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Etude des crédits des Services de protection de
l'environnement
(Dix heures dix-neuf minutes)
La Présidente (Mme Cuerrier): A l'ordre, messieurs!
Nous nous sommes réunis ce matin pour l'étude des
crédits des Services de protection de l'environnement. M. le ministre
délégué à l'environnement, vous avez la parole.
M. Verreault: Mme la Présidente, je m'excuse, question de
règlement. Pourriez-vous mentionner le nom des membres de la commission,
parce que j'ai l'impression que je ne peux pas intervenir.
La Présidente (Mme Cuerrier): Certainement. Vous allez
devoir effectuer des remplacements, j'imagine. Sont membres de la commission:
M. Beauséjour (Iberville), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gagnon (Champlain), M. Goldbloom (D'Arcy
McGee), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Mercier
(Berthier), M. Picotte (Maskinongé) remplacé par...
M. Goldbloom: Remplacé par M. Verreault (Shefford).
La Présidente (Mme Cuerrier):... M. Verreault (Shefford).
Les intervenants: M. Baril (Arthabaska), M. Caron (Verdun), M. Dubois
(Huntingdon), M. Gratton (Gatineau), M. Grégoire (Frontenac), M.
Léonard (Laurentides-Labelle), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Marquis (Matapédia), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda). M. le ministre.
Remarques générales
M. Marcel
Léger
M. Léger: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue aux députés de la commission parlementaire
de l'environnement et de présenter en même temps les personnes qui
m'accompagnent. Ceci permettra de souligner quelques réalisations de
l'an dernier et d'esquisser des priorités d'action pour la nouvelle
année.
J'ai avec moi M. Jacques-Yves Therrien, sous-ministre adjoint à
l'Agriculture, qui cumule depuis un mois les fonctions de sous-ministre adjoint
aux Richesses naturelles et de sous-ministre adjoint aux Terres et
Forêts. Le Conseil des ministres a donné le mandat à M.
Therrien de m'aider à structurer le ministère à la suite
de la décision prise de regrouper sous un même ministère
les Services de protection de l'environnement, la Direction
générale des eaux du ministère des Richesses naturelles et
le Conseil consultatif des réserves écologiques qui relevait
auparavant du ministère des Terres et Forêts.
Nécessairement, puisque la fabrication du livre du budget était
déjà encadrée au moment où la décision a
été prise de remettre cette responsabilité au ministre de
l'environnement, nous n'avons pas pu regrouper dans les mêmes pages les
crédits des Richesses naturelles qui sont encore dans les pages qui
concernent les Richesses naturelles. Cependant, les programmes 4 et 5 des
Richesses naturelles devront être approuvés en même temps
que les programmes 1, 2 et 3 des Services de protection de l'environnement,
puisque c'est le même ministre qui coiffe de sa responsabilité ces
cinq programmes. Alors, si l'Opposition n'a pas d'objection, on pourra
répondre aux questions dans l'ordre qu'elle désirera quand on
aura terminé l'intervention du début.
Je vous présente aussi en même temps, Mme la
Présidente et MM. les membres de la commission parlementaire, le nouveau
directeur des Services de protection de l'environnement, M. André
Caillé, à ma droite, qui a été responsable de
l'importante étude sur le Saint-Laurent et, en même temps aussi,
le nouveau directeur adjoint, M. Ghis-lain Théberge; en plus, le
président du comité du Conseil consultatif de l'environnement, M.
Réal L'Heureux, qui est ici avec nous; le président du nouveau
bureau d'audiences publiques de l'environnement, M. Michel Lamontagne; le
directeur général de la Direction générale des
eaux, M. Mortimer Hendler; les directeurs généraux de
l'environnement, M. André Chamberland, M. Jean Roy, M. Jacques
Giguère, mon chef de cabinet, M. Jacques Brault, et les autres membres
de mon cabinet, Mme Pierrette Petit, MM. André Desroches, M. Pierre
Paquette...
La Présidente (Mme Cuerrier): Cela va lui faire plaisir,
ça...
M. Léger: ... ainsi que Mme Lorraine Martin.
La Présidente (Mme Cuerrier): Alors, puisque M. le
ministre a terminé sa présentation, j'aimerais que cette
commission se nomme un rapporteur officiel.
M. Cordeau: Je propose M. Jacques Beau-séjour; il a bien
fait ça l'an passé, le député d'Iberville.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. Jacques
Beauséjour, député d'Iberville. M. le ministre.
M. Léger: Mme la Présidente, je vais continuer mon
exposé en remettant également aux membres de la commission une
série de documents, y compris le plan d'organisation supérieure,
ce qui est maintenant sous ma responsabilité, et la liste du personnel
de mon cabinet politique.
Comme l'an dernier, Mme la Présidente, je suis prêt
à répondre aux questions des membres de la commission portant sur
le bilan de l'année
écoulée et sur les objectifs que nous comptons poursuivre
au cours de l'année qui vient de commencer.
Je voudrais en même temps en profiter pour... Je pense que j'ai
sauté une ligne. Parmi le personnel qui m'accompagne et qui a une part
importante de responsabilités à mon ministère, un groupe
que je n'ai pas mentionné, c'est M. Tony Le-Sauteur et son équipe
ils sont tellement loin qu'on ne les voyait pas et qui s'occupe
du programme des lacs. Je pense que tout le monde connaît bien M. Tony
LeSauteur.
J'aimerais maintenant répondre d'avance à des questions
qui pourraient nous être posées, cela va peut-être nous
limiter et permettre de sortir d'autres questions, et expliquer un peu les
objectifs de la création du ministère.
A sa séance du 31 janvier 1979, le Conseil des ministres, par
l'arrêté en conseil no 223, base 79, confiait au ministre
délégué à l'environnement la responsabilité
de la Direction générale des eaux du ministère des
Richesses naturelles, du Service et du Conseil consultatif des réserves
écologiques du ministère des Terres et Forêts, ainsi que de
l'administration des lois afférentes à chacun de ces organismes
et les Services de protection de l'environnement, dont il avait
déjà la gouverne.
L'objectif suscitant ce geste administratif consiste en une orientation
de l'action gouvernementale en fonction des problèmes qui existent dans
l'environnement. Le milieu ambiant comprenant l'eau, l'air et le sol a atteint
un degré de détérioration inacceptable dans plusieurs
régions, notamment dans les régions développées du
Québec méridional.
Les conséquences de cette détérioration se
manifestent par la perte des usages dépendant de la qualité de
l'environnement et, dans certains cas, par l'augmentation des risques pour la
santé. De plus, cette détérioration a pour
conséquences la diminution du potentiel d'utilisation des ressources et,
dans certains cas, leur disparition. Le coût de la restauration se
chiffre en milliards de dollars; on devra procéder progressivement et on
devra de plus mettre sur pied des mécanismes économiques
permettant d'identifier les coûts et de les répartir
équitablement. Un grand nombre de "développeurs" se
réfèrent fréquemment à l'absence d'orientation du
gouvernement relativement à l'harmonie entre le développement
économique et le développement social, ceci pouvant être
attribué à l'absence de services gouvernementaux au niveau local
et régional.
Tous les efforts doivent donc être consentis pour améliorer
et favoriser les services à la population. Il existe
présentement, dans le secteur de l'eau, des problèmes
particuliers reliés à la pénurie et au surplus d'eau. De
plus, dans ce même secteur, on assiste à la
détérioration de la qualité des berges et à la
diminution alarmante de l'accessibilité des milieux aquatiques. En
conséquence, les solutions à ces problèmes doivent
être recherchées dans l'optique d'une politique globale de
l'environnement.
Finalement, signalons que plusieurs des dété- riorations
du milieu ambiant résultent d'actions individuelles. Les solutions
doivent donc être recherchées au niveau de la modification des
comportements. La création du ministère de l'environnement se
fonde sur des orientations politiques et administratives. En effet, un
ministère préoccupé de la qualité de vie est soumis
à une double rationalité visant, d'une part, à
régler les problèmes actuels de pollution et, d'autre part,
à orienter les actions collectives et individuelles en vue de
prévenir la détérioration du milieu. Pour ce faire, le
ministère devra se préoccuper de la restauration du milieu; de
plus, il devra être présent au niveau du développement
d'une conscience écologique afin d'évoluer du curatif au
préventif en développant le sens de la responsabilité
individuelle et collective face à la qualité de vie des
Québécois.
En somme, l'idéologie qui servira à bâtir ce
ministère est basée essentiellement sur la volonté
politique de redonner aux Québécois des usages perdus et
d'harmoniser dans l'avenir le développement et la qualité de
l'environnement. De plus, cette approche devra se développer avec les
principaux intéressés, c'est-à-dire les
Québécois. En effet, depuis deux ans, les fonctionnaires ont
été incités à faire en sorte que la dimension de
participation soit élargie. L'action d'un tel ministère demeurera
peu efficace si la population n'est pas informée, sensibilisée,
si elle ne participe pas au maintien de la qualité même de son
milieu. L'expérience démontre que la participation implique la
mise en oeuvre des mécanismes pouvant rapprocher l'organisation
gouvernementale des citoyens. Dans ce sens, la régionalisation des
structures va de pair avec la mise sur pied de la nouvelle organisation.
Maintenant, si on parlait de gestionnaire unique de l'eau qui
découle de la création du ministère et qui est une des
conséquences ou des conclusions du fameux rapport Legendre. Je peux tout
d'abord assurer mes collègues que le magasin de l'environnement demeure
ouvert pendant les travaux d'agrandissement, parce qu'il s'agit bien de cela.
Malgré les restrictions budgétaires, la part de l'environnement
continue de s'accroître d'année en année. Le budget est
maintenant triplé, c'est-à-dire doublé au niveau des
Services de protection de l'environnement de ce qu'il était à mon
arrivée au Conseil des ministres, et si on y ajoute la portion de
responsabilité accrue venant de la Direction générale des
eaux et des réserves écologiques, on peut dire que le budget a
triplé au cours des deux dernières années comparativement
à ce qu'il était à notre arrivée le 26 novembre.
(10 h 30)
Avec l'apport de la direction des eaux dont le budget égale celui
des SPE de 1977, c'est un budget trois fois plus élevé donc qui
doit maintenant servir à la protection, à l'amélioration
et à la connaissance des milieux ambiants. En 1976, nous avions 523
postes permanents et quelques postes occasionnels. Aux Services de protection
de l'environnement, nous pouvons dire maintenant, en
1979, que nous avons 732 postes permanents, plus 56 postes occasionnels,
ce qui fait 788 postes, ce qui représente une addition importante pour
la prochaine année et la Direction générale des eaux
compte par ailleurs 330 postes permanents plus 155 postes occasionnels, ce qui
veut dire 455 postes ajoutés à ce que nous avons
actuellement.
Ceci veut dire que le ministère de l'environnement, qui sera
officiellement créé cette année, possiblement au cours du
mois de juin, si l'Opposition y donne son accord, pourra s'appuyer sur plus de
1000 fonctionnaires c'est-à-dire 1273 en incluant les occasionnels, pour
assurer un meilleur service à la population.
La réunion de la Direction générale des eaux et des
Services de protection de l'environnement est un geste majeur d'unification des
forces mandatées pour gérer la ressource eau du Québec. On
peut donc, dès maintenant, parler d'un véritable gestionnaire
unique de l'eau au Québec, souhaité depuis plus de dix ans par
les divers usagers pu-lics et privés dans le domaine de l'eau. Cette
unification des deux principaux intervenants dans la gestion de l'eau au
Québec va permettre une exploitation plus ordonnée de nos eaux au
bénéfice de la population québécoise en
intégrant la conservation de cette ressource vitale, la protection de
nos lacs, de nos cours d'eau et des richesses du milieu aquatique, ainsi que la
récupération des usages perdus à la suite d'une
exploitation outrancière et inconsidérée.
La poursuite des activités dans l'acquisition des données
requises pour la gestion de l'eau au Québec se concrétise au
cours du présent exercice financier, par l'attribution d'un budget
légèrement supérieur à celui de l'an dernier. En
effet, des crédits de $5 100 000 sont prévus en 1979/80 par
rapport à $4 700 000 en 1978/79. Ce budget qui tient tout juste compte
de l'inflation permettra l'exploitation des réseaux de stations
météorologiques et de stations de mesure des eaux de surface.
L'inventaire des eaux souterraines, l'échantillonnage de la
qualité des eaux, ainsi que la mesure des caractéristiques
physiques de nos principaux lacs et rivières.
Ce type d'activités sera maintenu au même niveau que l'an
dernier et, grâce au réaménagement des diverses
priorités et à une efficacité accrue dans les
opérations, il sera même possible de créer, sans
augmentation de budget, un réseau de surveillance des substances
toxiques. Ce nouveau réseau sera greffé sur le réseau
actuel d'échantillonnage systématique de la qualité de
l'eau des principales rivières du Québec.
C'est un premier jalon posé dans la concertation des programmes
autrefois gérés séparément par la Direction
générale des eaux et par les Services de protection de
l'environnement. Par ailleurs, la Direction générale des eaux
poursuivra son programme de connaissance intégrée, programme de
dix ans commencé en 1975 et visant à acquérir, pour divers
bassins à versant québécois fortement peuplés,
toutes les données essentielles à la gestion des eaux
atmosphériques, de surface et des eaux souterraines, dans une optique de
restauration.
L'effort fourni par le Québec pour la réalisation
d'ouvrages anti-inondation jugés essentiels à la protection des
citoyens a augmenté, mais les travaux de protection entrepris en 1977
dans le cadre d'une entente Canada-Québec doivent être
désormais assumés par le Québec seul.
En effet, en octobre 1978, le gouvernement fédéral a
limité sa contribution aux travaux commencés et s'est
retiré de toute nouvelle initiative de lutte aux inondations dans la
région de Montréal. J'espère qu'il répondra aux
citoyens de Montréal qui lui poseront des questions pendant la campagne
électorale fédérale, ce qui aura pour effet le geste qu'il
a posé unilatéralement, de ralentir le rythme des travaux pour
lesquels nous étions disposés à commencer des
réalisations.
Malgré cela, les importants travaux de construction du barrage de
l'île des Moulins, sur la rivière des Mille-Iles, en amont de
Terrebonne, de même que le système de digues et de stations de
pompage dans deux zones fréquemment inondées de Châteauguay
seront complétés au cours de l'exercice financier 1979/80 et
seront financés à 100% par le Québec. Mais, au lieu de
dépenses de l'ordre de $5 millions, à frais partagés entre
le gouvernement fédéral et le Québec, nous devrons
débourser seuls environ $3,2 millions.
La lutte contre les accidents naturels se poursuivra dans le même
esprit que l'an dernier, par l'application de la politique gouvernementale
d'aide aux municipalités, programme PIANEAU, en vue d'apporter des
correctifs aux dérèglements hydrauliques: érosions,
inondations, glissements de terrain, pour protéger les citoyens.
Dans le même esprit se poursuivront le programme de cartographie
des plaines inondables et l'incitation à zoner les territoires
municipalisés situés dans la plaine inondable, pour
empêcher toute construction.
En rapprochant dans un même ministère des fonctionnaires
qui travaillent dans des domaines voisins, il sera possible d'assurer une
meilleure coordination et de faire du ministre de l'environnement le seul
gestionnaire de l'eau au Québec.
La création du ministère permettra également de
mieux définir les responsabilités du ministre de l'environnement
par rapport aux autres ministères et aux autres ministres, et surtout
par rapport à la population. Dès que les délimitations
finales auront été décidées, vous pourrez compter
sur moi pour poursuivre l'information et la campagne que je mène dans
tous les coins du Québec pour la cause de l'environnement.
La loi 69. En décembre dernier, avec l'aide de l'Opposition
officielle et des députés de D'Arcy McGee et de Saint-Hyacinthe,
nous avons fait adopter la loi 69 par l'Assemblée nationale. Nous sommes
actuellement à mettre la dernière touche au projet de
règlement des études d'impact dont le bureau d'audiences
publiques de l'environnement sera chargé de surveiller l'application en
consultation avec la population.
La commission parlementaire tenue sur ce projet de loi aura
été très enrichissante pour moi ainsi que, je crois, pour
les autres membres de la commission. Elle aura permis en tout cas d'appor-
ter de nombreux amendements pour bonifier le projet actuel.
Je profite de l'occasion qui m'est offerte pour remercier à
nouvau mon prédécesseur, le député de D'Arcy McGee,
de sa contribution positive au débat qui a entouré ce projet de
loi.
Malheureusement, j'ai constaté avec regret que le
député de Saint-Hyacinthe a, en l'espace d'une deuxième
lecture, été remplacé, comme porte-parole de son parti,
par le député de Brome-Missisquoi. N'insistons pas sur cet
accident de parcours. La loi 69 doit permettre une participation active des
citoyens, une participation responsable. Il ne s'agira pas de tenir des
auditions publiques sur tous les projets, mais de bien informer la population
sur tous les projets importants qui risquent d'avoir un impact important sur
leur environnement.
L'unité d'interventions. M. le Président, au cours de la
prochaine année, nous accélérerons le programme
d'assainissement des cours d'eau du Québec. Dans les zones cibles
retenues l'an dernier, nous avons engagé des travaux dans une vingtaine
de municipalités. Ce premier essai nous encourage à aller, cette
année, dans toutes les régions du Québec. Nous poursuivons
également les travaux commencés à la CUM, à la CRO,
dans la rivière du Nord, dans la Yamaska-Nord, dans la rivière
des Mille Iles, dans le canal de la rive sud, dans le lac des Deux-Montagnes,
dans la partie sud du lac Saint-Louis et dans la rivière des
Prairies.
Le choix des cours d'eau et des travaux qui s'y font dépend, dans
une certaine mesure, des groupes de citoyens qui peuvent s'organiser et
discuter des usages qu'ils veulent retrouver ou avoir. Depuis les
dernières décennies, nous avons usé et abusé de
cette richesse unique que constituent nos rivières et nos lacs. Il faut
maintenant payer le prix de cette insouciance. De nombreuses personnes se
rappellent avec nostalgie telle plage maintenant fermée, tel endroit
maintenant vide de poissons où elles allaient pêcher.
Les sommes astronomiques que représenterait la dépollution
complète de tous les cours d'eau nous obligent à faire des choix.
Et c'est dans la mesure où les citoyens d'une région nous
indiqueront leur intérêt à retrouver des usages possibles
de leurs points d'eau que nous pourrons dresser une liste des cibles
prioritaires.
Le programme des lacs, qui repose sur le regroupement des citoyens
appelés à prendre conscience qu'ils peuvent être autant des
pollueurs que des pollués, se poursuivra également.
Les priorités du gouvernement. En plus du programme
d'assainissement dans le domaine de l'eau, nous sommes maintenant prêts
à un programme semblable dans le domaine de l'air.
Forts d'une première expérience, il nous a
été possible de mettre en place des mécanismes qui
permettront des interventions factuelles dans un certain nombre de villes
où, dans un avenir prochain, il fera meilleur de vivre.
Dans le même ordre d'idée, je retournerai dans quelques
semaines à Rouyn-Noranda pour assister à la publication des
derniers dossiers techniques préparés avec et pour un
comité de citoyens, formé lors d'une visite en décembre
1977. A ces dossiers techniques, s'ajouteront les hypothèses de
solutions qui feront l'objet d'une consultation dans cette région. C'est
la première expérience du genre. J'en attends des indications sur
les interventions souhaitées par la population. Le BEST,
c'est-à-dire le Bureau d'études sur les substances toxiques, qui
a travaillé le dossier de Rouyn-Noranda avec le comité des
citoyens, poursuit son travail en vue de préparer les interventions pour
éliminer des causes identifiées d'intoxication du milieu. En plus
du bureau d'audiences publiques, créé dans le sillage de la loi
69, nous avons et nous allons intensifier nos efforts dans le domaine de
l'information et de l'éducation où le budget est passé
à $927 000. Depuis cinq semaines, nous avons par des messages sous le
thème de vivre en harmonie, mené une campagne d'image à ia
télévision et à la radio. Par des messages
régionaux, nous avons souligné que l'environnement, c'est d'abord
et avant tout le milieu où chacun vit, milieu qui est beau, qui
mérite d'être connu, protégé et
amélioré.
Dans le domaine de l'éducation, nous avons l'an dernier
défini une politique globale d'intervention et implanté un module
dans le service des communications. Ce module a déjà produit une
dizaine de brochures et de dossiers et a recueilli d'utiles renseignements dans
le réseau scolaire, ce qui permettra cette année d'appuyer le
travail des professeurs aux niveaux primaire et secondaire, de participer
à l'année internationale de l'enfant par la production d'un
agenda pour les élèves de sixième année du
primaire, d'organiser un minicolloque et de répondre aux demandes de
ceux qui s'intéressent à l'environnement.
Finalement, dans le domaine des priorités, nous avons
décidé de travailler à rapprocher nos services des
citoyens, en augmentant le personnel de nos bureaux régionaux et en leur
accordant certaines responsabilités et certaines décisions qui
relevaient jusqu'ici du ministère à Québec. Depuis la
commission parlementaire sur le projet de règlement sur la production
animale, nous avons également, grâce aux représentations
qui nous ont été faites, rencontré c'est nouveau
les producteurs et convenu avec eux de la suite à donner à
ce règlement qui demeure essentiel pour la protection de la ressource
eau, mais qui sera appliqué avec une certaine souplesse, selon les
régions. Une demi-douzaine de règlements sont actuellement sur le
point de voir le jour ou d'être publiés dans la Gazette
officielle. C'est le cas de celui relatif à la qualité du milieu
de travail qui s'intègre dans la politique du gouvernement en
matière de santé et de sécurité des travailleurs et
dont la deuxième publication doit se faire au cours des prochains mois.
C'est ce que j'annonçais à Sept-lles hier.
Les autres règlements sont ceux de la qualité de
l'atmosphère, de la production animale, des fosses septiques, de la
qualité de l'eau potable et surtout celui portant sur les études
d'impact.
En conclusion, depuis mon arrivée au ministère, je me suis
dressé une liste d'objectifs que je continue de poursuivre, qui sont:
participation des citoyens, information et éducation, gestionnaire
unique de l'eau, protecteur des sites naturels, autant urbains que les autres.
Grâce à la sympathie du Conseil des ministres, chacun de ces
dossiers marque une heureuse évolution, année après
année, mais jamais assez rapidement à mon goût.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, il
reste que le gouvernement fait de l'environnement une priorité d'action
dans la mesure où les citoyens attachent de l'importance à la
qualité de leur milieu de vie. Ceci valait pour les gouvernements
précédents; cela vaut davantage encore pour le présent
gouvernement.
C'est d'ailleurs dans la mesure où un gouvernement répond
ou non aux attentes des citoyens, qui sont ses employeurs, qu'il est et qu'il
doit être jugé. Pour faire la promotion de l'environnement, j'ai
pu compter sur l'appui de la presque totalité des députés
de l'Assemblée nationale et principalement sur les encouragements et les
critiques bienveillantes des porte-parole des partis d'Oppo sition.
Je suis maintenant prêt, avec l'aide de mon équipe,
à répondre aux questions et à fournir les informations
jugées nécessaires par les membres de la commission. (10 h
45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le ministre.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je voudrais, tout
d'abord, remercier le ministre de la courtoisie avec laquelle il a
présenté aux membres de cette commission ses principaux
collaborateurs qui l'accompagnent ou qui l'appuient. Ce sont presque toutes des
personnes avec lesquelles j'ai eu l'honneur de travailler pendant une
période de presque six années. J'ai appris à
apprécier leurs qualités, leur dévouement, leur
compétence professionnelle.
Je voudrais notamment souhaiter la bienvenue à M. André
Caillé, qui assume la lourde tâche de directeur des Services de
protection de l'environnement, une tâche qui est en large mesure
définie dans la loi, qui impose un fardeau très
considérable d'action et qui requiert un éventail
considérable de connaissances. Ayant travaillé avec M.
Caillé dans un autre contexte, je suis convaincu qu'il a et la
compétence et l'éventail des connaissances pour bien remplir ce
rôle qui lui est maintenant dévolu.
Je voudrais, M. le Président, en ce moment précis, rendre
hommage au prédécesseur de M. Caillé, M. Gilles Jolicoeur.
Je l'ai rencontré quand je suis devenu ministre de l'environnement, en
décembre 1970. Il était, à l'époque, un des
régisseurs de la Régie des eaux du Québec. Quand nous
avons créé les Services de protection de l'environnement, nous
avons, après un certain temps, fondu la Régie des eaux dans la
Commission municipale du Québec, en ajoutant les régisseurs au
nombre de commissaires de la commission municipale. J'ai vu en M. Jolicoeur une
personne exceptionnelle et c'était mon premier et, à toutes fins
utiles, mon unique choix comme directeur des Services de protection de
l'environnement quand ce poste a été créé avec
l'adoption de la Loi de la qualité de l'environnement en décembre
de 1972.
Je n'ai jamais regretté ce choix. Au contraire, j'ai
trouvé en M. Jolicoeur une compétence professionnelle, une
intégrité à toute épreuve; c'est un grand serviteur
de l'Etat, qui a fourni au Québec une ressource intellectuelle
absolument exceptionnelle. Je lui souhaite bonne chance dans la continuation de
sa brillante carrière professionnelle; je suis convaincu qu'il
continuera, quelle que soit à l'avenir la nature de ses fonctions,
à contribuer au bien-être collectif des
Québécois.
Je voudrais aussi, M. le Président, réagir très
favorablement à un élément du discours du ministre. Il a
souligné le fait que, maintenant, même si le cahier des
crédits ne le reflète pas cette année, dans les faits, la
Direction générale des eaux qui, jusqu'à maintenant
appartenait au ministère des Richesses naturelles, devient un
élément intégrant des Services de protection de
l'environnement. Pour en avoir discuté assez longuement et assez souvent
avec plusieurs collègues avec qui j'ai siégé au Conseil
des ministres, notamment avec M. Gilles Massé et avec M. Jean Cournoyer,
qui ont servi comme ministres des Richesses naturelles, il y avait, je pense,
dans l'esprit de tous, le sentiment, la conviction même, que la gestion
de la ressource eau devait être unifiée dans la mesure du
possible. Sous quelle autorité, la décision n'avait pas
été prise au moment où j'ai dû, malgré moi,
quitter la responsabilité d'être ministre de l'environnement. Je
suis heureux que la décision ait maintenant été prise et
je ne vous cache pas, M. le Président, que je suis heureux de la
direction dans laquelle cette décision a été prise. Je
pense que c'est la logique même qui amène la Direction
générale des eaux à faire partie des Services de
protection de l'environnement.
Je voudrais, là aussi, rendre hommage à M. Mortimer
Hendler qui, avec son équipe, constitue une acquisition importante pour
les Services de protection de l'environnement, et je suis convaincu que
l'harmonie dans laquelle tous les responsables de la ressource eau vont
dorénavant travailler va servir le bien commun et que l'eau s'en portera
de mieux en mieux à cause de cette collaboration maintenant
structurée sur le plan administratif.
M. le Président, en troisième lieu, je voudrais aborder un
sujet de grande importance et qui est en effet un sujet de l'heure. Le ministre
n'en a pas fait état dans son discours. Je ne lui en fais pas de
reproche, mais je voudrais saisir cette occasion pour en parler, parce que nous
ne pouvons que partager l'inquiétude de ceux qui habitent les environs
de la ville de Harrisburg en Pennsylvanie et
nous ne pouvons que nous poser certaines questions quant à
l'orientation future du Québec en matière d'énergie.
M. le Président, je veux en parler d'une façon très
sobre. Je ne veux pas dramatiser. Je ne veux pas faire de comparaison. Je veux
plutôt poser des questions pour que les comparaisons se fassent par ceux
qui ont la compétene pour le faire. Je ne voudrais surtout pas
créer l'impression que nous sommes, au Québec, assis sur un baril
de poudre, que nous sommes à la veille de connaître une situation
semblable. Je crois que tel n'est pas le cas. Mais je crois que nous devons, en
ce moment, alertés par ce malheureux événement en banlieue
de Harrisburg, nous poser certaines questions quant à notre orientation
future.
M. le Président, nous avons au Québec certaines
installations nucléaires qui, par comparaison avec la
prolifération que l'on voit ailleurs sur le continent
nord-américain, demeurent passablement modestes. Nous sommes
informés que l'Hy-dro-Québec, tout en poursuivant son programme
de développement des ressources hydroélectriques a l'intention
d'apporter une attention au secteur nucléaire et d'y effectuer, avec le
temps, une certaine expansion. On parle de Gentilly II, Gentilly III et
même Gentilly IV et il y aura lieu, je pense, que les personnes
compétentes nous disent, disent à l'opinion publique, très
clairement, quelles sont les différences entre les systèmes et
surtout les dispositifs de sécurité que nous avons
présentement à Gentilly, que nous aurons dans les futures
installations et ce qui a fait défaut à Harrisburg.
Il serait bon de savoir si, depuis la dernière fois parce
que le ministre pourra, très correctement, me répondre qu'il y a
eu des auditions publiques et que les dirigeants et les experts de
l'Hy-dro-Québec sont venus devant des commissions parlementaires et ont
expliqué la nature de nos installations et les projets et ont
parlé des mesures de sécurité qui sont prises et qui
seront prises, mais il y a quand même un certain temps qui s'est
écoulé depuis la dernière fois que nous en avons entendu
parler publiquement il me semble qu'il serait bon que nous puissions
comprendre ce qui a fait défaut aux Etats-Unis et ce qui nous
protégerait contre de tels dangers chez nous.
Ici à Gentilly, s'il y a du danger, il faudra que des experts
nous disent quel est le risque. Il y en a toujours. Il y a un risque chaque
fois que l'on sort de sa maison pour marcher. Il y a même un risque,
à la maison, sans sortir; on dit qu'il y a plus d'accidents qui ont lieu
à la maison qu'à l'extérieur de la maison. Alors, la vie
est un risque. C'est dans ce sens que je ne veux pas exagérer. Mais un
des risques de la vie, surtout en ce qui concerne les installations d'une
certaine complexité, c'est l'erreur humaine. Il serait bon que nous
puissions entendre les gens qui connaissent ce domaine, nous expliquer en quoi
nous avons érigé un système de protection contre l'erreur
humaine dans nos installations.
Il y a un autre aspect du sujet, sur lequel j'aimerais entendre le
ministre lui-même. Nous savons qu'il y a des différences entre les
réacteurs que nous avons au Canada et ceux qui sont utilisés aux
Etats-Unis. Il y a des différences quant au système de
sécurité, il y a aussi des différences quant au
système de refroidissement du réacteur. Si nous appelons le
système canadien, CANDU, c'est parce que le DU fait allusion au
deuterium à l'eau lourde utilisé comme matière
refroidissante. Nous avons discuté pendant un certain temps de
l'opportunité d'établir, pas loin de Ge itilly, dans le parc
industriel de Bécancour, une usine d'eau lourde. Il y a eu une certaine
discussion sur l'impact possible d'une telle usine sur notre environnement et
sur la santé humaine.
On a dit, par exemple, que le gaz sulfureux, un élément
important du procédé de production de l'eau lourde, peut, dans
des circonstances extraordinaires, s'échapper de l'usine et
nécessiter, à courte échéance, l'évacuation
d'une population qui habite dans un rayon d'une certaine importance autour de
l'usine. Là aussi, M. le Président, surtout là, je ne
voudrais pas créer un sentiment d'inquiétude qui ne serait pas
justifié, mais certaines personnes qui avaient, à nos yeux, une
certaine expertise dans le domaine, ont situé ce rayon à quelque
huit kilomètres. Or, à huit kilomètres de
Bécancour, on est de l'autre côté du fleuve, on est dans
l'agglomération trifluvienne. Je pense que nous avons la
responsabilité à l'égard des Trifluviens, de tous les gens
qui habitent le Coeur du Québec, de leur expliquer quels sont, au juste,
les risques de l'implantation éventuelle d'une usine d'eau lourde. (11
heures)
Et puisque le ministre s'est déjà exprimé sur la
question, j'aimerais qu'il fasse une mise à jour de ce dossier. On sait
que le dossier est à l'écart présentement et que l'on ne
procédera pas immédiatement à la construction de cette
usine, mais si nous voulons faire fonctionner nos réacteurs qui ont
besoin d'eau lourde, il faudra trouver l'eau lourde quelque part. Et si j'ai
bien compris, nous avons renoncé, dans une certaine mesure, à
l'exploitation des installations de Gentilly, pour permettre aux gens des
Maritimes je pense que c'était au Nouveau-Brunswick
d'avoir accès à la production relativement limitée d'eau
lourde au Canada.
Alors, quel est le rôle que jouera l'eau lourde dans les plans
d'avenir de l'Hydro-Québec quant aux futures installations de
Gentilly?
M. le Président, je voudrais terminer par une motion. Si vous me
dites qu'il ne convient pas de faire une motion à ce stade de nos
travaux, je ne voudrais pas faire un débat de procédure
là-dessus. Je voudrais en faire au moins un voeu et espérer
rallier l'assentiment des membres de la commission.
J'aimerais suggérer que cette commission siège, d'ici
quelques semaines, à un moment qui conviendra à tous les
intéressés, afin de pouvoir écouter les responsables de
l'Hydro et d'autres intéressés sur l'avenir de notre politique
énergétique, en ce qui concerne le domaine nucléaire et la
protection de l'environnement.
Ce disant, M. le Président, je vous laisse le soin, comme il se
doit, de vous prononcer sur la recevabilité d'une telle motion. Je
voudrais, encore une fois, remercier le ministre de son entrée en
matière et offrir à mes autres collègues, avant d'aborder
d'autres sujets, l'occasion de faire leurs interventions. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de D'Arcy McGee. Je suis sûr que le ministre a
pris bonne note de votre suggestion, mais je me dois malheureusement de
déclarer, à ce stade-ci, irrecevable votre motion, puisque notre
mandat consiste à étudier essentiellement les crédits du
ministère de l'environnement. Il y a d'autres procédures qui vous
permettraient de demander la convocation de cette commission parlementaire pour
étudier les problèmes que vous avez évoqués.
M. Goldbloom: M. le Président, vous avez senti que je
prévoyais votre réponse et je vous ai déjà dit que
je ne ferais pas de débat de procédure là-dessus. Il y
aura d'autres occasions pour faire ce débat également.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. A l'ouverture de cette
commission parlementaire, je tiens à remercier le ministre pour
l'exposé qu'il nous a fait. Bien sûr nous aurons, au cours des
débats, plusieurs questions à lui poser sur les finances de
l'année passée et également sur les projets qu'il veut
réaliser pour l'année en cours.
Je tiens aussi à remercier le ministre d'avoir permis à
tout l'état-major de son ministère de participer à cette
commission. Nul doute qu'avec l'aide de tous ces fonctionnaires, nous
obtiendrons tous les renseignements voulus.
Je tiens aussi à remercier tous les fonctionnaires du
ministère de l'environnement pour l'aide qu'ils nous ont accordée
l'année passée, afin de solutionner les problèmes de nos
commettants. Bien sûr, de temps à autre, cela a pu prendre quelque
temps pour l'émission des permis mais, renseignement pris,
peut-être qu'il vous manque quelques fonctionnaires, peut-être
même à temps partiel, pour dactylographier les permis que vos
techniciens acceptent. Mais cela prend quelque temps à
l'émission, faute de personnel, pour l'émission de ceux-ci.
Je tiens aussi à féliciter M. Caillé pour sa
nomination. Nul doute qu'ayant eu l'occasion de travailler sur certains
dossiers avec M. Caillé, j'ai pu apprécier son esprit de travail,
de décision et, également, lorsqu'il donne sa parole, nous
pouvons compter sur elle.
Je tiens aussi à remercier M. Gilles Jolicoeur pour ses
nombreuses années de loyaux services passées aux Services de la
protection de l'environnement. Réellement, ce n'est pas un service, je
crois, de tout repos, c'est à peu près comme pour les
députés, ce sont seulement des problèmes qu'il a à
résoudre. Ce n'est pas facile d'évoluer dans ce domaine, mais,
par contre, je crois que M. Jolicoeur a donné tout ce qu'il pouvait aux
Services de la protection de l'environnement. Nul doute qu'aujourd'hui ses
services ayant été retenus dans d'autres domaines, il saura,
là aussi, rendre de grands services pour le bien de tous les
Québécois.
L'année passée, nous avons étudié le projet
de loi 69, lequel accordait aux citoyens certains droits concernant leur
environnement. Je ne sais pas si, actuellement, plusieurs citoyens se sont
prévalus des droits que le projet de loi leur accordait, mais je tiens
à souligner à M. le ministre que, si, durant l'étude du
projet de loi 69, il y eu un incident de parcours, comme il l'a
mentionné, c'est tout à fait normal, car, dans notre parti aussi,
il existe une grande démocratie, et le projet de loi, tel qu'il nous
avait été soumis en deuxième lecture, n'était pas
parfait, mais, grâce à la commission parlementaire où nous
l'avons étudié article par article, le ministre a su accepter
certains amendements de l'Opposition. Nous l'avons bonifié et c'est
pourquoi, en troisième lecture, cela a été plus
facile.
Il y a aussi la création du ministère de l'environnement.
Le ministre nous a fait part que c'est un projet en voie de réalisation.
Il nous a informés qu'il présenterait, au cours de cette session,
un projet de loi. Nous allons attendre le dépôt de ce projet de
loi pour l'étudier. Vous pouvez compter sur notre collaboration, encore
là, pour l'adopter et également pour le bonifier, s'il y a
lieu.
J'appuie les remarques du député de D'Arcy McGee
concernant sa demande d'une commission parlementaire plus tard, tel que M. le
président l'a suggéré, pour étudier et entendre
ceux qui s'occupent de questions nucléaires, concernant surtout les
dangers que cela peut représenter et savoir si tous les
mécanismes sont en place afin de protéger l'environnement des
citoyens du Québec.
Egalement, l'année dernière, nous avons, en commission
parlementaire, entendu de nombreux mémoires concernant la
réglementation future pour ce qui concerne l'environnement. M. le
ministre nous a fait part que plusieurs règlements seront publiés
sous peu. J'en suis bien content, mais, par contre, il ne faudrait pas trop
retarder, parce que je crois que, dans les différents milieux,
actuellement, il y a des règlements qui sont appliqués, mais non
officiels. Ce sont des normes, etc. Je crois qu'au point de vue de
l'administration il serait grandement préférable que toutes ces
normes soient connues par le grand public afin que tout le monde s'y soumettre
une fois qu'elles auront été adoptées.
Je demande aussi au ministre s'il serait possible, étant
donné la nombreuse documentation que les parlementaires doivent lire, de
faire parvenir aux membres de la commission, à cette commission-ci, tous
les règlements lorsqu'ils seront adoptés définitivement,
parce que souvent nous n'avons
pas le temps de tout lire la Gazette officielle. Il y a certains
règlements qui entrent en vigueur. Je crois que, si nous recevions ces
réglementations dès leur adoption, cela rendrait grandement
service aux membres de cette commission. Cela nous mettrait au courant de ce
qui se fait réellement dans ce domaine.
Egalement, concernant l'environnement, vous nous avez informés,
M. le ministre, qu'actuellement, dans les bureaux régionaux, le
personnel était un peu plus nombreux. Si je peux vous faire une bonne
suggestion, vous informer de ce que j'aimerais qu'il se fasse, ce serait la
décentralisation au point de vue de l'émission des permis pour
les exploitations agricoles. Je crois sincèrement que, si
l'émission des permis se faisait dans les régions données,
cela hâterait l'étude de certains dossiers, parce que, maintes
fois, vos techniciens doivent aller sur les lieux faire une visite. Partir de
Québec et aller à 200 ou 300 milles, cela prend du temps. Si ces
permis étaient émis directement dans les régions, le
technicien qui aurait à faire une enquête locale prendrait moins
de temps pour le faire, étant donné qu'il serait dans le milieu.
Ce ne sont pas des blâmes que je fais actuellement à votre
personnel. Je crois que cela hâterait l'émission des permis pour
les exploitations agricoles.
J'aurai certainement beaucoup de questions à vous poser lorsque
nous serons rendus à cette étape, mais, en terminant, je tiens
à assurer cette commission que j'y apporterai toute l'attention voulue.
Vous pouvez compter sur mon aide. En terminant, j'aimerais que le ministre nous
informe davantage en ce qui concerne tous les programmes, l'éducation et
la sensibilisation des étudiants à l'environnement. Je crois que
c'est un domaine très important, car ce sont les jeunes que nous devons
sensibiliser aux problèmes de l'environnement afin que, plus tard, ils
deviennent des citoyens exemplaires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Saint-Hyacinthe. Conformément à une
politique que j'ai établie depuis deux ans, lors de l'étude des
crédits, j'entends demander aux autres députés, avant que
le ministre réplique et avant de passer au programme no 1, s'il y en a
qui auraient des remarques générales à faire.
M. le député de Champlain.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Merci beaucoup, M. le Président. Je ne serai
pas très long, mais je voudrais appuyer les propos du
député de D'Arcy McGee lorsqu'il a parlé de l'importance
d'informer la population sur les dangers de l'énergie nucléaire.
On a souvent entendu dire que le Québec est à peine dans le club,
c'est-à-dire que le peu d'énergie que l'on produit, partant de
l'énergie nucléaire, c'est minime. Il ne faut pas oublier que,
pour les populations que nous représentons ici à
l'Assemblée nationale dans mon cas, Champlain, Cap-de-la-Madeleine
nous nous trouvons très près de Gentilly.
Je pense que je suis plus près que cinq milles de l'usine
nucléaire de Gentilly. Je voulais tout simplement appuyer les
recommandations du député de D'Arcy McGee et demander au
ministre, si possible, de clarifier la situation, de renseigner la population
sur les risques qu'on court et aussi sur les méthodes
d'évacuation qui ont été étudiées dans ces
coins en cas d'accidents.
Je voudrais aussi que le gouvernement, par le ministère de
l'environnement, développe beaucoup d'efforts pour qu'avant que l'on
s'embarque davantage dans cette forme d'énergie, on soit plus
sécurisé et plus certain de ce qui peut arriver et des risques
que cette forme d'énergie comporte. (11 h 15)
Je parle surtout de notre région, puisque même si on
produit à peine 2% de l'énergie partant du nucléaire,
comme je le disais tantôt, il reste que notre région est
embarquée dans le club à 100% et je sais qu'en fin de semaine,
suite à l'incident qu'on a vu aux Etats-Unis, notre population se posait
de sérieuses questions.
C'est tout simplement pour cette raison que je voulais prendre la
parole, pour appuyer les propos du ministre et lui demander de nous donner les
informations dont on a besoin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauharnois.
M. Laurent Lavigne
M. Lavigne: M. le Président, en tant que
député du comté de Beauharnois, je m'en voudrais de ne pas
profiter de l'occasion, avec l'ouverture de cette commission parlementaire sur
les crédits, pour mettre mon grain de sel quant à
l'environnement. Je suis le député d'un comté, comme
à peu près tout le monde sait, a eu, dans le passé,
énormément de difficultés à l'assainissement des
eaux du comté de Beauharnois. Comme vous le savez, la ville de
Valleyfield et le comté de Beauharnois sont presque entièrement
entourés d'eau par le lac Saint-François, le lac Saint-Louis, la
rivière Saint-Charles, la rivière Saint-Louis, etc., et je
félicite le ministère, même s'il n'est pas encore
ministère, mais les Services de protection de l'environnement pour la
décision qu'ils ont prise l'an passé dans un programme de
dépollution des eaux dans notre région, au montant de quelque
$150 millions. Cela aura des retombées importantes dans le comté
de Beauharnois et dans toute la région. Je félicite aussi M.
Caillé, avec qui j'ai eu l'occasion de travailler. Nous sommes
présentement à négocier avec les municipalités
concernées des protocoles d'entente et on espère que, dans les
plus brefs délais, on pourra mettre en chantier ce projet de
dépollution des eaux de la région.
Nous avons eu aussi, comme vous le savez, dans le passé,
plusieurs difficultés à faire respecter certains
règlements par les usines et les industries du comté de
Beauharnois. Je ne sais pas si c'était dû à de la mauvaise
volonté ou à la non-compréhension des Services de
protection de
l'environnement à vouloir se conformer à ces
règlements, mais je sens et je sais que le ministre actuel a la
volonté ferme de faire respecter tous les règlements qu'on a mis
de l'avant pour la dépollution des eaux et de l'air de la région
et du comté.
Donc, je souhaite que le ministère naisse dans les plus brefs
délais. J'espère qu'en juin on verra un ministère
naître, très fort, et j'espère que le ministre des Finances
sera sensibilisé aux besoins financiers de ce ministère. Il y a
eu, bien sûr, dans le passé, probablement par un manque de
sensibilisation de la part de l'ensemble de la population, le soin de
protéger notre environnement et nous avons besoin d'un ministère
qui sensibilisera cette population, mettra de l'avant des règlements et
verra à les faire respecter. Parce que, quand on parle de qualité
de vie, on n'a pas le droit d'en parler si notre environnement n'est pas
respecté, d'abord et avant tout.
Donc, j'espère que ce ministère naîtra, qu'il aura
tous les crédits et les fonds nécessaires à sa bonne
gestion. Ce sont les voeux que je souhaite de tout coeur.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: Je voudrais, M. le Président, remercier bien
sincèrement le député de Champlain de son appui à
la proposition que j'ai faite. Je pense que c'est une garantie de la
réussite de cette proposition. Je suis convaincu que le ministre
écoutera au moins autant son propre collègue qu'un adversaire. Je
voudrais ajouter un simple commentaire en sept mots seulement: Heureusement que
nous avons la baie James.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le ministre,
avant l'étude du programme 1, en réplique.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier les députés de l'Opposition, celui de D'Arcy McGee et
celui de Saint-Hyacinthe pour leur collaboration et la critique positive de
l'environnement, ainsi que les députés du gouvernement, celui de
Beauharnois et celui de Champlain, qui ont donné aussi des points de vue
très intéressants auxquels j'aimerais donner quelques
réponses.
Je pense que tout le monde s'interroge sur les conséquences des
projets nucléaires. Nécessairement, il est important qu'on puisse
donner aujourd'hui, peut-être, un point de vue concernant la situation au
Québec à la lumière des conséquences que nous avons
perçues aux Etats-Unis et à Harrisburg en particulier.
D'abord, je tiens à dire que, nécessairement, la
leçon qu'on doit retenir de la situation à Harrisburg est qu'il
faut être de plus en plus prudent concernant l'énergie
nucléaire. J'ai tou- jours eu comme "motto" que le ministère de
l'environnement ne doit pas s'opposer aveuglément au progrès mais
doit s'opposer au progrès aveugle. Devant cette philosophie que je mets
de l'avant, je dois dire que le gouvernement n'a pas attendu les
problèmes que nous avons eus à Harrisburg pour déterminer
un moratoire sur les projets d'énergie nucléaire.
Nécessairement, Gen-tilly I fonctionne actuellement d'une façon
peut-être sporadique, Gentilly II sera prêt à la fin de 1983
tandis que pour Gentilly III, il n'y a eu qu'un accord de principe sur le
projet, mais il y a un moratoire sur une augmentation des possibilités
dans le domaine de l'énergie nucléaire.
Il y a un point important, je pense, qu'on doit mettre de l'avant
concernant la comparaison qu'il peut y avoir entre le système
nucléaire américain et celui que nous avons au Canada. La
différence entre le procédé CANDU et le
procédé américain sur la fission nucléaire est que
ce procédé... Une petite correction à l'affirmation du
député de D'Arcy McGee, ce n'est pas parce que je suis tellement
spécialiste là-dedans, mais le deutérium de l'eau lourde,
entre autres, n'a pas pour but premier le refroidissement mais c'est pour
retarder les conséquences d'une réaction. On me dit que cette
différence permet justement de contrôler cette réaction et
de retarder des conséquences en donnant trois à quatre fois plus
de temps pour corriger une réaction que le système
américain. C'est donc dire qu'il est plus sécuritaire. Cependant,
malgré cela, je dois dire qu'au niveau de l'usine LaPrade, c'est
grâce à la vigilance des Services de protection de l'environnement
que nous avons pu obtenir des corrections au système, puisque le
système qui est installé là-bas permettait justement une
émanation possible de gaz et que les Services de protection de
l'environnement ont exigé qu'il y ait un système de protection
qui s'appelle je n'ai pas le nom comme tel mais qui a comme
objectif de brûler les fuites de gaz par un dispositif automatique contre
toute erreur humaine et brûler ces gaz qui pourraient être
dangereux et les disperser. Cela, c'est suite à l'intervention directe
des Services de protection de l'environnement.
Pour rassurer la population du Québec, je peux vous dire
qu'étant donné que le gouvernement a déclaré un
moratoire et maintenant grâce à la loi 69 que les deux partis
d'opposition, dont l'Opposition officielle et l'Union Nationale, nous ont
aidés à passer, on peut dire que tout projet nucléaire
à venir devra, au préalable, avant d'être accepté,
passer par l'étape d'une étude d'impact et, possiblement,
à cause de la loi 69, d'audiences publiques permettant aux citoyens de
s'exprimer et ainsi d'être au courant des conséquences de tout
geste posé en ce sens.
Je pense que le moratoire que le gouvernement a mis de l'avant est
suffisant pour démontrer l'importance que le gouvernement du
Québec accorde à la sécurité et aussi le type de
procédé que nous avons, CANDU, qui a trois à quatre fois
plus de possibilités de réagir à temps devant les
problèmes qui pourraient surgir.
Maintenant, je dois aussi répondre à certaines autres
questions qui m'ont été posées concernant la
possibilité d'une commission parlementaire, tel que le suggère le
député de D'Arcy McGee. Ce n'est pas nécessairement le
ministre de l'environnement qui est responsable de cet aspect, c'est le
ministre de l'énergie, à qui on pourrait peut-être poser la
question s'il serait intéressé à avoir une commission
parlementaire. De mon côté, je ne verrais pas d'objection, mais je
ne pense pas que ce soit à la commission ici de le décider. Comme
on a un ministre de l'énergie, de qui relève
l'Hydro-Québec, c'est à lui qu'il faudrait demander si on
désire avoir une commission parlementaire, à laquelle il me fera
plaisir d'assister comme ministre participant à une partie des
conséquences possibles sur l'énergie nucléaire.
Je voudrais maintenant répondre aussi à cette autre
question du député de Saint-Hyacinthe concernant la
possibilité d'avoir le plus de documents possible et d'information soit
sur les projets de règlements ou autres. Je peux l'assurer que, pour
n'importe quel projet que nous prévoyons mettre de l'avant, j'en
enverrai des copies aux députés de l'Opposition pour les
renseigner davantage, peut-être même avant la population, de
façon qu'ils puissent jouer leur rôle de représentants de
la population, et cela permettra peut-être d'avoir plus de questions en
Chambre pour m'aidera donner... Parce que je me sens un petit peu seul en
Chambre. Je m'ennuie. Je ne sais pas si c'est parce que le ministre fait trop
bien son travail ou si c'est parce que l'Opposition a pour l'environnement un
intérêt moindre que je souhaiterais, mais si je vous donne plus de
renseignements, peut-être me poserez-vous plus de questions et, à
ce moment-là, on pourra renseigner davantage la population, à
moins que l'on change les règlements et que les ministres se
lèvent pour donner des réponses à des questions qui ne
sont pas venues.
M. le Président, je voudrais aussi rassurer le
député de Saint-Hyacinthe concernant la régionalisation,
pour être plus proche de la population, pour donner des réponses
et des permis en région. C'est l'objectif premier, c'est une des
priorités de mon ministère de placer en région des
équipes polyvalentes de fonctionnaires qui seront ni plus ni moins, dans
le processus de déconcentration des opérations du
ministère de l'environnement, une étape dans une
décentralisation administrative vers laquelle le gouvernement s'en va.
C'est ainsi que l'on peut dire qu'il y aura, au cours de l'année, d'ici
juin, des bureaux régionaux qui sont déjà installés
et auxquels on va ajouter des services de spécialistes pour soit donner
des permis, soit faire des inspections, soit faire des analyses, aussi bien du
côté industriel que du côté municipal et du
côté agricole. Je peux donner aussi certaines réponses
concernant l'aspect de l'éducation. Je dois vous dire que le module de
l'éducation que j'ai mis sur pied cette année, au niveau de
l'environnement, travaille actuellement à deux niveaux, au niveau de
l'éducation populaire, c'est-à-dire pour aider les groupes de
citoyens à identifier leurs besoins éducatifs en matière
d'en- vironnement, et pour aider aussi les groupes à présenter ou
à formuler des projets en mesure de répondre aussi à leurs
besoins, pour aider ces groupes à se prévaloir des programmes
existants dans les différents ministères, si possible, les aider
directement pour réaliser leurs projets, et aussi pour fournir à
ces groupes une aide technique telle que l'animation, l'information, etc.
Au niveau scolaire, ce même module d'éducation en
environnement n'a pas la prétention de remplacer le ministère de
l'Education. Je pense que c'est au ministère de l'Education de faire ce
travail. Le module d'éducation en environnement ne veut pas prendre la
place des professeurs, mais il veut aider ces derniers, aux niveaux
élémentaire, secondaire, CEGEP et universitaire, à
sensibiliser les étudiants des différents niveaux aux valeurs
intégrées de l'environnement puisque, avec le ministère de
l'environnement, on veut passer de l'étape curative à
l'étape préventive. C'est pour cela que mon ministère va
être divisé en une structure mettant toutes les opérations
de restauration dans un programme précis et aussi une autre structure
donnant en même temps un autre groupe de fonctionnaires au niveau d'un
programme de prévention, de façon qu'on arrive de plus en plus
à avoir moins de choses à régler comme pompiers et plus de
choses prévenues parce qu'on aura été un gestionnaire du
milieu ambiant. (11 h 30)
II appartient d'abord, je pense, au niveau de l'information, aux
professeurs de reconnaître que l'environnement est une valeur qu'on doit
trouver dans les comportements des citoyens; donc leur comportement va se
bâtir quand ils sont jeunes, puisque c'est au niveau de l'école
que l'enfant crée sa structure mentale dans laquelle la partie
environnementale serait intégrée. Quand ces jeunes seront rendus
sur le marché du travail, ils auront des postes importants, soit au
niveau des syndicats, soit au niveau des entreprises, soit au niveau des
municipalités, soit au niveau des gouvernements provinciaux, municipaux
ou autres, ils auront déjà intégré la dimension
environnementale et il sera beaucoup plus facile de faire voter de gros budgets
au niveau de la protection de l'environnement, parce que les gens directement
impliqués auront, dans leurs valeurs, intégré l'importance
de l'environnement.
Je pense que ces renseignements devraient répondre, en gros, a la
question du député de Saint-Hyacinthe. En ce qui me concerne, je
serais prêt à commencer à discuter de la partie du budget,
des chiffres, etc.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce que nous allons
procéder comme l'an passé, par des questions
générales et, lorsqu'on arrivera aux programmes 1, 2 et 3,
ça ira assez vite...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
comme vous voulez.
M. Cordeau: Quel est le temps que nous avons pour l'étude
des crédits, quand doit-on terminer cette étude?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de temps précis.
M. Léger: C'est-à-dire que l'entente qu'il y a eu,
M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ah, il y
a eu une entente, ah bon!
M. Léger: ... entre les partis d'Opposition et
nous-mêmes était qu'on siégerait aujourd'hui, cet
après-midi, ce soir et mercredi matin. On étudiera autant les
programmes 4 et 5 de la Direction générale des eaux que les
programmes 1, 2 et 3 de l'environnement et vous avez dit tout à l'heure
que nous terminerions vers 12 h 30 ce matin...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): 12h 30,
oui.
M. Léger: C'est le cadre dans lequel on s'est entendu
entre les partis.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Conformément à l'habitude, je vais appeler le programme
1. Vous pourrez poser des questions extrêmement générales.
Par la suite, je verrai à décider si on étudie les
éléments de chaque programme un après l'autre ou en bloc.
On passera, par la suite, de programme en programme. Au programme 1, les
questions d'ordre général sont permises.
Programme 1 : Salubrité du milieu.
Prévention et amélioration
Salubrité du milieu
M. Goldbloom: M. le Président, il faut que je vous
avertisse que la lune de miel est maintenant terminée et que l'on passe
à l'attaque.
Je veux poser une question sur l'ensemble des crédits, sur le
total des montants. Je la pose sur l'année financière qui vient
de se terminer. Dans le budget 1978/79, le total des crédits à
voter se chiffrait par $30 818 500. Selon les informations que j'ai pu glaner,
la fin de l'année financière démontre que les montants qui
auront été dépensés se chiffreront par $27 346 000.
Ce qui veut dire que, dans un domaine passablement important, où tout
dollar que nous pourrions dépenser aurait pour effet d'aider à
protéger notre environnement ou à informer les citoyens sur la
protection de l'environnement, il y a $3 500 000 qui n'auront pas
été dépensés.
L'an dernier, nous avons souligné un tel écart qui
était au montant d'à peu près $2 millions seulement; cette
année, c'est $3 500 000. Le ministre nous a répondu, l'an
dernier, que c'était parce que certaines ententes n'avaient pas
été signées; donc, il n'avait pas été en
mesure de tout dépenser. Mais je ne cache pas mon inquiétude, je
me demande ce qui se passe quand l'argent est voté par
l'Assemblée nationale et mis à la disposition du ministre et
celui-ci ne réussit pas à s'en servir.
M. Léger: M. le Président, je pense que le
député de D'Arcy McGee a partiellement raison, mais il n'a pas
les bons chiffres, en ce sens que ce que vous avez donné ne vous donnait
pas l'image globale. C'est plus que cela, même, qui n'a pas
été dépensé. Et au lieu de $3 500 000, c'est
presque $6 millions.
Mais il faut ajouter que, dans le montant de $6 millions, il y a $4 800
000 qui sont comptabilisés dans le domaine des transferts,
c'est-à-dire sommes qui sont subventionnées aux
municipalités ou aux organismes qui s'occupent, soit de
dépollution des eaux ou autres et qui, nécessairement,
dépendent des procédures, des longueurs d'acceptation des
règlements d'emprunt que la municipalité doit faire, etc. Et
c'est une des raisons pour lesquelles le montant de $4 800 000 a
été périmé.
Mais dans la portion de $1 500 000 qui correspond aux chiffres que le
député de D'Arcy McGee nous mentionne de $3 500 000, c'est $1 500
000 au niveau du fonctionnement et, en gros, c'est l'engagement des
fonctionnaires. Il faut comprendre que les nouveaux fonctionnaires que nous
engageons doivent se soumettre à des concours pour s'assurer qu'il n'y
ait pas de favoritisme. On a appliqué un système qui est plus
long.
D'autre part, il faut aussi comprendre qu'un ministère comme
celui des Services de protection de l'environnement, qui est en pleine
croissance, ne peut pas absorber trop rapidement tout ce personnel au niveau du
placement physique de ces personnes, de tous les équipements à
lui fournir, les espaces, etc. C'est beaucoup plus long pour assimiler
cela.
Absorber environ 85 fonctionnaires nouveaux pour un ministère qui
en avait 523 et 600 environ, c'est un pourcentage très
élevé. 85 nouveaux fonctionnaires dans un ministère qui en
a 12 000, cela s'absorbe beaucoup plus facilement au niveau des espaces, des
changements et des déménagements de bureaux, etc., et aussi les
services inhérents qu'on doit leur donner.
C'est cet aspect, au niveau du fonctionnement, qui a permis le montant
de $1 500 000 de crédits périmés. L'autre, c'est au niveau
des transferts, causé par le fait des règlements d'emprunt qui
souvent sont faits, mais qui vont être reportés pour
l'année qui suit.
M. Cordeau: Concernant les occasionnels, c'est dans ces budgets
aussi que vous prenez les montants.
M. Léger: C'est cela.
M. Cordeau: Alors cette année, pour l'émission des
permis, prévoyez-vous encore un surplus l'an prochain? Pour en engager
tout de suite pour l'émission des permis?
M. Léger: Oui, on a déjà une demande de six
supplémentaires, qui doit être présentée, uniquement
pour les permis.
M. Cordeau: Merci.
M. Goldbloom: M. le Président, en corollaire à
cette question: Le ministre, quand il a assumé la responsabilité
des Services de protection de l'environnement, s'est fixé publiquement
un objectif: 300 fonctionnaires additionnels. Et après une année,
il n'avait pas engagé les 300, il n'avait pas obtenu l'approbation du
Conseil du trésor pour les 300 postes additionnels. Il a ajouté:
C'était sur trois années.
Alors, nous entrons dans la troisième année et nous
constatons qu'il y a une augmentation de 45, sur papier, au moins. Il y a un
total de 743 postes.
J'attire l'attention du ministre sur la page 20-1 du cahier des
crédits: 1978/79, 743 postes; 1979/80, 788 postes, une augmentation de
45 seulement. Je reconnais qu'il y a une augmentation de 54 postes permanents
et une diminution de 9 postes à temps partiel, mais on n'est pas encore
rendu aux 300. M. le Président, qu'est-ce qui arrive dans la belle
planification du bâtisseur d'empire?
M. Léger: Je n'ai aucune visée impérialiste,
mais je dois quand même dire que le député de D'Arcy McGee
a présenté les faits à peu près exactement, mais
avec une connotation plutôt pessimiste. Ce que j'avais dit, comme
député d'Opposition, c'est qu'il manquait 300 fonctionnaires pour
que le ministère fonctionne bien selon la philosophie que le
ministère avait avant que j'arrive. Nécessairement, ayant
changé complètement les orientations et la philosophie au niveau
des Services de protection de l'environnement comme nouveau ministre, à
ce moment-là, les 300 fonctionnaires, il fallait que cela soit
échelonné sur trois ans, c'est ce que j'avais bien dit, et
j'espérais, avec le système passé, en avoir à peu
près 100 par année. Je vais avoir les chiffres exacts dans
quelques secondes, mais on est très près d'environ 260 dans les
trois années.
Mais, il ne faut pas oublier une chose, c'est que notre objectif
étant de faire du ministère de l'environnement un gestionnaire
unique de l'eau, il fallait aussi aller chercher le personnel qui était
aux Richesses naturelles. En venant chez nous et en ayant des programmes qui
souvent étaient identiques ou, du moins, touchaient la même
préoccupation que celle du ministère de l'environnement, il
fallait qu'on réalise qu'on peut atteindre les mêmes objectifs en
rendant beaucoup plus efficace l'entrée des nouveaux fonctionnaires dans
un domaine connexe à celui que nous avions avant. Alors, il n'est
peut-être pas nécessaire d'avoir les 300 comme tels, puisque
l'arrivée de fonctionnaires qui ont une responsabilité
complémentaire dans l'autre ministère peut nous permettre
d'atteindre les mêmes objectifs avec moins de personnes.
Ce n'est pas une mesure d'efficacité pour, d'une part,
dépenser tout l'argent qui est dans notre budget. Ce n'est pas
nécessairement une mesure sine qua non d'efficacité et, la
même chose, ce n'est pas par la quantité exacte du personnel qu'on
réclamait au début qu'on peut atteindre les mêmes
objectifs. Je vais avoir les chiffres dans quelques secondes. Il me semble que
c'était 69, la première année, 85 la deuxième.
Quels sont les chiffres?
En plus de cela, dans les 743 que... Au cours des deux premières
années, on peut dire que nous avons eu 155 nouveaux postes et, cette
année, ce n'est pas uniquement une augmentation de 45, parce que, si
vous passez de 743 à 788... Dans les 743, il y a 16 nouveaux postes
qu'on a eus en cours d'année qu'on n'avait mentionnés nulle part,
parce qu'on les a obtenus en plus des chiffres qu'on avait mentionnés
l'année passée. C'est donc dire que, cette année, il va y
avoir aussi des postes qui seront ajoutés qui ne sont pas compris dans
les chiffres qui sont mentionnés là. Les six nouveaux postes pour
les permis ne sont pas inclus là-dedans.
M. Golbloom: M. le Président, le... M. Léger:
Pour terminer... M. Goldbloom: Certainement.
M. Léger: ... on a aussi fait des réafffectations
internes pour avoir une meilleure homogénéité, une
meilleure coordination, si vous voulez, du travail des fonctionnaires.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre a
répondu partiellement par anticipation à la question suivante que
je voulais lui poser. Je remarque que l'acquisition par les Services de
protection de l'environnement des équipes du ministère des
Richesses naturelles qui s'occupent des programmes 4 et 5 ajoutera presque 500
personnes au personnel. Je voudrais demander au ministre si, effectivement, ce
transfert ajoutera à son personnel toutes les 210 personnes, tous les
210 postes qui sont attribués au programme 5. (11 h 45)
Deuxièmement, sur ce personnel, que ce soit la totalité ou
une partie de ce nombre, combien, au juste, pourront assumer le genre de
fonctions pour lesquelles le ministre voulait acquérir les 300 postes
additionnels?
M. Léger: Pourriez-vous me résumer dans une phrase
la dernière partie de votre question?
M. Goldbloom: Le ministre avait dit: J'ai besoin de 300
fonctionnaires additionnels. Maintenant, il nous dit: Ce besoin est
peut-être diminué par le fait que nous allons acquérir deux
équipes qui nous viendront des Richesses naturelles. Ma question est
double: Est-ce que ce sont les deux équipes en totalité?
Deuxièmement: Y a-t-il le ministre l'a suggéré
lui-même dans sa dernière réponse parmi ces
personnes qui viendront des Richesses naturelles des gens qui pourront combler
le genre de postes que le ministre avait inclus dans son objectif de 300?
M. Léger: Sur la fin de la question, je peux vous dire
tout de suite oui, mais si vous me demandez lesquels, je ne serai pas en mesure
de
vous les donner immédiatement. Nécessairement, il faut
réaliser que, souvent, on aurait pu dire que les problèmes de
double emploi et d'incohérence entre les programmes de la Direction
générale des eaux et ceux des Services de la protection de
l'environnement auraient pu être montés en épin-glette, du
fait qu'il y aurait pu y avoir une incohérence entre deux directions
générales de deux ministères qui pourraient agir ensemble
d'une façon un peu incohérente, puisqu'ils avaient des objectifs
différents. Je dois vous dire qu'on s'est penché très
rapidement là-dessus et qu'on peut vous dire que cela va être
réglé très rapidement puisque, dans le domaine de la
qualité de l'eau, il faut réaliser qu'il n'y a pas de
chevauchement réel, mais plutôt deux programmes distincts qui
fonctionnent en parallèle, mais dans lesquels chacun devra avoir une
préoccupation supplémentaire qui est celle, pour la Direction
générale des eaux, de l'approche de protection et de
qualité et, du côté de l'environnement, une approche qui
toucherait la philosophie qui était celle de la Direction
générale des eaux.
Il y a trois domaines où, en réalité, il va falloir
qu'il y ait une concertation entre les fonctionnaires, celui des lacs, celui de
la connaissance et celui des berges. Dans ces trois domaines, il y aura une
interrelation ni plus ni moins des programmes des deux directions
générales pour s'assurer de la cohérence, et qu'on ne
retrouve pas deux groupes du même ministère à régler
un problème du même lac ou de la même berge au niveau de la
recherche. On peut dire qu'il y a de 100 à 150 personnes qui vont
être impliquées dans cette concertation de programmes
complémentaires.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne pense pas que le
ministre ait répondu à la première partie de la question:
Est-ce que c'est tout le monde qui s'en vient vers les Services de protection
de l'environnement, tous les postes qui sont attribués aux deux
programmes des Richesses naturelles? Est-ce que c'est tout le monde qui s'en
vient ou est-ce qu'il y en a qui restent aux Richesses naturelles.
M. Léger: C'est cela, oui. Ce que le député
vient de dire, c'est exact. Tout le personnel de la Direction
générale des eaux, qui comprend 330 personnes, plus 155
occasionnels, donc 455, est ajouté non pas aux Services de protection de
l'environnement, mais au ministère de l'environnement,
c'est-à-dire que l'organigramme va être structuré de
façon que cela corresponde à la philosophie, à
l'orientation du ministère. Donc, ce ne sont pas les SPE qui
intègrent la Direction générale des eaux, c'est le futur
ministère qui va avoir tout ce personnel à l'intérieur des
programmes structurés avec un organigramme qui tienne compte de la
philosophie que j'ai mentionnée tantôt, de restauration, de
prévention, de connaissance et de régionalisation.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais faire un
commentaire sur ce que le ministre vient de dire. Depuis le début de
1971, quand j'ai commencé à constituer dans les faits les
Services de protection de l'environnement, des éléments de
l'opinion publique m'ont dit: II faut un vrai ministère. J'ai
regardé la situation des Services de protection de l'environnement, le
rôle du ministre, le rôle des fonctionnaires, et je me suis dit:
Mais quand même, qu'est-ce que c'est un ministère?
Dans un ministère, il y a un ministre; il y avait un ministre. Il
y a un sous-ministre; il y avait un sous-ministre, on l'appelle directeur. Il y
a des fonctionnaires; il y avait des fonctionnaires. Et il y a une loi ou des
lois; dans le cas des Services de protection de l'environnement, c'est une loi
dont le ministre est chargé et dont il doit voir à l'application.
Je me suis dit: Le fait d'appeler tout cela Services de protection de
l'environnement ou ministère de l'environnement, ça ne change
rien. Il n'y a aucune différence. On ne protège pas mieux
l'environnement, sauf peut-être dans le sens très vague de la
psychologie des gens; si les gens réagissent plus positivement, si l'on
appelle cela ministère, appelons-le ministère. Mais, dans les
faits, c'est la même chose et cela a toujours été
l'équivalent d'un ministère avec un ministre, un sous-ministre,
des fonctionnaires et une loi, et la loi a été
appliquée.
Mais, ce que le ministre nous annonce aujourd'hui est beaucoup plus
significatif. C'est le fait que l'on intègre à l'équipe
qui s'occupe de l'environnement l'équipe qui s'est occupée de la
ressource eau sous l'autorité du ministre des Richesses naturelles et
sous l'autorité d'autres lois comme celle du régime des eaux.
C'est le fait aujourd'hui de regrouper les forces, d'établir la
coordination si longtemps espérée, qui améliore la
situation. Je suis d'accord avec le ministre que l'on va, à même
ces deux équipes regroupées, créer une force plus
importante et, si c'est le désir du gouvernement de présenter un
projet de loi pour que le tout soit appelé ministère de
l'environnement, ce n'est certainement pas votre humble serviteur qui s'y
opposera, bien au contraire. J'applaudirai vigoureusement. Mais je voulais
souligner la distinction à faire entre la création d'un
ministère pour lui donner un titre différent et la
création dans les faits d'une force de frappe, d'une coordination, d'une
équipe coordonnée, qui permettra sûrement de mieux servir
l'intérêt du bien commun.
M. Léger: M. le Président, je pense que la grande
différence, ce n'est pas parce qu'il y a un ministre de l'environnement,
qu'il y a un sous-ministre, qu'il y a du personnel en dessous et qu'il y a une
loi qu'on pouvait réellement protéger l'environnement. L'image
que les SPE donnaient à la population, c'était qu'ils avaient un
rôle de policiers qui arrivent après le fait. Pour être
capable de changer, dans un domaine aussi important que la qualité de
vie des citoyens, de passer de l'état de policiers ou de pompiers
à l'état de planification et de prévention, il faut y
apporter l'approche positive, et seul un ministère de l'environnement,
avec plus de lois touchant plus de secteurs, en ayant aussi, en même
temps, au niveau des trois constituants de l'environnement qui sont
l'eau, l'air et le sol, et je peux vous dire que le sol, tôt ou
tard, reviendra à l'environnement au complet, à ce
moment-là, il y aura la possibilité d'avoir un gestionnaire
unique des trois constituants de l'environnement... Aujourd'hui, on peut dire
que le ministère de l'environnement peut être le gestionnaire
unique de l'eau et le gestionnaire unique de l'air, avec une grosse
possibilité de solutionner le problème des sols qui sera
complétée par l'acquisition, à un moment donné, de
la responsabilité des terres publiques.
C'est pour cela que je pense que cette approche nous permet de passer,
comme outil d'intervention, à une approche uniquement
réglementaire, qui ne règle pas nécessairement les
problèmes de l'environnement parce que, si on dit qu'un organisme
normatif établit des normes, il faut réaliser que ces normes que
nous mettrions à la grandeur du Québec nous permettraient
uniquement de faire des normes qui seraient trop sévères pour
certaines régions, pas assez sévères pour une autre et qui
ne tiendraient pas compte des ressources à protéger et des usages
qu'on veut redonner aux citoyens. Avec la création du ministère,
en ayant unifié l'eau chez nous et l'air qui l'était
déjà, cela permet d'avoir des interventions auprès des
promoteurs, des interventions auprès des dépollueurs permettant
de devenir un gestionnaire du milieu ambiant, permettant de rendre disponible
pour l'aménageur futur la ressource ou la richesse naturelle des
Québécois dans un état pour l'affecter aux orientations
que les ministères à vocation d'aménageur pourront
utiliser.
A quoi servirait d'avoir un espace vert auquel on voudrait donner une
vocation s'il n'y a pas quelqu'un qui s'est préoccupé de le
protéger d'abord? A quoi servirait telle richesse naturelle pour un
utilisateur comme l'Hydro-Québec ou comme un autre utilisateur
privé si, auparavant, il n'y avait pas eu quelqu'un qui avait comme
responsabilité de gérer cette ressource pour la rendre propre,
utilisable, protégée pour l'utilisation d'un promoteur
privé ou public? C'est toute la dimension de la planification, de la
prévention et d'une approche pour redonner aux usagers
c'est-à-dire le citoyen, l'industrie, un organisme para-gouvernemental
ou gouvernemental une ressource naturelle qui a été
protégée, aménagée par la connaissance, par aussi
des interventions qui marieraient ensemble une sorte d'harmonisation de
l'amélioration et de la protection en même temps de la richesse
naturelle.
C'est là toute la grande différence entre un
ministère de l'environnement, qui a les moyens de prévenir, et
des Services de protection de l'environnement qui n'avaient que des moyens de
condamner et d'agir comme un policier qui, souvent, ne peut pas faire la
différence entre une infraction mineure et majeure et des
conséquences dans chacun des deux cas. Je vous donne un exemple. S'il
fallait qu'on détermine une norme de qualité de l'air pour tout
le Québec qui serait la même à Montréal, dans l'Est,
particulièrement, où la densité des industries
amène des interrelations entre les polluants qui sont envoyés
dans l'atmos- phère, dans un endroit dense, que dans une région
très éloignée; s'il fallait avoir une même norme, on
ne pourrait pas fonctionner. L'aspect régional, cela ne se fait pas avec
un organisme normatif, mais un ministère de l'environnement peut faire
une action qui va être beaucoup plus selon les besoins régionaux
et locaux s'il a, en plus, les pouvoirs d'être un gestionnaire du milieu
de vie. Exemple: pour les cours d'eau, il se peut que si on dit que tel type
d'industrie, dans tout le Québec, devrait n'émettre que telle
quantité de contaminants, il se peut que cette quantité de
contaminants qui serait permise parce que la rivière qui passe
près de cette industrie est capable d'avoir une force
d'autoregénération supérieure à une autre
rivière qui n'a pas la même force d'autoregénération
et qu'il y aurait une industrie semblable à cet endroit, si la norme
était la même pour les deux, on aurait touché les deux
industries d'une façon égale alors qu'on n'aurait pas
protégé la ressource d'une façon égale, parce
qu'à tel endroit la ressource eau est beaucoup plus vulnérable
à la même quantité de polluants qui seraient, d'un autre
côté, absolument inoffensifs dans une rivière qui a une
force de récupération plus forte.
Je pense résumer mon propos en disant que la création du
ministère va amener une harmonisation de l'amélioration de la
ressource et de la protection de la ressource.
M. Goldbloom: M. le Président, ce que le ministre vient de
dire est d'une importance absolument fondamentale. Or, je voudrais comprendre
parfaitement ce qu'il a dit. Ce que j'ai compris, c'est que le ministre a
tranché le vieux débat entre les normes d'émission et les
normes de qualité de l'environnement, c'est-à-dire qualité
de l'air ambiant, qualité de l'eau réceptrice des contaminants,
etc., en faveur des normes de qualité; et qu'il va dorénavant
faire et permettre des ajustements et des écarts d'exigences entre les
diverses exploitations de même nature selon leur situation
géographique. (12 heures)
Je voudrais qu'il précise que c'est bien ce qu'il a voulu dire et
je voudrais lui demander si cela veut dire qu'il tolérera des
émissions relativement importantes dans des régions relativement
éloignées ou celles où les industries sont
clairsemées et où l'on n'a pas la concentration que l'on a dans
certaines zones fortement industrialisées.
M. Léger: Juste une petite correction sur la
dernière. Ce n'est pas parce que c'est moins important de
protéger l'environnement dans une région éloignée
que dans une région plus proche où il y a une densité plus
grande, mais je dirais que la différence qu'il y a, dans l'approche que
nous avons maintenant, entre les normes d'émission et le milieu ambiant
est très réelle. C'est une approche complètement
différente, mais c'est basé sur des normes de qualité de
la ressource qu'il faut protéger et un exemple de cela, c'est que
l'aide financière va être proportionnelle aux exigences que
nous allons demander. Exemple: il se peut fort bien qu'une municipalité
ou une industrie soit située proche d'un cours d'eau qu'il faut
protéger et que la force autorégénératrice de ce
cours d'eau là exige que le traitement soit supérieur, qu'on
aille jusqu'à un traitement tertiaire alors que, dans un autre endroit,
un traitement peut-être primaire ou physico-chimique serait suffisant et
qu'à un autre endroit, un traitement secondaire serait suffisant. Tout
va être basé sur la ressource qu'on veut protéger et la
population qu'on veut protéger. Cela n'empêche pas qu'il y aura
quand même des normes minimales à la grandeur du Québec
aussi.
M. Goldbloom: M. le Président, la boîte de Pandore
est vraiment ouverte. Le ministre vient de parler d'aide financière aux
industries. Est-ce que je l'ai bien compris?
M. Léger: J'ai parlé d'aide financière qui
va être proportionnelle, parce que jusqu'à maintenant, je pense
que le député est au courant des normes qui ont été
mises de l'avant pour l'aide financière aux municipalités. J'ai
dit aussi que les normes je n'ai pas parlé d'aide
financière à l'industrie comme telle, immédiatement,
puisqu'on est en train, comme le député le sait fort bien, de
préparer un programme de système de redevances et tant que ce
programme ne sera pas à point, on ne peut pas parler
immédiatement d'aide financière, malgré qu'il se peut
qu'il y ait de l'aide financière pour les industries à des
endroits particuliers dépendant de la ressource à
protéger. Je pense que très bientôt, on va annoncer un
programme, avec le ministre Bérubé, concernant justement le
domaine des pâtes et papiers. Je ne peux pas aller plus loin que cela
aujourd'hui, parce qu'il reste certains détails à préciser
de ce côté-là, mais je pense que cette annonce
répondra plus clairement à la question que se pose le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais qu'il soit
clair que je ne m'oppose pas nécessairement à ces nouvelles
orientations; mais le ministre a dévoilé des choses, dans ses
deux dernières réponses, que nous n'avions pas été
en mesure de percevoir dans le passé. Dans le passé, ce que nous
avons fait, c'est de viser des normes d'émission et d'encourager les
autorités locales, comme la Communauté urbaine de
Montréal, notamment, qui est aux prises avec des problèmes plus
complexes et plus nombreux que les autres instances de responsabilité
locales, à aller plus loin en adoptant -jrs propres règlements
avec l'approbation du ministre. Si j'ai bien compris, c'est l'intention du
ministre d'assumer lui-même cette responsabilité, de ne pas
attendre que les autorités municipales ou régionales agissent
pour imposer des restrictions plus sévères aux industries
surconcentrées sur leur territoire, mais bien d'agir au niveau central,
nonobstant je ne veux pas faire un débat sur ce point, mais je
remarque en passant que le gouvernement actuel a énoncé souvent
une politique de décentralisation, tout en faisant de la centralisation
dans plusieurs domaines, en voici un autre.
Est-ce que c'est bien ce que le ministre veut dire, que les
autorités locales n'auront plus, à toutes fins utiles, la
principale responsabilité pour l'imposition de normes plus
sévères sur leur territoire? Est-ce que le ministre va les
imposer?
M. Léger: Je pense qu'on ne peut pas s'attendre que le
ministère de l'environnement à Québec fasse tout et que
nécessairement on enlève aux responsabilités locales le
soin d'avoir leur propre réglementation. Je veux dire par là que
nous allons nécessairement avoir des normes et que nous allons aussi
donner une aide technique aux municipalités qui veulent procéder
par une réglementation plus sévère. Une chose est
certaine, c'est que la réglementation faite par les municipalités
ne sera nécessairement jamais moins sévère que celle du
gouvernement du Québec et que, pour nous, il y aura des normes minimales
au point de vue provincial, nous allons aider les municipalités au
niveau local sous forme d'assistance technique.
Un exemple de cette participation, surtout au niveau des
municipalités, c'est le fait que, dans des cibles ou des bassins qui
sont choisis comme cibles d'intervention au niveau de l'épuration des
eaux ou de l'assainissement des cours d'eau, nous allons nous-mêmes faire
des études de la qualité nécessaire du cours d'eau et du
type de traitement qui devrait être fait dans ce milieu. L'assistance
financière pour les municipalités sera d'autant plus forte que le
degré de traitement sera plus fort, étant donné le cours
d'eau qu'il faut protéger. C'est pour cela que je dis qu'il y a un
mariage avec les municipalités, à l'intérieur des cibles
choisies au niveau de l'assistance financière et au niveau de l'aide
technique qu'on peut leur accorder.
M. Goldbloom: M. le Président, simplement pour terminer
là-dessus, le ministre a apporté un éclaircissement pour
lequel je le remercie, parce que nous avions commencé à parler du
secteur industriel; le ministre a mentionné de l'aide financière
et, maintenant, il indique que, même si le gouvernement songe à
instaurer un régime de redevances, dans le contexte de ce régime,
il y aura peut-être de l'aide financière à certaines
industries, et que ce dont il parlait s'adressait surtout aux
municipalités.
Une dernière question, M. le Président, sur ce dont nous
parlons depuis plusieurs minutes, si j'ai bien calculé, le personnel des
Services de protection de l'environnement, de l'éventuel
ministère de l'environnement, passera, avec l'acquisition des deux
équipes des Richesses naturelles, de 788 à 1270, une augmentation
de 61%. Où toutes ces personnes seront-elles logées? Est-ce que
le centre Innovation peut innover à ce point-là?
M. Léger: Etant donné que, plus on va vers le haut,
moins il y a d'espace, dans un édifice pyra-
midal, je pense qu'on devra nécessairement penser à
d'autres locaux. On est actuellement en train de regarder à cela et on a
même des endroits prévus, mais je ne peux pas les dévoiler,
parce que ce n'est pas encore fait, on peut quand même vous dire que ce
n'est pas nécessaire que tous les fonctionnaires soient dans une
même bâtisse pour dire que tout le monde s'en va dans la même
direction. Je pense qu'il y a des unités qui doivent être
affectées dans des endroits particuliers, au niveau du type de travail
qu'elles font, il y a aussi de la décentralisation qui va amener du
personnel un peu partout dans le Québec, spécialement dans les
régions, et il faut aussi penser en termes des deux grands pôles
qui sont Montréal et Québec, où il y a des locaux qui vont
recevoir des fonctionnaires, selon les responsabilités. Il y a
déjà des endroits, au niveau des laboratoires, où le
personnel de la Direction générale des eaux était dans le
même local que les gens des Services de protection de
l'environnement.
M. Goldbloom: Sur les 1270, à peu près combien
à Québec et combien à Montréal ou ailleurs dans la
province?
M. Léger: Je pourrai peut-être vous donner les
chiffres cet après-midi, on les a seulement de mémoire;
plutôt que de faire une erreur, je vais vous donner les chiffres cet
après-midi.
M. Goldbloom: A condition que nous les recevions
véritablement.
M. Léger: Je suis sûr que vous allez me reposer la
question, si je ne le fais pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Saint-Hyacinthe. Avant, j'aimerais dire que
l'article 160 s'applique à nos débats, mais j'ai l'intention de
l'appliquer de façon très large. D'autre part, même s'il y
a certaines questions qui peuvent toucher certains éléments du
programme, je les laisse passer quand même, puisque cela sera autant de
fait lorsqu'on arrivera à ces éléments. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je remercie le
député de D'Arcy McGee d'avoir posé la première
question que je voulais poser, concernant l'allocation du personnel.
Maintenant, concernant le budget, voici une question relativement à
l'assainissement des cours d'eau. Je ne sais pas si le ministre va être
en mesure de répondre tout de suite, mais peut-être qu'il pourra
nous donner sa réponse plus tard.
La première question est la suivante: Quels sont les montants qui
ont été dépensés l'an passé pour les
différents cours d'eau? Et quel est le montant prévu dans le
budget actuel pour l'assainissement des cours d'eau? J'aimerais connaître
le montant et les détails, c'est-à-dire à quel endroit
vous prévoyez dépenser ces montants.
M. Léger: Je demande au député de Saint-
Hyacinthe de préciser sa question, parce qu'il y a deux types de
montants dont on peut tenir compte. Il y a la somme d'un projet dont les
montants peuvent être... Je vous donne l'exemple du montant de $154
millions qui ont été mis de l'avant pour l'épuration des
eaux de la grande région de Montréal, incluant la région
de la rivière Yamaska.
C'est une somme d'argent, mais ce ne sont pas les sommes d'argent qui
sont dépensées chaque année comme remboursements des
montants empruntés soit par les municipalités, soit par le
gouvernement. Le gouvernement rembourse, chaque année, une partie de ces
sommes. Supposons que, pour la rivière Yamaska, il y ait eu un montant
de $30 millions de voté; nécessairement, les
municipalités, dès qu'elles ont signé un protocole
d'entente, passent par une étape d'emprunt des sommes d'argent qui sont
remboursées maintenant, capital et intérêts ce
n'était pas le cas avant par année. La première
année, il peut y avoir $1 million qui est remboursé, ou
même pas, et la deuxième année, $2 millions. A un moment
donné, on atteint un rythme de croisière.
Les sommes d'argent de l'assainissement qui paraissent dans le budget,
c'est dans les sommes de transfert. Et ces montants sont minimes dans les
premières années d'un programme. C'est pour cela qu'il y a une
différence quand on dit: Comment pouvez-vous dépenser $150
millions pour l'épuration quand vous n'avez q'un budget de $35 millions
ou de $52 millions? Vous voyez la différence qu'il y a dans les
chiffres.
J'aimerais que le député pose sa question
différemment, pour savoir exactement les chiffres qu'il veut
connaître.
M. Cordeau: Quelles sont les sommes exactes qui ont
été dépensées l'an passé dans vos
dépenses budgétaires?
M. Léger: Ce sont les transferts.
M. Cordeau: II n'y a pas de transferts, parce que, la
première année...
M. Léger: On me dit que c'est $12 millions.
M. Cordeau: $12 millions. Est-ce qu'on peut avoir la
répartition? Je ne vous demande pas cela pour aujourd'hui.
M. Léger: Bien sûr. On va prendre note de cela et on
vous donnera cela au cours de...
M. Cordeau: Cette année...
M. Léger: Ce montant de $12 millions, c'est surtout
à la Commission régionale de l'Outaouais et à la CUM.
M. Cordeau: J'aimerais en connaître les détails un
peu plus tard.
M. Léger: On va vous donner les détails.
M. Cordeau: Maintenant, quel est le montant que vous
prévoyez dépenser au même article cette année?
M. Léger: J'aurais aimé être capable de vous
répondre ce matin, parce que j'avais une réunion au Conseil du
trésor, où on avait justement présenté le projet
que j'avais mis de l'avant. Ce projet avait été accepté au
niveau du comité ministériel de l'aménagement, le COMPA.
En principe, il reste maintenant à faire l'approbation des chiffres.
Malheureusement, le Conseil du trésor, à cause du mauvais temps,
n'a pas pu siéger parce que la plupart des ministres sont arrivés
plus tard; comme il fallait que je vienne ici, je n'ai pas pu faire approuver
le projet. J'aurais pu vous apporter cette réponse avec beaucoup de
joie. Mais je n'ai pas ces chiffres aujourd'hui.
M. Cordeau: Cela fera une bonne question à poser à
l'Assemblée nationale.
M. Léger: Attendez que le Conseil du trésor
siège.
M. Verreault: M. le Président...
M. Cordeau: Est-ce que c'est sur le même sujet?
M. Verreault: Non, ce n'est pas sur le même sujet, c'est
sur le personnel dont on a parlé tout à l'heure. Je ne savais pas
que mon collègue de Saint-Hyacinthe tomberait dans un autre domaine. La
question que j'aimerais poser au ministre est la suivante: Comment entend-il
concilier sa priorité au niveau du personnel dans son ministère
qui est d'augmenter les effectifs afin de les rendre admie nistrativement plus
efficaces avec la déclaration du ministre des Finances qui, pour sa
part, a comme priorité de réduire de 2,5% les effectifs au niveau
du personnel global du gouvernement?
M. Léger: Je peux vous dire que ce n'est pas une
priorité du ministre délégué à
l'environnement maintenant d'avoir plus de personnel. Le personnel, ce sont les
personnes qui peuvent être un moyen d'appliquer des programmes. Les
priorités sont des projets. Le personnel qu'il faut pour réaliser
ces projets, ce sont des moyens de réaliser les objectifs premiers. Je
voudrais corriger cela, ce n'est pas une priorité. (12 h 15)
Ce que j'ai dit il y a trois ans, ou deux ans et demi, c'est qu'il y
avait un besoin de 300 personnes, c'était, à ce moment-là,
parce qu'il y avait une façon de fonctionner qui exigeait plus de
personnes pour réaliser les objectifs.
Maintenant que nous avons dirigé le ministère vers une
orientation beaucoup plus précise, le personnel nous sera fourni
à mesure que nous en aurons besoin pour atteindre ces objectifs.
A la fin de votre question, j'avais une autre chose à vous
répondre, mais je l'ai perdue.
M. Verreault: Je vous demandais comment vous conciliez votre
objectif de priorités...
M. Léger: D'accord.
M. Verreault:... par rapport à celui du ministre des
Finances qui veut réduire de 2,5%.
M. Léger: II y a des ministères qui ont des surplus
de personnel et qui, à cause des programmes qu'ils ont à mettre
de l'avant, n'ont pas besoin nécessairement de tout ce
personnel-là. C'est donc dire qu'il y a des ministères qui
devront diminuer de personnel et que d'autres devront l'augmenter. Ce qui
compte, je pense, c'est l'efficacité, c'est de donner aux citoyens des
réponses à des préoccupations qu'ils ont. Ce qui veut dire
que l'ensemble de l'enveloppe du personnel pour tous les ministères
devra probablement diminuer de 2,5%, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura
pas des ministères où il n'y aura pas d'augmentation.
M. Verreault: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aurais une autre question à poser,
concernant la gestion des déchets. L'an passé, vous nous avez
fait part d'un programme concernant l'élimination des déchets
dans tout le territoire du Québec. Ma question est celle-ci: Est-ce que
les différentes étapes que vous vous proposiez de réaliser
ont été faites selon le programme? Avez-vous rencontré
certaines difficultés dans des régions données et quelles
sont ces difficultés?
M. Léger: De toute façon, je peux vous dire que les
deux régions qui étaient impliquées pour la
première année étaient Montréal et la
Gaspésie, la région 06 et la région 01, et on peut dire
que dans la région de Montréal et de ses environs, la
région 06, c'est passablement réglé, à 98%, il y a
quelques cas où cela à été retardé, tandis
que, dans la région de la Gaspésie, à cause du
problème particulier de distance, etc., il y a eu obligation de reporter
l'échéance au 1er septembre 1979 pour ce qui n'était pas
réglé. Mais, si vous vous rappelez bien la philosophie de ce
projet de gestion des déchets à travers le Québec, c'est
un programme de cinq ans où chacune des régions avait une date
limite pour le réaliser, mais une date limite et non pas une date pour
commencer à s'organiser.
C'est pour cela qu'il y a beaucoup de régions, dont la date
limite est dans deux, trois ou quatre ans, qui ont déjà
commencé à s'organiser, sachant que tôt ou tard elles
devront le faire. Comme les discussions entre les municipalités peuvent
être longues, dépendant des problèmes particuliers des
régions, elles ont déjà commencé. Je peux vous
assurer que dès cette année, dans les
régions 03 et 04, Trois-Rivières et Québec, cela va
très bien de ce côté. Il y a des endroits où il y a
des négociations qui doivent être faites, nécessairement,
mais comme elles avaient une année d'avis, cela va aller beaucoup mieux
entre Trois-Rivières et Québec. Nécessairement, les deux
régions de l'an prochain, comme cela fait déjà deux ans
qu'on en parle, sont déjà beaucoup plus préparées
et j'espère bien qu'en dedans des cinq ans, tout devrait être
terminé dans tout le Québec.
M. Verreault: En ce qui concerne les sites d'enfouissement,
est-ce que, comme dans le passé...
M. Léger: ...
M. Verreault: Non, les sites d'enfouissement. Est-ce qu'il y a
beaucoup de sites d'enfouissement qui fonctionnent d'une manière
illégale? Est-ce qu'il y a eu plusieurs pénalités qui ont
été données? Est-ce que le ministère, d'autre part,
prévoit de nouvelles normes ou de nouvelles politiques relativement
à ces sites?
M. Léger: Je ne saisis pas le sens précis de la
question.
M. Verreault: C'est relativement facile à mon point de
vue. Il y a des sites. Dans le passé...
M. Léger: La réponse ne l'est pas.
M. Verreault: Oui, mais vos réponses sont souvent longues
aussi. C'est pour cela qu'on n'ose pas vous poser trop de questions. Il arrive
actuellement, dans ma région immédiate, comme dans celle du
député de Saint-Hyacinthe, qu'il y a des sites d'enfouissement
qui fonctionnent. Evidemment, il y a un genre de conflit qui existe entre les
exploitants de ces sites. Assurément, il y a des gens qui se plaignent
qu'il y a des sites qui ne sont pas conformes aux normes du ministère de
l'environnement. La question que je posais, c'est: Est-ce qu'il y a encore des
sites qui fonctionnent de façon illégale, est-ce qu'il y a eu des
pénalités qui ont été données, en quelle
quantité et pour quel montant?
M. Léger: On s'en vient avec des chiffres. Je tiens
à vous dire qu'il y a un vocabulaire qu'on a mis de l'avant pour bien se
comprendre. Ceux qui sont illégaux, on appelle cela des
dépotoirs, et ceux qui sont légaux, ce sont les sites
d'enfouissement sanitaire. Donc, les dépotoirs ne doivent pas exister,
c'est illégal. Il faut les arrêter.
M. Verreault: ... opération...
M. Léger: Seulement, à mesure qu'on découvre
lesquels sont dans l'illégalité, on les fait fermer mais, en
même temps, il faut tenir compte qu'il faut avoir découvert des
sites d'enfouissement sanitaire qui sont conformes et à la
réglementation et à la qualité hydrogéographique,
hydrogéologique du milieu. Donc, il y a certaines souplesses qu'on doit
apporter en posant le geste d'arrêter un dépotoir. On est
obligé d'imposer une date limite et, à ce moment, on est
obligé en même temps de trouver un autre site. Concernant les
chiffres, comme je l'ai dit tantôt, je vais demander à mes
fonctionnaires de vous les donner, mais je ne peux pas les avoir comme cela,
c'est clair.
M. Verreault: Est-ce que votre ministère, en plus, a
reçu durant la dernière année de nombreuses plaintes
concernant les dépotoirs?
M. Léger: C'est ce que j'essayais de dire au
député, qui n'a pas compris. La question qu'il pose est facile.
Est-ce qu'il y en a beaucoup et quel est le nombre? Il faut maintenant,
nécessairement, les compiler. Je vais avoir la réponse, soit dans
quelques minutes ou au cours de l'après-midi.
M. Verreault: Je pose la question directement et sans chiffres,
pour le moment, je vous demande s'il y a eu plusieurs plaintes qui ont
été portées à votre attention.
M. Léger: De dépotoirs? Il y a eu plusieurs
plaintes.
M. Verreault: Cela répond à une partie de ma
question. On attendra les chiffres tout à l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci. Est-ce que la section du projet de loi 69
concernant les sites d'enfouissement est en vigueur?
M. Léger: Pour les tarifs, c'est en vigueur. M.
Cordeau: Les tarifs seulement? M. Léger: II y avait
ça. Quelle autre partie... M. Cordeau: Maintenant...
M. Léger: Avant, je voudrais répondre à la
question...
M. Cordeau: Oui.
M. Léger: ... du député de Shefford. Il y a
eu 95 dépotoirs illégaux de fermés l'année
dernière et il y a eu 22 poursuites l'année dernière.
M. Verreault: Est-ce qu'il y a eu des condamnations? En somme,
les poursuites...
M. Léger: On pourra peut-être vous donner
tantôt les relevés...
M. Verreault: C'est quand même secondaire...
M. Léger: ... des condamnations.
M. Verreault: ... je veux savoir simplement si les 22 poursuites
ont porté fruit ou non, parce que, l'an passé, à
l'étude des crédits, on parlait justement des poursuites et je
n'ai pas eu l'impression que cela a donné des suites.
M. Léger: Est-ce que vous voulez les relevés des
condamnations et des amendes ou si vous voulez seulement savoir s'il y en a
eu?
M. Verreault: S'il y en a eu. M. Léger: II y en a
eu...
M. Verreault: Je voudrais savoir si le règlement a
été appliqué.
M. Léger: II y a eu des poursuites, des...
M. Verreault: En somme, je ne demande pas une compilation exacte.
Je veux savoir si les règlements ont été appliqués
et si les poursuites ont donné des fruits. Cela me satisfait pour le
moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sur le même sujet, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, puisque nous en parlons, je
pense qu'il serait quand même important que nous ayons un portrait
complet de l'activité juridique des Services de protection de
l'environnement.
Dans le passé, le député de Lafontaine, avant de
devenir ministre, a exprimé des critiques sévères à
l'endroit des Services de protection de l'environnement qui ne faisaient pas
preuve d'assez de vigueur à ses yeux et qui ne poursuivaient pas assez
de monde et n'obtenaient pas, peut-être voulait-il dire parce que les
arguments n'étaient pas assez convaincants devant les tribunaux,
n'obtenaient pas, dis-je, des amendes assez importantes.
J'aimerais savoir, compte tenu de l'inflation et tout, si les amendes
ont véritablement pris une montée en flèche, si le nombre
de poursuites est plus grand que par les années
précédentes. Je sais que le ministre a dit qu'il ne veut pas
être perçu seulement comme un policier; est-ce une façon de
nous expliquer pourquoi les poursuites n'ont pas été plus
nombreuses et les amendes plus élevées?
M. Léger: Je peux vous dire deux choses:
premièrement, au niveau de notre service du contentieux, nous avons
doublé le personnel. Il y avait, à notre arrivée, trois
avocats; nous sommes maintenant rendus à six avocats au niveau du
contentieux; deuxièmement, j'avais demandé qu'on m'apporte
si le député le désire le résumé des
activités concernant les poursuites ou les activités juridiques,
peut-être, de mon contentieux; c'est cela que le député
serait heureux d'obtenir?
M. Goldbloom: ... avec les montants imposés par les
tribunaux comme amendes.
M. Léger: Pour donner une réponse à une
autre partie de la question, il y a eu plus de 200 poursuites pénales et
70% de ces poursuites ont été gagnées par notre service du
contentieux. Je tiens à vous dire qu'au niveau des amendes, vous avez
dû remarquer quand même qu'à Stanchem, dans le comté
du député de Beauharnois, nous avons obtenu la plus grosse amende
qui ait jamais été obtenue au Québec, soit $45 000; c'est
aussi, je pense, la deuxième plus grosse amende au Canada et cela,
suivant l'ancienne loi; maintenant, avec la loi 69, le maximum possible de
cette amende aurait pu être de $300 000 pour la même offense;
l'amende que le juge a imposée a été de $45 000 et il
aurait pu être un peu plus sévère que cela. Je vais
corriger, l'amende était de $15 000 et non pas $45 000.
M. Cordeau: Depuis que cette amende a été
imposée, est-ce qu'il y a eu amélioration?
M. Léger: Oui, nettement, sauf qu'il ne faut pas oublier
une chose. La poursuite était pour des actes qui ont été
jugés illégaux, qui étaient faits depuis un certain temps
et, depuis ce temps-là, c'est-à-dire depuis la connaissance ou la
publication de cette poursuite qui a pris quand même un certain temps
avant de passer devant les tribunaux, il y avait eu des correctifs et la
compagnie respectait les normes depuis ce temps-là.
M. Cordeau: Concernant la question que j'ai posée
tantôt, le ministre a...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Champlain, peut-être.
M. Gagnon: Je voudrais savoir du ministre si on peut
espérer voir le jour où, finalement, les amendes seront plus
fortes que l'argent souvent économisé par une compagnie
auparavant. Ce que je veux dire dans ce sens-là, c'est qu'on nous dit
souvent qu'une compagnie va économiser tant d'argent en jetant, par
exemple, des déchets dans une rivière et l'amende qu'on va lui
imposer fait en sorte que c'est encore plus rentable de payer l'amende que de
régler ce problème de pollution. Je vous ai entendu faire une
déclaration à la radio récemment là-dessus. Je
voudrais qu'on me confirme qu'éventuellement il n'y aura pas
d'économie à polluer.
M. Léger: II y a deux façons de répondre
à cela. On peut dire que les amendes ont été bien
augmentées, d'une part, et aussi le fait, étant donné que
la population est de plus en plus sensibilisée, que les juges aussi sont
de plus en plus sensibilisés à l'importance de donner des amendes
exemplaires pour dissuader les autres pollueurs.
Je pense que la réponse que le député voulait avoir
est justement la suivante. Le fait que le système de redevances qu'on
veut mettre de
l'avant va amener un paiement par le pollueur d'un montant d'argent qui
va être calculé sur un taux basé sur la charge polluante
qu'il émet, donc, plus on pollue, plus cela coûte cher. Selon moi,
cette amende ou ce taux pour une charge polluante devrait être plus fort
que le coût de la dépollution de façon que cela dissuade
les compagnies de préférer épargner de l'argent en
polluant.
M. Gagnon: Une deuxième question, si vous me permettez, M.
le Président, on parle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II est
12 h 30. Nous devons malheureusement...
M. Verreault: Deux petites questions...
M. Gagnon: C'est seulement une information. Parce qu'on a
parlé de dépollution de rivières, depuis longtemps, par
exemple, on entend parler de dépollution entre autres de la
rivière Yamaska. Vous avez mentionné que vous pourriez fournir
des chiffres cet après-midi; mais sans parler de chiffres, est-ce que le
travail est commencé et dans quelle proportion s'est-on engagé
à dépolluer, entre autres, cette rivière?
M. Verreault: Est-ce que je peux faire la suggestion que cette
question soit posée cet après-midi plutôt, parce que le
sujet va être long? C'est un sujet qui nous intéresse.
Mais avant de clore, j'aurais deux petites questions simples à
poser au ministre. Premièrement, les amendes sont payées par les
récidivistes ou les personnes qui ont fait des
irrégularités, qui ont commis des fautes, mais à qui sont
versées ces amendes. (12 h 30)
Une Voix: Au fonds consolidé.
M. Léger: Cela doit être ainsi.
M. Verreault: N'y aurait-il pas moyen que ces fonds ou ces
amendes soient versées à votre ministère?
M. Léger: Actuellement, c'est au fonds consolidé,
mais le système de redevances va amener nécessairement un projet
permettant de financer les industries qui vont dépolluer à
même les sommes d'argent qu'on aurait recueillies des industries qui
polluent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 15 h 41
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que les membres de la commission pourraient prendre leur siège, s'il
vous plaît?
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Beauséjour (Iberville), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gagnon (Champlain), M. Golbloom (D'Arcy
McGee), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Mercier
(Berthier), M. Verreault (Shefford) en remplacement de M. Picotte
(Maskinongé).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Caron (Verdun), M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) en remplacement de M. Dubois (Huntingdon); M.
Gratton (Gatineau), M. Grégoire (Frontenac), M. Léonard
(Laurentides-Labelle), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Marquis (Matapédia), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Ce matin, nous en étions à une période de questions
très générales. Nous avions appelé le programme 1.
La parole était au député de Champlain. M. le
député de Champlain. Oui, un instant!
M. Gagnon: Merci, M. le Président.
M. Verreault: Est-ce que je pourrais demander au ministre s'il
peut maintenant produire les documents que le député de D'Arcy
McGee avait demandés ce matin?
M. Léger: J'ai des documents à déposer, mais
j'attendais de fournir une réponse à la question. Je peux le
faire tout de suite. Ce que j'ai pour le moment ici, c'est la liste des
poursuites qu'on m'a demandée ce matin. Je ne sais pas si c'est le
député de D'Arcy McGee ou celui de Saint-Hyacinthe qui m'avait
demandé cela.
M. Verreault: C'est plutôt le député de
D'Arcy McGee.
M. Léger: La liste des poursuites, la liste des
ordonnances...
M. Gagnon: Je m'excuse, M. le ministre. Probablement que vous
allez répondre en même temps à la question que je voulais
vous poser, parce que vous allez en venir là finalement, quand on a
demandé les montants qu'il y avait d'engagés. Ma question portait
sur ce sujet, si j'avais la chance de poser la question avant que vous ne
répondiez au député, probablement que vous pourriez
répondre...
M. Léger: Je n'ai pas d'objection. Etant donné que
vous avez déjà donné la parole au député, je
vais me préparer à donner les documents à mesure que j'en
ai.
M. Verreault: C'est parce qu'il y en avait un second aussi, qui
va peut-être nous servir tout à
l'heure, au député de Saint-Hyacinthe et à
moi-même, c'était sur la répartition des montants au
budget, aux comptes, aux crédits, relativement aux cours d'eau.
M. Léger: Sur l'assainissement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. le député de Champlain.
Assainissement de la Yamaska
M. Gagnon: C'était justement à la suite de cette
question. Vous aviez mentionné qu'au cours de l'après-midi, on
aurait les chiffres par rapport aux montants dépensés pour
l'assainissement des cours d'eau. Je posais la question, à savoir si le
cas de la rivière Yamaska sans savoir les chiffres exacts
si la dépollution de la rivière Yamaska était
entamée, si c'était commencé, où on en était
dans l'étape de dépollution. C'est une des rivières, entre
autres, extrêmement polluées, dont on entend parler depuis un
certain temps. Pas en termes d'argent, mais en termes de travail, est-ce qu'on
peut dire que c'est commencé et on en est à peu près
à quel pourcentage de dépollution?
M. Léger: M. le Président, je vois l'importance de
votre décision de donner la parole à un député
à la fois, parce qu'il y a eu trois ou quatre demandes en même
temps et, pendant que le député de Champlain exprimait sa
question, mon sous-ministre était en train d'essayer de trouver les
documents de l'autre, ça fait tout un mélange. Si vous voulez, on
va passer chacun notre tour. (15 h 45)
La question touche la rivière Yamaska et, si vous pouvez la
résumer à nouveau pour être certain qu'on a bien
compris.
M. Gagnon: En fait, le résumé de la question, c'est
que je voulais savoir si le procédé de dépollution de la
rivière Yamaska, qui avait été annoncé, est
commencé, entre autres, pour cette rivière, et si c'est
commencé, où en est-on? Y a-t-il un pourcentage maintenant de la
rivière Yamaska qui est dépollué ou est-ce qu'on est sur
le point de le faire? En fait, c'étaient ces nouvelles que je voulais
avoir.
M. Léger: D'abord, la première étape...
M. Verreault: M. le Président, je m'excuse auprès
du ministre. Pour donner un complément à la question du
député de Champlain, cela pourrait peut-être se
résumer à ça et ça répondrait
également à ma question, parce que j'endosse sa question,
pourriez-vous nous faire un historique de la rivière Yamaska
jusqu'à ce jour, d'accord? C'est ça que tu voulais dire?
M. Gagnon: C'est ça.
M. Léger: Je ne doute pas que j'ai des talents
d'historien, mais pas dans le même sens que le député
voulait peut-être dire. L'histoire de l'assainissement de la
rivière Yamaska, on pourrait en dire beaucoup de choses. Ce que je peux
donner pour le moment, c'est où en est le dossier, parce que recommencer
toute l'histoire du projet où il y avait nécessairement, je
pense, quand je suis allé dans la région, la possibilité
d'un financement qu'on avait ouvert pour les municipalités, alors qu'il
n'y avait que les municipalités d'impliquées dans ce premier
projet et je pense, si je me rappelle bien, que c'était un projet qui
incluait environ $90 millions de coût pour l'épuration dans la
région, dans une première phase et, à ce moment-là,
ça ne touchait que l'aspect municipal.
Depuis ce temps-là, on a eu à signer une entente avec le
gouvernement fédéral pour l'assainissement de la région de
Montréal et ceci nous a permis de repenser une philosophie
complètement différente qui touchait à l'aspect suivant,
c'est-à-dire, l'assainissement des cours d'eau par cible choisie et,
comme la région de Montréal exigeait une décision rapide,
du fait que les délais de signature avec le fédéral
étaient très raccourcis, nous avions à ce moment-là
mis de côté la philosophie que nous avions mise de l'avant pour
l'épuration de la région de Yamaska pour signer cette
entente.
A ce moment-là, nous avons débloqué des sommes
d'argent du fédéral et nous avons dit: Les cibles sont les
suivantes: elles vont être, dans la grande région de
Montréal, le lac Saint-Louis, le lac des Deux Montagnes, la
rivière du Nord, la rivière des Mille Iles, la rivière des
Prairies et le bassin de Laprairie et nous avons ajouté à ce
moment, selon cette même philosophie, la rivière Yamaska, mais en
partant du principe que nous allons épurer tout le Québec en
commençant par l'amont en allant vers l'aval. Donc, on s'est dit: D'un
côté, Montréal étant une région qui subit les
conséquences de la pollution venant de l'amont, c'est-à-dire la
région de l'Outaouais et la région des Grands Lacs, nous allons
aussi nous occuper de la pollution de la région de l'Outaouais. C'est
pour cela qu'il y a eu en même temps l'annonce du programme des
pâtes et papiers où il y avait une partie qui touche
l'épuration des eaux rejetées par les compagnies de pâtes
et papiers. Ce programme va être annoncé bientôt mais, comme
je vous le dis, il y a une logique du développement ou de
l'épuration de l'amont vers l'aval.
Je reviens à la rivière Yamaska. En même temps, nous
avions ajouté la portion de la rivière Yamaska en
commençant par l'amont, et c'est pour cela qu'il y a un montant de $30
millions qui a été mis comme première étape pour la
rivière Yamaska. Dans ces $30 millions, la rivière Yamaska Nord
était l'endroit de départ et les deux municipalités qui
étaient touchées au départ étaient les
municipalités de Waterloo et de Gran-by. La municipalité de
Waterloo a présenté une certaine difficulté parce
qu'étant en amont de tout le projet, elle devait avoir comme projet une
épuration et un traitement essentiellement tertiaire du fait que c'est
en amont du réservoir Choinière.
Donc, cela demandait un traitement tertiaire qui aurait donné
comme conséquence un coût très fort à absorber par
la municipalité au niveau des opérations après que le
système aurait été installé et que les
équipements auraient été installés. Donc, la
municipalité ne voulait pas avoir un poids trop fort. Même si on
paie 90% des équipements pour Waterloo, il reste que c'est un traitement
particulier qui est différent d'un traitement qu'on fait ailleurs qui
habituellement, est un traitement secondaire, donc, un traitement tertiaire,
cela voulait dire que le coût d'opération était très
élevé. C'est pour cela que nous avons discuté avec la
municipalité et on est en train de trouver une solution qui apporterait
le même résultat, c'est-à-dire l'élimination des
phosphates qui peut se faire par un traitement tertiaire ou par un autre type
de traitement naturel. Pour cela, il faut trouver le terrain favorable à
un traitement naturel qui équivaut à l'élimination des
phosphates pour ce traitement nécessaire à la région de
Waterloo. Nous attendons la fonte des neiges pour trouver le terrain
nécessaire, ce qui va nous éviter de faire payer des sommes
élevées de fonctionnement annuel par la municipalité,
même si on paie 90% des équipements et de l'usine pour la
rivière Yamaska.
Il reste maintenant la ville de Granby, où le projet...
M. Verreault: Juste un moment, tandis qu'on est rendu au lac
Waterloo, est-ce que le processus de traitement de l'eau par oxygénation
se continue?
M. Léger: C'est le traitement biologique. M. Verreault:
II se continue actuellement.
M. Léger: C'est-à-dire que cela fait partie d'un
traitement. Là, vous ne parlez pas de la rivière, vous parlez du
lac Waterloo.
M. Verreault: Du lac Waterloo, du réservoir, le
début de la rivière Yamaska.
M. Léger: Un instant. Comme je ne suis pas un technicien
spécialiste, je dois attendre d'avoir l'information. Donc, le
procédé de l'oxygénation naturelle du lac Waterloo a
commencé et se continue l'année prochaine; cela donne un exemple
de l'harmonisation des interventions du service des Richesses naturelles qui
vient d'être inclus à l'intérieur du futur ministère
de l'environnement, parce que cela ne relevait pas des Services de
l'environnement, mais de la direction générale des eaux.
M. Verreault: M. le Président, le ministre vient de parler
d'un processus ou d'un procédé naturel, est-ce qu'il pourrait
être plus explicite? J'allais vous dire que le procédé est
un procédé artificiel...
M. Léger: D'oxygénation?
M. Verreault: Oui, avec un équipement spécial, qui
doit durer plusieurs années. On m'avait dit à l'époque que
cela pouvait durer de 10 à 15 ans, tout en faisant une moyenne.
M. Léger: Plus techniquement, ce que je disais
tantôt, le traitement habituel tertiaire peut être plus long et son
application aurait coûté très cher. Le
procédé que nos spécialistes ont trouvé, c'est que
la disparition des phosphates pourrait se faire par la percolation à
travers des sols qui auraient la qualité voulue pour recevoir ces
égouts traités aussi par le traitement secondaire et le
traitement primaire, mais la disparition ou l'élimination des phosphates
se ferait par la percolation à travers la terre. En même temps, il
faut trouver le terrain qui pourrait avoir des qualités voulues pour le
faire et, deuxièmement, qu'on soit assuré qu'en même temps,
on ne contamine pas la nappe souterraine d'eau potable qui peut être dans
la région.
Donc, c'est un problème technique très complexe du fait
qu'en tenant compte en même temps de l'objectif qui est de redonner
l'usage des cours d'eau, d'une part, et deuxièmement, de ne pas apporter
une trop grosse marge financière au niveau du fonctionnement, on est
obligé de trouver une technique on ne peut plus sophistiquée qui
corresponde à une solution et non pas à une charge trop
élevée pour la municipalité.
M. Verreault: Je comprends un peu, M. le Président, le
point de vue du ministre. Mais quand on parle du lac Waterloo, ce sont deux
opérations qui doivent se faire. La première est d'enlever toutes
les substances désagréables dans le lac, par oxygénation,
selon ce qu'on appelle; deuxièmement, épurer les eaux qui vont
sortir de la municipalité de Waterloo, parce qu'elles vont se rendre
dans le bassin Choinière. Est-ce que la deuxième étape va
être éliminée, à cause du fait que le
procédé qu'on fait actuellement au lac va être suffisant
pour éviter l'épuration des eaux?
M. le Président, j'aimerais aussi...
M. Léger: C'est assez technique...
M. Verreault: Ce que j'allais dire, M. le Président...
M. Léger: Le député me permettrait-il, s'il
veut avoir des réponses intelligentes, il faudrait que vous me donniez
la chance de connaître la réponse technique de mes fonctionnaires.
Ce n'est pas un problème politique, c'est un problème technique.
Si vous me posez deux questions en même temps, je ne pourrai pas vous
donner des réponses intelligentes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Par
contre, je pense que ce que le député de Shefford veut dire, ce
que je dois aussi dire, c'est que sur les points techniques, les membres de la
commission peuvent permettre à votre conseiller
spécialiste des matières techniques de parler en votre
nom, si vous le voulez bien, évidemment.
M. Léger: Je le savais, M. le Président. Avant,
j'aimerais bien comprendre moi-même techniquement ce que ça veut
dire.
M. Verreault: On va peut-être le comprendre en même
temps, M. le ministre.
M. Léger: Je pense que l'explication va être
très bien fournie par le spécialiste.
Il y a deux choses différentes là-dedans. Il y a la
question de l'oxygène dissous dans le lac Waterloo. Le lac Waterloo est
un lac très riche en substances nutritives qu'on qualifie techniquement
d'eutrophes et l'oxygénation qu'on fait, c'est pour s'assurer qu'il y a
de l'oxygène jusqu'au fond du lac, qu'il n'y a pas de condition
anaérobique qui se développe. C'est une chose.
Mais cela ne règle pas le problème engendré par les
effluents, parce que les effluents se déversent toujours dans le lac. Le
projet d'assainissement des eaux, pour la municipalité de Waterloo, cela
veut dire l'interception des eaux usées qui se déversent dans le
lac et dans une section de la rivière aussi, pour amener cela à
une usine d'épuration où on va faire le traitement jusqu'au
traitement biologique et par la suite, plutôt que de faire une usine de
traitement physicochimique, faire une usine avec un bassin où on ajoute
des substances chimiques. Et ce sont les substances, les produits chimiques,
qui coûtent cher, en termes de coût de fonctionnement.
On va faire cela plutôt en faisant "percoler" l'effluent de
l'usine, après le traitement biologique, sur des sols qui ont la
qualité de pouvoir le recevoir, c'est-à-dire d'éliminer
les phosphores. Il faut trouver l'endroit propice pour faire cela et il faut
aussi s'assurer qu'il n'y a aucune possibilité de contamination de la
nappe souterraine, parce que si c'était le cas, on n'aurait rien
changé. Ce qu'on aurait enlevé directement de la rivière
rejoindrait la rivière par les eaux souterraines.
Généralement, ce travail se fait à partir de
photographies aériennes, ce qu'on n'a pas pu faire jusqu'à
maintenant, les travaux ayant débuté en septembre, mais qu'on va
regarder. Dès que la neige est partie, on est prêt à le
faire, aller voir où il pourrait y avoir le terrain qui serait
satisfaisant.
Tout cela est fait dans l'esprit de réduire les coûts de
fonctionnement qui représentent un montant important, peut-être
plus important que les coûts d'investissement, au service de la dette,
pour les gens de Waterloo.
M. Verreault: Vous me dites que ces travaux ont
débuté en septembre. Pourriez-vous me répéter quels
travaux sont commencés depuis septembre?
M. Léger: Ce qu'on fait au ministère, c'est qu'on
fait des études préparatoires en vue de la négociation de
protocoles d'entente avec les municipalités.
M. Verreault: Oui.
M. Léger: Les municipalités demeurent les
maîtres d'oeuvre dans le programme d'assainissement des eaux du
Québec, de même que les industries et les agriculteurs.
M. Verreault: Où en sont rendues maintenant les analyses,
les études qui ont été faites au lac Waterloo,
relativement aux résidences, les chalets ou les usines ou des terrains
de camping situés aux alentours du lac? Est-ce que chacun de ces
résidences, chalets ou usines est conforme de façon à
éviter que des déchets soient garrochés dans le lac?
M. Léger: Comme de raison, il ne faut pas mêler deux
programmes qui relèvent de deux ministères différents. Le
projet d'assainissement des cours d'eau du ministère de l'environnement,
c'est pour des bassins cibles. A ce moment, il y a ce financement dont on
parlait et ce type de traitement, sauf que, dans les bassins cibles, les
municipalités sont les maîtres d'oeuvre et elles sont
spécialement responsables de la partie que j'appelle en termes de jargon
le "spaghetti", c'est-à-dire les tuyaux intérieurs de la
municipalité alors que le programme d'assainissement touche les
intercepteurs qui "collectent" tous les tuyaux. (16 heures)
Quand on touche la collecte des fosses septi-ques individuelles ou le
traitement individuel, ce sont encore des choses qui sont en dehors du projet
d'assainissement général. Pour l'assainissement du bassin de la
Yamaska, comme pour n'importe quelle cible, nous nous occupons des
intercepteurs et des traitements et non pas de ce qui relève, dans ce
terme, de l'assainissement soit par des fosses septiques individuelles, soit
des tuyaux collecteurs réguliers à l'intérieur de la
municipalité.
M. Verreault: M. le Président, ma question n'était
pas tout à fait dans ce sens, je parlais de toutes les résidences
situées aux alentours du lac. Je me rappelle que ce n'est pas un projet
qui date d'hier, cela fait plusieurs années. Je sais que, dans le
passé ce n'est pas tellement lointain les chalets, les
usines, les résidences déversaient directement leurs
égouts dans le lac. Comment voulez-vous améliorer la
qualité de l'eau du lac, si cette chose se continue? Par la question que
j'ai posée, je voulais savoir où en était l'analyse de ce
dossier par rapport évidemment aux égouts qui peuvent s'y
déverser. Est-ce que cette situation a été corrigée
depuis? Je me rappelle qu'une année, il n'y a pas tellement longtemps,
la municipalité de Waterloo prenait la neige de ses rues, qui
était remplie de calcium, et la déversait dans le lac. Pendant ce
temps, le ministère des Richesses naturelles essayait d'oxygéner
ce réservoir, ce bassin d'eau. Je ne trouvais pas tellement compatibles
les deux solutions. On essaie de dépolluer d'une part et on pollue de
l'autre. Si les ministères ne se coordonnent pas dans un sens, j'ai
l'impression que c'est de l'argent jeté à l'eau.
M. Léger: M. le Président, comme vous le voyez, si
ce n'est pas encore réglé, c'est parce que c'est
compliqué. D'abord, au niveau du Lac Waterloo... Pardon?
M. Verreault: Cela devrait être fondamental. M.
Léger: Que...
M. Verreault: De trouver les solutions nécessaires pour
éviter ces choses.
M. Léger: D'accord. Ce que je veux dire par là,
c'est que c'est un problème compliqué, celui de l'assainissement
complet d'un bassin, parce qu'à l'endroit dont on parle, Waterloo, il y
a, autour du lac, un secteur résidentiel, mais où les
propriétaires sont dotés de fosses septiques plus ou moins
conformes et il y en a qui n'en ont pas. Il y a un autre secteur autour du lac;
c'est là qu'il y aurait possiblement, à la suite d'une
négociation que nous faisons avec les municipalités, un
réseau collecteur d'égouts pour ce secteur du lac. Pour une autre
partie du lac, c'est la municipalité qui est elle-même
concernée puisqu'elle est aussi sur le bord de ce lac. Donc, il y a
trois problèmes différents autour du même lac. C'est la
raison pour laquelle, pour la partie du réseau collecteur, on est en
train de préparer un projet, et la municipalité, après
qu'elle aura négocié avec nous les modalités, devra
nécessairement avoir des subventions venant du programme PAIRA. C'est
une des solutions pour la partie du réseau.
Quant à la partie des fosses septiques, on est encore en
négociation avec la municipalité pour qu'elle adopte un
règlement sur les fosses septiques. Ce règlement peut être
basé ou peut être fait selon le modèle qu'on a
présenté, qui pourrait être un élément
provincial plus tard et dont les municipalités peuvent utiliser le
contenu pour avoir leurs propres règlements de fosses septiques dans ce
secteur.
L'autre partie, c'est ce dont on parle depuis tantôt, la partie du
traitement physico-chimique, etc.
M. Verreault: Vous savez, l'assainissement de la rivière
Yamaska a été élaboré en fonction d'un rapport qui
a été présenté ou proposé par l'OPDQ. Est-ce
qu'on tient compte du rapport de l'OPDQ, dans les circonstances? A ma
connaissance, cela fait au moins cinq ans que les travaux ont
débuté, et je n'ai pas l'impression que cela avance dans ce
domaine.
M. Léger: On tient compte actuellement du rapport de
l'OPDQ, et le rapport de l'OPDQ tient compte non seulement de
l'épuration, mais de l'ensemble. Il y a aussi une question
d'aménagement de la part de l'OPDQ, comme le député le
sait fort bien. En plus de cela, il y a eu une révision du rapport de
l'OPDQ qui réclamait, pour atteindre les objectifs, l'élimination
des phosphores. C'est le gros problème que nous avons là-bas. On
aurait pu résumer toute la discussion technique qu'on a eue en disant
une phrase: C'est l'élimination des phosphates qui est la partie la plus
complexe de ce projet.
M. Verreault: Oui, mais en étant complexe, la partie des
phosphates, où en est-on rendu maintenant avec cette étude? Y
a-t-il quelque chose ou rien de fait?
M. Léger: Le député pose une question sur la
complexité du problème. Nécessairement, il y a une
période qui est celle de faire des études; elle est finie, cette
période. Les études sont faites.
M. Verreault: Je suis content de l'entendre.
M. Léger: On est maintenant rendu au point de
préparer des travaux qui nécessiteront un protocole d'entente
entre le gouvernement et la municipalité, qui tient compte des trois
types de problèmes que je viens de mentionner. Le premier, c'est celui
d'un traitement des eaux usées de la municipalité qui requiert
nécessairement un traitement particulier, comme je l'ai dit
tantôt, celui de l'enlèvement des phosphates, avec toutes les
complexités de l'affaire; deuxièmement, on négocie avec
les municipalités pour qu'il y ait un règlement de fosses
septiques pour le secteur résidentiel où il y a des maisons
isolées, où on ne peut pas mettre un collecteur d'égout
et, le troisième, c'est le problème des tuyaux collecteurs pour
le secteur où c'est possible de collecter les égouts et où
il est possible que la municipalité aille au ministère des
Affaires municipales pour avoir des subventions selon le programme PAIRA. Il y
a aussi le problème du zonage agricole de la région.
M. Cordeau: Sur le même sujet, d'où proviennent ces
phosphates dans ce fameux lac?
M. Léger: Les phosphates? Cela peut provenir des
déchets humains...
M. Cordeau: Oui.
M. Léger: ... des savons et des...
M. Cordeau: Alors, c'est l'aménagement du tour du lac
qu'il faut faire le plus vite possible, ainsi, ça va éviter les
phosphates dans le lac.
M. Léger: C'est sûr que c'est le contrôle des
rejets par les trois sources de pollution qu'il y a là.
M. Cordeau: Le coût du traitement sera-t-il sensiblement
amoindri si le lac a une eau pure? La première étape, je
pense...
M. Léger: Sauf que même si on épure un
lac...
M. Cordeau:... c'est d'empêcher les rejets des
égouts dans le lac.
M. Léger: Oui, d'accord, mais même ça, si ces
égouts ne vont pas dans le lac, il faut qu'ils aillent
ailleurs et, si on les envoie ailleurs, il faut savoir à quel
endroit on les envoie et quelle sorte de traitement va permettre
justement...
M. Cordeau: Oui.
M. Léger: ... qu'on ne contamine pas des nappes d'eau
souterraines, ce qui ferait que ce qu'on a enlevé du lac, on le
retrouverait dans le lac par le ruissellement ou par le...
Il ne faut pas non plus oublier le problème découlant du
fait qu'en aval du lac Waterloo, il y a le réservoir Choinière,
qui est une source d'eau potable et qu'il faut nécessairement
épurer à un degré supérieur...
M. Cordeau: Tout à fait d'accord.
M. Léger: ... à d'autres endroits du
Québec.
M. Verreault: M. le Président, tout à l'heure, le
ministre a parlé des trois étapes. Il a parlé
également d'une injection de $30 millions dans le projet de la
rivière Yamaska et, dans les circonstances, l'an passé, si on se
rappelle, chez les mêmes membres de la commission qui sont ici, on
parlait déjà du protocole d'entente qui devait se faire cette
année et d'autres étapes aussi qui devaient se faire et
s'élaborer durant l'année dernière. Malheureusement,
j'apprends que les trois étapes sont toujours stagnantes. J'aimerais
savoir du ministre s'il ne pourrait pas nous donner quand même une
idée, pour l'année 1979/80, de ce que seront les
échéanciers?
M. Léger: On prévoit rencontrer je ne dis
pas signer, mais je pense qu'il n'y aura pas de complications dans le
mois d'avril courant les municipalités pour leur proposer les travaux
qui, selon le plan technique, sont nécessaires pour réaliser
l'objectif qu'on veut atteindre. C'est dans le mois d'avril de cette
année et nous sommes donc en avril.
M. Verreault: M. le Président, sans douter de la parole du
ministre, est-ce que je peux lui redemander, cette année, si cet
engagement qu'il prend à la commission de rencontrer les
municipalités au mois d'avril, il va le tenir pour une fois?
M. Gagnon: M. le député m'a enlevé mon droit
de parole tantôt parce que c'est moi qui avais commencé
à...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
pensais que vous aviez terminé. Je m'excuse.
M. Gagnon: Je n'avais pas terminé. Je voudrais juste
répondre; peut-être que le ministre complétera la
réponse tantôt. Lorsqu'il a dit que depuis deux ans ou enfin l'an
passé, on avait parlé de la rivière Yamaska et des
étapes à suivre, je me souviens qu'en 1970 et même en 1969,
j'étais à Saint-Hyacinthe alors qu'on avait annoncé qu'on
commençait à dépolluer la rivière Yamaska et de
1970 à 1976, il ne s'est rien fait. Il y a au moins une chose, c'est que
de 1976 à aujourd'hui, sur la rivière Yamaska, on est rendu au
point où on peut rencontrer les municipalités et élaborer
des projets, des plans; c'est déjà quelque chose.
M. Verreault: M. le Président, je regrette, je ne suis pas
en accord avec le député de Champlain et je préfère
avoir la réponse du ministre quant à cela.
M. Gagnon: Vous n'avez pas à être d'accord avec moi,
c'est un fait pareil.
M. Verreault: N'oubliez pas une chose, le barrage de Savage Mill
a été fait. Je pense que cela a été
déjà pas mal pour régulariser le cours d'eau de la
rivière Yamaska.
M. Gagnon: On ne parlait pas de régulariser, on parlait de
dépolluer.
M. Verreault: Cela fait partie de tout le programme, mon grand,
au cas où tu ne le saurais pas.
M. Léger: M. le Président, pour répondre au
député de l'Opposition, je tiens à vous dire que nous
sommes, selon l'échancier qu'on avait mis de l'avant l'année
dernière, à peu près un mois en retard, parce qu'on avait
dit que c'était au cours de l'année qu'on pourrait avoir des
ententes avec les municipalités. On prévoyait avoir des
études qui nous permettraient de rencontrer plus rapidement les
municipalités sauf que les conclusions des études
préparatoires nous ont démontré qu'il y avait des cas
problèmes d'espèce que ce n'étaient pas des cas qu'on
rencontre partout et à cause du type... Quand je parlais ce matin de
s'adapter à la région et non pas de normes
générales, cela est un cas typique d'une région où
le problème de pollution est très avancé en amont d'un
réservoir d'eau potable pour les citoyens qui vivent en aval. Donc,
avant d'aller voir les municipalités, il faut trouver la solution
technique. C'est un problème technique; il n'y a aucun problème
de volonté politique, il n'y a aucun retard provenant d'un
laisser-aller; ce sont tout simplement des problèmes techniques. La
façon dont je suis obligé parfois de laisser mon sous-ministre
expliquer l'aspect technique démontre jusqu'à quel point c'est
complexe. C'est pour cette raison qu'on est rendu à l'étape
d'aller négocier au cours du mois d'avril, à peu près un
mois en retard sur l'échéancier d'un an, mais, à ce
moment-là, on aura épargné à la municipalité
des coûts exorbitants causés justement par le fait... Ce n'est pas
la responsabilité de la municipalité, parce qu'elle est
placée à un endroit où il y a des problèmes plus
particuliers qu'ailleurs mais, à cause de cela, c'est notre
responsabilité, au niveau gouvernemental, de s'assurer qu'on ne fait pas
payer inutilement des usagers ou une municipalité pour le traitement de
ses égouts à un coût
exorbitant. On aurait pu facilement dire: D'accord, on bâtit une
usine de tant de millions; mais, ce n'était pas la solution pratique et
la municipalité aurait été prise avec des coûts
absolument inacceptables pour chacun des payeurs de taxes de cette
région. Je peux vous dire que...
M. Verreault: M. le Président.
M. Léger: Est-ce que je peux terminer, M. le
député?
M. Verreault: Allez.
M. Léger: Je peux vous dire qu'en cours de mois, il y a la
rencontre avec les municipalités, aussi bien celle de Granby et
je pense que c'est important pour le député puisque c'est dans
son comté. Le projet est complété pour la ville de Granby
et je peux vous dire que cela va être aussi au cours du mois que nous
serons capables de rencontrer les représentants de la ville de Granby
avec un projet tout prêt. Il est prêt le projet de Granby. Mais,
comme de raison, il faut y aller avec logique et il ne faut pas oublier que
Granby est en aval de Waterloo. Le problème est à Waterloo et
c'est pour cela que c'est plus long pour ce qui se passe en aval.
M. Verreault: Je suis très conscient de ce que vient de
dire le ministre. Effectivement, ces deux municipalités sont dans mon
comté mais si j'ai fait exprès tout à l'heure pour
réitérer la même demande au ministre, c'est que l'an
passé, j'étais aux crédits ici et j'ai posé les
mêmes questions et cela devait se faire dans le courant de l'année
passée à cette année. Si son conseiller se rappelle
très bien, il m'avait fourni des renseignements complémentaires
en dehors de la commission et il ne s'est rien fait. Il s'est peut-être
fait des échanges de correspondance sur un certain protocole d'entente
mais je n'ai pas eu l'impression et je n'ai pas encore l'impression qu'il y ait
quelque chose qui ait été fait. (16 h 15)
Tout à l'heure, je vous ai reposé la question de nouveau:
Est-ce que, cette année, il va se faire quelque chose pour vrai? Vous
m'avez répondu pendant cinq minutes. Est-ce que vous pourriez me
répondre brièvement qu'il va y avoir quelque chose qui va se
faire concrètement cette année?
M. Léger: Oui.
M. Verreault: Merci.
M. Léger: Je voudrais quand même, pour les autres
députés qui veulent avoir des réponses plus
précises...
M. Verreault: C'était seulement le oui que je voulais
avoir.
M. Léger: ... je tiens à dire que le réseau
de la municipalité de Waterloo est complètement infil-
tré. Est-ce qu'on peut dire Granby aussi? C'est moins grave à
Granby. Pour la municipalité de Waterloo, le réseau est
complètement infiltré, ce qui veut dire que les eaux de surface,
les eaux pluviales et d'autres sources d'infiltration pénètrent
le réseau actuel de la municipalité. C'est parce qu'on s'en est
aperçu qu'on a été obligé de faire en plus de tout
ce que j'ai dit tantôt, des corrections, ce qu'on appelle la
réhabilitation des réseaux, sinon l'usine au bout de ces tuyaux
aurait été obligée de traiter jusqu'à dix fois la
quantité d'eau nécessaire ou normale des égouts. C'est
donc dire que si on est obligé de bâtir une usine qui traite dix
fois plus, cette usine va être beaucoup plus grosse et va coûter
beaucoup plus cher aux citoyens. Je pense que le député qui
représente cette circonscription n'aurait pas aimé savoir que
nous n'avons pas été à la hauteur de la tâche et
n'avons pas trouvé les solutions qui vont coûter le moins cher aux
électeurs de son comté. Il ne peut pas, je pense, aujourd'hui,
nous reprocher d'avoir fait les études pour éviter que ses
électeurs paient beaucoup plus cher parce que nous n'avons pas
été assez prudents pour analyser tous les problèmes qu'il
y avait dans cette région.
M. Lavigne: Nous sommes un gouvernement responsable.
M. Verreault: M. le Président, vous savez, le ministre a
donné beaucoup de compléments à l'information qui
étaient quand même superflus. Il sait pertinemment... Donnez-moi
une seconde de plus.
M. Léger: Pas superflus pour ceux qui ont une
décision à prendre.
M. Verreault: Les gens de ma région, y compris ceux du
comté d'Iberville et de Saint-Hyacinthe, ne sont pas
intéressés à être surtaxés, ils le sont
déjà beaucoup trop. Le point n'était pas là. J'ai
posé une question courte et j'avais demandé une réponse
brève. On m'a dit oui. Cela me rassurait. Le deuxième point,
c'est que le ministre avait répondu à une question du
député de Saint-Hyacinthe, ce matin, qu'il fournirait
l'éventail du montant de $15 millions qui devait être
appliqué l'an passé et cette année. Le
député de Saint-Hyacinthe avait demandé de quelle
manière c'était réparti dans le projet. Est-ce qu'on
pourrait le savoir maintenant?
M. Léger: On me dit que la liste est en voie de
préparation au ministère. Comme vous le savez, le
ministère n'est pas à côté du parlement. Il est
à six milles, je pense, du parlement; on est en train de la
confectionner pour l'apporter et vous allez l'avoir avant la fin de la
période des crédits. Je vais quand même déposer un
autre document, qui m'a été demandé tantôt et vous
aurez l'occasion de le regarder, c'est une autre question qui m'a
été posée ce matin, c'est la liste des ordonnances qui ont
été émises par le ministre, la liste des poursuites qui
ont été faites par le contentieux, ainsi que
la liste des affidavits par comté. Je pense que c'est un
renseignement qui complète ce qu'on m'a demandé ce matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
changer de sujet, je pense que le député d'Iberville par
où passe, je pense, la rivière Yamaska, voudrait intervenir. M.
le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Si on veut suivre le cours de la Yamaska,
M. le Président, étant donné que M. le ministre a
indiqué qu'il fallait prendre le problème à sa source,
c'est-à-dire en amont, la ville de Waterloo, celle de Granby et ensuite,
je crois, dans le programme, il y a la ville de Farnham, qui vient avant
Cowansville et ensuite qui vient avant Saint-Hyacinthe, au niveau de Farnham,
qui touche spécialement mon comté, où en sont rendus les
dossiers? Est-ce que le ministre croit qu'il est possible de travailler les
dossiers de Cowansville, Farnham et Saint-Hyacinthe en même temps ou si
on va prendre une ville à la fois?
M. Léger: Pour répondre à la question du
député d'Iberville, on avait quand même choisi parmi nos
cibles la Yamaska Nord. C'est donc dire que Farnham, Cowansville et
Saint-Hyacinthe sont en aval de cette cible. Donc, elles n'étaient pas
dans la cible de l'année dernière. Je peux lui dire que ce que je
voulais présenter au Conseil du trésor ce matin comportait toute
une série de nouvelles cibles pour l'année prochaine, dans
lesquelles il y avait nécessairement la continuation de la
rivière Yamaska. J'aurais été heureux si on avait pu
siéger ce matin. On m'a même demandé d'aller siéger
cet après-midi pour continuer; alors, j'étais pris entre deux
possibilités, les crédits ici et aller régler ce
problème au Conseil du trésor. Dès qu'on aura
l'approbation de l'enveloppe globale me permettant de continuer le projet
d'assainissement des cours d'eau, je me ferai un plaisir de l'annoncer le plus
rapidement possible.
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Shefford.
M. Verreault: C'est ça. M. le Président, le
ministre nous a dit tout à l'heure, d'une manière affirmative,
qu'il y avait quelque chose de concret qui se ferait en 1979/80. Pour me
prouver ses bonnes intentions, pourrait-il me dire les montants qui sont
alloués à l'assainissement de la rivière Yamaska?
M. Léger: Actuellement, c'est $30 millions.
M. Verreault: Oui, mais, pour cette année, il n'y a
sûrement pas $30 millions, parce que votre budget total...
M. Léger: A ce moment-ci, je ne pourrais pas vous donner
le chiffre puisque ce n'est pas encore adopté au Conseil du
trésor.
M. Verreault: Avez-vous au moins une petite idée?
M. Léger: J'ai une idée, j'ai un projet, je connais
le chiffre, mais tant que ce n'est pas accepté... Si on me permet, au
Conseil du trésor, comme enveloppe globale, une somme d'argent qui est
inférieure au grand total, il va falloir que je révise, pour
chacun des bassins, chacune des cibles, les sommes que je pourrai diviser.
Donc, au moment où je vous parle, je ne peux pas vous dire quelle
portion va être absorbée ou acceptée par le Conseil du
trésor pour la région de la Yamaska.
M. Verreault: M. le Président, est-ce que le ministre veut
me dire que les sommes qu'il veut affecter à la rivière Yamaska,
l'embranchement nord, si vous voulez, ne sont pas inscrites ici au budget?
Est-ce que c'est ça que vous voulez dire, qu'il va y avoir des sommes
supplémentaires? Parce que, pour faire quelque chose de concret,
ça prend de l'argent. Je me demande si, avec le budget de $30 millions,
le montant total du ministre qui est d'environ $36 millions à $40
millions, il va y avoir de l'argent pour faire quelque chose de concret...
M. Léger: Je pense qu'il y a quelque chose que le
député de Shefford n'a pas compris.
M. Verreault: J'aimerais avoir l'explication.
M. Léger: Je l'ai expliqué ce matin, mais je vais
le répéter.
M. Verreault: Répétez-le, ça va me faire
plaisir.
M. Léger: C'est qu'il y a une différence entre le
coût total d'investissement et la portion du service de la dette qu'on
rembourse chaque année et qui fait partie du budget qu'on étudie
actuellement. C'est entendu que, quand vous avez un budget de $35 millions pour
cette année et que je vous dis que, l'année dernière, on a
eu $150 millions pour un projet, les $150 millions, c'est le coût
d'investissement total. Pour le réaliser, il faut que les
municipalités, entre autres, empruntent des sommes d'argent et le
gouvernement rembourse, par année, des sommes qu'on appelle le service
de la dette. Ce sont ces sommes qui paraissent dans le budget et non pas le
coût du projet. C'est pour ça que... Je ne sais pas s'il y a des
chiffres, mais je peux vous donner...
M. Verreault: M. le Président, le ministre disait tout
à l'heure que le projet totalisait $90 millions.
M. Léger: Pour répondre à votre question, il
y a des sommes prévues pour le service de la dette dans le document qui
est devant le Conseil du trésor actuellement.
M. Verreault: M. le Président, le ministre disait tout
à l'heure que le projet de la rivière Yamaska
totalisait $90 millions. Comme première étape, pour les
villes de Waterloo et de Granby, peut-être pour quelques autres
municipalités, il prévoyait, à brève
échéance, un montant global de $30 millions. La question que je
posais au ministre tout à l'heure, c'est pour savoir, pour
l'année 1979/80, quel est approximativement, si possible, le montant
qu'il va allouer pour que les travaux qu'il entend faire cette année
soient vraiment concrets. Est-ce que c'est $500 000, $1 million, $10 millions,
$30 millions?
M. Léger: Pour répondre à la question que le
député me pose, je ne le ferais pas en lui dévoilant des
sommes d'argent que le Trésor pourrait m'oc-troyer quand mon projet va
passer devant le Conseil du trésor. C'est en lui disant simplement ceci:
II faut qu'il y ait des signatures de protocole d'entente avec les
municipalités. J'ai dit tantôt qu'on avait accepté au
Conseil du trésor, l'année dernière, $30 millions. Ces $30
millions vont être divisés en des montants, selon des protocoles
d'entente qu'on va signer avec chaque municipalité, on va avoir des
sommes d'argent, le coût total des projets. Mais la municipalité,
dès qu'elle a signé le protocole d'entente, ce qui peut
être fait au mois d'avril, au moment où on se parle.
Par la suite, il y aura le début des travaux. La
municipalité va faire un règlement d'emprunt temporaire qui va
être suivi par un règlement d'emprunt permanent et ce sont les
remboursements annuels du service de la dette de ces montants qui vont
paraître au budget de chaque année. C'est pour cette raison que
cela apparaît dans la colonne "paiement de transferts". Vous pourrez voir
l'année prochaine la portion qu'on aura à rembourser sur le
montant de $30 millions qui a été mis de l'avant pour la
rivière Yamaska, dans la section Yamaska-Nord.
M. Verreault: M. le Président, je vais poser de nouveau ma
question différemment. J'ai l'impression que le ministère de
l'environnement n'y va pas à l'aveuglette.
M. Léger: Pardon?
M. Verreault: N'y va pas à l'aveuglette. C'est quand
même $90 millions qu'on va investir à plus ou moins brève
échéance. Dans ce cas-là, je ne vous demanderai pas quelle
sorte de montants sont engagés pour cette année. Je vais demander
quelle estimation son ministère fait-il pour 1979/80, pour au moins les
deux municipalités, Waterloo et Granby. Quelle estimation fait-il? Ou
encore, si j'ai bien compris, est-ce que cela veut dire que tous les
coûts seront à la charge des municipalités qui auront
à faire des emprunts? Et dans les circonstances, par le protocole
d'entente, vous allez verser annuellement des montants pour rembourser.
M. Léger: Oui.
M. Verreault: Cela veut dire que pour le moment, pour une
période indéterminée, tous les coûts qui vont
être encourus seront à la charge des municipalités par des
emprunts?
M. Léger: M. le Président, quand nous signons un
protocole d'entente, il y a, dans ce protocole, la responsabilité du
gouvernement de rembourser, comme dans le cas que vous mentionnez, à
raison de 90% aussi bien sur le capital et les intérêts pour les
emprunts temporaires et pour les emprunts permanents.
C'est ce qui va être signé dans le protocole d'entente. Le
coût des travaux pour le secteur total, qu'on a eu comme acceptation,
l'année dernière, c'est $30 millions. Je ne vois pas ce que le
député veut savoir de plus. Vous me demandez combien on va
déposer pour l'année prochaine. Je ne peux pas vous le dire tant
que le Conseil du trésor n'aura pas statué là-dessus.
M. Verreault: Je voulais simplement comprendre, M. le ministre.
Pour les idées concrètes, les projets concrets que vous voulez
faire cette année, j'aimerais savoir si vous allez investir
vous-même, par votre ministère, des sommes d'argent ou si ce sont
les municipalités qui vont s'engager, par des emprunts.
M. Léger: Je vais répéter encore la
même chose.
M. Verreault: J'ai compris. J'ai compris que ce sont les
municipalités qui vont faire les emprunts.
M. Léger: Le député n'a pas compris que la
municipalité qui fait l'emprunt est endossée par le gouvernement
qui va lui rembourser le capital et l'intérêt de l'emprunt. Donc,
si c'est cela, il reste 10% que la municipalité va défrayer. Pour
le reste, elle ne fait qu'emprunter. Et n'oubliez jamais que la garantie du
gouvernement est là pour éviter que la municipalité soit
pénalisée de ce côté-là.
M. Verreault: Dans le protocole d'entente que vous allez
échanger avec les municipalités, est-ce que vous prévoyez
inclure tous les projets qui ont été connexes au projet de
l'épuration des eaux de la rivière Yamaska? Je parle de la ville
de Granby ou de la ville de Waterloo, les égouts collecteurs qu'elles
ont construits, de même que d'autres travaux semblables.
M. Léger: Comme je le disais tantôt, au
début, ce ne sont pas les égouts collecteurs, ce sont les
intercepteurs.
M. Verreault: Si vous voulez.
M. Léger: Est-ce que le député voit la
différence entre les deux?
M. Verreault: Non. D'accord, cela va. Mais disons que...
M. Léger: II y a uniquement des intercepteurs dans les
projets d'assainissement. D'ailleurs, ce sont les plus gros tuyaux et ce sont
les plus importants.
M. Verreault: Mais pour répondre à ma question,
est-ce que vous allez inclure dans le protocole d'entente avec les
municipalités ces choses-là?
M. Léger: Les intercepteurs? M. Verreault: Oui.
M. Léger: Bien oui.
M. Verreault: Cela va. Est-ce qu'il y a d'autres
municipalités ou d'autres projets semblables où le coût de
la participation du gouvernement est plus élevé que 90%?
M. Léger: Ce sont les plus élevés qu'il n'y
a jamais eu.
M. Cordeau: Dans le bassin de Châteauguay, lors de votre
message inaugural, ce matin, vous avez parlé d'une contribution à
100%.
M. Léger: Dans le bassin de Châteauguay.
M. Cordeau: II va falloir que je reprenne votre texte. A un
moment donné, vous dites: La contribution du gouvernement sera de
100%.
M. Léger: On ne parlait pas de...
M. Cordeau: Si ce n'est pas Châteauguay, c'est
Laprairie.
M. Léger: Ce sont les inondations et c'est à 90%
aussi. (16 h 30)
L'entente, c'est que les intercepteurs vont être payés par
le gouvernement dans les endroits, à raison de 66%, jusqu'à 90%
possiblement, et cela dépend de la relation qui existe entre
l'évaluation foncière de la municipalité et le coût
du projet. Plus la relation est élevée, plus la participation
gouvernementale est élevée. Cela peut aller jusqu'à 90%
pour les intercepteurs, tandis que le traitement lui-même est à
90%.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui...
M. Cordeau: Sur la Yamaska encore, on est rendu à
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Allez-y,
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant la responsabilité du gouvernement,
lorsqu'il y a un protocole d'entente de signé par la
municipalité, la responsabilité du gouvernement inclut-elle les
intérêts des emprunts temporaires contractés par la
municipalité depuis la réalisation des travaux? Supposons qu'on a
fait des études suite à une ordonnance. Saint-Hyacinthe, entre
autres on va parler de Saint-Hyacinthe a réalisé
des travaux. Ensuite, elle a fait des égouts collecteurs, posé
des intercepteurs. La responsabilité du gouvernement inclut-elle les
intérêts depuis la réalisation de ces travaux dans le
protocole d'entente?
M. Verreault: Justement, M. le Président, j'aurai une
question additionnelle.
M. Léger: Parlez-vous en général ou de
Saint-Hyacinthe en particulier?
M. Cordeau: En général, cela peut servir...
M. Léger: En général, ce sont les ouvrages
admissibles au projet...
M. Cordeau: Oui, bien sûr.
M. Léger: ... qui sont aussi bien les intercepteurs
d'usine et les études afférentes à ces
travaux-là.
M. Cordeau: Mais, depuis leur réalisation ou depuis que la
municipalité a fait faire ces études, suite à une
ordonnance, c'est la municipalité qui supporte actuellement le fardeau
de ces intérêts. Ces intérêts pourraient entrer dans
le règlement d'emprunt.
M. Léger: Le coût des ingénieurs-conseils
pour des plans, pour des travaux déjà réalisés, je
pense que, dans le cas de Saint-Hyacinthe, c'est inclus.
M. Cordeau: Oui, mais est-ce que c'est depuis que la ville
on va parler des villes, parce que les villes, en général, ont le
même problème; je pense bien que la politique que vous appliquez
dans une ville va s'appliquer dans les autres municipalités
supporte elle-même les intérêts sur ces emprunts?
M. Léger: Depuis que la ville les supporte suite à
une entente, oui.
M. Cordeau: Oui, suite à une ordonnance pour ce qui a
été réalisé. Par contre, lorsque les villes
signeront un protocole, dans le...
M. Léger: Dès qu'un protocole est signé,
c'est le contenu du protocole. Dans ce protocole-là, on inclut les
études et les intérêts à partir du moment où
la municipalité fait un geste qui découle du protocole.
M. Cordeau: Oui, parfait. Cela me suffit, parce que je crois que
le cas de Saint-Hyacinthe sera mené à bonne fin avant
longtemps.
M. Verreault: Sur le même sujet...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet.
M. Verreault: ... l'an passé, à l'étude des
crédits, le député de Saint-Hyacinthe et moi-même
avions fait une suggestion. Je pense que la suggestion a même
été endossée par des députés
ministériels. Comme le mentionnait le député de
Saint-Hyacinthe, il y a plusieurs municipalités qui, depuis au moins
cinq ans, ont investi beaucoup d'argent dans le projet de la rivière
Yamaska, soit par des études ou par des travaux. La suggestion qui avait
été faite l'an passé et que je réitère cette
année, c'est à savoir si le ministère de l'environnement
ou un ministère comme les Affaires municipales ne donnerait pas un
certain acompte à ces municipalités qui ont déjà
investi de fortes sommes d'argent pour se conformer, à la suite
d'ordonnances, à un programme qui est le programme
général, si vous voulez, de la rivière Yamaska.
M. Léger: Je peux vous dire que je retiens votre
suggestion, mais on n'a pas encore, au niveau du ministère de
l'environnement, une autorisation pour aller jusqu'à ce niveau-là
dans tout le Québec. Pour ce dont vous parlez au niveau de la Yamaska,
on s'en tient au protocole d'entente que nous allons signer et aux coûts
des projets qui sont admissibles uniquement.
M. Verreault: Vous savez, M. le ministre, que plusieurs
municipalités, y compris celle de Saint-Hyacinthe et bien d'autres, ont
investi des sommes d'argent quand même très importantes pour se
conformer à ce programme-là. Evidemment...
M. Léger: De quel programme parlez-vous? Celui de
l'OPDQ?
M. Verreault: Le programme d'ampleur de la Yamaska au point de
vue de l'assainissement des eaux, au point de vue d'épuration, etc., le
programme global tel que présenté par l'OPDQ.
M. Léger: L'OPDQ a fait un programme global qui incluait
plusieurs ministères et qui touchait beaucoup d'autres choses que
l'assainissement.
M. Verreault: Oui, d'accord.
M. Léger: Nous autres, on doit s'en tenir à l'a
portion qui touche l'épuration, l'assainissement des coups d'eau...
M. Verreault: C'est exactement ce que je pense aussi.
M. Léger: C'est avec des protocoles d'entente, tout ce qui
est signé entre les municipalités et le gouvernement. Nous allons
respecter cela, mais je ne sais pas ce que le député a
derrière la tête. Est-ce qu'il y a des cas particuliers que vous
voulez souligner? S'il veut me citer un cas particulier, on verra si c'est
inclus dans nos projets ou non.
M. Verreault: Des cas particuliers! Non, les cas particuliers, ce
sont des cas généraux, mais on peut en faire des cas
particuliers, si vous le voulez.
M. Léger: Non, mais je veux dire un cas précis.
M. Verreault: Prenez les villes de Waterloo, de Granby, de
Saint-Hyacinthe qui, pour se conformer à différentes
étapes du programme, ont dû faire des travaux, des études,
etc., qui ont même investi des millions. C'est à leur propre
charge actuellement. Cela entre dans le cadre du même programme.
M. Léger: Je peux vous dire que si les travaux qui ont
été faits, les études qui ont été faites par
les municipalités de la rivière Yamaska ne sont pas encore
complétés, dans le sens que, comme on a dit qu'on faisait la
Yamaska Nord d'abord, on va nécessairement continuer à la faire,
la rivière Yamaska au complet, on va arriver à signer des
protocoles d'entente avec chacune des municipalités. Donc les travaux ou
les études que les municipalités ont été
obligées de faire quand on signera le protocole, on va en tenir compte
pour essayer d'inclure là-dedans ce qui est juste et justifiable,
à la suite des demandes qui auraient pu être faites par le
gouvernement. C'est au niveau de chacun des cas qu'on verra, avec le protocole
à signer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait d'autres questions sur la Yamaska, puisque je voudrais permettre
à tous les députés qui ont des questions sur ce sujet de
les poser? Sinon, on peut changer de sujet. M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'en ai une dernière. Vous comprenez pour
quelle raison je n'étais pas ici au début de cette discussion.
J'ai dû faire un discours en Chambre. Je m'excuse, si je reviens sur une
question déjà posée, mais le ministre a parlé de
l'absence d'une approbation du Conseil du trésor. Il attend cette
approbation pour pouvoir nous fournir certains chiffres. Il a parlé
également de l'intention du gouvernement de signer des protocoles
d'entente avec les municipalités intéressées. Est-ce que
tout cela veut dire que le ministre n'est pas en mesure aujourd'hui de nous
indiquer, comme ordre de grandeur au moins, la valeur des ouvrages qui seront
mis en chantier cette année dans des municipalités dont nous
avons discuté, c'est-à-dire Waterloo, Granby,
Saint-Hyacinthe?
M. Léger: Pour le cas que vous mentionnez, c'est $30
millions, mais il faut dire que cela avait été approuvé
l'an passé dans la phase I de mon programme d'assainissement. Ce que
j'ai mentionné tantôt et ce à quoi le député
de D'Arcy McGee faisait allusion, c'est la phase II, c'est-à-dire
d'autres bassins ou le prolongement d'activités dans un bassin pour
lequel on a eu une approbation pour un tronçon de ce bassin.
M. Goldbloom: J'ai ici un article du journal du vendredi 30 mars,
Le Journal de Québec, l'article est de M. Daniel Brosseau. J'en cite
seulement le titre: "Le ministre Marcel Léger voit venir la terre
promise". Est-ce que la terre promise se situe dans le bassin de la
Yamaska?
M. Cordeau: Ce serait un beau bassin.
M. Léger: En ce qui me concerne, c'est tout le
Québec. Chacun voit sa patrie où il la veut bien.
M. Cordeau: Seulement une question. Concernant l'endettement des
municipalités, à un moment donné, on fait des
comparaisons, l'endettement per capita, est-ce que les montants garantis
directement par la province vont venir en moins concernant la dette per capita
des municipalités, dans les statistiques? Si c'est un projet de $20
millions, et si c'est la municipalité qui supporte le coût de $20
millions, l'endettement per capita va grimper, bien sûr.
M. Léger: On peut dire que la Commission municipale, quand
les règlements d'emprunt sont faits, tient compte des subventions du
gouvernement.
M. Cordeau: Parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Champlain, sur le même sujet?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
d'accord.
M. Gagnon: Le ministre a mentionné que tout le territoire
de la région de Montréal en fait, vous étiez en
train de travailler à la dépollution des rivières autour
de Montréal je sais qu'il y a un programme qui est
déjà connu, parce que vous avez fait connaître un programme
au cours de l'automne pour les rivières... Je ne me souviens pas du nom
de la rivière chez vous...
M. Lavigne: Le lac Saint-Louis.
M. Gagnon: Là, où on mentionnait qu'en 1981, on
pourrait voir revenir des plages pour les remettre à la population, et
que la pêche pourrait revenir sur certaines rivières qui sont
encore polluées aujourd'hui. Est-ce que ce programme, pour la
région de Montréal, devrait normalement s'appliquer à tout
le Québec, éventuellement?
M. Léger: Oui, c'est justement mon voeu le plus cher. Si
vous saviez l'ambition que j'ai eue en voyant le document que j'ai
présenté au Conseil du trésor. C'est pour ça que je
n'ose même pas vous dire ces chiffres, parce qu'il y a des risques qu'on
m'en coupe peut-être un petit peu, parce que, nécessairement, je
tiens à ce qu'on redonne le plus tôt possible le plus de
rivières aux citoyens du Québec. Je peux vous dire quand
même que, pour la grande région de Montréal, qui comprend,
comme je le disais tantôt, le lac Saint-Louis, le lac des Deux Montagnes,
la rivière des Milles Iles, la rivière des Prairies, la
rivière du Nord et la rivière Yamaska, on peut dire que, sur les
22 municipalités impliquées, au moment où on se parle, il
y en a déjà 16 qui ont adopté une résolution
acceptant le protocole d'entente, 16 sur 22. Maintenant, je pense qu'il y a
déjà deux de ces résolutions qui ont été
acceptées au Conseil des ministres et je dois annoncer très
bientôt, en ayant complété certains détails
c'est pour ça que je n'en parle pas encore aujourd'hui, mais je dois les
annoncer très bientôt et les 14 autres municipalités
qui, elles-mêmes, ont déjà accepté le protocole
d'entente qui doit être ratifié par le Conseil des ministres, je
pense bien pouvoir mettre en chantier immédiatement après
l'approbation du Conseil des ministres, les travaux pour les 16
municipalités concernées. Quant aux six autres
municipalités, il n'y a que certains détails à
régler, mais, dans ces six-là, il y avait les deux, Waterloo et
Granby qui, nécessairement, à cause des problèmes bien
techniques, doivent être résolus au cours du mois d'avril.
M. Cordeau: ... M. le ministre, que la ville de Saint-Hyacinthe a
accepté le protocole d'entente hier soir.
M. Léger: Voyez, c'est une bonne nouvelle.
M. Cordeau: La municipalité de Sainte-Rosalie va
probablement l'accepter la semaine prochaine.
M. Léger: Voilà! Maintenant, on peut dire que les
travaux...
M. Gagnon: ... beaucoup de travail...
M. Léger: ... vont commencer par l'analyse des
réseaux, pour éviter de bâtir des usines beaucoup trop
élevées ou plus grosses; justement, à cause de
l'infiltration et du mauvais état d'une bonne partie des réseaux
dans les municipalités du Québec, on serait alors obligé
de payer des coûts astronomiques inutiles. Donc, on commence par la
réfection des réseaux, pour s'assurer que ces réseaux ne
transporteront que la quantité réelle des eaux qui doivent
être traitées et ainsi diminuer les coûts qui auraient
peut-être presque doublé comme coûts totaux si on n'avait
pas fait ces analyses à temps.
M. Cordeau: Y a-t-il des subventions accordées aux
municipalités pour l'amélioration de leurs réseaux?
M. Léger: C'est pour ça que j'ai dû retourner
au Conseil du trésor pour faire accepter le financement au même
titre, pour l'analyse et la réhabilitation des réseaux, que les
sommes d'argent pour les réseaux habituels.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Champlain, sur le même sujet.
M. Gagnon: Oui, vous avez parlé de protocoles d'entente
signés avec les municipalités, mais, lorsque vous prenez une
rivière, il y a aussi les usines qui doivent voir à épurer
leurs eaux. Etes-vous aussi avancés, par rapport à ces
rivières, avec les usines et les compagnies pour voir à faire
dépolluer leurs eaux? Cela se fait en même temps?
M. Léger: Voulez-vous répéter la
dernière partie de votre question?
M. Gagnon: Je veux dire que, dans les municipalités
situées au bord des rivières qu'on est en train de
dépolluer, vous avez mentionné que, sur 24
municipalités...
M. Léger: 22
M. Gagnon: ... 22, il y en avait 16 qui avaient signé leur
protocole d'entente. Mais l'annonce que vous avez faite, c'est que, quand on
prend une rivière, on la dépollue en partant, on demande aux
municipalités de dépolluer leurs eaux usées et on demande
aussi aux usines d'arrêter de polluer et d'établir le
mécanisme qu'il faut pour arrêter de polluer. Est-ce que c'est
aussi avancé au niveau des usines et des compagnies qui sont
situées au bord de ces rivières?
M. Léger: Oui, et ce qui les a agréablement
surprises, ces usines, c'est que la plupart pourraient se greffer aux
réseaux municipaux, mais elles devront, au préalable, faire un
prétraitement pour s'assurer que les égouts qu'elles
déversent dans le réseau municipal ne contiennent pas des
matières qui obligeraient la municipalité à avoir un
traitement plus élevé qui serait payé par les citoyens de
la municipalité. (16 h 45)
On a contacté ces usines et je peux vous dire que jusqu'à
maintenant, cela avance au même rythme même très
rapidement concernant l'épuration de ces usines. Je pourrais
même ajouter que nous avons fait l'inventaire aussi dans la région
de Yamaska de tous les éleveurs agricoles pour s'assurer de la situation
concernant le déversement d'égouts provenant des fosses de chacun
des éleveurs agricoles sur la rivière Yamaska dans la section
Yamaska-Nord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: M. le ministre, vous venez de dire tout à
l'heure qu'il y avait une aide assez importante qui vient du ministère
par le truchement des municipalités qui étaient touchées
par cette dépollution mais, dans le cas des usines ou des entreprises
privées, est-ce que le gouvernement intervient financièrement
dans l'installation de ces usines antipollution?
M. Léger: Concernant l'aide financière, nous savons
que pour les grosses usines, il se pourrait qu'il n'y ait pas besoin d'aide
financière. Concernant les PME, comme le fait que la plupart, je dirais
même la totalité des PME, peuvent se greffer au réseau
municipal, la réponse que je donnais tantôt au
député de Champlain équivaut pour la même question
que vous venez de poser. Si par hasard, il y avait des problèmes
particuliers avec de grosses usines, il y a aussi une possibilité d'aide
du ministère de l'Industrie et du Commerce que nous sommes en train de
négocier pour voir quel pourrait être un programme global pour les
cas particuliers d'usines qui ne sont pas des PME, mais qui sont plus grosses
que les PME.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: C'est sur le programme 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On
était dans l'assainissement des eaux, des lacs, des rivières.
M. Cordeau: Concernant l'épuration des eaux dans la
région de Montréal, on sait que le gouvernement
fédéral donne je crois 60% des coûts et le
provincial 40%...
M. Léger: Ce n'est pas tout à fait exact. Pour la
Communauté urbaine de Montréal et pour la CUQ et les
communautés urbaines le député de D'Arcy McGee est
au courant; il était partie dans ces négociations avant moi
c'est une subvention en réalité de 16% de la part du
fédéral, un prêt de 50% du fédéral mais qui
est remboursé par le gouvernement du Québec, ce qui revient
à dire que la Communauté urbaine de Montréal contribue
à 33%, le gouvernement du Québec à 50% et le gouvernement
fédéral à 16%.
M. Cordeau: D'accord. Quels seront les montants qui vont
être investis dans cette région encore cette année?
M. Léger: A Montréal?
M. Cordeau: Dans Montréal ou dans les environs.
M. Léger: Disons que jusqu'à maintenat, ce sont
$433 millions qui ont été adoptés l'année
dernière. Les travaux battent leur plein, plus $5 millions pour
l'Anse-à-l'Orme, ce qui n'était pas inclus dans l'entente dans le
temps que le député de D'Arcy McGee était là, on a
ajouté cela. Pour la suite à donner pour la Communauté
urbaine de Montréal, cela fait partie du projet que j'ai
présenté au Conseil du trésor et j'attends la
réponse. S'il fallait que je réponde immédiatement, je
sais qu'il y a bien des gens à l'extérieur qui seraient
intéressés de savoir ce qui va se passer là, mais je
ne suis pas en mesure d'en parler puisque ce n'est pas encore
approuvé par le trésor.
M. Cordeau: Parfait, merci.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président, nous sommes appelés à aller voter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
êtes sur?
M. Beauséjour: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour un
vote ou pour quorum?
M. Cordeau: Pour un vote? Est-ce que quelqu'un peut aller
vérifier?
M. Beauséjour: Je suis allé vérifier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez vérifié?
M. Beauséjour: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc,
les travaux de la commission sons suspendus jusqu'à ce que le vote ait
été enregistré.
Suspension de la séance à 16 h 49
Reprise de la séance à 17 h 5
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs! La parole est au député de D'Arcy McGee.
L'Outaouais québécois
M. Goldbloom: M. le Président, nous parlions de
l'assainissement des rivières et j'aimerais demander au ministre de nous
faire part des progrès en ce qui concerne une rivière
passablement importante, celle des Outaouais. J'aimerais savoir où l'on
en est précisément avec le projet de construction d'une usine
d'épuration pour l'agglomération de Hull dans l'Outaouais
québécois.
M. Léger: M. le Président, on peut dire qu'au
niveau des intercepteurs, cela va bien au niveau de la programmation. Il y a
une entente entre la CRO et le gouvernement de ce côté-là
et au niveau du type de traitement qui devra aller jusqu'au traitement des
phosphates. On peut dire que le maître d'oeuvre est pratiquement
prêt à passer aux demandes de soumissions pour l'usine comme
telle.
M. Goldbloom: Ce sont des soumissions qui ont déjà
été demandées et qui ont été annulées
parce que le plus bas soumissionnaire n'était pas une firme
québécoise.
M. Léger: Dans ce temps-là, il y avait des
problèmes au niveau d'un arrêté en conseil, au Conseil des
ministres, mais il y avait aussi d'autres problèmes qui étaient
beaucoup plus graves, c'était le fait que la CRO n'était pas le
maître d'oeuvre. Il y avait des complications au niveau des unités
d'intervention qui relevaient en même temps de trois chapeaux sur le plan
technique comme sur le plan politique, c'est-à-dire la CCN, la
Commission de la capitale nationale, la CRO et les représentants du
gouvernement du Québec. Les responsables sur le plan technique,
dès qu'ils ne s'entendaient pas sur le contenu, devaient aller au niveau
politique et ceci retardait de beaucoup les décisions qui devaient
être prises. A ce moment-là, j'ai écrit au ministre
fédéral responsable de la Commission de la capitale nationale
pour lui faire part qu'il devrait y avoir une deuxième entente, une
entente renouvelée permettant que la CRO soit le maître d'oeuvre
pour réaliser ce projet et il y a eu une nouvelle négociation
entre le ministre d'Etat à l'aménagement et les
représentants du fédéral. A ce moment-là, la
nouvelle entente a permis à la CRO d'être le maître d'oeuvre
et nécessairement, maintenant, les plans qui précèdent les
demandes de soumissions ont été préparés et au
moment où on se parle, on peut dire que c'est rendu au point de faire
une demande de soumissions.
M. Goldbloom: Donc, normalement, avec la demande de soumissions
dans les prochains jours ou les prochaines semaines, la mise en chantier
devrait se faire vers quel moment et l'entrée en fonction de l'usine
devrait arriver vers quel moment?
M. Léger: On peut dire que les travaux pourraient
commencer au début de l'été, mais on présume que
l'usine elle-même ne pourrait pas fonctionner avant au moins une couple
d'années, c'est donc dire que le fonctionnement ne pourrait pas
commencer avant au moins deux ans.
Le ministère de l'environnement
M. Goldbloom: M. le Président, si tout le monde est
d'accord, je suis prêt à passer à un autre point. Celui que
j'aimerais aborder est toujours de nature générale et
découle d'une affirmation faite aujourd'hui par le ministre. Il a dit
que l'élargissement de ses responsabilités, avec l'acquisition de
l'équipe de la Direction générale des eaux, se
continuerait et qu'éventuellement, le ministre de l'environnement aurait
aussi une responsabilité assez précise, une responsabilité
de nature administrative, une responsabilité en vertu des lois, donc
pour l'application des lois, à l'égard de la qualité du
sol. J'aimerais amener le ministre à préciser ce qu'il veut dire
par cela. Quels sont les pouvoirs qu'il entend obtenir afin de pouvoir
protéger la qualité du sol?
Après cela, j'aurai d'autres questions connexes.
M. Léger: Nécessairement, quand nous avons
commencé les négociations avec les ministères
des Terres et Forêts et des Richesses naturelles, au niveau des
ministres, et par la suite, des sous-ministres, il avait été
question, pour la création du ministère de l'environnement, de
recueillir non seulement la Direction générale des eaux, mais
aussi la Direction générale des terres, c'est-à-dire la
partie des inventaires et la Direction générale des cadastres
pour avoir, comme je disais tantôt, les trois éléments de
l'environnement: eau, air et sol, pour assurer une politique
générale, une politique intégrée de la gestion du
milieu ambiant.
La raison, c'est qu'on calcule qu'il faut toucher aux espaces verts,
qu'il faut aussi toucher à l'ensemble des préoccupations et des
problèmes qui touchent le domaine des terres, aussi bien que le domaine
de l'eau et le domaine de l'air.
C'est tout simplement une question de retarder l'ensemble du projet.
Nous avons convenu de ne toucher qu'à la partie de la Direction
générale des eaux, au départ, et des réserves
écologiques pour avoir un commencement de responsabilité
générale dans le domaine de l'eau et de l'air et que l'autre
partie les complications était plutôt du
côté administratif. La Direction générale des
terres, au ministère des Terres et Forêts, a une structure
très décentralisée et les Services de protection de
l'environnement, à ce moment, n'étaient pas prêts à
recevoir, administrativement parlant, toute cette section des Terres et
Forêts. Pour ne pas retarder la première étape, qui
était celle que nous avons obtenue, nous avons seulement
déterminé que nous allions réaliser cette étape et
la deuxième étape viendra en temps et lieu, à la suite
d'autres négociations avec le ministre des Terres et Forêts.
M. Goldbloom: Est-ce que la réponse du ministre veut dire
que le gouvernement a déjà pris une décision et
qu'éventuellement, le ministre de l'environnement remplacera le ministre
des Terres et Forêts comme responsable de l'application de la Loi sur les
réserves écologiques?
M. Léger: Actuellement, la Loi sur les réserves
écologiques, c'est déjà transféré chez nous,
mais la Direction générale des terres n'est pas
transférée. Le gouvernement, comme tel, ne s'est pas
prononcé, il n'y a pas eu d'arrêté en conseil
là-dessus. Tout ce que je peux dire, c'est que les deux ministres ont
déjà négocié ensemble le transfert de ces
responsabilités, ils ont déjà émis tous les deux,
publiquement, l'idée que les terres devraient aussi s'en venir à
l'environnement, de façon que le ministère de l'environnement
soit responsable de la portion protection et amélioration du milieu de
vie et que le ministre actuel soit responsable de la partie
développement, qui s'occupe aussi bien des mines, dans les Richesses
naturelles, que des forêts, au niveau des Terres et Forêts. (17 h
15)
M. Goldbloom: M. le Président, je comprends cela et je
suis, au premier abord, d'accord avec cette évolution dans
l'administration gouvernementale. Ce qui me laisse un peu perplexe, c'est
l'allusion qu'a faite le ministre au cadastre. Le cadastre est un
élément technique qui a une grande importance dans
l'administration de la chose publique, notamment au niveau local, mais je ne
conçois pas, pour ma part, le cadastrage comme faisant partie de la
protection de l'environnement; c'est plutôt une responsabilité
cartographique, si je comprends bien. Est-ce que le ministre de l'environnement
veut vraiment obtenir la responsabilité du cadastre?
M. Léger: Je n'ai aucune aptitude de notaire.
Nécessairement, le député a raison de parler en termes de
différence entre la Direction générale des terres et la
section du cadastre. Ce dont on parlait, c'était beaucoup plus de la
Direction générale des terres que de la responsabilité de
cadastre, qui est une activité beaucoup plus notariale qu'une
activité de gestion, au niveau de la protection du milieu.
C'est pour cette raison entre autres qu'on a reporté la
décision, mais, comme je le dis, c'est dans l'intention de continuer,
dans un avenir prochain, à préparer la venue aux Services de
protection de l'environnement et au ministère de l'environnement de la
Direction générale des terres, mais pas nécessairement du
cadastre comme tel. Il y a des implications administratives sur lesquelles on
doit se pencher et on doit étudier les conséquences avant d'aller
plus loin dans la discussion là-dessus.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais donner un
conseil amical au ministre, c'est de ne pas toucher au cadastre, et pour deux
raisons. Si ma mémoire est fidèle, j'ai eu à discuter de
la question de la refonte du cadastre dans le passé et je me rappelle
que l'on m'a dit qu'il y a un travail de cinq ans ou plus à faire et que
la raison pour laquelle la refonte du cadastre n'a pas été
entreprise est, notamment, le coût impliqué. Il me semble que ce
ne serait pas dans l'intérêt du ministre de l'environnement et pas
dans l'intérêt de l'environnement québécois que l'on
doive répondre au ministre, au niveau du Conseil du trésor: On
n'est pas capable de vous donner plus d'argent parce que vous avez
déjà de très fortes sommes qui sont englouties dans la
refonte du cadastre. Je voudrais lui suggérer de ne pas être trop
gourmand à cet égard.
M. le Président, je voudrais passer à une autre facette de
cette question.
M. Léger: Si le député me permet.
Nécessairement, on ne veut pas récupérer des ressources
uniquement pour les ressources; c'est uniquement pour récupérer
ce qui peut être un outil pour améliorer les moyens de
protéger l'environnement que nous voulons atteindre par la Direction
générale des terres. Ce que le député vient de
dire, je l'appuie fort bien et j'accepte son conseil, puisque c était
dans cette direction qu'on voulait aller et que c'est dans cette direction que
les deux ministres discutent justement pour la question des terres.
M. Goldbloom: Cela ne veut pas dire que la refonte du cadastre
n'est pas importante, n'est pas nécessaire, mais je renouvelle ce petit
conseil.
Zonage agricole
M. le Président, j'aimerais amener le ministre à nous
parler de l'harmonisation de ses propres intentions, de ses propres
velléités en ce qui concerne la protection du sol et le
régime de zonage agricole qui a récemment été
adopté par l'Assemblée nationale. Qui va décider quoi? Qui
aura préséance sur l'autre? Quelles sont les décisions que
le ministre de l'environnement voudra rendre en ce qui concerne la protection
du sol? Comment ces décisions pourront-elles s'harmoniser avec celles
que prendra le ministre de l'Agriculture ou l'organisme créé par
le ministre de l'Agriculture pour protéger le sol arable comme ressource
agricole?
M. Léger: Comme de raison, la loi 69 nous a donné
la possibilité de créer un bureau d'audiences publiques.
Nécessairement, ce bureau d'audiences publiques va voir à
étudier et à apporter, à un moment donné, des
propositions concernant les études d'impact. L'harmonisation dont le
député parle va se faire au niveau du comité
ministériel de l'aménagement du territoire où une
coordination va se faire entre la commission de l'agriculture et le bureau
d'audiences publiques de l'environnement pour s'assurer que le comité
ministériel de l'aménagement du territoire soit saisi en
même temps des recommandations des deux commissions.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre
délégué à l'environnement a déjà
présenté, devant cette commission parlementaire, un projet de
règlement sur les exploitations animales. Sans vouloir faire un
procès d'intention au ministre de l'Agriculture, je ne peux
m'empêcher de rappeler que nous avons sollicité sa
présence; nous l'avons invité avec empressement et nous avons eu
droit à une visite éclair de courtoisie. Nous n'avons pas eu
droit à un débat avec les deux ministres sur la concordance entre
leurs préoccupations, ce qui n'a pu manquer de nous laisser l'impression
d'une harmonie imparfaite entre les deux ministères. Je ne parle pas des
relations personnelles entre les deux ministres, mais on ne semble pas
parfaitement sur la même longueur d'onde et, à écouter les
témoins qui ont exprimé le point de vue du milieu agricole, nous
avons eu, je pense, raison de croire qu'il y avait certaines divergences de
vues entre les deux instances de responsabilité gouvernementale.
Où en sommes-nous avec les règlements, en vertu de la Loi
de la qualité de l'environnement, qui touchent le domaine agricole?
Pouvons-nous compter sur une parfaite collaboration entre les deux secteurs de
responsabilité gouvernementale?
M. Léger: On peut dire que le règlement sur
l'élevage ou le règlement sur les exploitations animales touchait
deux aspects généraux que j'appelais la protection de l'eau et la
partie air ou les odeurs.
Concernant la section de ce règlement qui touchait l'eau, le
règlement devrait être présenté très
rapidement, au cours des prochaines semaines, en deuxième lecture, pour
la portion eau, au niveau des instances gouvernementales, le COMPA, le Conseil
des ministres, etc.
Concernant le domaine des odeurs et de l'air, nous avons
déterminé que le règlement que nous avons
présenté en première instance, la première parution
dans la Gazette officielle, servirait de guide pour donner les nouveaux permis
aux éleveurs.
Cependant, comme c'est un règlement général, il y
aurait nécessairement des possibilités d'adaptation difficile au
niveau local, puisque les sols ne sont pas les mêmes partout et que les
situations peuvent être différentes d'une région à
l'autre. C'est la raison pour laquelle nous avons demandé de rencontrer
les représentants de l'UPA qui ont accepté la proposition de
former un comité consultatif régional avec un représentant
de l'UPA, un représentant du ministère de l'Agriculture, un
représentant des Services de protection de l'environnement ainsi qu'un
élu municipal de la région. Toutes les demandes de permis qui
seraient refusées au niveau provincial, au niveau de l'Etat du
Québec, mais qui pourraient être acceptées s'il y avait des
conditions particulières locales, vont être soumises à ces
comités régionaux consultatifs qui verront à nous
suggérer une façon d'atteindre les objectifs du gouvernement, en
tenant compte de l'application locale, ces mêmes objectifs qui ne peuvent
pas être mis dans un règlement général. C'est donc
dire que c'est un assouplissement permettant de préserver
l'environnement, de ne pas nuire à ceux qui veulent se lancer dans le
domaine de l'élevage animal, ainsi que de s'assurer la collaboration des
gens du milieu. Comme de raison, ce n'est que la partie concernant l'air qui va
aller au comité, parce qu'au niveau de la protection de l'eau, le
règlement va être général. Comme on est d'accord au
niveau de l'Agriculture aussi qu'il faut protéger nos rivières et
qu'il y a des effets concernant la qualité des cours d'eau, le
règlement va être général pour l'eau et, au niveau
de l'air, cela va être uniquement le guide pour les permis. Quand il y
aura des conflits, il y aura la participation de ce conseil consultatif
régional formé des quatre groupes de personnes
impliquées.
M. Goldbloom: M. le Président, si le député
de Saint-Hyacinthe me permet...
M. Cordeau: Oui.
M. Goldbloom: ... une dernière intervention sur ce sujet
pour l'instant. Je suis heureux d'avoir posé cette question parce que je
viens d'apprendre que les ministres ont adopté une recommandation que
nous avions faite et qui avait fait l'objet
de ma propre intention quand j'avais la responsabilité de ce
secteur. C'est celle d'impliquer le milieu, pas nécessairement avec la
formalité d'un tribunal d'appel, mais que les intéressés
au niveau local ou régional, les gens qui connaissent les
problèmes du milieu agricole, qui connaissent les problèmes du
milieu municipal par rapport à l'activité agricole puissent se
pencher sur les cas où les permis auraient été
refusés par le ministre de l'environnement et puissent s'exprimer
là-dessus. Je trouve que c'est une solution heureuse et, à
première vue, je pense que la décision d'appliquer rigoureusement
un règlement par rapport à la protection de l'eau, mais de
conserver comme guide seulement l'aspect de la protection de l'air, c'est une
décision qui, à première vue, je le répète,
me paraît sage. Je pense que nous pourrons aller de l'avant vers une
amélioration réelle des conditions de vie dans le milieu agricole
avec l'approche que le ministre a adoptée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci. Est-ce que les comités régionaux
consultatifs dont vous avez fait mention tout à l'heure ont
été créés? Est-ce qu'il y a des comités
déjà en fonction?
M. Léger: Selon les négociations que nous avons
faites avec les représentants de l'UPA, on s'attend qu'au cours de
l'été, la plupart des comités régionaux seront en
fonction.
M. Cordeau: Est-ce qu'un agriculteur qui s'est vu refuser un
permis...
M. Léger: On va commencer quand même par les
régions nécessairement les plus affectées, qui sont les
zones où il y a une densité d'élevage.
M. Cordeau: Je vous recommande la région de
Saint-Hyacinthe. Par contre, est-ce qu'un agriculteur qui a déjà
fait une demande à votre ministère, s'est vu refuser son permis
justement à cause de l'air ou des vents dominants je crois que
c'est justement dans ces cas qu'il va y avoir appel va pouvoir demander
la réouverture de son dossier? (17 h 30)
M. Léger: Je répète le début, le
règlement concernant l'air, non seulement la question des vents
dominants, mais la question de l'épandage aussi qui amène des
problèmes de l'air...
M. Cordeau: Oui.
M. Léger:... et il y a nécessairement, je dirais,
des sols, dans des régions, qui peuvent permettre qu'une plus grande
quantité de purin soit épandue comme engrais et d'autres
terrains, moins. Donc, les comités consultatifs ne sont pas des
tribunaux d'appel. Ce sont des comités consultatifs. C'est donc dire
que...
M. Cordeau: Oui.
M. Léger: ... nous allons, au niveau de l'air, nous baser
sur le guide, avant d'accepter un permis et si, selon le guide, on a le droit
de refuser, avant de refuser, nous allons le présenter à ce
comité, qui va nous conseiller. S'il nous donne des suggestions
acceptables, nous allons donner un oui, sinon, ce sera un non, parce qu'il n'y
aura pas de solution locale au problème général, mais dans
les cas que vous mentionnez, c'est-à-dire ceux qui ont
déjà entraîné un refus, on ne rouvrira pas les
dossiers, sauf que si les agriculteurs renouvellent leur demande, on la
regardera avec l'oeil nouveau de ce projet.
M. Cordeau: Je peux peut-être vous donner un cas
spécifique. A un moment donné, chez nous, un type a
demandé son permis. On l'a mis à 3000 pieds dans le champ, comme
on dit chez nous, au large de la terre, et, parce qu'il y avait, dans les vents
dominants, une résidence même le propriétaire a
signé, ça ne lui faisait rien, parce qu'il ne va là que
six mois par année, vu qu'il était dans les vents dominants, dans
le corridor. Mais, par contre, le cultivateur ne peut pas, à ce
moment-là... n'a pas pu avoir son permis, même si le gars avait
signé qu'il ne s'opposait pas à l'inconvénient, quelques
jours par année, des mauvaises odeurs.
M. Léger: Comme c'est un cas particulier, je ne peux pas
l'analyser...
M. Cordeau: Non, mais c'est un cas...
M. Léger: ... mais la réponse que j'ai
donnée tantôt tient toujours.
M. Cordeau: Non, c'est ça, mais le type n'aura qu'à
faire une nouvelle demande de permis de construction et là, il y aura
des possibilités.
M. Léger: Le comité régional, si la
décision au niveau du Québec est encore "non", avant de dire non
une deuxième fois, retournera au comité consultatif à ce
moment-là, et, possiblement, celui-ci pourra trouver une solution qui
correspond aux besoins.
M. Cordeau: Combien de comités consultatifs environ
aurez-vous dans tout le territoire du Québec?
M. Léger: Je pense que c'est surtout dans les
régions agricoles où il y a nécessairement une
densité de...
M. Cordeau: De demandes de permis.
M. Léger: ... demandes de permis. Je peux vous dire
peut-être, pour votre information, que, alors qu'il y a cinq ou six ans,
on avait 250 demandes de permis par année, l'année
dernière, on était rendu à 2000 et, cette année, on
est rendu à 3500 demandes de nouveaux permis par année.
Quand on a parlé de ce règlement, j'avais dit qu'on
produisait environ 140% au Québec de la consommation
québécoise, donc, qu'on exportait 40% de ce qu'on produisait; on
est rendu maintenant à tout près de 160%. C'est donc dire que le
porc va bien.
M. Beauséjour: Cela, c'est seulement dans le domaine du
porc, pas dans les autres domaines.
M. Verreautt: Cela en fait, du cochon! M. Léger:
C'est dans le domaine du porc. M. Gagnon: M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, sur
le même sujet?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Auparavant, d'accord, M. le député de Champlain.
M. Gagnon: On a mentionné, dans la loi 90, la Loi sur la
protection du territoire agricole, que l'agriculture, dans le parc industriel
agricole, le territoire vert, aurait des souplesses du côté de
l'environnement, c'est-à-dire que l'environnement pourrait devenir moins
sévère non pas pour la pollution des cours d'eau c'est
bien évident qu'il faut demeurer extrêmement sévère
mais sur le côté, par exemple, des odeurs ou des vents
dominants comme on disait tantôt. Est-ce que l'assouplissement qu'on a vu
dans cette loi, c'est ça, le comité consultatif? Parce que vous
mentionnez qu'on se base sur la même réglementation comme...
M. Léger: Au niveau du guide.
M. Gagnon: ... guide, mais on va consulter le comité
consultatif avant de refuser un permis. C'est ça?
M. Léger: L'assouplissement qu'il y a eu, c'est que le
règlement a été scindé en deux. La section de l'eau
va demeurer aussi sévère qu'avant, tandis que la section de l'air
permet, si la personne ne respecte pas le guide, d'avoir la possibilité
de solutions différentes trouvées par les gens du milieu qui nous
recommanderaient, à ce moment-là, de l'accepter avec les
amendements ou les correctifs proposés. A ce moment, cela sera
l'assouplissement local d'un problème...
M. Gagnon: Mais, une fois que les gens du milieu, par le
comité consultatif, auront accepté et que vous émettrez un
permis, il n'y aura plus personne qui pourra se plaindre, en autant que la
ferme sera entretenue dans des conditions normales.
M. Léger: Nécessairement, la partie de permis est
une chose.
M. Gagnon: Oui.
M. Léger: La partie de la conformité de cet
éleveur à son permis devra être surveillée par la
suite.
M. Gagnon: Je suis d'accord, le permis n'est pas un permis de
polluer.
M. Léger: C'est cela.
M. Gagnon: Maintenant, quand vous parlez d'avoir des droits sur
l'air, l'eau et le sol, est-ce que cela veut dire que vous pourriez refuser,
par exemple, d'émettre un permis de construction de porcherie à
un endroit où on se déciderait à construire des porcheries
pour 50 000 porcs dans la même paroisse; si, par exemple, la protection
de l'environnement décidait qu'il y en a suffisamment, est-ce que vous
pourriez refuser la construction s'il y en a suffisamment par rapport à
la capacité du sol d'absorber?
M. Léger: C'est justement un des barèmes sur
lesquels et le ministre de l'Agriculture et le ministre de l'environnement sont
d'accord, c'est la capacité pour le nouvel éleveur de pouvoir
épan-dre son purin; si la densité ou la quantité de
têtes de bétail qui va être sujette à une demande de
permis dépasse les capacités, il va falloir diminuer les permis
pour une région donnée. Là-dessus, je pense que le
ministère de l'Agriculture étudie la possibilité d'avoir
un certain contrôle à ce niveau.
M. Gagnon: Ce qui veut dire que ce serait possible...
M. Léger: Peut-être, seulement pour terminer. M.
Gagnon: Oui.
M. Léger: On considère aussi la possibilité
de se référer à la procédure d'évaluation
d'impact pour les gros projets d'élevage; ce qui voudrait dire
possibilité d'audiences publiques, études d'impact et s'assurer
que, dans le milieu, cela ne dérangera pas complètement le
milieu; si les gens sont tous d'accord là-dessus, à ce
moment-là, cela sera accepté au niveau de l'air parce qu'au
niveau de l'eau, nécessairement, ce sera le même règlement
qui sera assez sévère.
M. Gagnon: D'accord. Ce qui veut dire que ce serait possible,
pour le ministère de l'environnement, de refuser un permis de
construction pour une quantité d'animaux qui paraîtrait
exagérée par rapport au territoire, même si on construisait
dans des conditions acceptables, c'est-à-dire les distances du chemin,
etc., même si on a respecté les normes de l'environnement, mais,
par rapport à la quantité sur un territoire, vous pourriez
refuser après consultation avec le milieu.
M. Léger: Je serais porté à dire comme le
député; cependant, il faut aussi tenir compte que, parfois
et nous serons plus vigilants de ce côté il y a eu des
demandes qui proviennent de
personnes qui nous donnaient comme terres sur lesquelles elles
pourraient faire leur épandage des terres d'un propriétaire qui
en avait déjà accepté trois ou quatre autres; donc, la
même personne acceptait de recevoir sur sa terre l'épandage de
tellement d'éleveurs autour que c'était impossible
réellement de l'accepter. Il y aura donc une surveillance de ce
côté et le ministre de l'Agriculture est aussi conscient des
conséquences que le ministre de l'environnement. Mais je pense que, pour
les demandes de gros projets d'élevage, il y a possibilité
d'études d'impact.
M. Gagnon: Je voudrais seulement terminer peut-être par un
petit conseil, si je peux me permettre; actuellement, on peut être
sévère en ce qui concerne l'octroi des permis de construction de
porcheries parce qu'on commence à en avoir suffisamment au
Québec.
M. Léger: Je présume que le député
veut dire par là que les éleveurs actuels vont commencer à
s'apercevoir que, s'il y en a trop, les profits et la capacité pour eux
de gagner des revenus normaux vont être diminués d'autant.
M. Gagnon: Comme vous l'avez mentionné, on produit
actuellement environ 130%.
M. Léger: 140% et on approche les 160%.
M. Gagnon: Parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Quels sont les mécanismes que vous avez mis en
place pour contrôler ces autorisations d'épandage de fumier sur
les fermes des voisins?
M. Léger: On est en train d'étudier la
possibilité d'avoir des cartes géographiques des territoires, de
façon à bien savoir quelles sont les terres qui vont servir pour
l'épandage et être capables d'analyser la capacité de
chacune des terres. Il y aura donc des cartes de contrôle pour s'assurer
de ne pas se laisser jouer de tours de ce côté-là.
M. Cordeau: Je pense que cela serait bien important de
contrôler cet aspect parce qu'il y en a même qui signent des
autorisations et ils disent au cultivateur: La seule chose qu'on te demande,
c'est de ne pas venir épandre du fumier sur notre ferme.
M. Léger: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Shefford.
M. Verreault: Une question complémentaire à celle
du député de Champlain, M. le Président. Lorsqu'il
s'agirait d'une émission de permis sup- plémentaire pour un
agrandissement dans le cas d'une porcherie, est-ce que le ministère de
l'environnement, ou les SPE, pourrait considérer ou ne pas
considérer ce que prévoit le projet de loi 90, concernant les
droits acquis? Je m'explique. Je suis un fermier, j'ai une porcherie et j'ai
l'intention d'agrandir. Entre-temps, le projet de loi 90 permet à mon
voisin de se construire. Etant donné les circonstances de
l'agrandissement, est-ce que les SPE pourraient refuser ma demande
d'agrandissement?
M. Léger: Cela dépend du degré
d'agrandissement. Dépasser une certaine norme, que je vais vous donner,
je vais consulter, ce n'est pas un agrandissement, c'est une nouvelle demande.
Je vais vérifier la quantité. On calcule quand même que
quelqu'un qui dépasserait de 10%, encore là je vais être
très prudent en parlant de 10%, parce que quelqu'un qui a 200
têtes et qui augmente de 10% ce n'est pas grave, mais quelqu'un qui en a
5000 qui augmente de 10% cela fait une grosse augmentation.
M. Verreault: Je vais prendre un exemple assez simple. Disons que
je possède une porcherie pour élevage avec 100 truies, j'ai
l'intention de l'augmenter à 150...
M. Léger: De cinq truies à...
M. Verreault: De 100 à 150. Quand je parlais du droit
acquis, la personne qui vient de se construire, cela change un petit peu
l'aspect de la demande, mais dans le projet de loi 90 on prévoit le
droit acquis de la personne. Si la personne va s'installer là, c'est
parce qu'elle savait qu'il y avait des cochons et qu'il peut y en avoir
d'autres aussi. Mais la question que je vous posais et que je repose, tend
à savoir si ce droit acquis peut être respecté et
considéré par les SPE.
M. Léger: Nécessairement, à
l'intérieur de la loi 90, il y a une sorte de priorité au niveau
de la vocation du territoire, mais quand on parle d'un droit acquis, on ne veut
pas dire un droit acquis à polluer.
M. Verreault: Non.
M. Léger: Quand on augmente d'une certaine grandeur, cela
peut amener des conséquences plus graves. Là, il y a des
conséquences dans le domaine de l'eau et des conséquences dans le
domaine de l'air. Cela dépend des cas.
M. Verreault: Mais remarquez, M. le ministre...
M. Léger: Si c'est le domaine de l'eau, il n'y a pas de
permission de ce côté-là, nécessairement. Dans le
domaine de l'air, cela va revenir à la réponse que je donnais
tantôt, s'il y a un droit acquis et que quelqu'un est allé se
construire à côté, il faudrait nécessairement que le
comité régional puisse nous faire une recommandation pour ce cas
particulier.
M. Verreault: Evidemment, M. le ministre, ma question est
hypothétique, mais le but était simplement de savoir si le fait
qu'il y a un nouveau résident à côté,
considérant que le détenteur d'un permis original répond
à toutes les normes, cela peut être un obstacle. C'était le
but de la question.
M. Léger: Le droit acquis, c'est quand une porcherie
était là avant que le citoyen ne vienne s'installer.
M. Verreault: Mais je vous parle d'un agrandissement, et que la
personne, entre-temps s'est construit une résidence à
côté, cela change tout l'aspect.
M. Léger: La porcherie était là avant la
personne?
M. Verreault: Oui et le résident demande un permis pour un
agrandissement. C'est une nouvelle demande. Parce que vous savez, M. le
ministre, le fait de faire de l'élevage et de faire de la
production...
M. Léger: Le cas particulier que vous mentionnez...
M. Verreault: ... il y a une différence.
M. Léger: Je réitère ma réponse avec
une nuance supplémentaire, c'est que le droit acquis, c'est sur le
nombre de porcs que la personne avait avant que le citoyen vienne s'installer
à côté de sa porcherie. S'il veut l'agrandir, il n'a pas le
droit acquis de l'agrandir. Il a un droit acquis sur ce qu'il a
actuellement.
M. Verreault: Je m'excuse, je vais compléter avec ma
dernière question, si vous permettez... (17 h 45)
M. Cordeau: M. le ministre, si quelqu'un vient s'installer
à côté d'une ferme, d'après le projet de loi 90, il
doit en subir les conséquences.
M. Léger: D'accord, en fonction de ce qui existe
actuellement.
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me permettez, je
pense que nous n'avons pas encore une réponse claire là-dessus.
Le problème posé par mes deux collègues est le suivant:
est-ce que c'est l'intention du ministre de l'environnement de refuser un
permis d'agrandissement quand le permis original a été
accordé à un éleveur qui n'avait pas de voisin et que les
voisins viennent s'installer par la suite? Est-ce que l'on va à ce
moment-là dire à l'éleveur: Vous n'avez plus le droit
à un agrandissement parce que vous avez des voisins, parce qu'il y a des
résidences autour de vous? Est-ce que l'on va lui permettre...
M. Léger: La question est différente de celle de
tout à l'heure. Vous donnez le cas d'un éleveur qui aurait 1000
têtes, 1000 "animais" et qui, par la suite...
M. Goldbloom: Animaux, en français.
M. Léger: ... a vu un citoyen s'installer à
côté. Ce que vous venez de dire, c'est que le citoyen serait venu
après qu'il aurait voulu l'agrandissement ou avant?
M. Goldbloom: Avant l'agrandissement. Mettons cela très
précis. En 1975, un permis est accordé à un éleveur
pour 1000 têtes. En 1977, il y a deux voisins qui bâtissent des
maisons. En 1979, l'éleveur demande la permission d'agrandir à
2500 têtes. Est-ce que l'on va, à ce moment-là, invoquer le
fait qu'il y a deux résidences à côté pour lui
refuser le permis d'agrandissement?
M. Léger: Tout ce que je peux dire actuellement, c'est
ceci: dans le cas que vous venez de mentionner, l'éleveur a
déjà 1000 têtes, deux citoyens viennent s'installer
à côté et vous dites qu'il demande une autorisation pour
2000 têtes additionnelles. On n'a pas l'intention de lui enlever son
permis, mais on n'a pas l'intention non plus de lui donner automatiquement le
permis pour les 2000 têtes. S'il y a un problème d'eau pour la
nouvelle porcherie qui est passée de 1000 à 3000 têtes, il
n'aura pas son permis à cause des conséquences qu'il pourrait y
avoir sur l'eau. Parce que la quantité va amener une conséquence
plus grave pour l'eau.
M. Verreault: J'avais mentionné tout à l'heure: Si
la personne se conforme au règlement...
M. Léger: Pour la question des odeurs... est-ce que je
peux terminer, M. le député?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Léger: Je pense que pour ce qui concerne les odeurs, du
fait qu'il y a 2000 têtes de plus, ce serait référé
au comité régional qui pourrait analyser les conséquences
de ce côté et nous faire la suggestion voulue.
M. Lavigne: M. le ministre, si vous le permettez, je pourrais
ajouter: A partir de la loi 90, c'est peut-être un faux problème
de le poser comme vous le posez, dans le sens que la loi 90 empêche la
construction de nouvelles maisons dans une zone agricole. A moins que ce ne
soit la maison du propriétaire, qui bâtirait pour son homme de
ferme ou pour son fils.
M. Verreault: Non, elle n'empêche pas.
M. Cordeau: Si le type possédait son terrain le 9
novembre, il avait le droit de construire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît, un à la fois!
M. Goldbloom: M. le Président, cela m'amène
à poser une autre question. Les règlements qui seront
adoptés en vertu de la Loi de la qualité de
l'environnement et qui s'appliqueront au milieu agricole, auront-ils
effet sur tout le territoire du Québec ou y aura-t-il une
différence entre le territoire zoné en vertu de la Loi du zonage
agricole et les autres parties du territoire québécois?
M. Léger: Tout ce que je peux vous dire à ce
stade-ci, c'est que la partie odeurs, la porte d'ouverture qu'on a faite, c'est
la possibilité qu'on trouve une solution au niveau régional. Il
ne faut pas oublier une chose, c'est que, même pour les citoyens qui
vivent en terre agricole, il peut y avoir des voisins qui sont des
éleveurs de bovins ou des agriculteurs qui ne font pas d'élevage
qui sont voisins. Ils ont eux aussi, même s'ils sont en territoire
agricole, le droit à un environnement sain. C'est pour ça que,
pour trouver une solution pratique à ce que vous dites, on ne peut pas
plus polluer dans une région agricole, sauf qu'il y a les droits acquis.
La définition de droits acquis, pour nous, la façon de l'adapter,
c'est d'avoir, au niveau des odeurs, les conseils du comité que j'ai
mentionné tantôt, qui a une préoccupation agricole et
environnementale en même temps.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais qu'il soit
clair qu'en posant ces dernières questions, nous n'avons pas voulu
suggérer que la protection de l'eau ne se fasse pas avec toute la
rigueur nécessaire surtout le territoire du Québec. C'est dans
l'autre domaine, où le ministre lui-même a reconnu qu'il y a une
différence, qu'il y a une plus grande difficulté d'application;
la question des odeurs et les questions connexes.
Je ne suis pas convaincu que je connaisse la bonne réponse
moi-même, mais je voulais tirer les vers du nez du ministre pour savoir
si, en ce qui concerne les odeurs et les problèmes connexes, il envisage
une différence d'application sur le territoire zoné agricole en
vertu de la loi et sur le territoire qui sera laissé sans zonage
agricole, mais où il y aura quand même certaines
exploitations.
M. Léger: Nécessairement, nous devons intervenir en
fonction de la Loi de la qualité de l'environnement et la souplesse que
l'on exerce, c'est que, en territoire agricole comme ailleurs, dans le cas des
gens qui demandent un permis, il faudra que, s'ils ne se conforment pas au
guide pour le domaine des odeurs, ce soit cet organisme qui nous conseille une
solution locale, parce que, entre vous et moi, ce n'est pas un problème
qui se résout sur une base générale, il faut s'adapter aux
conditions locales. Nécessairement, vous me donnez un cas précis,
il faudrait qu'on voie chaque cas avec la solution possible et ce sont les gens
du milieu qui vont nous la donner.
M. Goldbloom: Pour une fois, on décentralise!
M. Léger: Voilà!
M. Cordeau: M. le ministre.
M. Léger: On est encore dans le purin, sur le même
sujet?
M. Cordeau: Oui. Ce qu'il faudrait trouver, ce serait non pas une
patente, mais un dispositif qui éliminerait le purin, les fosses
à purin et également les odeurs. Je vais vous dire qu'il y a
peut-être un projet dans l'air qui peut se réaliser avant
longtemps pour éliminer cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président...
M. Léger: Un projet dans l'air ou un projet sur l'air?
M. Cordeau: Presque concret, M. le ministre. M. Goldbloom:
On le sent déjà.
M. Cordeau: II faut passer dans les rangs pour le sentir.
M. Beauséjour: Pour ce qui est de la situation qu'on vient
de préciser, que je sache, dans la loi 90, quelqu'un qui a
déjà obtenu un permis de l'environnement a droit à une
extension dans un territoire zoné agricole. Il y a une situation qui
existe, c'est-à-dire que, depuis 1972, parmi ceux qui sont dans la
production animale, dans la production laitière, il y en a plusieurs qui
ne se sont jamais prévalus, qui n'ont jamais obtenu un permis. C'est
peut-être à cause d'un manque de publicité ou je ne sais
quoi. Croyez-vous que le comité consultatif peut jouer un rôle
dans ces situations-là?
M. Léger: C'est sûr que l'UPA qui a
l'expérience dans le domaine des préoccupations des gens qui sont
dans le domaine de la production agricole peut nous aider
énormément au niveau régional. Dans la connaissance du
milieu et, deuxièmement, la spécificité des territoires
qui sont touchés dans ce domaine, les comités régionaux
peuvent nous aider nécessairement. Mais, comme de raison, on essaie...
C'est très difficile pour un ministre délégué
à l'environnement de tenir compte uniquement du problème
agricole, il doit aussi tenir compte de sa responsabilité dans le
domaine de l'environnement. Il doit essayer de l'appliquer le plus justement
possible et nécessairement utiliser tous les moyens pour permettre de
plus en plus que l'élevage du porc puisse progresser, mais non pas au
détriment des conséquences sur l'environnement.
Ce que vous demandez là, c'est sûr que cet outil qu'on a
essayé de mettre sur pied pourrait répondre à un paquet de
préoccupations auxquelles nous avons fait face l'année
passée et c'est ce qu'on prévoit pour cette année
encore.
M. Beauséjour: Je ne parle pas simplement de la production
du porc, c'est aussi bien dans la
production laitière. Il y en a plusieurs qui n'ont jamais obtenu
de permis.
M. Léger: Pour ce qui me concerne... au niveau des permis?
D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Shefford.
M. Verreault: ... complémentaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Tantôt, le
député d'Iberville a mentionné le Conseil consultatif de
l'environnement. J'aurais quelques questions à poser au ministre,
concernant le Conseil consultatif de l'environnement. Est-ce que vous avez
confié...
M. Léger: Le député parlait du comité
régional consultatif, mais si vous voulez parler du conseil consultatif,
allez-y!
M. Cordeau: Oui. Est-ce que vous avez confié des mandats
spécifiques au Conseil consultatif de l'environnement durant
l'année écoulée? Est-ce qu'il vous a fourni des
rapports?
M. Léger: La réponse, c'est oui.
M. Cordeau: Peut-on en connaître la teneur?
M. Léger: De toute façon, cela répondrait
rapidement. Tous les rapports du conseil consultatif sont publics.
M. Cordeau: Quels sont les mandats spécifiques que vous
avez demandés?
M. Léger: II y a d'abord des avis qu'on demande, qui ne
sont pas nécessairement publics, ce n'est pas une étude. Pour
avoir une idée j'ai justement le président avec moi, il va
me donner cela ...
M. Cordeau: Pour référence, cela va être
difficile.
M. Léger: Pour répondre aux préoccupations
du député, les réalisations pour l'année 1978/79,
entre le 1er avril 1978 et le 31 mars 1979, le conseil a formulé au
ministre les avis suivants: Rapport du conseil... la demande d'avis relatif au
projet de modification de l'article 22 de la Loi de la qualité de
l'environnement, au projet de règlement sur les études d'impact
et au projet de création de la commission d'audience le 24 avril 1978;
le rapport sur les audiences publiques, sur les implications gouvernementales
du projet minéralo-portuaire des Iles-de-la-Madeleine, que j'ai rendu
public; rapport concernant le projet de règlement relatif aux
exploitations de production animale qui a été
présenté lors de la commission parlementaire; avis sur l'urgence
de protéger les quatre boisés sur l'île de Montréal;
avis sur la protection du mont Saint-Bruno; mémoire sur le projet de loi
modifiant la Loi de la qualité de l'environnement; deuxième avis
à propos de la protection du mont Saint-Bruno pour d'autres aspects;
rapport du conseil concernant le boisé des Franciscaines,
propriété de Charlebec ici à Québec; avis du
conseil sur le projet de règlement concernant la construction des
installations septiques pour résidences isolées, sur lesquelles
nous aurons bientôt un projet à présenter qui va
répondre à beaucoup de demandes; avis complémentaire sur
le recyclage du papier au Québec; rapport annuel du conseil; avis du
conseil à propos du projet de loi 90 concernant la protection du
territoire agricole; avis du conseil sur un projet d'exploitation commerciale
d'algues marines dans le golfe Saint-Laurent; rapport d'étape portant
sur la politique des espaces verts naturels. En gros, ce sont les études
que j'ai demandées et dont les rapports m'ont été
fournis.
M. Cordeau: C'est une bonne source de renseignements dans
laquelle nous pourrions aller puiser. Maintenant, est-ce que tous ces avis ou
ces rapports, comme vous avez dit tantôt, sont publics?
M. Léger: Sauf les avis sur les réglementations qui
ne sont pas encore parus.
M. Verreault: M. le Président, j'aimerais savoir du
ministre s'il pouvait fournir, à titre de renseignement aux membres de
la commission, la liste de ces études, de ces analyses et de ces
rapports, par qui ils ont été faits et combien ils ont
coûté, pour l'année 1978/79 et, en plus, s'il
prévoit, durant l'année en cours, pour les crédits qu'on
étudie, nous fournir une idée des études, des analyses,
des projets qu'il a l'intention de faire faire cette année.
M. Léger: Je ne peux quand même pas donner tous les
avis que j'ai l'intention de demander, parce qu'il peut y en avoir plus que
ceux que je pourrais avoir à l'esprit actuellement, mais je pourrais
peut-être préparer quelque chose... Je ne sais pas s'il y a moyen
d'avoir quelque chose pour demain là-dessus.
Pouvez-vous répéter exactement ce que vous voulez
avoir?
M. Verreault: En somme, les études, les analyses, les
rapports qui ont été demandés, le nom des personnes qui
les ont rédigés ou à qui cela a été
confié et le montant qu'il en a coûté.
M. Léger: C'est uniquement le Conseil consultatif de
l'environnement, les membres du conseil consultatif.
M. Verreault: Moi, je vais plus loin que ça, M. le
ministre...
M. Léger: Je peux vous donner la liste des membres.
M. Verreault: ... j'irais au niveau du cabinet, parce que, en
somme, les ordres, les commandes viennent de votre cabinet, j'imagine.
M. Léger: Les ordres viennent du ministre.
M. Verreault: C'est ça, exact. C'est dans cette ampleur
que j'aimerais l'obtenir.
M. Léger: On peut vous envoyer peut-être pas
aujourd'hui tout ce que je viens de mentionner, le contenu de ces avis.
Maintenant, le budget, c'est celui du Conseil consultatif de l'environnement
que vous avez à l'intérieur du budget actuel, les chiffres sont
là.
M. Verreault: De toute façon, j'aurais aimé les
avoir par rapport; cela aurait été plus intéressant. (18
heures)
M. Léger: Que voulez-vous dire par là? Le
coût par rapport?
M. Verreault: C'est ça. Les analyses et les études
qui ont été faites...
M. Léger: Je ne sais pas si le député est
conscient de la question qu'il pose.
M. Verreault: ... n'ont sûrement pas été
faites...
M. Léger: Le conseil consultatif a, au bout d'une
année, dépensé un budget de tant...
M. Verreault: Oui.
M. Léger:... il n'y a pas de somme d'argent en particulier
par rapport.
M. Verreault: Mais j'imagine que si vous demandez...
M. Léger: C'est l'ensemble du budget pour faire tous les
rapports.
M. Verreault: ... une étude dans un domaine bien
spécifique, on doit vous dire que l'étude a été
remise au ministre et qu'elle a coûté tant.
Mais, M. le Président, avant de terminer...
M. Léger: M. le député ne comprend pas le
rôle du conseil consultatif. Les membres du conseil consultatif sont
choisis pour leur compétence, pour la région qu'ils
représentent et pour l'apport qu'ils peuvent faire; ils sont
payés à l'intérieur d'une enveloppe dont le total est
indiqué dans le budget actuel; vous l'avez. Si vous tournez quelques
pages, vous allez le trouver quelque part dans votre dossier, mais on ne tient
pas une comptabilité par rapport, parce qu'un avis peut demander une
audience, une autre étude demande trois ou quatre audiences; il y a donc
un budget global, le total est là. Ce ne sont pas des avis à
l'extérieur, c'est le conseil consultatif lui-même qui se
réunit, qui étudie, qui nous fait un rapport; il n'y a pas de
comptabilité là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à vingt heures.
Suspension de la séance à 18 h 02
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! A la
suspension de 18 heures, nous en étions au programme 1, je crois que M.
le député de Shefford avait demandé la parole.
M. Verreault: M. le Président, je reviens à la
question. J'ai peut-être moi-même...
M. Léger: Pas la même?
M. Verreault: La même question. J'ai peut-être mal
choisi le moment pour poser la question parce que la première question
avait été posée par le député de
Saint-Hyacinthe et avait rapport au sujet que l'on discutait à ce
moment-là, qui était le comité consultatif, et le
député de Saint-Hyacinthe demandait les rapports, études
et analyses qui avaient été faits par le comité
consultatif. Quand je suis revenu avec une question supplémentaire,
j'avais été plus loin en demandant également les
études qui avaient été faites, qui avaient
été commandées par le cabinet. Le ministre me disait,
à 18 heures, qu'il ne comprenait pas la question. Alors, j'aimerais
pouvoir la poser d'une manière différente. C'est vrai qu'on
était dans le sujet du comité consultatif. Le
député de Saint-Hyacinthe avait demandé les analyses, les
études du comité, mais, comme je le mentionnais à 18
heures, le cabinet du ministre, en dehors de son personnel, fait certaines
analyses et études, il doit aussi commander des analyses, des
études et des rapports de firmes indépendantes. Je demandais s'il
y avait possibilité d'obtenir en surplus ces études analyses et
rapports qui ont été faits de 1970 à 1979 et je demandais
en surplus s'il prévoyait d'autres analyses et dans quelle
catégorie.
M. Léger: Si je comprends la question, vous ne parlez pas
du tout du Conseil consultatif de l'environnement.
M. Verreault: Je vais compléter. Le député
de Saint-Hyacinthe avait posé sa question relativement au comité
consultatif; c'est clair?
M. Léger: Le conseil consultatif.
M. Verreault: Le conseil, oui, et il demandait les analyses,
études et rapports. Comme question supplémentaire, je demandais
ceux que le cabinet du ministre, vous-même, aviez commandés.
M. Léger: A qui?
M. Verreault: A des firmes.
M. Léger: C'est simple. Il n'y a aucune commande faite par
le cabinet à des firmes.
M. Verreault: Indépendantes de votre ministère.
M. Léger: Absolument pas.
M. Verreault: II n'y en a pas eu en 1978 et 1979?
M. Léger: C'est le ministère qui peut demander des
études à une direction générale, mais le
fonctionnaire, le personnel, le cabinet lui-même ne commande jamais
d'études, n'a commandé aucune étude. Tantôt, ce que
vous sembliez relier au conseil consultatif, ce que j'avais cru comprendre,
c'était si le conseil consultatif s'était fait donner des
commandes par le cabinet. Ce n'est pas le sens de votre question?
M. Verreault: En surplus, c'était ça aussi.
M. Léger: II n'y en a pas, parce que c'est seulement le
ministre qui l'a fait.
M. Verreault: D'accord.
M. Léger: Deuxièmement, est-ce que vous avez
demandé combien coûtaient les études faites par le Conseil
consultatif de l'environnement?
M. Verreault: Vous m'avez dit qu'il n'était pas possible
d'obtenir ces études, parce que ça faisait partie d'une enveloppe
globale.
M. Léger: Non. La question que vous m'avez posée
est celle-ci: Combien coûtent les études faites par le Conseil
consultatif de l'environnement, une par une. Je vous ai dit: Le conseil
consultatif est un organisme qui a un budget annuel et c'est à
l'intérieur de ce budget que se défraient les dépenses de
tous les avis, les réunions, les études faites par le conseil et
jamais le conseil consultatif ne donne de commande à l'extérieur
du conseil consultatif.
M. Verreault: C'est ce que j'avais compris également,
à 18 heures.
M. Léger: Je ne sais pas si cela répond à
toutes vos questions. Il n'y en a pas du cabinet.
M. Verreault: Vous m'avez répondu tout à l'heure
que votre cabinet n'a pas donné d'étude, ni pour l'an
passé, et ne prévoit pas en donner cette année.
M. Léger: Le cabinet comme tel ne donne pas
d'étude, il ne donne pas de commande, il ne donne pas de contrat ou ne
demande pas d'étude à l'extérieur. Le cabinet n'a pas ce
rôle, mais le ministère commande des études à
l'extérieur.
M. Verreault: En somme, disons qu'on va éliminer le
cabinet, parce que je prends toujours le ministre comme témoin et dans
les circonstances, mentionnons le ministère. Je pose la question avec le
mot ministère, qu'est-ce que ça donne comme réponse?
M. Léger: Le ministère, le personnel du
ministère, aussi bien la Direction générale des eaux, la
Direction générale de l'environnement urbain, la Direction
générale de l'industrie peut donner des commandes, mais c'est
basé à l'intérieur du système qui doit être
approuvé par le Conseil du trésor ou le ministère des
Travaux publics.
M. Verreault:... vous voulez répondre ou vous voulez
dévier...
M. Léger: Si le député pouvait être
clair et précis, ce serait facile de comprendre, mais...
M. Verreault: On va faire une chose, vous répondez plus
facilement, M. le ministre, lorsqu'on parle du purin et je vais revenir au
purin.
(20 h 15)
M. Léger: Je regrette, M. le Président, une
question de privilège. Je suis très ouvert pour répondre
à toutes les questions clairement présentées par un
député qui sait de quoi il parle. Je n'ai pas eu d'objection, en
aucune circonstance, à donner des réponses à toutes les
questions formulées par le député de D'Arcy McGee qui
connaît le dossier, puisqu'il a déjà été
ministre et il sait comment formuler ses questions; le député de
Saint-Hyacinthe connaît les problèmes, mais depuis le début
de la journée, je vois des questions plus ou moins brumeuses auxquelles
c'est difficile de répondre, si le député ne formule pas
clairement sa question. Vous confondez comité et conseil, cabinet et
ministère; c'est difficile pour moi de donner des réponses. Je
voudrais bien vous donner les réponses, je suis bien ouvert à
ça, mais formulez clairement votre question, vous allez avoir les
réponses à tout ce que vous posez comme question, pourvu que ce
soit clair et précis.
M. Verreault: Bon, la question de règlement est
terminée? On va revenir au purin. La question c'est qu'évidemment
on en fait mention ce matin, on en a fait mention cet après-midi
également c'est aux Services de la protection de l'environnement
qu'il appartient d'émettre les permis, les certificats
d'exploitation.
Je ne voudrais pas m'en prendre aux fonctionnaires qui ont un
surcroît de travail, de ce temps-ci. Ce matin, vous avez dit que le
personnel augmenterait dans ce domaine, pour expédier les demandes en
suspens. Mais il y a une information que j'aimerais avoir du ministre: ne
croit-il pas qu'il y aurait avantage à ce que ce soit des fonctionnaires
du ministère de l'Agriculture qui émettent les permis de
porcheries, ou des permis semblables?
M. Léger: Ma réponse va être claire: non. La
Loi de l'environnement confère au ministre, donc
par délégation aux fonctionnaires du ministère, le
soin de protéger la qualité de l'environnement, et la loi dit
bien que tout organisme ou toute personne qui veut émettre des
contaminants dans l'environnement doit demander un permis. Et pour donner ce
permis, il faut nécessairement se baser sur un guide qui est, comme je
l'ai dit, le fameux règlement qui a été
présenté dans la Gazette officielle, qui nous permet
d'évaluer si la personne qui demande un permis pourra avoir le
certificat, pourvu qu'elle respecte certaines normes garantissant la protection
de l'environnement.
Donc, ce n'est absolument pas le ministère de l'Agriculture qui
pourrait avoir la préoccupation environnementale, puisque le
ministère de l'Agriculture est un ministère dont la
responsabilité est celle du développement de l'agriculture, et
non pas celle de la protection. Et une des raisons pour lesquelles le
ministère des Terres et Forêts et celui des Richesses naturelles
transfèrent des responsabilités d'ordre de protection, c'est pour
ne pas être en conflit de deux responsabilités en même
temps, c'est-à-dire être promoteurs ou développeurs et, en
même temps, protecteurs, d'où l'importance d'avoir une
séparation, pour ne pas qu'il y ait de conflit d'orientation dans un
même ministère. Et le ministère de l'Agriculture n'a pas,
comme responsabilité, un rôle premier de protecteur, sauf
peut-être celui de protecteur de sols arables, dans le but de permettre
un meilleur développement de l'agriculture.
Et la réponse que je donne au député de Shefford,
c'est que c'est une question d'opinion et c'est une question d'orientation, je
pense bien. Je ne vois pas comment le ministère de l'Agriculture serait
celui habilité à donner à des agriculteurs un permis pour
protéger l'environnement.
M. Verreault: Comment le ministre entend-il augmenter le
personnel dans ce service?
M. Léger: Seulement dans le domaine de l'élevage,
parce qu'on parle de l'élevage actuellement, il y a une demande de six
occasionnels supplémentaires du fait que les demandes en sont
arrivées, depuis les quelques derniers mois, à un nombre
absolument incalculable. On me dit que cela va dépasser les 3500 pour
l'année alors que, l'année dernière, c'était
seulement 2000.
Nécessairement, c'est condensé dans trois grandes
régions et c'est surtout là qu'on a besoin d'aide pour faciliter
la...
M. Verreault: Augmenter le personnel.
M. Léger: Puis-je terminer ma réponse?...
réponse aux citoyens qui demandent un permis. Il faut
nécessairement donner un surplus de personnel à ces
régions, mais pas dans l'ensemble du Québec.
M. Verreault: Mais, au bureau même, à Québec,
où s'émettent les certificats, est-ce qu'on entend
également augmenter le personnel, le personnel qui est sous la direction
de M. Roy?
M. Léger: Comme le député doit le savoir, M.
Roy est en charge, il est directeur général du service
industriel. C'est donc dire que cela touche non seulement la partie de
l'élevage mais tous les autres types d'industries. Comme je l'ai dit au
début de la journée, une des priorités du ministère
de l'environnement, c'est de régionaliser, c'est donc dire d'avoir du
personnel en région pour bien d'autres choses que de l'élevage,
toutes les autres disponibilités, les autres responsabilités, les
autres disciplines. Il faudra nécessairement qu'il y ait du personnel
supplémentaire. C'est à l'intérieur du nombre de personnes
qui a été mentionné ici dans le budget.
M. Verreault: Mais est-ce qu'il y en aura dans la division
industrielle?
M. Léger: Vous voyez du personnel là-dedans. Il y a
des gens qui seront affectés au service de M. Roy pour aller en
région.
M. Verreault: II va y en avoir dans le service industriel, mais
pour quand? Est-ce que c'est dans six mois, dans six semaines ou dans six
jours? C'est la question que je vous ai posée il y a à peu
près cinq minutes.
M. Léger: Quand ce sont des occasionnels, cela peut se
faire à très court terme, parce qu'on a des listes de personnes
compétentes qui attendent. Quand c'est du personnel permanent, il y a
tout l'aspect de la possibilité de l'installer au niveau des locaux
physiques, etc. Les concours doivent être passés. Cela peut
prendre plus de temps que cela. On peut dire que, quand on donne une enveloppe
de tant de fonctionnaires à un ministère qui peuvent être
engagés dans l'année, habituellement, dans un an, on calcule
avoir rempli 60% des postes qui ont été donnés.
M. Verreault: Cela veut dire quand, M. le ministre?
M. Léger: Quelle est votre question?
M. Verreault: Que c'est dur à comprendre! Je vous ai
demandé si...
M. Léger: Quelle question?
M. Verreault: Vous m'avez répondu qu'il va y avoir du
personnel supplémentaire.
M. Léger: Vous voulez savoir quand, pour quels postes,
pour quelles disciplines? Dans la direction générale de
l'industriel...
M. Verreault: A l'industriel, que je vous ai demandé.
Est-ce que c'est clair? Vous m'avez dit qu'il y aurait du personnel
supplémentaire. Je vous ai demandé quand. Dans combien de
temps?
M. Léger: Ecoutez...
M. Verreault: C'est parce qu'il ne comprend pas. S'il est
bouché, ce n'est pas ma faute. Voyons!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Léger: Je pense que le député,
étant mal pris avec ses questions, ne peut pas comprendre la
complexité des réponses. Une direction générale
comprend différents services. Il y a une enveloppe de personnel que le
Conseil du trésor donne à un ministre. Il y a une section qui
s'en va dans le service industriel, divisé dans différents
secteurs, différents domaines du même responsable. Je ne peux pas
vous dire aujourd'hui quelle est la quantité qu'on va employer
immédiatement. Cela va dépendre des besoins de chacun des
secteurs de la même direction. Donc, je ne peux pas vous dire que les 55
au total vont être engagés immédiatement, les 55 à
l'industriel. On a une marge de manoeuvre. Il peut y en avoir une partie qui va
à l'industriel. Cela va dépendre des besoins, à mesure
qu'ils arrivent. Quand on va régionaliser, on va savoir que telle ou
telle région est prête, disponible, sur le plan des locaux,
à recevoir ces personnes, sur le plan des secrétaires qui vont
être capables de donner les services à ces personnes. Là,
on va pouvoir se dire: On peut en engager tant pour envoyer à tel
endroit. Cela ne se discute pas, cela ne se détermine pas, au
début de l'année, d'une façon précise partout. On a
un an pour engager ces 55 personnes.
M. Verreault: ... du personnel supplémentaire à
l'industriel, dans la section industrielle. Il nous dit qu'il va y avoir un
nombre X d'occasionnels qui vont entrer. C'est pourtant bien simple. Je lui
demande: Quand prévoit-il les faire entrer à ce service?
Une Voix: Au fur et à mesure des besoins.
M. Verreault: Actuellement, il y a déjà un
besoin.
M. Léger: M. le Président, je lis à
l'intérieur de la pensée du député de D'Arcy McGee,
qui connaît les complexités d'un ministère, que les
questions posées par son collègue doivent certainement le
surprendre. Le député aurait peut-être besoin de venir
faire un tour dans un ministère pour en comprendre la complexité.
C'est tellement facile. J'ai déjà été dans
l'Opposition. C'est tellement facile de poser n'importe quelle question en
s'imaginant que la réponse vient au bout. Je pourrais vous poser des
questions et vous ne pourriez pas me répondre demain, parce que,
simplement, il y a des questions auxquelles on ne peut pas répondre
d'une façon simple. Je n'ai pas de réponse précise
à donner à une question aussi vague...
M. Verreault: Bon! Pourquoi ne me le dites-vous pas, au lieu de
nous faire perdre du temps?
M. Léger: J'essaie depuis tantôt de répondre
en comprenant vos questions, mais vos questions sont
incompréhensibles.
M. Verreault: Oui, mais il aurait été pourtant si
simple de dire: Ecoutez! On ne prévoit pas avant une longue
période de temps.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Shefford. La réponse du ministre a
été donnée, je crois, à ce sujet.
M. Verreault: C'est-à-dire qu'on n'a pas eu de
réponse, mais je vais l'accepter.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
continuer à poser des questions?
M. Verreault: Non, j'ai un autre point à soulever.
Le Président (M. Boucher): Allez-y!
M. Cordeau: Concernant, moi aussi, peut-être...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, sur le même sujet?
M. Cordeau: Peut-être dans un autre domaine, concernant le
procédé Fuchs je ne sais pas si je prononce correctement
l'an passé, il y a eu des crédits, je crois, de $85 000
d'accordés pour des expériences concernant ce
procédé.
M. Léger: Le procédé Fuchs?
M. Cordeau: Fuchs, oui. M. le ministre, avez-vous eu des rapports
concernant ces expériences et pouvez-vous nous fournir le
résultat des expériences jusqu'à ce jour concernant ce
procédé?
M. Léger: C'est une question bien formulée par le
député de Saint-Hyacinthe, je le remercie; c'est clair. Je peux
simplement vous dire que c'est un projet d'une durée de deux ans. C'est
donc dire qu'on ne peut pas vous donner, à ce stade-ci, les
résultats complets parce qu'il faut voir à l'expérience de
deux années, puisque les premières expériences ne peuvent
pas être concluantes. Cependant, si j'ai quelques renseignements
aujourd'hui... Tout ce qu'on peut vous dire, c'est que les premiers
résultats qu'on a après un an sont encourageants, mais ne peuvent
pas être significatifs parce que ça prend exactement deux ans...
Il faut passer deux périodes de froid, d'hiver qui nous permettent
d'évaluer si le résultat qui a été obtenu en
Allemagne peut être similaire chez nous à cause du froid.
M. Cordeau: Parfait! J'aurais...
Le Président (M. Boucher): Allez-y!
M. Cordeau: Concernant les déchets. Dernièrement,
M. le ministre, à Valleyfield, vous avez déclaré que vous
mettriez sur pied une politique concernant la récupération
à la source des déchets au Québec. Etes-vous en mesure
aujourd'hui de nous faire part de vos politiques à venir sur ce
sujet?
M. Léger: Je dois présenter un rapport le 30 avril
sur une politique globale non seulement de récupération, mais
possiblement de recyclage qui touche à l'ensemble du problème de
la réutilisation des déchets solides, ainsi que des
différentes hypothèses de solution de ce côté; on
peut dire qu'autour du 30 avril j'aurai une idée assez précise,
il y aura la publication d'une politique globale là-dessus.
M. Cordeau: Sur le même sujet, je crois que dans les
projets de contre-publicité que nous avons accordés l'an
passé, il y en a un ou deux qui s'occupaient de la
récupération de déchets; est-ce que vous avez eu des
nouvelles à ce sujet ou est-ce que vous avez eu des rapports concernant
ces projets, concernant la récupération des déchets?
M. Léger: On me dit que jusqu'à maintenant, il n'y
a que quelques rapports d'entrés; la plupart entrent au mois d'avril et
il me fera plaisir de vous envoyer, ainsi qu'à tous les
députés de la commission parlementaire, les conclusions des
rapports que nous aurons reçus. Etant donné que les
députés de Saint-Hyacinthe et de D'Arcy McGee étaient
parmi ceux qui avaient choisi les groupes qui avaient
bénéficié des subventions gouvernementales, il me fera
plaisir de vous donner tous les rapports dès qu'ils seront
entrés.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Gotdbloom: M. le Président, je me permets un
commentaire. Je crois que les questions du député de Shefford ont
été pas mal claires quand même; il a demandé quand
est-ce que le ministre va engager du personnel; c'est une question qui est
assez simple. Le ministre a répondu d'une façon un peu
imprécise: Au cours de l'année, il va en engager. Espérons
que le personnel soit en place au moment où l'on en aura besoin. (20 h
30)
Je voudrais lui poser une question sur cette discussion que nous
poursuivons depuis un certain temps. Nous sommes dans le domaine agricole et
vous vous rappellerez, M. le Président, notamment parce que c'est vous
même qui avez présidé la séance de cette commission,
que nous avons écouté des opinants sur un projet de
règlement et ce projet de règlement était intitulé
"Projet de règlement sur les exploitations animales". Mais il y a
d'autres exploitations agricoles qui peuvent, notamment dans le cas de la
qualité de l'eau, avoir un effet néfaste, un effet polluant.
Le ministre nous dit qu'il a décidé de diviser le projet
de règlement en deux éléments, un élément
formel qui concernera la qualité de l'eau et un élément
qui restera un document de régie interne et servira de guide quant
à l'octroi de permis, et cela par rapport à la pollution de
l'air, aux odeurs et ainsi de suite. Je voudrais demander au ministre si la
partie qui sera formalisée, qui portera sur la pollution de l'eau,
s'appliquera toujours aux exploitations animales seules ou également aux
exploitations qui peuvent polluer par l'épandage d'engrais chimiques,
par exemple, ou par l'utilisation de pesticides. Ce règlement
protégera-t-il la ressource contre toutes les exploitations
agricoles.
M. Léger: Au niveau de ce règlement d'exploitation
animale, cela comprend aussi l'épandage du purin, mais ce
règlement sera uniquement pour le contrôle de l'exploitation
animale. Quant aux autres activités agricoles, cela fait encore l'objet
d'études chez nous, mais ce ne sera pas dans le même
règlement que celui que nous avons présenté, d'autant
plus, je pense, qu'il est assez urgent qu'il soit présenté et je
pense qu'il ne faudrait pas le retarder.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis d'accord avec le
ministre sur l'urgence d'adopter un règlement concernant les
exploitations animales et la pollution de l'eau, mais il me semble que
l'adoption d'un règlement concernant l'utilisation d'engrais chimiques
et de pesticides par rapport à la pollution de l'eau n'est pas moins
urgente.
M. Léger: Pour le domaine des pesticides, entre autres, je
suis d'accord avec le député de D'Arcy McGee que cela devient de
plus en plus urgent. Le BEST, qui est le Bureau d'études des substances
toxiques, est en train de faire une étude sur la possibilité d'un
contrôle des pesticides. Quant aux autres possibilités de
pollution provenant du domaine agricole qui ne sont pas animales, comme les
solides en suspension qui peuvent être amenés par
l'érosion, nécessairement, nous étudions aussi ce domaine,
mais on n'a pas de règlement de prêt de ce
côté-là.
M. Goldbloom: M. le Président, je pose une question en
anglais au ministre: Is that the BEST you can do?
M. Léger: They are doing their best.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais élargir
ma question et demander au ministre de nous donner des précisions sur
l'adoption, sur i'entrée en vigueur de règlements en vertu de la
Loi de la qualité de l'environnement dans la période entre le 1er
avril 1978 et le 31 mars 1979. Combien de règlements sont entrés
en vigueur? Combien ont reçu leur deuxième publication dans la
Gazette officielle du Québec?
M. Léger: A l'intérieur de la période
mentionnée, il y a deux règlements; en plus de la loi 69 et de la
loi 30, vous avez deux lois et deux règle-
merits. Le règlement dont on fait mention, c'est le
règlement relatif à certains organismes de protection de
l'environnement et du milieu social du territoire de la baie James du Nord
québécois et le règlement relatif à la gestion des
déchets solides. Les règlements qui sont sur le point
d'être prêts, je les ai mentionnés ce matin, il y en a cinq.
Je vois venir la prochaine question du député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: Ce n'est pas une question, c'est un
commentaire.
M. Léger: Je vois venir le commentaire; alors, je vais
attendre le commentaire.
M. Goldbloom: Le commentaire est bien simple: Mon Dieu que le
député de Lafontaine aurait été insatisfait de
cette réponse en 1976!
M. Léger: Certainement, parce qu'à ce
moment-là, il n'y avait pas la possibilité de la création
d'un ministère, il n'y avait pas eu de loi 69, il n'y avait pas eu de
loi 76, il y avait beaucoup de choses qui n'avaient pas été
faites et, nécessairement, une fois rendu à la place du
député de D'Arcy McGee, comme ministre de l'environnement, les
orientations ont été faites dans une direction différente,
c'est-à-dire que nous avons voulu changer les objectifs du
ministère qui n'étaient plus de faire de cet organisme un
organisme normatif, donc uniquement destiné à faire des
correctifs par la voie de la réglementation, mais par des interventions
d'ordre ponctuel pour redonner des usages aux citoyens.
Alors, on a complètement changé les orientations et c'est
pour cela que, si j'étais resté dans la même direction que
celle du député de D'Arcy McGee ou de l'ancien ministre de
l'environnement, il se peut qu'il aurait fallu que je continue à avoir
beaucoup plus de règlements. Mais pour nous, la façon de
régler les problèmes de l'environnement ne peut pas se limiter
uniquement à des règlements, mais elle doit se faire par des
programmes précis qui trouvent des solutions, comme le programme
d'assainissement de l'eau et de l'air qui nous amène des solutions
à des problèmes par des voies autres que celles des
règlements.
M. Goldbloom: M. le Président, ce que je ne comprends pas,
c'est comment l'omniscience du député de Lafontaine ne lui a pas
permis de comprendre cela il y a trois ans.
M. Léger: II y a trois ans, vous aviez beaucoup de
règlements en attente et très peu qui sortaient. A ce
moment-là, les activités au niveau des Services de protection de
l'environnement, sous l'ancienne administration, exigeaient qu'il y ait au
moins de l'action. Pour nous, c'étaient les règlements que le
ministre avait promis à ce moment-là. En ce qui nous concerne, je
n'ai jamais promis de diriger ou d'administrer les Services de protection de
l'environnement uniquement par la voie des règlements, mais autrement.
Si le député voulait prouver qu'il y avait une façon
d'améliorer l'administration de l'environnement, je présume qu'il
aurait, depuis ce temps, posé beaucoup plus de questions à
l'Assemblée nationale qu'il n'en a posé jusqu'à
maintenant.
M. Verreault: C'est parce qu'on n'a pas de réponse, c'est
bien simple.
M. Goldbloom: M. le Président... M. Léger:
La voix de l'amertume!
M. Goldbloom: ... le fait demeure que l'année qui
vient...
M. Verreault: ... été voté pour...
M. Goldbloom: ... de prendre fin a vu l'adoption d'un
règlement qui concerne la baie James et d'un seul règlement qui
concerne l'ensemble du territoire québécois. Il y en a en attente
qui sont passablement importants.
Je vous avoue, M. le Président, en toute sincérité,
que je suis déçu. Quelle que soit l'orientation
générale, il faut assortir la loi de règlements
précis dans tous les domaines. Dans chacun des domaines, il y a eu la
constitution, avant l'arrivée de l'actuel ministre, d'une double
équipe, une équipe technique et une équipe juridique, et
la préparation des projets de règlements procédait
à un rythme qui ne satisfaisait pas le député de
Lafontaine quand il siégeait à la place que j'occupe dans le
moment, temporairement. Aujourd'hui...
M. de Bellefeuille: Ah! Vous partez?
M. Goldbloom: Non, j'y suis et j'y reste. Mais le peuple va se
prononcer un de ces jours.
M. le Président, ayant subi des critiques quelquefois virulentes
sur la lenteur de la production des règlements, je ne peux
m'empêcher de dire ceci: Tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas de
règlements, il n'y a pas d'application de la loi. Quelle que soit
l'orientation générale que veuille donner le ministre à
l'application de la loi, à sa philosophie et à son approche
à la protection de l'environnement, sans règlement, il est
privé d'armes avec lesquelles il pourrait lutter contre les atteintes
à la qualité de l'environnement.
M. le Président, je ne peux cacher ma déception que
l'année, douze mois se soient écoulés ce n'est pas
la première année du mandat du ministre, c'est, à toutes
fins utiles, la troisième fois qu'il défend ses crédits
j'aurais cru qu'il aurait été en mesure de me dire: Vous,
quand vous étiez ministre, vous avez été très lent.
Moi, je suis là depuis deux années et demie, voyez ce que j'ai
réussi.
Mais je constate que la réussite est bien en deçà
des abondantes paroles versées entre 1970 et 1976.
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
dire au député de D'Arcy McGee qu'il y a beaucoup plus...
M. Goldbloom: ... à qui vous permettez une certaine petite
jouissance.
M. Léger: Oui, mais elle va être de courte
durée. Je ne pense pas qu'on doive évaluer la qualité
d'une administration par la quantité de règlements. Et je me
demande jusqu'à quel point...
M. Goldbloom: Ça, c'est une nouvelle orientation!
M. Léger: Et je puis assurer le député de
D'Arcy McGee que s'il continue à s'imaginer qu'à chaque
année, il devra me demander la quantité de règlements, je
pourrais en passer une centaine de règlements insignifiants, pour le
satisfaire sur le plan de la quantité. Mais comme il faut un
résultat, au point de vue de l'efficacité, nous avons
analysé davantage quels étaient les moyens que nous avions
maintenant à notre disposition pour passer de l'état de pompier,
dans lequel était le ministère de l'environnement sous l'ancienne
administration, à l'état de planificateur et de prévoyant.
On s'est aperçu qu'un règlement n'apportait pas
nécessairement la solution aux problèmes. Entre autres, les
conséquences de règlements généraux amènent
parfois une trop grande exigence auprès de certains pollueurs dans des
régions et une trop petite exigence pour d'autres pollueurs dans
d'autres régions. Et notre approche à l'intérieur du
ministère nous a permis de constater que ce qui était important,
ce n'était pas de l'épuration uniquement pour épurer ou
simplement faire des règlements dans le but d'en avoir une
quantité X à la fin, pour se bomber la poitrine, pour dire qu'on
en a tant. Ce qui compte, ce sont les résultats, au bout.
Un exemple, c'est qu'au niveau de l'assainissement, des cours d'eau,
pour nous, ce qui est beaucoup plus important, ce n'est pas uniquement de faire
un règlement qui pourrait permettre, dans une région,
d'être trop exigeants pour une industrie, de lui faire dépenser
trop d'argent, parce que la norme, chez elle, s'appliquerait aussi bien que
dans une autre région et que le cours d'eau récepteur, à
l'endroit où on est très exigeant, aurait pu obtenir le
même résultat avec un règlement moins sévère.
Tandis que dans une autre région où le cours d'eau est beaucoup
plus fragile, il faudrait une réglementation plus sévère
que celle que l'on pourrait exiger pour l'ensemble du territoire.
M. le Président, je pense qu'il est bien important de
réaliser qu'un règlement est un des moyens que le
ministère de l'environnement peut avoir pour solutionner les
problèmes de qualité de l'environnement et que ce n'est pas la
quantité de règlements qui compte, mais ce sont les
résultats, au bout de la ligne.
Je terminerai en disant que le député de D'Arcy McGee
devrait admettre quand même que la loi 69 était une loi
très importante, qui a changé complètement la face des
défenseurs de l'environnement et que cette loi vaut beaucoup de
règlements au Québec. (20 h 45)
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas disputer
l'affirmation du ministre, savoir, que la loi 69 a son importance. Mais quand
il dit que cette loi vaut beaucoup de règlements je voudrais lui faire
remarquer que s'il n'avait pas adopté, au cours de cette année
financière qui vient de se terminer, un règlement sur les
déchets solides, il n'y aurait pas eu moyen d'appliquer convenablement
la Loi sur la qualité de l'environnement en ce qui concerne les
déchets solides.
Il a dit qu'il aurait pu faire adopter une centaine de règlements
insignifiants, ce n'est pas cela que je lui demande. Nous avions calculé
qu'il y avait une trentaine de règlements à adopter et la
trentaine n'est pas encore adoptée. Tant et aussi longtemps que cette
trentaine ne sera pas adoptée, la loi, quant à son application,
sera incomplète.
M. le Président, je termine par un commentaire d'ordre
général. On dit, avec raison, qu'il est difficile d'être un
bon ministre si l'on n'a pas vécu un apprentissage dans l'Opposition. Je
peux dire, en rétrospective, qu'il est difficile d'être un bon
critique dans l'Opposition si l'on n'a pas déjà été
ministre. C'est la preuve de cela que le ministre vient de nous fournir.
M. Léger: Je suis partiellement d'accord avec ce que le
député vient de dire, à moitié d'accord avec ce
qu'il vient de dire. Vous savez quelle moitié.
Nécessairement, je voudrais simplement dire que, concernant
l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement, les
règlements ne sont pas les seules méthodes coercitives permettant
son application. Il y a aussi les ordonnances du directeur et les ordonnances
du ministre qui sont des moyens parfois plus appropriés sur le plan
d'une solution immédiate à un endroit précis. C'est
l'ensemble de ces trois mesures qui constitue des moyens coercitifs permettant
de faire respecter la qualité de l'environnement par l'entremise de la
loi. Il ne faut pas oublier qu'avec la loi 69 les citoyens peuvent maintenant
donner un appui extraordinaire au ministère de l'environnement en
étant eux-mêmes des surveillants et des gens qui peuvent faire
respecter la loi parce qu'ils ont en main des outils législatifs, comme
le droit d'injonction, le droit de poursuivre au pénal ainsi qu'une
infinité d'autres moyens comme les affidavits que nous avons mis sur
pied. Il y a beaucoup d'autres moyens de faire respecter la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Je veux simplement dire au député de D'Arcy McGee qu'il ne
s'attende qu'il y ait trente règlements d'adoptés l'année
prochaine, parce que j'en ai placé uniquement cinq comme prioritaires.
Je vais tenter, au cours de l'année, de faire adopter le plus possible
ces cinq-là et je serai l'homme le plus heureux si les cinq sont
adoptés au cours de l'année.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, une courte question. Est-ce
que le rapport annuel de votre
service, M. le ministre a été publié pour
l'année 1977/78? C'est parce que je me suis informé à la
Bibliothèque nationale et on ne l'a pas.
M. Léger: II y a eu publication, mais je ne me souviens
pas si je l'ai déposé en Chambre.
M. Cordeau: Je ne l'ai toujours pas et la Bibliothèque
nationale ne l'a pas. Je pense qu'on est rendu en 1979.
M. Léger: On me dit qu'il a été
déposé en octobre, en Chambre.
M. Cordeau: En octobre? La Bibliothèque nationale ne l'a
pas.
M. Léger: Pour 1977/78.
M. Cordeau: Pour 1977/78, la Bibliothèque nationale ne l'a
pas, la Bibliothèque de la Législature ne l'a pas, je
m'excuse.
M. de Bellefeuille: Quelqu'un l'a emprunté.
M. Cordeau: II a été déposé au mois
d'octobre?
M. de Bellefeuille: Le député de D'Arcy McGee l'a
emprunté.
M. Goldbloom: Non.
M. Cordeau: Parfait. J'aurais une autre question concernant la
pollution de l'air. Actuellement, il y a plusieurs citoyens qui font...
M. Léger: Puis-je me permettre une question au
député de l'Opposition? Etant donné que... Je n'ai aucune
objection, je suis d'accord qu'on continue comme cela...
M. Cordeau: Oui.
M. Léger:... mais je veux être certain... Est-ce
qu'on peut s'attendre que, dès qu'on aura fini les questions, les
programmes seront adoptés comme tels, sans questions
particulières dans chacun parce que vous les posez toutes à ce
niveau-ci?
M. Cordeau: Oui. C'est la dernière que j'ai sur les
déchets et l'air.
M. Léger: Le député de D'Arcy McGee est-il
d'accord aussi?
M. Goldbloom: M. le Président, quant à moi, quant
à nous de l'Opposition officielle, rendu à demain midi ou 13
heures, que nous ayons continué toujours sur des questions
générales ou que nous ayons abordé les programmes un par
un, nous déclarerons tous les programmes adoptés...
M. Léger: D'accord.
M. Goldbloom: ... y compris les deux qui viennent des Richesses
naturelles.
M. Léger: Je remercie les députés de
l'Opposition.
M. Cordeau: Je suis tout à fait d'accord sur ce
principe.
M. Léger: Etant donné que vous savez quand
même que je dois, pour satisfaire ou du moins essayer de satisfaire le
plus possible l'Opposition à propos des questions qu'elle nous pose, je
dois demander... c'est impossible de la satisfaire complètement, je le
sais, je dois quand même demander au personnel de toutes les directions
de demeurer disponible. Etant donné que cela se termine demain midi, il
n'y a pas de problème. Si cela avait été adopté
secteur par secteur, on aurait pu libérer chacun des membres de mon
ministère, mais nécessairement, si c'est comme vous l'avez dit,
je n'ai pas d'objection. Quelle est votre question? Allez-y!
M. Cordeau: Elle concerne la mine de colombium à Oka. Je
pense qu'actuellement, tous les citoyens de cette localité font face
à un problème majeur, et même la Presse a titré,
à un moment donné, un article "Les citoyens d'Oka
étouffent". Je crois que c'est une mine dont les déchets
contiennent différents éléments radioactifs et que les
citoyens ont à se plaindre de cet amoncellement de poussière
à Oka. Or, la mine est en difficulté financière,
même en faillite. Il y a là un amoncellement de poussière.
J'aimerais savoir, M. le ministre, si votre ministère a entrepris
quelque chose pour éliminer cette poussière dans l'air. On
parlait, parmi les moyens préventifs, de placer une couche de terre
arable sur cet amoncellement afin que la poussière ne s'étende
pas davantage. J'aimerais connaître, M. le ministre, de votre part,
où en est le dossier sur l'état de ce tas de poussière
à Oka. Je pense bien que le député de Deux-Montagnes aura
certainement d'autres questions à poser tantôt.
M. Léger: M. le Président, tout ce que je peux
dire, c'est que la poussière qui provient de la mine de colombium dont
parle le député de Saint-Hyacinthe cause réellement des
problèmes. Je peux seulement affirmer qu'il y a une ordonnance en
préparation qui devrait être signifiée dans les quelques
jours.
M. Cordeau: A qui va être adressée cette
ordonnance?
M. Léger: Au trust.
M. Cordeau: Au trust qui administre la faillite. Si elle est en
faillite, il ne doit pas y avoir beaucoup d'argent en disponibilité.
M. Léger: II faut dire une chose, c'est que ce n'est pas
le trust qui est en faillite.
M. Cordeau: Non.
M. Léger: Le trust administre au nom de la compagnie.
M. Cordeau: Habituellement...
M. Léger: C'est la compagnie qui a les difficultés
financières.
M. Cordeau: Oui, mais, habituellement, une compagnie qui est en
difficulté financière, qui est en faillite, même si elle
est administrée par le trust, n'imprime pas d'argent.
M. Léger: L'ordonnance va toucher celui qui sera
responsable du territoire sur lequel on peut vivre des expériences
inacceptables. Cette ordonnance, je ne peux pas en dévoiler le contenu,
mais tout ce que je peux dire, c'est qu'elle obligera le responsable qui est
là, c'est-à-dire le trust, à s'assurer qu'il apporte les
corrections voulues sous peine des sanctions normales qui peuvent être
incluses dans la Loi de l'environnement.
M. Cordeau: Est-ce que cette ordonnance va lui être
envoyée sous peu? Dans combien de temps?
M. Léger: Elle est en préparation, c'est donc dire
qu'il faut passer à travers mon contentieux et elle sera
signifiée.
M. Cordeau: Ce serait un dossier à suivre.
M. Léger: Oui, vous allez en entendre parler très
bientôt.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je suis content que
le député de Saint-Hyacinthe ait soulevé cette question.
Je ne l'ai pas soulevée moi-même parce qu'étant
député ministériel, j'en avais saisi le ministre
directement. Le ministre confirme qu'il y a là une situation
inacceptable, qu'une ordonnance s'impose. Je suis heureux d'entendre le
ministre dire que l'ordonnance sera émise dans de brefs délais.
Je voudrais rappeler très brièvement que ce problème, qui
existait déjà du temps de l'exploitation de la mine, s'est
considérablement aggravé depuis que la mine a cessé ses
opérations, parce que, dans le cadre de l'exploitation de la mine, il y
avait tout un système de giclage sur les déchets miniers qui
faisait que les montagnes, les accumulations de déchets étaient
relativement stables et résistaient jusqu'à un certain point aux
vents. Depuis que les opérations de la mine ont été
interrompues, il n'y a plus de giclage. Alors, ces tas sèchent au vent,
le vent les soulève et, comme il y a un contenu radioactif, ça
présente des inconvénients extrêmement graves pour les gens
qui habitent les environs de cette mine abandonnée. Je
répète que je suis heureux d'apprendre que l'ordonnance doit
venir dans de brefs délais.
M. Léger: Donc, les efforts du député n'ont
pas été vains.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
Le lac Magog
M. Beauséjour: M. le Président, je voudrais savoir
du ministre si le lac Magog est inscrit au plan d'assainissement des eaux.
M. Léger: Comme de raison, je ne peux pas dévoiler
l'ensemble des lacs, des rivières qui font partie du projet que j'ai
présenté au Conseil du trésor, mais je peux quand
même dire, puisque j'étais déjà allé dans la
région, que le lac Magog est à l'intérieur des cibles que
je propose au Conseil du trésor. J'attends maintenant la réponse
du Conseil du trésor pour m'assurer que les sommes me seront
réservées pour pouvoir faire le travail. Je vois que le
député est très concerné par les problèmes
de la qualité des eaux. Il y a plusieurs autres rivières,
à l'intérieur de certains bassins, qui sont vues comme
prioritaires et le lac Magog fait partie de celles-là, mais je ne peux
pas en donner plus que ça. J'attends le rapport du Conseil du
trésor.
M. Beauséjour: A cet effet, j'ajouterais, M. le
Président, le ruisseau Saint-Louis, qui se déverse dans la
rivière des Hurons; y a-t-il quelque chose de nouveau au programme?
M. Léger: Tout ce que je peux dire, c'est que
celui-là aussi est à l'intérieur de la série que
j'ai présentée au Conseil du trésor, mais je ne peux pas
dire qu'il est accepté comme tel, j'attends le rapport du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Ce serait presque intéressant de donner
congé au ministre pour faire accepter tous ces projets au Conseil du
trésor et de continuer la commission après.
Maintenant, une question: M. le ministre, j'aimerais vous parler un peu
des battures de Beauport.
M. Léger: Juste une seconde, j'aurais une réponse
supplémentaire à donner à la question. Pour le lac Magog,
à l'intention du député d'Iberville, il faudrait ajouter
qu'il y a aussi le plan correctif qui est prêt pour les gens du lac
Magog.
M. Goldbloom: M. le Président, sur le même sujet, si
le député de Saint-Hyacinthe me le permet...
M. Cordeau: Oui.
M. Goldbloom: ... justement, si l'on parle du petit lac Magog qui
est un élargissement de la rivière qui se déverse dans la
Saint-François à Sherbrooke, l'étude a déjà
été faite. On sait ce qu'il y a à faire. Il faut donner
les moyens à des
municipalités comme Deauville, Rock Forest, Omerville, de traiter
leurs eaux usées d'une façon convenable, afin de protéger
le lac. Est-ce que le ministre est en train de nous dire qu'il y aura d'autres
études qui seront faites ou est-ce qu'il est en train de nous dire qu'il
y aura l'application d'un plan correctif?
M. Léger: C'est ça. C'est l'application d'un plan
correctif pour les installations individuelles.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Les battures de Beauport
M. Cordeau: Merci, M. le Président. On sait, M. le
ministre, que vous avez tenu une commission concernant les battures de Beauport
et que le gouvernement fédéral a aussi tenu des auditions
publiques sur le même sujet. Aujourd'hui, êtes-vous en mesure, M.
le ministre, de nous faire le point concernant ce projet très important
pour les citoyens de la région de Québec?
M. Léger: Ce que je peux vous dire, au moment où on
se parle, c'est que nous attendons l'étude d'impact que le
ministère des Transports doit faire pour le dernier tronçon et,
selon ces études d'impact, nous pourrons aviser d'un permis ou de
correctifs à apporter au dernier tronçon pour protéger les
battures de Beauport, dont l'estuaire des battures.
M. Cordeau: Est-ce qu'on vous a informé, au
ministère des Transports, de la date où ce rapport sera
disponible ou complété?
M. Léger: Non, on attend que le ministère des
Transports soit prêt, étant donné qu'il ne pourra rien
faire tant qu'il ne nous aura pas présenté cette étude
d'impact. Mon collègue m'a assuré qu'il était en train de
faire faire cette étude d'impact et, selon l'étude, on pourra
aviser de la décision à prendre.
M. Cordeau: Un autre dossier à suivre.
M. Léger: Selon ce que le ministre des Transports a dit,
il n'y aura pas d'autres routes de faites sans étude.
M. Cordeau: Dès que vous aurez cette étude, ce
rapport, allez-vous nous en faire part ou enfin, le rendre public? (21
heures)
M. Léger: Je n'ai pas d'objection; je pense que c'est
normal qu'on puisse rendre l'étude d'impact publique et nous prendrons
une décision par la suite.
M. Verreault: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Je voudrais savoir du ministre si le
ministère de l'environnement joue un rôle dans les travaux
exécutés dans les cours d'eau par le ministère de
l'Agriculture?
M. Léger: Dans les cours d'eau, vous voulez dire par
là les drainages agricoles?
M. Verreault: Exactement.
M. Léger: Dans le règlement d'étude d'impact
qui suit la loi 69, il est proposé pour adoption une fois
adopté, ce serait cela que le ministère de l'Agriculture
nous prépare des études d'impact par bassin versant des plans de
drainage agricole. Cela sera à l'intérieur du règlement
d'étude d'impact qui suit la loi 69.
M. Verreault: Et le nettoyage des cours d'eau, des ruisseaux?
M. Léger: C'est la même chose.
M. Verreault: En ce qui concerne la fluoration des eaux pour les
municipalités, quelle est l'attitude du ministère?
M. Léger: Le député doit se rappeler qu'il y
a à peu près neuf ou dix mois, je pense, le ministère de
l'environnement avait demandé au ministère des Affaires sociales
qui est responsable de l'application de la loi concernant la fluoruration des
eaux municipales, de tenir un moratoire, c'est-à-dire de ne pas obliger
les municipalités à la faire à moins qu'elles ne le
désirent jusqu'à ce que les conclusions d'une étude
commune entre les représentants du ministère des Affaires
sociales et ceux de l'environnement puissent apporter des conclusions sur les
conséquences de cette fluoration des eaux. Comme on le sait, les
différentes théories des savants dans ce domaine ne concordent
pas et nous avions justement demandé que des études soient faites
pour nous permettre de nous brancher là-dessus.
Je présume que le député va me poser la question
sur le rapport; nous avons soumis un rapport sur l'état de la situation,
mais nous n'avons pas eu le rapport commun des deux ministères. Tant que
ce rapport ne sera pas mis de l'avant, on est encore dans la période du
moratoire.
M. Goldbloom: M. le Président, nous parlions, il y a
quelques instants, des battures de Beauport. C'est depuis l'existence des
Services de protection de l'environnement que nous menons une lutte pour la
protection des berges et du lit du fleuve. Les battures de Beauport sont un
élément significatif des berges et du lit du fleuve. Ce n'est
quand même pas le seul endroit où il y a des
empiétements.
Je voudrais demander au ministre de faire une mise à jour de ce
dossier du remblayage le long du fleuve notamment.
Je voudrais lui rafraîchir la mémoire en citant quelques
articles de journaux. Le 21 août 1978, dans le Nouvelliste je cite
seulement le titre L'agrandissement du port de Bécancour
compromis? Les SPE ordonnent l'arrêt des travaux". Mais deux mois plus
tard dans le Devoir du vendredi 20 octobre: "Les SPE tentent vainement de
bloquer les travaux à Bécancour". Le 26 octobre, toujours dans le
Devoir, le jeudi 26 octobre: "La protection des berges de Bécancour; la
défaite juridique des SPE est lourde de conséquences". Le
mercredi 1er novembre, toujours dans le Devoir: "Les SPE font appel". Le
même jour, dans la Presse: "Les SPE vont en appel au sujet de la zone
portuaire de Bécancour". Ensuite, le 22 novembre, dans la Presse: "Le
saccage des berges se poursuit à cause d'une mésentente à
Québec".
Là, je me permets de citer quelques lignes de l'article
lui-même: "A cause d'une mésentente entre deux importants services
gouvernementaux du Québec, les Directions générales de la
nature (environnement) et des eaux (Richesses naturelles), la
dégradation des berges des lacs et des rivières du territoire se
poursuit à un rythme inquiétant et les particuliers peuvent
encore impunément s'approprier de larges tranches des terres publiques
situées en deçà de la ligne des hautes eaux ordinaires.
C'est le cas à Repentigny notamment où les Services de protection
de l'environnement ont jusqu'à maintenant, malgré d'insistantes
mises en demeure, été incapables d'empêcher une vingtaine
de citoyens de s'intaller carrément dans le lit ordinaire du fleuve
Saint-Laurent en remblayant des secteurs naturels très productifs. Par
ailleurs, les services juridiques du gouvernement tardent à prendre les
procédures légales qui s'imposent. Le grugeage des berges, ur
territoire public administré par le service du milieu hydrique du
ministère des Richesses naturelles, s'effectue sur tout le territoire."
Fin de la citation.
Le dernier article paru dans le Devoir du samedi, 24 février
1979: Le titre: Des citoyens de LaSalle s'opposent au remblayage du fleuve; il
faut éviter de perpétuer une erreur écologique de 75 ans.
Le texte à son début se lit comme suit: "Les Services de
protection de l'environnement du Québec donnent-ils d'une main ce qu'ils
s'empressent de retirer de l'autre? C'est l'impression qui prévaut au
sein des Espaces verts de LaSalle, un regroupement de citoyens soucieux de la
qualité de l'environnement dans cette municipalité du sud-ouest
de l'île de Montréal." Et l'on cite une déclaration de ce
groupement: "D'une part les SPE font des pieds et des mains pour
préserver les battures de Beauport où le gouvernement
fédéral propose un aménagement portuaire et industriel
à même une partie du fleuve Saint-Laurent, dit M. Jean
Carrière, président du comité de citoyens, mais par contre
le ministre délégué à l'environnement, M. Marcel
Léger je crois le connaître vient d'accorder une
subvention de $1 500 000 à la ville de LaSalle pour la
réalisation d'un projet flou à souhait qui comporte le remblayage
d'une partie du fleuve sur un site que plusieurs considèrent comme le
plus remarquable de l'île."
M. le Président, cela ne peut que nous inquiéter. Je
partage l'inquiétude du journaliste qui a écrit que la
défaite juridique des Services de protection de l'environnement est
lourde de conséquences. J'aimerais demander au ministre de nous
expliquer, non seulement ce qui se passe, mais que deviennent les pouvoirs du
ministre de l'environnement pour intervenir afin d'empêcher le remblayage
inconsidéré des berges et du lit du fleuve Saint-Laurent et des
autres cours d'eau?
M. Léger: A la suite de la série de cette histoire
passionnante que nous a lue le député de D'Arcy McGee, quelle est
la question?
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Léger: On a touché la ville de LaSatle,
Bécancour, les battures de Beauport, mais la question à laquelle
vous attendez une réponse du ministre, c'est quoi?
M. Goldbloom: M. le Président, la question est assez
claire et elle est double. J'ai demandé au ministre de nous faire un
rapport sur ce qui se passe actuellement, en ce moment où nous parlons
en termes de remblayage, sur les berges et le lit du fleuve Saint-Laurent
et d'autres cours d'eau, s'il veut en parler, mais notamment du fleuve
Saint-Laurent. J'ai cité certains exemples, j'ai parlé de
Bécancour, j'ai parlé de Repentigny, j'ai parlé de la
ville de LaSalle.
Deuxième partie de la question, les Services de protection de
l'environnement ont subi, devant les tribunaux, une défaite,
c'est-à-dire que les Services de protection de l'environnement, le
ministre de l'environnement, ont essayé d'empêcher un remblayage
et les tribunaux ont rejeté la plainte portée par les Services de
protection de l'environnement. Quel est l'état de nos lois et de nos
règlements je m'excuse de revenir à cette fâcheuse
question de règlements si nous ne sommes pas en mesure
d'empêcher des remblayages que nous voudrions et que nous devrions
empêcher sur le lit et les berges du fleuve?
M. Léger: M. le Président, à la suite de
cette question double et claire, je peux vous dire qu'au niveau de la ville de
LaSalle, entre autres, la subvention était justement pour permettre la
protection d'un espace vert important qui pourra devenir un parc
régional. Dans l'article sur lequel se penchait le député
de D'Arcy McGee, on lisait justement qu'il y avait un danger de remblayage. Je
peux assurer le député de D'Arcy McGee qu'il n'y aura pas de
remblayage sur le bord des eaux de la ville de LaSalle, parce que nous avons
envoyé une lettre au maire de ladite ville lui disant que même
s'il avait eu une subvention de $1 500 000 pour s'occuper de faire un parc
régional, il devrait quand même demander un permis pour faire les
travaux, pour qu'ainsi nous soyons assurés qu'il n'y aura pas de
remblayage qui pourrait dangereusement altérer le lit et les berges du
fleuve dans la région de LaSalle.
Je peux même vous dire que les inspecteurs doivent y aller demain
pour vérifier avec le maire les modalités de réalisation
de leur projet. C'est pour LaSalle. Donc, il n'y aura pas de remblayages
illégaux à LaSalle.
Concernant le cas sur lequel le député de D'Arcy McGee
doit être aussi malheureux que le ministre de l'environnement, celui de
Bécancour, je peux vous dire que nous avons demandé une
injonction sans succès, nous sommes allés en appel et c'est ce
matin même qu'on plaidait l'appel. Je ne m'attends pas d'avoir de rapport
du juge aujourd'hui, mais je pense que ça devrait être dans les
jours qui suivent, demain ou après-demain. Nous pourrons aviser, selon
le jugement.
Concernant le problème global au niveau du rapport des
remblayages et de la politique future, une des raisons majeures pour laquelle
nous avons voulu créer le ministère de l'environnement, c'est
pour avoir sous une même juridiction les responsables de la Direction
générale des eaux et les responsables de la qualité de
l'eau à l'environnement, pour avoir une concertation des programmes et
éviter les problèmes dont nous avons vécu les
expériences depuis plusieurs années, autant sous l'administration
de l'ancien ministre que sous notre administration.
C'est pour cela que des cas comme Repenti-gny, etc., vont être
prévenus, puisqu'il y aura une concertation entre les responsables des
deux directions qui relevaient de deux ministres différents avec des
objectifs différents. De ce côté, je peux vous dire
qu'à l'avenir, on aura beaucoup moins de problèmes quant aux
jugements rendus par les juges qui étudient nos causes, je pense que, de
plus en plus, les jugements deviennent plus sévères, on commence
à être de plus en plus conscient que la population est
sensibilisée à ce problème de l'environnement et de la
qualité et que la loi 69 est une occasion pour les juges d'être de
plus en plus conscients qu'ils devront être sévères et que
le gouvernement tient à ce que la sévérité
derrière les jugements soit de rigueur, de façon à
décourager les autres pollueurs possibles ou les autres qui font des
actes qui agressent la qualité de l'environnement. (21 h 15)
M. Goldbloom: M. le Président, il me reste deux questions
à ce sujet. La première concerne un cas particulier. Le ministre
pourrait-il nous dire ce qui arrive dans le cas de Longueuil et du parc
Marie-Victorin? Est-ce que l'on fait du remblayage ou non? Est-ce que l'on
permet la construction d'un chemin d'accès au niveau, si ma
mémoire est fidèle, du boulevard Roland Therrien, à
Longueuil? Ou la ville a-t-elle accepté de renoncer à l'ampleur
de son projet?
M. Léger: M. le Président, je vais commencer par un
point, puisqu'il y en a plusieurs. Le premier, c'est qu'il n'y aura pas de
remblayage du côté du parc Marie-Victorin. Cela va être
plutôt un plan de stabilisation des rives et la ville de Longueuil a
accepté le plan de stabilisation par des moyens naturels.
En plus de cela, notre ministère a eu des ententes avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et la ville
pour fournir des arbustes, de façon qu'on puisse planter des types
d'arbustes indigènes, c'est-à-dire qui correspondent aux besoins
du milieu; cela provient des pépinières que nous avons
commencé à bâtir un peu partout pour avoir des plantes
indigènes qui correspondent aux besoins qui se font sentir dans les
endroits où on doit réellement faire des plans de stabilisation
naturelle.
En gros, je pense que cela répond à la question du
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, ma deuxième question
est d'ordre général. Le ministre, en réponse à ma
question antérieure... Et j'avais fait état, dans mes citations
des articles de journaux, du fait qu'il y avait eu certains conflits entre les
Services de protection de l'environnement et le ministère des Richesses
naturelles quant à l'opportunité de permettre des remblayages. Le
ministre m'a répondu: C'était le cas jusqu'à maintenant,
mais, dorénavant, ce ne sera plus le cas, parce que j'aurai la
responsabilité des deux côtés, et l'acquisition de
certaines équipes, de certains éléments du
ministère des Richesses naturelles me permettra d'éviter une
situation de divergence de vues avec mon collègue des Richesses
naturelles.
Ma question est simple: Est-ce que le ministre commence maintenant
à comprendre pourquoi j'ai toujours insisté, contrairement
à son avis dans le temps, pour dire que c'était avantageux pour
moi d'être en même temps ministre de l'environnement et ministre
des Affaires municipales?
M. Léger: Et cela nous a laissé des
problèmes. On avait quand même des responsabilités dans les
deux ministères, celui des Affaires municipales et celui de
l'environnement, des responsabilités avec des objectifs
complètement différents, parfois complémentaires. Et
quand, d'un côté, l'ancien ministre des Affaires municipales et de
l'environnement pouvait se permettre de décider de faire tel projet
d'assainissement et, en même temps, d'avoir la possibilité de
décider de la subvention ou non, discrétionnaire ou non, cela
créait d'autres complications sur lesquelles, je pense, on est mieux de
ne pas revenir.
Mais, concernant le conflit avec le ministère des Richesses
naturelles, c'est dorénavant, je pense, terminé puisque les
programmes qui seront concertés toucheront justement les remblayages des
berges qui seront faits en même temps pour l'amélioration et pour
la protection et le respect de la nature. Il y aura aussi une concertation dans
le domaine des lacs pour que les deux groupes qui avaient des objectifs
complémentaires, mais pas nécessairement divergents, ce qui
pouvait avoir comme conséquence des anomalies ainsi qu'au niveau de la
connaissance et des analyses du milieu, les deux organismes vont avoir des
programmes concertés. Cela va diminuer de beaucoup les problèmes.
Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il n'y en aura plus, parce que ce sont
quand même
des problèmes assez complexes, mais je pense que cela va
éliminer la grande majorité des conflits et spécialement
au niveau des citoyens qui ne savaient plus où donner de la tête,
puisque aussi bien dans le temps, alors que les Affaires municipales et
l'environnement avaient des juridictions tellement cloisonnées que la
municipalité ne savait pas si elle avait eu son permis de
l'environnement que ce n'était automatique au niveau des Affaires
municipales et c'était la même chose au niveau des Richesses
naturelles.
Quand elle avait un permis pour faire une amélioration sur le
bord de l'eau, au niveau d'un remblayage quelconque, la population s'imaginait
qu'elle n'avait pas d'autres permis à obtenir de ce même
gouvernement, alors qu'au niveau de la qualité de l'environnement, cela
prenait d'autres normes pour réaliser ce sur quoi elle avait un permis
des Richesses naturelles.
Maintenant, cela sera unifié. Du côté de la
concertation des programmes, cela devrait éliminer la majorité
des problèmes. Quant aux problèmes qu'il y avait entre les
Affaires municipales et l'environnement, nous sommes en train de
déterminer exactement les responsabilités que nous jugeons
inutiles d'avoir, pour éviter les duplications et pour s'assurer, entre
autres, que les travaux vont être bien faits.
On peut peut-être donner une idée de ce qu'on voudrait
faire, ce n'est pas encore réalisé. Je fais confiance au
député de D'Arcy McGee qui a vécu quand même ce
problème-là. Il va certainement comprendre les avantages. Quand
on sait que le ministère des Affaires municipales avait comme
responsabilité en même temps que celle de l'environnement de voir
à s'assurer que des projets d'aqueduc et d'égouts devaient
nécessairement avoir une approbation au niveau des approbations
techniques et aussi au niveau d'une approbation financière pour les
réaliser, chez nous, la longueur que cela prend pour analyser chacun des
projets sur le plan technique avant même que le ministère des
Affaires municipales puisse intervenir au niveau du financement, dans le temps
où le député était ministre des deux
ministères, il voyait quand même qu'il y avait des
problèmes de ce côté-là.
Aujourd'hui, nous pensons qu'il faut de plus en plus rendre les citoyens
responsables, rendre les bureaux d'ingénieurs responsables. Nous allons
dans une direction qui sera possiblement celle où les bureaux
d'ingénieurs devront être responsables devant la loi des projets
selon les plans et devis qui nous seront fournis et qui devront respecter les
lois et les règlements et, à ce moment-là, le
ministère de l'environnement pourra les vérifier a posteriori,
faire ce qu'on appelle en terme anglais des "spot checks" de ce qui s'est
passé et, nécessairement, les bureaux d'ingénieurs se
devront de faire des plans et de réaliser les projets de selon les
plans. Cela va diminuer de beaucoup la lenteur de l'approbation des projets
d'aqueduc et d'égouts si c'est le ministère des Affaires
municipales qui s'occupe de cette partie-là et que le ministère
de l'environnement y voit par la suite. Cela va diminuer de beaucoup les
délais.
M. Goldbloom: M. le Président, le règlement de
l'Assemblée nationale m'oblige à accepter la parole du ministre,
donc à accepter sa longue réponse, mais elle a été
longuement longue que je ne peux m'empêcher de trouver que cette longue
réponse était en quelque sorte un remblayage.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
Pollution de l'air
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais poser au
ministre, par votre intermédiaire, une très vaste question que je
vais poser en bref et que je développerai un peu après. La
question, c'est à savoir quels progrès s'accomplissent dans le
domaine de la lutte contre la pollution de l'air. J'ai à l'esprit les
grands polluants d'origine industrielle. Par exemple, il y a plusieurs
régions du Québec où, quand on voyage, on se rend compte
qu'il y a une pollution grave de l'atmosphère, par exemple, par des
usines de pâtes et papiers. Il y en a des exemples très
évidents, comme dans l'Outaouais québécois, comme dans la
région de Trois-Rivières, comme dans d'autres régions.
Il y a aussi la pollution d'origine industrielle qui vient des
raffineries de pétrole situées dans l'est de l'île de
Montréal et qui touche sûrement un secteur très vaste,
puisque même chez nous, à Saint-Eustache, quand le vent souffle de
l'est, on sent les raffineries de l'est de Montréal. Cela fait une
distance assez considérable, de 35 ou 40 kilomètres. C'est donc
une pollution qui touche un bassin de population énorme. On
connaît la difficulté qu'il y a de remédier à ce
genre de pollution. On sait, par exemple, que l'industrie des pâtes et
papiers a des investissements considérables à faire dans sa
rénovation et que les exigences qu'on pourrait lui fixer du
côté de la lutte à la pollution pourraient être assez
mal reçues. On sait, d'autre part, que du côté des
raffineries de pétrole, la crise du pétrole nous a mis dans une
situation où nous sommes, en quelque sorte, très
dépendants vis-à-vis des sources d'énergie, en particulier
le pétrole, de sorte que l'ambiance n'est pas très propice pour
serrer la vis, pour employer une expression claire et populaire, à ces
pollueurs.
Il doit se faire à travers tout cela des progrès
technologiques. Il y a des gens, je me souviens d'entreprises dans le domaine
du pétrole qui annonçaient des programmes de recherche, il y a
quelques années, et qui mettaient là-dedans des sommes
appréciables. Il doit y avoir dans tout cela des progrès
technologiques. Du côté du gouvernement, il y a sûrement une
politique que le gouvernement envisage d'appliquer, qui irait peut-être
au-delà de ce qui a été formulé jusqu'ici.
Alors, ma question au ministre, je la répète, c'est: Quels
progrès se réalisent dans ce vaste secteur de la lutte contre la
pollution de l'air, pollution d'origine industrielle? Je spécifie
pollution d'origine industrielle, parce qu'il y aurait bien d'autres formes de
pollution de l'air dont nous pourrions parler, par exemple, celle qui vient
du
tabagisme, mais c'est un tout autre problème que nous pourrons
peut-être aborder ultérieurement.
M. Léger: La question est pas mal vaste. Elle couvre tout
le Québec. Je dois dire au départ qu'au niveau de la pollution de
l'air, nous avons eu des interventions ponctuelles à certains endroits,
entre autres, au niveau des ordonnances que nous avons émises à
la Communauté urbaine de Québec au niveau de
l'incinérateur, ainsi que pour la compagnie de papier Reed. Nous avons
aussi touché certains autres endroits comme la Domtar à Joliette,
ERCO à Varennes, Demix à ville de Laval, la Dominion Lime
à Saint-Adolphe et aussi, celui qui est le plus important, c'est non
seulement l'approbation mais l'aide que nous avons donnée à la
Communauté urbaine de Montréal pour qu'elle puisse passer son
règlement sur la pollution de l'air. Je dois dire que la
Communauté urbaine de Montréal avait un projet de
règlement qui nécessitait l'approbation du ministre de
l'environnement du Québec, même si cela ne touchait que le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Pour être
certain qu'il n'y ait aucun obstacle, aucun délai à l'adoption
d'un règlement que nous qualifions de bon règlement, le
règlement 44, avant que les élus de la Communauté urbaine
de Montréal aient eu l'occasion de se prononcer nous n'avons pas
pris de chance nous les avons avertis auparavant que le règlement
tel quel, nous l'approuvions et que nous étions pour l'approuver, de
façon que ce ne soit pas un obstacle ou une excuse pour que le
règlement ne soit pas adopté par les élus de la
Communauté urbaine de Montréal. (21 h 30)
Le règlement a été adopté. Dès qu'il
a été adopté, le ministre de l'environnement a
donné son accord et a publié dans la Gazette officielle l'accord
du règlement de la qualité de l'air pour la Communauté
urbaine de Montréal. Ceci va toucher 520 industries de
l'agglomération montréalaise. Le coût approximatif de
correctifs et des investissements qu'on devra faire pour corriger et respecter
les normes de l'environnement sera d'environ $90 millions, dont $50 millions
pour les six raffineries de pétrole de l'est de Montréal. Comme
de raison, ce que le député de Deux-Montagnes vient de
mentionner, le fait des problèmes d'approvisionnement en pétrole,
nous ne voulions pas qu'il y ait des excuses, de la part des compagnies de
pétrole, pour respecter ou non ce règlement. Nous avons fait des
études pour connaître quel pourrait être le coût
approximatif par gallon de pétrole pour l'observance ou l'investissement
de $50 millions, et nous avons, en même temps, profité de
l'occasion, quand nous avons approuvé ce règlement, pour dire
publiquement qu'il ne pouvait pas y avoir décemment d'augmentation du
prix du pétrole par les compagnies de pétrole à cause de
ce règlement puisque l'on sait qu'une bonne partie de ces coûts de
$50 millions sont pour des équipements et peuvent être
déduits de l'impôt que ces compagnies paient. Cela voudrait dire
que la balance des sommes à investir à l'intérieur de cinq
ans, même si elles étaient investies dans la première
année, ne pouvait augmenter le coût du pétrole de plus de
3/10 de $0.01 le gallon. C'est donc dire qu'il est impensable qu'il ait pu y
avoir une augmentation du prix du pétrole à cause de ce
règlement et nous l'avons bien démontré publiquement de
façon qu'on n'ait pas un retour négatif de cette mesure. Le
coût de $90 millions va quand même amener la création
d'emplois qui peuvent se situer entre 1200 à 2500 emplois, directement
créés par les travaux et les dépenses faites dans le
domaine de la qualité de l'environnement au niveau de l'air.
En plus de cela, M. le Président, je pourrais aussi ajouter que,
dans Rouyn-Noranda, le Bureau des études des substances toxiques, le
BEST, est en train de compléter les dernières études sur
l'ensemble du dossier de la pollution de l'air, de l'eau et du reste du
territoire et nous avons impliqué les citoyens de la région de
Rouyn-Noranda avec des représentants des groupes de citoyens, des
municipalités avec les maires, des associations locales comme
l'Association de chasse et pêche, les chambres de commerce et d'autres
groupes de citoyens pour renseigner la population de Rouyn-Noranda sur
l'état de la pollution de l'air et les autres types de pollution de la
région. En même temps, nous avons aussi commencé à
faire une étude auprès de la population pour évaluer
quelle devrait être la qualité de l'environnement que les citoyens
désireraient. Troisièmement, nous voulons faire réaliser
à la population, très bientôt, les coûts
socio-économiques du choix qu'elle fera entre une région
complètement propre et pure et une région complètement
contaminée. Il y a nécessairement des choix à faire qui
amèneront des coûts sociaux. Est-ce qu'on doit accepter de
diminuer la qualité de l'environnement pour ne pas payer trop cher sur
le plan socio-économique? Ce sont les citoyens qui le décideront,
mais nous faisons cette évaluation et, par la suite, nous demanderons
aux citoyens dans la région, et ceci dans les mois à venir,
quelles devraient être leurs recommandations au ministre de
l'environnement. Le ministre de l'environnement prendra par la suite ses
responsabilités et décidera des mesures à prendre pour
corriger la situation dans Rouyn-Noranda.
Finalement, l'attaque de la pollution industrielle de l'air va se faire
selon les mêmes types de programmes que nous avons mis de l'avant pour
l'assainissement des cours d'eau, c'est-à-dire choisir des zones cibles
et agir par des interventions avec des protocoles d'entente avec chacune des
industries, des cibles que nous avons choisies pour l'année, en cours.
Je peux donner les noms des cibles. C'est dans les régions d'Arvida, de
Shawinigan, de Thetford Mines, de Trois-Rivières, de Sept-lles, de
Beauharnois, de Noranda, dont je viens de parler, de Sorel-Tracy et de la ville
de Montréal, en collaboration avec la Communauté urbaine de
Montréal. Dans chacune de ces régions, il y aura des
chargés de projets au ministère de l'environnement qui vont
rencontrer les industries pour déterminer avec elles la façon
dont elles
pourront apporter les correctifs pour respecter les normes que nous
jugeons essentielles dans chacune des régions. Il se peut que cela se
fasse d'une façon rapide, d'une façon facile et, dans les
régions où il y aura des difficultés, nous
procéderons par ordonnance, qui est le moyen que le ministre
possède pour faire respecter les règlements.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je remercie le
ministre de sa réponse très abondante et très
intéressante à ma question. Est-ce que je dois déduire de
ce qu'il nous dit que, dans le cas de la pollution de l'air par les raffineries
de pétrole et par les usines de pâtes et papiers, les moyens
technologiques d'y remédier sont connus et sont assez rapidement
applicables, à condition qu'on y mette les moyens?
M. Léger: C'est sûr que le degré de
qualité des normes d'émission dépend du degré de
technologie connu et les règlements n'iront jamais plus loin que la
technologie connue. Ceci est une barrière qui s'éloigne de plus
en plus, à mesure qu'on connaît les méthodes pour
remédier à ces problèmes, mais je pense que,
nécessairement, il va falloir que les règlements soient de plus
en plus sévères, basés sur les possibilités de les
réaliser et les industries sont de plus en plus conscientes qu'elles
devront respecter ces normes, quand on leur présente les normes qui sont
respectées par leurs propres filiales ou leurs propres industries qui
sont situées aux Etats-Unis où les règlements sont
respectés. Tout ce qui manquait était une volonté
gouvernementale pour les faire respecter et les industries au Québec
savent que la volonté gouvernementale existe et qu'elles devront
respecter des normes aussi sévères que celles qu'elles respectent
dans certains Etats des Etats-Unis.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Seulement une très courte question concernant
la réglementation. M. le ministre, tantôt, vous avez parlé
de réglementation concernant les normes régissant la pollution de
l'air; est-ce que cette réglementation est écrite et le
règlement approuvé?
M. Léger: Voulez-vous répéter? J'ai eu une
seconde d'inattention.
M. Cordeau: Tantôt, vous avez parlé de
réglementation concernant la pollution de l'air; est-ce que ce
règlement est en vigueur ou si ce sont des normes internes?
M. Léger: Concernant le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal, c'est un règlement précis et
adopté.
M. Cordeau: Oui, mais dans toute la province?
M. Léger: Pour le reste de la province, le
règlement est terminé, il est sur mon bureau et est prêt
à passer la deuxième étape d'approbation; donc, cela veut
dire que cela devrait être approuvé dans les prochains mois pour
toute la province.
M. Cordeau: Les prochains mois, c'est trois ou quatre mois?
M. Léger: En dedans de trois ou quatre mois.
M. Cordeau: En dedans de trois ou quatre mois.
M. Léger: Si ce n'est pas en dedans de trois ou quatre
mois, j'attends une question du député de Saint-Hyacinthe en
Chambre.
M. Cordeau: Par ailleurs, vous nous avez dit que vous nous feriez
parvenir les règlements; je pense qu'il doit y avoir un bon
secrétaire qui a pris cela en note tout à l'heure, selon vos
engagements.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, on a constaté, avec le
projet de dépollution des eaux dans la région de
Beauharnois-Châteauguay, qu'un effort a été mis sur la
dépollution des eaux en ce qui concerne la pollution faite par les
municipalités et certaines industries, particulièrement du
comté de Beauharnois. Dans le même sens que la question du
député de Deux-Montagnes, ce n'est pas parce qu'on a fait un
effort pour intervenir auprès des compagnies qui déversaient des
résidus de mercure dans ces eaux... Je pense qu'avec le programme de
dépollution des eaux, on va régler cette question une fois pour
toutes, mais il restait, bien sûr, tout ce qui s'échappe des
cheminées et Dieu sait combien il y en a dans la région de
Beauharnois. Je suis fier de constater que le ministre a mentionné la
région de Beauharnois dans les endroits cibles qui sont les premiers
visés dans une première volonté gouvernementale de
dépolluer certaines régions. J'en félicite le ministre et
je suis aussi content de la question qu'a posée le député
de Saint-Hyacinthe, à savoir si les règlements sont sortis. Vous
avez répondu qu'ils n'étaient pas encore tout à fait
sortis, mais qu'ils étaient en période d'approbation sur votre
bureau. J'espère que ce problème va être
réglé le plus rapidement possible. Je ne sais pas si vous voulez
commenter là-dessus, M. le ministre.
M. Léger: Je sais que le député de
Beauharnois est très préoccupé par des problèmes de
la qualité de l'environnement puisqu'il a chez lui cette usine pour
laquelle on a eu justement, ce dont on parlait tantôt, des poursuites qui
se sont soldées par une condamnation qui avait quand même
obligé la compagnie, par la suite, à apporter des correctifs
dès qu'elle avait été avisée qu'il y avait une
poursuite; elle a déjà corrigé la situation.
Au niveau de la pollution de l'air, de plus en plus les compagnies sont
conscientes que le gouvernement est décidé à faire
respecter une qualité de vie autour des industries et cela facilite
nécessairement les rencontres entre les industries et le personnel de
l'environnement qui sont en train de faire le tour de ces zones cibles pour
signer des protocoles d'entente. Je pense qu'en annonçant pour la
première fois aujourd'hui les zones cibles, cela va, par la voie des
journaux, sensibiliser les compagnies. Celles qui n'ont pas encore
été visitées s'attendent à avoir la visite des
représentants de notre ministère.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Combien de citoyens se sont prévalus des
dispositions de la loi 69 pour poursuivre les pollueurs tant au pénal
qu'au civil?
M. Léger: A notre connaissance, jusqu'à maintenant,
il n'y en aurait pas eu encore, mais ils n'ont pas besoin de notre approbation
pour le faire. Cela peut se faire sans qu'on en soit avisé. Mais
à notre connaissance, il n'y en a pas eu encore. Il faut dire, je pense,
qu'il va falloir qu'on fasse une plus grande publicité concernant les
droits des citoyens. Nous allons mettre l'accent, cette année, sur la
publicité d'information auprès des citoyens pour connaîre
tous les moyens qu'ils ont pour défendre leur milieu de vie, et cela
devrait nécessairement permettre aux citoyens de le faire. Je tiens
à vous dire, quand même, qu'il y a certaines compagnies... il y en
a une qui est venue me rencontrer cette semaine pour dire qu'elle avait entendu
dire que des citoyens se réunissaient dans une région dans le but
de poursuivre une industrie qui pollue et elle se demandait comment se
protéger des citoyens. Je lui ai dit que c'était de respecter les
normes de l'environnement.
M. Cordeau: Ainsi, vos six millions de policiers ne sont pas
encore entrés en fonction officiellement.
M. Léger: C'est-à-dire qu'ils ont changé de
nom, maintenant qu'ils ont les moyens de se défendre. Ce ne sont plus
des policiers, ce sont six millions de protecteurs de l'environnement.
M. Cordeau: Des protecteurs de l'environnement. Les
méthodes de détection manquent parce qu'il y a certainement des
pollueurs actifs dans le Québec.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je
pourrais, très rapidement, noter combien il est intéressant de
voir qu'en commission, on travaille sérieusement selon le mérite
des dossiers qui sont devant nous et que c'est un député de
l'Union Nationale qui nous encourage à intensifier la publicité
gouvernementale. C'est très intéressant.
M. Cordeau: Justement, j'arrive à la publicité, la
porte est ouverte.
M. Léger: Ne me dites pas que c'est nous qui suscitons les
questions.
M. Cordeau: Non, seulement au fur et à mesure que se
déroule la commission, à un moment donné quelqu'un parle
d'un sujet et lorsqu'on a des questions à poser, on en profite, parce
que je pense que c'est l'occasion à ce moment-là.
A votre ministère, est-ce qu'il y a un directeur de service des
communications ou de la publicité que vous faites?
M. Léger: On vous a donné, j'espère, ce
matin, l'organigramme qui explique cela, mais je peux peut-être...
M. Cordeau: On nous remet des documents et il y a des questions
qui se posent, on ne peut pas suivre tellement et feuilleter la documentation
que vous nous donnez en même temps.
M. Léger: A la question que vous m'avez posée
tantôt, nous avons nécessairement un directeur des communications,
Mme Suzanne Beau-lieu, qui est responsable des programmes.
M. Cordeau: Est-elle ici?
M. Léger: Je ne pense pas, non.
M. Cordeau: Est-ce qu'elle pourrait être ici demain matin,
parce que nous aurions certainement des questions à poser?
M. Léger: II y a quand même son supérieur qui
est ici qui pourrait répondre à vos questions.
M. Cordeau: II y a une feuille complète. M.
Léger: Allez-y.
Information et publicité
M. Cordeau: Concernant les coûts, quel montant votre
ministère a-t-il dépensé l'an passé concernant les
communications ou la publicité?
M. Léger: Je peux vous donner la réponse, c'est
$250 000; mais c'était dans les documents qu'on vous a
déposés ce matin.
M. Cordeau: Quel montant prévoyez-vous pour l'an
prochain?
M. Léger: Nous sommes en train de faire une étude
pour voir si cette campagne de publicité, d'information et
d'éducation populaire a apporté des résultats au plan des
comportements des citoyens et on évalue qu'il serait possible,
l'année prochaine, qu'on ait une campagne d'environ $300 000 au lieu de
$250 000.
M. Cordeau: Est-ce que ce montant comprend tous les
dépliants concernant l'information que votre ministère
distribue?
M. Léger: Non, ce n'est pas inclus. On me dit que les
dépliants que vous mentionnez coûtent environ $40 000 par
année.
M. Cordeau: Est-ce que votre programme de publicité, Je
vis en harmonie, a passé par la machine du ministère des
Communications, la même procédure que pour les autres
ministères?
M. Léger: Oui et il y a huit firmes qui avaient
été sélectionnées et c'est la firme BCP qui a
été choisie par le boulier chinois.
M. Cordeau: Combien de personnes sont affectées au
système des communications?
M. Léger: Le terme "communications", dans votre esprit,
cela comprend la publicité et l'information.
M. Cordeau: Publicité ou information, oui.
M. Léger: Parce que dans les budgets, le mot
"communication", ce sont les dépenses de transport...
M. Cordeau: Non, communication avec le citoyen, directement.
M. Léger: ... du personnel. Vous voulez parler
d'information.
M. Cordeau: La publicité.
M. Léger: Concernant les agents d'information, il s'agit
de cinq personnes. Cela touche autant la bibliothèque, l'information et
l'éducation; avec tout le personnel de soutien, ça fait à
peu près 22 personnes.
M. Cordeau: 22 personnes.
M. Léger: Dans l'ensemble des responsabilités de la
bibliothèque, de l'information, de l'éducation, parce que ce sont
des problèmes différents; à l'intérieur de ce qu'on
appelle information, éducation, publicité, il y a 22 personnes
qui s'occupent de l'ensemble de ces problèmes.
M. Cordeau: Concernant la bibliothèque, je vous
demanderais de regarder si vous l'avez dans votre bibliothèque, le
rapport de 1977/78, la réponse, demain matin. Si vous en avez
quelques-uns, vous m'en apporterez un.
M. Léger: M. le Président, je pense que je dois
apporter une correction. Le rapport que vous mentionniez, on m'a donné
tantôt une réponse sur le rapport du conseil consultatif, mais
votre question était sur le rapport des Services de protection de
l'environnement...
M. Cordeau: Oui, des Services de protection de
l'environnement.
M. Léger: On me dit qu'il n'a pas encore été
déposé. C'est pour ça que vous ne le trouviez pas.
M. Cordeau: Trouvez-vous ça normal, M. le ministre, que le
rapport de 1977/78, on est en 1979, n'ait pas encore été
déposé?
M. Léger: Je trouve normal de le déposer le plus
vite possible en tout cas.
M. Cordeau: Je pense que...
M. Léger: II faut dire que nous en avons
récupéré trois qui étaient en retard quand nous
sommes arrivés, que nous en avons déposé un pareil
à l'autre et celui-là devrait être déposé en
dedans de deux mois, je pense.
M. Cordeau: Est-ce que vous avez l'intention de rattraper le
temps perdu?
M. Léger: On l'a fait, on en a déposé trois
en dedans d'un an et demi.
M. Cordeau: Oui, mais il y a encore une année en retard.
Celui de l'an prochain, avez-vous l'intention de le publier un peu plus
vite?
M. Léger: On me dit qu'il y a un nouveau mécanisme
pour que ce soit déposé plus vite que ça. Je suis d'accord
avec vous que c'est trop tard.
M. Cordeau: Vous savez, on étudie les crédits de
1979/80 et on n'a même pas le rapport de 1977/78 en notre possession pour
faire une analyse et obtenir certaines informations. C'est bien important pour
tout le monde que ces rapports annuels sortent le plus tôt possible.
M. Léger: Je suis d'accord avec vous. M. Goldbloom:
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'aimerais demander à mes collègues
une certaine indulgence, parce que je viens d'apprendre que, demain matin, je
devrai prendre la parole en Chambre. J'aimerais donc pouvoir poser quelques
questions ce soir, puisque je ne serai pas ici demain matin.
Il y en a deux en particulier que j'aimerais poser dans le moment. Le
grand projet de l'approvisionnement en eau potable de la rive sud de
Montréal, le ministre peut-il nous donner un compte rendu
là-dessus? Peut-il nous dire où en sont rendus les travaux? Quel
est le calendrier présentement prévu?
M. Léger: Tout ce que je peux dire au député
de D'Arcy McGee, c'est que c'est le ministre des
Affaires municipales qui a formé un comité intermunicipal
de la rive sud. Mais, nécessairement, on devra nous soumettre les plans
et devis que nous n'avons pas eus encore. C'est à peu près tout
ce que je peux lui répondre à la question qu'il me pose telle
quelle. C'est le ministre des Affaires municipales qui a pris sur lui de former
un comité intermunicipal dans le but de favoriser la participation de
plusieurs municipalités dans ce projet et peut-être dans d'autres
projets qui pourront venir plus tard. Cela avait une dimension beaucoup plus
municipale qu'environnementale, sauf qu'au niveau des plans et devis, nous
aurons bientôt ces plans que nous aurons à approuver. On me dit
que les plans sont pratiquement prêts.
M. Goldbloom: Nous devrons attaquer le ministre des Affaires
municipales là-dessus et ses crédits commenceront demain
après-midi. Je n'aurai donc pas longtemps à attendre.
M. le Président, j'aimerais poser au ministre des questions sur
la qualité de l'eau devant nos plages. C'est un sujet qui a souvent
retenu notre attention dans le passé. Le ministre ne me tiendra pas
rigueur, je l'espère, si je fais allusion à une plainte qu'il
formulait souvent quand il était dans l'Opposition. C'est que les
rapports tardaient à venir, que l'été s'envolait et les
gens fréquentaient les plages sans savoir si la qualité de l'eau
y était satisfaisante ou non.
M. le Président, j'ai fait un petit relevé de
communiqués émis l'été dernier par les Services de
protection de l'environnement, dans le but d'informer le public sur la
qualité de l'eau des plages. J'attendrai que le ministre ait
terminé ses consultations, parce que je voudrais qu'il
m'écoute.
M. Verreault: S'il connaissait ses dossiers, il n'aurait pas
besoin de consulter autant.
M. Léger: Excusez-moi. Comme je savais dans quelle
direction la question s'en venait, parce que cela fait la troisième
étude de crédits que je fais avec le député de
D'Arcy McGee, j'essayais de placer mes fonctionnaires dans la bonne voie,
sachant que la question s'en venait dans cette direction-là.
M. Goldbloom: Bon.
M. Cordeau: M. le Président, cela devient dangereux. Il y
en a un que la main guide et le ministre voit dans l'esprit du
député de D'Arcy McGee.
M. Léger: C'est peut-être un autre que le
député de D'Arcy McGee qui est quand même un ami,
même s'il est un adversaire. Vous m'avez ouvert la porte à une
chose extraordinaire et je n'abuserai pas.
M. Cordeau: On découvre des pouvoirs cachés.
M. Goldbloom: Très bien. M. le Président, j'ai fait
un relevé; je ne suis pas convaincu qu'il est exhaustif, mais j'ai
devant moi un certain nombre de communiqués publiés
l'été dernier par les Services de protection de l'environnement,
par le ministre de l'environnement, pour informer la population sur
l'état des plages, sur la sécurité avec laquelle on
pouvait se permettre de s'y baigner. J'ai ici, en date du 18 juillet 1978, un
communiqué de presse intitulé: "Québec et la
Région, Environnement Québec donne la qualité de l'eau de
18 plages". Le 25 juillet: "Les plages publiques de Québec et ses
environs; les SPE fournissent 12 autres résultats". Le 1er août,
l'été à moitié terminé: "Les SPE donnent les
derniers résultats sur 9 plages; 6 ont une eau de bonne qualité
et 3 une eau de qualité médiocre". Le 7 août,
résultat des analyses de 7 autres plages publiques. Le 17 août:
"Résultat de l'analyse de la qualité de l'eau de 28 plages
publiques". Le 28 août, l'été, à toutes fins utiles,
terminé: "Dix autres analyses de la qualité de l'eau. Enfin, le
30 août: "Les SPE donnent 11 nouveaux résultats". M. le
Président, ayant subi...
M. Lavigne: C'était pour la fête du travail!
M. Goldbloom: ... des critiques parce que les résultats ne
sortaient pas pour la Saint-Jean-Baptiste, je dépose, si vous voulez,
cette documentation incriminante et je demande au ministre comment il se fait
que quand il était dans l'Opposition, il pouvait toujours sortir les
résultats au début de l'été. Maintenant qu'il est
au pouvoir, le 30 août, il sort de nouveaux résultats.
M. Léger: Je dois dire que peut-être
là-dessus, l'ancien ministre de l'environnement a déteint sur le
nouveau et que j'ai essayé d'améliorer les performances...
M. Goldbloom: Sans succès.
M. Léger: Je peux vous assurer quand même que les
plages habituellement les plus contaminées sont les premières
analysées. Comme ce sont les étudiants qui font le travail de
vérification durant l'été, puisque ce n'est pas un travail
qui demande des personnes à temps plein, il faut donc prendre des gens
à temps partiel. C'est une occasion pour les étudiants d'avoir
une fonction durant l'été. On commence les analyses le 24 juin.
On peut dire que, l'année dernière, les premiers résultats
concernant les plages les plus contaminées, étaient donnés
au début de juillet. Nécessairement, nous avons continué
tout l'été à faire des analyses des plages. Il peut y
avoir des plages dont les résultats sont arrivés à la fin,
mais je doute fort que vous ayez des plages complètement
contaminées dont le résultat n'était donné
qu'à la fin d'août.
M. Goldbloom: Quand même, il me semble étrange que
les réponses qui étaient inacceptables
en 1976, sont soudainement acceptables cette année.
M. Léger: Au contraire! Elles ne sont pas plus acceptables
si, à la fin de l'été, nous donnions, comme dans le temps
où le député de D'Arcy McGee était ministre, les
résultats de fermeture de plages. Nous commençons par celles qui
sont habituellement les plus contaminées au début.
Nécessairement, parce que les analyses se font l'été et
qu'il faut que les résultats nous soient donnés; ce n'est pas
uniquement une seule analyse qui nous permet de dire qu'une plage doit
être fermée, mais plusieurs, avec des prises à des endroits
différents, cela prend un certain temps, mais je peux vous dire que les
dangers de contamination sont contrôlés au début de
l'été. Ce ne sont que des résultats secondaires qui
arrivent vers la fin de l'été, puisque les gens font des analyses
tout l'été, aussi bien pour une plage qui était en bon
état au début de l'été, qui pourrait être en
mauvais état à la fin de l'été.
M. Goldbloom : Le ministre reconnaîtra que son
prédécesseur a quand même fermé de nombreuses plages
qui étaient en mauvais état...
M. Léger: Ce sont celles qu'on vérifie en premier
lieu aussi.
M. Goldbloom:... mais qui demeurent fermées quand
même et qui ne sont pas utilisées. Ce sont des plages qui sont
utilisées et qui peuvent être victimes d'une certaine
contamination, mais où les gens se baignent quand même, où
il faut pouvoir fournir un résultat au début de
l'été, et non pas le 30 août.
M. Léger: Cela amène comme conclusion l'urgence des
programmes d'assainissement des cours d'eau de la grande région de
Montréal et de Québec.
M. Goldbloom: Je suis évidemment d'accord avec le ministre
quand il parle de l'assainissement des grands cours d'eau, mais il se
rappellera qu'un simple regard vers la carte de la région
métropolitaine, comme sur celle de la région de la capitale ici,
démontrera qu'il n'y a aucun dessin consistant de contamination des
plages et que ce n'est pas la contamination du fleuve comme telle qui est la
cause de la contamination des plages, ce sont des causes plutôt locales
et c'est pour cela que nous avons fermé des plages et laissé
ouvertes des plages voisines. Il me semble que le temps a suffi pour que le
ministre ait un contrôle plus rigoureux sur les plages des deux grandes
régions de population.
M. Léger: Je voudrais quand même dire au
député de D'Arcy McGee que les causes sont doubles. Il y en a qui
sont locales; d'autres sont des causes provenant de la mauvaise qualité
du fleuve. Les causes locales peuvent être contrôlées plus
facilement par le programme d'assainissement qu'on vient de mettre sur pied il
y a environ... Celui dont on parlait depuis ce matin dans les grandes
régions de Montréal et de Québec.
M. Goldbloom: Savez-vous, M. le Président, j'aurai
bientôt complété treize années ici, à
l'Assemblée nationale. Je n'ai pas beaucoup de regrets, mais j'en ai un
ce soir. J'ai le regret de ne pas avoir, dans mon tempérament, la
capacité d'être aussi malin que le député de
Lafontaine l'était dans l'Opposition.
M. Léger: Je suis très heureux de la qualité
des interventions du député de D'Arcy McGee qui sont quand
même une aide précieuse dans cette critique positive. Il n'est pas
nécessaire d'être malin, parce que ce ne sont pas
nécessairement les gens sévères qui sont les plus
sérieux, mais la qualité des interventions et du
député de D'Arcy McGee et du député de
Saint-Hyacinthe...
M. Goldbloom: Et du député de Shefford,
j'insiste.
M. Léger: Je ne parle pas d'aujourd'hui. Il y a des
occasions où le député de Shefford a fait de bonnes
interventions, mais je ne parle pas d'aujourd'hui.
M. Verreault: M. le Président... que ce n'est pas le
ministre de l'environnement qui a inventé les boutons à quatre
trous. De toute façon, le ministre aura à m'endurer demain matin.
S'il répond de la même manière qu'il l'a fait aujourd'hui,
il va se brasser du purin demain.
M. Léger: Tu n'as pas compris...
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à 10 heures, demain matin.
Fin de la séance à 22 h 1