Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
jeudi 24 avril 2025
-
Vol. 47 N° 72
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 95, Loi favorisant l’équité dans l’accès aux services de garde éducatifs à l’enfance subventionnés dispensés par les titulaires de permis
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-six minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
Je vous rappelle que la commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 95, Loi favorisant
l'équité dans l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés
dispensés par les titulaires de permis.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Prass (D'Arcy-McGee) est remplacée par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) par Mme Labrie
(Sherbrooke) et M. Bérubé (Matane-Matapédia) par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mesdames... Messieurs, bienvenue à la commission.
Alors, ce matin, nous allons entendre la Fédération étudiante collégiale du
Québec et, par la suite, le Vérificateur général du Québec.
Alors, messieurs Antoine Dervieux et Jacob
Parisée de la Fédération étudiante collégiale du Québec, bienvenue à la
commission. Vous allez avoir 10 minutes pour votre intervention... pour l'exposé
de votre mémoire, et, par la suite...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...on va procéder à une discussion avec des parlementaires.
Le temps est à vous.
M. Dervieux (Antoine) : Bonjour.
Merci beaucoup de nous recevoir aujourd'hui dans le cadre des auditions
publiques. Je m'appelle Antoine Dervieux. Je suis le président de la Fédération
étudiante collégiale du Québec. Aujourd'hui, je suis accompagné de mon collègue
Jacob Parisée, vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
La FEQ représente environ 70 000 personnes étudiantes dans 28 cégeps
à travers 13 stratégies, ce qui fait d'elle la plus importante voix de la
population étudiante collégiale.
Aujourd'hui, dans notre intervention, on
va surtout se concentrer sur un aspect essentiel, mais souvent méconnu de la
vie étudiante qu'on vient traiter aujourd'hui avec le projet de loi qui est la
situation des parents étudiants, puis la conciliation des rôles dans le
travail, la famille et les études. C'est une perspective qu'on entend vraiment
trop rarement par rapport à son importance, puis on voulait prendre le temps de
l'aborder aujourd'hui avec vous.
Lorsqu'on évoque la population touchée par
la CFTÉ, donc la conciliation famille-travail-études, on pense aux parents
étudiants en couple, aux couples en processus d'adoption, puis aussi aux
proches aidants. Ces groupes-là font face à divers défis liés à leurs études,
mais il est crucial de les aborder parce que ça crée des problématiques pour
garantir l'équité des chances.
Mais que les étudiants en situation de
conciliation famille-travail-études représentent une minorité au sein de la
communauté collégiale, on parle d'environ 4 %, c'est un atout majeur pour
notre société contribuant activement à une main-d'œuvre qualifiée, c'est environ
62 % des parents aux études qui travaillent en même temps de faire leurs
études dans les cégeps du Québec. Cependant, ces étudiants-là, ils se heurtent
souvent à des obstacles, notamment des conflits d'horaire, des contraintes
financières, des enjeux de santé mentale. Ça les rend beaucoup plus vulnérables
à l'anxiété financière et aux échecs académiques.
Je pense que c'est important, là, qu'on
prenne un moment pour regarder la situation spécifique des parents aux études
telle qu'elle est. Si vous avez un enfant puis que vous êtes aux études, vous
avez besoin de faire garder votre enfant pendant vos heures de cours ou/et vos
heures de travail, vous allez avoir besoin de vous tourner vers un service en
conséquence. Bien sûr, il y a la possibilité de se tourner vers les
haltes-garderies en milieu éducatif, les HGE. Malheureusement, cette
initiative-là est encore seulement très peu disponible sur les campus. Donc, ce
n'est pas possible pour tout le monde d'avoir accès à cette possibilité-là. Ça
crée un gros déficit de ressources pour la majorité des étudiants concernés,
puis ça les oblige à se tourner vers d'autres options souvent peu pratiques et
beaucoup plus coûteuses.
Pour améliorer l'accessibilité aux études
supérieures pour cette population-là, c'est vital que nos établissements
d'enseignement adoptent des mesures concrètes pour répondre à leurs besoins
spécifiques. Les défis sont d'autant plus accentués par les horaires
irréguliers auxquels les étudiants doivent souvent faire face. La nécessité
d'offrir des services de garde flexibles et adaptés est cruciale pour leur
permettre de gérer efficacement leurs multiples responsabilités. Selon une
étude menée par l'université TELUQ en 2024, les parents étudiants sont
particulièrement exposés à des risques de décrochage, de détresse
psychologique, de précarité prolongée. Cette situation-là ne donne pas à la
population des chances équitables de réussir ses études, puis c'est bien
dommage. Il semble donc nécessaire pour cette population d'avoir accès à des
services de manière prioritaire pour assurer une équité des chances, mais
surtout pour donner tous les... tous les outils nécessaires aux parents et
étudiants pour ne pas vivre des conditions de précarité prolongées.
• (11 h 50) •
M. Parisée (Jacob) : Donc, à
mon tour de vouloir... de vous remercier, Mme la Présidente, et merci aussi à
vous, membres de la commission, de nous recevoir aujourd'hui. Donc, c'est un
plaisir pour nous, là, de pouvoir témoigner à titre d'étudiant et pouvoir
parler justement au nom, là, du milieu de l'enseignement supérieur. Donc, les
propos de mon collègue Antoine concernant la réalité des parents étudiants. On
y a mis la table pour que je puisse maintenant vous présenter nos commentaires
spécifiques sur le projet de loi n° 95 à partir d'un angle que nous jugeons
essentiel, soit celui, bien sûr, des parents étudiants.
On a ici trois commentaires à vous
présenter. Ceux-ci vont tous porter sur l'article 10 du projet de loi n° 95.
Donc, concernant l'admission et surtout la priorisation dans l'admission dans
les services de garde subventionnés. Avant tout, là, il faut quand même
mentionner que ce projet de loi est déposé alors qu'en date du 28 février
2025, le Réseau québécois des services de garde d'éducation à l'enfance compte
un total, là, de plus de 308 000 places reconnues par le ministère. Toutefois,
cette capacité d'accueil demeure largement insuffisante pour répondre à la
demande actuelle parce qu'à cette même date, ce n'est pas moins de 27 000
enfants qui étaient toujours en attente d'une place dans un service de garde,
et ça, c'est sans considérer qu'il y a plus de 21 % des places se trouvent
dans des services de garde d'éducation à l'enfance non subventionnés où le coût
de garde quotidien peut attendre... atteindre des montants bien plus élevés.
Dans ce contexte, on considère qu'il est
d'abord important d'augmenter le nombre de places en service de garde et
éducation à l'enfance, mais on reconnaît aussi qu'il faut, bien sûr, s'assurer
que les places sont bien attribuées. Ainsi, notre premier commentaire, c'est de
saluer les objectifs du projet de loi n° 95 en matière d'admission via les
principes de mixité sociale et d'équité d'accès qu'il prône. Donc, on vient
enlever, là, les 2 000 politiques à peu près qu'il y avait en tout pour en
faire une qui cohérente, où est-ce qu'on retrouve les six possibilités, là, de
critères dont justement les parents étudiants. On trouve que justement, là, les
arguments derrière, justement, cette politique unique là sont très... sont très
intéressants et ce sont des arguments que nous ici, là, prenons à la FEQ. Donc,
l'interdiction des critères basés, par exemple, là, sur la langue, la culture
ou la religion, comme ça avait pu être montré, là, dans plusieurs services de
garde via justement, là, une enquête de Radio-Canada, mais aussi justement, là,
la reconnaissance plutôt des enfants qui ont des besoins particuliers, que ce
soit justement, là, dans... dans des ménages à certaines situations
socioéconomiques...
M. Parisée (Jacob) : ...mais
également, encore une fois, les enfants, là, qui viennent de parents étudiants.
Donc, on trouve, là, que, justement, cette manière de venir, dans le fond,
faire la priorisation vient donc vraiment répondre à certains besoins. Et c'est
vraiment des mesures qui vont dans le sens d'une revendication, là, qui date de
quand même un certain moment.
Maintenant, notre deuxième commentaire
touche encore l'article 10 du projet de loi, mais plus précisément le
nouvel article 59.7.1 qui vient mettre un seuil minimal et un seuil
maximal de priorisation. Donc, en fait, là, ce qui nous inquiète, c'est que le
seul... le seuil minimal est de 0 %. Ça fait que, comme je viens de vous
le dire, on trouve que c'est un projet de loi qui est très intéressant, il y a
des bonnes valeurs, les arguments sont intéressants, et on pense, là, que c'est
nécessaire de prioriser certaines places dans les services de garde
subventionnés.
Maintenant, par exemple, avec
l'article 59.7.1, on vient donner la possibilité de prioriser, mais en
aucun cas on ne vient obliger la moindre priorisation de places. Donc, nous,
qu'est-ce qu'on pense qui serait à réfléchir, puis c'est ça qu'on aimerait
discuter également avec vous, c'est la possibilité de prioriser vraiment
certaines places obligatoirement dans tous les services de garde pour les...
notamment les enfants de parents étudiants. Parce qu'on aurait trop peur que
cette belle mesure là, qui est mise dans ce projet de loi, fasse juste un peu
tomber à l'eau, et qu'elle reste dans le théorique, et qu'elle ne sorte pas de
là, et qu'on ne puisse pas la voir sur le terrain. Puis il faut aussi quand
même prendre en compte, là, que les parents étudiants représentent quand même
un faible pourcentage des parents, là, qui ont besoin d'avoir des services...
dans le fond, qui ont besoin d'envoyer leurs enfants en service de garde, donc,
d'acheter un seuil minimal pour ces enfants-là, ça ne représenterait quand même
pas grand impact pour l'ensemble du réseau des services de garde. Mais, par
exemple, pour les parents étudiants et notamment leurs enfants, ça viendrait
vraiment, là, faire un grand effet qui serait, là, très, très bénéfique pour
eux. Et ça viendrait montrer que le gouvernement du Québec, là, favorise
beaucoup la conciliation famille-travail-études, ce que le gouvernement a donc
déjà fait en plus dans les derniers mois, notamment, là, avec des
investissements dans les haltes-garderies en milieu d'enseignement supérieur.
Mais là, on pense que ça pourrait être la prochaine étape. Et, avec ce projet
de loi là, je crois qu'on a là la chance de le faire.
Maintenant, notre troisième commentaire
touche donc, encore une fois, l'article 10 du projet de loi et ainsi le
nouvel article 59.7.1. Maintenant, par exemple, à la place de parler du
seuil minimal, je vais plus vous parler du seul... du seuil maximal. Donc, on a
décidé, là, dans le fond, de... bien, dans le fond, on aimerait ça, là, que
vous vous questionnez quant à la possibilité qu'il y ait une dérogation pour
les CPE en milieu d'enseignement supérieur. Donc, il y a quand même à peu près,
là, une quarantaine, selon, là, les sources, de CPE en milieu d'enseignement
supérieur. Il y a vraiment une... Ils ont vraiment une mission claire, c'est de
venir justement répondre à un besoin pour ces milieux d'enseignement là.
Maintenant, par exemple, selon notre
compréhension du projet de loi, ces CPE là ne pourraient pas aller à plus de
50 % de priorisation également puisqu'ils sont considérés comme des CPE.
Donc, ce ne serait pas la même manière que les haltes-garderies. Maintenant,
par exemple, nous, de notre côté, qu'est-ce qu'on pense, c'est qu'ils devraient
pouvoir continuer, là, de prioriser jusqu'à 100 %, du moins lorsqu'ils
sont possibles.
Donc, prenons l'exemple du CPE, par
exemple, du cégep Saint-Laurent, avec, justement, là, la très grande demande
qu'il y a de places en service de garde, on ne voudrait pas que ce CPE là
devienne un CPE de quartier où est-ce qu'un peu de tout le monde peut
commencer, là, à y aller. On veut vraiment que les places soient priorisées,
réservées pour les personnes justement de cette communauté-là, que ce soient
des personnes étudiantes ou des personnes enseignantes, membres du personnel,
etc. Donc, on demanderait, là, qu'il y ait une dérogation pour ces CPE là
spécifiquement pour que justement ils puissent continuer de répondre à leur
mission très précise.
Et, encore une fois, là, c'est ça, il faut
quand même prendre en compte que ces CPE là, spécifiques, ne représentent, là,
qu'à peu près quelques dizaines des CPE parmi les environ, là,
1 600 qu'on compte, là, sur la Place 0-5, donc, qui sont
identifiés à cet endroit. Donc, on pense que seulement, encore une fois, là,
pour ces quelques dizaines de CPE là, de venir faire cette dérogation-là,
encore une fois, ça n'aurait un impact sur l'ensemble du réseau. Mais, encore
une fois, pour la conciliation famille-travail-études, ce serait un grand gain.
Donc, on vous encourage, là, à aller dans cette... dans cette lignée.
Donc, en somme, là, le projet de loi
n° 95 marque une avancée importante pour l'équité d'accès aux services de
garde, notamment pour les parents étudiants. Mais, pour qu'il atteigne son
plein potentiel, parce qu'on pense quand même qu'il est encore perfectible, il
doit s'appuyer sur des leviers concrets. Donc, il ne suffit pas, par exemple,
de permettre la priorisation des enfants de parents étudiants, il faut qu'elle
soit effectivement appliquée avec un... avec potentiellement, là, un seuil
minimal. Et il ne suffit pas de parler de mixité sociale, il faut aussi
reconnaître que certaines structures, comme les CPE sur les campus, ont des
missions spécifiques qui méritent d'être protégées.
Donc, de manière générale, là, la FECQ
croit que les parents étudiants doivent être pleinement intégrés aux politiques
publiques en matière de garde éducative. Les parents étudiants sont des acteurs
clés de notre société qui investissent dans leur avenir et celui de leurs
enfants. Il est de notre responsabilité collective de les soutenir, notamment
dans de telles circonstances où est-ce qu'on manque de places en services de
garde.
Donc, je vous remercie, là, pour votre
écoute, puis on va être prêts, là, à répondre à vos questions puis avoir des
discussions avec vous...
M. Parisée (Jacob) : ...là-dessus.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Dix minutes, top chrono. Merci beaucoup. Très belle
présentation. On va maintenant commencer la période d'échange avec les
parlementaires. Pour le côté gouvernemental, on a 12min 30s. Le micro est à
vous, Mme la ministre.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation très éloquente, qui
traite effectivement des points essentiels. Alors, je leur ai dit tantôt :
J'ai un petit faible pour eux, étant la fondatrice de la FAEQ, un ancêtre de
votre association, oui, tout à fait. Alors, quand je vois des jeunes comme ça,
dynamiques, articulés... J'ai eu la chance de rencontrer, justement, au niveau
des haltes-garderies en installation. C'est important, puis ce que vous
défendez est aussi extrêmement important.
J'ai une petite question puis je parle
vraiment plus des installations à l'intérieur, par exemple, des cégeps ou des
universités. Il peut y avoir plus qu'une priorisation, il pourrait y avoir une
priorisation étudiante et il pourrait y avoir une priorisation aussi en tant
qu'employeur, par exemple, à l'intérieur d'un cégep. Sur la base où c'est
50 %, le maximum, est-ce que, pour vous, il est essentiel, par exemple,
particulièrement quand on parle en installation dans... en enseignement supérieur,
que, de ce ratio-là, il y ait une partie étudiante qui soit véritablement
protégée par rapport au fait qu'il y aurait... il pourrait y avoir aussi une
autre priorisation, qui est celle des enfants des employés, par exemple, de
l'institution?
M. Parisée (Jacob) : Bien,
selon nous, de manière générale, pour ce qui est des CPE qui sont sur les
campus, vraiment, nous, le commentaire qu'on vous apporte vraiment de manière
globale, c'est qu'il faudrait qu'on enlève cette barrière-là du 50 % pour
que, justement, on puisse autant accueillir des parents... bien, des enfants de
parents étudiants que des enfants de membres du personnel. Donc, c'est certain,
là, que nous, on prioriserait aussi, là, qu'il y ait quand même plusieurs
enfants de parents étudiants, là. Mon collègue, justement, là, vous a montré
les barrières qui peuvent être mises un petit peu dans le parcours des parents
étudiants, ça peut devenir, là, des situations très difficiles. Et donc on
pense, là, qu'il y a définitivement, pour ce qui est des CPE sur les campus...
Il faudrait qu'il y ait une priorisation qui se fasse pour ce qui est des
enfants de parents étudiants.
Maintenant, on pense qu'en enlevant cette
barrière du 50 % là, et en laissant les CPE sur campus prioriser jusqu'à
100 % avec, là, les différentes catégories qu'ils veulent... on pense que,
justement, on serait capable d'avoir autant, là, des enfants de parents
étudiants que des enfants de membres du personnel.
• (12 heures) •
Mme Roy (Verchères) : Je
comprends bien votre point de vue. Je vais vous expliquer pourquoi on a mis le
50 % et comment ça va se dérouler. Alors, d'abord, par exemple, pour une
famille qui resterait tout près du cégep en question où il y aurait un CPE...
se voyait, et c'est ce qu'on constate dans les dernières années et ce qui, en
faisant l'inventaire de l'ensemble des priorisations... se voyait ne pas être
capable d'avoir accès à un service de garde à proximité parce qu'il était
réservé à 100 % pour une entreprise, à 100 % pour la clientèle étudiante,
à 100 % pour une clientèle ou à 70% pour un autre type de clientèle. On en
avait 2000. Alors là, je ne vous ferai pas la nomenclature, avec 250
définitions différentes, en plus. Alors, les familles avaient beaucoup de
difficultés à se trouver... Ces gens-là ne pouvaient pas avoir accès. On
comprend que quand quelqu'un va arriver avec le projet de loi, quand quelqu'un
va arriver... par exemple, vous arrivez, vous êtes un parent étudiant... vous
arrivez, vous vous inscrivez au cégep Saint-Laurent, on va garder le même
exemple, au cégep de Saint-Laurent, alors vous allez inscrire sur le guichet,
bon : Je suis un parent étudiant. Alors, le cheminement que va faire votre
demande, ça, je pense que c'est important de l'expliquer, va aller dans deux
voies différentes, c'est-à-dire celle de la priorisation et aussi dans la voie
régulière.
Donc, oui, le 50 % il est là, en
priorisation, mais on comprend que, par exemple, au cégep Saint-Laurent, à
l'intérieur du cégep, c'est possible que 99 % de la liste soit composée d'enfants
de parents étudiants ou encore de personnels. Alors, il y a 10 places qui
s'ouvrent. Il y a cinq places, donc, qui sont les priorités, l'enfant étudiant,
dans ce cas-là, alors ils vont rentrer, mais les cinq autres places vont être
dans la liste régulière. Oui, on va retrouver aussi encore des enfants de
parents étudiants ou du personnel, ou peut-être, effectivement, la famille qui
reste à côté du cégep, qui n'a pas accès à des places.
Ce qu'on voulait, par le projet de loi,
c'est de s'assurer qu'on limitait les... qu'on protégeait nos grands principes,
dont la conciliation travail-études, mais qu'on s'assurait d'enlever des
barrières à l'entrée parce qu'il y avait, pour les parents, beaucoup, beaucoup
de barrières à l'entrée. Quand on a fait l'inventaire, on a constaté que, dans
plusieurs cas, on parlait de plus de 70 % des places qui étaient
réservées. Alors, toi qui restes à côté, tu te dis : Il y a des
services...
12 h (version non révisée)
Mme Roy (Verchères) : ...je
regarde tout le tour, mais je n'ai accès à rien parce que je ne réponds à aucun
des critères, ces multiples critères. Alors, c'est un peu ça. Donc, dire que le
50 % ne vous limitera pas. Ça, c'est un des premiers éléments dont je
voulais absolument regarder avec vous. Après ça, vous amenez une suggestion
pour dire qu'il devrait y avoir une priorisation dans l'ensemble, est-ce que j'ai
bien compris, dans l'ensemble des services de garde éducatifs pour des parents
étudiants? Est-ce que c'est ça exactement?
M. Parisée (Jacob) : Bien,
dans le fond, pour ce qui est, là, justement, de cette recommandation-là, c'est
que le seuil minimal dans la classe est de 0 % et donc de laisser vraiment,
là, au choix des services de garde s'ils veulent ou non faire de la
priorisation. Ça serait, exemple, de réfléchir à mettre un seuil minimal
obligatoire qui ne serait pas de 0 %, où est ce que donc, là, les services
de garde seraient obligés d'accueillir un certain nombre de parents étudiants, par
exemple, bien, dans le fond, de parents étudiants au sein de leur service?
Mme Roy (Verchères) : O.K.
J'ai bien compris votre... votre demande, mais effectivement il n'y a pas d'obligation
de prioriser une clientèle. Ça m'amène à aller plus loin dans mes explications.
Parce que des 2 000, on a d'abord émis un règlement où il y a une
priorisation de base qui sont, par exemple, pour les enfants des employés parce
que, si on va avoir des employés pour travailler, il faut que leurs enfants aient
une place, les fratries. Alors ça, c'est un élément qui reste. J'avais un autre...
un autre élément que je voulais souligner aussi parce que vous savez que, quand
on entre dans un CPE, même quand vous perdez votre qualité d'étudiant parce que
vous vous en allez dans une autre installation ou allez sur le marché du
travail, vous conservez quand même le droit. Ça, ça fait partie des éléments
qui pour vous aussi, j'imagine, sont importants pour ne pas créer de problèmes
à l'enfant, là, et avoir une stabilité au niveau des services de garde.
M. Parisée (Jacob) : Oui.
Bien, je pense... Je pense que je vais répondre un petit peu à tout ce qui
vient d'être mentionné, là. Donc, premièrement, pour ce qui est, justement, là,
de l'exemple encore, on va rester sur le CPE du cégep de Saint-Jérôme, je pense
que l'exemple, par exemple, qui est intéressant, c'est que nous, où est-ce qu'on
recommanderait peut-être d'avoir une dérogation, c'est que ça toucherait
seulement les CPE de cégeps et d'universités. Ce qui veut donc dire que les
autres CPE, par exemple, qui seraient environnants, eh bien, cette priorisation-là,
des fois, qui peut aller jusqu'à 70 % dont vous me parliez, bien là elle
ne serait présente parce que, justement, ici, il n'y aurait pas de dérogation, on
restera à un maximum de 50 %. Donc, la personne qui habite près du cégep
de Saint-Laurent, qui aurait besoin d'un service de garde proche, aurait potentiellement
plus de chances de s'en trouver un puisque les autres services de garde
auraient quand même ce maximum-là de 50 %. Donc, c'est pour ça qu'on pense
qu'on peut se permettre, avec le fait qu'il y a à peu près seulement une
quarantaine de CPE dans des cégeps et les universités, de faire une dérogation,
là, pour ces CPE-là spécifiquement pour leur permettre d'avoir jusqu'à
100 % de priorisation. Ensuite, bien, je ne me rappelle pas exactement,
là, c'était quoi, votre deuxième?
Mme Roy (Verchères) : Non,
mais ça va m'amener une autre question supplémentaire.
M. Parisée (Jacob) : Oui,
parce qu'on peut...
Mme Roy (Verchères) : Je
veux bien comprendre votre position. Vous me parlez de dérogation pour les CPE
qui, par exemple, seraient à l'intérieur des institutions collégiales ou
universitaires. C'est ça?
M. Parisée (Jacob) : Exact.
Bien, dans le fond, ce qui serait affilié, là, à un établissement d'enseignement.
Mme Roy (Verchères) : Affilié?
Parce que ce n'est pas la même chose.
M. Parisée (Jacob) :
Affilié? Je me suis trompé, donc, dans les termes, là. C'est plus facile de
dire à l'intérieur, là, mais je parlais donc affiliés, vraiment, là, qui sont
avec un établissement d'enseignement.
Mme Roy (Verchères) : Parfait!
Excellent! J'ai bien compris votre position.
M. Parisée (Jacob) : Parfait,
ça marche.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. J'ai une collègue...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je vais me tourner du côté de la députée d'Iberville.
Il reste 4 min 10 s.
Mme Bogemans : Bonjour. C'est
très clair que vous vouliez un seuil qui était vraiment minimal. Avez-vous un
nombre précis en tête?
M. Parisée (Jacob) : On n'a
pas voulu arriver avec un nombre précis parce que, dans le fond, avec les... on
mentionne dans notre analyse, là, mais avec les courts délais, on n'a pas
nécessairement eu le temps de trouver, là, un nombre exact. Donc, on ne voulait
pas non plus arriver avec des fausses pistes ou des choses qui pourraient, là,
venir bloquer peut-être votre réception quant à cette proposition-là. Donc, c'est
qu'on voulait vraiment juste amener la réflexion quant à un potentiel seuil
minimal qui n'est pas de 0 %. Maintenant, par exemple, là, un peu comme je
l'ai mentionné, là, tantôt dans la présentation, c'est vrai que le nombre de
parents étudiants n'est pas non plus gigantesque, là. Donc, certain que si, par
exemple, on prend juste en compte que ce seuil-là, par exemple, là, on fait
juste discuter, s'appliquait seulement, par exemple, aux parents étudiants, eh
bien, c'est sûr que ce seuil-là, minimal, n'aurait pas besoin d'être très élevé
parce que plusieurs services de garde ne recevraient justement même pas de
demande de la part de parents étudiants. Donc, c'est certain, là, que ce
seuil-là n'aurait pas à être excessivement grand si on prend en compte qui
serait pour prioriser les places, là, de parents étudiants. Donc, ça ne pourrait,
par exemple, même pas nécessairement être un seuil par pourcentage, mais
simplement un seuil de... Bien, donc un seuil de : On accepte. Donc, on
priorise toutes les places demandées, là, par des parents étudiants. Bien sûr,
on pourrait en mettre un qui serait peut-être un seuil quand même, là, tu sais,
maximal, tout ça, mais je ne crois pas que ça le dépasserait, là, à ce
niveau-là.
Mme Bogemans : O.K. Ça
fait que vous n'avez pas nécessairement, là, un horizon même...
Mme Bogemans : ...pour nous
aiguiller.
M. Parisée (Jacob) : Non,
c'est ça, on n'avait pas assez les données là-dessus, on préférait, là,
l'emmener de manière plus large pour pouvoir plus le discuter, justement.
Mme Bogemans : O.K. Parfait.
Mon autre question était sur le besoin d'horaires flexibles. Vous l'avez
vraiment bien nommé. Qu'est-ce que vous pensez des horaires actuels, justement,
des CPE qui sont affiliés?
M. Dervieux (Antoine) : En
fait, l'enjeu avec les CPE ou la formule dite classique, c'est que, par
exemple, une personne qui est aux études mais qui a un enfant en ce moment va
avoir un horaire assez atypique du fait d'avoir des cours que ce soit une
technique ou... puis on parle... je ne vous parlerai même pas de la question
des stages non rémunérés, parce que ça, c'est un autre pan aussi, mais de
devoir jongler entre son horaire atypique de cégep, d'université, d'A.E.C, de
D.E.C., de technique et puis de devoir jongler aussi avec son travail. Les
horaires dits réguliers des CPE ne sont pas faits pour être malléables au
parcours atypique d'une personne étudiante qui fait un retour aux études
d'autant plus. Donc, c'est là où nous, on salue, justement, les
haltes-garderies en milieu éducatif, parce que ça donne justement cette
flexibilité là nécessaire. Malheureusement, les CPE n'ont pas la même
flexibilité. C'est pas mal ça.
Mme Bogemans : Parfait! Tout
à l'heure, il y avait eu une question par rapport, justement, à la continuité
d'un parent qui quitterait les études. Moi, ma question était, par exemple,
dans le cas de quelqu'un qui étudierait à temps partiel puis qui travaillerait
à temps partiel, où mettriez-vous la ligne, justement, pour avoir accès à la
priorisation.
M. Parisée (Jacob) : Peut-être
juste...
Mme Bogemans : Tu sais,
quelqu'un qui prend deux cours, quelqu'un qui fait la moitié de son horaire...
comprenait en tant d'heures ou que l'enfant peut fréquenter le CPE, parce que
ce n'est pas nécessairement qu'il y a des étudiants à temps plein, ou vous
prônez un seuil maximal pour les étudiants à temps plein seulement. Comment
considérer les étudiants à temps partiel par rapport à la priorisation?
M. Dervieux (Antoine) : En
fait, on parle d'étudiants temps plein, temps partiel, travail temps plein,
temps partiel. Il faut garder en tête que, peu importe, là, que la charge soit
à temps plein, à temps partiel, c'est une charge supplémentaire, qu'elle soit
psychologique ou qu'elle soit dans l'horaire, là, concrètement. Donc, est-ce
qu'on tracerait une limite? Je n'irais pas jusque là. C'est une grosse charge
mentale pour les personnes qui... qui sont... qui partent dans le projet que ce
soit à temps partiel, à temps plein. On garde en tête aussi qu'il y a des cours
de soir, de fin de semaine qui peuvent avoir un gros impact là où les CPE ne
sont pas forcément les plus adaptés. On revient à la question de la flexibilité
des horaires, mais je ne pense pas qu'on irait jusqu'à tracer une ligne, là,
entre les deux.
• (12 h 10) •
Mme Bogemans : Donc, ce
serait du moment que nous sommes enregistrés comme étudiants, peut importe le
statut?
M. Dervieux (Antoine) : Oui.
Mme Bogemans : D'accord.
Merci. Ça fait plutôt pour moi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, mesdames. Alors je me tourne du côté de
l'opposition officielle avec la porte-parole et députée de Westmount—Saint-Louis.
Votre temps, c'est 7 min 30 s.
Mme Maccarone : C'est peu.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Très intéressants, les échanges. Merci pour
le mémoire puis votre témoignage. Évidemment, vous comprenez que la question
par rapport aux seuils nous intéresse beaucoup, surtout que le 50 %, il y
a beaucoup de gens qui en parlent, ça fait que je suis contente qu'on n'a quand
même... mais pas nécessairement vidé la question en ce qui concerne le seuil minimal,
mais, pour revenir sur l'horaire typique, si vous avez le choix entre un CPE
puis une halte-garderie, je présume que c'est une halte-garderie que nous avons
besoin. Alors, je n'irai pas plus loin, nécessairement, sur les CPE, mais je
suis curieuse de savoir si vous avez pensé, dans vos recommandations, d'avoir
une obligation sur les campus, sur les C.A. d'avoir un membre étudiant ou deux
membres étudiants ou... qu'ils font partie, parce que si on va parler, mettons,
d'une dérogation ou les besoins, puis si on a une flexibilité de mettre à
l'oeuvre des seuils, est-ce que ça, ce serait quelque chose qui serait
intéressant pour vous?
M. Parisée (Jacob) : On ne
s'est pas nécessairement rendu jusque là pour ce qui est, justement, là, des
CPE sur campus, là, donc mais c'est vraiment une réflexion qui est
intéressante. Puis c'est certain que la FECQ, justement, là, en tant qu'une
qu'organisation qui représente des personnes étudiantes, des personnes jeunes,
même de manière générale, on va toujours prôner la... dans le fond, là, d'avoir
une grande place pour, justement, là, leur expression, que ce soit au sein de
C.A., de commissions d'études, au sein de leur cégep, etc. Donc, c'est vrai,
justement, là, que pour justement. Ces CPE-là sur campus... bien, affiliés au
campus, c'est certain, là, que d'avoir, justement, là, des places réservées aux
étudiants, ça pourrait être quelque chose d'intéressant. Maintenant, par
exemple, ce n'est pas nécessairement quelque chose sur lequel on s'est penché,
là, dans le cadre de ce projet de loi là.
Mme Maccarone : Mais ce
serait intéressant pour s'assurer que votre voix est bien entendue au sein de
l'organisation puis la planification. Vous parlez beaucoup des exemples de
chiffres, décrochage puis le prolongement de parcours scolaire, très
intéressants, les défis. J'étais surprise d'entendre le 62 %. Ça, j'ai
trouvé ça très intéressant. Moi, j'aimerais savoir si vous avez autres chiffres
que vous pouvez partager avec nous. Puis ça vient d'où ces chiffres-là que nous
pourrions les utiliser comme outils? J'ai vu qu'une...
Mme Maccarone : ...mais je ne
sais pas si vous faites référence... On vient d'avoir le mémoire juste ce
matin, ça fait que...
M. Parisée (Jacob) : Bien, peut-être
rapidement, justement, peut-être qu'il y a un autre chiffre justement qu'on
pourrait amener si on est justement avec la non-rémunération des stages. Mon
collègue, justement, l'a mentionné rapidement tantôt, mais une des raisons,
justement, pour laquelle il y a autant, justement, de personnes étudiantes qui
sont justement... bien, qui doivent avoir un emploi à temps partiel, c'est
parce que c'est quand même encore une très grande majorité des stages qui sont
non rémunérés. Ça fait plusieurs années qu'à la FECQ on dit, justement, que ça
n'a aucun sens et que, justement, on devrait rémunérer tous les stages. C'est
certain que, justement, les parents étudiants qui vont être dans des programmes
où est-ce que les stages sont non rémunérés, en plus de devoir justement le
financer pour le fait qu'ils doivent, mais, dans le fond, prendre soin de leurs
propres besoins, mais également ceux de leurs familles, ceux de leurs enfants,
etc., pour avoir des dépenses qui sont beaucoup plus grandes que l'étudiant, le
régulier qui vit chez ses parents et qui n'est pas en situation de conciliation
famille-travail-études. Donc, c'est certain qu'en plus, avec des stages non
rémunérés, ça fait qu'on est obligé... un emploi à temps partiel.
Donc, c'est pour ça que, justement, la
conciliation famille-travail études, c'est un concept quand même qui est très
large. C'est pour ça, justement, que, de manière générale, dans toute
notre...dans toute notre analyse, on essaie justement de s'assurer que le
message qui soit envoyé par le gouvernement, soit qu'on favorise la
conciliation famille-travail-études, qu'on essaie de la rendre la plus facile
possible, donc... puis qu'on encourage, c'est ça, les parents étudiants...
bien, les parents, dans le fond, qui veulent aller aux études, à y aller et à
ne pas décrocher, justement, des études parce que, justement, ils devraient
trop devoir concilier leur partie plus travail et études.
Mme Maccarone : Ça répond à la
deuxième question que j'avais, parce que je voulais savoir un peu l'impact de
ne pas avoir accès à ces services. Je suis 100 % d'accord avec vous, les
stages devront être rémunérés. C'est un cheval de bataille pour ma collègue, la
députée de Bourassa-Sauvé, entre autres.
Est-ce que vous avez aussi penché un peu
sur la centralisation du guichet unique? Est-ce que vous avez pris une position
en ce qui concerne le déploiement, parce qu'on sait qu'on a un retard en ce qui
concerne le déploiement, mais ça va faire un changement, ou avez-vous eu un peu
de feedback en ce qui concerne les étudiants, étudiantes qui utilisent,
mettons, La Place 0-5 ans puis ce qu'ils souhaitent voir dans le nouveau
guichet?
M. Parisée (Jacob) : On n'a
pas, non... dans le fond, on n'est pas allé là-dessus. Mais, par exemple, c'est
certain que ça pourrait être intéressant de récolter des témoignages étudiants,
de voir, justement, comment est l'utilisation de la plateforme puis comment,
justement, ce transfert-là va se faire.
Mais, par exemple, je vais profiter,
justement, du peu de temps pour revenir aussi sur une partie de la
non-rémunération des stages, justement, la technique en éducation à l'enfance,
un des stages qui ne sont pas rémunérés, et je l'ai mentionné en tout début,
mais je n'avais pas eu le temps, justement, de le rajouter à ce moment-là,
donc, je profite, justement, de ce moment-là pour le rajouter. Mais c'est
certain qu'avec des stages rémunérés et si, au moins, on avait gardé les
bourses Perspective Québec, par exemple, on pourrait peut-être avoir un peu
plus d'étudiantes et étudiants qui vont faire la technique de l'éducation en
enfance. Donc là, justement, on me dit qu'on manque d'éducatrices, on manque de
places. C'est certain que si, justement, on veut avoir plus d'éducatrices, il
va falloir des bonnes conditions de travail, ça, les syndicats vont vous en
parler très passionnément. Mais nous, par exemple, ce qu'on vient vous
demander, c'est qu'il faut aussi qu'on ait des bonnes conditions d'études, puis
des bonnes conditions d'études, ça passe par le fait de ne pas être dans une
situation de précarité financière. Et pour ne pas être en situation de
précarité financière, c'est sûr que d'avoir des stages rémunérés, ça peut
aider. Donc, je voulais juste le rajouter également, je pense que ça... autant
les étudiants, mais aussi, justement, là, le réseau de manière générale. Donc,
je voulais juste rajouter.
Mme Maccarone : Vous faites
bien. Ça ne tombe pas sur les oreilles sourdes. On a besoin des recommandations
puis, vous, vous avez un futur ici, à l'Assemblée nationale. Merci beaucoup.
M. Parisée (Jacob) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on poursuit avec la députée de
Sherbrooke pour 2 min 30 s.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Excellente présentation. Moi, j'ai le souvenir très net de
témoignages des étudiantes en soins infirmiers qui devaient abandonner leur
parcours parce qu'elles ne trouvaient pas de place pour leurs enfants. Donc,
merci de vous intéresser au projet de loi.
Dans dans votre mémoire, à la fin, il y a
un rappel de vos positions. Vous prônez l'implantation de garderies ou de
haltes-garderies. Est-ce qu'il en reste encore beaucoup des cégeps qui n'ont
pas mis de haltes-garderies ou de garderies?
M. Parisée (Jacob) : C'est probablement
une minorité des cégeps, justement, qui ont des haltes-garderies. Il y a, par
exemple, un programme, par exemple, ça, il faut le mentionner, justement, là,
pour favoriser l'implantation de haltes-garderies, qui a été mis en place par
le ministère de la Famille. Puis, justement, dans le coin à peu près de
septembre, octobre, on a participé avec la ministre, justement, à l'annonce de
près de 3 millions de dollars dans ces services-là. Mais ça reste que
c'est encore très faible, le nombre de ces services-là qu'on peut avoir. Et une
crainte, justement, qu'on a, pour continuer, justement, là, sur la technique de
l'éducation à l'enfance, c'est que les personnes qui vont, notamment, être dans
les CPE et les haltes-garderies sur campus, ça va être notamment les personnes
stagiaires. Puis on a peur que, justement, avec la non-rémunération des stages,
la hausse de la précarité financière, etc., qu'on commence à perdre des
personnes étudiantes dans ces programmes-là. Donc on pourrait avoir peur un
petit peu de la réduction de ces services-là également aussi. Donc là, en ce
moment, ce n'est pas nécessairement beaucoup de campus surtout, collégial,
mais, par exemple, on a un peu peur, justement, qu'avec cette hausse de
précarité là et de la non-rémunération des stages, peut-être qu'on pourrait
commencer à avoir de moins en moins d'offres là-dedans.
Mme Labrie : Ça fait que, dans
les haltes-garderies, dans nos cégeps, c'est des...
Mme Labrie : ...stagiaire non
rémunérée, en ce moment, qui s'occupe de ça.
M. Parisée (Jacob) : Pas pour
les haltes-garderies. Pour les CPE, par exemple, ça arrive.
Mme Labrie : O.K. Puis, donc,
des cégeps qui n'ont ni halte garderie ni CPE, il en reste encore plusieurs,
vous dites.
M. Parisée (Jacob) : Oui, ça,
il y en a, par exemple.
Mme Labrie : O.K. Bien, je
vous remercie. J'imagine que la ministre prend des notes. Dans le fond, dans ce
que vous nous dites, je comprends qu'avec le seuil minimum que vous voudriez
qu'on implante pour l'ensemble des installations, finalement, ça viendrait
débloquer des places pour les parents étudiants, parfois dans leur quartier ou
pas nécessairement au cégep même, mais plus près de chez eux. Est-ce qu'il y a
un équilibre à trouver si on n'atteint pas 100 % de priorisation dans les
établissements d'enseignement supérieur, mais qu'on rajoute un seuil minimal
dans toutes les installations? Est-ce que ça, c'est quelque chose d'acceptable?
M. Parisée (Jacob) : C'est
certain que le seuil minimal, par exemple, ça serait vraiment de la
recommandation qu'on pousserait ou qu'on amènerait, en tout cas, le plus, là,
parce que ça vient vraiment définitivement toucher l'ensemble du territoire
québécois où est ce que, par exemple, comme... l'a mentionné, les CPE... bien,
dans les campus, ce n'est pas nécessairement partout qu'on peut l'avoir et ça
ne répond pas nécessairement, la, tout le temps aux besoins des personnes
étudiantes.
Mme Labrie : Comme ceux qui
sont en ligne, par exemple.
M. Parisée (Jacob) : Oui, par
exemple, aussi, là. Donc, tantôt, en plus, on parlait de la TELUQ notamment,
là, de l'université TELUQ, mais donc, c'est ça. Ça fait que ce serait
effectivement de voir, là, s'il ne serait pas possible d'avoir une priorisation
pour tous les services de garde de manière générale dans les 300 quelque
1 000 places, là, qu'on a.
Mme Labrie : Parfait. Bien,
ça répond à ma question. Merci.
M. Parisée (Jacob) : Merci
beaucoup. Alors, on vous a donné trois minutes. Trois minutes aussi pour le
député des Îles. Allez-y.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Est-ce que vous avez des chiffres concernant... Bien, merci pour votre mémoire
très, très intéressant et votre présentation très éloquente. J'aimerais savoir
si vous avez des données sur le pourcentage d'étudiants parents qui ont accès à
des places ou, à l'inverse, ceux qui sont laissés pour compte. Avez-vous le
sentiment qu'il n'y a que 25 % des parents étudiants qui ont accès à des
services ou si, au contraire, là où les services existent on couvre pas mal tous
les besoins? J'ai de la difficulté à me faire une tête là-dessus.
M. Dervieux (Antoine) : Bien,
je ne serais pas prêt à avancer sur des chiffres parce que je n'en ai pas de
fiables. Ce que je peux vous dire... On est souvent passé au Cégep de
Victoriaville qui, eux, ont une halte-garderie partiellement gérée par
l'association étudiante. Puis, en fait, le système de haltes-garderies, de la
manière dont ils fonctionnent, ça fait que parfois il y a des enfants, parfois
il n'y en a pas. C'est vraiment en fonction de l'horaire vraiment atypique des
parents étudiants qui ont besoin de déposer leurs enfants. Ça arrive parfois
que la halte garderie est assez pleine. Il y a des moments où il n'y a
personne. C'est assez ambivalent, je vous dirais. Je ne serais pas prêt à
m'avancer pour les CPE en milieu collégial, mais pour ce qui est des
haltes-garderies, ça vient à être... Il finit par y avoir une stabilisation à
la fin, mais c'est quand même assez différent d'une journée à une autre, ce que
ça peut donner.
• (12 h 20) •
M. Arseneau : Mais puisqu'à
la page... je pense que ce n'est pas paginé, mais à la page 5, mettons,
là, de votre mémoire, les CPE en milieu d'enseignement supérieur, vous
dites : Bon, la raison d'être d'un CPE en milieu d'enseignement, c'est pour
desservir la clientèle, les étudiants puis le personnel. Et, ce que je
comprends de votre mémoire, c'est, si on ne permet pas d'avoir un plafond
plutôt qu'un plancher, bien, essentiellement, ça se peut que ça engendre un
recul des services offerts à la clientèle de l'établissement. Est-ce que
c'est... Donc, c'est la raison de ma question, si on pouvait savoir si
actuellement on répond à une bonne partie des besoins puis, qu'avec cette
mesure-là, on va reculer sur la réponse aux besoins. Mais je pense que, là,
votre argumentaire devient beaucoup plus solide, c'est-à-dire qu'on ne veut pas
que le projet de loi nous amène à un recul dans les mesures qui ont été mises
en place pour favoriser la réussite scolaire et la persévérance et, justement,
la conciliation travail... bien là, c'est-à-dire études et famille.
M. Parisée (Jacob) : Bien,
exactement, là. Justement, nous, avant, justement... bien, ce projet de loi là,
donc encore en ce moment, on voit ça positivement, la manière dont les CPE
affiliés à des campus peuvent gérer leur priorisation, parce qu, justement, ça
va être à la hauteur qu'ils le peuvent des personnes du campus. Donc, la
ministre, par exemple, l'a mentionné, ça, c'est vrai, même lorsque... si ça
resterait, par exemple, avec un plafond de 50 %, ça reste que, de manière
générale, les autres demandes qui auraient ça iraient en ordre du premier
arrivé premier servi, resterait très majoritairement, là, des demandes de
personnes qui sont sur le campus. Mais nous, justement, on se dit que, dans cette
logique-là, d'abord, il n'y a pas de raison de ne pas vouloir faire une
dérogation et de ne pas juste, rendu là, permettre aux CPE affiliés au campus
de juste mettre, c'est ça, pas de plafond.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors messieurs, ce fut fort intéressant.
Merci de vous être prêté à l'exercice aujourd'hui. Je vais donc suspendre
quelques instants, le temps de recevoir nos prochains intervenants.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
(Reprise à 12 h 25)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Avant de céder la parale... la parole,
c'est-à-dire, à nos prochains intervenants, j'ai besoin de votre consentement
pour aller au-delà du 12 h 50, là, de 12 h 50 que nous
avions jusqu'à 13 heures. Consentement? Merci beaucoup.
Alors, nous recevons maintenant le
Vérificateur général du Québec, représenté par, évidemment, M. Alain Fortin,
vérificateur général par intérim, Mme Caroline Rivard, vérificatrice générale
adjointe, ainsi que M. Carl Pelletier, directeur d'audit. Alors, Mme,
Messieurs, bienvenue à la commission. Vous avez une période maximale de
10 minutes pour votre intervention. Et, par la suite, nous allons discuter
du tout avec les parlementaires. Alors, le temps commence maintenant.
M. Fortin (Alain) : Alors,
bonjour, Mme la Présidente, Mme la vice-présidente, M. le vice-président, Mme
la ministre de la Famille, mesdames et messieurs des membres de la commission.
Je vous remercie de m'offrir la chance d'exprimer mes commentaires et de
répondre à vos questions relativement au projet de loi n° 95. Nos
commentaires sont basés sur nos rapports d'audit de performance ayant
respectivement pour sujet l'accessibilité des services de garde éducatifs à
l'enfance ainsi que la qualité de ceux-ci déposés à l'Assemblée nationale en
2020 et en 2024.
Nous souhaitons tout d'abord souligner
l'importance de l'objectif du projet de loi, soit de favoriser l'équité dans
l'accès aux services de garde éducatifs.
Afin de favoriser l'atteinte de cet
objectif, nous désirons porter à votre attention quatre éléments susceptibles
de représenter des enjeux.
En premier lieu, en ce qui a trait à
l'accessibilité aux services de garde éducatifs, nous avions relevé dans notre
rapport d'audit de 2020 que des enfants vivant dans un contexte de précarité
socioéconomique étaient sous-représentés dans les centres de la petite enfance
ou CPE de Montréal et de Laval. De surcroît, au moment de réaliser cet audit,
seulement la moitié des installations de CPE de l'ensemble de la province
utilisaient des critères permettant de prioriser l'admission d'enfants issus
d'un milieu défavorisé.
Dans notre rapport de 2020, nous avions
également mentionné que les enfants qui présentaient un syndrome
diagnostiqué...
M. Fortin (Alain) : ...par un
professionnel de la santé, comme un trouble du spectre de l'autisme, et dont
l'état avait été signalé par ses parents affichait un taux de placement plus
faible que les enfants sans besoin particulier.
Selon les modifications proposées par le
projet de loi no 95, les enfants vivant dans un contexte de précarité
socioéconomique et ceux présentant des besoins particuliers feront partie des
six catégories d'enfants auxquels une priorité d'admission pourra être accordée
par les CPE et les garderies subventionnées. Ces services de garde auront la
possibilité de leur donner une priorité d'admission, mais n'y seront pas
contraints. Cela signifie qu'ils ne seront pas tenus de privilégier une ou
plusieurs de cette catégorie d'enfants lorsqu'ils soumettront leur demande pour
combler leurs places auprès du guichet unique.
Ainsi, il demeure un risque que la
sous-représentation dans les services de garde éducatifs perdure pour les
enfants vivant dans un contexte de précarité socioéconomique et ceux présentant
des besoins particuliers. En outre, notons que les services de garde éducatifs
conservent la possibilité de refuser d'admettre un enfant qui a été référé par
le guichet unique, à condition d'aviser par écrit le ministre et le parent du
refus et de ses motifs.
Par conséquent, il sera important que le
ministère établisse des mécanismes pour suivre les refus et porte une attention
particulière aux cas répétitifs ou impliquant, par exemple, des enfants vivant
dans un contexte de précarité socioéconomique ou ceux présentant des besoins
particuliers. De plus, il sera crucial que le ministère réalise un suivi de
l'évolution de la fréquentation des CPE et des garderies subventionnées par les
catégories d'enfants priorisés.
Par ailleurs, il convient de souligner que
les services de garde éducatifs en milieu familial reconnus, dont la
quasi-totalité est subventionnée, et les garderies non subventionnées pourront
continuer à admettre les enfants selon les critères d'admission qu'ils
déterminent, sous réserve que l'enfant soit admis... sous réserve que l'enfant
admis soit inscrit au guichet unique. En 2023, ces deux types de milieux
étaient fréquentés par environ 117 000 enfants, soit plus de 40 % des
enfants qui fréquentaient alors un service de garde éducatif à l'enfance.
En second lieu, nous comprenons que des
dispositions relatives aux priorités d'admission pourront être appliquées une
fois que le nouveau guichet unique d'accès aux services éducatifs à l'enfant
sera opérationnel. Or, la mise en service de ce guichet unique, prévue
initialement en 2024, a été reportée. Il sera donc nécessaire que le ministère
assure un suivi serré de ce projet, compte tenu de son importance pour la mise
en application des nouvelles dispositions introduites depuis 2022 à la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance. De plus, avant de déployer le
nouveau guichet, le ministère devra veiller à garantir la protection des renseignements
personnels, à assurer la fiabilité du système et s'assurer qu'il soit convivial
pour les utilisateurs. Ces éléments sont essentiels pour offrir une plateforme
sécurisée et efficace.
• (12 h 30) •
Dans un troisième temps, nous abordons la
mesure d'évaluation d'amélioration de la qualité éducative. Cette mesure a été
mise en place en 2018 dans les CPE et les garderies. Les évaluations sont
réalisées par une firme à l'aide d'un outil scientifique utilisé dans plusieurs
pays. Le projet de loi prévoit que le ministre de la Famille pourrait confier à
un bureau coordonnateur ces responsabilités relatives à l'évaluation et à
l'amélioration de la qualité éducative. Ces nouvelles responsabilités
viendraient s'ajouter aux autres fonctions des bureaux coordonnateurs.
Nous souhaitons porter à votre attention
que, dans notre rapport de 2024, nous avions relevé des éléments qui devaient
être améliorés au regard des pratiques des bureaux coordonnateurs. D'une part,
en ce qui a trait à leur fonction actuelle, nous avions noté une variation
importante des pratiques dans les bureaux coordonnateurs. Ceux-ci développaient
leurs propres outils visant à... le respect du cadre légal par les services de
garde éducatifs en milieu familial reconnus, et certains de ces outils ne
permettaient pas de s'assurer de la conformité à certains éléments importants
de la réglementation. Conséquemment, la surveillance des services de garde
éducatifs en milieu familial reconnus variait d'un bureau coordonnateur à
l'autre.
D'autre part, les travaux d'harmonisation
des pratiques des bureaux coordonnateurs entrepris par le ministère avançaient
lentement et ne couvraient pas certains aspects importants. Si les bureaux
coordonnateurs se voient confier les évaluations de la qualité éducative et
leur suivi, il y a un risque qu'elles ne soient pas réalisées uniformément. Il
serait donc essentiel que le ministère les outille, les accompagne et les
surveille adéquatement afin de s'assurer que ces évaluations soient réalisées
correctement et...
12 h 30 (version non révisée)
M. Fortin (Alain) : ...par le
Bureau coordonnateur.
Finalement, la première publication des
résultats des évaluations de la qualité éducative des CPE et des garderies est
prévue à compter du moment où ceux-ci auront tous été évalués au moins une
fois. Or, comme mentionné dans notre rapport d'audit de 2024, le ministère ne
prévoyait alors pas avoir évalué l'ensemble des CPE et des garderies avant
2028, soit près de 10 ans après avoir instauré la mesure d'évaluation.
En 2024, au moment de déposer notre rapport,
la réalisation des évaluations exigées par la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance n'avait pas été amorcée dans les services de garde en
milieu familial reconnus et aucune date n'était prévue pour commencer des
travaux d'évaluation. Dans leur cas également, les résultats ne seront publiés
que lorsqu'ils auront tous été évalués.
Ces résultats d'évaluation sont pourtant
des renseignements utiles aux parents. Le ministère devra donc planifier et
suivre rigoureusement la réalisation des évaluations de la qualité éducative
afin de s'assurer que les résultats pourront être publiés dans les meilleurs
délais possibles.
En conclusion, le projet de loi n° 95
propose des modifications qui pourraient améliorer l'accessibilité et la
qualité des services de garde éducatifs à l'enfance. Néanmoins, certains
éléments demandent une vigilance particulière. Il est essentiel que le
ministère suive de près l'évolution de la fréquentation des services de garde
éducatifs par les catégories d'enfants pouvant être priorisées. Par ailleurs,
le déploiement du nouveau guichet unique et la mesure d'évaluation de la
qualité éducative nécessitent également une attention particulière. Enfin, le
délai dans lequel le ministère sera en mesure d'assurer la publication des
résultats des évaluations de la qualité éducative demeure un enjeu à
surveiller.
Je vous remercie de votre attention. Et c'est
avec plaisir que je répondrai à vos questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça va commencer maintenant. Alors, merci beaucoup pour
votre présentation. Je me tourne du côté de la ministre et de la banquette
gouvernementale. Vous avez 12 minutes 30 secondes. Le temps est à
vous.
Mme Roy (Verchères) : Bien,
merci beaucoup. Plusieurs éléments, plusieurs éléments essentiels. D'ailleurs,
j'y retrouvais des préoccupations et des discussions qu'on avait au moment de l'élaboration
et pour le suivi, après. Donc, il y a des éléments que vous relevez, qui, à
notre sens, font partie de notre questionnement. Je vais... Je vais les prendre
dans l'ordre, si vous voulez.
L'importance des refus et de s'assurer de
les suivre. Parce qu'avec le nouveau guichet, ce serait... comment le dire, ce
serait la meilleure façon de tricher le système, c'est d'utiliser les refus.
Alors évidemment, on ne met pas tout ça en place pour donner une voie de
tricherie, donc, en utilisant par exemple des refus, voilà pourquoi l'importance
de consigner les démarches qui sont faites, les refus et nous permettre, en
ayant une copie, de suivre pour s'assurer qu'il n'y ait pas de façon
systématique des refus pour sélectionner une clientèle, dans le fond, qu'on ne
voudrait pas qui soit sélectionnée. Alors, ça, c'est un élément qui était
important. Je suis contente de voir que vous l'avez noté.
D'ailleurs aussi, autre élément. Au niveau
du guichet, donc, on fait un suivi extrêmement important, garantir la
protection des renseignements personnels. On passe tous les tests imaginables.
On va faire un déploiement séquentiel, alors, pour s'assurer justement que ça
se fasse dans l'ordre, que les services de garde apprennent bien comment
travailler, que les parents puissent travailler adéquatement.
Je m'amène à une question. Parce qu'un des
éléments à l'intérieur du projet de loi, c'était justement de... par souci de
transparence, de rendre publique l'évaluation. Alors... Et on a reçu des gens
qui nous ont dit : Il ne faut pas faire ça, il ne faut absolument pas
faire ça, parce que, si vous ne mettez que l'évaluation, vous allez créer
peut-être une discrimination, puis que l'évaluation ne permet pas à ce
moment-là de donner toutes les informations, le plan d'action qui a suivi, etc.
J'aimerais ça un peu vous entendre sur cet élément-là, parce que vous aviez un
peu la même notion de transparence qu'il faut mettre en place pour mieux
informer les parents. Mais, effectivement, il faut s'assurer que l'information
ne discrimine pas, par exemple, certains services de garde. Est-ce qu'il faut
aller plus loin, parler du plan d'action, des résultats?
Et je vais quand même me permettre de vous
dire que depuis, effectivement, le rapport du Vérificateur général, on a eu d'autres
évaluations, et ça a augmenté maintenant. Le dernier chiffre que nous avons est
à 77 %. Donc, il y a encore du chemin à faire, mais on travaille dans le
sens justement de ce qu'avait relevé le vérificateur.
Ça fait que j'arrêterais là pour l'instant
pour vous entendre, surtout sur ce volet-là, de transparence et d'évaluation.
Puis, après ça, je vais reprendre sur l'évaluation au niveau des B et C et l'harmonisation.
M. Fortin (Alain) : Pour les
évaluations, j'aimerais vous demander...
M. Fortin (Alain) : ...une
précision. C'est-tu les annulations à savoir que... Les refus, c'est-tu que
vous voulez dire? Parce que, l'autre bord...
Mme Roy (Verchères) : Non,
l'évaluation de la qualité.
M. Fortin (Alain) : L'évaluation?
O.K. Bon, pour moi, l'évaluation de la qualité... On en a parlé dans notre
rapport de 2024, c'est bien ça?
Mme Roy (Verchères) : Oui.
M. Fortin (Alain) : C'est
important de la rendre, pour moi, c'est important, on l'a mentionné,
transparente et la rendre publique. Comme ça, bien, les parents, c'est à eux à
faire un choix, là. Puis en plus, selon moi, les parents peuvent influencer la
qualité. Alors, s'ils savent dans... leur enfant va là, alors, ils peuvent
influencer, que ce soit en s'impliquant ou en posant des questions. Alors, pour
moi, au niveau de l'évaluation, c'est important de la transparence.
Ce qu'on souligne, par exemple, c'est le
délai, parce que, là, présentement... Je ne remets pas en question le fait de
dire que c'est à la fin qu'ils soient évalués tous, qu'on... là, c'est là, on
rentre, qu'on les transmet, là, de... c'est plutôt le... Ça dure 10 ans,
là, à peu près... bien, en tout cas, ça va durer 10 ans. Donc, je vais
imager un peu, si on commence à faire une évaluation en 2025, ça veut dire, en
2035... Premièrement, les enfants qui étaient là en 2025 ne seront plus là,
ça... en cinq ans, là, ce n'est plus les mêmes enfants. Bon, peut-être qu'il va
y avoir encore un petit peu de parents qui ont eu un deuxième enfant qui vont
peut-être être là, mais un bon nombre de parents, ce ne sera même plus eux.
Ça fait que donc, sans vous donner une
date exacte, en tout cas, c'est long pour moi, 10 ans. Et, de plus, en
10 ans, bien, le service de garde, ça se peut qu'il se soit amélioré de
façon extrême ou, comme, ça se peut qu'il ait eu une bonne évaluation et lui,
il s'est détérioré pour x raisons. Donc, pour moi, là, c'est plutôt là-dessus
qu'on a mis l'accent et même la transparence, bien, c'est parce que c'était
plus là-dessus, votre question, mais oui, comme ça, bien, le parent est en
mesure de lui-même faire un choix avec l'information.
Mme Roy (Verchères) : Et, avec
le projet de loi, je vous rassure, on n'attend pas que tout le monde soit
évalué avant de mettre la transparence, donc, ça serait dès l'apparition du
guichet. Alors, c'est... on va dans le sens de vos recommandations à ce
niveau-là. On travaille, effectivement, l'harmonisation des façons de faire des
bureaux coordonnateurs. Ça amenait... ça nous a amené beaucoup de
questionnements au niveau des bureaux coordonnateurs, parce que le milieu
familial, c'est différent des installations, alors... puis là on se
disait : Il faut avoir une souplesse pour ne pas que ça prenne 20 ans
faire le tour, là, un peu dans la même préoccupation que vous avez de dire
comment on peut accélérer. Alors, voilà pourquoi. Alors, on a le même sentiment
où il faut accélérer, aller plus rapidement. Donc, on n'attendra pas
10 ans avant de commencer les... je vous le confirme. Alors, je vais...
• (12 h 40) •
M. Fortin (Alain) : Alors, je
suis heureux de l'entendre.
Mme Roy (Verchères) : Je
réponds à votre demande à ce niveau-là. Après ça, s'assurer que les services de
garde recourent exclusivement aux inscriptions du guichet unique, pour nous,
c'est extrêmement important. Puis pourquoi il y a tant de reproches à La
Place 0-5, c'est qu'on avait l'impression qu'on pouvait entrer par
d'autres voies. Ça ne sera plus possible. La grosse différence, puis je tiens à
vous l'exprimer, c'est que ce ne sont pas les services de garde qui vont aller
chercher les enfants ou choisir les enfants comme c'est le cas actuellement,
mais c'est vraiment selon la liste des priorités, on va donner le nom des
enfants aux services de garde pour le suivi.
M. Fortin (Alain) : C'est
pour ça que là-dessus, comme vous dites, ça, c'est... on... C'est bien correct,
mais on demande au ministère, justement, de faire un suivi quand même, de voir
la proportion des six catégories, voir... parce qu'il y a différentes mesures,
mais on n'a pas... On ne dit pas non plus qu'ils doivent obliger, ce n'est pas
ça du tout, mais on dit que le ministère doit faire un suivi pour voir, au bout
de la ligne, toutes ces mesures-là, est-ce que ça fait en sorte que... Comme
votre projet de loi le mentionne, d'ailleurs, c'est équité. Alors, est-ce qu'il
y a une équité pour tout le monde, autant... si on rentre... C'est peut-être d'autres
groupes qui seront plus... en tout cas, c'est l'équité à l'intérieur des
groupes qui sont priorités et les autres groupes aussi, pour voir, là, si
l'utilisation, l'opérationnalisation de tous ces éléments-là... qu'est-ce que
ça donne. Ça va être important, que le ministère fasse un suivi de ça pour
s'assurer, là, que c'est équitable.
Mme Roy (Verchères) : Oui.
Vous avez mentionné aussi des questionnements concernant les places protocoles.
Alors, ils ne sont pas dans les priorités parce qu'on va maintenir le système
actuellement de places protocoles. Donc, les places protocoles sont parallèles
aux priorités, donc ne sont pas incluses dans les priorités, elles s'ajoutent.
Alors, ça, c'était un élément que je voulais peut-être vous spécifier, mais...
personne ne nous avait posé la question encore, mais merci, voilà, la réponse
est là. Merci. Est-ce qu'il y avait d'autres questions? Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, la députée de
Laviolette, Saint-Maurice, il reste encore quatre minutes 46 secondes.
Mme Tardif : Parfait, merci.
Merci, merci d'être là. Merci pour votre travail aussi...
Mme Tardif : ...c'est très
important puis c'est très éclairant.
Je reviens à votre rapport de mai 2024,
vous aviez relevé, entre autres, des éléments qui devaient être améliorés en
regard des pratiques entre les bureaux coordonnateurs, et là, je me pose la
question : Comment on peut aider ces bureaux coordonnateurs là tout en étant
équitables? Parce que ce qu'on remarque, et on le remarque aussi, là, en allant
même au sein même d'un comté qui petit par rapport au Québec, par rapport à
l'étude que vous avez faite, mais jusqu'où aller par rapport à la concision des
pratiques que ces bureaux-là doivent faire, l'homogénéité entre eux et l'équité
aussi, et la... une certaine malléabilité qu'ils veulent avoir comme
coordinateurs et en fonction du type d'enfants qu'ils desservent?
Moi, sur mon territoire, j'ai une... de
très belles... c'est des très beaux CPE, de très belles garderies, même avec
une communauté autochtone. Donc, c'est différent et, selon nous, ça doit être
traité différemment. Alors là, je vous demande, expliquez-nous un peu, là, ce
que vous en pensez, comment vous voyez ça et pourquoi vous trouvez que c'est
important, là, que chaque bureau coordonnateur, il y aìt cette rigueur-là pour
offrir le même matériel?
M. Fortin (Alain) : C'est
sûr, quand je parle d'uniformité tout de suite au début, là, ce n'est pas que
ça soit tout, tout, tout pareil, pareil dans le fin, fin fond détail, puis là,
tout le monde va faire pareil, là. Il y a toujours une adaptation que j'appelle
régionale. Mais de l'autre côté, il y a vraiment des grands principes, puis,
selon moi, le ministère est bien positionné pour justement pour les outils
d'évaluation, quoi évaluer, les... En tout cas, il y a des principaux éléments,
parce que lui, en étant le ministère, il peut aller justement voir l'outil de
Pierrette, puis l'outil de Jacques, l'outil de Jeannette, et ainsi de suite,
puis voir, bien. Dans le fond, on va faire... fFaire un mélange de ces trois,
quatre outils-là, puis... puis là, élaborer de quoi, là. Puis en plus, il y a
des bureaux coordonnateurs, pour diverses raisons,qui sont plus petits ou en
tout cas... Eux autres, c'est plus difficile àêtre structurés ou ils cherchent.
Ça fait que, là, tant mieux, ils vont... Selon moi, plein de bureaux
cordonnateurs vont être bien contents d'avoir une bonne base de principes pour
justement sur lesquels ils vont pouvoir s'appuyer.
Puis c'est important aussi que selon moi,
le... là, on parle des outils, mais que le ministère s'assure justement d'une
certaine surveillance, mais encore là, je suis d'accord avec vous, il ne faut
pas que ce soit dans une microgestion, là. Il ne faut pas que ce soit de la
microgestion. Il ne faut pas non plus que... ce n'est pas le ministère qui
garde les enfants, là, c'est les garderies ou les... en tout cas c'est des
milieux familiaux, là, c'est eux qui gardent les... les enfants. Ce n'est pas
le ministère. Mais de l'autre côté, il peut donner des grands principes pour
justement venir les appuyer, les aider, puis je suis convaincu que la plupart
même pas... je n'oserai pas dire «l'ensemble», ils vont être bien contents
parce qu'il va avoir déjà de quoi sur laquelle se baser et là, ajuster quoi...
Ah, bien, nous autres, comme vous avez mentionné, oui, pour les enfants
autochtones peut-être que certaines particularités, et bon, pour un autre...
Mais ils auront quand même un canevas que je pourrais appeler, là, pour lequel
là, puis avec aussi le ministère, enfin pour faire une certaine vigie ou une
veille pour s'assurer que tout ça, là, est bien respecté. Mais encore là, ce
n'est pas de la microgestion que je pense que le ministère doit faire, mais
c'est un encadrement que j'appelle.
Mme Tardif : Merci. Oui,
parce qu'on le voit même au sein même de... d'une... d'une même institution,
entre le CPE et le milieu familial aussi, là où le type d'éducation, les outils
utilisés sont différents. JMais e pense que l'important, tant pour vous que
pour nous, c'est que nos enfants soient pris en main et aient une bonne... une
bonne éducation et de bons concepts qui leur seront transférés donc.
Quelle mesure pensez-vous qu'il serait
souhaitable de mettre de l'avant pour favoriser davantage, parce que vous en
parlez dans votre rapport, là, l'accès à l'intégration des enfants qui ont des
besoins particuliers?
M. Fortin (Alain) : Premièrement,
tu sais, mon début de réponse va peut être être plate, un peu, là, le
vérificateur ne donne jamais de moyen. Ça, c'est le ministère qui décide
lui-même les moyens, parce que sinon on serait comme partie prenante. Je donne
le moyen, puis après ça, j'évalue, ça serait... Mais outre ça, bien que je vais
répondre rien qu'à la moitié de... comme il faut de votre réponse, parce qu'on
ne donne pas de moyens.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois malheureusement vous arrêter.
M. Fortin (Alain) : Parfait.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mais je suis certaine que, dans le prochain bloc de
questions, vous allez en avoir. Alors, madame la députée de Westmount—Saint-Louis,
7 min 30 s qui commencent maintenant.
Mme Maccarone : Merci beaucoup.
Merci beaucoup pour votre témoignage...
Mme Maccarone : ...j'ai votre
discours, c'est très intéressant. Moi, j'aurais des questions pour vous par
rapport au guichet. Vous l'avez souligné dans votre témoignage, puis je
comprends, c'est d'une grande préoccupation. Puis oui, c'est vrai, on fait face
à un délai. Et honnêtement je ne sais pas si ça va vraiment être déployé au
moment qu'on a retardé. Alors, moi, je souhaite vous entendre par rapport aux
risques si le guichet unique continue d'accuser un retard. Est-ce que ça va
faire partie d'un futur rapport? Est-ce que c'est une procuration que vous,
vous avez déjà soulevée.
M. Fortin (Alain) : Bien,
pour le guichet, en tout cas, si je comprends bien votre question, puis si je
m'écarte un peu, vous me direz, mais moi, le guichet, ma préoccupation, ça
prend ça, sinon les éléments, là, pour prioriser ne fonctionneront pas.
Le guichet en tant que tel, oui, il y a
des éléments intéressants, dans le sens qu'avant, de notre compréhension,
chaque garderie avait son propre critère, avait ses propres grilles, en tout
cas, qu'importe le terme, là, ils avaient leur propre façon. Ça fait que là, ça
permet une certaine uniformisation, mais comme tout système, puis là ce n'est
pas... je tiens à souligner, ce n'est pas parce que j'ai des préoccupations sur
celui-là, là, au niveau des renseignements personnels, mais pour moi, s'il
n'est pas prêt, c'est mieux de ne pas le mettre en opération, s'il n'est pas
prêt, il faut attendre comme il faut que, justement...
Pour les renseignements personnels, pour
moi, c'est majeur. Il y a la réputation, oui, du ministère dans ce cas-ci, mais
il y a aussi même pour les problèmes pour les gens quand qu'ils se font...
leurs renseignements sont fraudés, en tout cas, puis là c'est... Ça fait que
là, c'est pour ça que, des fois, c'est... Mais je n'ai pas d'indice qui me
laisse croire, là, pour l'instant... on ne l'a pas vérifié, là, mais moi, je
trouve ça important que ce soit aussi convivial et que l'information, que
l'information qui va contenir va permettre aux... aux familles d'avoir
l'information ça fait que...
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Vous, dans le fond, est ce que vous êtes... vous faites une
évaluation au niveau de la préparation actuelle du ministère en ce qui concerne
le déploiement du guichet? Est-ce que ça, c'est quelque chose qui fait partie
de vos travaux?
M. Fortin (Alain) : On ne l'a
pas vérifié, là, le déploiement, mais est ce que ça pourrait être... faire
partie? Ça, ça fait partie de notre processus au bureau, là, ça... je ne veux
pas écouler du temps, là, mais on a un processus de sélection, là, ça fera
partie, au même titre que d'autres systèmes, là. Mais, pour l'instant, on n'a
pas... il n'est pas dans nos cartons, là, l'examen de ce guichet-là unique, là.
• (12 h 50) •
Mme Maccarone : Ça me
surprend. J'avoue, vous me voyez venir, on a entendu... on entend beaucoup
parler de SAAQclic, avec des rehaussements de coûts de plus de
500 millions de dollars, puis moi, si je regarde l'exploitation des
projets ciblés pour le guichet unique, on avait un coût estimé, au début, quand
on avait parlé du déploiement lors de la réforme du service de garde éducatif à
l'enfance, on parlait d'un coût estimé de 9,6 millions. Là, si je regarde
ce qui est disponible présentement sur le site, pour voir où on est rendus dans
nos projets, le coût estimé a changé, c'était... il y a un montant réel dépensé
maintenant 10 502 000 $. Et le coût estimé a encore explosé, on a
12 333 000 $ qui est maintenant estimé. Alors, est-ce que c'est le
genre d'affaires qui vous préoccupe?
M. Fortin (Alain) : Bien,
là-dessus, je vous dirais, bien, premièrement, il n'est pas dans nos cartons.
On va les... on regarde au même titre, mais, de l'autre côté, pour ne pas le
nommer, mais vous l'avez nommé, SAAQclic. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas
vérifié tel autre système, tel autre système, on invite tous les ministères et
organismes à lire le rapport SAAQclic et, même... et au même titre, on a déjà
fait d'autres rapports, là. Je me souviens, de mémoire, de... sur les
universités, sur les systèmes informatiques. Et là à s'inspirer de ce qu'o...
ce qu'on a constaté, la`, entre guillemets, malheureusement, là, mais, en tout
cas, ce qu'on a amené comme améliorations possibles. Alors, on invite tous les
ministères qui sont en train de travailler dans des systèmes à regarder ce
qu'on a constaté pour voir, eux, qu'est ce qu'ils pourraient faire pour
améliorer les choses.
Mme Maccarone : Je comprends.
Vous comprenez d'où je viens de mon côté. Moi, mon but, c'est d'éviter encore
du gaspillage, parce que c'est un outil qui est attendu depuis très longtemps,
et j'ai des préoccupations, alors je les partage.
L'autre question que j'avais pour vous.
Quand vous parlez dans votre témoignage la publication des résultats des
évaluations de la qualité éducative. Puis vous soulignez votre préoccupation,
parce qu'on ne prévoit pas avoir évalué l'ensemble des CPE et les garderies
avant 2028, c'est vrai, c'est un constat. Est-ce que vous, vous... votre
recommandation...
Mme Maccarone : ...c'est qu'on
y va étape par étape, alors ceux qui sont déjà évalués. Parce que, comme vous
avez dit, c'est de l'information utile pour les parents. Est-ce que le
ministère devrait publier les résultats qu'ils ont actuellement puis, au fur et
à mesure, faire une mise à jour?
M. Fortin (Alain) : Nous, ce
qu'on dit... en tout cas, moi, je ne dirais pas c'est quoi qui est le mieux,
dans le sens est-ce que c'est mieux d'y aller en continu ou y aller... Tout ce
qu'il y a, c'est que présentement, vu que ça prend 10 ans, ça fait en
sorte que, bien, selon moi, l'information est plus ou moins pertinente.
Mme Maccarone : Oui. C'est le
délai.
M. Fortin (Alain) : Au bout
de 10 ans, le centre de services a changé complètement, les enfants, ce
n'est même plus les mêmes. C'est ça, là. C'est... Nous, ce qu'on dit, bien, le
ministère... c'est le ministère à regarder, voir qu'est-ce qu'il peut faire
pour faire en sorte que ça aille beaucoup plus vite, là, le... C'est... C'est
ça, l'objectif, là.
Mme Maccarone : O.K. Merci.
Je comprends. Et là, j'étais curieuse parce que là, vous faites des
recommandations par rapport à la priorisation des enfants. Parce que vous
dites, dans le fond, c'est facultatif. Mais vous venez de dire à une de mes
collègues qu'on ne fait pas la recommandation de l'obligation. Pourquoi?
M. Fortin (Alain) : Bien,
c'est parce qu'au niveau... C'est... Pour moi, ici, dans ce cas-ci, c'est la
finalité qui est importante. La finalité, ça va être la proportion. Et là,
c'est pour ça qu'on dit que le ministère doit faire le suivi de chacun des
groupes d'enfants et même de ceux qui ne sont pas identifiés aussi, là. Les...
on va dire, ceux plus traditionnels, bien, il faut qu'eux autres aussi, la...
que ce soit équitable pour tout le monde. Puis là, bien, ce sera au ministère à
évaluer qu'est-ce qui se passe. Mettons, je ne sais pas, moi... admettons que
les... malgré toutes ces bonnes volontés là, si, au bout de la ligne, les
enfants socioéconomiques sont encore sous-représentés dans les garderies,
woups! Bien là, il faut peut-être y aller de façon plus... Peut-être, là, ça
pourrait être un moyen, l'obligatoire, mais en tout cas, c'est... nous, c'est
la finalité. Et, dans ce cas-ci, la finalité, c'est quelles sont les
proportions qui vont être.
Nous, ce qu'on avait constaté, ce qui
était les... il y avait deux groupes qui étaient sous-évalués, c'est ceux qu'on
avait regardés, socioéconomiques puis enfants, besoins particuliers qu'on
appelle, eux autres, ils étaient là. Alors là, il y a des mesures. On n'a
pas... On n'est pas contre obligatoire, pas obligatoire. Tout ce qu'il y a
c'est : est-ce que ça va donner des résultats. C'est important que le
ministère fasse ce suivi-là pour voir s'il y a d'autres mesures ou d'autres
choses à faire après.
Mme Maccarone : Ça fait que,
dans le fond, s'il y avait...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Merci, Mme la députée. Alors, je me tourne
du côté de la députée de Sherbrooke pour deux minutes 30 secondes.
Mme Labrie : Merci. Vous ne
me répondrez peut-être pas, mais je tente ma chance quand même. Par rapport aux
enfants de milieux défavorisés, justement, qui sont sous-représentés, là, vous
avez analysé les données en fonction des écarts que vous avez constatés. Est-ce
qu'il y a un seuil qui serait plus approprié, là, d'exigences minimales pour
essayer de faire ce rattrapage-là?
M. Fortin (Alain) : Bien,
nous, il y avait un écart, là. Je ne me souviens plus de combien, on pourra
demander après ça à mon collègue. Mais c'est l'équité, en tout cas, selon moi.
C'est de... C'est de faire en sorte que tous ces... tous, qu'ils soient
représentés. De ce qu'on a constaté, c'est qu'ils étaient... de mémoire, il me
semble qu'il y avait... la proportion était vraiment... en tout cas, il y avait
un écart de 10 % ou 12 %, peut-être même 15 %. Ça fait que là,
c'est ça qui nous inquiétait, là. On voulait que ce soit, là... que ce soit le
plus égal pour tout le monde. C'est ça le... C'est le principe d'équité pour
tout le monde.
Mme Labrie : Oui. Puis, dans
cet objectif-là, donc, en ce moment, dans le projet de loi, il y a une
intention, mais il n'y a pas de seuil minimal, là, pour les clientèles ciblées.
Donc, est-ce que... est-ce que ça en prendrait un?
M. Fortin (Alain) : Bien,
c'est à vous à décider.
Mme Labrie : Vous ne vous
prononcez pas là-dessus.
M. Fortin (Alain) : Mais,
moi, ce que je vous dis, c'est que le ministère, c'est important qu'il fasse le
suivi, ça... entre guillemets, là, ça marche-tu ou si ça ne marche pas, là. Je
suis un... J'ai des moins beaux mots, là, mais ça marche-tu ou ça ne marche
pas, la patente au bout de la ligne, là. C'est ça qui est important à la
finalité. On revient souvent à ça, la finalité, c'est ça, ça fonctionne-tu, là.
Puis là...
Mme Labrie : Ça fait qu'on
pourra prévoir un mécanisme de suivi dans le projet de loi. O.K.
M. Fortin (Alain) : Bien, c'est
ça. Puis, encore là, je me permets de dire, bien, pas dans cinq ans ou dans
10 ans, là. Il faudrait faire ce suivi-là beaucoup plus serré pour
s'assurer, là, qu'il y a des ajustements, là, s'il y a lieu, qui doivent être
faits.
Mme Labrie : Je vous entends.
Puis j'aurais une autre question. Dans votre rapport, là, il y avait quand même
plusieurs recommandations. Bon. Le projet de loi fait certaines choses, ne
répond pas non plus à l'ensemble de vos recommandations. Moi, j'aimerais vous
entendre sur le suivi de ces recommandations-là. Est-ce que... Est-ce que vous
voyez dans le projet de loi, puis à l'extérieur du projet de loi, du côté du
ministère... est-ce que ça répond à vos recommandations que vous aviez faites?
M. Pelletier (Carl) : Ce que
vous demandez, c'est par rapport aux...
Mme Labrie : Il y avait six
recommandations, là, dans votre dernier rapport, là... toutes sortes de choses,
la qualité, tout ça, les plaintes. Bon. Le projet de loi ne répond pas à tout
ça. Mais, dans l'ensemble, est-ce que vous... est-ce que vous voyez que le
suivi est fait adéquatement?
M. Pelletier (Carl) : Pour le
projet de loi n° 95 spécifiquement?
Mme Labrie : Non, pour votre
rapport, les recommandations de votre rapport.
M. Pelletier (Carl) : O.K.
O.K. Bien, en fait, nous, on a un processus de suivi, effectivement. Donc,
c'est vraiment l'entité qui est... c'est le ministère qui est responsable...
M. Pelletier (Carl) : ...de
faire le suivi de ces recommandations-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à cette intervention.
On termine avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour 2min 30s.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
J'ai trois petites questions. La première, vous parlez des enfants qui ont des
besoins particuliers, les enfants qui vivent dans un contexte de précarité
socioéconomique, mais il y a six critères, il n'y en a pas que deux. Vous êtes
d'accord avec ça, vous... on devrait privilégier les deux premiers, compte tenu
du fait qu'actuellement, selon l'article 10, bien, il appartient au CPE de
choisir l'un ou l'autre de ces critères-là, puis peut-être toujours le même,
ou, au contraire, les six?
M. Fortin (Alain) : Nous,
c'est parce que notre audit, quand on l'avait fait, c'était ces deux-là qu'on
avait pris. Ce n'est pas parce que... un moment donné, il faut en prendre. Les
autres... on n'a aucun problème avec les autres aussi, là, mais...
M. Arseneau : Mais le fait
qu'on puisse choisir un critère ou l'autre, selon notre bon vouloir, ça ne vous
agace pas?
M. Fortin (Alain) : Bien,
encore là, comme je vous dis, si... Le ministère doit faire un bon suivi, puis,
s'il réalise que, justement, dans ceux... mettons que c'est les autochtones,
bien, il n'y a personne qui priorise les autochtones, puis je vais exagérer,
là, puis là, bien, en plus, quand c'est les autochtones, ils les refusent, ils
refusent tout le temps. Mettons que le guichet envoie, ils refusent, ils
refusent, bien là... C'est pour ça que j'ai dit : Il ne faudrait pas qu'il
attende cinq ans ou 10 ans, là, pour dire : Bon, bien, ça a bien l'air...
il y a de quoi. C'est pour ça qu'il va falloir qu'il fasse un suivi, le
ministère, pour s'assurer que ça fonctionne, mais...
M. Arseneau : Et pour les
deux critères que vous avez identifiés, mais probablement pour les six aussi,
ce serait une bonne pratique.
M. Fortin (Alain) : Oui, oui,
oui, pour les six, puis même... comme je disais, même pour les autres qui ne
sont pas des critères, il faudrait peut-être aussi que le ministère voie, là,
parce que c'est... Le projet de loi, il vise l'équité, ça fait que... donc,
équitable pour tout le monde.
M. Arseneau : Exact. Puis,
pour ce qui est de la mise en œuvre du guichet unique, vous avez parlé d'un
suivi serré. Est-ce que vous parlez d'un suivi serré sur le plan financier ou
sur le plan de l'opérationnalisation...
M. Fortin (Alain) : Tout.
M. Arseneau : ...ou du fait
que, si on n'a pas ce guichet unique là, bien, on ne pourra pas, essentiellement,
appliquer la loi?
M. Fortin (Alain) : Je
voudrais dirais, en premier lieu, tout, et justement, financier, oui, c'est
sûr, c'est important, mais ici c'est encore plus important de bien le livrer
parce qu'il est nécessaire pour la mise en application de ces éléments de
priorisation. S'il n'est pas là, s'il n'est pas opérationnel, ça ne
fonctionnera pas.
Et, bien entendu, j'ai parlé des
renseignements personnels, que c'est très important, et il faut que ce soit
convivial, et ainsi de suite, il faut que ce soit...
M. Arseneau : Ma dernière
question, elle a déjà été abordée par les autres, mais je veux juste valider,
là : Une information sur l'évaluation d'un CPE qui date de cinq à 10 ans,
quelle est sa valeur?
M. Fortin (Alain) : Bien, la
valeur... Ça a une certaine valeur, l'évaluation, dans le sens qu'à partir de
l'évaluation qu'ils ont, s'ils n'ont pas passé, ils doivent faire un plan
d'action puis ils doivent s'ajuster.
C'est au niveau de la publication. C'est
sûr que, là, la publication, quand ça fait cinq à 10 ans, comme je l'ai
mentionné, l'enfant, il n'est plus là, il n'est plus dans la garderie.
M. Arseneau : On sait ce que
c'était, il y a 10 ans, mais on ne sait pas ce que c'est aujourd'hui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
M. Arseneau : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est ce qui termine cette audition. Mme, messieurs, je
vous remercie de l'apport à nos travaux.
Et la commission suspend ses travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux.
Je vous rappelle que nous poursuivons les
consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 95, Loi favorisant l'équité dans l'accès aux services de
garde éducatifs à l'enfance subventionnés dispensés par les titulaires de permis.
Cet après-midi, nous entendrons les
représentants des organismes suivants : la Fédération des intervenantes en
petite enfance du Québec-Centrale des syndicats du Québec, qui sont avec nous.
Par la suite, nous allons entendre le Rassemblement pour la laïcité. Et nous
allons terminer par le Collectif Petite Enfance.
Alors, pour l'heure... Madame, messieurs,
bienvenue à la commission. Je vais vous demander de vous présenter. Vous allez
avoir une période de 10 minutes au total pour votre présentation, et, par
la suite, nous allons échanger avec les parlementaires. Alors, le temps est à
vous.
M. Gingras (Éric) : Oui,
merci. Donc, Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec,
accompagné de ma collègue de la FIPEQ, je ne la nommerai pas au complet, la
fédération des intervenantes, donc, Anne-Marie Bellerose, et des collègues
conseillers.
Écoutez, avant de nous attarder, là, au
projet de loi et ses fondements, je veux juste vous rappeler quand même que...
14 h (version non révisée)
M. Gingras (Éric) : …pour la
centrale et aussi sa fédération de la petite enfance. Il y a cinq principes qui
nous ont toujours guidés dans nos missions, nos valeurs, des positions très
claires que tous les enfants du Québec doivent avoir des chances égales d'accéder
à des services de qualité, un développement de l'enfant qui fait partie des
responsabilités de l'État, des services éducatifs à la petite enfance qui ne
sont pas des commodités marchandes, qu'il faut assurer des conditions de
travail décentes à tout le personnel du réseau de la petite enfance. Et c'est
encore plus vrai dans le contexte de pénurie actuel. Puis j'ajoute aussi qu'à
travers notre histoire à la CSQ, nos fédérations et les affiliés, on a toujours
fermement soutenu la déconfessionnalisation du système d'éducation, en général,
donc de la petite enfance à enseignement supérieur et le caractère laïque, donc
de tous ces milieux-là et la neutralité religieuse. Donc, c'est important de le
préciser. Fait à noter, bien, bien sûr, on est… d'entrée de jeu, là, on
veut saluer la volonté, donc, du gouvernement, avec le dépôt du projet de loi,
de favoriser une plus grande mixité. On pense qu'au Québec la mixité sociale, c'est
un des éléments fondateurs, fondamental pour favoriser, donc, autant l'accès
que la progression des jeunes à travers, là, l'ensemble de leur développement.
C'est un rôle fondamental dans la construction de notre société et c'est
souhaitable dans tous les milieux d'éducation, comme on l'a mentionné, de la
petite enfance à enseignement supérieur. Et on répète encore une fois que,
globalement, le gouvernement gagnerait à tenir une grande réflexion de l'éducation
au sens large, donc, pour nos enfants au Québec, pour être capable, justement d'avoir
ces réflexions-là. Ça, c'était le bon côté.
Je dois mentionner par contre que, pour la
CSQ et sa fédération, la priorisation des enfants en situation de vulnérabilité
est malheureusement un rendez-vous manqué. On pense que le gouvernement devrait
aller encore beaucoup plus loin afin de prioriser réellement leur intégration.
Plusieurs recherches ont démontré l'effet que ça peut avoir, donc, dans un
contexte de vulnérabilité et ayant donc des besoins particuliers, les
catégories d'enfant qui bénéficient le plus de la fréquentation d'un service
éducatif de la petite enfance de qualité, bien, ce sont ces enfants-là.
Et donc, dans ce sens-là, on a quelques
recommandations parce qu'on pense que c'est un peu trop limité. On pense que le
ministère devrait publiciser la mesure qui donne des places gratuites aux
enfants dont les parents sur prestataires de l'aide de dernier recours. On
pense aussi qu'on doit élargir la mesure d'exemption pour les enfants de 0-6 ans,
d'augmenter de façon notable des allocations pour les enfants issus de milieux
défavorisés, allouer… aux sommes, bien sûr et aux responsables des services de
garde en milieu familial sur la même base du calcul. Encourager, faciliter
davantage l'émergence de projets. Et enfin, que le ministère de la Famille
utilise un indice de défavorisation représentatif de la petite enfance. Je vais
laisser ma collègue continuer.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Merci.
Anne-Marie Bellerose, présidente de la FIPEQ-CSQ. Merci aux parlementaires de
nous recevoir aujourd'hui. Je tiens quand même à souligner que j'ai été
éducatrice 20 ans dans un CPE. Donc, le quotidien, je le connais très
bien. Mes propos se concentreront principalement aujourd'hui sur deux aspects
précis du projet de loi, la question des enfants ayant des besoins particuliers
et le transfert de la responsabilité vers les bureaux coordonnateurs pour l'évaluation
de la qualité.
En premier lieu, l'inclusion des enfants à
besoins particuliers est un sujet de première importance pour nous, mais aussi
pour l'ensemble des collègues de l'éducation. Le réseau des services éducatifs
à la petite enfance est le premier maillon du système de l'éducation et nous
savons à quel point il est primordial de donner à tous les enfants des bases
solides pour leur permettre de se développer, de réussir à l'école et dans la
vie. Nous savons aussi qu'il y a des enfants à besoins particuliers, de plus en
plus nombreux dans notre réseau et que les ressources ne suffisent pas à
combler leurs besoins, malheureusement. Cette situation engendre une surcharge
de travail et de l'épuisement chez nos intervenants.
Nous sommes d'avis que le projet de loi
aurait dû aller beaucoup plus loin sur la question et que tous les enfants
ayant des besoins particuliers puissent bénéficier d'un financement nécessaire
à une inclusion harmonieuse. Il est important de se rappeler que la refonte du
financement pour l'accueil des enfants à besoins particuliers n'a pas été
réalisée et que l'allocation destinée à leur intégration n'a pas été bonifiée
ni indexée depuis plusieurs années. Selon nous, il est temps de retirer le
seuil maximal d'enfants pouvant recevoir l'allocation, et ce, tant en CPE qu'en
milieu familial régi et subventionné. Finalement, nous sommes aussi
convaincus qu'avec suffisamment de ressources, nous éviterons d'épuiser les
équipes éducatives et que les services éducatifs à la petite enfance
favoriseront le développement optimal des enfants. C'est un investissement qui
profitera à l'ensemble du système d'éducation, pas juste à notre réseau de la
petite enfance. En deuxième lieu, c'est une surprise que nous avons constatée…
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
...de voir dans le projet de loi qu'on pouvait proposer de permettre au
ministre de confier à un bureau coordonnateur l'évaluation des services de
qualité pour nos RSF, nos responsables en milieu familial. Cet ajout législatif
suscite de nombreuses préoccupations et questionnements. Il pourrait entraîner
plusieurs effets négatifs pour notre RSF. Nous sommes d'avis que les grandes
priorités dans les décisions de mise en place d'un processus doivent toujours
prendre en compte les éléments suivants : impartialité, harmonisation et
respect des particularités du milieu familial. Il faut mettre en contexte qu'en
vertu de la Loi sur les services éducatifs à l'enfance et dans ses règlements,
les bureaux coordonnateurs exercent principalement des rôles de soutien et de
surveillance auprès de nos RSF. Et ces rôles doivent être appréciés en fonction
de leur statut de travailleuse autonome. L'évaluation de la qualité et
l'inspection de conformité sont deux choses bien différentes. Dans le cas où
les bureaux coordonnateurs se verraient attribuer le rôle d'évaluation de la
qualité des RFE, il nous semble qu'il serait impossible pour les BC de
dissocier entièrement leur rôle de surveillance. Nous anticipons que les
évaluateurs, influencés par leur connaissance des RSF et de tous leurs
dossiers, transforment l'évaluation de la qualité en une inspection de
conformité. Les autres dossiers traités pour les RFE viendraient nécessairement
teinter l'évaluation de la qualité. D'ailleurs, depuis plusieurs années déjà,
nous dénonçons le manque d'harmonisation des pratiques dans les bureaux
coordonnateurs. Il existe autant de pratiques qu'il y a de bureaux
coordonnateurs. Mais en ce qui a trait au processus de l'évaluation de la
qualité, celui-ci devrait être standardisé pour assurer que l'acceptation des
conclusions soit bien reçue. Il ne faudrait pas tomber dans le piège de
reproduire un processus qui a des lacunes par son manque d'harmonisation. Il
faut aussi penser que les RSE ont besoin d'avoir confiance envers leur bureau
coordonnateur car elles sont appelées à leur demander du soutien lorsqu'elles
en ont besoin. Donc, le lien de confiance est primordial. Il faut aussi se
rappeler que dans les CPE, le processus d'évaluation est fait par une firme
externe, des évaluateurs qui sont formés avec des instruments de mesure bien
définis. Pour nous, les deux secteurs doivent avoir des processus semblables
selon leur réalité. La qualité, peu importe le milieu, doit être neutre,
impartiale et confidentielle. En conclusion, pour s'assurer de l'efficacité du
guichet, nous sommes d'avis qu'il devrait y avoir un processus d'évaluation où
les CPE, les RFE et les parents soient consultés pour s'assurer de l'efficacité,
mais aussi de la protection des données personnelles.
• (14 h 10) •
M. Gingras (Éric) : Puis
en terminant, là, quelques... quelques petits éléments, notamment celui du
respect des conventions collectives quant à l'accès prioritaire aux services du
CPE. On sait que, depuis plusieurs années, l'accès du CPE pour les salariés,
négocié entre les parties, est conventionné donc dans les CPE syndiqués dans le
respect, donc, de la loi, et les ententes dûment négociées ont force de loi. Ce
que vient faire le projet de loi, il vient modifier unilatéralement par
l'entreprise, donc, de cette loi-là. Et le ministère de la Famille, dans ce
cas-ci, bien, va contrevenir justement à un bon nombre de conventions
collectives, puis on pense qu'elles doivent être respectées. C'est pour cette
raison-là qu'on demande, donc, que dans l'article 36 du projet de loi, il
y ait une disposition, tout simplement, qui ait pour objectif de conserver les
droits de négocier dans les conventions collectives. Et, comme je le disais, je
tiens à rappeler que la CSQ est fermement convaincue que l'investissement
massif d'un État dans les services publics et les programmes sociaux, c'est le
modèle à consolider et à développer pour assurer l'égalité des chances. Le bien
commun, c'est d'ailleurs démontré, bien sûr, un meilleur climat social et c'est
démontré dans beaucoup, donc, de recherches. On partage les objectifs de mixité
sociale en petite enfance recherchés par le gouvernement du Québec. Mais comme
vous le voyez, autant dans notre mémoire que ce qui a été présenté, oui par
moi, mais aussi par ma collègue, il y a un certain nombre de choses qu'on
aimerait voir modifiées pour améliorer ce projet de loi et, ultimement
améliorer le réseau.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour votre présentation. Alors, on va
entamer la période d'échange avec les parlementaires. Je me tourne du côté de
la ministre et de la banquette gouvernementale. Vous avez
16 min 30 s.
Mme Roy (Verchères) :
Merci beaucoup. Merci d'avoir accepté notre invitation. Effectivement,
l'objectif de consultations particulières, c'est de bonifier et de pousser la
réflexion. Alors, il y a un gros travail qui a été fait, on le voit par
l'ensemble de vos recommandations. Alors, merci beaucoup pour cette
contribution. Je vais commencer en vous rassurant, parce qu'il y a un règlement
qui est adopté, et pour la priorisation, par exemple, des enfants des employés,
des fratries, tout ça, c'est maintenu...
Mme Roy (Verchères) : ...c'est
entièrement maintenu. C'est vrai que vous ne le retrouvez pas dans le projet de
loi no 95, parce que c'est un autre règlement, mais ça demeure protégé. Donc,
il n'y a rien, là, qui irait à l'encontre des conventions collectives. Donc, je
voulais vous le mentionner parce que c'est des éléments qui sont importants.
Alors, on met beaucoup d'énergie à négocier ces conventions collectives, alors
c'est pour les respecter.
Alors, j'aimerais particulièrement
m'attarder à la recommandation 15, je vais vous expliquer pourquoi : Parce
qu'on s'est beaucoup posé la question, au niveau de la recommandation 15, à
savoir, dans le guichet, parce que tout ça va être dans le guichet, dans la
véritable liste d'attente, donc, est-ce qu'on devait dire, par exemple, que, si
quelqu'un avait une place subventionnée en installation, alors on priorisait
les gens qui n'avaient pas de place subventionnée? On n'a pas mis les
responsables de services de garde, exactement pour ne pas créer ça.
Là, je vous raconte mon histoire
personnelle, de ma petite-fille, Alicia. Ma fille obtient une place en milieu
familial. Son objectif, c'est d'aller dans un CPE, elle se dit : Je vais
aller en place familiale en attendant, puis, quand j'aurai une place en CPE, je
vais y aller. Alors, le phénomène qui est arrivé : elle a sa place, la
petite est très heureuse, elle adore son milieu de garde en milieu familial. On
lui offre une place en CPE, et elle n'y va pas parce que sa fille est très
heureuse en milieu familial. Alors, on se disait : Bien, si on inclut ça,
ça va provoquer l'inverse, c'est-à-dire les gens vont dire : On ne va pas
aller en milieu familial parce que ce qu'on voudrait, à l'ultime, c'est avoir
une place en CPE. Mais force est de constater que ça répond aux besoins d'au
moins 72 000 enfants au Québec, là, qui sont très heureux en milieu familial,
alors, puis qui prennent la décision d'y rester parce que c'est un service de
garde qui répond à leurs besoins.
Alors là, vous l'avez comme perçu à
l'inverse, puis on s'est beaucoup posé la question, parce que notre objectif,
c'était justement de ne pas discriminer les places en milieu familial. Alors
là, je vois que la perception a été toute autre, et c'est pour ça que je me
sers de cet exemple-là. Ça fait que j'aimerais ça, en tout cas, qu'on puisse
discuter, voir. Notre objectif, c'est vraiment de s'assurer, là, qu'on ne
discrimine pas ces places en milieu familial subventionné, qui sont extrêmement
importantes.
Puis, tant qu'à y être, je vais vous tout
de suite vous poser aussi la question pour que vous me parliez un peu, là, de
votre recommandation 14, au niveau d'élargir le chevauchement des arrivées et
des départs pour les responsables de services de garde en milieu familial.
Alors, peut-être un peu plus m'exprimer, m'expliquer votre recommandation pour
que je la comprenne mieux.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Oui,
bien, en fait, aussi, je me permets d'ajouter qu'au niveau des conventions
collectives en ce moment il y a des conventions qui permettent que, par
exemple, une salariée grand-parent puisse avoir priorité pour son petit-enfant.
Donc, ce droit-là sera perdu, avec la nouvelle classification, puisque ce n'est
pas l'enfant de la salariée.
Mme Roy (Verchères) : ...
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Donc,
c'est cet élément-là qu'on souhaitait souligner, c'est que c'était au-delà de
l'enfant de la salariée.
Mme Roy (Verchères) : O.K.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Pour
ce qui est de la recommandation 15, en fait, c'est une recommandation qu'on
avait déjà nommée, c'est qu'on ne souhaiterait pas qu'un enfant qui fréquente
un milieu familial, en ce moment, on le voit comme, justement une place
temporaire. Pour nous, c'est : si on a une place en milieu familial régi,
subventionné ou en installation, on devrait perdre notre priorité puisqu'on a
une place de qualité dans le réseau. Mais là on crée comme un bassin temporaire
puisqu'on leur dit : Vous avez une place en milieu régi, subventionné,
mais vous gardez quand même votre priorité parce que ce n'est pas dans une
installation, c'est dans un milieu familial. Donc, c'est vraiment comme ça
qu'on a traité cette recommandation.
Mme Roy (Verchères) : Et ça
ne vous inquiète pas que des gens n'acceptent plus de places en milieu familial
en disant : Si j'accepte la place en milieu familial, je n'aurai pas de
place. C'est un peu. Je me suis posé exactement la même question que vous.
Notre objectif, c'était de ne pas discriminer, puis là on s'est dit :
Bien, si on dit ça, ils vont dire : Ah! je n'irai pas en milieu familial,
je vais attendre d'avoir une place en CPE, alors que, quand on le découvre, on
l'adopte.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Oui.
Effectivement, c'est souvent une impression qu'on a, mais le fait qu'on ait une
place, le parent choisit si, oui ou non, il veut être contacté par une RSE.
Donc, le processus étant différent, je ne pense pas... bien, on ne pense pas,
en fait, que le fait de choisir un milieu familial, le parent va dire : Ah
non, je n'irai pas, au risque de ne pas avoir de place, puisqu'il va rester sur
la liste d'attente s'il décide d'aller. Donc, il n'est pas perdant, d'aucune
façon, d'accéder au service...
Mme Roy (Verchères) : Donc,
vous l'ajouteriez, à ce moment-là, comme étant... O.K. Parfait.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Exactement.
Et pour la recommandation 14, en fait, c'est que le chevauchement est prévu
dans les installations, là, donc pour permettre une zone... j'appellerais ça
tampon, mais peut-être que, Josiane, tu pourrais compléter, là.
Mme Houle (Josiane) : Bien,
on voit, en fait, que qu'est-ce qui a été fait par le projet de loi, c'est
d'élargir, justement, la portée aux...
Mme Houle (Josiane) : ...des
garderies non subventionnées. Donc là on s'était dit : Mais pourquoi, à ce
moment-là, on n'élargit pas aussi aux RSA qui offrent un service d'horaire
atypique? C'est sûr que ce n'est pas un nombre impressionnant, mais, tu sais,
il reste que... c'est ça, c'était plus dans ce type... soit atyptique, mais
aussi on a plusieurs RSA qui vont offrir un service de jour, un service de soir,
qui n'est pas nécessairement en vertu du nouvel ajout du service atypique. Ça
fait que, parfois, ils ont des petites difficultés à faire coïncider les deux
horaires. Ça fait qu'on s'était dit : Pourquoi ne pas le faire autant aux
RSE et à l'ensemble des réseaux?
Mme Roy (Verchères) : Très
intéressant. Merci. Alors, il y avait aussi d'autres éléments au niveau, par
exemple, de la transparence de la liste d'attente. C'est sûr que je vous donne
des renseignements en même temps, parce qu'on travaille avec le guichet unique,
donc, ce que vous ne pouviez pas nécessairement savoir parce qu'on ne retrouve
pas tout à l'intérieur du projet de loi, mais ce qu'on va retrouver, c'est un
indicateur de rang lié à l'âge où sont les enfants. Donc, évidemment, ce n'est
pas l'indicateur de rang pour rentrer, par exemple, au CPE La frimousse, mais
c'est le CPE La frimousse pour les enfants, par exemple, dans le cas d'un
poupon, dans le cas d'un trois, quatre ans. Alors, ça va être un indicateur de
rang qui va apparaître à ce moment-là. Je voulais juste vous donner
l'information supplémentaire, là, au niveau du fonctionnement au niveau du
guichet tel qu'on le voit.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Excellent.
Merci. Bien, c'est sûr qu'on était à l'état embryonnaire de la situation, donc,
on avait toutefois le souci que le parent n'ait pas... pense qu'il voit :
Je suis troisième, donc ma place arrive bientôt, mais que, dans les faits, le
troisième va fluctuer puisque l'enfant va grandir, l'enfant... le besoin du parent.
Donc, c'était notre souci, simplement de mentionner que cette transparence
devrait apparaître dans le guichet.
Mme Roy (Verchères) : O.K.
Votre recommandation 12 aussi m'intéresse, particulièrement que les CPE,
le milieu familial reconnu subventionné puissent évaluer l'efficacité du
guichet. Ça va me permettre aussi de donner une autre information
supplémentaire. Dans le déploiement du guichet cet automne, on veut le faire de
façon séquentielle, justement, pour pouvoir s'assurer qu'autant nos responsables
de services de garde en milieu familial que nos CPE aient un moment pour
travailler... on a déjà fait des tests, on travaille déjà avec eux de façon
constante, mais pour s'assurer justement qu'on évolue et qu'on évolue avec
l'efficacité du guichet. Donc, on va le faire de façon séquentielle. Même chose
pour les parents aussi, il faut que ça soit plus convivial, clair pour les
parents au niveau de l'information. Alors, ça, c'est une information que je
voulais vous donner.
• (14 h 20) •
Au niveau des bureaux coordonnateurs, vous
avez soulevé beaucoup d'éléments qui font partie des questionnements. Je dois
vous dire que notre intention dans le projet de loi, c'était... C'est un début.
On va devoir s'asseoir, travailler ensemble pour, justement, voir comment on
peut faire pour avoir une méthode efficace qui tient compte de la qualité, de
l'impartialité. Vous avez nommé des éléments extrêmement importants qui doivent
être conçus dans le cadre de mettre en place, par exemple, avec les bureaux
coordonnateurs, un système d'évaluation. Est-ce que c'est un bureau
coordonnateur qui va visiter un autre ou... À ce moment-ci, c'était juste
d'ouvrir cette possibilité-là pour travailler, pour voir... pour pouvoir plus
rapidement évaluer aussi au niveau des milieux familiaux, parce que c'est long,
le processus d'évaluation, on le constate, et on a beaucoup de milieux
familiaux. Donc, on veut s'assurer, effectivement, de ne pas créer ce que vous
mentionnez, du double mandat, qui pourrait créer un lien... qui brise la confiance,
et tout ça, mais en même temps se donner des outils pour qu'on puisse faire
l'évaluation.
Puis on se rappelle que cette
évaluation-là, puis on ne le dit pas assez souvent, n'a qu'un seul objectif,
pas un bulletin puis pas une note, l'amélioration de nos services de garde, une
amélioration continue. C'est ça, l'objectif. Alors, vous avez souligné beaucoup
d'éléments sur lesquels on va devoir revenir dans l'ensemble, parce que le
projet de loi, c'est vraiment juste pour pouvoir partir les discussions.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Effectivement.
Bien, merci des spécificités. C'est pour ça qu'on trouvait très important aussi
pour nous de vous mentionner l'ensemble de nos préoccupations puisqu'on ne
voudrait pas voir des RSE fermer leurs services parce qu'elles craignent
l'évaluation de la qualité qui arrive, mais aussi le partage du résultat. Parce
que, oui, on vise une amélioration éducative, mais, dans le contexte d'un
milieu familial, c'est une personne qui offre un service, donc, enlever la notion
de personnalisation sera très certainement un défi, et assurer la
confidentialité aussi, puisque, tout comme le guichet, à une certaine époque,
on mentionnait : On ne voudrait pas avoir l'adresse résidentielle, parce
que, là, on parle d'une personne dans sa maison, qui soit divulguée
publiquement. Donc, c'est sûr que, pour nous, c'est beaucoup de préoccupations.
L'évaluation, c'est un moment dans la vie
d'une RSE, donc... et il faut qu'il soit vraiment très...
Mme Bellerose (Anne-Marie) : ...de
sa réalité.
Mme Roy (Verchères) : Mais là
je vais vous demander de l'aide, par exemple. Comment on peut faire pour
répondre à la fois au principe du parent qui veut connaître l'évaluation...
Parce qu'on a eu les deux positions dans nos... On a eu : Oui, il faut
absolument qu'on voie clairement la l'identification puis l'évaluation qui a
été faite, puis on a eu : Non, il ne faut pas l'avoir. Ou, dans votre cas,
on a entre les deux quelque chose de plus régionalisé. Alors, je me dis :
Comment on peut faire pour s'assurer qu'on répond à la fois à ce besoin du
parent d'être rassuré pour le milieu de garde dans lequel il va choisir
d'aller, donc en toute transparence, puis le respect de ce que vous soulignez,
qui est tout aussi important, justement, de cette confidentialité-là et qui,
dans le cas des milieux familiaux, devient effectivement facilement
identifiable, je vais le dire comme ça.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Bien,
en fait, à l'étape où on est, nous aussi, on est dans la réflexion. On savait
que cette évaluation allait arriver. On souhaite être partie prenante justement
des discussions pour s'assurer de la façon que ça sera déployé, mais c'est
surtout justement les grandes valeurs qu'on voulait rapporter. Et, par la
suite, on pourra, je pense, se pencher sur les éléments plus techniques et
administratifs. On ne voudrait pas tomber dans, justement, un palmarès comme
les écoles, on veut voir. Une RSE, elle a des visites de conformité, elle a sa
reconnaissance, elle est encadrée par un bureau coordonnateur. Donc, déjà là,
on a une preuve de qualité. Donc, on travaillera ensemble assurément pour
s'assurer de respecter ces grandes balises.
Mme Roy (Verchères) : Avec
plaisir.
M. Gingras (Éric) : J'allais
juste ajouter... puis c'est toujours notre façon de faire, où est-ce qu'on se
présente en commission parlementaire sur tous les projets de loi. Vous savez,
quand il y a cette notion-là, de se dire que la ministre concernée, après coup,
là, va consulter puis va déployer, on a toujours quand même des petites
craintes. Imaginons que...
Mme Roy (Verchères) : N'en
ayez pas.
M. Gingras (Éric) : Imaginons
que vous ne soyez plus là, là, vous qui êtes bienveillante, là, hein? Bien,
c'est pour ça que on veut le dire, et si on est capable de l'inclure dans la
loi pour davantage le baliser, bien, ça, ça nous permet, nous autres, d'être
plus capables de dire : O.K., au moins on est certains d'aller dans la
bonne direction, direction de consultation pour ne pas qu'il y ait une décision
unilatérale qui soit prise. Comme je le dis, il peut arriver toutes sortes de
changements dans la vie, là.
Mme Roy (Verchères) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Alors, on va poursuivre avec la
députée de Châteauguay. Il reste 3 min 40 s.
Mme Gendron : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci. Merci beaucoup pour votre mémoire également. Donc,
j'ai eu la chance de le parcourir. Je voulais juste aussi vous donner une
information. Quand le guichet unique a été rapatrié au ministère en novembre
2022, rapidement, on a fait des consultations auprès des parents, puis
c'étaient des consultations ouvertes, même ça a paru, là, sur les plateformes
du ministère, les réseaux sociaux. Donc, on invitait toutes les familles à
venir, puis on avait vraiment des consultations un peu partout au Québec,
autant dans des endroits plus urbains que des endroits plus régionaux afin
d'avoir le pouls, un peu, de ce qu'on peut améliorer, et tout ça. Donc, je
voulais juste vous rassurer à ce niveau-là, qu'il y a des belles consultations
qui ont été faites, mais également au niveau des assos. Pendant plus de deux
ans, il y a des réunions qui ont été faites, dont j'ai pris part. Donc, je
voulais juste vous dire que le nouveau portail a été pensé et fait aussi avec
les informations qu'on a récupérées avec ces consultations-là.
Donc, comme Mme la ministre l'a nommé un
peu plus tôt, le déploiement séquencé aussi va permettre que le nouveau portail
s'assure de bien répondre aussi, là, aux besoins.
Donc, je reviens. Vous avez parlé aussi
de... Vous avez souligné la notion d'équité et de mixité, là, comme quoi que
c'est une... vous l'avez applaudie dans le projet de loi. Par contre, un peu
plus loin, vous mentionnez, là, en fait, la défavorisation à la
recommandation 6, que le ministère de la Famille utilise un indice de
défavorisation représentatif de la petite enfance. Donc, je comprends bien que
vous aimeriez peut-être que les enfants socioéconomiquement plus défavorisés
soient mis de l'avant.
Je vais répéter une question que j'ai
posée à un groupe hier. Est-ce que vous ne pensez pas qu'on va s'éloigner, à ce
moment-là, du principe de mixité sociale au sein des CPE et des milieux de
l'enfance?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Bien,
en fait, c'est qu'au niveau, justement, de la défavorisation, je vais revenir à
mon parcours, quand j'ai commencé au CPE, c'était le code postal, donc on
ciblait des milieux, et là on versait une subvention pour le CPE en milieu
défavorisé. Au fil du temps, ça a évolué, et là on est rendus à l'aide de
dernier recours. Le CPE où moi, je travaille, c'est un CPE de deux
installations dans le même bâtiment, deux étages, un en haut de l'autre. Les
parents d'aide de dernier recours utilisaient un service...
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
…sur une installation ou dans l'autre. Ce qui a fait qu'au bout de l'année, une
installation avait la subvention pour enfants défavorisés mais pas l'autre
installation. Et pourtant on est au même endroit, on accueille les mêmes familles,
on donne les mêmes services, mais on n'a pas l'accès à la même subvention. Donc
il faut revoir justement cet indice-là pour s'assurer qu'on ne lie pas aux
revenus du parent, ni non plus au code postal. Parce que l'enfant qui fréquente
le service ne vient pas nécessairement du bassin près du CPE. Donc, on veut
revoir un indice. Lequel est le meilleur à ce stade-ci? Je ne pourrais pas me
prononcer, mais je pense qu'il faut vraiment se pencher. Et, si on donne les
ressources avec une défavorisation, on atteindra une mixité avec des services
où on pourra combiner les enfants qui arrivent avec une vulnérabilité, pas
nécessairement économique non plus, mais une vulnérabilité sociale et favoriser
la mixité quand même, même si on donne plus facilement accès au réseau puisque
c'est ces enfants qui bénéficient le plus dans leur développement d'avoir
fréquenté nos services.
Mme Gendron : Je suis
contente… Ah! C'est bon.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est… c'est fini. Alors... Mais on va
poursuivre la discussion avec la députée de Westmount—Saint-Louis. Vous avez
une période de neuf minutes, 54 secondes.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour votre témoignage ainsi que pour votre mémoire.
Très intéressant. Je trouve la question de ma collègue intéressante parce que
moi aussi je voulais avoir plus une élaboration de comment vous voyez l'indice
de défavorisation. Est-ce qu'on suivrait peut-être le modèle qu'on a déjà dans
le réseau scolaire? Est-ce que vous avez fait cette évaluation? Parce qu'on est
face à un moment où nous pourrions vraiment l'intégrer. Alors, ce serait là que
vous devez nous aider à arrimer quelque chose qui répond à vos besoins.
M. Gingras (Éric) : Bien, si
je peux me permettre, la CSQ ayant quand même une excellente expertise dans le
monde scolaire, là, on y a pensé. On a eu ces discussions-là, mais c'est
certain que les MSE, donc ce qui est utilisé dans le scolaire ne peut pas
vraiment s'appliquer pour toutes les raisons qu'on connaît, notamment, puis ça
a été dit, là, la notion de code postal, hein, c'est… je veux dire, à un moment
donné, lorsque l'école, on applique ça, bien, les jeunes viennent du
territoire, puis encore là, je veux dire, je parlerais à mes collègues du
réseau scolaire, puis ils vous diraient : Il y a des éléments qui ne
fonctionnent pas, les poches de pauvreté dans un milieu plus aisé, qui vient à
ce moment-là un peu déséquilibré la cote de défavorisation.
Nous, ce qu'on pense, c'est justement de réfléchir.
Dans ce cas-ci, on pense être capable de faire des analyses, de… avec vous pour
trouver la meilleure solution. Ce qu'on dit pour l'instant, c'est que ce qui
est sur la table devrait changer pour l'améliorer. Parce que je pense que ma
collègue a été éloquente là-dessus, sur le fait qu'il faut être en mesure pour
atteindre une réelle mixité… Il faut être capable justement de trouver cette
façon-là qui n'est pas celle qui est utilisée présentement.
• (14 h 30) •
Mme Maccarone : En parlant de
mixité puis l'équité, je vous entends moi aussi, L'idée est bonne. Vous savez
sans doute que la cause des enfants avec des besoins particuliers en est une
qui me préoccupe énormément. Puis j'aime entendre que ça devrait être de
première importance. Ça me touche vraiment en mon cœur. Mais selon vous… parce
que vous avez utilisé une terminologie, l'inclusion harmonieuse. Puis là, j'ai
vos recommandations sept et huit. C'est quoi, une inclusion harmonieuse? Que
devons-nous faire pour assurer ceci?
Vous avez sans doute entendu lors des
auditions de la commission, je reçois des lettres crève-cœur des parents,
malheureusement, qui sont exclus ou leurs enfants sont exclus du réseau. Pas
parce qu'on n'a pas de la bonne volonté, pas parce qu'on ne le souhaite pas,
mais parce qu'on n'a pas nécessairement les facteurs, les éducatrices
qualifiées qui peuvent nous aider. Ça fait que c'est quoi une inclusion
harmonieuse? Puis, mettons, dans votre réponse, si vous pourriez faire
référence aussi à le seuil de 50 %.
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
Bien, en fait, c'est que pour nous, l'inclusion, ce n'est pas qu'augmenter
l'allocation ou donner une subvention. Pour nous, l'inclusion, pour qu'elle
soit justement harmonieuse, elle doit être accompagnée de mesures d'accompagnement,
de mesures de soutien et bien sûr du financement. Mais ce n'est pas tout de
donner des sous. Il faut aussi savoir à quoi vont servir ces montants. Parce
qu'en ce moment, oui, il y a une certaine reddition de comptes, mais ce n'est
pas nécessairement dédié. Je suis maman d'enfants à besoins particuliers aussi,
de deux garçons. Mon premier garçon avait un retard de langage au CPE. Donc, en
tant que parent, je suis allée faire une demande de subvention. Donc, ce n'est
pas le CPE. La responsabilité incombe aux parents. Et pour nous, ça aussi c'est
un enjeu puisque c'est le service qui doit prendre en charge cet aspect-là et
ne pas relever du parent. Des fois, on se dit : Bien, mon enfant, il n'y
en a pas, de besoins particuliers, il est juste… il y a juste un petit défi, un
petit retard, mais ça met un frein déjà à la communication…
14 h 30 (version non révisée)
Mme Bellerose (Anne-Marie) : ...communication.
Donc, c'est dans cet esprit-là qu'on le voit, de collaboration, mais aussi d'investissement
d'énergie, financier, mais surtout de temps, parce qu'on ne voudrait pas
justement que l'enfant soit inclus, mais qu'après un certain temps, on se rende
compte, bien, malheureusement, on n'a pas les moyens, les ressources pour le
garder avec nous. Il y a beaucoup d'éléments qui vient avec un enfant de
besoins particuliers. Nos intervenantes disent : On veut en accueillir
plus, mais on a besoin d'aide parce qu'en ce moment on n'a pas d'aide et c'est
très difficile.
Donc, c'est dans ce sens-là qu'on
souhaitait indiquer le «harmonieux». Il y a des CPE qui ont beaucoup d'éducatrices
spécialisées. Il y a des CPE qui n'en ont pas du tout. Donc, ça aussi, c'est un
élément qui ont un impact sur l'inclusion des enfants. Et pensons à nos RSE en
milieu familial, qui ont droit à une seule subvention. Ils accueillent les
enfants, des fois, poupons, et, rendu à trois ans, il a son diagnostic. Ah! j'ai
déjà un enfant avec un besoin. Malheureusement, cet enfant-là, je ne pourrai
pas avoir la subvention donc je ne pourrai pas lui donner le service. Ce n'est
pas qu'elle ne veut pas l'avoir, l'enfant, la RSE, mais elle dit : Je n'ai
pas les moyens malheureusement de lui donner tous les outils dont il a besoin.
Donc, c'est dans ce sens-là qu'on le nommait.
Mme Maccarone : Si on veut
sincèrement respecter un seuil de 50 %, est-ce que ça veut dire nous avons
besoin d'un ratio d'éducatrices spécialisées, un peu comme nous avons dans le
réseau scolaire?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Oui,
effectivement, ça prend un investissement de ressources assurément, et des
ressources qui ne dépendent pas d'une subvention. Parce qu'en ce moment, ce qu'on
voit, c'est... j'ai par exemple 10 enfants à besoins particuliers, j'ai
tel montant, eh bien, rendue au mois de juillet, je n'ai plus de subvention, qu'est-ce
que je fais, j'abolis le poste, et l'éducatrice spécialisée quitte. Donc,
comment on veut garder nos ressources dans notre réseau si on ne peut pas leur
assurer des conditions de travail et minimalement pas un emploi précaire?
Mme Maccarone : La pérennité.
Je vous entends. Hier, on a entendu, avec le FSS-CSN, on a parlé d'un peu de dépistage.
C'était mon cas. C'était le réseau qui m'a aidée à dépister mes enfants. Je
savais bien qu'il y avait quelque chose, mais, dans le fond, c'était comme le
premier pas, ce type de dépistage puis accompagnement. C'est l'Agir tôt. C'est
le but d'Agir tôt. Ils ont fait une recommandation que j'ai trouvée vraiment
intéressante puis je veux savoir si vous, vous êtes en accord avec ça aussi.
Ils ont fait un genre de consultation puis une proposition au réseau de santé d'avoir
un genre de porte d'entrée, qu'on peut faire un type de dépistage pour recevoir
ou avoir accès à une somme d'argent pour faire ce type d'accompagnement. Encore
une fois, je me base beaucoup sur le réseau de l'éducation parce que je connais
bien, un code 99, pour un enfant qui vient dans l'école, ça vient quand
même avec de l'argent avant qu'on a un diagnostic, parce que je ne suis pas
psychologue, psychiatre. Alors, est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous
intéresserait aussi?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Oui.
Bien, en fait, pour nous, il faut revoir le principe complet justement. C'est
de... Ce n'est pas... Le parent ne devrait pas avoir à faire une demande.
Lorsqu'il y a un dépistage, on a accès aux services de santé. On l'a déjà vu
par le passé avec des places protocoles par exemple où on avait des ententes
avec les CLSC pour accueillir des enfants qui arrivaient... même parfois qui n'étaient
dans aucun réseau. Puis, justement, le CLSC était la porte d'entrée, mais le...
il n'y avait pas nécessairement de services, par contre, qui accompagnaient l'accueil
de cet enfant.
Donc, un partenariat, très certainement,
avec le réseau de l'éducation aussi pour l'enfant dans son passage à l'école
parce qu'on ne veut pas tout recommencer lorsqu'on arrive en maternelle cinq
ans. Donc, il faudrait revoir l'ensemble, je pense, du partenariat possible
avec le système de santé. Agir tôt est un élément qui se déploie dans certaines
régions très bien et, dans d'autres, plus difficilement. Donc, comment arrimer
les deux éléments éléments, je pense qu'on pourrait se pencher.
M. Gingras (Éric) : J'aimerais
juste ajouter, là, un des éléments que j'ai mentionnés dans mon ouverture, c'est
cette grande réflexion en éducation. Parce que, vous savez, ce que vous venez
de nommer là ne se réglera pas dans un projet de loi comme celui-là, hein?
Quand on parle du réseau scolaire, que vous connaissez bien, quand on parle du
réseau de la petite enfance, puis là, on ajoute le réseau de la santé, bien,
ça, ça veut dire qu'il faudrait, là, au Québec, être capables d'asseoir tout ce
beau monde là ensemble puis de se dire : Voilà, qu'est-ce qu'on fait, de
zéro... on va dire d'il y a une couple de jours, là, jusqu'à l'enseignement
supérieur? Et là, présentement, c'est un des problèmes. Et ce n'est pas à coups
de projets de loi, malheureusement... des choses qui aident, on l'a mentionné,
mais il faut aller plus loin. Puis je pense que ce que vous nommez là nous dit
très bien qu'effectivement, ce que nos collègues de la CSN disaient, on peut
avoir des propositions comme ça, mais encore plus loin, il faut que les réseaux
travaillent ensemble. Ce n'est pas une question de projet de loi. C'est une
question de processus, de réseau, de procédures, de structures.
Mme Maccarone : Je ne suis
pas contre d'avoir une autre table de consultation, surtout si on veut avoir
des recommandations, mais seulement si ça va aboutir à quelque chose, parce que
sinon...
M. Gingras (Éric) : Toujours.
À la CSQ, on veut toujours que ça aboutisse à quelque chose.
Mme Maccarone : Voilà. Vous
parlez aussi que... de retirer le seuil maximal d'enfants pouvant bénéficier. C'est
quoi, le seuil maximal, pour ceux qui nous écoutent, pour qu'ils comprennent c'est
quoi, la réalité dans le réseau?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Oui.
En fait, dans les CPE, c'est 20 % des...
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
...enfin qui peuvent bénéficier de l'allocation. Donc, ça dépend des places au
permis, mais pensons à un 80 places, par exemple, donc c'est 20 %,
16 enfants qui peuvent en bénéficier. Et pour nos milieux familiaux, c'est
un seul enfant. Parfois une dérogation quand c'est dans la même famille, mais
ce n'est pas un phénomène qu'on voit beaucoup dans nos... dans nos milieux.
Donc, il ne devrait pas y avoir de seuil. Il y a un enfant, un, avec un
diagnostic, mais pensons aussi à ceux qui n'en ont pas. Des fois, un retard de
langage, un retard de développement va mener à un diagnostic plus tard. Mais en
petite enfance, des fois, ça tarde à arriver. Donc, il faut absolument le voir
globalement.
Mme Maccarone : Et
comment ce seuil va avoir un impact sur l'autre seuil de 50 %? Est-ce
qu'on peut les harmoniser? Parce qu'on parle de 50 % de priorisation, mais
là on est limité avec le 20 %.
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
Oui. Bien, effectivement, je pense qu'il va falloir le voir dans sa globalité.
Et l'enfant, lorsqu'il rentre à la pouponnière ou à la RSE poupon, il va rester
dans son milieu évolué. Et pourquoi on arriverait à un 50 %? À un moment
donné on va avoir trop d'enfants diagnostiqués? Qu'est-ce qu'on va faire? On va
leur retirer leur place. Donc, je pense qu'il ne faut pas le voir en chiffre,
mais plus le voir à l'humain et au tout-petit qui évolue dans le service qui
est en continuité.
Mme Maccarone : Oui, mais
si...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Le prochain bloc de questions va venir du
côté de la députée de Sherbrooke. Et vous avez 3 min 18 s.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Est-ce que vous nous appelez à retirer le seuil maximal de
50 % de priorisation?
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
En fait, pour les enfants à besoins particuliers?
Mme Labrie : Non, pour
les six critères, là, qui sont prévus dans le projet de loi.
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
En fait, notre recommandation pour le 50 %, c'était plus de l'élargir,
mais pas nécessairement de le retirer pour quand même avoir un aspect, là, de
mixité.
Mme Labrie : O.K. Puis ça
nous a été recommandé de peut-être mettre un seuil plancher aussi, parce que
là, en ce moment, il pourrait être de zéro aussi. Les CPE pourraient décider de
ne pas utiliser aucun de ces critères-là. Qu'est-ce que vous pensez de cette
proposition-là?
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
Bien, en fait, pour nous, on devrait toujours penser à un enfant, une place.
Donc, on ne devrait pas mettre de critère nécessairement. Oui, il faut
encourager. Il faut s'assurer que les enfants qui parfois ne pensent pas à
fréquenter le milieu, pensons à des familles où les parents ne travaillent pas,
ils peuvent se sentir jugés de dire je vais aller utiliser une place en service
pour une famille qui, eux, travaillent. Mais est-ce qu'on se pose la question?
Est-ce que je vais envoyer mon enfant à l'école? Non? Alors, pourquoi on se
pose la question est-ce que je vais envoyer mon enfant en services éducatifs?
Eh bien, pour nous, c'est un enfant, une place. Quand on aura des places pour
chacun des enfants, je pense que les seuils ne seront plus nécessaires. Mais
donc, pour nous, c'est vraiment plus largement.
• (14 h 40) •
Mme Labrie : Bien, moi,
je suis d'accord avec vous que quand on atteindra ce jour où il y aura une
place pour chacun des enfants et même assez de place pour que les gens puissent
choisir leur type de milieu, on sera ailleurs, mais ça va prendre une couple
d'années. Puis le Vérificateur général avait quand même identifié qu'il y avait
un écart important dans l'accès, là. Les enfants défavorisés sont
sous-représentés. Ça fait que c'est pour ça que je vous demande un peu. Puis la
FECQ nous avait invités à réfléchir, à mettre un seuil minimal, au moins pour
les parents étudiants. Ils n'avaient pas abordé spécifiquement les familles
plus défavorisées, mais moi, je vous soumets la réflexion. Est-ce qu'on devrait
en mettre un, seuil minimal, pour des clientèles particulières?
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
Bien, en fait, je pense que s'il y a un seuil minimal, il va falloir aussi
faire la promotion du service auprès de ces familles. Parce que, pour
l'instant, le fait que les enfants ne le fréquentent pas, ce n'est pas non plus
nécessairement qu'il n'y a pas de places, mais plutôt la peur du jugement
d'intégrer le réseau. Parfois, ils ne le pensent pas... Pensons aux nouvelles
personnes immigrantes qui ne pensent pas à accéder à nos services. Donc, est-ce
qu'un seuil est une solution? Je pense que la question devrait se poser. On n'a
pas nécessairement de position précise par rapport à un seuil minimum, mais il
faut faire la promotion. Puis c'est plus dans cet esprit-là où on l'a dit, il y
a plusieurs familles qui ne savent pas que, quand elles sont sur l'aide de
dernier recours, ils ont accès gratuitement à nos services. Donc, déjà faire la
promotion de cet élément-là assurerait qu'il y aurait plus d'enfants dans le
réseau et par la suite un seul minimum lorsqu'il y aura un engouement, j'ai
envie de dire, fort pour les familles défavorisées, mais il faut clairement
leur faire une place.
Mme Labrie : O.K. Il me
reste-tu du temps?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 30 secondes.
Mme Labrie : Oui. Je vais
revenir peut-être sur l'indice de favorisation que vous avez abordé tout à
l'heure. Donc, je comprends que ce n'est pas tellement quelque chose que vous
voulez voir intégrer au projet de loi, c'est une réflexion plus générale, là,
que vous souhaitez voir pour le financement des CPE. Ce n'est pas une attente
que vous avez pour un amendement au projet de loi.
Mme Bellerose (Anne-Marie) :
Bien, en fait, on n'a pas d'indices précis à suggérer à cette étape-ci, mais oui,
on souhaiterait qu'il y ait des travaux et que ce soit indiqué qu'il y ait des
travaux pour qu'une défavorisation précise à la petite enfance soit travaillée
pour l'avenir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. On termine avec le
député des Îles-de-la-Madeleine pour une période de 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci
beaucoup. Merci à vous pour votre mémoire qui est très, très intéressant. Et
puis on ne pourra pas l'aborder dans trois minutes...
M. Arseneau : ...mais je vais
vous dire d'abord que la recommandation 1, on y est complètement, là.
L'exercice concernant la mixité sociale, bien, il faut que ça déborde le
secteur de la petite enfance au reste du réseau de l'éducation.
Vous avez parlé quand même
considérablement, et puis c'est bien, vous avez insisté sur les enfants qui
vivent dans un contexte de précarité socioéconomique, vous avez parlé aussi des
besoins particuliers de certains enfants, mais, dans les critères,
actuellement, on ne voit pas d'obligation pour les CPE ou pour les RSG de les
choisir. Est-ce que ça, ce n'est pas inquiétant?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Bien,
en fait, pour nos RSE, elles ont le choix de leurs clientèles, là, donc elles
pourraient, si elles le souhaitaient, favoriser uniquement, par exemple, une
clientèle défavorisée. Pour ce qui est des CPE et des installations, en fait,
les critères qui sont établis, comme je le mentionnais tantôt, c'est un
enfant/une place pour nous. Donc, ce qu'on indique dans nos recommandations,
c'est d'élargir pour s'assurer de leur donner plus accès à nos services, c'est
justement de ne pas penser à : un parent doit aller travailler, je dois
lui trouver une place. Donc, l'enfant vulnérable, si son parent ne travaille pas,
devrait aussi avoir la...
M. Arseneau : Mais, en
attendant, le vérificateur général, par exemple, nous disait : Il va
falloir regarder ça, l'évolution de cette mesure-là, parce qu'on pourrait se
retrouver sans aucun gain pour ces enfants avec des besoins particuliers ou
dans une catégorie particulière.
Le guichet unique. Vous voyez ça comment,
là? Parce qu'il y a eu plusieurs personnes qui nous ont dit : Bien, la
place 0-5 ans, ça fonctionne pour certains. Vous, vous voyez ça... Je sais que
vous avez exprimé certaines inquiétudes, là, mais peut-être nous en faire part.
C'est sur le plan technologique, sur le plan des coûts, ou sur le plan de la
transparence, ou autre chose que vous avez certaines préoccupations?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : En
fait, il y a... les deux éléments. Certaines de nos RSE nous parlaient, par
exemple, qu'ils accueillent des familles nouvellement immigrantes, et le parent
a de la difficulté à s'inscrire au guichet. Donc, il y a un aspect
technologique, il y a un aspect aussi de technique qui doit être évolué. C'est
sûr que, pour nous, ce n'est pas notre spécialité, le guichet, puisqu'on ne
l'utilise pas, nos RSE, oui, mais on veut quand même s'assurer que, dans la
refonte, ce soit facile, efficace et surtout des données protégées parce que,
justement, il y a des informations très sensibles.
M. Arseneau : Et qu'on puisse
les évaluer pour pouvoir corriger les failles s'il y en a, si je comprends
bien.
Mme Bellerose (Anne-Marie) : Exactement.Advenant que ça ne fonctionne pas bien dans un ou l'autre des réseaux qu'on
puisse le nommer.
M. Arseneau : Une dernière
petite question. L'article 37, vous en parlez, puis on n'en a pas parlé
dans les échanges, là. Est-ce que vous ne craignez pas, justement, là, qu'il y
ait un exode de certains milieux ou une espèce de catégorie, en fait, de
système à deux vitesses qu'on pourrait créer en disant : mais si vous
souscrivez aux règles de mixité et ainsi de suite, c'est bien, sinon vous
décidez de ne pas être subventionnés puis créer des espèces de ghettos pour la
petite enfance, mais, allez-y, vous avez amplement le droit de le faire? Est-ce
que ça, c'est une préoccupation pour vous?
Mme Bellerose (Anne-Marie) : En
fait, on l'avait mentionné qu'on ne devrait pas permettre de ne pas répondre
aux critères. L'ensemble des milieux devrait être régi par les mêmes critères.
M. Arseneau : Donc, on
devrait l'appliquer à tous, qu'on soit subventionné ou pas, vous pensez que
c'est possible de le faire même si le gouvernement ne les subventionne pas
directement, ces milieux-là?
M. Gingras (Éric) : Pour nous,
c'est certain, à la CSQ, que c'est un réseau.
M. Arseneau : Un réseau. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, c'est ce qui termine cette audition.
Mesdames, Messieurs, votre apport à nos travaux est vraiment important. Alors,
bon retour à la maison.
Je vais suspendre quelques instants, le
temps de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 14 h 46)
(Reprise à 14 h 49)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors nous recevrons... nous recevons, pardon, le Rassemblement pour
la laïcité, qui est représenté par Mme Marie-Claude Girard, membre du conseil
d'administration, ainsi que par Mme Fatima Aboubakr, qui est membre du
rassemblement.
• (14 h 50) •
Alors, mesdames, bienvenue à la
commission. Comme pour tous les autres groupes, vous bénéficiez d'une période
de 10 minutes pour faire votre exposé, et, par la suite, on va discuter avec
les parlementaires. Le micro est à vous.
Mme Girard (Marie-Claude) : Merci.
Bonjour et merci beaucoup pour l'invitation. C'est fort apprécié. Alors,
comme... Je suis Marie-Claude Girard, retraitée de la Commission canadienne des
droits de la personne, et je suis accompagnée par Mme Fatima Aboubakr, qui est
directrice de garderie. Nous sommes ici, comme vous l'avez mentionné, à titre
de représentantes du Rassemblement pour la laïcité, le RPL, un regroupement
d'organismes et d'individus oeuvrant à la promotion de la laïcité au Québec.
Nous saluons le projet de loi no 95, qui vise à favoriser l'équité dans l'accès
aux services de garde éducatifs subventionnés, ainsi que son intention d'y
inclure une assurance que le matériel éducatif utilisé par les prestataires de
ces services n'ait pas pour objet l'apprentissage d'une croyance, d'un dogme ou
de la pratique d'une religion spécifique.
Nous tenons cependant toutefois à
souligner que les débordements religieux constatés dans plusieurs écoles
primaires et secondaires du Québec ces derniers temps sont aussi présents dans
le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés. Vous
trouverez d'ailleurs dans notre mémoire des extraits de l'excellent article de
Mme Aboubakr publié dans Le Devoir à ce propos l'automne dernier.
Ainsi, nous recommandons que certaines
actions concrètes envisagées par le ministre Drainville pour répondre à cet
enjeu dans le projet... dans son projet de loi no 94 soient intégrées au projet
de loi no 95. Ce dernier devrait en effet clairement spécifier qu'il établit
des services de garde éducatifs à l'enfance fondés sur les droits collectifs du
Québec, dont la laïcité et l'égalité entre les femmes et les hommes. Il devrait
également spécifier que les prestataires de permis, les comités consultatifs de
parents d'une garderie ainsi que les bureaux coordonnateurs de la garde
éducative en milieu familial doivent s'engager à respecter ces droits
collectifs dans le cadre de leur travail.
De plus, le projet de loi no 95 devrait
inclure une clause sur l'obligation d'avoir le visage découvert pour le
personnel œuvrant dans les services de garde éducatifs à l'enfance et une autre
pour interdire les accommodements sur une base religieuse...
Mme Girard (Marie-Claude) : ...à
son personnel. Cette harmonisation des approches est importante car le réseau
des services éducatifs de garde québécois constitue le préambule au réseau de
l'éducation du Québec.
Dans la deuxième partie de notre mémoire,
nous citons l'excellente analyse de Jocelyne Robert, sexologue bien connue,
quant à l'impact des pratiques et signes religieux sexistes sur le
développement identitaire des tout-petits, soit la clientèle visée par ce
projet de loi, et plus particulièrement sur leur perception de l'égalité entre
les femmes et les hommes.
Ainsi, le RPL, le Rassemblement pour la
laïcité, recommande fortement d'ajouter une disposition au projet de loi no 95
selon laquelle le demandeur d'un permis de CPE ou d'un service de garde
subventionné doit s'engager à adopter un code vestimentaire pour son personnel
qui interdise toute tenue portant atteinte à l'égalité entre les femmes et les
hommes, selon une approche universaliste incluant l'interdiction du port de
signes religieux tels que définis dans la Loi sur la laïcité de l'État. Je cède
maintenant la parole à Mme Aboubakr, qui illustrera par des exemples concrets
la raison d'être de ces recommandations en plus d'en souligner d'autres,
recommandations, pour plus d'efficacité et de cohérence avec les autres
initiatives gouvernementales.
Mme Aboubakr (Fatima) : Merci,
Marie-Claude. Bonjour et merci pour l'invitation. D'abord, des exemples
concrets pour appuyer les recommandations mises de l'avant par Mme Girard.
Concernant le matériel éducatif, j'ai été moi-même témoin d'une garderie
subventionnée avec des poupées sans visage, des visages sans yeux, sans nez,
sans oreilles, sans cheveux, car c'est interdit de tracer des traits que seul
Allah est censé créer.
Concernant les comités consultatifs de
parents d'une garderie, j'ai été aussi témoin que certains d'entre eux étaient
dominés par des parents d'une même communauté religieuse. J'ai vu un comité
allant dans le sens de ne pas célébrer les fêtes d'anniversaire et de ne pas
parler de la Saint-Valentin.
Concernant les dérives des accommodements
religieux, la réalité actuelle des garderies, au moins dans la grande région de
Montréal, veut que la majorité des employés sont issus de l'immigration
maghrébine musulmane. Les accommoder toutes serait mettre le service en péril
ou le briser, carrément. Même réalité pour les milieux familiaux, qui sont de
plus en plus gérés par des femmes musulmanes maghrébines, toujours dans la
grande région de Montréal. J'ai déjà eu des demandes de congé, moi, comme
directrice, de six personnes en même temps pour des fêtes religieuses.
Concernant les valeurs à affirmer et à
démontrer, en respect de la laïcité de l'État et de l'égalité entre les hommes
et les femmes, j'ai été témoin d'un événement troublant. Je donne des exemples
parce que ça fait 20 ans que je suis dans le réseau et j'étais éducatrice
pendant plusieurs années. Donc, une petite fille, dans le coin déguisement,
couvrait les cheveux pour être comme Naïma. Je donne des noms qui ne sont pas
les réels, comme Naïma, elle disait aux amis. L'éducatrice a commencé à la
célébrer et à lui dire qu'elle était très belle avec le voile. J'ai vu aussi,
dans une garderie subventionnée, une éducatrice portant un signe religieux,
décourager des parents de s'y inscrire, d'inscrire leur enfant, et ça les a
amenés à abandonner la place qui leur a été attribuée.
Vous allez me dire : Comment? En
étant moins accueillante, ne pas les regarder dans les yeux, répondre des
réponses brèves : Oui, non, oui, non. On sait que c'est la première
expérience de parents de laisser leurs enfants pour une première fois, donc il
faut vraiment les assurer, leur parler, leur donner du temps. S'adresser juste
à la maman et ignorer les questions du père pour ne pas le regarder. Les
parents ont fini par laisser tomber la place, juste pour vous dire.
Pour ce qui est du fait de côtoyer
quotidiennement des femmes voilées, sur l'incidence sur la représentation que
se fait l'enfant de l'être féminin, du corps d'une femme, je vais vous raconter
une petite anecdote. C'était la journée coiffure farfelue, une journée spéciale
à la garderie, et voici une conversation réelle entre une petite fille de
quatre ans et demi et son éducatrice. L'enfant : Farida, je veux voir ta
coiffure. Est-ce que tes cheveux sont longs...
Mme Aboubakr (Fatima) : ...L'éducatrice :
Oui, comme les tiens. L'enfant : Est-ce qu'on peut les mettre à côté et
voir lesquels sont plus longs, et moi, je veux te coiffer, Farida. Regarde,
j'ai coiffé Anna et puis elle aime ça. L'éducatrice : Non, ma chérie, je
ne peux pas enlever mon foulard. L'enfant : Pourquoi tu ne peux pas
enlever le foulard? Je peux t'aider si tu veux. L'éducatrice : Merci, mais
je n'ai pas le droit d'enlever mon foulard. L'enfant : Pourquoi?
L'éducatrice : Dieu va me punir. L'enfant : Pourquoi?
L'éducatrice : Parce que, dans ma religion, je n'ai pas le droit, je suis
une femme. L'enfant : Mais Anna est une fille et je l'ai coiffée. S'il te
plaît, montre-moi tes cheveux. L'éducatrice, pour changer le sujet :
Petite coquine, laisse-moi ramasser les blocs que tes amis ont mis par terre de
risque qu'ils tombent dessus.
Donc, croyez-vous que cela n'a pas
d'influence sur la perception de l'égalité entre les femmes et les hommes chez
l'enfant? Il est primordial que tous les acteurs des services de garde
éducatifs à l'enfance s'engagent à adopter un code vestimentaire pour son
personnel qui évite toute tenue portant atteinte à l'égalité entre les femmes
et les hommes. Selon une analyse universaliste, incluant l'interdiction du port
des signes religieux, tel que défini dans la loi 21.
Enfin, nous proposons d'amender le titre
choisi pour le projet de loi n° 95 pour souligner son apport au modèle
québécois d'intégration nationale, d'ajouter, parmi les conditions
d'annulation, de suspension ou de diminution de la subvention consentie, les
cas de pressions auprès de parents pour qu'ils cèdent la place qui leur a été
attribuée. Comme je l'ai mentionné précédemment, ces cas existent. J'ai aussi
assisté à un cas qui était même plus dur, là, de parents de même sexe qui ont
abandonné leur place parce qu'ils avaient juste... ils n'étaient pas rassurés
quand ils se sont présentés à la garderie, il y avait beaucoup de femmes
voilées, la directrice voilée, les éducatrices voilées, et donc ils ne sont
jamais retournés, là. Et puis on se posait la question. Et c'était clair de
préciser qu'en aucun cas un titulaire de permis de service de garde
subventionnée pourra obtenir un permis pour un service de garde non
subventionné s'il ne respecte pas les objectifs de la loi sur l'intégration
nationale qui favorise la vitalité et la pérennité de la culture québécoise en
tant que culture commune et vecteur de cohésion sociale et d'augmenter les
amendes des pénalités administratives pour les services de garde subventionnés
qui contreviennent à la loi, soit de 5 000 $ à 10 000 $, pour
qu'elles soient réellement dissuasives. Je suis...
• (15 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois malheureusement vous arrêter, le 10 minutes
étant écoulé. Mme la ministre, est-ce que... C'est votre choix.
Mme Roy (Verchères) : ...minutes,
vous pouvez le prendre sur mon temps.
Mme Aboubakr (Fatima) : Merci
beaucoup. Après tout, ils sont subventionnés et la subvention est pas mal
généreuse.
Ensemble, pour terminer, nous saluons le
projet de loi n° 95, mais le trouvons incomplet. Nos recommandations
s'inspirent du contenu des projets de loi 84, loi sur l'intégration
nationale, et du projet de loi n° 94, Loi visant notamment à renforcer la
laïcité dans le réseau de l'éducation, puisque les défis actuellement vécus
dans le secteur des services de garde à l'enfance s'apparentent grandement à
ceux identifiés dans le réseau de l'éducation du Québec. L'adoption de nos
recommandations permettait plus de cohérence entre les différentes initiatives
du gouvernement ayant pour but de favoriser une plus grande cohésion sociale et
mixité sociale et culturelle et un meilleur respect de la laïcité de l'État.
Merci beaucoup.
Mme Roy (Verchères) : Bien,
merci beaucoup, mesdames. Je suis contente de vous revoir. On avait déjà eu une
discussion préliminaire là-dessus, très intéressante d'ailleurs, et qui nous
amène ici aujourd'hui dans les deux cas.
Peut-être, le premier élément, je
soulignerais une grande différence au niveau des services de garde éducatifs à
l'enfance par rapport à l'éducation. Nous ne sommes pas les employeurs. Alors,
c'est le premier élément. C'est un peu particulier. Nous sommes les bailleurs
de fonds principaux, mais nous ne sommes pas les employeurs directement. Alors,
il y a ce projet de loi au niveau des critères d'admission où on voulait
intervenir de façon précoce pour pouvoir, justement, dès cet automne, au moment
où on mettra le guichet unique, donc, s'assurer que les règles sont respectées
et qu'il n'y ait plus de discrimination, de barrières à l'entrée tel qu'on le
connaissait traditionnellement dans le réseau des services de garde. Donc, ça
nous a amenés à faire ce projet de loi.
Autre élément, on a aussi donc décidé...
le ministre Roberge a mis en place un comité pour voir jusqu'où on doit aller
dans la laïcité, et ça inclut de dire : Doit-on, oui ou non, aller...
15 h (version non révisée)
Mme Roy (Verchères) : …à l'interdiction
des ports de signes religieux dans les services de garde éducatifs à l'enfance.
Je pense votre position à cet effet, elle est claire et précise, tout à fait.
Alors, le comité est formé de deux personnes, donc personne ne peut contester
la valeur, donc qui vont travailler là-dessus, ils vont revenir. Vous m'avez
probablement entendue hier mentionner que par contre on vit, dans les milieux
de services de garde éducatifs à l'enfance, une grave pénurie de main-d'œuvre.
Donc, il faut penser un peu comme à l'éducation, comme on retrouve dans le
projet de loi de mon confrère à l'éducation, donc, à ce moment-là, un droit
acquis pour s'assurer qu'il n'y ait pas de bris de service, parce que c'est un
service quand même essentiel qui est donné, mais on laisse le comité faire le
travail. Je ne présumerai pas de leurs décisions et de leur intervention, j'y
reviendrai en temps et lieu sur ma position en tant que ministre de la Famille,
mais c'est un peu la décision qu'on a prise pour tout ce qui touche l'interdiction,
par exemple, des… du port des signes religieux.
Vous avez dénoté des éléments qui me
questionnent. Puis on regarde, on analyse concernant les accommodements pouvant
être demandés sur base religieuse de la part des employés. Alors là, on va
faire des vérifications. Est-ce que c'est… cette partie-là est touchée
directement par nos conventions collectives? Si oui, de quelle façon? Et sinon,
est-ce que ça devrait être porté à l'attention du comité mis en place par le
ministre responsable de la Laïcité, donc, le ministre Roberge? Donc, c'est un
élément. Je l'ai… je l'ai étoilé pour pouvoir approfondir nos réflexions à ce
niveau-là. Alors, est-ce qu'il y a d'autres éléments que vous auriez, par
exemple, souhaité qu'on retrouve à l'intérieur du projet de loi n° 95, qu'on
retrouve dans le projet de loi n° 94, malgré les distinctions de réseaux?
Mme Girard (Marie-Claude) : Si
je peux me permettre, oui, malgré les distinctions de réseaux. La raison
pourquoi on a souligné ces recommandations-là, nous sommes conscientes qu'il y
a le Comité sur la laïcité qui est mis sur place. Mais on faisait écho au
système de l'éducation que, lui, a pris en considération les demandes d'accommodements,
là. Il n'est pas passé par la loi sur la laïcité de l'État pour intervenir sur
les demandes d'accommodements religieux. Alors, c'est pour ça… C'est la raison
pour laquelle on a dit : Bon, bien, le service de garde à l'enfance, votre
projet de loi, c'est le prélude au réseau de l'éducation. Il devrait avoir la
même logique de A à Z.
Quand… puis l'autre point que vous avez
soulevé, on est conscients aussi que, dans le réseau de services de garde à l'enfance,
ce ne sont pas des fonctionnaires à proprement parler, parce qu'ils sont
financés autrement. Encore une fois, c'est pour ça qu'on… de faire une demande
pour qu'il soit inclus dans la loi sur la laïcité, mais il n'y a pas uniquement
cette façon-là. Il y a aussi… compte tenu de la responsabilité du ministère qui
accorde des permis, qui reconnaît les comités de parents, et tout ça, de s'assurer
qu'ils s'engagent à respecter les droits collectifs du Québec. Puis, à ce
moment-là, si… qui sont l'égalité entre les femmes et les hommes et la laïcité.
Pour nous, ce serait très fort, ce serait renforcer la loi sur l'intégration
nationale, qui n'a pas attendu non plus le Comité sur la laïcité avant de se
prononcer sur ces valeurs phares du Québec, que je répète, la laïcité et l'égalité
entre les hommes et les femmes. Alors, on ne voit pas de raison pour laquelle,
pour ces éléments-là de base qui nous caractérise au Québec, qu'il faille
attendre le comité pour intervenir pour une plus grande cohérence, comme je dis
encore, avec les deux lois mentionnées qui font beaucoup discuter, jaser, ces
temps-ci, parce qu'elles sont toutes déposées en même temps, mais pour nous c'est
primordial parce que de revenir en arrière pour rajouter ce que l'autre a fait
dans le système d'éducation, quand on a l'opportunité de le faire ici en même
temps, pour une plus grande cohérence… Alors, c'est pour ça que oui, on aurait peut-être
d'autres petits éléments plus spécifiques au projet de loi, comme Mme Aboubakr
a mentionné, d'augmenter les pénalités, ça, c'est un exemple. De même de
changer le titre pour que ce soit reflété que cette… la philosophie qui encadre
les… Parce qu'on aime ce que vous proposez. Mais la philosophie derrière, c'est
pour s'arrimer à une société, à une volonté d'intégration nationale. Puis là-dessus,
ça s'appuie sur la laïcité et le droit des femmes, l'égalité entre les femmes
et les hommes. Alors, c'est primordial. Ce n'est pas des petits détails, mais
pour nous, c'est primordial et c'est ça que… Si le réseau est neutre, c'est là qu'il
va être accueillant, qu'il va pouvoir accueillir tout le monde.
Mme Roy (Verchères) : Bien, merci
beaucoup, mesdames…
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...merci, Mme la ministre. Alors, je cède la parole à la
députée de Châteauguay. Il reste encore neuf minutes 18 secondes.
Mme Gendron : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Girard. Bonjour, Mme Aboubakr. Bien heureuse de vous
avoir aujourd'hui. Merci pour le beau mémoire que vous avez préparé, mais
également pour le témoignage que vous avez livré. Ma collègue de Sherbrooke
se... on posait la question, s'il y avait des exemples, en fait, dans les
milieux de garde, dans les CPE, où est-ce que justement il y avait des
situations comme ça. On constate que vous l'avez vécu. Donc, merci pour ce
témoignage.
J'avais une petite question pour vous. En
fait, là, c'était en lien avec un peu ce que Mme la ministre, encore une fois,
vous disait. De quelle façon justement, les RSGEE, donc les personnes, les
responsables des services de garde chez eux, à la maison, si on... vous parlez
de laïcité, donc ça vous habite, mais, quand on parle d'être chez quelqu'un, tu
sais, de quelle façon ça pourrait être appliqué? Mais il faut aussi, compte
tenu que... En fait, comme Mme la ministre le disait, ce n'est pas... ce n'est
pas les employées de l'État. C'est des employées indépendantes, autonomes, et
tout ça. Donc, est-ce que... J'aimerais juste vous entendre là-dessus, de
quelle façon vous, vous pouvez... vous voyez ça.
Mme Girard (Marie-Claude) : C'est
pour ça que les modifications, les amendements qu'on propose au projet de loi,
c'est en disant : Voici, oui, tu fais application à un permis, mais tu
t'engages à respecter la laïcité de l'État et l'égalité entre les femmes. C'est
au moment d'émettre le permis qu'il faut le faire. Que la personne soit
consciente qu'elle est là, que le financement qui lui est accordé pour rendre
un service à l'ensemble des Québécois soit lié à un respect des valeurs
québécoises. Alors, ce n'est pas... ce n'est pas punitif, c'est juste qu'ils
réalisent et qu'ils acceptent : Si j'accepte cet argent-là, voici le type
de service que je dois donner, ça doit être fait dans le... j'accepte de
l'argent public, les Québécois me confient de l'argent pour que je prenne soin
de leurs enfants, c'est conditionnel à un respect des valeurs québécoises.
Alors, c'est...
Mme Aboubakr (Fatima) : Oui.
Moi, je vais même aller un petit peu plus loin. Je ne sais pas si Mme Girard
est d'accord avec moi.
Mme Girard (Marie-Claude) : Sûrement.
Mme Aboubakr (Fatima) : Mais,
pour moi, c'est... ce n'est même pas une affaire d'employées de l'État ou pas
employées de l'État ou travailleurs autonomes ou... Pour moi, c'est les enfants
du Québec. Donc, je ne parlais même pas... si ça ne tient qu'à moi, j'allais
intégrer dans le projet de loi les garderies privées non subventionnées. Parce
que, moi, je ne le vois pas du côté argent de l'État. Je le vois du côté
enfants du Québec. Et ça change tout. Tous les droits auxquels... la liberté de
conscience, tous les enfants de cette province ont droit à la liberté de
conscience, qu'ils soient dans le privé ou dans le public, que ce soit avec un
employé de l'État, pas avec un employé de l'État. Il faut les protéger comme on
protège les enfants, même dans leur famille, avec la DPJ. Il faut protéger ces
enfants. Ils sont vulnérables. Ils n'ont pas choisi les milieux où ils sont,
ils n'ont pas choisi leur famille, ils n'ont pas choisi leur religion, bien, au
moins, que le gouvernement les protège. C'est...
• (15 h 10) •
Mme Gendron : Puis, pour
faire un peu de pouce là-dessus, un collègue disait hier : Admettons qu'on
met un crucifix au-dessus d'une porte dans une maison, ça ne veut pas
nécessairement dire qu'on enseigne ça à nos jeunes qui viennent à la maison,
donc un responsable en services de garde chez eux. Donc, est-ce que... On en a
discuté un petit peu hier. Comment voyez-vous ça, d'avoir, mettons, des signes,
peu importe, quels qu'ils sont?
Mme Girard (Marie-Claude) : Vous
savez que la Commission des droits de la personne avait jugé attentatoire le
fait d'avoir un crucifix affiché dans une salle de classe, attentatoire à la
liberté de conscience des enfants. Et il a fallu retirer les crucifix dans les
salles, dans les classes d'écoles. Ça, c'était la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse du Québec.
Alors, pour moi, c'est la même chose. Si,
dans le milieu familial, on arrive, puis il y a une croix dans la pièce, c'est
la même chose. Si on accepte... C'est pour ça que je lis «à l'obtention du
permis». Si la détentrice de permis dit : Non, je veux faire dans le
respect de la laïcité et du droit des femmes à l'égalité dans les pièces où
j'accueille les enfants, que ce soit dans l'entrée ou dans un endroit, il n'y
aura pas de signes religieux, je respecte... je m'engage à respecter la laïcité
de l'État. Alors, si... C'est le même principe qui doit s'appliquer dans les
écoles, devrait s'appliquer. Ça n'empêche pas la personne, dans son milieu
familial, d'avoir son crucifix ailleurs, mais pas là où les enfants passent la
journée.
Mme Gendron : Puis je tiens à
vous remercier pour votre apport. Je ne sais pas si j'avais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Mais il reste encore du temps. Mme la députée
d'Iberville. Quatre minutes 30 s.
Mme Bogemans : Oh! wow! C'est
plus que ce que j'ai besoin.
Merci pour votre témoignage. Avec ce que
vous venez vraiment de soumettre...
Mme Bogemans : ...avez-vous
une pensée ou une réflexion sur la formation en amont pour préparer ces
femmes-là, justement, à donner les soins aux enfants comme vous le dites? Parce
que vous l'associez vraiment au permis, en disant : Voici notre souhait,
merci de le respecter. Est-ce que vous ne pensez pas que ça devrait être
présent dès le départ dans la formation?
Mme Aboubakr (Fatima) : Moi,
personnellement, je trouve qu'une formation aux valeurs du Québec, ça doit être
donné avant d'octroyer un permis d'une garderie, surtout dans... Une
installation, à la limite, on est plusieurs, il y a beaucoup de monde, on se
surveille, quelque part, mais, dans une maison où c'est fermé, il faut donner
une formation juste sur les valeurs du Québec, un petit peu sur comment on est
arrivé à ces valeurs, le combat qu'on a mené pour arriver à l'égalité
hommes-femmes. Juste une petite façon de le dire et que... expliquer à la
personne que ça ne touche en rien sa religion, qu'elle peut pratiquer en privé
sa religion, je crois que c'est nécessaire, à mon avis.
Mme Bogemans : Par quel moyen
ou par quel médium vous feriez ce genre d'intervention là?
Mme Aboubakr (Fatima) : Bien,
il y a plusieurs formations qui se donnent, comme pour le programme
pédagogique, où, vraiment, il y a des ateliers, il y a des intervenantes qui se
présentent. Eux, ils ont la chance, les milieux familiaux, d'avoir un bureau
coordonnateur qui est très, très proche. Donc, j'imagine que ça peut se donner
comme une petite formation, comme un petit atelier, de petits ateliers simples,
clairs, juste pour expliquer à la personne que voici les valeurs du Québec, et
puis il faut les appliquer, et voici nos attentes. On attend... on s'attend à
ce qu'on protège la liberté de conscience des enfants, et voilà ce que c'est,
la liberté de conscience des enfants. C'est... Je crois que ça peut se faire.
Mme Girard (Marie-Claude) : Puis
j'aimerais... Mme Aboubakr me faisait part d'une autre expérience qu'elle avait
chez elle mais qui, pour moi, répond, c'est-à-dire, elle engage les gens à
venir travailler à sa garderie. Il y a des personnes qui viennent à sa garderie
avec des signes religieux, et elle leur demande la question, tu sais,
comment... est-ce que vous accepteriez de le retirer pendant vos heures de travail?
Elle me disait que la majorité, oui, ils acceptaient. Alors, je ne vois pas
pourquoi, si c'est lié comme à l'obtention de permis ou après une formation,
les gens n'accepteraient pas de dire : Bon, bien, pour avoir ce
travail-là, pour avoir cette responsabilité-là face... pour respecter la
liberté de conscience des enfants, voici, dans le cadre de mon travail, dans ma
maison familiale, tu sais, je ne porterai pas de signe religieux pendant ce
temps-là. Alors, il y a une ouverture, de ce côté-là, les gens comprennent
quand on leur explique le comment et le pourquoi. Et puis, bien...
Mme Aboubakr (Fatima) : Oui,
c'est ça. Je le fais, puis en toute gentillesse, là, pas pour imposer à
personne, mais c'est juste, je leur dis, parce que la plupart qui se présentent,
dans la grande région de Montréal... On reçoit maintenant des C.V., c'est
toutes des filles, puis quand elles se présentent, elles sont pratiquement, la
majorité, voilées. Et je leur pose la question : Est-ce que tu serais
prête, par exemple, pour travailler... J'insiste sur le confort, d'abord, parce
qu'on est un métier, quand même, qui bouge, on bouge toute la journée, c'est
difficile de bouger avec des foulards autour du cou, et je parle côté confort,
côté sécurité, et puis est-ce que tu es prête à l'enlever ou à le mettre d'une
autre façon à ce qu'on ne voit pas que c'est un signe religieux? Et puis, la
plupart du temps, la majorité des filles acceptent.
Et puis pour moi, personnellement, celles
qui n'acceptent pas, c'est qu'elles sont déjà dans l'intégrisme, vraiment,
c'est-à-dire, je m'inquiéterais, moi, de laisser des enfants avec elles si
elles refusent. Déjà, dans la religion, c'est : il faut se cacher les
cheveux quand on traite des hommes, mais là je dis : Tu es avec des enfants
de 0 à 5 ans, là, c'est quand même toute la journée avec des 0-5 ans,
je ne vois pas l'intérêt. Et puis, comme je leur dis, les papas qui arrivent et
qui ont des enfants de 0 à 5 ans, ils sont dans le début de leur vie de
couple, ils sont tous amoureux de leur femme, ils ne vont pas vous regarder.
Donc, juste... Et ça marche dans la plupart des... Ils ne sont pas encore
rendus au...
Des voix : ...
Mme Aboubakr (Fatima) : Et ça
marche, la plupart du temps, et il y en a, celles qui n'acceptent pas, qui sont
rares, par exemple. Je peux même les compter, sur 11 filles, il y avait
deux qui étaient vraiment... qui ont refusé puis...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Cette portion-là vient de se terminer, mais
on va continuer avec la députée de Westmount-Saint-Louis pour une enveloppe de
9 min 54 s.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, mesdames, pour votre témoignage ainsi que votre
mémoire. On apprécie vraiment vous entendre. Sur le même alignement, quand on
parle du recrutement des éducatrices, vous savez sans doute, on parle souvent,
souvent, souvent, on fait face à une pénurie de main-d'œuvre vraiment...
Mme Maccarone : ...surtout
de la main-d'œuvre qualifiée. Et présentement, on sait aussi que ça ne fait pas
loin de deux ans au moins que le gouvernement fait du recrutement des pays
francophones pour essayer d'amener cette qualification ici. Ça fait que c'est
sûr, vous allez vous faire poser la question suite à votre positionnement. Que
répondez-vous d'abord aux gens qui disent : Il y a tellement une pénurie.
Il faut absolument que j'engage du monde. Mais vous, vous apportez un critère
qui va peut-être empêcher des gens à faire ce que votre recrutement fait. C'est
quoi, votre réponse à cette critique?
Mme Aboubakr (Fatima) : À
ce point, je répondrais que d'abord, pour moi, ce n'est pas pour résoudre la
pénurie de main-d'œuvre que je vais mettre en péril la liberté des enfants du
Québec qui vont être l'avenir du Québec. On va se battre, on va trouver d'autres
solutions, on va essayer de trouver d'autres solutions, comme c'est arrivé
pendant la COVID, mais pas au détriment de la liberté de conscience des
enfants. Ça, c'est un.
Il y a aussi le piège des pays
francophones. Le gouvernement est tombé vraiment dans le piège de la
francophonie, est allé chercher des employés de, par exemple, du Maroc dont je
suis originaire, pour ne pas dire que je suis raciste contre les Marocains, je
suis moi-même marocaine, sauf que la société a changé là-bas. Et puis les gens
qui arrivent, il y a... Déjà l'islamisme qui est là-bas, il est en train de
détruire carrément la nation. Et puis c'est devenu même il y a... C'est devenu
une guerre entre l'intégrisme religieux et le gouvernement qui essaye quand
même... C'est un pays touristique. Il ne veut pas perdre son secteur
d'activité. Puis on amène des gens parce que ça parle français, mais qui
peut-être véhiculent des valeurs très, très, très dangereuses. Moi, je préfère
des gens qui parlent français ou qui ne parlent pas français et qu'on va les
franciser ici, que juste de tomber sur le piège de la francisation. Et on vit
aussi... Il y a des exemples concrets que je peux partager avec Mme la ministre
si elle veut. Il y a des exemples concrets de problématiques, vraiment, à ce niveau.
C'est des gens qui arrivent pour changer le Québec. Ce n'est pas pour
travailler au Québec. Pour changer le Québec. Il faut le changer. Les gens
n'ont pas de valeurs. On va leur apprendre c'est quoi, les valeurs islamiques.
Et c'est un grand piège. Moi, je ne mettrai pas en péril la liberté de
conscience des enfants pour une pénurie de main-d'œuvre...
• (15 h 20) •
Mme Maccarone : Vous avez
aussi dans... Vous avez raconté vos histoires personnelles. Merci. J'aime. Mais
vous avez porté et vous avez partagé l'histoire de la femme voilée, puis
l'échange avec l'enfant. Je suis curieuse de savoir, parce qu'on a aussi
entendu les syndicats qui ont passé hier, puis ils nous ont dit de faire
attention, de ne pas nécessairement penser que quand on a une croix qui est
affichée dans une maison, qu'on va enseigner la religion. Ça fait qu'ils ont
l'avantage, c'est sûr. Ça ne peut pas être mur à mur. Peut-être il faut penser
réfléchir la façon qu'on va appliquer une telle mesure, que vous avez
mentionnée, la formation. Est-ce que ça existe des études probantes qui citent
qu'il y a un lien dans un établissement ou que c'est basé principalement sur
des témoignages? Votre histoire, que je ne nie pas, c'est votre expérience
vécue, mais est-ce que ça existe un type d'étude, des chiffres quelque part que
nous pouvons utiliser et étudier ici en commission?
Mme Aboubakr (Fatima) :
Personnellement, encore une fois, je peux dire que, moi, je n'ai pas d'études
et je ne sais pas si ça existe, des études. Ce que je vois, c'est un phénomène
grandissant dans la grande région de Montréal. Je ne sais pas ça se passe
comment dans les autres régions du Québec, mais je dirais, quand j'ai écouté
des personnes ici parler d'études et que ça prend des études pour agir, moi,
j'ai juste peur que le temps de faire des études, ça va être trop tard. C'est
pour ça, j'aime profiter, par exemple, de l'expérience de la Belgique, de la
France, de la Grande-Bretagne, profiter d'expériences d'autres pays, comme ce
qu'on faisait pendant la COVID. On n'attendait pas des études. On voyait qu'est
ce qui se passe là-bas, qui va s'en venir ici, et puis on agit. Donc, attendre
des études, ça serait peut-être très dangereux.
Mme Maccarone : O.K. Oui,
allez-y.
Mme Girard (Marie-Claude) :
Juste rajouter.
Mme Maccarone :
Absolument.
Mme Girard (Marie-Claude) :
Si vous cherchez des exemples, ce n'est pas lié à des garderies en tant que
telles, mais c'est dans le milieu de l'éducation. Je vous invite à voir les
témoignages des sept témoins du Mouvement laïque québécois et de Pour les
droits des femmes du Québec, les témoignages qui ont été déposés à la Cour
supérieure en défense de la laïcité, qui expliquaient pourquoi le signe
religieux d'une enseignante portait atteinte non seulement à la liberté de
conscience de leur enfant, mais aussi à la leur en tant que parent. Alors là,
vous avez des cas concrets puis bien élaborés...
Mme Girard (Marie-Claude) : ...parce
qu'ils expliquaient, dans le fond, que, même eux autres ne pouvaient plus expliquer...
C'est difficile pour un parent... l'éducatrice ou le professeur, c'est toujours
un modèle à suivre, pour le parent, de dire : Non, non, tu n'as pas besoin
de mettre le voile. Oui, mais mon éducatrice me dit de mettre le voile. C'est
sûr que c'est l'éducatrice qui gagne, alors parce que l'enfant étant ce qu'il
est. Alors, je vous invite à lire les témoignages très, très vibrants qui ont
été déposés pour mieux comprendre l'impact que ça peut avoir sur la liberté de
conscience, et des enfants, mais pas que, et des parents aussi.
Mme Maccarone : C'est noté.
Vous parlez aussi, dans votre mémoire, d'augmenter les amendes. Ça fait que, je
souhaite savoir, j'ai deux questions en lien avec ça, que sera applicable et
acceptable selon vous? Puis, encore une fois, est-ce que vous faites cette
recommandation parce que c'est basé sur une expérience ou des histoires ou
des... une étude encore probantes qui disent que les amendes existantes ne
fonctionnent pas?
Mme Aboubakr (Fatima) : Oui,
c'est plus témoignages des expériences vécues, mais pas une seule fois ou deux
fois. Je suis dans des groupes de garderie où on se parle et tout et, dans
la... plupart du temps, les parents... les garderies, vont préférer payer une
amende. Ils disent : Bien, écoute, ça va me coûter 500 $, je la paie,
et puis je ne respecte pas la règle. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire de plus?
C'est déjà... je l'ai entendu maintes fois.
Mme Maccarone : Qu'est-ce qui
serait un montant acceptable, d'abord, selon vous?
Mme Aboubakr (Fatima) : Selon
moi, ça doit être vraiment... On a écrit de 5 000 $ à
10 000 $, comme ça, ça va être quand même comme la moitié de la
subvention d'un enfant pour une année, ça va faire un peu mal. Mais j'ai
entendu plusieurs fois la phrase qui dit : Je paierai l'amende, ce n'est
pas grave.
Mme Maccarone : O.K.
peut-être une dernière question. Vous parlez aussi du matériel éducatif...
Parce qu'on souhaite que ça demeure neutre. Quels mécanismes recommandez-vous
pour assurer ce désir en termes de déploiement du matériel? Parce qu'on sait
que ça peut varier d'une installation à l'autre, d'un type de garderie ou de
CPE, par exemple. Comment que ça... on pourra le faire?
Mme Aboubakr (Fatima) : Bien,
au Québec, on a, par exemple... la petite enfance, elle est vraiment... elle
est bien encadrée au Québec, elle est bien gérée. Il y a beaucoup d'études, des
intervenants, des conseillers qui peuvent nous aider à choisir le matériel, et
on a des fournisseurs, au Québec, qui sont spécialisés en matériel éducatif. On
peut, à l'ouverture d'une garderie, aller s'approvisionner de A à Z. Ils vont
nous aider, ils vont nous accompagner, nous expliquer ce travail, quelle sphère
de développement de l'enfant. On a des fournisseurs de ce calibre ici, au Québec.
Mme Maccarone : O.K. Merci
beaucoup.
Mme Aboubakr (Fatima) : Ça me
fait plaisir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, on poursuit avec la
députée de Sherbrooke. Vous avez 3 min 18 s.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je veux vous poser une question sur l'application, finalement, des
critères d'admission permis par le projet de loi. En ce moment, c'est prévu
seulement pour les garderies subventionnées, les CPE. Vous l'avez abordé
rapidement tout à l'heure en disant : Si c'était de vous, vous élargiriez.
Puis je n'étais pas certaine si vous pariez spécifiquement du code
vestimentaire, à ce moment-là, ou si ça s'appliquait aussi par rapport aux
critères d'admission. Est-ce que vous l'appliqueriez partout, même dans les
garderies non subventionnées?
Mme Aboubakr (Fatima) : Moi,
je l'appliquerais partout, même dans les garderies non subventionnées. De toute
façon, les garderies privées ou subventionnées, tout le monde est assujetti aux
mêmes lois, aux mêmes règlements. Pourquoi ça ne serait pas ça? La seule
différence, c'est la subvention du gouvernement. C'est juste ça, la seule
différence. Mais pourquoi pas ce règlement? Pourquoi pas ça?
Mme Labrie : Donc, il y
aurait une légitimité, notamment parce qu'il y a des crédits d'impôt aussi.
Mme Aboubakr (Fatima) : Pour
moi, c'est légitime parce que... comme je l'ai dit, je ne parle même pas volet
argent. Pour moi, c'est légitime parce que ça touche les enfants, c'est juste ça.
Mme Labrie : O.K. Bien, ça
répond à ma question.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez encore du temps?
Mme Labrie : Bien, la réponse
est très claire. C'est bon, merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Oui? Parfait. Alors, M. le député des Îles.
M. Arseneau : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Merci à vous pour votre présentation et vos témoignages
également, qui sont très éloquents. Je comprends que vous dites : Ce qui
se passe dans le réseau scolaire, ça se passe également dans la petite enfance.
Il faut agir, agir rapidement, maintenant. La liberté de conscience, c'est
important puis ce n'est pas la pénurie de main-d'œuvre qui devrait nous
empêcher de mettre en place les mesures.
Dans le projet de loi, on touche l'équité
dans l'accès, la mixité, un peu le matériel aussi. Si je comprends bien, vous
dites : Mais ce qu'on ne touche pas, c'est la transmission de valeurs ou
de préceptes, ou un... enfin, de certains éléments religieux ou de discrimination
envers les femmes. Et ça, j'imagine que ça vaut pour l'ensemble des religions
ou l'ensemble des principes qui...
M. Arseneau : ...à l'encontre
de ceux qu'on veut défendre. C'est bien ça?
Mme Girard (Marie-Claude) : C'est
bien ça, Dans le fond, comme Mme Aboubakr l'a bien dit, si on a en tête de
protéger nos enfants, c'est vraiment de défendre la liberté de conscience,
alors c'est pour ça qu'il faut le faire dès la petite enfance, alors... Puis
c'est pour ça que, pour nous, ceux qui travaillent dans un service de garderie,
que ce soient les détenteurs de permis, doivent au moins s'engager à le
respecter.
M. Arseneau : Mais, si on
devait par exemple mettre des conditions dans l'émission du permis, tu sais,
souvent on a fait le débat de la laïcité sur la question des signes religieux
ostentatoires, pour vous, comment on pourrait inscrire dans le permis ce qu'il
faut réprouver ou... en fait, ce à quoi il faut s'engager?
Mme Aboubakr (Fatima) : Bien,
de toute façon, pour l'obtention d'un permis, le ministère demande une panoplie
de documents, dont la régie interne de la garderie qui explique les valeurs de
la garderie, les principes et tous les principes fondamentaux. Donc, si on
rajoute une partie qui va parler du respect de la laïcité et des valeurs du
Québec, l'égalité hommes-femmes, de ne pas avoir de signes religieux... Et puis
il y a des techniciens du permis qui vont recevoir la régie, qui vont la lire
et, s'il y a un point qui manque, ils vont la retourner à la garderie pour
dire : Il faut corriger. Donc, il y a quand même un suivi au niveau de la
régie interne. Et je crois que la régie, c'est le meilleur outil pour parler
des valeurs de la nation québécoise.
M. Arseneau : Mais,
justement, la question des valeurs, c'est là-dessus que je veux vous amener.
Parce que tout à l'heure vous avez dit : Bien, en entrevue, j'ai demandé à
des éducatrices... des candidates d'enlever leur voile, mais elles ne se
départissent pas nécessairement de leurs valeurs pour autant si elles sont
profondément ancrées et...
Mme Girard (Marie-Claude) : Bien,
on ne peut pas jouer dans la tête des gens non plus. C'est pour ça que c'est
un... Quand on s'engage à respecter la laïcité de l'État, ça ne veut pas dire
qu'on peut faire... on peut remettre ces signes religieux après ce moment de
travail. On ne demande pas aux gens de revenir... d'arriver là sans valeur,
mais, dans le cadre de leur travail, c'est... Pour moi, de demander la
permission d'un permis... Un engagement à respecter ça, c'est faire confiance à
la personne. C'est aussi un engagement de...
M. Arseneau : C'est un
contrat.
• (15 h 30) •
Mme Girard (Marie-Claude) : C'est
un contrat. Est-ce que tu respectes la valorisation des garçons et des filles?
Ça, ça veut dire que, dans ta garderie, tu ne mettras pas les petits garçons
d'un bord puis les petites filles de l'autre. Est-ce que ça veut dire, si... Le
principe de la laïcité, oui, il n'y aura pas de signes religieux, mais en plus,
bien, comme le projet de loi le prévoit déjà, il n'y aura pas de matériel
didactique lié aux religions. Mais il y a plus, il y a aussi les poupées sans
visage ou... Alors, dans le fond, c'est un contrat moral parce que ce n'est
pas... On n'ira pas vérifier. Je présume qu'on ne vérifiera pas à chaque fois,
mais, si on demande cet engagement-là à tous les niveaux, que ce soit
l'obtention du permis au... au comité de parents, qui eux aussi ont une
responsabilité, parce qu'ils... ils voient au fonctionnement, et au comité
coordonnateur, c'est un contrat moral. C'est un minimum. Comment ça se traduit?
On ne peut pas voir toutes les applications, mais c'est sûr que... bien, c'est
ça, c'est un contrat moral. Et puis chaque personne peut garder ses valeurs,
mais, dans le cadre de son travail, ce n'est pas ça que...
M. Arseneau : Et ce que vous
dites, c'est qu'on peut le faire maintenant en dépit du fait qu'il y ait un
comité qui se penche sur... On le fait pour l'éducation, on peut le faire
également pour les services de garde. C'est ce que vous dites.
Mme Girard (Marie-Claude) : Et
on l'a fait dans la loi sur l'intégration nationale, où c'est marqué les
valeurs québécoises d'égalité... que sont la laïcité et l'égalité entre les
femmes et les hommes. Alors, je ne vois pas, comme c'est des valeurs
universelles pour le Québec, phares pour le Québec, et, pour moi... on va plus
loin. Dans le mémoire pour RPL, on a parlé de droit collectif de la laïcité du
Québec, la laïcité et l'égalité entre les femmes et les hommes. On n'a pas
besoin d'attendre les comités.
M. Arseneau : Et comment vous
voyez l'article 37 qui permet une espèce de droit de retrait pour les
garderies qui ne voudraient pas être subventionnées et qui voudraient
essentiellement conserver cette capacité-là de créer...
Mme Aboubakr (Fatima) : ...moi,
je ne crois pas... Déjà, quand j'ai lu cet article, j'ai, à mon avis, trouvé
que ce n'était pas réaliste. Il n'y a pas de garderies qui ne vont pas vouloir
être subventionnées. C'est le contraire qui existe. Ils reçoivent une bonne
subvention, et ça leur garantit d'être plein toute l'année et avoir des listes
d'attente. Il n'y a personne qui va souhaiter ne pas être subventionné, au
risque de fermer ou de ne pas avoir...
M. Arseneau : Mais le risque,
j'imagine, si on défend les valeurs pour l'ensemble du Québec, pour l'ensemble
des enfants, mais pour ceux qui doivent aller vers une garderie privée non
subventionnée, j'imagine que vous défendez le fait qu'ils soient soumis aux
mêmes règles que toutes...
Mme Aboubakr (Fatima) : Aux
mêmes règles, oui.
M. Arseneau : ...tous les
services de garde.
Mme Girard (Marie-Claude) : On
se le doit pour la protection des enfants du Québec.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
C'est terminé? Merci, mesdames. Merci beaucoup...
15 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : …votre présence à la commission. Merci pour votre… vos
témoignages, en fait. Alors, je vais me permettre de vous souhaiter un bon
retour à la maison.
Et je vais suspendre, quelques instants,
le temps de recevoir le dernier groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 33)
(Reprise à 15 h 39)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, pour notre dernière audition aujourd'hui, nous recevons Mme
Elise Bouchard-Bonneville, directrice du Collectif Petite Enfance. Mme,
bienvenue à la commission. Alors, vous allez disposer d'une période de
10 minutes pour votre présentation et par la suite, on va en discuter avec
les parlementaires. Alors, le temps est à vous.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Bonjour! Merci d'accueillir le Collectif Petite Enfance. D'emblée, on tient
à s'excuser de ne pas avoir été en mesure de déposer notre mémoire un peu plus
tôt.
Le Collectif Petite Enfance regroupe
23 réseaux nationaux d'horizons divers, notamment des organisations qui
regroupent différents types de services de garde éducatifs à l'enfance, des
organismes communautaires, des organisations oeuvrant en périnatalité, en
insécurité, alimentaire, en persévérance scolaire et en milieu municipal et en
littératie. Et finalement, on a des organismes aussi qui représentent des
réalités diverses telles que celles des pères, des Premières Nations ou encore
des personnes d'expression anglaise. Nous partageons un objectif commun, c'est
celui de soutenir le développement global optimal de tous les tout-petits, et
ce, dans une perspective d'équité.
Ainsi, on a analysé le projet de loi en
regard de son impact sur l'égalité des chances et l'égalité d'accès chez les
tout-petits au Québec. Aujourd'hui, on souhaite vous présenter les trois points
suivants : d'abord, quelques faits saillants sur l'état des services de
garde éducatifs, ensuite, notre analyse du projet de loi, et finalement nos
recommandations.
• (15 h 40) •
Pour les faits saillants, je vais y aller
très rapidement, mais je vous invite à consulter la première section de notre
mémoire pour plus de détails et de données. Nous souhaitons d'abord rappeler
l'importance primordiale des services de garde éducatifs dans le développement
global des tout-petits. Également, il est nécessaire de rappeler qu'il y a
actuellement de grands enjeux d'équité dans l'accès aux services. En plus de
ces enjeux d'accès, le réseau fait face à de graves enjeux de qualité, comme a
pu le démontrer le rapport du Vérificateur général du Québec de mai 2024, qui
faisait état d'une dégradation généralisée de la qualité, particulièrement dans
les garderies privées, qu'elles soient subventionnées ou non. Donc, ça se
retrouve dans la première section de notre mémoire.
Maintenant, notre analyse du projet de
loi. Nous saluons l'intention de la ministre d'améliorer l'équité d'accès aux
services de garde éducatifs en ajoutant l'objet de la mixité sociale dans les
fondements de la Loi sur les services de garde et en réduisant considérablement
le nombre de critères de priorisation.
Le projet de loi propose aussi des
éléments intéressants lorsqu'il est question de faciliter la vie des parents.
De plus, le collectif voit d'un bon oeil la volonté de coordonner
l'accroissement et le maintien de la qualité chez les responsables de services
de garde éducatifs en milieu familial.
Cependant, bien que ces intentions soient
louables, nous soumettons aux législateurs que le projet de loi ne pourra pas à
lui seul régler le problème d'équité et d'accès. L'origine de ce problème est
de nature structurelle. Il manque de places subventionnées et de qualité pour
répondre à la demande. Les modifications aux critères de sélection et la limite
de 50 % des places ne feront malheureusement que déplacer les points de
pression, et ce sont les plus vulnérables qui perdront au change. D'ailleurs,
ce sont déjà eux qui ont le moins accès à des services de garde éducatifs
subventionnés. Et, dans plusieurs régions, ce sont aussi ceux qui ont le moins
accès à des milieux de qualité.
Examinons maintenant les critères de
priorisation proposés un par un. Premièrement, le critère concernant les
enfants à besoin de soutien particulier. C'est une excellente chose qu'ils
soient dans les critères prioritaires. Cependant, la vraie limitation en termes
d'accès relève du sous-financement persistant pour l'inclusion des enfants à
besoins particuliers dans les services de garde éducatifs. La limite de 50 %
est donc hypothétique. Si on veut que tous les services de garde en
accueillent, il faut améliorer les modes de financement. C'est aussi vrai pour
les haltes-garderies communautaires qui répondent aussi à ces besoins sur
l'ensemble du territoire.
Deuxièmement, les critères concernant les
tout-petits vivant en contexte de précarité socioéconomique. Encore une fois,
la vraie limitation ici relève du sous-financement persistant. C'est malheureux
parce que ce sont les enfants les plus vulnérables qui bénéficient le plus de
la qualité éducatif... éducative, pardon...
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
…également, la définition actuelle du contexte de précarité socio-économique
est trop restrictive. On exclut de nombreuses situations de précarité, à
commencer par les situations de faibles revenus ou encore la défavorisation
sociale. On pourrait inclure d'autres critères d'admissibilité. Par exemple, on
pourrait établir des critères sur la base des CIP ou encore du panier de
provisions nutritif économique, ou encore celui sur le seuil de revenu minimal
viable par région.
Troisièmement, les critères concernant les
enfants de parents étudiants. Encore une fois, la limitation de la priorisation
de ces tout-petits est difficilement explicable. En effet, un service de garde
éducatif représente un facteur de prévention dans la vie des familles pouvant
se retrouver dans un contexte de vulnérabilité, notamment lors d'un retour aux
études ou lorsqu'on est un très jeune parent. La limite s'avère être une
entrave à une mesure efficace de conciliation famille travail études.
Quatrièmement, les critères… les critères
concernant les ententes avec les entreprises. Le projet de loi apporte une
réflexion pertinente sur l'iniquité potentielle de ces arrangements. Par
contre, limiter à 50 % des places priorisées lorsqu'il s'agit de CPE
associés à une entreprise… une entreprise, évacuera automatiquement la
priorisation d'autres types de clientèles, notamment les clientèles
défavorisées. Il semble aussi que la limite de 50 % aura des effets
négatifs pour des établissements publics qui comportent des CPE, comme par
exemple les hôpitaux.
Cinquièmement, les critères concernant les
ententes avec les municipalités. À nouveau, la limitation de priorités est… de
priorisations est problématique. Une municipalité qui participe activement à la
réalisation de places se voit en quelque sorte pénalisée par cette limitation,
puisque son CPE devra potentiellement accueillir les tout-petits d'une autre
municipalité qui n'a pas, elle, décidé d'investir pour favoriser la création de
places.
Sixièmement, pour les critères concernant
les tout-petits autochtones, nous savons que la CSSSPNQL sera entendue ici dans
les prochaines semaines et par souci pour leur autodétermination, nous
préférons les laisser exprimer leur point de vue sur le point.
Finalement les préoccupations qui sont
transversales, relatives aux critères de priorisation. Bien qu'il faille
évidemment pouvoir démontrer la véracité d'un statut revendiqué pour une
priorisation, le collectif souhaite rappeler que certaines opérations
administratives, même si elles sont simples, peuvent représenter des barrières
d'accès pour certains parents. En plus, il est souvent difficile d'obtenir un
diagnostic avant un certain âge, il ne faudrait pas que, par sa rigidité, le
processus discarte des enfants qui auraient vraiment besoin des places
priorisées. Aussi, certaines clientèles vulnérables ne semblent pas prises en
compte pour le moment. Par exemple, les clientèles immigrantes, les enfants d'expression
anglaise, les tout-petits suivis par la protection de la jeunesse ou dans des
situations impliquant des enjeux psychosociaux qui ne découleraient pas d'un
contexte de défavorisation. Il sera bénéfique que le législateur veille à ce
qu'elles puissent être considérées formellement.
La question aussi se pose pour le statut
incertain des places protocole. Par exemple, seront-elles incluses dans le
calcul des 50 % maximum? Enfin, pour les installations qui accueillent
majoritairement… qui accueilleraient majoritairement et de façon concomitante
plusieurs types de populations vulnérables, il est clair que le maximum de
50 % proposé nuira dorénavant à la mixité sociale.
Nous souhaitons terminer cette
présentation par une proposition. À venir, lorsqu'il est question de
développement en installation, nous pensons qu'il faut créer exclusivement des
places en CPE pour garantir une qualité optimale et une réelle équité dans
l'accès aux services. Pour le collectif, le facteur déterminant qui fait des
CPE des milieux de meilleure qualité, c'est le fait qu'ils soient des OBNL
gérés majoritairement par des parents utilisateurs. La notion de profit semble
incompatible aussi avec le fait d'offrir à chaque tout-petit le maximum des
ressources disponibles leur étant destinées, notamment les subventions
étatiques.
La proposition du collectif va un peu à
l'opposé d'une des orientations mises de l'avant dans le projet de loi. Nous
pensons qu'il faut impérativement remettre l'emphase sur les CPE comme étant
des organismes de proximité ancrés dans leur milieu. Ça veut dire qu'il faut
prioriser la proximité et les enfants du quartier immédiat de chaque
installation, la mobilité des clientèles vulnérables étant généralement
moindre. Encore une fois, s'il y a assez de place en CPE sur l'ensemble des
territoires, favoriser la proximité ne désavantage aucun enfant. Rappelons
d'ailleurs que le ministère de la Famille dispose légalement du pouvoir de se
faire promoteur de projets de CPE là où il n'y aurait pas suffisamment de dépôt
de projets. Cela constitue un levier important pour assurer l'équité
territoriale et populationnelle des services de qualité.
L'approche suggérée ici permettrait de
renforcer les partenariats locaux des centres de la petite enfance avec les
instances de concertation, les organismes communautaires et municipaux, mais
aussi avec les autres réseaux étatiques comme le réseau de la santé et des
services sociaux ou celui de l'éducation, qui fonctionnent tous deux selon des
codes postaux des enfants. En favorisant d'abord et avant tout la proximité, on
s'assure que les services du réseau de services de santé et services sociaux
pourront facilement se rendre dans les CPE. Aussi, les partenariats facilités
avec les écoles…
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) : ...seront
à même d'assurer les meilleures transitions possibles vers la maternelle.
L'approche permettrait aussi de simplifier l'administration générale des
subventions en attachant le financement aux installations plutôt qu'aux enfants
individuellement. Il serait alors possible, à titre d'exemple, d'utiliser des
indicateurs territoriaux basés sur des données statistiques comme l'indice
Pampalon pour calculer le financement précis d'une installation selon les
paramètres fixes et précis. On pourrait même penser faire varier les
financements en fonction des résultats le coût de l'EQDEM, donc l'étude...
l'enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle. Pour
nous, cette approche est la plus à même de favoriser l'égalité des chances,
l'équité d'accès, mais surtout de renforcer ce filet social dont nous sommes si
fiers. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour votre présentation. Alors, on va
commencer la période d'échange avec les parlementaires. Le gouvernement a une
enveloppe de 16 min 30 s. Mme la ministre, le micro est à vous.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup pour le mémoire. On a quand même eu
le temps de le voir, d'avoir un résumé. Donc, effectivement, puis on voulait...
c'est sûr que ça fait des délais courts, mais on voulait s'assurer qu'après le
projet de loi on puisse tout mettre en place et que les services de garde aient
justement le temps de compléter les choses pour que, dès cet automne, on puisse
mettre en place le guichet unique qui est si attendu par les familles et les
parents.
Alors, peut-être dans un premier temps
vous rassurer au niveau des places protocole, elles ne sont pas incluses, on
continue les places protocoles comme c'était le cas, donc avec des places
réservées et les priorisations s'ajoutent donc aux places protocole... ne sont
pas... les places protocole n'enlève pas de places aux priorisations.
Alors, peut-être quelques éléments. Vous
avez parlé de faits saillants, alors je vais aussi me permettre de vous en
partager quelques-uns. D'abord, depuis un peu plus de trois ans, depuis le
lancement du Grand chantier, 30 000 places subventionnées, près de
30 000 places subventionnées ont été ouvertes partout sur le
territoire québécois. Pour vous donner une idée, là, ça a pris trois mandats
complets avant nous pour faire le même nombre de places. Donc, oui, les besoins
sont et étaient immenses. Et il y a encore des besoins. D'ailleurs, on continue
dans ce sens-là.
• (15 h 50) •
Peut-être intéressant aussi de vous donner
quelques données au niveau de la réalisation des places jusqu'à
maintenant : 66 % des classes qui ont été réalisées sont des places
en CPE, dont 34 % sont des places en services de garde subventionnés. Pour
les places en réalisation, il reste encore 15 000 places en
réalisation, donc du 30 000, on peut prévoir, là, qu'on va dépasser
l'objectif. Les besoins sont grands, vous l'avez mentionné, et il faut
continuer à travailler là-dessus. Ce qui va nous amener à terme, que les trois
quarts des places, ça va être des places en CPE ou en services de garde en
milieu familial subventionné. Alors, je pense que c'est un indicateur du
travail qui est fait, qui est fait entre autres aussi par nos gestionnaires au
niveau des CPE qui ont, malgré des moments de tourmente où c'est difficile, où
il y a une pénurie de main-d'œuvre, ont décidé de retrousser leurs manches et
d'offrir des belles places de qualité à nos enfants sur le territoire.
En parlant de qualité, on a eu des
données. Depuis le rapport du vérificateur sur des évaluations récentes, donc
les dernières données qu'on a, il y a une remontée importante au niveau de la
qualité. On continue de travailler là-dessus. D'ailleurs, le projet de loi
traite aussi d'évaluations potentielles à l'intérieur, justement, des milieux
familiaux qui couvrent quand même 72 000 enfants. Alors, ce qui est
extrêmement important.
J'aimerais vous entendre aussi parce que
vous me parliez de différentes priorisations. C'est un peu le contraire qu'on
veut faire. Vous le dites : il faudrait avoir plus de priorisations
différentes. C'est exactement l'inverse qu'on veut. Actuellement, les parents
faisaient face à 2 000 politiques d'admission différents avec des
critères... 250 définitions différentes des critères. Vous comprenez que pour
le parent qui s'inscrit par exemple dans différents services de garde, ce n'est
pas vrai qu'il va faire l'étude complète des politiques d'admission des
10 places où il s'inscrit puis des 42 définitions de priorités
différentes. Il ne saura pas comment se retrouver, où va se retrouver son
enfant. Alors, ça, pour nous, puis je ne vous ai pas entendus là-dessus, c'est
un élément aussi pour l'ensemble des familles québécoises, qu'importe leurs
besoins qu'ils soient dans les six critères de priorisation ou qu'ils aient
simplement besoin d'un service de garde, ces familles-là ont besoin et
réclament depuis de nombreuses années d'avoir un guichet clair, une façon
transparente de pouvoir, justement...
Mme Roy (Verchères) : ...une
place pour leurs enfants et de pouvoir avoir une réponse à cette place-là et
savoir où ils se situent. Alors, je vais vouloir vous entendre sur la
multiplication des priorités. Alors, je le sais, on ne veut pas oublier
personne, c'est pour ça qu'on a vraiment pris les priorités qui sont liées,
dans le fond, à l'article 1 de la loi. Nos services de garde éducatifs, au
Québec, on a dit : Ils sont là pour quoi, pour donner une meilleure chance
aux enfants. Donc, on a mis les enfants vulnérables, les enfants à besoins
particuliers.
Deuxième élément, on a dit : Pour la
conciliation travail-famille. Donc, à ce moment-là... études. On a pris les
mêmes priorisations pour les retrouver. Et on a rajouté, au niveau des
autochtones, une autre, une sixième priorisation, alors, pour justement que ce
soit plus simple pour les parents.
Vous avez parlé aussi beaucoup des besoins
des enfants à besoins particuliers. Juste pour votre information, depuis 2018,
pour l'intégration des enfants handicapés, il y a une hausse de 78 % des
budgets. On est passé de 104 millions à 186 millions. Et, pour les
mesures exceptionnelles qui s'ajoutent à l'aide à l'intégration, on a une
hausse de 651 %. Alors, je pense que les efforts sont là. Les besoins sont
grands. Si on a mis les efforts, ce n'est pas parce qu'il n'y avait pas de
besoins, c'est parce qu'il y avait des besoins. On s'entend très bien avec vous
là-dessus. On a exactement la même vision. Les besoins sont là. Alors, voilà
pourquoi, effectivement, on a vu cette hausse importante.
Et le dernier élément, puis je veux vous
entendre là-dessus... ah non, il va y avoir un autre élément, priorisation au
niveau des villes. Vous m'avez dit : C'est un peu plate, tu sais, si une
ville donne un terrain, par exemple, puis qu'elle ne peut plus prioriser ses
citoyens. Actuellement, on vivait le processus inverse. Une ville donnait un
terrain, puis elle... pas nécessairement plus de priorisation ou elle avait une
petite priorisation. La ville voisine ne donnait pas de terrain, n'aidait pas du
tout le CPE, mais avait une priorisation. Alors, les maires me disaient :
Ça n'a pas de bon sens, là, votre affaire, ça ne tient pas debout, il faut
qu'il y ait un lien. Alors, ça, je pense qu'on n'élimine pas la proximité. Ça
fait partie des critères de priorisation où justement on va peut-être amener
plus de partenaires à s'impliquer à l'intérieur de cette proximité-là. Je pense
que tout le monde va y gagner.
Alors, l'autre élément que j'aimerais...
sur lequel j'aimerais vous entendre, c'est les familles qui faisaient face à
des barrières à l'entrée. 70 % des places étaient priorisées. Tu sais, là,
tu ne pouvais pas aller là parce que ceux-là étaient réservés pour
l'entreprise, ceux-là étaient réservés à 110 %. On avait des places, les
CPE réservés à 110 %. Alors, tu ne répondais pas à cette clientèle-là, toi
qui avais un enfant qui n'était pas identifié à aucune clientèle, il n'y avait
pas de place pour toi parce que c'était réservé, parce qu'on multipliait les
barrières à l'entrée. Alors, pour les familles, on l'a vu, ça crée du stress,
ça crée des problèmes. Et cette anxiété-là peut créer des besoins particuliers
à nos enfants qui ressentent ce qu'on ressent. Alors, c'est important pour
nous, à l'intérieur de ce projet de loi là, un, de s'assurer qu'on pouvait
répondre à l'ensemble des familles. Les six priorités qui sont traditionnelles
à notre réseau est très important, mais aussi celles de l'ensemble des familles
québécoises. Et ça, je pense que c'est un de nos soucis pour lequel on veut que
ce soit plus clair, plus transparent pour les familles. Alors, je voudrais
peut-être vous entendre, sur le dernier volet particulièrement.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Oui, bien, d'une part, merci pour les informations, la mise à jour en fait, là,
des données que vous nous partagez. Quand on regarde le projet de loi sous
l'angle de la mixité sociale et donc de l'équité à l'accès, le collectif, en
fait, ce qu'il dit dans nos propositions, c'est vraiment effectivement que les
critères, c'est très intéressant qu'il y en ait des précis. À l'intérieur même
de chacun des critères, peut-être que c'est là où on invite les législateurs à
éclater un peu plus peut-être la définition de chacun des critères, notamment
celui pour les besoins des enfants en soutien particulier, et ceux en précarité
socio-économique.
Donc, l'intention, vraiment, on est donc
dans la même lecture où de clarifier les choses pour les familles du Québec,
c'est essentiel, de par la concrétisation ou vraiment de bien réfléchir
qu'est-ce que va composer les critères d'un enfant qui a besoin de soutien
particulier ou encore ceux en contexte de précarité socio-économique. C'est là
où on voyait possiblement une limitation. Donc, pour l'instant, dans le critère
précis, celui sur la précarité socio-économique, ce ne sont que les gens qui
bénéficient de l'assistance de dernier recours. Nous, on invite les
législateurs à réfléchir. Pourrions-nous regarder la défavorisation sociale, le
contexte familial dans lequel la famille évolue? Le tout-petit, donc, non
seulement, oui, la réalité socioéconomique, mais le volet social…
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
...c'est vraiment pour nous d'une grande importance, parce que les
vulnérabilités sont multiples, et de se limiter à cette population, bien sûr
qu'elle est prioritaire, mais il y a d'autres populations qui cumulent
plusieurs vulnérabilités. Donc, c'est de là l'intention d'aller examiner le
projet de loi sous cet angle-là. Vous m'avez demandé, par rapport aux
municipalités — donc là, peut-être que vous me reposerez la question
si j'oublie des éléments — mais, par rapport aux municipalités,
effectivement, là aussi, c'est vraiment dans une perspective où si on prend un
cas de figure où une municipalité priorise... bien, met l'épaule à la roue,
développe une installation, justement, a des places pour sa communauté, mais
doit en réserver 50 % seulement et qu'une autre municipalité, à côté, ne
déploie pas des services, bien, on avait la préoccupation de dire Est-ce que ça
démobiliserait, d'une part, les prochaines municipalités qui vont : Mais si
c'est juste 50 % de la population que je dois prioriser, et que d'autres
municipalités autour, bien, elles ne sont pas à mettre autant d'efforts à
déployer leurs propres services, est-ce que là on va vraiment avoir une perte
de mobilisation des municipalités? Donc, c'était vraiment en perspective du
50 % pour les municipalités.
Aussi, bien sûr, de laisser de l'espace
pour les populations qui auraient besoin d'autres besoins, donc, les enfants à
besoins particuliers, par exemple, si on a un 50 % de la population qui
est dédié aux municipalités, qui, après, on n'a pas d'espace pour les enfants à
besoins particuliers ou les autres populations qui cumulent des
vulnérabilités, c'est là où on s'éloigne un peu de l'objectif de mixité
sociale. Un autre élément qui est mis de l'avant dans nos idées ou dans nos
réflexions, c'est l'idée des besoins financiers. Effectivement, vous mentionnez
qu'il y a eu des efforts, oui, de ce côté-là, puis on sait le contexte dans
lequel on se retrouve économiquement. Par contre, l'enjeu pour les enfants à
besoins de soutien particuliers et pour les enfants qu'on accueille qui sont
dans un contexte socioéconomique précaire, c'est, on parle là d'une égalité des
chances qu'il faut mettre de l'avant. La mission première des services de garde
éducatifs à l'enfance, c'est d'offrir une égalité des chances à tous les
enfants. Mais quand on pense à ces populations précisément, on se dit qu'ils
parent peut-être, d'un point de départ, un peu plus loin.
• (16 heures) •
Donc, il faut des moyens supplémentaires
pour arriver à leur offrir une égalité des chances. Et c'est là de bien
réfléchir les critères et les moyens qui vont être déployés pour les services
de garde qui visent la mixité et l'égalité des chances.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup. Vous m'avez effectivement beaucoup éclairée sur différents éléments
dont je voulais vous poser la question. Je vais revenir sur la municipalité
parce c'est un bon exemple. Juste pour vous dire que, par exemple, ça ne veut
pas dire qu'il y a 50 % d'une CPE d'une municipalité qui viendrait de
l'extérieur de la municipalité. Par exemple, quand l'enfant s'inscrit... le
parent inscrit l'enfant, je devrais dire, l'enfant est trop jeune pour s'inscrire.
Alors, quand le parent inscrit l'enfant, il marque : Je reste à
Sainte-Julie , alors... Mais il part dans la liste, il s'en va dans la
possibilité d'être priorisé dans les 50 %, mais il est aussi dans la liste
régulière. Cette année, ils ouvrent 10 places à Sainte-Julie dans mon
exemple fictif. Alors, les cinq premiers, dont je ne suis pas, dont l'enfant
n'est pas, entrent en priorité à Sainte-Julie, mais, par contre, cet enfant-là
est le premier sur la liste régulière selon la date souhaitée. Alors, il va
quand même entrer. Donc, on va en entrer peut être 10 sur 10 de Sainte-Julie,
mais cinq seront par la voie prioritaire, ce qui va permettre peut-être à la
personne qui travaille à Sainte-Julie, qui veut laisser son enfant à proximité
de son lieu de travail, de pouvoir avoir accès à ce CPE là, à la personne qui,
par exemple, parce qu'il y a des horaires atypiques, ne peut pas aller chercher
les enfants à la fin de la journée, donc, veut un service de garde à proximité
des grands-parents qui, eux, vont aller, par exemple, chercher l'enfant en fin
de journée. Donc, il va y avoir une... Si 100 % des places sont
réservées pour la municipalité, ces gens-là qui veulent peut-être une place à
proximité du travail, ou des grands-parents, ou d'un aidant, bien, ça va leur
permettre d'y avoir accès. Et, oui, on aura probablement 95 % parce que
les parents choisissent souvent la proximité de la résidence. Alors, ça
n'éliminera pas... Je veux juste vous dire, on n'éliminera pas... Je le sais,
ce n'est pas facile à comprendre comme concept, mais je suis contente, vous
m'avez permis de m'éclairer sur votre position. Ça me permet de vous donner des
informations supplémentaires.
Alors, merci beaucoup. Puis, oui, au
niveau des besoins, je comprends que c'est la définition que vous souhaitez, au
niveau des priorisations, qui soit plus large, par exemple, au niveau des
enfants vulnérables...
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Oui, tout à fait, donc...
Mme Roy (Verchères) : ...pas
les multiplier nécessairement, mais qu'elle soit plus large.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Non. Tout à fait. De bien définir les critères en fonction des différentes
vulnérabilités possibles, bien sûr...
16 h (version non révisée)
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
...ce n'est pas une liste d'épicerie, il va falloir bien sûr faire des choix,
mais on a quand même des inspirations intéressantes, comme les... par exemple,
qui vont regarder le niveau de scolarité, le niveau de revenu de la famille, le
niveau d'isolement aussi de la famille. Donc, vraiment, les facteurs de
défavorisation sociale sont à considérer pour les familles davantage que
seulement le niveau financier.
Mme Roy (Verchères) : Bien,
merci beaucoup.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Châteauguay,
1 min 52 s.
Mme Gendron : Je vais faire ça
rapide. Bonjour, Mme Bonneville. Merci d'être avec nous. Merci pour le mémoire.
Je l'ai regardé un peu en diagonal pour le moment, mais merci beaucoup. Je
regardais un peu le collectif là, qui... dans le fond, vous représentez des
associations, bon, bibliothèques, haltes-garderies, services éducatifs, la
Fondation Marie-Vincent, Olo, optométristes, Valorisation de la paternité. Donc,
c'est un grand éventail d'associations que vous représentez, mais qui
travaillent tout un chacun au bien-être de nos tout-petits.
Donc, en lien avec ça, je voulais savoir...
Je vous sens très favorable au projet de loi, dans le fond, pour assurer l'équité,
pour assurer justement la mixité également. Donc, je ne me trompe pas en disant
que vous l'accueillez favorablement.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Tout à fait. Le collectif est vraiment en faveur de tout projet qui va aller
dans le sens d'une plus grande mixité, une plus grande équité pour les
populations, effectivement.
Mme Gendron : Merci beaucoup.
Puis je voulais savoir, est-ce que d'un point de vue global, il y a certains
points... De quelle façon on pourrait bonifier le projet de loi, autre que ce
que vous avez nommé précédemment?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Merci. Bonne question. Merci. Je n'insisterai, je pense, jamais assez sur l'importance
de bien définir qu'est ce qu'on entend par mixité sociale et d'ouvrir ces
paramètres-là pour avoir une plus grande diversité de mixité. Un autre élément,
je pense, qui est central, c'est que les constats sont quand même que les
enfants qui sont dans des contextes de vulnérabilité, présentement, ce ne sont
pas eux qu'on retrouve en plus grande population dans les services éducatifs à
l'enfance, parce qu'il y a beaucoup de barrières, plusieurs défis. Donc, de
continuer à travailler, ne serait-ce que pour abaisser ces barrières, pour s'assurer
que ces enfants qui sont dans des contextes de vulnérabilité, présentement,
populationnisent, donc, qu'ils soient vraiment en grande représentativité dans
les services de garde, on va atteindre une plus grande mixité, ne serait-ce qu'en
haussant leur représentation. Et ce sont les enfants qui en ont besoin pour
vraiment atteindre l'égalité des chances.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
C'est ce qui termine cette première portion de discussion. On va continuer avec
l'opposition officielle et la députée de Westmount—Saint-Louis pour une période
de 9 min 54 s.
Mme Maccarone : Merci. Bonjour,
Mme Bouchard-Bonneville. Ça me fait plaisir de vous voir aujourd'hui. Merci
pour votre mémoire puis pour votre témoignage, c'est très intéressant.
Évidemment, même aligné, je souhaite avoir un peu de clarifications en ce qui
concerne les enfants en situation de vulnérabilité ou vulnérables. Parce qu'on
sait que, dans le projet de loi, on parle d'un plafond de 50 % des places
prioritaires. Et vous, vous avez dit que c'est un outil... Il manque des outils
contraignants pour garantir vraiment cet accès aux enfants vulnérables,
alors... puis vous avez parlé un peu aussi des exemples avec les municipalités,
par exemple. Mais que proposez-vous pour assurer qu'on n'a plus ces contraintes
pour avoir vraiment cet accès pour ces enfants qui ont vraiment un besoin de
fréquenter le service de garde éducatif?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Merci. Bonne question. C'est une grande question. Je vous dirais, d'une
part, et c'est quand même bien détaillé dans notre mémoire, puis je sais... je
m'excuse encore que vous ne l'ayez pas reçu d'avance.
Mme Maccarone : Non, je sais
que vous allez... sur des définitions, mais c'est correct, je souhaite vous
entendre.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Parfait. Donc, assurément le financement rattaché aux enfants de besoins de soutien
particuliers et aux enfants et aux populations plus vulnérables, on ne le dira
jamais assez, mais les études le démontrent, il y a des besoins manquants, donc,
la capacité à bien répondre aux besoins de ces populations sont criants dans
tous les réseaux, mais ça ne fait pas exception dans le réseau des services de
garde éducatifs à l'enfance. Le fait d'avoir... le fait d'avoir des critères
qui vont regarder les différentes sphères des familles vont permettre, je
pense, de moins échapper de possibilités que ces familles puissent avoir un meilleur
accès. C'est bien documenté que les barrières d'accès sont multiples, ne serait-ce
que l'éloignement des installations pour les familles.
Donc, on le sait, les familles qui vivent
de plus grande vulnérabilité ont besoin d'une proximité, donc, leur mobilité
est affectée... pas affectée, mais impactée de par leur contexte. Donc, bien
sûr, il y a un enjeu, là, du fait qu'il n'y a pas assez de places...
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
...pour répondre à tous ses besoins. Donc, c'est sûr que mes réponses vont
avec les constats qu'on faisait d'emblée au départ, mais les études le
démontrent, la proximité et la mobilité des familles dans des contextes de vulnérabilité,
c'est vraiment un élément clé. La simplicité aussi de l'accès, donc ce n'est pas
une mince affaire de simplifier des grandes choses comme une inscription dans
des réseaux. Par contre, le niveau de littératie, la simple... le fait qu'on
puisse considérer des traductions pour ne serait ce que les outils pour pouvoir
s'inscrire, puis après bien d'avoir un cadre, des programmes éducatifs de
niveau de qualité comme on les connaît au Québec, comme on est capables
d'avoir. On a la chance d'avoir des experts au Québec, dans le milieu de la
petite enfance, qui ont développé du matériel, qui ont développé des pratiques
et des programmes éducatifs qui vont répondre aux besoins, donc de ne pas en
faire l'économie de l'accès à cette expertise-là
Mme Maccarone : Vous parlez
aussi... Merci. Vous parlez aussi de plus de leviers d'imputabilité pour
assurer que les places prioritaires soient réellement attribuées. C'est quoi
votre vision en ce qui concerne ceci?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Est-ce que vous pouvez répéter question? Pardon.
Mme Maccarone : Oui. Mais
vous parlez qu'il n'y a plus de leviers d'imputabilité...
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Oui.
Mme Maccarone : ...vraiment
pour s'assurer qu'on a cette priorisation puis qu'on le met vraiment en
vigueur. C'est quoi votre vision de ceci? Comment nous devons appliquer si on
garde les mêmes plafonds, mais peut-être aussi un seuil? On a aussi entendu le
réseau des étudiants à qui nous avons dit un peu : Ce serait intéressant
d'avoir un seuil de base pour s'assurer qu'on a cette mixité. Ça fait qu'avez-vous
des recommandations pour nous en termes peut-être de pénalités ou autres, ou
comment s'assurer à avoir ces plafonds vraiment respectés?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Je pense que ce qui est important pour le collectif, c'est vraiment
d'assurer une plus grande mixité.
Mme Maccarone : Oui.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Donc, la question autour, là, des priorisations et des différents types de
populations qui vont être acceptées prioritairement. Comment on peut faire un
cumul? Pourront-elles être cumulées? Pourront-elles être concomitantes? Parce
qu'en fait, c'est là où, dans certaines installations, dans certaines réalités,
on va vouloir prioriser un grand pourcentage d'une certaine population, par
exemple, pour les employés d'une entreprise ou d'un service, et là on va
réduire les possibilités d'avoir un accès de façon plus universelle pour des
populations dites plus vulnérables ou d'avoir une plus grande mixité.
• (16 h 10) •
Donc, le collectif ne s'est pas penché
précisément sur les pénalités. Je pense qu'il y a d'autres groupes qui sont
peut-être plus experts de ça. Par contre, ce qui est primordial et ce qui est,
ce qui est déterminant pour nos réflexions, c'est vraiment de s'assurer qu'on
n'est pas... qu'on ne priorise pas une grande masse de population au détriment
d'une mixité, et là, ça, c'est effectivement la question qui va être importante
à clarifier, je pense, dans le projet de loi.
Mme Maccarone : Mais vous
êtes en accord que, par exemple, on devrait avoir une dérogation. Vous avez
parlé de, mettons, un CP, une installation à l'hôpital ou bien on a des
partenariats avec les entreprises? Mais vous êtes d'accord avec ce type de
dérogation?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Bien, en fait, effectivement, puis ça, c'est dans le projet de loi, c'est
c'est ce qu'on saluait aussi dans notre mémoire, le fait qu'on puisse avoir des
dérogations dans des contextes particuliers. Les hôpitaux sont un super bon
exemple. Le personnel qui va travailler, qui a une priorité sur les installations,
qu'il puisse aller laisser ses enfants pour aller travailler. Donc, la
conciliation famille-travail, elle est essentielle. C'est une... aussi un... Un
CPE qui se retrouve dans une organisation, dans les critères, qui sont une
entreprise, mais qui a quand même une mission sociale, un hôpital. Donc,
pour... pour... assurons-nous de bien réfléchir dans ces cas de figure qui...
comment on va pouvoir être, peut-être dans un accommodement de cette
réalité-là, parce qu'il y a des cas comme ceux-ci qui vont être au détriment du
service de la population totale finalement.
Mme Maccarone : Puis les
places protocole, selon vous, est-ce qu'elles devront faire partie du 50 %
ou est-ce que c'est quelque chose qui devrait être traité à part.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Pour avoir une plus grande mixité, je vous dirais qu'on les laisserait à
part.
Mme Maccarone : À part, O.K.,
c'est noté. Et quand vous parlez des définitions, parce que là je comprends, il
faut élargir parce que sinon on manque quand même des catégories, des groupes.
Puis là vous avez souligné, par exemple, les immigrantes, les gens qui font
partie de la communauté dl'expression anglaise, comment voyez-vous cette
intégration? On a entendu que, de le groupe qui vient de passer, ça serait
peut-être important, mais pas le avant groupe, ce serait important de peut être
faire l
de la promotion de ce qui existe en termes de
programmes, subventions, accessibilité. Mais lors de la définition, c'est quoi
votre vision pour inclure tous les groupes qui font partie de peut- être ceux
qui sont vulnérables?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
C'est... Merci. C'est aussi une très bonne question. Je vous dirais que...
Mme Bouchard-Bonneville
(Elise) : ...il y a précisément des réalités diverses selon les
populations. Par chance, on a accès à des savoirs et des groupes qui sont
experts de ces populations-là qui, par les dernières années, ont aussi soit
démontré par des études ou des recommandations, l'importance centrale des milieux
de garde dans la réalité de ces populations précises, donc les services de
garde éducatifs à l'enfance qui accueillent des populations minoritaires ou qui
vivent des vulnérabilités, comme ceux dans le parcours de la protection de la
jeunesse. C'est assez documenté qu'il y a un impact favorable à ce qu'ils
puissent être dans des populations dites prioritaires puisqu'ils vivent déjà
d'autres cumuls de vulnérabilités qui sont spécifiques à chacune des
populations.
Donc, notre recommandation, c'est plus d'aller
vraiment préciser, dans le projet de loi, est-ce que ce sera bien réfléchi pour
ces populations-là, parce que la documentation, mais pas que la documentation,
les populations sont claires sur ces propos, d'avoir une place dans un service
de garde éducatif de qualité va réduire certaines vulnérabilités, va être un
facteur de protection essentiel pour la famille. Et on sait que, pour plusieurs
cas, ça va les placer dans une communauté ou un début de noyau de communauté.
Mais je vous dirais que pour chacune... Et on en a listé plusieurs parce qu'on
ne voulait pas, on ne voulait pas en oublier, puis on en oublie sûrement, mais
ça représentait aussi la diversité de la composition de l'expertise du
collectif. Ces populations ont des précisions ou des besoins variés, mais dans
l'ensemble, ce qu'on sait, c'est qu'ils cumulent certaines vulnérabilités plus
que d'autres. Et les services de garde éducatifs à l'enfance, c'est démontré,
ont la capacité de répondre aux besoins et, encore là, dans une perspective d'égalité
des chances. C'est pourquoi on se dit : Est-ce qu'il y aurait quelque
chose à faire avec la priorisation de ces populations-là?
Mme Maccarone : Votre
point en ce qui concerne... Parce que, là, on parle un peu de collecte de
données, mais aussi de la collecte de données concernant les refus d'admission.
Quelles données, selon vous, devraient être publiées puis à quelle fréquence?
Parce que c'est aussi... c'était aussi souligné par le Vérificateur général. Ça
fait que je trouve très intéressant que, vous aussi, vous êtes en train de
soulever cette préoccupation. Ça fait que c'est quoi votre vision en ce qui
concerne les refus, rapidement?
Mme Bouchard-Bonneville
(Elise) : Pardon? Rapidement? Par rapport au refus?
Mme Maccarone : Oui.
Mme Bouchard-Bonneville
(Elise) : Aux données des refus. En fait, c'est une bonne question sur
laquelle le collectif ne s'est pas penché précisément. Je vous dirais que le
plus d'information qui nous permet de dresser des bons portraits, considérant
la priorité qui est la petite enfance, va permettre de faire des bons choix et
de bien orienter autant la qualité et les ressources à disposer pour ces
réseaux là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé pour ce bloc-ci également. On va poursuivre
avec la députée de Sherbrooke, 3 min 18 s.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Je vais revenir sur la question de la proximité. Vous avez fait
valoir que c'était la meilleure façon d'assurer une certaine mixité. Dans le
projet de loi, en ce moment, la seule chose qui serait prévue pour ça, c'est le
petit bout qui concerne les installations qui ont une... les titulaires de
permis qui ont une entente avec une municipalité, là. Dans le cadre de la
pénurie, il y a eu une contrepartie. Est-ce que ça vous apparaît suffisant pour
assurer un critère de priorisation de proximité ou est-ce qu'on devrait
intégrer une meilleure formulation ou une autre formulation possible?
Mme Bouchard-Bonneville
(Elise) : Comme on proposait, là, dans notre... dans notre proposition
de fin de mon introduction, effectivement que la proximité nous semble être le
pilier central pour les familles. Donc, tous les moyens qui seront prêts puis
qui seront favorables à clarifier comment on peut permettre une plus grande proximité
entre le lieu de vie d'un enfant et son lieu de garde va être favorable à
vraiment un bon filet de protection pour lui et une bonne façon d'implanter des
services de garde aux bons endroits. Donc, dans notre grand projet qui est
effectivement ambitieux, mais en même temps qui renverserait quand même un
paradigme important, le fait d'implanter un service de garde éducatif à
l'enfance dans sa communauté et de l'attacher à l'ensemble des services autour
et du milieu de vie, ça aurait des répercussions sur un continuum de la
naissance jusqu'à l'entrée à l'école et bien au-delà, pour qu'on puisse
réellement avoir un projet où le CPE redevient le pilier central d'une
communauté. Donc, dans le projet de loi, tout ce qui pourrait être renforcé
dans cette direction pourrait nous amener à faire des pas dans cette
direction-là parce que c'est, selon nous, un moyen de redéfinir la suite des
choses pour l'histoire du réseau des services de garde à l'enfance.
Mme Labrie : Je comprends
votre vision. Je la partage. Je vous soumets que c'est peut-être un peu trop
large...
Mme Labrie : ...formulation
qui est actuellement dans le projet de loi. Dans le sens où, bien, d'abord, il
y a des municipalités qui sont très grandes, là. Montréal, Québec, Laval, bon,
on peut habiter un bout de cette municipalité-là, puis que l'autre bout soit
très loin. Puis, par ailleurs, même dans une plus petite municipalité, il y a
des installations qui sont là, qui n'ont pas nécessairement d'entente avec la
municipalité, là, donc il n'y aurait pas moyen pour eux autres de garder une
priorisation. Donc, est-ce qu'on devrait prévoir plus clairement un critère de
proximité? Puis comment on devrait le formuler?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
C'est une bonne question. Comment le formuler? Moi, je pense
qu'effectivement il y aurait un gain à clarifier, avec les municipalités, des
détails pour permettre une proximité, pour toutes les raisons que j'ai
énumérées. Effectivement, que, de comment le nommer, ça, c'est une excellente question
à laquelle j'avoue que je n'ai pas pris le temps d'y réfléchir, parce que c'est
quand même une expertise plus légale, je dirais, là, à ce niveau-là. Mais le
code postal me semble être peut-être une voie de passage intéressante. Donc, un
peu comme à l'image des écoles, les enfants sont... sont rattachés à leur code
postal... ou à l'école, en fait, là, on détermine le lieu scolaire. Serait-il
intéressant d'explorer cette voie-là pour les municipalités?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On termine avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour
trois minutes 18 secondes.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Vous êtes notre dessert. Et
c'est fort intéressant. On va finir avec votre présentation.
Votre mémoire propose un changement de
paradigme à la fin. Et vous venez de le résumer un peu. Mais mon attention a
été attirée par la proposition que vous faites, que le ministère puisse se
faire promoteur de CPE là où il n'y en a pas, dans l'approche de proximité.
Parce que ça pourrait être un enjeu, si on ne fait que desservir les clientèles
de proximité là où les CPE n'existent pas, bien, évidemment, on va être dans un
désert de services. Est-ce qu'à votre connaissance a déjà été utilisé, ce
pouvoir-là que confère la loi au ministère pour justement créer ces places-là?
• (16 h 20) •
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
En fait, non, on n'a eu... On a... Non, on ne pense pas que ça a déjà été
utilisé, ça, ce droit-là. Ce qui est intéressant dans cette perspective où on
arriverait à offrir un projet de société de cette ampleur, il faudrait
éventuellement pouvoir implanter des services de garde éducatifs à l'enfance,
même s'il n'y a pas de demandes venant de la communauté. Parce qu'on sait que
parfois, il y a des enjeux qui sont plus de dimension individuelle des
capacités à mobiliser une communauté à faire cette demande-là. Mais ce n'est
pas parce qu'il n'y a pas de demandes qu'il n'y a pas de besoins à ce
niveau-là. Donc, c'est pourquoi on le mettait comme une des... un des leviers
intéressants.
M. Arseneau : Puis, dans la
même foulée, vous parlez du réseau de CPE qu'on devrait privilégier lorsqu'il
est question de créer des places en installation. Qu'en est-il de votre point
de vue concernant cette possibilité, je dirais, là, que l'on ait un réseau
véritablement à deux vitesses, où plusieurs... bien, en fait, la totalité des
services de garde qui sont subventionnés sont soumis à une loi, mais qu'un
groupe non subventionné puisse appliquer des critères complètement différents,
presque à tous égards, là, particulièrement sur la question... les questions
qui sont celles qui nous préoccupent aujourd'hui, là, celles de l'accès,
l'équité, les valeurs transmises, ainsi de suite? Comment vous voyez ça? Est-ce
que vous voyez ça comme un danger dans votre approche de changement de
paradigme? Ou est-ce qu'on peut accepter qu'il y ait deux ordres de CPE ou de
CPE garderies, de... un réseau à deux régimes?
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Effectivement, que d'avoir des critères bien définis qui visent une mixité
avec une qualité éducative, si c'est au cœur de ce qu'on veut comme grand projet
de société, il faut s'assurer que tout le monde joue la même game, si je peux
le dire en bon... désolée de l'anglicisme, là, mais qu'on puisse jouer dans la
même histoire. Donc, effectivement, puis on le mentionne dans notre mémoire,
les services de garde éducatifs à l'enfance, donc les centres de la petite
enfance sont pour nous prioritaires à développer pour la suite des choses.
Prioritairement, parce que l'ensemble des ressources sont dédiées au cadre
éducatif de l'enfant, et toutes les ressources sont mises pour la qualité
éducative. Donc, c'est... Et pour chacun des tout-petits. Donc, si on va dans
cette... dans cette lignée-là...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Bouchard-Bonneville (Elise) :
Oh! merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Eh oui! C'est déjà tout le temps que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...nous avions. Mme Bonneville, je vous remercie pour
votre contribution à nos travaux.
Et, compte tenu de l'heure, la commission...
ajourne ses travaux au mardi 29 avril 2025 à 9 h 45, où
elle entreprendra un nouveau mandat.
(Fin de la séance à 16 h 23)