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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du mardi 15 juin 1976 (Vingt heures vingt minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs! La commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales poursuit l'étude des crédits du Conseil
exécutif. Nous en étions aux programmes 4, 5 et 6.
Programme 4, adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Non. Nous discutions les
programmes conjointement...
Le Président (M. Lafrance): Globalement. M.
Bédard (Chicoutimi): ... globalement. M. Lachapelle: Oui,
globalement. C'est cela. Projet d'aluminerie (suite)
M. Bédard (Chicoutimi): Nous en étions sur
certaines questions concernant le projet d'aluminerie à Saint-Augustin.
Pourrais-je savoir du ministre quels sont les sites qui ont été
proposés par l'OPDQ après analyse du dossier?
M. Lachapelle: Comme je le signalais la dernière fois
où nous nous sommes vus, vendredi... C'est vendredi, je pense; n'est-ce
pas, M. le Président?
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Lachapelle: L'examen qui s'est engagé depuis
déjà un bon nombre de mois s'est fait au niveau d'un
comité interministériel qui est de la responsabilité du
ministère de l'Industrie et du Commerce. L'OPDQ a participé et
participe d'ailleurs encore à ce travail en tant qu'intervenant parmi
tant d'autres.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je veux savoir
précisément, c'est: Est-ce que l'OPDQ a fait des suggestions
quant aux sites possibles?
M. Lachapelle: Plusieurs sites ont été
envisagés, bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Quels sont les sites, s'il y en a
plusieurs?
M. Lachapelle: Ces sites, je le répète, sont ceux
qui ont été examinés par le comité
interministériel.
M. Bédard (Chicoutimi): Celui de Saint-Augustin,
était-il parmi les suggestions de l'OPDQ?
M. Lachapelle: A ma connaissance, oui. Quant aux autres sites, on
me signale ceux de Lauzon, de Ville-Guay, de Saint-Romuald, de Saint-Nicolas,
de Beaumont, enfin, des sites du même acabit dans la région de
Québec, d'une façon globale.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, préalablement,
l'OPDQ avait fait une analyse assez en profondeur sur les possibilités
de ces différents sites ou si ces études avaient
été faites par le ministère de l'Industrie et du Commerce
et que l'OPDQ n'a fait qu'acquiescer dans un sens ou dans l'autre?
M. Lachapelle: Je pense que cela peut être important, ici,
qu'on sache à quel moment le député de Chicoutimi se
réfère quand il parle de cette intervention de l'OPDQ. A ce
moment-ci ou au début?
M. Bédard (Chicoutimi): Au tout début du
projet.
M. Lachapelle: Au tout début.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que vous avez
été informé.
M. Lachapelle: Plusieurs sites ont été
examinés et Saint-Augustin était un de ces sites qui
paraissaient, à l'époque où cette question a
été rendue publique, offrir des caractéristiques fort
intéressantes. D'ailleurs, si on s'en souvient bien, le ministre de
l'Industrie et du Commerce avait déclaré, à
l'époque, premièrement, qu'il s'agissait d'un dossier
préliminaire, qu'il s'agissait d'un dossier qui avait été
prématurément rendu public et que, dans le cheminement normal de
cette question, d'autres études auraient été requises afin
de préciser davantage non seulement la question du site, mais
également les aspects de rentabilité, d'opportunité et
autres.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre semble nous dire qu'au
tout début du projet, il y a plusieurs sites qu'il nous a
énumérés qui ont été
considérés par l'OPDQ, par le ministère de l'Industrie et
du Commerce. Est-ce que, à mesure que le dossier a évolué,
on doit comprendre que l'OPDQ, pour sa part, a restreint son choix par rapport
aux sites?
M. Lachapelle: Je répète que l'OPDQ a
participé aux travaux du comité interministériel, comme un
des intervenants, et c'est à ce niveau...
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle participation?
M. Lachapelle: ... que les discussions maintenant ont cours. Je
n'ai pas possession du rapport de ce comité
interministériel...
M. Bédard (Chicoutimi): ... A quel...
M. Lachapelle: ... C'est, et je le répète, la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce et c'est lui
qui jugera, basé sur le rapport de ce comité qui, non seulement
traite du site mais également de la rentabilité et de tous les
aspects de cette question. C'est le ministre lui-même qui jugera opportun
d'annoncer ce qui doit être annoncé en temps voulu.
M. Bédard (Chicoutimi): A quelle date a été
formé ce comité ministériel sur ce problème
particulier de la...
M. Lachapelle: II y a eu un comité qui a été
formé au tout début de cette question...
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous nous indiquer des
dates approximatives?
M. Lachapelle: ... et, par la suite, a été
modifié. La date exacte, je ne m'en souviens pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, approximative.
M. Lachapelle: M. le Président, au meilleur de ma
connaissance, la première composition un peu officielle d'un
comité se situerait au tout début de 1975, peut-être
même fin de 1974. Un peu plus tard, ce comité a été
élargi, comme je le signalais tout à l'heure, et à
l'intérieur de ce comité élargi se sont retrouvés
différents sous-comités pour traiter des aspects plus
spécialisés de la question.
M. Bédard (Chicoutimi): Comment l'OPDQ a-t-il
été informé au tout début de ce projet? Est-ce le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui a tout simplement...?
M. Lachapelle: Bien sûr, dès le début, il y a
eu des tractations entre le ministère de l'Industrie et du Commerce et
l'OPDQ. Par la suite, ces relations se sont voulues plus étroites, tout
comme il y a eu des relations entre le ministère de l'Industrie et du
Commerce et le Service de protection de l'environnement et les autres
ministères concernés. Mais, encore là, dans un cheminement
normal qui n'aurait pas été soumis à ce que j'appelle,
moi, un soufflage démesuré et prématuré. C'est un
processus tout à fait rationnel qui se serait déroulé,
tout comme celui qui a cours présentement.
D'ailleurs, le ministre de l'Industrie et du Commerce, je ne veux pas me
faire son porte-parole ici, m'a clairement indiqué lorsque la
question est venue sur le tapis, si on en a parlé et que certaines
personnes s'en sont même emparé pour des fins politiques
que cette question devait d'être explorée d'une façon
beaucoup plus poussée, avant qu'on puisse passer un jugement
définitif.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous remarquez qu'il a
été annoncé d'une façon politique, aussi, par le
ministre de l'Industrie et du Commerce, ce qui semblait assez normal...
M. Lachapelle: Je regrette, M. le Président, je voudrais
dire tout de suite que ce n'était pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi finir... M.
Lachapelle: ...n'a pas été annoncé.
M. Bédard (Chicoutimi): Voyons donc! Il a
été annoncé; vous n'avez pas lu la conférence de
presse du ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Saint-Pierre, qui
annonçait le projet...
M. Lachapelle: Tout simplement...
M. Bédard (Chicoutimi): ...qui disait que c'était
à Saint-Augustin, qu'il en évaluait les coûts.
C'était très précis comme annonce.
M. Lachapelle: Tout simplement parce qu'il y a eu coulage.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. Lachapelle: Tout simplement parce qu'il y a eu coulage.
C'est-à-dire que les circonstances...
M. Bédard (Chicoutimi): Voulez-vous dire que non seulement
les documents ont coulé, mais le ministre également, pour qu'il
s'amène donner une conférence de presse où il indique
très clairement que c'est...
M. Lachapelle: Pour expliquer...
M. Bédard (Chicoutimi): ...Saint-Augustin?
M. Lachapelle: Justement et je pense que c'est une
démarche qui est tout à fait logique. C'est pour expliquer...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas du coulage!
M. Lachapelle: ...suite au filtrage, au coulage tout à
fait irresponsable qui s'est produit, ce qui se déroulait et ce qui se
passait. C'est exactement ce que le ministre a dit.
Le Président (M. Lafrance): Le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: M. le Président, pourrais-je demander au
ministre si le site de Saint-Augustin est encore retenu concernant
l'aluminerie?
M. Lachapelle: A ma connaissance, je le répète
et je reprends la réponse que j'ai fournie tout à l'heure
au député de Chicoutimi ce fut dès le début
l'un des sites considérés et, à ma connaissance, c'est
encore un des sites considérés.
M. Lacroix: Concernant le coulage, naturellement on sait
qu'aujourd'hui on pourrait administrer sur la Grande-Allée. Mais est-ce
que le gouvernement a l'intention, dans l'avenir, d'adminis-
trer en fonction du mieux-être de la population et non pas en
fonction de certains individus ou de certains partis politiques qui, quel que
soit le site qui soit choisi, trouveront toujours le moyen de critiquer, pour
une raison ou pour une autre, et après cela se lamenteront qu'il y a du
chômage? Combien d'emplois l'aluminerie était-elle censée
fournir aux travailleurs de Québec et de la région?
M. Lachapelle: M. le Président, je pense que la remarque
du député des Iles-de-la-Madeleine est tout à fait
appropriée, parce qu'il est intéressant de constater, en regard
du premier volet de son intervention, qu'il a été question, par
la suite, du site de Beaumont. Certaines personnes en ont parlé, un
certain journal, qui s'appelle le Jour, en a parlé.
Immédiatement...
M. Lacroix: C'est plutôt la noirceux, lui! M.
Bédard (Chicoutimi): Tous les journaux.
M. Lachapelle: ...si le député de Chicoutimi me
permet de compléter, on a immédiatement...
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis en train de prendre votre
habitude d'interrompre.
M. Lachapelle: ...assisté à une levée de
boucliers. Je suis convaincu que, quel que soit le site dont il parle,
puisqu'au départ il y a manifestement une volonté de ne pas voir
ce type d'industrie s'installer ici, on trouvera toutes les raisons imaginables
pour que cela ne se fasse pas.
Quant au second volet de la question du député des
Iles-de-la-Madeleine, les emplois directs qui étaient envisagés,
au meilleur de ma connaissance et je parle de mémoire, étaient de
l'ordre de 1500 ou 2000. Mais, bien sûr, on voyait encore
là, je me fais l'écho des propos du ministre de l'Industrie et du
Commerce toute une batterie d'industries secondaires venant se greffer
à cette industrie primaire importante et qui auraient été,
bien sûr, dans la région de Québec, ce qui pourrait et peut
encore devenir un générateur important d'emplois dans une
économie régionale qui a besoin de diversification, qui a besoin
de voir ses assises beaucoup plus solidement établies.
M. Lacroix: Si vous me le permettez, M. le Président, je
n'ai pas terminé. L'étude des crédits n'est pas
réservée uniquement à l'Opposition.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous parlez seul, je n'ai pas
d'objection.
M. Lacroix: J'aime autant parler seul que de vous parler. Au
moins, je me comprends et vous, vous ne comprenez pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, oui. C'est sûr.
M. Lacroix: Dans les gens qui ont protesté et qui ont
contesté le site de Saint-Augustin, combien y en avait-il qui
résidaient réellement dans le secteur et combien
résidaient à l'Université Laval? Je parle des "pelleteux
de nuages", quel que soit l'endroit où vous vous placerez, seront
toujours contre, naturellement, connaissant le contexte actuel. Combien
réellement de gens de Saint-Augustin et de Portneuf se sont
opposés au projet?
M. Lachapelle: M. le Président, dans la région
immédiate de Saint-Augustin qui était concernée et qui, je
le répète, est toujours sur la liste, au meilleur de ma
connaissance, je pense qu'il y avait peut-être cinq ou six
résidents, mais vraiment des résidents de souche. Il y en avait,
bien sûr, d'autres qui étaient impliqués. Je pense qu'au
total il y avait 17 expropriés, mais en comptant ces cinq ou six. Donc,
les dix ou onze qui étaient en cause ne sont pas des résidents de
Saint-Augustin.
D'ailleurs, comme manifestation plus éloquente de cela, aux
dernières élections municipales de Saint-Augustin, des candidats
qui se sont présentés, qui se disaient les porte-parole des
expropriés, ont été battus à plate couture par les
gars de l'endroit qui, eux, désiraient cette installation.
M. Lacroix: Ils sont tombés en bas de leur cheval.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): ... le ministre admettra que
lorsqu'on parle de l'aluminerie de Saint-Augustin qu'on ne parle pas seulement
d'un projet de comté, mais qu'on parle d'un projet régional, de
la même manière que lorsqu'on parle, par exemple, de Donohue
à Saint-Félicien...
M. Lachapelle: C'est un projet, d'ailleurs magnifique, je pense.
Quand on parle de Saint-Félicien, c'est un projet magnifique.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous avons eu l'occasion de nous
exprimer sur ce projet et de voter pour. C'était d'autant plus
nécessaire qu'il arrive que cela faisait douze ans que les gens
attendaient après.
On a fait assez d'élections là-dessus. Cela fait au moins
quatre ou cinq; on n'en fera pas une sixième sur ce projet. Soyez-en
convaincu.
M. Lachapelle: C'est une excellente raison.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour en revenir à
l'aluminerie, j'espère que le gouvernement va aussi se pencher sur le
cas des pâtes et papiers dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, en ce qui concerne, entre autre, la vente de Price
à Abi-tibi Paper. Si, d'une part, le projet Donohue est promoteur de
beaucoup de nouveaux emplois, il reste quand même la situation dans le
domaine des pâtes et papiers. En ce qui regarde les usines
Price Abitibi, elles sont dans un état tel qu'il ne
faudrait pas avoir le résultat d'une perte d'emploi ou d'une
non-consolidation d'emplois qui existait déjà dans ce
secteur.
M. Lachance: Le député de Chicoutimi a pu porter
cela à l'attention du ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas d'aujourd'hui. Je
peux vous dire qu'avant même que la vente de Price à Abitibi ait
lieu, nous avions eu l'occasion à ce moment, de présenter une
motion d'urgence et nous avions indiqué les dangers de cette vente
à savoir: le danger de transfert du siège social, de transfert
des centres de décision à Toronto, également de transfert
du fonds de roulement de $130 millions au profit d'Abitibi. Nous avions
parlé également des dangers que soient retirés certains
investissements de l'ordre de plusieurs millions de dollars dans la
région du Saguenay-Lac-SaintJean.
Malheureusement, toutes ces choses que nous avions soulevées,
avant même que la vente de Price à Abitibi n'ait lieu, sont
maintenant une réalité dans le sens que tous les centres de
décision sont à Toronto, tous les investissements qui avaient
été annoncés dans la région ont été
annulés. Et pendant que Price-Abitibi annule au-delà de $25
millions d'investissements déjà annoncés dans la
région, on ne peut pas dire que c'est le contexte économique
puisque Consolidated Ba-thurst trouve le moyen, dans la même
région, d'investir un montant à peu près équivalent
dans le domaine des pâtes et papiers.
Cette mise en garde que nous avions faite au gouvernement, dans le temps
n'avait peut-être pas été prise au sérieux, mais la
situation qui existe à l'heure actuelle dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, concernant les usines de Price, tant à
Kénogami qu'à Jonquière et à Alma, est
malheureusement la concrétisation des dangers que nous avions
soulevés à ce moment.
M. le Président, je ne veux pas m'attarder sur ce sujet. On a
divergé un peu, mais j'aurai l'occasion d'en discuter avec le ministre
de l'Industrie et du Commerce. Concernant le projet d'aluminerie, on est
d'accord que c'est un projet régional.
J'espère que les interventions tant du député des
Iles-de-la-Madeleine que du ministre responsable ne sont pas dans le but
d'essayer de faire croire que le Parti québécois était
contre le projet d'implantation d'une aluminerie.
M. Lacroix: Certainement que vous étiez contre! Cessez
donc d'être hypocrites!
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous ai laissé parler
tantôt. Soyez donc au moins poli.
M. Lacroix: Vous passez votre temps à nous interrompre,
bande d'hypocrites!
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous écoutiez un peu les
autres, vous diriez moins de bêtises.
M. Lacroix: Oui! Vous devriez faire la même chose!
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai eu l'occasion de me...
M. Lacroix: Je vous écoute. Je vais vous ramasser
tantôt!
M. Bédard (Chicoutimi): ... prononcer concernant le projet
d'aluminerie à Saint-Augustin ou dans la région de Québec.
Le Parti québécois n'a jamais été contre
l'implantation d'une aluminerie dans la région de Québec. Au
contraire, nous avons fait des représentations, d'une part, dans le sens
que les subventions qui étaient accordées à la compagnie
South Wire, dans les circonstances, étaient pour nous inacceptables. Je
pense que le ministre de l'Industrie et du Commerce en est venu à la
même conclusion que nous, toutes choses étant prises en
considération.
Nous avions également soulevé les dangers de pollution et
l'à-propos de considérer d'autres sites, étant
donné les terres arables qui existent dans cette partie de territoire
d'une façon tout à fait spéciale. C'était
là-dessus qu'avaient porté nos interventions à
l'Assemblée nationale.
Puisqu'il s'agit d'un projet régional, quand le ministre parle de
cinq ou six personnes de Saint-Augustin qui, effectivement, étaient les
seules impliquées à part les 17 qui étaient sujettes
à l'expropriation suite à cette implantation d'aluminerie, je
pense que le ministre oublie quand même le fait qu'un sondage a
été fait dans toute la région de Québec,
lequel...
M. Lachapelle: Aussi dans tout le comté de Portneuf tout
récemment...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans toute la région de
Québec.
M. Lachapelle: ... où 75% des gens ont dit: Oui, nous
sommes pour l'aluminerie.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je ne suis
pas contre ce que vous affirmez. Remarquez que si vous décidez demain
d'aller implanter l'aluminerie à Saint-Romuald, je pense bien que 75%,
90% vont être d'accord pour que ce soit là.
M. Lachapelle: Ah non, je regrette!
M. Bédard (Chicoutimi): Mais à partir du moment
où c'est un projet régional, j'attire l'attention du ministre sur
le fait qu'il y a quand même eu un sondage dans toute la région de
Québec qui indiquait très clairement qu'il y avait
peut-être lieu de reconsidérer la localisation de l'aluminerie en
question. Non pas de remettre en question son existence ou la
nécessité qu'il s'en établisse une dans la région
mais reconsidérer, à la lumière des développements,
la localisation, les dangers de pollution qui pouvaient exister;
considérer également la texture de la qualité des terres
qui exis-
taient dans cet endroit où on voulait la localiser dans un
premier temps.
M. Lachapelle: Vous ne nous apprenez rien en disant cela.
M. Bédard (Chicoutimi): ...des citoyens
étaient...
M. Lachapelle: M. le Président, le député de
Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous apprends rien, mais
vous avez parlé tantôt comme si vous n'étiez pas au courant
de tout cela...
M. Lachapelle: Nous l'avons fait.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez parlé en laissant
entendre que le Parti québécois était contre ce projet
alors que ce n'est pas vrai.
M. Lachapelle: Bien...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez laissé entendre
qu'il y avait à peu près cinq, six personnes qui remettaient en
question le site, puis ce n'est pas le cas du tout.
M. Lachapelle: A Saint-Augustin, bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Je parle de la région de
Québec.
M. Lachapelle: La question a été posée par
le député des Iles-de-la-Madeleine en ce qui regarde les gens de
Saint-Augustin. Je pense que c'est exactement la question qui m'a
été posée et j'ai donné la réponse
exactement dans les termes suivant la question qui m'a été
posée. Je pense que personne ne peut contester les chiffres que je vous
ai donnés. Bien sûr que le Parti québécois est
allé à Saint-Augustin, a traité le maire puis le conseil
de ville de colonisés, il les a traités d'arriérés,
d'habitants parce qu'ils ne comprenaient pas toutes ces conceptions
intellectuelles qui sortaient des ténèbres les plus...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous charriez, je vais vous
laisser parler tout seul.
M. Lachapelle: Quand même, le fait demeure qu'il y a au
maximum cinq ou six agriculteurs qui étaient en cause et peut-être
dix ou douze personnes expropriées au-delà de cela, qui
étaient des gens qui n'étaient pas de Saint-Augustin. Je pense
qu'on ne peut pas contester ces chiffres.
M. Bédard (Chicoutimi): De la même
manière...
M. Lachapelle: Si vous voulez en parler...
M. Bédard (Chicoutimi): De la même
manière...
M. Lachapelle: ...sur une base régionale cela peut
être différent.
M. Bédard (Chicoutimi): De la même manière
que vous ne pouvez pas contester que le Parti québécois à
l'Assemblée nationale ou les députés du Parti
québécois à l'Assemblée nationale, au niveau de
l'Opposition, n'ont jamais pris position contre l'implantation d'une aluminerie
dans la région de Québec. Vous êtes d'accord avec moi
là-dessus?
M. Lachapelle: Mais vous me dites ou votre parti dit que c'est
une usine qui ne doit pas polluer, qui ne détruit pas nos meilleurs sols
québécois, qu'elle soit dirigée par des
Québécois et qu'elle ne nous coûte pas les yeux de la
tête en subventionnant les Américains. Puis on regarde les autres
articles que vous avez publiés en disant: II ne faut pas que cela aille
aux étrangers, ci, ça, ça; bien, c'est sûr...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'êtes pas d'accord sur
cela?
M. Lachapelle: Je suis bien prêt à aller
chercher...
M. Bédard (Chicoutimi): II ne faut pas que ce soit aux
étrangers.
M. Lachapelle: ...$600 millions des bailleurs de fonds du journal
Le Jour, mais je ne pense pas que je puisse les avoir ces $600 millions.
M. Bédard (Chicoutimi): Sûrement, vous n'êtes
pas capable d'avoir $600 millions des bailleurs de fonds du journal Le Jour,
c'est clair.
M. Lachapelle: C'est bien évident, c'est clair.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y aurait pas de
problème...
M. Lachapelie: D'ailleurs, on voit les états financiers du
journal, c'est évident, cela saute aux yeux.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela est clair, le Parti
libéral n'aurait pas ces problèmes.
M. Lachapelle: On dit oui, on est pour, mais on pose telle
contrainte, telle contrainte, telle contrainte, telle contrainte, ce qui
équivaut à dire qu'on est contre. Je pense que c'est cela
vraiment ce qui...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pensez que c'est
être contre que de dire que c'est normal que ce soit une industrie qui
profite le plus possible aux Québécois, que ce ne soit pas entre
les mains des étrangers, qu'on ne donne pas des subventions qui soient
inacceptables, comme cela peut être le cas pour la ITT sur la
Côte-Nord? Est-ce que vous ne trouvez pas cela normal?
M. Lachapelle: Qu'elle profite au maximum aux
Québécois, bien sûr, c'est cela notre position.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce qu'on a dit, nous autres
aussi...
M. Lachapelle: Mais si on avait dit, par exemple...
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'elle ne doit pas polluer plus
qu'il ne faut...
M. Lachapelle: Si on avait dit, lorsqu'on a établi la
Golden Eagle à Lévis ou à Lauzon je ne sais pas,
dans ce coin-là...
M. Lacroix: A saint-Romuald.
M. Lachapelle: ... à Saint-Romuald, plus exactement, parce
que la région québécoise n'a quand même pas de
frontières imperméables qu'il ne faut pas que cela pollue,
qu'il ne faut pas que cela dépare le paysage, Golden Eagle ne serait
jamais venue ici. Qu'est-ce que vous voulez? Je pense que dans une
économie, il faut faire des choix. Il faut...
M. Bédard (Chicoutimi): Et les choix consistent à
trouver un site à l'aluminerie là où cela peut, en termes
de pollution, en termes d'environnement, en tenant compte des terres arables,
faire le moins de tort possible...
M. Lachapelle: C'était exactement notre position.
M. Bédard (Chicoutimi): Une aluminerie à
Saint-Romuald et une aluminerie à Saint-Augustin, entre vous et moi, si
on parle seulement d'endroits, que ce soit à quelque endroit dans la
région de Québec, il reste qu'au bout de la ligne, ce qui est
important, c'est que la région de Québec ait une aluminerie et
que tout le monde en profite dans la région de Québec. Vous
êtes d'accord là-dessus?
M. Lachapelle: Ecoutez! Le député de Chicoutimi
cherche à nous convaincre de choses qui étaient exactement la
position qui était la nôtre dès le départ.
Maintenant, on va chercher, par quelque stratagème, à s'accorder
le crédit de la rationalité. Ecoutez! C'était exactement
la position du gouvernement dès le départ.
Bien sûr, toute cette démarche se révélait
être nécessairement exhaustive, sans doute fort longue. La preuve
est que ce n'est pas terminé. Il y a toute la dimension de la
rentabilité, par exemple. Je ne sais pas où le ministre de
l'Industrie et du Commerce en est rendu là-dedans, mais je sais que
c'est une question qui est extrêmement importante, qu'il fallait et sans
doute qu'il faut encore examiner d'une façon aussi complète que
toutes les autres dimensions de ce projet. C'est normal, ça, voyons! On
ne viendra pas nous apprendre ce qu'il faut faire pour étudier un
projet, on le savait dès le départ et on l'a dit.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous admettrez avec moi qu'il
n'aurait peut-être pas été bête pour le gouvernement
d'attendre les résultats de l'étude qui avait été
commandée par le gouvernement, par M. Marsan...
M. Lachapelle: Je répète...
M. Bédard (Chicoutimi): ... au niveau de l'environnement
du fait que les conclusions ont peut-être permis un rajustement dans
toute cette histoire de localisation.
M. Lachapelle: II n'y avait aucune intention de dire, lorsqu'on a
parlé de cet emplacement particulier, voici: Nos études sont
toutes terminées et c'est cela. Absolument pas. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce a été très clair
là-dessus. Il a dit: J'en parle aujourd'hui parce qu'il y a quelqu'un
qui a sorti un papier quelque part et cela a paru dans un journal. C'est
exactement ce qui s'est produit. Il a dit: A ce stade de nos réflexions,
ce site nous paraît particulièrement intéressant. D'autre
part, je suis prêt à examiner toute alternative. Comme preuve de
ce qu'il disait, tout le travail s'est continué. Ce comité
interministériel a été élargi, des études
ont été amplifiées, accélérées. C'est
exactement le déroulement normal qui se faisait.
M. Bédard (Chicoutimi): Et puis on a
reconsidéré tout cela parce que ce ne sont pas les cinq ou six
personnes qui pouvaient être contre et que vous énumériez
tantôt qui auraient pu faire changer le gouvernement d'idée,
j'imagine, si le gouvernement avait eu au moins la conviction que
c'était l'endroit définitif, après avoir fait les
études appropriées. Sauf qu'ayant eu les études
appropriées, du point de vue des conséquences écologiques,
le gouvernement, à ce moment-là, a révisé ses
positions et il est en train de réétudier toute la situation.
M. Lachapelle: D'autre part, si vous me permettez d'ajouter
à ceci, je pense que ce serait peut-être intéressant de
s'attarder, si ce n'est que quelques instants, à cette situation
particulière. Voici un cas précis où on a
décrié et décrié ce qu'on a cherché à
décrire comme étant une position définitive du
gouvernement. On a décrié, on a dit: C'est contre
l'environnement, c'est contre les terres agricoles, cela va polluer l'air. Bien
sûr, on disait: Le gouvernement n'a aucune étude. Mais pour dire
que c'était contre l'environnement, contre les bonnes terres et contre
cela, on n'avait pas d'étude non plus. Ceux qui le disaient n'en avaient
pas, d'étude. Ceux qui le disaient apportaient-ils des solutions de
rechange positives, constructives à cela? Absolument pas. On s'est
contenté de décrier, de descendre, de diminuer et de dire aux
gens de Saint-Augustin même, propriétaires de ce sol, qu'ils
étaient des colonisés, des arriérés et des
habitants.
C'est ce qu'on leur a dit. On a descendu des plus hautes sphères
de l'Université Laval et d'ailleurs pour dire à ces gens: Vous
êtes des cons,
pour ne pas dire des colonisés. On leur a dit: Nous allons vous
apprendre ce qui est bon pour vous autres. C'est ce qu'on a fait. C'est ce
qu'on a fait, voyons donc!
Aucune solution constructive n'a été apportée.
Cependant, on a dit: Ce n'est pas bon pour l'air, cela va faire mourir les
pissenlits, cela va faire mourir les vaches. On n'avait aucune étude
pour le dire et on accusait, d'autre part, le gouvernement de ne pas avoir
d'études. Voyons donc! Il y a quand même des limites à se
faire charrier!
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, je pense que, pour
clore sur ce sujet...
M. Lachapelle: De plus, quant au chômage qui existe dans la
région de Québec, est-ce qu'on a apporté une solution de
la part dû parti?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, êtes-vous le
gouvernement ou si vous n'êtes pas le gouvernement? Ah oui! mais soyez le
gouvernement.
M. Lachapelle: Bien, c'est cela, vous critiquez, vous
abaissez...
M. Bédard (Chicoutimi): Soyez le gouvernement. Quand on
veut l'être, vous nous dites de ne pas nous prendre pour le gouvernement.
Bien, soyez-le.
M. Lachapelle: ....vous soulevez les foules. Les gens qui ont du
gros bon sens...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous soulevez quoi, vous?
M. Lachapelle: ... qui ont quand même une opinion
raisonnable et responsable de la société, puis de
l'économie, voyez ce qu'ils vous ont fait à Saint-Augustin; ils
vous ont battus à plate couture.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela, ramenez cela à
une petite question d'élection.
M. Lacroix: Le député de Chicoutimi a
mentionné que cela enlèverait un grand nombre de terres arables,
de terres productives. Combien y avait-il réellement de terres en
culture qui auraient été affectées par l'implantation de
l'aluminerie à Saint-Augustin?
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait sûrement la ferme
expérimentale de l'Université Laval, en tout cas.
M. Lachapelle: Oui, il y avait la ferme expérimentale de
l'Université Laval. Le député de Chicoutimi fait allusion
à ce site-là. Certaines personnes qui, je pense, ont une
expertise ont elles-mêmes dit que d'avoir la ferme là-bas a
été un mauvais choix dès le départ. Je ne suis pas
un agronome, je ne suis pas en mesure de dire si leur jugement est bon ou non,
mais, quand même, je dois dire que certaines personnes possédant
une expertise ont dit cela aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Qui a dit cela?
M. Lachapelle: Voici une citation, je pense, qui est attribuable
au professeur Baril, agronome à l'Université Laval. "Les sols
visés par l'aluminerie étaient déjà
hypothéqués", de l'avis même du professeur Baril,
agronomeà l'Université Laval." On y retrouve beaucoup de pierres,
de dépôts fluvioglaciaires et à peu près seule
l'Université Laval dispose d'assez de moyens financiers et techniques
pour en tirer un profit agricole quelconque".
Ecoutez, je ne suis pas en mesure de juger, moi, de la justesse d'une
telle déclaration, mais je dis, quand même, que le professeur
Baril me semble avoir une expertise devant laquelle on peut s'arrêter.
Alors, quand on me dit que, parce qu'il y avait la ferme de l'Université
Laval, il ne fallait pas aller là, je pense qu'il faut être
prudent dans notre jugement, n'est-ce pas?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela, être prudent.
Si, justement, l'OPDQ avait été plus présent dans le
dossier de l'aluminerie, surtout au niveau de la localisation de ce projet, je
pense que cela aurait incité peut-être à plus de prudence,
comme vous le dites, et puis, à un moment donné, on en serait
arrivé à une localisation définitive. Entre vous et moi,
ce ne sont sûrement pas les quelques contestataires, que ce soient cinq,
six, que ce soient dix ou douze, puis le résultat des élections
que vous mentionnez, qui se sont produites tout dernièrement...
M. Lachapelle: L'automne dernier.
M. Bédard (Chicoutimi): L'automne dernier. Alors, ce ne
sont pas ces quelques contestataires qui ont pu faire reculer le gouvernement
ou l'obliger à repenser le site. Si le gouvernement, devant l'objection
de quelques personnes, cinq ou six, se sent le besoin de tout remettre en
question, à ce moment-là, écoutez, ce ne serait pas un
gouvernement. Vous êtes d'accord avec moi.
Si le gouvernement, je pense, a remis en question le site, c'est parce
qu'au moment où on en a indiqué un on n'avait pas fait les
analyses nécessaires pour permettre à ce gouvernement
d'être très radical ou encore très décidé
quant au site de l'aluminerie. Ces études ayant été
parfaites, puis étant en train de se parfaire encore, eh bien! on est en
train de reconsidérer le site de l'aluminerie. Je pense que, l'OPDQ,
justement, aurait dû être présent dès le début
dans le dossier, surtout au niveau de la localisation. Je sais que c'est au
ministère de l'Industrie et du Commerce, puis au ministre de
décider s'il va y en avoir une ou pas. Maintenant, quant à la
localisation, je pense que là l'OPDQ a un grand rôle à
jouer. S'il avait pu le jouer pleinement, à ce moment-là, on
n'aurait pas eu le débat qu'on est obligé d'avoir
aujourd'hui.
M. Lachapelle: Nous n'aurions pas eu le débat, M. le
Président, si ceux qui ont voulu mettre cette situation en exergue pour
leurs fins propres, pour ne pas dire leurs fins politiques, avaient
été plus responsables et avaient compris qu'il s'agis-
sait d'une étape fort préliminaire dans tout le
déroulement du dossier.
Ce dossier n'aurait pas été diffusé de la sorte sur
la place publique, tout comme une étape préliminaire, dans un
dossier, n'est pas diffusée sur la place publique.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais s'il n'y avait pas
eu...
M. Lachapelle: II est arrivé, d'une façon
accidentelle, non voulu, que cette chose apparaisse, comme cela, sur la place
publique.
M. Bédard (Chicoutimi): D'autre part, s'il n'y avait pas
eu cette contestation, cette remise en question, vous n'auriez pas eu le
rapport Marsan sur les...
M. Lachapelle: Absolument pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon, vous ne l'auriez pas eu et
vous êtes bien contents de l'avoir maintenant, je pense que cela vous
aide...
M. Lachapelle: Absolument pas, le rapport Marsan...
M. Bédard (Chicoutimi): ... à l'heure actuelle,
à repenser tout le problème de la localisation, avec les autres
renseignements que vous avez eus depuis ce temps-là.
M. Lachapelle: Le rapport Marsan était déjà
commandé, au moment même où cette question est venue sur la
place publique; il était déjà en marche et le contrat
avait déjà été donné pour que l'étude
se fasse. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire que ce rapport a
été provoqué par la contestation qu'il y a eu
là-bas. C'est un mensonge éhonté que de dire cela. Il
était déjà commandé, ainsi que tout l'examen de
rentabilité qui, en fait, peut-être est la partie la plus
délicate, du moins je le suppose. Encore là, je ne veux pas
prêter des paroles ou des pensées au ministre de l'Industrie et du
Commerce. Cette question était loin, à ce moment-là,
d'être résolue; il fallait l'explorer davantage, d'une
façon complète, exhaustive. Donc, tout cela était un
état fort préliminaire, pour ne pas dire schématique
lorsqu'un hasard, qui, je pense, a été
accéléré, applaudi par certaines personnes, a voulu que
cette situation se présente sur la place publique.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, vous savez très bien
que si les cinq ou six contestataires du début n'avaient pas eu des
motifs sérieux de contester, en aucune façon le gouvernement
n'aurait même pas pensé remettre en question le site. Que ce soit
cinq ou six personnes qui aient contesté au début, ce n'est pas
cela qui est important. Qu'il y en ait 2000 ou qu'il y en ait 5000, ce qui est
important c'est de savoir jusqu'à quel point pouvaient être
sérieux les motifs qu'ils apportaient...
M. Desjardins: Sérieux et basés sur quoi?
M. Bédard (Chicoutimi): ... au niveau de leur
contestation.
M. Oesjardins: Sérieux et basés sur quoi?
M. Bédard (Chicoutimi): Et si ces cinq ou six
personnes...
M. Desjardins: Ces motifs étaient basés sur
quoi?
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne veux pas vous faire le
débat! La seule chose que je sais, c'est que vous avez remis en question
le site.
M. Lachapelle: Nous n'avons pas remis le site en question, nous
avons tout simplement prolongé l'étude, comme elle devait
être prolongée. Nous avons tout simplement complété,
franchi d'autres étapes ultérieures à cette
étude.
M. Perreault: Pas seulement sur le site, mais sur bien d'autres
aspects.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi n'est-il pas possible de
penser qu'il y aurait pu y avoir une étude sérieuse des
différents sites, une étude sérieuse qui a peut-être
eu lieu et que l'étude de ces différents sites aurait pu
être rendue publique, de manière à permettre un
débat qui soit vraiment valable?
M. Lachapelle: M. le Président,
ultérieurement...
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous l'intention...
M. Lachapelle: ... encore là, je l'ai dit et je pense que
je le répète pour la dixième fois, puisqu'il s'agit
d'un...
M. Bédard (Chicoutimi): ... du ministre Saint-Pierre.
M. Lachapelle: ... dossier du ministre de l'Industrie et du
Commerce, le comité interministériel qui travaille
déjà depuis un fort bon moment sur la question et qui
étudie tous les aspects de la question va produire un rapport, s'il ne
l'a pas déjà fait. Encore là, est-ce qu'il l'a fait ou
est-ce qu'il ne l'a pas fait, je ne le sais pas, c'est de la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est lui qui,
à la lumière de tous les éléments qui auront
été examinés, dans le cadre du comité
interministériel, pourra faire, en dernière analyse, une
proposition ultime au Conseil des ministres. Il me semble que c'est une
démarche rationnelle, responsable et devant laquelle personne ne devrait
s'alarmer ou trouver maille à partir. Bien sûr, à moins
qu'on veuille sortir un élément en exergue et qu'on veuille en
faire une montagne, comme on a voulu le faire à Saint-Augustin, pour des
fins, je le répète, purement politiques et partisanes.
M. Lacroix: Est-ce que les renseignements qui
ont été divulgués prématurément n'ont
pas nui aux études, afin que les études se poursuivent de
façon normale, sans pression? Et est-ce que ces renseignements sortis de
façon prématurée, que l'on peut qualifier de fuites de la
part d'employés déloyaux, n'auront pas pour résultat de
retarder la réalisation de ce projet et d'en augmenter
considérablement les coûts de réalisation?
M. Lachapelle: II est bien évident que, devant une
situation de cette sorte, il y a des appréhensions tout à fait
légitimes, je pense, qui se créent chez certaines personnes,
fussent-elles des gouvernements ou du secteur privé, et aussi ce n'est
pas de nature à rassurer l'opinion publique et une communauté. Je
pense que cela est beaucoup de nature à les rendre peut-être
inquiètes d'une façon tout à fait exagérée.
Ce n'est pas ce genre de processus qui, à mon sens, est à
souhaiter dans une situation qui se voulait, au départ, tellement
désireuse de procurer à la région de Québec une
assise économique diversifiée et beaucoup plus stable.
Je le répète d'ailleurs, toute cette situation a
été créée tout simplement parce qu'alors qu'un site
n'était qu'une hypothèse il est devenu une réalité,
du moins dans l'esprit de certaines personnes et particulièrement dans
l'esprit de ceux qui ont voulu profiter de la situation à cause d'un
coulage qui s'est produit.
M. Bédard (Chicoutimi): Quant aux résultats
négatifs de cette fuite qui a eu lieu, j'espère que le ministre a
fait une enquête très serrée sur les responsables de cette
fuite, qu'ils soient au gouvernement ou encore dans l'entreprise privée,
tel que nous l'a dit le ministre, que c'est une chose possible.
M. Lacroix: Demandez donc ces renseignements à
M.Taillon.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère qu'on a
trouvé les responsables et qu'on a pris les sanctions
nécessaires.
M. Lacroix: Demandez donc cela à M. Taillon, votre
candidat dans Limoilou.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Taillon n'est pas au
ministère; c'est au ministère de faire son travail.
M. Lacroix: II était au ministère autrefois, il a
sorti plusieurs dossiers, comme M. Claude Morin d'ailleurs.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Taillon est comme n'importe
quel citoyen, il a le droit de dire son opinion sur tel projet.
M. Lacroix: Mais non à partir de documents volés au
gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur des lignes ouvertes
tapées d'avance. On pourrait, si on voulait, parler de choses...
M. Lacroix: Les lignes ouvertes, écoutez Réginald
Martel le midi, vous allez voir ce que sont des lignes ouvertes tapées
d'avance. La folle à Auger de Lévis qui passe son temps à
gueuler contre tout le monde le midi; elle a la ligne tous les midis, vous
essaierez d'appeler vous.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas une contribution
valable au débat que nous faisons là, mais...
M. Lacroix: C'est aussi valable que la vôtre.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
effectivement le ministre a-t-il fait enquête pour savoir d'où
venaient ces fuites, identifier les responsables et prendre les sanctions
nécessaires? Cela venait-il de gens du gouvernement ou de
l'extérieur?
M. Lachapelle: M. le Président, quant à moi, nous
avons toutes les raisons de croire...
M. Bédard (Chicoutimi): Que ce n'est pas l'OPDQ?
M. Lachapelle: Du moins nous n'avons pasje devrais
plutôt dire au contraire d'indices à l'effet qu'une telle
chose se soit produite à l'OPDQ; qu'il s'agisse d'autres secteurs du
gouvernement, je pense que la question peut être posée au ministre
responsable en cause.
M. Bédard (Chicoutimi): D'ailleurs pour ce qu'il y avait
dans le dossier de l'OPDQ, il n'y avait pas grande fuite là-dedans.
M. Lacroix: Les gars du PQ sont comme des Indiens, ils marchent
à reculons, ils cachent leurs traces. Ils sont sauvages.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez l'air d'étudier
ces méthodes pas mal.
M. Lacroix: Je vous connais.
Projet Un fleuve, un parc
M. Bédard (Chicoutimi): J'aimerais savoir, dans certains
projets importants, par exemple au niveau du tourisme, de l'implantation de
parcs, quelle est l'implication de l'OPDQ dans le projet Un fleuve, un parc. Le
ministre pourrait-il nous donner les différentes étapes du
travail de l'OPDQ dans ce projet? Si le ministre veut faire répondre le
président de l'OPDQ...
M. Lachapelle: Ce dossier particulier, Un fleuve, un parc, c'est
un dossier qui, je pense, a été, en toute équité
à l'endroit des autres ministères en cause, largement
piloté et coordonné par l'OPDQ même.
M. Bédard (Chicoutimi): Comment?
M. Lachapelle: Par la préparation d'abord d'un
schéma d'ensemble qui prévoyait précisé-
ment des interventions possibles réparties, bien sûr, sur
un échéancier à préciser. D'ailleurs, c'est dans le
cadre de ce schéma qu'il y a eu...
M. Bédard (Chicoutimi): Des interventions précises
sur un échéancier à préciser.
M. Lachapelle: A titre d'exemple, vous avez des acquisitions qui
ont été faites par le gouvernement du Québec de certaines
îles dans le fleuve, à la hauteur de Montréal, qui font ou
faisaient partie de ce schéma provisoire. Cette consultation
interministérielle a produit en définitive le schéma ou,
du moins, va le produire incessamment. Le schéma sera prêt pour
consultation beaucoup plus définitive et confirmation comme projet
global par le gouvernement en juillet 1976.
M. Bédard (Chicoutimi): Quels sont les projets futurs
d'intervention de la part de l'OPDQ?
M. Lachapelle: Je pense que là encore il est normal, dans
ce style de travail de l'OPDQ, de procéder à une consultation
interministérielle beaucoup plus approfondie afin d'avoir la
réaction des ministères pour qu'ils confirment, infirment ou non
fassent valoir d'une façon plus complète, plus exhaustive leurs
vues sur ce que nous avons pensé être un projet qui se tient, qui
peut être valable. Mais encore là faut-il respecter les
juridictions de chaque ministère et c'est à cette fin que nous
allons en juillet soumettre ce projet de schéma.
M. Bédard (Chicoutimi): Le fédéral a-t-il
posé des gestes ou a-t-il procédé à certains achats
qui pourraient avoir pour conséquence de compliquer le projet Un fleuve,
un parc?
M. Lachapelle: A ma connaissance, il y a eu je le dis sous
toute réserves, je suis bien prêt à ce que le directeur
général me corrige si je fais erreur quelques
interventions mineures de la part du fédéral, mais pour les fins
d'établissement de réserves écologiques, en particulier
pour les oiseaux migrateurs. A notre connaissance, cela n'infirme pas
l'orientation de notre projet. Cela cadre avec les grandes lignes qui nous
semblent être celles que nous avons...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous appelez une
intervention mineure, le fait qu'Ottawa ait acheté les îles de
Contrecoeur qui faisaient partie intégrante du projet
d'accessibilité des berges du fleuve en 1975?
M. Lachapelle: Je répète qu'à notre
connaissance, ce n'est pas une intervention qui est de nature à
contrecarrer ou infirmer l'orientation du projet que nous sommes en voie
d'élaborer.
M. Bédard (Chicoutimi): Le Québec a-t-il
été consulté avant cet achat?
M. Lachapelle: Peut-être que le directeur gé-
néral pourrait jeter quelques propos là-dessus, juste pour fins
de détails techniques.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Lachapelle: Malheureusement, je n'ai pas le dossier du
schéma du couloir fluvial avec moi. Par contre, je pourrais dire combien
d'îles ont été acquises par le fédéral depuis
deux ou trois ans. Nous avions fait une analyse de ce dossier à l'office
et aucun des achats qui avaient été faits par le
fédéral nous a fait infirmer ou contredire les propositions qui
sont contenues dans le schéma, y compris celles de Contrecoeur.
M. Bédard (Chicoutimi): L'accessibilité aux berges
du fleuve?
M. Lachapelle: Ce ne sera en aucun cas diminué par
l'acquisition du fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Le Québec a-t-il
été consulté?
M. Lachapelle: A ma connaissance, il a été
consulté sur chacune des transactions faites depuis deux ou trois ans
par le fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi le Québec a-t-il
accepté cet achat par Ottawa des îles de Contrecoeur...
M. Lachapelle: Vous pourriez...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui se situent quand
même à l'intérieur de ce projet important?
M. Lachapelle: ... Je pense, pour préciser cette question,
la poser au ministre du Tourisme de la Chasse et de la Pêche qui est le
responsable au Québec de ces questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf... M. Lachapelle: M.
le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... que vous êtes l'Office
de planification du Québec et normalement vous devez être au
courant. Dans des projets aussi importants que celui-là, vous devez au
moins être au courant des actions qui sont posées par les
différents ministères et qui pourraient être de nature soit
à améliorer, soit à rendre difficile...
M. Lachapelle: D'autre part...
M. Bédard (Chicoutimi): ... la réalisation de
certains projets.
M. Lachapelle: ... M. le Président, s'il faut qu'on
commence à trouver maille à partir pour chaque action du
fédéral, aussi minime soit-elie, je pense que même
là, on tombe dans des débats sans fin et vraiment
stérile?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez dit tout à
l'heure...
M. Lachapelle: J'ai dit...
M. Bédard (Chicoutimi):... que l'OPDQ était le
promoteur initial de ce projet.
M. Lachapelle: Je l'ai dit, bien sûr. J'ai dit que ces
actions, ces interventions qui viennent de nous être confirmées
par un fonctionnaire de l'OPDQ n'étaient en aucune façon
contraires aux orientations que nous avons élaborées pour ce
grand projet.
Je pense que si ces interventions sont de nature à assurer une
protection additionnelle aux oiseaux migrateurs, à ma connaissance
encore là je ne suis pas un juriste, c'est plutôt de la
juridiction fédérale, je crois ces actions s'imposent et
cadrent simultanément avec des projets ou intentions que nous pourrions
avoir. Il me semble qu'il y a là matière à mariage fort
élégant des intérêts et des préoccupations
des différents paliers de gouvernement. Tout comme, par exemple, dans le
cadre de ce projet, il y aura des interventions municipales qui vont être
prévues.
On fait déjà affaire à un autre palier de
gouvernement qui n'est pas le gouvernement du Québec. Il y aura sans
doute des interventions, incitations ou comportements qui seront
demandés de la part du secteur privé. Encore là,
faudrait-il faire appel à un secteur différent de celui du
gouvernement du Québec. Dans cette question comme dans tant d'autres, il
y a cette nécessité de composer avec tous les intervenants. Ce
qui importe, c'est qu'il y ait un leadership pour faire établir un plan
d'ensemble. Je pense que c'est exactement...
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis renversé par le
raisonnement du ministre. Il nous dit qu'il est le promoteur initial d'un plan
d'aménagement au niveau d'un projet important. Un fleuve, un parc.
L'OPDQ est responsable de ce plan d'aménagement et au moment
où il est en train de le confectionner, le fédéral se
permet d'acheter des parties de terrain comprises dans ce schéma de
terrains à aménager. Le ministre nous dit que cela ne fait
absolument rien, comme si on était en train de planifier la construction
d'une autoroute et que, pendant qu'on la planifie et même qu'on la
construit, le fédéral arrivait et achetait des bouts de terrain
qui se situent absolument dans le tracé de cette autoroute et que le
ministre nous dirait: Ce n'est pas grave. C'est mineur comme intervention.
M. le Président, à partir du moment où on fait le
schéma d'aménagement d'un secteur bien particulier, comment
accepter qu'un autre ordre de gouvernement puisse se permettre
d'acquérir des parties de ce terrain qu'on veut aménager sans
qu'il y ait des conséquences au bout de la ligne?
M. Lachapelle: Alors, vous seriez contre le fait que les
municipalités acquièrent des terrains aussi?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non. Répondez donc sur
ce dont je vous parle.
M. Lachapelle: Vous avez dit: Un autre ordre de gouvernement. Une
municipalité, c'est un autre ordre de gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous savez bien que c'est le
fédéral. N'essayez pas de faire dévier la
conversation.
M. Lachapelle: Mais non. Je précise votre pensée.
Je cherche à préciser.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous prétendez que vous
procédez à un aménagement rationnel du territoire. Or,
vous permettez, pendant que vous faites les études, qu'un autre ordre de
gouvernement, le gouvernement fédéral, vienne acquérir une
partie de ce territoire dont vous procédez à
l'aménagement. Cela veut dire quoi, votre aménagement, au bout de
la ligne? Vous aménagez le terrain des autres?
M. Lachapelle: Dans la mesure où cela rencontre nos vues,
dans la mesure où c'est fait suivant les...
M. Bédard (Chicoutimi): Permettez-moi de finir aussi. Vous
me dites que les îles de Contrecoeur, ce n'est pas grand-chose,
même si cela a été acheté par le
fédéral. Quand même, quand on parle de
l'accessibilité des berges du fleuve, c'est important.
M. Lachapelle: Bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon. Si le fédéral,
lui, a une politique qui ne va pas avec la vôtre en termes
d'aménagement?
M. Lachapelle: Est-ce qu'il a une politique contre cela, le
gouvernement fédéral?
M. Bédard (Chicoutimi): Contre quoi?
M. Lachapelle: Contre l'accessibilité. Est-ce que le
fédéral a une politique contre cela?
M. Bédard (Chicoutimi): La question n'est pas là.
La question est qu'à partir du moment où le fédéral
a acquis le terrain, s'il décide d'en faire une réserve
plutôt que d'en faire un parc, qu'est-ce que vous avez à dire
là-dedans? Vous n'avez absolument rien à dire.
M. Lachapelle: Vous êtes tellement obsédé par
cette pensée du fédéral qui est partout, qui nuit
partout il faut qu'il soit en dehors de tout; on ne peut pas lui parler,
il n'y a aucune intervention possible que...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne suis pas
obsédé par le fédéral du tout!
M. Lachapelle: ... cela transpire dans tous vos propos.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne suis pas
obsédé par le féoéral.
M. Lachapelle: Bien, voyons donc!
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis tout simplement
insulté...
M. Lachapelle: Faites un référendum et vous allez
voir ce que j'en pense!
M. Bédard (Chicoutimi): ... rationnellement parlant, par
un raisonnement comme celui que vous venez de nous faire.
M. Lachapelle: Faites un référendum, vous allez
voir ce que j'en pense.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous nous dites: On fait un
schéma d'aménagement sur un territoire et, en même temps,
cela ne vous fait rien qu'un autre ordre de gouvernement se porte
propriétaire de ce terrain que vous voulez aménager. Voyons
donc!
M. Lachapelle: Dans la mesure où cela rencontre nos
vues!
M. Bédard (Chicoutimi): Cela veut dire quoi?
M. Lachapelle: Dans la mesure où cela rencontre nos vues
et que cela se concilie avec nos vues.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne savez pas si cela va
correspondre à vos vues. Si le fédéral décide, avec
les îles de Contrecoeur, de faire un parc plutôt qu'une
réserve, alors que, dans le fond, le Québec aimerait mieux que ce
soit une réserve, quels sont vos moyens de recours?
M. Lachapelle: On y verra à l'époque!
M. Bédard (Chicoutimi): On y verra à
l'époque!
M. Lachapelle: Bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Un peu comme la politique
portuaire. Vous faites l'élaboration d'une belle politique portuaire,
alors que 80% des ports appartiennent au fédéral.
M. Lachapelle: Nous ne sommes pas des théoriciens; nous
sommes des pragmatistes. Nous verrons à l'époque.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'êtes même pas
pragmatistes. Je trouve cela bien plus irresponsable que pragmatique. Voyons
donc. C'est loin d'être réaliste, cela.
Je ne peux pas concevoir que le ministre, sur ce point, ne nous donne
pas raison, au moins dans le sens suivant: lorsque l'OPDQ a dans l'idée
de procéder à un schéma d'aménagement d'un
territoire, qu'au moins il obtienne de son gouvernement que ce territoire soit
protégé du point de vue de l'intégrité
jusqu'à ce qu'il en ait fini de ses études sur le schéma
d'aménagement. Le ministre n'est-il pas, au moins, d'accord avec
cela?
M. Lachapelle: C'est une question? M. Bédard
(Chicoutimi): Oui.
M. Lachapelle: Je vous répète que, dans ce cas
précis qui nous intéresse, la vocation et l'utilisation
prévues pour les îles qui ont pu être acquises nous ont paru
conformes à l'orientation générale du projet que nous
étions en voie d'élaborer.
Si jamais nous avons, comme gouvernement, une politique
différente en ce qui concerne la propriété du territoire
par qui que ce soit, qu'il s'agisse d'autres ordres de gouvernement ou du
secteur privé, le comportement qui va nous inspirer non seulement
à l'OPDQ, mais ailleurs sera conforme à cette politique
globale.
Mais pour l'instant, dans le cas particulier qui nous intéresse,
les interventions étaient conformes, se conciliaient très bien
avec ce que nous voyions comme étant les paramètres, les
caractéristiques principales de ce projet d'ensemble.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous nous dites que concernant
l'achat des îles de Contrecoeur, le gouvernement a été
consulté. Est-ce que l'OPDQ a été informé de cette
consultation? Est-ce qu'il a fait des représentations auprès du
gouvernement pour que cette vente n'ait pas lieu au fédéral?
M. Lachapelle: Oui, il y a eu un travail qui a été
fait par l'OPDQ sur cette question, et dans le cas encore auquel on fait
allusion, les interventions...
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous une copie de ce
travail?
M. Lachapelle: II s'agit de travaux normaux, usuels...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, oui, on aime cela les travaux
normaux, pour voir une fois pour toutes...
M. Lachapelle: On peut bien, une fois parti, sortir tous les
dossiers...
M. Bédard (Chicoutimi): On ne vous a pas demandé
tous les dossiers, je vous en demande un en particulier.
M. Lachapelle: Si c'en est un qui a été fait par
l'OPDQ, on pourra voir s'il est possible de...
M. Bédard (Chicoutimi): ... à partir du moment
où on se réfère à un document quelconque...
M. Lachapelle: Je n'ai pas fait allusion à un document.
J'ai fait allusion à un travail, à des tra-
vaux qui ont été effectués par l'OPDQ. Je n'ai pas
fait allusion à un document précis.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors ce n'est pas
écrit.
M. Lachapelle: Je n'ai pas fait allusion à un document
précis, M. le Président, je regrette.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien voyons donc, vous voulez dire
quoi là, un travail? Des téléphones?
M. Lachapelle: Des travaux, des études qui se font, des
échanges qui se font et qui ont fait que ce cas particulier a
été jugé comme conciliant les vues que nous avions sur ce
projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Avec vos vues conciliant ce
projet. Est-ce que je dois déduire de cela que l'OPDQ ne s'est pas
opposé à ce que les îles de Contrecoeur soit acquises par
le fédéral?
M. Lachapelle: C'est exact, c'est exact.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela votre planification.
Vous n'avez pas recommandé que ce soit le Québec qui
achète, plutôt?
M. Lachapelle: L'intervention se décidait et nous avons
jugé qu'elle pouvait se faire, parce que la vocation, l'utilisation
prévue nous était satisfaisante.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle est l'utilisation
prévue? Une réserve pour les oiseaux migrateurs?
M. Lachapelle: Au meilleur de ma connaissance, c'est exact, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que vous
êtes certain.
M. Lachapelle: Ecoutez...
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, il y a eu des ventes de
terrains et cela devait être pour des fins précises qui se
cadraient avec votre projet Un fleuve, un parc.
M. Lachapelle: Je vais vérifier davantage, si vous le
désirez. Mais vous me posez la question comme cela, je pense que
oui.
M. Bédard (Chicoutimi): L'OPDQ qui était, comme
vous dites, l'innovateur de ce projet, est-ce que ce n'était pas son
intention de faire de ces îles plutôt un terrain de camping?
M. Lachapelle: Ecoutez, on ne peut pas faire de toutes les
îles un terrain de camping, quand même.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non...
M. Lachapelle: II doit y avoir un "mix", tout comme il y aura des
espaces...
M. Bédard (Chicoutimi): ...
M. Lachapelle: ... puis d'autres qui serviront à d'autres
fins, pour baignade, d'autres pour les loisirs légers ou lourds suivant
le cas. Il y a toutes sortes de fins qui...
M. Bédard (Chicoutimi): Les quoi?
M. Lachapelle: Des loisirs...
M. Bédard (Chicoutimi): ... légers ou lourds?
M. Lachapelle: ... légers ou lourds. Je suppose jouer au
badminton, c'est léger, et puis avoir un stade quelque part c'est
lourd...
M. Bédard (Chicoutimi): ... c'est lourd? M. Lachapelle:
Bien quoi...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une nouvelle notion de
loisirs.
M. Lachapelle: Possiblement. Ecoutez, encore récemment, je
voyais qu'il existe des loisirs primaires, secondaires et tertiaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela va mieux, mais les loisirs
légers, c'est...
M. Lachapelle: Un loisir tertiaire, c'est quoi?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais loisirs légers et
lourds là, c'est une bonne distinction.
M. Lachapelle: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être qu'au niveau de
l'OPDQ, il y a une étude là-dessus.
M. Lachapelle: Cela permet une définition tout à
fait personnelle que je vous offre.
Projet Ferchibal
M. Bédard (Chicoutimi): Pour voir l'implication de l'OPDQ
dans les grands projets du gouvernement on se pose toujours la question
jusqu'à quel point l'OPDQ n'est pas seulement informé, n'apprend
pas par différentes sources qu'un projet important est en train de se
dessiner ou de se réaliser, et à ce moment, pour se faire valoir,
ce qui est normal, trouve le moyen de rédiger un travail afin d'affirmer
sa présence à l'intérieur du dossier, une présence
présente j'aimerais peut-être parler d'un autre projet
où je suis convaincu que l'OPDQ, s'il n'a pas été à
l'origine de ce projet est quand même très impliqué.
Il s'agit du projet Ferchibal qui représente plusieurs centaines
de millions d'investissement
dont on nous a parlé à maintes reprises, dont on nous a
parlé lors de la dernière élection dans la région,
dont on nous parle encore de plus en plus, depuis un certain temps, avec le
ministre titulaire du ministère de l'Expansion économique
régionale, un projet dont le coût probable est d'à peu
près $1 milliard. Je vais vous donner des renseignements, cela va
peut-être vous placer dans le contexte.
Je voudrais savoir ce qu'il advient du projet Ferchibal depuis la prise
de contrôle par la Société de développement de la
baie James.
M. Lachapelle: Ce projet est piloté par le
ministère des Richesses naturelles. Nous y sommes présents, bien
sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Comment?
M. Lachapelle: Nous participons aux travaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela veut dire quoi, participer
aux travaux?
M. Lachapelle: Nous participons via un comité
interministériel qui groupe certains ministères, dont l'OPDQ. Je
ne dis pas que l'OPDQ est un ministère comme tel parce que,
juridiquement, ce n'en est pas un, mais l'OPDQ participe à...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un ministère
léger.
M. Lachapelle: Ecoutez! Vous savez fort bien, mon cher
collègue de Chicoutimi, que juridiquement ce n'est pas un
ministère, n'est-ce pas? Vous allez convenir de cela avec moi.
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin, on désirerait que
c'en devienne un.
M. Lachapelle: D'accord. Quoi qu'il en soit, l'OPDQ est donc
présent à ce comité interministériel. L'OPDQ a
favorisé et même financé une étude de
rentabilité de ce projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que l'OPDQ ou le
ministère des Transports? Je pense bien que c'est le ministère
des Transports. Vous avez participé à ...
M. Lachapelle: Oui, je pense que le député de
Chicoutimi a raison pour le ministère des Transports. Vous m'avez
corrigé et c'est parfait. Le ministère des Transports est
également partie à cette étude de rentabilité,
d'accord, et aussi à son financement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense même que le
ministère des Transports est très agissant dans ce dossier.
Quand vous parlez de participation, est-ce une participation lourde ou
légère? C'est quoi, au juste?
M. Lachapelle: Excusez-moi.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est quoi, comme participation?
C'est léger, c'est lourd?
M. Lachapelle: De?
M. Bédard (Chicoutimi): La participation de l'OPDQ
à l'intérieur du projet Ferchibal, un projet de $1 milliard.
C'est le développement, peut-être pour vous mettre dans le
contexte, de tout le moyen nord au niveau des richesses naturelles.
M. Lachapelle: D'accord. Présence et membre d'office du
comité directeur du projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme vous êtes bien
impliqués, d'après ce que je peux voir, qu'est-ce qu'il advient
du projet?
M. Lachapelle: A l'heure actuelle, c'est l'étude sur la
localisation d'un chemin de fer ou du chemin de fer projeté qui semble
être l'élément ou l'ossature principale de ce projet
puisqu'il s'agit, dans une large mesure, d'acheminer le minerai ou les
matériaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Où en est-elle rendue,
cette étude?
M. Lachapelle: Précisément, je ne sais pas. Je ne
pourrais pas vous dire ce que ce sera puisqu'il s'agit, encore là, d'une
question qui regarde l'étude sur le chemin de fer lui-même du
ministère des Transports.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pourrais peut-être
informer le ministre que, normalement, elle devrait être
déposée à la fin de juin.
M. Lachapelle: Si vous avez posé la question au ministre
des Transports, c'est possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Etant donné que vous
êtes bien impliqué dans le dossier...
M. Lachapelle: Quand même, c'est une responsabilité
comme je l'ai signalé tout à l'heure, cette dimension
particulière de Ferchibal du ministère des Transports.
Encore là, c'est bien sûr que ce n'est pas à moi de me
porter garant des actions du ministère des Transports, mais bien le
ministre des Transports.
M. Bédard (Chicoutimi): En fait, qui anime le projet?
M. Lachapelle: Présentement, puisqu'il s'agit
principalement de ce projet de chemin de fer, c'est le ministère des
Transports qui est le maître d'oeuvre de cet élément.
M. Bédard (Chicoutimi): De cette partie de l'étude
de faisabilité au niveau de la localisation d'une voie
ferrée?
M. Lachapelle: C'est exact. Cette étude, me dit-on, devait
être déposée ce printemps, en avril,
mais elle n'est pas encore disponible, cependant. Donc, elle devrait
être accessible...
M. Bédard (Chicoutimi): Normalement, ce devrait être
à la fin de juin, selon les renseignements que nous avons eus du
ministère des Transports.
Etant donné la participation au comité
interministériel de l'OPDQ, est-ce que le ministre est au moins en
mesure de nous dire quels sont les échéanciers qui sont
fixés concernant ce projet? Une évaluation des coûts.
M. Lachapelle: Le deuxième bloc important dans ce projet
en est un qui est stimulé ou provoqué par SOQUEM et qui se veut
une intention de faire une étude de faisabilité beaucoup plus
exhaustive sur le potentiel minéralogique, minéral. Dans ce cas
particulier, c'est le ministère des Richesses naturelles qui pilote ce
travail.
Tout cela, bien sûr, rejoint ultérieurement, non seulement
ultérieurement, mais simultanément, ou parallèlement, ce
comité directeur où l'OPDQ est présent.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que l'OPDQ va
surveiller pour que le fédéral ne s'approprie pas le terrain,
avant qu'on finisse les études sur la rentabilité de ce projet.
On peut compter là-dessus?
M. Lachapelle: C'est une dimension, parmi tant d'autres, qui est
examinée.
M. Bédard (Chicoutimi): Les oiseaux migrateurs, cela peut
être important.
M. Lachapelle: Je ne sais pas s'il y en a par là. M.
Bédard (Chicoutimi): Je ne le crois pas.
M. Lachapelle: Vous connaissez la région mieux que
moi.
M. Bédard (Chicoutimi): On a eu l'occasion, disons, au
niveau de trois projets bien précis, soit l'aluminerie, le projet Un
fleuve, un parc ou le projet Ferchibal de tirer la conclusion que si l'OPDQ, de
par les réponses du ministre... Ecoutez je ne sais pas si le ministre me
cache des choses; je crois que non, il me dit tout ce qu'il sait.
M. Lachapelle: Tout ce que je sais du mieux que je peux.
M. Bédard (Chicoutimi): ... Alors, tout ce qu'il m'a dit
ne peut faire autrement que de m'amener à la conclusion que c'est
vraiment une participation légère de la part de l'OPDQ à
l'intérieur de chacun de ces projets. J'aimerais que le ministre...
M. Lachapelle: C'est une question de conception. C'est une
question de conception.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aimerais que le ministre me
donne un exemple précis où l'OPDQ a réussi à
déterminer, par exemple, la localisation d'un projet d'un
ministère un projet important.
M. Lachapelle: C'est au ministère sectoriel à le
faire, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Même au niveau de la
localisation d'un projet lorsqu'il y a lieu à analyse, est-ce que...
M. Lachapelle: Pour la localisation d'une école, d'un
hôpital, d'une route, est-ce que nous allons nous substituer au
ministère sectoriel? Là-dessus, je dois dire que dans les propos
souvent un peu trop emballés de son collègue de Saguenay, il y a
certaines dimensions que j'ai trouvées particulièrement
intéressantes, lorsqu'il disait qu'il voyait l'OPDQ comme étant
un organisme de concertation, qui ne voulait pas imposer ses vues au
ministère, respectait les juridictions, les ministères
sectoriels, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela n'infirme pas ce que je vous
dis.
M. Lachapelle: ... c'est exactement ce qui se déroule.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est qu'à partir du moment
où l'OPDQ, dès le début de quelque projet que ce soit,
sera véritablement impliqué dans le projet, aura la chance de
faire les études nécessaires et aura les crédits
nécessaires pour faire les études qui s'imposent, non pas en
imposant, mais parce qu'il aura une connaissance véritable du sujet qui
sera discuté, bien, il sera en mesure de faire valoir non pas
d'imposer, mais de faire valoir ses points de vue.
M. Lachapelle: C'est exactement ce qui se déroule. C'est
cela que...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas l'exemple que vous
m'avez donné dans les trois projets dont je viens de parler.
M. Lachapelle: C'est ce que j'ai beaucoup de difficulté
à comprendre la position du député de Chicoutimi, parce
que, écoutez...
M. Bédard (Chicoutimi): Je parle de Ferchibal; c'est comme
si je vous parlais d'un projet dont vous n'êtes pas au courant.
M. Lachapelle: Est-ce qu'on veut que l'OPDQ soit un
superministère? Est-ce que l'on veut que l'OPDQ fasse de la
planification qui va avoir autant d'envergure que celle que fait chacun des
ministères sectoriels? C'est cela, la conception réelle? Ou bien
est-ce que ce n'est pas plutôt de voir dans l'OPDQ un organisme de
concertation, une plaque tournante, l'OPDQ étant présent dans
tous ces grands dossiers, apportant cet éclairage intersectoriel,
horizontal? C'est ce qu'on fait. C'est exactement ce qu'on fait.
M. Bédard (Chicoutimi): Une des grandes
responsabilités de l'OPDQ c'est l'aménagement du territoire. Or
dans les trois cas dont je viens de
vous parler, l'OPDQ n'a pas répondu à ses
responsabilités à mon sens.
M. Lachapelle: Ecoutez, M. le Président,
l'aménagement du territoire, si on conçoit...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, au moins, vous en avez la
responsabilité.
M. Lachapelle: ... par exemple le projet Un fleuve, un parc
exclusivement dans l'optique des relations
fédérales-provinciales, comme le fait le député de
Chicoutimi, c'est une tout autre considération, à mon sens, que
la stricte composante de l'aménagement du territoire.
M. Bédard (Chicoutimi): Un exemple à
l'intérieur de tout le reste que je vous ai donné.
M. Lachapelle: Quand on parle d'un projet industriel, qu'il
s'agisse d'aluminerie, qu'il s'agisse de Donohue à Saint-Félicien
ou d'autres, l'aménagement du territoire est une composante parmi tant
d'autres. Je pense qu'une société qui se veut bien
équilibrée prend, d'une part, la rentabilité
économique, la rentabilité sociale, les questions
d'aménagement du territoire, les questions d'environnement, les
questions de préservation du milieu et fait un équilibre, le plus
harmonieux possible, entre toutes ces considérations. Il
m'apparaît que nous allons littéralement faire fausse route si
l'on veut, pour quelque projet que ce soit, ne prendre qu'un seul
paramètre, que ce soit la rentabilité économique, la
rentabilité sociale, la rentabilité quant à l'utilisation
des sols. Je ne pense pas qu'on puisse se permettre, comme
société, d'être aussi circonscrit, pour ne pas dire obtus,
pour décider d'un projet ou de l'orientation de l'usage de nos
ressources, quelles que soient ces ressources.
Donc, c'est un ensemble qu'il nous faut considérer.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un ensemble, mais vous avez
une responsabilité, quand même, primordiale qui est celle de
l'aménagement du territoire. Vous en convenez avec moi?
M. Lachapelle: Entre autres, mais ce n'est pas la seule.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans les cas dont on vient de
parler.
M. Lachapelle: Ce n'est pas la seule. Quant à cela, on
peut dire que le ministère des Affaires municipales aussi a une
responsabilité très précise en matière
d'aménagement du territoire.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais c'est vous qui avez la
planification dans cela!
M. Lachapelle: Le ministère des Transports a une
responsabilité très précise en matière
d'aménagement du territoire. Par exemple, est-ce que
IOPDQ va décider de l'aménagement du territoire municipal?
Encore là, je me réfère toujours aux propos du
collègue de notre ami de Chicoutimi, qui voit, tout comme moi
d'ailleurs, cette concertation qui est exercée par l'OPDQ, tout en
respectant les juridictions sectorielles qui existent.
Nouvelle orientation de l'OPDQ
M. Bédard (Chicoutimi): On aura l'occasion de revenir sur
ce sujet. Il y a eu, à la tête du conseil de l'OPDQ, des
changements quand même assez importants; on en a parlé. Un
article, publié dans le Soleil du 14 juin 1976, faisait état des
profondes modifications qui seront apportées à l'OPDQ et ce,
suite à un entretien avec le ministre, M. Gérard-D. Levesque. Je
cite cet article de journal: "Selon ce remaniement, la corporation de l'OPDQ ne
sera plus composée des hauts dirigeants de I'organisme et de personnages
influents du gouvernement, tels que le secrétaire du Conseil du
trésor, M. Jean-Claude Lebel, et de sous-ministres. De plus, le
personnel de l'OPDQ sera considérablement diminué, passant de 250
à environ 50 personnes. Demeurent en poste les employés les plus
spécialisés; les autres seront mutés dans les
différents ministères et organismes gouvernementaux".
Le ministre est-il en mesure de commenter ces deux aspects de
changements ou de modifications profondes apportés à l'OPDQ?
M. Lachapelle: M. le Président, d'une part, qu'il y ait
à l'OPDQ des gens tels que le secrétaire du Conseil du
trésor, le sous-ministre des Affaires municipales, le sous-ministre des
Finances, un secrétaire général adjoint en la personne de
André Saulnier, le directeur général par intérim,
qui constituent la corporation, ce n'est pas une nouvelle. Cela a
été dit publiquement déjà, il y a quelques mois.
D'ailleurs, je l'ai signalé, je pense, sinon à une réunion
précédente, du moins à l'autre, ceci a été
fait dans un but bien précis. C'est de rafraîchir, si
nécessaire, les orientations de l'OPDQ et peut-être davantage de
confirmer l'insertion de l'OPDQ dans le processus décisionnel du
gouvernement. Cela, a été dit; je pense bien que M. Levesque
lui-même, le ministre responsable de l'OPDQ, l'a
déclaré.
Alors, ce n'est donc pas une nouvelle ce que nous apprend ou ce que veut
nous apprendre le député de Chicoutimi, en se servant d'une
coupure d'un journal.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne veux pas vous apprendre une
nouvelle; je vous ai dit avant que c'était dans un journal et je vous
demande de le commenter. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Il n'y a
pas besoin de planifier pour répondre.
M. Lachapelle: D'une part, cette corporation a été
formée de ces personnes, parce qu'elles nous semblaient être des
gens clés, dans l'appareil administratif gouvernemental.
Encore là, cela reflète, je pense bien, notre désir
de voir, à l'OPDQ, s'exercer une concertation
interministérielle importante, d'où ces intrants divers et
aussi diversifiés. Je le répète, c'est pour faire en sorte
qu'on puisse inscrire davantage l'OPDQ dans le processus de décision du
gouvernement. Ce qui est ajouté, du moins les propos que rapporte le
député de Chicoutimi, les diminutions de quelques...
M. Bédard (Chicoutimi): La diminution des effectifs.
M. Lachapelle: ...conclusions possibles auxquelles cet article a
pu arriver, pour l'instant, M. le Président, ce sont autant de
conjonctures.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais j'imagine, M. le
Président, que s'il y a une place que l'OPDQ doit planifier c'est au
moins à l'intérieur de son ministère.
M. Lachapelle: C'est juste.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je veux savoir c'est si le
ministre prévoit une diminution des effectifs au niveau de l'OPDQ?
M. Lachapelle: Quand ce groupe aura soumis son rapport que je
n'ai pas vu, je n'ai pas vu le rapport...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand doit-il le soumettre?
M. Lachapelle: Je pense qu'il est terminé; à ma
connaissance le groupe s'est rencontré la semaine dernière,
encore faut-il, bien sûr, que ce soit discuté au niveau
ministériel. Pour ma part, je calcule que ce document, quel que soit le
document en cause que je n'ai pas vu, est un document de travail qui
nécessite un examen au niveau ministériel, chose qui n'a pas
été faite du tout encore.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais le ministre prévoit-il
des diminutions d'effectifs?
M. Lachapelle: Ce sont des hypothèses qu'évoque le
député de Chicoutimi, mais je n'ai aucune conclusion a priori.
D'ailleurs, dans le mandat qui a été confié à ce
groupe qui en est un justement de réexamen, il a été
clairement dit qu'aucune option ne doit être rejetée a priori.
Donc, doivent-ils être 50, 200, 500? J'attends de voir ce travail et en
accord ou en concertation avec le ministre responsable de l'OPDQ et d'autres
et, ultérieurement, le Conseil des ministres, nous allons voir quelles
sont les orientations qui doivent être arrêtées. Mais pour
l'instant, j'avoue bien candidement, parce que c'est la vérité,
que je n'ai pas vu le rapport.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le même article que je
mentionnais tout à l'heure, on parlait de la possibilité qu'au
lieu de relever d'un ministre, l'OPDQ relèverait directement du Conseil
du tré- sor ou du Conseil exécutif. Ceci cadre-t-il avec la
manière de penser du ministre?
M. Lachapelle: Encore là, M. le Président,
j'aimerais...
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir, si vous me
permettez...
M. Lachapelle: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Par contre, il était
question aussi que toutes les ententes sectorielles ou autres entre le
gouvernement d'Ottawa et de Québec relèvent à l'avenir du
ministère des Affaires gouvernementales; que pense le ministre à
ce sujet?
M. Lachapelle: Je répète, M. le Président,
que, pour l'instant, ce qui est rapporté, ce sont autant
d'hypothèses parmi peut-être 350 autres. Je ne suis pas du tout au
courant que le rapport soit présenté...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a-t-il une
pensée personnelle là-dessus?
M. Lachapelle: Je vous l'ai dit, nous avons mandaté ce
groupe pour nous préparer un travail. C'était clairement dit dans
le mandat qu'aucune option a priori n'est rejetée et, inversement,
qu'aucune option a priori n'est acceptée; j'attends de voir ce travail
avant de pouvoir me faire une tête là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): Ne serait-ce que pour rassurer
tous ceux qui l'entourent à l'heure actuelle, le ministre ne veut pas
émettre d'opinion personnelle...
M. Lachapelle: Je vous l'ai dit que nous voulons...
M. Bédard (Chicoutimi): ...cette tendance ou encore ces
hypothèses qui sont soulevées et qui changeraient les...
M. Lachapelle: Je répète, M. le Président,
d'ailleurs là-dessus...
M. Bédard (Chicoutimi): ...fondements de l'OPDQ?
M. Lachapelle: .-.je ne me suis pas caché pour le dire
ailleurs et je peux le faire ici, que s'il n'existait pas d'OPDQ au
gouvernement du Québec, quelle que soit l'envergure et l'autorité
de cette boîte, on voudrait en créer un. Il nous en faudrait un.
Il y a quelque chose qui doit exister qui s'appelle comme cela et qui doit
fonctionner.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, qui doit fonctionner.
M. Lachapelle: Maintenant, si nous pouvons
trouver des moyens parce que c'était quand même
notre volonté, au départ, quand ce groupe a été
mandaté pour faire le travail si nous pouvons trouver des moyens
pour l'inscrire davantage dans le processus de décision du gouvernement,
je pense bien que le député de Chicoutimi sera le premier
à applaudir une telle initiative.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-il exact qu'un projet de loi
devrait être présenté sous peu qui aurait pour effet de
faire passer au ministère des Affaires municipales l'aménagement
du territoire, ce qui voudra dire qu'il ne resterait à l'OPDQ que la
préparation des schémas d'aménagement?
M. Lachapelle: Pour l'instant, je le répète, tout
cela découlera des décisions ministérielles qui seront
prises à l'égard du rapport. Un instant, je vais terminer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous en prie.
M. Lachapelle: Je considère cette affirmation ou
allégation nouvelle comme étant une hypothèse qui, pour le
moins, est fantaisiste à ce moment.
M. Bédard (Chicoutimi): Si j'interprète bien le
ministre, il n'y aura pas de telle loi d'ici la fin de la session.
M. Lachapelle: Je dis tout simplement que je ne peux pas...
M. Bédard (Chicoutimi): On est à quinze jours de la
fin de la session.
M. Lachapelle: Je ne peux pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas encore eu le
rapport. Il doit y avoir une décision du Conseil des ministres. Est-ce
que vous pensez que c'est normal pour quelqu'un de responsable, à quinze
jours peut-être d'une fin de session, de ne pas être en mesure de
nous dire jusqu'à quel point peuvent être véridiques des
dires de telle importance pour l'OPDQ?
M. Lachapelle: Si on parle d'un projet de loi qui doit
découler...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, c'est que
cela ne vient pas de n'importe qui. Je tiens à vous dire que ces
révélations ont été faites par le directeur
général des Conseils régionaux de développements
associés du Québec, le CRDAQ, M. Roger Alain...
M. Lachapelle: Ecoutez...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui semble avoir rompu un
silence...
M. Lachapelle: Avec tout le respect que j'ai pour cette personne,
je connais de meilleures sources de référence. Quoi qu'il en
soit, s'il devait...
M. Bédard (Chicoutimi): Encore là...
M. Lachapelle: Permettez, M. le Président, s'il vous
plaît! est-ce que je peux répondre?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, allez-y.
M. Lachapelle: Si on fait allusion à un projet de loi qui
découlerait de ce rapport qui, je le suppose, va nous être soumis
incessamment, je pense que le député de Chicoutimi a
lui-même répondu à sa question en disant: II reste combien
de temps avant que nous ajournions pour l'été? C'est physiquement
impossible, n'est-ce pas?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je n'ai pas répondu.
Ce que je vous dis, c'est que c'est impensable que le ministre responsable de
l'OPDQ ne puisse pas me dire, à quinze jours près d'une fin de
session, s'il y aura ou non un projet de loi qui aurait pour effet de changer
radicalement les fonctions de l'OPDQ.
M. Lachapelle: Je vous le répète, M. le
Président. Je n'ai même pas vu le rapport. Comment voulez-vous que
nous prenions des décisions? Ce rapport n'est même pas entre
d'autres mains encore, je ne l'ai pas vu. Donnez-nous au moins...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous laissez quand même
planer la possibilité qu'un projet de loi soit présenté
dans ce sens d'ici la fin de la session.
M. Lachapelle: Ecoutez, on mêle vraiment les choses,
puisque tout le contexte de cet article...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne dites pas non, donc vous
me dites oui.
M. Lachapelle: ... est qu'il y aurait un projet de loi qui
découlerait de ce rapport. Je vous dis que ce rapport n'a même pas
été examiné au niveau ministériel. Je ne l'ai
même pas vu, je ne l'ai même pas lu. Je ne l'ai pas entre les
mains, à l'heure qu'il est. Comment puis-je vous dire qu'il va y avoir
ou qu'il n'y aura pas de projet de loi qui va découler de cela? C'est
l'évidence même. Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, il me
faut au moins lire le rapport, l'examiner, le discuter avec mes
collègues. Si, par exemple, on parle d'un projet de loi que pourrait
envisager le ministre des Affaires municipales en matière
d'aménagement du territoire, c'est tout à fait distinct. Il ne
faudrait pas mélanger les choses.
M. Bédard (Chicoutimi): On verra d'ici la fin de la
session.
M. Lachapelle: M. le Président, ce qui a été
dit n'est qu'à l'état de conjecture pour l'instant. Au meilleur
de ma connaissance, le ministre n'a pas le rapport, ou, pour le moins, n'en a
pas pris connaissance encore. Moi, je ne l'ai pas, donc je n'en ai pas pris
connaissance. Comment voulez-vous que je puisse...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une grande hypothèse,
comme l'OPDQ. Le journal La Presse a publié, en date du 20 mars 1976, un
résumé du dernier rapport du Conseil de planification et de
développement du Québec. Pour l'intelligence de la discussion, je
me permettrais de citer des extraits de ce texte au ministre, entre autres.
L'organisme souligne notamment le manque de politique industrielle. Pour ce qui
est de la politique industrielle, le document souligne que, "malgré la
publication des rapports Descoteaux et Tetley et du rapport du Conseil
économique du Canada sur la politique commerciale, la création de
la SDI, des SODEQ et l'émergence de multiples entreprises
gouvernementales, aucune politique industrielle véritable ne semble
exister au niveau Québécois." L'article poursuit en ce sens: "Le
pragmatisme, la recherche de solutions à court terme, l'absence
d'objectifs et surtout de politiques à long terme ont été
la marque de commerce dans ce secteur depuis toujours.
Selon le conseil, certaines orientations devraient être prises
dans une future politique industrielle concernant le régime fiscal, les
barrières tarifaires, l'investissement étranger, l'aide à
l'entreprise, le financement des entreprises, la recherche et le
développement, le rôle respectif des divers types d'entreprises
publiques, privées, mixtes ou coopératives".
Dans un dernier temps, le journal La Presse, qui publie le
résumé de ce rapport du Conseil de planification, ajoute ceci:
"Quant à l'habitation, l'organisme déplore l'absence de politique
devant la présente pénurie de logement et la
nécessité pour le gouvernement de faire certains choix à
long terme concernant le développement de l'industrie de la
construction, le type de logement souhaitable, maisons unifamiliales ou
immeubles à loyer, l'accessibilité à la
propriété et le développement urbain ".
Enfin, en ce qui concerne le problème énergétique,
le conseil est sévère en s'exprimant ainsi: "La crise
énergétique de 1973 a permis de constater l'absence de politique
énergétique au Québec. Le conseil déplore aussi
l'absence d'objectifs qui porteraient sur l'aspect offre, soit les
investissements à réaliser, les formes d'énergie à
privilégier, les types d'entreprises à mettre sur pied, le
degré de dépendance extérieure acceptable, l'insertion
dans le cadre d'une politique canadienne de l'énergie, et
également sur l'aspect demande, notamment les coûts à
imposer à la consommation domestique et industrielle et les ventes
à l'étranger".
Devant ce rapport, devant ce genre de critiques qui dénotent
l'absence de politique dans tous les secteurs importants, industriels, le
domaine de l'habitation, le domaine énergétique, je pense qu'il
faut se demander ce que devient l'OPDQ, mis à part le fait de croire
qu'il se fait de la planification au Québec. Quel est le rôle de
l'OPDQ à l'intérieur de ces grands dossiers, à savoir
l'élaboration d'une véritable politique industrielle,
l'élaboration d'une véritable politique du logement, de
l'habitation au Québec? Tout le monde sait qu'elle n'existe pas. La
même chose du point de vue énergétique. Quel est le
rôle de l'OPDQ? Que se propose l'OPDQ?
M. Lachapelle: II s'agit, M. le Président, de politiques
qui sont éminemment sectorielles. Encore là, est-ce qu'on
voudrait qu'on...
M. Bédard (Chicoutimi): Sectorielles avec des effets
globaux...
M. Lachapelle: ...mêle les choux et les raves?
M. Bédard (Chicoutimi): ...sur l'ensemble du territoire
québécois!
M. Lachapelle: Est-ce qu'on voudrait que l'OPDQ commence à
développer une politique de l'habitation? Est-ce qu'on voudrait que
l'OPDQ pilote et élabore une politique énergétique? Il
s'agit de politiques sectorielles. Dans notre économie gouvernementale
de responsabilité ministérielle, ce sont des
responsabilités qui appartiennent aux ministères en cause.
Le CPDQ, c'est un organisme qui se veut critique et, je pense, d'une
façon légitime. Il joue bien son rôle. Il se veut lui aussi
agent provocateur. Mais il touche aussi d'une façon plus directe et plus
précise particulièrement si on retient les propos qui
viennent d'être exprimés des politiques qui sont
prioritairement, éminemment sectorielles. C'est dans cet esprit que nous
envisageons les avis tels que ceux qui viennent de nous être
décrits qui nous viennent du CPDQ. Il appartient aux ministères
en cause de provoquer la mise en route de ces choses en supposant que le
ministère en cause juge que ces choses ne sont pas suffisamment
élaborées.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre s'en tire toutes les
fois en disant que tout est sectoriel alors qu'il sait très bien que ce
n'est pas le cas.
M. Lachapelle: ...une politique sectorielle.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne peux pas comprendre que le
ministre censément responsable de l'OPDQ...
M. Lachapelle: Une politique de l'habitation, c'est
sectoriel.
M. Bédard (Chicoutimi): ...nous fasse un raisonnement
comme cela. Il semble d'un calme vraiment surprenant, olympien, oui...
M. Lachapelle: Merci!
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je le remercie!
M. Lachapelle: Cela vient de votre "coach"!
M. Bédard (Chicoutimi): Comme vos "coaches". J'en ai un
par rapport à tous ceux que vous avez! Je pense que vous auriez avantage
à les écouter plus, par exemple.
Je ne peux pas comprendre l'attitude du mi-
nistre qui, face à une critique aussi sévère du
CPDQ, dit carrément qu'il n'y a pas de politique industrielle au
Québec, qu'il n'y a pas de politique énergétique, qu'il
n'y a pas de politique d'habitation. Devant cela, l'OPDQ n'est pas plus
énervé que cela, ne semble pas vouloir assumer de
responsabilités puisqu'il semble qu'il y ait des secteurs qui ne les
assument pas.
M. Lachapelle: Ce sont, je le répète, M. le
Président, des politiques éminemment sectorielles.
M. Bédard (Chicoutimi): L'habitation, c'est sectoriel?
M. Lachapelle: Bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Citez-moi quelque chose qui n'est
pas sectoriel. Pouvez-vous me donner quelque chose qui n'est pas sectoriel?
M. Lachapelle: Des projets intégrés, ce n'est pas
sectoriel. C'est bien évident. Quand on parle, par exemple, des
schémas régionaux de développement, cela est
multisectoriel. Cela coupe à travers tous les ministères. Cela a
besoin d'intégration, de cohérence. Cela, c'est quelque chose qui
s'approche beaucoup plus de ce qui relève essentiellement de l'OPDQ.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est quelque chose sur quoi on
peut vaser bien longtemps sans jamais savoir si un ministère de l'OPDQ a
fait quelque chose ou n'a rien fait.
M. Lachapelle: Vous voudriez encore là, vous
répétez la même attitude que vous avez déjà
adoptée par le passé que l'OPDQ soit ce
superministère qui va dicter à tout le monde quoi faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, pas cela, mais que l'OPDQ
soit, je pense, au moins sensibilisé au fait qu'il n'y a pas de
politique industrielle, qu'il n'y a pas de politique énergétique,
qu'il n'y a pas de politique d'habitation, puis que, devant cette absence,
l'OPDQ prenne certaines responsabilités, qu'il soit, au moins, un moteur
pour décider ces secteurs à en élaborer une politique
globale. Qu'est-ce que vous faites pour les inciter à élaborer
une politique?
M. Lachapelle: Quand il y a une décision gouvernementale
pour élaborer quelque politique que ce soit, surtout dans les secteurs
qui concernent plus directement l'OPDQ, l'OPDQ est présent, participe et
stimule. Mais, quand il s'agit de politiques qui sont éminemment
sectorielles, je persiste à croire que notre système de
responsabilité ministérielle veut qu'il appartienne au
ministère sectoriel de prendre l'initiative lui-même.
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, le ministre se lave
les mains de tous les reproches qu'a pu formuler le CPDQ.
M. Lachapelle: Je dis simplement que, dans notre système
de gouvernement et de la façon dont nous avons conçu le
rôle de l'office comme n'étant pas un superministère, mais
un agent de concertation et de cohérence interministérielle,
c'est au ministère qu'il appartient l'initiative de mettre ces choses en
branle.
Schémas d'aménagement et de
développements régionaux
M. Bédard (Chicoutimi): L'an dernier, aux crédits
le ministre avait formellement déclaré qu'un certain nombre de
schémas régionaux, puisqu'on vient d'en parler, allaient
être prêts.
M. Lachapelle: Cette année? M. Bédard
(Chicoutimi): Oui.
M. Lachapelle: Là-dessus, je reconnais que notre
échéancier est en retard.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me permettez. Entre autres,
M. Levesque avait dit ceci: "Pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
la région du Nord-Ouest du Québec, c'est-à-dire de
l'Abitibi et du Témiscamingue, la région de la Côte-Nord,
région de Trois-Rivières, la région de Sherbrooke, la
région de l'Est du Québec, toutes ces régions, pour mars
1976, on prévoit pouvoir systématiquement déposer, dans un
premier temps, d'abord au palier administratif, au palier d'une discussion au
palier des ministres, ensuite au palier, une fois ces documents analysés
et discutés, des conseils économiques régionaux, un
document qui sera la problématique de développement de ces
régions. Ensuite, si les gens sont d'accord..." J'ajoute ceci: "C'est
une date sérieuse que vous me dites? " M. Levesque de répondre:
"Oui, forcément". Alors, qu'est-ce qu'il en est de la préparation
de ces schémas régionaux?
M. Lachapelle: M. le Président, je pense qu'on doit
reconnaître qu'il y a eu retard. C'est bien évident. Si, à
l'époque, on parlait de mars 1976, on est rendu en juin et les
schémas n'ont pas été diffusés encore. Nous en
avons un premier au niveau du diagnostic et des options, celui de
l'Outaouais.
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau du diagnostic et des
options?
M. Lachapelle: Bien, l'inventaire du potentiel de la
région et des options possibles de développement. Cela est
déjà diffusé. D'ailleurs, quant aux autres régions,
l'inventaire et l'analyse par secteurs, c'est terminé à peu
près dans la mesure de 80%.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela progresse.
M. Lachapelle: Cela progresse au même rythme à peu
près partout, cela progresse de front, tous ensemble.
M. Bédard (Chicoutimi): A quelle date tous ces
schémas seront-ils prêts, si cela progresse au même
rythme?
M. Lachapelle: La problématique pour chaque région
sera disponible à l'automne 1976. Et pour les options de
développement et d'aménagement, notre échéance est
maintenant reportée au printemps de 1977.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'est-ce qui a retardé?
Est-ce le manque de crédit ou d'autres éléments?
M. Lachapelle: Pour la question des schémas
régionaux, je pense qu'il est important de donner ici un certain nombre
de détails sur les modes de fonctionnement et de publication qui sont
prévus au cours de l'année 1976/77. Je pense qu'il faut
comprendre ici le mode de fonctionnement de l'élaboration des
schémas régionaux. C'est au mois de juin 1975 qu'a
été approuvée, par le comité
interministériel d'aménagement du territoire de même que
par le groupe ministériel des affaires économiques et du
développement régional, la méthodologie
d'élaboration des schémas.
La méthodologie, si on me permet de l'expliquer un peu, consiste
à regrouper l'ensemble des ministères impliqués dans
l'inventaire et l'analyse. Je pense qu'il y a 21 secteurs qui sont
touchés dans l'inventaire, l'analyse et également dans les autres
étapes subséquentes telles que la problématique. Pour n'en
nommer que quelques-uns, il y a l'industrie de transformation, l'eau, au
domaine de la qualité comme au domaine de la quantité,
l'agriculture, les forêts, le tourisme, la récréation et
les loisirs, les revenus, les mines, l'énergie, l'habitation, le milieu
rural, la population, c'est-à-dire les projections de population. On a
entrepris un travail, à l'office, qui est la régionalisation
statistique, c'est-à-dire régionaliser tout ce qui était
régionalisable en termes de statistiques. Il y a une publication qui va
sortir d'ici deux mois, qui va comprendre quatre cahiers, environ 500 à
600 tableaux.
Il y a aussi l'altération du milieu, c'est-à-dire la
protection de l'environnement, les ressources humaines, le tertiaire public, le
tertiaire privé, etc. L'inventaire de l'ensemble de ces secteurs s'est
fait par les ministères sous l'impulsion de l'office. L'inventaire se
fait à partir d'un devis qu'on a préparé à l'office
et qu'on a soumis aux ministères pour leur approbation. Le devis, en
somme, contient la table des matières ou la liste de l'ensemble des
informations qu'il faut recueillir pour la phase d'inventaire et d'analyse.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'inventaire et l'analyse sont
terminés dans une proportion de 80%.
A l'heure actuelle, un certain nombre de ministères ont
commencé la deuxième phase, à savoir la
problématique ou, si l'on veut, le diagnostic qui est l'examen des
tendances de chacune des régions, l'examen, également, des lignes
de force qu'on peut retrouver, des potentiels sur lesquels on peut miser pour
le développement de ces régions. La part de la
problématique sera terminée à l'automne 1976. Par la
suite, sera entreprise la troisième phase qui est celle des options de
développement et d'aménagement.
On comprendra que c'est assez difficile d'établir
précisément un échéancier. M. le ministre Le-vesque
en avait indiqué, l'année passée, mais puisqu'il y a
environ 21 secteurs qui sont menés de front, on comprendra qu'on est un
peu à la remorque, en fait, des productions des ministères dans
ce domaine. C'est pour cela que l'échéance a dû être
reculée à deux reprises.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque vous êtes en retard,
puisque des retards se sont accumulés et qu'il reste beaucoup de travail
à faire, comment se fait-il que les crédits qui étaient
prévus au niveau des travaux de planification, qui étaient de $2
millions l'an passé, ont été réduits à $1,5
million? Est-ce que ceci cadre avec les nécessités que vous
rencontrez?
M. Lachapelle: Le budget des travaux de planification, qui
était de $2 millions l'an dernier et qui est de $1,5 million cette
année, permet, d'une part, de rémunérer le personnel
occasionnel que l'on doit engager pour la poursuite de ces travaux à
l'office, poursuite des travaux, d'une part, de coordination et, d'autre part,
de production interne à l'organisme. D'un autre côté, cela
permet aussi de donner à des consultants des contrats pour mener
à bien certaines études spécifiques, telle l'étude
de prospectives, par exemple.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le cahier de
statistiques, vous nous dites que ce sera disponible très prochainement
cela?
M. Lachapelle: Dans environ deux mois. C'est déjà
à l'impression et ce cahier sera distribué largement, dès
que ce sera publié.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la compilation est
faite pour l'ensemble des régions du Québec?
M. Lachapelle: Pour l'ensemble des régions et chaque
statistique est donnée, d'une part, pour l'ensemble du Québec et
d'autre part, pour chacune des régions administratives. Cela n'a pas
toujours été possible de les donner sur une base de région
administrative. Il a parfois fallu, et je pense que c'est la majorité
des cas, procéder sur unebase que l'on appelle, nous,
région de recensement, c'est-à-dire l'addition de divisions de
recensement. Les régions de recensement doivent correspondre grosso
modo, à 96% près, aux limites des régions
administratives.
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau du comité
interministériel, est-ce que tous les ministères participent avec
la même intensité?
M. Lachapelle: L'intensité, M. le Président, varie
d'un ministère à l'autre; en fait les ressources disponibles dans
chacun des ministères varient d'un ministère à l'autre. Il
faut comprendre qu'en
juin 1975 on a commencé l'opération pour l'ensemble des
régions; l'office est ni plus ni moins arrivé comme un cheveu sur
la soupe, avec des commandes parmi les ministères. Ils n'étaient
pas tous préparés en fait d'effectifs pour réaliser ces
travaux, mais généralement la collaboration est très
bonne.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans faire une évaluation
plus qu'il ne faut, mais étant donné l'importance du
ministère des Affaires municipales en termes d'aménagement du
territoire, est-ce que ce ministère ne représente pas un des
ministères qui s'est le moins intégré au travail que vous
devez faire?
M. Lachapelle: Si on parle du ministère des Affaires
municipales, il est présent aux réunions que nous convoquons pour
coordonner l'opération des schémas. Alors le ministère est
présent à ces réunions, mais il nous dit qu'il n'a pas pu
encore contribuer d'une façon assez large à la production comme
telle, par manque d'effectif.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, avec votre
permission, nous avions convenu de suspendre peut-être pour cinq
minutes.
Le Président (M. Lafrance): Cinq minutes. La commission
suspend ses travaux pour cinq minutes. D'accord.
(Suspension à 21 h 58)
Reprise de la séance à 22 h 8
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, messieurs! Nous
reprenons l'étude des crédits. L'honorable député
de Chicoutimi.
Zonage des terres agricoles
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, l'OPDQ a
participé aux travaux sur la loi du zonage des terres agricoles. Or,
cette loi avait été annoncée dans différents
discours inauguraux, entre autres les deux précédant le dernier
discours inaugural, où on a pu remarquer qu'il n'en était fait
aucune mention. Ceci, à mon sens, représente nettement une
reculade sur ce point, une mise en veilleuse d'un projet de zonage des terres
agricoles qui est excessivement important, qui est prioritaire.
Nous avons eu l'occasion de mentionner ce fait au ministre des Affaires
municipales, lors de l'étude de ses crédits. Ce n'est pas mon
intention d'expliciter plus longtemps ce sujet, mais il reste une chose: je
voudrais savoir pour quelle raison, effectivement, on a cru bon de ne
même pas mentionner cette nécessité d'une
législation concernant les terres agricoles dans le dernier discours
inaugural. Je voudrais savoir aussi quel est le rôle que l'OPDQ a
joué dans l'élaboration de cette loi.
M. Lachapelle: M. le Président, excusez-moi, je ne pense
pas avoir bien saisi la question. Quel est le rôle que l'OPDQ a
joué dans...
M. Bédard (Chicoutimi): Quel est le rôle de l'OPDQ
dans l'élaboration future d'une loi concernant le zonage des terres
agricoles, puisque l'OPDQ préside le comité
interministériel sur l'aménagement du territoire? J'espère
que le ministre ne me dira pas que c'est encore sectoriel?
M. Lachapelle: Non, cela voici...
M. Bédard (Chicoutimi): On s'entend sur cela? Alors, quel
est le rôle de l'OPDQ jusqu'à maintenant?
M. Lachapelle: M. le Président, quand le
député de Chicoutimi fait allusion aux discours inauguraux, je
pense bien que ce n'est pas à l'OPDQ de répondre pourquoi les
choses sont là ou pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur ce sujet, d'accord.
M. Lachapelle: Je pense bien qu'il va en convenir.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, j'en conviens. Je me
satisfais de cette réponse, quoique...
M. Lachapelle: Ecoutez, c'est une position gouvernementale.
M. Bédard (Chicoutimi): ...je constate que c'est une
reculade gouvernementale et non pas une reculade de l'OPDQ.
M. Lachapelle: Ce qui est dit dans le discours inaugural, c'est
une position gouvernementale. Il ne faudrait pas, quand même, demander
des comptes à l'OPDQ là-dessus. Mais, en ce qui regarde tous les
projets qui touchent l'utilisation du territoire, il est bien évident
que l'OPDQ a été intimement mêlé à
l'élaboration de tout texte de travail ou document qui ont pu servir ou
qui servent encore pour des élaborations plus définitives qui
viendront lorsque les décisions ministérielles appropriées
auront été rendues. Je pense que, si on parle de l'utilisation
des territoires agricoles, le ministre de l'Agriculture a été
très clair et aussi très franc, en disant que sa volonté
est telle; il l'a manifestée. Il y a aussi une volonté commune de
la part du gouvernement d'agir dans ce secteur, mais encore faut-il qu'il y
ait, quand même, un consensus assez évident quant aux
modalités d'application.
M. Bédard (Chicoutimi): S'il y a une volonté
commune, qu'est-ce qui empêche d'agir?
M. Lachapelle: Faut-il encore, je le répète, qu'il
y ait un consensus plus évident, plus complet quant aux modalités
d'application. C'est là que nous en sommes présentement et je ne
fais, en disant cela, que répéter ce que le ministre de
l'Agriculture lui-même a dit.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais de quelles
modalités d'application voulez-vous parler?
M. Lachapelle: Je pense qu'on ne voudrait pas que je
révèle ici les discussions qui se déroulent au Conseil des
ministres. Ce sujet est présentement l'objet de discussions au Conseil
des ministres.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais écoutez...
M. Lachapelle: Ecoutez, je ne peux quand même pas vous dire
ce qui se discute au Conseil des ministres, vous le savez fort bien; c'est au
niveau des modalités d'application.
M. Bédard (Chicoutimi): On pourrait faire le raisonnement
que tous les problèmes du Québec se discutent au Conseil des
ministres; ils n'ont qu'à continuer à en discuter et on ne saura
jamais ce qui se passe.
M. Lachapelle: Je regrette, je pense que c'est la première
occasion que j'ai de fournir une réponse de la sorte au cours des
discussions présentes.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est votre évaluation.
M. Lachapelle: Non, je pense que le député de
Chicoutimi doit reconnaître que c'est la pre- mière fois que
j'évoque ce type de situation et c'est une situation qui est très
réelle.
M. Bédard (Chicoutimi): Entre vous et moi, cela fait trois
ans au moins qu'on parle de la nécessité d'une législation
en termes de zonage des terres agricoles. A deux reprises, c'était
présent comme volonté gouvernementale dans les discours
inauguraux. Cela ne l'était pas dans le dernier, passons, mais cela
n'est pas d'aujourd'hui que la discussion doit être au Conseil des
ministres. Cela fait au moins trois ans qu'on en parle. A l'heure actuelle, les
plans semblent être prêts au niveau du ministère de
l'Agriculture. J'aimerais bien savoir ce que l'OPDQ a à nous dire, au
moins quant à son implication dans cette législation.
M. Lachapelle: Je répète, M. le Président,
que l'OPDQ a été mêlé à toutes les phases des
travaux qui ont été faits dans ce secteur.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais mêlé
comment?
M. Lachapelle: II a participé aux différents
comités interministériels, a revu différents textes
préliminaires, a été en concertation avec les
ministères sectoriels impliqués et, maintenant, la question est
entre les mains du Conseil des ministres.
M. Bédard (Chicoutimi): L'OPDQ a-t-il eu son mot à
dire dans l'élaboration des schémas précis
d'aménagement?
M. Lachapelle: De quels schémas précis
d'aménagement parle-t-on?
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau de terres agricoles,
toujours. Ecoutez, il n'est pas nécessaire de le répéter
à tout moment.
M. Lachapeile: Les schémas précis eux-mêmes
quant à des parcelles de territoire et tout, c'est bien sûr
je le répète même si cela peut déplaire au
député de Chicoutimi c'est une responsabilité
sectorielle. Cependant, l'orientation, les principes, c'est une question tout
à fait différente et qui, je pense,' recouvre l'application
concrète de toute législation possible. C'est à ce niveau
que l'OPDQ a appris à travailler et à participer.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que je n'aurai pas plus
de réponse là qu'ailleurs. C'est le genre très
précis de participation de l'OPDQ que j'aimerais connaître,
surtout dans ce secteur où l'OPDQ préside; il ne fait pas
seulement assister, il préside le comité interministériel.
J'imagine qu'il y a des lignes de pensée très précises sur
l'aménagement du territoire.
M. Lachapelle: C'est bien évident, mais c'est pour cela
que je répète que tous les outils ont été
élaborés sous l'impulsion de l'OPDQ et maintenant il reste au
Conseil des ministres de prendre les décisions qui s'imposent.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre peut-il nous dire si
c'est la première fois que cela vient au Conseil des ministres depuis
trois ans qu'on en parle?
M. Lachapelle: M. le Président, encore là, je n'ai
pas à révéler ce qui se passe au Conseil des ministres,
à quelle fréquence...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous demande pas de
révéler ce qui se passe. Je vous demande si c'est la
première fois qu'il y a une discussion devant aboutir à quelque
chose.
M. Lachapelle: II y a eu de nombreuses discussions sur le sujet.
Je suis solidaire de mon collègue de l'Agriculture quand il dit que
lorsqu'il y aura un consensus suffisant d'établi,
particulièrement au niveau des modalités d'applications, il y
aura des actions possibles qui pourront être envisagées.
M. Bédard (Chicoutimi): Non seulement cela n'avance pas,
mais vous ne pouvez pas nous dire pourquoi, si ce n'est qu'il n'y a pas de
consensus à l'intérieur du Conseil des ministres sur ce sujet
précis de...
M. Lachapelle: La question est encore à l'étude et,
lorsqu'il y aura consensus, il y aura des gestes qui seront posés.
Aménagement du bassin de la Yamaska
M. Bédard (Chicoutimi): On a eu l'occasion d'en parler
assez longuement lors de l'étude des derniers crédits.
Peut-être que ce sera moins long cette fois-ci, concernant
l'aménagement du bassin de la Yamaska, un projet interministériel
dans lequel l'OPDQ est censé assurer la coordination. Je voudrais
connaître le détail des sommes dépensées l'an
dernier et leur affectation et évidemment connaître les
prévisions pour l'année financière en cours.
M. Lachapelle: Vous n'avez pas objection à ce que je fasse
donner plus de détail par le directeur général par
intérim?
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'objection.
M. Lachapelle: M. le Président, est-ce que vous
voulez...
M. Bédard (Chicoutimi): Un petit détail avant.
Est-ce que je dois comprendre qu'il y a seulement un président
nommé par intérim à l'heure actuelle?
M. Lachapelle: Lors du départ du PDG, M. Tremblay, M.
Pelletier a été nommé directeur général par
intérim.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand prévoyez-vous une
nomination définitive? J'imagine que c'est important que ce poste
devienne définitif?
M. Lachapelle: Oui. Nous allons le faire aussitôt que
possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela veut dire quoi? M.
Lachapelle: Aussitôt que possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais cela veut dire quoi?
M. Lachapelle: Aussitôt que possible. C'est ce que cela
veut dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela ne veut rien dire.
M. Lachapelle: Cela veut dire cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela peut vouloir dire dans deux
ans. Je peux bien poser ces questions. Quand on parlait du zonage des terres
agricoles il y a trois ans, on nous disait: On va faire cela aussitôt que
possible. On ne nous dit même pas aussitôt que possible, il n'y a
pas de consensus. Au moins la nomination d'un président à
l'Office de planification du Québec, il me semble que cela devrait
être planifié solidement. Cela devrait au moins être clair
de ce côté. Le ministre ne peut-il pas nous donner...
M. Lachapelle: Cela va se faire très bientôt.
M. Bédard (Chicoutimi): Très bientôt.
J'espère qu'on n'aura pas à poser la question aux prochains
crédits.
M. Lachapelle: Pour répondre à votre question
concernant les montants dépensés en 1975/76 dans le projet de
mission Yamaska, j'aimerais vous rappeler sommairement les dépenses qui
ont été effectuées depuis le début de
l'exécution de cette mission.
Au cours de l'exercice 1973/74, il s'est dépensé $800 000;
1974/75, $4 millions; 1975/76, $8 045 000.
M. le Président, est-ce que le député de Chicoutimi
aimerait avoir le détail de ces $8 millions?
M. Bédard (Chicoutimi): S'il vous plaît.
M. Lachapelle: Comme vous le savez, dans ce projet comme dans
l'ensemble des autres ministères qui sont coordonnés par
l'office, généralement les budgets sont transférés
chez les ministères maîtres d'oeuvre. Je vais vous donner, par
ministère maître d'oeuvre, les montants qui ont été
transférés par l'office à même son fonds de
développement régional.
Il y a un inventaire des sources de pollution urbaines qui a
été effectué par le ministère des Affaires
municipales et pour lequel des montants de $16 600 ont été
dépensés; l'analyse des sources
de pollution agricole pour laquelle des sommes de $9000 ont
été affectées; une étude des dispositions des
déchets solides, $42 450; étude préliminaire des
égouts de la ville de Waterloo, $1000 pour un total, par le
ministère des Affaires municipales, de $69 050.
Au ministère de l'Agriculture, les travaux ont été
les suivants: drainage de surface au niveau des services, $35 000; drainage de
surface au niveau de l'entretien, $613 000; drainage souterrain, services, $82
700; drainage souterrain, subventions, $739,300; drainage adhéré
du bassin sud-ouest, $200 000 pour un total de $1 670 000.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vois que vous vous
référez...
M. Lachapelle: A des tableaux.
M. Bédard (Chicoutimi): A des tableaux. Peut-être
que pour écourter, y aurait-il possibilité de produire ces
documents?
M. Lachapelle: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que le ministre n'aura
pas d'objection, tant sur les sommes dépensées que sur les
projets futurs.
M. Lachapelle: Sur les sommes dépensées...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Sur les prévisions,
peut-être. Vous pouvez continuer pourvu qu'on nous en donne une copie
d'ici à demain.
M. Lachapelle: Oui. Pas de problème.
J'en étais, M. le Président, au ministère des
Richesses naturelles. Pour le barrage de Savage Mills, il y a eu un montant de
$5 361 440 de dépensé; pour le mur de protection de
Saint-Hyacinthe, $500 000; l'amélioration du barrage, lac Waterloo, $100
000; équipement d'aération, lac Waterloo, $24 000; inventaire des
eaux souterraines, $50 000; étude et apport dynamique des
éléments nutritifs, $4000, pour un total de $6 039 440.
Au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, des
montants avaient été prévus qui n'ont pas
été dépensés. Ces montants avaient
été prévus pour $30 000 et finalement l'étude des
besoins en espaces verts a été réalisée par le
personnel de l'OPDQ.
Des montants de $67 000 ont été transférés
au ministère des Terres et Forêts pour un projet de reboisement;
et l'OPDQ a dépensé, par ses propres services, $253 510 pour
l'administration; une étude interne qui a été
effectuée sur la qualité de l'eau et qui a coûté
$164 000; et une réserve de $35 000 qui a été
affectée à l'engagement de personnel occasionnel, ce qui fait un
total, M. le Président, de $8 099 000.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre aurait-il objection
à nous donner une idée des prévisions budgétaires
concernant...
M. Lachapelle: Les différents ministères?
M. Bédard (Chicoutimi): Pour les années qui
viennent, comme on l'avait fait l'an passé.
M. Lachapelle: On pourrait certainement vous donner la
ventilation par ministère pour 1976/77.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Est-ce qu'on peut avoir les
prévisions budgétaires? Je comprends que c'est plutôt
sévère jusqu'à la fin du plan, 1980/81. Peut-être
pas nous les donner maintenant, mais nous les donner en tableaux.
M. Lachapelle: C'est tellement schématique et tellement
sujet à une programmation devant être rodée que...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Je pense que le ministre
mentionne que c'est schématique; nous le prendrons comme tel, mais
simplement...
M. Lachapelle: On pourrait vous en donner une esquisse.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Alors peut-être
demain.
M. Lachapelle: Demain, d'accord.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
l'Assomption avait une question à poser.
M. Perreault: M. le ministre, lors de l'établissement du
projet du bassin de la Yamaska, il y avait un autre projet qui était
côte à côte, prioritaire autant et qui avait
été laissé de côté, à ce moment,
à cause de disponibilités budgétaires et
financières; c'était le projet du bassin de la rivière
l'Assomption. Je veux savoir où en est rendue maintenant l'étude
du bassin de la rivière l'Assomption. ... C'était en 1971.
M. Lachapelle: M. le Président, je confesse que ce projet,
je l'ignore.
M. Bédard (Chicoutimi): ... des Affaires municipales?
M. Perreault: Non, non, ce n'est pas les Affaires
municipales.
M. Lachapelle: Je présume que le député de
l'Assomption évoque plutôt un projet d'aménagement
intégré du même type...
M. Perreault: La même chose que la rivière Yamaska;
c'était au même degré. Quand j'étais
président du Conseil d'administration des eaux, ce sont deux projets qui
étaient côte à côte.
M. Lachapelle: Je dois vous dire bien franchement que ce n'est
pas un projet qui est présentement étudié à
l'office.
Prospective du système socio-économique
québécois
M. Bédard (Chicoutimi): Sur un autre sujet, M.
le Président, il semblerait que l'OPDQ ait entrepris une
étude majeure sur une planification à long terme du Québec
et sur le futur de notre société.
M. Lachapelle: Une prospective.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce qu'on peut lire dans le
journal La Gazette du 11 mars 1976. Cette étude, selon le journal,
s'appellerait Québec 1995 et serait en trois volets. Le ministre peut-il
nous donner des détails là-dessus?
M. Lachapelle: Je pourrais vous les donner comme cela de
façon impromptue ou bien peut-être vous référer
à un texte qui, je pense, explicite très bien la portée de
cette étude.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on pourrait avoir une
copie de ce texte?
M. Lachapelle: Je pense que cette page-ci, je pourrais
certainement vous la laisser; je la déchire, je ne sais pas si...
M. Bédard (Chicoutimi): II y a plusieurs doubles... Je ne
sais pas si, sur le plan de la planification, c'est une bonne chose,
déchirer une page dans le milieu d'un cahier comme cela.
M. Lachapelle: Mais cela produit des résultats quand
même.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Lachapelle: Ce texte résume très bien la
portée de l'étude qui a été entreprise.
Essentiellement, il s'agit de se livrer à une prospective, qui se veut
à court et moyen termes, de l'ensemble des grands axes de
préoccupation de la collectivité québécoise. Pour
ce faire, il y a des sous-systèmes qui ont été
cernés: sous-système économique, sous-système
scientifique et technologique, sous-système écologique,
sous-système extérieur, sous-système des valeurs,
sous-système urbain et régional. Ceci recoupe assez bien, du
moins cerne assez bien, dans l'image globale que nous nous sommes
donnée, les principaux regroupements possibles des préoccupations
de la société.
Cette prospective va chercher, pour les court et moyen termes, à
cerner les options possibles ou les orientations possibles dans chacun de ces
sous-systèmes, en utilisant ce que nous appelons, ce qui est connu dans
le milieu, dans le jargon plus technique, la méthode des
scénarios.
Il s'agit d'imaginer, non pas par simple fantaisie, mais d'une
façon, bien sûr...
M. Bédard (Chicoutimi): Des hypothèses
farfelues.
M. Lachepelle: ... qui reflète toute la rigueur
scientifique voulue, des situations possibles, des scénarios possibles
ou des hypothèses possibles et, dans chaque cas, quelles sont les
conséquences à entrevoir, compte tenu, bien sûr, des
particularités de chaque hypothèse.
C'est, en fait, un peu beaucoup ce à quoi je faisais allusion un
peu plus tôt, si ce n'est ce soir, du moins à une réunion
antérieure, lorsque j'évoquais ce qui me paraît vraiment
être un départ significatif vers une planification d'ensemble du
Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne serez pas là pour
en rendre compte, en 1995.
M. Lachapelle: Non, je le regrette. Une des
caractéristiques sur lesquelles moi, personnellement, j'ai fortement
insisté, c'est que nous cherchions que cette planification soit
précisément à court et à moyen termes, ce qui veut
dire qu'elle s'appuie sur ce qui peut se dérouler dans cinq ou dix ans.
Pour ce faire, faudrait-il, bien sûr, aller chercher les choses plus loin
que cela dans l'avenir. Prioritairement, c'est la situation du Québec
pour les cinq ou dix années à venir qui va nous préoccuper
là-dedans, pour que cela puisse avoir, quand même, une application
concrète beaucoup plus immédiate.
M. Bédard (Chicoutimi): Afin que le ministre n'ait pas
à déchirer la page pour rien... Vous me la communiquer? Bon.
M. Perreault: M. le Président, est-ce que cela pourrait
être déposé au journal des Débats?
M. Bédard (Chicoutimi): Juste une seconde.
M. Perreault: Est-ce que cela pourrait être disponible pour
tous les membres de la commission?
M. Lachapelle: Bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien sûr.
Le Président (M. Lafrance): Ce sera déposé,
oui.
M. Lachapelle: Disons que d'une façon plus formelle...
M. Bédard (Chicoutimi): On va le déposer entre les
mains du président.
M. Lachapelle: C'est cela. Je dépose un document, une page
effectivement.
Le Président (M. Lafrance): Qu'on fera intégrer,
dans son entier, au journal des Débats. (voir annexe)
M. Lachapelle: C'est cela. Cela décrit l'étude de
prospectives récemment engagées à l'OPDQ.
M. Bédard (Chicoutimi): On convient qu'il sera
annexé au journal des Débats?
Le Président (M. Lafrance): Oui, d'accord. M.
Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le prési-
dent a l'intention d'en faire faire une copie en même temps que
pour les autres tableaux que nous avons demandés?
Le Président (M. Lafrance): Oui, mais pas avant demain
matin?
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Vouliez-vous les avoir pour
demain matin?
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, oui.
Le Président (M. Lafrance): Nous allons le déposer
ce soir, à la commission.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, oui.
Le Président (M. Lafrance): Demain matin, il va
déjà être au journal des Débats.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand le ministre pense-t-il qu'il
y aura une première communication sur cette étude?
M. Lachapelle: Au mois de novembre de cette année. Disons,
encore là pour tenir compte des retards qui pourraient se
présenter, en fin d'année 1976 ou au tout début de
1977.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a déjà une
amorce.
M. Lachapelle: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sera rendu public,
j'imagine?
M. Lachapelle: Oui, je le pense bien. Je n'y verrais pas
d'empêchement. Soit dit en passant, ce travail se fait en concertation
avec le secteur gouvernemental, bien sûr, le secteur privé, le
secteur universitaire et à peu près tous les principaux secteurs
de l'économie ou de la société. De toute façon, il
y a assez de gens qui travaillent là-dedans que c'est public au fur et
à mesure du déroulement de la chose.
Aménagement de la vallée du Richelieu
M. Bédard (Chicoutimi): S'il n'y a pas de fuite là,
il n'y en aura jamais!
En septembre 1973, la firme PLURAM déposait un rapport fort
intéressant sur l'aménagement de la vallée du Richelieu.
Ce rapport avait été commandé, comme on le sait, par
l'OPDQ et par le ministère du Tourisme. On y recommandait, entre autres,
des affectations du sol urgentes et précises que le ministre retrouvera,
entre autres, en page 8 de la revue Le développement Québec, de
septembre 1974.
Or, depuis ce temps, rien n'a été fait pour appliquer ce
schéma qui semblait urgent et important. Il semble même que rien
n'ait été fait pour, au moins, faire semblant de l'appliquer.
J'aimerais savoir quelles intéressantes explications le ministre
pourrait nous fournir à ce sujet.
M. Lachapelle: Je pense que l'élément clef dans ce
projet enfin, encore là peut-on diverger d'opinion sur l'impact
de l'élément que j'ai cité, mais cela m'apparaît
être le problème de la régularisation des eaux de la
Richelieu et c'est un problème qui est loin d'être
réglé c'est un problème qui fait encore l'objet de
nombreuses tractations avec nos voisins américains. Donc,
peut-être pour consoler un peu le député de Chicoutimi, qui
voit avec le fédéral tous les problèmes et seulement des
problèmes, cela arrive également qu'on en a avec nos amis du Sud.
Ce problème de régularisation en est un qui est vraiment
déterminant dans tout autre projet d'aménagement qui pourrait
être envisagé.
Et encore là faut-il dire qu'ayant...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'excuse de vous interrompre,
mais à moins que je ne me trompe, la question des eaux du Richelieu n'a
rien à faire avec l'application de ce plan de la vallée du
Richelieu. On parle des sols. Le rapport partait sur l'aménagement de la
vallée du Richelieu au niveau du sol, pas au niveau de l'eau. Je ne
voudrais pas que le ministre nous embarque...
M. Lachapelle: Non, non, je ne serai pas... M. Bédard
(Chicoutimi): C'est un détail.
M. Lachapelle: Ce n'est absolument pas une procédure de
diversion à laquelle je veux me prêter, croyez-moi bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela donnait cette impression, je
m'excuse.
M. Lachapelle: Si vous regardez bien le rapport, je pense bien
qu'on touche à l'ensemble des caractéristiques du sol dont le
cours d'eau lui-même, son bassin. Ce problème de
régularisation des eaux en est un qui est fondamental, à notre
avis, du moins, et d'après l'examen que j'ai pu faire du dossier dans
l'application ou dans la réalisation de ces projets. De toute
façon, en ce qui regarde les ressources qui sont mises à notre
disposition, nous y sommes allés par priorités et, à
l'heure actuelle, nous avons ces projets qui sont en marche déjà,
qu'il s'agisse de celui de la Yamaska ou des autres, et nous n'avons pas
entamé la réalisation de ce projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre prend vraiment la
question de la régularisation des eaux comme étant une voie de
sortie à la question que je lui pose...
M. Lachapelle: Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): ... Quand on parle de
schéma d'ensemble de la vallée du Richelieu, encore une fois
c'est une étude qui a été commandée par l'OPDQ mais
au ministère du Tourisme.
Jamais je ne croirai que vous ne respectez pas au moins ceux à
qui vous commandez des études. A ce que je sache, le schéma
d'ensemble de la vallée du Richelieu tel qu'on le voit dans le document,
cela concerne la limite du territoire étudié, cela concerne un
grand parc régional et sites, des réserves boisées
à protéger, des réserves écologiques, des zones de
préservation agricoles, des zones d'industrialisation possibles, des
zones urbaines, cela concerne le périmètre d'urbanisation
à fixer, des éléments majeurs d'attraction,
éléments secondaires d'attraction cela me fait plaisir que
le député de Louis-Hébert se rende utile les
secteurs principaux de récréation hors parc, cela concerne une
autoroute projetée. Il n'y a absolument rien qui concerne une
régularisation des eaux du Richelieu, alors n'essayez pas de me dire
que...
M. Lachapelle: II existe quand même un problème
fondamental, M. le Président, je pense bien que personne ne peut le
nier. Je regrette même que le député de Saint-Jean ne soit
pas ici pour exposer lui-même les problèmes que cause dans sa
région le Richelieu...
M. Bédard (Chicoutimi): L'inondation c'est sur dix milles
du Richelieu, ce n'est pas toute la vallée du Richelieu.
M. Lachapelle: C'est quand même important, ceci nous
apparaît comme étant majeur, et au-delà de cet
élément...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour vous permettre de ne
pas bouger.
M. Lachapelle: Au-delà de cet élément, nous
n'avons pas encore eu des budgets requis pour nous permettre d'engager ce
travail.
M. Bédard (Chicoutimi): Là j'aime mieux cette
réponse, vous n'avez pas les budgets.
M. Lachapelle: Non, non, certainement. Bien oui, je l'ai
cité tout à l'heure aussi, je l'ai dit. Je l'ai dit très
clairement. Il y a deux éléments en cause.
M. Bédard (Chicoutimi): II y en a un qui est majeur. Ce
n'est pas la régularisation des eaux du Richelieu.
M. Lachapelle: Cela c'est votre opinion. Ecoutez, moi...
M. Bédard (Chicoutimi): Voyons, écoutez, je ne me
fie pas seulement...
M. Lachapelle: C'est une opinion contraire.
M. Bédard (Chicoutimi): ... je me fie à vos propres
experts à qui vous avez commandé l'étude et qui ne font,
en aucune façon, état de la régularisation des eaux du
Richelieu dans leur rapport.
M. Lachapelle: C'est un problème majeur que nous...
M. Bédard (Chicoutimi): Que vous avez
découvert!
M. Lachapelle: ... jugeons comme étant prioritaire, en ce
qui concerne le Richelieu. Quant à l'aménagement qui s'ensuit,
c'en est un pour lequel nous n'avons pas encore de budget disponible.
M. Bédard (Chicoutimi): Pendant combien de temps cela
va-t-il retarder, d'après vous?
M. Lachapelle: Tout dépend des crédits que vous
allez approuver cette année et ceux qui pourront être
soumis...
M. Bédard (Chicoutimi): Ils sont en diminution ces
crédits!
M. Lachapelle: ...l'an prochain.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il est question de
procéder à des travaux quelconques?
M. Lachapelle: Cette année, des travaux précis, je
ne pourrais pas en garantir; il y a peut-être certains
éléments, je ne peux pas le dire de façon précise,
mais disons que, pour l'instant, quant à moi, je ne crois pas qu'on
puisse entamer quelque phase que ce soit de ce projet cette année.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous parlez de quelques
travaux précis, le ministre peut-il dire ce qu'il entend?
M. Lachapelle: II est possible qu'à l'examen il y ait des
interventions des ministères sectoriels et peut-être que certains
actes seront posés, via les ministères sectoriels, de par leur
fonctionnement normal, qui vont tomber dans le cadre de ce projet, mais pas
à ma connaissance, spécifiquement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je respecte le ministre quand il
dit qu'il espère, mais je veux savoir la position précise, de la
part de quelque ministère que ce soit. Le ministre doit sûrement
avoir quelque chose en tête.
M. Lachapelle: Je vous le dis, je ne donne aucune assurance qu'il
y ait de ces éléments qui soient entrepris cette année,
aucune assurance définitive.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, le plan qui a
été déposé depuis 1973, cela veut dire que c'est du
papier, point.
M. Lachapelle: II n'est pas en action encore.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre
espère c'est plus qu'espérer qu'au moins
l'année prochaine il y aura des actions précises pour
insister auprès du gouvernement?
M. Lachapelle: Je le souhaite très vivement.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut compter que
l'OPDQ va faire des pressions précises pour que, une fois pour toutes,
cela débloque?
M. Lachapelle: On verra l'an prochain, compte tenu des autres
projets qui pourront nous être demandés.
M. Bédard (Chicoutimi): On verra l'an prochain ce qui
restera de l'OPDQ!
M. Lachapelle: On verra l'an prochain.
M. Bédard (Chicoutimi): Je me demande si cela vaut la
peine de continuer, M. le Président, mais ce ne sera pas tellement
long.
Le Président (M. Lafrance): Adopté.
Aménagement du territoire de
l'Outaouais
M. Bédard (Chicoutimi): Cela concerne un autre projet dont
on a parlé assez longuement en commission parlementaire l'an dernier,
lors de l'étude des crédits de l'OPDQ, et qui regarde la
région de Hull. En fait, le ministre le sait, nous avons souvent
dénoncé la dépossession de la région de Hull par la
Commission de la capitale nationale sur laquelle les citoyens n'ont aucun
contrôle démocratique, alors que ce n'est pas le cas quand il
s'agit de leur municipalité.
Nous disions, entre autres, que cette dépossession empêche
le Québec et les municipalités de cette région de jouer le
rôle de moteur de l'aménagement du territoire. Le ministère
des Affaires municipales avait déclaré, l'an dernier à
cette commission, qu'il s'opposerait à ce que Ottawa fasse à
Montréal ou Québec ce que la Commission de la capitale nationale
est en train de faire à Hull.
Au travers de nombreuses dénonciations de l'action de la
Commission de la capitale nationale, nous avons discuté du rapport
Legault plus longuement lors de l'étude des crédits des Affaires
municipales. Je voudrais rappeler au ministre que le rapport Legault a
trouvé que de 1969 à 1974, 1531 logements avaient
été démolis à Hull et que 85% de ceux-ci l'auraient
été par la Commission de la capitale nationale qui, d'autre part,
chasse d'une certaine façon les emplois manufacturiers de la ville
même de Hull. Or, je pense que c'est le rôle précis du
ministre, comme membre du comité interministériel de
planification et comme ministre chargé de la planification du
territoire, de réagir à cette dépossession. Il y a un
rapport de l'OPDQ qui a été publié dans le Droit du 16
mars 1976, qui fait des dénonciations qui sont assez percutantes contre
cet état de choses. Je me permets de citer, entre autres, certains
passages d'un articles publié dans le Droit d'Ottawa par le journaliste
Gilles
Bernier: "Le gouvernement du Québec aurait perdu aux mains de la
Commission de la capitale nationale le contrôle de l'aménagement
du territoire de l'Outaouais; le ministère affirme en effet qu'il est
nécessaire et urgent d'étudier les mesures que pourrait mettre en
branle le gouvernement afin de s'assurer le contrôle de
l'aménagement de son territoire et qu'à cet effet un
comité interministériel de la propriété du sol pour
l'agglomération de Hull soit institué. Soulignant des achats
massifs de terrains par la Commission de la capitale nationale, le
ministère affirme que c'est en s'appropriant de vastes espasces
stratégiquement localisés que les autorités de
développement et d'aménagement du territoire y remplissent par le
fait même des fonctions attribuées, en vertu de la constitution,
aux autres paliers de gouvernement".
Le journaliste notait également que divers projets
fédéraux en cours et à venir ont des répercussions
importantes sur la fiscalité municipale et estiment qu'il serait utile
de pouvoir en évaluer l'impact. Il ajoutait que l'étude conjointe
OPDQ-ministère des Affaires municipales entreprise pour la confection du
schéma d'aménagement soit poursuivie dans cette direction. Dans
cet article, en proposait également la réalisation d'une
étude globale du marché de l'habitation.
Je voudrais savoir ce que le ministre pense de ce problème de
l'action de la Commission de la capitale nationale sur l'aménagement du
territoire de la région de Hull ou de l'Outaouais.
M. Lachapelle: M. le Président, je pense bien que le
député de Chicoutimi sera, sans doute, vivement
intéressé à l'examen et à la lecture du document
que nous avons rendu public il y a une dizaine de jours dans le cadre de la
préparation du schéma régional de développement,
premier document qui s'intitule "Perspectives et développement et
d'aménagement" que nous soumettons à toutes fins utiles à
la consultation du milieu.
C'est un document qui touche plusieurs des points soulevés par le
député de Chicoutimi.
Cela ne représente pas une position définitive,
catégorique, une position ministérielle, mais, dans le processus
normal qui se veut à l'enseigne de la plus intense consultation, ce
document est diffusé, mis en circulation pour que nous ayons des
réactions du milieu à des propositions, à des
hypothèses possibles qui ont pu être travaillées au niveau
de l'OPDQ.
Si vous me demandez quelles sont mes positions définitives sur
ces questions, je pense bien que ce serait aller tout à fait à
l'encontre du cheminement de semblables études, puisque, par
définition, elles sont produites pour fins de consultation par le
milieu, afin que nous ayons une réaction du milieu à cela. Je
pense que nous irions à rencontre du bon sens et de la raison en disant
à ce moment-ci: Voici nos positions définitives,
catégories sur ces sujets.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne doute pas des "bonnes
intentions" de l'Office de planification du Québec et du "processus
démocratique" de consultation que vous semblez vouloir entrepren-
dre. Ce que je demande au ministre, c'est son opinion sur l'action de la
Commission de la capitale nationale. Le Québec a beau faire les
schémas d'aménagement qu'il voudra, le ministre sait sans doute
que la Commission de la capitale nationale a des budgets très imposants
qui ne sont pas comparables à ceux octroyés du côté
du Québec. A ce moment, elle peut se permettre une action qui est
vraiment significative. Que le Québec fasse les schémas
d'aménagement, les consultations qu'il voudra, si le ministre n'a pas la
conviction que la Commission de la capitale nationale va se soumettre, d'une
certaine façon, à cette manière de voir du Québec,
je pense que le ministre conviendra avec moi que toutes ces bonnes intentions
et tout ce travail peut ne vouloir rien dire au bout de la ligne, à
partir du moment où la Commission de la capitale nationale agit selon
son bon plaisir en ce qui regarde ce territoire, avec des budgets qui sont
astronomiques par rapport à ceux du Québec.
Quelles sont les assurances que le ministre peut avoir du respect, par
la Commission de la capitale nationale, des achémas d'aménagement
édictés par le Québec?
M. Lachapelle: La question est posée dans le cadre de la
discussion présente quant à la position de l'OPDQ sur cette
question. Je vous répète, à ce moment, que nous ne pouvons
pas raisonnablement donner de position définitive, puisque le travail
que nous avons fait est livré pour fins de consultation. Il faut donc
pour le moins que nous accordions le loisir aux gens du milieu de nous faire
valoir leur réactions. Si vous me posez la question en tant que ministre
du gouvernement, je vous donnerai la réponse que vous avez eue lors de
l'étude des crédits des Affaires intergouvernementales.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, vous n'avez aucune...
M. Lachapelle: On fait un document et on le diffuse pour
consultation. Comment pouvons-nous raisonnablement dire à ce moment-ci:
Notre position, c'est cela, alors qu'on le livre pour fins de consultation?
M. Bédard (Chicoutimi): Comment pouvez-vous
raisonnablement vous embarquer dans un travail aussi imposant...
M. Lachapelle: Ce sont des hypothèses.
M. Bédard (Chicoutimi): ...sans au préalable, que
ce soit de la part du ministère des Affaires intergouvernementales ou
autrement, avoir quand même certaines assurances que la commission de la
capitale nationale va cesser d'agir au-dessus de la tête du Québec
comme elle l'a fait jusqu'à présent?
M. Lachapelle: Ces questions, je vous le
répète...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce serait peut-être mieux de
s'occuper d'autres régions où, au moins...
M. Lachapelle: II faut distinguer entre le type de travail que
nous faisons, nous, et c'est ce à quoi on s'attache présentement.
Je ne pense pas qu'on puisse raisonnablement dire à l'OPDQ: Quelle est
votre position définitive là-dessus, alors qu'on a
préparé un document pour fins de consultation. Ce serait nier le
principe de la consultation.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas cela...
M. Lachapelle: Quant à l'autre partie, celle qui concerne
la Commission de la capitale nationale et autres, je vous dis tout simplement
que ces questions ont déjà été très
amplement couvertes lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales, vous le savez fort bien,
il y a eu une discussion de deux heures sur ce sujet, et je pense que c'est
là que la position du gouvernement a été
explicitée.
M. Bédard (Chicoutimi): Le 12 juillet 1974, après
examen du dossier, l'OPDQ avait exprimé, dans une lettre, l'avis que le
projet de dragage des chenaux de l'île au Foin, l'île aux
Lièvres, Demers et Goyer, en face de Chambly, était prioritaire
et urgent. Des demandes formelles et répétées ont de
nouveau été faites par la cité de Chambly en 1976.
Pouvez-vous nous dire où en est ce dossier? Peut-être que c'est
une lettre qui a été écrite sans que le ministre ne soit
au courant.
M. Lachapelle: C'est sans doute une lettre qui a
été écrite par un fonctionnaire, c'est possible, mais ce
dossier particulier, M. le Président, je ne le connais pas, je le
regrette.
M. Bédard (Chicoutimi): La lettre était
signée par M. Yvon Tremblay, qui était président.
M. Lachapelle:
Président-directeur-général.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette lettre je m'excuse de
ne pas l'avoir en main était très...
M. Lachapelle: Je vous en prie.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas une fuite.
M. Lachapelle: Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): Elle était très
publique, très explicite dans le sens qu'on disait qu'on s'activait
beaucoup dans ce dossier et qu'on verrait à pousser fort pour que les
travaux de dragage que je viens de mentionner se réalisent.
M. Lachapelle: M. le Président, je pense que le
député de Chicoutimi est en mesure de constater que même
l'ensemble de mes collaborateurs les plus efficaces et les plus loyaux ne
semblent
pas se rappeler les détails de ce projet. Je regrette, je ne peux
pas le commencer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je posais cette question parce que
la cité de Chambly serait bien intéressée, ayant
reçu une lettre à cet effet, de savoir ce qui arrive.
M. Lachapelle: Oui, je partage la préoccupation du
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): ... la cité de
Chambly...
M. Lachapelle: Noua allons l'examiner.
M. Bédard (Chicoutimi):... qui est revenue à la
charge.
M. Perreault: ... de Chambly, de L'Assomption.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez nous
répondre?
M. Lachapelle: Ultérieurement. En fait, on répondra
à la cité de Chambly.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien non; pour l'ensemble des
membres de la commission, étant donné que nous avons posé
une question, il serait normal d'avoir une réponse.
M. Lachapelle: Sans vouloir exagérer, comme vous pouvez le
constater...
Ententes auxiliaires Canada-Québec
M. Bédard (Chicoutimi): Comme je constate c'est que l'OPDQ
est très impliqué dans ce dossier. Entre guillemets!
Dans la Presse du 21 février 1976, il y avait une entrevue du
ministre Lessard où celui-ci déclarait qu'il sera impossible pour
le MEER de dépenser au Québec la somme de $109 millions comme
prévu et que tout au plus le MEER, dans un grand geste de
fédéralisme rentable, dépensera une cinquantaine de
millions pour l'année 1975/76. Le ministre peut-il nous expliquer si ces
chiffres sont exacts? Le ministre peut-il nous expliquer comment il concilie
ces millions de notre argent qui resteront ailleurs, si je peux employer
l'expression, avec les beautés du fédéralisme? Si je pose
cette question, c'est que je sais que l'OPDQ est toujours très
impliqué au niveau des signatures d'ententes avec le
fédéral.
M. Lachapelle: Sauf erreur, M. le Président, je crois
sous réserve cependant, je n'ai pas l'article que le
député de Chicoutimi a devant lui que le ministre faisait
alors allusion aux subventions pour fins industrielles, n'est-ce pas?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Lachapelle: Et, là-dessus, il faut bien
comprendre...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est-à-dire...
M. Lachapelle: II faut bien comprendre que l'OPDQ n'est
impliqué, entre guillemets, pour reprendre l'expression du
député de Chicoutimi, dans des relations avec le MEER que dans le
cadre des ententes Canada-Québec. Alors, il y a une distinction à
faire entre cela et les subventions pour fins industrielles qui, elles, sont de
la compétence, si l'on peut dire, du ministère de l'Industrie et
du Commerce et non pas de l'OPDQ. Nous ne touchons absolument pas aux
subventions aux industries.
M. Bédard (Chicoutimi): En fait, pour citer cet article,
on pouvait lire ceci: A deux mois de la fin de l'année financière
1975/76, le ministre du MEER croit qu'il sera impossible à son
ministère de dépenser la somme de $109 millions prévue
pour le Québec sur un budget global de $483 millions. Ce dernier, le
ministre, continuait en ces termes: "Cela tient aux difficultés
rencontrés dans les négociations avec le Québec pour qui
la création du parc national du Saguenay constitue la pierre
d'achoppement dans le règlement de nouvelles ententes auxiliaires avec
le Québec."
Est-ce le cas, que cela constituait une pierre d'achoppement?
M. Lachapelle: Excusez-moi, est-ce que je peux demander que la
question soit répétée? Je m'excuse.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous aimeriez que je...
M. Lachapelle: Non, pas tout le préambule. L'essence
même de votre question.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons que dans un article de la
Presse, du 21 février 1976...
M. Lachapelle: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): ... sous la plume de M. Claude V.
Marsolais, il était dit ceci: "A deux mois de la fin de
l'année-financière 1975/76, le ministre du MEER croit qu'il sera
impossible à son ministère de dépenser la somme de $109
millions prévue pour le Québec sur un budget global de $483
millions." Je pense que ces $109 millions concernaient le tourisme au niveau...
Je crois.
Il continuait: "Cela tient aux difficultés rencontrées
dans les négociations avec le Québec pour qui la création
du parc national du Saguenay... " Le ministre prétendait que la
création du parc national du Saguenay constituait la pierre
d'achoppement dans le règlement de nouvelles ententes auxiliaires avec
le Québec. Est-ce le cas que les négociations concernant le parc
du Saguenay pouvaient constituer une pierre d'achoppement dans les
négociations?
M. Lachapelle: Je pense que le meilleur témoignage est le
fait que nous avons, il y a quelques semaines déjà, signé
deux ou trois ententes.
... et Saint-Félicien sont des ententes qui ont été
signées.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais pour le tourisme, cela
n'a pas été signé?
M. Lachapelle: Non, le tourisme est encore en
négociation.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce le cas, que c'est la
question...
M. Lachapelle: Le tourisme est encore en négociation dans
son ensemble.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce le cas, puisque vous
êtes bien impliqué dans ce dossier, que c'est la question du parc
du Saguenay qui constitue la pierre d'achoppement?
M. Lachapelle: Quant à l'OPDQ comme organisme, c'est
l'ensemble de l'entente auxiliaire sur le tourisme qui est en
négociation présentement.
M. Bédard (Chicoutimi): Si c'était le cas, ce
serait quand même une sorte de situation de chantage qui serait
difficilement acceptable, j'imagine, pour le Québec, du moins.
M. Lachapelle: Ce serait au gouvernement de
réévaluer la situation.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout ce que je veux savoir, c'est
si la création du parc Saguenay constitue une pierre d'achoppement.
M. Lachapelle: Cela n'a pas créé de pierre
d'achoppement du tout pour la signature d'autres ententes. Il y en a même
d'autres qui s'en viennent incessamment.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi ces ententes auxiliaires
concernant le tourisme, qui représentent une somme de $100 millions, ne
sont-elles pas signées? Est-ce que le ministre peut nous le dire?
M. Lachapelle: Je répète que, quant à nous
de l'OPDQ, c'est une entente que nous jugeons encore en voie d'être
négociée. Quand tous les éléments en seront
arrêtés, il restera au gouvernement d'aller de l'avant et de la
parapher de façon définitive.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce exact que, sur cette
entente précise, cela fait des mois et des mois que dure la
négociation?
M. Lachapelle: Au Tourisme? Oui, c'est exact.
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis combien de temps à
peu près?
M. Lachapelle: Cela fait plus d'un an, je pense.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est-il en mesure de
nous dire pourquoi cela ne débouche pas?
M. Lachapelle: Parce qu'il y a des questions qui ne sont pas
arrêtées de façon définitive. Il y a même
certaines variations..
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que, si tout
était arrêté définitivement, on négocierait
cela très vite.
M. Lachapelle: ... dans les projets qui se sont
présentés, autres que la question du parc du Saguenay. Il y a eu
des variations toutes récentes encore; alors, ce n'est pas
arrêté.
M. Bédard (Chicoutimi): Les négociations
continuent.
Une Voix: On pourrait continuer demain.
M. Bédard (Chicoutimi): On peut dire onze heures.
M. Lachapelle: Moi, il faudrait que ce soit à dix heures.
Est-ce que je suis enregistré? Oui? M. le Président, pour ma
part, je suggérerais que ce soit à dix heures, parce que je
formulerais le souhait que, demain, nous terminions vers midi moins le
quart.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous aurons sûrement
terminé vers midi moins le quart. Maintenant, j'en aurais encore
peut-être pour une demi-heure. On est peut-être mieux de revenir
demain.
M. Lachapelle: Dix heures. Nous serons plus reposés.
Le Président (M. Lafrance): Alors, la commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales ajourne ses travaux jusqu'à demain matin, dix
heures.
(Fin de la séance à 23 h 4)
ANNEXE
DGP OPDQ Projet d'étude
Prospective du système socio-économique
québécois
Ce projet vise à formuler quelques scénarios alternatifs
de développement socio-économique du Québec, à
moyen terme, tout en dégageant les implications au plan des politiques
de ces orientations alternatives. Pour réaliser cette étude,
l'OPDQ a suscité la création d'un groupe interuniversitaire
auquel participent des chercheurs des organismes suivants: l'Ecole des Hautes
Etudes commerciales, le département d'économie de l'UQAM, le
Centre de recherche et développement économique (U. de M.), le
Centre de développement technologique de l'Ecole polytechnique,
MNRS-Urbanisation et le Groupe associé Montréal-McGill (GAMMA).
Le projet sera d'une durée approximative de dix-huit (18) mois et
comprend trois (3) étapes qui se caractérisent comme suit.
Etape 1 : Diagnostic et problématique synthèse du
développement du Québec.
Cette étape d'environ huit (8) mois vise à faire le point
sur l'évolution, le fonctionnement et l'interaction des
sous-systèmes qui sont à la base du développement de la
société québécoise. Il s'agit des six (6)
sous-systèmes suivants, qui constituent un découpage pour fins
analytiques, du système socio-économique québécois:
le sous-système scientifique et technologique; le sous-système
économique; le sous-système écologique (ressources
renouvelables et non renouvelables); le sous-système "extérieur"
(i.e. les relations du Québec avec les ensembles canadien,
nord-américain et international); le sous-système des valeurs; le
sous-système urbain et régional.
Il s'agit essentiellement, au cours de cette étape, d'effectuer
la synthèse des connaissances disponibles sur la problématique
des sous-systèmes en vue de faire ressortir les interdépendances
entre les divers secteurs et aspects de la société
québécoise et entre celle-ci et son environnement
extérieur. Cette opération d'envergure vise à
dégager les éléments structurants de chaque
sous-système et du système socio-économique global,
à apprécier les déséquilibres et tensions
inhérents aux structures actuelles, à déterminer les
tendances d'évolution et leur importance relative, à circonscrire
les "faits porteurs d'avenir". On y arrivera par l'analyse et
l'intégration de la masse des travaux pertinents déjà
réalisés ou en cours dans les administrations
québécoises et fédérales, les milieux
universitaires et certains organismes internationaux, et par la
réalisation de quelques études spécifiques sur certains
aspects qui nécessitent plus ample examen. Un tel effort de
synthèse s'impose vu la prolifération des recherches et
études effectuées ces dernières années et
l'évolution rapide du contexte économique canadien et
international.
Cette première étape, qui constitue la base sans laquelle
les deux autres ne pourraient être réalisées, se terminera
par la présentation à la mi-automne 1976 d'un premier
rapport-synthèse de "diagnostic et problématique du
développement du Québec" et de six rapports-annexes au niveau des
sous-systèmes. Pour appuyer les équipes de recherche dans leurs
travaux et pour assurer un processus de rétroaction favorisant la
qualité scientifique et la pertinence pratique de ceux-ci, la DGP a mis
en place six comités-conseils (un par sous-système) qui se
réunissent périodiquement pour étudier les rapports de
progrès préparés par les équipes de recherche.
Chaque comité est composé d'une quinzaine de personnalités
familières avec les réalités du sous-système
concerné et qui occupent en général des fonctions de cadre
tant dans les secteur public que dans le secteur privé. Il convient de
noter que le contrat d'étude avec les institutions universitaires ne
porte que sur cette première étape de l'étude.