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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Gagnon): Le vendredi matin 2 avril, la
commission de la protection de l'environnement est réunie pour discuter
d'une question avec débat.
Sont membres de cette commission: M. Beauséjour (Iberville), M.
Blouin (Rousseau), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dupré (Saint-Hyacinthe),
M. Fallu (Groulx), M. Léger (Lafontaine), M. Lincoln (Nelligan), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Rodrigue
(Vimont), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants: M. Garon (Verdun), M. Champagne (Mille-Îles), M.
Desbiens (Dubuc), M. Gagnon (Champlain), Mme Juneau (Johnson), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Marx (D'Arcy McGee), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellet
(Beauce-Nord).
Le règlement qui s'applique à cette commission est
l'article 162A de notre règlement de l'Assemblée nationale. Le
député qui a convoqué la question avec débat a le
droit de parler 20 minutes au début et le ministre a un droit de
réplique de 20 minutes aussi. Chacun des deux peut intervenir aussi
souvent qu'il le souhaite, chacun avec un temps limité à 20
minutes pour chaque intervention. Les autres membres de cette commission
peuvent aussi intervenir autant de fois qu'ils le voudront mais avec une
enveloppe de temps de 20 minutes au total.
Je laisse la parole au député de Nelligan. Ce matin, la
question est la protection de l'environnement. M. le député.
Exposé du sujet M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, nous avons seulement deux
occasions de questionner le ministre quant à son travail concernant la
protection de l'environnement. Ce sont les crédits annuels où on
traite de matières techniques qui ont trait à des budgets de
dépenses du ministère. Il y a également la période
de questions en Chambre qui, à cause du temps toujours limité, ne
nous permet pas de faire des synthèses et d'approfondir des sujets -
nous sommes d'accord de chaque côté de la Chambre - de grande
importance pour tous les citoyens du Québec.
C'est pourquoi nous avons choisi aujourd'hui de venir ici faire un
débat de fond avec le ministre et ses associés sur toutes les
questions qui nous préoccupent principalement sur l'environnement. Le
sujet est tellement vaste que nous ne pourrons malheureusement aborder que
certaines de ces questions. Mais nous sommes disposés à revenir
le plus souvent possible pour faire ce débat de fond avec le ministre
parce que nous pensons qu'il est essentiel que la population du Québec
sache ce que fait le ministre, ce que sont ses responsabilités dans le
domaine de l'environnement. Or, nous pensons que dans des sujets clés,
des sujets essentiels, le ministre a abandonné ses
responsabilités dans le domaine de l'environnement. C'est certain que le
feu sacré qu'il avait en 1976, à sa nomination comme ministre, a
été atténué à ce point qu'on se demande
parfois s'il est présent dans certains dossiers de l'environnement.
Est-ce que ses ambitions se résument à son poste d'organisateur
politique, un travail qui doit demander un temps considérable, ou
à son objectif premier de la souveraineté du Québec, ou
encore à se faire élire au Parlement fédéral? Nous
remarquons que, de plus en plus - je ne dis pas cela à la rigolade; je
dis cela avec tout le sérieux possible - il y a, dans plusieurs dossiers
de l'Environnement, des failles qui nous préoccupent beaucoup.
Je ne devais pas commencer par la question des déchets toxiques,
parce que nous avons fait le point là-dessus plusieurs fois avec le
ministre sur la question de Stablex; mais je vais le faire quand même et
vous dire que ce qui manque encore et qui a toujours manqué dans la
politique du ministère, c'est une politique d'ensemble qui
réunirait tous les grands agents présents dans la question des
déchets toxiques, soit les industries qui polluent, les
municipalités, les sociétés de l'environnement et de la
protection de l'environnement, les sociétés
bénévoles, tous les citoyens qui y sont impliqués. Il
faudrait faire une action coopérative pour arriver à une solution
globale de ce sujet, tandis qu'on a fait des actions improvisées.
On a bâti Stablex. C'est un projet louable en soi et nous l'avons
admis plusieurs fois, mais nous contestons toujours et encore d'avoir
bâti cette usine sur une des nappes d'eau les plus importantes du
Québec, malgré les recommandations de tous les organismes
environnementaux et écologiques et les
conclusions du bureau des audiences publiques. Nous avons des
problèmes avec les BPC à Shawinigan-Sud et à Saint-Basile.
Le promoteur a même indiqué qu'il avait des problèmes
à faire valoir son idée, ses entreprises et sa technique
scientifique. Il y a eu surtout, récemment, le gros problème, le
problème grave qui a surgi dans toute la région de la ville de
Mercier. Le temps m'a manqué en Chambre - et ce n'est pas l'endroit en
Chambre parce que nous n'avons pas le temps de discuter de ces questions
à fond - pour parler de la question de la ville de Mercier et de
Sainte-Martine. J'ai posé la question deux fois cette semaine au
ministre et deux fois il m'a répondu. La première fois, il m'a
dit: Je dois lui dire cependant qu'il affirmait que les citoyens buvaient de
l'eau contaminée, ce qui n'est absolument pas le cas. Il y a des normes
au ministère qui touchent la qualité esthétique. Toutes
les analyses démontraient que l'eau que les gens buvaient à ce
moment-là dans la région n'était pas
contaminée.
Je reviens à la charge et il me répond le même jour,
la seconde fois: "M. Le Président, il est faux, encore une fois, de dire
que les citoyens buvaient de l'eau contaminée. Vous avez bien beau
vouloir faire peur aux gens et sortir n'importe quelle affirmation, c'est faux.
Vous pouvez dire ce que vous voulez, ça ne vous donnera pas plus de
popularité." Je n'en cherche pas.
Plus tard, le jour d'après, on revient à la charge - mon
collègue de Huntingdon a des familles concernées dans son
comté - et il me répond encore une fois: "Jamais il n'y a eu de
gens dans cette région qui ont bu de l'eau contaminée." Et,
enfin, il me dit: "Je dois lui affirmer que ce document, le rapport technique
dont je lui ai parlé, le rapport d'Hydrogéo Canada qui faisait
question de la chose, je dois lui affirmer que ce document est tellement
technique que le député de Nelligan ne l'a pas compris." Merci
beaucoup.
Entre autres, on dit dans ce document que les normes de qualité
esthétique d'eau seront de deux PPB. Ce sont des normes concernant le
goût et l'odeur de l'eau.
M. le ministre, peut-être que je ne suis pas trop malin,
peut-être que je ne comprends pas le français, mais moi aussi,
j'ai lu le rapport - il est devant moi - et c'est un rapport très
étendu, c'est un rapport technique soit, mais il y a aussi des
compétences techniques que je peux consulter qui me disent la même
chose que ce que je lis moi-même. Ce ne sont pas des imbéciles, ce
sont des ingénieurs, des biologistes, des chimistes. Ce n'est
peut-être pas garanti, mais le fait est que le rapport dit ceci: "Le
front de concentration de 15 microgrammes-litre se trouve maintenant à
moins de un kilomètre de Sainte-Martine et englobe les rangs de
Saint-Jean-Baptiste et Grande-Ligne. Deux utilisateurs du rang Grande-Ligne,
nos 52 et 82, boivent de l'eau avec des concentration en phénol de 20,
86 milligrammes au litre.
Je dis au ministre: Est-ce que c'est là l'eau qu'il boirait
lui-même? Est-ce que ce n'est pas de l'eau contaminée? Ce rapport
dit, en plus: "L'étendue de la contamination a été
tracée seulement pour le périmètre
échantillonné. Au sud, le fond de l'enclave peut très bien
s'étendre plus avant, vers Saint-Urbain - en fait, cela a
été prouvé -car les zones de gravier du bas du roc
s'étendent encore plus loin vers le sud-ouest."
Il dit encore plus loin: "La contamination a déjà atteint
le rang de Saint-Jean-Baptiste, au nord-ouest, et celui de Grande-Ligne, au
sud, où les consommateurs boivent de l'eau contaminée". Je le
répète, M. le ministre: "où des consommateurs boivent de
l'eau contaminée". Et il donne les références des rangs.
"La progression se fera rapidement, au cours de l'année, pour atteindre
les puits de Géant Vert et de Sainte-Martine." En fait, ils disent que
pour sûr cela atteindra Sainte-Martine au début de 1982.
Peut-être que le ministre voudrait aller chercher son dossier
lui-même. "Au fur et à mesure que le temps passe, dit le rapport,
les opérations seront de plus en plus coûteuses quand la
contamination s'étendra de plus en plus loin." Est-ce clair ou non? "La
vitesse apparente moyenne de propagation de phénol de 15 microgrammes
par litre et de 450 mètres par année atteindra Sainte-Martine au
début de l'année 1982. Les utilisateurs habitant les nos civiques
82-52-82 du rang Grande-Ligne boivent de l'eau polluée à divers
degrés, etc." "Les esters phtalates et le BPC trouvés dans l'eau
des utilisateurs habitant le no civique 42 de Grande-Ligne indiquent que ces
produits ont une grande mobilité dans le roc et qu'ils ne se limitent
pas au fond de concentration de 1000 microgrammes par litre de phénol,
etc."
Le ministre a ce rapport, qu'il avait commandé en automne 1980,
depuis février 1981. Que fait-il avec un rapport comme celui-ci? On est
durant la période des élections, il faut gagner les
élections et on s'occupe plus des élections que des citoyens de
là-bas qui boivent de l'eau polluée! On gagne les
élections, on est en réjouissance complète! En juillet, M.
le ministre fait une conférence de presse. Dans sa conférence de
presse, que dit-il? Il choisit de dire ces mots qui sont textuels: "II n'y a
pas de danger pour maintenant, mais il ne nous est pas possible de
prédire l'avenir avec certitude." Ce que le rapport faisait avec
certitude, il disait que l'eau contaminée allait atteindre
Sainte-Martine au début de 1982.
Maintenant, M. Jean-Pierre Rogel, dans
Québec Science - lui, il comprend le rapport - a publié un
rapport qui dit toutes ces choses. Il confirme ce qu'on a demandé au
ministre en Chambre. Peut-être que lui aussi ne sait pas lire.
Je demande au ministre: Pourquoi a-t-il attendu plus d'une année?
Il a publié des rapports, des articles dans les journaux, dont la
Gazette, la Presse, Québec-Science pour agir dans ce dossier, pour
prétendre la surprise que soudainement la contamination était
arrivée à Sainte-Martine, quand il savait ça
déjà depuis un an. Pourquoi a-t-il attendu tout ce temps pour
prendre des mesures qu'il dit maintenant permanentes, il dit ça en se
vantant: Le gouvernement du Québec va verser 1 300 000 $ ou 1 ZOO 000 $
pour une station permanente qui sera finie en juin, juillet 1982. Il est
très fier. Il annonce ça comme une très grande
nouvelle.
Je lui demande pourquoi n'a-t-il pas fait la même chose en
février ou mars 1981 quand il le savait pertinemment. S'il avait fait
cette installation permanente en mars 1981, elle serait terminée en
juillet 1981 et les gens de Sainte-Martine, de Saint-Urbain, de
Saint-Jean-Baptiste et de Granby n'auraient pas bu de l'eau contaminée,
certains d'entre eux pendant une année. Maintenant, il est obligé
d'envoyer des camions-citernes d'urgence pour approvisionner des gens en eau
potable. Je crois que c'est un scandale grave. Je demande au ministre comment
il a pu passer une année à faire de la grande politique
fédérale, pendant que ces gens buvaient de l'eau polluée.
Pourquoi a-t-il le culot de me dire que je ne comprends pas un rapport et que
je dis des choses fausses? Je lui cite ce rapport. Je lui demande si ce rapport
est faux. Est-ce que cet article de Québec Science est faux? Est-ce que
l'article de Marsden dans la Gazette est faux? Est-ce que l'article de la
Presse est faux? Pourquoi n'a-t-il pas agi?
En mars 1981, pour prendre les mêmes mesures permanentes qu'il
fait maintenant qui vont être terminées dans six mois... les gens
auraient pu avoir alors une installation permanente en juin ou juillet
1981.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. M. le ministre.
Réponse du ministre M. Marcel
Léger
M. Léger: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier le député de Nelligan pour sa préoccupation dans
le domaine de l'environnement et pour avoir justement utilisé cette
question avec débat qui permet d'analyser, d'aller un peu plus en
profondeur dans des dossiers environnementaux. Comme il le disait tantôt,
ce n'est pas facile dans les périodes de questions de pouvoir le faire
sauf au cours de l'étude des crédits et encore, on a certaines
règles à suivre. Donc, je pense que c'est une bonne initiative.
Cela va nous permettre de clarifier certaines incompréhensions dans
certains dossiers qui sont mis de l'avant. Je voudrais tout d'abord lui dire
entre autres que le ministère de l'Environnement, qui a
été créé il y a quelques années, est
maintenant rendu à une étape où il peut, de plus en plus,
grâce à sa régionalisation, être proche des citoyens,
proche des personnes qui ont besoin de ses services. Il apporte donc à
la population des services beaucoup plus adéquats qu'il ne pouvait le
faire avant cette régionalisation. C'est donc dire qu'il est de plus en
plus possible aux citoyens de venir réclamer des services et, comme la
préoccupation environnementale est de plus en plus grande, nous pouvons
dire qu'ils sont de plus en plus alertés et de plus en plus en contact
avec les fonctionnaires du ministère de l'Environnement.
Concernant les dossiers dont le député a commencé
à parler aujourd'hui, je voudrais lui dire - il a parlé des
déchets toxiques -qu'il serait très important qu'on
établisse l'ensemble de la perception que le ministère a et
quelle est la politique du ministère concernant le problème des
déchets industriels, déchets toxiques ou déchets
dangereux. Une chose est certaine, c'est que, selon les médias
écrits ou parlés, on ne voit que certains aspects des gestes qui
sont posés. Il est assez difficile pour les médias de voir
l'ensemble des efforts qui sont faits et quelle est la volonté politique
derrière les gestes qu'on voit d'une façon sporadique.
Je dois dire que la politique que j'ai mise de l'avant concernant la
gestion des déchets industriels demandait et exigeait au départ
qu'on doive, au Québec, changer d'approche concernant le contrôle
et la gestion des déchets industriels en ce sens qu'on doit s'assurer
que tous ceux qui sont des producteurs de déchets industriels doivent se
sentir responsables de leur élimination, soit une élimination
dans leurs propres industries par une récupération ou par un
recyclage dans ces mêmes industries, soit par l'obligation qu'ils ont de
s'assurer que l'élimination de ces déchets va se faire à
des endroits acceptés par le gouvernement et sous contrôle, de
façon qu'on ne retrouve partout dans la nature des déchets
industriels parce que des producteurs auraient été
irresponsables. Nous allons donc nous assurer d'une élimination
adéquate et cela a un prix pour l'élimination des déchets.
Nous allons permettre aussi à l'industriel d'avoir un choix et une
évaluation des coûts réels d'élimination, ce qui va
le diriger inévitablement vers la récupération des
résidus à leur source et leur recyclage.
Donc, dans le cadre de cette politique, il y a des actions ponctuelles
qui ont dû être posées, soit l'implantation d'usines
d'élimination et la préparation de modifications à la
réglementation actuelle pour assurer un contrôle plus
sérieux et plus sévère de la circulation des
déchets dangereux et une évaluation des divers
procédés industriels existants quant à la production des
déchets. Donc, on a commencé par se dire qu'il y a au moins trois
types de déchets industriels dont on devra faciliter
l'élimination, si possible à la source et, si ce n'est pas
possible, au moins qu'il y ait un minimum de site pour cela. Il y a donc les
déchets organiques et les déchets inorganiques, ainsi que les
déchets PCB. Pour les déchets inorganiques, ceux qui ne
s'enflamment pas, nous avons donc décidé de déterminer un
endroit qui pourrait être choisi, qui permettra en même temps de
répondre aux préoccupations des citoyens de tout le Québec
et de satisfaire aux exigences de l'environnement pour les citoyens qui
demeurent dans les environs.
Nécessairement, comme le député le sait fort bien,
quand on veut implanter un site d'élimination des déchets, tous
les citoyens sont d'accord pourvu que ce ne soit pas chez eux. Il faut donc
essayer de trouver des réponses à ces
préoccupations-là et aussi des réponses à des
groupes alarmistes qui peuvent sortir toutes sortes de fantaisies et qui
créent souvent une mauvaise compréhension du dossier. Le dossier
Stablex en a été un exemple. On s'en est servi à toutes
les sauces, pour différentes fins politiques, locales et autres, pour en
faire un bouc émissaire. Heureusement, nous avons réussi à
donner des séances d'information et à communiquer avec la
population. Le fait que la loi permettait qu'il y ait des études
d'impact, suivies d'audiences publiques, nous a permis de sensibiliser la
population et de la faire prendre partie à la décision. Cela ne
veut pas dire que tout ce qui est dit dans une audience publique est
nécessairement complètement exact. Il y a nécessairement
des exagérations et le bureau d'audiences publiques est là pour
aller chercher la vérité derrière toutes les affirmations
qui peuvent sortir. (10 h 30)
Et, finalement, le ministère a donné des réponses
à la grande majorité des réclamations. On peut dire que ce
fut une implantation heureuse puisque, sur les 5500 citoyens qui avaient
signé une pétition faussement présentée... Le
député se rappelle fort bien les fausses déclarations qui
avaient paru dans les journaux à ce moment-là et même dans
la pétition où l'on affirmait des choses complètement
fausses. On faisait allusion à Minamata et aux dangers des
différents problèmes mondiaux qu'il y a eu, alors qu'on n'avait
aucunement raison de le faire. On a même fait une étude
hydrogéologique supplémentaire du sol qui a confirmé,
aussi bien avec la présence des représentants du Québec
que des représentants du fédéral, que c'était un
sol acceptable et qu'il n'y avait aucun danger de contamination dans le sol. En
plus de cela, comme ce procédé était neutralisé, il
neutralisait les déchets et il n'y avait aucune conséquence.
Ce dossier est passé par toutes les étapes d'information,
d'études d'impact, d'études plus approfondies sur la
qualité des sols pour finalement aboutir à une audience publique
et à une décision gouvernementale qui a permis aux citoyens de la
région d'être des plus heureux. Quand il s'est agi d'avoir un
minimum de 500 personnes parmi les 5500 signataires du début, il n'en
est venu que 300. C'était tout simplement la fin du noyau de
résistance, puisque les gens avaient compris que ce projet avait
apporté des avantages énormes, comme la boucle de l'autoroute
pour les citoyens de l'endroit, comme des investissements de près de 18
000 000 $ qui amènent une diminution possible de taxes pour le
contribuable, puisque plus on attire de gens qui contribuent à
l'impôt foncier, plus cela permet aux citoyens d'avoir des avantages.
Je voudrais terminer sur cet aspect en parlant des déchets
organiques. Nous avons demandé à une compagnie de s'occuper de
nous présenter une étude d'impact sur les déchets
inorganiques pour l'élimination. Nous n'avons pas encore reçu le
rapport de cette étude d'impact. Quand nous la recevrons, nous serons en
mesure d'avoir des audiences publiques pour passer par le même
procédé.
Finalement, en ce qui concerne les BPC, c'est la même chose; nous
avons un entreposage et nous avons donné des permis d'entreposage. Je
pense que le député va revenir là-dessus tantôt,
j'attendrai ses questions sur ce domaine. Je voudrais cependant répondre
en ce qui concerne le domaine de l'alimentation en eau potable dans la
région de la ville de Mercier. Je dois dire que depuis longtemps nous
suivons ce dossier de très près et, contrairement à ce que
le député disait, soit que nous n'avons pas consulté ou
n'avons pas donné de nouvelles, que nous n'avons pas donné de
renseignements aux citoyens et aux municipalités, je dois dire que
depuis plusieurs années nous sommes en communication étroite avec
les municipalités sur les problèmes qui s'en venaient. Cela fait
longtemps que tous les gens là-bas savent qu'il y avait un
problème latent en dessous de la terre. Je voudrais faire rapidement un
résumé de ce qui s'est passé. De 1968 à 1972, la
compagnie La Salle Oil Carrier avait eu un permis du gouvernement de
l'époque - en 1968, c'était l'Union Nationale, en 1972,
c'était le Parti libéral qui étaient
les responsables dans ce temps-là - pour déposer 45 000
000 de litres de déchets liquides dans les lagunes de Mercier, sans
faire l'étude hydrogéologique, comme on aurait dû le faire
et comme nous le faisons, nous, depuis que nous sommes les responsables. En
1972, le gouvernement du Québec a fait construire à ses frais un
aqueduc sur une partie du territoire de la ville de Mercier où les puits
sont contaminés. En 1975, le gouvernement du Québec
défraie les coûts de pompage des déchets de lagunes,
travaux faits par Tricil. En 1977, j'ai émis une ordonnance pour qu'on
élimine les déchets non pompables. Tricil les a
éliminés pour un prix de 2 000 000 $, dépensés
à ses frais, travaux terminés en 1980. Hydroqéo Canada
nous a donné un rapport concernant l'ampleur de la contamination de la
nappe et son évolution.
À la suite de ces études, contrairement à ce que le
député disait tantôt, quand ils ont fait l'étude,
ils ont déterminé par des analyses qu'il y avait à un
moment donné un dépassement des normes d'esthétique et non
pas des normes de santé, et lorsqu'on parle de normes
d'esthétique, c'est quand même des normes quand je calcule deux
PPB, ce sont des normes relatives au qoût et à la saveur, mais il
y a des moments où cela a dépassé cette norme-là de
beaucoup, mais pas au niveau de la santé des citoyens. Dès que
nous avons eu ce rapport, au lieu de le crier sur les toits pour alarmer les
citoyens, nous avons immédiatement fait nous-mêmes d'autres
analyses, d'autres études, et c'est à ce moment-là qu'on a
vu que c'était revenu en bas de la normale.
Ce n'est pas parce qu'un rapport peut donner un montant plus
élevé, qu'il n'a pas encore dépassé les normes de
santé qu'on doit dire que c'est final. Il faut tout de suite en faire un
autre parce que c'est toujours variable, parce que ce n'est jamais
concentré dans l'eau à moins que l'on tombe directement dans un
noyau de concentration. Ce n'est jamais concentré, il faut toujours
faire plusieurs analyses et c'est une moyenne de résultats qui nous
permet d'évaluer la situation; c'est pour cela qu'on savait qu'il y
avait un danger, que tôt ou tard cela arriverait. C'est pour cela qu'en
tout cas à l'été 1981, j'avais donné une
conférence de presse dans la région pour que les gens sachent
qu'il y a un problème dans le sous-sol, que tôt ou tard cela
devait venir, et que nous étions pour mettre un système de
contrôle et de surveillance pour les renseigner à tous les jours
s'il y avait une progression de ce côté-là.
J'en ai fait une autre en 1982, en février, leur disant que
c'était imminent, qu'on était à quelques kilomètres
de Sainte-Martine; donc, les gens étaient avisés. J'ai même
eu des rencontres avec les municipalités demandant au maire de
préparer des plans et devis pour qu'on soit prêt. Les gens ont
dit: Qui va payer? La question n'est pas qui paie. D'abord, l'alimentation en
eau potable, il ne faut jamais oublier que c'est une responsabilité
municipale d'abord; le gouvernement est prêt à faire sa part,
d'ailleurs on la fait en permettant justement de faire les études
techniques, de s'assurer du contrôle des puits qui sont actuellement
utilisés et qui amenaient une sorte d'aspiration de ce noyau d'eau
contaminée dans le sous-sol, et nous contrôlions chacun des puits,
et nous contrôlions la quantité qui était sortie. C'est
à ce moment-là, lorsque la nappe d'eau de Sainte-Martine
était atteinte, que nous avons exigé d'arrêter
complètement l'utilisation de l'eau. C'est pour cela qu'on a
trouvé et les solutions immédiates, urgentes, temporaires, et les
solutions à long terme.
Je laisse au député le soin de continuer. Je vais, par la
suite, essayer de répondre à d'autres occasions avec d'autres de
mes collègues qui ont des choses à dire là-dessus.
Argumentation M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Je crois que j'ai situé très bien le
dossier. Le ministre est en train de nous emberlificoter encore dans des
romances. Parce que si je lis bien le français, on ne parle pas
d'esthétique de l'eau, on parle des utilisateurs du rang Grande Ligne,
des nos 52, et 82, qui boivent de l'eau avec concentration en phénol de
20 et 86 microgrammes par litre. Je lui demande si c'est cela
l'esthétique de l'eau? Est-ce qu'il boirait cette eau
lui-même?
Lorsqu'on dit: La contamination - on parle de contamination, on ne dit
pas l'esthétique de l'eau - a déjà atteint le rang
Saint-Jean-Baptiste au nord-ouest et celui de Grande-Ligne au sud, où
des consommateurs boivent déjà de l'eau contaminée, ce
sont les rapporteurs qui disent cela... la progression se fera rapidement au
cours de l'année pour atteindre le puits de Géant Vert et de
Sainte-Martine. On donne la date où cela va atteindre Sainte-Martine: au
début de l'année 1982. Je demande ceci au ministre: Est-ce que
les gens qui ont écrit ce rapport et qui parlent de contamination,
Daniel Alain, ingénieur, Pierre Dufresne, ingénieur; André
Béland, ingénieur; Craig Neilson, hydrogéologue senior,
est-ce que ce sont des fous? Est-ce qu'ils disent contamination alors qu'ils
devraient dire des choses esthétiques? Ils apportent toutes sortes
d'échantillons techniques pour montrer qu'il y a de la contamination.
Alors, qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y en avait pas.
S'il y en avait, le ministre dit qu'en juillet il est allé faire
une déclaration; il a
dit: II n'y a pas de danger. Il avait des recommandations
spécifiques dans ce dossier qui n'ont pas été suivies.
Maintenant - c'est cela que je demande au ministre - il annonce aujourd'hui, en
1982, des mesures, d'abord en catastrophe, pour se servir de son tuyau qu'il a
déjà, et des camions-citernes, et ensuite des mesures permanentes
qui vont être en place en juin ou juillet.
Si quelqu'un est raisonnable, prudent, même si ce rapport n'est
pas tout à fait, disons, qu'il puisse discuter certaines de ces... mais
sûrement que quelqu'un regarde ce rapport, lit cela, et dit: Mais il y a
quelque chose qui ne va pas, il y a quelque chose de sérieux, il y a
quelque chose de grave s'il y a une contamination et que les gens boivent de
l'eau contaminée d'après un rapport que lui-même a
demandé de professionnels de première classe. Ce qu'il fait, il
fait quelque chose; il fait son même projet permanent de l'année
dernière et ce serait fini en juin, juillet de l'année
dernière, et ces gens boiraient de l'eau potable aujourd'hui.
Je vais citer une autre chose au ministre; il me dit que son service
régional, c'est formidable, qu'il s'occupe réellement de
l'environnement, qu'il est très près des citoyens. Il avait un
autre rapport. Il m'a dit que je confondais en Chambre l'air et l'eau. Je ne
confonds pas l'air et l'eau. Il y a un autre rapport, l'étude de 1979,
sur la pollution de l'air de l'usine Tricil. Il y a des gens qui ont
écrit au ministère de l'Environnement à Montréal,
Claire
Chartrand, Jacques Vallée, Michel Beaupré, le Regroupement
pour la protection de l'environnement de la santé à Mercier, qui
disent: Les émanations de cette usine de Tricil excèdent de
beaucoup les normes de la qualité de l'environnement. Qu'est-ce que vous
allez faire? C'était le 1er octobre 1981. Qu'est-ce qui arrive? Ils
reçoivent une lettre le 7. novembre 1981 du directeur régional
adjoint du ministre, M. Jules Roireau. Nous vous invitons donc à vous
documenter. Vous racontez des bêtises. Nous vous invitons donc à
vous documenter et à nous communiquer le plus rapidement possible les
situations de nuisance causées par cet incinérateur. Ils avaient
écrit trois pages de constatations. Il deviendra peut-être,
continue la réponse, approprié de procéder à un
nouvel échantillonnage des émissions de l'atmosphère. Les
plaignants avaient souligné que cela ne s'était pas fait pendant
des années. De même, leur dit-on, vous pouvez rejoindre
directement le responsable de l'incinérateur 24 heures sur 24 au
numéro de téléphone 691-9610. Ces mêmes responsables
sont intéressés à se rendre chez le plaignant afin de
vérifier la nature des nuisances pour y apporter le plus rapidement
possible les correctifs appropriés.
M. Roireau, directeur régional adjoint a aidé les citoyens
de cette façon. Il a dit! Allez à Tricil et allez faire cela
vous-mêmes. Les citoyens ne se laissent pas faire, ils font un
communiqué de presse. Ils s'adressent à SVP. Ils font tout un
tapage. Rien ne se passe. Ils écrivent encore au ministère, cette
fois à M. Léger, le 21 novembre 1981, et enfin, le 28 janvier
1982 - au ministère de l'Environnement, rien ne se passe très
vite, même quand les gens sont atteints par la contamination de leurs
plantes, de leurs produits maraîchers, des produits laitiers, de l'eau -
ils reçoivent une lettre sous pli recommandé qui est
envoyée à ce moment à Tricil pour lui dire: Objet: Avis de
correction. On demande à Tricil de faire un nouvel
échantillonnage. C'est signé par M. Florian Poirier. M. Poirier
aurait sûrement pu avoir fait cela depuis qu'il a entendu parler de ce
regroupement le 1er octobre 1981. Là encore, il se passe des mois avant
que toute action se pose.
En fait, ces gens avaient raison. On agit maintenant, mais toujours trop
tard dans les dossiers de premier ordre. Je ne veux pas relever la question de
Stablex, on en a discuté beaucoup, excepté en deux points. Le
ministre me dit: On a donné des réponses aux citoyens, mais si
c'est la façon de consulter les citoyens, si Stablex est le
modèle de consultation des citoyens, à ce moment, je suis bien
déçu pour les consultations à venir.
Vous dites que les gens qui se sont opposés à Stablex sont
des alarmistes. D'abord, ils ne se sont pas opposés au principe de
Stablex, mais au fait même que la construction de cette usine se fait sur
une des nappes d'eau les plus importantes du Québec. C'est cela qui
était le problème critique. Si vous appelez SVP et si vous
appelez STOP des alarmistes, je suis bien content de me joindre à ce
groupe d'alarmistes.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député.
M. le ministre.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je ne pense pas qu'on
puisse traiter STOP ou SVP d'alarmistes. Ce que je veux dire, c'est que, dans
les propos du député, quand il dit qu'il faudrait que tous les
rapports que le ministère connaît, entre autres, le rapport
Hydrogéo, on les rende publics il ne faut pas oublier une chose. Des
rapports techniques, cela prend des spécialistes pour les
interpréter et être capables d'expliquer les causes, les
conséquences ou la gravité d'une situation. Quand le
député emploie le mot "contaminé", je suis convaincu que
l'eau que le député vient de boire est contaminée, mais
à quel degré - seuil acceptable pour la
santé? Ne vous étouffez pas, je ne vous dis pas cela pour
vous étouffer. N'importe qui qui boit de l'eau la boit à un
degré X de contamination, parce que de l'eau complètement pure,
c'est très difficile à trouver. C'est pour cela qu'il faut
établir des seuils acceptables et des seuils en deçà
duquel l'eau a un meilleur goût, n'a pas de problème de senteur ou
de saveur. Dépassé 2 PPB, il se peut qu'il y ait des normes de
goût ou de senteur qui soient désagréables. C'est ce qu'on
appelle des normes esthétiques.
Les normes mondiales de la santé sont de 100 PPB. Le gouvernement
du Québec a décidé de rendre cela un peu plus
sévère et de les contrôler à un seuil plus bas. Nous
avons déterminé, nous autres, que rendu à 50 PPB, des
interventions devraient être faites, même si 100 PPB est un seuil
que l'organisme mondial de la santé a mis de l'avant. Mais, pour que
quelqu'un puisse s'empoisonner et en mourir, on me dit que cela prendrait
peut-être des milliers et des milliers de PPB et en prendre une
quantité énorme. Il y a un degré de contamination et c'est
jouer sur les mots que de dire que l'eau est contaminée. C'est pour cela
que je peux vous dire que l'échantillonnage, qui a été
pris en octobre 1980, par Hydrogéo, la plupart de ces résultats
étaient entre 0 et 10 PPB. C'était tout autour de la norme
esthétique, sauf deux, un à 42 PPB et un à 86 PPB. Celui
à 42 PPB est en bas du seuil de la norme du Québec et celui
à 86 PPB dépasse la norme du Québec, mais il est encore en
bas de celui de l'organisme mondial de la santé. C'est pour cela
qu'immédiatement après, quand on a vu cette norme, on a dit:
Est-ce une erreur ou est-ce exact? Nous sommes allés nous-mêmes
faire nos propres sondages, nos propres études, notre propre
évaluation d'échantillonnage et les normes étaient toutes
en bas du seuil acceptable.
De là à dire aux gens: C'est épouvantable, vous
buvez de l'eau polluée ou de l'eau contaminée, c'est ce que
j'appelle être alarmiste. Ce qui est important, c'est de trouver des
solutions. Les solutions, on les a trouvées, mais elles ne sont pas
toutes faciles. Il y a une solution sur le plan de l'alimentation en eau
potable et des solutions sur le plan de la correction de la cause qui est
là. Sur le plan de la cause, cela fait plusieurs années que des
sommes d'argent ont été investies par le gouvernement du
Québec et par la compagnie Tricil pour pomper les masses d'eau
contaminée dans le sous-sol des lagunes de Mercier. Sur ce plan, il y a
eu des efforts, des dépenses ont été faites. Nous avons
même donné un contrat à la firme SNC et à la firme
Foratek pour analyser la méthode pour pomper ce qui est le plus
difficile à aller chercher, parce que le plus facile a
déjà été enlevé. Pour ce qui est le plus
loin, ce qui est le plus difficile à aller chercher, nous avons
donné un contrat pour analyser comment on pourrait aller chercher la
totalité de ce qu'il y a dans le sous-sol et aussi la façon de le
traiter une fois qu'on l'aura sorti. C'est dans le but de corriger la
cause.
Mais, sur la conséquence, cela amène une absence de
qualité d'eau potable pour les gens qui puisaient soit par leur puits en
surface, soit pour ceux qui étaient alimentés par cette nappe
d'eau phréatique. C'est pour cela qu'au moment où on se parle,
nous pouvons affirmer que, grâce aux camions-citernes que nous avons mis
là et grâce aux tuyaux temporaires que nous avons
transportés de L'Epiphanie à la ville de Sainte-Martine, nous
alimentons actuellement en eau de qualité les personnes qui ont
manqué d'eau au moment où c'est arrivé.
Est-ce que le député de l'Opposition ne peut pas admettre
que nous avons suivi ce dossier depuis le début, que nous avons
préparé, par Urgence-Environnement, des moyens d'intervention
dès que la catastrophe a été rendue à
Sainte-Martine, que nous avons avisé les maires, que nous avons
avisé les citoyens? Je pense que nous avions prévenu. On ne peut
pas tout corriger, parce qu'il y a des choses réellement difficiles
à corriger quand c'est rendu dans la nappe d'eau phréatique et
quand cela existe depuis près de quatorze ans. On essaie de corriger les
erreurs des gouvernements qui nous ont précédés qui
n'avaient pas les préoccupations qu'on avait. Je pense qu'on ne peut pas
affirmer que nous n'avons pas prévu ces choses, puisque, dès
qu'il y eu un manque d'eau potable, nous avions la solution de rechange aussi
bien sur l'aspect de l'approvisionnement immédiat que sur l'aspect de la
solution à long terme. Nous avons donc décidé de
dépenser 1 200 000 $ pour être le maître d'oeuvre et
redonner le plus tôt possible... Cela veut dire que, d'ici au 1er
juillet, il y aura une solution permanente pour tous les gens qui sont
là, sauf qu'il se peut qu'ils l'aient un peu avant, au mois de juin,
puisque nous allons brancher les personnes qui sont tout le long de cette
nouvelle conduite que nous amenons et, dès que ce sera
déjà implanté, il y en a qui seront branchés
immédiatement.
Je voudrais quand même répondre à une autre
question. Y a-t-il eu consultation de la population en 1975 pour installer
Chrysler dans la ville de Mercier? Je pense que non, il n'y en a pas eu. Est-ce
qu'il y a eu consultation pour installer l'incinérateur de la
Communauté urbaine de Québec au milieu de la ville Québec
en 1975? Je pense que non. Qui était au pouvoir à ce
moment-là, M. le Président? Le parti dont le député
fait actuellement partie mais, à ce moment-là, il n'était
pas là, ce n'est pas sa faute. Je dois lui faire remarquer que son parti
n'avait pas
prévu cette chose-là. Donc, aucune consultation pour
l'installation de Tricil dans la ville de Mercier, aucune consultation pour
l'incinérateur de la CUQ à Québec. Pour l'autoroute
Dufferin dans le quartier Saint-Roch, y a-t-il eu consultation des citoyens?
Non. Je pense que je prends le risque, mais un risque que je calcule normal, de
consulter les citoyens par la loi 69 qui permet d'avoir des études
d'impact pour connaître les conséquences d'un projet
environnemental et je fais participer la population par des audiences
publiques. C'est entendu que si je dis aux citoyens: Venez vous exprimer, c'est
parce qu'il y en a qui vont être pour et d'autres qui vont être
contre, mais je n'ai pas perdu ma responsabilité. Après avoir
écouté ce que chacun des groupes de citoyens aura dit, je suis
quand même celui qui sera obligé de prendre une décision.
Quand je prends une décision, j'essaie de la prendre de la meilleure
façon possible, et on sera jugé sur la façon dont on aura
pris nos décisions.
Je pense qu'on peut dire que le gouvernement qui nous a
précédés - je sais que le député
n'était pas dans ce gouvernement mais il fait partie de ce parti n'a pas
eu l'audace de consulter les citoyens tandis que nous, nous le faisons et je
vais le faire aussi bien pour les déchets inorganiques que pour tous les
projets d'envergure qui auraient des impacts sur l'environnement.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan, juste avant de vous redonner la parole, dans
les directives que j'ai données au début sur le
déroulement du débat, j'ai omis de mentionner qu'on
réservait les dernières vingt minutes des trois heures pour une
réplique de votre part et également une réplique du
ministre. Là-dessus je vous laisse la parole, M. le député
de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
faites de très beaux discours comme d'habitude et également en
Chambre, mais vous prenez peut-être les gens pour de grands naïfs.
Je peux vous assurer que je ne suis pas un grand naïf. D'abord, ce qui
s'est passé du temps des libéraux, je suis prêt à
l'accepter et je ne pense pas qu'on soit là pour faire le procès
des libéraux d'avant. Ce qu'ils ont fait, ils l'ont fait, c'est de
l'histoire et l'histoire jugera. Quand ils ont commencé la protection de
l'environnement, peut-être qu'ils ont fait de bonnes choses,
peut-être qu'ils ont eu de bonnes intentions, peut-être qu'ils ont
fait beaucoup de bêtises, ça, nous sommes tout à fait
d'accord. Moi, je suis dans le présent, je suis dans l'Opposition
actuelle au Parti québécois, je ne suis pas dans l'Opposition
avec Goldbloom, alors ça ne m'intéresse pas de discuter de
ça. Je discute du présent et de l'avenir.
Ce que je discute c'est que vous, vous êtes en train de me faire
croire que ce rapport-ci est peut-être un rapport qu'on prend d'une
façon alarmiste. Je vous ai cité des passages, alors, là,
je vais vous citer un autre passage parce que vous semblez ne pas l'avoir lu.
Moi, je l'ai lu, je ne sais pas si vous l'avez lu: "Seulement deux
échantillons ont indiqué des concentrations inférieures
à 2 microgrammes par litre, norme d'eau potable." Alors, ils disent ce
qu'est la norme d'eau potable, 2 microgrammes par litre. Par conséquent,
le seuil d'évidence de pollution a été fixé
à 15 microgrammes par litre pour la région. Vous admettez
ça, vous-même, boire de l'eau avec une concentration en
phénol de 20,86 milligrammes par litre? Je vous demande: Est-ce que vous
buvez cette eau-là? Vous me dites: Je bois de l'eau contaminée
moi-même. D'accord, nous buvons tous de l'eau contaminée, mais
là on parle d'eau polluée à divers degrés, d'eau
contaminée. On parle de contamination, on parle de quelque chose qui
n'est pas normal. Vous croyez que si c'était normal, ces gens-là
auraient pris la peine de faire un rapport de cette taille et que
vous-même vous auriez pris la peine de demander ce rapport? Ce que je
veux vous dire, c'est que ce que vous avez fait aujourd'hui avec vos
camions-citernes et vos urgences en catastrophe, en mars 1982, après que
les journaux aient fait tout un tapage et tout ça, vous auriez pu le
faire en mars 1981 après l'étude de ce rapport. Vous auriez pu
verser vos l 300 000 $ dans ce projet. Peut-être que cela aurait
coûté moins cher, d'après ce que le rapport a dit, et faire
votre tuyau permanent à ce moment-là, cela aurait
été de la prévention plutôt que des actions en
catastrophe.
Je vous ai également démontré comment votre
département régional se préoccupe tellement de
l'environnement que depuis 1979, il a un rapport sur les particules d'air qui
polluent les produits maraîchers, les produits laitiers, etc., dans la
région et rien ne se fait à ce sujet. C'est seulement
aujourd'hui, en 1982, que votre département prend des actions contre
Tricil malgré que les citoyens aient écrit au conseil
régional et qu'ils se soient fait envoyer une lettre des plus ironiques
et des plus cyniques. Vous avez parlé du conseil régional comme
étant la solution à tous les problèmes. Je vais vous dire
que votre propre Conseil consultatif de l'environnement est venu à la
conclusion qu'un conseil régional de l'environnement, même si
théoriquement est intéressant, ne serait pas la structure qui
répondrait aux aspirations et aux besoins actuels de la majorité
des
régions du Québec. À titre d'exemple, signalons que
les plus importants groupes environnementaux de la région de
Montréal et de Québec sont pour le moment satisfaits du
regroupement ad hoc qu'ils réalisent à l'occasion. Ils sont
conséquemment opposés à la création d'un
regroupement régional structuré.
L'autre jour, les inspecteurs municipaux ont eu une conférence.
M. Poirier est d'avis que la régionalisation d'un tel programme, son
programme de formation technique des inspecteurs municipaux,
équivaudrait à lui enlever toute sa substance, et, par voie de
conséquence, à le rendre inefficace, sans compter, dit-il, qu'il
perdrait l'appui du citoyen. C'est l'élément majeur. Sans cet
appui, l'inspecteur municipal de l'environnement ne peut rien faire. En fait,
ce que vous êtes en train de faire avec votre régionalisation
à outrance, c'est bien beau politiquement mais au point de vue de
l'environnement régional dans tout le Québec, vous êtes en
train de tuer l'initiative des sociétés bénévoles
écologiques et environnementales.
Ce n'est pas étonnant en fait, et vous devriez vous poser la
question. Comment se fait-il que SVP, que FAPEL, que STOP, que toutes les
organisations environnementales de premier ordre soient contre la
régionalisation? Maintenant les inspecteurs municipaux et votre propre
Conseil consultatif de l'environnement vous disent que c'est de la folie et
d'arrêter votre affaire. Je vous donne un petit exemple. Il fut un temps
où vous aviez l'équipe de la qualité de l'air, un service
qui était sous la direction de M. Laval Lapointe. Il y avait des
spécialistes dans toutes les matières, par exemple, les
pâtes et papiers, les raffineries de cuivre, des domaines
spécialisés. Là vous avez désagrégé
cette équipe, vous les envoyez en région comme
généralistes. Ce qui arrive c'est que les mouvements
bénévoles qui s'appuient, qui sentent chez les techniciens...
À l'environnement, il faut des techniciens, il faut des gens à la
base, à Montréal, à Québec, dans les grands centres
qui puissent appuyer tous les grands mouvements environnementaux et
bénévoles. Et, si vous ne les appuyez pas d'une organisation
centrale qui a des techniques compétentes parce qu'on n'en a pas
tellement, vous êtes en train de détruire tout cela. Vous
êtes en train d'envoyer en région des gens qui font le travail que
des bénévoles faisaient à la base parmi les citoyens,
beaucoup plus efficacement avant.
Une voix: Pour éviter que les groupements crient.
M. Lincoln: Vous pourrez me répondre dans quelque temps.
En tout cas, je voudrais passer à un autre sujet.
M. Léger: Le député devrait quand même
nettoyer juste ce qu'il vient dire avant de s'embarquer donc d'autres
sujets.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: D'accord?
M. Lincoln: Je vais nettoyer. Nettoyer cela, c'est un mot, je ne
sais pas?
M. Léger: Quant à être dans la
dépollution, nettoyons.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre vous avez la
parole.
M. Marcel Léger
M. Léger: Comme j'ai beaucoup d'amitié pour le
député de l'Opposition, parce que je sais qu'il est
réellement intéressé à l'environnement et qu'il
veut améliorer la situation, c'est malheureux ce qu'il vient de dire,
parce qu'il a fait une erreur flagrante. Je dois dire qu'il a mêlé
deux dossiers et il y a réellement une confusion. Je dois clarifier cela
pour qu'il ne fasse plus les mêmes erreurs par la suite. Juste sur un
point, parce que sur le reste, je suis d'accord, il a raison de s'alarmer sur
plusieurs sujets. Il faut répondre à cela. Mais il a
mêlé les Conseils consultatifs de l'environnement avec les
régions. Cela n'a aucun lien. Le Conseil consultatif de l'environnement
- le rapport que vous avez lu tantôt - faisait une relation entre les
conseils régionaux de l'environnement qui sont des organismes de
citoyens bénévoles, tandis que la régionalisation de mon
ministère, ce sont des fonctionnaires payés qui sont dans les
régions. Donc, ce dont le Conseil consultatif de l'environnement parlait
et ce que nous a cité le député tantôt, ça
touche les deux conseils régionaux de bénévoles, un pour
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et l'autre pour la région de
la Gaspésie, Rimouski, etc., qui eux sont regroupés d'une
façon régionale, mais ce sont des groupes de citoyens
bénévoles. Le conseil consultatif me disait dans ce rapport qu'il
ne voyait pas, à moins que ce soient les groupes de
bénévoles qui veulent se mettre ensemble pour former une
région, l'obligation d'imposer des Conseils régionaux de
l'environnement. (11 heures)
C'étaient les conclusions du rapport. Mais cela ne touchait que
l'aspect des bénévoles. Le député a mal compris, il
a fait un lien avec la régionalisation du ministère alors qu'il
me présentait des lettres de M. Roireau, qui, entre parenthèse,
n'est plus au ministère de l'Environnement. Je ne dis pas qu'il y a un
lien avec ce qu'il a dit, mais, pour son information, il n'est plus là.
Les
fonctionnaires qui sont dans les régions permettent d'avoir des
équipes polyvalentes, proches des citoyens, proches sur le plan
physique, c'est-à-dire que c'est plus facile d'aller au bureau
régional pour expliquer ses problèmes à des fonctionnaires
que de toujours venir à Québec quand on était
centralisé. De même pour le fonctionnaire. Il est plus proche des
milieux pour comprendre la dynamique du milieu et y apporter des solutions plus
rapides, plus adéquates et qui tiennent compte de la dynamique du
milieu.
Concernant les initiatives de STOP, je ne pense pas que STOP et SVP
soient contre la régionalisation. FAPEL peut avoir une certaine
appréhension sur la question de la régionalisation; c'est tout
simplement parce que, dans sa philosophie, cette fédération
-l'Association pour la protection de l'environnement des lacs, qui regroupe
plusieurs associations de protection des lacs -veut avoir l'assurance que les
fonctionnaires chez nous soient toujours des gens imbibés de la
philosophie de la participation des citoyens. C'est pour cela qu'à
Montréal c'est demeuré un programme sous la direction d'un groupe
spécialisé là-dedans.
De plus en plus, par exemple, il y a des gens qui commencent à
s'apercevoir que, dans les régions, il y a des responsables qui ont
cette participation des citoyens dans leur philosophie de contact avec la
population et il peut y avoir des services un peu partout. Mais on peut dire
qu'à 98%, les gens de FAPEL vont à un endroit central. Il ne
s'agit pas de remplacer des bénévoles ni de priver les citoyens
d'études techniques, c'est simplement que cela continue dans les
régions, pour ceux qui veulent avoir l'utilisation des techniques et de
l'aide du ministère comme ceux qui préfèrent aller
à l'organisme central pour FAPEL, ils peuvent y aller. Ce qu'il faut,
c'est que notre structure soit capable de répondre aux besoins des
citoyens. Ceux qui veulent l'avoir en région peuvent l'avoir et ceux qui
veulent l'avoir au central vont au central. Il y aura toujours un seul
programme des lacs dans ce sens.
Je terminerais en disant de ne jamais oublier que le problème de
l'eau est d'abord un problème municipal. Trop souvent, le gouvernement
du Québec est obligé d'intervenir pour pallier des carences dans
le domaine municipal. On semble dire: Vous auriez pu intervenir avant. Pour
revenir à la ville de Mercier, c'est sûr que la région
aurait dû et que les municipalités auraient dû - puisque
c'est leur responsabilité -s'assurer de faire les études, les
analyses, les plans et devis pour un autre projet de conduite d'amenée
bien avant. Comme cela n'a pas été fait et qu'on l'avait
déjà demandé avant, nous, on ne peut pas faire autrement
que de dire: C'est urgent, il faut le faire tout de suite. Même que c'est
une responsabilité que nous prenons parce que nous pensons qu'il y a un
besoin dans les régions. C'est pour cela que nous avons consulté
les maires avant et c'est pour cela que je n'ai pas donné la
réponse la journée même que la question m'a
été posée. C'était le moment où on prenait
la décision et on consultait les maires là-dessus.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je vais revenir à la
question de régionalisation. Je comprends bien la différence
entre un conseil consultatif de l'environnement et des fonctionnaires qui vont
en région. Je ne me trompe pas du tout. Seulement, ce que je veux vous
dire, c'est que toutes les questions sont liées à toute la
question du principe de la régionalisation à outrance que vous
êtes en train de faire. Bientôt, si l'affaire avait
fonctionné, vous auriez des conseils consultatifs dans toutes les
régions, vous auriez de plus en plus des fontionnaires dans toutes les
régions.
Ce que je veux vous dire, c'est que le principe même de la
prévention, de la gestion du contrôle de la protection de
l'Environnement, c'est de se servir de tous les moyens d'appui des
sociétés environnementales, de tous ces gens, de tous les
citoyens qui sont impliqués dans l'environnement parce qu'ils y croient,
appuyés par une technique de base de premier ordre. Vous êtes en
train de la diluer, vous êtes en train de la diminuer.
M. le ministre, je vais vous lancer un petit défi. Les 6 et 7
avril, on aura des audiences publiques concernant la loi 55 sur
l'environnement. Il y aura STOP, SVP, toutes sortes d'organisations
environnementales. On va leur poser la question sur la régionalisation
et on va attendre la réponse. Je sais ce que sera la réponse. Ils
vont tous être là, on va le leur demander, on va les laisser
répondre. Ce sera bien intéressant de le savoir.
M. Léger: La question du député sur la
régionalisation; vous êtes contre le fait qu'il y ait des
fonctionnaires dans la région?
M. Lincoln: Je ne suis pas contre le fait qu'il devrait y avoir
des gens dans la région; peut-être un point de contact. Mais je
suis certainement contre la régionalisation que vous êtes en train
de faire. Je considère exagéré de
désagréger. Je vous ai nommé une équipe,
l'équipe de la qualité de l'air, qui n'existe pas centralement.
Mais je pense que c'est un point d'appui essentiel. Dites-moi que cela existe
alors!
M. Léger: L'équipe de la qualité de l'air
existe d'une façon centrale, c'est sûr.
M. Lincoln: Est-ce que cela existe?
M. Léger: II y a des contrôles qui se font dans la
région, mais le central, c'est lui qui détermine la
programmation.
M. Lincoln: D'abord, est-ce que vous pourrez me répondre
à ceci? Comparez l'équipe de la qualité de l'air et...
Dites-moi combien de spécialistes de première qualité vous
avez et à quoi cela ressemble aujourd'hui. J'aurais voulu que vous me
soumettiez la réponse plus tard si vous ne le savez pas maintenant. Je
comprends que ce sont des choses...
M. Léger: Le directeur des services était Laval
Lapointe...
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: ... qui a été
transféré à un autre endroit.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Léger: C'est maintenant M. André Harvey qui est
responsable. Il y a 25 personnes qui s'occupent de ce domaine.
M. Lincoln: Est-ce que vous avez les techniciens, les mêmes
techniciens que ceux que vous aviez avant? Est-ce que l'équipe de la
qualité de l'air est aussi importante à votre ministère
comme point central ou s'il y a beaucoup de ces gens qui ont été
envoyés en région?
M. Léger: II ne faut pas oublier une chose. Il y a la
programmation au central, la planification. Sur le terrain, cela provient des
régions qui vont faire des interventions plus près des gens. Je
ne comprends pas pourquoi le député de Nelligan serait contre le
fait qu'à Sept-Îles, il y ait des fonctionnaires capables
d'être près des gens, près des problèmes, capables
de donner des permis rapidement, capables d'analyser sur place ce qu'il faut,
qu'il y en ait au Lac-Saint-Jean et qu'il y en ait à Sherbrooke,
à Hull. C'est normal, mais ce sont des gens qui vont faire des analyses
sur le terrain, qui vont voir directement sur place ce qu'il y a. Mais tout
cela est coordonné par le central qui planifie et qui fait la
programmation concernant l'aspect de base et les interventions se font par
régions.
M. Lincoln: Ce que je veux vous dire, c'est que
vous-même... Pardon.
Le Président (M. Gagnon): M. le député, un
instant, si vous me le permettez! Comme je dois tenir compte du temps,
j'aimerais qu'on me demande la parole et cela va me permettre d'enregistrer le
temps.
M. Lincoln: Je m'excuse.
Le Président (M. Gagnon): Je vous donne la parole.
M. Lincoln: M. le Président, tout ce que je veux
souligner, c'est ceci. Vous-même, M. le ministre, quand vous êtes
arrivé au pouvoir et que vous avez été nommé
ministre, vous avez parlé des 6 000 000 d'inspecteurs de
l'Environnement. C'est ce sur quoi je veux revenir. Je pense que, les 6 et 7
avril, cela vaudra la peine de parler aux organisations environnementales et de
leur demander ce qu'elles en pensent. Je leur ai parlé et elles sont
très tracassées par toute la question de la
régionalisation.
M. Léger: Vous en avez parlé aux 6 000 000?
M. Lincoln: Non, ce n'est pas cela que je vous dis. Il ne faut
pas jouer sur les mots. On va parler aux organisations qui représentent
ces 6 000 000. La question, c'est de les impliquer, eux, les citoyens, dans la
prévention pour assurer la protection de l'environnement. Ces
gens-là sont très concernés par tout le principe
même de la régionalisation qu'ils trouvent exagérée.
C'est cela qu'il faudra stopper.
Je voudrais parler d'un autre sujet -vous pourrez revenir sur la
régionalisation, si vous voulez - soit la question des pluies
acides.
M. Léger: Vous n'avez pas répondu à ma
question. Êtes-vous contre la régionalisation de mon
ministère?
M. Lincoln: M. Léger, comme vous le faites actuellement,
oui. Je vois qu'il y a une tendance de régionalisation à
outrance. Je vois que les organisations environnementales sont très
tracassées. Je vois que, dans la question de l'octroi des fonds de votre
ministère aux organisations, le conseil consultatif vous a dit:
Peut-être que vous ne donnez pas assez à ces organisations; vous
ne les impliquez pas assez. Elles-mêmes sont tracassées. Je pense
qu'elles font un travail fantastique en représentant les citoyens, en
éduquant les citoyens. Oui, je suis tracassé et je suis contre le
principe de la régionalisation comme vous la faites, vous.
Je vais parler des pluies acides. Nous sommes d'accord; c'est devenu la
priorité seconde de votre ministère après l'assainissement
des eaux, et avec raison. On s'étonne un peu, d'après ce que j'ai
pu voir et lire dans les dossiers, que, d'un coup, ce soit devenu la vedette.
Je sais que vous êtes
allé à New York. Vous faites de très beaux
discours. Comme d'habitude, vous êtes très galant, vous souriez.
Je sais que vous êtes allé au mauvais dîner,
malheureusement, mais enfin j'espère qu'on a aussi bien mangé
dans l'État d'Oklahoma que... Alors, vous avez fait beaucoup la vedette
ces jours-ci dans les journaux, depuis janvier. Concernant les pluies acides,
le Québec est devenu le roi ou la reine, enfin, de la bataille contre
les pluies acides. C'est formidable et on s'en réjouit.
Une voix: Bravo! M. Lincoln: Oui. Une voix:Enfin.
M. Lincoln: Oui, oui. On va suivre ça de près. Nous
sommes entièrement d'accord...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de Nelligan.
M. Lincoln: ... que les pluies acides, la pollution vient de
l'extérieur. Vous n'avez pas de contrôle sur ce qui se passe aux
États-Unis - il faudra faire des concertations - d'où viennent
60% de notre pollution par pluies acides, 25% venant de l'Ontario.
Il y en a tout de même 10% ou 15% qui proviennent du Québec
même et on peut faire quelque chose pour les contrôler. Nous savons
tous que la moitié de cette pollution ou un peu plus provient de
Noranda. La raffinerie de Noranda, qui émet 50% de la pollution par
pluies acides qui polluent nos lacs, est responsable pour la moitié des
10% ou 15% de la pollution par pluies acides au Québec.
En novembre 1981 vous avez émis un telbec un peu ronflant,
après une visite faite à Noranda, qui disait: "Le ministre a pris
l'engagement, face aux citoyens de Rouyn-Noranda, de réduire de 40%,
d'ici à 1985, les émissions de SO? - pour les gens qui ne le
savent pas, le SO? c'est les matières chimiques qui causent les pluies
acides, l'azote et le soufre - de la ville de Noranda."
Qu'est-ce qui arrive? Je sais que le monsieur rit, mais je parle pour
les gens qui sont des profanes qui nous écoutent, je ne parle pas pour
des hommes de science comme vous, peut-être. M. le ministre, pourquoi
a-t-on attendu? Votre fameux engagement de dire à Noranda qu'en 1985
vous allez réduire les pluies acides de 40%, c'était comme un
règlement; en fait - les journaux ont interprété ça
comme un règlement et une ordonnance - c'était seulement un avis
préalable que vous avez ensuite corrigé deux ou trois mois
après, en février, si je ne m'abuse. Vous avez émis une
ordonnance à Noranda, mais, en fait, l'ordonnance pour Noranda
c'était de dire: D'ici à octobre 1982, donnez-nous des plans, des
solutions. Ou bien vous faites des plans à votre usine pour
réduire de 40% l'émission des pluies acides, de SO2, ou bien vous
suivez le nouveau procédé SNA qui, espérons-le, a
été inventé pour contrôler toute la question des
pluies acides.
Je vous demande pourquoi en 1979, quand vous avez produit le
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère,
vous n'avez pas inclus Noranda dans ce règlement. Pourquoi est-ce que
vous n'avez pas forcé Noranda, en 1979, quand vous étiez bien en
selle au pouvoir, à faire la même chose que vous faites maintenant
en 1982? Vous n'avez pas de réponse?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Oui, j'attends que vous ayez fini.
M. Lincoln: J'ai fini, c'est ça que je vous demande.
M. Léger: Vous êtes déjà rendu
à bout de souffle?
M. Lincoln: Pardon?
M. Léger: Vous êtes déjà rendu
à bout de souffle? Vous étiez bien parti.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez...
M. Léger: J'aimais ça parce que je veux dire que le
député est capable de faire de beaux discours. Je veux les
écouter de temps en temps, surtout que ce sont des sujets qu'il attaque
pour la première fois.
M. Lincoln: Je suis d'accord.
M. Léger: Je suis heureux de voir qu'il a enrichi son
bagage d'intérêt de celui des pluies acides.
M. Lincoln: Ce ne sera pas la dernière fois.
Le Président (M. Gagnon): Sans l'avoir demandée, M.
le ministre, vous avez la parole.
M. Marcel Léger
M. Léger: Je le taquine, mais je pense que c'est un
dossier très important et je suis heureux que le député
s'en occupe.
Je voudrais juste répondre a certaines faiblesses dans son
affirmation, un point surtout, pour le reste, je suis d'accord avec ce qu'il
dit. D'abord, quand il dit qu'au
début de l'année nous avons envoyé simplement un
avis et que par la suite on a corrigé ça par une ordonnance, je
dois dire que c'est la procédure normale. Quand le ministre ou le
sous-ministre de l'Environnement, selon la loi, doit aviser une compagnie, une
municipalité ou un organisme quelconque d'agir dans telle direction,
c'est toujours précédé d'un avis d'ordonnance permettant
à la personne ou à la compagnie touchée de pouvoir
réagir et de nous donner son impression en deçà de quinze
jours et, par la suite, c'est suivi par une ordonnance. Donc, c'est ce qui est
arrivé. Il y a eu un avis d'ordonnance suivi d'une ordonnance. (11 h
15)
Quand nous avons établi un règlement sur la qualité
de l'air, ça faisait plusieurs années que le gouvernement
libéral, qui nous avait précédés, avait
étudié cela en commission parlementaire. Je jouais le rôle
que le député joue actuellement; moi aussi, je posais des
questions sur cette situation. Quand je suis arrivé en poste, j'ai
dû réaliser la situation. Il faut quand même admettre qu'un
règlement ne peut pas être fait d'une façon
particulière pour chacune des entreprises. Il n'y a qu'une entreprise
comme la Noranda. Avec son type de fonctionnement, il fallait donc que ce soit
fait par des mesures permises par la loi. Je pense que c'est l'article 22 de la
loi qui me permet de faire le contrôle des émissions
atmosphériques. Cela ne pouvait pas être mis dans la loi ou dans
le règlement comme tel parce qu'il aurait fallu avoir autant d'articles
qu'il y a d'entreprises, d'industries et de municipalités au
Québec. Cela aurait été un peu trop gros, c'est pour cela
que ce n'était pas comme tel dans la loi.
Donc, si on résume un peu l'historique des problèmes des
pluies acides, qu'est-ce que nous avons fait devant le problème de ce
qu'on reçoit comme matières polluantes, comme pluies acides, et
quelle est la source qui provient de chez nous? Sur ce que nous recevons, il
fallait nécessairement qu'il y ait des interventions auprès des
pollueurs extérieurs à la frontière. Le
député remarquera que dans la loi 55, que nous allons
étudier mardi et mercredi prochain, il y a des articles qui nous
permettent justement de signer des ententes transfrontalières avec des
États comme le Vermont et New York et l'Ontario pour ajuster les deux
États, pour contenir les polluants qui sont envoyés de chaque
côté de la frontière et qui résultent que c'est
l'autre qui en subit les conséquences.
Il y a cette loi, que nous allons présenter mardi prochain, qui
touche ce domaine et il y a aussi les visites que je fais fréquemment
chez des représentants de différents États des
États-Unis pour qu'il y ait une sorte d'engagement commun, dans une
action commune, pour sensibiliser le
Congrès américain qui a une décision à
prendre concernant l'adoucissement qu'il désire des mesures
environnementales contre la pollution de l'air. Les États du nord-est
américain veulent que ces mesures soient plus sévères,
comme nous, du Québec, qui désirons la même chose; c'est
bon que nous ayons ensemble des stratégies d'intervention.
Nous avons décidé, quand je suis allé à New
York, de fonder un institut des pluies acides pour informer davantage les
citoyens et la population en général des États voisins sur
les conséquences possibles. Donc, l'État de New York va le faire
pour les États voisins de chez lui, nous allons le faire pour les
États voisins de chez nous afin de nous assurer que les gens soient bien
conscients des conséquences de ce qu'on reçoit de
l'extérieur.
Comme conséquences des pollutions qui proviennent de
l'extérieur, nous avons créé le réseau d'analyse
des lacs. Nous avons analysé 1333 lacs au Québec et nous avons
remarqué que 40% étaient atteints par les conséquences des
pluies acides et près de 6% avaient atteint un point de non-retour.
C'est donc dire qu'il est urgent qu'on apporte des correctifs. Parmi ces
correctifs, il y a des méthodes comme le chaulage qui pourraient
être appliquées, mais il y a une analyse à faire pour
savoir à quel degré, avec quelle fréquence et comment on
devrait l'appliquer sur nos lacs. Il y a des conséquences sur nos
forêts, il y a aussi des conséquences sur l'agriculture; il faut
donc s'attaquer aux causes et en même temps trouver des solutions pour
contrer ces conséquences.
Il reste maintenant à trouver notre source de conséquences
chez nous, les 15% qui proviennent du Québec, dont 50% proviennent de la
Noranda. Je suis assuré que la découverte que les
Québécois ont faite par la Société nationale de
l'amiante, qui permet de prendre une matière polluante, qui est un
problème au Québec, c'est-à-dire les agrégats
d'amiante de la région de Thetford Mines, qui sont une cause de
pollution atmosphérique dans cette région -c'est une cause - avec
les émanations des cheminées de la Noranda, l'utilisation de ces
deux éléments, ensemble, dans une transformation à un
très haut degré de chaleur, peut transformer cela en sulfate de
magnésium qui est la base de deux produits qu'on peut vendre par la
suite. Ces produits sont soit des pierres calcaires, pour des fours à
haute tension, ou un engrais très enrichissant pour les terres. Deux
produits vendables. Donc, la solution qui est devant nous fait de deux
problèmes une solution; de deux moins on a un plus et ce plus est
commercial. C'est donc dire qu'il y a possibilité d'en tirer des
revenus.
Dans l'ordonnance que nous avons émise à la Noranda, nous
lui avons dit qu'elle devrait diminuer de 40%, d'ici à 1985, ses
émanations de matières polluantes de soufre,
d'anhédryde sulfureux, de façon qu'elle puisse elle-même
contribuer à cette diminution à laquelle nous étions
engagés vis-à-vis des autres gouvernements, incluant l'Ontario,
le fédéral, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba. C'était
notre part de responsabilité et, en plus de ça, nous avons des
programmes avec des compagnies de pâtes et papiers qui, elles aussi, ont
une portion de responsabilité dans les pluies acides qui sont
déjà dans le programme de modernisation et de diminution de
matières polluantes. Donc, nous allons respecter les normes qui sont de
20% de diminution au Québec. C'est pour ça que 40% pour Noranda,
ainsi que la portion des autres sources de pollution, va nous amener à
donner jusqu'à 27%; on s'est engagé à 20%, on va se rendre
à 27% de diminution.
Pour les 40%, M. le Président, cette entente entre la SNA et la
Noranda va nous permettre d'agir durant l'été, parce qu'il y a
une entente qui a été signée avec la SNA et la compagnie
Noranda, pour expérimenter notre programme dès cet
été, à Noranda même. Le prototype a
été un succès en laboratoire. Après trois mois
d'essai, on est capable de lancer ce projet à l'échelle
nationale. Les Américains ont réalisé que c'était
une trouvaille. Ils sont enchantés, ils veulent avoir bientôt plus
de renseignements là-dessus. C'est là qu'on s'aperçoit que
c'est en dehors du Canada qu'on réalise que le Québec est capable
de faire beaucoup de choses par lui-même et qu'on doit être fier de
pouvoir réaliser de telles choses au Québec. Finalement, il y a
l'aspect de la présence ou du front commun des États canadiens,
c'est-à-dire le Québec, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et le
Manitoba devant le Congrès américain. Nécessairement, il
va falloir que l'Ontario fasse sa part. L'Ontario, jusqu'à maintenant,
veut protéger en même temps son développement
énergétique et veut faire par Hydro-Ontario l'utilisation de
l'énergie thermique par du charbon, soit la même méthode
qu'on reproche aux États du Midwest américain d'utiliser le
charbon pour faire de l'énergie, ce qui amène une augmentation de
matières polluantes. Nous y sommes opposés. C'est pour ça
que nous avons demandé et exigé que l'Ontario, selon l'entente
conclue entre les quatre États par nos représentants
scientifiques, diminue sa part de 63% puisqu'elle est le plus gros pollueur du
côté canadien. Nous ne lâcherons pas, nous voulons que
l'Ontario fasse sa part.
Quand la Confédération fait plaisir à l'Ontario,
elle en prend le mérite. Quand la Confédération a un
rôle à jouer, elle doit l'assumer aussi. On ne prend pas que ses
droits, on prend aussi ses responsabilités. Je voudrais terminer en
demandant au député s'il est d'accord avec les mesures que nous
prenons sur les pluies acides.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, je voudrais
passer la parole au député de Vimont, qui a demandé la
parole depuis tantôt.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, j'écoutais le
député de Nelligan, tout à l'heure, faire ses
interventions. À un moment donné, il n'a pas pu s'empêcher
de dire qu'il ne voulait pas faire le procès du gouvernement
libéral précédent. Je n'ai pas l'intention moi non plus de
faire le procès du gouvernement libéral précédent.
Cependant, M. le Président, je pense qu'il est important de bien
réaliser que, parce que le gouvernement libéral
précédent n'a rien fait, le ministère de l'Environnement
du Québec est aujourd'hui, obligé de prendre les bouchées
doubles et de prendre les bouchées triples pour en arriver à
régler des problèmes qui, dans certains cas, sont des
problèmes urgents. Si j'ai un témoignage à rendre au
ministre qui est titulaire du ministère, parce que je suis
député, moi, depuis le 13 avril dernier seulement et,
effectivement, au fur et à mesure que les jours s'écoulent, nous
prenons connaissance des dossiers des travaux qui ont été
réalisés avant que nous nous soyons vus, si je peux donc rendre
un témoignage au ministre qui est titulaire du poste de ministre de
l'Environnement, je pense qu'il y a eu un travail absolument extraordinaire de
fait depuis 1976 dans ce dossier.
J'imagine qu'il voudra partager ce témoignage avec toute
l'équipe qui l'entoure. En particulier, pour un comté urbain
comme celui que je représente, le comté de Vimont, il y a eu des
engagements extrêmement importants et des travaux qui sont actuellement
en cours et d'autres qui seront réalisés au cours de
l'année qui vont permettre d'assainir considérablement
l'environnement. Je veux parler ici plus particulièrement du dossier de
l'assainissement des eaux. Dans le cadre d'un programme national de subventions
aux municipalités en vue de favoriser l'assainissement des eaux des
rivières et lacs du Québec, la ville de Laval, en décembre
1980, a signé avec le ministère une entente de 116 000 000 $
incluant un certain nombre d'études EPIC, mais surtout des travaux de
rénovation du réseau de captage des eaux et, si ces travaux ont
commencé modestement en 1981-1982 par des investissements de 2 000 000
$, je suis heureux de constater dans les programmations du ministère et
conjointement avec la ville que, dans le cadre de cette entente, en 1982-1983,
ce sont des investissements de 13 000 000 $ qui seront réalisés
dans la ville de Laval, dont 40% dans le quartier de Vimont qui est
un quartier qui fait partie du comté que je représente
à l'Assemblée nationale. Ce sont donc des nouvelles importantes
pour les citoyens de Laval qui voient enfin commencer un programme qu'ils ont
attendu depuis longtemps.
Concernant d'autres dossiers plus spécifiques, j'aimerais poser
des questions au ministre, en particulier pour connaître l'avancement des
dossiers suivants. Je sais qu'après maintes tergiversations de la part
des anciennes autorités provinciales et devant l'incapacité des
autorités municipales, parce qu'elles n'avaient pas les outils
légaux pour fermer le dépotoir Bomar, le ministre de
l'Environnement a pris des dispositions et a fini par faire fermer ce
dépotoir qui est situé en plein coeur de la ville de Laval et,
devant l'incurie du propriétaire de ce dépotoir, il a fait
recouvrir le dépotoir d'une couche de gravier de sorte qu'aujourd'hui,
les citoyens des environs du dépotoir Bomar qui se plaignaient depuis
plusieurs années des odeurs nauséabondes qui se
dégageaient de ce site d'enfouissement, sans compter toute la vermine
que cela pouvait attirer, sont satisfaits de voir que le gouvernement du
Québec a rempli ses engagements vis-à-vis d'eux et qu'il a
fermé ce dépotoir. Cependant, une question demeure en suspens;
qu'arrive-t-il du terrain du dépotoir Bomar? Le propriétaire de
ce terrain a-t-il remboursé le gouvernement pour les travaux que nous
avons exécutés ou, au contraire, refuse-t-il de rembourser?
À ce moment-là, devrons-nous procéder? Est-ce l'intention
du ministre de procéder par expropriation? Parce que, si c'est là
son intention, j'ai un beau projet de parc à lui soumettre pour les
citoyens de ce secteur. M. le ministre, au sujet du dépotoir Romar,
j'apprécierais que vous nous indiquiez où en sont rendus les
travaux, de même que, sur un autre dossier qui est important pour nous,
celui du barrage de la rivière des Mille Îles, et s'il y a des
développements plus récents sur l'évaluateur de crue de la
rivière des Prairies.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si je peux me permettre une question de
règlement, M. le Président, ou une demande de directive. Il y a
un petit dialogue qui commence à s'établir de l'autre
côté. Pourrait-on demander au ministre d'être le plus concis
et le plus bref possible dans les réponses qu'il donne à ses
collègues, parce qu'ils ont dû certainement avoir le temps de lui
écrire et les dossiers devraient être très près. On
vous demanderait, si c'est possible, de demander au ministre, M. le
Président, d'être très bref dans ses réponses, de
façon que l'Opposition ait son temps d'antenne également à
l'occasion de cette question avec débat sur l'environnement.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez l'assurance de ma
part, M. le député, que le temps est parfaitement - en tout cas,
le plus parfaitement possible - tenu et je verrai à ce que chacun des
deux partis ait au moins à peu près le même temps dans ce
débat.
M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je vais essayer
d'être très bref, parce que je sais qu'il y aura peut-être
plusieurs questions de tous les côtés, aussi bien du
côté de l'Opposition que de notre côté.
Je pense que, si on touche à l'aspect de l'assainissement des
eaux pour Laval, il y a les 120 000 000 $ approximatifs du projet qui font que,
dès cette année, il y aura un peu plus de 13 000 000 $ qui vont
être dépensés, ce qui veut dire quand même, quand on
calcule des investissements qui se font, que 13 000 000 $, ce sont 450 emplois
dans une période où il y a du chômage au Québec. 450
emplois, dans la région de Laval, je pense que c'est très
important.
Quant à la question du dépotoir Romar, je pense que
c'était un problème majeur pour la ville de Laval. Ce que nous
avons fait à ce jour? nous avons restauré ce dépotoir. On
a fait le nivellement et le recouvrement de toute la surface et on a construit
un anneau de pierre concassée le long des parois de roc afin de
permettre la diffusion dans l'atmosphère de gaz qui proviennent souvent
de la décomposition des déchets. Cela a déjà
coûté 85 000 $. Il reste quand même des choses à
faire. Il faut qu'il y ait un entretien de la surface, parce que ce
dépotoir a été très mal compacté. Il y a des
effondrements de terrain. Il y a différents correctifs à
apporter. (11 h 30)
Pour répondre à la demande du député de
Vimont, je pense qu'un dialogue pourrait peut-être s'amorcer entre la
municipalité et des gens de mon ministère pour voir quels sont
les derniers correctifs qu'on peut apporter. En ce qui nous concerne, nous
allons nécessairement réclamer du propriétaire du terrain
des sommes que nous avons dépensées, puisque c'était sa
responsabilité. Si, malheureusement, nous ne pouvons pas être
remboursés, nous allons tout simplement reprendre le terrain en
compensation des comptes qui sont à payer par le propriétaire de
ce terrain. Puisque cela a été un problème, un merdier
pour les gens de la région de subir les conséquences de ce Bomar,
que par la suite, on a été obligé de dépenser
à même les taxes des citoyens, ce terrain pourrait revenir au
Québec s'il ne paie pas ses taxes et, à ce moment-là, on
pourrait demander à la ville peut-être de négocier avec la
municipalité des aménagements possibles, si on remettait
le terrain à la ville par la suite.
Maintenant, concernant l'évacuateur de la rivière des
Prairies, je ne veux pas être trop long. Je pense qu'il y a un projet qui
a été présenté par Hydro-Québec. On
prépare des directives et très bientôt, des nouvelles
précises seront données là-dessus, puisque tout le monde
s'entend pour que des correctifs soient apportés au barrage de la
rivière des Prairies. Les citoyens réclament beaucoup de choses
et je pense qu'Hydro-Québec doit être attentive aux demandes des
citoyens concernant la possibilité de laisser passer les bateaux sur une
rivière comme la rivière des Prairies. Grâce au fait qu'on
dépense des millions et parfois des milliards pour assainir les cours
d'eau, une fois que la grande région de Montréal va être
complètement assainie, les gens vont vouloir et c'est l'objectif promis
de l'assainissement des eaux - retrouver les usages des cours d'eau, comprenant
aussi bien la baignade, la pêche, le canotage que le bateau.
Nécessairement, il faudrait permettre que les bateaux passent. Donc, ce
sont toutes ces choses qui devront être discutées bientôt
avec le promoteur qui est Hydro-Québec et les citoyens. Des directives
devront être mises de l'avant pour s'assurer que des études
d'impact, des audiences publiques soient faites, que des décisions
soient prises et il y aura aussi nécessairement des négociations
avec le fédéral. Dans ces projets-là, il serait absolument
injuste que les Québécois, qui paient des impôts aux deux
paliers, laissent de côté une source de revenu importante qui est
celle du fédéral.
Ce que je voudrais quand même ajouter, c'est que quand on demande
que le fédéral embarque - j'espère que le
député de l'Opposition sera d'accord avec moi là-dessus ce
n'est pas pour faire de la petite politique que je dis cela. Je voudrais qu'on
sache que le Québec est limité. Que ce soit le Parti
libéral qui est au pouvoir au Québec ou que ce soit le Parti
québécois, on est limité, avec la moitié des
impôts. Et, nécessairement, les citoyens réclament des
choses. De qui réclament-ils le plus de choses? Du gouvernement qui est
le plus proche d'eux, le gouvernement du Québec. À ce
moment-là, on est toujours pris à avoir la moitié de nos
outils et la moitié de nos juridictions pour régler ces
problèmes. Et quand on s'adresse au grand frère
fédéral, la chicane est toujours prise, parce qu'il semble qu'il
n'y a pas d'objectivité dans ses relations avec le gouvernement du
Québec. C'est toujours des batailles; on fait des projets ailleurs
plutôt que ceux que le Québec voudrait faire. Il y a des exemples.
Le barrage des Milles-îles, il fallait que le gouvernement
fédéral embarque là-dedans. On a demandé au
gouvernement fédéral d'embarquer à 50%, il a offert
45%.
Pourquoi, à Québec, offre-t-on 45% de contribution
fédérale, alors que dans toutes les autres provinces c'est 50%?
Pourquoi, ces petits 5% de différence qui vont coûter 400 000 $ de
plus aux Québécois? Ce sont des attitudes inacceptables, les
citoyens doivent savoir ces choses-là. Pour la rivière des
Prairies, quand ce sera fait, peut-être qu'il y aura des contributions du
fédéral qui pourraient être demandées pour aider le
gouvernement du Québec. C'est impensable que l'autre moitié des
taxes que les Québécois paient au fédéral s'en
aille dans d'autres directions, sans planification et sans projet
précis. Puisque le gouvernement du Québec est le gouvernement des
Québécois et qu'on a des projets, il faut les réaliser
avec l'ensemble de nos moyens. C'est pour cela qu'il faudrait qu'il y ait un
peu plus d'objectivité dans la façon dont le
fédéral répond aux demandes du Québec. Est-ce que
j'ai été assez court pour le député ou ai-je
été trop long?
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Vous auriez pu dire la même chose en beaucoup
moins de mots, M. le ministre. Je vais intervenir sur une question qui va
certainement faire plaisir au député de Chambly. L'an
passé, à l'occasion des crédits du ministère de
l'Environnement, soit le 3 juin 1981, le député de Chambly
s'adressait à vous en ces termes, et vous lui avez répondu, M. le
ministre. Je vais citer le journal des Débats. "M. Tremblay: M. le
Président, sans prendre trop de temps, pour en laisser à
l'Opposition, ma préoccupation porte surtout sur la dépollution
de la rivière Richelieu. Je pense que cela ne surprendra personne que je
pose des questions là-dessus, étant donné que six des sept
municipalités de mon comté baignent sur les rives de cette
merveilleuse rivière."
Mme Lavoie-Roux disait à l'époque: "Ces gens se
baignent dans la rivière." Et M. Tremblay de lui répondre: "Pas
encore. Ils se baignaient autrefois, mais maintenant ils ne se baignent plus.
"J'aimerais que le ministre nous brosse un rapide bilan de la situation. Je
sais, par exemple, qu'il y a déjà des travaux d'entrepris en ce
qui concerne la dépollution d'un affluent de la rivière
Richelieu, soit la rivière des Hurons. Je pense qu'il y a aussi des
travaux entrepris en haut de la rivière, près du lac Champlain;
vous me voyez venir. J'aimerais aussi avoir l'échéancier qui est
prévu, ainsi que les montants du budget 1981-1982 - donc le budget qui
s'est terminé avant-hier - qui seront dépensés dans la
phase III". Et la réponse de notre savant ministre: "Je pense que
le député me parle du bassin de la rivière Richelieu - il
avait compris cela - je pense bien que c'est l'une des rivières les plus
belles du Québec. Nous avons, au programme de la dépollution, les
municipalités de - j'arrive plus près de chez moi - Bedford,
Dunham, Lacolle, Sainte-Julie, Stanbridge Station. "Bedford - on connaît
le ministre, il s'est restreint dans les chiffres, il n'était pas en
milliards cette fois-là, il était en millions - c'est pour un
montant de 2 300 000 $; Dunham, pour 375 000 $; Lacolle, pour 800 000 $; il y a
Sainte-Julie qui vient de signer une entente. Je n'ai pas le montant ici. Et
Stanbridge Station, pour 500 000 $. Des études préparatoires sont
en cours dans les municipalités de Bedford, Dunham, Lacolle et
Stanbridge. Sainte-Julie, c'est signé. "Pour la rivière des
Hurons, vous avez la ville de Marieville qui a signé avec le
gouvernement il y a un mois ou deux. Ce sont celles qui sont au programme. Nous
envisageons d'ajouter les municipalités en aval de ces
municipalités pour nous rapprocher de plus en plus de la
municipalité dont le député est le représentant.
Nécessairement, il va falloir terminer les municipalités en amont
de façon que, quand on arrivera chez vous, ce qui est en amont sera
fait." M. Tremblay d'ajouter: "J'aurais une question additionnelle. J'aimerais
connaître du ministre, M. le Président, l'échéancier
prévu pour la phase III du projet." Et le ministre de répondre -
cela vous intéresse, M. le Président: "Pour la phase III, c'est
une révision des municipalités qui doivent être incluses
dans cette phase. Cela va être étudié dans la revue de
programme de fin d'année et la décision devrait être prise
au début de janvier 1982."
M. le ministre, je ne sais pas si le président se baigne dans la
rivière Richelieu à Chambly, mais je peux vous dire que les gens
commencent à ne plus se baigner dans le lac Champlain qui touche deux
comtés, le comté d'Iberville et le comté de
Brome-Missisquoi, c'est-à-dire que la rivière aux Brochets,
malgré vos beaux discours, malgré vos belles promesses, est
encore polluée. Vous avez identifié au cours des années
antérieures quels étaient les problèmes de pollution. Vous
savez qu'il y a la municipalité de Bedford comme telle qui cause des
problèmes parce que ses égouts s'en vont directement dans la
rivière aux Brochets. Vous savez également que Stanbridge
Station, avec son usine, la Champlain Industries, est un sérieux
problème de pollution et que cela se jette directement par le biais du
ruisseau des Castors dans la rivière aux Brochets et que tout cela
arrive dans le lac Champlain pour se diriger là où le
président, qui est actuellement le député de Chambly, veut
aller se baigner et là où le député de
Brome-Missisquoi, avec l'ensemble de cette population, aimerait bien se
baigner. Vous nous avez promis que des ententes seraient signées, qu'il
y aurait des travaux qui débuteraient; il n'y a aucun signe de vie de
votre ministère dans cette région et sur cette rivière.
L'an passé, des campings ont été obligés de fermer
parce que la qualité esthétique, comme vous l'appelez, de l'eau
était à ce point désagréable que ce n'était
pas attirant pour le public. C'est à peine à 40 milles de
Montréal. Toute la population de la rive sud pourrait profiter de ce
magnifique lac international.
L'approvisionnement en eau potable de la ville de Bedford, de la ville
de Philipsburg, du village de Stanbridge Station et de l'usine Champlain
Industries est dans une bouche d'eau dans le lac Champlain où c'est
pollué. L'été passé, on a été
obligé d'ajouter chlore par-dessus chlore. Si j'ai de si belles dents
blanches avec un si beau sourire, je dois vous dire merci, mais je ne sais pas
ce que cela va faire aux enfants d'en prendre dans cette
quantité-là et dans ces doses-là. Et vous avez
été chanceux l'an passé. Il est arrivé une pluie
juste à temps avant qu'on soit obligé de vous voir arriver en
catastrophe avec votre tuyau que vous véhiculez à travers la
province de Québec. C'est un dossier à la fois environnemental et
économique. Vous savez ce que représente ce territoire, cette
partie du Québec sur le plan récréotouristique. Vous savez
les dangers qui guettent la population dès que l'été va
reprendre et dès que la qualité de l'eau sera affectée.
Est-ce que vous allez attendre, comme vous l'avez fait dans le cas de
Sainte-Martine? Est-ce que vous allez attendre que ce soit la catastrophe et
nous arriver avec votre tuyau dans ce coin-là?
Dans ce dossier - et je rejoins, peut-être, la fin de votre
argument tantôt n'essayez pas de mettre le blâme sur le
fédéral, parce que, dans le cas d'un projet d'aménagement
du réseau d'aqueduc et d'égouts dans le coin de
Venise-en-Québec, depuis cinq ans, le gouvernement fédéral
a 3 500 000 $ de côté qui représentent 60% de la
participation au coût du projet. On demande à la province de
Québec de mettre 40%; depuis cinq ans, ça ne bouge pas, pas du
côté du fédéral, mais du côté du
provincial. Si, au lieu de critiquer le fédéral, de mettre la
faute sur les anciens libéraux, sur le député de
Brome-Missisquoi, sur le fédéral et sur les États-Unis,
vous commenciez à prendre vos responsabilités au Québec,
un dossier qui permettrait à la population de peut-être visualiser
que vous n'êtes pas juste un "donneux" de conférence de presse, un
"faiseux" de discours, un voyageur en avion. Ils pourraient dire: Marcel
Léger - excusez, je n'ai pas le droit, M. le
Président - le ministre de l'Environnement, dans cette
région-là, il ne vient pas juste faire des conférences de
presse, il n'envoie pas juste Claude Vallée en période
électorale; il vient s'occuper des problèmes d'environnement.
C'est cela que je vous demande de faire au nom de cette population dans les
plus brefs délais.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je suis convaincu que
les réponses que je vais donner n'auront jamais de la part d'un
député de l'Opposition, spécialement du
député de Brome-Missisquoi, un appui ou un accord. Son
rôle, c'est de critiquer, mais, pour être plus crédible, il
faut parfois admettre qu'il y a des bonnes choses qui se font. Sans cela, on
n'est pas crédible quand cela va toujours mal.
M. Paradis: Parlez aux gens de Venise-en-Québec.
M. Léger: Donc, je ne pense pas que ce que je vais dire va
faire tout simplement plaisir au député, mais ce qui est
important, c'est de faire plaisir aux citoyens. Je dois dire que le programme
d'assainissement des eaux va bon train. Il y a déjà, dans tout le
Québec, 201 municipalités qui sont à la programmation.
Nous avons 1 853 000 000 $ pour des travaux et, là-dessus, 602 000 000 $
sont déjà dépensés. C'est donc dire qu'il y a un
immense chantier de travaux pour l'assainissement des eaux qui se font dans
toutes les régions du Québec. Il y a près de 602 000 000 $
de dépensés et il y a au-delà de 140 municipalités
qui ont signé des protocoles d'entente. Cela veut dire que plus de la
moitié de la population du Québec voit sur son territoire des
travaux d'assainissement des eaux en train de se faire. Donc, il y aura des
résultats à mesure qu'on avance.
Déjà, dans la rivière du Nord, vous avez
Sainte-Agathe, Sainte-Agathe sud qui est en train de se terminer, Val-David est
terminé, Val-Morin est terminé, on a signé
Sainte-Adèle, la semaine dernière Prévost; donc, on avance
graduellement en commençant par l'amont vers l'aval. Même chose
dans le bassin de l'Assomption; nous avons déjà 11
municipalités dans le début du bassin de l'Assomption qui ont
été touchées...
M. Paradis: Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, déjà, au niveau
du temps, on affiche un sérieux retard. J'ai posé des questions
très précises au ministre de l'Environnement et il est en train
de me balader à gauche et à droite dans la province. Je lui
demanderais de répondre précisément de façon que le
député de Nelligan puisse reprendre la parole.
Le Président (M. Gagnon): Ces positions-là ayant
été établies au début, je redonne la parole au
ministre.
M. Léger: M. le Président, je ne vois pas de
question de règlement là-dedans, mais, en tout cas, si le
député veut avoir la parole, je peux la lui redonner, s'il veut
parler dans un temps immédiat, je n'ai pas d'objection.
M. Paradis: Si le ministre ne peut répondre à mes
questions sur Brome-Missisquoi, qu'il repasse la parole au
député.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: Je suis en train de l'expliquer. Je pense que le
député devrait avoir la décence d'accepter que dans une
réponse on explique le plan d'ensemble et, dans le plan d'ensemble, il
comprendra pourquoi je suis obligé d'expliquer que, dans la phase I et
dans la phase II du programme d'assainissement des eaux, il y a un début
dans l'amont de toutes les rivières. C'est la même chose - c'est
un des exemples concrets, parce que j'arrive de là cette semaine - dans
la région de L'Assomption. (11 h 45)
J'arrive maintenant dans le bassin de la Richelieu, c'est la même
chose. Dans le bassin de la Richelieu, il y avait, aux phases
I et II, 4 000 000 $ de votés. Nous sommes en train de signer les
protocoles d'entente avec plusieurs municipalités. II reste des
municipalités, comme Bedford, qui n'ont pas encore signé, mais on
est en train de négocier avec les fonctionnaires chez nous. C'est la
réponse que je vais donner au député qui ne
m'écoute pas actuellement, le député qui me posait la
question et qui ne m'écoute pas; j'espère qu'il va dire que j'ai
bien répondu, parce que je suis en train de répondre à
votre question. Dans la phase de la rivière Richelieu - il
m'écoute - ce qui est fait en amont est en train de se signer.
II y en a qui sont signés, il y en a d'autres qui ne sont pas
signés. Nous sommes maintenant rendus à la phase III. La phase
III est au Conseil du trésor actuellement, il y a pour 500 000 $ de
projets dans la phase III, dont tout le bassin de la Richelieu qui
n'était pas dans la phase II. Je ne peux pas annoncer aujourd'hui que
c'est approuvé. Le Conseil du trésor devrait me donner une
réponse peut-être dans quinze jours,
nonobstant les vacances de Pâques; il est là depuis un
mois. Cela fait un mois que c'est au Conseil du trésor.
Donc, quand on est obligé de faire faire l'analyse de chacun des
projets des ministres, c'est normal, l'appareil gouvernemental est lourd. Je
comprends l'impatience du député. La réponse que je lui
donne, c'est qu'actuellement il y en a pour 4 000 000 $ de votés. Il y a
des municipalités qui ont signé, d'autres sont en train de
négocier la phase II, et la phase III s'en vient pour être
déposée et annoncée -le député
libéral n'aime pas que je dise cela - par une conférence de
presse. Il va falloir qu'on l'annonce, parce que j'ai pris l'engagement de
réaliser l'assainissement des eaux...
M. Paradis: Si vous avez une conférence de presse à
faire pour l'annoncer, je vous invite.
M. Léger: ... et la réalisation d'une politique
avec la participation des citoyens. Je pense que la meilleure façon,
c'est de les renseigner et de les faire participer. N'oubliez jamais que,
depuis 1976, on dépasse les 700 associations de citoyens qui,
continuellement, font pression auprès des municipalités et
à qui je donne la plupart du temps, quand je le peux, avec les moyens du
bord, des subventions pour qu'elles puissent continuer à alimenter
l'opinion publique de façon que les élus municipaux, sur le plan
de l'assainissement de l'eau, que les industries sur le plan de
l'assainissement de l'air, et aussi les conseils de comté et les
municipalités régionales de comté puissent agir sur le
plan de la pollution du sol pour la dépollution. Donc, il est normal
qu'on l'annonce, pour que les citoyens soient au courant, pour leur donner
l'occasion de participer.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Je suis content qu'on puisse revenir au débat.
Tous ces petits discours de propagande font passer le temps, mais je ne pense
pas que cela aille au fond des sujets dont on discute.
J'aurais voulu revenir aux pluies acides. Je sais que je suis un novice
en la matière, mais le ministre aussi est novice en la matière,
parce qu'il vient de commencer à s'occuper de cela. Il a
découvert cela soudainement. Tout à l'heure, je lui ai
posé une question tout à fait précise. Pourquoi, en
novembre 1979, lorsqu'il a établi un règlement relatif à
la qualité de l'atmosphère, n'a-t-il pas inclus dedans les
émissions des raffineries de cuivre? II m'a dit: Non, c'est impossible,
cela aurait pris des pages et des pages. Même si cela avait pris des
pages, peut-être que cela aurait valu la peine. J'aurais voulu souligner
au ministre - peut-être qu'il aurait dû chercher dans les dossiers
- qu'en décembre 1975, sous le même gouvernement libéral,
que critiquait tout à l'heure le député de Vimont, le Dr
Goldbloom avait publié une proposition de règlement. Le
règlement s'appelait Projet de règlement relatif à la
qualité de l'atmosphère. Ce règlement du Dr Goldbloom
incluait la réduction, par ce règlement . d'émission de
SO2, de 35% dans les raffineries existantes et des règlements encore
plus sévères pour les nouvelles raffineries. Ce que je veux
souligner au ministre, c'est qu'au moins, en 1975, on était
déjà conscient de ce problème de pluies acides où
serait incluse automatiquement la raffinerie de Rouyn-Noranda. En 1979, quand
le ministre a publié le règlement relatif à la
qualité de l'atmosphère qui remplace, quatre ans après, le
projet de règlement, là, c'est étrange, mais les seules
choses qui sont exclues, ce sont justement les mêmes raffineries de
cuivre qui polluent l'atmosphère par des pluies acides. C'est vraiment
étonnant. Maintenant, en 1982, on se réveille.
Je vais citer un article de septembre 1981, de Pierre Vincent,
biologiste et membre du Comité des pluies acides de la SVP. Il cite M.
Léger," ministre de l'Environnement: "II reconnaît que le
problème est sérieux, que son environnement est insidieusement
menacé, que les ressources naturelles, lacs, pêcheries, etc., les
structures artificielles, la santé des citoyens sont de plus en plus
affectées." Pierre Vincent de dire après: "Pourtant, on
négocie toujours les demandes de réduction avec la Noranda -
parce qu'à ce moment-là on n'avait même pas encore
émis, c'était toujours un avis et on demandait à la
Noranda: Dites-nous, en octobre 1982, ce que vous allez faire - la principale
source de pluies acides au Québec, même si une action
immédiate est nécessaire tant pour diminuer les problèmes
de santé des habitants de la région que pour établir la
crédibilité du Québec."
Plus loin, Pierre Vincent dit: "Au Québec, on amorce un programme
de recherche intensif; on organise des événements, mais on passe
à côté de la nécessaire sensibilisation du public
québécois et américain. On désamorce même
l'opinion publique par des déclarations absurdes à la
Saint-Martin. M. Saint-Martin qui disait: Les poissons du Québec sont
différents des poissons d'ailleurs; ils ne sont pas attaqués par
les pluies acides. On souhaiterait un peu plus de cohérence de la part
du ministère de l'Environnement dans ce dossier."
Dans une critique fondamentale de Environnement Canada, M. Vincent dit:
Environnement Canada a fait un sérieux effort de sensibilisation du
public jusqu'ici. Dans cette critique présentée, dans son bilan
de 1981, M. Léger affirme que notre environnement au Québec ne se
comprend et ne se gère qu'à partir de la réalité
québécoise, comme s'il disait que les pluies acides ont des
frontières. M. Léger, dit M. Vincent, vous n'avez pas
inventé les pluies acides; elles existent depuis le début de
l'ère industrielle et leurs dommages ne font que s'amplifier et
s'accumuler avec le temps. Le temps des beaux discours est terminé; il
faut agir maintenant. En attendant, on doit souligner l'incompétence du
gouvernement du Québec dans ce dossier des relations internationales.
Tout de suite, le ministre a découvert qu'il fallait faire de la
coopération. Il parle maintenant de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick,
c'est intéressant. Il faut seulement souligner que, lors du
comité spécial de la Chambre des communes qui avait
été institué, le sous-comité sur les pluies acides,
un comité de haute envergure, qui a été
représentatif, où des gens des pays comme la Suède,
l'Angleterre, etc., sont venus témoigner, le service de l'environnement
de l'Ontario, le service de l'environnement du Nouveau-Brunswick, M. le
ministre a décidé d'envoyer une lettre des plus puériles
et des plus stupides au comité pour dire: Nous du Québec, on est
atteint dans notre philosophie d'État souverain; on ne peut pas
être invité par Environnement Canada à un
sous-comité sur les pluies acides. Le Québec a choisi
d'être absent des audiences de Montréal qui se sont tenues les 26
et 27 janvier 1981. Pourtant, la Communauté urbaine de Montréal
n'a pas pensé qu'il fallait être absent. STOP y était.
L'Association des biologistes du Québec a pensé que
c'était assez important d'être là. La SVP était
là, mais le gouvernement du Québec était absent pour une
affaire de politique, de politicaillerie.
J'espère que le ministre a su que seule la coopération
avec les autres provinces, seule la coopération avec le Canada, parce
que, tant qu'on est dans le Canada, il faudra que les actions internationales
passent par ce milieu et je vous assure qu'on sera dans le Canada encore
longtemps. À ce moment-là, il faudra coopérer et
j'espère que le ministre va avoir le même élan qu'on a
commencé à voir et il lui faudra encourager ses fonctionnaires
à participer à toutes ces réunions interprovinciales et
à toutes les réunions qui sont mises de l'avant par Environnement
Canada. On ne devrait pas traiter cet organisme comme un ennemi dans le cas des
pluies acides parce qu'il essaie de faire son travail avec autant d'élan
que le ministre le fait actuellement et depuis beaucoup plus longtemps
déjà.
Je voudrais passer à une autre question qui, je pense, est la
question où le ministre a abandonné le plus fondamentalement la
protection de l'environnement. Je pense que c'est un dossier qui saute aux
yeux, qui dit au ministre qu'il n'a pas fait son travail, qu'il a fait une bien
mauvaise besogne. Je parle de la protection de l'environnement par rapport aux
sites naturels. C'est un scandale, M. le ministre, excusez-moi de vous le dire.
Je vais vous donner quelques exemples. En juin 1981, un mois après
l'élection, un mois après que nous étions arrivés
en Chambre, je vous questionnais sur la question de l'île Rochon. Je vous
demandais pourquoi vous, avec tous les pouvoirs, les pouvoirs énormes,
les pouvoirs tout à fait larges et compréhensifs que vous avez
dans la Loi sur la qualité de l'environnement, vous n'interveniez pas
pour arrêter des travaux d'endiguement que faisait le promoteur. Argento
à l'île Rochon sans permis du ministère de l'Environnement,
sans autorisation. Vous avez mis un espèce d'arrêt temporaire
à ces travaux; Argento s'est moqué de vous, la ville de
Montréal s'est moqué de vous. En août 1981, la ville de
Montréal a publié un petit règlement disant: Ne vous
occupez pas du ministère de l'Environnement, Argento, vous pouvez aller
de l'avant avec la construction. Pourtant, dans un cas similaire, dans un
comté voisin du vôtre, le cas de la baie des Prairies, vous avez
arrêté le travail, mais c'est peut-être une coïncidence
que l'île Rochon se trouve dans votre comté. Peut-être y
a-t-il des retombées industrielles ou politiques, et on ne veut pas
alors faire d'ingérence. Est-ce que vous laisserez le maire de
Montréal vous rire à la face? Est-ce que vous laisserez le maire
de Montréal se moquer de la Loi sur la qualité de
l'environnement? Est-ce que vous laisserez le maire de Montréal laisser
aller rie l'avant le promoteur Argento avec ses quatre tours dans une île
qui est une des rares îles de ce milieu, installer quatre tours
malgré la Loi sur la qualité de l'environnement, en défit
du protocole sur les zones inondables? Qu'est-ce que vous faites pour
arrêter ça? Ce n'est qu'un exemple.
Mais l'exemple le plus grave qui soit est celui des battures de
Kamouraska. Quand je lis ce dossier, je me dis: M. le ministre, que faites-vous
pour intervenir? Où est votre épine dorsale dans ce dossier des
sites naturels? Dans le cas des battures de Kamouraska, je regarde l'avis du
Conseil consultatif de l'environnement, qui, le 11 décembre 1979, vous
transmet des avis vous disant que les battures de Kamouraska sont en grand
danger, qu'il faut des études d'impact à tout prix, qu'il faut
que vous interveniez. Dans une lettre datée du 25 septembre 1979, le
conseil recommandait au ministre délégué à
l'Environnement d'intervenir auprès du ministère de
l'Agriculture pour que des études d'impact appropriées
soient faites avant de procéder à la construction des aboiteaux.
Il vous recommande de conseiller à votre collègue du
ministère de l'Agriculture de ne pas procéder à des
travaux avant que ces études ne soient réalisées et que la
population n'ait l'occasion de se prononcer sur celles-ci. De l'avis du
conseil, les marais salants doivent être la vocation première des
lieux convoités. Il nomme tous les spécialistes du
ministère de la Pêche et de la Chasse et du ministère
fédéral de l'Environnement, tous les biologistes qui disent qu'il
faut protéger à tout prix les marais de Kamouraska, ces battures
qui sont essentielles à la faune, aux poissons du Saint-Laurent et
à toutes les espèces vivantes. Le conseil vous dit: Utilisez les
pouvoirs qui vous sont confiés par l'article 2 de la Loi sur la
qualité de l'environnement, pour ce qui est de la
récupération et stopper ce travail pour faire des études
d'impact. (12 heures)
Vous-même, M. le ministre - mais seulement, malheureusement, vous
oubliez bien vite ces déclarations, vous en faites tellement et trop
souvent - vous disiez, le mardi 27 avril 1980: Au moment où il
annonçait officiellement à Montréal la tenue du mois de
l'environnement, M. Marcel Léqer a confirmé son intention ferme
de demander des études d'impact pour tout nouveau projet de construction
dans les marais salants de l'estuaire du Saint-Laurent, en particulier ceux de
la région de Kamouraska. J'aurais aimé, de dire M. Léger,
que vous "publicisiez" votre geste - c'est le geste des écologistes qui
vous demandaient d'agir -j'aurais voulu que vous "publicisiez" votre geste.
Ceci par des actions comme celles où on en arrive à faire
comprendre aux autorités, à la population qu'il y a des erreurs
qu'on doit éviter de faire.
C'est malheureux de dire cela, mais, pendant tout ce temps, vous n'avez
rien fait. En fait, vous avez fait une exception pour votre collègue, le
ministre de l'Agriculture, sans doute parce qu'il est lui aussi gros, fort et
puissant. Vous avez fait une exception pour les études d'impact, au
point que vous êtes tellement absent du dossier que le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a demandé au Conseil des
ministres de faire un projet de loi sur le zonage faunique et il a dit: Cela
serait à nous de faire ça, non au ministère de
l'Environnement. Et M. Louis-Gilles Francoeur de dire, dans le Devoir du 19
février 1982: "Les membres du conseil consultatif prennent de plus en
plus leurs distances depuis quelques mois par rapport au ministre de
l'Environnement, M. Léger. Ils ont mis plusieurs réserves sur la
volonté réelle de ce ministère de protéger les
sites biologigues d'une telle valeur."
Tout le monde dit, dans tous les articles que j'ai lus: Le
ministère de l'Environnement a abandonné tout à fait sa
responsabilité dans les battures de Kamouraska. Cela répond aussi
à votre affaire de régions et vous avez envoyé un
subalterne d'une région pour les audiences de Kamouraska. Un subalterne
de région, ça aurait dû être vous ou votre
sous-ministre qui aurait été là pour défendre la
protection de l'environnement. Un autre article du Soleil, le lundi 15
février 1982: "À l'exception d'Environnement Québec qui a
clairement démontré qu'il ne voulait pas s'impliquer dans cette
question des battures du ministère... C'est un scandale.
Maintenant, la société des sites naturels vous
écrit pour vous dire: Faites quelque chose, faites une association avec
Environnement Canada, parce que
Environnement Canada se propose d'acheter les battures pour
empêcher que des aboiteaux se construisent. Environnement Canada dit: On
est prêt à dépenser 1 000 000 $ dans cette affaire pour
préserver les marais salants de Kamouraska. Vous, vous répondez
à la société des sites naturels par une lettre des plus
puériles encore qui dit ceci: Ah bien non! Le Québec ne veut pas
aller transiger avec le gouvernement fédéral qui ne sait pas
protéger nos droits. S'il ne sait pas protéger nos droits,
comment peut-il protéger nos rives et nos estuaires? C'est ça le
ministère de l'Environnement que nous avons!
Pendant ce temps, bientôt, je me demande si ça ne se fait
pas maintenant, le ministère de l'Aqriculture, le gros et fort, va s'en
aller et va faire des aboiteaux, il demande des devis. M. le ministre,
qu'est-ce que vous faites pour insister sur les études d'impact?
Qu'est-ce que vous faites pour invoquer la Loi sur la qualité de
l'environnement et arrêter ce carnage? Qu'est-ce que vous faites pour
protéger les battures que vous avez abandonnées tout à
fait? Je pourrais vous citer d'autres exemples de sites naturels que vous avez
abandonnés. Mais celui-là, c'est le plus flagrant. C'est un
habitat d'oiseaux migrateurs, c'est un habitat de la faune, c'est un site de
première qualité.
Je vous cite enfin un article du vice-président de votre propre
Bureau d'audiences publiques, Me Yergeau. Je pense que, si vous avez lu le
Devoir du mardi 9 mars 1982, c'est une accusation tellement catégorique
que ça fait de la peine de penser que vous, le ministre de
l'Environnement, laissez ça sans même y répondre. Le 9 mars
1982, il dit: Par exemple, la construction d'ensembles commerciaux et
domiciliaires échappe au règlement sur les études
d'impact. Si un promoteur veut accaparer, à son profit, un espace vert
comme l'île Rochon sur la rivière des Prairies, on le laisse libre
d'offrir une vue imprenable sur la rivière à ses clients bien
nantis...
M. Blouin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, le député de
Nelligan est en train de sortir à peu près tout ce qu'il a de
coupures de journaux devant lui. Je crois que cela fait environ 20 minutes
qu'il parle. Est-ce que le ministre aurait l'occasion de répondre
à ce qu'il vient de dire et, d'autre part, de nous indiquer aussi, non
seulement ce que le ministère a fait dans ces dossiers mêmes mais
ce qu'il a fait en général depuis 1976 pour s'occuper de
l'environnement? C'est incroyable d'entendre le député de
Nelligan actuellement.
M. Paradis: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Le droit de parole appartient au député
de Nelliqan.
Le Président (M. Gagnon): D'accord. On va lui laisser le
droit de parole en lui disant qu'il lui reste environ quatre minutes.
M. Lincoln: Je soulignerai au député de Rousseau
que, s'il n'est pas content, il n'a qu'à exercer son droit de
réplique et me dire ce qu'il veut. Je prends mon temps et je fais cela
comme je veux. Je suis dans tous mes droits. Je ne suis pas pour faire la
plaidoirie du ministère de l'Environnement. Je suis dans l'Opposition et
je l'informe de tout ce qu'il n'a pas fait. Il m'a interrompu parce qu'il
n'aime pas entendre cela.
M. Yergeau, le vice-président du Bureau des audiences publiques,
dit que l'affaire de l'île Rochon, par exemple, c'est un scandale. Il
dit: M. Marcel Léger, en 1978, défendait à
l'Assemblée nationale le droit pour tous les citoyens d'être
entendus pour exprimer leur point de vue de façon qu'ils puissent faire
partie du mécanisme de prise de décision dans un domaine qui
concerne la vie quotidienne. Depuis trop longtemps, on a vu des citoyens se
rendre compte d'un projet qui dérangeait leur milieu de vie alors que
des bulldozers entraient dans la cour arrière de la maison, soulignait
le ministre.
M. Yergeau dit: On a pourtant le championnat
nord-américain des battures altérées au Québec.
Parfois on a l'impression que l'Environnement fait plus d'efforts pour
comprendre les autres ministères qu'il n'en fait pour la protection du
milieu, comme si certains se culpabilisaient d'assumer un mandat de protection
de l'environnement.
M. le ministre, qu'est-ce que vous allez faire aujourd'hui, demain,
après-demain pour défendre les battures de Kamouraska? Qu'est-ce
que vous allez faire pour stopper le ministre de l'Agriculture dans ce
carnage?Qu'est-ce que vous allez faire - d'une action
concrète, pas par de beaux discours - pour insister sur des
études d'impact à Kamouraska? Qu'est-ce que vous allez faire pour
dire à la ville de Montréal: Vous allez prendre au sérieux
le ministère de l'Environnement. Les frères Arpento vont
arrêter la construction des quatre tours?Qu'est-ce que vous
allez faire sur ces questions? M. le ministre, je vous laisse la
réponse.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je pense que le
député de Nelliqan essaie de trouver des scandales partout. Il
parle de Kamouraska. Au ministère de l'Environnement, nous avons
discuté avec l'Agriculture. C'est entendu que, si au départ le
ministère de I'Agricuture voulait bâtir des aboiteaux sur des
terrains publics, les pouvoirs du ministère de l'Environnement
s'exercent sur les secteurs publics. Nous avons exigé qu'il y ait des
études d'impact pour s'assurer des conséquences environnementales
sur le secteur public. Le ministère de l'Agriculture a donc dû
reculer et s'assurer qu'il ferait des aboiteaux - parce que c'est
nécessaire pour les agriculteurs - sur des terrains privés. Donc,
il est faux de dire qu'il n'y a pas eu de protection. Sauf qu'Environnement
Canada a parlé beaucoup depuis dix ans d'acheter les marais, il ne l'a
jamais fait. C'est beaucoup de "partage" mais très peu de
réalisations.
Rapidement, sur un autre point. Concernant l'île Rochon, je dois
dire que, quand les promoteurs de l'île Rochon ont fait du remblayage,
nous les avons arrêtés. Quand ils ont essayé d'avoir un
retrait de la zone d'inondation, nous n'avons pas accepté de le faire
parce que la loi dit qu'il n'y aura pas de construction dans des zones
d'inondation. Mais, si la municipalité donne le permis, cela est la
responsabilité de Montréal d'avoir donné un permis. Nous
n'avons donné aucun permis. Nous avons même empêché
qu'il y ait du remblayage. Pour qu'ils puissent être affectés par
la loi de l'environnement, il fallait que ce soit un projet qui exige des
études d'impact. Comme il n'y a pas eu de remblayage, ils n'avaient pas
besoin d'études d'impact. Ils ont quand même accepté de
nous présenter des études d'impact qui nous ont permis d'apporter
des correctifs à la situation à laquelle ils faisaient face.
Actuellement, ils ne peuvent pas construire parce qu'ils sont dans une zone
d'inondation et c'est une question à
régler avec le fédéral. En ce qui concerne le
gouvernement du Québec, nous avons protégé
l'environnement. Nous n'avons donné aucun permis. C'est un permis de la
ville de Montréal et c'est à elle, je pense, de prendre ses
responsabilités.
Le député, depuis 25 minutes qu'il parle, en a dit des
choses. Il a parlé des règlements sur la pollution de l'air.
M. Paradis: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Léger: Le député n'est pas d'accord que
je dise qu'il a dit beaucoup de choses?
M. Paradis: Le ministre induit cette commission en erreur
lorsqu'il dit que le député a parlé pendant 25 minutes. Il
a parlé pendant 19 minutes.
Le Président (M. Gagnon): Le ministre n'a pas tenu le
temps. Je l'ai tenu comme président. Effectivement, il a parlé
pendant 19 minutes. M. le ministre, je vous redonne la parole.
M. Léger: De toute façon, si le
député de Brome-Missisquoi met beaucoup d'accent sur 20 minutes
ou 25 minutes, cela fait longtemps, en tout cas, que les questions venaient. Si
un député de l'Opposition désire des réponses, il
n'est pas nécessaire qu'il pose 42 questions en 20 minutes. Il peut me
les poser une par une, une à toutes les trois ou quatre minutes et je
peux répondre. Mais si le député ne veut qu'essayer de
donner une image, c'est entendu que, comme il n'est pas intéressé
aux réponses, il ne fait qu'affirmer beaucoup de choses pendant 20
minutes et les gens qui écoutent disent: Les réponses, ce n'est
pas grave; il a affirmé cela. Alors, M. le Président...
M. Paradis: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léger: ... je n'ai pas d'objection...
M. Paradis: Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Sur une question de
règlement, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Le ministre induit, encore une fois, cette commission
en erreur. C'est ce que le député de Nelligan a fait au
début...
Le Président (M. Gagnon): Écoutez!
M. Paradis: ... et le ministre a répondu par des
discours-fleuves de 15 à 20 minutes.
M. Léger: À l'ordre, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): II ne s'agit pas d'une question
de règlement. C'est une question d'opinion. La parole est au
ministre.
M. Léger: M. le Président, le député
de Brome-Missisquoi devrait rester bien tranquille et attendre qu'on
réponde aux questions. Je sais qu'il n'est pas intéressé
aux réponses. Les réponses ne le satisfont pas, mais il veut
simplement donner une image. Il a le droit de faire cela. Si c'est sa
stratégie, c'est important que les gens le sachent que c'est sa
stratégie. Nous, on est obligé de donner des réponses.
Mais si on me pose 42 questions en 20 minutes, M. le Président, c'est
difficile de me rappeler toutes les questions.
M. Paradis: Donnez-en!
M. Léger: Après, le député dit: Le
ministre n'a pas répondu à ma question. J'ai répondu
à 32 et peut-être qu'il en manquait trois ou quatre parce qu'il
les a posées dans un discours-fleuve. Écoutez! M. le
Président. Cela vient d'amont en aval, mais c'est difficile de remonter
le courant quand il en met trop à la fois.
M. le Président, tantôt, il parlait du règlement sur
la pollution de l'air fait, sous le gouvernement qui nous a
précédés, par le ministère de M. Goldbloom. Il a
fait un bon travail, je dois le souligner; M. Goldbloom a quand même
été un de ceux qui ont entrepris des projets dans ce domaine de
l'environnement. J'étais le critique de l'Opposition et je jouais le
rôle que le député joue actuellement.
Nécessairement, j'étais obligé de m'opposer à
différentes choses, mais il a quand même fait beaucoup de travail
et je l'ai admis. Dans le règlement qu'il présentait à ce
moment-là, il ne faut pas oublier qu'il demandait une réduction
de 35%. C'était en 1975. Je dois faire remarquer au député
qu'il ne l'a pas adopté. Ce règlement n'était pas en
vigueur. Alors, c'est beau d'exiger beaucoup, mais si on n'adopte pas le
règlement, cela fait beaucoup de paroles; tandis que moi, le
règlement, je l'ai adopté. Le règlement a
été adopté.
Ce que nous avons fait. M. le Président, nous avons
décidé d'attendre la participation des citoyens, tel que le
député le demandait tantôt. Par l'intermédiaire du
comité permanent de l'environnement de Rouyn-Noranda, entre autres, le
comité de citoyens, pendant quatre ans, avec des spécialistes de
mon ministère, a créé une technique d'information des
citoyens, d'analyse scientifique avec, je pense, une quarantaine de rapports
sur les conséquences
du mercure, les problèmes de l'air, les problèmes de
l'eau, les problèmes de dépotoirs, toute la situation de la
région. On a mis quatre ans pour présenter ces mémoires
et, à ce moment-là, on est arrivé avec la solution, soit
une diminution, au niveau de l'air, de 40%, donc de 5% de plus que sous le
gouvernement libéral de M. Lincoln - excusez-moi, on n'est pas
censé prononcer le nom du député - du député
de Nelligan. C'est 5% de plus que ce que le gouvernement du temps avait
demandé. Donc, cela valait la peine de consulter les citoyens et
d'arriver à 40%, puisque, maintenant, c'est une demande qui est plus
forte que celle que le gouvernement précédent avait dans
l'esprit.
Donc, nous avons atteint notre objectif en donnant une réponse
aux préoccupations des citoyens et une réponse technique à
un problème. C'est beau d'exiger la diminution de la pollution de l'air,
mais il faut que la technologie soit connue. C'est pour cela que, dans
l'ordonnance que nous avons mise de l'avant il y a quelques mois à la
Noranda où on lui demandait de diminuer de 40%, nous lui avons aussi
donné une manière de le faire. Ce n'est pas tout de dire de
diminuer de 40%. La solution qu'on leur a apportée avec la
Société nationale de l'amiante va permettre, en quatre ans, de
diminuer de 40% la pollution atmosphérique et au cours des sept ou huit
prochaines années, de diminuer de 100% les matières de SO2,
anhydride sulfureux, qui sont envoyées en l'air. Ça, c'est une
trouvaille qui a été faite par des Québécois au
Québec, et c'est parce qu'on l'a présentée à la
compagnie qu'elle a accepté de s'entendre avec la SNA pour le faire. (12
h 15)
Non seulement on a apporté des solutions légales, mais des
solutions techniques aussi. Je pense que c'est tout à l'avantage du
gouvernement actuel du Québec d'avoir participé, avec des
citoyens de la région, à élaborer une stratégie
d'intervention. Il a demandé aux citoyens de participer aussi à
l'information par les opinions qu'ils ont émises, grâce à
des sondages publics qui ont été faits à la radio et de
porte à porte par des citoyens de la région. Cela nous
amène à la solution que nous avons présentée
tantôt. Cela concerne le domaine de l'air.
Dans le domaine de l'eau, nous avons mis, dans la phase III,
l'assainissement des cours d'eau pour la même région qui fait
partie du rapport des groupes de citoyens.
C'est pour ça que je ne comprends pas tellement cette opposition
que le député de Nelligan a contre la régionalisation.
C'est parce qu'on rapproche les fonctionnaires des citoyens. On est capable
d'être à l'écoute des problèmes des citoyens. Cela
n'est pas juste du "parlage", ce sont des gestes concrets. Nous avons 850
fonctionnaires au central et nous avons 350 fonctionnaires dans les
régions nous permettant d'être à l'écoute des
citoyens et de régler des problèmes avec eux en tenant compte de
la particularité du milieu. Ce sont des problèmes majeurs qu'on a
souvent, c'est-à-dire de faire des règlements
généraux qui sont difficiles d'application dans les
régions. Quand on a des citoyens dans les régions qui sont
capables d'analyser et d'écouter, on peut adapter les règlements
pour répondre à leurs besoins.
Je ne voudrais pas prendre tout le temps du côté
gouvernemental, je sais qu'il y a des députés de ma formation qui
auraient des choses à dire au sujet de l'environnement. Je pourrais donc
laisser la parole à d'autres.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rousseau.
M. René Blouin
M. Blouin: Merci, M. le Président. C'est un peu le
rôle de l'Opposition - l'Opposition se donne ce rôle-là, ce
n'est pas très original, c'est traditionnel - d'essayer de trouver des
points négatifs à peu près partout, non seulement dans
l'environnement mais dans tous les gestes que le gouvernement peut poser. Je
sais une chose, par expérience, parce que cela a touché les
municipalités et les citoyens et citoyennes de ma région et de
mon comté, et il y a un point particulier dont je voudrais parler, c'est
celui de l'amélioration de la qualité de l'eau.
Les cours d'eau dans notre région, pour différentes
raisons, sont devenus, avec les années et avec la négligence
accumulée, de véritables égouts à ciel ouvert.
Depuis quelques années, le ministère de l'Environnement a
décidé de prendre le taureau par les cornes et de s'occuper de ce
problème-là, pas seulement parce que ça affectait la vie -
ce qui est vrai - des poissons et des oiseaux, mais parce que la pollution est
rendue tellement forte et tellement grave que cela affecte - et on en a eu des
exemples - maintenant la vie humaine.
Lorsque la situation est rendue à un point aussi critique, le
gouvernement n'a pas d'autre choix que d'intervenir fermement pour
régler ces problèmes. À titre d'exemple, dans ma
région et dans mon seul comté, le ministère de
l'Environnement a signé, au moment où on se parle, des protocoles
avec à peu près toutes les municipalités qui sont en
bordure des rivières polluées. Des millions de dollars sont
investis par le gouvernement et par les municipalités - mais le
gouvernement participe à au-delà de 80% du financement de ces
équipements - qui
permettront aux citoyens et aux citoyennes de retrouver, d'ici à
quelques années, l'utilisation de ces cours d'eau, soit pour la
baignade, soit pour la promenade, et, également, pour alimenter les
populations en eau potable lorsque c'est nécessaire.
Cette amélioration de la qualité de la vie qui touche
l'eau, qui est un aspect fondamental de la vie même, est donc un des
aspects sur lesquels s'est penché le ministère de l'Environnement
depuis quelques années et nous commençons déjà -
non seulement nous ne continuons pas à en parler, comme ça se
fait depuis des décennies - à toucher du doigt les solutions et
à voir, dans certains secteurs, aux têtes des rivières, les
résultats concrets de ces gestes qu'a posés le ministère
de l'Environnement.
Puisque, depuis le début, l'Opposition s'est acharnée,
à coups de coupures de journaux ramassées plus ou moins à
gauche et à droite et souvent sans trop de cohérence, à
essayer de démontrer que les dossiers de l'environnement au
Québec n'étaient pas bien traités et qu'ils clochaient. Si
l'Opposition a le privilège de se comporter de cette façon, il
est légitime, pour tous ceux et toutes celles qui nous écoutent
et qui sont intéressés à la qualité de la vie au
Québec, il est légitime de notre part aussi de demander au
ministre de nous indiquer rapidement, mais globalement aussi, quels dossiers
majeurs il a réglés, quelles améliorations fondamentales
il a apportées pour améliorer la qualité de vie des
Québécois et pour que la qualité de l'environnement soit
meilleure au Québec. C'est ce que je demande au ministre, de nous
indiquer quels sont les grands dossiers qu'il a parrainés et qui ont
permis l'amélioration de la qualité de l'environnement au
Québec.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Rousseau.
M. le ministre, avant de vous accorder la parole, on vous a
demandé de le faire rapidement. Comme je dois partager le temps à
peu près également, d'ici 12 h 40, et comme les dernières
vingt minutes sont réservées à la réplique, je vous
demanderais, moi aussi, de le faire rapidement. Merci.
M. Lincoln: Combien de minutes me reste-t-il?
Le Président (M. Gagnon): Exactement vingt minutes.
M. Léger: L'Opposition a toujours le mot de la fin,
quoi?
M. Paradis: Non, vous avez la dernière
réplique.
Le Président (M. Gagnon): Non, c'est vous, M. le ministre,
qui avez le mot de la fin.
M. Léger: J'ai le droit de réplique à la
fin, pendant les vingt dernières minutes?
Le Président (M. Gagnon): C'est cela. Les dernières
vingt minutes sont réservées à la réplique: dix
minutes à l'Opposition et dix minutes au parti ministériel.
M. Léger: Le parti ministériel vient le dernier, je
présume?
Le Président (M. Gagnon): C'est cela.
M. Paradis: Vous allez avoir le dernier mot, comme
d'habitude!
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Marcel Léger
M. Léger: Rapidement. Je pense que je dois quand
même dire que j'ai joué pendant six ans et demi le rôle de
l'Opposition; je comprends et je peux accepter objectivement qu'il est normal
que l'Opposition essaie de trouver les points faibles d'une administration.
C'est impossible qu'on soit fort partout, c'est normal.
Cependant, il est aussi important, pour les citoyens qui regardent
évoluer leurs élus, aussi bien ceux de l'Opposition que ceux qui
sont au pouvoir, qu'ils puissent savoir ce qui est mis le plus en
évidence, les points faibles ou les points forts. Je suis assuré
que ce n'est pas l'Opposition qui va parler des points forts du gouvernement.
Il est donc important que le gouvernement démontre ses points forts et
puisse bénéficier de l'alarme que l'Opposition peut sonner sur
les points faibles pour pouvoir y apporter des corrections si
nécessaire.
Comme ministre de l'Environnement, un des points forts dont je suis le
plus fier, depuis que je suis titulaire du ministère de l'Environnement,
a été la loi 69. C'est celle qui établissait un
schéma donnant aux citoyens une charte des droits de l'environnement qui
leur permet de venir s'exprimer, qui leur permet de prendre connaissance des
dossiers. Cette loi oblige tout promoteur, que ce soit du côté
gouvernemental, paragouvernemental, industriel ou privé, à
présenter une étude d'impact sur les conséquences de son
projet sur l'environnement.
Par la suite, si des citoyens le désirent et s'ils pensent qu'ils
pourraient y avoir des implications chez eux, ils peuvent demander une audience
publique que le ministre de l'Environnement peut leur accorder. À ce
moment-là, cela me permet de savoir de
quelle façon les citoyens veulent que le développement se
fasse chez eux pour conserver la qualité du milieu de vie.
Je pense que c'est quelque chose d'important. Parfois, cela demande une
bonne dose de courage pour un gouvernement d'accepter que ce mécanisme
fonctionne. Il faut aussi que l'Opposition comprenne que si on permet, par des
mécanismes légaux, aux citoyens de venir s'exprimer, il faut,
à travers cela, déterminer quels sont les éléments
valables dans tout ce que chaque citoyen peut dire à l'intérieur
d'un projet précis. Des affirmations sont basées sur des
documents, sur des projets scientifiques, sur des connaissances technologiques;
d'autres sont des états d'âme, des situations où les
citoyens n'aiment pas ou appréhendent des choses. Quand les citoyens
peuvent être manipulés par d'autres intérêts, cela ne
donne pas nécessairement la vision exacte de la situation. Et par la
suite, quand les médias reproduisent le contenu des audiences publiques,
ils peuvent parfois laisser une impression ambiguë sur tel projet. Le
ministre, là-dedans, doit défendre les intérêts
généraux de la population et tenir compte aussi des
préoccupations des citoyens du milieu.
Je pense que c'est un défi d'une société qui est
rendue à maturité, qui commence maintenant à se sentir
impliquée dans l'environnement, capable de s'exprimer, mais capable
aussi d'accepter que des décisions doivent être prises. Quand
quelqu'un doit prendre une décision, il y a un proverbe qui dit: Qui
choisit, sacrifie. Si on est pour choisir quelque chose, c'est parce qu'on est
obligé de mettre de côté d'autres considérations. La
loi 69, c'est une loi de la maturation d'une société; la
création du ministère. Parce qu'avant, il n'y avait pas de
ministère. La régionalisation est un outil qui permet maintenant
au ministère d'être le gestionnaire de l'eau. Je me rappelle, en
1977, j'étais allé, à l'initiative des Nations Unies,
à Mar del Plata où on discutait du problème mondial de
l'eau. Le gouvernement du Québec, qui était présent
là-bas, avec le gouvernement fédéral, avait mis de l'avant
l'idée qu'on doit avoir un gestionnaire unique de l'eau. À Mar
del Plata, en Argentine, devant les Nations Unies, on a vu que le Québec
s'en allait dans cette direction. Je peux vous dire que c'est fait maintenant.
Le ministère de l'Environnement est maintenant le gestionnaire unique de
l'eau, ce qui lui permet de s'occuper de l'assainissement des cours d'eau,
aussi des problèmes d'inondation et d'étiage.
Donc, le gestionnaire de l'eau donne la qualité et la
quantité de l'eau au Québec. C'est un programme qui est d'une
envergure nationale. C'est un mégaprojet. Cela va dépasser les 6
000 000 000 $ au Québec. Cela va redonner à chaque citoyen dans
sa région, la réutilisation de son cours d'eau. La gestion des
déchets industriels est aussi un dossier dans lequel nous sommes. Il y a
une réglementation qui s'en vient pour le contrôle du transport de
ces déchets. Je peux vous dire, M. le Président, que ces dossiers
que nous mettons de l'avant nous permettent de dire que nous sommes très
fiers. Je n'ai pas entendu le député de l'Opposition
féliciter le gouvernement du Québec spécialement pour le
prix international Rachel Carson qu'il a reçu en Italie, où
treize grands pays se trouvaient, dont la Suède, les États-Unis,
la France, l'Italie, la Suisse, l'Angleterre et l'Allemagne. Le Québec a
mérité un prix international pour la qualité de cette
intervention dans le domaine de l'environnement.
Je pense que pour avoir la crédibilité de l'Opposition, il
faut parfois aussi qu'elle félicite et on ne l'entend pas trop souvent
là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Une constatation dans le cas des pluies acides, pour
relever ce que le ministre a dit. Le projet de règlement Goldbloom en
1975 n'a pas été mis en marche; en 1976, le Parti
québécois est arrivé au pouvoir. Il a dit: II a fait des
consultations. Finalement, 1979, parce qu'il fallait utiliser la technique. Il
fallait qu'on soit prêt pour la technique. Je vais lui souligner que
depuis 1970, INCO a les techniques pour réduire l'émission que le
gouvernement de l'Ontario l'avait forcé à réduire. Cela
aurait été bien facile de demander à Noranda de trouver ce
qui se passe là-bas.
Pour revenir aux battures de Kamouraska, le ministre a fait une petite
défense très rapide de cela. La seule défense qu'il a pu
me donner, c'est: On ne peut pas se mêler des terres privées,
parce qu'on a une loi qui date de 1927 qui dit: La ligne de démarcation
des terres publiques et des terres privées, c'est la ligne de la
marée de mars. En fait, en mars, on sait qu'à Kamouraska les
terres sont gelées. C'est une affaire désuète. Même
votre ministère voisin, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, par M. Nadeau, vous a dit que c'est une histoire impensable qui
date des calendes grecques et qu'il faut changer à tout prix.
Vous avez tous les droits sur la loi. Vous auriez pu faire adopter une
loi changeant la démarcation des lignes privées et publiques des
terres. Vous auriez pu acheter ces terres. Si vous n'avez pas les fonds pour
les acheter, Environnement Canada a proposé de les acheter pour
1 000 000 $ et les fermiers sont disposés à vendre. Au
moins, qu'on fasse une concertation quelconque, qu'on fasse quelque chose. Je
ne pense pas que ce soit assez de protéger l'environnement en disant:
Non, ce sont des terres privées. Le ministère de l'Agriculture
pouvait faire quoi que ce soit avec les aboiteaux. Je trouve que c'est un
scandale, M. le ministre. Ce n'est pas une réponse acceptable.
Maintenant, si on peut passer à l'assainissement des eaux. Pour
le temps qu'il nous reste, moi aussi j'aurais voulu passer à
l'assainissement des eaux. C'est très bien. Je vous félicite
d'avoir eu la décoration du mérite en Italie. Je trouve cela
formidable. Moi aussi, je suis bien fier du Québec. J'admets que vous
avez fait beaucoup de choses depuis que vous êtes devenu ministre, mais
mon rôle, c'est de dire ce que vous n'avez pas fait. (12 h 30)
Mon rôle est de vous dire ce que vous n'avez pas fait, qu'il y a
beaucoup de choses qu'il reste à faire et que tout ce que vous racontez
qui a été fait n'a pas toujours été fait. C'est
ça mon rôle. Dans le domaine de l'assainissement des eaux, c'est
là qu'il y a les plus grosses lacunes, qu'il y a les plus grands
fla-flas, les plus grandes bebelles, les plus grandes annonces, les plus
grosses conférences de presse pour des choses qui ne se font pas aussi
rapidement que vous dites qu'elles se font. Ce qui arrive, c'est que, d'abord,
les évaluations de vos projets, les évaluations du coût des
projets, les évaluations des protocoles d'entente sont tellement
simplistes, sont tellement mal faites que, bien souvent et dans des cas que je
vais vous citer, elles ne tiennent pas debout. Les pauvres municipalités
sont collées avec vos protocoles d'entente et vos coûts
d'évaluation qui sont, dans tellement de cas, sous-évalués
de 20% à 50%. En fait, le président de l'AQTE a
dénoncé des cas où, en moyenne, il y avait des
sous-évaluations de 75%, dans certains cas de 113% et, dans un cas, de
près de 300%. Des gens sont en charge de ces budgets et je vous demande
qui a préparé les budgets de toutes ces conventions que vous avez
signées à grands fla-flas de photos et de conférences de
presse.
Une voix: Claude Vallée!
M. Lincoln: Qui a défini les travaux à faire? Selon
quels critères avez-vous fait cela? Vous dites qu'il y a des travaux qui
sont terminés. Oui, d'accord, il y a trois ou quatre projets qui sont
terminés et qui étaient déjà commencés, mais
combien sont en suspens? Combien ont été stoppés? Combien
ont des intercepteurs sans usine? Combien ont été stoppés
et sont repartis, parce que tous les projets ont été mal
calculés? On peut vous donner des exemples. Il y a des quantités
d'exemples de sous-évaluation qui crachent à l'oeil. Je vais vous
donner quelques exemples. Le village de Val-David, cela a commencé par
être évalué en 1979 à 1 500 000 $. Seulement un an
après, le 11 septembre 1980, la modification est de 2 600 000 $. Selon
l'AQTE, la facture finale de Val-David va se chiffrer à 3 200 000 $, 73%
de plus que le premier protocole d'entente en mai 1979. Val-Morin, vous avez
commencé cela à 300 000 $ le 21 juillet 1979 et, le 11 septembre
1980, c'est rendu à presque 600 000 $, presque le double, 93%
d'augmentation soit 579 000 $. À Granby, c'est le scandale. À
Granby, vous commencez à 19 500 000 $ et, selon l'AQTE et les devis que
vous avez obtenus et les constatations des ingénieurs, le dernier
rapport des ingénieurs, c'est 55 000 000 $. À votre
ministère même, Mme Louise Raymond - je pense que c'est son nom -
dit que ce sera au moins 45 000 000 $. Le projet est stoppé, parce qu'il
faut repartir à nouveau, aller voir toute l'affaire. Elle a
été tellement mal faite! II y a d'autres exemples. On aurait pu
vous en citer des quantités d'autres.
Le problème de toute cette affaire, c'est qu'il y a trop
d'intervenants. Vous avez la Société du Québec pour
l'assainissement des eaux qui a commencé, l'année
dernière. Malheureusement, ce qui arrive, c'est que votre
ministère et la Société, du Québec pour
l'assainissement des eaux sont en conflit perpétuel, en bisbille
perpétuelle. Ils ne vont même pas à des réunions
conjointes, vrai ou non? Ce qui arrive avec la Société du
Québec pour l'assainissement des eaux, c'est qu'il y a un "turn over"
continuel de personnel là dedans. Par exemple, je peux vous demander
pourquoi M. Claude Besner a quitté? Pourquoi actionne-t-il le
ministère maintenant? Ce qui arrive aussi dans votre ministère,
sur l'assainissement des eaux, c'est qu'au lieu d'avoir des fonctionnaires
à temps plein qui sont payés par le ministère, vous avez
de plus en plus de contractuels. J'aurais voulu vous demander combien vous avez
de contractuels dans votre ministère pour l'assainissement des eaux,
pourquoi vous avez tant de contractuels et combien touchent ces contractuels.
Ne trouvez-vous pas qu'il y a possiblement un conflit d'intérêts
entre un contractuel qui travaille pour vous au ministère et un
contractuel qui est peut-être en même temps partenaire dans une
firme de consultants qui pourrait avoir des ramifications avec le
ministère, qui pourrait encourager des amis à lui? Par exemple,
cela m'intéresse, le cas des contractuels, dans le département de
l'assainissement urbain. Là, je vois encore le nom de M. Claude
Vallée, conseiller technique, qui a reçu des contrats dont on a
discuté à propos de Stablex. Oui, votre ami politique, votre
organisateur
politique, M. Claude Vallée, touche 99 900 $ pour un contrat et
59 000 $ pour un autre. Combien touche-t-il comme contractuel? II y a un autre
contractuel, M. Jacques Cimon. N'est-il pas un contractuel? Il y a Louise
Raymond, elle aussi contractuelle. Dans une équipe de sept ou huit
personnes, je décèle trois contractuels, il y en a
peut-être plus. Pourquoi y a-t-il tellement de contractuels'? Est-ce que
la raison serait que, dans votre ministère, vous ne pouvez pas trouver
assez de compétence, c'est pourquoi il faut engager des contractuels? Ne
trouvez-vous pas que c'est une situation de conflit? Pourquoi y a-t-il
tellement de conflits continuels entre la Société
québécoise de l'assainissement des eaux et votre
ministère? Par exemple, dans la Société
québécoise de l'assainissement des eaux, il y a deux
employés société de la Lyonnaise des eaux. N'est-ce pas
vrai que la firme Inspectronic à Québec a été
achetée par la Lyonnaise? Ne trouvez-vous pas qu'il y a un conflit des
employés de la Lyonnaise qui font peut-être affaires avec
Inspectronic? Est-ce que vous pouvez confirmer ou infirmer que la gestion et le
contrôle des coûts dans les programmes de l'assainissement des
eaux, les trois quarts du mandat de la Société
québécoise de l'assainissement des eaux, doivent passer par la
SQAE, SNC et Lavalin? Est-ce que vous pouvez confirmer ou infirmer cela?
Ce que je vous demande, c'est ceci: Est-ce vrai que le contrôle
des coûts et le contrôle de la gestion des programmes que fait la
SQAE, la Société québécoise de l'assainissement des
eaux, est-ce que c'est vrai qu'ils négocient pour les passer par contrat
à SNC et à Lavalin? Quoique je n'aie rien à dire contre
les firmes Lavalin et SNC qui sont des firmes de réputation
internationale et mondiale de premier ordre, je vous dis que s'il faut passer
les trois quarts de la raison d'être de la SQAE à SNC et Lavalin,
pourquoi a-t-on besoin de la SQAE?
M. Marcel Léger
M. Léger: Est-ce que je peux, pour ne mêler
personne, répondre juste à la dernière question?
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Nelligan. C'est terminé? M. le ministre.
M. Léger: On me dit que la SQAE, la Société
québécoise de l'assainissement des eaux, a acheté le
système de contrôle qui existe chez SNC et elle l'utilise
elle-même. Donc, ce n'est pas SNC ou Lavalin qui l'a fait, c'est la
Société québécoise de l'assainissement des eaux qui
utilise ce système de contrôle. C'est la réponse que je
peux donner à la dernière question du député.
M. Lincoln: Est-ce que vous voulez dire que ces gens-là
sont actuellement des fonctionnaires de la Société
québécoise de l'assainissement des eaux ou est-ce que ce sont des
contractuels fournis par SNC et Lavalin? C'est bien important.
M. Léger: Je vous dis que c'est la société
d'État qui est responsable du contrôle, mais ils ont acheté
le système. Il se peut que les gens de SNC travaillent pour livrer le
système à la société d'État. Mais je
pourrais peut-être donner plus de détail, je vais vérifier
plus en profondeur. Quel problème y voyez-vous?
M. Lincoln: Je comprends que vous n'avez pas l'air de le savoir.
Je comprends, le sous-ministre ne vous l'a pas dit.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez
toujours la parole.
M. Léger: II y a une chose que le député
devrait remarquer. C'est que, pour la période de question avec
débat d'aujourd'hui, entre vous et moi, je vais quand même vous
dire une chose. C'est que, normalement, quand on a une question avec
débat, la question devrait être assez précise pour qu'on
puisse se préparer à répondre à la question. Mais
le député, au lieu de mettre une ou deux questions à
l'ordre du jour pour que je puisse me préparer à répondre
à ces questions-là, a amené comme question la protection
de l'environnement. M. le Président, j'ai environ 150 dossiers qui
fonctionnent actuellement dans toutes les directions et dans tous les domaines.
Est-ce que je vais amener mes 1250 fonctionnaires derrière moi pour
répondre à des questions particulières comme
celles-là? Il ne faut pas exagérer; je veux bien essayer de
répondre le plus possible aux questions du député, mais,
quand il en est rendu à des questions précises et
détaillées comme cela, sans m'avoir prévenu, je n'ai pas
tout le personnel autour de moi pour répondre à du fonctionnement
quotidien. Je suis là pour chapeauter un ministère et surveiller
comment cela fonctionne. Mais, quand il y aura des questions aussi
précises que cela, qu'on m'avertisse à l'avance pour que je
puisse faire les recherches ou amener avec moi les gens qui peuvent me donner
les réponses.
Je vais quand même revenir à certaines affirmations
générales qui ont été faites pendant la
foulée précédente. Le député parle de
coûts qui ne sont pas les mêmes que ceux prévus, pour
l'assainissement des eaux à l'occasion des signatures de protocoles
d'entente. Je dois dire que le ministère, quand il établit des
contacts avec
une municipalité, à l'intérieur du programme
d'assainissement des eaux, il fait, à ce moment-là, une
étude préparatoire. Par la suite de cette étude, il y a
des analyses de coûts. Le protocole d'entente doit tenir compte de
l'objectif environnemental qu'on poursuit, c'est-à-dire le degré
de qualité qu'on veut avoir au bout et aussi le coût comme tel; on
doit aussi s'assurer du contrôle de ces coûts. Pour s'assurer du
contrôle des coûts, il faut qu'il y ait chez nous un cadre de
gestion. Par la suite, des municipalités décident d'aller de
l'avant elles-mêmes et il y a des municipalités qui
décident d'avoir recours à la Société
québécoise d'assainissement des eaux. C'est pour cela que, durant
les premières années, la Société
québécoise d'assainissement des eaux a établi une
méthode de fonctionnement. La première année, c'est une
période de maturation de fonctionnement; elle est en train de s'ajuster
à cela. Nous avons dû établir un cadre de gestion et c'est
pour cela que je peux expliquer les chiffres que m'a donnés le
député tantôt; à Val-David, c'est passé de 1
500 000 $ à 3 200 000 $; à Val-Morin, de 300 000 $ à 600
000 $. Je peux vous dire que, dans ces cas, il y a eu des terrains, comme
source d'assainissement des eaux, qui n'étaient pas compris dans les
territoires prévus originalement.
À Granby, je peux vous dire que les chiffres, au début,
s'élevaient autour de 32 000 000 $ et que ce sera autour de ce montant
et non pas autour de 55 000 000 $, tel qu'il l'a dit. Les affirmations de la
Société québécoise d'assainissement des eaux sont
théoriques mais tiennent aussi compte du fait que les prix, aujourd'hui,
au moment où on décide de signer, c'est une chose; mais, si la
réalisation des travaux intervient deux ou trois ans plus tard, cela
amène une possibilité de coût supplémentaire d'une
année, ce qui est une augmentation de prix; ce n'est pas sur les
mêmes données. Comme je veux laisser l'Opposition faire ses 10
minutes avant la fin, je continuerai tantôt.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
Maintenant, nous entamons la phase finale qui est la réplique. M. le
député de Nelligan, vous avez jusqu'à 12 h 50.
Conclusion M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je n'ai pas voulu faire un
plaidoyer d'accusations négatives contre le ministre par amusement. J'ai
porté ces choses à l'attention du ministre parce qu'elles sont
importantes. Je ne pouvais pas lui dire d'avance toutes les questions que
j'allais poser parce que cela aurait été ridicule. Je voulais lui
souligner qu'il y a de graves lacunes de principe dans toute sa gérance
de la protection de l'environnement. Il faudra qu'il s'attache beaucoup plus
à ses dossiers et qu'il sache beaucoup plus ce qui se passe. En fait,
j'avais dit au ministre qu'on allait parler de l'assainissement des eaux. Je
trouve extraordinaire que, dans une question politique et de principe de si
grande importance, il ne savait même pas que la SQAE, la
Société québécoise d'assainissement des eaux,
allait signer un contrat de grande importance pour les trois quarts de ses
programmes internes, c'est-à-dire la gestion et le contrôle des
coûts, avec SNC-Lavalin. Il ne savait même pas comment cela allait
se faire. Il ne savait même pas que ces gens-là allaient
travailler comme contractuels. Si, moi, simple petit député sans
service de recherche, sans cadre, etc., je peux savoir ces choses, pourquoi pas
lui?J'ajouterai, comme le président du Conseil du
trésor le soulignait l'autre jour à nos collègues des
engagements financiers, que de plus en plus pour épargner des
coûts, le gouvernement insiste pour employer des fonctionnaires et non
des contractuels. Dans d'autres cas, il semble qu'à votre
département, c'est tout à fait différent; vous employez de
plus en plus de contractuels. Là, je vous ai cité un cas
flagrant. Est-ce que vous ne pensez pas, de plus, que si SNC-Lavalin vont
s'ingérer dans les trois quarts du "business" de la
Société d'assainissement des eaux du Québec, d'abord, vous
êtes en conflits d'intérêts avec des gens qui travaillent
comme ingénieurs dans vos programmes dans d'autres matières,
Ensuite, pourquoi à ce moment-là est-ce qu'on a besoin de la
Société québécoise d'assainissement des eaux?
Vous me dites, au sujet de Granby, par exemple, que c'était
calculé à 32 000 000 $. Si c'était calculé à
32 000 000 $, pourquoi n'avez-vous pas fait le calcul de 32 000 000 $ et ne
l'avez-vous pas inscrit dans vos dossiers? Là, je vous montre un
discours de M. Tétreault, directeur de l'assainissement de l'eau
à votre ministère. Avancement du programme d'assainissement des
eaux par Robert Tétreault, 5 mars 1982; donc c'est assez récent.
(12 h 45)
Je peux lire, moi aussi. Je vois: "Granby, ville, convention
signée le 24 janvier 1980, 19 500 000 $." Si c'était donc 32 000
000 $, pourquoi n'avez-vous pas écrit 32 000 000 $? Et si c'est
réellement 32 000 000 $ que cela va coûter au lieu de 55 000 000
$, pourquoi Mme Louise Raymond, la contractuelle qui travaille dans votre
service urbain d'assainissement des eaux, dit-elle, elle, que c'est 45 000 000
$?Je peux vous citer ses paroles quand elle dit 45 000 000 $.
Alors, est-ce que c'est 19 000 000 $, est-ce que c'est
32 000 000 $, est-ce que c'est 45 000 000 $, est-ce que c'est 55 000 000
$? C'est pour cela que je vous dis que c'est réellement la pagaille dans
votre service d'assainissement des eaux.
L'évaluation des coûts se fait très mal. La question
du contrôle des coûts se fait très mal; la gestion se fait
très mal parce que vous êtes en bisbille avec la SQAE. Vous ne
savez même ce qui se passe dans la SQAE et c'est cela que je veux vous
dire, M. le ministre. Vous avez une très bonne intention, vous
êtes un type très sympathique, mais vous n'êtes pas assez
au-dessus de vos dossiers. Je vous ai cité le dossier des sites naturels
et je n'ai pas parlé du projet Archipel. Malheureusement, je n'ai pas eu
le temps, parce que je voulais vous parler du projet Archipel et vous demander
ce que vous dites sur le projet Archipel. Est-ce que vous êtes pour ou
contre les rapides de Lachine? Dans le projet Archipel, si on veut faire une
station hydroélectrique, qu'on le veuille ou non, les rapides de Lachine
vont disparaître et avec cela un des sites naturels les plus
précieux au Québec et dans la région de Montréal.
Or, jamais je ne vous entends dire ce que vous faites. Vous laissez le
ministère de l'Aménagement mener le bal. On ne vous entend jamais
comme ministre de l'Environnement. Je vous ai parlé de l'île
Rochon. On ne vous entend jamais; vous avez tout le droit d'intervenir. Je vous
ai parlé des battures de Kamouraska et vous me dites: C'est un terrain
privé, je ne peux rien faire. Quant aux îles de l'archipel de
Mingan, d'accord, là vous allez me dire; C'est un bien culturel, je n'ai
pas le droit de toucher à cela, mais il y a un comité
interministériel. Peut-être qu'on aurait voulu entendre ce que
vous pensez de cela. Il faut préserver l'archipel de Mingan, il faut
essayer d'acheter ces îles. Peut-être que vous auriez pu essayer de
rentrer là-dedans, de prendre ce dossier en main, de faire de cela une
réserve écologique ou quelque chose comme cela.
Je vous parle de la forêt de Saraguay. Peut-être que
là, vous allez me dire aussi: Mais cela aussi, c'est un bien culturel,
je ne rentre pas là-dedans. Mais il faut que vous rentriez
là-dedans. Si ce n'est pas vous, vous avez assez de fonctionnaires pour
le faire. Si vous en avez 856, vous pouvez en trouver un ou deux qui vont
s'intéresser à ce dossier.
D'accord, on vous a parlé des déchets toxiques; on vous a
parlé de l'affaire de Sainte-Martine. Tout ce que je vous dis, moi,
c'est que ce que vous faites maintenant avec vos camions-citernes et votre
tuyauterie, c'est bien, mais je vous dis que, si vous avez lu ce rapport, vous
auriez dû le faire l'année dernière. Ce n'est pas bon de me
dire; Mais cela avait été déposé par les
libéraux en 1975. C'est malheureux, mea culpa. Mais en 1980, on avait ce
rapport. Vous avez commandé un rapport et vous ne faites rien. Ce que je
veux vous demander, M. le ministre, c'est d'être plus présent pour
défendre l'environnement quand cela compte. Défendre
l'environnement contre les gros, contre les forts, contre le maire Drapeau,
contre le ministère de l'Agriculture. Si vous vous levez en Chambre et
me dites que vous avez fait un arrangement avec votre collègue pour les
battures de Kamouraska, je dirai que c'est bon. Peut-être que pour le
député de Rousseau, cela ne compte pas trop, c'est mieux
l'assainissement des eaux, que les oiseaux et les poissons, c'est secondaire.
Le principe de l'environnement, le principe de l'écologie, ce n'est
jamais secondaire. Je vous demande de vous imposer dans vos dossiers,
d'être beaucoup plus présent parce que je pense que vous manquez
à vos responsabilités.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Nelligan.
M. le ministre, votre droit de réplique.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, en terminant, je dois
rectifier certaines affirmations qui sont dites, de bonne foi, par le
député. Il dit que j'avais dit que je devais parler de
l'assainissement des eaux, et qu'il n'est pas au courant qu'il y a une
boîte spéciale qui existe dans la SQAE, qui est une
société d'État à l'extérieur du
ministère, et qui a une façon à elle de fonctionner au
niveau de ses contrôles. C'est entendu qu'il doit y avoir d'autres
boîtes que je ne connais pas dans la SQAE, je ne peux pas les
connaître toutes. Mais si vous m'aviez posé cette question au
début, j'aurais obtenu les renseignements voulus.
C'est normal qu'une société d'État comme la SQAE,
qui a été créée il n'y a pas tellement longtemps,
puisse aller chercher des expériences à l'extérieur,
prenne les éléments les plus nouveaux, les plus adéquats
et les utiliser. Elle a payé une somme de 25 000 $ à la SNC pour
amener une boîte du genre d'un système ordinateur qui lui a
été montrée par certains représentants des SNC,
mais qui ne travaillent pas là toujours, qui ne font qu'expliquer
comment la boîte fonctionne. Les renseignements qui proviennent des
chantiers de travaux d'assainissement des eaux sont ainsi acheminés dans
cette boîte de contrôle. Il sort au bout des états de la
situation quant à la réalisation, au contrôle des
coûts, ce qui permet de prendre une décision par la suite sur les
prochains gestes à poser. Ce sont des mesures de contrôle qu'une
société de cette envergure peut se donner.
Le député me parle aussi des prix différents pour
Granby. C'est parce qu'on ne
parle pas de la même chose. Je comprends que les chiffres peuvent
être différents, mais quand on établit le prix d'un projet
dans une année, deux ans après, les prix vont
nécessairement changer, si on parle d'argent de 1980 ou d'argent de
1982. Au taux d'intérêt qui augmente au rythme que nous avons et
au taux d'inflation, un projet qui peut coûter 19 000 000 $ une
année, trois ans après, à cause de l'inflation, s'il n'est
pas encore réalisé, il peut aller à des montants de 25 000
000 $, 30 000 000 $, 32 000 000 $ ou 35 000 000 $. Cela dépend de quelle
année on parle. Donc, en ce qui nous concerne, nous allons nous assurer
du contrôle des coûts et nous assurer que le coût a pu
augmenter. Pour le même projet, de la même envergure, deux ans
après, le coût du matériel est différent, le
coût des salaires est différent, le taux d'intérêt
sur l'emprunt temporaire pour cela est différent. Les chiffres changent
d'année en année. Donc, il faut qu'on se comprenne, les pommes
avec les pommes, les bananes avec les bananes. Si on dit: Tel projet, telle
année, à tel prix, cela coûte combien l'autre année?
Cela coûte un autre montant d'argent. C'est là-dessus qu'il faut
être capable de s'entendre. Même si on se lançait des
chiffres ici, on ne réglerait pas grand-chose de ce
côté.
Cependant, je voudrais terminer en parlant des dossiers sur lesquels le
député voudrait que je me penche davantage: Archipel, le dossier
de Kamouraska, le dossier de l'île Rochon. Je peux vous dire, entre
autres, que les lois actuelles sur l'environnement ne sont peut-être pas
encore suffisantes, assez fortes. Il faudrait se donner des lois. Entre autres,
pour les espaces verts, il faudrait qu'il y ait une loi plus forte, plus
grande. À ce jour, quels sont les outils que j'ai pour m'impliquer
à Kamouraska, à l'île Rochon. Vous avez parlé du
domaine de la baie... Je pense que c'est dans le comté voisin, mais en
tout cas... Vous avez parlé d'un projet dont je ne me souviens pas du
nom, mais ce n'est pas dans mon comté. La baie des...
M. Lincoln: ... Vous êtes déjà intervenu
là-dessus.
M. Léger: La rivière des Prairies fait le tour de
Montréal.
M. Lincoln: Vous avez oublié.
M. Léger: Elle n'est pas seulement dans mon comté.
Dans ces projets, qu'est-ce que j'ai comme outil? J'ai la loi qui me permet
d'empêcher toute personne ou groupe de déverser des contaminants
dans l'eau. Ce n'est pas le cas pour Kamouraska; ce n'est pas le cas pour
l'île Rochon; ce n'est pas le cas pour bien des projets. Cela prend
quelqu'un qui déverse des contaminants.
J'ai la possibilité d'empêcher quelqu'un de s'installer ou
de construire sur une berge, sur les terres publiques, c'est-à-dire de
faire du remblayage dans la zone... intertidale. Vous voyez, je ne suis pas
plus savant que le député de Nelligan. On est du même
côté. J'ai le ministère qui a le plus de scolarité,
mais le ministre n'est pas technicien là-dedans. La ligne des hautes
eaux et des basses eaux est une limite qui permet de donner un permis ou pas
à une municipalité.
Je n'ai pas de pouvoir pour empêcher quelqu'un de construire des
aboiteaux ou de faire des constructions de maisons dans une zone qui n'est pas
publique. Aussitôt qu'il y a eu des remblayages, dans le cas de
Kamouraska, comme dans le cas de l'île Rochon, nous les avons
arrêtés, mais aussitôt qu'on a trouvé une
façon de ne pas toucher aux terrains publics, je n'ai pas eu de moyen
pour les empêcher de le faire.
Je pourrais avoir la possibilité, comme ministre de
l'Environnement du provincial, comme celui du fédéral, de
déclarer que telle ou telle zone devrait être soustraite des zones
d'inondation. Comme ministre de l'Environnement, je ne vais jamais faire
cela.
Si, à l'île Rochon, ils ne peuvent pas construire parce
qu'ils sont dans cette zone, c'est une façon pour nous de ne pas donner
d'aide, mais je n'ai pas de permis à donner, je n'ai pas de pouvoir de
ce côté-là.
Du côté de Kamouraska, c'est la même chose. Il a
fallu déterminer qu'il y a une ligne qui sépare les terrains
privés des terrains publics. J'admets que, du côté
privé, il y a des marais qui sont là. C'est un problème et
on se creuse la tête pour savoir comment régler cela.
L'équilibre qu'il va y avoir entre l'agriculture et la protection
d'espaces est important. J'aimerais que les pêcheurs et les chasseurs
puissent s'exprimer là-dessus pour faire le poids dans la discussion
qu'il y a actuellement, parce qu'il y a des agriculteurs qui disent qu'il n'y a
pas de problèmes et il faudrait qu'il y en ait d'autres qui disent qu'il
y a des problèmes. Je suis d'accord avec le député qu'on
parle de ces choses, mais je suis limité par les pouvoirs que j'ai.
Finalement, au niveau de l'archipel, je suis déjà
impliqué au niveau de la conception du projet de faisabilité. Il
y a eu l'étape de la préfaisabilité, on est à
l'étape de la faisabilité; on est impliqué au niveau des
études, mais on n'est pas impliqué comme je le serai quand il y
aura un projet précis, final sur la table. Là ce n'est pas
pareil, là le comité deviendra le promoteur, et on pourra
établir des études d'impact sur un projet réel.
Actuellement, ce n'est que l'amélioration d'une conception originale
faite à la suite de beaucoup de consultations de bien du monde. Cela
donne l'impression que le projet est réellement prêt à
faire face à
des études d'impact et à des audiences publiques.
Ça va se faire, mais quand l'étape de faisabilité sera
terminée. On est là actuellement pour faire des études et
renseiqner le comité sur la connaissance des dossiers sur le plan de
l'eau, sur le plan de la faune et de la flore, mais on n'est pas encore rendu
à l'étape de l'étude d'impact sur un projet précis.
Le projet précis sera réellement sur la table quand on aura
terminé les consultations sur ce que le monde veut avoir et les
consultations avec les différents promoteurs.
M. le Président, là-dedans, il y a le ministre de
l'Aménagement qui est le coordonnateur, le ministre de l'Environnement
pour deux des aspects, Hydro-Québec avec le ministre de l'Énergie
et vous avez le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Donc, il
y a beaucoup d'intervenants et il y a un comité avec plusieurs personnes
qui travaillent là-dessus. Tant qu'il n'y a pas de projet officiel
incarné par la prise de position du gouvernement sur la
présentation de la faisabilité, il n'y a pas autre chose à
faire que de travailler sur la présentation d'un projet.
Je ne sais pas si on a terminé, mais pour ma part, M. le
Président, je voudrais remercier le député de Nelligan
d'avoir ouvert un débat général sur l'environnement. Je ne
suis jamais contre le fait qu'on parle de l'environnement. Je le fais
moi-même, j'en parle beaucoup. Je suis d'accord avec les
préoccupations du député. J'essaie de lui donner les
meilleures réponses, mais je suggérerais au député
et à son parti, afin qu'il y ait un peu plus de justice dans cette
situation-là, que la question avec débat qui est
déposée le vendredi le soit d'une façon beaucoup plus
précise et non pas - il l'a admis lui-même tantôt -
tellement vaste qu'à un moment donné, il aurait fallu avoir mes
1200 fonctionnaires parce que chacune des questions qu'il mettait de l'avant
est quasiment la même chose qu'on devrait faire aux crédits. Je
présume qu'il ne reviendra pas avec les mêmes questions lors de
l'étude des crédits, qu'il partira avec toute une autre partie
qu'il n'a pas ouverte, parce que franchement, toucher à tant d'aspects
sans avoir prévenu le ministre, vous nous demandez de faire des
performances extraordinaires, ce que j'ai été très fier de
faire.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Vous
voulez ajouter un mot M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu remercier le ministre d'avoir
participé à ce débat. Il pourra être sûr qu'on
va revenir sur le tapis et, sur la plupart des réponses qu'il aura
données, on va revenir avec ça aux crédits. Merci
beaucoup..
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. Je voudrais aussi remercier les membres de la commission
de leur attitude et de m'avoir facilité la tâche comme
président. La commission de la protection de l'environnement ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 59)