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(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, messieurs! La
commission de la protection de l'environnement est réunie pour
étudier le projet de loi no 8, Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Les membres de la commission sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Champagne (Mille-Îles) remplace M. Blouin (Rousseau); M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Fallu (Groulx), M. Léger (Lafontaine), M. Dupré
(Saint-Hyacinthe) remplace M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Lincoln (Nelligan), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Rodrigue (Vimont), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: M. Caron (Verdun), M. Desbiens (Dubuc), M. Gagnon
(Champlain), Mme Juneau (Johnson), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Marx (D'Arcy
McGee), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellette (Beauce-Nord).
Est-ce qu'il y a un rapporteur? M. le député d'Iberville?
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Lincoln: Est-ce que je peux, M. le Président, remplacer
M. Ciaccia par M. Johnson de Vaudreuil-Soulagnes?
Le Président (M. Boucher): M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Lincoln: Et M. Rocheleau remplace M. O'Gallagher.
Le Président (M. Boucher): M.
Rocheleau (Hull) remplace M. O'Gallagher (Robert Baldwin).
M. le ministre, pour les commentaires préliminaires.
M. Léger: M. le Président, étant
donné que cette loi n'est composée que d'un seul article, il
s'agit donc, au niveau de la commission parlementaire, d'étudier
l'article et peut-être de se limiter aux objectifs de cet article. Donc,
je présume que l'Opposition doit avoir des choses à dire sur cet
article. En ce qui nous concerne, on va essayer de répondre aux
questions de l'Opposition sur l'article qui a été demandé
par l'Union des municipalités du Québec et qui semblait d'accord
là-dessus. Elle nous a même suggéré le
libellé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, je dois dire que je n'ai pas
d'objection au principe de la loi qui est simple. Je le comprends, cela a
été expliqué, en fait, par M. le député de
Groulx, hier. Je voudrais d'abord que ce soit confirmé par le ministre
qu'on reçoive une explication à savoir comment ces crédits
sont transférés d'un ministère à l'autre, la
question de l'intervalle entre les transferts. J'ai compris l'intervention
hier, je sais que le député de Groulx a expliqué ce qui se
faisait au ministère de l'Éducation. De toute façon, je
voudrais savoir exactement, pour être tout à fait sûr
moi-même, comment ces transferts entre ministères se font, s'il y
a des périodes qui ne sont pas correspondantes, est-ce qu'il y a des
échéances qui, à un moment donné, ne correspondent
pas parce que les obligations des municipalités tombent à des
dates différentes de municipalité en municipalité.
J'aurais voulu savoir aussi... D'après ce que j'ai compris, il n'y a
aucune application d'intérêt dedans, parce que les transferts se
font purement par ordre de transfert de livres entre un service et l'autre.
J'aimerais avoir une explication complète de cette question parce que
c'est vraiment une question importante. (11 h 45)
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, il ne faut pas oublier
une chose, c'est que cette loi a pour objectif de faciliter la
possibilité pour une ou plusieurs municipalités qui le
désirent, de demander cette possibilité. Donc, ce n'est pas
automatique à toutes les municipalités. Premièrement, une
municipalité qui désire le faire demande au ministère de
l'Environnement qu'il transfère les sommes d'arqent au ministre des
Finances qui, lui, pourra les mettre en fidéicommis. C'est la
première chose. Cela prend une demande.
Deuxièmement, quand la demande est faite, le ministre des
Finances... parce que les sommes d'argent ne se transfèrent pas, comme
le disait tantôt le député, d'un ministère à
l'autre par des chèques ou des choses comme cela, c'est un jeu de
livres.
Comme le député le disait tantôt, c'est un jeu de
livres. Il suffit simplement que le ministre des Finances transfère, au
moment où il le juge à propos, mais avant la date, à
l'agent payeur, par exemple le Trust général du Canada ou un
autre qui va agir en fidéicommis, la somme d'argent pour rembourser au
moment précis où la municipalité doit être
payée selon le protocole d'entente, la somme d'argent qui lui est due
cette année, et ceci, au prêteur, c'est-à-dire celui envers
qui la municipalité a une dette. Donc, ce n'est pas remboursé
à la municipalité, prêté au prêteur. La
municipalité rembourse sa part au prêteur. Supposons que c'est une
entente de 90%-10%, les 10% seront payés par la municipalité
à la date d'échéance, et les 90% par le
fidéicommis. Je donne l'exemple du Trust général du Canada
au nom du ministre des Finances, et qui va payer le prêteur.
Le député m'a parlé aussi d'un autre sujet que je
relie tout de suite à cela, c'était à savoir s'il va y
avoir des intérêts que le ministre des Finances, ou le ministre de
l'Environnement, ou que le gouvernement va avoir. Cela n'a aucun lien avec le
geste typiquement administratif ou bancaire dont on parle. Le ministre des
Finances a le droit d'avoir des intérêts qu'il peut obtenir s'il
veut, parce que comme on paie à temps et que c'est pour payer au moment
précis à la date de l'échéance, la
municipalité n'a pas à recevoir des intérêts pour
une chose qui est payée à temps. Ce n'est pas payé en
retard ou en avance.
M. Lincoln: Excusez ma naïveté dans cette question,
mais c'est un petit peu relié à ce que le député de
Hull essayait de mettre de l'avant. Malheureusement, il n'est pas ici encore.
Je crois qu'il est à une autre commission. Ayant été
impliqué dans les municipalités pendant plusieurs
années... Le fait est que les municipalités ont emprunté
-d'accord, c'est un remboursement ou un crédit du Québec pour 90%
- ont fait une emprunt de base. Il y a un taux d'intérêt
quelconque. Le point qu'il voulait soulever, c'est que justement, pour une
municipalité, surtout une petite, le taux d'intérêt peut
être beaucoup plus fort que celui que le gouvernement du Québec
aurait avec ses obligations. En fait, la période où le
crédit est alloué pour le projet.
Vous avez l'air de dire qu'il n'y a aucune différence de temps,
mais certainement, si le crédit est alloué à une certaine
période pour un projet d'assainissement d'eau, ce n'est pas
nécessairement la même date que l'échéance des
obligations. Je sais que c'est une affaire de livres, je le comprends
très bien... mais, de toute façon, il y a de l'argent en
fidéicommis qui légalement appartient à telle
municipalité.
M. Léger: Le député me permet-il de prendre
la parole? Je pense qu'on parle de deux choses différentes. Il y le
montant d'argent dû à la municipalité par le gouvernement
du Québec en vertu du protocole d'entente. Prenons un exemple avec des
chiffres ronds, un exemple purement théorique, que c'est un projet de 1
000 000 $ pour l'épuration des eaux et c'est à 90% payé
par le gouvernement du Québec. C'est donc dire que, pour vingt ans -
disons que c'est une entente de vingt ans -la municipalité signe avec le
ministère de l'Environnement pour réaliser le projet qui va
coûter 1 000 000 $. La municipalité va emprunter sur le
marché 1 000 000 $ qu'elle va rembourser en vingt ans.
À ce moment-là, l'entente avec le gouvernement, c'est que,
comme elle paie 10%, il reste 900 000 $ que le gouvernement du Québec
devra prendre à sa charge au nom de la municipalité. Comme la
municipalité paie l'emprunt sur le marché, elle va emprunter et
on va lui facturer de l'intérêt chaque année à
rembourser en plus du capital. Le ministère de l'Environnement doit
s'engager à payer, pendant les vingt ans, les 900 000 $ plus les
intérêts. Supposons que les 900 000 $ équivalent à
90 000 $ par année, ou 45 000 $ pendant vingt ans, en capital et la
portion en intérêt y sera, quel que soit le taux que la
municipalité a demandé sur le marché. Ce sont des taux
publics que les municipalités ont, à peu près tel taux
d'intérêt... Le gouverment du Québec lui rembourse ce
montant. La totalité de ce qu'elles ont emprunté, de ce que cela
lui coûte sur le plan capital et intérêt, pour sa part, le
gouvernement le lui paie. C'est une chose.
Quand, chaque année, arrive la date d'échéance,
disons le 1er février 1982, telle municipalité devrait recevoir
ses 45 000 $ de capital et peut-être 55 000 $ d'intérêt.
Cela fait 100 000 $. Les 100 000 $ du gouvernement du Québec qui sont sa
part des 90% pour cette année, c'est là-dessus que la demande des
municipalités peut être faite pour que les 100 000 $ que le
gouvernement du Québec devrait donner soient déposés en
fidéicommis de façon que les prêteurs de la
municipalité, à la date d'échéance,
reçoivent l'argent du ministère des Finances plutôt que du
ministère de l'Environnement.
M. Lincoln: Oui, je vous comprends très bien. La raison
pour laquelle je demande cela, c'est que nous sommes maintenant dans une
période où les taux d'intérêt sur les
investissements sont très élevés. Le gouvernement du
Québec aura cet argent et ne va pas payer tout de suite, en tout cas,
pas avant l'échéance des bons, mais la situation inverse peut se
produire. Les bons existants et les obligations existantes pour dix ans ou
vingt ans, quelque chose comme
cela, dans les municipalités ont un montant
d'intérêt quelconque qui peut être supérieur ou
inférieur aux intérêts reçus par le gouvernement du
Québec sur ses investissements à une période
donnée, disons de dix ou quinze ans, c'est-à-dire qu'il y
a...
M. Léger: On est en train de me dire que...
M. Lincoln: Si le président n'a pas d'objection à
ce que vous répondiez vous-même, je suis tout à fait
d'accord.
M. Léger: Monsieur, allez-y donc!
Dans la situation actuelle, c'est-à-dire, si une
municipalité n'a pas recours au ministre des Finances comme
fidéicommis...
M. Lincoln: Fidéicommis.
M. Léger: ... les crédits pour rembourser la part
du gouvernement du service de la dette sont votés au budget du
ministère de l'Environnement par l'Assemblée nationale et nous
remboursons les municipalités qui nous fournissent les montants et les
échéances des remboursement, nous remboursons la journée
précise au moment des échéances.
Dans l'éventualité où une municipalité se
prévaudrait de l'article 104.1 du projet de loi, cela voudrait dire que
les crédits seraient toujours votés par l'Assemblée
nationale au budget du ministère de l'Environnement, qu'un chèque
irait du ministère de l'Environnement au ministre des Finances, en
fonction des dates d'échéance que nous auraient fournies les
municipalités et que le ministre des Finances rembourserait directement
l'agent payeur pour cette part du service de la dette et qui est celui du
gouvernement qu'il s'est engagé à rembourser en vertu des
protocoles. En d'autres mots les montants s'achemineraient d'une façon
différente mais aux mêmes échéances dans la
première option ou dans la deuxième. La première
étant l'option qui est celle de la situation existante
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser une dernière question
avant de finir le sujet? Le protocole vous engage à ce remboursement
pendant toute la période du protocole c'est-à-dire pendant vingt
ans et rien ne peut changer, c'est-à-dire qu'on ne peut pas changer
cela. Je suis malheureux que mes collègues ne soient pas ici. Eux, ils
pensent qu'il y a un problème au point de vue des municipalités
et comme je ne suis pas qualifié pour discuter d'une façon
étendue, n'étant pas dans le système municipal et
n'étant pas assez connaissant, j'ai envie de poser ces questions, parce
que je sais que cela les tracasse. Ils pensent que, par exemple, si vous avez
un investissement que la municipalité a dû faire sur une
échéance d'une vingtaine d'années, que la politique du
gouvernement pourrait changer si les taux d'intérêt devaient
être défavorables aux municipalités, que le gouvernement
pourrait changer ses politiques et que la municipalité pourrait rester
avec un investissement, disons avec un très fort taux
d'intérêt. Les politiques du gouvernement changeraient pendant les
vingt ans où les municipalités auraient à continuer
justement à payer ces obligations à un très fort taux
d'intérêt tandis que le gouvernement ne rembourserait
peut-être pas le taux total d'intérêt.
M. Léger: Si je comprends bien votre question, vous voulez
dire par là que, quand le protocole d'entente se signe, le taux
d'intérêt est rendu, suppposons, à 17% et que trois ans
après il a baissé beaucoup et n'est qu'à 14%, alors
pourquoi la municipalité devrait payer 17% alors qu'elle pourrait
revenir négocier pour tomber à un prix moins fort. Ce n'est pas
cela?
M. Lincoln: Non, les municipalités émettent des
obligations pour une certaine période de temps. Disons - prenons des
chiffres arbitraires - que vous avez des obligations émises à 10%
par les municipalités et maintenant le gouvernement du Québec
veut obtenir de l'argent roulant à 15% ou 20% d'intérêt
parce que le marché d'intérêt est très haut,
à ce moment-là c'était favorable - on peut payer les
municipalités, les échéances, il n'y a pas de
problème - mais le cas contraire pourrait se poser où le taux
d'intérêt pourrait peut-être descendre beaucoup plus bas sur
les investissements que sur les échéances qui sont dues. Est-ce
qu'une municipalité pourrait se trouver dans une dizaine d'années
- quand on parle de cela c'est toujours aujourd'hui -avec son investissement
à 10% ou 12% et que le gouvernement du Québec dise non, le taux
d'intérêt est descendu sur votre capital, on vous paiera le taux
d'intérêt sur le marché qui est de 8% et vous ferez la
différence vous-même. Je sais que c'est une question qui a l'air
un peu farfelue mais mes collègues pensent que c'est une
réalité et ils insistent là-dessus.
M. Léger: Je pense que tout le monde est dans le
même bateau, les municipalités et le gouvernement. Les taux
changent mais, nécessairement, quand il y a un protocole d'entente qui
se signe pour vingt ans, il se peut qu'il y ait deux à trois ans
où le taux sera plus élevé sur le marché que le
taux qu'ils paient et deux à trois ans plus bas. Il y a des avantages et
des désavantages que les deux ont, mais cela c'est l'avantage d'avoir
des meilleurs taux à long terme, ce
sont quand même des choses à long terme et c'est toujours
meilleur marché qu'un taux à court terme. S'il y avait un
désir des deux côtés ou avec le prêteur de racheter,
parce qu'il serait avantageux de recommencer un autre projet, c'est à
l'avantage autant du Québec que des municipalités de le
faire.
M. Lincoln: Écoutez, on va laisser passer cela pour le
moment. J'espère que mes collègues viendront, parce qu'eux, c'est
une question qui les tracasse beaucoup. Peut-être que je me suis mal
exprimé mais peut-être aussi... Le député de Groulx
va arriver... (12 heures)
M. Léger: Ils ont besoin de venir assez tôt, parce
qu'on en est à un article et il est déjà midi.
M. Lincoln: Je comprends.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais apporter une toute
petite nuance à ce que j'ai dit hier en Chambre, en creusant davantage
pour me trouver un cas au ministère de l'Éducation du
Québec. C'est le seul qui est porté à notre connaissance
pour le moment, la commission scolaire de l'Achigan-Rawdon qui, effectivement,
a fait une émission il y a une dizaine d'années, se servant de ce
mécanisme, de telle sorte que le ministère des Finances, par la
voie de ce fidéicommis paie directement à l'agent payeur, sans
que cela passe par les coffres de la commission scolaire.
J'aurai à ce propos une remarque qui en est une
d'étonnement. Au fond, ce que nous demandent de faire les
municipalités, ce n'est pas de se qarantir du point de vue du
gouvernement. La demande initiale, quand elle est venue de la part des
commissions scolaires, venait non pas d'une exigence des commissions scolaires,
mais des agents payeurs.
Il faut se rappeler le contexte des années 1965, 1966, 1967,
1968. Le ministère était créé assez
récemment. Certaines commissions scolaires avaient même
éprouvé certaines difficultés de trésorerie. Et
c'étaient les agents payeurs, à l'époque, qui avaient
exiqé, des commissions scolaires que les fonds transitent directement
par le ministère des Finances, sans passer par la commission
scolaire.
Je dirai que lorsqu'un agent payeur a une telle exigence ou aurait une
telle exigence - ce qui est tout à fait théorique actuellement,
il n'y a pas d'agent payeur qui le demande; c'est une municipalité qui
demande que cela s'applique - cette municipalité, je dirais, en quelque
sorte, avoue qu'elle ne se fait pas confiance à elle- même, avoue
qu'elle n'est pas sûre de son trésorier dans dix ans, dans onze
ans, dans douze ans. Elle n'a pas confiance dans sa propre trésorerie,
puisqu'elle n'accepte pas d'avance que cela passe par son fonds
général pour être payé à l'agent payeur, mais
exige plutôt qu'on lui enlève cette part d'autonomie et qu'on
transfère cette autonomie municipale dans les mains du ministre des
Finances.
C'est un peu étrange comme approche. En tous les cas, je suis
porté à me poser des questions, à poser des questions aux
municipalités qui utiliseraient ce mécanisme.
Deuxième remarque et celle-ci est fondamentale. Les
municipalités nous font souvent la représentation que le
gouvernement a plus de chance d'acheter à meilleur compte que les
municipalités, même si la Commission municipale les aide en les
guidant dans le temps notamment et auprès de certains agents
prêteurs pour qu'elles fassent de bonnes affaires dans la vente. Mais le
gouvernement du Québec a, pour aider les municipalités,
créé la Société nationale, qui se charge
précisément d'emprunter pour les municipalités. C'est un
élément extraordinairement important dans la mécanique,
dans le fonctionnement de la Société nationale.
Enfin, pour ce qui a trait au contrat lui-même: les
inquiétudes de vos collègues, j'y réponds en
présumant de la nature même de la question. Au moment de la
signature du contrat, il y a, dans le contrat lui-même, un addendum qui
oblige le ministère des Finances à transiter ou à devenir
fidéicommis, de telle sorte que l'agent payeur est garanti par cet
addendum au contrat que jamais le ministère des Finances ne lui fera
faux bond. Et cela est notre responsabilité collective, comme membres de
l'Assemblée nationale, à moins qu'une année nous ne
votions pas de crédits. Et cela pourrait arriver, à moins qu'une
année -comme il est arrivée en Australie, on s'en souvient, il y
a quatre ou cinq ans - un gouvernement soit incapable de gouverner -cela n'est
jamais arrivé au Québec - qu'il ne soit jamais capable de verser
un douzième provisionnel. On sait par ailleurs que la constitution
permet au Conseil des ministres néanmoins de dégager, par voie de
mandat, des paiements.
Par cet addendum, si l'Assemblée nationale ne siégeait pas
pendant toute une année, il n'y aurait pas de budget; néanmoins,
l'agent payeur recevrait du ministre des Finances, par le biais du fonds
consolidé, les crédits requis pour que l'agent payeur puisse
rembourser les prêteurs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président. Je pense
que le problème que soulève le député de
Nelligan, à savoir que le gouvernement devrait emprunter pour les
municipalités de façon à abaisser le taux est assez
surprenant. En effet, le gouvernement du Québec - je pense bien que
l'Opposition aussi - désire améliorer si possible l'autonomie des
municipalités. Si on faisait cela, on réduirait par le fait
même l'autonomie des municipalités. Alors, je suis assez surpris
de voir que, d'une part, on veuille améliorer cette autonomie et que,
d'autre part, on désire faire en sorte que les municipalités en
ait moins. Je pense que le gouvernement dans ce sens est constant avec
lui-même en permettant aux municipalités d'emprunter
elles-mêmes et de rembourser ses emprunts -dans le cas du projet de loi
no 8 qu'on étudie ce matin - qui pourraient être plus
élevés que s'ils étaient faits par le gouvernement
à même les fonds de l'Etat.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président. Je pense que le
député m'a très mal compris. J'admets que je n'ai pas
expliqué la situation aussi clairement que j'aurais dû. Alors je
m'excuse, si c'est le cas. Ce n'est pas du tout mon intention de dire que j'ai
envie de suggérer que l'autonomie des municipalités soit
réduite ou que le gouvernement doit emprunter pour les
municipalités; ce n'est pas cela que j'ai dit du tout. Le projet de loi
dit qu'une municipalité peut demander que l'argent soit mis en
fidéicommis avec le ministre des Finances pour le remboursement des
obligations municipales. Je comprends la chose très très bien,
c'est très simple. Tout ce que j'ai demandé, c'est que, quand
vous faites une obligation municipale, cela dure plusieurs années,
n'est-ce pas? Est-ce que ce serait possible, que durant la période de
l'obligation - qui pourrait être dix ans, quinze ans, vingt ans - il y
ait une différenciation de taux sur la portion remboursable, sur la
portion de crédit pour la municipalité qui a à assumer
justement une portion de cet intérêt sur le pourcentage des
crédits, sur les 90%. C'est tout ce que j'ai demandé. Je n'ai pas
du tout suggéré ce que vous dites.
M. Tremblay: M. le Président. Mon intervention concernait
plutôt une autre remarque qui avait été faite auparavant et
qui référait à la déclaration du
député de Hull, et c'est dans ce sens qu'était ma
surprise, parce que le député de Hull connaît bien, et
s'est fait le défenseur dans le passé des municipalités et
de leur autonomie. Tout à coup, une fois ici à l'Assemblée
nationale, il demande que les municipalités - finalement dans les faits,
une fois qu'on a dépassé les déclarations de principe -
aient moins d'autonomie. C'est là ma surprise.
M. Lincoln: Écoutez, M. le Président, je ne pense
pas qu'on gagne quoique ce soit à discuter ce que le
député de Hull a dit à l'Assemblée nationale hier.
Je ne suis pas ici pour faire un débat sur ce qu'il a dit ou pas dit;
c'est malheureux qu'il ne soit pas ici pour donner ses vues. Je pense que nous
avons discuté du sujet qui m'intéresse. J'aurais voulu revenir
une dernière fois, voir avec vos experts si cette possibilité
existait, sur ma question, à savoir que les municipalités se
trouvent dépouvues sur une obligation à long terme. Si vous me
donnez une assurance que ce n'est pas le cas, nous sommes prêts à
procéder à l'adoption de ce projet de loi.
M. Léger: Ce que je peux dire au député va
répondre à sa question. Justement, non. Il n'y a pas de
problème de ce côté-là pour la municipalité.
J'ai un exemple que je vais vous soumettre d'une commission scolaire qui a
tenté d'utiliser - ça l'air qu'ils ne l'ont pas utilisé -
mais il y avait un document qui avait été préparé
pour la circonstance qui démontrait que telle municipalité pour 1
000 $ d'obligation portant intérêt à 11.5%,
échéance le 23 juin, s'engageait à rembourser tout citoyen
qui prenait une obligation de 1 000 $, à lui payer à toutes les
années un taux de 11.5% d'intérêt jusqu'au 23 juin.
Dans le cas qui nous touche, pour les municipalités, l'entente
veut que, si une municipalité a fait un emprunt à un taux X, la
partie que le gouvernement du Québec s'est engagé à
rembourser, admettons que c'est 90%, il va rembourser 90% au taux exact que la
municipalité devrait payer. Pour la municipalité, que le taux
augmente ou diminue sur le reste des obligations du Québec, cela n'a
aucun rapport avec son engagement. Le gouvernement du Québec la
rembourse à 100% pour la partie des 90% pour laquelle il s'est
engagé. Elle ne peut pas perdre d'argent ou en gagner de ce
côté. Elle est complètement couverte par le gouvernement du
Québec. Maintenant, si elle veut changer en cours de route, c'est une
autre question. Le gouvernement du Québec et les municipalités
sont ensemble, donc elles ne peuvent rien perdre de ce côté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Hyacinthe.
M. Dupré: Je considère, M. le Président, que
déjà il y a plusieurs ententes qui ont été
signées et il y a des travaux qui sont déjà
commencés, exemple dans Saint-Hyacinthe. Je me demande s'il y a des
sommes qui ont déjà été versées aux
municipalités et, si oui, de quelle manière la loi va
s'appliquer?
M. Léger: Vous voulez dire que s'il y a des
municipalités qui ont fait des travaux et qui veulent se
prévaloir de cette loi, elles peuvent le faire, mais ça partira
du moment où elles s'entendent avec le gouvernement.
M. Dupré: Pour les municipalités qui ont eu des
ententes de signées, qui ont commencé dans le...
M. Léger: Nous avons déjà commencé le
remboursement selon la méthode habituelle...
M. Dupré: Mais, maintenant, de quelle manière
est-ce que la loi va s'appliquer? Il va y avoir d'autres ententes?
M. Léger: Si elles nous demandent de le faire, on prendra
la procédure qui est marquée là.
Le Président (M. Boucher): Est-ce-qu'on est prêt
pour l'adoption de l'article 1? Article 1, adopté. Article 2,
adopté. Or, le projet de loi no 8, Loi modifant la Loi sur la
qualité de l'environnement est donc adopté sans amendement et je
prie le rapporteur d'en faire rapport à l'Assemblée nationale au
nom des membres de la commission. La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 13)