Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
jeudi 12 novembre 2020
-
Vol. 45 N° 68
Étude détaillée du projet de loi n° 70, Loi visant à protéger les personnes contre les thérapies de conversion dispensées pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Lecours, Lucie
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Jolin-Barrette, Simon
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Maccarone, Jennifer
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Massé, Manon
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Massé, Manon
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Lecours, Lucie
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Hivon, Véronique
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Tanguay, Marc
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Lemieux, Louis
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Ciccone, Enrico
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Ciccone, Enrico
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Lecours, Lucie
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Maccarone, Jennifer
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Tanguay, Marc
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Lecours, Lucie
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Lecours, Lucie
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Massé, Manon
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Jolin-Barrette, Simon
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Lecours, Lucie
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Tanguay, Marc
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Maccarone, Jennifer
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Massé, Manon
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IsaBelle, Claire
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Picard, Marilyne
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Guillemette, Nancy
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Lemieux, Louis
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Lachance, Stéphanie
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Lévesque, Mathieu
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Hivon, Véronique
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Lecours, Lucie
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Maccarone, Jennifer
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Maccarone, Jennifer
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Lecours, Lucie
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Hivon, Véronique
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Picard, Marilyne
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Guillemette, Nancy
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Lemieux, Louis
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Lachance, Stéphanie
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Lévesque, Mathieu
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Massé, Manon
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Lecours, Lucie
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Massé, Manon
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Maccarone, Jennifer
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Lecours, Lucie
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Maccarone, Jennifer
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Massé, Manon
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Jolin-Barrette, Simon
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Massé, Manon
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Lecours, Lucie
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Jolin-Barrette, Simon
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Maccarone, Jennifer
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Hivon, Véronique
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IsaBelle, Claire
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Picard, Marilyne
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Guillemette, Nancy
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Lemieux, Louis
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Lachance, Stéphanie
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Lévesque, Mathieu
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Tanguay, Marc
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-trois minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie aujourd'hui afin
de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 70, Loi
visant à protéger les personnes contre les thérapies de conversion dispensées
pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur
expression de genre. Alors, Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par M. Lemieux
(Saint-Jean); Mme Dansereau (Verchères) par M. Lévesque (Chapleau); M. Poulin
(Beauce-Sud) par Mme IsaBelle (Huntingdon); Mme Samson (Iberville)
par Mme Guillemette (Roberval); M. Barrette (La Pinière) par M. Tanguay
(LaFontaine); Mme Sauvé (Fabre) par M. Ciccone (Marquette); Mme Dorion
(Taschereau) par Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques); Mme Perry
Mélançon (Gaspé) par Mme Hivon (Joliette).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la secrétaire. Est-ce qu'il y a des
droits de vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) dispose d'un droit de
vote par procuration au nom de M. Kelley (Jacques-Cartier).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, je vous informe également qu'en
vertu de la motion adoptée à l'Assemblée nationale le 15 septembre 2020,
les votes pour ce mandat devront se tenir par appel nominal, et ce, jusqu'au 9 octobre
2020, jusqu'au... à la fin de la... le 20 décembre, donc à la fin de la
présente séance.
Nous allons donc débuter avec les remarques
préliminaires. M. le ministre de la Justice, vous disposez de 20 minutes.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme
la Présidente, simplement vous dire que c'est avec enthousiasme qu'on va
débuter l'étude détaillée de cet important projet de loi visant à protéger les
personnes contre les thérapies de conversion dispensées pour
changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de
genre. On a une bonne collaboration de la part de l'ensemble des membres
de la commission, je tiens à le souligner, depuis le début. Je pense que, tous
ensemble, on a la volonté de faire en sorte que, ce genre de thérapie là, <de
faire en sorte que > c'est totalement inacceptable au Québec, c'est
intolérable. Ce sont des thérapies qui sont complètement barbares.
Alors, Mme la Présidente, j'entame avec
enthousiasme l'étude détaillée du projet de loi, qui, je sais, sera fructueuse.
Et j'informe, d'entrée de jeu, les parlementaires que nous avons écouté les
groupes durant les consultations, j'ai entendu les questions de mes collègues également,
et c'est pour ça que le gouvernement a préparé une série d'amendements, que j'ai
partagés avec mes collègues déjà et que je souhaite pouvoir discuter avec eux.
Donc, nous pourrons le faire tous ensemble. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Donc, je comprends que les amendements sont
déposés sur Greffier.
M. Jolin-Barrette : Les
amendements sont distribués aux collègues dans un premier temps. Ils ne sont
pas déposés sur Greffier, c'est bien important qu'ils ne le soient pas tout de
suite.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait, merci beaucoup. Alors, maintenant, j'invite la
porte-parole de l'opposition officielle et députée de Westmount—Saint-Louis à
faire ses remarques préliminaires, et vous disposez également d'un maximum de
20 minutes.
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. À mon tour de saluer mes collègues et de <dire que c'est
un...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...merci
beaucoup. Alors,
maintenant,
j'invite la
porte-parole de
l'opposition officielle et
députée
de
Westmount—Saint-Louis à faire ses
remarques préliminaires. Et
vous disposez
également d'un
maximum de 20 minutes.
Mme Maccarone :
Merci,
Mme la Présidente. À mon tour de saluer mes
collègues et de> dire
que c'est une grande fierté pour moi de participer à une commission
parlementaire où on va débattre, article par article, la Loi
visant à protéger les personnes contre les thérapies de conversion dispensées
pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur
expression de genre.
J'écoute et je suis contente d'entendre
les paroles du ministre, car, c'est sûr, de mon côté, et je sais que je parle également
pour mes collègues, nous avons une grande ouverture de travailler en amont avec
le gouvernement pour bonifier le projet de loi, pour l'adopter d'une façon où
nous pouvons boucher le plus possible les trous et de s'assurer qu'on protège le
plus possible toutes les personnes qui sont visées par des pratiques ou des
thérapies de conversion.
Alors, mon but, c'est sûr, c'est d'agir d'une
façon constructive, de travailler avec le gouvernement, de s'assurer que nous
allons le plus rapidement possible, mais aussi de s'assurer que nous faisons
notre travail. On n'a pas l'intention de parler sans avoir une bonne cause,
mais nous aussi, nos avons des amendements. Nous voyons beaucoup de places où
nous pouvons bonifier le projet de loi. Le ministre est déjà au courant de
ceci. Je pense qu'on a été pas mal transparents lors des consultations
particulières ainsi que dans nos remarques que nous avons faites lors de l'adoption
du principe.
Alors, d'emblée, je dois dire, Mme la
Présidente, même avant le dépôt ou le début du débat sur l'article 1 et
les amendements que je vois que le collègue nous a partagés, alors, merci pour
ceci, j'ai un amendement que je voudrais partager avec les collègues. Alors, j'aimerais
débuter avec ça.
Puis, c'est sûr, c'est une occasion... Je
veux prendre le temps, aussi, dans cette commission. Je comprends l'urgence
d'agir, mais, de l'autre côté, c'est tellement important, ce que nous allons
faire avec le projet de loi n° 70, c'est tellement important pour les
membres de la communauté, c'est tellement important de savoir que nous... fait une
avancée pour la diversité, pour l'inclusion, pour protéger les personnes qui
sont issues de la communauté LGBTQ2, puis ça envoie un message très fort qu'ils
vont prendre pleinement leur place dans notre société.
Alors, je veux aussi s'assurer qu'on
réfléchit vraiment à l'intérieur de chaque article puis qu'on s'assure que, vraiment,
on va pouvoir protéger ce monde, parce que, c'est clair, on ne va pas ouvrir le
projet de loi n° 70 dans les 10, 15, 20 prochaines années. Alors, je
comprends l'urgence de vouloir agir, mais je veux juste m'assurer que, si on va
interagir, puis si nous allons poser des questions, ou si nous aurons des
débats par rapport à des amendements, c'est vraiment fait d'une bonne volonté
de vouloir agir d'une façon qui va être complète en sachant qu'on ne va pas
retourner à débattre de ce projet de loi, on espère, pour plusieurs années.
Je le répète, puis je le dis souvent,
chaque fois que je prends la <parole...
Mme Maccarone : ...si nous
allons poser des
questions ou si nous aurons des débats
par
rapport à des
amendements, c'est
vraiment fait d'une bonne
volonté de vouloir agir d'une façon qui va être complète, en sachant qu'on ne
va pas retourner à un débat de ce
projet de loi, on espère, pour
plusieurs
années.
Je le répète puis je le dis souvent,
chaque fois que je prends la> parole, de faire partie de la communauté
LGBTQ2, ce n'est pas une maladie, ce n'est pas des personnes malades, ce n'est
pas des gens qui ont besoin d'être guéris, ce n'est pas une maladie mentale, ça
ne fait pas partie d'un trouble mental. Alors, je dirais que c'est très important
de toujours avoir ça dans nos têtes quand nous allons faire nos débats.
• (11 h 40) •
Puis on a aussi mentionné, dans l'adoption
du principe, c'est quoi une définition, une bonne définition de pratique de
conversion, thérapie de conversion. Et je soulève ceci, parce qu'on a eu...
bien, presque chaque personne qui est venue témoigner en consultations
particulières nous a dit qu'il y a quelque chose à faire à l'intérieur de la
définition, puis je sais que le ministre est déjà au courant. Nous avons déjà
dit qu'évidemment on était vraiment épanouis par ce que Florence Ashley nous a
partagé, parce que c'était vraiment complet. Je sais que ça se peut que c'est
une définition qui est un peu élaborée, puis ce n'est peut-être pas de notre
habitude de travailler de cette façon-là. Mais, encore une fois, je répète,
parce que nous n'aurons pas, peut-être, la chance de rouvrir ce projet de loi,
j'espère qu'on va pouvoir avoir un débat pour discuter de comment que nous
pouvons avoir une définition qui est claire, qui est vraiment ancrée dans une
façon où on peut reconnaître le plus possible les personnes qui sont visées
puis ce qui n'est pas visé aussi, pour boucher tous les trous. On veut quelque
chose qui est complet. Alors, c'est sûr, ça fait partie de mes orientations.
Puis je ne pourrais pas passer sans
mentionner, évidemment, que moi-même, j'ai déposé le projet de loi n° 599, puis, comme je dis, je n'ai pas trouvé la façon de
traduire ceci en français, mais en anglais, on dit : «Imitation is the
sincerest form of flattery». Alors, je dirais que, vraiment, mon orientation, c'est
de cette façon-là. Comme j'ai fait dans nos remarques préliminaires, au début,
début des consultations particulières, mon but, c'est vraiment un mariage des
deux projets de loi. Je vois vraiment des belles façons que nous pouvons
bonifier le 70 puis je reconnais la volonté du ministre d'aller vers l'avant
avec un projet de loi <contre... > pour bannir les thérapies de
conversion, les pratiques de conversion. Mais, évidemment, je me sens un peu
«scoopée», parce que, c'est sûr, c'était mon premier projet de loi, puis je
l'avais choisi comme mon premier projet de loi parce que c'était une cause qui
est très chère pour moi, pour la communauté dont je représente, et pour moi, personnellement.
Alors, je suis contente qu'on va pouvoir, au moins, avoir le débat, mais je ne
pouvais pas passer sans le mentionner.
Je veux aussi souligner, puis je pense que
ça mérite d'être répété, que ça soit le 599 ou le 70, je dirais que ce qui est
très <intéressant, puis...
Mme Maccarone : ...
personnellement.
Alors, je suis contente qu'on va pouvoir au moins avoir le débat, mais je ne
pouvais pas passer sans le mentionner.
Je veux aussi souligner, puis
je
pense que ça mérite d'être répété, que ça soit le 599 ou le 70, je dirais que
ce qui est très> intéressant, puis c'est là où on dit que le Québec
prend vraiment l'avance sur tout le monde, c'est que les deux projets de loi,
entre autres celui du ministre, ça protège non seulement les mineurs, mais les
majeurs. Ça, là, «it's huge». Ça, ça veut dire que tout le monde à travers le Canada,
vraiment, sont en train de nous écouter. C'est de valeur, on ne peut pas tout
le faire traduit pour les gens qui ne sont pas bilingues, mais je sais qu'ils
nous regardent, je sais qu'ils nous écoutent, je sais qu'ils attendent qu'on
adopte quelque chose qui va vraiment protéger tous les Québécoises et Québécois.
Alors, je suis fière de faire partie de
ceci. Parce que, si on regarde vraiment un peu à travers le Canada, on sait
qu'Ontario, Manitoba, Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard, puis aussi on a
des villes qui ont agi, que ça soit Vancouver ou Montréal, on a des gens qui
ont vraiment pris leur place quand on en discute, les thérapies ou les
pratiques de conversion. Alors, je suis contente que, finalement, on va en
faire suivre de ceci, mais on ira même encore plus loin.
Puis c'est aussi vraiment une suite de ce
que nous avons adopté unanimement à l'Assemblée nationale en juin 2019, la
motion condamnant les thérapies de conversion, où on a demandé à la ministre de
la Justice de faire le nécessaire pour empêcher les thérapies de conversion au
Québec. Alors, je reconnais qu'évidemment il en prend suite puis il a entendu
le message. Alors, je suis contente qu'on va pouvoir agir puis aller vers
l'avant pour protéger ces personnes.
Je veux aussi mentionner, parce que, juste
pour faire la table un peu, encore, je veux toujours avoir, dans ma tête, quand
nous allons faire le débat puis les discussions de c'est quoi le résultat d'une
thérapie de conversion puis pourquoi que c'est vraiment une torture, vraiment,
là, c'est une torture. Alors, je suis contente, je sais que le ministre a déjà
dit qu'il avait une ouverture de penser au-delà d'une «thérapie», mais «pratique
de conversion», parce qu'on sait que ça cause de la détresse, on sait que ça
cause de l'anxiété, on sait que ça cause de la dépression, une image négative
de soi, un sentiment d'échec personnel, de la difficulté à maintenir les liens,
et le dysfonctionnement sexuel. On sait que ça devrait être banni, on sait que
ça devrait être interdit. C'est un mot que j'aimerais voir, évidemment, à
l'intérieur du projet de loi.
Puis je pense aussi que ça mérite d'être
répété, mais j'ai raconté l'histoire de madame... une femme trans qui est venue
à mon bureau de comté qui s'appelle Alizée, je ne sais pas si le ministre a eu
la chance d'entendre le discours que j'avais fait dans la Chambre, mardi,
là-dessus, mais une jeune femme trans qui est venue à mon bureau de comté parce
qu'elle, elle cherchait de l'aide pour avoir un accompagnement pour de l'aide
médicale à mourir avec la <dignité. Elle a 32 ans...
Mme Maccarone : ...la chance
d'entendre le discours que j'avais fait dans la Chambre, mardi, là-dessus, mais
il y a une jeune trans qui est venue à mon bureau de comté parce qu'elle, elle
cherchait de l'aide pour avoir un accompagnement pour de l'aide médicale à
mourir avec de la> dignité. Elle a 32 ans. Elle a 32 ans puis
elle a vraiment tout essayé dans sa vie pour s'en sortir, mais sa souffrance
suite à ce qu'elle a subi, des thérapies de conversion ont été tellement
sévères, qu'elle ne voulait plus vivre. Puis elle ne voulait pas le faire
elle-même parce qu'elle ne voulait pas avoir un échec. Puis elle dit que, dans
le fond, sa cause est fondée, puis c'était tellement horrible puis grave, ses
expériences, qu'elle ne voulait plus vivre. C'est une souffrance à chaque jour
d'être sur la Terre pour elle. C'est spectaculaire, puis ça... écoute, mon
coeur est tombé dans mon estomac, c'était toute une histoire. Puis tu veux
juste prendre cette personne-là dans vos bras pour l'aider, mais, selon elle,
il n'y avait vraiment rien à faire.
C'était une personne qui était obligée,
forcée de prendre des médicaments. C'était une personne où elle était... ils
l'ont emmenée à l'église puis ils ont crié sans arrêt dans ses oreilles. Ils
l'ont forcée de dire plein de mots que, pour elle, c'étaient des menteries. Ils
l'ont attachée à un lit. «She was chained to a bed». Puis elle était privée de
l'eau, elle était privée de nourriture, jusqu'à tant qu'elle avouait que «I'm a
boy». Voyons donc, ce n'est pas ça, la société, puis, ça, c'est une torture.
Puis elle ne s'en est pas sortie, elle ne s'en est pas sortie, elle veut
mourir.
Alors, en son nom, puis c'est pour elle,
je pense, puis toutes les personnes comme Alizée que nous allons adopter un
projet de loi qui va être complet, un projet de loi qui va vraiment protéger le
plus possible ces personnes qui sont vulnérables. Parce que j'avoue, Mme la
Présidente, je ne veux jamais, jamais, jamais encore avoir une personne venir à
mon bureau de comté ou ailleurs, que ça soit ici à l'Assemblée nationale... et
pour tous les collègues, j'espère qu'on n'aura plus ces histoires de torture
qui vont venir à nos oreilles ou on sera témoin de telles histoires de torture,
parce qu'il n'a pas sa place ici, au Québec, Mme la Présidente.
Pour faire la mise en scène de ce que nous
voulons accomplir à l'intérieur de l'étude détaillée, puis, encore une fois, le
ministre est au courant parce que nous avons vraiment partagé toutes nos cartes
dans une mesure des plus transparentes possible, c'est sûr, on a une
orientation, évidemment, de modifier la définition. Ça, c'est très important
pour nous. On veut aussi que la loi s'applique à la Régie de l'assurance
maladie du Québec. Le ministre lui-même, il l'a cité dans ses remarques, il
sait qu'à l'intérieur du projet de loi n° 599, ça a figuré. Alors, c'est
sûr, nous, on s'en vient avec de tels amendements. On veut s'assurer qu'au-delà
d'une protection, puis que ça vise le Code des <professions...
Mme Maccarone : …le
ministre
lui-même, il l'a cité dans ses remarques, il sait qu'à l'intérieur du
projet
de loi n° 599, ça a figuré. Alors, c'est sûr, nous, on s'en vient avec de
tels amendements. On veut s'assurer qu'au-delà d'une protection puis que ça
vise le Code des> professions, on veut aussi empêcher qu'il y ait une
couverture de ces frais, non seulement par l'assurance maladie, mais aussi
qu'il y a une interdiction au niveau corporatif, entreprises et les organismes
à but non lucratif. On veut empêcher ces personnes à recevoir des crédits
d'impôt parce qu'on sait que, ce montant, ça s'élève à 25 millions de
dollars par année.
Je sais que c'est peut-être plus complexe,
mais je pense qu'on a des idées qu'on va pouvoir amener, où nous pourrons avoir
une bonne réflexion ensemble, mais c'est clair, c'est un enjeu qui est très
important pour moi puis pour mes collègues, c'est fondamental, on veut vraiment
utiliser ce montant d'argent pour de l'aide juridique, un fonds pour les
victimes. Il y a plein d'autres choses que nous pouvons faire pour armer les
personnes qui sont victimes d'une pratique, une thérapie de conversion. On peut
aider les organismes communautaires, on peut aider les organismes qui
représentent la communauté LGBTQ2 avec cet argent, c'est un montant assez
important, puis c'est annuel. Alors, je pense qu'il y a vraiment quelque chose
à faire avec ceci.
Je félicite le ministre avec les sanctions
importantes que lui, il a décidé de mettre à l'intérieur de son projet de loi. Je
pense que c'était vraiment bien fait. Alors, je suis très contente de voir
ceci, parce que je pense aussi que ça envoie un message aux gens de la
communauté qui pensent que, peut-être, je vais offrir une telle thérapie de
conversion, bien, ils vont peut-être réfléchir deux fois, trois fois, quatre
fois, parce que, c'est sûr, c'est quand même des sanctions importantes.
• (11 h 50) •
Je pense que l'autre chose qui est
superimportante pour nous aussi, c'est de s'assurer qu'on veut penser à l'idée
de prescription ou imprescriptibilité. Le ministre disait aussi que c'est
quelque chose qu'on veut, au moins, avoir un débat. Je comprends aussi que ça
peut être complexe, mais de l'autre côté, c'est le moment de le penser, c'est
vraiment le moment de voir qu'est-ce que nous pouvons faire. Puis je pense
qu'on a fait des avancées, à l'intérieur du projet de loi n° 55, qu'on
peut utiliser pour nous inspirer. Alors, en espérant qu'on va avoir une telle
ouverture pour ceci.
Je dirais aussi qu'il est important pour
nous, Mme la Présidente, c'est aussi de penser au niveau de qu'est-ce que nous
allons faire, à l'intérieur du projet de loi, pour s'assurer, on pense, de
formation, que ça soit en éducation, que ça soit en santé, est-ce qu'on a une
ouverture de bonifier le projet de loi pour s'assurer qu'on peut aller vers
l'avant pour ceci? J'ai mentionné un fonds d'aide aux victimes parce que, c'est
sûr, la santé mentale des victimes, c'est très important. Puis on en parle
souvent, de la santé mentale, actuellement, en temps de pandémie, on sait que
c'est un enjeu qui est primordial, puis c'est <vraiment…
Mme Maccarone : ...que
ça soit en
éducation, que ça soit en santé, est-ce qu'on a une ouverture
de bonifier le
projet de loi pour s'assurer qu'on peut aller vers
l'avant pour ceux-ci.
J'ai mentionné un fonds d'aide aux
victimes
parce que, c'est sûr, la santé mentale des victimes, c'est très
important. Puis on en parle
souvent, de la santé mentale
actuellement,
en temps de pandémie. On sait que c'est un enjeu qui est primordial puis c'est>
vraiment dans le top cinq de sujets. Alors, en espérant qu'on va pouvoir faire
ceci.
Une petite pensée aussi pour protection de
la jeunesse puis les aînés. Est-ce qu'il y a des mesures, ou des articles, ou
des amendements que nous pouvons amener à l'intérieur du projet de loi? Puis je
regarde le ministre parce que, je pense, ce n'est pas seulement nous qui va
pouvoir amener ceci, j'ose espérer que le ministre a aussi des idées, peut-être,
créatives, ou on peut aborder ces idées pour s'assurer que ces gens-là se
voient à l'intérieur du projet de loi puis ils savent qu'on leur a entendu en commission
ou... particulière, parce que c'était quand même des messages qui sont très
importants.
Puis je dirais aussi, quand on parle de
publicité, plusieurs personnes nous ont mentionné l'importance de bannir la
publicité puis de l'emmener à l'intérieur du projet de loi. Alors, on l'a dit
en adoption du principe, c'est sûr, il n'y aura personne qui va avoir une
pancarte qui dit : «7 PM tonight, conversion therapy, everbody welcome.»
Ça ne serait pas ça, c'est clair. Alors, il va falloir qu'on a des mesures à
l'intérieur du projet de loi qui vont être faciles à comprendre puis que les
gens vont savoir <que... > non seulement que la publicité, c'est
interdit, mais on vous voit puis on va mettre des mesures claires dans le
projet de loi pour s'assurer que ça ne serait pas permis. C'est très, très,
très important.
Un petit mot aussi pour les parents qui
nous écoutent, parce que je sais qu'il y a plusieurs parents qui nous
entendent, puis ils ont quand même des craintes qu'il y aurait une taxe sur
leur droit parental. Puis, c'est sûr, ce n'est pas ce qui est visé à
l'intérieur de projet de loi ni le projet de loi n° 599. Le but, dans ce
projet de loi, c'est vraiment de protéger les personnes qui sont vulnérables.
Il y a vraiment une différence entre attente vigilante et affirmation puis une
approche thérapeutique ou corrective. Alors, ça aussi, c'est important.
Puis un mot aussi pour les personnes
intersexes, parce que je sais que ma collègue, la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques, c'est sûr, elle, elle va mener une bataille pour
eux, puis je la félicite, mais, c'est sûr, il va falloir qu'on pense aussi à la
terminologie à l'intérieur du projet de loi pour s'assurer qu'on ne mette pas
ces personnes à risque ou que leur cause soit... «gets buried». Ça va être très
important qu'ils ont toujours la visibilité, qui est importante pour eux, puis
qu'on ne leur met pas en péril, parce que leur cause puis leur bataille est
aussi importante que quand nous parlions des personnes vulnérables. Puis la
thérapie de conversion, c'est très, très, très important.
En conclusion, Mme la Présidente, parce
que je ne sais pas combien de temps qu'il me reste... Bon, bien, deux minutes.
Ça va tellement vite quand on est inspiré par un sujet. Je veux juste dire que,
c'est sûr, mon objectif, quand je suis <venue à...
Mme Maccarone : …c'est très
important.
En conclusion,
Mme la Présidente,
parce que je ne sais pas combien de temps qu'il me reste… bon, bien,
deux minutes, ça va tellement vite quand on est inspiré par un sujet. Je
veux juste dire que c'est ça, mon objectif quand je suis> venue à l'Assemblée
nationale, c'était de donner une bonne représentation des citoyens puis d'être
une bonne porte-parole, mais comme personne, pour ma formation politique, qui
représente la communauté LGBTQ2, c'était vraiment de s'assurer qu'on
empêche d'avoir cette invisibilité collective puis de mettre vraiment la communauté
au centre de la place publique.
Alors, je vois, à l'intérieur de ce projet
de loi, une opportunité de faire ceci. Alors, je suis très fière parce qu'il y
a toujours un trop grand manque de compréhension, il y a toujours un trop grand
manque de cohésion, de cohérence, de tolérance. Alors, j'espère que tous les
gens qui nous entendent puis qui nous écoutent, puis que tous les collègues
sont avec moi dans le sens qu'on dit qu'on veut vraiment avancer les choses
pour cette communauté, puis…
For everybody else in
Canada who's listening, thank you for tuning in. I know how important this bill
is to you, I know how important it is that we're going to be moving forward
potentially with legislation, that other provinces will hopefully inspire
themselves from. So, thank you to everyone who has submitted information,
ideas, suggestions. Your feedback is crucial and very important to the process
that we have here, so… Merci beaucoup, Mme la Présidente, puis au plaisir
d'avoir des échanges avec mes collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, maintenant, au tour
de la porte-parole du deuxième groupe d'opposition et députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques pour vos remarques préliminaires. Encore là, un temps
maximal de 20 minutes.
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Je suis très heureuse qu'on entame
aujourd'hui ce travail minutieux d'étude du projet de loi n° 70, la Loi visant à protéger les personnes contre les thérapies de conversion
dispensées pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou
leur expression de genre. Ce projet de loi là, il est important, il est
perfectible.
Le ministre nous l'a dit d'entrée de jeu,
et je vois depuis le début, avec les auditions voire même les discussions qu'on
a eues lors de l'adoption de principe, qu'il y a une réelle volonté de faire
avancer rapidement ce projet de loi là, en s'assurant qu'on va offrir une pièce
législative la plus complète possible pour ces gens qui souffrent depuis
tellement d'années, et pour éviter qu'il y en ait d'autres qui aient à passer
par ces processus de torture qui sont inacceptables dans une société comme le Québec.
Lorsque, il y a quelques années, on a
intégré à la Charte des droits et libertés de la personne… la charte québécoise
des droits et libertés de la personne, <le motif… > l'exclusion
des motifs d'identité, et d'expression de genre, et d'orientation sexuelle
comme motifs d'exclusion, je veux <dire…
Mme Massé : ...lorsque, il y
a quelques années, on a intégré à la
Charte des droits et libertés de la
personne... la charte québécoise des droits et libertés de la personne le
motif... l'exclusion des motifs d'identité, et d'expression de genre, et
d'orientation sexuelle comme motifs d'exclusion, je veux> dire, je pense
qu'on a mis les pierres nécessaires pour permettre l'émergence du projet de loi
n° 70.
Parce que qu'est-ce que vient faire, en
fait, le projet de loi n° 70? Il vient dire aux gens :
C'est dans vos droits d'être reconnus pour ce que vous êtes et il n'y a
personne qui peut vous discriminer sur la base de votre identité de genre, de
votre expression de genre ou de votre orientation sexuelle. Alors qu'on le
sait, par la pratique, dans le passé, il y avait ce qu'on a appelé thérapies de
conversion, hein? C'est un grand terme qui englobe différentes choses, j'en
parlerai un petit peu plus tard, mais, bref, on vient dire à ces gens qui
croyaient qu'au Québec, malgré la charte québécoise des droits et libertés, <il
se pouvait... > ils pouvaient se donner le droit d'intervenir sur
l'identité, l'expression de genre ou l'orientation sexuelle des personnes.
Alors, moi, je suis très heureuse, très
heureuse d'y contribuer. D'entrée de jeu, je vois que le ministre aussi
souhaite rendre ce projet-là le meilleur pour les gens. Alors, c'est clair, on
va collaborer, on va le faire avec attention, mais aussi sans qu'il y ait
d'empressement. On va le faire pour que ça roule bien, pour nous assurer que
ces gens-là soient le plus rapidement possible protégés et que ceux qui auront
droit à des dédommagements, puisque le projet de loi peut laisser entendre que
ces gens-là y auront droit, bien, ils puissent y avoir droit parce qu'il y a du
monde qui attendent, là.
Je terminerais seulement en disant que,
oui, je pense que ce que le projet de loi nous aura permis, c'est de discuter, notamment,
de droits des personnes intersexuées et d'apprendre, ne serait-ce que
d'apprendre à connaître ces personnes-là et <de voir... > de mieux
comprendre que leurs droits se trouvent parfois dangereusement brimés. Mais
ceci étant dit, je comprends très bien que ce n'est pas dans le cadre du projet
de loi n° 70 où on va régler tous les problèmes
concernant les droits des personnes intersexes.
• (12 heures) •
Ceci étant dit, je sais qu'il y a beaucoup
d'ouverture ici et je sais qu'il en est de même pour le ministre, de dire :
Bien, il va falloir s'en occuper à un moment donné. Mais on retrouvera, et je
remercie la collaboration du ministre là-dessus, on retrouvera, dès
l'article 1...
12 h (version révisée)
Mme Massé : ...ceci étant
dit, je sais qu'il y a beaucoup d'ouverture ici et je sais qu'il en est de même
pour le ministre, de dire : Bien, il va falloir s'en occuper à un moment
donné. Mais on retrouvera, et je remercie la collaboration du ministre là-dessus,
<on retrouvera, >dès l'article 1, un amendement qui est
important pour les personnes intersexes. Et donc je vais le présenter avec
plaisir et quelques autres amendements que je vois parce que le ministre a eu
la gentillesse de collaborer dans ce sens-là, nous a présenté déjà, sans qu'ils
soient déposés, des amendements, et là-dedans, pour moi, il y a vraiment du
matériel de ce que j'ai entendu des groupes. Et donc, là aussi, ça me fera
plaisir de… avec mes collègues, de les présenter le moment venu. Je termine en
disant : Une société qui est forte, c'est une société qui honore sa
diversité. Et je pense que le Québec est fort. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, je reconnais la députée
de Joliette et représentante du troisième groupe pour ses remarques
préliminaires. Encore là, un 20 minutes, maximum. Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis heureuse à mon tour de dire
que nous allons débuter ensemble cette étude détaillée du projet de loi
n° 70 qui vise à protéger les personnes contre les thérapies de conversion
pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur
expression de genre. Je pense qu'on franchit un grand pas, comme je l'ai dit
lors de l'adoption du principe il y a deux jours, avec le dépôt de ce projet de
loi et l'étude de ce projet de loi, un grand pas parce que le Québec a été un
précurseur pour l'égalité avec les personnes issues de la communauté LGBTQ2+. Et
je pense que c'est une autre manière de témoigner de l'importance, au Québec,
de ces enjeux d'égalité, de respect de la diversité et de reconnaître toute la
souffrance aussi. Je trouve que c'est très important de reconnaître toute la
souffrance que certains membres, beaucoup de membres de cette communauté ont
vécue par le passé et vivent encore aujourd'hui. Et je pense qu'avec ce projet
de loi là on vise à diminuer cette souffrance-là, non seulement à reconnaître
pleinement la réalité des membres de la communauté, mais aussi à diminuer la
souffrance qu'ils ont pu vivre et qu'ils peuvent vivre encore de différentes
manières, et ça, c'est une manière concrète de montrer qu'on écoute, qu'on
essaie de comprendre le plus possible et qu'on veut faire reculer cette
souffrance-là.
Donc, c'est un grand pas, d'avoir un
projet de loi qui vise vraiment à pouvoir dédommager les personnes qui sont
victimes des thérapies de conversion, de faire en sorte qu'elles ne puissent
plus exister en sol québécois et que les gens qui continueraient à s'y
aventurer soient pénalisés, et avec des amendes. Et je pense que c'est un <symbole...
Mme
Hivon
:
...à pouvoir dédommager les
personnes qui sont victimes des thérapies de
conversion, de faire en sorte qu'elles ne puissent plus exister en sol
québécois
et que les gens qui continueraient à s'y aventurer soient pénalisés, et avec
des amendes. Et je pense que c'est un >symbole fort, de pouvoir remettre
des amendes aux gens qui contreviendraient aux dispositions de la loi.
Donc, je suis très fière de pouvoir
participer à cette étude-là. Il y a des collègues ici qui se penchent sur les
enjeux depuis beaucoup plus longtemps que moi, mais je suis très heureuse, au
nom de ma formation politique, de pouvoir y participer. Et évidemment mes deux collègues
des autres partis d'opposition font partie de celles-là, ces personnes qui se
penchent sur cette question depuis longtemps, et ma collègue de Westmount—Saint-Louis
a même déposé un projet de loi, et je veux aller dans le même sens qu'elle, je
pense qu'on gagne à ramener ensemble les meilleures idées et tous nos cerveaux.
C'est ça, la beauté de la manière dont on travaille, à l'Assemblée nationale, en
étude détaillée, c'est qu'on est capable de mettre plusieurs cerveaux au
service de la même cause. Et donc on a aussi des éléments très intéressants du projet
de loi de ma collègue qui, j'espère, vont pouvoir être intégrés dans le projet
de loi aussi très bon du ministre de la Justice.
Je pense aussi qu'on a été très éclairés,
là, par des témoignages en commission très percutants des gens qui sont en
contact direct au quotidien avec la réalité des thérapies de conversion, dont
des gens qui en ont été l'objet, parce que, quand on entend les témoignages
effroyables, effectivement, ils semblent plus objets que sujets, et c'est quelque
chose qui est très, très pathétique aussi dans le phénomène des thérapies de
conversion.
Donc, à la lumière de ce qui nous a été
dit, de l'expertise dont on a pu bénéficier, je pense qu'il va y avoir un
certain nombre de changements qui vont devoir être apportés, bien sûr, au sujet
de la définition, au sujet de la question des contrats, parce que c'est un
enjeu qui me préoccupe. Le ministre le sait, on en a parlé ensemble, pour ne
pas faire en sorte qu'on puisse restreindre indûment, donc, l'application des dispositions
en étant trop restrictifs sur la notion de contrat, par exemple, toute la question
de publicité qui est vraiment quelque chose qui est très problématique. Et
aussi l'accompagnement, peut-être que tous les enjeux reliés à l'accompagnement
ne passent pas par le projet de loi, mais je pense que ça va être important
d'en discuter ici. Quelle forme d'accompagnement on peut offrir aux personnes
qui ont vécu ces traumatismes-là, comme société qui souhaite prendre soin de tout
le monde et ne laisser personne derrière? Donc, c'est aussi un autre enjeu qui
nous apparaît très sensible.
Alors, je remercie déjà l'ensemble des collègues
parce que je pense qu'on est dans un bon esprit de collaboration, le ministre
est dans un bon esprit de collaboration, et je vais lui laisser ses propos, là,
qu'il me dit et que vous ne pouvez pas entendre, mais enfin, cette fois-ci,
dans un bon esprit de collaboration, et donc qu'on va pouvoir avancer, là, pour
faire vraiment le meilleur projet de loi. Parce que, comme je le dis souvent,
ça prend tellement d'énergie, et quand on est au gouvernement, on voit à quel
point ça <prend...
Mme
Hivon
:
...et je vais lui laisser ses propos, là, qu'il me dit et que vous ne pouvez
pas entendre, mais enfin, cette fois-ci, dans un bon esprit de
collaboration,
et donc qu'on va pouvoir avancer, là, pour faire
vraiment le meilleur
projet
de loi. Parce que, comme je le dis souvent, ça prend
tellement
d'énergie, et quand on est au
gouvernement, on voit à quel point ça >prend
de l'énergie juste pour arriver à déposer un projet de loi, le travail au ministère,
les comités ministériels, le Conseil des ministres, le comité de législation,
tout le processus aussi à l'Assemblée nationale. Donc, il ne faut pas rater
notre coup, il faut faire le meilleur travail qu'on peut parce qu'on ne
rouvrira pas cette loi-là de si tôt. Donc, qu'on travaille bien tous ensemble,
c'est ce que je nous souhaite, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Est-ce que d'autres membres
de la commission souhaitent faire des remarques préliminaires? M. le député de
LaFontaine.
• (12 h 10) •
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, très heureux de participer à ce projet de
loi là. J'ai eu l'occasion de participer à la plupart, pas toutes, mais à la
plupart des auditions, et aujourd'hui, je vous dirais, pour moi, c'est un choix
personnel de député d'être autour de la table avec vous, avec le ministre que
je salue, les collègues de la banquette ministérielle, mon collègue de
Marquette, collègue de la deuxième et de la troisième opposition, et j'ai gardé
la collègue de Westmount—Saint-Louis pour la fin de mes remerciements parce que
je tiens à lui lever mon chapeau.
Je sais que c'est une question qui
justifie des entrées en politique, on va dire ça comme ça. C'est une question
qui nous donne l'énergie, qui nous donne le goût de se lever le matin puis
dire : Moi, je veux faire une différence. Puis, vous savez, quand on
légifère, des fois on n'est pas entièrement conscients de l'impact qu'on peut
avoir dans la vie des gens, mais ce projet de loi là, force est de constater
qu'il nous donne cette assurance qu'on va pouvoir faire une différence dans la
vie des gens. Et la collègue de Westmount—Saint-Louis a décidé, pour plusieurs
raisons qui lui sont personnelles, de s'impliquer en politique, a été
candidate, a été élue, aujourd'hui représente sa population, oui, de son comté,
ses concitoyens, concitoyennes, mais, également, elle traduit une réalité dont
elle témoigne, entre autres dans le contexte du débat de projet de loi là, mais
elle traduit une réalité de sa vie personnelle, de ce qu'elle vit, de ce
qu'elle entend comme témoignage également, et à titre de porte-parole en cette
matière, elle est tout à fait, je dirais, qualifiée, mais, qui plus est, elle
apporte son bagage personnel, ses expériences de vie et les témoignages qu'elle
aura entendus.
Parce qu'on ne pourra jamais remplacer,
Mme la Présidente, ce que l'on apporte comme député autour de la table par des
auditions. Les auditions sont fondamentales. Les auditions, on ne pourra jamais
trop en faire, des auditions, mais elles nous donnent l'occasion de rencontrer
une dizaine, une douzaine, une quinzaine, parfois, quand on est chanceux, une
vingtaine de groupes, mais on essaie de toucher à différents aspects de la question,
mais on ne pourra jamais prétendre avoir un regard entier, alors, ce qu'on
apporte autour de la table, comme députés, c'est important. Et puis je tiens à
saluer, à féliciter puis à exprimer toute ma fierté à la collègue de
Westmount—Saint-Louis, pour moi, d'être <assis...
M. Tanguay
: …de
groupes, mais on essaie de toucher à différents aspects de la
question,
mais on ne pourra jamais prétendre avoir un regard entier. Alors, ce qu'on
apporte, autour de la table, comme députés, c'est
important. Et puis je
tiens à saluer, à féliciter puis à exprimer toute ma fierté à la collègue de
Westmount—Saint-Louis,
pour moi, d'être >assis à ses côtés et de discuter, de bonifier,
d'améliorer le projet de loi.
Je tiens également à souligner qu'elle
aura eu l'occasion, un mois, jour pour jour, avant le 22 octobre dernier…
22 octobre dernier, le ministre déposait son projet de loi n° 70,
mais la collègue, le 22 septembre, un mois, jour pour jour, déposait le
projet de loi n° 599, et c'est important, puis je sais que la collègue du
deuxième groupe d'opposition a dit : C'est important d'agir le plus
rapidement possible pour protéger les gens. Oui, on en est, on va faire en
sorte de se hâter lentement, pour paraphraser Boileau, mais il est important
d'agir plus rapidement pour protéger, mais il est important de s'assurer de
bien protéger, de protéger de manière complète, et ça, c'est un travail qui
commence maintenant. On ne pourrait pas s'enorgueillir, de dire : Bon, on
a été capables de clencher ça — excusez l'expression — en
une journée, puis la loi va être… on va appeler l'adoption finale, puis elle va
être sanctionnée, puis, bravo, en quelques jours, elle aura été sanctionnée. On
aurait passé à côté d'une occasion excessivement importante de s'assurer de
bien définir ce dont on parle, s'assurer d'exclure de ce qui n'est pas couvert
par l'interdit d'une thérapie de conversion, des soins qui, par ailleurs, sont
pleinement justifiés puis qui participent de l'avancement du Québec. Et ça,
c'est un travail qui se fait article par article et mot par mot.
Et ça, Mme la Présidente, c'est un projet
de loi qui est de droit nouveau au Québec. Une définition de thérapie de
conversion au Québec, c'est la première fois que nous allons en coucher une sur
papier dans une loi. Et le ministre, j'ai dit «son projet de loi n° 70»,
mais du moment où il dépose sur la table, ça devient le projet de loi de tous
les députés, des 125 députés. Et nous aurons l'occasion de proposer
plusieurs amendements, des amendements qui, Mme la Présidente, seront tantôt
acceptés, <je l'espère, >je le présume et je l'espère, puis
peut-être, tantôt, ne seront pas acceptés, mais qui auront eu le bénéfice de
nous faire nous questionner, comme législateurs, autour de la table. Est-ce
qu'on ajoute d'autres qualificatifs à pratique? Est-ce qu'on ajoute d'autres
qualificatifs à une définition, ou une thérapie de conversion, c'est une pratique?
Est-ce que ça peut être autre chose qu'une pratique? Puis en se posant la
question, Mme la Présidente, puis en statuant, la majorité l'emportera, et si
c'est l'unanimité, bien, tant mieux. En se posant la question, on est capables
de faire écho à ce débat de société là, puis de dire : Bien là, il faut
faire attention. Est-ce que, si on y va par un interdit, exemple, tel qu'il
était proposé… tel qu'il est proposé, à l'heure où on se parle… Et, en toute
bonne foi, je crois que le ministre aura l'occasion de nous déposer un
amendement qui va venir enlever la notion de contrat. Mais c'est un <questionnement…
M. Tanguay
:
...à ce débat de
société là puis de dire : Bien là,
il faut
faire attention.
Est-ce que, si on y va par un interdit,
exemple,
tel qu'il était proposé... tel qu'il est proposé à l'heure où on se parle...
Et, en toute bonne foi, je crois que le
ministre aura l'occasion de nous
déposer un
amendement qui va venir enlever la notion de contrat. Mais
c'est un >questionnement qu'on a eu lors des auditions, est-ce que l'on
veut interdire uniquement? Est-ce qu'on veut rendre nuls les contrats qui
visent une thérapie de conversion? Bien là, à ce moment-là, par contrat, des
gens font des thérapies, à l'heure actuelle, au Québec, de conversion, et
certains ne le font pas par contrat.
Et il y avait tout l'aspect, puis j'ouvre
un autre aspect qui a été discuté pendant les auditions, des congrégations
religieuses, des différents aspects… des différentes confessions religieuses
qui tantôt peuvent apporter un support, Mme la Présidente, qui est sain, et
tantôt peuvent apporter un support qui est malsain. Alors, où, comme législateurs,
allons-nous tracer la ligne? Et des témoins, des personnes qui sont au coeur de
ce que l'on veut extensionner comme protection sont venues nous dire :
Faites attention de bien séparer — puis je vais reprendre une
analogie biblique — le bon grain de l'ivraie. Faites attention de
séparer le bon grain de l'ivraie. Il y a, je vais le dire comme ça, sans que ça
soit réducteur, un support moral, intellectuel basé sur des convictions
intimes, qui peuvent être parfois religieuses, qui est sain dans la société, et
ça participe, évidemment... c'est communiqué via des femmes et des hommes à
l'intérieur de ces croyances religieuses là, de ces différentes croyances
sincères, honnêtes et sincères là, par des hommes et des femmes qui ne font pas
de thérapie de conversion et qui auront été, preuves à l'appui, témoignages à
l'appui, d'un support excessivement déterminant dans la vie des gens, alors
qu'il n'y avait plus espoir, alors que la lumière, il n'y en avait plus au bout
du tunnel, puis qu'ils ont été capables de réfléchir, d'identifier, de nommer,
de discuter et d'accepter. Et ce sont des éléments que je soumets dans la
réflexion que différents témoins sont venus nous porter, tant dans les
auditions, mais également hors des auditions, et que ça, il ne faut pas jeter
ça. Et, évidemment, il y a des thérapies de conversion, des gens qui ont
agi de manière à ce que la personne se remette en question, se culpabilise… et
faire en sorte qu'un choix, une réalité, Mme la Présidente, soit niée. Et ça,
c'est ce qu'on veut interdire, mais quand vous dites, comme législateur, que
vous allez... Oui, on va agir rapidement. Mais rapidement ne veut pas dire, Mme
la Présidente, de faire l'économie d'un débat sur une définition d'une thérapie
de conversion, parce que lorsqu'on va tresser la ligne, tirer la ligne, puis il
y a différents niveaux, puis vous allez me voir venir, on veut définir de façon
très claire ce qu'est une thérapie de conversion, ce qui est interdit et ce qui
ne l'est pas. Ça, c'est important. Ça pourrait, Mme la Présidente, être clair
dans notre tête autour de la table, les législateurs, mais celles et ceux qui
auront à <appliquer...
M. Tanguay
: …tirer
la ligne. Il y a différents niveaux puis vous allez me voir venir. On veut
définir de façon très claire ce qu'est une thérapie de conversion, ce qui est
interdit et ce qui ne l'est pas. Ça, c'est important. Ça pourrait,
Mme la
Présidente, être clair dans notre tête autour de la table des législateurs,
mais celles et ceux qui auront à >appliquer la loi aussi, il faut que ce
soit clair. Et souvent, entre autres pour l'avoir vécu dans des cours de
justice, souvent, ce que les législateurs avaient comme discours autour de la
table à l'article par article puis dans les discours au salon bleu, c'est
étudié par nos cours de justice en recherchant l'intention du législateur. Et
il faut prendre le temps de dire ça, il faut prendre le temps de nommer les
choses, ne pas dire : On adopte la loi vite, vite, vite. Ah! on se donne
bonne conscience, on a une loi, mais de se dire qu'on va avoir, oui, une loi,
qu'on va protéger rapidement, mais allons-nous protéger bien et complètement?
Et c'est important, on aura l'occasion… puis ma collègue, on a déjà en
préparation des amendements. Le ministre nous a déposé des amendements, puis
honnêtement, Mme la Présidente, j'aime ce que je vois. Il ne les a pas déposés,
il les a distribués. Il aura l'occasion de les déposer puis de les communiquer.
J'aime ce que je vois. Je vois une belle ouverture sur différentes notions qui
ont été discutées. Et je ne dirai pas mon étonnement du fait que le ministre a
été à l'écoute parce que je ne voudrais pas porter de mauvaises intentions, parce
que je pense qu'il l'est toujours, <mais… >il est toujours à
l'écoute, mais là, il a donné suite, alors heureux de voir que suite a été
donnée et on aura l'occasion… puis j'aime ce que je vois. Ce sont des pas dans
la bonne direction, mais on va lui proposer d'autre chose, puis s'il n'aime
pas, à «pratique», ajouter tel autre qualificatif, bien, on va le dire pourquoi
puis ça se peut qu'on vote pour notre amendement. Évidemment, si on ne l'a pas
retiré, on va voter pour, puis il votera contre, mais au moins, les choses
auront été dites. Et ça, c'est excessivement important.
Autre chose, autre chose, puis le
ministre, avant d'être ministre, lorsqu'il était dans l'opposition, a eu
l'occasion, je pense, à plusieurs occasions de discuter d'une notion qui est
l'imprescriptibilité. L'imprescriptibilité, en vertu du Code civil du Québec,
des recours visant à dédommager des personnes qui auraient été victimes d'actes
sexuels, de violence sexuelle. Et ça, ça aura été, Mme la Présidente, un amendement
qui aura abouti dans notre société québécoise à l'article 2926.1 du Code
civil du Québec. Il est dit… l'imprescriptibilité, c'est quoi?
L'imprescriptibilité, on va le définir par ce qu'est la prescriptibilité. La
prescriptibilité, ça veut dire normalement, la prescriptibilité de base, si je
vous cause un tort, Mme la Présidente, aujourd'hui, vous avez trois ans
normalement en recours civil. Il y a d'autres exceptions en atteinte à la
réputation, il y a d'autres délais, mais le délai minimal… le délai de base,
devrais-je dire, c'est trois ans. Si je vous cause un tort aujourd'hui,
vous avez trois ans pour me poursuivre, trois ans et un jour après le fait
générateur de droit. Je vous ai causé un tort aujourd'hui, trois ans et un jour
après, vous n'avez plus de recours. Et là, socialement, on se dit : Bien
voyons donc, j'avais un recours hier, puis aujourd'hui, je n'ai pas de recours.
Bien oui, c'est ça. C'est dur, mais c'est ça pour différentes raisons, entre
autres, la stabilité des rapports sociaux mais également des <questions…
M. Tanguay
: ...le
fait générateur de droit... Je vous ai causé un tort
aujourd'hui. Trois
ans et un jour après, vous n'avez plus de recours. Et là, socialement, on se
dit : Bien voyons donc, j'avais un recours hier, puis aujourd'hui je n'ai
pas de recours. Bien oui, c'est ça. C'est dur, mais c'est ça. Pour différentes
raisons, entre autres la stabilité des rapports sociaux, mais également des >questions
de preuve et ainsi de suite.
On peut et on a socialement déclaré
imprescriptibles des recours qui visaient, et je le cite : «le préjudice [résultant]
d'une agression à caractère sexuel, de la violence subie pendant l'enfance, ou
de la violence d'un conjoint ou d'un ancien conjoint». On a, comme... Moi, en
tout cas, j'avais le réflexe de dire : Ah! il y a une imprescriptibilité.
Il y en a trois, déjà, imprescriptibilités qui font en sorte que, pour ces
recours basés sur ces faits reprochés là, vous pouvez poursuivre, Mme la
Présidente, vous avez toute votre vie pour poursuivre. Il n'y a pas de question
de trois ans, 10 ans, 30 ans, c'est imprescriptible. Et l'idée
que, moi, j'avais reçu, puis en le relisant, c'est qu'on a déjà fait avancer le
Québec sur trois éléments. Ma collègue a fait sienne cette proposition-là, elle
nous la partage, va nous proposer un amendement pour rendre imprescriptibles
des recours, en ajouter un quatrième, des recours qui viseraient à voir réparés
des préjudices découlant d'une thérapie de conversion.
Une fois que j'ai dit ça, Mme la
Présidente, je ne le sais pas, si le ministre… puis c'est son choix, puis il
n'y a pas de problème là-dedans, c'est la démocratie, je ne sais pas s'il va
voter pour ou s'il va voter contre, mais on va faire le débat. Et même si on
nous dit : Bien, je ne suis pas sûr que le ministre va voter pour. On veut
faire le débat, on veut le déposer parce qu'il n'y aura jamais une avancée, Mme
la Présidente, qui va se faire sans que vous n'ayez pas commencé à quelque
part. Vous ne pouvez pas, dans une société démocratique, régler un dossier du
jour au lendemain, il faut bien souvent plus que des semaines, des mois, des
années, puis même plusieurs personnes qui vont se passer le témoin. Pensez au
droit de vote des femmes, Mme la Présidente, on a un monument à côté de
l'Assemblée nationale qui nous démontre toutes ces femmes, ces grandes femmes
qui ont participé de l'histoire du Québec puis qui ont fait en sorte que, dans
les années 40, les femmes ont eu le droit de vote, puis ça, bien, c'est un
témoin qui s'est passé.
• (12 h 20) •
Alors, je ne le sais pas, si la collègue
va avoir gain de cause aujourd'hui, je ne le sais pas, si elle va avoir gain de
cause aujourd'hui, je parle dans le contexte du projet de loi n° 70,
mais elle aura mis une première pierre là-dessus. Puis, qui sait, qui sait, si
ce n'est pas accepté dans le contexte de ce projet de loi là, peut-être que
nous serons, Mme la Présidente, vous et moi autour de la table dans un prochain
mandat, dans deux mandats, on ne sait pas dans combien d'années puis qu'on
pourra dire : Enfin, enfin, on a voté unanimement une avancée du Québec. Puis
on pourra se rappeler de ce jour-là où la collègue de Westmount—Saint-Louis
aura déposé son amendement. Si elle ne le dépose pas, le débat n'aura pas
commencé.
Et c'est pour ça que pour nous, dans
plusieurs projets de loi... Puis le ministre, je le sais, quand il était dans
l'opposition, il a déposé plusieurs projets de loi, puis c'est tout à son
honneur, puis aujourd'hui, comme ministre... puis qui n'avaient pas été
nécessairement acceptés puis appelés par le gouvernement de l'époque, mais
aujourd'hui il est au pouvoir, il est ministre, il dépose ses projets de loi,
puis je peux vous donner un <exemple...
M. Tanguay
: ...puis
le
ministre, je le sais, quand il était dans
l'opposition, il a
déposé plusieurs
projets de loi, puis c'est tout à son honneur, puis
aujourd'hui,
comme
ministre... puis qui n'avaient pas été
nécessairement
acceptés puis appelés par le
gouvernement de l'époque, mais
aujourd'hui
il est au pouvoir, il est
ministre, il dépose ses
projets de loi,
puis je peux vous donner un >exemple, je crois qu'il avait déjà proposé,
peut-être par projet de loi ou pas, mais il me corrigera si j'ai tort... Puis
je prends un exemple, vous allez me dire : Il est anodin. Je ne compare
pas les deux choses, là, mais de permettre aux étudiants en droit d'offrir des
conseils juridiques, projet de loi n° 75. Et je pense qu'il avait déposé
un projet de loi, à l'époque, il me le confirme, et on ne l'avait pas appelé — «on»
étant la personne qui parle, j'étais leader adjoint du gouvernement à ce
moment-là — pour différentes raisons, on n'avait pas appelé son
projet de loi, puis c'était ma collègue Stéphanie Vallée, avec laquelle il a eu
une bonne relation, le ministre, je tiens à le souligner, puis je veux dire, à
un moment donné, on fait des choix en politique puis on n'était pas rendus là.
Mais là, dans son projet de loi n° 75, il est ministre de la Justice, je
l'ai retrouvé, là, puis on va avoir des auditions normalement le 24,
25 novembre prochain, puis il l'a mis dans son projet de loi. Puis, Mme la
Présidente, je ne veux pas «scooper» rien puis préjuger de rien, mais pour le
faire adopter, ça regarde bien, alors en ce sens-là, il aura fait avec ou sans
nous, mais ça va être avec nous. Alors, il aura fait avancer la société, puis
il aura permis, à l'époque, Mme la Présidente, de faire se questionner le
Barreau. Ah oui! Parce que, là, il y a tout un aspect de l'ordre professionnel,
de s'assurer que les conseils juridiques soient valables, valides, un
encadrement. Les facultés de droit aussi, par quel bout on pourrait prendre ça?
Puis il a fait avancer la société, puis on va pouvoir concrétiser ça.
Tout ça pour dire, puis je prends
l'exemple de l'imprescriptibilité, on aura l'occasion de s'inscrire dans le
débat. Certaines fois, là... Puis je le sais, puis des collègues pourraient
dire : Bien voyons donc, c'est clair, là, on va voter contre, on va voter
pour, alors passons à... Il ne faut pas faire de la législation, Mme la
Présidente, puis ça, c'est mon point, puis ça s'applique à bien des projets de
loi, il ne faut pas faire de législation à vitesse grand V, à la vapeur,
court-circuiter des débats, s'inscrire dans le débat, proposer des choses. Puis
ce que vous proposez aujourd'hui, Mme la Présidente, puis qui est rejeté,
probablement que ça va avoir force de loi dans cinq ans. Puis si vous ne
l'avez pas fait aujourd'hui, vous pouvez sûr d'une chose, ça n'aura pas force
de loi dans cinq ans parce que vous n'aurez pas initié le débat. Alors,
c'est important, on va faire ce débat-là.
Le ministre, j'ai pu voir également dans
ce qu'il pourra nous proposer la définition... Définition, là, c'est
l'article 1 du projet de loi : On entend par «thérapie de conversion»
ça. On ne peut pas l'échapper, on ne peut pas tout proposer. Puis j'ai eu
l'occasion, là... Puis je voulais parler, dans mes remarques préliminaires, de
ce qui se fait en Ontario, de ce qui se fait en Nouvelle-Écosse, de ce qui se
fait l'Île-du-Prince-Édouard. Je les ai, là, c'est annoté. Puis ma collègue de
Westmount—Saint-Louis a levé son chapeau également au ministre. Où le Québec va
être précurseur, contrairement à ces provinces-là, c'est pour des mineurs, des
mineurs tantôt de moins de 18 ans, de moins de 16 ans, 14 ans,
ainsi de suite. Nous, ce sera pour toute personne, Québécoise, Québécois, sur
le territoire du Québec pour lequel ça sera interdit. Leur approche également,
c'est de dire : Ça ne sera pas des soins de santé <couverts...
M. Tanguay
:
...et
également au
ministre. Où le
Québec va être
précurseur, contrairement à ces provinces-là, c'est pour des mineurs, des
mineurs tantôt de moins de 18 ans, de moins de 16 ans, 14 ans,
ainsi
de suite. Nous, ce sera pour toutes personnes,
Québécoises,
Québécois,
sur le
territoire du
Québec, pour lesquelles ce sera interdit.
Leur approche
également, c'est de dire : Ça ne sera pas des soins
de santé >couverts par l'État. Ça ne sera pas remboursé, ça ne sera pas
couvert. C'est un pas dans la bonne direction. Nous, on va aller plus loin, la collègue
de Westmount—Saint-Louis, dans son projet de loi, je vous donne un exemple,
599, elle le disait, article 1 : «Les thérapies de conversion sont
interdites». Une fois que vous avez dit ça… Ça me fait penser à Jacques
Parizeau quand il disait : Écoutez, quand on sera au pouvoir... Il disait
ça en 1993, puis il a été élu en 1994, puis il a fait son référendum, il
disait : Nous, la question à la souveraineté, ça va être «Voulez-vous
que le Québec devienne un pays souverain en date de». Évidemment, l'histoire a
fait en sorte qu'on a vu que la question était un petit peu plus compliquée que
ça, puis il faisait référence à une entente du 12 juin 1994, mais là,
je ne respecte pas l'article 211 du règlement, je referme la parenthèse, mais
tout ça pour dire que c'est important de parler clairement et de le dire
clairement. Et là on aura l'occasion, oui, de parler de la définition, mais on
aura l'occasion de parler de comment on va l'interdire, comment on va
s'assurer, contrat pas contrat, à titre onéreux ou pas à titre onéreux, on va
fermer la porte de cela. Et c'est important, donc, de s'assurer de ça.
Je lance une idée dans l'univers, Mme la
Présidente, puis je n'en ai pas parlé à ma collègue de Westmount—Saint-Louis, on
aura l'occasion en fin... Puis je l'annonce au ministre, puis s'il veut y
réfléchir, il pourra le déposer, puis il sera... il en aura la paternité, ou on
pourrait avoir une copaternité, Mme la Présidente, hein, ça pourrait être le
cas, du suivi de cette loi-là. La Commission des droits de la personne et de la
jeunesse est venue nous parler. Ils ont des plaintes, ils ont des recours, des
demandes d'aide à toutes les années, à toutes les semaines, même, à tous les
mois. Comment va vivre cette loi-là? Comment pourrions-nous introduire un
mécanisme, dans la loi, où il pourrait y avoir un suivi, peut-être pas cinq ans,
je trouve ça long, peut-être trois ans après, sur l'application de cette
loi-là? Est-ce qu'elle est bien rédigée? Est-ce qu'elle est bien écrite? Puis
on pourrait donner le mandat soit au ministère de la Justice, soit au ministre
de la Justice qui resterait responsable de l'application de la loi, puis de
mettre dans le coup la Commission des droits de la personne et de la jeunesse
pour faire un suivi sur comment vit cette loi-là, comment elle est appliquée,
puis comment on pourrait rapidement, rapidement s'imposer un rendez-vous,
peut-être dans trois ans, sous un gouvernement libéral, Mme la Présidente,
pour mettre à jour cette loi-là.
Alors, c'est le souhait que j'exprime. Je
vous remercie beaucoup pour votre attention. Puis on est ici pour travailler, on
va faire... on veut faire avancer le Québec, mais on veut protéger les citoyens
et citoyennes de façon complète, puis c'est ce à quoi on va s'attarder. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, est-ce que j'ai
d'autres remarques? Je reconnais le député de...
M. Lemieux : Saint-Jean.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Saint-Jean. Merci.
M. Lemieux : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Normal que vous ayez oublié le nom de mon comté, je
ne siège pas généralement à cette commission. C'est d'ailleurs un peu une
surprise de m'y retrouver ce matin, mais c'est avec grand bonheur parce que…
bien, parce que c'est un projet de loi important, et le député de LaFontaine
vient de le dire : Une fois qu'il est sur la table, il appartient à tous
les députés. Et il <m'appartenait...
M. Lemieux : ...
merci
beaucoup,
Mme la Présidente. Normal que vous ayez oublié le nom de mon
comté, je ne siège pas
généralement à cette
commission. C'est
d'ailleurs un peu une surprise de m'y retrouver ce matin, mais c'est avec grand
bonheur
parce que... bien, parce que c'est un
projet de loi
important et le député de
LaFontaine vient de le dire : Une fois
qu'il est sur la table, il appartient à tous les députés. Et il >m'appartenait
de dire ce que je pensais avant de commencer, ne serait-ce que parce que je ne
reviendrai pas si vite que ça dans votre commission parce que d'autres
m'attendent.
Mais j'entends et je comprends ce que le
député de LaFontaine dit au sujet de l'importance que ça a de bien placer les
choses, puisqu'on commence quelque chose, je suis d'accord avec lui. Et nous
sommes tous législateurs, il est avocat, moi, je suis journaliste. Vous me
permettrez quand même de ramener de ce qu'on a écrit sur le projet de loi
n° 70 depuis son dépôt, ce qu'on en attend dans la société, ça va
peut-être nous placer un petit peu dans la perspective.
Le projet de loi n° 70 interdit à
quiconque, gratuitement ou contre rémunération, de solliciter une personne pour
qu'elle s'engage dans un processus de conversion d'orientation sexuelle. Je
comprends que tous les mots sont importants, ont leur importance, et on va le
souligner ici plus que moins parce qu'une fois que c'est dans la loi, c'est
autre chose que dans un article de journal, mais je note au passage que l'année
dernière, on avait adopté à l'unanimité, dans une motion sans préavis, comme il
se doit à l'unanimité, une volonté de l'Assemblée nationale de faire quelque
chose avec ça. Et honnêtement, quand on regarde où on s'en va, ce qu'on
s'apprête à faire, il faut tenir compte du fait qu'à Ottawa, il y a un projet
de loi, qui ne va pas dans le même sens, parce qu'on parle du Code criminel,
c'est complètement autre chose, mais qui travaille là-dessus là-bas aussi, que
d'autres provinces, dont l'Ontario, la Nouvelle-Écosse,
l'Île-du-Prince-Édouard, qui ne sont pas toujours les provinces les plus
avant-gardistes, ont déjà légiféré sur le sujet. Donc, on n'est pas dans un
vide complet, et sidéral, et total, on travaille dans un environnement que l'on
connaît et qu'on va maîtriser. Et je dirais tout simplement que, pour
paraphraser ou pour utiliser une phrase célèbre : Eh bien, pourquoi le
projet de loi n° 70? Bien, parce qu'on est en 2020 et j'espère qu'on va
l'adopter avant la fin de l'année. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Est-ce que j'ai d'autres remarques
préliminaires? M. le député de... de...
M. Ciccone :
Marquette.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Marquette, merci.
• (12 h 30) •
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'était important pour moi
d'être ici aujourd'hui, puis je me suis un peu infiltré dans cette commission, parce
que je suis allé voir ma collègue de Westmount—Saint-Louis, qui va chapeauter,
avec mon collègue de LaFontaine et les autres collègues également, ce projet de
loi là de l'étude. C'est important pour moi d'être ici, parce que justement, en
tant que porte-parole de l'intimidation et du sport, loisirs, saines habitudes
de vie pour l'opposition officielle, je voulais absolument mettre les
projecteurs sur le sport également parce qu'on va avoir l'étude détaillée, mais
je veux qu'à chaque fois qu'on va déposer un amendement ou va discuter, qu'on
garde toujours en tête ce qui se passe au niveau du sport également, parce que,
malgré le fait que la société a avancé à pas de géant, là, malgré qu'on n'est
pas rendu également où on aimerait être sur les préjudices, les préjugés, sur
l'homosexualité, dans le sport...
12 h 30 (version révisée)
M. Ciccone :
...qui se passe au niveau du sport également. Parce que, malgré le fait que la
société a avancé à pas de géant, là, malgré qu'on n'est pas rendu également où
on aimerait être sur les préjudices, les préjugés, sur l'homosexualité, dans le
sport, c'est rétrograde, c'est antique, c'est du domaine du dinosaure, Mme la
Présidente, et on est vraiment arrêté là. Et je vais m'expliquer parce que, justement,
du domaine... du milieu où je viens, je viens d'un milieu où c'est très, très,
très macho, où il y a énormément de pression, où il y a des jeunes garçons,
même des jeunes filles, malgré que le sport féminin, on accepte plus
l'homosexualité que, justement, le sport masculin. Et ça, moi, je trouve ça
encore vraiment, mais vraiment dommage.
Alors, on a vu dernièrement qu'il y a
des... quelques ambassadeurs ont parlé, notamment un jeune que je tiens à
souligner aujourd'hui, Yanic Duplessis, qui vient du Nouveau-Brunswick, qui a
été repêché par les Voltigeurs de Drummondville, qui fera partie de leur
équipe, là, prochainement, peut-être l'année prochaine, où a décidé <d'avouer
ou... >d'avouer son homosexualité. Puis je trouve ça encore dommage
qu'on soit obligé de l'avouer puis qu'on utilise encore les mots «sortir du
placard», alors que ça ne devrait même plus être une situation ou une cause
aujourd'hui, ça devrait être la normalité, tout simplement. Et il l'a fait avec
courage, également, Brock McGillis, un ancien joueur professionnel qui, lui,
aujourd'hui, parle dans les écoles, qui, lui aussi, a avoué son homosexualité,
qui font du travail remarquable.
Puis je tiens à les mentionner aujourd'hui,
parce que, même si on veut déposer le projet de loi n° 70,
qui est une nouvelle mouture du projet de loi n° 599
déposé par ma collègue de Westmount—Saint-Louis, c'est important de dire
qu'avec cette pression-là dans le sport professionnel, et même au niveau
mineur, chez les petits garçons notamment, sans avoir de chiffres, là, c'est le
genre de situation, justement, avec les thérapies de conversion où on pourrait
voir des jeunes l'utiliser. Parce que, justement, et je le mets entre guillemets,
là, plusieurs pensent que c'est encore une maladie puis on veut guérir de cette
maladie-là.
Alors, moi, je trouve que, un, ce projet
de loi là vient à point, c'est important de l'adopter. Puis je suis content de
voir <qu'il y a des... >que tous les partis sont d'accord avec ce
projet de loi là. Du milieu où je viens aussi, Mme la Présidente, à chaque
année, on détermine un club d'étoiles, un club d'étoiles, un «all-star team»,
je vais le dire en anglais. Puis aujourd'hui, dans cette salle, honnêtement,
là, c'est un projet de loi qui est archihumain, <et on...
M. Ciccone :
...
sont d'accord avec ce projet de loi là. Du milieu où je viens aussi,
Mme la Présidente, à chaque année, on détermine un club d'étoiles, un club
d'étoiles, un «all-star team», je vais le dire en anglais. Puis aujourd'hui,
dans cette salle, honnêtement, là, c'est un projet de loi qui est archihumain,
>et on se doit d'avoir une équipe d'étoiles. Quand je vois la députée de
Westmount—Saint-Louis qui est là, quand je vois la cheffe du deuxième groupe
d'opposition qui est là, la députée de Joliette également, et le député de LaFontaine,
qui est un juriste accompli... Et, Mme la Présidente, marquez bien mes mots,
là, je vais également inclure, dans mon club d'étoiles, le ministre de la
Justice aussi. Alors, c'est peut-être les personnes les plus appropriées pour
justement faire adopter ce projet de loi là.
Je ne pourrai jamais prétendre d'avoir
marché dans les souliers de ceux qu'on vient aider dans ce projet de loi là,
jamais, Mme la Présidente. Cependant, comme société, il faut avoir cette
sensibilité-là, il faut être capable de parler au nom des gens qui ne sont pas
capables de le faire. Puis je vais suivre cette commission-là. Je ne serais pas
ici sur l'étude détaillée, peut-être que je vais venir de temps en temps, mais
je vais la suivre avec assiduité, parce que c'est un projet de loi qui me
touche énormément, qui est très, très, très personnel. Je comprends, Mme la
Présidente, j'ai toujours été vu comme une grosse brute, là, mais je suis une
personne qui est archi, mais archisensible. Puis même, des fois, je cache ma
sensibilité justement parce qu'il y a encore des préjugés sur cette planète.
Alors, je vais terminer là-dessus, en
disant également, et j'ai énormément confiance au ministre de la Justice, parce
qu'il faut mettre une emphase supplémentaire dans le projet de
loi — je l'ai lu, là — sur la sensibilisation. Parce qu'on
peut être coercitifs à certains égards, mais il faut travailler en amont aussi.
Il faut être capable de travailler en amont pour justement ne pas être obligés
d'avoir des projets de loi. Parce que quand la sensibilité est là, quand le
travail est fait en amont, on n'est pas obligés d'écrire des projets de loi
parce qu'on n'a pas besoin de régler des problèmes, la société va s'en charger
elle-même.
Et également une meilleure formation aux
intervenants en santé auprès des jeunes, je pense qu'il faut le faire. Puis ce
n'est pas juste en santé, mais encore une fois, pensez au sport. On est
rétrogrades dans le sport. C'est encore des dinosaures qui sont là. Puis même
s'il y a une politique qui est très claire et très sévère dans la Ligue
canadienne de hockey, même dans la Ligue nationale de hockey, même dans la NFL,
dans la NBA. Je vous invite à aller voir les politiques qui traitent des propos
touchant la race, la religion, la sexualité, les genres, c'est puni très, mais
très sévèrement. Mais, en même temps, il faut aller de l'avant avec ça, puis il
faut être très... il ne faut pas aller trop vite. Quand même que tous les
partis sont d'accord, là, il ne faut pas aller trop vite, il faut prendre notre
temps, parce que c'est un projet de loi qui va vivre dans le temps. Puis,
honnêtement, là, je ne vais pas aller trop loin, mais je pense que ça pourrait
être un projet de loi, au Québec, qui pourrait passer à l'histoire, Mme la
Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. J'allais dire vous avez utilisé <des
propos...
M. Ciccone :
...
il ne faut pas aller trop vite. Quand même que tous les partis sont
d'accord, là, il ne faut pas aller trop vite, il faut prendre notre temps,
parce que c'est un projet de loi qui va vivre dans le temps. Puis, honnêtement,
là, je ne vais pas aller trop loin, mais je pense que ça pourrait être un
projet de loi, au Québec, qui pourrait passer à l'histoire, Mme la Présidente.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Merci, M. le député. J'allais dire vous avez utilisé
>des propos non parlementaires, mais c'était pour vous-même, de «grosse
brute».
Des voix
: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est juste une blague. Alors, merci beaucoup. Est-ce qu'il
y a d'autres remarques préliminaires? Est-ce qu'il y a des motions
préliminaires? Alors, s'il n'y a pas de motion préliminaire, nous allons donc
prendre en considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre.
Mme Maccarone : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée de Westmount.
Mme Maccarone : Juste,
conformément à l'article 245 de notre règlement, nous demandons à ce que le projet
de loi soit étudié article par article, alinéa par alinéa, paragraphe par paragraphe.
Et comme j'ai mentionné dans mes remarques
préliminaires, j'ai un amendement à déposer, même avant qu'on fait la lecture
du premier article du projet de loi, le 0.1. Alors, je vous demanderais de
suspendre.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Juste souligner, là, sur les propos du député de Marquette, que son équipe
d'étoiles aussi doit comprendre la députée de Roberval, la députée de
Soulanges, la députée de Bellechasse, le député de Chapleau, le député de Saint-Jean
ainsi que la députée d'Huntingdon, et l'ensemble de l'équipe du ministère qui
nous accompagne, Me Grenier, qui est sous-ministre associé, Me Claraz, qui a...
la juriste qui nous accompagne, qui a rédigé nos projets de loi, ainsi que
l'ensemble de l'équipe du ministère de la Justice.
Et, Mme la Présidente, tout comme la
députée de Westmount—Saint-Louis, on va suspendre, parce que je veux entretenir
aussi les collègues de deux, trois éléments hors micro, Mme la Présidente, s'il
vous plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, nous... Oui, M. le député de
Marquette.
M. Ciccone :
Je suis conjoint avec les paroles du ministre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Avec la nouvelle équipe d'étoiles. Parfait.
M. Ciccone :Conjointement, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 12 h 38)
(Reprise à 12 h 46)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, la commission reprend ses travaux. Juste avant de
prendre la petite pause, nous en étions… effectivement, nous allons procéder article
par article, alinéa par alinéa. Et, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
vous vouliez introduire un article 0.1.
Mme Maccarone : Oui, merci,
Mme la Présidente. Alors, je fais la lecture, article 0.1 : Ajouter, avant
l'article 1 du projet de loi, l'article suivant :
«0.1. Les thérapies de conversion ou les
pratiques de conversion sont interdites et nul ne peut offrir de tels
services.»
Si je fais référence au projet de loi
n° 599, que j'avais déposé, je pense qu'on a dit… tout le monde a dit d'emblée
que les mots sont très importants, la terminologie est très importante. Alors,
évidemment, je souhaite, d'une façon la plus complète possible, d'utiliser le
mot «interdit», en anglais, on dirait «prohibited», très important, parce que
je veux que ce soit très, très, très clair pour les gens, les personnes, la
communauté — il y a des légistes, des juristes, des avocats qui vont
faire lecture de ce projet de loi lors de son adoption — de
comprendre ce qui est vraiment interdit.
Je comprends qu'il y a une certaine
fluidité à l'intérieur du Code civil, et je ne prétends pas être avocate, je
vais laisser mes collègues mener cette bataille. Mais, pour moi, et ce que je
pense est très important, puis ce serait le moment de le faire, c'est
d'utiliser des termes qui sont clairs. «Nul ne peut», «nul ne peut», ça peut
être assez fluide comme terme, ça peut être interprété de plusieurs façons,
mais le mot «interdit», c'est clair, c'est clair. Puis la
raison qu'on le dépose ici, c'est qu'on ne voulait pas dénaturer la logique du
projet de loi n° 70. Alors, c'était vraiment le moment de venir déposer un
tel amendement, parce que, pour l'article 1, ce qu'on souhaite, c'est d'avoir <une
définition claire…
Mme Maccarone : ...
la
raison qu'on le dépose ici, c'est qu'on ne voulait pas dénaturer la logique du
projet de loi n° 70. Alors, c'était vraiment le moment de venir déposer un
tel amendement, parce que, pour l'article 1, ce qu'on souhaite, c'est d'avoir >une
définition claire de c'est quoi et ce que n'est pas une thérapie ou une
pratique de conversion. Alors, on jugeait très pertinent de déposer maintenant
l'idée d'avoir une interdiction, pour que ça soit vraiment, mais vraiment
clair. Alors, c'était ça, l'esprit derrière cet article.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai des interventions?
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente. Je comprends bien l'intention de la députée de Westmount—Saint-Louis,
en lien avec son amendement, qui reprend, entre autres, en partie, l'article 1
de son propre projet de loi, qui est le projet de loi n° 599. Ce pourquoi
on a choisi, dans le projet de loi n° 70, d'indiquer Loi visant à protéger
les personnes contre les thérapies de conversion, il faut bien comprendre que
nous, en matière québécoise... en matière de droit québécois, notre juridiction
est en matière civile. Donc, c'est important, pour s'assurer que la loi ne soit
pas attaquable et qu'on ne se retrouve pas dans une situation où la loi
pourrait être invalidée par les tribunaux, qu'on ne fasse pas référence à
l'interdiction. Parce que, lorsqu'on parle en matière d'interdiction, on se
retrouve dans la sphère de l'interdit complet et donc dans la sphère du droit criminel.
Et donc, au niveau du partage des
compétences, c'est le gouvernement fédéral qui est compétent en matière de
droit criminel, et le législateur québécois ne peut pas avoir adopté une loi
qui serait dans la sphère de juridiction de compétence du gouvernement fédéral,
mais du législateur fédéral, considérant le fait que, si un individu offrait
une telle thérapie de conversion, si on venait interdire formellement de cette
façon-là, ça aurait pour effet de susciter un moyen de défense pour la personne
qui se retrouverait avec une poursuite pénale à son endroit.
• (12 h 50) •
Donc, ça veut dire qu'une personne
morale... Puis on va le voir plus loin dans le projet de loi, là, nous, on
dit : «Nul ne peut, par contrat ou à titre onéreux, s'engager à dispenser
à une personne une thérapie de conversion». Ça signifie qu'on se retrouverait
dans une situation où la personne dirait : Bien, moi, j'invoque le fait
que le législateur québécois n'a pas adopté la loi dans son champ de compétence
du droit civil, de sa compétence, et c'est ultra vires, donc c'est extra sa
compétence, donc ça pourrait mettre à risque la loi. C'est pour ça qu'on n'a
pas fait le choix d'interdire dans l'article. On est venu plutôt faire en sorte
de protéger les citoyens contre ce type de thérapie là.
Donc, on rentre dans notre juridiction,
dans notre sphère de compétence. Et on atteint un but qui est similaire pour
faire en sorte que ce type de pratique là n'ait pas cours sur le territoire
québécois en donnant des droits aux individus, puis en disant : Bien, si
vous offrez ce type de service là, vous êtes <passibles d'une...
M. Jolin-Barrette :
...
les citoyens contre ce type de thérapie là.
Donc, on rentre dans notre juridiction,
dans notre sphère de compétence, et on atteint un but qui est similaire pour
faire en sorte que ce type de pratique là n'ait pas cours sur le territoire
québécois en donnant des droits aux individus, puis en disant : Bien, si
vous offrez ce type de service là, vous êtes >passibles d'une amende
importante.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'entends ce que dit le ministre. Par contre, on
n'est pas en matière de compétence fédérale ici. Le Québec a plusieurs lois
pénales qui interdisent... Je prends la loi — le seul exemple, puis
l'exemple n'est peut-être pas le plus heureux, mais — Loi concernant
la lutte contre le tabagisme, c'est une loi qui a des clauses pénales.
Autrement dit, il est interdit, au Québec, de fumer dans tel, tel, tel
contexte, puis il y a des amendes, si d'aventure. Là, c'est la compétence du
Québec que d'avoir une telle loi, puis le ministre fait déjà la fin du chemin
quand il impose loi pénale, impose des amendes qui sont très, très
substantielles, à celles et ceux qui, d'aventure, auraient contrevenu à
l'esprit de la loi, qui est celles et ceux qui auraient fait des thérapies de
conversion.
Alors, je ne vois pas l'argument ultra
vires, dans la mesure où il existe des lois pénales. Et je vous donne, loi
contre le tabagisme : «Sous réserve des articles 3 à 12, il est interdit
de fumer dans tous les lieux fermés suivants...» Je pourrai vous donner
d'autres exemples de lois pénales beaucoup plus conséquentes qu'«interdit de
fumer dans tel lieu», mais le mot «interdit» est dans plusieurs lois
québécoises, puis il y a des amendes correspondant à cela. Et je ne vois pas le
risque qu'il y ait un enjeu de constitutionnalité. On ne le criminalise pas, on
l'interdit.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
que le député de LaFontaine vient de dire est quand même... est révélateur, du
fait que, dans l'exemple qu'il donne, c'est interdit dans un lieu précis. Donc,
ce n'est pas interdit de fumer sur l'ensemble du territoire québécois. Donc, on
vient, dans la loi sur le tabac ou de la lutte contre le tabagisme, venir
précisément, dans un lieu, circonscrire cet élément-là, et ça, c'est pour des
raisons de santé. Donc, c'est rattaché à la compétence québécoise, le fait de
venir circonscrire ça. Exemple, à l'Assemblée nationale, contrairement aux
années 70, Mme la Présidente, et avant, et après aussi, où il y avait des
cendriers, puis vous voyez des photos d'époque, ou les politiciens à l'époque, et,
voyez-vous, la société a évolué, tout ça.
Mon objectif est de faire en sorte de
s'assurer de la solidité de la loi et que, si jamais la loi, elle était
attaquée, le fait qu'on propose une interdiction complète, tel que formulé dans
l'amendement qui est proposé, qui pourrait mettre à risque la loi parce qu'on y
va sur une interdiction mur à mur. Tandis que l'approche que nous prenons, une
façon qui est plus sécuritaire juridiquement, est le fait de le coller sur nos
compétences en matière de droit civil, de protection du consommateur notamment,
et d'atteindre un objectif qui est similaire, mais qui est à l'intérieur de <notre
sphère...
M. Jolin-Barrette :
...
interdiction
mur à mur. Tandis que l'approche que nous prenons, une façon qui est plus
sécuritaire juridiquement, est le fait de le coller sur nos compétences en
matière de droit civil, de protection du consommateur notamment, et d'atteindre
un objectif qui est similaire, mais qui est à l'intérieur de >notre
sphère de juridiction.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, merci,
Mme la Présidente. Je vais vous donner un autre exemple. Mais, avant de donner
un autre exemple, j'aimerais poser au ministre la question suivante. Mais le
fait de ne pas dire «interdit», ça, c'est un débat, là, juridique, de juristes,
mais d'où relève sa compétence pour déposer son projet de loi n° 70?
J'aimerais ça savoir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, peut-être une question de précision, juste formulez votre question précisément.
Je veux juste comprendre, là.
M. Tanguay
: Parce que
le ministre dit : L'arbre de 91 et 92 de la Loi constitutionnelle donne
des compétences, à 91, au gouvernement fédéral et des compétences aux gouvernements
provinciaux. Ça, c'est les branches de l'arbre. Il dit : Je peux interdire
le tabagisme parce que, dans une des branches provinciales, il y a une branche
qui s'appelle santé, je l'interdis. Thérapie de conversion s'accroche à quelle
branche provinciale?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. En
matière de droit civil, notamment.
M. Tanguay
: O.K. En
matière de droit civil, notamment, et pas exclusivement. Quelle autre matière?
M. Jolin-Barrette : Prenons
ensemble l'article 92.
M. Tanguay
: 92 de
l'AANB — on apprend ça en droit — de l'accord...
M. Jolin-Barrette : L'Acte de
l'Amérique du Nord britannique.
M. Tanguay
: L'Acte de
l'Amérique du Nord britannique.
M. Jolin-Barrette : Mais
désormais c'est la loi constitutionnelle...
M. Tanguay
: 1982.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
parce qu'elle a été incorporée. Dans le fond, la Loi constitutionnelle de 1982
incorpore la loi sur la... l'Acte de l'Amérique du Nord britannique à son
annexe II, je crois, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Et
qu'introduit l'acte constitutionnel de 82 qui est fondamental dans notre pays?
La Charte canadienne des droits et libertés.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
ce qui est intéressant, Mme la Présidente, sur ce propos-là, savez-vous c'est
quoi?
M. Tanguay
: C'est que
le Québec n'a jamais signé.
M. Jolin-Barrette : Le Québec
n'a jamais ratifié. Alors...
M. Tanguay
: Je le
savais qu'il allait dire ça. Là, on est hors d'ordre.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, Mme la Présidente. On est spécifiquement sur le bon point, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, en fait, je veux juste... Pour les besoins de la...
M. Jolin-Barrette : ...spécifiquement
sur le bon point.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, je
veux savoir du député de LaFontaine, Mme la Présidente, est-ce que le député de
LaFontaine considère que le Québec, hein, au moment du rapatriement, on a
obtenu son accord et que c'est normal qu'on n'ait pas obtenu son accord
lorsqu'on a rapatrié la constitution puis qu'on a inséré la Charte des droits
et libertés à l'intérieur de la constitution, de la Loi constitutionnelle de
1982? Est-ce que la position de son parti, c'est de dire : Écoutez, il
faut s'assurer que le Québec soit pleinement respecté?
M. Tanguay
: Mme la
Présidente, je serai ravi de faire ce débat-là avec le ministre n'importe
quand, n'importe quelle tribune, je serais ravi de le faire, et de lui poser la
question également, entre autres, puis vous allez me permettre <de
conclure...
M. Jolin-Barrette :
...e
st-ce que la position de son parti, c'est de dire : Écoutez, il
faut s'assurer que le Québec soit pleinement respecté?
M. Tanguay
: Mme la
Présidente, je serai ravi de faire ce débat-là avec le ministre n'importe
quand, n'importe quelle tribune, je serai ravi de le faire, et de lui poser la
question également, entre autres, puis vous allez me permettre >de
conclure là-dessus, si, lui, aurait, à l'époque, voté en faveur de la
loi 101, est-ce qu'aujourd'hui, la mouture de la loi 101, telle que
déposée par le Parti québécois, aujourd'hui, est-ce qu'il voterait pour ou
contre, parce qu'il sait ce qu'il y a là-dedans?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je pense qu'on va revenir à l'article, à l'amendement qui
est déposé.
M. Tanguay
: Le débat,
on pourait le faire parce que c'est excessivement intéressant. J'aimerais ça le
faire, le débat.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'on pourrait revenir à l'amendement 0.1 qui
est déposé?
M. Tanguay
: Oui. Je ne
le sais pas, je pose... le ministre, quelle autre branche à part la branche
civile de 1992?
M. Jolin-Barrette : Oui, propriété
et droits civils, et... Oui, vous faisiez référence, Mme la Présidente, le député
de LaFontaine faisait référence aux aspects pénaux. Donc, 92.15 :
«L'infliction de punitions par voie d'amende, pénalité, ou emprisonnement, dans
le but de faire exécuter toute loi de la province décrétée au sujet des
matières tombant dans aucune des catégories de sujets énumérés dans le présent
article.»
Donc, le député de LaFontaine, tout à
l'heure, nous disait : Écoutez, c'est prévu qu'il y a des infractions
pénales. Il y a des lois pénales au Québec qui existent effectivement, mais ce
n'est pas uniquement des lois pénales, ça porte sur les objets de la compétence
québécoise. Mais pour faire respecter la loi, Mme la Présidente, bien, c'est
une loi qui a des dents, hein, quelle est la conséquence à ça. Et, pour le Québec,
cet aspect-là, il est punitif, donc il est légitime dans la Loi sur la qualité
de l'environnement, dans le Code de la sécurité routière, dans... On va le voir
tout à l'heure, là. Dans le Code des professions aussi, il y a des sanctions
pénales qui y sont rattachées, et bien souvent, ces sanctions pénales là sont
pécuniaires, comme dans le cadre du projet de loi qu'on propose aujourd'hui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, Mme
la Présidente. Et il y a plusieurs interdits, entre autres, puis je fais
référence — puis je ne veux pas ouvrir cette boîte de Pandore là — projet
de loi n° 21, là, Loi sur la laïcité de l'État, là, il était interdit de
porter des signes religieux. C'est un interdit, ça, je veux dire. Là, on
pourrait me dire : Oui, mais ça ne participe pas tellement d'une loi
pénale, là, c'est une loi qui vient encadrer l'exercice d'une profession au
sein de l'État, entre autres, puis de ses organismes connexes. Mais, bref,
l'expression «interdit» existe. Là, on n'est pas dans le domaine du tabagisme,
on est dans le domaine de l'interdit de port de signes religieux pour certaines
catégories de personnes au Québec, au premier titre...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Tanguay
: Oui, oui.
Et donc, voyez-vous, ce n'est pas en jumelant l'interdit — puis là je
vous donne un bon exemple — <avec des >— puis
je termine là-dessus en deux secondes — avec des amendes que là on
est à risque devant une contestation judiciaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Écoutez, compte tenu de l'heure et des discussions, je dois
ajourner les travaux quelques instants, du moins, pour le début de la prochaine
séance de travail. Merci. Et nous reprenons à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h (version révisée)
M. Tanguay
: …une
contestation judiciaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Écoutez, compte tenu de l'heure et des discussions, je dois
ajourner les travaux quelques instants, du moins, pour le début de la prochaine
séance de travail. Merci. Et nous reprenons à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 6)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la Commission des
relations avec les citoyens reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 70, Loi visant à protéger les personnes contre les
thérapies de conversion dispensées pour changer leur orientation sexuelle, leur
identité de genre ou leur expression de genre. Lors de la suspension des
travaux, cet avant-midi, nous en étions rendus à l'étude de l'amendement
introduisant l'article 0.1 au projet de loi. Est-ce qu'il y a d'autres <interventions
sur...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...pour changer leur
orientation sexuelle,
leur identité de genre ou leur expression de genre.
Lors de la
suspension des
travaux, cet avant-midi, nous en étions rendus à l'étude de l'
amendement
introduisant l'article 0.1 au
projet de loi.
Est-ce qu'il y a d'
autres
>interventions sur cet amendement? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais savoir si la pause du midi... le ministre
a eu l'occasion d'aller relire Henri Brun, sortir ses cahiers sûrement annotés,
et s'il a cheminé. J'aimerais savoir s'il a cheminé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, je chemine toujours, mais, dans ce cas-ci, pour s'assurer que la
loi soit à l'intérieur des compétences québécoises, pour avoir le maximum de
sûreté juridique, je vais décliner l'invitation que la députée de Westmount—Saint-Louis
me fait de voter pour l'amendement, considérant le fait qu'on doit s'assurer
que les mesures mises en place par le projet de loi sont rattachées à notre
domaine de compétence, avec le véritable objet, qui est notamment les droits
civils mais aussi la compétence locale que nous avons. Et le véritable objet de
la loi que nous avons est le fait de protéger les personnes face à ce genre de
thérapie de conversion là. Alors, c'est rattaché à nos compétences, et une interdiction
formelle et complète pourrait être assimilée ou se rapprocher du droit
criminel, et je ne souhaite pas que la loi soit déclarée ultra vires, donc je
souhaite vraiment qu'on se rattache à nos compétences.
Et donc l'objectif est similaire, et, si
on y allait avec l'amendement, tel que formulé par ma collègue, ça pourrait
avoir pour effet de faire en sorte que le but de la loi, c'est d'interdire les
thérapies de conversion. Parce qu'on dit… et je vais retrouver l'amendement, on
dit véritablement, dans la proposition de ma collègue... Je m'ennuie du papier,
Mme la Présidente.
Une voix
: ...
M. Jolin-Barrette : Je l'ai.
Juste un instant, Mme la Présidente. «Les thérapies de conversion ou les
pratiques de conversion sont interdites…» Alors, on arrive avec une
interdiction complète et totale, et ça pourrait avoir une très grande proximité
avec le droit criminel, et donc je ne pourrais pas appuyer l'amendement tel que
formulé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres
interventions?
M. Tanguay
: Oui, oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Puis vous
allez en avoir une couple encore, vous allez voir, inquiétez-vous pas. Je vais
poser la question, même si je connais la réponse : Est-ce que le ministre
peut nous produire ses avis juridiques?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, j'ai
des avis juridiques, et, non, je ne les rendrai pas publics.
M. Tanguay
: O.K. Il
fallait que je passe par ce chemin-là, Mme la Présidente, et sûrement que le
ministre s'est revu, il y a <trois ans, dans...
M. Tanguay
: …je vais
poser la question même si je connais la réponse :
Est-ce que le
ministre peut nous produire ses avis juridiques?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui, j'ai des avis juridiques, et, non, je ne les rendrai pas publics.
M. Tanguay
: O.K. Il
fallait que je passe par ce chemin-là,
Mme la Présidente, et sûrement
que le ministre s'est revu, il y a >trois ans, dans l'opposition
avec ce genre de question là. Puis, je pense, c'est de bonne guerre, c'était
les mêmes réponses qu'on lui faisait. Il est clair que les rédacteurs de 91, 92
de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, partage des compétences, n'avaient
pas prévu, évidemment, les thérapies de conversion. Ça fait que ce n'est pas
une compétence donnée exclusivement au fédéral ou au provincial. Première des
choses.
• (15 h 10) •
Deuxième des choses, il faut voir, bon, en
matière civile et en matière de santé également, qui sont des compétences provinciales,
on y voit, dans les législations provinciales et dans ce qui est proposé, un
aspect excessivement marqué de… bien, ce n'est pas un soin de santé. On va
l'exclure, c'est dans cette compétence-là, santé. Puis, quand on parlait de
contrat à titre onéreux ou gratuit, bien là, on est dans le Code civil, on est
à 1378. On est également… quand on parle de recours contractuels ou
extracontractuels, parce qu'il va enlever le contrat, on est à 1457, 1458.
Alors, pour moi, si j'avais… Mme la Présidente, ce qui n'arrivera jamais, là,
si j'étais juge à la Cour suprême du Canada, je vous dirais que très, très,
très clairement, là, bien, moi, le débat, ça ne serait pas trop long, le Québec
a compétence pour des éléments de santé puis des éléments de droit civil.
Puis je vais donner un autre exemple au
ministre d'un exemple qu'il connaît très, très, très bien — pas parce
qu'il l'a expérimenté personnellement, mais parce qu'il a travaillé là-dessus — la
Loi encadrant le cannabis. Et là je vous dirais qu'on allait jouer dans des
zones encore plus, je vous dirais, grises qu'en l'espèce. On dit,
article 4 : «Il est interdit à une personne âgée de moins de 21 ans
d'avoir en sa possession du cannabis ou d'en donner.» À l'article 5 :
«Il est interdit d'avoir en sa possession une plante de cannabis.»
Et, fédéral occupe le champ également, il
a décriminalisé… puis je ne suis pas expert, là, au fédéral, on pourrait me
corriger sur bien des choses, mais au fédéral, il y a la Loi sur le cannabis.
Il y a des éléments qui encadrent le cannabis et des décisions, puis il y avait
même… je vous dirais, c'était une compétence, là, qu'on a décidé de partager.
Alors, moi, a fortiori, je vous donne l'exemple du cannabis où le Québec
interdit, je vous en ai donné deux exemples, articles 4 et 5, dans
une zone excessivement grise où le fédéral avait déjà criminalisé, finalement,
a décriminalisé… a légalisé, pardon. A fortiori, dans le cas ici, je regarde
les compétences fédérales puis je regarde le provincial, c'est clairement santé
et c'est clairement Code civil.
Maintenant, le ministre, puis je lui
soumets l'argument qu'il pourrait me poser, <le ministre >pourrait
dire : Bien, faites-vous-en pas, le fédéral va l'interdire devant le Code
criminel, donc on va fermer cette porte-là. Je vous dirais, soit, il peut le
faire, il peut l'interdire dans le <Code…
M. Tanguay
: …et
c'est
clairement le
Code civil.
Maintenant, le
ministre,
puis je lui soumets l'argument qu'il pourrait me poser, le
ministre
pourrait dire : Bien, faites-vous-en pas, le fédéral va l'interdire dans
le
Code criminel, donc on va fermer cette porte-là. Je vous dirais,
soit, il peut le faire, il peut l'interdire dans le >Code criminel, mais
ça ne fait pas que l'analogie du cannabis n'est pas particulièrement intéressante
ici, où on peut occuper ce champ de compétence.
Et, je vous dirais même, Mme la Présidente,
puis c'est un député fédéraliste qui vous le dit, moi, j'inviterais le ministre
à occuper le champ, à occuper le champ puis à l'interdire très clairement. Puis
aucune loi qui sort, qui est adoptée par l'Assemblée nationale, Mme la
Présidente, n'est à l'abri de quelque contestation que ce soit. Puis on sait
que, parfois, on va jouer dans des zones… pas des zones déraisonnables, là,
mais dans des zones peut-être un petit peu plus discutables, mais on le fait,
puis on occupe le champ. Puis je ne vois pas le fédéral contester, sur la base
de compétence, le fait que le Québec a écrit : «Les thérapies de
conversion… sont interdites…»
Alors, je fais appel au sentiment que je
sais très fort, nationaliste chez le ministre, pour lui dire : Allez-y,
nous marchons à votre suite — puis c'est un député fédéraliste qui
dit ça, Mme la Présidente — occupons le champ de compétence.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
écoutez… Mme la Présidente, c'est de la musique à mes oreilles d'entendre le
député de LaFontaine et sa formation politique dire au gouvernement du
Québec : On va vous appuyer dans votre démarche de nationalisme. Ça fait vraiment
changement, Mme la Présidente. Et j'aurais aimé beaucoup, à l'époque où j'étais
assis à la place de la cheffe du deuxième groupe d'opposition, dans le deuxième
groupe d'opposition, que les collègues du député de LaFontaine soient aussi
nationalistes que lui.
Alors, Mme la Présidente, ce que je
retiens, c'est que, durant ces années-là, ça a dû être dur pour le député de LaFontaine
d'être dans un parti ultrafédéraliste, qu'il ne fallait jamais revendiquer à Ottawa,
où on parlait de canadianisme même à l'époque du premier ministre et ancien
député de Roberval, M. Couillard. Mais je retiens que, maintenant, la
perspective au Parti libéral, c'est une approche beaucoup plus nationaliste, et
je pense que ça va nous aider à faire des gains concrets à l'intérieur du Canada,
et qu'on va pouvoir avoir une approche extensive des compétences du Québec, et
ça, je suis heureux d'avoir l'appui du député de LaFontaine sur cet élément-là.
Et donc je le sens me pousser, m'inciter, m'inviter à étendre nos pouvoirs, et
j'en suis abasourdi, mais heureusement, abasourdi, Mme la Présidente.
Cela étant, le député de LaFontaine a un
bon point, au niveau de la théorie du double aspect, effectivement, à l'époque
où l'Acte de l'Amérique du Nord britannique a été adopté, on ne parlait pas de
thérapie de conversion, Mme la Présidente, donc ce n'est pas listé à l'article
91 ou à l'article 92. Donc, il faut aller voir quels sont les facteurs de
rattachement. Et là, très certainement, on a le pouvoir de <légiférer…
M. Jolin-Barrette :
...aspect, e
ffectivement, à l'époque où l'
Acte de l'Amérique du
Nord britannique a été
adopté, on ne parlait pas de thérapies de
conversion,
Mme la Présidente, donc, ce n'est pas listé à
l'article 91
ou à
l'article 92. Donc, il faut aller voir quels sont les facteurs
de rattachement. Et là, très
certainement, on a le pouvoir de >légiférer
en fonction des compétences. Le député de LaFontaine fait référence à la santé.
Moi, je le réfère à 92.13, 92.16 également en matière de... les matières à caractère
purement local ou privé, ou le droit civil. Lui, il prend un chemin vers la
santé. Donc, le Québec peut légiférer.
À partir du moment où on peut légiférer,
il faut regarder l'objet véritable de la loi. Si l'objet véritable de la loi a
pour effet d'interdire complètement, tel que le propose l'amendement de la
députée de Westmount—Saint-Louis, il y a des lumières jaunes qui s'allument.
Là, le député de LaFontaine me dit : Écoutez, moi, je l'essaierais. Moi,
je l'essaierais, quitte à ce qu'un juge de la Cour supérieure ou un juge de la
Cour du Québec, par la suite la Cour d'appel, Cour suprême dise : Vous
n'étiez pas dans votre champ de compétence. Et donc vous avez adopté une loi et
donc, les personnes morales ou les personnes physiques qui ont offert ce genre
de thérapie là, bien, on va les exonérer. Ils ne subiront pas l'opprobre,
l'amende, et ils ne pourront pas être condamnés à des dommages-intérêts aux
personnes qui ont été victimes. Moi, je ne souhaiterais pas qu'on arrive là.
Alors, pour davantage de sûreté juridique,
pour s'assurer que la loi trouve effet, s'applique, je préfère que nous
n'inscrivions pas l'interdiction complète et totale, telle que le propose la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Et, si je peux faire un rebond sur ce que
le député de LaFontaine nous disait par rapport à la loi sur le cannabis, dans
les articles qu'il a cités, je crois que c'est à l'article 4, on parle d'une
interdiction partielle. Là, dans l'amendement de la députée de
Westmount—Saint-Louis, c'est une interdiction totale. Donc, là, il y a une
nuance à apporter puis il y a une distinction.
Cela étant, moi, je pense qu'on a beaucoup
plus intérêt à faire en sorte d'atteindre un objectif qui est similaire, à
protéger les personnes victimes de thérapies, tel qu'on le propose dans le
projet de loi, et non pas que je souhaite qu'il y ait ce genre de thérapies au
Québec, comprenez-moi bien, mon objectif, c'est de faire en sorte le plus
possible de protéger les personnes qui en sont victimes, de faire en sorte qu'elles
aient des recours et le fait d'envoyer un message aussi, de dire : Écoutez,
sachez que, si vous offrez de genre de thérapie là, vous allez avoir des
amendes... Vous êtes susceptibles d'avoir des amendes importantes au niveau
pénal pour l'application de la loi. Donc, c'est pour ça que je n'appuierai pas
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, juste pour rassurer, parce que je
ne veux pas que l'enthousiasme du ministre de la Justice lui cause... lui faire
perdre le sommeil. Il a eu l'occasion de siéger avec un grand parlementaire,
Jean-Marc Fournier. Et je le réfère à un <document...
M. Tanguay
:
...je ne veux pas que l'enthousiasme du
ministre de la Justice lui
cause... lui faire perdre le sommeil. Il a eu l'occasion de siéger avec un
grand
parlementaire, Jean-Marc Fournier. Et je le réfère à un >document-phare,
qui a été rédigé par Jean-Marc Fournier, Québécois, notre façon d'être
Canadiens. Et c'est en ce sens-là où j'invitais le ministre d'être Québécois
et d'exprimer sa façon d'être Canadien, Mme la Présidente. Parce que 91 existe,
92 existe, puis c'est dans ce contexte-là, évidemment, il a compris, plus que
dans un appétit, qui est totalement inexistant chez moi, de faire sécession.
Alors, ceci étant dit, Mme la Présidente, je
comprends, je comprends très, très bien ce que le ministre dit. Puis savez-vous
quoi? Je comprends mieux pourquoi au début... puis là j'y vais de mémoire, là,
on me corrigera, je pense, c'est 1378 du Code civil du Québec, par rapport aux
contrats, tu sais, les contrats entre personnes, c'est du droit civil, c'est
encadré par le Code civil. Puis je comprends pourquoi, dans la mouture
actuelle, mais j'ai compris qu'elle sera amendée, puis on va se rendre là, il
était stipulé... l'interdit était verbalisé en disant : Il est interdit de
faire un contrat — là, pouf, on se branchait carrément sur le Code
civil puis sur le droit civil — que ce soit à titre onéreux ou
gratuit.
Mon point, il est là. Puis je suis d'accord
avec le ministre. Je veux dire, si on fait patate, puis que, là, la loi est
contestée, puis qu'elle est suspendue, bien, y a-tu... Deux choses. Y a-tu
moyen de trouver un mécanisme où on pourrait, à un article, puis je pense tout
haut, là, stipuler l'amendement de la collègue de Westmount—Saint-Louis, «les
thérapies de conversion… sont interdites», et, par la suite, sur
l'article 3, de prendre la formulation du ministre? Croit-il qu'il serait
possible de faire cela, en précisant, en ayant un article de précision? Et que,
si, d'aventure, 1 est contesté, 3 ne le serait pas, contesté, et la suspension
serait applicable à 1, et non l'entièreté de la loi, pour, justement, forcer le
jeu.
• (15 h 20) •
Parce que c'est ça, une fédération, puis
je ne fais pas de... je ne badine pas, là, mais une fédération, c'est ça, puis
c'est important, ce qu'on dit là... «Fédération», là, par définition, c'est de
jouer du coude. On a des intérêts communs. On ne veut pas sécession, mais c'est
de jouer du coude puis c'est occuper son champ.
Alors, je l'inviterais peut-être à prendre
l'article 1 de la collègue de Westmount—Saint-Louis et à se rattacher à
son article 3. Puis là il ne pourrait pas dire : Non, non, non, 1
emporterait 3 dans une contestation puis dans une suspension, parce que 3
serait, puis je suis d'accord avec lui, à 100 % branché sur le Code civil
du Québec puis sur la compétence du Québec à 92.13.
Mais mon point est le suivant : Si on
le fait uniquement en matière civile, comment les cours vont interpréter ça?
Dans la première mouture, s'il n'y avait pas de contrat, vous aviez zéro
recours. Ça prenait un contrat. Puis là j'entends qu'on va l'enlever. Mais il
ne demeure pas moins que, dans ce qui serait la nouvelle proposition, il y
aurait la notion très civiliste de 1378, «à titre onéreux ou gratuit». Comment
les cours vont <interpréter ça si c'est un ou...
M. Tanguay
: ...s'
il
n'y avait pas de contrat, vous aviez zéro recours. Ça prenait un contrat. Puis
là j'entends qu'on va l'enlever. Mais il ne demeure pas moins que, dans ce qui
serait la nouvelle proposition, il y aurait la notion très civiliste de 1378,
«à titre onéreux ou gratuit». Comment les cours vont >interpréter ça si
c'est un ou une leader d'une congrégation religieuse ou quoi que ce soit qui,
sans aucun contexte de rapport civiliste, essaie de m'influencer, puis
finalement on dit : Ce n'est pas marqué, comme disait la collègue de
Westmount—Saint-Louis : Oyez, oyez! Thérapie de conversion à soir, à huit heures?
Mais j'ai une crainte honnête que les tribunaux, si c'est juste la mouture du
ministre puis qu'on n'a pas 1, encadrent, limitent la protection dans leur
interprétation.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, deux choses
l'une. Dans un premier temps, on se rattache à nos compétences. Je comprends le
député de LaFontaine qui nous dit, bon, présence d'un contrat, nécessairement,
on agit dans notre sphère de compétence, on agit notamment en matière
contractuelle. Le contrat est implicite et explicite aussi. Donc, la personne
qui viendrait à avoir une thérapie de conversion — puis on va voir,
là, la définition qu'on lui donnera un petit peu plus tard — ça doit
être interprété largement, et c'est ce sur quoi on proposera d'enlever
spécifiquement «contrat». Mais il y a un facteur de rattachement au droit civil
qui doit être présent. Ça, c'est important. Puis surtout c'est important que
les choix que l'on fasse, de la façon que ça a été interprété... Puis, écoutez,
on a de la jurisprudence aussi, là, il y a Cabaret Sex-Appeal inc. contre
Montréal, notamment, qui... que la réglementation faisait en sorte que c'était
trop orienté, et donc ça a fait en sorte que la mesure québécoise n'a pas été
retenue puis qu'on a dit : On intervient sur le droit criminel.
Alors, moi, ce n'est pas mon objectif. Et
l'idée, c'est de faire en sorte, vraiment, de rattacher ça à la dignité de la
personne, de donner des droits, mais surtout de faire en sorte que, les
thérapies de conversion, on envoie un message clair de société de dire que ce
n'est pas acceptable, si vous offrez ce genre de thérapie là à un individu,
sachez que vous êtes passible d'une amende. Je pense qu'on atteint le même
objectif qui est souhaité par le député de LaFontaine.
Pour ce qui est de l'autre volet, Mme la
Présidente, sur le fait de faire sécession, bien, écoutez, je ne pourrais pas
l'affirmer sans doute, Mme la Présidente, mais je crois que le député de
LaFontaine a déjà été intéressé par cette démarche dans un passé pas si
lointain, Mme la Présidente. Donc, comme on dit, c'est une conversion récente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre.
M. Tanguay
: Mme la
Présidente, je me sens un petit peu piqué au vif, puis je vais être gentil,
mais, «passé pas si lointain», je ne sais pas quel âge avait le ministre en 1995,
quand j'ai voté oui.
M. Jolin-Barrette : Moi,
j'avais...
M. Tanguay
: L'âge de
raison?
M. Jolin-Barrette : L'âge de
raison, effectivement.
M. Tanguay
: D'accord.
Qui est sept ans. Alors, <Mme la Présidente...
M. Tanguay
: ...je me
sens un petit peu piqué au vif puis je vais être gentil, mais, «passé pas si
lointain», je ne sais pas quel âge avait le
ministre en 1995, quand j'ai
voté oui.
M. Jolin-Barrette :
Moi, j'avais…
M. Tanguay
: L'âge
de raison?
M. Jolin-Barrette :
L'âge de raison,
effectivement.
M. Tanguay
:
D'accord. Qui est sept ans. Alors, >Mme la Présidente, voilà le
passé pas si lointain.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, moi, je considère le député LaFontaine tout jeune et, dans sa
longue vie qu'il aura, je sais que ça représente qu'un moment, un éclair, cette
période-là. Je veux juste dire, Mme la Présidente, que parfois on chemine, vous
voyez le parcours du député de LaFontaine. Et il y a encore moins longtemps, il
faisait partie d'un gouvernement qui ne nous amenait pas à solliciter, à
défendre les compétences du Québec. Puis je vois que ça a changé, ça fait que c'est
une bonne chose. Le changement, c'est maintenant.
M. Tanguay
: Bon,
alors...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Attendez, s'il vous plaît, juste une petite seconde. J'ai
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques qui veut s'inscrire aussi dans le
débat. Mme la députée.
Mme Massé : Merci. Étant très,
très loin des affaires d'avocat, je pense que j'ai envie de retourner sur le
fond, c'est-à-dire, je pense que ce que ma collègue de Westmount—Saint-Louis
souhaite. Rappelez-vous comment, à plusieurs reprises, on s'est dit, durant les
auditions, même durant les allocutions qui ont eu lieu en Chambre pour adopter
le principe, l'importance de la dimension pédagogique du projet.
C'est sûr que, quand tu vois le mot
«interdiction», pour moi, là, c'est très pédagogique. Ça dit ce que ça a à dire
puis ça l'a cet avantage-là, je dirais. Ceci étant dit, je ne maîtrise pas
assez le code civique et l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, puis je ne
suis pas toute seule, à voir mon autre collègue là-bas, mais, ceci étant dit,
je suis plutôt d'avis que, s'il y a une façon explicite de dire à tous ces gens
qui utilisent les thérapies de conversion pour avoir des impacts sur les droits
fondamentaux de nos concitoyens… puis là, bien, il a émis une piste, là, en
disant : Le 1, puis le 3, le 1, le 2, le 1 pourrait être rejeté mais pas
le 3. C'est cette dimension-là, moi, que je me demande s'il n'y a pas
possibilité... Parce que c'est sûr que le mot «interdiction», il y a ça de
fort, c'est qu'il est clair. Alors, ça, c'est la première chose que je voulais dire,
mais je n'ai pas de proposition, M. le ministre, alors...
L'autre chose que je voulais dire, c'est,
pour moi, la... Ce qu'on va en dire, de ce projet de loi là, c'est une chose.
Ce qui est <écrit...
Mme Massé : ...
M. le
ministre, alors...
L'autre chose que je voulais dire, c'est,
pour moi, la... ce qu'on va en dire, de ce
projet de loi là, c'est une
chose. Ce qui est >écrit pour ne pas qu'il soit contesté, c'en est une
autre. Pour moi, de faire dire à quelqu'un, par exemple : Oui, hein, un
coup que tout ça va être adopté, oui, oui, oui, c'est interdit, les thérapies
de conversion au Québec, là. Je n'aurais pas de misère à dire ça. Ou, en fait,
je vais dire : Ou tu es prêt à payer je ne sais pas combien parce que tu
vas être... tu es passible de ça. Ça fait que je me dis : Tout dans tout,
si on est capable de l'écrire, il me semble qu'on aurait l'avantage de le faire
parce que ça serait très pédagogique. Puis, si on ne peut pas, bien, moi, à mon
sens, ça ne m'empêchera pas, dans l'espace public, de dire que les thérapies de
conversion au Québec sont interdites, que ça n'a pas sa place.
Et, quand j'ai discuté avec le ministre,
un des éléments qu'il a amenés, puis malheureusement j'ai dû vous quitter un
petit peu plus tôt tantôt, bien, c'est la dimension de : Ce n'est pas les
individus qui vont avoir tendance à vouloir se faufiler, c'est vraiment... puis
là on va le nommer, c'est les communautés religieuses, les églises, qui en ont
du cash, eux autres, pour faire suivre quelque chose comme ça jusqu'à la Cour
suprême en cas de besoin.
Ça fait que moi, de rendre invalide...
Bon, puis là, c'est ça que je dis, là, je ne me démêle pas dans ces
affaires-là. Un article, deux articles, toute la loi, pas la loi, je
ne le sais pas. Mais c'est sûr que ce que je souhaite, par les choix qu'on va
faire, c'est qu'on ne portera pas flanc à faire que ça. Dans une semaine, il y
a un jeune M. Nadeau qui va se lever debout, qui va dire : Moi, je
veux avoir réparation à cause que telle congrégation a usé de ma vie, puis que
la congrégation fasse : Non, mon «man», parce que ce n'est pas de
notoriété québécoise. Ça, je ne voudrais pas ça, c'est clair. Mais je ne sais
pas comment on arrive à ça. Mais je trouvais que peut-être que le député de LaFontaine
avait une piste, si effectivement ça existe en droit et dans l'interprétation
du droit.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
J'apprécie le commentaire de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Dans
l'exemple qui est donné par le député de LaFontaine, c'est vrai que la cour<
pourrait invalider>, supposons, lorsqu'il y a une contestation, pourrait
invalider l'article 1 puis maintenir l'article 3, supposons. Mais ce
qui peut bien arriver aussi, il y a un facteur de rattachement entre les deux.
Si on dit : «Les thérapies de conversion ou les pratiques de conversion
sont interdites et nul ne peut offrir de tels services.»… et là j'imagine qu'après
on va passer à la définition qui serait à l'article 1. Ça fait que, là, on
se rattache sur qu'est-ce qu'une thérapie de conversion. Là, après ça, on va
dire : «Nul ne peut par contrat…», ou : Nul ne peut, à titre onéreux
ou à titre gratuit, s'engager à dispenser à une personne... <Ça fait que
les... >Ça fait qu'on ne peut pas savoir non plus de quelle façon est-ce
que les gens vont... bien, en fait, l'autorité publique qui émettra...
15 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...puis
après ça, on va dire : «Nul ne peut par contrat...» ou «nul ne peut, à
titre onéreux ou à titre gratuit, s'engager à dispenser à une personne...» Ça
fait que les... On ne peut pas savoir non plus de quelle façon est-ce que les
gens vont... bien, en fait, l'autorité publique, qui émettra une poursuite,
sous quel article elle va le prendre. Elle va le prendre probablement sous l'article 3,
mais avec un facteur de rattachement à l'article 1 aussi.
Donc, quand on regarde la loi, aussi,
quand les juges la regardent, ils l'analysent d'une façon qui est globale
aussi. Donc, c'est sûr qu'ils regardent la portée morale de la loi, quel est
son véritable objectif. Puis si, dans l'article introductif, le but de la loi, l'objectif
de la loi, tel que suggéré, c'est de dire : Bien, les thérapies de
conversion sont interdites, ça donne un bon signal au magistrat qui va devoir
évaluer ça, c'était quoi, l'intention du législateur québécois à ce niveau-là.
Donc, premier élément qui peut mettre à risque la loi.
Donc, vous comprenez? Non pas que... Je ne
suis pas en désaccord avec la proposition, mais moi, dans mon rôle, il faut que
j'évite le plus possible les risques d'invalidité constitutionnelle, puis c'est
un risque qui est avéré. Puis je le sais que le député de LaFontaine le sait
aussi. Puis je comprends aussi qu'il nous invite à pousser un peu plus, mais
moi, ce que j'essaie de faire, dans le cadre du projet de loi, c'est d'avoir le
projet de loi qui va le plus loin possible à l'intérieur des balises que je
sais sécuritaires, parce que je vise à protéger les gens face aux thérapies de
conversion au Québec. Donc, l'objectif, il est atteint.
Puis je vous rappellerais aussi que le
projet de loi qu'on a déposé, avant les amendements, c'est le projet de loi qui
va le plus loin parmi les autres juridictions canadiennes, en créant notamment
une présomption d'atteinte à la dignité des droits des individus aussi. Donc,
on facilite le recours aussi en matière civile.
Donc, je pense qu'on dit pas mal la même
chose. C'est juste le chemin pour y arriver, que je ne peux pas emprunter le
même que vous, considérant le fait que ça amène des conséquences potentielles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Puis, Mme
la Présidente, oui, le ministre a tout à fait raison, le Québec, avec le projet
de loi, déjà, là, qui est sur la table, là, s'il est adopté tel quel, on irait
bien plus loin que les autres provinces canadiennes, ça... puis c'est un succès
collectif, puis on doit en être conscients, puis le dire. Puis je ne doute pas
du tout que le ministre, il veut les interdire dans sa compétence puis il veut
aller le plus loin possible. Puis je comprends sa préoccupation de dire :
C'est bien beau avoir une loi, mais s'il faut l'encadrer pendant cinq ans parce
qu'elle est contestée, puis qu'elle est suspendue, on n'aura pas avancé d'un
bout, mais il comprend aussi... Moi, je veux que, dans notre champ de
compétence, on ne ratisse pas trop large, mais qu'on ratisse suffisamment large
pour...
Je vais revirer ça de bord, Mme la
Présidente. Question très précise au ministre, puis je vais y aller à la fin de
la logique. Son article 3, où on le retirerait par contrat, si un recours
en dommages et intérêts était intenté, il serait pris en vertu de quel article,
1458 ou 1457? Responsabilité civile contractuelle ou responsabilité civile
extracontractuelle?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le <ministre...
M. Tanguay
: ...si un
recours en dommages et intérêts était intenté, il serait pris en vertu de quel
article,
1458 ou 1457?
Responsabilité civile contractuelle ou
responsabilité
civile extracontractuelle?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
M. le> ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, on vient créer le fait de dire qu'une thérapie de conversion... À l'article 2,
là : «Toute thérapie de conversion est présumée porter atteinte au droit à
l'intégrité et à la dignité de la personne qui la suit.» Et dans la mécanique,
ça va être possible de porter plainte à la Commission des droits de la
personne, qui pourra prendre fait et cause.
Donc, même si on est en matière de responsabilité
extracontractuelle, même si c'était par 1457, là, on est dans un cas ou c'est
une atteinte aux droits fondamentaux que l'on crée. On crée une présomption
d'une atteinte aux droits fondamentaux. Donc, on crée un dommage à la personne
qui suit une telle thérapie. Donc, la personne, elle a un recours, comme on
dit, là, à l'encontre de la personne qui lui offre cette thérapie-là.
Donc, la Commission des droits de la
personne va devoir établir le fait qu'elle a suivi une telle thérapie, la
personne morale, la personne physique lui a offert une telle thérapie, elle en
est victime, et elle a droit à des dommages parce que ça porte atteinte à sa
dignité de la personne. Elle pourrait entamer <...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...
LaFontaine.
M. Jolin-Barrette :
Elle pourrait entamer > un recours en dommages et intérêts aussi, par le
biais d'une action au civil aussi, sans passer par la Commission des droits de
la personne.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Je vais
préciser ma question. Sur l'article 3, est-ce à dire... parce que si vous
enlevez «contrat», il y a quand même l'aspect «à titre onéreux ou gratuit».
Donc, il y a trois choses là-dedans qui me crient «contrat» : «par
contrat», «à titre onéreux ou gratuit», «s'engager». Le ministre en enlève une,
«par contrat». Il reste les deux autres choses qui me crient «contrat», «à
titre onéreux ou gratuit» <ou «s'engager»... > et «s'engager».
Est-ce à dire qu'on pourrait laisser passer dans les mailles du filet... et ne
pas imposer d'amende à une personne qui n'aurait pas agi dans un contexte
contractuel en vertu de l'article 3?
M. Jolin-Barrette : Nécessairement,
et je l'avais dit à une intervention de gens qui sont venus en commission
parlementaire, puis je pense que la députée de Joliette aussi soulevait
beaucoup la question, c'est sûr que c'est dans... 3, c'est dans un contexte
contractuel. 2, on est dans un contexte où on vient créer une présomption
d'atteinte au droit à la dignité de la <personne. Donc...
M. Jolin-Barrette :
…en
commission parlementaire puis je pense que la députée de
Joliette
aussi soulevait beaucoup la question. C'est sûr que c'est dans… 3, c'est dans
un contexte contractuel. 2, on est dans un contexte où on vient créer une
présomption d'atteinte au droit à la dignité de la> personne.
Donc, c'est sûr que pour l'infraction
pénale, bien, il y a nécessairement eu la création d'une… pour qu'il y ait
commission du geste, il y a nécessairement un contrat, mais est-ce qu'il est
explicite : Je signe, je veux une thérapie de conversion? Non, pas
nécessairement. Donc, c'est dans le sens : Pourquoi je vais vous proposer d'enlever
«contrat»? Pour que ça soit interprété le plus largement possible, mais c'est
sûr que nous, notre facteur de rattachement, il est au droit civil et
nécessairement au droit contractuel.
Mais il faut dire… prenons l'exemple, là,
M. Nadeau, là, quand il est venu témoigner, là, il nous a dit : J'ai,
à l'âge de 12 ans… ou 14 ans, là, je pense, c'est 12 ans. Il dit :
J'ai été voir ma mère parce que, depuis ma naissance, j'étais dans un
environnement homophobe, tout ça. J'ai éprouvé une attirance pour une personne
du même sexe que moi, et donc, j'ai demandé à ma mère qu'est-ce qu'on fait, de
me libérer de tout ça. Là, de ce que j'ai compris de l'histoire de
M. Nadeau, sa mère a contacté la communauté religieuse à laquelle ils
appartenaient et ils ont organisé, manifestement, une thérapie de conversion.
Donc, on constate un lien contractuel,
même si c'est à titre gratuit, entre la mère de M. Nadeau et la communauté
religieuse. Parce qu'on le sait, on n'a pas besoin d'avoir un échange de
contreparties d'argent pour pouvoir avoir la présence d'un lien contractuel. À
partir du moment où une personne s'engage à offrir une thérapie de conversion,
effectivement, le député de LaFontaine, il a raison lorsqu'il dit : Bien,
il y a un aspect contractuel là-dedans. Oui. Pourquoi est-ce qu'on viendrait
enlever le terme «contrat» explicitement? Bien, on vise à indiquer à la
personne qui interprétera la loi, si elle est contestée, c'est le plus large
possible.
Donc, on ne recherche pas la présence d'un
contrat écrit formel, mais le facteur de rattachement doit être rattaché à
l'intérieur de nos compétences du droit civil. Donc, le député de LaFontaine a
raison lorsqu'il nous dit : Bien, à titre onéreux ou à titre gratuit,
s'engager, oui, ça va rejoindre nos compétences. Mais je le répète, l'objectif
est de faire en sorte de s'assurer de la validité de la loi puis de le
raccrocher.
M. Tanguay
: Mme la Présidente…
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Tanguay
: …c'est
important, ce qu'on dit là. C'est important, ce qu'on se dit là puis c'est
important, ce qu'on fait là. Puis, avec le ministre, on vient — puis
le ministre a raison — on vient de mettre le doigt dessus. Entre deux
mots, lequel on choisit comme législateur? Puis ce n'est pas des avocasseries
qu'on fait là : Ah! ils se parlent entre eux autres, ils sont dans leur…
On risque de laisser passer, par les mailles du filet, à l'article 3, pas
de pénalité si on a de la difficulté à faire preuve d'un engagement.
Moi, qu'une personne <dispense…
M. Tanguay
: ...qu'on
fait là : Regarde, ils se parlent entre eux autres, ils sont dans leur
monde. On risque de laisser passer par les mailles du filet, à
l'article 3,
pas de pénalités si on a de la
difficulté à faire preuve d'un
engagement.
Moi, qu'une personne> dispense, sans qu'il y ait engagement à titre
onéreux ou gratuit, qu'elle le fait extracontractuellement, bien, je veux que,
si ça s'assimile à une thérapie de conversion, qu'elle ait une amende. Puis je
ne voudrais pas que le Procureur général se fasse dire : Ah! 3 ne s'applique
pas parce que vous n'avez pas fait la preuve d'un engagement. Et on touche précisément
la sphère où c'est excessivement, je vais dire le mot, insidieux. Ce n'est pas
marqué «thérapie de conversion», puis on ne se dira pas... Parce qu'un contrat
peut être écrit ou verbal, à titre onéreux ou gratuit, et dans bien des cas ça
va être insidieux, ça va tout être dans le non-dit, ça va tout être flou. On ne
dira pas : Bien, c'est trois séances. On ne précisera pas la prestation,
mais à la fin tu vas dire : Oui! ça, il a passé entre les mailles du
filet, c'était une thérapie de conversion, puis il n'y avait pas trois séances,
il n'y avait pas d'engagement, même gratuit, puis tout ça. C'est juste ça.
Entre en échapper... Puis, Mme la Présidente, ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
qui connaît ça mieux que moi, cette réalité, nous l'a dit : Ça ne sera jamais
marqué «thérapie de conversion», là, en 12 séances, là, tu sais, ça ne sera jamais,
jamais ça au départ.
• (15 h 40) •
Alors, comment s'assurer — puis c'est
ça, en toute bonne foi, ma préoccupation — qu'on ne va pas laisser
passer... puis là, j'allais dire : certains dans les mailles du filet?
Mais probablement que, sur la réalité terrain, c'est la majorité qui passerait
dans les mailles du filet, parce qu'on veut que preuve soit faite qu'il y avait
un engagement puis qu'il y avait une sorte de rencontre des volontés :
Oui, vous êtes en détresse puis vous posez plein de questions, oui, je peux
vous offrir un éclairage, et prenons rendez-vous à tous les lundis soirs de 8 à
9 pendant les prochaines semaines. Ça, vous pourriez dire : Bien, ah! là,
on commence à définir ce qui est un engagement. Puis ça va être beaucoup plus
insidieux que ça : Vous allez venir, vous n'allez pas venir? Je vais vous
prodiguer des conseils pendant cinq minutes, 15 minutes. Tout dans le non-dit,
et on va reconnaître là une thérapie de conversion, mais on risque de la
laisser passer dans les mailles du filet, c'est juste ça, versus : Oui,
oui, oui! Moi, je ne pense pas, en tout respect, comme le ministre, que...
Puis, il l'a bien dit, ce n'est pas une lumière rouge, c'est une lumière jaune.
La lumière est jaune pâle, sinon elle est verte, elle est verte pâle, là. Moi,
je pense qu'on pourrait le faire puis dire : C'est interdit, et
l'appliquer aux pénalités au Québec également.
Moi, entre deux mots, de dire : Bien
là, oui, on ne veut pas faire invalider la loi... Puis je suis d'accord avec la
collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, on veut que ça soit applicable le plus
rapidement possible puis qu'on couvre le plus, mais il est là. Alors, je ne
sais pas si le ministre peut <penser à...
M. Tanguay
:
...et l'appliquer aux pénalités au Québec
également. Moi, je... Entre
deux maux, de dire : Bien là, oui, il ne faut pas faire invalider la
loi... Puis je suis
d'accord avec la
collègue de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
on veut que ça soit applicable le plus
rapidement possible puis qu'on
couvre le plus, mais il est là.
Alors, je ne sais pas si le
ministre
peut> penser à... puis je lui suggère ça, là, puis on va passer à autre
chose, là, j'ai dit ce que j'avais à dire là-dessus, là. Je le sais que je ne
peux pas faire, par la porte d'en arrière, à l'article 3 s'il refuse 0.1
de ma collègue, mais on pourrait-u enlever «s'engager à» quand on va être
rendus à 3?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Tanguay
: S'il
peut réfléchir à ça.
M. Jolin-Barrette :
Bien, Mme la Présidente, j'écoute le député de LaFontaine. Ce qu'on va faire,
le temps qu'on se rende à 3, je vais demander aux équipes de voir l'étendue, la
portée. On a des gens, au ministère de la Justice, qui peuvent regarder ça
pendant ce temps-là. Alors, en attendant, on va le regarder, puis je vais
revenir, lorsqu'on va être à l'article 3, au député de LaFontaine, avec...
Parce que, je vous le dis, moi, mon objectif,
c'est de couvrir le plus large possible. Puis j'entends les préoccupations du
député de LaFontaine, et j'en suis, je ne veux pas qu'on n'échappe rien, le
tout dans notre champ de compétence. Ça fait que je vais lui revenir lorsqu'on
sera rendus à l'article 3.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, monsieur... Pour votre gouverne, il reste
15 secondes.
M. Tanguay
: Ah! bien,
je salue. Merci pour l'ouverture du ministre. Et j'insiste sur le fait que,
dans probablement la très grande majorité des cas, il n'y aura pas
d'engagements formels, ça va être insidieux, puis il faut les démasquer, les
pogner puis les interdire. C'est ça, mon objectif. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Est-ce que j'ai d'autres interventions
sur... Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Juste
pour... Excusez-moi. Juste pour clore le débat, je voulais savoir s'il y avait
une autre formulation qui serait acceptable pour le ministre. Je pense que c'était
plus l'angle que voulait aborder ma collègue, la cheffe du deuxième groupe
d'opposition. Ça fait que juste de savoir s'il y avait une autre formulation
qui serait plus acceptable, même si, mettons... si... Je comprends,
«interdiction», ce n'est peut-être pas le mot. J'ai écouté le débat, c'était
très instructif, mais, si, mettons, je regarde un amendement potentiel qui s'en
vient, on utilise le mot «empêcher», pour la publicité.
Ça fait qu'est-ce qu'il y a, peut-être,
une autre formulation qui serait acceptable pour donner le ton qui est exigé
pour protéger, pour que les gens comprennent, pour que ça soit clair?
Mme Lecours (Les Plaines) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, je vous dirais, dans la formule actuelle, c'est difficile parce qu'on
vise l'interdiction. Je comprends la députée de Westmount—Saint-Louis, elle
nous dit : Trouvons un autre libellé.
J'aurais plus d'ouverture à travailler sur
3 que, dès le départ, dans la loi, si c'est trop restrictif au départ. Je pense
qu'on est mieux de rentrer à l'article 1 avec les définitions explicitées
comme il faut, qu'est-ce qu'on veut dire par «thérapie de conversion», puis
ensuite venir essayer de bonifier le reste du texte.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre.
Mme Maccarone : O.K.
Parce que l'autre préoccupation que j'ai, c'est dans... Puis on n'a pas eu la
chance de faire le débat, mais je sais que ça s'en vient, puis je ne pense pas
que ça fait <partie...
M. Jolin-Barrette :
...mieux de rentrer à
l'article 1 avec les définitions, explicitées
comme il faut,
qu'est-ce qu'on veut dire par thérapie de conversion,
puis ensuite venir essayer de bonifier le reste du texte.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Merci, M. le ministre.
Mme Maccarone :
Parce
que l'autre
préoccupation que j'ai, c'est dans... Puis on n'a pas eu la
chance de faire le débat, mais je sais que ça s'en vient, puis
je ne
pense pas que ça ferait> partie vraiment d'un débat, mais de la façon
qu'on a écrit l'amendement, c'est qu'on indique non seulement les thérapies de
conversion, mais là on commence à introduire les pratiques de conversion.
Alors, je ne veux juste pas qu'on oublie que c'est aussi le sens qu'on veut
aborder, suite aux témoignages que nous avons entendus. Puis je sais que le ministre
avait déjà démontré une ouverture à ceci, mais c'était aussi de placer la table
pour tous les articles suivants aussi. <C'était... > Le désir à
l'intérieur de cet article, c'était non seulement de commencer avec un message
fort, mais aussi de mettre la table pour que les gens comprennent que... c'est
quoi aussi le début de la définition.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions
sur l'amendement? Alors, si je n'ai pas d'autre intervention... Oui, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Avant qu'on passe
à l'article 1... C'est là qu'on s'en allait?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Exact.
Mme Massé : Est-ce que je
pourrais vous demander une brève suspension, s'il vous plaît? J'aurais besoin
de parler à ma collègue de Westmount—Saint-Louis.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais suspendre.
Mme Massé : Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 54)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, la commission reprend ses travaux. Avant la
suspension, nous en étions rendus à… je pense qu'il n'y avait plus
d'intervention sur l'amendement introduisant l'article 0.1. Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons placer aux voix l'amendement
introduisant l'article 0.1. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Vote
par procuration : Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) pour M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Contre.
La Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: Mme
Guillemette (Roberval)?
Mme Guillemette : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
La Secrétaire
: M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Abstention.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement introduisant l'article 0.1
est donc rejeté. Nous en sommes maintenant… nous allons donc entamer la lecture
de l'article 1 ainsi que les explications. M. le ministre, je vous cède la
parole.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, à l'article 1, Mme la Présidente :
«1. La présente loi vise à protéger les
personnes contre les préjudices occasionnés par les thérapies de conversion,
lesquelles sont susceptibles de porter atteinte à leur intégrité et à leur
dignité.
On entend par "thérapie de
conversion" toute pratique ayant pour but d'amener une personne à changer
son orientation sexuelle, son identité de genre ou son expression de genre. Est
cependant exclu tout traitement médical ou intervention chirurgicale destinés à
changer le sexe d'une personne ainsi que l'accompagnement requis à cette fin.
Est également exclu l'accompagnement d'une personne dans le cadre de sa
démarche d'acceptation ou de son orientation sexuelle, de son identité de genre
ou de son expression de genre.»
Alors, pour les commentaires, Mme la
Présidente : Cette disposition énonce le principe du projet de loi qui est
de protéger les personnes contre les thérapies dites de conversion, qui sont
dispensées pour amener un changement à leur orientation sexuelle, leur identité
de genre ou leur expression de genre. Elle reconnaît que les préjudices
occasionnés par ces thérapies sont susceptibles de porter atteinte à
l'intégrité et à la dignité de la personne.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Est-ce que j'ai des
interventions sur l'article 1? Mme la…
Mme Maccarone : Mme la
Présidente, je veux juste valider dans ce que le ministre a partagé… qui ne
sont pas tous déposés dans le Greffier, il y avait un amendement. Est-ce qu'il
propose d'aller vers l'avant avec son <amendement…
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...merci beaucoup, M. le ministre. Est-ce que j'ai
des interventions sur l'article 1? Mme la…
Mme Maccarone : Mme la
Présidente, je veux juste valider, dans ce que le ministre a partagé, qui ne
sont pas tous déposés dans le Greffier, il y avait un amendement. Est-ce qu'il
propose d'aller vers l'avant avec son> amendement ou non?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, suspendons quelques instants.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 57)
16 h (version révisée)
(Reprise à 16 h 2)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : La commission reprend ses travaux. Nous en étions donc,
après la lecture de l'article 1 et les explications, aux commentaires. Est-ce
que j'ai des commentaires? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, Mme la
Présidente. Avec consentement, j'aimerais déposer un amendement au deuxième
alinéa de l'article 1.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Donc, est-ce que l'amendement est dans Greffier? Est-ce
que vous l'avez déposé dans Greffier?
Mme Maccarone : ...en chemin.
Mais parce que c'est très long, je propose que, pendant que c'est en chemin, je
peux peut-être, encore une fois, avec le consentement des collègues, commencer
au moins la lecture parce que c'est quand même...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est bien. On va éviter la suspension, je vais vous
permettre de faire la lecture. Il faut quand même que l'amendement, tout le
monde puisse l'avoir, alors je comprends. Allez-y avec la lecture de votre amendement.
Mme Maccarone : Bon. Bien, de
remplacer le deuxième alinéa de l'article 1 par le suivant :
«Les pratiques de conversion incluent tout
traitement, pratique ou effort soutenu qui vise à réprimer, décourager ou
changer l'orientation sexuelle, l'identité de genre, la modalité de genre ou
l'expression de genre de la personne ou ses comportements associés à un genre
autre que celui qui lui fut assigné à la naissance.
«Les pratiques de conversion
incluent :
«a) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui présument que certaines orientations sexuelles, identités de
genre, modalités de genre ou expressions de genre sont pathologiques ou moins
désirables que d'autres;
«b) Les traitements, <pratiques
et...
Mme Maccarone : ...qui lui
fut assigné à la naissance.
«Les pratiques de conversion
incluent :
«a) Les traitements, >pratiques
et efforts soutenus qui présument que certaines orientations sexuelles,
identités de genre, modalités de genre ou expressions de genre sont
pathologiques ou moins désirables que d'autres;
«b) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui tentent de réduire l'identification aux genres autres que celui
assigné à la naissance ou les rapports intimes et sexuels avec des personnes
d'une certaine identité de genre ou sexe assigné à la naissance;
«c) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui ont pour premier but l'identification de facteurs ayant pu causer
l'orientation sexuelle, l'identité de genre, la modalité de genre ou
l'expression de genre de la personne ou ses comportements associés à un genre
autre que celui qui fut assigné à la naissance, sauf dans un contexte de
recherche approuvé par comité d'éthique à la recherche;
«d) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui dirigent les parents ou tuteurs de limiter les comportements non
conformes dans le genre, d'imposer des pairs du même sexe assigné à la
naissance, ou d'intervenir autrement dans l'environnement journalier du
dépendant dans le but de réprimer, décourager ou changer l'orientation
sexuelle, l'identité de genre, la modalité de genre ou l'expression de genre de
la personne ou ses comportements associés à un genre autre que celui qui lui
fut assigné à la naissance;
«e) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui présument que les transitions sociales ou médicales sont
indésirables;
«f) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui délaient ou entravent la transition sociale ou médicale désirée
par la personne sans justification clinique raisonnable et libre de jugement;
«g) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui utilisent délibérément les noms, prénoms, termes genrés, et termes
d'orientation sexuelle autre que ceux utilisés ou acceptés par la personne
hormis lorsque requis par la loi.
«Les pratiques de conversion n'incluent
pas :
«a) Les évaluations et diagnostics nécessaires
ou désirés de dysphorie de genre ou autre catégorie diagnostique comparable
sous la dernière version du DSM ou du CIM;
«b) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui dispensent de l'acceptation et du support libre de jugement envers
l'orientation sexuelle, l'identité de genre, la modalité de genre ou
l'expression de genre exprimée par la personne ou ses comportements associés à
un genre autre que celui qui lui fut assigné à la naissance;
«c) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus visant à enseigner des stratégies d'adaptation pour aider à résoudre,
endurer ou diminuer des expériences de vie stressantes, tout en prenant toutes
les mesures raisonnables pour éviter de réprimer, décourager ou changer
l'orientation sexuelle, l'identité de genre, la modalité de genre ou
l'expression de genre de la personne ou ses comportements associés à un genre
autre que celui qui lui fut assigné <à la naissance...
Mme Maccarone : ...des
expériences de vie stressantes, tout en prenant toutes les mesures raisonnables
pour éviter de réprimer, décourager ou changer l'orientation sexuelle,
l'identité de genre, la modalité de genre ou l'expression de genre de la
personne ou ses comportements associés à un genre autre que celui qui lui fut
assigné >à la naissance;
«d) Les traitements, pratiques et efforts
soutenus qui visent à développer une identité personnelle intégrée en
facilitant l'exploration et l'autoévaluation des composantes de l'identité
personnelle, tout en prenant toutes les mesures raisonnables pour éviter de
réprimer, décourager ou changer l'orientation sexuelle, l'identité de genre, la
modalité de genre ou l'expression de genre de la personne ou ses comportements
associés à un genre autre que celui qui lui fut assigné à la naissance.»
Alors, merci pour votre patience. Je sais
que c'est quand même un amendement qui est assez long, mais c'est aussi très
bien réfléchi, c'est ce que tous les collègues ont vu puis qu'on a entendu lors
du témoignage de Florence Ashley. Florence Ashley nous a quand même préparé et
présenté une loi modèle. C'est le libellé exactement comme rédigé par Florence,
et je crois que c'est très clair. Toutes les personnes qui sont venues
témoigner, en commission parlementaire, nous ont dit puis nous ont exprimé
l'importance de la terminologie, l'importance de la définition, de s'assurer
qu'on n'a vraiment pas de trou à l'intérieur du projet de loi pour protéger le
mieux possible toutes les personnes qui sont potentiellement visées par une
pratique de conversion ou une thérapie de conversion.
Alors, c'est sûr, ça me tient à coeur,
parce que non seulement que Florence Ashley est quand même une experte, je sais
que c'était très bien réfléchi. Puis je pense que... pas en débutant, ou avoir
le débat, ou de réfléchir et de peut-être penser à accepter ce que Florence
nous propose, ça se peut qu'on manque une opportunité en or d'avoir un projet
de loi qui est «bulletproof», qui serait une belle réflexion de la société, qui
reflète vraiment ce qui est et ce qui n'est pas une thérapie ou une pratique de
conversion.
Alors, évidemment, j'espère que ce serait
souhaité et accepté par les collègues ainsi que le ministre de penser si nous
pouvons ajouter ceci au projet de loi n° 70, car le but, vraiment, de
ceci, c'est de s'assurer vraiment que c'est un projet de loi qui est bonifié.
Parce que, comme j'ai dit dans mes remarques préliminaires, c'est clair, on ne
va pas rouvrir le projet de loi n° 70 dans 10 ans, 20 ans,
25 ans, on ose espérer, mais... Ça fait que :Est-ce qu'on peut avoir
quelque chose qui est assez complet, exact? Puis c'est une définition qui vient
d'une personne qui est experte de la communauté. Alors, voilà les remarques qui
suivent le dépôt de cet amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
remercie la députée de Westmount—Saint-Louis <pour sa proposition...
Mme Maccarone : ...
définition
qui vient d'une personne qui est experte de la communauté. Alors, voilà les
remarques qui suivent le dépôt de cet amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Je remercie la députée de Westmount—Saint-Louis >pour sa
proposition d'amendement, ainsi que Florence Ashley pour sa proposition qu'elle
nous a transmise, aux membres de la commission. C'est un effort significatif et
c'est une contribution importante aussi, cette personne étant... se
spécialisant et ayant un intérêt particulier pour le dossier.
• (16 h 10) •
Quelques commentaires préliminaires, là.
C'est une définition qui est très détaillée et c'est une définition qui, je
vous dirais, est davantage écrite en termes de common law. Exemple, en matière
de croit criminel ou en matière de droit fiscal où on vient nommer chacune des
exceptions associées à la définition, ce que constitue ou ce que ne constitue
pas. Le risque avec une telle définition, c'est d'échapper quelque chose.
Tandis que la définition que nous proposons, c'est une définition davantage
civiliste, puis une définition qui... avec des termes, ils sont plus généreux,
si je peux dire.
Et on verra probablement, dans les
discussions que nous aurons tout à l'heure, si on élargit la définition, parce
que là, on parle de «toute pratique ayant pour but d'amener une personne à
changer son orientation sexuelle, son identité de genre ou son expression de
genre». Bien, «toute pratique», là, ça vise très, très large, là, ça a une
large étendue. Et une pratique, c'est toute forme, c'est toute incitation,
c'est tout traitement, c'est tout service. Une pratique, là, c'est ça, c'est le
fait de faire la chose, de proposer la chose. Alors, la définition de Florence
Ashley, elle est large. Et moi, respectueusement, je vous dirais : Ce que
l'on retrouve dans sa définition est inclus dans «pratique», et il faut le voir
comme ça.
Peut-être qu'on pourra bonifier
ultérieurement, tout à l'heure, l'alinéa 2° de l'article 1, mais à
utiliser la définition de Florence Ashley, ce qu'on risque peut-être de faire,
c'est d'échapper quelques bouts. Parce que, si on utilise cette définition-là
et que ce n'est pas nommément indiqué, ce qui en constitue ou ce qui est une
exception d'une façon très rigoriste, on risque de ne pas atteindre l'objectif
qu'on souhaite.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone : Ce que je
dirais, ce que je ne comprends pas, d'abord, c'est que, dans le libellé
exactement dans la loi, on parle des exclusions. Alors, c'est quoi, la
différence, si on parle déjà des exclusions puis on... Peut-être que c'est ça
qui ne conjugue pas bien pour moi dans ce que le ministre vient de <partager
avec...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...Mme la députée.
Mme Maccarone : Ce que je
dirais, ce que je ne comprends pas, d'abord, c'est que, dans le libellé
exactement dans la loi, on parle des exclusions. Alors, c'est quoi, la
différence, si on parle déjà des exclusions puis on... Peut-être que c'est ça
qui ne conjugue pas bien pour moi dans ce que le ministre vient de >partager
avec la commission.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, les
exclusions sont formulées en termes larges aussi pour faire en sorte qu'on ne
crée pas une situation... Puis on veut envoyer un message clair que le fait
qu'une personne procède à l'opération sur un changement de sexe, parce que vous
êtes en transition, on ne veut pas que le médecin soit poursuivi parce que ça
pourrait être considéré comme une thérapie de conversion. Alors, c'est pour ça
que la façon dont c'est écrit, on ne vient pas prévoir chacune des
sous-exceptions, parce que sinon, on pourrait se trouver dans une situation où
on échapperait quelque chose. Il faut laisser la latitude au niveau de
l'interprétation aussi, là.
Puis, dans le fond, c'est la construction
du droit aussi, de la façon de construire. En common law, le législateur vient
précisément, nommément, exclure toutes les exclusions, tandis qu'en droit civil
c'est différent un petit peu.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone : Il n'y a pas
une manière d'avoir... Je comprends, j'entends que c'est large, pas large.
J'aimerais savoir c'est quoi, qu'est-ce qui serait considéré comme large, pas
large. Est-ce qu'il y a une norme quelque part qu'on doit respecter?
Évidemment, je ne suis pas avocate. Quand je regarde ce qui est écrit
actuellement dans l'article 1, évidemment, pour moi, ce n'est pas assez large.
Ça fait que j'ai des préoccupations que, parce que ce n'est pas assez large puis
pas assez compréhensible, même si je reviens avec un autre amendement, puis
j'en ai plein de prêts, là, ce ne serait jamais... Présentement, dans la façon
que c'est écrit actuellement, on dirait que ce n'est pas assez large, mais quand
on vient puis on veut vraiment boucher tous les trous possibles, on dit que
c'est trop précis.
Ça fait, est-ce qu'il y a un mi-chemin
dans tout ça? Parce que le ministre a quand même choisi de parler d'un
accompagnement puis des traitements médicaux. Bien, ça figure aussi dans la
proposition de l'amendement que je viens de faire. Puis je remercie encore... C'est
moi qui l'ai fait, mais je veux juste m'assurer que je cite Florence Ashley,
parce que c'est Florence qui l'a vraiment rédigé. Ça fait que c'est quand même
inclus, sauf que Florence propose qu'on rajoute un petit peu plus pour
s'assurer que la compréhension est bonne.
Ça fait que si, mettons, on dit que
celui-ci, ça rejoint ce que nous voulions avoir comme une définition, est-ce
qu'on peut le retirer, le redéposer en indiquant que ce n'est pas... ce n'est
pas une liste exclusive, qu'on peut en rajouter autre chose, ou ça, c'est trop?
Parce qu'il me semble que ça, ce serait trop large, mais est-ce qu'il y a quelque
chose qui est manquant? Parce que ça, ce n'est pas assez, peut-être, ça, c'est
trop, mais il doit y avoir un mi-chemin.
Parce que si, mettons, c'était écrit avec moins de
mots, est-ce que ça aurait été acceptable? Tu sais, <je sais...
Mme Maccarone : ...
ce
n'est pas une liste exclusive, qu'on peut en rajouter autre chose, ou ça, c'est
trop? Parce qu'il me semble que ça, ce serait trop large, mais
est-ce
qu'il y a
quelque chose qui est manquant? Parce que ça, ce n'est pas
assez,
peut-être, ça, c'est trop, mais il doit y avoir un mi-chemin.
Parce que si, mettons, c'était écrit avec moins
de mots,
est-ce que ça aurait été acceptable? Tu sais, >je sais
que c'est quand même deux pages, mais ce que j'aime de ça, c'est que, vraiment,
les personnes vulnérables sont protégées. Puis les personnes qui pensent...
Parce qu'on a des... on parle souvent de la maltraitance, on parle souvent des
gens qui... Tu sais, veux veux pas, là, ça ne va pas faire le bonheur de tout
le monde, malheureusement. Je ne veux pas que ces personnes-là regardent la
définition actuelle puis disent : Ah! ça, là, ça ne s'applique pas à moi
parce que... ou, mon Dieu, je ne suis pas visé là-dedans, ça fait que je ne
fais pas partie de... En tout cas, j'ai juste une crainte que, si on ne va pas
plus large, qu'on manque une opportunité vraiment de boucher tous les trous
puis on va avoir de l'eau dans notre bateau.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : En
commentaire, Mme la Présidente, prenons l'exemple de la députée de Westmount—Saint-Louis,
ce qu'elle nous dit. Supposons, au paragraphe... Excusez-moi, j'ai la
version... Est-ce que c'est la même...
Mme Maccarone : ...
M. Jolin-Barrette : O.K. Bon.
Supposons, là... Allons au deuxième alinéa, là, les pratiques de conversion
incluent, a, b, c, d, e, f, g. La députée de Westmount—Saint-Louis nous dit :
Pour oeuvre pédagogique, supposons, pour renseigner la population, lorsque les
gens vont prendre la loi puis ils vont la lire, ils vont regarder: Est-ce que
je rentre dans a à g? Qu'est-ce qui arrive si la personne, sa situation, elle
ne la retrouve pas de a à g? Donc là, on vient dire... la personne va
dire : Bien, moi, je ne suis pas visée par a à g, puis en plus, le
législateur, supposons, aurait pris le temps de venir spécifier, c'est soit a,
c'est soit b, c'est soit c, d, e, f ou g. Là, nous, dans la proposition qu'on
fait dans le projet de loi, on parle de pratique, donc «pratique», c'est au
sens large. Le message qu'on veut envoyer à la population, c'est : Tout
type de pratique qui touche ça vise une thérapie de conversion, c'est une
thérapie de conversion.
Alors, c'est pour ça que je vous disais
tantôt, entre trop détaillé dans le micro, l'effet que ça peut avoir, c'est
que, si on vient nommément le faire, bien, comme la façon que c'est rédigé,
c'est plus à la version common law, c'est sûr, sûr, sûr, tandis que là, on a
une définition un petit peu plus large sous réserve qu'elle pourrait être
bonifiée s'il y a des termes qui peuvent être rajoutés ultérieurement. Tu sais,
c'est un peu le sens de pourquoi je ne souhaite pas nécessairement aller avec
cette définition-là, puis je souhaite que le message qu'on porte pour une
thérapie de conversion, c'est de dire : Bien, écoutez, c'est vraiment
toutes pratiques rattachées à un changement d'orientation sexuelle qui sont
visées, son identité de genre. Ça m'apparaît assez clair de le dire. Puis avec
le dépôt <du projet...
M. Jolin-Barrette :
...
pour une thérapie de conversion, c'est de dire : Bien, écoutez,
c'est vraiment toutes pratiques rattachées à un changement d'orientation
sexuelle qui sont visées, son identité de genre. Ça m'apparaît assez clair de
le dire. Puis avec le dépôt >du projet de loi, puis même, je vois, avec
le dépôt du projet de loi de la députée de Westmount—Saint-Louis, ce que les
gens retiennent beaucoup, c'est de dire : Ça existe, premièrement, ça n'a
pas de bon sens que ça existe, mais aussi ils sont heureux que le législateur québécois
mette une définition qui est quand même assez large aussi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: J'adhère
au principe qu'a étayé le ministre, rédaction de common law, rédaction
civiliste, mais il y a un mot magnifique de la langue française qui nous permet
de retomber dans le droit civil : «Les pratiques de conversion incluent, notamment...»
Et là, on est dans l'univers verdoyant du monde civiliste. Qu'en pense le ministre?
Bon. M'invite-t-il à déposer un sous-amendement?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je comprends que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la Présidente.
M. Jolin-Barrette : Oui,
excusez-moi, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pas de problème.
M. Jolin-Barrette : ...je
suis désolé, désolé. Mme la Présidente, je comprends l'argument linguistique
que me fait le député de LaFontaine, mais je lui dirais : Soyons plus
larges dès le départ, et j'aurais le même raisonnement s'il dépose un
sous-amendement à l'amendement de sa collègue. Je pense qu'il faut rester sur
les bases sur lesquelles nous sommes présentement. Et, Mme la Présidente, je
vous dirais même, le Parti libéral, à l'article 1 du projet de loi n° 599 aussi, adoptait l'approche aussi de thérapie de
conversion qui est «une pratique, un traitement ou un service qui vise soit à
rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre.» Donc, on voit, là aussi, qu'il
y avait une certaine... on voulait l'interpréter largement.
Donc, les travaux de Florence Ashley sont
plus... Il y a l'exercice qui a été fait de venir définir précisément tout ça, mais,
moi, je pense que, pour l'application de la loi, ce n'est pas nécessaire, et
même, ça pourrait avoir des conséquences, le fait d'aller aussi en détail comme
ça, qui pourraient faire en sorte que ça ne serait pas inclus.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Maccarone : C'est ça qu'on
pense, qu'ils n'iront même pas si loin que ça, parce que juste moi, ma
compréhension de... rendu là, au niveau fédéral, ils vont même inclure les
définitions de qu'est-ce que c'est, parce que, ça aussi, ça faisait partie de
qu'est-ce que Florence a partagé avec nous. Puis c'est sûr, je n'ai pas
incorporé ça, évidemment, parce que j'ai compris, puis je remercie ma collègue
de Joliette, qui a quand même fait un peu mon éducation de pourquoi il y a
quelque chose qui est là puis pas là.
M. Jolin-Barrette : Mais,
moi, ce que je veux juste rajouter, là, le législateur fédéral, là, lui, quand
il va légiférer dans le Code criminel, là, lui, son...
Mme Maccarone : ...évidemment,
parce que j'ai compris, puis je remercie ma collègue de Joliette, qui a quand
même fait un peu mon éducation de pourquoi il y a quelque chose qui est là puis
pas là.
M. Jolin-Barrette : Mais,
moi, ce que je veux juste rajouter, là, le législateur fédéral, là, lui, quand
il va légiférer dans le Code criminel, là, lui, son... pour que ça constitue
une infraction criminelle, il va devoir prouver matériellement chacun des
éléments de l'infraction. Ça fait que c'est pour ça qu'ils vont précisément
dans le détail aussi dans le Code criminel, de cette façon-là, parce qu'il faut
qu'ils fassent... qu'ils prouvent l'intention, mais aussi le geste aussi. Ça
fait que c'est un peu comme dans la loi de l'impôt. Ça fait que les... Souvent,
ce qui arrive, c'est que... Exemple, en droit fiscal, quand on lit la loi
fiscale, ce n'est pas évident à lire, parce qu'ils viennent combler chacun des
petits trous dans la loi, qu'au fur et à mesure que la jurisprudence évolue,
puis tout ça, après ça, le législateur fédéral intervient puis il vient combler
le tout. Donc, c'est une méthode de rédaction différente.
Mais je peux rassurer la députée de Westmount—Saint-Louis.
Avec le libellé que nous avons ou tel qu'il sera proposé ultérieurement, on
vient couvrir assez large pour couvrir les situations qui pourraient potentiellement
constituer des thérapies de conversion.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Maccarone : Est-ce qu'on
peut faire l'exercice de penser à... le pratico-pratique? Le projet de loi, tel
que c'est rédigé, je comprends qu'on aura des amendements qui vont venir, mais
de la façon que la définition est écrite actuellement, puis la différence entre
ce qui est proposé dans l'amendement, dont nous sommes en train de faire le
débat, juste... Puis je m'excuse de poser la question, c'est juste parce que peut-être
que je ne comprends pas comment que ça va fonctionner sur le terrain. Est-ce
que le ministre peut donner un exemple concret de personne qui va faire la
lecture, qui est une victime d'une thérapie de conversion, avec la définition
1, en comparaison avec la définition 2? Puis, dans le fond, il est où, les
trous? C'est ça, ma préoccupation, c'est qu'il y ait quelqu'un qui va être
échappé ici. On n'a pas plus un sens large.
Alors, ici, la définition... Bien, le pratico-pratique,
ça va avoir l'air de quoi, pour la personne sur le terrain, lors de l'adoption,
si c'est version 1 versus version B?
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, ma crainte, c'est qu'avec la définition de Florence Ashley, si la personne
lit la définition puis elle dit : Bien, ah! je ne rentre pas dans a à g,
elle va peut-être se dire : Ah! bien, ça ne s'applique pas à moi. Tandis
qu'avec «pratique, avec traitement ou service», ça, tout le monde sait que
c'est assez large, donc l'effet pédagogique sera encore là, sera plus grand.
Mais moi, ce que je souhaiterais vous dire
aussi, c'est que, pour toute personne qui serait victime d'une telle thérapie
ou qui pense être victime d'une telle thérapie, la personne pourra <s'adresser...
M. Jolin-Barrette :
...ça,
tout le monde sait que c'est assez large, donc l'effet
pédagogique sera encore là, sera plus grand.
Mais moi, ce que je souhaiterais vous
dire aussi, c'est que, pour toute personne qui serait victime d'une telle
thérapie ou qui pense être victime d'une telle thérapie, la personne pourra >s'adresser
au corps de police pour l'aspect pénal et pourra s'adresser à la Commission aux
droits de la personne, qui pourront la renseigner, et qui pourront l'aider, et
qui seront à même d'évaluer est-ce que ça rentre dans la définition de thérapie
de conversion.
Puis je le dis, moi, je l'entends du sens
le plus large possible, là. C'est une définition, lorsqu'on parle de pratique,
pour moi, une pratique, c'est extrêmement large, là, c'est... ça doit être
interprété largement. Donc, l'objectif n'est pas d'être restrictif à ce
niveau-là. Donc, si on vient capsuler, si je peux dire, la définition, tel que
propose Florence Ashley, bien, on risque peut-être, malheureusement, que
certaines situations ne soient pas couvertes.
Mme Maccarone : Même si que
dans la première ligne, puis ce n'est pas inclus actuellement, mais je
rajouterais un mot : «Les pratiques de conversion incluent tout
traitement, pratique ou service», même si ça débute avec ça? Parce que c'est ça
que le ministre est en train d'évoquer.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
ce que je veux dire, moi, je suis ouvert à ça. Est-ce que c'est nécessaire de
le faire? Je ne le crois pas. Mais, pour plus de sûreté, pour que ça ait un
effet, comment dire, qui permettra à la population d'être informée, s'il y
avait un doute par rapport à «pratique», puis qu'ils se disent : Ah oui,
non, moi, c'est un service que j'ai reçu ou c'est un traitement, parce qu'on me
l'a vendu comme un traitement, supposons. Tu sais, la personne, là, le
charlatan qui fait ça dit : Ah! moi, c'est un traitement de guérison,
supposons. Puis là, parce que ce n'est pas indiqué «pratique de conversion»,
bien là, la personne va se dire : Bon, O.K. Mais, pour moi, c'est clair
que ça rentre dans le terme «pratique» même s'il s'agit d'un traitement. Mais
je suis ouvert à indiquer «pratique» ou «service» si ça peut amener davantage
de clarté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Maccarone : C'est sûr,
j'ai vraiment la préoccupation de... Je suis préoccupée. Je comprends,
j'entends ce que le ministre est en train de partager avec nous. Puis je
comprends qu'on pourra modifier pour dire «tout traitement, pratique ou
service». Mais j'aime beaucoup l'idée qui était proposée par le député de LaFontaine
si, mettons, on rajoutait «notamment». Bien, «notamment», il me semble, ça, ça
peut être vraiment le sens large. Ça, ça veut dire que ce n'est pas exclusif.
Alors, on est en train vraiment de boucher tous les trous pour dire qu'est-ce
que c'est, qu'est-ce que ce n'est pas, mais ce n'est pas exclusif parce qu'on
rajoute le mot «notamment». Ça fait que ça nous donne vraiment de la
flexibilité <dont nous avons...
Mme Maccarone : ...«
notamment»,
il me semble, ça, ça peut être
vraiment le sens large. Ça, ça veut dire
que ce n'est pas exclusif. Alors, on est en train vraiment de boucher tous les
trous pour dire qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que ce n'est pas, mais ce n'est
pas exclusif parce qu'on rajoute le mot «notamment». Ça fait que ça nous donne
vraiment de la flexibilité >dont nous avons besoin. Je regrette que ce
que j'ai lu, le mot «service» n'est pas inclus, mais mettons, si on rajoutait
ceci, puis on rajoutait aussi «notamment», mais est-ce que ça rejoint peut-être
les préoccupations dont le ministre est en train de partager? Puis comme ça, on
pourra vraiment s'assurer aussi que la définition...
Je comprends qu'on veut sens large, mais,
de l'autre côté, c'est tellement sensible que j'ai peur que, si on n'a pas une
définition qui résonne avec la communauté puis qui n'est pas élaborée, qu'on
manque une opportunité vraiment de pouvoir protéger le plus possible du monde. Mais
j'entends... c'est un très bon argument. Je ne dis pas que ce n'est pas basé,
fondé dans un bon jugement. Je comprends tout à fait, puis c'est bien expliqué.
Merci. C'est juste que j'essaie de trouver un mi-chemin, d'avoir quelque chose
qui est plus large, plus global sans être exclusif.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
l'autre point, Mme la Présidente, il y a deux choses qu'on fait, qu'on débute aujourd'hui.
Là, on est sur l'aspect législatif, mais il y aura aussi du travail à faire, au
sein de l'État québécois, pour sensibiliser, pour diffuser, pour former les
gens aussi, puis ça, ce n'est pas des mesures législatives qui sont dans un projet
de loi... qu'on n'a pas besoin de mesures législatives pour agir, mais c'est
sûr que les gens dans les différents réseaux, que ce soit de l'éducation ou de
la santé, dans les ordres professionnels aussi vont être outillés, et ça va
faire partie de la sensibilisation puis des informations qui vont être
transmises désormais.
Donc, que ce soient les travailleurs
sociaux ou les gens qui travaillent dans le système de santé, ils vont être
sensibilisés aussi davantage, parce qu'un des objectifs aussi du projet de loi,
c'est de faire en sorte que ça soit amené dans la sphère publique, puis je
pense que ça fait oeuvre utile aussi, pour dire : Bien, écoutez, là, un
jeune homme comme M. Nadeau qui a subi ça, bien lui va dire : Bien,
maintenant, il y a des recours, ça porte atteinte à ma dignité puis si c'est
une thérapie de conversion, la thérapie que j'ai suivie ou même les trois que
j'ai subies.
• (16 h 30) •
Mme Maccarone : Est-ce que le ministre
s'engage, d'abord, rendu à ce point-là, quand ça va être le moment de
sensibiliser la population, faire de la promotion positive puis d'éduquer le
monde de c'est quoi puis que ce n'est pas quoi? Est-ce qu'il s'engage de
s'assurer qu'il y aura quand même une consultation qui sera faite auprès de
Florence Ashley, puis les autres leaders de la communauté pour s'assurer que ce
qui est la définition fait consensus aussi puis ce qui n'est pas inclus dans la
définition de thérapie ou pratique de conversion aussi, qu'ils feront partie de
cette discussion.
Je sais, ma collègue, elle parle souvent
de Janik Bastien-Charlebois, je parle souvent de Florence Ashley, que ça soit
Dr Wells, je pense qu'il y a du monde qui pourrait vraiment aider...
16 h 30 (version révisée)
Mme Maccarone : ...aussi, puis
ce qui n'est pas inclus dans la définition de thérapie ou pratique de
conversion aussi, qu'ils feront partie de cette discussion. Je sais, ma collègue,
elle parle souvent de Janik Bastien-Charlebois, je parle souvent de Florence
Ashley, que ça soit Dr Wells, je pense qu'il y a du monde qui pourrait
vraiment aider dans la réflexion, avant que ça soit quelque chose qui sera
juste diffusé «at large», mais qu'au moins, ils vont pouvoir partager un peu
une réflexion pour s'assurer que ce qui est diffusé reflète vraiment ce que
désire la communauté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, ça, Mme la Présidente, je suis très ouvert. Écoutez, plus on utilise des
expertises qui sont à la portée du ministère de la Justice, du Bureau de lutte
à l'homophobie et la transphobie… Je pense que le fait d'avoir les meilleurs
outils, les meilleurs éléments, de collaborer avec les gens, je pense que c'est
une bonne chose, surtout que l'objectif du gouvernement du Québec, c'est de
dire que ces pratiques-là sont barbares puis de venir protéger la population.
Ça fait que, bien entendu, si les gens ont une expertise particulière dans ce
domaine-là, on est très heureux qu'ils la partagent puis qu'ils fassent
progresser aussi la littérature associée à cette réalité-là aussi qui est
vécue.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : «I'm going to be picky, just a little picky.» Être ouvert,
ce n'est pas la même chose comme oui. Ça fait que, est-ce que le ministre
s'engage, il dit : Oui, je vais consulter la communauté, telle que les
personnes que j'ai déjà nommées, qui vont pouvoir participer dans la réflexion
avant qu'on fait la désignation de… puis l'éducation de la population.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, je peux m'engager à consulter différentes personnes. Est-ce que
je peux vous dire, dans un laps de temps x, à telle date, je vais avoir
consulté Florence Ashley ou Mme Janik...
Mme Maccarone :
Bastien-Charlebois.
M. Jolin-Barrette :
...Bastien-Charlebois, qu'on a déjà appelé cette semaine aussi, donc,
voyez-vous, on consulte, on consulte, mais...
Mme Maccarone : Ce n'est
pas le temps qui me préoccupe, c'est juste de m'assurer qu'il y a quand même
des personnes concernées qui sont des experts. J'aimerais juste avoir une
assurance qu'ils feront partie de la réflexion avant d'aller vers l'avant avec
la pédagogie ici, c'est tout.
M. Jolin-Barrette : Je
peux vous assurer que, déjà, le Bureau de lutte à l'homophobie tient des
consultations. Je peux vérifier si Florence Ashley a été consultée. Je crois
que Mme Janik a été consultée. Peut-être? Bah! nous allons les consulter.
Donc, le ministère de la Justice les consultera.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
Je trouve intéressant l'amendement de ma collègue de Westmount—Saint-Louis.
C'est son amendement, mais évidemment, elle a repris le fruit du travail de
Florence Ashley, que nous avons entendu en audition. Puis je pense qu'on touche
un élément important… Puis on ne pourrait pas, Mme la Présidente, trop insister — puis,
je pense, je l'ai dit dans mes remarques préliminaires — sur
l'importance de définir ce que l'on veut empêcher et ce que l'on ne veut pas
empêcher. Puis c'est de droit, c'est de domaine nouveau, puis les mots qu'on
met dans la <loi...
M. Tanguay
:
...mes
remarques préliminaires — sur l'
importance de
définir ce que l'on veut empêcher et ce que l'on ne veut pas empêcher. Puis c'est
de droit, c'est de domaine nouveau, puis les mots qu'on met dans la >loi
là, «thérapie de conversion», il n'y en avait pas, au Québec, dans le corpus législatif
au Québec.
Puis la société évolue, puis on apprend, entre
autres, Mme la Présidente, je vais prendre l'exemple de qu'est-ce que la
pornographie, et il y a des... Historiquement, il y a toujours eu des lois qui
interdisaient la pornographie, qui ne définissaient pas la pornographie, ce qui
était interdit, tout ça. Évidemment, les sociétés ont évolué jusqu'à tant où, à
un moment donné, un juge, je ne me rappelle pas de quelle cause et dans quel
contexte, dans quel pays, mais dans nos cours de droit, un juge à qui l'on
demandait : Bien, vous interdisez... vous appliquez la loi qui interdit la
pornographie, mais, pour vous, c'est quoi, la pornographie? Puis il avait
répondu : Bien, pornographie, quand j'en vois, je le sais. Alors, une
fois... Puis je ne sais pas si on se rappelle de ça, dans nos cours de droit,
c'était assez... pathétique, c'est peut-être un peu trop fort, parce qu'il
était de son temps, mais ça ne peut pas marcher, ça ne peut pas fonctionner. Madame
Bovary, qui est immense roman de Gustave Flaubert a subi un procès au XIXe siècle,
en France, en 1857, parce qu'on voulait sanctionner «tout outrage à la morale
publique et religieuse et aux bonnes moeurs», fin de la citation. Il avait subi
un procès, puis ça avait été historique. Puis aujourd'hui, on lit ça puis on
dit : «Oh my God!
Pourquoi c'est important? Puis en
regardant ça, puis là je veille à tout le sérieux de la discussion que l'on a,
je prends chacun des éléments, là, puis j'invite le ministre à me suivre, les
pratiques de... Autrement dit, moi, si j'étais juge, comment je pourrais, dans
mon for intérieur, sans plus ample indication ou sans plus ample aide d'un
article 1 mieux étayé, plus étayé, comment je pourrais définir c'est quoi,
amener une personne à changer son orientation? Et là je prends juste l'élément
de «…incluent : [...] c. Les traitements, pratiques et efforts soutenus
qui ont pour premier but l'identification de facteurs ayant pu causer
l'orientation sexuelle». Puis moi, je vais être très honnête, Mme la
Présidente, quand j'ai lu ça, je sais que Florence Ashley a fait une... est sur
le terrain, connaît très bien le domaine, je me suis posé la question, comme
législateur : Est-ce que ça, c'est suffisant? Est-ce que, dans un contexte
où une personne identifie face à une autre des facteurs ayant pu causer
l'orientation sexuelle, est-ce que ça, c'est une thérapie de conversion? Puis
savez-vous quoi, Mme la Présidente, je ne le sais pas. Je vous avoue, je ne le
sais pas. Est-ce que ça, ça devrait être jumelé et cumulatif avec autre chose?
Autrement dit, de quoi on parle ici? Je suis prêt à le reconnaître, je suis
prêt à le sanctionner, mais est-ce qu'on veut la faire tomber, cette
identification-là de «facteurs ayant pu causer l'orientation <sexuelle»...
M. Tanguay
:
...je vous avoue, je ne le sais pas.
Est-ce que ça, ça devrait être jumelé
et cumulatif avec d'autre chose?
Autrement dit, de quoi on parle ici? Je
suis prêt à le reconnaître, je suis prêt à le sanctionner, mais
est-ce
qu'on veut le faire tomber, cette identification-là de «facteurs ayant pu
causer l'orientation >sexuelle»? Est-ce que le fait de laisser entendre
ça... Puis, à le lire, Mme la Présidente, évidemment, c'est un élément qui est
condamnable. Je ne suis pas en train de dire qu'identifier ou tenter
d'identifier des facteurs ayant pu causer l'orientation sexuelle, ça fait place
à discussion. Je veux dire, on est clairement dans le domaine où ce n'est pas
des propos, ce n'est pas des éléments où que moi, personnellement... et je
pense que c'est condamnable, mais est-ce que ça, dans un contexte x bien
particulier, ça entre dans la catégorie «c'est une thérapie de conversion»?
Alors, ça, cet élément-là, isolément, Mme
la Présidente, très clairement, il est condamnable, mais est-ce que c'est
suffisant en soi? Et ce questionnement-là que moi, j'ai, et très clairement que
je veux qu'il soit condamné, est-ce que ce sera pris en compte par le tribunal
si on ne précise pas davantage «…"thérapie de conversion" toute
pratique ayant pour but d'amener une personne à changer son orientation»?
Alors, il est clair que, si vous essayez
d'identifier des facteurs qui n'existent pas ayant pu causer l'orientation
sexuelle, qui, par définition, en 2020, n'existent pas, est-ce que ça, on ne
mériterait pas, on ne devrait pas, comme législateurs, de donner davantage,
dans la loi, une définition... Puis je comprends, là, je veux dire, on se rend
jusqu'à l'élément g, pour ce que ça comprend, mais est-ce qu'on ne pourrait pas
justement... puis ce n'était pas une boutade tantôt, «incluent notamment», puis
le mettre, cet élément-là, puis en mettre d'autres, «notamment»? Est-ce qu'on
pourrait avoir cette réflexion-là? Parce qu'encore une fois il ne faut pas
passer à côté de l'objectif qu'on s'est donné. Et je ne voudrais pas, Mme la
Présidente... Parce que la loi pourrait être adoptée la semaine prochaine ou
dans deux semaines, je ne voudrais pas que les débats s'éternisent en Cour
d'appel pour essayer de définir c'est quoi, une thérapie de conversion. Alors,
est-ce qu'on pourrait ajouter des «notamment»?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, Mme la Présidente, on pourrait ouvrir sur la question des services ou des
traitements, mais je ne souhaite pas aller aussi large que le député de
LaFontaine le souhaite parce que je veux garder un élément qui est prévisible,
qui est assez large pour indiquer clairement que c'est une pratique, donc ça
doit viser largement. Donc, pour les raisons que j'ai mentionnées précédemment,
je ne souhaite pas aller vers le «notamment» avec la liste associée qui est
proposée. D'ailleurs, j'ai la confirmation, Mme la Présidente, que le bureau de
lutte à l'homophobie consultera Florence Ashley ainsi que Mme Janik.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
:
Est-ce que le bureau de lutte... comme vient de le mentionner M. le <ministre...
M. Jolin-Barrette :
...j'ai la confirmation,
Mme la Présidente, que le bureau de lutte à
l'homophobie consultera Florence Ashley ainsi que Mme Janik.
La Présidente (Mme Lecours,
Les Plaines) :
Merci, M. le ministre.
M. le
député de
LaFontaine.
M. Tanguay
:
Est-ce
que le bureau de lutte... comme vient de le mentionner
M. le >ministre...
Y a-t-il... puis, juste pour ma gouverne, au niveau de la magistrature, y
a-t-il des formations, des échanges de... Qu'est-ce qui est fait? Dans un
contexte où, dans tout métier... Puis, je veux dire, être juge, c'est, en soi,
une profession, c'est une... c'est l'aile juridique, c'est excessivement
important, il y en a toujours de la formation continue. Est-ce qu'il y a...
Est-ce que le Conseil de la magistrature est proactif là-dedans? Est-ce que le
ministre de la Justice a ces indications?
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, Mme la Présidente, le député de LaFontaine vient de soulever un très bon
point. Je pense que nous aurions tout intérêt, comme société, à s'assurer que
les juges, notamment ceux de la Cour du Québec, soient invités à suivre des
formations relativement aux minorités sexuelles, surtout en lien avec ce que le
législateur québécois fait. C'est une première. Et, si c'est une suggestion du
député de LaFontaine... Parce qu'à ma connaissance, puis on va faire des vérifications,
en fait, le bureau de lutte ne fait pas de formation pour la magistrature parce
que la Cour du Québec, il faut comprendre qu'en raison de l'indépendance
judiciaire ce sont eux qui font les formations pour les magistrats, Cour du
Québec, juges, Cour du Québec, juges de paix magistrats, et puis je pense qu'il
y a la conférence des juges aussi pour les cours municipales.
Cela étant, si c'est une proposition du
député de LaFontaine, éventuellement, il faudrait peut-être entamer une
discussion avec la Cour du Québec relativement à des situations... Puis on ne
se le cachera pas, de plus en plus, ils vont être confrontés à ce genre de
situations là. Même chose au niveau des violences à caractère sexuel. Je pense
qu'en matière d'agression sexuelle, de violence à caractère sexuel, de violence
conjugale ce serait une bonne idée peut-être que d'inclure, dans la formation
pour la magistrature, d'être sensibilisés à ce genre de situation là, et je
crois qu'il y a déjà des formations qui sont données, mais je pense que, comme
société, le fait, clairement, que, lorsqu'on devient juge, on soit sensibilisé,
on soit informé face à ces réalités-là, tout comme on l'est... Mme la
Présidente, le présent projet de loi fait en sorte que... Moi-même, je ne suis
pas sensibilisé... je n'étais pas nécessairement sensibilisé à la chose, tout
ça, c'était important pour moi, le fait d'intervenir dans le dossier pour les
thérapies de conversion, parce que je considère ça ignoble, mais j'ai appris
des choses durant la consultation avec les témoins. Alors, non, actuellement,
le bureau de lutte n'offre pas ce genre de formation là, c'est sûr qu'il y a
une indépendance judiciaire au niveau des juges de la cour, mais si ça devenait
une formation, je pense que les magistrats y gagneraient.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres
interventions sur l'amendement remplaçant l'alinéa 2° de l'article 1?
Oui, Mme la députée.
Mme Maccarone : C'est
juste une question. <Comment...
M. Jolin-Barrette :
...mais si ça devenait une formation, je pense que les magistrats y
gagneraient.
La Présidente (Mme Lecours,
Les Plaines) :
Merci,
M. le ministre. Est-ce que j'ai
d'autres interventions sur l'
amendement remplaçant l'alinéa 2
°
de l'article 1? Oui,
Mme la députée.
Mme Maccarone : C'est
juste une question. >Comment se fera ceci? Ça, c'est fait par règlement,
par directive? Comment qu'on peut s'assurer que cette formation se fait?
M. Jolin-Barrette : La Cour
du Québec est souveraine dans son offre de formation. Je sais que le
gouvernement fédéral a déposé un projet de loi pour la formation des juges au
niveau des violences sexuelles. Généralement, la Cour du Québec gère elle-même
ses propres formations, mais peut-être devrions-nous nous questionner
collectivement pour savoir si, lorsqu'on accède à la magistrature, n'y
aurait-il pas lieu d'avoir ce genre de formation là.
Alors, je pense que la société est rendue
là, et je pense que, lorsqu'on occupe un poste important comme celui de juge à
la Cour du Québec, où est appelé à trancher des litiges, des dossiers qui sont
importants, notamment en matière criminelle, d'agression sexuelle, des cas
comme ça en matière pénale où on traitera de thérapies de conversion, je pense
que je pourrais retenir la proposition du député de LaFontaine et inciter la
Cour du Québec, en tout respect de son indépendance, à travailler avec le
ministère de la Justice ou avec des ressources externes pour sensibiliser, ou
pour que les formations... ou que les magistrats aient de la formation en lien
avec les personnes issues des minorités sexuelles, leur réalité, mais aussi en
matière d'agression sexuelle, de violence sexuelle.
Mme Maccarone : Ça fait
que, dans le fond, c'est une recommandation.
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le cadre actuel, la magistrature, le pouvoir judiciaire, comme on
dit, sont indépendants, ils bénéficient de l'indépendance judiciaire, et c'est
une indépendance qui est interprétée largement par les tribunaux, par les
cours, par la magistrature. Et c'en est bien ici, dans notre état de droit,
c'est bien d'avoir une séparation des pouvoirs. Cela étant, il faut s'assurer
que l'ensemble des personnes qui sont appelées à rendre des décisions soient
pleinement sensibilisées à la réalité de la société actuelle.
Mme Maccarone : Juste une
question de même, Mme la Présidente, si on est avocat, on est assujetti à
40 heures, je pense, de formation professionnelle, ce n'est pas la même
chose pour les juges? On ne peut pas, mettons, l'écrire quelque part que... Il
rit, je ne sais pas si c'est... Ce n'est pas banal, là…
M. Jolin-Barrette : Non,
non, non…
Mme Maccarone :
...vraiment parce que je ne comprends pas, parce qu'il y a quand même une
formation professionnelle qui est suivie par de tels ordres, alors ce n'est pas
la même chose pour les juges?
M. Jolin-Barrette : Je
tiens à rassurer la députée de Westmount—Saint-Louis, aucunement ça ne m'amuse,
sa question, et je la <prends...
Mme Maccarone : ...je
ne sais pas si... Ce n'est pas banal, là...
M. Jolin-Barrette :
Non, non, non...
Mme Maccarone : …vraiment
parce que je ne comprends pas, i
l y a
quand même une formation
professionnelle
qui est suivie par de tels ordres, alors ce n'est pas la même chose pour les
juges?
M. Jolin-Barrette :
Je tiens à rassurer
la députée de
Westmount—Saint-Louis,
aucunement ça ne m'amuse, sa
question, et je la >prends extrêmement
au sérieux. Très, très, très au sérieux. Alors, c'est le Conseil de la
magistrature qui détermine les formations pour les magistrats, c'est eux qui
font de la formation continue, c'est eux qui sont outillés et qui dispensent
les formations. Donc, ça relève du pouvoir judiciaire de faire ça, mais ce qui
est soulevé par la députée de Westmount—Saint-Louis et par le député de LaFontaine,
ce sont des points extrêmement pertinents, et nos institutions, qu'elles soient
au niveau du pouvoir politique, au niveau de l'exécutif, au niveau du législatif,
au niveau du judiciaire, c'est important que tous soient sur la même page et
qu'ils aient les formations sur les... comment je pourrais dire, les derniers développements
et la nouvelle réalité, la réalité des gens et des victimes de ce genre de
thérapie là, pour bien comprendre cette réalité.
À l'Assemblée nationale, avant, il n'y
avait pas de formation sur le harcèlement, il y a une formation sur le harcèlement
depuis trois ans. On s'est engagés, collectivement, ensemble, à avoir une
formation, la semaine dernière ou il y a deux semaines, avec une motion du
député de... le nouveau ministre des Affaires autochtones, sur les réalités autochtones.
Alors, tout le monde s'actualise, si je peux dire, alors la magistrature aussi,
et je retiens la suggestion du député de LaFontaine pour également inclure,
dans leur formation, ce genre de formation.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Je pense qu'on va avancer sur des
formations. Est-ce qu'on peut revenir sur l'amendement?
M. Tanguay
: Bien,
je pense qu'on est pas mal dans le contexte de 211. Juste... Puis je pense que
le ministre l'a effleuré puis... Une personne-ressource, en tout cas, nous, comme
législateur, puis le ministre a raison, le souligne, moi, j'en connais beaucoup
plus maintenant qu'il y a deux mois, là, je veux dire, on... Et c'est un
nouveau domaine où... en matière civile, recours civiliste, recours en matière
civile, là, 1457, 1458, il y a des femmes et des hommes qui vont juger de
condamner ou pas une personne parce qu'elle aurait commis la faute de faire une
thérapie de conversion. Alors, il faut absolument, puis je salue l'ouverture du
ministre également, dans le contexte où on devra respecter évidemment
l'indépendance judiciaire... Puis peut-être une personne qui nous a fait
cheminer beaucoup, nommément Florence Ashley, qui est l'auteure des lignes qui
se retrouvent dans l'amendement de la collègue de Westmount—Saint-Louis, <pourra,
elle... >cette personne-là pourra participer d'une formation également,
puis apporter son expertise, je dirais. Je pense que c'est important de le
souligner, puis peut-être que le bureau de lutte pourra faire appel à Florence
Ashley.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, je pense qu'on fait des avancées <intéressantes...
M. Tanguay
:
...pourra participer d'une formation également, puis apporter son expertise, je
dirais. Je pense, c'est important de le souligner puis
peut-être que le
bureau de lutte pourra faire appel à Florence Ashley.
La Présidente (Mme Lecours,
Les Plaines) :
Merci beaucoup, je pense qu'on fait des
avancées >intéressantes. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
pour remplacer l'alinéa 2° de l'article 1? Oui, Mme la députée de
Joliette.
Mme
Hivon
:
Oui. Bien, peut-être avant qu'on passe au vote, simplement dire que, de mon
côté, je reconnais la grande expertise, donc, de Florence Ashley, puis je vois
d'un bon oeil l'idée qu'on la consulte peut-être plus en détail de la part du
gouvernement, mais je lui avais justement posé la question parce que je
trouvais que le libellé de sa définition était très, très, très exhaustif et
qu'il s'inspirait d'une approche de la common law, mais malheureusement, dans
mon gros 2 min 30 s, on n'a pas pu avoir un gros échange en
profondeur sur la question. Puis je pense qu'il faut être prudent à ne pas
dénaturer notre droit civil avec des concepts importés de la common law, qui
s'imbriquent mal dans l'ensemble de notre corpus législatif.
Donc, autant je suis d'accord avec le
raisonnement de ma collègue de Westmount—Saint-Louis, autant, pour le traduire
dans notre loi, je pense qu'il faut respecter un concept qu'on apprend aussi
dans nos cours de droit, qui est l'économie générale du droit en droit civil, ce
qui fait en sorte que le concept de faute en lui-même, imaginez-vous donc, il
n'est pas défini avec plein de paragraphes dans notre Code civil, et pourtant,
tout notre droit de la responsabilité civile est basé là-dessus. Donc, il faut
être conscients qu'on travaille dans le cadre du droit civil, et je pense qu'on
va travailler ensemble pour améliorer au maximum la définition qui est dans le
projet de loi, mais en respectant notre univers, qui est celui du droit civil.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, nous allons placer
aux voix l'amendement remplaçant le deuxième alinéa de l'article 1. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
:
M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Votre
par procuration, Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) pour M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
:
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: Mme Guillemette
(Roberval)?
Mme Guillemette : Contre.
La Secrétaire
:
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
La Secrétaire
:
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
:
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Contre.
La Secrétaire
:
Mme Lecours (Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement introduisant... non, là, ça, c'est
l'amendement remplaçant l'alinéa 2° de l'article 1 est rejeté. Nous
revenons donc à l'article 1. Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur
l'article 1? Mme la députée Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui. Mme la
Présidente, j'aimerais amener... apporter, pardon, un amendement, qui se lirait
ainsi...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que l'amendement est déposé sur Greffier <pendant...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...Nous revenons donc à
l'article 1.
Est-ce
que j'ai d'autres commentaires sur
l'article 1?
Mme la
députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Oui.
Mme
la Présidente, j'aimerais amener... apporter, pardon, un
amendement qui
se lirait ainsi...
La Présidente (Mme Lecours,
Les Plaines) :
Est-ce que
l'amendement est déposé
sur Greffier >pendant qu'on se parle? Ça va se faire pendant qu'on se
parle. Allez-y, madame.
Mme Massé : Merci
beaucoup. Ça va me demander de la collaboration.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais juste suspendre deux secondes.<, deux
secondes. >Je suspends.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
17 h (version révisée)
(Reprise à 17 h 4)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. La commission reprend ses travaux. Nous en étions
donc... nous avons... Nous sommes revenus à l'article 1. Et Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous aviez une intervention.
Mme Massé : Oui. Merci, Mme la
Présidente. En fait, effectivement, en revenant à l'article 1, on retourne
donc à... appelons ça ce qui est la définition et ce qui en est exclu.
Je pense qu'un des éléments importants
dans les rencontres que nous avons faites, c'est de nous rendre compte que le
projet de loi... Il fallait faire attention pour faire en sorte que ce qui est
dans le projet de loi ne vienne pas, disons, avoir des impacts négatifs pour
d'autres personnes. Et, bien sûr, vous m'en avez souvent entendu parler, je
parle notamment des personnes intersexuées.
Alors, je suis contente qu'on arrive dans
le premier article où dans lequel on va pouvoir effectivement prendre soin de
ne pas embêter plus qu'elles ne le sont déjà, ces personnes-là. Et donc je ne
ferai pas d'amendement à cette étape-ci, je vais laisser ma collègue déposer
l'amendement qu'elle veut déposer. Mais je tiens à dire que l'important pour
moi, entre autres, dans cet article-là, ça va être de s'assurer que les
personnes intersexes ne voient pas des impacts négatifs de cette loi-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Je comprends donc que la parole...
Je vais donc céder la parole à la députée de Sainte-Marie...
Mme Maccarone :
Westmount—Saint-Louis.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Westmount—Saint-Louis, je m'excuse. Je pense que vous avez
un amendement à déposer. Allez-y.
Mme Maccarone : Oui. Alors,
l'amendement se lit comme ci : Remplacer le deuxième alinéa de <l'article 1
par ce qui suit :
«On entend par...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...je vais donc céder la parole à la députée de
Sainte-Marie.
Mme
Maccarone :
Westmount—Saint-Louis
.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Westmount—Saint-Louis, je m'excuse. Je pense
que vous avez un
amendement à déposer. Allez-y.
Mme Maccarone : Oui. Alors,
l'
amendement se lit par ce qui suit : Remplacer le deuxième alinéa
de >l'article 1 par ce qui suit :
«On entend par "pratique de
conversion" ou "thérapie de conversion" toute pratique, ou
traitement ou service visant à amener une personne à modifier, réprimer ou
décourager son orientation sexuelle, son identité de genre ou son expression de
genre, ou à réprimer ou réduire une attraction ou un comportement sexuel non
hétérosexuel. Toutefois, tout traitement médical ou intervention chirurgicale
découlant d'une démarche autonome d'affirmation de genre, ainsi que l'aide
nécessaire à cette fin sont exclus. Il est également exclu d'aider une
personne, dans le cadre d'un processus de non-jugement, à accepter son
orientation sexuelle, son identité ou son expression de genre.»
Je m'explique, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Maccarone : Alors, ceci
est une modification, un amendement de l'article qui a été écrit par le ministre
dans le 70. Ça représente une réflexion des amendements qui nous ont été
proposés non seulement par la communauté intersexe, telle que mentionnée par ma
collègue, mais aussi par le chef de recherche, Kristopher Wells. Et c'est une
adaptation que je pense, j'ose croire que... serait acceptable pour le ministre.
Parce qu'à l'intérieur de cet amendement on introduit aussi l'idée de
pratique de conversion, qu'on a dit qu'on pense que ce serait une bonne chose
d'aborder à l'intérieur du projet de loi. On parle de «traitement» et «service».
On parle... on vise ce que le ministre avait déjà écrit lui-même dans le projet
de loi, mais on rajoute... on change un peu la terminologie pour s'assurer que
ça reflète ce que la communauté cherche, entre autres à s'assurer que «réprimer
ou décourager», c'est quelque chose qui est reflété.
Alors, j'espère que ce sera adopté, évidemment,
car je pense que ça rejoint les critères que nous avons déjà débattus lors du
premier amendement que j'avais abordé. Je pense que c'est assez large et assez
complet pour rejoindre les critères que le ministre avait déjà faits, un exposé,
lors du débat que nous avons fait, ça fait peut-être 30 ou 60 minutes. Et,
comme j'ai dit, je trouve qu'aussi c'est une belle réflexion de ce que la
communauté nous a demandé de faire ainsi que les experts, que ce soit légal ou
de la communauté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, on ajoute, dans l'amendement de la députée de
Westmount—Saint-Louis : «Toute pratique...», bien, en fait, «toute
pratique» est déjà là, «…tout traitement ou service visant à amener une
personne à modifier, réprimer ou décourager son orientation sexuelle...» Donc,
on vient rajouter «réprimer ou <décourager...
M. Jolin-Barrette :
...on ajoute, dans l'
amendement de
la députée de
Westmount—Saint-Louis :
«Toute pratique...», bien, en fait, «toute pratique» est
déjà là, «…tout
traitement ou service visant à amener une personne à modifier, réprimer ou
décourager son
orientation sexuelle…» Donc, on vient rajouter «réprimer
ou >décourager… son identité de genre, son expression de genre, ou à
réprimer ou réduire une attraction ou un comportement sexuel non hétérosexuel.
Toutefois, tout traitement médical ou intervention chirurgicale découlant d'une
démarche autonome d'affirmation de genre, ainsi que l'aide nécessaire à cette
fin sont exclus.»
En fait, on n'est pas loin de ce que j'ai
proposé, mais on vient, encore une fois, rajouter des qualificatifs,
contrairement à ce que nous avons à l'article 1. Donc, la députée de Westmount—Saint-Louis
veut aller d'une façon plus large, c'est bien ce que j'entends?
• (17 h 10) •
Mme Maccarone : C'est
légèrement plus large. Dans le fond, les recommandations que je propose, c'étaient
celles qui, je crois, aussi, étaient envoyées au bureau du ministre, de Dr Kristopher
Wells, comme une modification qui rejoint aussi les définitions qui ont été
faites dans les autres provinces. Ça élargit un peu.
Mais, les exclusions, je pense qu'elles
sont importantes, parce que, oui, on vise surtout les personnes intersexes,
mais on vise aussi les personnes… comme on a entendu de la présentation d'Henri-June
Pilote, d'AlterHéros, de s'assurer que les personnes qui cherchent à avoir un accompagnement.
Parce qu'on ne veut pas faire le choix entre notre identité de genre ou notre orientation
sexuelle et la foi. On se comprend qu'on ne devrait pas faire ce choix-là. Mais
ça n'exclut pas qu'il y ait des personnes qui aimeraient avoir un accompagnement.
Puis je pense que les mots de
«non-jugement», c'est important, parce que, dans le fond, c'est ça qui est
visé, parce qu'on veut s'assurer qu'il y a... Encore une fois, le but, c'est de
boucher des trous, le but, c'est de s'assurer qu'on ne peut pas faire par la
porte en arrière ce qu'on ne peut pas faire par la porte en avant.
Alors, d'avoir une définition qui est légèrement
plus claire, je pense qu'on vise à protéger plus de personnes et s'assurer
qu'on a moins de personnes qui vont pouvoir essayer d'offrir une thérapie de
conversion ou une pratique de conversion. Puis aussi la communauté, surtout
quand on parle peut-être des mineurs, des personnes... ou des majeurs, mais des
personnes qui veulent avoir un accompagnement, des personnes qui cherchent à
avoir de l'aide pour mieux comprendre leur orientation sexuelle, leur identité
de genre, leur expression de genre. Je pense que c'est très important que ça
soit plus clair.
Je pense aussi que c'est une façon, de la
façon que c'est écrit, que les parents se voient aussi à l'intérieur de ceci.
On a tous reçu des lettres des parents qui ont des craintes par rapport à la
différence entre une <affirmation...
Mme Maccarone :
...l'expression de genre. Je pense que c'est très important que ça soit plus
clair.
Je pense aussi que c'est une façon, de
la façon que c'est écrit, que les parents se voient aussi
à l'intérieur
de ceci. On a tous reçu des lettres des parents qui ont des craintes
par
rapport à la différence entre une >affirmation puis une attente
vigilante, puis c'est sur la «coercion». Alors, c'est important que ça aussi...
Je pense que parce que c'est assez large, c'est englobé dans cette définition
et je rejoins ma collègue, en disant que je suis très contente, de s'assurer
que la communauté intersexe, eux aussi, se voie dans un tel amendement.
Je comprends que c'est complexe aussi. Tu
sais, je sais que… Tellement que c'est important, la définition, je suis
contente de voir que tout le monde sont en train de lire, puis de revoir, puis
est-ce que ça rejoint. Je suis prête à entendre s'il y a une façon de «perfecter»,
d'améliorer l'amendement s'il faut pour rejoindre une préoccupation, peut-être
que le ministre aimerait partager, ou une crainte. Mais c'est sûr, je pense,
qu'on est rendus très proche, comme lui-même a dit, ce n'est pas trop loin de
la définition, mais c'est un mi-chemin. Dans le fond, c'est un compromis, parce
qu'honnêtement ce que j'aurais voulu faire entretemps, c'était de déposer la
définition que j'avais écrite dans le projet de loi n° 599.
Mais, pour sauver du temps, parce qu'on a
déjà fait le débat sur le premier amendement que j'ai déposé, je ne voulais pas
refaire l'exercice. Alors, j'essaie d'acheminer, le plus rapidement possible
aussi, en trouvant un mi-chemin.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : J'aurais peut-être
juste une question sur la dernière phrase, là, qui est proposée par la députée
de Westmount—Saint-Louis, là. «Il est également exclu d'aider une personne dans
le cadre d'un processus de non-jugement, à accepter son orientation sexuelle,
son identité...» Qu'est-ce que vous voulez dire par «dans le cadre d'un processus
de non-jugement, à accepter son orientation sexuelle»?
Mme Maccarone : Je donnerais
un exemple. Si, mettons, un enfant, un adulte <aura... >aimerait
avoir un accompagnement par un psychologue, par un sexologue, par un
professionnel, par un ministre de l'Église... «a pastor», oui, religieux, cette
personne peut faire un accompagnement sans que ça se fait dans un jugement, en
disant que, oui, je vous accompagne mais sans jugement, en disant que je ne m'impose
pas, en disant que : Un accompagnement où je vais vous guider pour
respecter le genre dont vous êtes né avec, biologique, ou de vous convaincre de
ne pas faire un changement ou une transition de genre, par exemple. C'est ça
qu'on veut dire par «non-jugement».
Un accompagnement, c'est très important, parce
qu'il y a plein de personnes... On en a parlé, surtout, pour la communauté, on
a des difficultés. C'est de la pauvreté, c'est beaucoup de difficultés de santé
mentale, surtout des victimes qui ont subi de la thérapie de... ou une pratique
de conversion.
Alors, c'est important qu'eux, ils voient
qu'ils peuvent aller avoir une <consultation...
Mme Maccarone : ...un
accompagnement,
c'est très
important parce qu'il y a plein de personnes... On en
a parlé, surtout, pour la communauté, on a des difficultés. C'est de la
pauvreté, c'est beaucoup de difficultés de santé mentale, surtout des victimes
qui ont subi de la thérapie de... ou une pratique de conversion.
Alors, c'est important qu'eux, ils voient
qu'ils peuvent aller avoir une >consultation, un accompagnement, puis
c'est ça qu'on veut dire par «non-jugement». On ne veut pas, assurément, se
donner la liberté, à une professionnelle ou n'importe qui, à accompagner
quelqu'un avec un jugement, déjà, dans la tête : Moi, là, c'est sûr, je ne
vais pas accepter qui vous êtes puis je vais essayer de vous «coercer» à ne pas
accepter la personne que vous aimeriez être.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Donc
là, juste pour bien comprendre, vous dites : La personne qui accompagne un
individu dans son changement...
Mme Maccarone : Pas
changement, pas changement nécessairement. À accepter. Pas nécessairement
changement.
M. Jolin-Barrette : Donc,
est-ce que vous me parlez... Supposons que je suis hétérosexuel, là, et puis
que je m'en vais voir quelqu'un pour discuter, là, de mon orientation sexuelle,
vous dites : La personne que je vais voir, elle, il faut qu'elle fasse
preuve de non-jugement. C'est ça?
Mme Maccarone : On donne la
liberté aux gens de faire une consultation, oui, de cette façon-là. Comme par
exemple, on sait... Comme par exemple, si on a eu des personnes... des
interventions vis-à-vis la spiritualité, de s'assurer que cela, c'est
acceptable. C'est pour essayer de rejoindre la personne en disant que ce qui
est fait dans un esprit de non-jugement serait accepté. Mais, si c'est fait
dans le jugement, évidemment, ce serait inacceptable. Alors, c'est une façon d'élargir
un peu, de s'assurer que les gens, ils comprennent qu'ils peuvent consulter
puis avoir un accompagnement.
M. Jolin-Barrette : O.K. Mais
prenons, là, quelqu'un qui n'est pas membre d'un ordre professionnel. Parce que
les membres d'un ordre professionnel sont là pour protéger le public, puis eux,
ils doivent... ils ont un code d'éthique à respecter, tout ça, puis on va le
voir un petit peu plus loin, bien, enfin, le Code des professions, puis ils ne
peuvent pas faire de thérapie de conversion.
Là, vous, dans l'exclusion <que vous
incluez… >que la députée de Westmount—Saint-Louis inclue, elle nous
dit : Bien, c'est possible d'aider quelqu'un, de l'écouter, supposons, qui
se questionne sur son orientation sexuelle, son identité de genre ou son
expression de genre, mais il faut que la personne qui l'écoute, tout ça,
fasse... soit neutre, dans le fond, soit, si je pourrais dire, impartiale et
qu'elle l'accompagne en toute objectivité. Donc, exemple, si j'étais un
ministre du culte de x, y religion, là, bien là, <je... >comment
je pourrais dire, je repousserais la <doctrine de ma...
M. Jolin-Barrette :
...je pourrais dire, impartiale et qu'elle l'accompagne en toute objectivité.
Donc, exemple, si j'étais un
ministre du culte de x, y religion,
là, bien là, je...
comment je pourrais dire, je repousserais la >doctrine
de ma confession religieuse pour faire une écoute, supposons, compatissante
sans référer aux préceptes religieux de la foi que j'enseigne ou que je
diffuse. C'est ça?
Mme Maccarone : Exactement,
oui.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Mme Maccarone : Surtout pour
les personnes trans, je pense que ça va être hyperimportant pour elles. Une
transition, ce n'est pas facile. Alors, c'est important qu'elles sachent<
que... >, ces personnes, qu'elles peuvent avoir un accompagnement.
M. Jolin-Barrette : O.K. J'ai
une sous-question, là. Le «non-jugement», là, c'est assez difficile à évaluer
ou à mettre en place dans un article, supposons, parce qu'en fait tout le monde
a des préjugés. Vous, moi, la députée de Westmount—Saint-Louis, le député de
LaFontaine avons un préjugé, pas au sens négatif du terme, mais tous les
individus sont construits de ça, de leur parcours, de leur récit de vie, et
tout ça. Donc, d'où on vient, qui on est, qu'est-ce qu'on est, c'est parce
qu'on a vécu des situations, puis< on... >, comment on est
construits, on a des préjugés, pas nécessairement négativement, là. Donc, il
faut juste être conscient de : comment on réfléchit, bien, c'est à cause
de notre vécu.
• (17 h 20) •
Si je fais le parallèle avec nous, ce
qu'on a à l'alinéa un, quand on dit : «Est… exclu l'accompagnement
d'une personne dans le cadre de sa démarche d'acceptation de son orientation
sexuelle, de son identité de genre ou de son expression de genre.», en quoi ce
qui est prévu à l'alinéa deux de l'article 1 ne vous satisfait pas, et qui
amène la députée de Westmount—Saint-Louis à mettre le dernier bout de sa
proposition d'amendement? Parce que, dans le fond, l'accompagnement va être là,
là. La personne, là, qui veut discuter de son orientation sexuelle, qui est en
questionnement va pouvoir le faire, que ce soit avec un professionnel, que ça
soit avec un ami, un collègue ou un ministre du culte de son église, là.
Mme Maccarone : D'abord,
est-ce que ce serait plus souhaitable qu'on utilise un mot comme «neutre»? Ça,
c'étaient les mots qui ont été proposés, dans le fond, par les experts. Alors,
est-ce que c'est mieux à l'intérieur? Parce que c'est sûr, comme j'ai dit
d'emblée, je ne suis pas avocate ou légiste. Est-ce que ce serait mieux
d'utiliser un autre terme? La crainte, si ce n'est pas clair et identifié,
c'est qu'on ouvre la <porte...
Mme Maccarone : ...Alors,
est-ce
que c'est mieux à l'intérieur?
Parce que c'est sûr, comme je dis
d'emblée, je ne suis pas avocate ou légiste.
Est-ce que ce serait mieux
d'utiliser un autre terme? La crainte, si ce n'est pas clair et identifié, c'est
qu'on ouvre la >porte de faire ce que le ministre vient de dire comme
exposé, un ministre du culte pourrait faire l'inverse de ce que nous voulions
faire avec un accompagnement. Parce que l'accompagnement pour les personnes en
transition ou les personnes qui se questionnent, c'est très important. Alors,
on ne veut pas qu'elles pensent qu'on ne peut plus faire ceci. Comme des
personnes qui veulent consulter l'ordre des sexologues ou un psychologue, on
veut qu'elles savent que c'est acceptable, mais d'une façon qui est faite dans
un non-jugement.
Mais est-ce que c'est mieux qu'on utilise
un mot neutre? Je serais ouverte à ça. Peut-être c'est la terminologie, juste
le mot à changer.
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, tu sais, dans l'article, on prévoit que... qu'est-ce qu'une thérapie de
conversion. On part de ce que la thérapie de conversion... ce qu'elle est, puis
ensuite on vient définir trois exceptions de ce qu'elle n'est pas. Puis je
pense que, dans ce qu'on indique, «est également exclu l'accompagnement d'une
personne dans le cadre de sa démarche d'acceptation de son orientation
sexuelle, de son identité de genre…», ça couvre déjà la personne qui... Dans le
fond, les gens peuvent se confier à qui ils veulent.
Mais ce qu'on dit, c'est qu'on ne veut pas
que le ministre du culte, si on prend cet exemple-là, fasse une thérapie, fasse
une pratique de conversion puis qu'il dise : Non, non, tu n'es pas hétérosexuel,
tu es homosexuel, ou : Non, non, tu n'es pas homosexuel, tu es
hétérosexuel. Dans le fond, le comportement, il est réprimé. Par contre, le
ministre du culte qui dirait : Bien, je t'écoute par rapport à ton
questionnement, lui-même a ses enjeux, ses croyances personnelles, puis tout
ça, mais c'est propre à chacune personne d'écouter les gens comme ils le sont,
là. Puis je pense qu'on avait un témoignage aussi de dire : Bien, écoutez,
à l'intérieur des communautés des congrégations religieuses, il y a des gens
qui sont superouverts, là. Ça... comment je pourrais...
Si on vient qualifier la personne, c'est
parce qu'on ne sera pas capable de dire qu'elle est neutre ou elle n'est pas
neutre. Je vous donne l'exemple, là. Quelqu'un qui se confierait, là, à une
personne, puis qui n'est pas neutre, qui a des opinions, puis qu'elle
considère... n'est pas dans le même schème de pensée que le projet de loi qu'on
dépose, O.K.? Mais cette personne-là, si elle ne manifeste pas ses préjugés,
ses opinions, ses... puis qu'elle ne tente pas de convertir la personne, elle
peut être aussi d'une bonne écoute, puis avoir une écoute compatissante, puis
aider la <personne qui est en...
M. Jolin-Barrette :
...cette personne-là, si elle ne manifeste pas ses préjugés, ses opinions, puis
qu'elle ne tente pas de convertir, la personne, elle peut être aussi d'une
bonne écoute, puis avoir une écoute compatissante, puis aider la >personne
qui est en questionnement, sans lui imposer son jugement aussi. Donc,
voyez-vous, l'aspect de non-jugement, il est difficile à intégrer sur cet
élément-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui. Tout à
fait, j'entends le ministre. Puis, en anglais, je
dirais : «It's not a hill I'm going to die on». Ce qui est
important pour moi, c'est d'avoir le plus de clarté possible. Déjà, je trouve
qu'on fait des avancées à l'intérieur de l'article. Alors, est-ce que le ministre
a une proposition à faire qui pourrait respecter cette idée?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je vous
reviens dans une seconde, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que vous voulez qu'on suspende?
M. Jolin-Barrette : Non, ça
va.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, on y va.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
on, comment je... avec le libellé, tel qu'il est proposé, on se retrouve à
travers certaines... en contradiction avec certaines libertés fondamentales
propres à chacun des individus, aussi, qui pourrait avoir des impacts avec la
charte aussi. Donc, le fait de porter le non-jugement... En fait, ce qu'on veut
attraper, ce qu'on veut viser avec la loi, c'est le comportement de la
personne, le fait de dispenser une thérapie de conversion puis le fait de
protéger la personne. Mais on ne peut pas agir sur ce qu'elle pense, la
personne elle-même, par voie législative. On peut faire de la sensibilisation
pour changer la promotion, pour changer les croyances, changer les
comportements, démontrer de l'ouverture, sensibiliser à la réalité des
personnes issues de minorités sexuelles, mais on ne peut pas, dans la loi,
venir dire : Vous allez penser ça quand quelqu'un va se confier à vous sur
cet élément-là. Mais, par contre, où la loi fait en sorte d'agir, c'est que, si
la personne à qui on se confie a une pratique qui vise la conversion de la
personne vers une orientation hétérosexuelle, si elle est homosexuelle, ou vice
versa, là, à ce moment-là, on atteint l'objectif recherché.
Mme Maccarone : Alors, <est-ce
que le ministre... >est-ce que l'amendement serait acceptable
pour le ministre si on enlève le mot «non-jugement»? Est-ce que les autres
éléments qui ont été ajoutés sont acceptables?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans les autres... ajouts, vous rajoutez?
Mme Maccarone : «Pratique de
conversion», «réprimer ou réduire»...
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je serais ouvert sur le «traitement ou le <service»...
Mme Maccarone : ...d'autres
éléments qui ont été ajoutés sont acceptables?
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans les autres... ajouts, vous rajoutés?
Mme Maccarone : «Pratique
de conversion», «réprimer ou réduire»...
M. Jolin-Barrette :
Bien,
écoutez, moi, je serais ouvert sur le «traitement ou le >service».
Sur la question de modifier, «réprimer ou décourager», je pense qu'on a un
libellé assez large, là, avec «changer son orientation sexuelle», là. Je pense
que le fait de dire «changer», il est déjà... il couvre déjà assez largement
ces trois termes-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Sur
précisément cet aspect-là, juste pour la réflexion du ministre, puis je suis d'accord
avec lui, dans sa mouture, c'est «changer». Là, on met «modifier». «Changer» ou
«modifier», je pense qu'on peut vivre avec ça, c'est du un pour un, «changer», «modifier»,
c'est du un pour un. Le ministre, dans son projet de loi, c'est «changer», nous
on en ajoute trois. Le premier, «modifier», je pense que, que ce soit «modifier»
ou «changer»...
Mais l'autre, par contre, je veux juste
porter à son attention, «réprimer» n'est pas changer ou modifier. «Réprimer»,
dans le langage, c'est limiter le développement. Et «décourager», c'est ôter
l'envie de. Puis on peut voir que ce n'est pas modifier puis changer, là.
Alors, j'invite le ministre à peut-être
considérer, s'il veut garder «changer»... s'il ne veut pas changer «changer»,
on peut-u ajouter «réprimer et décourager»? Parce qu'en français — c'est
une langue riche — ce n'est pas la même chose. «Réprimer», je me
répète puis je termine là-dessus, «réprimer», c'est limiter le développement,
vouloir limiter le développement. Et «décourager», c'est vouloir ôter l'envie
de. C'est trois mots, avec «changer», «réprimer», «décourager», qui se
compléteraient bien, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : On va
suspendre quelques instants, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 29)
17 h 30 (version révisée)
(Reprise à 17 h 56)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : La commission reprend ses travaux. Avant de continuer, je
vais vous demander le consentement pour poursuivre un peu au-delà de
18 heures si tel est requis, si c'est requis. Consentement. Merci. Alors, Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis, oui.
Mme Maccarone : Étant donné
que nous avons beaucoup de discussions hors micro, puis on essaie de trouver un
mi-chemin pour rejoindre ce que tous les collègues aimeraient... souhaitaient
avoir et que... c'est sûr, tout le monde veut partager leur point de vue, puis
on est tous, je pense, en consensus pour les changements que tous les collègues
de l'opposition aimeraient faire, je propose que je suspende mon amendement
pour laisser la place à ma collègue d'avoir la possibilité de... Dans le fond,
c'est un libellé qui est déjà écrit dans l'amendement que j'avais déjà déposé.
Mais, pour lui donner la possibilité de déposer son amendement, pour accélérer
le processus à l'intérieur de l'article 1, je vais suspendre mon amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons donc suspendre l'amendement remplaçant le
deuxième alinéa de l'article 1. Je cède maintenant la parole à la
députée de Westmount... de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Je m'excuse. Allez-y.
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Merci à tout le monde d'essayer de trouver le chemin, comme on dit.
Alors, mon amendement se lit ainsi, c'est-à-dire : Remplacer dans le
deuxième <alinéa de...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...alinéa de l'article 1. Je cède maintenant la
parole à la députée de Westmount... de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Je m'excuse.
Allez-y.
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Merci à tout le monde d'essayer de trouver le chemin, comme on dit.
Alors, mon amendement se lit ainsi, c'est-à-dire : Remplacer, dans le
deuxième >alinéa de l'article 1 du projet de loi, «destiné à
changer le sexe» par «découlant de la démarche autonome d'affirmation de
genre».
Et ça se lirait donc ainsi, pour la
compréhension : «On entend par "thérapie de conversion" — qu'on
va bonifier avec le temps, mais — toute pratique ayant pour but
d'amener une personne à changer son orientation sexuelle, son identité de genre,
son expression de genre. Est cependant exclu tout traitement médical ou
intervention chirurgicale découlant de la démarche autonome d'affirmation de
genre d'une personne ainsi que l'accompagnement requis à cette fin…», et ainsi
de suite, jusqu'à la fin de l'article... de l'alinéa, pardon.
Écoutez, si vous me permettez, en quelques
mots, de défendre... mais je suis consciente qu'on n'a rien à défendre, on est
tous sur la même longueur d'onde, c'est-à-dire qu'il faut absolument, dans les
exclusions que nous allons adopter dans ce projet de loi là, qu'on trouve les
mots. Et je pense que la formulation qui nous a été proposée par Janik
Bastien-Charlebois, qui est la spécialiste canadienne au niveau des personnes
intersexes, en accord avec Florence Ashley, qui est aussi une personne qui a
une expertise en matière de thérapies de conversion, les deux s'entendent pour
dire que d'ajouter... de modifier, tel que je viens de le présenter, le petit
bout de phrase, bien, ça va faire en sorte de ne pas créer de mauvaises situations
pour l'avenir pour les personnes intersexuées. Et je sais que tous mes
collègues se reconnaissent là-dedans. D'ailleurs, certaines l'ont déjà intégré
dans leurs propositions d'amendements. Et donc, voilà, je n'ai pas plus que ça
à dire parce que je pense qu'on est tous du même côté de l'histoire par rapport
à ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai des interventions
sur l'amendement? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, je pense que l'amendement de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
est un amendement qui permettra de répondre aux droits des personnes intersexes
et qui répond à leurs aspirations également. Alors, j'accueille positivement le
dépôt de l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui...
• (18 heures) •
Mme Massé : ...bien, je suis
très heureuse que vous accueilliez... bien, je le savais, on l'accueillait
tous. Ceci étant dit, lors de nos échanges, on a pris conscience, M. le
ministre, que, concernant justement les droits fondamentaux des personnes
intersexuées, personnes intersexes, il y avait tout là un autre chantier qu'il
fallait entamer pour s'assurer que l'ensemble de leurs droits soient...
18 h (version révisée)
Mme Massé : ...on a pris
conscience, M. le ministre, que, concernant justement les droits fondamentaux
des personnes intersexuées, personnes intersexes, il y avait tout là un autre
chantier qu'il fallait entamer pour s'assurer que l'ensemble de leurs droits
soient respectés. Et je vous ai entendu le dire, mais je voudrais m'assurer...
et je voudrais surtout que ces personnes-là soient rassurées à l'effet que vous
avez bien compris leur message, comme quoi ce qu'on vient faire dans le projet
de loi n° 70, c'est de s'assurer qu'il n'y ait pas...
de situation que nous ne voulons pas puisse arriver, mais que... pas
parallèlement, mais que vous envisagez sous peu prendre à bras-le-corps toute la
question des droits des personnes intersexes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Mme
la Présidente, je pense que c'est un enjeu important, les droits des personnes
intersexes< qui... >, auparavant on disait hermaphrodites, qui
peuvent naître< avec>, au niveau des parties génitales<... >, avec
une réalité qui est différente, Mme la Présidente. Et c'est important de
s'assurer que le gouvernement du Québec se penche sur ce qu'elles vivent, ces personnes-là,
et surtout s'assurer que, durant le processus, au moment où un enfant naît, par
la suite, il lui revient, à l'enfant, que sa décision soit prise en
considération dans toute cette démarche-là.
Or, c'est un chantier, effectivement, que
je crois qu'on devrait ouvrir là-dessus. Puis, comme je le disais à la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques, c'est un dossier que j'envisage d'ouvrir pour
s'assurer du droit... que le droit des personnes intersexes soit respecté, et
surtout qu'on connaisse davantage aussi leurs réalités, et l'application de la
loi à leurs réalités, c'est important qu'elle corresponde à leurs aspirations.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sainte-Marie...
voyons, je m'excuse, là, c'est Westmount—Saint-Louis. Allez-y.
Mme Maccarone : On va amener
des pancartes pour demain.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui.
Mme Maccarone : Oui. Bien, à
mon tour de dire que je suis très contente de pouvoir voter en faveur de l'amendement.
Comme ma collègue a dit, ça faisait partie aussi de ma réflexion puis la
réflexion de ma formation politique, entre autres, ça faisait partie de notre amendement.
Puis, avec les interventions que nous avons faites avec les experts, que ça
soit Janik Bastien Charlebois ou Florence Ashley, je trouve qu'on fait une
belle avancée pour la communauté des personnes intersexes.
Comme le ministre, il dit, c'est une
différence, mais ce n'est pas une maladie, il y a plein de personnes qui vivent
avec ça puis qui sont tout à fait à l'aise avec leur sexualité puis leurs
différences. Alors, on devrait le célébrer puis de s'assurer qu'évidemment on
ne prend pas du recul en ce que nous faisons ici, dans cette Chambre, en
adoptant des articles ou une loi qui va peut-être les marginaliser. Alors, je
suis très contente de pouvoir voter en faveur de ceci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Et je reconnais la députée
de Joliette. C'est court, je le retiens, celui-là. La parole est à vous.
Mme
Hivon
:
Merci, Mme la Présidente. Simplement pour dire que nous nous réjouissons <également...
Mme Maccarone : ...des
articles
ou une loi qui va
peut-être les marginaliser. Et alors je suis très
contente de pouvoir voter
en faveur de ceci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Et je reconnais la
députée de Joliette. C'est court, je le retiens, celui-là. La parole est à
vous.
Mme
Hivon
:
Merci, Mme la Présidente. Simplement pour dire que nous nous réjouissons>
également de cette avancée-là. Je pense que ça prouve qu'on est capable
d'évoluer quand on étudie un projet de loi puis qu'on est aussi à l'écoute des
commentaires et des présentations qui nous sont faites. Donc, c'est une belle
avancée de reconnaître, donc, en ce moment... et surtout de ne pas fermer la
porte, pour l'avenir, d'autres avancées qu'on pourrait faire pour les personnes
intersexuées.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, nous allons placer
aux voix l'amendement de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour
remplacer l'alinéa deux de l'article 1... Non, ce n'est pas un
remplacement, c'est un ajout seulement, donc un amendement à l'alinéa deux
de l'article 1. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire
:
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Guillemette (Roberval)?
Mme Guillemette : Pour.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire
: M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Vote
par procuration. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) pour M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement est donc adopté.
Alors, je vous remercie tous de votre
précieuse collaboration. Alors, compte tenu de l'heure, nous allons ajourner
notre séance jusqu'à demain, vendredi le 13 novembre, à 9 h 30,
où nous allons poursuivre notre mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 5)