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Étude du projet de loi no 92
(Douze heures onze minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi 92, Loi sur la consultation populaire.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Bédard
(Chicoutimi), M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Godin
(Mercier), M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond)
remplacé par M. Beauséjour (Iberville), M. Garneau (Jean-Talon)
remplacé par M. Lavoie (Laval), M. Grenier (Mégantic-Compton), M.
Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M.
Gratton (Gatineau), M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier) remplacé par M.
Vaillancourt (Jonquière), M. Bro-chu (Richmond) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Dussault (Châteauguay), M. Lavoie (Laval)
remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lévesque
(Taillon), M. Morin (Louis-Hébert), M. Raynauld (Outremont)
remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux à
minuit, hier, nous en étions à l'étude de l'article 9 et
plus particulièrement à l'étude d'une motion de
sous-amendement présentée par le député d'Outremont
à une motion d'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lavoie: Avec la permission des membres de la commission,
j'aimerais faire une correction. Ce n'est pas une question de privilège,
tout le monde sait qu'il n'y en a pas en commission, mais ce serait une mise au
point.
Il y a un quotidien de Montréal, la Presse, qui rapporte, le
lundi 19 juin 1978, une déclaration. "Référendum, Lavoie
prépare une dernière offensive... Le Leader parlementaire de
l'Opposition officielle, Jean-Noël Lavoie, estime que le projet de loi
référendaire pourrait mourir au feuilleton d'ici la fin de la
session."
C'est complètement erroné. Je n'ai jamais
déclaré cela parce que, de toute façon, ce serait contre
la philosophie et notre règlement. Parce qu'un projet de loi qui n'est
pas adopté dans une première partie de la session demeure au
feuilleton et son étude continue à la reprise de la session.
C'est la seule correction que je voulais faire. Il s'agit d'une
dépêche de la Presse canadienne. Je voudrais bien qu'on fasse les
corrections voulues.
M. Bédard: On sera en mesure de voir dans la
réalité si c'est le cas.
Le Président (M. Clair): Je voudrais également
faire une correction. On n'était pas à l'étude d'une
motion de sous-amendement du député d'Outremont, mais bien d'une
motion d'amendement suite à un nouvel article proposé par le
ministre de la Justice. M. le ministre.
Durée du débat sur la question soumise
à la consultation (suite)
M. Bédard: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
discuter avec le leader de l'Opposition et également avec celui de
l'Union Nationale. Nous avons eu l'occasion de nous exprimer assez longuement
sur l'article 9 et sur la proposition de limitation des débats qui est
amenée à cet article par le gouvernement. Je vous demanderais de
suspendre l'argumentation là-dessus pour passer aux articles 25 et 26.
J'ai demandé qu'on m'amène l'essentiel, pour essayer d'en peser
le pour et le contre, de toute l'argumentation qui a été
apportée par les membres de l'Opposition. Peut-être y aura-t-il
lieu de trouver un moyen d'y aller pas mal plus rapidement.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie:... il ne s'agit pas de négocier sur le coin de
la table ou dans des conversations en dehors. Il y a eu des conversations en
dehors de la commission. Cela se fait couramment dans un Parlement. Je crois
qu'il y aurait lieu, en ce jour du 20 juin, quelques jours à peine avant
le 23 juin qui est la date prévue dans nos règlements pour
l'ajournement de cette partie de la session, sauf si le gouvernement
désire exercer certains pouvoirs qu'il a en vertu du règlement,
soit la suspension des règles...
M. Bédard: II n'en est pas question.
M. Lavoie: ... ou une motion d'urgence pour l'adoption de
certaines lois... En ce qui concerne la loi 92, la position de l'Opposition est
claire et précise. Nous n'avons jamais eu l'intention de retarder
l'étude de ce projet de loi. Nous avons toujours souhaité,
suivant nos déclarations antérieures, que ce projet de loi puisse
être adopté dans cette première partie de la session.
Effectivement, à ce jour le projet de loi a 49 articles et un peu
plus avec les articles ajoutés tous les articles ont
été étudiés ou abordés. Il reste une dizaine
d'articles en suspens. D'ailleurs, de très longues annexes, les
annexes 1 et 2 ont été étudiées et
adoptées.
M. Bédard: Appendices.
M. Lavoie: Appendices. Par contre, il ne faudrait pas bousculer
la solution de certains problèmes que nous considérons
très importants dans l'étude de ce projet de loi. Effectivement,
il reste en suspens des décisions capitales que doit prendre cette
commission qui étudie le projet de loi après la deuxième
lecture. D'une manière non
limitative, je peux les énumérer toutes: il y a la
question de l'appel prévu sur les décisions juridiques je
ne dis pas les décisions techniques ou de fait ou les
décisions du Conseil du référendum, notamment en vertu de
l'article 11.
M. Bédard: Concernant la validité.
M. Lavoie: La question juridique légale, cette question
d'appel n'est pas réglée, aux tribunaux de droit commun, en
l'occurrence, la Cour d'appel, comme cela existe dans les cas de contestation
d'élection, et d'autres articles du projet de loi s'y
réfèrent dans le cas de contestation d'un
référendum. Ce n'est pas réglé.
Premièrement.
Deux autres points reliés à une même question.
L'information à la population. Il y a l'article 6, qui est en suspens,
sur une certaine information que le gouvernement pourrait faire, et
également l'article 24a, je crois, sur l'information à être
donnée à la population, aux électeurs par les
comités nationaux. Cela n'est pas encore réglé. On voit
immédiatement l'importance de ces questions d'information pour que
l'électeur puisse s'exprimer en toute connaissance de cause.
L'article 9 est présentement suspendu sur la question d'une
clôture ou la fin des travaux sur un projet de loi qui serait soumis
à la consultation populaire. Ce n'est pas encore réglé.
Relativement, entre autres, à des motions qui sont en suspens pour
réduire le coût des dépenses permises par le comités
nationaux de $0.50 par électeur à $0.30, la question des
comités nationaux obligatoire n'est pas terminée. Cela, en vertu
de l'article 26 qui est encore en suspens.
Sur ces questions, le ministre a déjà
déposé, pour la connaissance de la commission, certains
amendements. D'autres amendements n'ont pas encore été
déposés, notamment, en ce qui concerne, je crois, l'information
aux électeurs soit par le gouvernement... Oui.
M. Bédard: Là-dessus...
M. Lavoie: ... on s'accroche là, sur l'information
politique.
M. Bédard: Je comprends, mais pour le
bénéfice des membres de la commission, nous avons
déposé un amendement.
M. Lalonde: II est suspendu. On arrive à la
dernière journée.
M. Bédard: Oui. C'est pour corriger peut-être
l'énoncé du leader de l'Opposition à savoir que nous
n'avons pas déposé d'amendement.
M. Lavoie: II y a un amendement substantiel, je crois, à
l'information que pourraient faire les comités nationaux, cela, en vertu
de l'article 24a, amendement dont nous n'avons pas encore pris connaissance et
qui a une importance énorme dans l'étude de ce projet de loi.
D'ailleurs, le gouvernement n'a pas voulu invoquer, à ma con- naissance,
jusqu'à maintenant, l'urgence d'adopter ce projet de loi avant la
suspension de nos travaux cette semaine. Il ne l'a pas encore
évoquée.
Une autre chose, à ma connaissance, qui a été
publicisée ce qui a été annoncé, cela, je
n'en fais pas une question politique c'est la décision, il
semble, du gouvernement actuel de tenir ce référendum uniquement
l'année prochaine, dans le courant de 1979, soit au printemps, à
l'été ou à l'automne. Cela, on ne le sait pas. Je ne vois
pas comment cette commission à moins que le ministre nous dise
qu'il y a urgence pourrait bousculer ses travaux pour tenter de
résoudre les cinq ou six points importants qui sont couverts par une
dizaine d'articles du projet de loi. Pourquoi bousculer nos travaux s'il n'y a
pas urgence?
En ce qui nous concerne, il serait peut-être
préférable que ce projet de loi ne soit pas fermé, ne soit
pas adopté dans cette partie-ci de la session à moins qu'il y ait
péril en la demeure pour que, autant l'Opposition... Il ne faut pas
oublier que c'est un projet de loi capital, qui est noyé dans une fin de
session, qui n'a pas la publicité dans le public qu'il devrait avoir,
à mon point de vue, à cause des différents
problèmes qui se passent au Québec, soit les relations
fédérales-provinciales, soit le problème de la taxe de
vente, soit d'autres discussions qui ont lieu sur la place publique
actuellement. Cela donnerait peut-être l'occasion au gouvernement de le
reconsidérer à la suite des représentations possibles,
peut-être, de citoyens ou de groupes de citoyens concernant les
comités nationaux.
Parce que, en ce qui nous concerne, l'Opposition officielle, nous sommes
encore d'avis, dans une argumentation que nous avons depuis le
dépôt du livre blanc, sur cette contrainte, sur cette obligation,
sur cette manière de carcan pour les citoyens du Québec, autant
pour les individus que pour les groupes, qu'ils ne devraient pas être
obligés de s'enrégimenter dans des comités nationaux s'ils
désirent participer à la campagne référendaire. Je
termine en disant que je me demande si la solution ne serait pas de la part du
ministre de faire une déclaration, s'il tient absolument à ce que
ce projet de loi soit adopté dans cette première partie de la
session disant, pour quelle raison il désire cette adoption assez
rapide. Si c'est son intention, je voudrais qu'il nous procure
immédiatement ou à 15 heures cet après-midi, tous les
amendements, la position du gouvernement et les amendements qu'il a l'intention
de nous soumettre sur les cinq ou six points que je viens de mentionner. La
commission et le Parti libéral, comme membres de cette commission,
à la suite de ces amendements, nous prendrons une décision.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: ... il y a eu plusieurs énoncés
de bonnes intentions de la part de l'Opposition de terminer l'étude de
ce projet de loi au cours de la
présente partie de la session et, en conséquence de ne pas
faire d'obstruction. L'étude de ce projet de loi compte
déjà plusieurs heures. Tout le monde le sait. La plupart des
articles qui sont en suspens ont fait l'objet d'une discussion de fond
très élaborée, que ce soit à l'occasion du livre
blanc ou que ce soit à l'occasion des travaux de cette commission.
Lorsque le leader de l'Opposition nous dit qu'il est en désaccord avec
la formule des comités nationaux, il ne nous apprend pas une nouvelle.
Je pense que cela a été très clair tout au long des
discussions de cette commission. D'autre part, pour nous, du gouvernement, la
formation de comités nationaux constitue un des principes de cette loi.
Je pense que les positions sont claires là-dessus. Je ne vois pas en
quoi on pourrait reprendre tout ce débat qui a duré quand
même plusieurs heures, comme il y a eu un débat quand même
assez en profondeur qui a été fait sur tous les articles qui sont
en suspens. Ce n'est pas notre intention de bousculer l'Opposition. Je pense
que jusqu'à maintenant nous n'avons pas agi de cette façon,
surtout si l'on pense que ce projet de loi-cadre de la consultation populaire
est quand même porté à l'attention des membres de
l'Opposition et du gouvernement depuis au-delà d'un an.
M. Lalonde: La question, pas le projet de loi no 92.
M. Bédard: Non, je parle de l'ensemble, l'idée de
la loi-cadre, l'idée de la consultation populaire. Si on s'en
réfère au livre blanc, à maintes déclarations et
discussions, aux commissions parlementaires où les groupes ont eu
l'occasion de venir s'exprimer, je pense bien qu'on peut dire que la discussion
globale a eu lieu. Il s'agit pour chacune des parties, en fait, d'exprimer son
accord ou son désaccord; à chacun son droit.
Maintenant, je ne crois pas qu'il y ait lieu de reprendre des
discussions qui ont déjà eu lieu. M. le Président, on n'a
pas l'intention de bousculer l'Opposition. Je crois que c'est une loi, quand
même, qui a fait l'objet de suffisamment de discussions pour penser que
des parlementaires peuvent en venir au résultat de terminer les travaux
au cours de cette partie de la session. Nous allons continuer l'étude
article par article et nous serons en mesure de voir jusqu'à quel point
c'est possible, dans le respect des droits de parole de chacun, du droit
d'opinion de chacun, d'en arriver à terminer de nos travaux
d'étude de ce projet de loi article par article. Nous pourrions, M. le
Président, procéder au niveau des articles 25 et 26.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Un instant, M. le ministre et M.
le député de Gatineau. J'ai tu mes inquiétudes
relativement non pas à la pertinence en soi à la pertinence, mais
par rapport à l'étude du projet de loi des discussions qui ont eu
lieu entre le député de Laval et le ministre de la
Justice. J'ai permis à deux intervenants de le faire sans
requérir un consentement, mais, si on devait prolonger cette discussion,
j'aimerais qu'on sache un peu plus, en vertu de notre règlement, sur
quel point on se situe.
M. Lalonde: Sur la motion de suspension du ministre qui
était implicite à ses propos.
Le Président (M. Clair): Sur la motion de suspension de
l'étude de l'article 9.
M. Lalonde: II nous propose de suspendre un article et nous nous
demandons où on s'en va quand on sait qu'il nous reste seulement une
journée si on veut adopter ce projet de loi avant l'ajournement.
Le Président (M. Clair): Si on considère que la
discussion s'engage officiellement sur la motion de suspension de
l'étude de l'article 9, je vais d'abord demander au ministre s'il
confirme bien qu'il fait formellement une motion pour suspendre l'étude
de l'article 9.
M. Bédard: M. le Président, justement, dans le but
d'avancer nos travaux, j'ai été à même de constater
l'opposition unanime concernant l'amendement que nous avons apporté
à l'article 9 et je ne vois pas qu'il y aurait avantage pour le moment
je vous le dis très sincèrement à continuer
le débat sur cet article. Je crois plutôt que...
M. Lalonde: Est-ce que le ministre a des doutes sur
l'à-propos de son amendement si oui, on va le suspendre ou
si c'est seulement pour éviter le débat et le remettre à
plus tard? (12 h 30)
M. Bédard: Justement, étant donné
l'argumentation qui a été apportée, je vais essayer de
réfléchir à une autre formule qui soit de nature à
ne pas susciter une opposition telle que celle qui a été
manifestée hier soir.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bédard: Et j'espère en trouver une.
M. Grenier: Là-dessus, j'ai eu l'occasion, je pense, de
discuter avec le ministre comme il l'a fait avec l'Opposition officielle
également. Remarquez bien qu'on n'a pas d'objection du tout à ce
qu'on suspende temporairement cet article. Le leader parlementaire de
l'Opposition officielle a fait tout à l'heure un tour d'horizon rapide
sur les articles qui sont actuellement prêts à nous être
soumis ou qui ont été partiellement étudiés...
Évidemment, je ne veux pas qu'on soit pris de panique; bien sûr,
ce n'est pas notre intention. Il y
aura peut-être lieu également de passer à travers,
dans les quelques heures qui viendront. Si l'on pense aux comités
nationaux, chacun a fait son nid; on sait pas mal à quoi s'en tenir.
Nous avons exposé clairement notre position à ce sujet, le
gouvernement également ainsi que le Parti libéral. Il ne nous
reste peut-être plus qu'à voter quand on arrive à un
article comme celui-là. Les arguments ont valu des deux
côtés de la table. L'Opposition officielle avait ses droits et ils
étaient fondés; je m'en suis rendu compte. Nous étions
d'opinion différente et on l'a exprimé.
L'article 26 ne nécessitera certainement pas de longs
débats puisqu'il est maintenant très clair. Quand on arrive
à la réduction du coût, cette question a été
détaillée au cours de la journée de vendredi. Le
député de Nicolet-Yamaska a fait connaître le point de vue
de l'Union Nationale, et l'Opposition officielle a exposé le sien.
Encore là, je pense que les discussions peuvent être assez
brèves...
M. Bédard: ... reliées à cet article.
M. Grenier: ... quant à l'information qu'on a
mentionnée sur les articles 6 et 24A, le droit à l'information de
la population. Encore là, je pense qu'il y avait des raisons de croire
que les discussions ne pouvaient pas être éternelles à ce
sujet puisque la question avait été passablement discutée.
Il restait les articles 3 et 40 concernant l'appel sur les décisions
juridiques; le député de Nicolet-Yamaska apportera son
argumentation concernant ces articles.
Pour ce qui a trait aux débats sur l'article 9 qui ont
été poursuivis hier soir, le ministre nous a laissé
entendre, il y a quelques instants, qu'il était prêt à
considérer cet article. Si, pour l'avancement de cette étude, il
vaut mieux suspendre l'article 9 et procéder aux autres, je pense que
c'est faire preuve d'opposition vigilante, comme on l'a fait ces
dernières heures, et on en arriverait ensuite, par voie de consensus ou
par vote, à la fin de l'étude des articles que nous avons devant
nous. Je ne vois pas là un nombre incalculable d'heures. Nous ne
voudrions pas, bien sûr, partir une chicane ce n'est pas notre
intention pour associer loi et référendum. Ce qu'on veut,
c'est se donner un outil, et c'est en travaillant comme on le fait ce matin
qu'on va réussir à passer à travers, en sachant d'avance
qu'il y a des positions inconciliables, c'est évident.
La reprise de l'étude de l'article 9 va probablement appeler un
vote ainsi que pour l'article 26. Je ne vois pas à ce sujet
maintenant que c'est fort connu qu'on puisse éterniser les
débats là-dessus.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais vous dire que je
m'oppose de façon très vigoureuse à la suggestion du
ministre. On a étudié l'article 9 au départ, on l'a
suspendu en espérant que le minis- tre nous amènerait un
amendement qui le rendrait plus acceptable par l'Opposition officielle.
Lorsqu'il nous est revenu hier avec son amendement, non seulement il
n'était pas plus acceptable, mais il l'était moins par
l'Opposition que dans sa forme originale, puisqu'il y introduisait la notion
d'une clôture à l'avance.
Quant à moi, je n'accepterai pas, quoi que fassent mes
collègues, qu'on suspende à nouveau l'article 9 sans qu'on l'ait
vidé ou sans qu'on procède par les procédures normales,
c'est-à-dire que le ministre fasse une motion de suspension, on va la
débattre. Et moi, j'emploierai mes 20 minutes à la combattre.
M. le Président, on ne va pas se placer dans une situation
où on va avoir à adopter tous les articles du projet de loi sauf
ceux qui sont de principe, et qu'on va s'en aller dans le couloir tantôt
faire de la négociation pour échanger le droit d'appel contre la
clôture et ce genre de chose-là.
Je veux que les propositions soient faites ici en commission. Si le
ministre ne veut pas les faire globalement, comme le député de
Laval l'a demandé, qu'on les fasse à la pièce en
commençant par l'article 9, en commençant par la motion
d'amendement du député d'Outremont, qui n'est pas ici pour donner
son consentement à ce qu'on la retire. Donc, que le ministre
procède comme d'habitude.
Cela fait un an, comme le ministre l'a dit, que tout l'aspect de la
consultation populaire est soumis à l'attention du public.
Effectivement, cela fait un an que les organismes sont venus en commission
parlementaire; cela fait un an que les éditorialistes, les journalistes
et l'Opposition disent au gouvernement qu'ils ne sont pas d'accord sur certains
des principes dont le député de Laval a parlé. Cela fait
un an que le gouvernement continue à s'entêter à faire
exactement la même chose, sans accepter aucun amendement de fond. M. le
Président, ce n'est pas en faisant une stratégie de
procédure que le ministre de la Justice va nous passer cela entre les
dents aujourd'hui. Je l'avertis, s'il veut qu'on discute, s'il n'a pas
l'intention de faire de concessions à l'Opposition sur les articles qui
restent à étudier, M. le Président, qu'on procède
dans l'ordre. Disposons d'abord de la motion d'amendement que le
député d'Outremont a faite hier à la formulation de
l'article par le ministre, qu'il nous les soumette un à un et on jugera,
nous, si on doit intervenir ou pas.
M. Bédard: Justement, je pense que le député
de Gatineau ne devrait pas procéder à des procès
d'intention, quand même...
M. Gratton: M. le Président, ce n'est pas un procès
d'intention...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: M. le Président, on ne s'énervera
pas avec son ton. Tout au long de l'étude...
M. Gratton: Je peux le dire plus... mais je pense la même
chose.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! M.
Bédard: ... tout au long...
M. Vaillancourt (Jonquière): Quelle mouche l'a
piqué ce matin?
M. Bédard: Voyons, on dirait que vous venez d'arriver
à la commission parlementaire! Tout au long de l'étude de ce
projet de loi, il nous est arrivé de suspendre des articles, d'essayer
de procéder plus rapidement en abordant l'étude d'autres
articles. Il n'y a absolument rien de très spécial dans le fait
que je le demande ce soir aux membres de la commission, puisque je le lui dis
d'avance. Le député nous dit: Si le ministre n'a pas l'intention
de faire de concession, procédons sur l'article 9. Or, je viens
d'indiquer très clairement, que j'allais essayer de faire tous les
efforts nécessaires pour en arriver à une formule de compromis.
Quand le député de Gatineau dit que l'amendement que nous avons
apporté, hier, est plus rigoureux que celui qui avait été
déposé précédemment, je crois honnêtement
qu'il est dans l'erreur, parce que l'autre amendement prévoyait tout
simplement un délai maximum de trente heures pour l'étude du
projet de loi article par article.
Nous avons ajouté dans le présent amendement, celui
déposé hier, la possibilité pour l'Assemblée
nationale de prolonger le débat concernant l'étude du projet de
loi article par article. Nous avons apporté également, au niveau
de cet amendement, une proposition qui était dans le sens des remarques
faites par le député de Marguerite-Bourgeoys. Il y a toute une
différence au niveau de la souplesse entre cet amendement que nous avons
apporté et celui que nous avions préalablement soumis à
l'attention de la commission.
Alors, ce que je demande, tout simplement, M. le Président
puis comme hier soir, on a fini nos débats à minuit, je pense
bien que ce n'est pas demander quelque chose de tout à fait
spécial à l'Opposition, c'est de suspendre
momentanément cet article, pour que nous puissions passer à
l'étude des articles 25 et 26, étant donné qu'il ne nous
reste qu'une dizaine d'articles. D'ici trois heures, à la suite de la
suggestion, de la demande faite par le leader de l'Opposition, eh bien, sur
d'autres articles qui sont en suspens et sur celui-là en particulier,
nous serons en mesure, peut-être, d'indiquer très clairement aux
membres de la commission...
M. Lavoie: Encore du peut-être. C'est encore du
peut-être.
M. Bédard: ... nous serions en mesure d'indiquer aux
membres de la commission, dis-je, concernant cet amendement-là...
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président,
en vertu de l'article 85.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Gatineau invoque le règlement.
M. le ministre, le député de Gatineau invoque le
règlement.
M. Lalonde: On a quelque chose de concret, une promesse.
M. Gratton: M. le Président, quand je me suis
exprimé tantôt, je l'ai peut-être mal fait, je vais
m'expliquer. Quand j'ai parlé de l'article 9, j'ai dit que dans le texte
original de l'article 9, il n'y en avait pas de disposition pour limiter le
débat, qu'éventuellement on a suspendu l'article et que le
ministre nous a proposé un amendement pour limiter le débat
à 30 heures. Effectivement, l'amendement rendait l'article pire que le
texte original. C'est ce que j'ai voulu dire. Et, là, le ministre vient
nous dire: Regardez comment on est fin! Après avoir
présenté l'amendement pour limiter le débat à 30
heures, on l'assouplit un peu. C'est encore limité à 30 heures
par exemple, mais on assouplit le reste du texte pour se rendre au voeu de
l'Opposition. M. le Président, ce à quoi on s'oppose, on ne le
dit pas ce matin pour la première fois au ministre; on le lui a dit
hier. C'est lui qui, à partir de 20 heures hier, nous a forcés
à faire le débat sur la motion de clôture de 30 heures.
Cela nous a pris 4 heures hier après-midi. Ce n'était pas la
première fois qu'on le lui disait, là non plus. On le lui avait
dit dans des rencontres qui avaient eu lieu avec le leader de l'Opposition le
midi. On l'avait dit ici à la commission. Il devait savoir qu'on
n'accepterait jamais la limite de 30 heures, quels que soient les mots qui
l'entourent.
Et c'est ce que je dis ce matin. Je n'accepte pas qu'on passe à
l'article 25 ou 26 sans qu'on ait réglé le cas de l'article 9. Si
le ministre a quelque chose de concret à nous proposer pour assouplir sa
guillotine, qu'il le dise. Vous savez, si quelqu'un se fait couper le cou par
la guillotine, les termes qui l'entourent n'ont pas tellement d'importance.
Cela fait mal pareil! Le député de Mégantic-Compton va
comprendre cela, lui qui nous cite souvent les grands auteurs là-dessus;
la guillotine c'est la guillotine, quel que soit le nom qu'on lui donne. Je
veux qu'on règle cela. Si le ministre persiste à nous dire:
Laissons cela de côté et peut-être que j'aurai quelque chose
d'acceptable à vous proposer plus tard, ça ne marche pas! Et
quand la motion de suspension...
M. Bédard: M. le Président, je vous dis que,
dès la reprise de nos travaux à 15 heures, on aura l'occasion
d'indiquer...
M. Gratton: Qu'on suspende en attendant 15 heures. C'est aussi
simple que cela!
M. Bédard: Pourquoi arrêter nos travaux? C'est
purement dilatoire.
M. Gratton: Parce que j'y tiens. J'y tiens.
M. Bédard: Écoutez, vous y tenez! Durant tous les
travaux...
M. Gratton: Cela fait un an qu'on se fait jouer le même
tour; là, on ne marche plus!
M. Bédard: Écoutez. Laissez donc parler les
autres.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Bédard: Durant tous les travaux de cette commission, M.
le Président...
M. Gratton: Oui, pour 15 minutes!
M. Bédard: ... il nous est arrivé
régulièrement d'aller d'un article à l'autre...
M. Lalonde: Justement!
M. Bédard: Ce matin, on voudrait...
M. Lalonde: Je voudrais parler là-dessus, M. le
Président.
M. Bédard: ... simplement pour, à mon sens,
employer des moyens dilatoires, nous empêcher d'aborder un article
plutôt qu'un autre. Je crois que, devant l'énoncé des
intentions que j'ai fait devant les membres de l'Opposition par rapport
à l'article 9, si nous ne voulons pas utiliser des moyens dilatoires, il
y a lieu de passer à l'étude des autres articles qui sont
importants eux aussi.
Le Président (M. Clair): Messieurs, avant de donner la
parole à un autre intervenant, j'aimerais simplement vous souligner
ceci: Vous savez qu'à la Chambre, lorsque le président se
lève, les micros des intervenants sont automatiquement bloqués,
de sorte qu'il n'entre plus que la voix du président au journal des
Débats. Ici, en commission, vous le savez, ce n'est pas comme cela. Tous
ceux qui parlent ont leur micro ouvert, de sorte qu'à un moment
donné il n'y a plus rien à comprendre pour les gens du journal
des Débats. En plus de cela, pour les fins de vos travaux, si vous ne
vous entendez pas vous-mêmes, vous pouvez être sûrs que vous
ne vous comprendrez pas. J'aimerais simplement vous le rappeler avant de donner
la parole à un autre intervenant.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'il y a deux
questions pertinentes à poser lorsqu'on propose une suspension. Dieu
sait et vous aussi, M. le Président, qu'on en a eu des motions de
suspension à l'étude de ce projet de loi. On en a eu plusieurs.
Chaque fois, on a accédé aux voeux du ministre. Dans la
majorité des cas, c'était à son initiative qu'on a
suspendu. C'est soit le député de Maisonneuve, celui qui l'a
précédé, lorsqu'on a suspendu l'article 1 ou l'article 3,
ou le ministre actuel.
Le ministre nous a dit qu'il veut probablement nous proposer quelque
chose. Cela va, mais la deuxième question, c'est de savoir de quelle
façon cela va contribuer à nos débats. Il ne faut pas
être aveugle. On veut que cette loi soit adoptée le plus tôt
possible. On l'a dit et on le répète. On veut que le
référendum soit tenu le plus tôt possible. Ce à quoi
je m'oppose...
M. Bédard: Cela fait trois quarts d'heure qu'on discute
là-dessus.
M. Lalonde: Un instant. M. Gratton: ...
M. Lalonde: Est-ce que vous voulez que j'arrête de
parler?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Jonquière.
M. Lalonde: M. le Président, je vous soumets que c'est le
ministre qui vient de m'interrompre. Il y a quand même une maudite
limite.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la
parole.
M. Lalonde: M. le Président, ce à quoi je m'oppose,
c'est ce qui peut constituer une manoeuvre. Ce ne l'est peut-être pas
individuellement, mais cela peut le devenir inconsciemment ou non. C'est
l'accumulation d'articles suspendus vers la fin de nos travaux. Cela donne
l'allure qu'à un moment donné l'Opposition veut faire une
obstruction. Il n'y en a pas eu d'obstruction jusqu'à maintenant, M. le
Président. On a adopté 363 articles en 60 heures. C'est à
peu près dix minutes par articles. C'est à peu près six
articles l'heure. Hier, on a adopté des centaines d'articles sur
lesquels on aurait pu se prononcer 20 minutes sur chacun si on avait voulu.
Quiconque va dire qu'on fait de l'obstruction ment, M. le Président. Si
on a adopté 363 articles en 60 heures, c'est simplement une bonne
moyenne. On a suspendu une dizaine d'articles, et là on veut encore en
suspendre, alors qu'on est fort conscient que si on siège vendredi et si
on termine nos travaux à minuit, on peut adopter ce projet de loi. En
principe, on veut que ce soit un projet de loi en vigueur le plus tôt
possible pour qu'on ait un référendum sur l'avenir
constitutionnel. On vous le dit bien carrément. On l'a dit depuis le
début. On ne le fera pas en faisant bulldozer" des articles de
dernière minute au mépris du Parlement, de l'Assemblée
nationale ou des libertés individuelles. Là-dessus, par exemple,
on va être sans pitié. S'il le faut, on va dépasser minuit,
c'est-à-dire que ce ne sera pas adopté avant l'ajournement. On ne
négociera pas des guillotines et des droits individuels. Non. Cela, on
ne le négociera pas. Les droits d'appel non plus. (12 h 45)
Si le ministre pense nous "enfirouâper" une autre guillotine,
quelque part, dans d'autres mots,
cela, c'est fini. Cela ne passera pas. Alors, qu'il le dise tout de
suite. Si c'est une formulation qui va enlever la guillotine... Quant à
moi, réellement, par principe, je vais m'opposer à la suspension
parce que là, l'accumulation des suspensions, cela donne l'impression
que cette commission est embourbée. C'était une affaire de
consentement mais là, on arrive à la dernière
journée. L'article 3 sur l'appel a été suspendu par le
député de Maisonneuve un jeudi. Je m'en souviens. Cela fait
combien de temps? Cela fait un mois et demi, deux mois? Cela aurait pu
être rappelé au cours du mois de juin. Cela aurait pu être
rappelé au cours du mois de mai. Là, on accumule cela pour
essayer de nous donner tous les problèmes majeurs à la fin. C'est
pour cela qu'on s'oppose à la suspension.
M. Bédard: M. le Président, je comprends les
représentations du député de Marguerite-Bourgeoys. Il est
tout à fait normal, je pense, que les articles où il y a une
difficulté d'entente entre l'Opposition et le côté
gouvernemental, ce soit ces articles qui, pour fins de réflexions,
puissent être suspendus plus longtemps que les autres. On n'avait pas
à suspendre les appendices. Ce sont des points sur lesquels nous nous
entendions très clairement. Il est tout à fait normal que,
lorsque nous avons commencé l'étude article par article du
contenu des appendices, cela ait fonctionné très rapidement.
Même, dans cette partie, vous vous le rappelez, étant donné
certains renseignements qui nous étaient demandés par
l'Opposition, il y a deux ou trois articles que nous avons suspendus afin de
pouvoir donner les explications nécessaires à l'Opposition. La
même chose concernant deux autres articles qui sont suspendus, en ce qui
regarde les $0.50 par électeur et également deux autres articles
reliés à ce que nous déciderons sur les dépenses
référendaires maximales qui seront permises à chacun des
comités nationaux.
Il est tout à fait normal que dans les articles où il n'y
a pas une objection majeure ou une divergence de vue majeure entre l'Opposition
et le gouvernement, on puisse procéder plus rapidement, de la même
façon qu'il est normal que, sachant d'avance qu'il y a des divergences
majeures, plus de réflexion soit nécessaire pour essayer de voir
comment on peut procéder le plus rapidement possible concernant ces
articles fondamentaux. M. le Président, en aucune façon il n'est
question de négocier quoi que ce soit. Je pense que chacun a l'occasion
d'exprimer très bien son point de vue sur chacun des sujets, sur chacun
des articles qui ont été portés à l'attention des
membres de la commission. C'était justement pour essayer d'avancer le
débat, comme on l'a fait sur d'autres articles, que je proposais, M. le
Président, étant donné que j'ai été à
même de voir hier soir les positions très unanimes de l'Opposition
sur l'article 9, de suspendre momentanément le débat
là-dessus parce qu'il serait à prévoir, si nous restons
sur les mêmes positions, que le débat en fait serait très
long.
Je n'en fais pas grief à l'Opposition et je n'en ai jamais fait
grief à l'Opposition sur cet aspect. C'est dans un but de collaboration
pour faire avancer justement l'étude du projet de loi article par
article, que j'ai proposé d'aborder les articles 25 et 26. M. le
Président, je me rends compte qu'il est presque 13 heures. Nous avons
passé trois quarts d'heure à discuter de l'à-propos de
suspendre l'article 9 ou non, alors que nous aurions peut-être pu
régler deux ou trois autres articles qui sont en suspens. Je ne
comprends vraiment pas l'attitude de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député
de...
M. Gratton: ... je vais vous l'expliquer. C'est bien simple.
M. Bédard: Écoutez, vous n'êtes pas le
seul.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Gatineau, je pense qu'on
pourrait...
M. Bédard: M. le Président, nous allons suspendre
les travaux. Je vois que l'Opposition ne veut pas avancer, d'aucune
façon. Nous allons suspendre les travaux à 15 heures. Il nous
reste cinq minutes.
Le Président (M. Clair): Avant la suspension, M. le
député de l'Union Nationale, vous voulez intervenir depuis un bon
bout de temps. M. le député de l'Union Nationale.
M. Fontaine: Avant la suspension, pour donner un petit peu le
point de vue de l'Union Nationale face à cette suspension, je pense, M.
le Président, que, face à l'article 9 tel que proposé et
tel que nous l'avons débattu hier soir, il est bien clair que
l'Opposition est unanime et que nous n'accepterons jamais d'adopter cet
article. Il va y avoir un débat de fond et de longue durée sur
cet article. Partant de là et je pense que M. le
député de Mégantic-Compton est du même avis
nous acceptons, bien sûr, que le débat soit porté
maintenant sur d'autres points et qui sont peut-être aussi litigieux.
Mais je pense que le ministre a certains amendements ou accommodements à
nous apporter sur des articles, entre autres, je pense, sur l'appel. Il y
aurait peut-être lieu de revenir à autre chose. Nous voulons
immédiatement avertir le ministre que, s'il nous revient avec l'article
9 tel que prévu, il y aura un débat long et...
M. Grenier: Pénible. M. Fontaine: ...
pénible.
M. Bédard: J'ai été à même de
le constater et c'est dans cet esprit que je demandais la suspension du
débat sur cet article, pour passer à deux autres articles, 25 et
26 qui rejoignent certains
principes du projet de loi et qui nous auraient permis d'avoir une
discussion.
M. Lavoie: À la suite de ma demande...
M. Ciaccia:... le débat, on s'était engagé
dans l'article 9, beaucoup de déclarations ont été faites,
hier soir...
M. Bédard: Écoutez, ce n'est pas...
M. Ciaccia: On veut continuer.
M. Bédard: Si vous voulez continuer...
M. Vaillancourt (Jonquière): Suspendez jusqu'à
trois heures.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Ciaccia: Vous nous suggérez de morceler le
débat. Ce n'est pas de même qu'on peut étudier...
M. Bédard: Oui, mais continuer pour le plaisir de
quoi.
M. Ciaccia: C'est l'étude, article par article.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Ciaccia: Ce n'est pas la suspension, article par article, on
est en commission ici.
M. Bédard: Oui, mais continuer pour le plaisir de quoi? Je
suis à même de constater que le débat serait très
long, si nous maintenions notre amendement. À ce moment, c'est tout
à fait normal...
M. Gratton: Vous ne saviez pas cela avant de le présenter
à huit heures, hier soir?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Écoutez, vous vous êtes
exprimés...
M. Gratton: Vous ne vous en doutiez pas.
M. Bédard: Vous vous êtes exprimés...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: C'est vous qui avez décidé de commencer
par l'article 9. Vous n'aviez qu'à commencer par les articles 25 et 26
hier.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, si
vous savez que l'Opposition ne veut pas travailler, on pourrait suspendre
jusqu'à trois heures.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, un instant,
s'il vous plaît, à l'ordre!
Sur la table actuellement, il y a une motion de suspension du
débat jusqu'à quinze heures, ce dont cette commission est
saisie.
M. Lavoie: Sur cette motion, M. le Président, j'aurais une
question à poser au ministre.
Pour faire suite à ma demande, est-ce que nous pouvons nous
attendre, à quinze heures, d'avoir les amendements, la position du
ministre sur les amendements qui ne sont pas encore adoptés d'une
manière globale.
M. Bédard: On attend encore les amendements que
l'Opposition veut nous faire concernant les articles 25 et 26. On nous a dit,
d'une façon globale, que c'était...
M. Lavoie: Ce n'est pas l'Opposition qui a la majorité,
dans la commission. Dans le règlement, c'est le ministre qui propose ses
premiers amendements avant les députés de l'Opposition.
M. Bédard: Pardon, sur les articles 25 et 26 je vous ai
dit que je n'avais aucun amendement à apporter.
M. Lavoie: Dans ce cas, on va passer à l'article,... Si
vous voulez suspendre l'article 9, si jamais votre motion de suspension est
adoptée, on va procéder d'une manière logique puis on va
aller à l'article 3. On n'est pas pour sauter d'un article à
l'autre.
M. Bédard: M. le Président...
M. Lavoie: L'article 1 est suspendu à cause des
définitions. On va l'étudier logiquement, le projet de loi.
M. Bédard: Après avoir accepté d'aller d'un
article à l'autre, nous avons accepté de suspendre les articles
25 et 26.
M. Lavoie: Cela fait quatre fois que l'article 9 est
suspendu.
M. Bédard: Nous avons accepté, selon ce que
l'Opposition nous a dit, et là on ne veut plus accepter d'aller d'un
article à l'autre. C'est une drôle d'attitude, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): La motion de suspension
jusqu'à quinze heures est-elle adoptée?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
Reprise de la séance à 15 h 37
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend l'étude du projet de loi 92, Loi sur la
consultation populaire.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, pourriez-vous nous
relire l'amendement qui a été apporté à la
commission par le député d'Outremont, je crois?
Le Président (M. Clair): L'amendement du
député d'Outremont était relatif à la
dernière formulation de l'article 9 proposée par le ministre de
la Justice. L'article 9 proposé par le ministre de la Justice, tel qu'il
était à l'étude, se lisait comme suit: "Un projet de loi
ne peut être soumis à la consultation populaire que si, lors de
son dépôt, il contient une disposition à cet effet ainsi
que le texte de la question soumise à la consultation. "Ce projet ne
peut être présenté pour sanction qu'après avoir
été soumis aux électeurs par voie de
référendum. "L'étude de ce projet en commission
élue ou plénière ne peut excéder 30 heures sauf si
l'Assemblée nationale en décide autrement." C'est l'article
9.
La motion du député d'Outremont se lisait comme suit:
"Retrancher le troisième alinéa de l'article 9", soit
l'alinéa qui se lit comme suit: "L'étude de ce projet en
commission élue ou plénière ne peut excéder 30
heures sauf si l'Assemblée nationale en décide autrement".
M. Bédard: M. le Président, en ce qui nous regarde,
vous pouvez appeler l'amendement. Nous allons voter pour.
M. Gratton: À la bonne heure, M. le Président.
Là on parle.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député d'Outremont, à savoir "retrancher le
troisième alinéa de l'article 9", sera-t-elle adoptée?
M. Gratton: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 9...
M. Lavoie: Un instant, "sauf..." je n'étais pas ici
hier soir est retranché.
M. Samson: Cela devient un nouvel article 9, M. le
Président.
M. Bédard: Non, l'article 9 devient, M. le
Président, vous pouvez le lire...
Le Président (M. Clair): Je voudrais procéder
à une petite vérification. L'article 9 se lirait comme suit: "Un
projet de loi... est-ce qu'on y lirait le mot "adopté"?
M. Bédard: Je me suis posé la question, mais... Il
me semble que ce serait "un projet de loi..."
Le Président (M. Clair): II me semble qu'il vaudrait mieux
dire simplement: "Un projet de loi ne peut être soumis..."
M. Samson: C'est "adopté" parce qu'il y a trois
lectures.
Le Président (M. Clair): Hier, au moment où le
ministre de la Justice a donné lecture de l'article 9, effectivement, le
texte comprenait le mot "adopté". Cependant, je me demande si, pour des
fins de technique législative, il n'y aurait pas avantage à
retirer le mot "adopté". C'est la question que je soumets.
M. Bédard: M. le Président... M. Fontaine:
M. le Président... Une voix: Attention!
M. Bédard: M. le Président, pour ne pas faire de
discussion outre mesure, puis tenant compte du fait que le mot adopté a
quand même une signification dans l'article lui-même, alors nous
sommes prêts à voter tout de suite sur l'amendement.
Le Président (M. Clair): Le texte de l'article 9 sur
lequel vous êtes appelés à vous prononcer se lit comme
suit: "Un projet de loi adopté ne peut être soumis à la
consultation populaire que si, lors de son dépôt, il contient une
disposition à cet effet, ainsi que le texte de la question soumise
à la consultation. "Ce projet ne peut être présenté
pour sanction qu'après avoir été soumis aux
électeurs par voie de référendum."
Est-ce que l'article 9 tel que je viens d'en donner lecture sera
adopté?
M. Bédard: Adopté, M. le Président.
M. Lavoie: Est-ce que ce ne serait pas mieux d'écrire un
projet de loi adopté par l'Assemblée nationale?
M. Bédard: Je ne veux pas soulever d'autres débats,
mais...
M. Samson: Non, non, c'est implicite, cela.
Le Président (M. Clair): C'est implicite, il me
semble.
M. Samson: Mais par qui voulez-vous faire adopter un projet de
loi quand il nous est présenté dans les mains?
Le Président (M. Clair): À moins qu'on ajoute
adopté en troisième lecture; c'est la même chose
qu'adopté par l'Assemblée nationale.
M. Samson: Je n'ai pas d'objection si vous voulez l'ajouter en
troisième lecture; cela précise davantage.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que...
M. Bédard: Un projet de loi adopté, cela
nécessite nécessairement trois lectures; ce serait une...
M. Samson: Mais cela ne veut rien dire de plus, quant à
moi.
M. Lavoie: La première rédaction de l'article 9
disait: "Lorsqu'un projet de loi adopté par l'Assemblée
nationale." On pourrait dire; "Un projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale ne peut être soumis à la consultation
populaire que si, lors de son dépôt, il contient une disposition
à cet effet." On n'est pas pour se chicaner sur les mots.
M. Bédard: Non, on ne se chicanera pas
là-dessus.
Le Président (M. Clair): J'ajoute l'Assemblée
nationale?
M. Samson: À quelle place voulez-vous adopter cela
ailleurs qu'à l'Assemblée nationale?
M. Bédard: Je pense que la discussion est finie; on met
"adopté par l'Assemblée nationale."
M. Samson: Vous mettez par l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Clair): Le texte est le suivant: "Un
projet de loi adopté par l'Assemblée nationale ne peut être
soumis à la consultation populaire que si, lors de son
dépôt, il contient une disposition à cet effet, ainsi que
le texte de la question soumise à la consultation. Ce projet ne peut
être présenté pour sanction qu'après avoir
été soumis aux électeurs par voie de
référendum." Cet article est adopté. M. le ministre de la
Justice.
M. Bédard: M. le Président...
M. Gratton: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député.
M. Gratton: Avant qu'on quitte, l'article 9, j'aimerais
simplement dire que je suis très heureux de la décision du
ministre d'accepter l'amendement du député d'Outremont. Je sais
que cela ne fera pas plaisir au ministre que je lui dise que j'aurais
préféré de loin qu'il en vienne à cette
décision quelque quatre heures plus tôt ou même quinze jours
plus tôt, ce qui nous aurait permis de passer à l'étude des
autres articles du projet de loi avant aujourd'hui, mais mieux vaut tard que
jamais et nous, de l'Opposition officielle, en sommes fort aises.
M. Bédard: M. le Président, s'il fallait tenir ce
raisonnement-là à propos de chaque discussion que nous avons sur
certains articles, je pourrais dire que, concernant le contrôle des
dépenses, si on n'avait pas eu une discussion concernant ce principe
voté par l'Assemblée nationale, si nous n'avions pas eu une
discussion à n'en plus finir pour contester ce principe de la part de
l'Opposition, nous serions rendus très loin dans l'étude de ce
projet de loi et l'étude en serait probablement terminée.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice, je
vous invite à m'indiquer de quel article nous allons maintenant entamer
l'étude.
M. Lavoie: À la suite de ma demande de ce matin, avez-vous
les amendements écrits sur les articles qui restent en suspens?
Notamment l'appel, le droit à l'information...
M. Bédard: Nous avons déposé notre
amendement concernant le droit à l'information.
M. Lavoie: Nous n'avons pas l'article 24A. M. Bédard:
L'article 24A? Vous l'avez. M. Lavoie: La nouvelle
rédaction?
Le Président (M. Clair): L'article 24A a
déjà été distribué.
M. Bédard: C'est le seul que nous ayons soumis,
après étude. Si l'Opposition a des suggestions heureuses, on
verra à ce moment-là. Mais cet amendement a été
déposé.
Nous allons procéder à l'étude de l'article 3.
Conseil du référendum
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 3.
(15 h 45)
M. Bédard: Nous serons en mesure de voir qui
accélère. À l'article 3, il y a un amendement afin
d'ajouter ce qui suit: "II peut, toutefois, être interjeté appel
à la Cour d'appel sur une question de droit d'une décision rendue
par le Conseil du référendum en vertu des articles 39 ou 40, avec
la permission de deux juges de la Cour d'appel si, de l'opinion de ces juges,
la question en est une qui devrait être soumise à cette cour. Cet
appel est entendu d'urgence et le jugement de la cour est final et sans appel.
Dans la mesure où ils sont applicables, les articles 491 à 524 du
Code de procédure civile régissent cet appel."
Le Président (M. Clair): M. le ministre, si je comprends
bien, il y aurait disparition du deuxième alinéa de l'article 3
qui se lisait comme suit: "Ces décisions sont finales et sans appel". Ce
serait ajouté non pas à l'article 3, mais après le premier
alinéa de l'article 3.
M. Bédard: M. le Président, il faut garder le
libellé tel qu'il était. Cet amendement ouvre un droit d'appel
spécifique sur des questions de droit tel que cette demande avait
été évoquée lors de discussions en commission
parlementaire.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas de disparition du
second alinéa de l'article 3.
M. Bédard: C'est cela.
M. Ciaccia: Vous parlez d'une décision rendue par le
conseil en vertu des articles 39 et 40.
M. Bédard: Concernant la validité ou la
contestation d'un référendum.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres contestations
que les décisions des articles 39 et 40?
M. Bédard: Le Conseil du référendum doit
toujours, comme n'importe quelle instance judiciaire, oeuvrer à
l'intérieur de sa juridiction. S'il dépassait sa juridiction, il
est évident qu'il y a des procédures qui sont prévues au
Code de procédure civile aux fins d'en appeler ou de rétablir la
situation.
M. Ciaccia: D'après votre amendement, premièrement
ce serait seulement sur une question de droit. Nous reviendrons à cela
tantôt.
M. Bédard: C'est ce qu'avaient demandé
spécifiquement les membres de la commission.
M. Ciaccia: C'est seulement une décision rendue en vertu
des articles 39 et 40, mais il doit y avoir possibilité d'avoir d'autres
contestations à part les articles 39 et 40.
M. Bédard: Non. Si vous regardez la juridiction du Conseil
du référendum...
M. Ciaccia: ... référendum est constitué
dans le chapitre 10.
M. Bédard: C'est cela. Il y a les articles 39 et 40 qui
regardent la question de validité et de contestation. L'article 5 ne
donne juridiction au Conseil du référendum que sur question de
droit à savoir de donner son avis sur toutes questions de droit qui lui
sont soumises à la demande du gouvernement.
M. Ciaccia: Le chapitre II crée le Conseil du
référendum et lui donne certaines juridictions. Lorsque vous
allez aux articles 39 et 40, ce sont certaines contestations
spécifiques. D'après votre amendement, il y aurait seulement un
droit d'appel sur les contestations spécifiques mentionnées aux
articles 39 et 40. Il n'y aura pas de droit d'appel pour toutes les autres
questions sur lesquelles le Conseil du référendum aurait
juridiction.
M. Bédard: Spécifiquement, il a le droit d'appel
sur les matières traitées aux articles 39 et 40.
M. Ciaccia: Je pense que l'intention de l'Opposition, de par ses
propositions, c'était de donner un droit d'appel en
général, pas seulement sur une ou deux questions, tel que contenu
dans les articles 39 et 40. Aux articles 39 et 40, il y a seulement deux
instances très spécifiques de contestation dans certains cas. Par
exemple, à l'article 39: "Seul le président d'un comité
national peut demander que l'on procède à un nouveau
dépouillement des votes devant un juge." Alors, selon votre amendement,
il y aurait un droit d'appel sur cette question. À l'article 40, vous
dites: "Seul le président d'un comité national peut, sur demande
faite devant le Conseil du référendum, dans les quinze jours qui
suivent celui du scrutin, contester la validité d'un
référendum."
Premièrement, vous limitez le droit de contestation seulement au
président d'un comité national et, dans votre article 3, vous
accordez le droit d'appel seulement sur ce sujet. Il peut y avoir d'autres
sujets, d'autres questions en dehors des articles 39 et 40. Les articles 39 et
40, ce sont seulement deux instances très limitées pour
lesquelles vous avez prévu certaines règles spécifiques
quant au droit de contestation. Si vous limitez le droit d'appel seulement
à ces deux questions, c'est pas mal restreint. Vous n'arrivez pas aux
objectifs qu'on cherchait qui étaient d'accorder un droit d'appel, en
général, aux décisions que le Conseil du
référendum pourrait rendre.
Le droit d'appel est quelque chose que nous considérons,
spécialement dans le contexte d'un référendum, comme un
droit que tous les organismes, tous les individus, tous ceux qui ont une
plainte ou qui ont une contestation devraient avoir. Cela fait partie de
l'économie générale de nos lois. C'est très
rarement que nous enlevons le droit d'appel devant les tribunaux. Alors, dans
ce cas-ci, non seulement vous avez enlevé aux tribunaux la juridiction
sur les matières qui sont couvertes dans le projet de loi 92, mais vous
avez créé un Conseil du référendum. Nous aurions
préféré que cela demeure devant les tribunaux, mais avec
certains amendements, avec certains changements.
M. Bédard: Avec un Conseil du référendum
formé d'un juge en chef et de deux juges, il me semble qu'on n'est pas
loin des tribunaux.
M. Ciaccia: Originalement, c'était désigné
par le gouvernement et vous avez fait certains changements. Nous avons
accepté cela. Ce que nous n'avons pas accepté, ce que nous vous
avons signalé, c'est que nous ne voulions pas enlever le droit d'appel
sur toutes les questions qui pouvaient être soumises et toutes les
décisions du Conseil du référendum. Je crois que votre
amendement répond seulement en partie à nos objec-
tions. C'est seulement sur deux cas très spécifiques. Pour
nous, le droit d'appel est quelque chose qui devrait exister.
M. Bédard: Je m'excuse, mais, en principe, le droit
d'appel, cela n'existe pas. On le donne. Si vous prenez toute la Loi
électorale, vous n'en avez pas, de droit d'appel, sauf, en ce qui a
trait aux élections, dans la Loi de la contestation. Sur l'ensemble de
la Loi électorale, vous n'avez pas d'appel. Je pense qu'on a assez
identifié la Loi électorale à une campagne
référendaire d'ailleurs, le projet de loi en fait foi
qu'il faudrait quand même, à un moment donné, rester
dans les mêmes balises et ne pas refuser d'assumer pleinement des
juridictions. Ce n'est pas une question d'indépendance ou non,
d'être politiquement de quelque option que ce soit. Mais, lorsqu'on peut,
au niveau d'une province, assumer pleinement sa juridiction, je ne vois pas
pourquoi on y renoncerait, à ce moment, d'autant plus que ce dont on
parle aux articles 5 et 11, il s'agit d'avis qui sont demandés au
Conseil du référendum. Ce sont des avis.
M. Ciaccia: Mais il peut y avoir d'autres questions.
M. Bédard: Non, il ne peut pas y avoir d'autres questions.
La loi le dit très précisément et je vous donne
l'explication. Si vous voulez m'argumenter qu'il y a d'autres questions, je
vous comprends, mais je vous dis très spécifiquement que la loi
signale, aux articles 5 et 11, plus 39, 40, ce qui est du ressort du Conseil du
référendum. Or, aux articles 39 et 40, nous donnons le droit
d'appel à la Cour d'appel en ce qui a trait au recomptage et à la
contestation et, pour ce qui est des avis qui peuvent être
demandés au Conseil du référendum en vertu de l'article 5
ou en vertu de l'article 11, à ce moment, nous croyons qu'il serait
vraiment...
M. Ciaccia: Je vais essayer d'expliquer mes
préoccupations...
M. Bédard: ... très peu à propos de demander
un appel.
M. Ciaccia: ... dans un autre contexte. À l'article 3,
vous dites que "le Conseil du référendum a juridiction exclusive
pour connaître de toute procédure judiciaire relative à une
consultation populaire et à l'application de la présente loi. "
Vous créez le Conseil du référendum, non seulement pour le
projet de loi no 92, mais relativement à une consultation populaire, ce
qui veut dire que, dans l'avenir, vous pouvez présenter un autre projet
de loi qui sera soumis à une consultation populaire. Ce projet de loi va
tomber sous la juridiction du Conseil du référendum.
M. Bédard: Non.
M. Ciaccia: Mais d'après l'article 3.
M. Bédard: Non.
M. Ciaccia: Relatives à une consultation populaire.
M. Bédard: Non, écoutez, on le spécifie aux
articles 39 et 40, que c'est relativement à la contestation ou encore
à un recomptage.
M. Ciaccia: Non, aux articles 39 et 40. vous limitez la
contestation au président du comité national das certains cas.
C'est tout ce que vous faites.
Par l'article 3. vous assujettissez toute consultation populaire et des
procédures judiciaires relatives à une consultation populaire.
Cela peut être une consultation populaire sur l'avenir constitutionnel,
cela peut être sur une autre question quelconque. On ne parle pas ici de
la matière constitutionnelle.
M. Bédard: Non, on est dans une loi-cadre.
M. Ciaccia: Une loi-cadre. Cela peut être toute
consultation populaire. On ne sait pas aujourd'hui le contenu de cette loi
future. Vous pourrez faire une consultation populaire sur un problème de
I'énergie.
Vous dites, dans l'article 3, que toute procédure judiciaire
relative à telle consultation populaire, qui peut être un projet
de loi à l'avenir, sera de la juridiction du Conseil du
référendum. Et à l'article 39...
M. Bédard: Relative à la consultation populaire,
pas relative au projet de loi. Concernant un projet de loi et les recours qu'on
pourrait exercer à l'encontre, aux fins de le contester, tout cela, les
règles sont déjà établies.
M. Ciaccia: M. le Président, très respectueusement.
M. le ministre, si vous dites que le Conseil du référendum a
juridiction relativement à une consultation populaire, d'après
moi, cela peut être interprété que cela va être une
juridiction sur la loi future de cette consultation populaire.
M. Bédard: Donnez-moi des exemples. Je vous dis que ce
n'est pas vrai, ce que vous dites.
M. Ciaccia: Je vous en donne, des exemples: je vous donne les
différentes lois que vous pourriez adopter à l'avenir qui vont
être soumises à une consultation populaire, d'après
l'article 9. Vous pouvez dire d'avance: Cette loi sera sujette à une
consultation populaire. Ce qui va découler des procédures
judiciaires relatives à cette consultation va aller au Conseil du
référendum.
M. Bédard: Non. Bien non, parce que toutes ces
consultations populaires, étant donné qu'on étudie une
loi-cadre, auront à être soumises au Conseil du
référendum dans le cadre de ce qui est prévu aux articles
5, 11, 39 et 40. Juste cela.
M. Ciaccia: M. le Président, même si je peux
être d'accord ou pas avec vous sur cette interpré-
tation, je reviens au principe de votre amendement. Le principe de votre
amendement, c'est d'enlever, c'est de limiter le droit d'appel à deux
cas très spécifiques: les articles 39 et 40.
Dans le cas, par exemple, d'une consultation populaire sur l'avenir
constitutionnel, il peut y avoir des questions très importantes, il peut
y avoir des contestations qui vont aller en dehors des articles 39 et 40. Sur
un sujet d'une telle importance, je ne vois pas comment on peut enlever ou
comment on devrait enlever le droit d'appel.
M. Bédard: Donnez-moi des exemples précis de
problèmes juridiques qui peuvent être soulevés par des lois
à venir éventuelles, et ensuite on va discuter sur quelque chose
de pratique.
M. Ciaccia: C'est difficile; je n'ai pas votre loi
éventuelle. Je ne sais pas ce qu'elle va contenir. On a passé
toute la journée d'hier à parler de vos lois éventuelles
qui pourraient contenir 100, 150, 200 articles que vous voulez limiter dans un
débat de 30 heures. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui les cas
spécifiques qui peuvent survenir sans avoir pris connaissance de la
loi.
M. Bédard: Mais moi, je puis...
M. Ciaccia: Ce que je veux vous dire, c'est une question de
principe. Je ne peux pas accepter qu'on enlève le droit d'appel dans
toute matière sauf la contestation par un des présidents d'un
comité national quant à la contestation de la validité
d'un référendum.
M. Bédard: La seule...
M. Ciaccia: Puisque vous avez limité certaines
contestations dans les articles 39 et 40, vous devez prévoir qu'il peut
y avoir d'autres problèmes légaux avec toute la loi. (16
heures)
M. Bédard: On l'a très bien limité avec les
articles 39, 40, 5 et 11; on a très bien limité ce qui relevait
du Conseil du référendum. S'il y avait des problèmes,
disons, constitutionnels qui pourraient être soulevés dans un
référendum de type constitutionnel, à ce moment-là,
il y a des recours qui sont déjà prévus et qui sont
exercés aux cours auxquelles ils s'adressent.
M. Ciaccia: II n'y aura pas d'autres recours d'après votre
chapitre II.
M. Bédard: Non.
M. Ciaccia: Tous les recours seront seulement devant le Conseil
du référendum.
M. Bédard: Écoutez!
M. Ciaccia: Vous dites: "Le Conseil du référendum a
juridiction exclusive pour connaître de toute procédure judiciaire
relative à une consultation populaire et à l'application de la
présente loi."
Mais la présente loi va régir l'application des autres
lois qui vont venir pour consultation populaire. Si la présente loi ne
régit pas les lois futures, cela ne sert à rien d'avoir une
loi-cadre. Le but de cette loi-cadre est de s'assurer que les projets de loi
que vous pourriez faire adopter à l'Assemblée nationale... Si
vous ne procédez pas par une question comme l'article 8, vous pourriez
introduire un projet de loi. Vous pouvez faire le référendum de
deux manières. Vous pouvez le faire d'après l'article 8: avoir
une proposition ou une question; ou bien vous pouvez le faire d'après
l'article 9 par l'adoption d'un projet de loi.
Si vous adoptez le projet de loi d'après l'article 9,
automatiquement il va être sous la juridiction du Conseil du
référendum parce que l'article 3 donne cette juridiction au
conseil relativement à la consultation populaire et à
l'application de la présente loi. La présente loi va régir
la loi qui sera introduite pour consultation populaire. On ne peut pas
prévoir... Vous me demandez aujourd'hui de prévoir les
écueils possibles, les contestations possibles. C'est impossible de vous
dire cela. On ne procède pas par cas spécifique, on donne le
droit en général, et vous pouvez l'enlever si vous voulez, comme
vous l'avez fait.
M. Bédard: Ce que je vous dis, c'est que s'il peut y avoir
éventuellement des contestations concernant un projet de loi, elles ne
peuvent avoir lieu avant que ce dernier ne soit sanctionné, et à
ce moment-là ces contestations se font devant la Cour supérieure.
À l'heure actuelle...
M. Ciaccia: Ce n'est pas de cette façon que je lis
l'article 3.
M. Bédard: ... Mais oui, les articles, 5, 11, 39 et 40
sont là pour spécifier très clairement les pouvoirs d'un
Conseil du référendum à l'occasion d'une consultation
populaire de quelque type que ce soit.
M. Ciaccia: Ils sont pas mal généraux, ces
pouvoirs, et globaux, et étendus, vous pouvez l'admettre?
M. Bédard: Écoutez, je pourrais même...
M. Ciaccia: Le chapitre 2 vous donne des pouvoirs pas mal totaux
quant à la juridiction du Conseil du référendum et aux
articles 39 et 40 vous avez deux cas spécifiques. Vous dites: Nous
allons avoir le droit d'appel seulement aux articles 39 et 40. La seule chose
que je vous demande, c'est pourquoi vous enlevez le droit d'appel dans les
autres cas. Si vous dites que cela ne s'applique pas, il n'y en aura pas de
droit d'appel.
M. Bédard: C'est à la suite des demandes faites de
la part de l'Opposition, mais je pourrais aller plus loin, parce qu'en vertu
d'un avis juridique qui m'a été fourni par le contentieux du
ministère de la Justice, on pourrait ne pas en
prévoir du tout d'appel et il n'y aurait aucun danger. Il n'y
aurait aucun danger, parce qu'il s'agit de personnes désignées.
Il y a un jugement du juge Deschênes qui est très clair, disant
que lorsque ces personnes désignées se trouvent à
l'intérieur d'une juridiction, de la juridiction qui leur est
assignée, il n'y a aucune possibilité d'appel, mais nous avons
voulu, M. le Président, faire suite à certaines
représentations qui ont été faites par différents
membres de l'Opposition.
M. Ciaccia: II y a deux aspects à ce problème. Il y
a la question légale: Est-ce que vous avez ou vous n'avez pas le droit
d'enlever le droit d'appel? Sur cela on peut avoir des différences
d'opinion. Je ne parle pas ici de la question légale d'enlever le droit
d'appel, je parle de notre insistance, de notre demande de ne pas enlever ce
droit d'appel. Que vous ayez ou non le droit de l'enlever, on dit que ce n'est
pas juste, que ce n'est pas équitable, que dans un projet de loi qui va
traiter... Je vise... Un instant...
M. Bédard: Vous avez une manière d'en discuter qui
n'est presque pas acceptable, parce que vous partez du postulat que c'est un
principe, le droit d'appel, alors que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. Le
droit d'appel on le donne ou on ne le donne pas. Dans la présente loi,
je vous le dis, on le donne, on le donne dans des cas spécifiques et je
pense que c'est normal sur des questions de droit. On n'est quand même
pas pour donner un droit d'appel à la Cour d'appel sur des questions de
fait...
M. Ciaccia: Pour le moment je ne discutais pas de question de
droit ou de question de fait, je me limitais aux questions de droit, mais je
disais qu'on ne veut pas limiter le droit d'appel aux articles 39 et 40.
M. Bédard: Je vais vous laisser faire votre
intervention.
M. Ciaccia: Je vous dis que c'est un droit général,
accepté, qu'une personne ait le droit d'appel, sauf dans certains cas
spécifiques pour l'administration plus efficace de certaines lois ou,
comme notre Code de procédure civile le prévoit, ou les
règles de pratique, ou les lois, quand on dit qu'il y a certains
montants et selon que les montants deviennent plus ou moins raisonnables la
juridiction d'un tribunal change. Ici, on ne parle pas de points de ce genre.
On parle d'une loi qui va régir non seulement les consultations
populaires en général, mais une consultation populaire sur
l'avenir constitutionnel. C'est une loi assez générale qui va
régir ces lois qui pourront être introduites à l'avenir. Je
dis que, dans ce cas, ce n'est pas équitable de limiter le droit d'appel
seulement aux deux cas que vous avez prévus aux article 39 et 40. Cela
la position que je vous soumets.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais commencer par poser une question au
ministre. Est-ce qu'on comprend bien son attitude; avec l'amendement toute
décision qui serait rendue par le Conseil du référendum en
vertu des articles 5 et 11 ne pourrait être appelable?
M. Bédard: Non, parce que ce sont des avis qui sont
demandés soit par l'Assemblée nationale ou encore c'est un avis,
à l'article 11, qui est demandé au Conseil du
référendum pour savoir si la question à un
référendum ou si un référendum qu'a l'intention de
tenir un gouvernement est semblable à un référendum qui
aurait pu être tenu à l'intérieur de la même
Législature.
M. Fontaine: Je n'ai pas d'exemples en tête, mais il me
semble qu'il pourrait y avoir des questions de droit qui pourraient être
appelables sur ces points. La loi dit qu'on n'a pas le droit de tenir deux
référendums à l'intérieur de la même
Législature et qu'à la suite d'un avis...
M. Bédard: Deux référendums ayant un objet
semblable.
M. Fontaine: Oui.
M. Ciaccia: Là-dessus, il n'y a pas de droit d'appel.
M. Fontaine: C'est cela, il n'y a pas de droit d'appel
là-dessus.
M. Bédard: Quand même! À un moment
donné, il faut toujours bien faire confiance! Je comprends que la Cour
d'appel, c'est important, mais il y a un juge en chef de la Cour du
Québec avec deux autres juges pour déterminer si une question
dans un référendum est de la même nature que celle
posée dans un référendum précédent à
l'intérieur d'une même Législature. Il faut quand
même faire une certaine confiance au jugement de ceux qu'on veut voir
siéger au niveau du Conseil du référendum!
M. Ciaccia: II n'y a aucun droit d'appel. Ce n'est pas qu'on
n'ait pas confiance!
M. Bédard: Non, mais il s'agit de voir le sujet sur lequel
auront à statuer un juge en chef et deux juges, à savoir si,
à l'intérieur d'une même Législature, un
deuxième référendum a le même objet qu'un premier
qui aurait été tenu par le gouvernement. Si on n'est pas capable
de faire confiance à trois juges pour déterminer cela, je me
demande quelles responsabilités on veut reconnaître à nos
cours, d'autant plus comme je l'ai dit tout à l'heure, que selon une
opinion qui nous a été fournie, on aurait pu sans aucune
difficulté juridictionnelle à prévoir je pense que
le député de Nicolet-Yamaska est d'accord avec moi
maintenir qu'il n'y avait aucun appel des décisions du Conseil du
référendum, puisqu'il s'agit de personnes
désignées.
Je vous fais part d'une partie de cette opinion qui m'a
été fournie par le contentieux du ministère de la Justice
et qui dit ceci: "Cependant, la personne qui siège à titre de
persona designata ce qui est le cas pour les trois juges que nous
prévoyons au niveau du Conseil du référendum en
vertu de la Loi électorale n'est pas assujettie au pouvoir de
contrôle et de surveillance de la Cour supérieure.
Dans un récent jugement de cette cour, Bélanger contre la
Commission de révision du comté de Sauvé et autres, le
juge Deschênes a exprimé ce principe, en s'appuyant sur une
jurisprudence constante et sur l'article 421 de la Loi électorale,
lequel se lit comme suit: "La Cour supérieure et ses juges n'ont aucune
juridiction dans les matières judiciaires découlant de
l'application de la présente loi c'est la loi à laquelle
on vient de se référer, la Loi électorale sauf pour
les recours en dommages et suivant sa compétence. D'après le
jugement, l'article 421 de la Loi électorale s'interprète
à la lumière de l'une des exceptions au contrôle et
à la surveillance de la Cour supérieure prévue par
l'article 33 du Code de procédure civile où il est dit: sauf dans
les cas où la juridiction découlant du présent article est
exclue par quelque disposition d'une loi générale ou d'une loi
spéciale. Dès lors, le juge siégeant à titre de
persona designata à la commission de révision est non seulement
à l'abri de l'appel, mais également du droit de regard de la Cour
supérieure. Il n'est assujetti qu'à la surveillance exclusive de
la magistrature. Or, le projet de loi no 92 édicte, à l'article
42, que tout référendum est régi par les dispositions de
la Loi électorale, sauf dans la mesure où il est prévu
autrement par ce projet. Par conséquent, on peut affirmer que l'article
421 de la Loi électorale s'appliquerait en matière de
consultation populaire de la même manière que dans le domaine
électoral. En résumé, les décisions des juges
formant le Conseil du référendum établi par le projet de
loi ne sont ni sujettes à appel ni soumises au pouvoir de surveillance
de la Cour supérieure et ce, conformément à une longue
tradition jurisprudentielle bien établie en droit canadien".
Il me semble que cette opinion est très claire, que nous aurions
pu ne pas prévoir d'appel. Dans un esprit d'ouverture, nous avons
accepté de considérer cette demande qui avait été
formulée par les Oppositions. L'amendement que nous proposons
répond amplement à toutes les situations qui pourraient se
présenter.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je comprends la position du ministre qui nous dit
que nous devons faire confiance aux personnes que nous allons désigner,
soit le juge en chef de la Cour provinciale et deux adjoints, pour faire partie
du Conseil du référendum. Nous savons que ces personnes devront
prendre des jugements sur des avis que le gouvernement va lui demander. Il y a
des avis qu'on va lui demander sur des points de droit. Je n'en fais pas une
question de principe, mais il me semble que si on permet un appel, à la
suite des articles 39 et 40, sur des points de droit, il devrait
également y avoir un appel en vertu des dispositions de l'article 5
lorsqu'on demandera un avis juridique ou une décision en droit au
Conseil du référendum.
Sur ce, je vous dis que je n'en fais pas une question de principe parce
que l'amendement du ministre est pas mal avantageux par rapport à ce
qu'on avait auparavant. Sur le fond, ce que l'Union Nationale dit, c'est qu'il
y a deux possibilités de faire un référendum:
premièrement, sur une question qui serait posée à
l'Assemblée nationale, et deuxièmement, sur un projet de loi. Si
c'est sur une question et si on prend l'exemple du référendum sur
l'avenir constitutionnel le Parti libéral, toute
l'Assemblée nationale est unanime là-dessus, à moins que
je me trompe les Québécois ont le droit à
l'autodétermination. Ils pourront décider de leur avenir
constitutionnel. Dans un cas précis, je suis d'accord avec l'amendement
du ministre, je me demande pourquoi on permettrait un appel sur des questions
de fait lorsqu'il s'agit de décider de notre avenir constitutionnel.
La même chose peut se produire lorsqu'on adoptera un projet de loi
pour fins de consultation populaire. J'imagine que cela va être une
question importante et que ce sera également une question de juridiction
provinciale. Encore une fois, je me demande quelle est l'opportunité de
recourir à la Cour d'appel sur des questions de fait lorsqu'il s'agira
d'une question de juridiction provinciale. On sait que la Cour d'appel est une
cour fédérale. (16 h 15)
M. Bédard: ... d'autant plus que, sur un projet de loi, ce
nest pas avant qu'il ne soit sanctionné qu'il puisse faire l'objet de
procédures. Or, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une loi qui
est orientée vers la consultation populaire, qui engage nous
l'avons déjà dit moralement un gouvernement et qui,
juridiquement, ne constitue pas d'engagement.
M. Fontaine: D'autant plus qu'à mon avis, si
l'Assemblée nationale adoptait un projet de loi et qu'elle sanctionnait
à la suite d'un référendum et que ce projet de loi
excédait la juridiction provinciale, il y aurait toujours un pouvoir de
révision de la Cour supérieure, de la Cour d'appel et de la Cour
suprême.
M. Bédard: À ce moment-là, il y a les
procédures prévues normalement par nos tribunaux, comme cela a
été fait pour la loi 101, comme cela a été fait
pour la loi 22, pas comme n'importe quel projet de loi, mais n'importe quelle
loi.
M. Fontaine: M. le Président, pour l'Union Nationale, sauf
les deux remarques que j'ai faites au début concernant les articles 5 et
11, nous serions pas mal d'accord pour adopter l'article tel
qu'amendé.
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: En ce qui concerne l'Opposition officielle, nous ne
sommes pas aussi facilement d'accord sur une disposition de la sorte. Si je
comprends bien, il s'agit de problèmes distincts qui peuvent prendre
naissance dans l'article 3 ou dans l'article 5. À l'article 5, le
gouvernement a le droit de solliciter des avis du Conseil du
référendum sur des questions de droit, sur des questions
techniques. Je comprends facilement qu'il n'y ait pas appel à un
tribunal supérieur sur des avis. On est d'accord sur cela.
Par contre, en vertu de l'article 3, il y a une portée beaucoup
plus large. C'est que le Conseil du référendum a juridiction
exclusive pour connaître de toute procédure judiciaire relative
à une consultation populaire et à l'application de la
présente loi. Je me réfère rapidement à l'article 4
où le Conseil du référendum doit se prononcer si le
gouvernement ou l'Assemblée nationale respecte les dispositions de
l'article 11, à savoir qu'il n'y ait pas deux référendums
sur un même sujet, sur un sujet connexe durant une même
Législature. Je lie cela à un avis ou à une opinion en
vertu de l'article 5 et je conçois qu'il n'y ait pas d'appel sur une
opinion de la sorte.
Par contre, là, mon argumentation se ramène à la
première partie de l'article 3 où le Conseil du
référendum a juridiction exclusive pour connaître de toute
procédure judiciaire. Cela, c'est très large. Cela veut dire que
c'est le tribunal compétent qui non seulement a juridiction sur des
questions de droit mais également sur des questions de fait. Si on
parcourt la loi 92, il peut arriver pratiquement à tous les articles
où il peut y avoir des accrocs, des erreurs, des lacunes, des accidents
de parcours dans les défauts ou dans les délais d'émission
des brefs. En l'occurrence, ce n'est pas une question de droit, c'est une
question de fait, à l'article 13, et, en vertu de l'article 15, ce sont
des erreurs ou des lacunes dans les listes électorales, si les listes
électorales, dans une circonscription, ne sont pas confectionnées
dans le délai requis. Laissez-moi terminer!
M. Bédard: Je voudrais simplement vous dire qu'à ce
moment-là c'est la Loi électorale qui s'applique.
M. Lavoie: Laissez-moi terminer. Cela peut faire l'objet de
contestation d'élections. Le cas de contestation d'élections
n'est pas régi par la Loi électorale mais par une loi
spéciale qui est le statut 8 des statuts refondus.
M. Bédard: La loi des élections
contestées.
M. Lavoie: Oui, la loi qui s'appelle Loi de la contestation des
élections provinciales. Tel que le projet de loi est
rédigé, cette loi n'a plus compétence. Elle peut avoir
compétence, mais il n'y a pas d'appel. Vous excluez l'appel aux articles
39 et 40.
Dans le passé, le député de Gatineau, à
côté de moi, a vécu deux élections en quelques mois
de distance à cause d'une lacune.
M. Gratton: Un mois.
M. Lavoie: À un mois de différence, toute
l'élection a été contestée, a été
reprise obligatoirement parce qu'il y avait des bulletins de vote
initialés en trop, je crois.
M. Gratton: C'est-à-dire qu'il y avait des numéros
imprimés derrière les bulletins de vote.
M. Lavoie: Cela veut dire que ce cas pourrait se présenter
dans une circonscription électorale et pourrait donner lieu à une
contestation de référendum si tout un district électoral
était défranchisé de son droit de s'exprimer ou de donner
son opinion lors d'un référendum. Ce n'est pas une question de
droit, à mon point de vue. Je ne suis pas un légiste, et comme
notaire je n'en ai pas plaidé beaucoup de ces causes, mais cela voudrait
dire que sur une question de fait, comme cela, le Conseil du
référendum aurait compétence en vertu de l'article 3 sur
toutes les questions, juridiction exclusive, toute procédure
judiciaire... Mais on serait privé de l'appel dans un cas comme
celui-là.
Personnellement, j'ai vécu quelques élections, quatorze,
je crois, dans le passé. Après une élection, j'ai dû
aller devant les tribunaux pour me faire déclarer maire d'une
municipalité après de longues procédures parce que
les boîtes de scrutin avaient été ouvertes trois
jours après l'élection, parce que des gens bien gentils avaient
maculé une cinquantaine de bulletins entre le moment de la fermeture de
la votation et le moment du décompte.
Étant maire le soir de l'élection par une majorité
de quatre voix, trois jours après, devant le juge qui a reconnu que ces
bulletins avaient été maculés entre la fermeture du
scrutin et le moment du décompte, je l'ai entendu déclarer mon
adversaire maire parce qu'il a dit: Moi, je n'ai pas d'autre autorité
que de vérifier les bulletins, et ces bulletins ne sont pas bons. Ce
sont des questions de fait, ce ne sont pas des questions de droit.
Lors d'une élection provinciale en 1970. dans le comté de
Laval, les réviseurs avaient rayé 5000 noms sur les listes
électorales. Tous les noms qui n'avaient pas une consonance francophone
étaient rayés automatiquement avec un crayon feutre.
Une voix: Ce sont les rouges qui ont fait cela?
M. Lavoie: Non, c'est l'Union Nationale, justement si vous voulez
le savoir. Vous vous êtes ouverts un peu trop.
Vous savez, cela a été des appels pendant dix jours.
M. Grenier: On a été battu aussi.
M. Lavoie: Cela a été la seule expérience du
genre, d'ailleurs, que le juge Drouin a connue. Il a
été obligé de nommer un deuxième bureau de
révision pour rétablir ces 5000 noms qui avaient
été rayés par un réviseur zélé,
rayés au crayon feutre. S'il n'y avait pas eu un deuxième bureau
de révision qui a siégé d'urgence jour et nuit pendant 24
heures, ces gens auraient été complètement
défranchisés de leur droit de vote. Ce sont toutes des questions
de fait qui, si elles se sont produites dans le passé
j'espère que non pourraient se reproduire dans l'avenir.
La composition des comités nationaux, ce serait sujet à
cela. La réglementation, l'application de la loi électorale, le
financement, les dépenses réglementées, les
dépenses non réglementées, cela pourrait être toutes
des questions de fait et non pas des questions de droit sur lesquelles le
Conseil du référendum aurait juridiction en vertu de l'article 3,
mais pour lesquelles il n'y aurait aucun appel.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lavoie: Aucun appel. Je me demande pourquoi le ministre,
raison de plus, étant donné que c'est un référendum
qui est non décisionnel, qui est uniquement consultatif... Je ne vois
pas pourquoi. On restreint le droit d'appel de deux façons, en vertu de
cette rédaction. On exclut le droit d'appel sur toutes les questions de
fait, premièrement, et, deuxièmement, sur les questions de droit,
on le réduit également. Il y a deux restrictions sur la
compétence du tribunal d'appel. Je dis qu'il y en a une sur la question
de fait où il n'y aurait aucun appel. Sur les questions de droit, c'est
assujetti à une autre condition. Il faut que ce soit en vertu des
articles 39 et 40 avec la permission de deux juges de la Cour d'appel, si,
selon l'opinion de ces juges, la question devait être soumise à
cette cour.
Si le gouvernement veut avoir vraiment plus d'objectivité, le
plus d'honnêteté, le plus d'apparence d'honnêteté, je
ne sais pas pourquoi il apporte des restrictions sur une consultation
populaire. Vous avez peur de votre ombre.
M. Lalonde: Bien oui. Ils ont peur de tout.
M. Bédard: Vous autres, vous avez peur de la Loi. Vous
avez peur de la consultation.
M. Lavoie: Pourquoi, sur une question aussi importante, mettre
des restrictions à l'appel?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
À l'ordre, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: On a peur de vos lois, oui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Lalonde: Le ministre aussi interrompt.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: Après le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On est en train de dire au ministre qu'on a peur. On
est peureux, mais on dit de quoi on a peur.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau...
M. Gratton: Cela ne change rien.
Le Président (M. Clair): ... je vous invite à
être respectueux du droit de parole du député de Laval.
M. Lavoie: Je termine, M. le Président, en disant que, sur
une question aussi capitale, on ne devrait pas se chamailler tellement.
Pourquoi mettre des enfarges au droit commun? Dans toutes les autres cours,
même quelqu'un qui s'en va devant la Régie des services sociaux,
pour de l'aide a un droit d'appel pour faire réviser les $300 ou les
$200 qu'on lui accorde.
M. Bédard: Pas en Cour d'appel. Une voix: Devant
une commission.
M. Lavoie: Pas en Cour d'appel, mais il y a un tribunal d'appel.
Ce n'est pas en Cour d'appel, je le sais bien.
M. Bédard: Dans la Loi électorale, il n'y a pas
d'appel non plus, puis c'est important, des élections.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Lavoie: Mais pour la contestation des élections, il y a
des appels.
M. Bédard: Mais là il s'agit de contester
l'élection de candidats.
M. Lavoie: Depuis le début de l'étude de ce projet
de loi, vous mettez des fermetures partout, alors que cela devrait être
ouvert à la grande justice normale. On n'en demande pas plus; on demande
la justice des tribunaux de droit commun.
M. Bédard: M. le Président, il y a bien des
décisions des tribunaux sur lesquelles on n'a pas le droit d'appel. Ce
n'est pas un déni de justice, en aucune façon. Vous en avez des
exemples autant comme autant. Je vous ai dit tout à l'heure que, de par
une opinion du ministère de la Justice, on pourrait ne pas en
prévoir d'appel. Je pourrais bien vous dire que ce que j'ai tendance
à croire comme ministre de la Justice, c'est que le Québec, comme
n'importe quelle autre province, puisse assumer pleinement sa juridiction
lorsqu'il peut le faire. Pourquoi déléguer des droits d'appel
lorsque la constitution nous permet d'assumer plei-
nement nos responsabilités? Il ne faut pas en faire une manie,
non plus, du droit d'appel. Les exemples, vous le savez, sont nombreux
où des décisions, qui se prennent ici, au niveau des cours du
Québec, sont des décisions finales et sans appel. Il n'y a pas de
déni de justice. C'est cette manière que vous avez de discuter
qui fait que, lorsqu'on vous refuse la moindre petite chose, on dirait qu'on
veut fouler aux pieds tout ce qu'il y a de droits et de libertés, on
veut fouler aux pieds tous les systèmes qui existent à l'heure
actuelle. Dès qu'on essaie de changer quoi que ce soit...
M. Ciaccia: Lisez les journaux.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bédard: ... vous prenez peur.
M. Lavoie: Pourquoi ne gardez-vous pas le statu quo, pourquoi ne
gardez-vous pas le cours normal des tribunaux?
M. Bédard: Le statu quo, c'est qu'il n'y aurait pas
d'appel.
M. Lavoie: Ah! bon.
M. Bédard: Selon l'avis juridique que j'ai, le statu quo,
c'est qu'il n'y en aurait pas d'appel et il n'y a aucune
difficulté...
M. Lalonde: Pouvez-vous le déposer?
M. Bédard: Oui, on peut le déposer et avec plaisir,
à part de cela. Si cela peut vous faire réfléchir.
M. Ciaccia: Pourquoi créer le Conseil du
référendum?
M. Bédard: J'ai commencé à douter que cela
vous fasse réfléchir, quoi qu'on puisse vous amener comme
argumentation. Tenez, M. le Président, vous en ferez une copie.
M. Ciaccia: Vous enlevez des droits. M. Lavoie: Est-ce que
cela veut dire...
M. Gratton: Ce n'est pas votre argumentation d'hier soir qui va
nous convaincre, certain.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît. Un instant!
M. Bédard: Ce que je dis essentiellement, c'est qu'on
pourrait...
M. Lalonde: II y en a un qui vous a enlevé une feuille,
là.
M. Godin: C'est de la méfiance excessive.
M. Lalonde: Mais on semble vouloir cacher des choses de ce
côté-là.
M. Ciaccia: C'était l'opinion contraire. M.Godin: C'est de la méfiance excessive. M. Bédard:
Vous avez demandé le dépôt... M.Godin:
On vous en fait des photocopies. Le Président (M. Clair):
À l'ordre, messieurs! M. Lalonde: Je veux toute
l'opinion.
M. Bédard: Vous avez demandé le dépôt
de l'opinion. Alors, nous sommes prêts à la déposer, cette
opinion.
M. Godin: Voulez-vous que les policiers surveillent le cabinet du
ministre?
Le Président (M. Clair): Un instant, s'il vous
plaît. M. le député de Mercier, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: Non, mais M. le Président!
Le Président (M. Clair): Un instant! Un instant!
M. Godin: II accuse quasiment de fraude publique les membres du
cabinet.
M. Lalonde: II se pense à la télévision, M.
le Président.
M. Godin: Taisez-vous donc, "showman".
M. Lalonde: II est habitué à ne pas avoir
d'opposition à la télévision.
M. Godin: "Showman" de bas étage. Vous faites un
cirque.
M. Bédard: Cela paraît de plus en plus.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si je pouvais avoir la
parole. Est-ce que vous m'accordez la parole, tout le monde, un instant?
Messieurs, au moment où j'ai requis le droit de parole je
pensais que je l'avais à titre de président c'est
simplement pour vous indiquer qu'étant donné qu'il n'y a pas de
dépôt en commission et que, par ailleurs, le ministre de la
Justice manifeste le désir de faire distribuer un avis juridique aux
membres de cette commission, je prends immédiatement les dispositions
pour le faire photocopier et le faire distribuer.
M. Lavoie: Une question au ministre. Est-ce que cela voudrait
dire que, dans votre réforme de la Loi électorale, vous allez
faire disparaître l'appel dans le cas de contestation des
élections? Est-ce
que vous allez faire disparaître l'appel dans le cas de
contestation d'élections dans votre réforme de la Loi
électorale?
M. Bédard: On ne parlera pas de lois auxquelles on n'a pas
à s'attacher pour le moment. Je pense que le présent projet de
loi fait référence régulièrement à la loi 2
sur le financement des partis politiques et à la Loi électorale.
Si on veut une discussion qui soit raisonnable, on doit s'en tenir au moins aux
lois auxquelles réfère le projet de loi no 92. (16 h 30)
Je vous ai dit que nous avions une opinion juridique du ministère
de la Justice en ce sens que, lorsqu'il s'agit de personnes
désignées, la jurisprudence est très claire en ce sens que
non seulement on peut spécifier qu'elles ont juridiction exclusive, mais
même on peut aller jusqu'à dire qu'elles ne sont pas soumises au
pouvoir de surveillance de la Cour supérieure. Il me semble que cela est
très clair. Cette opinion pourrait nous permettre, je crois
j'espère que l'Opposition officielle n'est pas contre le fait que, dans
le domaine juridique comme dans tous les autres domaines, on assume pleinement
nos responsabilités je vous dis que cette opinion pourrait nous
permettre, sans aucun danger, de prévoir qu'il n'y a aucun appel. Et ce
ne serait pas un déni de justice; ce ne serait que ce vers quoi on
devrait tendre, dans l'exercice normal de nos juridictions, et d'assumer
pleinement nos responsabilités plutôt que d'essayer
continuellement d'en référer à des procédures
d'appel qui éternisent souvent les débats.
M. Lalonde: Séparatisme judiciaire. M. Godin:
Souveraineté judiciaire.
M. Lalonde: On veut y venir, à la Cour d'appel, avant le
temps.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
M. Godin: Souveraineté judiciaire.
M. Bédard: Ce n'est pas vrai, M. le
Président...
M. Ciaccia: Ce n'est pas parce que vous avez le droit de le
faire, que c'est juste de le faire.
M. Bédard: Vous voyez le genre de réflexion qui
peut être enregistré...
M. Lalonde; Assumez pleinement vos responsabilités. La
Cour d'appel du Québec est aussi québécoise que vous.
M. Bédard: Vous ne voulez pas les assumer? Le
Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Bédard: Mais c'est ce que je vous ai dit tout à
l'heure. Si vous aviez été ici au début des travaux de la
commission, vous ne feriez pas de ce genre de réflexion partisane. J'ai
dit que quelles que soient nos options, je pense que toutes les provinces, y
compris le Québec, doivent tendre à assumer pleinement leurs
juridictions lorsqu'elles peuvent le faire. Assumer pleinement des juridictions
en matière de justice...
M. Lalonde: Pour la Cour d'appel?
M. Bédard: Dans le cas présent, puisqu'il s'agit de
personne désignée et que la loi est très claire en ce sens
qu'on n'a pas la nécessité de prévoir un appel, il me
semble ce n'est pas une question d'être indépendantiste ou
pas, ou être fédéraliste que ce serait normal que
nos efforts tendent à assumer pleinement nos responsabilités,
dans le contexte fédéral qui existe à l'heure actuelle,
plutôt qu'essayer ce que nous propose l'Opposition, de les
déléguer constamment à d'autres juridictions.
M. Fontaine: L'Opposition officielle.
M. Bédard: Pardon! Je dis bien l'Opposition
officielle.
M. Lalonde: Ah! oui.
M. Bédard: Parce que l'Union Nationale...
M. Paquette: ... a compris le problème.
M. Bédard: ... en fait, je pense, a compris qu'il ne faut
pas faire avec la justice une question de bataille de
fédéralistes, d'indépendantistes. Quand on a des
juridictions qu'on peut assumer pleinement, pourquoi prévoir des droits
d'appel? Pourquoi nos juridictions se déchargeraient-elles de leurs
responsabilités par des appels à d'autres cours? Ce n'est pas une
charge contre les cours fédérales que je fais là, en
aucune façon. Quand le contexte fédératif nous
vivons dedans à l'heure actuelle nous oblige à
prévoir des droits d'appel, c'est correct. Mais quand ce n'est pas une
obligation, pourquoi prévoir un droit d'appel?
Nous en avons prévu un simplement pour répondre à
certaines remarques qui ont été faites, certaines craintes, de la
part de l'Opposition officielle. On en voudrait encore plus. M. le
Président, un Conseil du référendum formé du juge
en chef de la Cour provinciale et de deux autres juges choisis par ce dernier,
je suis porté à croire qu'ils sont quand même capables
d'assumer des responsabilités. Il y a un bout à avoir de la
méfiance non pas envers la capacité du gouvernement, mais envers
la capacité de nos juges de pouvoir assumer leurs
responsabilités.
M. Godin: Ils salissent leur propre nid, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Alors, l'article 3 sera-t-il
adopté?
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je voudrais d'abord reconnaître le
député de Rouyn-Noranda qui n'a pas eu l'occasion de s'exprimer
là-dessus. M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, mes remarques seront
très brèves. J'ai eu l'occasion de discuter au tout début
de l'article 3. Il me semble en tout cas, si ma mémoire est
fidèle, que je suis l'un de ceux qui avaient demandé un droit
d'appel et ce que j'ai devant moi comme article d'amendement ou qui fera partie
de l'article 3 intégralement, c'est un droit d'appel de fait, mais un
droit d'appel partiel. Et cela ne me donne pas pleinement satisfaction, M. le
Président.
Si le ministre voulait considérer là-propos d'un droit
d'appel sur une question de droit, sans le limiter à un ou à deux
articles en particulier dans la loi, sur des questions de droit je serais
d'accord là-dessus, et non pas sur des questions de fait. Sur des
questions de droit, il me semble que le ministre pourrait avoir l'accord de
l'ensemble des membres de la commission et que cela pourrait se régler
assez rapidement. Je ne vois pas l'utilité de faire un débat qui
se rendrait encore jusqu'à minuit pour donner des arguments tout
l'après-midi et toute la soirée, se faire servir des
contre-arguments tout l'après-midi et toute la soirée, pour en
arriver, demain, probablement, avec un acquiescement du gouvernement sur ce
qu'on demande aujourd'hui.
Il me semble que cela fait deux fois que cela arrive où on a
perdu la première fois, sur l'un des articles, toute une soirée
à discuter. On a contre-argumenté puis le lendemain on acceptait
du côté gouvernemental. Hier soir, cela a été encore
la même chose, des arguments sur un côté, des arguments sur
l'autre, on s'est fait dire toutes sortes de choses, puis finalement ce midi le
gouvernement accepte ce contre quoi il a parlé toute la soirée
d'hier.
Il me semble qu'on a déjà là un exemple de deux
faits très précis où, après discussion, on en
arrive à conclure qu'on donne raison finalement aux gens de
l'Opposition. Je n'aime pas cela faire des débats pour le "fun", je ne
trouve pas cela drôle du tout. Je pense que le ministre non plus ne
trouve pas cela drôle du tout, personne ne trouve cela drôle autour
de la table. Si on pouvait d'une façon la plus calme possible de trouver
un terrain d'entente qui donnerait satisfaction tout en demeurant dans la
légalité et dans les habitudes que l'on retrouve
généralement dans nos procédures judiciaires, je pense
qu'on pourrait tout simplement passer cela et discuter d'autre chose. Il y a
encore plusieurs articles en suspens, il y en a encore onze.
Si on avait un minimum de bon vouloir, de part et d'autre, on pourrait
en arriver à une conclusion qui donnerait satisfaction. Qu'on
considère du côté gouvernemental qu'il peut toutefois
être interjeté appel à la Cour d'appel sur une question de
droit et qu'on n'aille pas placer des restrictions avec les articles 39 ou 40.
Ce n'est pas plus utile qu'il faut, si on considère la question de
principe que le ministre vient de nous dire et également d'accepter en
nous présentant cette motion d'amendement. Si on considère que
cette question de principe d'un droit d'appel est valable, le droit d'appel, il
est valable sur une question de droit. Contentons-nous de dire qu'il est
valable sur une question de droit et cessons les restrictions. Autrement, M. le
Président, cela ne réapparaîtrait pas être une
ouverture d'esprit. Avec toutes les discussions qu'on a, les débats
qu'on a, et les positions rigides du côté gouvernemental, cela
donne l'impression que ce n'est plus la Loi sur la consultation populaire qu'on
étudie, mais c'est plutôt la loi sur la fermeture
éclair.
Je me demande, M. le Président, où est-ce que cela va nous
mener? Je n'ai pas plus envie que le ministre de passer une soirée
complète à discuter encore de cela. Est-ce qu'on ne pourrait pas
trouver un terrain d'entente? Je demande au ministre de répondre
là-dessus.
M. Bédard: Je crois avoir fait tout ce qu'il était
possible de faire dans le cadre du respect de nos juridictions. Quand j'ai un
avis juridique disant qu'on pourrait ne pas prévoir d'appel du tout,
qu'il n'y aurait aucun problème juridictionnel, et que, comme ministre
de la Justice, parce que l'Opposition a fait certaines demandes, je
concède un droit d'appel sur des questions de droit parce qu'on est
à la Cour d'appel, je pense bien qu'on a fait notre bout de chemin. Si
on est pour nous reprocher qu'après certaines discussions on en vienne
à donner suite à l'argumentation de l'Opposition, je me demande
pourquoi il y aurait des commissions parlementaires. Si par suite des
discussions qui ont eu lieu hier soir, j'en suis venu à donner suite
à l'amendement du député d'Outremont, cela ne veut pas
dire je n'ai pas voulu faire de débat que je ne garde pas
la conviction profonde que quand il s'agit d'une loi-cadre concernant les
consultations populaires, il y aurait une nécessité de
prévoir des règles de débat. Que ce soit au niveau du
projet de loi ou au niveau de la question, je peux vous dire que j'en garde la
conviction profonde. Peut-être qu'avec le temps on verra jusqu'à
quel point il aurait été beaucoup plus valable, tant pour le
parlementarisme que pour l'ensemble de la population qu'on veut consulter et
que pour tous les parlementaires, d'en arriver à fixer les règles
du débat. Que ce soit une question ou un projet de loi. Je ne reviendrai
pas là-dessus. J'ai accepté ce que l'Opposition nous a
présenté parce que cela s'inscrivait dans nos règlements.
Je suis conscient qu'une loi-cadre sur la consultation populaire est quand
même quelque chose de nouveau qu'on amène comme instrument, non
seulement du point de vue parlementaire, mais du point de vue
démocratique, et qu'il y avait une certaine pondération à
faire. Mais qu'on ne vienne pas nous reprocher qu'après une discussion
on en vienne à faire suite à une demande de l'Opposition.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: ... je ne voudrais pas être mal
interprété.
M. Bédard: J'espère.
M. Samson: Je n'ai pas voulu reprocher au ministre d'avoir
accepté l'amendement qui a été proposé et dont on a
discuté toute la soirée d'hier. Ce n'est pas cela que je lui
reproche. Je ne lui fais pas de reproches non plus, mais c'est une question de
fait.
M. Bédard: Je vous comprends. Mais vous me dites...
M. Samson: Je dis que si vous l'avez fait aujourd'hui, vous
auriez pu le faire hier et vous auriez pu sauver du temps.
M. Bédard: Pas nécessairement. Qu'est-ce que c'est
une discussion qui en arrive à une décision dans un sens ou dans
l'autre? Il faut tout de même accepter qu'il y ait une discussion avant.
Sinon, cela voudrait dire que l'Opposition, d'avance, accepterait que, quelle
que soit son argumentation, il n'y aurait aucune possibilité de
démontrer qu'elle peut avoir raison sur certains points. Je ne
l'accepterais pas. Je pense qu'on a fait le travail qui est normal en
commission parlementaire. Il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas
d'accord!
M. Samson: Ce que je veux démontrer au ministre, c'est
qu'il aurait pu comprendre un peu plus vite et il aurait sauvé du
temps.
M. Bédard: Sur la question de la vitesse, je pourrais bien
vous retourner, M. le député de Rouyn-Noranda, que j'aurais
espéré que vous compreniez plus vite sur la question des
comités nationaux et que j'aurais espéré que vous
compreniez plus vite concernant le contrôle des dépenses...
M. Samson: Cela fait trop longtemps que je comprends.
M. Bédard: ... et cela ferait bien longtemps que le projet
de loi...
M. Samson: Cela fait trop longtemps que je comprends!
M. Bédard: Non. Vous me permettez de vous
répondre?
M. Samson: Si on ne comprenait pas, on vous l'aurait
laissé passer votre anguille!
M. Bédard: Vous me permettez de vous répondre? Je
peux bien vous dire, si on veut jouer à ces arguments-là, que si
vous aviez accepté le principe du contrôle des dépenses, si
vous aviez accepté le...
M. Samson: M. le Président, non. Je n'accepterai pas que
le ministre vienne me dire...
M. Charbonneau: Laissez-le donc finir! Le Président (M.
Clair): À l'ordre!
M. Charbonneau: C'est lui qui est en train de vous
répondre.
M. Samson: C'est moi qui avais la parole.
Colombey-les-deux-bêtises, là, c'est assez.
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Charbonneau: Ne recommencez pas vos
imbécillités.
M. Samson: Je n'accepterai pas que le ministre vienne me dire que
je n'accepte pas le contrôle des dépenses. Ce n'est pas vrai. Le
ministre ne peut pas dire cela à mon endroit.
M. Bédard: D'accord. Je le disais d'une façon
générale. Au niveau de la commission parlementaire, s'il y avait
eu...
M. Samson: Si vous parlez d'une façon
générale, regardez-en d'autres que moi!
Le Président (M. Clair): Messieurs, si vous
continuez...
M. Bédard: La question venait de vous, M. le
député de Rouyn-Noranda. C'est pour cela que je suis porté
à vous regarder. Vous ne m'en voudrez pas pour cela,
j'espère!
M. Samson: Je ne vous en veux pas pour cela, d'ailleurs.
M. Bédard: C'est cela une commission parlementaire. Il y a
des principes de la loi qui font qu'il y en a qui sont contre, d'autres qui
sont pour. C'est évident qu'à la commission parlementaire on est
là pour en discuter et que je pourrais retourner aux membres de la
commission ou aux membres de l'Opposition officielle que s'ils avaient
été d'accord sur le principe des comités nationaux, sur le
principe du contrôle des dépenses, cela ferait longtemps que ce
projet de loi serait adopté. Je ne pense pas que ce soit la
manière de discuter en commission parlementaire. Sur ce point, je vous
le dis très honnêtement, je pense avoir fait plus que le bout de
chemin qui serait normal dans le respect jaloux de nos juridictions. Je ne
crois pas qu'on puisse aller plus loin. (16 h 45)
Le Président (M. Clair): Dans le but de favoriser les
membres de la commission qui ne sont pas encore intervenus, je
reconnaîtrai dans l'ordre les députés de Mercier, de
Marguerite-Bourgeoys,
de Mégantic-Compton et de Mont-Royal. M. le député
de Mercier.
M. Godin: Ce qui est frappant, M. le Président, depuis
qu'on est à cette commission comme pour d'autres, d'ailleurs, c'est
qu'on voit l'Opposition officielle avoir des virginités successives. Par
chez nous, on appelle cela se faire coudre une cerise, sans jeu de mots. Il n'y
a pas de droit d'appel à la cour des petites créances.
M. Lavoie: C'est aussi important que le référendum
constitutionnel.
Le Président (M. Clair): À l'ordre. M. Godin:
Laissez-moi donc parler.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs. Je
vous invite à être respectueux du droit de parole des uns et des
autres.
M. Lalonde: II est en train de s'en coudre une.
M. Godin: M. le Président, on commence à être
écoeuré un peu de les voir se parer, se draper tout d'un coup du
manteau de la virginité absolue et remettre en question... M. Lalonde
laissez-moi parler. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je
respecte votre droit de parole; respecter le mien, s'il vous plaît. Ayez
au moins le respect de ceux qui parlent, si vous n'avez pas assez de jarnigoine
pour voir clair dans ce qu'on dit.
M. le Président, il y a un grand nombre de tribunaux,
administratifs surtout, mais également qui ne sont pas administratifs,
où il n'y a pas de droit d'appel. Le principe du droit d'appel, c'est
qu'on estime qu'il y a plus d'idées dans plusieurs têtes que dans
une. En première instance, comme c'est un juge seul qui rend une
décision, il y a un droit d'appel, presque automatique. Dans le cas du
Conseil du référendum, où il y a trois juges, cela
constitue en quelque sorte, au départ, de par sa composition même,
un tribunal d'appel par le nombre d'opinions et d'avis qui peuvent être
exprimés par les juges qui en font partie.
C'est la raison pour laquelle, dans notre première version, on
n'avait pas mis de droit d'appel, parce que déjà cela se trouve
être une instance où il y a plusieurs opinions qui s'expriment et
où il y aura probablement des opinions majoritaires qui vont gagner
à l'occasion, si ce n'est pas unanime. C'est la raison pour laquelle on
n'a pas senti le besoin, dans un premier temps, de consentir le droit d'appel.
Sur les instances de l'Opposition, nous ouvrons le droit d'appel, M. le
Président.
On voit mon collègue de Rouyn-Noranda nous reprocher,
après avoir entendu des arguments pendant des heures, de changer
d'idée. Il devrait se réjouir. Cela veut dire qu'on vous
écoute, M. le député de Rouyn-Noranda. Cela veut dire
qu'on est sensible à vos arguments. Cela veut dire qu'on veut la paix.
Cela veut dire qu'on veut l'amélioration du projet de loi.
Reprochez-nous de ne pas faire de changements après des heures et des
heures, mais ne nous reprochez pas d'en faire après des heures et des
heures. Le principe est qu'on en fait quand on estime qu'effectivement le
public est mieux servi par les changements qu'on fait.
L'essentiel je le répète c'est que
premièrement, du fait qu'il y a trois juges, cela constitue
déjà une garantie immense pour l'électeur dans un
référendum quel qu'il soit. De plus, dans tous les cas, M. le
Président, la Cour suprême peut être saisie, même dans
les cas où il n'y a pas d'appel. La Cour suprême peut
décider: J'entends ou je n'entends pas l'appel. Ce sont des garanties
très grandes pour les citoyens qui s'estimeraient lésés ou
pour un comité national qui s'estimerait lésé.
Sur le fond, quand je vois ces gens qui ont passé leur temps au
pouvoir à restreindre le droit d'appel et qui, aujourd'hui...
M. Lavoie: Quels cas?
M. Godin: Les petites créances. C'est le cas le plus
connu, le plus célèbre, le plus populaire, le plus récent.
Je m'étonne que le député de Laval fasse sa vierge
offensée, s'indigne et grimpe dans les rideaux, alors que, dans sa
propre cour, M. le Président, là où il a ses jouets, il
n'y a pas de droit d'appel pour certains tribunaux qui ont été
mis sur pied ou certaines lois qui ont été votées.
Je me pose des questions sur les motifs qu'ils ont derrière la
tête. Je m'en pose des questions. Mes hypothèses, c'est que un, la
volonté de discréditer est toujours là; deux, la
volonté dilatoire est toujours là; trois, la virginité
refaite d'élection en élection est là. Il s'en est cousu
des cerises depuis qu'on est ici. On ne compte même plus le nombre de
cerises qui se sont cousues. On aura l'occasion de revenir là-dessus
à d'autres chapitres de cette loi. Je vous donnerai d'autres preuves de
cerises qui se sont cousues sur le tard.
En tout cas, je termine là-dessus. Cela donne quoi de se rendre
à leurs arguments si, quand on se rend, ils disent: Ce n'est pas encore
assez! Voudraient-ils que le Québec renonce à la
souveraineté législative que nous avons? Ils crachent
là-dessus, eux autres! Ils disent que, dans tous les cas, il faudrait se
référer à l'autre palier de souveraineté! Ils ne
reconnaissent même pas le fait que le Québec a actuellement une
souveraineté. Ils la contestent eux-mêmes. C'est dans ce sens
qu'ils vont à l'encontre des intérêts de leur propre
État dont ils font partie. Sous le couvert d'être
fédéralistes, ils ne respectent même pas le fondement du
fédéralisme et de la coexistence pacifique de deux
souverainetés, au moment où on se parle. C'est cela que je
reproche à l'Opposition.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à moins que vous ne cédiez votre
priorité au député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Non, M. le Président. J'aurais
cédé, mais j'ai entendu du bruit en avant de moi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vais laisser le député de Mercier
à ses cerises. J'aimerais quand même contester son
séparatisme judiciaire dont il fait état en disant qu'au
Québec, actuellement, dans le contexte politique et judiciaire que l'on
vit, espérer, exiger, demander ou souhaiter avoir un appel à la
Cour d'appel, c'est faire injure à notre niveau de souveraineté.
Je pense que c'est faire, comme je l'ai dit, du séparatisme judiciaire
avant le temps. C'est faire preuve d'une courte vue déplorable en ce qui
concerne le déroulement je vais employer un mot cher aux
péquistes normal du processus.
M. Godin: M. le Président, je m'excuse. Question de
règlement. Il me cite mal. Je n'accepte pas cela. Le nouveau
libellé de l'article, c'est clair, c'est qu'on accepte l'existence... Il
dit le contraire. Il dit qu'on refuse le droit d'appel.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le Président.
Il n'a pas le droit d'interrompre.
Le Président (M. Clair): Je m'excuse! M. le
député de Mercier, si vous invoquez le règlement, ce sera
en vertu de l'article 96, et il faudra que le député qui a le
droit de parole actuellement y consente.
M. Lalonde: M. le Président, lorsque le
député m'a accusé de ne pas avoir assez de jarnigoine pour
comprendre ses arguments tantôt, je me suis tu. Je lui rends maintenant
le compliment.
M. Godin: D'accord. Je me tais, M. le député. Je
vous écoute attentivement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Donc, déjà, au départ, en disant
que c'est faire injure à notre niveau de souveraineté que de
souhaiter avoir un appel à la Cour d'appel tout simplement parce que les
juges sont nommés par le fédéral, je m'inscris...
M. Godin: Non.
M. Lalonde: Moi, c'est de même que je
l'interprète.
M. Godin: Interprétez tant que vous voulez.
M. Lalonde: Bon, c'est de même que je
l'interprète.
M. Godin: Respectez au moins les faits.
M. Lalonde: En fait, je ne vois pas comment on peut
l'interpréter autrement. Si la seule façon de faire confiance
à notre souveraineté provinciale, notre souveraineté de
législation, actuellement, ce serait de ne pas faire appel à la
Cour d'appel lorsqu'il y a des décisions judiciaires à rendre, je
rejoindrais l'argument du député de Mercier. Je dis que la Cour
d'appel du Québec, la Cour du banc de la reine, comme on l'appelle, est
la Cour suprême du Québec, comme telle. Dans le contexte actuel et
probablement pour un bon bout de temps, ce sera notre Cour suprême en
matière d'appel. Je m'inscrirai en faux chaque fois qu'un citoyen me
reprochera de regarder la Cour d'appel comme ma Cour suprême, dans la
province de Québec. En fait, c'est la Cour suprême de la province
de Québec. D'ailleurs, on l'appelle comme cela dans les autres
provinces, "Supreme Court".
Alors, je trouve cela absolument désolant, pour ne pas dire
injuriant, lorsqu'on se sent lésé ici, au Québec, comme
citoyen, parce qu'on suggère qu'il y ait un appel à la Cour
d'appel. C'est la seule demande qu'on avait faite, d'ailleurs, qui avait
été accueillie avec beaucoup plus d'humanisme judiciaire de la
part du député de Maisonneuve, qui avait dit je pourrais
relire, je l'ai ici, la transcription de ses propos, le 17 avril. Je cite: "Je
peux dire quand même immédiatement que je suis touché par
cet argument." Cet argument, c'était qu'on devrait probablement
prévoir un appel. Je continue la citation: "Cela m'apparaît que,
dans le cas de doute, on doit plutôt pencher du côté du fait
qu'il ne doit y avoir appel que du côté où il ne devrait
pas y en avoir. " Je me suis référé à l'opinion du
ministre de la Justice tantôt ou du ministère de la Justice. Cela,
c'est de l'humanisme dont on fait état quand on parle comme cela.
Je continue la citation: "Surtout quand on parle de procédure
judiciaire on parle carrément à l'article 3 de
procédure judiciaire dans ce sens, ma première
réaction à votre amendement énoncé ou en tout cas
l'intention de faire modifier l'article serait plutôt favorable que
défavorable."
M. le Président, je préfère ce genre d'approche du
député de Maisonneuve, du ministre d'État à la
réforme parlementaire que l'espèce de séparatisme
judiciaire qu'on veut faire avant le temps. C'est ainsi que j'ai
interprété les propos du ministre quand il a dit: Assumer
pleinement nos responsabilités. Oui, on assume pleinement nos
responsabilités quand on va chercher là où on les a les
moyens de rendre justice. Si cela veut dire de prévoir un appel dans une
loi, qu'on le fasse, et qu'on ne fasse pas la frustration de séparatisme
judiciaire avant le temps.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement, parce que le
député de Nicolet-Yamaska a soulevé les arguments au
départ. On a repris d'un bord ou de l'autre le pour et le contre. Ce qui
me reste, M. le Président, c'est de dire encore une fois que je pense
bien que les opinions sont faites dans le moment. Comme l'a si bien
signalé le député de Nicolet-Yamas-
ka ici, je ne vois vraiment pas pourquoi on céderait de nos
pouvoirs. Cette cour qui est nommée par un autre pallier de gouvernement
quand il est question de juridiction exclusivement provinciale, je me demande
pourquoi sur une question aussi importante que celle-là on irait plus
loin que ce qu'on nous donne dans l'amendement ici. On n'en a pas de raison. On
se donne ici à l'article 3 un instrument de travail absolument correct
et qui répond aux aspirations d'un gouvernement, non pas un gouvernement
avec programme indépendantiste, mais un gouvernement provincial, un bon
gouvernement provincial tout à fait dans l'ordre, je pense.
À partir de là, on ne s'alliera certainement pas nous
autres à une perte de temps qui va durer jusqu'à ce soir. C'est
clair dans l'esprit de chacun et je ne verrais pas pourquoi on argumenterait
plus longtemps; qu'on passe l'article 3 et qu'on le vote. Nous allons voter
favorablement à cet article qui est proposé par le ministre et je
ne verrais pas pourquoi on continuerait à perdre du temps pour en
arriver ce soir avec les mêmes propositions. J'ai bien I'impression que
là-dessus le ministre ne fera pas de concession et je ne vois pas
où il y a à en faire non plus. À partir de là, il
va y avoir un vote et il est déjà bien dessiné. Je me
demande pourquoi on ne l'appellerait pas immédiatement et qu'on passe
à autre chose, si on veut en finir parce qu'à partir de là
je commence à sentir le "filibuster", comme on dit.
Pour nous, cette loi, il y a longtemps qu'on la "eut et on ne prendra
pas de moyens dilatoires pour la retarder. On voudrait se la donner et on ne
voudrait pas passer l'été à mêler loi et
référendum. On veut que la loi soit votée. À partir
de là, on ne s'accrochera pas dans les fils d'araignée, en ce qui
nous regarde. On veut une position bien précise, bien claire. À
ce moment-ci, l'article 3 répond à nos besoins, aux besoins d'un
parti qui est d'un caractère provincial que personne n'a
sauvegardé ailleurs et qui aura une situation bien nette. À
partir de là, M. le Président, j'aimerais bien qu'on passe au
vote immédiatement. On a fini pour nous.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Très brièvement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal a encore le droit de parole.
M. Ciaccia: Premièrement, je ne peux pas accepter le
raisonnement du ministre. Il dit que parce que nous avons juridiction
d'accorder ou de ne pas accorder d'appel, le fait qu'il a suggéré
un certain droit d'appel, il nous donne un cadeau.
M. Bédard: Je n'ai pas parlé de cadeau. J'ai
parlé de représentation de l'Opposition et arrêtez de
déformer les paroles des gens.
M. Ciaccia: M. le Président, on ne peut même pas
parler.
M. Bédard: Parlez comme du monde.
M. Ciaccia: Je parle comme du monde. Je vous dis ce que vous
dites. Vous faites des accusations et si vous ne l'aviez pas enlevé le
droit aux tribunaux, si vous ne l'aviez pas créé ce Conseil du
référendum, on ne serait pas dans cette discussion-ci quant au
droit d'appel.
M. Bédard: D'accord, s'il n'y avait pas de loi. on ne
parlerait pas.
M. Ciaccia: Premièrement, vous mettez des restrictions et,
au fur et à mesure que vous en enlevez quelques-unes, vous voulez donner
l'apparence d'avoir fait toutes les concessions du monde. Dans l'article 9
aussi vous aviez la juridiction d'inclure la clôture, mais vous ne l'avez
pas fait, et ce n'est pas un cadeau que vous nous avez donné.
M. Bédard: Je n'ai pas parlé de cadeau.
Arrêtez donc de dire des choses qui n'ont pas été
dites.
M. Ciaccia: C'est comme cela que vous le laissez entendre. Vous
dites: C'est dans notre juridiction et on a le droit de l'enlever; alors le
fait qu'on ne l'enlève pas, on vous accorde certains droits. Cela ne le
rend pas plus juste le fait que vous l'accordez. Maintenant, M. le
Président, ceci étant dit, je voulais seulement faire cette
remarque. On veut coopérer et collaborer et montrer après les
discussions quant au droit d'appel dans différentes matières pour
démontrer que ce n'est pas notre intention de faire de l'obstruction,
mais de seulement soulever certains points, certains droits, que nous
considérons fondamentaux. J'ai à suggérer à la
commission un amendement à l'amendement du ministre. (17 heures)
Je fais motion, M. le Président, pour enlever, après la
quatrième ligne du premier alinéa, "avec la permission, etc., des
deux juges de la Cour d'appel".
Le Président (M. Clair): Voulez-vous me lire
l'article?
M. Ciaccia: L'article se lirait comme suit: "II peut toutefois
être interjeté appel à la Cour d'appel sur une question de
droit d'une décision rendue par le Conseil du référendum
en vertu des articles 39 et 40. Je retrancherais les quatre prochaines lignes
et on pourrait garder les deux derniers paragraphes.
C'est bien simple, on accepte les représentations, les
discussions autour de cette table, mais je voudrais seulement souligner que
normalement la permission de deux juges c'est seulement sur des questions de
fait. On accepte que l'appel devrait avoir lieu seulement sur une question de
droit. Normalement, cela devrait être de plein droit. Cela ne devrait pas
être avec la permission des juges de la Cour d'appel.
Le Président (M. Clair): Quelqu'un...
M. Bédard: Voulez-vous répéter
l'amendement?
Le Président (M. Clair): La motion du député
de Mont-Royal est à l'effet de retrancher les quatre dernières
lignes du premier paragraphe, de sorte que le premier paragraphe se lirait
simplement comme suit: "II peut toutefois être interjeté appel
à la Cour d'appel sur une question de droit d'une décision rendue
par le Conseil du référendum en vertu des articles 39 ou 40, de
retrancher le reste de ce paragraphe en conservant les paragraphes 2 et 3.
M. Bédard: Vous me donnez quelques minutes
d'évaluation?
M. Lavoie: Nous laissons tomber les questions de fait.
M. Bédard: Je pensais qu'on voulait parler des articles 39
et 40.
M. Lavoie: Nous laissons tomber les questions de fait. Nous
laissons la compétence absolue au Conseil du référendum
sur les questions de fait. Sur les questions de droit, nous croyons qu'il
devrait y avoir appel, et sans permission.
M. Ciaccia: Cela devrait être sans permission.
M. Bédard: Mais on se limite aux articles 39 et 40!
M. Ciaccia: Oui, on se limite aux articles 39 et 40.
M. Bédard: Si je comprends bien, l'effet de cet amendement
serait de permettre un appel de piano plutôt qu'un appel après
avoir obtenu la permission de deux juges d'en appeler.
M. Ciaccia: Non, sans permission.
M. Bédard: Après avoir obtenu... Bien oui,
plutôt que ce qui est prévu par le présent amendement, soit
d'obtenir la permission de deux juges. Je n'ai pas d'objection à cela.
Cela ne change pas. La question de demander la permission de deux juges, cela
peut être technique.
M. Ciaccia: Normalement, la permission de deux juges et sur des
questions de fait. On demande la permission aux deux juges de la Cour d'appel
pour faire appel sur une question de fait; puisqu'on ne demande pas cet appel
sur une question de fait, mais on se limite sur une question de droit, le droit
d'appel devrait être de piano.
M. Bédard: Pourvu que cela ne change pas la juridiction
que nous voulions donner par cet article à la juridiction d'appel
concernant les articles 39 et 40, je n'ai aucune objection.
Le Président (M. Clair): Alors, afin...
M. Ciaccia: C'est un compromis de notre part.
M. Bédard: Si on m'avait soumis cela dès le
départ, cela aurait pris deux minutes pour l'accepter.
M. Lavoie: C'est le bien-fondé de notre intervention et de
notre argumentation.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, ce n'est pas
là-dessus que vous parliez, c'est sur les articles 39 et 40.
M. Bédard: II y a une différence entre se faire
accuser de vouloir fouler aux pieds les droits juridiques, de vouloir faire du
séparatisme avant le temps et d'en aboutir à un amendement qui
enlève l'obligation de demander la permission à deux juges de la
Cour d'appel d'en appeler. C'est bien différent, cela. Là, je
suis parfaitement d'accord là-dessus, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si je résume
sur le plan de notre règlement, premièrement, est-ce qu'il y a
consentement unanime pour que le texte qui était proposé par le
ministre fasse intégralement partie de l'article 3?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Clair): II y a consentement.
Deuxièmement, est-ce que la motion du député de Mont-Royal
à l'effet de retrancher...
M. Lavoie: Les mots...
Le Président (M. Clair): ... les mots...
M. Lavoie: ... après "40".
Le Président (M. Clair): ... après "40", soit "avec
la permission de deux juges de la Cour d'appel si, de l'opinion de ces juges,
la question en est une qui devrait être soumise à cette cour".
C'est la motion d'amendement du député de Mont-Royal. Cette
motion est-elle adoptée?
M. Bédard: Adopté. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 3, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Grenier:
Adopté. Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Lavoie: Vous voyez que c'est facile lorsqu'on s'accorde.
M. Bédard: Non, vous voyez que c'est bien plus facile pour
se comprendre, plutôt que d'injurier, de faire des propositions...
M. Lavoie: Je ne vous ai pas injurié, moi.
M. Bédard: ... qui ont de l'allure. Regardez donc
là!
M. Lavoie: Qu'avez-vous? Vous êtes donc bien nerveux!
M. Bédard: Vous n'avez pas entendu le député
de Marguerite-Bourgeoys?
M. Ciaccia: II n'est pas ici; ne l'insultez pas en son absence.
Attendez qu'il soit ici avant de l'insulter. Insultez-vous face à
face.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Bédard: Le séparatisme judiciaire. Vous vous
êtes rendu compte que vous étiez ridicules sur vos
prétentions.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! M. Lavoie:
Un instant.
M. Ciaccia: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Je suis heureux de voir que vous l'avez
constaté.
M. Ciaccia: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Messieurs, le
député de Mont-Royal invoque le règlement.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'accepte pas les propos
du ministre qui veut avoir...
M. Paquette: II n'y a pas de question de privilège.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de privilège, c'est
une question de règlement. Cela ne te fait rien! Est-ce toi, le
président?
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Charbonneau: Si vous n'êtes pas capable d'être
poli, au moins parlez.
M. Ciaccia: Tu n'es pas le président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Finissez et qu'on passe à autre chose.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! M. le
député de Mont-Royal...
M. Charbonneau: La politesse, ce n'est pas cela qui vous
étouffe.
M. Ciaccia: Je n'accepte pas que...
Le Président (M. Clair): ... je vous invite à vous
adresser à moi. Vous avez plus de chances de ne pas être
interrompu.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Je n'accepte pas les
paroles du ministre et je veux vous donner comme exemple qu'hier soir, pendant
quatre heures, il a fallu se débattre avec le ministre, et pendant une
autre heure et demie ce matin. J'invoque donc mon droit de parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de règlement?
M. Lavoie: Arrêtez, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Par ses propos, le ministre nous a imputé des
motifs. Il a dit: Si vous aviez fait cet amendement plus tôt, on l'aurait
accepté. On a fait un amendement hier soir et il lui a fallu une
journée pour l'accepter.
M. Bédard: C'était une question de fond.
M. Ciaccia: Finalement, il l'a accepté à trois
heures cet après-midi, après un débat de quatre heures
hier soir et d'une heure et demie ce matin.
M. Bédard: C'était une question de fond.
M. Ciaccia: Qu'il ne nous donne pas l'impression qu'il est
raisonnable tout d'un coup.
Le Président (M. Clair): Si je comprends bien, M. le
député de Mont-Royal, vous demandez au ministre...
M. Ciaccia: Je ne lui demande rien, je ne lui demande rien.
Le Président (M. Clair): J'avais compris...
M. Bédard: Sauf qu'il y a une différence entre une
discussion sur une question de fond et une discussion sur une technicité
à l'occasion d'un amendement.
M. Ciaccia: Nous aussi, on fait des compromis pour permettre que
cette loi soit adoptée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez parlé du
fond pendant une heure et vous arrivez avec une analyse.
M. Ciaccia: Nous aussi, on fait des compromis.
Le Président (M. Clair): Messieurs, vous enfreignez tous
le règlement. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: On n'est pas totalement heureux.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Mont-Royal.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez voulu sauver la
face et vous n'en avez sauvé que la moitié.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière. Messieurs, il faudrait maintenant engager le débat sur
un nouvel article. Je pense qu'on est ici pour adopter des articles du projet
de loi 92.
M. Ciaccia: Ce matin, on était ici pour les suspendre.
Le Président (M. Clair): M. le ministre. M.
Bédard: Vous êtes contents, là.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, vous avez la
parole.
Information gouvernementale
M. Bédard: L'article suivant qui était suspendu est
l'article 6, M. le Président, où nous avions proposé un
amendement concernant l'information gouvernementale. À ce
moment-là, nous avions à l'esprit deux principes qui
étaient le droit des citoyens d'être informés et
l'obligation du gouvernement d'informer cette population en fonction d'une
consultation populaire sur un sujet précis. Nous croyons que cela
demeure des principes de base fondamentaux. Maintenant, est-ce que les membres
de la commission ont l'amendement?
M. Lavoie: Cet article a été suspendu il y a au
moins une semaine. Je pense que si on pouvait en avoir d'autres copies ou s'il
y a une rédaction finale... Cela fait onze jours.
M. Godin: Le 9 juin. Vous m'avez demandé la date, je vous
donne la date. C'est cela que vous vouliez savoir?
Le Président (M. Clair): Je prends les dispositions
actuellement pour qu'une copie de l'article 6 et surtout de son amendement soit
distribuée aux membres. Quelqu'un a-t-il en main le texte de
l'amendement qui était proposé par le ministre?
M. Bédard: M. le Président...
M. Ciaccia: Est-ce celui qui est dactylographié avec la
dactylo de l'Union Nationale?
M. Bédard: ... pour continuer ce que je disais tout
à l'heure, étant donné que nous aurons, plus loin dans
l'étude de ce projet de loi, article par article, à discuter de
l'information du public à l'occasion d'une consultation populaire.
Alors, nous soumettons, M. le Président, qu'il y a lieu de retirer cet
amendement, en ce qui nous regarde, à moins que l'Opposition veuille le
voter tel que libellé. Nous aurons l'occasion, un peu plus tard, de
parler de l'information du public et de prévoir un mécanisme en
ce sens.
Le Président (M. Clair): Dois-je comprendre que vous
proposez l'adoption de l'article 6 tel qu'il apparaît au projet de
loi?
M. Bédard: Tel qu'il apparaît au projet de loi.
Le Président (M. Clair): L'article 6, premièrement,
la motion d'amendement du ministre, ai-je besoin de la relire? Elle est
retirée. L'article 6, tel qu'il apparaît au projet de loi, est-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
M. Lavoie: Article 24A. Est-ce qu'il y a une nouvelle
rédaction de l'article 24A?
M. Bédard: Non, il n'y a pas de nouvelle
rédaction.
Le Président (M. Clair): L'article 24A se lirait comme
suit: Le directeur général des élections doit publier et
distribuer, sous la responsabilité et avec l'accord des comités
nationaux, une brochure explicative sur chacune des options proposées,
soumises à la consultation. Cette brochure assurera à chaque
comité national un espace égal.
M. Ciaccia: La question des langues, des délais.
Le Président (M. Clair): C'est le texte que le
président a en main.
M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, une remarque
préliminaire. Lorsque nous avons abordé pour la première
fois ce nouvel article, il y a déjà quelques jours, nous avions
fait des représentations à l'effet que, suivant notre avis, cet
article devrait être plus explicite et plus élaboré. Je
trouve que, tel qu'il est dirigé, cela place le directeur des
élections ou cela peut placer le directeur général des
élections dans une situation très délicate du fait qu'on
lui accorde beaucoup trop de discrétion. Je sais, par expérience,
que les commis de l'État n'aiment pas avoir une discrétion
absolue, être obligés de trancher, surtout dans des situations
aussi délicates, aussi sensibles qui peuvent se présenter lors
d'une consultation populaire.
Tel qu'il est rédigé actuellement, il est dit que le
directeur général des élections doit publier et
distribuer, on ne dit pas de quelle façon. On sait par
expérience que le directeur général des élections,
lors des campagnes électorales, a, en vertu de la Loi électorale,
certains pouvoirs de faire paraître des avis dans les journaux pour
inviter les gens à exercer leur droit au suffrage. Il y a même des
programmes à la télévision, des annonces à la
radio, en vertu de la Loi électorale. Maintenant, sur une question
référendaire et surtout en vue d'un référendum qui
peut soulever pas mal l'émotivité des Québécois, ou
nous sommes dans du droit nouveau, ou il y a des comités nationaux qui
seront tout probablement de positions fort opposées, même aux
antipodes peut-être d'un consensus, sur la question, sur un certain
référendum constitutionnel. (17 h 15)
Lorsque vous dites que le directeur général des
élections doit publier et distribuer, on ne dit pas comment. On ne dit
pas si c'est à chaque électeur. "Sous la responsabilité et
avec l'accord des comités nationaux." Je me demande comment il va
obtenir, à moins que ce soit un surhomme, ou un Salomon, l'accord des
présidents des comités nationaux pour la publication et la
diffusion d'une brochure explicative sur chacune des options proposées
et soumises à la consultation. Cette brochure assurera à chaque
comité national un espace égal. Je sais que dans d'autres pays
où il y a eu une telle diffusion, en Grande-Bretagne entre autres, je
crois que même le moment était déterminé parce que
c'est assez important de savoir si la publication est distribuée un mois
ou une semaine avant le scrutin. Là, il peut y avoir des opinions
différentes entre les comités nationaux.
D'autres sujets. À qui les distribuer? Va-t-il les laisser au
comptoir dans les tabagies ou je ne sais où, dans les bureaux
d'information du gouvernement? Est-ce que ce sera distribué dans les
boîtes aux lettres de chacun des électeurs? La question de la
langue. Si on va sur le principe de la chance égale, le bulletin de vote
lors du référendum sera-t-il bilingue et est-ce prévu par
la loi? Cette brochure, considérant une proportion peut-être de
20% d'anglophones au Québec, pourra-t-elle être bilingue? Ce sont
tous des points d'interrogation. Il y a également les implications du
coût. S'il en fait publier uniquement 10 000 copies, ce n'est pas la
même chose que s'il en fait publier 4 millions de copies, à chacun
des électeurs. Ce sont toutes des modalités et je pense qu'il
faudrait que ce soit détaillé. Sans aller à
l'extrême du détail et des modalités, je ne vois pas
comment un directeur général des élections va pouvoir
obtenir, tel que l'article le dit, l'accord des comités nationaux sur
certains points que je viens de soulever. Ce sont des points d'interrogation et
c'est la raison pour laquelle, lorsque nous avons abordé ce nouvel
article il y a quelques jours, j'avais souligné à peu près
la même chose. Et d'ailleurs, le personnel du cabinet du ministre avait
été fort sensibilisé aux remarques et aux commentaires que
j'avais faits à ce moment-là. Je pense qu'il va falloir clarifier
la situation.
M. Bédard: La clarification sur les points soulevés
par le leader de l'Opposition peut se faire rapidement, en tout cas selon nous.
Quand il s'agit de l'obligation du directeur général des
élections de publier et de distribuer, on entend bien à chaque
électeur. Il s'agit simplement de le spécifier.
M. Lavoie: II faudrait le dire!
M. Bédard: C'est cela! Sous la responsabilité et
avec l'accord des comités nationaux, une brochure explicative sur
chacune des options proposées soumises à la consultation. Le
leader de l'Opposition soulève, avec raison, qu'il y aurait
peut-être lieu de déterminer le temps où cette brochure se
devrait d'être acheminée vers chaque électeur. On pourrait
prévoir c'est sujet à discussion, mais on peut la faire
ensemble que cette brochure doit parvenir à chaque
électeur au moins dix jours avant le scrutin.
M. Lavoie: Ou dans les dix derniers jours. Il y a une
différence.
M. Bédard: Pour que cela veuille vraiment dire quelque
chose au niveau de l'information, il ne faudrait pas prendre la chance que ce
genre de brochure ne parvienne aux électeurs que dans les deux ou trois
jours avant le vote. Je pense qu'il y a lieu de prévoir au moins dix
jours avant le vote, avant le scrutin. Ou quinze jours, si vous aimez
mieux.
M. Lavoie: Une autre difficulté que j'aimerais soulever.
Je pense que ce n'est pas assez clair dans l'article. À cause des
implications, est-ce une brochure qui comprend les deux options ou deux
brochures? C'est encore une chose... Deux brochures conjointes, brochées
dans le même dépliant. À cause des implications du
coût également.
M. Bédard: Avant d'insérer quelque chose de
très précis dans l'amendement, je m'attendais à certaines
suggestions de la part de l'Opposition. Je n'ai pas objection à deux
brochures ou à une brochure conjointe, peu importe. Je pense qu'on est
assez grands pour se faire une idée assez vite là-dessus.
Concernant un autre principe qui est très important pour cette
information, la brochure assurera à chaque comité national un
espace égal. On ne peut pas aller plus loin en termes de
précision. Pour ce qui est du contenu de ces brochures, ce n'est pas
seulement la règle de l'égalité qui joue, mais nous
voulons, au niveau gouvernemental, faire jouer la règle de la
liberté totale. Chacun des comités disposera de l'espace qui sera
mis à sa disposition et qui sera le même que celui mis à la
disposition d'un autre comité de la manière dont il
l'entendra.
M. Lavoie: II ne faut pas oublier une chose. Souvent, le ministre
est porté à nous lancer des
petites fléchettes. N'oubliez pas que lorsque cet article a
été suspendu... Je ne sais pas la date, je vais la demander au
député de Mercier. Il y a une semaine?
M. Godin: Le 9. M. Lavoie: Le 9.
M. Godin: Non, non. Cela c'est un autre. Le 16.
M. Lavoie: Le 16, il y a quatre jours, le ministre nous avait
demandé nos remarques et nos commentaires. C'est ce que nous avons fait
et c'est enregistré au journal des Débats. C'était en vue
d'obtenir une autre rédaction, mais aujourd'hui nous avons la même
rédaction que le 16. Ne nous accusez pas de retarder les travaux
lorsqu'on vous a demandé, il y a quatre jours, une nouvelle
rédaction. On n'en a pas de nouvelle.
M. Bédard: M. le Président, il y a eu des
discussions qui ont été soulevées. On s'aperçoit
tout de suite que les amendements ne sont pas longs. Il n'y a pas lieu
d'essayer de se faire des reproches de part et d'autre. On n'en était
pas venu à un accord concernant le fait que ce soit une brochure
conjointe ou encore deux brochures livrées en même temps.
C'était tout à fait normal d'attendre, puisque c'est le genre
d'amendement qui se fait rapidement, plutôt que d'aller dans une longue
discussion, et de savoir exactement si l'Opposition s'était
branchée sur une solution. On peut en parler et on peut émettre
des idées. Ce qui est important pour faire avancer une discussion, c'est
qu'on a l'impression qu'on se branche de part et d'autre. Je vous dis
très clairement que pour ce qui est de la distribution, c'est à
chaque électeur; pour ce qui est de la brochure, je croirais qu'elle
devrait être conjointe. Je n'en fais pas une question de principe.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, c'est sous forme de
questions, d'une discussion "at large". Si j'en ai pour trois minutes, j'en ai
pour trois minutes et on passe à une autre. D'abord, j'aimerais savoir
de la part du ministre si la vie active d'un parti va continuer selon la loi 2,
à savoir s'il est admis dans un parti politique qui dépense $100
000 par année pour continuer sa vie... Par exemple, l'Union Nationale
publie mensuellement un journal qui s'appelle Le Temps. Est-ce qu'elle aura le
droit de continuer à publier son journal pendant le
référendum et d'inclure dans le journal Le Temps plus de la
moitié de son édition concernant le référendum?
M. Bédard: C'est à l'article 26a. Les publications
qui existent déjà peuvent continuer d'exister. Il y a pleine
liberté d'expression de ce côté.
M. Grenier: C'est donc dire que chaque for- mation politique
pourrait continuer d'avoir sa vie, faire ses commentaires dans ses media, faire
des tracts à l'occasion.
M. Bédard: Si cela existait avant. S'il y avait des moyens
d'expression qui existaient avant même la période
référendaire, en aucune façon les partis d'Opposition ou
quelque groupe que ce soit ne peuvent être lésés dans leur
manière de s'exprimer via ces media d'information.
M. Grenier: Dans l'esprit de la loi je prends toujours cet
exemple pour que ce soit toujours bien précis est-ce que l'Union
Nationale, qui envoie des copies de ce journal à ses membres, pourra
faire un envoi à tous les électeurs du Québec?
M. Lavoie: Non.
M. Bédard: II va falloir qu'elle s'en tienne...
M. Lavoie: ... qu'elle passe...
M. Grenier: ... par le comité national.
M. Bédard: ... à ces moyens de communication
qu'elle avait préalablement.
M. Grenier: D'accord. Une autre question.
M. Bédard: C'est surtout à l'article 26 qu'on aura
l'occasion de discuter de cela.
M. Lavoie: Le député de Mégantic-Compton a
peut-être besoin de ces renseignements avant de se prononcer sur
l'article 24A. C'est relié.
M. Bédard: M. le Président, le député
de Mégantic-Compton est assez âgé et responsable de ses
actes...
M. Lalonde: Pas très âgé quand
même.
M. Bédard: ... que s'il croit en avoir besoin,
après les explications que je viens de lui fournir, il est capable de
l'exprimer.
M. Lavoie: S'il n'en a pas besoin, on peut en avoir besoin.
M. Bédard: Si vous voulez parler pour vous-même,
c'est votre droit.
M. Godin: ... en famille.
M. Grenier: Entre les articles 24A et 26 il y a certainement des
relations assez étroites, bien sûr. C'est pour cela que j'en
profite pour des questions qui sont larges et qui ne pourront peut-être
pas revenir à l'article 26. S'il arrivait, par exemple, qu'au moment du
référendum... Je vois que M. Trudeau a déclaré
à Ottawa qu'advenant une élection générale il
verrait à ce qu'il n'y ait pas de grève à la poste, par
exemple. Nous vivons, ici au
Québec, une grève dans les media d'information comme le
Montréal-Matin, la Presse et le Soleil. S'il arrivait, pendant le
référendum, qu'on devait souffrir d'une même grève
au niveau de trois media aussi importants que les trois qu'on a connus, est-ce
que le ministre prévoit, par exemple peut-être que la
grève du Soleil ne sera pas encore terminée, on ne sait jamais
des choses, des moyens ici, là-dedans?
M. Bédard: Non, pas de moyens.
M. Grenier: Rien d'autre. Il appartiendra aux comités
nationaux de...
M. Bédard: Je ne crois pas qu'on puisse prévoir
à ce point. Je ne voudrais pas jouer au devin de situations que je ne
peux pas contrôler.
M. Grenier: Cela serait peut-être l'effet d'un hasard. Il
reste que, si cela devait se faire, ce serait peut-être plus prudent de
poser la question. Je ne vois pas d'autre chose pour tout de suite.
Le Président (M. Dussault): J'avais M. le
député de Marguerite-Bourgeoys sur ma liste. Ensuite, M. le
député de Rouyn-Noranda. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, c'est strictement une
question de libellé. Il n'y a pas de doute qu'on est pour cette
proposition du ministre, en principe on l'a d'ailleurs dit, je pense, au
tout début, lorsqu'il l'a apportée il y a quelques jours
sauf qu'on aurait souhaité qu'il nous offre un autre libellé
aujourd'hui pour tenir compte des remarques qu'on avait faites à ce
moment-là. Par exemple, j'avais soulevé le point du délai
de la publication, de la distribution aux électeurs pour que cela
n'arrive pas la veille. Le ministre a mentionné cette question
tantôt. J'aurais souhaité qu'on l'ait dans le libellé
actuel.
M. Bédard: J'ai dit: Au moins dix jours. Je me suis dit
comme on était d'accord sur le principe, que ce n'aurait pas
été à propos qu'on ait une discussion à n'en plus
finir, à savoir si c'est dix jours ou quinze jours. Je pense que c'est
une chose qu'on peut ajuster très rapidement, comme on vient d'ajuster
le fait que la distribution sera faite à chaque électeur.
M. Lalonde: Oui. Je mentionne cela, M. le Président,
seulement pour exprimer le souhait qu'on avance plus rapidement, parce que
griffonner des amendements ici, c'est plus difficile, c'est plus long. Si on
avait eu un nouveau texte, quitte à mettre en blanc le nombre de jours,
on aurait pu travailler plus facilement. Il y a une autre chose: Quand on dit
que le "directeur général des élections doit publier et
distribuer sous la responsabilité et avec l'accord des comités
nationaux ", je pense que ce qu'on veut dire, c'est que le contenu soit la
responsabilité de chacun des comités nationaux, mais la
distribution n'est pas faite par eux. Alors, il me semble que la
rédaction est un peu faible là-dessus. Ce n'est pas "distribuer
sous la responsabilité et avec l'accord ". Chaque comité national
ne sera pas responsable de la distribution. Je pense qu'on devrait dire: Le
directeur général doit publier et distribuer à chaque
électeur une brochure explicative sur chacune des options
proposées et soumises à la consultation, dont le contenu est
établi, déterminé, fait ou composé par chacun des
comités nationaux. Là, cela donne à penser que la
distribution va être sous leur responsabilité.
M. Bédard: Le directeur général des
élections doit publier et distribuer à chaque électeur...
Cela va bien.
M. Lalonde: En tout cas, je ne veux pas commencer non plus un
débat. Vous avez assez de monde autour de vous pour écrire. J'ai
un autre point, c'est l'espace égal. Il me semble qu'on devrait donner
dans la loi une indication au directeur général sur l'espace. Si
le directeur général, cette année-là, est un peu
serré dans son budget, il va avoir tendance à réduire
l'espace. D'autre part, il y a certains sujets qui exigent moins d'espace que
d'autres. On peut peut-être écrire un chapitre ou une somme sur la
fluoration de l'eau. Il me semble qu'on peut peut-être aussi le
réduire à un texte relativement court, tandis que, sur l'option
constitutionnelle d'un comité national, cela prendrait peut-être
plus qu'une page ou deux pages. Cela prendrait peut-être plus que 200
lignes. Peut-être que cela prendrait 500 lignes. Je ne le sais pas.
Est-ce qu'on ne pourrait pas donner des indications dans la loi pour
permettre au directeur général de décider, non pas
conformément à son caprice ou à sa discrétion la
plus totale? (17 h 30)
M. Bédard: J'ai pensé à cette
possibilité. J'en suis venu à la conclusion qu'étant
donné qu'il s'agit d'une loi-cadre c'est bien difficile de faire quelque
spécification que ce soit sinon d'énoncer le principe de
l'égalité d'une brochure par rapport à l'autre parce que,
dans une loi-cadre, on peut avoir une consultation populaire de type
constitutionnel. On peut en avoir sur d'autres sujets qui pourraient être
la fluoration de l'eau ou encore n'importe quel sujet qu'on peut imaginer et
qui, à la face même des sujets, selon l'importance des sujets,
pourraient être de nature à militer pour moins d'espace par
rapport à un sujet donné plutôt que par rapport à un
autre sujet de consultation. Je crois que nous ferions une erreur en faisant
une spécification de ce côté. Ce qui est important, c'est
de consacrer dans la loi le principe de l'égalité.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: ... je suis favorable en principe à l'article
tel qu'il nous apparaît. J'ai quelques remarques à faire qui sont
des suggestions. Person-
nellement, je favorise une seule brochure, de sorte que chaque
électeur aura la même chance, au moins, s'il reçoit une
brochure, d'avoir les points de vue des différents comités
nationaux. De la sorte, ceux qui en feront la distribution ne seront jamais
accusés d'avoir distribué une seule brochure et d'avoir
laissé l'autre un petit peu de côté.
Je suggère également que cette brochure soit
distribuée dans les quinze jours de l'émission des brefs.
L'espace égal, je suis absolument d'accord là-dessus. Les textes
fournis par les comités nationaux, je suis absolument d'accord
là-dessus; à chaque électeur aussi. Mais au cas où
chaque électeur ne l'aurait pas reçu, parce que c'est une
question de pratique, j'ai une suggestion qui est la suivante. C'est qu'un
nombre égal de brochures devrait être mis à la disposition
des comités nationaux. Un nombre égal pour chacun des
comités nationaux, de sorte que s'ils s'aperçoivent que, dans un
coin, il y a des électeurs qui n'en ont pas reçu, ils pourront
communiquer avec leur organisation. Et comme la brochure contiendrait les deux
versions, il n'y a pas...
M. Bédard: On y a pensé, mais on s'est dit que,
dans les cas où il serait clair, par exemple, qu'une certaine partie de
la population, un village, entre autres, n'aurait pas reçu la brochure,
le comité national, n'importe lequel des deux comités nationaux
peut facilement informer le président des élections pour qu'il
fasse l'information nécessaire.
M. Samson: Je pense qu'au point de vue électoral,
généralement, le président d'élection local envoie
une liste électorale à chaque électeur. Mais il y a des
copies supplémentaires qui sont données aux différents
partis. Il me semble que cela ne coûte pas cher de...
M. Bédard: Je n'irais pas jusqu'à le mettre dans la
loi, mais il me semble que ce serait normal qu'il y ait un certain
nombre...
M. Samson: Ne pas l'interdire, en tout cas. M. Bédard:
Non, sûrement pas.
M. Samson: Pour que chaque comité national puisse en avoir
un certain nombre de disponible.
M. Bédard: Je ne crois pas qu'il y ait lieu de le mettre
dans la loi, mais de ne pas l'interdire, je suis bien d'accord.
M. Samson: D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je viens de jeter un
coup d'oeil sur l'opinion de la Commission des droits de la personne qui fait
des suggestions, je pense, positives face à cet article 24a. La
Commission des droits de la personne de- mande qu'il y ait la
possibilité de publier et de distribuer, sous la responsabilité
et avec l'accord des options en présence, une brochure explicative sur
chacune des options proposées par référendum. Je pense que
c'est un peu le sens de la loi.
M. Bédard: C'est dans ce sens que je disais que je faisais
suite à des recommandations de la commission.
M. Fontaine: Maintenant, je pense qu'il faudrait également
ajouter à cela que l'obligation soit faite au directeur
général des élections de publier une brochure d'ordre
informatique, d'information juridique, administrative ou des procédures
du référendum.
M. Bédard: Les aspects, comme dit la commission,
techniques, financiers et politiques.
M. Fontaine: Politiques, on pourrait peut-être l'enlever.
Techniques, financiers...
M. Bédard: Vous pensez que la commission...
M. Lavoie: Politiques, on peut sûrement l'enlever.
M. Bédard: Vous pensez que la commission s'est
trompée là-dessus? Je pense que la commission voulait parler de
documents politiques non partisans, parce que cela existe de la politique non
partisane...
M. Fontaine: C'est difficile à évaluer.
M. Bédard: ... qui ne conclut pas après
l'information à orienter vers un oui ou un non.
M. Fontaine: Si on dit que le public a un droit à
l'information, je pense que les deux plaquettes qui seraient distribuées
par les deux comités nationaux, l'information politique ils en auraient
assez avec cela, mais il serait important également que le directeur
général des élections distribue une plaquette
d'information juridique sur le référendum, sur la façon de
procéder.
Il demande également la possibilité d'attribuer des
périodes de temps égales aux deux comités nationaux,
à la radio et à la télévision. Je pense que ce
n'est pas prévu dans l'article 24A.
M. Bédard: Je pense qu'il a déjà
été explicité que ce serait à
égalité, que l'égalité serait poursuivie de ce
côté, concernant, par exemple, les émissions à la
télévision, etc.
M. Fontaine: Oui, mais si cela n'est pas mentionné dans la
loi.
M. Bédard: On n'a pas de juridiction sur la
télévision. C'est le fédéralisme qu'on
connaît. On n'a pas de juridiction sur la télévision; donc,
ce n'est pas nous qui sommes capables de leur dire...
M. Fontaine: II y aurait sûrement des possibilités
pour au moins Radio-Québec.
M. Bédard: Je crois que le premier ministre a
déjà indiqué en Chambre que c'était clair qu'il y
aurait égalité de ce côté. Je suis d'accord.
D'ailleurs, la commission, ici, recommandait une information du gouvernement
auprès des citoyens concernant l'option qu'il voulait soumettre à
leur approbation. Je comprends que vous êtes plus ou moins d'accord avec
cette recommandation de la commission.
M. Fontaine: Nous ne sommes pas d'accord avec cela, mais ce que
nous voudrions, c'est que Radio-Québec, par exemple, qui est de
juridiction provinciale, puisse offrir à chacune des options un temps
égal d'antenne.
M. Bédard: C'est dans notre loi, aux articles 26 et 75:
remplacer dans les cinquième et sixième lignes du premier
alinéa les mots "partis, associations et candidats autorisés",
par les mots "comités nationaux", et, dans les dixième,
onzième, douzième, treizième et quatorzième lignes
du premier alinéa, les mots "équitable qualitativement et
quantitativement à tous les partis politiques autorisés ou, dans
un même district électoral, à toutes les associations ou
candidats autorisés", par les mots "égal qualitativement,
quantitativement, à chacun des comités nationaux".
Déjà, cette règle de l'égalité des
chances a été respectée par le gouvernement et
consignée dans le projet de loi.
M. Fontaine: D'accord. Maintenant, concernant les brochures
d'information qui seront distribuées, il y aura peut-être aussi un
problème de langue qui doit être soulevé.
M. Bédard: Non, là-dessus, c'est pour cela que nous
voulons fonctionner selon le principe de la liberté totale. Chacun des
comités sera entièrement responsable du contenu de ces brochures.
Je pense que c'est la seule manière.
M. Grenier: M. Laurin sera d'accord?
M. Ciaccia: Je me demande si cela affectera le temps égal.
Supposons qu'un comité décide de le faire en deux langues;
faudra-t-il qu'il le fasse dans les deux langues dans le même espace
qu'un autre comité?
M. Bédard: Chacun dans le même espace qui sera
dévolu à chacun des comités et chacun en fait l'usage
qu'il en veut. Je ne crois pas qu'on puisse en arriver à d'autres
critères que ceux-là. Maintenant, il y aura toujours une
possibilité, pour les comités nationaux, à même
leurs frais, s'ils veulent augmenter leur publicité vis-à-vis de
certains secteurs de la population; ils pourront toujours le faire à
partir des montants qui seront consacrés à chacun des
comités nationaux.
M. Fontaine: Maintenant, concernant la distribution des
plaquettes ou de la plaquette, le député de Rouyn-Noranda
favorise que ce soit une seule plaquette qui sera distribuée donnant les
deux options ou il y aurait également la possibilité de mettre
trois plaquettes ensemble dans un même volume.
M. Bédard: En ce qui nous regarde, nous favorisons une
plaquette, j'ai déjà eu l'occasion de le dire.
M. Fontaine: Une plaquette.
M. Bédard: Cela permet véritablement aux citoyens
d'avoir on a donné l'étiquette de bible toujours la
possibilité de référer à un document complet qui
explicite les points de vue des deux options.
Le Président (M. Clair): L'article 24A sera-t-il
adopté?
M. Bédard: Est-ce que cela rejoint...
M. Lalonde: Un instant. Il y a un changement à faire, M.
le Président.
M. Bédard: M. le Président, là-dessus, on
est en train de préparer les amendements conformément aux points
sur lesquels nous semblons d'accord. S'il y a des points encore sur lesquels
nous sommes en désaccord, c'est peut-être le temps de
l'exprimer.
M. Lalonde: Je voudrais mentionner un point au ministre. On a
parlé de la question de langue. Naturellement, c'est très
édifiant d'énoncer que c'est le principe de
l'égalité totale qui prévaut.
M. Bédard: De la liberté totale.
M. Lalonde: De la liberté totale et de
l'égalité aussi. Il y a espace égal et liberté
totale pour les gens de l'utiliser comme ils veulent. Mais il faudrait jouer
l'autruche pour ne pas constater que quiconque veut informer toute la
population, c'est-à-dire en fonction des différences
linguistiques qui existent au Québec, se verrait réduire l'espace
pour le contenu d'un message. J'ai examiné les problèmes
pratiques de façon trop sommaire, un peu trop peut-être, mais
quand même, c'est assez difficile en effet de dire: On peut doubler
l'espace si on veut faire cela bilingue ou le tripler si on veut faire cela
trilingue. Il y a également une question de coûts pour les fonds
publics. Je pense que l'effort que le gouvernement va faire ici pour informer
la population avec cette brochure est considérable au point de vue
financier. C'est extrêmement important.
Mais je me demandais s'il n'y avait pas lieu j'ai l'intention, le
cas échéant, d'en faire un amendement de proposer que les
coûts de traduction, de publication et de distribution de la bro-
chure par un comité national en d'autres langues que le
français ne soient pas une dépense réglementée. Je
pense que cela rejoindrait l'effort que le gouvernement et le parti qui
est au pouvoir actuellement fait pour rejoindre les groupes
ethniques.
Au niveau des principes, je pense que cela ne va pas à l'encontre
justement de cette réalité, enfin de cette conscience, de cette
prise de conscience que même le gouvernement a faite au niveau des
groupes ethniques. Surtout j'insiste là-dessus cela
n'ouvre pas la porte à une orgie, de dépenses. Parce que, par
définition, si un groupe, un comité national veut traduire, par
exemple, la brochure en italien... Je prends à dessein l'exemple de
l'italien parce qu'il s'agit du groupe sauf l'anglais ethnique le
plus considérable en nombre au Québec. On ne peut quand
même pas imaginer un comité national qui va se lancer dans la
dépense de publier deux millions de brochures, étant donné
que le groupe parlant italien est beaucoup moindre. L'anglais aussi. Dieu sait
si dans un référendum, dans une consultation populaire sur le
statut constitutionnel, au moins un des groupes aurait beaucoup de travail
à faire là-dessus. Ce serait sûrement bienvenu pour le
groupe du oui de pouvoir distribuer son message et participer à
l'exercice de persuasion qu'il va s'agir de faire dans la langue anglaise en
partie, parce que c'est une partie importante de parlant anglais au
Québec qui va avoir à voter. Encore là, on ne peut pas
imaginer, non plus, un excès de dépenses, parce qu'on sait
à peu près le nombre de personnes impliquées. Cela ne sert
à rien d'en faire dix copies par personne. Pourvu qu'on en ait une c'est
suffisant. Ce serait, je crois, une indication bien mesurée de
l'inquiétude inquiétude dans le sens non péjoratif
que le gouvernement a justement de bien traiter les groupes ethniques,
de communiquer avec eux dans leur langue. Il ne s'agit pas seulement, non plus,
de questions constitutionnelles. Il peut y avoir aussi d'autres questions. On
parlait de la fluoration de l'eau, pour prendre, disons, l'exemple le plus
détaché possible. À ce moment-là, ce sera au
comité national de décider s'il veut en faire en italien, en
grec, en ukrainien et en anglais. Mais que cette dépense soit exclue des
dépenses réglementées, je pense que cela rendrait plus
facile l'exercice d'information et de renseignement que chacun des
comités nationaux devra faire lors d'un référendum. (17 h
45)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez parlé d'en faire une motion
d'amendement?
M. Lalonde: Je l'ai annoncé, M. le Président, mais
j'aimerais avoir la réaction du ministre avant de faire un débat
là-dessus.
Le Président (M. Clair): Je vous indique simplement
qu'étant donné que ce serait une dépense non
réglementée ce serait peut-être plus pertinent à
l'article 26. Si cela entre à l'intérieur du cadre de la
discussion et de votre droit de parole sur l'article 24A, cela va.
M. Lalonde: Oui, c'est directement relié à la
brochure explicative.
Le Président (M. Clair): Ah, oui.
M. Bédard: M. le Président, je connais les
préoccupations du député de Marguerite-Bourgeoys; j'ai les
mêmes préoccupations. Maintenant, il reste que je crois
sincèrement que la seule manière de procéder, c'est celle
que j'ai énoncée tout à l'heure où il y a une
brochure, un espace égal à la disposition de chacun des
comités et où chacun des comités a la liberté
totale d'exprimer son message, ce qui veut dire que la brochure peut être
en deux langues, en trois langues. C'est selon la décision de chacun des
comités.
D'autre part, il ne faut jamais oublier qu'il y a certaines sommes
d'argent quand même importantes nous parlions de $0.50 par
électeur qui sont à la disposition de chacun des
comités. Ce sera la responsabilité de chacun des comités,
aux fins de répondre à ces préoccupations-là, de
consacrer l'argent nécessaire pour étendre leur message s'ils le
désirent. En tout cas, c'est mon impression.
M. Lalonde: Je voulais simplement ajouter ceci avant la fin,
avant de passer aux amendements que vous allez nous offrir là-dessus. Ce
que je veux, c'est éviter qu'en imposant un cadre bien strict on ne se
trouve indirectement à faire de la discrimination linguistique, dans le
sens suivant: à oublier ces langues, qui sont des réalités
souvent, à part cela, cela concerne des minorités; ce
n'est pas dangereux à snober ces langues-là, le
résultat, c'est qu'on a plus d'espace. Il faut faire attention à
cela.
M. Bédard: II n'est pas question...
M. Lalonde: Je sais que ce n'est pas l'intention du ministre,
mais ce que je veux...
M. Bédard: ... j'ai dit que j'avais les mêmes
préoccupations que le député de Marguerite-Bourgeoys. J'ai
exprimé que chacun des comités aurait quand même des sommes
assez importantes à sa disposition pour pouvoir intensifier son
information au niveau de chacun des groupes linguistiques qui existent au
Québec. Je sais très bien que chacun des comités se fera
un devoir et une nécessité de faire en sorte d'être bien
compris par chacun de ces groupes. Je crois que s'il y a une
responsabilité qui relève de chacun des comités, c'est
bien celle-là.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: On a évidemment les mêmes
préoccupations que le député de Marguerite-Bourgeoys.
D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles l'article 24A est revenu sous
cette forme. On a essayé de regarder ce problème pour voir en
quelle langue les dépliants devraient être écrits et
distribués. C'est un problème extrêmement difficile,
le député de Marguerite-Bourgeoys l'a souligné.
On a finalement décidé et c'est pour cela que
l'article 24A est revenu sous cette forme de ne pas aborder la chose
sous un angle légal ou de droit. Il aurait peut-être fallu dire
que c'est dans la langue officielle, en français. Mais comme, dans la
loi 101, on reconnaît un certain statut spécial à la langue
anglaise et aux langues autochtones, je signale que, même s'ils sont en
petit nombre, on doit également les informer. Quand on pense qu'il y a
80% de la communauté inuit qui ne parle ni anglais ni français,
cela aurait été approcher la chose sous un angle légal. On
a dit: Non. On va plutôt aborder cela sous l'angle de la publicité
que fait normalement un parti politique, que ce soit à l'occasion d'une
campagne électorale ou à une autre occasion. On va quand
même garantir qu'il y ait une position officialisée qui soit
distribuée, et on va offrir un espace égal aux deux
comités. Ils pourront mettre ce qu'ils veulent.
À côté de cela, je pense qu'il y a la
responsabilité, pour chacun des comités, de faire sa
publicité. Je tiens à souligner qu'à la dernière
campagne électorale le Parti québécois a publié et
distribué son programme en anglais, en italien, en portugais, en grec,
et il y avait peut-être une ou deux autres langues. On a aussi
envoyé des dépliants dans la langue des autochtones, dans les
régions où les autochtones étaient en majorité, en
particulier dans le Nouveau-Québec où il y a eu des documents en
langue inuit. Je pense que cela relève de la responsabilité de
chaque comité national. Je ne vois pas pourquoi on augmenterait les
dépenses non réglementées. D'abord si on le fait, il y
aurait moyen de le faire ailleurs qu'à l'article 26, parce que l'article
26 ne concerne pas les comités nationaux, mais...
M. Lalonde: Cela pourrait être fait à 26.
M. Paquette: II y aurait un danger de confusion, mais on pourrait
toujours s'en tirer. On augmenterait, en fait, les fonds mis à la
disposition des comités nationaux et on réduirait leur marge de
manoeuvre. Si un comité national veut concentrer plus de
publicité sur tel ou tel groupe, il devrait être libre de le
faire. C'est la même chose au niveau du dépliant. Peut-être
que chacun des comités décidera de le faire en français en
se disant: Moi, j'ai un bon dépliant en anglais et on va le distribuer
à tout le monde; c'est la traduction du dépliant officiel. Il me
semble que cela laisse toute la marge de manoeuvre aux comités nationaux
sans augmenter indûment les frais de l'État.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement. On s'interroge autour
de cette table sans vouloir déboucher directement sur une motion
d'amendement. Je ver- rais mal qu'on décide d'ouvrir la machine pour
laisser les comités publier dans une langue autre que l'anglais et le
français parce que là on ouvre à je ne sais trop quoi.
La brochure relève de l'un ou l'autre comité du oui ou du
non. S'il y a des pressions qui sont faites par des groupes affiliés
à l'intérieur d'un comité pour qu'on s'intéresse
davantage à une langue plutôt qu'à une autre, cela
appartiendra à ce comité de faire qu'une partie de l'espace qui
leur est réservé apparaisse dans une langue
différente.
Dans un comité comme dans l'autre c'est le problème
des oui, peu importe le référendum qui viendra, des gens qui
seront du côté oui comme du côté non à
l'intérieur de leur formation, peu importent les personnes qu'ils ont
avec eux, il leur appartient de décider dans quelle langue on le fera.
S'il arrive que la plaquette qui sera faite par le directeur
général, la partie du Oui décide qu'elle n'est qu'en
français et que l'autre partie décide qu'elle n'est qu'en
français, il pourra investir des sommes d'argent qui sont
subventionnées par le gouvernement et des sommes d'argent qu'ils ont le
droit d'aller chercher dans la population pour ensuite informer davantage les
différentes ethnies au Québec. C'est bien sûr que, si le
comité du oui prétend que les Inuit sont des personnes qui les
favorisent davantage, il tentera, par les sondages faits, de bien
répondre à leurs aspirations en leur fournissant plus
d'information. Ce sera vrai dans l'autre groupe. Je pense que ce serait de
faire de l'ingérence dans les comités nationaux que de vouloir
faire des dépenses excédentaires pour subventionner
différentes ethnies du Québec. On peut s'interroger, mais il
serait difficile de déboucher sur un amendement qui nous permettrait de
perdre le contrôle sur des sommes d'argent qui seraient données
pour différentes ethnies.
M. Bédard: Je serais porté à croire, sans en
faire une question de stratégie de la part des comités, tout en
reconnaissant la nécessité que chaque groupe, quelle que soit sa
tendance ou pas, quels que soient les sondages ou pas, chaque groupe se doit
d'être informé le plus valablement possible. Je suis convaincu que
chacun des comités trouvera le moyen de consacrer les sommes
nécessaires pour bien livrer son message à chacun des groupes
ethniques au Québec.
M. Ciaccia: Sur la question des normes, est-ce que je pourrais
demander au ministre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Aux articles 19 et 20
du chapitre 7, vous avez accepté que le bulletin de vote et que la
question soient en anglais et en français, et même dans une des
langues des autochtones. Avec ce principe, pour garder la cohérence de
la loi, ne pensez-vous pas que, dans l'article 24A que vous proposez, le
même principe devrait être maintenu? Comment
pouvez-vous justifier, pour les articles 19 et 20, que la question et
que les documents soient bilingues? Comment pouvez-vous justifier que, quand
vous arrivez à l'article 24A, là, vous dites: Non. Là, on
écarte ce principe?
Si vous avez posé la question en langue anglaise, par exemple
tout le monde semble être gêné de le dire
...
M. Bédard: Non. Ne laissez pas croire des choses qui ne
sont pas.
M. Ciaccia: ... pourquoi ne leur donneriez-vous pas le même
droit? Le principe qui vous a guidé d'accepter que peut-être
certaines personnes...
M. Bédard: Vous me permettez que je vous
réponde?
M. Lalonde: II n'a pas fini.
M. Ciaccia: Je n'ai pas fini. Ce ne sera pas long. Il me semble
que cela devrait être le même principe qui devrait être dans
l'article 24A, sans enlever la question d'égalité. Si cela va
être dans deux langues, vous ne pouvez pas allouer à une des
options plus d'espace qu'a l'autre en disant: Si vous le faites dans deux
langues, vous allez avoir moins d'espace pour donner votre message. Là,
vous brisez tout concept d'égalité et je dirais même de
liberté d'information.
M. Bédard: II y a une différence essentielle
je pense que le député le comprendra fondamentale entre un
bulletin de vote où l'électeur doit s'exprimer et une brochure
qui est la responsabilité des comités. Le bulletin de vote n'est
pas la responsabilité des comités. C'est la responsabilité
gouvernementale, de manière à permettre à quelqu'un de
pouvoir exprimer son opinion et de lui donner toutes les chances possibles de
pouvoir comprendre la question.
M. Ciaccia: En suivant ce même raisonnement, vous devez
vouloir l'informer par l'entremise du directeur général. Pour la
même raison que le gouvernement dit: On va poser la question en anglais
pour qu'ils comprennent, on va lui donner l'information par l'entremise du
directeur général qui va être payé par le
gouvernement. Il doit avoir le même droit; autrement, à quoi cela
sert-il de lui poser une question sur une option qu'il ne comprend pas?
M. Bédard: C'est que, justement, nous mettons à la
disposition de chacun des comités des sommes très importantes
qu'ils pourront utiliser à cette fin s'ils ont tellement cette
préoccupation, comme vous le dites. Vous pourrez faire valoir vos
représentations, je pense, auprès du président de votre
comité, comme nous et d'autres pourront faire valoir leurs
représentations au niveau du président de leur comité sur
ce point particulier. Mais nous ne voulons pas nous ingérer dans la
responsabilité des comités qui est totale concernant le contenu
de ces plaquettes.
M. Ciaccia: Et comment va-t-on affecter l'espace?
M. Bédard: Une liberté totale sur la manière
de l'utiliser.
M. Ciaccia: Vous passez à côté de la
question. On va y revenir.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 18 heures. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise de la séance à 20 h 24)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: La commission commence en retard.
Le Président (M. Clair): La commission permanente de la
présidence du conseil et de la constitution est réunie pour
continuer l'étude article par article du projet de loi no 92.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je suis très heureux que nous
continuions nos travaux avec 25 minutes de retard, et une demi-heure cet
après-midi, M. le Président.
À la suite des discussions que nous avons eues concernant
l'article 24A, certaines suggestions qui ont été apportées
qu'on a essayé d'insérer, je vous demanderais de retirer
l'amendement que j'avais formulé à l'article 24A pour le
remplacer par celui-ci qui se lit comme suit: "Au plus tard dix jours avant la
tenue du scrutin, le directeur général des élections doit
transmettre à chaque électeur une brochure unique expliquant
chacune des options soumises à la consultation populaire et dont le
texte est déterminé par les comités nationaux respectifs.
Cette brochure doit assurer à chaque option un espace égal
fixé par le directeur général".
Le Président (M. Clair): La motion de retrait et de
remplacement si on veut par un nouvel article est-elle adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Lavoie: Le retrait.
M. Lalonde: Le retrait.
Le Président (M. Clair): Le retrait.
M. Lalonde: L'autre motion n'est pas nécessairement
adoptée, M. le Président.
Le Président (M. Clair): C'est l'introduction.
M. Lalonde: Je pense que c'est un bon geste de la part du
ministre de la retirer, elle est adoptée seulement.
M. Bédard: Puis un bon geste d'en déposer une
autre.
Le Président (M. Clair): Pour bien situer les membres de
la commission, je tiens à indiquer qu'immédiatement après
l'article 24, il y aurait d'abord une nouvelle section qui serait
ajoutée, la section 1 A qui s'intitulerait: Droit à
l'information. Cette section comprendrait l'article 24A dont le ministre vient
de vous donner lecture.
Quelqu'un requiert-il le droit de parole sur...
M. Bédard: Je vous ferais remarquer juste un petit
détail; plutôt que "à chaque électeur ", pour
être en concordance peut-être avec la Loi électorale, la
formule c'est "aux électeurs ". Je ne pense pas que cela change
grand-chose.
M. Lalonde: C'est sûrement plus prudent, parce que cela
peut être une transmission sans adresse, alors qu'à chaque
électeur, vous auriez dans une même maison trois ou quatre
envois.
M. Bédard: Ce qui est important, c'est que l'envoi se
fasse simultanément puis, à partir des adresses, que le directeur
général des élections... Alors, M. le Président,
c'est une correction.
M. Lalonde: C'est quoi, aux électeurs? M.
Bédard: Aux électeurs.
M. Lavoie: Une question préliminaire peut-être,
avant d'aborder directement l'étude de ce nouvel article. Est-ce que le
gouvernement ou le ministre a laissé tomber ou s'il considère une
autre publication, une autre brochure sur l'aspect technique, juridique?
M. Bédard: On me dit que le directeur
général peut toujours de son initiative, parce que c'est dans son
mandat, faire tenir des informations aux électeurs par rapport au vote,
au côté technique. J'ai pensé que ce serait peut-être
mieux comme cela.
M. Lavoie: Vous avez laissé tomber cela. M.
Bédard: C'est cela.
M. Lavoie: II n'y a pas uniquement le directeur
général des élections, il y a également le
directeur du financement des partis politiques.
M. Bédard: C'est cela. Alors, il se peut que tous les
deux, par rapport à des renseignements qu'ils veulent donner concernant
l'application de leurs lois propres, puissent faire parvenir certains
renseignements aux électeurs. Maintenant, je pense que ce serait
difficile de leur imposer cela par une brochure alors que cela peut se
faire...
M. Lavoie: Je pose une question seulement.
M. Bédard: Je le sais, mais je vous réponds comme
à une question. Cela peut se faire par des annonces dans les journaux,
etc., les moyens qu'ils entendront prendre.
Le Président (M. Clair): D'autres intervenants sur
l'article 24A? M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Tel que rédigé à nouveau
les termes sont peut-être un peu différents de ceux qu'on a
mentionnés de toute façon, cela me semble recouper,
rejoindre les préoccupations que nous avions avant l'heure du
dîner. Compte tenu du fait que le directeur général des
élections, aussi bien que le directeur du financement des partis
politiques ont les mandats qu'il faut pour faire la publicité,
c'est-à-dire l'information sur leurs lois respectives, quant à
moi, cela ne me pose pas de problème. Il m'a semblé, en tout cas,
dans les paroles du ministre avant le dîner, que c'est implicite que
chaque comité national pourra avoir une copie à sa disposition
sans que ce soit obligatoire de le mettre dans la loi.
M. Bédard: C'est cela.
M. Samson: À partir de cette déclaration, je n'ai
pas d'objection à l'accepter, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, cela va exactement dans le
sens qu'on a défendu cet après-midi. Alors, je ne veux pas
étirer les débats; cela nous convient; cela nous rend
service.
Le Président (M. Clair): Merci. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais annoncé cet
après-midi mon intention d'apporter un amendement qui permettrait
à un comité national de traduire, publier et distribuer, en fait,
la brochure dans une langue autre que le français, dans une langue autre
que celle qui va être contenue dans la brochure publiée par le
gouvernement. Que ce soit en français, en anglais ou en italien, enfin
une autre langue que celle qui va être contenue là, mais je pense
que cet amendement devrait se retrouver, pour la bonne forme du projet de loi,
à l'article 26. C'est à cet article que j'ai l'intention de le
proposer, M. le Président.
(20 h 30)
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Clair): L'article 24A tel que
proposé sera-t-il adopté?
M. Lavoie: En Angleterre, ils avaient spécifié le
nombre, la longueur du message.
M. Bédard: Je sais, j'ai pu prendre connaissance de cette
spécification qu'il y avait dans la loi, mais il ne faut pas oublier
qu'à ce moment-là c'était une loi qui était bien
spécifique où on pouvait...
M. Fallu: C'est dans le livre blanc qu'on l'avait prévu,
mais on n'avait pas spécifié le contenu, ni le fait qu'il y avait
trois intervenants, notamment le gouvernement et les deux comités. Donc,
c'est par la suite que cela a été négocié entre,
j'allais dire, le gouvernement et les deux comités-parapluies. Cela
n'apparaissait pas dans la loi mais strictement dans le livre blanc.
M. Bédard: Selon l'explication du député,
c'était contenu dans le livre blanc, ce n'était pas dans la loi,
mais cela a fait l'objet d'une entente entre...
M. Fallu: De bonne foi selon le "fair play" parlementaire
britannique.
M. Bédard: En Angleterre, il y avait une communication du
gouvernement en plus, uniquement de la part du gouvernement, les invitant, les
encourageant à voter pour une option précise. On n'a pas à
régler ce problème ici, on l'a mis de côté.
Le Président (M. Clair): L'article 24A est-il
adopté?
Le Président (M. Clair): L'insertion d'une section 1-A,
intitulée: Droit à l'information, et l'article 24A sont-ils
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. M. le
ministre.
Dépenses réglementées
M. Bédard: M. le Président, nous devons aborder
maintenant les articles 25 et 26. Nous n'avons aucun amendement à
proposer aux articles 25 et 26. Tel que je l'ai exprimé, l'article 26,
entre autres, transpose en très grande partie les dispositions qui sont
prévues dans la Loi électorale.
Le Président (M. Clair): D'abord, l'article 25.
L'article 25 sera-t-il adopté?
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: ... je ne sais pas si c'est une question de
règlement ou autre chose; ce serait pour corriger l'impression qu'a pu
laisser une intervention du député de Laval. Au chapitre des
dépenses réglementées et autres, j'ai
vérifié une affirmation du député de Laval, le 13
juin dernier. Ce ne sera pas très long, M. le Président; c'est
juste pour rétablir les faits, parce que cela peut induire les gens en
erreur. Le député de Laval a dit, le 13 juin 1978...
M. Bédard: Pourriez-vous parler plus fort?
M. Godin: Oui. "D'ailleurs, dit le député de Laval,
aux États-Unis, les limites de dépenses dans les campagnes
électorales ne sont même pas acceptées, parce que c'est
contre la constitution américaine. Il y a eu un jugement de la Cour
suprême disant que les limites des dépenses et des moyens d'action
sont inconstitutionnelles". Or, une déclaration aussi vaste risque
d'induire les citoyens en erreur. Il est vrai que la Cour suprême, dans
la cause de Buckley contre Valeo, en 1976, a rendu un jugement
là-dessus, mais ce n'est pas aussi clair que cela. On ne peut pas
affirmer, à partir de ce jugement-là, que la Cour suprême
estime que les limites de dépenses violent la constitution. Depuis 60
ans déjà, les banques ne peuvent pas contribuer aux campagnes
électorales. Ensuite, les corporations, comme chez nous. Depuis 40 ans,
les unions. Donc, on limite leur droit de dépenser dans les campagnes
électorales.
D'autre part, sur le même modèle que nous ici, il existe
des contributions de l'État aux élections présidentielles.
Chaque citoyen peut verser $1 à un fonds consolidé qui est
affecté à l'élection présidentielle. La Cour
suprême s'est prononcée à trois reprises sur ces questions
et je me rends compte que notre loi est extrêmement sage, parce qu'il y a
eu un jugement rendu par la Cour suprême dans le cas d'une union qui,
dans son journal régulier, normal, périodique, comme l'article
26a en fait état, avait appuyé un candidat à la
présidence. Il y avait eu une contestation d'une telle page de
publicité, d'appui à un candidat. La Cour suprême avait dit
que, comme c'était publié dans le cours normal de l'existence de
ce périodique, c'était permis. Donc, l'article 26a) va exactement
dans cette direction.
D'autre part, il y a deux choses que je voudrais ajouter. Une fois de
plus, l'Opposition officielle, après avoir, en 1965, voté
elle-même la loi no 49, dans le temps de M. Lesage, limitant les
dépenses...
M. Lavoie: En 1963 ou 1964.
M. Godin: En 1965. Elle a même voté une loi limitant
les dépenses à $0.30 ou $0.50 par électeur. Les
Américains ont fait la même chose que nous. Il y a beaucoup de
sagesse dans ce qu'on fait, malgré que ce soit différent de la
constitution américaine. D'autre part, si on parle de la constitution
américaine, il faudrait en parler dans tous les cas. Je m'étonne
que le député de Laval n'ait pas cité certaines
constitutions à son nou-
veau chef, M. Ryan, qui refuse de divulguer les sources de
financement... en passant...
M. Lavoie: Voulez-vous vous amuser?
M. Godin: Si on parle de la constitution américaine,
appliquons la donc "across the board" ou mur à mur, M. le leader
parlementaire de l'Opposition.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez terminé?
M. Godin: J'achève. On vous a laissé assez souvent
parler de choses qui étaient un peu éloignées du sujet,
laissez-nous revenir là-dessus.
M. Lalonde: Vous avez déjà été plus
brillant.
M. Lavoie: M. le Président, je vous ferai remarquer que le
député de Mercier est complètement hors du sujet, mais je
me réserve le droit de lui répondre. Vous n'aurez pas le droit de
me refuser de lui répondre.
M. Godin: II est question... Je termine, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, tantôt j'avais appelé l'article 25. Actuellement, je
compte le temps du député de Mercier sur l'article 25.
M. Godin: C'était une question de règlement pour
que les citoyens ne soient pas induits en erreur. Le député de
Laval s'est érigé souvent en juge du prédécesseur
du ministre de la Justice au sujet de ces allusions à la loi de
l'Australie et même de la Grande-Bretagne. Je m'étonne qu'il
s'indigne lorsqu'on lui rend service et qu'on éclaire un peu sa
lanterne.
M. Paquette: ...
M. Godin: Non, je n'oserai jamais faire cela. Tout le respect
qu'on doit au député de Laval a fait qu'on a pris sa parole pour
du "cash", mais il y a des nuances à faire et vous le savez très
bien, M. le député de Laval. Ce sont des nuances que je fais
parce que ce n'est pas si clair ce que la constitution américaine dit.
Par ailleurs, ce qu'elle dit, c'est que le dévoilement des sources est
constitutionnel. Si vous voulez qu'on l'applique ici, demandez donc à
votre chef de l'appliquer pour commencer. Merci beaucoup.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Ce sera certainement beaucoup plus bref que le
commentaire du député de Mercier. J'ai ici une brochure "The
Federal election commission record", volume 2, numéro 2, 1976, où
il est dit: "The United States Supreme Court on January 30th, 1976, upheld
"maintient" specific provisions of the 1974 Amendments to the Federal Election
Campaign Act. Found constitutional" la Cour suprême a
trouvé constitutionnelle "the limitations on contributions to
candidates for Federal office" la limitation des contributions.
J'ouvre une parenthèse. Ce que nous proposons et ce que nous
allons proposer, d'ailleurs, dans l'article 26, dans notre projet d'amendement
à votre système de comités nationaux, nous voulons le
respect total de la loi 2, la limitation des contributions à $3000 pour
un individu. La divulgation, vous l'avez couverte. Cela, on est
complètement d'accord. La Cour suprême des États-Unis a
trouvé constitutionnelle la limitation des souscriptions.
Deuxième paragraphe: "In the case Buckley versus Valeo, the Court
found unconstitutional", la cour a trouvé toutes inconstitutionnelles
"the expenditure limitations". C'est la limitation des dépenses. C'est
clair. Cela, c'est exactement le contexte que vous avez maintenu avec vos
comités nationaux où c'est sur cela que j'ai des doutes
sérieux, personnels même sur la valeur juridique vous dites
que chaque comité national a le droit à $0.50 par
électeur, cette limitation des dépenses. C'est la raison pour
laquelle j'ai cité la jurisprudence américaine; on a
trouvé tout à fait inconstitutionnelle la limite des
dépenses tout en trouvant constitutionnelle la limitation des
contributions il faut faire une distinction. Surtout, vous forcez tous
les individus du Québec, tous les groupes et les partis politiques, en
plus de cela, qui veulent participer à une campagne
référendaire de se regrouper dans des comités nationaux
qui sont limités, qui ont "limitation of expenditures".
Je termine pour clarifier ce que j'ai déjà dit et que je
maintiens, documents à l'appui. Vous avez fait une dernière
parenthèse en disant que j'ai pu avoir des mots assez violents contre le
parrain du projet de loi, qu'il avait des demi-vérités, des
quarts de vérités et, à certains endroits, qu'il n'y avait
pas de vérité du tout. C'est bizarre que, depuis ce
temps-là, vous n'en parlez plus de la relation et du parallèle
entre le référendum anglais, le référendum
australien et le référendum québécois. J'ai
l'impression que cela vous a mis à votre place, cette mise au point qui
a été tenue, il y a trois semaines, à l'ouverture des
travaux de cette commission.
Une voix: On vient d'en parler.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
J'appelle l'article 25.
M. Fallu: Article 24A.
M. Grenier: Article 25.
M. Fallu: Cela, c'est une blague du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Clair): Messieurs, l'article 25
présente-t-il des difficultés?
M. Fallu: II y a un cas pareil dessus. M. Lavoie: II m'a
ouvert une porte.
M. Bédard: Oui. La digestion étant faite, on
procède.
Une voix: C'est lui qui a commencé.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs.
L'article 25 sera-t-il adopté?
M. Bédard: Je ne vois pas quel problème il peut y
avoir à l'article 25.
Le Président (M. Clair): Article 25.
M. Lalonde: M. le Président, à l'article 25, on
trouve là le résultat de l'effort du gouvernement pour
réduire les possibilités pour les citoyens de s'exprimer. Le
gouvernement a choisi de contrôler les dépenses, c'est parfait. Je
pense que tous les députés ont exprimé leur accord
là-dessus en principe, sauf que le gouvernement a choisi de structurer
son contrôle des dépenses en fonction d'options. On a vu ce que
cela a donné. Cela a donné des options, des
comités-parapluies où les citoyens doivent se regrouper au
mépris de leurs droits fondamentaux de s'associer et de s'exprimer. Je
pense que cette question a été largement soulevée et
illustrée par les interventions non seulement des éditorialistes,
mais aussi par celles des députés ici autour de la table.
L'article 25 est le résultat de ce choix du gouvernement, M. le
Président.
C'est pour cela que nous sommes contre cet article 25, à savoir
que si nous sommes pour un contrôle, nous ne sommes pas d'accord pour que
ce contrôle se fasse au mépris des libertés individuelles,
des libertés et des droits d'association, d'expression.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît. Il y a beaucoup de bruit dans la salle.
M. Lalonde: M. le Président, si le député de
Mercier veut lire son Devoir, non, la Presse, le député de
Rosemont son Devoir et le député de Terrebonne, qui nous a servi
hier soir la plus antidémocratique intervention...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: ... que j'aie vue, lire un autre journal, M. le
Président, nous autres, on peut s'en aller.
Le Président (M. Clair): À l'ordre. M. le
député...
M. Bédard: Quand vous regardez vos caricatures, on ne dit
pas un mot nous autres.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lavoie: On les regarde à longueur de journée, on
les a devant nous.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Charbonneau: C'est vous que vous voyez.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Verchères.
M. Bédard: Ce sont leurs droits et libertés.
M. Paquette: Les droits et libertés de l'information,
qu'est-ce que vous en faites?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole et vous pouvez être
assuré de mon appui pour que vous puissiez intervenir en toute
liberté. Vous avez la parole.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je reconnais que vous
avez agi d'une façon impartiale et rigoureuse tout au long de cette
commission. Je disais donc que si cela pouvait intéresser le
député de Mercier qui continue à lire son journal La
Presse, M. le Président et à allumer son cigare, que... (20 h
45)
M. Godin: Niaiseux, niaiseux, niaiseux. Enfant d'école.
Aux douches.
M. Lalonde: ... l'article 25... M. le Président,
voyez-vous, la bourgeoisie a ses droits quand même ici.
M. Vaillancourt (Jonquière): Parce qu'il y a du monde dans
la salle.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: II s'est rendu compte qu'il y avait du
public.
M. Lalonde: M. le Président, l'article 25...
M. Godin: Vous manquez d'exercice, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, comme comique.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Mercier. M. le député de Mercier, je vous
rappelle à l'ordre!
M. Lalonde: Je pense que le député de Mercier a une
question à me poser, M. le Président.
M. Godin: Je vous l'ai posée.
Le Président (M. Clair): Je ne lui ai pas donné la
parole.
M. Lalonde: Je ne l'ai pas entendue.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: Mais son droit de parole, M. le Président
qu'est-ce que vous en faites?
Le Président (M. Clair): Je le brime.
M. Lalonde: Je n'en suis pas complice.
M. le Président, c'est vrai qu'à l'article 25 on retrouve
réellement l'illustration de la compression que le gouvernement nous
impose au niveau des libertés individuelles, au niveau des droits des
citoyens de s'exprimer et de s'associer. C'est là qu'on dit: "Sont des
dépenses réglementées, au sens de la présente loi,
tous les frais encourus pendant une période référendaire
pour favoriser ou défavoriser une option soumise à la
consultation populaire." Cela a l'air de rien, mais, au fond, qu'est-ce que
cela veut dire? Cela veut dire que quiconque ne se soumettra pas au diktat du
gouvernement, à savoir qu'on doit s'exprimer sur un
référendum à l'intérieur d'un
comité-parapluie, sera passible d'une amende. C'est cela que cela veut
dire.
M. Bédard: C'est faux fondamentalement. Rendez-vous
à l'article 26.
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, j'ai le droit de
parole et le ministre va devoir attendre son temps.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice,
à moins que le député de Marguerite-Bourgeoys ne vous
cède sa priorité ou ne vous permette une question, vous n'avez
pas la parole. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'ai pas la réputation de céder quoi
que ce soit, M. le Président.
Alors, quiconque va vouloir s'exprimer dans un référendum
va devoir le faire à l'intérieur d'un parapluie dicté par
le gouvernement. C'est cela que l'article 25 dit; sinon, il va être
passible d'une amende ou d'emprisonnement. On l'a vu hier quand on a
examiné les inoffensifs articles de l'appendice 2; c'est plein de
pénalités, M. le Président, je vous le dis. Depuis le
début de cette commission, le ministre a déjà dit: Bien
oui, mais il n'y a pas de pénalités; alors, il faut surveiller un
petit peu. Mais c'est plein de pénalités. On ne peut pas bouger
à l'intérieur de ce référendum sans être
pénalisé. C'est pour cela que nous, du Parti libéral, qui
sommes pour les libertés des personnes, la liberté d'expression
et d'association, nous voterons contre l'article 25.
J'entends le député de Jonquière qui propose
cela n'a pas été enregistré, mais je l'ai entendu, M. le
Président que nous sommes contre le contrôle des
dépenses. C'est faux. Nous sommes pour le contrôle des
dépenses, mais nous sommes contre l'imposition de contraintes
dictées par le gouvernement pour contrôler ces dépenses.
Nous pensons que le gouvernement devrait imposer un contrôle des
dépenses au niveau individuel. Si le gouvernement, à la faveur de
dénonciations ou, enfin, d'informations qu'il pourrait avoir,
découvre une infraction à ces lois, d'accord. Que le citoyen
fautif soit traîné devant les tribunaux, cela va. Mais qu'on
doive, pour protéger le contrôle des dépenses, brimer les
libertés individuelles, les libertés d'association, les
libertés d'expression, jamais. C'est fondamental, quant à nous;
c'est fondamental.
Je pense que le ministre, en insistant pour nous proposer l'article 25
qui est le résultat de ces comités-parapluies, discrédite
lui-même sa loi dont il a hérité récemment. M. le
Président, ce n'est pas sa faute, mais s'il en a hérité
sans bénéfice d'inventaire, il en a pris les avantages et les
inconvénients.
Il nous a accusés, il y a quelques jours, de discréditer
sa loi, c'est faux. C'est l'entêtement du gouvernement à nous
imposer des contraintes au niveau des libertés individuelles, au niveau
des libertés d'expression, au niveau des libertés d'association,
c'est l'entêtement du ministre et du gouvernement qui va
discréditer cette loi. C'est malheureux, parce que le résultat de
tout référendum va être teinté d'un nuage
d'incertitude à cause de l'entêtement du gouvernement.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, le député
de Marguerite-Bourgeoys fait grand état des pénalités qui
sont prévues, dans ce projet de loi, pour les personnes qui
contreviennent à la loi. Je me demande où le député
de Marguerite-Bourgeoys était endormi lorsque la loi électorale a
été votée par son propre parti où on
prévoyait des pénalités pour ceux qui ne respectaient pas
la loi. À part se gargariser avec le thème des droits et
libertés de la personne chose qui a été faite d'une
façon amplement suffisante par le député de
Marguerite-Bourgeoys, et non pas convaincante, durant tout le temps de cette
commission il est clair que toute loi amène nécessairement
certaines contraintes, amène, entre autres, l'obligation pour les
citoyens de la respecter.
À moins de changer ces règles du jeu, M. le
Président, je me demande bien de quoi on parle. Alors, des
pénalités, il y en a dans cette loi pour ceux qui y
contreviennent, comme il y en avait dans la loi électorale qui a
été votée par le Parti libéral qui, non seulement
prévoyait des pénalités, mais également
prévoyait des limites de dépenses, prévoyait un
contrôle de dépenses. Les libéraux qui sont dans
l'opposition aujourd'hui semblent, à certains moments, sortir des nues
ou de je ne sais quel endroit; en ayant l'air de se scandaliser et de
s'étonner qu'une loi doive être respectée et que, si elle
ne l'est pas, il y a des pénalités qui sont prévues.
M. le Président, vraiment, c'est simplement du verbalisme auquel
nous assistons de la part du député de Marguerite-Bourgeoys. Je
lui rappellerai non pas ce que j'ai dit, mais ce que la Commission des droits
de la personne a dit à ces messieurs de l'Opposition officielle qui
prétendent être les grands défenseurs des droits et
libertés de la personne sans jamais rien faire de pratique pour nous
convaincre de cela. La Commission des droits de la personne, dans sa
conclusion, disait très clairement ceci: "La Commission des droits de la
personne souscrit aux objectifs du livre blanc, à savoir la
démocratisation de nos institutions politiques, l'association directe
des électeurs à la gouverne de l'État,
l'élargissement progressif de la participation populaire". La commission
continuait en disant qu'elle se réjouit, pas qu'elle a examiné,
qu'elle se réjouit de retrouver dans le livre blanc sur la consultation
populaire au Québec le principe fondamental de l'égalité
entre les individus tel que reconnu par la Charte des droits et libertés
de la personne et de retrouver l'autre principe non moins important
affirmé dans la loi, pas n'importe quelle loi, la loi que nous sommes en
train de voter.
Cet autre principe non moins important affirmé dans cette loi sur
le financement des partis politiques est celui d'une meilleure
réglementation des revenus et dépenses politiques. Alors, je
pense peu de bien des autorités du député de
Marguerite-Bourgeoys, à part se reporter à des discours que nous
avons entendus à maintes et maintes reprises de sa part. Le
député de Marguerite-Bourgeoys aurait avantage à relire
certaines opinions de la Commission des droits de la personne et d'approfondir
un petit peu plus ce que cela veut dire, la véritable affirmation, la
véritable protection des droits et libertés de la personne qui
doit se concevoir, comme le dit le préambule de la Charte des droits et
libertés, en respectant aussi le bien d'autrui et le bien
général.
Le Président (M. Clair): L'article 25 sera-t-il
adopté?
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre a fait
état de la Loi électorale pour tenter de minimiser...
M. Bédard: ... des droits et libertés.
M. Lalonde: ... les arguments que j'ai apportés à
l'encontre de l'article 25. C'est vrai que je répète depuis des
semaines...
M. Bédard: ... le temps d'approfondir.
M. Lalonde: ... et des semaines cet argument que la transposition
des dispositions de la Loi électorale à la loi
référendaire n'est pas nécessairement valable. Dans la Loi
électorale, vous pouvez avoir le nombre de candidats égal
à ce X et celles qui veulent se présenter. Vous pouvez avoir dans
le comté de Jonquière, par exemple, un candidat
péquiste.
M. Vaillancourt (Jonquière): En quel honneur.
M. Lalonde: Sûrement un candidat libéral,
peut-être de l'Union Nationale, quoique, d'après les sondages que
j'ai vus ici, à 8%, il n'y en aura pas beaucoup qui voudront se
présenter...
M. Vaillancourt (Jonquière): II a besoin d'être
bon.
M. Lalonde: M. le Président... Une voix: La
pertinence du débat. M. Grenier: On en a déjà
entendu.
M. Lalonde: Un sondage vient d'être annoncé, M. le
Président, qui dit que c'est 40% libéral, 33% Parti
québécois et 8% Union Nationale, mais peut-être qu'il y
aurait un candidat libéral, peut-être.
M. Grenier: À la dernière élection ce sont
les libéraux qui devaient être élus.
M. Bédard: Vous oubliez l'embargo jusqu'à 21 h
30.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela la liberté
des personnes.
M. Lalonde: II n'y a pas d'embargo, c'était Aux
Vingt-Heures à la radio.
M. Bédard: 21 h 30.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Lalonde: 21 h 30 à la télévision, mais
20h à la radio.
M. Godin: Les droits et les libertés à Radio-Canada
c'était...
M. Lalonde: Vous défendez Radio-Canada. Le
député au cigare, de Mercier, défend Radio-Canada;
naturellement il a été invité tout seul, dimanche soir,
alors que Radio-Canada n'a même pas eu le coeur d'inviter un
député du Parti libéral pour lui faire face. Puis il y a
eu un party ce soir-là, il n'y avait personne pour lui dire le
contraire.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à l'ordre, messieurs. Messieurs! à l'ordre!
À l'ordre! Messieurs, à l'ordre, messieurs. Messieurs, je ne
permettrai aucun débat sur cette question. Aucun débat sur ce
sujet, ce n'est absolument pas dans la pertinence du débat. M. le
député...
M. Grenier: M. le Président, une question de
règlement.
M. Godin: C'est un cas de prise de sang, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: II faudrait quand même faire savoir aux gens
tout le monde n'est pas averti ici que mon voisin de droite est
un député libéral, celui qui fait de pareilles
flagorneries actuellement. Ils ne le savent pas eux, il faut les
prévenir!
M. Lavoie: Du fait que vous parliez, ils savent que cela vient de
l'Union Nationale.
M. Grenier: Ils n'oublieront pas les propos qui ont
été dits par mon voisin de droite, le quart d'heure qu'il est en
train de nous faire perdre pour étirer les débats jusqu'à
minuit ce soir. Les gens commencent à se rendre compte ce que c'est que
faire un "filibuster". Et on commence à avoir notre voyage, autour de la
table.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Charbonneau: Ils paient des taxes pour cela, n'est-ce pas?
Une voix: Ils comprendront en lisant les nouvelles.
Le Président (M. Clair): Notre loi s'intitule Loi sur la
consultation populaire.
M. le député de Mégantic... de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: S'il vous plaît! Je disais donc...
Le Président (M. Clair): ... je vous prie de revenir
à la pertinence du débat.
M. Grenier: De grâce, ne me prêtez pas ces
propos-là!
M. Lalonde: Question de privilège! Je disais que le
ministre avait invoqué la Loi électorale pour tenter de justifier
les dispositions de la loi sur le référendum. Et je lui donnais
l'exemple que d'après la Loi électorale il pouvait y avoir dans
le comté de Jonquière un candidat péquiste, un candidat
libéral, peut-être un candidat de l'Union Nationale on
n'est pas sûr, parce qu'il y a des sondages qui ne sont pas très
forts il pourrait sûrement y avoir un candidat du Parti
créditiste...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Charbonneau: Ils disparaissent au profit des libéraux,
paraît-il.
M. Lalonde: II y aurait peut-être aussi sept ou huit autre
candidats. Des candidats indépendants, des candidats en faveur d'autres
options, d'autres mouvements sociaux, comme vous voulez, dix, douze ou quinze
candidats. Chacun a le droit de faire appel à la Loi électorale
pour se protéger et est aussi assujetti aux dispositions de la Loi
électorale en ce qui concerne les dépenses
électorales.
M. Fontaine: Est-ce qu'il pourrait y avoir un candidat du libre
choix aussi?
M. Lalonde: II peut même y avoir, à
Jonquière, un candidat du libre choix, si cela existe. Cela n'existe pas
le libre choix chez vous? D'accord, il n'y a pas de liberté chez eux, M.
le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'existe pas de candidat
de libre choix.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Lalonde: II n'y a pas de candidat de libre choix.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Bédard: Vous ne vous rendez pas compte que vous
êtes ridicule? Franchement!
Le Président (M. Clair): ... M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, si vous utilisez moins la forme interrogative vous seriez
moins souvent interrompu. Vous avez la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): Et provocatrice surtout!
M. Grenier: Parlez donc pour dire quelque chose. Cela va aller
plus vite! (21 heures)
M. Lalonde: M. le Président, c'est cela qui fait la
différence entre la Loi électorale et la loi sur le
référendum, à savoir que dans une élection, dans le
comté de Jonquière ou dans le comté de Chicoutimi, il peut
y avoir deux, quatre, six, dix ou quinze candidats, selon, la volonté
individuelle des citoyens. Un citoyen peut décider de se
présenter candidat indépendant ou d'un parti, s'il est choisi par
le parti, faire son dépôt qui était de $200 à la
dernière élection je ne sais pas à combien c'est
rendu maintenant et être un candidat à part entière,
qui a le droit de s'exprimer, de faire des dépenses électorales
en fonction de la Loi électorale alors que la loi
référendaire qui nous est offerte par le ministre on le
voit à l'article que nous étudions actuellement, l'article 25
ce n'est pas la même chose. Tout citoyen qui n'est pas d'accord
avec les options de la question est limité à quoi? Au silence.
Sauf en ce qui concerne l'article 26 on n'est pas rendu là
l'article 26h, $300, maximum, pour tenir une réunion. Tout Simplement.
Après cela, c'est le silence total. Il peut peut-être
écrire une lettre au Devoir ou à la Presse. C'est cela, il a le
droit d'écrire une lettre au Devoir ou à la Presse.
M. Bédard: Savez-vous que c'est $300 de plus
que dans une campagne électorale? Je pourrais vous lire l'article
de la Loi électorale qui concerne le fait de favoriser un candidat ou
l'autre. C'est exactement la même terminologie.
M. Lalonde: C'est simplement pour une réunion.
M. Bédard: Dans la loi du financement des partis, c'est
exactement la même chose.
M. Lalonde: M. le Président, c'est simplement pour une
réunion.
M. Fontaine: Question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska invoque le règlement.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce qu'on est en train de
discuter l'article 26 ou l'article 25?
Le Président (M. Clair): On est en train de discuter de
l'article 25 et vous me donnez l'occasion de le rappeler aux deux derniers
intervenants, soit le député de Marguerite-Bourgeoys et le
ministre de la Justice.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je ne peux pas attaquer
l'article 26; vous l'avez dit, toute intervention à cet égard
serait non avenue. Je dois m'en tenir à l'article 25 qui dit que les
dépenses réglementées sont "les frais encourus pendant une
période référendaire pour favoriser ou défavoriser
une option soumise à la consultation populaire." C'est là qu'on
voit jusqu'à quel point cette loi est remplie de contraintes. C'est
à cette contrainte, jalouse, suspecte que nous nous opposons, nous du
Parti libéral, parce que nous croyons que nous pouvons, dans notre
population, dans notre beau Québec, avoir un référendum
sans avoir des policiers à gauche et à droite qui vont nous dire
comment on devrait s'exprimer. C'est pour cela qu'on est contre l'article
25.
M. Lavoie: Sur l'article 25.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Nous voterons nécessairement contre l'article
25.
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre le contrôle des
dépenses.
M. Lavoie: Je vais vous expliquer pourquoi. Si je fais un effort
vraiment valable...
M. Vaillancourt (Jonquière): De toute façon, depuis
l'article 1, c'est la même chose. Vous êtes contre le
contrôle des dépenses. Ayez donc la franchise de le dire!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ayez donc la franchise de le
dire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela m'écoeure de voir
cela, M. le Président. Ce sont des gens qui disent une chose et votent
le contraire.
M. Lavoie: C'est le sondage qui vous énerve?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Absolument pas. Très
bon sondage.
M. Gratton: Voulez-vous des détails sur le sondage?
M. Lalonde: Voulez-vous qu'on traverse la table?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Voulez-vous avoir des détails?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: C'est 40% pour le Parti libéral du
Québec.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tous les anglophones sont
là-dedans.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, avant de prendre la parole, notre règlement
veut...
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Clair): ... qu'on la demande. Le
député de Gatineau invoque le règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je m'excuse, M. le
Président.
M. Gratton: M. le Président, le ministre me fait des gros
yeux comme si j'avais abusé.
M. Bédard: Voyons donc, on n'est plus capable de regarder
les gens de l'Opposition maintenant. Bon Dieu! Parlez-nous de dos. Faites
n'importe quoi.
M. Gratton: Le voilà parti. Il est monté dans les
rideaux, lui aussi, M. le Président.
M. Bédard: Vous êtes malades. On n'a plus droit de
vous regarder maintenant.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, voulez-vous préciser votre question de règlement afin
que je puisse déterminer...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'on pourrait
intervertir l'ordre de l'Opposition?
Le Président (M. Clair):... s'il s'agit bien d'une
question de règlement?
M. Gratton: M. le Président, parce que je fais une
très brève allusion aux résultats du sondage qui
démontrent que dans les intentions de vote...
M. Bédard: M. le Président...
M. Lavoie: Laissez-le terminer pour voir si c'est vraiment une
question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, vous m'aideriez si vous étiez le plus bref possible.
M. Gratton: Comme toujours, M. le Président, je fais une
très brève allusion au résultat du sondage qui
démontre que le Parti libéral du Québec est nettement en
avant du Parti québécois, dans les intentions de vote des
Québécois, présentement. Ce n'est pas une raison, pour le
député de Jonquière ni pour le ministre, de monter dans
les rideaux.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, il nous traite de malades. On
n'est pas malades, on est à 40%. Vous avez 33%. Qui est le plus malade
des deux, M. le Président? Voyons donc!
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement!
Le Président (M. Clair): Je vais d'abord disposer de la
question de règlement du député de Gatineau pour lui dire
qu'il ne s'agissait pas d'une question de règlement...
M. Lavoie: C'est moi qui avais la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): ... et que c'est le
président qui est chargé de maintenir l'ordre. M. le
député de Jonquière.
M. Gratton: Je m'excuse.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que vous avez à entendre toute mon intervention avant de savoir si
c'est une question de règlement ou non. J'espère que c'en est
une.
Le Président (M. Clair): Je vous invite à faire
votre intervention le plus brièvement possible.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
relativement à ce sondage, la question suivante a été
posée: Pensez-vous que d'ici à quelques années, au
Québec, les choses vont s'améliorer?
M. Lavoie: Si ce n'était pas une question de
règlement, celle-là n'en est pas une non plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le préambule, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière, je veux bien
entendre, conformément à notre règlement, votre question
de règlement avant d'en disposer. Cependant, je vous invite à ne
pas abuser ni du règlement ni de la patience du président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
réclame le même droit que vous avez accordé tout à
l'heure au député de Laval...
Le Président (M. Clair): Je vous l'accorde.
M. Vaillancourt (Jonquière):... lorsqu'à
l'intervention du député de Mercier, celui-ci, à la suite
de cette ouverture, a dit: J'espère que vous allez me permettre de
répondre.
Le Président (M. Clair): Exposez, mon collègue!
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président. Dans ce sondage auquel faisait allusion le
député de Gatineau, il y avait la question suivante: Pensez-vous
que, d'ici à quelques années, au Québec, les choses vont
s'améliorer, se détériorer ou rester à peu
près comme maintenant? En avril 1976, c'était 39%, en novembre
1977, c'était 42%, et en juin 1978, c'est 50%.
M. Bédard: Cela s'améliore!
M. Vaillancourt (Jonquière): Pourquoi, M. le
Président? La réponse est évidente.
M. Gratton: Pourquoi? Parce qu'il y a 40% des gens qui vont voter
libéral et on va vous remplacer.
M. Lavoie: C'est sûr que cela va aller mieux.
M. Gratton: On ne peut pas les bourrer indéfiniment, les
Québécois!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Gratton: Cela, c'est un vieux truc!
Le Président (M. Clair): ... il ne s'agissait visiblement
pas d'une question de règlement. Je voudrais vous inviter, tous et
chacun des membres de cette commission, à ne pas abuser des questions de
règlement. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Revenons à l'article 25, M. le
Président. Je vais établir, devant cette commission, pourquoi
nous allons voter contre cet abus de contrôle, de restriction, de
contrainte, de surveillance qu'il est vrai qui s'applique assez bien dans une
campagne électorale. C'est très facile, dans une campagne
électorale, de dire à tel candidat des partis A, B ou C qu'il est
limité dans les dépenses.
Sur une question référendaire, c'est d'autant plus
difficile qu'aucun pays au monde, aucun pays n'a jugé à propos de
l'appliquer.
Une voix: Voilà!
M. Lavoie: Pour que le député de Jonquière
puisse comprendre, je vous promets, M. le Président, que je vais faire
un effort terrible d'argumentation. Si j'argumentais d'une manière
convenable, les autres collègues comprendraient. Je vais donner un
statut particulier au député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Lavoie: M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je renonce à ma
question de règlement.
M. Lavoie: J'ai dit que je crois que le ministre...
M. Gratton: ... par le ministre.
M. Lavoie: ... a fait une évaluation trop confiante et
trop sommaire de la portée de l'article 25. On va lire ensemble
l'article 25 et je vais demander au ministre comment il va faire pour
l'appliquer, dans l'hypothèse suivante, et surtout dans un
référendum que tout le monde a à l'esprit. Article 25:
"Sont des dépenses réglementées, au sens de la
présente loi, tous les frais encourus pendant une période
référendaire pour favoriser ou défavoriser une option
soumise à la consultation populaire."
Prenons comme hypothèse que le gouvernement nous propose la
souveraineté-association, qui semble être l'amorce de leur lit. Il
semble que la question va tourner autour de souveraineté-association,
pour ne pas apeurer les gens. Qu'est-ce qui arriverait je pose cette
question bien directement au ministre si une des options dit de
favoriser la souveraineté-association et si l'autre option est non
à la souveraineté-association. Cela voudrait dire si
j'interprète cet article, qu'il pourrait y avoir des groupes qui se
formeraient. Il pourrait y avoir une publicité énorme sur des
pan- neaux-réclame, à la télévision et à la
radio, dans les journaux, partout par un groupe qui dirait non à la
séparation. Non à la séparation, parce que cela ne serait
pas réglementé puisque ce n'est pas une des options soumises au
référendum. Et une autre dirait: Oui à un Québec
séparé. Il pourrait y avoir le comité favorisant le oui
à un Québec séparé et un autre comité qui
dirait non à la séparation. Cela ne serait pas
réglementé en vertu de l'article 25 parce que ni l'une ni l'autre
n'est une option proposée au référendum. Est-ce que le
ministre pourrait répondre à cela?
M. Bédard: Faites votre intervention.
M. Lavoie: Qu'est-ce qui arriverait dans ce cas que je vous
demande? Vous êtes le ministre de la Justice, vous êtes le
jurisconsulte du Québec.
M. Bédard: Dans votre intervention, expliquez-nous
pourquoi vous êtes contre.
M. Lavoie: C'est vous qui allez avoir la responsabilité de
faire respecter la loi.
M. Bédard: Quand on vous en pose des questions, vous nous
demandez d'apporter nos amendements. Alors, expliquez-vous.
M. Lavoie: M. le Président, je m'adresse au
ministre...
M. Bédard: Vous savez très bien que l'article 25
est la reproduction intégrale presque de la loi 2. Vous avez voté
pour.
M. Lavoie: D'après la loi 2, c'est facile de
contrôler les dépenses d'un parti politique: le Parti
libéral, le Parti québécois, le Ralliement
créditiste, l'Union Nationale. Mais un référendum, c'est
une autre paire de manches.
M. Bédard: Vous avez dit que vous...
M. Lavoie: On vote sur une idée à un
référendum. Je vous demande comme ministre de la Justice qui sera
responsable de l'application de cette loi, qui sera responsable de porter les
plaintes en vertu de la loi 2, de la Loi électorale, de la loi 92.
Qu'est-ce qui arrive si un comité se forme qui dit non à la
séparation et qui dépense $100 000, $200 000, $500 000 pour de la
publicité à la radio, dans les panneaux-réclame, dans les
journaux, non à la séparation et un autre qui dit oui à un
Québec séparé? Ce ne sont pas des options offertes au
référendum. Je vous demande comme ministre de la Justice s'il y
aura des recours qui pourront être exercés contre ces gens.
M. Bédard: Je fais confiance au bon sens des
Québécois.
M. Lalonde: Bon, cela fait leur affaire.
M. Bédard: Eux vont comprendre vite l'enjeu. Vous n'avez
pas l'air de le comprendre vous.
M. Lavoie: Est-ce que cela serait dans le respect de la loi?
M. Bédard: Vous vous amusez. Continuez votre intervention,
vous m'avez dit que vous aviez une argumentation serrée très
valable pour me faire changer d'idée. On en a discuté autant
comme autant.
M. Lavoie: Mais quelqu'un qui fait de la publicité ou un
comité qui dirait non à la séparation, si la question est
souveraineté-association, je vous demande comme ministre de la Justice
si l'article 25 couvrira...
M. Bédard: C'est l'article 26 qui va le couvrir. Finissez
l'article 25 et vous allez comprendre à l'article 26.
M. Lavoie: En vertu de quoi par l'article 26 cela va-t-il
être couvert? Je vous demande.
M. Bédard: Chaque individu; c'est là qu'on
détermine les dépenses qui sont permises à chacun des
individus.
M. Lavoie: Mais l'article 26 n'existerait pas s'il n'y avait pas
l'article 25. On dit à l'article 25 quelles sont les dépenses
réglementées.
M. Bédard: C'est une vérité de La Palice
l'article 25.
M. Lavoie: Oui, mais est-ce que vous pouvez me répondre
comme ministre de la Justice?
M. Bédard: Je vous l'ai dit, faites votre intervention.
J'ai le droit de vous répondre.
M. Lavoie: Cela se termine avec ma question. J'ai
terminé.
M. Bédard: Avez-vous fini vos interventions?
M. Lavoie: J'ai terminé sur l'article 25, M. le
Président. Est-ce que vous pouvez me répondre?
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Bédard: M. le Président, je crois tout
simplement que les activités des individus qui ne s'incorporeront pas
dans des comités seront régies par les dispositions de l'article
26. L'article 25 que nous adoptons, il n'y a aucun effet de surprise pour qui
que ce soit. C'est la reproduction presque intégrale de l'article 101 de
la loi 2, et là vous allez vous rappeler certaines paroles du
député de Marguerite-Bourgeoys qui se préoccupait des
droits et libertés individuelles. Cet article 101 dit textuellement:
"Dans le présent chapitre, l'expression "dépenses
électorales" qu'on remplace par dépenses
référendaires signifie tous frais encourus pendant une
période électorale pendant une période
référendaire pour favoriser ou défavoriser,
directement ou indirectement, l'élec- tion d'un candidat ou celle des
candidats d'un parti", ce qui est remplacé par "pour favoriser ou
défavoriser une option". Quelqu'un qui veut étudier
sérieusement un projet de loi, qui veut y apporter une
amélioration, je crois que cette personne a d'autres sortes d'arguments
que ceux qu'on nous sert de l'autre côté de la table. Quand vous
venez nous parler des pénalités, vous avez l'air de
découvrir le monde, là vous qui êtes ici pour la
première fois à cette commission. N'oubliez pas une chose,
lisez-la votre loi 2, il y a des pénalités qui sont
prévues, aux commissions prévues dans la loi sur les
dépenses référendaires, comme elles sont prévues
dans la Loi électorale. Il y a un bout à découvrir le
monde. (21 h 15)
M. O'Gallagher: Ce n'est pas nous autres...
M. Bédard: Vous, vous n'apportez pas
grand-lumière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'invoque le règlement.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, le député de Jonquière invoque le
règlement.
M. Bédard: M. le Président, ce sont...
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière invoque le règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Juste pour savoir si le
député de Robert Baldwin est membre ou intervenant.
M. Gratton: Quelle espèce d'importance cela peut-il
avoir?
Le Président (M. Clair): Suivant la liste que j'ai depuis
ce matin, le député de Robert Baldwin n'est pas intervenant. Pour
qu'il intervienne, soit comme intervenant, soit comme membre, puisqu'il ne
s'agit pas d'une commission parlementaire qui étudie des crédits,
mais qui étudie un projet de loi article par article, il aura besoin du
consentement unanime de la commission pour pouvoir intervenir.
M. Bédard: C'est ma réponse aux interrogations du
député.
M. Lavoie: La question que je me pose comme législateur,
étant donné que vous êtes ministre de la Justice, que vous
avez autour de vous des conseillers, des juristes, c'est: est-ce que mon
interprétation... Quelqu'un qui voudrait favoriser ou défavoriser
une option qui n'est pas soumise à la consultation populaire, mon
interprétation c'est que cela ne devient pas une dépense
réglementée.
M. Bédard: Vous ferez les interprétations que vous
voudrez, je n'ai pas à vous convaincre.
M. Lavoie: Mais est-ce qu'on est ici pour bonifier la loi?
M. Bédard: Écoutez, essayez de la bonifier, je
viens de vous dire ce qui en est.
M. Gratton: Êtes-vous impatient, c'est quoi qui vous pique,
c'est le sondage? Répondez donc comme du monde, puis on va
peut-être s'entendre.
M. Bédard: Moi, je vous trouve niaiseux quand vous parlez
de cela. Je suis venu ici pour essayer d'étudier cette loi, je n'ai pas
fait de référence à quelque sondage que ce soit, alors,
s'il vous plaît, laissez-moi la paix.
M. Gratton: On est niaiseux quand cela ne fait pas votre
affaire.
Répondez donc aux questions.
M. Lavoie: Ce n'est pas nous qui parlons des sondages, c'est
vous.
M. Bédard: Moi, je vous ai répondu.
M. Lavoie: On parle d'une évaluation trop sommaire de la
portée de la loi.
M. Bédard: Vous avez le droit de ne pas être
satisfaits de ma réponse.
M. Lavoie: Une évaluation trop sommaire de la
portée de la loi.
Une voix: Allez vous coucher.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre,
l'article 25 sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Gratton: À défaut de réponse.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je voulais savoir si le ministre entend ce soir
donner des réponses aux questions qu'on lui pose ou simplement nous
renvoyer comme cela du revers de la main à je ne sais pas trop quelle
instance. Parce que, effectivement, on est ici pour tâcher d'adopter les
articles.
M. Bédard: J'invoque le règlement, M. le
Président, je n'ai renvoyé personne à quelque instance que
ce soit, j'ai fait référence aux deux lois qui doivent être
quand même étudiées en fonction du projet de loi que nous
étudions présentement, parce que dans ce projet de loi
vous le savez très bien, jamais je ne croirai que je vous l'apprends
alors que nous sommes rendus à quelques articles de la fin de
l'étude de ce projet de loi article par article
régulièrement, nous nous référons aux articles soit
de la Loi électorale, soit de la Loi régissant le financement des
partis politiques.
Le Président (M. Clair): Messieurs, l'article 25 sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut avoir un engagement du ministre? Je
n'ai pas d'objection à l'interprétation, d'ailleurs, parce que
cela brime beaucoup moins la liberté des gens, parce qu'on s'est
posé des questions pour des gens qui voulaient prôner l'abstention
lors du référendum. Tel que c'est rédigé,
d'après moi, il pourrait y avoir un comité de l'abstention
où il n'y aurait pas de dépenses réglementées parce
que ce n'est pas une option soumise à la consultation populaire. Si les
gens veulent prôner un comité du statu quo, ils auront le droit de
le faire, parce que ce ne sera pas une option qui sera soumise au
référendum. Les gens qui voudront faire de la dépense pour
dire non à la séparation, ils en auront le droit, parce que cela
ne sera pas réglementé à mon point de vue, ou un
Québec séparé ou quoi que ce soit. Est-ce que je peux
avoir l'engagement du ministre qu'il ne se réservera pas son pouvoir
d'apporter sur cet article une modification lors de la troisième lecture
en Chambre, où les débats sont limités? J'aimerais bien
avoir de la part du ministre l'engagement formel qu'il ne se servira pas d'un
truc procédurier parce que là il veut nous presser à
adopter cet article. Nous sommes prêts immédiatement à
l'adopter, cet article...
M. Bédard: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le ministre sur une question
de règlement.
M. Bédard: Je crois n'avoir dit aucune parole dans le sens
de forcer ou de vouloir essayer de vous presser.
M. Gratton: Traitez-nous de fatigants.
M. Bédard: Écoutez, je n'essaie pas de vous
presser, allez-y, discutez, je n'ai rien contre cela. Pourquoi faites-vous des
interprétations continuellement? Si vous voulez traîner la loi,
c'est votre devoir.
M. Lavoie: II n'est que neuf heures vingt on a tout l'avenir
devant nous, surtout avec 40% du vote populaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Bédard: Même 40%, cela ne doit pas nous faire
oublier qu'il faut regarder les articles article par article.
M. Lavoie: Je termine par ma question.
M. Bédard: Je ne peux pas prendre d'engagement
là-dessus. Je ne crois pas que je puisse en prendre comme ministre.
Deuxièmement, si vous
avez des inquiétudes ou peut-être même cela
peut aller jusque là des suggestions, vous pourrez nous en faire
part, je ne le sais pas.
M. Lavoie: C'est votre loi, vous allez vivre avec. C'est
clair.
M. Bédard: Alors, quand on vous demande de
l'améliorer, vous dites: C'est votre loi, vous allez vivre avec. Vous
nous demandez des explications et, quand on ne vous les donne pas, vous criez.
Faites-vous une idée.
M. Lavoie: Donnez-les-nous, les explications? Vous n'êtes
pas ministre de la Justice pour rien.
M. Bédard: Faites-vous une idée.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
L'article 25...
M. Bédard: Une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais faire une
dernière tentative auprès du ministre de la Justice concernant
il le sait, c'est presque une marotte chez moi les
abstentionnistes, pas nécessairement ceux qui veulent s'abstenir, mais
ceux qui veulent promouvoir l'abstention au moment d'un
référendum sur un sujet donné. Mon interprétation
de l'article 25, qui semble être la même que celle du
député de Laval, est-elle exacte lorsque je conclus que celui qui
voudrait promouvoir l'abstention des Québécois à un
référendum donné pourrait faire toutes les dépenses
à son gré et que l'article 25, selon mon interprétation,
ne l'empêcherait pas de le faire, ne le limiterait d'aucune façon
possible? C'est cela que je veux savoir.
M. Bédard: Écoutez! Je pense qu'on peut laisser le
ton agressif de part et d'autre ou le ton impatient, d'accord?
M. Gratton: Je pensais l'avoir laissé depuis longtemps, M.
le Président.
M. Bédard: Je ne crois pas l'avoir emprunté depuis
le début.
M. Gratton: Que vous me traitiez de fatigant, cela ne m'insulte
pas. Alors, continuez.
M. Bédard: Je ne vous ai jamais dit cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas lui qui vous a
dit cela, c'est moi.
M. Gratton: Ce qu'il peut être fatigant!
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est moi qui vous ai dit
cela, ce n'est pas lui.
M. Gratton: Vous n'avez pas un peu de valium, M. le
Président?
M. Vaillancourt (Jonquière): N'attribuez pas au ministre
ce que je vous ai dit; je suis capable d'en prendre.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord? Je suis capable
d'en prendre.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai les épaules
larges.
M. Gratton: M. le Président, celui qui trouve les autres
fatigants est fatigué; il devrait aller se coucher.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, en réponse aux
interrogations, je pense qu'il est très clair que nous voulons, au
niveau de l'article 25, répondre à l'esprit qui est contenu dans
l'article 101 de la loi du financement des partis.
M. Lavoie: Le ministre me permettrait-il... M. Bédard:
Peut-être que pour... Le Président (M. Clair): II ne le
permet pas. M. Lavoie: D'accord, je le ferai après... Le
Président (M. Clair): M. le ministre. M. Lavoie: ...
très calmement.
M. Bédard: Moi aussi. Peut-être, M. le
Président qu'il y aurait lieu, pour dissiper toute inquiétude qui
peut être très valable chez nos amis d'en face, d'indiquer
j'en fais motion les mots "directement ou indirectement" pour que cela
rejoigne exactement le sens, l'esprit et la lettre de l'article 101.
M. Lavoie: Vous faites des amendements de bout de chandelle, sur
le coin de la table.
M. Bédard: Alors, "sont des dépenses
réglementées au...
M. Lavoie: Ce n'est pas cela qui va bonifier votre projet de
loi.
Une voix: M. le Président...
M. Bédard: "Sont des dépenses
réglementées au sens de la présente loi, tous les frais
encourus pendant une période référendaire pour favoriser
ou défavoriser, comme à l'article 101 direc-
tement ou indirectement, une option soumise à la consultation
populaire." Est-ce que cela peut répondre?
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Préalablement, y a-t-il
consentement pour que cette... Alors, la proposition du ministre vise à
ajouter, à la troisième ligne, après le mot
"défavoriser," les mots "directement ou indirectement".
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Premièrement, y a-t-il
consentement pour que...
M. Bédard: Ce soit incorporé.
Le Président (M. Clair): ... ce soit incorporé
à l'article 25?
Une voix: Oui.
M. Gratton: Quant à moi, oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Consentement.
M. Lavoie: Voulez-vous ajouter "de quelque façon que ce
soit" pour le rendre encore plus flou? Directement ou indirectement ou de
quelque façon que ce soit.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Bédard: Si vous voulez en faire un amendement, je peux
le mettre.
M. Gratton: M. le Président, je conviens avec le ministre
que cela spécifie peut-être un peu plus l'esprit du
législateur qui a adopté cet article 25. Mais il faut convenir
aussi que cela ne règle pas encore le cas du bonhomme qui veut
promouvoir l'abstention. Que je veuille favoriser ou défavoriser
directement ou indirectement...
M. Lavoie: Une option.
M. Gratton: ... une option...
M. Lavoie: Soumise.
M. Bédard: Celui qui prône l'abstention...
M. Gratton: ... soumise...
M. Bédard: ... se trouve à favoriser ou à
défavoriser directement ou indirectement l'une et l'autre option.
M. Gratton: L'une et l'autre, mais pas une seule.
M. Bédard: L'une et l'autre.
M. Gratton: M. le Président, en tout cas...
M. Lavoie: Pour que ce soit plus clair, il faudrait marquer:
l'une et l'autre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Grenier: Les enfants ne sont pas tous couchés.
M. Gratton: C'est votre contribution à l'article 25?
M. Lavoie: Une contribution de 8%. M. Grenier: Autant que
la vôtre.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs,
article 25... À l'ordre, messieurs! M. le député de
Gatineau, j'ai déjà indiqué que je n'accepterais pas qu'on
entame le débat sur un sondage.
M. Gratton: M. le Président, ma question est posée,
en fait je suis bien prêt à ce qu'on adopte tout le projet de loi
comme cela, directement ou indirectement, cela m'importe peu. Je voudrais
savoir si le ministre est prêt à nous dire si les abstentionnistes
vont être considérés comme une des options. S'il se refuse
à le dire, il n'y a pas de problème, on verra dans le temps comme
dans le temps, et vous vivrez avec les problèmes.
M. Bédard: Dans le contexte actuel, ce n'est pas reconnu
comme une des options. La consultation populaire est orientée
principalement, comme dans une élection, pour que chacun donne son
opinion. Je pense que c'est la première priorité.
M. Gratton: Donc, est-ce que je dois conclure que celui qui
voudrait promouvoir l'abstention pourrait faire les dépenses qu'il
voudrait? Il ne serait pas régi par...
M. Bédard: Bien non, en aucune façon.
M. Gratton: Mais où le retrouve-t-on dans le projet de
loi?
M. Bédard: C'est une technique légale, une option
comprend le pluriel; une comprend le pluriel, en législation, et...
M. Gratton: Ah bien là, vous êtes... M. le
Président. Adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 25 adopté? M.
Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Clair): L'article 25 est-il
adopté?
M. Gratton: Je suis bien content de ne pas avoir fait de cours de
droit pour...
Le Président (M. Clair): Alors, le député de
Mégantic-Compton requiert l'appel des noms, l'appel nominal. Veuillez
indiquer si vous êtes pour ou contre l'adoption de l'article 25.
Messieurs, l'article 25 va se lire comme suit: Sont des dépenses
réglementées, au sens de la présente loi, tous les frais
encourus pendant une période référendaire pour favoriser
ou défavoriser directement ou indirectement une option soumise à
la consultation populaire. Veuillez indiquer si vous êtes pour ou
contre.
M. Bédard?
M. Bédard: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Godin.
M. Godin: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Charbonneau.
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour.
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie.
M. Lavoie: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Grenier.
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge.
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Gratton.
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Paquette. M. Roy. M.
Samson.
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Clair): Le résultat est le
suivant: pour l'adoption de l'article 25, 7, contre, 2. L'article 25 est
adopté et j'appelle l'article 26.
M. Bédard: Alors, je dirai au leader de l'Opposition que
l'article 26 est la conséquence de l'article 25. Il fait suite à
l'article 25. Je voudrais simplement, parce qu'on a eu amplement l'occasion de
discuter de cet article, lorsque nous avons discuté des comités
et du contrôle des dépenses, simplement dire aux membres de la
commission que le paragraphe a) est la reproduction intégrale de
l'article 101a) de la Loi régissant le financement des partis
politiques. Le paragraphe b) est la reproduction du paragraphe b) de l'article
101 de la Loi régissant le financement des partis politiques. Le
paragraphe c) est la reproduction presque intégrale du paragraphe d) de
l'article 101 de la Loi régissant le financement des partis politiques.
Le paragraphe d) est la reproduction de l'article 101e de la Loi
régissant le financement des partis politiques. Le paragraphe e) est la
reproduction du paragraphe h) de l'article 101 de la Loi du financement des
partis politiques. Le paragraphe f) est la reproduction du paragraphe i) de
l'article 101 de la Loi du financement des partis politiques. Le paragraphe g)
est la reproduction du paragraphe j) de l'article 101 de la Loi du financement
des partis politiques. Il n'y a que le paragraphe h) qui soit différent,
et le dernier alinéa est la reproduction du paragraphe i) de l'article
101 de la Loi du financement des partis politiques. (21 h 30)
Les seuls petits amendements techniques qu'il faudrait faire, c'est au
paragraphe f), je ne crois qu'il y ait besoin d'amendement spécifique,
de manière que, à la cinquième ligne...
M. Gratton: On pourrait peut-être commencer par la
première ligne. À la première ligne de l'article 26,
ajouter un "e" au mot "considérés". Parce que même moi qui
ne suis pas un apôtre de la langue française sais qu'on parle du
féminin pluriel quand on parle de dépenses
réglementées.
M. Bédard: Amendement adopté.
M. Gratton: Ils vont dire: Vous avez vu, nous étions
ouverts, M. le Président!
M. Bédard: On vous donne tout! Au paragraphe f) à
la cinquième ligne, après les mots "directeur
général", ajouter "du financement des partis politiques" et
continuer "de l'existence de ce bureau ". Il faut biffer "des élections"
et remplacer par "du financement des partis politiques".
Le Président (M. Dussault): Pour les fins du journal des
Débats, il faudrait remplacer à la cinquième ligne du
paragraphe f) les mots "des élections" par "du financement des partis
politiques".
M. Bédard: Et la même chose à
lavant-dernière ligne du dernier paragraphe de cet article, remplacer
"des élections" par les mots "du financement des partis politiques".
Le Président (M. Dussault): Donc, à
l'avant-dernière ligne du dernier paragraphe, remplacer "des
élections" par "du financement des partis politiques". Est-ce que ces
amendements sont adoptés?
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: Sans vouloir reprendre le député de
Gatineau, en bon français, le deuxième "e" qu'on voulait mettre
à "considérés" ne devrait pas exister parce que, avec le
verbe être, il faut voir qui est le sujet. Le sujet c'est le premier mot
de chacun des paragraphes et il y a le mot "frais " qui est masculin.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Laberge: Le reste des mots est féminin, mais frais et
intérêt sont masculins.
M. Gratton: Je pense que le député a
complètement raison.
M. Bédard: Amendement refusé.
M. Gratton: J'aime autant cela parce que là au moins il
aura été conséquent pendant trois mois.
M. Bédard: Je me réjouissais que vous n'apportiez
pas d'autre opposition.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre. Est-ce que
les deux amendements au paragraphe f) et au dernier paragraphe sont
adoptés?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Au paragraphe h), j'aimerais faire une proposition
au ministre, je n'en fais pas un amendement...
M. Bédard: On procéderait par paragraphes... M.
Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le paragraphe a)
est adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Lavoie: J'ai juste un commentaire sur a). Même si cette
disposition existe depuis au moins une quinzaine d'années dans la Loi
électorale, même si elle a été reproduite dans la
loi no 2, je me demande si on ne va pas un peu loin. S'il y avait une
interprétation vraiment stricte sur la liberté de la presse...
lorsque, je l'ai dit, "la publication dans un journal ou autre
périodique d'articles éditoriaux, de nouvelles, de chroniques ou
de lettres de lecteurs, à la condition que cette publication soit faite
de la même façon et d'après les mêmes règles
qu'en dehors de la période référendaire"...
M. Bédard: D'ailleurs, elles ne sont pas
considérées comme dépenses réglementées.
M. Lavoie: Par contre, si on dévie à cela, à
ces paramètres, cela devient une dépense
réglementée et je me demande si cela n'empiète pas un peu
sur la liberté de la presse, même si cela n'a jamais
été contesté...
M. Bédard: Je ne dis pas que les représentations du
leader de l'Opposition ne sont pas sérieuses. Disons que tel qu'il l'a
exprimé, on voyait cette disposition dans la Loi électorale et
dans la loi 2. Tout le monde s'est habitué à vivre avec et je ne
voudrais pas opérer de changement qui soit de nature à
peut-être embrouiller plus les choses.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Le sous-article a) est-il
adopté? Adopté. Le sous-article b).
M. Samson: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Est-ce qu'il y a eu des études de faites quant
aux possibilités je sais que le ministre responsable à la
réforme électorale, si je me souviens bien, en a
déjà parlé de réglementation des sondages en
temps d'élection? Ce n'est pas parce que le sondage arrive ce soir, mais
cela a été mentionné à plusieurs reprises. Cela
n'apparaît pas présentement à l'article.
M. Bédard: II y a une certaine étude qui a
été faite. Nous ne voulons pas soulever tout ce débat
à l'occasion de l'adoption de cette loi. Le débat se fera
à l'occasion de la révision de la Loi électorale. Cette
occasion permettra un débat de fond.
M. Samson: Cela veut dire qu'une compagnie quelconque ou une
entreprise de presse quelconque pourrait, au cours de la campagne
référendaire, commander un sondage, en faire la publication et
cela ne serait pas réglementé par l'article 25. Cela ne
deviendrait pas des dépenses réglementées.
Qu'arriverait-il si, au cours d'une campagne référendaire,
advenant que quelqu'un commande un sondage et en fasse la publication, que
quelqu'un en commande un également et en fasse la publication, que les
sondages donnent des résultats diamétralement opposés et
qu'il y ait une espèce de lutte référendaire des sondages?
Je ne le souligne pas pour faire rire les gens de la galerie, mais on a
déjà assisté à cela, un sondage aujourd'hui et un
autre demain qui se contredisent. C'est déjà arrivé. Cela
peut arriver en temps électoral comme cela peut arriver en temps de
campagne référendaire. À mon sens, il me semble que cela
constitue des dépenses. Réglementées ou non, cela
constitue des dépenses. Il pourrait y avoir une espèce de
stratégie possible des sondages.
M. Bédard: La seule réponse que je peux fournir au
député de Rouyn-Noranda, c'est que la discussion de fond se fera
lors de la révision de la Loi électorale. Ensuite, il y aura
peut-être à évaluer la possibilité de faire la
transposition dans une loi sur la consultation populaire. Nous ne sommes
pas plus avancés que cela au niveau de la réflexion.
M. Samson: Pour le moment, aussi longtemps que la Loi
électorale n'aura pas connu d'amendement dans ce sens, on peut tenir
pour acquis ce soir qu'avec la loi telle qu'elle est devant nous il y aura
possibilité pour qui que ce soit de commander et de faire publier des
sondages en faisant des dépenses pour les faire publier, parce que cela
coûte de l'argent pour faire publier des sondages et que ce ne seront pas
des dépenses réglementées. C'est ce que je comprends.
M. Bédard: Pardon? Je m'excuse, j'ai perdu vos
dernières paroles.
M. Samson: Bon. Je reprends. Si on ne touche pas à la loi,
ce soir, quant aux sondages cela veut dire que vous n'êtes pas
prêts, que vous n'en avez pas fait l'étude s'il arrive un
référendum entre-temps et que cela n'a pas été
réglé par la Loi électorale transposée dans la loi
92, cela veut dire, si je comprends bien, qu'il y a possibilité pour qui
que ce soit...
M. Bédard: Les règles du jeu qui existent
présentement continuent d'exister.
M. Samson: Je veux essayer de clarifier; il y aura
possibilité pour qui que ce soit de commander des sondages et de payer
pour en faire la publication, toutes les formes de sondages.
M. Bédard: Les sondages truqués ne donnent pas
grands résultats.
M. Samson: Je n'oserais jamais dire qu'il y a des sondages
truqués, mais j'ai déjà vu des sondages contradictoires
à deux jours de différence.
M. Gratton: Cela ne veut pas dire que celui de ce soir est
truqué.
M. Vaillancourt (Jonquière): Votre premier ministre a
déjà fait cela.
M. Bédard: Quand même vous me demanderiez de vous
répondre d'autre chose, j'essaie de vous répondre ce que je suis
capable de vous répondre à l'heure actuelle.
M. Samson: Oui, je ne demande pas au ministre de me dire ce qu'il
va introduire dans la Loi électorale un jour.
M. Bédard: Par les circonstances, je suis devenu parrain
de cette loi. Concernant la révision de la Loi électorale...
M. Samson: J'essaie de demander au parrain, M. le
Président, ce qui arriverait si quelqu'un voulait le faire comme cela.
Est-ce que cela serait légal? Il n'y aurait pas de problèmes.
M. Bédard: II n'y a pas de dispositions à l'effet
contraire.
M. Samson: Comme il n'y a pas de dispositions à l'effet
contraire, avis à ceux qui veulent commander des sondages.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le paragraphe b)
est adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Le paragraphe
c) est-il adopté?
M. Bédard: C'est la reproduction intégrale de la
loi 2.
M. Gratton: M. le Président, je conviens avec le ministre
que, dans presque la totalité des alinéas de l'article, il s'agit
de la reproduction intégrale du texte de la loi sur le financement des
partis politiques.
M. Bédard: Oui. Je n'ai pas voulu dire, par là, que
c'était la perfection nécessairement. C'était pour vous
donner ce renseignement que vous pouvez vérifier dans la loi 2 du
financement des partis.
M. Gratton: Si la loi du financement des partis politiques
existait depuis un certain temps et qu'on avait effectivement rodé
l'appareil dans une élection ou deux, on serait plus en mesure de dire:
Oui, c'est complètement satisfaisant ou non, il y aurait lieu de faire
les changements suivants. D'ailleurs, cela m'amènera à poser
certaines questions à un paragraphe ultérieur.
Le Président (M. Dussault): Le paragraphe c) est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Le paragraphe
d).
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Le paragraphe
e). M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Si je ne m'abuse, il s'agit effectivement de la
reproduction intégrale de l'article 101 de la loi du financement des
partis politiques.
M. Bédard: Le paragraphe h). (21 h 45)
M. Gratton: M. le Président, on a eu l'occasion je
pense que c'était le 1er avril, de déplorer une
coïncidence pour le moins curieuse qui mettait en cause la parution
d'annonces ou d'une campagne de publicité du directeur
général du financement des partis politiques qui expliquait la
teneur de la loi sur le financement des partis politiques. Il s'agissait
effectivement, au 1er avril, de la date d'entrée en vigueur de certains
des éléments, sinon de l'ensemble des dispositions de cette loi,
et cela coïncidait avec le lancement de la campagne de financement
populaire du Parti québécois. On avait même remarqué
dans certains journaux, en particulier dans le journal le Devoir et le Journal
de Québec que, sur la même page du même journal de la
même journée, on avait, d'une part, une annonce payée
à même les fonds publics par le président ou par le
directeur général du financement des partis politiques
expliquant, par exemple, que, dorénavant, un Québécois ou
un électeur pouvait faire une souscription à un parti politique
et profiter d'une exemption d'impôt sur cette contribution et en
décrivant les modalités. Et immédiatement en dessous, une
annonce partisane, payée je suppose par le Parti
québécois, invitant les Québécois à
contribuer volontairement à la campagne de financement populaire du
parti. Il ne s'agit pas de prêter d'intention à personne, mais
cela a été une coïncidence pour le moins heureuse pour le
Parti québécois. C'est peut-être ce qui explique en partie
le succès extraordinaire qu'a connu le Parti québécois
dans sa campagne de financement. Succès qui ne semble pas être
corroboré par les résultats du sondage dont on nous a
dévoilé le résultat ce soir. Toujours est-il que ma
question, M. le Président, vise à savoir du ministre...
M. Charbonneau: C'est l'opération "picossement"?
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Charbonneau: Vous pensez nous faire mal avec cela?
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Gratton: C'est qui, celui-là, M. le
Président?
M. Charbonneau: C'est un ingénieur, en tout cas. Ne vous
cassez pas la tête.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! M. le
député de Gatineau...
M. Gratton: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys a fait des signes au député et je ne vois
pas... 40 à 33.
M. Lalonde: M. le Président, pour les fins du journal des
Débats, 40% au Parti libéral, 33% à un autre parti et
l'Union Nationale était dans les autres partis à 8%, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Samson: M. le Président, question de règlement.
On a oublié de dire que ceux qui ont gagné le plus
là-dedans, ce sont les indécis qui ont augmenté de
14%.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Bédard: C'est la plus mauvaise chose qui pouvait vous
arriver. On a juste à remonter nos manches, nous autres, et ce n'est pas
malin, on va remonter à 50%, ce ne sera pas long.
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Lalonde: Cela vous fait peur, hein?
Le Président (M. Clair): À l'ordre. À
l'ordre, s'il vous plaît, messieurs. M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Ce que je vise, vous le devinez bien, M. le
Président. Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est comment...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Quelle assurance avons-nous, M. le Président,
que ces dépenses raisonnables seront faites pour la publication de
commentaires explicatifs de la présente loi? Cela a été le
cas de la campagne de publicité dont je vous ai parlé
tantôt par rapport à la loi... M. le Président, je suis
tanné de parler tout seul.
M. Bédard: Je pense que vous avez déjà fait
état de cette situation au leader de l'Opposition, M. Burns, qui vous
avait dit...
M. Gratton: Le leader du gouvernement.
M. Bédard: Le leader du gouvernement, pardon, M. Burns,
qui vous avait dit à ce moment que cela pouvait être une
malencontreuse coïncidence et je ne vois pas ce que j'aurais à
ajouter à cela.
M. Gratton: M. le Président, d'abord, je ne pense pas
avoir fait état de cela. J'ai fait état de cela à une
commission parlementaire où assistait le ministre des Communications et
je n'ai pas eu satisfaction. J'ai soulevé la question en Chambre
où je n'ai pas eu plus de satisfaction, M. le Président. On a
beau dire qu'on fait de la partisanerie de part et d'autre, le ministre
conviendra avec moi que s'il s'agit d'une campagne publicitaire pour expliquer
les dispositions de la Loi sur la consultation populaire, il y aurait lieu
d'exiger du président général des élections, qui
sera en fait l'officier responsable de l'application de cette loi dans une
certaine mesure, que la campagne de publicité qu'il pourrait
entreprendre à même les fonds publics, à même les
derniers publics, ne s'adonne pas à correspondre avec le lancement d'une
campagne préréférendaire, que ce soit de la part des
tenants de la souveraineté-association ou
de la part des tenants du fédéralisme renouvelé ou
de quelque option que ce soit.
M. Bédard: Je prends note de vos remarques.
M. Gratton: Je ne sais pas ce qui me donne l'impression que je
parle dans le vide, M. le Président.
M. Lalonde: C'est parce que vous parlez à des
péquistes, c'est pour cela.
M. Bédard: Pardon?
M. Lalonde: C'est parce que vous parlez à des
péquistes.
Le Président (M. Clair): Messieurs, le paragraphe e)
sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Sûrement pas, M. le Président.
M. Gratton: M. le Président, une dernière question
de ma part.
On parle, à la fois, à la 4e ligne... On qualifie que ne
sont pas considérées comme dépenses
réglementées ces dépenses raisonnables faites pour
expliquer la présente loi. On mentionne "pourvu que ces commentaires
soient strictement objectifs ". Est-ce que le ministre peut me dire qui juge de
l'objectivité des commentaires publiés?
M. Bédard: Le mieux n'est-il pas de laisser cette
responsabilité entière et complète entre les mains de ceux
qui sont responsables, en tout premier lieu, d'apporter les commentaires
explicatifs de la présente loi?
M. Gratton: C'est qui eux?
M. Bédard: On me dit que c'était dans la Loi
électorale depuis maintes et maintes années. Je pense bien que ce
n'est pas parce qu'il y a eu peut-être à un moment donné
une malencontreuse coïncidence qu'on doit remettre en cause cette
nécessité d'expliquer la loi.
M. Gratton: Effectivement, est-ce qu'on parle de...
M. Bédard: Cela pourrait même être fait par
les comités nationaux, leurs officiers.
M. Gratton: Je comprends que les comités nationaux et
leurs officiers pourraient formuler les plaintes; ils les formuleraient
à qui? Au président général des
élections?
M. Bédard: Des élections.
M. Gratton: C'est lui qui déciderait si les commentaires
sont strictement objectifs ou pas? Quelle que soif sa décision...
M. Bédard: II n'y a pas de droit de recours.
M. Gratton: On ne peut pas dire que c'est tellement rassurant
pour la population en général, compte tenu de la malencontreuse
coïncidence qu'on a connue et qui relevait dans une certaine mesure du
directeur général du financement des partis politiques, parce que
c'est lui effectivement qui avait autorisé la campagne de
publicité.
M. Lavoie: M. le Président, le strict minimum, il n'est
pas dit par qui sont faites ces dépenses. Et la publication de
commentaires, il n'est pas dit par qui c'est fait. Je pense que c'est un strict
minimum, il faudrait dire les dépenses raisonnablement faites pour la
publication par le directeur général des élections ou le
directeur général du financement des partis politiques.
M. Bédard: Cela peut être les comités
nationaux qui veuillent...
M. Lavoie: Non, je ne pense pas. Je pense que l'intention de
l'article c'est par... Je pense qu'il y a de quoi s'accrocher beaucoup, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Peut-être le ministre pourrait-il nous
expliquer quelle est l'intention visée, les dépenses de qui?
M. Bédard: C'est une transposition; ne voyez pas de noirs
complots ou de sombres desseins.
M. Ciaccia: Non, je l'ai demandé à titre
d'information.
M. Bédard: C'est une transposition je l'ai dit
avant que vous arriviez intégrale du paragraphe h) de l'article
101 de la Loi régissant le financement des partis politiques.
M. Ciaccia: Pourquoi vous l'avez mis là, quel était
le but? Il devait y avoir une raison.
M. Bédard: Parce qu'il était déjà
dans la Loi électorale et il a été transposé dans
la Loi régissant le financement des partis politiques.
M. Gratton: II y a bien d'autre chose dans la Loi
électorale que vous ne transposez pas dans la loi actuelle.
M. Bédard: Non, mais c'est concernant les dépenses,
parce qu'il y a un principe de réglementation des dépenses quand
même dans la Loi électorale. Vous conviendrez avec moi que cela se
jumelle très bien avec le principe de réglementation des
dépenses qui existe également dans la présente loi.
M. Ciaccia: Si c'est une annonce qui n'a pas l'objectif d'avoir
une publicité de nature à favoriser ou à
défavoriser une option, ce ne serait pas un des comités nationaux
ou un parti politique qui va mettre une telle annonce.
M. Beauséjour: J'ai l'impression que c'est
quelque chose qui vient expliquer. Supposons qu'il faut se
présenter à tel endroit pour une question de révision,
j'imagine, ou pour une question de vote. On voit cela, quand il y a une
élection, il faut aller se présenter à tel endroit.
M. Gratton: Oui.
M. Beauséjour: II y a une grande page où c'est
indiqué. Je suppose que c'est cela.
M. Gratton: Par exemple, une circulaire à l'intention des
électeurs leur disant: Vous votez à telle adresse ou à tel
endroit, au moment du référendum, circulaire qui serait
émise par un comité national, est-ce cela qu'on vise au
paragraphe e)?
M. Bédard: Comme cela arrive dans le temps des campagnes
électorales, où, à un moment donné, il y a de
l'information pour indiquer aux représentants de bureaux de scrutin, ou
encore aux votants à quelle place voter, comment faire son X. Des choses
comme cela. Des indications.
M. Gratton: C'est fait par qui?
M. Bédard: C'est fait par les partis politiques. Vous le
savez.
M. Gratton: Et, en l'occurrence, ce serait par les comités
nationaux.
M. Bédard: Et là, ce peut être par les
comités nationaux.
M. Gratton: Le comité national du oui ou du non ou du
"tet-ben", indépendamment de la question, parce que c'est une loi-cadre,
il ne faut pas oublier cela, pourrait prendre sur lui-même
d'émettre une circulaire, ou la carte, on appelle cela la carte du
votant, la carte de "pol", disant: Vous votez à telle adresse, à
telle date, de telle heure à telle heure, sur le
référendum. Au bas, il y aura un carré qui dirait: Oui
mettre un X ou Non mettre un X comme on le fait
dans le cas d'une élection. Cela ne serait pas une dépense
réglementée?
M. Bédard: Non, ce n'est pas cela...
M. Gratton: Ce n'est pas cela que vous voulez dire?
M. Bédard: ... parce qu'il faut lire...
M. Gratton: Non, je savais mauditement bien que ce n'était
pas cela que vous vouliez dire.
M. Bédard: ... l'article tel qu'il est libellé:
"les dépenses raisonnables faites pour la publication de commentaires
explicatifs pas explicatifs de n'importe quoi de la
présente loi et des instructions émises sous son empire, pourvu
que ces commentaires soient strictement objectifs et ne contiennent aucune
publicité de nature à favoriser ou à défavoriser
une option soumise à la consultation populaire." Ce qui était
auparavant: "pourvu que ces commentaires soient strictement objectifs et ne
contiennent aucune publicité de nature à favoriser ou
défavoriser un candidat...".
M. Gratton: Premièrement, il n'y a pas un comité
national qui pourra faire quelque publication que ce soit sans identifier la
provenance de la publication. Donc, il faudra que ce soit identifié
"comité national du oui" ou "un comité national du non"...
M. Bédard: Sauf cela. C'est cela que ça veut
dire.
M. Gratton: Mais pourquoi sauf cela?
M. Bédard: Ce n'est pas une dépense
réglementée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas
réglementé.
M. Bédard: Ce n'est pas réglementé; ce ne
l'est pas dans les élections générales. On
considère que cela n'est pas réglementé non plus dans une
période référendaire.
M. Gratton: Alors, un comité national, quel qu'il soit,
pourra faire parvenir et rédiger faire la rédaction
publier et distribuer la carte disant à l'électeur: Vous votez
à tel endroit. Il ne peut pas.
M. Bédard: Ce sont des "commentaires explicatifs de la
présente loi et des instructions émises sous son empire je
pense que là il faut vraiment s'en tenir au texte pourvu que ces
commentaires soient strictement objectifs..."
M. Vaillancourt (Jonquière): Exemples: Qui peut voter? Qui
n'a pas droit de vote? Comment se calculera le vote? En fait, tout ce qui est
compris dans la loi, la mécanique.
M. Gratton: Si le comité national décide
d'émettre cette circulaire disant: Vous avez droit de vote au
référendum portant sur la question X et vous votez de telle heure
à telle heure, à telle date.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous assimilez trop cela
à la carte d'électeur.
M. Bédard: C'est la carte d'appel qui peut être
très politique à mon sens.
M. Gratton: Oui, mas je ne sais pas qui va juger si c'est
strictement objectif...
M. Bédard: Non, ce n'est pas la même chose. C'est
"la publication de commentaires explicatifs de la présente loi et des
instructions émises.."
M. Gratton: C'est la présente loi de dire qu'ils ont le
droit de vote.
M. Bédard: Oui, "pourvu que ces commentaires soient
strictement objectifs".
M. Vaillancourt (Jonquière): Je peux dire que l'article 28
prévoit que... ont droit de vote.
M. Ciaccia: C'est objectif de dire à quelqu'un qu'il a le
droit de vote?
Le Président (M. Clair): Si ce n'est pas
identifié.
M. Gratton: J'ai l'impression, M. le Président je
ne veux pas m'éterniser là-dessus que ce qu'on veut dire
à l'article e), c'est que ces publications ou ces dépenses
raisonnables sont normalement faites soit par le président
général des élections ou le directeur
général du financement des partis politiques, mais pas par un
comité national. Je ne vois réellement pas quelle sorte de
publication ou quelle sorte de dépenses raisonnables un comité
national voudrait faire qui sont couvertes par le paragraphe e).
Si vous me dites: S'il peut y en avoir, ou en trouvera bien
éventuellement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Gatineau, si cela avait été l'intention du législateur, il
me semble qu'il aurait pensé à écrire le mot "par"
disons, "par" le directeur du financement ou "par" le directeur
général des élections. Pourquoi le législateur ne
l'a-t-il pas écrit? (22 heures)
M. Ciaccia: C'est nous autres.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bien oui, d'accord, c'est
nous autres, mais pourquoi?
M. Ciaccia: C'est pour cela que j'ai demandé ce que visait
le ministre par cela. Nous sommes les législateurs. Quelles sont nos
intentions? Pas moyen de savoir quoi que ce soit.
M. Vaillancourt (Jonquière): On se pose la question, mais,
dans le texte initial de la loi, ce n'était pas là. Il doit y
avoir une raison, il me semble.
M. Gratton: Oui, mais le texte initial! On n'a pas vécu
avec le texte initial de la loi; on a adopté cela l'an dernier et il n'y
a pas eu d'élections, même partielles depuis l'an dernier. Alors,
on n'est pas en mesure de juger si le texte qu'on a adopté l'an dernier
est bon ou mauvais ou épouvantable.
M. Bédard: Écoutez, on essaie de voir ce qu'il en
est là. Cela peut peut-être couvrir la possibilité pour des
comités nationaux qui font la réunion de leurs partisans ou de
leurs organisateurs de leur faire part justement de commentaires explicatifs de
la loi pour qu'ils puissent eux-mêmes informer leurs membres.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Moi, je suis un peu comme les
Québécois, d'après le sondage, qui sont passés de
44% à 51% d'insatisfaction. Je ne suis pas tout à fait satisfait
du gouvernement actuellement. Si je ne me sentais pas appuyé par
l'insatisfaction des Québécois à 51% actuellement,
peut-être que je ferais confiance au gouvernement. Mais avec des
interrogations du député de Gatineau je me pose des questions et
je ne peux pas lui faire confiance à ce gouvernement. Alors, j'attends
des réponses du ministre qui est en train de se faire souffler des
réponses actuellement.
M. Bédard: Alors, la Loi électorale parle "des
dépenses faites pour la publication de commentaires explicatifs de la
présente loi et des instructions émises sous son empire, pourvu
que ces commentaires soient strictement objectifs et ne contiennent aucune
publicité de nature à favoriser ou à défavoriser un
candidat ou un parti".
Le Président (M. Clair): Le paragraphe e) sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division. Le
paragraphe f).
M. Lalonde: J'aurais une question, M. le Président, sur le
paragraphe f). Est-ce qu'il arrive qu'il y a des partis autorisés qui
n'ont pas de bureau permanent dans l'île de Montréal ou dans la
ville de Québec?
M. Gratton: Cela arrivera sûrement à ceux qui n'ont
que 8%...
M. Lalonde: Je ne parle pas des partis moribonds; je parle
d'autres partis.
M. Gratton: Vous savez qu'il y a un parti qui ne reçoit
que 8% des appuis au sondage dont on a publié les résultats.
M. Bédard: C'est cette arrogance qui fait que vous
êtes dans l'Opposition aujourd'hui.
M. Lalonde: Je n'aimerais pas être interrompu par le
député de Gatineau, M. le Président. Je comprends que les
partis moribonds à 8%...
M. Grenier: Profitez-en. Parfois, cela ne dure pas longtemps.
Jouissez ce soir, les jouissances permises...
Le Président (M. Clair): Messieurs, ce n'est pas
pertinent.
M. Lalonde: Je pense que le député...
Le Président (M. Clair): Messieurs, ce n'est pas
pertinent. Ce que je dis vaut tant pour le député de Gatineau,
que pour celui de Marguerite-Bourgeoys, pour celui de Mégantic-Compton
et
pour tous les autres députés, et le ministre
également; il est également député.
M. Lalonde: Non, je pense au parti, par exemple, du
député de Rouyn-Noranda. Peut-être qu'il n'a pas une
permanence à Montréal ou à Québec; peut-être
que sa permanence est ailleurs. Il me semble qu'il faudrait qu'il pose des
questions.
M. Samson: M. le Président, c'est copié directement
de la Loi électorale et il me semble que, dans le passé, on a
vécu avec cela, puis on a réussi à survivre malgré
tout, si peu peut-être, mas il reste que cela fait la preuve que cela
n'en prend pas beaucoup parfois pour fournir un apport précieux à
des commissions parlementaires. La preuve, c'est que vous avez des amendements
que vous avez acceptés qui viennent du député de
Rouyn-Noranda.
M. Grenier: Pour un gouvernement qui se pense bien fort, partir
de 102 et descendre à 26.
M. Samson: M. le Président...
M. Lalonde: Passer de 19 à 8, ce n'est pas fort.
M. Samson: ... la question qui est posée devrait
être...
M. Grenier: Partir de 1 à 11, c'est pas mal fort dans une
élection.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît! Le député de Rouyn-Noranda est en train
d'intervenir et son intervention est pertinente. Je vous prierais de respecter
son droit de parole.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Samson: II se peut qu'il y ait des partis et ce n'est
pas à moi de les qualifier qui n'ont pas de permanence.
Maintenant, quand on parle de permanence, il peut y en avoir de
différentes sortes. Il peut y en avoir qui coûtent cher, d'autres
qui coûtent moins cher. Mais il reste que si on s'informe au bureau du
financement des partis politiques, on s'apercevra qu'il y a sept partis
politiques qui sont enregistrés et reconnus, dont ceux que vous
connaissez qui sont présents à l'Assemblée nationale, un
autre qui s'appelle le Parti des travailleurs et l'autre qui s'appelle le Parti
communiste du Québec. Et ils sont reconnus selon la Loi régissant
le financement des partis politiques. Auront-ils ou ont-ils une permanence? Je
ne le sais pas, M. le Président. Mais j'ai l'impression que si un parti
politique veut aller quelque part un jour, il faut qu'il y ait au moins une
permanence quelque part, et il me semble que ce n'est pas exagéré
de nous parler de Montréal et de Québec. Bien sûr,
j'apprécie que le député de Marguerite-Bourgeoys ait
mentionné que la permanence d'un parti pourrait être ailleurs.
Dans le cas présent, il ne semble pas que cela s'applique pour le
moment. Peut-être qu'un jour, quand la baie James sera plus
développée, tous les partis voudront venir installer leur
permanence à Rouyn-Noranda. Parce que nous serons le coeur du
Québec, à ce moment-là. Mais pour le moment, cela ne
s'applique pas. On va continuer à développer.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe f) sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'indique qu'au
paragraphe f) il y avait le remplacement, à lavant-dernière
ligne, des mots "des élections" par les mots "du financement des partis
politiques ".
Le paragraphe g).
M. Bédard: Au lieu de "les intérêts accrus "
ce serait "les intérêts courus". Il semble que c'est le
terme...
M. Lalonde: Le mot "accru" est un anglicisme. Accrude.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe g) est-il
adopté?
M. Lalonde: On attendait mieux que cela d'un gouvernement
péquiste.
Le Président (M. Clair): Adopté.
Le paragraphe h).
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je veux simplement lire les dispositions parce que
cela a l'air d'un sondage je n'en ferai pas état, je sais que
vous me direz que je fais... mais étant donné que les
Québécois sont insatisfaits, cela m'affecte. Il y a la Commission
des droits de la personne, en ce qui concerne les $300 que l'on retrouve au
paragraphe h), qui a émis l'opinion que ce soit un minimum. Je
demanderais au ministre s'il a l'intention de le modifier. Je me
réfère au bas de la page 7 de la dernière opinion de la
commission qui dit: "Si l'on en saisit bien le sens, cette liste permet, en
quelque sorte, aux individus, à des groupes non désireux de
s'associer à un comité national, pour une raison ou pour une
autre, de contribuer de leur travail et de leurs efforts aux débats
référendaires, à condition, bien sûr, que cela soit
fait gratuitement ou bénévolement. Le maximum de dépenses
permises ayant été fixé au paragraphe h) à $300
pour la tenue d'une réunion, y compris la location de la salle et la
convocation des participants..." Et au haut de la page 8 on lit ceci: ... "que
dire, sinon qu'il s'agit d'un minimum". Je me demande si le ministre a
réagi à cette opinion percutante de la commission, à
savoir s'il a l'intention de modifier le paragraphe h).
M. Bédard: Je trouvais cette opinion percutante
jusqu'à ce que le député de Marguerite-Bourgeoys fasse le
calcul à cette commission que cela pouvait représenter une
dépense possible d'au-delà de $1 milliard. C'est suffisamment
large.
M. Lalonde: Ce n'est pas moi qui ai fait ce calcul.
M. Bédard: Alors, c'est un membre de l'Opposition.
M. Gratton: C'est moi.
M. Bédard: Oui? D'accord. Je pense que c'est un minimum
très acceptable...
M. Lavoie: Suite à notre intervention sur les
comités nationaux, je crois que ce serait l'endroit où nous
voulons faire une dernière représentation contre ces
comités nationaux forcés, très restreints, remplis de
contraintes et de contrôles. Je voudrais vous soumettre l'amendement
suivant: Remplacer le paragraphe h) par le suivant. Je vais vous le lire. Le
paragraphe h) se lirait comme suit et cela deviendrait une dépense non
réglementée. Les dépenses effectuées par un
électeur, un groupe, un syndicat ou une association, à
l'exclusion des corporations commerciales, financières et industrielles,
et par un parti politique conformément aux dispositions suivantes: a) un
électeur, un total de dépenses à même ses propres
fonds qui ne peut excéder $3000. b) une déclaration au directeur
général du financement des partis politiques de toute
dépense de plus de $100. b) en ce qui concerne un groupe a) un total des
dépenses à même ses propres fonds qui ne peut
excéder $3000. b) une déclaration au directeur
général du financement des partis politiques de toute
dépense de plus de $100. c) quant à un parti politique a) un
total de dépenses à même ses propres fonds qui ne peut
excéder $3000. b) une déclaration au directeur
général du financement des partis politiques de toute
dépense de plus de $100. c) en ce qui concerne le parti politique, une
autorisation du directeur général du financement des partis
politiques pour des dépenses dont le total excède $3000 et
assujettissement à la Loi régissant le financement des partis
politiques quant à la nomination d'un agent officiel, la limitation des
contributions permises, la limitation aux seuls électeurs des sources de
financement, la divulgation, le rapport...
M. Lalonde: Ce n'est pas enregistré. Ajoute la
divulgation.
M. Lavoie: La divulgation et le rapport. M. le Président,
d'une façon très ferme, je voudrais encore une fois...
Le Président (M. Clair): Je m'excuse de vous interrompre,
M. le député de Laval. Avant de vous laisser argumenter sur le
fond de cette motion d'amendement, je veux d'abord m'assurer si quelqu'un
soulève la question de la recevabilité de cette motion
d'amendement. Quelqu'un soulève-t-il la question de la
recevabilité de la motion d'amendement? Est-ce qu'elle a
été distribuée?
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'on pourrait en
avoir une copie, M. le Président?
M. Lavoie: ... remplacer le paragraphe h) par le suivant. J'ai
fait la correction sur la copie que j'ai remise au président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement sur la recevabilité. Il est clair qu'il a
été souvent dit que l'un des principes fondamentaux de la loi,
c'était le principe du contrôle des dépenses. Depuis le
début, l'Opposition officielle nous dit qu'elle est pour ce
contrôle. Par contre, elle a régulièrement des amendements
qui nous démontrent qu'effectivement elle ne voudrait pas avoir ce
contrôle des dépenses. L'amendement que nous avons actuellement
écarte tout simplement l'un des principes fondamentaux de ce projet de
loi, premièrement, en ce qui concerne l'électeur,
deuxièmement, en ce qui concerne les groupes et, troisièmement,
en ce qui concerne les partis politiques.
M. le Président, manifestement, cette motion d'amendement est
irrecevable puisqu'elle est à l'encontre de l'un des principes
mêmes qui ont été votés en deuxième lecture.
Vous savez fort bien que nous ne pouvons, en commission plénière
ou en commission parlementaire, écarter ou revenir sur un principe qui a
été adopté à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture. L'amendement, tel que rédigé et
formulé par le député de Laval, a justement pour effet
d'écarter l'un de ces principes fondamentaux qui font partie
intégrante de la loi no 92.
M. Gratton: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau. (22 h 15)
M. Gratton: M. le Président, je trouve assez curieux que
le député de Jonquière fasse perdre le temps à la
commission à argumenter sur la recevabilité puisque
vous-même avez accepté, au moment où nous avons
utilisé l'article 21, qu'une telle motion d'amendement puisse être
débattue. C'est d'ailleurs le ministre lui-même qui, au moment
où il nous pressait de voter l'article 21 et de défaire
l'amendement que nous avions présenté à l'article 21, nous
avait dit, à ce moment-là: C'est prématuré. C'est
vous-même qui, en la déclarant recevable avec certaines
qualifications, aviez dit: Ce n'est peut-être pas l'endroit où il
faudrait faire la motion d'amendement. Je dois être aussi ouvert que
possible. Effectivement, vous aviez déclaré qu'à l'article
21 il était possible de faire une motion d'amendement pour permettre
à un individu, à un groupe ou à un parti politique de
participer à la campagne référendaire.
Donc, le député de Jonquière est tout à fait
dans les patates lorsqu'il nous dit qu'à l'article 26 on ne peut
proposer la motion d'amendement que vient de faire le député de
Laval alors que c'est à la demande expresse du ministre de la Justice
qu'on a attendu l'étude de l'article 26 pour le faire. Je vous
inviterais donc à la déclarer recevable pour qu'on en dispose,
qu'on en débatte le plus tôt possible.
M. Bédard: À partir du moment où on parle
c'est simplement une réflexion de partis politiques et de
contributions, est-ce qu'on ne va pas à l'encontre du principe dont nous
avons discuté, à savoir que les partis politiques devaient
s'insérer à l'intérieur des comités? D'ailleurs, il
y a eu un amendement qui a été présenté par le
Parti libéral sur ce sujet très spécifique, à
savoir si les partis ou les groupes pouvaient faire la campagne
référendaire sans s'affilier à un comité. Alors, je
me demande si cela ne va pas à l'encontre.
M. Gratton: M. le Président, ce que je viens de dire,
c'est que quand on a fait cette motion d'amendement à l'article
21...
M. Vaillancourt (Jonquière): Le ministre ne s'est pas
lié pour sa décision à venir.
M. Gratton: Quand on a fait la motion d'amendement dont parle le
ministre, le ministre nous a dit: On en discutera au moment opportun,
c'est-à-dire au moment où on parlera des dépenses
référendaires. C'est ce qui l'a inspiré à demander
au groupe ministériel à voter contre l'amendement qu'on avait
fait à l'article 21. À ce moment-ci, qu'on s'est fait "fourvoyer"
royalement par le gouvernement. Je suis sûr que vous, en tant que
président, vous ne vous prêterez pas à ce jeu.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
recevabilité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le seul argument qui a été
évoqué par le député de Jonquière, c'est que
le sous-paragraphe h) de l'article 26 traite du contrôle des
dépenses. Or, si vous lisez, même à vol d'oiseau,
l'amendement, vous voyez qu'au sous-paragraphe a), on parle d'un total de
dépenses à même ses propres fonds qui ne peut
excéder $3000. Vous avez la même chose au paragraphe B) a)
où on dit: Un total des dépenses à même ses propres
fonds qui ne peut excéder $3000. La même chose pour le paragraphe
C) a), et tout le reste de l'amendement est en fonction du contrôle.
Alors, je pense que l'argument du député de Jonquière est
un petit peu exagéré, pour le moins. L'amendement du
député de Laval veut simplement changer il faut qu'un
amendement change quelque chose, vous le savez, c'est le règlement qui
le dit le contrôle qui est proposé par l'article h) qui est
de $300 par personne pour une réunion.
Nous autres, on dit: C'est autre chose. Pour un électeur, c'est
un total des dépenses, etc., contrôlé encore, à
$3000. C'est un maximum. Pour un groupe et pour un parti politique, c'est la
même chose.
Je pense que l'amendement du député de Laval reste
totalement dans le principe, ne le contredit pas, parce que nous sommes
à un article d'exception. Qu'est-ce qui n'est pas une dépense
réglementée? On dit: Quant à nous, cela devrait être
telle chose.
M. Lavoie: M. le Président, très brièvement.
Je pense bien qu'on ne va à l'encontre d'aucun principe du projet de
loi. D'ailleurs, l'article h), actuellement, couvre un montant de $3000
même pour un individu ou pour un groupe. À l'article h): "... un
individu ou un groupe qui peut tenir une réunion".
M. Bédard: Ce doit être fait au comité
national. C'est ce que vous voulez dire?
M. Lavoie: Non.
M. Bédard: Des contributions comme à l'article
62.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: L'article h) donne une exception aux dépenses
réglementées, donne l'autorisation à un individu ou
à un groupe ou même à un parti qui n'appartient pas
à un comité national d'encourir des frais non supérieurs
à $300 pour la tenue d'une réunion, notre amendement étant
cette exception à l'article 25 qui parle des dépenses
réglementées, pour un individu, pour un groupe. Un parti
politique, c'est un groupe. Le parti politique est compris dans un groupe. Au
lieu de $300, on se rattache à $3000 qui est dans la loi 2. On ne va
contre aucun principe, M. le Président. Souvent, on s'inspire des notes
explicatives d'un projet de loi pour déterminer les principes qu'il y a
dans un projet de loi. Dans les notes explicatives, il est dit: "Les sections
II et III établissent certains contrôles sur les dépenses
encourues pendant une période référendaire". Il y a
contrôle et contrôle. Il y a certains contrôles prévus
dans la loi. Nous modifions ces contrôles, c'est tout. Il n'y a aucun
principe qu'on attaque dans le projet de loi. Je ne verrais pas pourquoi ce ne
serait pas recevable, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... brièvement. Tout
d'abord, le député de Marguerite-Bourgeoys a souligné avec
raison que dans le texte de l'amendement on parlait de "ne peut
excéder". M. le Président, le paragraphe pourrait se lire: Un
total de dépenses, à même ses propres fonds, qui ne
peut excéder $20 000.
M. Lavoie: $1 million.
M. Vaillancourt (Jonquière): On pourrait toujours entre
guillemets employer le terme "contrôles", mais c'est une façon de
parler. M. le Président, j'aimerais vous rappeler qu'en date du 12 juin
1978 le député de Marguerite-Bourgeoys a présenté
une motion d'amendement qui se lisait comme suit à l'article 21: Ajouter
à la fin de l'article 21 l'alinéa suivant: "Un électeur,
un groupe ou un parti politique peut participer à la campagne
référendaire sans nécessairement adhérer
là, on avait eu une petite discussion sur adhérer ou appartenir
à un comité national". Cette motion avait
été rejetée par six voix contre trois. M. le
Président, si on regarde l'amendement de l'Opposition officielle, on se
rend compte que, par le paragraphe a), par le paragraphe b) et par le
paragraphe c), on essaie de revenir sur une question, dont cette commission
parlementaire a déjà décidé, puisque l'amendement
du député de Marguerite-Bourgeoys avait été
rejeté par six voix contre trois.
M. le Président, je pense qu'on essaie manifestement, sous le
couvert du contrôle des dépenses, de revenir grosso modo à
l'amendement qui avait été rejeté le 12 juin 1978 et qui
avait été présenté par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lavoie: Très brièvement, il faut bien dire que
cet amendement que nous avons apporté à l'article 21 touchait la
section l, qui concernait l'appartenance aux comités nationaux.
L'amendement a été reçu en bonne et due forme autant pour
les individus, les groupes et les partis au chapitre des comités
nationaux. Nous sommes maintenant à la section II qui traite des
dépenses réglementées. Cet amendement ayant
été reçu pour les individus, les groupes et les partis
à la bonne section, a été débattu et a
été battu. Là, c'est un corollaire; nous revenons sur les
individus groupes et partis non pas comme appartenance à un
comité national, mais comme droit de dépenser, comme droit
d'encourir des frais qui ne sont pas réglementés. Je crois que
c'est la seule place où on peut faire l'amendement, M. le
Président, et je pense bien que vous devez être assez
éclairé pour rendre une décision sage.
Le Président (M. Clair): Messieurs, pour déterminer
de la recevabilité de cette motion d'amendement, je résume, d'une
part, le paragraphe h) et, d'autre part, la motion d'amendement qui est
proposée. Au paragraphe h), en ce qui concerne premièrement
l'argument du député de Jonquière, à savoir que la
commission a déjà disposé d'une motion d'amendement
à l'article 21 visant à ajouter, à la fin, l'alinéa
suivant: "Un électeur, un groupe ou un parti politique peut participer
à la campagne référendaire sans nécessairement
adhérer à un comité national", j'avais
déclaré recevable cet amendement à l'époque en
indiquant bien, cependant, qu'il se situait à la limite dans le cadre de
la discussion qu'on avait eue à ce moment sur l'article 21.
Maintenant, quand le député de Jonquière invoque
l'argument qu'on reviendrait sur une question dont on a déjà
décidé, il m'apparaît que le paragraphe h), plus
particulièrement de l'article 26. tel qu'il apparaît actuellement,
ne comporte pas de désignation de qui pourrait faire une dépense
encourue pour une réunion, etc. ou de limitation à $300, de sorte
que même si l'amendement dont on a déjà discuté et
dont la commission a déjà disposé, fait
référence, d'une certaine façon, au principe en cause
à l'article h), étant donné qu'à ce paragraphe h)
il n'y a pas de limitation à un électeur, un groupe, ou un parti
politique, il me paraît que cet argument n'est pas déterminant,
puisque, effectivement, en prenant connaissance de l'article h) et de
l'amendement, c'est plutôt dans l'amendement proposé par le
député de Laval qu'on retrouverait une limitation à un
électeur, un groupe, un syndicat, ou une association, à
l'exclusion de telle ou telle corporation.
D'autre part, l'amendement comporte une limitation de montant. Il y
avait déjà une telle limitation au paragraphe h), et la motion
d'amendement propose une limitation des objets, mais elle ne comprend pas de
limitation des objets pour lesquels des dépenses peuvent être
encourues. Il y avait de telles limitations au paragraphe h) puisque des
dépenses limitées pouvaient être encourues pour des objets
déterminés. Mais cependant, même s'il n'y a pas de
limitation à la motion d'amendement du député de Laval, il
me paraît que ce n'est pas suffisant pour contredire le principe
déjà affirmé en deuxième lecture et que ce n'est
pas suffisant non plus pour en venir à la conclusion qu'on
écarterait ainsi la question principale.
Tant parce que l'amendement proposé n'écarte pas la
question principale, que parce qu'il ne contredit pas un principe
déjà affirmé en deuxième lecture, je déclare
l'amendement recevable.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Je voudrais faire un
dernier appel au ministre responsable de ce projet de loi sur tous les doutes
et les appréhensions que nous avons dans son intention exprimée
dans la loi de contrôler d'une manière absolue, avec un corridor
des plus sévères, la participation des individus, des groupes,
des partis politiques qui ont toujours eu, ici au Québec, et je dirais,
dans le monde entier, une latitude d'action, une latitude d'expression, une
latitude d'association dans quelque débat public que ce soit. Cela
existe en vertu de la Loi électorale, cela existe en vertu de la Loi
régissant le financement des partis politiques. En vertu de la loi 2, un
parti politique peut. Le Parti québécois aurait été
autorisé, lors de sa campagne de financement, à recueillir $5
millions, $10 millions, $20 millions, rien ne l'empêchait, il n'y a
aucune limite dans la souscription
que les gens peuvent faire, les contributions qu'ils peuvent faire aux
partis politiques, en dehors des campagnes électorales.
Dans les campagnes électorales, il y a de telles restrictions de
dépenses parce que c'est énormément plus facile
d'application. Le candidat X a le droit de se présenter dans un district
électoral et avec une certaine mesure, égalité des
chances, peut solliciter la confiance de ses électeurs.
D'ailleurs, il y avait aujourd'hui même, dans la Presse, un autre
éditorial qui s'ajoute à une multitude d'autres, un
éditorial de Marcel Adam intitulé "Une certaine conception de
l'égalité des chances". D'après les informations, moi, je
pourrais citer certainement quatre, cinq, six éditoriaux au
Québec, des représentations de groupes qui sont venus se faire
entendre lors de l'audition du livre blanc. (22 h 30)
Je pourrais citer des éditoriaux de la Gazette, de pratiquement
tous les journaux où on exprime énormément de
réserve sur ces contraintes archisévères. D'ailleurs,
à ma connaissance, je ne connais même pas un éditorialiste
au Québec qui a endossé la position sévère,
draconienne du gouvernement sur cette question. Je ne lirai pas tout
l'éditorial de M. Adam, mais je pense qu'il a bien saisi la situation
qui se présentera lors de l'émission des brefs. On ne veut pas
attacher une importance trop forte, et on ne l'attache pas, avec
l'expérience que nous avons cueillie dans d'autres pays, notamment en
Angleterre, en Norvège, en Suède, et je pourrais vous en nommer
une quinzaine qui ont l'expérience référendaire. Encore
là, comme les éditorialistes, je ne connais aucun pays au monde
qui a imposé dans ses statuts, dans une loi, des contraintes aussi
sévères, aucun exemple. Dans les États américains,
je ne vous ferai pas la litanie de tous les pays qui connaissent
l'expérience référendaire, c'est la première fois,
c'est une première mondiale que le Parti québécois impose
dans une loi aux électeurs du Québec.
J'inviterais le ministre à me donner un seul exemple, une seule
expérience qui a été faite à l'extérieur.
D'ailleurs, M. Adam dit, et on le reconnaît: Les jeux seront faits lors
de l'émission des brefs, en grande partie. Je suis convaincu que
l'opinion des Québécois sera faite lors de l'émission des
brefs, peut-être à 1% ou 2% près. D'ailleurs, le Parti
québécois l'a déclaré le plus directement possible
par la bouche du ministre des Finances qui a dit que, depuis le 15 novembre,
tous les gestes posés par le Parti québécois sont en vue
du référendum. Tout le monde le reconnaît, cela veut dire
que nous sommes déjà, autant pour les fédéralistes
et les autres, en campagne préréférendaire. Nous le
sommes. La fête nationale des Québécois, en fin de semaine,
est en pleine campagne référendaire. Les brochures que vous
faites distribuer, soit dans les écoles, sur le drapeau national,
l'origine du fleur de lys, c'est un élément de la campagne
préréférendaire. Les subventions que vous donnez à
l'Institut du cinéma québécois pour filmer des visites du
premier ministre, soit aux États-Unis ou à l'étranger,
c'est en vue de la campagne préréférendaire, et les
groupes fédéralistes: Québec-Canada et autres, le
fédéral sont déjà dans la campagne
préréférendaire. Tout le monde est dans la campagne
préréférendaire, qu'on ne se le cache pas.
C'est sûr que c'est impossible vous ne pouvez pas, vous y
avez peut-être pensé de contrôler la campagne
préréférendaire, mais je pense que c'est impossible.
À ce moment, vous avez décidé de contrôler d'une
manière des plus strictes la vraie campagne référendaire,
c'est-à-dire à partir de l'émission des brefs, une
campagne qui durera peut-être entre 20 et 60 jours, au maximum, tel que
la loi le prévoit.
Je l'ai répété, et nous l'avons
répété plusieurs fois, vous attachez vraiment trop
d'importance à la question financière, à la question de
publicité et autres. Je pense que vous ne faites pas assez confiance
à la population. L'idée de la population sera faite lors de
l'émission des brefs. Vous ne respectez pas assez l'intelligence des
Québécois, de nos concitoyens. Je cite Marcel Adam, dans
l'éditorial d'aujourd'hui, dans la troisième colonne: "Alors,
à quoi rime, dans le projet de loi 92, ces dispositions
tracassières, réglementant rigoureusement les libertés
d'association et d'expression, afin, prétend-on, d'empêcher que
l'argent joue injustement en faveur d'une option, au détriment de
l'autre? "
Un peu plus loin, quelques lignes plus loin: "Je sais bien qu'il est
impensable, dans une société démocratique, de
réglementer de la sorte, et pendant longtemps, le débat
public."
Je ne reviendrai pas aux commentaires de la Commission des droits de la
personne qui, dans neuf pages, à cinq endroits différents,
explique et fait une mise en garde au gouvernement sur les écueils et
montre justement un peu de distance, la membrane tellement mince qui existe
entre un contrôle absolu des dépenses et le danger
d'empiéter sur des droits individuels de s'exprimer, d'avoir une
idée, de transmettre cette idée, de s'associer avec qui que ce
soit dans un débat public. Je vous dis, M. le ministre, et je n'en fais
pas un débat partisan, que j'entretiens des doutes sérieux
même sur la légalité de ces dispositions. Je vais plus loin
que cela, je me demande si, premièrement, elles respectent la Charte des
droits et libertés de la personne qui a été adoptée
en cette Assemblée il y a quatre ans. Pour avoir l'argument le plus
fort, même si cette charte n'existait pas, je me réfère
à des propos du ministre actuel de l'Éducation, M. Jacques-Yvan
Morin. On sait qu'il est un expert, et il a été un professeur
d'université sur les questions constitutionnelles.
M. Bédard: Vous les avez déjà
citées.
M. Lavoie: Je vais les citer de nouveau, ce n'est pas très
long, c'est à peine une quinzaine de lignes, pour vous dire comment
c'est profond dans nos racines, comment c'est ancré dans nos
moeurs...
M. Godin: C'est du vieux stock.
M. Lalonde: La jurisprudence, c'est bon.
M. Lavoie: C'est à la page 2753, journal des Débats
du mardi 21 novembre 1974, lors de l'étude de la loi créant cette
charte; "En sixième lieu, les libertés publiques auxquelles il
est fait allusion de manière un peu trop rapide dans l'article 3 du
projet de loi, c'est-à-dire les libertés de religion, de
pensée, d'expression, sont déjà protégées
dans une large mesure par le droit public de ce pays. Dans la tradition
britannique, c'est la jurisprudence qui joue ce rôle, en l'absence d'une
constitution écrite. même sans constitution écrite
et même sans statut . Mais nombreux sont les cas de conflits de
compétence qui ont démontré que le Québec peut fort
bien, et n'a pas hésité dans le passé, surtout à
l'époque Duplessis, à brimer les libertés fondamentales.
Je songe, par exemple, à la loi du cadenas, à l'affaire
Roncarelli, à l'affaire Saumur, à l'affaire Switzman, et combien
d'autres qui ont démontré...
M. Godin: C'est la même citation, on s'en souvient par
coeur.
M. Lavoie: ... qu'une Législature provinciale, bien que
ses compétences soient limitées, peut empiéter de
façon très abrupte sur les droits de la personne.
J'épouse ces propos et mon opinion personnelle, c'est que les
contraintes de la restriction, la réglementation que vous imposez dans
ce projet de loi, n'ont été appliquées nulle par ailleurs.
J'entretiens de forts doutes, même sur la légalité d'une
telle réglementation et c'est facile. On peut faire une analogie directe
à la Loi du cadenas, qui a été jugée
inconstitutionnelle, qui portait sur des libertés fondamentales
d'opinion, d'expression et d'association. On se rappelle l'affaire Roncarelli
qui cautionnait, je crois, pour les témoins de Jéhovah.
C'étaient des libertés fondamentales, de religion, d'expression
ou d'association. L'affaire Saumur, c'est une chose semblable. Je dis que le
ministre de la Justice et surtout lui, le ministre de la Justice, est
imprudent. Notre position est simple: nous voulons, et je le
répète, des contrôles, mais il faut faire attention entre
contrôle et contrôle. On joue un jeu dangereux. Il faut savoir
où commencent et où finissent les contrôles.
Je crois que le gouvernement dépasse les limites en imposant des
contraintes aussi tracassières et aussi harassantes pour les individus.
Je voudrais citer le livre blanc. On a cité à profusion lorsque
le livre blanc a été déposé sur la consultation
populaire. On a voulu... c'était la grande mode, cela a duré du
mois d'août l'année passée jusqu'à récemment,
jusqu'à la dernière mise en garde ou refus que nous avions,
à l'Opposition, de faire ce parallèle constant qu'on faisait
à satiété pour comparer notre projet de loi avec le projet
de loi de la Grande-Bretagne lors du référendum sur le
Marché commun en 1975. Depuis cette mise en garde, on entend moins
parler de ce parallèle entre les deux référendums. Je
voudrais lire ici un extrait du livre blanc de la loi
référendaire en
Angleterre où on explique justement que cela devient impraticable
et que cela brime la liberté des gens. C'est à la page 8 de ce
livre blanc qui a été publié en Angleterre. Le titre est:
"Information activities of outside bodies". L'article 32 "The Government have
considered whether any special arrangements are needed either to limit or to
assist activities by outside bodies and individuals designed to inform the
public of their views on the issues involved in the referendum. Little
assistance can be derived from the precedent of Parliamentary elections in
which the main control is on any expenditure designed to secure the election of
a particular candidate". Ici, je fais un parallèle. Il semble qu'en
Angleterre, les gens ont des lois comme les nôtres pour limiter les
dépenses lors des élections. Mais ils disent: "Little assistance
can be derived from the precedent of Parliamentary elections." Je continue.
"Expenditure by, for example, the national party organizations, which cannot be
related to the campaign of any particular candidate, is uncontrolled." Et les
trois dernières lignes sont très importantes. Elles sont
soulignées. "The Government approach this difficult area with no desire
to limit traditional freedom of speech, but rather with a desire to see that
both sides of the case are known to the public and that public interest in the
issues is stimulated."
Un peu plus loin, à la même page, dans le même livre
blanc du référendum anglais: "It is already clear that any such
imbalance, if it exists, is not preventing both sides from obtaining wide
coverage of their views. The Governments are convinced that any attempt to
limit total expenditure by the two sides would be impracticable." Impraticable.
Dans le premier paragraphe, ils disent que c'est contre les libertés
fondamentales d'expression et, dans le deuxième commentaire, ils disent
que cela devient impraticable à contrôler. Je le disais, je
rencontrais la semaine dernière un chef d'une centrale syndicale, une
des plus importantes au Québec, qui dit qu'il ne respectera pas la loi,
parce qu'ils veulent garder leur latitude et ils ne veulent pas être
obligés de participer à quelque activité politique que ce
soit avec des partis politiques, comme vous l'avez fait dans ces comités
nationaux, contrôlés du début jusqu'à la fin par des
partis politiques.
Je crois que le ministre devrait prendre les commentaires que je fais en
bonne considération. Je crois qu'il faut qu'il garde une certaine
mesure. S'il trouve que l'amendement, pour permettre à un individu de
verser $3000, s'il le désire, si c'est un philanthrope ou autre, de
participer, de ses propres fonds, à une campagne individuelle de $3000
au lieu de les verser à un parti politique ou à un comité
national. S'il trouve que cela est trop élevé, nous trouvons que
$300 et la Commission des droits de la personne dit que c'est sans doute un
minimum. S'il trouve que $3000 c'est trop, je n'ai pas d'objection à ce
qu'il mette $1000. (22 h 45)
M. Lalonde: $300.
M. Godin: Vous l'avez.
M. Lavoie: La Commission des droits de la personne...
M. Lalonde: C'est seulement pour une réunion.
M. Ciaccia: ...
M. Lavoie: M. le Président, ces $300 sont uniquement
limités à une association pour une réunion. Nous
considérons qu'il ne devrait pas y avoir de telles restrictions. Si un
Québécois veut le faire autrement en publiant une annonce dans un
journal ou en faisant distribuer une brochure ou quoi que ce soit, vous n'avez
pas le droit de l'empêcher, suivant nos traditions. Pour vous dire que
vous attachez beaucoup trop d'importance à la dépense d'argent ou
à la publicité, je vous donne une dernière fois l'exemple
britannique où il n'y a eu aucun contrôle sur les compagnies, sur
les sociétés industrielles et commerciales qui pouvaient
contribuer selon le montant qu'elles voulaient. D'ailleurs, il y en a qui ont
contribué jusqu'à $50 000.
Je pense qu'on l'a compris. On a une plus longue tradition que nous de
l'exercice de la démocratie en Angleterre. On n'a pas jugé
à propos de l'appliquer. La preuve qu'il n'y a pas eu d'orgie, c'est
qu'en Angleterre, sans aucun contrôle, avec toute la liberté en
dehors des comités nationaux autant pour les corporations que pour les
individus, pour 40 millions d'électeurs en Angleterre, dix fois plus
qu'ici où nous en avons 4 millions, la campagne
référendaire n'a pas coûté $3 500 000. Ce furent $3
500 000 en Angleterre pour la campagne référendaire pour 40
millions d'électeurs. Vous avez peur qu'il y ait ici des orgies de
dépenses uniquement pendant la courte campagne
référendaire.
Ce n'est pas sur le montant que nous accrochons ou sur l'importance
exagérée que vous accordez à l'argent. Nous trouvons que
ces libertés fondamentales ne sont pas négociables. Ce n'est pas
marchandable dans la longue tradition que nous avons toujours connue. C'est la
raison pour laquelle, tout en proposant des limites et des contrôles
stricts, nous nous attachons à la loi no 2. En terminant, je trouve que
le ministre ne fait pas une évaluation sérieuse de la
portée de cet article.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, au moment où vous terminez votre intervention, je vous indique
que vous aviez justement épuisé votre temps de parole.
M. Lavoie: C'est pour cela que j'ai arrêté, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Bédard: M. le Président...
M. Godin: Je vais citer, le mardi 13 juillet 1965, la commission
parlementaire qui étudie la loi no 49, Loi libérale qui limite
les dépenses. C'est M. Pierre Laporte qui parle: "M. le
Président, l'objectif visé, c'était de limiter la
dépense d'élection et, deuxièmement, la limitation des
caisses électorales." M. Laporte poursuit encore: "Les deux objectifs
principaux sont de faciliter... etc.. deuxièmement, limiter les
dépenses d'élection." Toujours en 1965, M. Laporte encore: "S'il
fait la somme de ce que cette loi élimine de la caisse
électorale, il va constater que nous sommes sérieusement sur la
route de la disparition de la caisse électorale." Il parle de la
contribution de l'État à une campagne électorale. "C'est
un autre pas excellent dans la bonne direction pour lutter contre les
dépenses électorales exagérées."
M. le député de Laval cite le cas de l'Angleterre. Le
problème, c'est que l'Angleterre n'a pas le même passé
électoral que notre passé récent. Nous sortons d'un
passé peu reluisant à cet égard. Le député
de Laval a cité le cas de l'époque d'un chef qui a fait l'objet
d'une émission récente que je ne nommerai pas.
M. Lavoie: Sa statue est devant le parlement.
M. Godin: Vous avez cité cette époque comme
étant une époque sombre pour les libertés fondamentales
où il y avait, vous le savez, des distributions de frigidaires, de
caisses de bière. Il n'y avait aucune limite. C'était le "free
for all", comme on dit. C'était le "bordel". Le Parti libéral a
été le premier.
M. Samson: ... des frigidaires, on n'avait même pas
l'électricité chez nous.
Une voix: II y avait les glacières.
M. Godin: Je ne parle pas de Rouyn-Noranda. Je pense qu'il n'y
avait même pas de comté dans le bout de chez-vous.
M. Samson: Des frigidaires à la main. On n'en avait pas
besoin, on avait de la glace jusqu'en juillet.
M. Godin: D'autre part, M. le Président, au-delà du
fait que nous n'avons pas le même passé, c'est important
premièrement de situer les institutions que nous avons ici dans le
passé dans lequel elles ont vu le jour. Deuxièmement, je me
souviens, à l'époque, je votais pour ce parti, parce que
c'était un parti qui voulait nettoyer les écuries d'Augias, comme
on disait dans le temps. M. le député de M.-B, c'est plutôt
long à prononcer, ne s'en souvient peut-être pas, ou
peut-être qu'il a renoncé à cet aspect, à ces
très riches heures de ce parti. Il a renoncé à cela, lui.
Il veut se revautrer dans l'auge, car le sens de cet amendement, c'est sous des
dehors d'anguille, comme le dirait mon collègue de Rouyn-Noranda,
d'abolir le contrôle.
Je voudrais maintenant citer M. Lesage. Vous l'avez invité
à votre récent congrès. Parlant de la loi 49, M. Lesage
dit qu'elle limite les dépenses,
qu'elle met un plafond aux dépenses. Lorsque j'ai reçu
à mon bureau dit-il M. Caldwell, M. Barbeau, M. Smith, de
la commission Barbeau sur les dépenses électorales au
fédéral, qui a d'ailleurs mené à une loi qui limite
les dépenses, enfin, la commission fédérale fera
enquête, ces messieurs, dit-il, ont été extrêmement
impressionnés par l'exposé que je leur ai fait, de la
façon dont nous nous servions pour comprimer les dépenses
électorales par la limitation.
Il est clair que la limitation des dépenses électorales,
telle qu'elle existe je parle de la limitation des dépenses
est beaucoup plus efficace pour en venir à l'abolition et
à la disparition des caisses électorales que la publicité
des contributions aux caisses. La publicité, c'est reconnu par la
fameuse loi américaine tant vantée par la Cour suprême, que
cite à tout venant le député de Laval et que,
malheureusement, son chef ne respecte pas beaucoup. En tout cas, c'est un autre
problème. On ne fera pas de politique là-dessus, ici.
M. Lesage conclut: Je crois qu'après tout, ce que nous
faisons c'est ce que nous faisons ici c'est un effort
honnête, un effort qui est la continuation d'un effort déjà
commencé, qui a donné des résultats et nous nous
acheminons vers le but que nous poursuivons, qui est l'élimination des
caisses électorales et la tenue d'élections honnêtes
on pourrait dire aujourd'hui: Et la tenue d'un référendum
honnête où le peuple peut se prononcer librement,
poursuit-il, en citoyen adulte et suivant sa conscience." C'est cela,
après tout, la démocratie. Le général de Gaulle
disait: La France a un défaut, elle retourne à son vomi. Les
libéraux ont un défaut. Ils veulent retourner à leur vomi,
qui est le maudit pas de plafond. L'abolition du plafond des dépenses,
c'est la porte ouverte au "bordel" tant vanté dans le Droit par le
député de Gatineau. C'est le retour au "bordel".
M. Paquette: On n'a nommé aucun bordel en particulier.
M. Godin: C'est précisément cela.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Godin: C'est Rémi qui l'a dit. Il n'avait pas la
parole.
M. Gratton: II n'y a pas de bordels dans le comté de
Gatineau.
M. Godin: C'est une citation. M. le Président, le
député de Gatineau a déclaré, dans un journal qui
venait dans les commissions parlementaires: Mettre le "bordel ".
M. Gratton: C'est faux, M. le Président! Je n'ai jamais
dit cela.
M. Godin: Alors, vous avez été mal cité,
vous aussi, comme bien d'autres.
M. Lavoie: On va le laisser aller. Il est tellement gentil, ce
soir, le député de Mercier.
M. Godin: Le paragraphe j) de l'article 26, la couleuvre ou
l'anguille que veut nous faire avaler l'Opposition officielle, c'est sous des
dehors de vouloir défendre les fameuses libertés fondamentales,
c'est de défendre la liberté fondamentale de n'importe qui de
dépenser n'importe quoi. Dans le C), un parti politique, il y a c). Le
a) du C) parle d'un plafond de $3000 mais le c) du C) dit qu'il n'y a plus de
plafond. Dans le même sous-paragraphe, ils se contredisent. Ils
contredisent leur chef le plus prestigieux, à venir jusqu'à
maintenant. Les sondages les excitent un peu ce soir. On verra ce que cela
donnera dans une vraie élection.
M. Lalonde: Soyez poli envers votre futur premier ministre.
M. Laberge: Attendez qu'il se présente. M.
Charbonneau: Ils rêvent en couleur.
M. Lalonde: Cela vous fatigue, parce qu'il ne se présente
pas. Cela vous fatigue!
M. Godin: II serait le premier!
M. Lalonde: II va venir! Il va venir!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Godin: Ce qui m'étonne, M. le Président, j'en ai
parlé cet après-midi, j'entends le député de Laval
pour qui j'ai beaucoup d'estime et de respect, je l'entends nous parler, j'ai
peur qu'il fasse une embolie, il vient rouge, M. le Président, on a peur
de le perdre quand on le voit s'énerver comme cela sur des questions de
soi-disant libertés fondamentales...
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Lavoie: Ne parlez pas de pertes, vous autres, là.
M. Godin: ... quand je le vois monter sur ses grands chevaux,
grimper dans les rideaux, s'étouffer presque, M. le Président, je
me dis: Est-ce qu'il connaît l'histoire de son parti? A-t-il lu cela?
Etait-il là dans ce temps? Oui, j'ai vérifié dans le petit
bottin des députés. Il était là. Lui n'y
était pas, lui n'y était pas, c'est pardonnable. Des nouveaux
venus. Des nouveaux-nés. Cela s'explique peut-être, dans les
langues, M. le Président. Des bébés en couches.
M. Lavoie: J'en ai connu 300 ou 400 qui ont eu des courts
passages comme vous.
Une voix: Des "one-termer".
M. Lalonde: Ce sont des accidents...
Le Président (M. Clair): À l'ordre.
M. Godin: Enfin, je ne parlerai pas de celui que j'ai battu, cela
vous ferait trop de peine.
M. Gratton: Cela n'a pas de grosses pensions, des
"one-termer".
M. Godin: On n'est pas ici pour les pensions nous autres, M. le
député de Gatineau. An, le chat sort du sac, ils veulent des
pensions. Ils viennent ici pour les pensions et ils partent après quand
ils ont fait leurs cinq ans. Ils retournent à Gatineau faire le
"bordel". Mais nous, M. le Président...
M. Gratton: Quatre élections. Quatre brillantes
victoires.
M. Godin: ... on respectera le verdict du peuple. Pas le verdict
des sondages de l'INCI ou de Radio-Canada. Ce n'est pas un verdict, cela. C'est
très temporaire.
M. Lalonde: Cela fait mal quand même.
M. Godin: Cela fait mal, est-ce que c'est pertinent?
Le Président (M. Clair): Messieurs. M. le
député de Mercier, je m'excuse de vous interrompre.
M. Lalonde: Donc, cela fait verdir un peu.
M. Gratton: Ce n'est peut-être pas pertinent mais c'est
achalant.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs.
M. Lalonde: Est-ce qu'on pourrait savoir cela en couleur, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): Messieurs... M.Godin:
M. le Président...
M. Charbonneau: Vous avez hâte de voir votre chef en
couleur à la télévision?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, je m'excuse de vous interrompre. M. le député de
Verchères. Messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
député de Verchères m'interrompt.
Le Président (M. Clair): Messieurs. M.Lavoie:
Je n'irai pas...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, j'ai quelque chose à dire. Messieurs, je voudrais simplement
vous rappeler encore une fois, comme j'ai déjà eu l'occasion de
le faire hier, qu'au niveau d'une commission parlementaire, le président
ne peut simplement en se levant faire débrancher les micros des
intervenants de sorte qu'actuellement, si vous pensez aux gens qui travaillent
au journal des Débats, ce n'est vraiment pas intéressant parce
que tout le monde intervient à qui mieux mieux. M. le
député de Mercier.
M. Godin: Je termine, M. le Président, ou presque. Je ne
comprends que notre collègue éminent de Laval, le doyen de ceux
qui sont ici ce soir, pour ne pas dire le plus vieux, le plus
expérimenté en tout cas, celui qui a assisté à
cela, celui qui a contribué peut-être, tout au moins par son vote
en Chambre, à sortir le Québec de la grande noirceur veuille le
ramener dans la grande noirceur, M. le Président, avec son amendement.
Il va le présenter comme une défense des droits individuels. Il
va l'abrier sous le couvert de la Cour suprême des États-Unis. Il
va l'abrier sous le jugement de Buckley-Valeo et il aime mieux citer le
jugement Buckley-Valeo que son chef bien-aimé, M. Jean Lesage qui, lui,
avait raison.
C'est lui qui, dans ce cas, M. le Président, comme dans l'autre,
a tracé la voie dont nous n'avons pas dévié en ce qui
concerne le plafond des dépenses parce qu'on pense que la liberté
et la démocratie passent par là et que le contraire,
c'est-à-dire ce qui s'incarne dans cet amendement à 26i et
je termine là-dessus c'est le retour, sous des formes un peu
mieux présentées, avec un peu de "susucre" sur la pilule
amère, au libre choix de dépenser comme on veut, quand on veut,
où on veut, pourquoi on veut. C'est cela qu'on veut éviter, M. le
Président. Et les exemples passés, les exemples britanniques qui
nous sont cités ne s'appliquent pas ici parce qu'on n'a pas la
même histoire. Quand j'entends encore une fois le député de
Laval dire: Les libertés fondamentales ne sont pas négociables.
Mais où est-ce qu'il était dans ce temps-là si ce n'est
pas négociable? Le serait-ce devenu en 1978? Et ce ne l'était pas
en 1965! Il n'a pas dit un maudit mot en 1965. On ne l'a pas entendu. Son nom
n'est même pas dans les débats. Tout d'un coup, parce que c'est
une loi qu'on veut adopter en vue d'un référendum, il
découvre le bout du jupon des libertés fondamentales et il nous
cite des jugements de l'extérieur alors que la sagesse, je pense, dans
ce cas précis, la sagesse est en 1965 déjà dans son propre
parti qu'il est en train de renier et de trahir. (23 heures)
Je l'ai dit dans une autre commission, c'est le parti des coups de
poignard dans le dos. Ils viennent d'en donner un à leurs propres
principes, M. le Président. Moi, j'ai déjà averti M. Ryan
à l'amiante: Méfiez-vous M. Ryan, les couteaux volent bas dans ce
parti, et drus. Ils en donnent un à M. Lesage là-dessus, ils en
ont donné un à M. Bourassa sur l'amiante; qui sera le prochain,
d'après vous? Qui sera le prochain?
M. Lalonde: Le député de Mercier.
M. Godin: Est-ce que c'est celui qui a 31%, je ne sais pas trop,
dans un sondage. Ils sont aux oiseaux, eux. Ils sont trois, ils sont aux
oiseaux ce soir. Alors, je termine sur les oiseaux. Nous , on ne
reniera pas ce qu'il y avait de mieux dans ce parti à
l'époque où il fut grand.
M. Lavoie: Est-ce que le député de Mercier me
permettrait une question? Quel est le parti politique qui, justement en fin de
semaine, vient de voter un demi-million pour la publicité
préréférendaire, quel est ce parti qui a voté
à un an, deux ans avant le référendum. On ne sait pas
quand sera tenu le référendum, mais déjà un
demi-million est voté au Parti québécois sans aucun
contrôle, sans aucun contrôle.
M. Godin: Est-ce que je peux répondre?
M. Bédard: ... fédéral, $45 millions de
dépensés.
M. Godin: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! À
l'ordre, messieurs! M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Regardez la poutre que vous avez dans l'oeil.
M. Godin: M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
M. Paquette: Ce n'est pas l'argent du public, ça.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, le député de Laval a adressé une question au
député de Mercier.
M. Lalonde: On peut écoeurer la population avec l'argent
de vos membres, c'est cela que vous voulez dire.
Une voix: Voyons donc!
Le Président (M. Clair): Le député de
Mercier.
M. Godin: C'est cela, voilà, ramassez-en faites du porte
à porte, allez chercher des $0.25, allez chercher des $2, publiez les
noms, c'est dans la fameuse loi du fédéral, la fameuse loi
Buckley-Valeo, une des libertés fondamentales consiste à publier
les noms des personnes qui contribuent, ce que votre chef a promis et n'a pas
fait. Alors on n'aura pas de leçon de vous. Il l'a promis, c'est dans
son document. Nous allons respecter la loi, nous allons respecter l'esprit et
la lettre.
M. Lalonde: II n'a jamais promis cela, vous mentez, vous contez
un mensonge, vous trompez la commission, vous mentez.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs.
M. Godin: M. le Président, je déposerai le
document, nous allons respecter l'esprit et la lettre de la loi 2. On attend
encore la liste des noms. Nous avons publié les noms.
M. Lalonde: Vous voulez faire du chantage avec cela, vous voulez
voir les noms pour faire du chantage avec cela; vous ne l'aurez pas.
Une voix: C'est le genre de chantage dont vous êtes
capables.
M. Lalonde: Vous revenez au temps de Duplessis.
M. Godin: C'est dans les journaux.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Godin: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Vous ne l'aurez pas.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs.
M. Godin: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Messieurs...
M. Lalonde: II ne l'aura pas, c'est faux, "over my dead body "
comme on dit.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'aimerais vous
rappeler...
M. Godin: Les noms des personnes qui contribuent sont sortis
publiquement, eux qu'est-ce qu'ils ont à cacher.
M. Lavoie: Le mini-Chateaubriand.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît. Messieurs, j'aimerais vous rappeler...
M. Godin: Qu'avez-vous à cacher, éminents
collègues?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, M. le député de Laval.
M. Lalonde: Allez petit poète.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'aimerais vous
rappeler que j'ai le pouvoir de suspendre les travaux de cette commission, si
je n'arrive pas à maintenir l'ordre à un niveau acceptable.
M. Godin: Qui avait la parole.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier a reçu une question du député de Laval; M.
le député de Mercier, vous pouvez y répondre.
M. Godin: Merci, M. le Président. Je dis que le surplus de
fonds recueilli dont les noms ne sortiront jamais parce qu'ils ont des choses
à cacher... alors que nous cela sort dans les journaux, toutes les
semaines depuis deux semaines, les noms de ceux qui ont donné,
fonctionnaires, pas fonctionnaires, pénalisés, pas
pénalisés, on s'en fout c'est dans la loi, c'est dans l'esprit,
on les publie. Pour eux, c'est secret. Ils ont peur.
M. Laval: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Godin: Je reviens. Qu'ils ramassent de l'argent, qu'ils le
dépensent comme ils veulent jusqu'au référendum; on s'en
fout, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval...
M. Godin: Qu'ils ramassent de l'argent concernant la loi 2 et
qu'ils publient ce qu'ils veulent...
M. Lalonde: Démagogue. M. Godin: On s'en fout.
M. Lalonde: Le poète démagogue, vous descendez bien
bas.
M. Godin: Mais je regrette...
Le Président (M. Clair): À l'ordre! Le
député de Laval invoque le règlement, M. le
député de Mercier. Le député de Laval invoque le
règlement.
M. Godin: Ils ont beaucoup de difficulté à ramasser
l'argent des citoyens.
M. Lalonde: Cela vous va très mal.
M. Lavoie: M. le Président, sur une question de
règlement...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, le député de Laval invoque le règlement.
M. Lavoie: En vertu de l'article 96, vu que le
député de Mercier a terminé son intervention, je voudrais
lui faire remarquer que je vais plus loin que la loi actuelle en ce qui
concerne la divulgation. C'est que les $300 que vous avez dans la loi actuelle,
il n'y a aucune divulgation et si je voulais suivre l'exemple du
député de Jonquière, par une argumentation par l'absurde,
c'est qu'il pourrait y avoir 100 000 québécois qui pourraient
dépenser $300 en vertu de la loi 92 où il n'y a aucune
divulgation. En ce qui me concerne, dans notre amendement, il y a divulgation
en haut de $100 par quelques individus et mon intervention est close, M. le
Président.
Une voix: Dites-le à votre chef.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement à
l'article 26 sera-t-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rouyn-Noranda désire intervenir.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, évidemment, l'article
26, c'est l'article où on explicite les dépenses qui ne sont pas
considérées comme réglementées.
Or, M. le Président, nous avons bien sûr, à
l'occasion d'un autre article dans ce projet de loi manifesté le
désir de ne pas se laisser embrigader obligatoirement. Les
comités nationaux ont été votés; on ne peut pas les
remettre en cause et ce n'est pas mon intention de les remettre en cause. Mais
je pense que dans l'amendement, quoiqu'il y ait peut-être des
modalités qui peuvent être discutables... Je ne parle pas d'avaler
l'ensemble de l'amendement, mais il y a des choses qui doivent faire songer nos
amis d'en face un peu. Si l'on prétend que dans un
référendum, quelle que soit sa forme, si l'on prétend
qu'on doit donner des chances égales, égales veut dire pour
certains cas où il peut y avoir plus d'une question ou encore des cas
où la question peut apporter plus d'une réponse, les fameux
comités-parapluies ou nationaux appelons-les comme on voudra
sont des comités qui sont extrêmement rigides et je plaide,
à ce moment-ci, non pas en faveur de l'Opposition officielle, parce que
dans les comités nationaux l'Opposition officielle aussi bien que le
gouvernement a une certaine protection vis-à-vis des autres. Ce n'est
pas une accusation que je lance; je ne voudrais pas que ce soit pris comme une
accusation envers qui que ce soit.
C'est une question de fait. Dans les comités nationaux, le
gouvernement, d'une part, est celui qui rédige la question quand elle
est matière à controverse parmi les députés.
L'Opposition officielle a la majorité des députés de
l'autre option ou de l'une des autres options. Je dis, M. le Président,
qu'à ce moment-là, dans les faits, l'Opposition officielle
pourrait, si elle le voulait, diriger la marche de l'action
référendaire pour l'option qu'elle choisira. Elle pourrait
décider de quelle façon la campagne va se faire, de quelle
façon l'argent se dépensera, à quel moment l'argent se
dépensera, qui seront les participants à cette campagne d'une
façon officielle. Parce qu'il ne faut pas oublier, M. le
Président, qu'en vertu de ce qu'on retrouve à l'article 26h, on
parle de $300. Mais ces $300 serviront seulement pour des frais non
supérieurs à $300 encourus pour la tenue d'une
réunion, y compris la location de la salle et la convocation des
participants, pourvu que cette réunion ne soit pas organisée
directement ou indirectement pour le compte d'un comité national.
J'espère qu'on ne va pas penser du côté du
gouvernement qu'on fait là un gros cadeau à quiconque parce que,
quand on parle de frais de $300 pour un citoyen, c'est bien compris que c'est
pour la location d'une salle. Cela veut dire qu'un
citoyen pourrait, en vertu de cela, louer une salle; s'il veut louer une
salle dans une ville, il peut en coûter $300 et même plus dans
certains cas. Cela doit comprendre également ses dépenses de
convocation des participants et également ses dépenses
d'organisation pour ladite réunion.
Il n'y a personne qui peut me faire croire que l'article 26h tient
debout; il ne tient pas debout. Ce n'est pas possible. Quand on place cela
là, c'est tout simplement pour épater la galerie, pour dire: II y
a des possibilités pour un individu de dépenser $300. Mais quand
on va au fond de l'histoire, on s'aperçoit qu'en pratique, cela ne se
fera pas. D'une part, dans la loi, on permet à celui qui
l'interprétera, de dire: Bien oui, le citoyen pourrait dépenser
$300. D'autre part, on ne lui permet pas de le faire parce que, en pratique,
cela ne se fait pas comme cela. Ce n'est pas possible. Il faut ne pas
connaître les méthodes électorales, il faut ne pas
connaître l'organisation électorale pour supporter ce genre
d'article sans y ajouter autre chose. Ce qui vient s'y ajouter, M. le
Président, ce sont les dépenses effectuées par un
électeur ou un groupe, syndicat ou association. Ce sont des gens qui ont
le droit de se manifester. Tout électeur, à mon sens, doit
pouvoir avoir une certaine liberté d'action. Les électeurs ne
sont pas tous enclins à se laisser embrigader sous l'un ou l'autre des
chapeaux des comités nationaux. Les associations et les syndicats
et là-dessus, on a des preuves de syndicats qui ont manifesté
contre cela parce qu'ils ne veulent pas se laisser embrigader malgré
eux; ils veulent garder leur liberté d'action et il me semble que c'est
normal.
Si on n'entrevoit pas une certaine possibilité d'exempter les
associations, les syndicats, les groupes, d'une certaine façon, si on
n'entrevoit pas de le faire officiellement, il va rester quoi comme
possibilité à ces groupements? N'allons pas croire que ces
groupements vont rester le bec clos; n'allons pas croire qu'ils ne
participeront pas, ils vont le faire, mais ils le feront à l'encontre de
la loi en faisant des activités normales, syndicales. Je pense qu'il est
préférable qu'on ne se ferme pas les yeux et qu'on leur dise:
Vous avez le droit d'en faire de l'action, faites-la, et vous avez la
possibilité d'une certaine somme à dépenser, mais vous
allez le faire dans la légalité. Ce genre de restriction est un
appel presque direct aux citoyens, aux groupes, aux syndicats ou aux
associations et peut-être même à certains partis politiques,
à défier la loi. Je dis que les lois doivent être
respectées. Je n'ai pas l'habitude de suggérer à quiconque
de défier des lois mais il me semble que la logique veut que, si toute
loi doit être respectée, toute loi doit être aussi
respectable. Pourquoi faire de la provocation inutilement?
C'est une question que je pose parce que si on ne l'amende pas pour
donner un certain assouplissement, le législateur volontairement ou
involontairement je ne veux pas prêter de mauvaises intentions
fera de la provocation envers des électeurs, des groupes, des
syndicats ou des associations, ou encore des partis politiques, et les
entraînera vers des actes qui, sans être illégaux, ne seront
peut-être pas tout à fait dans le cadre de la loi. À ce
moment-là, je soumets respectueusement que les actes qui pourraient se
produire, les actions qui pourraient se produire au cours d'une campagne
référendaire, qui ne seraient pas directement dans les cadres de
la loi, qui seraient peut-être un peu même irrespectueux de la loi,
ne seront pas connus nécessairement durant la campagne
référendaire. Ils peuvent être connus tellement longtemps
après cette campagne que le jeu démocratique aurait pu en
être faussé et le résultat ayant été connu,
ayant été même accepté et mis en application, ce
n'est que beaucoup plus tard qu'on sera au courant de ce qui aurait pu se
passer. (23 h 15)
Bien sûr, je suis d'accord avec le ministre de la Justice quand il
dit qu'il faut faire confiance aux gens; je suis d'accord. La
présomption d'innocence doit prôner à ce moment-ci.
Mais, malgré toute la confiance qu'il faut faire, si l'on place
des balises pour certains groupes, il me semble qu'on doit aussi en placer pour
avoir un certain ordre. Là, on s'en va, si on n'a pas un amendement
quelconque et je soumets toujours sous réserve, parce que je suis
ouvert à l'idée de revoir cet amendement mais si on ne le
fait pas, on s'en va directement vers un désordre presque complet. Quand
on dit qu'un électeur, à même ses propres fonds, ne
pourrait pas dépasser $3000, je pense qu'il faut quand même
admettre que ce n'est pas à tous les coins de rue qu'on va rencontrer
des électeurs prêts à mettre $3000 dans cela. Un
électeur. Pourquoi a-ton peur de cela? Et qu'on dise que cet
électeur, ou cette association, ou ce syndicat ou ce groupe qui
engagerait des dépenses n'excédant pas $3000, devrait faire une
déclaration au directeur général du financement des partis
politiques de toute dépense de plus de $100... Je vous dis qu'un
électeur qui déciderait de faire jusqu'à $3000 de
dépenses en étant obligé de déclarer au directeur
général du financement des partis politiques toute dépense
qui dépasse $100, il a déjà pas mal de contraintes. Je me
demande même si cet amendement ne va pas à l'encontre de la Charte
des droits et libertés de la personne dans une certaine proportion,
parce qu'elle exige des contraintes qui sont assez sérieuses. Et quand
on parle d'un groupe, c'est la même chose qui est
suggérée.
Mais là où cela devient un peu plus important, c'est un
parti politique. Je pense qu'il n'est pas superflu de souligner à cette
commission que vous avez cinq partis politiques représentés
à l'Assemblée nationale. Vous en avez deux autres, ce qui en fait
sept, deux autres qui sont reconnus en vertu de la Loi du financement des
partis politiques et de la Loi électorale, sept en tout ce sont des
groupes qui, obligatoirement, en vertu de la loi, seront obligés de se
joindre aux comités nationaux. Mais s'ils ne désirent pas le
faire, il peut y avoir des divergences d'opinions entre les différents
partis politiques, et je pense que c'est absolument élémentaire
qu'il y ait des différences d'opinions entre les partis politiques. S'il
n'y avait
pas de différence d'opinions entre les partis politiques, vous
n'en auriez pas sept présentement. Vous en auriez un. C'est normal qu'il
y ait des différences d'opinions. Vous prenez autant de partis
politiques existants, et vous avez autant d'opinions différentes. Et sur
un sujet en particulier, à l'occasion d'un référendum, et
quel que soit l'objet du référendum, vous supposez à
l'avance que tous ces partis, avec toutes leurs divergences d'opinions, vont
aller facilement à l'intérieur de l'un ou l'autre des
comités nationaux et vont se trouver heureux? Les divergences d'opinion
peuvent continuer, même s'il y a un référendum!
Or, l'article, qui nous est suggéré comme amendement,
permettrait à celui qui ne voudrait pas participer ou encore qui
participerait à un des comités mais qui ne se trouverait pas
heureux et qui ne serait pas satisfait de la façon dont la direction du
comité remplirait son rôle, cela lui permettrait au moins,
à même ses propres fonds recueillis suivant la politique
établie par l'actuel gouvernement à la Loi 2, recueillie suivant
les prescriptions de la loi 2, cela lui permettrait à même ses
propres fonds de faire son action propre et c'est à l'article, à
l'amendement 26i-c, petit c, M. le Président, que nous retrouvons cette
possibilité pour les différents partis politiques, au moins. Je
pense que c'est normal qu'on aille au moins à cela. Si on ne veut pas
accepter tout l'article, qu'on pense, au moins à cette
possibilité de ne pas enchaîner à l'avance le Parti
libéral, l'Union Nationale, le Ralliement créditiste, le Parti
national populaire ou le Parti québécois, de ne pas les
enchaîner d'une façon absolue. S'il advenait que selon le
référendum, selon la question qui serait posée mais
cela se sont des choses qu'on ne connaît pas pour le moment et il semble
qu'on n'est pas prêt de connaître non plus mais s'il
arrivait, lorsque l'on connaîtra ces questions, que tous les
parlementaires peuvent se ranger soit d'un côté ou de l'autre, ou
de l'autre parce qu'il peut y en avoir trois ou quatre s'il
arrivait que cela puisse se faire comme cela, je pense que l'amendement
n'aurait peut-être pas sa place.
Mais, il n'y a rien qui nous garantit que cela pourrait se faire comme
cela. Il n'y a rien qui garantit cela à personne. C'est seulement le
jour où on connaîtra l'objet du référendum et le
jour où on connaîtra la question du référendum qu'on
le saura exactement de quelle façon les parlementaires pourront se
situer, à travers cette structure qui a été adoptée
dans la loi 92, des comités nationaux. Pour le moment, il y aurait
et cela n'est pas trop demander, je pense, c'est raisonnable une
possibilité, au moins, de prévoir pour ceux-là qui ne
voudraient pas se laisser intégrer là-dedans, parce qu'ils ne
seraient pas d'accord avec l'option que défendrait le comité
national ou l'un des comités nationaux, il peut avoir une autre option,
il peut y avoir aussi divergence d'opinions sur les façons de travailler
dans ces comités. Or, là, vous auriez une possibilité, au
moins, de ne pas bâillonner et je pense que c'est important, de ne pas
bâillonner d'une façon totale et absolue les partis politiques qui
sont des institutions démocra- tiques, qui sont des instances voulues
par le peuple. Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre mais je vous prierais de
conclure; votre temps de parole est expiré.
M. Samson: II me semble que cela ne fait pas vingt minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Oui, vous avez commencé
à 11 heures.
M. Samson: Cela fait déjà vingt minutes, vous
êtes sérieux?
Le Président (M. Clair): Vous avez commencé votre
intervention...
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Clair): II y a un consentement pour que
vous continuiez, M. le...
M. Godin: S'il y a un consentement. Pas de consentement.
M. Samson: M. le Président, je remercie ceux qui m'ont
offert leur consentement. Je remercie également ceux qui me l'ont
refusé, M. le Président. Je leur soulignerai que j'ai de la
mémoire, je m'en rappellerai. Des consentements cela se demande, cela se
donne et cela se refuse. Vous y penserez dans deux jours d'ici à ces
consentements, messieurs. Merci. M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Godin: On n'est pas comme les rouges. On n'a pas besoin de
vous.
M. Samson: Vous n'avez pas besoin de moi? Vous braillerez pour
l'avoir le consentement.
M. Godin: Pas du tout.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Mercier. À l'ordre! Le
député de Mégantic-Compton a requis la parole sur la
motion d'amendement.
M. Grenier: M. le Président.
M. Bédard: Est-ce que je dois comprendre que le
député de Rouyn-Noranda voulait continuer encore longtemps ou
s'il voulait terminer quelque part?
M. Samson: M. le Président, je pense que le ministre a
compris que j'achevais. Le ministre était prêt à me donner
son consentement.
M. Lalonde: C'était évident.
M. Bédard: Si vous êtes pour terminer.
M. Samson: J'ai fini, là! Pensez-vous, M. le
Président, qu'on peut recommencer comme cela? À moins que vous
n'acceptiez que j'aille plus loin dans la discussion. Quand il nous reste une
minute à faire et qu'on refuse son consentement pour une minute,
j'appelle cela, en anglais, "cheap".
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Samson: Le ministre, c'est un bon gars quand même.
M. Bédard: Vous vous le rappellerez, j'espère!
M. Samson: Je vais me rappeler que le ministre, c'est un bon
gars, mais je vais me rappeler de l'autre qui a refusé le
consentement.
M. Godin: Pour une minute, on peut le donner, M. le
député.
M. Samson: Non, gardez-le!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, vous avez la parole.
M. Grenier: M. le Président, l'amendement qui a
été apporté ici par le Parti libéral ressemble
étrangement à celui qu'on a reçu l'autre jour, qu'on a
longuement discuté et auquel je me suis opposé en
établissant clairement, étant donné qu'on s'en tenait
à des comités nationaux, qu'on ne pouvait pas permettre un
amendement qui ressemblait à celui-là. Il est peut-être
plus élaboré que l'autre qui avait été
présenté à ce moment-là, mais, à mon sens,
dans le cadre des comités nationaux, il n'est pas plus acceptable. Il a
été jugé recevable et nous en discutons. Bien
honnêtement, je pense bien que nous allons nous rendre compte que, par la
forme des comités nationaux, ce n'est pas une tragédie, dans un
référendum, qu'il y ait des individus qui aient des opinions
à émettre lors d'élections, des individus qui aient des
opinions bien personnelles. Cela peut s'expliquer, mais, lors d'un
référendum, il y aura une question qui nous sera posée
à laquelle il y aura un oui ou un non à donner. Cela nous a
été dit tellement de fois. Même si ce n'est pas dans la
loi, on se rend compte que, même dans des questions aussi peu claires que
celles qui nous avaient été posées par Mackenzie King,
lors du plébiscite sur la conscription, on arrivera avec une question
qui demandera un oui ou un non. À ce moment-là, les opinants
trouveront refuge dans l'un ou l'autre des comités.
Je ne veux pas reprendre ma proposition de l'autre jour, mais il y aura
des extrêmes et il y aura des extrémistes là-dedans. Il y
aura le candidat de Notre-Dame-de-Grâce, qui est appuyé par le
député de Pointe-Claire, qui sera dans un extrême, celui
des non probablement, qui sera difficile à contrôler et qui dira
des choses qui ne ressemblent pas à ce que dit la population. Dans le
comité des oui, si je parle toujours du référendum qui
porte sur l'indépendance du Québec, il y aura les Fils du
Québec avec je ne me souviens plus de son nom...
M. Paquette: M. Barbeau.
M. Grenier: M. Barbeau ou M. Chaput en tout cas, c'est du
même et du pareil qui ne se trouveront pas trop, trop à
l'aise dans le comité des Oui, mais qui décideront d'opter... Ce
sera dommage pour M. Barbeau, puisqu'il dit qu'il a 6 millions de membres. Il a
dit que j'étais membre de sa formation. Il sera plus mal à
l'aise, mais il sera dans l'un ou l'autre des comités. Je pense que,
même s'il fait un peu différent des autres, il finira pas se
retrouver dans l'un ou l'autre des comités et le candidat appuyé
par le député de Pointe-Claire se ramassera dans l'une ou l'autre
des commissions, lui aussi, et il pourra s'exprimer. Il mettra de la couleur,
bien sûr. Bien oui, c'est cela. M. Je-ne-sais-pas-qui. Celui qui se
présente là-bas. M. Dulong ou...? Je ne sais pas quoi. Il se
trouvera dans l'une ou l'autre des options et il se défendra.
M. Lalonde:... du libre choix. Ce sera le nôtre. M.
Grenier: Ce sera du libre choix, j'entends! M. Lalonde: Oui.
Une voix: Vous avez déjà défendu cela.
M. Bédard: Vous n'êtes pas pour le libre choix.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela va aller sur les
roulettes!
M. Grenier: M. le Président, la question sera là.
Pour nous, je ne veux pas étirer le débat. Je trouve bien
malheureux qu'on ait encore passé la soirée là-dessus et
qu'on ne terminera pas. Laissez-moi argumenter! Surtout vous, M. le
député de Gatineau...
M. Gratton: Cela fait une demi-heure que le député
a...
M. Grenier: ... qui avez le tour de prendre la parole et de ne
rien dire pendant vos 20 minutes. Laissez-moi parler pendant les deux minutes
où j'ai de quoi à dire!
M. Gratton: Oui.
M. Grenier: D'accord? M. Gratton: Oui.
M. Grenier: J'ai assez souffert, depuis 20 heures, à
entendre les arguments dilatoires que vous donnez ici depuis que c'est
commencé. On veut proposer et faire durer pendant l'été
l'étude de la loi; on n'est pas capable de distinguer entre une loi
où on peut se permettre de faire de la politique et un sujet aussi
important que la loi qui va nous amener un référendum. Ce n'est
pas important, pourvu que cela nous permette de placoter une partie de
l'été et de dire: Ce n'est pas clair. On n'a pas pu voter la loi.
S'il y avait des gens, si l'ensemble des Québécois étaient
ici, depuis trois ou quatre jours, depuis qu'on amène ici des motions
dilatoires pour tâcher de retarder la loi jusqu'à demain et de ne
pas la voter avant la fin des débats... Je souhaite une chose pour le
moment, moi, c'est de revenir dans la première semaine de juillet et
voter la loi. Ce sera le temps qu'on la clarifie et ne pas attendre au mois de
septembre afin de ne pas faire de basse politique sur une loi comme
celle-là qui est aussi dangereuse pour l'ensemble du Québec, en
ce sens qu'on ne peut pas se permettre de laisser traîner une loi comme
cela dans le portrait aussi longtemps. Si on ne devait pas la terminer cette
semaine, j'aimerais, à ce moment, qu'on revienne pour la voter dans la
première semaine de juillet au plus tard, afin de l'avoir dans nos
poches pour savoir où on s'en va avec cette loi. Je pense qu'on n'a pas
le droit de faire de la petite partisanerie sur une loi de cette importance ici
au Québec. (23 h 30)
On a perdu pas mal de temps, je pense bien, et je ne voudrais pas qu'on
continue encore, on aura la journée de demain. Je pense que dans les
amendements qui nous restent dans le moment, on a passé la soirée
à discuter d'une motion qui a été celle apportée il
y a au moins deux semaines. À peu près les mêmes propos. On
a entendu exactement les mêmes arguments et on sait fort bien que le
livre du gouvernement est fait sur les comités nationaux. On ne peut pas
revenir là-dessus ou à peu près. La question est à
peu près réglée. On a émis tous nos arguments. Ce
soir on n'a rien donné de neuf, sauf qu'on a fait perdre les trois et
quatre heures que la commission avait devant elle pour analyser d'autres
articles de cette loi. Je trouve vraiment déplorable que le Parti
libéral tente actuellement de faire durer l'étude de cette loi
pour la garder, alors qu'on demande à grands cris... et c'est la
situation économique du Québec qui s'en ressent tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas classé cette question, tout le monde le
sait.
On demande d'un côté le référendum et de
l'autre côté, on fait tout pour étirer la loi. Il faut
être témoin, pour les gens qui ne sont pas ici, des discours qui
se sont faits depuis une couple de jours sur des amendements vraiment
dilatoires pour permettre de ne pas adopter la loi avant la fin de la
présente session. Je trouve vraiment déplorable que ce soit fait
de la part du Parti libéral. Je regrette énormément...
M. Lalonde: Non, je n'ai pas parlé de sondage.
M. Grenier: Non, vous avez passé votre temps à
parler du référendum et vous avez parlé du sondage.
M. Lalonde: Cinq minutes de sondage.
M. Grenier: Chaque fois, vous êtes revenu et à trois
ou quatre reprises, vous saviez, vos propos les plus sérieux portaient
sur le sondage.
M. Lalonde: 8%, ce n'est pas pire.
M. Grenier: Cessez donc de faire le niaiseux! Les propos de mon
enfant, mon plus jeune de mes deux enfants ne serait plus sur cela. Il aurait
l'air trop jeune de tenir de tels propos. Il a sept ans.
M. Lalonde: Cela me rajeunit.
M. Grenier: Tâchez donc de rester dans le débat.
M. Grenier: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Grenier: Non, et cela va ressembler à celle du
député de Marguerite-Bourgeoys. Sur le ton que je vous connais,
seulement à vous voir la figure, je sais que ce sera dans ce ton.
M. Lavoie: Si vous descendez de deux ou trois points, le PQ ne
voudra même plus de vous dans leur oui. Si vous descendez en bas de cinq,
là.
M. Grenier: J'ai regardé ce qu'il y avait là et ne
vous en faites pas, profitez de votre sondage, de votre chef qui a
été sur les écrans pendant dix mois. Vous l'avez
laissé traîné aussi longtemps que vous avez pu. Et quand
les gens vont vraiment le connaître, ils vont faire comme mes deux
enfants, ils vont fermer la télévision. Ils en ont peur. Ils
pensent que c'est Frankenstein. Ne le montrez pas à la TV et surtout pas
en couleur. On va voir sa verdure à ce moment.
M. Lalonde: À 8%, ce n'est pas cher.
M. Grenier: Ne le laissez pas traîner trop longtemps dans
le décor, parce que dans deux ans, on regardera ce qu'il vaut votre
chef.
M. Lalonde: À 8%, ce n'est pas cher.
M. Grenier: Laissez faire, quand il a traîné sur les
écrans pendant dix mois, cela justifie le sondage. Je lui donnerai mes
propres arguments. J'en aurai pour la nuit à regarder ces analyses. On
se les recomparera les chefs.
M. Lalonde: Vous avez de bons arguments.
M. Grenier: Ce n'est pas comme à la page 118, sauf que
s'il n'était pas aussi biaisé qu'à la page 118, qu'on
faisait choisir les gens entre les chefs, les sondages seraient peut-être
différents. On le recomparera dans sept, huit mois votre Frankenstein
à vous autres.
M. Lalonde: Vous avez de bons arguments.
M. Grenier: Cela ne vaut pas les 20 minutes que vous nous avez
fait perdre à nous parler du sondage ce soir. M. le Président, je
n'endurerai certainement pas des amendements et, demain, je vais le
dénoncer et je ferai une conférence de presse. On prendra les
moyens qu'il faut pour dénoncer le Parti libéral qui fait perdre
le temps à cette commission et qui ne veut pas de la loi pour être
capable d'accuser le gouvernement tout l'été, l'automne prochain,
s'il y a moyen, de dire: Voyons, on n'a pas été capable d'adopter
cette loi. Ils ne sont pas prêts. Ils ne sont pas branchés. Il n'y
a que nous de branchés. Jésus, Marie, vous avez vu les
dépôts qui sont faits ici. Vous avez vu les arguments qui ont
été donnés ici depuis deux jours. C'était la
même chose qu'il y a deux semaines, exactement, servie par
l'équipe libérale. Faire perdre le temps et coûter de
l'argent à la province, ce que Cela nous a coûté à
cette table pour discuter des propos aussi insignifiants qu'on en a entendus au
cours de la soirée ici. Des arguments déjà servis qui
n'avaient pas de valeur. Je demande le plus tôt possible qu'on adopte
l'amendement qui est ici et qu'on vote contre et qu'on en revienne à la
loi à l'article h) qui est là et qu'on procède afin de
passer à travers les cinq ou six autres articles qui nous restent.
J'espère bien qu'on pourra y passer demain parce qu'à
partir de maintenant, je vous dis une chose, M. le Président, je me
chargerai de faire connaître, par une conférence de presse, aux
media d'information. Allez voir l'exaspération qu'il y a chez les media
d'information qui sont tannés, d'autres qui sont moins polis et qui
disent qu'ils sont écoeurés d'entendre les mêmes
débats depuis deux semaines, M. le Président. De grâce,
lâchez donc, un peu. Montrez donc un petit peu de sincérité
face à la population du Québec et cessez de faire de la basse et
de la petite politique sur une loi aussi importante que la Loi du
référendum. Il y a autre chose que cela. Vous ferez de la
politique sur d'autres points. Vous aurez suffisamment de lois, suffisamment
d'occasions d'en faire avec vos partisans et en vous promenant avec votre chef
à travers les comtés urbains où il peut se cacher à
travers les ruelles, pas dans les ruraux. M. le Président, je n'irai pas
plus loin, mais j'aimerais bien qu'on passe au vote le plus rapidement
possible, et aux autres amendements, si c'est possible de terminer ce soir.
Tout a été dit sur les autres articles.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On comprend, M. le Président, pourquoi l'Union
Nationale est rendue à 8%. On n'a pas besoin de démonstration
additionnelle, M. le Président.
M. Grenier: Lâchez pas, gardez le même sujet, vous.
Vous avez l'air brillant.
M. Paquette: II n'a qu'une idée et il y tient.
M. Lalonde: II semble que, pour l'Union Nationale, tout ce qui
compte, c'est l'apparence.
M. Grenier: Ce n'est pas l'apparence, c'est l'efficacité.
Ce n'est pas notre politique pour les grandes lois comme celle-là.
Parlez donc de l'amendement et arrêtez donc de faire perdre le temps
à la commission.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez des gardes du corps?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: J'ai assez souffert ce soir d'écouter vos
âneries. J'ai mon voyage, rendu à minuit.
M. Gratton: On vous souffre depuis 18 mois. Ne perdez pas les
pédales.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je vous invite...
Une voix: On ne fait pas les mêmes âneries.
Une voix: A-t-on déjà vu!
Le Président (M. Clair): Je vous invite à plus de
calme et à plus de pertinence. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, la diatribe du
député de Mercier, et vous voyez que je passe pardessus celle du
député de Mégantic-Compton, parce que...
M. Grenier: Ne vous essayez pas.
M. Lalonde: ... 8%, c'est un taux d'intérêt
réellement "cheap ".
M. Grenier: N'essayez pas, parce que je vais vous
présenter votre chef vous aussi.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Mégantic-Compton!
M. Grenier: Je vais vous le faire accompagner pendant un mois,
vous allez revenir déprimé.
M. Lalonde: M. le Président, je l'ai accompagné
pendant trois mois et je suis revenu à 40%.
M. Grenier: C'est le bon temps de réfléchir.
Vous êtes mieux de le laisser à Montréal, lui,
à faire ses téléphones entre Ottawa et Québec. 137
jours pour prendre ses décisions.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député...
M. Lalonde: M. le Président, je pense que la colère
a quand même ses droits.
M. Grenier: Je suis très détendu. Cela les amuse
quand on parle de votre clown.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, tout en voulant me porter à votre défense
pour votre droit de parole, j'inviterais le député de
Mégantic-Compton, qui a eu l'occasion de prendre la parole, de bien
vouloir respecter le droit du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je ne savais pas qui
avait pris la parole, mais en tout cas. La diatribe du député de
Mercier qui invoquait M. Lesage... Ce sont seulement quelques mots que je veux
dire là-dessus, parce que cela mérite d'être relevé.
Il tentait de donner un aspect respectable à ses propos en invoquant M.
Lesage. J'ai lu justement, enfin j'ai parcouru rapidement la transcription des
débats à laquelle il faisait référence dans ses
propos.
M. Godin: Je vous l'ai gracieusement prêtée.
M. Lalonde: Oui... que le député de Mercier m'a
gentiment et gratuitement prêtée D'ailleurs, je l'ai
acceptée parce qu'il me l'a offerte fait référence
à la Loi électorale. Je me demande à combien de
réunions de cette commission le député de Mercier
était présent lorsque j'ai eu l'occasion de faire la distinction
entre la Loi électorale, le contrôle des dépenses
électorales, qui ne limitent pas le nombre de candidats, et le
contrôle des dépenses référendaires qui limitent le
nombre d'options. C'est cela qui est la grande différence. C'est cela
qui est fondamental.
Suivant la Loi électorale, vous pouvez, M. le
député de Mercier, avoir 150 candidats dans votre comté.
Il n'y a rien dans la loi électorale qui l'empêche, pourvu qu'ils
remplissent les conditions qui sont minimales pour devenir candidats. Il
peuvent chacun dépenser le montant prévu. Il y a un
contrôle des dépenses, mais par individu candidat. C'est ce qu'on
recherche, nous, dans notre amendement. Si c'est $3000, c'est trop. En fait, on
l'a pigé où? On l'a pigé dans la Loi sur le financement
des partis...
M. Lavoie: ... qui permet à un individu de contribuer
jusqu'à $3000...
M. Lalonde: Et même dans le projet de loi no 92, on a mis
$3000, pas parce qu'on veut une orgie de dépenses.
M. Bédard: $3000 dans le comité national.
M. Lalonde: Vous savez combien on a dépensé en
Angleterre, en 1975, avec 40 millions d'électeurs. Dix fois plus.
M. Bédard: Cela a été dit tout à
l'heure.
M. Lalonde: Mais s'il faut le redire, il me semble... Dix fois
plus d'électeurs et vous avez dépensé $3 500 000, plus ce
qu'on pourrait dépenser à la télévision, parce
qu'il n'y avait pas de dépenses à la télévision
à ce moment-là. Mettons $1 million ou $2 millions de plus, $3
millions, si vous voulez, $6 millions pour 40 millions d'électeurs,
alors que votre loi en permet $4 millions. Il me semble que c'est simplement
faire de la démagogie que d'invoquer M. Lesage, qui a été
au début du contrôle de la démocratisation des lois
électorales; c'est faire de la démagogie que d'invoquer son nom
pour rejeter un amendement qui se veut un amendement de contrôle
individuel des dépenses...
M. Grenier: Vous l'avez poignardé ensuite.
M. Lalonde:... mais qui respecte la liberté des gens.
C'est pour cela qu'on se bat et qu'on va encore se battre.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Laval sera-t-elle adoptée?
Des voix: Rejeté.
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté.
M. Lavoie: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Veuillez indiquer si vous
êtes pour ou contre la motion d'amendement du député de
Laval.
M. Bédard.
M. Bédard: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. Godin.
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Charbonneau.
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour.
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie.
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Grenier.
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Laberge.
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gratton.
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette.
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy. M. Samson.
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Clair): Pour l'adoption de la motion
d'amendement: pour: 3; contre: 7. La motion est rejetée.
M. Godin: ... 40% des votes.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe h de l'article 26
sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Clair): Sur division. Messieurs, à
la toute fin du paragraphe... un amendement que j'ai annoncé d'ailleurs
lors de l'étude de l'article 24A. je le pose pour une question de
principe tout simplement; je ne ferai pas de débat, je vous le dis tout
de suite, j'ai déjà fait mon plaidoyer. C'est sur la traduction
du français de la langue française la publication
et la distribution de la brochure visée à l'article 24A.
C'était pour ajouter après le paragraphe h le paragraphe suivant,
le paragraphe i: "La traduction du français, la publication et la
distribution de la brochure visée à l'article 24A."
J'ai déjà donné les raisons pour lesquelles je
voulais présenter cet amendement, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Alors, je l'appellerai
immédiatement pour adoption. Cet amendement sera-t-il adopté?
M. Bédard: D'abord, M. le Président, je pense que,
techniquement, le député de Marguerite-Bourgeoys ne peut pas
présenter un amendement de cette nature, étant donné que
cela comporte une dépense d'argent...
Une voix: Pourquoi pas?
M. Lalonde: Bien oui! M. le Président, ce n'est pas une
dépense du gouvernement.
M. Bédard: Non? D'accord.
M. Lalonde: J'ajoute aux dépenses qui ne sont pas
réglementées. Donc, ce sont les dépen- ses de la
population et j'espère que le gouvernement permettra à la
population d'y penser encore.
M. Bédard: Alors, M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas
répété les considérations pour lesquelles il
voulait...
M. Lalonde: Je peux le faire, mais je vais aller vite.
M. Bédard: Laissez-moi terminer... les
considérations pour lesquelles il voulait proposer cet amendement, Je
n'ai pas l'intention non plus de répéter ce pourquoi j'ai dit non
pas que nous serions en désaccord mais que nous croyons qu'il n'est pas
à propos de le mentionner tel que le requiert le député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que les comités nationaux auront des sommes
importantes à leur disposition et, à ce moment-là, ils
pourront, à leur choix, en toute liberté, voir à informer
tous les groupes ethniques sur le territoire du Québec. Je suis
convaincu qu'à quelque comité qu'on appartienne, chacun des
comités aura ce souci d'aller expliquer son option le plus valablement
possible, comme cela se fait en temps de campagne électorale, de
manière que tous les Québécois, de quelque origine qu'ils
soient, puissent exercer valablement leur choix à l'occasion d'une
consultation populaire. (23 h 45)
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... on ne parle pas ici d'une question, à
savoir une orgie de dépenses, on parle des dépenses
réglementées. On veut donner certaines informations à des
communautés ethniques et je trouve que ce n'est pas raisonnable de la
part du ministre de ne pas accepter que cette dépense soit faite et
qu'elle soit mise en dehors des dépenses qui seront calculées
pour les différents comités nationaux. Je crois que c'est une
discrimination envers ces groupements de les obliger à le déduire
en dedans de la somme globale qui sera permise aux comités nationaux, de
leur dire: Vous allez déduire cela. C'est une façon de pratiquer
une discrimination linguistique et une discrimination envers les groupes
ethniques qui ont droit à cette information.
Vous créez des obstacles à ce que cette information soit
fournie. Non seulement les comités nationaux sont limités, sont
restreints dans les dépenses, mais vous dites, en plus: Si vous avez des
dépenses pour le processus référendaire, ce ne sera pas
calculé. Cela me fait penser à une course de chevaux. Quand il y
a un cheval qui semble être mieux qu'un autre, on ajoute du poids
à ce cheval pour le ralentir, pour donner la chance à l'autre
cheval de gagner la course. Il me semble que c'est l'approche que vous prenez.
Quand vous parlez de l'égalité des chances, s'il y a beaucoup
plus de personnes pour une option, vous dites: Non, on va le limiter à
une question égale. Or, on ne discute même pas de l'amende-
ment que le député de Laval avait apporté, de se
restreindre à la loi 2, qui est une limitation des dépenses. Nous
disons que cela devrait vraiment être une obligation contenue dans
l'article 24A, quand vous dites: Le directeur général va envoyer
une brochure aux électeurs. Il me semble qu'une fois que vous avez
accepté ce principe que ceux qui sont d'une autre origine ethnique et
qui pourront comprendre mieux l'option constitutionnelle dans leur propre
langue ont les mêmes droits que les autres. Ils ont le droit de
comprendre ce qui est en jeu. C'est un droit fondamental. Autrement, ils ne
pourront pas prendre une décision valable. Je ne veux pas
éterniser le débat, et me faire accuser de causer de
l'obstruction, mais je demanderais en toute responsabilité qu'on appuie
cet amendement et je dis que c'est le minimum que le ministre devrait
permettre, que ces communautés puissent être informées et
que cela tombe sous les termes de l'article 26 et que ce ne soit pas
considéré comme une dépense réglementée pour
permettre qu'une information exacte soit donnée aux différents
groupes ethniques.
M. Bédard: M. le Président, je ne crois pas avoir
dit et je n'ai pas dit que M. le député éternisait le
débat. Au contraire, je crois que son intervention est très
valable et fait preuve d'une préoccupation que nous partageons. Je tiens
à lui dire que je ne partage cependant pas l'idée selon laquelle
le fait de refuser cet amendement constitue une discrimination. Le
député semble oublier que j'ai dit tout à l'heure que les
comités nationaux auront à leur disposition des sommes que nous
croyons suffisantes pour pouvoir informer correctement toutes et chacune des
communautés ethniques du Québec. Je souhaite et je suis
convaincu que chacun des comités nationaux fera en sorte de
donner cette information à toutes les communautés ethniques. Ce
n'est pas une fin de non-recevoir face à la préoccupation du
député qui nous fait rejeter cet amendement, c'est simplement lui
exprimer encore une fois que cette préoccupation peut être
satisfaite par l'action de chacun des comités nationaux qui auront
l'argent nécessaire à leur disposition pour pouvoir informer
valablement chacune des communautés ethniques, ce que nous souhaitons,
et je suis convaincu que cela se fera de cette façon.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je voudrais simplement attirer l'attention du
ministre sur le fait que la proposition du député de
Marguerite-Bourgeoys ne doit pas être considérée seule,
mais qu'on doit également considérer qu'à l'article 32
nous avons déjà donné avis, et nous avons l'intention de
maintenir notre motion d'amendement pour réduire de $0.50 à $0.30
par électeur le montant des dépenses
réglementées.
M. Bédard: Ce serait peut-être l'occasion de penser
à ce qu'il y ait des sommes plus importan- tes à la disposition
des comités nationaux, de manière à répondre
à cet objectif valable que vous avez et que nous avons comme
préoccupation.
M. Gratton: Je ne veux pas éterniser les débats,
mais je ne ferai pas comme le ministre, et je ne prendrai pas ses arguments
pour les faire jouer contre lui. Je dis simplement que si le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait sa motion d'amendement,
c'est qu'elle est conséquente avec l'amendement qu'on entend
débattre à l'article 32 et qu'effectivement, en la rejetant, le
ministre est très conséquent avec lui-même, c'est ce qu'il
a fait depuis le début des travaux de la commission, et il nous annonce
également qu'à l'article 32 il rejettera l'amendement qu'on
entend proposer là.
M. Bédard: Vous avez un amendement? On est prêt
à voter dessus. On verra!
M. Ciaccia: J'ai une autre remarque. Si vous acceptiez cet
amendement, cela serait un droit que ces communautés auraient de
recevoir l'information. Si vous ne l'acceptez pas, il va falloir que la lutte
se fasse en dedans de ce comité afin d'obtenir l'information.
M. Bédard: C'est plus qu'un droit, dans le fond, cela va
être une obligation pour chacun des comités. Je ne peux concevoir,
dans quelque comité qu'on soit, qu'un membre de cette Assemblée
nationale ne fasse pas les représentations nécessaires
auprès du président du comité auquel il appartient pour
que cette information valable soit communiquée à toutes les
communautés ethniques. Cela sera à chacun de nous à faire
valoir cette préoccupation, à l'intérieur de l'exercice
d'une responsabilité qui appartient aux comités nationaux.
M. Gratton: Le fait pour un député de faire des
représentations au comité national pourrait peut-être
donner exactement le même résultat que si le député
faisait les mêmes représentations ici, c'est-à-dire, un
refus, une fin de non-recevoir.
M. Bédard: Non, il y aura des sommes disponibles...
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je veux signaler au député de
Mont-Royal que, dans l'article 24A, pour ce qui est de la brochure, il n'est
pas spécifié dans quelle langue c'est inscrit ou quelles sont les
langues dans lesquelles cela peut être inscrit.
M. Ciaccia: Justement, c'est pour cette raison qu'il faudrait
l'inclure dans la loi ou donnez-nous une autre raison...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
revenir, mais il me semble que je n'ai pas réussi à faire une
démonstration claire au député d'Iberville. Avec une
délimitation d'égalité de langue, d'espace, à ce
moment-là, si on veut le faire dans plusieurs langues, il faut
réduire...
Le Président (M. Clair): II y a qu'on revient, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je m'excuse de vous interrompre,
à un article déjà adopté. Je comprends...
M. Lalonde: Non, c'est mon amendement, qui dit que la
traduction...
M. Lavoie: La traduction ne sera pas payée. M. Grenier:
... vous me connaissez mal.
Le Président (M. Clair): ... oui, mais vous parliez
également des brochures distribuées à 24A, c'est du moins
ce que j'avais compris.
M. Lalonde: C'est cela, mon amendement à 24A parle de
brochures distribuées. Si je n'ai pas cet amendement, au fond, qu'est-ce
qui va arriver? Chacun des groupes nationaux va vouloir prendre le plus
d'espace possible pour son message complet. Donc, la contrainte linguistique
vient réduire l'espace du message original. Est-ce que le
député d'Iberville comprend cela? Si dans le 1500 lignes, je dois
faire un message en anglais et en français, il faut que je prenne 750
lignes en français, 750 lignes en anglais ou enfin, 15 000 en
français ou 500 en anglais. Est-ce qu'il comprend cela? Est-ce qu'il
comprend que...
M. Grenier: ... cela vaut pour les deux comités. Il
comprend cela aussi. Voyons donc!
M. Lalonde: M. le Président, j'entends des bruits de 8% en
arrière.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: Est-ce que ce ne serait pas plus juste ce
n'est pas facile je le sais, j'en ai parlé à plusieurs
à l'intérieur de ces 1500 lignes de dire qu'il va y avoir tant de
lignes dans une autre langue. À part cela, il n'y a pas seulement
l'anglais, il y a l'italien, il y a le grec. Il y a des gens qui vont vouloir
l'inuttituuit il y a le portugais, il y a toutes sortes de langues.
À ce moment-là, pour ne pas être obligés d'inscrire
des contraintes à l'intérieur de ce qui est payé par le
gouvernement, par la banque, en faisant une dépense non
réglementée de la traduction, on se trouve à régler
le problème. C'est cela. Le refus par le gouvernement de voter pour cet
amendement, cela équivaut, quant à moi, à un refus de
traiter les groupes ethniques de la même façon qu'il traite les
groupes francophones. C'est grave pour un gouvernement qui s'est dit ouvert aux
groupes ethniques. Pensez-y en votant, M. le député de
d'Iberville!
Le Président (M. Clair): Alors, messieurs, la motion
d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys à savoir
d'ajouter, après le paragraphe h) le paragraphe suivant: i) La
traduction du français, la publication et la distribution de la brochure
visée à l'article 24A, sera-t-elle adoptée?
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté. M. Lalonde:
Appel nominal.
Le Président (M. Clair): Veuillez indiquer si vous
êtes pour ou contre la motion d'amendement.
M. Lalonde: Faites vos poèmes!
Le Président (M. Clair): M. Bédard
(Chicoutimi)?
M. Bédard: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. Godin?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Charbonneau?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie?
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Grenier?
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Laberge?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gratton?
M. Lavoie: II est absent pour quelques minutes. Acceptez-vous le
vote?
Le Président (M. Clair): À moins d'un consentement
unanime.
M. Lavoie: Est-ce que vous l'acceptez? Vous n'êtes pas en
danger? Je ne parle pas des sondages. Je parle de ce vote.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gatineau serait pour.
Une voix: Cela, c'est croche!
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a consentement
unanime? M. Paquette?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Laval aussi. À l'ordre!
Le Président (M. Clair): M. Samson? M. Samson:
Pour.
Le Président (M. Clair): Le résultat est le
suivant: Pour l'adoption de la motion: 3, contre: 7. La motion est
rejetée. Le dernier paragraphe de l'article 26 sera-t-il
adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté. M.
Bédard: C'est la traduction intégrale.
M. Fontaine: J'aurais seulement une suggestion à faire au
ministre. Étant donné qu'il nous a déjà
proposé un amendement à l'article 31, je vous dirais ceci:
L'agent officiel, son adjoint ou l'adjoint local qui n'a autorisé aucune
dépense réglementée excédant $500 doit dans les
trois jours, transmettre au directeur général... Est-ce que le
ministre serait prêt à faire la concordance pour mettre $500
également?
M. Bédard: Non. Vous allez voir tout à l'heure que
la concordance ne sera pas nécessaire.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Clair): Alors, le dernier paragraphe de
l'article 26 sera-t-il adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté. M.
Bédard: Bon! Adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 26 est donc
adopté, avec amendement.
M. Bédard: L'article 31, on l'avait gardé en
suspens à cause de l'article 32, également.
M. Grenier: M. le Président, avant d'entamer l'article
32...
M. Bédard: Article 31.
M. Grenier: ... l'article 31, j'aimerais qu'on s'entende pour
compléter l'étude de la loi ce soir, on donnerait notre
consentement. Je suis convaincu qu'on aura le consentement de tout le monde
pour terminer ce soir.
M. Lavoie: On va attendre, M. le Président, on verra.
M. Grenier: Ryan prend 37 jours pour décider mais, dans
trois minutes, vous pourriez peut-être nous dire tout de suite si vous
êtes d'accord ou pas.
M. Lavoie: On veut faire une étude sérieuse.
Le Président (M. Clair): On pourra en décider
à minuit, il n'y a pas de consentement unanime pour tout de suite.
M. Lavoie: Comme nous avons fait depuis le début.
Le Président (M. Clair): L'article 31 est-il
adopté?
M. Bédard: L'article 31 est adopté, M. le
Président.
M. Grenier: Voulez-vous attendre trois minutes?
M. Lavoie: Sans amendement là?
Le Président (M. Clair): Avec deux petits amendements,
soit d'ajouter les mots "son adjoint " à l'endroit dont on a
déjà disposé. C'était déjà
accepté.
M. Lavoie: J'aurais une seule question sur le dernier
alinéa. J'ai ici la Loi de la fonction publique: ... "Sous
réserve de l'article 55 de la Loi de la fonction publique 1965,
1ère session, chapitre 14, rien dans le présent article ne vise
les services fournis par un fonctionnaire du service public. "
M. Bédard: C'est dans la Loi électorale tel quel et
c'est pour faire appliquer l'article 55.
M. Lavoie: Est-ce que cela empêche les fonctionnaires de
participer à une campagne référendaire? (0 heure)
M. Bédard: Ce sont les mêmes dispositions qui
prévalent qu'au niveau de la Loi électorale. Une seconde...
M. Lavoie: Pourriez-vous vous renseigner et nous donner les
renseignements?
M. Bédard: Cela empêche le travail partisan au
niveau de la Loi électorale. C'est la même chose. C'est la
transposition.
Le Président (M. Clair): Alors, messieurs! l'article 31,
tel qu'il apparaît dans le projet de loi, avec les additions que j'ai
déjà indiquées, sera-t-il adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté. M. Lavoie:
Adopté.
Le Président (M. Clair): Je voudrais vous indiquer que,
suivant mes informations, le ministre
se trouve à retirer "ipso facto" une motion d'amendement à
l'effet d'insérer, après le deuxième alinéa...
M. Bédard: C'est cela M. le Président.
Le Président (M. Clair): ... de l'article 31, un
alinéa il n'y a plus d'alinéa L'article 31 est
adopté.
M. Lavoie: Le contrôle d'une dépense de $500 avec un
rapport dans les 48 heures.
M. Bédard: Dans les trois jours. On avait pensé le
faire au niveau des agents officiels. Je crois... en tout cas, nous avons
décidé...
M. Lavoie: Je crois que c'est un geste heureux du ministre, parce
qu'on aurait eu une autre bataille sur ce contrôle.
Le Président (M. Clair): Alors, l'article 31 est
adopté. L'article 32.
M. Bédard: À l'article 32, nous sommes prêts
à voter, M. le Président.
M. Gratton: Est-ce que l'amendement est fait, M. le
Président.
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Clair): À l'article 32, il y avait
une motion d'amendement du député de Laval pour remplacer au
premier alinéa, à la troisième ligne, le mot "cinquante"
par le mot "trente ". Cette motion d'amendement sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Je voudrais dire deux mots du fait que mon
argumentation n'a pas été faite récemment.
Le Président (M. Lavoie): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: C'est que je trouve, pour la période
référendaire, une dépense de $0.50 par électeur,
par chacun des comités nationaux, fort élevée. Je ne veux
pas répéter une argumentation que j'ai faite plus tôt
qu'à mon humble avis et selon l'avis de certains éditorialistes
et suivant les politicologues et les commentateurs qui ont étudié
le référendum de Grande-Bretagne, tout le monde semble d'accord
que les jeux sont pas mal faits sur un débat public de cette envergure;
dès que les brefs sont émis, l'opinion des gens est pas mal
faite. Si on autorise, dans l'hypothèse de deux seules options, une
dépense de $0.50 par comité national, 4 millions
d'électeurs, cela fait $2 millions par chaque comité, plus au
moins $1 million par l'État uniquement au titre de la brochure. Je pense
que ce n'est pas exagéré de dire qu'une brochure qui contient les
deux options à $0.25 avec les frais de poste et tout, pour 4 millions
d'électeurs à $0.25, cela fait $1 million, encore une
dépense qui s'ajoute à $5 millions, et là je ne calcule
pas les autres dépenses incidentes ou afférentes comme les
scrutateurs, les bureaux de votation, les greffiers, etc. Uniquement ces $5
millions représentent pour 4 millions de personnes, ce qui est une
possibilité maximale d'électeurs au Québec. $1.25 par
électeurs. Si on considère qu'en Angleterre, lors d'un
référendum qui a suscité énormément
d'intérêt économique entre autres, il s'est
dépensé $3 500 000 pour 40 millions d'électeurs. Ceci fait
une moyenne de $0.09 par électeur, dans la campagne du
référendum anglais, alors qu'ici on a une possibilité de
$1.25 par électeur. Nous avons fait un amendement pour réduire la
contribution de $0.50 à $0.30. Nous maintenons notre amendement. Nous
croyons que c'est fort suffisant et si l'amendement était refusé
par le gouvernement, je crois que, par son geste, il encouragerait des
dépenses exagérées de fonds publics et il faudra faire une
concordance.
Une voix: Des orgies!
M. Lavoie: Je trouve que c'est énormément trop
à $1.25 par électeur, alors que c'était $0.09 en
Angleterre. Je fais une comparaison avec une élection où il
s'agit de faire connaître et de tenter de faire élire 110
députés pour un parti, un parti reconnu a droit à une
limite d'environ $2 500 000, alors qu'il y a une multitude d'enjeux lors d'une
élection...
M. Bédard: Je ne voudrais pas interrompre le leader de
I'Opposition, mais, étant donné que nous passons minuit, est-ce
que nous avons le consentement unanime des membres de la commission pour
prolonger...
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Clair): II y a consentement, même
s'il est minuit; on continue. M. le député de Laval. (0 h 5)
M. Bédard: ... avec...
M. Samson: M. le Président, à moins qu'on voie que
nos débats se prolongent trop, on a le consentement jusqu'au moment
où quelqu'un vous fera signe qu'il est assez tard. J'espère que
cela va finir bien vite.
M. Lavoie: Je trouve que ces $0.50 sont exagérés,
surtout que la campagne est déjà amorcée on le sait
avec toutes les déclarations qui ont été faites,
avec les décisions qui ont été prises, entre autres, par
un parti politique en fin de semaine. Des sommes importantes sont
déjà engagées pour cette campagne
préréférendaire et je trouve que ce montant de
possiblement $5 millions est beaucoup trop élevé et
fortement exagéré uniquement pour la période
référendaire. Nous maintenons notre amendement à $0.30 par
électeur pour chacun des comités nationaux.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'avais déjà
eu l'occasion de faire connaître mon opinion sur ce sujet lorsqu'on avait
suspendu l'article 32. Je pense, en fait, que les $0.50 prévus à
l'article 32 représentent à peu près les mêmes
montants qui sont prévus à la loi électorale. Je pense
qu'on doit continuer à être favorable à cette disposition.
Ce ne sont pas là des dépenses exagérées, comme on
voudrait nous le faire croire du côté de l'Opposition officielle.
D'autant plus que nous avons eu déjà l'occasion de discuter au
cours de nos travaux le fait que les représentants dans les
différents bureaux de votation devront être payés par les
comités nationaux; je ne pense pas me tromper là-dessus. De plus,
il y a le fait également que, dans une question de
référendum, il faudrait que les comités nationaux aient
une publicité, une forme de vente de leur idée, si vous voulez,
adéquate tant au niveau national qu'au niveau régional, parce que
l'idée de la consultation, le sujet de la consultation ne doit pas
nécessairement s'expliquer de la même façon à
Montréal ou dans une région éloignée. À ce
moment-là, il faudra adopter des systèmes de publicité
différents. Je pense que tous ces coûts font en sorte que les
$0.50 proposés dans la loi ne sont pas exagérés et
représentent à peu près les mêmes montants qui sont
prévus à la Loi électorale. Nous pensons que cela devrait
être accepté. Bien entendu, les $0.50 que nous voyons là,
c'est un maximum et nous sommes heureux de voir que, dans la loi, c'est
prévu et toutes les dépenses qui seront faites par les
comités nationaux devront faire partie de ces $0.50.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je serai très bref.
Tout au cours des discussions, j'ai soutenu que ce n'était pas assez. Je
ne peux pas voter pour l'amendement, ce n'est pas assez $0.50. C'est bref!
Le Président (M. Clair): Merci. M. le ministre. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Une simple remarque. Je voudrais ajouter comme
argument que, contrairement à une campagne électorale, le projet
de loi no 92 va permettre à tout groupe qui veut participer à la
campagne électorale, de s'affilier à un comité national et
possiblement que ce groupe aura levé des fonds. Je pense aux partis
politiques également. Je pense qu'il est important de laisser une
souplesse aux comités nationaux pour qu'ils puissent accueillir ces
groupes et favoriser la liberté d'expression.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: Outre cet argument évoqué par le
député de Rosemont, qui est fondamental, parce qu'on a
parlé tellement souvent, durant les travaux de cette commission, des
droits et libertés individuels, on pourrait peut-être penser, un
moment donné, aux droits et libertés des groupes qui rejoignent
aussi les droits et libertés individuels. Si on permet l'affiliation de
certains groupes à des comités et qu'au bout de la ligne on
restreint les montants possibles à dépenser, à tel point
que ceux-ci n'ont que des sommes marginales pour pouvoir faire valoir leur
manière de voir les choses, faire valoir leur stratégie et leur
action de sensibilisation tout au cours de la campagne
référendaire, cela équivaut à ce moment-là
au déni d'un droit qu'on leur a accordé et qu'on doit leur
permettre d'exercer.
M. le Président, les dépenses permises lors des
dernières élections de 1976 étaient de l'ordre de $9,8
millions. Il y a eu des dépenses effectuées pour $5,1 millions,
lors de la dernière campagne électorale. D'après les
calculs que nous avons faits, lorsque nous additionnons les sommes qui sont
prévues comme dépenses par la Loi électorale et qu'on
additionne également les dépenses qui sont permises par les
partis, on en arrive facilement à une possibilité de
dépenses, pour des élections, de $0.75 par électeur. Je
crois que baisser de $0.75 à $0.50 représente déjà
une baisse significative. Deuxièmement, je voudrais quand même
rappeler certains éléments des articles que nous avons
votés qui représentent, au bout de la ligne, des dépenses
dans le fonctionnement des différents comités. Pensez par exemple
à la disposition qui fait que, contrairement à la Loi
électorale, les représentants des comités ne seront pas
payés à l'intérieur des bureaux de scrutin. Cela peut
représenter une dépense très significative. On nous a
demandé, à un moment donné, d'accorder que cette
dépense soit payée par l'État. Nous avons dit non,
justement en pensant que ce serait de la responsabilité des
comités nationaux de le faire. Nous avons parlé tout à
l'heure, entre autres le député de Mont-Royal, de la
nécessité que toutes les communautés ethniques soient bien
informées à propos des options en présence. Je crois
justement qu'il faut tenir compte de cette préoccupation et faire en
sorte d'avoir la certitude que des fonds suffisants seront disponibles pour
dispenser cette information à laquelle ont droit les différents
groupes ethniques sur l'ensemble du territoire du Québec. Je pourrais
donner d'autres exemples, mais je sais très bien que l'argumentation de
l'Opposition peut avoir une saveur électorale très attrayante,
mais à mon avis il faut revenir au réalisme qui nous permet de
concilier d'une part une campagne référendaire, d'autre part
certains droits et libertés qu'on a accordés à des groupes
et d'autres dispositions que nous avons votées dans d'autres articles et
dont j'ai fait état tout à l'heure.
Je crois, dans les circonstances, M. le Président, que nous ne
serions pas très réalistes de baisser même si cela
pourrait bien paraître électoralement parlant ou comme argument
à saveur... je pense qu'il faut demeurer réaliste et
la somme de $0.50 par électeur me semble très
indiquée. Il y a une autre chose, une remarque qui a été
faite par le leader de l'Opposition, à l'effet qu'en Grande-Bretagne,
avec 40 millions d'habitants, cela a coûté seulement...
M. Lavoie: D'électeurs.
M. Bédard: ... d'électeurs cela a
coûté seulement $3,5 millions.
M. Lavoie: Oui.
M. Bédard: Remarquez que...
M. Lavoie: La campagne référendaire... j'ai le
bouquin ici.
M. Bédard: Je ne vous contredis pas, ne partez pas en
peur. Ce que je voudrais vous faire remarquer, par exemple j'ai eu
l'occasion de le dire à plusieurs reprises mais le député
de Laval semble faire un effort pour l'oublier c'est qu'il y a une
différence fondamentale avec la Grande-Bretagne parce que en
Grande-Bretagne, il n'y a pas de publicité
télévisée. La publicité
télévisée, il s'agit de se le rappeler à l'occasion
d'élections dans nos comtés, représente au-delà de
50% de nos dépenses, peut-être pas dans les grandes villes,
peut-être pas dans les grandes agglomérations comme
Montréal et Québec mais quand on arrive dans la grande
majorité des comtés, vous savez très bien, je pense, que
chaque candidat doit affecter au-delà de 50% de ses fonds disponibles
à l'article publicité.
C'est une différence...
M. Lavoie: Pour un référendum, il n'y a pas de
candidat. (0 h 15)
M. Bédard: Non, il n'y a pas de candidat mais c'est clair
qu'il va y avoir, parce que c'est permis ici, des messages
télévisés. Je n'en ferai pas grief à l'Opposition
ou, encore, à la partie gouvernementale ou aux tenants de quelque
comité que ce soit, il va définitivement à moins
d'être complètement irréaliste et vouloir vivre en
Grande-Bretagne alors qu'on vit ici, au Québec y avoir une grande
partie des sommes remises pour la disposition aux comités nationaux qui
vont être dépensées pour la publicité. Je pense que
ce sont toutes des considérations qui nous amènent à
croire, d'une façon réaliste, que le montant de $0.50 par
électeur qui est prévu dans la loi est loin d'être un
montant exagéré mais constitue, à mon humble opinion, une
somme réaliste. Je voudrais simplement ajouter qu'il ne faut jamais
oublier que c'est un maximum; on n'est pas obligé de le dépenser;
les comités ne sont pas obligés de dépenser le maximum
mais...
M. Lavoie: C'est une belle invitation à le faire.
M. Bédard: C'est une bonne invitation à le faire.
Je suis convaincu qu'avec la réglementation des dépenses, le
contrôle des dépenses que nous avons voulu avoir durant la
période référendaire, justement, nous allons fermer la
porte à des orgies de dépenses.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Laval qui vise à remplacer au premier
alinéa de l'article 32, à la troisième ligne, le mot
"cinquante" par le mot "trente" est-elle adoptée?
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté, M. le
Président.
M. Lalonde: Adopté.
M. Gratton: Quant à moi, cela pourra être
adopté aussitôt que j'aurai dit au député de
Rosemont et au ministre que lorsqu'ils invoquent le respect des droits des
groupes affiliés, à l'appui de leur argumentation contre la
motion d'amendement, je trouve cela assez curieux, puisqu'ils ont
eux-mêmes refusé de donner quelque possibilité que ce soit
à tout groupe ou organisme, ou même individu qui ne voudrait pas
s'affilier à un comité national; ils ont refusé de donner
toute possibilité de s'exprimer, outre les $300 qu'on leur permet de
dépenser. Ils seraient mieux de trouver un autre argument que
celui-là.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement est
rejetée. L'article 32 sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Clair): Je vais vous faire lecture de
l'article 32 parce qu'il y a des petits amendements qui ont déjà
été adoptés. Le paragraphe 1: "Les dépenses
réglementées doivent être limitées de façon
à ne jamais dépasser pour un comité national, au cours
d'un même référendum, cinquante cents par électeur
dans l'ensemble des districts électoraux.
Lorsqu'un agent officiel nomme un agent local dans un district
électoral, ou un adjoint, il doit, dans son acte de nomination, indiquer
le montant maximum des dépenses réglementées que cet agent
local ou cet adjoint peut faire autoriser au nom du comité national.
L'agent officiel peut cependant réviser ce montant en tout temps durant
la période référendaire". L'article 32 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Lavoie: Sur division.
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Clair): L'article 35 maintenant.
M. Bédard: Nous l'avions suspendu simplement parce qu'il y
avait le montant de $0.25 qui est relié aux $0.50 prévus à
l'article 32.
Le Président (M. Clair): L'article...
M. Bédard: À moins que l'Opposition n'ait d'autres
éléments, d'autres remarques.
M. Lavoie: II y avait un petit changement au paragraphe c,
changer le mot "deniers" par "biens".
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Clair): Oui. L'article 35 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Bédard: Les articles 39 et 40 sont reliés
à l'article 3, alors...
Le Président (M. Clair): L'article 39 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 40
est-il adopté?
Une voix: Adopté également.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Bédard: M. le Président...
Interprétation
Le Président (M. Clair): II reste l'article 1 où on
avait suspendu un certain nombre de paragraphes. Est-ce qu'on reprend les
paragraphes un à un ou si on adopte?
M. Lavoie: Un à un.
Le Président (M. Clair): Un à un. Le paragraphe
a).
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le paragraphe b)
est déjà adopté. Le paragraphe c).
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le paragraphe
d).
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le paragraphe
e).
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le paragraphe
f).
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le paragraphe g)
est déjà adopté. Le paragraphe h). Adopté. Le
paragraphe i). Adopté. Et le paragraphe j) est déjà
adopté. L'article 1er est adopté dans son ensemble.
M. Lavoie: Sans vouloir rouvrir un article, M. le
Président, juste un petit commentaire bref pour les fins du journal des
Débats, c'est qu'à l'article 38, la contribution de
l'État, on ne la connaît pas encore. On a parlé, à
certains moments, de $0.25 par électeur. Le chiffre a été
lancé à certaines occasions.
M. Bédard: Je n'ai pas entendu ce chiffre
mentionné.
M. Lavoie: Pourquoi ne pas éclairer la commission
actuellement?
M. Bédard: Non. Je ne crois pas que ce soit le temps
d'éclairer la commission puisque nous ne le sommes pas nous-mêmes.
Maintenant, M. le Président...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs.
M. Bédard: Avant de terminer, j'aurais une motion à
faire qui permettrait de renuméroter le projet de loi.
Le Président (M. Clair): Étant donné qu'il y
a eu un article 5A, si ma mémoire est fidèle, une section IA et
un paragraphe 24A également...
M. Lavoie: Ce sera fait pour l'étape du rapport.
Le Président (M. Clair): Ce sera fait plutôt pour
l'étape de la troisième lecture.
M. Bédard: Troisième lecture peut-être. On
peut le faire en même temps que les appendices. C'est déjà
prévu.
M. Gratton: Dans le temps comme dans le temps.
Le Président (M. Clair): II y a une motion qui a
été adoptée afin que la renumérotation du projet de
loi 92 soit...
M. Lavoie: Je ne pense pas que la motion soit
nécessaire.
Le Président (M. Clair): Non, je le sais. Je m'en
souviens. C'est que la commission recom-
mande à l'Assemblée nationale de faire renuméroter
le projet de loi au niveau de la troisième lecture. Je pense que c'est
cela.
M. Lavoie: Bon, cela, recommande à l'Assemblée
nationale de faire une renumérotation à la troisième
lecture.
M. Bédard: Maintenant que tout est adopté, je
pourrais peut-être donner la question.
M. Lavoie: Comme on connaît le ministre, on n'a pas de
temps à perdre. Il n'a jamais appris depuis qu'il est au monde à
répondre à une question. M. le Président, juste un mot. Je
voudrais féliciter de la part de l'Opposition officielle, le
président de cette commission pour sa collaboration, son
objectivité et son ouverture d'esprit; ce dernier point peut être
un exemple pour le ministre.
M. Bédard: Vous continuez à ne pas être
gentil.
M. Lavoie: Je m'adresse au président. Quant à moi,
c'est une des premières expériences que j'ai en commission
parlementaire et en ce qui concerne la menée des travaux, je dois dire
que cela a été une très belle expérience. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie
également.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je voudrais vous féliciter d'abord pour la
façon dont vous avez conduit ces travaux. Je ne suis pas à ma
première expérience, puisqu'on avait vécu une loi qui a
ressemblé à celle-ci à cause de ses heures de travaux et
des difficultés qu'on y a affrontées, la loi 101. Je voudrais
vous féliciter pour le travail que vous avez fait et pour
l'objectivité que vous avez démontrée à
l'égard des partis d'opposition principalement. De plus, vous n'avez pas
manqué d'être correct à l'égard du gouvernement.
Je voudrais vous laisser savoir également que nous sommes heureux
aussi de l'adoption de cette loi que nous demandions depuis 1969, en ce qui
nous concerne, et de savoir...
M. Lavoie: Est-ce que c'était l'Unité-Québec
dans le temps ou l'Union Nationale? Voulez-vous réserver votre discours
pour la troisième lecture?
M. Bédard: Soyez donc poli au moins jusqu'à la fin;
franchement!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je voudrais vous dire, M. le Président, que
nous sommes satisfaits du travail qui a été fait dans de larges
mesures. Nous sommes satisfaits de savoir que ce qui a été
introduit dans cette loi, les comités nationaux, le Conseil du
référendum, le contrôle des dépenses, les
comités affiliés... Pour nous c'étaient des points
importants, vraiment importants, qui nous donnent un outil valable pour
l'étape que nous devons franchir au Québec. Les résultats
vont maintenant porter sur l'avenir; c'est une clé qu'on s'est
donnée, c'est un instrument de travail qu'on s'est donné, c'est
une loi-cadre, c'est un outil; alors je pense que nous avons en main un outil
important qui nous rendra capables de traverser l'étape qui s'annonce au
cours de la prochaine année.
Je voudrais vous féliciter, M. le Président, pour la
façon correcte dont vous avez mené les travaux. Merci
grandement.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie
également, M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, très
brièvement, je voudrais vous remercier pour la rigueur avec laquelle
vous avez dirigé ces débats. Ce n'était pas toujours
facile, mais je pense que vous avez fait preuve de beaucoup de patience et
d'une connaissance à toute épreuve de votre règlement, ce
qui nous a permis de mener à bien, de mener à terme
l'étude article par article de ce projet de loi.
Je voudrais, étant donné que tous les membres de la
commission connaissent les circonstances qui ont fait que j'aie eu à
succéder momentanément à un de mes collègues qui
était à l'origine de ce projet de loi qui, je pense, aurait eu
énormément de satisfaction à faire cette étude
article par article avec l'ensemble des membres de cette commission,
féliciter et remercier d'une façon tout à fait
particulière mes collègues du côté
ministériel, membres de cette commission, qui m'ont facilité la
tâche et qui m'ont aidé grandement à me plonger rapidement
dans l'étude de ce projet de loi.
Je voudrais remercier également les oppositions pour je ne
parlerai pas d'obstruction officielle leur collaboration qu'ils sont
à même d'évaluer chacun. M. le Président, je suis
convaincu, en terminant, que nous avons, sans prétendre avoir
accouché d'une loi parfaite, travaillé sérieusement
à la mise en place d'un instrument de plus...
Une voix: ... confiance.
M. Bédard: ... qui sera de nature à favoriser
comme le disait la Commission des droits de la personne la
démocratisation de nos institutions politiques, et qui nous permettra
d'associer directement les électeurs à la gouverne de
l'État, en permettant un élargissement de la participation
populaire à la prise de décisions importantes. Nous avons, tout
au cours de l'étude de ce projet, respecté des principes
votés en deuxième lecture par l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale, à savoir le principe
fondamental de l'égalité entre les individus, tel que
c'est reconnu par la Charte des droits et libertés de la personne, et
également un autre principe, non moins important, qui était
contenu dans la loi du financement politique, celui d'une meilleure
réglementation des revenus et des dépenses politiques ou
référendaires.
Nous nous sommes donné, je crois, un instrument qui sera de
nature à améliorer la marche de la démocratie au
Québec et ce pour l'ensemble des partis et surtout pour l'ensemble de la
population.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la commission de la
présidence du conseil et de la constitution termine ici ses travaux
après avoir adopté le projet de loi 92. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 28)