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(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'environnement reprend ses
travaux ce matin aux fins d'entendre des organismes relativement au projet de
loi no 55, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement et
d'autres dispositions législatives.
L'ordre du jour de nos travaux aujourd'hui est le suivant: Nous
entendrons, dans l'ordre, L'Association des biologistes du Québec,
l'Ordre des chimistes du Québec, l'Association des mines de
métaux du Québec et l'Association des inspecteurs municipaux de
l'environnement du Québec.
Les membres de la commission aujourd'hui sont MM. Beauséjour
(Iberville), Blouin (Rousseau), Ciaccia (Mont-Royal), Dupré
(Saint-Hyacinthe), Fallu (Groulx), Léger (Lafontaine), Lincoln
(Nelligan), O'Gallagher (Robert Baldwin), Paradis (Brome-Missisquoi), Rodrigue
(Vimont), Tremblay (Chambly).
Peuvent aussi intervenir MM. Garon (Verdun), Champagne
(Mille-Îles), Desbiens (Dubuc), Gagnon (Champlain), Mmes Juneau
(Johnson), Lavoie-Roux (L'Acadie), et MM. Marx (D'Arcy McGee), Middlemiss
(Pontiac), et Ouellette (Beauce-Nord). Alors, j'inviterais immédiatement
les représentants de l'Association des biologistes. M. le ministre.
Les objectifs du projet de loi M. Marcel
Léger
M. Léger: Oui, j'aimerais, avant d'écouter le
mémoire de l'Association des biologistes, faire une courte intervention.
Après une journée d'audition de mémoires, je pense qu'il
est important, puisque c'est un projet de loi qui a un objectif précis,
et puisque hier je me suis aperçu que plusieurs intervenants qui avaient
présenté des mémoires avaient mal interprété
les objectifs de la loi, et même, étaient peut-être mal
renseignés, en certains cas, sur l'ampleur des projets qui seraient
soumis à cette loi, de faire un petit résumé, au
début, afin que chaque intervenant soit bien au courant des objectifs de
cette loi. Hier, ça n'a pas été le cas.
En quelques mots, je voudrais simplement dire que le projet de loi a,
comme premier objectif, de responsabiliser les intervenants dans le domaine de
la promotion de projets comme tels. Donc, cela a pour objectif de mettre plus
de moyens à la disposition des promoteurs afin de s'assurer que la
préoccupation environnementale soit présente dès le
début du projet, et non pas, comme c'est le cas actuellement, qu'un
promoteur demande au ministère de l'Environnement, en présentant
ses plans et devis, une autorisation préalable pour pouvoir
réaliser son projet. À ce moment, nous sommes obligés, au
ministère, d'exiger beaucoup de préoccupation environnementale au
moment où déjà les plans et devis sont
présentés devant nous. Ceci amène un délai
important, coûteux pour les promoteurs parce qu'ils n'avaient pas en
général, au moment où ils présentaient les plans et
devis, la préoccupation environnementale. C'est un rôle que le
ministère de l'Environnement était obligé de jouer un peu
tard, ce qui obligeait le promoteur à réviser souvent ses
plans.
La loi a pour objectif de rendre obligatoire dès la
présentation du projet, la préoccupation de la protection de
l'environnement; elle oblige les professionnels, les consultants et les
promoteurs du projet à inclure immédiatement, au départ,
la préoccupation environnementale, ce qui est, je pense, un acquis
important. Deuxièmement, cela donne au ministère de
l'Environnement plus de temps, plus de personnel qui serait
dégagé de la partie paperasse, qui consiste à regarder des
plans et devis au niveau du ministère, pour aller faire les inspections
sur place et s'assurer sur le terrain - ce qui ne se fait pas actuellement
d'une façon aussi efficace que nous le voudrions - que les plans et
devis seront réellement réalisés tels que conçus.
Ainsi, ils auront les moyens supplémentaires, par une
dénégation de conformité, de s'assurer que les projets
vont être réellement réalisés en conformité
avec la protection de l'environnement. Donc, c'est cet objectif, deux mesures:
une au départ et une autre de contrôle par la suite qui permet de
s'assurer que la protection de l'environnement va être assurée
dans le projet, spécialement au départ.
Deuxièmement, on reproche souvent au gouvernement -
j'écoutais le sommet économique hier - d'avoir beaucoup de lois
et de règlements tatillons qui obligent tous les promoteurs à
attendre des permis, ce qui entraîne des délais administratifs et
des
coûts de réalisation. Nous avons fait d'une pierre deux
coups avec ce projet de loi; nous avons la possibilité
d'accélérer le processus de réalisation de projets avec
une garantie supplémentaire de protection de l'environnement. C'est
cela, l'objectif du projet de loi.
Je pense que cela n'a pas encore été assez
expliqué. C'est pour cela qu'hier on a vu que, dans plusieurs
mémoires, on se demandait si les gros projets étaient inclus
là-dedans. Ce n'est pas le cas. Ce projet de loi touche surtout les
projets qui ont un impact mineur sur l'environnement. Ces projets sont nombreux
au ministère de l'Environnement mais ce ne sont pas des gros projets.
Les gros projets, tous ceux qui requièrent une étude d'impact, ne
sont pas touchés par le projet de loi 55. Tous ceux qui ont des
incidences sur les municipalités en tant que promoteurs ne sont pas
sujets au dépôt de garantie, comme on disait hier. Donc, ce sont
des projets mineurs et nous allons les mettre graduellement en oeuvre, mais
uniquement lorsque le règlement et les normes sur lesquels se baseront
les professionnels pour donner un certificat de conformité
environnementale auront été rendus publics. Donc, les
règlements et les normes vont être mis à la disposition des
organismes pour consultation publique par une prépublication. Tous ceux
qui ont des choses à dire sur les normes qui vont être
publiées et la réglementation sur lesquelles vont se baser les
professionnels et les promoteurs pour l'attestation de conformité
environnementale, ce sera analysé en public. Une chose est certaine, ce
sont de petits projets, on va probablement commencer uniquement par des
prolongements d'aqueduc et d'égout, et par la suite d'autres projets,
à mesure qu'ils sont annoncés dans la Gazette officielle. Donc,
ce sera fait progressivement et cela va amener nécessairement la
participation de plus en plus accrue d'intervenants qui auront les moyens de
protéger l'environnement davantage. Donc, c'est un prolongement, lorsque
je parlais des 6 000 000 d'inspecteurs, en rendant plus responsables les
professionnels.
Alors, je voulais clarifier cela au début, parce que je me suis
aperçu hier que les personnes ou les groupes les avaient
interprétés comme étant de gros projets. Ce n'est pas le
cas, c'est une infinité de petits projets à incidence mineure sur
l'environnement. C'est cette mise au point que je voulais faire au
début.
Association des biologistes du Québec
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
ministre. J'inviterais maintenant les représentants de l'Association des
biologistes du Québec à s'identifier et à nous
présenter son mémoire.
M. Massé (Gérard): Gérard Massé, le
président de l'Association des biologistes du Québec.
M. Prescott (Jacques): Jacques Prescott, je suis responsable d'un
comité qui se préoccupe de la sauvegarde des espèces
animales et végétales qui sont menacées au
Québec.
M. Massé: Je dois remercier le ministre de
l'Environnement, qui nous a fourni l'occasion de présenter nos
commentaires sur ce projet de loi que nous jugeons extrêmement important.
Néanmoins, nous devons souligner - comme, j'ai l'impression, beaucoup
des autres intervenants - la courte période de temps que nous avons eue
à notre disposition pour regarder le projet de loi et émettre nos
commentaires. Nous avons quand même réussi, je pense bien,
à contourner complètement le problème. Nous avons fait une
étude article par article et, pour les articles que nous jugions les
plus importants et sur lesquels nous avions des commentaires, nous pensons
avoir fourni des commentaires pertinents. Il nous fait plaisir de vous dire, M.
le ministre, que nous avons compris le projet de loi no 55 de la façon
dont vous nous l'avez expliqué ce matin.
Je vais commencer tout de suite par les premiers articles. Nous avons un
commentaire pour l'article 1, quant à la définition du
"polluant"; nous considérons qu'il s'agit d'une modification mineure
mais positive lorsqu'on ajoute: "dont la présence dans l'environnement
est prohibée par règlement du gouvernement". Il s'agit d'un ajout
que nous considérons positif.
Je vais vous informer de la façon dont on va procéder.
Là où il n'y a pas de commentaire, je vais passer tout droit;
dans le fond, il s'agit pour nous d'une acceptation ou d'un accord avec les
modifications. (10 h 30)
À l'article 3, que nous jugeons important, nous suggérons
de définir les termes retenus dans cet article. Il y en a plusieurs:
certificat d'autorisation, certificat, autorisation, permis, permission et
approbation. On pense que le promoteur ou les gens qui ont à travailler
avec la loi auraient avantage à connaître dès le
départ le sens de ces mots. À l'article 3 également, au
deuxième point, paragraphe n) on lit: "obliger l'initiateur de certaines
catégories de projets à déposer une garantie auprès
du sous-ministre." Nous trouvons que cette addition s'impose. Une attention
particulière devrait être apportée afin que la garantie
déposée représente réellement le montant pouvant
être encouru pour une restauration éventuelle.
Nous n'avons pas de commentaires à
l'article 4. L'article 5... il ne s'agit pas de l'article 5, mais le
point 5 modifie l'article 46 par une addition de paragraphe; nous avons retenu
votre attention sur le paragraphe s) qui se lit comme suit: "régir
l'exploitation des eaux souterraines en exigeant notamment l'obtention d'une
autorisation du sous-ministre pour entreprendre ou continuer l'exploitation des
eaux souterraines dans toute région où le gouvernement
reconnaît qu'elles sont menacées de contamination." Nous sommes
effectivement d'accord avec cela. Nous tenons quand même à faire
remarquer que si cet article était appliqué, cela signifierait
peut-être que le ministère de l'Environnement aurait manqué
de vigilance, par exemple, en termes de gestion des déchets toxiques.
Comme mesure préventive, il faudrait peut-être modifier l'article
116.2, que l'on verra un peu plus loin, pour que les ententes, par exemple dans
les programmes d'assainissement, soient moins élastiques.
Alors, au point 6, qui modifie l'article 49, nous avons souligné
- et cela apparaît en deuxième page - un ajout important. Je pense
que je vais le lire, cela va situer les gens dans le contexte. Il se lit comme
suit, cet article: "Dans le cas où le ministre est d'avis, sur la foi
d'une étude ou d'une recommandation d'un organisme international ou
gouvernemental, qu'une source de contamination de l'atmosphère
située au Québec est susceptible de porter atteinte à la
santé ou au bien-être des personnes..." Nous suggérons
d'ajouter après: "ou de modifier la qualité du milieu naturel".
Je pense, même s'il s'agit de nos voisins, que c'est important que l'on
protège là aussi le milieu naturel.
Au point 7, nous considérons qu'il s'agit d'un ajout
également important et positif. Le paragraphe n) se lit comme suit:
prescrire que le paiement du transport d'un déchet toxique ou dangereux
ne peut s'effectuer sans que le transporteur n'ait démontré
à l'expéditeur que ce déchet a effectivement
été livré à un endroit conforme aux
règlements. On pense immédiatement aux transporteurs nocturnes
des temps passés, peut-être présents et futurs.
Au point 8, on arrive, je pense, à l'essentiel du projet de loi
où on modifie, après l'article 95, beaucoup de choses. Je pense
qu'il est bon de lire quand même l'article 95.1 qui se lit comme suit:
"Nul ne peut entreprendre l'exécution d'un projet visé dans un
règlement du gouvernement sans produire préalablement
auprès du sous-ministre les plans et devis d'exécution du projet
et une déclaration attestant leur conformité avec les normes
prévues par règlement du gouvernement. L'attestation doit
être également signée par tout professionnel - on va avoir
des commentaires à faire là-dessus - ou consultant qui a
contribué à la conception du projet, dans le cas où sa
contribution porte sur une manière visée dans les normes
réglementaires applicables au projet."
Nous considérons que c'est très important que les termes
"professionnel" surtout et "consultant" soient définis dans le projet de
loi. La question qu'on se pose c'est: Est-ce que ce sont les professionnels
régis par l'Office des professions, ce à quoi nous nous opposons
formellement puisqu'il serait, selon nous, évidemment aberrant que les
biologistes, qui n'ont pas encore obtenu leur corporation, ne puissent pas
signer des attestations de conformité environnementale. Nous
suggérons donc de définir le professionnel au sens de la fonction
publique du Québec.
Un deuxième commentaire en b): nous croyons qu'il y a un danger
dans une approche essentiellement normative, parce que actuellement il existe
des normes pour la plupart des projets et, lorsqu'un promoteur respecte ces
normes, je pense qu'on peut dire que l'autorisation du projet est émise
rapidement. Mais dans le cas où son projet ne respecte pas toutes les
normes, cela ne veut pas dire que son projet soit automatiquement
refusé. De fait, le fonctionnaire a la latitude d'apprécier
l'ensemble du projet et d'évaluer l'importance environnementale d'une
norme légèrement transgressée. Dans une approche
essentiellement normalisée, le professionnel ou le consultant n'aura
d'autre choix que de refuser de signer l'attestation de conformité d'un
tel projet.
Je vous donne un exemple bien simple: actuellement, lorsqu'un promoteur
désire construire un lac artificiel, le ministère de
l'Environnement du Québec demande que ce lac soit construit en
dérivation du cours d'eau et à une distance minimale de 100 pieds
de ce dernier. Toutefois, le ministère de l'Environnement pourrait
accepter un tel projet, dont la distance ne peut être supérieure
à 90 pieds, par exemple, si toutes les autres normes sont
respectées et qu'il n'y a aucun risque pour l'environnement. Un acte
intelligent pourrait être posé par une personne, ce qui ne peut
pas se faire s'il n'y a qu'une considération normative. Il faut bien
comprendre aussi qu'une norme, c'est une moyenne ou une approximation.
Nous pensons que la modification proposée à la loi devrait
considérer aussi la densification d'un même type de projet dans un
même territoire et ce, afin d'éviter une situation où
chaque projet correspond aux normes alors que l'impact global de la
densification de tous ces projets s'avère néfaste pour le
territoire. Exemple: un chapelet de lacs artificiels construits le long d'un
cours d'eau où chaque petit lac pris individuellement a peu d'impact,
mais dont l'ensemble peut provoguer un réchauffement
de l'eau qui sera néfaste aux salmonidés. Il s'agit
d'exemples concrets, réels, qu'on a identifiés dans le
passé. On peut aussi donner l'exemple de l'industrie porcine.
Nous considérons que la nature de l'attestation de
conformité devrait, par règlement, être définie afin
que, lors de son dépôt, elle soit suffisamment précise et
détaillée. Si on veut que les fonctionnaires puissent, de
façon rapide, apprécier si effectivement il s'agit d'une
attestation de conformité, je pense qu'il faut qu'elle soit
détaillée.
Un point n'est pas là, qu'on a oublié lors de la
transcription, après le point d) en page 6; j'aimerais bien que vous
puissiez l'inscrire, e) Dans ces projets, on aimerait bien que, lorsqu'une
personne a obtenu ou a déposé son projet et l'attestation de
conformité, il y ait affichage public pour que les 6 000 000 de
protecteurs de l'environnement de M. Léger puissent voir ce qui se passe
et peut-être en informer les fonctionnaires, le sous-ministre ou le
ministre dans les cas où ils verraient des choses qui ne seraient pas
conformes à la protection de l'environnement. J'aimerais bien que vous
l'inscriviez; c'est une omission de transcription et on tient à ce que
ça y soit, au point e).
À l'article 95.2, nous avons constaté que ce
règlement existait déjà dans le règlement
général de l'administration mais on trouve justifié de
l'inscrire dans la loi.
L'article 95.3 se lit comme suit: "Dans le cas où le
sous-ministre est d'avis qu'un projet n'est pas conforme aux normes
prévues par règlement du gouvernement, il peut - si vous
remarquez c'est souligné - en tout temps, signifier une
dénégation de conformité à l'initiateur du projet."
Nous devons dire que nous sommes entièrement d'accord avec l'article
95.3. Bien que punitif, cet article est absolument essentiel. Nous avons quand
même des commentaires à apporter parce que nous considérons
que la modification qu'apportent les articles 95.1 et 95.2 à la Loi sur
la qualité de l'environnement peut enlever à cette
dernière tout son caractère préventif. Je pense qu'il y a
beaucoup de gens qui sont conscients de ça. C'est qu'il y a là un
risque majeur du projet de loi no 55 quand on enlève toute autorisation
préalable, évidemment, on se place dans un cas où
l'attestation de conformité n'est pas vraiment une attestation de
conformité et que le promoteur commence son projet immédiatement
après son dépôt. Nous recommandons qu'après
l'article 95.2 un article soit inséré afin de permettre au
sous-ministre de constater que le dossier est effectivement complet et d'en
informer "l'initiateur" du projet, après quoi, et après quoi
seulement, ce dernier pourra entreprendre l'exécution de son projet et
en assumer l'entière responsabilité.
Je pense qu'il faut essentiellement, c'est extrêmement important
si on ne veut pas qu'en perdant l'autorisation préalable on perde tout
l'aspect préventif de la loi, que le sous-ministre ait un certain
délai pour apprécier tout au moins si les documents qui doivent
lui être déposés sont complets tout en laissant au
promoteur l'entière responsabilité de ses actions.
Toujours à l'article 95.3, nous considérons que dans le
cas où le sous-ministre est d'avis qu'un projet n'est pas conforme aux
normes prévues par règlement du gouvernement, "il doit" et non
"il peut", en tout temps, signifier une dénégation de
conformité. Si c'est "il peut", je me demande de quelle façon le
gouvernement peut vraiment protéger l'environnement. Si le
ministère de l'Environnement ne le fait pas, je me demande qui pourra le
faire à sa place. C'est un terme extrêmement important. Quand on
dit "il peut", eh bien, si mon petit garçon répand des confitures
sur le siège de mon automobile, c'est sûr que je peux
l'arrêter, mais je pense que si je ne veux pas qu'il fasse du
gâchis, je dois l'arrêter. Il est absolument essentiel que ce soit
là et il faudrait - parce que dans le fond, il ne doit peut-être
pas tout le temps, on est quand même conscient de ça - qu'il y ait
un article ou un paragraphe qui soit ajouté et qui se lise un peu comme
suit: "Sauf - je parle du sous-ministre - s'il juge que le projet ne porte pas
préjudice à la qualité du sol, de l'eau et le reste." Je
pense qu'il est essentiel d'ajouter cela.
C'est un peu comme les audiences publiques du ministère de
l'Environnement sur le projet de règlement relatif aux études
d'impact, le ministre "doit", et non "peut", je pense que c'est une excellente
chose. Je sais qu'à l'association on est en mesure d'apprécier
cela en certaines occasions, c'est bon qu'il doive mais il peut quand
même y échapper pour autant que la demande ne soit pas frivole. Je
pense que c'est un ajout de même nature.
Concernant l'article 95.4, on trouve que cet article s'impose. Dans
l'article 95.5, je dois dire là encore qu'il y a une terme qui ne
devrait pas y être. Il se lit comme suit: "Dans le cas visé dans
les articles 95.2 et 95.3, le sous-ministre peut confisquer la garantie soumise
par l'initiateur du projet et l'utiliser afin de réparer les dommages
environnementaux." Encore là, je pense qu'il y a une garantie qui est
là pour protéger contre les dommages environnementaux et s'il y a
des dommages environnementaux et si le sous-ministre ne doit pas le faire, je
me demande qui va le faire à sa place. Dans le même cas, on doit
changer ça. Si on veut vraiment démontrer qu'on veut
protéger l'environnement au Québec, on doit changer ces
mots-là qui peuvent démolir tout le reste, et inscrire "il
doit".
Sur l'article 95.7, nous sommes d'accord. "Le gouvernement peut adopter
des règlements pour déterminer les catégories de projets
assujetties à l'obligation de produire auprès du sous-ministre
une attestation de conformité environnementale et un certificat de
conformité municipale en vertu de la présente section."
C'est très bien. Le ministre disait tantôt qu'il n'y avait
là que de petits projets parce que l'article 95.6 dit que les articles
22, 32, 33, 48 et 54 ne s'appliquent pas; finalement, il en reste seulement un
qui réglemente les projets, il s'agit de l'article 31 sur les
études d'impact alors, tout le reste y est. Dans tout le reste, il y a
de gros projets comme par exemple, le déchets toxiques, il y a de
grosses affaires. (10 h 45)
L'assainissement municipal, par exemple, ce n'est pas uniquement des
petits projets qui pourraient être normalisés et faire l'objet
d'une attestation de conformité. Alors, lorsque le projet de
règlement sortira, parce que la loi prévoit qu'il va
paraître dans la Gazette officielle et qu'on va avoir un certain temps
pour le regarder, M. le ministre, nous sommes heureux de vous dire que nous
serons là et que nous allons vous aider à adopter un bon
règlement.
L'article 106 est modifié. On considère aussi que cette
modification pour une bonne administration de la loi s'imposait.
également l'article 110.1 s'imposait pour une bonne administration de la
loi.
On doit souligner aussi que l'article 115.1, qui figure à
l'article 14, s'imposait également. Nous sommes très favorables
à cette modification. Il dit: "Le ministre peut, en la manière de
toute dette due au gouvernement, réclamer les frais directs et indirects
afférents à ces mesures de toute personne ou municipalité
qui avait la garde ou le contrôle..." Ce sont ces mots qui sont
ajoutés et je pense que c'est essentiel.
L'article 15 qui modifie l'article 116.2, je vais le lire, je le trouve
bien important; beaucoup de personnes aussi le trouvent bien important, c'est
un article majeur dans la Loi sur la qualité de l'environnement: "Aucune
poursuite ne peut être intentée pour une infraction à
l'article 20." L'article 20 c'est un des meilleurs articles qui empêchent
le pollueur de polluer.
Je poursuis. Je vais recommencer pour vous situer un peu mieux: "Aucune
poursuite ne peut être intentée pour une infraction à
l'article 20 (qui empêche les pollueurs de polluer) relativement à
l'émission, au dépôt, au dégagement ou au rejet de
tout contaminant susceptible de porter atteinte à la vie, à la
santé, à la sécurité, au bien-être ou au
confort de l'être humain, de causer du dommage ou de porter autrement
préjudice à la qualité du sol, à la
végétation, à la faune ou aux biens, contre le responsable
d'une source de contamination, dans le cas où celui-ci a soumis un
programme d'assainissement qui a été approuvé par le
sous-ministre et dans la mesure où il en respecte fidèlement les
exigences et échéances." Nous considérons que l'article
doit être là, quand même, pour protéger les gens qui
veulent effectivement assainir, mais nous avons toujours trouvé que cet
article donne aux pollueurs le droit de polluer jusqu'à une certaine
mesure.
Je pense qu'il faudrait y ajouter quelque chose. Nous espérions
bien que, lors d'une modification aussi majeure que celle-ci, il y ait quelque
chose qui permettrait, peut-être, aux administrateurs de la loi de
revenir un peu sur certaines décisions dans le cas où il y aurait
eu évolution des dossiers, dans le cas où il y aurait des
nouvelles techniques qui se seraient développées. Nous
suggérons d'ajouter quelque chose qui pourrait signifier ceci: II
faudrait qu'il soit permis au sous-ministre de modifier le programme
d'assainissement dans le cas où il juge que les exigences et les
échéances ne permettent pas de protéger
adéquatement la qualité du sol, de la végétation
etc, etc. On pourrait donner certains exemples, comme les pâtes et
papiers, et même nommer des cas où on juge que les
échéanciers ne sont pas vraiment respectueux de la qualité
de l'environnement. Je pense qu'il y a là des exemples. Nous sommes
absolument convaincus que cet article n'a pas fait la preuve qu'il est
efficace.
En relisant cela hier soir je me suis posé une question, à
l'article 16 qui modifie l'article 122.1. Il est dit: "Le gouvernement, le
ministre ou le sous-ministre peut modifier ou révoquer un certificat
d'autorisation qu'il a délivré ou qui a été
délivré en son nom dans le cas où: a), b), c), d)." Si
vous voulez aller au paragraphe d), il est dit: "le titulaire du certificat
d'autorisation ne s'en est pas prévalu dans un délai d'un an de
sa délivrance." Cela veut dire que le permis peut lui être
enlevé. Je me demande - c'est une question que je pose parce que je ne
l'ai pas vu dans la loi, M. le ministre - s'il y a une date d'expiration ou un
délai dans le cas des projets assujettis au règlement
général relatif à l'examen et à l'évaluation
des impacts. C'est une question que je me pose. Est-ce qu'un promoteur qui a
reçu un certificat d'autorisation, après avoir passé en
auditions publiques, a un délai pour ajuster son projet ou bien s'il
peut le suspendre pour une question économique, pour toutes sortes de
raisons et revenir au bout de dix ans et dire: J'ai mon certificat?
Entre-temps, je pense que la situation peut avoir été
modifiée.
Pour ceux qui ont le document, il y a une page que l'on passe. On est
rendu à la page 13. On est maintenant à la Loi sur le
régime des eaux. Commentaire général pour
les modifications sur le régime des eaux. Nous avons un
commentaire extrêmement favorable pour toutes les modifications qui sont
là. En épluchant article par article, on s'est rendu compte,
à moins que l'on n'ait fait erreur, ce qui pourrait être le cas,
qu'au point 2.2 on dit: "Un règlement adopté en vertu des
quatrième et cinquième alinéas de l'article 2." Regardez
partout. Nous, nous avons fait une révision des lois refondues et une
révision également de toutes les lois qui ont été
adoptées après et on a constaté que les quatrième
et cinquième alinéas de l'article 2, cela n'existe pas. Je ne
sais pas s'il y a quelqu'un qui pourrait vérifier cela parce que cela
n'existe pas. On a bien cherché, mais on peut avoir passé
par-dessus.
Le 8 en page 14. Quand j'ai dit comme commentaire général
qu'on était très favorable aux modifications qui sont
apportées à la Loi sur le régime des eaux, au point 8 on
en a une évidence très nette. Cela fait assez longtemps que les
biologistes demandent que la plaine de débordement soit
protégée une fois pour toutes; je pense que là on va
peut-être avoir les moyens de le faire. Considérant l'importance
de la plaine de débordement pour la faune et l'écologie des cours
d'eau en général, nous considérons que cette modification
est très positive, c'est le moins qu'on puisse dire.
Page 15, article 57.1. Je pense que ça va mieux quand je les dis.
Dans mon texte ici, j'ai souligné des lignes qui ne le sont pas chez
vous. Je vais quand même vous dire ce que c'est. Là comme dans la
Loi sur la qualité de l'environnement, on retrouve l'attestation de
conformité. C'est bien. Mais à l'instar de l'article 95 de la Loi
sur la qualité de l'environnement où on retrouve aussi
l'attestation de conformité, nous suggérons fortement - nous ne
pouvons pas faire beaucoup plus - d'ajouter un article ou un paragraphe ayant
pour effet d'allouer au sous-ministre un délai lui permettant de
constater que le dossier est effectivement complet et d'en informer
"l'initiateur" du projet. Après quoi et après quoi seulement, ce
dernier pourra entreprendre l'exécution de son projet et en assumer
l'entière responsabilité. C'est pour ne pas perdre l'aspect
préventif qu'on avait avant dans l'autorisation préalable.
L'enjeu est extraordinairement important à ce niveau. Je pense que le
ministre de l'Environnement ne sera jamais assez vigilant dans la
rédaction finale de ce texte de loi.
Page 17, article 71. Je vais lire le début et je vais
arrêter après le commentaire. "Nonobstant toute disposition
inconciliable de toute loi générale ou spéciale, nul ne
peut construire ou maintenir un canal, un barrage, une digue, une
chaussée, une écluse, un mur ou un autre ouvrage servant à
retenir les eaux d'un lac, d'un étang, d'une rivière ou d'un
cours d'eau..." Nous suggérons fortement aussi, pour certaines raisons,
d'ajouter, après "d'une rivière ou d'un cours d'eau", les termes
suivants: un fleuve et la mer. Je pense que, dans le cas de certains gros
projets, cela pourrait peut-être aider la protection de
l'environnement.
En page 18, article 31 qui modifie l'article 74, je ne sais pas s'il y a
quelqu'un qui a relu cela et qui a pu constater ce que nous avons
constaté. Nous avons constaté qu'il s'agit encore là
possiblement d'une erreur dans la dactylographie ou je ne sais pas, parce que
l'article 18 fait référence au Conseil consultatif de
l'environnement. Je ne sais pas si quelqu'un a vérifié cela. Nous
pensons qu'il s'agirait plutôt de l'article 131 qui aurait, finalement,
le même libellé que celui que l'on retrouve. Je ne sais pas si M.
Piette peut vérifier cela. Cela a-t-il déjà
été souligné dans le passé par les autres
intervenants? Je ne sais pas.
À la page 20, la Loi sur les réserves écologiques,
nous n'avons indiqué qu'un commentaire général. Nous
sommes en accord avec les modifications proposées. Nous jugeons qu'elles
sont positives.
Nous n'avons pas de commentaires sur la Loi sur les mines, ce qui nous
reporte à la page 23, à l'annexe 2, l'annexe 1 étant les
commentaires que nous avons émis sur le projet de loi no 55 et l'annexe
2 étant une proposition d'ajout au projet de loi no 55, parce que cela
fait assez longtemps que nous disons que dans cette loi il y a une lacune qui
est reconnue par bien des gens: il n'y a aucune protection au Québec des
espèces menacées. Je pense que c'est le temps, quand on fait une
révision en profondeur d'une loi semblable, d'aller combler des trous
aussi majeurs que celui-là. On sait que le projet de loi va progresser
maintenant assez rapidement. On vous suggère à la page 24 une
formulation que l'on a préparée avec énormément
d'attention et qui peut servir de guide au législateur dans le
libellé de cet ajout que l'on aimerait bien voir incorporé
à la modification de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Vous retrouvez là, finalement, des articles que l'on suggère et
qui, selon nous, permettraient certainement de réglementer par la suite
la protection des espèces menacées au Québec.
M. le Président, M. le ministre, MM. du gouvernement et du
ministère de l'Environnement, MM. de l'Opposition, je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Léger: M. le Président, je voudrais non
seulement remercier, mais féliciter l'Association des biologistes du
Québec pour avoir fait un effort colossal d'analyse en profondeur d'un
projet de loi d'une façon des
plus positives. Je reconnais le dynamisme de votre association qui
mérite beaucoup de choses et on se comprend bien. D'ailleurs, j'ai
toujours dit qu'un jour ou l'autre il faudrait que votre association soit
reconnue comme une profession par l'Office des professions. D'ailleurs, j'ai
toujours été celui qui a essayé de vous appuyer
là-dessus, parce que je pense que vous avez un rôle essentiel
à jouer au Québec comme association.
Je voudrais répondre à quelques-unes de vos
préoccupations. Si j'en oublie, vous pourrez me poser de nouveau la
question après. Au début, vous semblez parler de la
définition de certains termes. Mes conseillers législatifs me
disent que c'est contraire aux usages de faire dans une loi une
définition de termes qui sont explicites dans le dictionnaire ou autre
chose. C'est quand ce n'est pas précis dans les différentes
définitions du dictionnaire qu'il faut le faire dans une loi, mais on
doit toujours réserver à la loi uniquement les définitions
qui ont un sens particulier et différent de ce que peuvent être
les interprétations des dictionnaires. On peut le faire dans une
publication du ministère, mais je pense que ces termes, certificats,
autorisations, permis, sont des termes qui sont habituellement bien
définis. On va regarder quand même s'il n'y a pas quelques-unes de
ces définitions qui pourraient avoir un sens ambigu pour qu'on les
ajoute mais on n'ajoute pas quand c'est quelque chose de courant, selon les
définitions du dictionnaire. (11 heures)
Un peu plus loin, au point 5, vous parlez de cet article qui touche les
déchets dangereux et les contaminations de nappes d'eau souterraines.
Vous dites que le fait d'appliquer un article comme cela, signifie que le
ministère de l'Environnement aurait manqué de vigilance en termes
de gestion des déchets toxiques. Je dois admettre que c'est vrai; depuis
20 ans, le gouvernement a manqué de vigilance dans ce domaine; c'est
notre préoccupation de corriger cela et de l'inscrire dans la loi parce
que c'est notre gouvernement qui a pris la première fois cette
responsabilité. Je pense que c'est normal qu'on le fasse et on n'a pas
à se cacher pour dire que cela n'a pas été fait dans le
passé. On se donne maintenant des moyens de contrôler la nappe
d'eau phréatique. Je pense que, même si cela n'a pas
été fait dans le passé, c'est une erreur de ne pas l'avoir
fait et nous allons le corriger pour avoir les moyens.
Concernant votre commentaire sur la définition des normes, vous
dites: "Dans le cas où un projet ne respecte pas toutes les normes, cela
ne veut pas dire que son projet soit automatiquement refusé. De fait,
les fonctionnaires ont l'habitude d'apprécier l'ensemble du projet et
d'évaluer l'importance environnementale d'une norme
légèrement transgressée. Dans une approche essentiellement
normalisée, le professionnel ou le consultant n'aura d'autre choix que
de refuser de signer l'attestation de conformité d'un tel projet." Je
pense qu'on peut dire que votre commentaire est très pertinent. Il faut
donc résoudre ce problème lors de la définition des
normes. Plusieurs possibilités existent et ce sera par la
présentation publique de notre règlement et des normes qui seront
publiées, normes d'objectif, normes techniques coercitives ou normes
incitatives. Je peux vous assurer que nous allons consulter avant la
publication ceux qui ont des choses à dire, nous allons consulter d'une
façon privilégiée les organismes comme le vôtre,
comme celui des ingénieurs, des différents autres ordres, avant
même la prépublication pour que ceux qui auront à utiliser
ces normes dans le quotidien puissent nous avoir donné leur point de
vue, de façon qu'on ait des normes qui soient très bien comprises
et auxquelles auront participé ceux qui devront travailler avec cela. De
plus, je pense que les normes peuvent tenir compte des effets cumulatifs; on
doit en tenir compte, ce sera retenu, car votre commentaire est très
pertinent.
Concernant l'affichage, une publication des attestations de
conformité, je pense que c'est une bonne suggestion. On va
l'évaluer sérieusement. C'est notre politique de s'assurer que
tous les citoyens peuvent exercer leur droit à une qualité de
l'environnement et être au courant de ce qui se passe. C'est donc une
bonne suggestion sur laquelle nous allons nous pencher, y apporter une
attention particulière et voir s'il y a moyen de l'inscrire dans la
loi.
Vous avez mentionné un peu plus loin des exemples qui devraient
peut-être être publiés aujourd'hui, du moins annoncés
ajourd'hui, pour les projets qui doivent être soumis à la
procédure d'attestation de conformité. Je dois dire que, pour
nous, on commencerait graduellement. Les premiers exemples, les premiers cas
seraient des extensions de 500 pieds d'aqueduc et d'égout dans ce style
et présentées par une municipalité pour desservir une
nouvelle rue ou le prolongement d'une rue existante où il n'y a pas
d'industrie comme telle et raccordées au réseau existant
d'aqueduc et d'égout de la muncipalité. Cela peut
représenter environ 800 projets par année, seulement pour cette
étape. Cela pourrait être la première étape de
rodage de cette loi. Par la suite, cela pourrait être une industrie de
travail du bois qui n'emploie aucun produit toxique, d'autres projets dans ce
sens pourraient être ajoutés graduellement. Il peut y avoir aussi
de petites usines de transformation de la viande. On va rendre cela plus
sévère et demander un certificat de conformité. Cela peut
être
une autre série de cas pouvant être soumis à cette
procédure d'attestation de conformité. D'autres exemples: des
piscines publiques, des cimetières, des dépotoirs à neige,
toutes ces séries de petits projets qui ont une incidence mineure, mais
qui doivent être surveillés davantage. Donc, ça pourrait
être encore une autre étape à ajouter.
Vous avez aussi l'agrandissement ou la modernisation d'une installation
existante, donc, qui a déjà fait l'objet d'une autorisation. Cela
veut dire que l'emplacement est un choix correct, et qu'on n'a plus cette
obligation de s'assurer qu'un projet, mettons, une carrière
sablière, qui demande une autorisation ou un permis, parce que le
ministre de l'Environnement peut faire le choix entre deux, trois, quatre
endroits, mais qui a déjà un endroit choisi qui a
déjà eu un permis mais qui a besoin d'agrandissement, peut
être l'objet de ce projet de loi pour une autorisation ou des projets de
dépollution de l'air dans des petites usines. Il peut y en avoir
près de 2000 au Québec qui peuvent avoir des projets
d'équipement où cela demanderait des certificats
d'autorisation.
Carrière sablière. Un autre exemple, les usines de
béton bitumineux pourraient venir par la suite à mesure que le
rodage se ferait selon l'expérience qui se vivrait au Québec. La
production animale, qui a déjà fait l'objet d'un permis depuis la
mise en place du règlement, pourrait, si c'est un agrandissement, entrer
dans ces procédures. Vous voyez comme cela augmenterait graduellement en
nombre et en choix pour établir cette habitude qu'il y aurait d'avoir
une procédure d'attestation de conformité.
Donc, comme je le disais tantôt, sur ces types de projets, sur les
normes et sur la réglementation, il y aura une consultation par la
prépublication du règlement, aussi bien dans le domaine de la Loi
sur la qualité de l'environnement que de la Loi sur le régime des
eaux. Et nécessairement, pour les organismes qui seront appelés
à y travailler, il y aura une consultation privilégiée
avant cette prépublication.
Concernant la définition de "professionnel", je comprends le cas
de votre propre profession. Pour nous, les professionnels sont des
professionnels au sens du code des professions, mais les consultants
comprennent les biologistes, pour le moment. Donc, cela veut dire que votre
association serait définie par "consultant" pour le moment,
jusqu'à ce que vous ayez obtenu ce que vous cherchez depuis
longtemps.
Maintenant, l'attestation de conformité requiert l'existence de
normes réglementaires précises et publiques, je ne le dirai
jamais assez. C'est là une contrainte qui va limiter peut-être la
gamme de projets qui pourrait être assujettie à cette
procédure, mais je pense que c'est une condition essentielle à la
mise en place de cette procédure, sans quoi on va tomber dans la
discrétion et l'arbitraire, ce qu'on veut éviter.
Dans les autres questions que vous avez mises de l'avant, vous disiez
que vous n'aviez pas trouvé les quatrième et cinquième
alinéas de l'article 2. On me dit qu'ils existent bel et bien; il s'agit
de consulter les lois refondues des éditions mises à jour en 1979
et en novembre 1980. C'est là qu'elles existent.
Concernant la dénégation de conformité, je pense
que ce serait excessif d'obliger le sous-ministre à faire une
dénégation. Il faut lui laisser une marge de manoeuvre et lui
permettre de poser un jugement d'opportunité, parce que la
dénégation de conformité est une arme entre les mains du
sous-ministre. Dans la majorité des cas, les correctifs sont
apportés par le promoteur sur la seule menace d'utiliser une
dénégation; donc, si on met "doit", cela pourrait empêcher
des projets qui pourraient être conformes par des petits correctifs.
Donc, la menace de le faire peut permettre de corriger, tandis qu'une
dénégation de conformité reprend tout le processus, et
à ce moment-là on perdrait d'un côté ce qu'on veut
gagner de l'autre. La menace d'une chose est toujours plus importante que le
geste de la réaliser.
Concernant les délais, je pense qu'à l'heure actuelle il
n'y a pas de délai pour exécuter un projet, sauf pour les
porcheries où il y a un délai de dix-huit mois. D'ailleurs, le
nouvel article 122 va permettre de révoquer une autorisation si un
projet n'est pas entrepris dans un délai d'un an. Il ne faut pas
s'imaginer, parce qu'on aurait une attestation de conformité, que les
gens vont le faire tout de suite. Prenez une municipalité, il faudrait
retourner à la municipalité pour faire passer un
règlement, et là, c'est encore un délai d'un mois. C'est
rare que dès que l'attestation de conformité arrive, les gens
vont être en train de le faire le lendemain. On a normalement le temps de
se retourner de bord et de faire nos inspections courantes. Nous pouvons
également par règlement établir des délais
obligatoires pour toutes sortes de projets. Je serai ouvert aux suggestions de
votre groupe à cet égard, lorsqu'on vous consultera sur le
contenu du règlement.
Oui, c'est ce dont je viens de parler: ayant pour effet d'allouer au
sous-ministre un délai lui permettant de constater que le dossier est
effectivement complet et d'en informer "l'initiateur" du projet.
L'administration publique doit réagir aussi rapidement que les
promoteurs. Il ne faut pas leur demander de ralentir pour qu'on puisse les
suivre, mais plutôt accélérer pour les rejoindre, parce
que, comme je le disais tantôt, je ne pense pas qu'en
général, parce qu'il y a un certificat d'attestation de
conformité, ils sont prêts à fonctionner tout de
suite. Nous autres, nous allons y aller et, si nous accélérons,
nous serons prêts à faire des visites. Nécessairement,
l'esprit du projet de loi, c'est d'accélérer en
protégeant. Si on les oblige à le faire trop rapidement, il y a
peut-être des dangers qu'ils ne soient pas prêts à le faire.
De toute façon, on sera capable d'y donner suite rapidement; puisque nos
gens ne seront pas pris à faire le travail à l'intérieur
des quatre murs d'un bureau sur papier, ils seront capables d'aller sur le
terrain.
Finalement, je pense que votre remarque sur l'article 31 du projet de
loi est fondée. Il y a eu erreur d'impression; on devrait plutôt
lire "1979" au lieu de "1972".
En gros, je ne sais si j'ai répondu à la plupart de vos
remarques. Tout ce que je peux dire, c'est que les autres remarques vont
être lues attentivement après la commission parlementaire pour
voir s'il y a des possibilités d'apporter d'autres correctifs à
ce projet de loi. Il y a aussi l'implication d'autres ministères
là-dedans et je dois consulter les autres ministères qui ont
peut-être sur leur table de travail des projets qui correspondent
à ce que vous demandez, entre autres. Je ne veux pas dévoiler des
choses publiquement tout de suite, parce que c'est encore à
l'étape de projets. On va consulter pour voir s'il n'y a pas moyen
d'inclure les préoccupations que vous avez dans notre projet de loi ou
dans d'autres lois d'autres ministères. C'est pour cela, je pense, qu'on
peut dire que ce que vous avez proposé aujourd'hui nous donne une
ouverture intéressante pour bonifier le projet de loi. On va retenir pas
mal de choses que vous avez dites, mais je ne peux pas prendre d'engagement
immédiatement tant qu'on n'aura pas vu les implications par la suite,
d'ici à ce que le projet de loi soit présenté en
deuxième lecture.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je voudrais, moi aussi, féliciter les
intervenants de leur mémoire qui est vraiment excellent. En fait, j'ai
pensé, en vous entendant, que peut-être la prochaine fois le
ministre devrait vous demander d'intervenir avant d'écrire le projet de
loi. Peut-être que ce serait une amélioration dès le
départ et qu'on aura moins de malentendus qu'il y en a avec le projet de
loi 55. En fait, vous avez jeté beaucoup de lumière sur beaucoup
de points qu'il reste à corriger à l'intérieur de
celui-ci.
À la première page, vous suggérez des
définitions. J'ai remarqué que le mémoire de l'AQTE
suggère aussi des définitions presque toutes dans les mêmes
termes que vous. Je voudrais demander au ministre de peut-être
s'arrêter sur cela, parce que ce sont deux organismes de premier ordre
qui suggèrent la même chose. On devrait certainement penser
à définir "professionnel" et "consultant", parce que ce sont les
éléments clés de toute la question d'attestation de
conformité, et peut-être aussi "initiateur de projet" et
"promoteur de projet" qui ont été suggérés par
l'AQTE. Je pense qu'il y aurait lieu de s'arrêter sur cela et de voir si
cela vaut la peine de faire cela pour éviter des malentendus dans toute
la question de l'attestation de conformité.
M. Léger: Est-ce que vous attendez ma réponse?
M. Lincoln: Oui, si vous pouviez considérer surtout
"professionnel" et "consultant", "initiateur de projet" et "promoteur de
projet". (11 h 15)
M. Léger: Si ça ne retarde pas le projet de loi
comme tel, je n'ai pas d'objection à regarder positivement cette
possibilité. Selon moi, c'est déjà défini
-certificat, autorisation et certificat d'autorisation - dans la loi mais ce
qui va sans dire va mieux en le disant. Alors, il y aura peut-être
possibilité de regarder cela.
Je reviens à une autre affirmation du député de
Nelligan; il dit: Peut-être qu'on aurait dû consulter les
organismes avant le projet de loi. À ce moment-là, à quoi
sert une commission parlementaire? C'est justement pour les consulter. Il ne
faut pas oublier une chose. S'il fallait qu'il soit connu que les
ministères consultent d'une façon discrète ou
secrète les organismes et non pas publiquement comme c'est le cas
actuellement, on sortirait tout de suite, dans les médias, des
nouvelles; l'ensemble du projet n'étant pas là, ça
donnerait de fausses impressions. Comme on sait que souvent on est
obligé de faire beaucoup de travaux pour corriger de fausses impressions
parce qu'il y a eu des fuites sur des consultations, on préfère
les faire publiquement. C'est pout ça qu'il y a une commission
parlementaire.
M. Lincoln: J'ai fait ça un petit peu ironiquement, M. le
ministre, mais seulement ironiquement. On a constaté - depuis hier, on a
eu six ou sept mémoires - qu'il y a beaucoup de malentendus quant aux
articles clés de ce projet de loi, l'article 8 surtout. Vous n'auriez
pas dû lancer votre projet de loi sous une forme plutôt
définitive pour étude; du reste, la tenue de la commission
parlementaire, cela a été à la suite de ma suggestion au
leader du gouvernement qui m'a dit que normalement on ne l'aurait pas fait mais
que dans les circonstances il était d'accord d'appeler une commission
parlementaire. Je reconnais la commission parlementaire mais s'il y avait eu un
avant-
projet de loi avec des explications de ce que vous vouliez faire, pour
que tout le monde soit tout à fait d'accord sur l'objectif de la loi, on
n'aurait pas eu ces malentendus; chaque intervenant se demandait dès le
départ quel était vraiment l'objectif. C'est ça que je
veux dire. Si on avait eu un avant-projet de loi, ces groupes auraient pu
apporter des suggestions au départ et peut-être qu'on aurait eu un
projet de loi plus complet. C'est quelque chose qui se fait, ça se fait
dans la restructuration scolaire, ça se fait dans plusieurs projets de
loi. Il me semble qu'il y a des points capitaux que peut-être on a pris
un peu à rebours. Enfin, on ne va pas revenir là-dessus pour le
moment.
M. Léger: Est-ce que le député me permet de
lui faire remarquer que, s'il avait fallu qu'il y ait un avant-projet de loi
pour consulter les gens, le député m'aurait dit: Pourquoi
n'avez-vous pas consulté les gens avant l'avant-projet de loi?
L'objectif d'une commission parlementaire, c'est d'éclaircir les
malentendus. On est là pour ça, M. le Président. Je suis
très heureux de la collaboration du député, qui a
demandé que la commission parlementaire ait lieu avant la
deuxième lecture parce que ça permet de discuter du principe
avant que le vote soit pris; là-dessus j'étais d'accord avec le
député. C'est pour ça que vous avez remarqué que,
ironiquement moi aussi, je n'ai pas résisté à votre belle
offre.
Le Président (M. Rochefort): Sur ce, messieurs, je crois
que nous sommes aussi ici pour discuter avec les représentants de
l'Association des biologistes du Québec, ce que je vous invite à
faire, M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Oui, M. le Président, je suis tout à
fait d'accord. À la page 4, à l'article 49.1, là aussi je
remarque la suggestion qui est faite sur l'article 49.1; vous suggérez
d'ajouter "ou de modifier la qualité du milieu naturel". Il y a deux
autres intervenants, soit les ingénieurs-conseils et l'AQTE, qui ont
suggéré aussi d'ajouter une modification à peu près
dans cet ordre-là. Je voudrais demander au ministre - vous avez dit que
c'était un peu sujet aux négociations internationales - si
malgré tout on aurait pu apporter cet ajout dans le projet de loi;
ça pourrait peut-être provoquer la réciprocité dont
vous parlez.
M. Léger: Je suis d'accord sur le principe et je vais le
répéter pour la quatrième fois parce qu'il y en a
plusieurs qui me l'ont demandé; je suis d'accord avec ce
principe-là. Tout ce que je dis c'est que, quand on veut avoir un
équilibre entre deux États, il faut que l'autre État ait
aussi la même chose parce que l'objectif c'est de pouvoir faire chez nous
ce qu'on exigerait d'un État voisin qui a une loi dans le même
sens. Il s'agit pour nous de négocier avec les autres États pour
qu'eux l'ajoutent dans la leur de façon que nous puissions l'ajouter
dans la nôtre. On ne peut pas avoir deux lois différentes et nous
donner plus chez nous alors qu'eux ne donneraient pas la même chose,
mais, je suis d'accord pour négocier avec les États voisins pour
qu'ils l'indiquent dans leur loi, pour que nous ayons la possibilité
d'agir en même temps, parce que c'est une action commune de deux
États sur la même chose.
M. Lincoln: À la page 6, paragraphe c, c'est là la
question clé qu'on discute depuis hier. Vous parlez d'un projet
spécifique qui soit d'ordre mineur lui-même mais quand vous
considérez l'ensemble du projet, vous donnez un exemple et d'autres ont
apporté d'autres exemples hier. Vous suggérez qu'il y ait une
modification proposée à la loi qui devrait considérer la
densification d'un même type de projet dans un même territoire, et
ce, afin d'éviter une situation où chaque projet correspond aux
normes etc. C'était un peu la crainte de certains intervenants et
c'était certainement notre crainte à nous. Pourriez-vous essayer
de nous donner une idée à savoir comment vous voyez qu'on puisse
contrôler ça par règlement ou par une modification à
la loi?
M. Massé: Quant aux cas qui se sont
présentés, notamment dans le domaine de l'agriculture, on a
arrêté par un moratoire une situation qui se dégradait de
façon considérable. Ce n'est peut-être là qu'une
question administrative mais je pense que le ministère se doit
d'être un peu plus avant-gardiste et d'avoir à l'esprit une vue un
peu plus globale d'un ensemble de problèmes. Il s'agit de projets qui
peuvent se répéter une multitude de fois sur un même
territoire, il s'agit d'identifier la nature de ces projets-là,
d'identifier les territoires qui sont peut-être plus menacés ou
plus vulnérables que d'autres en fonction d'un type de projet. Par
exemple, dans l'agriculture, on a identifié les lacs artificiels, on
sait que dans certaines régions, ça progresse de façon
considérable. Il y a des types de projets comme ça qu'on peut
identifier. On sait qu'ils se multiplient de façon considérable.
C'est peut-être une question administrative, mais c'est par un
règlement que le ministère de l'Environnement doit orienter du
point de vue normatif, incitatif et coercitif à la fin, pour qu'à
un certain moment, un projet de même type ne soit plus accepté
parce qu'il y en a déjà 150 autres, et que si ça continue,
la situation se détériorera de façon considérable
et mettra en danger certaines espèces dans les cours d'eau, selon
l'exemple que j'ai
donné.
M. Lincoln: Au paragraphe d, vous parlez d'uniformité dans
les formules d'attestation, qu'elles soient détaillées; je
suppose que ce que vous voulez éviter c'est que, par exemple, les
attestations soient très floues, très générales et
diffèrent d'une à l'autre et qu'il soit très difficile
d'identifier vraiment quel est le genre de garantie, d'attestation que donne le
professionnel. Vous auriez voulu une formule uniforme et qui soit très
détaillée pour qu'on puisse situer exactement ce à quoi le
professionnel s'engage.
M. Massé: Ce que le ministre veut par cette loi-là,
c'est de dégager les fonctionnaires qui ont à regarder les
projets, les devis finalement et après avoir fait ça, ils n'ont
pas le temps d'aller sur le terrain pour vérifier; ça c'est une
chose, on comprend ça et on a accepté ça. Mais, ça
ne veut pas dire que, parce qu'il y aura une attestation de conformité,
il n'y aura plus personne qui va devoir regarder ça. Je pense que le
sous-ministre devra être informé, à un moment donné,
des projets qui sont déposés -parce qu'il va y en avoir quand
même un certain nombre - et s'assurer que ces genres de projets sont
conformes. Il va falloir qu'il y ait quelqu'un qui regarde ça et qui
devra y consacrer un certain temps. Je me dis que si l'attestation de
conformité n'est qu'une simple lettre qui dit que c'est conforme, le
fonctionnaire ou le sous-ministre lui-même devra bien comparer le projet,
un à un à chacune des normes et s'assurer qu'effectivement
l'attestation de conformité correspond aux normes.
Je pense qu'on devrait décrire ce que devrait être une
attestation de conformité dans les règlements dans le but qu'elle
soit assez explicite pour atteindre l'objectif qui est de dégager le
fonctionnaire de toute la paperasse. Cela permettrait également de
garder jusqu'à un certain point l'aspect préventif de la loi. Si
c'est facile de constater d'un simple coup d'oeil qu'effectivement l'avis de
conformation correspond aux normes, je pense qu'on récupère un
peu l'aspect préventif de la loi que l'on vient de perdre par une
autorisation préalable. Je suis absolument convaincu qu'en perdant
l'autorisation préalable, on perd une grande partie de l'aspect
préventif que l'on donne à la loi. On doit dire au promoteur,
dès le début, ce que c'est, la protection de l'environnement et
ce qu'il doit faire pour y arriver, en ayant les normes. Je pense que ça
s'impose, une chose comme celle-ci.
M. Lincoln: Dans le même ordre d'idées, à la
page 7, au 5e paragraphe, vous suggérez qu'un paragraphe soit
ajouté afin de permettre au sous-ministre de constater que le dossier
est effectivement complet et d'en informer l'initiateur du projet. Après
quoi ce dernier pourra entreprendre l'exécution de son projet et en
assumer l'entière responsabilité. Est-ce que vous avez en vue que
le promoteur ne puisse pas commencer le projet - c'est une condition
essentielle -tant que le sous-ministre n'a pas vu le dossier et donné
une espèce de carte blanche pour commencer?
M. Massé: Je m'excuse de vous interrompre. Je sais ce que
vous voulez dire. Nous ne voulons absolument pas que le ministère de
l'Environnement prenne la responsabilité du projet en donnant un accord.
Il s'agit d'une attestation de conformité et ça doit
l'être. Après cela, le responsable, c'est le promoteur et son
consultant. Je pense que ça doit demeurer comme cela. Néanmoins,
nous, on pense que, dans certains projets, les normes vont peut-être
être dures à interpréter. Il peut y avoir des
difficultés d'interprétation des normes. Supposant le cas
où les normes sont mal interprétées et causent vraiment
préjudice à l'environnement dès le départ d'un
projet, dès le début d'une construction, par exemple, soit dans
une frayère, soit qu'on coupe des arbres de deux cents ans, est-ce qu'on
va commencer à normaliser et dire qu'on n'a pas le droit de couper des
arbres de 200 ans, de 150 ans, de 75 ans? Où va-t-on arrêter?Je pense que si on élimine l'intelligence dans l'examen d'un
dossier comme celui-ci et qu'on n'y va que par du normatif, il y a des risques,
pour certains projets, que s'ils démarrent immédiatement
après le dépôt du projet et des devis, et de l'attestation
de conformité, il y ait des dommages irréparables.
On a essayé de trouver une formule qui ne serait pas une
attestation ou bien une prise en charge de la responsabilité par le
ministère de l'Environnement. Le sous-ministre, dans le fond, on essaie
de se mettre à sa place. Si j'étais sous-ministre et si je
voulais vraiment protéger l'environnement, j'aimerais avoir un certain
temps, non pas pour autoriser le projet, mais pour regarder, tout au moins,
s'il n'y a pas des répercussions immédiates. Après cela,
que le promoteur y aille avec son projet. C'est de cela que je voudrais
m'assurer, dans le fond, rien de plus. On a essayé de trouver une
formule. Il faut tout au moins que le ministère de l'Environnement, je
pense, en recevant le dossier, considère si le dossier est complet, si
effectivement le promoteur du projet a inclus des plans et devis qui sont
conformes, qu'il y a l'attestation de conformité qui est conforme,
l'attestation municipale qui est conforme, et tout cela. Je pense que si c'est
dans la loi, ça lui permet de regarder cela. Ce n'est pas une
autorisation du ministère que de regarder
cela, que de se garder du temps, quinze jours. Cela devrait être
dans la loi ou dans les règlements, un certain temps, pour certains
types de projets, tout au moins.
M. Léger: M. le Président, est-ce que je pourrais
répondre, cela va épargner du temps, au lieu d'attendre.
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Léger: Dès que nous recevons les plans et devis
en même temps qu'une attestation de conformité, c'est comme
auparavant, sauf qu'il y a une attestation de conformité, donc, il y a
eu analyses environnementales par le professionnel, mais on a les plans et
devis. Rien ne nous empêche d'intervenir immédiatement. C'est pour
cela qu'on dit qu'en recevant et les plans et l'attestation de
conformité on peut tout de suite avoir une dénégation ou
on peut tout de suite dire... Ah! là, il y a des petits
problèmes, et on va aller voir tout de suite. Donc, on a les mêmes
moyens qu'auparavant sauf qu'on n'a pas à délivrer une
autorisation préalable. On a la connaissance et la possibilité
d'intervenir tout de suite. Tant qu'on n'a pas au ministère les plans et
devis, ça veut dire que le projet ne peut pas commencer. Cela ne peut
commencer qu'après qu'on l'a reçu, à ce moment
précis on peut intervenir comme auparavant. On ne perd aucun moyen que
nous avions avant. La préoccupation que vous avez, peut-être qu'il
faudrait mettre cela dans les règlements. Quand on vous consultera sur
le contenu du règlement, on pourrait voir comment on pourra inscrire
cela quelque part. La préoccupation et les moyens sont toujours
là. (11 h 30)
M. Massé: Je pense que M. le ministre ne se méfie
pas assez de tous les problèmes, de la paperasserie de l'administration.
Ce n'est certainement pas de mauvaise foi. On doit quand même tenir
compte qu'il se peut que le projet déposé ne soit pas
regardé toujours immédiatement. Il peut y avoir un délai
très court, il peut y avoir un délai de quinze jours, mais je
pense qu'il y a certainement des dénégations qui pourraient
être évitées si un délai permettait au sous-ministre
de regarder d'un peu plus près le projet.
M. Léger: On prend note de ça et on pourra en
reparler au niveau du règlement pour voir comment on pourrait libeller
quelque chose dans ce sens.
M. Massé: C'est que nous, après avoir fait une
consultation, M. le ministre, auprès d'un très grand nombre de
biologistes qui oeuvrent un peu partout, au niveau de la base, au niveau de
l'étude de dossiers, au niveau des consultants qui sont également
des promoteurs, on est arrivé à ça. On est arrivé
à trouver ça très dangereux pour certains types de projets
parce que le sous-ministre peut, dans certains cas, être obligé
d'envoyer un avis de dénégation qui aurait très bien pu
être évité.
M. Léger: Un exemple possible de ce qu'on pourrait
peut-être faire à première vue en réaction à
cela. Je n'ai pas analysé cela en profondeur, mais il se pourrait que le
ministère envoie un accusé de réception, mais que tant que
l'accusé de réception n'est pas arrivé, ils ne peuvent pas
agir. Je ne sais pas. Il s'agit de voir comment on peut trouver la solution
exacte.
M. Massé: Je pense que vous l'avez, M. le ministre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait passer à la page 8, aux
articles 95.6, 95.7 où, je pense, vous avez fait la remarque que, selon
votre interprétation aussi, peut-être que ça prendrait de
gros projets? Enfin, laissons ça de côté. Le ministre nous
a donné une liste des projets qui selon lui, feront partie de la
question de l'attestation de conformité. Il a dit qu'il y aurait un
rodage et que, graduellement, on va augmenter le nombre de projets qui vont
être soumis à la chose, mais que, pour le moment, ça va
être purement des extensions de projets. Il a donné des exemples:
l'industrie du travail de bois, les petites usines de transformation de
l'amiante - là, il faudra voir ce que c'est que ça - des
dépotoirs à neige et il parlait aussi d'agrandissement et de
modernisation. Agrandissement, ça peut vouloir dire beaucoup de choses.
Je pense que toute la clé de cette affaire repose sur deux
questions.
M. Léger: Des usines de transformation de viande, pas
d'amiante.
M. Lincoln: Pardon, c'est de ça que j'avais peur. Je suis
content que ce soit la viande.
Il y a deux choses qui se rattachent à ça, soit les normes
- nous sommes d'accord -et les projets qui vont être inclus dans le
règlement. Je voulais être bien sûr que j'ai bien compris le
ministre. Le règlement de départ qui va situer ces projets, qui
va situer les normes, est-ce qu'on va avoir ça avant la troisième
lecture du projet de loi?
M. Léger: Les projets qui peuvent être inclus?
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: Cela va être sûrement avant la
prépublication parce qu'on veut consulter les professionnels. On ne peut
pas présenter cela en même temps que la troisième lecture,
les projets. On va le faire par consultation avec des groupes qu'on aura. De
toute façon, je vous enverrai à mesure les renseignements
là-dessus. La loi, c'est une chose, et les règlements... Une fois
que la loi est adoptée, il n'y a rien qui marche le lendemain tant que
les règlements ne sont pas là pour être l'outil
essentiel.
M. Lincoln: C'est ça qui nous fait un petit peu peur.
C'est sur ça qu'on veut revenir parce que, vous voyez, si on adopte la
loi, on adopte l'article 8 et, ensuite, vous allez émettre vos normes,
vous allez émettre vos règlements.
M. Léger: Oui, avec une prépublication. M. Lincoln:
Oui, d'accord.
M. Léger: Cela veut donc dire que tous les gens peuvent
s'exprimer avant qu'il y ait une publication finale. Donc, c'est ça le
mécanisme qui permet la consultation. J'ai même dit qu'il y aurait
une consultation privilégiée avec tous les ordres de
professionnels qui vont être appelés à nous dire comment
ils voient la façon de jouer leur rôle.
M. Lincoln: Hier, j'avais compris que vos normes, c'était
déjà presque prêt.
M. Léger: II y en a qui sont prêtes, mais on veut
les consulter avant de les rendre publiques. Le danger de rendre publiques des
choses avant de consulter, c'est que les gens disent... Je vous donne l'exemple
du projet de loi sur la protection des non-fumeurs. Il y a eu un document de
travail qui était peut-être à moitié complet. Cela a
sorti un jour et tout le monde s'est prononcé là-dessus. Ce
n'était pas le bon projet. Quand on présente quelque chose
publiquement, il faut que ce soit le projet réel pour que les gens
puissent s'exprimer en connaissance de cause sur le bon projet.
M. Lincoln: D'accord, mais puisque la loi, comme vous le dites
vous-même, ne sera pas applicable tant qu'on n'aura pas les
règlements - cela ne va pas s'appliquer tous les jours - ne
pourriez-vous pas, par exemple, dans les semaines qui suivent, publier les
normes comme prépublication, publier votre règlement comme
prépublication et on va faire l'adoption de la troisième lecture
et tout cela de concert?
M. Léger: C'est impossible. Le processus, c'est que la loi
me permet de... Je ne peux pas faire ce que la loi me permet avant qu'elle ne
soit adoptée. Si vous voulez qu'il y a ait consultation, il faut donc
qu'il y ait une consultation une fois que la loi est adoptée, une
prépublication qui permet la consultation générale
publique et, après cela, la publication. Une chance que vous avez dit
que vous avez une petite peur, parce que ce n'est pas une grosse peur dans le
fond. Vous avez tout un processus une fois que la loi est adoptée qui me
permet de faire ces gestes. Sinon, je ne peux pas les faire.
M. Lincoln: Serait-il possible, par exemple, d'avoir de vous un
document de travail qui situerait un peu ce que vous avez dit ici par rapport
à ce que vous entendez dire des projets qui vont être dedans?
M. Léger: Dois-je vous faire confiance? Si vous voulez que
je vous fasse confiance, je pourrais peut-être vous envoyer...
M. Lincoln: Vous pouvez me faire confiance tous les jours. Moi,
je vous fais confiance. Alors...
M. Léger: Trois points de suspension.
M. Lincoln: Oui, on ne veut pas vous poser des questions en
Chambre. Si on pouvait avoir cela et peut-être une esquisse des normes,
etc., je pense que cela nous mettrait beaucoup plus à l'aise par rapport
au projet de loi. Du point de vue de l'extension de vos projets, comme par
rodage, tout cela se fera aussi par prépublication quand vous ajouterez
des projets?
M. Léger: Oui.
M. Lincoln: Je vais passer à la page 10. Je m'excuse de
prendre du temps. Seulement, je pense que c'est bien important. Vous avez
suggéré à l'article 116.2 qu'on ajoute quelque chose
à savoir qu'il faudrait que le sous-ministre ait l'autorité
d'intervenir si, par exemple, il constate qu'il y a des failles dans le dossier
ou si quelque chose ne se fait pas, si l'échéancier n'est pas
respecté, etc. Ai-je bien compris? J'aurais voulu savoir - je ne sais
pas si le ministre a parlé de cela - si vous pensez que c'est une
suggestion très valable. C'est la page 10, l'article 15 qui modifie
l'article 116.2.
M. Léger: Selon nous, cela resserre davantage
l'étau contre la pollution, mais on ne peut pas conclure qu'une personne
qui, de bonne foi, fait un projet qui pourrait amener une certaine pollution...
Dans l'article il est écrit: "Aucune poursuite ne peut être
intentée pour une infraction à l'article 20 relativement à
l'émission, au dépôt, au dégagement ou au rejet de
tout contaminant
susceptible de porter atteinte à la vie, à la
santé, à la sécurité et au bien-être ou au
confort de l'être humain, de causer du dommage et de porter autrement
préjudice à la qualité du sol, à la
végétation, à la faune ou aux biens, contre le responsable
d'une source de contamination, dans le cas où celui-ci a soumis un
programme d'assainissement qui a été approuvé par le
sous-ministre et dans la mesure où il en respecte fidèlement les
exigences et échéances." Donc, cela resserre, mais on ne peut pas
condamner quelqu'un qui a fait de bonne foi quelque chose pour lequel il a
été approuvé.
M. Lincoln: Pouvez-vous m'expliquer exactement ce que vous
cherchez?
M. Massé: Oui. Le sens de notre intervention, finalement,
repose essentiellement sur le fait qu'il ne nous apparaît pas
évident du tout que cet article a fait sa preuve d'efficacité. Je
dirai aux membres de l'Opposition et du gouvernement qu'il faut se promener sur
les eaux du fleuve Saint-Laurent, de la rivière l'Assomption, de la
rivière Yamaska et tous ces cours d'eau pour se rendre compte que,
depuis un certain nombre d'années, il ne s'est pas fait grand-chose. Un
certain nombre de personnes, dont nous, les biologistes, qui pataugeons dans
l'eau chaque jour, commencent à avoir hâte de jouer dans de l'eau
propre. Il est loin d'être sûr que cet article a fait ses preuves.
C'est dans ce sens. Nous trouvons que cela permet au gouvernement
d'établir des délais beaucoup trop éloignés pour
qu'on puisse vraiment considérer que dans certains dossiers on prend au
sérieux l'assainissement.
M. Léger: Ce que je peux ajouter pour clarifier, c'est que
c'est l'esprit de la loi 69 qui est là, en ce sens que dans les domaines
non réglementés, lorsqu'une entreprise, une industrie pollue et
qu'elle s'engage à corriger la situation en mettant un programme
correctif avec un échéancier de réalisation, pendant la
période où elle est à régler le problème,
elle continue à polluer, nécessairement, elle est en train de se
doter d'équipement. Donc, durant cette période, il fallait
s'assurer qu'elle ait le motif de corriger, en sachant que pendant la
période où elle réalise son programme de
dépollution elle soit protégée pour ne pas être
poursuivie puisqu'elle est de bonne foi, elle apporte des correctifs et,
pendant qu'elle apporte des correctifs, il se peut qu'il y ait des
conséquences temporaires. Si elle ne respecte pas
l'échéancier et si elle ne fait pas son programme, à ce
moment-là, elle peut être poursuivie, mais si elle le respecte, il
ne faut pas frapper quelqu'un qui est de bonne foi.
M. Massé: II le faut, M. le ministre. C'est cela qu'on
voudrait faire modifier, qu'il y ait des ajouts. On ne comprend pas de quelle
façon le sous-ministre ou le ministre peut discriminer entre une
industrie qui rejette un produit polluant qu'il faut absolument arrêter
parce qu'il a des répercussions à long terme, à court
terme et à moyen terme et dans l'immédiat sur la santé des
gens, sur l'environnement en général et d'autres compagnies qui
ont quand même des effets à court terme et à moyen terme un
peu plus dégagés, un peu moins dommageables, un peu moins
risqués. Il y a certainement des industries qui, actuellement, sont
autorisées à polluer, ce qui a des effets extraordinairement
néfastes sur l'environnement et cela continue, en vertu de cet article.
L'industrie a démontré une supposée bonne foi quand il
faut 10 ans pour dépolluer, je ne pense pas que ce soit de bonne
foi.
M. Léger: II y a quand même dans le programme de
correctifs, de l'affichage public, de la publicité dans la
région, ou il y a des programmes dans les journaux qui font que les
citoyens sont au courant de ces correctifs. Il y a une question de jugement
politique, d'analyse d'une situation; il y a des articles qui nous donnent le
pouvoir d'arrêter immédiatement, d'autres articles que
celui-là, quand il y a un danger public et qu'un polluant doit
être arrêté. Dans une pollution auparavant permanente et
où on a signé une entente avec l'industrie pour dire: Vous allez
corriger cela, cette dernière nous dit: D'accord, on le corrige. Pour le
faire, il faut un programme d'épuration, il faut de l'équipement.
Il nous faut six mois pour régler cela ou un an quand c'est une grosse
entreprise. À ce moment-là, pendant la période où
elle est à apporter des correctifs, il y a toujours la
possibilité par un autre article de la loi de l'arrêter
immédiatement, mais on veut s'assurer que les industries puissent
accepter de corriger en sachant que pendant la période qu'elles le font,
on va leur laisser la paix à moins qu'il y ait un problème majeur
et alors, il y a un autre article de la loi qui nous permet toujours de les
arrêter.
M. Massé: M. le Président, est-ce que vous me
permettez de commenter son intervention? Je dirais plutôt, M. le
ministre, que, dans bien des cas, il y a des articles qui permettent au
ministère de l'Environnement d'arrêter une situation
immédiatement, il y en a, on ne met pas cela en cause. Je veux dire que
cet article dit le contraire de ce que vous dites, dans bien des cas, mais
permet justement de ne pas impliquer les autres articles et permettre au
pollueur de polluer. Cela peut être aussi l'inverse.
M. Léger: Si vous voulez me permettre, je ne suis pas
avocat, je vais demander à mon conseiller juridique de vous donner plus
techniquement une réponse à votre question.
À l'heure actuelle, toute entreprise polluante existante peut
être poursuivie par le ministère ou par les citoyens en vertu de
la loi no 69. Cet article vise à encourager des programmes volontaires
d'assainissement et, la carotte pour attirer le client, c'est effectivement une
sorte d'immunité contre les poursuites pendant que l'entreprise
réalise ou met en oeuvre son programme d'assainissement. Cela est
conforme aux règles de jurisprudence qui ont été
décrétées et établies par la Cour suprême qui
justement ne pénalise pas les entreprises qui font diligence raisonnable
pour se conformer à des lois et à des règlements,
notamment en matière de l'environnement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Nelligan. Dernière question.
M. Lincoln: Une dernière question sur votre annexe II.
C'est un sujet qui m'intéresse particulièrement. Je crois que
c'est une suggestion formidable et j'espère que le ministre va en
prendre bonne note. Avant de poser une dernière question au ministre, je
voulais vous demander, si le ministre était d'accord avec la suggestion
que vous faites en n'incluant pas les sites où ces espèces se
propagent, je donne comme exemple Kamouraska et l'île aux Hérons,
si on ne protège pas ces sites-là d'abord et si on n'inclut pas
ces sites-là dans les sites protégés automatiquement par
la loi là où les oiseaux migrateurs, etc. et les espèces
sauvages se reproduisent et s'hébergent. Est-ce que vous ne pensez pas
que c'est une dimension essentielle d'ajouter un projet comme cela, comme vous
suggérez? Si vous parlez purement des espèces elles-mêmes,
sans parler des...
M. Massé: Là, vous faites affaire à la
protection des habitats.
M. Lincoln: Oui.
M. Massé: C'est une chose aussi, à la protection
des habitats, sauf que dans la protection des habitats, je pense que la
responsabilité peut être partagée entre le ministère
de l'Environnement et aussi celui du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Mais dans le cas des espèces menacées, je pense qu'il revient
bien plus au ministère de l'Environnement de prendre en charge cette
protection pour différentes raisons. Il y en a actuellement plus les
moyens et cela entre plus dans l'esprit de la loi que ce soit ce
ministère qui les protège. On tient compte ici des habitats
lorsqu'on dit: "Nul - dans la loi de l'Environnement - ne peut détruire,
transformer ou perturber l'habitat d'une espèce végétale
ou animale menacée, ni tenter de commettre un acte prohibé par le
présent article."
Je pense que si le ministre retenait cette formulation dans un ajout, il
ferait de cette loi une bien meilleure loi.
M. Lincoln: M. le ministre, qu'est-ce que vous pensez de
cela?
M. Léger: C'est très bien. En ce qui concerne
surtout les espèces menacées, nous savons que des pressions se
font de plus en plus fortes sur le gouvernement pour que les espèces
menacées soient protégées par une loi. Ceci implique plus
d'un ministère, je pense que M. Massé est au courant. Cela touche
les ministères de l'Environnement, du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, et même pour les pêches commerciales, le
ministère de l'Agriculture. J'ai déjà reçu un avis
du conseil consultatif des réserves écologiques là-dessus.
On travaille à la préparation de projets de loi chez nous,
actuellement. On peut intervenir via la Loi sur les réserves
écologiques, mais en ce qui concerne les habitats fauniques
menacés on peut travailler là-dessus, mais quant à la
faune qui se déplace, là c'est un autre problème, on n'est
pas capable d'agir sur le plan légal.
M. Massé: Mais si vous vouliez arriver sur le plan
légal, M. le ministre, vous pourriez retenir nos suggestions et à
ce moment-là vous le pourriez.
M. Léger: Sur la faune qui se déplace?
M. Massé: Autant que celle qui ne se déplace
pas.
M. Léger: C'est un autre projet de loi à ce
moment-là. On essaie souvent, dans un projet de loi omnibus, d'en mettre
beaucoup, mais les autres ministères nous voient venir.
M. Lincoln: J'espère que vous vous imposerez aux autres
ministères, M. le ministre, vous êtes très persuasif quand
vous le voulez.
M. Massé: On a quand même une responsabilité
internationale quant aux espèces menacées au Québec, et je
pense que le gouvernement du Québec n'assume pas sa
responsabilité internationale, ne peut pas assumer sa
responsabilité internationale.
M. Léger: Je vous remercie infiniment de votre
participation très positive et constructive, et on espère que
vous allez continuer dans ce domaine-là.
M. Massé: Cela nous fait plaisir, M. le
ministre.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie.
Ordre des chimistes du Québec
J'inviterais maintenant les représentants de l'Ordre des
chimistes du Québec à prendre place, à s'identifier, et
à nous présenter leur mémoire.
M. Richer (Jean-Claude): Jean-Claude Richer, président de
l'Ordre des chimistes; Réal Laliberté, secrétaire de
l'Ordre des chimistes; Edgar Delvin, vice-président de l'administration
de l'Ordre des chimistes.
M. Richer: M. le Président de la commission, M. le
ministre, messieurs les membres de la commission, chers collègues.
Après avoir consulté un certain nombre de membres oeuvrant dans
le domaine de l'environnement, le comité administratif de l'ordre a
examiné le projet de loi no 55, et il me fait plaisir de vous soumettre
les brefs commentaires suivants.
L'Ordre des chimistes endosse d'une façon générale
ce projet de loi qui a pour but principal d'instaurer une procédure
d'attestation de conformité environnementale destinée à
remplacer progressivement les autorisations administratives préalables
qui sont présentement requises.
D'après l'article 8 du projet de loi, cette attestation doit
être également signée par tout professionnel ou consultant
qui a contribué à la conception du projet. L'Ordre des chimistes,
comme plusieurs autres groupes, semble-t-il, s'interroge sur la signification
des mots "professionnel" et "consultant" utilisés dans le projet. La
province de Québec s'est dotée d'un Code des professions qui
régit l'activité des membres des corporations professionnelles
par divers mécanismes dont la fixation de normes d'admisssion,
l'inspection professionnelle et la discipline. Pour la protection du public,
nous osons espérer que le mot "professionnel" utilisé dans le
texte étudié présentement s'applique uniquement à
des membres de ces diverses corporations. Dans une même optique, l'Ordre
des chimistes du Québec s'inquiète du fait que les consultants
pourraient ne pas être des professionnels soumis aux mêmes
contraintes.
L'Ordre des chimistes respecte l'esprit de l'article 6 du projet
permettant de réprimer la pollution atmosphérique
transfrontalière sur une base de réciprocité avec des
États ou des provinces. Toutefois, tel que rédigé,
l'article est restrictif puisque les seuls intervenants sont des organismes
internationaux ou gouvernementaux. L'Ordre des chimistes propose que cet
article soit modifié de façon à permettre la participation
de professionnels québécois tant dans l'évaluation des
risques que dans l'examen des méthodes analytiques utilisées et
des résultats qui en découlent.
En ce qui a trait à l'article 19, l'Ordre des chimistes s'oppose
d'une façon formelle à ce que le ministre s'arroge le droit
d'imposer aux professionnels de la chimie les méthodes analytiques qui
devront être utilisées puisque ces choix correspondent à
des tâches importantes dans l'exercice de la profession du chimiste. Bien
que la recommandation de méthodes de référence puisse
être utile, l'article 19 du projet de loi devrait être
modifié de façon à permettre aux professionnels d'utiliser
des méthodes qu'ils jugent supérieures. Cette façon de
procéder, tout en assurant une certaine cohérence dans les
méthodes utilisées et les résultats obtenus,
éliminerait la lourdeur administrative inhérente au
système actuel.
Avant de terminer, nous tenons, pour le bénéfice du
public, à présenter quelques commentaires concernant les normes
actuelles d'acceptabilité relatives aux eaux potables. En effet, les
laboratoires gouvernementaux, même s'ils font sur demande des analyses
chimiques des eaux potables, émettent toujours leurs certificats
attestant que l'eau est propre à la consommation en se basant uniquement
sur les résultats des analyses bactériologiques. Cette
façon de procéder est loin d'assurer a la population que les eaux
qui lui sont offertes par les aqueducs ou qu'elle tire de sources ou de puits
sont réellement propres à la consommation. On pourrait y
retrouver du fer, des phénols, des cyanures, du chrome ou autre et,
d'après les normes actuelles, les eaux seraient
considérées comme potables. Il y a lieu de définir
rapidement des normes chimiques à être appliquées, de
concert avec les normes bactériologiques, qui fixeraient les limites
maximales des divers métaux, ainsi que des substances organiques qui
peuvent être présentes dans une eau que l'on peut encore qualifier
de potable. Nous osons espérer que ces commentaires sauront être
utiles aux membres de la commission et je puis vous assurer au nom de l'Ordre
des chimistes de notre entière collaboration.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. Richer.
M. le ministre.
M. Léger: Merci beaucoup d'être venu nous donner
l'éclairage de votre association, l'Ordre des chimistes du
Québec. D'abord, vous vous demandiez si les professionnels, sont
uniquement ceux des ordres professionnels régis par le Code des
professions. Je pense que j'ai répondu tantôt en disant que, dans
des associations, comme celle des biologistes, pourvu qu'il y ait une sorte de
discipline d'association, comme pour les professionnels, il faut qu'ils
soient
reconnus dans le mot "consultant".
Vous parlez surtout, plus loin, de la participation des professionnels
québécois pour régler le problème de la pollution
transfrontalière. Bien sûr, ils pourront et devront participer
à l'évaluation de la situation sans que ce soit inscrit dans la
loi.
Cependant, sur le plan de la réciprocité
interÉtats, il importe que les organismes soient reconnus des deux
côtés de la frontière, c'est-à-dire forment un
organisme international. Un organisme comme le vôtre pourrait
sûrement s'associer avec un autre organisme semblable dans un autre
État pour former un organisme international. Je pense que c'est une
chose qui est possible.
Concernant votre préoccupation sur l'article 19 qui permet de
modifier les méthodes analytiques prescrites, vous ne voulez pas qu'il y
ait de méthode imposée mais je pense que les règlements
ont toujours spécifié selon quelle méthode il faut mesurer
les différents paramètres prévus dans le règlement.
Ceci permet d'éviter des conflits. Trop souvent on voit deux
spécialistes se présenter devant un juge avec deux
résultats d'analyse différents parce qu'ils ont utilisé
deux méthodes analytiques différentes. Lequel a raison? Le juge
qui n'est pas un spécialiste non plus, est bien mal pris avec ça.
C'est pour prévenir ce type de conflit qu'on a toujours prévu une
méthode qui permet d'arriver au même résultat. Ce que fait
le projet de loi, c'est de permettre de se tenir à jour en modifiant la
méthode lorsque, disons, l'ASTM, American Standard Testing Materials,
produit une nouvelle édition, et ce, sans passer par la procédure
de prépublication et les délais qui en découlent. À
mesure que cela se corrige sur le plan national ou international, s'il fallait
repasser par toute la période de prépublication et de
publication, à ce moment-là on ne pourrait pas ajuster nos
méthodes et beaucoup de problèmes ne seraient pas
solutionnés.
Concernant les normes d'eau potable limitées à la
bactériologie, quand on a des raisons de soupçonner d'autres
éléments quant à l'eau potable, on fait les analyses
nécessaires à ce moment-là. Elles sont faites moins
fréquemment, je suis d'accord avec vous, que sur la
bactériologie, mais on les fait quand même lorsque c'est
nécessaire pour le moment. On est en train d'étudier davantage
d'autres façons d'apporter un meilleur contrôle mais pour le
moment je ne peux pas dévoiler où on en est rendu. Il y a des
projets qui étudient la possibilité d'aller plus loin
là-dedans.
Je ne sais pas s'il y a d'autres sujets, peut-être qu'on pourrait
demander à l'Opposition et, après ça, considérer
d'autres questions.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. Vous
voulez ajouter quelque chose, M. Richer? Allez-y.
M. Richer: Concernant les méthodes d'analyse actuelles, il
y a déjà des méthodes qui sont imposées et c'est
une restriction à la pratique de la chimie que les professionnels soient
obligés d'utiliser ces méthodes-là. Je vois mal le
ministre de l'Environnement québécois être à la
remorque des Américains et nous obliger toujours à n'utiliser que
des méthodes qui ont été approuvées par l'ASTM et
empêcher les professionnels québécois de développer
eux-mêmes les méthodes qu'ils jugeraient appropriées et qui
ne seraient pas nécessairement acceptées au départ par
l'ASTM. Le système actuel est lourd, il est tellement lourd que le
ministre se donne le pouvoir de changer les méthodes choisies sans
même les ramener en prépublication. Donc, les professionnels de la
chimie ne devraient pas être soumis aux restrictions qu'on leur impose
actuellement. On n'indique pas à un médecin comment il doit faire
telle ou telle opération et je ne vois pas pourquoi on oblige les
chimistes à utiliser des méthodes qui sont prescrites à
l'avance.
M. Léger: M. le Président, je suis très
heureux de la suggestion de M. Richer. Vous touchez une corde sensible en
apportant cet argument. Je pense que, si vous êtes capable de nous
proposer des méthodes, on va être très heureux de les
inclure. L'objectif premier c'est d'avoir un point de référence
commun. S'il nous arrive des méthodes proposées par votre
organisme ou d'autres organismes, on sera heureux de les inclure et de s'en
servir comme base. D'ailleurs, vous serez parmi ceux que nous allons consulter
ou pré-consulter avant la prépublication des règlements
dans lesquels il y aura des normes. On pourra aussi discuter de ce
sujet-là. Donc, nous serons très heureux d'avoir vos suggestions
là-dessus.
M. Richer: Mais le fait que les méthodes soient
actuellement imposées rend le système lourd et difficile
d'application. C'est pour ça que vous demandez à l'article 19 de
modifier la loi, ou même modifier les méthodes sans qu'il y ait de
prépublication. Je pense qu'il faudrait aller plutôt vers le
système où il y a des méthodes qui sont
recommandées mais non imposées.
M. Léger: C'est ça qu'on propose. On va consulter
avant mais sans être obligé de faire une prépublication
parce qu'on alourdit notre fonctionnement. Mais on va consulter avant. (12
heures)
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je voudrais poser une seule question. Au sujet de
votre suggestion pour les analyses de l'eau potable, est-ce que vous
suggérez ça comme pratique? Le ministre a dit que quand il pense
qu'il y a des problèmes, son ministère fait des analyses
chimiques en plus des analyses bactériologiques. Est-ce que selon votre
suggestion, comme norme, comme cas automatique, on devrait faire des analyses
chimiques de l'eau en plus des analyses qui se font maintenant dans tous les
cas?
M. Richer: M. le député, j'ai été
amené à voir des gens qui voulaient vendre un terrain où
il devait y avoir un puits artésien et qui savaient qu'il y avait des
métaux dans l'eau qui venait de là mais l'eau qui était
soumise au laboratoire du ministère de l'Environnement ne contenait pas
de bactéries. Il y a eu un certificat comme quoi l'eau était
potable. Le terrain s'est vendu et l'acheteur a subi un préjudice alors
que le vendeur savait pertinemment que l'eau ne serait pas saine pour la
consommation. Je pense qu'il serait important qu'il y ait des normes chimiques
qui soient établies et que les analyses chimiques soient faites d'une
façon régulière.
M. Lincoln: Si je comprends, vous suggérez que dans les
normes qui seront établies pour l'avenir on ait, comme une norme
régulière, des analyses chimiques.
M. Richer: C'est une norme qui existe de toute façon pour
les eaux embouteillées actuellement. On ne voit pas pourquoi ce ne
serait pas une norme utilisée par les laboratoires du ministère
également pour les eaux potables.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci M. le Président. M. Richer, je
voudrais revenir à la question des professionnels et des consultants. Je
n'ai pas bien compris. Êtes-vous contre le fait qu'un promoteur utilise
d'autres consultants qui ne sont pas membres d'un ordre professionnel, comme
dans l'Association des biologistes, qui pourraient donner un avis sur un projet
ou un expert en physique sur une question nucléaire ou un autre expert
technologiste en... De quelle façon voyez-vous qu'un promoteur pourrait
utiliser un expert qui a une compétence bien reconnue dans une
association connue avec toutes les valeurs universitaires, mais qui n'est pas
membre d'un ordre professionnel du Québec?
M. Richer: Je ne vois pas très bien la solution à
ce problème-là. J'espère que la loi définira
à la fois "professionnel" et "consultant". Je pense qu'on a eu tout
à l'heure des interventions de ce côté-là. Les
consultants seront vraisemblablement des personnes qui ne seront pas des
professionnels au sens du code et ces gens-là ne sont soumis ni à
des normes d'admission, ni à de l'inspection professionnelle, ni
à des codes de déontologie qui leur sont imposés et ils
n'ont pas non plus la discipline. Donc, formellement, le public est moins bien
protégé dans ces cas-là et, si on veut laisser aller
ça comme ça, je n'ai pas d'objection, je ne suis pas le
législateur. J'ai seulement soumis, ce matin, que si les consultants ne
sont pas des professionnels soumis au code, le public est moins bien
protégé que dans le cas des professionnels qui sont soumis au
code et à toutes sortes de choses qui en font partie.
M. O'Gallagher: De toute façon, on a besoin de ces
gens-là. On vient d'entendre l'Association des biologistes, il faut
admettre qu'elle a accompli un travail extraordinaire dans ce genre de projets
et c'est une association extrêmement importante dans le domaine. Il ne
faudra pas la rayer de la carte seulement sur ce point-là.
M. Richer: Moi, je ne vous ai pas dit de la rayer de la carte,
j'ai tout simplement soulevé le point qu'il y a des professionnels et
j'espère que le texte...
M. O'Gallagher: Le ministre, dans la réglementation ou
dans le projet de loi, pourrait définir le mot "consultant"
peut-être avec un peu plus de précision. Sur la question des
standards, on a mentionné la ASTM et vous avez fait des remarques
relativement à ce sujet. Je pense que lorsque le ministre va
préparer les normes, il faudrait que vous donniez vos avis sur cette
question. Sans doute il y a d'autres méthodes standards
élaborées ici au Québec ou au Canada ou ailleurs, par des
compétences reconnues, qui pourraient être facilement
utilisées et incorporées dans les normes.
M. Richer: Je pense qu'incorporer des méthodes d'une
façon absolue et qui soit contraignante dans la loi, principalement dans
les règlements, alourdit le système et empêche les gens
d'utiliser la méthode qu'ils jugeraient la plus appropriée.
L'évolution des techniques est souvent rapide et les méthodes
peuvent bien fonctionner dans un cas et puis, dans le cas à
côté, cela ne fonctionnera pas pour chercher la même chose,
parce qu'il va y avoir certains ions qui vont masquer d'autres ions etc. Donc,
il y a des méthodes qui sont strictement techniques. Je comprends que
les juqes peuvent, à l'occasion, avoir des problèmes
d'interprétation, mais tout le monde, tous les jours, a des
problèmes d'interprétation avec les lois et on ne dit pas aux
avocats
comment ils doivent écrire la loi.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: M. le Président, merci. À la lecture de
votre mémoire, je suis resté un peu estomaqué. Il y a, au
départ, un certain nombre de revendications que vous faites au nom de
l'ordre, et cela se comprend fort bien puisqu'il y a un esprit de corporatisme
qui ne peut pas être évité lorsque vous parlez au nom d'un
ordre, cela va de soi.
D'autre part, je me serais attendu que l'Ordre des chimistes puisse
aller beaucoup plus profondément - bien que j'apprécie un certain
nombre de remarques que vous faites, notamment, à l'article 19, à
propos de l'eau potable - puisque la source majeure de pollution nous vient
précisément de la chimie, du domaine de la physique et de
certaines interventions mécaniques qui brisent la nature et la
transforment et, à la limite, il y a évidemment, en physique, la
physique nucléaire qui vient profondément modifier la nature.
Fondamentalement, c'est la chimie qui est en cause presque partout lorsque nous
parlons de pollution. Or, dans le projet de loi, si modeste soit-il ici, il y a
un certain nombre de phénomènes qui mettent
précisément en cause la chimie, que ce soit, par exemple,
l'article 6 à propos de la pollution atmosphérique, que ce soit
l'article 7 à propos du transport des déchets toxiques, l'article
13, la gestion des déchets toxiques, etc. Votre mémoire est
silencieux sur ces articles. Qu'est-ce à dire? Est-ce que la corporation
juge que les articles tels que libellés sont satisfaisants du point de
vue professionnel? Ou est-ce que l'ordre comme tel ne s'implique pas dans ces
matières?
M. Richer: M. le député, si vous avez bien
écouté au moment où j'ai fait la lecture du mémoire
tout à l'heure, j'ai dit que l'ordre endosse, d'une façon
générale, ce projet de loi, et on a fait ensuite des commentaires
uniquement sur les articles où il semblait y avoir des points à
soulever. On n'a pas voulu faire perdre le temps des membres de la commission
en disant à chaque fois que nous étions d'accord avec chacun des
articles.
M. Fallu: Oui, je veux bien...
M. Richer: Le transport des matières dangereuses avait
soulevé quelques discussions au moment où on a examiné le
projet de loi. On a vécu récemment, à l'Université
de Montréal, où je suis professeur, un cas où on a remis
des produits à être transportés pour être
détruits et les produits nous sont revenus parce qu'ils contenaient trop
de chlore, ces solvants envoyés pour être détruits.
D'après l'article qui est là, le transporteur pourrait ne pas
être payé tant qu'il n'a pas livré, et nous, on pourrait
lui dire: Gardez-le donc chez vous, cela nous embête de l'avoir dans
notre département. Et lui, il en ferait les frais parce qu'il a
accepté de prendre les matières au départ et que la
personne qui devait les recevoir les a refusées. Il pourrait se
retrouver avec des matières dont il ne sait pas quoi faire et ne pas
être payé pour le transport qu'il a déjà
effectué.
On s'est dit qu'il pouvait y avoir quelques difficultés
d'application. On comprend le but de l'article. On se dit qu'il faut s'assurer
que cela va être livré à un endroit où cela va
être détruit. Il faut avoir un reçu à cet effet
avant de payer, mais il risque d'y avoir des transporteurs qui se retrouvent
avec des matières dont ils ne savent pas quoi faire et qui n'auront pas
été payés après les avoir prises et les avoir
transportées.
M. Fallu: Voici un type de remarques que j'apprécie
énormément parce que l'expérience que vous vivez
quotidiennement est fort utile en l'occurrence. Est-ce qu'il y a d'autres
remarques de cette nature, notamment pour ce qui a trait à la pollution
atmosphérique ou à l'ensemble de la gestion des matières
toxiques?
M. Richer: Sur la pollution atmosphérique
transfrontalière, on a déjà fait des remarques. De toute
façon, on parle de ce qui se passe ici et qui pourrait aller nuire au
voisin. Je pense que, dans les courants des vents, on reçoit beaucoup
plus de déchets des autres qu'on ne leur en envoie. Donc, je pense
qu'à ce point-ci on est plus en bout de ligne, si on regarde les vents
prédominants, qu'au début de la pollution.
La seule remarque qu'on a faite là-dessus - vous l'avez entendue
tout à l'heure - a trait à ce que, dans cet article, on dit quand
même que c'est sur la foi d'une étude ou d'une recommandation d'un
organisme international ou gouvernemental. Si le ministre est de cet avis, on
croyait que, s'il y avait des études qui étaient faites ailleurs,
les professionnels québécois devraient être
impliqués dans l'étude des résultats et des
méthodes analytiques qui ont été utilisées
ailleurs.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Il n'y a pas d'autres
interventions?
M. Léger: Je voudrais remercier, en ce qui me concerne,
votre organisme de sa participation et vous assurer que, quand ça va
être le temps de la présentation des règlements et des
normes, nous allons vous consulter pour avoir votre point de vue
là-dessus. Merci beaucoup.
Association des mines de métaux
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie.
J'inviterais maintenant les représentants de l'Association des mines de
métaux à prendre place, à s'identifier et à nous
faire part de leurs commentaires.
M. Langlois (Gonzague): Mon nom est Gonzague Langlois. Je suis le
directeur général de l'Association des mines de métaux.
J'ai, à ma gauche, le Dr Claude Drouin, qui est le directeur des
services techniques à l'association et, à ma droite, M. Guy
Lacroix, qui est directeur de l'information pour la compagnie Noranda.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, l'Association des mines de métaux du Québec comprend
33 sociétés membres qui opèrent dans le secteur des
métaux et de certains minéraux, à l'exclusion du secteur
de l'amiante qui possède sa propre association. En 1981, ces
exploitations ont employé directement environ 20 000 travailleurs qui
ont commandé une masse salariale de quelque 560 000 000 $. La valeur
totale de la production de nos opérations membres a atteint
au-delà de 1 520 000 000 $ que nous considérons à juste
titre, je crois, comme un apport de nouvelle richesse. (12 h 15)
Le secteur minier est aussi l'un des secteurs les plus visés par
les lois et les règlements sur le contrôle de l'environnement,
qu'il s'agisse de la pollution de l'air, de l'eau ou du sol. C'est aussi un
secteur qui a dû investir le plus de capitaux à caractère
non productif. Nous ne remettons pas en question la nécessité de
ces investissements, lesquels cependant sont de plus en plus difficiles
à supporter étant donné le présent contexte
économique.
Au chapitre de l'environnement industriel, les entreprises membres de
notre association ont investi environ 300 000 000 $ au cours de la
dernière décennie. En 1981, l'environnement industriel a
coûté aux opérations minières membres de notre
association l'équivalent de 3000 $ par employé, soit environ 10%
de la masse salariale.
Vous comprenez donc, M. le Président, combien toutes les lois ou
réglementations concernant le contrôle de l'environnement sont
importantes pour le secteur minier et que les représentants de ce
secteur tiennent énormément à se faire entendre sur tous
ces sujets. D'ailleurs, on ne s'est jamais privé jusqu'à
présent pour pointer du doigt, à tort ou à raison, les
entreprises minières qui, par leur nature même, affectent
l'environnement. On devrait aussi s'attendre que leurs représentants
insistent pour réagir à tout nouveau projet de loi ou
règlement. C'est pourquoi, aussitôt que nous avons pris
connaissance du projet de loi 55 modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement, nous l'avons étudié avec grand
intérêt, puisque son objectif principal est de remplacer les
procédures d'autorisation des travaux par une politique de
responsabilisation des promoteurs de projets. Certains officiers
supérieurs du ministère de l'Environnement nous avaient
déjà parlé de cette idée et le journal Le Devoir en
faisait état dans son édition du 6 février dernier.
Permettez-moi d'ajouter que nous déplorons de ne pas avoir
été invités formellement à présenter un
mémoire à cette commission. En fait, nous avons été
informés accidentellement par la chambre de commerce de la tenue d'une
commission parlementaire sur le projet de loi 55. Ce n'est que par un heureux
hasard que nous avions élaboré un projet de mémoire. Comme
pour la commission parlementaire sur la loi 69 en 1978, nous avons encore une
fois dû faire des pressions pour nous faire entendre.
La principale nouveauté de ce projet de loi se trouve dans
l'article 8 qui propose le nouvel article 95.1 dans la Loi sur la
qualité de l'environnement. Nous savons très bien qu'actuellement
le ministère de l'Environnement accuse un retard considérable
dans l'émission de ses permis. Cela entraîne des délais
dans la mise en marche des projets ou, encore, amène les entreprises
à fonctionner dans l'illégalité sans pour autant manquer
de respect pour l'environnement et tout en respectant les normes
établies.
Au premier abord, la procédure prévue au nouvel article
95.1 pourrait être acceptable si elle était assortie de certaines
conditions. Tout d'abord, la responsabilisation pourrait être vivable si
le ministère de l'Environnement maintenait une équipe-conseil
pour aider les promoteurs de projets à préparer et à
effectuer correctement les études de répercussions
environnementales. Un tel service devrait être prévu dans le
projet de loi pour en assurer la présence et le fonctionnement.
Deuxièmement, d'après le deuxième alinéa de
l'article 95.1 proposé, il semble que les professionnels
embauchés par un promoteur pourront prendre la responsabilité
d'attester la conformité d'un projet aux normes prévues. Nous
croyons que ceci est désirable et suffisant. Toutefois, il est possible
que le promoteur veuille soumettre son projet à un consultant
extérieur à l'entreprise mais ce doit être là une
décision personnelle et volontaire du promoteur. De toute façon,
c'est toujours le promoteur qui en assumera la responsabilité.
Troisièmement, nous craignons fortement que la mise en place du
concept de responsabilisation n'entraîne un changement radical de
comportement du personnel du ministère de l'Environnement.
Les officiers du MEQ pourraient devenir des inspecteurs-policiers
plutôt que des inspecteurs-conseils. Le reportage du Devoir, le 6
février, en annexe, laisse voir que c'est dans cette direction que le
ministère semble s'orienter et les fonctionnaires consultés sur
le projet nous donnent également cette impression.
Si c'est là l'objection de la responsabilisation, nous nous y
opposons catégoriquement. D'autre part, si le ministère veut
aider l'entreprise à s'acquitter de ses responsabilités par une
action-conseil, nous sommes d'accord. Cette garantie doit se retrouver dans la
loi qui devrait contenir la description d'une procédure pour
définir les modes d'intervention des inspecteurs.
L'application d'une politique de responsabilisation exige l'existence de
directives précises pour réaliser les études de
répercussions environnementales dans les différents secteurs
d'activités industrielles. Les entreprises, autant que les consultants,
auront besoin des informations nécessaires pour éviter le
gaspillage d'efforts dans des activités superflues d'évaluation.
Aussi, étant donné l'expérience limitée au chapitre
des permis, le changement de politique devra se faire graduellement.
L'établissement d'une politique de responsabilisation
hâterait le démarrage des opérations mais ceci comporte des
coûts additionnels pour l'entreprise. Le travail que les fonctionnaires
faisaient sera maintenant aux frais des entreprises. La responsabilité
que les fonctionnaires prenaient serait transférée à
l'entreprise qui, en plus, devra mettre une garantie en jeu. Encore une fois,
c'est une forme de taxation indirecte et une façon de mettre tout le
fardeau des responsabilités sur les promoteurs.
Le nouvel article 95.2 prévoit le dépôt d'une
garantie par le promoteur de projet au moment où il dépose son
attestation.
Deux remarques s'imposent ici: Tout d'abord, le montant sera fixé
par règlement et, à la lumière de l'article 19 du projet
de loi no 55, on voit que le gouvernement se donne toute latitude pour fixer la
valeur et surtout, pour le modifier à volonté.
La garantie est en fait un prêt à fonds perdu car la loi ne
prévoit pas le moment du remboursement ni le paiement des
intérêts sur ce capital figé dans la garantie. Cette
garantie est, à toutes fins utiles, un coût
irrécupérable car on pourra toujours trouver les raisons pour la
conserver jusqu'à cessation des opérations.
Il n'y a pas de justification acceptable pour forcer les entreprises
à geler leurs actifs dans les caisses gouvernementales. Le
législateur dispose de suffisamment de moyens pour forcer une entreprise
à corriger une situation inacceptable. D'ailleurs, l'article 113 de la
Loi sur la qualité de l'environnement permet déjà au
ministre de faire exécuter des travaux et d'en récupérer
le coût des entreprises concernées avec intérêts et
frais.
Nous rejetons la politique de garantie parce qu'elle n'est pas
nécessaire et qu'elle comporte un coût injustifié pour les
promoteurs. Les nouveaux articles 31n, 95.2 et 95.5 de la Loi sur la
qualité de l'environnement tels qu'inscrits dans le projet de loi no 55
ne devraient pas voir le jour.
L'article 95.3 proposé à l'article 8 du projet de loi no
55 donne le pouvoir au sous-ministre de signifier la dénégation
de conformité à l'initiateur d'un projet. C'est là un
pouvoir normal du sous-ministre, mais pour l'appliquer équitablement aux
parties en cause, il faut que toutes les règles du jeu soient clairement
étalées dans des guides précis.
La loi doit prévoir une formule pour exercer le pouvoir de
dénégation plutôt que de laisser l'entière
discrétion de son application au sous-ministre. Les notaires et les
comptables licenciés peuvent apposer leurs sceaux par qu'ils travaillent
avec des termes de références identiques à ceux du
législateur, aussi le professionnel qui donnera une attestation devra
disposer des mêmes guides et instruments qui serviront au sous-ministre
pour exercer son pouvoir de dénégation.
La Loi sur la qualité de l'environnement prévoit à
l'article 124 que tout règlement fait en vertu de cette loi est
publié par le ministre dans la Gazette officielle avec avis qu'à
l'expiration des 60 jours, ils seront présentés au gouvernement
pour adoption par le lieutenant-gouverneur en conseil. Dans l'intervalle, le
ministre doit entendre toute objection qui lui est adressée.
Le projet de loi no 55 crée plusieurs exceptions à cette
règle: a) L'article 5 du projet de loi no 55 prévoit qu'en vertu
de l'article 46s proposé, le gouvernement peut publier un décret
qui entre en vigueur au moment de son adoption, dans le cas de la gestion de
l'exploitation des eaux souterraines. Il semble que le délai de 60 jours
pour consultation ait été éliminé dans ce cas. b)
L'article 7 du projet de loi no 55, par l'article 700 proposé,
autoriserait le ministre à publier un arrêté
ministériel qui entrerait en vigueur au moment de sa publication. Ici,
le ministre prescrirait les catégories de déchets visées
par un règlement et, encore une fois, le délai de 60 jours
disponible aux représentations est oublié. c) L'article 19 est de
loin le point crucial de ce projet de loi. Le législateur propose de
modifier l'article 124 de la Loi sur la qualité de l'environnement pour
lui permettre de modifier une norme dans un règlement sans publication
préalable dans la Gazette officielle. Les normes
réglementaires seraient donc changées sans préavis!
Il s'agit là d'une action absolument inacceptable. On sait que ce sont
les normes qui déterminent la technologie et qui sont responsables de
tout l'impact économique des législations sur l'environnement.
Étant donné l'impact économique souvent très
important pour les entreprises et la période de temps nécessaire
pour se conformer aux normes établies, un changement de normes sans
préavis, lequel serait toujours plus restrictif - on ne nous a pas
habitués à l'inverse -forcerait les entreprises à
fonctionner dans l'illégalité pendant de longues périodes.
S'il y a un point de la loi qui doit demeurer ouvert à la consultation
de la clientèle, c'est celui-là.
Nous recommandons donc que tout règlement, toute modification de
règlement ou tout arrêté ministériel soit
publié dans la Gazette officielle conformément au texte actuel de
l'article 124 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Il est
essentiel que l'article 19-1 du projet de loi soit enlevé.
Le projet de loi no 55 comporte des aspects intéressants, mais il
doit être bonifié. Il faut en éliminer certains
éléments indésirables comme la garantie et la modification
des normes sans préavis. Par contre, il faut lui ajouter des
précisions pour permettre au ministre de jouer un rôle de conseil,
définir les directives aux promoteurs pour décrire les modes
d'intervention des inspecteurs et pour établir clairement les conditions
d'application du pouvoir de dénégation du sous-ministre.
Le succès d'une politique de responsabilisation dépendra
de la législation, mais surtout du style d'action qui sera adopté
par le personnel du ministère de l'Environnement dans le cadre de cette
nouvelle politique. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Léger: M. le Président, je dois d'abord nous
excuser pour cet oubli imputable pour votre invitation comme telle; c'est
dû beaucoup plus à une coordination insuffisante parce qu'au
départ, je dois vous dire que, à première vue, certaines
personnes avaient conclu que vous n'étiez pas tellement touchés
par ce projet de loi, mais, après plus ample examen, vous êtes
touchés sur des projets de correctifs mineurs. Donc, vous êtes
touchés et vous auriez dû normalement être invités
avant cela; je m'excuse de cet oubli, qui n'est pas volontaire et qui n'est pas
habituel.
Quant à votre mémoire, je vous remercie beaucoup d'avoir
apporté votre éclairage. Il y a des choses, je pense, qu'on peut
certainement retenir, alors qu'il y en a d'autres que je ne peux pas accepter,
surtout si vous percevez le rôle de l'inspecteur comme un inspecteur
policier. Je pense que ce n'est pas le cas, mais ce n'est pas parce que c'est
une loi sur la responsabilisation qu'on enlève et qu'on laisse aller
notre responsabilité; au contraire, la responsabilité est
toujours une chose qui relève du gouvernement. Si on fait des
partenaires dans la responsabilisation, on se trouve à
déléguer une certaine autorité aux promoteurs par le fait
qu'ils devraient suivre des normes et avoir des consultants et des
professionnels qui doivent donner un certificat d'attestation de
conformité, mais la responsabilité finale est toujours celle du
ministère. C'est pour cela qu'on ne peut pas ne pas vérifier si
les correctifs apportés sont faits selon les normes. (12 h 30)
Concernant le rôle-conseil des fonctionnaires du ministère,
je peux vous dire qu'il est certain que les fonctionnaires du ministère
vont demeurer disponibles pour les citoyens, qu'ils soient des promoteurs, des
professionnels ou des simples citoyens, pour discuter avec eux des projets et
des normes qu'ils seront chargés d'appliquer, n'espérant pas se
substituer au rôle-conseil des professionnels engagés par un
professionnel. L'assistance technique constitue donc une tâche importante
pour nos bureaux régionaux. C'est une des raisons premières pour
lesquelles nous avons fait la régionalisation et nous entendons
même la développer; c'est une procédure et une approche de
nature surtout administrative, mais qu'on ne peut pas inscrire comme telle dans
la loi.
Dans le cadre du mécanisme de l'attestation de conformité
environnementale, un promoteur est toujours libre de retenir les services des
professionnels et des consultants qu'il désire. C'est à lui,
c'est son choix. Ceux-ci seront cependant obligés de s'engager face au
ministère quant à la conformité du projet qu'ils ont
conçu avec les normes environnementales applicables.
Il est certain que le mécanisme de l'attestation de
conformité environnementale ne vise à diminuer en aucune
façon la prévention en matière d'environnement. Au
contraire, cela vise à l'accroître. Il va de soi que les
fonctionnaires du ministère de l'Environnement seront davantage
présents sur le terrain; puisqu'ils n'auront plus à effectuer un
examen détaillé des plans et devis dans leur bureau, ils vont
mettre leur temps plutôt à vérifier. Notre objectif n'est
absolument pas d'en faire des inspecteurs policiers, selon votre propre
expression, mais plutôt de faire en sorte qu'ils s'acquittent du mandat
qui leur a été confié et dont je suis responsable comme
ministre de l'Environnement devant l'Assemblée nationale, à
savoir de m'assurer que les normes environnementales sont suivies et, si elles
ne sont pas suivies, d'être capable d'apporter les
correctifs voulus. Je ne pense pas que, si un organisme comme le
vôtre respecte les normes environnementales, vous deviez craindre la
visite d'un inspecteur. On aime bien mieux ne pas avoir d'inspecteur, mais on
doit comprendre que notre responsabilité et notre liberté se
limitent à la limite de la liberté des autres. On doit s'assurer,
comme ministère de l'Environnement, qu'il y a une vérification
qui peut être faite à n'importe quel temps par un organisme
gouvernemental.
Comme j'ai eu l'occasion de le signaler hier, toutes les normes
environnementales applicables dans le cadre de la procédure
d'attestation de conformité environnementale seront adoptées par
règlements qui seront rendus publics, qui seront clairs, bien
définis et soumis à la consultation préalable dans les
soixante jours prévus par l'article 124 de la Loi sur la qualité
de l'environnement.
En ce qui concerne les garanties, c'est effectivement par
règlement qu'elles seront établies et c'est également par
règlement que l'on prévoira les modalités de
remboursement. En général, notre expérience
démontre que les promoteurs n'ont pas trop de difficulté à
obtenir des garanties exigées sous la forme d'un cautionnement et ce
à des coûts abordables.
De toute façon, les dépôts de garanties sont pour
s'assurer qu'une personne qui serait responsable de problèmes à
l'environnement sera capable de payer les conséquences des gestes
qu'elle a posés.
De toute façon, les intéressés auront tout le
loisir de s'exprimer sur ce type de garantie, lorsque nous allons publier le
projet de règlement et spécialement la partie qui porte sur les
garanties.
Je ne crois pas que les entreprises seront forcées de geler leur
actif, comme vous dites, dans les caisses gouvernementales, au contraire, sauf
si elles choisissent de déposer leur garantie sous la forme d'un
chèque visé ou en espèces, mais, la plupart du temps,
c'est beaucoup plus un bon ou une assurance qui est une garantie sous forme de
protection.
La dénégation de conformité que vous mentionnez
dans votre mémoire, c'est le pouvoir d'émettre une
dénégation de conformité, mais qui est balisée par
la conformité du projet aux normes réglementaires en vigueur. Il
n'y aura donc pas de dénégation si c'est conforme aux normes du
règlement. Il est certain que ce sont les mêmes normes qui vont
guider les décisions du sous-ministre que celles par lesquelles le
promoteur a dû attester la conformité de son projet.
Concernant la prépublication des normes réglementaires, je
suis sensible aux préoccupations que vous évoquez relativement
à la consultation des intéressés lors de la
préparation de nos règlements. Je dois toutefois préciser
que la modification législative proposée à l'article 19 ne
permettrait la mise à jour sans publication que des seules normes
incorporées dans nos règlements par référence. Il
s'agit de normes publiées pas des tiers, c'est-à-dire par des
organismes comme le Bureau de normalisation du Québec, l'Association
canadienne de normalisation, l'Organisation internationale de normalisation ou
l'Association américaine de la santé publique. Le but de la
modification proposée est de nous permettre de tenir à jour ces
normes sans accuser de retard à ce sujet. Il n'en demeure pas moins que
votre préoccupation quant à la nécessité d'une
consultation des organismes intéressés m'apparaît
très légitime. Elle est également partagée par
d'autres organismes qui ont témoigné devant cette commission
parlementaire. Je suis donc disposé à réexaminer cette
question attentivement à la lumière des arguments sérieux
que vous nous avez apportés. D'ailleurs, à propos de certains
sujets particuliers que vous avez mis de l'avant, les normes vont être
claires, précises, et il faudra, nécessairement, que ces
règlements fassent l'objet d'une prépublication en plus de la
consultation privilégiée.
Quand vous parlez d'augmentation de coût, mise à part la
garantie dont on parlait tantôt et qui peut être un bon ou une
assurance, il n'y aura pas de coût additionnel et je pense que cela va
amener une plus grande efficacité administrative. Maintenant, encore
pour la garantie, il faut dire que cette procédure existe
déjà dans différents domaines, tel que le domaine des
déchets, le domaine des carrières, des sablières, et que
le montant soit fixé par règlement, c'est tout à fait
normal parce que c'est le gouvernement qui a le pouvoir. Si c'était
laissé aux fonctionnaires, on pourrait, à juste titre, craindre
peut-être une certaine discrétion, tandis que si c'est le
gouvernement, ça va être fait publiquement, au vu et au su de tout
le monde. Le remboursement de cette garantie sera prévu par
règlement et variera selon le type de projet. Cette garantie est une
incitation à la prévention, et si le promoteur a une bonne
réputation, il n'y aura pas de problème pour obtenir facilement
une garantie. On me dit aussi qu'on va étudier la possibilité de
délimiter les cas concernant des normes et méthodes analytiques
aux cas de normes publiées par le Bureau de normalisations du
Québec et aux normes concernant les méthodes analytiques
seulement.
En gros, je pense qu'on peut terminer en disant que la
dénégation, qui semble être une préoccupation dans
votre mémoire, ne se fera que par rapport à un règlement
précis et non selon la discrétion du sous-ministre. À ce
chapitre, c'est une amélioration par rapport à la situation
actuelle où un projet d'aqueduc ou d'égout peut être
refusé en
l'absence de toute norme réglementaire. C'était
peut-être discrétionnaire.
Dans le cas d'absence de prépublication pour le cas des eaux
souterraines, il s'agit quand même, il faut bien y penser, de cas de
contamination, donc, d'urgence. On ne peut pas laisser les gens boire de l'eau
contaminée pendant 60 jours parce qu'il faudrait prévoir une
prépublication pour permettre une consultation dans le domaine des
déchets dangereux. Spécialement dans le domaine des
déchets dangereux il n'y a pas de prépublication pour amender une
simple liste de produits quand cette liste est mise à jour, qu'il y a de
nouveaux produits, de nouveaux noms de produits de déchets dangereux;
c'est seulement des cas mineurs, on ajoute des noms sur la liste. Quant aux
normes ou méthodes analytiques modifiées dans la
prépublication, ceci s'applique à des méthodes
normalisées, comme je l'ai dit tantôt, par le Bureau de
normalisations du Québec, etc., où se font de fréquentes
mises à jour qui nécessitent des ajustements mineurs dans le
règlement, donc, ce n'est pas des normes du ministère. On va
nécessairement limiter cela aux méthodes analytiques.
Alors, en ce qui me concerne, je vous remercie de votre participation et
j'espère que nous pourrons tenir compte des aspects que j'ai
mentionnés tantôt. Quant aux autres, nous avons une vision
différente du contrôle que celle que vous avez.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
M. Langlois: M. le ministre, j'aimerais demander à M.
Drouin de faire quelques commentaires additionnels.
M. Drouin (Claude): M. le ministre, quand on regarde le projet de
loi, l'idée de responsabilisation est celle qui apparaît d'abord.
Il faudra peut-être se mettre un peu dans nos chaussures pour voir de
quelle façon le tableau s'est présenté à nous.
D'abord, l'industrie est passablement traumatisée aujourd'hui par un
autre organisme qui nous frappe assez durement et qui s'appelle la Commission
de la santé et de la sécurité du travail, dont l'aspect
policier n'est pas caché; il est certainement évident. C'est le
genre de "background" qu'il y a dans cette histoire-là.
La deuxième chose qui nous fatigue un peu, quand on dit qu'on va
devenir un État policier en environnement, c'est ceci: vous avez tout de
même parlé à plusieurs reprises, M. le ministre, des 6 000
000 d'inspecteurs; ça aussi, c'est fatigant, 6 000 000 d'inspecteurs. On
n'a pas l'impression qu'il n'y aura pas de policiers, il va y en avoir 6 000
000.
M. Léger: Je vous garantis qu'ils n'iront pas tous chez
vous, par exemple.
M. Drouin: Pardon?
M. Léger: Je vous garantis qu'ils n'iront pas tous chez
vous en même temps.
M. Drouin: Un, c'est assez, d'ailleurs. C'est certainement une
position qui est inquiétante là-dedans.
La troisième façon dont on a pris connaissance de cette
idée, cela a été d'abord la visite de certains de vos
hauts fonctionnaires que nous avions invités pour nous parler des
problèmes d'environnement chez nous. Ils ont déposé sur la
table l'idée de responsabilisation en disant: Pourriez-vous nous donner
une opinion là-dessus? Qu'est-ce que vous en pensez? Sur le coup, on a
réagi subitement parce que la réaction était celle-ci: Si
un tel contexte était institué, automatiquement, nos hommes
seraient plus disponibles pour faire de l'inspection. Cela fait
drôle!
Ensuite, on a lu le compte rendu de la conférence de presse que
M. Piette a donnée, le 6 février, et on voit encore ressortir
l'idée de policier. Ce matin, votre préambule me laissait voir
qu'il y avait encore 6 000 000 d'inspecteurs. Même si vous reprenez ces
choses-là, il reste que l'idée des 6 000 000 d'inspecteurs
revient continuellement. On a une préoccupation là-dessus et
ça nous inquiète. C'est fatigant dans le sens qu'on ne nie pas le
principe de la responsabilisation. Je crois que notre mémoire
démontre qu'on l'accepte avec responsabilité. On l'accepte, on
est prêt à jouer le rôle; ce qui nous inquiète, c'est
de voir que ces bonnes garanties que vous nous donnez là ne sont pas
nécessairement inscrites dans le texte de la loi. Si on dit qu'on ne
veut pas faire un État policier, je suis d'accord et je crois que je
suis prêt à vous croire aussi et tous ceux qui vont le dire. Il
reste que, dans la loi, quand on arrive devant les tribunaux ou quoi que ce
soit, si ces garanties ne sont pas données et qu'il y a seulement
quelqu'un qui nous dit qu'il y a certaines étapes qui ont
été respectées, eh bien, on est mal pris. Cela serait la
première remarque que je ferais sur la question de l'État
policier qui nous inquiète.
La deuxième remarque serait au sujet de la garantie. Avant de
parler de la garantie, on pourrait peut-être parler de la question des
coûts. Vous avez dit tout à l'heure et il est évident - on
le sait très bien - que ce ne sera pas de l'argent liquide qui sera
déposé, ce seront des politiques de garantie. Mais chaque fois
que vous allez vous servir d'une garantie pour faire quoi que ce soit, il est
clair que les bons de garantie vont coûter de plus en plus cher, ils
ne seront pas de moins en moins chers.
Un autre facteur également important, c'est quand je parle des
consultants. Nous avons consulté des consultants là-dessus et
nous leur avons demandé: Qu'allez-vous faire? Quelle sera votre position
vis-à-vis de la politique, s'il y a une prestation? Ils ont dit: On va
le faire, mais si on assume des responsabilités il est clair que les
études prendront une autre dimension, ce ne sera pas la même
facture. En d'autres mots, s'ils acceptent toute la responsabilité,
normalement, ils vont prendre encore plus de détours et le coût
sera encore plus élevé. C'est un coût nouveau qui va
s'ajouter à cela. (12 h 45)
La garantie, pourquoi n'est-on pas d'accord? On pourrait peut-être
vous retourner la question, M. le ministre. Pourquoi est-elle
nécessaire, s'il y a l'article 113? C'est la question qu'on se pose. Il
y a l'article 113, pourquoi faut-il déposer une garantie? Elle est
là. Finalement, quand on parle de pouvoirs de dénégation
au sous-ministre, nous avons donné l'exemple des notaires et des
comptables licenciés, nous voulons absolument jouer les deux parties
avec les mêmes cartes de façon à pouvoir juger avec la
même perception d'un projet que le sous-ministre.
Mais, encore une fois, pour parler de responsabilisation, nous avons
parlé d'un service-conseil au sein du ministère de
l'Environnement. Je crois, M. le ministre, si vous vous souvenez, lors de la
loi 69, que nous avions fait une proposition semblable. Nous avions
donné comme exemple le ministère de l'Énergie et des
Ressources, où il existe le service de la carte géologique, qui
ne fait pas d'explorations géologiques pour trouver des minerais, mais
fait tout de même la carte géologique de la province pour
déterminer les zones qui seraient susceptibles d'être
d'intérêt pour la prospection minière et faire avancer
l'industrie minière dans le pays, dans la province.
Ce qu'on vous a proposé, à l'occasion de la loi 69, c'est,
que chez vous, quelque part au gouvernement, devraient se situer des gens qui
travaillent à une espèce de carte écologique en d'autres
mots, laquelle limiterait plus ou moins les territoires qui méritent
d'être protégés, qui méritent d'être
considérés, et déterminerait ensuite les valeurs
prioritaires dans les différents secteurs. Lorsqu'on vous dit justement
d'avoir un bureau-conseil, et ça serait peut-être là, M. le
ministre, que vous pourriez nous proposer aussi quelque chose de temps en
temps, vous nous parlez de bonne foi, on pourrait peut-être vous demander
la même chose.
Si vous inscrivez dans votre projet de loi que vous allez installer
quelque part un service qui va donner conseil à l'industrie ou au
promoteur, il me semble que ça serait une garantie et que ce ne serait
pas plus difficile de créer ça que cela a été
difficile, à un moment donné, de créer un service de
cartes géologiques pour favoriser le développement de l'industrie
minière. C'est un parallèle, il me semble, qui est positif et,
à la lumière de ces choses, avec des garanties dans la loi, non
seulement des garanties de bons propos, je crois qu'on serait heureux.
Peut-être qu'à la fin, dans les trois articles qu'on a
mentionnés: l'article 5, l'article 7 et l'article 19, il y a un contenu
qui nous touche plus ou moins. Ce que nous contestons dans les articles 5, 7 et
19, c'est une nouvelle approche, car, petit à petit, on va gruger sur le
besoin, en d'autres mots, d'aller au public pour faire des modifications au
règlement ou en quoi que ce soit. Nous voulons que ceci demeure 60
jours. Si vous avez des urgences, M. le ministre, je crois que vous avez
actuellement dans la loi assez de pouvoirs qui permettent à un
sous-ministre d'émettre des ordonnances et d'agir rapidement, sans
nécessairement intervenir dans la modification des règlements ou
les changer à perpétuité pour un cas particulier. Ce
serait le sens de nos réactions, M. le ministre, à vos
propos.
Le Président (M. Rochefort): Un court commentaire M. le
ministre.
M. Léger: Certainement. Plus vous parliez, mieux je
trouvais que ça allait. Vous avez de bonnes suggestions à la fin.
Vous vous êtes bien améliorés dans ma vision de votre
perception du projet de loi, surtout à la fin. Il faut commencer par les
bons bouts; ce que vous avez demandé, je pense que c'est une très
bonne idée que celle d'une carte écologique. Je dois vous dire
que nous avons déjà, au niveau des régions,
commencé à préparer une carte par région qui va
identifier les régions sensibles et qui pourraient être rendues
publiques quand on les aura terminées. C'est une très bonne
idée de ce côté.
Maintenant, plus vous parliez, au début, plus vous me
convainquiez que le projet de loi est bon. Il est vraiment bon. Vous en avez
fait la preuve en disant que les professionnels à qui vous avez dit que
vous étiez obligé de signer une attestation de conformité
vous ont répondu: On va être obligés de vous demander un
prix important. C'est donc dire qu'avant qu'il y ait la dimension de
l'environnement, ils ne facturaient pas le même prix. Il y avait
peut-être moins de préoccupations environnementales quand ils
n'étaient pas obligés d'être responsables de cette
dimension. Je me demande jusqu'à quel point... S'il faut qu'il y ait un
prix derrière
cela, c'est parce qu'il y a une responsabilité qui
s'accroît et c'est l'objectif de la loi qu'il y ait une
responsabilisation des différents intervenants.
Quand vous parlez de la question du cautionnement, des formes de
garantie, cela peut être un chèque visé, cela peut
être en espèces, mais, la plupart du temps, c'est un cautionnement
genre polices d'assurance ou obligations du gouvernement du Québec ou du
Canada ou d'un autre organisme public québécois, ou une lettre de
crédit irrévocable. Ces choses ne coûtent pas cher. Pour
une garantie de 50 000 $ dans le domaine des déchets, le coût de
l'assurance est de quelque 100 $ par année. C'est donc dire que ce n'est
pas un prix exorbitant, mais cela permet de s'assurer que des projets qui ont
des conséquences, qui détériorent l'environnement et qui
souvent, pour enrichir un promoteur rapidement, vont appauvrir une
collectivité pour longtemps d'une richesse naturelle qui appartient
à tout le monde... Il faut s'assurer de restaurer des choses qui
auraient été détruites par un promoteur. La police
d'assurance est là pour cela. Cela ne coûte pas tellement cher et
cela donne une garantie que le bien public va être
protégé.
D'ailleurs, je peux vous dire que, depuis que nous utilisons un
système de garanties, c'est-à-dire depuis 1975, en matière
de sablières, de déchets solides, de déchets liquides,
nous n'avons jamais été obligés d'en confisquer une seule.
La seule menace de la confisquer a convaincu le promoteur de corriger la
situation sans dépenser de fonds publics.
Je termine en disant qu'un policier, ce n'est pas nécessairement
une attitude négative. Les policiers qui existent sont là
pourquoi? Ils sont là pour la protection des citoyens. La protection
contre quoi? La protection contre d'autres qui peuvent être dangereux.
Dans une situation dangereuse, quand un policier est là, c'est dans le
but de protéger les autres qui peuvent être frappés. Quand
vous dites: un inspecteur policier, si vous le prenez dans le sens
négatif, c'est entendu que c'est la personne qui nous empêche
de... Ce n'est pas du tout cela. L'inspection, c'est pour s'assurer que la
responsabilité qu'on a que l'environnement va être
protégé à l'occasion de projets, eh bien! c'est pour
s'assurer par vérification régulière que c'est bien le
cas. S'il fallait laisser 6 000 000 de personnes sans organismes pour assurer
leur protection, les gens seraient en danger. D'ailleurs, c'est le besoin de
vérifier parce que la bonne foi de tout le monde n'est pas
nécessairement mise en cause. Il faut que, dans les projets pour
lesquels on a une responsabilité publique, on y mette aussi la
possibilité de s'assurer qu'il y a un contrôle
là-dessus.
Je pense que vous avez des bonnes suggestions que nous allons
certainement retenir. Mais ce que vous avez annoncé démontre
jusqu'à quel point ce règlement ou cette loi était
importante et qu'elle était à point.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Très brièvement, parce qu'il nous reste
seulement quelques minutes. J'aurais voulu vous poser simplement une question
au sujet des règlements. En fait, la question va plutôt au
ministre, parce que je vois que votre préoccupation, c'est que la loi,
dans les trois cas que vous avez cités, va au-delà de l'article
124. Il y a la question des délais et vous parlez de l'article 19. Je
pense qu'on a parlé de cela hier, au sujet d'un mémoire qui
faisait référence à cela. Je voulais confirmer, pour
être sûr que j'ai bien entendu, que le ministre s'était mis
d'accord pour respecter les situations de délais dans les cas où
dans la loi il avait été inscrit qu'il n'y aurait pas de
délai. Est-ce que je vous ai bien compris, M. le ministre?
M. Léger: Sauf dans des cas où c'est publié
par des tiers. Par exemple, la liste des déchets dangereux, c'est une
liste qui est toujours mise à jour par un organisme extérieur au
gouvernement. Donc, s'il arrive deux ou trois produits dangereux
supplémentaires, on ne fera pas une prépublication pour dire:
Êtes-vous d'accord pour qu'on ajoute ces trois déchets dangereux
ou produits dangereux? Il faut agir vite à ce moment-là.
M. Lincoln: Je ne pense pas que c'est ce à quoi vous vous
opposez du tout. Est-ce que vous avez entendu les remarques et les explications
du ministre? Est-ce que cela vous satisfait au point de vue des
délais?
M. Drouin: J'ai entendu cela, oui, mais il reste que quand on
parle de normes pour le transport d'un objet dangereux ou d'une substance
dangereuse... encore une fois, je me demande pour quelle raison il faudrait
modifier cela, s'il existe le pouvoir pour le sous-ministre d'émettre
des ordonnances pour des cas particuliers. Il me semble qu'il y a des pouvoirs
d'intervention déjà dans la loi qui permettent d'agir, s'il y a
un problème particulier, sans passer à travers une modification
de règlement sans publication. Il me semble que cela est possible.
M. Lincoln: Je ne pense pas que votre interprétation soit
ce que le ministre a vraiment dit au sujet de la publication dans le cas des
tiers, pour les déchets toxiques. Je ne pense pas que
l'interprétation que vous avez donnée... c'est ce que je voulais
que le ministre...
M. Léger: Ce ne sont pas des normes de transport de
déchets, ce sont des normes d'identification de substances nouvelles. Il
y en a des centaines par année, de nouvelles qui sont mises sur une
liste par ceux qui disent: Ce sont des déchets dangereux. C'est cette
liste qui n'aurait pas de publication.
M. Drouin: Justement, ce qui m'inquiète, M. le ministre,
c'est que peut-être vous en référez à des cas
particuliers ou des normes de méthode d'analyse. Ce que l'on conteste,
c'est le principe de modifier des choses sans préoccupation de la
clientèle. À l'heure actuelle, dans l'article 46s qui serait
là, il y aurait un changement, à l'article 70o, il y aurait un
changement et à l'article 124, il y aurait un changement. C'est un
principe qui, à notre point de vue, n'est pas - il y a un mot que je
n'aime pas employer - démocratique. C'est ce que je conteste.
M. Léger: Je pense qu'on ne se comprend pas. Il existe des
nouvelles substances dangereuses qui sont nouvellement connues à chaque
année. On dit que, dès qu'elles sont connues, il ne faut pas,
pour l'ajouter à notre liste officielle, faire une prépublication
parce que ces nouveaux produits sont maintenant déclarés
dangereux. On les ajoute à notre liste et là-dessus, il n'y aura
pas de prépublication. C'est le listing de ces produits. On ne peut pas
savoir d'avance quelles sont les substances qui seront déclarées
dangereuses dans l'année. Quand elles sont rendues publiques, à
ce moment-là, on les ajoute à notre liste parce qu'on vient de
les connaître. On ne peut attendre que ces substances soient dans la
nappe d'eau phréatique ou dans un endroit où les gens peuvent en
boire, il faut tout de suite être capables d'agir, autrement on met des
délais de 60 jours et la santé publique est en danger.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Le commentaire du
ministre, à la suite de l'opinion émise que les frais des
ingénieurs, ou des consultants, des professionnels qui devront faire les
études seront plus élevés, était: II est grandement
temps que les professionnels acceptent leurs responsabilités. Le
coût augmenterait donc en conséquence. Je veux vous dire sur cela
que, dans le passé, le ministère établissait des normes,
des standards; l'ingénieur ou le professionnel, ingénieur ou non,
était censé préparer, faire une étude pour
satisfaire aux normes et aux standards. Toutefois, il y a des standards
minimaux, mais les ingénieurs, les architectes ou d'autres consultants,
de par leur profession, sont obligés de s'assurer, lorsqu'ils font un
projet, qu'il n'y aura aucune conséquence. C'est un peu cela que le
docteur expliquait. Cela va coûter plus cher parce qu'on ne leur donne
pas un cadre de travail. On doit considérer toutes les
possibilités qui peuvent survenir dans l'environnement.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Pontiac. M. le ministre, en concluant.
M. Léger: Je peux conclure là-dessus. Je pense que
c'est plutôt le représentant de l'Association des mines de
métaux qui disait que, maintenant qu'un professionnel sera obligé
d'inclure la dimension environnementale dans le projet sur lequel il travaille,
même s'il travaille sur le même projet, il y aura une liste et des
normes environnementales dont il devra tenir compte pour donner une attestation
de conformité, cela l'oblige à dire que cette addition de
préoccupations va encourir des honoraires plus élevés
qu'avant pour avoir une considération qu'on n'avait pas l'obligation de
détenir avant. Le besoin d'avoir cette considération
environnementale est démontré par le fait qu'on va être
obligé maintenant de le faire, on va donc facturer un honoraire plus
cher; c'est seulement une relation entre le passé et l'avenir.
M. Middlemiss: Je voudrais juste éclaircir...
Le Président (M. Rochefort):
Brièvement.
M. Middlemiss: J'ai peut-être mal conclu de vos
commentaires, si vous vouliez dire que, dans le passé, les
professionnels n'accomplissaient peut-être pas leur tâche de
façon professionnelle, mais il y a un code qui oblige tous les
professionnels à faire leur travail.
M. Léger: Selon les règles de l'art, mais non pas
nécessairement en tenant compte d'une dimension environnementale dont
ils devront tenir compte maintenant puisqu'ils vont signer un certificat
d'attestation de conformité aux normes environnementales.
Le Président (M. Rochefort): Vous voulez ajouter quelque
chose très brièvement?
M. Drouin: Oui, M. le Président, je crois qu'il y a une
interprétation qui n'est pas correcte à propos de ce que j'ai
dit. J'ai dit que les consultants vont coûter plus cher, mais je ne parle
pas des consultants de projets, je parle des consultants qu'on engageait pour
faire des études
environnementales; les consultants des études environnementales
faisaient un travail en sachant d'avance qu'il y avait une révision qui
se faisait à l'intérieur du ministère; ils vont être
obligés de faire les deux fonctions en même temps, on va payer
deux fois, c'est clair, c'est cela que ça veut dire.
M. Léger: C'est l'objectif de la loi de les rendre
responsables, c'est une loi de responsabilisation. C'est donc dire
qu'auparavant ils se disaient: Nous, nous faisons cela selon les règles
de l'art et le ministère s'occupera de voir si cela protège
l'environnement. Désormais, ils devront tenir compte des règles
de l'art et s'assurer que c'est conforme aux normes et au règlement
environnemental. Je pense qu'on se rejoint. (13 heures)
M. Middlemiss: Je crois que, dans cela aussi, le professionnel ne
peut pas esquiver sa responsabilité coûte que coûte,
même si le ministère s'en occupait, le professionnel était
responsable, en loi et devant sa profession.
M. Léger: Mais il n'avait pas l'obligation de mettre en
garantie son nom et comme professionnel sur l'aspect environnemental.
Après cela, à ce moment-là, comme M. Asselin le disait
fort bien hier, le député n'était pas là, mais les
deux autres députés de l'Opposition y étaient dans le
régime actuel - cela a été mal expliqué dans les
journaux aujourd'hui, ce qu'il disait hier, c'était que celui qui avait
signé un projet pouvait, parce qu'il avait eu une autorisation
préalable du ministère, utiliser le gouvernement comme
témoin, comme caution, comme quoi son projet avait été
jugé correct au plan de l'environnement, puisqu'on lui avait
donné une autorisation préalable. Ce n'est plus le cas, c'est le
professionnel qui signe; il est responsable de sa signature. C'est une grande
différence avec le reste.
M. Middlemiss: II l'était avant aussi.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Cela va? Je remercie
les représentants de l'Association des mines de métaux. Quand aux
représentants de l'Association des inspecteurs municipaux de
l'environnement du Québec, ils nous ont informé qu'ils ne
pouvaient se présenter devant nous aujourd'hui. Ils nous ont toutefois
demandé de considérer le mémoire qu'ils nous avaient fait
parvenir. Nous avons aussi une lettre des représentants de la Chambre de
commerce de la province de Québec que nous distribuerons à chacun
des membres de la commission afin qu'ils puissent en tenir compte.
Sur ce, le mandat de la commission est rempli et la commission ajourne
donc ses travaux sine die.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que cette lettre peut
être consignée au dossier de la commission, parce que hier...
Le Président (M. Rochefort):
Malheureusement, M. le député de Nelligan, nous avons de
nouvelles directives suivant lesquelles tous les mémoires ne peuvent
maintenant, à moins qu'ils n'aient été lus, être
consignés au journal des Débats, mais, toutefois, ils sont
disponibles pour consultation à tout citoyen ou à tout organisme
qui voudrait les consulter par l'intermédiaire du secrétariat des
commissions parlementaire, de façon à éviter que le
journal des Débats prenne trop d'espace pour ces documents, ce qui
augmentait de beaucoup la note de fonctionnement du service du journal des
Débats.
M. Lincoln: M. le Président, le ministre a parlé
hier soir de cette lettre de la chambre de commerce qui devait être lue
au début aujourd'hui. Malheureusement, c'est peut-être ma faute si
cela a été négligé au début, elle n'a pas
été lue à la commission. Je sais que des gens de la
chambre de commerce avaient téléphoné pour demander que le
communiqué soit lu. Je m'y étais engagé. Cela n'a pas
été lu, mais est-ce cela pourrait être
considéré comme...
Le Président (M. Rochefort): Ce sont des directives
auxquelles nous sommes maintenant liés. Toutefois, je crois qu'avec
l'intervention que vous venez de faire, les gens savent que cette lettre existe
et qu'elle est disponible par l'intermédiaire du secrétariat des
commissions pour consultation. Cela va?
La commission ajourne donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 03)