Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mardi 8 avril 2025
-
Vol. 47 N° 67
Étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi sur l’intégration nationale
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-neuf minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission, je vous le rappelle, est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi
sur l'intégration nationale.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) est remplacée par M. Lemieux
(Saint-Jean); Mme Prass (D'Arcy-McGee), par M. Morin (Acadie); et M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), par M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, messieurs les parlementaires, bienvenue à la
commission. Lors de l'ajournement de nos travaux, jeudi dernier, nous en étions
à l'étude sur... d'un amendement déposé par le ministre à l'article 3 du
projet de loi. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement, est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté sur division. Nous poursuivons donc nos discussions
sur l'article 3 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 3 tel qu'amendé? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (9 h 50) •
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, merci... bonjour à tout le monde. Bon
début de semaine.
M. le ministre, j'aimerais ça vous
entendre ce matin. Vous avez lu la revue de presse comme nous. Des gens sonnent
l'alarme, quand même, notamment la Ligue des droits et libertés et la TCRI, une
centaine de signataires dans les journaux. Un peu de recul s'impose sur le projet
de loi n° 84, c'est le titre de la lettre ouverte qui fait aussi l'objet
d'un article un petit peu plus subséquent après sur les détails...
M. Cliche-Rivard : ...et
entourant ladite demande. Une centaine d'organisations communautaires de
défense des droits humains, et syndicales, ainsi que 32 personnalités
publiques et du monde intellectuel demandent au gouvernement québécois de
mettre sur pause le projet de lo no 84, dont l'étude détaillée a débuté le
3 avril dernier.
Cette proposition législative soulève
d'importantes questions de société qui ne sauraient faire l'économie d'un
consensus rassemblant le plus grand nombre. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Voici les raisons pour lesquelles nous demandons des consultations publiques
larges et inclusives, hein? Il y a une discussion autour de... de... l'ex...
disons, du caractère extensif ou non des consultations qui ont... on a menées
ici notamment. Je ne vais pas lire la lettre au complet. Je pense que ceux qui
veulent la voir et s'y référer, c'est sur le site du Devoir, signé par Laurence
Guénette et Stéphane Reichel, respectivement de la Ligue des droits et libertés
et de la TCRI. On parle de recul de l'interculturalisme et des droits au profit
des valeurs. On parle d'affaiblissement des droits et libertés de la Charte
québécoise. On parle d'inquiétude pour l'autonomie du communautaire. Donc, M.
le ministre, avant qu'on se lance, là, ce matin, j'aurais voulu vous donner
l'opportunité de commenter et de nous dire comment vous avez reçu ou comment
vous recevez cette lettre-là ce matin.
M. Roberge : Oui. Mais, Mme
la Présidente, je pourrais y aller très brièvement puisqu'on est sur l'article,
mais je...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va laisser les discussions. Je veux juste vous rappeler
qu'on est sur l'article 3. Allez-y.
M. Roberge : Mais, très
brièvement...
M. Cliche-Rivard : On est
dans le coeur du projet de loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, tout à fait.
M. Roberge : ...pour ne pas
faire dévier le... le débat. Je comprends qu'il y a des gens qui... qui se sont
exprimés à la fois en commission lors des auditions particulières puis qui
continuent de s'exprimer autrement sur d'autres forums. Écoutez, c'est... c'est
l'expression de la démocratie. C'est excellent. Mais je veux juste mentionner
que l'écoute, je pense, a été exemplaire lors des... lors des auditions, qu'il
y a eu des échanges très, très intéressants avec chacun d'entre vous, mais la
partie gouvernementale aussi. On a des amendements qui... qu'on... sur lesquels
on travaille. Il y en a qu'on a déposé, d'autres qu'on va déposer qui font écho
à certaines préoccupations, pas toutes, parce que, des fois on est d'accord
pour être en désaccord, puis c'est correct. Mais je pense que les discussions
qu'on a eues, puis la manière dont on les a eues, puis les explications qu'on a
données depuis le début de l'étude du projet de loi sont de nature à rassurer
plusieurs personnes. On ne peut pas rallier tout le monde sur chacun des mots,
sur chacun des concepts, mais je pense que c'est un projet de loi qui est
inclusif, qui reconnaît la richesse de la diversité, qui prône la mixité, qui
voit l'interculturalisme comme un moteur d'intégration. Le nom du projet n'est
pas l'interculturalisme, mais l'interculturalisme est un des moyens d'arriver
aux fins de ce que l'on veut. Et je pense qu'on peut continuer l'étude du
projet de loi en tenant compte des opinions divergentes, mais je pense qu'on
peut continuer d'avancer. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Bien, écoutez, je... je salue et j'entends. Vous dites qu'il y
aura d'autres amendements, ça fait qu'évidemment, là, à ce stade-ci, moi, je ne
les ai pas vus., ça fait que je ne peux pas non plus présumer de la conduite,
puis comment on va faire le... le débat. Donc, moi, je place cette lettre-là,
ce matin, en contextualisation de ce qui viendra, puis effectivement, on
évaluera l'exemplarité de l'écoute et de l'ouverture du ministre aux
propositions tangibles qui seront sur la table. Là, à ce stade-ci, je ne peux
pas les présumer, là, évidement, ça fait que je fais quand même miennes les
importantes inquiétudes soulevées, eh bien, M. le ministre, on y reviendra
le... quand on sera précisément sur... sur les éléments, Mme la Présidente.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 3 tel qu'amendé? Oui, M. le député.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, en fait, les éléments que je voudrais rappeler, puisque
l'amendement a été adopté sur division, c'est dans la structure même du
libellé, ce que je comprends que, l'article 3, on est dans les fondements,
le modèle. C'est un... c'est un élément, c'est un article qui est très
important pour le projet de loi, et au fond, la... la définition de «culture
commune»... Dans un texte de loi, souvent on donne une définition, puis, pour
caractériser certains aspects, on dit «notamment» et là on a certains éléments
qui sont... qui sont rajoutés. Mais là, la définition au fond, c'est...
M. Morin : …c'est notamment
par ça. Mais il y a peut-être autre chose, mais on ne le sait pas. Et ça, c'est
quelque chose que je trouve un peu curieux.
L'autre élément que je vais rappeler,
c'est qu'on utilise… si j'ai toujours bien le bon article amendé, adhérer, et
là on a rajouté des objets et on ne peut pas adhérer à des objets. Il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas avec le libellé même de l'article.
Je comprends ce que le ministre veut
faire, mais, quand je lis l'article, j'ai un... j'ai un malaise à pouvoir
justement être entièrement d'accord avec lui. La façon dont c'est rédigé… et
puis, en plus, plusieurs groupes en consultation sont venus nous dire :
Mme la Présidente, on ne peut pas forcer les gens à adhérer à certaines… à
certaines valeurs, ils peuvent les comprendre, ils peuvent les faire vivre.
Donc, mon intervention est beaucoup plus sur le libellé comme tel de l'article,
qui est quand même un article très important dans le projet de loi. Et ce sont
des éléments pour lesquels je voulais à nouveau les faire… les faire ressortir,
surtout avec les ajouts qui ont… qui ont été faits. Alors, voilà, c'est le
commentaire que je voulais faire sur l'article tel qu'amendé. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 3 tel qu'amendé? Oui, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, il y a quelques secondes, là, vous
nous parliez d'amendements. Ce que je comprends, c'est qu'au-delà de ceux qui
sont… que vous avez déposés la semaine dernière, il y a… il y en a d'autres.
Là, on a entamé l'étude détaillée. C'est quoi, la ligne de conduite? Vous allez
les déposer un après l'autre ou est-ce qu'on peut en prendre connaissance ou…
Si ça peut aider à orienter nos débats pour les prochaines heures.
M. Roberge : Bien, merci. Il y
en a qui sont en préparation ou en revalidation, puis que je ne peux pas tout
déposer tout de suite parce qu'il y a comme une cohérence législative, là, en
fonction d'amendements puis d'ajustements que l'on peut faire ou pas, bien,
certains amendements deviennent plus ou moins pertinents. Donc, il y en a qui
sont en rédaction avec différents libellés. Il y en a qui… des intentions
d'amendements, des préoccupations. Là, je vous ai déposé en liasse, pour les
articles 1 à 5… parce que c'est ce que je pouvais faire à ce moment-ci,
mais on verra au fur et à mesure, là, du projet de loi si je suis capable de
vous en déposer d'autres à l'avance, je le ferai. Je pense que ça peut aider
aux travaux, mais voilà.
M. Cliche-Rivard : Donc,
vous… juste pour bien vous comprendre, là, il y a différents scénarios selon
vos considérations ou selon les inquiétudes soulevées. Je ne suis pas… je ne
suis pas certain de bien vous suivre ou de bien comprendre, là. On est à
l'étude du projet de loi, là, on va avancer. Là, vous me dites : Selon les
questions qu'on va poser, il y a peut-être des amendements qui vont être
déposés, juste pour bien comprendre.
M. Roberge : Il ne s'agit pas
selon les questions qu'on va… qu'on va poser, mais il s'agit, des fois, selon
les libellés que l'on prend, si on change, comme, là, on a changé le mot «se
définit», on a rajouté objet et patrimoine culturel unique. Cet amendement… ce
sous-amendement là… non, cet amendement-là, pardon, a été accepté. Donc, si,
plus tard, dans le projet de loi, on réfère à des éléments culturels, bien, on
pourra reprendre ce vocable-là. Vous comprenez ce que je veux dire? Voilà.
M. Cliche-Rivard : J'entends,
j'entends, je pense qu'on… puis comprenez notre ouverture, là. Je pense que si
c'est des mots comme « définit » ou versus «caractérise», que vous
sentez l'objet… puis le besoin de modifier ça, on en est tout à fait ouvert.
Puis, en ce qui a trait à l'aller-retour, puis à l'efficacité des moyens, j'en
suis, là.
Mes questions étaient peut-être plus sur
vos intentions de fond, là, dans les amendements, disons, de fond, sur les
inquiétudes soulevées. C'est sûr que c'est un petit peu difficile pour nous.
Puis on va le faire, là, Mme la Présidente, d'avancer sans savoir, M. le
ministre, ce que vous avez à nous proposer l'article suivant. Tu sais, des
fois, on a ces discussions-là. Vous nous dites : Ça s'en vient, c'est à
l'article quatre, mais là si on ne sait pas ce que vous avez l'intention de
faire à l'article quatre, ou cinq, ou six, ça peut nous être plus difficile. Ça
fait qu'évidemment, M. le ministre, je partage… ou je vous partage une demande
de nous les transmettre, ou du moins dans votre intention si le libellé tel
quel ne peut pas être affirmé, là, peut-être juste de… si vous le pouvez nous
partager des idées ou des… disons des réflexions qui vous habitent. Si vous ne
voulez pas partager un libellé, j'en suis, là, mais sur quel élément est-ce
qu'on pourrait bouger dans les prochaines… dans les prochaines heures?
• (10 heures) •
M. Roberge : Je n'ai pas
d'amendement dans la poche d'en arrière, là, qui… qui sont des coups de théâtre
qui viennent changer la nature, les fondements. Un des importants… je pense, à
l'article cinq…
10 h (version non révisée)
M. Roberge : ...j'ai déjà
déposé. C'est un concept qui avait... Le terme «creuset» avait fait réagir. Donc,
il est modifié. Mais là on est à l'article 3. Puis le danger aussi, c'est
quand on les dépose d'avance. C'est ça, c'est de faire tout le temps l'étude de
l'article qui suit au lieu de faire l'article sur lequel on doit se concentrer.
Mais écoutez, je vais... On va avancer. Je veux juste dire qu'il y a eu de l'écoute,
tout simplement, il y a eu de l'écoute quand les groupes sont venus. Et après
ça, bien, allons-y, article par article, puis nos amendements, comme les
vôtres, bien, on se les partagera.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 3
tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix
: Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté sur division. Merci.
Nous en sommes maintenant à l'article 4.
M. le ministre, je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Roberge : Merci.
Alors, l'article 4 :
«4. Afin de favoriser l'adhésion et la
contribution de tous à la culture commune, le modèle d'intégration nationale
commande l'accueil et la pleine participation, en français, des personnes
immigrantes et des personnes s'identifiant à des minorités culturelles et mise
sur l'interaction et les rapprochements entre ces personnes et celles
s'identifiant à la majorité francophone.
«La nation québécoise étant une société
d'accueil distincte, elle possède son propre modèle d'intégration qui s'oppose
à l'isolement et au repris... pardon, au repli des personnes dans des groupes
ethnoculturels particuliers. Ce modèle est distinct du multiculturalisme
canadien.»
Donc, c'est un article qui prévoit ce que
commande et ce sur quoi mise le modèle d'intégration nationale afin de
favoriser l'adhésion et la contribution de tous à la culture commune. Et, bon,
j'ai un amendement qui a déjà été envoyé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il y a un amendement. Il est dans Greffier. Je vais vous
demander d'en faire la lecture.
M. Roberge : Oui. Donc,
les collègues l'ont déjà reçu. Amendement à l'article 4 du projet de loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa, «le
modèle d'intégration nationale» par «l'intégration nationale», puis
2° supprimer le deuxième alinéa.
C'est un amendement qui a pour objet de
faire des modifications de concordance afin de tenir compte de la modification à
la référence au modèle d'intégration et du déplacement du deuxième alinéa de l'article 4
à l'article 2 du projet de loi. Voilà ce qui est proposé par cet article.
Donc, c'est ça, c'est concordant puisque, maintenant, quand on parle du modèle,
on dit «l'intégration nationale», comme on l'a déjà défini préalablement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement?
M. le député?
M. Morin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Alors, effectivement, vous avez défini le modèle que vous
voulez utiliser, M. le ministre, comme étant celui de l'intégration nationale.
Donc, vous ne parlez plus comme tel d'interculturalisme. Je vois que vous
enlevez le deuxième paragraphe, «la nation québécoise étant une société d'accueil
distincte, elle possède son propre modèle d'intégration qui s'oppose à l'isolement
et au repli des personnes dans des groupes ethnoculturels particuliers. Ce
modèle est distinct du multiculturalisme canadien». Est-ce que cet élément-là,
vous allez le replacer? C'est ça, il était à l'article 2, et vous l'avez
changé de place. O.K. C'est bon. Parfait. Merci, aussi Jean-Philippe. Donc, il
reste, mais il est à l'article 2. Donc, quand vous dites «commande l'accueil
et la pleine participation, en français, des personnes immigrantes et des
personnes s'identifiant à des minorités culturelles», quand je le lis, j'ai l'impression
que c'est à sens unique. Donc, c'est pour les personnes immigrantes, les
personnes s'identifiant à des minorités culturelles, mais c'est comme si les
gens, ici, ils n'avaient rien à faire. Est-ce que je comprends mal ou c'est
votre intention qu'il en soit ainsi?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Non, ce n'est
pas l'intention qu'il n'y ait qu'un groupe de personnes envers lequel on aurait
des attentes. D'ailleurs, on parle d'interaction. Une interaction suppose tout
le temps deux parties prenantes au minimum. Même chose pour les rapprochements.
Puis il y a d'autres articles où on a déjà parlé de la notion de réciprocité.
Et puis, plus loin, dans le projet de loi, on parlera de ce qui est attendu de
l'État puis les attentes envers les différentes personnes. Donc, je pense, c'est
assez clair.
M. Morin : Oui, on en a
déjà parlé, M. le ministre, mais vous faites une distinction entre les
personnes immigrantes puis des personnes s'identifiant des minorités...
M. Morin : ...donc est-ce que
je comprends que les... ceux qui rentrent dans les minorités culturelles, ce
seraient des gens, bon, forcément qui ne sont pas immigrants parce que vous
avez déjà une... vous avez déjà une référence à des personnes immigrantes, mais
que ce seraient des gens qui n'adopteraient pas le modèle d'intégration
nationale? Puis comment vous allez faire pour faire en sorte qu'ils puissent
adopter ce modèle-là?
M. Roberge : Oui, bien,Mme
la Présidente, c'est une conversation qu'on a eue la semaine dernière, mais
qu'on peut réitérer, là. On parle de personnes qui s'identifient à des
minorités culturelles. C'est... Ce sont des personnes, pas des groupes
particuliers, puis il ne s'agit pas d'ostraciser aucun groupe, ni aucune
personne d'ailleurs. On veut simplement appeler toutes ces personnes-là à vivre
des interactions, à vivre des rapprochements. C'est à travers notamment des
activités comme celles qu'organise Culture pour tous, des activités où il y a
de l'interculturalisme notamment que ça va favoriser les interactions et les
rapprochements entre toutes ces personnes-là puis qu'on va atteindre ce qu'on veut,
c'est-à-dire une intégration nationale des gens qui se... qui vivent ici mais
qui se sentent chez eux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député.
M. Morin : Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Oui.Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement? Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement à l'article 4
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. On revient à l'article 4 tel qu'amendé. Est-ce
qu'il y a des... d'autres interventions sur l'article 4 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 4, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix
: Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. On passe maintenant à l'article 5. M. le
ministre, je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Roberge : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, article 5 est assez long, et il y aura un
amendement aussi. Donc :
«5. Le modèle d'intégration nationale
repose sur les fondements suivants :
«1° la culture québécoise est la culture
commune et, à ce titre :
«a) elle est le creuset qui permet à tous
les Québécois de former une nation unie;
«b) l'État du Québec a la responsabilité
de la protéger et de prendre des mesures afin que tous les Québécois
participent à la vitalité de celle-ci;
«c) les personnes immigrantes et les
personnes s'identifiant à des minorités culturelles sont appelées à contribuer,
notamment à partir de leurs caractéristiques culturelles, à son évolution et à
son enrichissement;
«d) elle se caractérise notamment dans des
objets culturels, par exemple dans les domaines des arts et des lettres;
«2° le français est la langue officielle
et commune du Québec et, à ce titre :
«a) il est le principal véhicule de la
culture québécoise;
«b) il est la langue d'accueil et
d'intégration des personnes immigrantes qui leur permet d'interagir et de
s'épanouir au sein de la société québécoise et de participer au développement
de celle-ci;
«c) il est la langue de communication
interculturelle qui permet le rapprochement entre les personnes s'identifiant à
la majorité francophone et celles s'identifiant à des minorités culturelles et
qui permet à tous les Québécois de participer à la vie publique dans la
société;
«d) il doit être protégé et valorisé par
l'État du Québec et par tous les Québécois;
«3° l'adhésion aux valeurs démocratiques
et aux valeurs québécoises exprimées notamment dans la Charte des droits et
libertés de la personne (chapitre C-12), dont l'égalité entre les femmes et les
hommes;
«4° la laïcité de l'État du Québec,
affirmée par la Loi sur la laïcité de l'État (chapitre L-0.3), laquelle repose
sur la séparation de l'État et des religions, la neutralité religieuse de
l'État, l'égalité de tous les citoyens et citoyennes, ainsi que la liberté de
conscience et la liberté de religion;
«5° la possibilité offerte à tous de
participer à la société québécoise, dont l'identité est intimement liée au territoire
du Québec;»
Alors, Mme la Présidente, il y a un
amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il reste le 6, le point 6.
M. Roberge : 6, excusez-moi,
je ne le vois pas. Ah oui! Excusez-moi. C'était de l'autre côté de la page. Il
est important en plus.
«6° la reconnaissance de la primauté des
lois sur les diverses cultures, tant majoritaires... tant minoritaires que
majoritaire, puisque ces lois sont élaborées par les institutions démocratiques
qui gouvernent la nation québécoise.»
Donc, c'est un article qui prévoit et
précise les fondements sur lesquels repose le modèle d'intégration nationale.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez l'amendement. Je vais vous demander d'en faire la
lecture.
M. Roberge : Merci.
Donc :
À l'article 5 du projet de loi :
1°...
M. Roberge : ...1° remplacer,
dans ce qui précède le paragraphe 1° «Le modèle d'intégration nationale par
l'intégration nationale»;
2° remplacer, dans le sous-paragraphe a du
paragraphe 1°, «creuset qui permet à tous les Québécois de former» par «socle
sur lequel tous les Québécois bâtissent»;
3° remplacer dans le sous-paragraphe a du
paragraphe 2°, «québécoise» par «commune»;
4° dans le paragraphe 5° :
a) insérer après «participer»,
«pleinement»; et.
b) insérer, à la fin, «ainsi qu'à ces
réalités locales et régionales».
Cet amendement a pour objet de reformuler
un des attributs de la culture commune, de faire des modifications
terminologiques et de préciser que l'identité de la société québécoise est
intimement liée à ses réalités locales et régionales.
Je précise qu'il y a toujours la question
«modèle d'intégration nationale» par rapport à «intégration nationale». Le
terme «creuset», on y reviendra, mais je pense que c'était un élément qui avait
quand même soulevé plusieurs interventions lors des auditions particulières.
Puis on précise maintenant, on peut
utiliser le terme «culture commune» parce que précédemment on dit la
culture : «La culture québécoise est la culture commune», donc après on
peut répéter «culture commune, «culture commune» tout le long du projet de loi
plutôt que d'alterner de un à l'autre, créant une confusion demandant :
Est-ce qu'on parle plutôt de l'un ou de l'autre? À partir de ce moment-là,
comme on dit «la culture québécoise est la culture commune», bien, après, on
peut toujours prendre le même terme. On retrouve souvent ça dans les projets de
loi, ce type d'intervention.
Après «participer», pourquoi on met
«pleinement»? Bien, encore une fois, en écho à des interventions qui ont été
faites, les gens disaient : Écoutez, les gens ne veulent pas juste être
là, i ils veulent participer de plusieurs manières. Quand on parle d'une
intégration nationale, on parle d'une pleine participation québécoise, pas
juste habiter ici. Mais ça veut dire avoir un emploi. Ça veut dire participer à
des fêtes de quartier. Ça veut dire faire partie de la... de la vie de la
société québécoise. Puis, à la fin, bien, je pense qu'on fait écho ici à
quelques intervenants qui disaient : Oui, mais le Québec, oui, il y a une
culture commune, absolument, mais n'oubliez pas la grandeur du territoire qui
amène des réalités régionales importantes. Donc, je pense que c'est important
de faire écho aux préoccupations des gens qui sont venus puis de parler des
réalités locales et régionales. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement? Oui, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, vous nous avez présenté, M. le ministre, une
partie des... des raisons. Vous avez dit pour... pour «creuset», là, qu'on y
reviendrait. Ça fait que j'aurais justement voulu vous entendre peut-être plus
en détail. Notamment, c'est le Pr Bouchard, hein, qui avait commencé quand même
ses interventions en référant au «melting pot» américain. C'est-tu dans cette
logique-là ou c'est dans une autre logique que vous changez «creuset» pour
«socle»? J'aimerais ça vous entendre sur votre intention.
M. Roberge : Bien, on a
effectivement entendu M. Gérard Bouchard faire objet de préoccupation par
l'interprétation qui va être faite du mot «creuset». On ne l'avait pas choisi
par hasard. On avait regardé les différentes définitions. Je trouvais
intéressantes les définitions que j'avais trouvées dans les dictionnaires. Un
creuset, un lieu où on se rassemble. Puis d'ailleurs, dans le terme métallurgie
du terme, là, les alliages sont plus forts que les métaux supposément purs. Et moi
j'aime bien l'idée de faire des alliages entre les diverses cultures, puis
d'avoir quelque chose qui résulte et qui est plus fort, hein? C'est vraiment un
cas où la somme est plus grande que chacune des parties additionnées.
Ceci dit, d'un point de vue sociologique
puis d'un point de vue d'interprétation, puis considérant qu'il y avait déjà
plusieurs articles sur le terme «creuset» qui précèdent le projet de loi, il y
avait peut être une connotation dont il fallait se détacher. Donc, voilà
pourquoi... Il y a eu M. Bouchard, mais il y a eu d'autres intervenants qui
l'ont mentionné. Si on avait été absolument certains qu'il fallait le garder,
on aurait pu le garder malgré les critiques, en disant : Bien, écoutez,
maintenant, voici notre nouvelle définition, puis on aurait pu, comme on dit,
tenir notre bout en disant : Bien, on réécrira de nouveaux articles. Puis
ça aurait pu être correct, mais on a trouvé, je pense, un autre terme qui est
tout aussi intéressant, sans traîner peut-être des... des définitions, puis
des... des perceptions qui sont moins intéressantes. Donc, on y va avec le...
M. Roberge : ...en disant que
la culture... retrouver le bon article ici, excusez-moi. On est à 2. Voilà. On
dirait «c'est le socle sur lequel tous les Québécois bâtissent une nation
unie». Donc, je pense que c'est très, très bon aussi pour culture commune.
M. Cliche-Rivard : ...
M. Roberge : C'est comme la
fondation sur laquelle on peut édifier le reste. J'aime aussi l'idée qu'une
fois que la... Excusez-moi, je vous ai coupé...
M. Cliche-Rivard : Non, non,
allez-y, allez-y.
M. Roberge : ...je suis
désolé. Quand on dit que c'est un socle, c'est une fondation, c'est la base sur
laquelle on peut bâtir autre chose. Mais justement, j'aime l'idée de bâtir,
parce que ce n'est pas quelque chose de figé, d'irrémédiable, on est capable
justement d'avoir quelque chose qui évolue dans le temps. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député.
M. Cliche-Rivard : Donc,
le... C'est limpide du retrait de «creuset», que le modèle melting-pot
américain n'est pas du tout celui qui s'applique ici, M. le ministre. On n'est
pas du tout dans le melting-pot américain dans votre projet de loi, comme vous
l'excluez une fois pour toutes, là.
M. Roberge : On s'est
distancié justement du terme «melting-pot» parce que «creuset», selon certains,
faisait référence à ce terme-là, puis ce n'est pas ce qu'on souhaite justement.
On définit un nouveau modèle, on ne veut pas traîner derrière nous des
perceptions, des rancœurs par rapport à un modèle qui n'est pas le nôtre, ce
n'est pas le nôtre. Le nôtre, c'est l'intégration nationale. Puis je pense
qu'il fallait se distancier de d'autres modèles qui peuvent avoir leurs vertus,
mais aussi leurs travers.
M. Cliche-Rivard : Culture
québécoise versus culture commune, qu'est-ce qui inclut un, qui exclut l'autre
ou... Qu'est-ce que... Tu sais, si on avait à faire deux colonnes, là, comment
vous voyez ça? C'est-tu la même chose ou, finalement, il y a une précision
sémantique importante?
M. Roberge : Parce qu'on en
arrive justement à dire que c'est la même chose, 5-1, là, «la culture
québécoise est la culture commune». Donc, on le précise comme ça, puis, à ce
titre, puis on continue, donc, c'est la première partie de l'article 5 de la
loi, ça n'a pas changé avec un amendement, la culture québécoise est la culture
commune. On aurait donc pu juste garder «culture québécoise», mais je pense que
de dire que la culture québécoise est, à partir de maintenant, la langue
commune, il y a quelque chose de fort ici, ça veut dire que ce n'est pas la
culture... La culture québécoise n'est pas la culture des Québécois,
c'est-à-dire ceux qui étaient là avant. Puis il y aurait donc la culture
québécoise de Québécoises, puis il y aurait la culture des nouveaux arrivants,
ce n'est pas ça qu'on veut. Quand on dit qu'elle est commune, elle est commune
à tous. Un peu sur la langue française, on a dit : La langue française est
la langue officielle, mais c'est aussi la langue commune. Et il y a quelque
chose de fort à dire que la langue est la langue commune.
Alors, on a quelque chose de fort aussi
quand on dit : La culture québécoise, c'est la culture commune. Ce n'est
pas deux choses, on peut faire un tableau puis dire qu'est-ce qui est
québécois, qu'est-ce qui est commun. On dit que, maintenant, ça devient de la
culture commune. Donc, à partager quelque chose qui est commun, c'est quelque
chose qui est à partager, et je pense que c'est important dans la loi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça vous va?
M. Cliche-Rivard : Oui. Bien,
je vais laisser la parole...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que d'autres interventions? M. le député de
l'Acadie... Non, Acadie, allez-y.
M. Morin : ...ou Acadie,
Acadie. Merci. Merci, Mme la Présidente. Bien, écoutez, M. le ministre, heureux
de voir qu'avec votre amendement vous faites disparaître «le creuset», parce
qu'effectivement il y a plusieurs groupes, dont le professeur Bouchard, qui ont
fait une intervention qui était très claire à ce niveau-là. Plusieurs groupes
aussi associaient le creuset à une politique assimilationniste. Donc, je
comprends de vous, M. le ministre, que vous ne voulez pas... vous ne souhaitez
pas que votre modèle soit assimilationniste?
M. Roberge : Non,
effectivement, on l'a déjà dit, on veut que les gens s'intègrent.' Dire qu'on
veut les assimiler, c'est faux, ce n'est pas notre modèle. C'est ni dans
l'esprit ni dans la lettre, l'intégration, c'est différent, très différent de
l'assimilation. Et vous avez raison, cher collègue, de dire qu'en retirant
«creuset», d'une certaine manière, on peut répondre à des préoccupations qu'un
certain groupe avait.
• (10 h 20) •
M. Morin : D'accord.
Maintenant, vous remplacez par «socle», et en préparant l'analyse article par
article, j'ai... en fait, ça va être maintenant un sous-amendement qu'on va
envoyer... ou qui est déjà parti dans Greffier et qui enlevait, évidemment,
«creuset», mais qui ne faisait pas référence, bien sûr,parce que je ne savais
pas quel amendement vous alliez proposer à...
M. Morin : ...socle sur
lequel tous les Québécois bâtissent une nation unie. Et le socle, c'est...
c'est un peu comme un pilier mais sur lequel les Québécois bâtissent. C'est
comme si on était en train de bâtir quelque chose. Puis, si on bâtit quelque
chose, est-ce qu'on tient compte de ce qui a été fait avant? Comment ça va
fonctionner, votre modèle?
M. Roberge : Bien, c'est un
modèle qui est... qui est évolutif. On l'a dit, la culture québécoise est la
culture commune, mais cette même phrase là réfère à quelque chose de différent
si je prononce cette phrase-là en 1960. La culture québécoise, la culture
commune de 1960, c'est différent de la culture québécoise et commune de 2025,
et sans doute ça sera différent en 2055. Donc, l'idée de bâtir une nation unie,
c'est toujours une œuvre inachevée. On est toujours en train de bâtir une
nation unie, on est toujours en train de faire des gestes interculturels. Puis
je fais référence à l'article 4. On est toujours en train de faire des
interactions, on est toujours en train de miser sur les rapprochements, puis,
bien, c'est vivant, la société, la nation québécoise, donc... mais il y a le
socle. Le socle est important. On repose sur quelque chose, on n'est pas là...
on n'est pas sur... je vous dirais, on n'est pas dans les airs, on s'appuie sur
quelque chose de solide. Plus tôt, on parlait du parcours historique québécois.
Ça fait partie du socle sur lequel on peut bâtir une nation unie.
M. Morin : Et je comprends
que vous voulez référer à un socle plutôt que de dire : La culture
québécoise est la culture commune, et donc elle permet à tous les Québécois de
bâtir une nation unie, ce qui pourrait fonctionner également.
M. Roberge : Juste
comprendre. Vous, vous dites : Elle permet à tous les Québécois de bâtir
une nation unie?
M. Morin : Oui, bien, c'est
ça. Donc...
M. Roberge : O.K. Dans le
fond... Je veux juste comprendre. Dans le fond, un peu comme nous, comme moi,
vous disiez : Qu'est-ce qu'on peut faire pour enlever «creuset» ou retirer
«creuset» puis mettre autre chose? Puis on pourrait... vous proposiez
peut-être, je n'ai pas votre amendement, de dire que la commune... la culture
permet à tous les Québécois de bâtir une nation unie. Il est déjà là, la notion
de permettre. C'est juste que, dans l'amendement que j'ai déposé, on qualifie
la culture de socle, puis je trouve ça intéressant de qualifier la culture de
socle, parce que c'est quand même quelque chose de solide sur lequel on peut
s'appuyer.
M. Morin : D'accord. Parce
qu'en fait j'essaie de voir ce que ça ajoute à ce que vous voulez faire avec
les fondements. Donc, je comprends que, vous, dans votre esprit, il faut
quelque chose sur lequel bâtir. Donc, vous aviez utilisé au départ le mot
«creuset». Donc là, les experts sont venus dire : Oui, mais ça, ça fait
référence à des notions, puis, je me souviens, le professeur Bouchard disait,
où vous ne voulez pas aller. Donc là, vous l'enlevez, mais, au fond, vous
restez avec le même... la même idée de quelque chose qui fait que... sur lequel
on peut bâtir. Puis je me dis... moi, je me disais : La culture québécoise,
on... vous affirmez dans le projet de loi qu'elle est la culture commune. Donc,
à ce stade... compte tenu de cet état de fait, elle, donc, permet aux Québécois
de vivre dans une nation... dans une nation unie. Je comprends que vous, vous
voulez garder un élément, là, de fondation ou de socle comme tel, ce que...
parce que, pour vous, c'est quelque chose qui enrichit ou qui accorde une plus
grande importance à la culture québécoise?
M. Roberge : Oui, exactement.
Je pense que c'est... on peut dire ça. Et je cherche, là, des définitions
pendant qu'on se parle, puis «socle», là, je vois : «base sur laquelle
repose une construction, un objet». Puis, au sens figuré, on dit : socle,
c'est un élément fondamental. Donc, je pense qu'on peut dire que, quand on dit
que le socle... la culture commune est le socle, bien, c'est un élément
fondamental sur lequel on peut s'appuyer. Donc, je pense que c'est... ça vient
renforcer l'importance. On dit que la culture est commune, oui, mais elle est
aussi importante, elle est aussi fondamentale, elle est aussi sur... quelque
chose sur lequel on peut s'appuyer, quelque chose sur... à quoi on peut se
référer. Voilà, c'est ça. L'objectif, c'est de...
M. Roberge : ...renforcer son
importance.
M. Morin : Bien. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
M. Morin : Moi, il faudrait
que je dépose mon sous-amendement, à ce moment-là. Donc, Mme la Présidente, je
vais déposer mon sous-amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, Donc, le sous-amendement est sur Greffier, on va
l'afficher pour le bien-être de tous... la compréhension, plutôt, je pense que
vous êtes très bien. Je vais vous demander, M. le député, d'en faire la
lecture.
M. Morin : Oui, bien sûr.
Donc, Loi sur l'intégration nationale, article 5, modifier l'amendement proposé
à l'article 5 par le remplacement des mots «socle sur lequel tous les
Québécois bâtissent» par les mots «l'interaction qui permet à tous les
Québécois de former».
L'article modifié se lirait ainsi :
La culture québécoise est la culture commune, et à ce titre, elle est
l'interaction qui permet à tous les Québécois de former une nation unie.
Donc, je propose cet amendement, Mme la
Présidente, parce que, pendant des consultations particulières, le mot
«creuset» a fait réagir. Je vous dirai que, quand j'ai lu le projet de loi au
départ et que j'ai vu le mot «creuset», ça m'a aussi étonné. Et je comprends que,
pendant des consultations particulières, M. le ministre a référé à des
définitions du dictionnaire, sauf que le Pr Bouchard nous a rappelé
qu'évidemment les définitions du dictionnaire existent, mais que quand on
utilise un tel terme dans un texte de loi qui vise un modèle d'intégration, ça
peut faire référence où ça fait référence... et il a utilisé le mot «melting
pot» et plusieurs ont écrit en parlant d'assimilation. C'est la raison pour
laquelle je posais la question à M. le ministre, à savoir qu'elles étaient les
visées ou l'objet, il m'a dit : Non, non, ce n'est pas l'assimilation.
Moi, ce que je crains en changeant «creuset» par «socle», puis là j'écoutais M.
le ministre qui nous disait : Oui, mais quand on regarde dans le
dictionnaire, ça veut aussi dire une base pour une construction, un pilier,
effectivement, c'est exact, sauf que c'est... bien, c'est rare qu'on voie ce
mot-là dans un texte de loi, puis le remplacer «creuset» par «socle», on ne
sait pas trop non plus comment ça va être interprété. Puis moi, je me disais
que, pour son modèle, s'il veut faire référence à la culture québécoise qui est
la culture commune, mais ce que ça devrait permettre, évidemment, si c'est de
permettre aux gens d'entrer en interaction, c'est, je pense, l'élément le plus
le plus important qu'on veut faire ressortir et qu'on veut évidemment en
utilisant la formulation que je propose, donc, s'éloigner, établir une cassure
avec le volet creuset, le volet assimilationniste ou tout autre mot qui
pourrait essayer de le remplacer, mais sur lequel on ne connaît pas
effectivement les tenants et aboutissants et ce qui pourrait en résulter. Donc,
il me semble que si on accepte la formule que je propose, on met beaucoup plus
l'accent sur l'interaction. Et, dans plusieurs mémoires, on nous a rappelé
l'importance dans le cadre de l'intégration, d'interagir. Et donc, ça, ça
m'apparaît fondamental également. Donc, c'est la raison pour laquelle je
propose ce sous-amendement à l'amendement de M. le ministre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, merci au
collègue d'avoir réfléchi à la notion, là, de creuset. Bon, on avait proposé
«socle», on avait déposé cet amendement-là par avance, ça vous a permis d'y
réfléchir aussi. «Socle» n'a pas de connotation comme «creuset» pouvait en
avoir, là, on a fait des vérifications, donc, je peux rassurer mon collègue à
cet égard là. Donc, d'un point de vue sociologique, là, il n'y a pas de
connotation qui peut l'associer à l'assimilationnisme, comme peut-être pouvait
avoir le mot «creuset».
Ensuite, dans l'amendement que vous
proposez, quand je le lis, ça fait : «la culture québécoise est la culture
commune, et à ce titre, elle est l'interaction».
M. Morin : ...tous les
Québécois forment une nation unie.
• (10 h 30) •
M. Roberge : Ça fait un peu
particulier de dire que la culture est l'interaction. Je ne pense pas... On
vient de définir la culture dans l'article suivant, une définition, c'est quoi
la culture? Mais la culture, ce n'est pas de l'interaction. La culture, on l'a
dit, c'est...
10 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : …modèle de culture
commune, là. Écoutez, il y a… Ah! non, c'est à l'article 3, je cherchais à
l'article quatre, là, où on l'a défini, là, on viendrait dire que de la
culture, c'est de l'interaction. Je ne pense pas qu'on peut dire que la culture,
c'est de l'interaction, je veux juste dire, on peut… Je ne pense pas que c'est
ça, mais je comprends votre intérêt d'amener la notion d'interaction ou de
rapprochement. Puis on l'a plus plus loin dans ce même article-là, dans deux b,
on parle d'interagir, dans 2, c, on parle de rapprochement, on l'avait aussi à
l'article 4, à la fois interaction et rapprochement. Donc, je pense qu'on
peut garder «socle» qui n'est pas connoté
de manière péjorative.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci. M. le député.
M. Morin : Je n'ai pas d'autre
commentaire, non.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le sous-amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que le sous-amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
M. Roberge : …
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le sous-amendement est adopté? Le sous-amendement est-il
adopté?
Des voix : …
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est retiré.
Des voix : Rejeté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est rejeté.
Des voix : …
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on revient à l'amendement. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Oui, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, je
vous… je vous reviens après. Allez-y.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Merci. Mme la Présidente, M. le ministre, vous incluez les réalités locales et
régionales. C'est pour faire écho, je devine, notamment à plusieurs municipalités,
plusieurs villes qui sont venues présenter des mémoires, qui visent le
caractère régional, puis je devine, peut-être, qu'on va pouvoir voir ça un
petit peu aussi dans des touches sur le caractère régional dans les autres
éléments, là, notamment en lien avec la politique. J'imagine que c'est comme
une composante qu'on va retrouver un petit peu plus loin aussi, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Je ne sais pas si
j'ai des amendements qui vont dans ce sens-là dans d'autres articles, c'est
possible, là, honnêtement, je ne m'avancerai pas là-dessus. Mais, oui, ça fait
écho à des préoccupations, qui, je pense, qui étaient bien exprimées,
pertinentes et légitimes, notamment des municipalités, mais de d'autres groupes
aussi qui ont mentionné l'importance, du… je dirais, de l'identité québécoise
qui est reliée au territoire et à ses régions. Voilà.
M. Cliche-Rivard : Parfait. Bien,
on y reviendra alors, parce qu'effectivement ils ont beaucoup lié des
modifications à l'article cinq avec, si je ne m'abuse, des propositions de
modification, là, plus tangibles, disons, dans l'élaboration de la politique à
l'article neuf. Souvent, là, les deux étaient interreliés dans les… dans les
commentaires de propositions de modifications. Ça fait que je verrai bien ou on
verra ensemble par la suite, M. le ministre, à quelle place on peut ou quelle
place on peut accorder, là, au caractère régional dans l'élaboration des
politiques à l'article 9.
Participer pleinement, là, versus
participer, est-ce que ça change quelque chose? Je comprends que vous voulez
bonifier, ou voulez dire qu'ils participent à 100 %, mais c'était déjà
quand même implicite, ou il y a-tu un argument ou un élément de fond, ou c'est bonification
de texte seulement?
M. Roberge : Ça relève
davantage de la bonification de texte.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Mme la Présidente.
Alors, j'avais… j'avais également un sous-amendement ou un amendement pour
faire référence particulièrement au rôle des municipalités comme partenaires.
Là, je comprends que M. le ministre ajoute ces réalités locales et régionales.
C'est moins précis que les municipalités. Il y a plusieurs villes,
regroupements, associations de municipalités qui sont venus nous parler, puis
qui nous ont dit ce qu'ils faisaient en termes d'intégration. Quand vous parlez
de réalités locales et régionales, est-ce que vous pouvez nous décrire
davantage ce que vous avez en tête puis qui vous… qui vous visez pour… en fait,
qui vont se sentir, bien sûr, inclus dans cet amendement-là que vous proposez, M.
le ministre?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je pense
que ça vient préciser, nommer le fait que l'identité québécoise est beaucoup
liée… puis l'attachement des Québécois profond, autant les Québécois, là, qui
sont ici depuis des générations que des nouveaux arrivants, c'est beaucoup lié
à l'attachement à des régions, pas seulement, il y a des gens qui sont dans les
grands centres, mais je le sais pour en avoir…
M. Roberge : ...là. Même des
nouveaux arrivants, là, qui sont ici depuis à peine quelques années, quelques
mois, puis qui, déjà, là, les racines ont pris. Puis ils disent : Moi, je
ne déménagerai pas, là, oui, je suis au Canada, oui, je suis au Québec, mais je
suis dans telle région. Le Québec est tellement grand! Les paysages sont très
différents. Même le climat est différent. Puis, quand on a trouvé un endroit où
on est bien, bien, des fois, il y a un attachement, même, qui est... qui est
régional.
Donc, je pense que ça fait écho un peu à
ça, là. On parle de... il faut revenir tout le temps en haut, là, hein? «Le
modèle d'intégration repose sur les fondements suivants», puis tu as le point
cinq, un des fondements, c'est participer, «offerte à tous de participer à la
société québécoise», donc, ça, c'est important, la participation, d'accord, de
participer pleinement, «dont l'identité», quelle identité, bien, l'identité de
la société québécoise, «est intimement liée au territoire du Québec ainsi qu'à
ses réalités locales et régionales.» Je pense qu'on vient faire écho à la
réalité, tout simplement, puis à la réalité telle qu'elle a été exprimée lors
des auditions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député.
M. Morin : Oui. Mais... Je
comprends. Mais, en fait, dans votre modèle, alors que vous parlez des
fondements, donc, vous dites finalement que, l'intégration nationale, votre
modèle repose aussi sur des réalités locales et régionales. C'est ce que j'ai
compris de vos propos. Mais, dans les fondements, vous parlez aussi de la
responsabilité de l'État du Québec, mais il n'y a pas de référence comme telle
au rôle que pourraient jouer, par exemple, des municipalités dans cet
établissement-là. Et, évidemment, il y a deux endroits dans le projet de loi où
on peut en parler. Il y a... Bien sûr, plus tard, on verra, il y a des
références à la politique que vous voulez développer. Mais il y a aussi dans
votre modèle... il pourrait y avoir une place, et je vous le soumets, pour le
rôle des municipalités. Et donc je me demandais si c'était un élément que vous
étiez prêt à considérer et qui est... qui est différent de ce que vous énoncez
à cinq, qui fait référence à des réalités locales, sans pour autant tenir compte
de l'apport que des municipalités pourraient apporter à votre modèle
d'intégration nationale. Puis il y a plusieurs municipalités qui nous ont dit
qu'elles participaient déjà et qu'elles avaient déjà des actions particulières
pour travailler, aider à l'intégration nationale.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui.
Effectivement, il y a plusieurs... bien, des regroupements de municipalités.
Puis une municipalité, je pense, c'est Sherbrooke qui est venue nous parler
aussi. Dans... Plus tard, on va arriver dans d'autres articles qui vont couvrir
d'autres sections, dont la politique. Puis l'article huit du projet de loi fait
référence aux organismes visés au paragraphe a) de l'article 1 de la Charte
de la langue française. Bref, ici on nomme «les municipalités». Donc, dans la
politique, il y a un article qui réfère directement aux municipalités, donc, de
manière claire et nette. Elles vont donc s'y retrouver.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement à l'article cinq est adopté? Adopté. On revient donc à l'article
cinq tel qu'amendé. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article cinq
tel qu'amendé? Mme la députée Terrebonne.
Mme Gentilcore : Moi,
j'aimerais proposer un amendement, en fait, sur l'article 5.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Parfait. L'amendement est-il dans Greffier?
Mme Gentilcore : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on va juste l'afficher. Puis, Mme la députée, je
vais vous demander d'en faire la lecture.
Mme Gentilcore : Oui.
Ajouter, à la fin de l'article cinq, le paragraphe suivant :
«La reconnaissance que les peuples
autochtones du Québec sont des nations distinctes ayant droit à leur culture, à
leur langue, à leurs coutumes et traditions ainsi qu'à orienter elles-mêmes le
développement de cette identité propre.»
• (10 h 40) •
Donc, bon, c'est une suggestion, là, du
Regroupement des centres d'amitié autochtones. Je comprends qu'on ne veuille
peut-être pas amener, là, le sujet autochtone partout dans le projet de loi,
mais je trouve que, s'il y a une place où ce serait à propos de le faire, ce
serait bien ici, une façon de faire en sorte que la future politique
d'intégration nationale comprenne un segment sur les nations autochtones et
leurs caractéristiques. C'est important aussi que les nouveaux arrivants
sachent que les autochtones font partie de la réalité, ici, du Québec. Puis, le
texte de mon amendement, là, il est directement inspiré d'une résolution du
Conseil des ministres qui date de 1983...
Mme Gentilcore : ...à ce sujet
là. Donc, c'est le socle, pour reprendre le terme, des relations entre la
nation québécoise et les nations autochtones. Puis c'est pour ça que je soumets
cet ajout à l'article 5.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Donc,
proposition d'ajouter un élément, carrément, à l'article 5. La
reconnaissance, juste, je vais en prendre connaissance comme il faut, la
reconnaissance que les peuples autochtones sont des nations distinctes, ayant
droit à leur culture, le droit à leur culture, à leur langue, leurs coutumes. O.K.
Bon, il y a beaucoup d'éléments dans cet amendement-là. Je rappelle qu'on va
faire à la toute fin, pour une question de cohérence, concordance, les
considérants. Dans les considérants, on précise déjà que les Premières Nations
et autochtones ont droit d'assurer la vitalité et le développement, je pense,
de leur culture et langue. Donc, c'est déjà là. Là, on a des éléments qui sont
différents de l'intégration nationale, quand vous parlez du... le développement
de cette identité, je ne sais pas à quoi ça réfère exactement. Est-ce que vous
pouvez m'expliquer, ce que ça peut vouloir dire?
Mme Gentilcore : Bien, tout
simplement que, tu sais, ils sont là depuis toujours. Et on... De toute façon,
vous aviez dit que vous excluez les autochtones, n'est-ce pas, de cette loi-là
parce qu'ils étaient là avant. Donc, c'est juste de réitérer ça ici puis de le
mettre de manière claire dans le projet de loi. Puis, aussi, comme c'est un
projet de loi qui, bon, qui concerne tous les Québécois puis les nouveaux
Québécois aussi, juste qu'ils sachent que les autochtones sont là puis qu'ils
sachent qu'ils ont le droit, eux, de se définir, tu sais, de se définir par
eux-mêmes. Donc, je pense que c'est ça qu'on veut dire ici.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Écoutez, je
vois des enjeux avec l'amendement de la collègue, il y a quelque chose
d'intéressant là-dedans, puisque, bon, on parle de peuple, on parle de nation.
Il y a les deux, le peuple autochtone, nation distincte. Le Québec signe des
ententes de nation à nation avec les Premières Nations, Inuits, là, on l'a
fait, d'autres l'ont fait avant nous, puis on continue de le faire.
Maintenant, il faut prendre garde quand on
inscrit des choses dans des projets de loi puis dans des lois ensuite, parce
que ça peut, par la suite, compliquer, je vous dirais, d'autres négociations et
parfois des recours juridiques aussi, parce qu'il y a toujours quelques recours
entre les Premières Nations, Inuits et l'État du Québec, là, il y en a comme
tout le temps quelques-uns qui sont quelque part dans des instances devant une
cour ou dans l'autre. Puis il faut faire très, très attention. Je vous dirais
que, quand on a rédigé le projet de loi, on a voulu prendre garde pour
n'enlever aucun droit à personne, évidemment. Puis on a voulu préciser
qu'évidemment on ne s'attendait pas que les Premières Nations, Inuits
délaissent leur culture pour la culture commune, délaissent leur langue. Ce
n'était pas ça qu'on voulait, c'est pour ça qu'on l'a mis dans les
considérants, pour rassurer, mais on ne voulait pas jouer dans l'équilibre des
droits. Et c'est pour ça qu'on n'a pas mis d'article dans la loi comme telle.
On a mis un considérant pour rassurer tout le monde, pour être sûr qu'on ne
venait pas toucher à nos partenaires, les nations autochtones et inuites. Mais
je ne suis pas favorable à ce qu'on ait un article de loi dans le cœur de la
loi qui viendrait dans l'intention rappeler des choses, mais qui pourrait, par
la suite, finalement, changer l'équilibre, enlever des droits, créer des
droits, amener des recours. Il y a comme un danger, là. Voilà.
Mme Gentilcore : Mais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais devoir suspendre quelques instants, le temps d'une
intervention. Vous savez, on a des travaux aussi au salon bleu, qui est le
salon rouge en fait, là.
Alors, je vais permettre une suspension de
quelques instants. La discussion va se poursuivre par la suite. On suspend.
(Suspension de la séance à 10 h 45)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 46)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, au moment de la suspension, rendue nécessaire parce que... pour
le bien... le bien... pas le «bien-être», mais pour explication auprès des gens
qui nous écoutent, il y a des travaux qui se déroulent dans plusieurs...
plusieurs chambres ici, à l'Assemblée nationale.
Alors, ceci étant dit, au moment de
suspendre, nous en étions à l'amendement déposé par la députée de Terrebonne,
et c'est vous, Mme la députée, qui aviez la parole à la suite des explications
du ministre. Est-ce que vous désirez poursuivre ou...
Mme Gentilcore : Bien, moi, j'ai
dit ce que j'avais à dire sur l'amendement. Je laisserais la parole à mes
collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je pense que c'est un amendement intéressant,
effectivement, là. On a parlé un petit peu, la semaine dernière, de la
distinction entre le préambule, quand même, puis les articles qui donnent corps
et vie et obligations légales qui dépassent l'interprétation, là. Donc, je
pense que l'amendement proposé par la collègue de Terrebonne est tout à fait
justifié. De... Bien, en tout cas, de notre côté, on utilise davantage le
vocable «Premières Nations et Inuits», là, mais je n'ai pas d'enjeu outre ça. On
réitère souvent l'enjeu aussi de discussion de nation à nation. Je pense que c'est
clair : «...du Québec sont des nations distinctes...», de ce qui serait les
PNI. Donc, moi, je pense que ça serait tout à fait justifié de l'énoncer.
M. le ministre, vous dites : C'est
dans le... dans le préambule. C'est vrai, là, on a eu cette discussion-là la
semaine passée, mais il n'y a quand même rien qui y donne corps ou étoffe dans
le projet de loi. Alors, c'est sûr qu'à quelque part, moi, je le verrais, là.
Est-ce que c'est là ou ailleurs? Je suis ouvert, mais je pense qu'on pourrait
dépasser la seule mention du préambule à quelque part. Ça fait que je laisse ça
de votre côté à réflexion. C'est peut-être un petit peu court pour l'ensemble
du message qu'on envoie. Puis évidemment le ministre a détaillé ses... sa
vision à l'étude détaillée, mais, je veux dire, qui va aller voir, quand même, le
commentaire du ministre à l'étude détaillée? Ça me semble un petit peu niché.
Ça fait que, si on pouvait quand même y donner vie et acte à quelque part dans
le projet de loi, c'est quelque chose que nous, on soutiendrait, bien
évidemment. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Je pense que mon
collègue voulait s'exprimer.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bien, merci à la collègue pour le dépôt de l'amendement.
Ma première remarque, c'en est une plus de
forme que de fond, parce que, dans le préambule, on réfère aux Premières
Nations et aux Inuits. L'amendement réfère aux peuples autochtones du Québec.
Est-ce que ça inclut les Inuits et toutes les Premières Nations? En tout cas, bref,
si cet amendement-là est adopté, on va se ramasser avec deux descriptions des
Premières Nations dans le même... dans le même texte... texte de loi.
L'autre élément, et là ça, c'est plus de
fond, c'est que ma compréhension de l'article 5, c'est que le gouvernement
essaie de définir le modèle d'intégration nationale et ses fondements, et ma
compréhension des nations autochtones du Québec et des Inuits, c'est que ce
sont des nations à part entière, et les insérer dans un fondement de l'intégration
à la culture québécoise, je ne suis pas convaincu que ça va là, avec tout le
respect que je dois à ma collègue. Et il y a une référence à la culture, à la
langue, aux coutumes, traditions. Il n'y a pas de référence...
M. Morin : ...il y a une
référence à la culture, à la langue, aux coutumes, traditions. Il n'y a pas de
référence comme telle... on ne réfère pas aux... aux cultures ou aux traditions
ancestrales. Il n'y a pas de référence à la Déclaration des Nations Unies sur
les droits des peuples autochtones. Il n'y a pas de référence à leur
développement économique non plus. Alors, je... pour ma part, là, évidemment,
il faut toujours entrer en dialogue avec les Premières Nations. Il y a une
motion de l'Assemblée nationale qui a été adoptée à l'unanimité et qui demande
au gouvernement de reconnaître la Déclaration des Nations Unies sur les droits
des peuples autochtones, qui est un... qui est une déclaration qui, en soi, est
très complète sur ce que les peuples autochtones souhaitent en tant que
nations. Et d'ailleurs, l'avantage de la Déclaration des Nations Unies, c'est
qu'elle a été rédigée après de multiples consultations avec les peuples
autochtones qui vivent dans différents territoires sur la Terre. Alors,
écoutez, personnellement, moi, je pense qu'il y a un dialogue, bien sûr, avec
les Premières Nations, mais... mais qu'on veuille ajouter, dans un modèle
d'intégration nationale, j'ai des réserves et je tenais à les exprimer, Mme la
Présidente. Je vous remercie.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? M. le ministre.
M. Roberge : Oui, rapidement.
Je pense que le mieux est de laisser dans le préambule, dans les considérants,
comme on en avait parlé de manière préalable. On a dit que les considérants,
puis les juristes nous avaient éclairés là-dessus, sont en l'espèce la lunette
à travers laquelle on peut lire le projet de loi et la loi ensuite. Pour des
gens qui s'inquiéteraient des garanties de la place des Premières Nations et
Inuits, moi, je les réfère à la Loi sur l'exercice des droits fondamentaux. On
a des articles 11 et 12 qui sont là, qui garantissent, dans le
chapitre IV, ça s'appelle les Nations autochtones du Québec, article 11 :
«L'État du Québec reconnaît, dans l'exercice de ses compétences
constitutionnelles, les droits existants, ancestraux ou issus de traités des
Nations autochtones du Québec». Donc, ils sont bien protégés là. «12. Le
gouvernement s'engage à promouvoir l'établissement et le maintien de relations
harmonieuses avec ces nations et à favoriser leur développement ainsi que
l'amélioration de leurs conditions économiques, sociales, culturelles.» La
section culturelle pourrait toucher un peu le projet de loi dont on parle, puis
le considérant y répond. Donc, je ne crois pas nécessaire, là, d'accepter, avec
respect, l'amendement proposé par ma collègue.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez demandé le vote, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Gentilcore (Terrebonne)?
Mme Gentilcore : Pour.
La Secrétaire : M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Boguemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : Mme Blais (d'Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Abstention.
La Secrétaire : M.
Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Abstention.
La Secrétaire : Mme Lecours (Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons
donc à l'article 5 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne?
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
M. Cliche-Rivard : J'ai
également un amendement, celui eut égard au racisme, à la lutte au racisme, à
la discrimination, si vous voulez le...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je crois qu'il est déjà Greffier parce qu'on a travaillé
pendant la suspension. Alors, je vais vous demander, M. le député, d'en faire
la lecture.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, l'article 5 du projet de loi est
modifié par l'ajout, à la fin, du paragraphe suivant :
«7° La lutte au racisme et la
discrimination, laquelle est essentielle au maintien du vivre ensemble
harmonieux.».
Donc, il y a la note, là, tout en bas,
mais qu'on est en train de corriger, qui réfère à quelque chose qui s'en vient
un petit peu plus tard. Donc, ne pas s'y référer. On parle vraiment ici de la
lutte au racisme et à la discrimination. Mme la Présidente, ça fait écho à
plusieurs interventions qu'on a eues quand même dans le cadre du projet de loi,
de l'étude... en fait, des consultations particulières. Donc, pour nous, le
modèle d'intégration doit reposer sur des fondements qui sont aussi en lien
avec les valeurs fondamentales du Québec. Le ministre fait référence notamment
à la Charte des droits et libertés dans lesdites dispositions, et pour nous,
qu'on ait un modèle et qu'on ait un...
M. Cliche-Rivard : …fait
référence, notamment à la Charte des droits et libertés dans lesdites
dispositions. Et, pour nous, qu'on ait un modèle et qu'on ait un… des
propositions et un engagement dans notre culture puis dans notre modèle
d'intégration qui réfère à la lutte au racisme et à la discrimination me semble
tout à fait nécessaire et justifié. C'est le professeur Carpentier, notamment,
qui nous en parle, mais plusieurs autres groupes qui nous disent qu'on doit
concevoir, évidemment, un modèle dans lequel tous et toutes se sentent inclus,
unis, et bienvenus et qu'en établissant très clairement que le Québec fait de
son modèle d'intégration un modèle inclusif, positif, où tout le monde est le
bienvenu, comme socle ou comme élément fondateur de notre modèle d'intégration,
là. Compte tenu de l'importance pour les nouveaux arrivants et pour la Société
québécoise des luttes face au racisme et à la discrimination, ça nous
semblerait tout à fait justifié de prévoir une petite place, non moins
importante, là, mais en fait déterminante aux… à ces concepts-là, dans notre
article phare, là, qu'est l'article cinq.
Donc, j'entendrai mes collègues sur cette
proposition-là, mais ça a été soutenu et soulevé par plusieurs groupes. Je
crois ne pas me tromper en disant notamment l'Association des libertés civiles,
mais d'autres aussi, la… allait dans ce sens-là, la… allait dans ce sens-là.
Plusieurs autres groupes et intervenants, notamment aujourd'hui, dans ladite
lettre ouverte, nous parlent de l'importance d'avoir un modèle qui lutte
également contre les discriminations, contre le racisme. Je suis certain que le
ministre est d'accord avec moi que ça fait partie des éléments sur lesquels il
faut continuer de marteler pour qu'on ait une société la plus égalitaire, libre
et inclusive possible. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien. C'est
une préoccupation qu'on partage tout le monde, mais juste pour préciser qu'on y
est déjà. Dans l'article cinq, on a l'alinéa trois qui fait référence à notre
Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Puis on a, dans notre
Charte des droits et libertés de la personne, le chapitre 1.1, droit à
l'égalité dans la reconnaissance, l'exercice de droits et libertés,
l'article 10 qui, je pense, fait très, très bien le travail. «Toute
personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice en pleine égalité des
droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence
fondée sur la race, la couleur, le sexe, l'identité ou l'expression de genre,
la grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge, sauf dans la mesure
prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue,
l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou
l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap. Il y a discrimination
lorsqu'une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire
ou compromettre ce droit.»
Donc, dans nos fondements, on a la Charte
des droits et libertés. Puis, dans la charte, il y a, de manière très, très
explicite, plus explicite même que dans l'amendement de mon collègue… donc, je
pense que ça y est, la préoccupation des gens, de mon collègue, puis d'autres
personnes se sont exprimées, on en est là, là, c'est déjà inclus.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'entends le ministre, puis je constate également,
comme il le dit, qu'on partage ces préoccupations-là. Il y a l'article six qui
prévoit des droits, hein, des droits positifs, la Charte des droits et
libertés. Il y a une distinction entre accéder à un droit puis un droit conféré
par une charte puis un objectif d'intégration et le mot «lutte». Et là
d'intégrer dans le modèle d'intégration nationale, de dire qu'un de ces
fondements-là, notamment, c'est de lutter contre le racisme et la
discrimination, ça dépasse largement des droits consentis desquels il faut
saisir les tribunaux, notamment, pour les faire exprimer. Là, il y a une valeur
beaucoup plus positive, beaucoup plus centrale que dans l'ensemble des
politiques d'intégration qu'on va adopter, qu'on va établir. Il y aurait ou il
y aura un élément toujours de réflexion eu égard à cet élément de lutte contre
les droits et libertés.
Le ministre nous dit : On l'a déjà de
manière implicite. Moi, je soumets que ça doit être très explicite. Il y a
d'autres choses qui sont explicitées, là, ici, et à bon escient, évidemment.
L'égalité homme-femme est également, M. le ministre, dans la Charte des droits
et libertés, où vous le… vous le réaffirmez. Je ne m'oppose pas au fait que
vous le réaffirmez, au contraire, je pense que c'est bien de le réaffirmer,
mais vous le réaffirmez quand même. Donc, de… avec égards puis avec respect
pour votre position de dire : Oui, c'est inclus, moi, je pense qu'il faut
aller un pas plus loin, il faut aller un pas plus loin dans l'intégration, puis
nommer les choses très explicitement tels qu'ils le sont. Vous nommez notamment
l'égalité homme-femme là, on peut nommer la lutte au racisme, à la
discrimination là aussi, on peut en faire un autre libellé. Moi, je suis ouvert
à vous entendre puis à…
M. Cliche-Rivard : ...tels
qu'ils le sont. Vous nommez notamment «l'égalité hommes-femmes» là. On peut
nommer «la lutte au racisme, à la discrimination» là aussi. On peut en faire un
autre libellé. Moi, je suis ouvert à vous entendre puis à discuter. Il y a
plusieurs autres choses qui sont nommées, qui sont déjà incluses aussi dans la
Charte des droits et libertés.
• (12 heures) •
Donc, tu sais, j'entends ce que vous
dites, mais, pour moi, l'élément phare est tellement soutenu, est tellement
clair. Puis je pense que vous enverriez un message aussi... Vous nous parliez
d'écoute, un petit peu plus tôt, là, ce matin, je pense que vous enverriez un
message aussi à la centaine de signataires qui notamment soutiennent, là, cet
élément-là, à savoir que notre modèle, oui, évidemment que la Charte,
actuellement, telle qu'elle est, elle protège dans nos droits et libertés
contre la discrimination, contre la lutte au racisme, mais d'en faire un
élément phare de ce qui... puis un fondement de notre modèle d'intégration qui
soit ancré sur la lutte au racisme, à la discrimination nous semble
excessivement important.
Donc, j'invite le ministre, avec beaucoup
d'ouverture et de déférence, là, à reconsidérer. Je pense qu'on ne perdrait
rien à venir l'affirmer de manière explicite. Des doublons, là, avec égard, il
y en a, là, des choses qui sont citées, précitées et redites, donc je ne pense
pas qu'on ferait défaut à l'économie de la loi, mais qu'au contraire on
enverrait un message très clair en termes de fondement. Et donc je vais
véritablement vouloir entendre aussi mes collègues, mais je pense que là, on a
la chance de faire un geste positif et important pour la définition du
vivre-ensemble dans l'affirmation explicite que la lutte au racisme et à la
discrimination doit faire partie des fondements. Puis, s'il y a un autre
libellé à faire, s'il y a une ouverture en termes de mots, là, ou de libellé,
on est tout à fait ouverts, mais je pense que l'essence de la proposition est
là. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, brièvement, en tout cas, pour moi, c'est deux choses, que de
référer à la Charte des droits et libertés de la personne, qui énonce des
droits, et donc, si jamais une personne sent que ces droits-là ne sont pas
respectés, donc, de pouvoir les invoquer et s'adresser à la commission, aux
tribunaux. Ça c'est une chose. C'est là. C'est bien. Mais, ce que le collègue
propose ici, dans le cadre des fondements, à l'article... à l'article cinq, du
modèle d'intégration, c'est... c'est une obligation qui fait en sorte qu'on
doit lutter contre la discrimination, donc ça impose une responsabilité. Et,
ça, il y a plusieurs groupes qui sont venus nous le souligner.
Si M.... Alors, donc, moi, je vois... je
vois deux choses. C'est... C'est... C'est deux choses qui sont différentes
entre ce qu'on a à 5.3 et la proposition du collègue de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Je vous dirai que j'ai aussi un amendement, qui n'est
pas celui-là, mais qui est de la même mouture, et qu'on pourra également éventuellement
débattre, mais c'est dans la même ligne de pensée. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Roberge : Est-ce que je
peux dire...
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
M. le ministre. Allez-y.
M. Roberge : Oui. Vous nous
l'avez partagé, je pense, mais pouvez vous nous lire votre amendement? Juste
pour voir puis juste savoir, admettons, est-ce que, d'après vous, votre
amendement est concurrent? Vous voudriez avoir celui du collègue et le vôtre?
Ou, si on avançait avec le collègue, vous ne nous déposeriez pas le vôtre? On
peut-tu juste avoir votre argumentaire puis votre libellé sans qu'il soit
déposé pour comprendre de quoi on parle?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. On ne dépose pas. On veut juste l'essence.
M. Roberge : Juste
l'entendre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y, M. le député.
M. Morin : Oui. Le libellé
que je propose, c'est : «La lutte contre la discrimination est une
responsabilité collective.» Et ça fait référence à ce que plusieurs groupes
sont venus nous dire, qu'il manquait, dans le projet de loi, ce volet de lutte
contre la discrimination. Puis c'est pour ça que moi, je veux mettre l'accent
là-dessus.
Et, dans votre... dans votre modèle, je
veux aussi accentuer le fait que c'est une responsabilité collective. Donc, il
y a... il y a... il y a une obligation pour le gouvernement, mais il y a aussi
une obligation pour tout le monde qui va contribuer à votre modèle de
vivre-ensemble. Donc, c'est... c'est pour ça que l'amendement que je
proposerais, le libellé est... est un peu différent, mais ça tient compte des
préoccupations de plus de plusieurs... de plusieurs groupes. Et j'y ai déjà
référé mais j'y réfère à nouveau, dans la politique qui avait été déposée par
le gouvernement de M. Couillard, on faisait état spécifiquement de
l'importance...
12 h (version non révisée)
M. Morin : ...politique du...
qui avait été déposée par le gouvernement de M. Couillard. On faisait état
spécifiquement de l'importance de la lutte, justement, contre la
discrimination. Alors, voilà, c'est ce que je souhaitais vous partager, Mme la
Présidente. Maintenant, je peux le déposer formellement aussi, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On n'est pas encore sur le dépôt. Je vous rappelle qu'on a
déjà un amendement qui est sur la table.
M. Morin : Oui. Tout à fait.
M. Roberge : Bien, merci, ça
nous aide à voir vos arguments puis vos libellés, mieux comprendre. Je ne sais
pas si la collègue veut ajouter quelque chose?
Mme Gentilcore : Je suis en
faveur du principe, là. Je pense que peut-être que le libellé de M. Morin est
un petit peu plus clair, mais pour l'idée, j'appuie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le député d'Acadie.
Mme Gentilcore : Ah! le
député de l'Acadie, je suis désolée.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il n'y a pas de problème. Allez-y, M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Mais est-ce
qu'on peut suspendre une minute juste pour analyser puis regarder ça?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 06)
(Reprise à 12 h 12)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît? La commission on reprend ses
travaux. Donc, nous étions sur l'amendement du député de Saint-Henri-Sainte-Anne,
qui recommandait l'ajout d'un article sept... pas «d'un article 7», mais
d'un point numéro sept. Et, M. le ministre, vous aviez la parole.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Alors, c'est une proposition qui mérite d'être analysée puis
creusée plus avant avec mes collègues et les équipes. Donc, je propose - et
c'est à vous à voir si on a un consentement - que l'amendement soit suspendu
pour qu'on puisse avancer dans l'étude de l'article pour revenir ensuite à
l'amendement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, vous recommandez la suspension. Est-ce que c'est...
voyons, c'est quoi le terme, pas... Est-ce que vous donnez votre consentement?
Votre consentement? Merci. Donc, l'amendement à l'article cinq ajoutant un
point 7 est suspendu. M. le député d'Acadie, vous avez un autre
amendement.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Compte tenu des discussions que nous avons eues sur le sujet, il y
a également un amendement que j'aimerais déposer, celui...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Celui dont vous nous parliez, maintenant, est déposé. Je
vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Morin : Voilà. Tout à
fait. Donc, la...
Une voix : ...
M. Morin : Oui. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va juste s'assurer qu'on a le bon. Celui qui parle du...
M. Morin : Ce n'est pas le
bon qu'il y a sur l'écran.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Après «la discrimination». Allez-y.
M. Morin : Là c'est le bon.
Parfait! Alors, l'article cinq du projet de loi est modifié par l'ajout, à la
fin de l'article, du paragraphe suivant :
«7° la lutte contre la discrimination est
une responsabilité collective.»
L'article modifié se lirait comme
suit : Article cinq, bon, sept, «la lutte contre la discrimination est une
responsabilité collective.» Donc, c'est... c'est un amendement que je propose
qui est dans la même lignée mais qui est un peu différent. Je le propose parce que
plusieurs groupes sont venus nous parler de cet élément-là important. On est à
l'article cinq sur le modèle d'intégration. Plusieurs groupes et experts nous
ont dit que ça devait faire partie du modèle. Et, dans le passé, c'est ce que
je disais, et je réfère notamment à la politique du gouvernement Couillard sur
l'intégration et la participation et l'inclusion, on parlait spécifiquement de
la lutte contre la discrimination.
Alors, je comprends de nos discussions,
Mme la Présidente, que M. le ministre va avoir du travail, consultation, alors
je voulais qu'il puisse évidemment regarder tous ces éléments...
M. Morin : ...je comprends de
nos discussions, Mme la Présidente, que M. le ministre va avoir du travail,
consultation, alors, je voulais qu'il puisse évidemment regarder tous ces
éléments-là pour que nous puissions avoir une réponse globale aux amendements
qui sont proposés. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Suite aux discussions hors micro, est-ce que je comprends
que vous allez en demander la suspension également pour poursuivre les
discussions ou vous voulez d'ores et déjà entamer quelques discussions avant de
suspendre cet amendement? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien,
merci, Mme la Présidente. Évidemment, je vais donner mon consentement à ce que
ces discussions-là puissent continuer. Puis je pense que ça s'inscrit dans une
veine similaire, donc on pourra voir les propositions et les positions du
ministre lors de la prochaine séance.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait.
M. Morin : Et je ferai de
même. Donc, quand M. le ministre reviendra, on pourra en discuter plus
amplement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce qu'il y a une demande de suspension? Ça me
prend quelqu'un qui le demande.
M. Morin : ...suspendre ces
deux amendements, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, je... Le premier était déjà suspendu, je vais
suspendre...
M. Morin : Alors, le
deuxième.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais demander... pas l'autorisation, mais le
consentement pour la suspension de cet...
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, nous allons donc poursuivre avec
l'article 5, tel qu'amendé. M. le député.
M. Morin : ...j'aurais un
autre amendement à présenter à l'article 5. Il a été envoyé sur le
Greffier. Et je vais en faire la lecture.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...je vais proposer... bien, je vais vous proposer, je vais
vous demander d'en faire la lecture. Allez-y, M. le député.
M. Morin : Merci. Non, ce
n'est pas le banc, mais je peux le lire à partir du texte que j'ai... Ah,
voilà, il est rendu. Merci beaucoup. Donc, Amendement au projet de loi n° 84,
Loi sur l'intégration nationale, article 5 : L'article 5 du
projet de loi est modifié par l'insertion, à la fin de l'article du paragraphe
suivant : 7° sur l'accès équitable au marché du travail.
Donc, l'article le modifié se lirait comme
suit : 5. La reconnaissance de la primauté des lois sur les diverses
cultures, tant minoritaires que majoritaires puisque ces lois sont élaborées
par les institutions démocratiques qui gouvernent la nation québécoise; 7° sur
l'accès équitable au marché du travail
Et je dépose cet amendement, Mme la
Présidente, parce que, lors des consultations particulières, il y a un très
grand nombre de groupes qui sont venus nous dire que, pour réussir une
intégration, il faut bien sûr être capable de partager, partager la culture,
être à l'écoute compte tenu des principes mêmes du projet de loi, permettre aux
gens d'apprendre le français, mais on nous a tous dit, puis je me souviens d'avoir
posé différentes questions à plusieurs groupes là-dessus, puis je disais :
Oui, mais quand quelqu'un arrive ici, bon, là, il s'installe, il veut bien sûr
apprendre le français, c'est notre langue commune, mais l'étape d'après, c'est
qu'il veut aller travailler. Et donc le modèle d'intégration, parce que c'est
de ça dont on parle à l'article 5, donc modèle d'intégration nationale et
qui repose sur des fondements. Et là on a une énumération, et je pense que
dans... même je l'affirme, dans cette énumération-là, il faudrait rajouter un
volet que je qualifierais de socioéconomique, c'est comme ça que je le
décrivais pendant les consultations particulières. Alors, ça m'apparaît
essentiel, parce que sans ça, ça devient, effectivement, très difficile pour les
gens de pouvoir, évidemment, s'intégrer. Et donc notre modèle, qui sera
évidemment adopté à un moment donné, je pense qu'il devra tenir compte de ça.
Et quand je vous dis ça, je m'appuie entre autres, sur différentes
interventions qui ont été faites par différents experts, mais je réfère encore
une fois la politique québécoise qui avait été faite en matière d'immigration,
de participation et d'inclusion, et c'était un élément qui était très
important. Donc, ce n'est pas comme si on était en train d'inventer quelque
chose pour l'opposition officielle, pour mon parti, le Parti libéral du Québec,
c'est quelque chose qui s'insère dans une continuité. Et donc c'est important
pour les gens qui vont arriver ici de leur donner une véritable opportunité,
une égalité...
M. Morin : ...et donc c'est
important pour les gens qui vont arriver ici de leur donner une véritable
opportunité, une égalité réelle pour qu'ils puissent éventuellement participer
activement à la vie économique du Québec. Comprenez-moi bien l'amendement ne
dit pas : Il faut absolument leur trouver un emploi, ce n'est pas ça que
je dis, mais ce que je dis, c'est qu'il faut enlever les barrières qui
pourraient exister pour qu'ils aient accès d'une façon équitable au marché...
au marché du travail.
• (12 h 20) •
Et, si vous vous rappelez, Mme la
Présidente, il y a même des groupes qui sont venus nous dire qu'il y avait du
travail à faire au niveau, par exemple, des ordres professionnels. Je comprends
que M. le ministre, ce n'est pas sa responsabilité comme telle, les ordres
professionnels. Puis je suis très conscient que les ordres professionnels sont
là pour assurer la protection du public. C'est leur mandat, sauf qu'il y a
moyen de faire une analyse globale pour s'assurer qu'il n'y aura pas des
éléments qui vont empêcher ou défavoriser certains nouveaux arrivants à pouvoir
éventuellement accéder à une profession, s'ils en ont une, puis faire
reconnaître leurs compétences.
Donc, c'est pour ça qu'au fond
l'amendement est rédigé d'une façon qui est large, parce que, oui, il y a la
question de l'accès au travail, mais il y a la reconnaissance des compétences,
le fait de le faire rapidement et d'être capable d'éliminer, finalement... et
c'est pour ça que c'est en lien avec l'amendement précédent, faire en sorte
qu'on va éliminer des barrières qui pourraient créer des empêchements ou des
difficultés accrues, pour certaines personnes ou certains groupes, pour avoir
accès au marché... au marché du travail.
Dans la politique du gouvernement du
Québec, qui remonte à il y a quelques années, on soulignait, et je cite...
c'était dans les enjeux, et on l'appelait Une société inclusive et engagée à
favoriser la pleine participation, puis on disait : «Le marché du travail
demeure, et je cite, l'un des aspects les plus apparents et documentés d'une
participation inégale, notamment pour les femmes immigrantes et racisées. En
effet, leur taux de chômage est supérieur à celui de l'ensemble de la
population et leur taux d'emploi est inférieur, et ce, même à scolarité égale.»
Et on dit : «Qu'elles soient immigrantes ou non, la situation des femmes
immigrantes soulève des inquiétudes importantes dans la mesure où elles peuvent
faire face à l'interaction de différents facteurs de discrimination.».
Alors, vous voyez, il y a un lien, il y a
une suite logique entre ce que j'ai proposé avec l'amendement précédent et
celui-ci, parce que, personnellement, je demeure convaincu que, si les gens ont
une chance ou un accès équitable à l'emploi, au marché du travail, une fois rendues
dans le marché du travail, elles vont pouvoir être à même de mieux s'intégrer.
Et, sur le terrain. Mme la Présidente, on
a des exemples d'entreprises qui embauchent des travailleurs étrangers, des
travailleurs temporaires étrangers, mais qui ont aussi une série... une série
d'activités qui permet leur intégration à la société québécoise. Bien sûr, ça
existe, ça arrive parce qu'ils sont dans le domaine de l'emploi, ils sont sur
le marché du travail. Et je pense que c'est un élément d'intégration qui est
important et qui mérite d'être... d'être soulevé et d'être pris en
considération, particulièrement cet article du projet de loi. Alors, je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Je vais prendre le député de
Sainte-Henri-Sainte-Anne pour qu'on puisse se faire une tête, M. le ministre,
vous aurez la parole après. Allez-y.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'appuie la proposition de mon collègue. On était
un petit peu, lui et moi, avec l'autre amendement, aux courses aux amendements.
J'ai effectivement déposé un amendement similaire. Donc, c'est intéressant. On
va jouer potentiellement à ce jeu-là dans les prochains articles, je ne sais
trop, on verra. Nous, on l'avait écrit comme suit, et je le soumets au ministre
pour réflexion, mais j'appuie...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est un amendement qui n'est pas déposé, mais vous...
M. Cliche-Rivard : Je vais le
lire tout simplement...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous allez le lire. Allez-y.
M. Cliche-Rivard : ...comme
on a procédé tout à l'heure. Merci. Il n'est effectivement pas déposé, je le
déposerai par la suite, le cas échéant : «La reconnaissance - ce serait
un septième point comme le collègue de l'Acadie - la reconnaissance de
l'importance de l'intégration économique des personnes immigrantes dans la
société québécoise et la mise en place de mesures...
M. Cliche-Rivard : ...à un
septième point, comme... comme le collègue de l'Acadie, «la reconnaissance de
l'importance de l'intégration économique des personnes immigrantes dans la
société québécoise et la mise en place de mesures favorisant celle-ci» donc,
évidemment, les mêmes objectifs. Je citais directement «socioéconomique». Le
collègue en a parlé dans ses interventions. Donc, je veux dire, moi, ce qui est
important pour moi, c'est l'énoncé de principe davantage que les mots. Mais il
est bien évident qu'on appuie les propositions, les mémoires qui sont venus de
tous les horizons, hein? J'avais... On relisait, là, le mémoire de la ville de
Québec, même, qui en parle de manière extensive, là, de l'importance de prévoir
des éléments de reconnaissance, de l'importance de l'intégration
socioéconomique. Souvent, ce que les gens sur le terrain nous disent, c'est
qu'un des facteurs malheureux de repli ou de frustration suite à l'arrivée de
nouveaux arrivants, c'est la non-reconnaissance de leurs acquis, de leurs
diplômes. Ce pour quoi... puis le ministre de la Langue française est également
ministre de l'Immigration, donc il le sait, on sélectionne souvent des gens sur
la base de compétences. Et ce n'est pas toujours évident, une fois arrivés,
qu'on... qu'ils sont capables de matérialiser puis d'exercer leur plein
potentiel dans ces compétences-là. Évidemment, il y a des efforts qui sont
faits, là. Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a rien qui est fait en ce
sens-là. Mais je pense que d'inscrire dans nos fondements puis dans notre
politique nationale une obligation positive de veiller à l'intégration
socioéconomique des nouveaux arrivants me semble un élément phare.
Beaucoup de gens disent, dans
l'intégration puis dans l'inclusion, que l'intégration puis le français, beaucoup
de fois, ça s'apprend au travail. Et le facteur positif du travail dans
l'intégration, dans le cercle social, dans les fêtes, dans les cultures, dans
le vivre-ensemble, le travail est une part fondamentale qui donne des résultats
très, très positifs et très probants. Et là, ce qui arrive, c'est qu'il y a des
gens qui malheureusement, bien, se voient souvent incapables d'exercer le
travail qu'ils voudraient faire ou pour lequel ils ont été sélectionnés en
amont. Puis là, je redis qu'il y a certains ordres et certains champs de
pratique qui, disons, se développent davantage que d'autres, là. Il reste qu'on
va certainement admettre qu'il y a du boulot à faire sur la reconnaissance des
acquis puis des diplômes. Mais il y a certainement un élément positif, là,
qu'on doit établir dans notre intégration nationale. On sélectionne des gens
sur la base de compétences, souvent, sur la base de besoins aussi... en fait,
beaucoup sur la base de besoins pour la société québécoise, pour nos services
publics, mais après, il est plus difficile pour eux de l'intégrer puis
d'intégrer ces emplois-là à leur pleine capacité puis à la mesure de leurs
capacités. Et, pour moi, il y a donc deux volets là, là. Le travail est source
d'intégration. Je pense que c'est évident. On parle beaucoup de francisation en
entreprise ,notamment, mais aussi de tout l'impact positif au-delà de la
francisation qu'est la participation socioéconomique. Et je pense que ça
permettrait aussi un meilleur vivre-ensemble pour que des gens puissent obtenir
un travail à la pleine mesure de leurs capacités puis ce pour quoi on les a
sélectionnés. Alors, ce que le collège dit, là, «l'accès équitable au marché du
travail», je trouve ça intéressant.
Nous, on avait «la reconnaissance de
l'importance de l'intégration socioéconomique des personnes immigrantes dans la
société», et j'allais un peu plus loin, «et la mise en place de mesures
favorisant celle-ci.»
Alors, il est évident que, pour moi, il
doit y avoir des gestes positifs continus. Je pense que le gouvernement le
reconnaît, on l'entend... On l'a entendu à quelques reprises sur ce volet-là.
Mais de l'intégrer dans les fondements de notre politique d'intégration
nationale pour que les nouveaux arrivants sachent aussi qu'il y a un... il y a
un engagement puis une promesse de l'État envers ceux-ci pour prévoir des
chemins égaux, égalitaires, équitables vers une intégration professionnelle,
économique me semble tout à fait justifié et probant. Alors, j'invite le
ministre à le considérer et à parler à ses collègues dans la pause pour qu'on
puisse peut-être avoir quelque chose qui touche ces deux volets là qui me
semblent clés. Évidemment, il y en a d'autres, là, mais ces deux volets là me
semblent quand même le socle de ce qui nous a été demandé et ce qui répondrait
également, notamment, mais pas que, à certaines indications et demandes de la
part de groupes, là, les centaines de signataires de la lettre ouverte
d'aujourd'hui. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
Écoutez, compte tenu de l'heure qui
s'écoule, des secondes qui s'écoulent, je vais suspendre les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 44)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Je vous rappelle que nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 84, Loi sur l'intégration nationale.
Et, au moment de suspendre, nous en étions
à un amendement qui a été proposé par le député de l'Acadie à l'article 5 du
projet de loi. Le député de Saint-Henri-Sainte-Anne avait fait quelques
commentaires sur un éventuel, peut-être...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...qui serait déposé, et, M. le ministre, la parole était
rendue à vous avant que nous ajournions... pas que nous ajournions, que nous
suspendions - j'aimerais bien ça ajourner, mais ça ne sera pas de suite. Alors,
la parole est à vous.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Donc, on revient après le dîner, la période de questions, et on
reprend les travaux. Les collègues ont déposé des amendements sur la question
de la lutte au racisme et à la discrimination, des amendements sur le même
thème qui ont été suspendus...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Qui ont été suspendus.
M. Roberge : ...oui, c'est
ça. Et là on est davantage sur la question de l'accès au marché du travail.
Certains participants, en consultation, ont mentionné ça de plein de manières.
Certains parlaient de participation économique, d'autres parlaient de
participation au marché du travail. On aura peut-être quelque chose en ce
sens-là, un endroit où on pourrait l'insérer de manière un petit peu plus
précise, peut-être, quand on parle de la politique. Enfin, moi j'ai une option,
là, de le placer à cet endroit-là. Maintenant, ici comme fondement, je considérais
qu'on était davantage dans es grands thèmes plutôt que dans la précision. Et je
je pense que d'avoir, à l'alinéa 5°, «la possibilité offerte à tous de
participer pleinement à la société québécoise», mais ça inclut ces
dimensions-là. La participation pleine et entière, ça pourrait être à la vie
communautaire, ça peut être à la vie sociale, ça peut être à la vie économique.
Et je pense qu'ici je le laisserais de
cette manière-là, de manière plus générale, puis, plus loin, je serais ouvert à
l'écrire de manière un peu plus précise quand on parle davantage de ce qui
pourrait être un sujet de la politique.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des commentaires? M. le
député d'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors... Bien, écoutez, j'ai écouté attentivement votre réponse, M.
le ministre, mais permettez-moi d'être en désaccord avec votre position. Moi,
je pense qu'on a une opportunité ici de parler justement des fondements. Puis il
y a plusieurs groupes qui sont venus dire que le projet de loi était basé... ou
faisait beaucoup, beaucoup référence à tout le volet, et je ne dis pas que ce
n'est pas important, au contraire, là, mais le volet de la langue, de la
laïcité, de la culture, c'est superimportant, l'égalité entre les femmes et les
hommes, mais que pour qu'une intégration soit réussie, il faut aussi qu'il y
ait de la lutte contre la discrimination - cet article-là est suspendu - mais
qu'il y ait aussi un volet économique. Et, pour un grand nombre de groupes, ça
fait partie des fondements. Puis c'est pour ça que, permettez-moi, Mme la
Présidente, d'insister, je pense que c'est là que ça va, parce que, de toute
façon, après, bien sûr, on va parler de la politique, mais, normalement, M. le
ministre, la politique va être une élaboration, un aspect concret des
fondements que vous allez avoir établis dans la loi.
Et permettez-moi de vous citer le mémoire
de la Ligue des droits et libertés qui nous a été présenté à la commission, et
je cite, on nous dit, à la page 13 : «La mise en œuvre des droits
économiques, sociaux et culturels...» Donc, dans votre projet de loi, on les a,
on a un élément social, on a un élément culturel, mais on nous dit : «La
mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels constitue également
une clé à l'intégration que la Ligue des droits et libertés, particulièrement
pour les droits économiques, constate absente du pl 84.» On rajoute : «Le
Québec s'est engagé à respecter, protéger et mettre en œuvre ces droits,
notamment en adhérant au Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels, ce que l'on observe au Québec actuellement, bien que ce
ne soit pas la première occurrence, relève plutôt de reculs importants dans
l'accessibilité aux services publics, donc, en matière de droits à la santé, à
l'éducation, au niveau de vie, au logement et...
M. Morin : ...on nous
dit : «Des compressions budgétaires mènent à une régression généralisée
dans l'exercice de ces droits et à l'exacerbation d'inégalités sociales». C'est
le point de vue de la Ligue des droits et libertés.
• (15 h 50) •
Donc, si on veut véritablement accueillir
des gens puis leur proposer un modèle de vivre-ensemble, pour moi, dans les
fondements mêmes, quand... quand... quand le Québec va vouloir accueillir des
gens de l'étranger, bien, les gens de l'étranger ou même des gens qui sont déjà
ici, ils vont être capables de dire : Écoutez, on veut vraiment de nous
parce que, oui, il y a le français qui est la langue officielle et commune du
Québec, oui, il y a le principe de laïcité, oui, il y a le principe de
l'égalité entre les femmes et les hommes, mais il y a aussi, dans les
fondements, la possibilité d'avoir un accès équitable au marché du travail, et
ça, je pense que ça lance un message qui est très positif.
Et si je vous suis bien, M. le ministre,
avec votre projet de loi, vous voulez lancer un message positif à la population
et donc, dans tous les documents, puis même dans les politiques qui ont précédé
le projet de loi, on a toujours fait reposer ces éléments-là sur, bien sûr, un
élément de la culture québécoise, ça, vous l'avez, du français, mais il y a
toujours eu le volet lutte contre la discrimination, puis évidemment l'accès et
le respect des droits socioéconomiques. C'est essentiel. Et je vous ai lu un
extrait du mémoire de la Ligue des droits et libertés, mais ce ne sont pas les
seuls qui l'ont mentionné, il y a plein d'autres personnes qui en ont parlé et
qui nous ont dit que c'était... c'était vraiment, vraiment important.
Donc moi, si je vous tends... Je vous
tends la main. Je me dis : Là, c'est un élément important du projet de
loi. Donc, pourquoi on ne le met pas directement dans les fondements? Ça ferait
en sorte que ça le placerait sur un point d'égalité avec d'autres éléments qui
sont... qui sont importants, et ça permettrait aussi, éventuellement de
favoriser cette intégration-là, et ça, je pense que c'est très... c'est très
important, plus que dans... plus que dans la politique, à mon... à mon avis.
Donc, moi, c'est ce que je vous soumets, on a une opportunité et je vous invite
à la prendre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Je comprends les
interventions du collègue. Je pense qu'il y a plusieurs manières de faire écho
aux personnes qui sont venues en consultation. Des fois, on est vraiment en
désaccord. Ici, ce n'est pas un moment de désaccord, je ne m'oppose pas au
concept. C'est juste que, là, on a comme six fondements la culture, le français
et les valeurs d'égalité, la laïcité, la pleine participation à la société,
puis la primauté des lois. Pour moi, dans la pleine participation à la société,
on aurait ajouté pleinement, pour être sûr d'être plus global, c'est implicite,
c'est là. Je ne suis pas fermé à le mettre de manière explicite ailleurs, mais
je ne le mettrais pas ici de manière explicite. Je pense qu'on a six
fondements, puis chacun est décrit de manière assez large. Je le garderais tel
quel et je pense que ça peut faire écho, surtout à la lumière des débats, de la
préoccupation des gens.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député.
M. Morin : Et si vous me
permettez, M. le ministre, vous le voyez où, ailleurs, ce volet des droits
socioéconomiques de l'inclusion dans le marché du travail et d'un accès
équitable au marché du travail?
M. Roberge : Ouais, je pense
que ça pourrait être à 9 qu'on pourrait l'indiquer, à l'article 9.
M. Morin : Oui.
M. Roberge : À 9, ce n'est
pas clair, là.
M. Morin : Non, non, mais...
M. Roberge : Pas neuf comme
dans pas vieux, mais 9 comme dans le chiffre 9.
M. Morin : Non, bien sûr,
bien sûr. Oui, mais... oui, c'est ça, mais c'était mon point, M. le ministre, parce
que l'article9, c'est la politique. Comprenez-vous? Alors, c'est sûr que, dans
la politique, vous allez pouvoir ajouter une foule de sujets. En fait, la façon
dont l'article 9 du projet de loi est même rédigé présentement, ça
dit : «La politique peut notamment traiter». Alors, il y a plein de trucs
que vous pouvez mettre là-dedans, mais ça ne sera pas un fondement, et il est
là, mon point. Tu sais, quand vous parlez... puis je vous comprends, j'ai
écouté ce que vous avez dit, bon, pour...
M. Morin : ...il faut que
ça soit le socle. Bon d'accord, parfait. Mais justement, la vie économique, le
marché du travail, le marché de l'emploi, le fait d'avoir un accès équitable au
travail, plusieurs groupes nous ont dit que c'est un élément fondamental,
charnière. Alors, ce n'est pas juste un... Je vous soumets, ce n'est pas juste
un élément de politique, c'est quelque chose sur lequel on réussit ou pas une
intégration. Et évidemment, si vous le mettez dans les fondements, bien moi, je
me dis, pour une intégration réussie, ça va vous permettre bien sûr d'avoir des
éléments que vous allez pouvoir évaluer. Ça va vous permettre aussi,
éventuellement, de mettre en place certains objectifs qui vont tenir compte de
ça dans la politique. C'est quelque chose qui, pour moi, est beaucoup moins
précis, d'ailleurs, de la façon dont l'article 9 est rédigé, là. Et c'est
beaucoup moins contraignant que si vous le mettez comme un fondement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
comprends mon collègue, mais je continue de croire que lorsqu'on parle au point
5° de la possibilité offerte à tous de participer pleinement à la société
québécoise, on inclut ici la participation économique ou au marché du travail,
on pourrait dire communautaire, et il y aurait plein d'autres volets, et je
pense que c'est suffisamment précis pour cette section-là sur les fondements.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais laisser le collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne poser
sa question. Oui.
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. Bien, le ministre, indirectement, soulève une voie de
passage qui pourrait être intéressante, là. Il réfère lui-même beaucoup à
l'article 5. Il veut... Il nous a parlé de six fondements. J'en suis. Bon,
peut-être un septième, là. On va l'entendre sur discrimination et lutte au
racisme un petit peu plus tard, mais on pourrait expliciter, là, au cinquième
point, notamment de manière socioéconomique comme il le soulève ou comme il le fournit
en contre-argument ou contre-réponse, là, dans les deux dernières interventions
de sa part, là. On pourrait voir la possibilité offerte à tous de participer à
la société québécoise. Là, c'est pleinement, là, on l'a amendé, mais notamment
suivant une intégration économique, socioéconomique, peu importe, inclusion au
marché du travail. Je le dis parce que, pour des groupes et pour plusieurs
personnes, «implicite», ce n'était pas suffisant et ce n'était pas suffisant à
cause de la grandeur de la tâche qui nous attend, Mme la Présidente, si on veut
bien réussir notre modèle d'intégration. Et je cite notamment, puis j'ai trouvé
très intéressant le mémoire de la ville de Québec. «Toutefois, une majorité des
nouveaux arrivants, y compris les mieux outillés pour réussir leur intégration,
sont souvent confrontés à des barrières entravant leur intégration
socioéconomique. Malgré des avancées notables, les diplômes, les acquis et les
expériences des nouveaux arrivants ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur,
entravant et ralentissant leur insertion professionnelle. Malgré leurs
qualifications, certains immigrants permanents, voire certains nouveaux
citoyens issus de l'immigration, font face à des défis d'employabilité au
Québec, entre autres liés à la complexité d'accès à certains métiers
réglementés, à la difficulté à naviguer le marché de l'emploi, la culture du
travail, les défis entourant la création d'un réseau socioprofessionnel». Et ça
continue comme ça pour nous dire qu'au final, si on ne réussit pas
l'intégration socioprofessionnelle, socioéconomique des nouveaux arrivants, on
ne réussira pas notre modèle d'intégration nationale. Ça doit en faire une
partie. Pour moi, elle est fondamentale.
Donc, je comprends, M. le ministre, si
vous ne voulez pas ajouter un septième ou un huitième point, mais si on pouvait
explicitement, là, le nommer avec un notamment, ce qu'on fait souvent, ce qui
n'exclut pas les autres facteurs, mais si on pouvait directement le nommer dans
la pleine participation, notamment l'intégration socioéconomique, par exemple,
peut-être que, là, on pourrait commencer à avoir un parcours ou un, disons, un
chemin plus consensuel. On le mettrait aussi à 9. Je comprends, le ministre ne
veut pas alourdir les fondements, créer un septième, un huitième et un neuvième
fondement. Et là, si on venait tout simplement l'intégrer, là, c'est l'ajout de
quatre, cinq mots, là, je ne pense pas que ce soit la fin... la fin des
haricots, comme dit mon collègue de Rosemont. Je pense qu'on pourrait avoir quelque
chose peut-être, là, qui permettrait peut-être, là, je ne veux pas parler pour
le collègue de l'Acadie, mais si, au moins, on pouvait l'avoir explicité dans
les fondements, je pense que ça enverrait un message fort central dans ce
qu'on... ce que le ministre s'apprête à construire, ou en tout cas ce que ce
que le projet de loi s'apprête à construire. C'est une proposition de votre
passage.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
j'entends la proposition constructive de mon collègue. Là, on est... on est
dans...
M. Roberge : ...dans les
propositions constructives dans les compréhensions, dans ce cas-ci, je
n'accueille pas cette proposition-là favorablement. On a rajouté «pleinement»,
on disait «participer à la société québécoise», on a rajouté ça pour dire,
justement, soyons large, ouvrons les différents volets de la participation
citoyenne, et on a choisi de l'indiquer comme ça après les consultations, pas
avant. Mais après, en tenant compte de ça, c'est... on n'a pas eu la même
manière de répondre aux préoccupations des gens. Mais, reste que ceci arrive
après la consultation, en écho aux préoccupations des groupes, des experts ici
et ailleurs. Cen n'est pas tous les éléments qui se retrouvent dans tous les
articles. Des fois il y a des choses qu'on met dans un article, d'autres qu'on
met dans l'autre de manière plus précise. Je vous dirais que c'est l'arbitrage
qu'on... qu'on privilégie ici.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. S'il y a d'autres interventions sur l'amendement. M.
le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien, écoutez,
c'est... on peut continuer d'en parler, là, mais je sens que, du côté du
ministre, c'est plus... comment dirais-je, il y a moins de réceptivité,
disons-le comme ça. J'ai écoutais la... j'écoutais la proposition de mon
collègue, le député de 3shsa, personnellement, moi, moi, ça m'irait, là, ce
qui... ce qu'il propose. L'essentiel, c'est qu'on ait un message à l'effet que
pour nous, au Québec, accès au travail, l'accès équitable au marché du travail,
la lutte contre la discrimination, ça fait partie des fondements de notre
politique d'intégration, et c'est ce que je disais précédemment, Mme la
Présidente. Pour moi, c'est un message clair et positif qu'on envoie.
D'ailleurs quand on se rappelle, même le... si mon souvenir est bon, le mémoire
du Commissaire à la langue française, il parlait à l'effet que l'intégration
doit être... à l'emploi, doit être exempte de discrimination. Il disait même
que ça devrait faire partie d'un devoir de l'État. Donc ça, c'est plus
qu'une... qu'une politique, puis c'est le gouvernement qui a... qui a nommé le
Commissaire à la langue française puis qu'il joue un rôle important. Donc, tu
sais, ce n'est pas juste moi, le député de l'Acadie, qui dit : Bien,
écoutez, vous devriez mettre ça, c'est important, là, il y a plusieurs groupes
qui l'ont dit. Puis, tu sais, on nous a rappelé également qu'il y a même
certains emplois qui ne favorisaient pas l'intégration. Donc, il faut... il
faut... il faut travailler avec le milieu économique pour être capable de bien
intégrer.
Et on en parlait un peu plus tôt
aujourd'hui, tu sais, il y a des entreprises présentement qui contribuent à
l'intégration, et on a aussi des témoignages de plusieurs personnes, des
travailleurs, des travailleurs temporaires étrangers qui nous disent :
Moi, le fait d'être dans une entreprise qui, par exemple, va aider à la
francisation, qui va faire en sorte que je vais pouvoir participer à des
activités dans une... dans une région du Québec, moi, ça m'aide à m'intégrer
puis à comprendre la société québécoise. Donc, c'est un... c'est un volet qui,
pour moi, était important puis, je le répète, pour moi, c'est plus qu'un
élément d'une politique.
Alors, je... je reprends ce que soulignait
M. le ministre quand il dit :Bien, pour moi, je le vois... je le vois dans
la possibilité à tous de participer à la société québécoise. Bien, si on
ajoute, comme le collègue de 3Shsa le soulignait notamment par : C'est
une caractérisation qu'on fait de la l'importance de participer à la société
québécoise puis de reconnaître que le volet économique est fondamental. Je dois
vous dire, honnêtement, que j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi M. le ministre
ne veut pas le mettre dans un des fondements. Je vous le dis sincèrement.
Est-ce qu'il a peur que ça engage des fonds publics? Je ne sais pas, mais...
mais on a parlé de plusieurs éléments qui sont importants, puis on le... je le
reconnais, bon, on parle de la langue, on parle d'évidemment la laïcité de
l'État, on parle de l'égalité hommes... c'est tout important, c'est hyper
important, mais cet élément-là est aussi important.
Donc, écoutez, c'est... là, je pense que
j'ai expliqué par tous les tenants et aboutissants pourquoi c'est important. Ce
n'est pas juste moi, c'est plusieurs groupes. Maintenant, là, à un moment
donné, je vais m'en remettre à la décision de M. le ministre. C'est lui, en
bout de piste, qui va décider.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci...
16 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...est-ce que d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Roberge : Rejeté.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le vote? On va procéder au vote.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement est donc rejeté. Nous revenons donc
à l'article 5 tel qu'amendé. Je vous rappelle qu'il y a deux amendements
qui sont également suspendus. Mais est-ce qu'on poursuit les interventions sur...
M. Morin : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne avait levé sa
main. On revient à vous après.
M. Morin : Bien,
allons-y, on reviendra après, il n'y a pas de souci.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Bien, j'ai évidemment aussi des amendements, mais on avait
suspendu les deux, là, je me demande si...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Les deux qui sont sur la lutte contre la discrimination ou
la discrimination, c'est suspendu. On revient au texte.
M. Cliche-Rivard : Exact.
Le ministre devait prendre la pause, là, je ne sais pas si ça a été possible,
si on pouvait entendre de son côté est-ce qu'on a discuté ou est-ce que ça, c'est
plutôt reporté à demain. J'aurais peut-être juste voulu savoir où est-ce qu'on
s'en va.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui, merci.
Donc, des fois, on s'entend qu'on ne s'entend pas, puis des fois on essaie...
on finit par trouver un moyen de se rejoint au milieu. J'espère que ce sera le
cas pour cette fois-ci. Donc, il y a des amendements qui sont suspendus, mais
le débat était sur : est-ce qu'on ajoute la notion de lutte contre racisme
et discrimination? J'avais précisé qu'on faisait référence directement à la
Charte des droits et libertés et lu un extrait qui allait dans ce sens-là. Je
sais que mes collègues aiment bien les «ainsi que» ou «notamment» pour le
préciser. Si... Je lis quelque chose qui pourrait être un amendement déposé, Mme
la Présidente, là, on est à la cherche de solutions. Si on allait au point 3,
en ce moment, on parle des fondements puis, au point 3, on a l'adhésion
aux valeurs démocratiques et aux valeurs québécoises exprimées notamment par la
Charte des droits et libertés de la personne, chapitre C-12, dont l'égalité
entre les femmes et les hommes. On m'a fait remarquer qu'ici l'égalité entre
les femmes et les hommes était déjà dans la Charte des droits et libertés puis qu'on
en faisait l'énumération pour dire que c'est plus important. Puis on pourrait
ajouter après «dont l'égalité entre les femmes et les hommes», on pourrait
ajouter «ainsi que la lutte contre le racisme et la discrimination». Donc, ça
pourrait être une manière, sans ajouter un septième, je pense, d'intégrer les
préoccupations en le libellant d'une manière qui passerait la rampe. Est-ce que
vous souhaitez... juste parce que je l'ai lu, mais est-ce que vous souhaitez qu'on
le dépose comme amendement puis qu'on le voit à l'écran?
M. Cliche-Rivard : J'aimerais
ça.
M. Roberge : Oui? O.K. Allons-y
comme ça.
M. Cliche-Rivard : Puis
on peut juste...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, nous allons suspendre pour qu'on puisse trouver le
dénouement. Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 08)
(Reprise à 16 h 11)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, M. le ministre, nous en étions à une proposition d'amendement,
que nous voyons à l'instant, que tout le monde a sur Greffier. Je vais vous
demander d'en faire la lecture.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. Donc, article cinq : Insérer, à la fin du paragraphe trois de
l'article cinq du projet de loi, tel qu'amendé, «ainsi que la lutte contre le
racisme et la discrimination.»
C'est un amendement qui a pour objet
d'ajouter «la lutte contre le racisme et la discrimination» à titre d'exemple
de valeurs exprimées par la Charte des droits et libertés de la personne.
J'ajoute que ça devient, donc, par «un des fondements», on le met en exergue
comme on l'a fait avec l'égalité entre les hommes et les femmes. Puis, voilà,
je pense que ça répondrait à des préoccupations des collègues, mais aussi des
groupes qui sont venus mentionner cet élément-là, qui était en filigrane dans
la loi, évidemment, mais là on le mettrait de manière beaucoup plus visible.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. J'ai des interventions sur l'amendement? M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Écoutez, ça... je vous dirais que c'est... pour moi, là, c'est...
c'est acceptable. Ça va devenir un des éléments qui va faire partie du modèle
d'intégration et donc ça va être un des fondements, finalement. Alors, dans les
circonstances, c'était important pour moi que ça apparaisse dans le projet de
loi, comme tel, pour qu'on lance un message clair, qui, comme je l'exprimais ce
matin, au fond, est plus que l'énumération des droits qui sont énoncés dans la
Charte. C'est fondamental, évidemment, puis il faut que les gens les
connaissent. Ça, c'est sûr. Mais là, ça implique davantage qu'il faut... quant
à moi, la façon dont je l'interpréterais, c'est qu'il y ait une action
positive, concrète contre le racisme et la discrimination. Donc, dans ce
cas-ci, je serais prêt à accepter l'amendement, là, qui est proposé par M. le
ministre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Si on peut... C'est-tu possible de juste baisser un peu l'écran,
qu'on voit le texte intégral?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Intégral. Avec la proposition.
M. Cliche-Rivard : Avec la
proposition qu'il intègre. Parfait! Merci beaucoup. Donc, voilà, on irait donc
avec ça : «Le modèle suivant d'intégration nationale repose sur les
fondements suivants», et là c'est le «notamment» qui est intéressant,
«l'adhésion aux valeurs démocratiques de même qu'aux valeurs québécoises
exprimées notamment par la Charte.» Ça fait qu'il y a effectivement «la
Charte», mais il y en a d'autres, là. Puis là, «dont l'égalité entre les hommes
et les femmes ainsi que la lutte contre le racisme et à la discrimination»...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : «Et la discrimination».
M. Cliche-Rivard : ...«et à
la discrimination», j'aurais juste une question. Les deux principes - puis
c'est peut-être une question pour les légistes, là - qui sont notés sont
l'égalité hommes-femmes et la lutte contre le racisme et la discrimination. Ça,
c'est lié à la charte ou ce sont des valeurs? Bref, ma question est sur la
virgule du «notamment par la Charte des droits et libertés», là : Est-ce
que les deux principes qui suivent s'interprètent intrinsèquement de la Charte
ou s'ils réfèrent aux valeurs démocratiques puis à l'adhésion des valeurs
démocratiques puis valeurs québécoises? Parce que je pose la question dans ce
sens-là pour être plus clair. Ma compréhension, c'est que la Charte donne des
droits à l'égalité. Mais est-ce que la... puis là, vous me direz que oui,
probablement, la Charte a pour valeurs exprimées... Parce que, dans les
considérants de la charte...
M. Cliche-Rivard : …il n'y a
pas la lutte au racisme, à la discrimination, dans les considérants de la
charte, il y a l'égalité homme-femme, il y en a plein d'autres, mais est-ce que
la lutte à la discrimination et au racisme fait partie des valeurs intégrantes
de la charte? Je devine que vous allez me dire que oui, là, bien que ce n'est
pas dans les considérants. Ça fait que c'est un petit peu ça, l'objectif de ma
question. Puis finalement, est-ce qu'on se réfère à la charte dans «dont
l'égalité», ou si, finalement, on se réfère aux valeurs démocratiques et aux
valeurs québécoises?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. On va laisser la parole au légiste. Je vais demander
de vous présenter, s'il vous plaît, et je vais demander le consentement.
Consentement? Consentement. Je vous demande de vous présenter.
M. Roy (Gabriel) : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Mon nom est Gabriel Roy, je suis avocat pour le ministère de
la Langue française. Alors, en fait, c'est, je vous dirais, un peu des deux,
pour répondre à votre question, c'est-à-dire que l'égalité entre les femmes et
les hommes et la lutte contre le racisme, la discrimination, ça se rapporte aux
valeurs, donc les valeurs québécoises, les valeurs démocratiques, qui sont
notamment exprimées par la charte. Donc, ce sont ces valeurs-là. La charte les
exprime, c'est un «notamment», donc ce n'est pas exclusif. Mais certes, la
charte les exprime en raison, comme vous avez dit, là, des interdictions de
discriminer. Donc, ça s'inscrit dans cette notion-là de lutte contre le racisme
et la discrimination.
M. Cliche-Rivard : Parfait…
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député, je vous reviens…
M. Cliche-Rivard : Non, ça
va, Mme la Présidente, et, bien, en fait, moi, j'accueille avec… Je suis assez
favorable, là. Je pense que… je trouve que c'est une voie de passage
importante. Notamment, je constate aussi, là, les arguments de la lettre
ouverte de ce matin. J'en lis un petit bout, là : «Nous notons aussi que
le projet de loi n° 84 ne contient aucune disposition se rattachant à la
lutte contre la discrimination et le racisme systémique, une lutte pourtant
essentielle pour faciliter et favoriser l'intégration.» Bon, ce n'est pas
l'ensemble ou exactement les mots qu'ils utilisent, mais, quand même, on
verrait là une bonification qui me semble quand même intéressante. Donc là, je
continue ma réflexion, Mme la Présidente, mais en amont, je trouve ça très
intéressant.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. J'ai d'autres interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, juste pour que ce soit bien clair, là, Maître Roy, n'est-ce
pas? Ma compréhension de l'amendement, et vous y avez fait référence, tout à
l'heure, c'est que, parmi les fondements, là, on a l'adhésion aux valeurs
démocratiques. Ça, c'en est un. Et là, on parle après ça des valeurs
québécoises. Là, dans les valeurs québécoises, on a la charte, mais il y a
aussi l'égalité entre les hommes et les femmes, qui se retrouve dans la charte,
mais ma compréhension, c'est de la façon dont c'est rédigé, oui, c'est dans la
charte, mais c'est aussi une valeur québécoise. Et on rajoute la lutte contre
le racisme et la discrimination. Donc, au fond, on a différentes composantes.
Et, si mon interprétation est bonne, à ce moment-là, ça répond à l'objectif
avec cet… l'amendement que j'ai présenté, parce qu'on en fait finalement un des
fondements. Est-ce que c'est… mon interprétation est bonne ou ce n'est pas ça?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Me Roy. Oui, ça va? Me Roy.
M. Roy (Gabriel) : Oui. Alors,
en fait, comme le commentaire le mentionne, c'est que c'est ajouté à titre
vraiment de valeur, là. Donc, c'est une valeur québécoise, la lutte contre le
racisme et la discrimination. Elle est notamment exprimée par la Charte des
droits et libertés de la personne, mais c'est essentiellement à titre de
valeur. Et le fondement, c'est l'adhésion à cette valeur-là. Donc,
effectivement, de ce point de vue là, je pense qu'on peut faire le lien que
vous semblez faire.
M. Morin : O.K., exactement.
Donc, en fait, qu'on le place un peu plus loin dans un… dans un élément à part
ou qu'on l'ajoute comme ça, finalement, ma compréhension, c'est qu'on va
atteindre le même objectif, c'est-à-dire que c'est une valeur québécoise et ça
fait partie d'un des fondements du projet de loi.
M. Roy (Gabriel) : Tout à
fait.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
présenté par le ministre? S'il n'y a pas d'autres… Oui? Votre réflexion se
poursuivait.
M. Cliche-Rivard : Merci. Mme
la Présidente. Comment? Oui, je vous suis tout le temps. Je pense qu'on fait un
bon pas, M. le ministre, et je pense que, comme l'ensemble des autres
dispositions, un petit peu plus loin, qui met en action notamment certains
éléments, puis vous y… vous en avez fait référence tantôt, eu égard au
socio-économique, on va espérer pouvoir le voir être répliqué dans peut-être d'autres
dispositions, là, notamment. Donc, je le place ici, je pense que c'est
important pour…
M. Cliche-Rivard : ...pour le
fondement et après on verra notamment ce sur quoi la politique va se
positionner à l'article 9, notamment, le ministre en faisait référence. J'ai
espoir que la même ouverture se déclinera dans les éléments de mise en œuvre.
Donc, c'est un commentaire que je laisse ici, donc, en accueillant l'ouverture,
mais en espérant qu'elle se matérialise dans les arguments ou dans les éléments
plus substantifs et actifs, disons, de la mise en œuvre de ladite politique.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, l'amendement est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Donc, je reviendrais aux deux amendements qui
étaient suspendus, compte tenu du nouvel amendement qu'on vient de déposer. Je
vous laisse chacun la parole pour... Oui, M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne...
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Je m'excuse, je m'excuse. - une chance que j'ai ma
secrétaire - ça prend quand même le consentement à la proposition que je vous
fais de revenir aux amendements suspendus. Consentement? Consentement. Allez-y,
M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, compte tenu de l'amendement que nous venons
d'adopter, je pense que ce qu'on avait proposé initialement est un peu caduc.
Donc, je demanderais consentement pour le retirer.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement pour retirer l'amendement du député de
Saint-Henri-Sainte-Anne? Consentement. M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je ferai de même, compte tenu de l'amendement que l'on vient
d'adopter. Je vais solliciter le consentement des membres de la commission pour
que l'amendement que j'ai déposé soit retiré.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, y a-t-il consentement pour le retrait de l'amendement
du député d'Acadie? Consentement. Parfait. Nous revenons donc à l'article 5 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 5 tel
qu'amendé? M. le député d'Acadie... de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : ...Mme la
Présidente. Bon. O.K. Celui sur la Charte de la langue française, s'il vous
plaît, Mme la secrétaire. On aura un amendement à présenter, M. le ministre,
vous devinez bien de quoi il s'agit.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va juste attendre 30 secondes...
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...que nous puissions bien sûr le voir à l'écran, puis je
vais vous demander, lorsque nous allons le voir, le constater, d'en faire la
lecture.
M. Cliche-Rivard : L'article
5 du projet de loi est modifié par le paragraphe 2°, l'ajout, après «le
français», des mots «, tel qu'affirmé par la Charte de la langue française,».
Mme la Présidente, c'est assez simple.
C'est le Commissaire à la langue française qui nous demandait ça, à la page 7,
notamment, de son mémoire. Il indiquait que ce serait plus clair de faire
directement référence à ladite charte dans le texte directement.
Donc, ça se lirait comme ça : «Le
français, tel qu'affirmé par la Charte de la langue française, est la langue
officielle et commune du Québec et à ce titre.»
Donc, c'est la recommandation du
commissaire, je cite, là : «Nous considérons comme important que cet
article fasse référence à la Charte de la langue française, par souci de
cohérence, pour harmoniser l'interprétation et l'application de ces éléments.»
Donc, considérant qu'on a avec nous le ministre de la Langue française, je
devine bien qu'il sera ouvert, j'espère, à intégrer la recommandation que lui
fait notre Commissaire à la langue française. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien,
écoutez, c'est sûr que ça me fait toujours un petit velours quand on fait
référence à la charte. La question, je demande au juriste, juste, voir dans
quelle mesure c'est pertinent, dans quelle mesure ça s'intègre bien. On peut
faire les vérifications à cet égard-là, je vous dirais que je n'ai pas
d'objection idéologique à ce qu'on le mentionne. La seule question,
c'est : Est-ce le bon endroit? Est-ce la bonne formulation? Je ne sais pas
si, pendant qu'on regarde, si mon collègue de l'Acadie a une opinion sur le
sujet.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui, en fait, très
brièvement, Mme la Présidente. Écoutez, pour moi, c'est... En tout cas, quand
j'ai lu le projet de loi, pour moi, c'était clair que c'était le français
affirmé par la Charte de la langue française. C'est là-dedans qu'il y a des
dispositions qui parlent évidemment du français comme langue officielle et
commune, donc. Mais le souligner suite à la recommandation du commissaire,
écoutez, moi, ça ne... je n'ai pas d'enjeu avec ça.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre, est-ce que vous désirez qu'on suspende? Je
pense que...
M. Roberge : On peut-tu
suspendre pour analyser correctement, pour être sûr...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...merci. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 35)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, au moment de suspendre, nous en étions à un amendement déposé
par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Je vous laisse la parole.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, suivant les discussions, on semble avoir
trouvé une voie de passage. Alors, avec consentement, je retirerais l'amendement
présenté pour en déposer un nouveau.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Y a-t-il consentement pour le retrait de l'amendement?
Des voix
: Consentement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Le... La nouvelle proposition est sur
Greffier. Je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Article 5 : Insérer, dans ce qui précède le sous-paragraphe a du paragraphe
deux de l'article 5 du projet de loi tel qu'amendé et après «Québec», «en
vertu de la Charte de la langue française (chapitre C-11)».
Donc, je verse, Mme la Présidente, mes
commentaires précédents dans cet amendement-ci. C'est notamment une demande du
commissaire à la langue française, qui en fait quelques-unes dans son mémoire
et dans ses recommandations, mais celle-là plus spécifiquement, au regard de l'article 5,
il nous mentionnait que ça pourrait être par souci de cohérence, pour
harmoniser l'interprétation et l'application de ces éléments qu'on devrait
fonctionner ainsi. Alors, voilà. Je pense qu'on peut avoir quelque chose qui
fonctionne pour tout le monde. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Y a-t-il d'autres... d'autres interventions sur l'amendement
proposé?
M. Morin : ...vous dire, Mme
la Présidente, que ça me convient.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça vous convient?
M. Morin : Il n'y a pas... Il
n'y a pas de souci, oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je vais mettre aux voix l'amendement. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. On revient donc à l'article 5 tel qu'amendé.
M. le député.
M. Morin : ...de Saint-Henri—Sainte-Anne
a d'autres amendements. Alors, je le laisserais aller.
M. Cliche-Rivard : Ah oui?
M. Morin : Puis j'en ai
après, là...
M. Cliche-Rivard : Bien là,
vas-y, André. Chacun son tour.
M. Morin : Chacun...
M. Cliche-Rivard : Vas-y.
M. Morin : Bon, d'accord. Alors,
on y va.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le principe d'alternance, c'est pour ça, je me retournais
vers vous. Allez-y.
M. Morin : Bon, bien,
allons... alternons, alternons.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alternons.
M. Morin : Donc, il y a un
amendement qui a été envoyé dans le Greffier.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, le voici. Je vais vous demander d'en faire la
lecture.
M. Morin : Oui, exact,tout
à fait. Alors, article 5 : L'article 5 du projet de loi est
modifié par l'insertion à la fin de l'article du paragraphe suivant :
«7° l'apport des municipalités et des
villes comme partenaire dans la planification, l'accueil et l'intégration.»
L'article modifié se lirait comme suit :
«7° l'apport des municipalités et des
villes comme partenaire dans la planification, l'accueil et l'intégration.»
Donc, je dépose cet amendement, Mme la Présidente,
parce qu'à l'article 5 on est vraiment en train de définir le modèle d'intégration,
les fondements, la façon, évidemment, de le mettre en œuvre, de le mettre en
place. Et donc, quand on était en consultations particulières avec les groupes,
il y a plusieurs municipalités et également la... l'Union des municipalités du
Québec qui nous ont dit que les municipalités au Québec jouaient un rôle
prépondérant dans l'intégration des nouveaux arrivants. Et donc j'ai retenu cet
élément-là. Et, si vous me... si vous me permettez, ça permet, évidemment, dans
le cadre des fondements de... en fait, ce qu'on... ce qu'on définit comme étant
le modèle d'intégration nationale, une façon de rendre vivant ce modèle, et on
disait que ça permettait, entre autres, de tenir compte des réalités locales et
régionales, parce que les municipalités sont très bien placées pour faire un
suivi, pour mettre en place différents éléments qui vont aider les citoyens sur
leurs territoires. On nous disait que, dans bien des cas, souvent, le citoyen
va s'adresser à son élu municipal d'abord ou va aller voir l'administration de
sa municipalité pour avoir des services. Donc, ça permet, en tenant compte des
villes et en travaillant avec les municipalités et les villes dans la
planification, d'abord de dégager un modèle qui va être un modèle que je
qualifierais de...
M. Morin : ...la
collaboration entre le gouvernement du Québec et les municipalités, et de
travailler à une stratégie concrète de régionalisation de l'immigration. D'ailleurs,
l'UMQ rappelait le rôle qu'elle a joué, et sa participation lors des
consultations sur la planification de l'immigration au Québec. Et c'est un rôle
qui est important. On reconnaît également que, présentement, dans le bilan
démographique du Québec, la population immigrante se concentre en majorité dans
la région métropolitaine de Montréal, mais qu'il y a quand même une tendance à
la régionalisation qui est en train de se dessiner. D'ailleurs, on le voit par
l'intermédiaire des journaux. Puis je vous parlerai d'une expérience spécifique
dans deux municipalités tout à l'heure. Et c'est ce qui me permet évidemment
d'appuyer le dépôt de cet amendement.
• (16 h 40) •
Donc, il y a une tendance au Québec à ce
que les personnes qui arrivent ne soient pas uniquement, ne vivent pas
uniquement dans la région de Montréal, mais qu'elles se dispersent sur le
territoire, le territoire québécois. Et quand on... quand on regarde la
rédaction de l'article 5, on dit entre autres qu'il faut prendre des
mesures pour que tous les Québécois y participent et en plus que tout le monde
doit participer sur le territoire du Québec. Et là, évidemment, on se rend
compte de l'importance des municipalités à ce moment-là. On nous souligne dans
le mémoire de l'Union des municipalités du Québec que la population, évidemment
hors Montréal, reste inférieure au poids démographique des régions concernées,
mais que ça représente quand même un changement de population et une mouvance
de la population. D'ailleurs, on le souligne dans différentes entreprises qui
sont installées en région et qui accueillent des travailleurs étrangers, qu'ils
soient temporaires ou pas, et donc qui vont s'implanter dans des milieux à
l'extérieur de Montréal. On parle d'intégration. On peut parler aussi des étudiants
étrangers qui sont dans différents campus à l'extérieur de Montréal.
Resteront-ils au Québec ou pas? Bien là, ça reste à voir, mais que ce soit pour
un diplôme de premier cycle secondaire ou pour des études supérieures, que ce
soit à la maîtrise, au doctorat ou même au postdoc, ces gens-là vont résider
sur le territoire québécois pendant des années. Alors donc, raison de plus de
les inclure. Et là, à ce moment-là, on parle des régions, on ne parle pas
uniquement de Montréal.
Donc, ce que l'UMQ nous disait, c'est
qu'au fond la loi devrait prendre en considération des composantes pour
s'adapter aux réalités vécues en région puis permettre l'enracinement optimal
des personnes candidates à l'immigration. Évidemment, il y a la détermination
de la capacité d'accueil, et ça, ça dépend de plusieurs facteurs, et ça peut
varier d'une municipalité à l'autre. Mais qui est le mieux outillé qu'une
municipalité pour tenir compte de la capacité d'accueil au sein de son
territoire, que ce soit en termes d'accès aux écoles, aux hôpitaux, etc. Donc,
ce qu'on nous rappelait, c'était que les municipalités devraient être des
parties prenantes du processus de la définition des besoins à l'édification des
enjeux, en passant par la mise en œuvre de plans d'action concrets sur le
territoire. On dit qu'évidemment ça peut faire partie intégrante de la
politique. Donc, tout dépendant de l'ouverture du ministre, si à
l'article 5 ça ne fonctionne pas, bien, je me réserve le droit de revenir
un peu plus tard dans le projet de loi. Mais dans l'UMQ, leur mémoire, on
suggérait de modifier l'article 5 du projet de loi pour tenir compte des
réalités locales, régionales. Donc... Et ça, bien, pour moi, l'apport des
municipalités, des villes comme partenaires dans la planification, l'accueil et
l'intégration devient donc essentielle. Et donc ça répond, ça répond à un appel
que nous lançait l'UMQ, de faire en sorte que ça puisse, ça puisse fonctionner.
Et ça, je pense que c'est très.
M. Morin : ...c'est très
important pour permettre un meilleur... un meilleur accompagnement des
personnes... des personnes immigrantes. Donc, il me semble que ça devrait faire
partie intégrante de l'article cinq.
Et je me permets également de vous
souligner... Parce que, quand l'UMQ nous parle du rôle des municipalités, on
nous dit évidemment que les municipalités ont un rôle à jouer. Sauf que c'est à
un plan, permettez-moi de le qualifier, peut-être un peu macro, qui touche
l'ensemble des municipalités. Mais il y a aussi des exemples concrets. Et, en
mars 2025, donc il n'y a pas tellement longtemps, il y avait... il y avait un
article intéressant dans Le Nouvelliste, un article d'Audrey Tremblay qui
titrait : La Tuque se donne d'une politique d'accueil et d'inclusion. Et
c'est particulièrement intéressant. Donc, ça reflète, ça illustre d'une façon
très concrète le rôle important des municipalités. Et on rappelle dans
l'article que «La Tuque veut... donc en Haute-Mauricie, veut être un milieu
inclusif et accueillant pour les gens qui souhaitent s'y établir et surtout y
rester.» Et donc, ils ont même pris la peine de lancer une politique d'accueil
et d'inclusion. Et ils ont créé un comité dans le but de «créer une ville
dynamique où la diversité est valorisée comme une richesse, où chaque individu
peut contribuer au développement économique, social, communautaire et
culturel.»
Parce que l'autre élément aussi qu'il
faut... qu'il faut souligner, Mme la Présidente, quand quelqu'un de l'étranger,
un immigrant s'installe dans une municipalité et qu'il veut y vivre, c'est sûr
que ça a un impact économique important. Éventuellement, il va vouloir y
travailler, donc c'est ce qu'on... c'est ce dont je parlais un peu plus tôt, à
savoir l'importance de l'aspect économique dans l'intégration. Ça, c'est un
élément. Mais, s'il obtient un emploi, qu'il s'établisse, bien, peut-être qu'il
va vouloir acheter un logement ou louer un logement, après ça, bien, il va
faire des achats, avoir une famille. Donc, pour une municipalité, pour une
région, ça représente, pendant des années, des investissements importants.
Puis, ça, il faut le dire.
Donc, dans la ville de La Tuque, ils ont
un slogan, une image de marque qui dit, au fond, Vraie dehors comme dedans, et
ça permet aux nouveaux arrivants de se sentir les bienvenus dans l'agglomération
pour que tout le monde y trouve sa place. Donc, ça, c'est le maire de La Tuque,
M. Martel, qui l'affirmait. Et donc il y a plusieurs dispositions, plusieurs
initiatives en lien avec l'attraction, l'accueil, la sensibilisation,
l'éducation, l'enracinement, la participation à la vie active, donc autant...
autant d'initiatives qui sont mises de l'avant par la ville, qui vont permettre
évidemment de faire en sorte que les fondements qui sont... qui sont dans la
loi, parce qu'on est toujours à l'article cinq et on parle toujours du modèle
d'intégration nationale. Donc, ça va permettre à la municipalité et à
l'ensemble des municipalités, si le ministre accepte un amendement, de faire en
sorte qu'il pourrait y avoir une très belle collaboration.
Et on nous disait dans l'article que les
statistiques démontrent que La Tuque accueille de plus en plus de personnes
issues de l'immigration, souvent accompagnées de leur famille. Donc, ça permet
une vitalité économique dans la région. Et on rappelle également que le succès
d'une telle politique repose en grande partie sur son appropriation par
l'ensemble de la population.
Donc, ça, c'est un... c'est un cas très
concret d'une ville importante en région qui joue un rôle prépondérant dans
l'intégration, objectif visé par le gouvernement avec son projet de loi. Et ça
rejoint exactement ce que l'Union des municipalités du Québec nous suggérait
dans son mémoire sur le projet de loi n° 84.
Je tiens également à souligner l'apport de
la ville de Sherbrooke. On se souviendra du passage en commission de la
mairesse, Mme Évelyne Beaudin. Ils ont déposé un mémoire et ils nous parlaient
justement du rôle grandissant des villes et des MRC en matière d'intégration.
Dans le mémoire, on nous parle également de la régionalisation de l'immigration...
M. Morin : ...au cœur de
l'intégration nationale, d'où pour moi la logique de vouloir inclure cet
amendement à l'article 5 qui parle évidemment des... des fondements, et
ça, ça m'apparaît, ça m'apparaît essentiel.
• (16 h 50) •
On nous rappelle, on nous rappelle qu'il
est important — d'ailleurs, c'est une recommandation de la ville de
Sherbrooke et je suis à la page 3 de leur mémoire — d'ajouter le
principe de régionalisation de l'immigration parmi les fondements. Moi, la façon
dont je l'ai rédigé, c'est plutôt pour mentionner concrètement l'apport des
municipalités. Bien sûr, s'il y a l'apport des municipalités, bien, ça permet,
bien sûr, à régionaliser à l'immigration. Si M. le ministre préfère parler de
régionalisation de l'immigration, ça va me faire plaisir d'en discuter avec
lui, ça, il n'y a pas... il n'y a pas de souci. Mais en fait, vous comprenez,
vous comprenez mon point de vue. L'idée, c'est que dans les... les fondements,
finalement, on ait une indication claire à l'effet que ce n'est pas uniquement
le gouvernement. Ça peut être d'autres... d'autres institutions qui vont
travailler adéquatement à l'intégration. Et c'est d'ailleurs ce que nous disait
la ville... la ville de Sherbrooke, et c'est très intéressant parce que le
gouvernement reconnaît qu'ils sont des gouvernements de proximité et qu'ils ont
des responsabilités accrues en matière de développement local — et
là, je suis à la page trois du mémoire de la ville de Sherbrooke — qui
dit qu'ils travaillent, entre autres, dans la planification et la promotion du
développement économique local, bon, bien sûr, le développement touristique,
l'attraction des investissements, l'internationalisation. Et c'est de ça dont
on parle cet après-midi, Mme la Présidente, l'attention... l'attraction et la
rétention et la formation de la main-d'œuvre, et donc, vous voyez, au fond,
tout se tient. Et quand on regarde ce que les différents groupes sont venus
nous dire en commission, bien, on nous parlait, entre autres, de l'importance du
volet socioéconomique, de la question de la main-d'œuvre. On nous a parlé aussi
de l'importance de lutter contre les discriminations. Ça, là-dessus, ça a
été... ça a été accepté. Mais la ville de Sherbrooke nous rappelle que les
villes sont déjà mobilisées pour l'intégration des nouveaux arrivants et des
nouvelles arrivantes. Ça répond à des besoins spécialisés, et ce, entre autres,
pour contrer le vieillissement de la population et assurer la vitalité des
programmes d'études de leurs institutions d'enseignement supérieur parce que
j'ai eu le privilège de siéger dans le projet de loi n° 74, si mon
souvenir est bon, M. le ministre était là en sa qualité de ministre de
l'Immigration, et ma collègue la députée... la députée de Mont-Royal-Outremont
siégeait avec moi, puis on nous a... on a insisté énormément. En fait, les gens
qui sont venus en commission, notamment tous les recteurs d'université, pour
nous dire : Écoutez, effectivement, les institutions d'enseignement
supérieur et les programmes d'études contribuent à la vitalité des régions.
Donc, c'est un... c'est un rôle essentiel, c'est un volet essentiel pour le
développement du Québec, pour le développement de la recherche, et ça, je pense
que c'est important. Donc, ça permet bien sûr une vitalité du territoire et du
vivre- ensemble dans la communauté, et là on reconnaît l'apport des villes pour
l'intégration, particulièrement des nouveaux arrivants, et on donne l'exemple
de Sherbrooke. D'ailleurs, Mme la mairesse, c'est très bien décrit, c'était en
fait très, très éloquent de l'écouter. Je disais un peu, un peu en souriant à
la fin : Écoutez, elle m'a quasiment convaincu de déménager à Sherbrooke.
C'était... c'était vraiment un plaidoyer très, très, très intéressant qu'elle a
fait parce qu'elle avait beaucoup de vitalité et de vigueur. Donc, c'était
vraiment, vraiment très bien. Puis elle nous rappelait qu'elle a une équipe
dédiée à l'attraction et à la rétention de la main-d'oeuvre dans le nouveau
service de développement économique de l'organisation municipale. Donc si c'est
pour vous dire comment au niveau municipal, au niveau local, les municipalités
connaissent les besoins de leurs... de leurs citoyens, et donc enchâsser la
régionalisation de l'immigration ou reconnaître l'apport des municipalités comme
fondement est un... est un élément fondamental, et ça permettrait, comme c'est
souligné dans le mémoire à la page 7, un partenariat formel avec les
villes et les MRC. Alors, pour toutes ces... pour toutes ces raisons, Mme la
Présidente, c'était la première... la première recommandation de la ville de
Sherbrooke. Je pense qu'on devrait tenir compte...
M. Morin : ...et qu'on
devra tenir compte dans l'article 5 qui traite du modèle d'intégration et
de ses fondements. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, est-ce que j'ai des
interventions sur l'amendement? M. le ministre.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. Merci, collègue, pour son intervention. Je comprends qu'il veut
faire écho à des préoccupations. Je veux simplement rappeler que l'UMQ, quand
ils sont venus ici, nous ont proposé un amendement à l'article 5 et qu'on
a repris pratiquement mot pour mot leur proposition à eux. Eux, ils proposaient
d'ajouter un alinéa ou un point 7°, la prise en compte des réalités
locales et régionales. Nous, on a intégré ça au 5 en disant... Ça dit «la
possibilité à tous de participer pleinement à la société québécoise dont
l'identité est intimement liée au territoire du Québec, ainsi qu'à des réalités
locales et régionales». Donc, on a repris, là, bah! à 90 $ ou à 95 %
leur libellé en l'intégrant au point 5°. Il me semble qu'on répond à leur
préoccupation, là. C'était ça, leur demande. Je pense que c'est suffisant.
C'est clair. Ça fait écho à leur demande puis ça reprend pratiquement leur
libellé.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci, M. le ministre. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, si je n'ai pas d'autre... Oui.
M. Morin : En fait compte
tenu de la réponse que M. le ministre vient de faire, bien, peut-être qu'on
pourrait ajouter, justement à la suite, un notamment, considérant l'apport des
municipalités et des villes comme partenaires dans la planification, l'accueil
et l'intégration. Donc, là, ça serait hyper clair.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je ne
suis pas partisan pour en rajouter. On répond déjà à leur demande. Je pense que
c'est suffisant.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement...
M. Morin : Est-ce que je
peux vous demander un vote par appel nominal, s'il vous plaît...
La Secrétaire
: Oui.
Pour, contre, abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. L'amendement est donc rejeté.
Je reviens donc à l'article 5 tel
qu'amendé. Est-ce que... Je vais passer la parole au député de Saint-Henri—Sainte-Anne
qui a un amendement, j'imagine. Oui?
M. Cliche-Rivard : Oui,
bien sûr. Je vais vous demander, Mme la secrétaire, de faire référence à celui
qui réfère à d, là, soutenir la langue française, si vous le voyez bien.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va le mettre à l'écran. Tout le monde le voit. Je vais
demander, M. le député, d'en faire la lecture.
M. Cliche-Rivard : Bien
sûr, Mme la Présidente : L'article 5 du projet de loi est modifié
dans le sous-paragraphe d) du paragraphe 2° par le remplacement de «protégé et
valorisé» par «protégé, valorisé et soutenu».
Donc, il doit, le français, être protégé,
valorisé, soutenu par l'État du Québec et par tous les Québécois. L'essence de
la proposition, Mme la Présidente, émane de plusieurs mémoires ou
interventions, notamment eut égard aux services dispensés en francisation, eut
égard à la culture, eut égard à l'éducation. Donc, pour nous, il est important,
évidemment, de protéger et valoriser le français, la culture, mais il faut
évidemment aussi le soutenir. Alors, il y a un élément proactif et positif plus
fort dans le soutien qu'on voulait mettre de l'avant. On a... Puis on ne refera
pas les débats qu'on a eus dans l'ensemble des derniers mois sur la question de
l'accès à la francisation, mais il y a là, pour moi, un élément où il faut
soutenir le développement et l'essor de la langue. Je pense qu'il faut que les
services soient disponibles. J'en fais miens également sur toute la question
culturelle. On a eu des discussions préalablement avec le ministre sur tout ce
qui constitue notre culture. Alors, pour moi, on viendrait renforcer de manière
intéressante et utile. Donc, protéger, valoriser, c'est une chose. Soutenir,
c'en est une autre qui est davantage, disons, proactive et qui est lourde en
termes de responsabilité face à l'État québécois. C'est notre responsabilité
collective. Et comme seul peuple francophone en Amérique...
M. Cliche-Rivard : …et que de
vraiment soutenir le développement de notre langue. Donc, pour moi, il y a un
élément proactif plus fort que de la valorisation et la protection, c'est bien,
là, mais on va plus loin dans la mise en œuvre avec «soutien». Donc, je pense
qu'on pourrait là bien marteler l'importance du fait français dans notre
politique d'intégration nationale en allant un petit peu plus loin. Merci.
• (17 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député… je vais prendre l'intervention, M. le
ministre, vous allez ajouter vos commentaires. Allez-y, M. le député.
M. Morin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Alors, je vais vous dire, je vais appuyer l'amendement de mon
collègue pour l'ajout de «soutenu», parce qu'effectivement, comme qu'un
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration et de
francisation, et intégration, je suis intervenu à plusieurs reprises en
Chambre, dans les médias, pour reconnaître l'importance de la francisation, et
le manque, l'absence du gouvernement pour être capable de faire vivre ces
programmes-là.
Et donc, effectivement, je suis d'accord
avec le collègue de Saint-Henri Sainte-Anne, «soutenu», ça impose une
obligation davantage, plus importante, c'est vrai. Sauf que ma compréhension du
projet de loi, et si je me trompe, M. le ministre va me l'indiquer, il me
reprendra. Mais moi, ce que je comprends du projet de loi, c'est qu'un des
éléments hyperimportants, c'est que ça repose, entre autres, sur le fait qu'au
Québec on parle français, c'est notre langue officielle puis c'est la langue
commune. Et, s'il y a un élément important de l'intégration, pour moi, c'est
celui-là.
Après ça, c'est ce que je disais dans la
séquence un peu plus tôt aujourd'hui, après ça, bien sûr, vous avez la lutte
contre la discrimination, vous avez l'importance de trouver un travail. Mais ce
qu'il faut, d'abord, c'est que les gens soient capables de parler français,
puis, pour parler français, il faut qu'ils soient capables de l'apprendre. Or,
je constate que le gouvernement, à ce titre-là, est incapable de franciser les
gens. Ce n'est pas juste moi qui le dis, là.
D'ailleurs, d'ailleurs, si vous regardez
le document qui a été rédigé par le Protecteur du citoyen, puis bon, ce n'est
quand même pas banal, tout à l'heure, on parlait du Commissaire à la langue
française, qui joue un rôle très important au Québec, bien sûr, mais vous avez
aussi un Protecteur du citoyen qui a un rôle clé, fondamental à jouer, qui est
là pour entendre les plaintes des citoyens qui ne… qui ne reçoivent pas les
services du gouvernement auxquels ils ont droit de s'attendre. Et, dans le
document préparé et présenté par le Protecteur du citoyen, et je fais référence
à la page quatre, on dit : Impact de l'offre de francisation sur l'accès
aux services publics. Parce que, rappelez vous, Mme la Présidente, le
gouvernement du Québec, après une brève période de temps, donne des services au
public en français, dans la très grande majorité des cas, sauf pour,
évidemment, la question des ayants droit, qui, eux, peuvent recevoir des
services en anglais. Mais, pour la majorité de la population, les services se
font en français.
Donc, le projet de loi réaffirme, et je
cite le Protecteur du citoyen : «En énonçant les fondements du modèle
québécois d'intégration nationale, que le français est la langue d'accueil et
d'intégration des personnes immigrantes.» Et là, quand on regarde le projet de
loi, on est à l'article 5. Donc, ça impose à l'État la responsabilité de
prendre des mesures pour accueillir les personnes immigrantes et pour contribuer
à leur intégration et à leur épanouissement, notamment en créant des conditions
favorisant l'apprentissage du français. Et là, quand on regarde le projet de
loi, on se rapporte plus à l'article 6, mais encore, encore faut-il que
ces services-là existent, soient offerts. Et, dans le rapport du Protecteur du
citoyen, on parle de l'inadéquation apparente entre les exigences en matière
d'intégration et l'offre de services en francisation.
Il faut le dire, à la page cinq, l'offre
de francisation actuelle ne permet pas de répondre efficacement à la demande,
qui a connu une forte croissance depuis plusieurs années. Je le reconnais,
c'est factuel, c'est des chiffres, mais ce n'est pas une raison. Quand le
gouvernement dit qu'on veut de l'intégration nationale, qu'on veut un modèle
d'intégration nationale qui repose sur des…
17 h (version non révisée)
M. Morin : ...fondement. Puis,
parmi les fondements, on retrouve, puis c'est normal, le français, mais encore
faut-il être capable de faire en sorte que ce service-là sera offert.
Et je rappelle également l'article 6.1
de la Charte de la langue française. D'ailleurs, on a regardé un amendement il
y a quelques minutes et qui dit que toute personne domiciliée au Québec a droit
aux services privés offerts en vertu des articles 88.12 et 98.13 pour
faire l'apprentissage du français. Alors, pas juste pour recevoir des services
en français, pour faire l'apprentissage du français. C'est dans la charte. Puis
la Charte joue un rôle prépondérant, fondamental. Donc, ça met en relief, je
pense, l'importance de ce qu'avance le Protecteur du citoyen quant à l'inadéquation
apparente entre les exigences en matière d'intégration et l'offre de services
en francisation. Et donc on nous dit dans son mémoire que, selon les
statistiques du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration,
le MIFI, le délai d'attente moyen pour avoir accès à un cours à temps partiel
de francisation au Québec était de 86 jours en avril 2024. Puis pour les
cours à temps complet, c'est encore plus élevé. Donc, le commissaire convenir
que les responsables du MIFI ont déployé des efforts, soit, disons-le,
reconnaissons-le, mais il n'en demeure pas moins que, et ça le Protecteur le
dit : «je suivrai avec attention la mise en place des mesures visant à
assurer une continuité des services de francisation dans toutes les régions du
Québec». Et puis ça, c'est important parce que non seulement c'est un droit
dans la Charte de la langue française, mais, en plus, si on veut faire reposer
ce modèle d'intégration sur le français est donc son apprentissage, mais encore
là faut-il que le gouvernement soit capable de se donner les moyens, et qu'il
veule, et qu'il doive se donner les moyens, parce que c'est le gouvernement qui
nous apporte ce projet de loi là pour franciser les gens et les franciser dans
leur région. Vous vous rappellerez cet article paru dans, je pense que c'était La
Presse, mais je le dis sous toutes réserves, où... puis j'avais posé une
question à M. le ministre là-dessus, je pense, j'avais appelé ça le chiffre de
la semaine, c'était 257 kilomètres ou 237 kilomètres où on avait
offert des cours de français à un travailleur de Sept-Îles à Baie-Comeau. Plus
ou moins pratique, on en conviendra. Donc, le Protecteur du citoyen dit qu'il
va suivre avec attention la mise en place des mesures visant à assurer une
continuité des services de francisation dans toutes les régions du Québec. Et
évidemment il dit évidemment que l'insuffisance de l'offre, et c'est dans son
mémoire à la page 6, par rapport à la demande pour les cours de francisation
n'est pas sans conséquence, parce que ça va affecter l'accès des personnes
immigrantes aux services publics québécois. Et le gouvernement a un devoir d'exemplarité
en vertu de la Charte, parce que c'est un droit de l'apprendre. Je viens de
lire l'article.
Donc, je voulais prendre le temps d'expliquer
parce que l'amendement du collègue est évidemment plus contraignant pour le
gouvernement, mais il me semble que si le ministre veut aller de l'avant avec
son projet où un des fondements mais très important est le français et la
langue française, il faut que ce soit protégé, valorisé et soutenu. Ce n'est
pas juste moi qui le dis, la charte le dit, le Protecteur du citoyen le dit, et
ça m'apparaît essentiel. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente, écoutez, si on veut quitter le projet de loi, là, puis essayer de
faire le procès, des bilans des gouvernements en référant à des institutions
comme le Protecteur du citoyen ou la Vérificatrice générale, je pourrais citer
un article : «La francisation des immigrants au Québec est un échec, selon
la Vérificatrice générale, en 2017». Mais, pour vrai, on s'éloignerait de l'objet.
Moi, je dis : concentrons-nous sur le libellé. Puis à l'étude des crédits,
là, les collègues regarderont puis feront le jugement de ce qu'on a fait en
francisation cette année, puis l'année passée, puis ce qu'on veut faire l'an
prochain.
Là, on est à l'article 5, on a le
deuxième point sur la langue française comme un fondement. Après ça, on a point
a, b, c, d, donc c'est très fort. On a, à la suggestion du collègue, mentionné
directement la référence à la Charte de la langue française...
M. Roberge : ...je pense,
c'est pertinent. Par contre, dans la charte de la langue française, on... parce
que c'est dans le... point 2, c'est référence à la charte française, après
ça a, b, c, d, on a protégé... protection de la notion de valorisation dans la
charte. Ensuite, quand on dit «soutenir la langue française», on est dans les
moyens à prendre pour arriver à des éléments, mais on est peut-être plus dans
devoirs et attentes, parce qu'on est encore dans les fondements, dans modèle et
fondements, dans les articles 1, 2, 3, 4, 5, puis après ça, dans les
articles suivants, on est dans devoirs et attentes. Puis d'ailleurs, à
l'article 6, bien, on a, point 2 : «L'État du Québec prend des
mesures ayant pour objet... pour objectif d'assurer la pérennité, la vitalité,
le partage...» Donc là, on est dans «prendre des mesures». La prise d'actions,
on est là, mais c'est la même préoccupation que mon collègue, c'est juste que,
dans les fondements, je pense qu'on est mieux avec le libellé qui est là. Puis
après ça, on arrivera avec des moyens. Voilà.
• (17 h 10) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. J'ai d'autres interventions sur l'amendement? M. le
député.
M. Morin : Merci. Alors, je
vais... je vais répondre à M. le ministre. Mme la Présidente, le document
auquel je faisais référence, c'est un document du Protecteur du citoyen qui a
pour objet le projet de loi n° 84, Loi sur l'intégration nationale. Donc,
c'est plus que pertinent. Je n'ai pas lu une lettre du Protecteur du citoyen
qui traitait de... des services offerts ou pas offerts en matière de
francisation dans telle ou telle région, à telle ou telle année, là. Le
Protecteur du citoyen a pris la peine de nous écrire, à la commission, et de
nous faire part de ses préoccupations. Je pense que, valablement, on peut
relayer aux gens qui nous écoutent le fait que c'est arrivé, c'est un fait,
c'est très factuel. Et qui plus est, qui plus est, dans son mémoire, à la
page 4, quand on parle du modèle d'intégration nationale, le Protecteur du
citoyen fait une référence à l'article 5. C'est exactement ce dont on
parle, Mme la Présidente. Et justement, en parlant de l'article 5, il
partage ses inquiétudes. Il rappelle l'importance d'une meilleure intégration
des personnes immigrantes, puis, pour ça, bien, il faut qu'ils parlent
français. Et il constate les écarts constatés entre les exigences d'une telle
intégration et l'offre de services.
Donc, écoutez, Mme la Présidente, j'ai
écouté M. le ministre, là, mais là on est en train de parler exactement du
projet de loi, exactement de l'article. Moi, je pense que c'est hyperpertinent,
puis c'était une préoccupation. Et cette préoccupation, moi, je dois la
partager. Et, en plus, ça me permet d'appuyer l'amendement du collègue. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Cliche-Rivard : ...s'il
vous plaît, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...prendre un vote.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté. On revient à l'article 5 tel
qu'amendé. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, je pense que vous avez
d'autres amendements.
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Excellent. Donc, allons-y, Mme la Présidente. Je pense qu'il y en a un sur...
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : ...oui,
sur le socioéconomique, le 2.0, celui qui réfère à l'article 5.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc on va l'ouvrir. On le voit à l'écran. M. le député, je
vous demande d'en faire la lecture.
M. Cliche-Rivard : Non, ce
n'est pas celui-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, c'est celui-là, socioéconomique.
M. Cliche-Rivard : Il y en a
deux. Celui-là, on l'a retiré tout à l'heure.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On l'a retiré?
M. Cliche-Rivard : On peut
suspendre, si vous voulez.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, si vous me dites qu'il est retiré, en fait...
M. Cliche-Rivard : Non, non.
Celui-là, on l'a déposé... on avait suspendu, on l'a retiré, mais il y en a un
autre qui a été envoyé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : O.K. O.K. C'est celle-là. C'est celui-là. Parfait pour
l'ouvrir.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. C'est effectivement celui-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Je vous demande d'en faire la lecture.
M. Cliche-Rivard : Je...
M. Cliche-Rivard : ...le lis.
L'article cinq, tel qu'amendé, du projet de loi est modifié par l'ajout, dans
le cinquième paragraphe, après les mots «société québécoise», des mots
«notamment par une intégration socioéconomique réussie, société».
Alors, ça se lirait comme suit, la version
amendée : «La possibilité offerte à tous de participer pleinement à la
société québécoise, notamment par une intégration socioéconomique réussie,
société dont l'identité est intimement liée au territoire du Québec ainsi qu'à ses
réalités locales et régionales.»
Donc, Mme la Présidente, essentiellement,
c'est poursuivre la logique et la construction du ministre dans l'amendement
qu'on a accepté tout à l'heure. Vous étiez... Vous nous parliez du «ainsi que»,
là, puis de l'ouverture des «notamment». Vous me disiez : Ah! les
collègues aiment ça, les «notamment», les collègues aiment ça, les «ainsi que».
Puis j'entendais aussi la volonté du ministre de ne pas faire un septième, un
huitième, neuvième, un dixième fondement. Mais je reviens quand même, M. le
ministre, sur la question socioéconomique. Je sais qu'on en a parlé tout à
l'heure, là. Je pense qu'on pourrait faire ça simple, ici, là, en le nommant
expressément, juste une fois, dans nos fondements. Je pense que c'est assez léger
comme ajout. On pourrait donc citer ou expliciter directement «l'intégration
socioéconomique réussie». Et vraiment, je pense que l'ensemble de ce qu'on
pourrait réussir à faire, puis l'ensemble du modèle, pour qu'il réussisse, ça
va devoir passer par «une intégration socioéconomique». Je pense que c'est le
nerf de la guerre dans la question de l'intégration puis de l'inclusion. Je
pense que c'est tellement central à ce qu'on réussit à faire. Puis tous les
bons exemples d'intégration économique puis intégration à la nation québécoise
fonctionnent quand l'intégration socioéconomique a fonctionné. Quand elle ne
fonctionne pas, puis quand les gens ne sont pas capables de prendre pleine part
et pleine mesure à notre société d'accueil, c'est là où on verse, où on tombe
dans d'autres types de modèles qui ne fonctionnent pas. Et c'est là où il y
a... Le ministre parlait de ghetto, un petit peu plus tôt, où le ministre
parlait de repli sur soi ou d'autres éléments comme ça. Je les constate et je
les vois quand l'intégration économique n'est pas réussie. Et, si on vient à
vraiment parfaire et se donner des fondements liés à l'intégration
socioéconomique, je pense que c'est là où on va réussir.
Alors, je vous entendais, M. le ministre,
là. Je fais une proposition qui me semble être de votre passage. On n'ajoute
pas ou on n'alourdit pas. On fait un «notamment». Ça me semble intéressant. On
cite directement le «socioéconomique réussie». Tout à l'heure, là, vous avez
fait un petit peu la même chose dans vos propositions, qu'on a acceptées,
«notamment». Puis on vous remercie aussi de l'ouverture sur la lutte à
l'inclusion et la lutte au racisme et à la discrimination. Donc, vous avez...
Tu sais, là, on a pu nommer deux valeurs intrinsèques dans le corpus, là. On
a... On a... On a nommé «égalité hommes-femmes», on a nommé «lutte au racisme
et à la discrimination». Si on pouvait là, à l'article cinq, faire une petite
place, bien qu'importante, à «l'intégration socioéconomique», je pense qu'on
aurait quelque chose de pertinent pour l'ensemble des acteurs, actrices qui
nous écoutent. Parce que, je reviens là-dessus puis je finis là-dessus, Mme la
Présidente, pour moi, c'est ça, le cœur d'une intégration réussie. Donc, je
vais vouloir évidemment le voir dans les articles de mise en œuvre, mais ça
doit aussi reposer comme un fondement et un socle de ce qu'on va définir puis
ce qu'on va détailler. Alors, pour moi, il est pertinent de le mettre aussi à
l'article cinq. C'est pour ça que je reviens avec ça dans une proposition mitoyenne
qui semble conforme à ce que le ministre nous a proposé par ailleurs, un petit
peu plus tôt, à l'article en lien avec la Charte des droits et libertés de la
personne.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, merci, Mme
la Présidente. Donc, mon collègue a beaucoup d'écoute! Qui reprend des chemins,
des fois, qui peuvent... qui peuvent fonctionner. Oui, on avait mentionné que,
des fois, on peut utiliser le «notamment», le «ainsi que». Mais on avait aussi
fait exactement ce même débat là tout à l'heure sur l'amendement du collègue.
C'est un libellé différent, mais c'est un peu la même chose. Est-ce qu'on met
ici, dans fondements, la notion d'intégration économique ou d'intégration
socioéconomique ou du marché du travail. Puis, ce que j'avais précisé, c'est
que je souhaitais aller plus dans le concept de «pleine participation» ou
«participer pleinement». On l'a modifié. On le voit qui est souligné à l'écran
en ce moment, qui inclut plusieurs volets. Je comprends que mon collègue
aimerait le mettre nommément. Moi, ce que j'ai mentionné, c'est que je suis
d'accord à l'inscrire, mais plus loin, dans le projet de loi. J'avais suggéré,
je pense que c'était à neuf, qu'il y avait une meilleure opportunité. Donc, je
suis tout à fait cohérent...
M. Roberge : ...mon collègue,
avec l'intention, avec ce qu'on... Mais on a déjà fait ce débat-là, je ne suis
pas favorable à l'amendement pour inscrire ici de cette manière là. Je
garderais mon vocable plus global, inclusif...
• (17 h 20) •
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il y a un code Morse à quelque part.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste décoller ces appareils trop près du micro. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne?
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. J'en suis puis, tu sais, je vais les considérer, M. le ministre, puis
je pense que ça va être intéressant à l'article 9. L'article 9 dit : «La
politique peut notamment traiter des sujets suivants.» C'est quand même une
grande distinction. Il y a une grande distinction qui va être accordée à ce qui
va être ou ne sera pas dans la politique et la grande discrétion va être
finalement accordée au gouvernement du moment qui va édicter ladite politique.
Et il aura tout loisir dans toute la légalité de la loi, considérant que c'est
discrétionnaire, la formule, il va pouvoir le faire, mais il pourrait ne pas le
faire. Puis la politique pourrait notamment traiter de la question, mais
pourrait décider de ne pas en traiter.
Donc, pour moi, il y a quand même une
grande distinction. J'apprécie l'ouverture, puis on le verra à 9, là, mais
entre un fondement qui est l'intégration socioéconomique et le fait que,
peut-être, dépendamment de l'humeur du jour du gouvernement et de le moment où
cette politique-là sera adoptée... Puis je ne vise pas le ministre actuel, je
l'entends dans sa bonne intention, mais on dit, des fois, qu'ils sont
conscients, conscientes, et ils n'occuperont pas toujours lesdites fonctions.
Il y aura d'autres gens qui vont succéder. On ne le sait pas, l'intention, à ce
moment-là. Alors, la loi pourrait être très claire et le contraindre de manière
beaucoup plus explicite à l'article 5. Là où j'ai une petite inquiétude, Mme la
Présidente, c'est, je ne vois pas... J'entends de ministre, mais je ne vois pas
ce que ça coûte ou ce que ça enlèverait de le mettre, là, un «notamment». Et,
en fait, c'est le contraire, c'est la position du ministre et son refus de
l'intégrer qui là, tout d'un coup, vient me poser des questions. Il me semble
qu'on a une voie de passage simple qui répond aux considérations, inquiétudes
soulevées par une panoplie de mémoires.
Les deux collègues des oppositions
s'entendent pour ajouter un «notamment» qui n'est pas limitatif de la pleine
participation, mais qui vient asseoir le cœur des arguments qui ont été
précités. Là, la réponse, c'est non, parce que, peut-être à 9... mais on voit
qu'à 9, peut-être pas finalement parce qu'il n'y aura pas d'obligation. Je vais
le prendre autrement, Mme la Présidente, tout d'un coup, je suis comme inquiet,
je suis comme inquiet de ne pas le voir expliciter puis de voir le ministre
maintenir son refus face à un «notamment» qui aurait une différence sur le
terrain, sur le milieu puis sur la réception de son projet de loi qui, lui,
nous dit : Implicitement, c'est intégré. Donc si c'est implicitement
intégré, je ne vois pas c'est quoi, l'obstacle législatif de le faire. Moi, je
vois, à la lecture des mémoires, puis à notre expérience parlementaire, mais
aussi terrain, que ça aurait un impact considérable dans la vie de plusieurs
personnes.
Donc là, j'avoue ne pas trop savoir
exactement sur quel pied danser, Mme la Présidente. Je ne pense pas que la
demande est déraisonnable, on en aurait un «notamment». On pourrait aussi se
référer à ce «notamment» là, justement, dans l'élaboration de la politique, en
disant : Bien, par ailleurs, c'est bien évident qu'à 9, on y va, on l'a
mis à 5. Donc, moi, ça me semblerait une cohérence tout à fait justifiée, et
c'est tellement limpide et clair que là c'est de l'autre côté, de voir le
ministre maintenir son refus qui me fait douter de vers où on s'en va avec
cette posture-là, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, je ne
pense pas qu'il faut s'inquiéter, Mme la Présidente. On a simplement trouvé, on
a réfléchi à tout ça. On avait mis «la participation à la société québécoise»,
on pensait que c'était suffisant. On a entendu des gens s'en inquiéter pendant
les auditions. On a dit : Tiens, on va dire «participer pleinement». Je
pense que c'est suffisamment inclusif, «pleinement», c'est clair, puis on voulait
le placer ailleurs. Donc, ce n'est pas une grosse, grosse chicane, c'est un
désaccord sur comment l'écrire, avec quel niveau de précision, puis à quel
endroit...
M. Roberge : ...ici, j'irais
avec un vocable qui est plus général, plus tard, avec quelque chose qui est
plus précis, puis on verra de quelle manière, pas parce qu'on a moins entendu
les... les groupes, c'est juste une manière différente d'y répondre, puis là,
bien, on refait, exactement le même débat que... puis on peut le faire, là,
c'est notre... on a tout à fait le droit de le refaire, là, mais reste que ce
sont des arguments qu'on a entendus. Donc là, je ne veux pas toujours répéter
les mêmes réponses. Avec respect, je me suis déjà exprimé sur cette
question-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Non, s'il n'y a pas d'autre... Oui, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, écoutez, c'est vrai qu'on en a parlé, mais le collègue de
3Shs revient avec un amendement. Vous comprendrez que je ne vais pas rater
l'occasion de rappeler encore une fois l'importance du volet socioéconomique
réussi dans la société. Puis pourquoi je le fais? Parce qu'on est... En fait,
bon, c'est mon... c'est mon analyse, on est dans un des articles qui est très
important pour le projet de loi, c'est-à-dire qu'on est en train de définir le
modèle d'intégration nationale puis de le faire reposer sur des fondements qui
sont... qui sont évidemment très importants.
Je vous dirai, pour moi, plus que ce que
l'article 9 peut contenir, parce qu'à l'article 9, on parle d'une
politique. Ça, c'est autre chose. Puis en plus, on va parler de
l'article 9, mais ça dit, dans la politique, peut traiter des sujets
suivants. Alors, ça, on fera le débat plus tard. Mais ce que je veux rappeler,
et je comprends ce que le ministre veut faire, puis pour lui, dans «pleinement»
ou «participer pleinement à la société québécoise», ça veut dire finalement, si
j'ai bien compris, que ça intégrerait d'une certaine façon un volet économique.
Mais pour moi, là, ce n'est pas clair, alors je vais... je vais le répéter.
Et au fond, j'aurai aussi une question
pour M. le ministre : Est-ce qu'il croit au travail comme étant un vecteur
d'intégration? Parce que si la réponse c'est oui, bien, à ce moment-là, je
pense que ça vient appuyer la pertinence de l'amendement du collègue de
Saint-Henri... de 3shsa. Et permettez-moi de rajouter, Mme la Présidente,
plusieurs groupes qui sont venus en consultation nous ont dit : Écoutez,
le vecteur économique, le vecteur économique comme vecteur d'intégration, le
travail comme vecteur d'intégration, c'est essentiel, c'est le nerf de la
guerre en matière d'intégration. Bien, moi, ce que j'ai retenu, entre autres,
de nos consultations sur lequel les groupes et les experts ont beaucoup
insisté, il y avait toute la question du français puis après ça, bien, il y
avait la question du travail et il y avait aussi toute la question de s'assurer
qu'il n'y aura pas de discrimination. Mais ça, on s'en est occupé, ça fait que
ça, c'est quand même un point... un point positif.
Mais vous comprendrez que, quand on parle
de politique d'intégration et qu'on en parle dans un continuum des politiques
que le Québec a voulu mettre de l'avant, et là on remonte à 30 ou 40 ans
et même plus, le volet économique a toujours été présent, mais clairement, dans
les politiques du gouvernement du Québec. Et moi, je me dis, si le ministre
croit que le travail est un vecteur d'intégration, je comprends mal pourquoi il
ne veut pas adopter ou être en faveur de l'amendement présenté par le collègue
de Saint-Henri Sainte-Anne parce que, si on veut accroître la participation des
personnes immigrantes à la vie économique, il faut qu'on soit capables de faire
en sorte qu'on va compter sur des acteurs significatifs du marché du travail et
qui vont faire en sorte qu'on va travailler avec eux pour être capables
d'intégrer les immigrants, et ça, ça m'apparaît... ça m'apparaît essentiel.
Alors, je... je vais m'arrêter ici, mais je vous dirai, en terminant, que ce
volet-là permet aussi de compter pour le gouvernement. Donc, c'est un peu la
main qu'on tend au gouvernement pour permettre au gouvernement de travailler
avec les entrepreneurs, les gens du marché du travail, pour faire en sorte...
M. Morin : ...en sorte qu'il
y ait aussi un travail d'intégration qui soit fait. Et donc ça va faciliter le
travail de tout le monde. Et c'est la raison pour laquelle moi, je vais appuyer
l'amendement du collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne. Je vous remercie.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, l'amendement est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le vote est demandé.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Les Plaines)?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. On revient donc
à l'article 5 tel qu'amendé. Je pense que, M. le député, vous avez un
dernier amendement.
M. Cliche-Rivard : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est celui qui réfère à la Loi sur la laïcité.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va l'ouvrir.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. L'article 5 du projet de loi est modifié par
le paragraphe quatre par le retrait de «affirmé par la Loi sur la laïcité de
l'État (chapitre L-3.0)».
Alors, ça se lirait comme suit :
«la laïcité de l'État du Québec... la
laïcité de l'État du Québec, oui, repose... non, laquelle repose sur la
séparation de l'État et des religions, la neutralité religieuse de l'État,
l'égalité de tous les citoyens, citoyennes ainsi que la liberté de conscience
et la liberté de religion;»
Donc, entendez-nous bien, Mme la
Présidente, il n'y a pas du tout là facteur à retirer «laïcité de l'État»
desdits fondements. Je pense que c'est tout à fait approprié, je pense que tout
le monde comprend référence à ce que ça veut dire, mais d'un lien direct ou de
soulever directement ladite loi sur la laïcité, je pense que ce ne serait pas
nécessairement nécessaire. Tout le monde comprend. Puis notamment le ministre a
pris bien soin d'étayer et de développer les tenants et aboutissants dudit
principe de laïcité. Et on le préserve tout du long dans la proposition
d'amendement. On réfère évidemment à la séparation de l'État et des religions.
On est très, très en faveur de ça, la neutralité religieuse de l'État, tout
aussi en faveur.
Donc, je prends ce... cette
recommandation-là. Puis le ministre en est conscient, tout à l'heure j'ai fait
une proposition qui était différente parce que les recommandations puis les
demandes étaient différentes. Le Commissaire à la langue française, lui, nous
demandait d'ajouter référence à une loi. Là, c'est la TCRI, qui, elle,
travaille sur le terrain, qui nous demande plutôt de ne pas réaffirmer
directement la Loi sur la laïcité. Alors, c'est dans cette conduite-là que
j'adopte, dans cette lecture-là... Évidemment, l'ensemble des références à la
laïcité de l'État, on les a appuyées dans l'ensemble des libellés de la loi.
Par ailleurs, avant ça, la laïcité est affirmée mais sans faire référence
directement à la Loi sur la laïcité de l'État. Je laisserai mes collègues
parler. Évidemment, les positions historiques sont connues, là, je ne vais pas
refaire le débat ici, ce n'est pas l'objet du projet de loi, sur les postures
et les politiques de l'interprétation et des moyens pouvant être mis en œuvre
dans ladite loi sur la laïcité, mais sur les principes puis ce que ça veut dire
pour l'État, là, je pense qu'on s'entend. Ça fait que je pense qu'on pourrait
s'entendre sur le principe fondamental de la laïcité de l'État sans
nécessairement faire référence à une loi qui n'a pas reçu l'appui de deux des
quatre formations politiques représentées à l'Assemblée nationale. Voilà.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien,
écoutez, tout à l'heure, mon collègue était content d'avoir le ministre de la
Langue française autour de la table. Il a aussi le ministre de la Laïcité.
Donc, c'est sûr qu'en référence à un organisme qui est venu, le Mouvement
laïque québécois, qui disait un peu la même... le contraire de d'autres
organismes, hein, on a eu d'une pluralité de points de vue, je pense qu'il faut
renforcer la notion de laïcité à l'intérieur de notre loi sur l'intégration à
la nation québécoise. Là, ici, on fait exactement ce que mon collègue a suggéré
pour la Charte de la langue française. On parlait de la langue officielle et
commune puis on est venus préciser le nom de la loi. Pour la laïcité, je pense
que, dans les fondements, on peut préciser le nom de la loi, comme on précise
aussi la Charte des droits et libertés de la personne. Puis ce n'est pas
innocent parce qu'on considère qu'à terme, à la sanction de la loi, on aura
quatre lois fondamentales : notre charte québécoise des droits et
libertés, la Charte de la langue française, la Loi sur laïcité puis la Loi sur
l'intégration nationale. On pense que c'est quatre piliers fondamentaux de
vivre-ensemble sur lesquels...
17 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...pourra venir s'appuyer
éventuellement une Constitution québécoise. On sait que mon collègue le
ministre de la Justice travaille là-dessus et, je pense, c'est correct d'y
référer ici. Je comprends l'intervention de mon collègue. Je n'ai pas d'enjeu à
ce qu'il dépose l'amendement mais je ne suis pas favorable à cet amendement-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Bien, en
fait, c'est... c'est plus, Mme la Présidente, une question de forme et de
rédaction. Parce que le ministre a décidé, c'est son choix, en parlant ou en
faisant référence à différentes valeurs, de nommer des lois et de mettre
évidemment, en plus, les chapitres ou... de ces lois-là. Tout à l'heure, on
a... on a adopté un amendement où on voulait faire une référence spécifique à
la Charte de la langue française, qui est une loi adoptée par le Parlement.
Là... Écoutez, là, il faudra enlever «la Loi sur la laïcité, mais on va garder
«la charte» puis on va garder «la Charte des droits et libertés de la personne.
Donc, à moins qu'il y ait quelque chose que je ne comprenne pas, là, ça m'apparaît
être un peu... disons-le, un peu surprenant. Alors, écoutez, la loi était a été
adoptée par le Parlement. On peut être pour ou contre, là, moi, je n'étais pas
là à l'époque, mais ma compréhension, c'est que ma formation politique a voté
contre la loi, mais là, c'est une loi. Alors, si le ministre veut référer à l'ensemble
des lois, personnellement, je vois mal pourquoi on enlèverait juste celle-là. C'est
mon... C'est mon commentaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre... pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est
adopté? Rejeté. L'amendement est rejeté. On revient donc à l'article cinq tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article cinq tel qu'amendé?
Alors... Oui, M. le député. Je m'excuse. Je ne vous voyais pas.
M. Morin : Non, non, ça va.
Donc là, on revient à l'article cinq dans son ensemble.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...amendé.
M. Morin : Avec tous les
amendements. Vous avez tout à fait raison. Maintenant, moi, j'aurais... j'aurais
quelques questions pour M. le ministre à six. Parce qu'on parle de «la
reconnaissance de la primauté des lois sur les diverses cultures, tant
minoritaires que majoritaires, puisque ces lois sont élaborées par les
institutions démocratiques qui gouvernent la nation québécoise.» Et là, qu'est-ce
que vous entendez, M. le ministre, par «la primauté des lois»?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, c'est amusant qu'on fasse ce débat-là ou cette question-là tout de
suite après avoir fait le débat sur l'amendement du collègue sur la Loi sur la
laïcité. Mon collègue vient de dire : Bien, écoutez, il y a une loi qui a
été adoptée, la Loi sur la laïcité de l'État, qu'on ait voté pour, qu'on ait
voté contre, maintenant, c'est une loi. Et justement, c'est une loi qui va
apporter un cadre important et qui vient préciser que, malgré notre
appartenance à un groupe religieux, malgré nos croyances, bien, on doit
respecter la loi. Donc, on ne pourrait pas dire : Bien, moi j'appartiens à
telle religion, à cause de mon appartenance à telle religion, à telle culture,
je dois me vêtir comme ça, et ce droit-là serait plus grand que les lois de l'Assemblée
nationale. Et justement, la Loi sur la laïcité fait exactement ça, en disant :
Écoutez, on a voté une loi, on a sanctionné une loi qui vient dire que des gens
qui, en vertu de certaines confessions, veulent porter des symboles religieux
peuvent le faire, mais pas tout le temps, pas lorsqu'ils sont titulaires de l'autorité
de l'État, pendant qu'ils sont en fonction. Et, ça, c'est justement l'expression
de ce qu'on a écrit ici, c'est-à-dire «la primauté des lois sur les diverses
cultures, tant minoritaires que majoritaires», peu importe, et on traite toutes
les cultures de la même manière puisque ces lois sont élaborées par des
institutions démocratiques. Donc, c'est un rappel, c'est un rappel qu'on met
dans les fondements pour dire que la somme est plus grande que toutes les
parties, puis les lois votées à l'Assemblée nationale, bien, trouvent
application, peu importe... peu importe notre culture d'origine, peu importe la
culture à laquelle on s'identifie, majoritaire ou minoritaire, puis j'insiste,
majoritaire aussi, là...
M. Roberge : …c'est bon pour
tout le monde.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député.
• (17 h 40) •
M. Morin : Oui. En fait… en
fait, c'est… c'est la rédaction. J'essayais de trouver, dans les lois
québécoises, puis peut-être que Me Roy pourra nous aider. Moi, l'expression
consacrée. En droit, c'est la primauté du droit, pas la primauté des lois. Et
j'essayais de voir où, dans le corpus législatif québécois, on retrouvait la
primauté des lois. Personnellement, je ne l'ai pas trouvé. Ça existe peut-être
quelque part, là. Mais j'écoutais M. le ministre, puis il dit : C'est
parce qu'on veut reconnaître que les lois… en fait, c'est comme les lois
s'appliquent, oui, mais c'est sûr que les lois s'appliquent. Tu sais, c'est
comme de dire : Le Parlement a adopté des lois, donc les lois sont en
vigueur, et nous allons respecter les lois en vigueur. Mais, je veux dire,
c'est implicite, là, les lois sont là pour être appliquées.
Et, dans ce sens-là, il n'y a pas… mon
intervention n'est pas en contradiction avec ce que j'ai dit précédemment,
d'une part. D'autre part, le projet de loi parle de diverses cultures, mais là,
M. le ministre donnait des exemples en matière de religion. Puis moi, je vois
une différence entre la culture et la religion. Il y a peut-être des cultures
où c'est plus près que d'autres, mais c'est deux choses différentes. Alors, tu
sais, c'est comme de dire : Écoutez, quand la loi va être en vigueur, on
va écrire que la loi est en vigueur, bien, c'est sûr qu'elle est en vigueur, la
loi, puis c'est sûr qu'on va la respecter. Je veux dire, il y a… tu sais, il y
a un principe fondamental qui dit : Nul n'est censé ignorer la loi, là.
Bon, alors, c'est…
Donc, j'essayais de voir, est-ce que c'est
parce que, dans ses fondements, M. le ministre veut qu'on reconnaisse un
principe qui s'appelle la primauté du droit, qui est quelque chose de très
précis en droit, puis que c'est effectivement un fondement démocratique
important dans notre société, mais si c'est pour dire qu'on reconnaît que les
lois en vigueur sont en vigueur, bien là, ça m'apparaît un peu étonnant. Puis
c'est pour ça que j'essayais de voir, de comprendre ce qu'on essayait de dire,
et si ça a été utilisé ailleurs ou si ça a été interprété puis dans quel
contexte.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. On est dans
une déclaration importante ici, dans un fondement, puisqu'on est dans une loi
qui est particulière. Souvent, on fait des projets de loi qui modifient des
lois, très, très, très souvent, là, on crée une loi, on crée un modèle qui
amène quelque chose de particulier, on fait référence à la nation québécoise.
Il y a des équilibres à trouver et il y a des choses qui ne sont pas objet de
discussion. C'est la primauté des lois, et on sait que ça touche, je vous
dirais, des points qui sont sensibles. Chaque fois qu'on parle de culture, ça
touche les gens au cœur, quand on parle de religion aussi, quand on parle de
tous les dossiers qui touchent l'identité, c'est sensible, mais c'est
important. Ce n'est pas parce que c'est sensible qu'il ne faut pas en parler,
mais on est dans des objets identitaires, les objets culturels sont des objets
identitaires.
Je pense que c'est important de préciser
ici que ce qu'on est en train de faire, c'est justement ce qu'on a à l'article…
On est au point 1a, là, bâtir une nation unie, puis, pour bâtir une nation
unie sur un socle qui est la culture, bien, il faut accepter que cette loi-là,
et les lois sont plus grandes que les cultures. Et, dans ce cas-ci… souvent, on
protège les droits, évidemment, mais, dans ce cas-ci, on a une loi qui permet
de faire une construction nationale. Et c'est de rappeler quelque chose.
Probablement que mon collègue sait, maitrise, mon collègue est avocat. Oui,
c'est bien ça? Absolument, absolument, c'est ça. Et, pour lui, c'est une
évidence, mais ce n'est peut-être pas une évidence pour tout le monde. Puis je
pense que, dans le cadre de ce projet de loi là, c'est important. Je ne pense
pas qu'il faudrait le mettre dans toutes les lois, mais ici, oui, ça a son
importance, sa valeur de symbole.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député.
M. Morin : Oui. Merci.
Comment vous arrimer ça avec les droits ancestraux des Premières Nations? Ah!
On vient de trouver l'émetteur morse… le morse. Voilà. Donc, on revient. Alors,
vous dites : La reconnaissance de la primauté des lois sur les différentes
cultures. Alors, est-ce que ça fait en sorte que la primauté des lois ne…
M. Morin :
...reconnaîtront pas les droits ancestraux des Premières Nations?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Non, Mme la
Présidente. D'ailleurs, on a un élément dans le préambule, là, qui énonce dans
un considérant, là, le droit des Premières Nations à maintenir, à développer...
Je ne veux pas me tromper de vocable, mais je pense que c'est maintenir et
développer leur langue et leur culture d'origine.
M. Morin : En fait, le
préambule dit, Mme la Présidente, que l'Assemblée nationale reconnaît aux
Premières Nations et aux Inuits au Québec, descendants des premiers habitants
du pays, le droit qu'ils ont de maintenir et de développer leur langue et leur
culture d'origine. On ne parle pas de culture ancestrale. Il n'y a pas de
référence à la Déclaration des Nations Unies. Donc, si on revient à la primauté
des lois, quelle place ça va laisser aux droits ancestraux des Premières
Nations?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : ...que mon
collègue vient de lire le considérant qui répond à la question qu'il vient de
poser.
M. Morin : Non. Avec
respect, je ne suis pas d'accord, M. le ministre. C'est deux choses. Puis là
vous énoncez... D'abord, tu sais, vous énoncez la primauté des lois sur les
cultures. De toute façon, M. le ministre, là, présentement au Québec, là, vous
avez beau avoir, à mon avis, tu sais, une culture, mais la loi va s'appliquer,
là. N'importe quelle loi va s'appliquer. Donc, j'ai encore de la difficulté
avec votre concept. J'aimerais ça savoir d'où il vient, puis si on le retrouve
dans d'autres lois québécoises, parce qu'à un moment donné, il y a des gens qui
vont avoir à interpréter cette loi-là. Et quand vous parlez des institutions
démocratiques, bon, évidemment, vous parlez des lois. Donc, vous semblez
exclure les municipalités. Est-ce que c'est exact?
Une voix : ...
M. Roberge : Bien, si je
comprends mal votre question. Excusez-moi. Pouvez-vous répéter?
M. Morin : Oui. Donc
vous dites que ces lois sont élaborées par les institutions démocratiques qui
gouvernent la nation québécoise. Est-ce que ça inclut le pouvoir législatif des
municipalités ou si vous les excluez?
M. Roberge : Bien, les
municipalités ne font pas des lois, là, elles font des règlements en vertu des
pouvoirs qui leur sont déférés par le gouvernement provincial.
M. Morin : Donc, au
fond, vous visez uniquement les lois qui sont adoptées par l'Assemblée
nationale.
M. Roberge : Mais on
parle des lois. Vous mentionnez les municipalités, mais elles ne font pas des
lois.
M. Morin : Donc, si...
Qu'est-ce que vous allez faire si, par exemple, il y a une nation ou une première
nation qui a adopté des lois qui la gouvernent sur son territoire? Allez-vous
avoir un problème ou, en fait, un débat ou un litige sur l'interprétation des
lois, ou la loi ici va primer, ou... J'essaie juste de comprendre ce que vous
voulez faire parce qu'à prime abord, pour moi, ça ne m'apparaît pas évident.
Puis, M. le ministre n'a toujours pas répondu à ma question. Est-ce qu'on
retrouve cette expression-là ailleurs dans des lois québécoises ou si c'est la
première fois qu'on l'utilise?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Je pense que
c'est la première fois qu'on l'utilise, mais ce n'est pas un problème pour moi.
On l'utilise dans un principe aussi où on définit notre modèle d'intégration
québécois, puis il est un peu en opposition au multiculturalisme. Il est
distinct du multiculturalisme, mais il est distinct à ce point que, je dirais,
d'une certaine manière, il s'y oppose. Et on précise que le multiculturalisme,
lui, reconnaît de facto la primauté de certaines normes religieuses ou
culturelles sur la loi, puisque le multiculturalisme fait de ces normes un
élément constitutif de la personne. Et l'élément constitutif de la personne,
lui, il a préséance sur le reste. Donc, on est dans un dogme complètement
différent. Et cet article-là fait écho à l'autre article où on disait que notre
modèle est distinct du multiculturalisme. Le multiculturalisme, lui, ne
pourrait... On ne pourrait pas écrire cet article-là dans le paradigme du
multiculturalisme, mais on peut l'écrire dans un paradigme d'intégration
nationale.
M. Morin : Oui, sauf que
votre exemple est intéressant, M. le ministre, parce que la façon dont c'est
rédigé, parce que vous parlez de la primauté des lois. Vous...
M. Morin : ...pas, par
exemple, la... vous ne dites pas, par exemple, les lois adoptées par
l'Assemblée nationale du Québec vont avoir primauté sur blablabla, vous parlez
des lois. Bon, on est dans un texte de loi débattu par le Parlement du Québec.
D'accord. Mais après ça vous dites : Ces lois sont élaborées par les
instances démocratiques qui gouvernent la nation québécoise, mais vous ne
faites pas référence à l'Assemblée nationale non plus. Donc là, avec l'exemple
que vous donnez, puis je pense que votre exemple est intéressant, vous faites
quoi avec la Loi sur le multiculturalisme? Parce qu'effectivement c'est une loi
puis les lois fédérales gouvernent aussi la nation québécoise. Ça fait que là,
de deux choses l'une, si c'est ce que vous voulez faire, moi, je pense que
votre article, il est imprécis, mais là je peux me tromper, je ne suis pas un
légiste, mais à écouter l'exemple que vous me donnez, je ne suis pas sûr que
vous allez arriver à l'objectif que vous poursuivez avec la rédaction actuelle.
C'est juste un élément que je vous soumets, comme ça.
• (17 h 50) •
M. Roberge : Oui, mais c'est
une question intéressante, mais je pense qu'on va y arriver très certainement
puisque la loi fédérale s'applique aux institutions fédérales. Au Québec,
n'ayant jamais formulé notre modèle d'intégration, des municipalités, des
conseils municipaux, des D.G. d'organismes peuvent se référer au concept de
l'interculturalisme peut-être, ça dépend de qui s'inspire puis comment ou,
puisqu'on n'a pas de loi québécoise, pouvaient se référer au multiculturalisme.
Là, on a, on aura notre modèle bientôt... Excusez-moi. Hema-Québec veut que
j'aille donner du sang, ça va arriver, je vous le promets, je vais retourner
pour mon prochain don, je suis un bon donneur, mais pas maintenant. O.K.
Excusez-moi. Tranche de vie. Donc, on vient ici baliser les lois québécoises.
Puis, non, on n'empêchera pas par une loi québécoise l'application de toutes
les lois fédérales, mais la loi... le multiculturalisme va s'appliquer aux
institutions fédérales puis notre loi, la Loi sur l'intégration nationale va
s'appliquer au cadre québécois, aux institutions québécoises. Puis d'ailleurs
on va arriver un petit peu plus loin dans le projet de loi, très clairement, on
précise quels sont les ministères, les organismes et on mentionne les
municipalités qui sont visées par la loi, qui sont... qui seront visées par la
politique. On y arrivera plus tard.
M. Morin : Est-ce que... Bon,
j'imagine, là, vous expliquer pourquoi vous utilisez «primauté des lois»? Est-ce
qu'il y a une analyse qui a été faite? Est-ce que vous avez expliqué pourquoi
vous préférez cette expression-là qui n'a jamais été utilisée avant? Puis
quelles pourraient être les conséquences? Est-ce que vous pensez que ça peut
anticiper des conflits de lois ou des recours aux tribunaux, puisque vous êtes
en train d'utiliser une expression qui n'est pas utilisée? Puis là vous l'avez
souligné vous-même. Puis l'impression qui est consacrée, entre autres, c'est la
primauté du droit. Mais ça, vous n'en parlez pas comme fondement. Et ça aussi,
c'est une question légitime, parce que c'est un concept fondamental dans notre
société démocratique.
M. Roberge : Il est là, ce
principe là, lorsqu'on parle de notre droit civil, notre tradition civiliste, on
y réfère dans la loi. Ce n'est pas l'objet ici, mais c'est précisé ailleurs.
M. Morin : C'est parce que la
primauté du droit, ce n'est pas uniquement une question de droit civil, M. le
ministre.
M. Roberge : Pas uniquement,
mais ça en fait partie.
M. Morin : Puis ça a été
développé... bien, ça a été développé par la Common law. La primauté du droit,
c'est autre chose, là, c'est que nul citoyen n'est au-dessus de la loi. On est
tous soumis à la loi, et c'est un concept de Common law, ce n'est pas dans le
Code civil. Donc, est-ce que vous pensez que ça peut être un fondement qui
serait important? Parce que, ça, là, présentement, là, avec la primauté des
lois, vous n'arrivez pas là quand je vous vous pose la question.
M. Roberge : Bien, vous nous
dites que ça s'applique déjà. Dans le cadre de notre Loi sur l'intégration
nationale, ce qu'on veut préciser, c'est ce qui est écrit là : «la
primauté des lois sur diverses cultures tant minoritaires que majoritaires».
C'est ça qu'on veut préciser.
M. Morin : Bien. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 5
tel qu'amendé? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. C'était juste pour faire un mini point là-dessus. Le
point 6, là, la reconnaissance de la primauté des lois sur diverses
cultures. La Charte des droits et libertés de la personne constitue l'une de
ces lois, ça fait que...
M. Cliche-Rivard : ...les
balises qui existent dans la charte trouvent pleinement application dans
l'exemple ou dans ce que le ministre définit ou donne. Ça fait que je veux dire
la charte est d'une de ces lois-là, là. Il y a des droits et libertés consenties
dans ladite charte qui viennent pondérer la primauté des lois, là, puis c'est
une loi, là, c'est une loi quasi constitutionnelle qui fait l'objet de titre
fondamental qu'on s'est donné comme valeur fondamentale, comme expression
fondamentale de la société québécoise. Donc, c'est vrai, la primauté des lois,
puis la charte en fait partie, puis elle... elle joue son rôle de balise, puis
les citoyens peuvent saisir les tribunaux en défense de leurs droits face à
ladite charte, et auquel cas une loi peut devenir invalide parce qu'elle ne
respecte pas la charte. Donc, je vous dirai juste comme on s'entend là-dessus,
je ne pense pas qu'il y a un débat. Mais donc l'exemple que le ministre
pourrait venir donner est vrai, sauf décision contraire d'un tribunal sur
l'interprétation de la charte, là. Je veux dire, je pense qu'on s'entend
là-dessus. Je voulais quand même la place.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 5 tel qu'amendé?
M. Morin : Le seul
commentaire que je ferais, c'est évidemment quand on parle des chartes qui
s'appliquent au Québec, il y a la Charte québécoise, bien sûr, mais il y a la
Charte canadienne également. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, si j'ai votre... Pas d'autre intervention,
est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Adopté. Merci. On passe donc à l'article 6. M. le
ministre, je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Donc, 6, on est dans le chapitre III, Devoirs et Attentes.
«6. L'État du Québec :
«1° prend des mesures pour accueillir les
personnes immigrantes et pour contribuer à leur intégration et à leur
épanouissement, par exemple en créant et en maintenant des conditions
favorisant l'apprentissage du français ainsi que l'apprentissage des valeurs
démocratiques et des valeurs québécoises exprimées notamment dans la Charte des
droits et libertés de la personne (chapitre C-12);
«2° prend des mesures ayant pour objectif
d'assurer la pérennité, la vitalité et le partage de la langue française ainsi
que de la culture québécoise sous toutes ses formes;
«3° facilite l'accès aux œuvres et aux
contenus culturels ainsi qu'aux biens patrimoniaux québécois, les met en valeur
et en favorise;
«4° fait la promotion des politiques, des
programmes et des actions permettant aux Québécois de toutes origines de mieux
comprendre et respecter la culture commune, y adhérer et y contribuer;
«5° prend des mesures pour promouvoir,
défendre et faire respecter l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que
la laïcité de l'État.».
Donc, c'est un article qui précise
certaines mesures que prend l'État du Québec qui... et j'ai un amendement, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Donc, on va mettre l'amendement...
M. Roberge : À l'article...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...à la vue de tous, et je vais vous demander d'en faire la
lecture. Allez-y.
M. Roberge : Oui. Parfait.
Donc, amendement à l'article 6 du projet de loi :
1° remplacer dans le paragraphe 1°, «en
créant» par «en leur offrant un parcours d'accompagnement personnalisé ainsi
qu'en créant»;.
2° remplacer dans le paragraphe 2°,
«québécoise» par «commune».
C'est un amendement qui a pour objet de
donner un exemple de mesures pour accueillir les personnes immigrantes et pour
contribuer à leur intégration et à leur épanouissement. Il a également pour
objet faire un changement terminologique. Là, c'est la culture québécoise
remplacée par culture commune.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce que des interventions sur
l'article 6... l'amendement à l'article 6, le texte de l'amendement?
Merci. Allez-y.
M. Morin : Merci. Woup! là,
le... À moins que je ne voie mal, mais on dirait que le... que le texte est
parti.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va juste garder la portion... juste remonter, parfait.
Merci.
M. Morin : O.K. Donc, ma
compréhension à 6, 1°, c'est qu'on aurait, en leur offrant un parcours
d'accompagnement personnalisé ainsi qu'en créant et en maintenant des
conditions, c'est ce que vous voulez ajouter avec votre amendement, M. le
ministre.
M. Roberge : Oui.
M. Morin : Je comprends bien?
M. Roberge : Oui.
M. Morin : O.K. Merci.
Alors, comment vous définissez un parcours d'accompagnement personnalisé et
comment vous allez y parvenir?
M. Roberge : Merci bien. Ici,
on fait référence à une notion du ministère de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration. On est dans un article de la loi du MIFI qui
fait référence exactement à ça. Je peux vous lire, si vous voulez, cette
section-là : «Les fonctions du ministre en matière d'immigration...
consistent plus particulièrement à :
«3° offrir un parcours d'accompagnement
personnalisé — donc on est là, ici — aux personnes
immigrantes, notamment en leur apportant un soutien dans leur démarche
d'immigration, de francisation et d'intégration, ainsi qu'en les informant sur
les valeurs...
M. Roberge : ...et les valeurs
québécoises exprimées par la Charte des droits et libertés de la personne... de
la langue française, de la culture québécoise, du dynamisme des régions. Donc,
ce terme-là, de «parcours d'accompagnement personnalisé» vient de la loi du
MIFI.
Une voix : ...
M. Roberge : Ah! Et c'était...
Merci. C'était demandé par le Commissaire à la langue française aussi d'y faire
référence. Donc, c'est... on ne l'a pas inventé et... autant le terme. Et,
c'est ça, c'est une recommandation de l'expert.
• (18 heures) •
M. Morin : Merci. Vous soulignez
que ça vient déjà de la loi qui traite de l'immigration. Qu'est-ce que vous
allez faire en vertu de la loi qu'on est en train d'étudier concrètement pour
offrir un parcours d'accompagnement personnalisé? Et comment allez-vous y
arriver, étant entendu que, dans cet alinéa-là, où vous parlez des conditions
favorables pour l'apprentissage du français, et qu'on connaît tous les enjeux
qui sont survenus avec la francisation... Donc, qu'est-ce que, avec cette
loi-là, vous allez faire de différent qui vont faire en sorte que là, ça va
réussir?
M. Roberge : Bien, il faut
voir, là, que, s'il y a eu des enjeux de prévisibilité de l'offre de cours dans
la dernière année, je l'ai reconnu à plusieurs reprises sur plusieurs
plateformes, ça reste qu'on est à l'an 2, on achève l'an 2 de la
création de Francisation Québec, qu'on n'a jamais fait aussi bien. On est en
train de déployer un service complètement nouveau. On est passés de 25 000
à 30 000 personnes francisées par année, à 76 000, à
l'an 1, 76 000, là, plus de 80 000 à l'an 2, l'année qu'on
vient de finir. Donc, on va continuer de déployer et d'améliorer le service de
Francisation Québec. Voilà.
M. Morin : Et là, vous voulez
adopter une expression qui parle d'un parcours d'accompagnement personnalisé.
Donc, moi, ce que je comprends de ça, c'est que, quand la loi va être en
vigueur, parce qu'elle va l'être... Quelles sont les mesures que vous allez
prendre pour offrir un parcours d'accompagnement personnalisé? Qu'est-ce que
vous avez en tête? Quels sont les coûts puis quels sont vos indicateurs de
rendement pour déterminer, après une période x, si ça va fonctionner ou pas?
Parce que là, vous ne parlez pas d'un parcours d'accompagnement, vous parlez
d'un parcours d'accompagnement personnalisé.
M. Roberge : Bien, on fait
écho à quelque chose qui existe déjà, mais qu'on balise dans la loi puis
qu'on... je dirais qu'on le... on y fait maintenant référence comme étant un
élément de l'intégration nationale. C'était déjà un élément mentionné dans une
autre loi, mais là, on dit : Tiens, ça, ça fait partie de l'intégration
nationale.
Au moment où on se parle, il y a un
organisme qui s'appelle Accompagnements Québec, avec des agents, des employés
de l'État qui offrent un service gratuit personnalisé aux personnes
immigrantes. Puis, dans le cadre du service, il y a des agents d'aide à
l'intégration du MIFI qui évaluent les besoins de la personne, d'où la notion
de parcours d'accompagnement personnalisé. Ce n'est pas tout le monde qui a les
mêmes besoins. On peut arriver ici... Des fois, les immigrants arrivent, ils
ont déjà un emploi parce qu'ils arrivent pour combler un poste, bien là, on est
moins dans la recherche d'emploi. Des fois, ils maîtrisent le français, des
fois, ils ne le maîtrisent pas. Des fois, ils ont besoin d'être accompagnés
pour un logement, des fois, ils ont déjà un logement. C'est ça, le principe
d'accompagnement personnalisé.
M. Morin : ...je comprends,
au fond, que cette expression-là, cette façon d'accompagner dans l'intégration,
c'est quelque chose qui existe déjà en matière d'immigration. C'est exact?
M. Roberge : Oui. C'est ce
que je vous explique. Et on met «par exemple», hein? On dit : «L'État du
Québec prend des mesures pour accueillir les personnes immigrantes et pour
contribuer à leur intégration et à leur épanouissement, par exemple en leur
offrant un parcours d'accompagnement personnalisé.» Puis on continue ensuite.
M. Morin : Exact. Alors, dans
la loi actuelle, quels sont les indicateurs que vous utilisez pour savoir si ça
fonctionne ou pas?
M. Roberge : Est-ce qu'on a
dans la Loi de l'immigration des indicateurs? Je ne crois pas que c'est d'usage
d'inscrire directement dans la loi des indicateurs de performance. Normalement,
les ministères, dans les politiques...
18 h (version non révisée)
M. Roberge : ...sous-ministre,
les sous-ministres adjoints, les équipes valident après... année après année,
combien de personnes se sont inscrites. Ont-ils fait le parcours au complet?
Sont-ils satisfaits? Le taux de réussite, le taux de satisfaction, c'est le
genre de choses qu'on a par ministère, par programme, mais on ne balise pas ça,
cristallisé dans la loi.
M. Morin : D'accord.
Donc, je comprends qu'il y a présentement des indicateurs qui existent mais qui
seraient dans une politique.
M. Roberge : Honnêtement,
il faudrait que je vérifie. Je n'ai pas la réponse ici, maintenant, dans le
cadre du projet de loi pour ce programme précis.
M. Morin : O.K. Parce que
vous comprendrez que, si vous voulez ajouter ça dans le projet de loi, moi, ce
qui m'intéresse, puis je comprends que vous l'importez d'une autre loi, c'est :
Est-ce que ça fonctionne? Est-ce que ça a fait ses preuves? C'est quoi les
indicateurs? Ça coûte combien? Vous avez besoin de combien de fonctionnaires?
Qu'est-ce qu'ils vont faire? Parce qu'avec votre ajout, vous allez imposer à l'État
du Québec une obligation. C'est ce que je comprends. Puis je voudrais juste
savoir comment ça va fonctionner.
M. Roberge : Bien, ça
fonctionne avec des agents qui rencontrent des nouveaux arrivants puis qui les
accompagnent dans leur parcours personnalisé en fonction de leurs besoins.
M. Morin : Bon. Puis là,
si vous permettez, je vous pose la question parce que là, dans Le Devoir,
parce que vous avez parlé d'Accompagnement Québec. Ça dit : Le service d'Accompagnement
Québec vise à guider les nouveaux arrivants dans leur démarche d'installation
et d'intégration. Puis, ça dit, il rate sa cible. Donc, vous devez avoir des
cibles. Puis là, si vous les ratez, vous comprendrez que c'est un peu
inquiétant parce que, là, vous voulez l'imposer dans une loi. Puis tantôt vous
avez dit que cette loi-là formerait un super corpus de quatre lois fondatrices
pour le Québec. Donc, moi, comme député, ça m'inquiète un peu.
M. Roberge : Bien,
écoutez, j'ai... Le document que vous avez devant vous à ce moment-ci, je ne l'ai
pas devant moi.
M. Morin : C'est un
article du Devoir qui a été publié le 2 mai 2024, alors, par Mme Lisa-Marie
Gervais. Et ça parlait, entre autres, des services d'Accompagnement Québec, services
auxquels vous avez fait référence, qui visent à guider les nouveaux arrivants
dans leur démarche d'installation et d'intégration. Mais ça dit aussi que ça
rate sa cible. Et donc, moi, ça m'inquiète parce que si vous voulez prendre ce
service-là puis l'intégrer dans votre loi, écoutez, c'est important, vous ne
voulez pas rater votre cible. Et puis il y a 70 % en plus des répondants,
parce que là on parle d'un sondage réalisé par votre ministère, le MIFI, obtenu
par Le Devoir, 70 % des répondants affirmaient ne pas connaître Accompagnement
Québec. Là, ça ne va pas bien. Puis la moitié des personnes interrogées
indiquaient ne pas connaître les étapes à suivre pour immigrer, chercher un
emploi ou faire connaître leurs compétences. Là, vous nous dites : Il y a Accompagnement
Québec. Dans la loi qui traite de l'immigration, il y a ce parcours. Vous,
comme ministre, le gouvernement veut maintenant l'ajouter dans la loi qui va
traiter de l'intégration. Moi, je vous pose des questions sur la façon dont
vous allez atteindre vos objectifs. Vous me dites : Les indicateurs, s'il
y en a, c'est dans une politique. Mais là, ce qu'on lit, ce n'est pas très
concluant. Et on nous dit qu'à peine... En 2023‑2024, à peine plus de 12 000 personnes
ont bénéficié d'une évaluation de leurs besoins par Accompagnement Québec et
les gens ne savent pas que ça existe. Alors, vous comprendrez, M. le ministre,
qu'en plus on dit que c'est un service qui fait doublon. Donc, qu'est-ce que
vous voulez accomplir avec ça? Puis... Bien là, ça m'inquiète véritablement si9
vous... Tu sais, si vous n'en dites pas plus, je suis un petit peu étonné parce
que je ne vois pas comment vous allez y arriver, honnêtement, là.
M. Roberge : Bien, le
principe, ici, c'est qu'est-ce que peut faire l'État du Québec? Bien, il prend
des mesures pour accueillir les personnes immigrantes, on est d'accord, pour
contribuer à leur intégration. J'imagine que vous êtes d'accord. Par exemple,
qu'est ce qu'on peut faire? Bien, c'est un parcours d'accompagnement qui est
personnalisé. Là, vous nous dites que vous avez trouvé un article qui date d'il
y a 11 mois, avec des critiques sur Accompagnement Québec, qui est un organisme
qui s'occupe de ça...
M. Roberge : ...je comprends,
je comprends, mais est-ce à dire que vous ne voulez pas que les immigrants
aient un parcours d'accompagnement personnalisé? Je ne pense pas. Je pense que
vous souhaitez... en fait, vous le direz vous-même, je ne veux pas vous mettre
des mots dans la bouche, mais moi, je vais dire ce que je souhaite. Moi, je
souhaite que les nouveaux arrivants aient un parcours d'accompagnement
personnalisé puis je souhaite que ça fonctionne, je souhaite que ce soit
efficace. Il faudrait que je voie dans quelle mesure les correctifs ont été
apportés dans la dernière année. Je suis arrivé aux affaires quelque part en
septembre. C'est un article qui date de mai. L'article précise que des correctifs
devaient être apportés. Je pourrai voir quels sont les nouveaux indicateurs,
quel est le nouveau bilan puis corriger les choses. Mais, d'une manière ou
d'une autre, dans la loi, ici, on ne fait pas un programme, on ne fait pas une
mesure, on donne un exemple d'un élément, mais on veut, dans la loi, préciser
que l'État va prendre des moyens pour accompagner les gens puis qu'un
accompagnement qui est personnalisé, c'est un bon moyen. Après, bien, il
restera à moi, à ceux qui me succéderont à prendre les moyens pour que cet
accompagnement personnalisé là soit adéquat. Mais, si on y renonce tout de
suite, je vous le dis tout de suite, il n'y en aura pas ou il y a moins de
chances de l'avoir, en tout cas. Là, on cristallise quelque chose. Je pense,
c'est une bonne idée.
• (18 h 10) •
M. Morin : Mme la Présidente,
je n'ai jamais dit que c'était une mauvaise idée, mais vous comprendrez que le
rôle d'un député... puis d'un député d'opposition, mais le rôle d'un député,
c'est de contrôler l'action gouvernementale.
Alors, moi, est-ce que... Vous me
dites : C'est une bonne idée. Bien, ce n'est pas une mauvaise idée, c'est
sûr. Idéalement... Puis, tu sais, c'est ce dont on parle depuis le début, puis
on vous a fait plusieurs suggestions, M. le ministre, pour faire en sorte... à
la lecture de tous les documents qu'on a reçus et de tous les groupes et
experts qu'on a entendus en commission pour faire en sorte que le modèle soit
le plus ouvert, le plus inclusif, le plus efficace possible. On a parlé de
vivre-ensemble, on a parlé de moyens socioéconomiques, ce n'est pas pour rien.
On a parlé de lutte à la discrimination, ce n'est pas pour rien.
C'est sûr qu'on ne veut pas travailler...
en tout cas, je vais parler pour moi, je ne veux pas travailler sur un projet de
loi qui va faire en sorte qu'à la fin ça ne marchera pas, ce n'est pas ça, le
but, là. Mais là on a une disposition législative, puis vous me dites, et vous
nous dites : Moi, je veux l'amender parce que je veux inclure un parcours
d'accompagnement personnalisé. C'est parfait. Et vous me dites : Ça vient
de la loi qui traite de l'immigration. Parfait. Mais, moi, dans mon rôle de
contrôleur, je veux savoir : Oui, mais ça, là, ça marche-tu? Parce
qu'évidemment, une fois que le Parlement va l'avoir adopté, ça va devenir la
loi, et là vous allez devoir prendre des mesures. Puis où je suis inquiet...
parce que c'est vous qui avez référé à la loi qui traite de l'immigration et
d'accompagnement à Québec, et là, dans un article qu'on a trouvé en 15
secondes, ça dit : Bien, ça ne marche pas.
Est-ce que... Tu sais, vous me
dites : En théorie, est-ce que vous voulez que les immigrants aient un
accompagnement personnalisé? Bien, la réponse à ça, c'est sûr que c'est oui. Je
veux que les gens qui arrivent ici parlent français, puis qu'ils s'intègrent,
puis qu'ils restent ici, puis qu'ils contribuent à l'essor du Québec puis à sa
vitalité économique. C'est sûr, M. le ministre, on ne peut pas être contre ça.
Mais, avant de donner mon aval ou mon accord à un amendement que vous voulez
proposer, moi, je veux m'assurer que ce que je vais faire, ça va avoir... ça va
faire œuvre utile. Puis là, malheureusement, avec respect, ce que vous me
dites, moi, ça ne me rassure pas. Tu sais, si vous m'arrivez en disant :
Oui, écoutez, on l'a déjà fait, voilà nos indicateurs, ça a été évalué,
Vérificatrice générale en a parlé, ça marche, bing, bing, bing, c'est parfait,
ça roule... je vais dire : Parfait, il n'y a pas de souci. Mais ce n'est
pas ça, M. le ministre, c'est le contraire. Puis là, tantôt, on a parlé de
Francisation Québec, avec tous ses déboires, ça ne fonctionne pas non plus.
Bien, écoutez, moi, je veux bien, là, mais ça commence à être difficile à
suivre, avec respect, là, je vous le dis.
Donc, si vous me dites : Bien,
écoutez, ça marche puis c'est ça qu'on veut, c'est votre position, mais sachez
que, moi, ça ne me rassure pas. Ça, c'est clair.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement...
M. Morin : J'en aurais un
autre, s'il vous plaît. Parce que là, après, on parle de prendre des mesures
pour assurer la pérennité, la...
M. Morin : …le partage de la
langue française, ainsi que la… Là, on ne parle plus de culture québécoise, on
va parler de culture commune sous toutes ses formes. Pérennité et vitalité,
bon, tantôt, on avait un amendement avec «soutenir», ça n'a pas passé.
Qu'est-ce que vous avez en tête par prendre des mesures pour le partage de la
langue française? Concrètement, qu'est-ce que vous allez faire?
M. Roberge : Bien, ici, quand
on parle de prendre des mesures pour l'État, pour assurer la pérennité et la
vitalité, le partage de la langue française, c'est souvent à travers le réseau
scolaire, mais ça peut aussi être à travers Francisation Québec. Ça peut aussi
être à travers toutes sortes d'activités qui sont animées par des organismes
sans but lucratif, des partenaires communautaires, donc, il y a beaucoup de partenaires
qui font des activités de partage de la langue française, ce n'est pas toujours
un cours à proprement dit, ça peut être du vivre ensemble, mais en français ça
peut être des activités interculturelles, mais avec la langue française, par
exemple, ça pourrait être ça.
M. Morin : Très bien, je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci, Mme la Présidente. J'ai une petite question, en fait, M. le
ministre, là, vous nous parlez… puis je veux juste revenir sur le fait… là, on
était sur modèle et fondement. Là, on entre dans devoirs et attentes. Ça fait
que, quand même, tu sais, ça place les choses, puis là on a l'article six et
sept, ça fait que 6, c'est le… ce que le Québec doit faire, 7, c'est ce que les
personnes… les Québécois et les personnes immigrantes doivent faire.
Là, vous nous parlez du MIFI, donc votre
autre chapeau, là, un de vos chapeaux, du ministre de l'Immigration, mais le
responsable de l'application de la présente loi, l'article 27, c'est le
ministre de la Langue française. Puis là, il y a des choses d'inclusion, il y a
des choses de la langue française, il y a des choses du modèle d'intégration.
Ça fait qu'on ne vous a pas entendu vraiment là-dessus, mais j'aimerais ça de
bien comprendre justement la… l'élaboration puis la responsabilité. En ce
moment, vous portez les deux chapeaux, là, c'est facile, mais ce ne sera pas
comme ça pour l'ensemble de l'histoire, là, que le ministre de la Laïcité, de
l'Immigration et de la Francisation sera le même que le ministre de la Langue
française.
Ça fait que j'aimerais savoir comment vous
l'avez réfléchi puis imbriqué en terme légal, parce que, là, il y a des
obligations qui semblent être consenties au ministre de l'Immigration, quand
même, par le ministre de la Langue française. Bref, comment c'est réfléchi,
tout ça, l'interconnexion entre vos trois chapeaux?
M. Roberge : …répondre
brièvement, parce que, là, on est… on n'est même pas sur l'amendement, on n'est
même pas sur l'article, on est, de l'aveu de mon collègue, sur un article loin,
loin, là. Donc, très, très brièvement, c'est une loi-cadre, c'est une loi qui
est transversale, qui touche plusieurs ministères. On parle de la loi sur la
laïcité, on parle de la Charte des droits et libertés, on parle, évidemment,
d'immigration, on parle de langue française. Donc, si on le confie à un
ministre plutôt qu'à l'autre, on pourrait trouver des raisons de dire :
Bien, pourquoi lui et pas lui? Pourquoi ce ne serait pas lui ou la personne,
mais pourquoi ce ministère… et ce ministre plutôt que tel autre? On y arrivera
ultérieurement.
M. Cliche-Rivard : Bien, la
question est plus concrète que ça, Mme la Présidente, là. Vous nous parlez de
la Loi sur l'immigration du Québec. Vous me parlez du MIFI, du parcours
d'accompagnement personnalisé, vous l'intégrez dans l'amendement. Là, vous,
ministre de la Langue française, aujourd'hui, enchâssez à 6, 1° des obligations
qui touchent le ministre de l'Immigration. C'est ça, ma question. Je veux dire,
finalement, le responsable de cette loi-là, c'est le ministre de la Langue
française. Ce qu'on avait là, jusque-là, touchait la langue française. Mais là,
vous parlez spécifiquement d'une responsabilité du ministre de l'Immigration.
Ça fait que je ne vous pose pas une
question théorique, je vous la pose la plus concrètement possible, là. Si le
ministre de l'Immigration, demain matin, ce n'est plus vous, puis il décide
qu'il n'en fait pas, lui, d'accompagnement personnalisé. Vous, ministre de la
Langue française, vous dites… vous êtes à le… bien, contraindre, ou vous êtes à
imposer ça par la loi sur l'intégration nationale? C'est ça, ma question très
spécifique, là. Parce que, là, aujourd'hui, vous êtes le même, ministre, mais
ce ne sera pas historiquement… ça n'a pas été ça avant, ça ne sera peut-être
pas ça après. Et là, vous intégrez dans une loi, dont vous avez responsabilité,
comme ministre de la Langue française, des engagements envers le ministre de
l'Immigration. Ça fait que je ne vous la pose pas très théoriquement, je vous
la pose très concrètement. Comment ça… comment ça se passe, ça?
M. Roberge : Bien, moi, je
vous réponds que c'est une loi est transversale, et si je disais : Non,
non, cette loi relève du ministre de l'Immigration, bien, vous pourriez
exactement me poser la question suivante, mais à l'alinéa deux, parce que, là,
à l'alinéa deux, ce sont des obligations qui peuvent relever du ministre de la
Langue française ou du ministre de l'Éducation. Donc…
M. Roberge : ...la question...
la question... La réponse à la question, en fait, c'est que c'est une loi
transversale et que, peu importe le ministère du ministre qui en aura la
charge, bien, il devra travailler de concert avec plus autres... plusieurs
autres ministres et plusieurs autres ministères pour la mettre en œuvre de
toute façon.
• (18 h 20) •
M. Cliche-Rivard : Mais,
corrigez-moi si je me trompe, là, puis les légistes pourront intervenir, on
voit des lois qu'il y a des responsabilités d'application de différents
ministères, là. Ce n'est pas toujours uniquement, comme à l'article 27, le
ministre de la Langue française. Ça fait que vous, vous me dites :
Pourquoi un plus que l'autre? Moi, je vous dis : Pourquoi pas les deux?
C'est plutôt ça, ma question, là.
Puis je comprends que là, c'est facile,
entre guillemets, où le ministre de la Laïcité, puis le ministre de
l'Immigration, puis le ministre de la Langue française s'entendent, là. Je
pense que là, c'est évident. C'est un peu drôle à dire, mais c'est ça pareil,
ils ne s'entendront peut-être pas toujours, puis ils n'auront peut-être pas
toujours la même vision. Ça fait que, moi, je... Puis là on y reviendra à 27,
vous m'en reparlerez à 27 quand on arrivera à 27, mais je... Là, jusque là, je
l'entendais bien, là, comme responsabilité de la langue française. Puis là,
avec votre amendement, on dirait que là, vous rentrez vraiment dans les
compétences et juridictions du ministre de l'Immigration. Puis, je veux dire,
si vous voulez qu'on en discute à 27, moi, je serais d'avis que les deux
ministres - en l'occurrence vous aujourd'hui, là, mais peut-être pas toujours
vous - devrez avoir responsabilités communes. Puis, quitte à avoir le ministre
de la Laïcité aussi. C'est... C'est la question que je pose. Parce que là, on
est dans un... on est dans une situation un petit peu.... puis c'est le choix
du gouvernement, où c'est la même personne actuellement. Mais, il n'y a pas si
longtemps, c'était la ministre de l'Économie, là, qui était ministre de
l'Immigration. La ministre de l'Économie qui se fait imposer des trucs par le
ministre de la Langue française dont lui il a la responsabilité, puis lui, il
vient la lier, elle, dans sa loi, c'est là où je pose la question sur
l'interrelation, là. Donc, c'est ça, l'issue de mon commentaire. Je comprends
qu'aujourd'hui c'est un peu spécial parce que vous portez les trois chapeaux,
là. Mais, il n'y a pas si longtemps, on avait un autre ministre de
l'Immigration qui... Puis là, vous me dites : On... J'imagine, vous
établirez vos politiques puis vous vous entendrez. Mais là, c'est dans la loi,
là. La loi, elle ne se réouvre pas en 15 minutes, là. Il faut déposer un projet
de loi, il faut l'amender, etc.
Ça fait que, c'était ma réflexion, M. le
ministre. Je ne sais pas si vous avez un commentaire, vous, ou une position à
l'effet que le ministre de l'Immigration pourrait aussi être responsable avec
vous de l'application de la présente loi.
M. Roberge : Je pense qu'on
a... on a une loi importante, qui est une loi-cadre, qui est une loi
transversale et qui, de toute façon, doit amener une action gouvernementale
élargie. Comme ministre de la Langue française, je peux vous dire que j'ai
rédigé la politique d'exemplarité de l'État qui avait des impacts, finances,
municipal... en fait, l'ensemble des ministères et organismes. On achève de
réviser tout l'ensemble des politiques linguistiques de l'État. Ce n'était pas
chaque ministre dans la loi qui était responsable de ça. Ça prend un chef
d'orchestre à un moment donné. Le chef d'orchestre, il ne joue pas tous les
instruments. Si c'est ça, ça va être la cacophonie, ça ne marchera pas. Mais ça
prend un chef d'orchestre à un moment donné. Puis on le voit plus loin. À
l'article 8 sur la politique nationale, on dit que c'est en collaboration
avec les ministères concernés que la politque est rédigée. Mais ça prend quand
même une personne qui s'en occupe.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député.
M. Morin : Oui. Merci. M. le
ministre, dans «le parcours d'accompagnement personnalisé et les conditions
favorisant l'apprentissage des valeurs démocratiques, des valeurs québécoises»,
est-ce que vous avez en tête des exercices ou les mesures qui pourraient
favoriser la mixité sociale et permettre la rencontre interculturelle des
personnes?
M. Roberge : Ben oui. Quand
on travaille avec les... beaucoup les organismes communautaires qui sont sur le
terrain, qui ont ce mandat-là, de faire des activités, et qui auront un mandat
beaucoup plus fort de le faire après la sanction de la loi, donc, d'emblée, les
organismes, j'en ai visité plusieurs, là, organisent des activités de mixité où
il y a gens de la diversité. Mais ce sera beaucoup plus clair après.
M. Morin : Est-ce que vous
pouvez précise que vous voulez dire par «beaucoup plus clair après»? «Après»?
M. Roberge : Après la
sanction de la loi parce qu'on aura un modèle d'intégration. Nous n'en avons
pas au moment où on se parle. On n'a pas, en ce moment, de politique très, très
claire d'intégration à la nation québécoise. On n'a pas de modèle
d'intégration. Donc, on a des programmes, on a des organismes, on a des...
M. Roberge : ...des leaders
régionaux, on a des gens qui sont bien formés, qui sont sur le terrain, mais
chacun y va dans sa perspective, avec son expérience terrain, des modèles des
fois éprouvés, mais là on aura quelque chose de beaucoup plus clair. Pour
reprendre l'image du chef d'orchestre, on jouera tout le monde la même chanson
en même temps, chacun de son instrument, mais ce sera beaucoup plus clair, on
sera en harmonie.
M. Morin : Et est-ce que vous
seriez ouvert... parce que là vous avez un amendement à 6.1 et que vous parlez
d'un parcours d'accompagnement, est-ce que vous seriez ouvert à rajouter un
élément qui fait référence à la mixité sociale et aux rencontres
interculturelles des personnes? Parce que je comprends, vous dites : Oui,
éventuellement il y aura une politique, mais le modèle, on est en train de
travailler dessus présentement. Et ce sont... et si je vous le souligne, c'est
parce que c'est des éléments qui nous ont été, entre autres, amenés, proposés
par des experts. Donc, je me demandais... et notamment, et notamment par David
Carpentier, qui est un doctorant à l'Université d'Ottawa. Donc, pour être plus
spécifique quant aux mesures et toujours dans cet élément de vivre ensemble,
d'ouverture, est ce que c'est quelque chose que vous seriez prêt à considérer
puisque vous voulez spécifier dans votre texte de loi un parcours
d'accompagnement personnalisé?
M. Roberge : Bien, j'aimerais
mieux voir... Pouvez-vous préciser votre proposition? Est-ce que je suis
ouvert? Bien, je suis curieux, en fait, je vous écoute, je vais voir ce que
vous voulez proposer. On va voir.
M. Morin : Oui. En fait, ce
que je veux proposer, c'est que pour aider à, évidemment, l'intégration, parce
que c'est de ça dont on parle, là vous voulez prendre des mesures pour
contribuer à leur intégration, et parmi ces mesures là, vous voulez leur offrir
un parcours d'accompagnement personnalisé. Moi, ce que je vous soumets, c'est
que dans cet élément là, dans les mesures, est ce que vous seriez prêt à, évidemment,
rajouter un élément, par exemple, qui ferait en sorte que, dans le soutien aux
nouveaux arrivants, dans la politique éventuelle dont on pourra parler plus
tard dans l'article 8, je crois, est ce que vous seriez prêt ici à faire
référence au soutien des nouveaux arrivants dans des activités de mixité
sociale qui pourraient permettre la rencontre interculturelle de personnes de
toutes origines? Ça viendrait, si vous voulez préciser le parcours
d'accompagnement puis ça fera en sorte que... tout à l'heure, vous avez fait
référence aux organismes communautaires qui le font, mais là il y aurait, je
vous dirais, une assise juridique qui ferait en sorte que l'État du Québec
devra continuer à travailler, au fond, avec ces organismes pour favoriser la
mixité sociale. Alors, c'est ce que je veux dire par mon intervention. Mais si
vous voulez, on peut suspendre, je peux en faire un amendement, on pourra en
débattre, il n'y a pas de souci.
M. Roberge : Mais j'ai une
ouverture, c'est une proposition qui est intéressante, considérant l'endroit où
on est dans la loi. Je pense qu'ici c'est peut-être quelque chose qui pourrait
s'intégrer. Tu sais, des fois, on me propose quelque chose, je dis : c'est
intéressant, mais pas exactement ici. Là, peut-être qu'on est à la bonne place.
On pourrait suspendre si les collègues sont d'accord pour voir si... peut-être,
ça ne marchera pas, mais essayons.
M. Morin : Très bien.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 18 h 47)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, nous avons suspendu pour, disons, discuter de l'amendement
déposé par le ministre à l'article 6. Et je pense qu'il y a encore une
question. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Oui, en effet, à 6 1° je constate, M. le ministre, que vous référez
aux mesures pour accueillir des personnes immigrantes, alors que, dans d'autres
dispositions du projet de loi, je pense entre autres à l'article 5, vous
référez, pour le modèle d'intégration aux personnes immigrantes et aux
personnes s'identifiant à des minorités culturelles. Mais là vous ne reprenez
pas «des personnes s'identifiant à des minorités culturelles». Est-ce qu'il y a
une raison particulière?
M. Roberge : Bien, oui.
Puis mon collègue l'a vu tout à l'heure. Le 6 1° interpelait davantage le
ministère de l'Immigration. Le 6 1° s'adressait davantage, je vous dirais, aux
nouveaux arrivants, tandis que d'autres mesures embrassent plus large.
M. Morin : D'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'amendement? M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Juste une question, M. le ministre. Là, à 6 1°, est-ce qu'on
vise autant les personnes immigrantes à statut d'immigrants temporaires que les
immigrants permanents?
M. Roberge : Je vais la
relire pour être sûr. L'État du Québec prend des mesures pour accueillir les
personnes immigrantes...
M. Cliche-Rivard : Et si
vous permettez...
M. Roberge : Et il n'y a
pas de nuance ici, mais c'est sûr, c'est à des niveaux divers.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça.
M. Roberge : Ce n'est pas
la même chose. Autant, disons, l'intérêt pour le Québec d'apprendre la langue
française à un travailleur saisonnier qui travaillerait aux champs, là, qui
arrive en mai puis qui part en octobre, versus un temporaire qui a un permis de
trois ans qui renouvelle trois fois, qui est ici neuf ans, versus un permanent
qui y fait sa vie. Il y a quand même des niveaux divers, là.
M. Cliche-Rivard : Puis
justement, en dehors de, mettons, 6.1, ces divers degrés là vous... s'appliquent
également pour l'ensemble du projet de loi. Finalement, là, dans ce qui est
attendu, les attentes sont aussi proportionnelles, je le dirais, à la durée du
séjour, mettons. C'est un petit peu comme ça que c'est conçu comme...
• (18 h 50) •
M. Roberge : Bien, je
vous dirais que... Oui, je dirais que c'est comme un peu une évidence.
Effectivement, on ne peut pas avoir... Il y en a que c'est quelques mois, là. Il
y en a que c'est... Autant on parle... on passe quelques mois, on pense à des
saisonniers, mais ça peut être aussi quelqu'un qui...
M. Roberge : ...aimerait faire
une attestation d'études collégiales qu'un programme de 600 heures, ce
n'est pas si long, puis repartir ensuite. Ce n'est pas la même... ce n'est pas
le même niveau, là, quand même, d'enracinement puis d'apprentissage de la
société, puis etc. On veut que, quand ils sont ici, ils sont ici, là, mais on
comprend, là, tous qu'il y a des niveaux différents.
M. Cliche-Rivard : O.K. Ça
fait que... disons, la durée du statut puis la durée du séjour peut ou sera
proportionnel aux demandes. C'est peut-être intéressant ce que... j'entendais
des...
M. Roberge : Oui, bien, c'est
des considérations qui peuvent changer. C'est intéressant, mais ce n'est pas...
ce n'est pas une réponse directe à votre question.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Parfait, mais justement, tu sais, ce sont des choses qu'on ne connaît pas
toujours. Tu sais, au jour un de l'arrivée du travailleur étranger temporaire,
on ne le sait pas qu'il va se destiner à renouveler deux fois son permis de
travail. On ne voit pas l'avenir, là, on ne peut pas deviner au jour un qu'il
va être là neuf ans. Ça fait que, là, on... De toute façon, on estime une participation
puis une adhésion la plus positive et complète possible, mais on... tu sais,
essentiellement dit, à 6.1, là, l'accompagnement personnalisé qui vise le
travailleur étranger temporaire qui a un permis de deux ans, il est-tu
différent que celui qui vise un nouvel immigrant permanent reçu avec la
résidence permanente., à 6.1?
M. Roberge : Bien, il ne
cherche pas nécessairement les mêmes loyers. D'ailleurs, il y a plusieurs
travailleurs étrangers temporaires qui sont logés par l'employeur. Ça fait que
son parcours de...
M. Cliche-Rivard : Il est
différent.
M. Roberge : ...son parcours
d'accompagnement personnalisé, si l'employeur dit : Je te loge, c'est
différent de la petite famille qui arrive, qui dit : Je veux m'acheter une
maison. C'est très variable. D'ailleurs, on a des politiques aussi sur
l'exigence du français qui dit qu'après trois ans, si tu veux renouveler, il
faut que tu aies un certain niveau de maîtrise du français. C'est nouveau, là,
qu'on ait cette exigence-là. Donc, on voit qu'il y a une gradation. Si c'est
pour un an, il n'y a pas nécessairement d'obligation de maîtrise de la langue
française, mais après trois ans. si tu veux renouveler, oui. Donc, on le voit
que, dans les politiques, il y a des... certaines gradations, puis, dans le
parcours évidemment, bien, ce n'est pas la même chose, ce n'est pas les
mêmes... ce n'est pas les mêmes besoins.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, je comprends qu'à 6.1, c'est pour toutes personnes
immigrantes, toutes catégories confondues?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, c'est ce
que je dis, oui, mais à des degrés divers, comme je viens de répondre au
collègue.
M. Morin : Oui, je comprends,
mais toutes les catégories.
Par ailleurs, à deux. Il y a une
obligation de prendre des mesures pour, entre autres, assurer, bon, la
pérennité et le français, mais ainsi que la culture commune sous toutes ses
formes. Mais il y a... il ne semble pas y avoir de référence au fait que les
immigrants doivent y contribuer. Par contre, à quatre, toujours dans le même
article, là vous visez les Québécois de toutes origines puis...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...rendu à 4. Et là, je veux vous ramener sur l'amendement,
qui est un amendement dans le un et le deux.
M. Morin : Je suis d'accord.
Je le saisis bien. Sauf que là, on vise différents groupes ou communautés,
puis, des fois, il faut qu'ils adhèrent, des fois, qu'il faut qu'ils
contribuent. Ça fait que je veux juste, question de cohérence, parce que là,
6.1, on va... on va l'adopter. Alors, je veux juste voir si c'est bien ce qu'on
vise. Le ministre fait des distinctions, c'est correct, je voudrais juste
comprendre pourquoi. Parce qu'une fois adopté, bien là, il va être adopté. On
ne pourra pas revenir. D'où ma référence à 4. Mais je comprends qu'on est à
6.1.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
effectivement, quatre, on dit, dans le fond, «l'État du Québec fait la
promotion de politiques, de programmes, des actions permettant aux Québécois de
toutes origines de mieux comprendre, respecter la culture commune, y adhérer, y
contribuer.» Donc, on le mentionne, là, c'est pour tout le monde.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est bon. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement apporté à l'article six? Il n'y a pas d'autre intervention. Est-ce
que l'amendement est adopté? Adopté. On revient donc à l'article six tel
qu'amendé. Et là, je pense que vous avez un amendement à déposer.
M. Morin : Exact.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Nous allons ouvrir le document et, M. le député de
l'Acadie... d'Acadie, je vais vous demander d'en faire la lecture.
M. Morin : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, à l'article six du projet de loi, tel qu'amendé, insérer,
après le paragraphe trois, le paragraphe...
M. Morin : ...le paragraphe
suivant :
«3.1 facilite la mixité culturelle et
l'établissement de relations interculturelles harmonieuses;».
Je propose cet amendement, et nous en
avons discuté pendant... pendant la suspension, et je vous remercie d'avoir
suspendu, ça a permis de faire avancer, et je remercie également le légiste du
gouvernement qui l'a rédigé. Merci. Et pourquoi je... je le propose dans les
devoirs et attentes? Mais ça fait référence, entre autres, au mémoire qu'a
déposé M. David Carpentier, qui est un doctorant à l'Université d'Ottawa et
dans son mémoire il parlait de l'importance de déterminer des moyens ambitieux
et je le cite : «À la hauteur des défis du vivre-ensemble.» Et ce qu'il
soulignait entre autres, c'était de miser sur une approche pluraliste qui
rassemble, mais aussi prioriser les relations interculturelles et l'intégration.
Donc, spécifier, et c'est ce qu'il dit, «spécifier que l'objectif premier du
modèle d'intégration est la participation active à la société québécoise,
l'épanouissement des personnes immigrantes dans le cadre d'un vivre-ensemble
harmonieux et équitable, préciser que l'objectif des relations interculturelles
est de favoriser le développement d'une société ouverte, pluraliste et
tolérante et ajouter un fondement — mais ça, on en a déjà parlé — de
la lutte au racisme et la discrimination. «.
Alors, l'idée... et, dans ses propositions
d'amendement, il proposait de favoriser... et d'ajouter à l'article 6 une
disposition qui permettrait l'égalité... «faire la promotion de l'égalité des
chances, mais le soutien aux nouveaux arrivants avec des politiques de mixité
sociale pour permettre les rencontres interculturelles des personnes de toutes
origines». Donc, le libellé qui nous est proposé à l'article 6, en ce qui a
trait aux devoirs et attentes de l'État du Québec, serait donc de faciliter
cette mixité culturelle, établir des relations interculturelles harmonieuses.
Et je pense que c'est... c'est important de le souligner, parce que, jusqu'à
maintenant, à l'article 6, on a parlé de mesures pour accueillir les personnes
immigrantes, pour contribuer à leur intégration et à leur épanouissement.
Évidemment, prendre des mesures pour assurer la pérennité, la vitalité et le
partage de la langue française, faciliter l'accès aux oeuvres et aux contenus
culturels ainsi qu'aux biens patrimoniaux québécois, les mettre en valeur. Et
donc, M. le ministre disait précédemment qu'il avait lui-même visité plusieurs
groupes, et il y a plusieurs groupes communautaires qui effectivement
contribuent à l'intégration et qui ont pour mission ou mandat de faciliter la
mixité culturelle, l'établissement de relations interculturelles harmonieuses.
On a vu aussi précédemment, et j'en
parlais un peu plus tôt, que c'est aussi le rôle que prennent des
municipalités. Et il me semble que, suite à la recommandation de M. Carpentier,
c'est un élément qu'il faut... qu'il faut souligner, et donc ça va correspondre
finalement à un devoir, une attente de l'État du Québec, et ça lance, je pense,
un message d'ouverture aux nouveaux arrivants, aux immigrants. C'est la raison
pour laquelle je propose l'amendement. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien,
merci. Je pense que le collègue amène quelque chose d'intéressant puis je pense
que c'est au bon endroit dans le projet de loi. La notion de mixité culturelle,
je pense qu'elle est intéressante. On a souvent mentionné que tout à fait
favorable à l'ouverture, à l'ouverture sur le monde, à la diversité au Québec.
Culture commune ne veut pas dire culture monochrome, tout le monde égal. On est
tout à fait ouvert à la diversité, mais avec de la mixité. Donc, le concept de
mixité culturelle, je trouve, trouve une belle... une belle place ici. Puis après
ça, bien, les relations interculturelles, j'aime bien. Notre modèle ne
s'appelle pas directement de l'interculturalisme, mais ce n'est pas parce qu'on
en rejette les fondements. Je pense que les relations interculturelles sont un
vecteur important pour arriver à l'intégration nationale. Donc, ça me plaît.
Merci.
• (19 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je trouve ça très intéressant. Évidemment,
j'appuie. Ça fait...
19 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...et des
recommandations de plusieurs mémoires et de groupes. Je suis heureux qu'on soit
capables d'ajouter ça dans les obligations de l'État. Je pense que c'est très,
très positif, «mixité culturelle», là. Ça a été soulevé à plusieurs reprises
comme ce qui nous permet d'œuvrer à tisser une culture qui est dynamique et qui
s'enrichit mutuellement, qui nous amène vers une belle mixité. Et puis «l'établissement
de relations interculturelles harmonieuses» me semble vraiment un bon libellé,
donc je l'appuie sans réserve.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement
est adopté? Adopté. On revient donc à l'article six tel qu'amendé. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur l'article six tel qu'amendé? Oui. M. le député.
M. Morin : Merci. À 6.4... À
6.4, M. le ministre, j'aimerais que vous nous parliez davantage de ce que vous
allez faire concrètement. Parce que là, on parle véritablement des devoirs et
des attentes de l'État du Québec, promotion de politiques, programmes, actions
permettant à tous les Québécois de toutes origines de mieux comprendre et
respecter la culture commune. Donc, qu'est-ce que vous avez en tête
spécifiquement et quels sont finalement les objectifs que vous allez poursuivre
puis éventuellement ce que vous avez songé? Et je vous ne demande pas de les
mettre dans la loi, mais est-ce que vous avez songé à des indicateurs qui vont
vous permettre de déterminer, lorsque vous faites la promotion de politiques,
de programmes et d'actions, si vous allez atteindre vos cibles?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, on va
arriver ensuite, après l'adoption, de la sanction de la loi, avec une politique
interministérielle qui va amener une cohérence, une cohésion de tous les
ministères mais aussi des organismes. Puis, après ça, bien, en cohérence avec
ça, je pense qu'on va être capables, l'État du Québec, ses ministères, ses
organismes, ses réseaux, de faire la promotion puis de faire des politiques,
des programmes, des actions pour que tout le monde comprenne et respecte la
culture commune puis idéalement y adhère... y adhère puis, après ça, en plus, y
contribue. Ça va aller, je dirais, dans cette... dans cette mouvance-là.
Et, comme plusieurs ministres et
ministères vont s'en saisir, ça va être intéressant de voir aussi de quelle
façon eux l'intègrent puis le font vivre. L'État québécois, ce n'est pas que le
ministre responsable de la loi, là, c'est l'ensemble des ministres et
ministères. Par exemple, on peut penser qu'au ministère de la Culture, bien,
ils se disent : Bon, bien, comment je peux faire pour mieux faire
connaître les objets culturels, le patrimoine à ces nouveaux arrivants, mais
aussi aux Québécois qui sont nés ici? Est-ce que c'est en facilitant encore
davantage les actions dans nos écoles, mais aussi... pas juste dans nos écoles,
en enseignement supérieur? Est-ce qu'il y a d'autres programmes, d'autres
politiques? Ça va se décliner, là, de 1000 façons, mais ça va toucher
beaucoup, beaucoup de ministères et d'organismes.
M. Morin : Mais je comprends
que ça va être à suivre. Là, présentement, dans votre plan de match, on n'est
pas là.
M. Roberge : Bien, on n'est
pas là parce qu'on est en... on vient de faire les fondements, là, il y a quoi,
quelques heures. Là, on est dans les devoirs et attentes, mais on est dans des
grands thèmes encore. Et, quand il y aura la... la politique va être beaucoup
plus précise. Puis après la politique, bien, il y aura des actions qui seront
posées. Mais on est plus au début de quelque chose à ce moment-ci.
M. Morin : Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article
six tel qu'amendé? Oui. M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Parfait. Mme
la Présidente, peut-être... bien, je vais y aller avec des questions en
commençant.
M. le ministre, on parle, à trois, de
«faciliter l'accès aux œuvres et aux contenus culturels ainsi qu'aux biens
patrimoniaux québécois, les met en valeur et favorise sa découvrabilité.» C'est
quelque chose dont on parle de plus en plus, là, dans les dernières semaines. J'aurais
voulu vous entendre sur ce que vous avez comme... comme intention derrière ça,
là, «favoriser la découvrabilité de contenus québécois».
M. Roberge : Bien, ici, on
relève vraiment davantage du ministre de la Culture et des Communications et du
ministère. Donc, ça ne m'appartient pas à moi, personnellement, de jouer le
rôle de mon collègue, là. Je ne suis pas le ministre de la Culture et des
Communications. Mais, dans le cadre du...
M. Roberge : ...du Plan
d'action pour l'avenir de la langue française puis du Groupe d'action pour
l'avenir de la langue française sur lequel siégeait le ministre de la Culture,
bien, il y a un élément du plan d'action... il y avait 23 mesures, puis parmi
une de ces mesures-là, il y avait un dépôt d'un projet de loi sur la
découvrabilité. Je sais que mon collègue travaille là-dessus. Ça sera déposé
dans le cadre du mandat, là, je ne sais pas à quel moment, mais ça s'en vient.
Donc, j'ai assez confiance dans ça pour inscrire le mot «découvrabilité» dans
le projet de loi.
M. Cliche-Rivard : Parfait. À
4, on dit : «fait la promotion des politiques, des programmes et des
actions permettant aux Québécois de toutes les origines de mieux comprendre et
respecter la culture commune». Qu'est-ce que ça veut dire, «respecter la
culture commune»? Comprendre, je pense, c'est assez limpide, là, mais comment
on respecte la culture commune?
M. Roberge : Bien, je pense
que ça va avec, connaître, comprendre et respecter. Tu sais, un peu, on a des
préjugés quand on ne connaît pas. Ça le dit : «préjugés». Je ne connais pas
c'est quoi, mais je n'aime pas ça. Tu sais, c'est... ça peut être un réflexe,
des fois, un petit peu primaire, là. Donc, je pense que, quand on fait
connaître quelque chose, après ça on le comprend puis on peut le respecter. Je
sais que, malheureusement, il y a... Je vous donne un exemple, là. J'ai vu des
reportages puis j'ai parlé à des collègues ministres et députés des fois qui
sont allés dans des écoles secondaires puis je peux vous dire que, chez les
jeunes, dépendamment des écoles, puis ce n'est pas tout le monde, là, je ne
généralisera pas... je ne...
Une voix : ...
M. Roberge : ...généraliserai
pas, merci, mon Dieu, plus capable de conjuguer, ça ne va pas bien, mais on a
entendu, de la part d'adolescents, des préjugés importants puis presque du
mépris pour ce qu'eux appellent la culture queb. C'est triste, c'est triste,
puis ce n'est pas mérité du tout, du tout, parce que ceux qui la connaissent
peuvent aimer autre chose mais vont sans doute la comprendre et la respecter.
Après ça, tout le monde a le droit de choisir c'est quoi leur... c'est quoi
leur artiste préféré, leur émission préférée, leur chanson préférée. Mais je
pense que le respect vient avec la connaissance, la compréhension, autant des
cultures que des personnes.
M. Cliche-Rivard : Mais donc,
dans «respect», on... juste pour bien vous entendre, là, vous dites : On
peut ne pas aimer, là. Je veux dire, c'est évident, je pense qu'on ne forcera
personne à aimer, puis ce n'est pas une loi qui va forcer quelqu'un à aimer. Je
pense que... Je veux dire, on aime cette musique-là ou on ne l'aime pas, on
aime cette œuvre-là ou on ne l'aime pas, puis ça, c'est qu'on soit un nouvel
arrivant, qu'on soit québécois, qu'on soit... communauté culturelle, ça...
Respecter, c'est : Bon, je ne l'aime pas, mais j'admets son caractère
légitime. C'est ça... Juste pour bien comprendre, c'est un peu ça que ça veut
dire, finalement, respecter une culture commune, là?
M. Roberge : Oui, oui, oui.Puis, «culture», je l'ai pris au sens arts et lettres dans le début de ma
réponse, mais on a vu que la définition de culture commune était beaucoup plus
large que ça. Respecter, ça peut-être aussi le respect des institutions qui
font partie de la culture commune.
M. Cliche-Rivard : Donc, une
personne peut dire : Bon, ce n'est pas... ce n'est pas ce que... ce n'est
pas ce que j'apprécie, ce n'est pas ce que j'aime... écouter, ce n'est pas ce
que j'aime... Bon, envers les institutions, c'est un peu plus compliqué. Je
veux dire, les institutions sont les institutions, mais, au niveau arts et
lettres, la loi va donc commander un certain respect, là, ce qui fait en sorte
qu'on peut quand même... j'imagine, ces gens-là ont une liberté de critiquer la
culture commune, mais ils doivent la respecter. Bref, c'est un petit peu flou
pour moi l'utilisation de «respect», pour être honnête avec vous.
M. Roberge : ...mais il
faut... il ne faut pas prendre un mot pris isolément. Regardez, «l'État du
Québec fait la promotion de politiques, de programmes et des actions permettant
aux Québécois de toutes origines de mieux comprendre et respecter...» Il ne
s'agit pas, là... l'État imposera à tous d'aimer ou de respecter, là, tu sais,
c'est des promotions de politiques qui permettent aux Québécois... Donc, il
faut regarder, là, la... je dirais, la phrase dans son ensemble.
M. Cliche-Rivard : ...effectivement
un article qui s'adresse à l'État. Ça, c'est un article qui dit que l'État
prend les moyens pour arriver au respect.
M. Roberge : Un peu comme
l'État prend les moyens pour enseigner la grammaire, mais ce n'est pas tout le
monde qui est champion de la conjugaison du verbe...
M. Cliche-Rivard : Qui
respecte la grammaire.
M. Roberge : ...participe
passé pronominal. Mais l'État prend les moyens, paie des profs, achète des
grammaires, donne des cours de français, puis ce n'est pas tout le monde, donc,
qui maîtrise après toutes les règles de grammaire, puis c'est correct.
• (19 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Effectivement,
j'entends. Puis là, de toute façon ici, là, même... Parce qu'il y a des
questions, hein, puis il y en a eu, des questions sur les termes, là,
«adhérer», sur les termes... versus «participer», etc. Là, on a vu, à un
article précédent, qu'il y avait un appel...
M. Cliche-Rivard : ...à
adhérer, puis là, on verra l'article 7, là, avec les amendements plus tard,
qu'est-ce qui est vraiment les obligations ou, en tout cas, les exigences, ou
les demandes, ou les indications qui sont faites envers les Québécois et les
nouveaux arrivants. Là, c'est l'État qui s'assure... ou qui fera de son mieux
pour mettre en œuvre les politiques, programmes et actions qui vont permettre
d'arriver à ça. Ça fait que c'est un objectif de, disons, de mettre en place
des choses pour souhaiter arriver au respect puis souhaiter arriver à
l'adhésion et à la contribution. Et on a ajouté un bel élément effectivement,
sur le caractère de la mixité culturelle qui s'inscrit aussi là-dedans.
Mme la Présidente, on vous a envoyé un
amendement sur Greffier, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Alors, vous avez déposé un amendement à l'article
6 tel qu'amendé. Le voici. Je vais vous demander d'en faire la lecture juste...
M. Cliche-Rivard : Oui?
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
...
M. Cliche-Rivard : Pardon.
L'article 6 du projet de loi est modifié dans le cinquième paragraphe par
l'ajout, après «les femmes et les hommes», les mots «la lutte au racisme et la
discrimination».
Donc, j'en parlais un petit peu plus tôt,
prends des mesures pour promouvoir, défendre et respecter l'égalité entre les
femmes et les hommes, la lutte au racisme et à la discrimination, ainsi qu'à la
laïcité de l'État. Je fais écho aux commentaires qu'on avait tout à l'heure sur
l'article5. Donc, on l'a énoncé comme fondement de l'intégration nationale, et
là on espérait également en voir les tenants et aboutissants dans les articles
de mise en œuvre. On entre là-dedans lentement mais sûrement. Donc, on
soumettait qu'il y avait eu une belle ouverture, Mme la Présidente, de la part
du ministre, et je l'ai remercié et je l'ai souligné dans la modification de
l'article 5, puis j'ai essayé de reprendre le libellé tel qu'on l'avait
exactement... tel qu'on l'a modifié pour y inclure ces notions-là à l'article
5, donc, pour qu'on soit le plus, disons, collés, là, sur ce qu'on avait fait
dans l'article 5, qu'on avait intégré justement connexes où à côté de femmes et
hommes comme une des valeurs liées à la charte. On avait ajouté, par la suite
la lutte, au racisme et à la discrimination, ça fait que je proposais d'en...
d'en faire la même chose à ce stade-ci en lien avec les obligations de l'État.
Donc là, c'est une couche plus fort, là,
sur la... sur les obligations, puisque tout à l'heure on l'énonçait comme un
fondement. Mais là, si on énonce un fondement, mais qu'on n'en met pas
d'obligation finalement, bien là, on se retrouve à tomber un petit peu «flat»,
si vous me permettez l'expression, sur ce qu'on est en train d'élaborer puis de
discuter. Donc, je pense qu'on pourrait saisir la balle au bond et compléter
l'ensemble des autres valeurs qu'on a à l'article 5. Ils sont là, à l'article
6. La culture est là, la question de la laïcité est là, lla question de
l'adhésion aux valeurs démocratiques est là, la question de la charte est là,
Donc, on a un corollaire pas mal à l'article cinq de ce qui est à l'article 6,
donc, de manière connexe, il faudrait là aussi venir compléter pour que
l'ensemble des socles et des éléments qu'on s'est donnés à 5 retrouvent
obligation aussi dans les de l'État à 6. Donc, c'est ça, ma proposition.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. M. le député... M. le ministre, c'est-à-dire.
M. Roberge : Oui.
Excusez-moi. Il nous reste quelques minutes. Est-ce qu'on finit à 19 h 30 ou 19
h 15?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 19 h 15.
M. Roberge : O.K. Bien, je
comprends qu'on reprend un peu ce qu'on avait précédemment quand on y allait
avec l'égalité entre les hommes et les femmes. On dit bien, tant qu'à faire, on
va attacher le wagon de la lutte au racisme, à la discrimination pas. Ce n'est
pas inintéressant si c'était repris. Par contre, je pense qu'il faudrait un
libellé différent si c'était repris, parce que, regardez, quand on fait la
phrase, ça fait : «L'État du Québec prend des mesures pour promouvoir,
défendre et faire respecter l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que
la laïcité de l'État.» Donc, ça marche, faire respecter l'égalité, faire
respecter la laïcité de l'État, mais, après ça, on ne peut pas dire «faire
respecter la lutte au racisme et à la discrimination». Il faudrait peut-être,
si c'était le cas, ce serait, mettons, «et faire la lutte au racisme et à la
discrimination». Il faudrait rajouter «et faire» avant votre amendement, ne
serait-ce que pour la lisibilité, là, pour arriver à ça.
Ceci dit, il nous reste quoi, une minute
et quelques, on pourra, en même temps, vérifier...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il ne reste plus de temps. En terminant.
M. Roberge : Bon, bien,
écoutez, en terminant...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Roberge : ...merci pour la
proposition, on va y penser.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Alors, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 15)