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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du jeudi 3 juin 1976
(Seize heures quarante et une minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs! La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales entreprend l'étude des crédits du Conseil
exécutif, programmes 4 et 5. Il va falloir barrer la porte...
M. Morin: Nous sommes neuf, M. le Président; pourvu
qu'aucun député ne sorte, tout se passera très bien.
Le Président (M. Lafrance): On barre les portes. Je
voudrais faire part aux membres de la commission qu'il y a des changements pour
la séance d'aujourd'hui. M. Levesque remplace M. Cloutier; M. Marchand
remplace M. Gratton; M. Kennedy remplace M. Malouin; M. Boutin remplace M.
Tardif et M. Boudreault remplace M. Pagé. Alors programmes 4 et 5...
M. Levesque: II faudrait un consentement parce que je ne
serai pas ici ce soir pour qu'un autre me remplace, c'est-à-dire
remplace M. Cloutier.
M. Morin: Volontiers, M. le Président, et puis-je attirer
votre attention sur la nécessité de nommer un rapporteur?
Le Président (M. Lafrance): Parfait. Alors, à
l'unanimité des membres de la commission, M. Perreault est nommé
rapporteur.
M. Perreault: Je ne peux pas accepter. Le Président (M.
Lafrance): Pourquoi?
M. Perreault: Je ne suis pas censé être rapporteur,
comme membre adjoint.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a quelque chose
dans les règlements qui dit...
M. Perreault: C'est le président qui a dit cela
déjà. Le président a dit cela déjà.
Le Président (M. Lafrance): Ah! une décision du
président? Un membre régulier, M. Beaure-gard, rapporteur de la
commission.
M. Beauregard: Je vais écouter attentivement M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Le ministre responsable de
l'Office de développement, de l'OPDQ...
Office de planification et de développement du
Québec
M. Levesque: ... Office de planification et de
développement du Québec. M. le Président, je demanderais
à ce moment-ci au président-directeur général par
intérim, M. Marcel Pellletier, de nous indiquer les membres qui
l'accompagnent, de la corporation et de l'OPDQ.
Le Président (M. Lafrance): Si vous voulez vous approcher
ici, pour présenter les membres.
M. Levesque: M. Pierre Desy, conseiller technique au bureau de M.
Bernard Lachapelle; Paul-Arthur Fortin, qui est directeur général
adjoint et directeur général de l'administration; Jacques Gagnon,
qui est directeur par intérim du développement régional;
M. Gilles Lebel, directeur général adjoint à l'OPDQ et
directeur général de la planification ; M. Lauréat
Beaulieu, qui est directeur des ressources humaines.
Il y a également M. Claude Côté, directeur des
projets spéciaux; M. Lucien Métras, directeur du service des
ententes; M. Fortin, adjoint au directeur du service des finances; Mlle Monique
Jean, attachée d'administration au service des finances; M. Paul
Fecteau, directeur du service des finances.
Exposé préliminaire du ministre
M. le Président, avant d'aborder avec vous aujourd'hui le travail
effectué par l'Office de planification et de développement du
Québec, ainsi que le budget demandé pour l'année
financière 1976/77, j'aimerais vous signaler une modification
apportée, l'automne dernier, à l'insertion de l'office dans le
processus décisionnel.
Comités ministériels
Vous savez, certes, que la coordination de certains travaux
effectués par les divers ministères fait partie du mandat de
l'office. C'est donc dire que le gouvernement du Québec attache une
grande importance à l'action intersectorielle. La modification dont je
veux vous parler témoigne, pour sa part, de l'importance grandissante de
cette préoccupation dans l'ensemble de l'administration provinciale. Le
10 septembre dernier, le lieutenant-gouverneur en conseil a formé des
comités ministériels permanents rattachés au Conseil
exécutif, intégrant, de ce fait, le groupe ministériel des
affaires économiques et du développement régional.
M. Morin: M. le Président, puis-je demander au
vice-premier ministre de nous communiquer le texte de sa
présentation?
M. Levesque: Non je regrette. On me l'a déjà
demandé, mais comme il y a des changements
que je fais à mesure, voulant que certaines choses qui sont dans
le texte ne soient pas livrées comme telles, parce que c'est mon
privilège de les considérer comme des notes, même si ce
sont des notes abondantes, je ne suis pas en mesure de fournir ce que demande
le chef de l'Opposition.
M. Morin: Assurément, M. le Président, c'est le
privilège du ministre, mais il est coutumier de nous communiquer le
texte de l'intervention préliminaire.
M. Levesque: Si j'avais eu le temps de reprendre le texte et de
le mettre en forme définitive, j'aurais été très
heureux de le faire. Mais comme j'ai des modifications en cours de route, je ne
le peux pas.
M. Morin: C'eût été utile également
pour mon collègue le député de Chicoutimi...
M. Levesque: Nous avons heureusement le journal des Débats
dont l'efficacité est connue et je suis convaincu que le texte sera
livré dans les heures qui vont suivre. Comme nous ne reprendrons
l'étude des crédits de l'OPDQ que mardi matin, je pense bien
qu'il est raisonnable de penser qu'on aura eu le temps d'en relire la
transcription.
M. Morin: C'eût été plus simple, mais, enfin,
c'est le privilège du ministre.
M. Levesque: Ce n'est pas parce que je veux refuser quoi que ce
soit au chef de l'Opposition, lorsque c'est une demande aussi raisonnable, mais
on comprendra que je ne puis le faire.
Alors, je rappelais l'arrêté en conseil du 10 septembre
dernier, qui avait trait à la formation de comités
ministériels permanents rattachés au secrétariat du
Conseil exécutif et qui intégrait ce que nous appelions
auparavant, et qui était sous la direction du ministre responsable de
l'OPDQ, le groupe ministériel des affaires économiques et du
développement régional. Alors, ces comités du Conseil
exécutif regroupent les secteurs d'activité de l'ensemble de la
vie. québécoise. Ce sont le comité ministériel
permanent des ressources humaines, le comité ministériel
permanent de la qualité de la vie, le comité ministériel
permanent des ressources naturelles et du développement industriel et le
comité ministériel permanent de l'aménagement du
territoire.
Ces comités ont comme fonction de formuler au Conseil des
ministres, dans une perspective de cohérence, leurs observations et
recommandations sur les dossiers qui leur sont soumis. Je voudrais mentionner
ici que le ministre responsable de l'OPDQ est membre ex officio de chacun de
ces comités ministériels permanents et que le ministre d'Etat, le
député de Chauveau, M. Lachapelle, préside l'un des quatre
comités, celui de l'aménagement du territoire.
Les ministres responsables de l'office sont donc en mesure de suivre les
travaux, les diverses tables et de déposer, de concertation, divers dos-
siers et avis dans les domaines qui relèvent de leur compétence.
L'OPDQ participe au développement du Québec par une planification
d'ensemble à moyen terme au niveau de l'ensemble du Québec et par
une planification pour chacune des régions du Québec. Il
contribue encore au développement régional en utilisant des
moyens financiers parmi lesquels on retrouve les ententes et le fonds de
développement régional.
A ce sujet, nous avons intégré cette année, dans le
présent rapport, la présentation des programmes de l'ODEQ, compte
tenu du fait que l'entente de l'Est s'est terminée le 31 mars 1976 et
que les sommes apparaissant au budget touchent des projets qui seront
complétés au cours de la présente année.
Planification d'ensemble
Si vous me permettez, je dirai d'abord un mot de la planification
d'ensemble qui relève de la direction générale de l'Office
de la planification et de développement du Québec. En premier
lieu, cette direction intensifie les efforts amorcés en vue de
préciser les orientations à moyen terme de développement
du Québec, c'est-à-dire qu'elle travaille à mettre au
point une stratégie de développement, un cadre de
références qui permettra de donner un éclairage
additionnel à ceux qui ont la responsabilité de la prise de
décision au sein de l'administration gouvernementale. Ce cadre aidera le
gouvernement à fixer les grandes priorités budgétaires et
secondera les ministères dans leurs travaux d'élaboration de
programmes sectoriels et régionaux. Dès l'automne qui vient, la
direction de la planification de l'OPDQ se propose de déposer la
première partie de cette étude, soit celle qui porte sur la
problématique du développement au Québec. Il s'agit d'une
synthèse de toutes les études, de tous les rapports
gouvernementaux ou autres qui ont porté sur l'économie du
Québec, sur ses problèmes.
M. Morin: Synthèse de multiple rapports. M. Levesque:
Synthèse de synthèses.
M. Morin: De tout ce qui gît sur les tablettes depuis des
années.
M. Levesque: C'est peut-être ambitieux de penser cela, mais
c'est un peu ce qui est prévu. Tout n'est pas resté sur les
tablettes, comme voudrait le laisser entendre le chef de l'Opposition,
malgré son sourire. Tous ces problèmes, dis-je, son
développement, les mutations qu'elle devrait subir, etc.
Le gouvernement aura alors une vue d'ensemble de ces multiples
interventions à caractère tant économique que social. La
démarche ne devrait pas s'arrêter après ce premier rapport.
Devrait lui succéder, avant la fin de 1977, un document qui portera sur
les options de développement socio-économique s'offrant à
moyen terme au Québec et qui devrait constituer la pierre d'assise des
activités de planification.
Je ne suis évidemment pas en mesure de m'engager à quoi
que ce soit en ce moment.
M. Morin: On s'en doutait bien.
M. Levesque: Je traduis ou j'essaie d'interpréter les
voeux qu'exprime la corporation de l'Office de planification et de
développement du Québec dont je suis responsable devant la
Chambre. Nous avons vu, dans le passé, qu'il y a eu des virages à
gauche ou à droite, ou simplement des changements de moyens. Ceci, je
pense que c'est inévitable dans une évolution normale des
choses.
Le document sur les options de développement devrait servir de
cadre de référence. Parce que l'économie
québécoise est une économie ouverte, parce que le
Québec doit se situer dans le contexte nord-américain où
les décisions de nature économique sont souvent prises par des
agents privés, parce que tous les instruments de politique
économique ne sont pas entre les mains du gouvernement du Québec,
il n'est pas possible, même si on le voulait, de présenter un plan
complet et détaillé.
J'irais même plus loin. J'ai eu des confidences de certains de mes
collègues ou homologues, disons, si le mot n'est pas trop
prétentieux, d'autres gouvernements de pays occidentaux. Ils m'ont dit
qu'ils avaient beaucoup de réserves sur des plans globaux et une
planification qui englobe tout et qui décide à l'avance, par des
prévisions les plus exactes possible, ce qui doit arriver, ce qui doit
se faire, de la façon que cela doit se faire, même dans les cas
où on parle de planification tellement globale qu'elle va même
jusqu'à être un peu dictatoriale, non seulement incitative, si
vous voulez, mais qui soit de nature à obliger.
Malgré tout cela, les confidences que j'ai reçues sont
à l'effet qu'il y a énormément d'erreurs de tir
là-dedans. Ceux qui veulent prévoir pour dix, quinze ou vingt ans
font peut-être fausse route parce qu'on peut à peine, dans le
monde d'aujourd'hui, prévoir un an à l'avance.
M. Morin: Me permettriez-vous une question? M. Levesque:
Oui, certainement.
M. Morin: C'est la première fois que j'entends admettre
aussi clairement par le gouvernement la difficulté de planifier lorsque
deux gouvernements sont dans le tableau. Vous rappeliez il y a un instant que
le Québec n'a pas les pouvoirs nécessaires pour faire l'ensemble
de la planification. Avez-vous trouvé des solutions à ce
problème?
M. Levesque: M. le Président, l'option séparatiste
du chef de l'Opposition transpire à travers ses paroles. On ne voit pas
seulement la tête de l'iceberg, on voit l'ensemble du paquet de
glace.
M. Morin: Vous devez avoir réfléchi à ce
problème!
M. Levesque: Si j'étais en Chambre, je me
référerais à l'article 96. si je me rappelle bien, de no-
tre règlement pour dire que j'ai été mal
interprété. J'ai mentionné, évidemment, que parmi
les difficultés il y avait celle-là. J'ai également pris
la peine...
Pour répéter ce qu'a dit le député de
Rouyn-Noranda, je ne voudrais pas que le député de Sauvé
soit malhonnêtement intellectuel, à ce moment-ci et...
M. Morin: C'était un bijou celle-là.
M. Levesque: II ne faudrait pas qu'il soit malhonnêtement
intellectuel. J'ai mentionné que j'avais reçu des confidences de
plusieurs personnes et de certains ministres dans des pays de gouvernement
unitaire, confidences disant que toute cette planification où on essaie
de déterminer d'avance, tout ce qui va se faire dans vingt ans, dans dix
ans, dans cinq ans, tout cela, c'est souvent peut-être désirable,
mais que les effets sont loin souvent des objectifs poursuivis et qu'on peut
à peine prévoir la croissance du PNB pour un an à
l'avance.
M. Morin: Et encore!
M. Levesque: Et encore!
M. Morin: Surtout lorsqu'il n'y a pas de planification.
M. Levesque: Mais cela ne veut pas dire que je dis que la
planification n'a pas sa place, au contraire. Ce que je voulais simplement
souligner, c'est que c'est une discipline, un exercice extrêmement
délicat et difficile. On ne peut pas demander à la planification
d'être à l'abri de toutes les intempéries et de toute la
conjoncture qui change continuellement. Mais c'est un effort que doit faire
quelqu'un dans le gouvernement. Et ce quelqu'un, c'est l'Office de
planification et de développement du Québec en particulier.
Pour nous, la planification économique doit servir à
orienter l'économie dans le sens de ses avantages comparatifs en
aménageant, bien entendu, des transitions de la façon la plus
rationnelle et la plus équitable possible. Les options de
développement que l'OPDQ présentera au gouvernement concerneront
l'ensemble de la société québécoise,
c'est-à-dire qu'elles considéreront son développement,
tant économique que social, ainsi que l'aménagement de son
territoire. Elles seront de nature à servir de guide
général tout en étant suffisamment concrètes et
précises pour servir aussi d'instruments de gestion.
Pour réaliser le document sur les options à moyen terme de
développement socio-économique du Québec, la direction va
faire appel, entre autres, à la prospective, car il est important, quand
on veut développer des orientations à moyen terme, de se
référer à un avenir plus lointain, afin de tenir compte
d'éléments qui font souvent défaut quand on
considère un horizon trop rapproché.
Ceci je le dis non pas en contradiction de ce que je mentionnais tout
à l'heure, mais plutôt pour confirmer que nous avons l'intention,
malgré les réserves que je faisais, de faire cet exercice.
M. Morin: Avez-vous des spécialistes en futurologie au
sein du comité?
M. Levesque: Justement, je réponds à votre
question. Une étude a été confiée au groupe
inter-universitaire pour une prospective québécoise le
sigle est GIPQ. "I hope we would not be gypped". Ce n'est pas bon? D'accord
qui est encadré par des comités-conseils formés de
représentants de l'entreprise privée et de hauts fonctionnaires
choisis en raison de leur compétence.
Cette étude prospective, qui doit être axée sur la
prise de décisions à court et à moyen termes, comprend
l'analyse des sous-systèmes, valeurs, écologie, économie,
technologie, extérieur, villes et régions, et l'analyse des
devenirs possibles du Québec. De plus, on évaluera de
façon systématique les avantages comparatifs potentiels de
l'économie du Québec, compte tenu de l'évolution
prévisible du contexte économique international et de la
nécessité, pour l'économie du Québec, de
développer ses capacités distinctives. Il s'agit de
dégager les activités dans lesquelles le Québec a les
meilleures chances de s'imposer. Pour ce faire, la Direction de la
planification poursuit des réunions avec les ministères
sectoriels dans le but d'effectuer un inventaire des études entreprises
ou prévues par les ministères.
Cet inventaire terminé, la direction sera en mesure d'identifier
les lacunes et, éventuellement, de préciser les devis d'une
étude globale qui viendrait compléter et regrouper les
études sectorielles entreprises par les ministères. On
s'assurerait ainsi qu'il n'y aurait pas double emploi. La Direction de la
planification a donc devant elle une tâche complexe et importante qu'elle
s'efforce d'accomplir en dépit des contraintes et des difficultés
de recrutement. J'ai cependant confiance que la Direction de la planification
pourra produire ce document d'orientation qui doit servir de cadre
général aux schémas régionaux de
développement et d'aménagement.
Planification régionale
Ceci m'amène à vous dire un mot des schémas
régionaux et de la planification régionale. Les schémas
régionaux de développement et d'aménagement constituent la
tâche principale de la Direction générale du
développement régional. Leur préparation mobilise, en
effet, la plus grande partie des effectifs de cette direction depuis le
début de l'opération au cours de l'année 1975/76. Pour en
avoir déjà entendu parler, vous savez que l'élaboration
des schémas régionaux de développement et
d'aménagement se déroule suivant certaines phases.
Il y a d'abord une phase d'inventaire et d'analyse. Ensuite la
détermination d'une problématique régionale, et finalement
l'identification des options de développement qui s'offrent à la
région.
M. Morin: Est-ce fait au sein de l'OPDQ, de l'organisme
central...
M. Levesque: Oui.
M. Morin: ... ou bien si les régions, les diverses
régions sont appelées à participer au processus
d'identification des objectifs dont vous nous parlez?
M. Levesque: II va de soi que les régions
elles-mêmes y participent, et d'ailleurs nous avons des
délégués dans chacune des régions du Québec.
L'Office de planification et de développement du Québec n'est pas
un organisme complètement centralisé, mais il est
décentralisé et surtout déconcentré.
M. Morin: Mais le sens de ma question, c'est: Quel est le
processus de consultation régional?
M. Levesque: C'est tout un processus, peut-être que M.
Pelletier aimerait le décrire d'une façon technique.
M. Morin: Après votre exposé.
M. Levesque: Non, mais il peut peut-être le faire d'une
façon brève.
Le Président (M. Lafrance): Ce serait difficile de nous
donner un exposé du genre qu'on avait demandé au leader
parlementaire tout à l'heure, alors qu'il y a des interruptions de part
et d'autre.
M. Morin: Le ministre s'est montré très souple et
je l'en remercie d'ailleurs.
Le Président (M. Lafrance): II parle au nom du
ministre.
M. Levesque: M. le Président, nous entrevoyons qu'au fur
et à mesure que des documents d'inventaire et d'analyse seront
élaborés au sein de l'appareil gouvernemental sous la
coordination de l'office, ces documents soient distribués dans la
région, notamment aux conseils régionaux de développement
et autres interlocuteurs valables dans les régions, de façon
qu'eux-mêmes, ces organismes régionaux, préparent leur
propre problématique du développement, c'est-à-dire qu'ils
élaborent eux-mêmes ce que la population croit être ses
contraintes et ses meilleures chances de développement et
d'aménagement.
M. Morin: Les CRD vont donc être dans le coup?
M. Levesque: Ils vont être dans le coup, parce qu'ils
auront eux aussi à faire leurs propres réflexions à partir
des documents qu'on pourra leur offrir.
Au cours des douze derniers mois, la phase d'inventaire et d'analyse a
été complétée à 80% et l'un des premiers
résultats sera la publication, d'ici peu de temps, de profils
régionaux qui pré-
senteront l'état de la situation dans différentes
régions du Québec. Cette phase d'analyse et d'inventaire a
consisté tout d'abord en l'élaboration d'un cadre de travail
définissant le champ d'action et des responsabilités de chacun
des secteurs.
Elle a nécessité une concertation d'envergure entre les
ministères qui collaborent activement avec l'OPDQ. La Direction du
développement a pu alors aborder la deuxième étape de
cette première phase, c'est-à-dire l'élaboration d'une
vision interrégionale. Il s'agissait d'analyser le comportement des
différentes régions du Québec, les unes par rapport aux
autres, de façon à pouvoir identifier et évaluer les
faiblesses et les lignes de force de chacune des régions. Finalement,
les ministères ont préparé une description sectorielle de
chacune des régions. L'intégration de ces portraits sectoriels
permettra d'avoir un tableau assez complet de la situation des
régions.
En somme, la première phase de l'élaboration des
schémas régionaux de développement et d'aménagement
permet d'obtenir un bilan de la situation actuelle des régions et une
bonne compréhension de leur comportement. Déjà, la
Direction du développement a amorcé, avec les ministères
concernés, la réalisation de la deuxième phase, soit celle
de l'établissement d'une problématique régionale. Cette
deuxième consiste à faire un bilan des orientations qui
ressortent des travaux de la première phase et d'en analyser les
conséquences.
Au cours de l'année qui commence, la Direction du
développement entend poursuivre la réalisation de cette phase et
commencer la troisième phase d'identification des options de
développement qui s'offrent à la région. Ainsi, d'ici la
fin de l'année 1976, nous espérons que les travaux portant sur la
problématique seront terminés et ceux sur les options devraient
normalement être déposés au cours de l'été
1977. Mais ce sont là seulement des indices qui ressortent d'un
échéancier. Je ne voudrais pas, encore une fois, qu'on me tienne
rigueur de ne pas faire de promesse plus définitive, car il y a
tellement d'impondérables et de facteurs qui ne dépendent pas de
ma volonté, ni même de celle des dirigeants de la corporation. Ce
sont des indications qui me sont remises et dont je fais part à la
commission.
M. Morin: Puis-je demander au ministre, M. le Président,
si, la première phase étant terminée, il compte
déposer les documents, qui pourraient déjà faire l'objet
de discussions?
M. Levesque: Non, M. le Président. Il y a tout un
processus à suivre; nous avons l'intention de le suivre, tel que je l'ai
mentionné. Je comprends que peut-être il serait intéressant
d'avoir cela par bribes. A mesure qu'un document est prêt, on le livre,
mais ce n'est pas la procédure qui nous a été
suggérée. Je ne suis pas sûr que cette procédure
je ne sais pas si le chef de l'Opposition la suggère ou s'il
s'informe tout simplement soit la meilleure.
M. Morin: Je m'informais.
M. Levesque: D'accord.
M. Morin: Pour bien comprendre le processus que vous entendez
suivre.
M. Levesque: Je tiens à souligner ici la participation
et cela répond, je pense, à une question du chef de
l'Opposition importante des conférences administratives
régionales. Il y a les CRD, mais il y a également les
conférences administratives régionales, qui sont composées
des représentants des ministères qui sont dans les régions
et des délégués régionaux de l'OPDQ, à la
préparation des schémas. Les conférences administratives
régionales, notamment, exercent une action de coordination de plus en
plus poussée vis-à-vis des interventions des ministères en
région.
Par ailleurs, l'OPDQ permettra aux différentes communautés
régionales de s'associer à la préparation des
schémas. En 1975/76, la direction du développement a
été appelée à s'impliquer dans des dossiers de
développement et d'aménagement, dont la Yamaska, Charlevoix et
Mirabel. La prochaine année verra le service des projets spéciaux
accroître son rôle vis-à-vis des grands dossiers de l'heure
qui doivent, malgré tout, s'insérer dans l'opération
schéma.
Sur le plan financier, les outils qui permettent la réalisation
des activités de l'OPDQ sont de trois ordres. Premièrement, il y
a le budget régulier de fonctionnement de l'OPDQ, qui lui permet
d'engager les équipes nécessaires à l'accomplissement de
ses tâches et à la réalisation de certaines études
complémentaires. En second lieu, il y a aussi le budget des ententes,
qui permet d'assumer une bonne partie du développement régional.
Finalement, le fonds de développement régional, qui permet au
Québec de financer les projets de développement qui lui
apparaissent essentiels.
J'avais mentionné, il y a à peu près un an et demi,
que je favorisais l'établissement d'un fonds de développement
régional purement québécois, en dehors des ententes
fédérales-provinciales, qui serve à des actions
ponctuelles dans diverses régions du Québec au cours d'un
exercice financier. J'ai réussi à convaincre mes collègues
du cabinet de l'importance de la création d'un tel fonds. Nous l'avons
maintenant dans le budget et nous aurons l'occasion, au cours de l'étude
de ces crédits, de vous indiquer la destination des sommes qui sont
ainsi identifiées comme faisant partie du fonds de développement
régional.
M. Morin: Quel est le montant global en question?
M. Levesque: C'est entre $40 millions et $50 millions. Cette
année, c'est $42 millions. On se rappellera M. le Président,
qu'avant la signature de l'entente-cadre et la mise en application des ententes
auxiliaires qui en découlent, l'office administrait trois ententes
fédérales-provinciales dont chacune était limitée
à un territoire d'intervention bien spécifique et pour des fins
particulières.
II y avait d'abord l'entente de l'Est du Québec qui s'appliquait
aux territoires du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Iles-de-la-Madeleine et se chargeait d'intervenir dans tous les secteurs qui
présentaient une possibilité de relance économique.
Il y avait également l'entente sur les zones spéciales,
qui permettait des interventions au niveau des infrastructures urbaines dans
les zones de Sept-lles, Port-Cartier, Québec, Trois-Rivières et
Mirabel. En troisième lieu, il y avait l'entente ARDA...
Bellechasse?
M. Mercier: Ce n'est pas encore fait.
M. Levesque: Oui, c'est cela. L'entente ARDA avait pour objet
d'élaborer et de financer un programme d'aménagement
intégré des ressources dans les régions du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Chibougamau et le Nord-Ouest du Québec. Ces
trois ententes ont maintenant pris fin, même si des sommes sont encore
prévues au budget de 1976/77 pour permettre le parachèvement des
projets déjà entrepris. Cependant, il ne faut pas en conclure que
prend fin avec elles la volonté d'intervention du gouvernement
québécois dans ces régions.
Ententes auxiliaires
En effet, les ententes auxiliaires ont pris la relève et
permettent dans bien des cas des interventions prioritaires comme on s'en
reparlera dans quelques instants ou peut-être plus tard au cours de
l'étude des crédits. On se rappelle l'entente-cadre qui a
été signée au tout début, soit vers le 15 mars
1974, je crois. Depuis ce temps, huit ententes auxiliaires sont venues
s'accrocher à cette entente-cadre pour un montant global de $370 600
000. La première d'entre elles fut l'entente auxiliaire sur le
financement du plan d'expansion de la sidérurgie
québécoise, qui fut signée en même temps que
l'entente-cadre.
Le 23 septembre 1974, la signature de l'entente auxiliaire sur les axes
routiers prioritaires rendait possible la réalisation de l'autoroute 30
entre Montréal et Sorel. Cette entente a été
modifiée par la suite en mars 1976, de façon à
intégrer le financement conjoint du réaménagement de la
route 138 entre Port-Cartier et Sept-lles et la construction de l'autoroute
devant relier Sherbrooke et Drummondville.
Le 26 mars 1975, deux nouvelles ententes étaient
paraphées, soit celle sur les infrastructures industrielles et celle sur
l'accès aux ressources forestières. Qu'il me soit permis, M. le
Président, de mentionner, relativement à l'entente auxiliaire sur
les infrastructures industrielles, que pour la première fois et
grâce à une source de financement conjointe, le Québec
désignait pour l'ensemble de son territoire les grandes
agglomérations qui devraient bénéficier d'infrastructures
d'accueil pour l'industrie de transformation.
Je voudrais aussi souligner que cette entente s'inscrit dans le
prolongement des premières ententes. En effet, c'est grâce
à l'entente de l'Est qu'ont été commencés les parcs
industriels de Rivière-du-Loup et de Rimouski, ainsi que les parcs
industriels de pêche de l'Est du Québec. Quant aux régions
du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi-Témiscamingue, où les
interventions de type ARDA étaient limitées à l'industrie
primaire, elles seront bientôt dotées d'infrastructures qui
inciteront à l'établissement d'industries secondaires dans leurs
agglomérations principales.
La même entente auxiliaire contribuera à raffermir la
vocation industrielle du Québec grâce aux parcs de Saint-Romuald,
de Victoriaville, de Drummondville et de Sherbrooke.
L'autre entente auxiliaire, celle sur l'accès aux ressources
forestières, permet de poursuivre au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en
Abitibi-Témiscamingue des projets commencés sous l'entente ARDA
et d'en faire bénéficier en même temps la région de
la Côte-Nord.
Le 29 mars dernier, nous avons également signé trois
autres ententes auxiliaires. Il s'agit tout d'abord de l'entente auxiliaire sur
le développement agricole dont un volet permet de continuer
l'ex-programme ARDA de réaménagement foncier dans les
régions du Nord-Ouest, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Est du
Québec, sans exclure la possibilité de l'étendre aux
autres régions du Québec qui requéreraient un tel type
d'interventions. Ceci répond aux voeux de l'honorable
député de Bellechasse en particulier.
Le deuxième volet concerne l'accélération du
programme d'assainissement des sols dans la plaine de Montréal. Cette
plaine de Montréal s'étend en réalité de
Trois-Rivières jusqu'au comté de Pontiac et à la
frontière sud du Québec, suivant l'isotherme de 2500
unités thermiques maïs. Je pense que le député
d'Iberville pourrait m'aider là-dedans.
M. Tremblay: Notre comté est inclus dans cette
région. ... à la frontière américaine. On est tout
près. Venise-en-Québec.
M. Levesque: La deuxième de ces ententes touche le
développement minier. Elle permettra d'accélérer
l'exploration minière et pétrolière, la recherche
minière et l'exploitation rationnelle des ressources. Ici encore,
l'entente finance des projets entrepris auparavant par le biais des ententes
ARDA et FODER tout en permettant des interventions nouvelles dans tout le
territoire québécois.
Quant à l'entente sur les études industrielles, elle
permet le financement conjoint d'études nécessaires à la
définition d'actions concrètes et clairement définies en
rapport avec le développement industriel du Québec. La
priorité portera sur la pétrochimie et la modernisation du
secteur des pâtes et papiers, mais d'autres secteurs tout aussi vitaux de
l'industrie secondaire pourront faire l'objet de telles études dans un
avenir rapproché.
Le 21 avril dernier, nous avons eu le plaisir de nous rendre à
Saint-Félicien, dans le comté de Roberval, pour signer une autre
entente auxiliaire qui représente un apport de $50 millions des deux
gouvernements dans la construction d'une usine de fabrication de pâte
kraft blanchie au coût de
$300 millions. L'implantation de cette usine permet d'exploiter de
façon optimale les ressources forestières du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de moderniser les scieries qui lui assureront
l'approvisionnement en copeaux de bois. Je tiens à spécifier que,
dans chaque cas, le ministère sectoriel concerné assume la
totalité de la mise en oeuvre des projets, l'office se limitant à
son rôle très significatif de coordonnateur des
négociations, des programmations et d'administration des ententes
auxiliaires découlant de l'entente-cadre. L'office
récupère aussi du gouvernement fédéral la
participation financière de ce dernier à la mise en oeuvre de
chacune des ententes.
Nous administrons maintenant huit ententes auxiliaires de type sectoriel
qui, tout en s'appli-quant à l'ensemble du Québec, permettent de
continuer les interventions significatives dans les régions où
les ressources constituent le moteur principal de l'économie.
Cependant, notre expérience toute récente de ce nouveau
type d'intervention nous porte à conclure à la
nécessité d'un mécanisme d'approche des priorités
régionales qui soit un peu plus souple que l'approche par secteur qui,
probablement, viendrait s'y ajouter. A cet effet, j'ai discuté, au moins
à trois reprises, avec mon homologue, M. Marcel Lessard, le ministre de
l'Expansion économique régionale...
M. Morin: Votre "monologue" fédéral.
M. Levesque: Ce n'est pas encore un monologue. Je pense que le
dialogue est possible avec lui et j'aime mieux parler d'homologue qui dialogue.
J'ai discuté l'urgente nécessité de conclure des ententes
à caractère régional, en particulier pour les
régions ressources dont l'Est du Québec fait partie. Il est trop
tôt en ce moment pour préciser le cadre d'intervention de ces
ententes, mais je voudrais qu'on retienne que l'OPDQ, toujours à
l'écoute des régions par le biais des conférences
administratives régionales, des conseils régionaux de
développement et les autres agents du milieu, désire
établir des mécanismes pourvus de toute la souplesse
nécessaire pour répondre adéquatement aux besoins et aux
exigences de ces régions.
D'autre part, c'est sans doute d'ici quelques mois que M. Lessard, le
ministre fédéral de l'Expansion économique
régionale, et moi-même aurons à notre disposition les
instruments requis afin de pouvoir examiner en détail toutes les
implications de l'approche envisagée.
Le fonds de développement régional dont j'ai parlé
il y a quelques instants, qui a été créé par le
gouvernement du Québec au cours de l'année 1974/75, est
administré par l'OPDQ et constitue un outil efficace de
développement régional. Ce fonds a d'abord été
prévu pour financer des projets prioritaires pour le
développement régional et qui viennent s'ajouter aux budgets
réguliers des ministères.
C'est ainsi qu'au cours de l'exercice financier 1976/77 une somme de
plus de $40 millions doit servir à financer certains projets
spécifiques, notamment les travaux d'aménagement de Charle-boix
et du bassin de la Yamaska.
En fait, le fonds de développement a été consenti
à l'office pour lui permettre de poursuivre ses activités
prioritaires en regard du développement régional. De par sa
nature même, il doit servir à financer les projets dont l'impact
significatif au niveau de la région d'application contribue à
réduire les disparités régionales.
Il doit aussi servir à financer les projets qui permettent
d'atteindre un certain équilibre en regard du développement
régional. Les projets financés par le fonds doivent être
reconnus priorité régionale par les ministères
concernés. Ils doivent s'inscrire dans les orientations de
développement d'une région et ils doivent être
réalisables à très court terme.
J'aborde enfin ici l'étude du budget demandé pour
l'année 1976/77 par l'OPDQ. Comme l'an dernier, les crédits
afférents aux opérations de l'office sont inscrits d'une part au
budget de l'OPDQ et d'autre part à ceux des ministères
maîtres d'oeuvre. Le budget global demandé pour 1976/77 est donc
de $145 millions, ce qui, à prime abord et sans autres explications
additionnelles, représenterait une diminution de 27,9% si l'on
considère les $201,2 millions de l'an dernier.
Pour expliquer davantage cette situation, je dois d'abord signaler qu'au
moment de l'impression des budgets l'état des négociations des
nouvelles ententes fédérales-provinciales ne permettait pas
d'inscrire les crédits nécessaires à leur financement dans
le budget 1976/77.
Il a donc été convenu, avec le Conseil du trésor,
de ne pas tenir compte en totalité de ces dépenses dans le
budget, quitte à demander un budget supplémentaire pour financer
les ententes qui seraient signées entre-temps. L'an dernier, une
provision suffisante en ce sens avait été inscrite dès la
détermination du budget original de l'office.
Depuis, comme je l'ai mentionné précédemment, des
ententes auxiliaires ont été signées: développement
agricole, développement minier, études industrielles,
Saint-Félicien. Le budget global de l'OPDQ, $145 millions, comprend un
montant de $7,4 millions réservé expressément à
l'office comme tel. Ces crédits comprennent $4,4 millions pour couvrir
les dépenses de traitement des effectifs et les autres dépenses
inhérentes à l'administration comme les loyers, les fournitures
et ainsi de suite. Ils comprennent aussi $1,5 million pour la
réalisation d'études spécifiques sur les orientations de
développement du Québec et de ses régions et
l'élaboration des schémas régionaux de
développement. Enfin, une somme de $1,5 million est prévue pour
le financement des activités normales des CRD et l'octroi de subventions
dites de commandite.
Il reste donc, si l'on soustrait ces $7,4 millions des $145 millions du
budget global, un montant de $137,6 millions qui représente les
crédits directement rattachés aux projets de développement
et d'aménagement qui impliquent l'office.
Cette enveloppe budgétaire de $137,6 millions se subdivise de la
façon suivante: $40 millions ser-
vent à financer les actions de développement
régional dans le cadre du fonds de développement, les $97,6
millions restant financent les divers programmes et projets déjà
prévus aux ententes fédérales-provinciales, dont $48,4
millions sont inscrits aux budgets mêmes des ministères et $49,2
millions à celui de l'OPDQ.
C'est donc dire que les sommes affectées au développement
régional dans le budget même de l'office s'élèvent
à $89,2 millions. On peut aussi subdiviser l'enveloppe budgétaire
de $137,6 millions entre les ententes et le fonds de développement
régional. On obtient alors $1,2 millions pour l'entente ARDA, $19,9
millions pour l'entente sur les zones spéciales, $12,3 millions pour
l'entente de l'Est du Québec, $64,2 millions pour l'entente-cadre, soit
un sous-total de $97,6 millions, plus $40 millions pour le fonds de
développement régional.
Ces montants, bien sûr, ne représentent qu'une partie des
interventions des gouvernements dans les régions dont il vient
d'être question.
Entente-cadre et fonds de développement
Je vais maintenant préciser la répartition des sommes
rattachées à l'entente-cadre et au fonds de développement.
Voici d'abord pour l'entente-cadre: axe routier prioritaire, route A-30, $12,3
millions; accès aux ressources forestières, $6 millions; SIDBEC,
$5 millions; infrastructures industrielles, $17,6 millions, ce qui fait $40,9
millions pour les ententes signées au moment de la préparation du
budget.
Il restait une provision de $23,3 millions, qui se répartit
maintenant comme suit: axes routiers prioritaires, routes 138, 51 et 55, $13,3
millions, ententes auxiliaires signées: développement
minéral, $2 millions; développement de l'agriculture, $4
millions; ententes auxiliaires à venir, $4 millions, soit le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, $3 millions et
le ministère des Affaires culturelles, $1 million.
Les $40 millions du Fonds de développement régional sont
ventilés de la façon suivante: aménagement du bassin de la
Yamaska, $9,5 millions; mission Charlevoix, $4 millions; achèvement des
routes 138, 132 et de la route Authier-Nord-Joutel, qui intéresse nos
amis les députés de l'Abitibi celui d'Abitibi-Ouest en
particulier, $13,6 millions.
M. Tetley: Est-ce qu'il y a quelque chose pour NDG?
M. Levesque: Aide à l'industrie de pointe, c'est cela, $1
million; réaménagement foncier, $1,2 million; projets permettant
la poursuite d'ARDA et de FODER, la relance de l'agriculture dans la
Gaspésie et les Iles-de-la-Madeleine, le réaménagement
foncier sous la responsabilité du ministère de l'Agriculture, $2
millions; aide à la forêt privée, $1,7 million;
réserve pour permettre la réalisation de projets en cours
d'exercice, $7 millions.
M. le Président, j'ai été heureux de vous parler
des travaux effectués dans le passé par l'Office de planification
et de développement du Québec et de ceux qui sont prévus
dans les mois qui viennent, tout comme je l'ai été de vous
expliquer à quoi doivent servir les crédits affectés
à l'office pour l'exercice financier 1976/77. J'espère bien que
ces explications, sans être exhaustives, ni complètes, donneront
une idée du travail considérable que poursuivent les reponsables
de l'Office de planification et de développement du Québec, dans
tous les services de l'Office.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Sauvé.
M. Morin: ... tel qu'il a été convenu, étant
donné l'heure tardive, je propose l'ajournement de la commission sine
die.
Le Président (M. Lafrance): Je pense que ce n'est pas sine
die; c'est à huit heures ce soir. C'est la même commission qui
siège à huit heures.
M. Morin: C'est la même commission, vous avez raison.
M. Levesque: C'est la même commission. La partie qui
concerne l'OPDQ, cependant, est ajournée sine die. Mais la commission,
elle, poursuit à vingt heures quinze.
M. Morin: C'est ce que je voulais dire.
Le Président (M. Lafrance): La commission suspend ses
travaux jusqu'à huit heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
Reprise de la séance à 20 h 19
M. Lafrance (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs! La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales reprend l'étude des crédits du Conseil
exécutif. Je voudrais mentionner à la commission les changements
suivants: M. Harvey (Dubuc) remplace M. Desjardins (Louis-Hébert), M.
Picotte (Maskinongé) remplace M. Gratton, M. Lecours (Frontenac)
remplace M. Pagé, M. Houde (Fabre) remplace M. Tardif.
M. Bourassa: On aurait attendu le chef de l'Opposition, de toute
façon, avant de commencer.
M. Morin: J'ose l'espérer.
M. Bourassa: II y avait un de vos remplaçants
derrière vous. Je ne sais pas si c'est le futur chef, le
député de Saint-Jacques.
M. Morin: II a son avenir devant lui. Vous, vous l'avez
derrière vous. C'est la différence.
Le Président (M. Lafrance): Ce n'est pas dans les
crédits du Conseil exécutif, je regrette. Nous sommes hors du
sujet. M. le premier ministre, les crédits du Conseil exécutif,
programme 1.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): L'honorable chef de
l'Opposition officielle.
Réforme électorale
M. Morin: A moins que le premier ministre n'ait une
déclaration préliminaire à nous livrer, j'aurais quelques
questions à lui poser, notamment sur la réforme
électorale, en premier lieu.
Les journaux du 28 avril 1970...
M. Bourassa: Le micro fonctionne bien.
M. Morin: ... c'est-à-dire la veille même de
l'élection générale, nous apprenaient que le chef du Parti
libéral promettait d'abolir les caisses électorales. Voici par
exemple, au Nouvelliste qui titrait: "Bourassa promet d'abolir les caisses
électorales." Pour le cas où des membres de cette commission en
douteraient, j'ai des exemplaires qu'on pourra faire distribuer à ceux
que cela pourrait intéresser.
Non seulement le Nouvelliste, mais également la Tribune...
M. Bourassa: Cela fait plusieurs fois qu'on entend parler de
cela
M. Morin: ... le Star, de Montréal, la Presse, le Devoir,
enfin, tous les journaux faisaient allusion à cette promesse du dernier
moment.
Le 13 décembre 1974, cette idée était reprise dans
un communiqué du bureau du premier ministre.
Je me permets de le citer: "Le premier ministre du Québec et le
ministre responsable de la réforme électorale, M. Denis Hardy,
annoncent la décision du gouvernement québécois
"d'opérer" d'effectuer, sans doute une transformation
radicale des méthodes traditionnelles de financement des partis
politiques et des élections". Le paragraphe suivant est encore plus
éloquent: "En abandonnant ainsi le système des caisses
électorales occultes, le gouvernement permet à la
société québécoise de faire un pas décisif
vers la démocratisation du financement des partis politiques et des
élections au Québec, ont déclaré MM. Bourassa et
Hardy".
Cette même idée revient encore plus récemment dans
un communiqué émanant du Conseil exécutif, le 28 janvier
1975. On nous y parle d'une véritable démocratisation du
financement des partis politiques et des élections conduisant à
l'abolition du système traditionnel des caisses électorales. "Je
pense disait le premier ministre dans ce communiqué qu'en
toute justice pour tous il nous faut agir maintenant, et c'est ce que le
gouvernement vous propose. "
Un peu plus loin dans le même communiqué, on nous parlait
de la création d'une commission de contrôle des finances
politiques, et le premier ministre terminait de la façon suivante: "Les
caisses électorales traditionnelles seront chose du passé. Les
besoins financiers des partis politiques resteront. Il appartiendra ainsi
à chaque Québécois d'assumer pleinement ses
responsabilités, etc.," Un peu plus loin: "En abolissant les caisses
électorales, a conclu le premier ministre, le gouvernement fait une
nouvelle fois appel au sens du devoir des Québécois, qui, comme
nous tous, ont à coeur le progrès et le développement du
Québec et la promotion d'une vie démocratique authenti-quement
saine et juste pour tous." Je vous vois la main sur le coeur en train de dire
ces choses-là, devant votre miroir.
M. Bourassa: Qui signe le communiqué?
M. Morin: Le communiqué porte un en-tête qui est
signé Robert Bourassa et il émane, bien sûr, comme
toujours, de M. Charles Denis. M. le Président, en dépit de ces
promesses, de ces grands énoncés de principe
répétés, depuis le 29 avril 1970, les
Québécois attendent toujours l'abolition des caisses
électorales.
Ma question est la suivante, la toute première. Je demande au
premier ministre ce que sont devenues ses belles paroles. Les caisses
électorales occultes ont-elles été abolies? Quelles sont
ses intentions pour l'avenir?
M. Bourassa: M. le Président, dans le discours inaugural
on mentionnait clairement que le gouvernement présenterait ce projet de
loi cette
année. Le chef de l'Opposition est conscient, puisqu'on en avait
discuté à l'occasion de quelques commissions parlementaires, de
la complexité d'un tel projet de loi. Il y a la question, par exemple,
à savoir si les contributions doivent être déductibles.
J'avais dit, il y a un an, à l'occasion de la commission parlementaire,
que je croyais que ce ne devait pas être déductible, étant
donné que cela imposait un fardeau additionnel au contribuable du
Québec. Du moment que les contributions sont déductibles, ce sont
les contribuables du Québec qui se trouvent à financer des
activités partisanes. Je comprends que cela existe dans d'autres
Législatures, mais c'est un aspect dont nous voulons tenir compte.
Le projet de loi est devant le comité de législation. J'ai
fait des déclarations pour ce qui existe actuellement au sein du parti.
Il y a un financement démocratique, au sein du parti, qui se compare
tout à fait avec celui qui existe dans les autres partis politiques,
notamment dans le parti du chef de l'Opposition. Nous avons eu un
dîner-bénéfice, en fin de semaine, où il v a eu des
milliers et des milliers de contributions qui ont été faites par
des individus.
M. Morin: A combien le couvert?
M. Bourassa: Des contributions de $100. Vous en avez probablement
vous aussi, plusieurs centaines de contributions de $100, ou plusieurs
milliers.
M. Morin: Elles ne sont pas nombreuses.
M. Bourassa: Du moins celles qui sont annoncées. Sans
compter, comme on vient de le dire, les contributions pour le journal Le Jour.
Je pense bien que vous n'avez pas de leçon à donner au Parti
libéral là-dessus. Avec toutes les réformes
électorales que nous avons entreprises et avec les enquêtes
publiques que nous avons systématisées, je pense bien que, de ce
côté-là, le gouvernement peut présenter des
réalisations qui se comparent certainement avec celles de n'importe quel
autre gouvernement.
Ce que je dis, pour être précis, c'est que le projet
j'en ai justement discuté hier avec les conseillers juridiques car c'est
compliqué je pensais pouvoir le déposer la semaine
dernière, avant le dîner-bénéfice pour pouvoir en
parler en détail, mais certains de nos conseillers juridiques
n'étaient pas libres, en raison d'autres projets de loi, notamment ceux
qui sont reliés au discours du budget. Donc, il a fallu retarder de
quelques jours cette question.
M. Morin: M. le Président, ce n'est pas dans l'intention
de donner des leçons à qui que ce soit, que je pose ces
questions. Je veux savoir où nous en sommes. A plusieurs reprises...
M. Bourassa: Je viens de le dire. Je l'ai dit.
M. Morin: ... vous avez parlé de l'abolition des caisses
électorales, et dans votre dernier commu- niqué, vous semblez
vous exprimer comme si la chose était faite.
M. Bourassa: Au sein du Parti libéral, j'ai
mentionné que des directives avaient été envoyées
là-dessus, mais il faut que cela devienne un texte de loi pour tous les
partis.
M. Morin: Ce serait intéressant. Pouvez-vous nous saisir
des directives que vous avez envoyées?
M. Bourassa: Je l'ai fait à quelques reprises. Les
montants ne doivent pas dépasser $2500. Ce sont des directives de la
même nature que celles qui existent dans votre parti.
M. Morin: Je vois, cependant, que les montants ne sont pas du
même ordre, mais j'aimerais vous demander...
M. Bourassa: C'est combien, alors? C'est $2500?
M. Morin: ... quelles sont vos intentions exactement.
M. Bourassa: Le montant dans le cas du Parti
québécois, c'est $2500?
M. Morin: Non, cela a changé depuis lors. M. Bourassa:
C'est $5000 maintenant?
M. Morin: Vous n'êtes pas au fait. Depuis le dernier
congrès, cela a été modifié. M. le
Président, encore une fois, il n est pas question de faire la
leçon à qui que ce soit; il est question d'essayer ensemble
d'améliorer le système électoral du Québec. Qu'il y
ait des difficultés, je n'en doute pas. Je sais que ce n'est pas une
question facile, mais il n'en reste pas moins que l'exemple peut nous venir de
plusieurs autres Parlements et Législatures qui ont adopté des
dispositions...
M. Bourassa: Cela a créé des problèmes, dans
certains cas, avec le parti du Crédit .social, à Ottawa, dont le
chef de l'Opposition est au courant.
M. Morin: C'est normal qu'il y ail des difficultés.
M. Bourassa: Mais on veut les éviter.
M. Morin: Le sens de ma question, c'est: Comment se fait-il que
cela fasse cinq ans que vous avez annoncé cela et que vous en soyez
encore à marcher à tâtons, alors qu'il est évident
que cela aurait dû être l'une des toutes premières
réformes que vous auriez dû adopter?
M. Bourassa: M. le Président, d'abord, jamais la caisse
électorale n'a eu quelque influence que
ce soit dans l'administration du gouvernement. C'était ie
principe fondamental. Evidemment, il ne suffit pas d'avoir la situation de
fait; il faut avoir la transparence absolue. Mais jamais la caisse
électorale n'a eu quelque influence que ce soit. Jamais, en six ans de
pouvoir, on ne m'est arrivé en disant: On a souscrit à telle
chose, il faut prendre telle décision. Donc, l'administration du
gouvernement là-dessus est inattaquable, d'autant plus qu'elle se fait
d'une façon très ouverte, avec les contrôles au Conseil du
trésor, le comité des engagements financiers, les examens
à l'occasion des crédits. Donc, la caisse électorale n'est
jamais un facteur c'était le cas, je crois, avec M. Le-sage, il
avait fait les mêmes déclarations de quelque nature que ce
soit dans les décisions administratives du gouvernement. Il reste qu'il
faut aller au-delà de la situation de fait pour qu'il y ait une
transparence totale vis-à-vis de la population.
M. Morin: La population ne pense pas que les caisses occultes
soient sans influence sur le comportement des gouvernements. Il y a de nombreux
exemples aussi bien dans les pays étrangers qu'ici même au Canada,
vous le savez, de l'influence de ces caisses électorales.
M. Bourassa: Avez-vous un exemple pour le Québec?
M. Morin: Vous savez très bien que cette influence est
diffuse.
M. Bourassa: Avez-vous un exemple, un seul? Je m'excuse de
revenir toujours avec cette méthodologie, mais je pense que c'est la
seule façon d'arriver à un débat concret. Avez-vous un
exemple?
M. Morin: Chaque fois que nous parlons d'améliorer les
lois électorales au Québec ou chaque fois que nous parlons
d'assainir les moeurs à l'égard des contrats, du patronnage, le
premier ministre arrive toujours en disant: Donnez-moi un exemple.
Il sait fort bien que, ces caisses étant occultes, il est
très difficile de déceler leur influence exacte, mais elles sont
là et elles dictent souvent les comportements.
M. Bourassa: M. le Président, question de
règlement.
M. Morin: Tous les politologues ont constaté dans le monde
entier...
M. Bourassa: Si j'ai demandé au chef de l'Opposition de
donner un exemple, c'est parce qu'il a dit: Les caisses occultes ont une
influence. S'il fait une affirmation aussi catégorique, il doit au moins
être capable de l'appuyer par un cas. Je ne sais pas si son recherchiste,
qui a beaucoup de valeur, qui est plus à gauche que le chef de
l'Opposition, a un exemple à lui proposer.
M. Lacroix: II n'a même pas été bon pour
être chef.
M. Bourassa: C'est un social-démocrate, votre
recherchiste, c'est un vrai, lui.
M. Morin: M. le Président, je ne me laisserai pas
entraîner sur un terrain que le premier ministre connaît bien,
parce que chaque fois qu'il nous a dit: Donnez-nous un cas, on a fini par lui
en donner dix et cela n'a rien changé.
M. Bourassa: Lesquels?
M. Morin: Faut-il que nous recommencions toute la kyrielle des
affaires Polarin et des affaires Paragon?
M. Bourassa: Ah!
M. Morin: On vous donne des cas et vous faites "ah!"
M. Bourassa: II n'y a pas du tout dans ces cas, toutes les
normes. Il y a des rapports qui ont été déposés
à l'Assemblée nationale démontrant que toutes les normes
avaient été respectées intégralement et qu'on
était allé au-delà des normes, dans ces cas.
M. Morin: M. le Président, je voudrais quand même
tirer du premier ministre des engagements de principes un peu plus
précis que ceux-là. Après tout, ce n'est pas moi qui ai
fait ce communiqué du 28 janvier 1975 dans lequel on laisse entendre que
les caisses électorales traditionnelles sont choses du passé, que
les caisses occultes vont être abolies et ainsi de suite.
Ce que je lui demande, c'est de nous donner une meilleure idée du
contenu de ce qu'il va proposer à la population, et en particulier
j'aimerais revenir au communiqué du 28 janvier 1975 où,
s'inspirant du rapport Barbeau, le communiqué annonçait les
grands principes, les propositions que le gouvernement entendait mettre de
l'avant: 1.Une commission de contrôle des finances politiques sera
créée; 2. Des limites impératives sont fixées quant
aux montants des contributions qu'un parti ou un candidat peut recevoir ou
qu'une personne, association, compagnie, syndicat peut verser à un
candidat ou à un parti; 3. Des responsabilités précises
sont confiées à l'agent officiel d'un parti et d'un candidat et
un système de vérification est établi; 4.Des mesures de
divulgation sont prévues; 5. Des sanctions seront imposées
à quiconque contrevient à la loi.
M. le Président, puis-je demander au premier ministre, tout
d'abord, s'il a l'intention de créer, comme il l'annonçait, une
commission de contrôle des finances politiques?
M. Bourassa: M. le Président, je pourrais répondre
immédiatement au chef de i'Opposition mais ce sont des détails du
projet de loi. Je ne crois pas qu'il soit de tradition pour le chef du
gouvernement, de donner des détails du projet de loi alors que dans
quelques jours, je l'espère, le
projet de loi sera déposé à l'Assemblée
nationale. Ce n'est pas la façon habituelle de procéder que de
dire: Tel article du projet de loi, ce sera cela.
Je voulais le déposer la semaine dernière, avant le
dîner-bénéfice, pour en faire un thème de mon
discours. Je n'ai pas pu parce qu'un des conseillers juridiques n'était
pas disponible pour compléter le travail juridique. Cela ne devrait pas
être tellement long.
M. Morin: Si vous l'aviez déposé, j'aurais
évidemment un document sur lequel je pourrais me fonder, mais vous ne
l'avez pas déposé.
M. Bourassa: Mais il va être déposé.
M. Morin: C'est mon devoir à moi que de tenter de savoir
où on en est.
M. Bourassa: D'accord. Il est devant le comité de
législation. Le chef de l'Opposition sait fort bien que, dans les
dernières semaines de la session, le comité de législation
reçoit de multiples demandes. Nous voulons adopter une certaine
série de projets de loi. Nous voulons que le chef de l'Opposition puisse
prendre des vacances au début de juillet, avec ses collègues, de
même que les membres du parti ministériel. Nous voulons
déposer le plus de projets de loi possible, en faire adopter un certain
nombre. Ce sera déposé prochainement.
M. Morin: M. le Président, bien que le projet puisse
être déposé prochainement, on me permettra de croire qu'il
pourrait être renvoyé de nouveau à plus tard. Cela s'est
produit dans le passé. Cela fait cinq ans que vous l'annoncez. Vous me
permettrez ce soir non pas de mettre votre parole en doute, mais de supposer
que de nombreux "obstacles" pourraient encore surgir.
M. Bourassa: Vous verrez mais, en attendant, j'attends un seul
cas d'influence des caisses électorales occultes. Il n'y en a pas un.
Après six ans de pouvoir, pas un cas!
M. Morin: Si la population croyait cela, vous ne seriez pas rendu
à 14%!
M. Bourassa: Ah! Laissez donc! Vous verrez à
l'élection.
M. Morin: C'est ce que nous verrons effectivement.
M. Bourassa: Le chef du Parti libéral ontarien
était premier ministre le matin de l'élection et le soir, il
n'était même pas chef de l'Opposition.
M. Morin: Je vous demande, en attendant, si l'un des principes
je ne vous demande pas article par article, ni les détails
de ce projet de loi sera la création d'une commission de contrôle
des finances des partis politiques.
M. Bourassa: Vous verrez. Je ne peux pas ré- véler
le contenu du projet de loi. Je pourrais répondre à la question
du chef de l'Opposition mais on va commencer à examiner les
modalités du projet de loi.
M. Morin: M. le Président, ce n'est pas comme si je
touchais à des dossiers secrets. Vous vous êtes engagé
solennellement à poser ces actes.
M. Bourassa: Oui, oui. Mais vous verrez. Vous verrez.
M. Lacroix: Si vous me permettez, M. le Président...
M. Morin: M. le Président, si ce sont des questions
adressées au premier ministre, je le veux bien.
M. Lacroix: Non...
M. Morin: C'est moi, ce soir, qui pose les questions, et je n'ai
pas l'intention de me laisser entraîner par le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: C'est-à-dire que je me demande si le chef de
l'Opposition, qui représente même une infime partie de son propre
parti, a l'exclusivité des questions à la commission
parlementaire, ce soir. M. le Président, je voudrais bien qu'on sache si
les députés peuvent poser des questions...
M. Morin: Tous ceux qui le veulent, mais au premier ministre.
M. Lacroix: Certainement. Mais je voudrais que le chef de
l'Opposition essaie d'arrêter de monopoliser et de monnayer,
naturellement, les questions à l'endroit du gouvernement. Est-ce que je
puis, M. le Président, poser une question au premier ministre, comme
responsable des questions qui sont sujettes à discussion?
Le Président (M. Lafrance): Avec la réglementation
qui nous régit, tous les députés ont le droit de poser des
questions aux commissions parlementaires.
M. Morin: Parfaitement. Vous avez le droit de poser toutes les
questions que vous voulez au premier ministre.
Le Président (M. Lafrance): Ce n'est pas
spécifié à qui. Tout le monde a le droit de parole aux
commissions.
M. Morin: Bien sûr. M. le Président, ce que
j'aimerais souligner, cependant, c'est qu'il faudrait qu'il y ait une certaine
cohérence dans le cheminement. Et comme c'est l'Opposition qui a
l'initiative d'habitude, dans une commission qui examine les crédits
d'un ministère, il faudrait quand même que le député
se rattache à nos questions. Or, je n'ai pas terminé mes
questions.
Le Président (M. Lafrance): D'accord.
Malheureusement, dans nos règlements, il n'est pas indiqué
qu'il y a un monopole qui doit exister et qu'il y a une priorité. C'est
une coutume et on essaie autant que possible de la respecter, mais il n'y a
absolument rien dans nos règlements qui dise qu'il y a une ligne de
conduite à suivre en ce qui concerne l'ordre des questions à
poser.
M. Morin: M. le Président, je suis sûr que vous
aurez à coeur de faire respecter la coutume.
Le Président (M. Lafrance): C'est cela. M. Morin:
Bien. SI je comprends bien...
Le Président (M. Lafrance): Par tout le monde.
M. Morin: Si je comprends bien, le premier ministre n'est pas en
mesure de nous dire ce soir...
M. Lacroix: Vous ne voulez pas que je pose ma question non plus?
Allez-y.
M. Morin: Si c'est dans le même ordre d'idées, sur
la même question, je n'ai pas d'objection.
M. Lacroix: D'accord, allez-y.
M. Morin: Le premier ministre n'est donc pas en mesure de nous
dire, ce soir, quels seront les principes de cette loi par laquelle il
prétend qu'il abolira les caisses électorales occultes. Puis-je
lui demander à tout le moins si cette loi va effectivement abolir les
caisses électorales occultes?
M. Bourassa: C'est l'objectif de la loi.
M. Morin: C'est l'objectif de la loi? Est-ce l'objectif
même de la loi? Le premier ministre nous a dit également que
c'était devant le comité de législation. Cela
signifie-t-il que le projet de loi sera déposé devant
l'Assemblée avant la fin de la présente session?
M. Bourassa: L'impossible va être fait pour cela.
J'espère...
M. Morin: Cela veut dire quoi?
M. Bourassa: II reste que nous avons des conseillers juridiques
qui, actuellement, ont un travail énorme. Il reste deux ou trois points
à trancher sur le projet de loi, deux ou trois points importants, de
principe. Pas le principe fondamental de l'abolition des caisses
électorales, mais deux ou trois modalités. Je veux en discuter
avec mes collègues, au Conseil des ministres. Quant à moi,
j'aimerais bien qu'on puisse le déposer d'ici la fin du mois de juin,
quitte à avoir une commission parlementaire durant
l'été.
M. Lacroix: Pourrais-je demander au chef présent en
commission naturellement, il reçoit ses ordres de Montréal
et d'ailleurs ce qu'il entend par une caisse électorale occulte?
Par exemple, est-ce que les unions, les individus ou certaines puissances
extérieures doivent être considérés, comme des
fournisseurs de la caisse électorale, des puissances occultes?
J'aimerais que le chef de l'Opposition officielle...
M. Morin: C'est pâteux comme question.
M. Lacroix: ... définisse ce qu'est une caisse
électorale occulte. Je voudrais bien savoir quelle caisse
électorale l'a fait élire parce que ce n'est certainement pas
pour lui.
M. Morin: Ce serait plutôt au premier ministre qu'il
faudrait poser la question. Si le premier ministre ne veut pas y
répondre, j'y répondrai volontiers. Je sais ce qu'est une caisse
électorale occulte et le premier ministre le sait très bien
aussi.
M. Lacroix: Répondez,
M. Morin: Voulez-vous y répondre ou si je dois le
faire?
M. Bourassa: Je peux répondre au député des
Iles-de-la-Madeleine en disant, comme je l'ai dit tantôt il
était absent que jamais l'administration gouvernementale n'a
été influencée par ce que le chef de l'Opposition appelle
une caisse électorale occulte.
M. Morin: Ce n'est pas cela qu'on vous demande. Le
député vous demande: Qu'est-ce que c'est, une caisse
électorale occulte?
M. Bourassa: Au sein du Parti libéral, actuellement, il y
a un financement démocratique qui est tout à fait comparable
à celui du Parti québécois.
M. Morin: Ce n'est pas moi qui ai fait la déclaration
à l'effet que nous allions abandonner le système des caisses
électorales occultes; c'est dans le communiqué du 13
décembre 1974. Je vous transmets la question du député des
Iles-de-la-Madeleine: C'est quoi, une caisse électorale occulte? Le
savez-vous?
M. Lacroix: II est assez malhonnête que...
M. Houde (Fabre): C'est un péquiste qui a beaucoup
d'argent, qui est contre le pouvoir et qui mise sur un candidat péquiste
dans un comté en espérant prendre le pouvoir un jour pour tout
contrôler et bâter tout le monde.
M. Lacroix: Si vous me permettez, à Sherbrooke...
M. Morin: Le premier ministre va répondre à la
question.
M. Lacroix: J'adresserai maquestion au premier ministre. A
Sherbrooke, au Club de réforme, il y avait un dénommé
René Levesque qui a déclaré avec force, avec des mots
beaucoup plus catholiques que ceux que je puis employer, que la pro-
vince de Québec, on la donnait en lambeaux pour la caisse
électorale. Ne sachant pas que j'étais là, j'étais
assis derrrière lui après son intervention je lui ai
demandé: Vous avez été ministre des Richesses naturelles,
vous avez été ministre des Travaux publics, vous avez
été ministre des Affaires sociales.
Est-ce que jamais à cause de la caisse électorale, des
agents ou un individu du Parti libéral sont intervenus dans l'exercice
de votre fonction pour changer une de vos déclarations ou pour changer
une décision que vous, comme ministre responsable, auriez dû
prendre? Il a dit non. J'ai dit à ce moment-là: Tu es un maudit
menteur. C'est René Lévesque qui est venu nous dire cela à
Sherbrooke, en 1957-58, au moment de la course... René Lévesque
se le rappelle très bien, puis vous êtes les illustres
successeurs...
M. Morin: II a quitté le Parti libéral aussi.
M. Lacroix: ... de cet hypocrite qui n'a jamais été
capable de prendre ses responsabilités, René Lévesque m'a
dit: Jamais aucune personne n'est intervenue dans mon travail parce qu'elle
avait souscrit à la caisse électorale. Vous êtes des
hypocrites. A l'heure actuelle, vous êtes le parti politique le plus
chéri...
M. Morin: Merci. C'est vrai.
M. Lacroix: ... oui, de tous les...
M. Bourassa: A même les fonds publics.
M. Morin: C'est ce que les sondages prouvent!
M. Bourassa: Oui, vous avez $180 000 de budget.
M. Morin: Notre cote augmente effectivement.
M. Bourassa: Les contribuables vous payent $180 000.
M. Morin: Attention, cela n'a rien à voir avec les caisses
occultes.
M. Lacroix: Chéri des bourgeois.
M. Morin: Vous avez prétendu que cela mettait fin aux
caisses occultes, mais c'est faux et vous le savez.
M. Bourassa: Non, mais votre budget, c'est $180 000. Quand est-ce
qu'on l'examine votre budget?
M. Lacroix: Vous êtes chéris des bourgeois. Vous
êtes un parti de bourgeois qui se pense un parti populaire. On vous
prouvera aux prochaines élections que vous n'allez pas être
"sauvés " dans le comté que vous représentez, parce que,
pour être sauvé, il faut passer par "la croix". Cela ne passe pas
par la caisse électorale.
M. Morin: Le premier ministre ferait mieux de répondre aux
questions; cela nous éviterait ce genre d'intervention.
M. Lacroix: Vous aurez un "beau regard " là-dessus.
M. Bourassa: Une caisse électorale occulte, c'est une
caisse qui n'est pas soumise au contrôle de l'Assemblée nationale;
cela vaut pour votre caisse comme pour notre caisse.
M. Morin: Exactement.
M. Bourassa: Votre caisse n'est pas soumise au contrôle de
l'Assemblée nationale.
M. Morin: Mais nous voulons qu'elle le soit. C'était cela
le système.
M. Bourassa: Alors, avec le nouveau projet de loi...
M. Morin: Une caisse électorale occulte, c'est une caisse
dont on ne connaît pas les souscripteurs qui y versent des montants.
M. Bourassa: Dans le projet de loi, les caisses...
M. Morin: Je ne parle pas d'O'Bront; lui était connu, mais
il y en a d'autres qui ne sont pas connus.
M. Bourassa: Ni Di lorio.
M. Lacroix: Chartrand, $75 000 à Québec-Presse.
M. Bourassa: Di lorio n'était pas connu? Ni-cola Di lorio
qui a affirmé, en juillet 1973, qu'il avait contribué à la
caisse de René Lévesque.
M. Morin: Allons donc!
M. Bourassa: Mais, c'est public, M. le Président, je ne
révèle rien. Alors, si vous voulez vous lancer
là-dedans...
M. Morin: Etes-vous capable de prouver cela?
M. Bourassa: Oui.
M. Morin: Etes-vous capable de prouver cela?
M. Lacroix: Etes-vous capable de prouver qu'O'Bront a fourni
à la caisse électorale du Parti libéral?
M. Morin: C'est intéressant comme question.
M. Bourassa: M. le Président, je ne comprends pas
pourquoi...
M. Lacroix: Mais la réponse serait intéressante
aussi.
M. Morin: Est-ce que vous abandonneriez votre siège l'un
et l'autre, si nous prouvions qu'O'Bront a contribué à votre
caisse?
M. Bourassa: Ah! M. le Président!
M. Lacroix: Moi, je suis prêt à mettre le mien en
jeu, parce qu'il y a ma parole d'honnête homme et il y a la parole de
bandits qui vous appuient. A l'heure actuelle, moi, je suis bien prêt
à aller devant n'importe quelle cour, mais seulement...
M. Morin: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris le
député des Iles?
M. Lacroix: Je suis prêt, n'importe quand, à mettre
mon siège en jeu pour prouver... Puis, prouvez-moi...
M. Morin: Oui.
M. Lacroix: Prouvez-moi que O'Bront a souscrit...
M. Morin: Attention, ne jouez pas sur les mots! Ce que je vous
demande c'est ceci: Vous ou vous, le premier ministre et le
député...
M. Bourassa: M. le Président, est-ce que...
M. Morin: ... mettez-vous votre siège en jeu si nous
prouvons que O'Bront a contribué à la caisse électorale du
Parti libéral?
M. Bourassa: M. le Président, j'ai répondu... M.
Morin: C'est une question précise.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
se...
M. Morin: Je sais que vous ne répondrez pas à cette
question.
M. Bourassa: J'ai répondu à l'Assemblée
nationale...
M. Lacroix: M. le premier ministre, si vous me le permettez,
est-ce que Georges Lagacé et J.Aimé Fortin ont souscrit à
la caisse électorale de René Lévesque?
M. Morin: M. le Président, je ne connais pas ces individus
et je ne peux pas répondre pour M. Lévesque.
M. Lacroix: Moi, je ne connais pas O'Bront non plus.
M. Morin: Mais, je vous répète ma question pour le
cas où vous ne l'auriez pas comprise.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Morin: M. le premier ministre et vous, le député
des Iles-de-la-Madeleine, êtes vous prêts à mettre votre
siège en jeu sur cette question?
M. Bourassa: M. le Président, je pense que le chef de
l'Opposition s'énerve quelque peu.
M. Houde (Fabre): ... dans ies motels on n'exige pas le
certificat de mariage!
M. Bourassa: J'ai répondu...
M. Morin: Vous allez voir que nous n'aurons pas de
réponse.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Houde (Fabre): Pour aller dans les motels est-ce qu'on exige
un certificat de mariage?
M. Lacroix: N'importe quel temps je suis prêt...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lacroix: ... à mettre mon siège en jeu...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lacroix: N'importe quel temps... M. Bourassa: M. le
Président...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre! A l'ordre!
M. Lacroix: ... je vais mettre mon siège en jeu.
Le Président: A l'ordre! Si vous permettez, on va essayer
de mettre un petit peu d'ordre. Ceux qui voudront parler auront le droit de
parole.
M. Lacroix: Ce n'est pas le député de Sauvé
qui va me faire me sauver.
Le Président (M. Lafrance): En ce qui me concerne, je ne
suis pas très pressé. On peut aller jusqu'à minuit si vous
voulez, mais on donnera le droit de parole à tout le monde. Vous avez
posé...
M. Morin: Le député a dit, sans le dire, qu'il
mettait mon siège en jeu. Est-ce que cela signifie...
M. Lacroix: Absolument, n'importe quand.
Le Président (M. Lafrance): Vous avez posé la
question, le premier ministre a commencé à répondre...
M. Lacroix: N'importe quand. M. Morin: Ce n'était
pas clair.
Le Président (M. Lafrance): Alors, on va laisser
répondre le premier ministre et on reviendra.
M. Morin: Non, M. le Président, j'ai une question à
poser au député des Iles-de-la-Madeleine pour que ce soit clair.
Si nous prouvons...
Le Président (M. Lafrance): Je ne peux pas accepter la
question.
M. Morin: M. le Président, voyons donc!
Le Président (M. Lafrance): Je ne peux pas accepter la
question, je lui ai donné la parole...
M. Morin: Depuis quand un président de commission vient-il
écarter les questions que pose un député?
Le Président (M. Lafrance): C'est moi qui dois maintenir
l'ordre ici et je vais le maintenir. J'ai donné la parole au premier
ministre; quand il aura fini, vous aurez le droit de poser votre question.
M. Bourassa: M. le Président, je...
M. Morin: Sauvé par la cloche. C'est le cas de le
dire.
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition, je l'ai dit
à l'Assemblée nationale; le Parti libéral, comme le Parti
québécois, reçoit des milliers de contributions. Des
milliers. Il se pense bien bon, il rigole et il continue à rigoler. Le
Parti libéral reçoit, comme le Parti québécois, des
milliers de contributions.
Autant le chef de l'Opposition n'est pas au courant de toutes les
contributions qui ont pu être faites à son chef ou à
lui-même ou au parti, autant le chef du Parti libéral, comme le
député des Iles-de-la-Madeleine, ne peut pas être au
courant de toutes les contributions qui ont pu être faites, depuis quinze
ans, par des milliers...
M. Morin: II n'a pas l'air d'être au courant de
celle-là, en tout cas!
M. Bourassa: ... et des milliers de personnes. Mais, ce qui est
important c'est que le Parti libéral et le gouvernement actuel prennent
toutes les mesures les plus radicales, et ils l'ont fait, pour élever le
niveau de moralité publique, comme on le fait avec les enquêtes
publiques.
Mais, ne demandez pas au chef du parti ou à un
député, comme on ne peut pas vous le demander à vous, ou
on ne peut pas demander à votre chef, qui a pu contribuer, depuis quinze
ans, alors que des milliers et des milliers de personnes et de compagnies sont
en cause. C'est de l'infantilisme de la part du chef de l'Opposition.
M. Morin: Je peux vous dire que, actuellement, à la suite
des deux derniers congrès, vous pouvez savoir, n'importe quand, qui a
contribué à la caisse du Parti québécois. Cela, ce
n'est pas une caisse occulte.
M. Lacroix: C'est faux.
M. Bourassa: Sauf que M. Lévesque a été
obligé d'admettre, dans le cas de Melcher's, il y a quelques semaines
et cela ne semblait pas être connu des militants du Parti
québécois qu'il y avait eu une contribution de Melcher's
de $5000 et qu'il n'y en aurait plus. Il était obligé de
patiner.
M. Morin: Cela, c'est avant l'adoption des règlements.
M. Bourassa: D'accord, mais il a été obligé
d'admettre...
M. Morin: Ce n'est pas récent, ce n'est pas depuis
l'adoption des règlements.
M. Bourassa: D'accord, mais il a été obligé
de l'admettre, et cela ne paraissait pas être connu. Il avait
été contredit dans une émission de
télévision carrément, par le journaliste du Devoir Pierre
O'Neil, sur des contributions, à la caisse électorale, d'un
médecin de Saint-Hyacinthe. Si vous voulez commencer à
débattre ces questions sur des faits particuliers, je ne pense pas que
cela va faire avancer le débat. Mais, ce que je dis au chef...
M. Lacroix: Le Dr Boulay, à Québec, aussi. Le
Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Bourassa: Mais ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est
qu'il est important que le gouvernement actuel ait pris le maximum de mesures
pour élever le niveau de moralité publique dans tous les
secteurs...
M. Morin: Cela ne suffit pas, y faut abolir les caisses
occultes.
M. Bourassa: C'est pourquoi, malgré toutes les mesures
qu'on a prises, il en reste encore qui sont à prendre, comme le projet
de loi sur les caisses électorales.
M. Lacroix: Le Parti communiste est-il une partie occulte aux
caisses électorales? A ce que je sache, il ne contribue ni à
l'Union nationale ni au PNP ni au Parti libéral. Je sais, cependant,
qu'il contribue très généreusement au Parti
québécois, directement ou indirectement.
M. Morin: Etes-vous en mesure de prouver des sottises de cette
énormité?
M. Lacroix: Les sottises de cette énormité, je peux
vous les prouver. C'est exactement la même sorte de sottises que vous
dites à rencontre des autres partis politiques, et...
M. Morin: Mettez-vous votre siège en jeu
là-dessus?
M. Houde (Fabre): Pas deux fois, il n'a qu'un siège.
M. Lacroix: N importe quand si le député...
M. Morin: Aussi souvent qu'il le faudra? Mettez-vous votre
siège en jeu là-dessus?
M. Lacroix: Si le député de Sauvé...
M. Morin: Vous ne répondez pas à ma question.
M. Lacroix: ... veut se présenter aux Iles-de-la-Madeleine
contre le député des Iles-de-la-Madeleine, je suis prêt
à démissionner dès ce soir et à faire
l'élection dans quinze jours. Il y en a un qui va revenir ici et il y en
a un qui se sera sauvé, ce sera M. Morin.
M. Morin: M. le Président, je veux poser une question au
député.
M. Bourassa: M. le Président... M. Morin: Non, une
seconde... M. Bourassa: Oui.
M. Morin: S'il dit des bêtises, je ne puis les laisser
passer comme cela. Mettez-vous votre siège en jeu sur l'affirmation que
vous avez faite tout à l'heure au sujet des contributions de je ne sais
trop quel parti communiste? Mettez-vous votre siège en jeu
là-dessus?
M. Bourassa: Non, non...
M. Morin: Etes-vous capable de prouver cela?
M. Lacroix: Etes-vous capable de prouver que O'Bront a
souscrit?
M. Morin: Oui.
M. Lacroix: Prouvez cela.
M. Morin: Mettez-vous votre siège en jeu?
M. Lacroix: Prouvez-le! Prouvez-le!
M. Morin: Je vous pose aussi la question.
M. Lacroix: Mettez les deux questions ensemble, prouvez!
M. Morin: Oui. Je vous l'offre à tous les deux.
Mettez-vous vos sièges en jeu là-dessus?
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
devient...
M. Lacroix: Nous ne mettrons pas deux sièges en jeu contre
aucun.
M. Morin: N'importe lequel des deux.
M. Lacroix: Seulement, je demande au député de
Sauvé de prouver que O'Bront a souscrit à la caisse
électorale du Parti libéral, comme il a souscrit à la
caisse de l'Union nationale, comme il a souscrit à la caisse du parti
séparatiste, comme il a souscrit à toutes les caisses
électorales. Que le parti séparatiste me prouve que O'Bront a
souscrit de façon illégale et je suis prêt à mettre
mon siège en jeu contre le siège du député de
Sauvé.
M. Morin: Illégale?
M. Bourassa: M. le Président, si le chef de l'Opposition
veut rester là-dessus, je lui dis que cela ne fera pas avancer le
débat de voir quels sont les milliers de personnes qui ont pu contribuer
aux différents partis politiques. Ce que je dis, c'est que le
gouvernement n'a jamais été influencé d'aucune
façon. Et on voit les résultats des gestes du gouvernement.
M. Morin: Cela, on va laisser la population le juger.
M. Bourassa: D'accord, mais ce sont des faits.
M. Morin: Et si vous le voulez bien, je vais simplement...
M. Bourassa: Ce sont des faits et on peut certainement... Ce que
je dis au chef de l'Opposition, c'est que le contrôle de
l'Assemblée nationale, qui n'existe pas encore actuellement sur les
caisses électorales des différents partis, sera l'un des
principes fondamentaux du prochain projet de loi qui devrait être
déposé prochainement.
M. Morin: Puis-je vous demander, si ce projet n'est pas
déposé avant la fin de la présente session, s'il le sera
au début de la session suivante?
M. Bourassa: Nous voulons certainement faire adopter le projet de
loi d'ailleurs, c'est dans le discours inaugural d'ici la fin de
l'année.
M. Morin: Le problème est que, s'il y avait des
élections à l'automne, nous n'aurons pas ce projet de loi avant
les élections.
M. Bourassa: Nous avons une centaine de députés.
Pourquoi faire des élections à l'automne? Pour en augmenter
encore le nombre?
M. Morin: Le premier ministre ne suit pas beaucoup les
sondages.
M. Bourassa: Dormez sur les sondages.
M. Morin: Non, je crois qu'il les suit très bien; c'est
pour cela qu'il n'y a pas eu d'élections au printemps.
M. Bourassa: Vous verrez les résultats aux
élections.
M. Morin: Laissons le peuple juger cela, encore une fois.
M. Lacroix: Vos culottes sont trop grandes pour votre
siège.
M. Morin: Le premier ministre peut-il prendre l'engagement
suivant? Est-il prêt à nous assurer que ce projet de loi sera
adopté avant les prochaines élections? Peut-il prendre cet
engagement formel?
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition me
demande de lui donner la date des élections. C'est une
prérogative du premier ministre.
M. Morin: Non, jamais de la vie. Je ne vous demande pas du tout
la date des élections; je vous demande si le projet de loi sera
adopté avant les prochaines élections. Cela c'est crucial.
M. Bourassa: M. le Président, c'est l'objectif du
gouvernement de déposer le projet de loi ce mois-ci cela va
être assez difficile de le faire adopter avant la fin de la session
et de le faire adopter au début de l'autre session.
M. Morin: C'est-à-dire dans le courant de l'automne. Vous
n'avez toujours pas pris l'engagement que je vous demande de prendre.
M. Bourassa: II n'y aura pas d'élections à
l'automne, je vous l'ai dit.
M. Morin: L'engagement que je vous demande ne devrait vous
coûter en aucune façon dans ce cas. Je ne vois pas quelle
réticence vous avez. Je vous demande de prendre l'engagement solennel de
faire adopter ce projet de loi avant les prochaines élections.
M. Bourassa: Le projet de loi sera adopté à
l'automne; c'est tout ce que je puis dire.
M. Houde (Fabre): II n'y a pas d'élections à
l'automne, donc.
M. Morin: II sera adopté à l'automne.
M. Bourassa: Et il n'y aura pas d'élections à
l'automne.
M. Lacroix: Soyez heureux, vous allez garder votre voiture et
votre chauffeur d'ici à ce temps-là.
M. Morin: Je n'ai pas utilisé les avions du gouvernement
comme le député des Iles. S'il veut faire porter la discussion
sur des sottises comme cela, nous pouvons en parler.
M. Bourassa: Ah, Seigneur!
M. Houde (Fabre): Philippe, ne mets pas de siège en jeu,
il ne t'en reste plus, là. Cela te prendrait à peu près
quatre chaises.
M. Lacroix: II y a une disposition pour le député
des Iles-de-la-Madeleine: douze voyages par année. L'an passé,
vous verrez que je l'ai utilisé sept fois. Cette année, je ne
l'ai pas encore utilisé une seule fois. Je suis allé deux fois
aux Iles-de-la-Madeleine sur les ailes de Québecair. Je ne volerai
jamais sur les ailes du PQ, parce que là je vais tomber dans le
golfe.
M. Morin: Si le député veut une voiture, qu'il
devienne ministre. Après tout, on lui a confié les
pêcheries.
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition...
M. Morin: Peut-être ne mérite-t-il pas tout à
fait d'accéder au cabinet? Cela viendra peut-être. A force de voir
nos ministres vous quitter, il va bien falloir que vous en veniez à
celui-là.
M. Morin: Ce que je dis au chef de l'Opposition...
M. Lacroix: Mais, dans votre cas, je tirerais la
chaîne.
M. Bourassa: M. le Président, je ne peux pas prendre des
engagements comme le demande le chef de l'Opposition. On ne peut pas demander
au chef du gouvernement de déposer à telle date précise,
et de faire adopter à telle autre date précise un projet de loi.
Il y a trop d'événements, qui peuvent être
imprévisibles pour l'instant, qui peuvent empêcher le gouvernement
d'agir. Ce qu'il me demande, c'est de parler de façon irresponsable.
Tout ce que je peux lui dire, c'est...
M. Morin: Un engagement politique, c'est un geste irresponsable
à vos yeux?
M. Bourassa: Tout ce que je peux lui dire, c'est que l'objectif
du gouvernement est de déposer le projet de loi avant l'ajournement de
la session sauf imprévu, cela devrait être fait, surtout si
la session va jusqu'à la fin de juin et de le faire adopter au
cours de l'automne pour compléter le travail juridique.
M. Morin: Ce projet de loi contiendra-t- il également les
dispositions sur le mode de scrutin? S'agit-il d'une réforme du
processus électoral?
Le projet va-t-il porter uniquement sur les caisses occultes?
M. Bourassa: II n'y a pas de réforme du scrutin, M. le
Président. D'ailleurs, de ce côté, les principales
représentations que nous avons, c'est sur le contrôle, par
l'Assemblée nationale, des caisses électorales qu'on appelle
occultes.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais me pencher
néanmoins sur cette question du mode de scrutin. La commission
permanente de l'Assemblée nationale a consacré, vous le savez, un
nombre considérable de réunions à entendre des experts,
des politologues, qui nous ont donné leur avis sur les réformes
qui s'imposaient dans ce
domaine. Je me réfère en particulier aux experts suivants:
Le 28 janvier et le 11 février 1971, nous avons entendu le juge
François Drouin; le 4 mars 1971, Me Jean-Charles Bonenfant; le 11 mars
de la même année, MM. Vincent Lemieux et François Drouin;
le 18 mars, M. Jean-Charles Bonenfant et le juge Drouin; le 25 mars, le
regretté Jean Mey-naud; le 1er avril 1971, M. Vincent Lemieux; le 6 mai,
M. George O'Reilly et M. Maurice Bellemare; le 13 mai, M. André Bernard;
!e 20 mai, le professeur John Meisel, de l'université Queen's, et le 27
mai 1971, M. Gilles Lalande, qui était à ce moment au
département de sciences politiques de l'Université de
Montréal.
Nous avons entendu, dans cette commission, une batterie d'experts, de
politologues et de personnes qui ont vécu les problèmes du
scrutin, comme le juge Drouin. Par la suite, l'affaire est tombée
complètement à l'eau, semble-t-il. On n'en a plus jamais entendu
parler.
M. Bourassa: Ni par l'Opposition!
M. Morin: Si, je regrette. Je me souviens moi-même avoir
soulevé la question et j'y reviens ce soir. J'aimerais que le
gouvernement nous fasse part de ses intentions à cet égard.
Là aussi, il y avait eu de grands discours sur la réforme du mode
de scrutin. J'aimerais bien savoir où on en est. Quand on additionne
cela aux caisses occultes et à un certain nombre d'autres
problèmes, on s'aperçoit que le système électoral,
au Québec, a besoin de progresser pour devenir authentiquement
démocratique.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que
là-dessus, on n'a qu'à voir les budgets si le
député des Iles-de-la-Madeleine était présent, il
pourrait renchérir qui sont accordés...
M. Morin: II ne s'en ferait pas faute!
M. Bourassa: ... aux partis d'Opposition. Vous avez combien, 17
personnes à votre service? Alors, je pense bien que...
M. Morin: M. le Président, la question ne porte pas
là-dessus.
M. Bourassa: Et tous les amendements qui...
M. Morin: Vous êtes un as dans l'art de faire dévier
les débats.
M. Bourassa: Non, non.
M. Morin: Je ne vous demande pas combien il y a de personnes dans
votre bureau ou de recher-chistes qui travaillent pour vous. Ce serait pourtant
intéressant de le savoir.
M. Bourassa: Tantôt, j'espère qu'on va...
M. Morin: Ou combien pour l'ensemble de vos ministres.
M. Bourassa: D'accord. On va y venir tantôt.
M. Morin: On pourrait comparer les chiffres. Cela pourrait
être instructif.
M. Bourassa: Comparez avec...
M. Morin: Mais ce n'est pas là-dessus que je vous
interroge.
M. Bourassa: Comparez avec les années soixante, les
avantages que vous avez comme parti d'Opposition, ce que cela coûte aux
contribuables du Québec par rapport aux années soixante pour
financer les partis d'Opposition. Quand vous dites qu'il n'y a pas de
progrès des institutions démocratiques au Québec, je crois
que vous ne respectez pas la vérité.
Ce que je dis, c'est qu'il y a un nombre très important... On a
aboli les comtés protégés. Je ne suis pas pour
répéter tout ce qui est connu et qui a été dit
à de multiples reprises: les plafonds aux dépenses
électorales, l'abolition des comtés protégés, le
remboursement des dépenses électorales, le financement des partis
entre les périodes électorales, on a voté cela à la
fin de la dernière session. Il reste encore des choses à faire,
je l'ai dit, et cela va être fait.
Mais quant au mode de scrutin, il n'est pas question de le changer d'ici
la prochaine élection. On peut en parler une heure de temps, il n'en est
pas question.
M. Mercier: Très bien. Cela va bien de même.
M. Morin: Autrement dit, on peut s'attendre que la loi
électorale actuelle demeure inchangée. On peut s'attendre
à ce que les disproportions qu'on observe actuellement entre les
résultats électoraux obtenus par un parti et le nombre de
sièges qu'il a en Chambre, demeurent.
M. Bourassa: II peut arriver que, dans plusieurs comtés,
M. le Président, des électeurs votent pour le parti d'Opposition
en étant assurés qu'ils ne seront pas élus. C'est
arrivé. Tous les chefs du Parti québécois ont
été battus aux dernières élections.
M. Morin: Est-ce là la raison pour laquelle vous ne
modifiez pas le mode de scrutin?
M. Bourassa: Non, non, ce n'est pas ce que je dis.
M. Morin: Ce n'est pas ce que vous dites, mais vous le dites.
M. Bourassa: C'est un élément de la
réalité politique. Comment expliquer que M. Lévesque, M.
Michaud, M. Parizeau aient tous été battus aux dernières
élections? Dans les comtés où les chefs se
présentaient ils étaient tous battus. La seule tête
d'affiche qui a passé à travers, c'est...
M. Morin: Les caisses électorales occultes pourraient
expliquer beaucoup de choses.
M. Mercier: Prouvez-le.
M. Bourassa: Le rôle de Chapeau Gagné dans le
comté de Dorion...
M. Morin: M. le Président, je pense qu'on y est.
M. Bourassa: ... le député de Dorion en parlait, il
y a quelques mois. Vous voulez parler de cela, oui? On peut en parler.
M. Morin: Si le député de Dorion était ici,
nous pourrions en parler; si M. Lévesque était là, nous
pourrions également en parler.
M. Bourassa: Soyez donc prudent...
M. Morin: Mais, en son absence, c'est facile de casser du bois
sur son dos.
M. Bourassa: Ce n'est pas notre faute s'il n'a pas
été élu.
M. Morin: Mais il va l'être, rassurez-vous.
M. Bourassa: Cela fait six ans qu'il essaie de l'être.
M. Morin: Oui, mais la question que je vous pose est celle-ci:
Vous n'envisagez donc aucune réforme du mode de scrutin? C'est
clair?
M. Bourassa: Pas d'ici les prochaines élections, M. le
Président. On ne voit pas comment on pourrait, dans le contexte actuel,
revenir au...
M. Morin: Puis-je vous demander pourquoi, cependant? Vous aviez
mis en branle tout un processus en commission. Dois-je conclure que tous ces
gens se sont déplacés pour rien?
M. Bourassa: ... fausses représentations. Justement, M.
Meynaud; vous avez dit le regretté M. Meynaud, était pour le
statu quo, il était pour le système actuel.
M. Morin: Oui, mais les autres?
M. Bourassa: Bien, il y en avait qui considéraient le
scrutin proportionnel. Avec ce qu'on voit, l'expérience qu'on voit en
d'autres pays, vous avez le scrutin proportionnel en France et on l'a
modifié. On l'a modifié parce que cela causait des
problèmes considérables aux gouvernements en question, à
la stabilité des gouvernements. Je ne pense pas que le fait d'avoir
modifié le système électoral en France, de la
quatrième à la cinquième République, cela ait nui
au gouvernement français.
M. Morin: Puis-je vous demander si vous avez étudié
tous les pays où il y a eu des tentatives d'obtenir une meilleure
proportion entre les résultats obtenus au sein du corps électoral
par chaque parti et le nombre de députés qu ils ont en Chambre?
Il n'y a pas que la France; la France n'a jamais eu une réforme
complète. En Allemagne, par exemple, en Allemagne de l'Ouest...
M. Bourassa: Sauf que vous avez un gouvernement minoritaire. Ce
sont les libéraux qui détiennent la balance du pouvoir.
M. Morin: Oui, et alors?
M. Bourassa: Et vous avez la même chose en Italie.
M. Morin: Et alors?
M. Bourassa: Sien, je trouve qu'il est préférable
dans notre système politique, c'est le point de vue du Parti
libéral, de favoriser ies gouvernements majoritaires.
M. Morin: Bon, alors c'est clair.
M. Bourassa: ... des gouvernements stables.
M. Morin: C'est clair.
M. Bourassa: De manière à ne pas avoir des
élections...
M. Morin: Autrement dit...
M. Bourassa: De manière à ne pas avoir des
élections tous les deux ou trois ans.
M. Perreault: Si on regarde l'Italie...
M. Morin: C'est le raisonnement que tenait M. Duplessis,
autrefois, pour ne pas modifier le mode de scrutin. Vous savez les avatars que
cela a valus au Parti libéral pendant plusieurs années. Ce n'est
pas la première fois qu'il y a une Opposition restreinte et qui ne
correspond pas aux réalités au Québec. M. Lapalme y a
goûté sérieusement avant nous.
M. Bourassa: Sauf qu'actuellement on est récompensé
du point de vue exprimé par M. Duplessis.
M. Morin: Oui, c'est justement cela. Je crois qu'effectivement
nous sommes devant un néo-duplessisme. Mais ce serait un tout autre
débat. A bien des points de vue, cela me rappelle la fin du
régime Duplessis.
M. le Président...
M. Bourassa: Cela fait six ans que vous décriez le
gouvernement et on est encore là; dans six ans, probablement, vous ferez
les mêmes critiques.
M. Morin: Oui.
M. Mercier: II ne sera plus là.
M. Bourassa: C'est vrai, oui. Son remplaçant.
M. Morin: M. le Président, iaissons certains
députés prendre leurs désirs pour des
réalités et revenons à la question que je soulevais.
Si je comprends bien ce que vous avez dit d'ailleurs, il y a un instant,
et je voudrais que ce soit clair, c'est que votre point de vue, celui de votre
parti, est à l'effet qu'on n'a pas à changer quoi que ce soit au
mode de scrutin actuel? Vous le préférez en quelque sorte.
M. Bourassa: D'ici les prochaines élections, nous en
sommes venus à la conclusion qu'il y avait beaucoup plus de risques ou
d'inconvénients que d'avantages à modifier radicalement le
système de scrutin. Nous avons pensé que la réforme de la
carte électorale était une réforme suffisante dans le
contexte actuel, sans entreprendre des réformes dans le mode de scrutin
lui-même. Je crois que, dans certaines provinces de l'Ouest, on
s'était essayé à d'autres formules de scrutin pour revenir
à celle que l'on connaît actuellement. Donc, nous en sommes venus
à la conclusion qu'il y avait plus d'inconvénients que
d'avantages à modifier le système. Je me demande même si
cela reste une priorité du parti de l'Opposition officielle de demander
le retour ou l'établissement d'un scrutin proportionnel au
Québec.
M. Morin: Entièrement proportionnel? Nous ne l'avons
jamais proposé; nous avons proposé un système qui
s'apparentait au système de Hondt, en Allemagne vous le savez
très bien pour corriger les lacunes du système existant. On
vous l'a asse2 dit à l'époque.
M. Bourassa: Vous en parlez moins.
M. Morin: Enfin, le premier ministre a été
suffisamment clair pour que je me considère satisfait. Il a dit que ce
n'était pas son intention de modifier le système.
M. Bourassa: Ou il y avait plus d'inconvénients que
d'avantages dans le contexte actuel.
M. Morin: Au moins, c'est une réponse qui commence
à être plus claire que les précédentes sur les
caisses occultes.
Passons à une autre question qui intéresse
également le déroulement du scrutin et qui est la question des
sondages. De cela aussi, il a été question à plusieurs
reprises dans le passé. En particulier, le 26 octobre 1972, la
commission de la réforme électorale entendait un certain nombre
de témoins sur les questions liées aux sondages en période
électorale. Je vous rappelle, par exemple, qu'un certain nombre de
spécialistes des sondages et de la presse ont comparu devant la
commission à ce moment: M. Girard, du Soleil; M. Jean-Pierre Nadeau, qui
est maintenant à l'IQOP; M. Yvan Corbeil, du CROP; M. Claude Gust,
de
Multi-Réso; M. Gagné, de la Société de
recherche en communication; M. Paul Danvoye de l'UQAM, etc.
Depuis 1972, j'imagine que le gouvernement a eu le temps de se pencher
sur cette question et de préciser ses intentions. Quelles conclusions le
gouvernement avait-il tirées des séances de cette commission et
quelles sont ses intentions?
M. Bourassa: II y a un problème pratique dans le cas des
sondages; c'est que si on les interdit pour la période
électorale, on ne peut le faire que sur le territoire
québécois. Cela serait très facile, pour des media
à l'extérieur du Québec et à la frontière du
Québec, de faire connaître les résultats des sondages. Je
me demande jusqu'à quel point une telle loi pourrait être
efficace. Il y a le problème de l'efficacité de la loi.
M. Morin: Le premier ministre... M. Perreault: C'est
cela.
M. Morin: Je m'excuse, je vais terminer. Je vous cède la
parole ensuite, M. le député.
M. Bourassa: Cela m'étonne, est-ce que le Parti
québécois...
M. Morin: Le premier ministre sait-il qu'en Colombie-Britannique,
ils sont interdits?
M. Bourassa: Est-ce que le Parti québécois est
opposé à la publication des sondages durant la période
électorale?
M. Morin: Pendant la dernière semaine, oui. Pas pendant
toute la campagne. Nous pensons, comme le premier ministre, que ce ne serait
pas réaliste. La dernière semaine nous paraît une semaine
peu propice à la publication des sondages parce qu'il peut y avoir
toutes sortes de truquages; personne n'a le temps de réfuter quoi que ce
soit et cela peut créer une confusion regrettable pour tous les partis
politiques.
M. Bourassa: Cela m'étonne parce que les sondages, dans
l'ensemble, en 1970 et en 1973, vous étaient assez favorables.
M. Morin: C'est exact.
M. Bourassa: Par rapport aux...
M. Morin: On nous donnait 30% des suffrages et c'est ce que nous
avons obtenu, en fin de compte.
M. Bourassa: Aux résultats électoraux, vous aviez
toujours 20% de moins que durant les sondages.
M. Morin: Non, je regrette. Le premier ministre n'a pas dû
suivre cela à l'époque, quoique cela m'étonne quelque
peu.
M. Bourassa: C'était 25% en 1970, vous avez eu 23,7%; dans
le sondage de la mi-octobre 1970, vous aviez 25%.
M. Morin: Oui, et puis en 1973, 31% et nous avons obtenu 30,3%.
Ce n'était pas si mal.
M. Bourassa: Vous aviez 21% ou 22% et vous avez eu 30% alors que
le Parti libéral a toujours eu 20% de plus qu'aux sondages. Je ne
comprends pas pourquoi vous ne voulez pas qu'ils soient publiés parce
qu'ils vous sont favorables.
M. Morin: C'est dans l'espoir, tout simplement, d'obtenir un mode
de scrutin qui soit plus démocratique et qui ne soit pas faussé,
justement, par des sondages qui pourraient être inexacts.
Enfin, soyons clairs. Vous ne voulez pas changer cela non plus?
M. Bourassa: Bien...
M. Morin: Dites-le, ce sera plus simple.
M. Bourassa: C'est parce que je veux savoir...
M. Morin: Nous pourrons passer à autre chose.
M. Bourassa: Je veux essayer d'avoir les
arrière-pensées du chef de l'Opposition.
M. Morin: Avez-vous le droit de me prêter des
arrière-pensées?
M. Bourassa: Non, non, mais je me demande si la force assez
artificielle du Parti québécois dans les sondages fait qu'il a
peur qu'ils soient publiés.
M. Morin: Vous pensez? Pensez-vous que c'est vraiment
artificiel?
M. Bourassa: Sept députés en 1970 et six en 1973,
on ne peut pas dire que c'est conforme aux sondages.
M. Morin: Est-ce de cela qu'on parle ou si c'est du pourcentage
d'électeurs favorables ou encore des 66% d'électeurs insatisfaits
de votre gouvernement?
M. Bourassa: Attendez! Vous verrez en temps et lieu. Vous pouvez
rester assis sur vos lauriers, vous allez voir le résultat.
M. Morin: En attendant, assis ou pas sur les lauriers, le premier
ministre peut compter sur nous pour ne pas nous asseoir plus longtemps qu'il ne
faut. J'aimerais simplement savoir si, oui ou non, vous vous êtes
penché sur cette question et si vous avez l'intention de faire quelque
chose.
M. Bourassa: M. le Président, l'obstacle qui nous a
été soumis, c'est que l'efficacité d'une telle
interdiction était très douteuse. Si on peut trouver une formule
qui pourrait nous permettre d'avoir une interdiction comme celle-là,
nous sommes prêts à la considérer, mais je ne peux pas
rendre de décision aujourd'hui. Je ne peux pas répondre d'une
façon définitive au chef de l'Op position.
M. Morin: Bien, M. le Président, là-dessus, comme
sur les autres questions, je m'aperçois que le dossier n'a guère
évolué depuis tout le temps où l'on promettait un
système électoral qui serait vraiment plus
démocratique.
M. Bourassa: II y a eu des progrès
considérables.
M. Morin: Essayons une autre question pour voir si,
peut-être, il y aurait moyen de progresser quelque peu. En 1972, du moins
je crois que c'était en 1972, la Commission de la réforme
électorale entendait le plaidoyer extrêmement bien fait des
représentants de la Société de mathématiques
appliquées, dont M. Corbeil, sur l'établissement d'une liste
unique et permanente des électeurs.
La Solution adoptée par le gouvernement qu'on a
qualifiée, d'ailleurs, pendant un certain temps, selon la façon
habituelle d'appeler les choses par un nom différent de ce qu'elles sont
en réalité, de liste permanente est restée bien en
deçà de ce que proposaient les experts non seulement de la
Société de mathématiques appliquées, mais ceux que
j'ai pu entendre, par la suite, en commission parlementaire. La
véritable liste permanente et unique, nous ne l'avons pas encore. Nous
n'avons que des listes annuelles. Nou n'avons qu'un processus lourd,
extrêmement coûteux, dont on n'est pas sûr, et qui, de fait,
multiplie les formalités, quand il ne multiplie pas les erreurs.
J'aimerais donc demander au premier ministre si le gouvernement songe
à retenir une solution moderne, comme celle qu'a proposée la
Société de mathématiques appliquées, et qui
consisterait à avoir une liste vraiment unique sur ordinateur
avec le nombre d'exemplaires qu'il faurait pour s'assurer que cette liste ne
puisse disparaître et permanente, c'est-à-dire qu'elle
pourrait être modifiée constamment, comme cela se voit dans la
plupart des pays démocratiques aujourd'hui.
Le gouvernement s'est-il penché sur ce dossier? A-t-il
l'intention d'apporter des changements au système existant?
M. Bourassa: II y a eu des changements qui ont été
apportés. Evidemment, c'est M. Hardy qui s'occupe du dossier, mais j'ai
mes conseillers là. Les changements qui ont été
apportés en mars 1975. Je pense qu'il y avait eu des abus en 1973: des
gens avaient été empêchés de voter par des tactiques
du Parti québécois, on s'en souvient.
M. Morin: Toujours à côté de la question pour
tenter de trouver une ornière dans laquelle enfoncer tout le monde.
M. Bourassa: Non.
M. Morin: Je vous pose une question sérieuse.
M. Bourassa: II y a eu des condamnations des tribunaux sur les
efforts du Parti québécois pour empêcher des citoyens
québécois de voter, parce qu'ils étaient d'autres groupes
ethniques. C'était assez disgracieux, de la part d'un parti, de
manifester des attitudes aussi racistes.
M. Morin: Allez-vous prendre des mesures pour mettre fin à
ces terribles tactiques? Est-ce que la liste électorale unique et
permanente ne serait pas la meilleure façon justement, de mettre fin
à toutes tactiques, qu'elles émanent des libéraux, des
péquistes, des unionistes ou de qui que ce soit?
M. Bourassa: M. le Président, et M. Drouin et M. Hardy
sont absents. Ce qu'on me soulève, c'est que les coûts
impliqués étaient relativement considérables et qu'on a
prévu des amendements de manière à empêcher les
situations qu'on a connues dans les dernières années.
M. Morin: M. le Président, tous les témoignages
entendus devant la commission prouvaient le contraire de ce que vous venez de
dire. Ce serait beaucoup moins coûteux que le système actuel qui
consiste à recommencer tous les ans cette fameuse iiste
électorale. Si le premier ministre le désire, je me souviens des
témoignages des experts, je pourrais les lui faire parvenir. Je pourrais
les lui mettre sous le nez. C'est beaucoup moins coûteux.
M. Bourassa: On me dit que les coûts, c'est $6,8 millions
cette année; on dit qu'avec les formules dont parle le chef de
l'Opposition, ce serait considérablement plus.
M. Morin: Combien? Je suis heureux de voir que M. Giguère
est là, parce qu'il était présent lorsque les gens de la
Société de mathématiques appliquées étaient
venus témoigner devant la commission. Il se souviendra qu'ils ont
plaidé, justement, que cela coûterait beaucoup moins cher, parce
que ce ne serait pas à recommencer chaque année. Il y aurait une
mise de fonds initiale et, ensuite, ce serait réglé. Il n'y
aurait pas besoin d'aller chercher des millions de gens, chaque année,
pour recommencer le même processus à la main.
M. Bourassa: ... note des remarques du chef de l'Opposition, M.
le Président.
M. Perreault: M. le premier ministre, c'est très bon pour
le Parti québécois, parce qu'il va chercher l'argent des
recenseurs.
M. Bourassa: C'est vrai, c'est un autre aspect.
M. Morin: Encore une sottise, mais allez-y. Cela commence
à m'amuser.
M. Perreault: Cela a été déclaré en
Chambre par des lettres.
M. Bourassa: M. le Président, quelle arrogance de la part
du Parti québécois! Chaque fois qu'on arrive avec des faits ou
qu'on prouve qu'ils sont moins purs qu'ils prétenaent l'être, cela
ne paraît pas admis, alors qu'on a des faits concrets.
M. Morin: Quels faits concrets?
M. Bourassa: Le député de L'Assomption s'est
référé à plusieurs déclarations qui ont
été faites là-dessus.
M. Morin: Sur quoi, exactement? M. Bourassa: Sur...
M. Perreault: Dans le comté de Rosemont, les
énumérateurs du Parti québécois ont reçu une
demande par lettre.
M. Morin: M. le Président, je me demande bien ce qu'il y a
à reprendre là-dessus. Ceux qui, volontairement, veulent remettre
le montant qu'ils reçoivent du gouvernement au parti...
M. Perreault: C'est ce que je vous dis.
M. Morin: ... sont libres de le faire et ils le font. Je puis
vous dire que, dans mon comté, il y en a plusieurs qui l'ont fait
volontairement. On ne le leur a même pas demandé, et ils l'ont
fait. Essayez cela auprès de vos gens pour voir s'ils vont être
capables de poser des gestes comme celui-là; là, vous verrez que,
pour le Parti libéral, ne travaillent que des gens qui sont
témunérés. Vous n'êtes pas capables d'obtenir du
bénévolat comme nous.
M. Mercier: C'est faux.
M. Bourassa: Vous avez des petits bourgeois dans votre parti!
Evidemment, si vous avez les plus fortunés qui vous appuient, c'est plus
facile pour eux de donner une partie du montant.
M. Morin: Encore des insinuations et des
à-peu-près. Revenons à la question technique. Le premier
ministre est-il en mesure il vient d'avancer que cela coûterait
plus cher de nous donner des chiffres sur ce que cela coûterait de
faire mettre la liste permanente et unique sur ordinateur?
Remarquez que cela existe déjà dans plusieurs
ministères, qui ne s'en plaignent pas et qui ne font pas
énumérer tout le monde à la main.
M. Bourassa: Cela a été rejeté, à ce
qu'on me dit, au niveau fédéral. On m'informe que cela a
été rejeté au niveau fédéral.
M. Morin: Je ne parle pas du niveau fédéral, je
vous parle du niveau québécois. Ces listes existent
déjà dans plusieurs ministères.
M. Bourassa: Disons que je prends note des remarques du chef de
l'Opposition.
M. Morin: Ne seriez-vous pas tenté d'y
réfléchir sérieusement, puisque vous semblez sur le point,
si on se fie au discours inaugural, de créer un ministère de la
population et de l'immigration? Si vous créez un ministère de la
population, vous serez obligés de dresser une liste, non seulement des
électeurs, mais de tous les citoyens. Alors, ce ne sera pas beaucoup
plus difficile de vous arranger pour que le nom de chaque électeur soit
inséré dans l'ordinateur.
M. Bourassa: II y a un petit élément positif dans
les propos du chef de l'Opposition; c'est qu'on va créer d'abord le
ministère et après on verra si on fera la liste permanente.
M. Morin: Une dernière question là-dessus. Est-ce
que le premier ministre s'est penché sur un autre débat qui a eu
lieu dans ces commissions dont je lui ai parlé, celle de 1972 je
ne sais plus si cela avait été évoqué devant la
commission en 1974 la question de l'identification des votants?
Le gouvernement a-t-il étudié ou a fait étudier
cette question? Quelles sont les intentions du gouvernement dans ce dossier?
Est-ce qu'il n'estime pas que ce serait opportun, comme cela se fait dans la
plupart des pays démocratiques de l'Europe de i'Ouest? Le premier
ministre le sait bien puisqu'il aime beaucoup se documenter sur les
systèmes politiques européens. Il aime beaucoup en entretenir les
autres aussi.
M. Bourassa: Oui.
M. Morin: II doit savoir que cela se fait. Qu'en France, par
exemple...
M. Bourassa: Mais le vote est obligatoire en Italie.
M. Morin: ... on ne peut pas... Je ne vous parle pas de l'Italie,
je vous parle de la France. Comme d'ailleurs en Italie et dans plusieurs autres
pays, il faut s'identifier pour voter.
M. Bourassa: Sauf que c'est obligatoire dans plusieurs de ces
pays. Le vote est obligatoire.
M. Morin: En France, ce n'est pas obligatoire. M. Bourassa:
D'accord.
M. Morin: Bon. Je vous parle de pays que nous pouvons comparer
avec le nôtre. Le premier ministre n'estime-t-il pas qu'il serait utile
qu'on puisse identifier de façon certaine les électeurs?
M. Bourassa: Sauf que cela remet en cause ou cela ramène
comme discussion toute la question de la carte d'identité.
M. Morin: Ce n'est pas de cela que je vous parle; je ne parle pas
d'une carte d'identité qu'on doit avoir sur soi tout le temps, sous
peine de se ramasser derrière les barreaux...
M. Bourassa: Oui, oui.
M. Morin: ... je vous parle d'une carte d'électeur comme
il y en a en France, je ne vous parle pas de la carte d'identité, c'est
distinct; en France, il y a les deux, vous le savez. Je vous parle de la carte
pour fins électorales seulement.
M. Bourassa: Nous n'avons pas, jusqu'à ce soir,
examiné, au Conseil des ministres, cet aspect de cette question. Comme
je vous dis, j'ai pu répondre au chef de l'Opposition sur le scrutin
proportionnel, sur les sondages, c'est une question d'application pratique,
sans qu'il y ait de décisions de prises, cette question est encore
à l'examen.
M. Morin: Mais pourrais-je vous demander qui examine cette
question en ce moment et qui a été chargé de vous faire
rapport?
M. Bourassa: Le ministre des Communications est chargé de
la réforme électorale; je crois que cela fait pariie de son
mandat: il y a eu plusieurs réunions auxquelles je n'ai pas
personnellement assisté sur la réforme électorale. Je
comprends, d'après ce que me dit le chef de l'Opposition, que cela a
été discuté à ces réunions, alors je suppose
qu'il pourrait répondre d'une façon plus précise.
M. Morin: Mais je vous demandais quelles étaient les
intentions du gouvernement ou à défaut puis-je avoir l'avis du
premier ministre? Sans qu'il ne s'engage, n'estime-t-il pas que cela serait
utile qu'on puisse identifier les électeurs de façon
certaine?
M. Bourassa: Je ne peux pas donner des avis sans être
appuyé sur des faits. Il est facile de donner un avis théorique,
si on est obligé, après, de conclure que ce n'est pas applicable
ou que ce n'est pas souhaitable.
M. Morin: C'est possible que, pour des motifs valables, vous
puissiez, par la suite, changer d'idée, j'admets cela. C'est un
processus rationnel, on peut toujours changer d'idée dans un tel
processus. Mais ce que je vous demande c'est si vous n'estimez pas que ce
serait utile que nous apportions à la législation
électorale du Québec une modification de cet ordre.
M. Bourassa: Avant de donner le point de vue du gouvernement, M.
le Président, j'aime mieux en discuter avec le ministre responsable pour
voir le résultat des recherches qui ont pu être faites
là-dessus.
M. Morin: Le premier ministre admet-il, à tout le moins,
qu'il y a une différence entre la carte d'identité pour fins
électorales et la carte d'identité tout court?
M. Bourassa: II y a une différence de degré. M.
Morin: II n'y a pas de différence de nature?
M. Bourassa: C'est évident que si elle est limitée
à la carte électorale, sauf que cela peut être le premier
pas vers la carte d'identité obligatoire.
M. Morin: Je ne vois pas très bien comment, mais en tout
cas.
M. Bourassa: Non, mais je veux dire que cela pourrait être
considéré comme une première étape.
M. Morin: Mais du fait, par exemple, qu'il y ait une carte
d'identité pour fins de l'assurance-maladie, est-ce un premier pas vers
la carte d'identité obligatoire?
M. Bourassa: Le ministre des Communications qui est responsable
du dossier, qui a discuté de la question probablement avec le chef de
l'Opposition à ce moment-là, va certainement nous faire rapport
sur cette question. Actuellement, nous nous sommes surtout
préoccupés des caisses électorales occultes. Même si
jamais l'administration n'a été influencée, on veut
régler ce problème, c'est le problème prioritaire. Le chef
de l'Opposition est d'accord là-dessus.
Les sondages, la carte d'identité, disons que, pour l'instant, ce
n'est pas prioritaire pour le gouvernement.
M. Morin: La carte électorale n'est pas prioritaire?
M. Bourassa: Justement, si nous étions assurés de
la collaboration de l'Opposition, nous pourrions faire adopter cette carte
électorale dans les prochaines semaines. Mais nous nous demandons si
l'Opposition, comme elle le fait très souvent aux fins de session, ne
sera pas tentée par des débats marathons, dans l'espoir
d'arracher quelques comtés.
M. Morin: Avez-vous entendu de notre part le moindre son qui
laisse entendre cela?
M. Bourassa: J'ai des soupçons.
M. Morin: II est ineffable, M. le Président. Non, mais
avez-vous l'intention de déposer le rapport définitif, puisque
nous l'avons maintenant depuis quelques semaines? Avez-vous l'intention de le
faire adopter par l'Assemblée?
M. Bourassa: Oui, de la faire adopter, puisque la loi est
déposée.
M. Morin: Avant la fin de la session?
M. Bourassa: Nous avons plusieurs projets de loi. J'ai
discuté brièvement avec le leader parlementaire de l'Opposition,
le député de Maison- neuve, et j'ai l'impression que le
député de Maisonneuve ne veut pas rester ici jusqu'à la
fin de juillet. En cela, il est appuyé par la très grande
majorité des députés ministériels. Tout
dépend. Quand nous aurons terminé nos crédits, nous aurons
certaines lois prioritaires que nous voulons faire adopter. Notamment la
réforme sur la CECO...
M. Morin: Cela va, j'ai compris. Ce n'est pas la peine de me
faire un baratin de cinq minutes. J'ai compris que vous ne voulez pas faire
adopter la carte avant la fin de la session.
M. Bourassa: J'ai dit au leader parlementaire, c'est probablement
ce que son chef de cabinet vous rapporte, que je croyais que cela prendrait pas
mal de temps et qu'il serait assez difficile de faire adopter cela d'ici le 5
juillet.
M. Morin: Si je m'engageais à ne faire aucun amendement,
seriez-vous prêt à la faire adopter cette semaine ou la semaine
prochaine?
M. Bourassa: M. le Président, je vois un peu de suffisance
dans les propos du chef de l'Opposition. Comme s'il pouvait parler au nom des
110 députés, parce que lui n'a pas d'amendement à
faire...
M. Morin: Vous m'avez parlé de l'Opposition; vous aviez
des soupçons sur l'Opposition. Si moi, de mon côté, je
m'engage à ne pas présenter d'amendement, êtes-vous
prêt à l'adopter la semaine prochaine?
M. Bourassa: Au nom des six députés de
l'Opposition?
M. Morin: Oui.
M. Bourassa: Cela veut dire que le Parti libéral pourrait
apporter des amendements et que vous ne feriez aucune opposition?
M. Morin: Oh! Une minute! M.le Président, je dois avouer
par moment qu'il est difficile de trouver la pareille. Si je prends
l'engagement au nom de l'Opposition de ne pas présenter d'amendement
à la carte telle qu'elle paraît dans le dernier rapport, ne
pouvez-vous pas, de votre côté, vous engager à la faire
adopter avant la fin de la session?
M. Bourassa: C'est une question que je devrai discuter au caucus.
Je m'excuse, mais comme il y a 100 députés libéraux qui
sont impliqués, je dois en discuter avec eux.
M. Perreault: ... député de présenter des
amendements.
M. Bourassa: A part cela, je ne peux pas dire au nom des 100
députés libéraux qu'il n'y aura aucun amendement. Je ne
sais pas si le chef de l'Opposition en a discuté dans son caucus.
M. Morin: Nous en avons discuté et c'est à la
lumière de cela que je vous ai offert de ne faire aucun amendement.
J'espère qu'il est clair, devant tout le monde, que c'est vous qui
retardez le processus. Ce n'est pas nous.
M. Bourassa: Non.
M. Morin: C'est vous à l'heure actuelle qui retardez
l'adoption de cette carte, c'est bien clair, autrement vous seriez en mesure de
prendre un engagement.
M. Bourassa: M. le Président, il y a quand même 100
députés iibéraux. Nous sommes dans un processus
parlementaire qui leur permet de proposer des amendements et je ne peux pas,
tant que je n'en ai pas discuté au caucus, m'engager à ce qu'il
n'y aura aucun amendement d'apporté à la carte électorale.
Il y a quand même une liberté d'expression qui existe au sein de
notre parti et qui n'existe peut-être pas dans le vôtre,
mais...
M. Morin: Trêve de sornettes! Il est clair que ce ne sera
pas maintenant.
M. Bourassa: Non. Tant qu'il n'y aura pas un caucus sur cette
question, il est prématuré pour le chef de l'Opposition de tirer
une telle conclusion.
M. Morin: M. le Président, me tournant vers les
crédits, examinons-nous seulement le programme 1?
Bureau du lieutenant-gouverneur
Le Président (M. Lafrance): Les programmes 1 et 2. On suit
la procédure habituelle, les généralités, et on
revient sur les autres points.
M. Morin: Puis-je demander au premier ministre de m'expliquer
l'augmentation de traitement qui figure au programme 1, les dépenses
à ce chapitre ayant été l'année dernière de
$211 000 et passant cette année à $249 500?
M. Bourassa: Le montant pour les conventions collectives,
l'indexation et l'avancement d'échelon.
M. Morin: Y a-t-il de nouveaux postes?
M. Bourassa: II y a un poste à temps partiel.
M. Morin: De quelle sorte de poste s'agit-il?
M. Bourassa: C'est un occasionnel; une aide domestique.
M. Morin: Quelles seraient ses fonctions? M. Bourassa:
Aide domestique.
M. Morin: Est-il possible de faire déposer
l'échelle des traitements de ces personnes?
M. Bourassa: Vous voulez dire pour le lieutenant-gouverneu r?
M. Morin: Pour le bureau. Les traitements rattachés au
bureau du lieutenant-gouverneur.
M. Bourassa: Je ne vois pas d'objection de principe. Je ne sais
pas si on l'a fait l'an dernier.
M. Morin: Pas l'an dernier, mais au cours des années
précédentes. Dans toutes les commissions, d'ailleurs, cela se
fait lorsqu'on examine les traitements des divers ministères.
M. Bourassa: Cela va. On pourra le déposer.
M. Morin: Y a-t-il moyen de le faire photocopier? Cela pourrait
peut-être intéresser d'autres députés.
Je suis disposé à adopter le programme 1, M. le
Président.
M. Bourassa: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Programme 1,
adopté.
Programme 2.
M. Morin: J'imagine que ce document pourra nous être
communiqué ce soir, si possible, ou demain? De toute façon, il
est déposé officiellement devant la commission. C'est un document
de la commission. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Programme 2.
Administration des élections
M. Morin: Au programme 2, M. le Président, j'aimerais
qu'on nous explique la hausse substantielle qui apparaît à
l'élément 1, intitulé Loi électorale. Nous passons
d'un peu plus de $4 millions à presque $6 millions. C'est une
augmentation de l'ordre d'un peu plus que 30%. J'aimerais que vous nous la
justifiiez.
M. Bourassa: C'est la révision, M. le Président. A
ce qu'on me dit, c'est le coût de la révision cette
année.
M. Morin: De la Loi électorale?
M. Bourassa: Oui. Les impressions de la liste, qui
n'étaient pas faites auparavant par la commission; la
rémunération des réviseurs.
M. Morin: Ce sont $2 millions qu'il faut ajouter par-dessus les
millions que nous mentionnions tout à l'heure pour faire faire cette
fameuse liste annuelle?
M. Bourassa: $3 275 000 pour la révision. M. Morin:
Pour l'année courante?
M. Bourassa: $700 000 payés aux recenseurs. Cela va, M. le
Président..?
M. Morin: Non, je n'ai pas terminé tout à fait. M.
Giguère peut rester près du premier ministre car j'ai un certain
nombre de questions à poser sur ce chapitre. Lorsqu'on veut
évaluer le coût d'une liste électorale unique et
permanente, il faut également tenir compte de ce que cela coûte
dans les municipalités et dans les commissions scolaires pour
établir les rôles, cela augmente infiniment, évidemment, le
coût de ces recensements ou de ces mises à jour de listes
électorales. Le premier ministre, ou M. Giguère, pourrait-il nous
donner un chiffre, pourrait-il nous donner le coût de
l'établissement des listes électorales municipales et des listes
électorales scolaires en plus, évidemment, du recensement
annuel?
M. Bourassa: On ne peut pas connaître le coût des
recensements de chaque municipalité, mais il y a des services qui sont
fournis, me dit M. Giguère, aux municipalités.
M. Morin: Voulez-vous dire que... M. Bourassa: On fournit
les listes.
M. Morin: ... que les services du président des
élections n'ont jamais évalué ce qu'il en coûtait
pour établir les listes électorales municipales et scolaires?
Comment faites-vous alors pour venir affirmer que cela coûte moins cher
que ce que proposait la Société de mathématiques
appliquées? C'est cela, votre "bonne gestion"? C'est cela les jeunes
administrateurs dynamiques, intègres, efficaces?
M. Mercier: II est parti! M. Morin: Seigneur!
M. Bourassa: M. le Président, je ne comprends pas le chef
de l'Opposition de s'exciter comme cela à périodes fixes.
M. Morin: Répondez donc à mes questions et cela
m'évitera de...
M. Bourassa: Quelle est votre question précise?
M. Morin: Je voudrais savoir si le bureau du président des
élections s'est penché sur le coût de
l'établissement des listes électorales municipales et
scolaires.
M. Bourassa: II a pu se pencher, mais est-ce qu'il a pu
évaluer ce que cela peut coûter?
M. Morin: A-t-il pu les évaluer aussi?
M. Bourassa: La commission administre la Loi électorale et
donne certains services, mais les données dont je parlais tantôt,
c'est que cela a été refusé au niveau
fédéral et les informations qu'ils ont, c'est que cela
coûterait beaucoup plus cher. C'est pourquoi cela a été
refusé.
M. Morin: Ils ne sont pas vraiment renseignés, à ce
que je vois. Je vous demande d'être précis dans ce dossier et de
ne pas arriver avec des approximations et des affirmations gratuites. Le
premier ministre peut-ii s'engager à faire examiner cet aspect du
dossier?
M. Bourassa: D'accord.
M. Morin: De façon précise, le coût de
l'établissement des listes électorales municipales et
scolaires.
M. Bourassa: Dans la mesure du possible.
M. Morin: ... pour que nous puissions comparer des choses
comparables.
M. Bourassa: Dans la mesure du possible. Je ne veux pas
entreprendre une étude là-dessus qui va prendre des années
et qui va coûter des millions de dollars. Mais je n'ai aucune objection
à ce que la commission accorde une priorité à cette
question.
M. Morin: Le premier ministre pourrait-il demander au
président d'élection de communiquer ces chiffres à
l'Assemblée nationale lorsqu'il les aura?
M. Bourassa: Certainement, ou on fera une commission
parlementaire peut-être au mois d'août, au mois de septembre.
M. Morin: Au mois d'août, encore! S'il vous plaît,
pas encore une commission au mois d'août. Elles sont toutes au mois
d'août, à l'heure actuelle, l'Hydro-Québec, les Jeux
olympiques! Je vous en prie.
M. Bourassa: Vous ne voulez pas travailler durant
l'été? Vous voulez deux mois de vacances?
M. Morin: II n'est pas question que je ne veuille pas travailler,
mais si vous mettez toutes les commissions en même temps au mois
d'août, comment aura-t-on quorum, les députés
libéraux ayant déjà de la difficulté à nous
le donner ces temps-ci?
M. Bourassa: M. le Président, je ne comprends pas. A
compter de la Saint-Jean-Baptiste jusqu'à la Fête du travail, il
ne faudrait rien faire. On est payé par les contribuables pour
travailler douze mois par année.
M. Morin: C'est encore une commission parlementaire qui va avoir
lieu au mois d'août?
M. Bourassa: Je ne sais pas, quand avez-vous décidé
de faire disparaître le Jour? Au mois de juillet, au mois d'août,
pour faire moins d'impact?
M. Morin: Le petit billet que vient de passer notre ami Rivest au
premier ministre porte le Jour dessus. Alors, vous partez sur le Jour.
Voulez-vous qu'on en parle?
M. Bourassa: D'accord, on ne fera pas de commission parlementaire
au mois d'août sur cette question. D'ailleurs, je pense que cela peut
prendre quelques mois avant d avoir les données. Disons qu'à
l'occasion d'une commission parlementaire à l'automne, très
probablement, aussitôt que la commission aura les données en
question, on pourra discuter avec l'Opposition pour voir s'il n'y a pas lieu de
faire une commission parlementaire sur cette question.
M. Morin: Puis-je faire une suggestion au président des
élections, pendant que nous y sommes, ou à son adjoint? Il ne
serait pas mauvais qu'il se renseigne sur ce qui se passe au ministère
des Affaires sociales où ils sont en train de reprendre leur fichier
électronique à zéro. Si la chose était si
coûteuse que cela, je pense qu'ils hésiteraient à le faire,
et comme presque toute la population doit être déjà sur
ordinateur, aux affaires sociales, cela vous donnerait une idée du
coût de l'établissement d'une telie liste électronique.
Toutefois je ne demanderai pas au premier ministre ce qu'il en pense.
M. Bourassa: Adopté, M. le Président?
M. Morin: Un instant. Pourriez-vous m'expli-quer...
M. Bourassa: M. Giguère me dit qu'il est prêt
à faire des voyages à l'extérieur du pays pour
s'enquérir de la situation.
M. Morin: Qui dit cela?
M. Bourassa: M. Giguère, il est prêt à...
M. Morin: M. Giguère... M. Bourassa: ... à faire
une tournée...
M. Morin: ... nous a toujours donné des preuves de sa
compétence. Jusqu'à nouvel ordre, vous pourrez l'envoyer
où vous voudrez.
M. Bourassa: A Bruxelles ou ailleurs, accompagné...
M. Morin: C'est trop facile. On me suggérait de vous dire:
Et en Iran. Mais ce serait trop facile. Cela coûte seulement un petit peu
plus cher, surtout si on amène beaucoup de monde avec soi.
M. Mercier: Cela rapporte.
M. Morin: Oui, je m'en doute.
M. le Président, pour le programme 2, je n'aurais qu'une petite
question. J'ai remarqué que le montant de la catégorie 3,
communications statutaires, passe de $180 000 à $360 000. Pourriez-vous
nous expliquer cette augmentation?
M. Bourassa: C'est basé sur les dépenses
réelles de l'année dernière. Le chef de l'Opposition avait
posé le même genre de questions, l'an dernier. C est qu'il y a
toujours des ajustements basés sur les dépenses réelles de
l'année précédente.
M. Morin: C'est le double!
M. Bourassa: Oui.
M. Morin: C'est le double.
M. Bourassa: C'est le double, ce ne sont pas des montants. On ne
parle pas de $20 millions.
M. Morin: Non, mais c'est mon droit de vous demander des
explications.
M. Bourassa: D'accord, c'est tout à fait votre droit.
M. Morin: Je veux le savoir.
M. Bourassa: C'est la publicité pour
rénumération.
M. Morin: Et, en bas, les fournitures statutaires qui passent de
$100 000 à $350 000, est-ce du même ordre?
M. Bourassa: C'est relié au coût de la
révision et à l'augmentation constante des dépenses.
Le Président (M. Lafrance): Adopté?
M. Morin: Oui, M. le Président. Nous n'allons pas demander
à qui va la publicité en question.
Le Président (M. Lafrance): Alors, programme 2,
adopté.
M. Bourassa: Je serais prêt à répondre. C'est
une bonne firme qui obtient la publicité, c'est l'une des bonnes firmes
du Québec. Je ne vois pas pourquoi, parce qu'ils ont pu voter
libéral, ils ne pourraient pas recevoir la publicité du
gouvernement.
M. Morin: Bien sûr!
M. Bourassa: Vous auriez dû entendre le débat entre
le ministre des Communications...
M. Morin: C'est comme cela que fonctionne tout le système;
on ne voit pas pourquoi ils n'auraient pas tel contrat, pourquoi ils n'auraient
pas telle autre chose.
M. Bourassa: II y a des annonces du gouvernement dans le journal
Le Jour. Vous auriez dû entendre le débat entre le
député de Saint-Jacques et le ministre des Communications, ce
matin.
M. Morin: Oui, depuis quelques jours, ils s'imaginent qu'ils ont
sauvé le Jour avec quelques
annonces. Si ce journal a des difficultés, c'est en grande partie
à cause des plaintes qui sont à l'heure actuelle devant le
Conseil de presse.
M. Bourassa: Quelle est votre position?
M. Morin: ... un budget pour faire face à cette situation.
Bien, je suis prêt à adopter le programme 2.
Le Président (M. Lafrance): Programme 2,
adopté.
M. Bourassa: Adopté. Le Président (M. Lafrance):
Programme 3. Organismes-conseils
M. Morin: Au programme 3, ce sont les organismes-conseils
auprès du premier ministre et du Conseil exécutif. Je voudrais
simplement qu'on m'explique l'élément 4, les indemnités
aux victimes des inondations de 1974.
Je sais qu'il n'y a pas de chiffre prévu en 1976/77; est-ce qu'il
ne devrait pas y en avoir un?
M. Bourassa: Ce n'est pas encore déterminé. La
responsabilité est transférée au Solliciteur
général, à la Protection civile, et le conseil des
ministres étudie présentement les montants. Cela va prendre un
budget supplémentaire.
M. Morin: Un budget supplémentaire, probablement.
M. Bourassa: Oui. Adopté.
M. Morin: Un instant. Dites-moi, est-ce sous ce programme 3
j'imagine que ça doit l'être que sont prévus
les traitements et les dépenses du CAD?
M. Bourassa: Bon, on revient au CAD.
M. Morin: Je voulais vous poser la question. Nous avons
étudié la question longuement l'année dernière et
je n'ai pas l'intention de refaire tout le débat.
M. Bourassa: Oui, d'accord.
M. Morin: Je voudrais quand même quelques
détails.
M. Bourassa: Oui, cela relève du secrétariat
général. Vous pouvez faire confiance à M. Guy Coulombe, il
n'a pas le type de l'espion, comme vous voyez.
M. Morin: Vous voulez dire qu'il va répondre à
votre place ou...?
M. Bourassa: Non, non, je veux dire que si vous croyez que le
CAD, au sein du secrétariat gé- néral, a des
activités avec lesquelles le chef de l'Opposition n'est pas d'accord,
c'est absolument faux.
M. Morin: C'est une question de dépenses et de budget.
M. Bourassa: D'accord.
M. Morin: J'aimerais que vous nous disiez combien cela
coûte en traitements?
M. Bourassa: D'accord. Dix personnes.
M. Morin: Dix?
M. Bourassa: Dix, oui.
M. Morin: Dix personnes. Ce que je vous demandais, c'est: Combien
cela coûte-t-il en traitements et en dépenses diverses, en
dépenses de soutien?
M. Bourassa: Les dépenses. L'infrastructure est en place
depuis plusieurs années, il reste le salaire pour dix personnes.
Si je comprends bien, ici, c'est cela: deux professionnels, deux
techniciens, six employés de bureau, un cadre, strictement des
dépenses de personnel.
M. Morin: Oui, mais cela représente combien?
M. Bourassa: On vous donnera le chiffre dans un quart d'heure,
peut-être, on va faire le calcul. Autour de $185 000 en tout et
partout.
M. Morin: Est-ce qu'il y a moyen de faire établir le
chiffre de façon définitive?
M. Bourassa: D'accord, on va essayer de vous le faire faire avant
la fin de mes crédits.
M. Morin: Est-ce que cela comprend les dépenses de
soutien? Ce que vous m'avez donné là, ce sont les
traitements?
M. Bourassa: En tout, $185 000. C'est en tout. On va vous donner
cela en détail tantôt.
M. Morin: Parce que je ne m'intéresse pas qu'aux
traitements, je veux aussi les dépenses de soutien.
M. Bourassa: Je comprends.
M. Morin: Ensuite, M. le Président, puis-je vous demander
qui sont les deux professionnels. Sont-ce les mêmes que l'an dernier?
M. Bourassa: Oui, Gilles Néron qui est le cadre et MM.
Demers et Ouellet.
M. Morin: Demers?
M. Bourassa: Ce n'est pas Robert Demers qui est président
de la Bourse.
M. Morin: Non, je m'en doutais.
M. Bourassa: D'accord. Un agent d'information.
M. Morin: Quel est son prénom?
M. Bourassa: Pierre. C'est Richard pour Ouellet et Pierre pour
Demers.
M. Morin: Est-ce qu'ils s'occupent toujours des lignes
ouvertes?
M. Bourassa: Comment, quelles lignes ouvertes? Lignes
ouvertes?
C'est un autre ballon, un autre de vos ballons? Il n'y a pas de lignes
ouvertes.
M. Morin: Je vous posais la question tout simplement. Qui
s'occupe des lignes ouvertes au sein de cette équipe?
M. Bourassa: II n'y a personne qui s'occupe des lignes ouvertes.
Vous n'avez qu'à écouter les lignes ouvertes, vous constaterez
qu'il n'y en a pas beaucoup qui s'en occupent.
M. Morin: Bien, M. le Président, l'augmentation des
traitements de $2 786 300 l'an dernier, à $3 523 000 cette année
se justifie de quelle façon? C'est la catégorie 1.
M. Bourassa: Les conventions collectives, l'indexation,
l'avancement d'échelon.
M. Morin: Cela vise donc substantiellement le même nombre
de personnes que l'an dernier: 181 au lieu de 182.
M. Bourassa: Oui. L'affirmation du chef de l'Opposition est
exacte.
M. Morin: Pourriez-vous nous donner quand même un peu plus
de détails, parce que c'est une augmentation tout de même
substantielle. Il s'agit de $723 000.
M. Bourassa: C'est que l'an dernier les forfaitaires
étaient prévus au ministère des Finances, ce qui n'est pas
le cas cette année.
M. Morin: Ah, très bien! M. le Président, nous
sommes disposés à adopter ce programme.
Le Président (M. Lafrance): Programme 3,
adopté.
M. Bourassa: Alors, est-ce que je peux dire à mes hauts
fonctionnaires que, sauf les chiffres précis pour le CAD, vous n'avez
plus de questions à poser pour le Conseil exécutif?
M. Morin: Non, pour le Conseil exécutif, cela va.
M. Bourassa: D'accord.
M. Morin: J'en ai terminé. D'ailleurs, ce soir allons-nous
plus loin que le programme 3, M. le Président?
M. Bourassa: Je voulais demander une petite faveur au chef de
l'Opposition. J'ai une conférence avec les premiers ministres de l'Est
la semaine prochaine et avec les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre. J'ai
une conférence fédérale-provinciale l'autre semaine
à Ottawa. S'il y avait moyen d'adopter mes crédits ce soir, cela
pourrait m'aider.
M. Morin: Ce n'est...
Le Président: Les programmes 4 et 5 que nous avions
entrepris cet après-midi sont...
M. Morin: Nous ne pourrons pas adopter les programmes 4 et 5,
sûrement pas, puisqu'ils sont à l'étude en ce moment.
M. Bourassa: Non, non, je parle pour mes crédits, pour ce
qui me concerne.
M. Morin: Y a-t-il un autre programme? !l y aurait le
sixième. Mais non, c'est l'OPDQ encore.
M. Bourassa: II n'y en a plus d'autre.
M. Morin: Quant à l'Office des professions, j'aimerais
avoir le loisir d'y revenir. De toute façon, je ne crois pas que ce
serait avec le premier ministre.
M. Bourassa: C'est M. Lachapelle, oui. C'est le ministre...
M. Morin: Si c'est M. Lachapelle, il resterait le programme 8,
Promotion du droit et du statut de la femme. Est-ce le premier ministre qui
défend ces crédits?
M. Bourassa: Non c'est le ministre d'Etat à l'Education
qui en est responsable.
M. Morin: Donc, là non plus il n'y a pas de
problème.
M. Bourassa: Alors, on a terminé quoi?
M. Morin: Oui, il semble bien que nous ayons terminé.
M. Bourassa: Vous n'avez pas signalé, par exemple,
qu'à mon cabinet il y avait eu simplement une augmentation de $30 000:
$2 528 000 à $2 564 000.
M. Morin: Comment l'expliquez-vous? M. Bourassa: Programme
d'austérité.
M. Morin: Vous vous êtes bien repris sur d'autres
catégories.
M. Bourassa: Je remercie le chef de l'Opposition de sa
collaboration, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 55)