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Commission permanente de la Présidence du
conseil,
de la Constitution et des Affaires
intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du mercredi 7 juin 1972
(Seize heures vingt-cinq minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Il serait de mise qu'on procède au choix d'un rapporteur de la
commission. Est-ce qu'il y a une proposition qui est faite?
M. LACROIX: M. Houde, député de Fabre.
M. LE PRESIDENT: Il y a une proposition devant la commission, pour que
le député de Fabre soit rapporteur. Est-ce que cela est
accepté par tous les membres?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Egalement, pour les besoins du journal des
Débats, je signale que M. Houde, de Fabre, remplace M. Brown, de Brome;
que M. Tessier, de Rimouski, remplace M. Choquette, d'Outremont. Est-ce que, de
votre côté, il y a d'autres changements à signaler?
M. ROY (Beauce): Comme M. Bois est obligé de partir à 17
heures, j'imagine que je devrais normalement faire partie de la commission,
M. BOURASSA: M. le Président, je constate que M. Fabien Roy
remplace M Armand Bois, en attendant que M. Camille Samson remplace..
M. LE PRESIDENT: Du côté de l'Unité-Québec,
les membres désignés sont M. Loubier et M. Tremblay
(Chicoutimi).
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le premier ministre accepterait que
je remplace M. Jean-Noël Tremblay, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire
de naissance, et à qui j'ai donné congé.
M. LACROIX: Vous n'êtes pas aussi belle que lui!
M. LE PRESIDENT: M. Roy, de Beauce, remplace M. Bois, de Saint-Sauveur,
et M. Cloutier de Montmagny, remplace M. Tremblay, de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le chef d'Unité-Québec sera ici
tantôt.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous procédons et j'appelle l'article
1: Bureau du lieutenant-gouverneur; catégorie 1: Traitements, salaires
et allocations.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'il y a des remarques
d'introduction générale auparavant que le ministre responsable
voudrait faire, parce que nous en aurions.
M. BOURASSA: Je vais écouter les remarques du
député de Bourget. Est-ce sur le bureau du
lieutenant-gouverneur?
M. LAURIN: Noa
M. HARDY: M. le Président, je voudrais bien que le
député de Bourget respecte la couronne.
M. LAURIN: D'accord, je vais respecter la couronne.
M. LACROIX: S'il ne respecte pas la tiare, il pourrait respecter
l'évêque!
M. LE PRESIDENT: Dois-je comprendre que c'est la volonté du
député de Bourget de faire des commentaires d'ordre
général sur tout le bureau du lieutenant-gouverneur?
M. LEVESQUE: M. le Président, il faudrait peut-être faire
remarquer au député de Bourget que s'il veut toucher à
l'OPDQ...?
M. LAURIN: Non, non, c'est à l'article 6. Non, c'étaient
des remarques d'ordre général. Je ne sais pas si le premier
ministre a des commentaires.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le premier ministre vous cède le droit de parole
prioritaire, si on veut. Nous écoutons le député de
Bourget.
M. LAURIN: Comme à la bataille de Fontenoy, j'aimerais
plutôt laisser parler les Anglais d'abord.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas obligatoire de faire un discours avant chaque
étude des crédits, M. le Président.
M. SAMSON: Ne le tourmentez pas trop, vous allez en avoir un.
M. LAURIN: Dans ce cas, si le premier ministre n'a rien à dire,
je vais consentir à son silence.
M. BOURASSA: M. le Président, le bureau fonctionne très
bien.
Bureau du lieutenant-gouverneur
M. LE PRESIDENT: La catégorie 1 : Traite-
mente, salaires et allocations. Il y avait six postes l'an dernier, six
postes sont maintenus. Est-ce que cela amène des commentaires ou si on
doit reconnaître que les membres adoptent cette catégorie?
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait demander au premier ministre si
c'est lui qui a suggéré la diminution de budget à
l'article 1: Bureau du lieutenant-gouverneur.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que, là comme ailleurs, nous
essayons d'avoir l'efficacité maximum.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais comment allez-vous avoir plus
d'efficacité chez le lieutenant-gouverneur? Est-ce que le premier
ministre pourrait nous expliquer cela?
M. HARDY: C'est aux services de transport qu'il y a une diminution. Le
lieutenant-gouverneur va moins voyager probablement.
M. TESSIER: A part cela, il a mal aux jambes!
M. BOURASSA: Il y aura moins de voyages.
M. ROY (Beauce): Il va se servir du jet du premier ministre?
M. BOURASSA: Oui, il a accès à l'avion.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 1 est adoptée. La
catégorie 3: Services de transport et de communication. Adopté.
La catégorie 4: Services professionnels, administratifs et autres.
Adopté. Les catégories 5, 7 et 11. Adopté.
Administration
M. LE PRESIDENT: L'article 2: Administration; sous-article 1:
Administration; catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier ministre sait certainement pourquoi
il y a une augmentation de personnel. Il va nous expliquer cela.
M. BOURASSA: En détail, M. le Président, l'on passe de 75
à 87 personnes et l'une des raisons principales à cela, c'est le
déménagement à l'édifice J, notamment de même
que l'extension des activités normales du bureau du premier
ministre.
En termes de chiffres, il y a une variation de $52,000 en salaires soit
de $699,400 à $752,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle sorte de personnel est requis? Quelle
est la qualité de ces treize personnes? Est-ce que ce sont des cadres
supérieurs? Est-ce du personnel d'administration?
M. BOURASSA: Etant donné l'ampleur de l'édifice, ce sont
des nouveaux messagers, des nouvelles réceptionnistes. C'est pour cela
que la différence n'est que de $52,000.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. ROY (Beauce): Le député de Lotbinière avait
posé une question au feuilleton de l'Assemblée nationale. On
l'avait informé, à ce moment-là, que la réponse
pouvait être donnée aujourd'hui; elle concernait justement le
personnel qu'il y a au bureau du premier ministre. Je ne sais pas si vous avez
la question et si les documents sont prêts.
M. BOURASSA: Cela ne devrait pas être long. La réponse est
en préparation.
M. ROY (Beauce): La réponse est en préparation. Vous ne
pouvez pas déposer cela aujourd'hui?
M. BOURASSA: Non.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la catégorie 1 est
adoptée?
La catégorie 3: Services de transport et de communication.
M. SAMSON: Aux services de transport et de communication, il y a une
augmentation de $15,000.
M. BOURASSA: Une augmentation de combien?
M. SAMSON: De $15,600.
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'auto du lieutenant-gouverneur se trouve
incluse dans cette catégorie?
M. BOURASSA: Ce n'est pas une grosse augmentation, mais nous allons vous
dire pourquoi. Il y a les frais de messagerie et autres frais de transport qui
ont augmenté de $3,000; les frais de télégraphie et de
télex qui ont augmenté de $4,000. Ce sont des choses comme
celles-là: télégraphe, télex, messagerie et frais
de transport
M. LE PRESIDENT: Adopté. La catégorie 4: Services
professionnels, administratifs et autres.
M. ROY (Beauce): En quoi consistent les services professionnels au
niveau du Conseil exécutif?
M. BOURASSA: Pour vous donner des détails, il y a le service
juridique, la comptabilité, l'administration et l'informatique, les
services techniques, les comités et commissions.
M. ROY (Beauce): A quoi serait due la diminution?
M. BOURASSA: Les services juridiques sont passés de $131,000
à $58,000.
M. ROY (Beauce): Est-ce que cela veut dire que les services juridiques
vont être répartis plutôt au niveau de chacun des
ministères?
M. BOURASSA: C'est l'une des raisons. Notamment, il y en a qui ont
été envoyés au ministère de la Justice.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce à cette catégorie que l'on
défraie le coût de la confection des lois?
M. BOURASSA: Oui, c'est compris là-dedans.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous en faites faire à
l'extérieur? Est-ce que vous faites préparer de la
législation à l'extérieur?
M. BOURASSA: Les conseillers de l'extérieur, qui auparavant
étaient payés par le Conseil exécutif, le sont maintenant
de plus en plus par le ministère de la Justice.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez beaucoup de conseillers de
l'extérieur qui préparent de la législation? Est-ce
régulier ou s'il y a des périodes de pointe?
M. BOURASSA: Il y a des périodes de pointe, c'est évident.
Les fins de session, notamment.
UNE VOIX: Quand cela presse!
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez des hommes
d'expérience?
M. BOURASSA: Des hommes de grande expérience.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si ce sont des hommes de tant
d'expérience, l'Opposition n'a pas raison de retravailler tellement les
lois, M. le Président.
M. BOURASSA: C'est toujours perfectible. Je comprends qu'avec mon
gouvernement les lois sont quasiment parfaites, mais il faut laisser un peu de
marge à l'Opposition.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, l'Opposition va continuer à les
améliorer! Est-ce que le premier ministre pourrait nous donner des noms
de ses conseillers d'expérience?
M. BOURASSA: M. Lesage, évidemment, M. Desjardins.
De plus en plus c'est l'équipe du ministère de la
Justice.
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire, dans les
cas où l'Opposition veut préparer de la législation, si
des conseillers d'expérience sont aussi disponibles pour les membres de
l'Opposition?
M. BOURASSA: A ma connaissance, non. Est-ce que le député
en fait une suggestion?
M. SAMSON: Si vous le prenez sur ce ton, je pense que l'occasion est
choisie pour en faire une suggestion.
M. BOURASSA: Le leader parlementaire me rappelle qu'il y a un budget de
recherche pour les différents partis. Je ne sais pas si, dans
l'intérim, le député de Rouyn-Noranda a son propre budget
de recherche.
M. SAMSON: Je ne parle pas de la législation que nous avons
à défendre. Je parle de la préparation de projets de loi.
Vous nous dites que vous avez des experts, des hommes d'expérience qui
sont utilisés pour la préparation des projets de loi. Ils sont
assez bien préparés, les articles se suivent, il n'y a pas de
problème. Cela va bien. Seulement, j'aimerais savoir si, dans des cas
où des députés de l'Opposition veulent préparer
aussi des lois, on peut donner un exemple, le député de
Bellechasse a préparé un projet de loi, on peut avoir les
services sinon de ces personnes, au moins de légistes.
M. LEVESQUE: D'abord, pour les bills qu'on appelait autrefois les bills
privés, les députés, quel que soit le Côté de
la Chambre où ils siègent, peuvent avoir les services des
légistes. On a vu souvent des députés de l'Opposition
parrainer des projets de loi et ces projets de loi, qu'on appelait de nature
privée autrefois parce qu'ils n'étaient pas publics dans le sens
général du mot, par exemple les bills de villes, pouvaient
être parrainés par des députés, quelle que soit leur
allégeance politique. Ils peuvent encore l'être et, à ce
moment-là, les services des légistes sont disponibles pour les
députés.
M. SAMSON: Je pense bien que ça peut s'étendre aux bills
publics aussi.
M. LEVESQUE: Cela arrive plus rarement.
M. SAMSON: Cela ne veut pas dire qu'on a l'intention de vous
présenter des bills publics. Il n'y en a pas eu un seul de
présenté depuis deux ans.
M. LEVESQUE: Cela arrive plus rarement, disons-le. A ce
moment-là, je pense bien qu'il faut traiter chaque cas comme un cas
d'espèce et je n'ai pas d'objection à regarder ça de plus
près quant à moi.
M. TESSIER : Même pour les membres des partis
enregistrés?
M. BOURASSA: Il y a les avant-projets de loi qui peuvent être
préparés par les députés et après, les
conseillers juridiques peuvent examiner le projet de loi.
M. SAMSON: C'est évident!
M. BOURASSA: Il y a aussi la question de temps. Ces semaines-ci, les
conseillers juridiques sont absorbés par la question de la
réforme fiscale, des projets de loi très volumineux. Pour les
employés du ministère de la Justice, c'est...
M. SAMSON: Est-ce que vous nous suggérez, lorsqu'on veut faire un
peu d'obstruction à vos projets de loi, d'en préparer
nous-mêmes pour accaparer vos conseillers?
M. BOURASSA: Non, non, pas du tout. M. LE PRESIDENT: Adopté. M.
ROY (Beauce): Un instant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y a rien de modifié dans le
comité de législation. Cela retourne quand même au
comité de législation.
M. BOURASSA: C'est ça! Au Conseil des ministres, au comité
de législation, puis au conseil des ministres.
M. ROY (Beauce): Le comité de législation est
composé de combien de membres?
M. BOURASSA: Cela varie. Plusieurs ministres en font partie. C'est
présidé par le ministre de la Justice et le leader
parlementaire.
M. ROY (Beauce): C'est le ministre de la Justice ou le leader
parlementaire qui préside effectivement le comité de
législation?
M. BOURASSA: Oui.
M. ROY (Beauce): M. Lesage en fait-il partie? On a mentionné M.
Lesage.
M. BOURASSA: Il est conseiller. Le député de Montmagny
parlait de conseillers juridiques de l'extérieur. J'ai dit que, de plus
en plus, nous avions affaire aux employés du ministère de la
Justice mais qu'il restait quelques conseillers de l'extérieur, dont M.
Desjardins et M. Lesage.
M. ROY (Beauce): Mais ils ne font pas partie, effectivement, du
comité de législation.
M. BOURASSA: C'est-à-dire qu'ils peuvent donner leur avis au
comité de législation.
M. ROY (Beauce): Ces conseillers sont-il rémunérés
à la pièce...
M. BOURASSA: Au taux régulier.
M. ROY (Beauce): ... ou s'ils sont rémunérés sur
une base annuelle comme on dit à salaire, au taux horaire?
M. BOURASSA: Au taux régulier. M. ROY (Beauce): Au taux
régulier. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. ROY (Beauce): Je serais curieux de vous poser une question, mais ce
serait peut-être une indiscrétion que je commettrais à ce
moment-là.
M. BOURASSA: D'accord! Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. ROY (Beauce): Le premier ministre se sent soulagé.
M. BOURASSA: Non, pas du tout. Le gouvernement n'a rien à cacher,
mais je comprends la délicatesse du député.
M. SAMSON: Vous n'avez pas grand-chose à montrer non plus.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et réparations.
Adopté. Catégorie 6.
M. BOIS: A la catégorie 6, M. le Président, est-ce qu'il a
été possible, dans les déménagements, par exemple,
d'économiser certains loyers qui auraient pu être situés
à l'extérieur? Est-ce qu'effectivement il n'y en avait pas pour
le Conseil exécutif? Parce que je remarque qu'à la
catégorie 6 il y a une légère augmentation dans presque
toutes les sections.
M. BOURASSA: Personnellement, j'avais donné des instructions aux
ministères concernés pour essayer d'économiser dans le
sens que vous venez de suggérer, mais pour ce qui est des loyers en
question ici, c'est pour l'outillage technique, les machines Xerox et des
choses comme cela.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements. Adopté. Catégorie 8. Adopté.
Catégorie 10.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est à ce chapitre que le
premier ministre fait des heureux: des subventions, des centres de loisirs, des
tricentenaires, des centenaires?
M. BOURASSA: C'est cela. C'est une espèce de fonds de secours
pour...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Bon.
UNE VOIX: Qui secourez-vous?
M. BOURASSA: Les centenaires, les tricentenaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et les demandes sont moins considérables
cette année? Est-ce que le premier ministre anticipe... Parce que le
montant réel de l'an passé a été moins
élevé que les estimations.
M. BOURASSA: Probablement. Les demandes des députés pour
les centenaires sont très raisonnables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a aussi les inondations
là-dedans?
M. BOURASSA: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais vous ne prévoyez pas les
inondations?
M. TESSIER: Les tremblements de terre non plus.
M. BOURASSA: Je peux donner des exemples. L'Association France-Canada:
$600. Les scouts des Iles-de-la-Madeleine: $100.
M. SAMSON: Comment cela se fait-il que mes scouts n'en ont pas eu?
M. BOURASSA: Comité des fêtes nationales de la Saint-Jean:
$24,999. Je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas mis $25,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce qu'à un certain moment, cela
change d'organisme, une question semblable, c'est le Conseil du trésor
à $25,000.
M. ROY (Beauce): Vous avez dit un montant de $24,999.
M. BOURASSA: C'est pour donner la subvention plus rapidement, lorsque
cela vient du Conseil exécutif.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est beaucoup plus rapide d'enlever $1 comme
cela. Cela ressemble un peu aux déclarations d'impôt.
M. BOURASSA: Etats généraux du Canada français,
vous avez...
M. ROY (Beauce): Quel montant pour les Etats généraux du
Canada français?
M. BOURASSA: Un montant de $24,000. C'est un montant qui restait
à payer.
M. SAMSON: Est-ce que vous continuez à les subventionner?
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous prévoyez encore cette
année subventionner les Etats généraux du Canada
français?
M. BOURASSA: C'est terminé, c'est un montant qui restait. Le
fonds Jean-Béliveau: $5,000. L'Institut de cardiologie: $1,000. Est-ce
que la paroisse de Cap-Saint-Ignace est située dans le comté de
Montcalm?
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans Montmagny.
M. BOURASSA: Ah oui! Je m'excuse.
M. MASSE (Montcalm): Vous ne venez certainement pas souvent dans le
comté de Montcalm.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur la rive sud, cette année, il y a
cinq municipalités qui célèbrent un tricentenaire. Je
pense que ce fait vaut la peine d'être souligné. Vous avez
Rivière-Ouelle dans Kamouraska, Cap-Saint-Ignace et Berthier-sur-Mer
dans Montmagny, Beaumont dans Bellechasse et il y en a une que j'ai
oubliée.
UNE VOIX: Vous avez dit Saint-Jean-Port-Joli, M. le premier
ministre.
M. BOURASSA: Saint-Jean-Port-Joli, oui, un montant de $4,000. Oxfam:
$50,000.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que le premier ministre
accepterait de nous fournir une liste complète de ces subventions?
M. BOURASSA: Cela a été déposé l'an dernier.
C'est dans les comptes publics.
M. ROY (Beauce): En dehors des comptes publics, parce que c'est tout de
même un volume assez gros.
M. BOURASSA: Cela va.
M. ROY (Beauce): Est-il possible de nous donner une photocopie du
document que vous avez?
M. BOURASSA: D'accord.
M. ROY (Beauce): De la façon qu'on procède habituellement
aux engagements financiers, je pense que cela pourrait simplifier la
question.
M. SAMSON: Dans cinq minutes, nous en aurons une copie, si vous
l'acceptez.
M. BOURASSA: Cela va, pas de problème.
M. ROY (Beauce): Sur ce point, j'aimerais poser une question au premier
ministre. L'an
dernier, je lui avais fait parvenir des télégrammes suite
à l'ouragan et aux inondations dans la Beauce au milieu de
l'été. On m'avait dit à ce moment-là qu'une
étude serait faite et qu'on procéderait à l'examen de la
situation de très près et qu'on verrait, à un certain
moment, à peut-être prendre des dispositions en vue de venir en
aide aux victimes.
Les dommages ont été assez considérables et je suis
toujours en correspondance et il n'y a rien qui avance de ce
côté.
UNE VOIX: Le gars s'est retiré.
M. ROY (Beauce): Retiré, mais les dommages ont demeurés et
les gens ont été obligés de payer. Je ne suis pas contre
le fait qu'on paie à Saint-Jean-Vianney ou qu'on paie ailleurs, mais il
y a eu des dégâts identiques dans l'Abitibi, il y a plusieurs
années et il y a eu une aide gouvernementale. Je m'explique un peu
difficilement pourquoi chez nous, alors que les gens ont subi à peu
près les mêmes dommages, ils n'ont rien eu. Je ne sais pas si je
n'ai pas frappé à la bonne porte.
M. BOURASSA: Je pense que si le député pouvait s'absenter,
son chef est là, pour aller à la commission des richesses
naturelles, ça relève plutôt du ministère des
Richesses naturelles. Je pense qu'on a examiné les
représentations qui ont été faites. Je me demande si les
inondations en question pouvaient être interprétées au sens
de la loi comme pouvant recevoir des dédommagements.
M. ROY (Beauce): L'interprétation a été faite aux
Richesses naturelles. D'ailleurs j'ai communiqué et j'ai eu la
réponse. On a fait une enquête météorologique qui a
déterminé qu'effectivement il y avait eu un ouragan à la
date précitée. Il y avait eu des dommages qui avaient
été constatés sur place, mais le ministère des
Richesses naturelles ne donnait aucune compensation pour des dommages
causés à l'occasion d'ouragan. La question des inondations, c'est
un autre domaine, mais il s'agit effectivement d'un ouragan qui avait
causé les plus grands dommages.
M. BOURASSA: On me dit qu'au sens de la loi on ne pouvait pas donner de
subventions. Je pense que le ministre des Richesses naturelles et ses
fonctionnaires seraient en mesure de donner toutes les raisons au
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): En vertu de la loi, il n'y a pas de subventions
statutaires et organisées pour ces choses-là, je suis d'accord.
C'est une aide que le gouvernement étudie, à un certain moment,
en fonction du phénomène qui se produit, tenant compte des
dommages causés et tenant compte de toutes les circonstances. Il est
évident qu'à ce moment-là, si on se réfère
aux lois, il n'y a rien. Il s'agit d'un acte de bravoure et de
générosité de la part du gouvernement pour
dédommager des personnes qui ont été très
pénalisées et qui auraient pu être dans un autre
comté, une autre région de la province.
M. HARDY: C'est plutôt un acte de Dieu ça.
M. BOURASSA: Les remarques du député sont
enregistrées. Je conseillerais au député d'en discuter
à la commission des richesses naturelles.
M. ROY (Beauce): J'ai tout épuisé et on m'a dit de me
référer au Conseil exécutif. Je suis au Conseil
exécutif et on me réfère aux Richesses naturelles. Je peux
bien voyager d'un bureau à l'autre.
M. SAMSON: Cela va augmenter vos dépenses de voyage.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 10: Dépenses de
transfert.
Catégorie 11: Autres dépenses.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas
suspendre la catégorie 10, pour quelques minutes? On a demandé
une liste qui est en train de se faire. On pourrait passer à la
catégorie 11, je n'ai pas d'objection, mais j'aimerais qu'on puisse
prendre connaissance de la liste qu'on a demandée avant d'adopter la
catégorie 10.
M. BOURASSA: D'accord. On me dit que la liste est déjà
dans les comptes publics. Elle est publiée intégralement.
M. SAMSON: Vous avez accepté de nous la faire. Dans cinq minutes,
on va l'avoir.
M. ROY (Beauce): Les comptes publics de l'année dernière,
nous ne les avons pas encore reçus.
M. BOURASSA: D'accord, je vais faire faire la liste.
M. SAMSON: On reviendra sur la catégorie 10.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous tenez à avoir la liste
aujourd'hui?
M. SAMSON: Oui, on est allé la chercher, ça prend cinq
minutes.
M. BOURASSA: D'accord.
M. SAMSON: C'est un gouvernement qui travaille vite.
M. BOURASSA: J'ai donné les éléments les plus
importants: Oxfam: $50,000; Etats généraux: $24,000. Je n'ai pas
d'objection.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
Adopté.
UNE VOIX: Oui, ça va.
Commission Gendron
M. LE PRESIDENT: Toujours à l'article 2 : Administration;
sous-article 2: Commission d'enquête sur la situation de la langue
française au Québec et sur les mesures à prendre pour en
assurer le plein épanouissement, ainsi que sur les droits linguistiques
des citoyens du Québec.
M. ROY (Beauce): Le sous-article 2, M. le Président, il s'agit de
la Commission d'enquête sur la situation de la langue française au
Québec?
M. BOURASSA: Oui.
M. ROY (Beauce): La commission Gendron, est-ce que le premier ministre
aurait quelque chose de nouveau à nous annoncer, à cette
occasion?
M. BOURASSA: Pas depuis la semaine dernière.
M. ROY (Beauce): Depuis la rencontre que vous avez eue avec les membres
de la commission, parce qu'il n'y a pas eu de déclaration en
Chambre.
M. BOURASSA: Il y a eu des questions en Chambre, j'ai
répondu.
M. ROY (Beauce): Il y a eu des questions en Chambre les deux jours qui
ont précédé votre rencontre. La dernière
journée que nous avons posé des questions à ce
sujet-là, c'était effectivement avant la rencontre.
M. BOURASSA: Il y a eu une conférence de presse de la commission
Gendron et les quatre commissaires ont répondu à toutes les
questions qui leur ont été posées. Je peux envoyer le
texte de la conférence de presse au député.
M. ROY (Beauce): Maintenant, la commission Gendron, je m'excuse de
revenir mais, pour le journal des Débats, est-ce que le premier ministre
peut nous assurer que, effectivement, c'est décidé que le mandat
ne sera pas prolongé, après le 31 décembre 1972?
M. BOURASSA: J'ai dit ça. Evidemment, un journaliste fort
expérimenté que je vois ici a dit que c'est un grand coup
d'épée dans l'eau, quand j'ai mentionné qu'il
n'était pas question de prolonger le mandat, après le 31
décembre 1972.
Si j'ai tenu à mentionner cela clairement, c'est parce
qu'à plusieurs reprises, on était d'accord pour terminer à
telle date et qu'on se rendait compte, la date venue, qu'il fallait un autre
prolongement. Alors, c'est la raison pour laquelle j'ai voulu être clair
et dire d'avance même si elle était d'accord, même si
elle avait été d'accord sur les autres prolongements de
dire cette fois: Il n'est pas question qu'au mois de décembre, si ce
n'est pas terminé, on vous donne un autre délai. C'est dans ce
sens que la position du gouvernement avait été
énoncée.
M. BOIS: Est-ce que les crédits engagés ont tous
été versés à la commission Gendron?
M. BOURASSA: Oui. Je pense qu'elle réclame un petit surplus.
M. ROY (Beauce): Etant donné que le gouvernement a
décidé de ne pas prolonger le mandat de la commission et que
cette dernière avait demandé une prolongation de son mandat,
est-ce que ceci veut dire qu'il sera possible quand même pour la
commission, à la suite de la décision gouvernementale, de
compléter ses travaux? Ou est-ce que la commission se limitera à
en faire parvenir seulement une partie?
M. BOURASSA: Il n'est pas question d'accorder un délai. C'est ce
que j'ai dit. Il faudrait que cela se termine le 31 décembre 1972.
M. ROY (Beauce): Mais ce que je veux savoir du premier ministre est
ceci: Est-ce que la commission Gendron pourra compléter son travail
quand même?
M. BOURASSA: Avec les fonds publics?
M. ROY (Beauce): Je vous demande si le délai à
l'intérieur...
M. BOURASSA: Le délai est final. M. ROY (Beauce): Il est final?
M. BOURASSA: Oui.
M. ROY (Beauce): ... si le mandat qui avait été
confié à la commission sera complété ou si ce
mandat sera partiel?
M. BOURASSA: Si le mandat n'est pas complété, il sera
complété par les ministères impliqués.
M. ROY (Beauce): Mais vous n'avez reçu aucune garantie des
membres de la commission Gendron qu'ils compléteraient leur mandat?
M. BOURASSA: Ils peuvent difficilement donner une garantie absolue. A
plusieurs reprises, ils ont promis qu'ils feraient l'impossible pour remettre
les rapports. Il ne faut quand même pas les blâmer injustement.
C'est une question qui est très difficile et très
délicate.
C'est la première fois qu'on l'examine. Mais je pense que le
gouvernement devait prendre ses responsabilités comme il l'a fait et
dire: Cela ne peut pas se prolonger au-delà du 31 décembre
1972.
M. ROY (Beauce): En quelle année la commission Gendron a-t-elle
commencé ses travaux?
M. BOURASSA: En 1969.
M. ROY (Beauce): Alors, il y a l'année 1969. 1970...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est en 1968. C'est au moment où la loi
été discutée en Chambre; il y a eu une motion
spéciale.
M. ROY (Beauce): En 1968. Alors, il y a l'année 1969 au complet,
1970, 1971 et 1972. Et on nous informe qu'il ne sera même pas possible
après quatre ans et quelques mois de nous donner un rapport succinct
pour nous expliquer la situation du français au Québec. Je me
demande ce qui se passe, parce que nous la connaissons tous, individuellement,
la situation du français au Québec.
M. BOURASSA: On ne dit pas qu'il ne sera pas possible. On dit qu'on
prévoit terminer les rapports en question, ou la majorité, pour
le 31 décembre 1972. On dit qu'on va les donner pour le 31
décembre 1972. Ce que j'ai dit, c'est que, comme cela est arrivé
dans le passé, si on demande un nouveau délai, le gouvernement a
décidé de considérer que le délai actuel
était un délai final et qu'on remettra au gouvernement ce qu'on
aura terminé.
M. ROY (Beauce): Quels sont les montants totaux qui ont
été accordés à venir jusqu'à maintenant
à la commission Gendron? Combien coûtera-t-elle en tout?
M. BOURASSA: Environ $2,300,000 au 31 décembre 1972. Quand elle
aura terminé.
M. ROY (Beauce): C'est-à-dire au 31 décembre 1972, qu'elle
ait terminé ou non.
M. BOURASSA: C'est cela. Elle prévoit terminer mais si elle ne
termine pas, c'est entendu qu'elle remettra ce qui aura été
fait.
UNE VOIX: ... pour savoir qu'on peut parler français?
M. BOURASSA: Je pense qu'il y a des études très
intéressantes qui ont été faites par la commission et qui
devraient très certainement aboutir à des recommandations utiles
au gouvernement et à la population du Québec.
M. ROY (Beauce): J'anticipe peut-être sur les conclusions de la
commission, mais est-ce que le gouvernement a l'intention de donner suite
à certaines de ces recommandations? Ou si tout simplement, compte tenu
de toutes sortes de facteurs, le gouvernement ne pourrait pas appliquer les
recommandations inclues dans ce rapport de façon que justement le
travail de cette commission donne à peu près les résultats
de beaucoup d'autres commissions qui ont siégé avant?
M. BOURASSA: La question du député est remplie
d'embûches, de pièges, de conditionnels, d'hypothèses.
M. ROY (Beauce): Oui, d'accord. Comme la commission, d'ailleurs.
M. BOURASSA: Alors, comment voulez-vous que le gouvernement, sans
même connaître la nature des recommandations, porte un jugement sur
les recommandations? Je ne sais pas si le député se rend compte,
je ne dirais pas du manque de sérieux de sa question, mais de la
naïveté de sa question. Il me demande ce que nous allons faire
quelle que soit la nature des recommandations.
M. ROY (Beauce): Non, ce n'est pas une naiveté de notre part.
C'est une question précise que j'ai posée au premier ministre,
parce que nous savons d'avance, en quelque sorte, sans présumer et sans
faire d'hypothèses, ce qui pourrait arriver.
M. BOURASSA: Quel rapport le gouvernement n'a-t-il pas appliqué?
Dans le cas de la commission Thinel le gouvernement n'a pris que quelques
semaines. Un tel rapport a été appliqué à un rythme
sans précédent, par un gouvernement. Quelques semaines
après la publication du rapport, il y avait les projets de loi 44 et 45,
toutes les études du rapport Mineau; nous avons eu la réforme
administrative du PPBS, la plus grande réforme administrative
financière de l'histoire du Québec. Je pourrais donner toute une
série d'exemples comme ceux-là.
M. SAMSON: Dans quelle proportion aviez-vous influencé le
rapport?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pourrais dire au premier ministre que
j'avais commencé à appliquer le rapport de la commission
Castonguay-Nepveu avant qu'il soit publié. C'est encore plus vite que ce
que le premier ministre fait.
M. BOURASSA: C'est une exception qui confirme la règle dans le
cas du gouvernement précédent.
M. ROY (Beauce): Nous aurons sûrement l'occasion de revenir sur ce
point, M. le Président, et je suis convaincu qu'à ce moment
le
premier ministre sera en mesure de constater que nous n'avons pas
été naifs dans nos questions d'aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a le rapport Trahan, sur
l'hôpital Charles-Lemoyne, dans les applications rapides?
M. BOURASSA: Je pense que le ministre des Affaires sociales a
répondu au député de Bourget sur ces questions.
M. MASSE (Montcalm): C'est l'exception qui ne confirme pas la
règle.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Montcalm a fini
son intervention? Le député de Rouyn.
M. SAMSON : Est-ce que le premier ministre peut nous dire si, à
sa connaissance, la commission Gendron a des relations avec le Mouvement du
Québec français? Soit dans la préparation de son travail,
ou dans ses analyses?
M. BOURASSA: Je ne le sais pas. Je sais qu'il y a eu quelques
réunions du Mouvement du Québec français. Il y en a eu une
à Québec, où il y avait à peu près cent
personnes. Cela ne semble pas avoir été un succès
foudroyant.
M. SAMSON: Je vous demande si cela a quelque chose à voir avec la
commission Gendron.
M. BOURASSA: A ma connaissance, il n'y a pas de relation entre les deux
organismes. Il est possible qu'il y ait eu des discussions; mais à ma
connaissance, non.
M. SAMSON: Je voudrais m'assurer que le rapport de la commission Gendron
sera rédigé en français, parce qu'au Mouvement du
Québec français, ils font un "blitz" présentement. Ce
n'est pas français, cela.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le premier ministre a l'intention de
modifier la politique de langues, soit par législation ou par voie
réglementaire, d'ici la parution du rapport Gendron?
M. BOURASSA: Comme je l'ai dit, le gouvernement ne peut pas
énoncer tous les éléments de sa politique linguistique
avant de connaître le rapport Gendron. Je pense que ce ne serait pas
tellement réaliste de notre part de faire cela, mais cela
n'empêche pas le gouvernement, dans des secteurs précis, d'agir
avant le 31 décembre 1972. Je pense notamment aux amendements au code du
travail. On doit en discuter prochainement au conseil des minis- tres,
dès que le ministre de la Fonction publique et du Travail aura eu un peu
plus de loisirs avec les négociations en cours.
M. LAURIN: Cela fait un an qu'ils sont annoncés, M. le premier
ministre.
M. BOURASSA: D'accord. Je le sais, mais le ministre a été
pris par différentes tâches.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que je dois inclure dans la réponse
du premier ministre l'annonce faite par le ministre de l'Education, concernant
un nouveau projet de loi no 28?
M. BOURASSA: A l'automne.
M. MASSE (Montcalm): A l'automne, concernant la restructuration scolaire
sur l'île de Montréal?
M. BOURASSA: Ce que vous voulez me faire dire, c'est le contenu du
prochain projet de loi.
M. MASSE (Montcalm): Non, je veux vous faire donner une réponse
à la question que je pose. Vous avez dit : Dans un certain nombre de
secteurs; vous avez parlé du secteur du travail, par des modifications
au code du travail. Est-ce que je dois comprendre également que vous
toucherez au domaine de l'éducation, par le biais d'un nouveau projet de
loi 28?
M. BOURASSA: Vous voulez me faire annoncer prématurément
la politique du gouvernement sur le bill 28...
M. MASSE (Montcalm): Non, non. Je veux une réponse à la
question.
M. BOURASSA: ... en ce sens: Est-ce qu'il va inclure un aspect
linguistique? Je vous dis que le gouvernement annoncera sa politique sur ces
questions en temps opportun.
M. MASSE (Montcalm): Lorsque le gouvernement pose un geste semblable
dans la politique de langues, est-ce qu'il demande un rapport ou un avis
à la commission, sur sa proposition réglementaire ou
législative?
M. BOURASSA: C'est une suggestion qui peut être
considérée par le gouvernement. Je pense qu'il pourrait
être normal que le président de la commission et les commissaires
soient mis au courant des intentions du gouvernement sur les mesures qu'il veut
prendre avant le 31 décembre, en matière linguistique.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que je dois comprendre être
informé ou demander un avis?
M. BOURASSA: J'opterais plutôt pour la première partie de
la phrase du député.
M. MASSE (Montcalm): La première partie. Malgré le fait
qu'il pourrait y avoir contradiction entre le rapport à être
publié au mois de décembre et la loi présentée
à l'automne?
M. BOURASSA: C'est exact.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté, le sous-article 2: Commission
d'enquête sur la situation de la langue française au Québec
et sur les mesures à prendre pour en assurer le plein
épanouissement, ainsi que sur les droits linguistiques des citoyens du
Québec.
Secrétariat général et
greffe
M. LE PRESIDENT: Article 3: Secrétariat général et
greffe; sous-article 1: Bureau du secrétariat général;
catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4: Services professionnels,
administratifs et autres.
M. ROY (Beauce): Catégorie 4: Services professionnels,
administratifs et autres, il s'agit d'une nouvelle demande de crédits;
ils n'existaient pas, effectivement, l'an dernier. Alors, qu'est-ce qui
justifie cette année, les $35,400 à cette catégorie?
M. BOURASSA: D'abord, il y a eu la diminution dont on parlait
tantôt. Elle a été transférée en partie au
secrétariat général, dans le domaine des services
juridiques. Il peut y avoir des circonstances spéciales où le
gouvernement ou le secrétariat général a besoin de
conseillers juridiques spéciaux. Notamment à l'occasion de la
dernière grève, on a eu recours aux services de certains avocats,
à l'intérieur du cadre de l'action du secrétariat
général.
M. MASSE (Montcalm): Les avocats qui ont rédigé la loi ou
les avocats qui ont présidé les négociations?
M. BOURASSA: Qui ont rendu des services juridiques au gouvernement.
M. MASSE (Montcalm): Des services juridiques pour la partie
législative de la négociation, la partie du projet de loi 19.
M. BOURASSA: Non, la partie de la négociation
elle-même.
M. MASSE (Montcalm): Et ça n'apparaît pas au
ministère de la Fonction publique?
M. BOURASSA: Il y avait une action de coordination qui était
faite par le secrétariat général, qui relève du
premier ministre. C'est pourquoi les déboursés ont
été faits par le secrétariat général.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que c'est dans ce budget, les
responsabilités du secrétariat général concernant
Saint-Jean-Vianney, dans le Lac-Saint-Jean, l'année dernière?
C'est le secrétariat général qui a coordonné
l'opération.
M. BOURASSA: D'accord, c'est l'une des raisons des fonds. Le
secrétariat général a fait le travail et cela a
exigé des déboursés additionnels.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que les questions d'arpentage ont
été payées par le secrétariat
général?
M. BOURASSA: Non, pas l'arpentage.
M. MASSE (Montcalm): Cela a été payé par le
minitère des Richesses naturelles?
M. BOURASSA: Terres et Forêts.
M. MASSE (Montcalm): Par les Terres et Forêts. En outre de cette
responsabilité exceptionnelle, est-ce qu'il y en a eu d'autres
tâches qui ont été données au secrétariat
général, de façon exceptionnelle ou épisodique?
M. BOURASSA: Il y a le secrétaire général qui a des
tâches très importantes à remplir avec...
M. MASSE (Montcalm) : Mais, à l'occasion
d'événements dans le genre de Saint-Jean-Vianney, est-ce qu'il y
a eu d'autres opérations de cet ordre qui, ne pouvant relever d'autres
ministères, ont été greffées au secrétariat
général?
M. BOURASSA: A l'occasion de la grève de la fonction
publique.
M. MASSE (Montcalm): Quel était le type de responsabilité
du secrétariat général?
M. BOURASSA: Coordination certaine entre l'action des différents
ministères, le ministère de la Justice, le ministère de la
Fonction publique; l'action qui est faite par ces ministères est
centralisée au secrétariat général qui, lui, fait
rapport régulièrement au premier ministre.
M. MASSE (Montcalm): L'étude des demandes des injonctions, est-ce
que c'est fait au secrétariat général?
M. BOURASSA: Au comité interministériel.
M. MASSE (Montcalm): Et le secrétaire général
sert...
M. BOURASSA: Il y assiste, oui.
M. MASSE (Montcalm): ... d'appoint.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que le secrétaire
général agissait comme secrétaire du comité
interministériel, formé des ministres L'Allier, Castonguay,
Cloutier et Garneau. Et le secrétaire général faisait
rapport au premier ministre des recommandations du comité
interministériel.
M. MASSE (Montcalm): Dans le domaine des relations
fédérales-provinciales, est-ce que le secrétariat
général joue un rôle? Si oui, lequel?
M. BOURASSA: Le secrétariat, non. Le secrétaire
général, oui.
M. MASSE (Montcalm): Quel serait son rôle par rapport au
sous-ministre des Affaires intergouvernementales?
M. BOURASSA: Conseiller du premier ministre et du ministre.
M. MASSE (Montcalm): Mais sans répartition définitive.
M. BOURASSA: Non. M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6: Loyers.
M. ROY (Beauce): Aux loyers il y avait effectivement $2,600
l'année dernière. Cette année on demande des
crédits de $12,000. Est-ce qu'il y a un déplacement.
M. LE PRESIDENT: Xerox. Loyer d'informatique.
M. ROY (Beauce): C'est le loyer de l'informatique.
M. BOURASSA: Oui.
M. ROY (Beauce): Il ne s'agit pas effectivement de loyer de...
M. BOURASSA : Loyer de l'informatique.
M. ROY (Beauce): Cela va!
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7.
M. ROY (Beauce): Cela va!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8.
M. ROY (Beauce): Cela va!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2 de l'article 3: Bureau du greffier.
Catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le greffier va être mieux
organisé. Six personnes...
M. BOURASSA: Toujours de mieux en mieux!
M. CLOUTIER (Montmagny): D'abord il a un excellent greffier.
M. BOURASSA: Même s'il a déjà été
candidat conservateur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bon. Cela n'a fait qu'augmenter son
expérience.
M. BOURASSA: L'augmentation des dépenses vient du fait qu'on
microfilme tous les arrêtés en conseil. On est en train de
microfilmer tous les arrêtés en conseil depuis l'origine. Cela
exige une addition de personnel.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4. Adopté.
Catégorie 6.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Catégorie 7. La même chose que
l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11: Autres
dépenses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6: Office de planification et de
développement du Québec.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on pourrait passer, peut-être, cela
pourrait me permettre de me libérer, si vous n'avez pas d'objection, aux
articles, 6 et 7...
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous sommes dans les millions. Le ministre veut
s'en aller quand on lui parle de millions.
M. BOURASSA: Au contraire. Je vais essayer de rester, mais c'est parce
que là...
UNE VOIX: Il reste seulement l'Office de planification.
M. BOURASSA: D'accord! Il reste seulement l'Office de planification et
la liste en question des...
M. LE PRESIDENT: La liste a été déposée. M.
SAMSON: On l'a.
Administration (suite) Subventions
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on adopte automatiquement la catégorie
10: Dépenses de transfert à l'article 2?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, oui!
M. SAMSON: J'aurais quelques questions. L'Association dentaire
canadienne reçoit $5,000; est-ce que c'est l'association qui fait
actuellement de la publicité à la télévision qui
constitue une propagande pour le fluor dans l'eau? Est-ce que c'est la
même association?
M. BOURASSA : Je pourrai répondre au député
tantôt.
M. SAMSON: Cette semaine, vous vous rappelez une question qui a
été posée au ministre des Affaires sociales à
savoir si le gouvernement avait contribué de quelque façon
à financer cette campagne de propagande. On nous a répondu que
non. Mais si je me rappelle bien l'association...
M. BOURASSA: C'est pour un congrès. M. SAMSON : Pour un
congrès.
M. BOURASSA: Ce sont des choses qui se font depuis des années.
C'est un congrès.
M. SAMSON: Le premier ministre doit comprendre que je veux m'assurer que
ce n'est pas la même association qui fait de la propagande pour le
fluor.
M. BOURASSA: Non.
M. SAMSON: Si elle fait de la propagande pour le fluor je verrais
très mal que le gouvernement paie pour cela, à moins que le
gouvernement ne veuille utiliser ce canal de publicité.
M. BOURASSA: Ce qui arrive, M. le Président, je pense que c'est
une coutume qui existe depuis très longtemps; lorsqu'il y a certains
congrès le gouvernement du Québec donne une subvention.
C'était la première fois que le congrès...
M. SAMSON: Un congrès qui se tient au Québec. C'est
international. A ce moment-là, il n'y a pas de problème.
Comité-Canada qu'est-ce que c'est? Il a reçu $5,000.
J'espère que ce n'est pas le comité Action-Canada.
M. BOURASSA: C'est le Comité-Canada. C'est un programme
d'échange d'étudiants durant l'été.
M. MASSE (Montcalm): La ville de Montréal: $25,000. Qu'est-ce que
c'est?
M. BOURASSA: C'est le concours du chef du gouvernement pour les Jeux
olympiques.
M. MASSE (Montcalm): La ville de Québec: $15,000?
M. BOURASSA: C'est le carnaval, probablement.
M. MASSE (Montcalm): Mais le ministère du Tourisme ne donne-t-il
pas $25,000?
M. BOURASSA: Le Conseil exécutif fait également une
contribution.
M. MASSE (Montcalm): En plus des $25,000?
M. BOURASSA: C'est pour le service de sécurité pendant le
carnaval.
M. MASSE (Montcalm): A cause de la présence du premier
ministre?
M. BOURASSA: Non.
M. MASSE (Montcalm): Sans relation.
M. BOURASSA: Aucune.
M. SAMSON: L'Expérience de vie internationale, c'est quoi,
cela?
M. BOURASSA: C'est une organisation sous réserve
sans but lucratif pour des personnes âgées.
M. SAMSON: Qui est en dessous de cela?
M. LE PRESIDENT: L'Expérience de vie internationale, si on permet
au président de le faire, même si normalement...
M. BOURASSA: Oui, avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: ... je ne dois pas participer au débat.
UNE VOIX: Cela va aider le premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Il s'agit d'un organisme
qui s'occupe d'échanges de jeunes et d'étudiants surtout,
entre les différents pays du monde. Cet organisme était
déjà subventionné par les gouvernements d'autres provinces
canadiennes, pas tous; mais il y avait au moins l'Ontario, une province des
Prairies et la Colombie-Britannique. Et on a demandé au gouvernement du
Québec s'il n'y avait pas possibilité d'avoir également
une subvention, étant donné que nous avons beaucoup de
Québécois qui participent aux activités et aux
échanges. Et de fait, j'ai reçu dans mon foyer,
l'été dernier, pendant trois semaines, un jeune qui venait du
Kentucky. Ces échanges ne sont pas limités seulement aux jeunes
Américains; ce peuvent être également des jeunes des pays
d'Europe, parce qu'il s'agit bien d'un statut international. Cela profite
à la jeunesse tant québécoise, canadienne, qu'à la
jeunesse des pays qui vient ici ou des pays qui reçoivent les jeunes du
Québec.
M. SAMSON: De quelle façon ces jeunes sont-ils choisis pour
pouvoir participer à ces échanges? Est-ce que vous êtes
tenu au courant de cela?
M. LE PRESIDENT: Il y a un appel qui est fait dans les milieux où
il y a de la structuration; c'est-à-dire qu'au Québec vous avez
des membres du conseil d'administration d'Expérience de vie
internationale qui font de la sollicitation auprès des jeunes et c'est
fait d'une façon très large. Je ne sais pas ce que vous avez
à l'idée quand vous posez la question. Voudriez-vous
préciser davantage?
M. SAMSON: Je voudrais savoir de quelle façon les jeunes sont
choisis. S'il y a des concours ou toute autre chose.
M. LE PRESIDENT: Cela est offert à un grand nombre de jeunes,
mais ils ne sont pas tous prêts à aller vivre à
l'extérieur pendant trois semaines. Les parents du jeune sont
obligés de participer financièrement au voyage que le jeune peut
faire, soit dans l'Ouest du pays, aux Etats-Unis ou ailleurs.
M. SAMSON: Cela a du sens.
M. LE PRESIDENT: L'idée de la subvention est de diminuer un tant
soit peu la participation des parents, parce qu'on fait appel à des
jeunes de famille nombreuse aussi bien qu'à d'autres classes à
revenu moyen ou modique. C'est ouvert à tous les jeunes qui veulent y
participer. Ceux qui sont intéressés donnent leur nom et...
M. SAMSON: A l'article concernant les Fusiliers Mont-Royal, est-ce que
ce sont des versements mensuels que le premier ministre fait pour payer
l'armée d'octobre 1970?
M. BOURASSA: On me dit que cela a été pour...
M. MASSE (Montcalm): Le corps de majorettes, les duchesses des Fusiliers
Mont-Royal. Ils sont tous dans la même région.
M. BOURASSA: C'était pour la publication d'un livre sur les
Fusiliers Mont-Royal.
M. MASSE (Montcalm) : Tout cela est dans la Maison du père.
Est-ce que cela a une relation politique, $3,000?
M. BOURASSA: La Maison du père, c'est dans le comté de
Saint-Jacques.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas dans le comté de Berthier?
M. BOURASSA: Le jour de Noël, j'ai visité la Maison du
père. Je ne sais pas où était le député de
Saint-Jacques.
UNE VOIX: Il était dans le bas du Père Noël.
M. BOURASSA: J'ai visité la Maison du père et je pense que
c'est une oeuvre... A quel endroit le député voit-il cela?
M. MASSE (Montcalm): A la page 2, $3,000.
M. BOURASSA: C'est cela, oui. J'avais été frappé
par la valeur de l'oeuvre et on a fait une demande de subvention.
M. MASSE (Montcalm): Vous savez, M. le Président, si le premier
ministre faisait le tour de la province, il serait frappé souvent comme
cela.
M. BOURASSA: Dimanche, j'ai été à l'Institut des
sourds-muets, j'ai été à un congrès
régional.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que cela coûte $3,000 chaque fois?
M. BOURASSA: J'ai visité tout l'est de Montréal pour voir
l'état des rues avec la grève qu'on connaît. Le premier
ministre a seulement 24 heures par jour. Je ne sais pas où était
le député de Montcalm dimanche, mais moi...
M. MASSE (Montcalm): Si nous augmentons votre budget, est-ce que vous
allez visiter un peu plus les problèmes?
M. BOURASSA: Non, si on pouvait augmenter le nombre d'heures de travail
disponibles, je serais prêt.
M. SAMSON: Mais pour ce genre de chose, M. le premier ministre, est-ce
que la subvention est donnée avant ou après votre visite?
M. ROY (Beauce): Ou l'apportez-vous en y allant?
M. BOURASSA: Parfois avant, des fois au même moment, parfois
après.
M. SAMSON: Alors, quand nous aurons des subventions à demander,
nous vous inviterons, si je comprends bien.
M. BOURASSA: Mon budget est limité. Dans le temps des autres
premiers ministres, je ne sais pas si c'était cet ordre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais que cela a toujours été
dépensé avec beaucoup d'efficacité.
M. BOURASSA: Merci.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BOURASSA: C'est un budget qui est toujours laissé à la
discrétion du premier ministre. Les députés viennent me
voir pour un centenaire ou un tricentenaire.
M. ROY (Beauce): ... c'est pas riche. M. BOURASSA: Il y en a de
$1,000.
M. SAMSON: Cela dépend du député et du
comté.
M. BOURASSA: C'est un facteur.
M. ROY (Beauce): Le premier ministre est honnête. On parlait des
Sortilèges tout à l'heure.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est de l'exorcisme.
M. ROY (Beauce): C'est quoi ça?
M. CLOUTIER (Montmagny): De l'exorcisme ça relève d'un
ministre en particulier.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le premier ministre y a recours de temps
à autre?
UNE VOIX: Le ministre des Affaires municipales.
M. BOURASSA: Les jeunes artistes, ce sont des jeunes artistes...
M. ROY (Beauce): Est-ce que c'est une association ou si ce sont des
jeunes?
M. BOURASSA: Je pourrais donner tous les détails
nécessaires pour chaque subvention, pourquoi cela a été
donné, à quel moment. Je ne m'attendais pas à ce qu'on me
pose des questions, parce qu'on donnait $100 à l'association des scouts
des Iles-de-la-Madeleine.
M. SAMSON: C'est pour savoir ce que c'est. Des sortilèges,
ça ne nous dit rien.
M. BOURASSA: On a donné $50 aux Rythmiques de Montréal,
c'est un groupe...
M. SAMSON: En bas de $100, on ne vous retardera pas trop.
M. ROY (Beauce): Les Rythmiques on a vu ça, mais ce sont les
Sortilèges qui nous intéressent.
M. HARDY: Les pèlerins de l'absolu de Marieville sont-ils
arrivés à Saint-Bruno?
M. SAMSON: Est-ce que c'est dans le même comté que les cinq
subventions qu'on voit? Comment se fait-il que vous ayez oublié
ça?
M. BOURASSA: Les Sortilèges ont représenté le
Québec à l'étranger.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Affaires municipales dit que
les Sortilèges n'ont rien à voir avec Gilberte
Côté-Mercier, les bérets blancs.
UNE VOIX: Je pensais que...
M. SAMSON: C'est parce qu'il ne connaît pas les
sortilèges.
M. ROY (Beauce): Je remarque ici qu'il y a un club de l'âge d'or
de Marieville qui bénéficie d'une subvention de $500.
M. BOURASSA: Oui.
M. ROY (Beauce): Parce qu'on sait qu'il y a des clubs de l'âge
d'or partout au Québec, est-ce qu'il y avait des raisons
particulières pour donner une subvention â Marieville?
M. BOURASSA: La demande a été faite, elle a
été examinée et elle a été
acceptée.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ça veut dire que vous examineriez les
demandes qu'on pourrait vous faire parvenir?
M. BOURASSA: A la lumière des contraintes budgétaires.
M. ROY (Beauce): J'aurais une autre question sur la page 3, le premier
article: Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, $7,000.
Est-ce que la société Saint-Jean-Baptiste va
bénéficier encore cette année d'une subvention
égale ou supérieure ou inférieure à celle de l'an
dernier?
M. BOURASSA: C'est pour le comité des organisations des
fêtes de la Saint-Jean-Baptiste, je crois; ils ont
bénéficié d'une subvention.
M. ROY (Beauce): C'est pour les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste ou
pour le congrès?
M. BOURASSA: Les fêtes.
M. ROY (Beauce): Pour les fêtes, parce que le congrès de la
Saint-Jean-Baptiste, je ne sais pas si le premier ministre a pris connaissance
des documents qu'on nous a fait parvenir, mais on nous annonce qu'il va avoir
une table ronde à laquelle on va discuter de l'avenir du Québec,
après l'indépendance. A ce moment-là, les participants
seront nul autre que Michel Chartrand, pour bâtir la
société de demain puis un monsieur de la FTQ ainsi que M. Albert
Allain sur lequel je n'ai pas un mot à dire.
M. BOURASSA: M. Louis Laberge?
M. ROY (Beauce): Si ces subventions servent à financer ce genre
de promotions politiques, parce qu'on veut faire de la politique avec cette
chose-là, je m'oppose M. le Président.
M. BOURASSA: Je comprends la question du député qui est
justifiée, mais on ne donne pas la subvention à la
société, on la donne au comité d'organisation des
fêtes pour précisément répondre à
l'inquiéteude du député sur l'utilisation des fonds.
M. ROY (Beauce): Disons que mon inquétude vient de se
dissiper.
M. BOURASSA: D'ailleurs ce sont des subventions à la
société Saint-Jean-Baptiste qui se donnent depuis 30, 40 ou 50
ans...
M. ROY (Beauce): C'est pour les fêtes, ce n'est pas pour la
société...
M. BOURASSA: C'est pour les fêtes. L'île de Montréal,
c'est le concours olympique qui a été annoncé, il y a
quelques mois.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ça clôt les demandes
d'information?
M. ROY (Beauce): Cela clôt les demandes d'information. J'en
profite pour remercier le premier ministre des suggestions qu'il nous a faites.
Alors nous allons tenter, au cours de l'année, de pouvoir y donner
suite.
M. BOURASSA: Merci.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le premier ministre ne croit pas, compte
tenu des lourdes responsabilités qui sont les siennes, que l'ensemble de
ces demandes de subventions ne devraient pas être jugées et
financées par les ministères sectoriels? On voit par exemple
l'Association dentaire, ça pourrait fort bien être le
ministère des Affaires sociales qui est responsable de ça ou bien
le ministère des Affaires municipales, lorsque ce sont des
municipalités pour les centenaires et les choses semblables ou le
ministère de l'Education lorsque ce sont des oeuvres de loisirs,
plutôts que jouer sur deux ministères, essayer d'avoir une demande
dans un ministère, se faire répondre diverses choses et ensuite
de cela aller frapper politiquement à la porte du premier ministre qui
je pense bien, ne peut pas consacrer beaucoup de minutes à
l'étude objective d'une telle demande.
M. BOURASSA: Si le député de Montcalm vient me
présenter une demande pour un tricentenaire dans son comté, je
vais présumer...
M. MASSE (Montcalm): Voilà une façon de répondre
à côté du problème.
M. BOURASSA: Non.
M. MASSE (Montcalm): Le premier ministre le sait fort bien. Je le
connais ce jeu, je le fais souvent. Indépendamment de cette
partie-là, de façon sérieuse, je sais bien qu'il y a des
intérêts politiques d'attachés à cela, vous l'avez
dit tout à l'heure. Cela dépend du député qui le
demande. Mais pour une administration efficace et rationnelle, est-ce que vous
ne croyez pas que, pour l'association dentaire, par exemple, le ministre
responsable des choses de la santé devrait déterminer si oui ou
non il y a lieu d'aider un congrès ou un autre dans le domaine de l'art
dentaire?
M. BOURASSA: Le député veut couper tous les liens avec la
tradition, avec le passé.
M. MASSE (Montcalm): C'est parce que le premier ministre a plaidé
tout à l'heure qu'il avait peu de temps à consacrer à ces
choses. Alors, j'essaie de bonifier son administration.
M. BOURASSA: Il reste quand même que c'est un budget relativement
modeste, quelques centaines de milliers de dollars.
M. MASSE (Montcalm): Un montant de $350,000, cela commence quand
même...
M. BOURASSA: Non, mais cela a toujours existé que le premier
ministre pouvait disposer...
M. MASSE (Montcalm): Je sais que, pour le premier ministre, c'est peu,
mais pour la population en général...
M. BOURASSA: Si nous regardons Oxfam, c'est le montant le plus
important: $50,000.
M. MASSE (Montcalm): Je ne discute pas du bien-fondé de la
demande de subvention. Je parle au point de vue de la rationalisation et de
l'efficacité administrative. J'emploie les termes du premier ministre
et, dans ce sens, il doit se réjouir de ma proposition. Et je ne
comprends pas pourquoi le politicien, lui, la repousse, alors que
l'administrateur en a plaisir.
M. BOURASSA: Il arrive précisément, pour
répondre sérieusement au député, que les
ministères n'ont plus de fonds disponibles.
M. MASSE (Montcalm): Qu'on transfère ces fonds.
M. BOURASSA: C'est un fonds de secours, sui generis, et souvent les
demandes sont très justifiées, les ministères n'ont pas
les fonds. Alors le premier ministre dispose de ces sommes, quelques centaines
de milliers de dollars sur un montant de $5 milliards de budget et je pense que
tous les articles qui ont été examinés paraissaient
justifiés. On peut discuter certains mais, dans l'ensemble, ils peuvent
certainement être justifiés. C'est pourquoi le fonds existe. Dans
le cas de l'association dentaire, le ministère n'avait pas les fonds.
Donc, on a fait une demande au bureau du premier ministre et on l'examine.
M. MASSE (Montcalm): Je suis convaincu que cela ne serait pas la
conclusion du rapport Mineau.
M. BOURASSA : Il y a quand même un aspect politique. Le premier
ministre est purement, simplement et uniquement un chef d'entreprise.
M. MASSE (Montcalm): Vous admettrez que le chef de parti ne peut pas se
servir des fonds publics pour alimenter ses intérêts
politiques.
M. BOURASSA: Oxfam, M. le Président... la ville de
Montréal, la ville de Québec, le tricentenaire de Saint-Pamphile,
c'est dans le comté de Montmagny...
M. MASSE (Montcalm): Il y en a eu d'autres...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est dans le futur comté de Montmagny.
Actuellement, c'est dans le comté du président.
M. BOURASSA: Je ne crois pas...
M. MASSE (Montcalm): Si le gouvernement veut subventionner les
tricentenaires, qu'il établisse une politique de normes, et que le
ministère des Affaires municipales soit responsable de l'application de
ces normes et les municipalités qui fêtent des tricentenaires
sauront où s'adresser.
M. BOURASSA: Je n'ai pas d'objection à ce que le
député soit à la recherche de l'absolu dans
l'administration.
M. MASSE (Montcalm): Non, de l'efficacité administrative.
M. BOURASSA: Mais les remarques du député sont
enregistrées. Je pense qu'on peut voir s'il n'y a pas lieu
d'établir certains critères un peu plus scientifiques que ceux
qui existent actuellement mais je ne sais pas si cela serait l'avis de tous les
députés. Je vois le député de Rouyn-Noranda, le
député de Beauce, même le député de Bourget
qui semblent assez réticents.
M. LAURIN: Je serais d'avis que tout cela soit enlevé du bureau
du premier ministre.
M. BOURASSA: Alors, rien pour Oxfam. M. LAURIN : Cela devrait aller
ailleurs.
M. MASSE (Montcalm): Ne faussez pas la discussion. Nous ne parlons pas
de l'objet d'Oxfam. Nous tentons de savoir de quel organisme cela doit relever.
Il ne faudrait pas que le premier ministre...
M. LEVESQUE: Est-ce que le député en a parlé
à M. Johnson, à M. Bertrand à l'époque?
M. BOURASSA: Je ne vois pas M. Johnson ni M. Bertrand refuser un tel
fonds.
M. MASSE (Montcalm): Je peux vous assurer que M. Johnson avait
l'intention de changer cela.
M. LEVESQUE: Oh!
M. MASSE (Montcalm): Je donne une réponse à votre
question. Si je comprends bien, le premier ministre enregistre la suggestion,
il comprend la suggestion, mais il ne peut pas l'accepter pour diverses
raisons.
M. BOURASSA: J'en prends note.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai jamais interprété aucune
des remarques de M. Johnson comme un désir de changer cette politique.
Je m'oppose aux remarques du député de Montcalm mais quant
à la demande qu'il fait au premier ministre, je suis conscient de
l'importance de l'efficacité et de la rationalité et
peut-être de l'introduction de meilleurs critères. Mais tous les
ministres ont des budgets de millions de dollars. Ils ont la possibilité
de verser des subventions. Même s'il y a des critères
d'établis, il reste toujours une certaine marge discrétionnaire.
Il est normal, à mon sens, que le premier ministre, qui est aussi le
président du Conseil exécutif, ait une certaine marge de
manoeuvre. Et il n'en tient qu'à nous, les parlementaires, de demander
la liste, comme nous l'avons fait.
S'il y a des choses qui nous apparaissent absolument anormales ou qui ne
sont justifiables d'aucune façon, posons certaines limites, mais je
m'opposerais à ce que le premier ministre n'ait aucune marge de
manoeuvre dans aucune des politiques gouvernementales. Cela paraît
peut-être enfantin, à première vue, de
demander une subvention pour un tricentenaire, mais...
M. MASSE (Montcalm): On ne discute pas d'une telle demande en
particulier. On discute du principe de savoir quel est l'organisme responsable.
Je pense que le système gouvernemental est organisé en secteurs
d'administration. Ces choses-là, manifestement, relèvent toutes,
l'une ou l'autre, d'un secteur d'administration, et je vois mal pourquoi le
ministre responsable de cela ne devrait pas être celui qui a
l'autorité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne sais pas quel ministère pourrait
subventionner Oxfam. Il y a bien des ministères qui pourraient
être intéressés à Oxfam. Il y a plusieurs facettes
dans le travail d'un organisme comme celui-là. Il y a plusieurs facettes
dans les travaux de la Société Saint-Jean-Baptiste. On vient d'en
parler tantôt. C'est le comité d'organisation des fêtes.
M. MASSE (Montcalm): Alors, c'est le ministère du Tourisme.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut examiner les mérites de la
Société Saint-Jean-Baptiste sous un aspect ou sous un autre. Mais
je pense bien que le chef de l'Exécutif, le premier ministre pour
ma part j'ai vu fonctionner le système pendant quatre ans, je n'ai
jamais été scandalisé du système je pense
bien que M. Johnson et M. Bertrand ont exercé leur jugement et je
suppose que le premier ministre actuel exerce son jugement sur les demandes qui
sont faites.
M. MASSE (Montcalm): De toute façon, nous ne sommes pas ici pour
discuter si c'est ce que les autres ont fait ou avaient l'intention de faire ou
de ne pas faire. Je ne le sais pas pas plus que vous le savez. Mais une chose
est certaine. Je considère qu'actuellement la tâche du premier
ministre est suffisamment lourde, ses responsabilités sont suffisamment
importantes pour qu'il n'ait pas à discuter si le corps de majorettes de
Saint-Y ou de Saint-Z va recevoir $50 ou $100. Il y a des ministères qui
sont responsables de l'application des politiques et l'autorité du
premier ministre est suffisamment forte, en tout cas son autorité
morale, en principe, pour qu'il soit capable de demander à un de ses
ministres s'il juge à propos de subventionner tel ou tel organisme. Non
pas avoir un coussin, dans son ministère, pour le faire d'une
façon plus ou moins en accord ou en désaccord avec le
ministre.
On peut bien comprendre les raisons politiques qu'il y a
là-dedans, mais de là à plaider que c'est rationnel, il y
a quand même une marge.
M. BOURASSA: M. le Président, je vois les montants qui existaient
à ces budgets, je ne veux pas prolonger le débat
là-dessus. La position de principe du député de Montcalm a
été énoncée, le député de Montmagny
s'est chargé de lui répondre avec des arguments qui m'ont paru
convaincants.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est pas un argument, dire que cela a toujours
existé. Je suis bien d'accord que cela a toujours existé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'est pas question de faire un débat
de forme, mais le député de Montcalm veut introduire je ne
suis pas contre l'introduction de la rationalité, de l'efficacité
et des critères mais il ne faut pas non plus se scandaliser qu'il
y ait une certaine marge de souplesse à certains endroits.
M. LEVESQUE: Le député de Montcalm ne sait plus quoi
inventer. Il a essayé ce matin, aux Affaires
intergouvernementales...
M. MASSE (Montcalm): Je ne me scandalise pas. Je connais les us et
coutumes de la politique québécoise aussi bien que le
député de Mercier et que celui de Montmagny. Mais, ceci
étant dit, je pense qu'on peut quand même rechercher une certaine
rationalité dans l'action politique. Ce n'est surtout pas, à mon
avis, au premier ministre à subventionner le corps de majorettes de
Saint-Y ou de Saint-Z ou le Club de l'âge d'or.
M. BOURASSA: Ce n'est surtout pas cela.
M. MASSE (Montcalm): Je pense que le premier ministre du Québec,
aujourd'hui, a suffisamment de responsabilités et le
député de Mercier l'a dit tout à l'heure, il manque de
temps, pour consacrer les minutes qu'il a à autre chose qu'à
discuter si oui ou non le corps de majorettes aura ses $50.
M. LEVESQUE: Le député voudrait tout entrer les montants
dans des cadres, comme il serait peut-être opportun de rentrer tous les
députés dans des partis reconnus.
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai pas d'objection à cela. Je l'ai
toujours dit.
M, BOURASSA: Mais, si nous regardons les budgets, M. le
Président. En 69 /70, il y avait $765,000. Deux fois plus
qu'actuellement. On voit que tous les budgets augmentent: $765,000 en 69/70 et
pour moi, c'est: $368,000.
M. MASSE (Montcalm): A la limite, quoi qu'on dise, c'est parce que le
premier ministre a moins de temps à consacrer à cela que d'autres
avant lui.
M. BOURASSA: Non.
M. MASSE (Montcalm): De toute façon, cela
ne règle pas le problème. Enfin, enregistrez la remarque
et qu'on continue de la même façon que c'était fait
avant.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, en ce qui nous concerne, nous
ne sommes pas contre le fait qu'un montant soit accordé à
l'honorable premier ministre, dans le même ordre que le disait tout
à l'heure le député de Montmagny. Mais de là
à se lancer dans toutes sortes de subventions, comme nous avons
l'occasion de le constater au cours de l'année, je pense que le premier
ministre se complique la vie lui-même. Il ouvre la porte à
énormément de discussions qui pourraient être
évitées. Je vais prendre un exemple; une chorale, un club
d'âge d'or, un corps de majorettes, lorsqu'on sait que tous les
députés de tous les comtés demandent au Haut-Commissariat
aux loisirs, à la jeunesse et aux sports des subventions que nous ne
pouvons pas avoir, nous sommes limités, et à ce moment-là,
dans un comté, on se permet de donner trois subventions en dehors de ce
qui est prévu normalement à l'intérieur des budgets
votés.
Je pense que le premier ministre se plante dans une drôle de
situation. C'est pourquoi je vais me placer entre les deux options, l'option du
premier ministre et celle du député de Montcalm. On devrait
être plus rationnel. Je ne parle pas d'une rationalité totale,
mais d'être plus rationnel dans l'obtention de ces subventions, de
façon à éviter justement un petit patronage, avec des
montants de $100, $150, $200, $300 et même $500. Je vais prendre comme
exemple que chaque député fait parvenir une lettre au premier
ministre, cette année, pour demander trois ou quatre sortes de
subventions, sensiblement du même ordre que celles indiquées ici.
Le premier ministre va être obligé de prendre de son temps
il en manque déjà pour pouvoir discuter et dire non, faire
des heureux et faire des malheureux et avoir énormément de
critiques autour de lui et autour de son poste. J'estime qu'il y a lieu
d'être raisonnable et de procéder de façon sinon totalement
rationnelle, du moins de façon plus rationnelle qu'on a
procédé au cours de la dernière année. C'est
l'observation que j'avais à faire là-dessus, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Article 6: Office de planification et de
développement du Québec.
Office de planification et de développement du
Québec
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais, au début de la
discussion du budget de l'Office de planification et de développement du
Québec, qui est de l'ordre de $130 millions, vous situer rapidement
l'action de cet organisme, suite à nos réflexions des
dernières semaines, et vous indiquer la trame générale de
nos actions pour 72/73.
D'abord, voici quelques précisions concernant ce budget dont la
principale caractéristique est d'être basée sur des
programmes de développement financés à la fois par le
gouvernement du Québec et celui du Canada. L'essentiel de ce budget
repose en effet sur l'intégration de montants
récupérés du fédéral par le biais des
ententes ARDA, zones spéciales, de l'inventaire des terres du Canada et
l'Est du Québec représentant une somme de $90.7 millions. La part
du Québec dans ce montant est de $39.3 millions et celle-ci varie selon
les pourcentages et selon les ententes. D'autre part, 0 convient de
préciser que la maîtrise d'oeuvre des différents projets
afférant à l'OPDQ est dévolue en majeure partie aux
ministères québécois et aux municipalités. Ainsi,
en 72/73, nous avons imputé aux ministères un montant de l'ordre
de $98.7 millions et aux municipalités ou autres organismes un montant
de $24.8 millions, ce qui laisse à l'OPDQ pour fins administratives,
subventions au CRD et pour fins de provisions, un solde de $6.5 millions.
Si on examine plus en détail ce montant de $130 millions, les
principaux articles que l'on retrouve sont les suivants: l'administration de
l'OPDQ, $2,180,600; subventions au CRD, $1,150,000; ARDA, $8,477,900;
inventaire des terres du Canada, $238,500; zones spéciales, prêts
et avances, $12,694,600; zones spéciales, divers projets,
dépenses ordinaires et dépenses en immobilisation, $42,369,400;
Est du Québec, dépenses ordinaires et dépenses en
immobilisation, $57,780,800. On retrouve ensuite une provision de l'OPDQ au
montant total de $4,115,600 et des dépenses en immobilisation pour ARDA
et l'Est du Québec, au montant de $260,000. Enfin, il y a certains
autres programmes, tels que pour le Conseil de planification et de
développement du Québec et le bureau du complexe scientifique
avec un montant de $740,000. Voilà en gros les principaux articles
budgétaires qu'on retrouve dans le budget de l'Office de planification
et de développement du Québec.
Il serait peut-être bon de vous indiquer de façon rapide
les montants d'argent qui apparaissent dans le budget de chacun des
ministères eu égard aux quatre ententes que nous venons de voir
dans le budget de l'office, représentant le montant total de
$98,704,000: Affaires culturelles, $4,033,000; Affaires municipales,
$6,500,000; Affaires sociales, $2,400,000; Agriculture et Colonisation,
$4,300,000; Communications, $200,000; Education, $5,100,000; Fonction publique,
$150,000; Industrie et Commerce, $3,400,000; Richesses naturelles, $5,000,000;
Terres et Forêts, $9,800,000; Tourisme, Chasse et Pêche,
$9,000,000; Travail et Main-d'Oeuvre, $378,000; Travaux publics, $2,500,000;
Voirie, $45,500,000.
Quelles sont donc maintenant les principales caractéristiques de
chacune de ces ententes et de ces programmes de développement? Nous
allons les résumer rapidement. Par exemple, en ce qui concerne l'ARDA,
nous avons signé une entente le 25 mai 1971. De concert avec les
ministères, nous avons décidé de mettre sur pied un
programme d'aménagement intégré des ressources qui serait
appliqué plus particulièrement dans deux régions: celle du
Saguenay-Lac-Saint-Jean pour un montant de l'ordre de $35 millions sur cinq ans
et l'Abitibi-Témiscamingue pour un montant de $27 millions pour la
même période.
Evidemment, il s'agit là d'un effort spécial des deux
gouvernements en vue d'accentuer et de mieux articuler le développement
des ressources qui constituent la base de l'économie de ces deux
territoires.
En ce qui concerne les zones spéciales, cette entente a
été renouvelée pour une année additionnelle et
couvre toujours les territoires de Trois-Rivières, Québec,
Sept-Iles, Port-Cartier et le Lac-Saint-Jean. Nous sommes présentement
à examiner les actions que nous avons entreprises dans ces
régions par une évaluation qui nous permettra de vérifier
si, pour les trois prochaines années, il ne faudrait pas
réexaminer le nombre de zones spéciales ainsi que le choix des
projets à être exécutés.
En ce qui concerne la zone spéciale qui touche la zone de
l'aéroport, nous espérons très bientôt signer
l'entente de façon à pouvoir accélérer le
développement de ce territoire. Par ailleurs, pour l'entente de
l'inventaire des terres du Canada, le travail est pratiquement terminé
et nous espérons, dès cette année, faire l'inventaire
complet de tous les potentiels des zones agricoles, forestières et
récréatives de l'ensemble du Québec.
Pour ce qui est de l'entente de l'Est, nous sommes actuellement à
la cinquième année d'exécution. Le budget, pour cette
année, est très important puisqu'il représente environ
$65.6 millions. C'est donc une année clé au niveau de
l'exécution de ce programme. Après un départ qui a
marqué une certaine lenteur, nous réussirons probablement cette
année comme ce fut le cas l'an dernier, à dépenser quelque
90 p.c. du budget programmé.
Voilà je pense l'essentiel en ce qui concerne les principales
données budgétaires du budget de l'OPDQ pour l'exercice financier
72/73.
Je voudrais ajouter quelques mots concernant les actions que nous
entendons entreprendre cette année dans le cadre du travail de l'OPDQ,
à la fois en matière de planification, en matière de
développement, de participation, de consultation de la population.
Nous savons que, selon la loi de l'OPDQ, cet organisme a le mandat de
préparer des plans, des programmes, des projets de développement,
d'assurer la coordination interministérielle en ce qui concerne cette
élaboration et de voir aussi, en ce qui concerne certains programmes
parti- culiers de développement, à leur concertation entre les
différents ministères et quelquefois, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, à leur exécution.
En ce qui concerne la planification, nous avons beaucoup
réfléchi ces derniers temps sur la manière que l'Office de
planification et de développement du Québec pourrait le mieux
articuler son travail. Il nous apparaît que l'OPDQ devrait travailler en
priorité dans deux directions complémentaires l'une de l'autre:
la préparation d'une stratégie de développement
économique de moyen terme et la préparation d'une
stratégie de développement régional mettant l'accent sur
l'intégration du développement économique des
régions.
Il s'agit là, évidemment, d'une démarche plus
globale que la démarche passée de l'OPDQ dans le sens suivant :
l'OPDQ, ces dernières années, a beaucoup travaillé au
niveau régional, soit par le biais du plan du BAEQ, la mission du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la mission de l'Abitibi, la préparation de
dossiers pour les zones spéciales de Sept-Iles, Québec,
Trois-Rivières, le travail de la commission de développement de
la région de Montréal. Tous ces travaux ont été
à plusieurs points très utiles. Nous avons maintenant une
connaissance du territoire, nous avons eu un certain rodage d'équipes
interministérielles. Ils ont permis l'utilisation et la
vérification de certaines méthodologies. Ils ont
créé au sein de l'appareil administratif québécois
une habitude de pensée plus compréhensive à l'égard
de la planification régionale.
D'autre part, l'office a été mêlé d'assez
près à certains dossiers sectoriels comme, par exemple, en
agriculture et forêt. Cependant, l'addition de dossiers de politiques
sectorielles ne donne pas de politique globale au niveau des gouvernements. Il
faut réexaminer maintenant les dossiers dans une perspective plus
large.
Dans un premier temps, nous avons commencé à travailler
à l'élaboration d'une stratégie de développement
économique à moyen terme. Evidemment, il ne s'agit pas là
d'une tâche facile. On se rappelle déjà qu'en 1962, le
Conseil d'orientation économique avait commencé
l'élaboration de ce qu'on appelait le plan 1-A qui visait à
dégager une vision d'économie de l'ensemble des secteurs
économiques. Deux ans après ses débuts, il a fallu
reconnaître qu'il était pratiquement impossible d'élaborer
un tel plan en l'absence de plusieurs éléments comme les
données de base manquantes, le personnel professionnel, une absence
d'instrument visant à atteindre certains objectifs et aussi une absence
de volonté générale dans les milieux
socio-économiques.
Par ailleurs, depuis cette période, certains dossiers ont
été analysés et il nous apparaît difficile de
reprendre cette démarche et de préparer un plan global touchant
la totalité de tous les secteurs économiques, touchant la
totalité de tous les instruments de développement de
l'économie dans un cadre où nous
sommes en face d'une économie extrêmement ouverte où
le Québec exporte plus de 60 p.c. de sa production, où la
stratégie des firmes multinationales intervient et peut changer
radicalement les prévisions préparées dans le cadre d'un
plan fermé.
Il nous paraît beaucoup plus réaliste, dans une
économie nord-américaine comme la nôtre, d'essayer de
prévoir l'évolution des stratégies de nos
différents partenaires aux Etats-Unis et au Canada et d'essayer
d'élaborer une série d'alternatives possibles face à ces
stratégies. Déjà, avec le Conseil de la planification du
Québec, un premier dossier a été préparé. Il
nous reste à l'examiner en profondeur avec eux, sur certains objectifs
que pourrait se fixer le Québec. Mais la préparation d'un tel
dossier requiert que l'on confronte l'atteinte d'un objectif par un autre et
qu'on examine, de façon très attentive, quels sont les moyens
à mettre en place pour atteindre ces objectifs.
D'autre part, le ministère de l'Industrie et du Commerce
prépare un dossier sur une stratégie de développement
industriel qui devra faire partie de cette stratégie de
développement économique à moyen terme. Nous sommes aussi
en face de différents dossiers sectoriels, comme le livre blanc sur les
forêts, le livre blanc sur l'agriculture, certaines études en
profondeur sur les mines, l'énergie et d'autres dossiers à
caractère plus horizontal comme le rapport Castonguay- Nepveu.
Ce qu'il nous faut donc, maintenant, c'est établir l'ensemble des
interrelations entre les moyens existants, soit les moyens financiers, soit les
moyens techniques, et de voir comment nous ferons l'arbitrage en fonction des
différents secteurs et en fonction des régimes de ressources
financières rares par les temps qui courent.
En ce qui concerne maintenant l'élaboration d'une
stratégie de développement régional, nous avons
commencé un premier travail que nous espérons pouvoir terminer
vers le mois de septembre ou octobre. Cela nous permettra de voir les
interrelations entre les diverses régions et de dégager les
potentiels et les objectifs de ces blocs économiques que constituent des
régions dont le développement se ressemble. Déjà,
dans le passé, la plupart des régions du Québec ont
été examinées par l'OPDQ. C'est ainsi que l'Est du
Québec, la Côte-Nord, le S aguenay- Lac-Saint-Jean,
l'Abitibi-Témiscamingue, le nord de Montréal en partie, la
région de l'Outaouais par la Société de
l'aménagement de l'Outaouais, les centres urbains comme
Trois-Rivières, Québec, Sept-Iles, Port-Cartier ont
été analysées.
Nous avons aussi quelques autres dossiers qui sont en voie de se
terminer, c'est-à-dire un rapport sur la Yamaska, un rapport sur
l'Estrie, un rapport sur la région sud de Montréal. Il nous reste
donc à déterminer l'ensemble des interrelations entre ces
différentes régions non seulement à partir du potentiel
propre à ces régions, mais aussi à partir de
l'intégration des différents potentiels et des arbitrages qu'il
faut établir entre les ressources, d'une région à
l'autre.
D'autre part, il nous reste à cerner le rôle plus
précis du développement de la région de Montréal,
eu égard au développement économique de l'ensemble du
Québec. Le problème ne se pose donc plus dans les termes
où il se posait vers 1960 et 1965, c'est-à-dire Montréal
et le reste du Québec ou la concentration de Montréal et la
décentralisation industrielle dans l'ensemble du Québec. Il nous
faut être beaucoup plus précis sur le rôle propre de
Montréal et sur le rôle propre de chacun des blocs
interrégionaux. Il nous faut aussi essayer de préciser et
même dépasser l'ordre des politiques générales qui,
à ce jour était d'offrir des parcs industriels, de donner des
services aux petites et moyennes entreprises, de faire de la promotion
industrielle et d'accorder un certain nombre de subventions et de prêts
aux industriels.
Il nous faut, au-delà de cette politique générale,
dégager de façon beaucoup plus précise les secteurs
industriels par potentiel régional, les lignes directrices qui
contribueront au développement non seulement de chacune de ces
régions, mais encore qui serviront à les intégrer dans
l'économie du Québec, à part entière.
Voilà donc les lignes directrices du travail que l'OPDQ entend
suivre dans le courant de l'année en matière de
planification.
Maintenant, comment envisageons-nous les structures de
développement régional? Nous avons vu, tout à l'heure, que
l'OPDQ travaille déjà dans des régions depuis cinq ou six
ans et que l'approche au niveau régional s'est faite de multiples
façons. C'est ainsi que nous avons une conférence administrative
dans l'Est du Québec, que nous avons successivement eu des missions de
planification dans différentes autres régions, que nous avons une
commission de développement de la région de Montréal, que
nous avons une mission de développement sur la Côte-Nord. Nous
sommes aussi dans le développement par le biais de différentes
ententes fédérales-provinciales, comme celle des zones
spéciales d'ARDA et de FODER.
Nous avons cru bon depuis quelques mois, d'examiner ces multiples
démarches et de dégager des voies d'avenir qui nous permettront,
dorénavant, de faire le développement régional au niveau
de l'ensemble des régions et aussi sur une base beaucoup plus
permanente, de façon à relier à la fois des structures
d'action gouvernementale et des structures de participation populaire, dans les
différentes régions administratives du Québec, par le
biais des conseils régionaux de développement.
En 1966, le gouvernement du Québec a créé dix
régions administratives, basées sur une certaine
hiérarchie urbaine où l'on trouvait des capitales
régionales, des centres intermédiaires et des centres de
services. Je voyais, cet après-midi ici, M. Maurice Giroux, qui
était
mon attaché de presse à ce moment-là il est
encore là et qui avait beaucoup contribué à cette
conception. Depuis cette époque, la plupart des ministères ont
organisé, sur la base de ces régions, des services
régionaux déconcentrés dans ces territoires, de
façon à fournir des services aux clientèles de
manière plus judicieuse.
D'autre part, la plupart des organismes socio-économiques se sont
structurés sur la base de ces régions administratives. A la
lumière des travaux de l'office dans ces différentes
régions, nous avons constaté que la région administrative
était un territoire trop restreint en matière de
développement économique et qu'il fallait, sur la base d'une
identification par l'office, déterminer les potentiels de
développement, de façon à constituer des blocs
économiques plus larges pour en faire ce qu'on peut appeler, dans un
jargon de planification, des régions plans.
Le conseil des ministres a donc récemment cela s'est
passé il y a une semaine pris la décision administrative
de demander à l'OPDQ de travailler dorénavant sur la base de
quatre régions plans ou quatre blocs économiques
régionaux. Ces régions sont les suivantes: Le Nord-Ouest du
Québec et le Nouveau-Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la
Côte-Nord et l'Est du Québec, la région de Québec et
la région de Trois-Rivières, la région de Montréal,
Outaouais et les Cantons de l'Est. A la tête de chacune de ces
régions plans, nous retrouvons un ministre responsable qui, avec le
ministre de l'OPDQ, travaille de façon collégiale au
développement régional. Ainsi, le ministre des Affaires
municipales a la responsabilité de Montréal-Outaouais et des
Cantons de l'Est, le ministre du Revenu a la responsabilité de la
région de Québec et de la Mauricie, Trois-Rivières, le
ministre d'Etat à l'ODEQ, le député de Joliette, a la
responsabilité de l'Est du Québec et en plus de la
Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean et le ministre des Richesses
naturelles a la responsabilité du Nord-Ouest du Québec et du
Nouveau-Québec.
Au sein de l'office, nous aurons de plus un délégué
au développement régional pour chacune de ces régions
plans. Il s'agit là de hauts fonctionnaires dont la fonction consistera
à travailler, de façon très étroite, avec
l'ensemble des ministères dans ces territoires pour assurer une
meilleure coordination interministérielle en matière de
développement.
D'autre part, ces délégués seront assistés
d'adjoints dans la plupart des régions administratives composant la
région plan afin d'assurer la participation de la population de
façon permanente. Le délégué au
développement régional sera donc assisté, dans chacune des
régions administratives, par l'assemblée des fonctionnaires
régionaux qui travailleront de façon très étroite
avec lui. On voit donc apparaître la structure permanente qui existera
progressivement.
D'une part, un ministre responsable au ni- veau de la région
plan, qui travaillera avec un délégué au
développement régional. Ce délégué, à
Québec, sera en relation très étroite avec l'ensemble des
fonctionnaires et contribuera à l'élaboration des politiques
ministérielles.
D'autre part, nous retrouvons, au sein des régions
administratives, les délégués adjoints qui, eux,
travailleront au niveau des directeurs administratifs régionaux dans
différents ministères.
Enfin, nous aurons, au niveau de ces régions administratives, les
CRD, les conseils régionaux de développement, qui seront
associés au travail des fonctionnaires régionaux.
Il nous semble qu'une telle façon d'aborder le problème
nous permettra un développement régional beaucoup plus judicieux
que par le passé. En effet, nous serons en face de structures
ministérielles de décision. Nous serons en face de structures
permanentes de concertation et de consultation au niveau des fonctionnaires,
à Québec et dans les régions. Nous serons donc
présents dans les régions.
Evidemment, il ne s'agit pas là de la création de
gouvernements régionaux. Nous ne croyons pas, à l'heure actuelle,
qu'il serait souhaitable de créer immédiatement un palier de
gouvernement régional. Il nous semble plus réaliste, en effet, de
reformer et de restructurer le palier déconcentré de
l'administration provinciale, de façon à être plus
près des besoins de la population.
D'autre part, il nous semble aussi que nous ne sommes pas encore
prêts à créer des gouvernements régionaux qui
seraient l'émanation des structures municipales actuelles. Il semble
plus logique de procéder par regroupement des unités locales
municipales, progressivement, de façon à renforcer le pouvoir
municipal décentralisé. On pourra, d'ici quelques années,
réexaminer le problème de la création de tels
gouvernements régionaux d'une manière beaucoup plus
réaliste.
Je voudrais, en terminant, insister sur le problème fondamental
de la consultation et de la participation de la population.
Il existe, à l'heure actuelle, une douzaine de conseils de
développement régional, les CRD, qui occupent la presque
totalité du territoire du Québec. Depuis quelques années,
nous avons commencé à travailler progressivement avec ces
organismes et nous avons l'intention de consolider considérablement ces
relations. Il nous semble, en effet, que de tels organismes dans les
régions peuvent nous aider à mieux cerner, à mieux
définir les priorités et à canaliser les forces vives du
milieu.
Dans ce sens, nous avons, pour 1972, au budget de l'office, un montant
très important de plus de $1 million qui représente l'aide
financière que nous pouvons accorder à ces organismes pour le
soutien des secrétariats administratifs. Dans la mesure où chacun
de ces organismes fait sa propre part financière, il nous semble normal
et logique que le gouvernement
contribue, pour sa part, au soutien de ces organismes et organise sur
une base systématique les relations avec ces groupes. De même, il
paraît important, au niveau de l'ensemble du Québec, d'appuyer le
Conseil de la planification et du développement du Québec qui
regroupe l'ensemble des groupes socio-économiques avec un montant de
$200,000. Nous espérons, par cette aide financière, que
l'ensemble de la population du Québec comprendra que le
développement économique n'est pas uniquement l'affaire du
gouvernement mais aussi, et d'abord, l'affaire de la population.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, étant
donné qu'il est presque six heures et que le ministre vient de nous
livrer un document extrêmement important, du moins c'est la
première perception que j'en ai, il y a, là-dedans, des
modifications importantes, il y a un programme d'action aussi qui appelle
maints commentaires, j'aimerais, pour ma part, je pense bien que c'est
le sentiment de mes collègues que nous puissions y
réfléchir quelques moments. Lors de la reprise des travaux de la
commission, nous pourrons livrer aux membres de cette commission nos
réflexions.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'avais mentionné, en
Chambre, que demain matin, les travaux de la commission reprendrait à
dix heures et que nous pourrions alterner entre l'Office de planification et
les Affaires intergouvernementales, selon les besoins des membres qui
voudraient aller à la commission de l'Assemblée nationale pour la
réforme électorale.
Alors, s'il y avait quelqu'un qui préférerait que l'on
procède d'abord par l'un ou par l'autre, je serais disposé
à prendre le consensus de la commission.
M. SAMSON: M. le Président, il se trouve, en fait, que c'est la
même commission, pour les Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: Oui, c'est la même commission. C'est pour
ça.
M. SAMSON: Alors, cela devient difficile, à ce moment-là.
Si nous sommes sur cette commission, qu'on prenne les crédits...
M. LEVESQUE: C'est la même commission.
M. SAMSON: ...de là présidence du conseil ou qu'on prenne
les crédits des Affaires intergouvernementales, cela ne change rien.
Cela empêche quand même les membres de cette commission d'assister
à la commission de l'Assemblée nationale.
M. LEVESQUE: Non. Nous avions convenu, après consultation, que
nous pourrions le faire. Mais supposons que quelqu'un veut s'absenter et qu'il
est plus particulièrement intéressé à l'une ou
l'autre des commissions, soit l'Office de planification, soit les Affaires
intergouvernementales, nous pourrions, demain matin,... Je suis prêt, du
moins, à passer d'un sujet à l'autre vu que c'est la même
commission. Mais nous verrons demain matin.
M. SAMSON: Dans ce cas-là, est-ce que le ministre pourrait
considérer, étant donné que c'est la seule commission dont
je fais partie officiellement, c'est-à-dire en plus de la commission de
l'Assemblée nationale...
M. LEVESQUE: Personne ne vous a privé de... Ailleurs, je
suppose?
M. SAMSON: ... et que j'ai assisté à la commission de
l'Assemblée nationale, par contre, je suis très
intéressé par ce que nous discutons présentement, surtout
en vertu des plans de TARDA...
M. LEVESQUE: Alors, nous commencerons par les Affaires
intergouvernementales...
M. SAMSON: Si vous êtes d'accord, cela va. M. LEVESQUE: D'accord.
D'accord? M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. M. ROY (Beauce): Cela m'accommode
aussi. UNE VOIX: Cela accommode...
M. LEVESQUE: Alors, nous prendrons les Affaires intergouvernementales et
nous suivrons avec l'office.
Alors, à la salle 81-A, à dix heures. L'autre commission
est à neuf heures trente, ici, c'est-à-dire pour la commission
permanente de l'Assemblée nationale.
M. LAURIN: Nous, à quelle heure?
M. LEVESQUE: Je le change. Ce n'est pas à la salle 91-A, mais
à 81-A pour cette commission. C'est à dix heures et non pas
à neuf heures trente. Cela permettra de voir un peu ce qui se passe.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux jusqu'à dix
heures, demain matin.
(Fin de la séance à 17 h 55)
Séance du jeudi 8 juin 1972
(Seize heures vingt-trois minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Notre commission, au moment d'ajourner ses travaux, hier, venait
d'entendre la lecture d'un document fait par le leader du gouvernement et ce
dernier, par ce document, avait donné un aperçu de la nouvelle
orientation de l'OPDQ au Québec. Les porte-parole des partis à la
table avaient manifesté le désir d'approfondir davantage ledit
document avant de le commenter ou de poser des questions pour de plus amples
informations au leader du gouvernement.
Je crois que c'était le député de Montmagny qui,
normalement, devait prendre la parole. Comme il n'est pas à la table, je
présume que son collègue, le député de
Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui est membre de la commission.
M. LE PRESIDENT: ... qui est membre de la commission, exactement, va, le
premier, apporter ses commentaires. Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai pris connaissance
du document qu'a déposé et lu le ministre responsable de l'OPDQ
et, après analyse de ce document, je voudrais faire quelques
observations, les plus brèves possible, sur l'orientation qu'entend
prendre l'Office de planification et de développement du
Québec.
Ce document est assez complet en lui-même et nous fournit des
orientations majeures sur l'action qu'entend entreprendre le gouvernement via
l'Office de planification et de développement du Québec. Depuis
bien des années, on parle de planification dans le Québec, on en
a fait à différents paliers; cette planification avait toutefois
besoin d'être revue et de nouveaux instruments devaient être mis en
place pour qu'elle produise des résultats que les citoyens auraient pu
être en mesure de constater.
Evidemment, M. le Président, je ne vais pas chercher des
chimères. Lorsqu'on parle de planification, le mot planification en soi
ne fait pas surgir des industries, ne fait pas surgir automatiquement des
infrastructures et ainsi de suite.
C'est un plan, c'est un programme. Et ce programme implique une mise en
application progressive qui doit correspondre aux besoins des citoyens,
à l'urgence des citoyens dans certaines régions et
également aux moyens financiers des contribuables que le gouvernement
détermine dans ses politiques budgétaires.
Le document parle d'un montant de l'ordre de $130 millions; il y a des
chiffres nous indiquant la répartition. Cet argent provient de sources
différentes, dont celle du gouvernement du Québec et dont celle
du gouvernement central. Il est dit à la première page du
document, M. le Président, que la maîtrise d'oeuvre je
n'aime pas cette expression, c'est une question de langue des
différents projets afférents à l'OPDQ est dévolue,
en majeure partie, aux ministères québécois et aux
municipalités.
Alors le ministre s'attend bien, j'imagine,que je lui pose la question
suivante; je ne lui demande pas de me répondre tout de suite, mais
j'aimerais qu'il m'explique ce que veut dire l'expression "en majeure partie",
ce qui laisse entendre que le gouvernement ne serait pas maître d'oeuvre
dans certains secteurs que le ministre voudra bien, je le souhaite,
identifier.
Le document, M. le Président, touche un ensemble de
régions du Québec; il y a les quatre projets plans dont parle le
document et il y est notamment question de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, région qui, on le comprendra,
m'intéresse au premier chef. Il y a quelque temps, le ministre
responsable de l'OPDQ est venu dans notre région je n'ai
malheureusement pas eu le plaisir de l'accompagner, parce que j'étais
retenu ici à d'autres commissions parlementaires et il a
annoncé un programme de développement dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce programme fait suite aux recommandations de la
mission de planification économique qui était restée en
plan c'est le cas de le dire et dont chaque citoyen s'attendait
qu'elle produisit des effets assez visibles dans un délai assez
bref.
J'aimerais que le ministre m'explique exactement quelles sont les
grandes articulations du programme que l'on entend mettre de l'avant dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qu'il nous parle du programme
agro-forestier et de tous autres programmes qui seraient de nature à
mettre en marche l'action amorcée par la mission de planification
économique qui, jusqu'à présent, est restée dans
des documents, malgré les tentatives que l'on a faites pour la
création d'une conférence administrative régionale,
etc.
Le député de Jonquière est ici. Il connaît le
problème comme je le connais et il est certainement, comme moi et comme
notre collègue du Lac-Saint-Jean, fort intéressé à
avoir des détails sur l'action du gouvernement dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ainsi en va-t-il pour les zones spéciales dont
on dit qu'elles couvrent les territoires de Trois-Rivières,
Québec, Sept-Iles, Port-Cartier et le Lac-Saint-Jean, à
l'exclusion du Saguenay. J'aimerais savoir du ministre responsable de l'OPDQ
s'il y a eu des démarches afin que la région dite du Saguenay
proprement dit, qui n'est pas la région du Lac-Saint-Jean, soit
considérée comme zone spéciale.
M. le Président, les réponses du ministre pourront nous
renseigner davantage sur ce que son ministère a l'intention de faire en
fonction du programme qu'il a dévoilé hier. Et le document
fournit des détails sur l'affectation des fonds. J'aurai
éventuellement quelques
questions à poser au ministre sur certaines de ces affectations,
afin que l'on ventile davantage les articles du programme d'action de l'OPDQ
dans les territoires concernés et mentionnés dans le document que
le ministre nous a remis.
Je ne veux pas prolonger plus longuement ces observations
générales.
Je pense que c'est par voie de questions que nous pourrons obtenir du
ministre des renseignements plus explicites qui nous feront voir quel est, dans
l'ensemble, le cheminement que le gouvernement se propose de suivre pour
appliquer de façon concrète et pratique le programme de l'Office
de planification du Québec au regard des besoins de certaines
régions déterminées.
En terminant, je voudrais que le ministre nous explique clairement les
raisons qui ont motivé la décision de diviser le Québec,
c'est-à-dire de mettre en oeuvre le programme de l'OPDQ dans quatre
secteurs déterminés, les régions plans, sortes de
régions pilotes en réalité qui sont indiquées dans
ce texte.
Je laisse la parole au ministre afin qu'il puisse répondre tout
de suite à mes questions, ou veut-il entendre les représentations
qui sont faites par d'autres collègues. Je tiens à souligner, en
terminant, que l'approche du problème doit être extrêmement
pratique et que l'on pourrait disserter très longuement sur des
politiques économiques globales. Ces politiques économiques
globales ont été énoncées par le ministère
des Finances, par les divers ministres responsables dans les divers
ministères de sorte que, par recoupement, et avec le document que le
ministre a ajouté au dossier, on est en mesure de se faire une
idée de l'action qu'entend entreprendre le gouvernement du Québec
pour stimuler l'industrie, pour donner une impulsion beaucoup plus
marquée aux régions défavorisées ou aux
régions en voie de développement et pour apporter les moyens
curatifs qui permettront aux régions anémiées de retrouver
un état de santé qui leur fait défaut.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, évidemment, nous aussi
avons pris connaissance du document suite à la lecture que nous avait
faite le leader du gouvernement hier concernant le budget qui serait
éventuellement dépensé par l'Office de planification et de
développement du Québec. Or, avant d'aller un peu plus loin, je
tiendrais quand même à souligner l'effort qui a été
fait par ceux qui sont au service de l'OPDQ pour le travail qu'ils ont fait et
pour les différentes études faites dans les divers domaines de
l'activité économique dans les différentes régions
du Québec.
Mais, malgré tous les efforts qu'on fait, dans le personnel
employé à l'OPDQ, il reste que ce n'est pas tout de faire des
études, ce n'est pas tout de faire des rapports, il faut qu'il y ait une
action concrète qui donne suite à ces études et qui donne
suite à ces rapports de façon que, si les propositions qui sont
faites sont d'intérêt général et dans
l'intérêt de développer notre économie,
l'économie de régions qui ont plus besoin que d'autres d'avoir un
développement plus rapide, il reste que le gouvernement a quand
même la responsabilité de voir à mettre en place, à
créer les mécanismes nécessaires pour que ces programmes
puissent être exécutés. Depuis cinq ou six ans que l'OPDQ
fait du travail en coordination avec le BAEQ, si on regarde ce qui, à
l'heure actuelle a été fait sur le plan pratique, je ne parle pas
au niveau des études puisqu'à ce niveau c'est formidable, mais
sur le plan des réalisations, si on regarde la situation dans laquelle
se trouvent placées ces régions à l'heure actuelle, on
constate encore une fois que nous faisons beaucoup d'études, de
recommandations, mais qu'il y a très peu d'exécution et
très peu de résultats.
M. le Président, je dis que, sur ce point, nous sommes
déçus. Nous sommes déçus parce que $130 millions,
c'est tout de même une somme assez considérable, et si on
additionne tous les millions depuis le début, on arrive à un
montant tout simplement fantastique. Pourquoi n'y a-t-il pas plus de
résultats? Je m'interroge à ce moment-là et je pose la
question au gouvernement, parce que j'ai l'impression et j'en ai
même la conviction qu'il y a trois grandes priorités dont
le gouvernement tient compte avant l'exécution des plans et des
programmes. Ces priorités, je vais me permettre de les mentionner.
La première priorité dont le gouvernement tient compte,
c'est la priorité des intérêts financiers, des
intérêts de la finance. On sait que les municipalités, dans
tous ces territoires, ont d'immenses travaux à faire sur le plan de
développement municipal, même sur le plan industriel, et on sait
dans quel carcan financier les municipalités se trouvent. Or, de ce
côté, on a pas encore trouvé de solution. On ne semble pas
avoir fait encore tellement d'études pour permettre la
réalisation de certains travaux qui seraient faits par la population du
milieu et qui contribueraient de ce fait à investir, à injecter
dans l'économie de ces régions de l'argent qui pourrait ensuite
servir à interchanger entre les différentes catégories de
citoyens, tenant compte de la profession et de leur occupation.
La deuxième priorité dont le gouvernement semble vouloir
tenir compte avant tout, où le gouvernement est pris, c'est la
priorité de sauver les trusts. Je pense que le plus bel exemple que nous
venons d'avoir de la participation, de l'étude, de l'autofinancement
local, c'est le projet de Cabano.
Il est évident que le projet de Cabano nous pourrions en
parler beaucoup illustre très bien la situation dans laquelle le
gouvernement se trouve plongé, parce que, avant de voir à
l'exécution des plans d'ensemble pour donner suite aux efforts que la
population a bien voulu
y mettre, justement on a l'intérêt des trusts à
sauver.
Le troisième point, M. le Président, tant et aussi
longtemps que et je pense que c'est la première fois que j'ai
l'occasion d'en parler depuis deux ans il n'y a pas plus d'effort de
fait pour tâcher de mettre un terme au patronage dans certaines
régions et dans certains comtés, je pense qu'encore là ce
sont des priorités qui justement empêchent la réalisation
de plans. Il va falloir qu'on cesse de "politicailler" certains
ministères, qu'on cesse de regarder pour voir si, dans certains
comtés, le député est du côté
ministériel ou du côté de l'Opposition et qu'on cesse de
regarder également si tel maire de telle municipalité est du bon
côté ou non pour avoir des subventions et faire progresser sa
municipalité.
Après ces trois grandes priorités, à
l'exécution des plans et projets étudiés et mis sur pied,
il est évident que s'il est obligé de tenir compte de ces trois
impératifs que je considère qu'on a tenu comme
prioritaires il ne reste pas grand-place, pas grande chance pour
exécuter les plans, pour exécuter les travaux et donner suite aux
recommandations faites afin de permettre à ces populations de
bénéficier de leurs ressources, d'utiliser leur main-d'oeuvre
pour développer leurs ressources et cela à leur plus grand
avantage et au profit de toute notre économie
québécoise.
M. le Président, à la suite de ces considérations
très générales mais qui existent quand même, je dis
que tous ces beaux plans, toutes ces belles recommandations me font penser
à du tapissage ou des sortes de papiers peints ou teints qu'on place
dans des maisons pour faire de l'aménagement intérieur, pour
cacher de faux murs ou pour créer des illusions. On se retrouve toujours
dans la même situation. La question que je me pose et que je pose
également au gouvernement: Depuis cinq ans, malgré tous les
efforts, les études et l'argent dépensés, est-ce qu'on
peut dire réellement qu'il y a eu des bénéfices
marqués et qui ont permis à ces régions de
bénéficier davantage pour être capables de
s'autodévelopper par la suite? Il y a un vieux proverbe qui dit: Si on
donne un poisson à un homme, il se nourrira une journée, mais si
on lui apprend à pêcher, il se nourrira toute sa vie. Alors, si
dans le même esprit...
M. HARVEY (Jonquière): Il ne faut pas trop...
M. ROY (Beauce): ... on compte uniquement sur les subventions du
fédéral et dispensées par l'entremise du BAEQ et de l'OPDQ
pour permettre à une population de vivoter pendant le temps qu'on
dépense ces capitaux, ces capitaux ne servent pas justement à
créer un développement régional qui permettra à ces
régions de s'autodévelopper par la suite.
A ce moment-là, nous avons simplement une illusion devant nous,
nous devons envisager et dire que, même si l'argent vient du
fédéral, nous n'avons pas le droit de le gaspiller, parce qu'il y
a bien des domaines où nous aurions beaucoup à faire dans
l'intérêt du Québec.
M. le Président, il est évident qu'il est difficile de
parler de développement régional, sans parler de
développement industriel. Où est notre politique de
développement industriel au Québec et quels sont les outils que
nous avons, à l'heure actuelle, pour favoriser le développement
industriel du Québec? Est-ce que nous nous sommes donné la peine
de faire une enquête ou une étude auprès de nos
industriels, pour savoir quels sont les problèmes qu'ils ont à
affronter, quels sont les risques qu'ils ont à assumer et quelles sont
les possibilités de rentabilité de leur entreprise? Parce que je
pense qu'il va falloir être assez pratique pour finir par
réaliser, un jour, que nos industriels ne créeront pas seulement
des industries pour le seul but de créer des emplois, si nous leur
donnons toutes les responsabilités et tous les risques de pertes de
capitaux et autres.
Il va falloir évidemment que nos industriels aient à
atteindre des normes de rentabilité. Je ne parle pas d'une
rentabilité au niveau de l'exploitation des travailleurs et de
l'exploitation des consommateurs, mais des normes de rentabilité
raisonnables et acceptables. Pour ce faire, il va falloir que le gouvernement
du Québec prenne quand même ses responsabilités en
matière de développement industriel et qu'il prenne
également ses responsabilités en ce qui regarde le domaine de nos
exportations et aussi qu'il protège nos industries existantes en
regardant nos importations.
Il y a un rôle que le Québec devrait jouer à ce
moment-là, et ce n'est pas empiéter sur les juridictions
fédérales. Au contraire, parce que le fédéral est
là, à la demande des provinces qui ont voulu se donner une
structure administrative supérieure, si on se réfère
à l'esprit qui a guidé la création de la constitution que
nous avons actuellement et que je ne veux pas analyser à ce moment-ci,
parce que ce n'est pas la place, tout de même, il ne faudrait pas oublier
que le fédéral existe pour être au service des provinces.
Il appartient aux provinces de préciser leurs programmes, de
préciser leurs besoins et de préparer des rapports ou des
mémoires, pour dire: Voici, à partir d'aujourd'hui, c'est ce que
nous voulons. J'estime qu'il est assez difficile de négocier lorsque
nous n'avons pas établi nos priorités et lorsque nous n'avons
même pas établi ce que nous voulions. A ce moment-là, je
pourrais prendre l'industrie de la chaussure. Le comté que j'ai
l'honneur de représenter, avait plusieurs industries de chaussures et on
sait tous les problèmes qu'a eu à vivre l'industrie de la
chaussure. Je m'interroge sérieusement sur les efforts que le
gouvernement a faits pour essayer que cette industrie au Québec puisse
progresser, parce que les industriels, nous les avions, c'étaient des
Québécois, c'étaient des gens de nos régions. Nous
avions
une main-d'oeuvre qualifiée. Nous avions les usines et nous
avions un marché. M. le Président, de ce côté, je
pense qu'à l'heure actuelle le Québec peut se dire mea culpa, mea
culpa, parce que de ce côté nous n'avons pas fait ce que nous
aurions dû faire.
Pour ce qui est de l'industrie du bois, encore dans nos régions
et dans le sud-est, dans le Bas-Saint-Laurent, l'industrie du bois occupe une
place prépondérante. Toute notre industrie du bois de nos
régions, actuellement, dépend de 80 p.c. à 90 p.c. de
l'approvisionnement venant des Etats-Unis. Le gouvernement est conscient, je
pense, des risques et des dangers que nous aurions courus à un moment
donné si le bill Muskie avait été adopté tel que
présenté. Nous nous serions retrouvés dans une
région du Québec, dans une région où nous aurions
eu à faire face à une crise assez aiguë. Je trouve tout de
même illogique qu'à l'heure actuelle, au Québec, alors que
le bois constitue une de nos richesses premières c'est une
richesse primaire, et nous en avons du bois au Québec nos
industries et nos usines n'ont pas d'autre choix que de s'alimenter du
côté des Etats-Unis pour donner du travail et répondre aux
besoins de notre industrie de la construction, de l'habitation au
Québec?
Je pense que si le gouvernement faisait une enquête, à
l'heure actuelle, pour savoir d'où provient le bois qui sert à la
construction de toutes nos habitations familiales au Québec, il y aurait
lieu de se scandaliser. Je m'interroge à ce moment-là, il y a
toute une politique d'ensemble de ce côté-là.
Alors, M. le Président, ce n'est pas seulement un voeu que je
fais à ce moment-ci, c'est une demande que je fais au gouvernement, par
l'entremise de l'OPDQ, avec le million qui se dépense, de descendre sur
la terre et de regarder la réalité telle qu'elle se
présente à l'heure actuelle, et de ne pas craindre d'aller
rencontrer nos industriels, de discuter avec eux et d'étudier leurs
problèmes et les recommandations qu'ils ont à faire au
gouvernement pour permettre de développer leurs industries, leurs
entreprises, de façon à augmenter le produit national brut au
Québec, de façon à pouvoir, dans un deuxième temps,
avoir accès au marché extérieur. Nous sommes à
proximité de la frontière américaine et il y a un
marché abondant de ce côté-là.
Il y aurait certainement des avantages à y aller. Les industriels
de chez nous qui se sont donné la peine d'aller voir les
possibilités qu'il y a outre-frontière. Nous nous sommes rendus
compte que les Américains sont acheteurs de produits faits au
Québec, en grande quantité, et il y aurait lieu pour le
gouvernement de mettre l'accent sur ce domaine afin de relancer
l'économie du Québec.
Le gouvernement n'aurait pas tellement de capitaux à investir.
Nos industriels sont prêts à les investir. Il y a les banques qui
sont prêtes à les aider. Il y a des institutions
financières pour aller dans ce sens-là.
Je pourrais aussi ajouter, en plus de l'industrie du bois et de
l'industrie de la chaussure, qu'il y aurait tout le secteur de l'industrie
secondaire que nous aurions intérêt à développer au
Québec. Si on se donnait la peine d'aller faire des études, non
seulement à l'intérieur du Québec, sur les
possibilités qu'il y aurait de marchés dans les Etats de la
Nouvelle-Angleterre, dans le nord des Etats-Unis et même au centre des
Etats-Unis et d'organiser des délégations commerciales, des
délégations industrielles aux Etats-Unis et de permettre,
à nos industriels, à nos hommes d'affaires d'aller voir et
d'aller étudier les possibilités de marchés qu'il y a de
ce côté-là, je dis que le gouvernement pourrait se
préparer à axer une véritable politique de relance
économique, une politique de création d'emplois, de
développement de nos ressources, tenant compte des besoins et des
marchés à notre portée.
M. le Président, je termine là-dessus et je compte bien
que le gouvernement, au cours de l'année 1972, fera un effort
marqué, un effort soutenu, et même je dirais plus, un effort
énergique de ce côté. Je suis assuré que c'est
réalisable, avec toutes les personnes compétentes qui
l'entourent, les personnes qualifiées qui travaillent au sein de l'OPDQ,
qui travaillent au ministère de l'Industrie et du Commerce, qui
travaillent à la Société de développement
industriel.
Incidemment M. le Président, j'aimerais parler de l'Office de
développement industriel. Il y aurait certainement des avantages et des
choses à modifier, à moderniser dans cette société.
Je pense en effet que ce seraient les industriels du Québec qui
pourraient le mieux dire au gouvernement, au ministère de l'Industrie et
du Commerce, et même au premier ministre ainsi qu'au premier ministre
adjoint, de quelle façon la Société de
développement industriel pourrait se moderniser, pourrait s'ajuster aux
besoins et aux critères modernes que nos industriels ont à
justifier de façon que cet organisme puisse les servir. A l'heure
actuelle, M. le Président, j'ai nettement l'impression que ce sont les
industriels qui sont obligés de se soumettre aux exigences très
compliquées de notre Société de développement
industriel et non la Société de développement industriel
qui ouvre la porte et qui se met à la disposition de nos industriels du
Québec. D'autant plus que les montants consacrés et les montants
investis par cette société qui ne sont quand même
pas pris dans le budget des taxes pourraient représenter beaucoup
plus de capitaux à la disposition de nos industries du Québec
pour leur permettre de se développer davantage.
M. le Président, je dis que le gouvernement a le devoir de se
mettre à l'oeuvre sans tarder de ce côté et d'organiser une
politique cohérente, une politique de coordination entre l'OPDQ, le
ministère de l'Industrie et du Commerce et tous les autres
ministères concernés. Je pense que ceux qui travaillent dans ces
ministères ne
demandent pas mieux. Je pense que les efforts ont été
faits à l'intérieur de cela, l'effort qu'il reste à faire
c'est au gouvernement de le faire. Le gouvernement devrait cesser d'être
très timide dans ses politiques commerciales, dans ses politiques
industrielles; le gouvernement se devrait d'être actif, énergique
et devrait y aller à fond de train. A ce moment-là, tout le
Québec en sortira avec des avantages très
appréciables.
M. LE PRESIDENT: Je désire porter à votre attention que
les changements suivants sont apportés à la liste des membres
attitrés de la commission. M. Haryey, Jonquière, remplace M.
Bienvenue, Matane; M. Fortier, Gaspé-Sud, remplace M. Choquette,
Outremont; M. Houde, Fabre, remplace M. Parent, Hull, et je crois percevoir que
M. Roy, Beauce, remplace M. Bois, Saint-Sauveur.
M. ROY (Beauce): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Du côté du Parti québécois,
il n'y a pas de remplacement. Le député de Bourget.
M. LAURIN: Dans l'exposé que le ministre nous a soumis à
la dernière minute et qu'il semble lire pour la première
fois...
M. LEVESQUE: Non, un instant. Peut-être... M. LAURIN: ... avec des
hésitations...
M. LEVESQUE: ... que ça vous arrive de voir, de lire les choses
des recherchistes chez vous, mais, dans mon cas, j'ai particité
activement à la rédaction de chacun de ces paragraphes et il ne
sont ces paragraphes et cette politique qui est inscrite dans ce
document que le fruit d'un travail collégial fait avec des
collègues du cabinet et avec les fonctionnaires de l'OPDQ, et nous en
sommes fiers.
M. LAURIN: Dans l'exposé, que le ministre nous soumettait
à la dernière minute, il a voulu nous laisser croire qu'il se
faisait quelque chose à l'Office de planification et de
développement du Québec et...
M. LEVESQUE: Vous demanderez aux gens de l'office. Chacun d'entre eux
serait heureux de venir témoigner du travail fait à l'Office de
planification. Ils sont très heureux, très motivés.
M. LAURIN: ... et que l'office avait même accouché d'une
politique nouvelle, vigoureuse...
M. LEVESQUE: Changez-moi ce discours. M. LAURIN: ... et dynamique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas lui qui l'a fait
préparer.
M. LEVESQUE: Faites-vous-en préparer un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous me raconterez cela.
M. LAURIN: ...Alors, en fait, il n'en est rien. Nous assistons
plutôt à la poursuite du déclin, de l'effritement, du
démembrement de l'Office de planification...
M. LEVESQUE: C'est effrayant de dire cela. Quelle injustice! Quelle
indécence! Quelle inconscience!
M. LAURIN: ... et de développement du Québec. Ceci,
d'ailleurs, se sent à la lecture du mémoire qui nous paraît
être une sorte de ramassis hétéroclite et composite de
données diverses, mal articulées entre elles et qui peuvent
donner l'apparence d'une politique mais qui n'en constituent sûrement pas
une.
J'ai l'intention de prouver mes avancés par les remarques
subséquentes que j'entends faire. D'abord, cette négligence nous
apparaît dans le fait que le premier ministre n'est pas ici, pour
défendre la politique de l'Office de planification et de
développement du Québec. Le premier ministre, dans le
passé, s'était toujours réservé, comme un
privilège et un honneur, de défendre la politique de
planification de l'Etat du Québec. Tous les premiers ministres qui ont
précédé...
M. LEVESQUE: Je vous arrête ici. Il faut être juste. Le
premier ministre m'a confié le 2 février 1972 la
responsabilité de l'Office de planification et de développement
du Québec. Il faut toujours bien être conscient de ce qui se
passe. Lorsque le premier ministre me l'a confiée, il ne me l'a pas
donnée à moitié. Il me l'a donnée en entier. Il
s'intéresse cependant à cet office. Je lui fais
régulièrement rapport des progrès réels et
très encourageants que nous avons à l'office. Il faut être
juste.
M. LAURIN : Tous les offices de planification, qui existent au monde,
ont toujours été rattachés à l'office du premier
ministre, puisque c'est une fonction globale, essentielle,
générale qui embrasse l'ensemble des activités d'un pays.
Il me semble que, lorsque l'on comprend le sens même du mot
planification, lorsque l'on comprend l'ampleur, l'envergure même du
processus de planification, on doit immédiatement conclure que seul le
premier ministre a le pouvoir, les fonctions et les responsabilités qui
puissent l'habiliter à diriger les activités d'un pareil
office.
Si le premier ministre a jugé bon de déléguer
à un autre ministre, tout intelligent, tout racé, tout
chevronné qu'il soit et je reconnais ces qualités au
ministre des Affaires intergouvernementales il reconnaît, par le
fait même, qu'il se soustrait à ses obligations ou qu'il ne croit
pas à la planification en tant que concept ou à la
possibilité d'effectuer une planification dans les conditions où
l'Etat du Québec se trouve actuellement.
Je vous laisse, M. le Président, le choix des hypothèses;
mais que vous reteniez l'une ou l'autre, vous serez obligé de conclure
que la notion même de planification a été abandonnée
en très haut lieu et qu'il n'est pas étonnant que cet abandon se
répercute, se manifeste à tous les paliers subséquents de
l'organisation gouvernementale. D'ailleurs, il y en a de grandes preuves
également. L'an dernier, on nous avait présenté un premier
rapport de l'Office de planification du Québec. Ce rapport était
très intéressant, malgré qu'il faisait état de
gains fragiles en ce qui concerne l'évolution des travaux de l'Office de
planification. Cette note d'espoir très mitigé nous laissait
quand même entrevoir un rapport qui aurait fait état des
progrès effectués au cours de l'année; mais on n'a pas
produit ce rapport et on est bien obligé de se poser des questions.
Pourquoi n'a-t-on pas produit de rapport? Est-ce que c'est parce que
très peu de travail a été effectué et qu'on aurait
eu honte de présenter à la commission un résultat aussi
malingre, aussi pauvre des activités de l'office ou encore est-ce que ce
serait dû au fait que, durant toute cette année, l'office s'est
cherché une vocation? Est-ce que ce serait dû au fait que l'office
a piétiné, a tenté diverses approches, les a
rejetées les unes après les autres et qu'à la
dernière minute, puisqu'il fallait bien présenter quelque chose
à la commission, on s'est rabattu sur la présentation d'un
exposé très sommaire qui voulait faire le point, au moins, des
décisions de dernière heure qui avaient pu être prises par
le conseil des ministres? Là aussi, je vous laisse le choix des
hypothèses, M. le Président; mais le fait qu'on n'ait pas
présenté de rapport montre, en tout cas, la carence qui existe au
niveau de l'office et l'impossibilité où on s'est trouvé
d'informer convenablement les députés des travaux qui s'y
étaient véritablement effectués.
Une autre preuve, c'est qu'on n'a même pas jugé bon de
remplacer le haut fonctionnaire responsable de l'Office de planification et de
développement du Québec. Reconnaissant ses mérites, on l'a
muté à un poste supérieur, celui de sous-ministre des
Affaires intergouvernementales, mais on lui a laissé quand même la
responsabilité finale des destinées de l'Office de planification
du Québec. Cette situation existe depuis plusieurs mois. Ce qui fait que
l'office se trouve avec un titulaire effectif peut-être et qui fait son
possible. Je suis prêt à reconnaître tous ses
mérites, mais il reste que l'office n'a pas de titulaire
véritable et que les fonctions, en dernière analyse, sont
exercées par le ministère des Affaires intergouvernementales.
Est-ce qu'on doit tirer la conclusion, M. le Président, que l'Office de
planification et de développement du Québec n'a plus de fonction
propre ou, au contraire, que ses fonctions doivent être exercées
maintenant par le canal du ministère des Affaires intergouvernementales?
Ce qui voudrait dire qu'à l'exemple de "La peau de chagrin" de Balzac,
il s'est réduit progressive- ment, d'une façon de plus en plus
marquée, considérable, et que maintenant il est réduit
à n'être plus qu'une des fonctions, une des manières pour
le ministère des Affaires intergouvernementales d'exercer ses fonctions.
C'est-à-dire que le rôle ne serait plus d'élaborer un plan
pour l'ensemble du Québec, mais de négocier avec les autres
gouvernements provinciaux et en particulier le gouvernement
fédéral et d'exécuter les programmes qui ne sont
peut-être pas imposés par le gouvernement fédéral,
mais qui sont soumis par le gouvernement fédéral aux provinces
pour les aider à sortir du marasme dans lequel elles se
débattent, dans le but de les aider à éliminer ces
disparités régionales qui sont une des plaies profondes de notre
système fédéral actuel.
Encore une fois, quelle que soit l'hypothèse que vous reteniez,
il reste que l'office se trouve démembré, ne possède pas
de direction effective ultime au niveau de sa propre armature et que ceci ne
peut que résulter en une diminution de son rendement aussi bien en ce
qui regarde l'envergure, l'ampleur des travaux qu'en ce qui concerne la
surveillance quotidienne de son activité.
J'en vois une autre preuve, M. le Président, dans le fait qu'on
ne nous a pas dit le nombre de réunions qui avaient eu lieu entre les
divers ministères. Une des articulations maîtresses de l'office
était précisément l'atelier des directeurs
généraux de planification; l'an dernier, on nous avait dit dans
le rapport qu'il y avait eu plusieurs réunions, qu'on avait tenté
de dégager les grandes lignes en concertant les activités des
différents ministères. On ne nous dit pas cette année
combien de fois les directeurs de ces ministères se sont réunis
dans le cadre des ateliers des directeurs généraux de
planification.
On y voit aussi cette même preuve dans le budget qui nous est
présenté, un budget de $130 millions, mais on nous dit tout de
suite quand même que $90 millions de ces $130 millions sont en
réalité de l'argent fédéral et que seulement $30
millions viennent du coffre provincial. Quand on sait que ces $30 millions
seront affectés à des programmes qui ont lieu dans certains
territoires où, de toute façon, les divers ministères
intéressés, Agriculture, Terre et Forêts, Industrie et
Commerce, Tourisme, Chasse et Pêche, seraient obligés de
dépenser de l'argent, on se rend bien compte que les sommes qui seront
dépensées là ne font partie, au fond, sous une forme
déguisée, que du budget régulier des divers
ministères et que très peu d'argent neuf a été
investi par les divers ministères du Québec dans ces zones qu'il
importerait tellement de développer. On se rend compte que l'essentiel
du budget vient, encore une fois, du gouvernement fédéral, ce qui
fait de l'Office de planification et de développement un autre des
appendices du gouvernement fédéral. Le gouvernement
fédéral dicte les priorités, bien sûr en
consultation avec les provinces, mais, comme c'est lui qui paie, c'est
lui qui dicte les priorités, qui établit les
mécanismes de contrôle, qui établit les conditions
auxquelles l'argent doit être dépensé, ce qui en somme est
la négation même de toute idée de planification et de
développement, puisqu'elle n'est pas faite sur le territoire où
elle doit s'effectuer mais qu'elle est faite ailleurs.
On le voit également au niveau de la conception.
Déjà, l'an dernier, dans le premier rapport qui nous avait
été soumis, le sous-ministre on reconnaissait d'ailleurs
sa griffe, le rapport était extrêmement bien fait au point de vue
stylistique à tout le moins nous disait les raisons pour
lesquelles les gains avaient été aussi lents et aussi fragiles.
Il mentionnait ces causes et il les reprend d'ailleurs très
brièvement dans le texte qui nous a été soumis, et je les
énumère à votre intention, M. le Président:
L'absence de données de base, l'absence relative de personnel
compétent, l'absence d'instruments en particulier fiscaux,
monétaires, politiques, qui auraient permis de tirer les
conséquences politiques, instrumentales, des données que l'on
venait de découvrir, l'absence de volonté chez les divers agents
de l'économie dans les divers ministères et à plus forte
raison encore dans l'entreprise privée.
Ces raisons demeurent les mêmes et c'est peut-être pourquoi,
aussi bien l'an dernier que cette année, on nous dit que l'idée,
le concept de planification demeure très difficile dans le
Québec. Cette année, je remarque qu'on fait un oubli par rapport
à l'an dernier. Dans le rapport de l'an dernier, on ajoutait une autre
cause aux difficultés qu'avait affrontées l'office,
c'était l'existence de deux paliers de gouvernement par une sorte de
politesse à l'endroit du grand frère fédéral.
On a éliminé, cette année, dans l'exposé que
nous a soumis le ministre, cette cause qui pourtant semble fondamentale...
M. LEVESQUE: ... ne laisse pas entendre que j'avais raison de vous dire
que c'était mon discours.
M. LAURIN: ... et qui nous semble peut-être, être à
l'origine de toutes ces autres absences ou du moins compliquer ces autres
absences que le ministre a mentionnées. M. le Président, dans un
régime où existent deux paliers de gouvernement, un régime
fédéral, qui est le nôtre, où les zones grises
profitent au gouvernement central, où les ressources que possède
le gouvernement central sont de loin supérieures aux nôtres et
dépassent ses besoins, dans un régime fédéral
où le pouvoir de dépenser est affecté exclusivement
à un niveau de gouvernement, on se rend bien compte que ceci rend
très difficile les activités des planificateurs provinciaux.
D'ailleurs on le reconnaît puisque dans l'exposé que le ministre
nous lisait hier on reconnaissait qu'on se rendait compte que les efforts
menés jusqu'ici s'étaient heurtés à un mur,
à un échec, à une impasse et qu'il fallait absolument
faire état de quelque chose de nouveau. On nous disait hier: On se rend
compte que ce n'est pas la multiplication des dossiers régionaux qui va
aboutir à une véritable planification, ce ne sera toujours et
éternellement qu'une juxtaposition d'où il est très
difficile de dégager des lignes directives, des axes directeurs. On nous
disait également que ce n'est pas l'addition des dossiers sectoriels qui
va constituer une véritable planification. Car il est très
difficile de voir comment peuvent s'articuler ces dossiers sectoriels. A partir
de ces dossiers sectoriels il demeurera toujours difficile de dégager
une ligne directrice.
Dans votre exposé d'hier, on sent que cet échec a
été constaté. On sent qu'on en tire les
conséquences. Mais, au lieu d'en tirer les conséquences
véritables, on s'en tire simplement par des voeux pieux, par des
déclarations d'intention, par des formules creuses, qui en
réalité ne constituent, en aucune façon, la preuve que les
obstacles dont je parlais tout à l'heure ont
été levés, qu'on pourra y passer outre et que le
gouvernement, avec les pouvoirs limités qui lui restent, pourra
même élaborer une planification le moindrement efficace dans les
secteurs qui lui restent. On se rend compte, en somme, que l'essentiel de
l'exposé d'hier consiste en une expression de voeux qui ne seront
probablement pas suivis de réalisations puisqu'on ne peut
s'empêcher quand même de remarquer que dans d'autres domaines, dans
d'autres ministères, certaines actions ont été prises.
Celles-ci rendent évident le fait que, loin de s'orienter vers un
renforcement de l'Office de planification et de développement, on
s'oriente bien au contraire, malgré ces voeux pieux, malgré ces
déclarations d'intention, vers une diminution de son pouvoir.
Je l'ai dit en ce qui concerne le budget où l'essentiel des
programmes est de nature fédérale. Je pourrais le dire
également en faisant état des études menées par les
autres ministères. La planification maintenant, M. le Président,
ne se fait plus à l'Office de planification. Un peu comme si les
ministères s'étaient rendu compte qu'il n'y avait plus rien
à retirer de cet office absolument exsangue, ils ont
procédé eux-mêmes à leur propre planification. On
l'a vu dans le cas du ministère des Affaires sociales qui a
procédé à sa propre planification, qui a commencé
à élaborer des politiques mais qui tout à coup est
arrêté, dans l'exécution de ses programmes, toujours par le
même pouvoir fédéral qui lui dispute les pouvoirs, les
compétences, les ressources et qui ne peut le ministre l'a dit
lui-même élaborer une politique intégrée,
globale et cohérente de politique sociale. Le ministère de
l'Agriculture, lui aussi, a procédé à sa planification. Il
a préparé un livre blanc qu'il a soumis au conseil des ministres.
Mais, dans ce livre blanc, il est lui aussi arrêté, dans ses
efforts de planification, par l'existence et surtout par la force de ce
gouvernement central qui, là encore une fois, tient les cordons
de la bourse, tient les pouvoirs, prend des décisions qui
concernent l'aménagement des petites fermes, la politique du lait, la
politique céréalière, prend des décisions en somme
dans les secteurs les plus névralgiques de l'agriculture
québécoise, dans la régie des marchés agricoles, et
empêche ainsi le ministre de l'Agriculture d'élaborer ses
programmes et surtout de les exécuter.
On se rend compte également que le ministère de
l'Industrie et du Commerce procède, lui aussi, a sa propre
planification.
Le ministre le sait très bien, puisqu'il a donné
lui-même le feu vert à certaines études, quand il
était au ministère. Son successeur le fait de la même
façon et il nous annonce dans des entrevues, jour après jour, de
nouvelles stratégies industrielles, l'étude de nouveaux
programmes, un port sur la baie d'Hudson, un grand port pétrolier dans
le nord du Québec, une révision de l'action de la SGF, des
sociétés d'Etat, probablement de l'Hydro-Québec
également, la politique d'achat, mais encore une fois, c'est une
politique sectorielle, uniquement consacrée à certains secteurs
de l'économie. Lui aussi se trouve bridé par un autre
ministère de l'Industrie et du Commerce. On a vu les querelles de ces
jours derniers, avec son homologue fédéral, querelles qui sont
destinées à se multiplier, là comme ailleurs, comme dans
les autres domaines, puisque précisément, dans ce domaine, on se
heurtera toujours aux ressources et aux pouvoirs que possède le
fédéral, mais aussi à cette immixtion qui existe de plus
en plus et dont la création du ministère de l'Expansion
régionale ne constitue qu'une dernière preuve. Là aussi,
il n'y a pas de concertation entre les deux niveaux et le ministère de
l'Industrie et du Commerce n'a pas les moyens ni les ressources qu'il lui
faut.
Je pourrais continuer dans les autres domaines. Dans les forêts,
on se rend compte aussi que le livre blanc, qui constitue un effort de
planification, se heurtera également aux mêmes difficultés,
puisque le ministre des Terres et Forêts, avec les moyens qu'il
possède, ne pourra sûrement pas régler le problème
des compagnies de pâtes et papier qui, pour plusieurs, appartiennent
à des sociétés multinationales, sur lesquelles le
Québec n'a aucun contrôle. On se rend compte donc que la
planification est faite par les ministères, justement parce que l'office
n'a pas pu procéder à cette planification, mais que, dans cette
planification sectorielle, on se heurte, encore une fois, aux mêmes
difficultés qui rendent toute véritable planification
impossible.
Je pourrais parler également des livres blancs, si on peut parler
comme ceci du ministère des Affaires municipales. Là aussi
c'était une réforme absolument essentielle pour la planification,
puisqu'il importe de diminuer le nombre des municipalités, de
créer de grandes municipalités auxquelles on accordera des
pouvoirs accrus dans certains domaines. Mais encore une fois, on se rend compte
que, là aussi, l'action du ministère des Affaires municipales est
cour-circuitée, non seulement par la force des gouvernements locaux,
mais aussi par la force du gouvernement central, qui, par sa politique de
logement, sa politique en matière urbaine, empêchera toujours,
dans le cadre qui est le nôtre, ce livre blanc, ou tous ses efforts
futurs de planification, d'aboutir à leur terme ultime.
En ce qui concerne le développement régional, je suis bien
d'accord sur ce que le ministre disait hier. Ce n'est pas l'addition de
dossiers régionaux, d'efforts de planification régionale qui
aboutiront à l'élaboration d'une véritable planification.
On l'a vu, d'ailleurs, au dernier congrès du CRD de la Côte-Nord
où Léon Dion, un économiste, un politicologue, disait
lui-même que ces efforts de planification régionale lui
paraissaient voués à l'échec, aussi longtemps que le
pouvoir québécois n'aurait pas les moyens et les ressources
d'intégrer ses efforts de planification régionale dans le grand
effort de planification à l'échelle du Québec. Il
ajoutait: Même si on dit qu'on le fera, il reste à voir si on le
fera, si on aura les moyens, si on aura les pouvoirs de le faire. Et il
était très pessimiste. Il concluait en disant que peut-être
aussi longtemps que le Québec n'aura pas acquis la souveraineté,
il sera impossible de faire une véritable planification
régionale.
Donc, on a omis, dans l'exposé que nous lisait, hier, le
ministre, d'accorder toute l'importance qu'il y a aux raisons qui ont
empêché jusqu'ici et qui empêchent encore aujourd'hui
l'élaboration et surtout l'exécution d'une véritable
politique de planification, de même que la création d'un
véritable office du plan.
C'est bien la raison pour laquelle, M. le Président, au chapitre
des solutions, le ministre, dans son exposé d'hier, était
tellement pessimiste lorsqu'il disait, par exemple, que le rôle de
l'office ne consistait plus à planifier, ne consistera plus à
élaborer une véritable politique, mais à prévoir
les stratégies, les stratégies des sociétés
multinationales, à prévoir les stratégies
économiques ou industrielles de nos voisins.
Quelle démission, M. le Président! Quelle abdication!
C'est là reconnaître que l'Etat, soit à cause de son
idéologie libérale, soit à cause de son idéologie
fédérale dans le régime actuel, reconnaît qu'il ne
possède ni la volonté, ni le désir, ni les pouvoirs de
procéder à une véritable planification et que son seul
rôle demeure de prévoir les stratégies des voisins,
espérant qu'on pourra trouver les moyens de s'y adapter en temps et
lieu.
Et ceci est juste quand on reconnaît que les
sociétés multinationales, même au Canada, ont la partie
belle et que le gouvernement canadien, qui seul pourrait mettre un frein
à leurs visées, à leurs propres impératifs,
à leurs propres politiques décidées dans les maisons
mères des Etats-Unis, n'a pas voulu, lui non plus, élaborer des
politiques qui auraient pu les contenir ou qui
auraient pu au moins les faire travailler dans l'intérêt du
Canada. A bien plus forte raison au Québec, qui est un appendice d'un
appendice, pouvons-nous nous attendre à trouver le désir, la
volonté, les ressources et les moyens nécessaires pour
contrôler les activités et les programmes de ces
sociétés multinationales.
On préfère se résigner, on préfère
faire montre de fatalisme, on préfère s'en remettre à un
empirisme qu'on baptise du beau nom de pragmatisme pour faire oublier cet
échec, cette démission. Il nous semble, M. le Président,
en tout cas, que cette phrase de l'exposé du ministre hier,
"prévoir les stratégies des sociétés
multinationales et des autres gouvernements," est le plus bel aveu de
démission, d'abdication de l'Office de planification et de
développement du Québec et surtout du gouvernement qui avait
quand même créé une loi qui créait cet office et qui
devait lui inspirer un leadership vigoureux et dynamique.
D'ailleurs, M. le Président, ce n'est pas tout. On se rend bien
compte, quand on étudie ce qui se passe dans l'actualité
politique, que non seulement les ministres et les ministères se sont
découragés de l'absence de présence de l'Office de
planification, mais qu'on est en train de se partager ses dépouilles,
qu'on est en train de la démembrer, sinon du point de vue de l'effectif,
du moins du point de vue des concepts et des politiques.
On sait, par exemple, que les priorités du gouvernement du
Québec ne sont plus définies par l'Office de planification. Elles
sont définies par le service d'analyse conjoncturelle du ministre des
Finances qui a rapatrié pas rapatrié parce qu'il ne
l'avait pas qui s'est approprié ce service qui, auparavant,
appartenait au ministère des Affaires intergouvemementales et à
l'Office du plan.
Le ministre des Finances a décidé que c'est lui,
maintenant, qui ferait la planification au Québec. On peut le
comprendre, puisque c'est lui qui est chargé de la préparation du
budget et que, pour notre part, nous ne concevons pas qu'un Office du plan
n'ait rien à faire dans la préparation du budget. Au contraire,
il devrait avoir partie liée et le ministre des Finances devrait
travailler d'une façon très étroite avec l'Office du plan
et traduire immédiatement, en programmes budgétaires, les
décisions élaborées par l'Office du plan. Ce n'est donc
pas étonnant que le ministre des Finances, sentant que l'Office de
planification se survivait comme un fantôme, se soit approprié
certaines de ses fonctions, ait créé son propre service d'analyse
conjoncturelle et commence à établir ses propres
planifications.
Il n'est pas étonnant non plus de voir que le ministre des
Finances, par sa Loi du Conseil du trésor qu'on a adoptée l'an
dernier, s'est approprié le rôle de surveillant de tous les
programmes exécutés au ministère. Maintenant, c'est le
Conseil du trésor qui constituera la chantepleure qui définira
quel volume d'eau doit sortir du gouvernement, qui en définira la
quantité. Et c'est le Conseil du trésor qui, en plus d'être
le chien de garde de tous les deniers dépensés au Québec,
verra si tel ou tel programme, décidé par l'OPDQ ou par
quelqu'autre ministère que ce soit, doit être
exécuté.
On voit que c'est la même chose également au niveau des
priorités puisque, là encore, on voit que l'Office de
planification est dépouillé de ses prérogatives, de ses
fonctions au profit d'un comité interministériel de cinq
ministres, qui ne sont pas ceux que le ministre nous mentionnait d'ailleurs,
qui possèdent les titres les plus importants, les ministères les
plus importants: Affaires sociales, Finances, Industrie et Commerce.
Ce sont ces ministres qui définissent maintenant les
priorités aux lieu et place de l'Office de développement du
Québec et qui, lorsque ces priorités sont définies, les
présentent au conseil des ministres qui les adopte et ensuite, le
comité du Conseil du trésor surveille si ces programmes sont
exécutés d'une façon conforme aux priorités
définies par le comité interménistériel des
cinq.
En somme, on se rend compte, M. le Président, qu'on a
créé, à côté de l'Office de planification et
de développement du Québec, des organismes parrallèles,
autrement plus puissants parce qu'ils sont des organismes politiques, des
organismes auxquels président les ministres les plus importants du
gouvernement et que ce sont ces conseils, ces ministres qui président,
qui ont remplacé en fait, l'Office de planification et de
développement du Québec.
Peut-être ne veut-on pas informer la population de ces faits, mais
il me semble qu'on devrait avoir la franchise de l'avouer, dire que l'Office de
planification et de développement du Québec n'a plus aucun
rôle effectif et efficace à remplir. On devrait admettre ce fait
et admettre aussi qu'il faille remplacer des structures qui, dans l'optique
actuelle de notre gouvernement, ne correspondent ni à ses désirs
ni à ses possibilités, et qu'il faut, en conséquence,
passer, en même temps qu'à l'abandon du concept même de
planification, à quelque chose de plus réduit qui corresponde aux
capacités de cette moitié de gouvernement que nous avons.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, on se rend compte
que le budget qui est le nôtre, à l'Office de planification et de
développement du Québec, qu'il n'y a plus que $130 millions, dont
la grande partie est consacrée à l'exécution de programmes
fédéraux-provinciaux où, encore une fois, comme je le
disais tout à l'heure, c'est le fédéral qui dicte les
priorités puisque c'est lui qui a le bon bout du bâton, c'est lui
qui a les pouvoirs, c'est lui qui a l'argent.
Ce qui veut dire que le gouvernement du Québec renonce à
l'aménagement de son propre territoire, renonce à la
planification de ses propres activités, s'en remet à toutes
fins
pratiques à un gouvernement supérieur pour
l'aménagement de son territoire et la planification de son
développement. Et c'est tellement vrai, M. le Président, que les
préoccupations du gouvernement du Québec pour les capitales
régionales, pour les métropoles régionales, se trouvent
tous les jours oblitérées par la politique du ministère de
l'Expansion économique et régionale qui, lui, distribue les
subventions à profusion, n'importe où sur le territoire, dans les
endroits les plus clairsemés, précisément parce que la
politique du fédéral ne correspond pas à la politique
définie depuis dix ans par cette moitié de gouvernement que nous
avons.
On se rend donc compte, M. le Président, que le Québec
renonce à planifier son développement, à aménager
son territoire et à accepter, comme un bon vaincu qu'il est, de passer
par cet étroit canal, cet étroit corridor du ministère des
Affaires intergouvernementales, c'est-à-dire de la négociation
avec le fédéral des accords d'assistance sociale, politique que
l'on négocie depuis quelques années pour remplacer cette grande
politique qu'on avait énoncée en 1960. C'est la fin d'un autre
chapitre de la révolution tranquille, M. le Président; c'est
l'enterrement de première classe d'une des idées les plus
dynamiques, les plus vigoureuses qui avaient marqué le nouveau
départ de la société québécoise en 1960.
Ce ne sont pas les formules alambiquées ou creuses qu'on veut
nous présenter, ce n'est pas cette poudre aux yeux, ces écrans de
fumée qu'on veut nous présenter qui nous cacheront la
réalité qui existe et une dure réalité, qui est
celle que le Québec n'est plus le maître de son
développement et, en conséquence, qu'il ne peut plus le planifier
et qu'il n'est plus capable de développer ce Québec selon les
aspirations des Québécois.
En fait, M. le Président, nous n'aurons de véritable
planification au Québec, de véritable développement au
Québec que le jour où le Québec sera devenu
indépendant. Car, à ce moment-là, nous posséderons
les instruments fiscaux, nous posséderons les pouvoirs politiques, nous
posséderons tous les instruments qu'il nous faut pour élaborer
cette concertation des agents de l'économie qui est une sorte de
rêve que poursuit le gouvernement actuel, mais qu'il poursuivra
jusqu'à la fin de ses jours, parce que c'est un rêve.
Seul un Québec indépendant pourra avoir et la
volonté et les moyens de planifier véritablement le
développement du Québec, et non seulement le développement
industriel, non seulement le développement économique, non
seulement le développement social, mais un développement, cette
fois, véritablement global et intégré, où les
impératifs de la croissance économique seront harmonisés
avec les impératifs du développement social. Ce n'est qu'à
ce moment-là, M. le Président, également, que non
seulement la volonté de ce développement existera chez les
Québécois mais que nous pourrons nous doter des instruments. Et
parmi les instruments, j'entends non seulement ceux dont je parlais tout
à l'heure, les pouvoirs politiques, mais également un
véritable modèle de développement, un modèle de
développement que l'office n'a jamais été capable
d'élaborer mais que nous avons commencé à élaborer
et que nous continuerons à élaborer.
Loin de moi l'idée de prétendre que la planification
constitue une besogne facile, au contraire, c'est une besogne très
difficile qui implique une concertation de tous les agents de l'économie
comme je disais tout à l'heure, l'Etat et l'entreprise
privée et également la participation de toutes les
régions et de tous les secteurs. C'est une besogne très
difficile. Mais justement parce qu'elle est très difficile, il ne faut
pas perdre de temps dans des entreprises sans issue comme celles que nous
voyons actuellement. Il faut se hâter de mettre au point ces instruments
afin que, le jour où le Québec sera souverain, il puisse, sans
trop perdre de temps, effectuer le rattrapage qui s'impose d'une part et
d'autre part donner aux Québécois le genre de
société, qu'au fond tout Office du plan vise à leur
donner, aussi bien prospère qu'une société axée sur
le développement des individus.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouia
M. JORON: M. le Président, je voudrais illustrer...
M. LEVESQUE: Vous n'en avez pas assez d'un à la fois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il est question de
règlement ici.
M. JORON: Question de règlement, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, un instant. Vous avez
dit, au départ, qu'il y aurait un exposé des trois
représentants des partis officiellement reconnus en cette Chambre.
M. LAURIN: Et surtout les alliés du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si les députés... Pardon?
M. ROY (Beauce): Un instant. Je m'inscris en faux là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que dit la cassette?
M. JORON: Poursuivez donc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous nous
étions entendus pour qu'il y ait
un exposé des représentants de chacun des partis reconnus.
Après quoi, nous devions entreprendre l'étude
détaillée du budget de l'Office de planification et du
développement du Québec.
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire après avoir entendu le
ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après que le ministre aurait
répondu. Je ne crois pas que le député de Gouin soit
autorisé à retourner la cassette et nous faire réentendre,
sous une autre forme, mais en mauvais français, parce qu'il parle mal
français, ce que nous venons d'entendre de la voix mielleuse du
répétiteur, du phonographe René Lévesque.
M. JORON: M. le Président, sur la question de règlement,
vous m'avez reconnu parce que j'avais demandé la parole en premier. Je
ne vois pas quel article de notre règlement ferait que vous ne me
reconnaissiez pas, comme vous l'avez d'ailleurs fait. Je vous demande la
parole.
M. LE PRESIDENT: Précisons. Il est vrai que je vous ai reconnu.
D'ailleurs, je note les demandes de droit de parole au fur et à mesure
qu'elles me viennent de la table. Il est égale ment exact que, tel que
l'a dit le député de Chicoutimi, au début des travaux de
la présente séance, nous avions convenu, et personne ne
s'était opposé, qu'un porte-parole de chacun des partis autour de
la table donnerait ses commentaires et que, par la suite, le ministre
répondrait aux questions ou donnerait suite aux commentaires
formulés. Cela est exact. D'ailleurs, cela, nous l'avons fait à
la demande du ministre lui-même qui aurait pu répondre
immédiatement, après la première intervention, soit celle
du député de Chicoutimi. Et de concert, tout le monde a convenu
qu'un porte-parole de chaque parti se ferait entendre et qu'ensuite le ministre
donnerait sa réponse. Cela ne veut pas dire que cela clôt le
débat, nécessairement. D'autres députés autour de
la table pourront questionner le ministre ou commenter ce que nous pouvons
retrouver dans le rapport déposé devant la commission.
M. JORON: M. le Président, j'avais compris que, dans l'ordre de
la marche des travaux, nous procédions, au départ, à des
discussions plutôt d'ordre général avant d'attaquer les
articles un par un. C'est dans ce cadre que je vous ai demandé la parole
parce que...
M. LE PRESIDENT: Accepteriez-vous que le ministre donne une
réplique quitte à ce que je vous réserve le premier droit
de parole et à ne pas clore la discussion parce que le
député de Rouyn-Noranda et le député de Montcalm
sont intéressés et je pense que le député de Beauce
a un autre commentaire.
M. JORON: Volontiers.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre, est-ce que vous accepteriez?
M. SAMSON: J'invoque le règlement. M. LE PRESIDENT: Oui.
M. SAMSON: En tant que membre de la commission, également, je
demanderais qu'on me permette de faire quelques remarques d'ordre
général. Je pourrais les faires facilement après que le
ministre aurait donné sa réplique. Mais je croirais plus utile
que le ministre se réserve le droit de réplique après
avoir fait les quelques remarques que je veux faire. Il serait très
normal, après que nous aurons eu le dépôt d'un document tel
que celui que nous avons eu hier de la part du ministre, que les membres de la
commission puissent également faire des remarques d'ordre
général. Par la suite, nous pourrons passer aux nombreuses
questions qui seront probablement suscitées.
M. LE PRESIDENT: Si je vous reconnais ce privilège, je devrai
également le reconnaître au député de Montcalm qui
pourrait solliciter cette même demande.
M. SAMSON: M. le Président, ce n'est pas un privilège que
je demande. Je suis membre de la commission. En tant que tel, j'ai le droit de
parole au même titre que les autres. Ce n'est pas un privilège que
je demande et je veux que cela soit bien compris.
M. LE PRESIDENT: Je ne dis pas privilège dans le sens que vous ne
seriez pas membre de la commission, même si, sauf erreur, votre nom
n'apparaît pas comme membre de la commission.
M. SAMSON: Je sais, M. le Président, que lorsque nous...
M. LE PRESIDENT: Mais, cependant, même si votre nom
n'apparaît pas comme un des membres attitrés de la
commission...
M. SAMSON: Je m'excuse, M. le Président, je suis membre
attitré de la commission.
M. LE PRESIDENT: Ah oui, excusez-moi! Est-ce que vous accepteriez que le
ministre...
M. SAMSON: Cela ne me dérange pas.
M. LE PRESIDENT: ... prenne la parole et on vous permettra par la
suite...
M. SAMSON: Je puis parler après lui, mais je pense qu'il serait
plus convenable qu'il parle après.
M. LEVESQUE: M. le Président, vu qu'il est membre attitré
de la commission, on pourrait peut-être l'entendre. Les autres ne le sont
pas et
je crois qu'ils devraient attendre après. Comme le
député de Rouyn-Noranda est membre attitré de la
commission, je pense bien qu'il exerce un droit de parole qu'on pourrait lui
reconnaître.
M. LE PRESIDENT: D'accord! Nous vous écoutons.
M. SAMSON: M. le Président, nous retrouvons dans le document qui
a été déposé hier, lu par le ministre, des montants
d'argent qui sont réservés pour différentes régions
du Québec. Notamment, nous retrouvons à la page 4 du document des
montants réservés pour la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, $35 millions sur une période de cinq ans; et
$27 millions pour une période de cinq ans pour la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Comme mes prédécesseurs ont
couvert plusieurs sujets, je me contenterai de parler surtout de ce qui
concerne la région de l'Abitibi-Témiscamingue telle
qu'appelée dans le document, mais qui comprend, à mon sens, la
vaste région du Nord-Ouest du Québec.
Rappelons qu'en 1971 plusieurs déclarations avaient
été faites soit par le ministre des Richesses naturelles ou
encore en collaboration, si vous le voulez, avec le ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre. Certains espoirs ont été laissés
à la population de cette région en ce qui concerne les solutions
à apporter face à un problème qui est très
particulier à cette région, le problème des fermetures de
mines. En fait, depuis un peu plus d'un an nous assistons, dans cette
région, à de nombreuses fermetures de mines. Et parce que
l'économie de cette région est surtout axée sur ce
secteur, c'est-à-dire le secteur minier, évidemment cela pose un
problème très particulier, parce que des petites villes de cette
région ont été évidemment érigées en
fonction de l'ouverture de ces mines. Ce n'est pas facile, je le reconnais, de
pallier ces fermetures de mines. Lorsque des mines ferment parce qu'il n'y a
plus de réserves, évidemment, on ne peut quand même pas
exploiter plus longtemps. Mais il y a, depuis un an par exemple, des fermetures
de certaines mines non pas à cause du manque de minerai. Elles le sont
surtout à cause, peut-être, du marché. Or, nous retrouvons
dans ces catégories les mines de Preissac, Cadillac Molybdenite,
Molybdenite Corporation de Lacorne. On pourrait également mentionner la
fermeture de Normetal qui s'en vient pour octobre; fermeture de mines d'or,
c'est une autre catégorie. Wasamac est aussi fermée pour une
raison qui est celle du marché. Quémont vient de fermer et
d'autres que je passe évidemment.
Mais je voudrais surtout vous parler à titre d'exemple, de
Cadillac Molybdenite, de Preissac Molybdenite et de Molybdenite Lacorne. En
1971, comme on le sait, nous avons assisté pour la première fois
dans cette région à de l'agitation je dis bien de
l'agitation pas de la population, mais de certains agitateurs qui ont
sauté sur l'occasion de la fermeture, par exem- ple de Preissac
Molybdenite, pour inciter les gens à bloquer la route 59. Il y a eu un
peu de violence, ce que personne ne voulait et, évidemment, dans ce
genre de chose, les premiers intéressés sont toujours ceux qui
sont les derniers à prendre des décisions.
Les premiers intéressés dans le cas de Preissac
Molybdenite ou de la région de Cadillac ou des environs, soit
Sainte-Gertrude, La Motte, ces citoyens qui sont les plus paisibles, se sont
retrouvés un bon soir en train de bloquer l'entrée de toute une
région, et il y a eu certains actes de violence. Ces gens-là ne
sont pas ceux qui ont pris l'initiative de faire ça. Par contre, nous
devons reconnaître que l'inertie du gouvernement a justement ouvert la
porte à ceux qui n'attendaient que cette occasion pour faire de ces
gens, de ces citoyens, les auteurs de ces actes. Pour être plus clair,
ces agitateurs qui ont poussé ces citoyens, on les retrouve dans
l'exécutif du Parti québécois de la région, pour
bien les identifier et je n'ai pas à cacher quoi que ce soit. C'est
là la situation, et je trouve très malheureux que ces
gens-là saisissent de telles occasions pour, non pas aider la population
mais pour tenter de créer davantage de malaises. D'ailleurs nous avons
retrouvé les mêmes personnes qui ont aussi fait de l'agitation
à Manville dans une paroisse voisine pour des questions concernant
l'industrie forestière.
Evidemment, je ne voudrais pas que cela se répète. Je
voudrais que la population de cette région continue à être
paisible et ne demande qu'à vivre et à travailler pour vivre.
Personne de cette région, à mon avis, n'a jamais demandé
que le gouvernement la fasse vivre à ne rien faire. Ces gens-là
veulent travailler et ils ne sont pas de la trempe des agitateurs.
Cependant, si les espoirs qui ont été laissés par
certains ministres dans cette région ne se concrétisent pas, nous
pouvons prévoir que dans l'avenir il y aura peut-être d'autres
genres de manifestations que nous ne voulons pas mais qui seront
peut-être inévitables parce que nous donnerons pied à ceux
qui veulent profiter de toutes les occasions pour faire de l'agitation.
Je voudrais mentionner qu'on nous avait laissé entrevoir qu'avec
la collaboration de l'OPDQ, de TARDA, il eût été possible
d'envisager, pour cette région, un vaste programme d'exploration
minière. Evidemment, je pense que c'est là une partie de la
solution. On ne peut pas refaire une mine quand il n'y a plus de minerai mais,
comme le sous-sol de cette région est un sous-sol où il y a
beaucoup de minerai, il s'agit de se tourner vers l'exploration et il s'agit
aussi de planifier, dans le sens que cette exploration se fasse le plus
près possible des centres qui sont touchés par ces fermetures de
mines. C'est possible que cela se fasse dans ce sens-là. Il s'agit de
mettre en marche un plan directeur et le plus vite possible. Nous retrouverons
peut-être des solutions à courte échéance comme ce
fut le cas pour la mine Molybdenite de Lacorne où le gouvernement a
accepté que la
mine puisse continuer ses activités même avec un
déficit de $400,000, durant une période d'un an. Je sais que ce
n'est pas une solution permanente mais quand même, ces quelques dollars
de déficit, tout en faisant fonctionner la mine, permettent à une
population, à des ouvriers de pouvoir travailler et je pense, à
mon sens, que c'est encore moins cher, pour la période que
j'espère temporaire, que de verser des allocations de bien-être
social à ces gens-là qui se retrouveraient en chômage, ou
encore de verser des allocations de mobilité de main-d'oeuvre, etc.
Finalement, cela coûtera moins cher au gouvernement de cette
façon-là, et les gens qui continuent à conserver un
emploi, comme on le sait, paient aussi des impôts à la province de
Québec et peuvent continuer un standard de vie qui leur permet aussi de
payer de la taxe de vente, parce que ce sont des consommateurs. Evidemment, sur
cette question, à titre d'exemple, ce que le gouvernement fait pour la
mine Molybdenite de Lacorne, aurait aussi pu être fait dans le cas de
Preissac Molybdenite, et on aurait évité le problème qui
existe présentement dans la ville de Cadillac et les environs. C'est
quand même une ville qui vit seulement parce qu'il y avait là une
mine. Or, aujourd'hui, la mine est fermée et ces gens-là sont
obligés de travailler à l'extérieur. Je pense que je
n'apprends rien au ministre en lui disant que plusieurs ouvriers, depuis nombre
d'années, ont réussi à économiser quelques dollars
pour se payer un foyer; pour plusieurs d'entre eux, ce foyer n'est même
pas encore complètement payé, on a encore des versements mensuels
à faire et on se retrouve devant une situation où le logement ne
vaut plus rien dans cette ville, il n'y a aucune espèce
d'évaluation possible parce qu'il n'y a rien, il n'y a aucun moteur
économique qui subsiste dans cette ville.
C'est tout cela, le problème qui se pose; je pense que le
gouvernement le prend en considération, mais je voudrais insister pour
que ce soit pris en considération et surtout que nous passions à
l'action dans les plus brefs délais, au moins dans les coins où
c'est le plus urgent. Quant au reste, évidemment, le programme de cinq
ans semble avoir un certain attrait, mais il faut d'abord et avant tout
régler le problème qui presse, et le problème qui presse,
c'est Preissac Molybdenite, ou encore trouver une solution équivalente,
mais à proximité de Cadillac. Il y a aussi et
j'espère que l'office le prend en considération dans cette
région, en plus des mines, une certaine possibilité du
côté de l'industrie laitière et de l'élevage. Il n'y
a pas tellement de possibilités du côté agricole et je
pense que tout le monde est d'accord là-dessus, mais il est possible que
l'industrie laitière et l'élevage se fassent dans cette
région en même temps. Or, il se trouve que cette vaste
région ne possède pas encore un abattoir régional,
même si depuis quinze ou vingt ans, tout le monde en parle; les hommes
politiques l'ont tour à tour promis, je pense qu'il est temps de passer
à l'action, et ce n'est pas une question d'en recevoir le crédit
pour qui que ce soit, c'est une question pratique pour la population. Nous
avons une situation qui est inacceptable, je pense, actuellement; cette vaste
région s'alimente de viandes qui proviennent de l'Ouest du pays, alors
qu'on pourrait les produire chez nous, à l'intérieur même
de la région. Il y a le développement de la baie James, qui est
aussi un développement qui fait partie de ce territoire. Or, nous
constatons présentement que l'alimentation du territoire de la baie
James se fait en provenance de l'extérieur alors que, dans la
région même, il y aurait d'immenses possibilités de
production.
Je pense que ça doit se faire aussi et ça ne doit pas
attendre, parce que la région pourrait profiter du développement
de la baie James pour implanter ce genre de production. Mais, si nous attendons
un an, deux ans ou trois ans, à ce moment-là, alors que les
principes d'alimentation ou que toutes ces choses seront faites,
évidemment, il sera trop tard et nous aurons perdu ce marché. Je
n'ai pas besoin de dire au ministre je pense qu'il le sait pour avoir
été ministre de l'Industrie et du Commerce que dans la
région, non seulement les viandes proviennent de l'Ouest, mais il y a
également de l'importation qui se fait de l'extérieur du pays,
par l'entremise de traitants de Montréal. Nous retrouvons des viandes de
la Nouvelle-Zélande, alors que nous pourrions chez nous produire au
moins ce que nous pouvons consommer dans cette région. Ce qui serait
déjà beaucoup et qui permettrait de rendre l'industrie
laitière rentable, parce que ça pourrait se faire en même
temps que l'élevage; c'est connexe.
Il y a aussi le côté forestier, c'est une autre
possibilité dans cette région. Actuellement, les
opérations forestières des grandes compagnies telles que la
Compagnie internationale de papier sont évidemment
arrêtées. On sait ce qui est arrivé à l'usine
papetière de Témiscamingue, c'est fermé. Il y a 875
employés qui ont perdu leur emploi, mais il y a aussi les
opérations forestières en elles-mêmes qui sont
également fermées. La Compagnie internationale de papier a
même transféré ses bureaux du district de Noranda à
Maniwaki. Ce que nous trouvons un peu inquiétant, c'est que pendant tout
ce temps, pendant que nous assistons à la fermeture de l'exploitation ou
des opérations forestières, il y a quand même des
initiatives des gens qui seraient intéressés et qui sont
intéressés à construire des scieries. On retrouve toujours
c'est là l'importance pour l'office de voir que le
ministère des Terres et Forêts soit bien au fait le refus
du ministère de garantir de l'approvisionnement à ces usines qui
sont des initiatives locales, si vous voulez, mais qui pourraient permettre des
emplois. Cela pourrait remplacer en quelque sorte les emplois perdus dans
d'autres secteurs. On trouve que, au ministère des Terres et
Forêts, on ne peut, pour
une raison ou pour une autre, garantir l'approvisionnement.
Cependant, alors que les grandes compagnies forestières qui
ferment l'exploitation conservent quand même leur réserve, on dit
à ceux qui sont intéressés de relancer l'industrie
forestière: Vous pouvez vous approvisionner, mais il faudra que vous
preniez des arrangements avec la CIP. Je pense que ce n'est pas logique. Si les
grandes compagnies ne peuvent pas ou ne veulent pas, pour une raison ou pour
une autre, respecter, sinon certains engagements, au moins une certaine
conscience sociale, les initiatives locales au moins devraient être,
elles, encouragées. On voit, pour ceux qui sont au courant de la
situation forestière dans ce coin, sur les cartes géographiques,
qu'on représente les territoires de la Compagnie internationale de
papier par une couleur jaune pour bien les identifier.
Ce qui fait d'ailleurs dire, à certains des fonctionnaires des
Terres et Forêts, que le péril jaune est dans ce coin.
De toute façon, il y a de l'approvisionnement possible. Pourtant,
on ne le permet pas. C'est le temps de prendre en considération et de se
décider à permettre à ceux qui veulent faire quelque
chose, au moins de pouvoir le faire. Cela se passe aussi dans d'autres
régions. Les mêmes plaintes nous proviennent d'autres
régions.
Du moment que quelqu'un veut ouvrir une industrie, une scierie, on se
retrouve toujours devant le même problème. Il n'y a pas
d'approvisionnement possible parce que les territoires sont
réservés à ceux qui ne font rien. Je ne sais pas combien
de temps ça va durer. J'espère qu'elles vont reprendre leurs
activités. Cela ne veut pas dire qu'on veut empêcher les
compagnies comme la Compagnie internationale de papier de fonctionner, loin de
là.
Nous espérons qu'elles reprendront les activités dans les
plus brefs délais. Mais en attendant, pendant qu'elles ne veulent pas
fonctionner, qu'on permette au moins à ceux, qui veulent faire quelque
chose, de le faire. Evidemment, M. le Président, il y a de grandes
possibilités de ce côté. Il faudrait que le gouvernement
permette qu'il y ait des réalisations.
On pourrait évidemment parler d'autres régions où
les mêmes problèmes sont connus. Il y a le cas de Cabano. C'est un
cas où tout le monde espère pouvoir trouver une solution pour ces
gens. Dans le cadre des millions prévus pour cette région, si la
situation ne se règle pas par voie d'entente
fédérale-provinciale, suivant les discussions qui ont lieu
présentement, le gouvernement devrait considérer un autre moyen
pour permettre à cette région d'implanter sa cartonnerie.
Je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus. Lorsque les
gens veulent s'aider, ils méritent qu'on les aide. C'est à
considérer. Dans cette région de Cabano, comme au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme dans la région du Nord-Ouest
québécois, nous retrouvons je ne sais pas si c'est parce
que ces régions sont éloignées des grands centres
des mentalités assez intéressantes. Les gens sont prêts
à s'aider. Ils ont de l'initiative. Ils ont du coeur au ventre. Souvent,
ces initiatives sont bloquées parce qu'on ne leur donne pas le coup de
main, au moment où ils en ont besoin.
Ce ne sont pas tellement les grands plans qui vont régler les
problèmes dans ces régions, si ces grands plans ne s'appliquent
pas. Evidemment, si ça s'applique, ça peut régler
plusieurs problèmes. Mais si ça ne s'applique pas, si ça
ne reste qu'au chapitre des plans, ce sera peut-être comme dans l'est du
Québec. On fait des plans et des plans. Quand vient le temps d'appliquer
les plans, ils sont rendus désuets et on en fait d'autres.
C'est le temps de penser à les appliquer. Je ne parle pas
seulement pour l'est du Québec. Je vois le ministre qui sourit. Dans
notre région aussi, il s'en fait des plans. On retrouve, au niveau des
CRD, des gens qui aiment, aussi, faire des plans. Mais lorsqu'il y a quelque
chose qui pourrait se faire vite, quand ça presse, quand nous sommes en
période de chômage comme on l'est présentement, qu'on donne
au moins cette chance aux gens qui ont ces initiatives de les
réaliser.
M. LEVESQUE: M. le Président, je remercie ceux qui ont
participé à cet exposé. Brièvement, je retiens
l'intérêt des membres de la commission pour toutes les
régions de la province et le développement de ces régions,
un développement aussi intelligent que possible, un développement
basé sur les ressources humaines et matérielles, un
développement également aussi réfléchi et
pensé que possible.
C'est en ce sens que j'apprécie la façon constructive dont
le député de Chicoutimi a abordé l'étude de cette
question. Il a mentionné cependant qu'il avait une certaine
réticence vis-à-vis du texte qui mentionnait "une maîtrise
d'oeuvre par le Québec et les municipalités, en majeure partie
par les ministères et par les municipalités" Je veux le rassurer
immédiatement. Si nous avons fait cette réserve, c'est qu'il y a
une petite partie où l'OPDQ demeure maître d'oeuvre mais, en
général, ce sont les ministères du Québec et les
municipalités. Le gouvernement fédéral participe
financièrement, mais l'administration de ces programmes est entre les
mains du Québec et de ses municipalités.
Quant au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le député de Chicoutimi
a mentionné qu'un groupe s'était rendu le 25 mai 1972 à
Alma; il avait lui-même indiqué son désir de participer
à cette rencontre, mais les travaux parlementaires l'ayant retenu
à Québec, il me fait plaisir à ce moment-ci, simplement
pour répondre à sa question, de dire que nous avons
concentré au Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi que dans le Nord-Ouest
québécois les sommes consacrées par le programme ARDA. Il
est vrai qu'il y avait au tout début, à la suite de la mission,
un programme
agro-forestier qui s'est dessiné, mais après des
études plus complètes, nous avons décidé d'avoir un
programme plus intégré de toutes les ressources, incluant non
seulement la forêt et l'agriculture, mais également les mines, les
eaux et le tourisme.
C'est pourquoi nous avons dévoilé un plan qui accordera
pour l'agriculture une somme de $7 millions; les forêts: $13 millions;
eaux et mines: $10 millions et tourisme: $5 millions.
Et il me fait plaisir de remettre au député de Chicoutimi
le détail, forcément assez long, de ce programme dont il a sans
doute pris connaissance. Mais je le lui remets plus officiellement, avec les
notes qui ont accompagné notre présentation, à Alma.
Quant aux zones spéciales, c'est un fait que nous pourrions
songer à d'autres territoires avec le gouvernement fédéral
pour faire participer d'autres parties de la province en voie de
développement ou qui ont une croissance particulière; c'est
l'esprit des zones spéciales.
Je sais qu'il y a une concentration urbaine extrêmement importante
dans la région du Saguenay et cette agglomération est la
deuxième ou troisième plus importante de la province, sauf
erreur, et il est possible que cette région soit
considérée... mais je ne voudrais pas ici m'engager. Nous avons
convenu, avec Ottawa, de ne prolonger que pour un an l'entente sur les zones
spéciales afin de nous permettre de revoir ces zones. Et cette
étude se fait présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question ici? Si j'ai insisté sur la question des zones
spéciales, c'est que je pensais au développement portuaire. Cela
se pose de toute urgence, pour des fins de tourisme comme pour des fins
d'industrie, bien entendu, et probablement pour des fins d'industrie d'abord.
J'aimerais que le ministre explique cette question du programme de
développement portuaire qui est quand même un axe
extrêmement vital pour le développement de la région.
M. HARVEY (Jonquière): Pour répondre au
député de Chicoutimi, la mission avait bel et bien indiqué
au début de 1970, comme le disait mon collègue de Bonaventure
responsable de l'OPDQ, deux grands programmes. Le premier a été
lancé il y a quinze jours, le programme de développement
intégré des ressources et le programme de développement
urbain permettant, s'il y a possibilité, d'être inclus dans une
zone spéciale qui permettrait le développement portuaire.
Le développement des infrastructures municipales de la zone
urbaine du haut Saguenay, l'axe Aima-Port-Alfred, nécessitait de la part
du gouvernement provincial la création d'une communauté
municipale. Le gouvernement ayant décidé l'automne dernier de ne
plus créer de communauté municipale, l'OPDQ s'inquiétait
avec raison du retard à procéder dans le regroupement, parce
qu'il y a trop d'unités, trop de villes qui servent plus souvent
qu'à leur tour de lobby auprès de certains ministères et
auprès de l'OPDQ. Cette semaine, vous avez vu que le ministère
des Affaires municipales a décrété officiellement trois
unités de regroupement, soit le secteur de Chicoutimi, le secteur de la
Baie-des-Ha! Ha! et le secteur de Jonquière-Kénogami-Arvida.
D'ici quatre mois, les municipalités ont la tâche d'approfondir
les études pour créer immédiatement les trois villes du
territoire de la Baie-des-Ha! Ha! à Jonquière. On sait que
l'autre centre urbain est Alma, qui est au carrefour du Lac-Saint-Jean, et
ça permettra de renforcer notre dossier, le dossier dont a charge le
député de Joliette, responsable de la région
économique 02, pour les représentations qui seront faites
auprès du gouvernement fédéral pour la modification, s'il
y a lieu, le printemps prochain, des zones spéciales.
Le gouvernement, encore là, dans son deuxième programme
identifié par la mission de développement urbain, vient de
procéder en même temps en annonçant son programme de
développement des ressources. Bien sûr, ça amènera
l'argument qu'il faut des installations portuaires plus adéquates pour
expédier nos produits, les richesses, et surtout avec le
développement de la baie James, qui peut apporter une circulation un peu
plus grande que celle qu'on connaît présentement dans la
région économique partant de Chibougamau au Haut-Saguenay.
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais simplement terminer ma
courte intervention, si on me le permet. Le député de Beauce
avait mentionné, quant à lui, certains faits; j'ai trouvé
un peu curieux qu'il apporte une critique que je n'ai pas très bien
comprise sur les intérêts du financier, sur les trusts et le
patronage. Je n'ai pas très bien compris cette...
M. HARVEY (Jonquière): Il est malade, il pense juste à
ça.
M. LEVESQUE: ... sortie à ce moment-ci, alors qu'on parle des
problèmes de l'Office de planification et de développement du
Québec, dont les activités, les intérêts et les
objectifs sont à mille lieues de telles préoccupations.
Il a donné comme exemple Cabano. Le ministre Kenneville pourra
sans doute en parler plus tard. Mais s'il y a un organisme qui a
encouragé ce projet, c'est bien l'ODEQ. Celui-ci a pris certains
risques, même, afin de bien évaluer et de donner toutes les
chances possibles à ce projet de prendre naissance. S'il y a des retards
présentement, cela n'a rien à faire avec les trusts et les
intérêts financiers de quoi que ce soit. Il s'agit simplement de
s'assurer, dans les divers milieux responsables, que la population ait toutes
les garanties, avant que les épargnes populaires soient versées
dans ce projet. C'est tout.
Il n'y a pas d'autre considération qui nous anime. Quand à
la question de patronage, je ne sais pas. C'est facile de dire ça. Mais
c'est une accusation qui n'a certainement pas sa place dans la discussion
présente. C'est une des choses qui comme je l'ai dit
était à mille lieues de la pensée de ceux qui s'acharnent
à l'OPDQ à définir les objectifs, à créer
des stratégies de développement, à mettre au point des
programmes de développement. Ces programmes de développement sont
faits. La conception de ces programmes est faite avec les ministères
sectoriels en collaboration avec le gouvernement central et cela après
consultation avec les conseils régionaux de développement. Il n'y
a pas une procédure plus démocratique, plus
éloignée de la pensée qui semble animer le
député de Beauce.
Je comprends qu'il aurait avantage à rencontrer plus de gens de
l'OPDQ, comme le font sans doute d'autres membres de cette assemblée. Je
vois qu'il y en a qui semblent avoir des précisions. Ils ont
certainement dû les obtenir de l'OPDQ, qui est certainement un livre
ouvert dans l'administration du Québec.
Je passe par-dessus les remarques du député de Bourget
pour des raisons très claires, à mon sens.
Il a fait porter toute son intervention sur la philosophie
séparatiste. On en a discuté hier et quand même on en
discuterait encore aujourd'hui, on serait encore chacun d'un côté
et de l'autre de la table. Ce que je retiens, c'est sa volonté de se
retirer du Parti québécois quand on lui fournira d'autres
chiffres. Là, je vais faire un autre petit effort. D'ici quelques jours,
je tâcherai peut-être de lui apporter d'autres chiffres avec un
espoir qu'à un moment donné, peut-être, la lumière
se fera et que son sens des responsabilités lui fera comprendre.
D'ailleurs son intelligence je n'en doute pas sa façon de
présenter, d'ailleurs, sa cause de façon si structurée
indiquent qu'il a les qualités nécessaires pour reconnaître
son erreur. J'espère bien que j'aurai l'occasion, au cours des jours
prochains, d'apporter ma modeste contribution, et peut-être que d'autres
collègues pourraient nous aider, à indiquer au chef parlementaire
du Parti québécois qu'il fait fausse route. Quant à
répondre à tout ce qui est là, il y a un
échafaudage. Du moment qu'il comprendra cela, tout le reste va
s'écrouler.
Quant au député de Rouyn-Noranda, on lui a parlé de
la région du Nord-Ouest. J'ai eu l'occasion de me rendre à
Val-d'Or au congrès du Conseil régional de développement
du Nord-Ouest, Abitibi-Témiscamingue. J'ai eu l'occasion, à ce
moment également, de parler avec la population, des problèmes que
lui-même vient de souligner. Quant au domaine minier, j'avais
mentionné quelques initiatives que nous avions prises comme la
réouverture de la mine Molybdenite Corporation et le projet de
prospection alluvionnaire. Il s'agissait dans le premier cas d'absorber le
déficit de la réouverture de la mine, jusqu'à concurrence
de $400,000 pendant un an, pour assurer le gagne-pain aux mineurs mis à
pied. Plus de 150 mineurs ont pu, ainsi être
réintégrés dans leur emploi pour un an. Dans le second
cas, il s'agissait d'une technique efficace d'exploration minière,
marquée du souci d'employer prioritairement des mineurs de la Preissac
Molybdenite, mis à pied eux aussi. Le projet est au coût total de
$1 million et se poursuit. J'avais mentionné que, du côté
fédéral, le comité interministériel sur les mines
d'or avait poursuivi son action.
J'avais donné plusieurs détails sur les initiatives qui
avaient été prises. J'avais, à ce moment,
dévoilé un programme, également dans le cadre d'ARDA, fait
en collaboration avec le gouvernement central et qui consacrait des sommes
assez importantes, dans un effort de développement intégré
des ressources du nord-ouest. Les sommes ainsi affectées étaient
de $10 millions pour le secteur minier, $10 millions pour le secteur forestier,
$4 millions pour le secteur agricole et enfin $3 millions pour le secteur
touristique.
Quant au domaine minier, qui avait fait l'objet principal des propos du
député de Rouyn-Noranda, qu'il me suffise de dire que le
programme minier ainsi élaboré, et dont quelques
réalisations sont déjà en cours, vise à
réactiver le développement de ce secteur dans la région.
Le ministère des Richesses naturelles et son correspondant
fédéral entendent, par ce programme, favoriser la
découverte et la mise en valeur de gisements miniers nouveaux
comme le mentionnait d'ailleurs le député de Rouyn-Noranda
et par voie de conséquence, la création d'emplois nouveaux, de
remplacements ou mises à pied causées par la fermeture actuelle
et à venir. Il comprend trois éléments majeurs qui sont,
dans le jargon des spécialistes du métier, la mise à jour
des données actuelles, les études de reconnaissance
minière, une étape d'exploration plus détaillée et
enfin des études minières spéciales très
localisées.
Alors, le sous-sol de la région sera exploré de
façon systématique et en profondeur. Selon l'avis de tous les
spécialistes qui ont participé à l'élaboration de
cette programmation, les chances de découvrir des gisements nouveaux
rentables sont excellentes. Mais il faut demeurer quand même
réalistes, vis-à-vis d'un tel programme. Tout programme
d'exploration minière comporte des éléments inconnus. On
peut trouver vite ou moins vite. On peut voir ses espoirs déçus,
plus souvent qu'on ne s'y attendait. Cet élément de risque est
inhérent à l'exploitation minière. Il faut en être
conscient, dès le départ, même si on a toutes les chances
de notre côté. Mais il n'y a pas d'autres moyens de trouver que de
chercher. C'est précisément ce à quoi nous nous engageons
avec toutes nos énergies vis-à-vis de la population du territoire
du Nord-Ouest québécois.
Est-il également opportun je crois qu'il l'est
d'ajouter et de souligner les efforts particuliers de Soquem, dans le domaine
qui lui
est propre? En effet les dépenses des sociétés pour
le Nord-Ouest québécois sont passées de $200,000
annuellement, avant 1971, à tout près de $1 million pour
l'avenir. De 1971 à 1973, elles ont été de $1.6 million.
Comme il y a également d'autres détails dans le rapport que j'ai
devant moi, je le remets avec plaisir au député de Rouyn-Noranda,
pour qu'il puisse en prendre connaissance.
Il y aura sans doute d'autres occasions, s'il le juge à propos,
de nous faire part de remarques additionnelles. En terminant, malgré que
j'avais promis de ne pas revenir sur cette question, je crois qu'il est
important de le dire au député de Bourget. A un moment
donné, il a laissé la question du séparatisme pour une
minute, il a commencé à parler du langage que l'on retrouve
autour de la table et il semblait se scandaliser de notre stratégie
parce que nous tenions comptes des stratégies des Etats-Unis et du
Canada. Il ne pouvait pas concevoir ça. Il était également
scandalisé Un peu, qu'on ait, au ministère des Finances, ce
service de la recherche dans le domaine de la conjoncture.
Je lui dirai que ce qui fait l'objet de recherche au ministère
des Finances, c'est quelque chose d'à très court terme. C'est en
vue de la préparation d'un budget annuel tandis que nos
préoccupations à l'OPDQ sont à moyen et long termes.
Alors, ce n'est pas du tout dans le même sens. Maintenant, tout ce qui a
fait le propos du député de Bourget, c'était une notion de
plans telle qu'on l'a réalisée dans certains pays
européens. C'est un peu cette notion-là qu'il a reprise. Mais de
plus en plus, on s'aperçoit que cette notion est dépassée
et qu'il faut plutôt développer des stratégies alternatives
à cause, justement, des décisions qui sont prises à
l'extérieur de notre territoire.
Que l'on veuille faire un plan merveilleux selon la notion de ce que
nous a décrit le député de Bourget, tout cela peut
être mis de côté, peut s'écrouler par des
décisions unilatérales qui peuvent être prises
outre-frontières. Que l'on ne vienne pour un instant à s'imaginer
utopiquement que le député de Bourget soit dans cette situation
dont il rêve d'un pays indépendant, d'un Québec
indépendant, et qu'il écrive ce fameux plan dont il parle, et
que, aux Etats-Unis, on procède à la loi DISC, par exemple...
On s'apercevra que les meilleurs plans faits selon la notion
dépassée du député de Bourget, tout ça va
s'écrouler tout simplement par une décision unilatérale
d'un pays voisin économiquement plus fort et plus déterminant sur
l'économie nord-américaine.
Dans ce sens, M. le Président, nous croyons plus avantageux de
préparer des stratégies alternatives de développement et
c'est à ça que nous nous attachons. C'est ce qui explique
pourquoi on a lu dans mes remarques préliminaires ce qu'on a lu et on
devrait l'accepter dans ce sens et non pas s'en scandaliser comme l'a fait le
député de Bourget.
M. LE PRESIDENT: On avait convenu qu'à 6 heures on suspendait les
travaux.
M. LEVESQUE: J'avais fait la suggestion que, si on n'en avait pas pour
la veillée, on aurait pu continuer, mais tout dépend des
questions qui...
M. LE PRESIDENT: Il semble bien, d'après l'indicatif qu'on me
donne, que ça pourrait être assez long.
M. LEVESQUE: Alors, est-ce qu'on pourrait avoir une idée de la
marche des travaux ce soir? J'ai des engagements demain comme leader
parlementaire...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on finit ça ce soir?
M. LEVESQUE: ... est-ce qu'on pense finir l'étude ce soir? Alors,
8 h 15?
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h 15
ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 15)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. GIASSON (président de la commission de la présidence du
conseil, de la constitution et des affaires intergouvernementales): A l'ordre,
messieurs !
La parole est au député de Gouin.
M. JORON: Merci, M. le Président. Je voudrais tenter, à
l'aide de quelques exemples et de quelques illustrations, de concrétiser
quelques-uns des propos du député de Bourget, et, ce faisant,
pour reprendre les termes du député de Bonaventure et ministre
des Affaires intergouvernementales, tenter de susciter ou aiguiser son
intelligence et éveiller son sens des responsabilités, pour
reprendre ses termes, parce que j'ai confiance que la chose est toujours
possible avec le député de Bonaventure.
Sans vouloir être trop méchant, je dirai que j'ai moins
confiance quant aux résultats possibles avec le député de
Chicoutimi parce que, là, il y aurait davantage d'obstacles à
surmonter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là que je mesure son quotient
intellectuel, il n'est pas à ma hauteur.
M. JORON: Il y a peut-être trop de préjugés,
d'acrimonie à vaincre que je préfère laisser cette
tâche...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a, mon cher ami, que ce qui existe. Or
vous n'existez pas, donc...
M. JORON: ... au député d'Ahunstic ou au
député de Bourget, en raison de leur spécialité
professionnelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et de leurs honoraires fort
élevés.
M. JORON: Ceci dit, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est amical, Dr Laurin.
M. JORON: ... je pense que si l'on tente de faire croire aux
Québécois qu'ils participent ou qu'ils peuvent participer
à une oeuvre de planification du développement économique
du Québec, on est en train en ce moment j'ai bien dit: Si l'on
tente de leur faire croire cela de perpétuer une fraude et une
insulte aussi à leur intelligence, pour les raisons suivantes, parce que
j'estime qu'il est impossible de parler de planification par la
collectivité québécoise dans le contexte actuel.
Vous me permettrez de l'illustrer par quelques exemples. Je les poserai
sous forme de questions. Comment peut-on parler de planification, et j'insiste,
par la collectivité québécoise, quand cette
collectivité ou le gouvernement qui est son pricipal instrument de
travail n'a pas sous sa juridiction les instruments suivants? Parce que
lorsqu'on parle de planification, il s'agit, en grande partie, de
déterminer, d'orienter, de conditionner les investissements qui se font
dans l'économie.
Ceux-ci déterminent, dans un certain nombre d'années,
l'évolution de notre économie, enfin, le rythme de
développement et les conditions économiques qui s'ensuivent.
Comment peut-on, au chapitre des investissements, prétendre les orienter
si, par exemple, on ne contrôle pas la majeure partie de la
fiscalité qui touche les entreprises? Il faut se rappeler que dans le
régime fédéral actuel, 75 p.c. de l'impôt touchant
les entreprises, c'est-à-dire l'impôt sur le profit des
corporations, appartiennent au gouvernement central. Quand les trois quarts de
cet instrument fiscal échappent au gouvernement québécois
ce qui lui aurait permis d'influencer le comportement des entreprises
on peut, déjà mettre en doute l'efficacité de ce
gouvernement de conditionner le comportement de ces entreprises.
Comment peut-on prétendre, également, conditionner le
comportement de ces entreprises, déterminer leurs investissements, quand
le gouvernement en question, qui a cette prétention, n'a pas le
contrôle sur les tarifs et les douanes, dans la mesure où l'on
considère que les entreprises, au Canada comme au Québec, sont
largement dépendantes des marchés étrangers? L'incidence
de la politique commerciale extérieure est donc très grande sur
les décisions d'investissements des entreprises. On sait que, dans notre
régime, douane et tarif sont deux juridictions qui appartiennent au
gouvernement central. Voilà encore un deuxième outil de
planification qui échappe au gouvernement du Québec. On pourrait
en citer un grand nombre. Je me contenterai de n'en mentionner qu'un certain
nombre.
La politique de transport à l'exception de la voirie. Je constate
évidemment que la voirie est de juridiction provinciale. Mais les ports,
les aéroports, les chemins de fer sont des domaines de juridiction
fédérale. Là encore, c'est un autre instrument qui a une
influence considérable sur le comportement des entreprises. Un
quatrième domaine serait celui de la politique d'énergie,
à l'exception de l'électricité qui est de juridiction
provinciale, j'en conviens, mais pour le reste. Lorsqu'on considère que
20 p.c. seulement, à l'heure actuelle, de nos besoins
énergétiques au Québec sont fournis par
l'électricité et que 80 p.c. sont fournis par le charbon, le
pétrole ou l'énergie nucléaire enfin, à
peine au Canada, puisque c'est relativement peu développe encore
et que les politiques affectant les domaines énergétiques, autres
que l'électricité, relèvent principalement du gouvernement
central, vous avez encore là un autre instrument majeur d'orientation et
déterminant sur le comportement des décisions d'investissements
des entreprises qui échappent encore au gouvernement
québécois.
Il y en a une foule qu'on pourrait rajouter ainsi. J'en mentionne un
cinquième: les règlements ou la réglementation,
qu'à différents titres, le gouvernement fédéral,
à différentes occasions, est venu imposer.
Je pense, par exemple, à sa politique dans le domaine du
pétrole. Sa frontière de l'Outaouais. Il y a des incidences
on le sait, c'est le ministre de l'Industrie et du Commerce du
gouvernement du Québec qui l'a dénoncé il y a quelques
jours que cette politique a sur le développement de l'industrie
pétrochimique au Québec. On voit encore qu'un instrument ou une
façon d'intervenir ou un moyen de réglementer une partie de
l'activité économique, un instrument qui a des incidences, des
conséquences considérables sur le comportement d'un secteur
je l'illustre par celui de la pétrochimie échappe
encore au gouvernement québécois. C'est tout récemment, au
cours de la semaine dernière, qu'un ministre de ce même
gouvernement s'en plaignait.
Si le gouvernement du Québec ne possède pas ces
instruments-là, il nous apparaît illusoire de parler de
planification. J'ai parlé d'instruments ou de pouvoir de
législation, de juridiction qui visent à orienter les
investissements. Que dire de la question plus fondamentale qui toucherait la
formation de l'épargne, ou du capital qui est la source
d'investissement?
Il faut considérer alors la chose suivante: Si dans une
économie on souhaite diminuer la consommation au bénéfice
de l'épargne, pour faire augmenter l'épargne, de façon
à procurer de plus grandes sources d'investissements, il faut pouvoir
agir sur ce partage entre la partie du revenu national qui est consommée
et celle qui est épargnée. Comment est-ce qu'on fait ça?
Par la fiscalité d'abord, entre autres, en tout cas. Dans la mesure
où la majeure partie de la fiscalité appartient à un autre
ordre de gouvernement, c'est encore un instrument majeur qui échappe au
gouvernement du Québec. Il y a une autre façon, c'est par la
réglementation du crédit. Quand le gouvernement central, comme
dans notre régime actuel, contrôle toute la question
monétaire, le crédit, la banque du Canada et, d'autre part, a
juridiction exclusive sur les banques ce qui nous fait dire qu'à
toutes fins pratiques le gouvernement central a un monopole sur le
crédit et les politiques de crédit ont une incidence directe sur
le taux de consommation et d'épargne c'est un autre instrument
qui échappe encore au gouvernement du Québec.
Cet instrument pourrait avoir comme conséquence d'influer sur la
formation de capital et sur le volume de capital disponible à
l'investissement. Voilà un autre instrument qui échappe au
gouvernement.
Il y a aussi les investissements publics. Tout récemment, il y a
quelques semaines, un autre ministre du gouvernement j'ai
mentionné tout à l'heure sur le sujet ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce a déclaré tout ré- cemment
le ministre des Affaires sociales a déclaré au sujet de la
marge de manoeuvre très étroite, qui était celle du
gouvernement provincial, que les dépenses auxquelles le gouvernement
provincial a à faire face sont croissantes à un rythme plus
rapide que celles du gouvernement central et que la majeure partie de ces
dépenses sont accaparées par l'Education et les Affaires
sociales.
On se rend compte que cette marge de manoeuvre, ce partage de la
fiscalité entre les deux niveaux du gouvernement, est tellement
étroite qu'elle ne permet même pas au Québec d'avoir la
marge de manoeuvre nécessaire dans un des domaines qui lui appartient
pourtant constitutionnellement, le domaine des affaires sociales. C'est ce qu'a
constaté le ministre des Affaires sociales il n'y a pas tellement
longtemps. Si cette marge de manoeuvre n'existe même pas dans ce
secteur-là, comment peut-on prétendre l'avoir dans les autres
secteurs, dans les secteurs économiques, par exemple, qui nous
intéressent aujourd'hui, au moment où l'on parle de
planification?
Troisièmement, si on ne contrôle pas les instruments qui
orientent les investissements, si on ne contrôle pas ceux qui
déterminent le volume des investissements par la formation
d'épargne, il y a un troisième problème qu'il faut
mentionner et qui découle du fait qu'au Canada, comme au Québec,
60 p.c. des investissements industriels sont faits par des corporations qui
appartiennent à des étrangers, principalement des
Américains. S'il n'y a pas un certain contrôle ou une politique de
contrôle des investissements étrangers, comment peut-on
prétendre avoir un contrôle ou une influence quelconque, ou
pouvoir orienter le comportement du secteur industriel qui reste le moteur de
l'activité économique?
A ce niveau, au sujet du contrôle des investissements
étrangers, on a vu que le gouvernement fédéral, avec
beaucoup de timidité, a à peine effleuré le
problème. Il a donné suite à pas plus de 10 p.c. des
recommandations que l'on pouvait retrouver dans le rapport Gray. On y a vu une
timidité qui a étonné tout le monde et tous les partis
politiques au niveau fédéral. Mais au niveau provincial, sur le
même sujet, sur le contrôle des investissements étrangers,
ce n'est plus de la timidité, c'est au contraire la politique de la
porte ouverte totale. Combien de fois, par la bouche du premier ministre, du
ministre des Finances, et du ministre de l'Industrie et du Commerce, nous
a-t-on répété cette politique d'ouverture totale au
capital étranger et ce refus systématique de la part du
gouvernement de Québec de légiférer de quelque
façon que ce soit, et si timidement soit-il sur le sujet des
investissements étrangers. Du fait que 60 p.c. de l'industrie
manufacturière, ici, sont contrôlés par les
étrangers, si on se refuse, par principe, à vouloir
légiférer ou contrôler de quelque façon que ce soit
ce secteur, là, encore, la majeure partie du pouvoir du gouvernement
québécois d'orientation de ces investissements vient de
disparaître du même coup.
Pour résumer, M. le Président, à notre avis, il est
absolument illusoire de parler de planification et malhonnête
d'entretenir l'idée que l'on fait de la participation au Québec,
tant et aussi longtemps le député de Bourget l'a
souligné plus tôt qu'on vivra dans un régime
fédéral, c'est-à-dire dans un régime où le
gouvernement du Québec n'a pas le droit de passer des lois, de
légiférer, parce qu'il n'a pas la juridiction, sur les sujets les
plus importants qui permettraient de faire de la planification et d'orienter le
développement économique.
L'indépendance, c'est ce que cela veut dire. C'est le droit de
pouvoir faire des lois sur ces sujets si vitaux et si importants. D'autre part,
il est illusoire aussi de parler de planification, tant et aussi longtemps que
l'on vivra dans un régime économique que l'on appelle
libéral, avec un petit ou un grand L, dans un régime
économique où l'initiative, où le leadership est
laissé à l'entreprise privée. D'autant plus que chez nous,
entreprise privée signifie, presque par définition, ou dès
l'instant qu'on parle de grande entreprise, veut dire entreprise
étrangère. Tant et aussi longtemps qu'on accepte ce
régime, il est évident qu'on ne peut absolument pas agir sur la
conjoncture.
Or le gouvernement actuel, le gouvernement libéral du
Québec, endosse à la fois le régime fédéral
et ce régime économique qui laisse l'initiative à
l'entreprise privée. Je ne parle pas d'un régime qui
enlève l'entreprise privée, je parle d'un régime mixte
dans lequel il y a plusieurs agents économiques, mais à la
différence du système actuel, où le leadership, par
contre, où l'initiative appartient à la collectivité, aux
grandes corporations étrangères. Elles ne sont pas nombreuses,
pas plus de 50 à 60 qui sont responsables de plus de la moitié de
toute la production de notre secteur manufacturier au Québec. Cela ne
fait pas plus de 50 ou 60 entreprises parmi lesquelles, il n'y en a que six qui
sont contrôlées par des Québécois.
Tant et aussi longtemps qu'on accepte de laisser le leadership à
l'entreprise privée, ce qui veut dire chez nous entreprises
étrangères, il est complètement illusoire de parler de
participation et j'irais même jusqu'à dire que c'est
démagogique de faire croire aux gens qu'on est en train d'en faire.
Un régime semblable, ce double régime
fédéral et d'autre part, ce régime qui laisse, comme je le
disais il y a un moment, l'initiative du développement économique
à un nombre très restreint de grandes entreprises
étrangères, ce double régime dévalue l'idée
même de planification à un point tel que ça faisait dire au
ministre tout à l'heure que cette notion était
dépassée et que l'exemple des pays européens
exemple d'ailleurs qu'il ne nous a pas été donné
d'entendre et que j'aimerais bien entendre en planification était
quelque chose de dépassé, que ce n'était plus l'instrument
qu'on avait cru en Europe parce que, ici, en fait, on ne l'a jamais
essayé que ce n'était plus un instrument aussi efficace et
aussi magique qu'on l'avait cru.
Pourtant, M. le Président, je soumets que la planification d'une
économie moderne de plus en plus complexe les économies
modernes étant de plus en plus complexes et les conséquences du
développement économique ayant de plus en plus de
répercussions, tant au niveau social qu'au niveau culturel, qu'au niveau
politique la nécessité de la planification n'en est que
plus forte. Elle est peut-être plus forte aujourd'hui que jamais dans le
passé, elle reste toujours aussi essentielle même si, au
Québec cette idée a été considérablement
dévaluée depuis une dizaine d'années et plus
particulièrement depuis l'avènement du gouvernement actuel, en
raison du fait qu'il est coincé.
Parce que, à la fois, il est pris pour défendre un
régime fédéral et un régime d'entreprise
privée qui sont en contradiction avec la notion même de
planification par la collectivité québécoise.
Il ne faudrait pas se tromper, d'ailleurs, et penser que, pendant tout
ce temps, il ne se fait pas de planification. C'est complètement faux.
Il continue de s'en faire, malgré tout ce que je viens de dire. Sauf que
ceux qui la font, ce ne sont pas les Québécois. Il n'y a pas
d'économie moderne qui se construit aujourd'hui sans planification,
à la différence suivante, cependant: C'est que la planification
que les Québécois ne peuvent pas faire, en raison du
régime dans lequel ils vivent, il y a quelqu'un d'autre qui la fait
à leur place. Il n'y a pas de doute qu'une économie, même
dans le régime libéral actuel, ne va pas à l'aveuglette.
Qui fait la planification aujourd'hui? Ceux qui font la planification
aujourd'hui, M. le Président, c'est une cinquantaine de très
grandes entreprises qui, à elles seules, sont responsables de plus de la
moitié de la production industrielle au Québec, et qui, à
l'exception de six, sont des entreprises contrôlées de
l'extérieur du Québec. C'est elles qui font la planification au
Québec aujourd'hui. Il s'en fait de la planification. Mais elle est
faite par les grandes corporations multinationales. A partir de quoi, on peut
se demander: Dans l'intérêt de qui cette planification est-elle en
train de se faire? Si l'on postule que la planification au Québec doit
être faite par les Québécois et pour le
bénéfice des Québécois, on ne peut plus accepter ce
régime, à partir de ce moment.
Cette planification je le disais est en train de se faire
dans le moment, sauf que le problème qui se pose est de savoir par qui
elle se fait. Je disais qu'elle se faisait par une cinquantaine de grandes
entreprises multinationales en coopération avec un nombre restreint
d'institutions financières qui leur procurent, si vous voulez, le sang
ou la vie, ou le crédit nécessaire pour réaliser les
investissements qu'elles ont déterminés, un nombre d'institu-
tions financières, d'ailleurs fort restreint: sept banques
à charte, cinq, six ou sept grandes compagnies d'assurance-vie, quelques
grands fonds de pension et, au bout de la ligne, on a nommé une
quinzaine d'institutions financières qui contrôlent
peut-être les deux tiers de toute l'épargne
québécoise, c'est-à-dire déposée par des
Québécois dans ces institutions. Là on a tout le noeud
d'un petit establishment d'au maximum une soixantaine de conseils
d'administration groupant 300, 400 ou 500 personnes, qui, elles, sont les gens
qui font la planification économique du Québec à l'heure
actuelle, plus l'accord tacite d'un gouvernement qui, lui, s'il le voulait,
aurait le pouvoir de légiférer sur la majeure partie des domaines
qui nous intéressent à ce chapitre.
Je veux parler du gouvernement fédéral, non pas du
gouvernement du Québec.
Et c'est pourquoi, M. le Président, quand nous parlons de
planification au Parti québécois, il nous est apparu essentiel
d'abord, d'effectuer ce que j'appelle une opération de rapatriement,
à savoir de rapatrier le pouvoir de décision, des centres de
décisions que je viens de mentionner. D'abord, le pouvoir politique et
c'est cela que nous voulons dire par l'indépendance du Québec. Le
rapatriement du pouvoir de faire des lois sur les sujets que je viens de
mentionner: sur la Banque du Canada, sur les crédits, sur les douanes,
sur les tarifs, sur la loi des Banques, sur les transports, sur
l'énergie, cette majeure partie de la fiscalité des entreprises,
75 p.c. C'est tout cela qu'il faut rapatrier si nous voulons avoir la
prétention de commencer à faire de la planification, d'une
part.
D'autre part, il faut rapatrier plus que cela aussi, si nous voulons
qu'au Québec, que chez les Québécois, résident un
certain nombre de centres de décisions majeures, capables d'orienter ou
d'influencer la majeure partie de notre économie de façon que la
planification puisse se faire.
Il y a le rapatriement politique qui se traduit par
l'indépendance du Québec. Il y a ensuite le rapatriement des
institutions financières que le Parti québécois propose
dans son manifeste économique, tout simplement à l'image, et pas
plus compliqué que cela, de l'actuelle législation qui existe au
niveau de la Loi des banques fédérales. L'application de la
même législation au niveau du Québec remettrait sous
contrôle québécois la majeure partie des institutions
financières.
En troisièmement, et de façon beaucoup plus
sélective j'en conviens le rapatriement d'un certain
nombre de secteurs industriels, d'un certain nombre des cinquante ou soixante
grandes entreprises que j'ai mentionnées tout à l'heure,
ajoutées à cette opération de rapatriement qui remettrait
aux Québécois et à leur gouvernement, le pouvoir de
commencer à faire de la planification; parce qu'à l'heure
actuelle, nous ne l'avons même pas ce pouvoir, qui remettrait au
Québec la majeure partie de ce pouvoir. Il faut doubler cela d'une autre
considération, d'une autre préoccupation qui est celle de
l'intégration des Québécois, des citoyens, de la majeure
partie de la population à un processus de participation à
l'élaboration de cette planification.
La planification finalement, c'est peut-être l'oeuvre la plus
importante qui se fait dans une société dans la mesure où
elle se veut un instrument qui conditionne notre développement
économique et dans la mesure où l'on accepte qu'aujourd'hui la
vie économique conditionne une si grande partie de notre vie culturelle,
de notre vie sociale et, au bout de la ligne, de notre vie politique
également.
Alors si on veut que cette planification, qui a de telles
conséquences sur la vie des gens de tous les jours, reflète les
aspirations, les besoins de la population, il faut en même temps inventer
les mécanismes de participation de la population, des citoyens en
général à l'élaboration de ce plan. Cela a
été, dans notre cas, en tout cas, au moment où on
rédigeait le manifeste économique du Parti
québécois, un souci constant. A chaque fois que l'on parlait
d'opération de rapatriement, il fallait en même temps et
simultanément se soucier des mécanismes de participation qu'une
fois un nouveau pouvoir, quel qu'il soit, rapatrié, que ce nouveau
pouvoir ne continue pas d'être exercé, comme le pouvoir dans notre
société l'a été jusqu'à présent,
c'est-à-dire principalement par des élites et des establishments
restreints.
Le but que nous visons, c'est de faire participer. On le sait bien, on
n'entretient pas d'illusions là-dessus. Nous ne ferons pas participer
six millions de personnes; mais, enfin, ce n'est pas six millions, si on exclut
les enfants, les bébés et les vieillards séniles et ainsi
de suite. Mais si on veut faire participer la majeure partie des
Québécois à l'élaboration d'une planification aussi
importante, il faut, dès le départ, poser des gestes,
établir des structures d'accueil qui permettent cette participation. On
n'entretient pas d'illusions au point de penser que ça va être une
affaire spontanée et instantanée, non; nous ne sommes pas naifs
à ce point-là. On sait bien que tout ça découle
aussi d'habitudes culturelles, que ça dépend du niveau
d'éducation, de la vélocité avec laquelle l'information
circule dans une population, c'est conditionné par tous ces
facteurs-là. Mais seulement, si on n'accepte pas au départ de
mettre les structures d'accueil qui permettent cette participation, on pense
qu'on n'aboutira jamais à instaurer dans le domaine économique le
même principe que tout le monde accepte au domaine politique, celui de la
démocratie. C'est tout ce que nous visons par une proposition
semblable.
Et en terminant, M. le Président, je me résume en disant
que dans le régime actuel, régime fédéral, d'une
part, et régime économique où l'initiative est
laissée à l'entreprise privée, nous croyons que le
gouvernement actuel commet une faute, pour ne pas dire une
fraude, s'il entretient l'idée ou l'illusion chez les
Québécois qu'ils peuvent par l'entremise d'un OPDQ quelconque ou
de quelque politique que ce soit, par ces instruments, faire ou élaborer
une planification qui soit quelque peu significative et qui ait quelque
conséquence que ce soit sur l'orientation de notre développement
économique. Je vous remercie.
M. LEVESQUE: M. le Président, je crois que lorsque le
député de Gouin dit : Je me résume, il le dit dans des
termes que j'aimerais préciser. S'il avait réellement voulu se
résumer, il aurait dit que son plaidoyer, comme celui de son chef
parlementaire, comme celui qui est revenu à toutes les sauces durant
l'étude des crédits des divers ministères et c'est
toujours la même cassette, comme dirait mon ami, le député
de Chicoutimi, s'il voulait réellement se résumer, il aurait
dû dire : Notre participation à l'étude des crédits
des divers ministères en est une de partisanerie aveugle. Tout ce qui
compte pour ces honorables messieurs, c'est la promotion de l'idée du
séparatisme.
M. JORON: Me permettez-vous une question?
M. LEVESQUE: Non, un instant, M. le Président, j'ai
écouté sans interrompre le député de Gouin et Dieu
sait si j'aurais eu des envies de le faire à diverses reprises.
Ce qui compte pour ceux qui ont participé ainsi à
l'étude des crédits, c'est la promotion d'un parti politique. Si
nous avions fait la même chose, nous aurions vu ces honorables amis se
lever tout scandalisés. Lorsque, à un moment donné, il y a
un ministre ou un député qui parle du fédéralisme
ou qui s'entretient tout normalement avec des partisans convaincus de notre
option politique, à ce moment-là, pour ces gens, c'est simplement
de la vulgaire politique de coin de rue. C'est ça qu'on fait
présentement.
Si on veut résumer ce que vient de dire et ce qu'a dit pendant
des jours le Parti québécois, c'est tout pour le parti politique,
rien pour les citoyens. Jamais on a pensé au bien des citoyens du
Québec. Est-ce qu'il y a eu une parole, dans l'exposé que vient
de faire le député de Gouin, pour les citoyens du Québec,
les citoyens présents du Québec, pour les citoyens du
Saguenay-Lac-Saint-Jean? Pas un mot. Pour les citoyens du Nord-Ouest
québécois? Pas un mot. Pour les citoyens de l'est du
Québec, pour le Coeur du Québec, pour l'ouest, pour le sud, pour
le centre? Rien. Pour les régions? Rien. Ce qu'on dit: Pourquoi
planifiez-vous? Vous n'êtes pas capables de le faire parce que vous
n'êtes pas séparés; c'est la thèse à laquelle
on revient continuellement.
Pour le bien des citoyens qui attendent des gestes concrets de
posés? Rien. Il y a $130 millions qu'on est appelé à voter
pour essayer d'apporter...
M. JORON: On ne vous a pas dit qu'on voterait contre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Non, non! ... des mesures que nous croyons être
telles qu'elles aident à diminuer les inégalités et les
disparités régionales. Pas un mot là-dessus. Le bien des
citoyens, aujourd'hui? Non. C'est le bien des citoyens dans un pays imaginaire,
futur, à venir, et c'est ça qu'on nous sert dans une certaine
cassette à je ne sais pas combien de volets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quatre pistes.
M. LEVESQUE: A quatre pistes, je crois que l'expression est juste et
quatre est un nombre limité. Je pense que si la technologie moderne
pouvait faire des...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y en a à huit. Dans les voitures,
c'est huit pistes.
M. LEVESQUE: Alors, c'est huit. M. le Président, c'est exactement
la contribution positive qu'on nous fait aujourd'hui.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on fasse la promotion d'une
idée, d'une idéologie. Mais qu'on le fasse à toutes les
sauces, qu'on ne puisse pas discuter de ce qui arrivera dans telle ou telle
région demain parce que quelle que soit l'idéologie qui anime ces
honorables membres du Parti québécois, quelle que soit
l'idéologie qui les anime, il y a un fait, c'est qu'on parle de choses
qui n'arriveront pas et, même si on voulait rêver avec eux, cela
n'arrivera pas à court terme, ni à moyen terme.
Donc toutes ces conversations sont absolument futiles et font partie de
conversations de salon qui peuvent encore être admises dans certains
milieux où on se permet de discuter de certaines choses à la
mode, mais ce qui nous importe, à nous, c'est le bien des
Québécois et le bien des Québécois qui vivent
aujourd'hui leur vie dans les régions du Québec.
C'est pourquoi, par l'Office de planification du Québec, nous
avons tenté d'apporter des solutions pour travailler avec le
gouvernement central à l'intérieur du système dans lequel
nous vivons, d'apporter des solutions à diminuer les
inégalités et les disparités régionales. C'est
notre but, il est concret, il est peut-être terre à terre pour
ceux qui se plaisent dans l'intellectualisme et des idées qui plaisent
à une certaine classe. M. le Président, ce qui nous a
amenés ici, nous, les députés qui forment les 101, c'est
le voeu populaire de voir à régler les problèmes
d'aujourd'hui. On peut planifier pour demain mais pas pour
l'éternité.
Nous allons prendre des mesures pour apporter dans chacune des
régions des choses dont les citoyens ont besoin. Lorsque le
député de
Chicoutimi s'est inquiété du problème agroforestier
du Lac-Saint-Jean, j'ai donné des réponses. Lorsque le
député de Rouyn-Noranda a parlé des problèmes du
Nord-Ouest et de la fermeture des mines, j'ai tâché de donner des
réponses. C'étaient des questions précises qui
intéressent les citoyens du Québec. Ce qui intéresse le
député de Gouin...
M. JORON: C'est la planification de l'économie nationale.
M. LEVESQUE: ... c'est la partisanerie. Non, M. le Président. Si
nous venions ici, que ce soit le parti d'Unité-Québec, que ce
soit le parti du Ralliement des créditistes ou du Crédit social
Québec, ou le Parti libéral et qu'on parlait de notre parti,
qu'il faut faire ceci, il faut faire cela, on dirait: Ecoutez, vous êtes
de vulgaires politiciens. Mais la même chose se fait et se fait
uniquement chez le Parti québécois. A ce moment-là, on
passe pour des gens qui pensent à une certaine planification, qui
dépassent les problèmes un peu terre à terre du quotidien.
Mais ce sont là les problèmes que connaissent les citoyens du
Québec aujourd'hui, qui intéressent les citoyens du Québec
de demain, et les idées absolument idéologiques et utopiques que
développe présentement le député de Gouin
n'intéressent pas la population du Québec, la grande
majorité de la population du Québec. Ce qui intéresse la
population du Québec, c'est qu'on ait une planification réelle
qui touche la réalité quotidienne.
M. le Président, prenons ce que dit le député de
Gouin. Il parle évidemment comme si le gouvernement central n'existait
pas, mais il existe, nous vivons dans un régime fédéral,
il existe, il faut vivre dans une situation qui colle à la
réalité. Les Etats-Unis existent, il existe ici une
société qui s'appelle la société
nord-américaine et quelles que soient les objections qu'on ait contre
l'influence des sociétés multinationales, ces influences existent
et continueront d'exister, quel que soit le régime dans lequel on
vit.
M. JORON: Nous ne sommes pas obligés de les accepter.
M. LEVESQUE: M. le Président, lorsqu'on parle des régions,
on parle de quelles régions? Est-ce qu'on parle des régions
à l'intérieur du Québec, est-ce qu'on parle des
régions à l'intérieur du Canada? Le problème de la
planification existerait même si nous étions dans un Etat
séparé; nous aurions encore des problèmes de
disparité régionale, nous aurions encore besoin d'une
planification et nous aurions encore des difficultés, parce qu'il
faudrait arbitrer entre les régions. Si le gouvernement central essaie
aujourd'hui de diminuer les disparités régionales, il faut
accepter, quel que soit l'endroit où l'on vive au Canada, qu'il y ait
des arbitrages à faire.
M. le Président, je ne suis pas sûr que les arbitrages qui
ont eu lieu et qui touchent particulièrement l'Office de planification
et de développement du Québec n'ont pas été
à l'avantage du Québec, soit dans le domaine des zones
spéciales, soit dans le cadre d'ARDA, soit dans les subventions aux
industries, soit dans l'entente de l'est, ce sont là des
décisions prises par le pouvoir central en collaboration avec le
gouvernement du Québec pour essayer de diminuer les disparités
régionales. Si on vivait dans une autre région du Canada
favorisée par un taux de croissance plus grand, on serait
peut-être porté, en prenant la philosophie du député
de Gouin, à dénoncer les avantages accordés au
Québec. Mais c'est cela, le régime fédéral, la
raison d'être du régime fédéral, c'est justement de
pouvoir faire partager les richesses dans tout territoire plus grand et par une
population plus considérable.
Lorsque le Parti québécois parle d'indépendance, il
ne devrait pas oublier que ceux qui la préconisent chez eux disent que,
dès que l'indépendance est faite, on commence à
négocier la nouvelle association. Or, lorsqu'on a donné comme
exemple qu'on n'avait pas les pouvoirs entiers dans le domaine de la
fiscalité et dans le domaine des corporations, qu'on n'avait pas
complètement l'exclusivité dans les politiques d'énergie,
lorsqu'il nous manquait certains pouvoirs dans le domaine des tarifs et des
douanes, lorsqu'il y avait certaines réglementations
fédérales, ce sont justement ces choses-là que nous
serions obligés de renégocier dans une Association nouvelle telle
que préconisée par certains, et non pas les derniers, du Parti
québécois.
Comment ferait-on pour régler cette association? Quel serait
notre pourcentage de participation? Quel serait notre pouvoir à
l'intérieur d'une nouvelle association avec le reste du Canada? Quel
serait notre pouvoir, pour nous, le tiers de la population, de pouvoir dire aux
deux tiers: Vous allez vous soumettre à notre politique dans le domaine
fiscal, dans le domaine tarifaire, dans le domaine douanier, dans le domaine
des ports et aéroports, dans le domaine de l'énergie. Est-ce que,
lorsqu'on renégocierait, avec le reste du Canada, toutes ces choses,
nous aurions 100 p.c. de contrôle? Non, M. le Président. N'importe
qui, qui regarde ça, l'amateur, le citoyen le plus modeste, se
révolterait contre une telle théorie, à moins que l'on
oublie ce qu'on en a dit et que le Parti québécois dise ce soir:
Non, nous serions indépendants et nous n'aurions aucune association avec
le reste du Canada. Mais on ne dit pas ça. On dit qu'on va
négocier une association. Lorsqu'on négocie une association, on
arrive à un règlement pour autant qu'on a une force de frappe. La
force de frappe, pour un Québec indépendant, est infiniment
moindre que celle qu'a présentement le Québec, alors qu'il
constitue 30 p.c. de l'électorat fédéral.
M. le Président, j'aimerais bien que l'on comprenne, une fois
pour toutes que ce genre de discussion est absolument utopique et ne tient pas
compte de la réalité, telle que je la vois et telle que la
majorité du Québec la voit. Lorsque nous sommes dans un
régime fédéral je l'ai
dit avant-hier soir et je le répète ce soir d'une
façon encore plus précise quel que soit l'endroit du pays
où nous vivons, nous aurions, si nous prenions un point en particulier,
d'énormes raisons de critiquer. Si on est par exemple en Alberta, on
peut critiquer le demi-milliard, en paiement de péréquation,
donné au Québec. Si on est dans les Maritimes, et qu'on voit
l'aéroport de Sainte-Scholastique, qu'on voit les investissements de
Radio-Canada à Montréal, qu'on voit tous les investissements
considérables dans les provinces centrales, on dit: Cela n'a aucun sens.
On peut se poser des questions. Ces gens pourraient critiquer le régime
fédéral, pour ces raisons. Mais, justement, c'est un jeu
d'équilibre, le système fédéral. Dans le domaine
économique, dans le domaine qui nous occupe ici ce soir, le domaine de
la planification, on ne peut pas oublier ces faits. Quelle que soit
l'association qu'on voudrait négocier, au lendemain de cette histoire
utopique dont on parle et de cette aventure qui n'arrivera pas je
l'espère pour le bien des Québécois et j'en suis convaincu
si on arrivait à cette situation, cette association qu'on
voudrait créer nous donnerait des résultats encore pires que les
résultats actuels que l'on déplore du côté de Parti
québécois.
M. le Président, notre planification est possible. Elle est
possible et les crédits, que nous avons à discuter ce soir, en
sont un témoignage. Nous avons des choses que nous pouvons facilement
planifier. D'abord les activités gouvernementales, ici au Québec.
Notre action dans les régions. Il faut d'abord commencer à se
planifier soi-même, chez soi, au Québec. Il y a infiniment de
choses où nous contrôlons entièrement la situation.
Planification dans maints domaines qui s'impose. Il y a un besoin de
décloisonnement entre les ministères de notre propre
gouvernement. Par exemple, dans le programme ARDA, conçu par
l'administration provinciale, accepté au point de vue financement par
les autorités fédérales, nous avons réussi, dans
des régions, à mettre sur pied un plan qui n'est pas complet
évidemment et qui ne comporte pas toutes les activités humaines,
économiques, sociales, dans un territoire donné, mais qui est un
effort louable pour un développement intégré des
ressources du territoire.
Nous avons une autorité sur les ressources matérielles,
sur les richesses naturelles au Québec. Le député de Gouin
parlait, par exemple, de l'hydro-électrique. Nous avons 100 p.c. de
contrôle sur cette richesse. Il disait que cela ne représentait
que 20 p.c. Il dit que le reste est le charbon et le pétrole.
Mais, M. le Président, où est le charbon au Québec
et où est le pétrole? Nous avons le contrôle de nos
richesses naturelles. Il s'agit, à un moment donné, d'ajouter le
fait qu'il y ait d'autres richesses importées qui peuvent être
transformées au Québec. Mais je ne voudrais pas qu'on laisse
subsister l'équivoque que nous n'avons que 20 p.c. de contrôle sur
nos richesses naturelles. Ce n'est pas exact.
Nous avons un contrôle sur les sources d'énergie produites
au Québec. Nous avons un contrôle sur tout le minerai produit au
Québec. Nous avons le contrôle de nos mines, de nos forêts,
de notre agriculture, de nos pêcheries. Nous sommes la seule province au
Canada qui avons l'administration de nos pêcheries.
M. le Président, quel que soit le régime dans lequel nous
serions appelés à vivre, nous aurons toujours des choix à
faire, des arbitrages à créer ou à décider. Et
c'est ce que nous essayons de faire à l'intérieur du
régime actuel. Si on veut discuter des crédits que l'on vous
demande de voter ce soir à l'Office de planification et de
développement du Québec, et si on le situe dans un régime
qui n'existe pas et qui n'existera pas, nous perdons notre temps.
Mais si on veut étudier sérieusement les crédits de
l'Office de planification et de développement du Québec tel que
le mandat que nous avons reçu du peuple qui nous a envoyés ici le
spécifia, quant à nous, nous sommes prêts à discuter
ces crédits et voir jusqu'à quel point ils sont à
l'avantage ou non de la population du Québec, des régions du
Québec.
C'est notre mandat. C'est pour ça que la population du
comté de Bonaventure m'a envoyé ici. Non pas pour discuter des
idéologies séparatistes de nos sept camarades. C'est pour
décider de l'avenir du peuple du Québec et de voir au
bien-être du peuple du Québec, et particulièrement de ma
région. Et ça, c'en est ainsi des 101 sur les 108.
Si vous, vous avez eu un mandat de tuer le système et de briser
le système, de parler et de placotter et de ne pas voter des
crédits pour le peuple, c'est votre affaire. Mais quant à moi, M.
le Président, ma seule préoccupation est le bien-être des
citoyens. Et je crois encore que, dans un système fédéral,
on ne rêve pas et on tient compte des réalités et on veut
planifier, c'est-à-dire non pas mettre en place l'indépendance
comme disait le député de Gouin.
Ce sont ses paroles. Qu'est-ce qu'il a dit de l'indépendance? Il
a dit: "L'indépendance, c'est le pouvoir de faire des lois". M. le
Président, le pouvoir de faire des lois; faites-en des lois. Nous, nous
allons continuer à administrer la province pour le
bénéfice des citoyens, collés sur la réalité
d'aujourd'hui et de demain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt et contrairement à ce qu'on pense, sans aucune
sorte de préjugés, les deux représentants du Parti
Québécois. Il m'arrive de m'amuser à leurs dépens
comme ils ont le droit de le faire à mes dépens, c'est de bonne
guerre.
Mais, cet après-midi, j'ai écouté le
député de
Bourget, pour lequel j'ai beaucoup de respect d'ailleurs, il le sait.
J'ai apprécié le ton et le style soignés de ses
observations et de son plaidoyer littéraire. Plaidoyer que n'importe qui
pourrait endosser sur le plan des grands principes, dans l'ordre abstrait des
idées. Et cela me rappelait, M. le Président, certaines disputes
de la scolastique décadente quand on discutait du sexe des anges.
Le député de Gouin, pour sa part, a voulu, si vous me
permettez ce néologisme, substancier les propos du chef parlementaire du
Parti Québécois. Il a apporté un certain nombre
d'exemples, il a fait des propositions que n'importe qui d'entre nous pourrait,
en principe, accepter.
Ce qu'il a dit, n'importe quel gouvernement pourrait le dire et
n'importe quel gouvernement, d'ailleurs, du passé, comme le gouvernement
actuel, l'a déjà dit en parlant de planification.
Toutefois, il y a, à la base de l'argumentation des
représentants du Parti québécois, un postulat qui est le
suivant: c'est que pour atteindre les objectifs fort louables que se proposent
les gens du Parti québécois, il faut de toute urgence et de
façon absolue faire l'indépendance du Québec. C'est la
thèse du Parti québécois, c'est la thèse que les
représentants de ce parti défendent à l'Assemblée
nationale et aux diverses commissions parlementaires, c'est la thèse
qu'ils ont tenté de faire valoir, de valoriser, à chacune des
discussions que nous avons engagées au moment de l'examen du budget de
tous les ministères.
M. le Président, réglons une fois pour toutes le
problème. Nous savons tous qu'il y a un contentieux constitutionnel
extrêmement sérieux, grave et lourd de conséquences
à l'heure actuelle au Québec. Ce contentieux provient du fait que
le régime fédératif dans lequel nous vivons s'est
dégradé, que ce régime fédératif a petit
à petit détruit l'équilibre qui, à l'origine,
devait exister entre les divers Etats membres de la fédération
canadienne au moment de l'adoption du statut de 1867.
C'est un retour aux sources que nous essayons d'amorcer. Nous voulons,
M. le Président, repenser la constitution canadienne, nous voulons
inventer un nouveau mode d'association avec nos partenaires canadiens et nos
partenaires nord-américains, à partir de bases que nous croyons
raisonnables et logiques. Nous prétendons qu'il est possible encore
aujourd'hui, en dépit de tous les avatars de la constitution, en
dépit de tous les avatars politiques que nous avons connus au
Québec et ailleurs, d'inventer ce nouveau mode d'association avec le
reste du Canada, avec une constitution nouvelle, avec une constitution interne
pour le Québec et avec une définition nouvelle des pouvoirs qui
permette aux Etats membres de la fédération canadienne d'avoir
cette souveraineté dans des champs de compétence qui sont vitaux
pour les populations qui vivent à l'intérieur des territoires des
Etats membres de cette fédération.
C'est notre pensée à nous, c'est notre attitude à
nous. Le Parti québécois a une autre option. Je ne conteste pas
le droit qu'il a de prêcher son option mais avant qu'elle se
réalise, avant que l'on atteigne plutôt l'objectif idéal du
Parti québécois, il nous faut vivre hic et nunc au Canada, vivre
au Québec tel qu'il existe à l'heure actuelle. Ce n'est pas
toujours agréable d'y vivre, on n'est pas toujours heureux, il y a des
problèmes de toutes sortes et la responsabilité première
d'un gouvernement responsable au sens étymologique du terme, c'est
d'assurer à tous les citoyens pour l'instant actuel et l'instant de
demain et l'instant après le primo vivere.
C'est pourquoi, M. le Président, la planification du gouvernement
doit être pensée, à mon sens, à deux paliers, et je
crois que le ministre responsable de l'OPDQ l'a expliqué assez nettement
dans le document qu'il nous a remis et dans les explications et les
différentes interventions qu'il a faites aujourd'hui. Il y a d'abord une
planification d'ordre général, c'est la grande planification. Ce
sont les grands schèmes, c'est la grande architecture du bâtiment.
Personne ne conteste la capacité, la compétence de ceux qui
travaillent à cette planification au Québec. Mais cette
planification ne doit pas demeurer au niveau des fonctionnaires, elle ne doit
pas consister simplement en des rapports, en des écrits, en des
documents qui demeurent lettre morte.
Mais elle doit à un certain moment s'incarner dans les faits.
Elle s'incarne dans les faits, M. le Président, de deux façons,
en deux temps. D'abord, à un moment qui est toujours le moment actuel et
c'est pour cela que je suis d'accord avec le ministre des Affaires
intergouvernementales responsable de l'OPDQ, lorsqu'il dit que le
ministère des Finances a été nanti de nouveaux pouvoirs
pour mettre en application, dans l'immédiat, les politiques de l'Office
de planification et de développement du Québec, qui sont
prêtes et qui peuvent devenir des réalisations concrètes.
Car il faut faire vivre les gens en attendant de leur bâtir le paradis
terrestre et de leur en ouvrir la porte.
Cela, c'est le premier temps de la planification. Il y a un second temps
dans la planification. C'est ce que j'appelais, tout à l'heure, la
grande architecture, qui, elle, s'édifie progressivement et doit,
à un moment ou l'autre, aboutir à l'érection d'un
édifice idéal dans lequel la société du
Québec et la société canadienne si l'on pense
à l'échelle du Canada pourra vivre confortablement, avec
sécurité. Nous croyons, pour notre part, que la formule
constitutionnelle actuelle n'est pas la meilleure. Au contraire, actuellement,
on est obligé de la remettre en cause. Nous voulons la remettre en cause
mais, pour ce faire, nous voulons user de moyens qui sont différents de
ceux que préconise le Parti québécois. Notre option n'est
pas l'indépendance, le séparatisme brutal et la
négociation après. Notre option est la négociation
à l'heure actuelle, poursuivie, menée à terme, avec
vigueur,
selon un échéancier, à partir de priorités
établies de façon très nette et très claire. C'est
ce que nous voulons atteindre. Les gens, qui s'occupent de planification
â l'OPDQ, ont à l'esprit cette préoccupation essentielle,
qui est une préoccupation à moyen et à long termes.
Mais avant que nous atteignions les résultats escomptés
d'une négociation positive et accélérée pour
disposer d'un statu quo, qui à l'heure actuelle nous paralyse, il nous
faut vivre. Ce sont là justement les raisons pour lesquelles le ministre
responsable de l'OPDQ nous a présenté un ensemble de projets, de
réformes de l'OPDQ, qui, pour n'être pas parfaites, correspondent,
cependant, à des besoins réels, à des exigences
immédiates du concret, à des besoins viscéraux et
biologiques de la société québécoise.
M. le Président, nous, quand nous parlons de négociations,
on nous dit, et je suis sûr que le député de Bourget me
fera cette objection: Mais cette négociation trame, elle trame et elle
trame. C'est vrai. Il n'y a personne qui l'a dit avec plus d'énergie que
les représentants du parti dont je suis membre. Mais nous pensons qu'il
est possible de négocier de façon positive et de façon
efficace, sans pour cela en arriver à une rupture brutale qui, elle,
rendrait encore bien plus difficile les négociations que nous menons,
à l'heure actuelle, Dieu sait au prix de quel effort, au prix de quelle
dépense de temps, d'énergie et d'argent et avec des
résultats médiocres. Personne ne le conteste. Le gouvernement
actuel, lui-même, ne le conteste pas, même s'il est arrivé
au pouvoir imbu de toutes sortes de belles idées, de belle
théories et plein de bonne volonté, il se rend compte qu'il n'est
pas plus facile pour lui de négocier avec le gouvernement central qu'il
ne l'était pour nous, quand nous assumions la responsabilité du
pouvoir.
Mais en dépit de tout cela nous croyons fermement qu'il est
possible de négocier de façon positive et efficace sans
être obligé de rompre immédiatement avec ceux qui ont
été nos partenaires. Parce qu'alors la planification dont
parlait le député de Bourget et dont vient de parler le
député de Gouin cette planification extraordinaire,
idéale, comment pourra-t-elle être appliquée?
Comment pourra-t-elle se matérialiser, se concrétiser, se
traduire en termes de pain quotidien alors que, comme le ministre responsable
de l'OPDQ le disait cet après-midi, la conjoncture aura changé
d'une façon non pas radicale, mais d'une façon dramatique, ce qui
compromettra la planification pour des années, en raison des
délais imposés par une négociation qui surviendrait
après l'indépendance du Québec? Cette planification serait
compromise pour des années et des années à venir, non pas
seulement à long terme, mais à court terme, dans
l'immédiat. Dans quelle situation nous retrouverions-nous pour
négocier avec ceux qui ont été traditionnellement,
historiquement nos partenaires, que ce soit nos partenaires cana- diens ou nos
partenaires nord-américains? Notre belle planification, à ce
moment-là, l'idéal de la planification, l'édifice
merveilleux dont parlait le député de Gouin tout à
l'heure, comment pourrions-nous y entrer si, d'un commun accord, nos
partenaires refusaient de négocier avec nous, refusaient les conditions
de négociation que nous leur imposerions? Vers quel côté
nous tournerions-nous? Avec qui nous associerions-nous, si nos voisins
immédiats, si les gens avec lesquels nous avons des affinités
historiques, des affinités sociologiques, des affinités
culturelles, des affinités économiques, si ces gens-là
disaient: Oh non! les conditions de négociation que vous nous imposez,
nous ne pouvons pas les accepter? Comment, alors, M. le Président,
parler du contrôle que nous pourrions exercer sur les
sociétés multinationales si ces sociétés
n'acceptaient pas les conditions de négociation imposées par des
gens qui auraient provoqué une rupture brutale et perturbé
l'équilibre économique nord-américain?
Il n'est pas besoin, M. le Président, d'être
économiste pour comprendre ces vérités
élémentaires, ces vérités qui tombent sous le sens
immédiat et qui sont de simple bon sens. Je ne fais pas grief au Parti
québécois d'entretenir des illusions, mais je lui fais grief
et je reprends le mot de fraude qu'utilisait tout à l'heure le
député de Gouin d'utiliser une fraude d'ordre sentimental
auprès de tous les citoyens du Québec en leur laissant croire
qu'ils vont entrer immédiatement dans le paradis terrestre dès
lors qu'on aura fait l'indépendance du Québec.
M. le Président, la conjoncture dont parlait le ministre
responsable de l'OPDQ sera à ce moment-là dramatique et tous les
efforts de planification que l'on peut trouver dans le document du Parti
québécois document que j'ai acheté, je ne l'ai pas
demandé au Parti québécois, je l'ai acheté, je l'ai
lu et je l'ai étudié M. le Président, ces efforts
de planification qu'on trouve dans ce document qui est bien écrit, qui
est bien présenté, deviendraient une très belle illusion,
une grande chimère. Or, qui ferait les frais de tout cela? Qui ferait
les frais de cette mystique sentimentale, nationaliste, nationale-socialiste
pour dire le mot? Qui ferait les frais de ça, M. le Président?
Et, attendez, l'âne a montré le bout de l'oreille tout à
l'heure ! Dans les propos du député de Gouin, j'ai bien senti la
thèse socialiste qui est sous-jacente à tout cela. Le
député a fait son option, il est socialiste, je ne lui en veux
pas. Il y a un ghetto socialiste en France. Il y a un petit parti socialiste,
radical ou moins radical, qui depuis des années, en France, essaie de
prendre le pouvoir. Il n'a jamais réussi. Bon! M. le Président,
qui ferait les frais de ce national-socialisme radical et extrémiste?
Les Québécois. Comme les Québécois ont fait les
frais d'un certain terrorisme, comme les Québécois feraient les
frais de ce nouveau terrorisme qui se manifeste dans le Parti
québécois par l'infiltra-
tion de ceux qui ont substitué aux bombes physiques
matérielles les bombes intellectuelles qu'ils glissent dans leur
discours ou dans les écrits qu'ils publient dans les journaux. Qu'on ne
nous conte pas d'histoire, M. le Président. Le terrorisme tel qu'on l'a
connu sous sa forme violente existe actuellement sur le plan intellectuel et
sur le plan des grandes théories socio-économiques comme celles
que vient d'exposer le député de Gouin. Le député
parle de planification. Est-ce que tous les membres du Parti
québécois en parlent de la même façon?
Il nous dit: Il faut planifier à l'échelle du
Québec, planifier à l'échelle des régions. C'est
l'ancien candidat du Parti québécois dans le comté de
Chicoutimi, M. Marc-André Bédard, qui s'en prenait, il y a
quelques jours encore à peine, au CRD, au Conseil régional de
développement de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il trouve
que cela n'a pas de bon sens. Or, c'est là une usine de planification
à une échelle régionale, c'est là une cellule de la
planification générale du gouvernement du Québec. Ce
conseil régional de développement a déjà produit
des fruits. Il a apporté à notre région d'abord une
esquisse du plan qui a été bâti avec ce qui s'appelait
autrefois, le CER, Conseil économique régional qui est devenu le
CRD. Cette esquisse du plan a été déposée,
étudiée par le gouvernement. Le gouvernement a annoncé
l'autre jour, par la voix du député de Bonaventure, un ensemble
de mesures qui, petit à petit, vont se matérialiser et vont faire
voir aux gens que la planification n'est pas une chose qu'on fait en cabinet,
que ce ne sont pas simplement des documents qu'on lance à droite et
à gauche pour avoir de la publicité dans les journaux ou
ailleurs.
La planification est une affaire concrète. On l'a
démontré dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Là, il y avait des députés qui ont dit aux messieurs qui
sont venus de l'Office de planification: Messieurs, s'il vous plaît,
voulez-vous travailler de concert, il y en a un ici qui peut être
témoin, avec les citoyens de la place, avec les maires, avec le conseil
économique, avec les responsables des corps intermédiaires, avec
tout ceux qui ont quelque chose à dire à la vie pratique,
concrète, quotidienne des citoyens de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
C'est de cette façon, je ne pense pas me tromper, que travaille
l'Office de planification du Québec dans chacune des régions du
Québec pour régler d'abord à court terme, les
problèmes les plus aigus, les plus cuisants, ceux qui sont des sources
de contestation pour ensuite passer à une phase qu'on appelle la phase
de moyen terme. On met alors en place des structures, des infrastructures. On
fait des inventaires pour progressivement atteindre d'autres objectifs qui sont
les objectifs à long terme, c'est-à-dire un développement
planifié, cohérent, progressif d'une région.
Quand on applique ce genre de politique à chacune des
régions du Québec, cela forme un ensemble qui constitue ce qu'on
appelle un plan.
J'entendais le député de Gouin parler de plan, de la
planification, que c'était une notion absolument essentielle, il n'y a
pas un chat ni un chien dans le Québec qui va dire le contraire, c'est
bien évident qu'il faut de la planification.
Mais on s'est rendu compte en Europe, par exemple, en France
particulièrement, que la planification théorique ne valait rien
si ça ne se traduisait pas dans l'immédiat, en termes de pain
quotidien. On a décidé de faire de la planification sectorielle,
de reprendre les grands schèmes de la planification, du plan
français, pour descendre au niveau sectoriel et voir si cela pouvait
être applicable. On a déchanté. On s'est rendu compte qu'il
fallait revenir au terre à terre sur ce qu'on appelle le plancher des
vaches.
Le député de Gouin a fait tout à l'heure un
plaidoyer, je ne dirais pas éloquent parce qu'il n'est pas
éloquent, enfin un plaidoyer cohérent sur le nationalisme
économique. Nationalisme économique, encore là une notion
qu'il faudrait revoir, un terme et une conception, un concept qui est
drôlement dépassé, si on tient compte de la théorie
des grands ensembles à l'heure actuelle.
Cela n'a rien à voir, M. le Président, à ce qu'on
appelle la vie culturelle, à l'identité, à la
personnalité de chacune des nations qui se regroupent pour des fins
économiques. La théorie que développait le
député de Gouin tout à l'heure, c'est la théorie de
l'autarcie pratiquée par les banquiers florentins du temps de Fugger et
pratiquée par Louis XIV et par les petits pays de Hollande et par la
ligue hanséatique des pays du nord de l'Europe.
C'est ce qu'on appelle de l'autarcie. Cela ne rejoint pas du tout les
préoccupations d'une société internationale
préoccupée de ces regroupements, de ces grands ensembles qui
permettent, à l'intérieur d'un cadre très élargi
aux dimensions internationales, à chacune des nations de se valoriser,
de s'identifier et de se manifester comme entité culturelle et
sociologique distincte sans pour autant perdre ses pouvoirs, sans pour autant
abdiquer tout ce qui constitue son essence même de nation.
Ce qu'il y a, M. le Président, de tragique dans la thèse
défendue par le député de Gouin, c'est qu'elle part du
postulat, et je le répète, que l'indépendance va
régler tout et va nous permettre d'établir cette planification
idéale. On sait très bien que les conditions mêmes
qu'imposerait au Québec l'indépendance, la rupture brutale, le
séparatisme, pour l'appeler par son nom, seraient telles que tout
l'édifice de planification esquissé dans le document du Parti
québécois serait à reprendre. Ceux qui d'aventure
pourraient devenir à ce moment-là responsables de la
République du Québec auraient à repenser les moyens qu'il
leur faudrait prendre dans l'immédiat pour que chacun mange trois fois
par jour, s'habille, aille à l'école, se fasse soigner, etc.
Le
député de Gouin, tout à l'heure, s'en est pris aux
sociétés multinationales, à cette emprise des
sociétés multinationales et particulièrement des
société américaines, sur l'économie
québécoise. Pourtant son parti propose une nouvelle association
avec le reste du Canada et avec les pays nord-américains. Mais où
est la logique là-dedans, M. le Président? On se chicane, on se
bagarre, on se casse la gueule, pardonnez-moi l'expression, M. le
Président, et après cela on dit: Ecoutez, les amis, il faut
s'entendre et on va négocier. On va établir les bases d'une
planification qui va nous permettre à tous et chacun d'être riches
et puissants.
Non, je pense que le député de Gouin est trop intelligent
pour se leurrer d'une façon aussi naïve. J'espère qu'il est
assez honnête pour ne pas utiliser ce moyen de fraude, parce que cela en
est une, une fraude intellectuelle, pour leurrer les citoyens du Québec
et leur faire croire que le paradis terrestre qui a été
fermé un jour, ils vont eux, les nouveaux Adam, le réouvrir. Ils
vont aller remettre la pomme dans l'arbre, ils vont dire aux citoyens du
Québec: Venez, messieurs, contempler Eve, belle et nue! Ah non! ce n'est
pas comme cela, M. le Président, que vont se faire les choses, il va
falloir reprendre le problème à pied d'oeuvre, recommencer,
même si c'est difficile, si c'est lassant, si c'est harrassant, si c'est
irritant. Il va falloir reprendre la négociation avec nos partenaires
actuels dans la paix, de façon positive. Une fois qu'on se sera
querellé il sera assez difficile d'aller chanter la pomme à
celui-ci et à celui-là et surtout à des gens qu'on honnit
en disant: Ce sont des exploiteurs, ce sont ceux qui nous dévorent, ce
sont ceux qui nous écrasent, qui nous oppressent. Nous le sentons comme
n'importe quel membre du Parti québécois. Nous la sentons cette
oppression économique mais nous savons par ailleurs qu'elle existe dans
la vie de tous les peuples et cela se manifeste Dieu sait comment aujourd'hui
pour les peuples asiatiques et pour les peuples européens. Nous sentons
cette oppression si on peut l'appeler ainsi. Nous sentons ce poids d'une
domination qui est en grande partie le fait des puissances internationales
d'argent. Je ne vois pas que l'Etat indépendant du Québec y
échapperait. Les nouveaux partenaires que devrait trouver le
Québec, si on rejette les Etats-Unis, si on rejette les autres membres
de la fédération canadienne, qui seraient-ils? Des gens
d'Haïti, de Cuba, d'Amérique latine, de Chine, de Russie, tous pays
qui se débattent avec des difficultés énormes, des pays
où existent des plans, des plans triennaux, quinquennaux, etc, des plans
dont on est obligé de constater l'échec tous les dix ans ou tous
les cinq ans, quand ces honorables socialistes, d'une autre façon,font
ce qu'ils appellent leur autocritique.
Je demande au député de Gouin de faire son autocritique
et, en faisant son autocritique qui sera un examen de conscience je ne
sais pas s'il y a longtemps qu'il en a fait un de s'inspirer des
principes de saint Ignace et de se dire: Je vais m'autocritiquer afin que
demain je devienne meilleur pour les autres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Notre-Dame-de-
Grâce.
Depuis un bon bout de temps, nous avons eu des commentaires des
députés de Bourget et de Gouin qui se sont largement
entremêlés dans l'énoncé d'une certaine
thèse. Nous avons eu des commentaires du député de
Bonaventure et l'antithèse du député de Chicoutimi. Il ne
faudrait pas que ça dure indéfiniment. Nous sommes ici pour
étudier les crédits de l'Office de planification et de
développement du Québec, je suis bien prêt, comme
président, à entendre d'autres opinions, mais il faudrait se
limiter davantage et ne pas continuer le débat tel que ça s'est
déroulé.
M. TETLEY: M. le Président, cinq minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'aimerais pas que le ministre nous
présente la prothèse.
M. LE PRESIDENT: Le député de Notre-Dame-de-
Grâce.
M. TETLEY: Merci. Le député de Gouin a parlé de
deux thèses ou de deux concepts, la planification et la participation du
peuple ou de groupements de peuples et il s'est référé au
manifeste du Parti québécois. C'est vrai que ces deux concepts se
trouvent dans le manifeste. Mais le plan c'est un mot entre guillemets
se trouve dans la vraie thèse et la participation se trouve, si
ma mémoire est bonne, à la fin, section III chapitre VII, ou
VIII, à la fin, comme une idée insérée à la
dernière minute. Certainement, la participation ne se trouve pas dans le
plan, ni les participants. Je mentionne surtout comme participants, les
syndicats, les coopératives, même les journaux. Je crois que c'est
ça le grand défaut du manifeste du Parti québécois.
Il n'y a pas vraiment de participation dans le concept d'un pays socialiste
centralisateur. On a parlé d'étatisation des postes de la radio
privée. Pourquoi, dans un pays où il y a la participation, la
soi-disant liberté? Qui peut participer, si ces gens ne peuvent pas
préparer le plan ou n'ont pas leur mot à dire dans ce fameux plan
ou à la radio libre? Il faut noter, comme l'a mentionné le
député de Chicoutimi, que c'est un socialisme importé un
peu de l'Europe. Je crois que le manifeste ou les auteurs ont puisé dans
l'oeuvre de François Mitterand, chef d'un parti socialiste en France, et
il n'y a pas beaucoup de liberté dans sa thèse non plus.
Pour ma part, M. le Président, je crois qu'il y a une vraie
contradiction dans l'argument du député de Gouin lorsqu'il parle
de planification en même temps que de participation parce que, dans la
thèse, il n'y a pas beaucoup de liberté et les groupements comme
les coopératives et les
syndicats ne sont pas consultés, ne font pas partie des chapitres
du plan, la deuxième section où on parle du plan.
Je peux, évidemment, faire d'autres critiques, M. le
Président, mais je vais terminer à la suite de votre demande.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN : M. le Président, cette levée de boucliers est
impressionnante mais il reste que, bien souvent, elle m'a paru s'écarter
de l'objet premier de nos discussions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LAURIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: Croyez-vous pouvoir faire votre intervention dans un
temps assez réduit?
M. LAURIN: Oui, M. le Président. Vous savez très bien que
je ne suis pas bavard de nature.
Je me suis contenté d'affirmer, sans employer cette image mais je
l'emploie maintenant, que la Loi de l'Office de planification et de
développement du Québec était un bel arbre dont il ne
reste plus que l'écorce. Je pense, je l'ai prouvé et je l'ai
tellement bien prouvé que le ministre des Affaires intergouvernementales
s'est résigné à ne pas me répondre tellement mon
plaidoyer semblait s'incarner dans la vérité des faits. Il s'est
contenté de dire que ceci appartenait à la thèse
séparatiste et, comme on l'avait déjà discutée, il
ne voyait pas de raison pour essayer de détruire l'argumentation que je
lui avais présentée.
Mais pourtant, ceci est vrai, M. le Président, qu'il ne reste
plus que l'écorce puisque je tire des déclarations du ministre
des Finances, lorsqu'il a discuté la Loi de l'administration
financière, les principaux arguments qui m'ont servi à
étayer cette thèse. Car, en effet, lorsque nous avons
discuté cette loi, c'est le ministre des Finances lui-même qui
disait qu'il fallait séparer planification et développement,
qu'il fallait laisser le problème du développement au niveau des
élus du peuple, qu'il fallait rapatrier tout ce qui concerne le
développement au niveau politique. Et il donnait même les raisons
ainsi que les mécanismes qui pouvaient permettre, justement, de
rapatrier ces décisions au niveau du personnel politique.
Et c'est à cette occasion qu'il avait dit que tout ce qui
concerne le développement devait relever, non seulement des élus
du peuple, mais d'un comité du conseil des ministres qui
établirait les priorités, qui donnerait ses conclusions au
conseil des ministres qui les approuverait et qui, ensuite, les passerait
à un autre comité du conseil des ministres qu'on appelle le
Conseil du trésor pour décider de leur administration.
Dès ce moment, l'Office de planification et de
développement du Québec était vidé de la plus
grande partie de sa substance, de son contenu, de son essence. C'est d'ailleurs
la raison pour laquelle nous n'avons plus beaucoup entendu parler de toutes ces
études dont on faisait état dans le premier rapport qui nous
avait été présenté l'an dernier.
M. HARVEY (Jonquière): Lorsqu'il... M. LAURIN: Vous pourrez
parler...
M. HARVEY (Jonquière): Non, non, un instant.
M. LAURIN: Vous pourrez rétablir les faits après.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que vous voulez me permettre une
question?
M. LAURIN: Non, M. le Président, non.
M. HARVEY (Jonquière): Parce que je ne voudrais pas...
M. LAURIN: Non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HARVEY (Jonquière): Le député de Bourget...
M. LAURIN: M. le Président, le député de
Jonquière pourra rétablir les faits après,
tantôt.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député ne permet pas la
question.
M. LAURIN: De toute façon, il reste la planification. Bien
sûr, je ne dis pas que tous les efforts de planification faits jusqu'ici
ont été inutiles, que ce soit dans les ministères ou que
ce soit dans les diverses régions où ils ont été
effectués, loin de là. J'ai même dit que c'était
précieux, que c'était essentiel même pour les efforts
ultérieurs. J'ai simplement dit que ce n'est pas en additionnant les
études régionales, comme celles que les CRD ont faites, ou les
études sectorielles, comme celles que l'office ou les ministères
ont faites, qu'on aboutit à un véritable plan, puisque le plan
doit partir d'une définition des priorités, des objectifs d'un
gouvernement et que celles-ci doivent se traduire évidemment dans un
budget. C'est tout ce que j'ai voulu dire, M. le Président. C'est pour
ça que les paroles du ministre me semblaient très fortes. J'ai
simplement dit que, dans les circonstances, c'était très
difficile de faire une planification à cause de tous les arguments que
j'ai développés et sur lesquels je ne veux pas revenir.
Il y a une autre équivoque, M. le Président, que j'ai
relevée. Le ministre disait, tout à
l'heure, que nous semblions oublier les citoyens. Nous n'oublions pas
les citoyens car le but ultime d'une planification est
précisément une allocation plus juste des ressources de la
collectivité pour le bien de tous les citoyens. Si une planification est
bien faite, si elle est articulée, si elle se base sur des
données justes, véridiques qui nous viennent de toutes les
régions et de tous les secteurs, si elle est bien menée selon des
bons mécanismes, elle va aboutir à une plus juste allocation des
ressources, à une élaboration de programmes qui, menés
dans les diverses régions, vont se traduire par une amélioration
du mieux-être des citoyens à tous les niveaux.
Donc, nous n'oublions pas les citoyens lorsque nous parlons de
planification. Quand même, il faut sérier les problèmes, et
avant de retourner à la base, il faut passer par le sommet,
c'est-à-dire la planification, de même que nous sommes partis de
la base pour élaborer le plan qui, ensuite, devrait être
réalisé.
Il est donc faux de dire que nous ne pensons pas aux citoyens. Le
ministre, également dans sa réponse, nous dit que nous manquons
de sens des responsabilités puisque nous ne nous occupons pas assez des
problèmes pratiques et que nous avons été mandatés,
lui, par les gens de Bonaventure pour s'occuper des problèmes des gens
de sa région et disant, dans une sorte de leçon implicite, que
nous devrions penser la même chose.
Mais je pense, M. le Président, que le ministre, à ce
moment, nous fait dire ce que nous n'avons jamais voulu dire. La planification
bien faite ne doit jamais se substituer à l'action
régulière et quotidienne des ministères. Un office du
plan, des mécanismes de planification ne font pas disparaître les
ministères, ne font pas disparaître non plus l'action que doivent
mener des ministres dynamiques, compétents, à la tête de
chacun de leur ministère.
Pendant, au contraire, que se poursuit l'oeuvre de la planification,
c'est-à-dire la collecte des données, l'étude des
solutions, l'établissement des priorités, la mise en place des
mécanismes et enfin l'administration des programmes, les
ministères poursuivent leur travail. A l'aide des données qui
sont les leurs, à l'aide des lois constitutives qui sont les leurs,
à l'aide des données qu'ils recueillent eux-mêmes, ils
voient au mieux-être des citoyens dans la mesure où ils le
peuvent.
Enfin, M. le Président, ce sont deux activités qui doivent
être menées concurrement.
L'action des ministères dans l'immédiat, à
même les données qui leur tombent sous le sens, grâce aux
analystes qui sont à leur disposition et, en même temps, une
oeuvre plus lointaine, peut-être, plus difficile, plus longue, qui
s'élabore au fil des mois et parfois même des années, mais
qui, à la longue, réussit à redresser l'orientation de
l'économie, l'orientation de la politique sociale, de la politique
industrielle. L'oeuvre du plan est vue comme une sorte d'ajustement constant
des politiques régulières d'un gouvernement. C'est une sorte de
garde-fou, de phare également, qui, à la longue, réussit
à ajuster les actions gouvernementales aux besoins des citoyens, aux
aspirations de la société.
Il ne faut donc pas opposer planification et action concrète des
députés ou des ministères ou des ministres ou des offices
ou des régies mais, au contraire, les voir comme des parties qui
s'articulent ensemble et qui, chacun faisant bien son métier, les vaches
étant bien gardées, réussit finalement à
améliorer, à exhausser le niveau de la collectivité.
Je tenais à rétablir ces faits justement pour montrer que
la démagogie était absente de nos propos et que le but que nous
poursuivons n'est pas un but partisan mais simplement la recherche de meilleurs
moyens d'améliorer le niveau de vie aussi bien que les conditions de
développement et d'épanouissement des personnes.
Que ceci soit difficile dans le régime fédéral qui
est le nôtre, nous en avons indiqué les raisons, je crois, de la
façon la plus lucide et la plus froide que nous pouvions. Elles peuvent
être discutées, le ministre les a discutées, le
député de Chicoutimi aussi. Nous sommes prêts à
continuer à les discuter, mais je pense qu'il est beaucoup mieux de les
tenir à ce niveau que de les ravaler, de les rabattre à un niveau
où je me sens très mal à l'aise pour discuter parce que ce
n'est pas mon habitude.
Dans ce domaine, il reste à savoir si, comme certains le disent,
il serait difficile de renégocier après que nous nous serons
séparés. Je ne crois pas, dans la mesure justement où il
n'y aura pas eu de ces querelles d'Indiens qui ne finissent plus ou de ces
vendettas corses qui n'ont aucune fin. Et je ne sache pas que dans tous les
écrits que nous avons publiés, dans tous les discours que nous
avons faits, nous ayons pris à partie, d'une façon vicieuse, les
grandes entreprises étrangères, qu'elles soient du Canada ou des
Etats-Unis. Nous avons simplement marqué les limites du rôle
qu'elles ont joué au Québec. Nous avons marqué les
inconvénients qu'elles pouvaient avoir pour nous. Nous avons
manifesté, également, notre intention de limiter certains des
privilèges que nous considérons abusifs qui ont été
les leurs jusqu'ici mais, au contraire, nous n'avons jamais voulu dire que nous
refusions de nous associer avec elles. Nous avons voulu simplement
établir...
M. LEVESQUE: Les nègres blancs d'Amérique.
M. LAURIN: Cela n'a rien à voir avec la thèse que nous
défendons. Absolument pas.
M. TETLEY: Il est membre de votre parti.
M. LAURIN: Au contraire, nous sommes beaucoup trop conscients des
limites d'une action économique dans l'hémisphère
nord-
américain pour nous faire des ennemis à loisir ou à
plaisir. Au contraire, nous considérons ces entreprises qui existent
chez nous au Québec comme des associés en puissance, mais nous
demandons simplement que les règles du jeu soient
modifiées...
M. HARVEY (Jonquière): Nous nous apercevons... que vous prenez
n'importe quoi.
M. LAURIN: Nous pensons que ces règles du jeu peuvent être
modifiées d'une façon suffisante pour que ces entreprises
continuent à avoir un certain intérêt à demeurer
chez nous...
M. HARVEY (Jonquière): Vous n'avez pas d'ennemis.
M. LAURIN: ... puisqu'elles continueront à y faire des profits
comme elles ont toujours continué de faire des profits au cours des
années où elles ont eu une hégémonie presque
complète.
M. HARVEY (Jonquière): C'est le comble de l'hypocrisie!
M. LAURIN: Nous pensons donc simplement, M. le Président, que
dans un climat de confiance qui peut parfaitement être maintenu, mais une
confiance telle qu'elle existe entre des partenaires qui se respectent et dont
les besoins sont reconnus l'un par l'autre, il est possible de changer les
règles du jeu sans tout fracasser, sans tout jeter par terre et de
façon que nous arrivions quand même à des résultats
bien meilleurs que ceux que nous possédons actuellement.
Après cette mise au point, M. le Président, je me contente
d'écouter.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne voudrais pas
reprendre l'entier du débat, bien que je partage un certain nombre de
points qui ont été mis de l'avant par les députés
de l'Opposition.
M. LEVESQUE: Non, pas tous les députés de l'Opposition,
précisons.
M. MASSE (Montcalm): J'ai dit un certain nombre de points dans
l'ensemble des députés de l'Opposition. Si on veut que je donne
la liste des points, on va recommencer tout le débat.
M. HARVEY (Jonquière): Appuyez le discours du
député de Bourget.
M. LEVESQUE : Vous avez discuté en mangeant avec vos amis du
Parti québécois toute...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je m'excuse, je n'ai pas eu
"l'honneur" de dîner avec les membres du Parti
québécois.
UNE VOIX: Pour eux l'honneur ou pour vous?
M. MASSE (Montcalm): Bien, je ne le sais pas, je mets honneur entre
guillements.
M. JORON: Mais nous avons eu l'honneur de lui offrir le digestif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, c'est un pot-de-vin!
M. MASSE (Montcalm): Ceci étant dit, M. le Président,
j'aimerais quand même attirer l'attention de la commission sur un certain
nombre de points dans les difficultés d'existence de l'Office de
planification. Dans tout système fédéraliste, quel qu'il
soit, que ce soit en Suisse, en Belgique, au Canada ou ailleurs, la
planification du développement est de toute façon difficile et je
pense que le gouvernement devrait reconnaf-tre au moins ce point-là. Il
n'y a pas, à ma connaissance, de système
fédéraliste actuellement au monde où on a trouvé
des mécanismes de planification avec des institutions de
différents paliers qui possèdent des pouvoirs importants. Et
coordonner ça de façon parfaite est difficile à
réaliser. J'espère qu'on le réalisera, mais il faut au
moins accepter au départ que c'est une tentative ardue. Mais ce n'est
pas cette discussion que je voudrais soulever, ce sont deux autres points.
Tenter d'instaurer un organisme de planification dans une administration
qui a déjà ses traditions, c'est, au départ, un
défi. Les ministères sectoriels du Québec, habitués
à se voir responsables de l'application des lois, habitués
à rédiger eux-mêmes leur budget, habitués à
certaines formes de travail, habitués à appliquer eux-mêmes
ou à exécuter eux-mêmes, dans leur domaine sectoriel, les
politiques de leur ministère, regrouper tout ce monde-là, les
habituer à travailler ensemble, briser ce qu'on appelle l'autonomie
administrative traditionnelle, c'est déjà, au départ, un
défi important.
Et c'est à cause de cette difficulté que la loi portant
création de l'Office de planification et de développement a
institué le comité interministériel qui se devait de
regrouper les hauts fonctionnaires, les sous-ministres, ou leurs sous-ministres
adjoints, pour habituer les gens à travailler autour de thèmes de
développement et non pas uniquement autour de politiques sectorielles.
Et j'espère que, depuis deux ans, dans ce domaine-là, l'Office de
planification et de développement a réussi à changer une
certaine mentalité d'administration du Québec par l'application
de plans dans le domaine régional et également dans la
définition de thèmes au niveau de l'administration du
Québec.
Egalement, pour ce qui est des régions,
l'élaboration d'un plan, d'une politique de développement
remet en cause le leadership traditionnel et ça, c'est la
difficulté des CRD et c'est également la difficulté de
l'Office de planification. Traditionnellement dans la région, que ce
soit le député, que ce soit le conseil municipal, que ce soient
les organismes d'administration, CEGEP, commissions scolaires ou autres ont
été habitués, comme les ministères à
Québec, à appliquer dans leur domaine des politiques sans
égard aux politiques des autres secteurs public ou parapublic dans leur
région.
Le leadership, difficile pour le CRD, est également sur le plan
régional un défi important. J'espère que le gouvernement
apporte tout l'appui voulu pour non pas briser le leadership tradionnel sur le
plan local, mais faire accepter un nouveau type de leadership, un nouveau type
de concertation autour des conseils régionaux de développement.
Une des difficultés également dans l'élaboration d'un plan
pour le Québec, et je la prends uniquement sur le plan administratif
parce que je ne veux pas relancer la discussion qui a eu lieu dans les heures
qui ont précédé, c'est que l'ensemble de ces
difficultés fait que, somme toute, les programmes ou les plans mis de
l'avant par l'Office de planification deviennent soit des objets de rattrapage
pour des régions ou des actions interministérielles.
Je ne dis pas que cela n'est pas bon, mais il ne faut pas se leurrer et
faire croire à la population autre chose que la réalité.
Pour ma part, l'action administrative de l'Office de planification, c'est dans
les régions, soit en Gaspésie, au Lac-Saint-Jean, en Abitibi,
oeuvre de rattrapage dans des domaines sectoriels en vue de permettre à
une région de rejoindre le développement de l'ensemble du
Québec. Mais ce n'est pas du tout un Office de planification et de
développement pour l'ensemble du Québec. C'est uniquement une
oeuvre de rattrapage.
Le danger qui menace actuellement l'Office de planification et de
développement, c'est de devenir une couverture pour les actions du
fédéral dans des domaines de juridiction provinciale. Depuis le
début, que ce soit le programme de zones spéciales, que ce soit
le programme d'ARDA, que ce soit le programme de l'ODEQ ou que ce soient
d'autres programmes, si on fait l'analyse des crédits on le fera
tout à l'heure on remarque que ç'a été pour
le gouvernement fédéral une façon de s'immiscer dans les
juridictions provinciales sous couverture d'ententes et sous couverture de
plans ou de programmes au niveau régional. C'est dangereux,
ça.
Certes, il est difficile de refuser les millions que met le gouvernement
fédéral sur la table pour la réalisation d'une route en
Gaspésie, pour permettre une concertation plus grande des
coopératives de lait, pour permettre l'établissement d'un quai en
eau profonde, pour permettre l'établissement d'un réseau d'aque-
ducs et d'égouts dans telle grande municipalité à
l'intérieur d'une zone spéciale, etc., etc.
Mais si on fait la liste de l'ensemble de ces actions, on remarquera
que, dans au moins 90 p.c. des cas, c'est nettement de juridiction provinciale
et cela reporte tout le problème. Vaut-il mieux s'entendre avec le
gouvernement fédéral sur une forme de péréquation
ou, comme en avait parlé le premier ministre au début de son
mandat, une caisse d'aide conjonturelle ou une forme semblable? Je
préfère personnellement un type de ce genre plutôt qu'une
couverture qui permet au gouvernement fédéral d'amener les
municipalités, les citoyens à accepter une dépendance du
gouvernement fédéral plutôt que de remettre en cause des
structures politiques et juridictionnelles qui sont les nôtres
actuellement.
Dans ce domaine, je pense que l'Office de planification ne réagit
pas avec suffisamment de vigueur, devient tout simplement un instrument amorphe
qui applique des ententes et, dans ce sens-là, je pense que la chose
doit être soulevée.
Je crois également qu'il y aurait et je termine
là-dessus à souligner qu'un des défauts de l'Office
de planification et de développement, c'est de s'intéresser
presque a priori et je dirais presque uniquement des zones excentriques du
Québec au point de vue territorial. Il n'y aura jamais de
véritable politique de planification et de développement tant et
aussi longtemps que le coeur économique du Québec, soit la grande
région de Montréal, ne sera pas inclus dans une programmation de
planification et de développement.
Lorsque l'office a agi dans la région de Montréal, cela a
été encore une fois à l'intérieur d'un programme
particulier, d'un programme mis de l'avant par le gouvernement
fédéral, qui est l'implantation d'un aéroport dans la
région de Sainte-Scholastique. Partant de là, on a tenté
d'étendre le territoire et d'entrer là-dedans. Je vois que le
gouvernement tente de réagir par une carte administrative. Mais entre
une carte administrative, entre la nomination d'un ministre
délégué pour un territoire aussi immense que celui qu'on
appelle la région nord qui groupe toute l'Estrie, toute la région
de Montréal et presque la moitié du territoire du Québec
en prenant tout l'ouest, c'est faire fi de l'existence du noeud
Montréal, qui comporte, avec sa banlieue, près de trois millions
de population et où sont centrées la majorité des actions
économiques du Québec. Dans ce domaine il serait important que
l'Office de planification désigne une équipe de fonctionnaires
pour, rapidement, reprendre en main l'orientation du développement de la
région de Montréal. Autrement c'est être irréaliste
que de vouloir aménager ou développer l'ensemble du Québec
en oubliant de lier à ce développement la région, le coeur
économique, le moteur économique qui est la région de
Montréal.
Voilà les quelques remarques que je voulais formuler. Evidemment
on aurait pu traiter
d'autres points. Mais ces points ont été traités
par d'autres orateurs ou on aura l'occasion d'y revenir à l'étude
des crédits, secteur par secteur.
M. LEVESQUE: M. le Président, je ne veux pas prolonger cette
discussion générale. Le député qui vient de parler,
d'ailleurs, avait des points, à mon sens, très
intéressants. Je vois qu'il a eu une expérience dans le
même domaine, il n'y a pas très longtemps. Il a dû
également se rendre compte que c'est plus facile, autour d'une table de
l'étude des crédits, de réaliser tous nos objectifs que
dans la réalité quotidienne. Je vois qu'il a été
plus prudent que ses camarades.
M. MASSE (Montcalm): Je ne voudrais pas que le ministre profite de ce
que j'ai dit pour contredire d'autres orateurs.
M. LEVESQUE : Non, ce n'est pas cela. Loin de moi d'utiliser le
témoignage du député de Montcalm pour contredire les
témoignages des députés de Bourget et de Gouin. Il serait
peut-être possible de contredire le député de Montcalm en
le citant lui-même. Voici ce qu'il disait à la Chambre de commerce
de Montréal, le 11 novembre 1969.
M. MASSE (Montcalm): Vous avez des citations pour m'apporter des
explications.
M. LEVESQUE: Non, c'est simplement pour lui rafrafchir la
mémoire.
M. MASSE (Montcalm): Je dois dire que c'était en pleine
période de négociation des hôpitaux.
M. LEVESQUE: "La planification, dans un cadre gouvernemental, est
placée dans l'alternative suivante: Ou bien elle opère en vase
clos, dans le cadre d'un organisme comme l'OPDQ autrefois le Conseil
d'orientation économique du Québec et se donne pour
mission d'élaborer des plans abstraits, théoriques,
dégagés sans doute des aléas d'administration courante
mais sans impact sur l'évaluation réelle des choses, ou bien elle
accepte la tâche plus difficile et peut-être moins satisfaisante
pour l'esprit de s'insérer au coeur de l'action pour y introduire le
maximum de cohérence conciliable avec les impératifs du
quotidien. Dans ce cas, elle ne saurait se faire sans la participation directe,
organique et constante des aministrations ministérielles" Fin de la
citation et fin de mon intervention.
M. MASSE (Montcalm): Je voudrais dire, M. le Président, que je ne
me suis pas contredit, que je n'ai pas changé entre ce que je viens de
dire et ce qu'a dit le ministre, il y a deux ans. Je n'ai pas changé de
politique, en passant du pouvoir à l'Opposition. Je voudrais insister
également sur...
M. LEVESQUE: Non, mais il y a de petites nuances que je voulais
simplement souligner.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je n'ai l'intention ni de relancer le débat ni de tomber
dans le même piège que le député de Bonaventure, le
député de Chicoutimi et même le député de
Notre-Dame-de-Grâce, le piège est très bien tendu
d'ailleurs par les membres du Parti québécois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous appelez ça un siège, vous,
une astuce aussi grossière.
UNE VOIX: Vous n'avez jamais fait la chasse à l'ours.
M. GUAY : Je pense bien que les membres de cette commission ont
détourné pas mal l'objet de cette commission. Bien sûr, le
député de Beauce a dû s'absenter pour une raison majeure.
J'ai ainsi assisté aux propos qui ont été tenus à
la commission et on a détourné la raison d'être de cette
commission. Au lieu de discuter à quoi vont servir les $130 millions
consentis à la bonne marche de l'OPDQ, on a pratiquement toujours
parlé de thèses et d'antithèses séparatistes.
Pour ma part, je suis intéressé â savoir ce que va
réaliser ou ce qu'a déjà réalisé ou ce que
pourra réaliser concrètement dans l'avenir l'Office de
développement et de planification du Québec. C'est à cela
que je m'intéresse. Je suis intéressé également
à savoir ce qui pourrait être fait pour assurer le
mieux-être des citoyens de ma région. Je fais partie d'une
région nettement défavorisée et j'aimerais bien
connaître le programme tracé à l'OPDQ pour les
années à venir en ce qui concerne les réalisations
concrètes. En ce qui concerne les thèses, les antithèses
qu'on pourra discuter aux commissions, je pense que ça pourrait se faire
assez facilement à l'extérieur de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jonquière avait
quelques mots à dire.
M. HARVEY (Jonquière): J'avais une question à poser au
député de Bourget. Je voulais savoir, lorsqu'il se
référait à la déclaration du ministre des Finances,
s'il se référait à la déclaration qu'il avait faite
à Roberval, à l'occasion d'un congrès parlant du
rôle des CRD et non du rôle de l'OPDQ.
M. LAURIN:Non.
M. HARVEY (Jonquière): Ce n'était pas cela.
M. LAURIN: Je ne me référais pas à une
déclaration faite à Jonquière.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député de
Bourget aurait objection à me dire à quelle déclaration et
à quel moment?
M. LAURIN: A des déclarations qu'il a faites lorsqu'il a
défendu la loi du Conseil du trésor, la Loi de l'administration
financière du Québec, en deuxième lecture.
M. HARVEY (Jonquière): Je vous remercie de m'avoir donné
l'information, je me référerai au texte de ces
déclarations.
M. LE PRESIDENT: Un bref commentaire.
M. JORON: Oui, M. le Président. Je veux vous assurer que nous
sommes disposés à adopter des crédits de l'OPDQ, pour la
raison suivante, très brièvement, en deux minutes, je vais vous
dire pourquoi. Parce que nous sommes conscients, comme le député
de Chicoutimi l'a signalé, qu'il y a les nécessités du
primo vivere, d'accord. On n'a jamais remis ça en cause. On ne vous a
jamais dit non plus qu'on n'était pas disposé à voter les
crédits de l'OPDQ. Bien entendu, dans l'intervalle, en attendant de
pouvoir faire plus, on est disposé bien évidemment à
accepter ces crédits. Pour reprendre aussi le schème du
député de Chicoutimi, très brièvement, je vous
assure que je ne veux pas faire rebondir le débat, il nous a
exposé l'oeuvre de planification dans ce premier temps, dans l'optique
du primo vivere, ça, ce n'est pas de la planification, c'est de
l'administration au jour le jour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait partie d'une planification.
M. JORON : Planification implique par définition un plan, un
schème de développement pour ce qui va venir demain, la
préparation de l'avenir. C'est là où il a parlé
d'architecture. C'est tout le sens de la proposition que nous avons faite tout
à l'heure.
Cette constuction du demain implique évidemment la possession
d'un certain nombre d'outils.
C'est ce que nous avons réclamé, c'est ce que nous
réclamons. J'ai tenté de l'illustrer en montrant quels
étaient les outils que procurait l'indépendance. Là, je ne
voudrais pas que le ministre responsable de l'OPDQ interprète ceci comme
étant la promotion d'une politique partisane. L'indépendance, le
Parti Québécois n'a jamais eu la prétention de dire que
cela lui appartenait. Cette notion, cette option constitutionnelle, appartient
aux Québécois.
Il est libre à tous les partis politiques du Québec de
s'en prévaloir. On n'a jamais prétendu que c'était notre
chasse gardée; bien au contraire. Si nous voulons ces outils, ce n'est
pas pour les remettre en négociation après. Je me permets
très brièvement de relever quelques-uns des propos du ministre
des Affaires intergouvernementales. Il ne s'agit pas de renégocier,
après, la fiscalité qu'on aura acquise, la totalité de la
fiscalité qui aura été acquise ni la juridiction sur les
transports, ni celle sur l'énergie, ni celle sur ci ni celle sur
ça.
Cela ne se renégocie pas. Cela se prend parce que c'est un droit
qui appartient au peuple. Ce qui peut se négocier, dans la mesure
où nous acceptons bien évidemment que, faisant partie d'une
société internationale dans un état
d'interdépendance sur le continent nord-américain, ce sont des
choses que notre programme évoque, comme la monnaie par exemple, comme
les trucs douaniers ou tarifaires, l'association économique, un
marché commun.
Cette partie n'est qu'une partie mineure des attributs de la
souveraineté. Cela peut être remis en discussion par la suite. Il
ne s'agit pas d'acquérir quelque chose pour le remettre en discussion
tout de suite après. Ce n'est pas cela du tout. Ceux qui
interprètent ainsi la proposition du Parti Québécois, ou
bien ils ne l'ont pas comprise, ou bien ils sont malhonnêtes.
Nous proposons de remettre en renégociation un nombre très
limité et très précis de sujets qui correspondent à
l'interdépendance que nous acceptons. Cette proposition que nous faisons
d'une planification qui ne sera une véritable planification possible que
dès l'instant où le gouvernement du Québec aura les
attributs de la souveraineté, tous les attributs ou la majeure partie
des attributs de la souveraineté, ce n'est pas pour l'apparition d'un
paradis immédiat; on ne l'a jamais prétendu non plus.
C'est simplement pour rendre les Québécois, par leur
gouvernement, responsables de s'en donner un s'ils le veulent ou s'ils le
peuvent. Il s'agit tout simplement d'une question de devenir responsable. Mais
si, par la suite, les taux de chômage, les disparités
régionales, les fermetures d'usines, les taudis, le tiers des logements
de Montréal qui sont des taudis, si tout cela subsiste, la
responsabilité, on ne pourra plus la refiler à quelqu'un d'autre
à partir de ce moment.
Nous en serons responsables parce que c'est nous qui avions le pouvoir
de changer quelque chose et nous ne l'avons pas fait. Qu'on ne vienne pas nous
dire qu'on fait des promesses de paradis immédiat. Pas du tout. On fait
une promesse, un appel à la responsabilité; c'est tout.
M. LE PRESIDENT: Article 6, sous-article 1, catégorie 1:
Traitements, salaires et allocations.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre. Est-ce qu'il pourrait nous expliquer pourquoi il n'y a pas eu de
rapport de l'OPDQ cette année?
M. LEVESQUE: Si on se réfère au rapport 69/70 ce n'est pas
une justification mais une explication qui est peut-être valable. Le
rap-
port, à la suite de la première année, était
pour plus qu'une année. Si on se réfère au rapport, il a
été fait en février 1971 pour 1969 et une partie de 1970.
Nous avions le choix d'avoir quelque chose de très court. Nous avons
fait les deux années ensemble; le reste de l'année avec
l'année qui se termine le 31 mars 1972. D'ici peu, nous allons produire
le rapport complet du reste de l'année avec l'année
complète. Notre rapport sera beaucoup plus récent que les
rapports ordinaires des autres ministères qui arrivent quelquefois. Je
trouve que, quand cela arrive, ce n'est pas du nouveau. C'est une
expérience qui a été soulignée souvent. Au cours
des deux ou trois prochains mois, on va avoir le rapport jusqu'au 31 mars
1972.
Alors, on avait un choix à faire, soit d'avoir un petit rapport
mais qui finissait l'année précédente et ensuite attendre
peut-être à l'an prochain pour avoir le rapport se terminant le 31
mars 1972. Je croyais pouvoir l'avoir avant l'étude des crédits,
mais le 31 mars c'est assez récent.
M. LAURIN: Donc, pour l'étude des prochains crédits, nous
pourrons nous référer à deux rapports.
M. LEVESQUE: Inclus dans un seul. Cela ne sert à rien de
multiplier les dépenses, mais cela va se rendre au 31 mars 1972. Par la
suite, nous essaierons d'avoir le rapport le plus rapidement possible
après la fin de l'exercice financier.
M. LAURIN: Donc, l'an prochain, aux crédits, nous ne pourrons
disposer que du rapport que vous avez l'intention de publier.
M. LEVESQUE: Oui, celui du 31 mars 1972. Cela dépend de
l'époque où l'étude des crédits aura lieu l'an
prochain. Il est possible que nous ayons celui du 31 mars 1973. Mais je ne dis
pas que c'est sûr.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. LAURIN: J'avais d'autres questions à ce sujet, M. le
Président.
Est-ce que vous pouvez nous donner le nombre de réunions qu'a
tenues la commission interministérielle de planification?
M. LEVESQUE: 47 réunions.
M. LAURIN: Le nombre de réunions qu'a tenues l'atelier des
directeurs généraux de planification?
M. LEVESQUE: Il a été remplacé par des
comités de fonctionnaires ad hoc du fait qu'on a trouvé que cette
méthode était plus efficace que la précédente.
M. LAURIN: On disait pourtant dans le rapport l'an dernier que le
rôle de l'atelier des directeurs de planification était une
pièce maîtresse du système, que c'est à eux que
revenait le rôle de préparer les schémas
d'aménagement?
M. LEVESQUE: Je dois dire que depuis que je suis arrivé à
l'office, c'est comme cela qu'on procède. Je vais me renseigner. Cela a
l'air bien technique, si vous voulez le dire...
M. LAURIN: Oui, un peu... M. Tremblay peut le dire.
M. LEVESQUE: Il y a eu des mutations dans les équipes de
planification des ministères. Une partie de ces équipes sont
devenues des équipes PPBS. A ce moment-là, c'était
difficile de réunir l'ensemble des ateliers de planification, ce qu'on
appelle l'atelier, parce que ça regroupait 18 fonctionnaires. Il nous a
semblé préférable d'utiliser les groupes de fonctionnaires
interministériels, mais ad hoc, sur des dossiers.
M. LAURIN: Et ceux qui s'occupaient du PPBS sont passés au
ministre des Finances?
M. LEVESQUE: Non, ils sont demeurés comme équipe de
soutien dans chacun des ministères, pour travailler en étroite
relation avec le groupe PPBS du secrétariat du Trésor.
M. LAURIN: Combien de réunions a tenues le conseil de
planification et de développement?
M. LEVESQUE: Six réunions.
M. LAURIN: Et ils ont été capables de remettre un dossier
après ces six réunions?
M. LEVESQUE: Oui, ils ont remis un dossier sur les objectifs. C'est ce
que vous voulez dire?
M. LAURIN: Oui.
M. LEVESQUE: Et ils ont remis un autre dossier sur la région au
nord de Montréal.
M. LAURIN: Un dossier sur les objectifs généraux de la
planification, du développement?
M. LEVESQUE: En effet.
M. LAURIN: Est-ce que nous pouvons avoir cela ne sera pas pour la
commission mais pour plus tard la date des réunions des divers
organismes dont nous parlions tout à l'heure?
M. LEVESQUE: Pas d'objection.
M. LAURIN: D'accord, parfait. Est-ce qu'on a continué la
politique d'essayer de regrouper les CRD? Nous disions tout à l'heure
que, dans
certaines régions, les associations du Parti
québécois ont pu dénoncer certaines politiques des CRD,
mais il reste aussi qu'un ministre du gouvernement avait également
dénoncé l'activité des CRD disant que cela n'était
pas toujours axé sur les...
M. LEVESQUE: Il y a une dizaine de CRD, onze, je pense, ainsi qu'une
fédération qui s'appelle les CRDAQ, ce sont les CRD
associés du Québec. J'ai rencontré plusieurs de ces CRD
depuis les trois mois que je suis là. Je ne sais pas ce que...
M. LAURIN : Est-ce qu'il y a un changement dans la politique de
regroupement des CRD? Est-ce que l'office a émis des directives?
M. LEVESQUE: Non, il y a normalement un CRD par région
administrative.
M. LAURIN: Est-ce que l'on a émis de nouvelles directives
à l'adresse des CRD en retour des subventions qu'on leur donne?
M. LEVESQUE: C'est-à-dire qu'il y a des critères pour
être accrédité et ces critères sont disponibles, ils
sont publics. Ces CRD ont été accrédités et doivent
donner un rapport annuel sur leurs activités. Nous versons une
subvention à chacun de ces CRD.
M. LAURIN: Une fois que les résultats de l'action des CRD ont
été repris par les missions et que les résultats des
missions se sont traduits en programmes, est-ce que les CRD continuent d'avoir
un rôle effectif?
M. LEVESQUE: Un rôle effectif?
M. LAURIN: Est-ce qu'ils continuent à travailler sur d'autres
objectifs? Est-ce que l'office contribue à élaborer avec eux les
objectifs? Est-ce que l'office leur donne en somme les indications sur le
travail à effectuer?
M. LEVESQUE: Oui. Et d'ailleurs, ils ont avec eux des permanents qui
travaillent de très près avec l'OPDQ.
M. LAURIN: Evidemment, il n'y a pas beaucoup de possibilité de
savoir quelles sont les grandes lignes de ce rapport qu'a remis le conseil
général de planification et de développement sur les
objectifs?
M. LEVESQUE: Il nous a été soumis et nous avons eu des
réunions depuis avec des représentants du conseil de
planification sur ces objectifs. Nous étudions présentement le
document en comité restreint et il est possible d'accepter les objectifs
tels quels. Il serait peut-être valable d'en faire le tour et de bien
cerner si, dans ces objectifs, il n'y a pas des éléments
contradictoires. C'est en voyant les moyens, les modalités pour
réaliser ces objectifs que l'on peut voir le mieux si on peut accepter
l'ensemble des objectifs. Chacun des objectifs, sans doute. Je n'ai pas de
secret. Il y a 35 membres au conseil de planification qui représentent
les CRD, les groupes socio-économiques, le patronat et les
syndicats.
Tout ce monde est au courant de ce document.
M. LAURIN: Les nouvelles nous apprenaient aujourd'hui que le
gouvernement fédéral avait décidé de prolonger la
durée d'existence des zones spéciales...
M. LEVESQUE: Des zones désignées. M. LAURIN: ... des zones
désignées... M. LEVESQUE: Il y a une différence.
M. LAURIN: ... certaines jusqu'en septembre et d'autres jusqu'en
décembre. Est-ce que cette décision du fédéral fait
suite à des propositions soumises par le gouvernement du Québec
ou si c'est de motu proprio qu'ils ont décidé de prolonger
ainsi?
M. LEVESQUE: Si je suis bien informé, il s'agit de
désignations reliées à des subventions dans le domaine
industriel. Dans ce cas, le ministère de l'Industrie et du Commerce
serait l'interlocuteur.
M. LAURIN: Est-ce que votre ministère ou l'office ont un
rôle à jouer dans le choix de nouvelles zones spéciales. On
parle de...
M. LEVESQUE: Oui, je l'ai annoncé d'ailleurs. Lorsque nous avons
prolongé l'entente, pour un an, nous avons convenu de faire une
étude conjointe sur les zones spéciales et sur
l'opportunité de faire certaines modifications.
M. LAURIN: On remarque, en tout cas, qu'à part la zone du BAEQ,
presque toutes les zones spéciales sont situées sur la rive nord
du Saint-Laurent alors qu'on entend souvent des plaintes des régions qui
ont été oubliées si on peut employer cette
expression et en particulier l'Estrie, et que leurs besoins sont aussi
urgents et aigus.
M. LEVESQUE: Toute planification indique des arbitrages.
M. LAURIN: Pardon?
M. LEVESQUE: Toute planification suppose des arbitrages.
M. LAURIN : Oui, évidemment. Mais est-ce que des
représentations ont été faites?
M. LEVESQUE: Des missions n'ont pas été
complétées dans toutes les régions. Nous en avons
une, dans l'Estrie, qui est complétée. Elle se termine
présentement. Alors, il est possible que, du côté du
Saint-Laurent, nous ayons à jeter un coup d'oeil pour voir s'il n'y
aurait pas lieu d'affecter certaines sommes, à l'intérieur des
zones spéciales, à d'autres régions.
M. LAURIN: Donc, c'est l'intention de l'office et de votre
ministère de faire des représentations auprès du
fédéral pour que le nombre des zones spéciales soit
peut-être augmenté et couvre...
M. LEVESQUE: Peut-être augmenté, peut-être
modifié. Tout ça fait partie du comité mixte qui
étudie ça présentement.
M. LAURIN: D'accord!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce que le gouvernement
a l'intention de nommer sous peu un nouveau directeur général de
l'Office de planification et de développement?
M. LEVESQUE: Nous avons un président directeur
général, M. Arthur Tremblay. Il est toujours en fonction. Je n'ai
pas relevé... Je pense que c'est le député de Bourget qui
mentionnait ça dans ses remarques.
M. MASSE (Montcalm): Oui, étant donné qu'il est encore
sous-ministre aux Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: Il cumule les deux fonctions, comme le ministre.
M. MASSE (Montcalm): Oui, comme le ministre. Etant donné,
justement, comme le ministre, est-ce que le ministre a l'intention d'avoir deux
directeurs généraux, un comme sous-ministre aux Affaires
intergouvemementales et en nommer bientôt un pour l'Office de
planification?
M. LEVESQUE: Pas pour le moment. Actuellement le sous-ministre des
Affaires intergouvernementales et le président directeur
général de l'office sont la même personne.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, dans les organismes ou les
moyens de planification, il y a évidemment la statistique. Depuis
longtemps, il y a une discussion concernant l'idée de rattacher le
Bureau de la statistique à l'Office de planification, servant ainsi
à l'ensemble des ministères.
On ne le rattacherait pas, comme il l'est actuellement, uniquement
à l'Industrie et Commerce. Est-ce que le gouvernement a l'intention de
poser un geste dans ce sens-là?
M. LEVESQUE: Le Bureau de la statistique est au ministère de
l'Industrie et du Commerce et je n'ai posé aucun geste pour l'amener
à l'office.
M. MASSE (Montcalm): Mais le ministre ne croit pas qu'il y aurait des
avantages à ce que le Bureau de la statistique soit rattaché
à...
M. LEVESQUE: Il faudrait peut-être le préciser dans les
études PPBS qui se font présentement. Il y a peut-être des
morceaux de part et d'autre qui pourraient être affectés à
l'un ou l'autre des ministères mais, quant à moi, je n'ai fait
aucune pression et je n'en fais pas pour prendre le Bureau de la
statistique.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce qu'en plus du
conseil de planification, il y a la commission interministérielle? Vous
avez donné tout à l'heure le nombre de réunions qu'a
tenues la commission interministérielle. Est-ce que le ministre peut
nous faire part des thèmes ou des types de problèmes ou de
dossiers étudiés par la commission interministérielle?
M. LEVESQUE: La commission interministérielle, vous voulez dire
le CIPD? La conférence des sous-ministres?
M. MASSE (Montcalm): Oui.
M. LEVESQUE: Justement l'étude sur les objectifs a
été référée au CIPD mais cette
conférence est utilisée non pas seulement par l'office mais de
plus en plus par d'autres ministères. Le Conseil du trésor, par
exemple, profite du fait qu'il y a une conférence des sous-ministres, le
ministère des Finances l'a fait alors qu'on veut s'adresser à
l'ensemble des sous-ministres, la Fonction publique l'a fait également.
Alors il y a eu plusieurs réunions qui n'étaient pas
nécessairement de l'initiative de l'office mais on a profité du
fait de l'institution de cet organisme pour pouvoir les consulter à
l'occasion.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre a senti qu'à la suite
de l'existence de cette commission, il y a eu des changements de
mentalité ou de pratique dans les ministères? Est-ce que cela a
permis de façon concrète, plus de cohésion dans
l'application ou l'élaboration des politiques?
M. LEVESQUE: C'est ce que nous recherchons continuellement et je crois
que cette réunion des sous-ministres, dans cette conférence, est
extrêmement profitable et fructueuse et sert à décloisonner
de plus en plus les ministères. On a souffert de ça dans le
passé et ceux qui ont eu à occuper des postes d'administration
ont sans doute eu cette impression mais je crois que l'office apporte sa
contribution au décloisonnement des ministères et à une
meilleure compréhension réciproque.
M. MASSE (Montcalm): Dans cette idée de plus grande
cohésion dans le développement, est-ce que le ministre a mis sur
pied ou aurait l'intention de mettre sur pied une commission qui grouperait les
responsables du développement au sein du gouvernement du Québec
et les responsables de grandes entreprises privées, que ce soit Bell
Canada, que ce soient des grandes entreprises de développement de cet
ordre-là, les installations portuaires qui relèvent du
gouvernement fédéral et des choses semblables, est-ce qu'il y
aurait objet ou est-ce que des réunions de concertation existent
déjà?
M. LEVESQUE: Au conseil de planification, nous avons cette
réunion de gens, des chefs d'entreprise, soit par le Conseil du
patronat, soit par le Conseil général de l'industrie, soit par le
Centre des dirigeants d'entreprise, ils sont tous présents. On ne veut
pas non plus de "structurite".
M. MASSE (Montcalm): Je suis bien d'accord sur la "structurite", mais ce
n'est pas le même type de discussions qu'il peut y avoir au conseil de
planification avec des représentants du patronat comme
représentants du patronat et ce type d'équipe dont je parle,
à l'occasion de développements, que ce soit en Gaspésie,
au Lac-Saint-Jean, ou dans le Nord-Ouest, à l'effet de regrouper les
grandes entreprises de développement de ces régions.
M. LEVESQUE: On les retrouve dans les CRD.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais encore là, ce n'est pas le
même genre d'équipe de travail où on est regroupé
dans un CRD pour discuter des principes généraux du
développement, la portée générale du
développement dans une région puis l'action concrète, les
interactions qu'il y a entre ces grandes entreprises et l'organisme du
gouvernement ou les ministères dans le développement de cette
région.
M. LEVESQUE: Enfin, nous notons votre suggestion.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. On a vu, dans le débat de
portée générale tout à l'heure, la
difficulté qu'il y a dans un fédéralisme à cause
des juridictions qu'il y a entre les niveaux de gouvernement, de pallier ces
difficultés. Est-ce que le ministre a mis sur pied ou aurait l'intention
de mettre sur pied un comité de liaison entre l'Office de planification
et les organismes du gouvernement central qui agissent dans l'exercice de leur
juridiction, qui agissent sur le développement du Québec?
M. LEVESQUE: Il y a des comités de liaison pour la mise à
exécution du plan de l'Est du Québec.
M. MASSE (Montcalm): Un comité de liaison à
l'intérieur de l'entente mais je parle...
M. LEVESQUE: Il y a la même chose dans les zones spéciales,
la même chose pour l'ARDA, la même chose pour des programmes de
développement. On peut le dire, pour l'ensemble du Québec. C'est
surtout du côté fédéral, du côté du
ministère de l'Expansion économique régionale. Nous avons
des rapports hebdomadaires entre les hauts fonctionnaires de l'un et l'autre
des organismes.
M. MASSE (Montcalm): Le gouvernement fédéral agit sur le
développement du Québec par ses ministères et par ses
organismes parapublics, comme les installations portuaires ou les compagnies de
chemin de fer ou les lignes d'avions. Pas uniquement dans les endroits
où il y a des zones spéciales ou des endroits où il y a
déjà des ententes mais sur l'ensemble du territoire. Il y aurait
intérêt à ce que, indépendamment des
problèmes politiques qui ont été soulevés tout
à l'heure, qu'il y ait de façon concrète et pratique une
relation entre l'Office de planification et l'action de ces ministères
sur notre territoire afin d'éviter des dédoublements,
éviter que leur action ne soit pas suivie d'une action
québécoise ou l'inverse.
M. LEVESQUE: Ils sont déjà tous là dans le
programme de développement. Si on veut l'avoir d'une façon plus
compréhensive, c'est peut-être cela que le député
veut dire. Je note sa suggestion.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre pourrait également
noter, puisqu'il note ce soir, le même type de problème avec les
grandes municipalités, que ce soit la municipalité de
Québec, que ce soit la municipalité de Montréal, les
grandes municipalités.
M. LEVESQUE: Le maire de Montréal et le maire de Québec
font partie du conseil de la planification. C'est justement dans le sens des
remarques du député. C'est justement pour atteindre tous ces gens
que nous avons créé le conseil de planification,
c'est-à-dire qu'il avait été créé par le
gouvernement précédent, mais nous l'avons modelé.
M. MASSE (Montcalm): Je vois une différence entre la
responsabilité ou l'objet du conseil de planification, qui est
d'étudier les orientations, les grandes politiques et l'action
concrète des administrations. Il est certain que le service urbain de la
ville de Montréal ou de la Communauté urbaine de Montréal
a une action concrète qui est différente de l'orientation du
maire.
M. LEVESQUE: C'est ce que nous faisons. Le ministre des Affaires
municipales vient de collaborer très étroitement à la mise
sur pied de
comités dans divers domaines au sein de la Communauté
urbaine de Montréal. En même temps, il y a des comités que
nous avons mis sur pied entre la Communauté urbaine de Montréal
et d'autres ministères gouvernementaux. C'est fait, cela s'est fait tout
récemment. Le fait d'avoir confié au ministre des Affaires
municipales ces régions, celles de Montréal de l'Outaouais et de
l'Estrie, particulièrement celle de Montréal, c'est justement
parce que le ministère des Affaires municipales étaient
déjà bien impliqué dans des comités de coordination
entre la communauté urbaine de Montréal, SATRA, l'aéroport
de Sainte-Scholastique, le ministère des Transports et la CTRM, enfin
l'ensemble de ces organismes.
Nous avons voulu faire un effort de rationalisation et de
cohérence en nommant le ministre des Affaires municipales, qui est
précisément en train de faire ce que suggère le
député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Quelles sont les relations ou les organismes de
liaison avec les secteurs, qui, dans les universités, sont responsables
de l'aménagement ou de la planification, soit les départements
d'urbanisme...
M. LEVESQUE: Il y a beaucoup de relations, si on prend
l'Université du Québec, si on prend l'INRS, si on prend le CRURE,
ce sont tous des organismes universitaires, à l'Université de
Montréal, à l'Université de Sherbrooke, qui travaillent
étroitement avec nous, à cette planification.
M. MASSE (Montcalm): Lorsqu'il y a au Lac-Saint-Jean ou dans l'Estrie
une mission sur le territoire...
M. LEVESQUE : Il y a des travaux qui ont été
confiés même aux universités, par exemple
l'Université de Sherbrooke.
M. MASSE (Montcalm): Je vous félicite.
M. LAURIN: J'aurais une autre question à poser. Dans le livre
blanc qu'il présentait au conseil des ministres, le ministre de
l'Agriculture recommandait que l'administration de la loi ARDA soit
confiée à nouveau au ministère de l'Agriculture. Est-ce
que cette proposition a été retenue par l'Office de planification
et votre ministère?
M. LEVESQUE: L'Office de planification et de développement va
continuer à administrer le plan ARDA jusqu'à une décision
contraire du conseil des ministres.
M. LAURIN: Donc, la proposition n'a pas été retenue.
M. LEVESQUE: C'est votre conclusion.
M. LAURIN: Lors de l'étude des crédits, l'an dernier, le
premier ministre, qui était à ce moment-là, le titulaire
de l'Office de planification et de développement du Québec, avait
dit que l'Office du plan coordonnerait le projet de la baie James. J'imagine
que cette idée a aussi été abandonnée, n'a pas
été retenue.
M. LEVESQUE: Je crois que l'an dernier, M. Bertrand qui avait
posé la question, en posant ces questions se demandait pourquoi l'Office
du plan ne s'occuperait pas de la coordination dans le domaine du
développement de la baie James et pourquoi avoir une autre loi. C'est
lui qui a posé la question et le premier ministre a répondu, on
n'a qu'à se référer au journal des Débats.
M. LAURIN: Non, il avait répondu que l'Office de planification et
de développement serait appelé à jouer un rôle de
coordination dans la réalisation du projet de développement de la
baie James.
M. LEVESQUE: D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles le
conseil des ministres a confié au ministre des Richesses naturelles la
responsabilité du développement des régions du Nord-Ouest
québécois et du Nouveau-Québec.
M. LAURIN: Donc, est-ce à dire que...
M. LEVESQUE: Mais ça ne remplace pas la Société de
développement de la baie James. Si on se réfère au journal
des Débats, l'an dernier, le premier ministre a très bien
répondu à ça. Si on veut se référer encore
aux débats qui ont eu lieu jusqu'au 14 juillet, la Saint-Robert ou la
prise de la Bastille. La Saint-Robert, c'est le 29 avril, et c'est la
fête du premier ministre, son anniversaire de naissance.
M. LAURIN: Est-ce à dire que l'OPDQ sera appelé à
nouer des relations organiques dans un avenir plus ou moins
éloigné avec la Société de développement de
la baie James pour la mise en valeur de ce territoire?
M. LEVESQUE: Il n'y a aucun doute qu'il y aura certainement une
collaboration entre les deux organismes.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous dire si les conférences
administratives régionales ont été créées
pour les deux nouveaux programmes qui seront mis en vigueur incessamment...
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que dans ces régions...
M. LAURIN: ... dans les régions du Nord-Ouest
québécois et du Lac-Saint-Jean-Saguenay?
M. LEVESQUE: Dans ces régions, il y a des directeurs
régionaux qui vont travailler de concert avec le
délégué adjoint qui sera affecté dans chacune des
régions administratives.
M. LAURIN: Donc, vous n'aurez pas le même dispositif que celui que
vous avez dans la zone de l'ODEQ?
M. LEVESQUE: Non, je l'ai d'ailleurs dit dans mes remarques
préliminaires. Il y a diverses formules selon les régions et
selon l'avancement des travaux.
M. LAURIN: Comme les deux formules ne s'excluaient pas, je voulais quand
même poser ma question au ministre...
M. LEVESQUE: Oui, d'accord.
M. LAURIN: ... si vous prévoyiez la création...
M. LEVESQUE: Pour le moment, c'est là que nous en sommes.
M. LAURIN: Je pourrais poser la question à vous et au ministre
qui a la responsabilité de l'ODEQ.
M. LEVESQUE: Je préférerais que toutes les questions de
l'ODEQ soient référées au Dr Quenneville.
M. LAURIN: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté? Catégories 3,
4, 5, 6, 7, 8, 10, 11.
UNE VOIX: Adopté.
M. MASSE (Montcalm): Catégorie 4, M. le Président,
services professionnels, est-ce qu'on peut avoir quelques renseignements
concernant cette catégorie de $259,000?
M. LEVESQUE: Quelle sorte de renseignements?
M. MASSE (Montcalm): Les programmes qui seront alloués à
l'extérieur.
M. LEVESQUE: Oui. Cela, c'est quoi?
M. MASSE (Montcalm): Article 6; sous-article 1 ; catégorie 4.
M. LEVESQUE: La ventilation est la suivante: Services contractuels:
$227,000. Assurance et indemnités: $20,000. Gardiennage et
sécurité: $10,000. Réception: $2,200. Cotisation des
associations et abonnements: $500. Pour un total de $259,700.
M. MASSE (Montcalm): L'article de $220,000, ma question portait surtout
là-dessus. Quels sont les services que vous retenez à
l'extérieur? Est-ce que vous retenez les services de l'Université
du Québec par exemple?
M. LEVESQUE: Cela en est justement.
M. MASSE (Montcalm): Oui; c'est ce que je voulais savoir.
M. LEVESQUE: D'ailleurs, on me fait remarquer qu'il y a ici les gens qui
sont engagés d'une façon contractuelle pour des fonctions
temporaires, pour des programmes qui sont de nature temporaire. Au lieu de
procéder à l'engagement, en permanence, d'un fonctionnaire
additionnel, on engage un contractuel pour les fins de l'étude ou de la
mission.
M. MASSE (Montcalm): Je suis parfaitement d'accord pour ce type de
politique, mais en dehors de ça, est-ce que vous retenez des services de
firmes extérieures? Je sais que vous retenez des services de
l'Université du Québec, mais est-ce qu'il y a également
des firmes extérieures?
M. LEVESQUE: La plupart se retrouvent à l'ODEQ. Quant à
nous, en général, l'OPDQ, ce ne sont pas des fonctionnaires mais
des individus dont j'ai la liste ici qui, de temps à autre, sont
engagés pour des travaux particuliers ou pour des missions
temporaires...
M. MASSE (Montcalm): D'accord. M. LEVESQUE: ... et des expertises.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: A la catégorie 10, M. le Président,
dépenses de transfert; est-ce que le ministre pourrait nous donner
quelques précisions là-dessus?
M. LEVESQUE: Il s'agit des subventions aux CRD des dix régions
administratives, sauf celle de l'Est du Québec, qui est dans le budget
de l'ODEQ. Tous les CRD reçoivent une subvention annuelle, c'est
l'ensemble de ces subventions annuelles, sauf pour l'ODEQ, que nous retrouvons
ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean avait
été de combien, la dernière fois?
M. LEVESQUE: $44,000.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cette année c'est
augmenté?
M. LEVESQUE: Nous avons décidé de payer
une première tranche à chacun des CRD en attendant leur
rapport annuel. S'il n'y a pas eu d'activités, par exemple, dans un CRD,
il faudrait voir à répartir autrement les sommes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. SAMSON: Est-ce que les sommes que vous donnez annuellement sont
toujours les mêmes?
M. LEVESQUE: Nous avons eu une année où nous avons fait la
répartition et nous avons dit aux CRD: Faites-nous un rapport annuel de
vos activités avant que nous renouvelions la subvention. Nous leur avons
envoyé une première tranche pour payer leurs permanents pour les
premiers deux ou trois mois mais nous avons dit, en gens responsables: Nous
paierons le solde lorsque vous nous aurez fait le rapport de vos
activités de l'an dernier. D'ailleurs, il y a une hypothèse qui
est retenue, c'est que, toutes les choses étant égales, nous
verserions 20 p.c. de plus cette année que l'an dernier. Mais ce n'est
pas nécessairement le cas de chacun des CRD. Si les CRD ont
réellement eu des activités, je ne le sais pas, il faut attendre
les rapports, et ces rapports commencent à entrer.
M. SAMSON: Quel est le montant versé au CRD
d'Abitibi-Témiscamingue, l'an dernier et cette année?
M. LEVESQUE: Ce n'est pas encore déterminé, pour les
raisons que j'ai mentionnées.
M. SAMSON: Je comprends, mais quelles sont les prévisions,
suivant votre expérience?
M. LEVESQUE: $52,500.
M. SAMSON: Ils ont travaillé fort.
M. LEVESQUE: Plus une commandite de $20,000 au député de
Rouyn-Noranda, pas au député mais à la question du
député de Rouyn-Noranda pour une commandite spéciale.
M. SAMSON: Oui, ça m'intéresse, la commandite
spéciale, c'est quoi?
M. LEVESQUE: C'est pour les paroisses marginales, le comité de
fonctionnement des paroisses marginales.
M. SAMSON : Est-ce que vous êtes au courant de la façon
dont ce comité a travaillé?
M. LEVESQUE: Cela a été donné au CRD pour qu'il
s'occupe de transiger avec ce comité.
M. SAMSON: Vous n'avez aucune espèce de contrôle sur ce qui
s'est fait?
M. LEVESQUE: C'est assez technique. Si le député veut
avoir des renseignements, je...
M. SAMSON: Je vais me contenter des renseignements que vous me donnez
mais peut-être qu'on pourrait demander si ces $20,000 vont se renouveler
ou si vous vous attendez à ce que ça se renouvelle?
M. LEVESQUE: Seulement à l'examen, il faudrait revoir ce qui
s'est fait, comme le député le demande â propos.
M. SAMSON: Est-ce qu'il a été convenu, avant que vous ne
versiez ces sommes, qu'elles seraient utilisées pour faire de
l'agitation sociale dans les paroisses marginales, comme cela se fait?
M. GUAY: Prime d'éloignement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Libération conditionnelle.
M. LEVESQUE: Je regarderai cela de plus près.
M. SAMSON: Vous ne connaissez pas tous vos gars. Il n'y a pas un
dénommé Dudomaine là-dedans? Est-ce que vous avez
exigé qu'il vous montre sa carte du FLQ avant de l'engager?
M. LEVESQUE: Cela regroupe 32 localités.
M. SAMSON: Je sais ce que cela regroupe et je sais aussi quel genre de
gars y travaillent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez les numéros de
matricule?
M. SAMSON: Du FLQ.
M. MASSE (Montcalm): Il faudrait référer les
renseignements au caucus libéral.
M. LEVESQUE: Justement, c'est une preuve que je vous donne. D'un
côté, je me fais reprocher de ne pas assez regarder et, de
l'autre, je regarde trop. Disons qu'entre les deux positions, je
tâcherai...
M. MASSE (Montcalm): De vous pencher du côté du caucus.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre accepterait de considérer la
possibilité d'évaluer cela...
M. LEVESQUE: Oui.
M. SAMSON: ... d'une façon plus sérieuse? Je ne vous
reproche rien, remarquez bien.
M. LEVESQUE: Il y a des renseignements qui nous échappent.
M. SAMSON: Je pourrais vous dire que vous retrouverez ce genre de
personnes dans ceux qui ont fait de l'agitation à Manville et à
Cadillac.
M. LEVESQUE: Le seul salaire qui a été versé,
à même les $20,000, est celui du coor-donnateur qui est en
même temps le directeur adjoint du CRD.
M. SAMSON: Que coordonne-t-il? Des bénévoles ou des gens
qui sont payés par d'autres sources de subvention?
M. LEVESQUE: Le député de Rouyn-Noranda aurait avantage
à nous visiter â l'OPDQ et nous lui donnerions tous les
renseignements.
M. SAMSON: Oui? Est-ce que vous pourriez prendre en considération
que mon numéro de bureau est 376? Je vous invite à venir me
voir.
M. MASSE (Montcalm): C'est de l'agitation politique, M. le
Président, je tiens à le souligner.
M. LEVESQUE: Je ne le sais pas.
M. SAMSON: J'ai dit de l'agitation sociale, parce que je ne voulais pas
dire politique.
M. LEVESQUE: Parce que les gens dont on parle ne sont pas ceux avec qui
nous avons eu affaire. Nous avons eu affaire avec le coordonnateur, mais quant
à ceux qui s'y sont joints, cela ne relève pas de nous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas vous qui avez fait le
recrutement?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Je promets au ministre de vérifier dans le
comté de Montcalm s'il n'en a pas laissé tomber, de ces sortes
d'êtres.
M. LEVESQUE: J'invite le député de Montcalm â entrer
en communication avec les gens de l'OPDQ. L'OPDQ est un livre ouvert.
M. SAMSON: Je me demande si le ministre, à ce moment-ci, ne veut
pas nous empêcher d'assister aux travaux de la Chambre avec les
charmantes invitations qu'il nous fait.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que les autres livres sont fermés, M.
le Président?
M. LEVESQUE: J'ai hâte de fermer mes livres, c'est vrai.
M. MASSE (Montcalm): J'aurais quelques petites questions avant que vous
ne les fermiez, s'il vous plaît. Est-ce que le député de
Rouyn-Noranda a fini? Oui. Puisque c'est l'article pour discuter des CRD,
j'aurais deux questions. Est-ce que le ministre a dans son esprit ou peut
demander à ses fonctionnaires quelle est la proportion, pour le
financement des CRD, qui vient du Québec par rapport à la
proportion locale, municipalités, entreprises?
M. LEVESQUE: On me dit qu'environ 25 p.c. du budget des CRD est souscrit
localement.
M. MASSE (Montcalm): C'est souscrit localement.
M. HARVEY (Jonquière): Parfois, plus.
M. LEVESQUE: Parfois, plus. C'est une moyenne.
M. MASSE (Montcalm): Cela varie selon les régions.
M. LEVESQUE: Cela peut aller jusqu'à quoi? 50 p.c?
M. HARVEY (Jonquière): Le nôtre, c'est sur 60 p.c,
ça dépend des régions.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a une relation entre le montant de
la subvention et l'aide locale? Il n'y a aucune relation, la subvention est
statutaire, si je peux m'exprimer ainsi, s'il y a de l'aide locale, tant mieux
pour le CRD, sinon c'est la même subvention. Est-ce qu'il ne devrait pas
y avoir une relation comme pour, les bibliothèques, il y a beaucoup
d'organismes du gouvernement...
M. LEVESQUE: ... ce qui est couvert, ce sont les services
administratifs, alors s'ils en ont plus, tant mieux pour eux.
M. SAMSON: Est-ce que les salaires de Pierre Vallières sont
inclus dans les $900,000?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Autre juridiction.
M. LEVESQUE: Autre juridiction.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, deuxième question;
les CRD, en plus des réunions de concertation, font des recherches ou
ont des programmes sur le plan local. Est-ce que l'office de planification
oriente ces études-là ou conseille tel type d'études
plutôt que tel autre type d'études ou approuve les études
qui sont faites par la CRD?
M. LEVESQUE: Alors, cette année, on a l'intention, à la
suite d'un questionnaire qui est envoyé aux CRD, de nous assurer de plus
de cohérence, du plus de cohérence possible entre leur action et
celle de l'ensemble de l'OPDQ.
M. MASSE (Montcalm): Je pense que, s'il est important que les CRD aient
une marge de manoeuvre ou une initiative dans la recherche, il ne faut pas non
plus que ce soit le dédoublement avec ce que quelquefois un
ministère peut faire dans la même région ou un
organisme...
M. LEVESQUE: C'est exact, c'est ce qui a amené les officiers de
l'OPDQ à songer à cette façon plus, disons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Rationnelle. M. LEVESQUE : Rationnelle.
M. GUAY: Dans quelle région, M. le Président, le CRD
a-t-il reçu la plus importante subvention?
M. LEVESQUE: La région de Québec où la population
est la plus grande.
M. GUAY: Et quel est le montant? M. LEVESQUE: $103,700. M. SAMSON: A
quelle place?
M. LEVESQUE: La région de Québec, mais ça comprend
tout le territoire nord de Québec, tout le territoire qui va de...
M. HARVEY (Jonquière): Jusqu'à Rivière-du-Loup, les
comtés de Beauce, Dorchester, jusqu'à Charlevoix, c'est une
très grande région administrative.
M. SAMSON : Est-ce que c'est versé en fonction de
l'étendue du territoire?
M. LEVESQUE: De la population.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que, M. le Président, les CRD
couvrent la quasi-totalité du territoire québécois? Est-ce
qu'il y a un CRD pour la région de Montréal?
M. LEVESQUE: Il y a la région nord de Montréal et la
région sud de Montréal.
M. MASSE (Montcalm): Pour l'île de Montréal et l'île
de Laval, est-ce qu'il y a un CRD?
M. LEVESQUE: Non.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministère ne croit pas qu'il y
aurait intérêt à avoir cette population, pour ce
territoire-là également, le même genre de formule?
M. LEVESQUE: Nous étudions cette question présentement.
C'est vrai.
M. MASSE (Montcalm): Je suis bien d'accord, j'espère que
l'étude prendra fin le plus tôt possible.
M. LEVESQUE: Disons que les conseils régionaux de
développement ont été conçus plutôt dans les
milieux ruraux et semi-urbains, ensuite dans les milieux urbains mais il y a
certaines complications dans le territoire qu'on a décrit.
M. MASSE (Montcalm): Si j'ai souri à la réponse du
ministre, M. le Président, ce n'est pas parce que je mettais en doute sa
parole, mais c'est parce que je le voyais tellement chargé
d'études qu'à un moment donné la Chambre va être
privée de son expérience.
M. HARDY: M. le Président, j'aurais une toute petite question
à poser relative aux CRD. Je comprens que l'implantation de ces
organismes s'est faite à partir d'un objectif très valable,
c'est-à-dire la participation du milieu à l'édification
d'un plan; mais est-ce que depuis cette implantation des CRD, il y a eu de la
part de l'OPDQ un examen pour voir dans quelle mesure ces organismes
répondaient vraiment à l'objectif que l'on avait fixé au
début? Est-ce que, vraiment, il apparaît maintenant que ces
organismes constituent un apport valable?
M. LEVESQUE: Les CRD que j'ai rencontrés me semblaient être
très représentatifs. Evidemment, je n'ai pas rencontré
tous les CRD encore, je ne suis là que depuis trois mois. J'ai
été impressionné cependant par les CRD que j'ai
rencontrés, à cause de leur représentativité et de
l'intérêt que leur travail soulevait dans la région. Mais
je ne peux pas généraliser parce que je n'ai pas eu le temps
encore de faire le tour au complet. Justement le fait d'avoir quatre
collègues qui ont accepté des responsabilités de
développement régional à travers la province va nous aider
à nous rapprocher davantage des CRD et être peut-être en
meilleure posture pour répondre plus adéquatement â votre
question.
Programmes de développement et
d'aménagement
ARDA
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Programmes
d'aménagement et de développement. Catégorie 2 : ARDA.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, concernant ARDA, je pense
qu'il y a une question qui va de soi, est-ce que le ministre peut faire la
liste des programmes qui sont couverts par ces $5,632,000 qui sont quand
même une augmentation importante par rapport à l'année
dernière?
M. LEVESQUE: Evidemment, ce sont principalement, si on veut
résumer, les régions du Nord-Ouest québécois, et du
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui sont impliqués dans le programme ARDA cette
année et dans les années immédiates qui suivent.
C'est un programme intégré de développement des
ressources. Cela comprend le développement des forêts, mines,
agriculture et tourisme, et cela dans ces deux régions.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que la sugges-
tion formulée, par la voie des journaux, du ministre de
l'Agriculture, plutôt un rapport, remis au ministre de l'Agriculture par
un organisme d'agriculteurs, demandant que l'ARDA retourne au ministère
de l'Agriculture pour que sa vocation de...
M. LEVESQUE: Je voudrais préciser que le ministre de
l'Agriculture est entièrement d'accord. Il était
précisément à Alma, avec nous, lorsque nous avons
dévoilé tout le programme. Il a lui-même donné des
explications additionnelles concernant le programme agro-forestier. Alors, si
on a fait des remarques, elles doivent remonter à un certain temps parce
que le ministre de l'Agriculture est très satisfait du fait qu'il soit
au début. Il faut éviter que les ministères sectoriels ne
soient pas, au moment de la conception du programme, présents aux
négociations qui se font avec le gouvernement central. Si le
ministère sectoriel est là, au tout début, il n'y a pas de
problème. Si l'Office de planification essayait de concevoir les
programmes, les négocier et ensuite les imposer aux ministères
sectoriels, à ce moment il y aurait des problèmes.
M. LAURIN : M. le ministre, la mise en train du programme agro-forestier
dans la région du Lac-Saint-Jean est plus lente et plus difficile que
prévu. J'aimerais en savoir les raisons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est donné dans le document qu'il m'a
remis.
M. LEVESQUE: Le seul retard, c'est qu'au lieu d'en faire un programme
uniquement agroforestier, on a ajouté deux autres dimensions pour en
faire un programme réellement intégré en ajoutant
mines-eaux et tourisme, et cela...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la demande des citoyens.
M. HARVEY (Jonquière): On a fait faire une enquête qui a
duré huit mois sur le tourisme par M. Jean-Marie Couët. Alors, il
n'y a pas eu de retard, effectivement, si on considère qu'à leur
propre demande le plan original a été modifié.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est onze heures, M. le
Président.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le programme ARDA.
M. LE PRESIDENT: Dernière question.
M. MASSE (Montcalm): Oui, une dernière question. Le programme
ARDA, est-ce qu'actuellement c'est une caisse plafonnée ou si, au
contraire, c'est un calendrier? Le programme ARDA avec le gouvernement
fédéral, actuellement pour le Québec, est-ce que c'est une
caisse au sein de laquelle on pige avec un montant plafonné parce qu'on
n'a pas terminé nos programmes ou si, au contraire, c'est annuel?
M. LEVESQUE: Si je me rappelle bien de l'entente ARDA, il n'y a pas de
plafond de mentionné. On a négocié une somme d'environ $60
ou $62 millions, je crois, mais il n'y a rien qui nous empêche de
retourner, si l'exécution va rapidement et on peut peut-être
encore négocier des sommes additionnelles.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre a une idée des
pourcentages de ARDA pour le Québec par rapport aux autres
provinces?
Est-ce que ARDA agit plus au Québec qu'en Ontario ou si on est en
deça?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas le renseignement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est onze heures, M. le
Président.
M. LEVESQUE: M. le Président, je me demande, j'essaie toujours
d'avoir la collaboration des... Le gros morceau qui reste là c'est
l'ODEQ si je comprends bien et c'est le Dr Quenneville qui...
M. MASSE (Montcalm): ... les zones spéciales.
M. LEVESQUE : Est-ce qu'on ne pourrait pas passer ces zones
spéciales-là? J'ai tous les renseignements ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre voudrait qu'on passe à
travers tous les crédits...
M. LEVESQUE: Non, c'est parce que le montant principal qui reste
après ça, c'est l'ODEQ et c'est le Dr Quenneville qui
pourrait...
Les zones spéciales, est-ce qu'on ne pourrait pas...
M. MASSE (Montcalm): On pourrait terminer ce soir, M. le
Président, je ne pense pas qu'on en ait pour des heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, je regrette,
mais je suis obligé d'être désagréable à mon
collègue et ami, le député de Bonaventure. Je siège
depuis neuf heures et demie ce matin, en commission parlementaire et je suis
obligé de vous dire que le règlement de la Chambre ne nous permet
pas de siéger en commission en dehors des heures prévues pour les
sessions de la Chambre.
M. LEVESQUE: J'essaie simplement de me
libérer pour d'autres activités demain, mais je vois
que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remplacerai.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on pense que ce sera long demain matin, pour la
question des zones spéciales?
M. LAURIN : Sûrement pas plus de deux heures.
M. MASSE (Montcalm): C'est toujours plus long le matin que le soir.
M. LEVESQUE: Je vous remercie de votre collaboration.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'après la
motion de l'ajournement de la Chambre, demain.
(Fin de la séance à 23 h 4)
Séance du vendredi 9 juin 1972 (Dix heures
cinquante-deux minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Au moment de suspendre la séance hier soir, nous étions
à discuter du sous-article 2: ARDA, et le député de
Bourget avait manifesté le désir de poser des questions au
ministre.
M. LEVESQUE: ARDA, c'était adopté.
Inventaire des terres du Canada
M. LE PRESIDENT: Donc, le sous-article 2 est adopté. J'appelle le
sous-article 3: Inventaire des terres du Canada.
M. LAURIN: L'inventaire était terminé. Est-ce que vous
pourriez nous dire les résultats, maintenant, que vous compter tirer de
la fin de cet inventaire?
M. LEVESQUE: Au mois de septembre, nous nous attendons à pouvoir
publier la carte qui est l'illustration de tous ces travaux.
M. GUAY: Quand vous parlez d'inventaire, est-ce que c'est défini
par groupes? Est-ce que ça veut dire que, par exemple, il y a des terres
qui seraient propres à telle agriculture, des terres
semi-forestières et des terres forestières? L'inventaire est-il
établi comme ça?
M. LEVESQUE: C'est une illustration valable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'inventaire de la nature des sols, etc.
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. GUAY: Est-ce que ce sera possible d'avoir ça pour une
région ou encore pour un comté, sur demande au
ministère?
M. LEVESQUE: Oui, en s'adressant à l'Office de planification et
de développement du Québec.
M. GUAY: D'accord.
Zones Spéciales
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 4: Zones spéciales:
prêts et avances.
M. GUAY: Dans zones spéciales, je ne sais pas si les zones
spéciales ont augmenté. Si on se guide par les chiffres, elles
auraient doublé. Comment justifier l'augmentation à ce
sous-article? Est-ce qu'il y a eu d'autres zones
spéciales décrétées qui ont
nécessité plus de prêts et avances que prévu?
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, il y avait en 71/72, des
crédits de l'ordre de $6,874,000. Mais par des transferts de
crédits, la dépense probable de 71/72 était
déjà de $9,632,000.
Nous prévoyons dans le cadre du prolongement de l'entente et dans
la prolongation de l'entente, nous avons eu des sommes additionnelles, $47
millions; c'est ce qui nous amène à pouvoir augmenter cette
année jusqu'à une prévision de $12,694,000.
M. GUAY: Dans les prêts consentis, est-ce qu'on pourrait avoir le
taux d'intérêt?
M. LEVESQUE: Les prêts consentis par le gouvernement central sont
ordinairement de 1 p.c. à 1 1/8 p.c. moins élevés que les
prêts ordinaires, c'est-à-dire les prêts consentis aux
sociétés de la couronne fédérales.
M. GUAY: Quel est le taux réel?
M. LEVESQUE: Nous avons une lettre du gouvernement central nous
indiquant la variation des taux.
M. GUAY: C'est un taux variable.
M. LOUBIER: ... Quel est le critère pour le taux qui
prévaut à un moment donné sur le plan des emprunts
qu'effectue le gouvernement lui-même?
M. LEVESQUE: Le critère c'est...
M. LOUBIER: Je donne un exemple: si le gouvernement fait une
émission d'obligations à 7 1/2 p.c, à ce moment-là,
ses prêts sont de 7 1/2 p.c. ou sensiblement ce même taux.
M. LEVESQUE: Comme exemple pour avoir un peu plus de précisions;
l'an dernier, une fois on a eu des 7.1875 p.c, d'autres 6.3125 p.c, d'autres
7.50 p.c, et le taux pondéré est de 6.6875 p.c
M. LOUBIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. MASSE (Montcalm): Concernant les zones spéciales dans le Coeur
du Québec, la région de Bécancour, est-ce qu'il y a des
projets en cours présentement?
M. LEVESQUE: Nous étudions présentement une proposition de
la ville de Bécancour.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a eu, jusqu'à maintenant, des
déboursés faits, par la zone spéciale, pour la
région de Bécancour?
M. LEVESQUE: Non, il n'y a aucun déboursé.
M. MASSE (Montcalm): Aucun déboursé, aucune subvention des
compagnies, aucun prêt des municipalités?
M. LEVESQUE: Cest-à-dire qu'il y a les déboursés du
gouvernement mais pas à l'intérieur du programme des zones
spéciales.
M. MASSE (Montcalm): Dans le Coeur du Québec toujours, Forges de
Saint-Maurice, est-ce qu'il y a eu des déboursés? Est-ce qu'il y
a un programme à venir?
M. LEVESQUE: Il y a eu un montant de $60,000, déboursé
l'an dernier, mais l'opération est maintenant terminée.
M. MASSE (Montcalm): Ce type de programme est terminé? Il n'y
aura pas d'autres subventions pour la catégorie des zones
spéciales?
M. LEVESQUE: S'il y en avait, ce serait à même le budget
régulier du ministère. Je pensais que vous aviez d'autres projets
pour aujourd'hui.
M. MASSE (Montcalm): Encore quinze minutes et je devrai partir.
M. LEVESQUE: Avez-vous pris les petites cartes des recherchistes, vous
aussi? Avez-vous accès aux petites cartes?
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai aucune petite carte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le Parti conservateur qui les lui
fournit.
M. MASSE (Montcalm): C'est d'instinct que je me dirige. Dans la zone
spéciale de Port-Cartier, est-ce qu'il y a des subventions
prévues pour l'établissement d'un port en eau profonde?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas cela ici. Port-Cartier, je vois: parc de
roulottes; collecteur d'égoûts; services pour lotissement
résidentiel. Ce sont les trois têtes de chapitre que je vois pour
Port-Cartier.
M. MASSE (Montcalm): C'est uniquement dans l'infrastructure de la
municipalité. Il n'y a pas de projets reliés directement à
l'implantation d'industrie?
M. LEVESQUE: Il y a une possibilité que nous fassions faire une
étude sur le port en eau profonde; ceci est dans les
possibilités. Quant aux programmes de réalisation pour
l'année en cours, cela n'apparaît pas.
M. MASSE (Montcalm): Pour la région de Port-Cartier, il n'y aura
donc que des infrastructures pour la municipalité, le service
d'habitation en particulier.
M. LEVESQUE: C'est en grande partie ce qui se fait dans le domaine des
zones spéciales, ce sont des travaux d'infrastructure.
M. MASSE (Montcalm): Mais il arrive quelquefois qu'à cause de
l'établissement d'une industrie la zone spéciale subventionne le
surplus d'infrastructure à cause de l'implantation de l'industrie, soit
un port, une canalisation d'égouts, une route, une voie ferrée ou
quelque chose de semblable.
M. LEVESQUE: Il y a de prévus certains travaux de chemins de
pénétration en forêt dans le cadre de l'opération de
ITT. Cela en est un exemple.
M. MASSE (Montcalm): D'accord!
M. LOUBIER : Dans le même ordre d'idées, est-ce qu'à
Sept-Iles il n'y a pas une étude d'approfondie, de
complétée pour un quai en eau profonde?
M. LEVESQUE: Nous faisons faire cette année un schéma
d'aménagement de la zone Sept-Iles-Port-Cartier...
M. LOUBIER: Oui.
M. LEVESQUE: ... mais il faudra attendre à l'an prochain, avant
d'aller plus loin.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il n'y a pas une étude d'amorcée ou
de complétée par le gouvernement fédéral?
M. LEVESQUE: Il y a certainement eu des études pour des quais en
eau profonde pour recevoir des navires jaugeant plus que 100,000 tonnes. Cela
fait partie d'études qui ont été faites au niveau
fédéral, je crois. J'ai vu de ces études. La Compagnie
C.D. Howe a notamment fait une étude là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai posé hier
une question au ministre sur le problème du développement
portuaire dans notre région. Est-ce qu'il y a eu des études
faites par votre ministère ou si c'est seulement le gouvernement central
qui en a fait?
M. LEVESQUE: On me dit qu'il y a un rapport qui est en voie de
préparation par un groupe du gouvernement central et qu'on attend ce
rapport, justement, quant au port de Port-Alfred.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que votre ministre, par l'Office de
planification, a été associé à ces études ou
si l'initiative est exclusivement celle du gouvernement central?
M. LEVESQUE: On me dit que nous avons été associés
dans le passé à ces études.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par vos re-cherchistes, enfin, vos
spécialistes.
M. LEVESQUE: Via le comité de liaison
fédéral-provincial.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Croyez-vous que ces études pourront
être prêtes bientôt?
M. LEVESQUE: Nous n'avons pas d'indication.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous attendez que la glace reprenne la
place.
M. LEVESQUE: On peut avoir plus de précision. Si on avait su que
la question serait posée...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais beaucoup. C'est très
important chez nous.
M. LEVESQUE: Je n'ai aucune objection, d'ailleurs, à ce que,
dès qu'on a le renseignement, on informe les députés de la
région, particulièrement le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celui de Jonquière aussi.
M. LEVESQUE: Le Dr Quenneville, le ministre responsable du
développement régional dans cette région...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va lui faire faire une croisière
en yatch.
M. LEVESQUE: On vous en fera part, sans doute.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne fournis pas le yatch, cependant.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sur ce chapitre, est-ce
qu'on peut inclure également l'aéroport de Sainte-Scholastique?
Comme discussion, j'entends?
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Mais il n'y a pas de somme prévue ou zone
spéciale à l'intérieur de SATRA.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire qu'on a prévu un amendement
à l'entente sur les zones spéciales. Les discussions et les
négociations se poursuivent. Dès qu'on aura conclu une entente,
on pourra accepter l'amendement concernant...
M. MASSE (Montcalm): A des déboursés
budgétaires?
M. LEVESQUE: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Le territoire de la région de
Sainte-Scholastique couvert par les discussions concernant la zone
spéciale, quelle est la description? Que vous voulez inclure dans les
amendements aux zones spéciales?
M. LEVESQUE: Il s'agit de 30 ou 32 municipalités autour de
Sainte-Scholastique. Si on veut avoir exactement la description, elle est assez
longue. Je l'ai devant moi.
M. MASSE (Montcalm): Disons que c'est la zone qui va jusqu'à
Saint-Jérôme. Cela ne va pas au-delà de
Saint-Jérôme?
M. LEVESQUE: Ce qui fait partie, un peu, de nos négociations,
c'est d'inclure le corridor d'accès et non pas seulement le territoire
couvert par la zone.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je crois qu'il y aurait
lieu d'étudier la possibilité d'étendre la zone à
la partie des Laurentides, pour les raisons suivantes.
Il est évident que l'implantation de l'aéroport de
Sainte-Scholastique s'inscrit dans un développement industriel, dans une
économie de type industriel. Mais les hommes qui vont y vivre, qu'ils
soient de la région de Montréal ou plus près de
Sainte-Scholastique, auront dans les années qui viennent un genre de vie
différent de celui auquel nous sommes habitués
présentement. Il serait important de profiter de cette création
de zones spéciales, de cette planification, de cet aménagement du
territoire, de cet investissement dans les infrastructures pour permettre, au
nord de cette région industrielle, de cette région où on
veut maximiser l'implantation des industries, la création d'une zone de
verdure, la création d'une terre de plein air qui, de toute
évidence cela saute aux yeux serait la région des
Laurentides avec la bande de terre qui est peut-être à cinq ou six
milles de Saint-Jérôme, allant jusqu'à Mont-Laurier. Enfin,
ce qu'on est habitué, dans la région de Montréal,
d'appeler les Laurentides.
Les hommes qui vivront dans cette région de Montréal, dans
les années qui vont venir, de plus en plus disposeront de temps, de plus
en plus se devront de sortir de leur environnement industriel pour se
récréer, pour se replacer dans une société à
contacts plus humains avec la nature. Et actuellement le développement
dans cette région, au nord de Saint-Jérôme, se fait d'une
façon plus ou moins anarchique: multiplication de municipalités,
divers règlements de construction, de zonage, décisions du
ministère de la Voirie de construire les routes de telle ou telle
façon à tel ou tel endroit, implantation d'industries souvent
subventionnées par le gou- vernement fédéral ou
provincial, industries qui polluent la nature dans une région où,
au contraire, on devrait bannir à tout jamais tout type d'industries
autres que des industries collant au plein air. Par contre, si nous ne voulons
pas que cette région se pollue, il faut créer un programme
spécial pour subventionner largement des types d'implantations ou de
commerces qui sont reliés de très près au plein air, alors
qu'actuellement toutes nos lois, les formes spéciales de subventions
permettent l'implantation d'industries, mais ne permettent pas l'implantation
d'industries de plein air dans cette région, ne favorisent pas les
industries de plein air.
C'est dans cet esprit que je formule la demande qu'à
l'intérieur de la zone spéciale, des amendements que vous voulez
apporter aux ententes avec le gouvernement fédéral, il devrait
être prévu dans cette région une sous-zone, près de
la zone industrielle de Sainte-Scholastique, une zone de verdure, une zone
verte où on prévoirait de maximiser les infrastructures, le type
d'habitations, le type d'industries qui collent à la nature et au plein
air. Tout ceci afin de permettre aux gens de cette région qui seront
bientôt deux et même trois millions, de pouvoir jouir,
peut-être au seul endroit du monde, à une heure ou 45 minutes de
voiture, d'une zone de verdure, d'un véritable parc.
Pour prévoir ça, il est important que le gouvernement ait
au moins deux pouvoirs, un pouvoir de réglementation en fonction d'une
zone de plein air et également un pouvoir de dépenser pour
maximiser les infrastructures de ce domaine. C'est dans cet esprit que je
demanderais à l'Office de planification d'étudier
sérieusement la possibilité de créer une sous-zone de
verdure pour la grande région de Montréal, dans ce secteur des
Laurentides.
M. LE PRESIDENT: L'article...
M. LEVESQUE: C'est noté.
M. LOUBIER: Le ministre est peu loquace.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il l'était hier soir.
M. GUAY: J'aimerais savoir, en quelques mots, de quelle façon on
s'y prend pour décréter qu'un endroit est une zone
spéciale ou qu'un autre n'est pas une zone spéciale. Je sais
qu'il y a eu énormément de discussions autour de ça.
Qu'est-ce qui fait que c'est une zone spéciale ou qu'est-ce qui fait que
ce n'est pas une zone spéciale? Il doit quand même y avoir des
critères de base, des critères d'indication. Evidemment, c'est
toute une étude, mais il y a quand même des points très
importants qui font en sorte qu'une zone est bien une zone spéciale et
qu'une autre n'est pas une zone spéciale , parce qu'on peut multiplier
les zones spéciales dans tout le Québec.
M. LEVESQUE: D'abord ça s'applique beaucoup plus à des
zones urbaines parce que les principaux critères sont une
agglomération urbaine en voie de croissance rapide ou encore dans une
zone urbaine où il y a des problèmes de reconversion. Un
problème de reconversion, comme dans la Mauricie, par exemple, et
croissance rapide comme Sept-Iles et Port-Cartier. Ce sont les critères
qui touchent les zones spéciales. Ce n'est pas du tout le même
critère que pour ARDA, par exemple, qui est un programme beaucoup plus
relié aux ressources et à leur développement. Alors, il y
a divers programmes. Pour celui-là, les critères principaux sont
ceux que j'ai mentionnés.
M. GUAY: Est-ce que les zones spéciales ont tendance à se
multiplier, avec les années?
M. LEVESQUE: Il n'y a pas eu de changement depuis le début, mais
nous avons convenu avec le gouvernement fédéral de prolonger
l'entente d'un an, afin de nous permettre ensemble de revoir ces
critères et de revoir s'il n'y a pas une possibilité d'en ajouter
ou d'en modifier.
M. GUAY: Est-ce qu'il y a un temps limite pour une zone spéciale,
par exemple, pour qu'elle demeure zone spéciale après quatre,
cinq, six ou dix ans?
M. LEVESQUE: C'est pour ça que nous avons convenu de ne prolonger
que d'un an. Justement parce qu'il est possible que, dans certains cas,
l'effort soit suffisant, compte tenu des autres priorités.
M. GUAY: C'est possible, à un moment donné, qu'une zone
décrétée zone spéciale devienne zone ordinaire.
M. LEVESQUE: Je ne veux pas confondre zone spéciale et zone
désignée. Une zone désignée est une formule
rattachée aux subventions à l'industrie, tandis qu'une zone
spéciale est rattachée à un programme particulier qui
touche certaines agglomérations urbaines, où il y a une
croissance très rapide qui cause des problèmes d'infrastructure,
ou encore des agglomérations urbaines, où il y a des
problèmes de reconversion.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LAURIN: M. le Président, vous avez, tout à l'heure,
énuméré les programmes en ce qui concerne...
M. LEVESQUE: Regardez en arrière, s'il est heureux.
M. LAURIN: Pardon?
M. LEVESQUE: Vous voulez faire plaisir à votre recherchiste.
M. LAURIN: Vous avez énuméré tout à l'heure
les programmes pour la zone spéciale, Port-Cartier et Sept-Iles. Est-ce
que vous pourriez faire la même chose pour les autres zones
spéciales? Au moins les grands titres pour que l'on sache,
à peu près, ce qui se passe, ce qui se fait
Trois-Rivières, Montréal, ainsi que les sommes...
M. LEVESQUE: Voici...
M. LAURIN: ... les sommes principales.
M. LEVESQUE: Zone de Québec, disons qu'on peut aller aux choses
qui m'apparaissent retenir le plus de crédits.
M. LAURIN: Les grands projets et les affectations principales.
M. LEVESQUE: Dans la zone de Québec: Parc industriel
Saint-Augustin; les services à l'intérieur de la
Communauté urbaine de Québec. Le mail Saint-Roch, à
Québec...
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez donner...?
M. LEVESQUE: Deux viaducs à Sainte-Foy.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez donner les sommes...?
M. LEVESQUE: Pardon?
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez donner les sommes à
côté?
M. LEVESQUE: Parc industriel Saint-Augustin: $1,700,000; mail
Saint-Roch: $1,200,000; deux viaducs à Sainte-Foy: $800,000. Ce sont
quelques exemples qu'il y a dans la région de Québec. Dans la
région de Trois-Rivières: Alimentation en eau potable,
Cap-de-la-Madeleine, disons que les crédits sont de $80,000; Boulevard
des Récollets à Trois-Rivières: $217,000; chemin
d'accès au Parc industriel de Trois-Rivières: $75,000; chemin
d'accès au centre de ski de Grand'Mère, $68,000, etc.
Dya également Sept-Iles et Port-Cartier où j'ai
donné des exemples. A Sept-Iles, une conduite d'adduction d'eau,
$3,500,000; le service de développement résidentiel à
Port-Cartier, $3 millions.
M. LAURIN: Est-ce qu'il vous serait possible de nous faire parvenir la
liste de ces projets avec les sommes qui y sont affectées, la plus
récente?
M. GUAY: Ce serait bien intéressant d'être en mesure de
comparer les montants avec les projets.
M. LEVESQUE: Oui, je pourrais vous la faire parvenir. Ce que j'ai
mentionné tout à l'heure, c'étaient des dépenses
ordinaires parce qu'un peu plus loin on arrivera aux immobilisations mais,
comme il s'agit encore de zones spéciales, il y a des exemples ici pour
des crédits, zone de Québec: desserte des battures de Beauport,
$1 million; aménagement du mont Sainte-Anne, phase B, $3,500,000; centre
de recherche industrielle, $2,500,000; restauration de la Place Royale,
$2,600,000; boulevard Henri-Bourassa, voie périphérique,
$1,800,000. A Trois-Rivières, il y a la Transquébécoise,
phase 2, $2,800,000; voie intermunicipale à Trois-Rivières, $3
millions; autoroute 40 de Pointe-du-Lac à la
Transquébécoise, $1,650,000. Sept-iles et Port-Cartier, route
d'accès en forêt, $1,700,000...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes des petits pauvres
là-dedans, nous.
M. LEVESQUE: Enfin, il y a de ces exemples qui font sourciller le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour ça qu'il est important
d'avoir la liste complète pour voir quelles sont les régions
défavorisées.
M. LAURIN: Donc, on pourrait avoir la liste, M. le Président,
aussi bien des programmes de fonctionnement que des programmes d'immobilisation
avec les sommes qui y sont rattachées.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'objection, simplement je regarde, avec la
responsabilité qui doit être la mienne, ce qu'il y a
là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qu'il faut cacher et ce qu'il ne faut pas
cacher?
M. LEVESQUE: Ce qui est d'intérêt public et ce qui ne l'est
pas, une autre façon de dire les choses. Je n'ai pas d'objection, il
semble bien...
M. BOIS: M. le ministre mentionnait tout à l'heure $1 million
pour le mail Saint-Roch. Est-ce que c'est de l'amélioration qui va
être faite au mail Saint-Roch ou si ce sont des dépenses
encourues?
M. LEVESQUE: Le mail Saint-Roch, quoi?
M. BOIS: Est-ce que ce sont des améliorations à faire ou
si ce sont des dépenses encourues? La rue Saint-Joseph?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, comme dans les centres
commerciaux.
M. LEVESQUE: Comme au Japon, M. le député de
Chicoutimi.
M. LAURIN: M. le Président, une dernière question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre femme n'est pas ici pour
témoigner.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous expliquer brièvement le
processus de prise de décision? Par exemple, je sais que plusieurs
projets sont soumis pour ces zones spéciales; comment sont-ils choisis,
par qui et quel cheminement suivent-ils avant d'être adoptés?
Les arbitrages dont vous parliez, qui les fait?
M. LEVESQUE: La conception de ces projets est faite à l'Office de
planification et de développement du Québec en consultation avec
les ministères sectoriels. Le tout, une fois préparé, est
soumis pour financement au gouvernement central. Il y a un comité de
liaison constant, permanent.
M. LAURIN: Vous dites que la conception se fait à l'OPDQ. Ce la
me paraît difficile, étant donné qu'il n'est
peut-être pas toujours assez bien préparé pour
connaître les besoins d'infrastructure. Est-ce que cela ne vient pas
plutôt de la base?
M. LEVESQUE: De la base de quoi?
M. LAURIN: Les municipalités concernées ou les
agglomérations concernées.
M. LEVESQUE: L'OPDQ est justement en relation constante avec les CRD,
avec les municipalités, avec la base, si vous voulez employer le mot.
Ces demandes sont ensuite étudiées en collaboration avec les
divers ministères sectoriels. Les priorités se dégagent
et, ensuite, une fois que nous avons fait notre planification et que nous avons
en main les éléments du programme, nous en discutons avec le
gouvernement central. Il y a six grands programmes: aménagement
touristique et restauration de sites historiques; infrastructure,
systèmes routier et ferroviaire; infrastructure, systèmes
d'aqueducs et d'égoûts; infrastructure, parcs industriels;
infrastructure d'accompagnement, et finalement, études, recherches et
inventaires. Alors, cela doit normalement entrer dans une de ces
catégories.
M. LAURIN: Et vous savez à l'avance la somme dont vous pouvez
disposer. C'est le fédéral qui vous fournit le plafond que vous
ne pouvez pas dépasser?
M. LEVESQUE: C'est une enveloppe globale à l'intérieur de
laquelle nous pouvons, selon le rythme de croisière, le rythme de
réalisation des projets, affecter à l'une ou l'autre de ces
catégories les sommes qui forment justement l'ensemble des
disponibilités.
M. LAURIN: Mais l'arbitrage se fait par l'office?
M. LEVESQUE: Oui, sauf peut-être que
l'office pourrait arriver â des programmes qui
dépasseraient, un certain moment, les disponibilités du
côté fédéral. A ce moment-là, il faudrait
peut-être se rajuster.
M. LAURIN: Est-ce que c'est l'office qui décide quelles
ressources seront affectées à chacun des six chapitres que vous
venez de lire?
M. LEVESQUE: C'est nous qui faisons la proposition. La proposition
émane de l'office.
M. LAURIN: Donc, l'arbitrage entre les différents postes se fait
par l'office et ensuite, c'est présenté au fédéral
pour approbation, j'imagine.
M. LEVESQUE: Et au début de l'année, c'est imputé
au ministère intéressé.
M. LAURIN: D'accord.
M. GUAY: Cela m'intéresse. On a parlé du montant de plus
de $1 million qui sera dépensé au mail Saint-Roch. C'est
peut-être une priorité que je vois mal, mais dans mon esprit, cela
ne me semblait la première priorité; comme disent les
divisionnaires du ministère de la Voirie, la priorité des
priorités. Sans doute, si ce projet a été suivi et qu'il y
a un montant assez appréciable d'accordé, j'aimerais bien savoir
qui a demandé de couvrir le mail Saint-Roch.
Remarquez bien que j'ai peut-être tort en le disant, mais je vois
qu'il y aurait sans doute des priorités beaucoup plus marquées
que ça. On a suivi une discussion, entre autres, à plusieurs
intervalles, à des postes de radio et ça provoquait de la
controverse. Il y en avait autant contre et autant pour, et je me demande par
qui ç'a été demandé. On dit le CRD, peut-être
mais...
M. LEVESQUE: Ici, on me dit que c'est la ville de Québec
elle-même qui a fait cette proposition. Evidemment, c'est dans le cadre
de la rénovation de l'aire no 10; c'est un programme justement qui
s'applique, comme je vous l'ai dit, aux milieux urbanisés et il y a un
problème ici, comme on le sait, quant à l'avenir de cette partie
de Québec, de cette partie commerciale et la ville de Québec
avait ce projet en priorité.
M. GUAY: Est-ce que l'expérience a été faite dans
d'autres villes du Québec? Est-ce que ça existe ailleurs? Vous
avez mentionné le Japon tantôt, mais oublions le Japon pour le
moment et revenons chez nous. Est-ce qu'il y en a de ces mails couverts dans
d'autres villes, à l'exception des centres commerciaux?
M. LEVESQUE: Oui, justement, ça prend une autre allure si nous
sommes à Montréal, par exemple, il y a presque une ville
souterraine au centre-ville et cela semble se propager même dans d'autres
secteurs de la ville. Alors, il y a différentes façons
d'entrevoir les développements commerciaux. Il s'agit là d'une
chose qui existe à Québec et il y a tout le centre commercial du
côté du boulevard Charest, de la rue Saint-Joseph, ça
existe, alors c'est une façon de revaloriser ce secteur à
l'intérieur d'une ville qui a un cachet particulier.
M. GUAY: Cela semble aller en parfaite contradiction avec d'autres
priorités qui sont ailleurs dans d'autres villes, de faire en sorte
qu'il y ait le plus possible d'espace ouvert au soleil et là maintenant
on va couvrir. Moi, je pense que cette priorité du mail Saint-Roch est
discutable.
M. LAURIN: C'est une subvention aux commerces après tout.
M. LEVESQUE: Pardon?
M. LAURIN: C'est une subvention aux commerces, non plus aux
infrastructures.
M. GUAY: Il faudrait se poser la question pour savoir...
M. LEVESQUE: C'est une revalorisation du secteur. Il y a eu, on n'a pas
à s'en cacher, des inquiétudes du côté de
Saint-Roch...
M. GUAY: On en a encore.
M. LEVESQUE: Il y en a encore. Alors, c'est une contribution pour
revaloriser l'aire no 10 et c'est une priorité qui nous a
été indiquée par la ville de Québec.
M. LAURIN: Par le député de Jean-Talon. M. LEVESQUE: Par
la ville de Québec.
M. GUAY: A moins que le ministre ne me dise que vous étiez en
peine de ce $1 million, vous ne saviez pas où l'envoyer. Dans mon
esprit, je pense que vous ne me voyez pas convaincu complètement de
l'aspect aussi bénéfique qu'on semble le dire. De toute
façon, peut-être que, dans dix ans, on consentira $1 millions pour
le faire enlever. L'avenir nous le dira.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le sous-article 4 est adopté?
Adopté.
Sous-article 5: Zones spéciales: divers projets.
M. LEVESQUE: C'est la même chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça qu'on vient de voir.
Région du Bas-Saint-Laurent
M. LE PRESIDENT: C'est ça qu'on vient de
voir. Sous-article 6: Région du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine.
M. LAURIN: M. le Président, on a remis au mois d'avril 1971,
à l'Office de planification et au ministère de l'Expansion
économique un rapport extensif très bien fait
préparé par la firme Métra...
M. LEVESQUE: Est-ce que le député de Bourget veut
entreprendre maintenant l'étude des crédits à
l'intérieur de l'ODEQ?
M. LAURIN: Oui.
M. LEVESQUE: Alors, s'il y avait d'autres questions en dehors de l'ODEQ
que les membres de la commission voulaient me poser, je suis à votre
disposition. Mais si ma partie est finie...
M. LAURIN: Votre partie est finie.
M. LEVESQUE: Alors on pourrait donc adopter, quant à l'office,
les sous-articles 6 et 7 parce que ce sont les mêmes choses dont on a
parlé pour les projets d'immobilisation dans les...
Autres programmes
M. LAURIN: Je voulais seulement vous demander, au sous-article 7: Autres
programmes, qu'est-ce qu'il restait? Je vois qu'il y a une grosse diminution.
Cela veut dire qu'un programme a été complété
probablement. Au sous-article 7 : Autres programmes, il n'y a plus que
$340,000.
M. LEVESQUE: C'est plutôt dans le genre d'une réserve de
fonds de secours, pour certaines choses qui peuvent arriver au cours de
l'année. Cela nous permet d'utiliser ces sommes pour des études
spéciales demandées. Par exemple, en 71/72, études sur le
transport en commun entre Sainte-Scholastique et Montréal une
partie a été consacrée à cela et
études sur le développement de la promotion industrielle de la
région de Montréal.
Au cours de l'année, il peut nous arriver d'avoir besoin ou de
trouver qu'il est opportun de faire telle ou telle démarche ou
étude. Si nous n'avions pas un fonds de secours, nous serions
complètement gelés pour douze mois.
M. GUAY: Est-ce que les $2,200,000 de l'an dernier ont été
complètement dépensés?
M. LEVESQUE : Non, il y avait une dépense approximative, en
71/72, de $516,116 et nous avions des crédits pour $1,200,000. On se
rend compte que c'est réellement un fonds de secours, une réserve
parce que, si cela avait été autrement, nous l'aurions sans doute
épuisé. Ce n'est pas l'esprit car il n'est pas identifié,
au début de l'année.
M. GUAY: Ce que je craignais, c'est que ce soit la marge de manoeuvre au
patronage que soulignait hier le député de Beauce. Alors si le
ministre peut justifier assez bien, on va accepter cela.
M. LEVESQUE: Je remercie ceux qui ont collaboré, vous-même,
M. le Président, et les membres de la commission quant à
l'étude du budget de l'OPDQ. Je sais maintenant que mon collègue,
le ministre responsable de l'ODEQ, aurait des remarques préliminaires
à faire dans son secteur. Alors je vous remercie encore une fois. On
peut dire que nous achevons, ce matin, l'étude des crédits de
tous les ministères. A ce propos, on me permettra, encore une fois, de
remercier tous et chacun de leur magnifique collaboration. Nous sommes au 45e
jour. Nous nous étions fixé 45 jours pour l'étude et
l'adoption des crédits. C'est fait, alors je remercie tous et chacun de
leur collaboration. Je remercie particulièrement les officiers de l'OPDQ
pour leur collaboration réellement extraordinaire au cours des trois
mois où j'ai eu l'honneur, le privilège de travailler avec eux.
Merci.
ODEO
M. QUENNEVILLE: M. le Président, quelques mots avant de passer
à la lecture du texte qu'on vous a distribué. J'ai
écouté, avec beaucoup d'intérêt, les
différents points de vue exprimés, depuis le début de
l'étude des crédits. Je voudrais, à la lumière de
l'expérience personnelle depuis huit mois, à l'intérieur
de l'ODEQ, peut-être apporter certaines corrections.
On sait que le programme de l'ODEQ est rendu à une phase de
concrétisation. Les réalisations que nous avons faites dans l'Est
du Québec nous permettent d'apporter un éclairage nouveau sur
différents points de vue exprimés.
Nous avons réalisé, jusqu'à un certain point, dans
l'Est du Québec, cette phase de concrétisation à l'aide
d'une déconcentration administrative obligeant les différents
coordonnateurs à demeurer à l'intérieur du territoire, de
façon à pouvoir visualiser les problèmes et pouvoir en
saisir toutes les données. Tous les coordonnateurs, sauf un, à
cause d'une démission survenue il y a environ dix jours, résident
maintenant à l'intérieur de ces territoires et leur pouvoir de
décision est accru auprès des ministères.
A l'autre extrémité, nous avons assuré la
participation de la population par le biais d'un organisme qui s'appelle le CRD
et qui, dans l'est, présente une formule un peu différente des
autres CRD de la province.
Je dois dire dès le départ que nos relations avec le CRD
sont excellentes, que nous avons trouvé ces gens absolument objectifs et
que, de
plus, il sont, à notre avis, fort représentatifs de la
population.
L'OPDQ et le CRD de l'est sont sûrement les deux organismes qui
sous-tendent, en fait, toute la question de la planification et le
développement dans l'est du Québec. Je voudrais ici apporter une
correction. On a laissé percevoir que l'OPDQ était un arbre en
train de sécher. Je pense, pour les avoir côtoyés, puisque
je suis dans le même édifice qu'eux depuis déjà six
mois, que ce jugement est absolument faux. Je peux vous dire que
moi-même, avant d'arriver à l'OPDQ, on m'avait donné
l'impression qu'à l'OPDQ il s'agissait d'un groupe de barbus, un groupe
de pelleteurs de nuages; on les qualifiait même je me demande si
c'est un outrage de péquistes. Je les ai rencontrés, j'ai
travaillé avec eux et je peux vous dire que ces gens sont motivés
drôlement et que la seule motivation pour eux, c'est quand même la
réalisation d'une véritable planification et d'un
développement intégral à l'intérieur de cette
même planification. Je dois leur rendre cet hommage. Lorsqu'on dit que
l'OPDQ est démuni, je peux vous dire que les gens qui sont là ont
suppléé, non seulement par leurs qualités, mais aussi par
un travail très intense. Il est assez rare de voir des fonctionnaires
qui ne calculent pas les heures. Alors, je peux vous dire, pour avoir
été à même de constater la somme de travail
dépensée, que ces gens méritent toute notre
admiration.
A l'autre extrémité, les CRD, comme je le disais
tantôt, se sont montrés fort objectifs et nous ont apporté
un appui à titre consultatif, qui nous aide considérablement
à la réalisation et à la mise en application des projets
situés dans les cadres de cette même planification, Je pense bien
que la meilleure preuve de l'excellence de ces relations se situe dans le fait
que, depuis six à huit mois, je ne crois pas que la presse, soit
écrite, soit parlée, ait relaté ou ait souligné de
la part de la population, de la part des CRD, des récriminations. Au
contraire, la presse a été excellente, je pense bien, à
l'endroit et de l'OPDQ et des CRD et de l'ODEQ. Je ne crois pas que l'on puisse
dire qu'habituellement cette même presse était tendre envers
l'ODEQ, que les remarques viennent des CRD, ou des autres groupes de citoyens
ou encore des opérations Dignité. Alors, je pense que nous avons
réalisé là une participation réellement efficace et
positive de la part de la population, par le biais des CRD. Il est
évident que nous éprouvons des difficultés dans la
concrétisation de certains projets. Je pense que cela est bien normal,
mais je peux vous dire que, d'une façon générale, comme
vous le verrez tantôt dans le texte, nous sommes parvenus quand
même en 71/72 à dépenser 90 p.c, entre 90 p.c. et 92 p.c.,
des budgets disponibles.
Ceci naturellement implique l'action et la coopération de tous.
J'aime croire que nous allons continuer dans le même sens. Tout ce que
nous cherchons, c'est dépenser tout l'argent avec équité
et, en plus de cela, à bon escient.
On a aussi souligné le fait que nous avions des projets
dictés par le fédéral, je crois que ceci est loin de la
réalité. Nous avons avec les représentants du
fédéral des réunions très fréquentes,
fructueuses et surtout très heureuses. Je peux vous dire que le tout se
fait selon les clauses de l'entente et nous croyons pouvoir, d'ici 1976, d'ici
la fin de l'entente, réaliser en très grande partie la relance
économique de cette région qu'est celle de l'ODEQ.
Avant d'aborder la discussion des crédits de l'ODEQ, pour
l'exercice financier 72/73, il m'apparaît opportun de vous décrire
brièvement le cadre global à l'intérieur duquel ce budget
s'inscrit. Entente Canada-Québec; toutes les actions entreprises par
l'ODEQ, dans le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, les
Iles-de-la-Madeleine, se sont inscrites, jusqu'en 1971, dans le cadre d'une
première entente Canada-Québec signée le 26 mai 1968.
Cette première entente qui faisait suite aux travaux du BAEQ entrepris
entre 1963 et 1966, comportait 26 programmes et totalisait $258.7 millions. De
ce dernier montant, $46.4 millions étaient défrayés par le
gouvernement du Québec, $86.1 millions par le fonds de
développement économique rural, FODER du ministère de
l'Expansion économique et $126.7 millions par divers ministères
fédéraux. L'entente de 1968 visait principalement à
moderniser les secteurs de base traditionnels, à savoir l'agriculture,
pêcheries et forêts; à créer des activités
dynamiques nouvelles, dans les secteurs de l'industrie, des mines et du
tourisme; à lancer un vaste programme de reclassement de la
main-d'oeuvre; à accélérer l'urbanisation; à mettre
en place les équipements et l'infrastructure nécessaire au
succès du plan et, finalement, à mettre en place un cadre
institutionnel cohérent et adapté aux exigences d'une politique
concertée de développement pour la région.
Il n'y a pas lieu d'élaborer ici le contenu de cette
première entente. Qu'il nous suffise toutefois de mentionner que les
moyens mis en oeuvre ne permettaient pas de réaliser certains des
objectifs mentionnés. Ceci est particulièrement vrai en ce qui
concerne l'objectif de créer des activités dynamiques nouvelles.
En ce sens, l'entente de 1968 constituait beaucoup plus un plan d'ajustement
qu'un véritable plan de développement
socio-économique.
Quatre exercices financiers ont été élaborés
dans le cadre de la première entente, soit ceux de 68/69, 69/70, 70/71
et 71/72. Lors de l'exercice financier 68/69, un montant de $3.6 millions,
programmes conjoints et programmes québécois, a été
dépensé par rapport à un budget de $7.8 millions, ce qui
représente une performance de 45.7 p.c. En 69/7.0, sur un budget de $21
millions, $11.2 millions sont effectivement dépensés, soit une
performance de 53.3 p.c. Des $29.3 millions budgétisés en 70/71,
les dépenses atteignent cette fois $22.5 millions, soit une performance
de 76.8 p.c. Pour atteindre une performance de 89.3 p.c, en
71/72, nous avons dû dépenser $48.3 millions sur un budget
de $54.1 millions. Four les sommes budgétisées et
dépensées à partir des programmes de 1968 à
1971-1972, vous avez ici un tableau qui donne, dans les grandes lignes, les
dépenses et les pourcentages de performance. Vous remarquerez que les
performances indiquées dans ce tableau de la page 4, ne correspondent
pas nécessairement aux chiffres de performance que je viens de vous
donner.
Ceci est dû au fait que l'argent des programmes
fédéraux a été dépensé chaque
année à 100 p.c.
L'entente 1968-1976 qui a été négociée en
1971 par les deux paliers de gouvernement comprend essentiellement quatre
grands groupes majeurs qui totalisent $411 millions. Québec:
$113,500,000 et Canada: $297,700,000 soit $153,200,000 de FODER et les autres
ministères? $144,500,000.
Le premier groupe, l'Aide à la modernisation et au
développement des ressources de base et à la création
d'activités nouvelles, prévoit une dépense de
$130,100,000. Dans les secteurs de l'agriculture: $24,400,000; les
forêts: $25,100,000; les pêcheries: $21,600,000; les mines:
$11,300,000; la recréation du tourisme et du développement
culturel: $29,900,000 et finalement le développement des affaires
sociales: $17,600,000.
Le second grand groupe, l'aménagement spatial, ne comprend que
les secteurs des affaires municipales et des transports, pour lesquels les
montants de $36,700,000 et de $113,500,000 sont prévus respectivement.
Je m'excuse, tantôt, c'était pour les affaires municipales,
à la fin du deuxième paragraphe, les affaires municipales et
industrielles.
Le développement social, la formation des adultes, la
mobilité des travailleurs constituent le troisième groupe et ils
totalisent $117,700,000, soit $31,700,000 pour le développement social
et $86,000,000 pour la formation générale et professionelle. Pour
ce dernier groupe, finalement, portant sur l'administration et la
participation, un montant de $13,100,000 a été prévu
à cet égard.
Il importe de préciser ici que les montants inscrits à
chaque groupe comprennent effectivement les dépenses
réalisées en date du 31 mars 1971, dans le cadre de la
première entente. Ainsi, le montant total de $411,300,000 inclut, pour
un montant de $74,400,000, les dépenses effectuées au cours des
trois premiers exercices financiers. Il reste donc, en termes de ressources
budgétaires disponibles, pour la période de 1971 à 1976,
une somme de $337,900,000.
L'entente 1968-1976 retient intégralement la stratégie de
développement de l'entente 1968-1973, c'est-à-dire les grands
objectifs du plan ainsi que les principes de base. Contrairement à
celle-ci, toutefois, la seconde entente, en mettant davantage l'accent sur les
secteurs créateurs d'emplois, permettra de réaliser davantage un
certain équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre.
Il importe finalement de préciser que les principaux
éléments de la structure d'exécution mise en place en 1968
n'ont pas été modifiés. Un élément de
souplesse est toutefois venu s'y ajouter, en effet, dans la mesure où
les contributions totales respectives des deux gouvernements sont
respectées; la présente entente peut être modifiée
en tout temps par un accord écrit des deux ministres responsables.
Les principaux secteurs à l'intérieur desquels on retrouve
le budget de l'ODEQ de $65,611,300 pour cette année sont la voirie:
$23,926,000; 36.5 p.c. du budget; le développement social et
l'éducation: $8,207,500: 12.5 p.c. du budget; le secteur touristique,
culturel et des loisirs: $6,169,000; 9.4 p.c: les affaires municipales et la
SHQ: $6,517,000 pour 9.9,p.c. du budget; le secteur agricole: $2,500,000: 3.8
p.c; l'administration et l'information: $1,813,500 pour 2.9 p.c; l'industrie,
le commerce et les pêcheries: $3,463,200, soit 5.2 p.c. du budget.
Les richesses naturelles, $2,486,500, pour 3.8p.c. du budget; terres et
forêts, $4,528,200, 6.9p.c. et enfin les transports pour $6 millions,
soit 9.1 p.c. du budget. Le total du budget, pour cette année, est donc
de $65,611,300, auxquels s'ajoute un budget strictement fédéral
de $19.9 millions, pour un grand total de $85.6 millions.
Alors, s'il y a des questions à poser sur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la
présentation, que vient de faire le ministre responsable de l'ODEQ
appellerait évidemment des commentaires assez élaborés. Je
ne pense pas que ces commentaires pourraient être fort utiles. Je
rappelle simplement pour mémoire que, lorsque le projet de
développement de l'est du Québec a commencé, il a
été perçu comme une sorte de projet miraculeux qui devait,
à très court terme, apporter, permettre d'atteindre des objectifs
très précis, très nets. Il a fallu, auparavant,
j'ai été associé à ce travail examiner
très longuement la situation, faire toutes les enquêtes
nécessaires. La phase des études a, à un certain moment,
irrité les citoyens qui enfin, je le disais, avaient perçu cela
comme un projet miraculeux qui devait exploser et se manifester en toutes
sortes de réalisations.
Il a fallu aussi, sur le plan social et même politique, au niveau
des municipalités, etc., accorder bien des violons. Ce qui n'a pas
été une mince tâche pour ceux qui ont travaillé au
BAEQ, à la préparation de ce programme de développement.
Il y a toujours et je le souligne parce qu'il existe encore et le
ministre responsable de l'ODEQ ne m'en voudra pas ce contentieux
constitutionnel qui ranime, à chaque fois qu'un programme est
lancé, des débats, à caractère idéologique,
et qui perturbe l'atmosphère dans laquelle sont obligés de
travailler ceux qui s'occupent de l'application de ce programme.
M. le Président, sans lancer de fers à mon
gouvernement, ni à celui qui nous a suivis le travail
s'est quand même accompli selon un rythme normal, beaucoup trop lent de
l'avis de tout le monde et à notre avis également. Mais il
fallait procéder à un travail de déblaiement. C'est ce qui
a été fait.
Nous avons eu l'occasion de signer des ententes. Ces ententes ont
été reconduites, améliorées, modifiées. On
passe maintenant à une phase de réalisation dont le ministre
vient de nous donner une idée en nous présentant les divers
programmes de l'ODEQ. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans le détail de
chacun de ces programmes. Il y a cependant un aspect qui me préoccupe ou
m'inquiète, si je puis m'exprimer ainsi. Au chapitre des budgets
attribués à des initiatives d'ordre strictement
économique, de relance économique, on trouve les pourcentages les
moins importants du budget de l'ODEQ. Quant au reste du budget le
ministre me corrigera ou me montrera que tout cela se rattache très
directement à ce que j'appelle la relance économique,
industrielle, commerciale la majeure partie des programmes porte sur les
infrastructures. Ce qui, remarquez, M. le Président, n'est pas quelque
chose qu'il faille condamner, au contraire. Il y a là une région
qui avait besoin d'infrastructures. Ces infrastructures sont, d'ailleurs, une
condition essentielle du développement et de la relance
économique.
Il y a cependant une certaine disproportion que je déplore, avec
la réserve suivante: une fois les infrastructures mises en place, les
programmes futurs du gouvernement du Québec dans cette région et
la distribution des ressources permettront de rééquilibrer cette
programmation générale de développement applicable
à la région de l'est du Québec.
Je sais que l'on pourrait reprendre chacun des articles des programmes,
remettre en cause la question de la participation du fédéral. Le
ministre nous expliquera ce que comporte le montant de $19,800,000
d'initiatives fédérales. J'imagine qu'il voudra bien nous faire
savoir dans quelle mesure les compétences du gouvernement du
Québec seront respectées dans ce domaine; s'il s'agit
évidemment de compétences strictement fédérales ou
de programmes dits conjoints, même si on ne les appelle plus
nécessairement comme cela, j'imagine que le ministre pourra nous fournir
des renseignements à ce sujet.
Je ne veux pas prolonger davantage ces observations
générales, M. le Président, non plus que je n'ai
l'intention de questionner longuement le ministre sur chacun des programmes.
Parce que je sais, pour avoir travaillé au conseil des ministres, quels
étaient les objectifs que l'on cherchait à poursuivre, quelles
ont été les étapes qui nous ont amenés. Il reste
maintenant au ministre à justifier la répartition des budgets en
fonction des besoins que l'on a découverts là-bas et de cette
sorte de consolidation qui s'est faite tant sur le plan politique, social,
économique et qui a permis au ministre de nous présenter ce matin
ce qu'il appelle le budget-programme de l'ODEQ.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, nous avons écouté, comme
les autres membres de la commission, ce que le ministre responsable de l'ODEQ
vient de nous dire. Et je pourrais commencer de la même façon que
le député de Chicoutimi en disant que le miracle ne s'est pas
encore produit. Il y a probablement un orage à l'horizon. Le ministre
vient de l'annoncer. Il y a des crédits fort importants qui seront
consentis. Et je me demande si on analyse les critiques, bonnes ou mauvaises,
sur les budgets dépensés. Cela m'amène à me poser
des points d'interrogation en ce qui concerne le développement routier,
par exemple. J'ai toujours pensé que cela relevait strictement du
ministère de la Voirie, et maintenant, nous voyons que l'ODEQ consent
des montants très importants. Encore là, je pense que le
côté négligé, c'est un secteur d'activités,
un secteur économique très important auquel on devrait donner une
attention toute spéciale, toute particulière dans l'avenir, le
secteur agricole.
Je me pose des questions, parce que c'est un des plus petits budgets que
nous ayons dans la répartition des montants de l'ODEQ. C'est le
deuxième plus petit.
M. QUENNEVILLE: Lequel?
M. GUAY: Le secteur agricole. Et je me demande un peu si on n'est pas en
train de faire de cette région une région qui ne sera plus
agricole, qui pourtant, a non seulement rendu des services innombrables
à la population, mais a permis jusqu'à maintenant à cette
partie de notre pays, à ce coin de province, à ces gens, de
survivre. Tant et aussi longtemps que cela demeurera ce que c'est actuellement,
nous connaîtrons un démantèlement assez rapide du secteur
agricole.
On pourrait également le reprendre point par point. Mais je me
demande justement si, dans le programme de l'ODEQ, cela n'avait pas
été vu de cette façon. Il n'y a pas eu, je dirais, de
transferts; mais je pense que le secteur agricole est le secteur où on a
pratiquement le moins consenti. C'est peut-être là qu'il y aurait
le plus de besoins.
C'est ce que je crois, parce que je viens d'un comté agricole.
Tout est pressant. Mais encore là, il s'agit d'établir les
priorités. Et sur les priorités qui sont consenties par le budget
de l'ODEQ, on se pose toujours des questions. De quelle façon ces
priorités ont-elles été établies? Sur quoi s'est-on
basé? Normalement, il y a eu des études pour cela. Mais ces
études n'ont pas été publiques, du moins, pas à
notre connaissance; partiellement, oui.
Les media d'information nous mettent au courant plus ou moins,
peut-être de la façon qui n'est pas toujours la meilleure. Enfin,
pour ma part, je vais tenter d'écouter encore de quelle façon le
ministre va justifier la répartition de ses crédits.
J'espère qu'il l'a faite. On le remercie d'avoir déposé ce
document qui nous donne une idée générale, même avec
passablement de détails, mais je ne suis pas complètement
satisfait comme je l'ai dit hier. On va tenter de faire justifier, non pas
point par point, mais les points les plus intéressants qui nous
apparaissent prioritaires sur la répartition du budget de l'ODEQ.
M. QUENNEVILLE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je veux d'abord remercier très
sincèrement le ministre de nous avoir fourni un exposé bref mais
concis et qui contient l'essentiel des informations dont nous avions besoin
pour nous faire une juste idée de l'orientation du programme et des
activités en cours. Cela nous change de l'an dernier. Nous avions
été obligés d'aborder l'étude de ce sujet dans le
noir le plus absolu. Au moins là, il y a des paramètres
très précis auxquels nous pouvons nous référer. Je
le remercie donc beaucoup pour cet effort qu'il a fait et le respect qu'il a
ainsi manifesté à l'égard des membres de la commission. Je
voudrais aussi remercier les membres de l'Office de planification qui ont
travaillé dans le cadre de l'ODEQ au cours de l'année. Il n'y a
aucun doute qu'on sent cette année, contrairement à l'an dernier,
que le mouvement est véritablement pris, que des programmes sont en
cours, qu'un dynamisme et un effort nouveau se manifestent. Il n'y a aucun
doute qu'on le doit autant au ministre, que je félicite, qu'à
tous les fonctionnaires qui l'appuient. Je voudrais l'assurer, ainsi que les
fonctionnaires de l'ODEQ, de la sympathie, de l'admiration que nous avons pour
leur travail à l'intérieur d'un cadre qui reste un cadre
d'exécution d'un programme fédéral-provincial, qui,
même s'il est partiel, constitue quand même une addition importante
à l'équilibre aussi bien social qu'économique du
Québec.
Ma troisième remarque serait pour prendre note que l'orientation
du programme a été quand même un peu changée et que
cette orientation marque une amélioration. Comme l'a dit le ministre
dans son exposé, il semble bien que les moyens, que les programmes qui
avaient été prévus dans le cadre de la première
entente n'étaient pas tout à fait aptes à remplir,
à atteindre les objectifs qui avaient été fixés
dans le cadre de cette entente. On avait mis de grands objectifs. Mais, par
ailleurs, quand on arrivait aux programmes, on se rendait compte que l'accent
portait plutôt sur le côté social, la relocalisation, le
reclassement des travailleurs, alors qu'on avait passablement oublié le
domaine de l'implantation industrielle en particulier. Je pense que le Conseil
régional de développement a joué là-dedans un
rôle extrêmement important par les avis qu'il a communiqués
régulièrement aux autorités administratives, aussi bien
provinciales que fédérales, et que les avis qu'il a émis
ont été retenus, en grande partie, ce qui montre les bienfaits de
la participation, incidemment, et ce qui montre que les citoyens, au fond, sont
bien placés pour connaître leurs besoins d'une façon plus
adéquate et pour faire les pressions afin que les programmes s'ajustent
de plus en plus aux réalités. Nous voyons cette année que
cet effort de participation commence à donner ses fruits et qu'une
orientation semble être prise dans le sens de l'implantation
industrielle, ce qui complète les autres manoeuvres des autres
stratégies qui avaient été élaborées et qui
étaient nécessaires, évidemment, puisqu'il s'agissait
d'une région où les infrastructures étaient très
déficientes, très lacunaires, et il fallait sûrement
commencer par là. Cependant, il devenait nécessaire de plus en
plus d'adjoindre à ce travail sur les infrastructures un travail qui
allait plus loin et qui pouvait nous permettre de bénéficier des
efforts faits pour moderniser l'infrastructure. Je sens que c'est un peu cette
préoccupation qui anime le ministre cette année et que c'est
l'orientation, en fait, de toute la nouvelle entente.
Il reste que, lorsqu'on regarde le budget de cette année aussi
bien que ce qui est prévu jusqu'à 1976, l'accent porte encore
d'une façon peut-être privilégiée, peut-être
trop privilégiée sur l'exploitation du secteur primaire. Par
exemple, secteur agricole, pêcheries, richesses naturelles, terres et
forêts, en même temps que sur le développement de
l'infrastructure, c'est-à-dire transport, voirie et même
éducation puisque c'est une région où il y a encore
beaucoup à faire dans ce sens-là.
On sait que la modernisation du secteur primaire, tout importante et
bénéfique qu'elle soit, ne suffira certainement pas à
tirer cette région de marasme dans lequel elle a vécu depuis
tellement longtemps. Il y a certes du rattrapage à faire dans le domaine
des infrastructures aussi bien que de l'exploitation primaire mais je pense
qu'il faut viser plus qu'à ce rattrapage, il faut tout mettre en oeuvre
pour lancer cette région du Québec, de même que certaines
autres régions, dans le sens d'un progrès industriel,
économique plus équilibré, plus cohérent, plus
étoffé dans toutes les directions.
Cependant, je me réjouis de cet additif qui vient à la fin
de l'exposé du ministre et qui pourra permettre des réajustements
successifs au cours des années que durera l'entente. C'est une petite
phrase de rien du tout qui termine l'exposé du ministre mais c'est une
phrase extrêmement importante par les effets qu'elle peut contenir.
Quand on dit, par exemple, que dans la
mesure où les contributions totales, respectives des deux
gouvernement sont respectées, la présente entente peut être
modifée en tout temps par accord écrit des deux ministres
responsables, cela veut dire que si les avis subséquents du CRD ou si
les recherches subséquentes des fonctionnaires de l'Office de
planification viennent à convaincre le ministre en particulier que des
réajustements même importants sont exigés, vous aurez
l'occasion de le faire sans trop chambarder l'entente, à condition bien
entendu que vous obteniez l'accord de l'autre ministre responsable, celui qui
existe au palier fédéral.
J'estime qu'après toutes les années où les
employés fédéraux ont oeuvré dans ce terrain, ils
doivent s'être "gaspésianisés" dans une grande proportion
et ils doivent comprendre maintenant les besoins de cette région et que
leur accord ne sera pas trop difficile à obtenir puisque c'est au fond
pour le bénéfice des Gaspésiens d'abord et avant tout que
ce programme a été institué. C'est là une bonne
façon de profiter des montants d'argent que le régime
fédéral doit mettre à notre disposition dans le cadre du
régime dans lequel nous vivons. Il reste cependant, M. le
Président, qu'on peut se demander si d'ores et déjà il n'y
a pas certaines réorientations, certains ajustements qui s'imposent. Je
parlais tout à l'heure du rapport Métra que le ministre
possède depuis maintenant près d'un an.
Si on avait eu plus de temps, j'aurais aimé revoir, avec lui,
page par page, ce rapport extrêmement intéressant, discuter avec
lui tous les schémas d'aménagement proposés, les 17
recommandations, qui concernent les alternatives que l'on pourrait envisager
relativement à ces schémas d'aménagement, ainsi que les
conclusions ou les suggestions que fait cette firme de consultants. Pour ne pas
prolonger le débat, je me contenterai d'un bref résumé de
ce rapport. Je demanderais simplement au ministre les conclusions que
lui-même en a tirées ainsi que les organismes aviseurs, qui sont
auprès de lui, et son homologue fédéral.
En fait, M. le Président, la conclusion qu'apporte cette firme de
consultants me semble passablement pessimiste. Je résume cette
conclusion à grands traits. Pour eux l'est du Québec est
géographiquement marginal. La population ne pourra qu'y rester stable ou
même diminuer. Les activités, qui concernent l'exploitation du
secteur primaire, sont concentrées presque exclusivement sur la
côte, ce qui laisse l'intérieur sans une véritable vie
économique, sauf peut-être pour la région de Murdochville
à cause du développement minier qui y existe. Les entreprises
d'exploitation des ressources dépendent principalement de
l'extérieur et ne sont pas intégrées à la
région. Les industries et les services spécialisés ne sont
pas très attirés dans cette région à cause de
l'isolement où elle se trouve et du fait justement que les entreprises
de ressources viennent de l'extérieur, se servent à
l'extérieur.
Il ne se crée aussi pas beaucoup d'armature urbaine malgré
tous les efforts dont fait état le budget. On se rend compte que, pour
développer une véritable armature urbaine, il faudrait
peut-être mettre encore plus d'efforts que ce qu'on fait actuellement. La
région est nettement coupée en deux sous-régions: La
région de l'ouest et la région de l'est qui ont des
activités, des préoccupations différentes. Même si
on les a jointes artificiellement dans l'entente, probablement à cause
de leurs besoins qui sont très grands autant pour l'une que pour
l'autre, il reste qu'il s'agit de deux régions unies un peu
artificiellement et qui ont des priorités différentes. Ce qui
nous amène à conclure qu'avec une population à basse
densité, une économie aussi peu structurée et une faible
armature urbaine, il s'agit d'une région presque
désintégrée. Parce qu'elle est
désintégrée, il faut faire des efforts extrêmement
énergiques et très rationnels également, afin de ne pas
gaspiller l'argent à notre disposition, de ne pas l'éparpiller,
le disséminer dans des entreprises sans lendemain.
C'est ce qui amène les consultants à proposer, au fond,
divers schémas d'aménagement qui, tous, ressortent de deux
possibilités. La première, est-ce qu'il s'agit d'une
région véritablement spécifique, qui a une existence en
soi et qui a des besoins propres? A ce moment ceci peut justifier une
implantation industrielle de type secondaire où on exploite, un peu plus
avant, les produits des richesses naturelles. Est-ce qu'une implantation
industrielle, également de type "footloose" je ne sais pas
comment traduire cela en français qui n'est pas fondée sur
les ressources en matière première de la région, mais qui
provient, pour une part, du développement de la technologie, un peu
comme certaines régions du Québec ont fait, est-ce que les
conditions se prêtent à une implantation industrielle de type
"footloose"? C'est bien ce que plusieurs membres des CRD de la région
voudraient préconiser, disant que si cela a été possible
dans d'autres parties du Québec, on devrait peut-être pouvoir le
faire là, quitte à améliorer, évidemment,
l'armature de transport afin de ne pas exagérer les coûts de
production, de transport et de mise en marché.
Cela est le premier choix. Le deuxième, est-ce qu'au contraire
cette région ne peut pas et ne doit pas être
considérée comme une région en soi et qu'elle doit
être considérée dans l'ensemble de la planification
québécoise, et qu'on doit plutôt chercher à mettre
des liens entre cette région et les autres régions du
Québec, puisque déjà, nous avons constaté qu'il y a
deux sous-régions à l'intérieur de cette grande
région? Ce sont là les grandes orientations, les grandes options
que dégage le rapport. Cela me semble être un rapport très
important, bien étoffé, basé sur des études
sérieuses. Comme il a été déposé il y a
maintenant près d'un an, je voudrais demander au ministre ce qu'il pense
des 17 recommandations d'aménagement, des orientations, des options qui
sont proposées par la firme de consultants, quel
choix il a fait entre ces alternatives. Je voudrais savoir s'il a fait
un choix, si ce choix a été entériné pas son
homologue fédéral, quel rajustement il prévoit dans le
plan qui sera mis à exécution et quelles appropriations
budgétaires nouvelles il pense à mettre en oeuvre, pour
l'année qui vient. Je sais qu'il a des contraintes budgétaires,
mais je me réfère justement à cette petite phase qui
termine son exposé, étant donné qu'il peut maintenant
faire montre d'une plus grande souplesse. Est-ce que déjà, cette
étude qu'il a poursuivie, lui a fait sûrement décider des
orientations nouvelles qui se traduiront sous une forme budgétaire.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. QUENNEVILLE: Je m'excuse, le député de Chicoutimi m'a
fait tantôt une remarque que je trouve fort judicieuse et qui est due
à un oubli de ma part. Je peux vous dire que lors de mon arrivée
dans le territoire de l'ODEQ, j'ai rencontré la population des
différents endroits. J'ai insisté énormément,
chaque fois, à chaque endroit, pour dire que, effectivement, nous en
étions rendus à la phase de concrétisation et de
réalisation qui faisait suite à une phase de planification et de
sensibilisation. J'ai, en toute justice, insisté sur le travail de mes
prédécesseurs et, d'une façon bien particulière,
sur le fait qu'ils avaient traversé des périodes où leur
action était peut-être moins spectaculaire, mais n'en était
pas moins nécessaire lorsqu'on pense planification et
développement. La remarque, à mon avis, était
justifiée.
Je peux vous dire que la population du territoire de l'ODEQ a
été mise au courant de la facilité pour moi
peut-être de poser des gestes plus éloquents et plus tangibles,
mais c'était simplement dû au fait que nous en étions
rendus à cette phase-là. Encore une fois, je voudrais, à
la suite de la remarque du député de Chicoutimi, rendre un
hommage particulier aux ministres qui m'ont précédé et qui
ont sûrement fait un excellent travail.
Pour ce qui est du pourcentage des activités ou des projets
pouvant assurer une relance économique, je crois que si l'on inclut les
projets de voirie qui sont à la base, comme on l'a souligné
aussi, et qui sont absolument essentiels à la relance économique
de la région, nous arrivons quand même â un pourcentage du
budget qui est passablement impressionnant. Effectivement, une addition rapide
et des projets et des montants impliqués et des pourcentages
correspondants nous indique que le programme de cette année
représente, au point de vue du secteur de la relance économique,
du secteur pouvant influencer la relance économique, tout près de
75 p.c. C'était le but qui nous avait été fixé
d'ailleurs, lors de l'entente. Nous avons donc tenté par tous les moyens
d'assurer cette relance économique en nous adressant à des
secteurs beaucoup plus dynamiques et beaucoup plus créateurs
d'emplois.
Pour ce qui est du 19.8 p.c. des budgets strictement
fédéraux, M. le député m'a demandé de donner
une liste. L'éducation et les allocations aux adultes, la formation
professionnelle des adultes: $7 millions; le budget affecté aux
installations portuaires: $4 millions; le budget affecté aux
aéroports: $550,000; la Société centrale d'habitation:
$5,226,000; le parc Forillon: $1,700,000; une subvention pour la construction
d'un navire devant assurer le transport entre Matane et Godbout: $1,162,000 et
enfin, les recherches agricoles à Sainte-Anne-de-la-Pocatière:
$205,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question au sujet de cette liaison: Matane/Godbout? Où en est-on
actuellement? Comment s'effectue le transport?
M. QUENNEVILLE: Nous en sommes encore à une période de
négociation. Le gouvernement fédéral a fait un
échange avec le gouvernement du Québec pour une somme de $6
millions; par contre, le gouvernement provincial prend à sa charge les
subventions qui, jusqu'ici, étaient payées par le
fédéral pour les installations portuaires existantes. Je peux
vous dire que nous avons, à ce moment-là, reçu du
fédéral le navire Manic pour la somme de $1.
Ce bateau est actuellement en service entre les Iles-de-la-Madeleine et
la ville de Souris. Le problème, actuellement, au sujet de ce bateau, se
situe dans le fait que la construction de ce bateau ici, par une industrie
canadienne, présenterait des délais quasi inacceptables. En fait,
je pense qu'avant deux ans nous ne pourrions pas disposer du navire en
question. Et d'ailleurs, le coût de construction de ce navire
dépasserait de beaucoup les prévisions.
On avait prévu $6 millions et le navire en question coûtera
au moins $10 millions de construction. C'est donc dire que nous recherchons
actuellement une solution de rechange, pouvant assurer le service entre Matane
et Godbout, soit par la location d'un bateau déjà construit ou
encore par l'achat d'un bateau déjà construit.
Le ministère des Transports qui est le maître d'oeuvre de
ce projet est justement en train d'étudier et devait recevoir, le 10
juin c'est demain, si je ne me trompe pas le rapport des
études faites à ce sujet par les fonctionnaires du
ministère des Transports. Nous en sommes actuellement rendus là
et il faut dire aussi que la location, l'achat, ou la construction du navire
implique nécessairement aussi la construction de nouveaux quais à
Matane et à Godbout. Ceci s'ajoute aux problèmes que nous
affrontons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, l'un dans l'autre, ce que le
gouvernement fédéral vous donne et ce que le gouvernement du
Québec a consenti à contribuer, est-ce que ça
s'équilibre ou si le gouvernement central
donne plus que ce que le gouvernement du Québec doit verser?
M. QUENNEVILLE: Je pense bien que les négociations à cet
effet ne sont pas terminées. Et sur présentation du gouvernement
provincial, il est fort possible que le budget fédéral
affecté à l'achat ou à la construction du navire en
question puisse être augmenté. Encore une fois, c'est une question
de négociation pour le moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. QUENNEVILLE: Je remercie M. le député de son
intervention qui, comme toujours, a été non seulement
appréciée mais constructive.
Au sujet des remarques faites par le représentant
créditiste, je dois d'abord lui dire que nous non plus ne croyons pas
aux miracles. Nous croyons quand même faire un travail valable, nous
avons des contraintes budgétaires qui nous empêchent
peut-être de faire des miracles, c'est normal aussi; mais je voudrais lui
faire remarquer en particulier que pour tout ce qui regarde les budgets de la
voirie, l'entente prévoit exclusivement des travaux sur deux routes,
à savoir la route 6 et la route 10. Le reste du réseau routier
à construire dépend des budgets réguliers du
ministère de la Voirie. Je pense bien que, actuellement, les deux routes
principales, savoir la 10 et la 6, sont absolument essentielles au
développement et à la relance économique de la
région et c'est la raison pour laquelle nous affectons des sommes
considérables à cette partie du réseau routier.
M. GUAY: J'imagine que ces routes-là sont quand même
confiées à la responsabilité du ministère de la
Voirie.
M. QUENNEVILLE: Certainement, d'ailleurs vous savez que tous les
ministères sont maîtres d'oeuvre. Nous sommes là tout
simplement pour coordonner. En fait, et c'est notre deuxième fonction,
nous sommes de vulgaires agents payeurs.
Pour ce qui est du secteur agricole, je ferai remarquer naturellement
qu'à la suggestion des CRD et de la population du territoire de l'ODEQ,
le budget en fait correspond à leur voeu. Je ne vous annoncerai rien en
disant que le développement de l'agriculture dans le territoire de
l'ODEQ, c'est plus ou moins problématique et les chances de
succès jusqu'ici ne se sont réellement pas montrées
appréciables. Inutile de vous dire que nous tenterons, par tous les
moyens, de trouver des formes ou du moins des modalités d'application
dans le secteur agricole. Nous affectons des sommes importantes à
l'élevage des animaux. Nous affectons des sommes aussi à la
construction des fermes piscicoles, enfin nous affectons aussi des sommes
à la consolidation dans le domaine de l'industrie laitière et
dans le domaine des meuneries.
Je pense que le montant qui est là devrait aider
considérablement quand même pour les possibilités du
côté agricole du territoire de l'ODEQ. M. le député
a fait remarquer que les programmes de l'ODEQ et du BAEQ ne lui sont pas
connus. Je peux d'abord lui dire que nous lui avons fait parvenir
déjà un texte sur l'entente, si je ne me trompe, et,
deuxièmement, tous les raports du BAEQ ont été rendus
publics. Je pense bien que, de ce côté, je peux vous dire que le
service d'information que nous avons mis en place depuis le mois d'octobre
exécute un travail réellement impressionnant et qui comble une
lacune qui existait jusqu'ici dans l'organisation de l'ODEQ.
M. GUAY: Cela justifie en même temps le montant de $1,
800,000?
M. QUENNEVILLE: Oui, en quelque sorte.
M. GUAY: Considérez-vous que l'investissement dans le secteur
agricole, dans la région de l'ODEQ, est un investissement à moyen
ou à long terme?
M. QUENNEVILLE: Tout le programme de l'ODEQ, en fait, est un
investissement d'abord à court terme, à moyen terme et à
long terme aussi. Nous avons des projets qui, effectivement, ne produiront pas
peut-être avant trois ou quatre ans... Quand même, je pense qu'il
faut absolument, dans une planification ordonnée et sensée,
prévoir justement des investissements à court, à moyen et
à long termes.
M. GUAY: Si nous remarquons la répartition des montants, d'abord,
je pense bien que ce qui est visé c'est la création d'emplois. Il
ne faut pas se conter de peur là-dessus, c'est la priorité qui a
été respectée par l'ODEQ, d'abord et avant tout, la
création d'emplois. Si ce sont toujours des investissements à
court terme, je me demande si ce n'est pas, au lieu de miracle, tout simplement
un plâtrage qu'on fait.
M. QUENNEVILLE: Je vous ferai remarquer qu'à ce moment-là
vous avez quand même un investissement à long terme dans les
fermes piscicoles. Vous seriez surpris de voir le nombre d'employés qui
travaillent dans ces fermes piscicoles. J'ai été moi-même
réellement étonné du nombre d'employés que ces
fermes piscicoles justifient.
M. GUAY: Nous devons avouer que vous avez mis l'accent sur une
véritable priorité.
M. QUENNEVILLE: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, nous savons par les rapports
du BAEQ que la vocation agricole dans cette région n'est pas une
vocation très encourageante si on tient compte du territoire qui peut
être considéré
comme territoire de terre arable, si on tient compte des conditions
climatiques, il est ressorti très clairement des études que la
vocation agricole n'est pas une vocation vraiment prédominante dans ce
secteur.
M. QUENNEVILLE: Je suis effectivement conscient des difficultés
que nous éprouvons dans le développement du secteur agricole.
M. GUAY: Justement le faible montant qui a été consenti...
Remarquez bien que ce n'est pas critiquer d'une mauvaise façon mais je
voudrais faire quand même justifier le pourquoi de ce montant de
$2,500,000, alors qu'ailleurs nous retrouvons des montants plus importants. Je
suis parfaitement d'accord sur ce que vient de dire le député de
Chicoutimi pour avoir eu à voyager dans ce coin un bout de temps.
M. QUENNEVILLE: Je voudrais remercier d'une façon
particulière mon collègue, mon confrère, le
député de Bourget et je voudrais naturellement partager ces
félicitations avec toute l'équipe qui m'appuie. Je peux vous dire
que, lorsqu'on arrive dans un domaine nouveau, il faut nécessairement
compter sur l'appui des fonctionnaires en place et je peux vous dire que cet
appui ne m'a jamais fait défaut. Je voudrais, en ce moment, que vos
félicitations soient partagées et par les membres fonctionnaires
de l'OPDQ et aussi par ceux de l'ODEQ et enfin aussi par les membres du CRD de
l'est du Québec qui, encore une fois, avec leurs formules
différentes, à mon avis, ont plus de possibilité
d'atteindre les objectifs.
Je pense bien que tout ce que je peux faire est simplement d'accepter
les remarques qui ont été faites et qui me semblent fort
justifiées quant aux réalisations que nous avons faites
jusqu'ici. Je voudrais quand même faire remarquer au député
de Bourget que nous sommes vraiment d'accord lorsqu'il souligne que le budget
s'adresse surtout à l'économie primaire mais il faut dire que,
pour le moment, il est extrêmement difficile de diriger nos budgets vers
les emplois du secondaire. C'est dans les vues du programme d'en venir à
une orientation nouvelle et, d'ailleurs, c'est la raison pour laquelle des
rajustements sont possibles à l'intérieur de l'entente.
Pour ce qui est de l'intérieur, de l'arrière-pays, il faut
dire que la population de cet arrière-pays n'est pas tellement
importante en nombre; mais si le député a suivi
l'évolution et la contestation des opérations Dignité, je
dois vous dire que nous avons donné suite aux représentations et
que les présidents des différentes opérations
Dignité sont très heureux pour le moment. Je les rencontre de
façon très régulière.
Je pense bien que ces mouvements devraient nous aider
considérablement, peut-être à régler le
problème de l'arrière-pays qui n'est pas facile. De toute
façon, cette année, nous dépensons pour les
opérations Dignité 1 et 2, $1,500,000 pour les aider. Il faut
dire que ce sont des prévisions budgétaires établies par
les présidents des différentes opérations Dignité.
Nous souhaitons naturellement qu'ils dépensent les montants qu'ils ont
prévus. Quoique l'an dernier effectivement, sur un montant de $600,000,
à cause peut-être de cette période d'organisation, ils
n'ont dépensé, je crois, que $250,000 ou $300,000. A la suite des
rencontres, nous leur avons d'abord donné une idée du budget
possible pour eux et nous les avons encouragés fortement à le
dépenser entièrement et à bon escient.
Rapport Métra
M. QUENNEVILLE: Je pense qu'on est rendu au rapport Métra. Au
sujet du rapport Métra c'est un instrument de travail dont la
rédaction avait été confiée à la compagnie
Métra. Le mandat consistait à faire trois instantanés de
la région en vue de la renégociation ou de la
réorientation de la région. Les trois instantanés se
situaient en 1965-1966, en 1970 et enfin en 1976. Le rapport a
été déposé, il y a déjà plusieurs
mois un rapport écrit accompagné aussi de cartes un
travail réellement très valable. D'après les
renseignements que j'ai, le rapport aurait dépassé le mandat en
ce sens qu'il est accompagné de recommandations alors qu'effectivement
le mandat ne comprenait pas ces recommandations. A tout
événement, nous considérons les conclusions de ce rapport,
qui sont justifiées jusqu'à un certain point. Le rapport est
étudié par chacun des ministères. Actuellement il est
étudié, en profondeur, par un comité technique, la CAREQ.
Nous attendons, d'ici peut-être tout au plus un mois, les recommandations
faites par ce même comité sur le rapport Métra. Je regrette
de ne pouvoir vous donner, naturellement, ce que je retiens de ce rapport. A
l'occasion des questions en Chambre, je pourrai peut-être à ce
moment préciser davantage ce que nous retenons du rapport
Métra.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question ici? Le député de Bourget signalait tout à
l'heure, avec raison, le pessimisme de ce rapport. En réalité,
lorsqu'on le lit très attentivement, ce n'est pas très hilarant,
très gai. Est-ce qu'il apparaît aux yeux du ministre que les
conclusions du rapport et les suggestions collent à une
réalité qu'il a eu le loisir d'examiner et est-ce que les
suggestions faites par le rapport Métra, les alternatives sont
réalisables?
M. QUENNEVILLE: Ce rapport a été déposé, il
y a déjà un an. Ce rapport a été fait surtout avant
le commencement de la phase d'exécution, si vous voulez, ou de
réalisation. Il est sûr et certain qu'on ne peut changer
l'équilibre de toute une région dans l'espace de quelques mois. A
la lumière, peut-être du rapport de l'ODEQ 71/72 ou 72/73, je
pense
que les auteurs du rapport corrigeront sûrement leurs conclusions
plutôt pessimistes, comme vous le soulignez. Nous, nous avons toutes les
raisons au monde d'être optimistes, même en tenant compte des
conclusions qui, en fait, sont sûrement judicieuses et correspondent
à la période à laquelle le rapport a été
fait.
Pour ce qui est des vocations différentes des deux
régions, à savoir l'est et l'ouest, nous en sommes
profondément persuadés et je peux vous dire que le programme que
nous suivons actuellement et qui se situe dans les cadres de la planification,
tient compte justement des vocations spécifiques de l'ouest et de l'est.
Même à l'intérieur de ces deux zones-là, cela tient
compte aussi des vocations spécifiques de telle ou telle
municipalité.
Je vous donne comme exemple la région de Carleton. Disons que
Carleton est reconnue dans la planification comme une zone essentiellement
touristique et vous avez à quelques milles de là une autre
municipalité qui s'appelle Maria, dont la vocation n'est pas
touristique, mais dont la vocation se résume surtout à des
services de santé. Il y a un hôpital assez considérable
à cet endroit; nous croyons, que la vocation de cette localité
devient tout simplement une vocation de services de santé, de
régionalisation, si vous voulez, des services de santé. Il en est
de même pour chaque municipalité où nous tentons, par tous
les moyens possibles, de respecter les vocations bien spécifiques. Il en
est de même pour la côte de l'est, où je reconnais, avec M.
le député, que l'orientation doit être complètement
différente. La planification a tenu compte de ces orientations et, comme
je vous dis, nous tentons par tous les moyens de suivre exactement ce que la
planification nous indique.
Pour ce qui est du côté industriel, comme je le faisais
remarquer tantôt, nous tentons, par tous les moyens vous voyez
d'ailleurs que le budget de l'Industrie et du Commerce cette année est
assez important d'amener sur le territoire de l'ODEQ le plus grand
nombre d'industries qui ne touchent pas les ressources du pays même ou de
la région. Ce n'est pas facile, justement en raison du fait que le
transport est un handicap sérieux à l'implantation de ces
industries. Nous allons tenter par tous les moyens possibles, par des
subventions au besoin, de combler ce handicap ou du moins d'y faire face et de
pouvoir stimuler d'une façon particulière l'implantation ou
l'établissement d'industries qui s'adressent à des secteurs
n'intéressant pas les ressources du territoire.
Je vous ai répondu tantôt au sujet des 17 propositions.
Nous croyons que ces propositions du rapport Métra devraient nous
permettre de rajuster notre tir au besoin, à l'intérieur du
programme. Encore une fois, nous attendons les recommandations de CAREQ pour
donner suite de façon bien concrète aux recommandations de ce
rapport Métra et à la lumière du grand plan
déjà établi par l'OPDQ. Ce sont les remarques que j'avais
à faire. Je vous remercie de vos interventions.
M. LAURIN : Est-ce que la réfection et la modernisation de la
route 6 atteindra bientôt Carleton en passant par Paspébiac?
M. QUENNEVILLE: Je pense que vous voulez crever le coeur du
député de Bonaventure!
Je peux vous dire que nous avons des tronçons de route
importants, et les travaux seront exécutés dès cette
année. Je ne peux pas vous donner exactement les montants, mais je sais
qu'il y a un montant assez important surtout dans la région de New
Richmond, de Percé. Et si possible, nous pourrons peut-être,
dès cette année, construire la route à partir de
Matapédia en longeant la côte vers Paspébiac.
M. LAURIN: C'est là vraiment qu'elle est la plus affreuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela vous empêche d'aller voir le
ministre.
M. LAURIN: M. le ministre, je vous ai posé des questions en
Chambre à plusieurs reprises sur la création de la
société de gestion ou la société
d'aménagement dont on promettait la création à intervalles
périodiques et, comme soeur Anne, je ne voyais jamais rien venir. Est-ce
que le ministre peut nous dire maintenant s'il y a des progrès en ce
sens, si on peut prévoir pour bientôt la création de cette
société de gestion? Quels sont les membres éventuels de
cette société de gestion, de quelle façon sont-ils choisis
et sur quel secours financier peuvent-il compter?
M. QUENNEVILLE: Pour répondre à la question qui m'a
été posée il y a très longtemps d'ailleurs je le
reconnais disons que justement, peut-être lorsqu'on prévoit
l'établissement d'industries secondaires, cette société de
gestion pourrait nous rendre de précieux services. Comme vous le savez
sans doute, nous avons eu de la part du CRD de l'est la première
proposition pour mettre sur pied cette société de gestion. Nous
avons étudié cette proposition, nous l'avons soumise aussi au
comité directeur de liaison. Mais, à notre grande surprise, avant
que nous puissions rendre une réponse sur cette première
proposition, nous avons reçu une deuxième proposition du CRD de
l'est aussi, qui naturellement présentait, à mon avis, un
protocole d'entente ou un projet plus acceptable, en ce sens qu'il était
divisé par étapes. Je peux vous dire que ce projet a reçu
de la part du comité directeur et du comité de liaison, une
contreproposition, comme c'est bien normal. Cette contreproposition a
été soumise au CRD il y a déjà sûrement un
mois et demi et nous attendons toujours une réponse du CRD avant de
donner suite de façon concrète et avant, surtout, d'accorder des
crédits à cette société de gestion.
Je peux vous dire que nous avons l'intention d'aller avec
énormément de prudence dans l'attribution des budgets. Vous savez
que le gouvernement a déjà eu des expériences pas
tellement heureuses avec d'autres sociétés de gestion. Alors, il
y a de fortes possibilités que, d'ici quelques jours, nous ayons la
réponse définitive du CRD et que nous puissions attribuer des
montants tels que prévu dans cette entente.
M. LAURIN: Sans dévoiler le secret des dieux, est-ce que vous
pourriez nous dire les axes sur lesquels repose votre contreproposition, dans
quel esprit, surtout, elle est orientée?
M. QUENNEVILLE: Oui, il s'agit surtout, comme je le disais tantôt,
d'avoir un contrôle, parce qu'il reste quand même que c'est une
société à but lucratif. Alors, vous comprenez facilement
que nous aimons mieux procéder par étapes.
Je peux vous dire que nous avons des montants qui ne sont
peut-être pas, dès le départ, des montants globaux, mais
qui, quand même, correspondent à 50 p.c. du budget demandé
pour les frais de fonctionnement couvrant les six premiers mois. A la
lumière du rapport qui nous sera fait à ce moment-là, nous
verrons, s'il y a lieu, de continuer les subventions et dans quel sens nous
l'entendons.
Je peux vous dire que, dans notre contreproposition, sans vous
dévoiler des secrets, nous avons à la suite de ces frais de
fonctionnement demandé à la société de gestion
d'investir exactement un dollar chaque fois que le gouvernement investira un
dollar ou l'inverse, si vous aimez mieux, de façon à montrer le
sérieux de cette société de gestion, dont nous ne doutons
pas.
Pour ce qui est de la nomination des membres de cette
société de gestion, elle dépend exclusivement du CRD.
M. LAURIN: Il n'y aura aucun veto de la part des deux gouvernements
intéressés?
M. QUENNEVILLE: Absolument pas.
M. LAURIN: Vous parliez tout à l'heure de la modernisation de
l'agriculture, parce que la vocation agricole de cette région semble
devoir être repensée en fonction des conditions climatiques, des
distances et tout ce qu'on veut. Est-ce que vos bureaux étudient, d'une
façon soignée et intensive, les diverses propositions faites pour
lier la revalorisation de l'agriculture à la revalorisation
forestière? Je sais que divers plans ont été
suggérés, soit par des sociétés de producteurs,
soit par l'Union catholique des cultivateurs, soit même par des
organismes syndicaux. Est-ce que votre office pense qu'il y a là une
voie prometteuse pour l'avenir? Et est-ce que vous en êtes arrivés
déjà à dégager certaines orientations en ce qui
concerne la revalorisation, à la fois de l'agriculture et du domaine
forestier?
M. QUENNEVILLE: Disons que CAREQ s'est penchée avec
énormément d'attention et de considération sur ces projets
qui rejoignent les deux ministères impliqués. Je peux vous dire
que les conclusions auxquelles nous arrivons, sans faire présumer d'un
avenir prometteur, nous portent à croire qu'il y a lieu d'intensifier
nos efforts dans ce sens-là.
M. LAURIN: Donc, vous avez un comité d'étude sur cette
question?
M. QUENNEVILLE: Oui, exactement.
M. LAURIN: Et qui pourra rapporter progrès dans un avenir pas
trop lointain?
M. QUENNEVILLE: Pas plus que six mois, autant que possible.
M. LAURIN : Pas plus que six mois. C'est tout ce que j'avais à
demander.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GUAY: J'aurais juste une question au sujet du transport. Je sais que
les gens de l'endroit bénéficiaient ou bénéficient
peut-être encore d'un taux de transport réduit. Ils donnaient un
nom à cela Est-ce une entente Canada-Québec ça
aussi? Pour tout le transport de l'est, il y avait par le Canadien National,
par chemin de fer, un taux de transport réduit au maximum.
M. QUENNEVILLE: On me dit que cette politique demeure encore, mais c'est
une politique strictement fédérale.
M. GUAY: Seulement fédérale.
M. QUENNEVILLE: Un taux préférentiel établi par le
fédéral et nous n'avons rien à voir là-dedans, mais
ça existe encore.
M. GUAY: Est-ce que vous seriez également favorable à ce
que le gouvernement du Québec participe à une chose comme
celle-là, afin de favoriser davantage..?
M. QUENNEVILLE: Nous sommes prêts à considérer les
suggestions qui pourront nous être faites, de façon
concrète.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'article 6, les sous-articles ainsi que chacune des
catégories adjacentes; l'article 7 et les sous-articles s'y rapportant,
seraient tous adoptés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LAURIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La commission a terminé ses travaux de
l'étude des crédits.
M. LAURIN: Est-ce que la limite de 45 jours se termine à midi ou
à minuit ce soir?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A une heure. On avait fini. M. le
Président, je voudrais, rapidement, remercier très cordialement
le ministre responsable de l'ODEQ, de l'objectivité et de la
bienveillance manifestées en répondant à nos questions. Il
a une responsabilité très difficile, très technique aussi,
ce qui rend le travail, en commission parlementaire, plus difficile.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je remercie les membres des
autres partis qui ont collaboré à l'étude des
crédits de l'ODEQ. Je voudrais vous féliciter, M. le
Président, pour la façon très habile dont vous avez
mené les débats de l'étude de ces crédits. Je
voudrais remercier, d'une façon particulière, tous les
fonctionnaires qui, même s'ils demeurent loin, sont demeurés ici
à ma portée, de façon â pouvoir, au besoin, nous
fournir les renseignements additionnels. Je vous remercie infiniment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous de même.
M. LE PRESIDENT: Le comportement de chacun des membres de la commission
a rendu la tâche du président extrêmement facile.
M. LAURIN : Finis coronat opus.
(Fin de la séance à 12 h 55)