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Commission permanente
de la Présidence du conseil, de la
Constitution
et des Affaires intergouvernementales
Etude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales
Séance du mardi 6 juin 1972
(Seize heures neuf minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Avant de débuter, j'aimerais signaler quelques changements pour
la journée. M. Houde, député de Fabre, remplace M.
Choquette, député d'Outrement, et M. Pilote, député
du Lac-Saint-Jean, remplace M. Parent, député de Hull.
La parole est au ministre des Affaires intergouvernementales.
Politique générale du
ministère
M. LEVESQUE: M. le Président, permettez-moi, avant de passer
à l'étude détaillée des crédits,
d'évoquer brièvement certaines questions, de caractère
général, sur le rôle et les orientations de travail du
ministère.
Selon les termes de la Loi du ministère des Affaires
intergouvernementales, sanctionnée le 14 avril 1967, "le ministre
coordonne toutes les activités du gouvernement à
l'extérieur du Québec ainsi que celles de ses ministères
et organismes. Il veille à toutes les relations qui peuvent exister
entre le gouvernement du Québec, ses ministères et organismes, et
les autres gouvernements ou organismes à l'extérieur du
Québec, ainsi qu'à la négociation des ententes qui peuvent
être conclues avec ces gouvernements ou organismes, conformément
aux intérêts et aux droits du Québec. Il prend les mesures
nécessaires pour faciliter la coopération intergouvernementale et
favoriser le rayonnement du Québec."
Depuis la création du ministère, le nombre et la
complexité des relations extérieures du Québec n'ont
cessé de croître, tant dans l'ordre des rapports
fédéraux-provinciaux et interprovinciaux que dans l'ordre des
rapports internationaux. Après quelque cinq années
d'activité dans ce secteur vital pour la collectivité
québécoise, il est apparu essentiel de faire le point. Aussi, le
premier ministre demandait-il, l'automne dernier, au sous-ministre des Affaires
intergouvernementales de faire un relevé des activités du
ministère afin de permettre de dresser le bilan de l'ensemble de nos
relations intergouvernementales.
Ainsi qu'il le déclarait dans le discours inaugural qu'il a
prononcé à l'occasion de l'ouverture de la présente
session, ce bilan doit se réaliser en deux phases nettement distinctes:
"La première, essentielle, est celle du relevé des
matériaux requis et de la mise en ordre des dossiers où le
Québec est engagé soit avec le gouvernement fédéral
ou avec les gouvernements des autres provinces, soit, encore, avec d'autres
pays. Cette phase initiale nous fournira les éléments
nécessaires à la seconde phase du bilan, la plus décisive
et la plus déterminante pour l'avenir du Québec, celle où
nous aurons à poser le diagnostic de l'état de nos relations
intergouvernementales et à définir les orientations à
prendre pour l'avenir."
Le travail d'inventaire et de mise en ordre des données s'est
effectué avec la collaboration étroite de tous les
ministères et organismes impliqués dans des relations
intergouvernementales. Ce sont, en effet, les ministères eux-mêmes
qui ont d'abord rédigé chacun des dossiers qui, à leur
jugement, devaient être retenus. On a ainsi rassemblé près
de 400 dossiers qui ont été ramenés aux quelque 200 qui
constituent les matériaux de base de notre inventaire.
La question s'est alors posée du choix du système de
classification qui permettrait d'ordonner une masse aussi considérable
d'informations de toutes sortes. En premier lieu, il fallait un système
qui constituerait sans doute une première synthèse des
matériaux recueillis mais qui respecterait cependant leur
diversité. Il fallait aussi un système qui préjugerait le
moins possible des évaluations et des jugements de valeur à venir
dans la deuxième phase du bilan. Il fallait enfin un système qui
aurait des correspondances aussi étroites que possible avec les
méthodes en usage au palier gouvernemental pour décrire les
activités de l'Etat, de façon que les conclusions et les
orientations susceptibles de se dégager éventuellement de
l'étude s'inscrivent, au départ, dans des catégories
déjà connues et puissent, de ce fait, se traduire rapidement dans
le langage de l'administration.
Dans cette perspective, nous pouvions heureusement ce qui
n'était pas le cas il y a quelques années disposer de
l'expérience acquise à la fois au Québec, au
fédéral et dans d'autres provinces, dans l'utilisation du
système de rationalisation des choix budgétaires, le
système PPB.
C'est ce système que nous avons choisi pour classifier la
multitude de dossiers que nous avions à manipuler. Le caractère
particulier des matériaux recueillis a imposé quelques
modifications mineures au système adopté. Toutes ces
modifications ont pris la forme d'un regroupement moins analytique des
données mais, dans tous les cas, elles respectaient l'économie
générale du système. Ainsi, les divers dossiers transmis
par les ministères ont été réaménagés
par le personnel du ministère des Affaires intergouvernementales pour
être inscrits dans la classification PPBS. Les données qu'ils
contenaient ont été réorganisées en
conséquence.
Les nouveaux dossiers qui ont résulté de ces
transformations ont été ensuite retournés à leur
point d'origine et les autorités des ministères ou organismes
impliqués ont été appelées à certi-
fier la conformité des descriptions qui apparaissent au bilan et
leur propre perception de la réalité des choses.
Presque tous les ministères et organismes ont déjà,
à ce jour, répondu à cet appel.
Le bilan des relations intergouvernementales aura donc été
l'oeuvre commune de l'ensemble de l'administration québécoise. Et
l'effort d'objectivité qui a sous-tendu les démarches que nous
venons de décrire explique le temps qu'il a fallu prendre pour terminer
l'inventaire et la mise en ordre des données qui correspondent à
la première phase de ce bilan. J'ai ici avec moi le premier tome, qui
comprend trois cahiers et qui est la première partie de ce bilan.
Pour donner une idée assez générale et
peut-être superficielle ce sera peut-être faire injure au
document pour familiariser un peu les gens de la commission, le tome 1
comprend les dossiers sectoriels des relations
fédérales-provinciales et interprovinciales. Nous avons, en
subdivision première, la première partie sur la mission
économique; la deuxième partie, la mission éducative et
culturelle; la troisième partie, la mission sociale; la quatrième
partie, la mission gouvernementale et administrative.
Ensuite nous subdivisons la première partie, par exemple la
mission économique: chapitre 1 : les ressources naturelles et industries
primaires; 2: les industries secondaires; 3: les services; 4: l'immigration; 5:
le travail, la main-d'oeuvre et l'emploi; 6: les transports, etc.
Si cette première phase, qui est maintenant à toutes fins
utiles achevée ...
M. LAURIN: Il y en a combien de ces volumes-là?
M. LEVESQUE: Quatre ou cinq.
Si cette première phase, qui est maintenant à toutes fins
utiles achevée, était essentielle au travail d'évaluation
de la seconde phase de ce bilan des relations intergouvernementales, elle
était non moins fondamentale pour la détermination
concrète du rôle du ministère lui-même au sein de
l'administration québécoise. Elle nous a également permis
de définir avec la précision requise le titre et le niveau de
qualification du personnel nécessaire aux orientations de travail que
nous entendons prendre. Le temps est maintenant venu de procéder en
toute connaissance de cause au recrutement du personnel.
Des données pertinentes ont été transmises à
la Commission de la fonction publique. Celle-ci procédera à ce
recrutement par un concours public auquel pourront se présenter non
seulement des fonctionnaires déjà à l'emploi du
gouvernement, mais aussi des professionnels de l'extérieur. Nous savons
d'ores et déjà que les besoins de personnel hautement
qualifié que révèle le bilan dépasse l'effectif
autorisé.
Aussi a-t-il été convenu que cet effectif pourrait
être modifié à la lumière des résultats du
concours de recrutement advenant que ce concours nous amène, comme nous
l'espérons, de nombreuses candidatures de haute qualité. Le
recrutement du personnel requis et l'aménagement de son organisation
interne permettront au ministère de remplir concrètement le
rôle que nous souhaitons lui voir assumer, à la lumière de
l'expérience du bilan au sein de l'administration
québécoise.
Ce rôle se structure en fonction de trois programmes: 1. les
affaires fédérales-provinciales et interprovinciales; 2. les
affaires internationales; 3. la gestion interne.
D'abord les affaires fédérales-provinciales et
interprovinciales. Le programme des affaires
fédérales-provinciales et interprovinciales répond
à des besoins qui découlent des responsabilités du
gouvernement du Québec, des arrangements constitutionnels qui
prévalent au Canada, et de la participation du Québec à la
Fédération canadienne pour les besoins de son
développement.
De façon générale, la constitution prévoit
un partage de pouvoirs entre l'Etat central et les Etats membres de la
fédération et ce partage amène des responsabilités
sectorielles qui sont ou exclusives à un ordre de gouvernement ou
concurrentes aux deux ordres de gouvernement. Pour que le Québec
atteigne les fins qu'il poursuit dans la Fédération canadienne et
que la constitution fonctionne de façon efficace, il est
nécessaire que les deux ordres de gouvernement entretiennent des
relations étroites.
Ces relations s'expriment en pratique par des réunions
officielles et officieuses entre les fonctionnaires et les ministres; seulement
au niveau des réunions officielles, on a déjà
dénombré plus de 150 comités
fédéraux-provinciaux, et un grand nombre de ces comités
discutent de questions qui ne sont pas d'ordre purement technique.
Même dans les secteurs exclusifs en termes de
responsabilités, comme l'éducation, les problèmes de
financement ont suscité la négociation et l'application
d'ententes importantes. Ces ententes de financement doivent elles-mêmes
tenir compte des arrangements financiers et fiscaux qui soutiennent tout le
fonctionnement de la fédération. Du point de vue du gouvernement
du Québec, la cohérence et l'orientation générale
des relations fédérales- provinciales et interprovinciales
demandent qu'un organisme central ait la responsabilité du
développement et de la coordination des relations intergouvernementales
et, dans certains cas, de l'application d'accords ou de projets de
coopération.
Ceci nécessite l'organisation de relations suivies avec chacun
des ministères et organismes du gouvernement du Québec, la
préparation de conférences et la participation à ces
conférences, l'organisation de relations suivies avec tous les
gouvernements du Canada, l'institution et l'administration de
délégations, missions ou bureaux auprès de ces
gouvernements. Les objectifs particulièrement visés en 72/73 par
ce programme sont les suivants: continuation du
bilan des affaires fédérales-provinciales et
interprovinciales, études sur les modalités de la présence
du Québec dans d'autres provinces, développement de la
coopération interprovinciale, notamment avec les provinces de l'Ontario
et du Nouveau-Brunswick, étude sur la participation du gouvernement du
Québec à la création d'un secrétariat permanent
pour les conférences ministérielles.
Un mot sur les affaires internationales, objet du deuxième
programme. Les relations internationales sont le prolongement des
responsabilités constitutionnelles et politiques du gouvernement du
Québec. Dans les secteurs qui sont sous la responsabilité du
Québec, la négociation et l'application d'accords internationaux
ne sauraient décemment et efficacement se faire sans sa participation
directe, comme il est essentiel que le gouvernement du Québec soit
participant à tout autre type d'accords ou d'ententes impliquant ses
ressources. Le développement des affaires internationales est, par
ailleurs, justifié par la nécessité d'avoir des relations
directes et privilégiées avec les pays de la communauté
francophone internationale, sans exclure, il va de soi, les communautés
et pays non francophones.
C'est un moyen nécessaire si le gouvernement du Québec
veut répondre aux besoins d'échanges et de contacts de sa
population, dans le cadre d'ententes et d'initiatives dont la
responsabilité ne peut être pleinement assumée que par le
gouvernement lui-même.
Dans cette perspective, le ministère des Affaires
intergouvernementales est appelé â jouer, à
l'intérieur de l'administration québécoise, un rôle
déterminant, d'initiatives et de coordination à la fois, dans
l'organisation de la représentation à l'étranger et dans
les opérations de coopération qui sont en grande partie
centralisées.
La négociation et le financement des projets et ententes de
coopération doivent être coordonnés efficacement et
l'organisation du réseau de relations doit tendre vers une
représentation cohérente et officielle des intérêts
du Québec. Les besoins prioritaires qui ont été l'objet de
l'attention du programme des affaires internationales ont été,
jusqu'ici, d'ordre culturel, économique, éducatif et technique.
Les objectifs particulièrement visés par le programme, en 72/73,
sont: continuation du bilan des affaires internationales, établissement
d'une maison à Bruxelles et d'un bureau à Tokio,
développement de la coopération internationale,
particulièrement dans les secteurs économiques, étude
d'une participation accrue du Québec au développement de
l'Afrique francophone, notamment grâce à une collaboration plus
étroite avec l'Agence canadienne de développement international,
et finalement la gestion interne.
Le troisième programme, celui de la gestion interne,
répond à des besoins évidents de soutien administratif des
autres programmes. Son objectif est de permettre au ministère non
seulement le maintien du bon fonctionnement administratif mais aussi la
réalisation de ses programmes opérationnels. La
réalisation des objectifs assignés aux deux programmes dont nous
assumons la gestion requiert manifestement une insertion plus grande du
ministère dans le contenu des relations intergouvernementales alors que
nous avons peut-être eu tendance, jusqu'à ce jour, â nous
limiter à leur aspect formel.
La confection du bilan a aussi révélé la
nécessité d'établir des relations plus étroites
avec les ministères sectoriels. C'est en satisfaisant à cette
double exigence que nous entendons, au cours de l'année 72/73, mettre en
oeuvre des orientations qui seront définies dans les prochains mois, au
cours de la deuxième phase du bilan. A cet égard, je tiens
à souligner que la collaboration du ministre d'Etat et de l'adjoint
parlementaire me sera d'un précieux concours.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les propos du ministre des Affaires
intergouvernementales.
Avec une certaine ironie, je pourrais paraphraser le ministre en disant
que l'inventaire qu'il fait, par ses fonctionnaires, inventaire qui est
tramé par les mémoires soumis par les différents
ministères, nous pourrions l'intituler, peut-être, l'inventaire
des échecs, des rebuffades, des frustations ou des humiliations subis
par le Québec au cours des dernières années.
Je pense que le sujet s'il en est en tout cas qui doit
être traité d'une façon très objective, très
sereine, est bien celui de nos relations fédérales-provinciales.
C'est pourquoi je voudrais aujourd'hui, le plus objectivement possible, faire
une analyse à savoir quelle est notre perception de ces
problèmes. Je voudrais également essayer, à la
lumière des faits et des relations qui se sont déroulées
au cours des deux dernières années, de soulever le voile pour
certaines solutions à court ou à moyen terme.
Le ministre des Affaires intergouvernementales, qui, forcément,
est lié par une foule d'autres facteurs dont la décision
relève du cabinet ou du premier ministre, ou encore dont les
décisions sont greffées à certaines stratégies tant
sur le plan électoral, du côté des petits frères
d'Ottawa et des alliés de 1970, que pour d'autres facteurs, ne peut
évidemment pas, à mon sens, nous tracer le tableau que lui,
personnellement, voudrait bien nous donner. De toute façon, il faut
constater, après deux ans d'administration du présent
gouvernement, que le moment est venu de faire le point sur un problème
qui engage directement l'avenir et le destin de tous les
Québécois. Ce problème est évidemment le
problème constitutionnel.
Il va sans dire que cette question dépasse et devrait
dépasser de beaucoup les considérations
partisanes. Je n'ai cessé, au cours des derniers mois, d'affirmer
que la question constitutionnelle, à mon sens, ne devrait jamais
être délayée dans une campagne électorale.
Je prétends que cette constitution, c'est l'habillement ou c'est
la camisole si vous me permettez l'expression populaire de tous
les jours de tous les Québécois, qu'ils soient étudiants,
qu'ils soient hommes d'affaires, qu'ils soient agriculteurs, qu'ils soient
professionnels. Au cours d'une élection générale, la
passion, la démagogie ou encore l'électoralisme, au sens
péjoratif, sont de bonne ou de mauvaise guerre. Quand on songe,
également, qu'au cours d'une campagne électorale, qu'on le
veuille ou non, il y a peut-être 40 ou 50 comtés qui, fatalement
et rituellement, votent d'une façon irrémédiable pour une
formation politique ou pour une autre formation politique, souventefois
indépendamment de l'option constitutionnelle de ces formations
politiques et que, dans d'autres comtés, on va voter pour la
personnalité du candidat ou l'attachement que l'on a à l'endroit
de tel homme public, indépendamment, encore là, de son option
constitutionnelle, je répète, M. le Président, que cette
question et les discussions qu'elle suscite doivent être
dégagées de ce climat d'électoralisme ou de
partisanerie.
Je pense que la constitution, pour quelque pays que ce soit, c'est la
loi fondamentale du pays. C'est l'ensemble des règles qui gouvernent le
fonctionnement de l'Etat. C'est donc l'affaire de tous, puisque tous, comme je
le disais tout à l'heure, sont directement affectés par la
constitution. Si la constitution est juste, si elle est bien adaptée aux
besoins du pays et de chacune de ses parties composantes, elle est alors
génératrice de paix, d'ordre et d'harmonie, de sorte que chacun
connaît véritablement la dimension et, disons, l'étendue de
ses juridictions. Il connaît également ses sources de revenus et
peut facilement, à ce moment, établir ses priorités
à la lumière de ses besoins ou de ses aspirations.
Si cette constitution, au contraire, est fautive ou mal
appliquée, elle devient une source de conflits incessants nous le
constatons de plus en plus qui absorbent en pure perte une part
croissante des ressources et des énergies de la nation.
On sait, par expérience, ce que coûtent, à tous les
citoyens, en argent et en liberté, ces interminables querelles,
souventefois, ces querelles que j'ai qualifiées de guerre en dentelles.
Mais, de plus en plus, dans un pays adulte et démocratique, la source de
l'autorité constituante ne peut être que le peuple souverain.
C'est à lui qu'appartient la constitution et c'est à lui de
décider, en dernier ressort, des changements à y apporter. Comme
le disait souvent Daniel Johnson: "Les constitutions sont faites pour les
peuples et non les peuples pour les constitutions". Il reste, toutefois, que le
problème constitutionnel est un problème essentiellement
politique. Le bien commun y est directe- ment concerné et la politique
n'est pas autre chose que l'art du bien commun. Comme les partis sont les
instruments par excellence de l'action politique, ils ont donc
l'impérieux devoir de prendre, en cette matière, des attitudes
fermes et nettes. C'est ainsi que le peuple, en pleine connaissance de cause,
peut véritablement percevoir les différentes options qui lui sont
proposées.
Les considérations qui suivent n'ont pas d'autre but que celui
d'amorcer des réflexions des membres de notre formation politique et, je
l'espère, en tout cas, de la majorité des Québécois
sur cette question vitale. Avec la permission très indulgente du
président de la commission, ce court exposé de quelques minutes
portera, M. le Président, sur l'état des négociations qui,
à mon sens, sont au point mort, les causes de cet échec, les
conséquences de cet échec, les fausses solutions et comment,
à notre sens, dénouer l'impasse.
Quand on dit que les négociations sont au point mort, c'est une
très brutale et cruelle réalité. C'est l'aveu même
du premier ministre du Canada, au cours des dernières semaines, qui dit
que, pour lui, le dossier est fermé, que, pour sa part, il attend les
suggestions et les recommandations, qu'il espère recevoir de nouvelles
propositions du gouvernement du Québec. A l'occasion de
différentes questions posées en Chambre au premier ministre, il
dit lui-même que les fonctionnaires, que les collègues sont en
train d'inventorier, sont en train de rédiger, assez laborieusement en
apparence, en tout cas, des contrepropositions. De toute façon, il n'est
pas exagéré de dire que sur le plan d'un acheminement nouveau, de
nouvelles orientations, le tout est au point mort.
Dans le dialogue constitutionnel, qui se poursuivait depuis 1967 avec
nos partenaires de la confédération canadienne, l'impasse est
actuellement totale. Je n'ai qu'à vous référer aux
commentaires du ministre des Affaires sociales. Je n'ai également
qu'à faire appel aux déclarations du ministre des Communications.
Je n'ai qu'à faire aussi appel aux déclarations assez
incendiaires du ministre de l'Agriculture. Je pourrais pratiquement, M. le
Président, rappeler à votre mémoire toutes les
déclarations des différents ministres, au cours des derniers
mois, qui ont, à mon sens, fait le constat d'échec d'une
façon souventefois agressive.
Mais surtout depuis la conférence de Victoria, en juin 1971, il
n'y a aucune autre proposition nouvelle articulée qui donne espoir,
actuellement, aux Québécois, qu'il pourrait y avoir, à
très brève échéance, reprise sérieuse des
négociations, à un tel point que le vestige d'un organisme qui
avait été mis en place, en 1968, le premier ministre du Canada a
jugé bon de le faire disparaître d'une façon assez
cavalière, de sorte qu'il n'y a même plus ces structures
frêles ou cet organisme permanent, qui avait comme fonction,
officiellement, en tout cas, de faire une étude continuelle ou des
approches nouvel-
les pour en arriver à des ententes précises. Or, M. le
Président, conformément à l'avis unanime qui lui avait
été donné par la commission parlementaire de la
constitution, le premier ministre actuel a dit non à la charte de
Victoria, qui ne touchait pas du tout le fond du problème, qui ne
réglait absolument rien quant au partage des pouvoirs entre les deux
ordres de gouvernement et dont le principal objet était, de toute
évidence, de ressusciter sous une autre forme le carcan de la formule
Fulton-Favreau.
Disons que c'était une résurrection plus ou moins
éblouissante et impressionnante de cette formule, et on aurait pu, si
elle avait été acceptée, y retrouver la même
philosophie, les mêmes objectifs et, à mon sens, le même
déphasage que dans la formule Fulton-Favreau.
Et après cette conférence vous vous en souvenez
tout est tombé à plat. Ni le Québec ni Ottawa n'a
posé le moindre geste qui soit de nature à rapprocher les points
de vue ou à relancer le débat sur des voies nouvelles. Les
organismes qui avaient été créés en janvier 1968
je l'ai mentionné tout à l'heure sur la proposition
de M. Johnson, comme le Comité permanent des fonctionnaires et le
secrétariat de la conférence, ne sont plus en place. Ils ont
cessé, à toutes fins pratiques, leurs activités et il y a
des mois qu'on n'en entendait pas parler. La seule fois qu'il en a
été fait mention ça a été pour en assurer
l'enterrement de première classe par le premier ministre du Canada.
A Québec, au ministère des Affaires intergouvernementales,
on s'est rendu compte que le moral, au cours des derniers mois, était
plus ou moins chancelant et on a assisté également au
départ du sous-ministre, qui avait été, au cours des
dernières années, une des chevilles ouvrières de toutes
ces négociations Québec-Ottawa. Je ne commente pas ce
départ, d'aucune façon, parce que j'ai signalé au
début de mes remarques que je voulais conserver un ton serein et
objectif. Si je me laissais aller à certains commentaires quant à
certains départs du ministère des Affaires intergouvernementales,
il y aurait peut-être des interprétations, très
honnêtes, qui ne seraient pas des plus gentilles.
De toute façon, nous avons assisté au cours des derniers
mois et c'est un rappel que je fais aux déclarations du
ministre des Affaires sociales et à celles d'autres ministres. Quand le
ministre des Affaires sociales déclare comme il l'a fait
récemment à Paris que le noeud du problème
constitutionnel canadien réside dans le partage des pouvoirs entre le
gouvernement central et les Etats membres de la fédération
spécialement en matière de sécurité sociale
il ne fait que répéter ce que ses
prédécesseurs et d'autres premiers ministres avaient
déjà dit au moins cent fois.
Il arrive bien au ministre des Affaires sociales de s'impatienter un peu
et de lancer à mots couverts ce que les journaux s'empressent
d'interpréter comme des menaces de démission. Mais il est rare
que dans les jours suivants, ne voyant toujours rien venir, il ne finisse par
répliquer que ce qu'il a dit ne voulait peut-être pas dire ce
qu'on paraît avoir compris de ses paroles, quitte à laisser
entendre un peu plus tard, dans un nouveau mouvement d'humeur, qu'il n'y avait
peut-être pas tellement de différence après tout entre ce
qu'il a dit et ce qu'on lui a fait dire.
Je dirais bien amicalement au ministre des Affaires sociales qu'il est
libre d'utiliser les moyens de pression de son choix. Mais qu'il prenne garde
d'affaiblir dans ses déclarations la position du Québec en
même temps que sa position personnelle en laissant planer des menaces
que, selon nous, si on le connaît comme il est vu actuellement, il ne
mettra pas à exécution, le cas échéant.
Le ministre des Affaires sociales, sans en faire une attaque
personnelle, devrait, à mon sens, poser des gestes beaucoup plus
consistants et solidaires avec le gouvernement; sinon, il devrait tout
simplement, marquer sa dissension d'une façon qui serait beaucoup moins
nébuleuse et prêterait beaucoup moins à commentaires.
Dès qu'ils sentiront que le gouvernement expose sur la place
publique ses propres dissensions ou suscite des commentaires assez fracassants,
il est bien évident que nos compatriotes des autres provinces et nos
partenaires auront lieu de s'en réjouir et de s'en féliciter. De
plus en plus, on se rend compte que les différents premiers ministres
des provinces sont plus ou moins heureux des relations
fédérales-provinciales.
Il est inutile de rappeler les déclarations de M. Thatcher, il y
a quelques années, à la suite d'une conférence
fédérale-provinciale. Si les négociations continuent
à se dérouler dans ce climat d'arrogance et de manque de
souplesse, disait-il, il est bien évident que, peut-être, la
première province à quitter la confédération, ce
sera la Saskatchewan. Le premier ministre Robarts avait déclaré,
au sujet de "medicare", d'une façon extrêmement violente, que le
gouvernement central commettait là un accroc absolument impardonnable et
son expression littéralement rejoignait le mot crime à l'endroit
de la liberté et des priorités des provinces.
Vous avez également les sorties faites, tout récemment,
par le premier ministre de la Nouvelle-Ecosse et par d'autres premiers
ministres. On se rend compte que ce problème n'est pas unique au
Québec. Cette situation ne doit pas traumatiser les
Québécois à un point tel que nous nous pensions les seuls
encarcanés dans une constitution vétuste, dans une constitution
défigurée à peu près sur tous les plans. Je pense
que le Québec devrait avoir une approche beaucoup plus réaliste
que celle de faire appel, tout simplement, à certains facteurs qui
s'inspirent beaucoup plus de l'émotivité, du sentimentalisme ou
d'un nationalisme à fleur de peau. M. le Président, de plus en
plus, en tout cas, il est important que le premier ministre du Québec et
le cabinet prennent conscience qu'il est impor-
tant d'éviter ce chapelet d'échecs, de rebuffades,
d'humiliations sur différents plans, de sorte que l'arrogance
manifestée par le gouvernement fédéral ne donne pas
l'impression à tous les Québécois que le gouvernement
actuel a perdu tout moyen, tout esprit d'initiative, toute imagination et tout
désir de continuer à trouver des solutions concrètes et
à faire des approches nouvelles.
Je pense que le premier ministre actuel a fait son lit au cours des
dernières années. Il a tellement idéalisé le
fédéralisme rentable qu'aujourd'hui je comprends qu'il soit dans
une position personnelle assez fragile, que depuis quelques mois il soit
obligé de constater lui-même publiquement cette arrogance du
gouvernement central, qu'il soit obligé de constater les échecs,
les rebuffades qu'il a subis et qu'il soit obligé de réanalyser
son slogan, sa bible ou son apologie du fédéralisme rentable.
On a vu dernièrement la réponse qu'il a donné et
dont entre autres, le Montreal Star a publié de larges extraits. Le
premier ministre a été ineffable dans sa réponse et je me
permettrai de citer le Devoir du 5 février qui rapporte ses propos:
"Bien que son style soit différent de celui de ses
prédécesseurs, M. Bourassa a dit qu'il n'est pas plus satisfait
qu'eux du système fédéral. Québec ne peut d'aucune
façon se satisfaire de la situation existante, affirme-t-il. Je dois
admettre c'est le premier ministre qui parle que, dans le domaine
constitutionnel, il n'y a pas eu beaucoup de progrès. Il y a eu beaucoup
de discussions mais il n'y a pas eu beaucoup de progrès
réel".
Ce n'est pas un membre de l'Opposition qui parle, c'est le premier
ministre lui-même qui fait ce constat. Il aurait été de
bonne guerre, souhaitable et normal que du même souffle le premier
ministre nous dise quelle était sa stratégie, quelles
étaient les solutions qu'il envisageait, les organismes qu'il voulait
mettre en place à court et à moyen terme. Depuis ce
temps-là, il se caractérise par un mutisme assez
désarmant. Il y a également la réponse qu'il faisait au
Star: "Il faut bien c'est le premier ministre qui parle que je
prenne la défense du fédéralisme contre ceux qui
prônent la sécession du Québec. En blâmant Ottawa,
j'aiderais la cause des séparatistes".
Je pense que c'est une approche négative, que c'est une
façon non positive et non constructive pour un premier ministre
d'aborder la question. Le Québec a le droit c'est accepté,
je pense, par tous les Québécois, de quelque formation politique
qu'ils soient de tendre vers sa souveraineté dans les
juridictions qui lui sont essentielles et d'avoir également cette
souveraineté de sources de revenu pour faire face â ses besoins et
â ses compétences. Quant à savoir si cela fait le jeu de
séparatistes ou non, lorsqu'il se rend compte que le
fédéralisme, comme il le dit, n'est plus rentable, lorsqu'il se
rend compte qu'il n'y a pas de progrès, lorsqu'il se rend compte que les
fragiles structures de négociation en place se sont effondrées,
le premier ministre devrait du même souffle faire en sorte qu'il puisse
nous dire quelle sera, à court terme et à moyen terme, l'action
du gouvernement.
M. le Président, s'il reste encore quelque chose du
fédéralisme canadien parce que j'ai souvent
répété que le fédéralisme n'existe plus
depuis longtemps, que le Canada, je l'ai déclaré, une des
premières fois, lors d'une conférence, au mois de décembre
1970 ou 1971, que le Canada avait à sa tête un gouvernement
unitaire et que les provinces étaient ramenées à la
dimension de régions administratives il faut absolument, partant
de ce fait, qu'il y ait une nouvelle définition ou un véritable
fédéralisme où les Etats constituants ont des juridictions
précises et des sources de revenus bien déterminées et que
le gouvernement central ait également ses juridictions et ses
compétences bien déterminées et également ses
sources de revenu.
Je pense que le gouvernement, depuis deux ans, et surtout aujourd'hui,
puisque nous en sommes à faire l'inventaire, devrait analyser en
profondeur les causes de cet échec et s'il y a des causes qui ne
dépendent pas de nous, il serait quand même trop facile de rejeter
l'entière responsabilité de cet échec sur le gouvernement
fédéral ou encore sur l'attitude obstinée de certains
anglophones.
Le but à atteindre étant de sortir de l'impasse actuelle,
il est bon que nous commencions par reconnaître les erreurs que nous
avons nous-mêmes commises. Il y a d'abord, je pense, au Québec ce
phénomène de division à tous les niveaux et je me demande
si nous ne commençons pas à imiter drôlement nos cousins
les Français et si un jour nous ne nous ramasserons pas avec 6 millions
de partis politiques au Québec ou 6 millions de citoyens qui ne
partagent pas les mêmes objectifs ou qui ne sont pas inspirés par
une philosophie commune.
De plus en plus, il faudra tenter de définir ces objectifs et
faire en sorte également que nous puissions, dans une certaine
unité de pensée, définir également ce que nous
désirons et d'une façon bien articulée.
Il serait trop long de relater l'historique de toutes les
négociations depuis les 10, 15 ou 20 dernières années
même si certains prétendent qu'il n'y a pas eu de gain. Je pense
que c'est complètement malhonnête de prétendre que, depuis
les dix ou douze dernières années, le Québec n'a pas fait
de progrès dans différents secteurs. On n'a qu'à se
rappeler l'époque de M. Duplessis qui, entre autres, lors d'une
rencontre au sommet, je pense que c'était à l'hôtel
Windsor, avait tout de même récupéré certains droits
et le gouvernement central avait, à ce moment-là, accordé
une déduction de 10 p.c. qui, par la suite, s'est élargie,
d'année en année, à 50 p.c. et qui a permis au
Québec, graduellement, de faire cette récupération sur
l'impôt sur le revenu. Il est aussi bon de rappeler qu'en 1964, quand M.
Lesage, alors premier ministre,
annonça la ferme intention du Québec de se retirer des
programmes conjoints et de recevoir, en retour, une pleine compensation
fiscale, nous avons également, dans ce secteur, fait des
progrès.
Mais je pense que même si ce ne furent que des victoires
partielles, des victoires totalement insatisfaisantes, il faudrait faire en
sorte que les différentes formations politiques puissent, à un
moment donné, du moins se retrouver avec un objectif qui pourrait
rallier, dans son ensemble, même si les modalités d'atteindre ces
objectifs diffèrent selon la mentalité de ces formations
politiques ou selon les motivations premières.
Il faut qu'on puisse au moins avoir des thèmes communs et avoir
cette unité de pensée pour faire en sorte que le Québec et
le Canada puissent véritablement devenir des Etats
intégrés. Par ce fédéralisme ou cette nouvelle
association à l'intérieur d'une nouvelle constitution, que l'on
puisse éviter que l'isolement ou encore l'incertitude ou encore la
non-identification de partenaires éventuels fassent qu'on s'en aille
dans une aventure dont on ne connaîtrait absolument pas l'issue.
Il est également bon de signaler le dogmatisme d'Ottawa et
surtout l'attitude des différents gouvernements qui se sont
succédé, en l'occurence celle du gouvernement actuel. Ses
excès de langage et ses approches extrêmement arrogantes,
fracassantes ne créent pas un climat propice, pour quelque gouvernement
que ce soit, à l'aboutissement des négociations ou à une
renégociation ou à une nouvelle association, quelle qu'elle
soit.
Je pense que cet état d'esprit ou ce climat devrait au plus
tôt être changé. Les députés du Québec
à Ottawa, qu'ils représentent quelque formation politique que ce
soit, auraient un rôle éminemment important pour dépolluer
ce climat, le rendre plus souple et assurer une plus grande ouverture d'esprit
dans toutes les discussions. Cela aurait comme effet de favoriser une entente,
quelle qu'elle soit.
Nous constatons les conséquences de ces échecs
répétés, de ces rebuffades, de ces humiliations.
Actuellement, les Québécois et même les Canadiens ne savent
pas du tout où donner de la tête et ils ne savent pas du tout non
plus quelle orientation définie ils doivent prendre. Je pense qu'il y a,
chez les Québécois entre autres, une attitude de gens
désabusés, de gens frustés. Les Québécois
sont pris de découragement et pourraient devenir une pâture facile
pour quelque démagogue que ce soit ou encore ils seraient
disposés à embarquer dans n'importe quelle aventure sans en
connaître aucunement la destination. Cette centralisation galopante de la
part du gouvernement central dans tous les domaines, je pense qu'il faudra de
toute façon y mettre un frein. Seulement dans le domaine des affaires
culturelles, par exemple, je pourrais citer tous les accrocs, toutes les
invasions, toutes les offensives du gouvernement fédéral, que ce
soit dans les programmes sur le bilinguis- me, que ce soit au sujet des
monuments historiques, que ce soit au chapitre des communications, radio,
télévision, que ce soit le cinéma, que ce soit en
édition, que ce soit dans lé domaine de Perspectives-Jeunesse,
que ce soit dans le théâtre, la culture ou les sports et loisirs,
que ce soit pour la diffusion de la culture, etc. On se rend compte que, dans
tous ces champs d'activités, le gouvernement central intervient de plus
en plus et d'une façon telle qu'il ne sent même plus le besoin de
consulter les gouvernements provinciaux et, à plus forte raison, le
gouvernement du Québec.
M. le Président, je pourrais énumérer longuement
toutes les conséquences de ces échecs, toutes les
conséquences de ces offensives, de ces invasions dans tous les secteurs,
au niveau des municipalités, au niveau de la culture, au niveau de
l'économique, au niveau des programmes de l'établissement des
priorités sur le plan économique.
Dans tous les secteurs, on se rend compte que la présence, la
participation et, également, cette imposition du gouvernement central se
font sentir de façon plus ou moins avantageuse, de façon plus ou
moins profitable et de façon plus ou moins acceptée par
l'ensemble des Québécois.
Je pense que le gouvernement actuel aurait l'occasion de poser des
gestes concrets et aborder le problème de façon globale cessant
ces guerres partielles, ces querelles de dentelles ou encore les discussions,
article par article ou chapitre par chapitre, de cette constitution
complètement dépassée, vétuste,
défigurée de 1867. Le gouvernement s'ennoblirait en exigeant et
en mettant sur pied un mécanisme pour qu'il y ait véritablement
négociation d'une nouvelle association et qu'il y ait
véritablement, d'une façon urgente, la mise en place de tous les
dispositifs et de tout ce qu'il faut comme documents pour arriver à
écrire cette nouvelle constitution, ce qui éviterait
l'éclatement ou éviterait que les Québécois
quémandent perpétuellement, au sens péjoratif du mot, et
agissent comme des quêteux en haillons qui se rendent continuellement
à Ottawa pour plaider priorité de besoins au lieu de plaider
priorité de droits.
Or, je pense que le gouvernement, jusqu'à présent, a eu le
temps et la cruelle expérience de réaliser que ses attitudes, ses
gestes, sa foi inébranlable en ce fédéralisme rentable ne
peuvent plus être mis de l'avant. Il serait, je pense, important et,
au-dessus de toute allégeance ou considération partisane, urgent
que le gouvernement actuel se donne beaucoup plus d'épine dorsale, soit
beaucoup plus audacieux et que ses relations fédérale-provinciale
puissent être réglées d'une façon positive. Il ne
faut pas croire aux miracles. Peu importe l'option constitutionnelle des
Québécois. Que les Québécois optent pour la
séparation ou votent pour l'indépendance politique et un
marché commun encore plus ou moins défini, c'est-à-dire un
fédéralisme économique, que les
Québécois
optent et se résignent à opter pour un statu quo
inacceptable, que les Québécois se prononcent pour un nouveau
fédéralisme, une nouvelle association ou une nouvelle
constitution, il ne faut pas se leurrer, il y aura toujours et
perpétuellement des négociations. Il est une chose certaine;
c'est que selon ses options il est encore certain que si le Québec,
politiquement, se sépare demain matin, il est assuré de se
retrouver seul, de façon absolue, contre dix gouvernements avec lesquels
il aura à négocier ce marché commun ou ce
fédéralisme économique.
Qu'on le veuille ou non, il y aura alors des négociations dans un
climat, encore plus rigide, extrêmement plus difficile puisque,
littéralement, les partenaires d'hier n'auront plus rien à perdre
ou à gagner. D'autre part, si le Québec se sclérose dans
cette acceptation d'un statu quo, s'il se satisfait de pélerinages
annuels pour aller quêter et plaider priorité de besoins,
quémendant des dizaines de millions de dollars par année,
indépendamment de la violation des juridictions par le gouvernement
central au niveau des provinces; si le Québec continue à laisser
pénétrer le gouvernement central dans tous les champs
d'activité; si le Québec abandonne au gouvernement central la
priorité ou le soin de tracer les priorités sur le plan
économique, le soin de mettre de l'avant des politiques sur le plan
social en plaidant strictement les besoins et la nécessité
d'injecter davantage des millions et des millions de dollars, je pense que
c'est un abâtardissement aussi dangereux et peut-être encore plus
dangereux que l'autre option qui serait l'indépendance et la
négociation pour un marché commun.
Mais, M. le Président, je pense que le gouvernement actuel,
après son expérience de deux ans, après les efforts
surhumains qu'il a faits pour un rapprochement, dans un contexte qui, en
apparence, était extrêmement favorable, puisqu'il se retrouvait
avec des amis, avec des "frères", entre guillemets, à Ottawa,
devrait donner un coup de barre, devrait démontrer beaucoup plus de
fermeté, beaucoup plus d'audace. Il devrait amorcer
immédiatement, avec les autres Etats provinciaux et le gouvernement
central, la mise en place de mécanismes et des propositions
concrètes pour qu'enfin on puisse éviter d'intellectualiser ou de
rendre émotives toutes ces discussions au sujet de nos relations
fédérales-provinciales.
Le voeu que je formule en terminant, M. le Président, est le
suivant: Pourquoi le gouvernement actuel ne préconiserait-il pas la
négociation globale d'une nouvelle fédération, d'une
nouvelle constitution? Je suggérerais au gouvernement de planifier le
tout selon un calendrier précis de négociation et de faire en
sorte que, par un référendum, on puisse laisser aux
Québécois, en dehors d'une campagne électorale, le soin de
juger de l'état des négociations, le soin de juger du partage des
juridictions, parce qu'il y aura sûrement des progrès d'accomplis
si le gouvernement y va de façon audacieuse. Il y en aura sûrement
si le gouvernement, comme il le disait au début de son mandat, avec ses
dossiers bien préparés, avec ses approches nouvelles, peut user
de persuasion pour faire comprendre que la constitution de 1867 a pris
naissance justement à cause de l'existence de ce bloc francophone. Si
nous n'avions pas été présents, en 1867, il n'y aurait pas
eu ce partage des juridictions. Il n'y aurait pas eu, également, cette
délimitation des partages ou des sources de revenus pour faire face
à ces juridictions. Si ce fédéralisme est né
à cause de notre présence, pour unir tous les Canadiens en vue
d'autres facteurs d'ordre économique et à cause également
du spectre de ce géant américain qui menaçait de nous
écraser, je pense qu'il faut agir de façon telle que les
Canadiens des autres provinces sachent que le Québec n'est pas l'Etat ou
la province qui veut, d'une façon inconsidérée, faire
éclater la confédération. Le Québec n'est pas celui
qui veut faire sauter, de façon inconsidérée, un pacte
fédératif, mais c'est justement lui qui, comme en 1867, veut
véritablement qu'il y ait souveraineté des Etats associés,
dans les domaines qui leur sont essentiels, pour leur propre
épanouissement, surtout quand on considère les particularismes ou
les caractéristiques des Québécois. Que l'on comprenne
partout, dans toutes les autres provinces, que le Québec, au contraire,
veut qu'il y ait un pacte, qu'il y ait une association, qu'il y ait une
fédération d'Etats, mais aussi que le Québec veut avoir sa
souveraineté dans les domaines qui lui sont absolument essentiels. Que
les autres provinces se rendent compte que c'est à elles qu'il
appartient de faire renaître ce fédéralisme sur les plans
politique et économique.
C'est le Québec qui, le premier, le désire. Il ne faudrait
pas que le Québec confie aux autres provinces le soin de dire oui ou
non, si elles veulent l'éclatement ou la consolidation ou la relance
d'une nouvelle association pour un Canada où pourrait régner
l'harmonie, au Canada où il y a deux peuples dinstincts par leurs
origines, leurs traditions, leurs cultures, leurs aspirations, si elles veulent
véritablement ce phénomène universel de consolidation, de
regroupement, de marché commun de ce pays qui veut unir son destin et
qui veut faire en sorte que l'on puisse véritablement créer chez
nous une harmonie essentielle, une communion et une communauté
d'intérêts qui est absolument essentielle pour tous les Etats
canadiens. Et je pense que le gouvernement actuel a l'occasion actuellement de
faire en sorte que nous puissions éviter cette lassitude, cet
écoeurement généralisé dans la population. Et comme
je le disais tout à l'heure, les Québécois deviennent de
plus en plus désabusés, de plus en plus frustrés, et
n'acceptent pas majoritairement cet extrême d'un statut quo qui nous
abâtardit continuellement. Mais d'autre part, cette majorité n'est
pas du tout intéressée à s'abandonner dans une aventure
dont elle ne connaît aucunement l'issue.
C'était sensiblement le message que je vou-
lais faire passer à l'occasion de cette première
séance et surtout répéter au gouvernement qu'à
chaque fois qu'il se tiendra debout, qu'il posera des gestes positifs, je
répète les propos et les remarques que je faisais dès
l'ouverture de la présente session, lorsqu'il s'agit des
intérêts supérieurs du Québec, quant à nous
nous ferons, et nous faisons abstraction de la saveur strictement
électorale, abstraction des avantages que nous pourrions retirer
à très court terme. Et nous serons prêts à appuyer
à 100 p.c le gouvernement s'il décide enfin de poser des gestes
courageux, des gestes précis et des gestes déterminants pour
éviter comme je le disais tout à l'heure cette
sclérose ou cet abâtardissement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: J'ai écouté tout à l'heure avec
intérêt la question que nous mentionnait le ministre lorsqu'il
parlait d'inventaire. Cependant, j'espère qu'il ne sera pas trop tard
pour s'en servir quand le tout aura été mené â bonne
fin.
Je n'ai pas l'intention d'être très long. Cependant nous
constatons que les problèmes constitutionnels et c'est ce que
nous voyons, nous du Ralliement créditiste ont commencé en
temps de guerre, soit en 1942, à la suite des ententes signées
entre les provinces. Et incidemment je crois que c'est M. Matthewson qui avait
signé pour le Québec dans le temps. Et â l'heure actuelle
nous sommes pris avec ce problème où un gouvernement a tenu
à s'immiscer, â la fin de la guerre, dans le jardin d'un autre,
parce qu'il semble qu'il n'avait pas assez de travail à faire chez
lui.
C'est probablement ce qui constitue à l'heure actuelle la
difficulté dans les relations fédérales-provinciales. Je
ne tiens pas, à l'instar de l'honorable chef de l'Opposition officielle,
à envenimer le débat, mais il faut quand même se dire les
choses et dire ce que l'on croit être juste. En ce qui concerne
l'autonomie des provinces, le gouvernement fédéral a toujours
centralisé depuis, et à l'heure actuelle il s'est
inséré dans une foule de domaines où il n'est certainement
pas de nature à créer l'harmonie, non seulement à
l'intérieur du Canada mais en ce qui nous concerne nous, de la province
de Québec.
Si on se réfère au document original qui s'appelle l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique, on constate qu'en
réalité le gouvernement ici au Canada dépend beaucoup plus
des provinces elles-mêmes que du gouvernement fédéral.
Et je pense qu'il serait temps, M. le Président, de commencer
à nous servir du droit à l'autodétermination dans tous les
problèmes qui relèvent de notre compétence et qui ont
déjà été bien situés et bien décrits
dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Il n'est pas question de relever tous les points particuliers, mais on
voit à l'heure actuelle que le gouvernement fédéral
s'immisce dans les pactes, s'immisce dans une foule d'autres domaines, comme
l'éducation. Très bientôt nous aurons peut-être le
problème de la capitale nationale où le gouvernement
fédéral viendra encore prélever sa tranche sur l'ouest du
Québec. Nous verrions fort bien qu'un gouvernement ait le courage un de
ces jours de relever la question des ententes à partir de 1942. Je crois
que, si chacun travaillait dans le jardin qui lui a été
octroyé, ça serait beaucoup plus facile de s'entendre. On
éviterait ou du moins on pourrait prévenir le fait que
quelques-uns peuvent se servir de la constitution canadienne actuelle ou du
droit à la langue pour instaurer dans ce pays un régime
antidémocratique ou bien près de l'être.
Nous, du Ralliement créditiste du Québec, nous croyons
que, si le Québec a le droit de se servir de son crédit pour
négocier des emprunts, il aurait certainement le droit de se
créer un office de développement provincial et un office de
crédit provincial. A l'heure actuelle, il nous faut absolument
négocier avec un gouvernement qui n'est pas intéressé
à changer la situation sur le plan économique et je crois que
c'est surtout là que se situe la difficulté et le grand
problème.
Par la suite le gouvernement fédéral, comme l'a si bien
dit le député de Bellechasse, est entré dans la question
des langues. A l'heure actuelle, il prolonge son immixtion à peu
près partout, à un tel point qu'un de ces matins les provinces
deviendront définitivement des enfants, alors que par droit
législatif, ou droit naturel, appelez ça comme vous voulez, ce
sont les provinces qui au Canada doivent constituer l'autorité.
Dans le moment, M. le Président, nous trouvons qu'il y a beaucoup
trop de ces négociations ou commissions qui n'aboutissent à rien
parce que l'on joue sur les intentions du gouvernement central. En
réalité, on devrait retourner aux causes beaucoup plus profondes,
la constitution qui nous a été octroyée et que nous avons
suivie peut-être par politesse, alors qu'en réalité ce
n'était même pas une loi votée par le Parlement
britannique.
En ce qui concerne les droits des provinces, ce n'est pas nouveau que
des provinces songent à se séparer du Canada. C'était
déjà arrivé en Alberta en 1932, mais pour une question
bien différente de celle du Québec. En Alberta, c'était la
question du droit monétaire, du droit au crédit que le premier
ministre du temps et son gouvernement voulaient instaurer; c'est justement ce
qui a été refusé; Par la suite, à cause de la
guerre, 1'Alberta a décidé de ne pas mettre en doute son
privilège ou sa participation à la confédération
canadienne.
Mais un jour ou l'autre il faudra que les provinces en viennent à
un vrai fédéralisme et non pas à une
confédération. Les provinces sont assûrément les
unités composantes du Canada
et, si nous ne retournons pas à ce principe de base, nous aurons
beau lutter, nous n'aurons jamais rien. Je crois que le Québec est une
des provinces qui est en mesure de se servir des droits qui lui ont
été octroyés par la constitution et qui lui ont
été enlevés pour une période temporaire en 1942. Si
nous avions le courage de nous servir de ce qui nous est donné, le
règlement de beaucoup de nos problèmes viendrait plus
facilement.
Par la suite, nous serions en mesure de nous servir, je le mentionnais
tout à l'heure, d'un office de développement provincial, qui
pourrait inventorier tous les projets de notre gouvernement, de nos
municipalités, de nos universités, de nos commissions scolaires.
Par la suite, nous aurions le droit de créer un office de crédit
provincial pour monayer le crédit qu'à l'heure actuelle nous
cédons aux étrangers pour avoir le droit d'agir sur notre
sol.
Nous cédons notre crédit pour un plat de lentilles, alors
que c'est notre propriété. Si le gouvernement
fédéral ne veut pas comprendre ce sujet, le Québec devrait
prendre les devants et montrer la marche aux autres provinces du Canada.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN : M. le Président, notre groupe a toujours porté
une extrême attention et beaucoup de sympathie au ministère des
Affaires intergouvernementales, étant donné que nous y voyions
l'embryon de notre futur ministère des Affaires extérieures. Nous
voulions donc que ce ministère se renforce et commence à
élaborer et à appliquer dans toute la mesure du possible les
politiques que nous appliquerions le jour où le Québec serait
souverain de façon que, lorsque nous arriverions au pouvoir,
déjà, beaucoup de besogne, beaucoup de travail soit abattu et que
nous puissions continuer cette action dans les domaines où elle avait pu
s'ébaucher.
C'est la raison pour laquelle, l'an dernier, nous nous étions
livrés à une critique extrêmement rigoureuse et
sévère de la conception que le ministre en titre, à ce
moment-là, le premier ministre, semblait se faire ou, plutôt, ne
pas se faire de son ministère. Nous lui avions posé des questions
extrêmement précises. Je réfère, par exemple, au
journal des Débats, B/2271 où nous faisions le commentaire
suivant: "Au fond, la coordination dont nous parlait le ministre
aujourd'hui et qui est dans la loi organique du ministère que le
ministère veut appliquer n'est pas possible sans que le ministère
se fasse une idée très précise des objectifs qu'il entend
poursuivre, du dessein global, à court terme et à long terme,
qu'il entend poursuivre."
Ensuite, nous lui posions les questions suivantes: "Est-ce que le
ministre pourrait nous parler de la conception qu'il se fait, justement, des
relations de son gouvernement avec les autres gouvernements? Quels sont les
objectifs à long terme qu'il s'est fixés? Quelle est la politique
d'ensemble qu'il a définie? Quels sont les moyens, les modalités
qu'il a mis ou entend mettre en oeuvre pour arriver aux objectifs qu'il s'est
fixés? " Nous le critiquions ensuite pour l'action directe et l'action
indirecte que son ministère doit mener et dont nous n'avions pas vu
beaucoup de signes au cours de l'année qui avait
précédé. Action directe, c'est-à-dire dans les
négociations soit constitutionnelles soit fiscales qu'il doit mener
directement et, ensuite, action indirecte par l'appui qu'il apporte aux
ministères respectifs qui doivent négocier avec leurs homologues
du gouvernement central.
Nous l'avions donc critiqué pour cette absence de politiques,
mais, malgré toutes les pressions que nous avions exercées au
cours de l'étude des crédits de la commission, le ministre
titulaire, en l'occurrence le premier ministre, nous avait plutôt
répondu qu'il n'était pas un adepte des grands discours, des
stratégies d'ensemble, des stratégies globales, qu'il
préférait un style discret, moins ronflant et plus efficace. Il
avait été impossible pour nous d'en savoir davantage. C'est la
raison pour laquelle nous nous réjouissons sincèrement de voir
qu'avec un certain retard un autre exemple des réactions
retardées le ministère ait pris au sérieux nos
considérations, nos critiques et nous arrive aujourd'hui avec un bilan
du travail qu'il a mené au cours de l'année et des objectifs
qu'il entend poursuivre dans les quelques mois qui viennent.
Ce bilan-inventaire appelle, de notre part, quelques remarques. Quant
à la procédure adoptée, elle nous semble logique non
seulement parce qu'elle correspond à ce procédé miracle
dont on nous a tellement parlé, c'est-à-dire le PPBS, mais parce
qu'elle semble obéir à une logique naturelle de l'esprit. C'est
un bilan extrêmement détaillé, partant des
ministères qui, longtemps, ont eu à négocier seuls avec
leurs homologues fédéraux; donc, un inventaire extrêmement
fouillé, précis, détaillé de ces
négociations. Il y a, ensuite, une première analyse à
laquelle succède une sorte de "feedback" ou
d'après-contrôle par l'envoi de ces documents-synthèses aux
ministères concernés qui, ensuite, reconnaissant d'une
façon résumée ce qu'ils ont élaboré, donnent
leurs conclusions finales au ministère des Affaires
intergouvernementales.
Nous sommes d'accord sur cette procédure de même que sur la
conclusion préliminaire à laquelle le ministère en est
venu, à savoir qu'il ne possédait pas actuellement le personnel
suffisant pour mener à bien les nouveaux objectifs qu'il s'est
fixés, aussi bien au niveau qualitatif qu'au niveau quantitatif.
Cependant, nous lui posons cette question, même si nous sommes
prêts à admettre que ce personnel est insuffisant en nombre et en
qualité, il faudrait, cependant, dire le plus tôt possible, en
fonction
de quels objectifs le ministère veut recruter ce personnel.
Entend-il simplement limiter ce personnel à l'administration des
programmes courants comme cela s'est fait jusqu'ici ou entend-il l'employer
à la définition de nouvelles politiques, de nouveaux programmes
et à l'application énergique et dynamique de ces nouvelles
politiques et de ces nouveaux programmes? Là-dessus le discours
préliminaire du ministre ne nous a guère appris.
Par la suite, le ministre nous a fait une sorte de résumé
aussi bien des activités que des objectifs que chacune de ses directions
entend établir pour l'année qui vient, c'est-à-dire
résumé des activités qui ont eu lieu et des objectifs
qu'il entend se fixer pour l'année qui vient.
Je remarque, au départ, une affirmation de principe à
laquelle je souscris entièrement et pour laquelle je félicite le
ministre avec un an de retard, encore une fois, lorsqu'il dit, par exemple, que
cette direction des affaires fédérales-provinciales doit
être absolument cohérente, c'est-à-dire
intégrée, qu'elle doit viser à une action qui regroupe
celle de tous les ministères et qu'elle doit les relier par une sorte de
fil directeur. Nous sommes tout à fait d'accord avec la
nécessité de cette cohérence.
Incidemment, nous notons également que, dans les 150
comités fédéraux-provinciaux dont nous parlait le
ministre, il y en a qui travaillent sur des matières qui relèvent
de la juridiction exclusive des provinces, en particulier en ce qui a trait
à l'aspect financement, ce qui indique bien que, même lorsque la
constitution nous garantit des secteurs exclusifs, nous ne sommes pas à
l'abri des initiatives fédérales étant donné ces
zones grises, ce pouvoir de dépenser dont on a tellement parlé ou
encore cette capacité d'intervenir au niveau des individus que s'arroge
le gouvernement fédéral et qui lui permet, comme avec une sorte
de clef magique, d'ouvrir même les portes qui lui étaient, en
apparence, fermées.
De toute façon, dans les objectifs que le ministère a
établis pour l'année qui vient, nous remarquons qu'il est
extrêmement discret, il se contente de dire qu'il veut continuer le bilan
déjà commencé. Cette affirmation bureaucratique
très compréhensible nous laisse quand même sur notre
appétit puisqu'elle ne peut quand même pas remplacer cette
politique générale d'ensemble que nous appelons de tous nos
voeux. C'est bien la raison pour laquelle le ministre se rabat plutôt,
pour ses objectifs concrets de l'année qui vient, sur des sujets qui ne
portent pas matière à controverse, c'est-à-dire une
certaine étude des modalités de collaboration avec les autres
provinces et le rétablissement d'un secrétariat permanent qui
continuerait ici l'oeuvre qu'avait déjà commencée le
premier ministre Lesage à l'époque.
En ce qui concerne la deuxième direction des affaires
internationales, nous notons avec plaisir le progrès accompli au cours
de l'année. Nous sommes également d'accord sur l'objectif que se
fixe le ministre dans le cadre constitutionnel où nous vivons
actuellement, c'est-à-dire que cette direction s'occupera de tous les
domaines qui constituent des prolongements naturels de la compétence
constitutionnelle des provinces et que dans ces domaines il entend faire preuve
d'initiative et aussi assurer et là aussi nous ne saurions
être davantage d'accord une représentation cohérente
et officielle du Québec sur la scène internationale.
Nous notons cependant que, même dans ce domaine, le gouvernement
s'avance d'une façon très timide, très circonspecte de
peur probablement de heurter un partenaire fédéral
extrêmement puissant qui est sourcilleux, ombrageux et qui est prompt
à lever la main, une main solidement paternelle, sur les initiatives des
administrations locales comme celles des provinces.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement se contente de nous dire
qu'il entend établir une maison à Bruxelle ou à un bureau
à Tokyo et qu'il entend pousser la coopération
économique.
Nous nous réjouissons, cependant, de ces objectifs et surtout de
celui en vertu duquel le gouvernement québécois veut assurer de
plus en plus sa présence, avec l'aide de l'ACDI, en Afrique francophone.
Même si c'est sur les brisées de l'ACDI, sous le couvert de
l'action de l'ACDI, qui possède beaucoup plus de ressources d'ailleurs
que le gouvernement du Québec, que le gouvernement s'avance dans cet
hémisphère, nous nous réjouissons quand même de son
progrès et nous sommes convaincus que le jour où les
superstructures pourront être éliminées, la présence
québécoise, qui aura été acquise grâce
à cet apport tangentiel et circonstanciel de l'ACDI, nous permettra
quand même de maintenir, d'assurer et de développer une
présence québécoise effective en Afrique francophone.
Cependant, nous devons encore déplorer le caractère timide
et discret de ces avances. Nous espérons que le gouvernement pourra
trouver et le courage et les fonds qui lui permettront de pousser ce
développement, ces percées dans d'autres continents où il
se trouve beaucoup de communautés francophones on l'a vu par le
congrès de l'Agence de coopération culturelle qui a tenu ses
assises à Québec et aussi avec les autres pays, non
seulement francophones mais anglophones ou de quelque autre appartenance
linguistique que ce soit, afin que le Québec puisse nouer avec tous ces
pays des relations qui favoriseront non seulement le développement de sa
culture, mais également le développement de son
économie.
En ce qui concerne la troisième direction je ne sais pas
si on devrait appeler cela une direction le troisième objectif,
celui de la gestion interné, il est bien évident que nous ne
pouvons qu'être d'accord avec le ministère lorsqu'il veut assurer
le meilleur fonctionnement administratif possible de son ministère
et,
surtout, assurer cette coordination effective, organique avec les
différents ministères qui entretiennent des relations soit avec
les autres gouvernements provinciaux, soit avec le gouvernement
fédéral, soit avec les gouvernements étrangers. Là
encore il nous semble être absolument essentiel qu'un ministère
puisse s'asseoir sur une solide structure administrative pour s'avancer d'une
façon rapide vers les objectifs qu'il s'est fixés.
Il reste cependant que ce bilan, que cet inventaire nous laisse encore
une fois sur notre appétit, parce qu'il omet de mentionner ce qui est le
plus important et ce dont ont parlé d'ailleurs les orateurs qui m'on
précédé, c'est-à-dire le bilan de l'option
politique du gouvernement qui a été élu il y a deux
ans.
Nous savons maintenant, puisque le premier ministre l'a
déclaré à quelques reprises depuis deux mois, que le
fédéralisme rentable s'est soldé par un échec. Bien
sûr, le premier ministre a dû faire les déclarations qu'il a
faites parce qu'on lui avait forcé la main, on lui avait tordu le bras,
on l'avait mis devant le fait accompli. Deux de ses ministres avaient pris de
l'avance sur lui et, ne pouvant retenir soit leur impatience, soit leur
frustration, soit leur révolte, avaient mis la population devant le fait
accompli de leur insuccès, de leur échec. Le premier ministre a
dû peut-être nolente volente, je ne sais pas
embarquer dans le même bateau et répéter les arguments
qu'avaient énoncés son ministre des Affaires sociales et son
ministre des Communications.
Par la suite, nous avons vu deux autres ministres entonner le même
refrain, ce qui faisait quand même déjà beaucoup. Ne
pouvant échapper à la conclusion qui en découlait
nécessairement, le premier ministre a dû, probablement à sa
courte honte malgré le bénéfice que pouvait en
retirer le Parti québécois avouer que le
fédéralisme rentable n'avait pas été plus fructueux
que les autres formes de fédéralisme et qu'il fallait donc
repenser toute la question.
D'ailleurs, dans toutes les déclarations qu'il a faites à
ce moment, le premier ministre a quand même été,
malgré tout, très discret. En effet, si nous devions faire toute
la liste des échecs que le Québec a connus au cours des deux
dernières années, elle serait probablement plus longue, plus
dramatique et plus douloureuse que toutes les autres listes qu'ont
dressées les chefs des gouvernements qui l'ont
précédé.
Alors qu'en avril 1970, avec un nouveau style plus discret, avec
l'absence de déclarations fracassantes, avec des dossiers bien
préparés, avec des amis au pouvoir à Ottawa, il se faisait
fort d'obtenir beaucoup plus de ses prédécesseurs, on se rend
compte, à l'examen du dossier, qu'au contraire les défaites ont
été plus nombreuses et plus cruelles. D'ailleurs, elles ont
commencé, dès le début, M. le Président, puisque ce
fameux objectif de la caisse conjoncturelle a été le premier
ballon politique qui a été dégonflé. En effet,
cette caisse conjoncturelle, on n'a jamais pu l'obtenir et, lorsque le
Québec a pu obtenir des prêts, cela a été des
prêts non pas inconditionnels, mais des prêts conditionnels qui,
encore, étaient soumis, quant à leur application, à des
décisions d'un comité fédéral-provincial.
Je n'ai pas besoin de parler des luttes qui ont entouré la
présentation par le gouvernement du Québec au gouvernement
fédéral et aux autres provinces de l'amandement 94-A à la
constitution. Cet amendement devait récupérer, pour le
Québec, une partie seulement des juridictions que d'autres
gouvernements, antérieurement, avaient laissé filer du
côté du fédéral. On sait le sort qu'a connu cet
amendement 94-A. Il a été refusé, ce qui a
empêché le Québec d'élaborer une politique sociale
cohérente, globale, intégrée, avec tous les
inconvénients qui s'ensuivirent en ce qui concerne, par exemple, la
politique de la main-d'oeuvre, la politique des allocations familiales, celle
des pensions de vieillesse, celle du revenu minimum garanti, etc. C'est une
défaite dont la population ne se remettra pas facilement et qu'elle
n'oubliera pas de sitôt.
Il y a eu aussi un autre domaine très important, celui des
accords fiscaux. Même là, le fédéraliste
inconditionnel qu'est encore notre ministre des Finances a dû admettre
que la renégociation de ces accords fiscaux non seulement l'a
laissé sur son appétit, mais avait suscité chez lui de
forts ressentiments, puisque le résultat final de la conférence
n'a pas donné au ministre québécois des Finances et au
gouvernement les points d'impôt additionnels qu'ils demandaient, et le
rapatriement limité de ressources qu'ils ambitionnaient.
On pourrait dire la même chose, également, du rapatriement
des programmes conjoints, rapatriement qui devait venir déjà en
1970, qui a dû être reporté en 1972 et qui, maintenant, est
reporté à 1974, peut-être, cette fois, à cause d'une
certaine mollesse ou d'une certaine crainte du gouvernement provincial du
Québec qui ne se sentait pas capable d'assumer, à lui seul, le
coût entier de tous ces programmes conjoints. Craignant d'y perdre
quelques sous, il a préféré, encore une fois, sacrifier la
proie pour l'ombre. Il a consenti à un prolongement du délai du
rapatriement des programmes conjoints, ce qui nous cause des difficultés
dès maintenant, puisque ceci augmente la difficulté qu'il y a,
dès maintenant, d'intégrer nos politiques sociales dans plusieurs
domaines. Ceci équivaut à mettre sur cette politique, telle
qu'elle existe actuellement, une sorte de corset de fer dont il est
extrêmement difficile de se dégager.
On pourrait mentionner également cette Loi de
l'assurance-chômage qui a été adoptée à
Ottawa sans consultation véritable avec le Québec et qui nous
mit, encore une fois, devant le fait accompli, rendant très difficile,
premièrement, l'élaboration d'une politique sociale
cohérente, globale et intégrée de la part du
Québec et, deuxièmement, constituant une immixtion
flagrante dans le champ juridictionnel propre du Québec.
On pourrait mentionner également la politique monétaire.
Là encore, notre ministre des Finances a dû protester contre la
politique adoptée par le gouvernement Trudeau pour combattre
l'inflation, puisque cette politique anti-inflationniste se trouvait à
mettre le Québec dans de graves difficultés, à contribuer
à accuser les difficultés du Québec et à provoquer
non seulement un arrêt de l'inflation qui n'existait que très peu
au Québec, mais, bien davantage encore, une augmentation de la
dépression qui, déjà, se manifestait avec les hausses de
chômage qui s'ensuivirent.
On pourrait continuer. Un autre échec a été celui
de la formation professionnelle où, encore une fois, on a mis le
Québec devant le fait accompli avec une loi où on ne l'avait pas
consulté et qui rendait très difficile non seulement
l'élaboration et l'application d'une politique sociale, mais même,
également d'une politique dans le domaine de l'éducation.
Il existe en effet une inter-relation entre la politique sociale, la
politique culturelle et la politique éducative. On pourrait dire la
même chose, d'ailleurs, des pourparlers infructueux qui se sont
déroulés, en ce qui concerne l'éducation postsecondaire,
où le Québec a dû souffrir des efforts, non pas excessifs
mais tout à fait rationnels, qu'il avait faits au cours des
dernières années, dans ce champ de l'éducation
postsecondaire et où il ne pouvait pas en récolter les
bénéfices.
Je ne mentionne que pour être complet tout le domaine des loisirs,
des sports, où les initiatives fédérales se sont
multipliées bien avant que nous n'ayons à subir les effets
malencontreux de ces programmes d'Initiatives locales et de
Perspectives-Jeunesse, qui ne correspondent en rien à nos
priorités et qui viennent bien souvent compliquer le travail de tous les
ministères qui, une fois ces fonds épuisés, se trouvent en
face de besoins qui ont été stimulés, qui ont
été aiguisés et que nous ne pouvons pas satisfaire avec
les ressources qui sont les nôtres.
Une autre échec, égelament, a été celui de
la politique du logement j'en parlais cet après-midi en Chambre
où la Société centrale d'hypothèques et de
logement a établi des politiques qui sont loin de nous favoriser, mais
où il y a surtout une loi nouvelle qui, encore une fois, sera
probablement adoptée par la Chambre des communes, à Ottawa, sans
que nous ayons eu ni le temps ni la capacité de faire valoir des
représentations véritablement étoffées, solides,
qui pourraient arrêter le courant et qui pourraient, au contraire, amener
une loi nationale qui ne viendrait pas trop à l'encontre des
intérêts très spécifiques, très particuliers
que nous avons dans le domaine du logement.
Il y a aussi la politique énergétique. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce le rappelait dans une déclaration, qui date
d'il y a à peine quelques jours, où, reprenant les arguments que
le Parti québécois faisait valoir, il y a un an, sur la politique
de l'énergie, il déplorait lui aussi ce mur de Chine que
constitue la ligne Borden de l'Outaouais, qui empêche le
développement de notre industrie pétrolière et surtout le
développement de notre industrie pétrochimique qui, pour se
développer, a besoin d'un large marché que nous ne pouvons avoir
actuellement â cause du veto qu'y met la Commission
fédérale de l'énergie.
En agriculture, il n'est plus besoin de mentionner les plaintes
sempiternelles et les plaintes cuisantes des cultivateurs du Québec, qui
se voient beaucoup plus maltraités que leurs homologues de l'Ouest, qui
sont obligés de payer beaucoup plus cher les grains de provende que
n'importe qui au Canada, et même que les étrangers. Le programme
fédéral pour le rachat des petites fermes et l'aménagement
du territoire, la politique du lait, le partage des marchés, tous points
qui sont très contentieux et dont le non-règlement ou le
règlement à l'avantage d'autres parties du Canada risque
d'augmenter le marasme de l'agriculture au Québec.
Enfin, dans le domaine des communications, on voit que tous les efforts
du ministre pourtant dynamique des Communications, en ce qui concerne
l'établissement d'une télévision éducative, au
Québec, et du rapatriement des juridictions, dans le domaine de la
câblodiffusion, se sont heurtés à des réponses
négatives, soit catégoriques, soit sinueuses, du
secrétaire d'Etat, qui n'a pas lâché un pouce du terrain
qu'il occupe actuellement. Il semble bien que la cause est entendue.
Lorsque notre premier ministre dit que le fédéralisme
n'est pas rentable, il ne fait que dire ouvertement ce que tous les partis
politiques, ce que tous les Québécois disent et
répètent partout, â l'envi, dans toutes les régions,
dans tous les secteurs de la société: Non, ce
fédéralisme non seulement n'est pas rentable mais il est en train
de nous étouffer. Il est en train de faire de nous des assistés
sociaux politiques.
Il est en train de faire de nous un peuple dépendant, un peuple
de mendiants qui sera sans cesse obligé, pour son développement,
d'aller quémander à Ottawa, au gouvernement central, à une
majorité qui ne parle pas sa langue, l'argent et les ressources dont il
a besoin pour son développement. Que faire devant cette situation? C'est
le ministère des Affaires intergouvernementales, évidemment, qui
a la très lourde responsabilité d'élaborer une
réponse à cette situation.
Cependant, déjà le premier ministre a donné des
indications même si le bilan n'est pas encore terminé
de la direction qu'il entend prendre, lorsqu'il critique par exemple le
trop grand nombre de zones grises dans la constitution fédérale,
lorsqu'il critique le pouvoir de dépenser illimité du
gouvernement fédéral, lorsqu'il demande un rapatriement des
ressources
aussi bien que des juridictions. Mais ceci nous semble un retour
à une rengaine que nous avons déjà entendue et ce refrain
que nous entendons à nouveau d'un rejet des arrangements administratifs
pour un retour à une négociation globale a déjà
été essayé à plusieurs reprises au Québec,
avec le succès que l'on connaît.
Même en y mettant tout le talent, toute l'énergie qui
était la leur, les gouvernements précédents se sont
heurtés à un échec absolument complet. Et je soumets que
le ministère sera bien embêté pour élaborer une
politique, parce que, alors que le gouvernement Lesage, le gouvernement
Bertrand, le gouvernement Johnson étaient en face d'un gouvernement
central qui n'avait pas poli ses armes, qui n'avait pas tellement vu venir les
attaques, les assauts du Québec, il se trouve maintenant en bien
meilleure posture pour résister à tous les assauts qu'on pourrait
lui livrer.
Le député de Bellechasse a fait allusion tout à
l'heure aux prétendus gains que le Québec aurait faits dans les
dernières années et on a prétexté ces gains pour
susciter, ranimer l'espoir des Québécois. Pourtant, il faut quand
même dire que ce gain qu'a fait le gouvernement Duplessis, en rapatriant
au Québec une partie de l'impôt sur le revenu, ne constituait en
fait qu'un rapatriement, puisque c'est un gouvernement précédent
qui avait laissé aller le champ entier de l'impôt sur le revenu
des particuliers. Donc, le gain de M. Duplessis ne constituait qu'un
rapatriement très partiel, qu'une contre-attaque qui n'avait
rapporté que des gains très limités.
On pourrait dire la même chose, d'ailleurs, des prétendues
victoires du gouvernement Lesage, puisque les transferts fiscaux qu'il a
obtenus, le rapatriement des programmes conjoints qu'il a obtenu ne se
situaient que dans des sphères, dans des compétences, des
juridictions qui appartiennent exclusivement aux provinces, selon le texte
même de la loi de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Cependant, même si ces gains ont été très
limités, même s'ils constituent des rapatriements, on peut
concevoir que maintenant ce sera absolument impossible de répéter
ces performances. Car, depuis, la bureaucratie fédérale et les
ministères fédéraux ont appris leur leçon.
Maintenant, sachant très bien où ils vont, ils ont à leur
disposition une politique globale cohérente. J'ai pris la peine de lire
personnellement tous les livres blancs qui ont été émis
par le gouvernement fédéral au cours des dernières
années et on se rend compte qu'ils ont vraiment bouché tous les
trous à coups de sophismes, bien sûr, à coups d'arguties,
sur lesquels je ne saurais être d'accord.
Mais, ils l'ont quand même fait. Et ils l'ont fait avec une
habileté consommée, avec un machiavélisme digne de tous
les éloges qui fait qu'en flattant les besoins des habitants du Canada,
en flattant leur besoin de sécurité, leur besoin de
dépendance, ils pourront toujours faire avaler leur thèse
à la population du Canada et même à la population du
Québec, ce qui rendra extrêmement difficile toute contre-attaque
menée au nom des principes, menée au nom des
intérêts supérieurs du Québec, qui souvent ne sont
pas toujours visibles pour ceux qui n'ont pas, comme vous les ministres et nous
les députés, l'expérience de ces négociations.
Que reste-t-il alors? Faudra-t-il faire, comme nous le recommande le
député de Bellechasse, un acte de foi dans l'avenir et
recommencer le travail de Pénélope de la révision
constitutionnelle ou de l'élaboration d'une nouvelle constitution?
Faudra-t-il pour cela se fier sur les autres provinces du Canada, pensant
trouver un appui chez le premier ministre de l'Ontario ou chez le premier
ministre du Manitoba? On se rend pourtant compte, M. le Président, quand
on suit de près ce dossier depuis une dizaine d'années,
qu'à toutes les fois que la négociation est devenue dure,
serrée, lorsqu'elle a engagé l'avenir du Canada, toutes les
provinces ont toujours fait chorus avec l'interlocuteur fédéral
qu'elles l'ont toujours appuyé. Ce n'est que sur des points de
détail, lorsque l'essentiel était sauvé, lorsque la
culture "Canadian" était sauvée, lorsque l'unité du Canada
"one country from one sea to the other" était préservée
que les provinces pouvaient être d'accord avec nos recommandations, avec
nos revendications partielles.
Il n'y a aucun espoir de ce côté-là. Lorsque les
coups durs arriveront, on verra, dans l'avenir comme on l'a vu par le
passé, toutes les provinces anglophones du Canada je les
comprends et je ferais la même chose si j'étais à leur
place se mettre ensemble pour faire obstacle aux justes revendications
du Québec. Que reste-t-il alors? Il reste ce que j'appelle les contes de
fée, les belles histoires des pays d'en haut ou les livres de conte pour
enfants. Et je suis toujours très étonné de voir des
hommes politiques qui ont pourtant l'expérience du gouvernement, qui ont
pourtant l'expérience des dossiers bien préparés, qui ont
pourtant l'expérience de ce qui est la logique d'un système, la
logique d'un régime, se bercer encore de pareilles illusions. Ils me
font penser au héros de Camus, Sisyphe, qui ne se fatiguait jamais de
remonter son éternel pierre en haut d'une montange, d'où elle
redescendait pour l'écraser. C'est un mythe. Ce mythe représente
à mon avis l'irréalisme et l'idéalisme d'hommes politiques
pourtant chevronnés, desquels on attendrait des mesures autrement plus
réalistes, autrement plus accordées avec une analyse lucide et
constante de l'expérience constitutionnelle canadienne autant que de
l'évolution de la société québécoise.
Et c'est la raison pour laquelle nous ne saurions, pour notre part,
souscrire ni à cette solution mythique que préconise le
député de Bellechasse, ni à toute autre solution mythique
que pourraient préconiser les autres partis en cette Chambre, y compris
le parti de la majorité.
Je sais bien que dans l'optique d'une indé-
pendance du Québec il faudra aller chercher, d'une
souveraineté du Québec qu'il faudra établir, il y aura
toujours des négociations, mais je soumets à mes honorables
collègues que nous serons alors dans une bien meilleure position pour
mener des négociations, puisque nous aurons affirmé notre
identité culturelle et notre identité politique.
Nous pourrons, à partir de cette position beaucoup plus forte que
celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement, négocier toutes
sortes d'accords pouvant porter sur toutes sortes de sujets. Dans le carcan
constitutionnel actuel, nous sommes toujours limités à une
négociation de un contre dix malgré ce que dit le
député de Bellechasse. Une négociation à deux est
impossible dans le cadre constitutionnel actuel, car jamais les dix autres
provinces n'abandonneront le pouvoir de négociation qui leur est
consacré par la constitution lors des conférences
fédérales-provinciales.
Ce sera toujours une négociation de 1 à 11, d'un
Québec en minorité aussi bien au Parlement fédéral
que dans toutes les conférences constitutionnelles
fédérales-provinciales, alors que, dans l'optique de la
souveraineté, ce serait véritablement une négociation
entre deux partenaires. Le député de Bellechasse et ceux de la
majorité ministérielle disent que nous nous retrouverons seuls
dans l'optique d'un Québec indépendant. Nous ne pouvons pas nous
retrouver plus seuls que nous nous sommes trouvés dans toutes ces
conférences constitutionnelles, dans toutes ces conférences
fédérales-provinciales qui ont eu lieu depuis 60 ans et où
il est évident que c'est toujours le Québec qui faisait les
nouvelles, comme on dit, parce que c'est lui qui avait des réclamations
spécifiques à présenter. C'est lui qui demandait un statut
particulier, c'est lui qui demandait une révision constitutionnelle et
c'est tellement vrai que c'est parce que c'est M. Johnson qui demandait la
révision constitutionnelle que M. Robarts a convoqué sa propre
conférence.
Le Québec s'est toujours retrouvé seul, dans toutes ces
conférences, il a toujours fait cavalier seul; encore une fois, lorsque
le moment important de la décision finale arrivait dans des
matières qui auraient pu changer le régime, il se retrouvait
toujours seul devant une porte fermée, parfois avec une arrogance qu'il
n'avait pas demandée de la part du gouvernement central. Quant à
être seul, j'aime mieux me retrouver seul dans ma dignité, dans ma
fierté et dans des dossiers bien préparés pour une
indépendance que nous aurons précisément
étoffée â l'avance que dans un carcan où nous serons
seuls avec des partenaires que nous connaissons bien, dont nous connaissons la
logique, dont nous connaissons les intérêts et qui ne pourront
toujours que prendre les mêmes décisions et aboutir aux
mêmes conclusions.
D'ailleurs, nous ne serons pas seuls parce que, dans une optique
où le Québec se sépare et devient souverain, il n'est plus
encarcané dans le corset fédéral. A ce moment-là,
il peut négocier lui-même non seulement avec le Canada, son
voisin, mais également avec tous les autres pays, car il a
retrouvé sa liberté et il est capable de faire valoir ses
dossiers aussi bien culturels que sociaux, qu'économiques avec tous les
autres pays du monde; d'abord avec son voisin, les Etats-Unis, avec la France,
avec l'Angleterre, avec la Belgique, avec tous les autres pays francophones. Il
peut trouver sa place dans les Nations-Unies et il peut, dans ce concert des
nations, faire comme tant d'autres peuples ont fait avant lui et
négocier les conditions de son accession à son mieux-être
sur tous les plans. Non, nous ne serons pas seuls.
C'est précisément la confédération, le
régime confédéral actuel, qui dresse autour de notre
existence des murs qui ne sont pas des murs de Jéricho qu'un son de
trompette réussit à écraser mais des murs très
solides en béton que nous n'avons jamais réussi à franchir
et que nous ne réussirons jamais à franchir.
J'en appelle au témoignage de tous ceux qui ont travaillé
au ministère des Affaires intergouvernementales et qui ont dû
passer des heures et des heures sur des querelles absolument puériles et
enfantines. Ils se heurtaient non seulement à l'arrogance mais
également à la mauvaise foi d'un ministère des Affaires
extérieures qui voulait refuser au Québec même l'apparence
de toute souveraineté dans les domaines qui relevaient de sa
compétence. C'est maintenant que nous sommes seuls; c'est quand nous
serons libres que nous ne serons plus seuls, que nous pourrons enfin
négocier comme un peuple libre et fier avec l'étranger toutes les
conditions de notre mieux-être à tous les plans. C'est la raison
pour laquelle il nous semble que la politique que devrait élaborer le
ministère des Affaires intergouvernementales devrait être à
la fois réaliste et courageuse. Si leur analyse les amène aux
conclusions, non seulement à partir des dossiers qu'ils ont
examinés mais à partir d'une analyse du système dans
lequel ils sont actuellement enfermés, qu'il n'y a vraiment pas d'autre
moyen pour un peuple de 6 millions d'habitants qui participe aux deux
plus grandes civilisations mondiales et qui est, dans cette terre
américaine, à côté d'un voisin qu'il admire, qu'il
respecte et dont il a besoin qu'il faut sortir de ce cadre, je l'adjure
de le faire. Car cette souveraineté correspond, encore une foi, non
simplement à une idéologie partisane, mais à un sentiment
très profond d'une collectivité qui a gagné le droit
à la vie, non seulement le droit à la survivance mais le droit
à l'épanouissement.
Je suis bien d'accord avec le député de Bellechasse qu'il
peut y avoir trop de partis actuellement au Québec. Mais les partis
qu'il faut éliminer ce sont ceux qui reviennent, avec des rengaines, des
histoires usées, des solutions qui ont déjà
été essayées dix fois, vingt fois et qui ont
été condamnées par leur insuccès, par leur
échec. Elles ne correspondaient pas à une analyse lucide de la
situation, ne correspon-
daient pas à la logique du système. Ce sont ces partis
qu'il faut éliminer et il faut véritablement que les
Québécois se rendent compte que pour une fois un acte de raison,
de lucidité et de courage leur est demandé.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PHANEUF (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, à six heures, le
député de Bourget avait terminé. Je donne maintenant la
parole au député de Rouyn-Noranda qui m'avait signalé,
lorsque nous avons terminé, son désir de parler.
M. SAMSON: M. le Président, lorsque j'entendais, cet
après-midi, le député de Bourget, au début de son
allocution, nous dire que, pour lui, le ministère des Affaires
intergouvernementales était considéré comme l'embryon de
leur futur ministère des affaires extérieures, je vous avoue que
cela m'a inquiété un peu. Cela m'a inquiété parce
qu'on a découvert qu'au ministère des Affaires
intergouvernementales il y avait une couple de représentants qui
semblaient avoir été délégués par le Parti
québécois. J'espère que vous n'en avez pas d'autres. Si
vous en avez, trouvez-les au plus sacrant pour que ce ministère sache
où il s'en va.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les joueurs sont encore là.
M. SAMSON: De toute façon, on a beaucoup entendu parler, dans la
question des affaires intergouvernementales, des relations
fédérales-provinciales. Cela m'amène à souligner ce
que nous avons connu sous différents gouvernements. Chaque gouvernement
se faisait fort de baptiser son fédéralisme à sa
façon. C'est ainsi qu'on a connu le fédéralisme fort, le
fédéralisme coopératif, le fédéralisme
harmonieux, renouvelé ou le fédéralisme rentable. Mais il
semble qu'on n'entende pas parler souvent d'un fédéralisme
pratique ou encore, d'un fédéralisme de service et de
participation qui serait réel.
Bien entendu, les conférences
fédérales-provinciales se succèdent et il ne semble pas
que cela donne tellement de résultat. Quoiqu'on dise que sous certains
gouvernements on ait pu arracher certains avantages, nous sommes quand
même à l'heure du piétinement dans les relations
fédérales-provinciales.
La conférence constitutionnelle de Victoria, par exemple,
l'été dernier, à notre sens, a été un fiasco
monumental.
Nous ne croyons pas possible que cela donne des résultats
à moins que le gouvernement du Québec ne prenne sur lui de se
présenter à ces conférences avec un programme bien
déterminé et qu'il ne se présente pas là comme
l'enfant pauvre qui va demander les miettes que voudrait bien nous laisser le
fédéralisme. Qu'il suffise, M. le Président, de souligner
l'article qui paraissait dans l'Action du 17 juin dernier, alors que le
député Stephen Lewis, de l'Ontario, déclarait que la
conférence constitutionnelle
était ni plus ni moins qu'un cirque. En passant, il était
présent à cette conférence constitionnelle en tant que
membre de l'Opposition et seulement à titre d'observateur. Ils ne leur
ont pas permis, même s'ils leur ont permis d'être présents,
d'assister aux séances qui ont eu lieu à huis clos.
Ceci nous amène à dire qu'il serait probablement bon
qu'à l'avenir le gouvernement prenne les suggestions qui ont
été faites par l'Opposition l'été dernier, qu'il se
fasse le porte-parole du Québec et que la même chose soit
suggérée aux autres provinces, ainsi qu'au gouvernement
fédéral. Si on veut, en effet, que ces conférences se
fassent ou que la question constitutionnelle se discute sans partisanerie
politique, je pense que le premier pas serait, justement, de prévoir,
pour les prochaines conférences si prochaines conférences
il y a que les représentants des différents partis de
l'Opposition puissent être présents et ce, même aux
séances qui ont lieu à huis clos. Cela permettrait à tous
les partis d'Opposition de savoir exactement ce qui se passe au cours de ces
séances. Cela permettrait peut-être une meilleure collaboration
sur ce plan, ce qui, je pense, pourrait s'avérer très
important.
En effet, lorsqu'il s'agit de relations
fédérales-provinciales, c'est tout le Québec qui doit se
donner la main. Je conçois que ce n'est pas tellement facile puisque
chaque parti de l'Opposition, ou même le parti ministériel, a sa
philosophie. Chacun de ces partis a son programme constitutionnel, pour ceux
qui en ont, au moins. C'est évident que ce n'est pas facile de laisser
de côté, si vous voulez, ces programmes.
Il y aurait peut-être possibilité de laisser de
côté certains attraits ou certains avantages électoraux,
dans ces circonstances, et de se donner la main pour que chacun de nos partis
politiques réclame dans le même sens. En juin 1971, lorsque le
gouvernement du Québec a dit non à la charte de Victoria, tous
les partis politiques ont réclamé la même chose,
peut-être pas pour les mêmes raisons mais, quand même, cela
constituait une force de frappe intéressante.
M. le Président, nous devons à tout prix nous faire, si
nécessaire, les promoteurs d'un fédéralisme
différent, nouveau. Je ne pense pas qu'on puisse accepter l'idée
de séparatisme. Je ne pense pas qu'on puisse accepter l'idée de
séparer le Québec du reste du Canada puisque, il faut absolument
le considérer, nous vivons dans un contexte nord-américain. Que
nous soyons 6 millions de Québécois, dont la majorité est
de langue française, c'est un fait. Mais c'est également un fait
que nous vivons sur le même continent qu'au-delà 200 millions de
personnes, qui ne parlent pas la même langue que nous et qui sont sur la
même terre, qui ont, évidemment, comme nous en avons, des
avantages à commercer avec le reste du Canada. Nous avons
également des avantages à commercer avec les pays voisins. Le cas
échéant d'une séparation, nous ne serions sûrement
pas dans une position facile à tenir. C'est, à mon sens,
impensable.
Cependant, il est également impensable que le
fédéralisme demeure ce qu'il est présentement. Le
fédéralisme, nous devons le concevoir comme une association
d'Etats souverains. Je pense que c'était le but poursuivi par les
pères de la confédération. Nos pères de la
confédération ont sûrement prévu beaucoup de choses
mais ils n'ont probablement pas prévu qu'en 1970, 1971 et 1972 le
fédéralisme nous apporterait autant de problèmes.
Il faut considérer aussi que les temps sont changés. Ce
qui était bon il y a cent ans peut ne pas l'être aujourd'hui ou
peut demander d'être modifié. Je pense que toutes les provinces du
Canada demandent également des modifications ou au moins toutes les
provinces ont des raisons de demander certaines modifications en ce qui
concerne l'intérêt de leurs citoyens.
On ne peut concevoir que le fédéralisme continue à
être aussi centralisateur qu'il l'est présentement. On ne peut
concevoir non plus que ce gouvernement fédéral qui
représente le Canada, qui représente une association d'Etats,
s'empare des sources de revenus des différents gouvernements. Quant au
Québec et c'est la même chose pour les autres provinces
l'impôt sur le revenu des particuliers a été tout
simplement laissé au gouvernement central. Est-ce qu'on peut
blâmer le gouvernement central de s'en servir? Je pense que non, on le
lui a laissé. Mais ce n'est peut-être pas une raison valable pour
ne pas retourner chercher ce qui nous appartient.
C'est, je pense, ce qui est à la base de tous les
problèmes: le fait que le gouvernement central ait des revenus qui, dans
certains cas, dépassent peut-être ses obligations, ce qui lui
permet on l'a vu dernièrement en ce qui concerne le domaine des
affaires sociales à la veille d'élections
fédérales comme aujourd'hui de jouer un peu au Père
Noël et ce en doublant les gouvernements des provinces, tel le
gouvernement de la province de Québec.
Evidemment, on ne peut blâmer un gouvernement de donner à
ses citoyens des allocations de subsistance raisonnables. Sauf que dans le cas
présent ça pose un problème, ça soulève un
conflit, parce que le gouvernement qui le fait a les capacités de le
faire, alors que le gouvernement du Québec, lui, n'a pas les
capacités d'en faire autant. Il y a un conflit qui s'élève
et ce conflit, actuellement, c'est l'administration de la province de
Québec qui en fait les frais.
On ne peut exiger que les citoyens soient les victimes de cet
état de choses. Alors que le gouvernement central croit bon ou croit
normal que les allocations aux personnes âgées soient
augmentées de $15 par mois, si l'un ou l'autre des conjoints n'a pas 65
ans et que lui doit vivre des allocations sociales du Québec, eh bien,
c'est anormal que nous soyons obligés de
réduire proportionnellement les allocations sociales du
conjoint.
C'est pourtant ce que le gouvernement du Québec est obligé
de faire, à cause de cet état de chose. Alors, je pense qu'il
faut que ce soit pris en considération. Il faut également que le
gouvernement central considère cet état de choses et qu'il soit
d'accord pour ne pas prendre toutes les ressources des provinces et pour
revenir offrir des avantages, alors qu'il sait que les provinces ne sont pas
capables de le suivre.
Evidemment, ça nous fait assister à un conflit entre deux
gouvernements: le gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa.
Avec l'escalade, nous assistons à ce que j'appellerai une arrogance
inacceptable de la part des porte-parole du gouvernement central dans de telles
circonstances.
M. le Président, cela dit, nous croyons qu'il faut absolument
repenser la formule. Il faut que le Québec, comme les autres provinces,
soit prêt à repenser cette formule. Quant au Québec, si les
autres provinces ne sont pas prêtes à le faire, nous devrions au
moins prendre une position claire et nette et nous faire les promoteurs de
cette position auprès des autres provinces. Pour cela, c'est
peut-être les conférences interprovinciales qui seraient les plus
fructueuses pour un bout de temps. Il serait peut-être plus
intéressant de rencontrer les gouvernements des autres provinces que
d'avoir des conférences fédérales-provinciales où
il y a, à l'avance, conflit. En effet, même si chaque province n'a
pas les mêmes besoins et les mêmes aspirations, une chose est
certaine, c'est qu'actuellement chaque province est un peu en conflit avec le
gouvernement central.
Les conférences interprovinciales seraient probablement plus
fructueuses que les conférences fédérales-provinciales. Il
nous faut absolument penser à offrir une solution de rechange. Si on ne
peut accepter le statu quo et si on ne peut accepter le séparatisme, il
faut trouver quelque chose entre les deux. Ce qui pourrait aller entre les
deux, ce serait de reprendre les pouvoirs qui nous appartiennent. Si on se
reporte au début de l'acte de 1867, si l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique était au moins respecté, déjà on
aurait beaucoup moins de problèmes, même si c'est un pacte qui est
dépassé, même si nous croyons également qu'il faut
le réviser, en faire un neuf, je ne vois pas personnellement pourquoi
nous perdrions du temps à amender quelque chose qui est
déjà trop vieux. Refaisons quelque chose de neuf qui sera
pensé en fonction des années 1972.
C'est possible et c'est également possible d'exiger, dans cette
nouvelle constitution, si vous voulez, que le Québec ait un
contrôle sur les choses qui doivent normalement lui appartenir. On peut
donner, à titre d'exemple, le contrôle de notre crédit. On
est toujours arrêté par le manque de crédit. C'est toujours
le gros problème de tous les gouvernements quels qu'ils soient, qu'on
ait les meilleurs projets au monde nous en avons un, je pense, qui est
indiscutable, celui de la baie James, un très beau projet le
problème du gouvernement est celui du financement.
C'est tellement un problème que lors de la dernière
commission parlementaire, le premier ministre n'a pas voulu en discuter. Je ne
sais pas si c'est parce que ses plans ne sont pas encore complets, mais c'est
quand même le problème, celui du financement. Nous savons qu'il
serait possible que le financement d'un projet aussi important que
celui-là puisse se faire par l'entremise de la banque centrale. Il faut
quand même que nous ayons la possibilité de le faire. Si on est
toujours en conflit avec le gouvernement central, c'est clair qu'on ne nous
permettra pas d'utiliser les crédits, on ne nous permettra pas de
financer nos projets par la banque centrale. Il serait important que les
provinces aient un minimum de contrôle sur leur crédit pour
pouvoir le développer selon leurs besoins.
Il est évident qu'on ne parle pas à ce moment-ci du
crédit qui serait de purs dons, ce sont des crédits qui doivent
être émis et remboursables.
Dans un projet comme celui de la baie James qui doit concerner
l'ensemble des citoyens du Québec, on ne devrait pas, normalement,
être obligé de payer deux ou trois fois pour des choses qu'on fait
une fois. Si nous pouvions contrôler notre crédit, nous pourrions
réaliser ce projet, qu'il coûte $6 milliards, $7 milliards ou $8
milliards. Nous sommes d'accord qu'il faut rembourser ce que nous avons besoin
d'emprunter mais remboursons-le une fois. Par le jeu des intérêts,
si ces capitaux proviennent de l'étranger, nous ne trouvons jamais le
moyen de rembourser le capital, nous ne suffisons pas à rembourser les
intérêts. Nous payons deux et trois fois pour des choses que nous
obtenons une fois. C'est dans ce sens que nous devrions pouvoir contrôler
notre crédit.
Egalement une chose que le Québec devrait pouvoir contrôler
davantage, c'est son immigration et je vois le ministre de l'Immigration qui
est assis juste en face de moi. Je pense qu'il sera d'accord sur au moins une
partie de ce que j'ai à dire, s'il ne l'est pas sur l'ensemble. C'est
que nous devrions pouvoir contrôler dans une grande proportion notre
immigration au Québec.
Là aussi nous avons des conflits linguistiques, avec les autres
provinces, le gouvernement central, etc. On parle de bilinguisme, du
côté de l'immigration. Si nous pouvions au moins savoir que chez
nous au Québec nous pouvons avoir un maximum possible d'immigrants qui
sont de langue française, des gens qui pourraient au moins comprendre ce
que nous avons à leur dire, qui pourraient aussi parler notre langue, ce
serait déjà un pas vers le français langue de travail.
Parce que le français langue de travail ça viendra le jour
où les Québécois parleront le français, où
ils voudront parler français au travail. Que voulez-vous, on ne peut pas
impo-
ser le français langue de travail quand on sait que des Canadiens
français qui ne peuvent même pas poursuivre pendant dix minutes
une conversation en anglais travaillent en anglais dans les usines,
présentement. Prenez, par exemple, les usines d'automobiles ou de
pièces d'automobiles où le langage courant est l'anglais. Ce sont
des Canadiens français qui utilisent ce langage et n'essayez pas de les
changer du jour au lendemain. Si vous leur demandez d'utiliser la langue
française, ils ne se comprendront pas parce qu'ils sont habitués
comme ça. Si on veut obtenir qu'un jour on puisse avoir le
français comme langue de travail, du côté de l'immigration
on peut donner un grand coup de main, en contrôlant au maximum pour que
ceux qui viennent chez nous soient au moins capables de nous comprendre et de
parler la même langue que nous. Je n'ai pas d'objection à ce
qu'ils parlent une autre langue, ou deux, mais je voudrais qu'au moins...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je voudrais signaler au député
de Rouyn-Noranda qu'il ne faudrait pas s'égarer et discuter des
politiques du ministère de l'Immigration lors de l'étude des
crédits du ministère des Affaires intergouvernementales.
M. SAMSON: Je m'excuse, M. le Président, mais c'est absolument
â l'intérieur des crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales. C'est une référence, M. le
Président, que voulez-vous! Je ne peux pas avoir une meilleure
référence que celle du ministre. Il est d'accord et il fait signe
que oui. C'est pourquoi je prends ça comme référence.
M. BIENVENUE: M. le Président, je fais signe que oui, mais mes
signes n'entrent pas au journal des Débats.
M. SAMSON: Là, ils sont au journal des Débats. C'est une
référence, c'est un exemple qu'on peut donner. On devrait pouvoir
aussi, de ce côté-là... et cela devrait faire partie du
plan qu'on suggère non pas seulement au gouvernement
fédéral mais à l'ensemble des provinces, parce que cela
devrait se discuter avec les autres provinces.
Egalement, du côté du commerce, on devrait pouvoir avoir
notre mot â dire, beaucoup plus qu'on ne l'a présentement. On
devrait pouvoir exiger, dans certains domaines... On peut prendre à
titre d'exemple ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce a
déclaré dernièrement, le problème qui existe au
niveau de l'industrie pétrochimique, de l'industrie
pétrolière également. Cela se fait toujours je ne
sais pas si c'est prévu comme cela ou si c'est une coincidence
c'est drôle, cela arrive toujours sur le dos du Québec, ces
choses-là, et notre commerce en souffre.
Si on a des produits à exporter, ce n'est pratiquement pas le
Québec qui a la priorité.
On dirait que ce sont les autres provinces qui ont la priorité
à l'exportation et pourtant, quand il s'agit de dumping sur le
territoire du Québec, on en prend notre large part. On importe beaucoup
plus qu'on devrait des choses qu'on pourrait produire chez nous. Je ne vois pas
de bonnes raisons pour lesquelles on accepte, au Québec, que nous
consommions des produits en provenance de l'Ontario, des Maritimes ou du Maine,
aux Etats-Unis, alors que ce sont des produits que l'on peut produire chez
nous, ici au Québec.
On vide les campagnes, on vide les fermes. Le ministre de l'Agriculture
et de la Colonisation l'a dit lui-même, cet après-midi: le nombre
d'agriculteurs va toujours en déclinant. Pourquoi accepte-t-on que le
nombre d'agriculteurs aille toujours en déclinant? Pourquoi accepte-t-on
de les empêcher de produire quand on est obligé d'acheter ailleurs
des produits que ces agriculteurs pourraient produire chez nous? Cela veut dire
que notre commerce est important et que nous devrions avoir notre mot à
dire dans les politiques canadiennes d'importation et d'exportation, autrement
dit, notre mot â dire dans les politiques de commerce intérieur et
extérieur.
Le domaine des affaires sociales devrait également relever au
complet du gouvernement du Québec. On pourrait éviter ainsi
beaucoup de conflits de juridiction. Le gouvernement fédéral,
évidemment, est un gouvernement qui, si vous voulez, est composé
d'hommes politiques qui cherchent à se faire réélire.
C'est normal. Il est normal aussi qu'il tente d'offrir des avantages aux
électeurs. Mais si on est dans une vraie confédération, si
le fédéralisme est une association d'Etats, les Etats devraient
pouvoir avoir une souveraineté et déléguer des pouvoirs.
Or, c'est le contraire qui se fait. C'est l'Etat central qui est le plus fort
et l'Etat central dicte aux provinces quoi faire présentement.
Je pense qu'on ne peut pas accepter que cela continue trop longtemps. Si
on accepte cela, aussi bien dire que nous nous départissons de nos
responsabilités, que nous nous départissons de nos pouvoirs.
Le gouvernement central est un gouvernement qui est là en
fonction des Etats existants, et non le contraire, que les Etats existent en
fonction du gouvernement central.
Seules les provinces sont propriétaires du terrain, du
territoire. Le gouvernement central n'est pas propriétaire, et je ne
vois pas pourquoi on continuerait â lui céder, comme on le fait,
par exemple, dans le cas des parcs nationaux. Je sais que ce n'est pas facile.
Le gouvernement central offre de louer des territoires durant un certain nombre
d'années. Mais c'est évident que chaque fois que nous louons ce
territoire, nous nous départissons d'une partie de notre territoire. Si
le gouvernement central a les crédits nécessaires pour faire des
parcs nationaux avec les territoires qu'il loue du Québec, il pourrait
offrir ces mêmes crédits à la province de
Québec afin que celle-ci fasse des parcs provinciaux. Ce serait
là, je pense, respecter les gouvernements des provinces. C'est une chose
qui devrait être non seulement discutée mais exigée de la
part du gouvernement du Québec dans une situation comme celle des parcs
nationaux. Ce n'est pas normal que ce soit le gouvernement central qui
établisse des parcs nationaux au Québec. Il serait plutôt
normal que nous ayons les crédits nécessaires en provenance du
même gouvernement. Cela coûterait le même prix au même
gouvernement. Mais que ce soit la province de Québec, le gouvernement du
Québec qui établisse ces parcs provinciaux.
On pourrait, évidemment, allonger la liste. On pourrait en parler
bien longtemps, mais cela ne réglerait pas le problème. Nous
réglerons le problème le jour où le gouvernement du
Québec, quel qu'il soit, prendra des responsabilités dans le sens
d'exiger et non de quémander, ce qui s'est fait, malheureusement, dans
le passé, nous avons quémandé timidement. On a fait un peu
de publicité. Je suis d'accord là-dessus. On a montré les
dents. Mais avant chaque conférence, on montre les dents et on revient,
après chaque conférence, le tout est arrangé plus ou moins
à l'amiable, même si on n'a rien obtenu. On tente de sauver la
face. On tente de dire qu'on a quand même obtenu des choses, que les
conférences nous ont donné de l'avancement, que les
conférences nous ont permis de scruter l'avenir, etc. Cela ne change
rien et cela ne donne rien.
Ce qu'il faut, c'est revenir de ces conférences avec des
résultats concrets. Mais pour revenir avec des résultats
concrets, il faut, avant de s'y rendre, partir avec des plans concrets. Avant
d'aller à des conférences fédérales-provinciales
avec des plans concrets, je crois très utile et même
nécessaire que les provinces se réunissent en conférence
interprovinciale. Le gouvernement du Québec devrait être à
la tête de cette initiative de convoquer les autres provinces et de
discuter avec elles de leurs problèmes respectifs. Par la suite,
lorsqu'il y aura possibilité d'un consensus entre ces provinces,
là on pourra avoir une conférence
fédérale-provinciale et placer le gouvernement
fédéral devant des réclamations concrètes de la
part de l'ensemble des provinces du Canada. A ce moment-là, les
provinces seraient, devant le fédéral, en position de force
comme, normalement, elles doivent l'être parce que ce sont les provinces
qui doivent être souveraines dans cette confédération et
non le contraire. Ce qui se produit, présentement, c'est que le
fédéral est toujours en position de force devant les
provinces.
C'est facile pour le fédéral d'être en position de
force devant les provinces: en prenant un peu aux provinces qui sont les plus
riches pour en donner un peu plus aux provinces qui sont les plus pauvres, et
comme, en termes de vote, c'est une province un vote, la province pauvre qui
bénéficie des faveurs du fédéral sera toujours
prête à défendre le fédéralisme tel qu'il
existe présentement. C'est pour cela qu'on se retrouve toujours devant
le même dilemme. Vous avez les provinces Maritimes qui sont plus pauvres,
qui bénéficient plus des faveurs du fédéralisme.
Elles seront toujours prêtes à voter en faveur du
fédéralisme. Elles seront toujours prêtes, cela s'est
produit, à ce que les discussions se fassent au détriment des
provinces comme celle du Québec. C'est pour cela que je crois qu'il
serait très utile que le Québec prenne l'initiative de convoquer
lui-même une et plusieurs si nécessaire conférences
interprovinciales pour qu'au niveau des provinces, nous puissions avoir des
discussions.
Après entente, le gouvernement central devrait être le
serviteur des provinces. Ce serait le fédéralisme de service et
de participation. Si on n'entreprend pas d'actions concrètes dans ce
sens, il est clair que le statu quo actuel ne durera pas longtemps. Il est
clair que la population commence à en avoir assez. Lorsqu'on est
situé à une extrémité et qu'on veut sortir de cette
extrémité, il y a un danger, toujours le même, celui de
passer à l'autre extrémité. L'extrémité
actuelle, c'est le statu quo, c'est le fédéralisme tel que nous
le connaissons. L'autre extrémité serait le séparatisme.
Si nous ne voulons pas que le gouvernement soit tel qu'en partant de cette
extrémité on passe à l'autre, c'est immédiatement
qu'il nous faut prendre nos responsabilités. C'est immédiatement
qu'il nous faut trouver un moyen terme qui se situerait entre ces deux
extrémités.
C'est dans ce sens, M. le Président, que nous suggérons au
gouvernement du Québec, au ministre des Affaires intergouvernementales
de prendre l'initiative. Il aura sûrement l'appui, peut-être pas de
tout le monde, mais au moins de plusieurs députés, en cette
Chambre. Prenez l'initiative de convoquer des conférences
interprovinciales, consultez les provinces, discutez avec les provinces et, par
la suite, vous serez en meilleure position, devant le gouvernement central, non
pas pour demander, mais pour exiger les choses dont le Québec a
besoin.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm voulait
parler. Avant de lui accorder la parole, me référant à
l'article 153 de nos règlements, je demande à la commission la
permission de lui accorder ce droit de parole.
M. MARCHAND: Nous permettons au huitième séparatiste de
prendre la parole.
M. LEVESQUE: Toutes les options n'ont-elles pas été
couvertes?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, indépendamment des
remarques que je ne veux ni repousser, ni entériner, j'aimerais quand
même ajouter quelques mots, sans nécessairement reprendre les
exposés fort touffus et fort documentés des députés
qui ont parlé avant moi.
J'aimerais quand même souligner je le fais sans
méchanceté, mais je pense que cela doit être fait
que c'est probablement la première fois, depuis le début de
l'histoire du ministère des Affaires intergouvernementales, que ces
crédits sont discutés en l'absence du premier ministre.
Longtemps, celui-ci était le titulaire du ministère. Lorsque le
premier ministre n'était pas titulaire, il s'est, quand même,
toujours fait un devoir, pour ne pas dire une responsabilité, d'assister
aux séances, étant donné le lien très fort qui
existe entre le ministère des Affaires intergouvernementales et la
politique fondamentale, l'orientation de base du gouvernement, dans un domaine
clé, qui est celui des relations fédérales-provinciales,
entre autres.
M. le Président, la responsabilité de ce ministère
est double. Jusqu'à maintenant, on a beaucoup insisté sur
l'orientation que devrait prendre le ministère des Affaires
intergouvernementales dans le domaine des relations entre le Québec et
le gouvernement central d'Ottawa. Pour ce qui est de cette question, je crois
que le ministère a accompli une tâche très utile, dans
cette recherche, dans cette rédaction d'un bilan. Il faudrait quand
même souligner qu'il est surprenant, d'une part, qu'on ai pris autant de
semaines, pour ne pas dire autant de mois, à rédiger ce rapport
et, d'autre part, peut-être voir là la complexité des
relations interprovinciales, la responsabilité complexe du
ministère des Affaires intergouvernementales dans la coordination de
tout ce qui peut être discuté, signé, négocié
entre les autorités du gouvernement central et les divers
ministères. J'espère que le gouvernement poussera sa logique
jusqu'au bout et qu'il publiera le bilan de l'action des relations
intergouvemementales entre le Québec et le gouvernement central.
Ce bilan étant dressé, le ministre est fort habile dans
son exposé préliminaire de nous donner uniquement l'analyse des
démarches qui restent à accomplir.
Il est fort habile, parce que cela lui évite d'aborder le fond du
problème. Le ministère des Affaires intergouvernementales n'a de
raison d'être que pour appliquer une politique, et ce qu'on doit chercher
à cette commission si le gouvernement en a une c'est la
politique qu'il entend suivre dans ses relations avec le gouvernement
central.
Quelle est la raison d'être du ministère des Affaires
intergouvernementales? Certes, il est important qu'il soit bien
équipé en personnel. Il est important que ses crédits
soient suffisants. Mais tout ce monde, tout ce budget, cela doit être en
fonction d'un but. Quelle est la politique que le gouvernement entend voir
s'accomplir par son ministère dans ses relations
intergouvernementales?
Le premier ministre a longtemps dit à la population du
Québec que le fédéralisme pouvait être rentable
à certaines conditions: dossiers bien rédigés et bonnes
relations avec le gouvernement central. Depuis quelques semaines, le premier
ministre lui-même a fait entendre à la population que cette
rentabilité qu'il voyait dans le fédéralisme était,
somme toute, un échec. Qui est responsable de l'échec? Est-ce le
gouvernement du Québec parce que ses dossiers étaient mal
rédigés ou si au contraire c'est son "adversaire",
c'est-à-dire celui avec qui il négocie, le gouvernement central?
Si tel est le cas, il est du devoir et de la responsabilité du
gouvernement du Québec et de ceux qui le dirigent de pointer du doigt
les responsables de son échec. Si ce n'est pas lui qui est responsable
de l'échec qu'il nous fait savoir par les déclarations du premier
ministre, il devra avoir l'honêteté d'indiquer qui est
responsable. Et la population pourra juger, après ça, si le
gouvernement a eu raison ou tort. Mais cette logique doit aller au-delà
des affinités de parti, aller au-delà des amitiés
politiques entre les gouvernements ou entre les partis.
Dans ce domaine, je pense que, le bilan étant
rédigé, le gouvernement devrait faire connaître à la
population du Québec, par un livre blanc rendu public, sa politique, ses
principes ou la base des négociations qu'il entend mener avec le
gouvernement central. Non pas uniquement un slogan, non pas uniquement un
qualificatif ajouté au mot fédéralisme, mais
réellement un énoncé de principe qui pourra permettre
à la population et aux membres de cette Chambre de juger de
l'échec ou du succès des négociations qui sont
quotidiennement menées entre le gouvernement central et le
Québec.
Mais je ne crois pas pour ma part que les conférences
interprovinciales soient une solution aux problèmes qui nous
confrontent. Ce ne serait pas plus une solution que ça en serait une
pour les municpalités de se réunir régulièrement
pour discuter des responsabilités qu'elles ont vis-à-vis des
provinces. Le noeud du problème avec le gouvernement central, c'est que
nous avons devant nous un gouvernement qui a décidé depuis
quelques années de s'équiper avec les responsabilités et
les pouvoirs de ce qu'est un gouvernement moderne. Partant de là, il
entre en conflit avec les Etats provinciaux.
Et, tant et aussi longtemps que cette question des
responsabilités du gouvernement devant la population ne sera pas
résolue, il y aura toujours des difficultés et il y aura toujours
une mythologie dans les négociations possibles avec le gouvernement
central.
Qui est responsable, face à la population, des contrôles
modernes de ce qu'est l'organisation d'une collectivité? C'est là
le noeud du problème. Qui a cette responsabilité? Est-ce que ce
doit être le gouvernement du Québec devant la population
québécoise ou si au contraire c'est le gouvernement central
devant l'ensemble de ce que sont légalement les Canadiens? C'est
là le noeud du problème.
Si le gouvernement du Québec veut être devant les
Québécois l'organisme moderne, celui qui a les pouvoirs pour
résoudre les problè-
mes complexes que nous avons aujourd'hui dans le siècle et dans
les années que nous vivons, il sera le gouvernement qui aura ces
pouvoirs-là et là il entrera en conflit réel avec le
gouvernement central. Il ne peut pas y avoir deux gouvernements qui ont les
mêmes pouvoirs.
Quel est le plan de développement? Quel est le schéma
d'organisation que le gouvernement du Québec veut ou possède
actuellement? Partant de là, il pourra faire une négociation. Et
c'est ça qu'il doit dire à la population. Pas simplement un
qualificatif ajouté au mot fédéralisme ou des choses
semblables. Et le jour où il fera connaître ça par une
déclaration de principe, par un livre blanc, là nous serons en
mesure de juger si oui ou non nous sommes en accord ou en désaccord sur
les objectifs constitutionnels du gouvernement actuel et nous pourrons juger de
l'échec ou du succès de ces négociations.
Le ministère des Affaires intergouvernementales possède
tout un autre volet de responsabilités qui jusqu'à maintenant a
été, par les députés qui m'ont
précédé, laissé un peu de côté. Le
ministère a deux responsabilités en pratique, celle de coordonner
les négociations avec Ottawa, celle également d'assurer la
présence du Québec à l'étranger.
Dans ce domaine, à plusieurs reprises, le gouvernement a
laissé entendre que les délégations du Québec
à l'étranger avaient d'abord un but économique, à
l'exception de celle de Paris. Mais laissons là pour l'instant les
délégations du Québec à l'étranger et voyons
le reste du dossier.
La présence du Québec dans les pays de langue
française. Quelle est la raison de cette présence, que recherche
le gouvernement par cette présence? Est-ce qu'il cherche uniquement
à poursuivre une politique qui a été mise de l'avant ou
si, au contraire, il a une politique derrière ça? On sait
jusqu'à quel point actuellement, dans les organismes
spécialisés, est remise en question toute l'aide des pays
développés aux pays en voie de développement.
Est-ce que le gouvernement du Québec a une politique dans ce
domaine ou si, au contraire, sa présence à l'étranger est
tout simplement oeuvre de stratégie ou tout simplement oeuvre de
continuité avec ce qui s'est fait dans les années
précédentes? Est-ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales révise sa philosophie actuellement, comme tous les
gouvernements le font dans leur action avec les pays en voie de
développement? Est-ce que le gouvernement entend, dans ces domaines,
appliquer toutes les juridictions qui lui sont déjà
déléguées par la constitution canadienne? Est-ce qu'il
entend, dans ces domaines, garder ses responsabilités et assurer sa
présence par la voie de responsabilités qui lui sont
déjà données à l'intérieur de la
constitution canadienne?
Est-ce que c'est uniquement notre oeuvre à l'étranger
d'assurer orgueilleusement notre pré- sence à l'extérieur
ou si, au contraire, nous avons une philosophie de développement,
"d'aide" à ces pays-là? Il serait important qu'au moins une fois
par année nous ayons la possibilité de discuter et d'entendre le
ministre responsable de cette action nous faire connaître ses
volontés profondes là-dessus.
On peut tout simplement conclure qu'il est bon ou mauvais que le
Québec soit à l'étranger. Dans les pays de langue
française particulièrement ou également dans les pays
d'autres cultures, parce que je ne pense pas que l'action du ministère
doive se résumer uniquement dans les pays de langue française
mais dans l'ensemble des pays à l'extérieur, pour autant
qu'actuellement c'est dans ses juridictions. Est-ce que le ministère a
une pensée de ce côté et quelle est celle qu'il voudrait
nous faire entendre?
Voilà, M. le Président, mes quelques remarques. Je ne
voudrais pas allonger le débat et reprendre, comme j'ai dit tout
à l'heure, tout ce qui a été dit. Nous aurons l'occasion
à l'étude du budget article par article, de reprendre certains
points et de poser des questions au gouvernement, mais j'espère que le
ministre saura répondre aux nombreuses interrogations qui ont
été posées jusqu'à maintenant par les
représentants de tous les partis autour de cette table.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: M. le Président, je remercie tous ceux qui sont
intervenus au tout début de l'étude des crédits. On a pris
le temps nécessaire, je crois, de faire le tour de plusieurs questions,
particulièrement de la philosophie qui doit nous animer et qui n'est
peut-être pas nécessairement la même de part et d'autre,
mais il semble ressortir des diverses interventions une volonté commune
de voir à ce que le Québec soit respecté,
particulièrement dans les juridictions qui sont siennes. Chacun semble y
apporter certaines modalités, mais dans l'ensemble on voit que les
suggestions sont faites de part et d'autre avec objectivité, j'en suis
convaincu.
Cependant, il est normal que nous ne puissions pas être d'accord
sur les moyens bien que, comme le disait le chef de l'Opposition officielle, on
doive tenter de s'entendre sur les objectifs. Pendant de nombreuses
années, ici à l'Assemblée nationale, on a vu que les
partis se sont généralement entendus sur les objectifs. Il y a
eu, à la veille des conférences
fédérales-provinciales, un consensus qui se formait ici afin que
la délégation québécoise représente aussi
pleinement que possible les désirs et les aspirations du peuple
québécois.
J'ai particulièrement apprécié les remarques du
chef de l'Opposition officielle quant à la nécessité de
mettre de côté, dans la considération de ces importantes
questions, des façons partisanes ou quelquefois mesquines de les
aborder. Le chef de l'Opposition a mentionné
que nous n'avions pas un problème unique au Québec et je
crois qu'il a raison de le souligner. Le fédéralisme que nous
avons défendu, c'est un système qui a été
préconisé, particulièrement pendant la campagne
électorale de 1970, par le Parti libéral, qui est le nôtre
de ce côté-ci de la table, et qui est celui de plusieurs autres
membres de l'Assemblée nationale, de la grande majorité.
Le mandat que nous avons est à l'intérieur du
système fédéral. Il n'y a aucun doute que 101 des 108
députés de l'Assemblée nationale ont reçu ce
mandat, même celui qui vient de parler.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne vois pas pourquoi on
fait de telles allusions.
M. LEVESQUE: Je constate tout simplement...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, l'objectivité que
défend le ministre pourrait s'appliquer partout.
M. LEVESQUE: ... que 101 des 108 députés,
c'est-à-dire élus du peuple si on veut avoir recours aux
grands principes démocratiques, je ne crois pas qu'on doive l'oublier
présents à l'Assemblée nationale aujourd'hui ont
été élus par le peuple québécois et sous
l'étiquette fédérale, dans le système
fédéral. Ce n'était pas un fédéralisme sans
condition, mais ces 101 députés n'ont pas été
élus avec un mandat séparatiste.
Ce n'est pas un problème, comme je le mentionnais tout à
l'heure et comme le chef de l'Opposition officielle l'a mentionné,
unique au Québec que, dans un système fédéral, il y
ait des difficultés. On n'a pas encore prouvé que, dans des
conditions et des circonstances comme les nôtres, le système
fédéral n'est pas encore le meilleur. Dans plusieurs pays du
monde, que l'on regarde les Etats-Unis, l'Allemagne, autrement dit, les pays
les plus développés, les plus riches au monde, on voit que le
système fédéral est celui qui a été
adopté et qui continue d'assurer la prospérité, justement,
dans ces pays les plus industrialisés, les plus riches au monde. Ce
n'est pas un système à mettre de côté du revers de
la main.
Qu'il y ait des difficultés, oui, j'en conviens. Autour de la
table, depuis cet après-midi, on a eu l'occasion de souligner ces
difficultés. Le gouvernement actuel ne se cache pas derrière ces
difficultés ou n'essaie pas de cacher ces difficultés. Le premier
ministre et plusieurs de mes collègues ont, à l'occasion,
déploré certaines attitudes du gouvernement central. Ce n'est pas
nouveau, et cela n'existe pas seulement dans le système
fédéral canadien. Justement, il est normal que, dans un
système fédéral, il y ait des intérêts qui
semblent inconciliables. Il y a des arbitrages qui doivent être faits et
qui sont faits, mais pas toujours à l'avantage de tous les Etats membres
d'une fédération. Autrement dit, si nous avons le système
fédéral, à mon sens, c'est parce que nous voulons mettre
en commun certaines ressources, donner une juridiction dans certains domaines,
mais, inévitablement, il y aura des intérêts qui ne sont
pas convergents, qui ne sont pas identiques, particulièrement dans un
pays comme le Canada.
Qu'il y ait des difficultés, qu'il y ait des différences
de vues, c'est un modus vivendi, c'est une façon de vivre. Aucun Etat
fédéral ne pourra éviter qu'il n'y ait de telles
difficultés.
On vient d'établir...
Non, je parlerai, et ensuite vous parlerez, si vous me le permettez. Je
crois qu'il est important que chacun ait l'occasion d'établir ses
positions.
On a établi, il y a quelques années, le marché
commun; on sait que chaque pays en faisant partie a jugé qu'il
était important que l'on établisse ce système. Mais,
dès que le système fut établi, on a été
témoin des divergences d'intérêt et on a compris qu'on
devait arriver à certains compromis.
Le chef de l'Opposition a bien fait de dire que, quel que soit le
régime, il y aura un besoin de négociation, des
difficultés. Des systèmes parfaits, moi je n'en connais pas et je
reviendrai tout à l'heure à la solution qu'on semble vouloir nous
apporter dans certains milieux.
Le chef intérimaire du parti du Ralliement créditiste
trouve que nos difficultés remontent à 1942. Nous pouvons
remonter à 1942. D'autres trouvent des difficultés à
partir de 1867, comme le chef du Crédit social Québec. Il dit
qu'il a coulé beaucoup d'eau sous les ponts depuis ce temps et qu'on
devrait, malgré tout, malgré l'évolution, s'en tenir
à l'esprit et à la lettre de 1867 au moins, quitte ensuite
à apporter des améliorations à la constitution
actuelle.
J'ai écouté avec grand intérêt les
propositions du député de Saint-Sauveur, qui parle de
l'installation d'un office de développement provincial, un office de
crédit provincial; je me voyais retourner toutes les questions relatives
à la banque du Canada. Evidemment, là on toucherait toute une
discussion qui peut-être nous ferait déborder des questions
constitutionnelles comme telles. Je suis convaincu cependant qu'il a eu et
qu'il aura encore l'occasion d'en discuter avec le ministre des Finances. Une
motion est présentement au feuilleton de la Chambre. Je suis convaincu
qu'encore une fois il aura l'occasion d'exposer ses théories
monétaires, celles de son parti. Je ne suis même pas sûr que
le chef du Crédit social Québec soit complètement du
même avis que le chef intérimaire du Ralliement créditiste
mais, enfin, peut-être un mariage pourra-t-il s'effectuer à un
moment donné et on reviendra à certaines positions communes. De
toute façon, ce n'est pas mes affaires et je vous laisse avec vos
théories.
Ceci étant dit, je me permettrai maintenant
de passer à quelques réflexions qui viennent du
troisième opinant de l'Opposition, qui était le
député de Bourget, qui a dit des paroles très aimables
pour l'exposé que j'avais fait; il y trouvait beaucoup de positif.
Alors, je ne peux pas passer sous silence cette objectivité dont il a
fait preuve lorsqu'il a approuvé la politique annoncée quant
à l'évaluation du bilan et quant aux autres questions connexes et
subséquentes.
Il aurait pu cependant terminer ses remarques à ce
moment-là et il aurait fait preuve de sagesse mais que voulez-vous, M.
le Président, on ne pouvait pas s'attendre qu'il laisse tomber sa verve
à ce moment-là.
Nous l'avons entendu répéter, d'une façon assez
sereine, certaines considérations que l'on retrouve
particulièrement dans un livre qui a été lancé tout
récemment et qui fait une sorte de revue de certains échecs
c'est comme ça qu'il a qualifié les exemples qu'il a
donnés du gouvernement du Québec vis-â-vis du
gouvernement central, dans les efforts du gouvernement du Québec de
récupérer certains pouvoirs.
Il a conclu que les gouvernements qui s'étaient
succédé avaient subi de tels échecs. Il a oublié,
évidemment, de faire la liste de tout ce qui avait été
réussi par les divers gouvernements. Il a oublié de mentionner
tout le côté positif du dossier fédéral-provincial
depuis des années. Evidemment, lorsqu'un ministre règle une
question à l'avantage du Québec avec un collègue
fédéral, cela ne fait pas les manchettes. Lorsque nous
réglons des questions, par exemple, dans le domaine fiscal ou dans le
domaine économique ou dans d'autres domaines avec le gouvernement
fédéral j'ai eu l'occasion, personnellement, d'en
régler des cas à l'avantage des Québécois, à
l'avantage du Québec et plusieurs de mes collègues le font
régulièrement cela ne fait pas les manchettes, cela ne
pose pas de problème qui garde l'attention très longtemps.
Lorsque, par exemple, nous avons l'occasion d'annoncer une entente
fédérale-provinciale, que ce soit dans le programme ARDA, que ce
soit dans les zones spéciales, que ce soit à l'ODEQ, il y a une
annonce de cela une journée, dans les journaux, et le lendemain,
peut-être un petit éditorial disant que c'est une bonne chose.
C'est tout. Tandis que lorsqu'il y a une difficulté, lorsqu'il y a une
différence de vue entre les deux gouvernements, cela peut traîner
des jours, des semaines, des mois et des années et on revient
continuellement sur ces choses qui nous divisent et on oublie facilement les
choses qui nous unissent. C'est une vérité, et je pense bien que
le chef parlementaire du Parti québécois n'a pas essayé de
le cacher, mais je dis simplement qu'il a omis d'en parler.
Il a, autrement dit, brossé un tableau pessimiste de la
situation. Ses conclusions? Il a esaayé de dire: Que faire dans les
circonstances? Je crois, dit-il, que c'est le ministère des Affaires
intergouvernementales qui doit élaborer les réponses. Bon! Mais,
immédiatement après, il a semblé oublier qu'il avait
déjà donné une solution en laissant au ministère
des Affaires intergouvernementales le soin de donner les réponses, il a
escamoté cela rapidement et il a dit: Nous l'avons, la réponse,
au Parti québécois. C'est l'indépendance. Il avait fait
précéder ses remarques en parlant de contes de fées. Je
pensais qu'il parlait de sa solution. Mais je me suis aperçu
après qu'il n'avait pas relié les deux idées. Qu'il les
eût réunies, cela aurait été d'une logique parfaite,
surtout après avoir lu le manifeste économique du PQ. Les
commentateurs sérieux et même les commentateurs ordinairement
favorables, ordinairement sympathiques à nos amis d'en face, du PQ, ont
semblé ébranlés et troublés de ce manifeste. Bien
des questions auraient pu être posées au député de
Bourget. Il ne s'agit pas simplement d'arriver à une réponse
comme: Cela ne marche pas très bien? L'indépendance.Voyons!
Il y a bien des questions qu'on pourrait poser. Je sais que nous ne
sommes pas ici pour poser des questions à l'Opposition. L'Opposition,
traditionnellement, pose des questions au gouvernement à l'étude
des crédits. Je suis prêt à répondre aux questions,
mais je serais fortement tenté d'en poser au député de
Bourget. Il y a bien des questions qui se posent. On se rappelle que les
économistes les plus sérieux au Canada, particulièrement
au Québec, ont fait une analyse des conséquences
économiques de l'indépendance et le tableau que l'on brossait
alors était beaucoup moins reluisant que celui qu'a tenté de nous
faire, cet après-midi, le député de Bourget.
Lorsque l'on pense, par exemple, à la diminution du pouvoir
d'achat, à la baisse du niveau de vie, cela ne semble pas
inquiéter le député de Bourget. Il l'a escamoté. Il
n'a pas dit quels étaient les effets de l'indépendance quant
à la situation que l'on ferait aux Québécois que nous
représentons ici. Est-ce qu'il a mentionné le sort des
travailleurs du Québec? Qu'est-ce qu'il arriverait à la suite de
cette indépendance? M. le Président, est-ce qu'il pense que le
fait de se déclarer indépendants aujourd'hui, même si
c'était à la suite de procédures démocratiques, va
faire en sorte, qu'à un moment donné tout va disparaître
autour de nous, tout va disparaître à l'intérieur du
Québec?
Est-ce qu'il pense, pour un instant, que les 200 millions d'anglophones
vont disparaître? Est-ce qu'il pense que le fait physique de notre
intégration à l'Amérique du Nord, au contexte canadien,
tout cela va disparaître? Est-ce qu'il croit pour un instant qu'en
déclarant l'indépendance cela va régler tous les
investissements canadiens qu'il y a au Québec? Est-ce qu'il a
pensé aux conséquences, au point de vue monétaire et au
point de vue financier, d'une telle décision politique? Est-ce qu'il a,
pour un instant, fait preuve du sens des responsabilités et de
maturité lorsqu'il a semblé vouloir dire qu'il était plus
facile de négocier après l'indépendance, lorsqu'il a voulu
nous dire qu'il était
plus facile de négocier avec des étrangers que de
négocier avec un gouvernement fédéral qui doit être
élu par 30 p.c. des Canadiens qui sont au Québec? 30 p.c. de
l'électorat fédéral se trouve chez nous, au Québec;
six millions d'habitants. Une fois l'indépendance faite, avec des gens
que nous aurons déclarés étrangers, avec un gouvernement
qui n'aura absolument rien à faire avec ces 30 p.c. de
l'électorat, alors qu'il n'aura plus de députés, plus de
représentation à l'intérieur du Québec, à ce
moment-là, nous allons pouvoir négocier avec avantage? Voyons,
cela n'a aucun sens!
Loin de moi l'idée de dire que nous devons rester dans un
système fédéral sans condition ou sans lutte. Au
contraire. Ce que nous dit le député de Bourget, c'est de fuir,
c'est de faire une retraite, alors que, pour nous du gouvernement, pour nous
des 101 députés élus démocratiquement par le peuple
même si nous en perdions un, il en resterait 100 il ne
s'agit pas de fuir, de battre en retraite, mais de rester et de lutter. Quel
que soit le système politique que nous adoptions, il faudra lutter. Mais
on a beaucoup plus de chances de lutter avec succès si on est à
l'intérieur du système que si on est en dehors. Que sommes-nous
en dehors du système fédéral? Nous sommes, à ce
moment-là, peut-être intellectuellement heureux, nous sommes
peut-être intellectuellement satisfaits, nous sommes peut-être
culturellement plus homogènes. Mais est-ce qu'à ce
moment-là on a oublié le peuple du Québec, celui qui a le
plus besoin d'être aidé, celui qui, sur le plan économique,
a connu, jusqu'à maintenant, le deuxième niveau de vie au
monde?
Est-ce qu'on va mettre tout cela de côté pour une
satisfaction intellectuelle, qui est celle de gens qui ne sont pas
réalistes et qui veulent faire passer leur frustration aux dépens
même du peuple du Québec, alors qu'ils sont élus pour
servir?
M. le Président, je craindrais une telle situation,
évidemment, si je ne connaissais pas l'âme du peuple
québécois. Le peuple québécois est fier
d'être québécois. La grande majorité des
Québécois sont francophones et sont fiers de l'être. Ils
sont fiers de leur culture et de leur langue. Cela, ce n'est pas le
régime qui va le changer. Le peuple du Québec continuera
d'être à la fine pointe de ses dimensions extrêmement
importantes. Nous devons, il est vrai, tout faire pour conserver ces valeurs
culturelles, ces valeurs linguistiques mais on peut le faire sans se priver
d'un régime qui a été, somme toute, à l'avantage du
Canada et particulièrement du Canada français.
M. le Président, est-ce que cela veut dire qu'on n'a pas de
problèmes? Est-ce que cela veut dire que nous sommes les seuls à
avoir des problèmes? Si j'étais un Albertain, par exemple, ou un
Ontarien, je pourrais fort bien dire: Je ne suis pas tellement satisfait du
système fédéral. Pourquoi le Québec
reçoit-il un demi-milliard de dollars par année de paiement de
péréquation et que moi, Ontarien ou moi, Albertain, je ne
reçois rien? Zéro cent. Colombie-Britannique? Zéro cent.
Ontario? Zéro. Alberta? Zéro. Le Québec? Un demi-milliard
de dollars par année de paiement de péréquation. Ces gens
pourraient dire : Nous ne voyons pas pourquoi ce système
fédéral. On pourrait, si on était en Colombie-Britannique,
par exemple, fort bien dire: Mais pourquoi tous ces deniers publics qui s'en
vont pour la culture, pour le bilinguisme, le biculturalisme, etc.? Nous
n'avons pas besoin de cela, nous autres. Si on voulait, chacun de son
côté, commencer à déblatérer sur le
système fédéral et en souligner les désavantages,
comme on l'a fait avec tellement de ferveur, du côté du Parti
québécois, on pourrait fort bien, dans chacune des provinces du
Canada, découvrir que le fédéralisme a des
désavantages dans telle ou telle région ou dans tel ou tel
domaine.
Mais c'est l'ensemble qu'il faut regarder, et les effets. Quels sont les
effets économiques, pour le Québec? Quels sont les avantages,
pour le Québec? Il faudrait les voir de temps en temps. Il faut faire,
de temps en temps, un bilan positif et cesser continuellement de décrier
le système fédéral. Il y a peut-être d'autres choses
qu'il faut regarder. Il y a peut-être d'autres solutions à
trouver. Il y a peut-être plus de concertation à faire. Il faut
peut-être mieux nous préparer pour mieux vendre notre marchandise,
être plus alertes. C'est vrai. Nous voulons l'être. C'est la raison
pour laquelle nous faisons systématiquement le bilan de toutes les
activités, à travers tous les ministères du gouvernement.
Ce que nous voulons, c'est d'abord contrôler nos propres dossiers, les
bien connaître et les mieux présenter. Voilà quelque chose
de positif. C'est une façon réaliste et positive d'aborder le
fédéralisme. Ce n'est pas en se sauvant, en battant en retraite
et en criant à l'indépendance qu'on va réussir à
servir réellement les intérêts des Québécois,
les intérêts supérieurs des Québécois, les
intérêts des travailleurs québécois.
Est-ce qu'on se préoccupe de savoir s'ils auront du travail,
demain matin? Qu'est-ce qui arriverait si jamais il y avait
l'indépendance du Québec prônée par le
député de Bourget et ses amis? S'est-on préoccupé
de cela? On voudrait amener le Québec dans l'aventure, avoir un Canada
à l'est et un Canada à l'ouest, essayer de créer une
muraille autour du Québec et essayer d'y vivre. C'est peut-être
une conception intellectuelle d'une certaine valeur. On peut essayer de la
vendre à certaines gens qui n'ont pas évalué toutes les
conséquences d'une telle option.
Elle plaît intellectuellement, cette option; elle plaît
jusqu'à un certain point, idéologiquement, si on veut, en
laissant de côté toutes les autres considérations que l'on
qualifie de matérialistes, que l'on regarde du haut de la tour d'ivoire.
Mais que l'on sorte du parlement du Québec, que l'on aille dans les
rues, qu'on aille
dans les campagnes, à travers le Québec, et qu'on pose la
question aux Québécois, à ceux qui ont les deux pieds sur
terre. Ils vont vous dire: Nous ne voudrons jamais de ça, du
séparatisme. Nous ne voulons pas cette aventure qui nous amènera
on ne sait où. Ce que nous voulons par exemple, c'est un meilleur
fédéralisme, un fédéralisme amélioré
Ce que nous voulons, c'est de ne pas cesser de lutter, de continuer de dire au
gouvernement central et de mieux lui dire: Voici les situations que nous ne
pouvons pas accepter au Québec.
Et c'est pourquoi le premier ministre, de nos collègues, des
gouvernements avant nous ont dénoncé, chaque fois que la chose se
présentait, certaines situations qui n'étaient pas à
l'avantage des Québécois. Nous voulons être mieux
préparés pour le faire. Nous avons maintenant le bilan qui
résume tous les dossiers entre les ministères du Québec et
le gouvernement central. Et, d'ici quelques semaines, nous commencerons
l'évaluation de ces dossiers, la mise en forme et les politiques qui
s'ensuivront seront de celles qui amélioreront encore la façon
pour le Québec de présenter au gouvernement central les
aspirations véritables du peuple québécois.
Qu'il y ait nécessité d'améliorer la constitution,
de la moderniser, de mieux établir les pouvoirs de chacun des
gouvernements, leur juridiction respective, de diminuer les zones grises,
d'accord. Mais préparons-nous. Ne cessons pas de lutter. Ne battons pas
en retraite
J'aurais pu évidemment parler davantage de cette situation qu'on
voudrait nous faire. Je pourrais poser comme je l'ai mentionné
tout à l'heure de nombreuses questions au député de
Bourget...
M. LAURIN: Il n'est pas à la télévision.
M. LEVESQUE: ... mais je sais fort bien que le député
...
M. MARCHAND: Ou au forum.
M. LEVESQUE: Ce soir, je ne suis pas à la
télévision, je ne fais pas de "show". Je dis simplement ce que
les Québécois eux, chacun dans les régions du
Québec, pensent. Je ne fais pas de "show" à la
télévision. Mais je suis prêt cependant â
émettre ces idées n'importe où dans la province de
Québec, n'importe quand. Et je dirai que ces idées ne me sont pas
personnelles. J'ai l'impression d'exprimer tout haut ce que la grande
majorité des Québécois pense tout bas et souvent dit tout
haut. Mais pas assez souvent encore. On laisse trop de ces gens, probablement
intellectuellement emballés par l'idée de l'indépendance
utiliser continuellement, les media pour vendre ces idées, mais sans les
développer complètement et sans dire à la population
quelles sont les conséquences possibles d'une telle action politique,
d'une telle décision collective que l'on propose au peuple
québécois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Au cours de son exposé le député de
Bourget a mentionné que les formations politiques d'hier selon
son expression devraient disparaître parce qu'elles continuaient
mythologiquement à essayer d'exploiter la population et de
présenter, à toutes fins pratiques, du réchauffé,
sans tenir compte de la réalité et des aspirations des
Québécois. Je l'ai entendu, il y a un instant, offrir de faire le
débat à la télévision. Si le coeur lui en dit, moi
je serais disposé n'importe quand à aller à la
télévision avec le député de Bourget ou le vieux
chef du parti séparatiste, qui n'a même pas été
capable de se faire élire dans son propre comté. N'importe quand,
pas en intellectualisant de façon verbeuse le débat, mais en s'en
tenant tout simplement à des réalités et à des
choses très concrètes.
Et M. le Président, lorsque l'on semble vouloir répandre
dans la population que les hommes politiques des autres formations politiques
comme l'a insinué de façon très artistique le
député de Bourget ne répondent pas à
l'idéal des Québécois, que les membres des autres
formations politiques ne sont pas à l'heure de ce modernisme, que les
membres des autres formations politiques ne sont pas des gens qui veulent
véritablement prendre les intérêts des
Québécois, je me suis rappelé l'histoire assez folklorique
du dénommé Arthur qui était dans l'armée. Il y
avait une grande parade, les parents étaient tous fiers d'aller voir
leur fils parader dans ce peloton à l'occasion d'une grande fête.
Or, les parents regardant les soldats défiler se sont rendu compte
qu'Arthur ne battait pas le pas comme les autres. Alors, ils ont dit: Regarde
Arthur, c'est encore le meilleur, il n'y a que lui qui a le pas dans tout le
peloton.
Même si c'est dit sur un ton ironique, il y a une foule de
questions, et je pense que c'est l'occasion de les soulever. Et, comme on l'a
signalé, je pense que c'est encore une façon de se
démasquer, très spontanément, que de dire: Nous allons
aller à la télévision. C'est rechercher le
sensationalisme, essayer de rechercher les choses percutantes sur le plan de la
publicité et de faire une campagne de vente de savon dans le
Québec pour tenter de laisser croire aux Québécois qu'il
n'y a que sept membres du Parlement qui savent et qui connaissent à fond
la définition du patriotisme, qu'il n'y a que sept membres du Parlement
qui, d'une façon véritable, d'une façon sincère,
d'une façon honnête défendent les intérêts
supérieurs du Québec.
Donc, M. le Président, il va falloir d'abord que les hommes
politiques et les Québécois prennent conscience de cette
façon très séduisante de présenter une option
intellectuellement défendable, il va falloir que les
Québécois approfondissent davantage les implications de cette
option. Il va falloir également que l'on se
rende compte qu'on veut faire l'indépendance du Québec et
que, du même souffle, on dit, pour essayer de réconforter ou de
sécuriser: Nous allons faire l'indépendance politique, et le
lendemain matin, nous allons négocier avec nos partenaires d'hier.
Après avoir divorcé, nous allons négocier un marché
commun ou un fédéralisme économique rentable. Rentable,
c'est l'expression qui s'emploie dans la bouche de ces gens-là.
Un fédéralisme économique rentable, après
avoir fait l'indépendance politique. Et le député de
Bourget a même dit: C'est clair que nous allons négocier à
un contre dix, mais au moins nous allons négocier dans la
dignité, dans la liberté. Comme si tous les anciens premiers
ministres s'étaient tramés dans la fange, dans toutes les
ornières lorsqu'ils ont plaidé les droits du Québec depuis
25, depuis 30 ans. Et lorsqu'on parle de soixante ans de négociations
stériles, je dis encore là, M. le Président, que c'est un
mensonge, c'est une couleuvre que l'on tente de faire passer. Les gens qui sont
sortis un peu de l'intellectualisme et du verbalisme se sont rendu compte que
jusqu'en 1953 les gouvernements provinciaux, sur le plan budgétaire,
avaient des excédents et que le budget du gouvernement central
était déficitaire.
Or, il est bien évident que l'on tentait de faire un rapatriement
de droits. De toute façon, sur le plan des planifications et des
priorités, les gouvernements provinciaux avaient des excédents
budgétaires alors que le fédéral ne pouvait pas à
ce moment-là, pénétrer, d'une façon assez subtile,
comme on l'a fait par la suite, sous toutes sortes de prétextes, d'une
façon parfois assez sournoise, dans tous les champs d'action
réservés aux provinces, d'accord. Mais jusqu'en 1952, on ne me
fera jamais croire que le gouvernement fédéral pouvait distribuer
aux provinces ou pouvait faire des invasions, alors que les budgets
étaient déficitaires.
Ce qui me méduse, c'est qu'on fait cette indépendance et
qu'on négocie un marché commun à un contre dix. Nous
arrivons à notre petite table et nous avons dix gouvernements devant
nous. Là, nous disons: Il va falloir régler d'abord les
dépouilles de la confédération, le CNR, Air Canada, les
bureaux de poste, les installations portuaires, tout ce que nous avons dans le
Québec, la dette du Canada, aussi. Nous avons de quoi à faire
là-dedans, nous nous séparons, nous coupons l'association. Il
faut discuter de cela à un contre dix.
Là, nous disons: Le CNR, Air Canada, cela peut valoir $4
milliards et nous nous prétendons que nous en avons 25 p.c. Est-ce que
nous allons nous distribuer les avions ou si ce sera en argent? Il faut payer
également pour les bureaux de poste, il faut payer pour les
installations portuaires; là, on ne nous dit pas comment cela va
fonctionner. Surtout, il y a dix gouvernements devant nous. Nous disons,
à un moment donné: Non, il nous faut 30 p.c. Il y en a dix qui
disent: Non, nous allons vous donner 20 p.c. Quels sont nos moyens de pression
pour les convaincre que c'est 30 p.c?
A ce moment-là, allons-nous aller chercher souterrainement les
zouaves? Allons-nous refaire la guerre des Boers? Où allons-nous
chercher nos moyens de persuasion et combien de temps cela va-t-il durer,
strictement à ce niveau-là? D'une façon très
matérialiste, on se rend compte que, dès le départ, non
seulement nous sommes en état d'infériorité mais nous
sommes à la merci et au caprice de la volonté, des désirs
de ces dix gouvernements qui n'ont plus rien à gagner ni rien à
perdre avec nous. Les liens sont coupés.
Une autre question que je me pose; dernièrement, il a
été question de la monnaie et des banques. Là, il y a un
groupe qui disait: Nous allons avoir notre monnaie québécoise,
nous aurons notre banque québécoise. M. Parizeau, et M.
Lévesque ont dit: Ecoutez, nous allons nous entendre pour la monnaie
canadienne. L'autre groupe, Vallières, qui est rendu dans le sanctuaire,
a dit, avec M. Migué: Non, nous aurons notre monnaie typiquement
québécoise et notre banque. M. Parizeau a répondu: Un
instant, les petits bonshommes, cela fera l'objet de négociations pour
la monnaie. Nous irons voir nos dix ex-partenaires et nous leur dirons:
Pouvons-nous nous entendre entre nous? C'est un petit détail.
On ne dit pas non plus combien de temps vont durer les
négociations pour un fédéralisme économique
rentable ou un marché commun rentable; cela, on ne le sait pas, on ne
nous le dit pas. Deux, trois, quatre ans? Durant ce temps-là, qu'est-ce
que nous faisons? On ne le dit pas, non plus. Si ça ne fonctionne pas,
est-ce qu'on dévoile l'identité du partenaire avec lequel nous
négocierons? On dira: Est-ce qu'on connaît les exigences de ce
partenaire-là? Est-ce qu'on connaît la mentalité, les
conditions de ce partenaire-là? Non. On nous dit, comme tout à
l'heure: Cela nous donnera la liberté de négocier avec les
Etats-Unis, avec les pays européens. Imaginez-vous donc! Le
Québec, après avoir manqué son coup avec ses partenaires
immédiats va aller aux Etats-Unis pour dire: Nous parlons
français, nous sommes des catholiques, nous sommes fiers et nous avons
de la dignité; nous donneriez-vous telle et telle chose? Est-ce qu'on a
déjà fait des démarches auprès du gouvernement
américain pour connaître quelle serait sa réaction? Jamais.
C'est du parfait inconnu dû à de l'intellectualisme, de la
métaphysique de la politique.
A ce moment-là, est-ce que le gouvernement américain
tournerait le dos à la Colombie-Britannique, à 1'Alberta, aux
petits puits de pétrole, etc., au gouvernement canadien pour dire: Vous,
qui parlez français, qui êtes de bons catholiques et qui avez
surtout de la dignité vous n'avez pas un cent dans vos poches,
mais vous avez de la dignité nous allons vous donner tout ce que
vous voulez? Arrêtons de charrier, M. le Président, s'il vous
plaît! Si cela
ne fonctionnait pas avec les Américains, pour différentes
raisons, quel sera notre partenaire? Est-ce qu'on nous le dit? Il y a un voyage
qui s'organise, je poserai des questions tout à l'heure.
Au lieu d'aller rencontrer pour créer un climat d'amitié,
pour de bonnes négociations, les partenaires que nous avons
actuellement, ces gens s'en vont rencontrer les Français, les Belges,
les Allemands, des gens de Londres, avant même de créer un climat
de négociation, faisant l'indépendance avec les partenaires que
nous avons aujourd'hui. Que peuvent nous apporter ces pays, sur le continent
nord-américain, et quelles sont nos chances à ce
moment-là? Il y a une foule de questions. On fait l'indépendance
parce qu'il y a des diversités régionales, parce qu'il y a de la
pauvreté, du chômage, parce qu'on est colonisé sur le plan
économique et, du même souffle, on dit: Nous aurons la
liberté de négocier avec les Etats-Unis. Imaginez-vous que les
Etats-Unis, s'ils négocient avec nous, n'auront pas de petites exigences
sur le plan économique. C'est même le vieux, vieux chef du PQ, en
dehors de la Chambre, qui levait son chapeau à Maurice Duplessis,
concernant l'Iron Ore dernièrement.
On se rend compte, qu'on le veuille ou non, que ça prend $7
milliards d'investissements annuellement au Québec et qu'il faut
canaliser des investissements étrangers, qu'on le veuille ou non, peu
importe le gouvernement, le système ou le premier ministre.
Etant donné qu'on a fait l'indépendance politique parce
qu'il y avait du chômage, de la pauvreté, s'il y a davantage de
chômage, de diversités régionales et si les
négociations n'ont pas débloqué, y aura-t-il des
élections au bout de quatre ans, parce qu'il y aura toujours un parti de
l'Opposition fédéraliste? Y aura-t-il des élections au
bout de quatre ans? S'il y a des élections au bout de quatre ans, s'il y
a plus de chômage, davantage de pauvreté, de diversités
régionales, on va réélire le parti
fédéraliste qui est dans l'Opposition. Que fait-on après?
On va retourner à Ottawa, à cinq pattes, pour aller dire:
Voudriez-vous nous reprendre à n'importe quelle condition? Là, on
a un gros pouvoir de négociation! Là, nous serons en mesure de
négocier! Nous aurons de la dignité, de la fierté, mais
nous n'aurons pas grand-chose en retour.
Je pense que les gens du Parti québécois sont
intellectuellement, émotivement et sentimentalement honnêtes, mais
qu'il y a chez eux une absence de réalisme absolument totale et une
présentation émotive du problème de la constitution. Les
propos qu'a tenus, tout à l'heure, le député de Bourget,
qui jette le discrédit, d'une façon recto tono, sans y mettre
d'intonation passionnée, à la lecture, révèlent
jusqu'à quel point il y a une violence et une détermination
aberrante d'arriver non pas à obtenir un instrument capable de donner la
souveraineté des juridictions et des sources de revenus au Qué-
bec, car, pour eux, c'est une fin en soi, l'indépendance, et,
après, on verra.
Pour donner la souveraineté aux Québécois, aux
différents Etats provinciaux, il y a deux instruments: il y a
l'indépendance, oui, d'une part, mais il y a également le
fédéralisme, d'autre part. Il y a possibilité de regarder
ce qui se passe chez nous. Il y a de ces prophètes, de ces colporteurs
qui sont en train de préparer des lendemains extrêmement explosifs
au Québec. Sans cesse, ils exploitent démagogiquement la
misère, la pauvreté, tous nos défauts. Ils sèment
partout le discrédit, le découragement le plus total.
Ils donnent l'impression que nous sommes un peuple en haillons, que nous
sommes un peuple de troisième ordre, que nous sommes des
arriérés sur tous les plans. Il y a des révélations
et des faits. Je n'ai pas puisé cela dans des idéologies
empruntées de M. Mao ou de M. Castro ou de qui vous voudrez. En 1970,
les Québécois ont acheté pour un milliard et quart de
dollars d'obligations du Canada à eux seuls, soit plus de 50 p.c. de
toutes les obligations d'épargne du Canada vendues à travers le
pays. Nous avons acheté, au total, plus d'obligations d'épargne
du Canada que toutes les autres provinces réunies.
Il y a une rééducation à faire chez nous, M. le
Président. Au lieu d'effrayer les gens, au lieu de les
décourager, au lieu de décrier les institutions que nous avons et
faire en sorte qu'ils essaient d'aller chercher une certaine
sécurité à l'étranger, il y aurait avantage, je
pense, à motiver et à inciter les Québécois
à développer le goût du risque, à développer
un sens du patriotisme beaucoup plus éclairé et positif. Si les
Québécois, canalisant leurs épargnes, investissaient dans
l'économie du Québec au rythme de $1 milliard par année,
je pense que nous réglerions en partie en partie notre
émancipation économique. Je dis souvent et je le
répéterai que ce soit rentable ou non
électoralement, je m'en sacre comme de l'an quarante je
répéterai partout, dis-je, qu'il faut cesser, au Québec,
d'imiter la fable de La Fontaine et de croire qu'un jour le Québec,
grenouille, pourra se faire boeuf. Vous savez ce qui est arrivé dans la
fable de La Fontaine à la grenouille qui voulut se faire boeuf? Elle a
éclaté.
Or, je pense qu'il est temps que ceux qui prétendent que nous
nous abreuvons, que nous nous nourrissons du mythes, que les politiciens des
différentes générations sont des gens
dépassés, des gens malhonnêtes intellectuellement, des gens
qui sont là pour servir leur propre petit idéal ou leurs
intérêts personnels... Je pense qu'il est temps que l'on sache, au
Québec, qu'il n'y a pas sept ou peut-être huit génies qui
possèdent la vérité tranquille et toutes les solutions
d'une façon absolue. Au delà des idéologies et
au-delà des luttes partisanes, il est bon de reconnaître
moi, je le reconnais en tout cas que les membres de cette Chambre, de
quelque formation politique que ce soit...
J'ai répété à la télévision,
puisque cela plaît au député de Bourget de parler de
télévision que sur différents aspects, le Parti
québécois présentait une option intellectuellement
honnête. Je l'ai répété à maintes reprises,
mais j'ai répété également qu'il était
dangereux d'intellectualiser au dernier degré nos problèmes ici
au Québec, qu'il était extrêmement dangereux de faire une
démagogie subtilement intellectuelle, qu'il était
extrêmement dangereux d'oublier que nous vivions sur un continent
nord-américain, qu'il était impossible de détacher le
Québec de ce continent nord-américain et de le transposer
romantiquement dans une immense mer où on pourrait, arbitrairement,
selon notre caprice, établir nos propres règles du jeu, notre
propre système, puisqu'on serait entouré, comme dirait le chef
incontesté de mes amis au fédéral, de requins de toutes
sortes. Mais où, au moins, on pourrait combattre ces requins avec nos
armes, notre mentalité et selon nos possibilités.
Or, nous vivons sur un continent nord-américain. Nous
bénéficions d'un standard de vie extrêmement
recherché et envié dans le monde entier. Il faut se rappeler
également que, exception faite de la Suède, nous somme l'Etat au
monde le plus équitable et le plus généreux dans la
distribution des richesses que nous possédons.
On peut le vérifier. Sur le plan social, pour les plus
défavorisés, pour les plus démunis, nous sommes l'Etat qui
fait le plus d'efforts, le plus de sacrifices et qui donne la meilleure
distribution à ces gens au monde, exception faite de la Suède.
Rappelons-nous notre niveau de vie; rappelons-nous également notre
façon d'évoluer, qui n'est pas parfaite. Il ne faut pas, comme je
le disais cet après-midi, s'encarcaner dans un fédéralisme
inconditionnel, dans un fédéralisme rampant qui, à tout
prix, fera de nous d'éternels quêteux. D'autre part, il ne faut
pas, non plus, se jeter dans les bras inconséquents de gens qui ne
savent pas du tout où conduira cette aventure, où nous aboutirons
et quel sera le destin du peuple québécois.
Or, M. le Président, je pense que ces propos, c'était
l'occasion de les tenir. Pour ma part, les allusions ou les remarques faites
par le député de Bourget, cet après-midi, à
l'endroit des autres formations politiques ou de leurs membres, je ne les ai
pas reçues comme injurieuses. Seulement, il est bon que, face à
face, nous puissions établir, à un moment donné, pourquoi
nous ne partageons pas tel point de vue, pourquoi nous ne croyons pas en tel et
tel objectif. A ce moment-là, il appartiendra, non pas au
député de Bourget, non pas au député de Bellechasse
de décider si ma formation politique, la sienne ou d'autres formations
politiques doivent disparaître. Je pense qu'il appartient à la
population d'en juger, à la population qui peut recevoir une information
objective si elle ne se laisse pas tripoter de façon survoltée ou
biaisée par une information, au départ, canali- sée vers
certains objectifs donnés. Je vois le journaliste de la Presse faire un
signe de tête, en disant: Mettez-en, mettez-en, mettez-en! Mais je vous
dis, en toute honnêteté, que je n'ai jamais été un
courtisan des journalistes, quels qu'ils soient, sauf que j'ai toujours
respecté leur métier. J'ai dit et je répète, ce
soir, qu'il y a des aventuriers qui se sont glissés dans les rangs des
journalistes professionnels et qu'il y a des gens qui sont là beaucoup
plus pour servir leur idéologie ou certains maîtres que pour
servir les intérêts de la population et remplir leur rôle
d'informer au lieu de déformer.
De toute façon, je termine en disant qu'il est impossible
je le répète quelle que soit l'option de la population
québécoise sur le plan constitutionnel, de songer qu'une solution
ou un système miracle nous donnera paix, prospérité,
liberté, du jour au lendemain.
Une minorité, quelle qu'elle soit, doit sans cesse,
inlassablement, combattre et lutter. Qu'on le veuille ou non, c'est notre
destin, les Québécois. Ce n'est pas un destin qui a fait la
déchéance des générations qui nous ont
précédés, au contraire. Notre destin sera continuellement
de combattre et de lutter. C'est la façon d'entretenir les
Québécois. Ce n'est sûrement pas dans la fuite, ce n'est
sûrement pas dans la rupture brutale, ce n'est sûrement pas dans un
divorce inconditionnel, ce n'est sûrement pas en prenant une voie
téméraire dont on ne connaît même pas le port de
destination que le Québec pourra répondre aux impératifs
de son destin comme peuple.
Quant à moi, je suis intimement et très
profondément convaincu qu'un Québec isolé, qu'un
Québec séparé, qu'un Québec qui se cherche des
partenaires à l'étranger, qu'un Québec qui est prêt,
pour répondre à certaines satisfactions romantiques ou
révolutionnaires, révolutionnaires livresques je
dis, M. le Président, que tant et aussi longtemps que je serai chef de
notre formation politique, je combattrai, jusqu'à la dernière
minute, pour que nous puissions avoir une nouvelle association, un nouveau
pacte, pour que nous puissions avoir une nouvelle constitution en vertu de
laquelle les Etats constituants pourront avoir leur souveraineté, qui
est essentielle pour répondre à leurs aspirations et
également pour obéir à la trajectoire ou à la trame
de tout ce qui compose ce peuple.
La façon de le faire est de reprendre des négociations de
façon positive et faire en sorte qu'il y ait, entre le bloc francophone
et le bloc anglophone, une nouvelle alliance, un nouveau départ, puisque
80 p.c. des pays d'après-guerre ont modifié ou changé
complètement leur constitution. Je dis que ce n'est pas un
précédent exceptionnel, que ce n'est pas un
précédent extraordinaire et qu'il s'agit plutôt de faire
pendre l'épée de Damoclès continuellement, de faire du
chantage ou de l'intimidation auprès de nos partenaires. Il vaut
beaucoup mieux avoir une approche très réaliste et
procéder de façon
non pas émotive ou sentimentale mais de le faire, encore
là, en homme d'affaires, avec du sens pratique, avec du pragmatisme.
C'est la seule façon d'arriver à un compromis parce que
l'idéal, on ne l'atteindra jamais qui sera à l'avantage du
Québec et à l'avantage du Canada.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Je veux d'abord remercier le ministre de s'être tenu
à la hauteur des principes et de ne pas avoir succombé à
la danse de Saint-Guy politique et de ne pas s'être abaissé au
vocabulaire pugilistique. Quant au député de Bellechasse, il
vient de me donner la preuve, ce soir, qu'il a achevé de renier le
slogan de son maître Johnson, qu'il prétend adorer, qui disait:
Egalité ou Indépendance.
M. LOUBIER: Est-ce que je peux, M. le Président? Dois-je attendre
à la fin de l'exposé pour corriger?
M. LE PRESIDENT: A la fin, oui. M. LAURIN: En vertu de l'article 97. M.
LOUBIER: D'accord.
M. LAURIN: Il vient d'achever de nous prouver que, pour aucune
condition, même si toute la conjoncture nous y appelait, il ne pourra
consentir à opter pour l'option d'indépendance que son
maître, encore une fois, le premier ministre Johnson, disait devoir
accepter s'il y était forcé.
Pour revenir aux propos du ministre, il nous dit que l'essence
même d'un régime fédéral est d'être un
régime où les conflits existent. Je suis bien d'accord avec lui,
que l'essence même d'un régime fédéral est d'avoir
deux partenaires qui sont en conflit, peut-être pas perpétuel mais
occasionnel. Mais j'attire son attention sur le fait suivant. Le
fédéralisme qui est le nôtre, que nous connaissons, la
situation qui est la nôtre, inférieur au point de vue
numérique, au point de vue politique, au point de vue linguistique, et
l'évolution de la conjoncture, surtout depuis une vingtaine
d'années, font que les conflits non seulement deviennent de plus en plus
nombreux, deviennent de plus en plus aigus mais dans ces situations de conflit,
la force relative des partenaires est extrêmement inégale et
devient de plus en plus inégale. Le partenaire fédéral
devient de plus en plus fort et le partenaire québécois devient
de plus en plus faible.
Je ne reviens pas sur les raisons que je donnais, les zones grises que
le fédéral s'approprie, le pouvoir de dépenser, le pouvoir
de dépenser des individus et ainsi de suite, ce qui fait qu'en
définitive, on assiste à une sorte de cheminement
parallèle qui ressemble à celui dont parlait La Fontaine, dans
ses fables, le cheminement du pot de terre et du pot de fer. Evidemment, quand
le pot de terre entre en conflit avec le pot de fer, il est bien évident
que c'est le pot de terre qui se fendille et qui finit par éclater.
C'est une des caractéristiques de notre régime
fédéral et une des caractéristiques qu'aucun
député, ici, n'est capable de nier s'il a le moindrement de
respect pour l'histoire des relations constitutionnelles.
Une autre des caractéristiques sur laquelle j'attire l'attention
du ministre, c'est que, lorsqu'il y a un conflit entre deux partenaires, si
l'on veut que ce conflit se règle, trouve sa solution, il faut trouver
un arbitre quelque part. Cet arbitre a été longtemps, dans notre
régime fédéral, le Conseil privé de Londres.
Ensuite, cela a été la cour Suprême du Canada.
Encore une fois, si l'on fait l'histoire des jugements rendus par la
cour Suprême, surtout depuis une quinzaine ou une vingtaine
d'années, on se rend compte que les jugements de la cour Suprême
ont presque toujours été à l'avantage du régime
fédéral. Cela n'est pas surprenant puisque c'est le régime
fédéral qui nomme les juges de la cour Suprême et que ces
juges épousent sans que je veuille leur faire un procès
d'une façon toute naturelle les vues de la majorité
anglophone et surtout les vues de la majorité politique outaouaise.
Donc, il y a là deux conditions qui ont joué et qui jouent
de plus en plus contre notre marque particulière de
fédéralisme. D'un côté, des partenaires
inégaux et qui deviennent de plus en plus inégaux et, de l'autre,
un arbitre dont les jugements sont gauchis, infléchis de plus en plus
dans le sens d'un des deux partenaires et dont les effectifs proviennent en
grande partie de la majorité qui est associée, qu'on le veuille
ou non, au régime fédéral.
Ce sont là deux considérations qui me paraissent plus
importantes qu'une comparaison idéale des divers régimes
fédéraux, car il y autant de fédéralismes que de
pays. Le fédéralisme suisse ne ressemble pas au
fédéralisme russe qui ne ressemble pas au
fédéralisme américain, et qui ne ressemble pas au
fédéralisme canadien. Il y a aussi un troisième aspect sur
lequel je voudrais attirer l'attention du ministre, c'est que, dans la plupart
des fédéralismes, nous avons affaire à une population
beaucoup plus homogène que la nôtre. Que ce soit la
fédération russe ou américaine, il y a là une sorte
de "melting pot", que ce soit le "melting pot" Scandinave, le "melting pot"
slave et le "melting pot" américain, où, graduellement, la langue
commune est devenue l'anglais ou le russe...
M. LEVESQUE: La Suisse.
M. LAURIN: J'y reviendrai aussi à la Suisse. ... où il y a
une sorte d'homogénéité quant à la langue, quant
à la culture qui s'est graduellement développée
cela vaut également pour l'Allemagne ou pour la Nouvelle-Zélande
ou
pour l'Australie et où l'on se rend compte que ce qui
rapproche, comme le disait le ministre, est beaucoup plus important que ce qui
divise. On n'a pas une situation semblable au Canada où l'on voit
qu'à cause des circonstances historiques, à cause des
différends constitutionnels qui n'ont jamais cessé, à
cause aussi de l'évolution progressive de la collectivité
québécoise qui a pris de plus en plus conscience de son
identité, de ses valeurs, la différence entre les deux
collectivités devient de plus en plus grande et de plus en plus
profonde, avec cette conclusion que la collectivité, qui est en
état d'infériorité numérique et politique, aspire
quand même, à cause de son patrimoine, à vivre de sa vie
propre, à trouver son identité culturelle et politique, à
se définir une vocation spécifique.
Il y a là trois différences très importantes sur
lesquelles il importe d'attirer l'attention de tous les députés
et de toute la population.
Dans sa deuxième remarque, le ministre parlait du marché
commun. Il disait que c'est la caractéristique des Etats modernes; que,
dans ce "one world" que décrivait déjà Wendell Wilkie,
toutes les nations ont tendance à s'associer. C'est vrai, puisqu'on a vu
le Kennedy Round tenter de diminuer les tarifs douaniers à
l'échelle du monde. C'est vrai aussi puisque des marchés communs
sont mis sur pied un peu partout, pas seulement en Europe, mais dans les autres
pays du monde également.
Je rappelle, quand même, au ministre que, lorsque diverses nations
négocient un marché commun, on se trouve dans une position bien
différente de celle qu'il décrivait lui-même dans le
fédéralisme qui est le nôtre. En effet, dans le
marché commun, nous avons affaire à des entités politiques
indépendantes, des entités politiques autonomes qui choisissent
de se rencontrer en toute liberté, qui veulent s'associer et qui
discutent en tant qu'entités indépendantes. C'est ce que Charles
de Gaulle appelait l'Europe des patries. Il disait que l'Europe des patries ne
cédera pas de sitôt la place à l'Europe politique que
d'autres hommes d'Etats français avant lui avaient rêvé de
constituer en Europe, justement parce que l'Europe des patries est
centrée dans la chair des individus, dans leur histoire, dans leur
culture, et qu'il y a là des réalités fondamentales qu'il
importe de ne pas oublier si l'on ne veut pas courir tout droit à
l'échec ou même au chaos.
C'est précisément ce que nous préconisons à
l'inverse de ce que demande le ministre, c'est-à-dire un marché
commun où ce seraient des entités autonomes, indépendantes
qui négocieraient ensemble un marché commun, car nous en sommes
du marché commun. D'ailleurs un marché commun que nous
prévoyons non seulement à l'échelle canadienne actuelle
mais à l'échelle américaine et même, un peu plus
tard, à l'échelle outre-atlantique. Le Québec, avec le
Canada et même avec les Etats-Unis, pourrait s'associer dans une sorte de
marché commun occidental que semble appeler l'évolution de
l'histoire mondiale.
Troisièmement, le ministre me reproche les oublis que j'ai faits.
Il me reproche d'avoir fait le procès du fédéralisme en
soulignant uniquement ses carences, ses insuffisances ou les échecs
qu'il a constitués pour la collectivité québécoise.
Je veux bien admettre avec lui que je n'ai pas beaucoup parlé des
côtés positifs, mais je dois lui répondre que ces
côtés positifs je ne les ai pas beaucoup trouvés et,
deuxièmement, que ces côtés positifs ne me paraissent pas
tellement importants. Ils ne me paraissent pas tellement importants, parce que
bien souvent ils ont trait à des problèmes mineurs qui appellent
surtout une concertation entre des voisins et, deuxièmement, parce qu'il
ne faut quand même pas oublier que ces accords qui ont été
signés, comme par exemple sur l'ODEQ, sur les zones spéciales, ce
sont les autres gouvernements qui souvent les ont commencés.
Deuxièmement, c'est à même nos propres impôts qui
vont au fédéral que celui-ci peut ensuite financer des accords
sur les zones spéciales, sur l'ODEQ, sur les parcs nationaux et ainsi de
suite.
D'ailleurs, l'étude qui a été faite par le
ministère dont le ministre était l'ancien titulaire, le
ministère de l'Industrie et Commerce, et aussi le ministère des
Affaires intergouvernementales a bien montré qu'au fond l'apport du
Québec, dans les revenus fédéraux, était
sensiblement équivalent aux apports du fédéral, au
Québec. Je pense que ceci n'est pas faire preuve de partisanerie
politique que d'affirmer des choses que les ministériels, dans ce
gouvernement ou dans le gouvernement qui a précédé, ont
toujours été à même de vérifier.
Son quatrième reproche est que, selon lui, je n'ai pas
réussi à trouver la parfaite viabilité, la parfaite
étanchéité, la parfaite sécurité que
constituerait l'indépendance du Québec. Tel n'était pas
mon propos, M. le Président. Ce propos sera le nôtre lors d'une
prochaine campagne électorale, c'est le nôtre dans les
publications que nous faisons d'une façon assez régulière.
Mais il reste que, même si cette démonstration qui demanderait
à être plus complète et qui dépasserait le cadre
d'une commission parlementaire n'a pas été faite, les objections
que m'a apportées le ministre demandent à être
prouvées elles-mêmes. A-t-il prouvé, lui, que
l'indépendance, la souveraineté amènerait d'une
façon inévitable, incontestable et absolue une diminution du
pouvoir d'achat?
A-t-il prouvé que la souveraineté du Québec
amènerait nécessairement une baisse du standard de vie, une
détérioration du sort des travailleurs du Québec, une
baisse des investissements, une réduction de la valeur de la monnaie? Il
s'est contenté de l'affirmer, mais il n'en a pas donné la preuve.
J'attends d'ailleurs avec beaucoup, beaucoup d'intérêt une sorte
de brochure politique, que pourrait publier le Parti libéral ou le parti
d'Unité-Québec, qui tenterait
pour la première fois de prouver, avec chiffres à l'appui,
que l'indépendance du Québec amènerait une diminution du
pouvoir d'achat, une baisse du standard de vie, une fuite des investissements
au Québec...
M. LEVESQUE: Non pas par un parti politique, ç'a
été fait par la Chambre de commerce du Québec.
M. LAURIN: C'était très, très faible; d'ailleurs,
nous avions répondu à cette plaquette dans son temps.
M. LEVESQUE: Et c'était une commandite donnée à des
économistes chevronnés.
M. LAURIN: Oui c'étaient des économistes que l'on peut
parfaitement contester et, s'il n'y a pas de meilleur plaidoyer que
celui-là, je pense que le Parti libéral...
M. LEVESQUE: Je le cite parce que ce n'était pas un parti
politique.
M. LAURIN: Non ce n'était pas un parti politique, mais
c'était quand même une formation qui était liée
à la défense d'un certain ordre établi d'où elle
tirait certains avantages, car on sait le...
M. LEVESQUE: Si le député me permet, il y avait des noms
comme Henri Mhun, André Raynauld, des gens qui sont reconnus comme
économistes indépendants.
M. LAURIN: J'aimerais bien avoir l'occasion d'en discuter avec le
ministre. Mais je préférerais quand même, puisque c'est un
organisme à part de la politique, je demanderais, j'exigerais même
de la part du ministre libéral cette fois, et non pas du ministre des
Affaires intergouvernementales, que son parti se donne la peine de nous
répondre.
Qu'il écrive un contre-manifeste pour montrer que
l'indépendance du Québec, que la souveraineté du
Québec se solderait nécessairement avec des statistiques
incontestables et des chiffres que personne ne pourrait controuver que
l'indépendance, dis-je, amènerait les résultats qu'il a
mentionnés ce soir avec un air sombre.
De toute façon, pour moi cette preuve ne me semble pas avoir
été faite. J'aimerais beaucoup que ce parti ou un autre en fasse
une démonstration beaucoup plus rigoureuse, beaucoup plus
étoffée et convaincante que celle qui a été
faite.
M. BIENVENUE: Le député de Bourget me permettrait-il une
question?
M. LAURIN: Bien sûr.
M. BIENVENUE: Le député admet-il que, même si on
trouvait un organisme ou une étude appuyée par des gens
absolument compétents et convaincants et se basant sur des statistiques
solides et sérieuses, il ne pourrait pas en reconnaître le
bien-fondé parce que cela signifierait la non-utilité de son
parti, la disparition de son parti, quel que soit le sérieux de
l'étude que l'on soumettrait?
M. LAURIN: Non, je dis tout de suite au député de Matane
que je n'admets pas pareille assertion parce que si une étude
m'était présentée, avec statistiques à l'appui, qui
me prouvait à ma satisfaction que l'indépendance et la
souveraineté du Québec amènent nécessairement les
conséquences que le ministre décrivait tout à l'heure, je
me rallierais à cette cause.
M. BIENVENUE: Le député admet-il que cela signifierait la
disparition du Parti Québécois?
M. LAURIN : Oui, je le ferais mais, par contre, j'ajoute
immédiatement à l'attention du ministre, qui a déjà
été ministre d'Etat aux Finances, que si une étude
était faite, s'il a lu notre manifeste et si d'autres manifestes sont
écrits, qui lui prouve, avec statistiques à l'appui, que, d'une
part, le fédéralisme tel que nous sommes obligés de le
vivre conduit à une détérioration progressive de notre
situation économique et sociale et que, d'autre part,
l'indépendance et la souveraineté du Québec pas
n'importe quelles, celles que nous préconiserions aboutiraient
à une amélioration du niveau de vie, à une
amélioration des investissements, à une relance de
l'économie, j'aimerais bien qu'il me fasse la même promesse, qu'il
abandonne la thèse qu'il a défendue jusqu'ici et qu'il se rallie
à la thèse nouvelle.
M. BIENVENUE: Le député admettra que la différence
entre sa position et la mienne est la suivante: nous vivons dans le connu
tandis que dans le cas de l'aventure du PQ...
M. LAURIN: J'en parlerai tout à l'heure du connu, M. le
ministre.
M. BIENVENUE: ... le député admet que c'est l'avenir, par
conséquent, l'inconnu.
M. LAURIN: Oui, j'en parlerai tout à l'heure de ce connu versus
l'inconnu.
En conclusion de cet exposé, le ministre dit que le Parti
québécois manque de courage et qu'au lieu de vouloir se battre et
lutter, même dans des conditions impossibles, comme la chèvre de
M. Séguin qui avait lutté toute la nuit et qui s'était
fait manger au matin, le Parti québécois préconisait au
contraire la fuite et la retraite. Ce n'est pas cela puisque, au lieu de la
fuite et de la retraite, on se dit: Le peuple québécois a assez
attendu, d'une part, a assez fait d'efforts, a assez donné des preuves
de sa
bonne volonté, de sa compréhension, de son désir de
collaboration. Après tant et tant de preuves de l'inutilité de
ses luttes, il décide de s'orienter dans une autre direction et de faire
comme 122 autres ou 140 autres pays ont fait, qui siègent aujourd'hui
aux Nations-Unies, de prendre en main sa propre destinée et avec les
compétences qu'il possède, avec les ressources qu'il a acquises,
d'aménager son territoire, sa vie collective comme tant d'autres peuples
l'ont fait dans un climat de respect de soi-même, de dignité et de
fierté.
Ce n'est pas ce que j'appelle une fuite ou une retraite. Au contraire,
ceci demande du courage, ceci demande de l'initiative, du réalisme, de
l'imagination, de la compétence et je prétends que le
Québec n'en manque pas à ce moment de son évolution.
Après cela, le ministre nous demande de ne pas oublier les 200
millions d'anglophones que l'indépendance, la souveraineté du
Québec ne feront pas disparaître. Il faudra bien continuer de
tenir compte de leur existence, de nouer avec eux des liens organiques, des
liens fructueux. Nous n'avons pas prétendu les oublier, puisque nous
voulons nouer avec eux des relations comme avec nos voisins.
Là, je reprends l'argumentation du ministre. S'il croit
lui-même à l'argumentation qu'il m'a servie tout à l'heure,
ceci détruit à sa face même et à sa base même
toute son argumentation. Si je le prends au pied de la lettre, je n'ai jamais
vu plus belle dénonciation de l'existence autonome d'un Canada à
côté de ce géant que constituent les Etats-Unis.
S'il y a 200 millions d'anglophones qui vivent au-delà du 45e,
pourquoi permettre à un petit pays de 20 millions comme le Canada de
vivre tout à côté et de ne pas bénéficier de
cette intégration, de cette annexion aux Etats-Unis? D'ailleurs,
peut-être est-ce à cause de cela que tant d'économistes
canadiens ou de gens s'inquiètent de la diminution du pouvoir du niveau
de vie des Canadiens comparé à celui des Américains, de la
baisse des investissements au Canada par rapport aux Etats-Unis, de la
possession par les Etats-Unis de nos entreprises.
En somme, si je prends â la lettre l'argumentation du ministre,
ceci aboutit à la négation même de l'existence du Canada.
Mais je ne prends pas son argumentation au sérieux. De même que je
crois qu'un Canada peut exister d'une façon absolument valable, saine,
fructueuse, en aménageant sa situation politique, monétaire,
fiscale et commerciale, de la même façon je crois qu'à
côté du Canada et des Etats-Unis, le Québec peut aussi, en
en prenant les moyens, en aménageant sa vie politique, sa vie
collective, avec la compétence dont il est capable, arriver à la
pleine souveraineté politique et nouer avec ses voisins, quels qu'ils
soient, des liens qui, loin d'amener une détérioration du niveau
de vie, vont, au contraire, amener une amélioration d'une situation.
On a voulu dire que l'indépendance c'est le
septième reproche que me faisait le ministre amènerait
nécessairement une diminution d'un des standards de vie qui est le
deuxième plus élevé au monde. Je sais que le ministre ne
croit pas ce qu'il vient de me dire là, car le standard de vie au
Québec n'est pas le deuxième plus élevé au monde.
Si on regarde les statistiques de 1972 au lieu de regarder celles de 1964, de
1963, on s'apercevra que le niveau de vie du Canada, dans son entier, est
peut-être rendu au onzième ou au douzième rang, bien loin
après d'autres pays qui sont beaucoup plus petits, comme la Suisse, la
Suède, la Norvège, le Danemark, la Finlande. Et si on va un peu
plus loin.
M. TETLEY: ... Mais de lancer des statistiques comme ça...
M. LAURIN: ... on se rend compte que, quand on dit que le standard de
vie du Canada est très élevé, ceci vaut peut-être
pour les provinces anglophones mais ne vaut pas pour le standard de vie au
Québec, qui, lui, est beaucoup plus bas que celui des autres provinces
canadiennes, et on se rend compte aussi et c'est la commission
Laurendeau-Dunton qui l'a prouvé qu'au Québec même
ce sont les anglophones qui ont le niveau de vie le plus élevé et
que le niveau de vie des francophones est au douzième ou au
treizième rang, juste au-dessus des Indiens et des Italiens de
première extrace, de première génération. Ceci est
capable de dégonfler bien des prétentions qu'on nous
amène, bien des hypothèses qu'on nous présente comme des
certitudes. Je pense au contraire que le standard de vie des
Québécois, dans ce régime fédéral qui est le
nôtre, ne cesse de diminuer, de baisser, que c'est
précisément pour mettre un cran d'arrêt â cette
diminution, à cette détérioration, qu'il faut prendre des
mesures énergiques.
En somme, les reproches que m'a faits le ministre, au lieu de se situer
au niveau de l'analyse rigoureuse, basée sur des opinions
réfléchies, sur des chiffres, sur des statistiques, ne me
paraissent, encore une fois, ressortir qu'à la peur, la peur du
lendemain, en faisant justement appel à tout ce passé de
dépendance, de colonialisme que nous avons toujours connu, ce besoin
absolu de sécurité que toutes ces années, ces
siècles de colonialisme ont engendré chez nous, alors qu'il ne se
rend pas compte que le Québec a changé et que, même si la
peur continue d'exister dans beaucoup de secteurs de notre population, elle en
a disparu de certains autres au fur et à mesure que l'instruction
augmentait, au fur et â mesure que la responsabilisation augmentait, que
la prise de conscience de son être intime et de ses capacités
augmentait. Je pense que vouloir utiliser cet argument de la peur pour barrer
la voie â la solution politique qui s'appelle la souveraineté,
même si ça peut retarder l'éclosion ou l'évolution,
ne réussira pas â arrêter l'évolution car,
justement,
la peur est un phénomène qui est destiné à
disparaître chez nous, au fur et à mesure que nous serons plus
fiers de ce que nous faisons, que ce soit au gouvernement même, dans les
sociétés mixtes, dans l'entreprise privée, dans nos
universités, dans tous les secteurs où nous sommes à
manifester notre vitalité.
Le ministre parle ensuite de la péréquation, il dit
qu'elle avantage le Québec, que l'Ontario ne profite pas du tout de la
péréquation, qu'au contraire c'est l'Ontario qui entretient le
Québec.
Je le veux bien, mais, par ailleurs, le ministre a oublié
d'ajouter que c'est l'Ontario qui possède le plus haut niveau
d'investissements, le plus haut niveau de vie, le plus haut niveau
d'investissements dans les entreprises manufacturières. En somme, le
ministre a oublié de dire que l'Ontario a été l'enfant
chéri, l'enfant privilégié du régime
fédéral. Etant située tout près des officines du
pouvoir, elle a toujours connu les politiques du régime
fédéral avant toutes les autres provinces et, en particulier, le
Québec. Elle a su placer ses hommes. Elle a su placer les organismes,
les structures dont elle avait besoin pour profiter de ces politiques
fédérales, ce qui fait qu'elle a profité du régime
fédéral bien plus que telle autre. Ce n'est que partie remise
qu'elle soit obligée maintenant de distribuer, d'égaliser un peu
cette richesse en faveur des autres provinces et, en particulier, du
Québec, qui en ont beaucoup moins profité.
Ce n'est donc pas une caractéristique propre à nous
émouvoir sur le sort du fédéralisme, d'autant plus
on l'a vu encore cette année que les paiements de
péréquation diminuent depuis quelques années. Ces
paiements de péréquation, avec des accords fiscaux qui sont
restés les mêmes, diminuent le premier ministre l'a
avoué à plusieurs reprises dangereusement la marge de
manoeuvre du Québec, qui devient de plus en plus étroite pour
entreprendre les programmes prioritaires dont il aurait absolument besoin pour
apaiser les tensions sociales et pour effectuer la relance
économique.
Le ministre nous dit, dans un acte de foi final: Il faut quand
même remettre le travail sur la planche à dessin. Il faut
préparer de meilleurs dossiers, toujours de meilleurs dossiers.
Finalement, le fédéral s'en rendra compte et se rendra à
nos revendications. Veut-il dire par là que le dossier qu'avait
présenté le ministre des Affaires sociales était mal
préparé? Veut-il dire par là que le dossier qu'avait
présenté le ministère des Communications était mal
préparé? Veut-il que les dossiers qu'avait préparés
M. Bourassa lui-même, sur la caisse conjoncturelle, dont on parle dans le
rapport du ministère, étaient mal préparés?
Comment peut-on arriver à préparer de meilleurs dossiers,
dans certains domaines, que ceux que nous avons préparés? Les
dossiers n'ont jamais été meilleurs. Je le disais cet
après-midi et je le répète: Plus nous améliorons la
qualité de nos dossiers, plus la bureaucratie fédérale et
plus les hommes politiques fédéraux ont des armes à
opposer aux dossiers étoffés que nous leur présentons. Ces
armes, on peut les contester au point de vue analytique, au point de vue
logique, mais elles sont toujours supérieures aux nôtres, parce
que, comme le disait M. Castonguay, l'article premier, c'est: J'ai raison parce
que je suis le chef. Le deuxième article: Même si j'ai tort, le
premier article s'applique. Qu'est-ce que vous voulez? C'est la force du
nombre, c'est la force du poids, c'est la force de l'argent, c'est la force de
la constitution. Même si nous arrivons avec de biens meilleurs dossiers,
il ne fait aucun doute, dans la logique même du système, que ces
dossiers seront, comme tous ceux que nous avons connus récemment,
remisés sur les tablettes.
Je voudrais bien que le ministre ait raison quand il dit qu'il va
proposer une nouvelle forme de fédéralisme, qu'il a
appelé, ce soir c'est un nouvel adjectif le
fédéralisme amélioré. Mais je lui repose
moi-même la question: Si ce fédéralisme
amélioré ne fonctionne pas, si ce fédéralisme
amélioré se heurte encore aux mêmes obstacles que ceux que
nous avons connus; si le ministre, avec tous ses collègues, se heurte
encore au mur de l'impasse fédérale, d'une révision
constitutionnelle qui n'arrive pas à déboucher, qu'aurait-il
à proposer? Je lui renvoie la question que tant d'autres nous adressent:
Si la négociation de l'indépendance ne marche pas, que
ferez-vous?
Je dis que, si la négociation de l'indépendance ne marche
pas, nous serons en bien meilleure posture pour prendre en main ce que nous
avons et qu'un vote démocratique nous aura donné que si la
formule du fédéralisme amélioré du ministre ne
marche pas, car il se sera condamné lui-même, à l'avance,
à rester dans ce corset de fer, à rester dans ce carcan et il
n'aura rien d'autre à proposer après que son
fédéralisme amélioré aura été
condamné.
En somme, ce que je veux dire, c'est qu'on nous dit toujours que la
souveraineté, que l'indépendance, c'est l'aventure. Moi, je dis,
au contraire, que l'aventure, c'est le régime fédéral tel
que nous le vivons, depuis quelques années surtout. Une aventure qui a
fait que le niveau de vie des Québécois a baissé, que la
place des Québécois dans l'économie et dans l'entreprise a
diminué. L'aventure, c'est un régime qui fait qu'il nous est
impossible d'élaborer notre politique sociale, notre politique du
travail, notre politique de la main-d'oeuvre, notre politique linguistique,
notre politique forestière. L'aventure, c'est un régime
fédéral qui nous empêche d'établir notre propre
régime présidentiel, notre propre constitution interne qui
correspondrait à nos aspirations, à nos besoins, à nos
priorités.
C'est là qu'est l'aventure, alors qu'au contraire la
souveraineté, l'indépendance, loin d'être l'aventure, est
un nouveau départ, ce nouveau départ qu'on semble appeler, en
d'autres lieux, avec tous ses voeux. Elle nous
donnerait, comme à toutes les autres nations du monde que nous
imiterions et qui l'ont fait avant nous, les moyens, les instruments de donner
à tous les Québécois ce que nous voulons leur donner comme
vous tous, ici, les députés, c'est-à-dire le
progrès, la prospérité en même temps que la
dignité et la liberté.
M. LOUBIER: M. le Président, je pense que j'ai le droit
d'invoquer l'article 97, étant donné que les premières
paroles ou les premières fléchettes du député de
Bourget m'étaient dirigées. Il faisait une affirmation â
l'effet que j'avais trahi ou renié mon maître, M. Johnson, et sa
thèse. Egalité ou indépendance. Si son souffleur veut me
permettre de continuer â parler et que le député de Bourget
puisse écouter, je prierais celui-ci d'avoir d'abord
l'honnêteté de lire le livre de M. Johnson, "Egalité ou
indépendance". En aucun moment...
M. LAURIN: Je l'ai lu.
M. LOUBIER: ... M. Johnson n'a fixé un échéancier
quant à l'égalité ou l'indépendance.
Deuxièmement, en aucun moment M. Johnson, dans les deux années
où il a été premier ministre, n'a brandi la massue ou
l'épée Damoclès de l'indépendance.
Troisièmement, il avait commencé à poser des jalons
très révélateurs: D'abord, conférence
interprovinciale. Quand le député de Bourget dit que c'est le
premier ministre Robarts de l'Ontario qui l'a convoquée et qui en a
été l'artisan, il ne connaît pas du tout
l'arrière-scène, puisque c'était à l'initiative et
sous l'influence de M. Johnson que cette conférence de tous les Etats
provinciaux avait été convoquée, pour discuter de l'avenir
constitutionnel du pays. Le gouvernement fédéral était
invité, dans les galeries, comme observateur. C'était
déjà, je pense, assez éloquent comme reprise en main de
l'avenir constitutionnel par les Etats constituants.
D'autre part, M. le Président, je vous dis que je n'ai pas
à réitérer l'admiration ou l'amitié que j'avais
pour M. Johnson. Le député de Bourget est, je pense, assez mal
venu de vouloir me prêter l'intention d'essayer de me renforcer ou de me
donner du poids en invoquant le nom de M. Johnson ou en invoquant le prestige
de cet homme. Pour faire une mise au point adéquate, si je reprenais la
même logique ou le même raisonnement, je pourrais dire que son chef
a renié son ancien chef, après la perte du pouvoir. Alors qu'il
était ministre, on ne l'a jamais entendu parler de
l'indépendance. Il y a eu un ultimatum disant de se démettre ou
encore de rester dans le parti. Cela a été assez agonisant et
assez difficile. En 1966, j'étais là, je lui apporterai le texte
d'un discours de son chef, dans lequel il est d'une violence inouïe
à l'égard de M. Johnson et de sa thèse fantaisiste,
irréaliste, et là passent tous les qualificatifs que l'on sait
que peut énumérer le vieux chef du Parti québécois.
A ce moment-là, le discours est d'une violence et d'une qualité
démagogique incomparable contre Daniel Johnson et sa thèse,
Egalité ou indépendance.
Je termine en disant qu'au début les compliments étaient
adressés au ministre responsable des Affaires intergouvernementales et
que les flèches m'étaient destinées.
A la fin, pour vous montrer la solidité, de la logique et de la
continuité de la dialectique du député de Bourget, quand
cela fait son affaire non d'être serein ou d'être acerbe,
c'était une attaque à fond de train contre le ministre des
Affaires intergouvernementales, disant qu'il brandissait le spectre de la peur
et de tout ce que vous voudrez, qu'il manquait totalement de logique rigoureuse
dans les propos qu'il avait tenus et que ce n'était pas sérieux,
etc. Je laisse le soin aux membres de la commission de juger l'intervention du
député de Bourget.
M. LE PRESIDENT: Article 1. Administration
M. LAURIN: M. le Président, à propos de l'article 1, le
ministre pourrait-il nous dire quand ce bilan pourra être
complété? Sera-til possible de rendre publics, d'ici quelque
temps, certains rapports-synthèses?
M. LEVESQUE: Les prévisions sont que le bilan serait
complété vers le milieu de l'été. Je crois, comme
je l'ai indiqué dans mes remarques préliminaires, que nous avons
besoin d'un certain temps pour faire l'évaluation des dossiers du bilan.
Quant à la question de le publier, j'aimerais bien en prendre
connaissance entièrement avant de me prononcer à ce sujet.
M. LAURIN: Mais cependant, M. le Président, le premier ministre a
commencé à montrer certaines des conclusions préliminaires
auxquelles l'inclinait ce qu'il avait lu déjà de cet inventaire.
Doit-on comprendre de cela que l'élaboration de la politique
gouvernementale n'attendra pas que l'inventaire soit terminé, que le
bilan soit complètement mis au point, que tous les
rapports-synthèses aient été...
M. LEVESQUE: Je crois bien qu'on peut dire que nous avons des
matériaux presque complets, à l'heure actuelle, et que sans aucun
doute, à mesure que nous en prenons connaissance, inévitablement
se dessinent certains éléments de politique. Je ne veux pas
être d'une précision brutale là-dessus. Je rendrais un
mauvais service au bilan. Je crois que j'aurais besoin de quelque temps avant
de pouvoir répondre d'une façon satisfaisante aux questions du
député de Bourget.
M. LAURIN: En ce qui concerne l'article 1, M. le Président, au
chapitre des effectifs, dans la première page des crédits, on dit
qu'il y a des
effectifs autorisés, pour 72/73, de 224 personnes. Dans les
crédits de 71/72, les effectifs autorisés étaient de 213.
En réalité, 175 personnes étaient en poste, l'an dernier,
d'après les réponses qu'on nous avait données lors de la
discussion des crédits. On en retrouvera la référence
à la page 2266. Peut-on dire que cette année, à même
ces effectifs autorisés de 224, vous prévoyez remplir tous les
postes?
M. LEVESQUE: Si ma mémoire est fidèle, nous avons
sensiblement le même nombre de gens en poste. Nous sommes passés
de 175 à 200. Nous avons maintenant 224 postes autorisés et 24
postes vacants. Donc, il y en a à peu près 200 personnes en
place.
M. LAURIN: Vous en avez 200 en place actuellement?
M. LEVESQUE: Oui.
M. LAURIN: Pouvez-vous détailler par direction? Il y en a
trois.
M. LEVESQUE: L'administration: 51, deux postes vacants; relations
fédérales-provinciales et interprovinciales: 25, neuf postes
vacants; coopération avec l'extérieur: 36, six postes vacants;
relations internationales: 112, sept postes vacants. Ce qui fait un total de
224 postes autorisés. Moins les 24 postes vacants, cela laisse 200
personnes en poste présentement.
M. LAURIN: Y a-t-il un titulaire à la direction
générale des relations fédérales-provinciales?
M. LEVESQUE: Non. Il y avait M. Veilleux, qui était le
directeur.
M. LAURIN: M. Veilleux est parti en novembre 1970, je pense.
M. LEVESQUE: Nous croyons qu'à ce moment-ci il est bon d'attendre
encore un peu. Le sous-ministre et les sous-ministres adjoints sont
eux-mêmes plus près de cette direction.
Nous n'avons pas cru bon, à ce moment-ci, de faire une
nomination, la question du bilan étant tellement primordiale qu'on a
voulu et les sous-ministres ont voulu eux-mêmes rester en
contact direct avec ceux qui travaillaient â l'intérieur de la
direction. D'ailleurs, il faut dire que l'équipe n'est pas tellement
nombreuse, pas tellement lourde au point de vue des structures. Il est normal
que les sous-ministres communiquent directement avec les gens qui sont dans
cette direction.
M. LE PRESIDENT: Il y a un point que j'aimerais signaler à
l'honorable député de Bourget, c'est que j'ai appelé
l'article 1, et j'aimerais qu'on s'en tienne â l'article 1. Votre
question se rapportait à l'article 2.
M. LAURIN: C'est parce que, dans la première page, le total des
effectifs est là, mais les questions que je pose sur les effectifs je ne
les poserai plus lorsqu'on arrivera à chacune des directions.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LOUBIER: M. le Président, nous aussi nous avons des questions
sur les différents articles, de sorte que si...
M. LE PRESIDENT: D'accord, alors j'aimerais qu'on procède article
par article pour respecter quand même le droit de parole de tous les
députés.
M. LEVESQUE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de Bourget de
poser ses questions se rapportant à l'article 1 seulement. Comme on a
terminé le temps des généralités et qu'on discute
l'article 1, j'aimerais qu'on s'en tienne strictement à cet article.
M. LAURIN: Dans ce cas-là, c'est l'administration
générale?
M. LE PRESIDENT: C'est ça, à la page 26. Nous allons
procéder par catégories ensuite.
M. LAURIN: Est-ce que le service de la recherche est dans l'article 1 ou
si c'est plutôt dans la direction générale des relations
fédérales-provinciales?
M. LEVESQUE: Dans les relations fédérales-provinciales. Il
y a une autre section qui est passée au ministère des Finances
quant à l'étude. Pour les recherches économiques et
fiscales, ces personnes sont passées au ministère des
Finances.
M. LAURIN: Donc j'attendrai à l'article 2, Direction des
relations fédérales-provinciales pour poser mes questions sur les
effectifs.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si les rapports de
tous les ministères sont achevés et s'ils sont rendus au
ministère des Affaires intergouvernementales, en ce qui a trait à
leurs relations respectives avec les différents ministères du
gouvernement fédéral?
M. LEVESQUE: Nous avons reçu toutes les versions de chacun des
ministères. Il reste cependant certaines précisions à
obtenir de quelques ministères.
M. LOUBIER: Est-ce que la compilation de tous ces rapports ou de toutes
ces versions est terminée?
M, LEVESQUE: Oui, sauf peut-être quelques précisions
â apporter à certains dossiers, mais l'ensemble des
matériaux est compilé présentement.
M. LOUBIER: Et est-ce que, dans ces bilans, on ne retrouve que la
litanie des échecs ou des malentendus, ou des revers, ou s'il y a
également le côté actif ou le côté passif,
autrement dit les ententes qui sont intervenues entre les ministères du
gouvernement provincial et les ministères du gouvernement
fédéral?
M. LEVESQUE: L'évaluation, évidemment, ce sera la
deuxième phase. Présentement, ce n'est peut-être pas un
bilan au sens propre du terme, mais c'est l'état des
négociations, l'état du contentieux dans chacun des dossiers.
M. LOUBIER : C'est la compilation que vous êtes en train de faire?
Dans un deuxième temps, vous ferez...
M. LEVESQUE: L'évaluation.
M. LOUBIER: ... l'évaluation et le partage des succès ou
des insuccès. Vous avez mentionné, tout à l'heure, qu'il y
avait, à l'administration générale, je pense, 224
employés et qu'il y avait 20 ou 25 postes vacants.
M. LEVESQUE: 24.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il y a des concours pour combler ces postes?
M. LEVESQUE: Oui, les concours sont déjà ouverts. Les
effectifs de l'administration générale passeront de 42 à
51 postes, avec la nomination d'un nouveau sous-ministre en titre. Huit
nouveaux postes ont été ajoutés pour recevoir mon
personnel, lorsque j'ai été nommé au ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. LOUBIER: Et ce sont ces huit postes-là qui ne sont pas encore
comblés actuellement?
M. LEVESQUE: Non pas ceux-là. A l'administration, il en manque
seulement deux. Il y a seulement deux postes vacants.
M. LOUBIER: Ah bon! au total, il y a 24 ou 25 postes vacants.
M. LEVESQUE: Aux relations fédérales-provinciales et
interprovinciales, il y en a 9; à la coopération avec
l'extérieur 6, aux relations internationales, 7, soit un total de
22.
M. LOUBIER: Et les concours sont ouverts actuellement?
M. LEVESQUE: De ce nombre, il y a 12 professionnels ou adjoints aux
cadres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, en réalité, il y a une
question importante que j'aimerais surtout poser. J'aimerais savoir de quel
ministère cela relève. Je l'avais déjà posée
au premier ministre, à l'Assemblée nationale; ça concerne
le régime canadien des prêts aux étudiants. Maintenant, il
y a une partie de ça, naturellement, qui est discutée au
ministère de l'Education, mais, comme la responsabilité des
ententes relève de votre ministère, j'ai attendu pour poser la
question ici.
M. LEVESQUE: Le maître d'oeuvre là-dedans, c'est le
ministère de l'Education, à ce que je sache. Quant à nous,
comme nous le faisons pour plusieurs dossiers, nous sommes l'instrument de
négociation et de coordination. Quant au fond de la question, je crois
bien que c'est au ministère de l'Education qu'il faut poser les
questions, parce qu'il n'y a rien, dans le budget que nous étudions, qui
ait trait à ça.
M. BOIS: Oui, mais, en réalité, M. le Président,
est-ce que c'est le ministre ici et ses hauts fonctionnaires qui sont
chargés de conclure ces ententes-là ou si ça relève
directement du ministère de l'Education?
M. LEVESQUE: Cela se fait avec le ministère de l'Education qui
est le maître d'oeuvre. C'est lui qui définit la politique et nous
ne sommes là que pour assurer la coordination avec l'ensemble.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, une sous-question au
ministre concernant le bilan puisqu'on en a parlé à ce
poste-là. Est-ce que le ministre a l'intention de rendre publique les
conclusions de ces études?
M. LEVESQUE: J'ai répondu à la question il y a quelques
instants.
M. MASSE (Montcalm): Je m'excuse. Est-ce que vous allez les rendre
publiques?
M. LEVESQUE: J'ai dit qu'il était trop tôt pour moi...
M. MASSE (Montcalm): Pour prendre une décision.
M. LEVESQUE: ... pour me prononcer là-dessus avant que je prenne
connaissance complètement du bilan.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. Est-ce que le ministre rejetterait la
suggestion que
j'avais avancée tout â l'heure de la publication d'un livre
blanc concernant les objectifs constitutionnels du gouvernement du
Québec pour que la population puisse prendre connaissance...
M. LEVESQUE: La même réponse tient. M. MASSE (Montcalm): Il
est trop tôt.
M. LEVESQUE: Je préfère avoir l'occasion de prendre
connaissance du bilan; ensuite, nous ferons connaître notre position.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre sait fort bien que le gouvernement
fédéral, par les livres blancs, a fait connaître sa
politique constitutionnelle qui a été la base de toutes les
négociations jusqu'à maintenant et l'action des
ministères.
M. LEVESQUE: Si c'est une suggestion du député, j'en
prends note. Quant à moi, je ne suis pas prêt à donner une
réponse définitive.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. Maintenant, au sujet de l'article 1,
catégorie 1: Le ministre prévoit une augmentation de ses
effectifs de 42 à 51 pour l'administration générale de son
ministère.
M. LEVESQUE: D'un autre côté, il faut bien comprendre que
c'était le premier ministre qui était le ministre titulaire et
ces gens étaient au Conseil exécutif. Quant à moi, ceux
que j'avais â l'Industrie et au Commerce, à mon cabinet, ont
été transférés au ministère.
M. MASSE (Montcalm): Au fond, il n'y aurait pas en soi d'augmentation
d'effectifs. En principe, il n'y en aurait pas.
M. LEVESQUE: Non, il n'y aurait pas d'augmentation.
M. MASSE (Montcalm): Il n'y aurait pas d'augmentation tel que
spécifié ici.
M. LEVESQUE: Article 1, catégorie 1?
M. MASSE (Montcalm): Oui, à l'article de l'administration.
M. LEVESQUE: Uya l'article 1, catégorie 1, mais il y a une
augmentation.
M. MASSE (Montcalm): D'accord, une augmentation. Il y a, aux affaires
intergouvernementales, à moins qu'il n'y ait eu des changements
récemment, un ministre d'Etat attaché aux Affaires
intergouvernementales, qui est le député de Hull. Serait-ce
indiscret de demander la répartition des responsabilités
s'il y en a entre le député de Hull et le
député de Bonaventure, et si des responsabilités ont
été données à l'adjoint parlementaire?
M. LEVESQUE: Jusqu'à maintenant le député de Hull,
ministre d'Etat aux Affaires intergouvernementales, s'occupait de
l'administration du ministère. Il a continué de le faire,
même après mon arrivée au ministère. L'adjoint
parlementaire vient d'arriver, et déjà nous lui avons
confié certaines fonctions particulières.
M. MASSE (Montcalm): Quelles seraient ces fonctions?
M. LEVESQUE: Cela va se préciser avec le temps.
M. MASSE (Montcalm): Elles ont été attribuées, mais
ne sont pas connues encore?
M. LEVESQUE: Moi, je les connais bien, de toute façon.
M. MASSE (Montcalm): Alors, vous ne voulez pas les rendre publiques?
M. LEVESQUE: Il a commencé, si on veut aller jusque dans les
moindres détails...
M. MASSE (Montcalm): C'est d'intérêt public.
M. LEVESQUE: ... à se familiariser avec le ministère, il
assiste à la réunion hebdomadaire des officiers supérieurs
du ministère; nous avons une institution qui s'appelle CADIM, qui est le
comité d'administration interne du ministère. C'est là que
nous apportons tous les problèmes administratifs, une fois par semaine,
et l'adjoint parlementaire a commencé à s'intéresser
à cette partie de l'administration.
De plus, il y a diverses fonctions ad hoc que je lui ai confiées,
mais je ne les ai pas encore précisées puisque ça ne fait
que deux ou trois semaines qu'il est arrivé avec nous.
Je pense bien qu'on a besoin d'un peu plus de recul pour
déterminer les fonctions.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le ministre a-t-il
confié au ministre d'Etat des responsabilités
particulières dans la région de Hull au sujet de la capitale
nationale?
M. LEVESQUE: Il avait déjà des responsabilités
auprès de la commission de la capitale nationale avant que j'arrive au
ministère. Il s'en acquitte très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, à la catégorie du
personnel, le ministre sera-t-il en mesure de nous dire, à la suite de
la démission du sous-ministre, M. Morin, dans quelle proportion les
idées qu'il défend maintenant ont pu influencer la
préparation des dossiers avant les conférences
fédérales-provinciales auxquelles il a contribué?
M. LEVESQUE: Si on parle des dossiers pour le bilan, ceci a
été décidé après le départ de M.
Morin. Le premier ministre, qui était alors ministre des Affaires
intergouvernementales, a confié au nouveau sous-ministre, en octobre ou
en novembre 1971, cette mission de préparer le bilan.
M. SAMSON: Je pense que le ministre a très bien compris ce que je
voulais dire. Je voulais parler des conférences
fédérales-provinciales antérieures à la
démission de M. Morin. Etant donné que ce dernier nous parle
d'échec des conférences, a-t-il contribué à
influencer ces dossiers au point de provoquer lui-même ces
échecs?
M. LEVESQUE: Je crois que je devrais rendre un témoignage
d'objectivité à M. Morin. Je crois qu'il a voulu, dans son
travail, servir le Québec au meilleur de ses connaissances.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, comme nous parlons de M. Morin,
reçoit-il actuellement une pension de la province de Québec et,
dans l'affirmative, quel serait le montant de la pension?
M. LEVESQUE: On me dit qu'il n'y a aucun régime particulier pour
M. Morin.
M. BOIS: M. le Président, je reviens encore sur la question.
C'est quand même un officier de ce ministère. On devrait
certainement savoir s'il a ou non une pension.
M. BOURASSA: Qu'entendez-vous par une pension?
M. LEVESQUE: Il a droit à une pension différée au
moment où ça s'appliquera.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm, et
ensuite l'honorable député de Bourget.
M. MASSE (Montcalm): Pour faire suite à ce qu'a dit le
député de Rouyn-Noranda...
M. LEVESQUE: C'est une pension différée à 65
ans...
UNE VOIX: C'est l'âge normal.
M. LEVESQUE: C'est le régime de retraite des fonctionnaires.
M. BOIS: Le premier ministre vient de faire un signe à l'effet
qu'il y aurait "de la roule" ou quelque chose comme cela.
M. BOURASSA: Non, il n'y a eu aucun traitement particulier. Les
fonctionnaires qui ont été sous-ministres un certain nombre
d'années ont droit à une compensation quelconque. M. Morin l'a
obtenue...
UNE VOIX: Vous étiez content de vous en débarrasser.
M. BOURASSA: Non, non! C'est en vertu de la convention collective. Ils
ont droit à une compensation. Si les gens de la Fonction publique
étaient ici, ils vous l'expliqueraient mais il n'y a pas eu de
traitement particulier. Il y a eu quelques sous-ministres qui sont partis
depuis quelques années et qui ont obtenu des sommes comme
celles-là.
M. MASSE (Montcalm): Mais pas par convention collective. Les
sous-ministres...
M. BOURASSA: Le député a été ministre de la
Fonction publique, il doit être au courant.
M. MASSE (Montcalm): Le premier ministre est premier ministre
également. Ce n'est pas en vertu de la convention collective, c'est en
vertu des droits généraux du fonds de pension des fonctionnaires.
Il n'y a pas de syndicat pour les sous-ministres, donc, il n'y a pas de
convention collective.
M. BOURASSA: D'accord. Non, mais en vertu de la tradition qui existait
pour les sous-ministres...
M. MASSE (Montcalm): ... de la tradition législative.
M. BOURASSA: Je ne sais pas si cela est arrivé dans l'ancien
gouvernement, des départs de sous-ministres, mais je pense que, chaque
fois qu'un sous-ministre quitte le gouvernement, il a droit à un certain
montant selon le nombre d'années qu'il a été à son
service.
M. MASSE (Montcalm): C'est ça. Mais ce n'est pas en vertu de la
tradition, c'est en vertu de textes réglementaires ou
législatifs.
M. BOURASSA: C'est vrai.
M. MASSE (Montcalm): Mais la question que je voulais poser fait suite
à celle du député de Rouyn-Noranda, concernant l'ancien
sous-ministre et ses idées politiques, etc. Pour éviter toute
espèce d'épée de Damoclès ou de confusion ou de
frustration des fonctionnaires du ministère des Affaires
intergouvernementales, j'aurais une question à poser au ministre. Est-ce
que le ministre reconnaît le droit à des fonctionnaires de son
ministère d'être membres actifs d'un parti politique autre que le
Parti libéral et, particulièrement, le Parti
québécois? Est-ce que, dans son esprit, c'est inconcevable
ou?
M. LEVESQUE: J'ai répondu l'an dernier...
M. MASSE (Montcalm): Non, il y a deux ans...
M. LEVESQUE: ... il y a deux ans à la même question du
député de Montcalm, et j'ai gardé exactement les
mêmes idées à ce sujet. On n'a qu'à se
référer au journal des Débats et on aura la
réponse.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais signaler une certaine prudence quand
même. Je ne vois pas en quoi ces questions sont...
M. MASSE (Montcalm): C'est fort important, au contraire. Nous sommes
à l'article administration...
M. LEVESQUE: J'ai répondu de façon adéquate, et on
n'a qu'à se référer au journal des Débats d'il y a
deux ans. Je n'ai pas changé d'idée.
M. MASSE (Montcalm): Alors, est-ce que je réflète bien ce
qu'était l'idée du ministre, si ma mémoire est
bonne...
M. LEVESQUE: Non, faites attention à votre mémoire,
tenez-vous en au texte.
M. MASSE (Montcalm):. Alors, est-ce qu'on pourrait réviser les
textes ce soir et reprendre, s'il y a lieu, cette partie du débat...
M. LEVESQUE: C'est ça. Vous pouvez relire le texte et je vous
confirmerai, n'importe quel jour, que j'ai encore les mêmes
idées.
M. MASSE (Montcalm) : Vous avez encore les mêmes idées.
Alors, on référera au texte.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'il est onze heures?
M. LEVESQUE: Si vous voulez adopter un petit quelque chose, au moins
avant de partir !
M. LAURIN: Bien, la question que je voudrais poser...
M. BURNS: L'article 0.1.
M. LAURIN: ... porte sur l'étude des structures administratives.
L'an dernier, on avait annoncé que cette étude était en
cours et qu'elle serait terminée en juillet 1971. Maintenant, dans
l'exposé liminaire que nous a lu le ministre tout à l'heure, on a
vu que cette question avait été reprise, qu'une sorte de
direction de la gestion interne avait été mise sur pied et qu'on
faisait des études. Est-ce que le ministre peut nous dire quand cette
étude sur la gestion interne sera terminée et quand le
ministère aura son organigramme? En attendant, sur quel organigramme
fonctionne-t-il?
M. LEVESQUE: J'en ai parlé dans mes notes préliminaires,
je crois. J'ai été assez clair en disant qu'à la
lumière du bilan il y a des structures qui se précisent et un
besoin de personnel qui est en relation directe avec ce que nous trouvons dans
le bilan et l'évaluation qui en est faite. J'aimerais laisser passer
quelques semaines ou quelques mois avant de répondre adéquatement
à la question du député de Bourget. J'aimerais lui dire,
cependant, que nous avons présenté, dans le cadre du
système PPB, au Conseil du trésor notre propre philosophie
à ce sujet. Cela se retrouve dans les notes préliminaires. Une
partie des notes préliminaires ont été puisées
à même la présentation que j'ai faite au Conseil du
trésor.
M. LAURIN: Ce qui veut dire que vous fonctionnez, actuellement,
jusqu'à nouvel ordre, avec l'ancien organigramme?
M. LEVESQUE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 1, catégorie 1, adopté?
Adopté.
M. BOURASSA: On n'est pas rendu plus loin?
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3?
M. MASSE (Montcalm): Si on passe à l'article 2, on va en
discuter.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas l'article 2; c'est l'article 1,
catégorie 1. Ensuite, ce sont les catégories 3, 4, etc., pour
tout l'article 1.
M. LEVESQUE: Alors, l'article 1, adopté.
M. MASSE (Montcalm): L'article 1, catégorie 1.
M. LEVESQUE: Pas seulement l'article 1, catégorie 1 !
M. MASSE (Montcalm): Article 1, catégorie 1.
M. LAURIN: Catégorie 1. Adopté. M. BOURASSA: Au pas de
tortue!
M. MASSE (Montcalm): Si le gouvernement ne veut pas fournir
d'explications, qu'il rappelle la commission.
M. LEVESQUE: Je pense que tous ceux qui ont eu à s'exprimer ici
ont eu amplement le temps de le faire, même ceux qui ne font pas partie
de la commission et qui...
M. MASSE (Montcalm): Et qui sont membres de l'Assemblée
nationale.
M. LEVESQUE: ...ont la permission de s'exprimer. Le député
de Montcalm devrait être le dernier à faire de tels reproches.
M. MASSE (Montcalm): C'est pour cela que j'étais surpris de
l'attitude du premier ministre. C'est probablement parce qu'il n'est pas venu
au début de la commission.
M. BOURASSA: C'est ça. J'étais pris ailleurs. Mais j'ai
constaté. J'écoute, M. le Président!
M. LEVESQUE: Demain, neuf heures trente, au même endroit, au
même poste.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain, neuf
heures trente, au salon rouge.
(Fin de la séance à 23 h 1 )
Séance du mercredi 7 iuin 1972 (Neuf heures et
quarante minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Alors, M. Houde, du comté de Fabre, remplace M. Choquette, du
comté d'Outremont, et M. Pilote, du Lac-Saint-Jean, remplace M. Parent,
de Hull.
Hier, nous avions adopté l'article 1, catégorie 1. Nous
sommes donc à la catégorie 3 de l'article 1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Services de transport et de communication. M.
le Président, est-ce que le ministre pourrait ventiler un peu cette
catégorie-là?
M. LEVESQUE: Article 1, catégorie 3. Il s'agit de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 1, catégorie 3, $71,200 par
rapport à $24,500.
M. LEVESQUE: C'est que les dépenses l'an dernier ont
été supérieures aux prévisions et
réellement, au lieu de $24,500, la dépense a été de
$51,200. Et l'augmentation prévue de $20,000 vient du fait que nous
avons ajouté huit personnes dans mon cabinet, c'est-à-dire que le
cabinet du premier ministre était au Conseil exécutif, le mien,
qui était à l'Industrie et au Commerce, s'en vient aux Affaires
intergouvernementales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la seule justification que vous
ayez?
M. LEVESQUE: Il ne faut pas oublier que, chaque fois qu'on utilise, par
exemple, un avion du gouvernement, c'est imputé au ministère, et
je vous assure que ça va vite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $200 l'heure.
M. LEVESQUE: C'est une opération comptable, mais qui affecte
cette catégorie assez rapidement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était la catégorie
préférée de notre collègue de Montcalm, ça,
les voyages. Adopté, quant à moi.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. LAURIN: Catégorie 3, oui. M.
LE PRESIDENT: Catégorie 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, M. le Président, à la
catégorie 4, est-ce que le ministre pourrait pour toutes les
catégories 4 nous
fournir, dans les autres articles qui suivront, une ventilation de ces
catégories 4?
Ce n'est pas nécessaire qu'il nous lise ça, mais qu'il
dépose le document comme nous l'avons fait dans les autres
ministères.
M. LEVESQUE: Il faudrait faire la compilation, ils sont
séparés par article. Un instant.
M. le Président, pour répondre à un voeu
exprimé par le député de Chicoutimi, je suis en train de
faire une compilation des catégories 4 de chacun des articles et je
pourrai faire part de ma réponse un peu plus tard au cours de la
discussion. Il faut que je regarde ce que c'est.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour toutes les catégories 4.
M. LEVESQUE: Oui. Il faut que je regarde ce que c'est d'abord et que je
voie s'il est d'intérêt public évidemment de les
déposer. Je m'imagine que ça l'est. Mais je ne puis pas
présumer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dès que c'est au budget, M. le
ministre, c'est d'intérêt public.
M. LEVESQUE: Ah non! Il y a des choses au budget qu'il n'est pas
d'intérêt public de déposer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon! quand il s'agit de corporations
publiques, il n'y a pas de cachette.
M. LEVESQUE: Il y a des lettres, par exemple, que nous ne
déposons pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, il ne s'agit pas de lettres ici.
M. LEVESQUE: ... et qui coûtent de l'argent au budget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, il s'agit ici de services professionnels.
Ce n'est pas de la correspondance ça, ce sont des dépenses.
M. LEVESQUE: Il faut remarquer également... de toute
façon, je ne voudrais pas en parler ici, je reviendrai, si on en a le
temps.
M. LE PRESIDENT: Nous pouvons suspendre partout les catégories
4...
M. LEVESQUE: Partout. D'ailleurs, c'est un montant qui baisse
normalement partout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 5, adopté.
Catégorie 6, adopté. Catégorie 7, adopté.
Catégorie 8, adopté. Catégorie 10.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Catégorie 10,
M. le Président, quelles sont ces dépenses de transfert?
Ce sont des subventions sans doute?
M. LEVESQUE: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait ventiler?
M. LEVESQUE: Il s'agit d'une somme de $402,000. Je crois qu'il serait
peut-être assez long de tout lire ça. Je puis en faire le
dépôt, si le député veut avoir la liste des...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait nous donner quelques
exemples de ces subventions.
Coopération avec les pays francophones
M. LEVESQUE: Oui. Agence de coopération culturelle et technique
des pays francophones, prévisions 72/73, $140,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le même montant que l'an
passé?
M. LEVESQUE: Les crédits, l'an dernier, étaient de
$135,000 et nous avions en 71/72 utilisé $84,000. A la date du 5 juin
1972, nous avons engagé $88,440. Comme notre contribution est
basée sur une proportion du budget de l'agence, nous ne savons pas
d'avance exactement la somme qui sera réellement affectée
à cette fin. Nous avons prévu l'an dernier $135,000 et nous avons
prévu cette année $140,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a des associations du
Québec qui ont des subventions?
M. LEVESQUE: Oui, il y a, par exemple, l'Association France-Canada
l'Association internationale des parlementaires de langue française,
l'Association des universités partiellement ou entièrement de
langue française.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien?
M. LEVESQUE: Pour cela, $40,000. Il y a le Centre
québécois de relations internationales, la
Fédération des jeunes chambres du Canada français,
l'Association France-Québec, la section québécoise du
Comité international d'historiens et de géographes. Ce sont des
exemples que je donne, je ne sais pas ce qui intéresse plus
particulièrement le député. Il y a l'Association
Canada-Normandie, le secrétariat technique permanent de la
Conférence des ministres de l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a des associations
d'étudiants qui ont des subventions là-dedans?
M. LEVESQUE: Il y a l'Association internationale des étudiants en
sciences économiques et commerciales, la Maison des étudiants
canadiens à Paris.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien donnons-nous pour ça?
M. LEVESQUE: Pour la Maison des étudiants canadiens à
Paris, $15,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a d'autres associations
d'étudiants?
M. LEVESQUE: L'Association générale des étudiants
québécois en France.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien? M. LEVESQUE: C'est $7,400.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a les rapports sur
l'utilisation de ces fonds de l'Association générale des
étudiants québécois en France?
M. LEVESQUE: Pour chacune des subventions accordées, nous
recevons un rapport financier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a pris connaissance des
publications, émises par cette association, qui sont dirigées
contre l'abolition du régime et, particulièrement depuis deux ans
contre le Parti libéral dont est membre, il me semble, le ministre qui
est devant moi?
M. LEVESQUE: A ce moment-là, on parle de laquelle de ces
associations?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'Association des étudiants du
Québec en France.
M. LEVESQUE: L'Association générale des étudiants
québécois en France.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, oui.
Est-ce que le ministère des Affaires intergouvernementales a
l'intention de maintenir cette subvention qui sert à financer la
propagande communiste, séparatiste en France? Est-ce que le ministre
reçoit les publications? Si le ministre ne les reçoit pas, je lui
dis, tout de suite, que je peux lui envoyer le dossier complet.
M. LEVESQUE: Nous n'avons pas, évidemment, l'habitude de
contrôler chacune des activités des récipiendaires de
subventions. Nous demandons qu'un rapport financier annuel nous soit soumis.
S'il y avait, dans les activités d'une association, quelque chose qui
soit de nature à la rendre non admissible, dans le sens que les
parlementaires ne pourraient pas accepter, dans l'ensemble, de voter des
montants pour une activité qui serait au détriment du
Québec, au détriment de nos institutions, il faudrait
peut-être revoir le dossier.
Je dis au député de Chicoutimi que je n'aurais aucune
objection à étudier les documents qu'il voudra bien me
soumettre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il me fera grand plaisir de faire parvenir au
ministre tous les documents qui sont émis régulièrement et
qui constituent des attaques directes contre le gouvernement et contre le
régime politique qui est le nôtre. Chacun a droit à ses
opinions mais il me semble que cette association, qui est menée par
quatre ou cinq personnes, dont on voit toujours les noms dans les documents que
j'ai en ma possession, utilise, à mon sens, à des fins qui ne
sont pas normales l'argent versé par les contribuables du
Québec.
M. LEVESQUE: Evidemment, s'il s'agit d'activités subversives, je
serais prêt à reconsidérer le dossier. S'il s'agit
simplement d'une idéologie différente de celle du gouvernement,
je ne vois pas que je puisse intervenir car c'est propre au Parti
libéral du Québec d'accepter la contestation, d'accepter que
d'autres aient d'autres opinions et d'autres idées que les nôtres.
Mais s'il s'agit d'activités subversives, je crois que notre
responsabilité est telle que nous devrions reconsidérer le
dossier.
M. BOIS: M. le Président, j'aimerais dire au ministre, à
la suite du député de Chicoutimi que, seulement d'après
les extraits qui sont retranscrits dans les journaux du Québec, je crois
qu'il y a vraiment lieu à reconsidérer l'utilité d'une
telle dépense pour le Québec. Si on envoie des personnes à
l'étranger seulement pour nous faire dire, par la suite, que tout ce que
nous avons chez nous ne vaut rien, je crois que le montant devrait être
révisé. Il reste que si nous envoyons quelqu'un â
l'étranger pour étudier, je ne crois pas qu'il lui appartienne de
donner des leçons de morale à celui qui l'envoie. Je pense que,
la morale qui est prêchée n'est pas toujours de bon aloi et ne
représente pas toujours le véritable idéal des
Québécois.
M. LEVESQUE: Il faudrait bien s'entendre ici. Je n'ai pas les budgets
pour tout ce qui concerne l'organisation de ce mouvement en France. Il ne
s'agit que d'une somme je comprends que cela peut être symbolique
de $7,400 dans une année.
C'est pour l'organisation d'un bureau de documentation en France. S'il y
a des activités subversives, on ne peut pas les relier à cette
subvention.
Maintenant, je suis disposé... Comme je l'ai dit à la
suite des remarques du député de Chicoutimi je le dis
également à la suite des remarques du député de
Saint-Sauveur s'il y avait réellement des activités
subversives reliées
à l'action de mon ministère, particulièrement en ce
qui concerne cette subvention, je serais prêt à
reconsidérer le dossier. Mais, je crois qu'on ne peut pas, sans apporter
de nuances, faire de rapports directs entre certaines activités qu'on a
soulignées il y a quelques instants et le but recherché par cette
subvention.
M. BOIS: M. le Président, je veux surtout dire excusez-moi
un instant que si une maison de pêcheurs fait mal, on peut fermer
la maison sans détruire les pêcheurs. C'est ça que je veux
dire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda
et...
M. SAMSON: M. le Président, c'est un peu dans le même sens
que ceux qui viennent de me précéder que je veux parler.
Même si on ne peut pas, à première vue, qualifier les
activités de subversives, il demeure que ce que nous avons pu voir dans
les journaux québécois, c'est nettement de la propagande d'une
option ou d'une théorie, de la fine politique, si vous voulez. Je ne
vois pas l'utilité de payer, à même les fonds publics, de
la propagande politique à ce genre d'association. C'est pourquoi,
même si les $7,400 ne vont pas directement pour payer ces frais, ils vont
quand même â l'association qui fait ce genre d'activité. Si
ces $7,400 ne vont pas directement pour payer ça, ils vont quand
même à l'association qui s'en sert pour d'autres choses et ils
peuvent libérer des crédits qui servent, justement, à ce
genre d'activité.
Alors, nous verrions d'un bon oeil que le ministre, non seulement revoie
le dossier, mais le prenne en considération et que les deniers publics
ne servent pas dans le cas particulier qui nous est
référé. Je pense que nous avons suffisamment
d'informations publiques sans avoir le contenu de l'ensemble du dossier.
D'ailleurs, si vous pouvez obtenir l'ensemble du dossier, ce serait encore
mieux. Mais cela devrait être considéré non seulement
à ce chapitre. Nous savons que les associations d'étudiants font
â peu près toutes le même travail présentement. Cela
ne devrait pas se faire aux frais du Québec.
Maintenant, je voudrais poser une question au ministre en terminant.
Vous avez mentionné tantôt que la Fédération des
jeunes chambres du Canada français avait obtenu également une
subvention. Est-ce que nous pourrions connaf-tre le montant de la
subvention?
M. LEVESQUE: La Fédération des jeunes chambres du Canada
français: $5,000 prévus pour 72/73.
M. SAMSON: Est-ce que c'est une subvention annuelle?
M. LEVESQUE: L'an dernier, il y avait des crédits
supérieurs. Mais, il y a eu $3,500 de frais encourus. On a prévu
$5,000 pour cette année.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: En rapport, toujours, avec cette subvention de $7,000
à l'Association des étudiants québécois...
M. LEVESQUE: Excusez-moi. Lorsque je parle de prévisions, il n'y
a pas, de notre part, à ce moment-ci, dans la plupart des cas,
d'engagement précis. Ce sont des prévisions. C'est ce que nous
prévoyons débourser. Mais, il peut y avoir des virements à
la suite de l'étude de dossiers. Comme je l'ai dit, lorsque l'on parle
de frais encourus, on est sûr.
Lorsque l'on dit, par exemple, que pour l'Association des
universités, partiellement ou entièrement de langue
française, il y a eu $50,000, l'an dernier, c'est un fait. Si on dit
qu'on prévoit $40,000 cette année, c'est une prévision. Je
ne voudrais pas que ce soit interprété comme un engagement ou une
promesse formelle.
M. SAMSON: Suivant les activités qui...
M. LEVESQUE: C'est cela. Nous avons des rapports â étudier.
Nous avons une certaine évaluation, une appréciation à
faire. C'est d'ailleurs dans le sens de ce qu'on nous a demandé de faire
dans certains dossiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A propos de cette question des
universités partiellement ou entièrement de langue
française, a-t-on fini par s'entendre sur la quote-part du
Québec? On avait discuté longuement parce qu'au début, les
montants nous paraissaient exagérés par rapport à la
contribution d'autres universités, la France et le Québec faisant
la grande part des frais.
M. LEVESQUE: On m'informe que, depuis quelques années, notre
contribution est restée stable, alors que les contributions canadiennes
et françaises ont augmenté.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais revenir sur la subvention
qui est versée à l'Association des étudiants
québécois, en France. Le ministre peut-il nous dire si la
subvention qu'il verse sert exclusivement à la publication de cette
feuille soi-disant subvensive dont on a parlé tout à l'heure?
M. LEVESQUE: Les renseignements que j'ai, c'est que cette subvention a
été versée principalement à cause du fait que la
salle de lecture de Barbet de Jouy a été fermée et que
c'est un peu en remplacement de ce service qui était accordé aux
étudiants québécois en France qu'on a accordé cette
subvention.
M. LAURIN: Donc, la subvention est surtout utilisée pour des
services...
M. LEVESQUE: Cela sert pour des revues, des journaux, etc.
M. LAURIN: ... qui sont mis à la disposition de tous les
étudiants, en France.
M. LEVESQUE: C'est ce qu'on me dit. S'il y a des renseignements que je
ne possède pas, je serais très heureux de les recevoir.
M. LAURIN: Sait-on qui finance, en France, la publication de cette revue
ou de ce journal? Est-ce que le ministère aide en quoi que ce soit
à la publication de cette revue ou de ce journal?
M. LEVESQUE: Pas à ma connaissance. Mes conseillers me disent
qu'ils ne sont pas au courant, non plus, qu'il y ait quelque subvention
gouvernementale que ce soit.
M. LAURIN: Donc, ce serait une initiative de ces étudiants qu'ils
financent par leurs propres moyens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela, c'est l'aspect paravent de l'affaire,
des étudiants qui disent se subventionner eux-mêmes et qui
utilisent des locaux, de la documentation et des fonds québécois
pour faire de la propagande que je n'hésite pas du tout à
qualifier de subversive. J'enverrai le dossier au ministre. Je suis
abonné honorifique à ces publications. Il y a d'ailleurs des
fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales qui
fournissent à ces étudiants des renseignements qui servent
à faire une propagande antiquébécoise en France. J'en
avertis le ministre. Ce n'est pas pour rien que je pose la question ce matin.
Je suis, comme le ministre, désireux de respecter la liberté de
tout le monde, mais j'estime que les contribuables québécois
n'ont pas le droit de subventionner des organismes qui servent à la
destruction des institutions du Québec.
M. LEVESQUE: M. le Président, je dois évidemment,
jusqu'à ce que le député de Chicoutimi me fasse parvenir
ce dossier, protester au nom de mon ministère contre cette affirmation,
car au ministère des Affaires intergouvernementales, je crois bien que,
là comme ailleurs, les gens peuvent avoir certaines opinions politiques
personnelles. Je crois que c'est leur droit le plus fondamental. Mais lorsque
l'on dit que l'on achemine des renseignements du ministère pour que ces
renseignements servent à nuire aux intérêts
supérieurs du Québec, tant et aussi longtemps qu'on ne m'en aura
pas fait la preuve, je devrai m'inscrire en faux contre cette affirmation fort
inquiétante.
Mon expérience au ministère des Affaires
intergouvernementales ne me permet pas d'arriver à de telles
conclusions. Au contraire, j'ai toujours admiré la loyauté des
gens mêmes qui, probablement, n'avaient pas les mêmes options
politiques ou la même idéologie politique que celle de notre
gouvernement; j'ai toujours cru que leur loyauté était telle
qu'ils servaient d'abord les intérêts du Québec.
S'il y a des renseignements qui m'échappent, c'est de mon devoir
d'en prendre connaissance, et jusqu'à ce moment-là, je continue
à avoir la plus grande confiance dans l'équipe qui nous sert aux
Affaires intergouvernementales, quelles qu'aient été, à
certains moments, certaines circonstances qui ont pu faire croire qu'il y avait
des gens au ministère qui l'ont quitté d'une façon assez
spectaculaire et qui ont donné lieu à certains commentaires ou
à certaines pensées, si on veut, ou à certaines
conjectures.
Mais il n'en reste pas moins, quant à ces personnes qui ont
quitté le ministère et qui ont emprunté une autre voie
pendant que ces personnes étaient au service du ministère, que,
personnellement je n'ai eu qu'à me féliciter de leur entier
dévouement et de leur loyauté.
M. LAURIN : Etes-vous d'avis qu'un Etat qui verse des subventions, que
ce soit à des institutions d'enseignement, que ce soit à des
corps intermédiaires, que ce soit à des associations, acquiert
ainsi le droit de s'ériger en maître à penser des gens ou
des institutions qu'il subventionne.
M. LEVESQUE: Je crois que la réponse que j'ai donnée ne
devrait pas susciter une telle question de la part du député de
Bourget.
M. LAURIN: C'est simplement parce que...
M. LEVESQUE : Ne m'en demandez pas plus que je n'en ai dit. J'ai
été aussi loin que j'ai pu aller. Ne me demandez pas
d'encourager, pardessus le marché... Ne m'en demandez pas trop ce matin,
parce que, là, je suis à la veille de prendre une autre
allure.
M. LAURIN: C'est simplement pour entendre confirmer au ministre que le
délit d'opinion, jusqu'à nouvel ordre, n'existe pas encore au
Québec. J'étais très heureux de le lui entendre dire.
C'est un des aspects d'ailleurs les plus sympathiques de la philosophie
libérale, aussi bien au sens général du terme qu'au sens
du parti dont vous êtes membre. Et, pour ma part, je me sens en
sécurité de ce point de vue-là quand je vois que c'est le
gouvernement libéral qui préside aux destinées du
Québec.
Et j'espère bien que le ministre va continuer de s'opposer de
toutes ses forces au retour du régime du crois ou meurs ou du
paternalisme, du caporalisme spirituel que nous avons connu ici durant si
longtemps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je félicite le
ministre, parce que c'est son droit et son devoir de défendre ses
fonctionnaires jusqu'à preuve du contraire. Et les observations que
vient de faire le député de Bourget sont simplement des truismes.
Tout le monde respecte la liberté des autres, et nous ne voudrions pas
que le ministère des Affaires intergouvernementales procède de la
façon
qu'on procède dans certains partis politiques que nous
connaissons bien.
Le député de Bourget est venu sur mon terrain, et je
l'attendais là. Il est tombé dans le piège. Merci.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10, adopté. Catégorie
11, adopté. Article 2. Catégorie 1.
Relations fédérales-provinciales
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici j'aurais une observation, un ensemble de
questions à poser au ministre dans un domaine dit sectoriel du
contentieux constitutionnel. Est-ce que le ministre pourrait faire état
des discussions qui sont intervenues ou qui pourraient intervenir dans le
domaine des affaires culturelles concernant les relations du ministère
des Affaires culturelles avec le Conseil des arts? Et je préviens tout
de suite l'objection du ministre.
Quand j'ai posé la question au ministre des Affaires culturelles,
elle m'a dit de poser la question au ministre des Affaires
intergouvernementales. Alors, comme personne ne voulait prendre la garde du
bébé, je le repasse au ministre des Affaires
intergouvernementales. Il y a un dossier constitutionnel assez important qui
concerne d'abord le Conseil des arts du Canada, les relations du gouvernement
du Québec avec le Conseil des arts. Il y a la question du cinéma,
la question de l'édition, la question des monuments historiques, la
question des subventions de Perspectives-Jeunesse à des fins de loisirs
et de culture. Il y a toutes les autres questions qui concernent les
subventions aux organismes, aux formations musicales, aux compagnies de
théâtre. La dernière intrusion, entre autres, a
été la subvention donnée au TNM pour se porter
acquéreur de la Comédie canadienne. Alors, est-ce que le ministre
je ne lui demande pas de le faire instanter pourrait
déposer la correspondance échangée entre le ministre des
Affaires culturelles, le ministre de l'Education et le ministre des Affaires
intergouvernementales sur tous les sujets qui constituent ce qu'on appelle le
contentieux constitutionnel dans ce domaine de l'éducation et de la
culture?
M. LEVESQUE: Je n'apprendrai rien à personne en disant que je ne
suis pas un expert en affaires culturelles. Deuxièmement, quant au
dossier au ministère des Affaires intergouvernementales, je ne veux pas
contredire mon collègue, le ministre des Affaires culturelles. Je sait
fort bien que ce n'est pas l'idée du député de Chicoutimi
de me mettre en contradiction; loin de lui une telle pensée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne peux pas vous demander de faire une
chose qui existe déjà.
M. LEVESQUE: Ceci étant dit, je dois dire que les renseignements
qu'on me fournit sont â l'effet qu'il y a, depuis deux ans en
particulier, des rencontres assez fréquentes entre le sous-ministre des
Affaires culturelles et le sous-secrétaire d'Etat. Il y a cependant,
très peu de négociations de notre côté, aux Affaires
intergouvernementales. Il s'agit d'échange d'informations quant aux
subventions, il s'agit d'échange de renseignements de diverses natures,
mais il n'y a pas de négociation formelle, me dit-on, à ce sujet.
Evidemment, le Conseil des arts est une entité autonome, jusqu'à
un certain point; je pense qu'il est complètement autonome.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LEVESQUE: Il y a là des relations qui sont même
paragouvernementales. Quant au ministère des Affaires
intergouvernementales comme tel, je puis essayer de relever la correspondance,
mais on me dit que c'est une correspondance d'information plutôt qu'une
correspondance qui soit dans le champ des négociations proprement dit.
Maintenant, je m'imagine que, dans le bilan qui est en préparation, on
retrouvera peut-être des éléments qui seraient
intéressants et qui seraient peut-être de nature à
répondre plus adéquatement à la question du
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, pour préciser, lors de
la conférence de Victoria, le gouvernement du Québec a
présenté un document qui comporte certaines affirmations de
principe sur l'exclusivité de compétence du gouvernement du
Québec en matière de culture et d'éducation. A partir de
là, on pourrait et on devrait normalement en conclure que le
gouvernement du Québec a engagé des négociations avec le
gouvernement central afin qu'il y ait un retour inconditionnel de fonds du
gouvernement central au gouvernement du Québec pour des fins de culture.
Des pourparlers ont eu lieu je donne des cas précis dans
le domaine des monuments historiques, par exemple, pour la
récupération d'un montant très important qui sert à
l'aménagement de la Place Royale.
Il y a en préparation, au ministère des Affaires
culturelles, une loi du cinéma qui va exiger que le gouvernement central
délie les cordons de la bourse pour aider l'industrie
québécoise du cinéma. Le même
phénomène se reproduit dans le cas de l'aide à
l'édition avec la nouvelle société d'aide à
l'édition du gouvernement central.
Il y a un ensemble de champs d'activité qui doivent relever
exclusivement de l'autorité du gouvernement du Québec et qui sont
occupés progressivement à l'heure actuelle par le gouvernement
central qui empêche le ministère des Affaires culturelles du
Québec, comme les autres ministères, d'ailleurs que ce
soit dans le domaine des affaires municipales, l'habitation, etc., tous les
domaines qui ont pu être
évoqués depuis des mois qui empêche, dis-je,
le gouvernement du Québec d'établir ses propres
priorités.
Ainsi, par exemple je donne un autre exemple au ministre des
Affaires intergouvernementales parce que son collègue, madame le
ministre, m'a invité à lui poser la question vous avez le
domaine des subventions aux formations musicales, aux compagnies de
théâtres, à toutes associations de nature culturelle qui,
mécontentes du peu d'argent qui leur est octroyé par le
gouvernement du Québec, se retournent, vont du côté du
gouvernement central et obtiennent des subventions qui
déséquilibrent complètement, qui dérangent
complètement la planification que le ministère des Affaires
culturelles pourrait faire.
Je demande au ministre quel est l'état du dossier si tant est
qu'il y ait un dossier. Est-ce que des négociations en bonne et due
forme sont menées? Est-ce qu'il y a eu des échanges de lettres
qui pourraient éventuellement mener à des ententes qui
permettraient au Québec de récupérer les sommes qui lui
reviennent en vertu de la compétence qui lui est dévolue par la
vieille constitution dont nous avons tous dit hier qu'elle devait être
changée?
M. LEVESQUE: J'aimerais faire d'abord une remarque d'ordre
général. Bien que je sois à la disposition des membres de
la commission, je dois dire que je n'ai pas l'impression que bien que le
ministère, qui a une vocation horizontale évidente,
s'intéresse à plusieurs questions, évidemment, dans chacun
des ministères ce soit l'endroit pour reprendre toutes les
questions de fond. Nous pourrions ainsi reprendre pratiquement la discussion de
toutes les questions qui ont déjà été
abordées dans l'étude de tous les crédits des divers
ministères du gouvernement. On pourrait, comme l'a souligné le
député de Chicoutimi, parler de l'habitation. On pourrait
reprendre toute la question des affaires sociales, par exemple, qui a
été abordée pendant des heures et des jours avec le
ministre des Affaires sociales. On pourrait faire de même avec les
affaires municipales, l'agriculture et combien d'autres et reprendre ici toutes
ces discussions cela serait fort intéressant mais je dois
admettre, et cela d'une façon très candide, que je ne suis pas un
expert dans tous les domaines, même si mon ministère
s'intéresse, évidemment, à chacun de ces domaines.
Si on veut savoir quel rôle joue le ministère des Affaires
intergouvernementales dans ces diverses sphères d'activité je
réponds que c'est justement le bilan que nous sommes en train de
préparer qui est la réponse à ces préoccupations
qui sont les nôtres et qui sont celles du député qui a
posé la question.
Je ne crois pas, cependant, être à ce moment-ci en mesure
de vider toutes ces questions sectorielles, le ministère étant
à vocation horizontale, c'est-à-dire que nos relations avec les
autres ministères n'ont d'effet que de faciliter, de coordonner les
relations de ces ministères avec le gouvernement central ou un de ses
organismes.
Dans le cas précis des affaires culturelles. J'ai
déjà répondu qu'il s'agissait, dans l'ensemble,
d'échange d'informations, mais lorsque le député de
Chicoutimi est allé plus loin et a parlé de certaines
activités du gouvernement central dans des champs, traditionnellement,
de juridiction provinciale, à ce moment-là, il touche le pouvoir
de dépenser du gouvernement fédéral et il entre dans les
préoccupations générales du gouvernement actuel en
particulier et des gouvernements précédents.
Là, évidemment, on touche une question de fond et je
dirais même que ça ne s'attache pas seulement à la question
des affaires culturelles mais ça dépasse de beaucoup ce
champ.
M. TREMBLAY ( Chicoutimi) : Maintenant, je ne veux pas ranimer tout le
débat que vous avez eu hier, mais j'ai posé la question au
ministre pour les raisons que je lui ai indiquées. Le ministre nous
parle d'une vocation horizontale, d'accord, mais le ministre sait fort bien que
cette horizontalité suppose que le ministre des Affaires
intergouvernementales a quand même accès aux dossiers sectoriels.
Je lui pose la question suivante: Est-ce le ministère des Affaires
intergouvernementales qui, non seulement, est consulté, mais peut
prendre l'initiative, en collaboration avec les ministères
concernés, pour préparer ces dossiers dits sectoriels?
M. LEVESQUE: Justement, il y a un chapitre particulièrement
consacré aux affaires culturelles. Je n'ai pas eu encore l'occasion de
le lire, le tome qu'on m'a remis est celui des missions économiques,
mais dans quelques jours, on me remettra le cahier sur les affaires culturelles
qui a été préparé, comme les autres, en
collaboration avec le ministère sectoriel concerné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté?
M. LAURIN: J'aurais une question générale à poser
sur cet article. Il y a quelques années, une directive avait
été émise à tous les ministères, comme vous
le savez, selon laquelle le ministère devait être consulté,
au préalable, sur toute participation à des conférences
intergouvernementales et même sur toute correspondance ou toute
négociation qui s'instituait entre un ministère et son homologue
fédéral.
Je sais, pour avoir posé la question l'an dernier, que cette
directive qui avait été émise par M. Johnson,
confirmée et renouvelée par M. Bertrand, n'avait pas
été renouvelée par le premier ministre lorsqu'il
était titulaire de ce ministère. Est-ce que...
M. LEVESQUE: Si je me rappelle bien cette
discussion de l'an dernier, le ministre d'Etat avait
déclaré qu'il avait communiqué avec chacun des
ministères et le premier ministre avait renchéri en disant qu'il
avait verbalement donné de telles instructions.
M. LAURIN: Oui, verbalement. Mais justement, je me demandais si, au
cours de l'année qui vient de s'écouler, du progrès avait
été effectué dans cette direction, s'il y avait eu des
directives écrites qui avaient été à nouveau
émises à l'intention des divers ministères pour
rationaliser davantage les communications...
M. LEVESQUE: Voici, à la faveur du bilan... M. LAURIN: ... de
type horizontal.
M. LEVESQUE: ... qui est en préparation, nous avons
évidemment souligné l'importance de continuer de fournir ces
renseignements et de se coordonner. Il ne faudrait pas commencer des bilans
tous les ans. Il faut que, de plus en plus, le ministère des Affaires
intergouvernementales soit entièrement mis au courant de tout
événement nouveau, de tout fait nouveau. Justement, à la
faveur de ce bilan, nous avons eu une collaboration entière et les
divers ministères ont convenu d'une ouverture encore plus grande dans
cette direction.
M. LAURIN: Je viens de vous entendre dire, M. le ministre, que dans le
secteur des afffaires culturelles, par exemple, cette année, votre
ministère n'a pas négocié directement, évidemment,
avec les ministères fédéraux; deuxièmement, qu'il
n'a pas participé aux négociations entreprises par le
ministère des Affaires culturelles avec ses homologues d'Ottawa.
M. LEVESQUE: Non, je n'ai pas dit ça. M. LAURIN: ...c'est un peu
la réponse...
M. LEVESQUE: Le ministère des Affaires culturelles a eu des
relations ou même des négociations, si l'on veut, avec certains
secteurs de l'autre côté. A ce moment-là, nous
étions représenté par l'un des fonctionnaires du
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. LAURIN: C'était précisément le sens de ma
question. Cette année, dans tous les secteurs, de quelle façon le
ministère a-t-il exercé son action de coordination, que ce soit
le ministère de l'Agriculture...
M. LEVESQUE: Par la présence d'un des fonctionnaires du
ministère des Affaires intergouvernementales à chacune des
réunions, à chacun des comités, partout où il y
avait une question fédérale-provinciale et cela,
généralement parlant, a été la règle. Il a
pu y avoir des exceptions, des rencontres fortuites, des rencontres urgentes
où la règle n'a pas été suivie, je ne suis pas en
mesure de dire que c'est une présence à 100 p.c. Je dis que, de
plus en plus, le ministère s'intègre dans ce processus, et il est
inconcevable que le ministère des Affaires intergouvernementales soit
absent dans les négociations fédérales-provinciales.
M. LAURIN: Donc, en attendant que les règles finales soient
édictées, vous avez tenté de participer le plus possible
par des représentants de votre ministère aux dialogues, aux
consultations, aux concertations qui ont eu lieu entre...
M. LEVESQUE: Il y a même eu plus que ça, il y a même
eu quelques fois, cela dépend des circonstances, c'est le
ministère sectoriel qui est en quelque sorte le maître d'oeuvre,
mais à un moment donné, dans certains dossiers, nous avons pris
l'initiative...
M. LAURIN: Pourriez-vous mentionner lesquelles?
M. LEVESQUE: Je n'aimerais pas préciser parce que je ne crois pas
que ce soit dans l'intérêt public. J'ai à l'esprit, prenons
par exemple, certaines communications par lettres d'un ministre à un
autre ministre fédéral ou du premier ministre du Québec au
premier ministre du Canada. A ce moment-là, souvent le ministère
a été mis à contribution et son action a été
extrêmement importante dans la préparation de la position
québécoise. Est-ce que c'est réellement ce qu'on peut
appeler prendre la maîtrise d'oeuvre? Pas tout à fait, mais il y
avait là une participation extrêmement active.
M. LAURIN: Est-ce qu'il est entendu que tous les ministères qui
ont des négociations à mener ou des discussions à
entretenir sont obligés par règlement, par directives verbales ou
écrites, d'informer le ministère des Affaires
intergouvernementales, de requérir son aide, de s'enquérir de
leur participation?
M. LEVESQUE: La loi est claire là-dessus et nous donne cette
responsabilité. Certaines lois organiques des ministères
permettent aux ministères d'avoir des ententes avec d'autres organismes
ou d'autres ministères. La loi organique du ministère des
Affaires intergouvernementales nous donne précisément ce
rôle, et je ne crois pas qu'il y ait aucune difficulté. J'ai une
collaboration très active de mes collègues du cabinet et de plus
en plus des ministères ont recours au ministère des Affaires
intergouvernementales et, par l'expérience des gens du ministère
des Affaires intergouvernementales dans ce genre d'activités, les
ministères n'ont qu'à se féliciter d'avoir eu avec eux des
conseillers du ministère.
M. LAURIN: Donc, on peut dire qu'actuellement vous jouez un rôle
de liaison, de coordination, de concertation pour tous les
ministères
dans cette fonction qui est la leur, de négociations qui est la
leur, de négociations avec un autre palier de gouvernement.
M. LEVESQUE: Oui.
M. LAURIN: Dans le rapport annuel 70-71, il est dit à la page 9
où on traite de la direction générale des relations
fédérales-provinciales et interprovinciales, que l'étude
entreprise depuis quelques années par le ministère sur la part du
Québec dans les dépenses et revenus du gouvernement
fédéral de 1960-1961-1967 a été parachevée
et publiée au début de l'année 1971.
De plus, il est dit qu'on a déjà commencé à
étendre cette étude sur des années subséquentes.
Est-ce que vous pourriez nous informer du progrès qui a
été fait dans cette direction? A quelle année
êtes-vous rendus, puisque ça s'arrêtait à 1967?
Est-ce qu'on a continué ce bilan pour les années
subséquentes et pourriez-vous nous informer et nous faire rapport sur le
progrès?
M. LEVESQUE: Cette étude a été effectuée par
le service de recherche du ministère des Affaires intergouvernementales.
Maintenant, le ministre des Finances je crois que c'est la semaine
dernière ou la semaine précédente lors de l'étude
des crédits de son ministère a mentionné qu'une
direction des études économiques et fiscales avait
été instituée au ministère des Finances, et j'ai
justement ici un extrait de ce qu'il disait à ce moment-là: "Les
agents de recherche et de planification qui formaient le service de recherche
du ministère des Affaires intergouvemementales ont été
mutés à cette direction, pour former la division qui s'occupe des
études financières et fiscales en particulier, des études
reliées aux négociations
fédérales-provinciales."
Alors, je crois bien savoir que la poursuite des travaux qui mettront
â jour le document sur la part du Québec dans les dépenses
et les revenus du gouvernement fédéral se fait au
ministère des Finances.
M. LAURIN: A quel moment cette mutation a-t-elle été
effectuée?
M. LEVESQUE: Au cours de l'été dernier.
M. LAURIN: Avant qu'elle s'effectue, est-ce que votre ministère
avait déjà prolongé à d'autres années les
études faites?
M. LEVESQUE: Des données étaient constamment recueillies,
mais la mise en forme n'était pas faite au moment du transfert.
M. LAURIN: Donc, votre ministère a été
amputé, si on peut permettre cette expression, de cette
responsabilité, et désormais elle ne relèvera plus de
votre ministère, elle relèvera du ministère des
Finances.
M. LEVESQUE: Mais il est plus logique et plus en conformité avec
le système PPB que cela se produise au ministère des Finances,
mais nous avons accès à tous les renseignements et à
toutes les conclusions qui pourront être tirées à cet
endroit.
M. LAURIN: De quelle façon, par un fonctionnaire de votre
ministère ou simplement par la transmission d'informations?
M. LEVESQUE: Nous avons des liaisons directes avec le ministère
des Finances en particulier, et encore la semaine dernière il y avait
une réunion entre les deux groupes.
M. LAURIN: Donc, c'est plutôt par des réunions communes que
par l'adjonction d'un de vos fonctionnaires au ministère des Finances,
ou vice versa, d'un représentant du ministère des Finances
à votre ministère. C'est par des réunions collectives.
M. LEVESQUE: Par des réunions communes, des réunions de
travail.
M. LAURIN: Dans le rapport également, nous voyons que votre
ministère étudie toujours la possibilité d'un retrait
définitif des programmes mixtes tombant sous le coup de la loi, sur les
programmes établis. On sait déjà que, à deux
reprises, ce rapatriement des programmes mixtes a été
retardé et. que, maintenant, la date nouvelle qui a été
choisie est 1974. Est-ce que vous pouvez nous donner les raisons pour
lesquelles ces dates ont été reportées â deux
reprises et quels ont été...
M. LEVESQUE: Dans le but que vous ne recherchez pas sans doute... le
député de Chicoutimi, sachant que vous partagez ses mêmes
vues, d'une cohérence absolue et que vous aimez la belle logique
cartésienne, je vous référerais au journal des
Débats, du 30 mai 1972, alors qu'aux questions d'un de vos membres, le
député de Gouin, le ministre des Finances, a donné un
exposé très clair et complet sur cette question ainsi que sur les
vues du gouvernement. Je pourrais difficilement ajouter à un dossier
aussi complet que celui qui se retrouve dans le journal des Débats,
à la commission parlementaire des finances.
M. LAURIN: Je prends votre affirmation à la lettre et je me
réjouis de la cohérence de pensée qui existe entre le
député de Gouin et moi-même. Dans votre rapport aussi, vous
dites que vous commencez à analyser l'influence de la politique
commerciale canadienne au Québec, particulièrement dans les
domaines du textile et de l'automobile. J'imagine que la question a dû
aussi être posée à d'autres commissions, à la
commission de l'industrie et du commerce...
M. LEVESQUE: Exactement, d'ailleurs mon successeur au ministère
de l'Industrie et du Commerce en a parlé abondamment et je souscris
à ses remarques.
M. LAURIN: Donc, vous me confirmez, là aussi, que la question a
été abordée à l'étude des crédits de
cette commission.
M. LEVESQUE: Ce sont encore des problèmes qui se retrouvent dans
le bilan.
M. LAURIN: On disait aussi dans ce rapport que votre ministère
avait été extrêmement actif en ce qui concerne
l'étude du dossier de la caisse d'aide conjoncturelle. Je sais que ce
problème n'est plus sous les feux de la rampe, ne possède plus
l'actualité qu'il a déjà eue, par exemple, en septembre
1970, mais est-ce qu'on peut vous demander quel sort a été fait
à toutes ces études? Est-ce qu'elles ont été
complétées? Est-ce qu'il a été question d'en faire
une synthèse et de publier cette synthèse, puisque le nombre des
études semble avoir été assez élevé et qu'un
gros effort a été fait pour asseoir de la façon la plus
solide qui soit la thèse du premier ministre?
M. LEVESQUE: Vous avez la même réponse quant à la
mutation des services de recherche dans ce domaine au ministère des
Finances, ç'a été fait en même temps.
M. LAURIN: La question a été posée là
aussi.
M. LEVESQUE: Le transfert qui a été fait
l'été dernier comportait cette dimension.
M. LAURIN: Est-ce que vous diriez la même chose des études
qui ont été effectuées sur l'amélioration de la
formule de péréquation?
M. LEVESQUE: C'est l'ensemble... ça fait un ensemble, mais c'est
la même question. Que l'on parle des accords fiscaux ou qu'on parle de la
question des péréquations, on touche exactement ou à peu
près le même problème, des problèmes connexes.
M. LAURIN: Est-ce que vous diriez également la même chose
pour les études qui ont pu être menées et les
négociations qui ont pu avoir lieu en ce qui concerne la politique
tarifaire, en particulier...
M. LEVESQUE: Au ministère de l'Industrie et du Commerce, nous
avions mis sur pied un service quant à la question tarifaire,
c'était M. Pomerleau, je crois, qui était en charge du service.
Nous avons pris de plus en plus d'intérêt dans la politique
tarifaire du gouvernement afin de veiller sur les intérêts du
Québec et d'être d'une plus grande vigilance dans ce domaine.
M. LAURIN: Est-ce que ceci vaudrait, par exemple, pour certains domaines
qui n'avaient pas reçu jusqu'ici toute l'attention désirable?
J'ai parlé tout à l'heure du textile et de l'automobile, mais il
y a d'autres secteurs aussi où des difficultés très
grandes ont surgi, et je pense en particulier au domaine de la chaussure. On
sait que le ministre fédéral, M. Pepin, a annoncé au cours
de l'année 1971 des mesures fédérales pour le soutien de
l'industrie du textile. On sait également que l'industrie de la
chaussure au Québec a connu d'énormes difficultés et avait
besoin d'un supplément d'aide, de support qui n'est pas venu
malgré toutes les pressions qui avaient été faites aussi
bien par votre gouvernement que par les divers partis d'Opposition. Est-ce que
votre ministère est encore chargé de l'étude de ce dossier
ou si...
M. LEVESQUE: Là encore, c'est parce que j'ai eu une certaine
expérience au ministère de l'Industrie et du Commerce que je vous
réponds parce qu'il s'agit encore d'un dossier où le
ministère de l'Industrie et du Commerce est engagé au premier
plan, au premier chef. Je sais fort bien que j'ai eu personnellement de
nombreuses discussions au sujet de l'industrie de la chaussure avec M. Pepin,
que nous avions établi une stratégie, et ceci au moment
même où je changeais de ministère. Depuis ce
temps-là, je pense bien qu'il serait préférable de poser
ces questions au nouveau titulaire du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. LAURIN: De toute façon, les études ont surtout
été menées au sein du ministère de l'Industrie et
du Commerce, de même que les pressions ont été faites par
ce ministère.
M. LEVESQUE: Malgré que notre ministère s'y
intéresse d'une façon très positive. Je reviens encore au
bilan, au tome 1 sur la mission économique; là encore, on
retrouve l'état de la question, telle que présentée par le
ministère de l'Industrie et du Commerce au ministère des Affaires
intergouvernementales. Les données ont été
replacées par le ministère et soumises de nouveau au
ministère de l'Industrie et du Commerce; et nous avons maintenant, dans
ce bilan, l'état de la question. Mais, il est encore trop tôt pour
pouvoir vous en faire l'évaluation, je n'ai pas encore eu l'occasion de
la faire moi-même.
M. LAURIN: Donneriez-vous la même réponse sur toutes les
tractations qui ont eu lieu et qui devraient continuer d'avoir lieu en ce qui
concerne, par exemple, l'industrie du pneu, quand on se rappelle la concurrence
qui constitue maintenant, pour nos usines de Joliette, Good Year, Firestone,
installées au Québec, la nouvelle industrie de Michelin
implantée en Nouvelle-Ecosse? Est-ce que la répercussion de cette
implantation a été étudiée, en ce qui concerne le
Québec?
M. LEVESQUE: Vous touchez une histoire qui remonte déjà
à quelques années, et nous en subissons présentement les
conséquences. Mais disons que dans nos relations
fédérales-provinciales parce que c'est là qu'il
faut revenir, dans le sujet qui nous intéresse à ce moment-ci
on remarquera qu'il y a de plus en plus d'intérêt
manifesté par le Québec, en général à ces
questions.
Nous ne mettons pas de côté les autres dimensions des
problèmes; nous ne mettons pas de côté, au contraire, les
autres aspects des relations fédérales-provinciales, mais
même l'observateur un peu éloigné de nos
préoccupations s'apercevra, à lecture des journaux, qu'il y a de
plus en plus d'intérêt manifesté par le Québec pour
les questions économiques.
On n'a qu'à relire les journaux de ces derniers jours et on
s'aperçoit que les discussions avec le gouvernement
fédéral portent de plus en plus sur des questions
économiques. Je ne dis pas que nous ne l'avons pas fait dans le
passé, nous l'avons fait; mais disons que l'accent semble être de
plus en plus sur ces questions. Nous ne voulons pas laisser passer certains
faits et gestes posés, soit par le gouvernement fédéral,
soit par des organismes du gouvernement central, soit même par des
organismes qui ne sont pas directement reliés au gouvernement. Nous ne
voulons pas laisser passer cela inaperçu; nous voulons, chaque fois,
souligner l'intérêt du Québec dans la question
économique.
Nous croyons qu'il est important d'être présents, nous
avons commencé à l'être de plus en plus dans la politique
tarifaire, nous avons indiqué notre intérêt de plus en plus
marqué dans la question pétrochimique. Nous l'avons fait dans
plusieurs domaines, même ceux mentionnés tout à l'heure par
le député de Bourget. Je crois que c'est peut-être
répondre d'une façon générale, mais nous sommes de
plus en plus vigilants sur nos intérêts économiques.
M. LAURIN: Est-ce que votre ministère, par exemple, a
déjà fait tenir à l'autre palier de gouvernement ses
représentations, dans le passé, en ce qui concerne la politique
fédérale de l'énergie et en particulier l'institution de
cette fameuse ligne Borden qui empêche notre pétrole d'être
exporté si on peut employer cette expression au-dessus de
cette barrière de la ligne Borden?
Et deuxièmement, est-ce que votre ministère a
été consulté par le nouveau ministre de l'Industrie et du
Commerce, avant qu'il ne fasse cette déclaration, à laquelle je
souscris d'ailleurs entièrement, quant aux désavantages
très importants que constitue, pour le Québec, cette politique
fédérale de l'énergie, en ce qui concerne aussi bien
l'exportation de pétrole que le développement de notre industrie
pétrochimique?
M. LEVESQUE: C'est une question fort pertinente.
Il me plaît de dire, à ce moment-ci, que nous avons, en
plus de nos relations entre le ministère proprement dit des Affaires
intergouvernementales et celui de l'Industrie et du Commerce,
institutionnalisé un comité qui s'appelle le groupe
ministériel des questions économiques. Nous siégeons
fréquemment, il y a non seulement les représentants des deux
ministères à l'échelon ministériel et à
l'échelon des hauts fonctionnaires, mais d'autres ministères
à vocation économique sont également
représentés. Ces questions sont et ont été
abordées lors de ces réunions et les déclarations qui ont
été faites au cours des derniers jours ne sont pas une
improvisation; elles sont la suite d'études sérieuses faites par
les divers ministères.
M. LAURIN: Est-ce que votre ministère peut se satisfaire de la
réponse que le ministre fédéral de l'Industrie et du
Commerce a donnée hier à cette demande de notre ministre de
l'Industrie et du Commerce? Réponse en vertu de laquelle le
fédéral dit qu'il offrira une compensation de quelle
sorte, je ne sais pas au Québec pour l'implantation tout à
fait probable, pour ne pas dire certaine, d'un complexe pétrochimique
très important organisé par Dupont, Esso et Polymer à
Sarnia? Est-ce que cette compensation peut suppléer pour les
inconvénients extrêmement sérieux de la restriction de
notre marché pétrolier et pétrochimique?
M. LEVESQUE: J'ai une connaissance simplement superficielle de la
réponse du ministre de l'Industrie et du Commerce fédéral,
M. Pepin, et je n'aimerais pas la commenter à ce moment-ci. D'ailleurs,
je laisserais au ministre responsable, le ministre de l'Industrie et du
Commerce, le soin de faire part de la politique gouvernementale, de la
réaction gouvernementale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre des Affaires
intergouvemementales a pris connaissance de la réponse qu'a
donnée hier le premier ministre du Canada à une question qui lui
a été posée concernant une lettre...
M. LEVESQUE: Il a mentionné qu'il ne l'avait pas
reçue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre du Québec avait
envoyé une lettre; il ne l'avait pas reçue. Est-ce que le
ministre des Affaires intergouvernementales est satisfait de la
réponse?
M. LEVESQUE: Il est possible qu'elle ne se soit pas rendue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, je n'ai pas terminé. Je ne
parle pas de la lettre.
M. LEVESQUE: Je ne suis pas le ministre des Postes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne parle pas de la lettre.
M. LEVESQUE: Ah bon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre a dit qu'il ne l'avait pas
encore reçue. Par ailleurs, le premier ministre du Canada a
déclaré que l'affaire de la société SOAP ne posait
pas autant de problèmes qu'on le disait au Québec, puisque le
Québec se trouvait à avoir l'essence à moindre coût.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire comment ce dossier a
été ouvert, quelles ont été les interventions et
à quel moment ces interventions ont commencé lorsqu'il s'est agi
de cette ligne Borden, de la société SOAP, etc?
M. LEVESQUE: Le député de Chicoutimi, évidemment,
se rappelle l'affaire Caloil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LEVESQUE: Il se rappelle également les diverses discussions
qui ont eu lieu pendant assez longtemps sur la ligne de l'Outaouais. Il se
rappelle également, plus récemment, la lettre du premier ministre
à laquelle il fait allusion. J'ai mentionné, il y a quelques
instants, les discussions qui ont lieu au comité du groupe
ministériel des questions économiques, mais je crois qu'il est
plus sage pour moi d'attendre la réaction du ministre de l'Industrie et
du Commerce à ce sujet. Je ne crois pas qu'il doive y avoir trop de
porte-parole sur un même sujet dans un gouvernement. Je crois que le
porte-parole tout désigné est le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Je crois que c'est lui qui, ayant fait état de la question
publiquement, doit continuer à donner, lorsqu'il le désire, un
compte rendu de l'état de la question. Et tout ce que je puis dire,
c'est que, comme ministre des Affaires intergouvernementales, je suis à
la disposition de mon collègue et mes services sont à la
disposition de son ministère pour jouer le rôle que nous assigne
la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais est-ce que vous avez un fonctionnaire
à ce dossier des problèmes pétroliers et
pétrochimiques?
M. LEVESQUE: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, vu qu'il y a un fonctionnaire
à ce dossier, à quel moment la lettre de M. Bourassa a-t-elle
été expédiée, puisqu'elle n'est pas encore parvenue
au premier ministre du Canada?
M. LEVESQUE: Je crois, si ma mémoire est fidèle, que c'est
il y a une dizaine de jours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le courrier est lent.
M. LEVESQUE: Cela arrive souvent.
M. LAURIN: D y a plusieurs filières avant que cela arrive au
premier ministre.
M. LEVESQUE: Apparemment, le service n'est pas très rapide, me
dit-on.
M. LAURIN: C'est sur la même question, pour terminer cela.
M. LE PRESIDENT: Une question additionnelle là-dessus.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il y a une firme d'experts à
l'extérieur du ministère qui est chargée ou
mandatée d'étudier toutes les implications du
développement en pétrochimie sur ce plan? Et s'il y en a une ou
plusieurs, est-ce que le fonctionnaire dont parlait tout à l'heure le
ministre travaille en collaboration avec ces experts? Et est-ce que ce
fonctionnaire est un expert lui-même dans ce secteur particulier?
M. LEVESQUE: Il s'agit d'un dossier qui est surtout la chose non pas
seulement du ministère de l'Industrie et du Commerce mais
également du ministère des Richesses naturelles. Les deux
ministères travaillent étroitement ensemble et l'expertise s'y
trouve. Quant à nous, au ministère des Affaires
intergouvernementales, je l'ai mentionné, nos services sont acquis quant
à la question des relations fédérales-provinciales et nous
avons un fonctionnaire qui est attaché à cette fonction, mais
disons que la fonction maison, la maîtrise d'oeuvre, l'expertise, se
trouve dans les deux autres ministères.
M. LAURIN: Est-ce que votre ministère est informé que
l'érection de cette ligne Borden, qui constitue un bel exemple de
séparatisme économique que nous devons au gouvernement
fédéral, a fait perdre au gouvernement du Québec
l'implantation de quelques usines très importantes dont, par exemple,
celle de la raffinerie que la Société italienne de résine
devait créer pas loin d'ici, et une usine pétrochimique que la
Union Carbide devait créer? Est-ce que votre ministère est
informé que cette politique a fait perdre plusieurs usines au
Québec? Et est-ce que des mesures ont été prises pour
contrer ce séparatisme économique, qui n'a pas sa raison
d'être dans le régime fédéral que vous
défendez?
M. LEVESQUE: C'est toute la question de la politique de l'énergie
canadienne, de la protection des ressources, des richesses naturelles d'une
région plutôt que l'autre. Il y a d'autres arguments qui sont
donnés en faveur de cela quant aux raffineries
québécoises. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans tout ce
problème, dans le fond de la question, mais je ne serais pas si
sûr que le député de Bourget que nous ayons perdu cette
usine italienne. Lorsque j'étais au
ministère de l'Industrie et du Commerce, j'avais des
renseignements qui ne concordent pas tout â fait avec ceux que mentionne
le député de Bourget. Mais loin de moi l'idée d'entrer
dans le fond du problème, il est trop vaste, trop complexe, je crois,
pour en faire une discussion au ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. LAURIN: Dans un autre domaine, M. le Président, dans le
domaine des affaires culturelles, est-ce que votre ministère suit le
dossier des districts bilingues? Je sais que le ministre de l'Education avait
déjà indiqué que toute solution fédérale qui
lui avait été proposée était
prématurée. Est-ce qu'il y a eu du progrès dans ce
dossier, est-ce que d'autres propositions sont venues du gouvernement
fédéral? Est-ce que le gouvernement par l'entremise de votre
ministère a continué à mener des études en ce sens
ou s'il a pris une position?
M. LEVESQUE: Depuis la dernière déclaration je
crois que c'est du ministre Cloutier il n'y a pas eu autre
progrès dans ce dossier.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu du progrès dans un autre dossier
qui concerne l'école nationale de théâtre où
semble-t-il les pourparlers étaient très avancés et
où on laissait prévoir une solution à court terme?
M. LEVESQUE: Pour être plus précis dans la question
précédente, le 4 mai 1971, le gouvernement fédéral
déposait au Parlement canadien le rapport de la commission Duhamel sur
les districts bilingues. Le 5 mai 1971, le ministre des Affaires culturelles du
Québec a fait, sur le sujet, une déclaration qui apparaît
au journal des Débats. Le 27 mai 1971, en réponse à une
question du député de Chicoutimi, il exprimait de nouveau les
réserves du gouvernement du Québec à l'égard des
recommandations de la commission Duhamel, et c'est l'état de la
question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre
pourrait-il me dire si le gouvernement du Québec a repris avec le
gouvernement central l'examen du dossier en ce qui concerne les fonds que le
gouvernement central devait affecter à l'enseignement de la langue
seconde au Québec? Est-ce que ce dossier a été repris?
M. LEVESQUE: Nous prenons note de la question, bien que la
réponse se retrouve probablement dans le bilan des questions de
l'éducation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et le ministre pourrait-il me dire si le
gouvernement central est toujours disposé à collaborer avec le
ministère, non plus des Affaires culturelles mais celui de l'Education,
via l'Office de la langue françai- se, pour que ce soit l'Office de la
langue française qui prenne l'initiative de fournir aux minorités
françaises du reste du Canada tous les services de traduction, de
préparation, de glossaire, de lexique, etc.? Le gouvernement central
nous avait, semble-t-il, offert un montant d'argent assez important pour que le
Québec prenne l'initiative dans ce domaine afin d'aider les
minorités situées en dehors du territoire du Québec.
C'était un aspect assez important du dossier et une des conditions que
nous avions mises à des négociations ultérieures.
M. LEVESQUE: Alors, la même procédure, nous n'avons pas le
dossier ici avec nous ce matin, mais nous allons vérifier les questions
posées par le député de Chicoutimi.
M. LAURIN: Une autre question.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, mais le député de
Rouyn-Noranda m'a déjà signalé son désir de poser
des questions...
M. LAURIN: Le ministre n'a pas répondu encore à la
question que je lui posais sur l'école nationale de
théâtre.
M. LEVESQUE: Je répondrai au député de Bourget de
la même façon qu'au député de Chicoutimi. Nous en
avons pris note. Ce sont tous des dossiers sectoriels, et il serait assez
difficile d'apporter tous ces dossiers où nous ne sommes pas
maîtres d'oeuvre.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure dans mes remarques,
lorsque nous avons commencé l'étude de la direction des relations
fédérales-provinciales, ce serait peut-être une occasion de
reprendre toutes les discussions qui ont eu lieu dans toutes les autres
commissions.
M. LAURIN: ... un dossier très spécifique...
M. LEVESQUE: J'essaierai d'avoir une réponse spécifique
à une question spécifique, mais on comprendra que nous ne pouvons
pas reprendre complètement...
M. LAURIN : Je suis bien d'accord.
M. LEVESQUE: ...l'étude des crédits de tous les autres
ministères.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait, dans le
même ordre d'idée, examiner le dossier de l'opéra du
Québec et de l'argent que le gouvernement central devait verser à
l'opéra du Québec?
M. LEVESQUE: Je pense bien que j'aurai le temps de répondre
à ces questions ce matin, dès que nous aurons les renseignements
aux questions précises posées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, le ministre a mentionné hier
dans son exposé que les deux ordres de gouvernements entretiennent des
relations étroites et que ça s'exprime, en pratique, par des
réunions formelles et informelles entre les fonctionnaires ou les
ministres. Au niveau des réunions formelles, on a déjà
dénombré plus de 150 comités. Est-ce que pour ces
comités, nous retrouverons le résultat de leur travaux dans les
dossiers qui seront compilés par l'inventaire que vous êtes...
M. LEVESQUE: Oui, nécessairement.
M. SAMSON: Maintenant j'imagine que ces 150...
M. LEVESQUE: Il y a un chapitre du bilan qui portera justement sur les
mécanismes.
Alors, on va retrouver l'étude de tous les comités et leur
fonctionnement.
M. SAMSON: Maintenant, êtes-vous en mesure de nous dire si les 150
comités sont toujours actifs ou si ce sont des comités qui
peuvent être remplacés par d'autres genres de comités?
M. LEVESQUE: Il y en a qui fonctionnent d'une façon sporadique,
il y en a qui se réunissent régulièrement, mais ils ont
tous une certaine permanence, lorsqu'on parle des 150.
M. SAMSON: Retrouve-t-on ces comités sous la
responsabilité de la direction générale des relations
fédérales-provinciales ou si ce sont des comités sous la
direction de différents ministères?
M. LEVESQUE: Pas nécessairement. Tout dépend de la nature
du comité et de la question. Quand il s'agit, par exemple, de la
coopération avec l'extérieur, coopération avec l'Ontario,
coopération avec le Nouveau-Brunswick, ce sont des gens de la
coopération et non pas des relations
fédérales-provinciales.
M. SAMSON: En fait, ces comités ne s'inscrivent pas tous au
chapitre des affaires fédérales-provinciales?
M. LEVESQUE: Non.
M. SAMSON : Cela s'inscrit aussi au chapitre des affaires
interprovinciales.
M. LEVESQUE: En très grande majorité, c'est à cet
endroit.
D'ailleurs, j'en ai ici une liste. Je ne sais pas si le
député aimerait y jeter un coup d'oeil, si ça
l'intéresse. C'est un catalogue.
M. SAMSON: On ne vous demandera pas de le lire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il déposer ces
documents afin que nous puissions en prendre connaissance, que nous en ayons
des copies?
M. LEVESQUE: C'est un document de travail, non, pas dans l'état
actuel, mais il y a peut-être moyen de les refaire d'une façon qui
serait présentable pour les fins que recherche le député
de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il semble que tous les fonctionnaires qui
sont là préparent des documents qui sont présentables.
M. LEVESQUE: Présentables dans la forme et non pas dans une forme
de document de travail. Je sais que le député de Chicoutimi
sourit à ce moment-ci et qu'il veut tirer la pipe à certains de
nos collaborateurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a que le ministre qui fume la pipe.
M. SAMSON: Le ministre veut-il dire que nous pourrions obtenir ces
renseignements seulement sur production d'un rapport? Ne pourrions-nous pas, en
tant que membres de la commission, obtenir une copie de ce que vous avez en
main; ne serait-il pas prêt à nous en faire prendre
connaissance?
M. LEVESQUE: C'est un agenda des réunions et non pas une liste de
comités. Qu'on me demande de déposer le document et je le ferai
à un moment donné. Nous préparerons la liste, les
députés intéressés aussi n'ont qu'à
s'adresser au ministère des Affaires intergouvernementales et nous vous
le donnerons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, nous voudrions que ces listes soient
déposées ici.
M. LEVESQUE: Ne demandez pas ça avant l'adoption des
crédits, nous serons ici pour un bout de temps, il y a pas mal de
commandes ce matin.
M. SAMSON: Le ministre ne pourrait pas...
M. LEVESQUE: Il faut être charitable, juste et
équitable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sentons que le ministère est
prêt. Il y a une catégorie de traitement de $480,000, il y a quand
même du monde dans ce ministère.
M. LEVESQUE: Mais faire la liste des 152 comités ce matin, c'est
un peu ardu. Cela se retrouvera dans le bilan et dans le chapitre des
mécanismes.
Alors, vous voyez la coopération dont on fait preuve, c'est que
cet après-midi il y aura
possibilité d'avoir une liste de la plupart de ces
comités.
M. SAMSON: Voyez-vous, ce sera fait avant l'adoption de vos
crédits.
M. LEVESQUE: Elle ne sera pas exhaustive, mais enfin nous ferons notre
possible pour donner la liste de ces comités.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce que les accords de
coopération avec le Nouveau-Brunswick et l'Ontario sont à cet
article ou à l'article 3?
M. LEVESQUE: A l'article 3.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce à l'article 3 ou à l'article
2?
M. LE PRESIDENT: C'est à l'article 2 habituellement.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais pour les accords entre le Québec
et l'Ontario et le Québec et le Nouveau-Brunswick, est-ce que le budget
apparaît à l'article 2 ou à l'article 3?
M. LEVESQUE: Avec le nouveau système PPB, ce sera à
l'article 2.
M. MASSE (Montcalm): Alors, c'est maintenant qu'il faudrait en
discuter.
M. LEVESQUE: Maintenant, tel que présenté, c'est à
l'article 3,
M. MASSE (Montcalm): A l'avenir, ce sera dans le 2, mais maintenant
c'est dans le 3. Nous en reparlerons tout à l'heure.
Dans le domaine de l'éducation et de la culture, est-ce que le
ministre pourrait informer les membres de cette commission à savoir
où en sont les discussions, quel est l'état du dossier concernant
l'Ecole militaire de Saint-Jean?
M. LEVESQUE: Nous allons l'ajouter aux questions spécifiques
sectorielles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre voudra bien vérifier s'il y
a des postes d'enseignement ouverts.
M. MASSE (Montcalm): Dans la demande d'information à transmettre,
il y a également toute la question de l'application de la juridiction du
ministère de l'Education du Québec dans le territoire du Grand
Nord par rapport à l'existence des écoles fédérales
dans ce même territoire et tout ce qui en relève...
M. LEVESQUE: Il me semble que, si on veut reprendre complètement
l'étude des crédits du ministère de l'Education, du
ministère des Finances, du ministère des Affaires culturelles, ce
n'est pas du tout la place.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre a fortement raison, sauf que lorsqu'on
va dans d'autres commissions, on nous informe qu'étant donné la
responsabilité de coordination du ministère des Affaires
intergouvernementales, c'est aux crédits des Affaires
intergouvernementales qu'il faut s'adresser.
M. LEVESQUE: Le ministère a un rôle de coordination mais
n'est pas maître d'oeuvre dans tous les secteurs. Ce serait injuste,
à ce moment-ci, pour les députés, les membres de la
commission, pour le public qui lit le journal des Débats d'avoir des
renseignements parcellaires qui ne touchent que le rôle de coordination
du ministère des Affaires intergouvernementales. Je ne crois pas que les
questions d'éducation, de culture, fort intéressantes et fort
importantes soient présentement entre les mains du ministre des Affaires
intergouvernementales. Nous ne sommes là que comme ministère de
service pour assurer une meilleure liaison, une meilleure coordination, mais
non pas pour nous substituer au ministère maître d'oeuvre. Nous
avons la même philosophie à l'OPDQ, nous ne sommes pas là
pour remplacer les ministères, établir des politiques sur le fond
des questions. Nous ne pouvons pas et nous n'avons pas la prétention de
remplacer les ministères dans l'élaboration de leur politique. Je
dis que notre ministère est un ministère de coordination qui
assure une participation d'un ou deux fonctionnaires à la fois dans
certains dossiers sectoriels; ceci afin d'assurer une cohérence dans nos
relations fédérales-provinciales, non pas pour établir des
politiques dans le domaine de l'éducation, dans le domaine de la culture
ou dans le domaine de l'agriculture, dans le domaine de l'industrie, dans tous
les domaines des activités gouvernementales. On peut s'asseoir ce matin,
reposer toutes les questions qui ont été posées dans toute
l'étude des commissions parlementaires des crédits. On pourrait
reprendre complètement le débat. Je ne crois pas que ce soit le
rôle du ministère des Affaires intergouvernementales. Les quelques
heures que nous consacrons à ce ministère devraient à mon
sens être ce n'est pas à moi de vous dire quoi faire
mais j'ai l'impression que ce serait plus fructueux si on touchait
réellement les choses qui sont de la juridiction du ministère et
qui répondent au rôle du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Lorsqu'on arrivera, par exemple à la direction
générale de la coopération avec l'extérieur, il y a
là un secteur où nos activités sont quelquefois un peu
plus du genre de celles qui peuvent donner naissance à des questions du
côté sectoriel. Lorsqu'on parle de notre présence
internationale, des maisons du Québec à
l'étranger, il y a une responsabilité directe qui est la
nôtre. Lorsqu'on parle simplement de la direction générale
des relations fédérales-provinciales où notre rôle
de coordination et un rôle qui s'apparente beaucoup plus à un
désir de cohérence et â une volonté de favoriser les
négociations entre les ministères provinciaux et les
ministères fédéraux, je crois qu'on ne peut pas reprendre
le fond des questions et me poser des questions sur la politique que j'entends
suivre dans tel ou tel domaine sectoriel.
M. MASSE (Montcalm): Vous permettez, je voudrais quand même
terminer...
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, j'ai invoqué le
règlement, M. le Président, pour faire observer au
député de Montcalm et au ministre que la question des
écoles indiennes, esquimaudes, tout ce problème des écoles
en relation avec le gouvernement central a été
étudié en long et en large à la commission de
l'éducation.
Nous avons, à ce moment-là les
députés présents tout le loisir d'interroger le
ministre qui était responsable et Mlle Baron nous avait fourni d'amples
renseignements sur l'organisation de ces écoles et sur ce qui
s'était passé entre le gouvernement central et le gouvernement du
Québec, et le cheminement actuel des négociations.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, ce n'était pas dans
les sept points passés à la vapeur par le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement pour faire observer au député de Montcalm qu'il
n'est pas venu aux crédits du ministère de l'Education et que, de
ce fait, il s'est condamné lui-même à un silence total,
absolu, intégral et entier.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne relèverai pas
les arguties du député de Chicoutimi. Il reste quand même
que je n'ai pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce ne sont pas des arguties, ce sont des
gifles.
M. MASSE (Montcalm): ... je n'ai pas posé la question sur le fond
du problème...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut appeler les choses par leur nom.
M. MASSE (Montcalm): ... concernant la pédagogie du
ministère de l'Education à l'endroit des écoles du Grand
Nord. Je n'ai pas posé de questions concernant l'immobilisation du
ministère de l'Education dans ces écoles. Je n'ai parlé
que de la forme des négociations qui doivent être entreprises
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa concernant
la responsabilité respective en matière d'éducation dans
le territoire du Grand Nord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque encore une
fois le règlement. Cette question que vient d'évoquer le
député de Montcalm a été discutée en long et
en large, y compris le contentieux constitutionnel. Nous avons examiné
toute la question, nous avons passé près d'une heure
là-dessus, et chaque député présent a eu le loisir
de poser des questions. J'aimerais, M. le Président, que nous nous en
tenions à ce qu'a dit le ministre tout à l'heure, autrement, on
va reprendre tout le débat.
M. LE PRESIDENT: A ce moment-ci, si vous le permettez, j'aimerais quand
même donner une directive, c'est que, tel qu'entendu à toutes les
autres commissions, nous passons quelques heures â discuter de toutes les
généralités relatives au ministère concerné,
ce que nous avons déjà fait. Nous sommes à étudier
l'article 2 et nous sommes censés, à partir de maintenant,
passer, â l'article 2, aux catégories 1, 3, 4, etc.
M. MASSE (Montcalm): Non, mais, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A partir du moment où les
généralités sont terminées... C'est parce que,
à ce moment-là...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, tout à l'heure j'ai
posé la question en termes... Le ministre me dit : Il ne faut pas que ce
soit...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! Je ne peux pas
permettre de reprendre toutes les généralités que nous
avons déjà discutées au début.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas non plus permettre des discussions sur
des ministères qui ont déjà adopté leurs
crédits, et je pense que la réponse du ministre,
là-dessus, a été très claire. On peut s'en tenir
strictement à une ligne horizontale des juridictions typiques du
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. MASSE (Montcalm): D'accord, M. le Président. Vous dites qu'on
ne peut pas poser les questions en termes trop larges, on les pose en termes
sectoriels. Le ministre nous dit: "Les termes sectoriels, c'est chaque
ministère".
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, j'ai dit que les questions
générales devaient être posées lorsqu'on a fait le
tour d'horizon du ministère
au départ. C'est ce qu'on fait dans toutes les commissions. Je
dis que maintenant, à l'article 2, j'aurais dû appeler la
catégorie 1 dès le départ, parce que les questions
générales sont pour moi terminées. J'ai même
signalé au député de Bourget que son droit de parole,
à cause de l'article 165, est épuisé au niveau de
l'article 2. Et je suis très spécifique là-dessus; on l'a
mis en application dans tous les autres ministères.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'ai demandé une
directive. Si vous regardez les catégories de l'article 2;
catégorie 1: Traitements, ensuite à 3 les transports; â 4,
les services professionnels, à 5 l'entretien, à 6 les loyers,
à 7 les fournitures, â 8 le matériel et à 11 les
autres dépenses, à quelle catégorie peut-on poser des
questions concernant la coordination qui doit être la
responsabilité du ministère des Affaires intergouvernementales
entre un secteur et le gouvernement central?
M. LE PRESIDENT: Au niveau des généralités, comme
je l'ai dit tantôt. On a déjà passé quelques heures
au niveau des généralités.
M. MASSE (Montcalm): Du sous-article 2?
M. LE PRESIDENT: Sur tous les articles en général. Cest ce
qu'on fait; on fait un déblocage dès le départ, on passe
les heures qu'il faut pour poser toutes ces questions. Du moment que j'appelle
un article, â ce moment-là, je mets intégralement le
règlement en application, je le dis et je le répète.
M. MASSE (Montcalm): Vous appelez donc le sous-article 2: Direction
générale des relations fédérales-provinciales.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. Catégorie 1.
M. MASSE (Montcalm): Catégorie 1: Traitements.
M. LE PRESIDENT: Voilà.
M. MASSE (Montcalm): A quelle catégorie, est-ce que les questions
peuvent être posées concernant des dossiers?
M. LE PRESIDENT: Dans le cas du sous-article 2,...
M. MASSE (Montcalm): A la catégorie des traitements ou â la
catégorie des transports?
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas de sous-article dans le cas de l'article
2; il n'y a que l'article 2 et les catégories qui suivent.
M. MASSE (Montcalm): Alors, sous quelle catégorie, puisque vous
appelez la catégorie 1?
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, vous posez la question au
ministre, parce que ce n'est pas moi le spécialiste dans ce
ministère.
M. MASSE (Montcalm): Je veux savoir à quel endroit il faut poser
la question.
M. LEVESQUE: Nous avons passé cinq heures hier à discuter
de généralités. Vous auriez eu beau là, même
comme membre de la commission, et vous êtes le plus tannant.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ma question n'est pas de
savoir si on est membres de la commission ou si on n'est pas membres de la
commission, c'est de savoir à quelle catégorie on peut poser la
question concernant les secteurs. C'est ça que je demande. Si je pose la
question en termes...
M. LEVESQUE: Vous avez eu une réponse à cela, les
secteurs.
M. MASSE (Montcalm): ... on me répond que ce n'est pas le
temps.
M. LEVESQUE: Ce sont les ministères qui sont maîtres
d'oeuvres des secteurs. Justement un exemple, le député de
Chicoutimi a participé à la commission en question, contrairement
au député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, on ne peut quand même
pas me reprocher de ne pas être membre de toutes les commissions et en
même temps me reprocher de ne pas être allé à toutes
les commissions.
M. LEVESQUE: Je dis qu'il n'était pas là.
M. MASSE (Montcalm): Il faudrait s'entendre.
M. LEVESQUE: Il aurait pu y être comme il l'est ici ce matin. Il
n'y était pas.
M. MASSE (Montcalm): J'étais à une autre commission.
M. LEVESQUE: Je dis qu'il doit convenir que toute cette question a
été vidée sous tous ses aspects déjà
à la commission.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, au moment où la
commission de l'Education siégeait, je participais à la
commission du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LEVESQUE : Nous ne sommes pas pour recommencer ici.
M. MASSE (Motcalm): Vous pouvez demandez à votre collègue.
Il m'a même demandé d'aller à la commission de l'Education,
parce
que j'avais trop de questions à poser. Il faudrait quand
même s'entendre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je m'excuse là, je ne peux pas
permettre qu'on continue ce genre de débat.
M. MASSE (Montcalm): Il est temps quand même qu'on réponde
à la question.
M. LE PRESIDENT : Je n'ai pas l'intention de laisser continuer ce genre
de débat. Je ne peux pas le permettre non plus. Le règlement ne
nous le permet pas. J'appelle à ce moment-ci la catégorie 1 et je
demande aux honorables membres de cette commission de s'en tenir strictement
aux discussions de la catégorie 1 qui est: Traitements, salaires,
allocations de l'article 2. Est-ce que des députés veulent
prendre la parole?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, catégorie 1:
Traitements. Est-ce qu'il y a un fonctionnaire qui est responsable de la
coordination avec le ministère de l'Education?
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il est possible de discuter de ses
fonctions?
M. LEVESQUE: Lesquelles?
M. MASSE (Montcalm): Ses fonctions de coordination entre le
ministère de l'Education, le ministère des Affaires
intergouvernementales et le gouvernement fédéral.
M. LEVESQUE: Des fonctions de coordination de liaison.
M. MASSE (Montcalm): Alors quelle est la philosophie que le ministre
transmet à son fonctionnaire pour gérer sa coordination entre le
ministère de l'Education et le gouvernement central? Ce n'est pas sur le
secteur de l'éducation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne peut pas faire indirectement ce qu'on
n'a pas le droit de faire directement.
M. LE PRESIDENT: Pour les mêmes raisons invoquées
tantôt, je demande la collaboration du député de Montcalm.
Je lui ai dit, et je lui répète pour la dernière fois, que
ces questions avaient pu être posées dès le début au
niveau des généralités. J'ai l'intention d'être
très strict et de mettre le règlement en application. Je
m'excuse, mais je suis très strict là-dessus. Qu'on s'en tienne
carrément à la catégorie 1.
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai pas d'objection à ce que le
président applique le règlement. Il a appelé la
catégorie 1: Traitements. Je demande s'il y a un fonctionnaire qui est
responsable ainsi que la description des tâches du fonctionnaire.
Qu'est-ce qu'il y a d'illégal là-dedans?
M. LEVESQUE: J'ai répondu.
M. MASSE (Montcalm): Alors, sa responsabilité c'est de
coordonner...
M. LEVESQUE: Quand cela arrive à la philosophie qui inspire le
ministère ou le ministre dans l'application des politiques, nous avons
eu cinq heures hier où nous en avons discuté à profusion.
Si le député de Montcalm a préféré parler
d'autres options, ça, c'est son bébé. Il a fait son lit.
C'est son privilège. Il aurait pu, plutôt que d'intervenir
dans...
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, le ministre ne connaît
pas son dossier, il laisse faire le ministère de l'Education
complètement dans ses relations avec le gouvernement central. Il est
absent de sa tâche et de sa fonction. C'est ce que je suis obligé
de conclure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît. Le
député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, dans les objectifs que le ministre
avait énoncés pour 7 2/73 à l'article: Relations
interprovinciales, vous nous avez parlé de développement à
la coopération interprovinciale, notamment avec les provinces de
l'Ontario et du Nouveau-Brunswick. Est-ce que le ministre pourrait...
M. LEVESQUE: C'est à l'article 3. DES VOIX: C'est à
l'article 3.
M. LE PRESIDENT: A l'article 3. Catégorie 1, adopté.
M. LAURIN: Une dernière question que j'avais déjà
posée, est-ce que vous pourriez maintenant me donner la réponse
sur le service de la recherche, comme il est constitué, quel est son
personnel?
M. LEVESQUE: C'était un service de recherche économique et
fiscal et c'est celui-là qui a été muté au
ministère des Finances.
M. LAURIN: Donc, il n'y a plus de recherchistes à cette
direction?
M. LEVESQUE: Non. Il y a des recherchistes mais sur les objets propres
de chacun des dossiers.
M. LAURIN: Quel est l'effectif total du personnel de recherche à
cette direction?
M. LEVESQUE: Les agents de liaison sont à
la fois des agents de recherche. Alors c'est le genre de personnel que
nous avons, la nature du personnel que nous avons au ministère, le
ministère est en partie un ministère de recherche.
M. LAURIN : Est-ce à dire que les 29 postes autorisés sont
constitués d'agents de liaison qui tous ont une fonction de
recherche?
M. LEVESQUE: Ce sont des professionnels qui jouent chacun leur
rôle dans leur secteur; il y a évidemment avec eux des
recherchistes qui font uniquement ce travail, mais c'est un travail
d'équipe et il est assez difficile de déterminer où la
ligne de démarcation se trouve entre l'agent de recherche proprement dit
et le professionnel.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, combien y a-t-il d'agents
de liaison attitrés à des ministères et uniquement
à un ministère?
M. LEVESQUE: Il y a une dizaine de professionnels affectés
à ces tâches.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais à des ministères
spécifiques. C'est-à-dire pour le ministère de
l'Education, il y en a un, qui fait uniquement l'Education...
M. LEVESQUE: Ils sont partagés entre les missions et non entre
les ministères: missions économiques, missions éducatives
et culturelles, missions sociales.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y en a qui sont responsables
d'organismes parapublics comme l'Hydro-Québec, la Régie des
rentes ou la Société générale de financement?
M. LEVESQUE: Les secteurs que vous avez mentionnés sont tous
rattachés, l'Hydro-Québec...
M. MASSE (Montcalm): Soquip, Soquem...
M. LEVESQUE: Ils sont rattachés aux missions
économiques.
M. MASSE (Montcalm): Ils sont tous rattachés aux missions
économiques. Est-ce à dire que c'est le même qui s'occupe
de l'ensemble de ces secteurs ou s'ils forment une équipe?
M. LEVESQUE: Le ou les mêmes.
M. MASSE (Montcalm): Le ou les mêmes, ils forment une
équipe.
M. LEVESQUE: Oui, par équipe. Je pense qu'il y a quatre
équipes.
M. MASSE (Montcalm): Et à partir de là, on ne peut plus
poser de questions.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. M. TREMBLAY
(Chicoutimi): Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. M. TREMBLAY
(Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4, c'est la même
chose que tantôt...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Retenu. M. LE PRESIDENT: C'est retenu. UNE
VOIX: Est-ce que la liste est...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On verra ça tantôt.
M. LEVESQUE: On continuera ça tantôt. M. LE PRESIDENT:
Catégorie 5, adopté. M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M.
LE PRESIDENT: Catégorie 6. M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, catégories 8 et 11.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté. Catégorie 11,
adopté.
Article 3: Direction générale de la coopération
avec l'extérieur. Sous-article 1 : Administration.
Coopération avec l'extérieur
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à l'article 3,
Direction générale de la coopération avec
l'extérieur, sous-article 1, Administration, j'aimerais demander au
ministre des Affaires intergouvemementales s'il y a développement dans
le cas de l'entente Ontario-Québec qui était d'abord une entente
de nature culturelle couvrant les domaines de l'éducation et de la
culture. Est-ce qu'il y a des développements, a-t-on étendu le
champ de cette entente et qu'elles ont été les
réalisations â ce jour? De même, est-ce qu'il y a eu entente
signée ou est-ce qu'on est en voie de négociation pour signer une
entente avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick ou avec d'autres
gouvernements et est-ce qu'une entente a été signée avec
le gouvernement de la Louisiane à ce sujet? Est-ce que le ministre se
rappelle qu'une entente a été signée avec le gouvernement
de l'Ontario? Quel a été le programme d'activité de l'an
passé et qu'est-ce que l'on
prévoit pour cette année? Est-ce qu'on veut élargir
le cadre de cette entente afin de toucher d'autres domaines? Ontario,
Nouveau-Bruns-wick et Louisiane.
M. LEVESQUE: Je me rappelle fort bien qu'il y a eu une entente avec le
Nouveau-Brunswick. Je pense qu'elle a été signée par M.
Bertrand, le premier ministre du temps, avec M. Robichaud, je crois, il y a
déjà quelque temps. Il y a eu l'autre entente
Ontario-Québec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux savoir quel est le programme
d'activités, quel a été le programme de coopération
avec l'Ontario l'an passé.
Quels sont les projets pour cette année? Même question dans
le cas du Nouveau-Brunswick et de la Louisiane.
M. LEVESQUE: Pour l'instant, il s'agit de l'échange de
fonctionnaires dans l'administration publique entre l'Ontario et le
Québec. J'ai eu l'occasion de rencontrer d'ailleurs ces gens lors de la
dernière réunion. Voici les réunions qui ont eu lieu
depuis l'an dernier: Québec-Ontario, à Toronto, la 3e session de
la commission permanente, le 10 mai 1971; Québec-Ontario, la 4e session,
également à Toronto, les 23 et 24 septembre 1971. La 5e session
eut lieu à Québec, les 16 et 17 mars 1972. La prochaine, qui est
la 6e session de la commission permanente, se tiendra à Toronto, les 14
et 15 septembre prochain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le programme a porté surtout sur un
échange de fonctionnaires. Est-ce qu'il y a eu d'autres
activités?
M. LEVESQUE: Il y a également l'envoi de quelques artistes du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, le ministre des Affaires culturelles nous
en a parlé. Est-ce qu'il y a des pourparlers pour élargir le
cadre de cette entente, lui donner une dimension d'ordre technique et
économique, avec le gouvernement de l'Ontario ou celui du
Nou-veau-Brunswick?
M. LEVESQUE: A la dernière réunion c'était un
souhait mutuellement exprimé de part et d'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un souhait, mais rien de précis. Vous
n'avez pas abordé de sujets précis, des points qui permettraient
d'établir les bases de cette entente?
M. LEVESQUE: On a mis sur pied, dans le secteur des communications, un
comité pour donner suite à ce voeu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais quel est l'objet de ce secteur du
travail, de ce secteur des communications? Est-ce un échange dans le
domaine de la radio, de la télévision, de la
câblodistribution etc?
M. LEVESQUE: Cela a trait à l'aspect technique des
communications, mais également il y a une dimension qui touche le
partage des responsabilités du gouvernement central et des gouvernements
des provinces dans le domaine des communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand le ministre parle d'aspect technique,
est-ce qu'il parle simplement d'échanges en termes d'utilisation par
l'un et l'autre gouvernement de moyens techniques?
M. LEVESQUE: Les deux sujets principalement sont la
télévision éducative et la câblodif-fusion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que l'on voudrait établir ces
échanges de façon systématique? Est-ce qu'un commencement
de programme a été élaboré?
M. LEVESQUE: Ce comité a été mis sur pied et sans
doute, au mois de septembre, il y aura un rapport à la 6e session de la
commission permanente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors on en est à la phase de l'examen
du problème et de l'inventaire des possibilités. Est-ce que c'est
la même chose dans le cas du Nouveau-Brunswick? Quels sont les sujets,
les secteurs couverts?
M. LEVESQUE: L'accord a été signé, comme je le
mentionnais tout à l'heure, mais on n'a pas encore donné suite
par des réunions comme celles qui ont eu lieu avec l'Ontario.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas de la Louisiane, quel est le type
d'entente qui est intervenu si tant est qu'il y ait entente?
M. LEVESQUE: Il n'y a pas eu d'entente, mais il y a eu une mission des
Richesses naturelles à Lafayette en Louisiane, sous la présidence
du ministre des Richesses naturelles, du 19 au 23 octobre 1971. Il y a eu le
congrès international des Amériques francophones alors que le
ministre des Affaires culturelles était présent ou
présente, du 3 au 5 avril 1972.
Il y a eu finalement la réunion du comité conjoint
Québec-Louisiane, le 6 avril.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce qu'il est exact que le
ministre des Affaires intergouvernementales a été saisi de
l'intérêt qu'a manifesté son collègue des Affaires
culturelles pour des ententes éventuelles avec d'autres pays
francophones de l'Amérique? Haiti, par exemple. Madame le ministre nous
a dit
qu'on étudiait la possibilité d'accord avec ces pays
francophones.
M. LEVESQUE: Il y a une exploration, on me dit que c'est à
l'étude.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En somme, dans les trois secteurs on en est
encore au stade des études. L'entente Ontario-Québec a
consisté surtout en des échanges de fonctionnaires, de
renseignements...
M. LEVESQUE: Je dois ajouter qu'il y eu une visite récente du
gouverneur de l'Etat du Maine accompagné d'un nombre assez
impressionnant de parlementaires francophones. J'ai reçu une
communication du gouverneur, il y a une dizaine de jours, qui nous invitait
à le visiter l'an prochain. En attendant, il est possible qu'un
comité québécois et qu'un comité du Maine puissent
se rencontrer afin d'établir une sorte d'entente de coopération.
Nous avons eu d'ailleurs, lors de la visite du gouverneur du Maine, une session
d'étude ou de mise au point qui faisait suite à plusieurs
rencontres sectorielles, pendant les deux jours de la visite du gouverneur et
des parlementaires du Maine. Nous avons fait le point et nous avons fait
ressortir certains sujets qui pourraient faire l'objet d'une entente de
coopération entre le gouvernement du Maine et celui du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sujets?
M. LEVESQUE: Cela couvrait des sujets comme, par exemple,
l'échange d'étudiants. Dans le domaine de l'éducation,
l'échange de professeurs. C'était relié en grande partie
aux questions culturelles. A ce propos, je dois dire que notre conseiller en
place à Boston, M. Tremblay, avait eu de nombreux contacts avec les
francophones de la Nouvelle-Angleterre, qui ont manifesté un grand
intérêt, un rapprochement avec le Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce stade, au fond, ce sont des
projets...
M. LEVESQUE: Oui, seulement des projets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... des inventaires.
M. LEVESQUE: Il n'y a rien de formel, mais je dois dire qu'il y a eu un
grand intérêt de la part du gouverneur et de ceux qui
l'accompagnaient. Cela n'a pas touché seulement le côté
culturel, mais également les questions économiques, les
transports, même les questions de joindre des réseaux routiers.
Plusieurs sujets ont été abordés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le ministre, au chapitre des
relations, de la coopération avec l'extérieur, vraiment
exté- rieur, quels sont les développements dans le cas des
ententes franco-québécoises? Où en sont les projets
d'établissement de bureaux à Tokyo, à Bruxelles ou en
d'autres pays francophones ou non francophones, outre la
délégation du Québec...
M. LEVESQUE: Est-ce que le député de Chicoutimi me
permettrait de répondre à cela à l'article 4?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 4, d'accord.
M. LEVESQUE: Parce que c'est la Direction générale des
relations internationales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Relations internationales, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, pour demeurer dans les
relations entre le Québec et l'Amérique, dans l'entente ou les
négociations en cours avec le Nouveau-Brunswick, est-ce qu'il y a des
développements concernant des échanges de fonctionnaires?
M. LEVESQUE: J'ai répondu à cela. Je crois que c'est
à une question du député de Chicoutimi.
M. MASSE (Montcalm): De deux choses l'une, M. le Président. Ou
bien quand on pose une question on va couper le député,
l'interlocuteur...
M. LEVESQUE: Sur l'autre question, j'ai dit qu'on n'avait pas encore
donné suite à l'accord.
M. MASSE (Montcalm): ... ou si, au contraire on attend pour poser des
sous-questions.
M. LEVESQUE: On n'avait pas encore donné suite à l'accord
avec le Nouveau-Brunswick.
M. MASSE (Montcalm): Il n'y a pas eu de suite.
M. LEVESQUE: Il y a eu des rencontres préliminaires, on a
discuté d'échanges possibles de professeurs dans l'enseignement
technique et professionnel, mais disons qu'il n'y a pas eu d'entente formelle
encore.
M. MASSE (Montcalm): Je parle spécifiquement de fonctionnaires
des deux gouvernements.
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a eu une demande de la part de M.
Hatfield, le
premier ministre du Nouveau-Brunswick, concernant des échanges de
fonctionnaires?
M. LEVESQUE: Pas à ma connaissance.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales serait favorable à la mise en place d'un tel
programme pour permettre au Nouveau-Brunswick de jouir de fonctionnaires
francophones?
M. LEVESQUE: Nous le faisons avec d'autres parties du monde, nous le
faisons avec la France, nous le faisons ici au Canada avec l'Ontario. Nous
n'avons pas d'objection, au point de vue politique, à ce que de tels
échanges soient considérés.
M. MASSE (Montcalm): A votre connaissance, il n'y a pas eu une demande
spécifique en provenance du ministère des Finances du
Nouveau-Brunswick?
M. LEVESQUE: Pas à ma connaissance.
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, dans les échanges entre les
Etats de langue française, disons, de l'Amérique et le
Québec, quelle est la participation des universités francophones
du Québec, que ce soit l'Université du Québec ou les
universités de Montréal ou Laval?
M. LEVESQUE: Quant à nous, cela n'a pas impliqué les
universités.
M. MASSE (Montcalm): Il n'y a jamais eu de participation des
universités.
M. LEVESQUE: Quant au ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. MASSE (Montcalm): Mais est-ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales subventionne des universités à
l'intérieur de ces programmes-là?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, pour ce qui est de leur rapport
intellectuel dans les négociations...
M. LEVESQUE: C'est-à-dire qu'il faudrait peut-être
préciser qu'il y a la subvention qu'on mentionnait tout à l'heure
aux universités entièrement ou partiellement de langue
française.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mai» c'est à l'intérieur
d'un autre programme.
M. LEVESQUE: L'AUPELF.
M. MASSE (Montcalm): C'est pour un autre mandat.
M. LEVESQUE: Je voudrais bien nuancer ma réponse.
M. MASSE (Montcalm): Je ne cherche pas des puces dans le dos du
ministre.
M. LEVESQUE: Trouvez-les.
M. MASSE (Montcalm): Il faudrait y aller avec un tue-mouches. Je cherche
uniquement à connaître sa pensée, son action. Est-ce que le
ministre a mis sur pied une commission entre les responsables des relations de
coopération des universités et le ministère pour
élaborer des programmes ou se servir de façon plus efficace du
personnel disponible actuellement, toujours à l'intérieur du
cadre Amérique?
M. LEVESQUE: C'est une responsabilité qui est celle du
ministère de l'Education. Quant à nous, la réponse est
non.
M. MASSE (Montcalm): Pour ce qui est des CEGEP, quelle est la
participation du CEGEP de Jonquière dans la mise en train de programmes
avec la Louisiane?
M. LEVESQUE: Il acceuille des étudiants l'été pour
les cours de français.
M. MASSE (Montcalm): Combien d'étudiants, est-ce qu'il a eu une
progression depuis les premiers programmes?
M. LEVESQUE: Une soixantaine, c'est à peu près stable.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre a eu des rapports concernant
l'intérêt qu'il y a dans ce type d'échange de programmes,
jusqu'à maintenant? Est-ce que le ministère a fait une analyse de
l'intérêt du Québec, en fonction du ministère des
Affaires intergouvernementales, pour de tels programmes?
M. LEVESQUE: L'intérêt manifesté mérite
d'être souligné.
M. MASSE (Montcalm): L'intérêt du ministère ou des
gens de Jonquière?
M. LEVESQUE: Plutôt l'intérêt de ceux qui
bénéficient de ces cours. Même, on me dit que cela prend
une certaine proportion parce que d'autres Etats américains manifestent
le désir de participer.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que je peux poser la question directement
à M. Vaugeois? On pourrait gagner du temps.
M. LEVESQUE: Ce serait peut-être une bonne suggestion.
M. MASSE (Montcalm): Je pourrais peut-être aller souper avec
lui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a une meilleure...
M. MASSE (Montcalm): Ce serait plus facile pour moi d'avoir les vraies
réponses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a des études supérieures
à faire...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce que vous pouvez
demander au député de Chicoutimi de baisser son volume un peu? On
ne l'a pas interrompu pendant qu'il faisait ses entrechats.
Partant de l'expérience acquise avec le CEGEP de
Jonquière, est-ce que le ministère aurait l'intention
d'étudier ou de lancer un programme...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! J'inviterais le
député de Montcalm à relire le journal des Débats.
Toutes ces questions ont été discutées à la
commission sur l'éducation que je présidais.
M. MASSE (Montcalm): Vous allez me permettre de poser une question qui
ne l'a pas été, si vous voulez attendre que j'aie fini.
M. LE PRESIDENT: Oui, concernant l'échange des étudiants
entre le CEGEP de Jonquière et les étudiants de la Louisiane.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas la question que je veux poser, M. le
Président, si vous voulez me laisser terminer...
M. LEVESQUE: C'est ça que vous posez depuis quinze minutes.
M. MASSE (Montcalm): ... vous pourrez plus facilement juger après
ça si c'était dans l'autre procès-verbal ou si ce ne
l'était pas.
Partant de l'expérience positive de Jonquière comme vient
de le dire le ministre, est-ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales aurait l'intention de créer un organisme
para-gouvernemental, du genre de l'Office franco-québécois de la
jeunesse, mais peut-être modelé différemment, pour
permettre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dites donc oui tout de suite, ça va
écourter le débat.
M. MASSE (Montcalm): ... une progression plus rapide des échanges
et même une amélioration dans les modalités entre les
parlants-français de l'Amérique et le Québec? Les
universités ont lancé des programmes d'enseignement du
français, d'accord, mais je ne pense pas que l'objet du ministère
des Affaires intergouvernementales soit uniquement l'enseignement de la langue.
Le ministère doit chercher d'autres données, d'autres objectifs
qu'uniquement ça parce que, autrement, ce serait unique- ment le
ministère de l'Education. Si le ministère des Affaires
intergouvernementales joue un rôle à l'intérieur de
ça, c'est qu'il y a aussi d'autres objectifs qu'uniquement les objectifs
sectoriels.
Partant de l'expérience de Jonquière, est-ce que le
ministre croit qu'il pourrait être mis sur pied un organisme plus large
non pas uniquement pour l'enseignement du français, mais un
échange de jeunes avec la Louisiane, avec l'état du Maine, avec
le Nouveau-Brunswick, l'Ontario ou autre, mais uniquement à
l'intérieur de l'Amérique, et non pas comme avec la France,
uniquement France-Québec.
Est-ce que le ministre verrait là des avantages et, si oui,
est-ce qu'il entend passer à l'action?
M. LEVESQUE: Est-ce que le député de Montcalm veut
franciser les Etats-Unis?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne pense pas que ce soit
dans ce sens que j'ai posé la question. Le ministre peut balayer le
problème en manifestant un non-intérêt, en tentant de
ridiculiser la chose, mais à ce compte-là, il n'a qu'à
abolir tous les autres programmes. Je ne pense pas que l'intérêt
du ministère des Affaires intergouvernementales dans ses missions avec
la Louisiane soit de tenter de franciser la Louisiane, ce n'est pas ça
du tout. Si c'est ça que recherche le ministre, je pense qu'il va
frapper un mur, ce n'est pas là son intérêt.
Ceci étant dit, est-ce qu'il a l'intention, à partir des
programmes déjà existants, des embryons de programmes
déjà existants, d'établir une véritable politique?
Si oui, quelle recherche fait-il là-dedans?
M. LEVESQUE: La politique du ministère sera connue,
diffusée en temps et lieu à mesure que les réponses seront
précisées.
M. MASSE (Montcalm): Ce sont les réponses des vieux
parlementaires qui ne connaissent pas leurs dossiers. Cela ne règle pas
le problème. Est-ce que vous...
M. LEVESQUE: Les injures que lance...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce ne sont pas des injures,
c'est une constatation.
M. LEVESQUE: ... n'améliorent pas le dossier et
n'améliorent pas le climat non plus...
M. MASSE (Montcalm): C'est une constatation que je fais, M. le
Président. Je pose une...
M. LEVESQUE: Vous tentez de reprendre les questions sous toutes leurs
formes, et cela est causé simplement par votre absence des commissions
pertinentes.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, injure pour injure, c'est
un à un. Alors, on arrête et on commence sérieusement.
Partant de là, à l'intérieur de ces programmes que
vous faites avec les états francophones d'Amérique, qu'est-ce que
le ministère recherche? Et si oui, quel type d'organisme a-t-il
l'intention de mettre sur pied? Est-ce qu'il va continuer uniquement des
programmes bilatéraux entre tel organisme et tel autre ou si, au
contraire, il va tenter d'être le coordonateur d'une certaine politique
de présence française?
M. LEVESQUE: Il y a de nombreux programmes. Le député l'a
mentionné, l'Office franco-québécois pour la jeunesse
il le sait fort bien cela permet à 1,900 jeunes de
bénéficier de ces échanges. Il y a, dans les programmes de
coopération plusieurs échanges de jeunes du côté
technique, économique, industriel, agricole, de ces échanges qui
se poursuivent.
M. MASSE (Montcalm): Sous l'Office franco-québécois?
M. LEVESQUE: Oui. Il y a, de plus, certaines expériences que nous
avons faites dans des programmes d'ententes avec certains états qui ont
une population francophone. Nous l'avons fait en Ontario, nous l'avons fait,
comme on le mentionne, en Louisiane. Que nous poursuivions dans ce
sens-là, il ne faut pas s'en surprendre, ce n'est pas surprenant, Mais
lorsque je badinais un peu en demandant au député s'il voulait
franciser les Etats-Unis, c'est que, quelle que soit l'ampleur ou l'amplitude
du programme, il sera toujours relativement modeste.
Cela fait partie évidemment d'une meilleure compréhension
du Québec, de ses institutions, de sa langue, de sa culture que
d'inviter ainsi des jeunes, à l'extérieur du Québec,
à venir mieux connaître le Québec et en même temps
devenir des ambassadeurs de ce qu'est le Québec. C'est en ce
sens-là, je crois, que c'est une expérience valable. Mais, quels
seront les fonds que le gouvernement ajoutera aux disponibilités
actuelles, je ne suis pas en mesure d'aller plus loin que l'année
présente quant aux disponibilités budgétaires.
M. MASSE (Montcalm): Dans les échanges avec la Louisiane,
à plusieurs reprises, dans les journaux et dans les conférences,
il a été question de rapports en matière industrielle.
Est-ce qu'il y a eu des développements de ce
côté-là?
M. LEVESQUE: D'accord.
M. MASSE (Montcalm): Soit dans le domaine de la pétrochimie ou
dans le domaine des pêcheries?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas très bien compris la question.
M. MASSE (Montcalm): A l'intérieur des échanges avec la
Louisiane, à plusieurs reprises, il a été publiquement
question d'échanges en matière d'industrie,
particulièrement la pétrochimie ou en matière de
pêcherie, particulièrement dans le domaine des crevettes. Est-ce
qu'il y a eu des échanges?
M. LEVESQUE: J'ai mentionné tout à l'heure la mission
dirigée par le ministre des Richesses naturelles, et je sais que du
côté des pêcheries, il y a également eu, dans le
passé, certaines visites industrielles, relativement à la
pêche aux crevettes.
M. MASSE (Montcalm): En dehors de ces missions-là, est-ce qu'il y
a eu des faits concrets qui se sont développés depuis ce
temps-là?
M. LEVESQUE: Pas à ma connaissance.
M. MASSE (Montcalm): Il faudrait poser ça à la commission
de l'industrie?
M. LEVESQUE: Les Richesses naturelles d'une part et ministère de
l'Industrie de l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...Richesses naturelles.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Est-ce que les postes de commissaire général
adjoint, de directeur général de la coopération et de
directeur de la coopération technique sont maintenant pourvus?
M. LEVESQUE: Côté économique, le concours est
lancé. Il est fait. La Fonction publique va nous faire rapport. Du
côté technique, la nomination est faite.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut avoir le nom du titulaire?
M. LEVESQUE: M. Raymond Bégin.
M. LAURIN: Celle du commissaire général adjoint?
M. LEVESQUE: Le poste est occupé par intérim par M. Denis
Vaugeois.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre a l'intention
d'intéresser les organismes socio-économiques à ces types
d'échanges, comme les chambres de commerce, l'Association des patrons au
Québec? Est-ce qu'ils participent à des commissions ou à
des missions?
M. LEVESQUE: Toute notre action porte dans cette direction, ça se
fait couramment.
M. MASSE (Montcalm): Il y a un comité ad
hoc qui siège actuellement. Qui est représentant des
chambres de commerce?
M. LEVESQUE: Non, il n'y a pas de comité. C'est sur la base des
programmes.
M. MASSE (Montcalm): Comment leur présence joue-t-elle dans votre
action, s'il n'y a pas de comité ou de commission?
M. LEVESQUE: Par consultation.
M. MASSE (Montcalm): Par échange de lettres directement avec la
chambre de commerce?
M. LEVESQUE: Rencontres.
M. MASSE (Montcalm): Mais, personne n'est désigné du
côté patronal?
M. LEVESQUE: On n'a pas d'agent de liaison avec les chambres de
commerce, c'est la nature des programmes qui détermine les
rencontres.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'ils ont eu officiellement des
représentants dans ces missions-là?
M. LEVESQUE: Officiellement? M. MASSE (Montcalm): Oui.
M. LEVESQUE: Dans le choix des stagiaires, on consulte les
organismes.
M. MASSE (Montcalm): Dans le choix des stagiaires.
M. LEVESQUE: De ceux qui font partie des missions.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que vous leur avez demandé dans une
lettre officielle leurs suggestions ou leur idée concernant les zones
industrielles?
M. LEVESQUE: J'ai dit qu'il y avait des rencontres, il y avait
consultation, ils nous font des suggestions et nous suivons ces suggestions,
autant que possible. Alors, qu'est-ce que vous voulez de plus? Voulez-vous
qu'on écrive?
M. MASSE (Montcalm): Je voudrais quelque chose de plus. Pouvez-vous
donner un exemple de suggestion qui a été apportée par la
chambre de commerce?
M. LEVESQUE: Pardon?
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que vous avez vous dites qu'il y a eu
des suggestions des propositions faites, est-ce qu'on peut
connaître la teneur de ces propositions?
M. LEVESQUE: On me donne l'exemple de la Chambre de commerce
France-Canada à Paris où nous avons un stagiaire en
permanence.
M. MASSE (Montcalm): Je parlais à l'intérieur des
programmes de l'Amérique surtout. On dit qu'il y a aussi une
possibilité de coopération économique avec la Louisiane.
Je demande si les organisme socio-économiques du Québec jouent un
rôle à l'intérieur de cela. Vous nous dites que oui. Vous
dites que vous suivez leurs recommandations. Je veux connaître ces
recommandations pour pouvoir juger si vous les suivez.
M. LEVESQUE: J'ai donné l'exemple de la France. Mais avec la
Louisianne, ce n'est pas le cas présentement.
M. MASSE (Montcalm): Ne croyez-vous pas que cela serait un bon moyen
d'amener les dirigeants économiques du Québec à comprendre
l'intérêt de ces programmes de coopération qui ne sont pas
uniquement culturels mais aussi économiques, en les faisant participer
à l'élaboration de ces programmes?
M. LEVESQUE: Les échanges ne visent pas seulement la question de
la langue. Ils peuvent comporter d'autres aspects. Ce sont toutes des
suggestions dont nous prenons note.
M. MASSE (Montcalm): A plusieurs reprises, on blâme le
ministère du fait que ses programmes sont souvent à incidence
culturelle et laissent de côté l'économique. Cela serait
une bonne réponse du ministère que de tenter, non pas
d'intégrer ces groupes, mais de les faire participer à
l'élaboration des politiques. Ils en comprendraient l'utilité et
pourraient toucher du doigt, également, l'intérêt qu'ils
ont.
M. LEVESQUE: On comprendra, quand on parle de la Louisiane...
M. MASSE (Montcalm): Je parle de l'ensemble de l'Amérique: la
Louisiane, le Maine, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick.
M. LEVESQUE: ... que c'est le côté culturel qui nous a
amenés à avoir des échanges avec la Louisiane, notre
présence à Lafayette. C'est beaucoup plus le côté
culturel. Pourquoi, la Louisiane...
M. MASSE (Montcalm): Je ne veux pas donner un cours d'histoire au
ministre. Mais je ne suis pas certain que ce ne sont pas aussi les questions
économiques, particulièrement dans le domaine... des
pêcheries.
M. LEVESQUE: Les deux. Mais pourquoi la Louisiane, en particulier, dans
ce programme?
M. MASSE (Montcalm): Parce que vous re-
prenez l'exemple de la Louisiane. Alors j'attire votre attention sur le
fait que ce ne sont pas uniquement les questions culturelles qui ont
amené le Québec à avoir un programme de coopération
avec la Louisiane mais au contraire, c'est peut-être le secteur dans
lequel il y avait le plus d'incidences économiques. A plusieurs
reprises, on revient avec cette accusation, faite, dans la région de
Montréal ou ailleurs, du peu d'intérêt pour les secteurs
économiques. Il serait tout à fait sain et normal que le
ministère réagisse de façon positive à ces
critiques, en permettant à ces gens de faire valoir leur point de
vue.
M. LEVESQUE: On me dit que nous serons obligés de quitter la
salle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes au ministère des "voyages".
Relations avec l'extérieur.
M. LEVESQUE: Dans la répartition du budget, les dépenses
de 71/72, une somme de $823,974 a été consacrée
particulièrement aux questions techniques, économiques et
scientifiques.
M. MASSE (Montcalm): Dans quel genre de programme?
M. LEVESQUE: Dans l'ensemble des programmes.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais quel type de programme? Est-ce que vous
avez un exemple de programme?
M. LEVESQUE: Nous allons ajourner parce que... Si vous désirez
une liste, nous vous la donnerons.
M. MASSE (Montcalm): Vous dites qu'il y a $823,974 concernant les
programmes économiques. Je demande quel type de programmes. Je pense
bien que c'est une question d'intérêt public.
M. LEVESQUE: Le député semble ne pas avoir passé
par le ministère des Affaires intergouvernementales avec ses
questions.
M. MASSE (Montcalm): Ce que je comprends, c'est que le ministre...
M. LEVESQUE: Imaginez. Le député devrait savoir qu'il y a
une liste très longue de toutes les missions d'ordre économique
qui touchent tous les détails. Il s'agit de machines pour l'industrie
laitière; il s'agit d'expériences.
M. MASSE (Montcalm): A l'intérieur...
M. LEVESQUE: ... aussi variées qu'on puisse imaginer. On dirait
que le député de Montcalm...
M. MASSE (Montcalm) : A l'intérieur des accords techniques avec
la France, le montant de $823,974 fait probablement partie de l'ASTEF. Mais je
demeure toujours à l'intérieur des programmes de
l'Amérique. Est-ce que ce montant de $823,974 est pour l'ASTEF ou pour
les programmes de l'Amérique?
M. LEVESQUE: C'est l'ensemble des programmes.
M. MASSE (Montcalm): C'est l'ensemble des programmes. Quelle est la
fonction concernant l'Amérique?
M. LEVESQUE: Il y a, à côté de ces chiffres, du
côté culturel, $299,443 et du côté de
l'éducation, $1,454,322 qui ont été consacrés l'an
dernier à l'ensemble de l'expérience.
M. MASSE (Montcalm): Est-il possible au ministre de décortiquer
pour savoir, sur le plan de l'Amérique, quelle est la proportion de ce
budget? A l'intérieur de cette proportion, quelle est l'incidence
économique? Quels sont les types de programme économique qui
existent entre le Québec et les autres coins de l'Amérique?
M. LEVESQUE: On ne peut pas visualiser ça dans le journal des
Débats, mais il y a environ deux volumes de quatre pouces
d'épaisseur qui donnent en détails... Le député
devrait savoir que c'est impossible dans une commission comme celle que nous
avons présentement, de faire 1'énumération de toute
l'expérience de coopération au cours de l'année 71/72.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre va admettre que je demande des
pourcentages. Je ne demande pas nécessairement la liste, je demande le
pourcentage qui est consacré au secteur Amérique dans les
échanges économiques qui sont particulièrement
massés avec la France, d'accord. Mais le ministre devrait savoir quel
est le pourcentage des échanges intérieurs avec
l'Amérique.
M. LEVESQUE: $67,000 pour la coopération
nord-américaine.
M. MASSE (Montcalm): $67,000 pour la coopération
nord-américaine.
M. LEVESQUE: Uniquement la coopération.
M. MASSE (Montcalm): La coopération économique?
M. LEVESQUE: Economique et technique.
M. MASSE (Montcalm): Economique et technique. Sur ces $67,000, quelle
est la proportion entre l'Ontario et la Louisiane?
M. LEVESQUE: L'Ontario: $50,000 et la Louisiane: $17,000.
M. MASSE (Montcalm): Bon, on va finir par le savoir. Alors, les $17,000
de la Louisiane... Si vous laissiez parler vos fonctionnaires, on pourrait
peut-être avoir les réponses plus vite.
M. LEVESQUE: Des questions comme celles-là, franchement...
M. MASSE (Montcalm): C'est pour ça... Ce que je veux savoir,
c'est quelle est l'importance qu'accorde le gouvernement au secteur
économique dans les échanges. C'est ça qui est la question
de fond.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, mais j'aimerais quand même faire
remarquer... Je m'excuse, j'ai été absent un bout de temps, et je
pense que le président qui m'a remplacé tantôt a
appelé la catégorie 1 du sous-article 1 de l'article 3. Et pour
les mêmes réticences que j'avais tantôt, que j'avais
mentionnées et expliquées au député de Montcalm je
m'aperçois qu'on a parlé de budget de $800,000 etc. Quant
à moi, la catégorie 1 commande un budget de $266,000.
Je pense qu'on saute, à ce moment-ci, d'un endroit à un
autre.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, nous ne sommes pas
rendus au sous-article 1, mais â la catégorie 1 :
Administration.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse.
M. LEVESQUE: Pour répondre, parce qu'on doit quitter
malheureusement j'aurais aimé aller plus loin. Il ne faut pas oublier,
dans ces considérations d'ordre économique, la présence du
Québec en dehors de ces programmes de coopération, la
présence du Québec dans divers endroits où nous sommes
représentés, aux Etats-Unis, par exemple. Il ne faut pas oublier
les bureaux de Los Angeles, de Dallas, de Chicago, de Boston; notre
délégation générale à New York, notre bureau
de Lafayette.
Il ne faut pas oublier que toute cette représentation et tous ces
efforts qui sont faits par le Québec à ces divers postes
contribuent encore à la présence du Québec sur la
scène nord-américaine.
M. MASSE (Montcalm): Oui...
M. LEVESQUE: Et particulièrement dans le domaine
économique.
M. MASSE (Montcalm): Oui, je suis parfaitement d'accord que les bureaux
économiques assurent la présence du Québec. Mais, les
$17,000, c'est un programme particulier des Affaires intergouvernementales.
M. LEDUC: M. le Président, je voudrais suggérer
l'ajournement de la séance.
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement de la commission, la commission
ajourne ses travaux sine die.
M. LEDUC: Merci, M. le Président. (Fin de la séance
à 12 h 4)
Seance du jeudi 8 juin 1972 (Dix heures quinze
minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Il y a quelques changements: M. Houde, député de Fabre,
remplace M. Choquette, député d'Outremont; M. Paul,
député de Maskinongé, remplace M. Loubier,
député de Bellechasse. Le rapporteur sera M. Houde du
comté de Fabre. Je m'excuse. M. Houde, député de Fabre,
remplace M. Parent, député de Hull.
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Chicoutimi m'avait demandé, hier, de donner des renseignements quant
à la catégorie 4 de chacun des articles. Il s'agit de services
professionnels, administratifs et autres. Je pense que, même, le
député de Montcalm avait...
M. MASSE (Montcalm): Pour une fois, ce n'était pas moi.
M. LEVESQUE: Non?
M. MASSE (Montcalm): Non.
M. LEVESQUE: La façon dont...
M. MASSE (Montcalm): Les services professionnels, cela m'inquiète
rarement, si vous voulez savoir.
M. LEVESQUE: Bon.
M. PAUL: Parce qu'il est loin d'être professionnel, même
comme député, M. le Président !
M. LEVESQUE: Cela part, ce matin.
M. MASSE (Montcalm): Cela commence bien, ce matin !
M. LEVESQUE: Alors, je n'ai pas d'objection à le lire. Mais
disons que c'est assez fastidieux. Le document a sept pages. Je puis vous
transmettre une copie à chacun des partis. Vu le
désintérêt manifeste du député de Montcalm,
on s'en tiendra à quatre copies!
M. MASSE (Montcalm) : On comprendra le désintéressement
à cause des raisons de la question.
M. PAUL: Si c'est sérieux, M. le Président, ce n'est pas
surprenant que le député de Montcalm ne s'y intéresse
pas!
M. MASSE (Montcalm): On continue!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MASSE (Montcalm): Deuxième période. On va quand
même prendre une copie.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, est-ce que nous pouvons revenir
à l'article 1, catégorie 4?
M. LEVESQUE: Est-ce que les catégories 4, pour chacun des
articles, sont acceptées? Il manquait ce document, je pense, pour
compléter, à moins que vous ayez des questions à poser sur
ce document qui me semble assez complet.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté?
M. BOIS: Un instant, à la page 5 du document, article 3,
réceptions, est-ce que cela comprend toutes les réceptions
générales du ministère?
M. LEVESQUE: Dans le domaine de la coopération.
M. BOIS: D'accord. Conseillers experts à l'étranger,
$142,000. Page 6.
M. LEVESQUE: Vous avez les détails à la page suivante,
où vous avez les conseillers qui sont en poste dans divers bureaux du
Québec à l'étranger.
M. BOIS: Je vous remercie.
M. LEVESQUE: Au lieu d'avoir un personnel régulier et permanent,
nous recourons, pour les postes d'assistants, à des gens de la
place.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, à la page 5, l'honorable
ministre pourrait-il nous justifier cette dépense de $17,000 qui figure
à Coproductions et droits d'auteur, petits films? Est-ce que ces films
sont réalisés par l'Office du film du Québec ou si c'est
confié à l'entreprise privée?
M. LEVESQUE: Je crois que c'est l'Office du film du Québec. Cela
sert à renseigner les gens sur les occasions qu'il y a, dans le domaine
de la coopération, afin qu'ils soient au courant des programmes qui sont
envisagés. Il arrive que l'Office du film lui-même le donne en
commandite, cependant.
M. LE PRESIDENT: Les catégories 4 sont-elles adoptées?
Catégorie 4 de l'article 1, catégorie 4 de l'article 2,
catégories 4 de l'article 3, sous-articles 1 et 2 et la catégorie
4 de l'article 4. Adopté.
Nous revenons, à ce moment-ci, à l'article 3, sous-article
1, catégorie3.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, il y
avait d'autres questions. Je ne sais pas si le ministre a des
réponses à fournir.
M. LEVESQUE: Au sujet de l'école nationale de
théâtre. L'école nationale de théâtre, qui a
été fondée en 1961, par M. Jean Gascon, est sans doute le
sujet qui avait été abordé hier. Les problèmes qui
se posent, du point de vue intergouvememental et interministériel, sont
nombreux et complexes. Quel est le statut de l'Ecole nationale de
théâtre? S'agit-il d'une école? Si oui, peut-il y avoir,
dans le contexte canadien actuel, une école nationale bilingue et
biculturelle? Cette école devrait-elle relever, de plus, des Affaires
culturelles ou de l'Education? Cette école, enfin, ne devrait-elle pas
être reliée au Conservatoire d'art dramatique de
Montréal?
Il y a plusieurs questions qui se posent. Quant aux subventions, on peut
se demander si toutes les subventions que reçoit l'ENT ne devraient pas
être acheminées par le truchement du gouvernement
québécois. Nos fonctionnaires étudient présentement
ce dossier entre eux et avec les autorités fédérales et
les autres autorités concernées pour en arriver à une
solution satisfaisante pour tous et qui soit conforme à la constitution
actuelle du Canada, selon laquelle l'éducation est un sujet de
compétence exclusivement provinciale.
M. LAURIN: Est-ce que les difficultés semblent en voie
d'être résolues? C'est à peu près le même
rapport qu'on nous avait fait l'an dernier.
M. LEVESQUE: On me dit qu'il n'y a pas eu de progrès au cours de
la dernière année dans ce dossier.
Pour ce qui est du Collège militaire royal de Saint-Jean, au mois
de mars 1969, le ministère de la Défense nationale a saisi le
gouvernement du Québec d'un projet visant à permettre aux
étudiants officiers de compléter leurs études
universitaires en français au Collège militaire royal de
Saint-Jean et d'obtenir qu'elles soient sanctionnées par un
diplôme de l'Université du Québec. Les autorités
québécoises ont indiqué leur intérêt pour ce
projet.
Pendant de nombreux mois, de mars 1969 à mars 1971, les deux
gouvernements, tout en souscrivant à l'objectif visé, n'ont pu
s'entendre sur les moyens de l'atteindre. Devant ce fait, le ministre de
l'Education a alors suggéré que l'Université de Sherbrooke
examine la possibilité de conclure un accord avec le Collège
militaire royal de Saint-Jean. Le 26 avril 1971, était signé le
contrat d'affiliation du Collège militaire royal de Saint-Jean à
l'Université de Sherbrooke. Ce contrat était en vigueur pour une
année et peut être renouvelé le 1er juin 1972.
En vertu de ce contrat, l'Université de Sherbrooke exerce un
contrôle presque complet sur le régime scolaire du collège
militaire. Par ailleurs, le financement de ce dernier est assumé
directement par le ministère de la Défense nationale.
L'université exerce, toutefois, un contrôle indirect sur le
financement du collège, en approuvant les programmes d'études,
ainsi que l'admission des élèves et des professeurs.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'actuellement, au collège de
Saint-Jean, il y a les classes terminales ou si, selon l'ancien système,
ils doivent aller à Kingston pour terminer les deux dernières
années?
M. LEVESQUE: Les officiers qui sont majoritairement francophones, qui
désirent avoir un diplôme universitaire, devraient... Pardon?
M. MASSE (Montcalm): Le problème qui se posait, c'est que, sur un
cours de quatre ans, les étudiants font deux ans à Saint-Jean et
devraient aller terminer à Kingston.
Une des demandes était d'avoir une école terminale â
Saint-Jean, c'est-à-dire que le bloc des quatre années puisse se
faire à Saint-Jean, donc en majorité des cours de langue
française.
M. LEVESQUE: On m'informe que ce sera maintenant terminal à
Saint-Jean même.
M. MASSE (Montcalm): Alors, c'est en voie de réalisation, pas
actuellement?
M. LEVESQUE: C'était prévu en vertu du contrat.
M. MASSE (Montcalm): Cela va se réaliser, mais ça ne l'est
pas encore, je ne pense pas, en 1971-1972.
M. LEVESQUE: Le contrat est en vigueur.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais la promotion de cette année a fait
quatre années à Saint-Jean? Je ne crois pas.
M. LEVESQUE: Oui, mais il est entendu qu'il faut finir le programme.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. Alors actuellement ils vont encore
à Kingston, mais il est prévu que les quatre années seront
à Saint-Jean.
M. LEVESQUE: Oui C'est ce qu'on me dit du moins. Je n'ai pas vu le
contrat personnellement.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. PAUL: Les nouveaux élèves peuvent
bénéficier des avantages de ce cours de quatre années et
avoir un cours terminal à Saint-Jean.
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. BOIS: Est-ce que le brevet universitaire donné est strictement
un brevet de génie ou bien s'ils peuvent aller en médecine ou en
droit?
M. LEVESQUE: Il y a quelques disciplines en plus comme les sciences
humaines, administration, etc.
M. LAURIN: Pour revenir juste un instant à l'ENT, M. le
Président, s'il n'y a pas eu de progrès dans le dossier, est-ce
que les subventions â l'école continuent à être
versées exactement comme auparavant selon les mêmes
proportions?
M. LEVESQUE: On revient à l'autre question.
On m'informe que le ministère des Affaires culturelles a
versé $25,000 cette année en précisant que c'était
pour cette année, sans préjuger de l'avenir.
M. LAURIN: Est-ce que le gouvernement fédéral apporte sa
part, lui aussi, pour le même montant?
M. LEVESQUE: La subvention fédérale serait
substantiellement plus élevée.
M. LAURIN: Plus élevée.
M. LEVESQUE: Nous donnons une subvention indirecte dans le fait que les
locaux sont une ancienne cours du Bien-Etre social et ça coûte $1
par année à l'Ecole nationale de théâtre. Cela
équivaut à une subvention de $93,000 si on veut évaluer le
loyer.
M. LAURIN: Et les difficultés qui persistent concernent le
statut?
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Alors la catégorie 1 est adoptée. La
catégorie 3.
M. LEVESQUE: J'avais d'autres réponses. Les écoles au
Nouveau-Québec.
Depuis le 23 septembre 1971, le ministère de l'Education du
Québec et celui des Affaires indiennes et du Nord canadien ont
formé un groupe de travail, composé de hauts fonctionnaires, pour
discuter et coordonner leurs activités en éducation sur
l'ensemble du territoire du Québec, sans qu'il soit fait état de
transfert d'administration ou de répartition constitutionnelle. A
l'intérieur de ce groupe de travail, les fonctionnaires règlent
pièce par pièce quatre principaux types de problèmes: la
normalisation des ententes entre le ministère des Affaires indiennes et
du Nord canadien et les commissions scolaires; les relations entre les
professeurs fédéraux et provinciaux au Nouveau-Québec;
l'adaptation des programmes scolaires aux po- pulations autochtones et la
formation des professeurs indiens.
Pour l'ensemble des problèmes, les négociations
fédérales-provinciales portent sur des modalités
administratives et non sur des transferts de compétence ou des principes
constitutionnels. L'action du ministère de l'Education est très
solidement engagée et plusieurs des problèmes soulevés
sont en voie de règlement. De l'avis du ministère de l'Education,
cela fonctionne très bien.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le gouvernement fédéral a
encore des écoles et donne encore des cours? Est-ce qu'il a obtenu un
permis du ministère de l'Education?
M. LEVESQUE: L'intégration serait en voie de se faire sur le plan
administratif, mais je ne peux pas aller plus au fond des choses. On me dit
qu'il y a encore un double réseau, mais que, de plus en plus, le
Québec intègre ces écoles.
M. MASSE (Montcalm): Vous ne savez pas s'ils ont obtenu un permis du
ministère de l'Education pour donner des cours? La Loi de l'enseignement
au Québec oblige toute institution autre que le gouvernement a obtenir
un permis et à faire approuver ses programmes.
M. LEVESQUE: Non, c'est un peu la réponse que j'ai donnée
hier sur le fond des questions sectorielles, et je n'aimerais pas aller plus
loin, malgré qu'on me dise que la réponse s'y trouvait. Dans ma
réponse, je disais qu'à l'intérieur de ce groupe de
travail les fonctionnaires règlent pièce par pièce les
principaux types de problèmes.
M. MASSE (Montcalm): C'est une négociation sectorielle
plutôt que globale.
M. LEVESQUE: Elle est peut-être pragmatique aussi.
M. MASSE (Montcalm): Il faudrait peut-être revenir à de la
négociation globale, puisque la négociation sectorielle semble
avoir échoué.
M. LEVESQUE: Quelquefois, on réussit mieux lorsqu'on prend la
méthode pragmatique.
M. MASSE (Montcalm): Enfin, on va laisser faire le ministre pendant un
an et on lui posera la même question l'an prochain.
M. LEVESQUE : Posez-la donc au ministère de l'Education.
M. MASSE (Montcalm): Oui, on fera cela également.
M. LEVESQUE: Quand vous voudrez vous faire nommer à une
commission, on va suggérer celle de l'Education.
M. MASSE (Montcalm): Vous m'autoriserez facilement?
M. LEVESQUE: Il y a également... Il y a une porte ouverte
à côté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce ne sont pas les portes
ouvertes qui manquent.
M. LEVESQUE: Non.
M. PAUL: Pour lui, il est difficile d'y rester, cependant, une fois
entré.
M. MASSE (Montcalm): Il y a des gens qui parlent
d'expérience.
M. LEVESQUE: Sur le rôle de l'Office de la langue
française, je répondrai au député de Chicoutimi qui
a posé la question hier. Je sais que le député de
Maskinongé va rapporter à son collègue ma réponse
quant au rôle de l'Office de la langue française en ce qui a trait
au programme fédéral de bilinguisme en éducation.
M. PAUL: Si je comprends bien, cela n'a pas été
laissé à la compétence de madame le ministre des Affaires
culturelles. Le problème de la langue est resté à
l'Education.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas voulu entrer dans les détails sectoriels
hier, mais j'ai accepté, avec toute la bonne volonté que l'on me
connaît, d'obtenir les renseignements des secteurs et de donner les
réponses aux questions précises qui avaient été
posées.
Aucune province n'a fait appel aux services de l'Office de la langue
française pour la mise en oeuvre du programme fédéral de
bilinguisme en éducation, notamment pour la partie de ce programme
concernant l'enseignement des langues, c'est-à-dire, à
l'extérieur du Québec, l'enseignement en français aux
minorités francophones et du français aux anglophones.
Par conséquent, l'office n'a joué aucun rôle
à ce jour à l'égard de ce programme.
Dans le domaine du bilinguisme, son action consiste essentiellement
à favoriser l'enseignement du français aux anglophones
travaillant dans des entreprises du Québec.
Les crédits affectés à cette fin font partie du
budget de la Direction générale de l'éducation permanente,
au ministère de l'Education.
Je peux remettre le reste du dossier au député de
Maskinongé qui en fera part au député de Chicoutimi.
M. PAUL: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela complète votre réponse,
M. le ministre?
M. LEVESQUE: Je pense que le député de Montcalm posait des
questions précises hier sur la coopération
Québec-Nouveau-Brunswick,
Québec-Louisiane, Québec-Ontario. J'ai le détail de
ces programmes. Je vais simplement les lui remettre.
M. MASSE (Montcalm) : Pourriez-vous les donner pour les enregistrer au
journal des Débats?
M. LEVESQUE: C'est parce que ce sont des tableaux.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LEVESQUE: Si le député veut m'indiquer ce qu'il veut
avoir, je suis prêt à le lui dire.
M. MASSE (Montcalm): Cela va comme ça.
M. LEVESQUE: Le député de Rouyn-Noranda nous avait
parlé de divers comités fédéraux-provinciaux et
nous avait suggéré d'en déposer la liste. Alors, les deux
listes ci-jointes que je vous remets ont été compilées en
1967, respectivement par la commission Burns et par M. Gérard Veilleux
de notre ministère.
Ces relevés ne sont plus à jour. Certains comités
ont disparu. D'autres ont été créés. On aura
cependant, en les consultant, une bonne idée du nombre et de la nature
des comités intergouvernementaux. La direction générale
des relations fédérales-provonciales a entrepris, depuis quelques
semaines, une étude des mécanismes intergouvernementaux. A cette
fin, un inventaire systématique des réunions et comités a
été commencé. A la fin du mois, une liste
révisée et complète des comités qui existent
actuellement sera disponible.
C'était en toute amitié.
M. BOIS: Je comprends, même si le ministre ne semble pas
reconnaître les décisions du président de
l'Assemblée nationale.
M. MASSE (Montcalm): J'aurais quelques questions. De toute façon,
nous en étions là dans la discussion, soit sur la question de
coopération Québec-Amérique.
Dans les documents que vous m'avez remis, je m'en tiens uniquement
à la Louisiane, il ne semble pas y avoir eu de mission ou de
continuation dans la recherche d'une coopération en matière de
pêcherie, particulièrement les crevettes et les crabes. Est-ce
que...
M. LEVESQUE: La Louisiane?
M. MASSE (Montcalm): Oui. Est-ce que c'est tout simplement parce que les
contacts ont été discontinués, dans le sens qu'il n'y a
pas moyen d'avoir une coopération ou parce qu'elle n'apparaît pas
dans les documents que vous m'avez remis?
M. LEVESQUE: Alors, on m'informe que la difficulté provient d'un
climat complètement
différent et que l'expérience a prouvé que les
conclusions que l'on peut tirer à un endroit ne sont pas
nécessairement celles qui s'appliquent à l'autre,
particulièrement dans le domaine des crustacés. Il y a des
différences telles, dans la température de l'eau, dans le climat,
dans l'écologie, que cela ne peut pas se comparer et que les
expériences ne seraient pas de nature concluante pour l'une ou l'autre
des parties.
M. MASSE (Montcalm): Cela, si je comprends bien, cela va pour...
M. LEVESQUE: D'ailleurs, on le sait. Ceux qui ont l'occasion, comme,
sans doute, le député de Montcalm, de visiter ces côtes de
la Louisiane,...
M. MASSE (Montcalm): Entre autres.
M. LEVESQUE: Entre autres! ... savent qu'il y a, chez les
crustacés, des différences assez visibles, même pour
l'amateur. Lorsque l'on parle, par exemple, du homard de la Floride et que l'on
parle du homard du Maine, on a une différence de constitution...
M. MASSE (Montcalm): Les crustacés sont comme les politiciens:
Ils ne sont pas tous de la même couleur, même s'ils viennent de la
même région!
M. LEVESQUE: Ce n'est pas tellement la couleur, c'est la forme.
M. MASSE (Montcalm): On peut faire une discussion de fond mais ce serait
hors du sujet, M. le Président. Pour revenir à la question, vous
avez raison pour ce qui touche la cueillette des crustacés. Mais je
pense qu'il devrait y avoir une exploration de possibilités de
coopération dans le domaine de la conservation des crustacés ou
du "marketing". Je pense que c'est surtout pour la question du "marketing", la
question du marché, que ce soit pour nous de l'exportation ou en
s'associant à des firmes de cette région qui contrôlent une
partie du marché des crustacés à travers le monde, qu'il
pourrait y avoir pour nous intérêt à une
coopération.
M. LEVESQUE: Nous, nous sommes à la disposition du
ministère sectoriel. Si le ministère de l'Industrie et du
Commerce, qui est responsable de la Direction des pêcheries maritimes,
nous indique son désir de participer à une expérience ou
d'avoir, de notre part, une participation quant au "marketing", si le
ministère indique, par exemple, qu'il voudrait avoir une association
entre les producteurs québécois et les gens en "marketing" aux
Etats-Unis, nous sommes là. D'ailleurs, notre bureau de Boston s'occupe
particulièrement de cet aspect des choses. Beaucoup de producteurs
québécois sont en relations directes avec tout le système
américain de la mise en marché, particulièrement par le
bureau de Boston.
M. MASSE (Montcalm): Oui, oui.
M. LEVESQUE: Si le ministère indique un autre
intérêt, il n'y a pas de doute... J'ai eu l'occasion de porter un
peu les deux chapeaux, même simultanément.
M. MASSE (Montcalm): Justement, vous pourriez facilement leur faire des
suggestions.
M. LEVESQUE: Il n'y a pas de problème de ce
côté.
M. MASSE (Montcalm): Enfin, ne poursuivons pas trop l'étude de ce
point. Est-ce que le ministre est au courant de l'action du gouvernement
fédéral en Louisiane?
M. LEVESQUE: En Louisiane?
M. MASSE (Montcalm): L'action du gouvernement fédéral par
rapport à l'action du Québec en Louisiane. Les types de
programmes.
M. LEVESQUE: Ce sont les relations ordinaires avec le consulat, etc.
M. MASSE (Montcalm): Ils n'ont pas de programmes spécifiques
à la suite de l'action du Québec?
M. LEVESQUE: Disons que j'en aurais assez de répondre aux
questions qui relèvent du gouvernement du Québec. Quant au
gouvernement fédéral...
M. MASSE (Montcalm): Vous eussiez pu être au courant.
M. LEVESQUE: ... je comprends l'intérêt qui commence
à percer du côté du député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): C'est que j'ai lu le discours du ministre des
Affaires sociales d'avant-hier et celui du ministre de l'Education, hier.
M. LEVESQUE: Pardon?
M. MASSE (Montcalm): J'ai lu les discours de vos collègues du
cabinet. C'est pour cela que je voulais connaître l'opinion du ministre
des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: Nous, nous avions vu votre photographie et nous pensions
que vous aviez un intérêt du côté de M. Standfield.
C'est tout.
M. MASSE (Montcalm): Vous savez, on la voit â tellement
d'endroits, ma photo! Il ne faudrait pas que le ministre s'inquiète
outre mesure.
M. LEVESQUE: Non?
M. PAUL: Je ferai remarquer au ministre que c'était une
photographie funéraire. Mais cela ne fait rien. Je vois un avenir
très brillant pour mon bon ami, le député de Montcalm,
surtout s'il peut regarder dans ma région.
M. MASSE (Montcalm): Voyez comme il y a des portes, M. le ministre !
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je pense que nous pourrions
revenir à l'étude des crédits du ministère.
M. MASSE (Montcalm): A moins qu'il n'y ait d'autres questions concernant
la Lousiane, je vais en demeurer là pour cette année, permettant
au ministre d'approfondir son dossier et peut-être de se renseigner.
M. LEVESQUE: Non. Je ne veux pas entrer dans les dossiers sectoriels
comme maître d'oeuvre.
M. MASSE (Montcalm): Celui-là, c'est le vôtre.
M. LEVESQUE: Lorsque vous avez parlé des crevettes et des
crustacés, vous êtes entré exactement dans le domaine du
ministère de l'Industrie et du Commerce, soit la Direction
générale des pêches. Je ne crois pas que ce soit le
rôle du ministère des Affaires intergouvernementales d'entrer dans
le contenu d'un autre ministère. On peut entrer dans le contenu
jusqu'à un point qui touche les relations
fédérales-provinciales elles-mêmes, mais tenter de savoir
si les crevettes de tel endroit devraient être implantées au
Québec, cela ne nous regarde pas. C'est le ministère sectoriel
qui a des biologistes, qui a des gens compétents dans ce domaine, qui
nous dira si, oui ou non, il a besoin de nos services. Nous sommes au service
des ministères.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je le dis sans
méchanceté. Je ne veux pas partir une discussion à
côté du sujet. Le ministère n'est pas uniquement
passif.
M. LEVESQUE: Au contraire, lorsqu'on a parlé du bilan, nous ne
sommes pas passifs. On vient de le dire: Lorsque vous étiez au
ministère des Affaires intergouvernementales, si vous aviez pris les
dispositions que nous prenons aujourd'hui, nous serions beaucoup plus
avancés dans la question du dossier et du bilan. Tous les dossiers
seraient compilés. Nous aurions passé la phase de
l'évaluation.
M. MASSE (Montcalm): Je pourrais vous répondre facilement.
M. LEVESQUE: Nous en serions à la phase de l'action réelle
et concrète.
M. MASSE (Montcalm): Si vous avez pu faire le bilan, c'est qu'il y en
avait eu un autre avant. Si, aujourd'hui, le ministère des Finances peut
poursuivre une étude sur les subventions...
M. LEVESQUE: Que voulez-vous? Je ne suis pas ici pour faire des
reproches au député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Justement, c'est pour cela qu'il ne faut pas le
faire. Il reste que c'est le ministère des Affaires
intergouvernementales qui a la connaissance des possibilités qu'il peut
y avoir de coopération, pour le Québec, en Louisiane. C'est donc
lui qui doit faire comprendre l'intérêt qu'il y aurait au
ministère sectoriel d'enreprendre un programme dans tel ou tel domaine.
C'est dans ce sens que le rôle du ministère n'est pas uniquement
d'attendre les commandes des ministères sectoriels, mais de faire la
promotion des possibilités de coopération.
M. LEVESQUE: Il est entendu que cela se fait dans les deux sens. Lorsque
nous prenons connaissance d'une situation qui nous paraît
intéressante pour l'un ou l'autre des ministères sectoriels, ne
vous imaginez pas que nous n'en faisons pas part aux ministères
sectoriels. Mais je tiens à souligner que je préfère que
la discussion du contenu, du fond de la question, soit faite lors de
l'étude des crédits du ministère en question. C'est
tout.
M. MASSE (Montcalm): Si vous me le permettez, M. le Président,
nous pourrions passer à d'autres programmes. Quels sont les autres
programmes qui sont couverts par cette direction générale? Nous
en sommes à l'article 2, Direction générale des relations
fédérales-provinciales.
M. LEVESQUE: Non, non. C'est adopté.
M. MASSE (Montcalm): A la Direction générale de la
coopération. Je m'excuse. Quels sont les autres types de programmes dont
le ministère est maître d'oeuvre, pour ce qui est, au moins, de la
conception?
M. LEVESQUE: M. le Président, le député est au
courant des divers programmes de coopération, en particulier, de la
coopération avec la France, qui requiert la majeure partie des
crédits que nous étudions présentement. Ce serait une
répétition de reprendre le détail de tout ce programme de
coopération. J'ai indiqué, hier, qu'il y avait deux volumes de
quelques pouces d'épaisseur.
M. MASSE (Montcalm): Y a-t-il eu de nouveaux programmes instaurés
ou proposés dans le cours de l'exercice financier?
M. LEVESQUE: Voici quelques chiffres qui pourraient, peut-être,
vous donner l'ordre de grandeur.
Pour les accords franco-québécois, les dépenses
l'an dernier ont été de $2.5 millions. Nous prévoyons
cette année $2,897,000. Pour les pays en voie de développement,
nous avons le même budget, mais les dépenses réelles l'an
dernier ont été de $350,000. Nous prévoyons $448,000 pour
l'année courante. En Louisiane, $37,750 au budget de l'an dernier et
encore au budget de cette année. En Ontario, il y a eu des
dépenses de $25,000 l'an dernier quand je parle de l'an dernier
c'est toujours 71/72 et les prévisions de cette année sont
de $49,050. Au Congo, il y a eu des dépenses de $7,000 l'an dernier et
il y a des prévisions de $9,000. Et il y a le projet Berro-Tetouan au
Maroc, qui était l'an dernier à l'OPDQ et qui est maintenant au
ministère des Affaires intergouvernementales. On prévoit une
dépense de $208,000. Ce qui fait que le budget de l'an dernier...
M. MASSE (Montcalm): C'est le programme concernant l'aménagement
des terres?
M. LEVESQUE: Oui, nous avons, je crois, 8 ou 9 techniciens agricoles que
nous avons prêtés à ce programme.
Alors que nous avions $3,339,000 pour 71/72, nous avons une somme
à peu près identique. Et si on n'inclut pas l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, nous avons $3,248,200.
M. MASSE (Montcalm): Même s'il y a une réduction de budget,
est-ce qu'on prévoit de nouveaux programmes? Il peut y avoir des
programmes qui se terminent.
M. LEVESQUE: Il n'y a pas de réduction, parce que les
dépenses effectives de 71/72 se sont élevées à
$2,673,700 au brut et $2,364,200 au net. Les crédits demandés
pour l'exercice 72/73, au brut, sont de $3,248,200 et $2,906,200 au net. Alors,
ça représente une augmentation brute de $574,700 et une
augmentation nette de $542,000.
En somme, c'est dans la perspective d'une façon réaliste
de budgétiser les dépenses prévues qu'il faut comprendre
l'écart entre les crédits autorisés pour 71/72 et les
crédits demandés pour 72/73.
M. MASSE (Montcalm): Le principal programme au point de vue du budget,
est-ce que c'est les échanges de maîtres ou si c'est dans un autre
domaine?
M. LEVESQUE: Je crois que j'ai répondu à ça hier.
Au cas où ça n'aurait pas été très bien
compris, il me semble que j'avais mentionné la répartition du
budget des dépenses par ministères. Et à ce
moment-là, à l'Education, on avait dans le budget $1,754,100; aux
Affaires culturelles, $350,000 et, aux Affaires intergouvernementales
proprement dites, $1,002,100.
M. MASSE (Montcalm): Mais je parle en termes de programmes et non pas
uniquement en termes de budget. Est-ce que le principal programme c'est les
échanges de maîtres?
M. LEVESQUE: Je vais vous donner une idée des programmes tels que
réalisés en 71/72. Evidemment, il y a plusieurs façons de
les décrire, mais si on veut les diviser de la façon suivante on
a peut-être une idée. La coopération économique
l'ACTIM, autrefois l'ASTEF, le nombre de participants en 1971, Français,
71 et Québécois, 155. En juin 1972, 29 Français et 130
Québécois dans le même programme.
Dans la coopération technique laissant l'ACTIM, on prend
les affaires étrangères recherche scientifique:
Français 26, Québécois 39. Ce sont les chiffres de 1971.
Affaires médicales: Français 56, Québécois 36.
Echanges entre ministère: 42 Français, 53
Québécois. Journalisme: 10 Français, 16
Québécois. Jeunes ingénieurs: Français, 0;
Québécois, 17. Coopérants: Français 75,
Québécois 0. C'est pour l'année 1971.
En 1972, au mois de juin, pour l'ACTIM j'avais donné les
chiffres, soit 29 Français et 130 Québécois.
Coopération technique, affaires étrangères:
Français 24, Québécois 21. Affaires médicales: 39
Français, 34 Québécois. Echanges entre ministères:
48 Français, 68 Québécois. Journalisme: 2 Français,
22 Québécois.
M. MASSE (Montcalm): Je remarque que c'est un autre programme.
M. LEVESQUE: Jeunes ingénieurs: Français, 0;
Québécois, 25; Coopérants: Français, 89;
Québécois, 0.
M. MASSE (Montcalm): Pour demeurer sur les échanges techniques
on reviendra aux jeunes maîtres puisque le ministre a
abordé les échanges techniques, il y a deux questions qui
viennent à l'esprit immédiatement. Pour quelles raisons y a-t-il
un décalage aussi marqué entre le nombre de
Québécois et le nombre de Français? Est-ce qu'il y a une
raison?
M. LEVESQUE: Dans quel domaine?
M. MASSE (Montcalm): Dans l'ensemble des chiffres que vous donnez
à l'exception de la coopération, car il est évident que
n'ayant pas de service militaire, il n'y a pas de Québécois.
Mais dans l'ensemble des chiffres que vous venez de donner il y a
immédiatement quelque chose qui saute aux yeux. C'est qu'il y a beaucoup
plus de Québécois qui se rendent en France que de Français
qui viennent ici. Est-ce qu'il y a une raison technique à ça ou
une raison d'intérêt?
M. LEVESQUE: Mais si on prend l'ensemble on s'apercevra que c'est pas
mal égal, parce qu'il
y a les coopérants qui apportent à peu près un
nombre équivalent pour équilibrer les deux colonnes, je n'ai pas
la...
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministère a favorisé
des secteurs économiques dans les échanges à
l'intérieur de sa...?
M. LEVESQUE: Cela a été voulu aussi et, lors des
réunions de la commission permanente franco-québécoise, on
a mis l'accent sur les questions économiques. On voit à la
coopération économique qu'on a 155 participants en 1971.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais est-ce que le ministère a
favorisé des secteurs à l'intérieur de la zone
économique, soit des métiers d'alimentation ou...
M. LEVESQUE: Cela a été justement la priorité qui a
été mise de l'avant lors des réunions de la commission
permanente. D'ailleurs, la commission permanente siège encore ces
jours-ci à Paris, et c'est la même priorité:
économique, technique, scientifique. Il a été question
également de la langue de travail, comme l'un des deux volets.
M. MASSE (Montcalm): Je reprends ma question; je pense que le ministre
ne l'a pas saisie. A l'intérieur des secteurs privilégiés
de l'économie, il y a quand même des secteurs qui sont des
secteurs de pointe et des secteurs faibles. Est-ce que le ministère
favorise des domaines, par exemple l'alimentation, la pétrochimie ou les
industries de transport? Est-ce qu'il y a un programme ou un projet dans ce
sens ou si c'est laissé à l'intérêt des
participants?
M. LEVESQUE: Du côté du programme ouvrier, en particulier,
on fait ce genre de travail.
M. MASSE (Montcalm): La majorité des participants viennent du
secteur des métiers par rapport au secteur professionnel?
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre a pris note de la demande des deux
ministres intéressés, M. Jean-Paul L'Allier, du Québec, et
M. Comiti, de France, à l'effet que les crédits d'échange
devraient augmenter de 5 p.c. au cours de la présente année?
Est-ce que le ministre a une opinion là-dessus? Il devrait y
avoir...
M. LEVESQUE: Il s'agissait d'un budget de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse...
M. LAURIN: Oui, je sais.
M. LEVESQUE: ... qui n'entre pas, présentement du moins, dans les
responsabilités du ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. LAURIN: Mais j'ai eu l'impression, en lisant les reportages à
l'époque, que ça débordait le cadre de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse...
M. LEVESQUE: Non, parce que la réunion portait uniquement sur
l'Office franco-québécois.
M. LAURIN: Le cadre des échanges.
M. LEVESQUE: Je crois que le député de Fabre était
présent à ces réunions, de même que M. Comiti, M.
L'Allier, et c'était uniquement dans le cadre de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse.
M. LAURIN: Est-ce l'intention du ministère d'augmenter encore le
volume des échanges?
M. LEVESQUE: C'est ce que nous prévoyons dans nos crédits
présentement comparativement aux sommes réellement
consacrées l'an dernier à ces programmes.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, continuant à
l'intérieur de ces programmes, dans les autres programmes de
coopération avec la France, pour en revenir à la question des
échanges de jeunes maîtres, est-ce que le ministre peut faire un
bilan de cette question?
M. LEVESQUE: C'est le ministère de l'Education qui administre le
programme et qui a toutes ces données.
M. MASSE (Montcalm): Les crédits sont au ministère de
l'Education, ils n'apparaissent pas dans le million?
M. LEVESQUE: Les crédits sont ici, aux Affaires
intergouvernementales, mais si le député de Montcalm veut faire
un petit effort de mémoire, il se rappellera sans doute qu'il y a des
effectifs supérieurs dans le domaine de la coopération au
ministère de l'Education.
M. MASSE (Montcalm): Ce qui a toujours posé un problème,
d'ailleurs. Il doit probablement être encore le même
aujourd'hui.
M. LEVESQUE: J'ai hérité de cette situation.
M. MASSE (Montcalm): Irritante, d'ailleurs. Dans un autre domaine, pour
laisser les échanges avec la France, mais toujours à
l'intérieur de cela, il y a un traité ou un papier quelconque
entre le gouvernement canadien et le gouvernement français en vue
d'échanges entre le Canada et la France.
A l'intérieur de ce comité mixte, est-ce que le
Québec participe soit aux discussions ou soit à des
opérations?
M. LEVESQUE: Non, il ne participe pas.
M. MASSE (Montcalm): D'aucune façon? L'accord France-Canada ne
s'applique qu'aux autres provinces?
M. LEVESQUE: On s'échange certains cahiers de travail, certains
renseignements, certaines informations mais nous ne siégeons pas au
comité.
M. MASSE (Montcalm): Il n'y a aucune opération à
l'intérieur de cette entente? L'entente France-Canada ne s'applique que
dans les neuf autres provinces et pas au Québec?
M. LEVESQUE: C'est cela. Le gouvernement canadien, évidemment,
s'occupe des dix provinces mais, quant â nous, nous ne sommes pas
présents au comité même. Le Canada n'est pas non plus
représenté au comité France-Québec.
M. MASSE (Montcalm): Y a-t-il des programmes de cette opération
qui sont dans les juridictions québécoises?
M. LEVESQUE: Cela s'applique à tout le territoire canadien.
M. MASSE (Montcalm): Oui, d'accord, mais est-ce qu'il y a des programmes
qui s'appliquent à des juridictions québécoises, par
exemple, l'éducation ou la recherche?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Ou les affaires culturelles?
M. LEVESQUE: Vous voulez aller sur un terrain où vous arriverez
finalement à des juridictions concurrentes, est-ce ce que vous voulez
faire?
M. MASSE (Montcalm): Pas nécessairement. M. LEVESQUE: C'est parce
que...
M. MASSE (Montcalm): Je veux uniquement avoir l'information.
M. LEVESQUE: ... vous avez quitté le terrain de ce qui est
exclusivement provincial et vous vous dirigez tranquillement vers les zones
grises.
M. MASSE (Montcalm): C'est instinctif, ce n'est pas volontaire du tout.
Est-ce qu'il y a eu des négociations qui ont été
entreprises entre le ministère et l'ACDI pour une entente globale de
coopération entre les deux organismes?
M. LEVESQUE: Les relations avec l'ACDI sont devenues de plus en plus
étroites; nous voulons participer davantage à l'action de l'ACDI.
On sait que M. Michaud et M. Gérin-Lajoie ont fait une tournée
des pays francophones d'Afrique, en particulier, et il y a eu un rapprochement
véritable entre les deux groupes. Nous voulons, de plus en plus, avoir
accès aux sommes assez extraordinaires, assez importantes, assez
substantielles qu'il y a à l'intérieur de l'ACDI. Nous voulons
que le Québec participe davantage à cette action.
Il y a eu deux réunions de travail entre MM. Michaud et
Gérin-Lajoie et les hauts fonctionnaires de part et d'autre.
M. MASSE (Montcalm): Mais il n'y a pas eu d'entente conclue entre les
deux organismes?
M. LEVESQUE: Aucune entente formelle n'a été conclue.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le but de ces réunions est de
préparer la rédaction d'un texte d'entente qui serait
signé par les deux ministres?
M. LEVESQUE: Ce n'est pas exclu, mais pour le moment, ce que nous
recherchons ce sont des accords officieux, une collaboration plus grande et une
action plus importante du Québec dans ce programme. Le seul accord qui
existe réellement, formellement, disons, c'est l'accord relatif à
Berro-Tetouan.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que la recherche du Québec, c'est de
n'avoir en Afrique francophone que des programmes à l'intérieur
de l'ACDI ou si, au contraire, le Québec participerait, avec l'ACDI,
à tous les programmes qui sont de juridiction québécoise
et aurait en plus ses propres programmes?
M. LEVESQUE: C'est l'intention du Québec d'avoir ses propres
programmes en dehors de l'action de l'ACDI.
M. MASSE (Montcalm): En dehors de l'action de l'ACDI, mais d'être
participant à l'ACDI.
M. LEVESQUE: Il y a certains programmes, actuellement en cours, qui sont
proprement québécois.
M. MASSE (Montcalm): Par exemple, celui du Congo?
M. LEVESQUE: Dans le domaine médical, par exemple, nous avons une
expérience à Libreville. Dans le domaine de l'éducation,
le député le sait, il y a plusieurs professeurs au Gabon.
M. MASSE (Montcalm): L'ACDI aussi, par contre, agit dans le domaine de
l'éducation.
Est-ce que l'ACDI agit avec la participation du Québec ou en
dehors?
M. LEVESQUE: Le centre universitaire au Dahomey.
C'est le Québec, quand il s'agit de professeurs, même
à l'intérieur de l'ACDI, qui fait la sélection, en
collaboration, évidemment, avec l'ACDI qui a les fonds disponibles.
M. MASSE (Montcalm): Mais aucun professeur n'est déplacé
du territoire québécois pour aller en Afrique francophone via
l'ACDI, sans l'autorisation du ministère de l'Education?
M. LEVESQUE: A tous les niveaux, sauf le niveau universitaire, ça
passe toujours par le Québec. Il peut arriver des cas exceptionnels au
niveau universitaire, mais d'une façon très marginale.
Agence de coopération culturelle et
technique
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, à moins qu'il n'y
ait d'autres questions dans ce domaine, je passerais à un autre, soit
à l'Agence de coopération culturelle et technique. Est-ce que les
ententes ont été signées avec le gouvernement central
concernant la participation effective du Québec à l'agence?
M. LEVESQUE: Disons que c'est une question d'actualité parce que
le conseil d'administration de l'agence siège, la semaine prochaine,
à Paris. Les modalités de la participation du Québec
à l'Agence de coopération culturelle et technique ont fait
l'objet d'un protocole d'entente entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral, le 1er octobre 1971.
C'est assez volumineux. Je peux vous remettre le dossier.
M. MASSE (Montcalm): Quelle est la modalité de
l'administration?
Oui, si vous pouviez nous remettre le dossier, ça
m'éviterait de poser des questions.
M. LEVESQUE: Il y a également la participation financière
du Québec, du Canada et de la France à l'Agence de
coopération culturelle et technique. On peut vous donner cela pour que
ce soit au journal des Débats.
Le budget de 1972. C'est l'année normale qu'on a utilisé
pour le budget dans ce cas et non pas l'exercice que nous connaissons ici au
gouvernement, soit celui du 1er avril au 31 mars. Ici, il s'agit d'un budget
qui suit l'année ordinaire.
Alors, la participation en 1972: Québec, 3 p.c, soit $92,130;
Canada, 32 p.c, $980,500; la France, 46.34 p.c, $1,412,660. En 1973, les
prévisions: Québec, 3 p.c, $127,650; Canada, 32 p.c, soit
$1,361,600 et la France 46 p.c, soit $1,957,300.
M: MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce que le gouvernement
ou le ministère des Affaires intergouvernementales participent à
d'autres programmes avec d'autres pays francophones, à l'exception de la
France et des pays de l'Afrique française? Est-ce qu'il y a des
programmes avec la Belgique ou avec le Laos ou le Moyen-Orient ou le
ministère a-t-il l'intention de proposer à des ministères
sectoriels des programmes?
M. LEVESQUE: Des programmes de coopération?
M. MASSE (Montcalm): Oui, avec d'autres pays de langue française
que ceux qu'on vient d'examiner.
M. LEVESQUE: Il y a l'accord scientifique, technique et industriel
Canado-Belge auquel nous participons.
Il y a une commission mixte où nous sommes
représentés.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a eu des programmes de
fixés?
M. LEVESQUE: Cette commission a siégé au début de
mai 1972. C'est très récent. C'était la première
réunion, d'ailleurs.
M. MASSE (Montcalm): Il n'y a pas d'activité, actuellement, qui
découle de cette entente?
M. LEVESQUE: Pas encore. La première réunion n'a eu lieu
qu'en mai 1972. C'est un peu trop tôt pour qu'on soit déjà
en marche.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le gouvernement a l'intention de signer
avec la Belgique le même type d'accords qu'avec la France, soit dans le
domaine technique ou dans le domaine de l'éducation?
M. LEVESQUE: C'est un problème qui est à
l'étude.
M. MASSE (Montcalm): Depuis fort longtemps?
M. LEVESQUE: Le député doit se le rappeler.
M. MASSE (Montcalm): Depuis de nombreux gouvernements. Il n'y a rien eu
d'amorcé. Est-ce que le gouvernement a d'autres programmes avec d'autres
pays que les pays de langue française? En Angleterre, par exemple, avec
l'OTAN?
M. LEVESQUE: Il y a une entente avec l'université de Birmingham,
en Grande-Bretagne, pour les échanges d'étudiants et de
professeurs.
M. MASSE (Montcalm): Echanges d'étudiants dans quel secteur? Il y
a une chaire d'enseignement de civilisation canadienne-française, je
crois. C'est ça?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas les détails.
M. MASSE (Montcalm): Il n'y a pas également un programme avec
l'Angleterre, un collège qui relève de l'OTAN?
M. LEVESQUE: L'Atlantic College. C'est dans le cadre du conseil des
ministres de l'Education.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que cela fonctionne encore? Il y a encore
des étudiants québécois qui vont à ce
collège?
M. LEVESQUE: Oui, on dit que cela continue, mais cela a changé de
nom tout simplement.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le gouvernement a des relations, via le
ministère des Affaires intergouvernementales, avec d'autres organismes
ou d'autres agences sur le plan international, soit l'UNESCO?
M. LEVESQUE: Nous avons plusieurs participations, comme â l'UNESCO
où nous avons participé l'an dernier, à Venise. Le
ministre des Affaires culturelles était d'ailleurs présent. Cette
année, je crois que c'est en Finlande, à Helsinki. Il y a une
autre réunion prochaine dans le même cadre de l'UNESCO sur les
questions culturelles européennes. Là encore, nous serons
présents.
M. MASSE (Montcalm): Ces programmes sont toujours coordonnés par
le ministère.
M. LEVESQUE: Egalement dans le domaine de l'éducation, il y a le
conseil des ministres de l'Education et il y a une participation assez
fréquente â des organismes internationaux.
M. MASSE (Montcalm): Dans le monde du travail, par exemple, est-ce qu'il
y a des relations entre le ministère du Travail et les organismes du
travail â Genève?
M. LEVESQUE: Nous participons à la délégation
canadienne au BIT.
M. MASSE (Montcalm): C'est toujours à l'intérieur des
organismes canadiens. Il n'y a pas de relations directes ou de programme
direct...
M. LEVESQUE: Non, il n'y a pas de relations directes.
M. MASSE (Montcalm): ... ou bilatéral ou autrement?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): C'est toujours à l'intérieur des
délégations canadiennes. Est-ce que, dans le domaine
économique, il y a eu des développements concernant les
désaccords en matière de téléphonie avec la
France?
M. LEVESQUE: Vous n'êtes pas allé au ministère des
Communications? On aurait peut-être pu vous dire tout cela.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas ce que je veux savoir. Ce que je veux
savoir, c'est s'il y a eu des développements.
M. LEVESQUE: On vient de terminer les crédits du ministère
des Communications.
M. MASSE (Montcalm): Non, je m'excuse, M. le ministre, ce n'est pas avec
le ministère des Communications. S'il y avait eu quelque chose, ce
serait au ministère de l'Industrie et du Commerce. C'étaient des
discussions avec la France sur l'implantation d'industries dans le domaine de
la téléphonie. L'ancien ministre de l'Industrie et du Commerce
n'a pas de souvenir...
M. LEVESQUE: Ce serait plutôt au ministre de l'Industrie et du
Commerce et mes souvenirs. Je les ai laissés au ministère.
M. MASSE (Montcalm): Vous avez laissé vos souvenirs au
ministère.
M. PAUL: Et les 100,000 nouveaux emplois aussi.
M. MASSE (Montcalm): Pour ma part, je n'ai pas d'autre question de
portée générale.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si nous sommes prêts: article 3,
Direction générale de la coopération avec
l'extérieur; sous-article 1, Administration, catégorie 1,
Traitements, salaires et allocations, adopté. Catégorie 3,
Services de transport et de communication, adopté?
M. MASSE (Montcalm): Qu'y a-t-il à la catégorie 3,
Services de transport et de communication?
M. LEVESQUE: C'est exactement le même montant que l'an
dernier.
M. MASSE (Montcalm): Cela couvre les frais de voyage, les frais d'avion
particulièrement?
M. LEVESQUE: Il s'agit de façon précise des frais de
déplacement des personnes invitées par le gouvernement au titre
de la coopération et, de façon générale, des frais
de déplacement des personnes impliquées dans les divers
échanges.
M. MASSE (Montcalm): Il y a une idée qui a cours
régulièrement je ne sais pas si le ministre l'a
étudiée et qui est de créer une agence de voyage au
gouvernement du Québec je le dis d'une façon
sérieuse compte tenu du nombre de déplacements qu'il y a
régulièrement de fonctionnaires québécois, soit aux
Etats-Unis ou à l'étranger. Il y a une idée qui revient
régulièrement et qui est de créer une agence
paragouvernementale de voyage pour économiser des frais, signer des
ententes avec les chafnes d'hôtels, des choses semblables. Est-ce que
cette idée poursuit son chemin et qu'on aura à un moment
donné des réalisations concrètes?
M. LEVESQUE: Je suis informé d'une entente à ce sujet.
Mais c'est très récent.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre n'est pas au courant, encore!
M. LEVESQUE: Non, non, mais...
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que vous pourriez vous informer?
M. LEVESQUE: Nous venons d'en parler. M. MASSE (Montcalm): Ah bon!
M. LEVESQUE: Il y a un fonctionnaire, ici, qui a assisté à
des réunions. Je ne m'attendais pas à avoir cette question.
M. MASSE (Montcalm): Vous savez, si je posais toutes les questions que
je désire poser, il y en aurait plusieurs auxquelles vous ne vous
attendriez pas.
M. LEVESQUE: Disons que si les crédits avaient été
le mois prochain, peut-être que j'aurais eu quelque chose à
dire.
M. MASSE (Montcalm): Nous pouvons allonger l'étude des
crédits, si le ministre le désire!
M. LEVESQUE: Oui!
M. MASSE (Montcalm): Je pourrais peut-être poser les autres
questions.
M. LEVESQUE: Mais c'est une question réellement "hot".
M. MASSE (Montcalm): Alors, le ministre se rendra...
M. LEVESQUE: Comment est-ce qu'on dit ça en français?
M. BOIS: Effervescence.
M. LEVESQUE: De pleine actualité.
M. MASSE (Montcalm): En pleine actualité.
M. LEVESQUE: Tellement d'actualité que je ne suis pas en mesure
de donner trop de détails.
M. MASSE (Montcalm): Ce qui prouve que les questions que l'Opposition
pose sont des questions pertinentes et réellement d'information pour la
population.
M. LEVESQUE: Disons qu'il ne faudrait pas généraliser. Il
ne faudrait pas, non plus, mettre toute l'Opposition dans le même
bain.
M. MASSE (Montcalm): Bien, M. le Président, enfin!
M. PAUL: Nous n'avons peut-être pas tous les mêmes
relations!
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté?
M. MASSE (Montcalm): Pour ma part, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5? Adopté.
Catégorie 7? Adopté. Catégorie 10? Adopté.
Catégorie 11? Adopté. Le sous-article 1, adopté.
Sous-article 2: Programmes de coopération; catégorie 1 :
Traitements, salaires et allocations.
M. LEVESQUE: C'est la même chose.
M. MASSE (Montcalm): Ce sont passablement les programmes...
M. LEVESQUE: Nous venons de passer cela.
M. MASSE (Montcalm): Alors, les traitements, ce sont les traitements des
fonctionnaires en poste ici, à Québec?
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL : Est-ce qu'il y a une différence dans le personnel
affecté à ces programmes de coopération? Nous ne voyons
pas le renseignement.
M. LEVESQUE: Les effectifs se trouvent au sous-article
précédent. Ici, les traitements, c'est pour le projet
Berro-Tétouan, par exemple, et pour les professeurs qui sont en poste
à l'étranger. Vous voyez, à la suite des contributions,
les remboursements à la fin de l'article. C'est complètement
remboursé.
M. MASSE (Montcalm): Je tiendrais, M. le Président, si vous me le
permettez, à ouvrir une parenthèse, à cette
catégorie, pour dire le travail positif et le dynamisme marqué du
commissaire à la coopération, M. Michaud. Je peux d'autant le
dire que j'ai été un critique marqué de sa nomination.
M. PAUL: Surtout quant au salaire.
M. MASSE (Montcalm): Pas tellement quant à son salaire que quant
à la procédure qui avait été
déterminée. Ce n'était pas tellement la personne de M.
Michaud qui était visée que l'action de la Commission de la
fonction publique, si on se souvient bien des discussions qui avaient
porté à cette époque.
Mais la confusion de cette discussion a fait croire aux gens que
c'était la personne de M. Michaud qui était en cause. Ce
n'était pas, en tout cas pour ma part, l'objet de la discussion: Je
profite de l'occasion pour sans aucune gêne rendre hommage
au dynamisme de M. Michaud, à sa compétence dans ce secteur.
Je suis certain que c'est grâce à. lui que l'ensemble des
programmes de coopération que les gouvernements précédents
avaient lancés sont maintenus de façon aussi intéressante.
Je ferme ma parenthèse sans autres commentaires.
M. LEVESQUE: Au nom de M. Michaud, je vous remercie.
M. PAUL: Il faudrait le prévenir avant son retour en terre
québécoise parce qu'il peut avoir un choc.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté?
Adopté.
Catégorie 3, adopté?
Adopté.
Catégorie 5?
Adopté.
Catégorie 6?
Adopté.
Catégorie 7?
Adopté.
Catégorie 8?
Adopté.
Catégorie 10?
Adopté.
M. MASSE (Montcalm): A la catégorie 10, M. le Président,
on avait demandé hier, hors commission, des informations concernant
cette catégorie importante. On avait conclu que le ministre pourrait
peut-être officiellement informer la commission des raisons de cette
dépense de transfert, quand même, de près de $2
millions.
M. LEVESQUE: Les dépenses de transfert s'appliquent lorsqu'il
s'agit de versements â des tiers. Les têtes de chapitre, dans ce
cas-ci, sont : accueil, logement, accompagnement, liaisons, assurances, frais
de scolarité, frais d'organisation.
M. MASSE (Montcalm): J'espère que les liaisons sont ni
dangereuses, ni interdites.
M. LEVESQUE: J'ai froncé les sourcils, mais cela ne veut pas dire
que j'ai eu la moindre inquiétude. Il y a également d'autres
têtes de chapitre ici: Bourses d'étude, bourses de
perfectionnement, allocations de séjour. Cela couvre, évidemment,
toutes les activités de ceux qui sont engagés dans des programmes
de coopération.
M. MASSE (Montcalm): A titre d'exemple, un professeur, qui est â
l'emploi d'une commission scolaire, c'est le ministère qui rembourse le
traitement de l'enseignant â la commission scolaire. Est-ce cela? Est-ce
ce type d'exemple?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas cela.
M. LEVESQUE: C'est vrai non pas pour le traitement mais pour les
allocations de séjour, etc.
M. MASSE (Montcalm): Mais si on prend un enseignant qui est dans la
commission scolaire X et qui va enseigner en Afrique, le salaire qu'il avait,
alors qu'il était â l'emploi de la commission scolaire, est-il
encore payé par la commission scolaire?
M. LEVESQUE: Cela se fait dans les traitements.
M. MASSE (Montcalm): Ce serait à la catégorie des
$498,000.
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Mais dans le $1 million, c'est le surplus, soit par
la différence de niveau de vie ou les allocations de séjour.
M. LEVESQUE: Autrement dit, les allocations de séjour
coûtent plus cher que le traitement.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10, adopté? M. MASSE
(Montcalm): Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11, adopté?
Adopté.
Moins les imputations: Catégories 13 et 14. Adopté?
Adopté.
Le sous-article 2 de l'article 3 est adopté. L'article 3 est
adopté. Article 4.
Direction générale des relations
internationales
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, l'article 4 touche les
postes des délégations et des bureaux à l'étranger,
je crois. Il y a deux ans, le premier ministre s'était fait fort,
à cette
commission, de nous expliquer qu'il y avait, dans les
délégations du Québec à l'étranger, beaucoup
trop de personnel pour les programmes qui étaient en cours. Depuis deux
ans, probablement qu'à la suite des remarques du premier ministre, le
ministère a agi avec diligence et a diminué d'au moins de
moitié le nombre des fonctionnaires qui sont à l'emploi du
Québec, dans les postes à l'étranger. Par contre, je vois
une demande d'augmentation d'effectifs, peut-être minime mais quand
même, un bonhomme de plus. Comment peut-on expliquer cela, avec les
déclarations d'il y a deux ans du premier ministre? Y a-t-il eu,
effectivement, une coupure draconienne d'au moins la moitié des
effectifs, dans les délégations à l'étranger ou si,
au contraire, le premier ministre, prenant peut-être un peu mieux
connaissance des dossiers, de la réalité du Québec
à l'étranger, a fini par conclure que somme toute, cela
répondait à nos besoins?
M. LEVESQUE: Il y a eu rapatriement de certaines personnes,
particulièrement de la délégation générale,
â Paris. Il y a eu réaffectation de certains fonctionnaires qui
étaient là, par exemple, au service de l'immigration et qui ont
été déplacés vers d'autres postes, alors que nous
avons décidé d'une nouvelle politique au ministère de
l'Immigration, soit d'avoir des conseillers à l'intérieur
même des ambassades. Je pense que c'est le cas de Beyrouth, de Rome et
d'Athènes.
Prenons, par exemple, le personnel des Affaires intergouvernementales
à Paris. Je crois que ce à quoi réfère le
député de Montcalm, c'est à Paris en particulier, parce
qu'on avait même mentionné un chiffre de $200,000.
M. MASSE (Montcalm): C'était là où il y avait le
plus de monde. C'était quand même l'ensemble du personnel.
M. LEVESQUE: En 70/71, il y avait 53 postes; en 71/72, 50; en 72/73, 48.
Parmi ces gens, en 70/71, un poste de secrétaire a été
muté à Dusseldorf et 2 postes à Québec: un
auxiliaire en recherche et en information et un adjoint aux cadres
supérieurs. En 71/72, 2 postes de secrétaire sont mutés
à Dusseldorf.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, on serait passé de 53
à 48. Si on étudie, comme il faut, toute la chose, on
s'aperçoit qu'il y a peut-être des transferts de postes d'un
ministère à l'autre.
M. LEVESQUE: Nous aurions été obligés de prendre
des gens, de toute façon, quelque part. Il faut regarder la
délégation générale de Paris comme une
unité. Si on les ramène à Québec ou si on les mute,
ça revient au même. Nous aurions été obligés
d'en prendre à Québec pour les envoyer ailleurs, à
Dusseldorf, par exemple.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre peut me permettre, sans
méchanceté, quand même, de conclure que le premier
ministre, quand il a fait ses déclarations, a donné un grand coup
d'épée dans l'eau?
M. LEVESQUE: Non, au contraire, si le député veut
attendre, nous allons regarder ça.
M. MASSE (Montcalm): Continuez, parce que je cherche les coupures de
moitié, moi, au moins. Quand le premier ministre fait une
déclaration comme celle qu'il a faite, il doit certainement y avoir un
retour.
M. PAUL: Ce n'est pas la seule qu'il a faite.
M. MASSE (Montcalm): Je prends celle-là
spécifiquement.
M. LEVESQUE: Les conseillers à l'étranger payés par
d'autres ministères: en 70/71, 13; en 71/72, 14; en 72/73, 13.
UNE VOIX: Voyez-vous des coupures?
M. LEVESQUE: Un instant, je n'ai pas fini. Votre impatience n'a
d'égale...
M. MASSE (Montcalm): Que la déclaration du premier ministre.
M. LEVESQUE: ... que l'imprécision et la fausseté de
certaines déclarations du député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Non, je m'en tiens à la déclaration
du premier ministre.
M. LEVESQUE: En 70/71, un conseiller culturel a été
muté à Québec et deux conseillers en éducation ont
été ajoutés.
M. MASSE (Montcalm): C'est 2 à 1, à l'inverse.
M. LEVESQUE: Je ne veux pas donner seulement un côté de la
médaille, mais l'ensemble du bilan, parce que nous n'avons pas
l'habitude, nous, de ne prendre que la page du passif ou seulement la page de
l'actif et de faire un équilibre ou une balance de comptes. Le Parti
libéral a toujours eu cette objectivité qui, d'ailleurs, a
été reconnue par le député de Bourget hier,
jusqu'à un certain point, d'être assez libéral pour montrer
les deux côtés de la médaille. Si le député
de Montcalm veut attendre, nous verrons où est le surplus ou le
déficit.
M. PAUL: Est-ce que le ministre trouve que la page du passif est assez
lourde?
M. LEVESQUE: La page du passif, telle que je la vois devant moi, du
côté du député de
Montcalm, est certainement lourde. Mais quant à l'actif...
M. MASSE (Montcalm): Ne vous occupez pas de mon passif. Occupez-vous du
passif du ministère.
M. LEVESQUE: ... qu'il pourrait constituer pour son voisin de gauche,
ça, je ne le sais pas si ce serait un actif ou un passif.
M. PAUL: N'attaquez donc pas mon bon ami, le député de
Bourget, qui est bien calme.
M. LAURIN: C'est dans un autre contexte, d'ailleurs. C'était dans
le contexte des idées.
M. LEVESQUE: On voit que le député de Montcalm n'a pas
d'affaire là-dedans.
M. MASSE (Montcalm): J'ai l'impression que je vais engager le ministre
comme portier, parce qu'il frappe, en mon nom, à toutes les portes.
M. LEVESQUE: On semble manquer d'intérêt pour la
vérité. Tout de même, je vais continuer. En 71/72, 2
conseillers de l'immigration à Paris ont été mutés
à Athènes et Québec et 1 conseiller en tourisme a
été ajouté. S'il y a des gens qui sont
intéressés à aller dans les personnalités...
M. MASSE (Montcalm): Non, nous ne voulons que les chiffres.
M. LEVESQUE: Si on prend les chiffres représentés par le
personnel qui a été ajouté à l'inventaire existant
et qu'on retranche les postes qui ont été enlevés, on
arrive à environ $200,000 simplement dans ce cas-là, dans une
seule maison.
M. PAUL: Combien de postes?
M. LEVESQUE: Je l'ai mentionné au début, c'étaient
5 postes, mais ça c'est seulement Affinter. Il y a également les
autres ministères qui ont des conseillers, j'ai fait la liste tout
à l'heure, Immigration, Affaires culturelles. Il y a de plus une autre
question peut-être plus importante au point de vue d'une économie
réalisée, c'est la concentration rue Pergolèse des divers
services qui étaient éparpillés et rue Pergolèse et
rue Barbet-de-Jouy et rue Aubert et à un autre endroit.
M. MASSE (Montcalm): On pourra y revenir, M. le Président. Une
autre façon de poser la question, il y avait combien de fonctionnaires
du Québec en poste à l'étranger au mois d'avril 1970 et
combien aujourd'hui?
M. LEVESQUE: Un instant, on peut prendre l'ensemble de la direction.
D'ailleurs, il y a un autre facteur que je voudrais mentionner, il y a eu un
recours à un personnel de soutien local, lorsque nécessaire,
plutôt que d'avoir un personnel de soutien québécois, qui,
comme le député le sait, coûte très cher lorsqu'on
tient compte, non seulement du traitement, mais des allocations de vie
chère, voyages, vacances, transport, etc. Pour une secrétaire,
une sténodactylo, c'est beaucoup plus dispendieux d'avoir une personne
du Québec pour faire le même travail, lorsque ce n'est pas
essentiel qu'on l'ait.
De ce côté-là, nous avons réalisé
d'autres économies, mais nous avons pris de l'expansion. Si on prend
l'ensemble de la direction générale des affaires internationales,
il est vrai qu'on doit conclure que nous avons pris de l'expansion. Il n'y a
aucun doute que les nouveaux bureaux économiques, par exemple, aux
Etats-Unis ont voulu dire une augmentation de personnel, non seulement dans le
personnel régulier, mais également quant aux personnes locales
que nous avons à engager et les consultants.
Il y a de plus un fait, c'est qu'il y a eu la décision d'ouvrir
à Bruxelles une maison du Québec et un bureau économique
à Tokyo. Là, également, il faut prévoir des sommes
additionnelles. Donc la direction générale prend de l'expansion.
Mais ce que nous voulons, c'est que les sommes affectées à
chacune des délégations et des bureaux économiques soient
utilisées le plus efficacement possible.
D'ailleurs, j'ai eu des représentations récemment de
certains délégués et il est encore possible de mieux
utiliser le personnel tout en ayant des résultats plus satisfaisants. Il
y aura encore certaines modifications qui seront faites au cours de
l'année, non dans le but d'être mesquin, d'essayer de
réduire la présence du Québec à l'étranger
au contraire mais pour avoir une présence mieux
planifiée, des gens affectés réellement aux secteurs qui
sont en voie de développement, de progression et avoir peut-être
une meilleure polyvalence chez certaines gens en place.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, y a-t-il eu une diminution
importante du personnel québécois à Paris?
M. LEVESQUE: A Paris, j'ai donné ces chiffres-là il y a un
instant. C'est le même tableau que je viens de donner, peut-être
que le député n'écoutait pas.
M. MASSE (Montcalm): J'écoutais. C'est parce que je cherche
l'action du premier ministre.
M. LEVESQUE: Je viens de parler pendant,...
M. MASSE (Montcalm): Vous avez parlé fort longtemps, mais j'ai
posé une question fort simple.
M. LEVESQUE: J'ai été peut-être un peu long.
M. PAUL: J'ai l'impression que vous voulez noyer le poisson.
M. MASSE (Montcalm): Le poisson ne se noiera pas dans l'eau de vos
paroles.
M. LEVESQUE: Le personnel Affinter, en 70/71, était de 53 et les
prévisions pour 72/73 sont de 48. En plus de cela, lorsqu'il y a des
gens comme on le souligne qu'on ramène à
Québec et qu'on remplace par des gens de la place pour faire le
même travail, il y a une économie substantielle. C'est ce que j'ai
dit. Pour économiser $200,000, cela ne prend pas tellement de
changements quand on considère la question des allocations, la question
des frais de voyage et des vacances au Québec, etc.
M. MASSE (Montcalm): D'accord, mais uniquement sur cet aspect, n'y
a-t-il pas des pressions de la part de Québécois qui sont
à Paris qui veulent être engagés à titre de
Québécois plutôt qu'à titre de Français?
M. LEVESQUE: Je vais répéter. Il se peut qu'il y ait de
telles demandes, mais cela ne veut pas dire qu'on donne suite aux pressions qui
sont faites dans ce sens.
M. MASSE (Montcalm): Je ne peux qu'espérer, M. le ministre, que
vous garderez bien le contrôle sur votre ministère et en
particulier sur votre ministre d'Etat concernant ces choses. Laissons cela,
mais vous me permettrez quand même de conclure qu'il n'y a pas eu cette
diminution draconienne que préconisait le premier ministre.
M. LEVESQUE: Le premier ministre ne voulait pas de diminution
draconnienne. Il a parlé d'une économie d'environ $200,000. Je me
le rappelle très bien. J'étais ministre des Affaires
intergouvernementales et c'est moi-même qui ai fait le rapport disant
qu'il était possible de le faire à la suite d'un rapport que
j'avais reçu du délégué général
à Paris. Je n'ai pas inventé ces chiffres.
M. MASSE (Montcalm): C'est comme les 100,000 emplois.
M. LEVESQUE: Le premier ministre n'a fait...
M. MASSE (Montcalm): On n'interprète pas de la même
façon.
M. LEVESQUE : Très bien, chacun son opinion.
M. MASSE (Montcalm): Prenons un autre pays, la Belgique; où en
sont rendues les négociations, les discussions, les implantations?
M. LAURIN: M. le Président, avant de passer à la Belgique,
le premier ministre avait dit aussi qu'il y avait beaucoup trop de voyages de
ministres qui allaient à Paris à la délégation du
Québec et qui avaient presque le rang de diplomates. Il avait promis de
diminuer le nombre des voyages de ministres à Paris au nom de
l'austérité productive. Est-ce que le ministre peut nous dire
combien de voyage de ministres il y a eu à Paris au cours de la
dernière année?
M. LEVESQUE: Je crois que l'on peut dire... Il y a eu une question au
feuilleton là-dessus et on a préparé une réponse.
Evidemment, tout est relatif. Si on veut comparer avec le passé ou avec
l'avenir, tout est relatif. Disons qu'il semble bien que le tout soit
extrêmement bien contrôlé et qu'il s'agit de voyages
absolument nécessaires dans l'exercice de leurs fonctions.
Si on prend le 1er janvier 1972 jusqu'à présent, cela fait
six mois. En février 1972, M. Castonguay est allé en France. En
février 1972, M. Cloutier est allé à Madagascar, à
Tananarive, et en mars 1972, M. Toupin est allé en France. Ce sont les
trois seuls voyages...
M. PAUL: Et en mai 1972, M. Goldbloom.
M. MASSE (Montcalm): Il y a M. Goldbloom, actuellement, au moment
où on parle.
M. LEVESQUE: Il participe à une délégation
canadienne.
M. MASSE (Montcalm): N'y a-t-il pas M. Ostiguy qui est en France
actuellement?
M. LEVESQUE: Ce n'est pas un ministre, que je sache. Nous parlons des
voyages de ministres.
M. MASSE (Montcalm): Si on ajoute, en plus de cela, les
députés.
M. LEVESQUE: Quand vous avez trois ou quatre voyages en six mois, je
pense bien que c'est le minimum. Il ne faut pas, non plus, exagérer dans
l'autre sens, parce qu'il faut bien que nous nous occupions des affaires du
Québec, même à l'étranger.
M. MASSE (Montcalm): Les voyages forment la jeunesse.
M. PAUL: Quand le dynamique et brillant député de Verdun
est allé en France récemment, y est-il allé en mission
pour le ministère des Affaires intergouvernementales?
M. LEVESQUE: C'est à l'intérieur de l'Association des
parlementaires...
M. HOUDE (Fabre): Des parlementaires francophones; il a
été envoyé par l'Assemblée nationale.
M. MASSE (Montcalm): Il a été désigné par
ses collègues pour nous représenter auprès de
l'Association des parlementaires de langue française.
C'est une nomination, une désignation due à son dynamisme,
probablement. Le leader parlementaire de l'Opposition doit certainement
être au courant.
M. HOUDE (Fabre): Le député de Montcalm n'a rien à
envier à qui que ce soit pour le nombre de voyages.
M. MASSE (Montcalm): Au contraire, je l'ai dit, les voyages forment la
jeunesse, et j'ai toujours été pour cela.
M. LAURIN: C'était juste pour savoir s'il y avait eu une
diminution par rapport au nombre de voyages.
M. LEVESQUE: D'après ce que je vois, il y a eu une diminution.
Maintenant, ce n'est pas parce que je ne crois pas qu'il est important aussi
d'être présent. Je crois qu'il est important que les ministres
soient présents à certaines fonctions essentielles qui font
partie du mandat que nous avons.
M. LAURIN: C'est exactement mon avis, d'ailleurs.
M. LEVESQUE: D'un autre côté, chacun des membres du cabinet
essaie d'avoir une autodiscipline, de sorte que les voyages soient
réellement dans l'intérêt du Québec. Je crois que
ça se fait dans l'ordre des choses.
M. PAUL: Le leader du gouvernement a annoncé que, le vendredi, il
n'y aurait presque pas de ministres présents en Chambre; ce n'est pas
parce qu'ils voyagent â ce moment-là?
M. LEVESQUE: Non, c'est parce qu'ils travaillent.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, cela m'amène
à poser une question spécifique concernant les
déplacements du ministre de l'Immigration, qui se sont certainement
faits à l'intérieur des programmes du ministère des
Affaires intergouvernementales et avec l'accord du ministre, pour une visite de
nos postes d'immigration. Quel était le but de ce voyage.
M. LEVESQUE: J'ajoute celui-là, parce qu'il nous a
échappé.
M. MASSE (Montcalm): J'en aurais d'autres, si vous voulez une liste.
M. LEVESQUE: C'est parce que j'aime à être précis.
Ce n'est pas moi qui ai confectionné la liste.
M. MASSE (Montcalm): C'est facile de le savoir; nous prenons la liste
dans les journaux.
M. LEVESQUE: Quelle est la question?
M. MASSE (Montcalm): La question concerne une tournée
d'inspection de nos postes d'immigration placés à
l'intérieur des ambassades canadiennes dans différents pays
francophones.
M. LEVESQUE: C'est plus que ça. Nous avons des gens, à
Paris, par exemple, qui ne sont pas à l'intérieur des ambassades;
ils sont à la délégation générale du
Québec à Paris. En plus de cela, nous avons des agents
d'immigration à l'intérieur des ambassades, à Beyrouth,
à Athènes et à Rome.
M. MASSE (Montcalm): Il y a combien de fonctionnaires
québécois ou désignés par le Québec à
Athènes, dans le secteur de l'immigration?
M. LEVESQUE: Il y en a un.
M. MASSE (Montcalm): Et combien de jours est resté le
ministre?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas son itinéraire avec moi. Vous auriez
dû assister à l'étude des crédits du
ministère de l'Immigration; il vous aurait dit tout cela. Cela vient de
passer, il y a quelques jours, il y a une semaine.
M. MASSE (Montcalm): C'est la même réponse pour
Beyrouth?
M. LEVESQUE: Ne me posez pas de questions comme celles-là. Voyons
donc !
M. MASSE (Montcalm): Non, mais le ministre aurait pu être au
courant.
M. LEVESQUE: Soyons sérieux! Demandez donc à quelle heure
il a fait ceci et à quelle heure il a fait ça.
M. MASSE (Montcalm): Non, mais je pense que le ministère des
Affaires intergouvernementales doit être intéressé à
l'accord conclu.
M. LEVESQUE: Non, mais si vous voulez, on peut avoir le rapport et
essayer de satisfaire la curiosité du député de Montcalm.
Mais tout cela a été donné par les journaux. Les
déplacements du ministre ont été annoncés. Son
itinéraire était annoncé et disponible et n'importe quel
député pouvait l'avoir et n'importe quel citoyen du Québec
pouvait l'avoir. Mais je ne porte pas cela avec moi dans mes poches.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a un bilan puisque le bilan
est à la mode au
ministère ou un rapport du ministre concernant son
évaluation de l'action du Québec à l'intérieur des
ambassades?
M. LEVESQUE: C'est une question qui relève du ministère de
l'Immigration, du ministère du député de Matane.
M. MASSE (Montcalm): Mais je demande s'il y a eu un rapport soumis
à votre ministère. Cela regarde un peu le ministère des
Affaires intergouvernementales aussi.
M. LEVESQUE: Son voyage avait trait uniquement aux employés de
son ministère. D'ailleurs, un rapport sera soumis lorsqu'il aura eu le
temps, évidemment, de le faire.
M. MASSE (Montcalm): ... de le soumettre. Y a-t-il des articles
budgétaires ou des sommes au budget de votre ministère qui, en
partie, défraient le coût dé l'application de cet
accord?
M. LEVESQUE: Seulement les allocations.
M. MASSE (Montcalm): Payez-vous le personnel de soutien?
M. LEVESQUE : Et le personnel de soutien.
M. MASSE (Montcalm): Donc, vous avez un intérêt direct
à être mis au courant de l'intérêt qu'il y a dans cet
accord.
M. LEVESQUE: Là, vous déplacez un peu la question. Ce
qu'on me demandait, c'était l'itinéraire du ministre.
M. MASSE (Montcalm): Je la déplace pour la rentrer dans votre
esprit ou votre demande de la greffer au ministère des Affaires
intergouvernementales. Je la greffe par le budget. Je suis donc dans la
légalité.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. MASSE (Montcalm): Or, le ministre, pour bien dépenser son
budget, doit être au courant de ce qui se produit dans ces ambassades, de
la façon dont l'accord est appliqué, l'accord-placard, comme
certains journaux l'avaient souligné. Alors que fait le ministère
pour être bien au fait des besoins de ces agences?
M. LEVESQUE: Voici, nous avons une direction internationale qui s'occupe
de voir aux relations avec les ministères sectoriels. La direction
générale des affaires internationales est en constante et en
étroite relation avec le ministère de l'Industrie et du Commerce.
Par exemple, M. Gilles Chatel qui est en charge de ce service au
ministère de l'Industrie et du Commerce, et la même chose avec les
autres ministères, que ce soit le ministère des Affaires
culturelles ou celui de l'Immigration.
On sait, et le député le sait aussi bien que quiconque,
que les directives données aux conseillers sectoriels le sont par le
ministère en question et non pas par le ministère des Affaires
intergouvernementales. Nous nous occupons d'assurer la coordination, d'assurer
le personnel de soutien, les services autrement dit.
M. MASSE (Montcalm): Pour revenir à la Belgique, est-ce que le
ministre peut faire le point?
M. LEVESQUE: Le 1er juin 1972, nous avons reçu communication
d'une note du ministère des Affaires étrangères de
Belgique, adressée le 31 mai 1972 à l'Ambassade du
Canada à Bruxelles.
Dans cette note, le gouvernement belge fait savoir qu'il voit avec
faveur l'établissement d'une maison du Québec à Bruxelles.
Confirmant divers entretiens qui ont eu lieu à ce sujet, le
ministère note que cette maison ainsi que son personnel pourront
bénéficier de tous les accomodements d'ordre fiscal et douanier
que la loi belge permet de leur consentir.
Le même jour, le ministère des Affaires
intergouvernementales, par l'intermédiaire de son service du protocole,
informait le Consul général de Belgique, à
Montréal, que M. Paul Lussier quittera le Québec à
destination de la Belgique au début de juin 1972, afin d'occuper le
poste de conseiller économique du gouvernement du Québec et
d'assumer l'intérim de la direction de la maison du Québec, dont
les locaux sont situés au 15, rue de la Loi à Bruxelles.
M. MASSE (Montcalm): Quelle différence le ministre fait-il entre
une délégation et une maison du Québec?
M. LEVESQUE: Il n'y a pas eu de définition parfaite
là-dessus, mais nous savons que nous avons des délégations
générales à Paris, à Londres et à New York,
que nous avons des bureaux économiques à Boston, Los Angeles,
Chicago...
M. MASSE (Montcalm): Et cette fois-ci, nous avons une maison.
Maintenant, dans la hiérarchie de toutes ces définitions...
M. LEVESQUE: Il y a une délégation générale,
par exemple, qui comporte une gamme beaucoup plus variée des
secteurs.
Mais il y a également des bureaux qui n'ont que le secteur
économique. Entre les deux, il peut y avoir, ce que nous appelons une
maison. Nous avons déjà appelé délégation
générale une maison, aussi. Mais il y a des maisons qui se
situent entre l'ampleur d'une délégation générale
et un bureau économique. Il y a, à Milan, une maison du
Québec qui a des responsabilités
économiques, oui, mais qui touche également l'immigration,
le tourisme et l'aspect culturel, un peu.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, un bureau, c'est uniquement
économique.
M. LEVESQUE: Comment?
M. MASSE (Montcalm): Un bureau, c'est uniquement économique.
M. LEVESQUE: C'est sectoriel.
M. MASSE (Montcalm): C'est sectoriel. C'est toujours sectoriel. Tout est
sectoriel.
M. LEVESQUE: A Lafayette, par exemple, nous avons un bureau culturel. Si
on l'appelle le bureau, c'est qu'il n'y a qu'un seul secteur.
M. MASSE (Montcalm): Bon. En général, disons, les bureaux
sont économiques, sauf celui de Lafayette qui est culturel.
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm) : Mais quelle est la différence de statut
entre une maison et une délégation? Est-ce qu'il y aura une
différence de statut entre...
M. PAUL: La différence de statut entre peut-être en ligne
de compte...
M. LEVESQUE: Oui. C'est ça.
M. PAUL: ... pour établir cette distinction.
M. LEVESQUE: La maison du Québec, on l'a employée,
évidemment, comme terme plus générique. On a
employé le mot "maison", même à Londres. Lorsqu'on a ouvert
la maison, on l'a appelée "La maison du Québec à Londres",
je me le rappelle. On a dit "La maison du Québec à Paris".
Finalement, on est passé à la définition...
M. PAUL: Au terme international.
M. MASSE (Montcalm): Mais alors, pourquoi ne pas appeler cela une
délégation à Bruxelles? Il doit y avoir une raison dans
votre esprit ou dans vos dossiers.
M. LEVESQUE: Le terme générique est encore
préférable à ce moment-ci, car nous n'avons pas encore
déterminé, d'une façon définitive, le nombre de
secteurs qui seront représentés.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. Mais au point de vue du statut juridique
ou du statut diplomatique, est-ce qu'il y a équivalence entre Paris et
Bruxelles?
M. LEVESQUE: C'est présentement en négociation. Nous ne
sommes pas en mesure de dire si nous obtiendrons le même statut à
Bruxelles qu'à Paris.
M. MASSE (Montcalm): Mais est-ce que vous cherchez à avoir,
à Bruxelles, le même statut qu'à Paris, donc une
délégation?
M. LEVESQUE: Nous cherchons toujours les meilleures conditions
possibles.
M. MASSE (Montcalm): Entre ce que vous avez obtenu par la note et ce qui
existe à Paris, qu'est-ce...
M. LEVESQUE: Il faut comprendre que nous n'avons pas la même chose
à Paris qu'à New-York, qu'à Londres. Chacun des
pays...
M. MASSE (Montcalm): Mais que désiriez-vous...
M. LEVESQUE: ...apporte une reconnaissance, selon ses lois, selon ses
propres possibilités.
M. MASSE (Montcalm): ... obtenir de plus que ce que vous avez eu dans
votre note pour que vous vous permettiez de parler de délégation
à Bruxelles, plutôt que de maison?
M. LEVESQUE: Ce n'est pas ça qui nous fera changer le nom de
délégation ou de maison.
M. MASSE (Montcalm): Alors, c'est quoi?
M. LEVESQUE: C'est le fait que nous avons, jusqu'à maintenant,
appelé "délégation" des maisons du Québec qui
comprennent un plus grand nombre de secteurs, qui ont un personnel beaucoup
plus considérable.
M. MASSE (Montcalm): Mais revenons au statut, les programmes, nous en
reparlerons. Quelle différence y a-t-il entre le statut que la note du
1er juin vous accorde et le statut que la France vous octroie?
M. LEVESQUE: Tout ce que cette note dit, c'est qu'elle nous permet,
maintenant, de négocier le statut. C'est ce que dit la note.
M. MASSE (Montcalm): Bon. Alors, vous cherchez le même statut
qu'à Paris.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas dit ça. Nous cherchons les meilleures
conditions possible...
M. MASSE (Montcalm): Mais vous ne pouvez pas les
déterminer...
M. LEVESQUE: ... compte tenu du pays dans lequel nous nous trouvons.
M. MASSE (Montcalm): Alors, quelles seraient les meilleures conditions
possibles, dans votre esprit?
M. LEVESQUE: Nous ne pouvons pas présumer de ce que les Belges
feront. C'est leur privilège.
M. MASSE (Montcalm): Mais votre demande est quand même
formulée.
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Alors, votre demande recouvre-t-elle exactement ce
que vous avez obtenu â Paris?
M. LEVESQUE: Cela n'a pas été formellement décrit
dans ces termes. Il faut tenir compte, évidemment, de la
législation du pays où nous sollicitons ces privilèges. Il
faut tenir compte du contexte international. Il faut tenir compte des relations
plus ou moins privilégiées que nous pouvons avoir avec tel ou tel
pays.
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, au point de vue des activités ou
des programmes, donc des effectifs, puisque c'est dans ce sens que vous
répondiez tout à l'heure, quelle action voyez-vous à la
maison du Québec à Bruxelles? Est-ce que vous voyez une action du
même genre qu'à notre maison à Paris ou notre
délégation à Paris ou, au contraire, orientée dans
tel ou tel domaine?
M. LEVESQUE: J'ai dit que nous n'avions pas encore
déterminé tous les secteurs qui pourraient être
touchés par Bruxelles. Nous avons décidé de commencer par
le secteur économique. C'est pourquoi M. Paul Lussier, du
ministère de l'Industrie et du Commerce, qui était autrefois
à New-York, est maintenant en route pour Bruxelles.
M. MASSE (Montcalm): Les rumeurs ou les journaux ont également
fait mention de l'ouverture d'un bureau, d'une maison ou d'une
délégation au Japon, à Tokyo. Y a-t-il eu des
démarches entreprises depuis ce temps?
M. LEVESQUE: On l'a dit hier.
M. MASSE (Montcalm): Au mauvais article?
M. LEVESQUE: Les démarches ont été engagées
dans ce sens.
M. MASSE (Montcalm): Cherchez-vous, à Tokyo, le même type
d'accords qu'avec la Belgique?
M. LEVESQUE: Non. Il s'agit là d'un bureau économique.
M. MASSE (Montcalm): Economique.
M. LEVESQUE: C'est cela.
M. MASSE (Montcalm): Les démarches sont-elles avancées? Y
a-t-il lieu de s'attendre que ce soit au cours de l'exercice financier?
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Quel type d'économie le ministère
voudrait-il favoriser, du côté de Tokyo: le textile ou
l'automobile?
M. LEVESQUE: Ce serait une des fonctions du conseiller économique
d'identifier cela.
M. MASSE (Montcalm): J'espère que le ministère l'a fait un
peu avant de partir, quand même.
M. LEVESQUE: Le ministère de l'Industrie et du Commerce est assez
avancé dans cette politique avec le Japon. Il faut dire que nous avons
eu l'occasion, avec notre présence à Osaka, d'établir des
liens très étroits avec les Japonais. Nous avons eu, sur place,
une délégation québécoise pendant au moins deux
ans. En particulier, plusieurs conseillers du ministère de l'Industrie
et du Commerce, ont été en place. Il y avait, évidemment,
M. Boudriot, qui était le commissaire du pavillon. Il y avait
également des conseillers économiques, M. Beaugrand et M.
Bernier; ces derniers sont demeurés au ministère de l'Industrie
et du Commerce et ont continué d'avoir des relations d'affaires, pour le
compte du gouvernement, avec nos amis du Japon. Ils ont été
très présents, par exemple, dans les échanges du domaine
agricole, en particulier, échanges qui ont eu lieu au cours de
l'année dernière, les ventes de produits, par exemple, comme des
poulets, au Japon. Il y a eu d'autres rapports avec les Japonais sur d'autres
questions d'ordre économique.
M. MASSE (Montcalm): Dans la région de Port-Cartier?
M. LEVESQUE: Oui. Il y a des missions, d'ailleurs, d'hommes d'affaires
japonais qui sont venus ici et, tant dans le domaine des ressources que dans le
domaine de la transformation de produits manufacturés, nous avons
également poursuivi des pourparlers avec des firmes japonaises, pour
leur implantation au Québec. Enfin, les relations avec le Japon, dans le
domaine économique, sont très actives.
M. MASSE (Montcalm): Un dernier secteur, qui revient
régulièrement, c'est celui de l'Italie. Que le Québec
s'installe dans la capitale italienne, à Rome, plutôt
qu'uniquement à Milan, qui est le secteur économique, tout en
gardant Milan, c'est une question qui revient depuis plusieurs années.
Les démarches ont-elles été poursuivies parce qu'il y en
avait eu d'entreprises dans ce domaine?
M. LEVESQUE: J'ai eu l'occasion, lorsque nous avons inauguré le
bureau de Milan, de faire une analyse de toute cette situation. Avant de
décider pour Milan, j'avais eu l'occasion de visiter l'Italie et d'avoir
des pourparlers avec les autorités gouvernementales et italiennes, les
hommes d'affaires italiens. J'en étais venu à la conclusion,
à ce moment-là, que Milan était l'endroit choisi pour les
activités que nous voulions poursuivre à cette maison du
Québec.
Et, de plus, lorsque nous avons inauguré cette maison en 1965,
j'avais dirigé une mission économique de plusieurs hommes
d'affaires québécois et tous semblaient d'accord que, pour les
fins du gouvernement, Milan était un endroit bien choisi. Il est vrai
que depuis ce temps nous avons une présence à Rome, quant au
ministère de l'Immigration. Il n'y a aucun doute que Rome constitue
aussi un poste extrêmement important et stratégique, mais je ne
crois pas pour le moment que nous puissions songer à doubler nos
effectifs en Italie. Quant à savoir si éventuellement il pourrait
y avoir des changements, c'est une hypothèse, mais je ne la retiens pas
pour le moment.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre a l'intention de faire une
prospective pour l'établissement de bureaux du Québec à
l'étranger ou de maisons ou délégations dans d'autres pays
que ceux que nous venons de mentionner, par exemple dans d'autres villes des
Etats-Unis?
M. LEVESQUE: Pas pour le moment.
M. MASSE (Montcalm): Le programme d'implantation.
M. LEVESQUE: Pour le moment, nous nous en tenons à Bruxelles et
Tokyo comme prochaine étape, mais il faudra faire une évaluation
des résultats, chose qui n'est pas toujours facile. On ne peut pas
toujours arriver à une appréciation exacte, à des
résultats aussi tangibles qu'on aimerait. Mais une évaluation
s'impose avant d'aller plus loin.
M. MASSE (Montcalm): Le dernier poste qui reste en suspens, c'est celui
d'Abidjan?
M. LEVESQUE: Nous avons toujours notre conseiller, M. Jean-Marie Lepage,
qui a été affecté à Abidjan...
M. MASSE (Montcalm): Je vois que les fonctionnaires s'attendaient
à cette question.
M. LEVESQUE: ... à titre de conseiller en éducation du
Québec...
M. MASSE (Montcalm): Quel est son statut?
M. LEVESQUE: ... par un arrêté en conseil du 5 août
1970 pour une période de deux ans avec une possibilité de
renouvellement. A ce titre il a principalement pour fonction de
représenter de façon générale le gouvernement du
Québec et plus particulièrement le ministère de
l'Education en Côte-d'Ivoire; d'assurer la liaison entre le gouvernement
du Québec et les professeurs québécois en poste en
Afrique, en vue de favoriser la coordination de leur travail et l'utilisation
optimale de leurs services; d'informer le ministère de l'Education du
Québec sur les systèmes d'enseignement en Afrique et donner des
appréciations sur les institutions d'enseignement et les postes
demandés.
En tant que fonctionnaire québécois à
l'étranger, M. Lepage relève du ministère des Affaires
intergouvernementales pour tous les aspects de représentation du
Québec. Il relève cependant du ministère de l'Education
dans l'exercice de sa fonction de conseiller en éducation.
A la suite de cette affectation du 5 août 1970, les discussions se
sont engagées avec le gouvernement fédéral sur le statut
de ce fonctionnaire québécois à l'étranger.
L'objectif est de lui conférer un statut officiel qui lui permette de
remplir efficacement son mandat en Côte-d'Ivoire dans le plein respect
des règles constitutionnelles, du partage de la compétence
législative au Canada.
Pour des raisons évidentes de commodité, il a
été conféré à M. Lepage le titre de
conseiller d'ambassade. En cette qualité, il lui est présentement
possible d'exercer toutes les activités requises par son mandat. Il est
clair cependant que, pour l'exercice des fonctions qui lui ont
été attribuées par l'arrêté en conseil du 5
août 1970, il demeure sous l'autorité exclusive des ministres
québécois desquels il relève. Le ministre
fédéral des Affaires extérieures n'a sur lui aucune
autorité en matière d'éducation.
Les relations de ce ministère avec M. Lepage se limitent au
paiement de ses indemnités, à la fourniture de locaux et à
des questions relatives à la gestion interne de l'ambassade du Canada
à Abidjan. Cette situation de fait n'a pas encore fait l'objet d'un
accord formel. La chose est toujours en discussion entre les
représentants des ministères impliqués.
M. MASSE (Montcalm): Alors les discussions se poursuivent. Est-ce
qu'actuellement il se doit de faire un rapport à son ambassadeur ou de
qui il relève à titre de conseiller d'ambassade? Lorsqu'il fait
parvenir au Québec un telex ou une correspondance, est-ce qu'il se doit
d'en faire parvenir le double à Ottawa ou à son ambassadeur?
M. LEVESQUE: Evidemment, s'il utilise le telex de l'ambassade, il se
peut fort bien que l'ambassadeur soit au courant.
M. MASSE (Montcalm): Indépendamment de l'espionnage. Est-ce qu'il
se doit légalement d'en informer son supérieur?
M. LEVESQUE: Il n'y a aucun lien formel d'arrêté
entre...
M. MASSE (Montcalm): Aucun lien formel. Actuellement, il porte le titre
de conseiller d'ambassade. Il est logé à l'ambassade, mais il
relève du ministre des Affaires intergouvernementales, à
l'exception de l'Education, il fait ses communications directes avec
Québec, sans déposer de doubles nulle part à Ottawa ou
à l'ambassade?
M. LEVES QUE: Evidemment, quand on utilise le telex il y a une copie qui
reste là, mais rien ne l'empêche d'écrire, s'il le
préfère, et de passer par un autre service fédéral,
celui de la poste.
M. MASSE (Montcalm): Je pense, M. le Président, que je n'irai pas
plus loin dans ce dossier, j'espère que les négociations vont se
poursuivre puis vont atteindre un point qui va permettre de clarifier une
situation qui est quand même assez ambiguë. Pour ma part, je n'ai
pas d'autres questions concernant les programmes des
délégations.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1, adopté.
Catégorie 2, adopté. Catégorie 3, adopté.
Catégorie 5, adopté. Catégorie 6, adopté.
Catégorie 7, adopté. Catégorie 8, adopté.
Catégorie 11, adopté. Catégorie 13, adopté.
M. MASSE (Montcalm): Une question. Pour quelle raison y a-t-il une
contribution cette année à ce poste-là? Il n'y en avait
pas l'année précédente.
M. LEVESQUE: Cette somme est destinée à couvrir les
allocations, frais de transport, et parfois des traitements de fonctionnaires
québécois détachés à titre d'experts dans le
cadre des opérations de l'ACDI.
Ces montants sont l'objet de remboursement de la part d'Ottawa, une fois
l'opération terminée. La somme prévue de $160,000 indique
un ordre de grandeur plutôt qu'une prévision exacte.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'article 4 est adopté et tous les articles du
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: M. le Président, je tiens à vous remercier et
à vous féliciter de la façon dont vous avez
présidé l'étude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales. Je tiens à remercier mes
collègues de la façon objective avec laquelle ils se sont
acquitté de leur tâche et je tiens à remercier mes
collaborateurs du ministère pour le travail de préparation qu'ils
ont très bien fait.
M. LE PRESIDENT: Je remercie tous les membres de la commission d'avoir
facilité ma tâche. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)