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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales
Séance du vendredi 21 mai 1976 (Onze heures vingt minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
En ce moment, sont membres de la commission, M. Bédard
(Chicoutimi); M. Bellemare (Johnson); M. Bérard (Saint-Maurice) qui
remplace M. Bourassa (Mercier); M. Brown (Brôme-Missisquoi); M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) qui remplace M. Beauregard (Gouin); M.
Choquette (Outremont); M. Cloutier (L'Acadie); M. Desjardins
(Louis-Hébert); M. Gratton (Gatineau); M. Fraser (Huntingdon) qui
remplace M. Malouin (Drummond); M. Morin (Sauvé); M. Chagnon
(Lévis) qui remplace M. Pagé (Portneuf); M. Perreault
(L'Assomption); M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Tardif (Anjou).
Est-ce que M. le ministre aurait quelque chose à ajouter?
M. Cloutier: Non, merci, M. le Président. J'at-tend les
questions.
Le Président (M. Pilote): Le chef de l'Opposition
officielle.
Gestion interne et soutien
M. Morin: Sur la lancée de mes questions d'hier soir, M.
le Président, je voudrais que le ministre nous parle de son cabinet. Son
prédécesseur avait un cabinet très restreint. J'aimerais
que le nouveau ministre me donne les noms, les fonctions du personnel de son
cabinet.
M. Cloutier: J'ai également un cabinet extrêmement
restreint. Tous les secrétaires particuliers que j'avais à
l'Education se retrouvent dans d'autres cabinets et même dans des postes
importants. Il semble que mon cabinet ait été une
pépinière. Il y a un secrétaire qui est chef de cabinet
à l'Education, un autre qui est chef de cabinet aux Affaires
municipales. Il y en a un qui est rendu au Conseil du trésor. Je le
souligne comme cela, en passant, parce que cela me fait plaisir. Il y en a un
qui ne m'a jamais quitté, c'est le chef de cabinet actuel, qui cumule
toutes les autres fonctions, qui est aussi attaché de presse. C'est M.
Pierre Parent. J'ai un secrétaire...
M. Morin: Je vous ai accompagné à Paris.
M. Cioutier: II faudrait vraiment que je fasse une mise au point,
pour éviter que ces rumeurs dont la source m'est totalement inconnue
continuent. J'ai le même secrétaire dans le comté, mon
secrétaire particulier adjoint, M. Bourque, et j'ai une
secrétaire, à Montréal, Mlle Daigneault.
Il y a le personnel habituel de cabinet, une secrétaire
principale, Mlle Carbonneau, un technicien en administration gestionnaire, M.
Villeneuve, et un certain nombre d'agents de bureau.
M. Morin: Bien. Je vous remercie. Il y a deux anciens
sous-ministres qui figurent parmi les hauts salariés du
ministère. Je me réfère aux comptes publics pour
l'année 1974/75. Pourtant, je prends le cas de M. Ernest Mercier. Je
cherchais en vain son nom dans l'organigramme. Quelles sont exactements les
fonctions de M. Mercier? Je le prends à titre d'exemple. Je ne connais
pas M. Mercier, mais cela m'a étonné un peu de voir qu'il ne
figurait pas dans l'organigramme.
M. Cloutier: Ce fonctionnaire est responsable du projet
DERRO-Tétouan, le projet marocain. Nous avons avec l'ACDI un contrat
pour la gestion des ressources humaines dans le cadre de ce programme. Il y a
cette responsabilité, m'informe-ton, depuis cinq ans.
M. Morin: Donc, il ne figure pas dans l'organigramme, mais il se
trouve tout de même rattaché au ministère.
M. Cloutier: Oui, il se rattache aux programmes
multilatéraux des programmes de coopération.
M. Morin: Bien. En va-t-ii de même de M. Pa-try?
M. Cloutier: M Patry a présenté sa démission
depuis le 8 avril et a quitté la fonction publique.
M. Morin: Vous me l'apprenez.
M. Cloutier: II y a eu un communiqué, d'ailleurs,
puisqu'il a en même temps quitté la présidence du
comité de l'année olympique, comité qui a
été créé de manière à assurer, une
certaine coordination avec les autres ministères.
M. Morin: Bon, ce sera certainement une perte pour le
ministère. Passons maintenant au personnel. On prévoit, par
rapport à l'an dernier, une diminution de six employés permanents
à la direction générale des affaires
fédérales-provinciales, et une augmentation de 25 employés
permanents pour l'administration. Est-ce que vous pourriez nous donner quelques
explications sur ces modifications?
M. Cloutier: C'est tout simplement du réaménagement
interne qui nous a permis de créer une banque dans laquelle nous puisons
lorsque nous avons à affecter des fonctionnaires en cours
d'année. Il nous arrive d'avoir à le faire, à cause de la
nature de nos programmes.
M. Morin: Une banque d'employés permanents?
M. Cloutier: C'est cela, une banque d'employés permanents,
de postes plus exactement.
Le principe des banques est qu'on garde un certain nombre de postes
vacants pour permettre la rentrée, le retour de certaines personnes qui
sont à l'étranger ou qui sortent d'une unité
administrative avant de prendre leur retraite et avec certains
mécanismes de mobilité comme cela. C'est ainsi que les postes de
la direction générale des relations
fédérales-provinciales ont contribué à constituer
majoritairement cette banque cette année.
M. Morin: C'est une nouveauté par rapport à
l'année dernière, alors?
M. Cloutier: Oui, c'est exact. Cela existe dans d'autres
ministères...
M. Morin: Oui. Elle comporte combien de postes?
M. Cloutier: Présentement, 19.
M, Morin: 19. Il y en a combien qui sont de facto vacants en ce
moment? Combien sont...
M. Cloutier: II y en a une dizaine.
M. Morin: ... par la même occasion, occupés? Une
dizaine sont vacants?
M. Cloutier: Vacants, à cette date, oui.
M. Morin: Si je comprends bien, c'est une sorte de plaque
tournante qui vous permet de rapatrier du personnel en attendant de l'affecter
à d'autres postes.
M. Cloutier: C'est ça.
M. Morin: Bon! Cela explique donc 19 des 25 employés
permanents prévus pour l'administration. Je comprends un peu mieux.
L'an dernier, M. le Président, le ministre avait promis que les
transferts de personnel prévus par la loi 59 vous vous
souviendrez que nous en avons déjà parlé à quelques
reprises seraient complétés au cours de l'exercice
financier. Je me réfère aux pages B-4220 et B-4221. Il s'agissait
de 30 à 60 postes. Je ne crois pas que cela a été plus
précis que ça. Or, j'ai scruté un peu les documents et on
ne retrouve pas ces nouveaux postes dans le budget actuel. Est-ce à dire
que les transferts n'ont pas été effectués, et pour quelle
raison?
M. Cloutier: Tous les transferts ont été
complétés. Je l'ai d'ailleurs signalé dans mes remarques
préliminaires. J'ai expliqué comment nous avions
procédé avec le ministère de l'Education et le
ministère des Affaires culturelles.
Le livre des crédits représente un nombre qui inclut
déjà le personnel qui a été muté des autres
ministères en cours d'exercice. C'est ainsi que le comparatif est
augmenté du nombre de postes notamment qui apparaissent sur les
arrêtés en conseil qui ont été déposés
dans les documents, ici.
M. Morin: Cela représente combien de postes,
ça?
M. Cloutier: Dans les documents que j'ai déposés au
début de la discussion, il y a quelques arrêtés en conseil
avec la liste de tous ces fonctionnaires.
M. Morin: Oui.
M. Cloutier: M y a environ 60 postes.
M. Morin: 60?
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: Donc, ils se trouvent, de fait, dans le budget
actuel.
M. Cloutier: Et ce sont des fonctionnaires du ministète
des Affaires intergouvernementales...
M. Morin: Oui... qui ont été, en quelque sorte,
rapaillés à gauche et à droite...
M. Cloutier:... suivant la nature des ministères parce que
nous n'avons pas procéder de cette façon avec l'immigration.
M. Morin: Donc, la question est réglée. Les
transferts ont été effectués.
M. Cloutier: L application de la loi est terminée,
à toutes fins utiles.
M. Morin: Je voudrais aborder une autre question, après
avoir effectué ces petites vérifications. Peut-être une
question de portée plus générale qui est celle des
frontières du Québec. Je me réfère tout d'abord
à la question du lac Saint-François. Le sous-ministre est
sûrement au courant parce qu'il s'est frotté à ces
questions d'intégrité du territoire à l'occasion..
Une cour de l'Ontario a récemment tranché le vieux litige,
parce qu'il est très ancien comme l'a montré la commission Dorion
sur l'intégrité du territoire, la question de la ligne de
démarcation entre l'Ontario et le Québec dans ie sens de la
thèse ontarienne. Il n'y a pas lieu de s'en étonner outre mesure
puisque c'était une cour de l'Ontario, un juge de l'Ontario qui, dans
son jugement, a déclaré valide la frontière éiablie
par la province de l'Ontario dans le lac Saint-François.
M. Cloutier: S'agit-il de l'affaire Clarence-Chaput?
M. Morin: Exactement. Il s'agit de l'affaire
Chaput et de l'attitude du ministère des Affaires
intergouvernementales dans ce litige.
Je n'ai peut-être pas besoin de rappeler tous les faits puisque
j'imagine que le ministre est au courant.
M. Cloutier: Je les ai sous les yeux, ainsi que la carte de la
région.
M. Morin: Nous pourrons peut-être comparer nos cartes. Cela
sera intéressant de voir si c'est la même, si la version
québécoise... J'ai devant moi la version ontarienne de la
carte.
M. Cloutier: C'est la carte de la commission d'étude sur
l'intégrité du territoire.
M. Morin: Ah! Il serait peut-être bon que nous
échangions nos cartes.
M. Cloutier: Très volontiers. M. Morin: Mais
auparavant...
M. Cloutier: Lorsqu'on échange ses cartes, en
général, c'est pour un duel. J'espère que ce n'est pas le
cas.
M. Morin: Nous avons déjà eu le duel. M.
Cloutier: C'est cela. C'est terminé.
M. Morin: Pour l'instant, nous tentons de faire la lumière
sur quelques petits problèmes qui n'ont pas l'importance de ceux que
nous discutions ces jours derniers, quoique la question de la frontière
ne doit pas être négligée.
Elle ne comporte pas de grand enjeu politique, mais elle peut avoir des
conséquences assez fâcheuses pour les chasseurs qui, se croyant
sur le territoire québécois, abattent des canards que l'Ontario
considère comme lui appartenant. En tout cas, sur du territoire que
l'Ontario considère comme lui appartenant.
M. Cloutier: Des canards anglophones.
M. Morin: Des canards anglophones non enchaînés. Je
voudrais demander au ministre s'il a pris connaissance du jugement du magistrat
White qui n'est pas sans affaiblir la position québécoise. Ce que
j'aimerais, en tout cas, demander au ministre, c'est: Qu'est-ce que son
ministère a fait pour s'assurer que, dans cette affaire, les droits du
Québec seraient respectés et qu'est-ce qu'il compte faire dans
l'avenir, quand la province d'Ontario arrêtera, en territoire
québécois, des chasseurs québécois qui, on le
prétend, ont empiété sur le territoire de Sa
Majesté ontarienne?
M. Cloutier: Le ministère a pris les dispositions
nécessaires pour qu'un représentant du gouvernement, non pas
intervienne, mais agisse comme observateur lors de l'audience de cette cause.
Nous avons examiné la plainte portée contre M. Chaput et nous en
sommes venus à la conclusion, en collaboration avec le ministère
de la Justice, d'ailleurs, qu'il ne s'agissait pas d'une bonne cause, pour
utiliser une expression de métier, du point de vue de l'affirmation de
la frontière du Québec, puisque l'île en cause, même
dans l'hypothèse québécoise, faisait partie du territoire
ontarien. Elle faisait partie du territoire québécois
déterminé par un projet d'arrangement administratif avec
l'Ontario, mais cette île était carrément située
au-delà du chenal, de sorte que ce n'était pas, en tout cas
à notre avis, une cause où la question de la frontière se
posait pour le Québec directement. Mais nous avons pris la
précaution, cependant, d'y déléguer quelqu'un au cas
où les choses tourneraient de telle manière que des questions
plus générales soient abordées. Mais cela n'a pas
été le cas.
M. Morin: Quelle est la position de principe du Québec? Je
ne parle pas du projet d'entente et de l'arrangement administratif. La position
de principe est-elle fondée sur la ligne médiane ou sur le
principe du thalweg?
M. Cloutier: C'est fondé sur le principe de la ligne
médiane pour autant que... Je ne voudrais pas...
M. Morin: De la ligne médiane des eaux ou de la ligne
médiane du chenal...
M. Cloutier: La ligne médiane des eaux.
M. Morin: Des eaux. C'est la position ontarienne.
M. Cloutier: C'est la position qui paraît la plus
réaliste. Mais remarquez que je ne voudrais pas affirmer une position
qui n'est pas officiellement définie par le gouvernement. Je sais que la
commission Dorion avait recommandé enfin, nous avons devant les
yeux la carte ici que la ligne médiane des eaux utiles,
c'est-à-dire le milieu du chenal.
M. Morin: Entendons-nous bien. Il y a deux façons, en
Amérique du Nord...
M. Cloutier: La ligne médiane des eaux...
M. Morin: ... il y a la ligne médiane des eaux non
navigables...
M. Cloutier: ... comme c'était...
M. Morin: Lorsque les eaux sont non navigables, c'est la ligne
médiane des eaux, mais lorsque les eaux sont navigables, c'est la ligne
médiane du chenal. Le député d'Anjou se souviendra de
ça.
M. Tardif: ... témoin.
M. Morin: Peut-être ne s'en souvient-il pas? Oui, il s'en
souvient encore. Bien.
M. Fraser: ...le chenal, si vous ne le savez pas, c'est du
côté nord de la rivière.
M. Morin: Oui, je le sais, la voie maritime. Mais attention, la
voie maritime, c'est une transformation par main d'homme. Ce n'était pas
nécessairement navigable avant.
M. Fraser: Mais il y a quatre ou cinq chenaux dans ce
lac-là. Parce qu'ii y en a un sur la rivière...
M. Morin: Le député vient admirablement compliquer
les choses, mais je ne demande pas mieux.
M. Cloutier: C'est la géograpnie qui complique les choses,
ce n'est pas le député.
M. Fraser: ...sur ce lac. Je demeure à un mille de ce lac,
je le connais bien, tous les gars de la place, qui connaissent le lac, savent
qu'à une telle île, l'ïie Butternut, vous êtes au
Québec, et si vous dépassez l'île Butternut, si vous
dépassez un tel chenal, vous êtes en Ontario.
M. Morin: L'île Butternut, je pense...
M. Fraser: Il y en a qui viennent de Montréal, des braves
chasseurs, ils pensent qu'ils peuvent chasser n'importe où et se sont
fait prendre.
M. Morin: J'espère que vous n'irez pas chasser dans
l'île Butternut, M. le député, parce que l'Ontario va vous
arrêter et je ne crois pas que votre immunité parlementaire...
M. Fraser: Non, je ne chasse pas là, je chasse de l'autre
côté de ce cnenal, où les bateaux passent; c'est de l'autre
côté de l'île Butternut. De ce côté-ci, il y a
un autre chenal, l'autre côté de ça, vous êtes au
Québec.
M. Cloutier: Je remercie le député de se
faire...
M. Morin: M. le Président, nous avons la chance d'avoir
quelqu'un qui connaît la question de façon concrète.
M. Cloutier: Si le député se fait arrêter,
nous allons exiger une extradition.
M. Fraser: Les gars ont eu des problèmes, ils se sont fait
saisir leur fusil. J'ai téléphoné au ministre
àToronto et on leur a remis leur fusil. C'était un ministre
conservateur à part ça.
M. Morin: II semble y avoir une influence indue.
M. Fraser: Ce n'est pas si pire que cela, mais les gens de la
localité savent où est la ligne. Les gars ambitionnent un peu
quelquefois, parce qu'il y a des canards qui sont dans les eaux ouvertes. Ils
"raftent", l'automne. Ils se regroupent et ils sont dans le chenal des
bateaux.
M. Cloutier: Lorsqu'un canard vole juste au-dessus de la ligne
médiane?
M. Fraser: On peut le tirer là.
M. Cloutier: On peut le tuer.
M. Fraser: Si on a d'assez bonnes "shots ".
M. Cloutier: C'est pour préciser...
M. Morin: Maintenant que nous avons vu l'aspect concret de !a
question, on pourrait peut-être en venir à l'aspect
théorique.
M. Cloutier: Au cours des discussions avec l'Ontario, la position
que le Québec a fait valoir, c'est celle du milieu de la voie maritime.
Je vous ai parlé du milieu des eaux navigables. Mais
l'interprétation concrète qui a été donnée
à "eaux navigables", dans la perspective de cette négociation,
c'est le milieu de la voie maritime actuelle, pour toute la longueur du segment
du Saint-Laurent, au lac Saint-François.
M. Morin: C'est la position du Québec, si je comprends
bien?
M. Cloutier: Oui, c'est cela.
M. Morin: I! me semblait que c'était, effectivement, le
milieu du chenal navigable.
M. Cloutier: C'est cela.
M. Morin: Aménagé de main d'homme; donc, le milieu
de la voie maritime du Saint-Laurent.
M. Cloutier: C'est cela.
M. Morin: Or, cela ne correspond pas du tout à la position
ontarienne.
M. Cloutier: Non. d'accord.
M. Morin: C'est totalement différent.
M. Cloutier: Oui, mais dans...
M. Morin: Est-ce que je peux me permettre de vous montrer cette
carte?
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: On voit, en pointillé, le chenal de la voie
maritime, et on voit un très gros trait soutenu qui indique la position
de l'Ontario.
M. Cloutier: C'est clair.
Mais la position de l'Ontario de quelle année? Parce qu'il y a eu
une opposition en 1955.
M. Morin: D'après ce que je crois savoir, cette carte a
été publiée par le ministre des Ressources naturelles de
l'Ontario, assez récemment puisque c est celle-là dont on s'est
servi lors du procès.
M. Cloutier: Vous pourriez peut-être comparer avec la
position ontarienne de 1955.
M. Morin: Oui, ce serait intéressant, effectivement. Cela
c'est la carte qui a été publiée par la commission
d'étude sur l'intégrité du territoire. Je dis cela, M. le
Président, pour éclairer le débat.
On indique la position maximale du Québec qui me semble assez
sinueuse, qui est faite d'une série de traits, de lignes droites. M y a
la position ontarienne qui n'est pas conforme à celle qui figure sur la
carte que j'ai devant moi. Enfin, il y a une solution mitoyenne de la voie
maritime... Ces deux cartes ne correspondent pas du tout. Je pense qu'on va se
servir, plutôt, de celle de la commission Dorion.
M. Cloutier: Je crois qu'elle est plus pertinente.
M. Morin: Oui, quoique l'autre indique ce que serait la position
ontarienne et ce qu'elle aurait été lors du procès de M.
Clarence...
M. Cloutier: Chaput.
M. Morin: Faisons le point. Je ne veux pas m'éterniser
indûment là-dessus. Cela a déjà consumé
beaucoup de temps. La position du Québec, c'est donc une solution
mitoyenne dite de la voie maritime. C'est une solution comment dire
théorique ou que vous comptez mettre en pratique par voie d'un
accord avec le gouvernement de l'Ontario?
M. Cloutier: Nous recherchons un accord avec le gouvernement de
l'Ontario. Très précisément, une rencontre est
prévue pour le 26 mai prochain avec des fonctionnaires du gouvernement
ontarien, à laquelle participeront le sous-ministre des Terres et
Forêts du Québec, responsable des questions
d'intégrité du territoire, et des représentants du
gouvernement ontarien, précisément pour essayer de faire avancer
la conclusion de cet accord.
M. Morin: Oui, parce que, quand je compare les deux cartes, je
constate que votre solution se situe beaucoup plus au nord, repousse la
frontière vers l'Ontario et qu'en particulier elle priverait l'Ontario
de la moitié de l'île Saint-Régis qui, semble-t-il,
d'après le gouvernement de l'Ontario, se trouve sur son territoire.
M. Cloutier: Qui se trouve, d'après les conclusions de la
commission Dorion, à moitié sur le territoire
québécois.
M. Morin: Oui, mais j'observe que, sur la carte que vous m'avez
remise, l'île Saint-Régis est entièrement en territoire
québécois.
M. Cloutier: Oui, c'est une position de négociation.
M. Morin: C'est la plus grande.
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: Oui, je comprends. De même, je constate que
l'île Stanley et même l'île Thompson se trouveraient en
territoire québécois, alors que, d'après le gouvernement
de l'Ontario, elles se trouvent de son côté. Il n'y a donc pas que
des eaux qui soient en cause, il y a aussi des morceaux de territoire.
Est-ce qu'à votre connaissance ces territoires sont
habités ou non habités?
M. Cloutier: En général, ils ne sont pas
habités.
M. Morin: Peut-être que le député pourrait
nous le dire.
M. Cloutier: Oui, il serait plus qualifié que moi.
M. Morin: L'île Stanley et l'île Thompson sont-elles
habitées ou non, M. le député?
M. Fraser: Oui, elles sont habitées. M. Morin:
Elles sont habitées.
M. Fraser: L'île Stanley était un arrêt pour
les bateaux, quand les bateaux traversaient les Grands Lacs, par exemple, Le
Princess-Domtar-CPR, dans ce temps-là. Il y avait un hôtel, mais
l'hôtel a brûlé depuis.
M. Morin: Oui.
M. Fraser: Mais c'est habité, il y a des camps
d'été.
M. Morin: II y a des camps d'été. Et l'île
Thompson? C'est la même chose.
M. Fraser: Je ne sais pas si on désigne cette île de
ce nom ou d'un autre nom.
M. Morin: De toute façon, on peut dire que certaines de
ces îles sont habitées.
M. Fraser: Elles sont toutes habitées, mais toutes les
îles qui font partie des Grands Lacs appartiennent aux réserves
indiennes. Elles sont louées par les Indiens à des
particuliers.
M. Morin: Cela se complique encore davantage. J'ignorais ce petit
aspect. Je remercie le député de nous renseigner.
M. Fraser: L'île Christatie et plusieurs autres. Les
Indiens réclament toutes ces îles, excepté celles qui
étaient rattachées à la terre ferme avant que le lac ne
soit haussé par le barrage à Beauharnois.
M. Morin: Enfin, cela semble un peu plus compliqué que je
ne l'aurais cru au départ, parce que, si c'est habité, l'Ontario
ne va peut-être pas lâcher des morceaux de territoire aussi
facilement
que cela. De toute façon, votre position, si je comprends bien,
à l'heure actuelle, c'est la ligne médiane de la voie maritime.
Quand vous reviendrez de cette négociation, on pourra peut-être en
reparler. Si l'accord a lieu, le ministre pourra-t-il le déposer et
peut-être aussi nous en avertir?
M. Cloutier: Ils déposeront certainement l'accord.
D'ailleurs, il y aurait des lois qui devraient s'ensuivre apparemment.
M. Morin: Notamment, de la législation
fédérale.
M. Cloutier: De la législation fédérale.
M. Morin: ... parce que les Indiens sont en cause.
M. Cloutier: Les trois Législatures devraient normalement
se prononcer.
M. Morin: Bon. Si, par hasard, l'accord se bute à des
difficultés, pourrais-je demander au ministre si, dans cette
éventualité, il ne vaudrait pas mieux non seulement envoyer un
observateur à ces procès lorsque l'acte qu'on reproche
à un chasseur a eu lieu carrément, selon votre opinion, en
territoire québécois mais intervenir, vous faire
reconnaître comme partie intervenante dans le procès, ou à
tout le moins, aider le pauvre chasseur?
M. Cloutier: Le chef de l'Opposition tombe dans sa mauvaise
habitude de poser des questions hypothétiques. La première
étape, c'est d'essayer de convenir d'un accord. S'il n'y a pas accord,
à ce moment, nous verrons quelle stratégie adopter.
M. Morin: Bon. J'aurais pu poser la question autrement sur le
passé, et demander pourquoi on n'est pas intervenu avec plus de
fermeté dans le cas de M. Chaput, mais vous y avez déjà en
quelque sorte répondu, puisque vous m'avez dit que, dans ce cas,
l'île Butternut, je crois...
M. Cloutier: Butternut.
M. Morin: ... était considérée comme faisant
partie du territoire de l'Ontario. Etes-vous sûr que cette île est
située de l'autre côté de la voie maritime? Parce que,
d'après la carte que j'ai ici, l'affût où se trouvait M.
Chaput, se trouve du côté québécois de la voie
maritime. Je ne sais pas si le sous-ministre peut voir.
M. Cloutier: Oui. Vous n'ignorez pas que le procureur
général du Québec a désigné un observateur,
le 23 février 1976.
M. Morin: Oui, vous me l'avez dit tout à l'heure.
M. Cloutier: J'y reviens parce que cela répond
partiellement à votre question.
M. Morin: Oui, mais ce que je demandais, c'est qu'on aille plus
loin qu'un simple observateur.
M. Cloutier: C'est laissé en accord actuellement.
M. Morin: D'après l'Ontario, il est du côté
on-tarien et, d'après le Québec, il est du côté
québécois.
M. Fraser: Oui... Il est en Ontario.
M. Morin: II est en Ontario, mais pas d'après ce que m'a
dit le sous-ministre, il y a un instant.
M. Fraser: II discute de la voie maritime et c'est le milieu du
lac. C'est l'île...
Le Président (M. Pilote): La consultation est
terminée? Car il est difficile pour le journal des Débats
d'enregistrer...
M. Cloutier: Oui, il faudrait parler dans le micro.
Le Président (M. Pilote): ... il faudrait parler dans le
micro.
M. Cloutier: Je me demande s'il n'y aurait pas
intérêt à envoyer le député de Huntingdon
comme négociateur dans cette très importante affaire.
M. Morin: J'hésiterais quelque peu parce que là, il
vient de donner raison à la cour ontarienne. D'après ce que m'a
dit le sous-ministre, ce n'est pas sûr.
M. Cloutier: Le procès n'a pas lieu maintenant, M. le chef
de l'Opposition.
M. Morin: II a eu lieu.
M. Cloutier: II a eu lieu, justement.
M. Morin: Oui.
M. Cloutier: Là, nous négocions avec l'Ontario
cette question de frontière qui déborde, bien sûr,
l'accusation portée contre M. Chaput.
M. Fraser: II est bien difficile d'établir la
frontière dans le lac, autrement que par le bord des cours d'eau
où il y a des bouées un peu partout pour établir la
frontière, parce que si tu mets quelque chose là, les glaces
l'enlèvent le printemps venu, cela part.
M. Cloutier: II vaut mieux en arriver à des accords de
chasse...
M. Fraser: II n'y a pas moyen de mettre une clôture.
M. Morin: Le député a sûrement d'excellents
poteaux libéraux de ce côté pour...
M. Cloutier: Le Parti québécois qui songe, de toute
façon, à installer une espèce de mur de Chine autour du
Québec pourrait envisager... C'est pour répondre aux
poteaux...
M. Fraser: II va poser des...
M. Morin: Le ministre...
M. Fraser: II va poser des poteaux avec des...
M. Morin: Le ministre fail erreur. D'après le premier
ministre, ce sont des barbelés que nous allons utiliser.
M. Cloutier: Cela ne m'étonnerait pas.
M. Morin: Je vois d'ici la scène. Des barbelés au
milieu de la voie maritime du Saint-Laurent.
M. Cloutier: Avec des canards pris dans les fils.
M. Morin: Oui. Je n'irai pas plus loin dans cette question
aujourd'hui. Je constate que la position québécoise est claire.
C'est le milieu de la voie maritime. Le ministère tentera de faire
prévaloir ce point de vue, ce qui ne sera pas une mince tâche,
Iors de la rencontre qui aura prochainement. Nous traiterons cela comme un
propos d'étape et nous y reviendrons. Je demanderais au ministre si je
puis garder cette carte.
M. Fraser: M. le Président, je voudrais faire remarquer
aux gens du ministère. Si je suis cette ligne du milieu de la voie
maritime, elle approche, à Saint-Anicet, à peu près un
quart de mille ou presque du bord de la frontière
québécoise, ce qui va donner à l'Ontario, par toute la
largeur du lac, si je suis cette idée, plus loin, c'est à
l'avantage du Québec, oui, mais, à l'est du lac, si je suis cette
idée, ça va donner...
M. Cloutier: Nous nous sommes basés sur l'opinion du
ministère des Terres et Forêts...
M. Fraser: Oui.
M. Cloutier: C'est le sous-ministre qui est normalement
responsable de l'intégrité du territoire.
M. Fraser: Oui.
M. Cloutier: Mais c'est une remarque pertinente que nous allons
garder à l'esprit, quitte à revoir cette question de position
québécoise.
M. Fraser: C'est parce que la voie maritime passe d'un bord
à l'autre du lac...
M. Cloutier: Cela ne situe pas de façon exacte le passage
de la voie maritime.
M. Perreault: Vous devriez ajouter le député de
Huntingdon à votre comité.
M. Cloutier: Très certainement! Sa compétence, dont
nous ne doutions d'ailleurs pas, nous a frappés ce matin.
M. Fraser: C'est parce que je suis sur le lac et je sais que je
suis sur le lac.
M. Cloutier: Pas sur le lac, mais sur le comité.
M. Morin: De toute façon, M. le Président, le
ministre devrait se réjouir de la possibilité de construire une
muraille de Chine dans des conditions comme celle-là. Cela ferait
beaucoup de beaux contrats pour les entrepreneurs libéraux.
M. Cloutier: Mais non, puisque c'est vous qui la construiriez.
Vous pensez bien que vous seriez assiégés par vos amis.
M. Morin: Nous aurions soin d'avoir recours aux entrepreneurs qui
ont déjà fait leur preuve aux Jeux olympiques et à la baie
James.
M. Cloutier: Vous allez avoir de drôles de surprises.
Aide aux victimes d'inondations
M. Morin: M. le Président, pour revenir à des
choses sérieuses, pouvons-nous nous entretenir quelques instants des
inondations? J'y suis revenu à plusieurs reprises dans le passé,
et le sujet fait actuellement l'objet de controverses, la participation
fédérale à la compensation des sinistres naturels, comme
les inondations que nous avons connues cette année, semblant être
tout à fait inadéquate.
Il y a deux ans, nous avions connu des crues absolument
désastreuses. J'avais soulevé à ce moment-là la
question de l'aide fédérale. Le ministre de l'époque
m'avait répondu que le gouvernement du Québec était
insatisfait de la solution actuelle. Je vous rappelle que cette solution, c'est
une participation fédérale uniquement aux dommages
dépassant $1 par habitant. Le ministre m'avait assuré qu'il
ferait une demande formelle de révision de cette formule. Je pourrais
vous citer les passages, mais je pense que vous pourrez vous-même vous
assurer, M. le ministre, auprès de vos adjoints, de la chose.
Donc, l'an dernier, je demandais au ministre quelle réponse avait
été faite à sa requête auprès des
autorités fédérales, pour apprendre que la demande n'avait
même pas été acheminée.
M. Cloutier: Ce n'est pas exact.
M. Morin: Enfin, c'est ce qu'il m'avait dit l'année
dernière.
M. Cloutier: L'année dernière. M. Morin:
Oui.
Une Voix: Elle a été faite depuis. M. Cloutier:
Oui, d'accord.
M. Morin: J'essaie de faire l'historique de cette question en
quelque sorte. Il y a deux ans, on m'assurait que cette démarche serait
faite. L'an dernier, elle n'avait pas encore été
effectuée, et il est vrai, évidemment, que, l'année
dernière, il n'y a pas eu d'inondation. Puis, cette année, nous
voilà de retour avec ce problème. Je vous rappelle que,
l'année dernière, j'avais ajouté: "Allez-vous attendre
qu'il y ait de nouvelles catastrophes pour agir?" Cela se trouve à la
page B-4340. Les catastrophes sont survenues, et il ne semble pas, du moins
à ce que je sache, que quoi que ce soit ait été fait,
puisque l'absence d'assurance d'une aide fédérale a
été invoquée en Chambre pour justifier les délais
incroyables auxquels se butte l'annonce des mesures compensatoires que le
Québec entend accorder aux sinistrés.
Nous avons fait, vous le savez, de multiples demandes du
côté de l'Opposition, pour nous faire les porte-parole des
sinistrés, mais le gouvernement n'a toujours pas fait connaître sa
politique. Je vous rappelle que nous avons posé la question encore tout
récemment en Chambre et que nous n'avons obtenu aucune réponse
satisfaisante.
Le ministre voudrait-il faire le point sur cette question?
M. Cloutier: II faut dissocier la question de la
réclamation de 1974/75 de la contestation de la formule. Pour ce qui est
de 1974/75, nous attendons, incessamment, un chèque et l'affaire est
réglée. Bien sûr, elle est réglée sur la base
de la formule que nous contestons.
M. Morin: ...fédéral, pour être bien
précis.
M. Cloutier: C'est cela, en ce qui concerne la formule. Nous
avons fait la démarche et cette démarche a consisté
à demander d'inscrire le sujet à l'ordre du jour d'une prochaine
conférence des ministres des Finances. Il l'a été, mais
malheureusement, il n'a pas été traité à cause de
certaines priorités, en particulier, les arrangements fiscaux qui ont
occupé à peu près tout l'ordre du jour.
Or, par conséquent, la discussion reste ouverte et, en fait, il y
a une réunion prévue pour très bientôt. A la
prochaine réunion des ministres des Finances, j'espère que cela
reviendra à l'ordre du jour.
En ce qui concerne les réclamations 1975/76, il y a une
réunion prévue pour demain, si je ne me trompe... Hier. Alors,
vous voyez qu'elle était prévue et elle a eu lieu.
M. Morin: Et sur quels principes sont fondées les
réclamations du Québec?
M. Cloutier; Les réclamations du Québec sont,
évidemment, fondées pour l'instant sur les directives du
programme actuel, c'est-à-dire dégât entre $1 et $3 par
habitant: 50%, apport fédéral; 50%, apport provincial;
dégât entre $3 et $5 par habitant: 25%, apport privincial; 75%,
apport fédéral; dégât au-dessus de $5 par habitant:
10%, apport provincial; 90%, apport fédéral.
M. Morin: C'est la proposition québécoise si je
comprends bien ou est-ce le système actuel?
M. Cloutier: C'est le système actuel.
M. Morin: C'est le système actuel. Il me semblait.
M. Cloutier: C'est le système actuel que nous
contestons.
M. Morin: Et pourriez-vous, par voie de comparaison, me
décrire la position québécoise, ce que vous
revendiquez?
M. Cloutier: Pour l'essentiel, on veut une formule qui favorise
moins les petites provinces. Comme la question est en discussion avec le
fédéral, je ne sais pas s'il serait opportun de dévoiler
les modalités. La formule actuelle, évidemment, favorise les
petites provinces et c'est ce qu'on cherche à corriger. Il y a plusieurs
hypothèses possibles, dans la mesure où cela
détermine...
M. Morin: Expliquez-moi tout de même, pour que cela soit
enregistré au journal des Débats, comment les petites provinces
sont indûment favorisées par cette formule.
M. Cloutier: Parce que c'est une formule qui est basée sur
le per capita et, évidemment, il est plus facile pour
l'Ile-du-Prince-Edouard, qui a une population de 114 000, de débourser
$114 000 et d'être éligible par la suite à une aide
fédérale. Pour que Québec reçoive une aide
fédérale, il doit d'abord débourser environ $6,5
millions.
M. Morin: Et de surcroît, les inondations sont, que je
sache, plus fréquentes au Québec qu'à l'Ile-d
u-Prince-Edouard.
M. Cloutier: Oui, sauf au'il y en a ailleurs et assez
régulièrement dans des provinces moins populeuses que le
Québec, au Nouveau-Brunswick, en particulier, et au Manitoba,
également.
M. Morin: Oui, au Manitoba, il y en a eu encore il n'y a pas si
longtemps effectivement.
M. Cloutier: Nous parlons d'inondations, mais il faut savoir que
la formule est valable pour d'autres types de désastres ou de
catastrophes.
M. Morin: Pour ce qui est de 1975/76, attendez-vous d'avoir
réglé la question au niveau des principes avant d'émettre
des chèques aux victimes des inondations?
M. Cloutier: Vous parlez des inondations de 1974 ou de cette
année?
M. Morin: Non. Je parle de celles de cette année.
M. Cloutier: Si on se fie à l'expérience de
l'année dernière, le Québec a lancé son programme
d'ailleurs, cela a été annoncé hier, je pense
pour cette année et va indemniser les victimes et, par la suite,
sera remboursé par le gouvernement fédéral.
M. Morin: Mais il sera remboursé par le gouvernement
fédéral en se fondant sur le système existant ou sur le
système que vous aimeriez faire prévaloir?
M. Cloutier: Tout dépend de l'évolution des
négociations avec le fédéral sur la formule parce que les
deux démarches sont parallèles...
M. Morin: Je comprends...
M. Cloutier: Tant que la question de la formule n'est pas
réglée...
M. Morin: Oui.
M. Cloutier: ...il est possible que le gouvernement
fédéral soit obligé de nous indemniser avant, mais je peux
vous dire que, pour 1974, les discussions se poursuivent sur la formule et
justement pour que nous réglions la question de la formule, nous avons
demandé au gouvernement fédéral de nous verser une avance
pour nous garder encore un peu plus de temps pour négocier la
formule.
M. Morin: Avez-vous obtenu cette avance?
M. Cloutier: Elle s'en vient, on nous l'a promise hier.
M. Morin: Elle est de quel ordre? M. Cioutier: Environ $3
millions.
M. Morin: Les dommages, cette année, sont de quel ordre?
Est-ce que le ministère a été saisi de l'ampleur des
dommages?
M. Cloutier: Pour l'année en cours, les chiffres
étaient préliminaires, $34,5 millions. Cela se comparait à
des dommages de l'ordre de $23 millions pour 1974.
M. Morin: Ce sont des dommages plus étendus encore que
ceux de la dernière catastrophe, de sorte que si on appiique l'ancienne
formule ou la formule existante, parce qu'elle n'a pas encore été
modifiée, le Québec pourrait s'attendre à débourser
$34 millions, moins, grosso modo, $6 millions. Ce qui laisserait $28 millions
à la charge du Québec, j'entends selon la formule existante.
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: C'est à peu près cela.
M. Cloutier: Pour 1974, on s'attend à recevoir environ $10
millions sur les $23 millions; pour l'année en cours, c'est la
même formule qui s'applique, un peu plus, la même proportion, mais
on débourse plus de $6 millions.
M. Morin: Oui, c'est ce que je vous dis. M. Cloutier:
D'accord.
M. Morin: Alors, combien pensez-vous débourser pour... On
a dit, si j'ai bien compris, que les dommages dépassaient un peu $34
millions, dans une estimation préliminaire. Là-dessus, combien,
prévoyez-vous, va devoir être déboursé par le
Québec?
M. Cloutier: Nous allons faire le calcul et vous
répondre.
M. Morin: On peut faire le calcul.
M. Cloutier: Non, nous allons vous le faire. J'ai des gens qui
s'y affairent. Nous continuons à parler d'autre chose. On va vous faire
le calcul. On vous donnera le chiffre.
M. Morin: J'aurais aimé voir ce que cela peut
représenter comme... selon l'ancienne formule.
M. Cloutier: Non, nous allons vous le donner, le temps
d'additionner et de soustraire.
M. Morin: Et j'aurais aimé comparer avec la nouvelle
formule que vous voulez proposer, mais vous n'êtes pas enclin à
donner des détails.
M. Cloutier: Non, il faudrait faire des simulations. Non. Nous
sommes en négociation sur cette formule. Le même principe que j'ai
évoqué tout au long de cette discussion s'applique. Il y a
d'ailleurs plusieurs formules envisagées, il n'y en a pas qu'une
seule.
Je pense qu'il serait peut-être important d'ajouter que le
Québec, cette année comme l'année dernière, a
lancé son propre programme et qu'il est possible que le programme
québécois soit plus large que le programme fédéral,
parce que certaines dépenses que le Québec ferait aux victimes ne
seraient pas nécessairement admissibles au programme
fédéral. Je pense que c'est bien important de préciser ce
point. Il y a un programme québécois et le Québec
indemnise les victimes. Dans la majorité des cas, on va pouvoir se faire
rembourser par le fédéral, mais pas dans tous les cas. Et cela,
je pense que le gouvernement le savait avant, en 1974 et 1975. Donc il y a le
programme québécois, et je pense qu'effectivement il est plus
large que le programme fédéral.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de l'Assomption.
M. Perreault: En 1974, le maximum d'indemnisation était de
$5000 pour une résidence. Est-ce
que le même montant est conservé? Le premier ministre a
parlé en Chambre d'inflation, disant que ce serait peut-être plus.
Est-ce que cela a été fixé?
M. Cloutier: Les règlements seront adoptés la
semaine prochaine seulement.
M. Perreault: Très bien.
M. Morin: Est-ce que vous avez pu effectuer vos calculs?
M. Cloutier: Environ $19 millions. De zéro à 6,
cela égale zéro dollars.
M. Morin: Oui.
M. Cloutier: Environ $19 millions.
M. Morin: Bien. Je ne vous interrogerai pas sur la
différence qu'il peut y avoir entre ce montant et celui qui
résulterait de votre nouvelle formule, mais nous y reviendrons la
semaine prochaine. Est-ce que vous vous attendez que ce problème soit
réglé cette année, dans l'année qui vient?
M. Cloutier: Nous l'espérons.
M. Perreault: Les $19 millions, c'est tout le Québec?
M. Cloutier: Pardon?
M. Perreault: Les $19 millions que vous avez mentionnés,
c'est un coût pour le Québec?
M. Cloutier: C'est la récupération. M.
Perreault: La récupération.
M. Cloutier: Au plan fédéral, quand on applique la
formule, je peux vous en donner le détail si vous voulez, de 0 à
$6 millions, c'est 0; de $6 à $18 millions, c'est $6 millions à
peu près; de $18 à 30 millions, de $30 à $35 millions: $4
200 000, cela nous donne grosso modo, $19 millions.
M. Morin: C'est-à-dire...
M. Cloutier: La récupération d'après la
formule habituelle.
M. Morin: ... un peu plus que la moitié.
M. Cloutier: Oui. Nettement plus que la moitié. Nous
sommes à 34, moins 19...
M. Morin: 38 par rapport à 34, un peu plus que la
moitié.
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: M. le Président, je ne sais si je devrais
aborder la question des Affaires culturelles avec le ministre...
M. Perreault: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
l'Assomption.
M. Perreault: M. le Président, je regrette pour le chef de
l'Opposition, avant de passer à un autre sujet, je voudrais poser une
question. Est-ce que les ententes pour les travaux sur la rivière des
Mille Iles passent par votre ministère au point de vue des
négociations avec le fédéral? Les projets
remédiateurs aux inondations comma le creusage de la rivière des
Mille Iles, par exemple.
M. Cloutier: II y a eu une entente signée avec le
gouvernement fédéra! l'an dernier, au printemps sur des
études de régularisation dans toute la région de
Montréal, les principaux cours d'eau. Ces études sont toujours en
cours et un rapport final doit être soumis sous peu. Maintenant, pour les
conclusions, on verra les suites à donner.
M. Perreault: On devrait avoir les conclusions du rapport
bientôt sur |es travaux remédiateurs à être entrepris
dans la région de Montréal.
M. Cloutier: Le rapport devrait être soumis le 1er
juillet.
M. Perreault: Très bien.
Affaires culturelles
M. Morin: M. le Président, alors qu'il était
titulaire des Affaires culturelles, l'actuel ministre des Affaires
intergouvernementales avait mis de l'avant l'idée d'un contrat global
qui réglerait le contentieux dans le domaine des Affaires culturei-les
entre Ottawa et Québec. L'an dernier, l'ancien ministre, votre
prédécesseur, m'avait dit que cette idée de contrat
était loin d'être abandonnée, que son ministère
était au courant, qu'on y avait travaillé dans le courant de
l'année et que des avant-projets de contrats dans des secteurs
spécifiques, par exemple le patrimoine, avaient été mis au
point.
Le contrat général, global dont parlait le ministre devait
venir plus tard dans une seconde phase après qu'on eut obtenu le
règlement au niveau des contrats spécifiques. J'imagine qu'il y a
eu des progrès puisque le ministre a dû apporter avec lui, dans
son nouveau poste, le souci qu'il avait lorsqu'il était aux Affaires
culturelles. J'espère qu'il y a eu du progrès, à tout le
moins dans le secteur du patrimoine. J'aimerais demander au ministre quelle a
été la réponse du gouvernement fédéral.
Où en est-on dans ce dossier, est-ce que le ministre tient toujours
à cette idée de contrat global?
M. Cloutier: Je remercie le chef de I Opposition de rappeler
cela. C'était en effet une des premières tentatives de trouver
des accommodements avec le gouvernement fédéral qui tiendraient
compte des aspirations du Québec. Cette thèse du contrat global
avait été conçue non seulement
dans le domaine du patrimoine, mais également dans le domaine des
subventions et je crois que c'est là le pivot d'une politique
culturelle. C'est d'ailleurs aussi un bel exemple de la façon dont, dans
un système fédéral, on doit tenter de régler les
problèmes.
En ce qui concerne le premier aspect que j'ai cité, celui du
patrimoine, les négociations sont très avancées. En fait,
j'ai même sous les yeux, pour vous mettre en appétit, un projet de
protocole que je n'ai pas l'intention de déposer toujours dans l'optique
que j'ai tenté de mettre de l'avant...
M. Morin: Dans un secteur particulier ou c'est le projet
global?
M. Cloutier: C'est dans le secteur du patrimoine.
M. Morin: C'est le patrimoine.
M. Cloutier: Oui, mais il est global en ce qui concerne le
patrimoine, mais aussitôt que ce sera fait, je le déposerai
très volontiers. Les négociations ont progressé d'une
façon que je qualifie de très satisfaisante, au moins pour ce
secteur.
M. Morin: Sans entrer dans les détails, parce que je me
rends compte que vous êtes en négociation, pouvez-vous me dire sur
quels principes généraux vous vous êtes fondé pour
faire valoir les droits du Québec dans ce dossier?
M. Cloutier: Voulez-vous répéter la première
partie de la question?
M. Morin: Sans entrer dans les détails. Je me rends compte
que vous êtes en négociation. Je ne veux pas vous demander, vous
forcer à révéler tout le détail de vos
négociations. Je voulais simplement vous demander sur quels principes
généraux vous vous êtes fondé.
M. Cloutier: Je pense que c'est une question à laquelle
pourrait répondre le ministre des Affaires culturelles. C'est vraiment
une question de contenu, à ce moment-là.
M. Morin: Mais du point de vue constitutionnel?
M. Cloutier: Le ministre des Affaires intergouvemementales
interviendra comme cosignataire du protocole.
M. Morin: Je vois. Mais de quel principe constitutionnel
êtes-vous parti pour ia signature de ce contrat? Le ministre peut donner
sa réponse avec l'aide de ses adjoints.
M. Cloutier: Non, cela va très bien. Je pense que c'est le
même principe. Je saisis mieux ce que poursuit le chef de l'Opposition.
C'est le principe de l'intégrité du territoire et c'est
également le principe du respect des lois québécoises.
Nous parlons toujours du patrimoine. Je ne vois pas d'autres principes qui
pourraient fonder un accord.
M. Morin: Est-ce qu'on pourrait aller jusqu'à dire que le
Québec soutient la thèse que les questions culturelles, que le
domaine culturel, est exclusivement de compétence provinciale?
M. Cloutier: Non, je n'irais pas jusqu'à-là, parce
que c'est un domaine d'une complexité extrême. Encore faudrait-il
en arriver à définir ce que c'est que la culture et là,
nous nous engageons dans le contenu...
M. Morin: ... quand vous parlez de garanties culturelles, parce
que, justement, il faut d'abord définir ce qu'est la culture.
M. Cloutier: Bien sûr, et personne ne définira ce
que c'est que la culture, parsonne au monde.
M. Morin: C'est pour cela que le ministre utilise toujours
l'expression "souveraineté culturelle", laquelle est
indéfinissable, ce qui est extrêmement utile.
M. Cloutier: II est quand même possible de donner un
contenu, mais il est aussi possible de définir la culture. Vous pouvez
lui donner un sens élitique ou traditionnel, dans le sens de "fine
arts", comme les Anglais ou les Américains le conçoivent, ou vous
pouvez lui donner un sens ethnologique, et à ce moment-là, vous
couvrez toutes les activités dans un pays.
Il y a certainement un moyen terme et "souveraineté culturelle",
c'est autre chose. Il s'agit là d'une affirmation, d'une
identité. Je crois que le contenu est assez clair.
M. Morin: Dans le sens élitiste ou dans le sens
populaire?
M. Cloutier: Je sais que ce serait probablement le sens
élitiste que souhaiterait le chef de l'Opposition, de par ses attaches,
mais en ce qui concerne le Parti libéral, je peux vous affirmer que
c'est le sens populaire.
M. Morin: Donc, un sens ethnologique?
M. Cloutier: Plus près du sens ethnologique que du sens
élitique et c'est la conception que j'ai tenté d'implanter au
ministère des Affaires culturelles, puisque vous avez bien voulu
rappeler mon passage dans ce ministère. C'est à ce
moment-là, d'ailleurs, qu'on a commencé à faire des
politiques de décentralisation de la culture et qu'on a commencé
à s'éloigner des politiques exclusivement de subventions à
des organismes forcément destinés à une partie seulement
de la population.
M. Morin: Dans le cas du patrimoine, puisque je m'accorderai avec
le ministre pour dire qu'il est effectivement très difficile de
définir la culture ou la civilisation, c'est une des raisons pour
Iesquel-
les nous aurons toujours des difficultés avec Ottawa dans ce
dossier. La définition de chacun varie selon les intérêts
de chacun et, en définitive, ce sont des définitions politiques
qui finissent par prévaloir. Mais, dans le domaine du patrimoine, est-ce
que le principe dont vous vous réclamez est celui de la
compétence exclusive du Québec, sur son patrimoine?
M. Cloutier: Je comprends bien la question du chef de
l'Opposition, mais je réponds avec un peu d'hésitation, parce que
je me demande ce qu'il a derrière la tête. On peut très
bien s'entendre si nous déterminons les règles du jeu avant de
commencer. Le Québec entend faire respecter ses législations. Il
existe une loi qui a été élaborée, qui a
commencé à l'être lorsque j'étais au
ministère des Affaires culturelles, qui est la Loi sur les biens
culturels une loi extrêmement intéressante, soit dit en
passant, du point de vue de sa conception, parce qu'elle couvre non seulement
!e patrimoine immobilier, le patrimoine traditionnel, mais également un
éventail très large . C'est le principe sur lequel, je
pense, nous nous basons.
M. Morin: Et cette loi elle-même n'est pas fondée
clairement sur un exclusivisme...
M. Cloutier: Oui, mais l'exclusivisme que vous pratiquez
s'inscrit dans votre programme politique, et même carrément au
séparatisme, alors que...
M. Morin: Pas nécessairement.
M. Cloutier: Non? Plus maintenant?
M. Morin: Je vous arrête. Vous vous entendez à
merveille à mêler les cartes. Ce que je tente de vous dire, c'est
que, même à l'intérieur du fédéralisme, il
n'est pas toujours possible Dieu le sait d'obtenir des solutions
claires, des partages clairs de compétences.
Mais il me semble que, dans le domaine du patrimoine, c'en est un
où il serait possible d'avoir une solution exclusive, claire.
M. Cloutier: Sur le plan de l'application des lois provinciales,
je vous suis et je suis d'accord avec vous. Mais le problème est plus
complexe que la façon dont vous le présentez semble le montrer.
Parce qu'il n'est pas anormal que, dans un pays fédéral, le
gouvernement central possède, par exemple, certaines
propriétés. C'est le cas. Il y a des immeubles qui appartiennent
au gouvernement fédéral.
Votre principe, à ce moment, si on le pousse à
l'extrême, signifierait que le gouvernement central ne pourrait rien
posséder sur !e territoire d'une province. Ce que je vous dis...
M. Morin: C'est-à-dire qu'il pourrait... Entendons-nous
bien. Nous parlons du patrimoine, nous ne parlons pas des bureaux de poste.
M. Cloutier: Remarquez qu'il y a des bureaux de poste qui peuvent
devenir du patrimoine, dans la mesure où ils deviennent historiques.
M. Morin: Ah! ce serait un système subtil de
récupération.
M. Cloutier: II n'y a strictement rien qui peut interdire au
gouvernement central de posséder. Votre principe, poussé à
l'extrême, c'est cela. C'est pour cela que j'hésite un peu
à répondre. En revanche, le principe sur lequel nous nous
fondons, c'est que ce sont les lois provinciales, dans le cas particulier du
Québec, qui doivent s'appliquer aux biens fédéraux. C'est
le but que nous poursuivons. C'est la thèse
québécoise.
M. Morin: Prenons un exemple concret qui pourrait peut-être
nous aider à illustrer tout cela, qui est le cas du parc de
l'Artillerie. Nous avons eu certains renseignements selon lesquels le
gouvernement du Québec était intervenu auprès des
autorités de l'Hôtel-Dieu de Québec pour les engager
à ne pas transférer et même pour leur défendre de
transférer au gouvernement fédéral leur
propriété dans l'îlot de l'Arsenal, ce qu'on appelle le
parc de l'Arsenal.
Si mes renseignements sont bons... La raison pour laquelle je pose la
question au ministre, c'est pour qu'il ait l'occasion de clarifier cette
question. On manifestait même le désir que cette
propriété passe aux mains du ministère des Affaires
culturelles. Pourriez-vous nous dire ce qu'il en a été
exactement?
M. Cloutier: L'autorisation n'a pas été
donnée à l'Hôtel-Dieu.
M. Morin: De transférer.
M. Cloutier: De transférer. Elle le sera peut-être,
mais elle le sera dans la mesure où les lois québécoises
seront respectées. C'est justement ce qui est en discussion
actuellement. C'est pour cela que j'essayais de vous faire saisir que votre
principe d'exclusivité, que vous poussez d'ailleurs très loin
dans tous les domaines, conduit à une impasse et, très
certainement, dans le cas du patrimoine.
En revanche, le principe du respect...
M. Morin: Cela dépend si on fait partie du Canada ou non,
n'est-ce pas?
M. Cloutier: C'est cela. Vous vous situez dans une perspective
où vous ne faites plus partie du Canada.
M. Morin: Même pas.
M. Cloutier: C'est votre droit. Je respecte ce point de vue.
M. Morin: La perspective d'avenir est celle-là, mais
j'essaie, en attendant, de faire en sorte que la plus grande partie du
patrimoine disponible tombe déjà sous la compétence du
Québec et soit déjà la
propriété du Québec, de façon qu'il y en ait
le moins possible à récupérer, le cas
échéant.
M. Cloutier: II faut parler... comme moi. Mais je crois vous
avoir démontré que votre principe d'exclusivité qui est
cohérent avec votre thèse mène carrément au
séparatisme. Je vous répète que c'est votre droit le plus
strict. Je ne m'y oppose pas. C'est la raison pour laquelle je vous ai
expliqué que nous, notre préoccupation, dans ie cadre qui est le
nôtre, c'est le respect de la législation
québécoise.
M. Morin: Si vous avez interdit... Je m'arrête, M. le
Président, puisque...
M. Cloutier: Non, cela va très bien. Ne vous occupez pas
de nos activités de notre côté. Nous les contrôlons
bien.
M. Morin: C'est parce que j'ai l'impression que vous ne saisirez
pas les questions que je vous pose si vous avez l'oreille ailleurs.
M. Cloutier: Attendez d'abord de la poser et vous jugerez si je
la saisis ou si je ne la saisis pas. Vous êtes en pleine
hypothèse.
M. Morin: Bon. Avez-vous terminé vos consultations?
M. Cloutier: Le problème n'est pas pertinent au
débat. J'attends votre question.
M. Morin: Bien. Si...
Une Voix: Allez-y.
M. Morin: Je veux avoir l'oreille du ministre.
M. Cloutier: Ecoutez, vous en avez une, cela vous suffit; vous
n'avez pas besoin des deux.
M. Morin: Dès que j'ouvre la bouche, le ministre se
retourne vers ses fonctionnaires. Je n'ai pas l'impression qu'il
m'écoute.
M. Cloutier: II faut répéter parfois. Allez-y. Si
c'est une impression que vous voulez, je vous la donne.
M. Morin: Bien. Si vous avez refusé à
l'Hôtel-Dieu d'aliéner sa part de l'îlot de l'Artillerie ou
de l'Arsenal, est-ce que je puis demander au ministre si vous avez entrepris
des discussions avec le gouvernement fédéral quant à la
poursuite des travaux dans le parc de l'Artillerie?
M. Cloutier: Les discussions se sont poursuivies avec les
Affaires culturelles. Nous sommes part à ces discussions, mais c'est
vraiment le ministère des Affaires culturelles qui est le maître
d'oeuvre de ces discussions. Le cas que vous soulevez se trouvera à
être réglé de par le protocole auquel j'ai fait allusion
tout à l'heure.
M. Morin: Bien. M. le Président, je regarde l'heure
passer...
M. Cloutier: Elément 1...
M. Morin: ... je me suis en quelque sorte engagé envers le
ministre à terminer ce matin. Alors, je vais essayer d'être bref,
mais je ne pourrai plus maintenant que butiner sur les problèmes...
M. Cloutier: Butinons.
Les meuneries
M. Morin: ... et, à mon grand chagrin, je n'aurai
guère de temps pour m'attarder sur les aspects internationaux. Nous y
reviendrons éventuellement. L'année dernière, nous avions
consacré passablement de temps aux relations internationales du
Québec. Cette année, j'ai l'impression que nous n'aurons pas le
temps de le faire convenablement, sauf pour ce qui est de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse. L'an dernier, j'avais
posé des questions en ce qui concerne les relations de travail. Je
voudrais y revenir cette année et vous rappeler qu'il y a deux ans, nous
avions longuement discuté de l'invasion fédérale dans ce
domaine en analysant le cas spécifique des meuneries, qui était
particulièrement d'actualité à ce moment, en raison du
jugement intervenu dans l'affaire Camirand. A la suite des
représentations que j'avais faites, on m'a informé, après
avoir consulté le ministère de la Justice, que l'assistance d'un
conseil serait assurée à M. Camirand, s'il décidait de
porter sa cause en appel. J'aimerais savoir ce qu'il en est. Est-ce que M.
Camirand est en appel? Est-ce que le ministère lui a apporté son
appui?
M. Cloutier: La cause est en appel. Le ministère est
intervenu. Le ministère de la Justice a défrayé le
coût d'un procureur. C'est la façon habituelle d'intervenir.
M. Morin: Bon. Je me réjouis d'apprendre cela, parce que
j'avais fait des représentations au ministre pour que cela se produise
de la sorte. J'avais aussi soulevé la question du transport routier
interprovincial, mais peut-être qu'avant de quitter les meuneries,
j'aurais encore une question. Le ministère du Travail du Québec a
rédigé un rapport concernant les meuneries qui a
été rendu public en août 1974.
M. Cloutier: Janvier 1974.
M. Morin: L'exemplaire que j'ai date d'août 1974.
M. Cloutier: II a été rendu public en août,
c'est vrai.
M. Morin: Bon! Dans ce rapport, on trouve un certain nombre de
recommandations aux pages 43 et suivantes, notamment la suivante: Les
membres
du sous-comité recommandent une solution à
caractère politique à cette affaire des meuneries, soit la
conclusion d'une entente avec le gouvernement fédéral conduisant
à un amendement législatif du texte de l'article 45 de la Loi sur
la commission canadienne du blé, amendement visant à restreindre
la portée de cet article aux ouvrages que le fédéral
entend vraiment régir, soit par l'adoption d'un texte dépourvu de
toute ambiguïté, soit par l'exclusion expresse des meuneries du
Québec à caractère local, c'est-à-dire des
meuneries situées au Québec et dont ia majorité de la
production est écoulée au Québec et
particulièrement au niveau régional. J'imagine que le ministre a
les autres recommandations sous les yeux. J aimerais lui demander s'il est
d'accord avec cette solution à caractère politique et s'il a
tenté de la faire prévaloir auprès des
fédéraux.
M. Cloutier: D'abord, je ne suis pas sûr que si on ne donne
pas quelques explications préliminaires, les membres de la commission
puissent parfaitement suivre. Il faudrait peut-être que je me contente de
rappeler que, depuis des années, les meuneries au Québec sont
soumises à la législation québécoise en
matière de normes de travail.
En ajoutant que, depuis 1965, cette juridiction a été
remise en cause par le ministère du Travail du Canada, en s'appuyant sur
un article particulier, qui est l'article 45, de la Loi sur la Commission
canadienne du blé et sur les articles du Code canadien du travail. C'est
le "Grain Act".
M. Morin: C'est ça.
M. Cloutier: En fait, la solution politique est simple à
définir, moins simple à obtenir. C'est un amendement à
l'article 45. C'est notre position.
M. Morin: Est-ce que, par hasard, vous auriez le texte de cet
amendement que vous avez proposé?
M. Cloutier: Comment?
M. Morin: Est-ce que vous auriez... Est-ce qu'il existerait
quelque part un texte de cet amendement que vous proposez?
M. Cloutier: Au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. C'est du contenu... Je ne sais pas si le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre serait disposé à le rendre
public.
M. Morin: Eventuellement, ce sera négocié par
vous-mêmes ou par le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre? Ce sera
négocié par vous?
M. Cloutier: Ce sera négocié par nous, mais avec le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Morin: Oui.
M. Cloutier: C'est toujours le rôle du ministère par
rapport au ministère...
M. Morin: Pcurriez-vous me dire, du moins, dans quel sens
générai vous entendez modifier l'article 45?
M. Cloutier: Soustraire de l'application de l'article 45, les
meuneries. En somme, soustraire du pouvoir déclaratoire, parce que c'est
ce pouvoir déclaratoire qui est à l'origine de l'action
fédérale. Alors, l'amendement peut prendre n'importe quelle
forme, mais...
M. Morin: Parce que...
M. Cloutier: ...il aura comme objectif de soustraire les petites
meuneries...
M. Morin: Les petites meuneries. Vous voulez dire les meuneries
à caractère local.
M. Cloutier: C'est l'ensemble de nos meuneries.
M. Morin: Je ne suis pas sûr que ce soit l'ensemble des
meuneries, justement. C'est pour cela que je posais la question.
M. Cloutier: On me dit qu'il y en a à peu près deux
grosses, et que la majorité de nos meuneries entrent dans...
M. Morin: Qui échapperaient...
M. Cloutier: C'est ça, qui échapperaient.
M. Morin: Mais la solution que vous tentez d'obtenir n'est pas
applicable à toutes les meuneries, mais aux meuneries à
caractère local.
M. Cloutier: Nous souhaitons couvrir toutes les meuneries.
M. Morin: Ah bon! Vous allez plus loin même que le rapport
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Cloutier: Je sais.
M. Morin: Bon! C'est ce que je voulais savoir.
M. Cloutier: Autrement dit, nous voulons tenter de mettre fin
à l'application du pouvoir déclaratoire dans ce cas
précis.
M. Morin: Bien! Est-ce que ceci va faire l'objet d'une
négociation prochaine?
M. Cloutier: On le souhaite, mais ce qui retarde actuellement la
négociation, ce sont les causes devant les tribunaux.
M. Morin: J'avais aussi soulevé la question du transport
routier interprovincial.
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: Je m'excuse. La dernière réponse du
ministre me laisse un peu perplexe.
On vous suggère une solution politique, et vous me dites que vous
attendez la réponse des tribunaux.
M. Cloutier: C'est le gouvernement fédéral. Ce
n'est pas nous qui attendons.
M. Morin: Ah! Parce que le gouvernement fédéral
espère que les tribunaux lui donneront raison...
M. Cloutier: Bien, écoutez...
M. Morin: ...de sorte qu'il aura une carte de plus dans son
jeu.
M. Cloutier: Bien sûr! C'est ça, une
négociation. Comme il y a des causes devant les tribunaux, nous ne
pouvons que continuer nos efforts.
M. Morin: C'est ça, une négociation quand on est
"poigné" dans le fédéralisme.
M. Cloutier: Ah ça! C'est vous qui ie dites.
M. Morin: Quand vous aurez les décisions des tribunaux, le
pouvoir fédéral vous dira: Mais c'est tranché, c'est
régie, cette question-là.
M. Tardif: S'il nous est favorable, comme dans l'affaire de la
CECO?
M. Morin: Cela m'étonnerait dans le cas des meuneries,
parce que là, c'est le pouvoir déclara-toire qui est en cause.
C'est bien différent. Le député d'Anjou connaît ces
questions. Il sait que le pouvoir fédéral ne blague pas avec son
pouvoir déclaratoire.
M. Tardif: Oui, mais on ne peut pas dire d'avance qui va
l'emporter. Vous ne pouvez pas présumer que c'est nécessairement
le gouvernement fédéral qui va avoir raison.
M. Cloutier: Nous préférerions négocier
notre solution politique indépendamment de ces causes, mais nous avons
un partenaire...
M. Morin: Je suis heureux de vous l'entendre dire.
M. Cloutier: ...et nous en tenons compte. Nous négocions,
je vous l'ai dit, peut-être 350 dossiers. C'est une partie très
importante des activités du ministère.
M. Morin: Oui, je sais.
M. Cloutier: Nous faisons le point régulièrement
toutes les semaines sur l'évolution de ces dossiers.
M. Morin: L'année dernière, ou il y a deux ans,
j'avais également soulevé la question du transport routier
interprovincial.
Depuis, nous avons reçu deux autres documents fort
intéressants portant sur le transport routier et les travaux publics
fédéraux. Il semble que ces rapports ont d'ailleurs
été approuvés par le comité conjoint,
Travail-Affaires intergouvernementales, n'est-ce pas? Bien!
Prenons celui des travaux publics fédéraux
effectués au Québec. Je me réfère aux pages 45
à 48 des recommandations de ce rapport. Je ne me donnerai pas la peine
de les lire parce qu'elles sont plutôt longues. Est-ce que le ministre
pourrait me dire quelles suites ont été données aux
recommandations précises dans le domaine des travaux publics
fédéraux? C'est un dossier qui date lui aussi de 1974? Je sais
bien que vous négociez beaucoup de dossiers, mais nous parlons de choses
qui ont déjà presque deux ans.
M. Cloutier: Comme vous l'avez indiqué, les propositions
dans ce secteur sont contenues dans le rapport qui couvre également les
autres aspects et on a tenté de faire avancer le dossier au cours des
derniers mois. Maintenant, du côté fédéral, on ne
semble pas très pressé d'en discuter. C'est la situation.
Il y a également une cause devant les tribunaux.
M. Morin: Avez-vous tenté...
M. Cloutier: II faudrait distinguer l'aspect du transport. Dans
votre question, il y avait deux aspects, le transport et les travaux publics du
gouvernement fédéral. Ce sont deux aspects bien distincts.
M. Morin: Bien distincts.
M. Cloutier: Vous savez qu'il y a une cause à Mirabel.
M. Morin: Mais, pour l'instant, je ne vous parle que des travaux
publics. On pourra dire un mot du transport routier par la suite. Je me
demandais si votre attitude est bien celle qu'on trouve dans ce rapport
d'août 1974 selon lequel il ne devrait exister au Québec, pour
l'ensemble des chantiers, qu'un seul et unique régime, soit le
régime établi par la loi sur les relations de travail dans
l'industrie de la construction.
M. Cloutier: Bien sûr. Nous avons été
associés à la préparation de ces rapports et, comme c'est
indiqué, c'est un rapport conjoint des deux ministères
impliqués.
M. Morin: Donc, cela représente vraiment la position que
vous défendez...
M. Cloutier: ... du gouvernement.
M. Morin: ... que vous n'avez cessé de défendre, et
vous me dites que, dans ce domaine, le pouvoir fédéral n'est pas
très pressé de négocier.
C'est la raison pour laquelle je vous pose des questions.
M. Cloutier: II y en aurait infiniment beaucoup d'autres qui ne
le seraient pas. C'est là la difficulté.
M. Morin: C'est à voir. C'est ce que nous verrons
d'ailleurs. C'est ce que nous verrons. Peut-être aurai-je l'honneur de
négocier tout cela avec certains de ces messieurs?
M. Cloutier: Vous m'avez l'air beaucoup plus décidé
qu'hier. Vous avez dû avoir un caucus. Ce n'est pas possible.
M. Morin: Décidé?
M. Cloutier: Décidé sur votre objectif.
M. Morin: Il n'a jamais changé. Mais le ministre...
M. Cloutier: Cela flottait hier. M. Morin: ... fait des
blagues qui n'ont... M. Cloutier: Vous avez été
rappelé à l'ordre. M. Morin: ... aucune sorte de
fondement.
M. Cloutier: Bon, d'accord! Je voudrais peut-être apporter
un élément d'information sur le dossier précis.
M. Morin: Oui.
M. Cloutier: C'est pour faire état du jugement de la Cour
d'appel, qui a été rendu le 16 juillet 1975 et à
l'avantage du Québec, dans la cas précis de la cause de...
M. Morin: Dans l'affaire de Mirabel.
M. Cloutier: Oui.
M. Morin: C'est la Cour d'appel du Québec?
M. Cloutier: II infirmait la décision rendue en Cour
supérieure...
M. Morin: C'est cela.
M. Cloutier: ... le 6 juillet 1972 et déclarait que les
salaires des ouvriers de la construction employés aux travaux de
l'aéroport de Mirabel devaient être régis par le
décret québécois de la construction.
M. Morin: D'accord. Est-ce que le gouvernement
fédéral n'a pas porté...
M. Cloutier: II y a donc parfois, comme le disait le
député d'Anjou, des causes qui sont favorables.
M. Cloutier: Je nuance parce que j'avais l'aspect du transport
à l'esprit. Ce qui a retardé les discussions, c'est un peu comme
dans le cas des meuneries, ce sont les causes devant les tribunaux. Il y a une
cause à Mirabel impliquant une compagnie je pense que c'est
Montcalm Construction et, pendant ce temps, évidemment, les
discussions ne se sont pas poursuivies. Le fédéral
inteprète la loi d'une façon différente que nous, ce qui
fait que les discussions...
Il n'y aurait jamais de litige, si on était d'accord.
M. Morin: Cela fait partie des jouissances
fédéralistes du ministre.
M. Cloutier: Allons! Vous imaginez-vous que, si nous
n'étions pas dans un contexte fédéral, tous les litiges,
toutes les tensions, tous les problèmes disparaîtraient, que la
maladie...
M. Morin: Oui. Cela réglerait quelques petits
problèmes.
M. Cloutier: ... n'existerait plus, que la mort serait
abolie?
M. Morin: J'hésite à croire que le ministre
appartient à ces sots qui prétendent que les pommes de terre
cesseraient de pousser parce que le Québec serait souverain comme 180
autres Etats.
M. Cloutier: Vous ne ratez jamais une occasion, chaque fois que
nous faisons état d'un dossier, de laisser entendre que ce sont
là les réjouissances du fédéralisme et que c'est un
symptôme de tension.
Je vous rétorque du tac au tac. Ce sont là des
problèmes qui sont inhérents à n'importe quelle
société moderne.
M. Morin: Je vous dis que tous ces problèmes dont nous
parlons, meuneries, travaux publics, transport, seraient réglés
du coup.
M. Cloutier: Avec l'indépendance.
M. Morin: Ceux-là. Pas tous, mais ceux-là le
seraient.
M. Cloutier: Le pétrole jaillirait.
M. Morin: Là encore, nous tombons dans les
simplicités et dans le simplisme. Nous n'avons jamais soutenu que les
problèmes seraient abolis et que la vie et que la mort seraient
transformées...
M. Cloutier: Je suis très heureux de vous l'entendre
dire.
M. Morin: ... ni que les pommes de terre cesseraient de pousser,
comme le voulait, il y a quelque temps, un ministre fédéral, mais
il y a des problèmes qui seraient réglés et c'en sont
justement qui traînent en longueur.
M. Morin: Oui, mais attention, c'est la Cour d'appel du
Québec. Ce n'est pas la même chose. Vous amenez ma prochaine
question. Est-ce que le pouvoir fédéral n'a pas porté cela
en appel?
M. Cloutier: Ce n'est pas fait encore.
Dans le cas précis, c'est l'entrepreneur qui a contesté
l'applicabilité des normes provinciales de salaire. Le
fédéral, en Cour d'appel a appuyé la thèse
québécoise voulant que les normes québécoises
étaient applicables. La Cour d'appel a donné raison à
cette prétention conjoints du fédéral et du Québec.
La cause est en ce moment en Cour suprême et le fédéral
s'interroge sur I opportunité d'y intervenir à nouveau.
M. Morin: Et quelle position prendra le gouvernement
fédéral, à votre connaissance si c'est à votre
connaissance, devant...
M. Cloutier: Ce n'est pas à notre connaissance.
M. Morin: Alors, nous remettrons cela à un prochain
entretien. Je voudrais consacrer trois minutes au transport routier, parce que
c'est un autre dossier très important. A la page 40 du rapport
concernant le transport routier provincial, rendu public en août 1974, on
recommandait que le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre du
Québec, de concert avec le ministre des Transports, demande l'abrogation
du règlement intitulé: Règlement sur la durée du
travail des conducteurs de véhicule automobile, adopté par
l'arrêté en conseil 1972, 2462 du 5 octobre 1972. On recommandait
également que le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre, de concert
avec le ministre des Transports du Québec, demande au ministre canadien
du Travail que soit abandonné le projet de règlement concernant
l'état de santé des conducteurs de véhicule automobile,
lequel appliquait la partie quatre du Code canadien du travail... Il y avait un
certain nombre d'autres recommandations que je ne voudrais pas prendre la peine
de lire, parce que ce serait un peu trop long. Est-ce que vous pourriez nous
dire quelles suites ont été données à ces
recommandations?
M. Cloutier: Les discussions sont en cours. J'ajoute
peut-être que la plupart des autres provinces avaient un point de vue
similaire à celui du Québec. En fait, la position des provinces a
été rendue publique lors de la neuvième conférence
interprovinciale des ministres des Transports à Winnipeg en octobre
1974. C'est un élément de plus à verser au dossier.
M. Morin: Le ministre tire ses renseignements d'un gros cahier
qui pique ma curiosité, est-ce le célèbre bilan?
M. Cloutier: Oui, et il va la piquer longtemps. Non. Cette
histoire de bilan, c'est depuis longtemps... C'est la mise au point continuelle
des dossiers actuellement en négociation dans tous les secteurs. C'est
pour cela qu'il m'est possible de répondre, avec l'aide de mes
fonctionnaires, à toutes vos questions.
M. Morin: Oui. Excellent!
M. Cloutier: La mise à jour est constante. Comme je vous
l'ai déjà dit, lors de notre réunion hebdomadaire, le
directeur généralattirera l'attention sur les dossiers qui
exigent des décisions. Malheureusement, vous comprendrez, ou plus
exactement, vous ne comprendrez.pas que je n'ai pas l'intention de vous le
confier.
M. Morin: Je le comprends parfaitement.
M. Cloutier: Ah! vous le comprenez cette fois. C'est un document
interne de travail.
M. Morin: Cela pourrait être...
M. Cloutier: Ce serait passionnant pour l'Opposition. Je vais
bien l'apporter sous mon bras en partant.
M. Morin: Prenez garde aux fuites.
M. Cloutier: II n'y a pas de fuites chez nous, ou très
peu.
M. Morin: Je ne vous le souhaite pas. M. le Président, il
y aurait encore quelques questions, mais je vois que l'heure est
avancée.
M. Desjardins: On peut continuer.
M. Morin: Est-ce que le ministre voudrait que nous adoptions les
crédits maintenant, ou est-ce qu'il conviendrait que nous attendions la
séance à laquelle viendra nous entretenir le ministre des
Affaires culturelles au sujet de l'Office franco-québécois pour
la jeunesse.
M. Cloutier: Ce qu'il faudrait faire, ce serait d'adopter les
'programmes. L'Office franco-québécois pour la jeunesse est un
programme à part. Alors, adoptons tous les programmes. C'est le
programme 3. Adoptons un, deux, quatre.
M. Morin: Volontiers, M. le Président. J'y suis
disposé.
Le Président (M. Pilote): Les programmes 1, 2 et 4,
supercatégories, catégories et éléments sont
adoptés.
M. Morin: Adopté, M. le Président.
M. Cloutier: J'aimerais simplement en profiter pour
déposer deux documents auxquels j'ai fait allusion lorsque nous
discutions d'information, c'est-à-dire la liste des publications que
nous recevons du gouvernement du Canada et des gouvernements provinciaux sur
les législations, les communiqués, les projets de loi, !e
feuilleton, les
perspectives internationales. C'est peut-être
intéressant.
M. Morin: C'est le résumé du greffe.
M. Cloutier: Non, cela n'a rien à voir avec le greffe. Ce
sont les ententes et le calendrier des conférences intergouvernementales
qui peut présenter également un certain intérêt.
M. Morin: Oui, effectivement, j'aurais souhaité que le
ministre déposât ce document au début, puisque nous aurions
pu le consulter et nous entretenir.
M. Cloutier: Tout ça est publié, d'ailleurs, dans
nos bulletins que je vous ai vu consulter, Québec-Canada; alors, les
documents ne font que reproduire.
M. Morin: Les extraits sont publiés.
M. Cloutier: Non, la liste également des
conférences. Toutes les réunions auxquelles nous participons.
M. Morin: Bien, M. le Président, les programmes ayant
été adoptés, nous avons réservé le
troisième pour la semaine prochaine.
M. Cloutier: Je voudrais simplement, avant la fin de cette
discussion, en ce qui me concerne, remercier le chef de l'Opposition. Nous
avons eu une discussion qui n'a pas été sans connaître ses
moments un peu plus vifs, ce qui ne me paraît absolument pas anormal dans
la vie parlementaire, mais nous avons eu dans l'ensemble une discussion qui a
été intéressante et même positive.
M. Morin: Je remercie le ministre de ses bonnes paroles et
j'espère le retrouver l'année prochaine pour que nous puissions
continuer à discuter de ces questions fort intéressantes.
Le Président (M. Pilote): La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvemementales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 43)