Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux pour l'étude des crédits budgétaires
1981-1982 du Développement économique. Il y a une entente pour
que la commission sièqe pendant une période d'une heure. Vous
avez des remarques préliminaires, j'imagine. M. le ministre.
M. Landry: Elles seront très brèves. Je n'ai pas
encore eu la chance de discuter beaucoup d'économie avec l'Opposition et
j'aimerais bien lui donner...
Le Président (M. Desbiens): Excusez. Avec un nouveau
président, il y a quelquefois des oublis.
Les membres de la commission sont: M. Dussault (Châteauguay)
remplace M. Rédard (Chicoutimi); M. Paquette (Rosemont) remplace M.
Gendron (Abitibi-Est); M. Landry (Laval-des-Rapides), M. Marquis
(Matapédia) remplace M. Lazure (Bertrand); M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges) remplace M. Levesque (Bonaventure); Mme Harel
(Maisonneuve) remplace M. Lévesque (Taillon); M. Payne (Vachon) remplace
Mme Marois (La Peltrie); M. Morin (Sauvé), M. Rocheleau (Hull) remplace
M. Ryan (Argenteuil); M. Fortier (Outremont) remplace M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Kehoe (Chapleau) remplace M. Marx (D'Arcy
McGee).
Les intervenants sont: M. Brouillet (Chauveau), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gratton (Gatineau), M. Guay
(Taschereau), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Rivest (Jean-Talon).
M. le ministre, je vous redonne la parole.
Remarques préliminaires M. Bernard
Landry
M. Landry: Merci, M. le Président. J'étais donc en
train de dire que comme on n'a pas tellement eu l'occasion de discuter
économie avec l'Opposition depuis le début de cette session, je
limiterai mes remarques a quelques minutes, pour que vous puissiez faire
état de vos préoccupations et que nous soyons en mesure de
répondre à vos questions.
Cependant, sur le plan technique, nous sommes à l'étude
des crédits et il s'aqit du programme 5, Conseil exécutif,
élément 1, Travaux de planification. Je suis le responsable de ce
seqment de I'OPDQ que les qens de la boîte appellent la "planif" et qui,
en fait, est une équipe léqère, mais remarquablement
efficace de chercheurs économiques au niveau de l'administration
centrale du gouvernement. C'est la raison pour laquelle vous retrouvez ces
crédits au ministère du Conseil exécutif.
En 1980-1981, cette équipe a consacré environ 500 000 $ de
deniers publics à ses travaux. Nous prévoyons que les montants
seront du même ordre de qrandeur pour l'exercice qui suit. En gros, les
travaux faits par ces 24 personnes - c'est vraiment une équipe
relativement légère - ont oorté en grande partie autour de
la problématique Montréal et les contenus du sommet Laval,
Montréal, rive sud, qui a été préparé, comme
vous le savez, sur plus de douze mois par les diverses administrations, sont
partiellement venus des travaux de la planification OPDQ. Ils ont, en
particulier, fait la synthèse des études qu'on appelle
État de la situation et perspectives, ils ont approfondi
particulièrement les questions de génie-conseil, de bureaux
d'affaires, qu'on appelle le tertiaire moteur, qui joue un très grand
rôle dans la réqion de Montréal et qui est remarquablement
florissant ces années-ci. Comme vous le savez, ils ont approfondi les
perspectives de développement du port de Montréal, qui
était un des instruments de développement économique les
plus importants de la grande réqion. Mais, tout en faisant ces travaux
autour de la problématique Montréal, ils ont quand même
publié de qrandes études qui débordent de beaucoup ce
secteur géoqraphigue, en particulier une étude très utile,
qui pourrait servir de modèle pour la réqion de l'Estrie, sur le
pouvoir d'achat régional. Je suis allé moi-même dans
l'Estrie rendre publique cette étude et j'ai suivi la réaction
des "décideurs" locaux, des divers agents économiques, qui ont
déjà commencé à s'en servir pour consolider le
potentiel économique de
l'Estrie.
Nous avions fait - ce ne sera pas sans intérêt pour
certains membres de l'Opposition - une étude semblable pour la
réqion de l'Outaouais, c'est une étude de flux économique
pour savoir par quelle stratégie précise une réqion peut
maximiser la dimension de son marché et éviter les
inefficacités économiques relatives au transport inutile de
produits. On peut dire que cette étude sur le pouvoir d'achat dans
l'Estrie sera un instrument de travail déterminant pour la maison de
l'industrie que nous avons éqalement établie comme projet
expérimental à Sherbrooke.
La Direction de la planification a également fait des travaux sur
les conséquences économiques du ralentissement de la croissance
de la population. Vous vous souvenez, c'est une étude qu'on a rendue
publique le 27 février 1981, qui a été mise à la
disposition de la presse, mais éqalement de l'ensemble des chercheurs du
Québec qui se préoccupent de l'horizon de l'an 2000 et de ce qui
va se passer entre-temps, également, la planification, comme orqanisme
central, a mis au point un modèle économétrique qui est
plus vaste que le modèle économétrique utilisé
depuis longtemps par le gouvernement - qui a été mis au point par
le ministère de l'Industrie et du Commerce - qui est un tableau
d'échanges interindustriels. La Direction de la planification a
réfléchi un modèle plus vaste qui au lieu d'un tableau
classique de grille d'échanges interindustriels fait intervenir d'autres
intrants plus vastes, comme la population, comme le secteur tertiaire. Alors ce
n'est pas sans intérêt pour un gouvernement d'être capable
de mesurer avec une bonne approximation les effets de telle ou telle
modification majeure d'intrants, que ce soit dû à la
fatalité, disons la démographie, fatalité à court
terme, ou à des investissements dans un secteur ou l'autre.
Je dois vous dire, en conclusion de ces brèves remarques, que la
planification s'est attachée à limiter le nombre de travaux faits
en dehors du gouvernement. Ce n'est pas qu'on a guoi que ce soit contre les
consultants; nous n'hésitons nullement à utiliser des consultants
quand nos ressources internes sont insuffisantes, mais nous nous sommes
attachés à faire en réqie tout ce qu'on pouvait. Quand on
a eu à recourir à des consultants cela a été, non
pas pour leur confier une étude globale, mais plutôt pour les
faire participer à des études qui étaient menées en
régie. Je pense que c'est une bonne façon de dépenser
l'argent.
À l'horizon immédiat, cela peut vous intéresser de
savoir que les grandes priorités gouvernementales des mois et des
années qui viennent font déjà l'objet d'études et
de recherches, en particulier la technoloqie de pointe, le développement
régional et l'investiqation des effets du Tokyo Round, en particulier en
ce qui concerne la disparition qraduelle de toute frontière
économique, tarifaire, en tout cas, entre le Québec et les
États-Unis d'Amérique. J'espère que ces remarques sont
suffisantes pour vous inspirer un départ de discussion et qu'elles n'ont
pas empiété sur votre précieux temps consacré aux
questions. (11 h 45)
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vaudreuil-Soulanqes.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. En débutant, j'aimerais remercier M. le ministre de
ses remarques, parce que, dans le fond, elles évoquent ce gui est au
coeur même de l'activité que son ministère est censé
faire, c'est-à-dire, si je comprends bien, et on pourra me l'expliquer,
coordonner finalement les interventions du gouvernement en matière
économique.
Cela m'amène finalement à poser deux questions. Comment
l'action du ministre et du ministère, comment les gens qui
relèvent de son cabinet et de ces fonctions complètent-ils, le
cas échéant, la nature, le qenre, les résultats des
travaux qu'on peut retrouver dans certains autres secteurs de l'activité
gouvernementale, nommément dans certains ministères à
vocation purement sectorielle? J'illustrerai cela en disant que c'est
peut-être l'effet du hasard ou, alors, c'est carrément parce que
le ministre se préoccupe plus de planification que d'autre chose qu'il a
évoqué l'activité de planification de l'OPDQ dont la
description des activités, a toutes fins utiles, est un calque de
certaines descriptions qu'on retrouve, par exemple, dans le cahier explicatif
des crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme. Je parle ici des tâches de planification telles que
décrites, la construction du modèle d'échanges
intersectoriels - présumément ce qu'on appelle les tables "input"
et "output" qui font l'objet de la description du bilan de l'année
dernière du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
de même que des projets pour l'avenir. Il en est de même de la
possibilité, autant à l'OPDQ et encore une fois dans les services
où il y a du personnel et des budqets au MIC, en matière, comme
on a dit, de développement de modèles. On parle de donner des
outils de connaissance aux intervenants, au ministre, au cabinet, pour
influencer ou déterminer leur réflexion en matière
d'intervention dans les secteurs économiques. J'essaie de voir si, dans
le fond, on n'a pas à certains égards doublé sinon
triplé les services et donc les budgets.
J'aimerais savoir à l'intérieur de quels
mécanismes se font toutes ces tâches qui
réapparaissent extrêmement semblables, où est la
coordination et jusqu'à quel moment le ministre doit intervenir, quel
est le degré de son autorité pour ramener chez lui, pourrait-on
dire, les activités qu'il a décrites tout à l'heure, parce
qu'elles existent déjà dans d'autres ministères.
Questions et réponses
M. Landry: Cette question que vous posez est une question
centrale et vous savez qu'historiquement le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme est, à toutes fins utiles, le ministère
de l'économie. C'est un phénomène qui remonte à la
création du ministère et, avec l'addition successive
d'institutions à caractère proprement central, le
ministère de l'Industrie et du Commerce était devenu le
ministère de l'économie. Si je n'ai pas eu, au sens strict de
certains prédécesseurs, on peut dire comme M. Guy Saint-Pierre,
par exemple, dont vous avez sans doute la mémoire, qui jouait, comme
ministre de l'Industrie et du Commerce ou tentait de jouer, dans des structures
un peu déficientes, le rôle dévolu aujourd'hui au ministre
d'État au développement économique - il y a donc des
séquelles du passé et des institutions de caractère
central au MIC - je dois vous dire que le processus décisionnel est
entamé pour rapatrier au niveau central certaines institutions qui sont
au MIC.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je me permets d'interrompre le
ministre. Votre collègue du MIC est-il au courant?
M. Landry: C'est bien évident que mon excellent
collaborateur du MIC, homme dont le passé n'est pas négligeable,
mais dont l'avenir m'apparaît plus brillant encore,, est au courant de
ces choses, et c'est au comité des priorités que ce genre de
décisions s'amorce, que ces décisions sont amorcées.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est parce qu'il n'en a pas
parlé lors de l'étude de ses crédits à lui.
M. Landry: C'était à vous de le questionner,
puisque ces institutions sont dans son budget présentement. Cependant,
je dois dire qu'en dépit de cet héritage historique, au cours des
quatre dernières années, le comité ministériel de
développement économique, qui est l'instance de cohérence
des politiques économiques du gouvernement, a fait en sorte que tous les
doubles emplois hérités du passé soient le plus possible
évités. C'est pourquoi vous verrez que les études de la
planification de l'OPDQ, qui ne sont qu'une partie de nos travaux de
planification, et tous les travaux menés au secrétariat permanent
du développement économique ont été faits dans une
optique de cohérence et d'action interministérielle; c'est
ça l'essentiel du comité de développement
économique.
Autrefois, les ministères économiques, comme les autres
ministères, mais, pour ceux-là, le phénomène
était mieux connu, avaient développé une espèce
d'impérialisme naturel à toute grande administration qui faisait
que le ministère de l'Énerqie et des Ressources d'aujourd'hui,
qui était autrefois celui des Richesses naturelles, comme
ministère économique, menait des politiques économiques
parfois divergentes de celles du MIC et parfois carrément antagonistes.
Certains ministères donnaient des subventions pour planter des
végétaux dont d'autres ministères subventionnaient
l'arrachage, pour prendre l'exemple ultime.
Au comité ministériel de développement
économique, nous nous sommes attachés, en 80 réunions,
c'est-à-dire une réunion aux quinze jours, à peu
près, avec tous les ministres économiques, à
débusquer ces incohérences et à amener les divers
ministères économiques à travailler entre eux. Quand la
question est carrément intersectorielle, l'arbitrage se fait au
comité ministériel de développement économique et
les travaux sont coordonnés par le secrétariat. L'exemple type de
ces travaux, c'est un immense travail, sans précédent au
gouvernement du Québec et sans précédent au Canada,
d'ailleurs, qui s'appelle Bâtir le Québec. C'est une
stratégie de développement économique non
impérative, axée sur l'analyse des faiblesses et des forces de
l'économie du Québec et sur des études sectorielles
poussées déterminant l'action au moment de la publication et au
cours des quinze, dix-huit ou vingt mois qui ont suivi cette publication.
Cela a été fait avec la coopération de tous les
ministères sectoriels, mais nettement coordonné,
rédigé, harmonisé par le secrétariat au
développement économique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le ministre. Il y a
deux éléments où...
M. Landry: II y a peut-être un petit détail sur le
modèle économétrique. Je pensais que je m'étais
expliqué là-dessus. Justement, le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme a un tableau d'échanges
interindustriels, le classique Léontief, qui a même
été inauguré par le professeur Léontief
lui-même, qui était venu à Québec pour le lancer.
L'OPDQ, comme orqanisme central, dispose d'intrants qui sont moins familiers au
MIC. Donc, on a élargi la problématique, comme c'est le devoir de
l'OPDQ de le faire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le
ministre a évoqué deux éléments, celui du
rapatriement de certaines de ces fonctions qui existaient au MIC et qui iraient
maintenant à son ministère. Est-ce qu'on peut entendre parler
d'un échéancier possible de rapatriement? Je présume que
ce sera commencé, même en petite partie, simplement après
le 31 mars 1982?
M. Landry: Non, ce sera plus rapide que cela. Ce n'est un secret
pour personne, le Conseil des ministres a commencé l'étude, et la
terminera probablement dans les heures qui viennent, d'un mandat au ministre
d'État au Développement économique d'aller plus loin avec
Bâtir le Québec, dans une stratéqie plus orientée
vers l'avenir et vers les secteurs de pointe. Dans l'élaboration de
cette stratégie, nous aurons besoin de tous les intervenants à
caractère central du gouvernement dans le domaine économique. Par
conséquent, les transferts de juridiction dont je parle devraient
s'effectuer dans les mois qui viennent pour que nous soyons en mesure de mettre
tous ces qens au travail le plus vite possible pour publier
l'énoncé de politiques économiques auquel je fais
allusion.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce sujet, je ferai
remarquer au ministre qu'aux crédits du ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme pour l'année 1981-1982, dans la description
des programmes et des éléments de proqrammes qui recoupent
l'activité de la planification, il y a des augmentation de 12% par
rapport à l'an dernier. Alors, je vous soumets, M. le ministre, que
votre collègue, M. Biron, n'est pas au courant du rapatriement, à
moins qu'on ne laisse l'enveloppe budgétaire et qu'il continue à
payer pour les services qui seront dispensés ou effectués par
votre ministère.
M. Landry: Non, mais vous connaissez le cycle budgétaire
au gouvernement et vous savez comment il s'amorce. Ce gu'on vous livre vers le
31 mars est toujours entrepris à partir du 1er juillet ou à peu
près; la machine gouvernementale passe pratiquement douze mois sur son
cycle budgétaire ou presque. Rien n'interdit au gouvernement, en cours
d'année, de faire des réaffectations, de changer la vocation d'un
ministère, de l'abolir ou d'en créer d'autres et l'intendance
suit, comme on dit, intendance importante, mais qui ne doit pas entraver
l'action du gouvernement dans ses décisions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le deuxième
élément que le ministre a mentionné dans sa
réplique initiale est l'évocation du caractère
d'antagonisme qu'on peut retrouver quelquefois à l'intérieur de
certaines directions situées à des endroits différents
dans le gouvernement et que finalement le secrétariat permanent ou
le
CMPDE, si je comprends bien, doivent faire la compensation ou la
conciliation d'objectifs. Je lui demanderais, à ce moment-ci, comment il
entrevoit la solution du conflit apparent - il me dira peut-être que
c'est simplement apparent - entre la politique, si je me souviens bien,
à partir des éléments qui ont été
donnés dans Bâtir le Québec, visant à asseoir une
grande partie de notre développement industriel sur des taux
préférentiels d'énergie hydroélectrique et la
politique qui semble plutôt voir
Hydro-Québec monter ses taux au même niveau que les autres
formes d'énergie avec le temps. Comment ce conflit peut-il se
résoudre dans son esprit, pour le moment?
M. Landry: Je ne sais pas où vous avez pris même les
apparences de ce conflit, puisque nos intentions sont bien claires; elles ont
été publiées dans un livre blanc sur la politique
énergétique qui vous est familier et aussi dans un autre document
de stratégie qui est une espèce de précision de
Bâtir le Québec qui s'appelle L'industrialisation par
l'électricité. Pour résumer l'essentiel de cette
stratégie, le Québec pratique déjà les taux de
courant électrique les plus bas du monde industrialisé
occidental, parce que, à l'Est, on sait que les taux peuvent être
plus bas, mais parfaitement arbitraires. Donc, déjà,
Hydro-Québec, en respectant rigoureusement les paramètres de
l'économie et de son mandat, pratique des taux bas. Il serait
irresponsable, par ailleurs, qu'Hydro-Québec s'engage dans la voie
canadienne des tarifications énergétigues, voie qui est en train
de faire un tort immense, à long terme, à l'espace
économique canadien. En d'autres termes, un pays qui pratique des taux
d'énergie nettement en deçà du marché mondial
pratique une politique antiéconomique et, à terme,
extrêmement néfaste pour son industrie et pour sa capacité
de concurrencer les économies étranqères qui se sont
adaptées à des prix d'énergie correspondant au
marché mondial. Alors, Hydro-Québec va monter ses taux, tout le
Québec le sait, mais Hydro-Québec va monter ses taux en gardant
un différentiel favorable pour l'industrie québécoise,
dans des marges normales, comme ça s'est fait jusqu'à ce
jour.
Par ailleurs, pour le tarif industriel grande puissance, là,
c'est une tout autre affaire. Tout consommateur de 5 mégawatts et plus,
c'est-à-dire tout consommateur industriel au tarif grande puissance,
doit faire approuver ses projets de développement par le gouvernement de
façon que les retombées économiques maximales puissent se
produire. Autrefois, on branchait. Faites ce que vous voulez, on branchait.
Vous voulez 800 mégawatts pour faire 22 emplois, vous êtes un
consommateur, on vous branche. Aujourd'hui, ce n'est plus ça. Celui
qui
voudrait 800 mégawatts pour faire 22 emplois se ferait retourner
froidement par le gouvernement. Nous l'avons, d'ailleurs, fait et c'est
ça qu'il faut pratiquer: utiliser l'électricité pour les
retombées économiques maximales.
Vous avez vu, par exemple, que Reynolds donne une expansion importante
à son usine de Baie-Comeau, un investissement de l'ordre de 500 000 000
$, ne s'en tiendra pas à cela et que la phase canette est
déjà annoncée, d'abord, par la récupération,
deuxièmement, par le recyclage du métal lui-même et,
troisièmement, par l'usine de fabrication de canettes.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, le ministre d'État au
Développement économique est responsable en particulier de la
coordination du Comité ministériel de développement
économique. Est-ce que, à la suite du remaniement des
compétences ministérielles, la composition du comité a
été modifiée, je pense en particulier au ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur? Est-ce qu'il fera partie du
comité?
M. Landry: Non, il ne fait pas partie du comité. La
composition a été assez peu modifiée, somme toute. On
considère une addition possible qui n'est pas ratifiée par le
Conseil des ministres, bien que la demande ait été faite par le
ministre lui-même. C'est notre collègue du Revenu qui voudrait se
joindre au Comité ministériel de développement
économique, et je favorise personnellement qu'il soit présent au
comité. Sauf que cela n'est pas ratifié par le Conseil des
ministres.
M. Paquette: À cet effet, M. le Président, il y a
environ deux ans, le ministre d'État au Développement
économique avait entrepris une politique visant à
régulariser les investissements dans l'industrie de la construction de
façon à éviter que les cycles économiques affectent
trop le marché de l'emploi dans ce secteur. Est-ce que le ministre
pourrait évaluer les résultats de cette politique? Est-ce qu'il a
l'intention de la poursuivre, d'en modifier les orientations ou de maintenir
les orientations qui avaient été prises à ce
moment-là?
M. Landry: Oui, effectivement, nous avons eu une telle politique
et, en ce qui concerne en particulier les investissements des secteurs public
et parapublic, nous avons réussi à dépenser en trois ans
ce que le gouvernement dépensait habituellement en cinq ans. On a
mené une nette politique d'accélération des
dépenses publiques dans le domaine de la construction pour faire face au
creux qui a suivi immédiatement la période postolympique. C'est
toujours plus facile d'administrer l'abondance que d'administrer la
pénurie. L'idée générale était d'utiliser
les investissements publics pour écrêter les pointes. On peut
dire, jusqu'à ce jour, que l'opération est réussie et le
gouvernement peut maintenant étaler davantaqe ses projets de
développement et ses projets de construction parce que le secteur
privé a repris avec qrande vigueur les investissements industriels et
commerciaux. C'est un facteur un peu aberrant dans une période de taux
d'intérêt qui atteignent sur ce continent des records historiques,
des taux d'intérêt à 20% en Amérique du Nord. Jamais
personne non seulement n'avait vu cela, mais n'avait pensé qu'une telle
chose pouvait se produire. Or, la chose se produit et les agglomérations
de Laval - je pense que je l'ai déjà dit publiquement - de
Montréal et de la rive sud battent, ces mois-ci, leur record historique
d'émission de permis de construction en nombre et en valeur. Ce
phénomène a commencé dans la municipalité de
Montréal en 1979 où on a dépassé, en
investissements, autant dans le résidentiel - ce qui est paradoxal, mais
il y a quand même le programme de 10 000 loqements de la ville de
Montréal - que dans le commercial et dans l'industriel. Ce qui veut dire
que la nécessité de soutenir la demande par les investissements
du secteur public est manifestement moins qrande qu'elle ne l'était
après l'effondrement postolympique.
M. Paquette: M. le Président, l'an dernier, à cette
commission, on avait interrogé le ministre sur l'état des travaux
concernant l'énoncé de politique "Bâtir le Québec".
Je pense que le ministre nous avait indiqué qu'à peu près
les trois quarts des propositions de ce document avaient été
réalisées. Est-ce qu'on peut dire que maintenant, un an
après, la plupart des propositions de "Bâtir le Québec" ont
été mises en application? Est-ce qu'il y a encore des
éléments à réaliser dans cette politique?
M. Landry: II faut faire une distinction d'abord entre ce qui
relève de nous, dans "Bâtir le Québec", et ce qui
relève de nos divers partenaires. Pour ce qui relève de nous,
j'ai déposé à l'Assemblée nationale, il y a un
certain nombre de mois, un tableau en lignes et colonnes qui nous portait
à peu près à 80% des réalisations de toutes les
recommandations de Bâtir le Québec.
Par ailleurs, certaines recommandations - je donne un exemple
précis: la constitution d'un conseil économique et social
requièrent l'accord de nos principaux partenaires et des autres aqents
économiques. Nous avions convenu avec eux, au sommet de
Montebello, de convoquer un colloque pour voir quelles structures nous
pourrions établir pour une concertation permanente, sauf que le Conseil
du patronat n'était pas prêt. À sa demande, nous avons
retardé ce colloque. Dès qu'il sera tenu, probablement à
l'automne - on en a discuté encore récemment avec les
représentants de la Chambre de commerce qui sont venus présenter
leur mémoire annuel et qui sont tout à fait prêts, eux,
à participer à ce colloque - nous serons en mesure, avec eux, de
réaliser cette recommandation de Bâtir le Québec. Mais pour
l'essentiel, vous vous souvenez que c'était un horizon relativement de
court terme. C'étaient douze, quinze, dix-huit mois, et c'est fait.
C'est la raison pour laquelle déjà à l'automne le
gouvernement... à l'automne, enfin, je ne veux pas être
présomptueux parce que ce sont des travaux extrêmement complexes,
mais dans peu de temps, le gouvernement ira plus loin avec Bâtir le
Québec.
Dans un autre énoncé de politique plus concret, plus
précis parce que les problèmes philosophiques ont
été, à toutes fins utiles, liquidés par Bâtir
le Québec, nous ne reviendrons pas tellement sur la philosophie, nous
irons vers les stratégies de secteurs de pointe bureaucratique,
informatique, télématique, biotechnologie. Nous irons vers le
développement régional et nous irons vers la stratégie
d'exportation, en particulier en ce qui concerne les conséquences du
Tokyo Round et de la "concurrentialité" des firmes
québécoises sur l'immense marché nord-américain.
C'est ce que j'appelle la théorie du quart de tour à gauche.
Celui qui, regardant vers l'Ouest... disons un industriel de
Saint-Georges-de-Beauce qui regarde vers l'Ouest, pour avoir 12 000 000 de
consommateurs solvables, il faut qu'il se rende à l'océan
Pacifique en passant par Saskatoon, Moose Jaw et autres localités
passionnantes. S'il fait un quart de tour à qauche et s'il regarde vers
le sud, rendu à 600 milles, il est à 90 000 000 de consommateurs
solvables. Alors, c'est une stratégie qui découle de la nature
même de la situation géographique.
M. Paquette: M. le Président, une dernière question
concernant justement ce quart de tour à qauche. Est-ce qu'il y
aura...
M. Landry: ... au point de vue idéologique, M. le
député.
M. Paquette: Justement... M. Landry: ... en
géographie.
M. Paquette: ... c'est la question que je veux vous poser. Est-ce
qu'on peut espérer qu'il y aura également un quart de tour
à gauche sur le plan idéologique en ce qui concerne la
façon dont le ministre conçoit l'intervention du gouvernement du
Québec dans l'économie?
On se rend compte que, particulièrement en ces temps assez
difficiles sur le plan budgétaire, il y a quand même certains
points d'espoir concernant notamment le rendement des sociétés
d'État. La situation aurait été encore beaucoup plus
difficile cette année dans le budqet du Québec si, il y a quinze
ans, un gouvernement relativement progressiste alors, même s'il
était libéral, n'avait pas décidé de créer
Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et placement et la
Société générale de financement.
Dans cette politique que prépare le ministre, peut-on
espérer une intervention plus soutenue de l'État dans
l'économie, de façon que l'ensemble des Québécois
bénéficient du développement économique? De quelle
façon le ministre entrevoit-il ce rôle de l'État dans
l'économie?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Le député de Rosemont, qui a une bonne
connaissance de l'histoire économique du Québec contemporain,
n'est pas sans savoir que les éléments progressistes auxquels il
a fait allusion, qui étaient dans une certaine formation politique
à l'époque, ont à peu près tous changé
d'horizon de ce point de vue. En particulier, le père
d'Hydro-Québec d'aujourd'hui, puisque Hydro-Québec n'a pas
été fondée en 1962, mais plutôt en 1944 par la
nationalisation de Montréal Light, Heat and Power, ajoutant à son
volume d'activité par la nationalisation des onze compagnies en 1963,
celui qui a fait le combat pour la nationalisation est maintenant le premier
ministre du Québec.
Je me souviens, pour avoir participé aux études à
l'époque - c'est une anecdote -que quand André Marier et Michel
Bélanger, gui ont été les deux grands commis de
l'État à l'origine de la nationalisation, ont
présenté leur rapport à celui gui était le ministre
des Richesses naturelles de l'époque, il s'est empressé d'aller
le porter chez le premier ministre du temps, M. Jean Lesage, qui était
un homme fort studieux et qui lisait tous les documents. Il a lu le document
dans la nuit - je pense que cela avait, je ne sais pas, 150, 200 paqes -
à grand renfort de café et de discussions avec son épouse
et le lendemain matin il a dit à M. Lévesque: Dans dix ans, mon
René, on en reparlera. Mais, dix mois plus tard, c'était fait.
Les progressistes du temps sont maintenant avec nous, ce qui me permet de
répondre positivement au député de Rosemont sur les
sociétés d'État, qui maintenant sont toutes rentables
à l'exception d'une seule, SIDBEC. Je dois dire, à la
décharge des planificateurs,
des dirigeants et des travailleurs de SIDBEC, que la puissance
sidérurqique Krupp a mis à pied, la semaine dernière, 4000
travailleurs. La conjoncture de l'acier est pour quelque chose dans les
malheurs de SIDBEC. Donc, toutes les sociétés sont rentables,
sauf celle-là, ce qui leur donne des moyens d'intervention qu'elles
n'avaient pas avant. SOQUEM déclare des bénéfices de 15
000 000 $ cette année.
Ces sociétés vont aqir dans des paramètres bien
établis maintenant de profitabilité, de concurrentialité
raisonnable avec le secteur privé. Les sociétés
d'État paient maintenant leurs taxes; pour illustrer ma pensée,
elles vont même payer des dividendes, ce que d'aucuns critiquent, mais
cela semble être le bon sens même. Dans ces paramètres, il
faut s'attendre que les sociétés d'État du Québec,
en association avec le secteur privé sous forme de "joint ventures",
c'est ce qu'on a fait surtout depuis quatre ans, vont jouer un rôle
majeur dans l'expansion des prochaines années. Un exemple frappant:
quand la Société générale de financement, avec
Union Carbide et Gulf, constitue à Montréal une unité
pétrochimique de taille mondiale, elle contribue puissamment au
développement. Il est entendu que les sociétés
d'État seront poussées au développement dans les
paramètres que j'ai dits, pas pour faire la charité à
quiconque, mais pour faire servir leurs marges de manoeuvre, leur expertise,
leurs profits à l'expansion.
Cela ne fait pas le moindre doute. J'ajouterais, en terminant sur cette
question, qu'en plus nous allons dans ce nouvel énoncé de
politique prendre grand soin de la dimension régionale.
M. Fortier: J'espère bien que l'Opposition pourra poser
des questions. C'est le Parti québécois qui pose des questions au
ministre, c'est très intéressant, mais...
M. Landry: Ce n'est pas le Parti québécois. Ce sont
des gens qui ont été élus et la plupart avec de bonnes
majorités.
M. Fortier: L'étude des crédits, normalement, c'est
fait par l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! M. le
député de Châteauguay, je regrette, mais j'ai une demande,
à moins que l'Opposition n'y consente.
M. Fortier: Une demi-seconde.
M. Rocheleau: Je ne suis pas d'accord, M. le Président,
une question de privilège.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire, M. le député...
M. Rocheleau: On a demandé à l'Opposition...
Le Président (M. Desbiens): ... de Hull. À l'ordre,
s'il vous plaîtî M. le député d'Outremont, vous avez
la parole.
M. Fortier: J'avais quelques questions. La première est
assez anodine. C'est tout simplement mon ignorance. Est-ce que l'OPDQ
relève du ministre et est-ce que les budgets ayant trait à l'OPDQ
font partie des budgets sous le contrôle du ministre comme tel?
M. Landry: L'ignorance du député n'a rien à
voir avec ça parce que la situation est plutôt complexe. L'OPDQ
est un organisme qui est en mutation depuis un certain nombre d'années,
et la répartition c'est bien simple. Pendant notre premier mandat,
l'OPDQ a relevé officiellement du ministre d'État à
l'Aménagement, sauf les orientations de la Direction de la planification
dont justement nous étudions les crédits ce matin. En d'autres
termes, je suis responsable de la planification pour son contenu et son
orientation et ceci non pas par arrêté en conseil ou par
modification à la loi, mais par une lettre du premier ministre me
confiant ces responsabilités.
M. Fortier: Est-ce que les budgets de l'OPDQ sont inclus?
Excusez-moi, je n'ai pas le budget devant moi. Sont-ils compris dans vos
budgets? Quelle est l'ampleur des budgets de l'OPDQ qui relèvent de
votre ministère directement?
M. Landry: J'ai dit que c'est dans l'ordre de 500 000 000 $, et
c'est la planification. C'est mon collèque, ministre d'État
à l'Aménagement d'aujourd'hui, qui répondra à la
commission des crédits de l'OPDQ.
L'électricité
M. Fortier: La deuxième question a trait, bien sûr,
à Bâtir le Québec et l'électricité. Le
ministre a dit qu'il n'y avait pas de changement de politique radical. À
ma connaissance, dans Bâtir le Québec, on fait état,
à grand renfort de paragraphes, du fait que la tarification de
l'électricité est extrêmement basse au Québec.
À ma connaissance aussi on construit des stratégies de
développement économique à partir de cette position. (12 h
15)
Si je ne me trompe, justement, on n'a pas développé de
stratégie qui prendrait en considération des augmentations de
tarifs qui pourraient être assez considérables dans
l'avenir. Le ministre dit avec raison qu'on peut se poser la question et
se demander s'il est souhaitable que la tarification d'Hydro-Québec
demeure en deçà de ce qu'on peut appeler les prix internationaux
pour l'énergie. Très bonne question. Il y a une question que
j'aimerais moi aussi poser là-dessus. D'une part, il est évident
que le ministre des Finances, dans l'annexe en particulier, a dit très
clairement que, justement pour décourager l'utilisation de
l'électricité par rapport à d'autres formes
d'énergie, le gouvernement - je crois qu'il parlait au nom du
gouvernement - entendait privilégier des augmentations de tarifs qui
feraient en sorte que la tarification d'Hydro-Québec se rapproche de ce
qu'on peut appeler des prix internationaux, même s'il y avait un
escompte, un pourcentage sur lequel on pourrait s'entendre. Il s'agit
là, bien sûr, d'un changement de politique qui, à mon avis,
est fondamental, extrêmement important, qui pourrait être
aqgravé, bien sûr, par ce qu'en plus du fait que le qouvernement
irait chercher des dividendes, il y aurait la difficulté
qu'Hydro-Québec aurait de se financer, comme en a fait foi le
trésorier d'Hydro-Québec lors de la dernière commission
parlementaire. Ma question au ministre est donc celle-ci: Est-ce que son
ministère, sa direction a fait des études qui n'existent pas dans
Bâtir le Québec et qui, justement, nous donneraient un
éclairage sur l'impact qu'aurait cette nouvelle politique sur le
développement économique du Québec et justement sur les
paragraphes ou sur les chapitres qui traitent de la stratégie du
développement économique à partir d'une
électricité à bon marché?
M. Landry: Premièrement, cette étude existe. C'est
l'appendice de Bâtir le Québec, auquel j'ai fait allusion et qui
s'appelle la politique de l'industrialisation par l'électricité,
étude qui a été publiée il y a environ douze mois.
Je me ferai un plaisir d'en faire livrer par messager cet après-midi une
copie au député. Il verra dans cette étude publiée
il y a une douzaine de mois qu'il n'y a aucune espèce de changement de
politique. Les tarifs du Québec, résidentiels comme industriels,
sont présentement parmi les plus bas du monde. Ils vont rester parmi les
plus bas du monde, mais ils ne peuvent pas rester à l'état
stationnaire, ce qui serait irresponsable, et nous serions blâmés
par la communauté internationale de pratiquer une politique de
l'énerqie incitant au gaspillage de la ressource. Donc, les tarifs vont
monter, oui, mais ils seront toujours plus bas que les tarifs pratiqués
par nos concurrents immédiats sur ce continent et même dans le
reste du monde.
M. Fortier: Je veux arrêter le ministre là-dessus.
Il est bien dit dans l'annexe 5, je crois, du discours sur le budget, que la
tarification d'Hydro-Québec devra décourager l'utilisation de
l'électricité par rapport à d'autres formes
d'énergie telles que le gaz. On sait que le gaz va suivre un pourcentage
près des prix du pétrole et on sait gue le Québec
s'achemine vers des prix plus ou moins internationaux. Ce n'est pas faux de
prétendre que, d'ici une dizaine d'années, les prix de
l'électricité vont s'aligner ni plus ni moins sur les prix
internationaux. Je crois gue le commentaire du ministre gue les tarifs
d'électricité seront toujours les plus bas au monde sont
niés justement par les assertions du ministre des Finances dans son
discours sur le budget.
M. Landry: Pas du tout. Il s'agit d'une courbe qui peut
être une droite parallèle à une autre. S'il y avait baisse,
ce serait une courbe en serpent. C'est peu probable. Pendant que les
coûts mondiaux vont augmenter, nul ne peut savoir jusqu'à quel
point ils augmenteront, autant pour le gaz que pour le pétrole, -
rappelez-vous la phrase simple, mais lourde de conséquences du cheikh
Yamani qui a dit: Le jour où il manquera un baril de pétrole sur
le marché mondial, nul ne peut dire, même Allah, quel sera le prix
de ce baril manquant.
Ce sera la courbe ascendante du marché mondial et il y aura un
certain nombre de points plus bas, une droite parallèle qui sera le prix
de l'électricité vendue par Hydro-Québec aux industries et
aux consommateurs domestiques. Là-dessus, je pense qu'on pourrait
s'entendre avec l'Opposition, surtout avec le député d'Outremont
qui a développé une certaine spécialité en cette
matière, et convenir qu'on ne doit pas utiliser une telle ressource
à des usaqes fantaisistes, par exemple, utiliser de
l'électricité pour produire l'effet que les physiciens appellent
l'effet joule, c'est-à-dire le chauffage d'un élément.
C'est du gaspillage, à comparer à l'utilisation de
l'électricité pour un usage noble comme l'électrolyse des
métaux, l'électrochimie, l'électrométallurgie dans
lesguelles le Québec est déjà spécialisé, on
est d'accord là-dessus. M. Bérubé avait une formule assez
drôle: ce n'est pas parce gu'on est producteur d'or gu'on va remplacer
les poutrelles d'armature en acier par des poutrelles en or. On est mieux de
vendre l'or ailleurs, on pourra se payer plus d'acier.
M. Fortier: C'est un peu thérorique, M. le ministre. Vous
parliez tout à l'heure des millions de dollars qui sont engagés
dans les condominiums à Montréal et à Laval. Vous savez
fort bien gue, lorsqu'on est rendu au dixième ou au quinzième
étage, on n'est pas tellement intéressé à faire une
distribution par le gaz pour le chauffage domestique et, compte tenu des
impératifs, que chaque
propriétaire d'un logement en condominium veut être
maître chez lui, il tient justement à avoir le contrôle du
système de chauffage. À ce moment-là, le meilleur
système de chauffage, ça devient l'électricité. Si
j'étais professeur à l'université, bien sûr, je
pourrais faire des thèses sur la forme d'énergie gu'on peut
utiliser, mais, dans la pratigue, il arrive que beaucoup de qens et beaucoup de
constructeurs fassent des choix non pas en fonction des désirs de
certains ministres, mais en fonction des choix véritables gui leur sont
faits.
Par ailleurs, on va savoir cette semaine si la grève qui
arrête la construction du gazoduc sera matérialisée, mais
tous ces avatars dans la pénétration du gaz vont certainement
faire en sorte qu'une grande quantité de la clientèle va se poser
des questions à savoir si, réellement, le gaz pourra venir au
Québec. Comme on en a fait l'illustration lors de la dernière
commission parlementaire, au mois de février, chaque fois qu'il y a un
retard d'un an dans la construction du gazoduc, c'est autant de gens qui se
tournent vers l'électricité.
De toute façon, dans ce débat sur la tarification de
l'électricité, qui s'achemine dans une courbe parallèle
vers des prix internationaux, il va certainement y avoir des impacts. J'admets
avec le ministre que, dans la négociation des tarifs pour la grande
puissance, le gouvernement a une certaine force de négociation qui va,
à ce moment-là, selon les succès de la politigue, diminuer
les revenus d'Hydro-Québec par rapport à ce gu'elle aurait eu si
la tarification avait été la même pour tout le monde.
À venir jusgu'à maintenant, je crois que cela a été
assez minime, je ne connais pas tout le bilan des succès de
négociation, mais, s'il y avait de grands succès, ça
voudrait dire qu'Hydro-Québec aurait beaucoup moins de revenus qu'elle
en aurait eu si la tarification avait été la même pour tout
le monde.
La question que je pose - et cela aura un impact assez important - c'est
que, dans Bâtir le Québec, malgré les assertions du
ministre pendant la campagne électorale dans Outremont, il reste gue
1995 demeure une date clé. On sait pertinemment que la demande en
électricité, semble-t-il, va continuer à augmenter. Si, de
fait, l'entreprise et la construction continuent à se développer
au Québec - tout le monde le souhaite - l'utilisation de
l'électricité va être encore extrêmement importante.
Je vais relire attentivement le document traitant de
l'électricité, quoique je l'aie lu et il ne m'a pas semblé
que cette conjoncture d'augmentation rapide des tarifs de
l'électricité ait été traitée très en
profondeur. Dans ce débat, je me préoccupe du fait gu'on puisse
prendre des décisions aussi importantes dans le discours sur le budget.
Je le comprends du point de vue du ministre des Finances qui est tenté,
avec un large déficit, de combler ce déficit, mais, du point de
vue du ministre responsable du développement économique à
long terme, je me pose la question à savoir si, justement, toute la
question de la définition d'une politique énerqétique
à long terme ne devrait pas se faire dans les meilleurs délais.
Ceci devrait d'ailleurs être perçu dans le contexte des
négociations avec Terre-Neuve qui pourraient pénaliser
considérablement le Québec, et des négociations avec les
États-Unis qui pourraient permettre d'accélérer notre
développement énergétique, peut-être pour un plus
grand bien économique, mais cela va quand même avoir un impact
considérable sur notre avenir énerqétique et sur le
coût de l'électricité au Québec.
À ce moment-là, je me pose la question: Est-ce que le
ministre appuierait la proposition qu'il y ait un débat public, une
définition d'une politique énergétique à long terme
pour nous permettre de voir clair dans toute cette question de
développement énergétique à long terme qui aura,
bien sûr, des impacts considérables sur le coût de
l'électricité dans dix ou quinze ans? Comme le ministre est
responsable de la planification, je crois que c'est son rôle. À ce
moment-là, nous pourrons mesurer les choix que nous aurons
véritablement et influencer les politiques existantes, mais qui auront
des impacts à long terme dans le secteur énergétique et
dans le secteur du développement économique.
M. Landry: Le député semble assumer d'une
façon insistante et presque obsessionnelle qu'il n'y a pas eu de livre
blanc sur la politique énergétique...
M. Fortier: Cela s'arrête en 1990.
M. Landry: Or, il y en a eu un... Qu'il n'y a pas eu de document
de stratégie de développement industriel: industrialisation par
l'électricité. Or ces documents ont été
publiés. Mais comme la prévision économique ne peut jamais
avoir la prétention de rejoindre la prophétie, une politique
énergétique -et en cela, il a raison - doit être l'objet de
discussions constantes dans l'univers d'aujourd'hui. Cette discussion se fait
à l'intérieur du gouvernement, dans la minorité pour
l'Opposition, dans les journaux et partout, et ce n'est pas demain que le
débat va cesser. Le gouvernement essaie d'avoir la vue la plus à
long terme possible de ces guestions sans sombrer dans la prétention et
l'infatuation de savoir tout ce gui va se passer en l'an 2000 sur le front
énergétigue.
Quant à la pénétration du gaz, vous me semblez
minimiser un aspect de la question qui est l'aspect industriel. Les industriels
sont de très gros consommateurs potentiels de gaz et ils vont
déloger des blocs
équivalents d'électricité. Tous ceux, par exemple,
qui ont besoin dans leurs procédés industriels d'un chauffaqe
intense, disons la porcelaine ou d'autres industries du genre, et qui utilisent
l'électricité aujourd'hui vont se reconvertir au gaz à la
vitesse grand V et là on va débloquer des quantités
très importantes d'électricité.
Je reviendrais à la politique des dividendes
qu'Hydro-Québec devra payer à la population. N'oubliez pas que
c'est la population du Québec qui, faisant une affaire en or en 1963, a
payé 450 000 000 $ pour acquérir 11 compagnies
d'électricité. C'est un bon investissement. Il est normal que la
collectivité en profite. Il y a des modèles au même effet.
Le gouvernement de l'Alberta a constitué et accumule de minute en minute
des sommes extraordinaires dans son "Heritage Fund". Un des personnages
éminents du Parti libéral, qui habite votre circonscription -
Robert Bourassa pour ne pas le nommer - préconise à tour de bras
que soit constitué un "Heritage Fund" à partir de
l'électricité. Mais comment constituer un "Heritage Fund"?
Comment restituer à la collectivité québécoise,
autrement que dans les circuits d'investissement d'Hydro, les profits
faramineux de cette firme sans lui demander de payer des dividendes? Je ne vois
pas pourquoi l'Opposition fait tout un plat du fait que la compagnie qui fait
le plus de profits au Canada - même Power Corporation qui a eu durant
tout notre mandat des profits astronomiques et inégalés ne fait
pas les profits de l'Hydro et de loin, et Power paie des dividendes - paie des
dividendes.
M. Fortier: Je vais quitter là-dessus. Il est bien
sûr que l'investissement a payé tous les contribuables du
Québec et par une qrande foulée, parce que la tarification, gui
était très variable dans tout le Québec, a
été uniformisée et elle était beaucoup moindre;
vous l'avez dit, c'est la meilleure tarification dans le monde entier. Alors,
les dividendes sont déjà allés aux individus et la
justification, d'ailleurs, a toujours été que les vrais
actionnaires d'Hydro-Québec n'étaient pas le gouvernement dans
son ensemble, mais les individus au Québec.
Mais quand même, il reste que les autres dividendes indirects que
les citoyens du Québec recevaient, c'était les retombées
économiques et, de ce côté-là, la politique -on ne
conclura pas le débat aujourd'hui là-dessus - que le gouvernement
met de l'avant risgue fort de limiter le développement
d'Hydro-Québec et indirectement le développement
économique du Québec dans son ensemble.
J'aimerais quand même savoir si, en ce qui concerne les
exportations, le ministre conduit des études qui l'amèneront
à conclure, que ce soit dans la dimension que
Robert Bourassa a mise de l'avant ou que ce soit dans une dimension
moindre, qu'il y aura des avantaqes économiques à en tirer et,
comme l'ont dit si bien plusieurs des syndicats qui ont témoigné
lors de la commission parlementaire, qu'en termes de création d'emplois
une telle exportation sera dans le meilleur intérêt du
Québec, si on peut, par ailleurs, établir les rivières qui
seraient disponibles et établir si la protection de l'environnement sera
faite. (12 h 30)
Mais je reviens sur les choix à long terme, sur le débat
public. Alors qu'on sait qu'en 1992-1993 Hydro-Québec aura des choix
à faire, soit d'aller au charbon, soit d'aller vers le nucléaire
ou d'autres rivières qui coûteront 50% et 100% plus cher que les
rivières qui existent dans le moment, il nous semble que ce n'est pas de
la prophétie de déterminer une politique
énergétique à long terme, puisgue ces choix auront
justement un impact sur les rivières gue nous développerons pour
l'exportation. À cet égard, je me demande comment le gouvernement
peut faire pour négocier avec les Américains s'il n'a pas encore
établi sa politique à long terme qui lui permettrait de savoir
quel est le potentiel hydroélectrique qu'il pourrait effectivement
développer.
M. Landry: Le gouvernement, pas plus que le député
- je le réitère - ne sait quel sera le prix du baril de
pétrole en 1995. Le gouvernement, pas plus que le député,
ne peut savoir pendant combien de temps des tonnes et des tonnes de polluants,
venant de la combustion du charbon, pourront s'accumuler dans
l'atmosphère; pendant combien de temps le Québec et d'autres
régions du Canada accepteront de recevoir des pluies acides en
provenance d'installations analoques au sud.
Alors, avant de se prononcer d'une façon catéqorique
à la manière d'un prophète, il y a encore pas mal
d'études à faire. Les Américains eux-mêmes, avant de
se lancer dans des investissements considérables pour les installations
de production et de transport du courant, des installations qui demanderaient
une longue période d'amortissement, vont se poser d'énormes
questions, sans compter les problèmes d'environnement que posent ces
lignes de transport.
Dans ces conditions, nous nous rabattons sur les paramètres les
plus sûrs, et les paramètres les plus sûrs, c'est
Québec d'abord, l'industrialisation du Québec d'abord, la
fourniture de courant électrique à l'économie du
Québec et aux citoyens du Québec. Par la suite, si on a un
créneau suffisamment long d'excédent de courant
électrique, on pourra considérer des accords avec nos voisins du
Sud, mais par la suite seulement. La priorité, ce n'est pas le Sud,
c'est Québec.
M. Fortier: On a déjà des surplus d'énergie
dans le moment. En tout cas, je vais passer la parole...
M. Landry: II faut que vous soyez cohérent, je n'ai pas
relevé ce que vous avez dit sur Churchill, mais vous savez qu'il nous en
vient 5000 mégawatts environ, vous savez qu'on a un contrat
extrêmement solide, dont la solidité a déjà
été reconnue par quelques tribunaux. Vous semblez penser que les
5000 mégawatts de Churchill sont menacés; au contraire, plus on
va discuter avec Terre-Neuve, plus on va s'entendre avec eux, plus il y a de
possibilités qu'il vienne du courant de Churchill.
Le Président (M. Desbiens): Messieurs et Madame de la
commission, il reste trois minutes, selon l'entente qui a été
conclue. Trois intervenants ont demandé la parole: M. le
député de Châteauguay, M. le député de
Vaudreuil-Soulanges et M. le député de Hull. Est-ce qu'on
pourrait s'entendre, à cet instant même, pour une prolongation de
quelques minutes?
M. Landry: Je ne veux surtout pas que l'Opposition se sente
frustrée à la suite de cette commission, même si le temps
est très court pour un sujet aussi vaste. Si mes collègues sont
d'accord...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Châteauguay.
Bâtir le Québec
M. Dussault: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord pour faire preuve de beaucoup de collaboration concernant ce que j'ai
vu tout à l'heure. J'ai une brève question, je pourrais prendre
vingt minutes, selon la lettre de notre règlement, on a droit à
l'alternance mais je veux tout simplement demander au ministre relativement au
document Bâtir le Québec et au travail qu'il va faire dans les
prochaines semaines, suite au mandat qu'il attend du Conseil des ministres, la
forme que prendra le résultat du travail, ça va aussi nous donner
une idée des délais que ça peut occasionner. Est-ce que ca
prendra la forme d'une refonte du document comme tel, donc, une
réécriture du document, ou s'il s'aqira d'un ajout au
document?
M. Landry: Je vais essayer de répondre brièvement.
Résumons de la façon suivante: Bâtir le Québec a
bien établi la philosophie économique du gouvernement du
Québec et on l'a fait de concert avec les divers aqents
économiques. Là-dessus, nous ne reviendrons pas, quelles que
soient les sollicitations réactionnaires qu'on pourrait avoir de quelque
milieu, y compris de l'Opposition. C'est fait, on n'a pas à revenir
là-dessus.
Deuxièmement, dans les 48 ou 60 premiers mois à peu
près de notre administration, nous avons mené de viqoureuses
opérations pour remettre sur la voie de la croissance certains secteurs
de notre économie, traditionnels mais fondamentaux. Ces secteurs sont:
l'agriculture traditionnelle et fondamentale, les pâtes et papiers, qui
se repliaient d'environ 3% par année sur leur part de marché sur
le continent, et enfin textile, vêtement, bonneterie, chaussure, meuble,
ce qu'on appelle les secteurs mous, qui se sentent insultés quand on dit
ca aujourd'hui; ils veulent qu'on parle d'eux comme des secteurs traditionnels,
parce qu'effectivement, ils ne sont plus mous.
On pense, sans prétention, que c'est à peu près
liquidé, cette partie de notre action. En d'autres termes, on a
essayé de combler des carences du passé. Pour les pâtes et
papiers, on va mettre maintenant 1 500 000 000 $ d'investissement dans les
années qui viennent, et les 52 ou 53 usines du Québec
pratiquement vont être touchées. Qu'est-ce qu'il reste à
faire puisque maintenant on a colmaté au mieux les brèches du
passé? Il reste à reqarder l'avenir. C'est ce que le prochain
énoncé de politique visera. Ce sera un avenir à un peu
plus long terme que Bâtir le Québec. Bâtir le Québec,
c'était à peine du moyen terme, mais là, on va
probablement mordre sur le long terme, c'est-à-dire sur quatre ou cinq
ans, peut-être davantage, en autant que l'appareil prévisionnel
nous permettra d'avancer des chiffres sérieux et des hypothèses
sérieuses. Cet avenir s'articulera autour, je le réitère,
des technologies de pointe, du tertiaire moteur, de la régionalisation
de la prospérité et, enfin, de la prospection des marchés
mondiaux. Ce sera plus court, plus chiffré, plus concret, plus
précis.
M. Dussault: ... un tome II.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Dussault: Quelque chose comme un tome II.
L'Outaouais québécois
M. Rocheleau: On vient justement de décerner il y a
quelques semaines un titre honorifique à notre collègue, le
ministre de l'Expansion économique, c'est-à-dire le nouveau
parrain de l'Outaouais. Étant donné que cela concerne de
très près l'expansion économique, ministère pour
lequel M. Landry est responsable, j'aimerais connaître sa
préoccupation face à l'industrie et au commerce de par son
ministère, et aussi aux voies d'accès, tenant compte des
coûts de transport aujourd'hui. On sait que l'Outaouais
québécois est muni de parcs industriels aménaqés
d'infrastructures et de services. Nous sommes aussi choyés par un
aéroport régional qui permet la navette entre Québec et
Gatineau, Hull. Par contre, il n'y a aucun autre moyen de connexion avec
Montréal ou avec les grandes centres comme Toronto. Est-ce que le
ministre de l'Expansion économique, par l'importance de son
ministère, a l'intention de mettre l'accent dans le sens de voir au
développement du secteur routier, dans le but de permettre
l'aménaqement d'industries dans nos parcs industriels régionaux,
afin de faciliter le circuit du transport entre Montréal et l'Outaouais
québécois? J'aimerais connaître vos orientations ou vos
impressions à cet égard.
M. Landry: Je suis heureux que le député fasse
allusion à cette coopération que nous aurons dans les
années qui viennent, effectivement. Le premier ministre m'a
demandé de m'occuper particulièrement de cette région
stratégique pour le Québec qu'est l'Outaouais. J'ai
été ravi d'accepter cette responsabilité,
premièrement, parce que déjà dans le premier mandat je me
suis occupé spécifiquement de plusieurs dossiers de
développement concernant l'Outaouais. Le député se
rappellera de l'étude des flux. Je vous ai dit qu'on en avait fait une
pour la région de l'Estrie, mais on en fait une aussi pour la
région de l'Outaouais, qui est en train de devenir un instrument de
travail de première force pour les hommes d'affaires de l'Outaouais qui
ont organisé des circuits d'achat afin de maximiser l'impact de leur
marché, etc. Effectivement, nous aurons à collaborer. Je dois,
par ailleurs, dire au député que cela n'allégera nullement
ses tâches de député, puisque je n'ai pas l'intention du
tout de m'occuper des dossiers qui relèvent proprement d'un
député qui représente bien sa circonscription. Je vais
m'occuper surtout des dossiers macroéconomiques, des dossiers de
développement, et à ce chapitre, je dois lui dire que nous
escomptons des retombées fantastiques du complexe forestier de la
Haute-Gatineau. C'est une opération que nous voulons mener avec la
collaboration des élus locaux, que nous voulons mener rondement et
riqoureusement.
Il me parle de transport, et je comprends sa préoccupation, sauf
que je ne suis pas un bon interlocuteur pour le député sur les
questions de transport, pas encore, en tout cas. Vous faites allusion à
l'autoroute, j'imagine. Je pense que vous êtes mieux de vous adresser
à mon collègue du ministère des Transports. Justement,
dans Bâtir le
Québec - on l'a dit à la publication - le transport a
été une dimension négligée par les
ministères économiques. Je ne veux pas dire que le
ministère des Transports n'a pas fait des routes, des autoroutes, de
ponts et tout ce que vous voulez, mais dans cet énoncé de
politique qui vient à l'automne, qui va impliquer, comme je vous l'ai
dit, une dimension régionale, il y a volet transport important. Je serai
beaucoup mieux en mesure de lui répondre à ce moment-là.
En attendant, il est mieux de parler directement au ministre des Transports, je
ne voudrais pas embarquer dans cette question.
M. Rocheleau: Une question supplémentaire, M. le
Président. Pour nous, c'est d'une importance capitale, la région
de l'Outaouais. Les études gu'a menées la Société
d'aménagement de l'Outaouais démontrent la possibilité
d'attirer chez nous le domaine de la technologie, entre autres. Par contre, les
communications par route sont assez difficiles. Je comprends que ce n'est pas
une responsabilité directe du ministre d'État au
Développement économique, mais, quand on parle de la venue
possibles d'industries, quand on parle d'aménagement dans nos parcs
industriels, il y a quand même des communications importantes au point de
vue du transport routier. Dans ce sens, je veux parler du fait que l'Outaouais
est obligé d'emprunter la 417 du côté ontarien pour se
rendre à Montréal alors qu'il serait beaucoup plus simple de
passer à l'intérieur du Québec où la distance est
beaucoup moindre et où les facilités d'accès seraient plus
avantaqeuses pour le développement industriel. C'est dans ce
sens-là, M. le ministre...
M. Landry: Le député a tout a fait raison de
souligner que le transport fait partie des infrastructures industrielles. Je
lui ferais remarquer par ailleurs - il est sans doute au courant de ce chiffre
- que c'est dans l'Outaouais québécois que le gouvernement a le
plus investi de toutes les régions en infrastructures de
développement économigue, en projets ponctuels, en
retombées de l'opération solidarité économique. On
a fait allusion à l'aéroport, par exemple, qui est un instrument
de développement absolument extraordinaire, au parc industriel qui
entoure cet aéroport, dans lequel il y a déjà cinq
implantations industrielles et, d'après les dernières
informations qu'on m'a fournies, les autres espaces industriels de la
région commencent à être à saturation. On devrait
s'attendre à un développement important du parc industriel. Je
pense que le député serait d'accord avec moi, cette région
de l'Outaouais québécois a une importance stratégique
considérable. C'est une région frontalière, collée
à la puissante économie
ontarienne, d'une part, collée aussi à la capitale
fédérale du Canada. Quand la Société
d'aménagement de l'Outaouais a été mise sur pied, par un
gouvernement antérieur, vous vous souvenez quelle était la
motivation profonde du gouvernement de M. Bourassa. Elle découlait du
rapport Dorion sur le respect des frontières et de
l'intégrité du Québec. Je voudrais bien qu'on s'entende,
le député de la région et ses autres collègues de
la région, pour dire que l'Outaouais est aussi québécois
que toutes les autres régions du Québec, que ses connexions
économiques, administratives, politiques doivent être d'abord
québécoises, que ce sont les "décideurs" de cette
réqion et non pas ceux qui sont en face au gouvernement du Canada qui
doivent avoir l'initiative du développement. Si on s'entend
là-dessus, si le député est d'accord avec moi, sans
renoncer aux retombées déjà considérables de la
présence de la capitale fédérale, nous devrions être
en mesure dans les années qui viennent de mener de vigoureuses
opérations de développement dans l'Outaouais
québécois.
Un fleuron extraordinaire qui s'ajoute à la région, par
exemple, c'est l'Université du Québec. On sait que la
présence de l'Université du Québec dans toutes les villes
où elle s'est implantée a été un facteur majeur de
développement et de développement québécois,
greffé au circuit culturel québécois, au circuit
économique et scientifique québécois. J'espère, je
suis sûr d'ailleurs - je pose la question pour l'enregistrement - que le
député partage mes convictions dans ce domaine. (12 h 45)
M. Rocheleau: II est tout à fait évident, M. le
Président, que nous partageons plusieurs des points soulevés par
le ministre, M. Landry. Je veux, par contre, souligner, c'est bien
évident, notre appartenance aussi au Québec; nous l'avons
à plusieurs reprises mentionné, entre autres à
l'intérieur d'un mémoire que l'on faisait parvenir à la
commission Deschatelets-Stewart en 1975. Il est bien évident aussi
qu'à l'intérieur de notre schéma d'aménagement, des
schémas ou des plans directeurs des municipalités, la
planification tient compte du milieu et aussi des aspirations des citoyens de
l'Outaouais québécois. Je pense que, ceci dit, nous nous occupons
de notre planification en tenant compte de nos besoins, mais il demeure que,
dans l'Outaouais québécois, il y a une participation fort
importante du gouvernement fédéral dans les projets à
frais partagés, pour les coûts de construction du réseau
routier, entre autres, et plus particulièrement pour l'autoroute 50, qui
pourrait mener à Mirabel dans un avenir prochain. Je demande au ministre
de profiter aussi de cet impact important de la participation du gouvernement
fédéral dans une région économique qui est
très importante aussi pour le Québec.
Le Président: (M. Bordeleau): M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, je suis enchanté d'entendre vos
paroles et de constater la préoccupation que vous avez pour l'Outaouais;
vous êtes au courant des problèmes et vous avez déjà
mentionné certaines attitudes que vous allez prendre pour tenter de les
régler. La question que je veux poser, c'est: Compte tenu du fait qu'il
y a cinq députés libéraux dans la région, comment
prévoyez-vous agir à partir de maintenant? Allez-vous avoir un
attaché politique dans la réqion pour les problèmes
quotidiens, pour l'annonce des projets? Enfin, de quelle manière
prévoyez-vous travailler avec les députés locaux pour
tenter de régler et mener à bonnes fins les différents
problèmes que nous avons? Ce n'est pas nécessairement la crainte
que nous avons, les députés en place, c'est d'avoir un
gouvernement parallèle ou un député parallèle,
parce que nous avons appris par les journaux que M. Marcel Villeneuve est
déjà nommé ou sera nommé prochainement
attaché politique pour la région. De votre côté,
vous êtes responsable pour la région. Enfin, c'est notre question:
Comment allez-vous procéder?
M. Landry: Premièrement, je n'ai pas besoin de rappeler au
député de Chapleau que le gouvernement gouverne et il gouverne
dans toutes les circonscriptions du Québec. Qu'elle soit, comme
l'admirable région du Saguenay, représentée par cinq
députés péquistes ou qu'elle soit, comme votre
région, représentée par cinq députés
libéraux, le gouvernement gouverne au mieux des intérêts
des populations visées, même en termes rigoureusement politiques.
Les comtés que nous n'avons pas, nous pourrions les avoir un jour et,
certains que nous avions, nous ne les avons plus. Il n'est pas question de
gouvernement parallèle, il y a un gouvernement, c'est le gouvernement du
Québec, pour toutes les régions.
Quant au rôle des députés, qui sont,
malheureusement, suivant les divers points de vue, des députés de
l'Opposition, ils vont faire leur rôle de député de
circonscription et ils auront mon entière collaboration. Je vous
remercie, maintenant, de me parler de M. Villeneuve. J'aurais aimé que
vous m'en parliez davantage, je vais vous dire pourquoi, c'est parce que je ne
le connais pas. J'ai lu vos journaux qui, comme les journaux de toutes les
autres régions du Québec, parfois font des hypothèses, des
spéculations; la plupart du temps, ils ont raison et parfois aussi ils
se trompent. Moi, je ne connais pas M. Villeneuve, je n'ai pas de poste libre
dans mon cabinet, je n'ai pas l'intention de
l'engager et je ne pourrais pas l'engager, même si je le voulais,
parce que mon équipe léqère est déjà
remplie. Je dois vous dire que dans mon équipe légère, par
ailleurs, il y a un brillant économiste, originaire de votre
réqion, qui connaît bien votre région et qui s'appelle M.
Massé; cela fait deux jours qu'il travaille pour moi, il est
entré et cela comble mes postes. M. Villeneuve, que je ne connais pas,
est par ailleurs connu par d'autres gens qui pourraient l'employer et qui vont
peut-être l'employer, je n'en sais rigoureusement rien. Il y a des
attachés politiques dans toutes les régions du Québec et
il se peut très bien que M. Villeneuve soit appelé à des
responsabilités régionales.
M. Rocheleau: Pour autant qu'il n'est pas payé par le
gouvernement.
M. Landry: Soyons bien clairs, je vais vous dire,
là-dessus, que le Parti libéral a été au pouvoir
assez longtemps, je comprends qu'aucun de vous n'y a goûté, pour
que vous sachiez - il y en a quand même qui ont eu des informations
familiales à ce sujet - que les gens gui travaillent dans nos cabinets
sont des gens hautement politisés, choisis pour cela et leur
compétence, et nous avons toute latitude, comme vous avez eu et aurez
peut-être le loisir dans un horizon très lointain de leur faire
faire ce que vous voulez, y compris d'avoir un bureau à Hull et
d'être payés par le gouvernement du Québec. C'est une
règle sacrée des démocraties pratiquée partout,
autant chez les fédéraux que chez nous et je vous conseille, dans
une perspective à très long terme, de ne pas nous demander de
chanqer cela.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
L'expansion du commerce
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Deux questions de nature un peu
plus spécifique sur les questions d'intérêt
général qu'on a rejointes jusqu'à maintenant. À
l'égard de la description de la politique du quart de tour à
gauche que le ministre a décrite tout à l'heure, est-ce qu'il
pourrait brièvement se livrer à un de ses exercices de
conciliation entre la réalité et certaines théories qu'il
affectionne, quant à l'occasion que procure l'achat des chantiers de
Davie par Dome Petroleum d'ouvrir également le commerce du Québec
vers l'Ouest, y compris des endroits comme Moose Jaw et d'autres endroits que
le ministre a décrits comme fascinants. J'essaie de voir comment on
peut, dans la définition des priorités - j'ai peut-être eu
une mauvaise impression - négliger aussi facilement l'Ouest canadien qui
s'associe à notre développement, au développement duguel
on s'associe également, plutôt que de favoriser à court
terme - je l'ignore - une association très large jusqu'au Rio
Grande.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: C'est intéressant parce qu'avant que Dome
n'acquière Davie, Davie avait fait son quart de tour à gauche. Et
qu'est-ce qui a sauvé Davie? Ce ne sont pas des contrats en provenance
de Médecine Hat, autre endroit extraordinaire, mais ce sont des
plates-formes de forage commandées par des Texans.
Davie a eu une fantastique stratégie. Si j'étais
administrateur de Power Corporation, j'aurais la nostalgie du temps où
je possédais cette firme, parce que, avec ce qui est survenu par la
suite, cela aurait peut-être été l'un des
éléments les plus rentables de l'empire Power Corporation.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): moi non plus.
M. Landry: Je le sais. Mais vous pouvez avoir une certaine
nostalgie. Il y a peut-être plus d'avenir à Power Corporation
qu'il n'y en a dans l'Opposition officielle, pour le député de
Vaudreuil-Soulanges.
Donc, Davie avait très bien compris cela. Et ce qui se produit
comme investissements de capitaux de l'Ouest, à Lauzon, ce n'est
justement pas pour desservir le marché de l'Ouest. Ce sont des navires,
en particulier, des brise-glace de classe 10. Je ne vous conseille pas d'en
faire remonter un jusque dans le comté de Vaudreuil-Soulanges. C'est une
absurdité. Toutes les embarcations produites par Davie,
possédées par Dome, sont axées sur des
développements vers l'Est, cette fois-ci, et vers le Nord,
c'est-à-dire les projets gaziers du Grand-Nord, le transport, la
prospection, etc.
Je ne vois pas pourquoi vous me demandez une conciliation de choses qui
sont conciliées par la nature même. Vous illustrez, avec le cas
Davie, la nécessité de faire un quart de tour à
gauche.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je conteste que c'était
l'aparté de mon affirmation. Je demandais particulièrement au
ministre s'il favorisait apparemment le tournant vers le Sud au
détriment de l'expansion du commerce du Québec vers l'Ouest
canadien. C'était la seule question.
M. Landry: II n'y a pas de petits bénéfices. Un
homme d'affaires qui peut avoir un marché, qu'il soit en
Indonésie ou en Abitibi, il va le prendre. Sauf que je dis que l'avenir
est vers le Sud, à cause des concentrations de population, du niveau
de
vie, de la complémentarité des économies.
Je sais que le député de Vaudreuil-Soulanges connaît
bien cette région de Boston, qui est en pleine reprise économique
et technologique et je trouve que c'est plus sérieux, cela coûte
moins cher et c'est plus cohérent sur le plan économique de
regarder là que de regarder à Saskatoon. Et, à Saskatoon,
ils vont finir par se dire la même chose. Et c'est plus drôle pour
Vancouver de reqarder Seattle.
En d'autres termes, je dis que l'espace économique canadien a
été conçu contre la nature des choses et qu'avec
l'abaissement des tarifs, la nature va reprendre ses droits.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 5 est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sujet à ce que je
termine.
Mme Harel: Je suis certaine que vous allez accepter une question
supplémentaire. Est-ce que c'est dire que ce serait plus avantageux une
association continentale dans le cadre de notre option fondamentale qu'une
association Québec-Canada?
M. Landry: Cela m'apparaît parfaitement évident
qu'une association Québec-Canada qui aurait pu avoir du sens avant la
révolution économique du Tokyo Round devra maintenant avoir un
complément - je ne dis pas qu'on ne doit pas avoir une association
étroite avec nos compatriotes du reste du Canada - au-delà
même du plan économique. Ce ne serait pas sérieux de se
concentrer sur un petit marché au détriment des grands
marchés que nous pouvons atteindre vers le Sud.
D'ailleurs, dans votre propre comté, M. le député
de Maisonneuve, vous savez parfaitement qu'il est en train de se passer une
chose extraordinaire, c'est-à-dire que des implantations industrielles
lourdes vont être transportées de Chicago dans le comté de
Maisonneuve; on parle d'une cinquantaine de camions qui vont apporter de la
machinerie.
Mme Hamel: 80.
M. Landry: Je corriqe: 80 camions. Ce jour-là, ceux qui
ont été prendre des photographies des camions de la Brink's
chargés de vieux papiers pour aller à Toronto devraient
être sur les lieux pour photographier la caravane qui va créer des
milliers d'emplois à terme dans le comté de Maisonneuve; des
milliers à terme parce que le groupe qui est installé chez vous
veut devenir une unité à taille mondiale de production de
lave-vaiselle et de réfrigérateurs, etc. C'est un bel exemple et
c'est avec les Américains qu'on fait ça.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, d'accord, mais...
M. Fortier: Mais vous n'avez pas reqardé les compaqnies
qui sont parties de Montréal pour aller s'établir à
Calgary, justement pour utiliser tout le potentiel énergétique.
Je vous recommanderais de faire une analyse de toutes ces compagnies qui sont
établies là-bas.
M. Landry: J'ai même analysé celles qui sont parties
de Toronto pour aller à Calgary et je me suis trouvé
chanceux.
M. Fortier: Je ne parle pas de ces compaqnies, je parle de
compagnies québécoises qui sont déjà là.
M. Landry: Je me suis trouvé chanceux qu'on en ait moins
perdu que Toronto.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, pour terminer vraiment, cette fois-ci.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour terminer vraiment, M. le
Président. Mes questions sont très courtes, les réponses
sont très lonques. Évidemment, c'est absolument hors de mon
contrôle, le terrain qu'on peut couvrir à ce moment-ci.
C'est en deux volets, si vous me le permettez. Dans la théorie
des quarts de tour et des demi-tours, si on fait un demi-tour, on regarde vers
la France. Je regardais l'activité du ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme en matière d'aide ou de support à
l'exportation en ce qui concernait les relations avec la France, d'une part,
et, d'autre part, je voyais que ça relevait aussi un peu des
attributions du ministre sous l'égide des proqrammes de l'OPDQ ou je ne
sais trop, du Groupe franco-québécois de développement
économique.
J'ai remarqué, à l'étude des cahiers
supplémentaires, etc., que, dans le fond, les relations commerciales
avec la France, compte tenu du coût, quel qu'il soit en tout temps, du
développement des affaires avec la France, sont de loin, il me semble,
celles dont on tire le moins de bénéfices. Je me demandais si le
ministre en était conscient et s'il était d'accord avec ca,
premièrement, soyons honnêtes; par ailleurs, ce qu'il entendait
faire pour revaloriser le rapport coûts-bénéfices de ce que
nos relations avec la France peuvent nous coûter en matière
commerciale.
M. Landry: Je pense que le député fait une erreur
profonde, mais, à sa décharqe, très répandue. La
France est un investisseur important au Québec. Il n'y a pratiquement
pas de groupes français de grande dimension
qui ne soient installés ici, qu'il s'aqisse d'Air liquide, des
Ciments Lafarqe, etc.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je parle de marchés, M.
le ministre.
M. Landry: Uniquement de retombées commerciales.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je parle des marchés
ouverts aux industries québécoises.
M. Landry: On a avec la France une balance commerciale qui n'est
pas en équilibre à cause de deux postes en particulier,
l'automobile et les vins. Mais reqardez l'historique de cette balance et vous
allez voir que - d'ailleurs, nos fonctionnaires en poste en France desservent
un certain nombre d'autres pays du bloc de l'Europe de l'Ouest - notre balance
est en voie de correction. Pour la petite équipe, une équipe
extrêmement réduite, que nous avons à Paris, je pense que
le retour sur l'investissement est absolument extraordinaire.
Nous venons de signer, à la fin de 1980, des accords industriels
et technoloqiques - que j'ai siqnés avec l'ancien ministre chargé
du commerce extérieur de la France, M. Cointat - qui se sont
déjà concrétisés. Les Français ouvrent un
centre des technoloqies à Montréal, nous en ouvrons un à
Paris, nous aurons quatre professionnels supplémentaires. La seule
décision de Pechiney-Uqine-Kuhlmann en retombées
économiques dans un an va nous compenser pour 20 ans d'efforts
économiques à Paris non seulement en termes d'investissements
ici, mais en termes d'exportations de produits québécois, dont
l'électricité, sous forme de lingots d'aluminium sur le
marché de l'Europe de l'Ouest.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Dernière question, M. le Président, en terminant, afin de
bien démontrer que nous, de l'Opposition, ne posons pas une série
de questions qui donnent lieu à la rédaction de lonqs cahiers
détaillés de la part du gouvernement.
J'ose croire qu'en ce qui concerne les conférences
socio-économiques et plus particulièrement le sommet
économique sur l'agglomération montréalaise, le ministre
est au fait de l'administration de ces choses ou que ses collaborateurs
pourraient l'être. J'aimerais simplement savoir ce que
représentaient, en pratique, les sommes versées à
certaines Dersonnes pour la rédaction d'articles sur le sommet de
Montréal, qui apparaissent au cahier que le Conseil exécutif nous
a fait parvenir en réponse à nos questions. (15 heures)
M. Landry: Vous pouves poser des questions précises, je
n'ai pas d'objection; si je ne le sais pas de mémoire, j'ai des qens ici
qui devraient vous renseiqner.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, rédiger un
article: une demoiselle, une dame Montpetit et M. Roberge, rédiqer un
article sur le sommet de Montréal, 500 $, ou à peu
près.
M. Landry: Oui, c'est le numéro spécial du
Devoir.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Numéro spécial du Devoir.
M. Landry: II y a eu un numéro spécial qui a
précédé le sommet et on a fait appel à des
journalistes professionnels.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un publireportage?
M. Landry: Non, c'est plutôt la formule du Devoir, ce n'est
pas un publireportage, c'est le cahier spécial. Vous connaissez la
qestion des journaux, le Devoir est une entreprise bénéficiaire,
mais qui ne roule pas sur l'or; en même temps, c'est une institution et
ils ont développé cette formule de cahiers spéciaux qui
représentent une certaine rentabilité pour le journal et nous
permettent d'atteindre un vaste public.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Deuxièmement, couvrir la journée d'ouverture de la
conférence sur l'économie du grand Montréal, 1485 $.
Qu'est-ce que c'est?
M. Landry: À qui cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un M.
Meloche, Réjean Meloche.
M. Landry: Là, vous me prenez au dépourvu, je ne
connais pas M. Meloche, j'imagine qu'il l'a bien couvert, parce que cela a
été bien couvert.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
C'était cher.
M. Landry: Non, savez-vous comment cela coûte un qrand
sommet économique? Cela coûte environ 100 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends, mais on parle
d'une somme versée à une personne pour (j'ouvre les guillemets)
"couvrir la journée d'ouverture".
M. Landry: Si vous voulez l'information, on vous en
rédigera une page qu'on vous fera livrer cet après-midi.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 5 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Alors le
programme 5 est adopté. Les crédits de la commission de la
présidence du conseil et de la constitution sur les crédits
budgétaires 1981-1982 sont adoptés et je demanderais au
rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale. Il me reste
à vous remercier et j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 02)