je ne sais pas si cela arrive toujours. Mme Payette:
Hélas!
M. Biron: J'ai quelques petites questions d'abord concernant les
"autres rémunérations".
Vous avez mentionné que le nombre d'employés permanents a
augmenté. Je crois que cela relève directement des traitements.
Dans "autres rémunérations", on passe de $32 000 à $112
000. Cela veut certainement dire qu'il y a eu des contrats donnés.
Mme Payette: II y a actuellement 36 postes au Conseil du statut
de la femme. Six postes sont vacants. Il y a eu une augmentation de dix postes
et l'augmentation de dix postes est justifiée justement par ce mandat,
donné par le gouvernement, de ce travail qui n'avait pas
été prévu au moment où on a créé le
Conseil du statut de la femme.
M. Biron: Mais à l'élément 2, vous avez
"autres rémunérations", en bas de "traitements" où il y a
une augmentation de $80 000, mais quand même, en pourcentage, c'est
énorme. Y a-t-il eu des contractuels engagés?
Mme Payette: Vous avez une somme de $30 500, de $47 500 qui sont
directement reliés au coût du bulletin du Conseil du statut de la
femme, dont vous devez, je pense, recevoir une copie comme chef de l'Union
Nationale, et $43 000 et $107 780 qui sont directement reliés à
la préparation de la consultation et de ce document que nous attendons
pour septembre.
M. Biron: D'accord. A présent, dans le dernier document
disponible, ici, je remarque, à la fin...
Mme Payette: II faudrait lire: personnes-année, en bas de
la page.
M. Raynauld: C'est de la discrimination, c'est
hommes-année.
Mme Payette: C'est exact. Ce sont des documents qui ne sont pas
préparés par le Conseil du statut de la femme. Ce sont des
formulaires faits à l'avance.
M. Biron: Depuis cinq ans, ou à peu près, que le
conseil existe, a-t-on remarqué, par rapport au point de départ,
une évolution nettement positive dans les résultats, à
cause du travail du Conseil du statut de la femme?
Mme Payette: Je pense qu'on doit dire oui. Le Conseil du statut
de la femme a été créé je vais
répondre personnellement et ne pas laisser la présidente
répondre beaucoup, j'ai l'impression, pour combler un vide au
moment de la préparation de l'Année internationale des femmes. Ce
conseil consultatif, au fond, soulageait la conscience de ceux qui sentaient
qu'ils n'avaient pas fait grand-chose dans ce domaine. Le conseil a,
effectivement, cependant, assumé magnifiquement son rôle. On a
assisté, contrairement à ce qu'on aurait pu prévoir,
à des prises de position très autonomes de la part du conseil par
rapport aux politiques gouvernementales, aussi bien sous l'ancien gouvernement
que sous le présent gouvernement, et je pense qu'on doit leur savoir
gré d'avoir le courage de se dissocier quand c'est nécessaire sur
le plan politique et d'assumer la responsabilité qui est la leur,
c'est-à-dire de voir à ce que les femmes du Québec
obtiennent finalement justice.
M. Biron: A présent, encore dans le rapport du conseil, il
y a ici une phrase et je voudrais savoir ce qui se passe maintenant. Pour les
organismes gouvernementaux, une période électorale c'est
le dernier rapport 1976/77 que j'ai pu me procurer suivie d'un
changement de gouvernement, n'est pas une période des plus productives
et ce rapport annuel en est le témoin. "Il nous a fallu marquer le pas
pendant quelques mois et transmettre au nouveau gouvernement toutes nos
recommandations toujours pendantes". Maintenant que c'est en marche, que
l'organisation est rodée, est-ce qu'on marque encore le pas ou si on a
accéléré?
Mme Payette: On ne marque pas le pas et je pense pouvoir dire
qu'on ne l'a pas marqué très longtemps. Il faut effectivement
faire le passage, si on veut, dans un domaine comme celui-là, comme dans
n'importe quel autre. Il faut apprendre à se connaître et à
travailler ensemble avant de pouvoir faire l'évaluation de ce qu'on
possède et de ce qu'on désire réaliser dans les
années qui viennent. Cela a été fait très
rapidement. Je crois avoir pu acheminer de façon assez directe et assez
rapide les demandes qui étaient pendantes de la part du Conseil du
statut de la femme et qui représentent les demandes des femmes
québécoises. Ces demandes ont été mises dans la
machine, selon le langage traditionnel du gouvernement, et donnent
déjà un certain nombre de résultats.
On sait, par exemple cela a été annoncé
qu'on sera en mesure bientôt de parler de garderies. Il y a une
loi qui a été adoptée récemment à
l'Assemblée nationale qui prévoit les congés de
maternité. On a beaucoup travaillé sur l'élimination des
stéréotypes sexistes dans les livres scolaires. Je dois vous
annoncer comme bonne nouvelle que, comme le Québec est passé,
j'oserai utiliser les mots, de la verge au mètre, il semble bien que les
femmes pourront en profiter et qu'au moment où on fera la transformation
des livres scolaires, on en profitera pour éliminer en même temps
les stéréotypes sexistes, comme quoi on profite de tout quand on
est une femme. Donc, on a fait du progrès et les demandes qui
étaient les plus urgentes sont tellement dans la machine qu'on voit
déjà les résultats.
Il me semble à moi cependant qu'il n'est pas suffisant, comme
j'ai eu l'occasion de le dire à l'Assemblée nationale en
particulier au député de Rouyn-Noranda, à ce moment, et au
député de Beauce-Sud, il n'est pas suffisant de dire: Les femmes
demandent des garderies, demandent des congés de maternité, etc.
Moi j'ai besoin de savoir comme ministre responsable ce qu'il y a dans cet
etc.
Il me semble que depuis longtemps, peut-être bien à cause
du fait qu'il n'y avait pas eu de réponse à nos demandes depuis
dix ans ou même depuis quinze ans, il y a une espèce de blocage
qui fait qu'on ne sait plus très bien quoi demander tellement il n'y a
pas de réponse à ce qu'on demande depuis si longtemps. Dans ce
sens, il y
avait un déblocage à faire. Ce déblocage est fait
maintenant grâce au travail du Conseil du statut de la femme, et je pense
qu'en septembre on pourra dire qu'on a peut-être rejoint les autres pays
qui ont fait pas mal plus de chemin que le Québec dans ce sens.
M. Biron: Je vous remercie, là-dessus. Sur un ton
humoristique, je voudrais dire qu'en changeant de dimension moi aussi j'ai
perdu deux verges, c'est pire que cela.
Maintenant, pour la nomination au Conseil du statut de la femme, je vois
qu'il y a onze membres du conseil, mais je vois par contre que sont
également membres de l'office du conseil, mais sans droit de vote, des
sous-ministres ou des délégués de ministères. Je
remarque qu'il y en a huit. Est-ce que les ministères essaient de
déléguer des femmes si possible quoiqu'il y a très peu de
sous-ministres qui sont femmes? Est-ce qu'en l'absence de sous-ministres qui
sont femmes, il y a des directeurs généraux ou je ne sais quoi,
des femmes haut gradées qui sont déléguées au
conseil, ou si ce sont des hommes qui assistent aux réunions?
Mme Payette: Je pense que je peux dire ici sans mentir que les
sous-ministres, avant l'arrivée du présent gouvernement, avaient
traité assez à la légère les convocations du
Conseil du statut de la femme et qu'ils avaient trouvé plus facile de
trouver une femme de service qu'ils envoyaient pour représenter le
ministère. Mais il était extrêmement rare que les membres
du Conseil du statut de la femme rencontrent les sous-ministres en titre, ce
qui était évidemment absolument nécessaire pour qu'elles
puissent avoir des interlocuteurs valables. Quand j'ai été
chargée de cette responsabilité, j'ai moi-même
convoqué les sous-ministres et j'ai eu la bonne idée de rester
à cette réunion toute la journée, si bien que tant que le
ministre a été présent, il était difficile pour les
sous-ministres de quitter. Depuis, ils sont beaucoup plus assidus. (23 h
30)
M. Biron: Est-ce que vous avez l'intention de garder le
même nombre quand même de représentants du gouvernement ou
si vous avez l'intention de suggérer des changements en ce sens qu'il y
aura peut-être seulement deux ou trois représentants du
gouvernement et les autres seront simplement des membres à part
entière du conseil du statut?
Mme Payette: On a plutôt fait le contraire, c'est qu'avec
cette entreprise d'envergure de définir une politique d'ensemble, on a
demandé d'augmenter cette représentation et on a demandé
que tous les ministères puissent être convoqués si on
estime qu'il est nécessaire qu'il en soit ainsi.
M. Biron: Je vous remercie; c'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sans rien perdre, je
voudrais...
Mme Payette: Chaque fois que vous perdez quelque chose, nous
gagnons quelque chose.
M. Roy: Je ne veux rien perdre. J'aimerais simplement demander
à Mme le ministre, étant donné que cette année, il
y a quand même une augmentation de 40% des budgets... Je pense que
c'était souhaitable, c'est très bien, mais il faudra encore faire
davantage, je pense, au cours des prochaines années.
Mme Payette: C'est encore beaucoup moins que pour le patrimoine,
je ne sais pas si vous avez remarqué.
M. Roy: Oui. Le personnel passe de 26 à 36. J'aimerais
demander au ministre si, à part la présentation, la
préparation d'un livre je ne veux pas donner de couleur au livre
qu'on entend présenter il y a des grandes priorités
à ce niveau, cette année.
Mme Payette: Quant aux priorités, on va d'abord terminer
ce qui est entrepris; pour les congés de maternité, on sait
maintenant qu'il y a une ordonnance qui doit venir. Je pense qu'on doit veiller
à ce que le contenu de cette ordonnance réponde aux besoins des
femmes du Québec. Je crois que le travail qui consiste à voir
à ce que les garderies également répondent aux besoins des
femmes du Québec incombe en partie au Conseil du statut de la femme et
au ministre responsable. Pour le reste, c'est la même chose, il y a un
rôle de surveillance, non seulement quant aux politiques du Québec
mais également quant aux politiques fédérales parce que
les femmes québécoises, comme vous aimez le dire vous-même,
jusqu'à preuve du contraire, sont toujours des femmes canadiennes et
subissent aussi, parfois, les foudres du ministre responsable du statut de la
femme à Ottawa.
Dans ce sens, je crois que le rôle du conseil, c'est de veiller
sur les deux plans. Je crois cependant qu'il ne faudrait pas non plus
entreprendre maintenant des choses qui pourraient entrer en contradiction avec
la politique d'ensemble. Si on s'est donné tout ce mal pour consulter,
si on a pris tout ce temps pour être bien sûr qu'on va
véritablement dire les bonnes choses en septembre, je ne voudrais pas
maintenant m'embar-quer dans des décisions éparpillées
qu'on pourrait regretter au mois de septembre. Il me semble qu'il faut
maintenant donner le temps de rédiger le contenu de ce livre, qu'il soit
de n'importe quelle couleur et, à partir de ce moment-là, c'est
le cas de le dire, il sera temps de faire son lit.
M. Roy: Je remarque, en regardant la ventilation du budget de $1
206 800, qu'il n'y a aucune réserve, aucun montant de prévu pour
ce qu'on appelle le chapitre des transferts pour accorder des subventions,
ainsi de suite. Est-il dans l'intention du conseil de faire pression
auprès du
gouvernement provincial et j'aimerais connaître la position
du ministre à ce sujet a-t-il l'intention de prévoir, dans
la préparation d'un prochain budget, des montants qui pourraient
être mis à la disposition d'organismes féminins qui
travaillent dans le sens du Conseil du statut de la femme mais qui pourraient
également aller plus loin que le conseil lui-même, qui pourraient
appuyer des mouvements de femmes à travers le Québec en les
aidant par l'octroi de petites subventions, comme cela se fait dans tous les
autres programmes qui sont prévus au Conseil exécutif?
Cela m'apparaît une anomalie le fait que l'on ne retrouve
absolument rien de ce côté, et le mot n'est pas assez fort, cela
m'apparaît une absence très grave.
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud, vous allez
donner des idées aux organismes féminins et féministes. Je
dois cependant dire...
M. Roy: Les hommes donnent parfois de bonnes idées aux
femmes; cela arrive de temps en temps.
Mme Payette: Et des mauvaises très souvent. M. le
député de Beauce-Sud, je crois cependant...
M. Charbonneau: ... parfois c'est vice versa.
M. Roy: C'est un homme qui parle d'expérience.
Mme Payette: On peut dire vice et vertu aussi. Je crois que le
Conseil du statut de la femme n'a peut-être pas comme fonction justement
de venir en aide, sur le plan financier, à ces organismes de femmes.
Elles font appel, quand elles ont besoin de subventions, au ministère
auquel elles se rattachent davantage probablement, sauf que si vous êtes
en train de me demander, par une voie détournée, si
j'encouragerais la formation d'un ministère des femmes, ma
réponse pour l'instant est non. Je pense que ce serait faire des
handicapés sociaux, en l'occurrence. Je crois qu'il faut
reconnaître que les femmes le sont dans bien des cas, mais ce serait
cependant créer un ghetto de femmes qui me fait plus peur que la
situation qu'on connaît actuellement. Il est vrai qu'il est difficile de
pénétrer les ministères, c'est vrai qu'il est difficile
pour les femmes d'obtenir des postes importants, c'est vrai qu'il est difficile
de faire son chemin, mais je crois que ce serait encore plus grave d'isoler le
cas des femmes dans un ministère. Il me semble que des subventions comme
celles dont vous parlez feraient partie du budget d'un ministère qui ne
s'occuperait que des femmes.
M. Roy: Pas nécessairement. Ce n'est pas ce que j'ai voulu
dire. Je suis bien heureux, par exemple, que Mme le ministre ait apporté
des précisions relativement à la possibilité de la
création d'un ministère particulier.
Mme Payette: II y aura un ministère des femmes, quand il y
aura un ministère des hommes!
M. Roy: Oui, mais il y a peut-être 24 ministères des
hommes et il y aurait peut-être un seul ministère des femmes sur
24 ministères.
Mme Payette: II faudrait inclure les femmes dans les 24
ministères qui existent.
M. Roy: Je pense qu'elles y sont déjà. Je ne veux
pas faire de discrimination, ni faire le procès de qui que ce
soit...
Mme Payette: Pour en revenir à votre première
question, il y a beaucoup d'organismes féminins qui peuvent s'adresser
au ministère des Affaires sociales, par exemple, je pense aux centres de
viol, qui, à un moment donné, sont créés dans
certaines villes, à partir de besoins qui sont urgents. Ces centres,
bien souvent, ne peuvent pas vivre par eux-mêmes mais trouvent des
subventions auprès du ministère des Affaires sociales. Je pense
que certains ministères peuvent venir en aide à des organismes de
femmes qui existent, mais cela n'est pas actuellement du ressort du Conseil
exécutif.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Simplement une précision. Mme
le ministre a mentionné tout à l'heure qu'elle allait convoquer
les sous-ministres pour rencontrer le Conseil du statut de la femme. Est-ce que
Mme le ministre a remarqué beaucoup de femmes autour de la table, parmi
ces sous-ministres?
Mme Payette: Non, il n'y a pas de femme sous-ministre, je dois
faire l'aveu que, après 18 mois de pouvoir, il n'y en a pas plus qu'il
n'y en avait. Je pense que cela s'explique cependant. C'est que, comme on n'a
jamais prévu que les femmes puissent accéder à des postes
de commande, le rattrapage, actuellement, va prendre un certain temps pour
qu'elles puissent gravir les différents échelons qui les
conduiront au niveau de sous-ministre.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, n'est-il pas vrai que sans avoir
de sous-ministres il y avait plus de sous-ministres adjoints ou
associés? N'y a-t-il pas un recul?
Mme Payette: II y a un recul effectivement.
M. Levesque (Bonaventure): Qu'il faudrait corriger!
Mme Payette: Je vous assure que j'y emploie
beaucoup de mes énergies et que je n'ai peur d'aucune discussion
virile sur la question.
M. Raynauld: Vous n'avez pas peur des résultats!
Mme Payette: Vous seriez étonné!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. J'ai
écouté attentivement le ministre responsable du Conseil du statut
de la femme et cela me fait énormément plaisir de la voir ici ce
soir.
Je peux vous dire, à titre d'information, pour les membres de
cette commission, que, dans le comté que je représente, il y a
actuellement sept femmes qui travaillent à salaire égal avec les
hommes, sur des camions de 150 tonnes et une, en particulier, sur une
niveleuse.
Lorsque je vais dans les villes nordiques, cela me fait
énormément plaisir de les rencontrer, madame.
La question que je voudrais vous poser est celle-ci: Est-ce que vous
avez l'intention, si ce n'est pas déjà fait dans certaines
régions, de régionaliser le Conseil du statut de la femme? Est-ce
que cela est à l'étude?
Mme Payette: Le conseil l'est par différents organismes,
il l'est par certains de ses services et, à notre avis, il se pourrait
bien que ce soit l'une des conclusions du travail qui est en train de se faire
au niveau de la consultation.
M. Perron: Vous parlez de l'étude qui est en train de se
faire et du rapport qui va être soumis en septembre?
Mme Payette: C'est cela.
M. Perron: Maintenant, dans le même contexte, et me
référant à ce que le député de Beauce-Sud
mentionnait tout à l'heure, est-ce que vous pourriez nous donner le
nombre actuel de sous-ministres adjoints féminins?
Mme Payette: II n'y en a qu'une seule qui va bientôt
prendre sa retraite et qui est au ministère de I'Education.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres questions sur
le programme 7?
M. Perron: C'est tout pour ma part, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y en a pas d autres, il
est adopté.
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Merci. Je clos
les débats jusqu'à ce qu'on ait un nouvel agenda en
conséquence. Donc, les travaux de cette commission sont ajournés
sine die pour les besoins du journal des Débats.
(Fin de la séance à 23 h 41)