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Commission permanente de la présidence du
conseil,
de la constitution et des affaires
intergouvemementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du mardi 18 juin 1974
(Dix heures quarante minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales):
A l'ordre, messieurs!
Nous continuons l'étude des crédits du Conseil
exécutif. Ce matin, les membres de la commission sont les suivants: M.
Lachapelle (Chauveau) remplace M. Bourassa (Mercier); M. Boudreault (Bourget)
remplace M. Levesque (Bonaventure) et M. Bédard (Chicoutimi) remplace M.
Morin (Sauvé). Les autres membres sont M. Beauregard (Gouin); M.
Bossé (Dorion); M. Brown (Brome-Missisquoi); M. Harvey (Charlesbourg);
M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine); M. Parent (Hull); M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Programme 4, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
Planification économique et régionale
(suite)
M. BEDARD (Chicoutimi): Non. M. le Président, dans la version
préliminaire, les orientations du développement du Québec,
l'aménagement du territoire, à la page 21, il y a une dimension
qui est donnée, à ce moment, à ce que l'OPDQ entend par
l'aménagement du territoire, en ce sens que cela ne situerait pas
uniquement sur l'aspect proprement économique, mais cela devrait
également déborder même sur le social et le culturel. Entre
autres, on y lit ceci: "Au-delà de l'équilibre entre les
régions, c'est une certaine égalisation des niveaux et conditions
de vie des individus et de leurs possibilités d'accès aux
services essentiels qu'il s'agit de promouvoir. Pris sous cet angle,
l'aménagement du territoire se concrétise autant par une
politique sociale adaptée aux régions, que par des politiques de
développement économique proprement dit".
J'aimerais que le ministre nous explique ou élabore sur ce qu'il
entend dire exactement par cela et quels sont surtout les moyens que l'OPDQ
peut avoir en main, au niveau des pouvoirs, pour qu'il puisse se permettre, non
seulement dans un texte, de donner cette dimension à ce que pourrait
être l'aménagement du territoire propre à susciter
l'équilibre entre les régions, et qu'il nous dise quels sont les
pouvoirs que l'OPDQ peut avoir présentement en main, pour donner cette
dimension, avec laquelle je suis d'accord.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense bien que la meilleure
façon de répondre à cette question est encore de citer les
nombreuses situations où l'OPDQ a été mêlé,
comme organisme, et également d'autres dossiers, eux aussi fort
nombreux, auxquels l'OPDQ est présentement intéressé, et
qui ont tous, du moins dans cette catégorie, comme principale marque de
commerce, la préoccupation de la qualité de la vie du milieu et
de l'environnement.
D'ailleurs, si le développement économique et on a
eu l'occasion de le dire est une des grandes préoccupations de
l'OPDQ, il en va ainsi de la qualité de la vie du milieu et de
l'environnement.
Je disais qu'on peut citer de nombreux exemples et on peut, à ce
sujet, traiter de dossiers importants, tels que l'aménagement de
l'île d'Orléans, l'aménagement du bassin de la
rivière Yamaska et l'intérêt qui est manifesté par
l'OPDQ, souvent à la demande des ministères sectoriels, dans des
questions qui sont au-delà de la pure préoccupation
économique. C'est le cas présentement du ministère de
l'Education, qui fait participer l'OPDQ à un problème bien
particulier de la Commission scolaire de Rouyn, en particulier le
problème de l'école de Mont-Brun. Ce cas précis,
ajouté à tant d'autres, fait que l'OPDQ, effectivement, rayonne
ou fait porter son action non seulement sur le développement
économique, mais aussi sur toutes les considérations qui touchent
à la qualité de la vie, du milieu et de la sauvegarde de
l'environnement.
D'ailleurs, l'action que l'OPDQ exerce à ce niveau, aussi bien
que nombre de ministères sectoriels, s'inscrit fort bien dans le
programme que le gouvernement s'est tracé, qu'il a annoncé
d'ailleurs à la population, lors des dernières élections
et par lequel le gouvernement s'est nettement inscrit au chapitre de la
qualité de la vie, de la protection du milieu et de la sauvegarde de
l'environnement. Il n'est que normal que l'OPDQ fasse porter son action aussi
bien dans ces secteurs que dans celui du développement
économique.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre faisait allusion, par exemple,
à certains rapports qui existeraient déjà avec le
ministère de l'Education. Dois-je comprendre que déjà
l'OPDQ, d'une certaine façon, participe, à l'intérieur du
ministère de l'Education, à l'implantation des équipements
culturels à travers certaines régions, puisqu'on donne cette
dimension au développement et à l'aménagement du
territoire? Pouvez-vous nous donner des cas où l'OPDQ a
participé, d'une façon particulière, avec le
ministère de l'Education, encore une fois, avec le ministère
des
Affaires culturelles, pas seulement le ministère de l'Education,
concernant l'implantation de centres culturels, de musées, de
bibliothèques, etc., qui sont nécessaires au développement
de chacune des régions, sous l'aspect de la qualité de la
vie?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je signalais, dans ma
première réponse, que c'est bien par les preuves et les
situations concrètes qu'on peut le mieux témoigner de la
volonté d'orientation d'un organisme, ou encore des gouvernements et
cela me fait plaisir d'ajouter et d'expliciter ma pensée à ce
sujet. Quant aux cas concrets qui nous sont demandés si la liste
n'est pas complète au moment précis où je vous parle,
c'est-à-dire que mentalement, elle ne l'est peut-être pas
je vais vous citer les exemples qui sont assez significatifs, je pense. Prenons
le cas de la Place Royale, ici, à Québec. Je vous
répète le cas de l'aménagement de l'île
d'Orléans, le cas précis du Centre socio-culturel de Sept-Iles,
du musée de Rimouski. Ce sont des cas qui sont bien spécifiques
et bien précis. En ce qui regarde le cheminement des
préoccupations sectorielles, telles qu'elles se manifestent dans le
cadre des programmations budgétaires, l'OPDQ est appelé à
donner son avis sur les plans d'équipement des différents
ministères concernés et ceci, après une entente intervenue
avec le Conseil du trésor. D'ailleurs, c'est présentement une des
activités auxquelles se livre l'OPDQ, puisque ce temps-ci de
l'année veut qu'on commence déjà, au niveau du Conseil du
trésor, pour le moins, et dans l'ensemble des différents
ministères, à se préoccuper de l'exercice 1975/76. Dans le
cadre de cet exercice, l'OPDQ est appelé à donner son avis sur
les plans d'équipement des différents ministères, pour
bien s'assurer que ces plans d'équipement sont conformes à un
aménagement rationnel du territoire, où qu'il soit, et aussi que
les différentes dimensions de la vie, les différentes
préoccupations humaines soient effectivement satisfaites, dans quelque
région que ce soit du Québec.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que les exemples que vous nous avez
donnés, sont des cas où l'OPDQ a fait préalablement des
suggestions très précises, ou est-ce que ce sont des cas
où, une fois la décision prise, l'OPDQ a accepté la
décision?
M. LACHAPELLE: On peut peut-être prendre l'exemple de
Sept-Iles-Port-Cartier, où la municipalité, à cause de son
éloignement et à cause du grand nombre de travailleurs qui
arrivaient dans la ville, la zone de Sept-Iles-Port-Cartier souffrait de
sous-équipement en termes socio-culturels.
Dans le cadre de la zone spéciale, ils nous ont demandé de
participer à un financement pour construire un centre socio-culturel qui
a coûté à peu près $2 millions et qui est
extrêmement polyvalent, avec le cinéma, le théâtre,
etc. A ce moment-là, évidemment, on a financé ce centre vu
l'éloignement des travailleurs et des populations dans la zone de
Sept-Iles-Port-Cartier. C'est un exemple.
Dans le cas de l'est, on peut donner plusieurs exemples. Il y a six
dossiers plus particulièrement; le conservatoire de musique à
Rimouski, le développement des festivals, les sites et monuments
historiques, les musées régionaux, le fort Ingall et la
création d'ateliers de formation d'artisans; il y a une aide technique
et financière qui est donnée aux artisans dans la région.
Ce sont des exemples de ce qu'on fait dans certaines régions.
Evidemment, on doit souligner que, dans le cadre des programmes de
financement, on ne pouvait dans le passé financer ou aider
financièrement que là où nous avions des ententes,
c'est-à-dire que nous étions limités territorialement en
termes de financement. Maintenant, en termes de programmation comme je
le disais tout à l'heure je pense qu'il est important de signaler
que l'office est maintenant mandaté pour donner un avis au conseil des
ministres sur les programmes d'équipement de l'éducation, des
loisirs, de la jeunesse et des sports, de même que du côté
social, sur tous les grands équipements publics de façon à
laisser percevoir des orientations régionales de développement
pour que les équipements soient conformes aux objectifs de
développement régional.
M. BEDARD (Chicoutimi): Depuis quand est-il mandaté
officiellement pour donner des avis?
M. LACHAPELLE: C'est-à-dire qu'on est mandaté cette
année, pour le prochain budget 1975/76 au niveau du cycle
budgétaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand vous parlez de programmation, par exemple,
est-ce qu'on peut comprendre que l'OPDQ dans certains cas peut faire même
une étude générale des besoins de tous les
équipements culturels dans une région comme l'Abitibi, par
exemple?
M. LACHAPELLE: Normalement, c'est au ministère sectoriel de faire
une première proposition sur les équipements culturels qui sont
nécessaires dans une région. Mais, ensuite, l'OPDQ, à la
lumière des objectifs de développement d'une région, donne
un avis sur l'ensemble des équipements des différents
ministères. C'est à ce moment-là que l'OPDQ, peut dire: On
pense que, dans telle région, tel type d'équipement serait plus
nécessaire que dans d'autres régions, étant donné
les distances ou les besoins plus criants ou plus importants.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme l'étude préliminaire est
faite par le ministère concerné, est-ce qu'à ce
moment-là il n'existe pas de difficultés pour l'OPDQ, comme tel,
de donner des avis très valables, étant donné
qu'aupara-
vant il n'a pas fait lui-même cette étude? Autrement dit,
il est conditionné par les études qui sent faites au niveau de
chacun des ministères dans les secteurs concernés.
M. LACHAPELLE: On peut donner deux illustrations: dans le cas, par
exemple, des Affaires culturelles, on est en train de préparer ce qu'on
appelle la planification des industries culturelles au Québec; la
contribution de l'OPDQ dans un premier temps, a été de
prêter les services, presque quatre jours par semaine, d'un expert
économiste de l'OPDQ aux Affaires culturelles pour les aider à
monter cette programmation, étant donné la dimension
économique importante des industries culturelles au Québec. Dans
un deuxième temps et c'est la deuxième partie de la
réponse l'OPDQ, étant mandaté pour préparer
des schémas de développement et d'aménagement de
l'ensemble des régions de façon systématique, est aussi
appelé forcément à réfléchir sur les
orientations sectorielles des différents ministères et à
voir comment s'harmonisent les programmes d'équipement d'un
ministère par rapport à l'autre. C'est surtout par ce biais que
l'OPDQ joue un rôle d'éclairage plus général que
l'éclairage sectoriel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme je l'ai dit tout à l'heure, je suis
parfaitement d'accord sur cette dimension sociale qu'on doit donner au
développement au niveau des régions, qui dépasse d'une
certaine façon le développement économique proprement dit,
mais qui rejoint le social, qui rejoint la qualité de la vie,
l'environnement, etc. J'imagine que ça va rejoindre également les
équipements de santé, à travers certaines régions,
que ce soit au niveau de la nécessité d'implantation d'un CLSC,
de la condition en fait des hôpitaux, des conditions hospitalières
à l'intérieur de chacune des régions.
Cela peut rejoindre également, sur le plan de la santé,
une certaine coordination ou une certaine consultation avec des organismes tels
que les CRSSS. Ce que je voudrais savoir ça, c'est du point de
vue de la santé, du point de vue des affaires sociales mais il y a
également d'autres ministères qui sont concernés
c'est quels sont les liens précis que vous voulez établir avec
chacun des ministères pour effectivement pouvoir dire votre mot dans
l'ensemble de l'aménagement du territoire?
M. LACHAPELLE: On a constitué un comité
interministériel qui regroupe douze ministères et à tous
les quinze jours normalement ce comité se réunit. Ce que nous
demandons aux ministères, c'est de discuter ensemble, par rapport
à chacune des régions et dans le cadre de la préparation
des schémas de développement régional, quels sont les
programmes qu'ils envisagent dans telle région et dans toutes les
régions, une après l'autre. A cette même table, on retrouve
des représentants, par exemple, du ministère des Affaires
culturelles, de la Voirie, du ministère des Transports, du
ministère de l'Education, du côté des équipements,
des Affaires sociales. En fait, il y a douze ministères
représentés, surtout les ministères qui ont une influence
sur l'aménagement du territoire et le développement
régional.
C'est là que se fait l'harmonisation entre les ministères
par rapport à certaines politiques qu'ils ont sur un territoire
donné. C'est surtout par le biais, principalement, de ce comité
de l'aménagement du territoire, ou cette sous-commission de
l'aménagement du territoire, comme on l'appelle dans notre jargon, que
se fait la coordination entre les ministères et l'OPDQ. Cela, c'est au
niveau central.
Maintenant, au niveau de chacune des régions, il y a un autre
mécanisme qu'on appelle la conférence administrative
régionale où par exemple, prenons la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean nous avons un responsable coordonnateur pour
chacun des ministères qui harmonisent ensemble l'exécution de
plans ou de programmes qui ont été prévus dans le cycle
budgétaire et qui sont appelés en même temps à
donner un avis à l'OPDQ sur la trame générale de
l'aménagement du territoire ou du développement régional
dans cette région. Donc, il y a un mécanisme de coordination
à deux niveaux: au niveau des régions et au niveau central.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand vous parlez au niveau de certaines
régions, en fait, de la présence d'un coordonnateur qui s'occupe
d'harmoniser les différentes politiques des différents
ministères qui peuvent être concernés, que voulez-vous dire
au juste par harmoniser? Est-ce que ça va plus loin qu'harmoniser?
Est-ce que ça peut aller plus loin aussi qu'un pouvoir de suggestion?
Est-ce que ça peut se...
M. LACHAPELLE: Prenons un exemple précis encore pour donner des
cas concrets. Dans la zone de Montréal, à un moment donné,
au niveau de l'exécution des programmes, nous avions deux
ministères: le ministère de la Voirie, qui avait au programme le
prolongement de la route 640 au nord de Montréal et, en même
temps, nous avions le ministère du Tourisme qui avait un programme de
$900,000 pour faire un agrandissement au parc d'Oka. A cette table
interministérielle, on s'est rendu compte que la Voirie, avec la route
640, arrivait en plein milieu du parc d'Oka alors que le ministère du
Tourisme voulait faire l'aménagement du parc. Les deux ministères
et l'OPDQ se sont réunis et ils ont trouvé les moyens techniques
de faire un certain détour avec le prolongement de la route 640 de
façon à conserver le parc et faire l'agrandissement
nécessaire en matière touristique, tout en gardant le même
gabarit pour la route 640 qui était une route de desserte très
importante dans le nord de Montréal.
C'est ce qu'on appelle une fonction de
coordination au niveau de l'exécution de façon à
harmoniser des programmes sur le territoire. C'est une première fonction
d'une conférence régionale ou d'un coordonnateur
régional.
La deuxième fonction, qui est un peu plus nouvelle, c'est
d'essayer, dans le cadre budgétaire, de préparer les avis
budgétaires. C'est-à-dire que lorsque le budget démarre
pour 1975/76 cela a déjà démarré, c'est au
mois de juin déjà les ministères donnent une
première réaction sur les enveloppes budgétaires dont ils
ont besoin pour l'an prochain au niveau des régions on demande
à la conférence administrative régionale de nous dire
comment elle réagit par rapport aux enveloppes qui sont
nécessaires dans la région. C'est une fonction un peu plus
nouvelle qui va se développer progressivement, c'est une fonction de
conseiller en matière budgétaire, en matière de
préparation du budget.
Il y a aussi une troisième fonction qui va se développer
progressivement à la lumière de la préparation des
schémas de dévelppement pour chacune des régions, soit de
dire, par le biais des conférences régionales et par le biais de
ce qu'on appelle notre responsable de la conférence, qui s'appelle le
délégué au plan dans chacune des régions, quelles
sont les priorités de développement, les priorités
d'équipement dans chacune des régions.
Au fond, il y a donc trois fonctions qui appartiennent, au niveau
régional, aux coor-donnateurs ou aux délégués au
plan de l'OPDQ.
Il y a une fonction d'ajustement de programme sur le territoire une fois
le budget accepté, une fonction de conseil sur la programmation
budgétaire, puis une fonction de conseil et d'avis technique sur les
objectifs de développement, les objectifs d'aménagement dans une
région. Ce sont les trois fonctions qu'on prévoit qui seraient
assumées par les conférences et les coordonnateurs
régionaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le 29 novembre 1973, M. Tremblay parlait de
régionalisation, pour le citer textuellement: "de régionalisation
du budget du Québec, afin d'inscrire les activités des
ministères dans une perspective d'aménagement et de
développement régional". Est-ce que cela signifierait
concrètement un peu ce que vous venez de nous dire?
M. LACHAPELLE: C'est exactement ça, ça veut dire que,
normalement, pour le budget 1975/76, il y a une première tentative qui
est faite afin de régionaliser, dans le budget du Québec, les
budgets des principaux ministères d'équipement
c'est-à-dire essentiellement le transport, l'éducation, les
affaires sociales et ensuite les travaux publics et affaires municipales. C'est
la première fois qu'il y a une tentative réelle et ferme de
régionaliser les budgets d'équipement.
A l'OPDQ, nous recevons systématiquement, dans le cadre de la
préparation du budget 1975/76, une copie des plans d'équipement
pour voir si ça correspond, selon les perspectives de
développement et d'aménagement, aux priorités que nous,
à l'OPDQ, on perçoit comme étant celles des
régions. Alors je pense que la déclaration que vous citez
démontre bien que ce mécanisme de régionalisation est en
train de se faire. Maintenant pourquoi les ministères
d'équipement? C'est parce que, normalement, ce sont ceux qui ont l'effet
le plus direct sur le développement des régions.
Quant aux dépenses qu'on appelle les dépenses de
fonctionnement courantes, c'est sûr que nous, pour le moment, à
l'OPDQ, on est moins intéressé à la régionalisation
des dépenses de fonctionnement, c'est-à-dire les dépenses,
par exemple, pour payer les fonctionnaires ou les dépenses d'achats,
etc. Ce sont surtout les budgets d'équipement qui nous
intéressent en priorité.
D'ailleurs, M. le Président, je pense que nous devons souligner
que ce concept a été développé et formulé
avec la collaboration, dans un premier temps et ultérieurement, et
l'accord complet du Conseil du trésor. Bien sûr que
l'opération régionalisation budgétaire ne peut pas se
faire du jour au lendemain, parce que si ce n'est que sur le plan technique,
ça représente de grandes complexités, et c'est nettement
une philosophie assez nouvelle qui s'instaure dans la présentation
budgétaire et dans la formulation budgétaire
également.
Alors cet exercice va certainement prendre quelques années avant
qu'il puisse être complet, mais dès lors on assiste, je pense
bien, à une volonté commune des parties intéressées
à ce que cette orientation soit concrétisée dans les faits
et que, dans un premier temps, on s'intéresse à ce qui est le
plus susceptible d'avoir un impact sur le développement des
régions, qu'il soit économique, social ou culturel, à
savoir les plans d'équipement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Par exemple, quand vous parlez de cette
tentative qui est déjà commencée de régionalisation
budgétaire, est-ce que ça peut nous acheminer, dans un avenir
assez rapproché, à l'élaboration d'une sorte de
comptabilité régionale qui puisse permettre, d'une façon
précise parce que ce n'est pas possible de le voir
présentement de voir le tableau de ce que les régions
peuvent verser au gouvernement du Québec et ce qu'elles peuvent
très précisément recevoir en termes d'aide
budgétaire?
M. LACHAPELLE: Bien je pense que...
M. BEDARD (Chicoutimi): On est toujours dans une situation assez
difficile. Quand il y a des revendications à faire au gouvernement du
Québec, c'est évident qu'on nous lance toujours, d'une
façon qu'il n'est pas facile de vérifier, pour les
régions, qu'en fait ce qui est accordé par le gouvernement
répond, d'une
certaine façon, à ce que ces propres régions
versent au niveau du gouvernement du Québec. Alors il me semble qu'on
emploie un argument que les gens des régions ne peuvent pas
contrôler et qui, à mon sens, n'est pas encore
contrôlé même ou vérifié par les
représentants gouvernementaux. '
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense que cette question
touche à l'ensemble de l'exercice qui nous amène à la
forme la plus appropriée de comptabilité, si vous voulez, et je
pense bien que ce n'est pas de la juridiction de l'OPDQ de se prononcer
là-dessus. Sans doute il y a des organismes mieux habilités que
nous pour donner une réponse complète à cette question.
Par exemple, si on parle de régionalisation des revenus, bien ça,
nettement, c'est une juridiction qui est autre que la nôtre.
Ce que nous avons signalé, ce sont les éléments du
processus budgétaire qui sont les plus près de notre juridiction,
de nos préoccupations et aussi les éléments qui, pour
nous, sont les plus utiles pour que l'OPDQ accomplisse sa mission. Quant
à l'ensemble, je pense que cette question devrait plutôt
être dirigée vers d'autres organismes gouvernementaux, qu'il
s'agisse du Conseil du trésor ou du ministère des Finances, mais
ce n'est vraiment pas, à mon avis, notre préoccupation ou de
notre juridiction sectorielle.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, remarquez, M. le ministre, que je ne vous
demande pas des chiffres, je ne vous demande pas que l'OPDQ publie une
comptabilité régionale précise. Cela peut, comme vous le
dites, dépendre de la responsabilité d'autres ministères.
Ce que je demande tout simplement, c'est: Cette régionalisation
budgétaire dont vous avez parlé, est-ce que vous croyez que
ça constituera un élément que vous pourrez mettre entre
les mains du gouvernement, qui pourra permettre tant au gouvernement qu'aux
régions, une fois pour toutes, d'en arriver à une
comptabilité régionale qui puisse permettre aux uns et aux autres
de se comprendre très bien, lorsqu'il s'agit de revendications qui
viennent de régions? C'est dans ce sens. Je comprends que vous n'avez
pas à faire connaître les chiffres.
M. LACHAPELLE: Je répète, M. le Président, que la
suggestion peut être fort méritoire, mais je ne pense pas que,
dans son ensemble, tel qu'on le suggère, nous sommes habilités
à nous prononcer sur son opportunité ou son réalisme. Je
ne dis pas ça de façon narquoise. Je pense que c'est à
l'instance appropriée qu'une telle question devrait être
dirigée. Je ne pense pas que ce soit la nôtre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand vous nous parlez de cette dimension
sociale que vous voulez donner au développement, à
l'aménagement du territoire, il y a peut-être un ou deux exemples
que j'ai précisément en tête et sur lesquels je voudrais
savoir si l'OPDQ a été consulté concernant la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a eu, d'une part, les
revendications de la population en ce qui a trait au boulevard Talbot. Il y a
eu également dans un autre secteur, celui de la santé, le
problème de la fermeture du département de chirurgie
cardio-vasculaire. Est-ce que l'OPDQ a été, sinon
consulté, du moins mis au courant du problème? Est-il dans sa
politique de rejoindre les différents ministères? Est-ce qu'il a
donné des suggestions?
M. LACHAPELLE: Concernant le dernier exemple, l'hôpital,
étant donné le niveau d'agrégation de l'OPDQ
c'est-à-dire on travaille pour l'ensemble du développement
économique du Québec et ensuite pour chacune des
régions ce serait extrêmement difficile de descendre au
niveau du détail, à savoir quel type de département ou
quelle ouverture de département il faut dans un hôpital. Ce qui
nous intéresse, nous, c'est de savoir de façon significative,
quels sont les grands équipements régionaux qui existent dans
cette région ou qui devraient exister dans une région...
M. BEDARD (Chicoutimi): Au point de vue de la santé.
M. LACHAPELLE: ... au point de vue de la santé. C'est
là-dessus qu'on est appelé à donner un avis. Le domaine de
la Santé dépend du ministère des Affaires sociales, qui
administre son budget proprement dit. C'est à lui, selon ses normes,
d'établir quel type de département doit aller d'un hôpital
à l'autre, mais nous on est intéressé à savoir la
nature et le statut de l'hôpital par rapport à tel type de
région.
C'est un type d'équipement qui nous intéresse, c'est un
jugement qu'on peut apporter par rapport à des perspectives de
développement ou des services à des populations.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, on peut dire qu'à
l'intérieur de chacune des régions cette élaboration des
besoins sociaux que peuvent avoir les populations régionales c'est non
seulement dans la préoccupation de l'OPDQ mais vous avez commencé
à poser des gestes concrets.
M. LACHAPELLE: Je pense que, tout à l'heure, je vous ai
indiqué...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, il y a eu des exemples concernant les
Affaires culturelles.
M. LACHAPELLE: Oui. Prenons l'exemple des services éducatifs du
Nord-Ouest québécois. Qu'est-ce que nous, l'OPDQ, on peut faire
avec les différents ministères dans ce territoire-là? Il y
a quand même de 35 à 40 paroisses marginales dans le Nord-Ouest du
Québec. Nous allons
examiner l'ensemble du problème des paroisses marginales, le type
d'équipement nécessaire, l'avenir du développement de ce
territoire et, ensuite, quelle sorte de services et d'équipements sont
nécessaires dans ce territoire. C'est par ce biais que nous allons
pouvoir porter un jugement, avec le ministère de l'Education ou le
ministère des Affaires sociales, sur les équipements disponibles
ou non disponibles dans ce territoire. C'est à cette échelle, au
nom d'une vision du développement, soit de parties de régions qui
sont aux prises avec des problèmes particuliers, soit au niveau de
l'ensemble d'une région, que l'OPDQ est appelé à donner
des commentaires ou des avis.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez me dire, d'une
façon très précise, quels sont les pouvoirs réels
de l'OPDQ? Est-ce que c'est uniquement la possibilité de faire des
schémas d'aménagement, de voir à ce que des missions de
planification économique soient instituées à
l'intérieur de chacune des régions? Autrement dit, est-ce le
pouvoir de faire seulement des plans ou si vous avez des pouvoirs réels
pour, une fois votre politique de développement établie
concernant une région précise ou concernant l'ensemble du
Québec, faire respecter cette politique par les instances
gouvernementales? Ou encore, n'avez-vous qu'un pouvoir de suggestion, un
pouvoir de pression? C'est un travail nécessaire, il n'y a pas de doute,
la planification économique, mais l'organisme qui la fait ne doit pas
que rédiger des plans, il lui faut de véritables pouvoirs pour
les faire respecter par l'autorité en place. Autrement dit, quand
l'occasion se présente et elle peut se présenter il
doit aller même à l'encontre de certaines décisions qui
sont beaucoup plus politiques que rationnelles en termes de
développement économique. Quels sont les pouvoirs de l'OPDQ pour
faire respecter cette politique de planification qui n'a de sens que pour
autant qu'elle est, d'une part, pensée par un organisme affecté
à cela mais, d'autre part, aussi pilotée par un organisme qui
peut imposer ses vues?
J'ai en tête, par exemple, la planification économique que
vous avez faite déjà depuis quelques années, qui a
duré presque dix ans, au niveau de la région du Saguenay-Lac
Saint-Jean. Je parle de celle-là parce que je la connais peut-être
plus, mais il y a également le cas de Yamaska on y reviendra tout
à l'heure et bien d'autres régions aussi où la
mission de planification économique est arrivée à des
conclusions très précises. On a dû constater, par
après je ne sais pas si c'est le pouvoir politique, proprement
dit, politique ou politi-cailleur qui a fait de l'interférence, si je
peux employer l'expression que ces conclusions n'ont pas
été respectées dans leur ensemble.
D'une part, on est très content qu'il y ait un Office de
planification économique du Québec; sa nécessité ne
fait pas de doute, mais où sont ses pouvoirs?
M. LACHAPELLE: M. le Président, l'Office de planification et de
développement du Québec n'est pas une autre forme de gouvernement
ou un superministère qui dit aux autres ministères comment agir.
La responsabilité sectorielle demeure toujours et, sauf erreur, elle
continuera d'exister; par voie de conséquence, la responsabilité
ministérielle aussi existe et continuera d'exister.
L'OPDQ, traditionnellement et, je pense, d'une façon
accélérée maintenant, fournit aux ministères
sectoriels et, ultérieurement, au conseil des ministres un
éclairage, un avis, des conseils qui leur permettent de former un
meilleur jugement. Son rôle dépasse, dans les faits, celui de
simple conseiller, puisque l'office possède des outils qui lui accordant
une influence très significative dans nombre de secteurs, qu'il s'agisse
de la nouvelle entente-cadre, qu'il s'agisse des différentes ententes
qui sont intervenues par le passé et qui sont encore existantes (zones
spéciales ARDA, FODER ou autres); qu'il s'agisse également de ce
nouveau concept qui veut que l'office va dorénavant fournir des avis sur
les programmations budgétaires envisagées par les
différents ministères; qu'il s'agisse que l'OPDQ soit la
structure porteuse du nouveau groupe ministériel des affaires
économiques et du développement régional. Voilà
autant d'outilc qui sont à la disposition de l'office pour lui permettre
d'exercer son action conformément au statut qu'il possède et
conformément également au statut des différents
ministères sectoriels qui, en définitive, ont la
responsabilité des gestes qui se posent à l'intérieur de
leur secteur.
Les outils que j'ai mentionnés sont des outils véritables,
qui peuvent et qui, effectivement, exercent une influence sur l'orientation
sectorielle ou sur l'orientation du gouvernement. Utilisée
raisonnablement et sagement, comme cela a pu être le cas par le
passé et d'une façon accélérée pour les
années qui vont venir, l'influence de l'office sera nettement importante
et son impact sera d'autant plus significatif.
M. BEDARD (Chicoutimi): En décembre 1972, vous avez soumis un
avant-projet de loi qui prévoyait la mise en oeuvre d'un cadre
général d'action en matière d'aménagement et de
développement à moyen et à long termes. Je me
réfère à la page 3 de la version préliminaire des
orientations de l'OPDQ. Vous dites, entre autres: "Ce cadre comprendra, pour
chacune des régions administratives du Québec, l'inventaire des
ressources principales, proposera des objectifs de développement, fixera
l'affectation générale des sols, fournira une programmation dans
le temps et dans l'espace des principaux équipements gouvernementaux et
indiquera les moyens propres à assurer les services essentiels et la
sauvegarde du patrimoine."
Vous ajoutez ceci: "Ainsi informés des
orientations adoptées par l'Etat, les collectivités
locales comme les agents privés pourront eux-mêmes prendre les
décisions qui les concernent en connaissance de cause." Ma question
serait la suivante: Est-ce qu'il y a, une fois les grandes orientations
précises de l'Etat, en matière de développement,
adoptées, une politique d'information précise auprès des
populations faite par le gouvernement, qui puisse, comme vous semblez le
souhaiter, permettre à ces populations de décider en toute
connaissance de cause ou de faire connaître leur point de vue?
M. LACHAPELLE: Ce à quoi vous faites allusion ici, en faisant la
lecture de ce texte-là, c'est à la préparation...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous m'excusez? Si je pose cette
question-là, c'est que souvent, dans les régions, ce qui arrive,
c'est que cette grande programmation est loin d'être connue dans les
grandes lignes. Chose certaine, elle est loin d'être comprise dans les
grandes lignes. Souvent, on a plutôt l'impression que, si les grandes
lignes sont comprises, en fait, ce sont seulement les politiciens de la place
qui ont le privilège de les connaître pour, ensuite, les faire
connaître à la population, mais avec une projection politique qui
non seulement n'est pas toujours nécessaire, mais qui peut même
nuire à la compréhension des grandes orientations politiques pour
une région et à l'acceptation, par une population, de ces
orientations.
M. LACHAPELLE: Le texte, ici, réfère essentiellement
à la préparation des schémas de développement et
d'aménagement régionaux pour chacune des régions du
Québec.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. LACHAPELLE: Essentiellement, ça réfère à
cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. LACHAPELLE: Cela signifie que l'office normalement, pour chacune des
régions, va préparer, d'ici à septembre ou décembre
1975, un schéma de développement et d'aménagement pour
chacune des régions, en même temps et de façon
systématique.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour toutes les régions du
Québec?
M. LACHAPELLE: Pour toutes les régions. Maintenant, cela va
comprendre quoi? Cela va comprendre essentiellement trois choses.
Premièrement, la définition ou la précision des
objectifs de développement et d'aménagement. Dans toutes les
régions du Québec, actuellement, on a des missions
différentes, que ce soit au Saguenay-Lac-Saint-Jean, que ce soit le plan
de l'Est du Québec, que ce soit la MIDER, la mission de
développement de la Côte-Nord, que ce soit la mission de
l'Abitibi-Témiscamingue, que ce soit la mission pour la région
nord de Montréal, suite à l'implantation de l'aéroport, ou
encore la mission de l'Estrie pour la région de Sherbrooke,
l'étude de cadrage de la région de Québec qui avait
été faite par une firme, que ce soit dans la région de
Sept-Iles Port-Cartier, on a fait un schéma d'aménagement
de la zone Sept-Iles-Port-Cartier. Dans toutes les régions donc, il y a
beaucoup de documents qui existent. On pense qu'il est nécessaire, sur
une période d'un an, de préciser davantage certains objectifs de
développement, peut-être d'en ajouter d'autres et de corriger le
tir par rapport à certains objectifs pour chacune des régions.
Cela va être la première partie de ce qu'on appelle le
schéma de développement et d'aménagement.
Dans la deuxième partie, on s'y réfère ici, nous
proposons aussi une analyse des différentes ressources existantes dans
la région, surtout sur le plan physique. Donc il y aura des propositions
de zonage des grandes ressources, les zonages agricoles, forestiers,
touristiques, urbains. Il y aura des propositions concernant les grandes
utilisations du territoire.
La troisième partie, on s'y référait tout à
l'heure, comprendra un début de programmation des grands
équipements dans le territoire. Ce document, normalement, va être
soumis aux conseils régionaux, dans la mesure évidemment
où les conseils régionaux auront une bonne
représentativité. J'en ai parlé récemment avec les
ministres responsables de l'OPDQ en ont parlé. Il est très
important que, dans les conseils régionaux, on ait des gens qui ont
quelque chose à dire par rapport aux objectifs de développement
et par rapport à ces trois grands thèmes qui seront dans chacun
des schémas régionaux de développement et
d'aménagement.
Ceci sera ensuite soumis aussi aux conférences administratives
régionales pour voir, avec les fonctionnaires régionaux qui sont
sur le territoire et qui représentent les différents
ministères, si les objectifs qui sont proposés, ou les grands
zonages qui sont proposés, ou les équipements qui sont
proposés sont valables et si c'est réaliste par rapport aux
régions. Et ces gens qui sont les fonctionnaires dans les régions
sont bien placés pour connaître les besoins, avec les conseils
régionaux.
Alors, essentiellement, donc la population va participer par
l'intermédiaire des conseils régionaux, qui sont consultés
sur les dossiers préliminaires concernant ces schémas de
développement et d'aménagement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais j'imagine que la sensibilisation va aller
au-delà des conseils régionaux.
M. LACHAPELLE: C'est-à-dire que normalement...
M. BEDARD (Chicoutimi): En raison de l'interférence de certains
politiciens, il arrive que, selon la conformation des conseils
régionaux, les problèmes dans certaines régions, peuvent
demeurer aussi entiers. Ce qui veut dire la nécessité que la
population elle-même, et non seulement les conseils régionaux,
puisse être informée ou qu'on fournisse ou qu'on oblige les
conseils régionaux, avec des subsides si nécessaires, à
faire connaître au grand public ces orientations.
M. LACHAPELLE: Je pense, M. le Président, que c'est exactement ce
qui se produit à l'heure actuelle. Si on prend à titre d'exemple
le mécanisme des missions, celui-ci se veut précisément un
mécanisme de consultation et de participation du milieu. Je peux citer
à titre d'exemple ce qui se déroule présentement dans
Charlevoix, alors qu'une mission a fait un travail global sur le potentiel
aussi bien que sur les possibilités de développement de cette
région. Ceci s'est fait dans le cadre d'une consultation maximum et
d'une participation maximum qui débouchait dimanche dernier sur une
réunion populaire à laquelle tout le milieu a été
invité. La même chose va se dérouler incessamment dans la
région de l'Outaouais. Pour ce faire, une réunion populaire aura
lieu. D'ailleurs, une circulaire qui invite toute la population à venir
parler de son avenir, à venir discuter du potentiel qui a pu être
identifié, ainsi que des perspectives de développement a
été distribuée ou le sera incessamment, dans 15,000 foyers
de la région de l'Outaouais.
Alors, je pense que, comme moyen de participation ou comme incitation
vis-à-vis du milieu pour participer à son développement,
on peut difficilement aller plus loin dans ce genre de mécanisme.
Je reviens au cas de l'Outaouais, où vous avez cette
circulaire-ci qui est distribuée dans tous les foyers, invitant les gens
à se présenter tel jour, telle heure, pour une réunion
donnée où tout le milieu, quels que soient les citoyens en cause
sont invités à venir participer à l'élaboration de
l'avenir de leur milieu.
Je pense que c'est extrêmement sain, comme mécanisme, et
puis c'en est un sur lequel l'OPDQ s'appuie largement, s'est appuyé
largement par le passé et continue à le faire, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis d'accord avec vous: c'est une
très bonne initiative. Vous nous parlez du cas précis de
l'Outaouais. Maintenant, en toute honnêteté, je ne crois pas que
ces efforts remarquez que ça peut venir dans l'avenir je
ne crois pas, dis-je, qu'on puisse dire à l'heure actuelle que ces
efforts de participation du milieu ou d'information du milieu sont rendus
à ce point dans toutes les régions, comme c'est dans la politique
de l'OPDQ d'en venir à cette conclusion. Je crois en toute
honnêteté que ce n'est pas rendu à ce stade dans toutes les
régions.
M. LACHAPELLE: C'est une question d'opinion, je pense, M. le
Président, parce que je crois que si on regarde le cheminement qui a
été effectué à ce jour, il y a eu des efforts
nombreux et tangibles dans toute la province. S'il est opportun dans des
secteurs bien précis d'accélérer l'utilisation de
mécanismes du genre, c'est une suggestion qui est très opportune
à retenir.
Simultanément, faut-il dire que lorsque le milieu est
consulté, c'est un ensemble de consultation qui, en définitive,
nous amène un portrait assez complet et exact de ce qui se
déroule dans une région donnée. Les éléments
qui, je pense, ont droit de s'exprimer comprennent, bien sûr, la
population, comprennent, bien sûr, tous les agents actifs du milieu,
qu'il s'agisse d'un CRD, d'autres groupements qui représentent un
élément important d'une région donnée ou qu'il
s'agisse même des hommes politiques, M. le Président, qui sont
quand même les élus du peuple, qui ont droit à la
consultation et qui ont, je pense, la prérogative tout à fait
indiscutable de s'exprimer sur l'avenir de leur région.
C'est la consultation de tous ces éléments qui fait que
l'OPDQ va en définitive dégager le portrait le plus complet
possible des besoins d'une région. Parallèlement, ces besoins
doivent être situés en regard et personne, je pense, peut
mettre cela en cause des disponibilités budgétaires de
l'Etat. Bien sûr qu'on pourrait énumérer des besoins ad
infinitum. D'autre part, je pense que tous les citoyens responsables et
consciencieux savent que les réalisations se font en définitive
à même les ressources que les contribuables mettent à la
disposition de l'Etat.
C'est donc l'équilibre de toutes ces considérations qu'il
nous faut obtenir, qu'il nous faut retenir, et c'est ce que nous cherchons
à faire de la façon la plus responsable possible.
M. BEDARD (Chicoutimi): Face à la question que je posais à
M. le ministre, je comprends difficilement sa réponse. Je comprends
qu'il se permette de faire un énoncé de principe, au sujet duquel
je suis complètement d'accord, dans le sens qu'il est clair que les
élus du peuple ont leur mot à dire, ont le droit de faire de la
consultation, ont le droit de se prononcer, de même qu'ils ont le droit
d'employer les moyens pour que le milieu même se prononce. Tout
simplement, les efforts d'imputation du milieu qui ont été faits
dans l'Outaouais, avec l'exemple que vous nous avez apporté,
j'espère que le ministre ne prétend pas qu'ils ont
été faits dans toutes les régions. Ce que je veux dire,
c'est que cela peut être une politique d'information de l'OPDQ on
en fait beaucoup d'information nous autres aussi à long terme qui
est très
louable, à mon sens, qui est nécessaire, l'information du
milieu, mais ce n'est pas fait jusqu'à maintenant, sauf pour une
région précise dont vous avez parlé.
M. LACHAPELLE: Je pense qu'il serait intéressant, si le
député de Chicoutimi croit que la réponse devrait
être plus explicite, d'énumé-rer dans combien de situations
précises il y a eu ces efforts de participation du milieu.
Alors, prenons, par exemple, le plan de l'Est du Québec où
il y a eu toute une série de comités locaux, de comités de
zone, et Dieu sait s'il y a eu de l'animation sociale dans ce territoire. Il y
a eu $4 millions de dépensés pour des analyses et des recherches,
et, je pense, $2 millions ont été dépensés pour
regrouper les gens, pour discuter de l'avenir de la région de l'Est au
moment de la préparation du plan.
Après cela, la deuxième expérience qui a
été faite a été celle de la mission du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Donc, les fonctionnaires du Québec, au niveau
central, ont rencontré les fonctionnaires dans les différentes
régions, y compris celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et ils ont mis au
point un certain nombre de documents. Il y a eu toute une série de
comités sectoriels, par exemple, du côté agricole,
forestier, touristique, etc. Il y a eu ensuite ce qu'on a appelé les
comités de zone, c'est-à-dire qui regroupaient les
différents territoires, ou sous-régions, ou sous-parties de
territoires dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je pense qu'il y
a eu à peu près une centaine de réunions
différentes, cette année, sur différents thèmes qui
ont été faits.
Il y avait donc dix comités consultatifs, sur ces
différents thèmes. Mais cela est quand même à la
période de 1968 ou 1969. Je comprends, évidemment, que depuis ce
temps-là il y a eu un début d'exécution concernant
l'aménagement intégré des ressources, et il y a
différents comités sectoriels du côté agricole,
forestier et touristique qui siègent au niveau du CRD du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cela, c'était pour l'expérience du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Ensuite il y a eu la troisième expérience de mission,
celle du Nord-Ouest du Québec. Là, cette fois-ci, au lieu de
demander surtout aux fonctionnaires travaillant aux ministères
mêmes de préparer les dossiers de base, on a surtout fait une
autre expérience. On a demandé aux fonctionnaires
régionaux, dans le territoire de l'Abitibi-Témiscamingue, de
préparer les documents. Cette fois, l'équipe du centre
était beaucoup moins forte qu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Là
aussi, je pense, si vous vous référez au rapport de consultation
que le CRD du Nord-Ouest a remis à l'OPDQ c'est un document
très volumineux, très important et extrêmement bien fait
on a eu peut-être une centaine de réunions de
comités différents dans la région.
La quatrième expérience a eu lieu dans la région de
Montréal où l'Office de planification a préparé ce
qu'on a appelé les rapports sur le développement de la
région nord de Montréal qui a fait suite à l'implantation
de l'aéroport. Là aussi une commandite spéciale a
été donnée aux deux CRD, celui des Laurentides et celui de
La Naudière, qui se sont regroupés dans une
fédération. Ils ont remis un document aussi très bien
fait. Il y a eu peut-être une centaine de réunions de
différents comités sectoriels et de différents
comités au niveau de l'ensemble de la région. Ce document a
été remis à l'OPDQ au début de 1971.
La cinquième expérience toujours dans le cadre des
missions a été celle de la région de Sherbrooke
où, cette fois-là, on a associé de plus prés le
milieu avec l'Université de Sherbrooke, le centre de recherche en
aménagement régional, et le Conseil régional de l'Estrie
de même que l'OPDQ. Encore là, il y a eu une consultation
très importante de l'ensemble du territoire, et le conseil
régional nous a remis un document très bien fait, qui prend
position sur chacune des propositions qui ont été soumises dans
le rapport de la mission de l'Estrie.
Il y a eu enfin, plus récemment encore, deux autres
expériences: l'une dans la région sud de Montréal. Nous
n'avions pas créé une mission; nous avions demandé
à l'Institut national de la recherche scientifique de nous faire une
analyse sur le développement agricole, le développemenr urbain,
le développement industriel et le développement des
équipements de transport dans la région sud de Montréal.
Nous avons demandé au CRD de la rive sud de Montréal de faire une
analyse de ces documents. Il nous ont remis aussi un document assez
élaboré sur ce qu'ils pensaient des rapports qui avaient
été distribués dans le territoire. Il y a eu toute une
série de séances publiques qui ont été faites au
niveau de sept ou huit comités, si je me rappelle bien.
Il y a deux exemples plus récents, auxquels je faisais allusion
tout à l'heure, l'un dans la région de Charlevoix où le
rapport de la mission... D'abord, les premiers rapports préliminaires de
chacun des ministères ont été soumis à des
comités sectoriels du CRD de la région de Québec, section
de Charlevoix. Ils nous ont fait parvenir, il y a quatre mois, un document bien
fait sur ce qu'ils pensaient des rapports sectoriels. Ensuite, on a refait le
premier rapport à la lumière du rapport que nous avions
reçu du conseil régional, que nous avons appelé le rapport
synthèse, il a été rendu public il y a à peu
près un mois.
Quatre séances ont donc été tenues, dont une
séance qui était la réunion de systhèse finale, de
l'avis du CRD, sur le concept d'aménagement de Charlevoix. Dans la
région de Québec, nous venons de recevoir, à la
suite de l'étude de cadrage qui avait été faite par la
firme LaHaye sur l'ensemble de la région administrative de Québec
la semaine dernière, un vaste document à ce sujet, presque
un pouce et demi d'épaisseur, du Conseil régional de la
région de Québec qui a fait des rencontres avec beaucoup
de municipalités, beaucoup de corps intermédiaires qui nous
disent ce qu'ils pensent de l'étude de cadrage de la région de
Québec.
Ce sont des expériences de participation, de discussion, de
consultation qui ont été faites dans le cadre de ce que nous
avons appelé et de ce que nous appelions à cette époque
des missions de planification ou des missions de développement ou encore
des études de cadrage.
Ce à quoi nous nous référions tout à
l'heure, lorsque nous parlions des schémas de développement, la
petite expérience de l'Outaouais dans ce sens-là est
significative. C'est notre première expérience concrète
d'un premier schéma de développement au sens que nous l'entendons
maintenant. Dans ce sens-là, l'expérience qui est faite dans la
région de l'Outaouais, c'est une commandite spéciale qui est
donnée au CRD pour une consultation populaire. Il y a ensuite une
consultation qu'on appelle une consultation technique avec les
différents techniciens responsables de la région, que ce soit la
SAO, que ce soit la Communauté régionale de l'Outaouais ou la
Société d'aménagement de l'Outaouais, il y a ensuite les
techniciens de la CCN et ensuite les techniciens des différentes
municipalités. Alors, on a un comité consultatif technique, des
spécialistes qui travaillent dans ces organismes.
On a ensuite un comité qui s'appelle le comité des
objectifs, qui groupe tous les députés de la région et qui
regarde aussi les orientations du développement qui sont
proposées dans les rapports préliminaires que nous acheminons.
Alors, on voit que la consultation se fait à trois niveaux: un palier,
si vous voulez, politique, au sens que des députés avec des
maires et des représentants de préfets de comté sont dans
ce comité des objectifs de l'Outaouais, ils sont consultés
systématiquement à chaque étape de la préparation
du dossier. Ensuite, les techniciens des différents organismes sont
consultés aussi à chaque étape. Enfin, le conseil
régional, ce qu'on appelle la consultation populaire où ils ont
créé des comités sectoriels par secteurs,
c'est-à-dire l'agriculture, les forêts, le tourisme, etc., et ils
ont tenu, jusqu'à présent, cinq réunions au niveau de cinq
sous-régions. Ils ont tenu cinq réunions qu'on appelle des
réunions territoriales. Cela, c'est sur l'analyse du diagnostic de la
situation.
En septembre ou octobre, il y aura une deuxième série de
réunions publiques sur les objectifs de développement de la
région de l'Outaouais. On pense on est en train de
l'expérimenter, peut-être d'aller un peu plus loin en termes de
mécanismes de discussion avec les organismes régionaux on
pense qu'avec cette expérience de l'Outaouais, on pourra peut-être
aller un peu plus loin dans le raffinement des discussions avec les organismes
populaires ou la population dans les régions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez parlé, à plusieurs
reprises, de ces CRD, les conseils régionaux de développement,
qui, jusqu'à maintenant, sont quand même des agents de
sensibilisation de la population. Ils peuvent même se
révéler comme des agents de coordination dans le sens des
intérêts du milieu ou des revendications du milieu.
Le ministre a eu l'occasion déjà de parler de cette
structure des conseils régionaux de développement sous l'aspect
très particulier de la nécessité de leur
représentativité pour en faire, autrement dit, des organismes
valables, tant pour le milieu que comme interlocuteurs, ce qu'ils
prétendent être, privilégiés de la population
auprès du gouvernement.
Est-ce que, au niveau de la représentativité, le ministre
pourrait nous dire si l'OPDQ ou le gouvernement, à l'heure actuelle, a
une idée très précise, d'une part sur le fonctionnement de
certains CRD, qu'ils soient d'accord ou pas, et sur les éléments
qui devraient s'ajouter à ces CRD pour qu'ils puissent vraiment jouer le
rôle de représentativité que le gouvernement semble vouloir
leur donner?
M. LACHAPELLE: M. le Président,...
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai ici certaines déclarations que le
ministre a faites...
M. LACHAPELLE: ... je suis extrêmement heureux que cette question
soit soulevée parce que c'en est une à laquelle j'ai
apporté une attention particulière dans les derniers mois: la
question de la représentativité des CRD, de leur mode de
financement et également de leurs éléments de
fonctionnement, d'une façon générale.
Cette question, nous l'avons annoncé d'ailleurs, doit être
clarifiée, complétée au cours de l'exercice financier en
cours. L'objectif qu'on s'était alors donné tient toujours,
à savoir que les améliorations au fonctionnement actuel de ce
mécanisme doivent être en place pour le début de l'exercice
financier 1975/76.
Cette préoccupation s'appuie sur une série de motifs.
Comme on vient de le constater par les explications qui ont été
données, les CRD, en supposant qu'ils constituent pour nous, pour
l'OPDQ, des interlocuteurs privilégiés, ont une
responsabilité considérable vis-à-vis de la population
dont ils se font ou voudraient se faire le porte-parole.
Ne serait-ce qu'en raison de cette responsabilité, il est normal,
je pense, et de la part de la population, et de la part de l'OPDQ, qu'on
s'assure bien qu'ils sont des organismes qui, vraiment, représentent le
milieu.
Les améliorations qui pourraient être apportées,
nous n'avons pas l'intention de les décréter. Nous allons
incessamment confier à un groupe de travail nous avons encore
à déterminer le mandat précis de ce groupe de travail,
ainsi que sa composition la tâche de nous faire des propositions.
Quand je dis nous,
je veux dire non seulement l'OPDQ, mais également le milieu, les
populations, les CRD en place et les autres agents des différents
milieux avec lesquels nous transigeons couramment. Ainsi, il pourra y avoir un
examen, qui se voudra le plus ouvert possible, de ces éléments
d'amélioration et, dans cette question comme dans tant d'autres, il y
aura participation de tous les intéressés.
C'est à peu près l'approche que nous entendons utiliser,
aussi bien que les motifs qui nous portent à le faire. Moi, je demeure
confiant qu'il est possible d'améliorer la
représentativité des CRD. Je demeure confiant également
qu'il nous sera possible d'en arriver à des normes qui, sans être
d'une rigidité odieuse, nous assureront quand même quand je
dis nous, je dis l'OPDQ et la population que les CRD, en tant
qu'interlocuteurs privilégiés, respectent vraiment les normes les
plus usuelles de la représentativité du milieu.
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'heure actuelle, les CRD, dans l'esprit du
ministre, est-ce qu'ils sont représentatifs de la population? Ou est-ce
qu'il y a vraiment une action très précise qui doit être
entreprise justement pour améliorer cette
représentativité, si elle n'existe pas suffisamment, ou encore
une orientation carrément différente qui doit être prise
pour parvenir à cette représentativité qui, à mon
sens, est souhaitable?
M. LACHAPELLE: M. le Président, si la question a
été abordée, comme elle l'a été d'ailleurs,
et si elle a été soulevée de la façon dont elle l'a
été, c'est qu'honnêtement il y a certaines
appréhensions, certaines réserves quant à la
représentativité des CRD de façon globale et
également de certains CRD de façon particulière. Je pense
qu'il ne serait pas de mise de porter des jugements de valeur dans chaque cas
particulier. Au lieu de mettre l'un ou l'autre des CRD dans une position
où on porterait, a priori, un jugement de valeur sur leur
représentativité, nous utilisons plutôt une formule
différente, qui est de dire que nous allons chercher à
établir des normes qui voudront que la représentativité de
ce mécanisme soit assurée.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que, dans l'esprit du gouvernement, la
représentation est mise en doute souvent en fonction de la
capacité que semblent avoir certains CRD non pas de contester, mais de
n'être pas d'accord avec le gouvernement ou encore sur les orientations
globales de développement?
M. LACHAPELLE: Ce n'est absolument pas un critère, M. le
Président. Si une population s'est donné un mécanisme, un
porte-parole, pas nécessairement exclusif, mais privilégié
et si cet organisme veut être un organisme de contestation des intentions
gouvernementales, je pense que cela fait partie du jeu. Le gouvernement et
l'OPDQ, de façon toute particulière, sont disposés
à envisager un comportement de cette nature comme étant tout
à fait normal et sain.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si je comprends bien, pourvu que cela ne soit
pas un état de contestation systématique, vous acceptez et
ce pour le bien du milieu que le CRD, qui peut être l'interlocuteur
privilégié de ces gens vis-à-vis du gouvernement, puisse,
sans avoir peur de s'attirer des foudres du gouvernement, effectivement
contester d'une façon très claire.
Remarquez que je vous pose cette question parce qu'il y a des cas
très précis, pas seulement dans ma région, mais dans
d'autres régions aussi, où les CRD semblent avoir la vie rose
tant qu'ils sont dociles j'emploie ce mot; je ne sais pas si c'est le
bon tant qu'ils sont d'accord avec le gouvernement, mais que, dès
qu'ils se permettent non pas de contester, mais de n'être pas d'accord,
on se permet de les...
Je vois le ministre qui était responsable de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean sourire à ma question! Donc, Dès qu'ils
se permettent de n'être pas d'accord, ils se font étiqueter de
mouvement de contestation pur et simple. A partir de ce moment-là, on
commence à mettre en doute, tout de suite, leur
représentativité.
M. LACHAPELLE: C'est la raison très évidente, M. le
Président, pour laquelle je pense qu'il serait tout à fait
déplacé de chercher, dans la discussion actuelle sur la
représentativité des CRD, à étiqueter ou à
classifier ou à catégoriser un CRD versus l'autre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais, à un moment donné, vous
allez être obligé de le faire.
M. LACHAPELLE: C'est plutôt une approche globale que nous allons
utiliser, qui voudra être valable pour tous les CRD, quels qu'ils soient
et quelle que soit leur capacité ou leur volonté
intrinsèque de contestation ou non.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que vous dites que c'est une
approche globale avec des critères vous en avez parlé
le plus précis possible, qui seront suggérés
je ne dis pas imposés, mais suggérés par le
gouvernement. Mais il faudra bien, à un moment donné, à la
suite de cette approche globale, à la suite de ces critères
établis, que vous vous fassiez une idée sur la
représentativité de chacun des CRD.
M. LACHAPELLE: Bien oui, bien sûr!
M. BEDARD (Chicoutimi): A ce moment-là, le gouvernement ne pourra
pas, dans le
meilleur intérêt du ministère dont vous êtes
responsable, cacher carrément sa manière de voir certains CRD par
rapport à d'autres.
M. LACHAPELLE: Bien sûr, M. le Président! Je pense que ce
serait l'aboutissement normal de l'exercice auquel nous nous livrons
présentement. Si, après avoir obtenu le consensus voulu, suite
à une participation de tous les gens intéressés à
la discussion, quant aux normes les plus souples, mais les plus rationnelles
devant assurer la représentativité certains CRD, en place ou non,
ne respectent pas ces normes, je pense qu'il serait très raisonnable de
se demander si nous devons poursuivre vis-à-vis d'un, de deux ou trois
CRD, je ne le sais pas, la politique d'aide financière du gouvernement
à l'endroit des CRD.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une fois l'approche globale faite, les normes
rationnelles dont vous parlez établies, cela pourra aller jusqu'à
la non-reconnaissance de certains CRD qui ne se plieront pas à ces
normes rationnelles, comme vous dites.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je retiens que le
député de Chicoutimi apporte une interprétation à
ce que nous désirons faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est la bonne interprétation, vous
pouvez être certain.
M. MALOUIN: La bonne nouvelle.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais ces critères concernant la
représentativité des CRD, est-ce que le gouvernement veut
être seul à les élaborer ou a-t-il l'intention de le faire
à partir d'une consultation plus large que les instances
gouvernementales?
M. LACHAPELLE: Je pense, M. le Président, avoir
déjà indiqué dans une réponse antérieure que
le cheminement qui me paraf-trait assez normal dans de telles circonstances,
c'est que d'abord il y ait des personnes compétentes qui puissent se
pencher sur la question, formuler un avis qui, en retour, serait
déposé, à toutes fins pratiques, pour que les personnes
intéressées puissent faire valoir leurs réactions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous dire comment il se
fait que le rapport annuel de l'OPDQ pour 1972-73 vient juste d'être
déposé, le 4 juin dernier, alors qu'il était prêt
depuis un an, ce qui veut dire un dépôt avec un an de retard?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense que cette question a
déjà été abordée à l'occasion de
séances antérieures.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, il y a bien des questions que j'ai
posées, qui ont été abordées mais remarquez que
nous sommes toujours à la poursuite d'une réponse.
M. LACHAPELLE: La réponse a été donnée au
meilleur de notre connaissance. Le rapport 1972-73 a été
effectivement produit avec la meilleure célérité.
D'ailleurs, la loi qui constitue l'office donne certaines normes ou
précise une date quant à la parution du rapport, et je pense
qu'on assiste présentement un peu à des délais qui
découlent d'une parution qui, lors de la première année, a
été elle-même tardive. Je suis tout à fait d'accord,
cependant, on doit le plus rapidement possible s'approcher des normes et des
délais que prévoit la loi qui constitue l'office.
M. BEDARD (Chicoutimi): Remarquez que je ne vous accuse pas
nécessairement d'avoir manqué de célérité.
Le but de ma question est de savoir quelles sont les raisons qui ont fait
qu'avec la meilleure célérité possible on ait
été quand même obligé de déposer ce rapport
avec un an de retard. Les raisons précises. Je n'accuse pas le
gouvernement d'avoir été incompétent, négligent,
d'avoir manqué de célérité. La seule question que
je lui pose, c'est: Pourquoi un an de retard? Il doit y avoir quand même
des raisons très précises, tout en respectant, comme vous le
dites, la célérité dans le dépôt de ce
rapport.
M. LACHAPELLE: Je répète, M. le Président, que le
premier rapport de l'office a paru un an en retard. C'était à une
époque où les événements je ne peux pas les
récapituler parce que je n'étais pas présent ont
voulu que le rapport paraisse un an en retard, et c'est ce délai qui
s'est répercuté jusqu'à la parution du rapport 1972-73.
J'ai dit, je pense, assez clairement que nous avons l'intention de faire en
sorte que les rapports subséquents paraissent à une date qui
coincide beaucoup plus étroitement avec les normes que prévoit la
loi qui constitue l'office.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne poserai pas la question une
troisième fois mais je remarque que la réponse et que les
circonstances ont fait que ça n'a pas pu être déposé
avant. Entre vous et moi, n'étant pas dans le secret des dieux et la
population non plus...
M. LACHAPELLE: Si j'avais été là, je l'aurais
dit.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que si le ministre avait
été là peut-être que ça aurait
été plus vite. Je ne suis pas au courant de ces circonstances,
mais c'étaient sur ces circonstances que nous voulions une
réponse.
Sans poursuivre là-dessus, quand prévoyez-vous que le
rapport 1973-74 sera déposé? J'imagine que là les
circonstances vont changer.
M. LACHAPELLE: M. le Président, nous allons chercher à
rattraper, si vous voulez, la date de parution ou pour le moins écourter
de
plus en plus les délais qui découlent d'une
première parution qui, il y a cinq ans elle-même a
été tardive. Je répète que la loi qui constitue
l'office dit à quelle date doit paraf-tre ce rapport et c'est cette date
que nous allons viser ou du moins les normes prévues par la loi. Non
seulement la date mais également certaines stipulations qui influencent
cette date. C'est dans ce contexte que sera déposé le prochain
rapport annuel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela veut dire quoi la date fixée par les
normes?
M. LACHAPELLE: M. le Président, s'il y a une grève chez
l'imprimeur, je ne peux pas vous dire que ce sera le 15 novembre même si
on a prévu le 15 novembre. Je ne peux pas garantir une date à
l'heure actuelle. Je pense bien que c'est irréaliste de le faire et tout
à fait irresponsable. Je dis qu'il y a une loi qui constitue l'office
qui dit quelle est la date à laquelle le rapport annuel doit
paraître. Je dis simultanément que c'est ce vers quoi nous allons
tendre dès cette année.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ne trouvez-vous pas tout aussi irresponsable, ne
connaissant pas la date vous-même, de nous dire qu'effectivement le
rapport sera présenté à cette date?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je répète
exactement la réponse que je viens de donner: La loi est là, elle
dit quand le rapport annuel doit paraître, dans quelles circonstances et
quelles sont les circonstances atténuantes qui peuvent modifier la date
de parution, et c'est ce vers quoi nous allons tendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y avait, pour le premier rapport
1972-73, une date de fixée?
M. LACHAPELLE: Je suppose qu'il y en avait une, M. le Président,
d'ailleurs non seulement je le suppose mais il y en avait une, puisque la loi
existait. D'autre part...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... être respecté.
M. LACHAPELLE: ... la responsabilité ministérielle
étant ce qu'elle est, cette responsabilité appartient à
ceux qui m'ont précédé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme nous ne pouvons pas poser la question
à ceux qui vous ont précédé, on va accepter cette
réponse.
Dans votre version préliminaire de l'OPDQ, à la page 45,
vous faites une évaluation très précise de la
création d'emplois au Québec. On y lit ceci: "Or,
l'évolution économique des dernières années semble
confirmer l'impossibilité d'atteindre un plein emploi relatif en 1976.
Elle indique même une détérioration de la situation en
moyenne période puisque la hausse effective d'emplois s'est
située en deçà des attentes, soit 64,000, 2,000, 50,000,
12,000, 53,000 et 28,000 respectivement en 1967, 1968, 1969, 1970, 1971 et
1972. La création annuelle moyenne d'emplois depuis cinq ans
s'établit donc à un peu moins de 30,000, soit un taux
d'augmentation annuelle de 1.4 p.c. environ comparé à un taux de
2.9 p.c. pour la période 1961-1970." Comme il y a beaucoup de
discussions tant à l'Assemblée nationale qu'en dehors de
l'Assemblée nationale sur la moyenne des emplois créés par
un gouvernement ou par l'autre, est-ce que ces chiffres ont changé?
Est-ce qu'autrement dit l'OPDQ demeure toujours aussi clair que dans son
étude préliminaire sur la moyenne de création d'emploi qui
se serait chiffrée par un peu moins de 30,000 emplois par année
pour les quatre dernières années?
M. LACHAPELLE: M. le Président, j'aimerais corriger tout de suite
l'affirmation qui vient d'être faite de 30,000 emplois pour les quatre
dernières années, parce que...
M. BEDARD (Chicoutimi): Les cinq dernières années.
M. LACHAPELLE: Ce ne sont pas les cinq dernières années,
parce que les chiffres auxquels se réfère le député
de Chicoutimi s'arrêtent à l'année 1972, donc ne
comprennent pas 1973. Or, voici que nous avons la meilleure preuve de
l'évolution de la situation économique et du caractère
éminemment évolutif d'une situation économique, pour
utiliser les expressions auxquelles je faisais allusion la semaine
dernière lors de nos séances antérieures. Le diagnostic
d'une situation économique veut être un portrait, un cliché
au sens photographique du terme à un moment précis, et les
circonstances font et l'histoire le prouve dans tant de milieux et dans
tant de régions que, très rapidement, une situation
économique peut changer du tout au tout, ou de façon suffisamment
significative pour informer largement le portrait qui a pu être pris
à un moment précis. Dans le cas qui nous intéresse, les
chiffres cités s'arrêtent à 1972. Or, les chiffres de 1973
sont que 130,000 emplois ont été créés au
Québec. Dès lors, certaines des observations auxquelles ces
chiffres peuvent mener se trouvent d'ores et déjà
infirmés, pour la simple et bonne raison que le portrait a changé
dans les mois qui ont suivi. Les pourcentages cités ont changé
forcément, en raison du fait que les chiffres absolus eux-mêmes
ont changé. D'ailleurs, il suffit de faire le total de 1970, 1971, 1972
plus 1973, les chiffres que je vous ai cités, pour s'apercevoir qu'on
est très au-delà et bien au-delà du chiffre de 100,000
emplois, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien au-delà du chiffre de 100,000
emplois de moyenne? J'es-
père que le ministre ne veut pas nous affirmer que, depuis 1970,
vous êtes au-delà de...
M. LACHAPELLE: Pas de 100,000 emplois de moyenne, M. le
Président, mais lorsqu'on était dans les perspectives
énoncées en 1970 quant à la création de 100,000
emplois au Québec, les chiffres démontrent que le total des
quatre années dépasse largement les 100,000 emplois dont il
était question à cette époque.
Mais je reviens quand même à cette notion qui
m'apparaît encore plus importante.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, c'est...
M. LACHAPELLE: C'est du caractère éminemment
évolutif d'une situation économique. C'est que le portrait pris,
à un moment donné et ceci est un portrait qui s'est
terminé en 1973 en est un qui a évolué
considérablement dans les mois qui ont suivi, à un point
où les observations contenues ici peuvent fort bien être
infirmées, en raison de cela, pour le moins les chiffres et les
pourcentages qui servent de guide pour ces mêmes observations.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est très évolutif. On voit que,
depuis l'année 1973, si on a pris la publication des derniers chiffres
concernant la création d'emplois, une situation peut très bien,
d'une part, s'améliorer, mais elle peut très bien aussi se
détériorer d'une façon très rapide, si on se
réfère aux chiffres fournis au mois de juin concernant la
création d'emplois.
Je comprends qu'on a déjà touché quand même
pas mal à cela concernant certaines affirmations du ministre selon
lesquelles le Québec se vidait dans Montréal. C'est assez clair
de ce côté, je pense.
M. LACHAPELLE: Je pense, M. le Président, que je n'ai jamais fait
une affirmation de ce genre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous n'avez jamais fait d'affirmation de ce
genre. Est-ce que je dois comprendre que le ministre n'appuie en aucune
façon le portrait... De temps en temps, il approuve le portrait qui est
fait dans la version préliminaire de l'OPDQ, quand cela fait son
affaire, mais quand cela ne fait pas l'affaire, est-ce qu'il l'appuie
également? Je voudrais savoir si le ministre approuve le portrait
tracé par l'OPDQ sur la situation jusqu'à 1972. Est-ce qu'il
croit que c'est un portrait quand même assez réaliste de la
situation qui est constatée dans cette version préliminaire?
M. LACHAPELLE: II est de la nature même de l'offre, et par voie de
conséquence, des travaux que l'office produit, d'être soumis
à l'examen du plus grand nombre possible de parties
intéressées afin qu'on vérifie le bien-fondé des
affirmations qu'ils peuvent contenir, aussi bien que le bien-fondé des
orientations qui peuvent être suggérées. Et je le
répète, c'est dans la nature même des travaux de l'office
et de sa façon de procéder que l'office s'appuie si largement sur
la consultation et la participation de toutes les parties
intéressées.
Or, le portrait qui a été tracé à cette
époque en peut fort bien, même si on se reporte à mai 1973,
donc à plus d'un an, être infirmé, qui peut fort bien
être corrigé au fur et à mesure que nous consultons les
différentes parties intéressées, et, à fortiori,
les observations et moyens d'action qui découlent d'un tel document.
Les documents tels que ce livre et bien d'autres ont toujours
été présentés sous forme de documents de travail
dont les gens peuvent discuter, qu'ils peuvent infirmer, peuvent changer,
peuvent modifier s'ils sont en mesure d'apporter des éléments qui
auraient pu être oubliés, qui auraient pu être
ignorés. Le livre jaune est précisément un de
ceux-là et c'est dans cette optique qu'il est présenté. On
ne peut pas dire, au niveau ministériel, que nous endossons comme tel ce
livre ou ce qu'il contient. Il est soumis à la discussion publique. Il
est soumis à l'examen des autres ministères. Et il sera soumis en
temps opportun à l'examen d'autres instances aussi pour que, non
seulement on puisse en ce faisant vérifier l'exactitude du portrait qui
a été pris, mais aussi et c'est encore plus important
vérifier l'opportunité et l'exactitude des moyens d'action
et des orientations qui sont suggérés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le conseil des ministres ne l'a-t-il pas
adopté, au moins dans un certain sens, surtout lorsqu'on se
réfère à l'entente-cadre où l'analyse de la
situation qui est faite au niveau de l'entente-cadre reflète exactement
l'analyse de la situation faite dans le livre jaune? J'imagine que vous avez
sûrement appuyé, disons globalement, cette vision du Québec
puisque vous l'avez presque superposée si je peux employer
l'expression dans l'entente-cadre?
M. LACHAPELLE: Il faut bien s'entendre. Si l'entente-cadre et en
particulier les annexes ont pu être puisées dans des documents qui
sont en circulation et assujettis à l'examen public, c'est qu'il y avait
des éléments qui nous apparaissaient assez conformes sans pour
autant qu'il soit décrété que c'était l'exactitude
définitive. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle nous disons, et
l'entente-cadre, d'ailleurs, le prévoit, que ces éléments
de réflexion aussi bien que les stratégies qu'ils
suggèrent doivent être soumis â un examen annuel au cas
où, dans la vérité des choses, on découvre que les
orientations qui ont pu être tracées doivent effectivement
être modifiées, s'appuyant toujours sur la conviction qu'une
stratégie économique veut être éminemment
évolutive.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le fédéral a un plan
global pour le Québec
concernant l'implantation de parcs nationaux ou si cela peut
être assez normal le ministre n'est pas au courant d'une politique
que pourrait avoir le fédéral concernant l'implantation de parcs
nationaux? Est-ce que le Québec, tout au moins au niveau de l'OPDQ, a
une politique assez précise concernant justement l'implantation de parcs
fédéraux pour l'avenir? Il y a déjà des
déclarations ministérielles de faites, dans le sens indiquant au
moins une certaine réserve concernant l'avenir de la création de
parcs fédéraux à l'intérieur du Québec. On
l'a également souligné la dernière fois sans s'y attarder.
Les conclusions du rapport Dorion étaient à l'effet de mettre un
terme à la constitution de parcs fédéraux.
M. LACHAPELLE: M. le Président, cette question a
été abordée en d'autres milieux et
particulièrement, je pense, par le ministère qui est directement
concerné par de telles questions. Il s'agit nettement d'une politique
sectorielle et, ultérieurement, d'une politique gouvernementale. Je
suggérerais que cette question soit plutôt dirigée au
ministère sectoriel qui est directement concerné
là-dedans.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ecoutez, je sais que cela a déjà
été posé au ministère du Tourisme, mais depuis
tantôt vous nous parlez de la possibilité de la politique de
l'OPDQ, justement de voir à s'insérer à l'intérieur
des ministères, soit pour conseiller ou pour faire connaître sa
politique de planification économique.
Quand on regarde les parcs nationaux, cela représente des
millions au Québec en termes de planification économique.
Même si la question a été posée au ministère
du Tourisme, on gardera la réponse de ce côté; mais, ce qui
m'intéresse, étant donné, comme vous nous l'avez dit
et j'ai pris votre parole que le ministère responsable de
la planification économique va avoir des conseils à donner au
niveau de chacun des ministères qui peuvent être concernés,
en termes de développement économique, c'est de savoir si
l'Office de planification économique a une politique précise ou
encore, a un conseil précis à donner aux ministères
concernés. Sinon, si vous me dites que cela ne vous regarde pas du tout,
qu'est-ce qu'il reste de ce que vous m'avez dit tout à l'heure à
l'effet que l'OPDQ croyait de son devoir et je trouve que c'est normal
aussi de s'insérer on verra la forme plus tard dans
chacun des ministères où il est question de développement
économique?
M. LACHAPELLE: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous faites cela dans ce cas, qu'est-ce qui
me donne la preuve, qu'est-ce qui me dit, lorsque vous nous avez parlé
tout à l'heure de la projection ou de la dimension nouvelle que vous
voulez apporter à l'aménagement du territoire, en étendant
cette dimension du côté social, si ce sont seulement des paroles
ou encore si cela va se traduire en actes très précis? Je vous ai
cru tout à l'heure lorsque vous m'avez dit, concernant, par exemple,
l'aménagement hospitalier dans des régions, que l'OPDQ tenait
à être présent et, après cela, à pouvoir
conseiller les différents ministères concernés, que ce
soit le ministère des Transports, le ministère des Affaires
sociales, le ministère du Tourisme.
S'il y a une consistance avec ce que vous m'avez dit tout à
l'heure, j'imagine que l'OPDQ, à l'heure actuelle, a déjà,
puisque c'est dans l'air drôlement, une politique de pensée en
fonction de la création de parcs nationaux. Cela ne veut pas dire que
celle que vous allez me donner va être suivie, mais, au moins, ce que je
voudrais savoir c'est s'il va y avoir de la part de l'OPDQ une
énoncé de principes ou un conseil très précis
donné au ministère concerné, quitte à ce
ministère de le suivre ou non. Remarquez que ce ne serait pas la
première fois qu'un ministère ne suit pas les directives de
l'Office de planification économique.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je répète qu'il
s'agit d'une question qui relève très nettement d'une
responsabilité sectorielle donnée, d'une juridiction très
précise au sein du gouvernement, à savoir le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. A cet effet et dans le cadre du
type d'activités auquel se livre l'OPDQ, incessamment le
ministère du Tourisme va formuler ses pensées, ses vues sur
l'aménagement de parcs, sur le type de zonage qu'il envisage et c'est
à ce moment-là que nous serons en mesure de fournir un
éclairage additionnel au ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, à l'emplacement de ces parcs et aussi à la
forme, peut-être, de gestion ou de propriétés qu'il
envisage. Mais c'est un processus normal tout comme, par exemple, dans les avis
que nous allons formuler en regard de la programmation budgétaire, nous
n'allons pas anticiper ou dire au ministère de l'Education: Voici la
politique que vous allez suivre.
Nous ne disons pas au ministère des Affaires sociales: Voici la
politique que vous allez suivre. Ces gens déposent leur plan
d'équipement et nous allons apporter nos observations en regard de
certains équipements. II en sera de même pour le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, lorsqu'il nous parlera de ses
vues en ce qui regarde l'emplacement de parcs au Québec.
M. BEDARD (Chicoutimi): Puisque la base de la planification, c'est quand
même de prévoir, est-ce que vous ne croyez pas qu'il devrait y
avoir un mécanisme qui permettrait à l'OPDQ de faire
connaître ses vues avant que le ministère, en fait, mettre sur
table complètement sa politique? Il me semble qu'un effort de
concertation préalable pourrait per-
mettre d'arriver à des solutions qui puissent satisfaire l'une et
l'autre des parties. Il amènerait beaucoup moins de tiraillements que la
manière dont vous semblez procéder, à savoir attendre
qu'un ministère fasse connaître sa politique, et ensuite, vous
insérer ou encore, vous imbriquer dans le dossier.
Je crois que cette démarche va amener, à la longue,
beaucoup plus de chicanes ou beaucoup plus de frictions qu'une vraie politique
de planification qui consisterait à prévoir, avant que la
politique d'un ministère ne soit établie et que ce
ministère soit lié de quelque façon, ou gagné de
quelque façon à une politique bien précise, qu'il y ait
auparavant des consultations avec l'office de planification
économique.
M. LACHAPELLE: M. le Président, les questions qui sont
posées par le député de Chicoutimi, appellent des
réponses qui ont déjà été données
sous une forme ou sous l'autre, à plusieurs reprises, au cours des
discussions de cette commission. Par exemple, ce que nous avons cité
comme parmi les nombreux mécanismes que nous utilisons, les
comités au niveau des fonctionnaires, ce que d'ailleurs le
député de Saguenay se plaisait à appeler les grands
techniciens, mais qui, quand même, représentent pour nous et pour
ma part un potentiel sur lequel je m'appuis considérablement en raison
de l'expertise et de la qualité, ces gens, d'une façon courante,
sont en pourparlers, sont en négociations, se parlent, voient le travail
de l'un et de l'autre et participent conjointement par le biais d'un
comité ou d'un autre, ou encore, par le biais de la conférence
interministérielle à l'examen des projets conjoints ou
plutôt des projets respectifs des différents ministères.
Cela se fait de façon courante, de façon usuelle. Nous l'avons
dit, je pense, à plusieurs reprises au cours des discussions de cette
commission. C'est précisément ce qui se déroule.
Simultanément, nous avons dit que l'OPDQ doit s'inscrire d'une
façon convenable dans l'appareil gouvernemental, doit reconnaître
et effectivement reconnais qu'il existe toujours et qu'il existera encore
longtemps, j'espère, les responsabilités sectorielles et,
ultérieurement, les responsabilités ministérielles.
Il est tout à fait normal que, dans un premier jet, il
appartienne au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
qui, lui aussi, a son expertise en matière de planification, de se
former une philosophie. Je tiens pour acquis que c'est déjà en
gestation depuis déjà longtemps, mais incessamment cela va
déboucher sur quelque chose de concret. Nous, par le biais de nos cadres
ou par le biais des différents comités qui existent, avons
été au courant de l'évolution de tout cela. Nous pourrons
être en mesure, une fois ces projets déposés, de donner un
éclairage qui soit encore plus complet, plus formel et nous formulerons,
en raison de cela, un avis au ministère intéressé et au
conseil des ministres.
Cela m'apparaït être un mécanisme extrêmement
clair et explicite. Je ne vois absolument pas comment, dans un mécanisme
de ce genre, l'OPDQ renie le rôle qui lui a été
confié, mais il le remplit d'une façon intelligente, efficace,
rationnelle et qui respecte quand même la responsabilité de chacun
des ministères du gouvernement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Tout d'abord, je voudrais faire remarquer que le
ministre profite de cette question pour donner une interprétation
à l'intervention du député de Saguenay qui est loin
d'être juste.
Le député de Saguenay n'a jamais mis en doute et je
m'associe à cette manière de voir la potentialité,
la capacité ou encore la compétence de ceux qui, à l'heure
actuelle, des fonctionnaires ou de toute l'équipe qui travaille à
l'Office de planification du Québec... Au contraire, la question qu'ils
se posaient, c'était tout simplement: Est-ce que le ministère,
est-ce que le gouvernement, de la manière qu'il agit, permet ils
se posaient des questions là-dessus avec sa politique de
planification économique, à toute cette équipe qui,
à mon sens, recèle des qualités de capacité
d'intégrité et de compétence, est-ce qu'il permet à
cette équipe de se faire valoir autant qu'elle pourrait le faire?
C'était le sens de l'intervention du député de Saguenay.
En aucune façon, parce que j'y étais, le député de
Saguenay n'a mis en doute cette compétence des fonctionnaires. Je
voudrais que ce soit clair. Au contraire, on a mis en doute les
procédés du gouvernement à l'effet de savoir
jusqu'à quel point ils permettent à cette équipe
compétente de se faire valoir au niveau du développement
économique et au niveau de pouvoir imposer ses décisions, de
pouvoir imposer ses vues dans les différents ministères qui sont
concernés. Je voudrais rectifier de ce côté.
Ce que je disais tout à l'heure au ministre, c'est que je trouve
que sa manière de procéder, à savoir laisser
établir les politiques par le ministère concerné, ensuite,
insérer l'action de l'OPDQ, n'était pas nécessairement la
meilleure manière. Pour la raison suivante: Le ministère
élabore sa politique à partir d'études très
précises qu'il a faites et où il est le seul impliqué. Une
fois que ces études ont été faites, lorsqu'il
établit sa politique, quand les fonctionnaires de l'OPDQ ou l'Office de
planification économique arrive dans le dossier, ils arrivent un peu
dénudés, dans le sens que, d'une part, il y a des gens, ceux du
ministère concerné, qui sont outillés en termes
d'étude, alors que l'Office de planification ou les fonctionnaires ou le
ministre, eux, ne sont pas outillés. A ce moment, j'imagine qu'au niveau
d'une discussion, cela fait plus ou moins égal. On est face, autrement
dit, à un homme informé par rapport à un homme qui est
moins informé, avec les conséquences que cela donne. La
suggestion était tout simplement je crois qu'elle est très
positive et cela reflète aussi ce que doit être une
vraie politique de planification qui consiste à prévoir
de permettre à des représentants de l'Office de
planification économique d'être intégrés d'une
façon très spéciale au niveau de l'équipe qui
s'occupe, à l'intérieur d'un ministère, de faire une
étude spéciale concernant un cas précis, de telle
façon qu'au bout de la ligne, on soit en face, d'une part, d'un
ministère qui est très documenté, d'autre part aussi, d'un
office ou de représentants de l'Office de planification qui soient tout
aussi bien outillés ou tout aussi bien renseignés. C'était
le sens de ma suggestion.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense que déjà
cette question a été traitée.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une correction que je faisais sur ce que
vous aviez dit tout à l'heure.
M. LACHAPELLE: Non, mais j'entends en ce qui regarde la deuxième
partie de votre présente intervention. M. le Président, je
devrais plutôt m'adresser à vous, si je comprends bien. En ce qui
regarde la deuxième partie de l'intervention du député de
Chicoutimi, un exemple a été cité qui met en cause le
ministère des Affaires culturelles où un lien très
étroit a été créé dès le
départ de l'examen d'une question précise entre l'OPDQ et le
ministère des Affaires culturelles. Ces cas peuvent être
répétés à satiété, cela fait partie
de la politique courante de l'office que d'établir, dès le
départ ou dès les premières mesures d'un travail
donné, d'assurer une raison et une intégration de pensée
et d'efforts, tout en reconnaissant je le répète
que dans les questions sectorielles bien précises, l'expertise se trouve
quand en priorité dans le ministère concerné.
La liaison que nous assurons tout au long du développement d'une
question donnée, nous permet de fournir un éclairage qui se veut
beaucoup plus documenté et beaucoup plus intelligent parce que nous
avons effectivement participé à à peu près toutes
les démarches qui amènent ultérieurement à
l'aboutissement d'un dossier donné. Peut-être qu'il serait
intéressant qu'on ajoute de façon encore plus explicite à
la façon dont nous procédons, même si cela a
déjà été dit à quelques reprises ce matin
ainsi qu'aux réunions antérieures, comment dans les faits
précis, cette liaison s'effectue et quelle est la politique que nous
suivons. Je pourrais donner l'exemple, M. le Président, du tourisme.
D'abord, en distinguant deux niveaux...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me permettez, remarquez que, si vous
m'aviez fait cette réponse tout de suite, par rapport à la
précédente que vous venez de faire, je n'aurais pas posé
de question, parce que là vous parlez très carrément de
souci d'implication dès le départ de l'équipe de la
planification écono- mique au niveau des études que peut faire
chacun des ministères. C'est la réponse que j'attendais.
M. LACHAPELLE: Alors M. le Président, c'est que cela me
semblait...
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors que tout à l'heure, vous m'avez dit
carrément ceci quand je vous ai posé la question concernant les
parcs nationaux: On va attendre que le ministère fasse sa politique,
ensuite on parlera au ministère. Je considère que l'autre
méthode, à savoir parler au ministère avant qu'il
n'élabore sa politique, à mon sens, aurait beaucoup plus de
chance d'être positive et d'être rentable.
M. LACHAPELLE: Ce que j'ai dit tout à l'heure la
déclaration que le député de Chicoutimi a jugé,
semble-t-il, insatisfaisante présentait quand même de
façon succincte l'esprit dans lequel nous abordons les dossiers qui sont
prioritairement, sinon exclusivement, sectoriels. La maîtrise d'oeuvre ou
le leadership ou la responsabilité de ces questions appartient nettement
au ministère concerné. C'est exactement ce que j'ai voulu
signifier par mes commentaires. C'est à ce moment que l'éclairage
est donné par l'OPDQ de façon plus complète, plus
définitive. Bien sûr que tout au long de l'élaboration de
ces dossiers, il y a liaison, les gens se parlent, les gens se voient, ils
suivent et sont au courant de l'évolution des dossiers. Cela
m'apparaît être un mécanisme qui est extrêmement
simple et valable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela va dans ce sens.
M. LACHAPELLE: Alors on pourra donner l'exemple en ce qui concerne le
tourisme, en distinguant deux niveaux, disons les préoccupations de
planification de l'Office de planification et du développement et nos
préoccupations d'agent coordonnateur en termes de certains dossiers de
développement touristique. Du côté de la planification,
dans le livre jaune de l'OPDQ, en termes d'aménagement du territoire,
à la page 153, ce que nous avons essayé dans un premier temps,
c'est d'identifier à l'office quels étaient les grands
territoires qui devraient être les espaces qu'on devrait probablement
protéger dans un schéma d'ensemble du territoire du
Québec.
Deuxième point qu'on a identifié, on a dit: Quels sont les
circuits touristiques, les grands circuits prioritaires? Ce document ensuite a
été envoyé au ministère du Tourisme qui regarde de
façon précise, puisque c'est sa responsabilité sectorielle
de voir dans ces terrains à protéger, ces grands espaces à
protéger quels sont ceux à retenir. Il tombe au niveau de la
programmation précise. Est-ce que c'est tel territoire qu'il faut
protéger plutôt que tel autre, de quelle façon? Est-ce que
c'est telle
distance, telle grandeur de territoire plutôt que telle autre?
Quel problème concret administratif cela lui pose-t-il? Quelle source de
financement? Quelle programmation budgétaire doit-il prévoir?
C'est ce qu'on appelle la responsabilité sectorielle du
ministère. Dans un premier temps, on a un éclairage
général qu'on a fourni au ministère qui, pour programmer
de façon précise va nous donner sa réaction à
l'intérieur du comité sur l'aménagement du territoire que
nous avons formé, et va nous dire: Ecoutez, on est d'accord sur telle
section ou sur telle section; sur tel espace que vous proposez on est d'accord,
au nom du développement touristique, au nom des espaces verts. Nous,
c'était aussi une vision au nom de l'aménagement du territoire.
Du côté touristique proprement dit, on a pris une autre formule
pour travailler. Vous savez que nous avons un Conseil de la planification et du
développement du Québec qui a considéré que, dans
le développement économique, le développement touristique
était une industrie prioritaire très importante en termes de
revenu.
C'est maintenant devenu pratiquement la première industrie au
Québec. Alors, il s'est fait une étude et l'OPDQ, avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, a aidé
techniquement le comité touristique du Conseil de planification et de
développement du Québec. Ils viennent récemment de nous
remettre un rapport très élaboré sur une stratégie
de développement touristique au Québec. C'est un rapport
d'à peu près 2,000 pages que nous sommes en train de regarder
à l'OPDQ de même qu'au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, même si nous avons participé techniquement
au dossier. C'est ce qu'on peut appeler le travail de l'office en termes de
relations avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche sur les perspectives de planification.
Du côté maintenant de l'autre niveau de travail de
l'office, qui consiste à travailler au niveau de la coordination de
dossiers, il y a toute une série de dossiers sur lesquels nous sommes en
relation très étroite avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Je le donne très rapidement. Par exemple,
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a un dossier qui
s'appelle le mont Valin, qui est une montagne très intéressante.
Il y a un document qui a été préparé par une
société. Nous avons pensé à l'office qu'il est
intéressant de mettre à la disposition du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui n'avait pas suffisamment de
crédits, un montant d'argent pour faire une étude
économique au niveau des clientèles pour le mont Valin parce que,
si on veut compléter le dossier, on pense que suite à la
recommandation elle-même du rapport, il y a lieu de faire une
étude économique.
Alors, comme le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche n'avait pas d'argent pour cela, l'OPDQ, au nom du
développement régional une perspective de
développement régional a dit: On va faire faire
l'étude, on va la financer.
Par exemple, nous participons au comité interministériel
sur l'île d'Anticosti. C'est l'OPDQ qui travaille avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et avec le
ministère des Terres et Forêts sur le concept d'aménagement
de l'île d'Anticosti. Nous coordonnons les relations
fédérales-provinciales en termes de financement dans l'entente
des zones spéciales pour le mont Sainte-Anne. Nous sommes à
financer une étude de $100,000 au nom du développement
régional, cette fois en coordination avec le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pour La
Petite-Rivière-Saint-François parce que, dans le schéma
d'aménagement de Charlevoix, il est prévu que cette montagne de
La Petite-Rivière-Saint-François pourrait avoir un potentiel
très important en conjugaison avec le mont Sainte-Anne.
Donc, nous sommes appelés à financer cette étude
avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Il y a actuellement dans la région, par exemple, de Sherbrooke
j'ai quelques autres exemples la mission de l'Estrie qui avait
recommandé deux sites prioritaires d'intervention dans le territoire,
c'est-à-dire le lac Aylmer-Saint-François et le lac
Memphrémagog, ce qu'on appelle Magoon Point.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. LACHAPELLE: Nous sommes à étudier la possibilité
de faire financer par une entente auxiliaire ce financement, toujours avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Nous
préparons les dossiers techniques de négociation avec le
ministère de l'Expansion économique régionale pour
financer ces deux projets.
J'ai souligné tout à l'heure que nous sommes à
faire, avec un comité interministériel, dont le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, un schéma
d'aménagement de l'île d'Orléans parce qu'il nous
apparaît que, dans la région de Québec, c'est un territoire
qui a un énorme potentiel touristique de même qu'une valeur
culturelle très importante qu'il faut protéger.
Je passe très rapidement. Un autre comité
interministériel qui existe est celui qui prépare le
schéma d'aménagement d'un couloir fluvial des îles du
Saint-Laurent entre Montréal et Sorel. Nous avons un comité de
six ministères qui fonctionne et, dès le mois d'octobre, nous
aurons un premier concept de développement possible, surtout
appuyé sur un concept touristique des îles du Saint-Laurent.
Une autre intervention a été faite dans la région
de Québec. Il y a eu, à un certain moment, un potentiel
touristique intéressant, ce qu'on appelle les chutes de
Bernières. Comme le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche n'avait pas d'argent pour acheter le territoire et
qu'Hydro-Québec avait décidé de demander des soumissions
publiques, l'office, à même les ententes des zones
spéciales, a acheté le territoire des chutes et l'a
recédé à la municipalité pour faire un
aménagement touristique.
Vous voyez qu'en termes de coordination, on peut être
appelé soit à coordonner par le biais d'un financement pour faire
un plan d'aménagement détaillé sur un projet, soit
coordonner en termes de mise d'ensemble plusieurs ministères, soit
encore coordonner, parce qu'on a des finances pour réaliser des projets,
tels le mont Sainte-Anne ou soit les chutes de Bernières.
C'est là le type d'intervention qu'on peut faire en termes
d'office par rapport à de la coordination sur des dossiers.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme dans la région du...
M. HOUDE (Limoilou): Comme il est midi et trente...
M. BEDARD (Chicoutimi): Très bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... la commission suspend ses travaux
à cet après-midi, mais tout dépend aussi de la
décision du leader du gouvernement.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
Reprise de la séance à 16 h 10
M. PICARD (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales continue cet après-midi
l'étude des crédits du Conseil exécutif. Pour la
séance d'aujourd'hui, M. Hardy (Terrebonne) remplace M. Beauregard
(Gouin); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Levesque (Bonaventure);
M. Burns (Maisonneuve) remplace M. Morin (Sauvé) et M. Lachapelle
(Chauveau) remplace M. Parent (Hull).
Le leader de l'Opposition officielle.
M. BURNS: M. le Président, je dois dire aussi que M. Léger
remplace M. Charron (Saint-Jacques).
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Léger remplace M. Charron
(Saint-Jacques). Le premier ministre.
M. BOURASSA: Nous avions convenu de discuter aujourd'hui des deux sujets
qui restaient: Le Conseil du statut de la femme, qui sera discuté par M.
le ministre d'Etat au Conseil exécutif et l'administration des
élections. J'ai demandé à M. Hardy, qui s'est
occupé du dossier depuis le début, le ministre des Affaires
culturelles, de venir discuter de cette question. Je suis prêt à
répondre aux questions du leader, qui veut probablement nous parler du
projet de loi qu'on devait déposer. Le problème dans le projet de
loi, c'est que la répartition devra peut-être être
modifiée, étant donné la situation que nous connaissons
actuellement.
Administration des élections
M. BURNS: M. le Président, au départ, j'aimerais quand
même, si vous n'y avez pas d'objection, étant donné que le
premier ministre doit partir vers 5 heures, passer immédiatement
à l'administration des élections. Là-dessus, je pense que
cela ne surprendra personne que le Parti québécois, par
l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale, attache une
importance extraordinaire à tout ce qu'on peut appeler la réforme
électorale, et plus particulièrement à un certain nombre
de questions ou de problèmes qui, à notre avis, sont
restés en plan.
Dès le congrès de fondation du Parti
québécois, en octobre 1968, le programme officiel du parti
accordait une attention particulière à cette réforme
électorale, réclamant notamment et je prends la peine de
vous l'énumérer, M. le Premier ministre :
Premièrement, la modification du mode de scrutin, de façon
à incorporer dans le mode actuel un élément de
proportionnalité, pour l'élection du tiers des
députés;
Deuxièmement, l'institution d'une commission permanente et
indépendante de révision de la carte électorale;
Troisièmement, l'uniformisation des lois électorales, aux
niveaux national et local, de même que la liste unique permanente et
l'instauration de la carte d'électeur;
Quatrièmement, l'octroi de périodes égales de temps
à la radio et à la télévision, pour les partis
présentant des candidats dans au moins la moitié des
circonscriptions;
Cinquièmement, une forme de remboursement des dépenses des
partis politiques ayant obtenu au moins 10 p.c. des voix populaires;
Sixièmement, l'obligation, pour les partis, de procéder
à la divulgation complète de toutes leurs dépenses et de
toutes leurs sources de revenus;
Septièmement, le financement public des services essentiels de
recherche et de documentation des partis politiques.
Dès le 9 septembre 1970, le chef parlementaire du Parti
québécois, à ce moment-là, le Dr Camille Laurin,
déposait devant la commission de l'Assemblée nationale sur la
réforme électorale un document établissant un calendrier
qui, du 16 septembre 1970 au 9 décembre 1972, aurait permis que soit
déposée devant l'Assemblée une loi électorale
entièrement rénovée.
Pour prouver concrètement que ce calendrier était
parfaitement réaliste, le 23 septembre 1970, le Dr Laurin déposa
devant la même commission un document de 147 pages, où se
trouvaient exposées les solutions de notre parti à toutes les
réformes envisagées ci-haut, et même des solutions à
d'autres aspects, comme par exemple, la rénovation des mécanismes
de vote, la divulgation des résultats de sondages électoraux en
période électorale, des garanties légales offertes aux
candidats défaits, etc.
Quatre ans après, M. le premier ministre, nous estimons avoir
obtenu satisfaction du gouvernement sur deux points seulement, soit la
disparition des comtés protégés par l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique et l'institution d'une commission
permanente et indépendante pour la révision périodique des
districts électoraux.
Pour le reste, nous, comme la population québécoise en
général, avons dû nous contenter de demi-mesures et de
promesses de mesures. Demi-mesure comme la liste permanente qui n'a de
permanent que le maintien de techniques visuelles, incohérentes et qui
sont devenues une risée générale, à notre humble
avis.
Promesse de mesures comme la modification du mode de scrutin
confié à un sous-comité qui a totalement avorté.
Comme aussi la loi-cadre sur les finances politiques qui devait être
déposée avant la dernière élection
générale, comme, enfin, le projet de loi sur la reconnaissance
juridique des partis politiques sur laquelle tous les partis étaient
tombés d'accord et qui, contrairement à la promesse faite n'a pas
été déposé avant la dernière élection
générale et ne l'est toujours pas.
Pour me résumer, M. le Président, et pour vous rendre
très clair notre sentiment face à la léthargie
gouvernementale sur ce point, comme sur tant d'autres, vous me permettrez de
vous lire quelques lignes du journal des Débats du 4 juillet 1973. Et je
vous réfère à la page B-3947 du journal des Débats
de 1973. Et je cite M. Laurin: "Avant l'ajournement, M. le Président, je
voudrais déclarer que le document que nous présente le
député de Terrebonne, ce matin, ne contient aucun article sur les
dépenses électorales et le financement des partis. Cela
m'inquiète pour l'avenir parce qu'on procède quand même
très lentement."
Un peu plus loin, M. Hardy, le député de Terrebonne et
actuel ministre des Affaires culturelles répond ceci: "... que le
député de Bourget ne s'inquiète pas pour rien. Les
élections sont prévues normalement pour l'automne 1974. Nous
avons amplement le temps..."
Il faut dire que...
M. BOURASSA: Qui a dit ça?
M. BURNS: C'est le député de Terrebonne...
M. BOURASSA: Ce n'est pas moi.
M. BURNS: ... votre expert qui est assis à votre droite.
M. HARDY: Je n'étais pas dans le secret de la décision des
élections.
M. BURNS: II faut croire qu'il ne l'était pas. Il est
peut-être bien compétent dans d'autres domaines, mais il n'a
aucune qualité de devin, le député de Terrebonne.
Depuis la dernière élection générale, en
dépit du fait que le député de Terrebonne ait
assuré verbalement il est vrai le chef de cabinet du
leader de l'Opposition que la commission de l'Assemblée nationale sur la
réforme électorale serait convoquée avant Noël 1973,
il n'en fut rien. Vous comprendrez facilement, dans ces circonstances
ayant peu d'espoir de voir le gouvernement avoir le courage de convoquer la
commission, et encore moins d'espoir de voir le gouvernement s'y
présenter avec des réformes réelles que je tiens,
au nom de l'Opposition, à saisir cette occasion du programme no 2 des
crédits du Conseil exécutif pour tenter d'arracher quelque
réponse que le gouvernement refuse de nous donner dans d'autres
cadres.
Mes questions porteront sur les sept ou huit problèmes suivants:
la modification du mode de scrutin, l'uniformisation des lois
électorales aux niveaux national et local, la liste unique et
permanente, la carte d'électeurs, la reconnaissance juridique du parti
politique, le financement des partis politiques, la rénova-
tion des mécanismes de vote et finalement les sondages en
période électorale.
Concernant le premier point, c'est-à-dire la modification du mode
de scrutin, il est peut-être important au départ de rappeler
et ce sera très bref que du 28 janvier 1971 au 20 mai 1971
la commission de l'Assemblée nationale a entendu toute une
pléiade de spécialistes sur les modes de scrutin. Pour n'en citer
que quelques-uns, on pourrait mentionner M. le juge François Drouin, MM.
Jean-Charles Bonenfant, Vincent Lemieux, Jean Meynaud, André Bernard,
Gilles Lalande, John Meisel, plus deux routiers de la politique
québécoise George O'Reily et Maurice Bellemare.
Pendant ce temps, tous les partis ont posé des questions à
profusion. Seul le Parti québécois offrait cependant une
réponse, réponse qui a été endossée
d'ailleurs par M. Jean-Charles Bonenfant, il n'est pas inutile de le
souligner.
Enfin, le 25 novembre 1971, la commission créa un
sous-comité sur les modes de scrutin composé de François
Drouin, Gilles Lalande, Vincent Lemieux et Jean Meynaud. Le 14 février
1973, le professeur Jean Meynaud, une des sommités contemporaines de la
science politique, est décédé. Il n'a jamais et je
tiens à le souligner été remplacé au
sous-comité.
Le 21 juin 1972 le sous-comité soumit un rapport
préliminaire. Ce rapport ne contenait aucune recommandation
précise mais laissait les parlementaires devant une des questions
éternelles de la science politique, soit, les parlementaires
désiraient-ils un mode de scrutin qui favorisait la stabilité
ministérielle aux dépens de la représentation parfaitement
équitable, ou une représentation parfaitement équitable
aux dépens de la stabilité ministérielle.
Le sous-comité demandait une directive en ce sens aux
parlementaires.
Dans un éditorial du 26 juin 1972, M. Claude Ryan jugeait:
"Qu'à un gouvernement qui serait résolu à ne pas modifier
le mode actuel de scrutin, le rapport Drouin-Lalande-Lemieux pourrait servir de
prétexte commode. Il serait déplorable cependant qu'on renvoie de
nouveau cette question aux calendes grecques".
Devant ce phénomène, j'aimerais savoir étant
donné que le gouvernement a eu deux ans complets pour étudier ce
rapport préliminaire où se situe à ce moment sa
réflexion, où s'en va-t-il devant le rapport qui a
été fait par le groupe Drouin-Lalande-Lemieux et, effectivement,
devant des remarques du style de celles faites, comme je l'ai cité, par
M. Ryan indiquant que ça pourrait être une façon commode
d'éviter de poser le problème véritablement et de dire:
Voici, il y a deux thèses qui s'opposent.
Est-ce que le premier ministre pourrait, à ce stade-ci, ou le
ministre des Affaires culturelles je ne sais pas lequel faire le
point sur la situation à cet égard dès maintenant?
M. BOURASSA: II y a plusieurs questions qui ont été
soulevées par le leader parlementaire de l'Opposition officielle. Pour
ce qui a trait au on pourrait les prendre les unes à la suite des
autres financement des partis, le projet est prêt, sauf
comme je le disais tantôt que nous voudrions apporter certains
changements. Parce que le déséquilibre du financement serait trop
favorable au parti au pouvoir étant donné que, si ma
mémoire est bonne, c'est largement fondé sur la
représentation en Chambre. Cela pourrait causer préjudice
à l'Opposition officielle.
M. BURNS: Est-ce que le premier ministre me permet de l'interrompre
là-dessus?
M. BOURASSA: Oui.
M. BURNS : Je me souviens que nous avons discuté, au
sous-comité, d'une formule de paiement uniforme de base à tous
les partis, mais la proposition gouvernementale, en tout cas, pour être
bien honnête auprès du député de Terrebonne, est un
document de travail comme lui-même l'avait qualifié,
c'était ensuite une espèce de méthode de
répartition sur le plan de la représentativité.
Et je pense que le député de Terrebonne va me rendre cette
justice à savoir que nous avions dit que ce n'était
peut-être pas sur une base de nombre de sièges qu'il fallait
parler de représentativité, mais peut-être de pourcentage
de votes. Et nos remarques, évidemment, avant le 29 octobre comme
après le 29 octobre, demeurent les mêmes là-dessus. Nous
continuons à prétendre que c'est beaucoup plus sur une question
de pourcentage de votes qu'on doit calculer la
représentativité.
M. BOURASSA: Est-ce que vous excluez les partis qui ne se sont pas
représentés? Parce que j'ai eu des représentations d'un
parti qui n'a plus de représentants maintenant et qui aimerait avoir une
partie du financement.
M. BURNS: Je vous avoue que j'aurais d'énormes réticences
à penser en termes de financement de partis politiques qui ne sont
même pas des partis reconnus. Un parti qui n'est même pas à
l'Assemblée nationale n'est pas un parti reconnu. Je suis prêt
à examiner le cas peut-être spécial des
créditistes.
M. BOURASSA: Du parti en question. Je ne parle pas du Parti
présidentiel.
M. BURNS: Non, je ne parle pas du Parti présidentiel moi non
plus, je parle du Parti créditiste qui est peut-être un cas
spécial.
M. BOURASSA: Mais de l'Union Nationale vous...
M. BURNS: D'ailleurs, je pense que le gou-
vernetnent et l'Opposition ont fait du Parti créditiste un cas
spécial, en ce sens que, sans être un parti reconnu, ses
représentants ont tous les droits en Chambre sur le plan parlementaire
d'un parti reconnu, mais ils ont également un droit, qui a
été consacré par le budget de l'Assemblée
nationale, de recevoir un certain montant d'argent comme budget de recherche.
Ceci pour démontrer que je pense que le gouvernement et l'Opposition
considèrent le cas du Parti créditiste, c'est-à-dire MM.
Samson et Roy, comme étant un cas spécial.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BURNS: Ils représentent quand même et ça
je ne l'ai jamais nié tout près de 10 p.c. de
l'électorat.
M. BOURASSA: Quoique là il y a un nouveau parti qui s'est
formé. Admettons qu'on considère que le vote...
M. BURNS: II y a déjà si vous me passez
l'expression un "ruling" ou une décision du président
à l'effet que ce qui se passe à l'extérieur de
l'Assemblée nationale, n'est pas...
M. BOURASSA: Cela exclut l'Union Nationale dans votre cas?
M. BURNS: Pour moi, ça exclut l'Union Nationale.
M. BOURASSA: Disons que ça peut être débattu, mais
j'ai eu des représentations de l'Union Nationale qui a obtenu 5 p.c. des
voix environ, ou 4.9 p.c...
M. LEGER: En avez-vous reçu du Parti présidentiel?
M. BOURASSA: Non, pas encore, mais si ses représentants savent
que l'Union Nationale en fait, ils vont en faire eux aussi. Je ne pense pas que
M. Dupuis soit à ce point détaché des biens de la
terre.
Pour ce qui a trait au financement des partis, mon collègue...
Est-ce qu'il y a un calendrier pour présenter la loi? Cette
session-ci.
M. BURNS: C'est-à-dire avant l'ajournement d'été
peut-être pour être étudié...
M. BOURASSA: Probablement avant l'ajournement...
M. BURNS: ... à l'automne?
M. BOURASSA: C'est ça. Quant au mode de scrutin, le leader
parlementaire doit savoir qu'il y a beaucoup de divisions parmi les experts. II
citait M. Meynaud qui, lui, y voyait beaucoup d'inconvénients. Je ne me
considère pas comme un expert, j'ai moi-même examiné la
situation dans plusieurs pays et je demeure, pour l'instant, très
réticent à modifier le mode de scrutin. Je me demande si le Parti
québécois n'a pas, comme on dit en anglais, des "second thoughts"
là-dessus. Je crois que c'est le chef du parti qui disait qu'au niveau
où ils sont là, il s'agit d'avoir quelques points de pourcentage
en plus où le système actuel va commencer à donner des
résultats beaucoup plus intéressants.
M. BURNS: Vous le demandez à votre interlocuteur, qui est en
l'occurrence le député de Maisonneuve. Je vous dis que nous
n'avons pas de "second thoughts" là-dessus. Je vous dis qu'en ce qui
nous concerne, c'est une question de justice élémentaire.
Peut-être qu'une bonne journée ça va être à
notre détriment, soit le fait que la représentation
proportionnelle joue contre le Parti québécois. Je pense
qu'à ce stade-ci, je n'ai pas à faire valoir un problème
qui d'une façon réaliste pourrait nous favoriser ou ne pas nous
favoriser dans un délai de un, deux, trois ou dix ans.
En tout cas, c'est la position officielle du parti que je
représente, nous pensons, nous, qu'il est important que dans le cas
où comme dans la dernière élection, ou même dans le
cas de l'élection 1970, il y a des disproportions absolument difficiles
à accepter sur le plan simplement de la justice distributive, au niveau
le plus facile à examiner de la justice, nous avons de la
difficulté à accepter autre chose qu'une espèce de
système de correctif qui pourrait ramener, sinon l'équité
entre les partis politiques selon le voeu populaire, du moins une
disparité moins grande.
C'est dans ce sens que nous maintenons notre proposition de
proportionnalité.
M. BOURASSA: Parce qu'il y a eu des expériences vous avez
à vos côtés un expert là-dessus dans
plusieurs pays. Si on prend l'exemple de la France, le général de
Gaulle on ne peut pas quand même nier sa vision politique a
rejeté le système de la proportionnelle pour prendre un
système qui s'apparente plus au nôtre. Vous avez les
expériences des pays d'origine britannique, où le système
parlementaire britannique est à la base, et dans tous ces pays, on a
refusé l'élément proportionnel.
Il y a l'exemple de l'Allemagne, par ailleurs, où on a un
élément... et je pense que c'est ce système que propose le
Parti québécois.
M. BURNS: C'est un système qui est largement inspiré du
système ouest-allemand.
M. BOURASSA: Est-ce qu'au Manitoba il n'y a pas...? Plus maintenant, au
Manitoba ça avait été essayé, mais là
également on a jugé bon de revenir...
M. BURNS: Cela a déjà existé apparemment
mais...
M. BOURASSA: Pour la ville de Winnipeg, mais on a jugé bon de
revenir à l'ancienne formule. Je voyais un exemple d'une élection
dans un "lander" allemand qui a eu lieu hier ou avant-hier où, disons,
il y a une majorité d'un ou deux comtés, dans la
Législature provinciale, mutatis mutandis; sur le plan de la
stabilité politique je ne pense pas que ce soit un système
tellement à recommander.
Par ailleurs, sur le plan de la logique ou de la représentation
rationnelle, c'est un autre aspect. Il faut équilibrer ou "balancer"
cela. Les experts ont été tellement contradictoires
là-dessus et les expériences dans les pays ont été
tellement diverses, que le gouvernement n'est pas prêt, pour l'instant,
à prendre une position définitive là-dessus.
M. BURNS: Mais ce n'est pas mis de côté de façon
définitive quand même?
M. HARDY: Non, mais si vous revenez... Brièvement, vous avez fait
allusion tantôt à la conclusion des experts qui nous disent: On ne
peut pas continuer nos travaux à moins que vous nous donniez une
préférence, à savoir si nous optons pour la
stabilité ou pour la représentativité.
Moi j'avoue personnellement me sentir incapable de donner une
réponse aussi tranchée, soit, nous optons pour
l'instabilité, c'est-à-dire pour la
représentativité.
Je voudrais tout simplement ajouter à ce que le premier ministre
a dit, il faut quand même être très prudent. Je ne veux pas
dire qu'il faut refuser d'étudier des modifications aux institutions
parlementaires ou aux institutions électorales. Mais il faut être
très prudent.
J'en appelle tout simplement à l'expérience de votre
propre parti. C'était uniquement au niveau d'un programme et vous avez
cru bon, à un moment donné, dans une période d'un an, je
pense, de passer d'un système présidentiel à un autre
système présidentiel, vous apercevant en cours de route qu'il y
avait des difficultés. Au niveau d'un programme, ce n'est pas trop
grave, on peut changer ça sans que ça ait des conséquences
trop néfastes.
M. BURNS: Ou on peut, comme le vôtre, ne pas l'appliquer...
M. HARDY: Surtout quand on sait que ce programme ne sera pas
appliqué avant 25, 30 ou 50 ans. Mais quand on a la
responsabilité immédiate, avant de décider de changer, de
modifier considérablement des institutions, regardez ce qui se passe
dans certains pays d'Europe qui ont le système proportionnel. Ce sont
des crises ministérielles. On arrive à des conséquences,
malgré l'objectif qu'on poursuit, c'est-à-dire une meilleure
démocratie, une meil- leure représentativité, on arrive
parfois à une solution inverse. En Italie, je pense, actuellement, le
président de la république a décidé de forcer le
président de l'Exécutif à rester là, même
s'il n'a plus la confiance de la Chambre. Cela provoque des distorsions assez
considérables.
Je pense qu'il faut continuer à rechercher des formules pour
améliorer la qualité démocratique d'un système
électoral, mais je ne pense pas qu'il faille plonger dans des aventures
qui pourraient arriver à des conséquences moins bonnes. A l'heure
présente, je ne pense pas que, pour le Québec, dans les
années à venir, étant donné le contexte
socio-économique et notre évolution, ce soit bon qu'on soit en
présence d'un gouvernement qui pourrait tomber...
M. BOURASSA: Si c'est une minorité qui a la balance du
pouvoir.
M. BURNS: Non, mais les deux ministres le premier ministre et le
ministre des Affaires culturelles admettront une chose. Si le
gouvernement a jugé bon de référer ce problème
à un sous-comité formé de MM Drouin, Lalande, Lemieux et
Meynaud, si on a pensé que cela en valait la peine, si ce comité
a pensé de poser une question peut-être que ce
comité la pose de façon je ne veux pas le qualifier de
façon péjorative malhabile, si le ministre des Affaires
culturelles comprend la question comme il vient de la verbaliser ou de faire
une périphrase avec la question, ce comité quand même se
dit: Si vous voulez qu'on avance, il y a une question que vous devez vous
poser. C'est comme cela pour moi. Si je mettais de la chair, et, en fait, dans
le rapport lui-même, il y a un peu plus de chair que la question que j'ai
citée de façon un peu abrupte... Au fond, la question se pose de
la façon suivante: Est-ce que, dans un système idéal, on
devrait privilégier la stabilité ministérielle par rapport
à la représentativité? Cela ne veut pas dire que l'un
s'oppose à l'autre. C'est cela. Si vous faisiez actuellement des calculs
sur la dernière élection, avec une proportionnelle, je ne pense
pas que le gouvernement actuel serait placé dans un état
d'instabilité, il représenterait encore au moins ses 55 p.c. de
voix.
M. HARDY: C'est un cas assez exceptionnel dans toute l'histoire
électorale.
M. BURNS: Oui, cela est assez exceptionnel dans notre histoire
électorale. Je suis d'accord, mais si on prend d'autres
élections, si on prend l'élection de 1966 où M. Johnson a
pris le pouvoir avec quelque 40 p.c, il y aurait eu une instabilité,
sans aucun doute.
M. HARDY: La même chose en 1970.
M. BURNS: II y en avait d'ailleurs une de toute façon.
M. HARDY: La même chose en 1960.
M. BURNS: La même chose en 1960. Cela n'aurait pas
été vrai en 1962. Cela n'aurait pas été vrai en
1970.
M. HARDY: Cela aurait été vrai en 1944.
M. BURNS: Cela aurait été vrai en 1944, mais, au fond, ce
qu'on demande au gouvernement et je pense que ce que le comité demande
au gouvernement est ceci: Est-ce que vous voulez que le gouvernement qui est
là pour nous régir idéalement pendant quatre ans
excepté quand le premier ministre trouve qu'après trois ans et
demi c'est assez et que cela fait plus son affaire...
M. BOURASSA: Le "timing" n'était pas mauvais.
M. BURNS: Pardon?
M. LEGER: Question de temps.
M. BURNS: Mais en tout cas, si on pense... Je pense que vous
aviez...
M. BOURASSA: S'il y avait eu le pétrole en plus!
M. LEGER: Six mois de plus et vous auriez eu une grosse
différence.
M. BURNS: Est-ce que M. Gazon est rendu dans votre cabinet?
M. BOURASSA: II y a plusieurs points qu'on peut discuter. La position du
gouvernement là-dessus est que ce dernier a de sérieuses
réserves sur le système, mais il est prêt à
continuer à examiner les modalités ou un système
combiné de proportionnelles et de...
M. BURNS: Sur ce point, je veux seulement vous signaler, avant que nous
ne quittions le sujet, que le système actuel n'est pas une garantie,
d'autre part. C'est là que je prends un peu avec beaucoup de
réserve la question dans sa formulation par le comité. Le
système actuel n'est pas une garantie de stabilité. Le
système fédéral actuel est un système qui est
pareil au nôtre...
M. BOURASSA: Pas absolument...
M. BURNS: ... et vous avez eu de l'instabilité, si on en parle
comme telle, en 1957, en 1962, en 1963, en 1965, en 1972 et peut-être
même en 1974. On ne peut pas présumer, mais les sondages actuels
nous laissent entendre que, possiblement, on aura encore en 1974 un
gouvernement minoritaire.
M. HARDY: Je pense que si vous voulez faire des comparaisons de cet
ordre, vous êtes mieux de vous en tenir à l'histoire politique du
Québec, parce que le Canada est quand même pas mal
différent du Québec et cela peut avoir des
conséquences.
En d'autres termes, c'est aussi un élément important dont
on doit tenir compte, c'est que le même système que l'on peut
prendre dans un pays ne s'adapte pas nécessairement au contexte social,
économique, culturel, historique d'un autre. Le système que l'on
connaît actuellement peut avoir des conséquences bien
différentes quand il est appliqué au niveau du Canada et au
niveau du Québec.
M. BURNS: Non, il n'y a pas de doute qu'on ne peut pas
nécessairement transplanter...
M. HARDY: Ici au Québec, vous n'avez pas de cas. Je pense que
c'est arrivé à l'époque de Henri Joly de
Lotbinière, où il y a eu instabilité. Je pense que
c'était égal, je pense que c'est le seul cas depuis 1867.
M. BURNS: Oui, pour une raison bien simple, le ministre des Affaires
culturelles va l'admettre, c'est qu'au Québec, c'est nouveau depuis
1970, que vous ayez des tiers partis sauf peut-être une petite incursion
aux alentours des années 1944...
M. HARDY: Le Bloc.
M. BOURASSA: 1944-1948.
M. BURNS: Vous avez eu cette exception qui était quand
même, vous allez l'admettre, marginale par le nombre de
députés qui étaient élus. Mais là, vous avez
en 1970, et une répétition partielle en 1973, quatre partis qui
se présentent aux élections, dont, en 1970, quatre
réussissent à faire élire des candidats en 1973,
trois.
M. BOURASSA: Sur ça, le député a raison. C'est
évident qu'avec quatre partis organisés, obtenir 50 p.c. des
voix, c'est tout un exploit. Je suis d'accord avec lui là-dessus.
M. BURNS: Oui, mais en tout cas, profitez-en, ça ne durera
peut-être pas longtemps, je ne pense pas que ça dure
longtemps.
M. BOURASSA: Les sondages d'une fin de semaine confirmaient qu'on
était encore plus fort que le 29 octobre.
M. BURNS: En tout cas, vous verrez, si vous voulez faire un test...
M. BOURASSA: 59 p.c. de ceux qui se prononcent.
M. LEGER: II y a une sélectivité dans votre jugement,
c'est incroyable.
M. BOURASSA: C'est vrai. Regardez le
sondage à la page 7 de la Presse de samedi, on a 59 p.c. de ceux
qui se prononcent. M. Laroque à dû regarder ça.
M. BURNS: De ceux qui se prononcent.
M. LEGER: Vous tenez les autres pour acquis.
M. BOURASSA: II y en a toujours 20 p.c. qui ne votent pas aux
élections. Si vous répartissez ça par rapport...
M. BURNS: Je ne trouve pas ça aussi simple que ça. En tout
cas, moi, je ne veux pas régler le sort de la prochaine élection,
je veux actuellement qu'on sache exactement où on s'en va. Je pense que
c'est beaucoup plus à ce niveau qu'on vous pose des questions
actuellement.
M. BOURASSA: D'accord. Disons que le sous-comité va poursuivre
ses travaux. Sur les contestations d'élections, la loi est
prête?
M. HARDY: La loi est prête également. Nous serions en
mesure de déposer la Loi du financement permanent des partis et
l'amélioration de la Loi de la constestation des élections.
M. BOURASSA: D'ici à la mi-juillet.
M. BURNS: Est-ce que je peux demander au premier ministre s'il n'y
aurait pas lieu quand même de déposer tous ces projets de loi
même s'il ne pense pas les faire adopter avant l'été?
M. BOURASSA: Oui.
M. BURNS: Cela donnerait peut-être l'occasion aux partis
politiques d'examiner les projets de loi à tête
reposée.
M. BOURASSA: Je ne pense pas qu'on aura le temps de l'adopter.
M. BURNS: Moi non plus, je ne m'y attends pas, mais au moins qu'on sache
qu'il y a un jalon posé.
M. BOURASSA: On va les déposer. Est-ce qu'il y a un autre
point?
M. HARDY: II va probablement y avoir certains amendements à la
Loi électorale, pour la corriger, il y a des suggestions faites entre
autres par le président des élections pour en améliorer le
mécanisme.
M. BOURASSA: Le leader parlait également des sondages. Quelle est
la position du Parti québécois sur les sondages? Interdire les
sondages durant les périodes d'élections?
M. BURNS: C'est-à-dire que nous avons manifesté au
sous-comité de très sérieuses réserves. On n'est
pas arrivé à vous dire carrément...
M. BOURASSA: Cela joue dans les deux sens, les sondages. Quand ils sont
forts...
M. BURNS: Les sondages... On ne vous a pas dit que les sondages
devraient être interdits. On vous a dit que les sondages devraient
être réglementés. C'est-à-dire qu'il y a
peut-être des périodes...
M. BOURASSA: Sauf quinze jours avant les élections.
M. BURNS: ... durant lesquelles ça peut être dommageable,
peut-être que ça ne l'est pas aussi. Je vous avoue que,
là-dessus, notre point de vue n'est pas complètement
définitif.
M. BOURASSA: C'est quand même renversant de voir la
précision des sondages en France, par exemple. Je ne sais pas si vous
avez analysé ça.
M. BURNS: On vous demande simplement ceci: Vous êtes-vous
penché au moins sur le problème?
M. HARDY: Le député de Maisonneuve se rappellera que nous
avons tenu plusieurs séances sur ce problème et là encore,
il reste beaucoup de points d'interrogation. Entre autres, je me posais des
questions sur je pense que ça devait être un aspect
l'influence du résultat des sondages sur les gens qui ne sont pas
déterminés à voter. C'est peut-être un
élément négatif d'un sondage, vraiment le sondage comme
tel influence des gens qui n'avaient pas jusque-là d'idée. Les
gens qui sont venus à la commission parlementaire n'ont pas pu nous
donner de réponse très affirmative là-dessus.
M. BOURASSA: Si on regarde les dernières élections
françaises, c'était renversant, la précision des
prédictions, des sondages. Cela pose le problème de savoir
jusqu'où on peut permettre...
M. HARDY: Le problème de la liberté d'information est
relié à ça.
M. BURNS: Oui. La liberté d'information, c'est sûr, je suis
entièrement d'accord là-dessus, mais nous autres mêmes,
dans nos lois électorales, on limite cette liberté d'information.
Bien oui! La preuve, c'est qu'il y a un délai avant le scrutin
lui-même ou il y a un certain nombre de choses, radiophoniques et
publicitaires qui sont...
M. HARDY: Je ne sais pas si on peut appeler ça...
M. BURNS : Cela en est une intrusion dans la liberté. Parce
qu'autrement, pourquoi on ne permettrait pas des messages radiophoniques,
télévisés jusqu'à la dernière minute?
M. LEGER: II y en a qui ont pris l'heure
avancée, ils en ont eu plus que les autres. On pourrait changer
l'heure avancée.
M. HARDY: Ce sont toutes des questions... C'est la raison pour laquelle
le dossier de la réforme électorale, en ce qui nous concerne,
demeure toujours ouvert. Je pense que ce sont des questions qui méritent
de continuer à être fouillées. Encore là, je serais
très réticent à adopter des mesures avant qu'on ait tous
les éléments de ces problèmes. Ce sont des
problèmes complexes, des domaines où on ne possède pas de
données tellement vastes, mais je pense qu'il y a lieu, dans la mesure
du possible, dans la mesure où le temps le permet, de continuer à
fouiller ces questions. C'est sûr que ça va devenir de plus en
plus des éléments importants dans le processus
électoral.
M. BURNS: D'accord. Maintenant, tout ce que je remarque...
M. BOURASSA: Mais votre position n'est pas là-dessus. Vous
êtes un peu comme nous, c'est-à-dire que vous n'êtes pas
fixés sur...
M. BURNS: Non, on est prêt à en discuter. C'est par
l'entremise, justement, d'experts, parce qu'on n'est pas des experts sur tout,
pas plus le premier ministre, le ministre des Affaires culturelles,
moi-même ou le député de Lafontaine...
M. BOURASSA: Vous avez pas mal de poli-ticologues dans votre groupe,
tout ça. Qu'est-ce que vous en pensez? Vos politicologues, vous en avez
pas mal dans votre groupe.
M. BURNS: Nos politicologues sont prudents, ils vous regardent aller et
ils vous jugent. C'est peut-être cela qui vous donne des complexes de
temps à autre.
M. BOURASSA: Cela doit être décourageant.
M. HARDY: Et parfois ils sont pris d'envie.
M. BURNS: Non, parce qu'avec les offres que vous leur avez faites, ils
auraient dû passer de l'autre côté il y a bien
longtemps.
M. BOURASSA: Ils sont chanceux de faire des caucus rapides comme cela.
Sur les sondages, je n'ai pas de position. Je trouve que cela peut jouer dans
les deux sens. Si un parti parait trop fort, les gens peuvent dire... On va
voter contre parce qu'il va être trop fort. Par ailleurs, cela peut
entraîner le vote des indécis. A la dernière
élection, c'est assez difficile de voir quels effets ont pu avoir les
sondages. Je n'ai pas eu d'analyses là-dessus. Je ne sais même pas
s'il y en a qui ont été faites. Je crois qu'en France, on
commence sérieusement, étant donné le succès
exceptionnel des sondages de la dernière élection, à
examiner cette question. Il n'y a pas d'élection avant trois ans et
demi, on pourra peut-être se servir des études qui sont faites
là-bas pour voir...
M. BURNS: Vous assurez ça qu'il n'y en aura pas avant trois ans
et demi?
M. BOURASSA: Si on en faisait une là, on serait fort. Qu'est-ce
qu'il resterait devant nous? Il faut donner une chance. Pour la retraite du
député de Maisonneuve, cela prend deux mandats.
M. BURNS: II reste quand même que, derrière tout ça,
le premier ministre a touché aux sondages, je voulais y toucher vers la
fin, en tout cas, on y reviendra. Devant cela, le sous-comité de la
commission de l'Assemblée nationale, cela fait plusieurs fois qu'on pose
la question...
M. HARDY: A quel sujet? Parce qu'il y avait deux
sous-comités.
M. BURNS: Celui sur le financement. Je ne vous parle pas de celui de MM.
Meynaud, Lalande, Drouin et Lemieux, mais je vous parle du sous-comité
de parlementaires.
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: Puisque le premier ministre a élargi le problème
je serais venu avec cette question un peu plus loin puisqu'on en
parle, on va toucher éventuellement au financement. Celui qui touchait
aux divers aspects de la réforme électorale, autres que ceux qui
ont déjà été réglés,
c'est-à-dire les comtés protégés.
M. HARDY: Tout cela, c'est la commission. La commission de
l'Assemblée nationale s'occupait de l'ensemble du dossier de la
réforme.
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: II y avait un sous-comité de non-parlementaires sur le
mode de scrutin et un sous-comité parlementaire sur le financement des
partis des dépenses électorales.
M. BURNS: C'est cela. Dans les deux cas, j'ai posé, en Chambre,
à une ou deux occasions, je pense, au leader du gouvernement, et au
ministre des Affaires culturelles, la question afin de savoir quand le
sous-comité de parlementaires, d'abord, se réunirait. Le ministre
des Affaires culturelles m'avait alors répondu: Aussitôt que nous
réussirons à nous entendre sur une date. Je pense que cela fait
déjà au-delà d'un mois, ou un mois et demi.
M. HARDY: Nous avions pensé d'abord déposer la loi du
financement des partis et régler ce problème avant d'aborder
d'autres questions. Cela ne sert à rien de discuter, il faut agir.
Alors, nous avions pensé déposer la loi
sur le financement des partis, étudier cette loi, l'adopter et,
par la suite, continuer à étudier d'autres...
M. BURNS: Depuis juin 1973, je pense qu'on s'est rencontré deux
fois.
M. HARDY: Tantôt, le député de Maisonneuve n'a pas
fait une chronologie tout à fait exacte. Il a omis de dire que, sur le
problème du financement permanent des partis, il y a eu une
réunion à la suite de celle au sujet de laquelle il a lu un
extrait du journal des Débats, alors que j'ai déposé le
projet.
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: Comme le premier ministre l'a dit tantôt, pour
collaborer avec l'Opposition, nous avons tenu compte des remarques de
l'Opposition et c'est dans ce sens-là que nous avons modifié le
projet de loi qui sera déposé d'ici quelques semaines.
M. BURNS: II y en a même une de fixée pour le 27 septembre
1973 qui a été ajournée...
M. HARDY: C'est cela. Alors, évidemment, il y a certains
accidents de parcours qui se sont produits qui ont retardé nos
travaux.
M. BURNS: ... pour des raisons bien évidentes.
Est-ce dans l'intention...
M. HARDY: Qui sont indépendantes, en tout cas, de la
volonté du ministre des Affaires culturelles, les accidents de
parcours.
M. BURNS: Oui. C'est peut-être hors du contrôle du premier
ministre aussi. Mais est-ce dans l'intention du gouvernement de faire
siéger le sous-comité de parlementaires dans les mois qui
viennent.
M. HARDY: On pourrait peut-être prendre le mois d'août de
vacances.
M. BOURASSA: Comme c'est là, nous allons siéger
jusqu'à la fin de juillet, probablement.
M. BURNS: Probablement jusqu'au mois de septembre.
M. BOURASSA: A moins que vous vous ralliiez à l'opinion publique
qui s'est exprimée sur la question.
M. BURNS: On prendra, comme vous l'avez dit souvent, nos
responsabilités vis-à-vis de l'êlectorat.
M. BOURASSA: Si vous tombez d'accord avec le peuple, cela va aller plus
rapidement.
M. BURNS: On est toujours d'accord avec le peuple, en ce qui nous
concerne.
M. BOURASSA: Si vous allez à contre-courant, on va rester
ici...
M. BURNS: Si vous voulez parler des sondages de fin de semaine, on peut
en parler, mais je pense que le président va me rappeler à
l'ordre. Il va me dire que ce n'est pas dans les crédits actuels.
M. BOURASSA: Je disais cela parce qu'on essaie d'établir un
calendrier. Nous prévoyons de siéger jusqu'à la fin de
juillet, peut-être un peu plus tôt ou un peu plus tard. Cela veut
dire qu'il faudrait prendre deux ou trois semaines après.
M. HARDY: Après la fête du travail.
M. BOURASSA: Si le député est prêt à la
dernière semaine d'août.
M. BURNS: II n'y a pas de problème. J'ai annulé mes
vacances cet été étant donné la situation
actuelle.
M. BOURASSA: Je n'en prends jamais l'été, alors je n'ai
pas eu besoin d'annuler. On pourrait peut-être faire cela au début
de septembre pour être sûr.
M. BURNS: On y reviendra à ce comité. De toute
façon, l'autre comité, le comité non parlementaire,
actuellement, je remarque que M. Meynaud, depuis son décès, n'a
pas été remplacé. Est-ce qu'il y a une raison
particulière pour laquelle M. Meynaud n'a pas été
remplacé?
M. HARDY: II fallait d'abord que la commission de l'Assemblée
nationale se prononce avant de demander de nouveau au sous-comité de
poursuivre son travail. Il fallait d'abord que l'on se prononce et je vous fais
remarquer qu'on n'a pas eu l'occasion à la commission de
l'Assemblée nationale de discuter ce premier rapport, ce rapport
préliminaire. Je pense que, dans l'ordre normal des choses, il faudrait
d'abord que l'on discute de ce rapport préliminaire et que l'on voit ce
que l'on doit répondre à cette question qui est contenue dans la
conclusion du rapport préliminaire.
M. BURNS: II n'y a pas d'autres travaux que l'on peut leur faire faire
à cette commission en attendant?
M. HARDY: Sur les modes de scrutin? C'est-à-dire que ce sont les
membres eux-mêmes qui disent: On ne peut pas continuer notre travail si
vous ne répondez pas à cette question. On ne peut pas les
forcer.
M. BURNS: Oui, mais qu'est-ce qui a retardé le fait...
M. HARDY: Qu'on n'ait pas discuté le rapport préliminaire
à la commission de l'assemblée nationale? Vous le savez
très bien comme moi, on a eu une foule de questions. On a surtout
accordé notre attention au financement des partis et d'ailleurs, pour
être bien... Je ne veux pas être désagréable envers
le député de Maisonneuve, mais à un moment donné le
député de Maisonneuve a porté beaucoup plus
d'intérêt au financement des partis qu'au mode de scrutin.
M. BURNS: ... non...
M. HARDY: A ma connaissance, c'est la première fois qu'il revient
sur les modes de scrutin depuis fort longtemps et c'est normal.
M. BOURASSA: Avant les élections.
M. BURNS: Non. C'était l'ordre du jour qui était
fixé comme tel et on avait accepté de travailler selon cet ordre
mais dans notre esprit cela ne voulait pas dire que le sous-comité de
non-parlementaires devaient tout simplement...
M. HARDY: Vous devriez peut-être continuer à accorder
beaucoup d'attention au financement des partis avec ce que votre anticampagne,
ou votre campagne d'annulation va vous coûter.
M. BOURASSA: Le timbre de l'annulation et tout cela. Je suis convaincu
que le député de Maisonneuve ne doit pas être tellement
enthousiaste pour l'affaire du timbre...
M. BURNS: Mon parti s'est prononcé.
M. BOURASSA: Pour la question des caisses électorales.
M. HARDY: C'est cela. Quand nous aurons adopté la loi sur le
financement permanent des partis, la sous-commission sur les dépenses
électorales se penchera sur le problème des caisses. Je pense que
c'est le sujet qui devait venir après le financement permanent des
partis. On devait se pencher sur la façon de recueillir des fonds.
A ce moment-là, je pense bien qu'il serait intéressant
d'écouter les experts du Parti québécois nous dire de
quelle façon ils obtiennent un si grand succès dans leurs
quêtes et en particulier le député de Lafontaine, qui est
un grand expert dans les collectes.
M. LEGER: Pas dans les dépenses.
M. BOURASSA: Vous aviez l'air très riches pendant la campagne
électorale. Des avions en quantité...
M. LEGER: C'est l'efficacité. Le bénévolat, cela
remplace bien de l'argent.
M. BOURASSA: ... les annonces à la radio. UNE VOIX: Vous avez
vu...
M. BOURASSA: C'était bénévole. A la
télévision, les salles et tout cela.
M. LESSARD: On donnait tout là.
M. BOURASSA: Vous aviez l'air très riches. Est-ce que c'est
rétroactif cette étude sur les caisses électorales. Est-ce
qu'on va pouvoir poser des questions sur les différentes caisses.
M. HARDY: Entre autres, si je peux rappeler cela, ce serait
peut-être intéressant d'étudier cette question dans les
(laisses électorales. J'ai eu l'occasion récemment de faire une
émission de radio avec M. Claude Morin. A ce moment-là, il y a
une personne qui a appelé, se disant militante du Parti
québécois et demandant si c'était normal que, comme
énumérateur, on l'ait embauchée et qu'on lui ait
demandé, parait-il, de la part du Parti québécois, de
remettre ce qu'on lui donnait comme honoraires, de remettre cela dans la caisse
du parti. La personne en question se plaignait de cela parce qu'elle disait
qu'elle était une assistée sociale et que...
M. BURNS: Ce n'est pas vrai. C'est bien grave!
M. HARDY: C'est tout simplement un appel, mais...
M. LESSARD: C'est une suggestion.
M. HARDY: D'ailleurs, j'ai été appelé
moi-même à répondre à cette question dans des
émissions de ligne ouverte et je suis convaincu que le service
d'information du premier ministre lui a donné la réponse que
j'avais donnée. La question ne devrait même pas se poser.
M. BOURASSA: Le NPD a été accusé de faire la
même chose en Saskatchewan.
M. BURNS: Ce que nous avons fait tout simplement, et je n'ai pas honte
de le dire, nous avons suggéré aux gens qui n'avaient pas besoin
de ce montant de le reverser à la caisse électorale du parti.
M. HARDY: Vous considérez donc que les participations ne sont
pas...
M. BURNS: Laissez-moi finir, si vous me posez une question. Si, d'autre
part, et nous avons été bien clairs là-dessus, la personne
croyait devoir le garder, à ce moment, il n'y avait aucune mesure de
représailles, ni pour l'année prochaine, ni pour quoi que ce
soit.
M. BOURASSA: Si c'étaient des petits bourgeois qui
représentaient c'est évident que les bourgeois, vous en
avez pas mal...
M. BURNS: Surtout que vous êtes bien placé pour parler des
petits bourgeois, vous qui vous déguisez en social-démocrate.
M. BOURASSA: Non, je comprends que vous ayez pu avoir certains
montants.
M. BURNS: Cela arrive dans tous les pays, des gens qui prennent cet
habit-là.
M. BOURASSA: Vous avez beaucoup de bourgeois qui ont voté pour
vous.
M. LESSARD: Nous n'avons pas encore d'affaire Paragon.
M. BOURASSA: Vous avez vu les études scientifiques qui ont
été faites, qui révélaient que le seul groupe qui
ait accordé un appui majoritaire au Parti québécois, ce
sont les bourgeois. Je ne sais pas si vous avez vu cela dans le Devoir du 5
octobre 1973.
M. BURNS: Je doute très sérieusement de cette
étude.
M. BOURASSA: Je vais vous l'envoyer demain.
M. HARDY: Ce que j'ai vu chez nous, en tout cas...
M. BURNS: Nous avons d'autres études aussi qui pourraient tendre
à vous prouver le contraire. De toute façon, ce n'est pas notre
cas que nous sommes en train d'étudier, c'est votre cas.
M. HARDY: Ah! Pardon. C'est le cas de tout le monde.
M. BURNS: C'est votre inertie à vous.
M. HARDY: M. le Président, si nous étudions les caisses
électorales, il faudrait étudier le problème des caisses
électorales pour tous les partis politiques.
M. LESSARD: II n'y a aucun problème.
M. BURNS: Y a-t-il d'autres partis que le nôtre qui ont
proposé de déposer un bilan? Est-ce qu'il y en a un autre que
nous?
M. HARDY: Nous étudierons toutes ces questions. Nous
étudierons tout cela.
M. BURNS: Etes-vous prêts à déposer un bilan?
Etes-vous prêts à déposer vos donations, en plus de la
caisse électorale?
M. BOURASSA: Le trésorier du parti, M. Morisset, fait le
dépôt du bilan de la fédération.
M. BURNS: Vous êtes prêts à montrer vos dons, vos
sources de financement?.
M. BOURASSA: Nous allons examiner cela.
M. BURNS: Oui. Vous avez besoin d'examiner cela longtemps.
M. BOURASSA: II ne faut pas exagérer...
M. LEGER: Combien y a-t-il pour les
dîners-bénéfices?
M. BOURASSA: II ne faut pas exagérer l'importance des caisses
électorales. L'Union Nationale avait $4 millions à
dépenser pour les dernières élections. Qu'est-ce que cela
a donné comme résultat? Il ne faut pas penser que les caisses
électorales ont un rôle tellement important dans le
résultat électoral.
M. LESSARD: Ce n'est pas ce que vous disiez en 1970.
M. BURNS : Leurs $4 millions et les vôtres, je ne sais combien de
millions, les deux mis ensemble, cela a donné...
M. BOURASSA: Nous sommes plus pauvres que vous ne le pensez.
M. BURNS: M. le Premier ministre, pendant que vous parlez de caisses
électorales, n'est-ce pas vous qui disiez, le 27 avril 1970, à
Rouyn-Noranda, devant 2,000 personnes...
M. BOURASSA: A l'Assomption. M. BURNS: Non, à Rouyn-Noranda... M.
BOURASSA: C'est dans le Nouvelliste.
M. BURNS: Non. Je vais vous parler de Rouyn-Noranda, le 27, deux jours
avant les élections de 1970.
M. BOURASSA: C'est Saint-Paul-1'Ermite.
M. BURNS: Non. J'insiste. C'est devant 2,000 personnes, disait le
journal.
M. BOURASSA: C'était 3,000 à Saint-Paul-l'Ermite et 2,000
à Rouyn-Noranda.
M. LESSARD: Plus cela allait, plus cela baissait !
M. BURNS: Plus cela allait, plus cela baissait, oui. Mais n'est-ce pas
vous qui disiez qu'il était temps qu'on se départisse des caisses
électorales, pour qu'enfin nous ayons des gouvernements libres. Vous
étiez chef de l'Opposition, à ce moment.
M. BOURASSA: C'est pour cela qu'on va déposer un projet de loi
sur le financement des
partis. Qu'on limite les dépenses et qu'on augmente les
remboursements.
M. BURNS: Oui, sur le financement. Et qu'allez-vous faire sur la
reconnaissance des partis?
M. HARDY: La Loi du financement des partis prévoit la
reconnaissance.
M. BURNS: Vous allez inclure cela dans le financement.
M. HARDY: Evidemment, on ne peut pas payer. Si vous vous rappelez le
processus suivi dans notre étude, on a d'abord commencé par
s'entendre sur la reconnaissance.
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: Pour savoir ensuite à qui on donnerait de l'argent.
Cela va être compris dans le même projet de loi.
M. BURNS: D'accord, cela va être dans le même.
M. HARDY: Regardez, on a pas mal avancé depuis dix ans au
Québec sur ce plan.
M. BOURASSA: Vous parliez de Claude Ryan, mais un de ses
collègues, M. Laurent Laplante, je pense, avait dit dans un bloc-notes,
qu'on aurait fait plus de la moitié de notre programme pour ce qui a
trait à la réforme électorale.
M. BURNS: Je n'appelle pas cela plus de la moitié, il y avait
sept ou huit points que vous mettiez...
M. BOURASSA: Cinq à ma connaissance, qui sont des comtés
protégés...
M. BURNS: Je vous les ai énumérés tout à
l'heure.
M. BOURASSA: ... dans la réforme de la carte.
M. BURNS: Voulez-vous que je les énumère à
nouveau?
M. BOURASSA: Dans le programme du parti, cela?
M. BURNS: Oui.
M. BOURASSA: Envoyez-moi donc une copie, cela va être plus
court.
M. BURNS: Je vous enverrai une copie. Ce sont des engagements que vous
avez pris.
M. LESSARD: Formels.
M. BURNS: Jusqu'à maintenant, vous avez changé le
problème des comtés protégés, soit dit en passant,
qui aurait dû être fait depuis bien longtemps. D'ailleurs, on est
les seuls à vous avoir sérieusement appuyés
là-dessus.
M. BOURASSA: II y a trois créditistes qui, à la
dernière minute, ont décidé de m'appuyer dans cette
affaire.
M. BURNS: Peut-être. Cela leur a pris du temps â comprendre.
Toujours concernant le sous-comité de Drouin, Lemieux et autres, est-ce
que le premier ministre ou le ministre des Affaires culturelles est en mesure
de nous dire les dépenses encourues jusqu'à maintenant par le
sous-comité?
M. BOURASSA: Si le leader me le permet, j'ai une quarantaine de membres
de la Chambre de commerce de la province de Québec qui m'attendent
depuis 4 h 30. Je ne sais pas si le député de Terrebonne est
capable de répondre...
M. BURNS: Est-ce que vous voulez suspendre pour parler du statut de la
femme?
M. BOURASSA: Non, mais soit que vous terminiez ou que vous continuiez
avec le député de Terrebonne, on pourrait enchaîner sur le
Conseil du statut de la femme avec le député de
Marguerite-Bourgeoys. Cela me permettrait de...
M. BURNS: C'est parce que, avec tout le respect que j'ai pour le
député de Terrebonne, j'aimerais que le premier ministre soit
présent.
M. HARDY: Je suis très conscient de cette
réalité.
M. BOURASSA: On pourrait continuer demain ou après-demain.
M. BURNS: Aucune objection, je suis à la disposition du premier
ministre.
M. BOURASSA: C'est parce que cela fait une demi-heure qu'ils
attendent.
M. BURNS: Je suis d'accord. D'ailleurs, le premier ministre m'en avait
parlé et je suis d'accord pour suspendre la discussion
là-dessus.
M. HARDY: Sur votre question, je peux dire que ce budget est aux
crédits de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: II est au budget de l'Assemblée nationale?
M. HARDY: Oui, j'en suis presque assuré.
M. BOURASSA: Alors, on pourra continuer mercredi ou jeudi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, mes-
sieurs, nous allons suspendre l'étude du programme 3 pour passer
à l'élément 3 du programme 2. Nous suspendrons
l'étude du programme 2, pour passer à l'élément 3
du programme 3, le Conseil du statut de la femme.
Conseil du statut de la femme
M. LESSARD: M. le Président...
M. BURNS: M. le Président, est-ce que je peux, avec le
consentement de la commission, faire motion pour que le député de
Saguenay me soit substitué pour le reste de la séance?
LE PRESIDENT (M. Picard): Tout le monde est d'accord? Alors, le
député de Saguenay remplace pour le reste de cette séance
le député de Maisonneuve.
M. LESSARD: M. le Président, nous constatons, à cet
élément du programme 3, une somme de $256,400; par ailleurs, nous
avons eu à étudier les crédits du lieutenant-gouverneur,
qui étaient au montant de $169,000.
M. LALONDE: Cela donne l'importance que le gouvernement accorde au
statut de la femme.
M. LESSARD: Oui, je pense que cela donne l'importance que le
gouvernement donne au lieutenant-gouverneur et le peu d'importance que le
gouvernement accorde au Conseil du statut de la femme. Ceci est fort
malheureux, M. le Président. D'ailleurs, j'aurai à reprendre
quelques remarques qui avaient été faites par l'ex-chef
parlementaire du Parti Québécois, lorsque cette loi fut
présentée à l'Assemblée nationale. Nous trouvons
que ce budget est complètement ridicule pour le travail à
accomplir. Nous constatons d'abord qu'il y a 16 postes de fonctionnaires au
Conseil du statut de la femme. La somme de $256,400, est donc assez
limitée par rapport aux études qu'il reste à faire.
Nous avons aussi fait remarquer, lorsque nous avons discuté de ce
projet de loi qui nous apparaissait fort important, que le conseil n'avait pas
les pouvoirs suffisants pour agir. D'abord, pas d'initiative quant aux sujets
étudiés. Il doit constamment demander la permission au ministre
responsable. De plus, nous avions fait remarquer, M. le Président, par
la voix de l'ex-chef parlementaire, le Dr Camille Laurin, que le Conseil du
statut de la femme n'était pas intégré au processus
décisionnel gouvernemental. C'est-à-dire qu'il y a
quantité de lois et de règlements qui touchent la femme au
Québec et, concernant ces lois, le Conseil du statut de la femme n'a pas
à être consulté, ou n'a pas à faire des
recommandations, parce que le conseil actuellement, en vertu de la loi, n'a pas
l'initiative des recommandations à faire.
La même chose, M. le Président, en ce qui concerne
l'embauche du personnel. D'ailleurs, ces remarques ont été
concrétisées, ont été reprises par le dernier
congrès de la Fédération des femmes du Québec, qui
a fait des critiques dans le même sens.
En effet, on disait, par exemple, au dernier congrès de cette
fédération, que le Conseil du statut de la femme est très
peu connu actuellement par la femme québécoise, n'a pas
réussi à se faire connaître, soit par faute de budget... Il
faut dire, M. le Président, malgré ce budget fort limité,
que les initiatives du Conseil du statut de la femme ont été
assez dynamiques. Mais si nous voulons véritablement que ce conseil
prenne de l'importance, ce n'est pas avec un budget de $256,400 que nous allons
réussir à le faire. D'abord, la Fédération des
femmes québécoises, suite d'ailleurs aux remarques qu'avait
faites le Dr Camille Laurin sur le même sujet, lorsque nous avons
discuté de ce projet de loi, le 4 juillet 1973, a suggéré
un certain nombre de recommandations.
D'abord, que le Conseil du statut de la femme ait les budgets
nécessaires pour informer le public sur les activités de
l'office. Proposer aussi un réseau téléphonique direct
avec le conseil, que la femme québécoise puisse être
capable de communiquer avec le Conseil du statut de la femme. Que des
priorités, et je pense que ces priorités ont été
établies cependant, n'ayant pas le budget nécessaire, il
est difficile de faire un programme valable par le Conseil du statut de
la femme, dans son travail, et que le Conseil du statut de la femme
s'élargisse, afin de décentraliser, de déconcentrer, en
tout cas, son bureau. Qu'il y ait, au niveau des différentes
régions, des agents de liaison permanents qui sont en relation avec le
public. Aussi, l'une des recommandations fort importantes qui ont
été faites, c'est celle concernant la
représentativité du Conseil du statut de la femme.
On recommandait, en effet, d'abord la nomination d'une
représentante du monde rural, la nomination d'une mère de famille
non rémunérée, la nomination d'une
déléguée des groupes minoritaires, en particulier des
groupes d'immigrants, et la nomination d'une femme chef de famille. Or, M. le
Président, le Dr Camille Laurin l'avait fait remarquer dans son discours
de deuxième lecture en date de juillet 1973. Nous croyons qu'il s'agit
là d'un organisme fort important au Québec. Malheureusement, il
ne semble pas que le gouvernement ait décidé d'y donner tout
l'effort nécessaire.
Je voudrais, M. le Président, pour démontrer la relation
entre les recommandations de la Fédération des femmes du
Québec et les recommandations ou les propositions qu'avait faites le Dr
Camille Laurin, le 4 juillet 1973, je voudrais citer un passage, justement du
discours du Dr Camille Laurin. Il s'exprimait ainsi: "Je pense également
à l'Office de la femme qui proposait il y a deux ans à peine
la
Fédération des femmes du Québec. Je pense, pour ma
part, qu'il aurait fallu, au lieu de ce comité dont on nous propose
aujourd'hui la création, en effet, créer un véritable
Office de la femme, dont l'autonomie aurait été assurée
par voie législative, qui aurait été responsable de ses
actes, qui aurait eu un pouvoir d'initiative dans tous les domaines qu'il
estimait nécessaires, qui aurait pu identifier, d'une façon
scientifique, les problèmes dont il pouvait avoir une connaissance
intuitive, pousser les enquêtes, pousser les questionnaires, les
recherches dans tous les domaines qui lui semblait susceptibles
d'intérêt.
J'aurais vu, disait encore le Dr Camille Laurin, un Office de la femme
non seulement autonome, mais que le législateur aurait doté de
pouvoirs beaucoup plus considérables que ceux qu'on veut attribuer au
Conseil du statut de la femme. J'aurais vu, par exemple, un office qui aurait
eu des pouvoirs au sein des institutions gouvernementales, qui aurait eu un
pouvoir de perception des données beaucoup plus important que celui
qu'on lui donne actuellement. Cet Office de la femme aurait dû, selon
moi, et pourrait, selon moi, s'intéresser aux activités de tous
les ministères: Education, Affaires sociales, Protection du
consommateur, Travail, Main-d'Oeuvre, Revenu, fiscalité, Finances, et
aller chercher dans les statistiques qu'accumulent ces ministères, dans
les lois que se donnent ces ministères, les renseignements qui, d'une
part, auraient prouvé l'existence de discrimination et, d'autre part,
montré des avenues dans lesquelles on aurait pu se diriger pour corriger
ces discriminations ou pour donner à la femme les moyens, les outils
dont elle pourrait avoir besoin".
Autant de remarques, M. le Président, que reprenait le dernier
congrès de la Fédération des femmes du Québec. Nous
estimons que, tel que proposé par le gouvernement actuel, cette loi est
peu efficace pour combattre la discrimination, pour combattre la situation
actuelle de la femme au Québec, pour combattre la situation de la femme
qui est créée par les propres lois du gouvernement. Nous croyons
que malgré le fait que le travail du Conseil du statut de la femme a
été extraordinaire malgré ce faible budget qu'on lui a
accordé, si nous voulons que cet organisme soit capable de faire un
travail efficace, on doit au moins lui donner un budget suffisant parce que je
constate que le budget actuel est à peine supérieur au budget
qu'on accorde au lieutenant-gouverneur.
Je trouve, M. le Président, par rapport à tout ce qu'on
nous avait dit, que c'est un symbole, c'est une image, par rapport à ce
qu'on avait dit lors de la présentation du projet de loi. Je trouve que
ce gouvernement n'a pas pris cet organisme au sérieux et j'espère
qu'on va accorder des budgets supplémentaires au Conseil du statut de la
femme. On aura d'autres problèmes, qui ont été
soulevés depuis juillet 1973, en particulier certaines
déclarations du premier ministre Bourassa concernant un membre du
Conseil du statut de la femme qui a dû démissionner et je pense
que c'était inélégant de sa part, mais nous aurons
à en discuter.
J'aimerais bien, M. le Président, puisque c'est le ministre
d'Etat au Conseil exécutif je suis tout mêlé dans
les ministres qui est responsable de ce conseil, qu'il nous fasse
rapport des activités du conseil et qu'il nous donne aussi ses
commentaires suite aux recommandations de la Fédération des
femmes du Québec, lors de son dernier congrès concernant ce
Conseil du statut de la femme pour savoir enfin si le gouvernement a
l'intention de prendre cet office au sérieux ou d'en faire, comme cela a
souvent été le cas, un office marginal qui n'a aucun pouvoir,
aucune initiative, dont les recommandations ne sont pas suivies et encore
là, j'aurai des questions à poser au ministre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le ministre.
M. LALONDE: M. le Président, les remarques du
député de Saguenay forment, je crois, un jugement totalement
prématuré, ne tiennent pas compte non plus des termes, des
dispositions de la loi et j'ai l'intention d'apporter des précisions
à peu près sur chacune des remarques qu'il a faites.
Il faut tout d'abord reconnaître que le Conseil du statut de la
femme a été créé par une loi qui a
été sanctionnée seulement le 6 juillet 1973,
c'est-à-dire il y a moins d'un an. Les premiers membres en ont
été nommés...
M. LESSARD: M. le Président, pour marquer encore
l'intérêt que porte le Parti libéral au Conseil du statut
de la femme, je dois vous faire remarquer que nous n'avons pas quorum. C'est en
vertu de l'article 146 des règlements. Nous ne pouvons plus
siéger.
LE PRESIDENT (M. Picard): La séance est suspendue.
S'il vous plaît, je cède de nouveau la parole au
ministre.
M. LALONDE: Tout d'abord, il faut considérer que la loi ayant
été sanctionnée en juillet dernier, nous sommes en face
d'un organisme qui est en train d'être mis en place et, comme question de
fait, les membres ont été nommés par arrêté
en conseil le 5 décembre 1973. Le conseil a commencé à
fonctionner normalement. Il a maintenant des effectifs presque complets. Il n'y
a qu'un poste vacant. Alors, le recrutement s'est fait normalement.
J'aimerais toutefois faire remarquer au député de Saguenay
que, quant à certaines remarques qu'il a faites, par exemple,
l'initiative du conseil, la loi prévoit que le conseil peut entreprendre
l'étude de toute question qui relève du domaine de
l'égalité et du respect des droits et du statut de la femme, en
vertu du deuxième paragraphe de l'article 3, en plus de donner son avis
sur toute question que le ministre lui soumet.
Naturellement, on voit à plusieurs endroits les mots "avec
l'approbation préalable du ministre".
M. LESSARD: C'est cela.
M. LALONDE: Tout d'abord, pour entreprendre l'étude de toute
question qui relève du domaine de l'égalité, etc., aussi,
à l'article 14 "pour engager des personnes requises pour effectuer des
travaux autorisés par ce dernier". Je crois qu'on doit reconnaître
que le gouvernement a la responsabilité de la dépense des deniers
vis-à-vis de l'Assemblée nationale et il n'est que normal que le
conseil qui a le droit de dépenser l'argent du public reçoive ce
contrôle de la part du gouvernement quant à l'emploi des deniers
publics.
Four l'intégration aux décisions, au processus
décisionnel, je ferai remarquer au député de Saguenay que
le conseil est et c'est l'intention du législateur que nous
devons respecter un conseil consultatif, mais que, dans ce conseil, le
gouvernement et le législateur sont allés beaucoup plus loin que
dans beaucoup d'autres conseils consultatifs que l'on connaît en
permettant, par exemple, et non seulement en permettant mais en édictant
qu'un certain nombre de sous-ministres du gouvernement font partie du conseil
sans avoir droit de vote. C'est, je crois, une façon très sage et
très habile de permettre aux membres du conseil et à ses
dirigeants de participer à l'évolution des dossiers, de
sensibiliser le gouvernement au niveau des hauts fonctionnaires au
problème du statut de la femme. Jusqu'à maintenant, je crois que
le conseil n'a que des réactions tout à fait favorables à
cet état de choses.
Pour les autres remarques que le député de Saguenay a
faites, par exemple, sur les services d'information, j'attire son attention sur
le plan d'effectifs qui prévoit un service d'information au public.
D'ailleurs, il fonctionne depuis la mise en place du conseil et a d'ailleurs
publié son premier bulletin. Le volume no 1 est daté de mai 1974.
Il vient à peine d'être distribué.
Comme tout organisme jeune, neuf, je crois qu'on doit le laisser
commencer à fonctionner suivant les pouvoirs qui lui sont reconnus par
la loi, suivant les budgets qui lui sont votés par l'Assemblée
nationale et, le cas échéant, au besoin, selon les besoins du
conseil en face des problèmes concernant le statut de la femme, le
gouvernement saura prendre ses responsabilités pour lui accorder des
fonds nécessaires pour opérer de façon efficace et
dynamique.
Le député de Saguenay a aussi mentionné la question
du service d'information au public. J'attire son attention au quatrième
paragraphe de l'article 3 qui prévoit que le conseil peut fournir de
l'information au public. C'est déjà prévu par la loi. Les
services nécessaires sont mis en place pour faire ce travail comme les
divers services d'information du gouvernement, que ce soit par le
ministère des Communications ou par les divers services d'information du
ministère. Ils communiquent constamment avec le public soit pour
recevoir ses plaintes ou pour y répondre.
Je ne crois pas que les remarques du député de Saguenay
soient pertinentes à ce stade de l'évolution du Conseil du statut
de la femme, qui est le résultat d'une initiative très heureuse
de l'ancien gouvernement, qui a été le premier à prendre
ses responsabilités à ce sujet. Nous verrons quelle sera
l'efficacité, quels seront les problèmes qui confronteront le
conseil dans son travail.
Soyez assurés que nous y apporterons les correctifs
nécessaires, quitte, le cas échéant, à
présenter des amendements à l'Assemblée nationale, au
besoin.
Le député de Saguenay a aussi posé certaines
questions concernant la représentativité. Encore là,
j'attire son attention sur l'article 7 de la loi qui mentionne que le conseil
se compose de membres choisis par différents groupes. Nous avons des
mères de famille, des personnes qui viennent de différentes
régions, même rurales, et je mentionne cette question parce que le
député de Saguenay l'a soulevée. Je crois que le conseil
actuel, dont les membres ont été nommés après
recommandation par les associations ou les groupes mentionnés par la
loi, est tout à fait représentatif des préoccupations de
la population du Québec relativement au statut de la femme au
Québec.
Je ne sais pas si le député a d'autres questions à
poser sur le budget lui-même. En terminant, j'aimerais souligner que nous
avons fait entièrement confiance et nous faisons entièrement
confiance au conseil qui a fait un travail qui, jusqu'à maintenant, est
moins perceptible. C'est vrai qu'il n'est pas encore très connu, mais il
fait actuellement un travail de déblaiement des problèmes, un
inventaire des problèmes concernant le statut de la femme au
Québec et je suis assuré que nous aurons, d'ici peu, des mesures,
y compris des amendements à certaines lois, qui démontreront
à toute la population du Québec le sérieux que le conseil
et le gouvernement apportent à cette question.
M. LESSARD: M. le Président, je dois d'abord dire, suite aux
remarques que faisait le ministre d'Etat au Conseil exécutif, que la
Fédération des femmes québécoises qui se
réunissait en congrès le 27 mai 1974 sera sans doute très
heureuse d'apprendre que les remarques que je faisais au début de cette
commission parlementaire ne sont pas pertinentes, alors que ce sont exactement
les mêmes remarques que la Fédération des femmes du
Québec faisait lors de son congrès, où étaient
réunies 200 déléguées de la
Fédération des femmes du Québec au Chanteclerc.
Les participantes représentaient, M. le Prési-
dent, 130,000 femmes du Québec, regroupées en 23
associations. Elles faisaient exactement les mêmes réclamations
que celles que je faisais au début de la discussion de ce programme.
Lorsque le ministre me parle d'autonomie et me dit qu'il est responsable de la
dépense des deniers publics, je dis: D'accord, M. le Président,
mais je pense que, lorsque nous accordons un budget à un conseil ou
à un organisme parapublic ou à une régie, je pense que ces
organismes possèdent une certaine autonomie, ce qui n'est pas le cas
pour le Conseil du statut de la femme, lorsque nous lisons les articles 3, 5 et
6 de la loi. Je pense que, comme nous l'avions d'ailleurs remarqué,
l'Assemblée nationale a démontré un certain paternalisme
vis-à-vis du Conseil du statut de la femme qu'on ne retrouve pas dans la
formation d'autres organismes qui ont été crées.
M. le Président, suite à ce projet de loi qui a
été adopté, et en relation en particulier avec l'article
3, j'aimerais demander au ministre quels sont les avis que le premier ministre
ou le ministre d'Etat responsable du Conseil du statut de la femme a
demandé au conseil, en vertu de cet article du projet de loi.
M. LALONDE: Pour justement confirmer ce que je disais
tantôt jusqu'à quel point le conseil a fait preuve
d'initiative jusqu'à maintenant, il a eu l'entière
liberté, au départ, de déterminer ses propres
priorités et il a décidé de commencer tout d'abord par la
fonction publique. Des comités ont été formés et un
examen a été commencé des différentes lois, des
différents règlements qui régissent les fonctionnaires,
pour savoir quels correctifs seraient susceptibles d'y être
apportés afin d'enlever toute possibilité de discrimination
contre la femme. Dans cet ordre, j'ai reçu jusqu'à maintenant
deux recommandations que j'ai fait immédiatement parvenir au ministre
responsable dans chaque cas; l'un étant le ministre du Travail et
l'autre le ministre de la Fonction publique.
J'ai appris, en me tenant constamment au courant des activités du
conseil, qu'après la transmission de ces recommandations de façon
formelle, le travail de déblaiement d'examen pour leur donner suite a
continué avec la collaboration des fonctionnaires et des sous-ministres,
qui, je reviens à la remarque que j'ai faite tantôt sur la
constitution du conseil, sont membres à part entière, sauf droit
de vote, du conseil.
Ce qui facilite de beaucoup la continuation du travail qui doit
être fait après avoir reçu les recommandations, et je
m'attends à des développements assez immédiats sur ces
deux questions. Maintenant, je sais aussi que d'autres études sont en
cours, au ministère de la Justice entre autres. J'ai reçu
certains rapports à ce sujet, mais qui ne sont pas encore assez
avancés pour prendre la forme de recommandations.
Il faut aussi ajouter que comme premier pas, en plus de ces
études et des réunions quasi mensuelles de tout le conseil
ce sont des réunions de deux jours par mois celui-ci a fait un
travail d'information partout en province. Madame la présidente ainsi
que d'autres membres du conseil ont fait des tournées de sensibilisation
pour faire connaître le conseil, pour s'assurer que les personnes
intéressées à ces questions connaissent bien l'existence
et la mission du Conseil du statut de la femme. Cette tournée
d'information est sur le point de prendre fin actuellement: c'était, je
crois, une excellente décision que cette initiative du conseil de se
faire connaître exactement pour peut-être remédier à
l'inquiétude du député de Saguenay qui disait tantôt
que le conseil n'était pas encore très connu.
M. LESSARD: M. le Président, je ne voudrais pas que le ministre
noie le poisson dans un déluge de mots. J'ai demandé si, le
ministre responsable du Conseil du statut de la femme a demandé au
conseil, en vertu de l'article 3, des avis. Je reviendrai tout à l'heure
sur les deux recommandations qui ont été faites par le Conseil du
statut de la femme concernant la fonction publique. Est-ce que, de la part du
ministre responsable du Conseil du statut de la femme, il y a eu une initiative
demandant des avis concernant soit l'élaboration de projets de loi
touchant la femme, soit autre chose? Est-ce qu'il y a eu des avis d'abord?
M. LALONDE: Compte tenu justement de ce programme de travail, je n'ai
pas, depuis que je suis responsable de cette loi, cru bon devoir demander
d'avis, étant donné le programme de travail qui est actuellement
entrepris.
M. LESSARD: Le conseil, selon le ministre, a fait deux recommandations
plus particulièrement au ministre de la Fonction publique.
M. LALONDE: C'est-à-dire les deux recommandations, d'après
la loi, doivent être transmises au ministre responsable qui doit y donner
suite. Pour y donner suite, j'ai transmis tout d'abord au ministre de la
Fonction publique la recommandation ayant trait à la nomination d'une
femme à la Commission de la fonction publique.
M. LESSARD: Est-ce que vous pourriez nous donner cet avis, cette
recommandation, lire cette recommandation ou ces deux recommandations?
M. LALONDE: Je peux lire, si le député me le permet, ma
lettre de transmission au ministre de la Fonction publique, à titre de
ministre responsable et elle est datée du 8 mars: "A titre de ministre
responsable du Conseil du statut de la femme, je me permets de vous faire
parvenir un compte rendu de nos recommandations adoptées par le conseil
lors de sa réunion, les 22 et 23 janvier 1974, recommandations tombant
sous la juridiction de votre ministère.
"Afin de mener à terme le travail entrepris par la Direction du
recrutement à la Commission de la fonction publique dans le but d'ouvrir
tous les emplois également aux hommes et aux femmes, le conseil
recommande la nomination prochaine d'une femme commissaire à la
Commission de la fonction publique. "Il va sans dire que j'apprécierais
beaucoup envisager l'opportunité d'un amendement en ce sens, compte tenu
évidemment des implications tant administratives que financières
qu'une telle réforme pourrait avoir".
Cela a été la recommandation concernant la nomination
d'une femme à la Commission de la fonction publique.
M. LESSARD: En date du mois de mars...? M. LALONDE: 1974.
M. LESSARD: 1974. Actuellement, aucune suite n'a été
donnée à cette recommandation?
M. LALONDE: Une suite à été donnée, non de
façon officielle. Mme Robillard, la présidente, m'a fait rapport
que des rencontres ont eu lieu, tant avec les représentants du
ministère de la Fonction publique qu'avec ceux de la Commission de la
fonction publique, pour étudier la possibilité d'y donner suite,
et des problèmes que ça comporte. Une suite a été
donnée dans le sens que les études ont été
continuées. Encore là, conformément à la structure
même du conseil où le sous-ministre est présent, au besoin,
aux réunions du Conseil du statut de la femme, j'ai convenu avec Mme
Robillard à une réunion, la semaine dernière, de
rencontrer incessamment le ministre de la Fonction publique pour
déterminer, de façon encore plus précise, le cheminement
qu'une décision pourrait apporter en ce sens.
M. LESSARD: Maintenant, concernant la deuxième recommandation
dont parlait le ministre, il serait peut-être, puisque la loi n'en parle
pas, utile que les différents avis ou recommandations du Conseil du
statut de la femme soient rendus publics par le ministre responsable ou par le
Conseil du statut de la femme.
M. LALONDE: Je n'ai aucune objection, d'autant plus que le conseil,
conformément à la politique administrative que le gouvernement
lui a donnée, a un service d'information et rend publiques presque
régulièrement et automatiquement ses recommandations à la
fin de chaque réunion mensuelle. De toute façon, c'est connu du
public, je n'ai aucune objection à les déposer. Je ne connais pas
encore exactement quelle est la procédure qu'on devrait suivre à
ce propos-là, mais je n'ai pas d'objection.
M. LESSARD: II s'agit simplement de demander le dépôt des
deux recommandations du Conseil du statut de la femme dont on parle, ou le
ministre peut tout simplement nous en faire part, comme il l'a fait tout
à l'heure, en lisant sa lettre qu'il a transmise au ministre de la
Fonction publique.
M. LALONDE: Au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, j'ai, le 8
mars aussi, envoyé une lettre qui contient la recommandation suivante:
"Le Conseil du statut de la femme recommande les modifications suivantes
à la Loi sur la discrimination dans l'emploi (Statuts refondus du
Québec 1964, chapitre 142.) "1 Inclure dans l'article 1 a)
l'état civil et l'âge; "2 Eliminer les exclusions de la loi
(article 1 c)); "3 Que l'organisme chargé de faire respecter la
loi prévoie des mécanismes pour protéger les personnes
lésées (hommes ou femmes); "4 Fixer des amendes plus
réalistes; "5 Le conseil demande également à votre
ministère d'étudier les implications de modifier le code du
travail de façon à invalider les conventions collections qui
enfreindront la loi sur la discrimination dans l'emploi. "Il va sans dire que
j'apprécierais beaucoup que vous envisagiez l'opportunité d'un
amendement en ce sens".
J'ai aussi obtenu, en plus naturellement d'un accusé de
réception normal, l'information de la part de Mme Robillard selon
laquelle des rencontres additionnelles ont eu lieu avec les fonctionnaires du
ministère du Travail pour étudier toutes les implications. Dans
ce cas-là, je ne connais pas exactement l'état du dossier; on
doit aussi rencontrer le ministre du Travail incessamment.
M. LESSARD: Disons qu'en avril 1974 Mme Robillard laissait entendre
qu'une loi devrait être présentée pour intégrer
cette recommandation à l'intérieur de la fonction publique, je
pense, c'est-à-dire qu'elle devait être présentée
contre la discrimination.
M. LALONDE: Oui. La précaution de langage que j'ai
utilisée c'est parce que je ne sais pas exactement si ça va
être ces cinq recommandations-là ou lesquelles vont pouvoir
être réglées immédiatement. Je dois avoir un rapport
incessamment du conseil à ce sujet.
M. LESSARD: A votre connaissance, est-ce que le Conseil du statut de la
femme a été saisi du problème des six femmes, à
l'Hydro-Québec, qui se plaignaient d'avoir subi une certaine
discrimination dans l'emploi?
M. LALONDE: On m'informe que le conseil l'a étudié, en
effet; il y a eu des échanges de correspondance mais je ne sais pas
quelle a été la conclusion. Je pourrais regarder dans les
dossiers et envoyer l'information au député.
M. LESSARD: Avant d'entreprendre une étude, le conseil, en vertu
de l'article 3, para-
graphe 2, doit en demander l'autorisation au premier ministre ou au
ministre d'Etat responsable. Est-ce que, depuis juillet 1973 et surtout depuis
je pense que le ministre parlait de décembre 1973
décembre 1973...
M. LALONDE: La nomination des membres a eu lieu le 5
décembre.
M. LESSARD: Le 5 décembre 1973. Depuis est-ce que le ministre
responsable a reçu une demande de telles études? Si oui, quelles
sont les études entreprises par le Conseil du statut de la femme?
M. LALONDE: Depuis que j'ai assumé la responsabilité du
conseil je ne me souviens pas exactement de la date je crois que
c'est en janvier, je n'ai pas eu de demande formelle, c'est-à-dire par
écrit. Dans les communications que j'ai eues avec la présidente,
c'était entendu, après m'avoir décrit quelles
étaient les préoccupations du conseil, qu'elles avaient la
liberté, l'initiative d'entreprendre les études qu'elles
voulaient suivant leurs priorités.
M. LESSARD: Mais à l'intérieur du budget.
M. LALONDE: Naturellement avec les effectifs qu'elles ont.
M. LESSARD: Mais à l'intérieur du budget qui leur est
donné.
M. LALONDE: Oui, qui les aide considérablement.
M. LESSARD: Qui les aide considérablement. Est-ce que le budget a
été accepté sur la recommandation du Conseil du statut de
la femme?
M. LALONDE: Je n'ai pas eu de plainte du tout sur le budget.
M. LESSARD: Est-ce que le Conseil du statut de la femme est, selon vous,
satisfait du budget qui lui a été accordé?
M. LALONDE: Ce sont la présidente et la secrétaire qui ont
planifié leur propre budget suivant leurs besoins prévus.
M. LESSARD: Donc, vous avez informé le Conseil du statut de la
femme que cet office avait pleine autorité, comme tel, sur les
études qu'il avait à entreprendre à l'intérieur du
budget.
M. LALONDE: Compte tenu du programme qu'elles nous ont
décrit.
M. LESSARD: Bon. A l'article 5 de la loi, on dit: "Le conseil doit
saisir le ministre de tout problème ou de toute question qu'il juge de
nature à nécessiter une étude ou une action de la part du
gouvernement." Est-ce que le ministre responsable du Conseil du statut de la
femme a reçu de telles requêtes?
M. LALONDE: J'ai interprété la présentation de leur
programme de travail, conformément à l'esprit d'initiative qu'on
retrouve partout dans la loi, comme étant autorisée ou
prévue par l'article 5.
Ce sont des questions que le conseil jugeait de nature à
nécessiter une étude et même une action de la part du
gouvernement, en tenant compte des recommandations que le conseil nous a
faites.
M. LESSARD: Je suggérais tout à l'heure au ministre la
possibilité de demander au conseil de rendre publics, au fur et à
mesure qu'ils sont déposés, les avis. Comme à d'autres
organismes publics, d'autres régies, comme l'Office de la langue
française, etc., peut-être serait-il bon de demander au Conseil du
statut de la femme, dans sa politique d'information, de préparer un
rapport annuel.
M. LALONDE: M. le Président, je crois que je dois encore attirer
l'attention du député sur un des articles de la loi. On
prévoit, à l'article 18, que le conseil doit, au plus tard le 30
juin de chaque année, transmettre au ministre, qui le communique
à l'Assemblée nationale, le rapport de ses activités pour
l'année financière précédente".
Je comprends l'inquiétude du député de Saguenay et
je crois qu'il sera aussi d'accord avec nous que cela fait partie d'une large
politique d'information. Ce rapport annuel est sûrement un document
important au point de vue de l'information. Mais il y a aussi, je l'ai
mentionné tantôt, le bulletin dont la publication a
commencé le mois dernier et les communiqués que le conseil n'est
pas avare de faire au besoin, surtout naturellement après la tenue d'une
assemblée régulière.
M. LESSARD: Concernant tout le problème des garderies, est-ce
qu'on a saisi le Conseil du statut de la femme de ce problème pour lui
demander de faire des recommandations ou encore de donner un avis?
M. LALONDE: Le conseil a étudié, lors de plusieurs
réunions, la question des garderies. Il a pris position. Je m'en reporte
à certaines publications dans des journaux, y compris le Soleil du 27
mars 1974, mais aussi à des communications directes à l'effet que
le conseil reconnaît l'urgente nécessité d'organiser des
services de garde d'enfants, d'assurer la continuité des garderies
existantes qui desservent la clientèle prioritaire, de prévoir
une aide financière pour l'implantation de nouvelles garderies. En
d'autres termes, le conseil s'est penché sur cette question. Je sais
pertinemment que la présidente du conseil, entre autres, a
communiqué avec le ministère des Affaires sociales,
comme d'ailleurs sa structure lui permet de le faire d'une façon
tout à fait normale, étant donné que le sous-ministre des
Affaires sociales est membre du conseil, avec les hauts fonctionnaires et avec
le ministre d'Etat aux Affaires sociales responsable de cette question. Le
conseil a aussi pris connaissance de cette question.
M. LESSARD: Outre cet avis général qui fut donné
par le Conseil du statut de la femme, est-ce que le conseil n'aurait pas fait
une recommandation concernant l'octroi des subventions aux institutions
plutôt qu'aux individus?
M. LALONDE: Je ne pourrais pas répondre au député
de Saguenay.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait prendre avis de cette
question et m'en informer?
M. LALONDE: Cela est sujet à vérification, si ce n'est pas
exact je pourrai le communiquer au député de Saguenay, mais on
m'informe que la prise de position du conseil sur les garderies ne serait pas
allée jusqu'au point de déterminer ou de recommander de quelle
façon cela devrait être financé.
M. LESSARD: M. le Président, une dernière question,
concernant la démission de Mme McKenzie, suite à ce que je
pourrais appeler l'indélicatesse ou la bourde du premier ministre.
Est-ce que cette personne a été maintenant remplacée?
Est-ce que le ministre responsable et particulièrement le premier
ministre sont intervenus auprès de Mme McKenzie pour s'excuser de cette
bourde, de cette indélicatesse? Est-ce qu'on a tenté de faire
revenir, comme d'ailleurs l'a fait le Conseil du statut de la femme, Mme
McKenzie sur sa décision?
M. LALONDE: M. le Président, je me garderai de qualifier les
qualificatifs que le député de Saguenay a eus à l'endroit
de ce qu'il considère comme une intervention du premier ministre.
Lorsque j'ai reçu la démission de Mme McKenzie...
M. LESSARD: Qui avait été nommée, je pense, par le
milieu universitaire.
M. LALONDE: Qui avait été nommée par le milieu
universitaire, oui. Sur les recommandations du milieu universitaire.
M. LESSARD: Du milieu universitaire et nommée par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Elle représentait le milieu
universitaire et non pas tel parti politique ou tel autre.
M. LALONDE: Pas du tout. Naturellement, le député de
Saguenay reconnaît que les nominations au Conseil du statut de la femme
ne tenaient pas compte du tout du fait que ces personnes pouvaient appartenir
au Parti libéral ou non. Lorsque j'ai reçu donc...
M. LESSARD: Si les maris pouvaient appartenir à un parti
politique, j'espère que, quand on reconnaît le Conseil du statut
de la femme, il est possible aussi à la femme d'appartenir à un
autre parti politique.
M. LALONDE: Je ne sais pas si le député de Saguenay veut
faire l'apologie de l'intervention de M. Bourassa, mais c'est exactement ce
qu'il est en train de faire.
M. LESSARD: Non, je ne fais pas une apologie, M. le Président; je
regrette cette bourde, cette maladresse de M. Bourassa.
M. LALONDE: Les remarques du député de Saguenay indiquent
que Mme McKenzie avait été nommée par le
lieutenant-gouverneur en conseil, nonobstant le fait que son mari aurait pu
appartenir à un autre parti. Alors, ce que je veux dire
là-dessus, c'est que j'ai reçu la démission de Mme
McKenzie. Comme je respecte la liberté de chaque personne d'accepter une
fonction et d'y mettre fin suivant ses propres motifs personnels, il ne
m'appartenait pas de commencer à discuter du bien-fondé des
considérations qu'elle a apportées lors de sa démission et
je l'ai acceptée, reconnaissant qu'elle avait toute liberté de
démissionner, comme elle avait aussi eu la liberté
d'accepter.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, je pense que je pourrais
même citer comment le premier ministre a utilisé le Conseil du
statut de la femme pour faire de la petite politicaillerie, lorsqu'il
s'exprimait ainsi: "On a nommé la femme de M. McKenzie qui, à ma
connaissance, n'est pas un libéral sur ce conseil; ça
démontre, je pense, l'objectivité du gouvernement." C'est faire
de la petite politicaillerie, M. le Président, avec un organisme fort
sérieux. Je voudrais maintenant savoir de la part du ministre...
M. COTE: Vous n'en faites pas de politicaillerie là-dessus.
M. LESSARD: ... si Mme McKenzie a été
remplacée.
M. LALONDE: Mme McKenzie n'a pas encore été
remplacée.
M. LESSARD: M. le Président, je termine cette discussion en
disant ceci: D'abord, lorsque j'ai fait mes remarques préliminaires
concernant le Conseil du statut de la femme, il ne s'agissait pas, au
contraire, d'affirmer et je l'ai bien précisé, je pense
que ce conseil n'avait pas actuellement fait un travail efficace avec le
léger budget qu'on lui avait accordé. Mais, M. le
Président, si nous voulons faire de cet organis-
me, étant donné la situation actuelle de la femme "au
Québec, un organisme sérieux, un organisme qui peut mener des
enquêtes, un organisme qui peut nommer des représentantes, des
délégués régionaux, un organisme qui peut
être en contact direct avec les différents organismes
féminins au Québec, je pense que ce budget de $256,400 est
absolument insatisfaisant.
Je pense que les remarques que faisait à son congrès la
Fédération des femmes du Québec concernant le Conseil du
statut de la femme et que je reprenais au début de cette discussion sont
certainement justifiées.
J'espère, M. le Président, que le gouvernement nous
démontrera, sinon cette année, du moins l'an prochain, qu'il
prend cet organisme au sérieux en lui accordant un budget beaucoup plus
substantiel. Merci.
M. COTE: Cela en est de la politicaillerie.
M. LALONDE: Naturellement, M. le Président, j'accepte les
précisions que le député de Saguenay vient de faire
relativement à ces remarques d'ouverture. Je transmettrai au conseil sa
reconnaissance en ce sens que le conseil a pu jusqu'à maintenant
être très efficace quoique tout jeune et en train d'être mis
sur pied.
Il faut aussi remarquer ce que le député de Saguenay a
oublié que ce sont les membres responsables du conseil qui ont
planifié leur propre budget pour cette année. Je crois que c'est
la façon d'agir la plus démocratique, et qu'elle prouve que le
gouvernement reconnaît la liberté et l'initiative du conseil.
C'est conformément à la lettre et à l'esprit de la loi que
nous avons travaillé jusqu'à maintenant.
Je crois que nous saurons reconnaître très bientôt
les effets de ce travail.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président, avec les
réserves que j'inscris.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 3, adopté.
La commission suspend ses travaux jusqu'à huit heures quinze, ce
soir, même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
Reprise de la séance à 20 h 28
M. PICARD (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales continue ce soir l'étude des
crédits du Conseil exécutif.
Pour la séance de ce soir, M. Lessard (Saguenay) remplace M.
Charron (Saint-Jacques); M. Lachapelle (Chauveau) remplace M. Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine); M. Bédard (Chicoutimi) remplace M. Morin
(Sauvé) et M. Quenneville (Joliette-Montcalm) remplace M. Parent
(Hull).
Nous en étions, je crois, aux remarques préliminaires, au
programme 4.
Planification économique et régionale
(suite)
M. LESSARD: M. le Président, à la suite des renseignements
que j'ai obtenus de mon collègue, le député de Chicoutimi,
il semble que le ministre d'Etat responsable de l'OPDQ n'ait pas répondu
à la question que je soulevais vendredi midi, question qui, d'ailleurs,
a amené immédiatement l'ajournement des travaux, à savoir
quels efforts sont faits pour connaître les dépenses
d'immobilisation des ministères fédéraux, leur
localisation pour coordonner les activités, tout cela en relation,
justement, avec le ministère de l'Expansion économique
régionale; en somme quelle est la coordination entre les dépenses
des ministères provinciaux et fédéraux?
Le ministre avait d'abord informé la commission qu'il
était midi et qu'étant donné l'importance de cette
question il devait justement prendre la fin de semaine pour vérifier
quels étaient les travaux qui étaient faits dans ce sens. Afin de
m'apporter une réponse plus complète, il avait demandé
l'ajournement de la séance de la commission parlementaire.
M. LACHAPELLE: M. le Président, d'abord, j'apporte une correction
très mineure à la déclaration qui vient d'être faite
par le député de Saguenay. L'ajournement n'a pas
été demandé surtout parce qu'on avait besoin de
préparer une réponse. C'était une raison, mais
c'était surtout parce qu'il y avait eu entente que nous ajournions
à midi et la question a été soulevée à midi
exactement. C'est la raison principale pour laquelle l'ajournement a
été suggéré.
Je pense que l'intervention qui a été faite peut amener
deux considérations: la première touchait, si je me rappelle les
propos du député de Saguenay, la situation bien
particulière de Mirabel, je crois.
M. LESSARD: Je prenais un exemple à
partir d'un dépôt de documents que le ministre nous avait
fait. A Mirabel, il y avait justement un montant de $53 millions prévu;
je cite cela de mémoire. J'avais fait quelques commentaires concernant
les interventions de l'OPDQ dans ce secteur, c'est-à-dire que le
gouvernement fédéral avait décidé de la situation
de l'aéroport, mais que, par la suite, on avait demandé à
l'OPDQ de planifier ces investissements.
Cependant, par exemple, on n'avait pas demandé à l'OPDQ
certaines recommandations concernant la situation de l'aéroport. L'OPDQ
a été complètement étranger à cet
investissement. C'est le fédéral qui a décidé. On
se rappelle les discussions du Dr Robert Lussier, en 1968 ou 1969. A la suite
de ces commentaires, j'avais justement posé la question que je
soulève ce soir. Cela n'avait pas de relation avec l'OPDQ comme tel; je
voulais savoir quelles étaient les études que l'OPDQ faisait
concernant les investissements du gouvernement fédéral.
M. LACHAPELLE: M. le Président, il demeure quand même que
l'exemple de Mirabel, je pense, avait été cité...
M. LESSARD: Oui.
M. LACHAPELLE: ... je pense que le député de Saguenay est
le premier à le reconnaître, comme une situation qui, à mon
avis, démontrait le peu de pouvoirs ou d'influence ou le manque de
pouvoirs ou d'influence pouvant être exercés par soit l'OPDQ ou le
gouvernement du Québec en regard de certaines intentions
gouvernementales fédérales. De là avait extrapolé
sa pensée pour faire allusion aux dépenses d'immobilisation
fédérale. Je pense que j'ai interprété correctement
votre pensée?
M. LESSARD: Oui.
M. LACHAPELLE: En ce qui regarde le cas de Mirabel, de façon
toute particulière, on pourrait, évidemment, évoquer les
discussions fort longues et pénibles qui ont eu lieu à
l'époque quant à l'emplacement de Mirabel. Je m'en voudrais de
les commenter ou de commenter le contexte dans lequel tout cela s'est
déroulé. Encore là, j'invoque, si vous voulez, la
responsabilité ministérielle parce que c'est une décision
qui a été prise par un gouvernement, par une personne au sein de
ce gouvernement, et je pense qu'il nous faille déplorer ou non ce
qui s'est produit à l'époque que c'est quand même
d'autres personnes et un autre gouvernement qui ont eu à répondre
de ces actes.
Une fois cette manche terminée, dans le cas de Mirabel comme dans
tous les autres cas avec lesquels l'OPDQ a eu à transiger, je pense
qu'on ne peut que témoigner de la primauté du Québec dans
l'établissement de ses priorités et de la primauté du
Québec dans sa conception ou dans la conception des projets de sur
lesquels l'OPDQ a pu avoir juridiction. Le cas de Mirabel en est un, d'une
façon précise, et d'une façon plus générale,
de la zone qui comprend Mirabel, où c'est quand même un programme
gouvernemental, un programme québécois qui a été
élaboré et qui a reçu l'assentiment des autorités
fédérales. Le même raisonnement s'applique dans tous les
cas que je connais dans le cadre des ententes soit de zones spéciales ou
ARDA ou FODER, où c'est nettement le gouvernement
québécois qui établit ses priorités, lesquelles
priorités ont reçu, en temps opportun, l'approbation ou
l'assentiment ou la corroboration des autorités
fédérales.
Donc, la primauté des intentions du Québec s'est fait
valoir dans toutes ses instances ou les instances que je viens de mentionner.
Quant aux dépenses d'immobilisation du fédéral, bien
sûr, la possibilité de regard, dans tout ce que fait ou ce que
font les ministères fédéraux, je pense que ce serait
illusoire de suggérer que l'OPDQ ou, quant à cela, d'autres
ministères, d'une façon constante et soutenue, ont un droit de
regard ou de veto ou de corroboration sur les actions du fédéral.
Mais il me paraît que, si des situations difficiles ou discutables
s'étaient présentées, une intervention du Québec
aurait été fort possible, et là, qu'il y ait effectivement
eu de ces interventions sans doute dans nombre de cas, ce n'est vraiment pas un
aspect de l'activité ou de l'action gouvernementale
fédérale qui m'inquiète. Du moins, je n'ai pas
d'élément qui puisse me permettre de m'en inquiéter.
M. LESSARD: Autrement dit, il n'y a pas d'effort particulier,
actuellement, au niveau de l'Office de planification et de développement
du Québec pour connaître les dépenses d'immobilisation des
ministères fédéraux, leur localisation et essayer
d'intégrer ces dépenses-là â l'intérieur des
schémas d'aménagement qui sont prévus par l'OPDQ?
M. LACHAPELLE: En fait, pour reprendre un exemple du cas de
l'aéroport, l'OPDQ avait préparé un rapport...
M. LESSARD: Voici, M. le Président, je ne sais pas si ça a
été accepté.
LE PRESIDENT (M. Heard): II faudrait avoir le consentement des membres
de la commission à savoir si, lorsque le collaborateur du ministre
parle, c'est enregistré au nom du ministre qui, à ce
moment-là, devra prendre l'entière responsabilité des
propos tenus.
M. LACHAPELLE: Moi, je suis bien prêt. C'est comme cela,
d'ailleurs, que je l'avais conçu.
M. LESSARD: D'ailleurs, M. le Président.
DES VOIX: D'accord, d'accord.
M. LACHAPELLE: Je pense que c'est devenu courant.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, nous acceptons que le
directeur de l'OPDQ réponde à nos questions et le fasse au nom du
ministre.
M. LACHAPELLE: C'est normal.
M. LESSARD: Oui, oui, si le ministre d'ailleurs l'avait demandé
avant, nous l'aurions accepté. Je comprends que le ministre ne peut pas
complètement tout connaître, même s'il est responsable de
l'OPDQ au niveau du gouvernement.
M. LACHAPELLE: A titre d'exemple, dans le cas de la région nord
de Montréal, pour l'aéroport, l'OPDQ a préparé un
document d'orientation du développement de la région nord de
Montréal avec quatre objectifs.
M. LESSARD: Et après que ç'a été
décidé.
M. LACHAPELLE: Je donne ça à titre d'exemple et je
reviendrai sur les dépenses d'immobilisation du gouvernement
fédéral en regard des schémas de développement et
d'aménagement des différentes régions. Ce document a
été accepté comme tel, dans l'amendement no 6 du 25 mars
1971 à l'entente Canada-Québec sur les zones spéciales, et
dans l'attendu qui sanctionne cette zone spéciale, il est dit "attendu
que le Québec a élaboré des plans visant au
développement économique, social et spatial de ladite zone et que
ces plans ont l'approbation du gouverneur en conseil, par le décret CP
19761303 du 16 février 1971".
C'est donc dire que le gouvernement fédéral a pris
totalement le texte qui avait été préparé par
l'OPDQ et en a fait un décret ministériel qui sert de base
à toute la programmation de la zone spéciale de Montréal
pour les $43 millions. Maintenant et c'est pourquoi je donnais ça
comme exemple pour nous, lorsque nous travaillons avec le
fédéral, nous travaillons plus particulièrement avec un
interlocuteur qui est le ministère de l'Expansion économique et
régionale. Alors, lorsque nous avons des problèmes de
coordination, de dossiers, d'immobilisation, d'investissements, nous
communiquons le dossier au ministère de l'Expansion économique et
régionale qui, lui, réunit les ministères
fédéraux pour les coordonner par rapport à des objectifs
qu'on pourrait avoir au niveau de différentes régions.
Je donne quelques exemples. Dans le cas de la zone de Québec,
nous avons convaincu le ministère de l'Expansion économique et
régionale, à cause de la vocation importante du port de
Québec, de faire une étude qui a coûté $400,000 sur
l'avenir du port de Québec. En même temps, on a fait des pressions
et des demandes importantes pour que le ministère fédéral
des Transports fasse le creusage du chenal afin que les bateaux de 100,000
tonnes puissent venir à Québec. Donc, il y a eu quand même
une dépense de $17 millions qui a été occasionnée
par le ministère des Transports pour le creusage du chenal.
Je donne d'autres exemples. Dans le cas de l'aéroport à
Montréal où...
M. LESSARD: C'était sur votre recommandation, le creusage du
chenal?
M. LACHAPELLE: C'est-à-dire que c'était à la
demande du gouvernement du Québec par le biais de l'OPDQ qui demandait
que nous ayons un creusage plus adéquat dans le port de Québec de
la part du ministère fédéral des Transports. Notre
interlocuteur est le ministère de l'Expansion économique et
régionale, et c'est le ministère de l'Expansion économique
et régionale qui sert pour nous d'interlocuteur auprès des autres
ministères fédéraux pour faire la coordination.
Maintenant, quant à la prévision elle-même de toutes
les dépenses d'immobilisation du gouvernement fédéral dans
le territoire du Québec, je pense que ces techniques n'existent pas
comme telles au fédéral, de prévisions sur cinq ans des
dépenses en immobilisation. Il y a des prévisions sur une base
annuelle ou des déclarations sur une base annuelle qui sont faites des
différentes immobilisations au niveau du territoire des
différentes provinces.
M. LESSARD: Autrement dit, il vous est impossible de planifier les
dépenses... Si vous avez quand même des possibilités de
planifier les dépenses du gouvernement du Québec en coordonnant
les dépenses des différents ministères, il ne vous est pas
possible, comme Office de planification et de développement du
Québec, de planifier les dépenses des différents
ministères du gouvernement fédéral.
M. LACHAPELLE: C'est-à-dire que la préparation de
schémas de développement et d'aménagement des
différentes régions du Québec telle que la chose a
été présentée ce matin sur une
période de trois ans, avec une révision systématique pour
toutes les régions du Québec, incluant dans la troisième
partie du schéma la prévision des équipements et des
immobilisations des ministères provinciaux, n'inclut pas les
prévisions des immobilisations des ministères
fédéraux, parce qu'à ce moment-là,
évidemment, ça supposerait que l'Office de planification du
Québec planifie en lieu et place des ministères
fédéraux. Normalement, il devrait y avoir ajustement
systématique par rapport aux dépenses d'immobilisation
annoncées annuellement par le gouvernement fédéral qui,
lui, n'a pas comme mécanique de planification, comme le Québec,
de préparer des plans pour
chacune des régions en indiquant sur une prévision de
trois ou quatres ans ces dépenses d'immobilisation.
M. LESSARD: Autrement dit, vous planifiez à peu près sur
50 p.c. du budget, des investissements ou des immobilisations qui sont faits au
Québec.
M. LACHAPELLE: Je ne sais pas s'il existe des chiffres précis sur
les dépenses d'immobilisation par rapport à l'ensemble des
dépenses fédérales, par rapport à l'ensemble des
dépenses d'immobilisation, par rapport au Québec.
M. LESSARD: C'est ça que je vous demande, si vous avez fait des
études dans ce sens-là.
M. LACHAPELLE: Non, non, il n'y a pas eu d'études précises
et particulières sur les dépenses d'immobilisation du fait que
les prévisions d'immobilisation par le gouvernement
fédéral ne sont pas disponibles sur une période de quatre
ou cinq ans, comme au Québec on tente de le faire par rapport aux
schémas régionaux.
M. LESSARD: Donc, si je comprends bien, l'Office de planification et de
développement économique du Québec ne possède aucun
contrôle actuellement sur les immobilisations qui sont faites par les
différents ministères du gouvernement fédéral,
sinon sur les ententes comme telles qui sont signées par le gouvernement
du Québec et le gouvernement fédéral. Et cette
entente-cadre correspond, en fait, selon des chiffres qui ont été
lancés mais non pas concrétisés, à des montants
équivalant à $3 milliards d'ici dix ans, soit environ $300
millions.
M. LACHAPELLE : Je regrette, ces chiffres n'ont pas été
lancés. Ils ont été documentés. Nous avons dit
nettement et clairement qu'il s'agissait de chiffres qui s'appuient sur
l'expérience vécue et qui constituaient une extrapolation de
cette expérience vécue. Donc, il ne s'agit pas de chiffres
farfelus, inventés, fabriqués, mais bien de chiffres qui
s'appuient sur une réalité qui a été vécue
et une réalité qui va être perçue dans les
années à venir.
M. LESSARD: Je ne voudrais pas recommancer la discussion sur ce chiffre
de $3 milliards. Nous avons discuté de l'intégration de ces
montants dans le schéma d'aménagement global du Québec, et
elle a été très bien précisée, je pense, par
le ministre responsable de l'ODEQ. Ces montants étaient, en fait, des
montants qui n'étaient pas intégrés à
l'intérieur de l'entente-cadre qu'on avait signée.
C'étaient des estimations et non pas des montants strictement
prévus par l'entente-cadre, parce que, dans l'entente-cadre qui a
été signée, on ne trouve aucun de ces chiffres.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je ne sais pas s'il y a
intérêt à revenir sur les discussions que nous avons eues
sur cette question. Je pense qu'elle a déjà été
longuement débattue et, s'il y a consentement, je suggérerais
qu'on passe à d'autres articles.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, je retiens que votre base pour
parler d'extrapolation et arriver au chiffre de $3 milliards
après avoir relu, très attentivement, ce que vous nous avez dit
lors des précédentes commissions parlementaires reposait
en grande partie sur les bonnes relations que vous avez eues dans le
passé et que vous continuez d'avoir au niveau des différents
ministres et des différents ministères concernés, soit au
fédéral ou au provincial. Vous nous permettrez de rester sur
notre idée que votre entente-cadre ne spécifie rien. Je comprends
que les relations sont bonnes maintenant, mais si, demain, la situation
changeait, votre entente-cadre, légalement parlant, ne permettrait pas
à un gouvernement vous remplaçant ou à un gouvernement
auquel vous auriez à faire face qui serait autre qu'un gouvernement
libéral et autre que des amis que vous avez jusqu'à maintenant
avec lesquels vous vous entendez bien, votre entente-cadre ne vous permettrait
pas légalement d'exiger quoi que ce soit.
M. LACHAPELLE: M. le Président, vous devez bien savoir que nos
bonnes relations sont au-delà des pures amitiés politiques.
M. BEDARD (Chicoutimi): En réalité, quand le gouvernement
change, les amitiés, même au-delà de la politique, peuvent
changer aussi, au niveau au moins des réseaux d'influence. On ne
reviendra pas sur ce sujet. On reste chacun sur ses positions, c'est ça
qui est le mieux.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quand la loi-cadre sur
l'urbanisme pourra être discutée de nouveau en Chambre?
M. LACHAPELLE: Alors dans cette question comme dans tant d'autres, le
rôle de l'Office en a été un de stimulant, de conseiller.
Il reste, cependant, que cette loi particulière, cette loi
spécifique relève d'une juridiction bien précise au
gouvernement du Québec, à savoir le ministère des Affaires
municipales, et c'est à ce ministère qu'appartient de
décider quand cette loi devra être déposée de
nouveau. D'ailleurs, déjà elle a été l'objet d'un
examen en commission parlementaire.
Quant aux étapes subséquentes, du cheminement que devrait
poursuivre cette loi, il appartient au ministère des Affaires
municipales d'en décider.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais, connaissant l'importance de cette
loi-cadre, également tenant pour acquis la puissance d'intervention que
l'OPDQ peut et doit avoir, à mon sens, au niveau de chacun des
ministères, sa puissance
de persuasion, est-ce qu'il est possible, quand même, de nous
donner non pas une date précise, mais une approximation de la
période au cours de laquelle, du moins dans l'esprit de l'OPDQ, devrait
être déposée cette loi-cadre, étant donné
quand même que c'est un outil assez important?
M. LACHAPELLE: Je pense que, si on indiquait quelque date que ce soit,
ce serait présumer des intentions de ceux qui portent en
définitive la responsabilité de cette loi. Quant à l'OPDQ,
je pense qu'il est exact de dire que cette loi est jugée fort
importante. Dans les conversations nombreuses, pourparlers et autres entre
l'OPDQ et le ministère des Affaires municipales, les occasions sont fort
nombreuses où l'OPDQ a l'occasion d'évoquer son
intérêt quant à la présentation dans les meilleurs
délais de cette loi.
M. LESSARD: Mais dans les objectifs d'aménagement du territoire
qui sont fixés par l'OPDQ, cette loi-cadre de l'urbanisme est
considérée par cet office comme très importante.
M. LACHAPELLE: Bien sûr. Tout comme, d'ailleurs, M. le
Président, toute intervention sectorielle, qu'il s'agisse de
l'agriculteur ou du tourisme, évidemment des affaires municipales en ce
qui regarde la loi-cadre de l'urbanisme, pour l'OPDQ, est extrêmement
importante parce que ça gravite autour de cette préoccupation
globale qui est le zonage du territoire. Quand on dit zonage du territoire,
bien sûr, on touche nettement à l'aménagement du
territoire. Cest pour ça que ces mesures sont de celles qui, à
notre avis, doivent recevoir une priorité. Je pense que je ne trahis pas
la pensée des ministères concernés, eux-mêmes
partagent cette préoccupation. Je crois qu'il est exact de dire qu'ils
sont prêts à manifester le type d'empressement que nous, nous
jugeons opportun dans les circonstances.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous avez proposé une sorte de
calendrier au niveau de cette loi?
M. LACHAPELLE: Non, pas d'une façon catégorique, M. le
Président, pas d'une façon rigoureuse. Cependant,
présentement, nous sommes en train de colliger en quelque sorte les
données qui sont disponibles au niveau de ces différents
ministères et eux-mêmes, par le biais de leur ministre
responsable, par le biais du groupe ministériel des affaires
économiques et du développement régional,
présentement font une synthèse de tout ce qui est disponible
actuellement sous forme de données touchant le zonage du territoire,
sous une forme ou sous l'autre, pour qu'on en arrive, le plus rapidement
possible, à une action qui se veut coordonnée et
intégrée à ce chapitre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que les membres de la commission,
conformément à l'article 148, me permettent de donner la parole
au député d'Abitibi-Ouest? D'accord?
Le député d'Abitibi-Ouest.
M. LESSARD: II appartient au président de donner la parole
à celui qui la demande.
LE PRESIDENT (M. Picard): IL faut que je demande la permission.
M. LESSARD: Etant donné justement que le député
d'Abitibi-Ouest n'est pas membre de la commission. D'accord, M. le
Président. D'ailleurs, je pense qu'on s'est toujours entendu sur
ça,
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Je voudrais savoir, M. le ministre, si, de la
façon dont la loi-cadre de l'urbanisme sera appliquée, on
pourrait dire qu'éventuellement les programmes de secteurs et les
programmes de villes tomberont sous la juridiction des conseils municipaux et
que les plans ou les schémas d'aménagement, soit provinciaux ou
régionaux, dépendront plutôt de l'Office de planification
et de développement du Québec.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense qu'il serait
prématuré d'énoncer quelque indice que ce soit en regard
des questions qui ont été posées. Je répète
qu'il s'agit, quand même, d'une responsabilité du ministère
des Affaires municipales.
La préoccupation de l'OPDQ est nettement au niveau de
l'aménagement du territoire, dans le sens le plus global du terme. Quant
aux modalités, aux modes d'application et à la façon dont
se partageront les responsabilités, je pense qu'on tombe
carrément dans des aspects beaucoup plus techniques et beaucoup plus
sectoriels de cette loi. Je ne crois pas qu'il soit opportun ou encore de notre
ressort, à ce moment-ci pour le moins, de laisser entrevoir quelque
possibilité que ce soit ou encore de formuler quelque opinion que ce
soit.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, est-ce que je
pourrais savoir si actuellement, même avant la présentation de la
loi-cadre sur l'urbanisme, il y a des schémas d'aménagement
régional qui sont exécutés dans la province, selon les
vues normales de l'Office de planification?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense bien que les deux
considérations se marient, en ce sens que, si on parle de schémas
d'aménagement, il me parait de toute évidence qu'il nous faut
certains axes principaux ou certaines données de base quant au zonage
dans son sens le plus large, qu'il s'agisse de l'urbanisme, qu'il s'agisse de
l'agriculture, qu'il s'agisse de terres et forêts ou de tourisme. Il me
parait assez
évident que l'un ne peut pas se faire sans l'autre, que, pour en
arriver en temps opportun avec un schéma d'aménagement qui se
voudra rationnel et assez complet, il nous faudra des données
passablement précises en ce qui regarde les intentions et sectorielles
et gouvernementales de façon plus générale en
matière de zonage.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... avec votre permission, on va essayer d'aller
assez rapidement d'une question à l'autre, d'une région à
l'autre, dans le but de voir jusqu'à quel point, naturellement, l'OPDQ
est présent dans son rôle de planification.
M. LACHAPELLE: Qu'il s'occupe bien du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas seulement le Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est
une partie du développement du Québec. J'ai autant à coeur
le développement des autres régions que celui du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est clair et net.
Concernant une des richesses sur lesquelles sûrement s'est
penché l'Office de planification économique, à savoir
l'exploitation d'une richesse minière telle que l'amiante, le ministre
pourrait-il nous faire connaître quels sont les plans de l'OPDQ en vue de
planifier la transformation sur place de la principale ressource minière
de la région de l'Estrie, soit l'amiante? Quelle est la politique
qu'entend soumettre l'OPDQ au gouvernement, concernant cette exploitation de
l'amiante?
M. LESSARD: Est-ce que l'OPDQ a été consulté par le
ministère des Richesses naturelles?
M. LACHAPELLE: M. le Président, en ce qui regarde ce cas
précis de l'amiante, l'OPDQ a entrepris des discussions avec les
Richesses naturelles. Encore là, conformément au rôle qui
est celui de l'OPDQ et conformément à la responsabilité
sectorielle qui est celle du ministère des Richesses naturelles, c'est
à ce ministère qu'il revient d'examiner d'une façon
exhaustive la question de l'amiante, dans son sens le plus large. Le ministre
des Richesses naturelles a eu l'occasion, d'ailleurs, de se prononcer et
d'indiquer quel était le sens des préoccupations de son
ministère à cet effet. L'office, encore là,
conformément à son rôle, a refilé, ni plus ni moins,
ce qui lui paraissait des préoccupations intéressantes du milieu
et, partant de là, il appartient au ministère des Richesses
naturelles de formuler une politique à cet égard.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quelles sont les recommandations de l'Office de
planification qui ont été faites au ministère des
Richesses naturelles, à partir de ce que vous appelez la connaissance du
milieu?
M. LACHAPELLE: Les vues de l'OPDQ, en regard de la question qui est
soulevée, sont contenues dans un document public qui s'intitule projet
ESTRAE.
M. LESSARD: Cela a été modifié.
M. LACHAPELLE: Ce livre blanc découle d'un travail
effectué dans ce secteur de la province, en collaboration avec un
certain nombre de ministères, le Centre de recherche en
aménagement régional de l'Université de Sherbrooke et le
CRD des Cantons de l'Est, tout cela pour le compte de l'OPDQ.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut au moins savoir si la ligne de
force de la planification de l'OPDQ concernant la richesse minière que
constitue l'amiante est une politique de transformation sur place de ce
minerai?
LE PRESIDENT (M. Heard): Je voudrais faire remarquer au
député de Chicoutimi qu'il s'approche dangeureusement du contenu
du budget d'un autre ministère. Lorsqu'il parle du programme que l'on
préconise pour l'utilisation de l'amiante, il s'en va dans les Richesses
naturelles.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne parle pas de cela, j'ai parlé de la
politique de transformation. L'OPDQ a-t-il proposé quitte au
ministère des Richesses naturelles de suivre ou non cette politique
au ministère des Richesses naturelles une politique de
transformation sur place du minerai d'amiante?
LE PRESIDENT (M. Picard): La question que vous avez posée est:
Est-ce que l'OPDQ a une proposition à faire au ministère?
M. LESSARD: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas une proposition à faire, on
nous a dit tout à l'heure que des représentations ont
été faites au niveau du ministère des Richesses
naturelles. Ce que nous voulons savoir, c'est quelle est cette proposition qui
a été faite au ministère des Richesses naturelles.
LE PRESIDENT (M. Heard): Pas la politique à suivre parce que la
politique à suivre, ce sont les Richesses naturelles.
M. BEDARD (Chicoutimi): La politique de l'OPDQ. On sait très bien
que la politique ministérielle, au niveau du ministère des
Richesses naturelles, ce sera à lui de la faire connaître.
Suivront-ils les recommandations de l'OPDQ? Cela c'est une autre affaire, on y
verra en temps et lieu.
M. LESSARD: D'ailleurs, M. le Président, la question est
tellement à l'intérieur des cadres de l'Office de planification
et de développement économique du Québec qu'il y a eu un
document, une mission dans l'Estrie, qui s'appelle ESTRAE et qui a fait un
certain nombre de recommandations concernant la politique de l'amiante. On sait
qu'une partie de ces. recommandations a été retenue ou
étudiée par le ministère des Richesses naturelles, une
autre partie a été rejetée par le ministère et un
chapitre a été enlevé par le ministre des Richesses
naturelles.
Ce document a été repris par le CRD de la région et
il y a eu des propositions telles que l'office de mise en marché. Dans
ce document, fait-on des recommandations précises au ministère
des Richesses naturelles concernant la transformation de l'amiante au
Québec et quelles sont-elles?
M. LACHAPELLE: M. le Président, il est bien évident, et je
pense que c'est connu de tous, que quelque politique que ce soit en
matière sectorielle, elle appartient au ministère
concerné. D'autre part, l'OPDQ, je le répète, son
rôle est de conseiller, de stimuler et même quelquefois d'agir
comme agent provocateur. C'est dans ce cadre et dans ce schème de
pensée que les différentes missions se déroulent et en
particulier la mission qui a eu lieu dans l'Estrie. A ce sujet, en ce qui
regarde la question de l'amiante, je lis textuellement une partie du document
auquel je faisais allusion tout à l'heure. Après avoir
cité différentes hypothèses de travail, on dit: "En tenant
compte de ces hypothèses, nous recommandons que le ministère des
Richesses naturelles étudie les mesures à prendre afin
d'augmenter les effets économiques de l'industrie de l'amiante au
Québec". C'est la recommandation qu'a formulée la mission qui
s'est penchée de façon toute particulière sur la question
de l'amiante au Québec et...
M. LESSARD: On vient de régler le problème de l'amiante au
Québec.
M. LACHAPELLE: ... de là, il appartient au ministère des
Richesses naturelles, comme d'ailleurs le ministre lui-même en a fait
mention, de s'intéresser à ce problème. Encore là,
je pense...
M. LESSARD: Combien ce document a-t-il coûté au
ministère, à l'OPDQ, et combien contient-il de pages?
M. LACHAPELLE: ... M. le Président, si on veut me permettre de
compléter ma pensée, qu'il a été dit par le
ministre des Richesses naturelles je ne crois pas trahir sa
pensée en évoquant les paroles qui, je crois, ont
été citées en Chambre que les intentions de son
ministère sont nettement d'accélérer les mesu- res qui
feront que la transformation des minéraux québécois
s'effectue de plus en plus sur notre sol. C'est la politique que lui-même
a énoncée. Maintenant, dans quelle mesure cela s'applique-t-il
dans chacun des secteurs miniers? Il appartient à ce ministère de
se prononcer là-dessus.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'imagine qu'il n'est pas nécessaire, au
niveau de la transformation minière sur place à partir de
cette étude, vous êtes arrivés à une conclusion
très précise, que vous avez énoncée tout à
l'heure de faire d'autres études, de dépenser d'autres
sommes d'argent dans d'autres régions quand il sera question
d'exploitation minière et de nécessité de transformation
sur place, parce que j'imagine que vous arriverez à cette conclusion qui
est contenue dans le rapport dont vous faites état
présentement.
M. LACHAPELLE: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous n'avez pas d'autres mesures
concrètes...
M. LACHAPELLE: Pas nécessairement, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...c'est bien beau de dire: II faudrait que la
politique du Québec soit de transformer sur place le minerai, les
richesses minières. Maintenant, n'est-ce pas le rôle de l'OPDQ
d'apporter des suggestions très concrètes pour en montrer la
rentabilité ou encore les moyens de le faire?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. LESSARD: Non, M. le Président.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, est-ce que je
pourrais savoir là-dessus...
M. BEDARD (Chicoutimi): Point d'ordre, M. le Président.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Cest dans la même veine que
l'idée du député...
LE PRESIDENT (M. Picard): ... questions, le ministre va donner une
réponse pour les deux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comment pou-vez-vous présumer que le
ministre va donner une réponse pour les deux?
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Le ministre de l'Industrie et du Commerce n'a
pas, à ce jour, par son centre de recherche, trouvé de nouvelles
possibilités de transformation de l'amiante. Je me demande si la chose
n'est pas à l'étude actuellement?
M. LESSARD: M. le Président, le député de
Chicoutimi a soulevé une question de règlement. Je vous invite
à appliquer les articles 39 et suivants qui s'appliquent aux commissions
parlementaires. Il y a des questions de règlement, comme maintenant il y
a des questions de privilège dans les commissions parlementaires, parce
qu'il n'est pas précisé explicitement qu'il n'y a plus de
question de privilège, contrairement à l'ancien
règlement.
C'est pour cela que le député de Chicoutimi discute, je
pense. Quand on lit la recommandation qui est faite par la mission ESTRAE
concernant la transformation de l'amiante, on constate simplement et
c'est la constatation qu'on doit faire que c'est un joli voeu pieux et
cela ne nous mène à absolument rien d'autre que d'essayer ou de
recommander au ministère des Richesses naturelles d'étudier
toutes les mesures nécessaires pour la transformation de l'amiante ou
des richesses naturelles au Québec.
Nous disons, en ce qui nous concerne, que les objectifs de l'Office de
planification et de développement du Québec doivent être un
peu plus concrets. D'ailleurs, je connaissais, M. le Président, cette
recommandation par coeur et je voulais la faire préciser. Le document de
l'OPDQ concernant l'ESTRAE et le document du Conseil régional de
développement qui est beaucoup plus explicite et qui recommande un
office de mise en marché, me sont tous deux bien connus parce que j'ai
beaucoup travaillé sur chacun de ces documents. Mais le CRD a repris le
document de l'ESTRAE parce que dans ce document il n'y avait absolument rien de
concret, d'explicite. Je demande maintenant précisément: Est-ce
que l'Office de planification et de développement du Québec irait
jusqu'à recommander la mise en place d'un office de mise en
marché des produits de l'amiante, tel que recommandé par le
Conseil régional de développement de l'Estrie? ...
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense que la question qui a
été posée avant que soient soulevées les
différentes interventions de procédure était
peut-être d'un autre type que celle qui vient d'être posée
maintenant. Je tenterai de répondre aux deux, si vous me le
permettez.
La première, si je ne m'abuse, disait: Si nous avons tiré
une conclusion dans un cas, est-ce qu'il est opportun, dans d'autres cas
semblables, de se livrer à des études pour voir...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était dit d'une façon
humoristique.
M. LACHAPELLE: Je répète, tout simplement pour essayer de
respecter fidèlement la pensée du député de
Chicoutimi, les propos qu'il a tenus. Chaque cas, à mon sens, M. le
Président, doit être examiné d'une façon ad hoc: ce
sont des cas d'espèce. Le cas de l'amiante, il est bien sûr que
c'est un cas particulier. Si on examine les aspects économiques de ce
que représente l'amiante ici, au Québec, sur le plan
international, et sans doute les aspects technologiques au niveau de la
transformation et aussi la rentabilité de toutes ces opérations,
c'est un cas par lui-même, qui ne sera pas nécessairement le
même pour le cuivre, le columbium ou pour d'autres minéraux.
Chaque cas doit être considéré comme un cas d'espèce
et être traité de façon distincte, à mon sens.
Encore là, je ne vous offre pas une expertise particulière
en minéralogie ou en rentabilité d'exploitation minière,
mais il me paraît que c'est assez rationnel comme approche. Il ne serait
donc pas surprenant qu'une ou des études faites pour un type
donné d'exploitation minière soit une étude propre
à ce type-là et ne soit pas nécessairement
transférable à d'autres genres de minéraux.
Quant à la suggestion qui a été mise de l'avant par
certaines personnes, à savoir l'opportunité d'un office de mise
en marché de l'amiante ou d'un mécanisme qui s'en approche, c'est
autant de formules qui, à notre connaissance, sont présentement
étudiées par le ministère des Richesses naturelles. Elles
ne sont pas écartées pour autant, mais il appartient quand
même au ministère des Richesses naturelles de se prononcer
là-dessus. C'est sur quoi porte l'examen auquel se livre
présentement le ministère en question.
M. LESSARD: Pourriez-vous répéter la recommandation de
l'Office de planification et de développement du Québec
concernant l'amiante? Pourriez-vous la répéter,
sérieusement?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je ne pense pas que j'aie
à la répéter, elle est déjà consignée
au journal des Débats. Il s'agit de s'y référer.
M. LESSARD: Elle est consignée mais pourriez-vous nous la donner
pour savoir comme c'est bien clair, votre recommandation?
M. LACHAPELLE: M. le Président, je répète qu'elle a
été très bien comprise; d'ailleurs le député
de Saguenay lui-même a dit qu'il la connaissait par coeur. Je ne vois pas
du tout pourquoi j'aurais à la reprendre. Elle est consignée au
journal des Débats, d'ailleurs.
M. LESSARD: Ce que je consigne au journal des Débats, comme
conclusion de ce débat, c'est que l'Office de planification et de
développement du Québec, par la mission ESTRAE, n'a rien
recommandé au ministère des Richesses naturelles sinon un bon
voeu pieux, c'est-à-dire d'entreprendre les études
nécessaires afin de transformer l'amiante le plus possible au
Québec.
M. LACHAPELLE: M. le Président, je pense
que cette déclaration est une simplification à
outrance...
M. LESSARD: Relisez.
M. LACHAPELLE: ... des faits.
M. LESSARD: Relisez.
M. LACHAPELLE: Je n'ai pas à la relire, M. le
Président.
M. LESSARD: Relisez. Avant de...
M. LACHAPELLE: Le député de Saguenay la connaît par
coeur.
M. LESSARD: Relisez-la, M. le Président.
M. LACHAPELLE: Et la recommandation est consignée au journal des
Débats. J'inviterai demain le député de Saguenay à
consulter le journal des Débats, s'il ne se rappelle pas...
M. LESSARD: Je me rappelle, M. le Président.
M. LACHAPELLE: ... l'exercice qui lui a fait apprendre cela par coeur.
Tout cela pour dire que dans le document en question les hypothèses
avancées sont clairement explicitées. La recommandation globale
veut être succincte, veut être une synthèse des
différentes hypothèses avancées. Encore là
faudrait-il, pour le bon entendement de toutes les parties en cause, s'il le
faut, se référer aux hypothèses qui ont été
mises de l'avant. Une première hypothèse, pour la citer
textuellement, dit: "La première, formulée par le CRD, vise
à obliger les compagnies minières à transformer au
Québec une partie plus considérable de leur production et/ou
réinvestir ici une partie de leurs profits dans un autre type
d'industrie secondaire." La citation se continue. On pourra se
référer au livre en question pour l'avoir au complet.
Une deuxième hypothèse dit: "La deuxième
hypothèse élaborée par quelques chercheurs de
l'université et je pense qu'on fait allusion ici à
l'Université de Sherbrooke vise à augmenter les effets
économiques par un contrôle accru de l'Etat sur l'industrie de
l'amiante.
Ce contrôle pourrait prendre diverses formes allant d'une
politique fiscale jusqu'à la participation effective de l'Etat à
la gestion des entreprises. La recommandation qui découle de cela est
une synthèse, qui veut être, bien sûr, succincte, du genre
d'orientation que l'une ou l'autre des deux hypothèses suggère.
D'ailleurs, je vous répète que le document en question est un
document public auquel toute personne peut se référer et voir,
dans les menus détails, de quoi il s'agit et sur quoi s'apppuient les
hypothèses en question.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, sur un autre sujet.
L'Office de planification et de développement du Québec a
étudié le développement du mont Sainte-Anne et de la
Petite-Rivière-Saint-François. En tout cas, dans le dernier
rapport annuel, est-ce que le rapport d'aménagement du mont Sainte-Anne
et le rapport d'aménagement de la
Petite-Rivière-Saint-François, en particulier, concernant le ski,
sont complétés? Ont-ils été
déposés?
M. LACHAPELLE: En premier lieu, M. le Président, faudrait-il
faire une distinction; dans le cas du mont Sainte-Anne, il ne s'agit pas d'une
étude, c'est un projet qui est en voie d'exécution.
M. LESSARD: D'accord.
M. LACHAPELLE: D'ailleurs, je n'ai pas le calendrier sous les yeux, mais
le tout s'achemine vers un résultat qui sera définitif assez
rapidement. Quant à la Petite-Rivière-Saint-François, ce
projet, lui, est à l'état d'étude; une étude a
été commandée et qui n'est pas disponible encore pour la
simple et bonne raison qu'elle n'est pas terminée.
M. LESSARD: D'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): II est mentionné, dans le dernier rapport
annuel de l'office, à la page 25, que l'office participera à la
préparation de certains dossiers dont un, premièrement, sur les
investissements étrangers. Est-ce qu'on peut savoir qui fait
l'étude, et si une échéance est fixée concernant
l'étude de ce dossier en particulier?
M. LACHAPELLE: M. le Président, dans cette question comme dans
tant d'autres, pour assurer une liaison constante entre l'office et les divers
ministères du Québec, il y a eu, au comité des
investissements étrangers, pour le nommer par son nom, une
présence active et constante de personnes de l'OPDQ, de cadres de
l'OPDQ, et moi-même, j'y ai participé personnellement. Ce
comité a, sauf erreur, siégé â 45 reprises et,
encore là sans vouloir me faire l'interprète du premier
responsable de ce comité, qui est le ministre des Institutions
financières, ce comité est à la veille de terminer son
travail.
M. BEDARD (Chicoutimi): Et de faire connaître ses conclusions.
M. LACHAPELLE: Exactement.
M. BEDARD (Chicoutimi): L'autre dossier, auquel vous avez
participé à la préparation, c'est celui concernant
l'habitation. Est-ce que vous pouvez nous dire également qui fait
l'étude, et ensuite si un calendrier a été suivi
concernant l'étude de ce dossier?
M. LACHAPELLE: Ce travail, je le répète, qui est un des
nombreux, des multiples cas où
l'OPDQ est présent et où sa participation est active et
soutenue, a pris une forme différente dans les derniers mois puisque les
questions touchant l'habitation ont été confiées par le
gouvernement à un groupe de travail tout à fait distinct,
dirigé par l'ancien ministre Caston-guay, et ce groupe de travail est
à l'oeuvre présentement. L'OPDQ maintient une liaison constante
avec le travail qu'effectue ce groupe.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que c'est un groupe privé
sous la direction de M. Castonguay?
M. LACHAPELLE: Ce n'est pas un groupe privé, c'est-à-dire
que c'est un groupe distinct dans le sens...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, mais est-ce des intérêts
privés?
M. LACHAPELLE: ... américain ou anglais de "task force" qui
relève, si je ne m'abuse, du ministre des Affaires municipales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le dossier a été confié
à M. Castonguay?
M. LACHAPELLE: C'est exact, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant le troisième dossier auquel
vous avez participé à la préparation, à savoir
celui du développement industriel, est-ce que vous pourriez nous dire ce
qu'il en est, à l'heure actuelle, concernant cette étude?
M. LACHAPELLE: Encore là, M. le Président, il s'agit d'un
travail qui se poursuit. Je ne peux vraiment pas vous donner plus d'indices sur
l'état où en sont les travaux, tout simplement parce qu'il s'agit
d'un travail qui se poursuit. Je ne peux pas vous dire qu'il va se terminer
dans quinze jours, dans un mois ou plus tard, mais c'est un travail ou un
exercice où l'OPDQ participe activement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sans nous dire quand il va finir, puisque vous
dites que l'OPDQ participe à la préparation de ce dossier d'une
façon toute spéciale, ce que je voudrais savoir c'est où
en est rendue l'étude de ce dossier?
M. LACHAPELLE: Ce projet est de l'initiative et de la
responsabilité du ministère de l'Industrie et du Commerce. Quant
à nous, il nous paraît que les travaux vont bon train et qu'on
devrait s'acheminer, dans les mois qui viennent, vers un travail qui sera assez
valable pour qu'on puisse commencer à en discuter d'une façon
concrète.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais sur quoi vous basez-vous pour dire
qu'il vous paraît que ce dossier évolue bien? C'est ce que je
demande. Dans les autres dossiers, vous m'avez dit qu'il y a eu tant de
réunions, tant de rencontres avec telle et telle personne. Dans certains
cas, comme dans celui de l'habitation, le dossier a été remis
à un individu en particulier, à savoir M. Castonguay avec qui
nous sommes en relations constantes. Mais celui-là, le dossier du
développement industriel? C'est ce que je veux savoir. Remarquez que ce
n'est pas pour vous faire des reproches et dire, est-ce qu'il est rendu assez
loin ou pas assez loin; c'est simplement pour savoir ce qu'il y a de fait
à l'heure actuelle. Si ce n'est pas commencé, ce n'est pas plus
compliqué que ça.
M. LACHAPELLE: En fait, c'est un document qui est en préparation
au ministère de l'Industrie et du Commerce, il y a déjà
des versions préliminaires qui portent surtout sur la structure
industrielle du Québec: quels sont les secteurs à
caractère traditionnel, et quelles sont les politiques qu'on devrait
prendre à l'égard de certains secteurs traditionnels? A titre
d'exemple, prenons la chaussure, le textile, etc., quels sont les secteurs
dynamiques ou modernes des industries de pointe, et quels seraient les secteurs
dans lesquels le Québec devrait peut-être investir davantage?
Cela va servir, d'une part, à préciser les programmes
nouveaux et à améliorer certains programmes qui existent au
ministère de l'Industrie et du Commerce, dans le cadre de l'allocation
interprogrammes, dans le cadre de la préparation du budget pour
l'année 1975/76. Mais, d'autre part, le ministère de l'Expansion
économique régionale envisage dans son programme des subventions
aux entreprises. Comme hypothèse, ce n'est pas encore
négocié, on est en train d'en discuter, de signer des ententes de
caractère sectoriel sur certains types d'entreprises. Récemment,
M. Jamieson a annoncé que le programme de subventions aux entreprises
excluait pour le moment la région de Montréal, que toute la
province de Québec était retenue comme territoire pour les
subventions aux entreprises, dans le nouveau programme fédéral,
mais que la région de Montréal était exclue.
Cependant, et c'est ça qu'on est en train de discuter
progressivement avec le ministère de l'Expansion économique
régionale, dans certains secteurs qui seraient importants pour le
Québec, il serait possible de faire des ententes dans le cadre de
l'entente-cadre qui permettrait, même à Montréal,
d'intervenir dans certains secteurs de pointe.
Ce sont des travaux pour éclairer des discussions internes au
Québec pour le ministère de l'Industrie et du Commerce mais aussi
pour fins de négociations avec le ministère de l'Expansion
économique régionale.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce travail est fait par des officiers du
ministère même?
M. LACHAPELLE: Oui.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, comme l'OPDQ est
l'office de planification économique du Québec... Il y a
tellement de dossiers, alors on peut se promener de région en
région.
M. LACHAPELLE: Bien sûr, l'action est vaste.
M. LESSARD: L'Office de planification et du développement, c'est
tellement vaste! Nous autres, on lui donnerait tellement d'importance à
cet office de planification et de développement.
M. LACHAPELLE: ... de pouvoirs. Quitte à enlever des pouvoirs aux
ministères?
M. LESSARD: C'est-à-dire pouvoirs qu'il ne peut posséder
étant donné cette démarcation des pouvoirs entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec.
Où en est rendu le projet d'aménagement du canal
Lachine?
C'est l'un des dossiers de l'OPDQ dans la région de
Montréal, et je dois indiquer aussi que le 4 juin dernier, si ma
mémoire est bonne, le gouvernement fédéral
annonçait la création d'un groupe d'étude sur
l'affectation du canal. Comme l'OPDQ, l'Office de planification et de
développement du Québec, a eu l'occasion de travailler à
la planification de l'aménagement du canal, qu'en est-il de la
création d'un comité d'étude du gouvernement
fédéral par rapport à l'Office de planification et de
développement du Québec?
M. LACHAPELLE: II y a déjà eu un comité en 1972,
concernant l'utilisation du canal Lachine. Le problème fondamental
était de savoir s'il demeurait fermé ou si on devait l'ouvrir
à quelque type de navigation, plus particulièrement de plaisance.
Le dossier a été repris, il y a à peu près trois
mois. Nous avons créé du côté
québécois un comité interministériel qui est
présidé par l'OPDQ et qui comprend l'Industrie et le Commerce, le
Tourisme, les Transports, les Affaires municipales et, en plus, la
Communauté urbaine de Montréal donc, c'est du
côté québécois de façon à
définir une position et ensuite rencontrer les autorités
fédérales, parce que le canal Lachine, pour le moment, est
propriété du ministère des Travaux publics
fédéral. Au ministère des Travaux publics
fédéral, ils envisagent une nouvelle politique à
l'égard des territoires et des propriétés
fédérales, et ils vont nommer ce qu'ils appellent dans leur
jargon un gérant-projet. Ainsi du côté du Québec,
lorsqu'on aura déterminé les utilisations possibles pour le canal
Lachine, il y aura ensuite ce qu'on pourrait appeler une phase de
négociations avec le ministère des Travaux publics
fédéral pour voir, en fonction des schémas de
développement retenus pour le canal, quelles seront les utilisations du
canal. Mais c'est un problème assez complexe, parce que ça met en
cause beaucoup d'entreprises qui sont à l'intérieur du canal, sur
le territoire du canal. Il y a aussi quatre municipalités qui ont une
certaine autorité sur le territoire municipal qui affecte le canal, de
même que la Communauté urbaine de Montréal, qui est
chargée de préparer le plan d'aménagement. Pour respecter
l'autorité de la Communauté urbaine de Montréal, le
comité interministériel en question regroupe le service de
planification de la Communauté urbaine de Montréal.
M. LESSARD: Alors l'Office de planification et de développement
du Québec est responsable de l'étude d'un schéma
d'aménagement du canal Lachine. D'un autre côté, le
gouvernement fédéral fait ces mêmes études et a
créé un genre de comité interministériel. Par la
suite, il y aura rencontre entre l'OPDQ et le comité
fédéral et là on verra les recommandations de l'Office de
planification et de développement du Québec. On verra s'il y a
intégration entre les recommandations, d'une part, de l'OPDQ et, d'autre
part, du comité interministériel.
M. LACHAPELLE: Je pense que c'est très important de signaler
qu'au départ le fédéral proposait un comité
tripartite, avec la Communauté urbaine de Montréal comme membre
égal au gouvernement du Québec. Celui-ci a pris comme position le
schéma des relations fédérales-provinciales selon lequel
il aurait une position québécoise définie avec la
Communauté urbaine de Montréal et qu'ensuite il y aurait une
phase de négociations avec le comité interministériel du
côté fédéral.
M. BEDARD (Chicoutimi): Face au projet du siècle dit-on, à
savoir le développement de la baie James, j'imagine que l'OPDQ a
établi une sorte de cadre de collaboration avec la Société
de développement de la baie James.
M. LACHAPELLE: II y a un comité conjoint qui existe avec la
Société de développement de la baie James; il y a eu une
séance de travail, il y a à peu près un mois, qui a
duré six heures et nous avons pris connaissance de deux types de
dossiers. D'abord les projets ou les études qui peuvent conduire
à des projets de développement; entre autres le dossier
Ferchibald, des dossiers qui portent sur le secteur de la forêt et des
dossiers qui portent sur les richesses naturelles, l'uranium, par exemple. On
suit de près l'évolution des dossiers de la société
sur des projets de développement qui pourraient déboucher assez
rapidement, mais qui sont extrêmement complexes comme projets. Si on
pense au projet Ferchibald, c'est un projet assez complexe en termes
d'études de "faisabilité", études de rentabilité,
études techniques aussi.
Mais en même temps, à cause de l'incidence du
développement du projet de la baie James sur les deux régions que
constituent le Nord-Ouest québécois et le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, on a formé un sous-comité qui va
étudier les répercussions du développement sur les deux
régions, Saguenay-Lac-St-Jean et Abitibi-Témiscamingue.
Du côté de l'OPDQ, nous avons donc les deux
délégués, celui du Nord-Ouest qui préside la
conférence des délégués de l'office dans le
Nord-Ouest québécois, M. Claude Côté et du
côté de Saguenay Lac-Saint-Jean, nous avons le
délégué de Saguenay Lac-Saint-Jean, M. Yves Gagnon,
qui siège sur le comité conjoint avec la Société de
développement de la baie James.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant le projet Ferchibald, entre autres,
je crois qu'il y a eu déjà pas mal de rencontres entre les
parties intéressées ou qui doivent être
intéressées dans ce développement, à savoir des
propriétaires de concessions minières, d'une part, certaines
compagnies étrangères, japonaises qui peuvent être
intéressées à investir dans le développement de ce
projet. Est-ce que toutes ces négociations ne sont pas rendues à
terme et la rentabilité n'en est-elle pas clairement établie de
telle sorte qu'il ne reste qu'un détail à régler à
savoir la nécessité ou l'exigence de ces compagnies pour la
rentabilité de l'exploitation de richesses minières, l'exigence
de ces compagnies que le gouvernement, soit du Québec ou le gouvernement
fédéral s'occupe du financement d'un chemin de fer ou du
réaménagement d'un chemin de fer de Chibougamau au port de
Port-Alfred? C'est l'élément clé qu'il reste à
régler, concernant ce projet, j'imagine?
D'ailleurs, sur ce projet Ferchibald, déjà le ministre
Massé, au niveau de la commission parlementaire, a parlé d'une
possibilité d'un développement qui représenterait $700
millions à $800 millions et il a également été
question qu'il y ait certaines ententes qui seraient sur la veille, si ce n'est
pas déjà fait, d'être proposées au niveau du Conseil
du trésor.
M. LACHAPELLE: Comme cela vient d'être souligné, le dossier
est très complexe, il est très important, donc il y a des
problèmes de transport, des problèmes de mise en marché et
des problèmes de rentabilité. Pour le démarrage de
l'opération, il y a un problème d'insertion de différentes
sociétés ensemble de façon à créer un
"holding" pour administrer cette société. L'ensemble du dossier
est en train d'être ajusté avec toutes ses pièces, de
façon à être présenté aux groupes de
développement économique et du développement
régional, d'ici quelques semaines, de sorte qu'au niveau de
l'ensemble...
M. BEDARD (Chicoutimi): Excusez-moi, qu'est-ce que vous entendez par
"groupe de développement régional"?
M. LACHAPELLE: IL s'agit, M. le Président, du nouveau groupe
ministériel des affaires économiques et du développement
régional. Je pense que l'on a eu l'occasion d'en parler.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord, on en a fait mention
déjà.
Je m'excuse de vous avoir interrompu.
M. LACHAPELLE: Cela regroupe tous les ministres responsables des
différents secteurs, comme le ministre des Terres et Forêts, celui
des Richesses naturelles, celui de l'Industrie et du Commerce, etc., afin que
l'on puisse intégrer toutes les dimensions dans un dossier
économique en même temps que toutes les dimensions du
côté régional.
Ce dossier sera donc soumis au Comité des affaires
économiques et du développement régional d'ici quelques
semaines, pour qu'au niveau de l'ensemble de l'appareil gouvernemental, il
puisse y avoir un jugement qui soit porté par rapport aux besoins de
ressources pour compléter le dossier, s'il y a lieu de le
compléter.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il est possible pour vous, de nous
dire, à l'heure actuelle, quelles sont les compagnies privées
intéressées au niveau du projet? Ou, est-ce que cela demeure dans
le domaine de la confidentialité?
M. LACHAPELLE: M. le Président, ce n'est pas la bonne
volonté qu'il manque pour les citer, mais je pense qu'il serait un peu
hasardeux de citer de façon spécifique les compagnies en cause.
Lorsque l'on est dans une période de négociations, c'est toujours
préférable, je pense, de chercher à entourer de telles
négociations avec le maximum de discrétion.
On sait ce que sont des négociations et on sait également
ce qui peut subvenir lorsque certains de ces éléments sont
étalés trop rapidement et trop librement sur la place publique.
Je le répète, ce n'est pas par mauvaise volonté, mais bien
dans l'intérêt de la réalisation ou du moins de la
réalisation éventuelle de ce projet en supposant que tous les
éléments concordent et nous prouvent qu'effectivement il s'agit
d'un projet viable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Qui peut être à la veille
d'aboutir.
Je veux bien prendre la parole du ministre qui dit que cela peut
être d'intérêt public, pour le moment, étant
donné les négociations qui sont en cours de garder secrets ces
renseignements.
M. LACHAPELLE: Je l'apprécie beaucoup, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon?
M. LACHAPELLE: J'apprécie beaucoup votre
compréhension.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je voudrais savoir, d'une façon bien
générale, si l'on peut s'attendre, au niveau de la région
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à plus de retombées économiques
que l'on en a eues concernant celles promises avec le développement de
la baie James? Parce que, lorsque le projet de la baie James a
été annoncé, cela a été presqu'une euphorie
au niveau de la région Saguenay-Lac-Saint-Jean, les retombées
devaient être formidables.
M. LACHAPELLE: Je pense que le Dr Quenneville, à l'occasion d'une
allocution au conseil régional, lors du récent congrès au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, a bien mentionné que par rapport aux
possibilités de développement du dossier de la baie James, en
termes de développement, un certain nombre de retombées semblent
glisser plus vers l'Est que cela semblait l'indiquer au début.
M. BEDARD (Chicoutimi): Entre autres, une usine de...
M. LACHAPELLE: Je pense que M. Quenneville pourrait peut-être
ajouter quelques commentaires là-dessus.
M. QUENNEVILLE: Je n'ai pas entendu la question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant le développement, la mise
à terme du projet Ferchibald, ma question est celle-ci. Est-ce que la
région Saguenay-Lac-Saint-Jean peut s'attendre à plus de
retombées économiques qu'elle n'en a eues à la suite du
projet de la baie James?
M. QUENNEVILLE: Oui, certainement, je pense bien que lors d'une
assemblée annuelle du CRD, j'avais souligné justement, à
ce moment-là, un déplacement de l'impact vers l'Est. A ce moment,
cela favorise davantage la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que c'est sérieux, une usine de
bouletage qui doit être la résultante, non la seule, mais une des
résultantes de la réalisation de ce projet?
M. QUENNEVILLE: C'est une des résultantes, M. le
Président, qui est sûrement très sérieuse et,
à mon avis, qui devrait se concrétiser à brève
échéance.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. Vous nous avez dit que vous avez
établi un cadre de collaboration avec la Société de
développement de la baie James. Ce que je voudrais vous demander, c'est
ce que cela voudrait dire concrètement, dans votre esprit, concernant,
par exemple, le domaine minier, d'une part, le domaine forestier, d'autre part,
le domaine routier également, jusqu'à maintenant?
M. QUENNEVILLE: Je m'excuse, M. le Président, est-ce que la
question pourrait être formulée différemment? Je n'en vois
pas tout à fait le sens et j'aimerais que l'on puisse y
répondre.
M. BEDARD: Vous nous dites que vous avez établi un cadre de
collaboration entre l'OPDQ, d'une part, l'Office de planification, et la
Société de développement de la baie James. Ce que je vous
demande est ce qui suit: Ce cadre de collaboration, qu'est-ce que cela veut
dire concrètement, en termes de collaboration dans l'élaboration
de projets, qu'ils soient au niveau minier, au niveau forestier, au niveau de
l'exploitation forestière ou encore des réseaux routiers?
M. LACHAPELLE: Cela signifie qu'avec la Société de
développement nous avons regardé chacun de ses dossiers et pour
1975-76, nous avons regardé son budget. Elle a une dotation de capital
d'environ $10 millions par année. Dans l'avis budgétaire, pour
1975-76 que l'office doit préparer pour le groupe des affaires
économiques et du développement régional, nous allons
faire des recommandations, par rapport aux dossiers en question de la
Société de développement, que ce soit du côté
forestier, du côté minier, comme du côté touristique
et aussi du côté routier.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. LACHAPELLE: Nous examinons donc leurs demandes et nous allons faire
des recommandations au groupe ministériel qui, ensuite, seront
acheminées au conseil des ministre pour le prochain budget 1975/76.
C'est donc dans ce sens que l'on a une implication précise et
concrète sur les dossiers de la Société de
développement.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est exactement ce que je voulais savoir.
M. LESSARD: M. le Président, de la baie James passons à la
région du Nord-Ouest.
L'OPDQ a été chargé de faire une étude en
association avec le CRD, le Conseil régional de développement du
Nord-Ouest sur le sort et les perspectives économiques de Cadillac,
suite à la fermeture justement des mines dans cette région. Cette
étude devait être terminée à la fin de mai. Est-ce
que l'on pourrait savoir si cette étude est bien terminée et
quelles sont les recommandations qui sont faites par l'Office de planification
et de développement du Québec, si recommandations il y a?
M. LACHAPELLE: Nous avons effectivement reçu, cette semaine, le
rapport du comité d'étude spécial sur Cadillac et le
rapport sera acheminé, comme tous les rapports que nous recevons sur le
plan technique, au groupe ministériel des affaires économiques et
du développement régional qui ensuite prendra des
décisions concernant les recommandations du rapport. Essentiellement, le
mandat, je vous le rappelle, était le suivant: II s'agissait de savoir
quelles étaient les chances d'avenir de Cadillac à partir du
potentiel de développement des environs de Cadillac. Est-ce qu'il y
avait lieu de fermer Cadillac? Ou, y avait-il lieu vraiment de programmer des
équipements, pour faire en sorte que la municipalité de Cadillac
soit assurée d'une vie permanente avec sa population de 900 et quelques
habitants. Nous avons donc reçu le rapport qui est assez volumineux,
presque 300 pages, qui a été fait avec le CRD à l'aide
d'un questionnaire qui a été distribué, je pense, dans 186
familles sur un peu plus de 200. Il a donc été fait avec la
population et il y a eu beaucoup de discussions au niveau des
hypothèques mêmes concernant l'avenir de Cadillac.
M. LESSARD: Concernant la région du Nord-Ouest... Je pense que la
réponse va donner suite je l'espère, en fait
à certaines décisions dans le plus bref délai possible,
d'autant plus que l'on insiste sur le développement forestier qui serait
le seul avenir de la région de Cadillac. En tout cas.
L'Office de planification et de développement du Québec a
sans doute reçu des demandes de la part du ministère des Terres
et Forêts ou de la part du ministère du Tourisme mais
particulièrement de la part du ministère des Terres et
Forêts, concernant certaines recommandations de l'île d'Anticosti.
Est-ce bien le cas?
M. LACHAPELLE: Concernant l'île d'Anticosti, il y a un
comité interministériel composé du ministère du
Tourisme, de celui des Terres et Forêts et de l'OPDQ. L'OPDQ est surtout
chargé de travailler avec les deux ministères sectoriels
impliqués, mais plus particulièrement de faire la liaison avec le
Comité de développement local qui comprend la population de
l'île d'Anticosti.
Nous avons déjà reçu de la part du conseil
régional, un premier rapport sur des hypothèses
d'aménagement de l'île et d'ici le mois de septembre, ou octobre,
je pense, si ma mémoire est bonne, normalement le comité
interministériel doit faire un rapport sur des hypothèses de
développement et d'aménagement de l'île d'Anticosti.
M. LESSARD: Vous avez donc l'intention, au moins, de prendre en
considération le rapport du Conseil régional de
développement de la Côte-Nord, concernant
l'aménagement...
M. LACHAPELLE: Oui, c'est un rapport qui a été
analysé dès les premières séances.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant la région de l'Estrie, est-ce
que l'entente a été signée en ce qui regarde les deux
projets de l'Estrie, soit le projet d'infrastructure industrielle et celui de
l'infrastructure touristique dans les régions de Magog-Orford?
Une question dans ce sens avait été posée au leader
du gouvernement et sa réponse avait été à l'effet
que cela devait se compléter, que la seule chose qu'il restait à
régler était tout simplement l'acceptation au niveau du Conseil
du trésor fédéral et que le tout... Est-ce que cette
acceptation, au niveau du Conseil du trésor fédéral, a
été faite?
M. LACHAPELLE: Le dossier technique comprenant le parc industriel, la
route reliant le parc industriel aux grands réseaux de base des routes
du centre du Québec, de même que les deux projets touristiques
prioritaires qui avaient été proposés par le rapport de la
mission de l'Estrie?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. LACHAPELLE: Les dossiers techniques qui impliquaient le
ministère de la Voirie et le ministère du Transport, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, le ministère des
Affaires municipales de même que la municipalité de Sherbrooke et
un certain nombre de municipalités environnantes, sont maintenant
complétés. C'est donc dès la semaine prochaine que nous
commençons la ronde de négociations avec le ministère de
l'Expansion économique régionale pour la signature de l'entente
auxiliaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le cas de l'autoroute de l'Acier, est-ce
que l'entente est signée à l'heure actuelle?
M. LACHAPELLE: Le dossier technique a été
déposé au MEER qui l'a accepté; celui-ci a
préparé la soumission pour le Conseil du trésor
fédéral et la demande est rendue au Conseil du trésor
fédéral.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pouvez-vous nous dire quelle est ou quelle sera
la participation fédérale à l'autoroute de l'Acier?
M. LACHAPELLE: 60 p.c.
M. BEDARD (Chicoutimi): 60 p.c. Est-ce qu'un calendrier des travaux
déjà a été mis de l'avant? Pouvez-vous nous
renseigner là-dessus?
M. LACHAPELLE : Oui. C'est un calendrier de trois ans qui prévoit
une entente de l'ordre de $47.7 millions, si ma mémoire est bonne. Le
pourcentage est de 40/60, c'est-à-dire 40, du côté du
Québec et 60, du côté fédéral.
M. BEDARD (Chicoutimi): En millions, ça veut dire quoi, la
participation du Québec? Je comprends que c'est 40 p.c.; ça
représente quoi comme montant?
M. LACHAPELLE: $17,710,000 et le MEER, $26,565,000. Alors, je m'excuse;
tout à l'heure, j'ai dit $47 millions; c'est pour un montant total de
$44,275,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah bon! Quelle sera la participation
fédérale pour le parc industriel de Sherbrooke?
M. LACHAPELLE: Ce n'est pas encore déterminé, parce qu'on
est dans la ronde de négociations.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas déterminé encore.
Est-ce qu'on peut savoir quel montant ça représente
à l'heure actuelle? L'évaluation en est-elle faite?
M. LACHAPELLE: L'évaluation de la proposition que l'on a
déposée sur la table de négociations est de l'ordre de $7
millions pour le parc. Il y a $5 millions pour le parc lui-même et $2
millions pour les infrastructures qui seront nécessaires au parc
industriel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant, est-ce qu'il y a un calendrier
prévu au niveau de la réalisation?
M. LACHAPELLE: Trois ans.
M. BEDARD (Chicoutimi): Trois ans. Pou-vez-vous nous dire qui a fait les
plans de ce parc?
M. LACHAPELLE: Etant donné que c'est un parc à
caractère municipal, c'est la municipalité de Sherbrooke qui
s'est chargée de faire faire les plans et devis, sous la surveillance du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez, en terminant sur
l'Estrie, nous donner je comprends que j'ai posé la question de
façon générale tout à l'heure un peu plus de
détails sur les deux projets touristiques qui sont concernés pour
l'Estrie?
M. LACHAPELLE: II s'agit de deux parcs de récréation,
à caractère régional, et les montants seraient à
peu près de l'ordre de $8 millions. Alors, un au lac Aylmer,
Saint-François, et l'autre à Magoon Point, sur le la
Memphrémagog.
M. LESSARD: En parlant d'une autoroute...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest avait
demandé la parole.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, je voudrais demander
au ministre, si le dossier touristique du Nord-Ouest est une émanation
de l'OPDQ, sinon est-il actuellement approuvé par l'OPDQ? Est-ce qu'il
est en voie d'exécution par le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche?
M. LACHAPELLE: En ce qui concerne le concept de l'ensemble du
développement touristique concernant la région, c'est le
ministère du Tourisme, qui est maître d'oeuvre de la
définition du concept.
Nous, à l'OPDQ, nous l'avons regardé en termes de
perspective de développement de l'ensemble de la région,
étant donné l'importance du facteur touristique, en termes de
développement de la région, complémentaire à une
vocation minière et une vocation forestière. Ce qui a
été retenu comme projets, évidemment, il y a le camping de
Malartic qui, lui-même, pour un montant de $744,000, va être
complété en 1974/75. Il y a l'étape touristique de
Lebel-sur-Quévillon qui a été acceptée.
Il reste encore en discussion, à l'heure actuelle, le camping
municipal de Ville-Marie, pour un montant de $380,000.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, qu'en est-il des
projets qui avaient été mis de l'avant, par exemple le camping du
secteur d'Amos, qui devait être en planification pour l'automne 1974?
Qu'y a-t-il de prévu?
M. LACHAPELLE: Ce qui est prévu, c'est un montant de $20,000 pour
faire les plans et devis.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Est-ce que ces montants sont
approuvés, actuellement?
M. LACHAPELLE: Oui, c'est approuvé, maintenant.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Merci.
M. LESSARD: M. le Président, si je comprends bien, l'autoroute de
l'Acier est une entente auxiliaire entre le gouvernement provincial et le
gouvernement fédéral.
M. LACHAPELLE: Dans les limites de la nouvelle entente-cadre.
M. LESSARD: Dans la nouvelle entente-cadre. Si je peux conclure,
ça veut donc dire qu'il est maintenant possible, en vertu de
l'entente-cadre, de négocier des ententes de participation sur la
construction de routes, non seulement comme la route de l'Acier, mais des
routes qui vont rendre accessibles certaines régions qui sont riches en
ressources naturelles. Si je comprends bien, ça peut être un
dossier moteur.
M. LACHAPELLE: M. le Président, nous avons eu l'occasion de
parler, lors de séances antérieures, de la définition de
ce qui constitue un dossier moteur. Le projet lui-même peut prendre
nombre de formes. Il s'agit d'un projet, qu'il soit de nature industrielle,
routière ou ce que l'on désire, qui est identifié comme
ayant un impact économique certain sur une région donnée.
Dans le cas précis qui nous intéresse, il s'agit d'une route.
Ailleurs, dans une autre région, cela pourra prendre une forme
différente.
M. LESSARD: D'accord. Dans ce sens-là, l'Office de planification
et de développement du Québec a déjà eu l'occasion
de recommander très fortement au gouvernement provincial la construction
de la route Gagnon-Baie-Comeau; j'espère, en tout cas, que l'Office de
planification et de développement du Québec va faire la
même recommandation qu'il faisait au gouvernement du Québec en
1971 pour accélérer la construction de la route
Gagnon-Baie-Comeau.
M. LACHAPELLE: M. le Président, à l'instar du
député de Saguenay, il y a des représentants de nombre de
secteurs du Québec qui souhaitent également que des projets dans
leur circonscription soient jugés dossiers moteurs.
M. LESSARD: Non, mais voici, M. le Président. Lorsque nous avons
eu à rencontrer l'Office de planification et de développement du
Québec, je me rappelle très bien que nous avions discuté
de ce sujet avec le ministre des Richesses naturelles. Il avait
été convenu, entre les représentants de la Côte-Nord
et l'Office de planification et de développement du Québec, que
c'était vraiment un projet prioritaire. En 1971, si on avait
décidé que c'était un projet prioritaire, j'espère
que ça continue d'être un projet prioritaire en 1974.
C'était simplement une remarque, M. le Président, et
ça va me permettre d'inviter les corps intermédiaires de la
région à insister auprès de l'OPDQ pour vraiment
concrétiser, dans le plus bref délai possible, ce projet
prioritaire qui avait été reconnu par l'Office de planification
et de développement du Québec en 1971.
M. LACHAPELLE: A ce sujet, cela nous éclairerait peut-être
de savoir, du député de Saguenay, si ce projet particulier est,
à son avis, la toute première priorité de son comté
à l'heure actuelle.
M. LESSARD: Non, M. le Président. Malgré le fait que ce
n'est pas la toute première priorité, c'est une priorité
fort importante et, à ce que je sache, je pense qu'il n'y a pas eu de
recommandation de l'Office de planification et de développement du
Québec pour l'amélioration de la route 138. Cependant, il y a eu
des consultations concernant ce projet qui est fort prioritaire pour l'ensemble
du Québec parce que ça nous permettrait, justement, de rejoindre
toute la région du Labrador.
M. LACHAPELLE: A ce sujet, si je peux me permettre de vous le
suggérer, je pense que le...
M. LESSARD: Non, j'ai ma réponse, M. le Président.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, si on fait le tour
des comtés, moi aussi je peux...
M. LESSARD: Non, non, j'ai ma réponse, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est le privilège de l'Opposition quand
même de savoir...
M. LESSARD: Je n'insiste pas, j'ai ma réponse.
M. LACHAPELLE: Non, je répète que l'éclairage que
vient de donner le député de Saguenay, qui dit que c'est la toute
première priorité de son comté, va certainement aider
notre raisonnement dans l'évaluation du projet en question.
M. LESSARD: M. le Président, en vertu de l'article 96, je n'ai
pas dit que c'était la toute première priorité, mais je
pense que cette région du nord, où il se fait des
développements considérables, il faut s'en occuper, et je pense
que c'est d'autant plus important que ça rejoint toute la région
du Labrador, comme Schefferville,...
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Je dois souligner aussi que toute la
région du Nord-ouest comprend quand même tous les territoires de
l'Abitibi, territoires qui vont jusqu'en haut dans la baie de l'Ungava; c'est
une suite logique aussi.
M. LESSARD: Je n'insiste pas. Ce que je voulais faire remarquer, c'est
que des projets comme ceux-là et ça peut être aussi
important pour toute la région du Nord-Ouest du Québec
comme celui dont j'ai parlé, sont des projets importants, étant
donné que, vers 1965, il y avait déjà une entente entre le
gouvernement fédéral et le provincial qui permettait de financer
certains projets d'accessibilité aux ressources naturelles.
Je voulais tout simplement avoir des informations du ministre
responsable et savoir si des projets comme ceux-là qui ont
été reconnus comme prioritaires par l'OPDQ peuvent permettre la
participation du gouvernement fédéral. J'ai la réponse, et
ça me satisfait.
Concernant les îles...
M. QUENNEVILLE: Est-ce que le député de Saguenay
considère la route 138 et la route de Baie-Comeau à Gagnon dans
l'établissement des priorités? Est-ce que c'est
antérieur...
M. LESSARD: II me semble que ce sont deux priorités fort
importantes.
M. QUENNEVILLE: ... à l'aménagement portuaire et
paraportuaire de Baie-Comeau et de Hauterive?
M. LESSARD: Je pense que ce sont deux priorités importantes. Il y
a d'une part toute la route 138. D'ailleurs je pense que même l'expremier
ministre de Terre-Neuve, M. Small-wood, se préoccupait de cette question
et est même venu rencontrer à un moment donné le
gouvernement du Québec à ce sujet pour relier toute la
région de Terre-Neuve au Québec. Je ne dis pas que c'est la
première priorité des gens de la Côte-Nord.
Nous avons justement un CRD, un Conseil régional de
développement, et je ne veux pas intervenir, je pense que le
député a quand même son mot à dire sur les
priorités, mais je pense qu'il appartient au Conseil régional de
développement d'établir un certain nombre de priorités en
consultation avec tous les organismes de la région, parce que je ne veux
pas me prendre pour un autre comme député et je ne pense pas que
je connaisse tous les problèmes du comté.
Je pense, quant à moi, qu'il est fort important que les CRD des
régions puissent instaurer une véritable consultation. Quant
à moi je l'ai dit bien souvent je ne pense pas que lorsque
nous réussirons à avoir une véritable planification
régionale, ça va prendre la place d'un député. Je
pense qu'un député pourra à ce moment, avec des dossiers
bien complétés et des dossiers qui auront permis la consultation,
défendre beaucoup mieux les intérêts de la région,
parce qu'il y aura un certain arbitrage qui aura été fait par le
Conseil régional de développement.
M. QUENNEVILLE: Si on a bien compris, le député de
Saguenay a dit qu'il ne connaissait pas tous les problèmes de son
comté, c'est bien ça?
M. LESSARD: Voici, je tente de les connaître. J'ai dit que c'est
vrai que je ne connais pas tous les problèmes de mon comté, mais
je fais tous les efforts...
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a des problèmes matrimoniaux que
c'est normal que le député ne connaisse pas.
M. LESSARD: ... nécessaires pour les connaître, chaque
année je fais ma consultation régionale et je rencontre mes
différents organismes. Comme je l'ai dit, d'ailleurs, l'autre jour au
ministre responsable de l'ODEQ, je ne pense pas qu'il connaisse tous les
problèmes des différents comtés dont il est responsable,
comme ministre responsable de la planification d'un certain territoire. Je ne
me prends pas pour un autre, je pense que c'est important. Si les
députés avaient la science infuse et connaissaient tous les
problèmes de leur comté, ils arrêteraient de faire de la
consultation annuellement et de rencontrer différents organismes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense que sur ce point, le
député de Saguenay est trop humble pour ajouter qu'il
connaît suffisamment les problèmes de ce comté pour pouvoir
être...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. LESSARD: M. le Président ...
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Simplement pour vous souligner que de mon
côté j'endosse complètement les résolutions et les
demandes du conseil régional d'Abitibi-Témiscamingue sur le
parachèvement, comme priorité no 1, de la route
Authier-Nord-Joutel deuxièmement, de la route Belleterre-Le-Domaine, et
troisièmement, de la route Laforce-Témiscamingue-Ville-Marie.
M. LACHAPELLE: Je pense que c'est extrêmement heureux et
significatif, sans vouloir porter de jugement sur chacun des projets en cause,
qu'un organisme, dans un autre cas ça pourrait être le
représentant élu du peuple lui-même, puisse accorder des
priorités à des projets et signifier qu'il s'agit des
priorités nos 1, 2 et 3. C'est exactement la question que je posais au
député de Saguenay.
M. LESSARD: De toute façon, je pense que ce débat que je
n'avais aucunement prévu s'est engagé sur un terrain qui est
absolument en dehors de la question première que j'ai soulevée,
à savoir, si l'entente permettait une participation
fédérale dans les projets de construction de routes qui
permettraient l'accessibilité aux ressources naturelles. C'était
simplement la question. Suite à ça, je parlais de la route
Gagnon-Baie-Comeau.
Est-ce que l'office toujours dans la région de l'est du
Québec, puisque le ministre responsable de l'ODEQ semble maintenant
être intéressé à discuter ce soir de
planification et de développement du Québec a
étudié une vocation concernant des aménagements aux
Iles-de-la-Madeleine, et, est-ce que l'Office de planification a reçu le
rapport Thibodeau concernant tout le développement de l'agriculture?
M. LACHAPELLE: Je regrette d'interrompre à ce point, mais ces
questions ont été largement discutées lors de l'examen du
programme 4 qui a été adopté. Je vous fais part
respectueusement que la discussion n'est absolument pas pertinente puisqu'elle
aborde un sujet qui déjà est classé.
M. LESSARD: J'avais oublié le programme 4 et j'aurais voulu
recevoir la réponse... De toute façon, je reviendrai
l'année prochaine.
M. LACHAPELLE: C'est ça. M. le Président, il est dix
heures, est-ce que je tiens pour acquis que les programmes 1, 2 et 3 sont
adoptés?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non. Il reste quelques questions.
M. LACHAPELLE: Est-ce qu'on peut terminer dans cinq minutes?
M. BEDARD (Chicoutimi): Honnêtement pas dans cinq minutes, mais je
pense que ça va aller passablement plus rapidement à partir
de...
M. LACHAPELLE: Comme quoi, par exemple?
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de la prochaine séance. Il y a ces
questions générales, quelques questions peut-être, une
quinzaine, plus un ou deux points en particulier sur lesquels on ne veut pas
s'étendre, mais au moins analyser d'une façon toute
particulière...
M. LACHAPELLE: Nous sommes passablement étendus comme c'est
là.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, mais justement c'est que l'OPDQ est
passablement étendu et...
M. LACHAPELLE: Bien sûr. D'ailleurs, je pense qu'on a fait la
preuve de l'omniprésence de l'OPDQ dans tous les secteurs de
l'activité gouvernementale.
M. BEDARD (Chicoutimi): II s'agirait de faire la preuve de
l'omnipuissance.
M.. LACHAPELLE: Je pense que ça aussi ça a
été fait.
M. LESSARD: Sérieusement je pense que...
M. QUENNEVILLE: Je comprends quand on sait qu'un député ne
connaît pas tous les problèmes de son comté, il ne faut pas
s'attendre que l'OPDQ connaisse les problèmes de tous les
comtés.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre est vraiment sérieux...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous nous faites la preuve éclatante que
tout ce qui est omniprésent n'est pas toujours omnipuissant.
M. QUENNEVILLE: C'est le député de Saguenay qui l'a
affirmé, ce n'est pas moi.
M. LACHAPELLE: M. le Président, est-ce que je peux proposer qu'on
ajourne jusqu'à dix heures et demie demain matin, s'il vous plaît?
Est-ce terminé?
M. LESSARD: Est-ce que le ministre responsable de l'ODEQ est vraiment
sérieux...
M. LACHAPELLE: M. le Président, je propose qu'on ajourne...
M. QUENNEVILLE: Pas moi.
M. LESSARD: ... lorsqu'à affirme qu'il connaît tous les
problèmes de son comté?
M. QUENNEVILLE: De mon côté, je suis sûr de
ça.
M. LESSARD: Vous êtes bon. M. QUENNEVILLE: Je suis bon.
M. LACHAPELLE: Sur ces mots de grande sagesse, est-ce qu'on peut
ajourner?
M. LESSARD: D'accord.
M. LACHAPELLE: Dix heures trente, demain matin, est-ce que ça
vous va?
M. LESSARD: Cela va..
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission ajourne ses travaux à
demain matin, dix heures trente, même salle.
(Fin de la séance à 22 h 3)