(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme Caron) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude des crédits du portefeuille Immigration, Francisation et Intégration pour l'exercice financier 2025‑2026.
Une enveloppe totale de 3 h 30 min a été allouée pour l'étude de
ces crédits.
Mme la secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Prass (D'Arcy-McGee) est remplacée par M. Morin
(Acadie); M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), par M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne); et M. Bérubé
(Matane-Matapédia), par M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin).
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs
d'échange incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces
crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers
16 heures.
Discussion générale
Alors, je suis maintenant prête à reconnaître
une première intervention du député de l'opposition officielle pour un premier
bloc d'échange. M. le député d'Acadie, la parole est à vous.
M. Morin : Bonjour,
Mme la Présidente. Merci. Alors, permettez-moi d'abord de vous saluer, M. le
ministre, bonjour, saluer les collègues, que ce soit du ministère ou du
cabinet, qui vous accompagnent. Je salue également les collègues de la banquette
gouvernementale et les collègues de l'opposition, des oppositions. Voilà.
Donc, ceci étant dit, je vais débuter, Mme la
Présidente, avec une question d'actualité, en fait, M. le ministre. Radio-Canada, hier, la journaliste Mme Marie-Christine Rioux indiquait : L'Université
du Québec à Rimouski adopte un
budget déficitaire de 4,7 millions en 2025‑2026. Quand on lit l'article, M. le ministre, on cite le recteur de
l'université, M. François Deschênes, et il s'inquiète beaucoup du
manque à gagner par rapport à sa masse salariale, mais aussi par rapport au
fait qu'il y a une diminution du nombre d'étudiants inscrits, des étudiants
internationaux.
Vous vous rappellerez, M. le ministre, quand on
a fait l'étude du projet de loi n° 74, avec ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, on vous en a
parlé, on vous a mis en garde, on vous a questionné là-dessus. Alors là, la réalité est en train de vous
rattraper. Qu'est-ce que vous répondez au recteur, M. Deschênes, de l'UQAR, qui
vous dit que, là, il n'est pas capable de
boucler son budget puis que c'est en partie à cause de la diminution du nombre d'étudiants
étrangers, ce dont on vous avait prédit que ça allait arriver.
La Présidente (Mme Caron) : M.
le ministre.
M. Roberge : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Quelques secondes, comme le collègue, saluer le
collègue de l'Acadie, mes collègues de
Laviolette—Saint-Maurice, Vimont, Châteauguay, chef de cabinet, toute l'équipe, Mme la sous-ministre. Il y a beaucoup de travail
qui est fait en amont pour essayer de donner les meilleures réponses aux Québécois
pour cette opération de reddition de comptes.
Directement sur la question de mon collègue,
pour ne pas prendre trop de temps, je pense qu'il fait référence à notre
loi n° 74, si je ne me trompe...
M. Morin : Oui, exact.
M. Roberge : ...que nous avons
étudiée ensemble avant Noël, qui venait donner des nouveaux leviers au
gouvernement du Québec pour contrôler l'arrivée d'étudiants étrangers sur le
territoire québécois. C'est nécessaire d'accueillir
des étudiants étrangers. On est d'accord pour continuer d'accueillir des
étudiants étrangers. On en a dans le parcours primaire, secondaire, on
en a en formation générale, on en a au collégial, on en a dans les universités.
Vous avez vu que, dans notre premier décret, on continue d'en avoir dans chacun
de ces domaines-là.
Cependant, je vous dirais qu'il y a des
aménagements importants à faire pour tenir compte de notre capacité d'accueil à
l'échelle du Québec, notre capacité de loger tous ces gens-là. Puis mon
collègue remarquera que, dans le réseau
universitaire, c'est une stabilisation, il n'y a pas, dans le décret que nous
avons déposé, de diminution prévue ou anticipée qui découle du premier décret
qu'on a déposé, il n'y en a pas, d'accord? Ce n'est pas ça qui est arrivé. Je
sais que l'environnement a changé, le
contexte a changé. Le gouvernement canadien a pris des mesures particulières...
M. Morin : Mme la Présidente...
La
Présidente (Mme Caron) : ...
M. Roberge :
...mais il faut faire attention de faire relation de cause à effet.
M. Morin :
Alors voilà. Merci. Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, vous avez... vous avez raison, hein? Question de
contrôle. Mais vous avez aussi, M. le ministre, envoyé un message très clair
dans le monde à l'effet de ne plus
venir étudier au Québec. Et ça, c'est un article de Radio-Canada,
M. Poirier, en février 2025. Donc là, M. le ministre, on commence à
voir le résultat de votre projet de loi n° 74.
Mais j'ai une autre
question pour vous, d'intérêt général, en ce qui a trait, cette fois-ci, plus
aux cégeps. Autre article publié très récemment qui fait référence au cégep de
Jonquière. Les cégeps ont pâti du recrutement d'étudiants africains par des
agences malveillantes. On nous parle de réseaux criminels qui ont,
malheureusement, exploité des gens pour les faire venir dans des cégeps, et je
me demandais, M. le ministre, qu'est-ce que vous faites, qu'est-ce que votre
ministère fait pour empêcher cette situation-là.
D'ailleurs,
d'ailleurs, permettez-moi, évidemment, de citer, dans l'article,
Mme Montpetit, qui est la présidente de la fédération et qui disait : «Ce sont les gouvernements qui
doivent s'assurer que les étudiantes et étudiants disposent des ressources
financières requises pour mener à bien leurs études.» Ce qu'on apprend, c'est
qu'on laisse croire à ces étudiants-là que tout est gratuit, puis là, quand ils
arrivent ici, ça ne fonctionne pas. Or, M. le ministre, dans votre réglementation, en ce qui a trait à l'immigration
et aux Programmes des étudiants étrangers, et je vous réfère à
l'article 11, on dit : «Le ministre consent au séjour d'un
ressortissant étranger dans le cadre du Programme des étudiants
étrangers lorsqu'il satisfait aux conditions suivantes — et
notamment :
«2° il dispose et
continuera de disposer, pour lui et les membres de sa famille qui
l'accompagnent et pendant la durée du séjour au Québec, de ressources
financières suffisantes — et
il doit :
«a)
payer les frais de transport aller-retour
[...] et — entre
autres — les
frais de scolarité et les autres frais relatifs aux études.»
Alors,
quand on lit des articles comme ça, Mme la Présidente, quels sont les
mécanismes que vous avez en place dans votre ministère, M. le ministre,
pour s'assurer que la bonne information est donnée? Et quel est le tamis, en
fait, la grille que vous utilisez pour
empêcher que des étudiants étrangers soient exploités et qu'ils se ramassent
chez nous dans la situation que je vous décris?
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Permettez, des fois, dans les débuts de mes
réponses, de faire des petites corrections, parce que, dans les préambules des
collègues, il y a des affirmations que je dois corriger. Il a dit : M. le ministre, vous avez dit aux gens de ne plus
venir étudier au Québec. Je ferme les guillemets, ce sont ses mots. Je n'ai
jamais dit ça, donc on ne peut pas... je ne peux pas laisser passer des
déclarations comme ça, là. Je n'ai jamais dit : Ne venez plus
étudier au Québec. Pas du tout. Je dis : Nous devons mieux contrôler
l'arrivée d'étudiants étrangers. Nous
continuons d'en vouloir, nous continuerons d'en accueillir, plusieurs des
étudiants étrangers deviendront ensuite des résidents permanents. Ce
n'est pas parce qu'on veut mieux contrôler le nombre, mieux assurer la
répartition géographique qu'on enverrait le message que le collègue a
mentionné. Donc, ça, c'est important de préciser ça.
Moi, je veux amener
un élément important qui montre la nécessaire reprise de contrôle d'arrivées d'étudiants
étrangers sur le territoire québécois, parce qu'il faut voir le portrait
d'ensemble. On a plus de 600 000 immigrants temporaires sur le
territoire québécois. Là-dessus, il y en a à peu près 128 000 qui sont...
La Présidente
(Mme Caron) : ...
M. Morin :
Alors, Mme la Présidente, ma question, elle est précise...
M. Roberge :
Mme la Présidente...
M. Morin :
On ne parle pas des 600 000 qui sont sur le territoire québécois, M. le
ministre...
M. Roberge :
Excusez, Mme la Présidente, je peux terminer ma réponse?
La Présidente (Mme Caron) : Oui,
M. le ministre, vous pouvez terminer votre réponse, parce que je ne peux...
je ne peux me prononcer sur la pertinence de la réponse. Allez-y.
M. Roberge :
Merci. Mais je suis sur le thème de l'arrivée d'étudiants étrangers, mon
collègue m'interroge précisément sur les conditions, mais je veux préciser
quelque chose. L'an passé, il y a plus de 5 965 personnes qui ont déposé une demande d'asile alors qu'ils
avaient un permis d'études. Donc, des gens qui arrivent au Québec avec de faux
prétextes pour ensuite faire une demande d'asile, il y en a de plus en plus. En
2023, c'étaient 2 840 des étudiants qui, arrivés comme étudiants, font une
demande d'asile. En 2024, 5 965...
M. Morin :
Alors là, Mme la Présidente, je
vais intervenir à nouveau, c'est non pertinent, c'est non pertinent...
M. Roberge :
...donc on ne se gênera pas de reprendre le contrôle de notre immigration,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Caron) : Bon,
merci. Alors, la parole... la parole est à vous, M. le député d'Acadie.
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Ma question est claire, elle est simple. Ce que
je dis, c'est qu'il y a des étudiants et, ce
qu'on apprend dans les journaux aujourd'hui, qui, sous des faux prétextes,
viennent ici. Ce n'est pas eux, là, qui sont nécessairement en faute. Et
il y a une disposition, dans la réglementation, qui oblige le ministre à
évaluer tout ça et à s'assurer que ça n'arrive pas. Ma question, elle est très
simple : Qu'est-ce que le ministre, et son ministère, fait pour s'assurer que les étudiants à l'étranger vont avoir
la bonne information, quand ils vont venir ici, pour ne pas se ramasser dans la situation qui est décrite
dans l'article qui vient d'être publié? C'est très simple. Que faites-vous,
avec vos fonctionnaires, pour s'assurer que votre législation et votre
réglementation, elle est respectée?
La Présidente
(Mme Caron) : M. le ministre.
• (11 h 40) •
M. Roberge : Mme la Présidente, il
faut s'assurer que la réglementation est respectée, mais je suis content de
voir mon collègue maintenant s'inquiéter, ce
qui est un discours totalement différent de ce qu'il avait à l'automne dernier,
s'inquiéter du nombre de personnes qui viennent, et de leur capacité
financière, et de la nécessité de s'assurer que les étudiants qui arrivent ici,
bien, ce sont des étudiants qui arrivent ici.
Et la question
précise sur la mécanique, etc., je vais vous lire la réponse que j'ai ici. Il y
a un agent, au gouvernement : «L'agent
établit le montant que le candidat doit détenir selon sa situation, nombre et
âge des personnes accompagnantes, frais de scolarité de l'étudiant, qui
peuvent varier d'un établissement à l'autre, besoin ou non d'une assurance
privée.» Ça fait partie des critères.
«Les preuves que le
candidat détient les ressources financières nécessaires peuvent être démontrées
par l'une ou plusieurs de ces sources», puis
on peut additionner ces sources-là : d'abord, des fonds personnels comme
des relevés de salaire, des lettres de banque, des avis de cotisation, ensuite,
l'octroi d'une bourse, évidemment, ensuite, la prise en charge
financière par une tierce personne majeure résidant à l'étranger ou au Québec.
La personne qui s'est rendue responsable
doit signer la déclaration de soutien financier. Ensuite, il y a : «Les
revenus d'un travail sur le campus ou hors
campus peuvent être considérés dans le cas où l'étudiant étranger présente une
nouvelle demande pour prolonger son séjour.» Donc, on a ces
mécanismes-là.
Par contre, on est
conscients qu'il y a des enjeux. Il y a peut-être lieu de revoir les montants
qui sont exigés aux étudiants étrangers,
c'est quelque chose qu'on analyse en ce moment. Je sais que le gouvernement
fédéral s'est posé cette question-là
aussi, il est en train de regarder, d'analyse puis d'arriver avec des nouveaux
montants exigés. Nous faisons un exercice d'analyse aussi, notamment en
fonction des différents calculs, selon le coût de la vie au Québec.
M. Morin :
Parfait. Merci. Alors, Mme la
Présidente, dans le prochain bloc, j'aimerais traiter de questions de francisation. Vous le savez, nous avons une
entente Québec-Canada en immigration. M. le ministre, vous avez reçu combien
du gouvernement fédéral dans le cadre de cette entente?
M. Roberge : Alors, laissez-moi
trouver ce chiffre. Alors, si je ne m'abuse, on est à 867 millions, la
compensation fédérale pour l'accueil
de nouveaux arrivants, qui inclut la francisation, mais pas seulement. Bon, je
vais laisser... Je suis sûr qu'il y va avoir des questions
complémentaires.
M. Morin :
Mais j'aurai... Donc, 867 millions, pas tout à fait 1 milliard,
mais ça s'avoisine à ça. Je regardais vos
documents que vous avez fournis, M. le ministre, notamment dans les
renseignements particuliers. Si je... En fait, voilà, c'est la
réponse 44, pour vous situer, M. le ministre, où on parle du budget en
francisation, on dit que c'est 289,6 millions.
Ce montant n'inclut pas le transfert effectué au ministère de l'Éducation, qui,
lui, pour la francisation des adultes,
est de 114,4 millions. Donc, si je fais un calcul, bon, assez rapide,
j'arrive, moi, à un total de 403 millions. Si je déduis ça du montant que vous recevez du fédéral,
bien, alors, moi, ma compréhension, c'est que vous pouvez couvrir
entièrement toutes vos dépenses en francisation. Ça, c'est la première des
choses. Là, le fédéral s'en occupe au grand complet,
puis il vous reste encore 464 millions. Et, en vertu de l'entente, je
comprends qu'il y a la francisation, l'accueil, l'installation, l'intégration en emploi, l'établissement. Donc, ma
première question : Avec tout cet argent, comment se fait-il que
vous ayez fermé des classes de francisation?
La Présidente
(Mme Caron) : En 57 secondes. M. le ministre.
M. Roberge :
En 57 secondes! Bien, écoutez, en 2024-2025, jusqu'au 31 janvier,
donc l'année n'était pas terminée, le budget
du MIFI, là, pour l'intégration, la francisation, c'était 540,7 millions.
Ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, ensemble,
147,4 millions d'argent qui est transféré, là. Après ça, au ministère, au
MESS, 62,4 millions, au MSSS, 112... plutôt 12,2 millions. Il y a
d'autres dépenses aussi qui sont dans d'autres ministères. Il faut considérer aussi qu'il y a d'autres
besoins très, très grands. Par exemple, je n'ai pas parlé du 507 millions,
plus de 500 millions, pour les
demandeurs d'asile, juste en social. Donc, ne vous inquiétez pas, là, l'argent
qu'on reçoit d'Ottawa est dépensé...
La Présidente
(Mme Caron) : Merci... Merci, M. le ministre...
M. Roberge :
...et nous en mettons aussi du budget du gouvernement du Québec.
La
Présidente (Mme Caron) : Le temps est écoulé pour ce bloc. Je suis prête à reconnaître
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
pour 14 min 45 s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci aux collègues parlementaires, merci aux
équipes. Content de vous voir aujourd'hui. M. le ministre, je voudrais vous
parler en premier lieu du regroupement familial. On sait que vous travaillez actuellement sur vos
scénarios pour la planification pluriannuelle, et j'aimerais vous parler de ce
sujet important.
Vous n'êtes certainement pas sans savoir qu'un
sondage Léger, ce week-end, a révélé que le deux tiers des Québécoises et des
Québécois sont en faveur de l'accélération des délais dans cette catégorie. Une
même proportion estime même que le
gouvernement devrait en faire une priorité. En fait, alors que le reste... dans
le reste du pays, le délai de
traitement des demandes est d'une année; ils sont de trois ans au Québec. Trois
ans sans pouvoir vivre avec sa femme, ses
enfants, c'est particulièrement long. Alors, est-ce que le ministre de
l'Immigration est prêt à écouter les Québécoises et les Québécois et à
faire un geste en faveur du regroupement familial?
La Présidente (Mme Caron) : ...ministre.
M. Roberge : Merci
bien, Mme la Présidente. Bonjour, cher collègue. Dans la part d'immigration
permanente, on a une partie qui est
contrôlée par le gouvernement du Québec, surtout l'immigration économique, puis
il y a une partie, comme les réfugiés puis regroupement familial, qu'on
discute avec Ottawa. On sait qu'ils ont perdu le contrôle sur le PMI puis les demandeurs d'asile, là. Puis c'est
une demande importante du gouvernement du Québec de réduire de moitié, là.
Ça fait qu'ils sont 400 000 qui relèvent d'Ottawa; il faut que ça réduise
à 200 000.
Pour ce qui
est du regroupement familial, bien, il faut voir que, de manière globale, sur
une dizaine d'années, le Québec a
toujours accueilli entre 10 000, 11 000, parfois
12 000 personnes, en regroupement familial année après année. Puis
notre gouvernement n'a pas réduit ces montants-là d'aucune manière, donc...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Roberge : Bien, je vais
m'arrêter là. Je vais continuer.
M. Cliche-Rivard : ...vous
allez proposer des scénarios. C'est comme ça que ça fonctionne. Est-ce que vous
seriez prêt à mettre au jeu un scénario qui donne un petit peu d'oxygène puis
un petit peu d'air aux familles, dans le regroupement familial, puis qu'on
laisse les gens, par la suite, commenter sur ces scénarios-là? Moi, l'hypothèse
que j'ai avec le Léger, c'est que les Québécois et les Québécoises, à deux
tiers, là, sont en faveur qu'on donne un petit peu d'air puis un peu d'oxygène
au regroupement familial. Est-ce que vous êtes prêt à mettre au jeu un scénario
qui donnerait un petit peu de place, là, davantage de place au regroupement
familial?
La Présidente (Mme Caron) : M.
le ministre.
M. Roberge : ...mal
compris la question. Là, mon collègue est en train de me demander de déposer un
document pour la prochaine planification pluriannuelle...
M. Cliche-Rivard : Non.
M. Roberge : ...qui inclura des
montants qui sont plus élevés dans le regroupement familial? Bien, écoutez, c'est une proposition que j'entends. Mais le débat
sur la prochaine planification pluriannuelle va se faire prochainement. On va déposer, dans les prochaines semaines, notre
cahier de consultations, les informations statistiques, le portrait très
complet. Tout le monde au Québec pourra
s'approprier ces chiffres-là, et il y aura des scénarios. Mais je ne ferai pas,
à l'étude des crédits, de la planification pluriannuelle. On aura du
temps en commission pour ça.
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Le ministre sait très bien, là, ce que je lui propose. Il va
fournir des scénarios, puis les gens vont commenter les scénarios dans la
planif. Ce que je lui demande, c'est s'il est prêt ou non à soumettre un de ces scénarios-là dans la
planification annuelle, pas aujourd'hui, qui va permettre que les gens puissent
avoir un peu plus d'oxygène puis qu'on
puisse s'y commenter. On y reviendra, comme il l'a dit. Pour l'instant,
j'entends qu'on n'est pas certains. On verra.
J'aimerais ça
vous entendre sur les inventaires, M. le ministre, inventaires au fédéral.
Est-ce qu'il serait possible pour
vous de nous donner les inventaires par catégories d'immigration permanente
dans les dossiers en cours auprès d'IRCC, dans la donnée statistique la
plus récente possible, par catégories?
La Présidente (Mme Caron) : M.
le ministre.
M. Roberge : Mme
la Présidente, si je ne m'abuse, au 1er janvier 2025, on avait
environ 42 000... C'est bien ça? Je suis entouré d'une équipe, je veux
être sûr de... quand je dis le chiffre, que c'est... Je me réfère ici, là, à la
fiche 9, ici, là :
42 000 personnes qui avaient une demande de résidence permanente en cours
de traitement, à IRCC, ou en attente d'admission.
Ce nombre exclut les personnes à charge, conjoints, enfants, non
accompagnatrices, donc les non-accompagnatrices. Donc, il y a des
conjoints, enfants, il y a aussi des parents et...
• (11 h 50) •
M. Cliche-Rivard : ...familial,
M. le ministre? Ça, c'est... 42 000, c'est le regroupement?
M. Roberge : Oui,
oui, on est là-dedans. Oui, c'est ça, on est là. Il y a conjoints et enfants,
grosso modo, là, à peu près 30 000, puis, dans parents, grands-parents, on
est à presque 14 000. C'est normal qu'on en ait plus dans conjoints,
enfants, d'ailleurs, c'est ce qui est privilégié habituellement. Je ne dis pas
que ce n'est pas exclu d'avoir parents et
grands-parents, mais habituellement, en proportion, à chaque année, on a
davantage de conjoints, enfants qui sont
sélectionnés dans... année après année, dans la part des personnes. Puis, comme
je vous dis, depuis plus de 10 ans, là, que ce soit le gouvernement
du Parti québécois, le gouvernement du Parti libéral, le gouvernement de la
Coalition avenir Québec, on s'est toujours maintenus entre 10 000 et
12 000 personnes...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M. Roberge : ...en regroupement
familial année après année.
M. Cliche-Rivard : ...déposer
la fiche, M. le ministre, ou les données, du moins?
M. Roberge : Non,
parce que je suis dans mes notes personnelles, ici. Mais là c'est mentionné,
là, c'est nommé.
M. Cliche-Rivard : Donc, les
données par catégories, vous allez pouvoir les soumettre?
M. Roberge : Est-ce qu'on peut
sortir... Oui, en fait, c'est ça, exactement, conjoints et enfants puis
parents, grands-parents, bien, c'est ce que je viens de dire, là.
M. Cliche-Rivard : Est-ce
qu'on peut connaître l'inventaire dans la catégorie des réfugiés reconnus qui
attendent la résidence permanente aussi?
M. Roberge : Attendez
un peu, je vais essayer de trouver la donnée précise, là, à laquelle vous
faites référence. Donc, ici, on est à — merci — 45 600,
qu'on appelle réfugiés reconnus sur place. Ça, ici, là, si je ne m'abuse, on
parle de demandeurs d'asile...
M. Cliche-Rivard : Non,
réfugiés reconnus.
M. Roberge : ...dont le dossier
a été traité par IRCC, donc le gouvernement canadien.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci beaucoup. J'imagine, vous l'avez aussi pour la catégorie humanitaire?
M. Roberge : ...juste pour être
sûr. Voilà, ici, on est à 12 700.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le ministre. Et finalement pour les travailleurs qualifiés?
M. Roberge : Travailleurs
qualifiés... Mais là, ici, on est dans...
M. Cliche-Rivard : Vous pouvez
le détailler par catégories. Si vous l'avez, tant mieux.
M. Roberge : On est à
34 000.
M. Cliche-Rivard : Au total?
M. Roberge : Oui.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le ministre. Je vais vous revenir en deuxième bloc avec des questions
précises sur ces données-là. Je vous
remercie de votre explication. Puis, si on pouvait, effectivement, obtenir le
tableau par catégories des inventaires au 1er janvier, je noterais
l'engagement, Mme la Présidente, si possible.
La Présidente (Mme Caron) :
Oui, effectivement, on peut...
M. Roberge : ...déposer de l'information.
J'ai répondu en toute transparence, mais on pourra vous envoyer... déposer des
informations relatives à ce qu'on vient de dire, là, au greffier ou à la commission.
Ça me fera plaisir.
M. Cliche-Rivard : Il y a quatre catégories. Il y en a plusieurs
autres, là. Vous allez déposer le portrait complet? Merci beaucoup.
M. Roberge : On va déposer tout
ce qu'on va déposer.
La Présidente (Mme Caron) :
L'engagement de déposer, donc, le tableau ou le document avec les données que
vous venez d'énoncer, merci, c'est noté. Alors, vous pouvez continuer, il reste
7 min 25 s au bloc.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais ça vous
parler de capacité d'accueil, M. le ministre, un élément qui a fait quand
même l'objet de plusieurs discussions dans la dernière année... dans les
dernières années. En fait, j'ai posé des
questions à votre prédécesseure, dans le passé, sur comment on la définissait,
la capacité d'accueil, puis comment
le MIFI en arrivait à la conclusion qu'elle était dépassée. Vous vous souvenez,
il y avait eu le lancement d'un fonds, un fonds de recherche, là, je
l'ai ici, Action concertée — Capacité
d'accueil de la société québécoise et établissement durable des personnes en
région, puis il y avait essentiellement des appels à propositions qui allaient nous permettre de davantage définir ce que
composait la capacité d'accueil, puis de la comprendre, puis qu'on puisse la quantifier.
On devait avoir... on avait des demandes de financement qui devaient être
faites avant le 1er février... le 21 février
2024. Est-ce que vous avez des informations pour nous sur ces études-là qui
sont en cours? Bref, combien ont été
alloués? Quand est-ce qu'on va avoir plus d'informations sur ces études-là,
commandées par votre prédécesseure, sur ce que constitue la capacité
d'accueil?
M. Roberge : Oui. Juste avant d'y aller purement sur la recherche,
je veux dire que, quand on regarde la capacité d'accueil, on regarde la démographie québécoise, l'accroissement de la
population, la capacité de logement, l'éducation, donc la capacité de scolariser les jeunes, santé
et services sociaux, la capacité de soigner toutes ces personnes-là, l'aide
sociale, le poids sur les finances
publiques, l'aide de dernier recours puis l'aide sociale, le marché du travail,
est-ce qu'on est capables d'absorber ces gens-là dignement, est-ce
que... quel est le pourcentage de taux de chômage puis les services de garde aussi, les listes d'attente,
donc, on est là, notre capacité à franciser, aussi, des gens qui arrivent ici,
qui ne parlent pas français, est-ce qu'on est capables de les franciser,
puis j'ai le goût de dire aussi la capacité de payer des Québécois pour tout
ça.
M. Cliche-Rivard : Sur la question,
M. le ministre?
M. Roberge : Puis, si vous me
laissez le temps, j'ai des chiffres pour chacun de ces éléments-là.
M. Cliche-Rivard : Non...
M. Roberge : Vous vous
intéressez à la capacité d'accueil, mais...
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : Vraiment?
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Roberge : Bien, vraiment,
laissez-moi répondre.
M. Cliche-Rivard : Bien, je
vous ai posé une question précise sur les études en cours.
M. Roberge : Oui, bien, pour ce
qui est des études en cours, c'est cet automne. Donc, le MIFI développe
actuellement un programme de recherche en collaboration avec Fonds de recherche
du Québec, secteur Société et culture. Le
lancement sera prévu à l'automne 2025. Le programme va permettre à des
chercheurs intéressés de travailler sur
des projets qui concernent plusieurs sujets d'intérêt pour le MIFI, donc les
facteurs qui influencent la capacité d'accueil. Ce sera... Ce sera lancé
à l'automne 2025.
M. Cliche-Rivard : Vous l'avez
lancé en 2023, M. le ministre. Je ne comprends pas pourquoi c'est relancé en
2025. Les financements devaient se faire en 2024.
M. Roberge : Il y avait une
question d'annoncer le financement, annoncer l'intention. Là, ce que je vous
dis, c'est que le lancement se fera à l'automne 2025.
M. Cliche-Rivard : Ce seront combien de projets qui vont être
financés? Ça a été annoncé en 2023, M.
le ministre.
M. Roberge : C'est le fonds de
recherche qui va recevoir l'appel de candidatures et qui va lancer les travaux.
M. Cliche-Rivard : Pour accéder
au formulaire de demande de subvention, il est obligatoire de transmettre une
demande avant le 22 novembre 2023. Là, on est en 2025.
M. Roberge : Attendez un petit
peu.
M. Cliche-Rivard :
...22 avril 2024.
M. Roberge : Il y a
manifestement eu des délais, parce que ce qu'on me dit, c'est que le lancement
va se faire à l'automne 2025.
M. Cliche-Rivard : Moi, j'en suis, et c'est une question importante,
Mme la Présidente, la capacité d'accueil. Mais j'aimerais ça qu'on
puisse faire ce débat-là sur des bases scientifiques puis j'aimerais ça que la
science soit capable de nous aider à l'étayer. On a un consensus, là, autour de
la table, mais encore faut-il qu'on soit capables aussi de le définir puis de
l'avoir ventilé. Alors là, je vois que le ministre, qui nous parle de la
capacité d'accueil, qui est très, très, très importante, j'en suis avec lui...
par contre, on n'est pas capables de le définir. Puis ça fait deux ans qu'on
lance des appels à propositions de projets, puis là on se fait dire que ça ne
sera pas avant cet automne.
Bon, M. le ministre,
vous parlez souvent des demandeurs d'asile. Je me demandais si vous connaissez
le taux d'approbation des demandes d'asile en 2023‑2024? Combien de dossiers
sont acceptés, au Canada, en pourcentage? Est-ce que vous le savez?
M. Roberge :
On va regarder les informations, attendez un petit peu.
M. Cliche-Rivard :
Mais... parce que vous en parlez beaucoup, vous faites beaucoup de
déclarations, est-ce que vous êtes... est-ce que vous le savez?
M. Roberge :
Juste le temps de trouver l'information. Pendant qu'on me trouve le chiffre
exact...
M. Cliche-Rivard : Mais je vous demande sur
votre connaissance personnelle, là, M. le ministre. Je comprends que
vos...
M. Roberge :
Oui, bien, on ne jouera pas à Génies en herbe avec la période des crédits.
M. Cliche-Rivard :
Bien, ce n'est pas ça que je vous demande. Je vous pose une question...
M. Roberge : Moi, je veux être sûr de
trouver le chiffre exact, puis je ne veux pas vous sortir une approximation, là,
juste parce que je veux répondre vite, là...
M. Cliche-Rivard :
Parfait.
M. Roberge :
...ce n'est pas comme ça qu'on va fonctionner.
La Présidente (Mme Caron) : M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, souhaitez-vous poser une autre question pendant que les équipes
cherchent la réponse?
M. Cliche-Rivard :
Oui, je vais poser une autre question. Mais je pense que...
La Présidente
(Mme Caron) : Il reste 2 min 26 s.
M. Cliche-Rivard :
...je pense que... je pense que c'est clair, là, je pense que la
démonstration a été faite, là, on parle
beaucoup des demandeurs d'asile, mais quels sont véritablement les demandeurs
d'asile basés sur la convention, le ministre n'est pas en mesure de nous
répondre directement.
J'aimerais
ça vous poser une question sur le hockey, M. le ministre. Malheureusement, le
Canadien a été défait hier, je suis
très désolé de ça. Mais des gens me faisaient remarquer, sur la connaissance du
français puis du renouvellement de permis de travail, là, on a beaucoup
parlé, dans les dernières années, de conditions au renouvellement du permis de travail, conditions qui vont toucher, là, les
travailleurs en région, dans les différentes manufactures, un petit peu partout.
Je me demande qu'est-ce qui s'applique, là. Là, on a eu la jeune sensation,
Demidov, récemment, qui est venu, on a Cole
Caufield qui va renouveler son permis de travail. Qu'en est-il pour le
renouvellement de permis de travail des joueurs du Canadien? Est-ce
qu'ils ont des obligations de connaissance du français pour le renouvellement
de leur permis?
M. Roberge : Bien, je suis content que
mon collègue, il s'intéresse au hockey. Moi aussi : Go, Habs, go! Hein,
il n'y a pas de problème avec ça. Malheureusement, bon, on est en reconstruction.
L'an prochain, on fera mieux.
Effectivement,
plusieurs des joueurs professionnels ne sont pas nécessairement des Canadiens,
ils ne sont pas... Il y a tout un florilège,
le programme, hein, pour savoir qui peut être sur le territoire québécois. Ça
fait partie des gens qui sont dans la catégorie des temporaires, pour la
plupart, à moins qu'ils fassent une demande, là, de résidence permanente
puis de devenir des Québécois, des Canadiens. Les joueurs de hockey relèvent
davantage du programme fédéral, PIM,
Programme mobilité internationale, que du programme Travailleurs étrangers
temporaires, TET, qui relève du Québec. Donc là...
M. Cliche-Rivard :
Mais est-ce que vous avez fait...
M. Roberge :
Ça relève davantage d'Ottawa.
• (12 heures) •
M. Cliche-Rivard : Vous
m'avez souvent dit que vous faites des revendications auprès du fédéral pour
que la connaissance du français, qui est excessivement importante, fasse
l'objet de conditions au PMI. Est-ce que ça exempterait...
je vous pose la question, là, ça exempterait Cole Caufield, ou ça exempterait
Demidov, ou ça les viserait?
La Présidente
(Mme Caron) : En 15 secondes.
M. Roberge : Je ne peux pas
répondre pour le gouvernement fédéral. Mme la Présidente, on a nos politiques
depuis quelques mois maintenant. Quand on veut être immigrant permanent au
Québec, dans la catégorie que nous contrôlons au Québec, il faut d'abord avoir
la connaissance du français...
M. Cliche-Rivard : Donc, il n'y
a pas d'obligation?
La Présidente (Mme Caron) : M.
le ministre, le bloc est terminé.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La
Présidente (Mme Caron) : Merci. Alors, je vais maintenant reconnaître le
député d'Acadie aussi pour 14 min 45 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, je voudrais juste confirmer avec vous. Mon collègue
parlait de la réunification familiale. Est-ce que je vous ai bien compris, et
corrigez-moi si ce n'est pas le cas, là, qu'il y aurait
44 000 dossiers en attente présentement? Est-ce que c'est bien ce que
vous avez dit?
M. Roberge : Juste un instant.
Regroupement familial, on est à 42 000 au 1er janvier de cette année,
donc des chiffres quand même assez récents.
Il y avait 42 000 personnes qui avaient une demande de résidence
permanente en cours de traitement, à IRCC, ou en demande d'admission
dans le cadre du regroupement familial.
M. Morin : ...42 000.
Très bien. Je comprends, M. le ministre, que votre prédécesseure avait publié
un arrêté dans le domaine du
regroupement familial, là, qui disait que «le nombre maximum de demandes
d'engagement que la ministre — à
l'époque — recevra
pour la période 2024-2026 dans le cadre du regroupement familial, c'est
fixé à 13 000». Pourquoi le chiffre de 13 000?
M. Roberge : Bien, ce qu'on a
vu, c'est que, traditionnellement, pendant des années, le gouvernement du
Québec acquiesçait à des demandes, et après ça le gouvernement fédéral fait une
deuxième demande, hein, c'est une compétence qui est partagée, et le gouvernement
fédéral, lui, délivre après ça la résidence permanente au Canada. Puis Québec leur disait : Bon, bien, cette
année, ça va être, par exemple, 10 200, puis Québec... Ottawa acceptait, disait : Très bien, oui, très bien, voici, on le fait ensemble. Et, parmi la banque, on en donne, cette
année, Québec dit «2 200»...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M.
Roberge : ...on donne
2 200, etc. Là, le gouvernement canadien a dit : Ah! bien là,
finalement, moi, je veux tous les accepter et...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M.
Roberge : Bien, je vais
arrêter, Mme la Présidente, là, mais j'aimerais ça être capable de donner la
réponse complète, là. Ce n'est pas
parce qu'une réponse est courte que la réponse... que la question est courte
que la réponse peut être aussi courte. Des fois...
La
Présidente (Mme Caron) : Bien, le principe, en étude de crédits, c'est
qu'on tente d'avoir le même temps de réponse que le temps de question.
M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Alors, donc, 13 000. Et là vous me dites : C'est... c'est historique.
Sauf que vous venez de nous informer, de
partager avec nous, M. le ministre, qu'il y a 44 000 dossiers en
attente. Et vous savez comme moi que, dans le reste du Canada, le délai
d'attente est d'à peu près 13, 14 mois, alors que, là, au Québec, c'était
30 quelques mois. Puis là, avec le nombre de dossiers que vous venez de dire,
ça va monter à 40 quelques mois.
Donc, qu'est-ce que vous allez faire pour
corriger la situation, étant entendu que moi, je vous ai fait une proposition, je vous ai tendu la main, M. le
ministre, j'ai fait de même avec votre prédécesseure, pour être capable de
régler ce nombre de dossiers là?
Alors, est-ce que vous avez une solution? Est-ce que vous allez vous adapter,
compte tenu du nombre de demandes, compte tenu du chiffre que vous fixez à
13 000 puis que vous dites : C'est un chiffre historique? Parce
que, là, vos délais vont continuer à augmenter.
M. Roberge : ...poursuivre
la réponse sur le thème. Pendant des années, Ottawa admettait le nombre de
personnes que Québec disait. Là, ils
ont dit : Ah non! Non, nous, on va accepter tout le monde, finalement.
Puis, à ce moment-là, ça n'aurait
aucun sens, parce que, là, c'est comme s'ils allaient tout à coup accepter tout
le monde sur la liste d'attente, d'un seul coup, faisant exploser nos
seuils. Finalement, ils ne l'ont pas fait.
Et là ce
qu'on a dit : Bien, par contre, on va arrêter de délivrer des acceptations
tout de suite, en ayant confiance en
notre partenaire, qui, ensuite, va accepter le nombre de personnes dit à chaque
année. On va dire : Finalement, on va en donner moins, nous-mêmes. Donc, le 13 000, ce
n'est pas en une année, notre 13 000, là, il est sur deux ans, pour
arrêter d'envoyer des demandes approuvées à Ottawa, faisant confiance à notre
partenaire, parce que, là, ils nous ont dit qu'ils allaient changer leur
manière de faire.
Nous, là, depuis des années, que ce soit le
gouvernement du Parti québécois, le gouvernement du Parti libéral, le gouvernement de la Coalition avenir
Québec, on se tient entre 10 000, 12 000 en réunification familiale
par année, on ne va pas faire une politique juste pour dire : Je
vais vider ma liste d'attente...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M.
Roberge : ...parce qu'elle
va augmenter d'autant. Les gens vont dire : Ah! finalement, il y en a
plus, on va en prendre plus.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M. Roberge : On va avoir plus de
demandes.
M. Morin : J'ai une autre question,
M. le ministre. Quand vous parlez de votre partenaire et vous dites : À un moment donné, bon, le partenaire voulait vider
les listes, quand le partenaire, qui est le gouvernement fédéral, obtient
un dossier, ce n'est pas d'abord parce que vous l'avez approuvé?
M.
Roberge : Bien, quand on a une compétence qui est partagée,
il y a des choses qui se font, justement, en amont, en aval. Puis,
pendant des années, votre gouvernement libéral approuvait des demandes. Puis
supposons qu'il y... ils disaient :
Bon, bien, il y en a 20 000 qu'on pourrait accepter, on les approuve
puis on dit à Ottawa : Mais, cette année, acceptez-en 10 200.
Et ça fonctionnait comme ça pendant des années. Ça a fonctionné comme ça sous
les précédents gouvernements.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M.
Roberge : Et là le
gouvernement fédéral a décidé de changer sa manière d'agir. Donc, nous
changeons donc notre manière d'agir aussi.
M. Morin : ...Mme la Présidente,
c'est que, si le gouvernement fédéral en a, c'est parce que vous les avez vous-même approuvés d'abord. Comprenez-vous? Donc,
quand vous dites «notre partenaire fédéral», mais le partenaire fédéral, il ne les invente pas, là, c'est parce
que vous avez fait le travail puis que, bien là ils les ont, alors, puis après
ça vous fixez un seuil.
Puis là, bien, je vous ai demandé :
Pourquoi 13 000? Sur quelle méthode scientifique vous vous basez? Je n'ai pas eu de réponse. Vous allez en traiter
13 000. Je comprends que ça, c'est ce que vous traitez chez vous, dans
votre ministère. Dans le volet regroupement familial, est-ce que vous en
avez, des dossiers qui sont en attente au deçà des 13 000 que vous ne
traitez pas ou que vous ne pouvez pas traiter?
M. Roberge : Non, on n'en a pas. Je
veux juste donner un peu de contexte pour qu'on comprenne tous très bien. Pour que le nombre de personnes
sélectionnées par le ministre dans la catégorie de regroupement familiale soit
en phase avec les seuils d'admission
qui sont planifiés par le gouvernement dans nos exercices de planification
pluriannuelle qu'on fait ensemble, le MIFI a mis en place une gestion
des demandes d'engagement. Donc, du 26 juin 2024 au
25 juin 2026, sur deux ans, le nombre maximal de demandes
d'engagement à recevoir sera donc de 13 000, à ce moment-ci, pour être
capable de respecter notre capacité d'accueil puis de respecter les chiffres
qu'on établit comme gouvernement, mais aussi dans le respect des travaux des
commissions en fonction de notre capacité d'accueil.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M.
Morin : ...toujours dans... toujours dans le même dossier,
est-ce que vous avez pris connaissance, M. le ministre, du sondage qui a été demandé par Québec Réunifié à
la firme Léger et qui traite spécifiquement du regroupement familial au
Québec, où on nous dit, entre autres, que les délais de traitement... c'est une
question qui était posée : «Les délais de
traitement pour réunir des familles québécoises devraient respecter la durée de
traitement canadienne de 12 mois.» Si vous ne l'avez pas vu, pour votre information, il y a 67 % des
gens sondés qui étaient en accord. «Faciliter le regroupement familial
devrait être une priorité importante pour les gouvernements fédéral et
provincial du Québec en matière d'immigration», plutôt d'accord, tout à fait
d'accord, il y a 64 % des gens.
Alors, moi, je vous le disais précédemment, je
vous ai fait une proposition pour que vous puissiez au moins traiter les dossiers qui sont en attente, parce
qu'entre 13 mois ou 12 mois au Canada, puis là, bien, ça va être
encore pire au Québec. Il y a... vous le savez, on en a parlé, il y a des
rapports qui disent que, pour ces familles-là, il y a un impact
psychologique important, avec du stress, avec des traumatismes. Est-ce que vous
allez faire quelque chose?
M. Roberge : Bien, la planification
pluriannuelle pour les années à venir, on va la faire ensemble dans les
prochains mois. Le cahier va être déposé. On va avoir tous ces chiffres-là. Il
va y avoir des scénarios mis à l'étude, la société civile
va venir nous voir en commission, puis on prendra des engagements ensuite,
comme gouvernement, après avoir entendu tout
le monde, mais, à l'étude des crédits aujourd'hui, je ne vais pas faire la
planification pluriannuelle des
trois, sinon des quatre prochaines années avant le dépôt des cahiers, avant d'écouter
les experts. Ça, je ne pense pas que c'est viable comme manière de
travailler, hein?
Maintenant, je comprends que, prise isolément,
chacune des questions suscite, je vous dirais, une réponse qui est différente,
mais, comme gouvernement, on doit avoir, nous, une vue d'ensemble. Si on
dit : Écoutez, est-ce que vous voulez
avoir un Québec humanitaire, accueillir des réfugiés, des gens en détresse?
C'est sûr que les Québécois vont dire
oui, les Québécois ont le coeur sur la main puis ils sont d'accord avec ça. Si
vous dites : Vous savez, les étudiants étrangers, c'est une richesse, ce sont des gens qui viennent de partout,
qui viennent étudier ici, ce sont des immigrants remarquables, ensuite on va dire : Bien, certain, on en veut, bien
oui, absolument. Après ça, on va dire : Oui, la réunification familiale,
c'est important, c'est une question humaine, les couples séparés, ça n'a pas de
sens, est-ce que vous accueillez... Bien oui, certain, on va dire oui,
individuellement, dans chacun des cas, mais, après ça, là, on a une
responsabilité, comme gouvernement, et vous avez une responsabilité aussi, cher
collègue...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
M. Roberge : ...d'avoir une vue
d'ensemble. Puis ce n'est pas vrai que la capacité d'accueil...
M. Morin : Mme la Présidente.
M. Roberge : ...va devenir de
80 000 ou de 100 000 l'an prochain parce que...
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion.
• (12 h 10) •
M. Morin : Mme la Présidente, ma
question ne traitait pas de la... On est, là, sur un sujet très précis, je parlais d'un arrêté ministériel qui a été pris par
le gouvernement. Maintenant, toujours dans le même domaine de la réunification
familiale, il y a des familles là-dedans. Alors, il y a des... il y en a, c'est
des conjoints, conjointes, il y en a qui ont
des enfants qui sont en attente. Êtes-vous prêt, M. le ministre, à prioriser
ces dossiers-là au sein de votre ministère
pour s'assurer que des familles avec des enfants vont être réunies, compte tenu
des obligations du Québec en vertu de la Convention relative aux droits
de l'enfant?
M. Roberge : Bien, année après
année, les dossiers qui sont privilégiés sont les réunifications familiales qui
impliquent conjoints, conjointes et enfants.
Année après année, c'est une décision, là, qui est prise. Les gouvernements
font ce choix. Donc, on est très sensible à ça. Je veux dire, qui ne serait pas
sensible à des réunifications familiales de conjoints, de conjointes puis
d'amener les enfants avec les parents?
Par contre, il faut penser que les enfants, ce
n'est pas toujours, là, des tout-petits petits enfants, des bambins, qu'ils sont séparés de leur enfant, ce n'est pas
ça, mais, écoutez, c'est une question qui est délicate. On parle de politique
nationale, on ne parle pas juste de faire de la politique, on... faire des
politiques, mais on est toujours très conscient qu'on parle de
personnes, qu'on parle de familles, qu'on parle d'enfants, puis on en tient
compte dans nos débats.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
M.
Morin : Bien, justement, là-dessus, M. le ministre, on se
rejoint, on parle... on parle de personnes. L'immigration, ce n'est pas uniquement des chiffres, je l'ai dit à
plusieurs reprises. Et là je vous parle particulièrement de la
réunification des familles puis je vous parle, entre autres, des obligations,
notamment du Québec, en ce qui a trait à la Convention relative aux droits de
l'enfant. Et l'article 10 est clair à cet effet là : «Les États
parties veillent — et
je cite — en outre à ce que la représentation d'une telle
demande n'entraîne pas de conséquences fâcheuses pour les auteurs de la
demande et les membres de leur famille.»
Moi, ce que j'aimerais savoir de vous, M. le
ministre, dans votre inventaire, vous en avez combien, de ces dossiers-là? C'est quoi, votre délai de
traitement? Parce que je vous soumets, Mme la Présidente, que, si vous avez des
dossiers où il y a des enfants, et les familles ne sont pas réunies, et que le
délai, c'est trois ou quatre ans, ça m'apparaît ne pas respecter
l'article 10 de la Convention relative aux droits de l'enfant, M. le
ministre.
M. Roberge : Je veux juste être sûr,
parce que j'ai un élément de réponse qui est intéressant... Ah! c'est ça, ici, le MIFI, là, le ministère continue de
recevoir, en tout temps, hors plafond, les demandes qui visent les enfants qui
sont mineurs, d'accord? Je le précise, le MIFI continue, en tout temps,
de recevoir les demandes d'engagement visant un enfant qui est à charge, mineur, un enfant mineur à adopter, un enfant
mineur orphelin, un enfant majeur qui est dépendant de l'un ou l'autre
de ses parents en raison de son état physique ou mental. Donc, ici, on est
ailleurs et on le traite différemment, mais tous les enfants ne sont pas
mineurs. J'ai deux filles qui sont majeures au moment où on se parle. Il faut
juste faire attention quand on parle des enfants.
M. Morin : Et quel est le délai de
traitement pour ces dossiers-là, M. le ministre?
M. Roberge : On me dit qu'on les
traite en tout temps, de manière continue. Je vais vous trouver le chiffre.
M. Morin : ...trouvé
le chiffre, vous vous engagez à le partager avec la commission?
M.
Roberge : On va essayer de trouver la... bien, pas... on ne
va pas essayer, on va trouver la réponse, quand on parle d'enfants
mineurs, des cas dont je viens de vous parler.
M.
Morin : Parfait. Parfait. Je vous remercie. Maintenant, on
revient au volet de la francisation dont on parlait précédemment. Donc,
dans la réponse qu'on a posée dans les crédits, et là je suis aux
renseignements particuliers concernant la francisation au Québec, en ce qui a
trait aux budgets 2024‑2025 en francisation, nous, ce qu'on nous a répondu, c'est 289,6 millions. On précisait
que ça n'incluait pas le transfert au ministère de l'Éducation pour
114,4 millions. Maintenant, vous nous avez dit qu'en plus de ça
votre ministère donnait d'autres montants à d'autres ministères.
M. Roberge : Parce que, tout à
l'heure, vous m'avez parlé des transferts fédéraux.
M.
Morin : ...avec les transferts fédéraux, exactement, oui,
c'est vrai, mais là, après, il y a ce que vous faites avec quand c'est
rendu au gouvernement du Québec.
M. Roberge : Oui, mais c'est parce
que, quand vous me parliez des transferts fédéraux, vous me parliez de l'accueil et de la francisation. Donc, il y a des
transferts qui sont faits dans d'autres ministères, qui touchent davantage l'accueil, mais on a maintenant un guichet unique
avec Francisation Québec. C'est Francisation Québec qui s'occupe de la francisation,
après ça qui fait des protocoles d'entente. D'ailleurs, j'ai annoncé hier une
entente avec le ministère de l'Éducation à la hauteur de 119,4 millions.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Le bloc est terminé. Le bloc est terminé. Alors, je vais maintenant... je vais
maintenant reconnaître le député de Camille-Laurin pour
14 min 45 s.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Bonjour, M. le ministre. D'entrée de jeu, je veux vous dire que mon point de vue, sur votre travail, c'est que
vous avez honnêtement tenté de corriger plusieurs aberrations dans le sens
où, en matière d'immigration, vous avez
hérité d'un bilan, à mes yeux, catastrophique et vous avez tenté de corriger
certaines des difficultés.
De mon point
de vue, ça n'exonère pas la CAQ de ne pas avoir rempli son engagement de 2018.
On se souviendra du slogan En prendre moins pour en prendre soin.
Ça n'exonère pas le discours, en 2022, qui ne correspond pas aux décisions qui
ont été prises par après, mais je constate que, dans un certain nombre de
catégories, vous avez redressé ou tenté de
corriger certaines des politiques publiques. Et donc le but pour moi
aujourd'hui, c'est d'aborder chacune des catégories dans le cadre desquelles vous avez fait une... vous avez pris
des décisions pour évaluer vous allez où et on en est rendus où.
Une des
catégories qui représente le plus la perte de contrôle du gouvernement en
matière d'immigration, c'est l'explosion dans la catégorie des travailleurs
temporaires. Donc, le nombre de titulaires de permis de travail du Programme des travailleurs étrangers
temporaires, PTET, a augmenté par 651 % sous votre gouvernement. De 2018 à
2024, on est passé de 9 640 à
72 405. Le nombre de titulaires d'un permis de travail du Programme de
mobilité internationale, appelé PMI,
lui, il a augmenté de 116 %. Donc, dans la même période de votre
gouvernement, on est passé de 57 980 à 125 200, et tout ça, là, c'est sous la tutelle de la CAQ qui
tenait un tout autre discours sur ses orientations en matière de seuils
d'immigration.
Pouvez-vous
reconnaître que l'augmentation historique des travailleurs étrangers
temporaires est en grande partie la responsabilité de votre
gouvernement?
M. Roberge : Vous parlez de deux
catégories de travailleurs étrangers temporaires. Il y en a une qui relève
davantage de Québec puis l'autre qui relève vraiment d'Ottawa. Il y a eu un
contexte très, très particulier, puis ce n'est pas une excuse, là, dans le
sens : Ah! ce n'est pas de notre faute, c'est ça qui est arrivé. C'est
juste qu'écoutez il y a eu la pandémie qui a
secoué toutes les colonnes du temple, qui a amené plusieurs personnes à prendre
leur retraite, à devancer leur retraite rapidement. Il y a un
vieillissement de la population, mais je vous dirais qu'il y a eu une
déperdition aussi de gens qui ont quitté le marché du travail pour ne pas y
revenir entre 2020 et 2022, puis on a eu un rebond économique incroyable après
la pandémie, le meilleur au Canada. Donc, de ça, on peut être fiers.
Et donc de
cela est venu, pour beaucoup d'entreprises, ce besoin de dire : En cas
d'urgence, brisez la vitre, là, de
dire : Bien là, j'ai besoin de travailleurs étrangers temporaires pour
continuer à faire, en 2023, ce que je faisais en 2019, juste avant cette
pandémie. Et plusieurs personnes, effectivement, plusieurs entreprises ont fait
venir beaucoup de travailleurs étrangers temporaires.
Au moment où
on se parle, on est à peu près à 72 000 sur le territoire québécois. C'est
un nombre qui est très élevé et c'est
un nombre que le premier ministre s'est engagé à diminuer. C'est un nombre que
je me suis engagé à diminuer aussi. On veut le faire avec doigté. On ne
veut pas faire fermer des entreprises à la grandeur du Québec, on ne veut pas mettre à pied des gens, des Québécois qui
travaillent, mais qui travaillent dans une manufacture qui reste ouverte parce
qu'il y a aussi des travailleurs étrangers temporaires. Donc, c'est délicat
d'arriver avec des mesures qui respectent notre
capacité d'accueil, qui nous permettent de diminuer le nombre d'immigrants
temporaires sur le territoire québécois en faisant attention à notre tissu économique, surtout notre tissu
économique en région, je dirais, surtout le manufacturier, mais on va le
faire.
La Présidente (Mme
Caron) : En conclusion.
M. Roberge : On va le faire. Puis on
va en discuter beaucoup dans le cadre de la planification pluriannuelle.
• (12 h 20) •
M.
St-Pierre Plamondon : J'entends l'explication du ministre à l'effet que
la pandémie y est pour beaucoup. On a
pris des orientations en fonction d'une pénurie de main-d'oeuvre dans le
contexte de la pandémie. Je souligne que l'idée que la hausse des seuils d'immigration temporaire ou permanente
est une solution à la pénurie de main-d'oeuvre a été contredite par de
nombreuses études, mais je constate également, parce que vous me parlez de la
catégorie qui est sous le fédéral, c'est bel
et bien le gouvernement de la CAQ qui a signé une entente qui s'appelle Entente
concernant le Programme des
travailleurs étrangers temporaires et le Programme de mobilité internationale
en réponse aux besoins du marché du travail du Québec.
Et, dans
cette entente-là, on augmente, à la demande de Québec, plein de catégories
d'immigration. On hausse de... les seuils passent d'une hausse de
10 % à 20 % des travailleurs temporaires pour les postes à bas
salaires. La catégorie c est élargie, la
catégorie d est augmentée, une exemption de refus de traitement pour certaines
microéconomies, mise en place d'un
nouveau programme PMI qui permet l'émission de 7 000 permis. Donc, si
j'en... j'en prends votre version des faits, c'est une réaction, cette
demande de hausser l'immigration de la CAQ, à la pandémie.
Ce que je ne comprends pas, c'est que cette
entente-là était censée prendre fin le 31 décembre 2023. Donc, à la
limite, si les gens qui nous écoutent donnent le bénéfice du doute au
gouvernement, ce qui est incompréhensible, c'est qu'à cette date-là on décide
de réitérer, de rallonger une entente qui était terminée jusqu'en 2025,
jusqu'au 23 février 2025. Est-ce
que le ministre peut au moins reconnaître que ses prédécesseurs, qui ont décidé
de signer, mais surtout de reconduire
cette entente-là, ont participé à la perte de contrôle de l'immigration
temporaire du Québec, que vous dénoncez vous-même constamment en
Chambre?
M. Roberge : Bien, je pense qu'il
faut faire attention. Il ne faut pas être dogmatique, il faut regarder les chiffres, regarder les besoins de main-d'oeuvre,
regarder notre capacité d'accueil, puis prendre les meilleures décisions, puis
faire attention au mur-à-mur. Il faut penser aussi qu'on a plusieurs
travailleurs étrangers temporaires qui sont fort utiles dans le réseau de la santé, qui sont fort utiles dans le domaine
de l'agriculture, dans le domaine de la transformation alimentaire
aussi. L'occupation du territoire, c'est important pour nous, en tant que
gouvernement des régions aussi. Si on
refusait tout ça d'un coup, en un coup de tête, parce qu'on dit : Ah!
bien, les chiffres sont trop gros, voici, coupe, bien, il y aurait des
champs qui retourneraient en friche, là. Tu sais, protéger le territoire
agricole, c'est intéressant dans la mesure
où on l'exploite aussi, notre territoire agricole. Il ne s'agit pas de revirer
des champs en friche parce qu'on renonce à tout ça. La problématique est
réelle, la solution doit être réfléchie, puis on prend le temps d'analyser les
conséquences.
Là où il y a... il y a eu des dérapages, je vous
dirais, c'est bien davantage du côté du PMI. Parce que, pour la question des
travailleurs étrangers temporaires, là, oui, il y a une augmentation qui est
trop élevée puis, oui, il va y avoir un
ajustement, mais il faut penser qu'en 2023 le taux de chômage était de
4,5 %. Les postes vacants étaient très, très nombreux. On ne pouvait pas, d'un coup, comme ça, dire : Bien,
écoutez, vous avez des postes vacants, fermez, ne remplissez pas vos commandes, arrêtez de cueillir
les fruits dans les champs, tu sais. Il fallait faire attention, faire
attention.
Ce qu'on
voit, c'est... ce qui a vraiment explosé, c'est beaucoup plus... puis une
augmentation, c'est beaucoup plus du côté du gouvernement fédéral, où il
y a 400 000 temporaires.
La Présidente (Mme Caron) : En
conclusion, M. le ministre.
M.
Roberge : Puis le PMI, lui, a explosé sans les analyses
d'impact sur le marché du travail. Nous, on en fait, eux n'en font pas.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
M.
St-Pierre Plamondon : C'est intéressant comme échange, parce que c'est
justement ça, mon commentaire, à
savoir, ça, c'est une entente où le gouvernement du Québec supplie le fédéral
d'augmenter un paquet de catégories de seuils.
Puis, à la limite, si j'accepte votre explication sur la pandémie, je
comprends, mais on a décidé de le reconduire jusqu'en 2025 et au même moment que la décision du gouvernement, c'était
d'étendre à nouveau pour un autre deux ans cette entente-là.
Moi, j'étais en Chambre, le 6 juin 2023, et
je demandais à votre prédécesseure, qui est aujourd'hui ministre de l'Économie, une question très simple, à
savoir : Est-ce qu'elle compte faire... avoir une planification de
l'immigration temporaire, mettre des
seuils, juste réfléchir à cette planification-là? Je vous cite la réponse...
ouvrir les guillemets, là : «Il
n'y aura pas de seuil qui sera fixé sur l'immigration temporaire, parce que ça,
ça voudrait dire une économie planifiée. Est-ce que le PQ veut une
économie planifiée?»
Donc, moi, je veux savoir, de votre part :
Est-ce que vous pensez toujours... Est-ce toujours la position du gouvernement,
que, planifier l'immigration temporaire, on ne devrait pas le faire parce que
ce serait une économie planifiée?
M. Roberge : Je pense que le
contexte a changé puis je pense qu'on ne peut pas prendre des décisions d'un
seul coup. Vous savez, la pandémie, on n'avait pas de vaccin, après ça on avait
un vaccin. Puis, avec notre manière de s'inscrire, ça a été très, très rapide, hein?
Ça a été salué par toute la planète. Je veux dire, tu peux arrêter la pandémie
en quelques mois quand les vaccins sont là, boum! Mais, des industries
complètes, des entreprises établies pendant des années, des contrats qui sont sur plusieurs années, tu ne peux pas le
faire d'un coup, c'est terminé, boum! On ferme les vannes d'un seul coup, pas de temps pour
s'automatiser, pas de temps pour se revirer de bord, pas le temps pour
améliorer la mécanique. Ce n'est pas possible. Pour ce qui est de la
planification...
M. St-Pierre
Plamondon : Oui, c'est ça, c'est ça. Allons... Allons... le point, là.
M. Roberge : J'y arrive... j'y arrive... non. Oui, j'arrive,
mais je ne ferai pas 10 minutes, là, donnez-moi 45 secondes. Je vais vous répondre, j'ai le
souci de répondre. Pour ce qui est de la planification des temporaires, je pense
qu'elle est nécessaire, comme elle est
nécessaire, la planification des permanents. J'ai déposé une loi, l'automne
dernier, que nous avons adoptée, qui
précise que nous allons faire... C'est maintenant dans la loi, donc, c'est dans
la loi, nous allons, lors de la
prochaine planification pluriannuelle, planifier à la fois l'immigration
permanente et l'immigration temporaire. Je pense qu'avec les nombres que nous avons aujourd'hui c'est un
incontournable. Ce n'était pas la même chose il y a deux ans, il y a
trois ans, il y a cinq ans.
La Présidente (Mme
Caron) : En conclusion. Oui.
M. St-Pierre
Plamondon : Très bien. Je veux simplement faire valoir au ministre
qu'au moment où Québec demandait au fédéral de hausser les seuils temporaires
et reconduisait une entente où est-ce que, clairement, c'est les demandes de Québec de hausser les seuils
temporaires, on se faisait répondre qu'il ne faut pas planifier l'immigration temporaire,
parce que ce serait une économie planifiée. Je comprends qu'ensuite vous
ajustez le tir.
Ce qui m'amène à
l'autre sujet, le PEQ. Donc, votre prédécesseure, l'actuelle ministre de
l'Économie, a complètement ouvert le PEQ, de
sorte que ça ne comptait plus dans les seuils. Et la réaction des... du Parti
québécois, ça a été de dire :
Bien, s'il n'y a pas de limite au PEQ, il va y avoir des conséquences sur
les... le seuil total d'immigration. Je pense que vous avez réalisé ce
qui se passait puis que vous avez essayé de corriger ce tir-là en imposant un
moratoire sur le PEQ, mais on a quand même approché de 70 000 le seuil
d'immigration permanente au Québec, en raison de décisions comme celle-là, mais
c'est complètement l'inverse de ce qui a été dit en campagne électorale.
Donc, je comprends
que vous avez posé des gestes par rapport à cette... ce contournement du
calcul, mais est-ce que le ministre peut
reconnaître au moins que de soustraire le PEQ des seuils, c'était une erreur
qui est très grave de la part de sa prédécesseure et que c'est une
erreur que vous avez corrigée, mais qui a quand même toujours des conséquences aujourd'hui? Est-ce qu'il peut
reconnaître qu'on a fait exploser les seuils en jouant dans le calcul et en
ouvrant une catégorie, sans aucune planification à nouveau?
La Présidente (Mme
Caron) : M. le ministre, oui.
M. Roberge : ...2025, on est à la deuxième année de la dernière
planification pluriannuelle, qui était exceptionnelle, sur deux ans. Habituellement, c'est pour plus que
deux ans, c'est trois ans, sinon quatre ans, une planification pluriannuelle
de l'immigration. La dernière fois, ma
prédécesseure l'a fait sur deux ans. Pourquoi? Parce qu'on était dans un moment
de transition, on sortait de la
pandémie, dans un contexte hors du monde, complètement différent, un rebond
économique incroyable, une soif pour
des travailleurs étrangers jamais vue. Parce que la situation a changé, pas
parce que les entreprises, c'est des méchantes personnes, là, c'est
parce que la situation a changé, et ils devaient s'adapter. Ma collègue a pris
une décision qui était tout à fait correcte dans le contexte.
On
peut toujours, à la fin de la partie... Moi, hier, je vous dirais, je n'aurais
pas mis les mêmes joueurs que mon... que Martin St-Louis sur la glace en
troisième période, mais c'est facile, une fois le match terminé...
M. St-Pierre
Plamondon : Il nous reste 30 secondes. Il nous reste
30 secondes. Juste précision...
M. Roberge :
...
M. St-Pierre
Plamondon : Il reste juste 30 secondes. Qu'est-ce qui a changé
tant que ça dans le contexte?
• (12 h 30) •
M. Roberge : Bien,
écoutez, l'économie a changé, le taux de chômage a changé, le rebond économique
est différent. Et effectivement on se dirige
vers une planification pluriannuelle qui sera différente. Puis effectivement
j'ai mis sur pause le programme de PEQ diplômés, en 2024, voyant qu'en
2025 on allait avoir plus de 10 000, peut-être même 15 000 personnes
qui allaient arriver, des gens francophones...
La Présidente (Mme
Caron) : En conclusion.
M. Roberge : ...des gens formés dans une université, pas de
problème de reconnaissance d'acquis, des immigrants permanents, je pense, idéaux, mais en très, très
grand nombre. Il fallait mettre ça sur pause, le temps de faire la réflexion
pour la prochaine planification. Je pense, c'était sage.
La
Présidente (Mme Caron) : Merci. Le bloc est terminé. Alors, je reconnais
maintenant le député d'Acadie pour 14 min 34 s.
M. Morin : Merci,
Mme la Présidente. Alors, continuons en francisation, M. le ministre. L'année
qui vient de passer a été
particulièrement difficile pour la francisation. Il y a eu énormément de
coupes. Moi, j'en ai noté quelques-unes, que je partage avec vous :
23 groupes de fermés au centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke;
90 % des classes annulées au centre de services scolaire des Mille-Îles;
50 % d'annulation au centre de services scolaire des Affluents à Repentigny; réduction de 20 à sept
classes au centre de services scolaire des Patriotes; réduction du tiers du
nombre d'admissions au centre de francisation de Sainte-Foy.
Compte tenu de tout
ça, évidemment, les délais en francisation ont explosé. Délai moyen d'attente
pour être admis à un cours de francisation,
c'est passé de 32 jours, et là on parle de jours ouvrables, en 2022‑2023,
à 84 jours. C'est plus de quatre
mois. Et, si on regarde les différentes régions, par exemple, en Estrie, 92 jours
d'attente; en Outaouais, 85; en Abitibi, 96; à Laval, 85; Lanaudière,
108 jours, ça, c'est plus de cinq mois, Mme la Présidente; Montérégie,
103 jours. Donc, ça, c'est... ma
compréhension, M. le ministre, vous confirmerez, c'est le temps que les gens
attendent pour être francisés.
Maintenant,
quand on juxtapose ces délais-là à la Charte
de la langue française, j'aimerais
attirer votre attention sur le fait,
M. le ministre... parce que vous êtes également responsable de la charte...
l'article 6.1, que vous connaissez très bien : «Toute personne domiciliée au Québec a droit aux
services prévus et offerts en vertu des articles 88.12 et 88.13 pour faire l'apprentissage du français.» Ce n'est
pas tout. L'article 22.3, un organisme de l'administration, quand il doit
donner des services, il va «fournir des
services pour l'accueil au sein de la société québécoise des personnes
immigrantes durant [leurs] six premiers mois de leur arrivée au Québec.»
Alors, six mois, puis, après ça, c'est en français. Je vous rappelle que dans Lanaudière, là, ça prend plus de
cinq mois pour être inscrit. Et à 88.12 : «Francisation Québec fournit
des services de l'apprentissage du français aux personnes domiciliées au Québec...»
Alors, M. le
ministre, comment vous êtes capable de conjuguer ça? Parce que, si on prend
certaines de ces régions-là où des cours ont
été coupés, il y a des gens qui vont attendre plus de cinq mois avant de
commencer à apprendre le français. Et ce que je comprends, c'est que
l'administration va arrêter de communiquer avec eux dans leur langue et
leur parler uniquement en français après six
mois. Comment vous pensez que quelqu'un peut fonctionner, recevoir des services
dans une situation comme celle-là? Est-ce
que vous aviez planifié avant que ça arrive? Aviez-vous un plan ou si vous
n'avez fait que constater l'échec de Francisation Québec?
M. Roberge : Mme la Présidente, Francisation Québec, c'est un
succès exceptionnel. Si on veut chercher un échec, là, c'est les services de francisation sous le
précédent gouvernement libéral. La Vérificatrice générale avait qualifié ça de
fiasco. Je vais rester parlementaire. Je demande, les gens, de fouiller pour
«fiasco» dans le dictionnaire Larousse, ils
vont être surpris de ce qu'ils vont trouver. On y reviendra peut-être. Si mon
collègue insiste, je lui servirai la réponse.
Pour Francisation
Québec, mon collègue a parlé, là, de coupures, de compressions. Regardons ici,
là. La ligne bleue, en bas, c'est, mois par mois, combien de personnes
suivaient des cours à Francisation Québec. Il y a... En 2023-2024, c'était déjà
exceptionnel. La ligne en bleu, en haut, c'est combien de personnes suivaient
des cours à Francisation Québec, mois après
mois, l'année des coupures. Puis, l'automne passé, là, souvenez-vous des grands
titres qu'on voyait, c'était
terrible, les classes qui ferment, les classes qui ferment, les classes qui
ferment. En réalité, il y avait un
transfert, il y avait un problème... un enjeu de stabilité dans l'offre de
cours dans le réseau scolaire, mais, de l'autre côté, on ouvrait
d'autres cours et on en ouvrait davantage.
Regardez, mois après
mois, l'année qui vient de passer, on a battu l'année précédente. On a
francisé, cette année, plus de
90 000 personnes. Mon collègue, qui pose la question, qui dit qu'on
n'en fait pas assez, bien son dernier gouvernement, du gouvernement
libéral, on était en bas de 30 000. Cette année, on vient de faire
90 000. Ceux qui n'en faisaient que très peu critiquent ceux qui en font
vraiment beaucoup. Le résultat, c'est que, cette année, on a fait 300 % de ce que le dernier gouvernement
libéral a fait, puis, cette année, ils nous font la leçon. Les faiseurs de
fiascos disent qu'on est en échec. Ça ne va pas bien.
En
octobre dernier, alors que, supposément, on était en grandes coupures, on
francisait 40 000 personnes. En 2023, c'était 28 700. En
novembre dernier, on francisait 36 000 personnes, alors qu'en
novembre 2023, c'était 21 000. En décembre, on francisait, il y a quelques
mois, 32 000 personnes, alors que, l'année avant, on en faisait
26 000.
Donc,
il y a eu des enjeux, l'an passé, avec le réseau de Francisation Québec, on
n'avait pas la stabilité qu'on voulait dans le réseau scolaire. Un, je vous
fais la démonstration ici que les étudiants étaient plus nombreux à chaque
mois, malgré tout, puis j'ai annoncé
dernièrement qu'il n'y aura plus cet enjeu-là pour l'an prochain. Il y a une
entente, le financement est stable,
le financement est relevé. L'entente avec le réseau scolaire est renouvelée. La
prévisibilité sera là. On n'aura pas
un yo-yo de cours qui ouvrent et qui ferment pour l'année à venir. Je pense que
c'est de nature à rassurer tout le monde.
La Présidente (Mme
Caron) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente. Sauf que vous aviez
aussi des ententes avec les centres de services scolaires l'année passée, M. le ministre, là. Alors donc,
qu'est-ce que vous planifiez pour cette année? Est-ce que vous avez des indicateurs
selon les différents centres de services scolaires et les régions pour
s'assurer que ça n'arrivera pas?
Les
chiffres, M. le ministre, ce n'est pas moi qui les invente, là, c'est des
statistiques qu'on a obtenues. Donc, quand je vous dis que, dans Lanaudière, il
y avait 108 jours d'attente — c'est
plus de cinq mois — alors,
c'est votre responsabilité, pas la mienne. Alors, qu'est-ce que vous
allez faire pour corriger la situation? Et vous avez lu, comme moi, tous les journaux, on en avait à toutes les semaines qui
disaient que c'était pénible, les classes fermaient, combien on a lus là-dessus.
Donc, M. le ministre, qu'est-ce que vous allez faire pour que ça ne se
reproduise plus?
M. Roberge : Bien,
ce que je peux vous dire, c'est qu'au moment où on se parle notre liste
d'attente est coupée de presque 50 %
par rapport à il y a un an. Donc, non seulement on a francisé, cette année,
90 000 personnes, ce qui était au-delà de ma prévision de
80 000... on a francisé 90 000 personnes... non seulement on a
dépassé nos attentes, non seulement
on a fait 300 %, trois fois plus que le dernier gouvernement libéral,
mais, en plus, sur un an, notre liste d'attente
aura été réduite de presque 50 %. Mon collègue dit encore : Ce n'est
pas assez. Mais quand on écoute les périodes de questions, le Parti
libéral nous dit : Vous dépensez trop. Mais là, écoutez...
M. Morin : ...
M. Roberge : Est-ce que je peux
continuer?
La Présidente (Mme Caron) : Oui, il
reste... il restait... il restait un cinq secondes au ministre.
M.
Roberge : ...on ne peut pas franciser 600 000,
700 000, 800 000 personnes. La capacité de payer des
Québécois et des Québécoises, elle est...
La Présidente (Mme Caron) : Merci,
M. le ministre, M. le député.
M.
Morin : Oui. Maintenant, j'aimerais revenir aux étudiants
internationaux, M. le ministre. Vous... Et on en a parlé un peu plus
tôt, il y a eu le projet de loi n° 74, et on a vu aussi, on en a parlé
plus tôt, les... certaines de ces conséquences-là.
Maintenant, j'aimerais... j'ai une question ou deux pour vous là-dessus, parce
que, quand on a étudié le projet de
loi, on essayait de savoir qu'est-ce que vous étiez en train de corriger, puis
c'était quoi, l'enjeu, puis c'était quoi,
le problème. Et vous nous avez expliqué que, bon, il y avait eu des poursuites,
il y avait eu des abus, mais on n'a pas été capables d'en obtenir
davantage.
Donc, je veux
vous poser certaines questions là-dessus, parce que, récemment dans Le Journal de Québec, il y a eu
des articles qui ont été publiés par la journaliste Nora Lamontagne, qui a fait
un travail d'enquête relativement à un collège
qui serait rempli d'étudiants étrangers. Et, quand on regarde l'article, on
réfère au collège supérieur de Montréal, situé au centre-ville. On dit
qu'il y aurait effectivement des milliers d'étudiants, ça donnerait accès à un
permis de travail. Au ministère, vous avez
affirmé que les dispositions législatives, avant le p.l. n° 74,
vous empêchaient de corriger cette
situation-là. Et donc vous avez vu des dérapages dans le milieu. C'est ce qui
est écrit, on dit : «Le mois dernier, le ministre de l'Immigration
a déposé le projet de loi n° 74 pour mieux contrôler la venue d'étudiants
étrangers, vu les dérapages dans le milieu.»
Alors, j'ai pris connaissance de votre décret de
février 2025, qui cible des demandes, et, quand on regarde dans la colonne pour
le collège supérieur de Montréal, le nombre maximal de demandes que vous
permettez, c'est 8 966 demandes.
Alors, ma question est la suivante : Si vous vouliez régler certains
problèmes, est-ce que ce collège-là était un problème? Et pourquoi vous
permettez, si c'est le cas, qu'il puisse encore avoir 8 966 demandes?
• (12 h 40) •
M.
Roberge : Mme la Présidente, est-ce que je comprends que mon
collègue est maintenant en faveur de la loi? Parce que... c'est juste...
j'essaie de suivre, parce que, l'automne passé, il
nous disait que...
M. Morin : Bon, eh bien, écoutez...
La Présidente (Mme Caron) : M. le
ministre... M. le député...
M. Morin : Ma question était
précise.
La Présidente (Mme Caron) : M. le
député peut reformuler sa question, si vous...
M.
Morin : Ah! je peux très bien la reformuler. Puis la
question ici, madame, c'est de savoir... Mme la Présidente, c'est d'essayer de comprendre ce que fait le
ministre. Quand on a été... et qu'on a étudié le projet de loi n° 74, il y
a une série de personnes, en consultations particulières, qui sont venues nous
dire, notamment tous les recteurs d'université : Ne touchez pas à
ça, on est capables de gérer. C'est le ministre qui nous a dit qu'il y avait
des enjeux dans certains dossiers. Et là ce qu'on apprend, c'est qu'il y a un
collège qui aurait pu être problématique, puis le ministre accorde encore
8 966 demandes à ce collège-là. Alors, ma question est la
suivante : Pourquoi, si c'est si problématique, vous permettez ce nombre
de postes là, alors que, quand on regarde d'autres établissements, bien,
évidemment, le nombre maximal de demandes
qui peuvent être acceptées sont beaucoup moins nombreuses, notamment, plusieurs
universités, plusieurs cégeps? En fait, ce collège-là a plus de demandes
qu'il peut accepter que l'Université Laval.
La Présidente (Mme Caron) : M. le
ministre, il reste 1 min 12 s au bloc.
M.
Roberge : O.K. Bon, très bien. Bien, ce que je comprends,
c'est que mon collègue aurait souhaité qu'on en donne moins au collège
supérieur de Laval, et, pour le faire, il fallait adopter la loi contre
laquelle il s'est prononcé tout le long de
l'intervention. Ça fait que c'est... c'est particulier. Mais, écoutez, on a
toujours des nouveaux fans, puis, tu
sais, des fois, la vie nous fait des cadeaux. Mais, en formation
professionnelle, ce qu'on a décidé de faire, c'est de baisser d'environ 35 %, par rapport à 2024, l'admission
d'étudiants étrangers dans le réseau privé, parce qu'on sait qu'on a des
besoins puis on sait qu'on reste ouverts aux étudiants étrangers, mais on a
baissé de 35 % pour l'année à venir en formation
professionnelle dans le réseau privé. En passant, il y en avait plusieurs qui
étaient dans le réseau anglophone, mais pas seulement. On a décidé de
réduire de 75 %, par rapport à 2024, dans nos collèges, mais, attention,
pour les A.E.C., les attestations d'études
collégiales, les formations courtes, surtout dans le réseau privé, en passant,
beaucoup aussi dans le réseau
anglophone. Donc, on est parfaitement sur la cible par rapport à ce qu'on
disait. Contrairement à mon collègue, on n'a pas changé d'idée.
La
Présidente (Mme Caron) : Merci, M. le ministre, le bloc est terminé. Alors,
nous allons maintenant au bloc du gouvernement, pour
14 min 45 s. Je reconnais la députée de Vimont.
Mme
Schmaltz : Parfait. Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le
ministre. Alors, on a 14 minutes, que je vais partager avec ma
collègue d'Iberville. Alors, très intéressant, jusqu'à maintenant, tous ces
échanges-là. Dommage, malheureusement, qu'on ne peut pas tout le temps écouter
l'entièreté de vos réponses, mais, bon, on va y aller... on va y aller comme ça. Alors, je vais essayer de
prendre mon temps pour ma question, pour que vous ayez le temps d'y répondre, puis... Bien, écoutez, je pense que
c'est important que vous fassiez le tour de la question. Alors, moi, je
vous invite, si c'est possible, de prendre le temps, là, pour bien répondre.
Alors, vous avez publié un communiqué de presse,
justement, qui mettait de l'avant la nouvelle entente avec le MEQ en matière de francisation. Il y a
plusieurs régions, on le sait, qui ont été affectées par des fermetures de
classes dans les derniers mois. Je
pense qu'on en a abondamment parlé. Vous l'avez dit à plusieurs reprises que
vous souhaitiez obtenir plus de... voyons, prévisibilité, pardon, dans le
réseau afin de permettre aux centres de services scolaires justement de
stabiliser l'offre, vous l'avez... vous avez parlé tantôt avec le collègue,
là... sur une plus longue période de temps.
Alors, moi, ce que j'aimerais savoir, puis je
pense que c'est important, là, pour les gens qui nous écoutent aujourd'hui : Comment la nouvelle entente
avec le MEQ va permettre d'éviter, justement, le printemps que nous avons
connu sur l'offre en francisation dans
certaines régions? Je vous invite alors à bien... à prendre le temps, là, pour
nous répondre.
M.
Roberge : Merci, chère collègue. Parce que les dossiers sont
complexes... Je comprends qu'en... au Parlement, il y a... c'est minuté, puis c'est correct, c'est par
respect des collègues, pour ne pas qu'il y ait des réponses trop longues qui
feraient le tour des questions. Je
comprends, mais c'est juste que moi, j'essaie de répondre au meilleur de mes
connaissances puis l'expliquer comme il faut. Tu sais, tu peux poser une
question en trois secondes : Expliquez-moi la réalité constitutionnelle du Canada, je l'ai posée en sept
secondes, vous l'avez posée en sept secondes. Votre réponse ne sera pas
pertinente, d'accord? Donc, ça ne peut pas être aussi...
Donc, l'an passé, voici le nombre de groupes
ouverts par le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, par session, pour le temps
complet et le temps partiel. Donc, en fait, ça, c'est au fil des années, puis
on voit qu'ici, à partir de la création de Francisation Québec on a une
hausse qui est tout le temps... sans arrêt, qui est graduelle, à la fois pour
les groupes à temps plein puis à temps partiel.
Quand on regarde le nombre d'élèves qui ont
participé à l'offre globale de services au cours des 10 dernières années, donc quand on compte tous les réseaux...
Parce que Francisation Québec, c'est un réseau de réseaux. Il y a plus de 133... si je ne me trompe pas,
133 partenaires. Oui, il y a les centres de services scolaires, mais il y
a aussi les cégeps, les universités et des OSBL. Bien là, on voit qu'en
2014-2015, c'était la dernière année au gouvernement, là, du Parti québécois,
on était à 26 000. Après ça... c'est ça, il y a 26 000, 27 000,
26 000, 27 000, après ça, oups! Et, après ça, on est arrivés, on a monté à 35 000 au gouvernement. Puis, après
ça, avec la création de Francisation Québec, regardez l'augmentation,
l'an 1 de Francisation Québec, l'an 2 de Francisation Québec, et on
arrive à 90 000. Donc, quand on se fait
dire : Ce n'est donc pas drôle, les compressions à Francisation Québec, un
gouvernement nationaliste qui valorise la
langue française qui coupe dans la langue française... Bien, je m'excuse, là,
mais les résultats ici démontrent que ce n'est pas ça qui est arrivé.
Puis quand on regarde l'offre de cours mois par
mois, comme je l'ai précisé tout à l'heure... Ça, c'est la dernière année. Donc, ici, c'est l'année
précédente, puis, en bleu foncé, c'est l'année qu'on vient de vivre. Donc, même
l'automne dernier, aux mois d'octobre, novembre et décembre, alors qu'il y
avait des enjeux dans le réseau scolaire, soyons
honnêtes, il y en avait, des enjeux de stabilité de l'offre de cours. Il y
avait des centres de services scolaires qui avaient dépensé une grosse partie
de leur enveloppe dans les premiers mois de l'année qui fermaient des cours à
la fin de l'année. Mais qu'est-ce qui arrivait? Le nombre d'élèves, lui,
demeurait supérieur. Parce que c'est la force de Francisation Québec,
être capable de s'adapter en cours d'année, puis, avec d'autres partenaires, on
a pu combler. Ce qui fait que, même dans les mois d'octobre, novembre,
décembre, janvier et février, on a réussi à le faire. Mais ce n'était pas
optimal comme manière de gérer l'offre de Francisation Québec.
• (12 h 50) •
Puis, je l'ai dit l'automne dernier, en toute
transparence, je n'étais pas à l'aise avec le fait que des étudiants s'inscrivaient, faisaient une session, voulaient
faire la suite, arrivaient, par exemple, au niveau 3, voulaient s'inscrire
au niveau 4, oups! le cours
n'était plus disponible dans le même local, avec le même prof. On appelait ça
un bris de service. On n'arrêtait pas les cours au milieu, là, il faut
faire attention, mais ce n'était pas optimal du tout, du tout, puis ça a
découragé certains enseignants de francisation, qui sont essentiels dans le
réseau, hein? Il y a... il n'y a pas d'élève quand
il n'y a pas d'enseignant, là. C'est comme ça, c'est l'élève qui est au coeur.
On a besoin de nos profs, on a besoin de nos réseaux. Puis j'ai
dit : On va changer ça, on va changer notre partenariat, notre entente
avec notre partenaire principal, pas le seul, mais
principal, qui est le ministère de l'Éducation, et donc tous les centres de
services scolaires. Puis je veux saluer
vraiment la sous-ministre et l'équipe, qui ont fait un travail exceptionnel,
parce qu'on a fait quelque chose qu'on n'avait jamais fait c'est-à-dire
réellement harmoniser deux réseaux, faire travailler les deux ministères
pratiquement en symbiose, énormément de rencontres de l'équipe administrative
avec Éducation pour arrimer l'offre puis pour leur donner une sécurité
financière.
Au budget,
hein, au gouvernement du Québec, c'est... c'est mars, c'est... c'est... voilà,
c'est le 1er avril au 31 mars, exactement, tandis que, dans le réseau scolaire, bien, habituellement,
eux, ils vont de septembre à juin puis, bon, ils ont quand même une
offre de cours d'été, mais ce n'est pas la même année. L'année scolaire,
l'année calendrier, l'année budgétaire, tout ça n'est pas arrimé, donc c'était
difficile, pour le réseau scolaire, de planifier. Eux autres, ils n'arrêtent pas, là, des cours, comme ça parce que
l'année budgétaire du gouvernement s'arrête. Donc là, on leur a permis,
pour la première fois, de planifier l'offre de cours jusqu'à juin 2026, en
passant... même, en anticipant ce qu'il y aura dans le budget de l'an prochain. Et là ils sont capables d'avoir une
prévision de l'offre de cours sur un an, et même, plus qu'un an et demi,
puisqu'on se rend à juin 2026. Ils sont capables d'apaiser le climat de travail
avec nos enseignants puis nos conseillers
pédagogiques, qui sont tellement importants, puis donc de vivre, l'an
prochain... pas une année où on va
offrir des cours à 150 000, 160 000 personnes. On vise à
stabiliser à peu près la clientèle qui va recevoir des cours, mais on va sécuriser tout le monde, autant ceux
qui donnent les cours que ceux qui les reçoivent, parce que ce sera une
meilleure gouvernance.
Moi, je dis
que, cette année, on arrive à l'année de maturité de Francisation Québec, oui,
parce que j'ai donné cette directive-là, mais surtout
parce que nos équipes ont fait le travail, MIFI et Éducation, puis moi, je
trouve ça remarquable. Je ne sais pas
si on a le droit d'applaudir ici. À l'Assemblée, on n'a pas le droit
d'applaudir, mais moi, je les applaudis. Puis je suis très fier de mon équipe.
Mme Schmaltz : ...M. le ministre. Je
vais céder la parole à...
La Présidente (Mme Caron) : ...je
reconnais la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : ...je tiens à saluer
tous les collègues. Je m'excuse pour le masque et la voix, mais ainsi va la famille. La première question que j'ai pour
vous, c'était question de mettre quelque chose au clair puis vraiment bien sur
la table : Est-ce que c'est votre volonté puis votre objectif de financer
puis d'offrir un système de francisation à tous les nouveaux arrivants
qui s'installent au Québec puis qui ne parlent pas forcément notre langue?
M. Roberge : Je souhaite que tout le
monde qui a besoin d'un cours de français puisse accéder à un cours de français, mais je ne peux pas m'engager à franciser
des centaines et des centaines de milliers de personnes. Donc, on augmente
l'offre de Francisation Québec puis on diminue la demande aussi, parce qu'on va
réduire le nombre de temporaires,
d'immigrants temporaires sur le territoire québécois. On va peut-être aussi
s'assurer d'avoir davantage de francophones pour qu'à la fin, bien, on
vive en français dans toutes nos entreprises. Peu importe que ce soient des gens qui sont nés ici, des gens qui sont nés
ailleurs mais qui sont maintenant des nouveaux Québécois, donc des permanents,
ou des gens qui sont ici de manière
temporaire sur un programme fédéral ou québécois, il faut qu'on puisse
travailler en français, peu importe le statut de la personne qui est en
face de nous, et ça, je m'engage à ça.
Mme Bogemans : Merci, M. le
ministre. Diriez-vous que Francisation Québec, qui a quand même été créé au courant de ce mandat-ci, en 2023, a été victime
de sa popularité, puis c'est pour ça qu'on s'est retrouvés avec des délais
d'attente considérables comme ça?
M. Roberge : Absolument, absolument.
Puis, en même temps, il y a quelque chose d'intéressant là-dedans. Imaginez le contraire, imaginez qu'on a des gens,
sur le territoire québécois, qui sont temporaires, qui disent : Je ne fais
que passer, puis ça ne m'intéresse pas d'apprendre la langue. Imaginez qu'on a
des employeurs qui diraient : Ça ne me
dérange pas, moi, que mes employés parlent dans toutes les langues sauf le
français, puis nous qui serions là à essayer de convaincre les gens à
suivre des cours de français. Ce serait un cauchemar.
Donc, on a eu une difficulté administrative
liée, comme vous le dites, à la popularité de Francisation Québec, au grand désir des gens d'apprendre la langue
française, aux grands souhaits des employeurs aussi à ce que ça se passe en
français dans leur entreprise. Donc, oui, on a été victimes, un peu, de notre
succès et, on va le dire. Par contre, la partie... l'autre côté de la médaille,
on est victimes du dérapage du gouvernement fédéral, qui l'a échappé en matière
d'immigration temporaire. Mais le fait que
beaucoup de gens veulent apprendre la langue française, c'est une excellente
nouvelle.
Mme
Bogemans : Si vous avez... Vous avez fait le tour des
mesures, tantôt, que vous avez mises sur la table pour réduire les délais d'attente. Si vous aviez un
message à passer aux intervenants directement, que vous vouliez applaudir tout
à l'heure, puis aux apprenants aussi, aujourd'hui, ce serait quoi?
M. Roberge : Bien, le message à tout
réseau, là, puis, je l'ai dit, Francisation Québec, c'est un réseau de réseaux, là... c'est que tous les partenaires sont
importants. Puis notre offre, elle est complémentaire. Les partenaires de
Francisation Québec qui sont dans les OSBL ne sont pas moins importants que les
professeurs de français dans les centres de services scolaires. Mais les
gens dans les centres de services scolaires ont une offre qui est différente,
puis c'est parfait comme ça. C'est correct qu'ils ont une
vision qui est différente, qui relève davantage de... qui est le reflet de leur
organisation puis de la vision de l'organisation.
Merci aux cégeps puis
aux universités qui ont accepté, en peu de temps, l'automne dernier puis au
début de l'hiver, de se revirer de bord,
puis de devenir des nouveaux partenaires, puis d'augmenter leur offre. Donc, je
pense que... Et je veux saluer tout
ce monde-là. Puis je dis à des élèves qui apprennent la langue française, parce
que j'ai visité plusieurs groupes
avec des nouveaux... des nouveaux Québécois, je leur dis que leur accent est
charmant puis qu'ils n'ont pas à être gênés.
Mme
Bogemans : Parfait. Dans la dernière année, vous avez décidé de
suspendre les Journées Québec puis le
recrutement à l'étranger jusqu'au 30 juin prochain, puis cette date-là, on
va se le dire, elle arrive à grands pas, c'est le printemps. En appliquant cette suspension, est-ce
que le ministère a payé des pénalités pour avoir annulé ces Journées
Québec?
M. Roberge :
Merci pour la question. Non, on n'a pas payé de pénalités, parce que les
journées qui étaient déjà planifiées ont eu lieu. Les dernières activités de
recrutement, il y en a qu'il y en a eu... qui ont eu lieu à l'automne dernier. Donc, pas de coûts d'annulation,
simplement de la cohérence gouvernementale lorsque le gouvernement
change d'orientation, dit : Oups! Attendez un petit peu.
Le Québec est
tellement attrayant que les gens veulent venir. On n'a pas tellement besoin
d'aller faire plein de recrutement dans tous
les secteurs. Par contre, il y a des secteurs où on va continuer de faire du
recrutement, sans doute, santé,
construction, peut-être éducation, possiblement, famille, où on a des pénuries
qui sont graves, puis il faut être sûrs d'aller chercher les personnes
qui répondent à des besoins criants dans nos missions prioritaires de l'État.
Mais, dans beaucoup de secteurs, il y a plus de gens qui veulent venir que nos
besoins, il y a plus de gens qui veulent venir que notre capacité d'accueil. Donc, dans ce contexte-là, prendre des fonds
publics pour aller chercher des gens qui veulent déjà venir et qu'on ne
peut pas accepter parce qu'ils sont trop nombreux, moi, je n'étais pas capable
de défendre ça.
Mme Bogemans :
Parfait. Puis, en terminant,
maintenant qu'on a un nouveau gouvernement fédéral libéral, c'est quoi,
les demandes concrètes que vous faites à M. Carney?
M. Roberge : La
première, là, c'est de réduire de 400 000 à 200 000 le nombre de
temporaires qui relèvent d'Ottawa. Plus de
deux tiers des temporaires sur le territoire québécois ne relèvent pas du
gouvernement du Québec. Ça, là, c'est
essentiel, c'est important. Il faut absolument qu'il y ait aussi une réduction
rapide du délai d'analyse pour les demandeurs d'asile. Beaucoup de gens
arrivent, font une demande d'asile, ça prend des années. On est à 37 mois,
donc plus de trois ans. C'est
beaucoup trop long. Les gens arrivent ici, ils ont droit de demander l'asile
dans certains cas, il y en a qui
n'ont pas le droit de demander l'asile, mais ceux qui ont le droit de demander
l'asile, ça ne veut pas dire qu'ils seront acceptés ensuite, là, c'est
juste qu'ils se qualifient pour une analyse de dossier. 37 mois
d'analyse...
• (13 heures) •
La Présidente (Mme
Caron) : En conclusion.
M. Roberge : ...ce n'est pas humain pour eux, ça n'a pas de
sens. En France, c'est quatre mois, ils trouvent que c'est trop long.
Nous autres, on endure ça. C'est de l'incurie, ça doit être une priorité pour
M. Carney.
La Présidente (Mme
Caron) : Merci, M. le ministre. Alors, nous avons terminé nos travaux
pour l'instant.
Nous allons suspendre
jusqu'à 14 heures. Merci à tout le monde.
(Suspension de la séance à
13 h 01)
(Reprise à 14 heures)
La Présidente (Mme
Caron) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous reprenons nos
travaux.
Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille Immigration, Francisation et
Intégration pour l'exercice 2025‑2026.
Alors,
nous en sommes maintenant à un bloc d'intervention de l'opposition officielle.
M. le député de l'Acadie, la parole est à vous. C'est une durée de
19 min 35 s, ce bloc.
M. Morin : Merci,
Mme la Présidente. Alors, bon après-midi, tout le monde.
On
va continuer avec le thème des étudiants internationaux, Mme la Présidente.
Quand on s'est laissés, un peu plus tôt, j'avais commencé à poser certaines
questions à M. le ministre, notamment en lien avec le décret 155-2025 du
19 février 2025, relativement au nombre maximal de demandes qui
peuvent être déposées, et on avait commencé à parler
du collège supérieur de Montréal. 8 966, ça, c'est le nombre maximal de
demandes que vous avez autorisées par votre
décret, M. le ministre. Ma compréhension, c'est que cet établissement-là a un
permis pour 1 147 étudiants. Comment vous expliquez ça?
M.
Roberge : Mme la Présidente, je pense, mon collègue sait
très bien que... parce qu'on a fait ces discussions-là dans le cadre du projet de loi n° 74
l'automne dernier, on sait très bien que le nombre de CAQ, là, certificats
d'acceptation, émis
n'équivaut pas au nombre d'étudiants qui se ramassent dans les classes ensuite.
On appelle une... une déperdition qui est importante, et c'est vrai pour
l'ensemble des partenaires, l'ensemble des institutions. Donc, on ne peut pas
simplement dire : Bien, si vous avez envoyé... Vous avez, mettons,
2 000 CAQ ou 200 CAQ, pourquoi il y aurait tous ces étudiants-là? Il n'y a pas de place pour
ça. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Ce que j'ai expliqué tout à l'heure, puis je vais le réitérer, c'est que,
pour l'an 1, clairement, on a ciblé deux secteurs, qui est la formation
professionnelle dans le réseau privé, avec une réduction de 35 %,
puis les attestations d'études collégiales, qui sont des programmes courts dans le réseau collégial, surtout dans le réseau
privé, beaucoup dans le réseau anglophone, avec une réduction de 75 %.
Pour le réseau universitaire, il n'y a pas eu de baisse pour ce premier décret
suite à l'adoption du projet de loi qu'on a fait ensemble l'automne
dernier.
La Présidente (Mme Caron) : M. le
député.
M. Morin : Oui. Alors, bien,
écoutez, effectivement, M. le ministre, on est bien au courant. Il peut y avoir
plus de demandes que de gens qui sont
acceptés, clairement, mais là vous avez un écart d'à peu près 7 000, et,
quand je regarde d'autres établissements d'enseignement, notamment dans les
régions, vous avez autorisé 100 à Baie-Comeau, 65 à Sept-Îles, dans le Conservatoire de musique de Gatineau,
c'est zéro, Conservatoire de musique de Québec, c'est zéro, l'Université
Laval, c'est 8 276.
Alors,
j'essaie de... J'essaie de comprendre, M. le ministre. Il y a des abus,
semble-t-il. C'est ce que vous nous dites.
On vous avait même proposé, à l'époque, d'agir le plus rapidement possible,
puis vous aviez des mécanismes pour le faire, mais là
1 147 places ou personnes dans le permis, puis vous en autorisez
8 966 et, quand je me fie à l'article, vous avez, puis je parle de
l'article de Nora Lamontagne, vous avez vous-même, semble-t-il, référé à des
dérapages.
Donc,
j'essaie de comprendre comment... comment, pour des régions du Québec comme
Sept-Îles, 65, Baie-Comeau, je vous
parlais de 100, et là il y a un, aussi, grand écart... Quelle est l'analyse que
vous avez faite puis comment vous en êtes arrivé à ces chiffres-là?
M. Roberge : Bien, ce qu'on a vu
pendant l'étude du projet de loi auquel mon collègue était parti, puis on a adopté un article à cet effet-là qui est très
clair, c'est que la décision, elle est prise par le Conseil des ministres suite
à une recommandation qui inclut les ministres responsables. Donc, dans
ce cas-ci, la ministre responsable, c'est la ministre de l'Enseignement supérieur. Ce n'est pas le ministre de l'Immigration
qui va déterminer les quotas établissement par établissement, c'est
plutôt, dans le cas de la formation professionnelle, le ministre de
l'Éducation, dans le cas des collèges et des universités, donc, cégeps et
universités, c'est la ministre de l'Enseignement supérieur.
Donc là, peut-être pas la bonne étude des
crédits pour poser des questions établissement par établissement, mais je veux
juste dire qu'on est partis du nombre qu'il y avait l'année précédente. Puis
mon collègue semble s'intéresser au collège
supérieur de Montréal, bien, en 2024, il y avait eu 13 900... pardon,
13 794 CAQ puis, cette année, il y en a eu 8 966. Donc, c'est une
réduction de quoi, presque... plus... on est... on est presque à 5 000, si
je ne me trompe pas, presque
5 000 ou 4 000, excusez-moi, oui, 5 000 CAQ de moins. C'est
une réduction qu'on n'aurait pas pu faire si j'avais écouté mon collègue puis si j'avais renoncé au projet de loi.
Donc, ça, c'est important de le retenir, là. C'est notre gouvernement
qui a pris l'initiative de faire...
M.
Morin : Alors, Mme la Présidente, ma question était
simple, et claire, et précise, Mme la Présidente, et pour rappeler à M. le ministre... Respectueusement, le
décret, là, c'est... il a été ordonné en conséquence sur la recommandation
du ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration. Alors,
oui, il y a d'autres ministres, mais il y a le ministre qui est devant nous
aujourd'hui. Donc, il me semble que, puisqu'on parle d'immigration et qu'on
parle d'étudiants étrangers, c'est tout à
fait pertinent, Mme la Présidente, je vous soumets qu'on est au bon endroit,
devant la bonne commission.
Voilà, ceci
étant, dans le cahier des crédits, pour les renseignements particuliers,
renseignement particulier n° 14, pour vous situer, M. le ministre, le
nombre d'étudiants étrangers admis au Québec par domaine d'études, par pays d'origine, par région administrative, on y
lit : «En 2024, il y a eu 72 785 personnes immigrantes
temporaires titulaires d'un ou
plusieurs permis d'études. Le ministère n'a pas d'information sur le domaine
d'études et le ministère ne dispose pas de prévision pour 2025‑2026.»
Comment cela se fait-il?
M. Roberge : Attendez un peu, je vais
lire la fiche que mon collègue a tirée des crédits. Donc, en 2024, il y a eu 72 785 personnes migrantes
temporaires titulaires d'un ou plusieurs permis d'études délivrés en 2024 dans
le cadre du Programme des étudiants étrangers, donc des gens... oui, c'est
ça, qui ont été délivrés en 2024.
Il faut distinguer, quand on parle d'étudiants
étrangers, deux choses, les concepts, puis je vais l'expliquer pour les gens qui nous écoutent. Il y a le flux et
il y a le stock. Le flux, c'est le nombre de personnes qui reçoivent des permis
chaque année, puis il y a des permis qui sont valides sur plusieurs années.
Donc, par exemple, si j'ai un flux de
5 000 par année pour des permis de trois ans, à la troisième année,
j'aurai un stock de 15 000 personnes. Je n'aurai émis que
5 000 permis par année, mais, après trois ans, j'aurai un stock de
15 000 personnes. Donc, ça dépend comment on présente les
choses ici.
Ceci dit, après, pour savoir ce qu'il va
arriver, bien, il faut voir quelles sont les demandes des institutions, quelles sont les inscriptions, puis il faut voir
aussi comment on va faire la planification pluriannuelle. On arrive à la fin
d'un cycle de planification pluriannuelle
cette année. On est à l'an 2 d'un cycle 2, et nous n'avions pas,
avant, de prévision, dans notre
planification pluriannuelle, sur les temporaires, donc incluant les étudiants.
Là, on entre dans une ère nouvelle. On va se permettre de
réfléchir là-dessus. Puis, bonne nouvelle, on a une loi qui nous permet d'agir
sur cet enjeu-là depuis l'automne passé.
• (14 h 10) •
M.
Morin : La question parlait spécifiquement du nombre
d'étudiants étrangers admis au Québec, Mme la Présidente. Maintenant, on nous dit ici, c'est la réponse qu'on a reçue
du ministère : «Le MIFI ne dispose pas de prévision pour 2025‑2026.» Donc, vous n'avez aucune prévision. Vous n'êtes
pas en train de planifier quoi que ce soit. Il n'y a rien.
M.
Roberge : Je m'excuse, Mme la Présidente, nous sommes en
train de colliger des informations. Nous sommes en train de préparer des
cahiers qui seront rendus publics pas dans l'étude des crédits, parce que
l'étude des crédits, je le rappelle, parce qu'on n'a pas beaucoup de
questions sur les crédits, d'ailleurs, c'est l'étude des budgets de l'année
passée, c'est une reddition de comptes sur l'année passée. Mon collègue me
reproche de ne pas avoir, lors de l'étude des
crédits, tous les chiffres nécessaires à la planification pluriannuelle,
laquelle arrivera dans les prochains mois. Alors, je ne sais pas si, à la planification pluriannuelle,
il va me poser question sur les crédits, mais là j'ai de la misère à suivre.
M. Morin : Avec respect, Mme la
Présidente, je pense que les questions que je pose sont directement en lien
avec les crédits. En fait, ça devait être sûrement en lien avec les crédits,
Mme la Présidente, parce que le ministère a répondu en partie à notre question.
Ça devait être sûrement pertinent.
Ceci étant, parlons maintenant des travailleurs
temporaires. Vous voulez réduire le nombre de... le nombre de travailleurs
temporaires, je comprends, tous confondus, et vous voulez également réduire...
c'est ce que j'ai compris, vous demandez au
fédéral de réduire le nombre dans le PMI, dans le programme PMI, de 50 %.
Comment allez-vous... Est-ce que vous
avez des rencontres avec le fédéral? Comment allez-vous planifier ça? Parce
qu'il va y avoir un impact sur les entreprises québécoises.
M.
Roberge : Bien, nous avons déjà eu des rencontres avec le
gouvernement fédéral, fort nombreuses. D'ailleurs, j'ai changé
d'interlocuteur l'année passée. Ça a changé pas mal. Je pense, j'ai parlé à
deux, sinon trois ministres fédéraux, dans
la dernière année, précisément sur ce sujet-là. On a obtenu un engagement
important. Je sais que les gens du Parti québécois ont tendance à ne pas parler
des gains qu'on a eus, mais on en a eu un important. Le gouvernement
fédéral s'est engagé à réduire de presque 100 000, 96 000 pour être
plus précis, le nombre de titulaires dans le stock, pour faire suite à ma
précédente réponse, le nombre des titulaires de permis dans le cadre du
Programme de mobilité internationale au
cours des trois prochaines années. C'est un changement de paradigme important
parce que, depuis des années, c'est une hausse incontrôlée de la part du
gouvernement fédéral.
Là,
d'ailleurs, les premiers gestes qui montrent leur sérieux, je pense qu'il en
manque, d'ailleurs, là, par contre, des
mécanismes pour atteindre cette cible-là, bien, ils ont dit : Bon, bien,
on s'engage à réduire d'au moins 96 000 le nombre de PMI sur le territoire québécois. Et ils ont
dit... J'ai dit : Fort bien, mais comment allez-vous atteindre cette
cible-là? Les premières mesures
qu'ils ont mises, c'est qu'ils ont dit : On va cesser de donner des permis
de manière systématique aux conjoints
d'étudiants étrangers, on va cesser de donner des permis de manière automatique
aux conjoints des TET qui relèvent du gouvernement québécois, etc.
Il y a d'autres mesures à mettre en place parce
que ça fait quelques mois qu'ils ont pris cet engagement-là. Ils ont annoncé quelques mesures. Je ne pense pas que
le compte y soit pour atteindre leur cible encore. Bien, leur cible doit être
en trois ans. Donc, oui, on a des discussions puis, oui, on est dans des
engagements, oui, on a des gains, mais il en manque encore.
M. Morin : Et qu'est-ce qu'il manque
encore?
M. Roberge : Bien, la cible, en ce
moment, c'est une cible de réduction de 96 000. Je suis généreux, je vais l'arrondir à 100 000. Alors, notre demande,
c'est de réduire de 200 000 le nombre de temporaires, sur le territoire
québécois, qui relèvent d'Ottawa. Ils
sont à peu près 400 000. On voudrait que ce soit 200 000. On a un
engagement de réduction de 96 000. Donc, voilà ce qui manque. Puis,
quand on aura un engagement, bien, on voudra aussi qu'ils nous disent comment, parce que, sinon, c'est un souhait. Nous
autres, on veut un engagement. On veut arriver à des résultats, puis c'est
là-dessus qu'on discute.
Là, on vient,
là, d'avoir un nouveau gouvernement à Ottawa. On va voir de quelle manière ça
va arriver, mais je sais que le nouveau premier ministre,
M. Carney, a dit qu'il voulait avoir une immigration qui est plus
soutenable. Quand on lit entre les lignes,
ça veut dire qu'il reconnaît que l'immigration sous la précédente administration
n'était pas soutenable. Donc, il y a un changement de paradigme. On va
voir comment ça va se décliner par des mesures et des engagements.
M.
Morin : Dans vos discussions, parce qu'on parle du
programme PMI, dans vos discussions avec le gouvernement fédéral, est-ce
que vous avez identifié des secteurs où vous ne voulez pas qu'il y ait de
réduction? Comment ça fonctionne exactement?
Est-ce que vous laissez carte blanche au gouvernement fédéral de réduire le
nombre de travailleurs suite à votre demande?
M.
Roberge : On va poursuivre les discussions avec eux. Pour
l'instant, ce qu'ils ont dit, je pense que c'est des mesures qui sont
intéressantes, c'est-à-dire de réduire... de cesser de donner de manière
automatique des permis PMI aux conjoints de d'autres travailleurs, lesquels répondent à des besoins
sur le marché du travail. Pour le reste, bien, ça relève d'Ottawa. Ça va
être eux à faire les travaux puis à nous soumettre des choses pour qu'on
s'entende, mais, pour l'instant, on n'est
pas là. On va repartir... Moi, je ne sais même pas c'est qui, mon vis-à-vis, à
l'heure qu'il est, dans le prochain
gouvernement. J'imagine qu'il va y avoir un remaniement, là. Il y a des... Il y
a eu un brassage de cartes. On prendra contact avec nos homologues puis
on fera nos discussions.
M. Morin : Est-ce que... Non, je
vais continuer avec des questions dans ce domaine-là parce que, si je vous ai bien compris, bon, éventuellement, il va y
avoir un ministre fédéral, mais vous semblez vouloir attendre. Moi,
je vous suggère que vous devriez peut-être planifier à l'avance et ne
pas laisser le soin au gouvernement fédéral de décider dans quels secteurs il
va couper... votre demande.
M. Roberge : On va avoir des
discussions. Il ne s'agit pas... Quand on discute avec Ottawa, il ne s'agit pas
juste de dire : Bien, je fais une demande, puis ça finit là, là. C'est des
échanges, il y a des échanges d'information. Oui, les ministres communiquent
avec les ministres, évidemment, mais, une fois qu'on s'est entendus qu'on
allait travailler ensemble, bien, des équipes administratives prennent le
relais, puis là c'est des discussions continues.
Donc, il ne s'agit pas, là, de dire qu'on
attend. On a commencé. Après ça, bien, ça a été suspendu le temps de la
campagne fédérale, tout le monde comprend pourquoi. Et là, pour l'instant, on
va voir qui seront les chefs de cabinet qui seront à la tête de
l'administration, qui seront les ministres. Ça ne prendra pas six mois. Ça va
prendre quelques jours, j'imagine, quelques semaines au maximum. Puis il va
falloir reprendre les travaux, mais c'est comme ça qu'on est engagés à réduire le nombre d'immigrants temporaires sur le
territoire québécois, puis ça passe par Ottawa, deux tiers des
temporaires relèvent d'eux.
M. Morin : Bien, maintenant, ça va
avoir un impact, parce qu'il y a des gens qui nous écoutent, là, sur des
entreprises au Québec. Je comprends que vous allez avoir des négociations,
mais, pour les gens qui nous écoutent, vous,
là, est-ce que vous avez déjà un plan en tête? Est-ce qu'il y a des secteurs
que vous voulez évidemment qui ne soient pas touchés parce qu'ils sont importants pour l'économie québécoise?
Est-ce que vous pouvez nous en dire plus? Parce que je parle à des
entrepreneurs sur le terrain, et ils sont inquiets, M. le ministre. Puis je
vais vous donner un exemple très concret,
société Tremcar, que vous connaissez peut-être, Saint-Jean, ce n'est pas très
loin de votre circonscription, eux,
ils ont un nombre important d'employés, et plusieurs ont fait... sont rentrés
avec le PMI. Ils ont besoin de travailleurs spécialisés, des soudeurs.
Ils ont peur de les perdre parce que ça va avoir un impact dévastateur sur leur
entreprise. Est-ce que vous êtes au courant de cette réalité-là sur le terrain?
Quel est votre plan?
M. Roberge : Bien, ce que je ne peux
pas faire ici, c'est faire, je dirais, des discussions sur la place publique préalables à la divulgation de la cible du Québec.
On ne peut pas faire ça ici, en commission. Mais là on mêle deux choses,
le PMI... Puis là mon collègue a commencé sur le PMI, mais là il a basculé sur
les travailleurs étrangers temporaires, parce
que, là, Tremcar, je suis au courant, là, de ce qui se passe à Saint-Jean. J'ai
rencontré plusieurs entrepreneurs. C'est proche géographiquement de mon
comté, c'est un parc industriel que je connais bien. Puis il y en a d'autres,
là. On peut dire ça, mais on pourrait parler de la vôtre. On pourrait parler de
toutes les régions du Québec.
C'est amusant parce que, tout à l'heure, j'avais
des conversations avec les gens du Parti québécois, qui, eux, semblaient dire
qu'il fallait fermer les vannes complètement, puis là on discute avec vous,
vous avez plus l'écho de l'entrepreneur, puis je le comprends. Nous, je vous dirais
qu'on a les deux. On considère la capacité d'accueil puis on considère la vitalité économique, puis il faut
trouver un équilibre entre les deux. Si on faisait simplement dire : Bien,
ce sont les entrepreneurs, les entreprises qui décident de la politique
d'immigration québécoise, l'État, lui, ce qu'il fait, dans le fond, c'est... il
autorise, on deviendrait comme le lieutenant-gouverneur de l'immigration. On ne
pourrait que signer ce qu'on nous présente.
M. Morin : Mme la Présidente, si
vous me permettez, là, je pense qu'on s'éloigne. Ma question était précise. Je n'ai jamais, jamais pensé que c'était aux
entreprises à décider qui va décider de l'immigration au Québec. Alors, j'ai une question précise pour le ministre en lien
avec le PMI et en lien avec Tremcar. Alors, j'attends la réponse du ministre.
• (14 h 20) •
M. Roberge : Oui, bien là, je veux
préciser, je ne prête pas des intentions à mon collègue. Ce n'est pas lui qui a dit ça. Je disais : Si on renonçait et
qu'on ne laissait que les entreprises décider tout le temps sans poser un regard
sur notre capacité d'accueil, notre capacité à franciser, notre capacité à
loger, ça ne pourrait pas fonctionner. Notre mesure, nous, elle touche Montréal
et Laval.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Désolé, M. le ministre.
M. Roberge : Si c'est à l'extérieur
de Montréal, Laval, c'est la mesure fédérale.
La
Présidente (Mme Caron) : M. le ministre, le bloc de temps... le bloc de
temps est écoulé, désolée. Alors, je reconnais maintenant le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne,
deuxième opposition, pour un bloc de 19 min 35 s.
M.
Cliche-Rivard : ...Mme la Présidente, rebonjour, M. le ministre.
Question sur la suspension du PEQ et du PSTQ. En octobre dernier, vous
avez suspendu les deux programmes jusqu'en juin prochain. Comme vous avez reporté la planification,
pouvez-vous quand même confirmer si les deux programmes vont effectivement
rouvrir le 30 juin 2025, ou s'il
faut plutôt attendre la prolongation, ou si ça va être prolongé, là, à cause de
la... du report de votre planification pluriannuelle?
M.
Roberge : Bien, d'abord, expliquer pourquoi on a suspendu
ces programmes-là, parce que ce qu'on voyait, c'est qu'avec l'arrivée très importante, massive de personnes dans ces
voies-là en 2024, lorsque les gens arrivent, il y a un délai avant l'admission,
avant la réception, l'arrivée des personnes, puis on voyait que ça remplissait
et ça allait dépasser nos cibles de
2025. Donc, ayant pris la décision, je pense, courageuse qu'on a prise
l'automne passé, ça a limité l'immigration autour de
65 000 permanents pour 2025. Si nous ne faisions pas cette pause, on
serait allés encore plus loin. Or, on est
au-delà de notre cible de notre planification biannuelle. Donc, il fallait le
faire. Mon collègue dit : Oui, mais
là qu'est-ce qui va arriver avec ça? Quand est-ce qu'on va la lever, cette
mesure-là? Ce que je dis, c'est qu'on achève nos analyses et qu'on va donner l'heure juste aux gens sur ces
programmes-là au moment du dépôt de la planification pluriannuelle parce
qu'il va y avoir une vision qui est plus globale.
M.
Cliche-Rivard : ...la suspension finit au 30 juin 2025. On ne
fera pas la planif avant l'automne. Ça fait que la suspension va être
prolongée jusqu'à l'automne?
M. Roberge : Non, non, ce n'est pas
ce que j'ai dit.
M. Cliche-Rivard : O.K. Je veux
juste qu'on se comprenne, là.
M. Roberge : Non, je sais. Ce que
j'ai dit, c'est qu'effectivement les programmes sont suspendus jusqu'en juillet. Au moment où on se parle, c'est la
décision qui est effective. La planification ne sera pas complétée et approuvée
d'ici le 1er juillet, d'accord?
M. Cliche-Rivard : Exact.
M.
Roberge : Mais ce que je
dis, c'est que notre décision sur ce qu'il adviendra le 2 juillet,
d'accord, et le 3, et le 4, elle sera
connue des Québécois lors du dépôt du cahier de consultation, lorsqu'on va
déposer les informations, les statistiques, les scénarios.
M. Cliche-Rivard : Et ça, vous avez
décidé que c'est dans...
M.
Roberge : À ce moment-là, on
donnera l'heure juste en disant : Voici ce qui arrive à partir du
2 juillet pour le PEQ, voici ce qui arrive pour le PSTQ à partir du
2 juillet. Ce sera au moment du dépôt, donc dans quelques semaines.
Je ne peux pas vous répondre ici maintenant.
M. Cliche-Rivard : Avant la fin de
la session, par contre?
M. Roberge : Oui, c'est d'ici la fin
de la session, oui.
M.
Cliche-Rivard : Avant la fin de la session, parfait. Merci. Et là
on va savoir où est-ce que sont... en sont les inventaires. Est-ce que vous
le savez, là, actuellement? Parce que, là, vous avez suspendu, mais vous
écoulez avec ce que vous avez déjà en
inventaire. Est-ce qu'on connaît les inventaires dans le PEQ diplômé puis dans
le PSTQ au moment où on se parle?
M.
Roberge : Attendez un peu, je veux être sûr de vous
répondre... Ici, non, ce n'est pas cette réponse-là qu'on vient de
m'envoyer, mais c'est sur invitation, je ne me trompe pas, pour le PEQ.
M. Cliche-Rivard : Dans la machine,
comme on dit.
M.
Roberge : En ce moment, c'est ça? Donc, en ce moment pour le
PEQ diplômé, mais ça, c'est des demandes qui sont reçues en ce moment,
on en a 5 621.
M.
Cliche-Rivard : 5 621. Puis, au PSTQ, est ce qu'il y a encore
des demandes en inventaire qui ont déjà eu une déclaration d'intérêt,
l'ancien PRTQ?
M. Roberge : En inventaire, en ce
moment, on en a 11 980.
M. Cliche-Rivard : 11 980.
M. Roberge : Mais ça ne continue pas
d'arriver, c'est ce que je veux préciser.
M. Cliche-Rivard : Non, c'est ça,
vous avez suspendu la réception, effectivement.
M. Roberge : Comme
on l'a suspendu, on a suspendu la réception. Donc, ça ne continue pas d'arriver
à chaque jour parce que, si c'était le cas,
bien, encore une fois, on perdrait notre capacité à décider de notre sort lors
de la planification pluriannuelle parce que les inventaires continueraient
toujours d'augmenter, puis tout ce qu'on ferait, c'est juste ouvrir la
barrière ou fermer la barrière, puis là... Voilà. Merci.
M. Cliche-Rivard : Vous avez annoncé
récemment la suspension... en fait, l'annulation, là, du projet... programme de régionalisation des demandeurs
d'asile, lancé en 2023, complètement rayé de la carte, là, dans la région de la Capitale-Nationale. Les services d'aide à
l'emploi, soins de santé, hébergement, tout ça est coupé. Je me demandais
comment vous espérez, là, maintenant, réussir la régionalisation de
l'immigration si vous coupez dans les services d'accueil hors Montréal.
M. Roberge : C'était un projet
pilote. Il fallait vérifier de quelle manière on était capables, avec des
sommes, d'avoir ce qu'on appelle, mettons, une seconde migration, des gens qui
arrivent, qui s'installent, après ça qui reprennent
leurs pénates et se dirigent vers Québec. Ce qu'on a constaté, c'est que c'est
un programme qui avait très, très peu de succès dans sa forme actuelle. Ça
coûtait très cher pour le nombre de personnes. Plusieurs personnes
s'inscrivaient et se désistaient, puis des personnes qui faisaient le
déplacement, dans certains cas, quittaient par la suite.
Donc, une question aussi d'utilisation des fonds
publics, là, surtout dans un projet pilote. Le principe, c'est : On
vérifie, on teste des mesures parce qu'on veut une régionalisation. Ce qu'on
constate, c'est que la meilleure façon de
faire une régionalisation, c'est qu'à l'arrivée les gens aillent directement
vers un emploi en région directement. De faire une seconde migration, ce
n'est pas impossible, mais c'est difficile, et, si on le fait, il va falloir
que ça se fasse encore une fois par l'emploi. Juste relocaliser des personnes
en disant : Une fois rendu là, on va te donner un service d'aide à
l'emploi, c'est difficile.
M. Cliche-Rivard : ...votre analyse,
là. J'imagine, c'est un programme pilote de trois ans. Vous parlez de vos
constats. Est-ce qu'il y a une analyse qui peut être déposée, qu'on puisse en
prendre connaissance, ce pour quoi vous dites que ça ne fonctionnait pas, le
projet? Est-ce qu'on peut recevoir l'analyse?
M. Roberge : Bien, le chiffre, en
fait, j'ai... on l'a rendu public, on l'a dit, je pense, c'était-tu
13 millions? C'est quoi, les... Combien ça coûtait?
Une voix : ...
M.
Roberge : C'est ça, c'était 12 millions sur trois ans.
Et les chiffres de retour, on l'a-tu ici? Oui, c'est ça, 24. Merci,
c'est ça, c'est ça. Attendez un petit peu, voilà, on avait 3 millions pour
l'année financière 2024, 6 millions de prévus en 2024‑2025,
6 millions de prévus en 2025‑2026. 636 personnes sont venues
s'installer à Québec. Pardon?
M. Cliche-Rivard : ...du trois ans,
1 636?
M. Roberge : Oui, 496 ont trouvé un
logement permanent, mais 111 ont quitté le territoire du projet pilote. Il y a aussi plusieurs personnes... Il y a eu
beaucoup de perte d'énergie parce que plusieurs personnes s'étaient inscrites,
mais, finalement, ne se sont jamais déplacées. Même une fois les informations
faites, il faut l'engagement, disons, à se déplacer.
M. Cliche-Rivard : ...déposer, M. le
ministre, ces chiffres-là, ces informations-là?
M. Roberge : Est-ce qu'on peut déposer...
Une voix : ...
M. Roberge : Oui, on pourra déposer
les chiffres du bilan.
M. Cliche-Rivard : Engagement, s'il
vous plaît.
M. Roberge : Oui, bien sûr, il n'y a
pas de problème.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La
Présidente (Mme Caron) : Effectivement. Alors, il y a un engagement du
ministre à déposer ces chiffres, c'est noté.
M.
Cliche-Rivard : Parfait. Je vais en prendre connaissance. M. le
ministre. Je vous remercie. Je n'ai pas beaucoup de temps. Ce n'est pas
que je ne veux pas vous entendre, mais on est un petit peu limités.
M. Roberge : Non, non, c'est ça.
M.
Cliche-Rivard : Je vous remercie maintenant que vous avez accepté de
déposer.
Je
vais vous parler du PASI. J'aimerais ça vous entendre sur le PASI. On constate
une réduction du financement, qui passe de 71,2 millions à
77 millions, alors que les besoins sont très grands. Puis, pendant ce
temps-là, vous en avez parlé tantôt, là,
l'accord... les transferts en vertu de l'accord, eux, ils passent de
775 millions à 867 millions. On a plus de 100 millions... en
fait, autour de 100 millions, un petit peu moins d'argent qui vient du
fédéral, mais on réduit le PASI à l'intégration. Comment c'est possible
qu'on ait une réduction du PASI si on a autour de 100 millions de plus du
fédéral sur l'accompagnement et l'intégration?
M. Roberge : J'essaie
de réconcilier vos chiffres avec ce que je vois ici, ce que je...
M.
Cliche-Rivard : ...qui passe à 67 millions pour cette année.
M. Roberge : Attendez
un peu, ce que je vois, c'est que, dans le PASI en 2021‑2022, on avait
57 millions, 2022‑2023, 60,4, 2023‑2024, 60,8 puis, en 2024‑2025, 71,2. Puis là vous,
dans le fond, vous me parlez du budget à venir?
M.
Cliche-Rivard : Oui. Moi, on me dit que ça passe à 67. Là, les
organismes sont inquiets.
M. Roberge : O.K.
On peut trouver...
M. Cliche-Rivard : On aurait une baisse de
4,2 millions malgré une augmentation de 95 000 de l'accord... du
transfert de l'accord Canada-Québec.
M. Roberge : Oui,
mais ce qu'on me dit, c'est qu'on a de l'argent qui est mis en réserve puis
qu'en cours d'année, en voyant les besoins,
on est capables de donner un coup de main, le cas échéant, mais les... Il y a
tellement de choses qui fluctuent
quand on regarde les chiffres, là. On était vigilants, en janvier, en février,
par rapport à des arrivées, par exemple, de nouveaux migrants en provenance des
États-Unis. À chaque semaine, on pensait que ça allait augmenter. Finalement, c'est arrivé en avril. Ce que je veux
dire, c'est que ça fluctue beaucoup. On a des marges de manoeuvre...
• (14 h 30) •
M.
Cliche-Rivard : Pour le PASI.
M. Roberge : ...pour
le PASI, notamment, puis être capables de s'adapter, le cas échéant.
M.
Cliche-Rivard : Ces marges de manoeuvre là vont pouvoir spécifiquement
jouer un rôle en région lorsque possible
puisque, là, les organismes de région sont assez inquiets, là. Donc, je sais
qu'il y a une part importante des
organismes du PASI qui sont hors Montréal. Vous allez pouvoir les aider s'ils
lèvent la main? C'est ce que vous... C'est ce que je comprends de votre
intervention aujourd'hui.
M. Roberge : Je
ne peux pas m'engager à répondre à toutes les demandes chiffrées de tout le
monde. Ce que je vous dis, c'est qu'en
fonction de la fluctuation des besoins on a cette marge de manoeuvre pour
répondre à des besoins qui sont plus urgents. On va analyser, là, au
besoin, en fonction de ce qui se passe région par région, organisme par
organisme. On est capables d'avoir une agilité.
M.
Cliche-Rivard : ...de 100 millions de dollars qui viennent
de plus... de transferts de l'accord, ils vont où essentiellement? Parce qu'on
passe de 775 millions de transferts à 867 millions. C'est quels
postes qui sont budgétés en augmentation, finalement, en vertu de l'accord?
M. Roberge : Attendez
un peu, je vais retrouver la fiche là-dessus. On l'avait tout à l'heure, la
fiche sur l'Accord Canada-Québec ici,
attendez un petit peu. Alors, ce qu'on voit en 2024‑2025, c'est-tu le même
chiffre? Ah! ici. O.K., excusez-moi. Vous me posez des questions sur
l'année 2024‑2025?
M.
Cliche-Rivard : Bien, ce que je vous... On passait de 775 à 867. On a
à peu près 90 millions de plus, là, un
peu, grosso modo. Où est-ce qu'ils vont, ces 90 millions là? En fait,
votre... dans où ça augmente dans votre budget cette année? Ce n'est pas
au PASI. On a vu une diminution au PASI, ça fait que...
M. Roberge : Bien, quand je regarde... quand je regarde au
MIFI, on a une augmentation de plus de 30 millions qu'on compare
année pour année.
M.
Cliche-Rivard : Dans l'ensemble du budget?
M. Roberge : C'est ça, puis ça, c'est au 31 janvier. C'est
ça, je n'ai pas l'année complète exactement, c'est ça.
M.
Cliche-Rivard : Je vais peut-être vous le demander comme ça.
M.
Roberge : Bien, il y a des budgets qui augmentent, là. On le
voit dans le MIFI, il y a des budgets qui augmentent aussi, par exemple,
où est-ce qu'on est, dans... avec les partenaires parce qu'on transfère des
sommes au ministère de l'Éducation, au ministère de
l'Enseignement supérieur, au ministère de Santé et Services sociaux, et ces
transferts-là peuvent augmenter aussi. Donc, c'est une déclinaison des sommes.
On reçoit cet argent-là.
M.
Cliche-Rivard : Vous les avez, ces sommes-là?
M. Roberge : On
en utilise, puis, après ça, bien, c'est transféré dans plusieurs... Il n'y a pas
que le MIFI qui remplit ce mandat-là.
M.
Cliche-Rivard : Est-ce qu'on peut avoir ces transferts-là? Est-ce que
c'est public de savoir combien d'argent de l'accord est envoyé dans différents
ministères?
Des voix :
...
M. Roberge : Bon, bien, justement, parce que, là, comme les
chiffres ne sont pas tous compilés au moment où on se parle... mais on
m'assure qu'on est en train de le faire, puis ce sera dans le rapport annuel de
gestion qui sera déposé à l'Assemblée nationale.
M. Cliche-Rivard :
Parfait.
M. Roberge :
Donc, tous les chiffres seront publics.
M.
Cliche-Rivard : Je vais vous... rester dans l'accord, l'accord
Canada-Québec, l'article 22b prévoit : «Le consentement du Québec qui
est requis avant l'admission dans la province de tout travailleur temporaire
étranger dont l'admission est régie par les exigences du Canada touchant la
disponibilité des travailleurs canadiens.» Ça, c'est l'accord Canada-Québec.
Moi, j'ai toujours eu
beaucoup de misère à comprendre pourquoi vous avez juridiction sur le PTET,
mais que vous refusez juridiction sur le
PMI, que vous n'allez pas l'exiger, que vous ne vous battez pas, que vous ne
revendiquez pas. En fait, pour moi,
il y a... il y a là un détournement, pour moi, de 22b, de l'entente, là. Je
relie 22b : «Le consentement du
Québec est requis avant l'admission dans la province de tout travailleur
temporaire étranger...» Comment ça se fait que le PMI est exempt de
l'acceptation du Québec encore en 2025?
M. Roberge : Quand je suis arrivé dans les fonctions de
ministre de l'Immigration, l'automne passé, en début d'automne passé, je
me suis intéressé à ces questions-là. Puis on m'a assuré — puis
j'ai demandé une deuxième vérification de la
DAJ, direction des affaires juridiques — que,
malheureusement, on n'avait pas de prise sur le programme PMI. Le
programme PMI, tel qu'il existe, n'existait pas au moment de l'accord
Canada-Québec et... Pardon?
M.
Cliche-Rivard : ...raison de plus, à mon humble avis.
M. Roberge : Bien, écoutez, ce n'est pas moi qui vais baisser
les bras là-dessus, là. On est toujours en train de chercher une façon
de s'entendre puis d'obtenir juridiction sur le PMI, mais ce que je comprends,
c'est que l'entente Canada-Québec encadrait surtout la question de tous les
travailleurs visés par les évaluations d'impact sur le marché du travail. Et,
comme le PMI n'a pas d'évaluation d'impact, ça le place à côté de la
juridiction de notre entente Canada-Québec...
M.
Cliche-Rivard : ...l'entente est claire, là.
M. Roberge :
En même temps, ça pose un autre problème, parce que ça veut dire qu'ils
envoient des gens sans évaluation d'impact,
ce qui n'est pas une autre bonne idée en plus, mais ils ne font pas
d'évaluation d'impact, ça les met à l'extérieur du paramètre de
l'entente, et donc...
M.
Cliche-Rivard : Êtes-vous prêt à partager l'analyse juridique, M. le
ministre?
M. Roberge : Je
n'ai pas une analyse juridique, comme un avis juridique, et on ne peut pas les
partager, ces avis-là, quand on les a, directement.
M.
Cliche-Rivard : Mais est-ce que vous en avez sollicité un?
M. Roberge : Je
l'ai reçu oralement.
M.
Cliche-Rivard : Oralement. Puis vous étiez satisfait qu'il n'y avait
rien à faire?
M. Roberge : Non.
J'ai continué de discuter, j'ai requestionné, j'ai eu des conversations avec
d'autres ministres, et...
M. Cliche-Rivard : Parce que
l'accord est limpide, là.
M.
Roberge : Bien, je peux vous laisser... ou je peux-tu compléter?
M.
Cliche-Rivard : Bien, allez-y.
M. Roberge : Oui,
mais, excusez-moi, mais... Pardon?
La Présidente (Mme
Caron) : ...entendre la réponse.
M. Roberge :
Non, mais je veux juste...
M. Cliche-Rivard :
Allez-y, M. le ministre, allez-y.
M.
Roberge : C'est juste par
convivialité, là, juste être sûr qu'il n'y a pas d'enjeu. Puis je vais faire ça
brièvement. Dans le cadre des discussions que j'ai eues avec mes
homologues quand j'étais aux Relations canadiennes puis, en même temps, en ayant l'Immigration, vous pouvez
être sûr que j'ai répété à de nombreuses reprises, puis j'ai des lettres
qu'on a du public, d'ailleurs, que j'ai envoyées aux collègues, dans lesquelles
on réclame juridiction sur le PMI. On veut une... non pas une réouverture de
l'entente, ça ne serait pas une bonne idée, mais l'ajout d'une annexe, d'un
addendum à l'entente pour reconnaître que le Québec a compétence et qu'on ne
pourrait pas... le fédéral ne pourrait pas
émettre de PMI sans que le Québec émette préalablement un CAQ. C'est notre
position, c'est notre demande. On l'a... on l'a expliqué à de nombreuses
reprises puis on va la ramener.
M. Cliche-Rivard : Position que je partage
aussi, M. le ministre. Puis je vous réinvite, vous irez relire 22b, là. Pour
moi, c'est limpide. Puis, si le PMI n'existait pas au jour où ils ont créé le
programme, ce n'est pas votre problème à
vous, c'est leur problème à eux. Puis c'est à vous de venir négocier pour aller
chercher un droit puis c'est à eux d'aller chercher un addendum, et pas
le contraire. Ça fait que voici.
Débat sur le permis
de travail fermé. M. le ministre, on a parlé de ça beaucoup, dans les dernières
années, avec votre prédécesseure, permis de
travail fermé. Le rapporteur spécial aux Nations unies sur les
conditions modernes d'esclavage est venu ici, a témoigné. À la dernière
consultation pluriannuelle, là, il y a quelques-unes d'entre vous, collègues, qui étaient là, on a entendu des
témoignages assez dramatiques de femmes qui avaient vécu des situations assez
particulières avec des permis de travail
fermés. Il y a Amnistie internationale qui mène une campagne là-dessus
actuellement.
En 2023, votre
collègue avait mandaté la CPMT pour étudier la question, puis après ça, bien,
c'est resté lettre morte. Alors, ma question
est la suivante : Est-ce qu'il y a une suite de ce que la CPMT a décidé?
Est-ce qu'on évalue encore la position? Parce que, là, on est dans le
néant, et les drames continuent de s'accumuler. Le Devoir parlait récemment, là... rendait publics des témoignages
absolument effrayants et accablants sur des conditions de vie absolument
terribles dans des permis de travail fermés.
Alors, êtes-vous prêts à vous engager aujourd'hui, là? Il y a-tu quelque chose
à faire? Est-ce que le ministre de l'Immigration va travailler pour mettre fin
aux permis de travail fermés?
M. Roberge : Je ne m'engagerai pas à mettre fin aux permis de
travail fermés. Ce que je peux vous dire, c'est qu'on travaille, en ce moment, à améliorer le cadre réglementaire, avec
plusieurs autres ministères, pour assurer le respect des droits des travailleurs étrangers temporaires,
pour améliorer ceci, pour améliorer l'encadrement des entreprises qui
accueillent des travailleurs étrangers temporaires.
Par contre, il faut
tenir compte de quelque chose, on fait des analyses d'impact sur le marché du
travail pour dire : Telle personne arriverait pour travailler, je ne sais
pas trop, à Magog, dans une entreprise X dans un emploi y. Si le permis est complètement ouvert, à quoi...
pourquoi on ferait des analyses d'impact sur le marché du travail dans un
lieu, dans un emploi précis, si, un mois plus tard, cette personne-là peut être
dans une autre région, occuper un autre emploi
dans une autre entreprise? Ça devient un peu caduc. Je ne sais pas si vous
partagez mon analyse, mais il y a un enjeu là.
M.
Cliche-Rivard : J'en suis avec vous, la pleine ouverture, ce n'est pas
nécessairement ce qui... Personne ne met
vraiment tout à fait ça sur la table, là. Je pense qu'il faut effectivement des
balises, puis il y a des choses qui sont importantes avec l'EIMT, vous
le dites, là. Ce que j'entends, c'est que vous regardez le cadre réglementaire.
On aura peut-être des choses. Donc, il y a une ouverture, mais pas à
l'abolition. Ça, je l'entends, mais on va peut-être pouvoir encadrer mieux parce qu'effectivement on a vu, là,
plusieurs témoignages, plusieurs séries de drames absolument effarants. Puis il faut que ça cesse, il faut que ça cesse.
Là, les travailleurs, les travailleuses ont des droits. Il y a une dignité
humaine.
Je
vous en pose une dernière. Vous aviez suspendu... en fait, vous avez mis un
moratoire au PTET, à Montréal, pour certains emplois en septembre
dernier, je pense que ça avait lieu pendant six mois. Là, si je comprends bien,
le décret est expiré, c'était un décret de
six mois. Est-ce que vous aviez l'intention de le renouveler ou qu'est-ce qui
arrive avec ça?
• (14 h 40) •
M. Roberge : On a fait un décret, déjà, qui est venu prolonger
celui-là et le transformer. Maintenant, c'est Montréal et Laval sur
lesquels on fait un refus de traitement...
La Présidente (Mme
Caron) : Je suis désolée, le bloc est terminé.
M.
Roberge : Je suis désolé.
La
Présidente (Mme Caron) : Je
suis obligée de vous arrêter à la fin de ce bloc-ci. Désolée. Alors,
maintenant, je reconnais le député de l'Acadie pour
19 min 35 s.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente. Alors, je vais
continuer, si vous me permettez, dans la lancée des questions que posait le collègue député de Saint-Henri—Sainte-Anne relativement au PMI. Le premier ministre nous dit souvent que
les oppositions, on doit faire des suggestions. Alors, moi, je vous en ai fait
une, M. le ministre, ou, en fait, j'en ai fait
une au ministre de l'Immigration. En juin 2024, justement, sur le PMI, c'était
juste avant une réunion des premiers ministres au sein de la fédération
canadienne, et je proposais que le Québec rapatrie la gestion du Programme de mobilité internationale afin d'y appliquer les
critères de sélection du Québec. Je soulignais également, quant à moi, qu'il est
possible de le faire... reprendre le contrôle sans devoir rouvrir l'entente Gagnon-Tremblay—McDougall
de 1991, notamment, et, comme mon collègue le soulignait, en ayant une analyse
de l'article 22b de l'entente.
Est-ce
que vous avez travaillé là-dessus? Parce que le premier ministre nous invite à
faire des suggestions. Moi, j'en ai
fait une. Je pense que ça se tient. Avez-vous travaillé là-dessus? Est-ce que
vous avez un plan? Qu'est-ce que vous allez faire?
M. Roberge : Bien, on est d'accord sur ce point, rapatrier la
gestion du programme PMI. Je pense que c'est très important. Quand il y a eu l'entente Canada-Québec
de 1991, je pense que les gens qui ont rédigé et signé cette entente-là ne
pouvaient pas imaginer qu'à côté, en parallèle, le fédéral créerait un
programme et le ferait exploser, comme c'est fait en ce moment avec un nombre
de personnes très, très grand, très, très grand. Donc, le plan qu'on a, c'est
de poursuivre nos discussions, de
réitérer cette demande-là, de faire la démonstration au gouvernement fédéral
que ça n'a pas de sens d'avoir deux
programmes de gestion de travailleurs étrangers temporaires sur un même
territoire, avec deux exigences différentes, un qui a des analyses
d'impact sur le marché du travail, un qui n'en a pas, ce n'est pas une bonne
idée.
On leur a expliqué.
Ils se sont engagés à discuter avec nous. Ils ont accepté de réduire le nombre
de 96 000. Ils ont accepté de faire une
opération, je vous dirais, miroir, là, c'est-à-dire que nous arrivons avec
l'application d'une exigence de français niveau quatre à l'oral, au
renouvellement après trois ans, et on a un engagement du fédéral de faire... d'appliquer cette même exigence du
français, donc niveau quatre après trois ans, au renouvellement. Ce n'est pas un transfert de compétence, mais c'est un premier
pas parce que, pour la première fois, il y a une exigence de français au
PMI. Ils ne l'avaient jamais eue.
Maintenant,
moi, je prends ce gain, je dis : C'est bien, mais ce n'est pas suffisant.
Puis, après ça, je retourne puis je continue de demander ce transfert de
pouvoir, ce transfert de juridiction.
M. Morin : Merci.
Alors, continuons, toujours dans le grand secteur des travailleurs étrangers.
Récemment, sous la plume des journalistes
Alain Laforest et Francis Halin, il y a un article qui a été publié dans Le Journal de Montréal et qui titrait ceci : Le premier ministre...
En fait, l'article ne disait pas «le premier ministre», on mentionnait son nom,
mais, puisqu'on est, n'est-ce pas, au
Parlement, je vais y référer par son titre : Le premier ministre ouvert
à une exception pour garder
2 000 travailleurs étrangers en région. Alors, ma question est la suivante : D'où
sort le chiffre de 2 000?
M. Roberge : Bien,
d'abord préciser que les discussions avec le milieu des affaires, les
industriels, ont lieu depuis plusieurs semaines,
je dirais même plusieurs mois, par rapport aux travailleurs étrangers
temporaires. Parce que le
gouvernement fédéral a fait quelque chose de particulier, il est venu s'ingérer
de manière terrible dans un programme que nous gérions et que nous gérons.
Le fédéral est supposé de s'occuper du programme Mobilité internationale, quoiqu'on pense qu'il devrait nous le transférer,
il devrait s'occuper de ses frontières, des demandeurs d'asile. Nous nous
occupons des étudiants étrangers et du programme Travailleurs étrangers
temporaires, TET, notre programme.
En septembre, le
fédéral est arrivé puis il a imposé le salaire médian. Après ça, il a imposé un
salaire médian augmenté à plus de 32 $,
comme ça, sans préavis ni à nous ni aux entreprises. Les entreprises, après ça,
se sont virées vers nous, vers
Québec, ont dit : Mais qu'est-ce que vous faites? Parce qu'ils associent
TET à gouvernement du Québec. Or, c'est une mesure d'Ottawa.
M. Morin : ...ma
question était très précise : D'où sort le chiffre de 2 000?
M. Roberge : Très
bien, mais je vais continuer, Mme la Présidente, parce que c'est une question
de mise en contexte, mais je vais donner la réponse...
M. Morin : Non, non. Écoutez, ma réponse... la réponse à ma
question, c'est en 15 secondes, Mme la Présidente, avec respect.
C'est... La mise en contexte, on l'a déjà entendue. D'où ce... Pourquoi
2 000?
M. Roberge : Donc, on discute avec beaucoup d'industriels, en
ce moment, pour savoir quels sont les secteurs prioritaires, particulièrement en région, à l'extérieur de Montréal et
Laval. Il y a déjà des gens qui ont droit de faire venir des TET encore en ce moment. Souvent, s'ils ne
sont pas dans un secteur particulier, là, ils ont droit jusqu'à 10 %. Une
entreprise de 100... de 100 employés, ils ont droit à 10 TET.
Le
2 000 que le premier ministre dit, il dit : Il faudrait rajouter
à peu près 2 000 personnes de plus, en plus des exceptions
actuelles. Parce qu'il y a des gens qui ont compris : Voyons donc! Juste
2 000 TET dans tout le Québec. Tu sais, au moment où on se parle, il
y en a 72 000. Ce n'était pas ça.
Ce
qu'on pense, ce que le premier ministre disait, c'est qu'il faudrait protéger
de la mesure du gouvernement fédéral,
laquelle amène une attrition. En ce moment où on se parle, là, il y a une
attrition importante. À chaque semaine, il y a des industriels qui
doivent, à la fin des permis de leurs employés... qui doivent renoncer à ces
employés-là. Ils ne peuvent pas les remplacer. Lorsqu'il arrive à la fin du
permis, il doit partir, il ne peut pas remplacer, il doit partir, il ne peut
pas remplacer, peu importent les secteurs d'activité, peu importe le
manufacturier, peu importe le taux de chômage régional.
Nous, on pense qu'il
faut une agilité plus grande que ça. C'est là où on fait nos analyses par
région, par secteur d'emploi, par secteur manufacturier. Puis on dit : On
devrait, au-delà de ce que le fédéral protège, protéger peut-être 2 000 personnes. Voilà d'où vient le 2 000,
mais je vous dirais qu'on achève notre analyse, et on fera connaître
publiquement la position, la demande du Québec à Ottawa pour qu'il ajuste son
programme, qui déplaît à beaucoup d'industriels dans les régions en ce moment.
M. Morin : Moi,
je préférerais qu'on parle davantage de l'analyse. Quelle analyse vous avez
faite? Je vais reposer ma question : Pourquoi 2 000? Dans quels
secteurs? Est-ce que vous allez prioriser des secteurs? On parle du secteur manufacturier. Pourquoi le secteur
manufacturier? Est-ce que ce sera le seul? J'imagine que, pour arriver à un chiffre
de 2 000, vous avez dû planifier. Alors, comment vous avez procédé, au
sein de votre ministère, pour arriver? Puis quel est votre plan?
M. Roberge : Bon,
la position finale n'a pas encore été rendue publique parce qu'on va la faire
connaître à notre interlocuteur fédéral. On
ne négociera pas directement sur la place publique. Et là, en ce moment, bien,
on est entre deux, là, on a un
gouvernement élu, mais on n'a pas le nouveau Conseil des ministres, etc.
Mais incessamment on va faire connaître
cette position-là qu'on a élaborée en discussion avec les secteurs industriels,
les regroupements de manufacturiers, les députés des régions, les
chambres de commerce.
On ne pourra pas dire
oui à tout le monde, tous azimuts, partout : Combien veux-tu de
travailleurs? En voilà, pas de problème. On
ne pourra pas aller là. On est engagé dans une démarche de réduction du nombre
total, à l'échelle du Québec, de travailleurs étrangers temporaires. On
a pris une position ferme pour Montréal et Laval. Pour le reste, on va rendre publique notre proposition. On va
d'abord la faire connaître à notre interlocuteur fédéral pour arriver à des
gains. L'objectif, ce n'est pas de sortir une position le plus vite possible.
L'objectif, c'est de faire gagner le Québec.
M. Morin : D'accord.
Donc, je comprends qu'éventuellement on aura plus d'informations.
M. Roberge : Puis
on aura un programme dans lequel Ottawa écoute davantage le gouvernement
québécois.
• (14 h 50) •
M. Morin : J'ai effectivement, Mme la Présidente, parlé à
plusieurs entreprises dans plusieurs régions, et il y a des éléments que
j'aimerais partager avec vous, M. le ministre, toujours dans le domaine des
travailleurs temporaires étrangers. Et j'ai
quelques exemples parce que je pense que c'est important que vous compreniez.
Là, bon, vous avez dit 2 000, on
va savoir pourquoi, mais je ne sais pas d'où vient le 2 000, là, mais il y
a un très grand nombre d'entreprises, dans
plusieurs régions du Québec, qui vivent présentement excessivement, comment je
vous dirais, de stress à cause de... les règles en immigration qui
changent continuellement depuis quelques mois.
Je vous donne un
exemple : Beauce-Atlas, une entreprise beauceronne, pleine croissance,
chiffre d'affaires : 210 millions.
Ils n'avaient avant jamais perdu de travailleurs étrangers temporaires. Ils en
ont 80 pour un total de 300 employés. Ils vont devoir graduellement remercier 50 travailleurs. L'impact
se fera sentir fin 2025. Ils vont perdre plusieurs travailleurs chaque mois en raison de la date d'expiration de
leur permis de travail. Ils ont... Ces travailleurs-là ont des conjoints ou des
enfants, ils sont intégrés dans la société. Dans votre planification, dans vos
négociations avec le fédéral, qu'est-ce que vous dites à entreprise
Beauce-Atlas, M. le ministre?
M. Roberge : Bien, je vais faire une réponse en deux temps. Mon
collègue dit que c'est des gens qui ont conjoints ou conjointes, enfants. Il
faut penser que, lorsqu'on accueille des gens, c'est une vision 360,
l'apport à l'économie, l'apport à la société, mais aussi la pression que
ça met sur nos services publics.
En
décembre 2024, il y avait 62 351 élèves non permanents dans nos
écoles, 62 351 élèves dans nos classes avec un statut non
permanent. C'est 20 000 de plus qu'une année précédente. Donc, en un an,
on a ajouté 20 000 élèves non
permanents. Ça, ça a généré un besoin de 4 500 professeurs,
4 500 professeurs, quand on est en pénurie d'enseignants puis quand beaucoup, beaucoup de Québécois
envoient leurs enfants à l'école et que l'enseignant ou l'enseignante, là,
qui enseigne à leur enfant, c'est un
enseignant qui est non légalement qualifié, qu'on essaie, là, de former en ce
moment en lui donnant des formations à côté. Donc, il y a... (panne de
son) ...on ne va pas sortir tous les travailleurs étrangers temporaires du
Québec. On n'est pas dogmatique, on va être équilibré. On veut une réduction
qui est lente, qui est mesurée, qui est contrôlée, qui tient compte des besoins
économiques et manufacturiers. Mais il faut qu'on ait une vision 360, il faut... (Panne de son) ...que
la pénurie d'enseignants, la pénurie de locaux, que la pénurie de logements.
C'est essentiel.
M. Morin : ...Mme la Présidente,
comme je le disais d'emblée, Beauce-Atlas, c'est un chiffre d'affaires de 210 millions pour le Québec, avec... Oui, il
y a des travailleurs qui ont une famille, mais leurs enfants vont déjà à
l'école, et, enfin, bref, on n'est pas dans les crédits en Éducation.
Ceci étant, j'ai un autre exemple pour vous, Mme
la Présidente, pour M. le ministre. Les entreprises Dodec à Saguenay, même chose, 32 travailleurs
étrangers temporaires parmi 89 employés, des travailleurs spécialisés, des
machinistes,
des soudeurs. La propriétaire, Mme Bonneau, va devoir en laisser partir
plusieurs. Et ce qu'elle dit, c'est que ça va avoir un impact direct sur
son entreprise et puis sur la productivité dans la région. Et il y a plein
d'autres exemples que je pourrais vous citer, M. le ministre.
J'étais
à Saint-Jean lundi, les entreprises Bourassa, ils ont énormément de
travailleurs étrangers qui travaillent à la manutention dans leur entreprise. S'ils les laissent partir, ils ne
seront plus capables d'arriver. Puis, en plus, en plus, M. le ministre, ça a un impact sur d'autres
entreprises, ça a un impact, entre autres, chez les emballages St-Jean, que
vous connaissez probablement. Et ces
travailleurs-là, M. le ministre, gagnent des salaires, paient de l'impôt puis
contribuent à la société.
Alors,
moi, ce que j'aimerais savoir, c'est qu'est-ce que vous dites aux entreprises
Bourassa, à Emballage St-Jean, à Métal Sigma, qui ont perdu des travailleurs
pour l'Alberta. Et ça a un impact directement dans une région qui n'est
pas très loin de votre circonscription.
Alors, dans votre planification, puis je reviens à l'article dont je vous
parlais tout à l'heure, est-ce que vous allez en tenir compte? Et quel
est votre plan? Parce que je vous dirai que moi, quand je rencontre ces
entrepreneurs-là, ça m'inquiète au plus haut point, et eux aussi sont
excessivement inquiets. Ce qu'on me dit, c'est qu'il ne semble pas y avoir beaucoup d'écoute, et je vous le dis avec
respect, beaucoup d'écoute de la part du gouvernement.
M. Roberge : Oui.
Bien, d'abord, mon collègue me donne des exemples de gens qui sont en
Montérégie, près de mon comté, en Montérégie,
en Beauce, au Saguenay. La mesure québécoise, elle touche Montréal et Laval.
Nous, là, le gouvernement du Québec,
on a regardé les taux de chômage, qui sont beaucoup plus élevés à Montréal et à
Laval, on a regardé la présence de main-d'oeuvre disponible. Il y a beaucoup,
beaucoup, beaucoup de demandeurs d'asile qui habitent dans le coin de
Montréal et Laval, et, en conséquence, on a appliqué une mesure de refus de
traitement, d'analyse d'impact du marché du
travail, EIMT, pour les travailleurs étrangers temporaires à Montréal et à
Laval, pas en Montérégie, à Saint-Jean, pas en Beauce, pas au Saguenay.
Mon
collègue me parle de manufacturiers, d'entrepreneurs qui ont maille à partir
avec une mesure imposée par le gouvernement fédéral, sans consultation
avec le gouvernement provincial. Oui, nous allons discuter avec le fédéral, je
vais proposer l'amendement, mais on sort d'une campagne fédérale dans laquelle
nous, on a fait des demandes. Et j'imagine
que ces personnes ont communiqué avec les candidats puis que les regroupements
d'affaires ont exprimé leur point de vue auprès des formations
politiques, qu'ils voulaient aller au gouvernement fédéral et gérer les mesures
du gouvernement fédéral.
Puis il y a un autre
élément à dire. Oui, on veut réduire le nombre de 72 travailleurs
étrangers temporaires sur le territoire
québécois, mais on n'est pas dogmatiques. Je le répète, là, on ne coupera pas
ça de 50 % à 60 % d'un coup, drastiquement, avec une mesure,
sans consultations. Nous, là, on a beaucoup plus l'oeil sur le
400 000 temporaires qui relèvent
d'Ottawa. 230 000 du Programme de mobilité internationale, plus de
180 000 demandeurs d'asile, il est là, le problème. Il est là, le
problème. Là, nous, on se parle entre nous, là, mais il faudrait que le gouvernement
fédéral soit là, quelque part autour
de la table, puis qu'il écoute puis qu'il fasse le ménage dans sa cour au lieu
d'agir maladroitement dans la nôtre.
M. Morin : ...Mme la Présidente. Alors, dans l'article auquel
je faisais référence, on fait référence directement au secteur manufacturier. Il y a un autre secteur,
évidemment, qui est à risque au Québec, c'est toute la question du tourisme.
Est-ce que c'est un élément que vous allez
considérer, un secteur que vous allez considérer, puisque vous avez toujours
l'intention de réduire vos cibles de
travailleurs temporaires étrangers, étant entendu qu'il est important aussi de
visiter le Québec, mais d'être capable, évidemment, de recevoir les
visiteurs qui sont au Québec?
Et
ma compréhension, c'est qu'il y a plusieurs régions, dont la Gaspésie, qui sont
particulièrement stressées, ces temps-ci,
parce qu'ils ne savent pas s'ils vont être capables d'avoir des travailleurs
cet été. Alors, allez-vous avoir une considération particulière pour le
secteur de l'industrie touristique?
M. Roberge : Oui. Bien, écoutez, on va prendre en compte tous
les secteurs. Comme gouvernement économique, comme gouvernement des
régions, on va prendre en compte tous les secteurs. Puis cette réflexion-là,
bien, on va la faire de manière globale lors
de la planification pluriannuelle, parce que c'est là où on le voit, puis on le
voit dans notre discussion, cher
collègue, c'est extrêmement important d'avoir une vision 360. Si on
s'occupe juste des étudiants étrangers, qu'on ne tient pas compte des PMI,
demandeurs d'asile, des travailleurs étrangers temporaires, on n'aura pas une
vision. Puis... depuis tout à l'heure, on
discute d'un sujet puis de l'autre, puis vous le faites bien, mais on voit bien
qu'il faut une vue d'ensemble, absolument. Puis ça, on va l'avoir dans
le cadre de notre planification pluriannuelle.
• (15 heures) •
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, le bloc est terminé. J'ai maintenant besoin de votre consentement
afin que la députée de Terrebonne et le député de Jean-Talon puissent tous les
deux intervenir pour le bloc du Parti
québécois. Alors, c'est le même temps, 19 min 35 s, qui sera
partagé par les deux députés. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Caron) : Oui. Les deux ont droit. Les deux ont droit, avec le
consentement, oui.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Caron) : Oui, oui, absolument. Le total... le total de
temps qui est accordé au Parti québécois n'augmente pas.
Une
voix : Pas de consentement. Pas de consentement de notre côté, c'est
un député.
La Présidente (Mme Caron) : C'est
la même enveloppe de temps. Oui. On ne dépasse pas l'enveloppe de temps
ensemble et pour leur temps.
Une voix :
Pas de consentement.
La Présidente (Mme
Caron) : Un moment, on vérifie.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Caron) : D'accord. Alors, on va tenir compte du non-consentement, puis
il y aura un seul député. Donc, comme c'est
la députée de Terrebonne qui est ici, ce sera la députée de Terrebonne qui fera
le bloc au complet. La parole est à vous, Mme la députée.
Mme
Gentilcore : Merci. Correct. Vous avez parlé du PEQ, tout à
l'heure, avec mon chef, ça fait que je vais
revenir sur ce sujet-là. Comme on a déjà mentionné, le 1er novembre 2023,
votre prédécesseure, l'actuelle ministre de l'Économie, a également ouvert le PEQ, volet Diplômés hors des cibles
habituelles de 50 000 personnes. Évidemment que ce qu'on avait dit en
voyant ça, c'était : Attention! On ne peut pas dire, pour le PEQ, il n'y
aura aucune limite, penser que les chiffres de demandes n'allaient pas
exploser, alors qu'on sait qu'au même moment il y a 125 000 étudiants
étrangers au Québec. On bat tous les records, ça a doublé, ça a triplé en
quelques années à peine.
En reprenant le
dossier, vous avez imposé un moratoire sur l'immigration permanente, le PEQ et
le PRTQ, constatant l'ampleur de la
situation. On a quand même approché des seuils de 70 000 pour
l'année 2024. Donc, toutes vos actions ont visé à réparer les
erreurs apparentes ou, du moins, à renverser les décisions de votre
prédécesseure, l'actuelle ministre de
l'Économie. Ma question : Est-ce que vous trouvez que votre prédécesseure
a fait un bon travail?
M. Roberge : Bien,
Mme la Présidente, comme j'ai dit tout à l'heure, après la fin de la partie, on
a toujours les bonnes décisions à prendre,
on a toujours une analyse, après coup, qui est différente, c'est sûr. Ma
collègue a pris les bonnes décisions dans le contexte qui était le
moment où elle était aux affaires. On était tout de suite après... à la fin de la pandémie. Plusieurs, plusieurs, plusieurs
personnes avaient pris leur retraite de manière même anticipée pendant
la pandémie. Des gens qui pensaient prendre leur retraite en 2023, 2024, 2025
l'ont devancée. Puis il y a eu un boom économique postpandémie qui fait que des
entreprises qui avaient subi des pertes pendant des années, là, finalement, voyaient des contrats arriver, avaient besoin de
main-d'oeuvre au moment où ils perdaient de la main-d'oeuvre. Je ne peux
pas dire que c'étaient des mauvaises
décisions. Je ne peux pas dire que c'étaient des mauvaises décisions. Ce que je
dis, c'est que le contexte a changé aujourd'hui puis qu'on prend des
décisions différentes.
Mais,
par rapport aux étudiants étrangers, ma collègue pose un regard critique sur le
programme PEQ Diplômés. Moi, je pose
un regard très critique sur la position du Parti québécois, qui dit qu'on
devrait passer de 128 000 étudiants étrangers à 50 000 étudiants étrangers. Le Parti québécois
veut sortir 80 000 étudiants international du Québec. Ils ne sont pas tous à Montréal, là. Je ne sais pas comment
ils vont faire vivre nos cégeps, nos universités, mais ça ne marche pas.
C'est dogmatique. C'est idéologique.
La Présidente (Mme
Caron) : En conclusion.
M. Roberge : Ça
n'a pas de maudit de bon sens.
La Présidente (Mme
Caron) : Mme la députée de Terrebonne.
Mme
Gentilcore : Bien, vous avez dû trouver que la situation avait
vraiment beaucoup changé, là, pour opérationnaliser
un changement, un virement à 180 degrés comme celui-là. Moratoire sur le
PEQ, vous souhaitez avoir des scénarios de baisse de seuil pour les
immigrants, les immigrants permanents. Donc, ce que vous êtes en train de me dire, c'est que, malgré ça, malgré votre virage
180 degrés, vous auriez pris les mêmes décisions que votre prédécesseure
à ce moment-là.
M. Roberge : Bien, moi, je ne fais pas de révisionnisme
historique. Ce que je dis, c'est qu'il y a des décisions qui ont été
prises en fonction des informations puis du contexte. Puis le contexte change à
vitesse grand V, c'est une accélération.
Tout le monde qui regarde la société, là, voit que ce qui prenait cinq ans
prend deux ans, etc. Écoutez, ce qui s'est passé... Quand on regarde
l'immigration, ça change tellement vite. En janvier, en février, j'étais sur le
comité Québec—États-Unis
pour regarder tous les paramètres, dont la sécurité, dont la surveillance aux
frontières. On regardait ça à toutes les semaines. On anticipait une
augmentation de l'arrivée à Lacolle à toutes les semaines. Ça ne bougeait pas. Janvier, février, ça ne bougeait
pas, mars, à peine, avril, boum! explosion. Il faut réagir très vite. Alors, ça
arrive à Lacolle, ça arrive sur les demandeurs d'asile, ça arrive aussi
sur la gestion de la main-d'oeuvre étrangère parce que le contexte change. Je
ne sais pas si ma collègue essaie de lancer des pots à ma prédécesseure ou des
fleurs à ce qu'on fait, mais on va dire que c'est des fleurs à ce qu'on fait.
Mme
Gentilcore : Correct. Donc, vous êtes en paix avec tout ça, puis,
vous, ça a viré bout pour bout, mais vous assumez ça parce que le contexte a
tellement changé qu'il fallait qu'on fasse un virage complet.
M. Roberge : Bien, je pense qu'il faut s'ajuster. On a vu que,
pour l'année 2025, on s'enlignait pour dépasser nos cibles. On arrive à
l'an 2 d'une planification pluriannuelle de deux ans. D'ailleurs, ma
collègue, puis je salue sa vision, a dit : Non, non, non, on ne
fera pas une planification sur trois, quatre ans, tout change trop vite,
on est dans une période de transition, puis,
exceptionnellement, il faut faire une planification de deux ans. Puis elle a eu
vraiment raison de le faire, parce que ça nous permet de nous réajuster
maintenant puis, justement, de prendre des décisions différentes. Elle le savait qu'elle était dans une période transitoire.
Je ne vais pas lui lancer la pierre, je vais la remercier d'avoir vu ça,
d'avoir vu deux coups d'avance puis de nous permettre aujourd'hui de nous
ajuster.
Mme
Gentilcore : ...avoir laissé cette latitude. Très bien. Vous parliez
de seuil tout à l'heure, on va parler de seuil. En 2018, en pleine campagne électorale,
le premier ministre promettait d'abaisser les seuils d'immigration permanente
de 50 000 à 40 000 personnes. Il disait... bon, on devait en
prendre moins pour en prendre soin, on se souvient
tous de ça. Après une baisse en 2019, les seuils sont repartis à la hausse en
2020. Un peu avant l'élection de 2022, le premier ministre a déclaré que
ça serait un peu suicidaire d'accueillir plus de 50 000 immigrants.
En mai 2023, la ministre a mis des
seuils de 50 000 avec les PEQ hors seuil pour une prévision de 56 000
environ. Finalement, en 2024, vous avez estimé à
59 000 personnes, et ce sera 64 000 pour 2025.
Lors de la dernière
campagne électorale, on s'en souvient tous, on avait proposé, au Parti
québécois, et on continue de proposer un
seuil de 35 000 immigrants permanents. Tous les partis se sont moqués
de nous à cette époque-là, même, ont
monté aux barricades quand on est arrivé avec le 35 000. Quand vous avez
pris le ministère, vous avez annoncé que vous alliez demander à votre
équipe des scénarios réduits qui pourraient se rapprocher des 35 000.
Donc, vous reconnaissez qu'on avait raison de proposer un seuil à
35 000 immigrants.
M. Roberge : Bien,
quand je suis arrivé à l'Immigration, ce que j'ai dit, c'est qu'il y avait
trois maîtres mots à retenir : réduction, francisation, intégration. J'ai
réduit l'afflux en 2025 en mettant deux programmes sur pause. J'ai augmenté
notre capacité à franciser en reprenant, je vous dirais, notre manière de faire
avec une entente annoncée hier avec
Éducation. Puis j'arrive avec un projet de loi sur l'intégration nationale.
Donc, je pense qu'il y a une vision très claire : réduction,
francisation, intégration.
Je
pense qu'on se dirige à la bonne place dans le contexte qui est le nôtre en ce
moment. Si j'avais été ministre de
l'Immigration en 2018, j'aurais pris des décisions différentes. Puis, si
j'avais été ministre de l'Immigration en 2020 ou en... oui, j'aurais
pris des décisions qui étaient différentes. Mais là je pense qu'on sort de la
période postpandémique, on arrive dans un
moment où les gens ont besoin de prévisibilité, surtout au moment de l'ère
Trump, donc on va être capable de se
donner cette vision à moyen et long terme avec une planification pluriannuelle
de trois à quatre ans puis se poser un peu.
Mme
Gentilcore : Mais vous reconnaissez qu'il faut les baisser puis se
rapprocher du 35 000. Ça, vous le reconnaissez?
M. Roberge : Bien,
je ne peux pas... je ne peux pas dire : On va se rendre... ça va être
quoi, la prochaine cible, on va faire la
planification pluriannuelle ensemble. Les décisions que j'ai prises, c'est pour
stabiliser l'immigration en 2025. Mais on est, en ce moment, là, à
l'an 2 de la planification pluriannuelle de ma collègue. La planification,
là, à laquelle j'apposerai ma signature, c'est celle qu'on va faire ensemble
cet été et l'automne prochain.
Mme
Gentilcore : Donc, vous ne pensez pas qu'on va se rapprocher du
35 000.
M. Roberge : Bien,
écoutez, on dirait que c'est comme une obsession, là.
Mme
Gentilcore : Non, mais ça m'intéresse.
M. Roberge : Y
a-tu quelqu'un qui vous donne 2 $ à chaque fois que vous dites
35 000? Mais...
Mme
Gentilcore : Plus que ça. Non, ce n'est pas vrai.
M. Roberge : Ah! plus que ça, elle est bonne. Mais, moi, ce que
je dis, c'est qu'il va y avoir des scénarios de baisse puis que, pour la
première fois, on fait une planification pluriannuelle qui compte sur
l'immigration permanente et temporaire, ce
qu'on n'a jamais eu. Mais moi, je vous relance un chiffre, là : le
50 000 d'étudiants étrangers, quand on sait qu'on en a un peu
plus de 120 000 en ce moment, comment vous pensez...
Mme
Gentilcore : Oui, c'est moi qui pose les questions, c'est plate.
M. Roberge : Comment pensez-vous vous rendre là? Oui, mais vous
mettez des propositions en jeu publiquement, donc il faut être capable
de les défendre, sinon, c'est n'importe quoi.
Mme Gentilcore : Bien, tu sais, il y
en avait 25 000 en 2015, mais on pourra en reparler. Je vous... Vous m'avez amenée sur la francisation, donc j'aimerais
continuer un peu là-dessus. C'est de ça dont voulait vous entretenir mon collègue de Jean-Talon. Malheureusement, je vais le
faire à sa place, c'est plate, c'est un sujet qu'il affectionne. D'ailleurs, mon collègue député de Jean-Talon vous
a beaucoup questionné en Chambre sur les cours de francisation. Ça a été
un sujet récurrent dans vos conversations. Mais on a joué beaucoup à : Où
sont les cours de francisation? Et tout le
monde cherchait les nouveaux cours de francisation en présence. C'est une
situation qui a d'ailleurs commencé, là, qui a été portée à notre attention en
premier à Québec, au centre Phénix. Maintenant, est-ce que vous êtes capable
de me dire combien de nouveaux cours vous
avez ouverts avec des vrais professeurs et des vrais étudiants en présence dans
un local, ensemble, un vrai cours de francisation?
• (15 h 10) •
M. Roberge : Juste pour... en 2015,
il y avait 50 000 étudiants, là, pas 25 000. En 2015, il y avait
à peu près 50 000 étudiants étrangers. Vous voulez retourner à 2015,
écoutez, je comprends. Moi, je pense qu'il faut opérer une réduction qui est modérée, qui est contrôlée, qui
tient compte surtout de nos établissements francophones et en région.
Sur le
ministère puis ce qu'on fait en francisation, bien, je vais remontrer un
tableau que j'ai montré ce matin. Vous
dites : Combien est-ce qu'il y avait d'étudiants, etc? Donc, ici, en bleu,
on voit les données 2024... non, 2023 de Francisation Québec, mois
par mois, puis, en bleu foncé, c'est les données 2025 de Francisation
Québec.
Mme Gentilcore : Mais ça, c'est en
présence, ce n'est pas des cours en ligne, là.
M. Roberge : Non, non, en présence,
du vrai monde.
Mme Gentilcore : O.K., O.K., tant
mieux.
M. Roberge : Donc, au moment, là, où
tout le monde s'inquiétait de, mon Dieu! qu'est-ce qui se passe à Francisation Québec, on va dire en novembre
dernier, bien, il y avait 36 120 personnes assises dans des cours à
Francisation Québec, ce qui était 15 000 de plus qu'en 2023. 2023,
c'est l'année record, O.K., on n'avait jamais atteint ça.
Mme Gentilcore : Est-ce qu'on peut
avoir la liste de ces cours-là?
M. Roberge : Puis un an plus tard,
l'an passé, on avait 15 000 de plus que le record. Donc, c'est comme si on
bat le record du record puis qu'à chaque fois les gens disent : Est-ce
possible? Puis on dit : Ah! peut-être. Puis finalement on réussit.
Mme Gentilcore : Mais est-ce qu'on a
la liste de ces cours-là, des lieux, puis est-ce qu'on a les détails de tout
ça?
M.
Roberge : Bien, on peut vous décliner... On a des
informations, là, en fonction des centres de services scolaires.
Mme Gentilcore : Bien, si vous
voulez le déposer à la commission, ce serait super. On pourrait regarder ça.
M. Roberge : Bien, on va essayer de
vous déposer le maximum d'informations, là, la fameuse granularité.
Mme Gentilcore : Merci.
M. Roberge : C'est un nouveau terme
que j'ai appris.
La Présidente (Mme Caron) : Alors...
M. Roberge : On va essayer de vous
donner un maximum de granularité.
La Présidente (Mme Caron) : Donc, M.
le ministre, je comprends qu'il y a un engagement de votre part de déposer les
informations qui viennent d'être demandées, informations granulaires.
M. Roberge : Oui, le plus possible.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
C'est noté.
M. Roberge : Je peux... vite, vite, il
y a des informations sur des cours qui sont à temps plein, d'autres qui sont à
temps partiel. On l'a aussi par ventilation, selon le réseau, dans nos centres
de services scolaires, les centres de formation puis les autres réseaux, par
exemple, les OSBL, les cégeps, les universités, les partenaires, parce que
Francisation Québec, c'est un réseau de réseaux. Et donc au moment où on avait
des enjeux avec nos partenaires de l'éducation,
l'automne dernier, bien, on a été capable de se revirer de bord puis de multiplier
l'offre de cours. Mais, vous savez,
quand il y a un cours qui ferme, ça fait la nouvelle, quand il y a cinq cours
qui ouvrent, personne n'en parle, mais pourtant les Québécois étaient
bien servis.
Mme
Gentilcore : C'est ça, le travail, que voulez-vous. Je vais
vous parler maintenant des centres de services scolaires
qui ont connu une baisse dans leur budget pour la francisation. Pour définir
les budgets, vous vous êtes basé sur l'année 2020 et 2021, les années
pandémiques durant lesquelles vous avez dit vous-même, tantôt, que le nombre d'immigrants était moins nombreux. Donc, ça crée
une baisse de près de la moitié dans les budgets, de la moitié dans les ETC et
pour plusieurs CSS aussi. Est-ce que vous reconnaissez cette baisse-là en vous
étant fié aux années 2020‑2021 plutôt que l'année précédente et
celle d'avant, comme on le fait d'habitude pour...
M. Roberge : Ce qui s'est passé l'an
passé, c'est qu'on a reconduit les mêmes budgets que l'année précédente. Mais, chose évidente, on a dit aux
centres de services scolaires : Respectez votre budget. Dans d'autres
années, c'est arrivé qu'un centre de services scolaire se faisait
confier un montant x, on va dire 1 million de dollars. Finalement, il dit : Ah! bien, j'ai de la
demande, je vais dépenser 1,5 million de dollars. Après ça, il se
retournait, il dit : Bon, bien, j'ai une facture supplémentaire de
500 000 $. J'ai donné des cours, je n'avais pas l'argent,
mais pouvez-vous éponger mon déficit? Et c'était fait, et là on
disait : Bien oui, puis on a épongé le déficit.
Donc, les
budgets précédemment, dans d'autres années, des fois, n'étaient pas dépensés.
Les gens dépensaient, par exemple, 120 % de leur budget, puis le fond
consolidé absorbait ces pertes. Cette année, on leur a dit, en début
d'année : Écoutez, on a un déficit qui est important... en fait,
l'an passé, là, pas l'année à venir, mais on a un déficit qui est important, on
ne peut pas dépenser au-delà du budget. Le budget nous permet de franciser
suffisamment de gens, respectez votre
budget. Là, il y a des centres de services scolaires qui, malgré tout, ont
dépassé à un niveau qui n'était pas
soutenable durant 12 mois. Ils avaient l'argent, ils ont dépensé de
l'argent qu'ils avaient, mais ce n'était pas possible de maintenir ce
même niveau, et après ils ont... ils ont...
Mme Gentilcore : Mais, dans les
règles budgétaires...
M.
Roberge : Donc, eux ont fait des compressions, puis on a
complété en augmentant des cours avec d'autres partenaires.
Mme Gentilcore : Mais, dans les
règles budgétaires de votre collègue en Éducation, c'est écrit que c'est... les années de référence qu'ils ont... qu'il a
pris, ce ne sont pas les... la dernière année et l'année précédente, ce sont
bien les années 2020‑2021, donc les budgets ont bien été réduits,
là. C'est ce qui est ici, dans les règles budgétaires.
M. Roberge : Bien, moi, je vous
invite à regarder le budget, là, année par année, là. 104 millions, c'est,
grosso modo, le budget de l'année précédente.
Mais, ceci étant dit, je pense que les Québécois sont rassurés à l'effet que
ce que j'ai annoncé hier, c'est que, un, le
budget, cette année, est rehaussé de 15 millions par rapport à l'an passé
pour les centres de services scolaires, là, parce que, je vous ai dit,
on a plusieurs partenaires. Centres de services scolaires, 15 millions de
plus que l'an passé, ce qui couvre davantage que les coûts de système, puis
surtout entente, avec les centres de
services scolaires et les centres de formation, à ce qu'il y ait une stabilité,
une prévisibilité du financement. On leur a dit : Ne dépensez pas plus
d'argent que vous avez, là, mais offrez des cours qui sont prévisibles pour ne
pas fermer des cours à l'automne, et ça n'arrivera pas cette année, il
n'y en aura pas.
Mme
Gentilcore : Mais on a fait des demandes d'accès à
l'information dans les centres de services scolaires, puis c'est évident, là,
il y a des baisses drastiques dans le financement dans les centres de services
scolaires.
M. Roberge : Écoutez, là, vous
m'alléguez quelque chose, là. Moi, je pense que l'année qui s'en vient, là,
c'est une année où il y aura plus d'argent que les années précédentes. L'an
passé, on avait 104 millions. Là, on arrive à 119 millions cette
année. Le 10 millions qu'on a rajouté dans l'année budgétaire en cours
d'année, l'an passé, on le rajoute encore
cette année. Donc, c'était 104 l'année passée, plus 10, donc 114. Cette année,
on rajoute le 10 encore puis on rajoute un cinq pour les coûts de système. Et
surtout on a cette entente avec une communication en continu entre les
deux ministères puis directement avec mon équipe de Francisation Québec pour ne
pas qu'on ait de mauvaise surprise en cours
d'année avec des professeurs qui disent : Bien là, je perds mon emploi,
avec des étudiants qui disent : Bien,
je finis, par exemple, l'étape un, je veux faire l'étape deux, perte de cours.
On n'aura pas ça cette année. Je pense, c'est ça qui est important.
Mme Gentilcore : On a rencontré de
nombreux professeurs qui ont perdu leur emploi. C'est des centaines de
professeurs qui ont perdu leur emploi en francisation. Est-ce que vous admettez
ça? C'est arrivé, c'est un fait.
M. Roberge : Bien, je viens de
mentionner que c'est arrivé...
Mme Gentilcore : Des centaines.
M. Roberge : ...qu'il y a des
enseignants qui, l'an passé, ont perdu leur emploi au milieu de l'année. Ça,
c'est arrivé, je le sais. Je le reconnais, puis ce n'est pas ce que j'aime, ce
n'est pas ce que je souhaite. Ça n'aurait pas dû
arriver. On aurait dû avoir une meilleure gouvernance, une meilleure
planification, mais ce n'est pas arrivé l'an passé.
Cette année, nous aurons une bien meilleure
planification. Puis les centres de services scolaires sont contents parce qu'on
leur a donné un budget qui couvre jusqu'à juin prochain. Et ça, c'est une
petite révolution, là, parce que les budgets, hein, c'est de mars à mars. Et
pourtant on leur a garanti un budget jusqu'à juin 2026 pour qu'ils
puissent réellement planifier en toute confiance puis
qu'il n'y ait pas de fluctuations : poste ouvert, poste fermé, poste
ouvert, poste fermé, cours qui se donne, cours qui ne se donne pas. C'est
bon... Ma priorité numéro un, là, c'est les élèves, d'accord, mais c'est
bon aussi pour les enseignants puis c'est bon pour l'administration scolaire.
Mme Gentilcore : Donc, pour terminer
le sujet, vous admettez quand même qu'il y a eu un problème de planification,
là, au niveau de la francisation.
M. Roberge : L'an passé, je vous
dirais qu'on a eu des enjeux, moi, j'appelais ça un enjeu de prévisibilité, un
enjeu de stabilité de l'offre de cours. C'est pour ça que, l'automne passé, je
me suis engagé, puis on s'est engagé, comme ministère, en amont, à revoir nos
ententes, notre planification, les suivis qu'on a avec le réseau scolaire qui
demeure un partenaire extrêmement important en francisation. Il y a... il n'y a
pas que lui, mais c'est un partenaire incontournable. Donc, on ne voulait pas
répéter cette année ce qu'on a vécu l'an passé.
Mme Gentilcore : Merci. Maintenant,
j'aimerais vous montrer ce graphique, celui-ci. Je vous le donnerai après,
c'est notre plan en immigration, 92 pages, très intéressant, si vous ne
l'avez pas lu, très bonne lecture sur le taux de migration net des principaux
États occidentaux entre 2018 et 2023, donc les années de la CAQ au pouvoir ici.
Et, si vous voyez ici, le Québec est deuxième, juste après un pays que vous
connaissez bien, le Canada. Donc, on est
deuxième. Et moi et le ministre, on s'entend là-dessus, là, une partie du
blâme, même la majeure partie du blâme, c'est le gouvernement fédéral.
Mais, avec les chiffres de l'immigration qu'on contrôle au Québec, on a aussi
contribué à ces politiques-là
catastrophiques : 651 % d'augmentation dans le programme TET. Est-ce
que vous reconnaissez quand même la responsabilité de vos prédécesseurs
dans ce fiasco-là?
La Présidente (Mme Caron) : En une
minute, s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : En une minute.
• (15 h 20) •
M. Roberge : Ce que j'ai expliqué,
hein, c'est comme la variante sur la même question de tout à l'heure :
Comment se fait-il qu'on se dirige vers une planification pluriannuelle avec
des scénarios qui vont être déposés bientôt
pour qu'on puisse en discuter — pardon — des
scénarios qui seront vraisemblablement des scénarios de baisse par
rapport à la situation actuelle, mais parce que la situation a changé? Alors,
moi, je pense qu'il ne faut pas être dogmatique, il faut être capable de
s'adapter. Lorsqu'arrive une pandémie, c'est différent, lorsqu'arrive un rebond
économique après la pandémie, c'est
différent. Puis après ça, à un moment donné, il faut se créer une nouvelle
normalité puis il faut être capable de voir à moyen puis à long terme.
On va déposer bientôt nos cahiers de consultations avec tous les chiffres
nécessaires. Tout le monde va être outillé. Puis on va se revoir en commission
parlementaire pour la planification pluriannuelle.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Il reste 12 secondes.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
ministre.
M. Roberge : Merci à vous.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, nous allons passer au bloc suivant de l'opposition officielle. Je
reconnais le député de l'Acadie pour 19 min 20 s.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Alors, M. le ministre, on continue notre conversation de la journée. J'attire votre attention dans les
renseignements... demandes de renseignements généraux, RG6, à la page 95
et suivantes, pour vous situer. Il y
a un fournisseur, Cyclo Chrome inc., et vous avez passé un contrat pour
l'atelier de mise au point de vélos. Est-ce que c'est parce que vos
coupures en francisation vous ont fait pédaler?
M. Roberge : On est-tu à l'École
nationale de l'humour?
M. Morin : On peut rire. Ce n'est
pas interdit.
M. Roberge : Non, non, mais le jeu
de mots est intéressant. Laissez-nous trouver l'information très précise pour
qu'on puisse vous donner une réponse sérieuse à votre question.
M. Morin : Et j'en ai... j'ai
d'autres... j'ai d'autres questions.
M. Roberge : Laissez-nous juste le
temps de trouver, là.
M. Morin : D'accord.
M.
Roberge : Ça nous interpelle. On va essayer de vous donner
un éclairage là-dessus. Puis ça va faire du chemin.
M. Morin : Bien.
C'est bon, ça. Autre contrat, ADI Art Design International, pour l'achat de
chaises ergonomiques, 24 920 $. Est-ce que vous pouvez nous en
dire plus sur ce contrat-là? Combien de chaises ont été achetées?
M. Roberge : On va y aller peut-être avec un délai, là,
peut-être la réponse sur les vélos, le temps qu'on trouve la réponse à la
réponse sur les...
Une voix :
...
M. Roberge :
O.K., attention... O.K., là, sur les chaises, ici.
M. Morin : Oui,
c'est le premier à la page 95.
M. Roberge : Oui, 24 920 $ pour des chaises. O.K.
ADI Art Design inc., le seul fournisseur capable de fournir les mêmes chaises que celles disponibles
actuellement au CSL pour répondre aux besoins spécifiques pour l'ergonomie,
uniformité de l'offre de chaise. Le CAG
n'offre pas les chaises ergonomiques en ce moment. Le CAG, c'est le centre...
M. Morin : Oui,
c'est le Centre d'acquisitions du gouvernement.
M. Roberge : Oui,
c'est ça, ils ne sont pas... il n'y en a pas dans son catalogue en ce moment.
Donc, le contrat porte sur l'achat de 13 très petites chaises ergonomiques,
donc on parle...
M. Morin : Donc,
13 chaises.
M. Roberge : ...j'imagine quelqu'un qui avait des besoins
particuliers ici, puis 29 grandes chaises ergonomiques. Donc, je pense qu'on est hors du standard ici, là,
moi qui fais six pieds et quatre, 1,95 mètre, je peux vous dire qu'il
n'y a pas grand-chose de standard qui me fait, j'ai même fait ajuster
les comptoirs à maison. Donc, voilà.
M. Morin : Donc,
c'était pour un total...
M. Roberge : L'année
dernière, huit chaises avaient été achetées pour un montant... Donc, c'est des
chaises, mais je ne comprends pas votre question. Dans le fond, si vous aviez
la réponse que je viens de vous lire, c'est quoi, votre question?
M. Morin : Bien,
ma question, c'est : Combien vous avez acheté de chaises et où elles sont
allées? Parce que moi, j'ai achat de chaises pour 24 900 $. Alors,
moi, je n'ai pas la réponse que vous me donnez, M. le ministre.
M. Roberge : O.K.
Donc, c'est 13 plus 29, donc on en a 42, chaises, ici, 42 pour 29...
M. Morin :
24 000 $
M.
Roberge :
...25 000 $.
M.
Morin :
25 000 $.
M. Roberge : Donc, on est à... je ne sais pas trop, là,
700 $ par chaise, quelque chose comme ça, pour des chaises qui sont
particulières. Je comprends que c'est quand même des chaises de qualité, mais
on est pour des très petites chaises ou des grandes chaises ici.
M. Morin : Et
je comprends de votre réponse que vous n'avez pas utilisé les services du CAG
parce qu'il n'avait pas ce genre d'équipement là pour votre ministère. C'est
exact?
M. Roberge : Précisément,
c'est ça, ça ne faisait pas partie du catalogue, auquel cas, si ça avait été
dans le catalogue, on se serait servi du catalogue.
M. Morin : Parfait.
Je vous remercie. Toujours dans les renseignements généraux, les contrats, à la
page 96, AED Advantage, vous avez
procédé à l'achat de boîtiers de défibrillateurs. Avez-vous acheté les
défibrillateurs ou juste les boîtiers?
M. Roberge : On
va vous trouver ça. On va vous trouver ça.
M. Morin : Parce que, là, on parle de boîtiers. Et, si oui,
où sont les défibrillateurs et combien ça a coûté? Voilà. Donc, on continue. À la page 99,
Complices Studio inc., services de production de vidéo, pour 9 500 $.
Pouvez-vous me donner plus d'informations sur les vidéos qui ont été
produites?
M. Roberge : Pouvez-vous nous redire
la page? Parce que, là, vous allez rapidement.
M.
Morin : Oui, page...
M. Roberge : Je
ne vous le reproche pas, c'est juste... il faut qu'on ait le temps de vous
suivre.
M. Morin : ...page 99,
Mme la Présidente.
M. Roberge : 99,
pour les vidéos.
M. Morin : Complices
Studio inc., services de production vidéo, pour 9 500 $.
M. Roberge : O.K.
Pour ce qui est des vélos...
M. Morin : Oui.
M. Roberge : C'est
ça. Vous m'avez demandé... Bien, c'était quoi, l'essentiel de votre question
que vous vouliez savoir sur l'affaire des vélos?
M. Morin : Bien,
en fait, ce que je voulais savoir, c'est atelier de mise au point de vélos
au ministère de l'Immigration. Alors, je...
M. Roberge : Oui.
Bon, ce qu'on me dit, dans le cadre du ministère... je vous comprends de poser
la question, c'est dans le cadre du ministère, il y avait une enveloppe, un
budget Plan de développement durable, ça a servi
pour l'entretien de certains vélos des employés pour encourager les employés à
utiliser leur vélo et éviter l'auto solo.
M. Morin : D'accord. Donc, c'est... Et ça, c'était pour
l'ensemble du ministère dans toutes les régions ou une région en
particulier?
M. Roberge : Montréal.
M. Morin : D'accord. Je vous remercie. Dans les contrats, là,
il y en a... il y en a quelques-uns que je vais vous nommer avec les
pages. Page 100, Dialogue, prévention, règlement des différends, services
d'enquête, 23 660 $, à la page 100. Par la suite,
page 102, Suzanne Hutchinson, coaching, 8 960 $. Page 103,
M2D Leadership, démarche de coaching, 8 800 $...
M. Roberge : ...j'ai une des réponses, parce que vous allez
vite dans vos questions. L'équipe prend le temps de noter chacune de vos
questions et les pages. À mesure que j'ai une réponse, je vais vous la donner,
si vous permettez.
M. Morin : Bien
sûr.
M. Roberge : Donc,
vous m'avez parlé de...
M. Morin : Mais
laissez-moi...
M. Roberge : ...l'entreprise
Dialogue, prévention...
M. Morin : ...laissez-moi
juste terminer, là.
M. Roberge : Ah!
excusez-moi.
M. Morin : Professionnels
en règlement des différends, services-conseils, 22 500 $, je suis à
la page 105. Et Relais Expert enquête, médiation inc., services d'enquête,
24 960 $, toujours à la page 105.
Est-ce
qu'il y a un problème dans votre ministère, M. le ministre? Parce que ça fait
pas mal de services-conseils, services
d'enquête, coaching. Est-ce qu'il y a une situation particulière dont vous
voulez nous entretenir? Parce que j'ai à coeur, évidemment, la santé de
vos employés.
M. Roberge : Par rapport à Dialogue, prévention et règlement
des différends inc., il y a eu un contrat, effectivement, parce qu'il y a eu
poursuite d'une enquête puis l'établissement d'une enquête impartiale,
confidentielle à la suite d'une plainte où il y avait eu du harcèlement
psychologique. Et là je fais le lien avec votre question que vous venez juste
de me poser, mais c'est... il faut penser
qu'au MIFI on a environ 3 000 employés. Donc, je ne dirais pas que
c'est normal, ce n'est pas normal, là, d'avoir des... par exemple, du
harcèlement psychologique, je veux juste dire...
M. Morin : On
s'entend là-dessus, ce n'est pas normal.
M.
Roberge : Ce n'est pas ça que je dirai, je ne... je ne
banaliserai pas des enjeux qui peuvent toucher des gens de manière très
personnelle. Mais simplement vous dire que, je pense, dans une grande
entreprise où il y a 3 000 employés, il y a des services d'aide aux employés. Puis il peut
survenir entre des personnes, quand il y a 3 000 personnes, des
enjeux. L'important, c'est qu'ils
soient traités avec diligence. L'important, c'est qu'il y ait des équipes qui
s'attardent à ça puis qu'on s'assure du bien-être de chacun. Mais c'est sûr
qu'à 3 000 personnes, c'est une... c'est un effectif qui est grand, de
telles choses peuvent survenir. On doit les prévenir, on doit les traiter avec
sérieux, on doit accompagner les gens pour qu'il y ait un cadre sain et
sécuritaire pour travailler.
M. Morin : Est-ce
que ces événements-là étaient importants à un point où vous avez dû recourir à
une firme externe plutôt que de confier, j'imagine, certains dossiers à vos
spécialistes en ressources humaines? Parce que vous en avez sûrement au sein de
votre ministère.
M. Roberge : Bien, c'est ce que je viens de dire, d'ailleurs,
que, dans un des cas, on a... Ce que je viens de vous dire, la réponse
précédente, c'est qu'on a fait affaire avec une firme externe dans un cas de
harcèlement psychologique.
M. Morin : Exact.
M. Roberge : Parfois,
ça peut être nécessaire aussi pour rassurer les gens sur la neutralité de
l'intervention.
M. Morin : Et
vous, est-ce qu'on vous a mis au courant de cette problématique-là au sein de
votre ministère?
• (15 h 30) •
M. Roberge : Juste
préciser, quand on dit : Cette problématique au sein du ministère, on
pourrait laisser croire que le MIFI est un
ministère où il y a un enjeu, il y a une problématique à régler, puis c'est
comme s'il y avait une crise au ministère. Je ne pense pas que ce soit le cas.
Il y a des événements qui peuvent arriver dans une entreprise... ce n'est pas une entreprise, mais dans une
organisation de 3 000 personnes, qui peuvent survenir. Il y aurait
des enjeux si on ne s'en occupait pas. Là, on s'en occupe.
Je veux préciser que,
compte tenu de l'ampleur des démarches puis du temps que ça peut nécessiter,
faire appel à des firmes externes, ça permet à l'organisation de respecter les
obligations légales du ministère, c'est-à-dire d'intervenir qui... rapidement,
puis de faire appel à une firme externe, bien, c'est rassurant, c'est
impartial. C'est donc reconnu par le
syndicat puis par les employés comme une démarche qui est saine, puis ça
encourage les employés à s'exprimer puis ensuite à donner de meilleurs
résultats une fois que l'incident ou le problème est derrière eux.
La
question du contrat, le contrat pour les vidéos, était dans le cadre de la
Semaine québécoise des rencontres... excusez-moi, SQRI, la Semaine québécoise
des rencontres interculturelles. Donc, il y a eu production d'une vidéo
de promotion et d'explication de cette
semaine des rencontres interculturelles. Là, je réponds à une autre question
que vous m'avez posée.
M. Morin : Bien
sûr. Si on revient aux enquêtes, est-ce qu'à votre connaissance ça a été
totalement réglé?
M. Roberge : Bien,
ce que je comprends... Honnêtement, je ne suis pas au fait de chacun de ces...
je ne dirai pas incidents, de chacun de ces événements-là, parce que je ne fais
pas la gestion des ressources humaines, là, c'est la sous-ministre et ses équipes. Ce qu'on nous dit, c'est qu'à chaque
fois c'est traité avec sérieux, qu'il n'y a pas personne, là, qui porte
plainte sans avoir un suivi qui est sérieux. Il y a des plans d'action parfois,
ensuite, aussi, pour s'assurer que les gens
soient formés et informés, que ça ne recommence pas, donc pour régler les
choses, apaiser les climats. Il y a un suivi qui est fait, ensuite, pour que ça
soit réellement fait, donc il y a un plan d'action, qu'on me dit, là, pour le
climat de travail.
M. Morin : Donc,
dans le... en fait, le ou les cas dont on parle, il y a eu un suivi et il y a
eu un plan d'action qui a été mis en place?
M. Roberge : Voilà,
c'est ce qu'on me dit, oui.
M. Morin : Je vous remercie. Toujours dans les demandes de
renseignements généraux, je suis à la page 107, il y a eu un contrat de
3 500 $ à Marc Termote, services de production d'un avis d'expert sur
l'immigration. J'aurais pensé que les experts
étaient au sein de votre ministère. Alors, vous avez donné un contrat, c'est un
contrat à l'externe? Et est-ce que vous pouvez m'en dire plus sur ce
contrat?
M. Roberge : Bien oui, c'est ça, j'attendais que le micro
allume. Bien, on a beaucoup d'expertise, au ministère, mais on n'a pas toute
l'expertise du monde, donc il y a des sommités à l'extérieur du ministère qui
peuvent nous aider dans les travaux de réflexion puis de planification
démographique. Donc, vous faites référence à des contrats auprès d'externes,
auprès de personnes qui nous alimentent, qui font des analyses. Je pense que
c'est une bonne chose de permettre au
gouvernement de faire appel, par exemple, à M. Marc Termote et d'autres
personnes qui sont reconnues au Québec pour leur expertise. Voilà.
M. Morin : Je
comprends qu'on note dans la description du contrat que c'est un avis d'expert.
En tout cas, avec les informations que j'ai,
ça ne semble pas être un avis juridique. Est-ce que c'est un avis juridique ou
un avis d'expert?
M.
Roberge : Non, on n'est pas dans un avis juridique ici, on
est dans de la démographie puis de l'analyse, là, de grandes tendances
démographiques.
M. Morin : Parfait. Est-ce que vous
pouvez partager cet avis avec les membres de la commission?
M.
Roberge : C'est quelque chose qui est pris en compte, et il
y aura référence ou utilisation de ces informations-là dans les
documents de la planification pluriannuelle. Donc, c'est une note de travail au
gouvernement, au ministre, ce n'est pas quelque
chose qu'on rend public, mais c'est quelque chose qu'on utilise, qui bonifie
les documents qui, eux, seront rendus publics.
M. Morin : Donc, je comprends que
vous n'êtes pas disposé à produire cet avis-là à la commission?
M.
Roberge : Bon, ce qu'on me dit, c'est que, oui, dans ce
cas-ci, on va pouvoir le rendre public dans le cadre de la planification
pluriannuelle. Donc, ce document-là sera rendu public...
M. Morin : Sera rendu public.
M. Roberge : ...au moment des réflexions
sur la planification pluriannuelle.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie. À la page 108, toujours dans la même catégorie de renseignements
généraux, description du contrat : services de membres externes du comité
d'audit du ministère, Mme Diane Wilhelmy, pour 5 700 $. Vous avez un
comité externe d'audit?
M. Roberge : Oui, on a cette
obligation-là d'avoir un comité externe d'audit. Les gens sont rémunérés. On
dit que c'est l'usage.
M. Morin : Ce comité-là se réunit
combien de fois par année?
M. Roberge : Quatre fois.
M. Morin : Et est-ce que les
rapports du comité ou les constatations du comité peuvent être partagés avec la
commission?
M. Roberge : On va vérifier si c'est
le genre de chose qui peut être rendue publique. Je ne peux pas vous répondre à
ce stade-ci, il faut faire les vérifications.
M. Morin : Très bien. Mais, Mme la
Présidente, j'aimerais qu'on puisse faire un suivi, évidemment, tout dépendant
de la réponse de M. le ministre.
La Présidente (Mme Caron) : Oui, M.
le député, il y aura un suivi, selon la réponse du ministre.
M. Morin : Je vous remercie, Mme la
Présidente. Alors, toujours, dans les demandes de renseignements généraux, mais
maintenant c'est la RG10, à la page 112, et ça concerne l'hébergement des
données en infonuagique. On dit que les coûts totaux réels pour l'hébergement
des données, c'est 5 604 037,51 $. Est-ce que vous pouvez nous
en dire un peu plus sur le fonctionnement, le coût, où sont hébergées les
données?
M. Roberge : Juste de revenir sur la
question des défibrillateurs...
M. Morin : Oui.
M. Roberge : Il y a, comme
toujours, un délai, le temps qu'on trouve l'information. Vous nous avez posé
une question sur les boîtiers de défibrillateurs.
M. Morin : Bien, c'est ce qui
était dans vos renseignements, M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Il y a eu des
achats de boîtiers, parce qu'on a fait revenir des anciennes places
d'affaires... il y a eu des déménagements, hein, on a fait revenir des anciens
locaux des défibrillateurs qui, eux, n'avaient pas de boîtiers pour les ranger.
C'était... il fallait les ranger de manière adéquate. Donc, voilà, c'est en
regroupant les employés aux bureaux de Saint-Laurent qu'on a eu besoin de
boîtiers pour les défibrillateurs que nous avions déjà. Alors, voilà pour ceci.
M. Morin : D'accord. Très bien.
M. Roberge : Ensuite, je peux
vous répondre tout de suite sur la question de l'infonuagique, ça va?
M. Morin :
Oui, bien sûr, bien sûr.
M. Roberge :
C'est ça. Donc, contrat, 5 604 000 $ pour la sauvegarde de
données, la dépense 2024‑2025, très
similaire à celle de 2023‑2024. La différence, en fait, vient du fait que
l'année 2024‑2025 ne comporte pas la facturation du mois de janvier 2025 parce que les
factures ont été réceptionnées en février. Donc, l'écart, là, s'explique seulement par
ça. Le MIFI a l'obligation de contracter des services en infonuagique par le biais de l'entente-cadre qui est établie par le ministère
de la Cybersécurité et du Numérique. Donc, on a des obligations à cet égard-là
puis on s'en tient à nos obligations.
M. Morin :
Et les données sont stockées à quel endroit?
M. Roberge : Je n'ai... Ah! ici. Les fournisseurs de
l'entente-cadre sont tous des compagnies qui sont américaines dans ce
cas-ci.
M. Morin :
Donc, vous faites affaire avec des compagnies américaines...
M. Roberge : Pardon. Mais les données... excusez-moi, les
données sont hébergées au Québec et au Canada, donc sur deux sites au
Québec et au Canada.
M. Morin :
Mais par des compagnies américaines?
M. Roberge :
Voilà.
M. Morin :
Et est-ce qu'il y a des mesures qui ont été prises pour s'assurer que ces
informations-là ne seront pas partagées avec les Américains?
M. Roberge :
Le MCN fait exactement ce genre de travail là pour s'assurer de la sécurité des
données.
M. Morin : Est-ce que vous pouvez nous partager les contrats pour nous assurer
qu'il y a bien des clauses qui protègent ces données-là?
M. Roberge :
Est-ce qu'on peut partager des contrats? Je vais vérifier si on a le droit de
partager ce type d'informations là.
• (15 h 40) •
M. Morin :
Alors, Mme la Présidente, simplement assurer que la commission fera un suivi,
et on verra. Parce que vous comprendrez que, compte tenu de la situation
actuellement avec les Américains, c'est... évidemment, c'est inquiétant. Donc,
j'aimerais juste savoir s'il y a des mesures qui ont été prises, puisqu'il
s'agit de compagnies américaines. Il me reste combien de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente
(Mme Caron) : Il vous reste sept secondes.
M. Morin : Sept secondes! Alors, dernière, RG43, plusieurs sondages ou enquêtes
d'opinion. Est-ce que vous pouvez partager...
La Présidente
(Mme Caron) : C'est terminé...
M. Morin :
...avec la commission ces enquêtes? Merci, madame...
La Présidente (Mme
Caron) : Le bloc est terminé. Il y avait un suivi, peut-être, à faire
sur les contrats, si vous désirez faire le suivi sur la réponse à cette
question, mais malheureusement le bloc est terminé, alors je suis obligée de vous arrêter. Nous allons maintenant
passer au bloc du gouvernement, pour exactement 19 minutes. Alors,
la parole est à Mme la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : ...Mme La Présidente. J'ai senti que le collègue
avait l'espoir, hein, de... d'avoir une réponse à la dernière minute,
mais sept secondes, là, c'est... ce n'est pas rapide.
Alors, M. le
ministre, merci beaucoup, d'ailleurs, pour cette après-midi enrichissante,
encore une fois, hein, on a pu peut-être avoir un meilleur aperçu du travail
qui est fait, disons, en immigration, appelons ça comme ça. Alors, j'aimerais vous ramener au projet de loi
n° 84, loi, donc, sur l'intégration nationale, que vous avez déposé au
début de la présente session. Vous avez mentionné que le Québec devait
se doter de son propre modèle d'intégration des nouveaux arrivants. On est
encore à l'étape détaillée, donc... à l'étape de l'étude détaillée, pardon.
Alors, j'aimerais maintenant savoir comment ce projet de loi va permettre de
changer l'approche du gouvernement dans l'intégration des nouveaux arrivants.
M. Roberge : Merci, chère
collègue de Vimont. Notre projet de loi sur l'intégration nationale va
réellement marquer le coup par rapport à la vision québécoise sur l'accueil des
nouveaux arrivants, l'intégration des nouveaux arrivants,
mais pas seulement, parce que le projet d'intégration nationale vise aussi à
permettre à tout le monde qui habite sur le territoire québécois à développer
ce sentiment d'appartenance au Québec. D'ailleurs, dans le projet de loi, on parle de nouveaux arrivants, nouveaux immigrants
que moi, j'appelle les nouveaux Québécois. On parle aussi de personnes qui
s'identifient à la majorité francophone puis de personnes qui s'identifient à
des minorités culturelles. Il peut y avoir des gens qui s'identifient à
des minorités culturelles, même s'ils sont nés au Québec.
Et d'ailleurs
c'est un des problèmes du statu quo, de la situation actuelle, c'est que la
seule vision, sur le territoire canadien, qui est articulée à la fois dans une
loi et dans une politique, c'est le multiculturalisme, le multiculturalisme
canadien qui, depuis les années 70, a
été édicté en politique nationale, fédérale, pancanadienne puis, dans les
années 80, qui a été voté comme une loi, une loi transversale, une
loi, même, qui disait que la Charte canadienne des droits et libertés devait
être lue à la lumière du multiculturalisme. Et, comme on n'a pas, nous, notre
modèle d'intégration, bien, veux veux pas,
au fil des décennies, le multiculturalisme s'est infiltré dans nos sociétés,
dans notre société, puis ça a vraiment nui au vivre-ensemble au Québec,
et ça a amené, je vous dirais, une grande incohérence gouvernementale. Parce
que, parmi les meilleurs partenaires qu'on a pour la cohésion sociale puis
l'accueil des nouveaux arrivants, c'est nos municipalités. Quand quelqu'un
arrive, il arrive, oui, au Canada, il arrive au Québec, mais il arrive dans un quartier, il prend un appartement puis il a besoin
de s'ancrer, de s'enraciner, puis souvent son premier contact, c'est avec
la municipalité soit... soit le conseil municipal,
ou, bien non, la bibliothèque, ou, bien non, les organismes qui relèvent de la municipalité. Puis les municipalités, elles,
bien, disent : Oui, mais c'est quoi, la politique québécoise? Il n'y en a
pas.
Donc, par
exemple, on sait qu'il y a des municipalités où le leadership d'un maire ou
d'une mairesse... dit : Bien, moi,
je vais y aller par l'interculturalisme, ça a été dit plein de fois, c'est ça,
la doctrine du Québec, ce n'est pas écrit nulle part, mais moi, je pense qu'on devrait avoir une vision de l'accueil des
nouveaux arrivants qui est dans l'interculturalisme, de mettre les gens en interaction, en
interrelation. Mais il peut y avoir des maires ou des mairesses de grandes,
grandes villes sur le territoire québécois, qui sont plutôt de vision
multiculturaliste, qui disent : Bien, nous, notre travail, dans le
dogme multiculturaliste, c'est de s'assurer que chaque personne garde son
identité d'origine mais garde sa langue d'origine,
garde sa culture d'origine, puis, nous, notre obligation, ce n'est pas de créer
des ponts mais c'est de créer des lieux
de préservation de la personne et... je veux dire, de sa culture originale. Et
ça, bien, c'est un enjeu, pas que les gens préservent leur culture, mais
que les organes de l'État ne travaillent pas à faire du vivre-ensemble.
Mme
Schmaltz : On a vu qu'il y a eu beaucoup de définitions
aussi, hein? Si on regarde, les définitions diffèrent aussi de beaucoup de groupes que vous avez
rencontrés pendant cette période-là de consultations, là, sur la... le
multiculturalisme versus le... voyons, vous venez de le dire...
M. Roberge : L'inter, l'inter.
Mme
Schmaltz : ...c'est ça, l'interculturalisme. On avait beaucoup de
définitions qui étaient appropriées, selon... bref, à l'idée de chacun
qui était là. Est-ce que vous pensez qu'on doit définir davantage cette...
M.
Roberge : Oui, absolument. Bien, c'est ça, je faisais,
tantôt, du contexte, mais maintenant ce qu'on doit faire, c'est définir
notre propre modèle, puis notre propre modèle, on le définit dans une loi.
Notre modèle, ça s'appelle l'intégration nationale. On a des fondements, c'est,
en réalité, définir c'est quoi, notre culture québécoise commune. Notre culture québécoise commune, bien, c'est
notre manière de vivre, nos traditions, la langue française, la laïcité, le
respect des droits de la Charte des droits et libertés du Québec, en
particulier l'égalité hommes-femmes, très important de le mentionner, évidemment, la lutte au racisme
aussi, ensuite notre Code civil, nos traditions, notre parcours historique.
Tout ceci doit être connu de la part des
nouveaux arrivants qui, ensuite, doivent donc y adhérer puis, après ça, peuvent
y contribuer à partir de leur culture... culturelle propre. C'est ça qui est
intéressant.
Certains
disent : Ah! c'est de l'assimilationnisme. Mais pas du tout, parce qu'on
invite les gens à y contribuer puis à l'enrichir de leurs caractéristiques
propres. C'est ça qui est intéressant aussi. Donc, on veut mettre les gens
en interrelation, en interaction. D'ailleurs, au ministère de l'Immigration, on
a la semaine des relations interculturelles, donc
on est déjà engagés dans cette voie-là. Et puis ce qu'il y a d'intéressant
aussi, c'est le principe de réciprocité. Dans la loi, on établit que
l'État a des responsabilités, comme la société d'accueil, comme les gens qui
s'identifient à des minorités culturelles, et, chacun ayant des
responsabilités, bien, on est capables de bâtir quelque chose de beaucoup plus
solide. On appelle ça de l'édification nationale sur le socle de la culture
commune.
Mme
Schmaltz : Juste rapidement, parce que je veux laisser aussi
du temps à ma collègue pour vous poser des questions, je veux vous ramener vers Francisation Québec, là, qui
termine sa deuxième année complète de fonctionnement. Vous avez mentionné tantôt un chiffre important,
90 000 diplômés en francisation, qui est quand même assez incroyable, là,
quand on... quand on analyse les chiffres. Qu'est-ce que vous faites comme
bilan de ce déploiement?
M.
Roberge : Bien, moi, je suis très reconnaissant à ma
prédécesseure, l'actuelle ministre de l'Économie, elle a eu beaucoup de
vision pour mettre en oeuvre Francisation Québec qui découle de ce qu'on
appelle la loi n° 96, hein, la loi qui définit notre nouvelle Charte de la langue française.
Il y avait dans cette loi-là la création de Francisation Québec. Ça, c'est mon collègue l'actuel ministre de la
Justice qui a eu cette vision-là, ma collègue l'actuelle ministre de l'Économie
qui a eu le leadership de le mettre en oeuvre.
Puis je pense que ça a été un tour de force que
de réussir ça avec les équipes parce que c'était tout un contrat, c'était éparpillé. Tout le monde travaillait de
bonne foi pour franciser des gens, mais on n'avait pas de chef d'orchestre, donc chacun jouait un peu
de son instrument, mais ce n'était pas parfait. Et des gens pouvaient
s'inscrire dans un OSBL, puis on
n'avait pas d'échelle de compétence en matière de langue française, donc chacun
y allait de son petit diplôme maison, mais qui ne pouvait pas être
reconnu par l'autre partenaire, de l'autre bord de la rue.
Donc, Francisation
Québec est venu clarifier ça : guichet unique, qualité certifiée à
l'échelle du Québec, avec plusieurs partenaires,
donc couverture nationale, possibilité de s'inscrire pour des cours à temps
plein ou à temps partiel, puis on ajoute, on l'a annoncé hier, de la formation
en ligne pour les niveaux 1 et 2, avec un autre partenaire, la SOFAD.
Donc, c'est un tour de force, là. Moi, j'arrive puis je fais des ajustements
pour que l'an prochain soit encore meilleur que l'an passé. Mais, l'an passé,
on a francisé 90 000 personnes. Wow!
Mme
Schmaltz : Merci.
La Présidente (Mme
Caron) : Je reconnais maintenant la députée d'Iberville.
Mme Bogemans :
...il y a vraiment plusieurs
acteurs qui ont hâte de voir quels seront les outils qui pourraient être déployés dans la prochaine... ou les grands
axes, en fait, qui pourraient être déployés dans la prochaine pluriannuelle
du gouvernement. On a fait les travaux il y
a déjà deux ans, certains ont pu dire que ça pouvait manquer de prévisibilité.
Tout à l'heure, on a abordé, d'ailleurs, la
raison pour quoi on l'avait mise sur deux ans à ce moment-là. Quels seraient
les outils ou votre réponse pour donner plus de prévisibilité aux entreprises
et aux gens qui sont en immigration pour la prochaine pluriannuelle?
• (15 h 50) •
M. Roberge : Bien,
s'il y a un message que j'ai entendu depuis que j'ai cette responsabilité,
l'Immigration, c'est : Donnez-nous de
la prévisibilité. Que ce soient les responsables des institutions scolaires,
là, les cégeps, les universités, que
ce soient les entreprises, que ce soient les OSBL, les gens disent : Bien
là, les règles ont changé beaucoup l'automne dernier. Nous, on a fait des ajustements, mais le gouvernement fédéral a
fait beaucoup d'ajustements, encore... bien plus que nous, là, ils ont changé leurs cibles d'immigration permanente, ils
ont changé deux fois les règles pour les travailleurs étrangers
temporaires, ils ont changé les règles pour le PMI. Chaque semaine arrivait
avec sa modification.
Donc
là les outils qu'on a pour avoir une planification, bien, c'est qu'on a une
nouvelle loi, adoptée l'automne dernier, qui nous dit qu'on doit faire
une planification pluriannuelle qui inclut temporaires et permanents. Ça, c'est
un outil qui est important. Parce que des
entrepreneurs qui disent : J'ai besoin de main-d'oeuvre, eux, ils ont
besoin de quelqu'un, par exemple, qui
conduit de la machinerie ou qui fait de la soudure, bien, de savoir que, ah!
dans les prochaines années, il va y avoir tel nombre de personnes, de
travailleurs étrangers temporaires, puis tel nombre de personnes économiques
parmi les permanents, bien, ça leur permet de savoir, bien, dans quel bassin je
veux recruter puis combien de temps je peux
garder cette personne-là, est-ce que je peux garder ce travailleur-là pour la
vie ou bien je dois revoir, moi, comme entreprise, mon modèle, parce
qu'il va falloir faire de l'automatisation, etc. Donc, cette capacité à voir... de voir à long terme va être très utile
pour tout le monde. Puis on est rendus là. Je pense qu'après la pandémie
c'était sage de faire une planification sur
deux ans, puis là maintenant, c'est sage de faire une planification plus sur du
long terme. On est rendus là.
Mme
Bogemans : Parfait. Mon autre question, c'est qu'en décembre dernier
on a adopté la loi n° 74 qui vise principalement
à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Vous avez alors dit,
donc, je vous cite et je vais le lire :
«Le gouvernement a décidé de se donner des nouveaux pouvoirs pour gérer sa
politique migratoire d'étudiants étrangers.
Nous avons la responsabilité d'utiliser tous les leviers dont nous disposons
pour faire notre part dans la réduction du nombre de résidents non
permanents. C'est exactement ce que nous faisons avec ce projet de loi
n° 74, c'est un geste qui nous permet de faire nos propres choix.»
Qu'est-ce que cette loi vous permet de faire, maintenant, qu'on n'avait pas
dans le passé?
M. Roberge : Bien,
c'est une loi qui permet à mes collègues à l'Éducation, à l'Enseignement
supérieur de requérir et d'obtenir des
renseignements de la part des réseaux. Ça peut paraître particulier, mais, avec
les lois actuelles, puis j'en sais quelque chose pour avoir eu la charge
de l'Enseignement supérieur, les cégeps et particulièrement les universités, parfois, sont avares de leurs
données, même chose pour les centres de services scolaires. Là, avec la loi,
bien, les collègues peuvent requérir
et obtenir des informations qui sont très, très importantes pour être capables
d'avoir une vision d'ensemble, de
planifier les réseaux puis de répondre aux besoins de main-d'oeuvre. Donc, ça,
c'est un élément important.
Autre
élément qu'on a dans notre nouvelle loi, c'est la synergie entre les trois
ministères. C'est carrément inscrit en
toutes lettres dans la loi que ce sont des recommandations conjointes qu'on
doit faire au Conseil des ministres pour établir des nombres. Donc, on doit avoir une perspective qui tient compte
du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, donc, cégeps et les
universités, et de la perspective de l'Immigration, puis c'est d'avoir cette
vision 360 là avant de prendre
une décision sur nos effectifs scolaires. Donc, ça, c'est écrit en toutes
lettres dans la loi. On n'avait pas ça avant,
et puis maintenant on a cette possibilité, justement, d'y aller programme par
programme, s'il le faut, région par région, pour être capables de ne pas faire du mur-à-mur puis de dire : Oui,
on peut augmenter ou, oui, on peut réduire notre effectif d'étudiants
étrangers, mais en tenant compte des réalités régionales.
La pire chose à
faire, ça aurait été d'être pris avec une... un marteau pour faire rentrer une
vis puis de prendre une décision qui est
bonne, par exemple, en Montérégie, mais qui est très mauvaise au Saguenay ou en
Beauce. Là, on va être capables d'avoir cette agilité-là, et ça va nous
permettre de faire des choix, lors de la planification pluriannuelle, qui sont
beaucoup plus précis, parce qu'on a l'outil, ensuite, pour aller en fonction
des régions et des besoins.
Mme Bogemans : Absolument.
Maintenant, je vais parler un peu de ma réalité de députée de la circonscription
d'Iberville. Il y a plusieurs entreprises
qui sont venues me voir puis qui sont inquiètes de ne pas pouvoir nécessairement
garder leurs travailleurs étrangers temporaires, on parlait de prévisibilité
tout à l'heure, à cause de certaines mesures qui
ont été mises en place soit par Québec soit par le fédéral au Canada.
Pouvez-vous faire la part des choses puis dire quels sont les programmes
que nous, au Québec, on a vraiment mis sur la table?
M. Roberge : Bien,
au mois d'août dernier, le gouvernement québécois a posé un geste, une espèce
de gel, refus de traitement mais spécifique,
juste sur l'île de Montréal, pour les travailleurs étrangers temporaires en
excluant la construction puis la santé, essentiellement. Donc, ça ne
touchait que Montréal. Après ça, le gouvernement fédéral est arrivé puis il est venu s'ingérer dans notre champ
de compétence puis toucher nos travailleurs étrangers temporaires en
disant que, maintenant, dans les zones RMR, où le taux de chômage était
supérieur... non, inférieur à 6 %, bien, on ne pouvait pas avoir plus que
10 % de travailleurs dans le manufacturier. Donc, une entreprise de
100 employés ne pouvait pas avoir plus que 10 TET. Ça, c'est une
mesure du fédéral qui est arrivée.
Nous, on avait
demandé au fédéral : Réduisez les PMI, réduisez les demandeurs d'asile, il
y en a 400 000 qui relèvent de vous, faites le ménage là-dedans. Il ne l'a
pas fait puis il est arrivé avec une mesure qui a touché les travailleurs étrangers
temporaires. C'était un choix particulier, parce que les travailleurs étrangers
temporaires, qui relèvent du Québec, sont ceux pour lesquels il y a des
analyses d'impact sur le marché du travail. Donc, point de vue pertinence puis
réponse aux besoins des entrepreneurs, on est pas mal plus sur la cible avec
Travailleurs étrangers temporaires qu'avec
le programme, Programme mobilité internationale, PMI. Or, il est arrivé avec
des contraintes sur les travailleurs étrangers temporaires, mais pas sur
les PMI.
Et
je comprends que des gens dans votre région étaient mécontents, j'en ai
rencontré certains, d'ailleurs, directement dans votre région. Mais essentiellement ils nous demandaient d'être leur
porte-voix pour que le gouvernement fédéral les écoute. Donc, je peux comprendre ça, mais essentiellement ils n'en
avaient pas contre la politique québécoise, mais bien contre la
politique fédérale.
Mme
Bogemans : Puis est-ce que vous pourriez étayer un petit peu quels
seraient les... quelles ont été les représentations qu'on a faites par rapport
à ce dossier-là au fédéral?
La Présidente (Mme
Caron) : ...
M. Roberge : Bien,
j'ai eu plusieurs — en
une minute, vous dites...
La Présidente (Mme
Caron) : Oui.
M. Roberge : ...O.K.,
merci de m'aviser — plusieurs
rencontres avec les ministres fédéraux, là, j'ai eu M. Marc Miller
puis j'ai eu Mme Rachel Bendayan, puis ce qu'on leur a dit, c'était de prendre
garde, on leur a dit de prendre garde aux régions. On leur en a parlé, de
l'enjeu de couvrir très large. Nous, on pense que Montréal et Laval, c'est une chose, par rapport au taux de chômage
puis à la disponibilité de main-d'oeuvre de demandeurs d'asile, mais, avec leur
vision RMR, région du Montréal... RMR... En tout cas, bref, c'est très, très
large, c'est même plus grand que la
CMM, ça se rend jusqu'à Saint-Jean. Il ne faut pas penser qu'à Saint-Jean ils
ont accès au bassin de main-d'oeuvre des demandeurs d'asile qui sont à
Montréal et à Laval. On leur a demandé de réviser ça puis de s'engager avec
nous à apporter des ajustements. Et c'est à ça qu'a fait écho le premier
ministre quand il a dit : Il va falloir protéger les travailleurs
étrangers temporaires pour éviter qu'ils ne soient tous retournés. Donc, il
faut avoir une réduction, mais attention à nos régions, attention à nos
secteurs.
La Présidente (Mme Caron) : Merci.
Alors, le temps est écoulé, le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires
du portefeuille Immigration, Francisation et
Intégration. Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Adoption des crédits
Alors, le
programme 1, intitulé Direction et soutien aux activités du ministère,
est-il adopté?
Des voix :
...
La Présidente (Mme Caron) : Sur
division. Le programme 2, intitulé Immigration, Francisation et
Intégration, est-il adopté?
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Caron) : Sur division.
Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Immigration, Francisation et
Intégration pour l'exercice financier 2025-2026 est-il adopté?
• (16 heures) •
Des voix : ...
La Présidente (Mme Caron) : Sur
division.
Documents déposés
Alors, en terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mercredi 7 mai,
à 11 h 30, où elle entreprendra l'étude du volet Lutte contre
le racisme des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif.
Merci à tout le monde.
(Fin de la séance à 16 h 01)