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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales
Séance du vendredi 7 mai 1976 (Onze heures six minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
la présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission continuent l'étude des
crédits du ministère des Affaires intergouvernementales. Les
membres de la commission, ce matin, sont les suivants: MM. Bédard
(Chicoutimi); Bellemare (Johnson); Parent (Hull); remplace Bourassa (Mercier);
Faucher (Nicolet-Yamaska remplace Brown (Brome-Missisquoi); Beauregard (Gouin);
Choquette (Outremont); Dufour (Vanier) remplace Cloutier (L'Acadie); Desjardins
(Louis-Hébert); Picotte (Maskinongé) remplace Malouin (Drummond);
Morin (Sauvé); Pagé (Portneuf); Perreault (L'Assomption); Samson
(Rouyn-Noranda) et Tardif (Anjou).
Etant donné l'absence du rapporteur, M. Tremblay (Iberville), je
suggère le nom de M. Beauregard (Gouin). Adopté?
M. Morin: Volontiers, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 1 du
programme 1.
Dossier de la région de la capitale nationale
(suite)
M. Morin: M. le Président, si vous le permettez, nous
pourrions reprendre la discussion générale qui faisait l'objet de
nos débats hier. J'aimerais, avant l'adoption de ce programme, poser
d'autres questions au ministre d'Etat.
Tout d'abord, puis-je vous poser une question technique? Est-ce que nous
pouvons adopter le programme 1? J'étais sous l'impression qu'il fallait
attendre que le ministre en titre soit présent.
M. Parent (Hull): Vous avez raison. C'est ce que j'ai
exprimé hier, d'ailleurs.
M. Morin: II me semble que le ministre avait
précisé la chose hier. Donc, M. le Président, avec votre
permission, ce que nous tentons de faire, c'est d'éclaircir un certain
nombre de questions et le programme sera adopté en temps et lieu par la
suite.
Je voudrais reprendre un certain nombre de points que nous avons
abordés un peu superficiellement hier, mais qui sont mis en relief dans
le schéma d'aménagement dont le ministre a déposé
un exemplaire devant cette commission hier.
J'ai eu le temps de parcourir ce document qui est fort important, fort
intéressant, et il me semble qu'il vient confirmer certains des
problèmes, certaines des anxiétés dont nous avons fait
part au ministre, non seulement au cours des séances de cette
année, mais au cours des séances des années
antérieures.
M. le député, ne partez pas, vous nous enlevez le
quorum.
M. Perreault: Non, je reviens dans deux minutes.
M. Morin: Nous allons continuer tout de même, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'accord.
M. Morin: Mais tout de même, j'espère que vous
verrez à ce que la salle ne se vide pas.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Certainement.
M. Morin: Merci. J'aimerais revenir, en particulier, sur la
dépendance du secteur québécois, en particulier de la
région de Hull, par rapport au territoire ontarien. En lisant des
extraits du schéma d'aménagement, j'ai pu me rendre compte que la
description que nous donnions de ces problèmes était même
en deçà de la réalité. Je me permets de citer
certains extraits des pages 4, 6 et 14. A la page 4: "La faiblesse du
peuplement, le sous-équipement qui caractérise l'Outaouais
québécois ont entraîné la dépendance de la
région face au secteur ontarien, plus peuplé, plus
équipé et mieux structuré."
Plus loin: "La configuration de l'armature urbaine de la région
de Hull est celle de ville satellite, structurée par rapport à
Ottawa."
Page 14: "Son importance et sa prospérité actuelle"
il s'agit de la région métropolitaine de Hull-Ottawa
"reposent essentiellement sur la présence du gouvernement
fédéral qui employait, en 1971, au-delà de 30% de la
main-d'oeuvre régionale."
Plus loin: "En 1971, 12, 8% seulement des emplois de la région
métropolitaine de Hull-Ottawa étaient localisés dans le
secteur québécois, alors que ce secteur regroupait 24, 7% de la
population et 21, 4% de la main-d'oeuvre régionale."
M. le Président, devant une situation comme celle-là, une
situation de véritable dépendance, ce qui inquiète
l'Opposition, c'est de voir que les objectifs gouvernementaux du
côté québécois demeurent si flous, alors qu'il me
semble qu'il faudrait mettre de l'avant un plan de redressement,
extrêmement précis, extrêmement dynamique pour essayer
d'affranchir le secteur québécois, la région de Hull, de
cette dépendance qui, loin de s'être diluée comme
phénomène, semble s'accentuer depuis quelques années.
Ma première question est la suivante: J'aimerais que le ministre
nous dise de façon plus précise qu'il ne l'a fait jusqu'ici,
quelles sont les mesures que le gouvernement entend prendre, en particulier sur
le plan économique, et en particu-
lier, par rapport aux ressources de la région, aux richesses
naturelles de la région pour essayer de favoriser une plus grande
autonomie du secteur québécois par rapport au secteur
ontarien.
M. Parent (Hull): Bon.
M. Morin: Je commence par une question générale,
ensuite, j'aurai peut-être des questions plus précises.
L'Outaouais québécois
M. Parent (Hull): II est vrai que l'Outaouais
québécois a toujours été d'une certaine
façon en dépendance du côté ontarien. C'est une des
raisons pour lesquelles une emphase assez poussée a été
donnée par le gouvernement, afin de permettre d'établir un
équilibre. C'est la raison pour laquelle le gouvernement du
Québec est intervenu, en particulier, depuis 1970, dans l'implantation
d'infrastructures pour la région québécoise, telle que
l'entente que nous avons convenue avec le gouvernement du Canada pour
l'établissement d'un réseau routier, comprenant des autoroutes,
des artères urbaines, des artères intermunicipales, justement
pour assurer l'équilibre avec le côté ontarien. C'est l'une
des raisons primordiales pour laquelle le Québec s'est refusé
jusqu'ici à la construction d'un pont entre Deschênes et
Britannia, du côté ontarien, et d'un autre pont dans la ville de
Gatineau, de l'île Kettle vers Rockcliff, du côté ontarien.
Nous sommes intervenus également par une politique d'alimentation en eau
potable. Des études ont été entreprises. Nous sommes
actuellement à compléter l'implantation des usines de filtration
et des conduites maîtresses dans les municipalités de Buckingham,
Gatineau, Hull et Aylmer. Les usines sont construites maintenant à Hull,
à Aylmer, à Buckingham. Les plans sont en préparation pour
celles de Gatineau.
Nous sommes également intervenus sur l'eau potable; c'est la
participation du gouvernement du Québec, seulement. C'est un programme
d'au-delà de $50 millions, dont la participation du gouvernement a
été assurée à 50%.
Il y a une entente qui est intervenue également avec le
gouvernement du Canada en ce qui concerne l'assainissement des eaux,
c'est-à-dire la construction d'une usine d'épuration et d'un
in-tercepteur régional, reliant à l'usine située dans la
nouvelle ville de Gatineau les villes de Hull, Aylmer, pour desservir le
territoire urbanisé de cette région, et, actuellement,
l'étude est en voie d'être complétée par la
communauté régionale pour l'assainissement des eaux du territoire
de la nouvelle ville de Buckingham.
Nous sommes intervenus au centre-ville de Hull pour permettre un
développement harmonieux de ce qui sera le pôle éventuel de
croissance de la région métropolitaine de Hull. Nous sommes
intervenus, par l'entremise de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, dans l'implantation de trois parcs industriels dans cette
même région métropolitaine, l'un dans le parc du centre
à Hull, l'autre dans un parc qu'on appelle parc de l'Ouest, situé
dans la ville d'Aylmer, et l'autre dans la ville de Gatineau, le parc de
l'Est.
Comme je l'ai mentionné hier, le parc du centre est presque
complété. On retrouve déjà dans ce parc
au-delà de 3000 employés travaillant à l'intérieur
dans les diverses entreprises qui y ont trouvé place.
Nous sommes à compléter les travaux d'infrastructure dans
le parc de l'Est, pour l'alimentation en eau, l'assainissement des eaux, et
également la construction de l'aéroparc, pour permettre de faire
un parc un peu spécial dans la nouvelle ville de Gatineau, permettant
d'avoir un aéroport qui permettra l'accès aux entreprises qui y
sont déjà implantées, telles que Hull Air Services
Limited, qui est déjà sur place, et qui fait de la navigation
aérienne commerciale et qui a, en même temps, un centre de
réparation pour les services aéronautiques.
Il faudrait comprendre également que, malgré ces
interventions du gouvernement du Québec depuis 1970, nous n'avions pas
les outils nécessaires pour nous permettre de voir à la
planification du territoire. C'est de là qu'est née la loi
54.
Voyant que la communauté régionale, qui avait les pouvoirs
et les responsabilités, en vertu de la loi constitutive, n'avait pas
agi, le gouvernement est intervenu pour qu'il y ait un schéma
d'aménagement du territoire.
Il ne faudrait pas oublier non plus que, par l'intervention de la
société d'aménagement, il y a eu l'implantation de dix
complexes touristiques à l'extérieur de la région
métropolitaine de Hull pour permettre de donner à la population
les équipements récréatifs et touristiques
nécessaires et qui, jusqu'à aujourd'hui, ont coûté
au trésor provincial une somme de $25 millions.
Ces parcs sont déjà exploités. D'autres sont
à se compléter pour permettre la polyvalence de ces
différents parcs, mais les dix parcs sont en voie d'exploitation.
La politique de développement industriel fonctionne comme on le
sait, en vertu de la loi constitutive de la communauté régionale
à l'intérieur de laquelle on retrouve la création de la
Société d'aménagement de l'Outaouais et à
l'intérieur de laquelle, également, on retrouve la
création de la Commission de transport de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
La politique industrielle est établie par la
société d'aménagement, en collaboration avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec; elle permet
ainsi de développer les parcs acquis par la société
d'aménagement avec les deniers du Québec et de voir soit à
relocaliser des entreprises situées dans d'autres secteurs et qui
nécessitaient des modernisations, soit à assurer la
présence de nouvelles industries qui viennent s'implanter et dont en
partie la Société d'aménagement de l'Outaouais est
responsable par son service de développement industriel.
J ai expliqué hier que nous mettions l'emphase sur la politique
de développement industriel et que la Société
d'aménagement elle-même avait consenti à utiliser la
majeure partie de son budget à investir dans ce secteur pour permettre
d'accélé-
rer le processus du développement industriel, et également
commercial, puisque la Société d'aménagement a conduit des
études, depuis 1970, pour permettre l'établissement dans la
région de l'Outaouais dont nous étions dépendants,
vraiment dépendants, de l'Ontario, et qui privait nos
municipalités du revenu de la taxe de vente. Nous n'avions pas de centre
commercial du côté québécois avec les succursales de
magasins nationaux. La Société d'aménagement s'est donc
préoccupée, depuis 1970, de voir à l'implantation de ces
centres et, déjà, on ressent les effets de cette politique mise
de l'avant par la Société d'aménagement et qui
amène maintenant dans la, seule ville de Hull des revenus au
trésor municipal dans une proportion d'au-delà de 20% sur un
budget d'au-delà de $20 millions. Les revenus proviennent du partage de
la taxe de vente entre le gouvernement du Québec et les
municipalités, selon les barèmes établis.
Du côté est de la rivière Gatineau également,
la promotion est faite par la Société d'aménagement en ce
qui concerne le développement tant industriel que commercial. Nous avons
donc, maintenant, l'implantation par le gouvernement lui-même d'un centre
administratif à Hull. Ce centre administratif est actuellement en
construction pour regrouper, près des édifices
fédéraux, la centralisation de l'administration provinciale dans
la région de l'Outaouais. Il y a l'autre projet que nous avons mis de
l'avant et pour lequel nous avons complété l'expropriation
maintenant d'une autre infrastructure nécessaire au développement
de la région. C'est l'expropriation de l'emprise pour la construction de
l'autoroute de Masson à Mirabel, expropriation qui a été
complétée le 31 mars dernier. Cette autoroute 50 reliera
l'autoroute 50 de Hull-Masson, qui est dans l'entente de la capitale
nationale.
Mais, ce projet d'autoroute devant relier Hull à Mirabel
permettra le lien essentiel au développement de la région de
l'Outaouais, c'est-à-dire d'être relié par voie
routière avec Montréal et permettra ainsi le développement
touristique de deux régions très connues, la Lièvre et la
Petite Nation qui sont des endroits déjà destinés au
tourisme et à la villégiature. Je pense que votre
collègue, le leader de l'Opposition, connaît bien ce coin.
Les suggestions qui nous ont été faites par le
schéma de développement de l'OPDQ et l'intervention
gouvernementale dans les secteurs des Affaires sociales sont en voie de
réalisation, comme je l'ai dit hier, et presque
complétées. Il y a les interventions, comme je l'ai
souligné tout à l'heure, dans le développement industriel
et commercial par la société d'aménagement. Il y a du
côté éducatif la présence maintenant de
l'Université du Québec à Hull ainsi que l'Ecole nationale
d'administration publique qui a maintenant une succursale à Hull pour
permettre de donner la scolarité requise tant pour les besoins du
secteur de l'éducation que pour les questions administratives et qui
permettront ainsi aux citoyens de la région de pouvoir
bénéficier des emplois disponibles dans la région.
En ce qui concerne l'Université du Québec, nous avons
déjà avec SACCAN un comité de travail pour permettre
d'entreprendre l'expansion de l'Université du Québec à
Hull. On sait fort bien que dans la région de l'Outaouais, nous
étions dépendants de l'Université d'Ottawa,
l'Université Carie-ton, pour la formation de nos jeunes. Tout autant que
l'Université d'Ottawa a rendu d'immenses services aux
Québécois, qu'elle continue à rendre d'immenses services
aux Québécois, il y a par ailleurs certaines difficultés
qu'on éprouve du côté québécois dans la
formation des jeunes. Si on prend les matières scolaires, nos jeunes ne
peuvent se former à l'Université d'Ottawa, parce que ses
diplômes sont en fonction du système d'éducation de
l'Ontario, ce qui nécessite donc qu'un étudiant à
l'Université d'Ottawa qui a reçu son certificat ou son
diplôme, par la suite, poursuive des études au Québec
pendant un an avant d'avoir l'autorisation d'enseigner du côté
québécois.
C'est dans cette veine que nous anticipons la présence de
l'Université du Québec à Hull, tout autant que nous
anticipons, par la présence de l'Université du Québec
à Hull, non pas de faire de la duplication avec l'Université
d'Ottawa, tel que dans le droit, puisque des ententes existent entre le Barreau
du Québec et l'Université d'Ottawa, ainsi qu'avec la Chambre des
notaires. Nous avons une certaine faiblesse en ce qui concerne la
médecine, puisque le cours de médecine est donné en langue
anglaise, à l'Université d'Ottawa; il n'y a pas de section
française. Cela nous cause certains préjudices. De là, la
raison pour laquelle le comité que nous avons formé travaille
avec SACCAN, soit permettre d'identifier le processus permettant à
l'Université du Québec d'agrandir son réseau dans la
région de l'Outaouais.
Egalement, sur l'aspect culturel, nous aurons, dans les dix prochains
jours, le programme de la vie culturelle que devrait connaître la
région de l'Outaouais. Ce programme a été
préparé sous les auspices de SACCAN, avec la collaboration du
ministère des Affaires culturelles, du ministère des Travaux
publics, ainsi que des autorités de la cité de Hull.
Nous serons donc en mesure, d'ici une quinzaine de jours, de faire part
de la programmation que le gouvernement entend réaliser dans le domaine
culturel, pour la région de l'Outaouais.
Incidemment, aux crédits qui ont été
déposés au fonds de développement régional, au
compte de l'OPDQ, une somme de $2 millions a déjà
été prévue pour permettre d'entreprendre la
réalisation du programme qui sera ainsi soumis au Conseil des ministres
dans une quinzaine de jours, du programme culturel que devra connaître
cette région, ainsi que des équipements qui y seront requis.
C'est pour cela que nous avons prévu, dès la
présente année, les crédits nécessaires pour
entreprendre la réalisation de ce que nous croyons être essentiel
dans cette région de l'Outaouais.
Si nous avons été dépendants, pendant longtemps, il
faut bien remarquer que l'absence du gouvernement du Québec s'est fait
sentir de façon assez prononcée, mais les interventions qui ont
pu être faites par les organismes locaux et ré-
gionaux, par les municipalités et particulièrement depuis
la création de la Communauté régionale de l'Outaouais et
de la Société d'aménagement de l'Outaouais, ont permis ce
déblocage qui était nécessaire, après avoir fait la
planification requise pour déterminer la programmation qui devait
être suivie dans cette région.
Je ne voudrais pas non plus oublier de souligner l'apport important
qu'apporte la Commission des transports de la Communauté
régionale de l'Outaouais, puisque, depuis déjà trois ans,
nous avons fait disparaître une inégalité qui existait pour
les citoyens du Québec, c'est-à-dire le double tarif entre Hull
et Ottawa.
L'intervention du gouvernement du Québec, par la signature d'une
entente avec la Commission de la capitale nationale, la Commission de transport
Ottawa-Carleton et la Commission de transport de la Communauté
régionale de l'Outaouais a permis d'éliminer le double tarif
entre Hull et Ottawa et a permis également d'éliminer les tarifs
de zones qui existaient dans le Hull métropolitain.
Nous avons donc, par cette politique, permis à la population
d'être traitée sur un pied d'égalité et,
également, nous l'avons assurée de ce bénéfice qui,
auparavant, était une surcharge pour les citoyens utilisant le transport
en commun. Chose remarquable, depuis la prise en main, par la Commission de
transport, du réseau de transport en commun, le nombre de passagers est
passé de 2 millions, en 1971-1972, à 12 millions, en 1975. Il y a
une progression énorme de l'utilisation du transport en commun. Nous
avons même prévu, dans le cadre de nos ententes du réseau
routier, des espaces réservés pour la circulation du transport en
commun. Cette expérience s'est avérée profitable et elle
permet ainsi à la Commission de transport de pouvoir desservir une
population qui, de plus en plus, a recours au transport en commun. C'est la
participation du gouvernement, dans cette programmation, qui a permis d'en
arriver ainsi à établir ces circuits et cette utilisation
maximale du transport en commun.
C'est donc là, dans les grandes lignes, la réponse que
j'avais à vous donner sur la présence du gouvernement du
Québec dans cette région. Je m'excuse si j'ai oublié des
points qui peuvent peut-être paraître majeurs. Mais, nous pourrons
revenir, dans la discussion, comme vous l'avez souligné, sur les
à-propos de chacune des interventions que le gouvernement a pu
faire.
Je voudrais simplement souligner, avant de terminer cette intervention,
le fait que nous sommes maintenant en possession d'outils indispensables tels
que le schéma d'aménagement du territoire de la
communauté, lequel, j'espère, recevra l'approbation, d'ici le 1er
septembre, et on pourra envisager son application. Le fait que nous ayons
maintenant le document de travail et les recommandations du schéma de
développement, préparé par l'Office de planification et de
développement du Québec, permettra également, non pas
simplement de toucher la programmation du Hull métropolitain, mais
également de l'arrière-pays, et d'y apporter les remèdes
efficaces qui permettront d'envisager que notre dépendance
vis-à-vis du côté ontarien sera, pour le moins,
peut-être pas comblée dans son entier, mais en grande partie
réalisée.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le chef de
l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, je constate que le ministre
admet cette dépendance de la région hul-loise par rapport
à Ottawa. C'est déjà un progrès. Je dois dire qu'on
y a mis le temps. Cela fait déjà plusieurs années que nous
soulignons, pour notre part, cette dépendance et la
nécessité d'en sortir. La question qui se pose, cependant, et de
façon de plus en plus aiguë, est celle-ci: Est-ce que les mesures
envisagées correspondent vraiment à la gravité des
problèmes? Est-ce que les interventions sont suffisantes? A cet
égard, je me permets de soulever un ou deux problèmes plus
précis sur lesquels j'aimerais interroger le ministre.
Il nous a parlé des parcs industriels et de leurs bienfaits, mais
on peut se demander à la lecture des constatations qu'on trouve dans le
projet de la CRO, notamment à la page 6, à la page 14, si ces
interventions vont être suffisantes pour redresser la barre. Je pense
à certaines constatations comme celles-ci: La part relative du secteur
secondaire tend à diminuer au profit du secteur tertiaire dans
l'agglomération de Hull. Et, plus loin: En 1971, 8.6% de la
main-d'oeuvre de la région métropolitaine de Hull-Ottawa
était employée dans le secteur manufacturier, comparativement
à 25.7% à Montréal, 25.6% à Toronto et 16.5%
à Vancouver.
Il y a là une indication d'un problème dune gravité
tout à fait exceptionnelle qui reflète, bien sûr, la
satellisation dont nous parlions tout à l'heure.
Ce n'est pas tout. Le ministre a mentionné, parmi les
remèdes qu'il estimait opportuns pour corriger la dépendance du
secteur hullois par rapport aux gens d'en face, la création
d'artères urbaines. Je me demande si, dans certains cas, les nouvelles
artères urbaines ne vont pas précisément à rebours
des objectifs que le ministre prétend énoncer. Il ne faut pas se
promener longtemps dans Hull, notamment dans le centre de Hull, pour se rendre
compte que tout le réseau routier, toutes les artères ont
été aménagées en fonction d'Ottawa. J'ai même
été à plusieurs reprises j'ai fini par me faire
expliquer sur certaines artères qu'on ne pouvait plus quitter et
qui nous amenaient inévitablement à Ottawa. Je ne sais pas si le
ministre, non, il connaît suffisamment les détails pour ne pas
avoir été pris dans ce genre de traquenard; mais si vous prenez,
en venant d'Ottawa, une certaine sortie, vous vous ramassez sur un certain
boulevard qui traverse, qui éventre la ville, vous revenez à
Ottawa quasiment automatiquement.
M. Parent (Hull): Le réseau n'est pas
complété encore...
M. Morin: Oui, mais celui-là m'a l'air
particulièrement complété, parce qu'il a
éventré toute la ville.
M. Parent (Hull): Oui, mais vous n'avez pas vu le dernier. On l'a
ouvert au mois de décembre.
M. Morin: Celui-là évite de revenir à Ottawa
automatiquement. Je suis heureux d'entendre le ministre le dire; mais, c'est
pour souligner le fait que ce réseau routier n'a pas été
pensé en fonction des besoins de Hull et de l'agglomération
hulloise. Il a été pensé en fonction de la satellisation
du centre de Hull, notamment, par rapport à Ottawa.
Le ministre va me dire que ce n'est pas lui qui a pensé ce
réseau. Je conviens que c'est un des problèmes sur lequel nous
attirons son attention depuis déjà fort longtemps. Il ne faut pas
croire qu'il suffise de parler d'établissement d'artères urbaines
pour que cela résolve les problèmes. Souvent, cela va à
rebours des objectifs qu'on professe.
Donc, je constate que ces interventions sont souvent insuffisantes ou
alors, ce sont des interventions à rebours. Je constate que la CCN est
responsable d'une bonne partie de cette planification. Cela a été
trop longtemps le cas. J'avoue que je vais attendre de voir les
résultats, je vais attendre de voir les accords qui pourront être
conclus de façon définitive entre le Québec, l'Ontario et
le pouvoir fédéral avant de croire que ce problème est
définitivement réglé et que la CCN ou tout autre organisme
appelé à lui succéder, parce qu'on nous dit que cet
organisme est devenu tellement impopulaire qu'il est question d'en faire
désormais un service au sein d'un ministère... nous attendrons
que les accords soient conclus avant de vraiment penser que les
problèmes sont résolus.
Je vais poser deux questions plus précises au ministre d'Etat:
Premièrement, quel est le pourcentage actuel de la main-d'oeuvre de la
région métropolitaine de Hull qui est employé dans le
secteur manufacturier, par rapport à 1971? Est-ce qu'il y a eu vraiment
un progrès depuis lors? Deuxièmement, étant donné
que ce réseau d'artères urbaines, pensé en fonction de la
ville d'Ottawa plutôt qu'en fonction des besoins de Hull, est en train de
créer un grave problème dans le domaine de l'habitation,
qu'est-ce que le ministre entend faire de façon précise pour
résoudre ce problème?
J'attire son attention sur certains passages qui ne sont pas de
l'Opposition, mais qui sont de la CRO, dans le projet qui a été
rendu public samedi dernier, notamment à la page 5: De 1971 à
1974, l'augmentation du coût total de l'habitation à Hull s'est
chiffré à 66%, comparativement à 43% à
Montréal. Cela est une conséquence directe de la satellisation
dont nous parlions il y a un instant. Et, un peu plus loin, dans le même
document, on nous dit que, parmi les conséquences du
réaménagement de l'île de Hull, on trouve une
pénurie de logements, aggravée par les expropriations et les
démolitions, on trouve la spéculation foncière et on
trouve la dislocation de quartiers entiers par le partage d'artères
majeures.
Qu'est-ce que le ministre entend faire pour redresser les mauvais
effets, les effets régressifs, négatifs de l'aménagement
de Hull par les autorités fédérales?
J'ai soulevé plusieurs problèmes, M. le Président.
Si le ministre veut les prendre l'un après l'autre, cela me conviendra
parfaitement.
M. Parent (Hull): Prenons d'abord l'aspect de l'entreprise
primaire et secondaire. Je pourrais, je pense bien, sans crainte de me tromper,
dire qu'en ce qui concerne l'entreprise secondaire c'est à
celle-là que le chef de l'Opposition fait le plus allusion dans
les renseignements qu'on m'a fournis, suivant les entreprises installées
à Hull et dans la région, en chiffres absolus, il n'y a pas de
baisse. Mais le secteur tertiaire croît à une allure
vertigineuse.
M. Morin: En grande partie à cause des
fédéraux.
M. Parent (Hull): Non, je pense que c'est un
phénomène à l'étend u d u pays le chef de
l'Opposition devrait s'en rendre compte et non pas simplement pour cette
région spécifique de l'Outaouais québécois.
M. Morin: II n'est pas plus grave dans l'Outaouais
québécois?
M. Parent (Hull): II n'est pas plus grave. On peut dire qu'il y a
peut-être une certaine gravité, parce qu'il n'y a pas de
croissance. Il y a, si on veut, un statu quo dans l'entreprise
manufacturière. Il n'y a pas de baisse, mais il n'y a pas de croissance.
C'est stagnant. Mais le secteur tertiaire a pris tellement d'importance qu'il
est générateur d'emplois, comme je l'ai souligné tout
à l'heure, dans le parc industriel, où il y a 3000 emplois, dans
le seul parc industriel du centre, et nous avons une entreprise qui est
à se relocaliser également et que nous avons failli perdre, la
compagnie Overnight Express, qui, à elle seule, dans le parc industriel,
dans un prolongement que nous venons de faire, emploie 600 personnes. C'est
donc une entreprise tertiaire. C'est là que je dis que, dans
l'entreprise manufacturière ou secondaire, en chiffres absolus, il n'y a
pas de baisse, mais il n'y a pas de croissance. Mais les services du secteur
tertiaire sont en croissance d'une façon vertigineuse, et c'est
là qu'actuellement, on retrouve, si on veut, avec le réseau
commercial, cette création d'emplois qui n'ont jamais existé du
côté québécois.
C'est pour cela que, tout à l'heure, j'ai mentionné que la
cité de Hull recouvre maintenant 20% de son budget en revenus de taxe de
vente provenant du Trésor provincial, chose qui n'existait pas
antérieurement.
Mais, quand on considère simplement un des centres commerciaux
qui a été implanté à Hull grâce au travail
soutenu de la société d'aménagement, vous avez là,
dans ce seul secteur des Galeries de Hull, des ventes de $50 millions par
année.
C'est donc une récupération du pouvoir d'achat de
l'Outaouais québécois à l'encontre du territoire ontarien
de l'Outaouais.
Nous étions dépendants. Et, tout à l'heure, je n'ai
pas eu peur de dire que nous avons été dépendants pendant
longtemps. Nos gens allaient s'approvisionner en Ontario et notre pouvoir
d'achat était utilisé dans une proportion de 76% du
côté ontarien. Maintenant, c'est l'inverse, à cause de
l'activation, des moyens que le gouvernement du Québec a pris avec ses
organismes et également par la présence du réseau
routier.
Si le chef de l'Opposition prétend que le réseau routier a
été fait en fonction d'Ottawa, il faudrait bien comprendre que le
chef de l'Opposition devrait prendre connaissance du plan global de l'entente
du réseau routier pour comprendre que les premières
infrastructures, il est vrai, ont été en direction d'Ottawa. Mais
pourquoi ces premières infrastructures routières ont-elles
été mises en place en premier? C'est parce qu'il fallait tenir
compte, d'abord, des difficultés inhérentes que nos concitoyens
avaient tous les jours vu l'affluence de la circulation, matin et soir, pour
avoir libre accès à leur travail le matin et rentrer à la
maison le soir.
C'est tellement vrai que la population de lest de la Gatineau, pendant
des années, s'est plainte de ce manque de réseau routier, alors
qu'il prenait une heure, une heure et demie et même deux heures pour se
rendre à son travail et en revenir le soir. C'est tellement vrai que,
par l'ouverture de cette nouvelle route dont je vous ai parlé, tout
à l'heure, la 550, il ne faut maintenant au citoyen, pour aller à
son travail ou en revenir, selon la distance, qu'entre dix et quinze
minutes.
Nous avons tenu compte du fait que notre population
québécoise retrouvait son emploi, antérieurement, dans une
proportion dépassant 50%, du côté ontarien, mais tant et
aussi longtemps que ces citoyens continuent et continuaient à obtenir le
nécessaire pour leur vie de l'autre côté, il fallait
résoudre ce problème, et, en obtenant la solution à ce
problème, nous avons, par le fait même, donné accès
à la planification de la société d'aménagement, qui
prévoyait le développement de ces centres commerciaux, et c'est
là que les premières infrastructures ont été
faites.
L'autre aspect de l'intervention du réseau routier dans le
centre-ville de Hull, ce n'est pas pour y construire des autoroutes, mais pour
y construire des boulevards avec accès, avec feux de circulation. Cela a
été simplement pour fournir les voies d'accès
nécessaires aux citoyens qui avaient quotidiennement à utiliser
un réseau routier inadéquat qui causait des inconvénients
quotidiens à la population. Pour ce faire, il fallait utiliser les liens
existants, les aménager, les élargir et permettre l'accès
nécessaire aux voies de liaison routière qui existaient,
c'est-à-dire les ponts.
Il y a donc eu construction, depuis 1960 du pont Cartier-Macdonald. Il y
a eu construction du pont du Portage et, actuellement, on est à
améliorer le pont interprovincial qui relie le centre-ville de Hull
avec, du côté ontarien, le Château Laurier, qui était
un accès qui existait depuis 1900. Il reste encore un vieux pont, le
pont des Chaudières, qui fait la liaison avec Ottawa pour l'autre
secteur, le secteur ouest de la ville de Hull.
Il était donc évident que le fait que, par cette
implantation d'un réseau routier... Je dois dire ici que les voies de
circulation que nous avons faites à Hull auraient dû être
supportées par les contribuables, mais, à cause de l'intervention
du gouvernement, les coûts en ont été supportés par
le gouvernement du Québec et la Commission de la capitale nationale
à 100%. Les contribuables n'ont pas eu à être taxés
pour les voies de circulation, Maisonneuve, Sacré-Coeur-Montclair,
Saint-Raymond, Saint-Laurent-Laramée. Egalement dans l'entente, nous
avons prévu, en plus des voies urbaines majeures, des voies de relations
intermunicipales.
M. Morin: Si, en plus du prix de l'expropriation, i) avait fallu
les taxer pour se faire exproprier...
M. Parent (Hull): Dans une autre ville, les citoyens de la ville
d'Ottawa ont payé pour leur réseau de circulation. Du
côté de Québec, parce que nous étions conscients
qu'il y avait une intervention gouvernementale urgente, nécessaire,
implicite, pour assurer à cette région de ne plus être
dépendante du côté ontarien, il fallait, à ce
moment-là, une intervention qui, à l'occasion, a causé des
préjudices à certains individus, c'est vrai. Je le
répète dans tous les discours que je fais, même en campagne
électorale, nous avons causé des préjudices à des
gens. Nous avons déplacé des gens. Ce n'est pas tellement le fait
d'être simplement exproprié, c'est une question de sentiment,
où on est né, où on a été
élevé, où on a grandi. Moi-même, j'ai grandi dans le
vieux Hull. Je demeure encore dans le vieux Hull. Je connais le coin
très bien et je n'ai pas peur de dire qu'à ce moment-là on
a imposé à des gens des sacrifices énormes pour permettre
que nous ne soyons plus dépendants du côté ontarien, ce que
le chef de l'Opposition a bien dit tout à l'heure. Nous essayons, mais
comment le faire quand nous avions des artères de circulation qui
avaient 20 ou 24 pieds en pleine ville, avec le flot d'automobiles qu'on
retrouve aujourd'hui, que tous les gens utilisent pour se rendre à leur
travail. Il est impossible de créer et implanter un réseau
routier sans qu'on ait à bousculer quelqu'un, qu'on le veuille ou non.
Nous sommes actuellement dans la deuxième phase de l'implantation du
réseau routier, c'est-à-dire les axes de liaison intermunicipale,
entre Hull et Aylmer, par des accès, puisqu'encore là, les gens
de la municipalité de Aylmer sont aux prises avec un problème
grave. Il prend deux heures au minimum à ces gens pour partir d'Aylmer,
qui est à six milles de Hull, avoir accès par un pont
pour se rendre à leur travail et y revenir le soir. Cette
situation ne peut plus durer, elle doit être corrigée. C'est dans
cet esprit que nous avons conçu le plan du réseau routier. Il y a
ces autoroutes qui sont en construction dans le comté de Pontiac, dans
le comté de Gatineau, dans le comté de Papineau et dans le
comté d'Argenteuil, comme j'ai dit tout à l'heure. Nous avons
également un axe de circulation, c'est peut-être à
celui-là que le chef de l'Opposition voulait faire allusion, que le
réseau routier était
conçu en fonction des gens d'Ottawa. Il voulait faire allusion
à l'autoroute A-5 qui est une liaison sud-nord, qui permet de
développer un potentiel touristique extraordinaire qui est la Gatineau,
potentiel qui déjà, simplement par la présence du parc de
la Gatineau, a 88 000 acres carrées, a un centre de ski des plus
renommés dans tout le Canada et va permettre, par cette construction que
nous venons de faire, non pas simplement l'accessibilité aux gens de
l'Ontario qui utilisent la Gatineau, mais de développer le potentiel
touristique qu'a cette région qui est dotée d'environ six centres
de ski, qui est dotée de centres de villégiature, mais qui est
une région, entre autres, touristique qui est inexploitée. Nous
avons la pêche dans la région de Maniwaki et cet axe sud-nord est
justement en prévision de permettre de développer cet
arrière-pays qu'est Maniwaki où il y a une quantité de
lacs, quantité d'espaces verts, quantité de parcs qui peuvent
être aménagés et permettre ainsi d'obtenir les
bénéfices de cette industrie touristique qui elle-même est
génératrice d'emplois, plus que n'importe quel secteur, qu'il
soit primaire, secondaire ou tertiaire. C'est ça, à mon avis,
qu'il faudrait faire.
Quant aux problèmes que pose l'implantation d'un réseau
routier et de cette nouvelle politique d'intervention du gouvernement à
Hull, je l'ai dit, cette implantation a causé des préjudices.
Elle a créé des situations difficiles, c'est pourquoi le
gouvernement du Québec n'a pas hésité à financer
une étude sur l'habitation dont la Communauté régionale
est maître d'oeuvre. Et cette étude doit nous être remise
avant même que le schéma ne soit approuvé parce qu'elle
fait partie intégrante du schéma.
M. Morin: Avant le 1er septembre.
M. Parent: Ce sera en juillet que l'étude sera remise
à la CRO. Mais cela a été commandité par le
gouvernement, payé en entier par le gouvernement, parce que nous avons
senti que nous avions une responsabilité d'intervenir et c'est ce que
nous avons fait. Mais on ne peut pas bâtir dans quelques années un
territoire de cette nature qui avait été délaissé
pendant au-delà de 100 ans par les gouvernements antérieurs. Nous
y sommes intervenus, ma présence a peut-être aidé, je
l'espère, et je crois que nous sommes actuellement en possession des
outils nécessaires qui nous permettront de planifier un territoire et de
lui donner sa propre dépendance sans être dépendant des
autres.
M. Morin: M. le Président, j'avais posé au ministre
d'Etat une question précise sur le pourcentage de la main-d'oeuvre de la
région de Hull employée dans le secteur manufacturier. Il nous a
dit qu'il n'y avait pas eu de croissance, ni de baisse en chiffres absolus,
mais, en termes de pourcentage, est-ce qu'il n'y a pas eu une baisse relative
du secteur secondaire par rapport au tertiaire? il a admis que le tertiaire
avait connu une expansion spectaculaire par rapport au secondaire. J'aimerais
qu'il nous donne les chiffres les plus récents là-dessus.
Deuxièmement, dans le domaine commercial, en 1971, toujours
d'après la CRO, on dénombrait, dans l'agglomération de
Hull seulement, 25, 8% d'emplois commerciaux par 1000 habitants... Je m'excuse,
ce n'est pas un pourcentage, c'est 25, 8 par 1000 habitants, comparativement
à 49, 6 dans l'agglomération d'en face. Est-ce que le ministre a
des chiffres plus récents qui pourraient nous donner une idée des
tendances, des résultats qui ont pu déjà être acquis
par l'intervention gouvernementale?
M. Parent (Hull): M. le Président, je regrette
énormément de ne pouvoir donner suite aux demandes du chef de
l'Opposition, mais je pourrai le faire dans un avenir très prochain.
C'est que je ne croyais pas que l'étude des crédits des Affaires
intergouvernementales viendrait aussi rapidement. Je pensais que c'était
la Fonction publique qui devait continuer puisqu'on avait commencé
mardi. J'avais demandé au président de la Société
d'aménagement de l'Outaouais de me fournir tous les renseignements
concernant tous les secteurs: primaire, secondaire, tertiaire et de me donner
les comparaisons avec les années antérieures. Les seuls
renseignements qu'on m'a fournis ce matin, ici, c'est en regard de Statistique
Canada 1971, ce n'est pas récent.
M. Morin: Nous les avons, celles de 1971.
M. Parent (Hull): Je pourrais, dans un avenir très
prochain, remettre au chef de l'Opposition les tableaux avec le nombre de
personnes impliquées dans chacun des secteurs et les pourcentages
comparatifs.
M. Morin: J'aimerais beaucoup que le ministre fasse cela, M. le
Président, parce que, pour les chiffres de 1971, ils sont connus et,
d'ailleurs, le projet de schéma d'aménagement de la CRO en fait
amplement état. Mais il s'agit de savoir justement s'il y a eu un
début de redressement; dans le cas du secteur secondaire, malgré
tout ce dont vous nous avez parlé tout à l'heure, j'ai
l'impression qu'il y a une baisse relative importante, j'entends par rapport au
secteur tertiaire. Cela, je pense que ça devrait préoccuper le
ministre au plus haut point.
M. Parent (Hull): Je pense...
M. Morin: On ne peut pas fonder une économie rien que sur
une explosion du tertiaire. Le ministre le sait.
M. Parent (Hull): Mais j'ai bien souligné tout à
l'heure, je pense l'avoir mentionné assez clairement, qu'il n'y a pas eu
de croissance, mais qu'il y a eu, du côté tertiaire, une avance
vertigineuse.
S'il n'y a pas eu croissance, il est évident que, comparativement
au secteur tertiaire, il y a baisse. Si on a créé des emplois
dans le secteur tertiaire et que le secteur secondaire est demeuré
stagnant, il n'y a pas eu de baisse en nombre...
M. Morin: Vous reconnaissez que c'est un problème
grave?
M. Parent (Hull): Absolument. Mais il faudrait considérer
également que ce problème n'est pas exclusif à la
région de l'Outaouais. C'est un phénomène national, on n'a
qu'à regarder Statistique Canada de 1971 pour s'en rendre compte. C'est
un phénomène.
M. Morin: Je pense que cela s'est aggravé depuis 1971,
chez vous.
M. Parent (Hull): Non, je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu
une situation plus grave à Hull que dans le reste du pays. Il n'est pas
disparu d'entreprises manufacturières comme telles, excepté celle
que j'ai mentionnée hier, Walters Axe Co, Ltd une entreprise artisanale
qui comptait une vingtaine d'employés. Cela a cessé, si on peut
appeler cela une entreprise secondaire, manufacturière. Elle est
disparue, mais elle est disparue parce qu'il n'y a plus de marché.
Si on analyse chaque entreprise, on peut peut-être
démontrer qu'il y a eu départ d'entreprises. C'est vrai. Mais
quand je parle de nombre constant d'emplois, je parle du secteur forestier,
entre autres, la compagnie Eddy, la Consol à Portage-du-Fort, la CIP
à Gatineau, la CIP à Mani-waki. Cela n'a pas disparu. Il y a eu
croissance des effectifs.
Mais cette croissance a été absorbée par le
départ d'autres entreprises. C'est pour cela que j'ai dit tout à
l'heure qu'en chiffres absolus, cela s'est maintenu.
M. Morin: Est-ce que le ministre serait en mesure de comparer la
croissance du secteur secondaire du Côté hullois avec la
croissance du secteur secondaire du côté Ottawa-Carleton?
M. Parent (Hull): Je ne serais pas surpris que la situation soit
pire du côté ontarien que québécois.
M. Morin: Ce n'est pas ce que j'ai dans mes renseignements.
J'aimerais bien que vous soyez spécifique.
M. Parent (Hull): Dans les statistiques de 1971...
M. Morin: Je parle pour 1976.
M. Parent (Hull): L'industrie manufacturière, 22,9% du
côté de Hull, comparativement à 6,5% pour Ottawa. Dans les
services, du côté de Hull, 29,6% et du côté d'Ottawa,
25,7%.
M. Morin: Mais est-ce que vous n'avez pas des chiffres plus
récents que cela du côté de l'Ontario? J'aimerais beaucoup
que vous sortiez cela. J'ai l'impression qu'il y a du côté
ontarien un développement secondaire qui devrait peut-être vous
préoccuper, par rapport à celui de Hull, en tout cas.
M. Parent (Hull): Je suis surpris d'une telle affirmation de la
part du chef de l'Opposition. Je suis très familier même avec le
côté ontarien. Je suis un ancien résident d'Ottawa,
d'ailleurs.
M. Morin: Je le sais. C'est pour cela que je vous ai
demandé hier si c'était vous qui aviez réussi à
séduire la mairesse dans l'utilisation du français.
M. Parent (Hull): Je suis demeuré quatre ans près
de la résidence du gouverneur général et Mlle Whitton
était ma voisine. Je me rappelle que mon petit bonhomme, qui avait deux
ans, à ce moment-là, pourchassait son chat. Et elle n'aimait pas
cela; elle venait me parler.
M. Dufour: Est-ce qu'elle était en jaquette?
M. Morin: On comprend qu'il y ait des problèmes.
M. Parent (Hull): Pour revenir au sérieux, je suis quand
même surpris de votre déclaration.
M. Morin: C'est une question que je vous posais, parce que...
M. Parent (Hull): Quand le chef de l'Opposition parle de
l'entreprise secondaire...
M. Morin: Je parle de l'entreprise de transformation.
M. Parent (Hull): Je suis surpris qu'il me dise cela pour la
région d'Ottawa, du côté ontarien. Ce n'est pas la
prétention que je peux avoir. Il y a eu une diminution du
côté secondaire ontarien, peut-être beaucoup plus
prononcée que du côté québécois, mais
l'augmentation du tertiaire est probablement presque au même niveau que
chez nous, si ce n'est pas plus.
M. Morin: J'ai hâte de voir les chiffres les plus
récents, M. le Président. Depuis deux ou trois ans, il y a de
très grosses transformations du côté Ottawa-Carleton.
M. Parent (Hull): II y a le parc industriel d'Ottawa que je
connais bien, mais ce sont des entreprises tertiaires, non pas des entreprises
secondaires. Vous avez même des diminutions d'entreprises que je connais,
comme Carson, qui a diminué le nombre de ses employés
d'au-delà de 50%. C'est un manufacturier de sacs de voyage dont la
production a diminué énormément.
Vous avez à Hull, par ailleurs, l'implantation... Comme R. L.
Crain à Ottawa, a diminué ses productions, de services dans le
domaine de l'imprimerie. Elle a implanté une industrie à Hull
avec Campbell Printing qui avait une imprimerie à Ottawa qu'elle a
conservée...
M. Morin: Toujours, oui.
M. Parent (Hull): ...c'est-à-dire à Hull
égale-
ment. Vous avez ce phénomène de dualité
d'être sur les deux côtés de la rivière. C'est un
phénomène qu'on rencontre, au cours des dernières
années, de l'implantation d'industries qui étaient à
Ottawa et, qui s'en viennent du côté de Hull. J'en ai
mentionné une hier, Morrison-Lamothe, avec laquelle nous sommes sur le
point de conclure les ententes pour la relocaliser dans le parc industriel de
Hull. Mais, elle est déplacée, à cause des expropriations
qui ont eu lieu du côté ontarien. Il n'y a pas eu des
expropriations que du côté québécois.
Je vous ai également parlé du phénomène de
la Canada Packers, hier. Personnellement, je suis en discussion avec le
président de la compagnie pour obtenir la relocalisation à Hull
afin de moderniser son entreprise qui, actuellement, tombe en
désuétude. Elle existe déjà depuis au-delà
de 75 ans. Elle a besoin d'être modernisée si elle veut garder sa
rentabilité. Dans ces cas, nous faisons les démarches pour nous
assurer la relocation dans le parc industriel dans lequel nous avons
réservé des terrains pour permettre aux sociétés de
s'implanter à nouveau.
M. Morin: Je vais attendre que le ministre nous donne les
chiffres. Pourra-t-il les déposer en Chambre, lorsqu'il les aura
à sa disposition? Est-ce que le ministre pourra les déposer en
Chambre, lorsqu'il les aura?
M. Parent (Hull): Absolument.
M. Morin: Parce qu'il devrait y avoir des chiffres pour 1976,
notamment. A mi-chemin, entre 1971 et 1981, il devrait y avoir de nouvelles
statistiques qui éclaireraient le ministre. Le ministre déposera
en Chambre. J'ai bien compris sa réponse?
M. Parent (Hull): Oui.
L'agriculture
M. Morin: Bien. Est-ce que je pourrais vous entretenir d'un autre
domaine qui a subi, je pense, un impact extrêmement négatif
à la suite, soit de l'absence de planification du côté
québécois, soit de la planification faite par les
fédéraux? C'est le domaine de l'agriculture. D'ailleurs, la CRO
le reconnaît, dans le document que vous avez déposé hier,
puisqu'à la page 6, on nous dit qu'à l'heure actuelle, le
potentiel agricole j'imagine qu'on veut dire les possibilités
agricoles est gravement menacé par la spéculation
foncière. A la page 53, on est encore plus précis. On nous dit
que, de 1971 à 1974 cette fois-là, on a des chiffres plus
récents sur 200 transactions, impliquant plus de 20 000 acres de
terres agricoles dans les limites de la communauté, seulement 27% ont
été effectuées dans un but d'exploitation agricole. Le
reste est, en fait, dans un but de spéculation ou de
développement.
Voilà un problème qui se voit à l'oeil nu, quand on
va sur le territoire de la CRO. J'aimerais bien connaître les
remèdes que le gouvernement entend apporter à cette situation
qui, loin de s'être atténuée depuis deux ou trois ans,
semble s'aggraver de jour en jour.
M. Parent (Hull): II est évident que ce n'est pas non plus
un phénomène local ou régional, ou propre à la
région de l'Outaouais, celui des terres agricoles. Je pense que le
gouvernement a déjà manifesté son intention, dans le
discours inaugural, de présenter une loi sur le zonage agricole. Il est
évident...
M. Morin: Est-ce que vous allez attendre cela pour faire quelque
chose dans la région?
M. Parent (Hull): Non, parce que, justement, la Communauté
régionale a déterminé, dans son projet de schéma,
les terres qui devraient être réservées à des fins
agricoles. Il n'y a pas simplement le territoire de la communauté dont
il faut tenir compte, il va falloir tenir compte de l'arrière-pays
où il y a beaucoup plus de terrains agricoles que dans le secteur de la
Communauté régionale de l'Outaouais.
La communauté détermine, par son schéma, ce zonage
agricole. Elle détermine également, par son schéma, les
axes de développement et la période durant laquelle devra se
faire le développement pour qu'il soit harmonisé. Ce qu'il nous
manquait jusqu'ici.
Avec la multitude de municipalités que nous avions
antérieurement au 31 décembre 1974, 32 municipalités, on
peut croire qu'à ce moment, les municipalités n'étaient
pas toutes organisées avec un fonctionnarisme en place et que les permis
de construction s'accordaient par les municipalités. L'intervention de
la communauté régionale que nous avons faite, puisque nous avons
été obligés, comme je l'ai dit, malgré la loi qui
existait et la responsabilité qui existait, de faire un schéma,
n'avait pas donné de résultat. Nous l'avons fait par une loi
spéciale de la Législature, le bill 54, obligeant la
communauté à faire son schéma d'aménagement et
obligeant les municipalités à avoir un plan directeur.
Nous sommes conscients du problème qu'il y a dans la
région, mais quand il n'y a pas de règlement qui empêche un
développement par le zonage, ce n'est pas le gouvernement qui peut se
substituer aux municipalités qui ont le mandat et la
responsabilité du territoire dans leur propre secteur. Nous sommes
intervenus, parce que nous croyions que dans ce coin, il était
nécessaire de faire une intervention spéciale. Pour éviter
d'abord que le développement se fasse de la façon qu'il
était entrepris, et qui a amené, comme dans le cas de la ville de
Gatineau et d'autres municipalités, des coûts exorbitants aux
municipalités qui, n'ayant pas de réglementation, étaient
dans l'obligation de fournir les services municipaux à tous ces
développeurs. Or, la ville de Hull qui est un exemple dans ce domaine, a
suivi la politique qui existe en Ontario sur tout le territoire. La ville de
Hull ne fait pas de règlement d'emprunt pour fournir les services aux
promoteurs qui veulent faire du développement. C'est le promoteur qui
doit faire les services, à ses frais. Le contribuable
ne se réveille pas le lendemain matin après avoir
acheté sa maison avec des taxes d'amélioration locale comme on
retrouve dans le nouveau Gatineau maintenant, $800 ou $900 par année,
pour des services municipaux.
M. Morin: C'est plus que cela même.
M. Parent (Hull): On y reviendra tout à l'heure. J'ai fait
moi-même des démarches. J'ai écrit personnellement à
chacune des municipalités leur demandant d'adopter des règlements
dans ce sens. On a passé cela par-dessus bord. Le député
n'avait pas le droit d'intervenir dans la municipalité pour lui dire de
faire telle chose. On se réveille aujourd'hui avec des problèmes.
Le développement du territoire en lui-même était une
responsabilité municipale. Le gouvernement est intervenu dans cette
région, justement parce qu'il avait des difficultés, pour qu'il y
ait un plan, afin qu'on sache demain matin où le développement
doit se faire, comment doit-il se faire, quelle densité de population,
quels sont les espaces verts qu'il faut conserver, quelles sont les zones
agricoles qu'il faut maintenir pour éviter ce qu'on a appelé
communément la spéculation?
Quand on regarde le développement qui s'est produit, en
particulier, dans la nouvelle ville de Gatineau à l'est et le
développement qui s'est produit dans la nouvelle ville de Aylmer, on
comprend que ce sont les municipalités qui ont donné leur
consentement pour que ces développements aient lieu. Cela ne s'est pas
fait de simple autorité d'un promoteur, de dire qu'il va
développer tel secteur, que la municipalité va être dans
l'obligation d'adopter un règlement pour amener une conduite à un
mille plus loin pour donner les services, parce que M. Untel a acheté
telle terre à développer. Ce sont les municipalités, il
faudrait bien comprendre cela. Le gouvernement, s'il est intervenu, c'est
justement pour que ce développement se fasse d'une façon
harmonieuse et coordonnée. Nous avons imposé à la
communauté régionale de faire un schéma. Nous l'avons
maintenant. D'ici le 1er septembre, ce schéma devrait être
adopté par les municipalités. Les municipalités auront
à adapter les plans directeurs qu'elles ont dans leur propre territoire
au schéma d'aménagement.
Elles auront à adopter également ou à
réaménager leurs règlements de zonage, leurs
règlements de construction en fonction du schéma et,
également, elles auront l'obligation de préparer leur programme
quinquennal d'immobilisation, ce qui permettra d'avoir, dans une région
du Québec, de l'ordre et d'éviter des problèmes que l'on
affronte depuis nombre d'années.
Ville de Gatineau
M. Morin: M. le Président, il est bien certain que les
problèmes de la nouvelle ville de Gatineau, notamment, sont dus, dans
une large mesure, à cette espèce de satellisation dont on parlait
tout à l'heure. J'aimerais demander au ministre, de façon
spécifique, ce qu'il compte faire, en particulier, pour la nouvelle
ville de Gatineau, qui se trouve aux prises, dans l'immédiat, de
façon très concrète, avec des augmentations de taxe de
l'ordre de 90%, allant, pour être plus précis, de 74% à
126%, selon les anciennes municipalités qui ont été
intégrées dans la nouvelle ville de Gatineau.
Est-ce que le gouvernement, et le ministre d'Etat en particulier,
puisqu'il connaît bien le problème, a l'intention de faire quelque
chose, dans l'immédiat, pour sortir les citoyens de cette
municipalité de la grave ornière dans laquelle ils sont en train
de s'enfoncer? Je voudrais faire remarquer au ministre qu'avant l'existence de
la municipalité regroupée, chacune de ces municipalités
était un peu à la merci des développeurs dont il a
parlé tout à l'heure, que le développement était
tout à fait anarchique et que, souvent, ces municipalités ont
tenté de fournir des services, parce qu'elles n'avaient guère le
choix. Il y a une pression considérable qui s'exerce sur l'immobilier
dans cette région.
Est-ce que le gouvernement, donc, va faire quelque chose dans
l'immédiat, compte tenu du fait que des augmentations de taxe vont
amener les taxes annuelles à des chiffres allant entre $1000 et $1800
pour des familles dont le revenu n'atteint pas $10 000? Est-ce que le
gouvernement va faire quelque chose dans l'immédiat pour sauver ces
familles?
Il y a, à l'heure actuelle, une véritable débandade
dans la nouvelle ville de Gatineau. Le ministre le sait. Il y a des gens qui
mettent leur maison en vente, et même à des prix
dérisoires, parce qu'ils ne sont plus capables de faire face aux taxes.
Je ne sais pas quel est le pourcentage exact des citoyens de la nouvelle ville
de Gatineau qui gagnent moins de $10 000 par année, mais je crois que
c'est un pourcentage très élevé. Compte tenu de ça,
est-ce que le ministre peut nous faire part de ses intentions? C'est un
problème vraiment concret, et ce n'est pas la planification à
long terme qui portera fruit dans plusieurs années qui va sortir les
gens de cette dèche.
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense qu'il s'agit
là d'une responsabilité du ministre des Affaires municipales.
J'ai pris connaissance, lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales, de la déclaration de mon
collègue, le ministre des Affaires municipales, selon laquelle la ville
de Gatineau obtiendra le traitement équitable qui est accordé
à toutes les municipalités, et que la subvention qui pourrait
être versée le sera selon les normes et critères
établis par le ministère...
M. Morin: Oui...
M. Parent (Hull): ...dans le cas des municipalités en ce
qui regarde le versement des subventions d'équilibre
budgétaire.
M. Morin: Avez-vous une idée du chiffre que cela
représente, M. le ministre?
M. Parent (Hull): Le ministre a dit qu'il était prêt
à faire un effort particulier en ce qui concerne
la ville de Gatineau, tenant compte du fait qu'il y a eu regroupement de
municipalités. Ceci dit...
M. Morin: ...de $200 000 à $400 000, peut-être?
M. Parent (Hull): ...M. le Président, je voudrais bien que
le député de Sauvé n'aille pas induire les citoyens en
erreur, puisque la taxe sur une propriété moyenne dont
l'évaluation est de $15 000, en vertu du nouveau budget, ne
dépasse, dans aucune circonstance, la somme de $718.80, et c'est
lancienne ville de Pointe-Gatineau qui a le record.
Les autres varient selon les secteurs, dans l'ancienne ville de
Gatineau, de $624, $591.30, $579.15, $574.65 et, dans l'ancien Touraine, partie
urbaine, $551; $494 dans la partie rurale; dans le village de Templeton,
l'ancien village, $674; dans Templeton-Ouest, $420; Templeton-Est, $434.10 et
dans Templeton-Est, partie est, $420.45.
C'est une jolie différence avec le montant de $1800 que vous
mentionnez.
M. Morin: Les pourcentages que j'ai donnés sont-ils
inexacts?
M. Parent (Hull): II peut arriver que, dans ce que le chef de
l'Opposition a donné et qui n'est pas complet, à cause des taxes
d'amélioration locale...
M. Morin: Ah! On y est!
M. Parent (Hull): ... que l'augmentation soit... Parce qu'ici, il
s'agit de la taxe foncière... Mais chaque municipalité doit
assumer les taxes imposées par les anciennes municipalités sur la
base de la distribution qui était faite. Si, pour une
municipalité, il y avait des édifices qui avaient
été construits, tels qu'hôtel de ville, poste de police,
aréna, la taxe qui sera imposée le sera relativement aux
immobilisations que la ville avait faites antérieurement et sera
imposée aux citoyens de cette municipalité.
Mais, dans des secteurs de Pointe-Gatineau, dans des secteurs de
Touraine, en plus de cette taxe spéciale pour payer les anciennes
dettes, il y aura une taxe d'amélioration locale pour des services que
la municipalité a fournis et pour lesquels le contribuable a maintenant
la surprise de sa vie, deux ou trois ans après, celle de commencer
à recevoir un compte de taxe parce qu'on avait financé au moyen
d'emprunts temporaires alors que, lorsqu'on finance ainsi, il n'y a pas de
distribution aux propriétaires.
M. Morin: Les promoteurs sont partis dans le paysage.
M. Parent (Hull): La taxe s'applique un an après
l'émission d'obligations et c'est là que le résultat
arrive, aujourd'hui. Mais je voudrais bien qu'il soit clair que, contrairement
à ce qu'on dit et à ce que même le maire a
répété, à l'occasion, ce n'est pas le regroupement
municipal qui a amené la situation catastrophique actuelle à
Gatineau. C'est faux, c'est faux et c'est faux.
Ce n'est pas le regroupement municipal qui a la responsabilité
actuelle de la catastrophe de la nouvelle ville de Gatineau. C'est
l'incompétence et la mauvaise gestion des administrateurs municipaux qui
sont en cause et je pourrai donner...
M. Morin: Le gouvernement n'a aucune responsabilité
là-dedans!
M. Parent (Hull): Non. M. Morin: Bien voyons!
M. Parent (Hull): Je pourrai donner également les chiffres
exacts de ce qu'aurait dû être la taxe de 1975 et qu'on a omis dans
le budget, illégalement.
M. Morin: Soyez plus spécifique.
M. Parent (Hull): Je vais y revenir. Mais on se réveille
aujourd'hui avec une situation qu'on déplore sur la place publique. On
blâme le gouvernement, ouvertement, d'être le responsable de la
situation, mais on ne se préoccupe pas des administrateurs municipaux
qui ont posé les actes.
M. Morin: Ce sont eux qui sont aux prises avec les
problèmes que vous avez créés dans une large mesure.
M. Parent (Hull): Oui. Je n'ai pas d'objection, comme mon
collègue, le ministre des Affaires municipales, à ce que le
gouvernement fasse l'essentiel pour tenter de résoudre le
problème, mais il ne faudrait pas oublier qu'il y a d'autres villes dans
la région également. Il y a la ville de Buckingham qui est aux
prises avec un gros problème elle aussi: $448 000 de déficit pour
l'année 1975 avec des augmentations de taxe d'au-delà de
100%.
M. Morin: J'allais vous en parler.
M. Parent (Hull): Je suis au courant de ce dossier aussi. Mais il
faudrait cesser de dire que c'est le gouvernement qui est en cause et surtout
le maire doit cesser de dire que c'est le gouvernement qui est en cause parce
que ce n'est pas le gouvernement qui est en cause et, s'il en est un qui est en
cause, c'est lui, le maire, qui, dans sa propre municipalité, au moment
où il était maire, en 1974, a accumulé un déficit
des dépenses non budgétisées et des dépassements au
budget de l'ordre de $295 619, en 1974.
Je ne parle pas du conseil provisoire encore, qui a siégé
en 1975, dont faisait partie le maire actuel, mais ces $295 619 auraient
dû générer une taxe additionnelle, en 1975, de $2.23 par
mille dollars d'évaluation à chaque contribuable, pour l'ancienne
ville de Gatineau. Beaucoup plus la ville de Pointe-Gatineau qui semblait plus
affectée, il y a eu dépassement et déboursés non
prévus au budget pour une somme de $412 660. Cela aurait
nécessité, si on avait été des administrateurs
municipaux, comme on prétend l'être, pour la nouvelle ville de
Gatineau, d'imposer aux citoyens de
Pointe-Gatineau, pour l'année 1975, $5.54 par mille dollars
d'évaluation. Pas satisfait de cela, le conseil municipal provisoire de
1975 a créé un déficit de $422 000. C'est donc $1 380 000
qui n'ont pas été imposés aux contribuables et, à
cause d'élections qui approchaient, on n'a pas assumé ces
responsabilités de comptabiliser le déficit de $957 000 des
anciennes villes, celui de 1974. Beaucoup plus, on a fait, en plus, un
déficit en 1975. Les responsables là-dedans, ce sont les maires
et les conseillers. Ce sont eux qui ont trompé la population.
M. Morin: Vous osez dire que vous n'avez rien eu à voir
avec ces problèmes-là? Que votre absence de planification, que la
pression exercée sur l'habitat...
M. Parent: Ce n'est pas l'absence de planification qui a fait
cela.
M. Morin: Non. M. Parent: Non.
M. Morin: Ce n'est pas la croissance
désordonnée?
M. Parent: Ce n'est pas la croissance désordonnée
non plus.
M. Morin: C'est quoi, alors?
M. Parent: Mais un homme qui prétend que cela fait
quatorze ans qu'il est au conseil municipal et qui n'exige même pas,
encore aujourd'hui, au moment où je vous parle, de certificat du
trésorier avant d'adopter des résolutions, je pense qu'à
ce moment-là c'est un incompétent. Je n'ai pas autre chose
à dire là-dessus, c'est un incompétent de pure
espèce.
M. Morin: Je pense que le ministre se laisse entraîner par
la partisanerie.
M, Parent: On n'a pas le droit, en vertu de la Loi des
cités et villes...
M. Morin: Ce n'est pas parce qu'il est contre vous qu'il est
nécessairement incompétent.
M. Parent: On n'a pas le droit d'engager des crédits dans
une municipalité à moins qu'ils n'aient été
prévus au budget, à moins qu'il n'y ait un certificat du
trésorier attestant qu'il y a de l'argent disponible pour payer. Or, si
on avait suivi la loi, même en 1974, dans l'ancienne ville de Gatineau,
on ne serait pas arrivé avec un dépassement au budget, on ne
serait pas arrivé avec des dépassements en 1975 et on aurait
demandé, avant que je leur dise il y a deux semaines, l'autorisation
à la Commission municipale, tel que le veut la Loi des cités et
villes, de reporter la date d'adoption du budget, ce qui aurait dû
être fait avant le 31 décembre il n'est même pas
adopté encore, autre preuve d'incompétence demandant au
gouver- nement d'endosser les intérêts de $15 000 par semaine que
coûtent les emprunts temporaires parce que la municipalité n'a pas
perçu ses taxes. La municipalité, en vertu de la Loi des
cités et villes, avait le pouvoir d'imposer une taxe provisoire
dès le mois de janvier. Elle ne l'a pas fait et on est rendu au mois de
mai. On nous demande au gouvernement d'aller payer les intérêts.
On va payer les intérêts pourquoi? Parce que la
municipalité n'a pas assumé ses responsabilités, parce que
le maire, après quatorze ans, prétend qu'il connaît la
municipalité mais ne connaît pas la loi, et il se fait voter un
voyage pour venir à Québec la semaine dernière d'une
façon illégale, selon l'avis juridique qui vient d'être
émis. On dit, à ce moment-là: Le problème de
Gatineau est catastrophique. C'est la faute du gouvernement. Moi, je dis que
c'est la faute de l'administration incompétente.
M. Morin: Je pense que vous y allez bien lestement et que je suis
un peu étonné de voir le ministre, parce qu'il s'agit d'un
adversaire, tenter de mettre toute la responsabilité sur le dos des
édiles municipaux de Gatineau, alors qu'il sait pertinemment que, si
cette municipalité a des problèmes insurmontables aujourd'hui, de
très graves problèmes sociaux, parce que c'est en train de
prendre des proportions de problèmes sociaux et non plus seulement de
problèmes purement financiers ou problèmes municipaux, s'il en
est ainsi, c'est, dans une large mesure, à cause de la
désorganisation entraînée par les événements
dans la région de Hull-Ottawa depuis quelques années. C'est dans
une large mesure parce que vous avez laissé planifier l'avenir de ce
territoire par d'autres, en fonction des intérêts d'autres, que
ces événements-là se produisent aujourd'hui.
M. Parent: M. le Président, je ne peux pas laisser aller
cela en fonction des intérêts des autres. Quand je dis que c'est
la troisième fois que j'interviens auprès des
municipalités avant le regroupement, auprès de M. Luck,
directement, pour lui demander d'approuver un règlement municipal et
qu'à l'avenir, il n'y aurait plus de taxe d'amélioration locale,
qu'il n'y aurait plus de règlement et qu'on foute cela par-dessus
bord... Après le regroupement, j'ai écrit à chacun des
membres du conseil leur demandant d'adopter un règlement.
Je l'ai fait encore au début de cette année. On refuse
catégoriquement de le faire et on vient dire que c'est la faute du
gouvernement, quand on les a mis en garde je l'ai fait par écrit,
en plus depuis trois ans, leur demandant d'éviter ce qui se
faisait de ce côté, leur demandant de prendre l'exemple de la
ville de Hull qui, depuis 1963, avait approuvé le règlement.
Faisant beaucoup plus que ça, avec la première lettre que j'ai
envoyée en 1973, j'ai même annexé le règlement de la
ville de Hull pour leur demander de l'approuver. C'est ça qu'on vient
dire aujourd'hui, c'est la faute du gouvernement, ce sont les promoteurs qui
sont venus faire le trouble? Non, c'est la municipalité qui n'a pas
assumé ses responsabilités.
Aujourd'hui, si, ça va mal, c'est la faute du gouvernement.
C'est bien dommage, ce n'est pas la faute du gouvernement, c'est la
faute des gens qui étaient là, qui sont là encore, et ce
sont eux les responsables, non pas le gouvernement. Je les ai avisés au
nom du gouvernement, je les ai avisés comme ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales, d'avoir à prendre des dispositions pour ne pas
utiliser leur marge de crédit de la municipalité pour construire
des services d'amélioration locale. Quand la municipalité viendra
construire des équipements communautaires, elle n'aura plus le
crédit nécessaire pour le faire; c'est ça, je les ai
prévenus personnellement. Je leur ai écrit, des textes leur
demandant d'approuver les règlements; on n'a pas bougé, on ne
bouge pas encore. Et on vient me dire après ça qu'on a voulu
favoriser des promoteurs, la spéculation, tout ça, quand ce sont
les municipalités qui ont été avisées directement,
que, personnellement, je l'ai fait. Aujourd'hui, on vient nous dire: C'est le
marasme, c'est la catastrophe, c'est la faute du gouvernement; le regroupement
municipal, s'il y en a eu dans la ville de Gatineau, comme on l'a dit,
c'était la faute de la CCN, à cause de l'explosion de la
construction domiciliaire qui s'y est produite.
M. Morin: Vous niez ça?
M. Parent (Hull): Certainement. C'est la ville qui avait le
contrôle du développement, elle aurait pu le faire à
meilleur compte et bénéficier des taxes, si elle avait su assumer
ses responsabilités comme je lui ai demandé de le faire, de faire
construire les services par les promoteurs, comme cela se fait du
côté ontarien.
Si vous êtes allé à Ottawa récemment, quand
vous sortez de l'aérogare d'Uplands, vous avez un projet de
développement, Hunt Chase, de Campeau. Avant même qu'on ait
construit une maison, les formes de rue étaient là, les services
d'aqueduc et d'égout étaient là, l'éclairage
était là, et ce n'est qu'après qu'on a commencé
à construire des maisons. C'est ça que je prêche, et la
ville de Hull l'a compris, quand je le lui ai demandé en 196t. Elle a
adopté son règlement, mais les autres municipalités
s'entêtent à le faire et, durant ce temps, on se réveille
comme on le fait cette année dans le secteur Touraine où chaque
propriétaire aura à payer une moyenne de $800 à $900 de
taxe d'amélioration locale en plus de la taxe foncière, en plus
de la taxe des anciennes immobilisations de la ville.
Or, le problème, il est vrai, est un problème social
aujourd'hui, parce qu'on demande à des propriétaires de payer
pour des responsabilités que n'ont pas assumées leurs
édiles municipaux, mais, au même moment, ceux-ci se retournent
pour dire que c'est la faute du gouvernement et c'est ça que je ne peux
pas accepter. Ce n'est pas la faute du gouvernement, c'est la faute des
édiles municipaux, mais, pour autant, on ne va pas laisser souffrir les
contribuables qui seront appelés à payer la note. On va
intervenir pour les aider. Mais je veux que ce soit clair que le
problème qui se présente, le bébé qu'on a mis au
monde et qu'on a voulu élever de la façon qu'on le voulait,
aujourd'hui, il ne faudrait pas demander à Québec de
l'adopter.
M. Morin: M. le Président, je trouve un peu simpliste
l'approche du ministre par rapport aux problèmes de
l'aménagement, notamment de la nouvelle ville de Gatineau, dans le
domaine de l'habitation. Il est bien certain que, s'il n'y avait pas eu toutes
les carences qu'on a connues dans le passé, ces problèmes
n'auraient pas existé. Je trouve bien simpliste de faire reporter sur le
dos des édiles municipaux toute la responsabilité de l'absence ou
des carences du passé. Dans ce sens, le gouvernement a sa large part de
responsabilité et j'espère qu'il va le reconnaître en
aidant cette ville à régler son problème. Parce que, si
vraiment la situation était telle que le ministre l'a décrite, si
le gouvernement, dans cette affaire, était blanc comme un agneau et si
c'était vraiment entièrement la responsabilité des
municipalités, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement irait
à ce moment-là aider la municipalité.
Je crois bien sincèrement et je pense que le ministre va
le reconnaître que le gouvernement du Québec a sa large
part de responsabilité. J'espère qu'il va aider
sérieusement la municipalité, parce que cela commence à
prendre des proportions vraiment catastrophiques sur le plan social.
Mais peut-être ne sert-il pas de prolonger indûment ce
débat, puisqu'il nous reste à peine une demi-heure, vingt-cinq
minutes, pour terminer tout ce dossier. Est-ce que je pourrais poser une
dernière question précise...
M. Parent (Hull): J'ai dit au député de
Sauvé que nous allons intervenir à Gatineau, mais à la
condition que...
M. Morin: Ah! Vous voulez faire sauter vos adversaires
politiques?
M. Parent (Hull): Non. M. Morin: Pourquoi?
M. Parent (Hull): Mais on va éviter les
problèmes...
M. Morin: Vos trois points de suspension me paraissaient
menaçants.
M. Parent (Hull): Ce qui a été le passé, la
cause du résultat que nous avons aujourd'hui, cela devra se
corriger.
M. Morin: Qu'est-ce que vous allez faire exactement?
M. Parent (Hull): Une des conditions sera que les
développements qui se feront le seront aux frais des promoteurs, et non
aux frais des contribuables.
M. Morin: Là-dessus, je peux dire au ministre que c'est
une des conclusions à laquelle la nouvelle municipalité en est
venue.
M. Parent (Hull): Cela a pris du temps à la
convaincre.
M. Morin: Ce n'est pas si simple que cela. On pourrait entrer
dans le débat, mais ce n'est pas si simple que cela de transférer
les responsabilités aux municipalités, alors que j'ai
l'impression que vous avez eu tendance à effacer un peu lestement vos
propres responsabilités, dans le passé.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas à esquiver mes propres
responsabilités, mais je ne voudrais pas que d'autres personnes
esquivent les leurs et tentent de tes faire porter à d'autres.
J'ai dit que nous allions intervenir, pas simplement par la subvention
d'équilibre budgétaire, pour alléger le fardeau du
contribuable, nous allons intervenir à la condition qu'à l'avenir
les développements se fassent aux frais des promoteurs. Mais nous allons
intervenir également dans d'autres secteurs, où la taxe
d'amélioration locale constitue un fardeau pour les citoyens.
Je suis même intervenu auprès du ministre des Affaires
municipales pour que des subventions soient accordées sur les
règlements d'emprunt dont les contribuables auront à assumer le
fardeau, pour en réduire le montant, comme on le fait pour les
subventions d'équilibre pour l'aqueduc et l'égout. Nous allons
intervenir également pour l'égout collecteur que la ville est
obligée de construire pour se raccorder à l'intercepteur
régional et à l'usine d'épuration.
La municipalité de Gatineau recevra au moins, dans l'ensemble des
subventions des différents secteurs du ministère, au-delà
de $5 millions. Je pense que le gouvernement aura fait sa part pour
atténuer le fardeau. Mais il ne faudrait pas que la situation se
perpétue.
M. Morin: $5 millions, au cours des prochaines années. Sur
combien d'années?
M. Parent (Hull): Pour certaines, ce sera immédiatement;
pour d'autres, ce sera réparti, parce que les règlements
d'emprunt sont faits.
M. Morin: Je m'en doutais. Mais je vous demande sur combien
d'années?
M. Parent (Hull): Quelques-uns sur une période de dix ans,
d'autres sur une période de cinq ans.
M. Morin: Oui. Mais dans l'immédiat?
M. Parent (Hull): Dans l'immédiat, il y aura une
subvention d'équilibre budgétaire qui sera annoncée au
début de la semaine, par mon collègue le ministre des Affaires
municipales.
M. Morin: De quel ordre? Est-ce que vous avez une idée,
à tout le moins? Est-ce qu'on va se contenter de...
M. Parent (Hull): II ne faudrait pas oublier que cette subvention
d'équilibre budgétaire s'ajoute à la subvention statutaire
du regroupement.
M. Morin: Oui?
M. Parent (Hull): II y a $3 per capita, pendant cinq ans, ce sera
le deuxième versement, qui rapporte à la ville une somme de $200
000. La subvention d'équilibre, c'est en sus de cela. On n'a jamais
parlé de cela jusqu'à maintenant. Ce montant de $200 000...
M. Morin: Tout le monde en est conscient.
M. Parent (Hull): ... c'est une subvention également pour
assumer les frais du regroupement. Or, je pense que l'intervention
gouvernementale aura pour effet d'atténuer le fardeau de ceux qui sont
les plus affectés, comme je l'ai dit tout à l'heure, dans les
subventions d'aqueduc et d'égout. La subvention d'équilibre,
c'est pour l'ensemble de la municipalité et le gouvernement intervient
pour l'égout collecteur qui se raccordera à l'intercepteur
régional sera immédiate, puisque le gouvernement assumera les
deux tiers du coût de construction de l'égout collecteur.
M. Morin: Nous allons attendre l'annonce de ces subventions pour
pouvoir juger si elles répondent vraiment à la gravité des
problèmes. On aura peut-être l'occasion de s'en reparler, puisque
le ministre ne peut pas me donner plus d'éléments
précis.
Puisque le temps nous presse, et je voudrais que nous terminions
l'étude de ces problèmes aujourd'hui, M. le Président, je
voudrais aborder le rôle de la CCN.
En février 1976, la CRO a présenté au comité
mixte des communes et du sénat, ce qu'on appelle quelquefois la
commission Stewart-Deschâtelets, un mémoire qui propose une
diminution substantielle des pouvoirs de la CCN et, notamment, en
matière de planification. Je me permets de me référer
à des recommandations spécifiques de la CRO, notamment aux pages
59 et suivantes du mémoire que le directeur du SACCAN a en main à
ce que je vois.
J'aimerais connaître la position du ministre sur ces
recommandations. Je vais les prendre une par une et j'aimerais demander, comme
question accessoire, si on va tenir compte de ces recommandations de la CRO
dans la rédaction de l'accord-cadre ou de ce que le ministre appelle
l'accord-directeur Québec-Ontario-Canada. Je lui demanderai aussi ce
qu'il a l'intention de faire pour appuyer concrètement ces
recommandations qui me paraissent, en ce qui me concerne, fort
constructives.
Prenons d'abord la recommandation no 3: L'élaboration des plans
d'aménagement et la gestion des affaires communautaires appartiennent
aux collectivités constituées, de part et autre, de la
rivière de Outaouais en municipalités régionales et
locales. Cela veut dire, du côté québécois, la CRO
et, du côté de l'Ontario, la municipalité
d'Ottawa-Carleton, qui, comme le ministre vient de nous l'apprendre dans le cas
de la CRO, ont déposé un schéma d'aménagement du
territoire. Est-ce que le ministre est d'accord avec cette recommanda-
tion? Qu'est-ce qu'il entend faire pour appuyer concrètement la
CRO?
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense que tout le
problème du contexte des relations fédérales-provinciales
entre en ligne de compte. Si le député de Sauvé, chef de
l'Opposition, veut bien se rapporter à ce que j'ai exposé hier
dans mon allocution, l'article 3 est presque exactement mot à mot notre
paragraphe 5 de l'accord directeur. Je pourrais dire, pour l'information du
chef de l'Opposition, que nous avons eu une rencontre, le ministre des Affaires
intergouvernementales, mon collègue, M. Cloutier et moi-même, avec
le président de la CRO et les huit maires des municipalités
regroupant le territoire, réunion qui s'est tenue ici à
Québec, vers le 15 décembre, où nous avons convenu que la
communauté pouvait présenter un mémoire et des aspects sur
lesquels devait porter ce mémoire, c'est-à-dire sur les
modalités d'application.
En ce qui concernait l'aspect constitutionnel, le premier ministre du
Québec, à l'invitation de la commission
Stewart-Deschâtelets, a répondu que le gouvernement ne
participerait pas aux travaux de cette commission, que les relations, entre le
gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada, devaient se
poursuivre selon les lignes établies, c'est-à-dire que nous
discutons entre deux gouvernements de l'aspect constitutionnel du
problème.
La commission Stewart-Deschâtelets a pour mandat de faire des
recommandations au gouvernement sur la loi de la commission, sur ses
modalités d'application et sur son concept.
Or, le gouvernement a été consulté par la
communauté régionale quant à la préparation de son
document. Nous n'avions pas donné de consentement ou d'approbation sur
les recommandations qui avaient été faites. Nous nous sommes
réservé, comme il en est d'usage, le droit à la
négociation avec le gouvernement fédéral. Si on regarde
les recommandations, en général, de la communauté
régionale, elles s'appuient passablement sur le texte de l'accord
directeur dont j'ai soumis la proposition au gouvernement du Canada et au
gouvernement de l'Ontario. C'est dans ce cadre que la communauté
fonctionne. Quand il concerne l'aménagement, je pense avoir
explicité hier que, même si l'accord directeur n'a pas encore
été signé entre les gouvernements, il le sera simplement
après le résultat des travaux Stewart-Deschâtelets et de la
commission Mayo pour le gouvernement ontarien, il demeure que, dans les faits,
le comité intergouvernemental que nous avons mis sur pied le 15
décembre 1973, fonctionne comme si l'accord directeur était
signé. Le gouvernement du Québec et ses partenaires
siègent avec la Commission de la capitale nationale sur les projets
d'aménagement du territoire. Je voudrais rappeler à nouveau, au
chef de l'Opposition qu'en vertu du jugement de la Cour suprême, il ne
faudrait pas oublier que la Commission de la capitale nationale avait des
pouvoirs qui ont été reconnus par la Cour suprême. Dans ce
même cadre, j'ai bien dit. dans mon exposé hier, que, depuis
déjà deux ans et demi, nous avons une collaboration parfaite de
la Commission de la capitale nationale, à savoir que les projets ne sont
pas mis de l'avant avant qu'il y ait approbation du Québec et qu'on se
met avec nous à la table pour étudier l'aménagement du
territoire. Ce que la communauté désirera obtenir, c'est
l'assurance qu'elle sera seule à assumer la responsabilité sur le
territoire. Si nous pouvons convenir, même si, dans les faits, cela se
pratique, de la signature d'un accord directeur, cela ne sera pas seulement
dans les faits, ce sera dans la forme également que nous pourrons
retrouver cette recommandation pour laquelle, je pense bien, je ne peux pas
dire que je ne suis pas d'accord, puisque, dans mon projet d'accord directeur,
l'article 5, c'est exactement cela.
Structures administratives
M. Morin: Soyons plus spécifiques maintenant, et jetons un
coup d'oeil sur les conséquences qui découlent de cette
première recommandation. La CRO faisait remarquer au comité mixte
que certains aspects de l'intervention du gouvernement fédéral
devraient être modifiés une fois qu'on accepte les
prémisses dont on vient de parler. A la page 61, on trouve un certain
nombre de déductions logiques de ces prémisses. J'aimerais savoir
de façon précise si le ministre appuie ces recommandations et ce
qu'il entend faire si, par hasard, elles n'étaient pas suivies,
n'étaient pas acceptées par le comité mixte et avec les
conséquences que cela pourrait avoir sur le statut de la CCN et l'avenir
du développement de la région.
Je me permets d'en sauter quelques-unes, parce qu'elles sont
d'importance inégale, mais prenons la recommandation no 3: "Que la
Commission de la capitale nationale se retire complètement du domaine de
la planification d'ensemble et de l'urbanisme municipal et que les dispositions
en cause de sa loi organique soient amendées en conséquence. " Un
peu plus loin, je retiens les deux qui me paraissent les plus directes pour
aller vraiment à rencontre de ce qui existe actuellement, la
recommandation no 6, qu'aucune forme de structure administrative englobant les
territoires québécois et ontariens de la région entourant
la capitale ne soit établie.
Est-ce que le ministre pourrait me donner l'attitude, la position du
ministère des Affaires intergouvernementales et du SACAC sur ces deux
propositions en particulier?
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense que si je
commence par la recommandation no 6, il est évident, par les prises de
position du gouvernement, par les déclarations que j'ai faites, comme le
premier ministre a pu en faire également, que nous nous opposons
catégoriquement à toute forme de district fédéral
juridique. C'est clair? Nous nous opposons catégoriquement...
M. Morin: Et toute structure administrative?
M. Parent (Hull): Toute forme de district fédéral
juridique. Il peut y avoir des arrangements administratifs, comme on en fait
actuellement. Mais toute forme de district fédéral juridique qui
enlèverait la compétence du gouvernement du Québec sur le
territoire de l'Outaouais québécois...
M. Morin: Cela va plus loin que ça. Qu'aucune forme de
structure administrative...
M. Parent (Hull): Oui, c'est parce que...
M. Morin: Est-ce que ça ne vise pas même la CCN?
M. Parent (Hull): ... c'est la recommandation, si on se rappelle,
de M. Douglas Fullerton, selon laquelle on devrait avoir un gouvernement
supra-municipal. Je pense l'avoir déjà déclaré. Je
suis opposé catégoriquement...
M. Morin: L'Ontario aussi.
M. Parent (Hull): L'Ontario aussi, d'ailleurs.
M. Morin: Bon!
M. Parent (Hull): Tout le monde peut poser cette recommandation,
mais si on veut en arriver également à la recommandation no 3, je
pense que là, il faut comprendre une chose. L'Ontario est en train de
faire une étude, ainsi que le gouvernement fédéral. Ce que
demande la communauté régionale, c'est que la Loi de la
Commission de la capitale nationale soit amendée, en somme, pour enlever
tout effet du jugement de la Cour suprême dans l'affaire Munro.
M. Morin: Oui. C'est une des conséquences qui en
découlent.
M. Parent (Hull): Oui. C'est une recommandation qui est
faite...
M. Morin: Etes-vous d'accord?
M. Parent (Hull): La commission Stewart-Deschatelets va faire des
recommandations. Le gouvernement, quelle décision prendra-t-il? C'est
là que le gouvernement du Québec va intervenir...
M. Morin: Oui.
M. Parent (Hull): ... dans la négociation.
M. Morin: Mais moi, je vous demande si vous êtes d'accord
avec ces deux recommandations? Etes-vous clairement d'accord?
M. Parent (Hull): Bien, je suis... M. Morin: Les
appuyez-vous?
M. Parent (Hull): Je ne peux pas dire catégoriquement
qu'il devrait se retirer complètement de toute planification. Je pense
que dans le concret, nous devrions avoir tout au moins un droit de veto. C'est
ce que nous recherchons d'ailleurs par l'accord directeur, le droit de veto, si
la loi n'était pas modifiée; droit de veto sur une
décision, à un moment donné, où il y a controverse
entre les deux parties. C'est ce que j'ai déjà
exprimé.
M. Morin: C'est bien négatif comme attitude.
M. Parent (Hull): Non, mais droit de veto... le gouvernement
fédéral voudrait, par exemple, réaliser un parc. Le
gouvernement du Québec, avec ses partenaires, s'y oppose. Ce que j'ai
déjà exprimé publiquement, nous voudrions, en ce qui
concerne I aménagement, parce que nous croyons que l'aménagement
du territoire est une responsabilité provinciale... Bon! Dans l'ensemble
du territoire du Québec, je pense que c'est vrai. Mais par une loi du
Parlement du Canada, il y a des pouvoirs qui ont été
donnés à une commission sur un territoire spécifique. Nous
aimerions, nous aussi, bénéficier, si on veut, comme objectif,
d'avoir les pleins pouvoirs. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Mais, le gouvernement fédéral, qui est la seule
autorité, si on ne réussissait pas avec les négociations,
à le convaincre de modifier cette loi, il nous faudrait, tout au moins,
demeurer à l'intérieur de l'accord directeur que nous avons
proposé dans lequel nous demandons le droit de nous opposer, en somme,
si une décision devait être prise unilatéralement par
Ottawa, que nous ayons un droit de veto.
M. Morin: Vous savez que cela a toujours été...
M. Parent (Hull): Mais dans le concret, cela serait
préférable d'avoir l'amendement à la loi. Dans le
contexte, cela serait préférable d'avoir l'amendement à la
loi.
M. Morin: Quand l'organisme fédéral arrive avec des
millions, je vous assure que le droit de veto ne vaut pas cher.
L'expérience du passé est là pour en témoigner.
C'est beaucoup mieux d'affirmer, une bonne fois pour toutes, que la
compétence en matière de planification d'ensemble et d'urbanisme
municipal revient, exclusivement, aux organismes créés par
Québec.
M. Parent (Hull): Je pense que comme objectif, le chef de
l'Opposition a raison. Il reste que nous n'avions pas les outils. Nous
commençons à avoir les outils.
M. Morin: Mais vous prétendez que vous les avez
maintenant.
M. Parent (Hull): Non. Nous commençons à avoir les
outils. Je dis que ce n'est pas d'aujourd'hui que j'ai parlé de cette
question, sans qu'il n'y ait de recommandation de la communauté
régionale. J'ai déjà exprimé, dans un discours,
qu'en regard de l'accord directeur que nous avions proposé, nous
exigions le veto, comme l'Ontario exigerait le veto également, si la loi
n'était pas modifiée.
Qu'en sera-t-il? Personnellement, j'aimerais mieux et je
préférerais que la loi soit amendée, mais s'il n'est pas
possible, parce qu'il y a un droit acquis, actuellement, il y a un jugement de
la Cour suprême...
M. Morin: Ce n'est pas un droit acquis. M. Parent (Hull):
Bah! M. Morin: Ce n'est pas un droit acquis. M. Parent (Hull):
Cela peut être modifié.
M. Morin: C'est une interprétation de la constitution qui
est très contestable.
M. Parent (Hull): Oui, le plus haut tribunal s'est
prononcé, mais il n'y a aucun doute qu'on recherche, pour
l'aménagement du territoire, la facilité et la mobilité,
c'est-à-dire nous permettre de développer le territoire selon nos
besoins, selon les intérêts de la population et en tenant compte
du fait, également, qu'on fait partie de la capitale nationale. Parce
que je pense que chez nous, les gens sont favorables à la capitale
nationale. Je pourrais dire, comme mon collègue des Affaires municipales
l'a dit lors de l'étude des crédits de son ministère, que
n'eût été de la présence de la commission de la
capitale nationale, les espaces verts seraient assez rares dans la
région.
M. Morin: Avez-vous fait des sondages là-dessus?
M. Parent (Hull): Oui, parce que s'il y avait un vote demain
matin, je suis convaincu que la population voterait à au moins 70%, 75%
pour un district fédéral.
M. Morin: Je ne suis pas convaincu de cela, mais...
M. Parent (Hull): Bien...
M. Morin: Surtout avec les effets que cela a pu avoir sur...
M. Parent (Hull): Non. Les gens sont très heureux. Vous
n'avez qu'à vous promener le dimanche dans le parc de la Gatineau pour
constater le nombre de personnes qui s'y trouvent et c'est à leur
porte.
M. Morin: C'est comme cela que vous faites vos sondages?
M. Parent: Non. Les gens qui utilisent un parc de cette
envergure, c'est parce que, s'ils ne l'avaient pas et s'ils y étaient
opposés, ils ne seraient pas là.
M. Morin: Oui, mais vous ne trouvez pas que vous faites un
coq-à-l'àne? Parce qu'ils utilisent un parc
fédéral, cela veut dire qu'ils sont en faveur.
M. Parent: La mentalité hulloise, il faudrait être
bien conscient de cela, on vit à côté d'un parlement. C'est
bien différent du citoyen qui vit à Québec. Lui est
attaché à son parlement, à Québec mais, dans la
région de Hull, quand vous avez vécu continuellement à
l'ombre du parlement du Canada, c'est normal que la population soit beaucoup
plus attachée à ce parlement qu'elle peut l'être à
celui qui est à 300 milles de chez elle. Je pense que c'est un fait.
Vous n'avez qu'à aller dans des rencontres pas avec vos gens,
parce que ce n'est pas là que vous aurez le sentiment de la population
mais circulez en dehors.
M. Morin: On verra cela éventuellement. M. Parent:
En dehors de ces gens-là. M. Morin: On verra cela.
M. Parent: Vous verrez que la population... Je sais que mon
député fédéral, je parle toujours d'un district
fédéral, se fait élire avec 25 000 de majorité et
il y a beaucoup de vos électeurs qui votent pour lui. Ce n'est pas un
signe qu'ils sont contre.
M. Morin: II ne faudrait pas mêler les choses.
M. Parent: Non, ce n'est pas un signe qu'ils sont contre.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait être plus
précis quant à la recommandation no 6? Parce que je ne sais pas
si le ministre mesure la portée exacte de cette recommandation.
Qu'aucune forme de structure administrative englobant les territoires
québécois et ontariens de la région entourant la capitale
ne soit établie. Cela vise, à moins que je ne m'abuse,
également la CCN. Quelle est l'attitude du ministre là-dessus? Ce
qu'on recommande dans le no 6, c'est, ni plus ni moins, l'abolition de la CCN.
Quelle est l'attitude du ministre là-dessus?
M. Parent: II n'y a pas de structure administrative qui existe
qui regroupe les territoires québécois et ontariens. Il n'y a pas
de structure administrative. C'est une commission qui a un mandat.
M. Morin: Oui.
M. Parent: Elle fait de la planification d'abord pour la
capitale, elle fait de la planification pour l'implantation des édifices
fédéraux. Elle fait de la planification pour la création
d'espaces verts. Elle a fait on ne peut pas appeler cela de la
planification l'utilisation du canal Rideau comme patinoire l'hiver.
Elle a implanté et elle implante du côté du
Québec...
M. Morin: Pour que le ministre puisse patiner. M. Parent:
Je vais patiner aussi.
M. Morin: C'est ce que vous faites depuis quelques instants de
façon remarquable.
M. Parent (Hull): Elle a construit des pistes cyclables, nous
avons actuellement au-delà de 50 milles de pistes cyclables, tant du
côté ontarien que québécois, qui ont
été aménagées par la Commission de la capitale
nationale et j'ai même une piste en avant de la maison chez nous.
M. Morin: Oui, mais ne nous égarons pas.
M. Parent (Hull): Non, mais cela fait partie de la
planification.
M. Morin: Vous êtes en train de nous amener à la
campagne.
M. Parent (Hull): Non, mais le député de
Sauvé devrait savoir que, dans la planification, ça incorpore
tous ces projets.
M. Morin: Je sais bien. M. Parent (Hull): Bon.
M. Morin: Mais je vous demandais une question bien
précise...
M. Parent (Hull): Ce que l'on veut, du côté
québécois, c'est que, même pour les projets
fédéraux implantés du côté
québécois, on veut qu'ils reçoivent notre approbation.
C'est clair. On veut que l'approbation soit donnée.
M. Morin: Mais je veux savoir dans quelle mesure vous êtes
d'accord avec les recommandations de la CRO. Je vous suggère que ce no
6, étant donné que la CCN possède les pouvoirs qui ont
été reconnus au niveau fédéral par l'affaire
Munro... La CCN est en fait un organisme administratif englobant les
territoires québécois et onta-riens et exerçant des
pouvoirs à l'intérieur de ces territoires.
M. Parent (Hull): Si le député de Sauvé
avait relu mon texte, à la page 14, il verrait qu'à l'article 4,
contrairement à ce qu'il semble vouloir dire par l'article 6 qui, en
somme est une contrepartie de la recommandation de M. Fullerton, il verrait,
dans mon document sur l'accord directeur, institutionnaliser un
mécanisme de coordination, conférence ministérielle
assistée d'un comité technique; il est évident que le no 6
est conforme au no 4 de l'accord directeur. Puisque nous ne voulons pas qu'il y
ait de structures administratives, nous recommandons plutôt
d'institutionnaliser un mécanisme de coordination, une conférence
ministérielle assistée d'un comité technique.
M. Morin: A la place de la CCN. M. Parent (Hull): Avec la
CCN.
M. Morin: C'est bien ça que je pensais. C'est pour
ça que je vous pose la question.
M. Parent (Hull): L'institutionnaliser. A ce moment-là, le
mécanisme de coordination n'est pas unilatéral. Il a
été, dans le passé, unilatéral; le pouvoir a
été exercé par l'autorité fédérale en
vertu de l'interprétation du jugement Munro et c'est ça que nous
avons fait cesser depuis 1973, que nous pratiquons actuellement, le
comité de coordination, justement pour que les projets, même s'ils
sont soumis par la CCN, parce que la CCN a une existence, elle est une
nécessité, à mon avis, pour remplir son mandat.
Qu'on soit d'accord avec l'ensemble de la loi, je pense que c'est une
question d'appréciation. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous
aimerions nous aussi voir des amendements apportés à la loi et
nous allons faire les recommandations en temps opportun, sur les modifications
qui devraient être apportées.
Mais sur le mécanisme administratif, je ne peux pas dire que je
ne suis pas d'accord, je propose justement qu'il y ait une formule, non pas
celle retenue par M. Fullerton d'un gouvernement supramunicipal, nous le
refuserons. Nous voulons, par ailleurs, qu'il y ait un mécanisme de
coordination, avec une conférence ministérielle. Cela se pratique
dans les faits.
Sur le comité des transports, il y a actuellement un
mécanisme de coordination au niveau ministériel. Je participe aux
conférences avec mon collègue, le ministre des Transports; le
gouvernement ontarien est représenté par M. McKeough et le
ministre des Transports; le gouvernement fédéral est
représenté par M. Danson et M. Otto Lang.
Nous avons déjà, ce que nous recommandons, cette structure
en application. C'est cela que nous voulons voir institutionnaliser,
plutôt que le gouvernement supramunicipal, plutôt que de donner une
structure administrative à la CCN. C'est cela que nous recommandons.
Le Président (M. Houde, Limoilou): II est une heure,
est-ce que...
M. Morin: Une dernière question, juste une
dernière. Je veux quand même que ce soit clair dans mon esprit. Je
ne veux pas que le ministre m'amène sur le canal Rideau.
Vous êtes, en somme, d'accord avec les recommandations 3 et 6 de
la CRO. Est-ce que je vous ai bien saisi?
M. Parent (Hull): Oui, quoique j'ai dit que cela
dépendrait du projet d'accord directeur, presque dans les mêmes
termes.
M. Morin: Mais le projet d'accord directeur n'est pas encore
signé?
M. Parent (Hull): Je n'ai pas dit qu'il était
signé, mais il est en application quand même sur l'aspect de la
planification, sur l'aspect des transports. Il est déjà en
application.
M. Morin: Donc, vous êtes d'accord avec cette
recommandation que la CCN se retire complètement du domaine de la
planification d'ensemble? C'est ce que dit la CRO.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas dit cela. Elle peut
sûrement... Je ne peux pas l'empêcher de planifier ses propres
projets.
M. Morin: On vous parle de la planification d'ensemble; c'est
précis.
M. Parent (Hull): Dans la planification d'ensemble, quand vous
avez l'implantation de parcs, quand vous avez l'implantation d'édifices
fédéraux, à ce moment-là, ce n'est pas moi qui vais
faire la planification de cela.
Mais je veux...
M. Morin: C'est cela, justement, que je crains. C'est cela que je
veux vous faire dire.
M. Parent (Hull): Ce que je veux, c'est que ces projets
reçoivent l'approbation du Québec avant d'être
implantés. C'est cela qu'on veut.
M. Morin: Mais moi, je vous suggère que la CRO va plus
loin et que vous auriez avantage à vous inspirer des recommandations des
gens qui vivent quotidiennement ces problèmes.
M. le Président, je me rends compte que nous avons
déjà passé plusieurs heures à discuter de ces
problèmes. J'aurais d'autres questions, mais, sans doute mineures, moins
importantes. A l'occasion, je reviendrai là-dessus en Chambre avec le
ministre, s'il veut bien avoir l'obligeance, notamment, de déposer,
à sa convenance, mais le plus tôt possible, les statistiques dont
nous avons parlé tout à l'heure.
M. Parent (Hull): Absolument.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 5)