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Commission permanente de la présidence du
conseil,
de la constitution et des affaires
intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du vendredi 14 juin 1974
(Onze heures dix minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Pour ce matin, les remplacements sont les suivants: M. Bédard
(Chicoutimi) remplace M. Charron (Saint-Jacques), M. Boutin (Abitibi-Ouest)
remplace M. Harvey (Charlesbourg) et M. Lessard (Saguenay) remplace M. Morin
(Sauvé).
M. CARON: M. Harvey (Dubuc) remplace M. Bossé (Dorion).
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Harvey (Dubuc) remplace M.
Bossé (Dorion).
M. CARON: M. Bossé est retenu à Montréal, car il
est tellement occupé.
M. LESSARD: Probablement que M. Bossé ne savait pas qu'il y avait
une commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
Programme 4, élément 4. L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je laisse la parole au
député de Chicoutimi.
Office de planification et de développement du
Québec
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, tel que l'a
mentionné hier le ministre, le document jaune, qui précisait les
orientations de développement du Québec, était un document
préliminaire et représentait, dans son esprit, une sorte
d'analyse, de diagnostic de la situation à l'heure actuelle qu'il
fallait constater à travers le Québec. Notamment par l'analyse de
la situation, tant à Montréal que dans chacune des
régions, ce qui permettait, de diagnostiquer, entre autres, des
régions qui étaient réellement en croissance
économique, et d'autres régions qui se trouvaient dans un
état de stagnation ou dans un état de régression.
Si cette version préliminaire est simplement un diagnostic et non
la philosophie de développement de l'Office de planification du
Qué- bec, je dirai que cela peut être un bon diagnostic, une bonne
analyse. Mais ce qui m'inquiète, c'est que lorsqu'on lit l'entente-cadre
on voit qu'on se réfère, presque textuellement, à
l'analyse qui est faite dans la version préliminaire.
On est en droit de s'inquiéter parce que cela semble se
préciser, à la suite de ce diagnostic si on lit
l'entente-cadre, qu'à l'heure actuelle, ce qui devait être
simplement une version préliminaire ou une analyse de la situation, ne
soit effectivement la politique de développement ou la philosophie de
développement du Québec.
Ce que j'aimerais savoir du gouvernement, c'est s'il a l'intention de
poser des actions énergiques précises renverser la vapeur, pour
renverser la tendance qui semble se dessiner très clairement dans la
version préliminaire de l'OPDQ. A la suite de la version
préliminaire de l'OPDQ, parlant nettement de régions en
croissance, de régions qui doivent être les régions
clés, comme Montréal, en termes de développement, et
parlant également, je le répète, des régions en
stagnation ou en régression économique, est-ce que le
gouvernement entend poser des actions très énergiques, en termes
d'injection de capital, pour renverser la vapeur, pour permettre d'une
façon toute spéciale à ces régions qu'on a
identifiées comme étant en régression ou en croissance de
devenir, à la suite d'une intervention du gouvernement, au même
titre que les autres, des régions qui puissent faire leur part au niveau
de l'ensemble du développement économique du Québec?
C'est ce que je voudrais savoir. Y a-t-il des actions précises du
gouvernement pour renverser la vapeur ou renverser l'état de la
situation constatée par la version préliminaire de l'OPDQ?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense bien que la
réponse à cette question ne peut que renfermer les
éléments qui, déjà, ont été
énoncés hier soir. Elle ne peut être qu'une
répétition, d'une façon peut-être différente
cette fois-ci, des réponses déjà données, puisque
la question elle-même est effectivement une répétition de
ce qui a déjà été demandé hier soir.
Le livre jaune auquel on fait allusion je le
répète, pour la troisième, quatrième ou
cinquième fois est un document de travail qui, à
l'époque où il a été écrit,
représentait un cliché, dans le sens photographique du terme, de
la situation économique telle qu'elle était perçue
à ce moment-là, un diagnostic, ainsi que certaines
réflexions proposées à l'ensemble des parties
intéressées et à l'ensemble de la population. En effet,
nous avons bien dit que ce livre jaune, qui déjà a subi l'examen
de plusieurs parties, y compris les différents ministères, sera,
en temps opportun lorsqu'une version mieux rodée sera disponible
soumis à l'examen des mécanismes normaux qu'utilise l'OPDQ
pour les fins de consultation.
D'ailleurs, depuis que ce cliché a été pris
et je répète ce que je disais hier à l'effet que la
situation économique est éminemment évolutive
déjà se sont produits des faits importants qui peut-être
auraient comme conséquence de changer ce portrait. Pensons seulement
à la crise énergétique, aux démarches qui ont
résulté des difficultés que nous avons eues avec le
pétrole. Ces éléments, autant que nombre d'autres qu'on
pourrait énumérer, font que peut-être déjà ce
portrait qui a été pris est sujet à une modification.
D'ailleurs, c'est le propre de toute identification d'une situation
économique d'être éminemment évolutive. C'est pour
ça, d'ailleurs, que l'entente-cadre, qui parle de stratégie, veut
que cette stratégie soit revue annuellement afin qu'on puisse la
remettre à jour, compte tenu des données les plus récentes
qui sont les plus en mesure de nous donner une photographie réelle de ce
qui se déroule dans le monde économique. Quant aux mesures,
l'entente-cadre, elle-même, est une mesure fort importante. C'est une
mesure fort importante quant à la nature des projets qu'elle va
permettre, également parce qu'elle s'étend à toutes les
régions du Québec sans exception, alors qu'antérieurement
les ententes, du moins la majeure partie des ententes, identifiaient certaines
régions du Québec en raison de certains facteurs, qu'il s'agisse
de zones spéciales, d'ARDA, de toute autre entente, celles-ci touchent
toutes les régions du Québec sans exception. Il s'agit donc
là d'un outil significatif qui va permettre le développement de
toutes les régions sans exception.
Evidemment, il va le permettre dans la mesure des moyens que
l'entente-cadre autorise et, à cet effet, je répète qu'il
s'agit bien d'une entente de $300 millions par année, ou de l'ordre de
$300 millions par année, relativement à un budget total du
Québec de $6 milliards. Alors, il ne faut pas perdre de vue l'impact que
peut avoir cette entente en regard de l'action gouvernementale dans son
ensemble. Cela va être nettement relié à l'envergure des
chiffres cités mais cela va introduire un facteur de pondération
fort important dans les actions gouvernementales.
Autre mesure, nous le citions également hier soir, et le ministre
responsable de l'OPDQ l'a fait peut-être antérieurement aussi,
c'est cette nouvelle philosophie en fait, elle n'est pas nouvelle mais
elle est améliorée qui veut que nous reliions davantage le
développement économique au développement régional.
A preuve, la création du groupe ministériel, où
maintenant, d'une façon plus accentuée que jamais, les affaires
économiques seront examinées, entre autres sous l'angle de
l'incidence régionale. Ceci va s'appliquer, bien sûr, à
l'ensemble des grandes priorités du gouvernement et aussi à tous
les projets qui sont susceptibles d'accélérer le
développement économique du Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dubuc.
M. HARVEY (Dubuc): M. le Président, on a parlé hier des
programmes fédéraux-provinciaux du ministère de
l'Expansion économique régionale. Je veux demander au ministre
quelle a été la part du Québec parmi les autres provinces
quant aux sommes versées par le fédéral au chapitre de
l'expansion économique régionale au cours des dernières
années.
M. LACHAPELLE: M. le Président, nous avons effectivement fait
allusion hier à la participation fédérale, aux mesures
prises par le Québec par le passé et envisagées pour
l'avenir, au chapitre de l'expansion économique régionale. Le
principal agent au niveau du fédéral et notre principal
interlocuteur, du moins quant à l'OPDQ, a été le
ministère de l'Expansion économique régionale. Encore
là, je répète la nuance qui était faite hier soir,
notre rôle et notre participation vis-à-vis de ce qu'on appelle
communément le MEER ont touché le développement
régional. Je cite ceci pour faire une distinction avec la subvention
à l'industrie qui, elle, est plutôt du ressort du ministère
de l'Industrie et du Commerce.
Si on prend ce premier groupe, le groupe que je citais, la participation
par le biais du MEER et, ultérieurement, par le biais de l'OPDQ, a
nettement favorisé le Québec de 1970 à 1973. Ainsi, au
cours de ces années-là, le MEER a versé $524.5 millions
aux dix provinces dans le cadre des ententes ARDA, FODER et des zones
spéciales. Sur ce montant, le Québec a reçu une somme de
$232.8 millions, soit 44.3 p.c, ce qui le place nettement en tête des dix
provinces. La seconde province, soit le Nouveau-Brunswick, a reçu au
cours de ces mêmes années $83 millions. Soit 15.8 p.c. et, en
troisième lieu, la province de Terre-Neuve $77.4 millions, ce qui
représente 14.7 p.c. des sommes totales versées.
Sur cette même base triennale, l'entente ARDA s'est vu attribuer
$51.8 millions, les ententes FODER $130.8 millions et les ententes sur les
zones spéciales $342.1 millions. Les sommes octroyées au
Québec durant cette période sont donc: ARDA, $10.3 millions;
FODER, $76.9 millions; zones spéciales, $145.6 millions. Ce qui veut
dire, en bref, que le Québec a nettement été
favorisé par les plans fédéraux au chapitre de l'expansion
économique régionale et que dans ce secteur comme dans tant
d'autres la nouvelle entente-cadre en sera un élément
nous avons démontré qu'il est possible au Canada d'avoir
un fédéralisme qui soit à la fois rentable et avantageux
pour le Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, cela ne me surprend pas du tout
qu'on ait reçu plus
d'argent, parce qu'on est en train de se "mariti-miser", si vous voulez.
On est en train de devenir une province pauvre. Cela ne me surprend pas que le
Québec, comme le Nouveau-Brunswick, reçoive plus d'argent. Comme
il est normal, justement, que des régions comme la Gaspésie, qui
sont en train de devenir des régions pauvres qui le sont, d'ailleurs,
actuellement, qui sont appauvries de leurs richesses, en reçoivent plus.
Comme aussi nous recevons plus de péréquation. Plus vous
êtes pauvre, plus vous allez recevoir d'assistance sociale. Ce que
ça nous prend, c'est du développement économique; c'est
ça que ça nous prend. Je reviens là-dessus. Est-ce que le
ministre pourrait, au sujet de ces $232.8 millions que le Québec aurait
reçus au cours de la période où il y a eu des ententes,
nous déposer un document qui nous préciserait les montants par
région?
M. HARVEY (Jonquière): Vous n'avez qu'à lire le rapport de
l'OPDQ qui a été publié l'an dernier, puis à lire
celui qui va sortir cette année, s'il n'est pas déjà
sorti.
M. LESSARD: On va revenir justement sur le rapport de l'OPDQ.
M. BEDARD (Chicoutimi): On ne peut pas lire celui qui n'est pas
sorti.
M. HARVEY (Jonquière): Vous ne savez pas lire, ça fait dix
fois qu'on rend...
M. BEDARD (Chicoutimi): On ne peut pas lire celui qui n'est pas sorti,
arrêtez donc!
M. HARVEY (Jonquière): Cela fait dix fois qu'à des
occasions différentes, soit par la voix des hauts fonctionnaires de
l'Office de planification et de développement ou encore par les hommes
politiques responsables de la région, ou le délégué
à l'OPDQ de la région, par la voix du PDG, du président
directeur général, nous précisons à
l'intérieur de la région, à l'occasion de congrès
de ceux qui s'occupent du développement régional, dans la
région économique 02 ou sur la Côte-Nord que
l'annexe A) est sujette à révision tous les ans. C'est le cahier
jaune.
On voit, ce matin, qu'à l'occasion de l'étude des
crédits on revient pour nous faire répéter une
onzième et une douzième fois des informations rendues publiques
ou publiées par l'office. On se demande si, du côté de
l'Opposition, on se préoccupe réellement du
fédéralisme rentable et du développement régional
à l'intérieur de programmes, à la suite d'ententes entre
le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec.
C'est désappointant de voir le négativisme du
député de Saguenay et la soi-disant ignorance du
député de Chicoutimi, qui sait fort bien qu'il tente...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous feriez mieux d'être à la
commission.
M. HARVEY (Jonquière): ... pour une douzième fois...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous n'êtes pas gêné de venir
parler de répétition. Vous venez juste d'arriver à la
commission.
M. HARVEY (Jonquière): Non, monsieur.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que vous avez un discours à
faire pour votre région mais, au moins, soyez logique avec vos
présences à la commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, à l'ordre!
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'attire votre
attention sur le fait que le député de Chicoutimi vient
d'affirmer que je n'étais pas présent...
M. BEDARD (Chicoutimi): Soyez donc sérieux et cessez donc
d'être politicien.
M. HARVEY (Jonquière): ... lors de l'étude des
crédits du Conseil exécutif. J'étais ici, j'ai
été absent hier soir justement pour vaquer à mes
occupations au ministère que je dirige. Je n'ai pas de leçon de
présence à recevoir du député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ne dites pas de bêtises.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. LACHAPELLE: M. le Président, en réponse à la
question posée, sûrement nous avons des chiffres qui
régionalisent les chiffres globaux que je vous ai cités. Il me
fera plaisir de les déposer.
M. LESSARD: Maintenant...
M. LACHAPELLE: Encore là, je demanderais votre indulgence parce
qu'il y a une question de présentation. On va vous sortir cela et on va
le déposer.
M. LESSARD: ... il n'y a pas moyen de les énumérer ce
matin puisqu'il y a dix régions administratives. C'est assez facile de
les inscrire au journal des Débats, comme je l'ai fait hier au niveau
des pourcentages.
M. LACHAPELLE: Et comme je l'ai fait hier également pour d'autres
chiffres, M. le Président.
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. LACHAPELLE: C'est tout simplement une question de technique quant
à la présentation de ces chiffres parce qu'ils sont dans des
livres différents, sur des feuilles différentes, etc. On
voudrait vous les présenter de la façon la plus efficace et la
plus commode possible.
M. LESSARD: Le ministre d'Etat à l'OPDQ nous affirme que cette
entente-cadre couvre l'ensemble du territoire du Québec. M. le
Président, je pense que le ministre responsable de l'ODEQ va
certainement se souvenir que lorsque nous avons établi un plan de
développement de la région de l'Est du Québec, qui
s'appelait de BAEQ, nous avions prévu, pour amener cette région
à un plus grand développement économique, des mesures
incitatrices qui permettraient la déconcentration de l'industrie de
Montréal et des autres régions vers la région de la
Gaspésie. Mais, par la suite, ces mesures incitatrices, qui pouvaient
avantager la région de l'Est du Québec, ont été
étendues, par le fait des zones désignées, etc., presque
à l'ensemble du territoire québécois.
Puisque je pense que le diagnostic qui a été posé
par la version préliminaire, le document de l'Office de planification et
de développement du Québec, est vrai, est réel, d'autant
plus lorsqu'on affirme que les régions sont en train de se vider au
profit des grands centres, nous vous demandons s'il y a des mesures
précises d'incitation à l'industrie afin de faire en sorte que
des régions qui sont actuellement, comme le disait le
député de Chicoutimi, soit stagnantes, soit en
dégradation, puissent se développer, accélérer leur
développement.
Si vous donnez à chacun ou si vous élaborez un diagnostic
pour différentes régions, je pense que les remèdes doivent
être adoptés à chaque région du Québec. Vous
avez certainement prévu des remèdes pour des régions
particulières du Québec, en particulier les régions qui
sont soit stagnantes ou soit en dégradation. Quelles sont les mesures
précises qui vont faire que vous allez vous opposer à ce
mouvement qui fait que certaines régions du Québec sont
désertées par les jeunes, par leur population au profit des
régions qui se développent beaucoup plus vite?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, le député de
Saguenay prétend que les méthodes incitatrices utilisées
en Gaspésie et dans le Bas du Fleuve, par le biais de l'entente
Canada-Québec, ont été étendus, par la suite
à presque tout le territoire québécois et, du même
souffle, il nous demande si on prévoit justement que ces mesures
incitatrices vont être étendues à d'autres régions.
Alors, il faudrait se décider pour savoir si ces mesures incitatives ont
été ou non étendues à tout le territoire
québécois.
Je pense bien que, lorsqu'il cite, en particulier, la région du
Saguenay Lac-Saint-Jean, il y a eu une entente qui comprenait aussi les
mesures incitatrices. Cette entente, naturellement, avec le programme ARDA-3 en
particu- lier, a apporté sûrement une incitation très
marquée au niveau de la relance économique de cette région
du Saguenay Lac-Saint-Jean. Elle n'est pas terminée, elle se
continue jusqu'en mars 1976. A l'intérieur des budgets qu'il reste dans
ce programme ARDA-3, je pense bien que les gens de la région du Saguenay
Lac-Saint-Jean, peuvent déposer des projets susceptibles
d'être acceptés comme projets moteurs. Entre-temps, naturellement,
le même programme ARDA-3 se continue. La région n'est
sûrement pas défavorisée à ce point de vue.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que l'analyse que vous avez faite
au niveau de l'entente-cadre, où vous déterminez les
régions qui sont en régression ou en stagnation, peut
évoluer très rapidement. N'est-ce pas?
A mon sens, le document préliminaire de l'OPDQ n'avait
pas, dans l'analyse des possibilités de la région du Saguenay
Lac-Saint-Jean, tenu compte de bien des facteurs qui se sont
révélés depuis quelque temps. Entre autres, par exemple,
la venue de l'Alcan qui doit s'installer, ce qui aura comme conséquence,
assurément, une augmentation du potentiel industriel et qui contribuera
au développement de la région. D'ailleurs, il n'y a pas tellement
longtemps, le président de L'OPDQ, si je peux employer l'expression, a
laissé entendre très clairement à la région que les
nouveaux développements, qui n'étaient pas prévus au
moment où ce livre jaune a été rédigé,
peuvent apporter un autre portrait de la potentialité de la
région du Saguenay Lac-Saint-Jean.
Cela veut dire que comme vous l'avez dit tout à l'heure
l'évolution de la situation peut faire que vous soyez
obligés ou encore que vous voyiez l'opportunité de changer ou
d'accommoder la philosophie de développement qui est inscrite à
l'intérieur de l'entente-cadre qui devient, à ce
moment-là, plus qu'un document de travail, qui devient presque une
philosophie de développement. Je suis content de savoir que le
gouvernement, quand même, veut laisser assez de souplesse pour pouvoir,
à un moment donné, réviser ses positions concernant
l'étude des différentes régions et orienter ses injections
de capitaux en conséquence.
Entre autres vous pouvez me répondre par l'affirmative ou
pas j'ai cru comprendre également que les dossiers moteurs qui
seront préparés par les régions ne sont pas
nécessairement la propriété exclusive de l'OPDQ, dans le
sens qu'il n'est pas établi que ces dossiers moteurs ne devront
être réalisés qu'à la condition qu'ils soient
acceptés à l'intérieur de l'entente-cadre ou au niveau
d'ententes auxiliaires. C'est-à-dire que ces dossiers par
exemple, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le dossier de l'autoroute
Alma-La Baie, le dossier du parc industriel, le dossier du lac Albanel, du
développement du Moyen-Nord même s'ils ne
font pas l'objet d'une entente auxiliaire, il y a quand même
avantage pour la région à les bien préparer parce qu'ils
peuvent s'inscrire dans le budget régulier du Québec, en autant
que le Québec trouve que ces développements s'imposent. C'est une
question à laquelle je vous demanderais de répondre.
Concernant le développement du Moyen-Nord, nous avons eu la
visite du vice-président du Canadien National qui, à la suite
d'une entrevue, laissait clairement ressortir certains points, à savoir
qu'à son avis je résume brièvement les points
principaux qu'il essayait de faire ressortir premier point, le
développement du lac Albanel et de tout le Moyen-Nord se ferait sans
aucun doute.
Deuxièmement, il disait qu'à l'heure actuelle, on est
encore au stade de décider si le minerai de fer du lac Albanel serait
transporté par pipeline ou par chemin de fer. Je crois que la situation
a évolué depuis ce temps.
Egalement, il précisait que le Canadien National n'empêche,
actuellement, d'aucune façon, le développement du Moyen-Nord ou
du lac Albanel. Il posait la question suivante: Quand et comment le
gouvernement veut-il participer au développement du Moyen-Nord?
Comme vous m'avez indiqué que cela pouvait être un dossier
moteur, pouvez-vous nous dire, aussi précisément que possible,
quand et comment le gouvernement veut-il participer à ce projet de
développement?
M. LACHAPELLE: M. le Président, le député de
Chicoutimi a posé une série de questions. Je vais tenter d'y
répondre dans l'ordre, si je peux m'en souvenir.
D'abord, je suis heureux de constater qu'il admet que l'analyse d'une
situation économique est éminemment évolutive et que les
facteurs qui sont de nature à la changer positivement aussi bien que
négativement peuvent se présenter extrêmement rapidement,
d'où la nécessité de revoir fréquemment et, pour le
moins, annuellement, la situation économique, son diagnostic et les
mesures correctives appropriées. C'est exactement l'esprit dans lequel
l'entente-cadre a été formulée.
Bien sûr, nombre de projets existent dans toutes les
régions du Québec. L'entente-cadre nous permet de les examiner
tous, quelle que soit la provenance de ces projets ou quelle que soit la
région qui les touche, par opposition aux ententes antérieures,
qui nous restreignaient à certaines régions du Québec,
d'où l'importance de l'entente-cadre puisqu'elle touche vraiment
à toutes les régions du Québec.
Ces projets certains ont été mentionnés par
le député de Chicoutimi sont de ceux qui,
présentement, sont examinés très attentivement.
Il faut s'assurer, au départ, que sur le plan technique ces
projets soient bien développés et qu'ils soient
complétés dans une forme acceptable. C'est à peu
près la situation dans laquelle se trouvent la plupart des dossiers
présente- ment. Ils sont en voie d'être examinés et
complétés. Alors que se complète cette précision
des aspects techniques, simultanément nous examinons
l'opportunité de voir dans quelle mesure ils sont éligibles au
statut de dossiers moteurs, donc pouvant être financés par le
biais d'une entente auxiliaire à l'entente-cadre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme vous le savez, la confection de dossiers
moteurs représente beaucoup de déboursés. Il y a,
j'imagine, certains dossiers moteurs dans des régions où
travaillent, ou que développent à l'heure actuelle les
représentants de l'OPDQ. Pour faire leur travail, ils peuvent, ainsi que
la région concernée, compter sur une aide financière du
gouvernement pour confectionner un dossier moteur qui soit bien
présentable. Je voudrais poser une question... Disons qu'à
l'intérieur d'une région un groupe sérieux d'individus
voit la possibilité ou encore désire présenter au
gouvernement un dossier moteur qui ne soit pas celui prôné par un
CRD régional ou encore par d'autres instances. Est-ce que le
gouvernement a prévu une sorte d'aide à ces groupes de personnes
pour pouvoir confectionner un dossier moteur qu'il croirait nécessaire
pour l'avancement économique de la région?
Ou est-ce que vous acheminez toutes les sommes d'argent via les CRD?
Est-ce qu'il est possible que le gouvernement fasse qu'un groupe d'hommes
d'affaires sérieux ou qu'une corporation sérieuse qui veut
confectionner un dossier moteur puisse compter sur l'aide financière
gouvernementale pour confectionner ce dossier?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense que les
mécanismes dont se sert l'OPDQ pour les fins mentionnées par le
député de Chicoutimi sont nombreux et variés. Ils peuvent
comprendre des groupes techniques au sein du fonctionnarisme, au sein de
sociétés qui sont associées à l'oeuvre de l'Etat,
qu'il s'agisse de la Société de la baie James, dans le cas de
questions qui intéressent en particulier la région du
député de Chicoutimi. Ces mécanismes peuvent
également comporter le CRD et peuvent, sujet à examen quant
à l'opportunité de le faire, impliquer des groupes autres que les
CRD. Je crois comprendre d'ailleurs, d'après l'intervention du
député de Chicoutimi, qu'il est possible du moins
j'interprète sa pensée, si je ne le fais pas correctement, il
pourra me corriger que des groupes autres que les CRD participent au
développement de leur région et à l'action de l'OPDQ dans
leur région. Ce n'est pas une idée qui est à rejeter comme
telle; il faudrait peut-être voir, sur le plan pratique, comment
ça peut se concilier avec la procédure habituelle qu'a suivie
l'OPDQ à ce jour.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez bien compris ma question, elle ne se
situe pas
seulement au niveau du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Au niveau de chacune des
régions, il peut très bien arriver que des groupes très
sérieux puissent être intéressés à
présenter des dossiers moteurs.
Comme ces groupes ne connaissent pas, tous les critères qui sont
nécessaires à la confection du dossier, pour qu'il soit
accepté ou considéré d'une façon valable par le
fédéral à l'intérieur des critères
établis dans l'entente-cadre, il est clair que, pour faire quelque chose
de sérieux, il faut qu'ils aient une aide de la part de l'OPDQ ou de la
part du gouvernement dans la confection de ces dossiers. On pourrait leur
donner une aide du point de vue de l'apport technique, par exemple, une aide
portant simplement sur la confection physique du rapport ou encore du dossier
moteur qu'ils voudraient voir soumis à l'intérieur des ententes
auxiliaires. On pourrait aussi leur apporter une aide financière.
M. LACHAPELLE: M. le Président, disons que pour l'instant je
prends bonne note de la suggestion du député de Chicoutimi, qui
est que des groupes autres que les groupes plus traditionnels que nous avons
connus à ce jour, y compris les CRD, puissent participer au
développement de la région. On pourra voir comment cela peut se
traduire en pratique et comment on pourrait ajouter cet élément
comme autre moyen de participation du milieu à l'action de l'OPDQ.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le document, justement...
M. LACHAPELLE: Excusez-moi, si vous me permettez, M. le
Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. LACHAPELLE: ... d'apporter une autre dimension pour compléter
une réponse que j'ai donnée antérieurement, je pense qu'il
est important de retenir aussi que, dans l'examen de projets ou dossiers qui
pourraient être présentés ou qui pourraient être
portés candidats au statut de dossiers moteurs, si pour diverses raisons
ces projets ne peuvent se qualifier au titre de dossiers moteurs, donc ne
peuvent faire l'objet d'une entente auxiliaire, il existe d'autres moyens de
les examiner, et ces mêmes dossiers peuvent se porter candidats à
d'autres possibilités de financement, tel le budget régulier du
Québec d'ailleurs le député de Chicoutimi l'a bien
dit et aussi, élément fort important, le nouveau fonds de
développement régional exclusivement québécois qui
est accepté en principe et qui sera mis sur pied pour l'exercice
financier 1975/76.
M. BEDARD (Chicoutimi): Justement, dans la même veine des
initiatives possibles que peut avoir un milieu régional, à la
page 62 du document préliminaire de l'OPDQ, d'une façon global
vous dites: "Le Québec devra davantage miser à l'avenir sur son
dynamisme interne et sur "l'entrepreneurship" autochtone plutôt que sur
l'investissement étranger direct pour assurer son développement".
Ce raisonnement que vous faites à l'intérieur de l'ensemble du
Québec, qui, je crois, peut être valable, pourrait
également se transposer au niveau de forces vives à
l'intérieur d'une région. Par exemple, l'idée
"d'entrepreneurship" qui peut exister au niveau du Québec pourra exister
à l'intérieur d'une région. Et je précise ma
pensée: Si, par exemple, le gouvernement voyait à
l'intérieur d'une région se former une sorte de corporation de
développement régional industriel et commercial qui grouperait
tant des hommes d'affaires intéressés au développement de
leur région que des agents économiques, comme les caisses
d'entraide économique, comme les caisses populaires; si une telle
corporation de développement régional industriel et commercial se
formait à l'intérieur d'une région et je ne parle
pas du CRD, je pense que vous comprenez bien ma pensée est-ce que
l'OPDQ a pensé à la possibilité d'avoir une politique
d'encouragement vis-à-vis cet effort "d'entrepreneurship", qui pourrait
se faire au niveau régional?
Est-ce que le gouvernement a pensé à une politique qui
permettrait de les aider par des subventions de départ? Il reste qu'une
telle corporation aurait nécessairement besoin, pour être valable,
de faire faire des études de rentabilité sur certains projets
qu'elle a à coeur, tout ceci impliquant des dépenses qui sont
assez énormes.
Est-ce que le gouvernement a dans sa politique, à l'heure
actuelle, pensé à aider une corporation, par exemple, qui
pourrait se développer dans ce sens au niveau d'une région?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense qu'il est exact de dire
que le mode de procéder de l'OPDQ a toujours été, du moins
l'est de façon encore plus significative présentement, axé
sur le développement de la fierté régionale et de la
conscience régionale. D'ailleurs, on n'a qu'à se reporter aux
multiples démarches que fait l'OPDQ pour éveiller
l'intérêt populaire, l'intérêt régional dans
les choses qui les intéressent, pour s'en rendre compte.
Je pense que l'OPDQ mise énormément sur cette conscience
régionale, sur cette fierté régionale, sur cette
participation du milieu à son propre développement. L'OPDQ, en ce
sens, est un stimulant. Pour utiliser un terme qui fait plus image que d'autres
choses, il fait office d'agent provocateur. Cela se traduit quand même
par des actions ponctuelles fort intéressantes qui tombent sous une
responsabilité sectorielle qui n'est peut-être pas nettement ou
directement celle de l'OPDQ, mais qui se traduit dans les faits sous la
juridiction d'autres ministères.
Qu'on prenne, à titre d'exemple, Cabano, TEMBEC,
Sacré-Coeur ou le traversier-rail,
autant de démarches où le milieu a participé d'une
façon enthousiaste et a manifesté un "entrepreneurship" qui est
extrêmement valable pour le Québec A l'OPDQ, c'est une marque de
commerce, parmi tant d'autres, d'encourager les mouvements de ce genre.
L'action ponctuelle des autres ministères s'est traduite dans les faits
que je vous ai cités, du moins dans un bon nombre d'entre eux, par des
investissements significatifs, importants et aussi par une aide technique
très poussée. C'est donc une tendance qui s'est traduite par des
actions concrètes et qui se continuera et même s'accentuera.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis très heureux de l'entendre dire
par le ministre. J'espère seulement que ça ne restera pas au
niveau de l'énoncé de principe, parce que...
M. LACHAPELLE: M. le Président, si vous me le permettez, je ne
veux pas...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non, ne soyez pas agressif.
M. LACHAPELLE: ... intervenir d'une façon odieuse dans vos
propos, mais les cas que j'ai cités sont des cas concrets, vécus,
réalisés et qui se traduisent par des emplois, qui se traduisent
par des productions, tout ça avec une participation intense du milieu,
une participation libre, volontaire, voulue, enthousiaste.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est certain qu'un encouragement financier, du
point de vue commercial ou industriel, aux corporations régionales de
développement qui se forment à l'intérieur de certaines
régions, peut devenir de plus en plus nécessaire. Dans certaines
régions, il y a des petits projets qui pourraient être
réalisés via, par exemple, simplement les capitaux
régionaux, en autant qu'ils aient un organisme qui puisse être
efficace dans ce domaine-là. Cela pourrait peut-être même
permettre de pallier je ne veux pas être provocateur non plus
l'incurie ou la non-possibilité du gouvernement d'agir dans
certaines occasions au niveau de la réalisation de certains projets.
M. HARVEY (Dubuc): II n'est pas question...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ecoutez, c'est une réaction...
M. HARVEY (Dubuc): Dans le cas du parc national, par exemple, le
gouvernement est prêt à investir $20 millions, et vous ne voulez
pas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Laissez-moi tranquille. Les parcs nationaux,
c'est une autre affaire. Nous autres, on n'est pas contre la constitution d'un
parc.
M. HARVEY (Dubuc): Vous n'êtes pas contre, mais vous êtes
contre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, c'est très clair. On voit que vous
n'avez pas étudié notre prise de position.
M. HARVEY (Dubuc): Oui, oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): On dit ceci: La constitution de parcs
fédéraux, on est contre dans le sens que c'est
l'aliénation de notre territoire, une aliénation qu'on paie
à même nos propres impôts. Autrement dit, on prend notre
argent pour nous acheter nous-mêmes. Si le fédéral a de
l'argent, comme il prétend en avoir, qu'il donne tout simplement
l'argent au Québec et que le Québec fasse un parc provincial,
ainsi on évitera l'aliénation de territoire. Je pense que c'est
selon...
M. HARVEY (Dubuc): Vous irez dire cela aux gens du milieu,
là-bas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Les gens du milieu comprennent peut-être
plus que vous pensez.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre, s'il vous
plaît.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je m'excuse, mais je crois
comprendre qu'habituellement il faut s'adresser au président.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur cette
remarque-là, le député de Dubuc devrait relire la
déclaration et l'énoncé de principe qui a
été fait par l'honorable ministre du Tourisme qui a dit que
c'était le temps de mettre un frein à la création de ces
parcs fédéraux qui apportaient beaucoup plus de complications
qu'on pouvait penser, qu'il fallait justement penser à y mettre un frein
et voir à la création de parcs provinciaux. En cela, je suis
complètement d'accord avec la manière de voir du ministre qui a
annoncé cette politique-là.
M. HARVEY (Dubuc): M. le Président, j'ai relu la transcription
des Débats et le ministre du Tourisme a tout simplement parlé de
rentabilité de parc. II a dit qu'en principe il n'était pas
contre l'implantation de futurs parcs nationaux dans la province de
Québec, de parcs fédéraux.
M. LESSARD: Le ministre du Tourisme...
M. HARVEY (Dubuc): Je trouve cela drôle, M. le Président,
qu'on critique.
M. LESSARD: ... a même dit, par la voix de son fonctionnaire, que
si la proposition, telle qu'elle était faite par le député
de Chicoutimi, était acceptée par le gouvernement
fédéral, c'est-à-dire enlever cette aliénation du
territoire, et que l'argent était donné au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, il serait bien heureux de cette
situation et qu'il pourrait, à ce moment-là, aménager des
parcs.
D'ailleurs, relisez aussi le rapport Dorion, produit par une commission
d'enquête officielle du gouvernement provincial,...
M. HARVEY (Dubuc): C'est sûr ça, mais...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... au rapport de la commission gouvernementale
Dorion sur l'intégrité du territoire, qui, très
clairement, conclut que le gouvernement doit mettre un frein à la
création de parcs fédéraux, que le député de
Dubuc...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Revenons au programme no
4.
M. BEDARD (Chicoutimi): Que le député de Dubuc.
M. HARVEY (Dubuc): ... on refuse $20 millions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Que le député de Dubuc veuille
intervenir dans le sens de la campagne fédérale, je le
comprends.
M. HARVEY (Dubuc): Non, je n'interviens pas dans le sens de la campagne
fédérale. D'ailleurs, notre candidat a gagné à
l'avance.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah! c'est votre candidat ! Je ne le savais
pas.
M. HARVEY (Jonquière): II n'a pas l'intention de voter PQ, il n'y
a pas de candidat.
M. BEDARD (Chicoutimi): On est assez logique pour ne pas
présenter de candidat au fédéral.
M. HARVEY (Jonquière): Leur demander de s'abstenir de voter.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, si on revenait...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député...
M. QUENNEVILLE: ... à l'élément 4.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, juste une
remarque.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre du Revenu.
M. HARVEY (Jonquière): Le député de Chicoutimi
vient de dire qu'ils sont assez logiques pour ne pas présenter de
candidat, mais assez illogiques pour recommander l'abstention. On sait...
M. LESSARD: A l'ordre! A l'ordre!
M. HARVEY (Jonquière): ... ce qui est arrivé dans tous les
pays du monde quand...
M. LESSARD: M. le Président, à l'ordre!
M. HARVEY (Jonquière): ... les gens se sont abstenus de
voter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je comprends que le
ministre ne comprenne pas la position du Parti québécois.
M. HARVEY (Jonquière): II s'est installé des
régimes où les gens, pour voter maintenant, votent pour le
candidat unique. C'est leur théorie, cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Bon, j'ai la parole.
M. BEDARD (Chicoutimi): La lumière étant allumée,
allons-y.
M. HARVEY (Dubuc): On a le droit de parler aussi, j'espère!
M. LESSARD: Certainement, M. le Président; au contraire, nous
serions extrêmement heureux...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'ai donné la parole à
l'honorable député de Saguenay, sur le programme no 4.
M. LESSARD: D'accord. Et nous sommes extrêmement heureux lorsque
les députés libéraux sont présents et interviennent
à la commission parlementaire, cela nous permet de souffler, nous
aussi.
Suite au dépôt de documents qui vient d'être fait
tout à l'heure par le ministre d'Etat à l'OPDQ concernant
l'Office de planification et de développement du Québec, les
investissements, tant dans les zones spéciales qu'en vertu de l'entente
ARDA, je voudrais faire d'abord un court commentaire et après ça
j'aurai tout de suite des questions précises à poser au
ministre.
D'abord on avait constaté nous-mêmes, que ces chiffres de
répartition régionale n'existaient pas dans le rapport comme tel,
n'existaient pas dans le rapport annuel 1972/73 de l'Office de planification et
de développement du Québec.
Deuxièmement, je dois déplorer ici, comme je l'ai fait
hier, que le dernier rapport de l'Office de planification et de
développement du Québec remonte à 1972/73. Est-ce que je
peux demander au ministre, première question, quand nous allons pouvoir
obtenir le dépôt de ce rapport?
M. LACHAPELLE: Dans les meilleurs délais, M. le
Président.
M. LESSARD: Réponse de ministre. Deuxième commentaire, M.
le Président, que je voudrais faire, concernant justement les chiffres
qui furent déposés tout à l'heure. Cela voudrait illustrer
un peu, en conclusion, les critiques que nous avons pu faire hier sur la
stratégie de développement ou le rôle de l'Office de
planification et de développement du Québec qui, au début,
devait être un organisme de planification.
Pour prendre un exemple de cette critique que je veux faire, je vais
parler de la zone du nouvel aéroport international de Montréal
où un montant de $43,428,000 a été investi. Je dois
d'abord dire que si c'est ça qu'on appelle de l'argent neuf, j'en doute
passablement parce qu'il était justement devenu nécessaire
et c'était prévu par les plans du gouvernement
fédéral de construire un nouvel aéroport
international dans la région de Montréal.
Troisième commentaire que je voulais faire, M. le
Président. Tout le monde se rappelle très bien les discussions
qu'avait entreprises le Dr Robert Lussier qui était, je pense, ministre
des Transports...
M. QUENNEVILLE: Ministre des Affaires municipales.
M. LESSARD: ... ministre des Affaires municipales, avec le gouvernement
fédéral. Qui a eu le dernier mot par la suite? En bien, c'est le
gouvernement fédéral qui a décidé que
l'aéroport international allait s'établir à tel endroit
plutôt que vers le sud afin de permettre le développement de la
région du sud.
Or, quand l'Office de planification et de développement est
entré dans le décor, l'établissement de l'aéroport
international de Montréal ne s'est pas inscrit dans un schéma
général préparé par l'Office de planification et de
développement du Québec. C'est la même chose, par exemple
on en parle dans la version préliminaire pour la Golden
Eagle. Là-bas, il y a eu une décision fédérale,
dans le cas de la Golden Eagle, c'était une décision provinciale.
C'est par la suite que l'OPDQ s'est ramassé avec les pots cassés,
et on dit: Avec ça, qu'est-ce qu'on fait? Je pense que ce sont ces
critiques que nous avons tenté d'illustrer hier. C'est que l'OPDQ n'est
plus un organisme de planification, mais il est devenu, je dirais même,
une officine du gouvernement fédéral. Je dirais même que le
problème, actuellement, pour le gouvernement provincial et l'OPDQ, c'est
d'aller chercher de l'argent au gouvernement fédéral, quel qu'il
soit, argent qui, bien souvent, ne s'intègre pas à
l'intérieur d'un plan d'aménagement global. C'est le
résumé des critiques fort longues que nous avons pu faire hier
concernant l'OPDQ.
Autre question précise: Quels efforts sont faits puisqu'on
a parlé, hier, de dépenses du gouvernement fédéral
pour connaître, outre les montants qui sont prévus tant
à l'entente ARDA qu'au niveau des zones spéciales, les
dépenses d'immobilisation des ministères fédéraux
et leur localisation pour coordonner leurs activités?
Est-ce que l'OPDQ fait actuellement des efforts pour connaître ces
immobilisations et les coordonner avec son schéma
d'aménagement?
M. LACHAPELLE: M. le Président, les questions qui viennent
d'être soulevées par le député de Saguenay sont fort
intéressantes. D'autre part, compte tenu de l'importance de ces
questions, du fait également qu'elles vont requérir une
réponse que je voudrais suffisamment bien documentée pour le
satisfaire, compte tenu de l'entente que nous avons effectuée hier,
à l'effet que nous ajournerions à midi, je propose d'ajourner nos
travaux jusqu'à mardi matin, dix heures et demie.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
à mardi, dix heures trente.
(Fin de la séance à 12 h 1 )