Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mardi 20 mai 2025
-
Vol. 47 N° 80
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 95, Loi favorisant l’équité dans l’accès aux services de garde éducatifs à l’enfance subventionnés dispensés par les titulaires de permis
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet
de loi n° 95, Loi favorisant l'équité dans l'accès aux services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés dispensés par les titulaires de permis.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Prass (D'Arcy-McGee) est remplacée par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), par Mme Labrie
(Sherbrooke); et M. Bérubé (Matane-Matapédia), par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, messieurs, mesdames, bienvenue à la commission. Ce
matin, nous allons entendre Ma place au travail, mais nous allons également
entendre la Commission de la santé et des services sociaux des Premières
Nations, du Québec et du Labrador, ainsi que l'Association québécoise des
centres de la petite enfance.
Alors, je souhaite la bienvenue à mesdames
Roberge, Peyric et Champagne de Ma place au... Ma place au trésor, vous avez
des petits trésors entre les mains, Ma place au travail. Alors, mesdames, vous
allez avoir une période de 10 minutes pour votre présentation, et, par la
suite, on va discuter avec les parlementaires. Alors, le temps est à vous.
Mme Peyric (Marjorie) : Bonjour
à toutes et à tous. Merci d'accueillir Ma place au travail aujourd'hui. Donc, mon
nom est Marjorie Peyric, je suis coordonnatrice aux communications et aux
projets spéciaux pour Ma place au travail. Je suis accompagnée de ma collègue
Gabrielle Champagne, responsable de la mobilisation, ainsi que d'Audrey-Anne
Roberge, maman et membre du conseil d'administration de Ma place au travail.
Donc, tout d'abord, Ma place au travail, c'est
une organisation à but non lucratif qui défend les droits des parents en
attente d'une place en services de garde éducatifs à l'enfance. Nous sommes
donc ici pour représenter les préoccupations concrètes des familles québécoises
qui vivent les conséquences quotidiennes de la pénurie de places en service de
garde au Québec.
En 2021, le gouvernement du Québec a
annoncé avec force son Grand chantier pour les familles, affirmant haut et fort
son engagement à offrir une place en service de garde éducatif à chaque enfant
québécois. Or, quatre ans plus tard, cet engagement demeure inachevé. Malgré
les annonces, plus de 26 000 enfants sont officiellement en attente d'une
place. Et il y a toutes les familles qui n'ont... qui ont pris une place qui ne
correspond pas à leurs besoins, parce que non subventionnée, parce que la
qualité peut être douteuse, parce qu'ils ne partagent pas les mêmes valeurs,
parce que c'est trop éloigné, etc. Ces enfants ne sont pas pris en compte dans
la fameuse liste d'attente du ministère.
• (9 h 50) •
Au-delà des statistiques, cette pénurie a
des répercussions bien réelles. Elle prive l'économie québécoise des
travailleurs et travailleuses essentiels, elle freine l'égalité des chances dès
la petite enfance, amplifie les inégalités socioéconomiques, alimente la détresse
financière et psychologique des familles, particulièrement des mères, affecte l'égalité
entre les hommes et les femmes et nuit à la vitalité économique et
démographique des régions. Nous saluons la volonté d'agir pour...
Mme Peyric (Marjorie) : …d'équité
et de transparence dans l'accès aux places subventionnées, et d'encadrer les
priorisations, car évidemment, la discrimination n'a pas sa place au Québec.
Cependant, nous souhaitons souligner que
le problème de… de l'accessibilité réside principalement dans le fait qu'il n'y
a pas suffisamment de places disponibles en service de garde pour répondre aux
besoins des parents québécois. À nos yeux, ce projet de loi ne s'attaque pas
aux véritables urgences, à savoir le manque de places accessibles, inclusives
et subventionnées pour tous les enfants, la pénurie de places qualifiées… la
pénurie, pardon, de personnel qualifié et la diminution de la qualité
éducative. Il doit être inscrit dans la loi le droit inconditionnel à une place
subventionnée, inclusive et de qualité dans un service de garde éducatif à
l'enfance pour chaque enfant du Québec. Ainsi, afin que le droit des enfants ne
soit pas affecté par les priorités politiques du moment ou les changements de
gouvernement, ce droit devrait être reconnu au même titre que l'accès à
l'école. Ce n'est pas en retirant ou en modifiant des critères de priorisation
que nous créerons plus de places. Le ministère doit donc prendre les moyens
nécessaires pour développer suffisamment de places subventionnées pour répondre
aux besoins de toutes les familles. Et il doit mettre en place un plan concret
pour convertir les places non subventionnées le plus vite possible et pas à
coup de 1 000 par année.
Le contexte de pénurie impose cependant
d'admettre certains enfants et d'en laisser d'autres de côté. Dans cette
perspective, en attendant que le réseau soit complété et en cohérence avec le
principe d'équité, il est justifié de prioriser les enfants pour qui la
fréquentation d'un service de garde peut avoir un impact particulièrement
bénéfique et protecteur sur leur développement et leur trajectoire de vie. Le
projet de loi n° 95 identifie les enfants vivant en contexte de précarité
socio-économique parmi les groupes prioritaires, ce que nous saluons.
Toutefois, la définition restreinte de cette précarité telle qu'énoncée ne
reflète pas la diversité des formes de vulnérabilités vécues par de nombreuses
familles. Nous pensons notamment aux familles monoparentales.
Il nous apparaît également sensé que les
enfants ayant besoin de soutien particulier figurent parmi les catégories
prioritaires. Mais pour que la priorité mène à une inclusion réelle et pas
seulement symbolique, elle doit être accompagnée d'un financement adéquat dédié
à l'inclusion permettant de couvrir les besoins des milieux en matière de
ressources humaines, d'aménagement physique et de matériel adapté. Il est
également impératif de garantir pour toutes les régions du Québec, un accès
élargi à des professionnels qualifiés qui peuvent agir en soutien direct au milieu
éducatif de manière soutenue et régulière.
Concernant les politiques d'admission,
nous comprenons que les principes d'équité, de transparence et de mixité
sociale motivent le projet de loi n° 95, qui propose une uniformisation
des politiques d'admission dans les services de garde subventionnés en
installation. Nous soutenons pleinement l'objectif de mixité sociale, mais
celle-ci ne doit pas se faire au détriment de la représentativité locale. Tout
comme les écoles de quartier, les services de garde doivent pouvoir refléter la
diversité de la population qui les entoure. Ils doivent aussi rester des lieux
de proximité, de démocratie, où les familles ont un rôle à jouer, notamment
dans les instances de gouvernance.
Maintenant, par rapport au guichet unique,
certaines modalités prévues dans son… dans son fonctionnement, pardon,
soulèvent de sérieuses inquiétudes pour les familles. Par exemple, la catégorie
d'ordonnancement quatre vient directement en contradiction avec le droit des
parents de choisir le service de garde de leur enfant. Un parent qui accepte
une place dans une garderie subventionnée ou un CPE, même si cette installation
n'est pas son premier choix, perdrait toute… perdra toute possibilité d'avoir
une place ailleurs puisqu'elles passeront toujours derrière un enfant qui n'a
pas de place, qui a une place dans une garderie non subventionnée ou qui a une
place dans un milieu familial subventionné ou non. Les parents ne devraient pas
perdre leur rang sur une liste d'attente d'un service de garde s'ils souhaitent
y rester, même s'ils acceptent une place ailleurs. Le système devrait
reconnaître que les besoins évoluent et que les parents devraient toujours
avoir le choix.
Également, toutes les balises influençant
l'attribution des places telles que les critères de priorisation, le nombre des
places priorisées ou encore le nombre de places disponibles doivent être
divulguées de manière à être comprises par toutes les familles, dans un format
clair, simple et multilingue. Pour ce qui est des résultats d'évaluations de la
qualité éducative des services de garde, nous tenons à souligner que pour que
les informations transmises soient réellement transparentes, elles doivent être
compréhensibles. Une note globale sans contexte peut induire en erreur et cette
nuance est cruciale pour orienter le choix des familles
Cconcernant le rang des enfants sur les
listes d'attente, nous comprenons qu'il n'est pas possible de donner un rang
précis pour toutes sortes de raisons. Cependant, le ministère doit s'assurer de
fournir des informations claires sur la position approximative de l'enfant, sur
les facteurs qui peuvent influencer l'ordre d'attribution et sur les raisons
pour lesquelles ce rang pourrait évoluer. Sans ces éléments, les parents
resteront dans le flou et donc inquiets ou insatisfaits.
En conclusion, comme nous l'avons
mentionné, le grand chantier est loin d'avoir tenu ses promesses. Aujourd'hui,
le réseau est inachevé. Il est même en crise. Nous partageons les objectifs de
mixité sociale en petite enfance recherchés par le projet de loi n° 95.
Cependant, le gouvernement ne pourra tenir ses promesses que s'il s'attaque aux
racines profondes de la crise vécue par le réseau. Nous…
Mme Peyric (Marjorie) : ...rappelons
l'équité ne peut exister sans accessibilité réelle. Tant que l'accès aux
réseaux subventionnés restera hypothétique pour des dizaines de milliers de
familles, l'équité restera un principe abstrait. Des enfants et des parents au
parcours marqué par les inégalités sociales et économiques continueront, malgré
des priorités d'admission, d'être privés d'accès aux services de garde. À
travers ces propositions, nous souhaitons contribuer activement aux réflexions
du ministère de la Famille et nous nous tenons prêtes à collaborer avec celui-ci
pour que chaque tout-petit du Québec ait accès à une place dans un service de
garde éducatif de qualité, abordable et inclusif, qui réponde aux besoins des
parents et qui respecte leurs choix.
Avant de terminer, je cède la parole à
Audrey-Anne, une maman de deux jeunes garçons pour qui la recherche des places
fut remplie d'embûches.
Mme Roberge (Audrey-Anne) :
Bonjour à tous. Je m'appelle Audrey-Anne. Je suis maman de deux garçons, mais
aussi enseignante. On le sait que cette profession est tout aussi... qui vit la
pénurie de main-d'oeuvre. Donc, moi, malgré mon désir de retourner au travail,
je n'ai pas pu y aller au moment où je le souhaitais puisque je n'avais pas
accès à un milieu de garde. Malgré de nombreuses recherches, j'ai dû finalement
me tourner par un non-choix vers une place non subventionnée à 55 $ par
jour, il y a de ça déjà quatre ans. Ensuite, je me disais : Super,
maintenant que j'ai une place, mon plus jeune va pouvoir entrer, là, avec la
priorité fratrie, ce qui n'a malheureusement pas été le cas. Donc, j'ai dû
prolonger mon congé sans solde pendant trois mois supplémentaires et retourner
au travail à temps partiel parce que je souhaitais quand même retrouver ma
classe. Mais je savais que je n'aurais pas de place avant la fin du mois
d'octobre, même ça s'est étiré, là, jusqu'au mois de novembre. Parce que les
poupons, ils ne grandissent pas tous au mois de septembre, hein, donc, il a
fallu attendre que les poupons changent de groupe pour finalement avoir notre
place.
Donc on se retrouvait avec deux enfants
avec des tarifs de 55 $ par jour, et ce, malgré le retour anticipé, on se
retrouvait à payer un supplément de 20 $ par jour. Puis, au fil de
l'année, ça nous remontait à 5 300 $ supplémentaires qu'une autre famille
qui aurait accès à une place subventionnée n'aurait pas eu à se poser la
question : Qu'est-ce qu'on va faire avec 5 300 $ de moins cette
année? Je trouve ça injuste pour les familles. On paie nos impôts comme tout le
monde. Alors, je comprends le désir de laisser la chance à plus de gens, mais
tant qu'il n'y aura pas une place pour chaque enfant, le projet de loi, là, il
ne donnera pas plus de places puis il ne donnera pas plus d'options aux
familles. Donc, il va y avoir des milliers de familles qui vont s'endetter et
qui vont devoir prendre des congés sans solde et qui vont devoir se serrer la
ceinture, ce qui est très difficile en contexte inflationniste, comme on le vit
en ce moment.
En lisant ce projet de loi, je suis un peu
déçue de ne pas voir que le gouvernement mette en place des moyens pour garder
le personnel qualifié. Parce qu'on aura beau créer des places, s'il n'y a pas
des gens qui sont qualifiés pour y travailler, on ne pourra pas ouvrir les
groupes. Et puis aussi bien pour convertir les places non subventionnées en
places subventionnées. Donc, je terminerais en disant que, si on prend vraiment
la pénurie au sérieux, on va écouter les familles puis on va faire tout ce
qu'on peut pour permettre que chaque enfant ait une place en garderie, puis ça,
ça passe par une loi comme le droit à l'école pour que tous les enfants aient
accès à une place. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mesdames, merci beaucoup pour cette présentation. Alors, on
va commencer la période d'échange avec les parlementaires. On va commencer avec
le gouvernement et sa responsable des services de garde. Mme la ministre de la
Famille, vous avez une période de 16 min 30 s avec votre
banquette.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, merci beaucoup, mesdames, d'abord, pour
le mémoire très étoffé que vous nous avez remis pour votre présentation ce
matin. Alors donc, plusieurs éléments. Je suis pleinement d'accord avec vous
puisque, tous les jours, ma principale préoccupation est effectivement de
s'assurer de créer des places. D'ailleurs, ça me rappelait, quand je suis
arrivée il y a trois ans, j'inaugurais des places de 2013, qui avaient pris
10 ans à se réaliser. Alors, aujourd'hui, j'en inaugure encore presque
toutes les semaines, j'inaugure des places qui ont été octroyées en 2021 à
2022. On a diminué de beaucoup le temps, mais, effectivement, ça prend un
certain temps de, d'abord, octroyer les places, construire le CPE, mais ça
donne des résultats.
• (10 heures) •
Et, Mme Audrey-Anne, quand je vous
entendais avec votre témoignage, effectivement il y a quatre ans, il y a bien
des choses qui ont changé depuis quatre ans. Tout n'est pas parfait, je vous
l'accorde, on a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire. Mais, depuis quatre
ans, bien, c'est 30 000 places nouvelles de plus disponibles pour les
familles. C'est une augmentation importante du crédit pour aider justement les
parents qui...
10 h (version non révisée)
Mme Roy (Verchères) : ...doivent
faire le choix d'aller dans une garderie privée faute de place subventionnée. C'est
10 000 places de plus converties. Non, ce n'est pas assez. Il y a encore du
chemin à faire, je vous l'accorde, sans contredit. Et, pour ce qui est des
places qui sont ouvertes, le taux d'occupation est de 97 % dans les CPE.
Donc, il y a plusieurs éléments à l'intérieur de votre témoignage que je
comprends, plusieurs parents l'ont vécu, mais il y a quand même des choses qui
ont énormément évolué depuis ces quatre années là.
J'aurais voulu vous entendre, parce que j'ai
été un petit peu saisie à la lecture de votre mémoire ce matin, quand vous
parlez des besoins d'enfants à soutien particulier simplement symbolique. Moi,
je pense que c'est loin d'être simplement symbolique, ça fait partie même de l'ADN
des services de garde éducatifs à l'enfance. On a eu une augmentation majeure
au niveau des enfants, on est passé de 9 000 enfants à 13 700 enfants. Une
augmentation de 38 %, mais les sommes, elles, ont augmenté de 78 %.
Pour les mesures exceptionnelles de soutien, on est passé de 404 enfants à 1
800 enfants. Alors, je voudrais un peu comprendre quelle est votre perception
face à ça. Parce que le travail se fait et se fait sur le terrain, bien sûr, d'abord,
par les services de garde éducatifs à l'enfant et soutenu financièrement par le
gouvernement. Dans le cas des mesures exceptionnelles de soutien, on parle d'une
augmentation de 651 % dans les six dernières années.
Alors, j'aimerais ça un peu mieux
comprendre votre position là-dessus. La recommandation en soi est claire, mais
c'est un peu votre préambule à la recommandation qui me questionnait sur le
symbolisme de l'aide aux enfants à besoins particuliers.
Mme Champagne (Gabrielle) : Oui.
En fait, on ne veut pas dire qu'en ce moment ce qui se fait est simplement
symbolique, mais on parle du présent projet de loi. Nous, ce qu'on entend un
peu du terrain, c'est : Est-ce que le projet de loi, en tant que tel, n'est
pas en lui-même une espèce de rendez-vous manqué pour encore davantage
favoriser l'accès des enfants à besoin... de soutien particulier au réseau? En
fait, ce qu'on entend aussi du terrain, c'est que, bon, oui, on salue la
volonté de vouloir les prioriser, quoique, si on a bien compris le projet de
loi, leur priorisation, là, reste quand même facultative selon les milieux.
Mais, pour nous, le point central, c'est que, si on veut encore davantage les
favoriser ou améliorer leur accès... Nous, ce qu'on entend, c'est que les gestionnaires
trouvent encore qu'ils ont les ressources insuffisantes, le personnel trouve
encore qu'il n'est pas suffisamment formé pour accueillir. Nous, c'est sur qu'on
est principalement en contact avec les témoignages, avec la détresse des
parents. Ce qu'on entend des parents, c'est encore des difficultés d'accès :
On se fait fermer des portes parce qu'à cause des besoins particuliers de nos
enfants.
Donc, nous, c'est en fait un gros
questionnement qu'on se demande. Est-ce que, si on n'augmente pas, si on n'améliore
pas encore suffisamment les mesures de soutien à l'inclusion... Et ça, ça
inclut toutes sortes de choses. Oui, c'est du financement, mais, oui, c'est
aussi de l'accès à des professionnels, c'est l'adaptation des locaux, c'est de
la formation pour faire en sorte que les visions normatives évoluent, c'est que
les éducatrices et les gestionnaires puissent se dégager du temps pour avoir...
pour pouvoir faire de la planification, pour avoir des échanges, c'est de
favoriser la mise en place de collaborations intersectorielles pour que
différents réseaux se coresponsabilisent pour prendre en charge la petite
enfance et que les équipes éducatives et principalement les éducatrices, qui
sont vraiment au centre du contact avec les enfants, puissent se sentir
soutenues et suffisamment formées. Donc, est-ce que le projet de loi va
vraiment amener un changement si on n'améliore pas encore plus ces mesures-là?
C'est le questionnement qu'on a, en fait.
Mme Roy (Verchères) : Bien,
merci. Effectivement, vous éclairez, vraiment, ma lanterne sur ce que vous
vouliez dire spécifiquement. D'ailleurs, il y a des recommandations extrêmement
intéressantes dans ce que vous venez de dire auxquelles on va travailler. Ça ne
fait pas partie du projet de loi, mais ça fait partie du normatif, de l'administratif,
des réformes qui vont continuer à se faire pour se donner de meilleurs outils.
Alors, toutes les suggestions que vous allez donner, je pense, en soi, sont
vraiment intéressantes à ce niveau-là, et on doit continuer de...
Mme Roy (Verchères) : ...et,
dans ce sens-là, je suis totalement d'accord avec vous à ce niveau-là.
J'aimerais un peu vous entendre aussi,
parce que vous l'avez mentionné dans votre présentation, sur le cas des refus.
Un des éléments qui nous questionnaient, c'est cette possibilité de refuser.
Donc, dans le projet de loi, on amène, justement, cette obligation de nous
tenir informés, d'informer le parent du pourquoi, pour, justement, pouvoir
s'assurer qu'on ne tente pas de faire de la sélection ou d'exclure certains
enfants qui pourraient avoir des besoins particuliers, par exemple, sans qu'on
mentionne que c'est pour ça. Alors, en suivant les refus, ce projet de loi là
nous amène des éléments supplémentaires. J'aimerais ça un peu vous entendre sur
cette mesure-là. Est-elle suffisante, justement, pour s'assurer un suivi face à
des refus de certains services de garde éducatifs à l'enfance?
Mme Champagne (Gabrielle) : Marjorie,
est-ce que je peux te laisser répondre?
Mme Peyric (Marjorie) : Oui,
bien, dans le fond, nous, on salue le fait que, maintenant, les services de
garde vont devoir justifier leur refus. Évidemment, ce qu'on veut, c'est qu'il
n'y ait pas de discrimination, qu'il n'y ait pas de service de garde qui automatiquement,
refuse des enfants, là, basé sur différentes... différents critères. Ce qu'on
aimerait s'assurer, c'est qu'après ça... Des fois, c'est circonstanciel qu'il y
ait un refus. Un service de garde pourrait refuser un enfant parce que,
présentement, il n'aurait pas les ressources, il n'aurait pas les aménagements
nécessaires. Mais ça ne veut pas dire que le service de garde ne pourrait pas
accepter cet enfant-là plus tard.
Ça fait que nous, ce qu'on questionne un
petit peu c'est pourquoi est-ce que, si un service de garde refuse... un
enfant, pour X raison, pourquoi cet enfant-là disparaît de leur liste
d'attente? Parce que, dans certaines régions notamment, disparaître de la liste
d'attente d'un service de garde, ça réduit beaucoup, beaucoup les choix. Donc,
nous, c'est ce point-là, là, qu'on veut... qu'on veut s'assurer là. C'est que,
même si l'enfant est refusé, il peut quand même rester sur la liste d'attente,
pour qu'à un autre moment donné, si jamais l'occasion se présente pour le
service de garde, de pouvoir l'accepter, bien, à ce moment-là, ça pourra se
faire.
Mme Roy (Verchères) : Peut-être
juste une spécification face au projet de loi. S'il est refusé, par exemple,
par un service de garde, là, qu'il le notifie puis qui nous explique le
pourquoi du comment, nous, on trouvait que c'était intéressant, parce qu'on
veut s'assurer qu'on ne discrimine pas ces enfants-là, mais il ne perd pas sa
place. Alors, c'est, si le... c'est, si le parent refuse les offres qui lui
sont faites... puis je pense que c'est au deuxième refus, de mémoire, là, on
peut le vérifier... que là, il perd sa place. Mais il ne perd pas sa place s'il
est refusé, il reste sur la place. Puis nous, on veut vraiment monitorer pour
s'assurer, justement, qu'il n'y aura pas ce genre d'élément là où ils n'auront
plus de place, puis ils n'auront plus de possibilité, et qu'on ne fera pas de
la discrimination envers ces enfants-là. Alors, c'était plutôt dans cette
optique-là qu'on l'envisageait alors, et non pas de faire perdre sa place, donc
dans le même sens que vous, finalement, où on trouvait que c'était vraiment
l'approche à avoir.
Un autre élément, au niveau des familles
puis des parents. Beaucoup, beaucoup de parents... Et d'ailleurs le
vérificateur du Québec, dans son rapport, en 2020, nous signifiait à quel point
d'avoir une multiplication des définitions, des critères de priorisation, ça
amenait des barrières pour les familles, et ça ne permettait pas, justement,
une chance égale, à chaque famille, de pouvoir s'inscrire sur la liste et avoir
accès. Vous avez raison, le projet de loi n° 95 ne créera pas de places,
clairement. Ça, on le fait, mais on ne le fait pas dans le projet de loi. On
continue à le faire sur le terrain, la création des places. Mais on veut s'assurer,
par contre, qu'il y ait une équité dans l'attribution des places.
Et le Vérificateur général, en 2020, dans
son rapport, nous mentionnait que 10 % des CPE avaient entre 8 et 11
critères d'admission pour choisir les enfants, ce qu'il considérait qui éliminait
effectivement, d'emblée, plusieurs familles, dont plusieurs familles qui
veulent retourner sur le marché du travail, comme le témoignage qu'on a
entendu. Puis, effectivement, on veut que les... qu'on puisse retourner
rapidement sur le marché du travail. C'est vraiment notre souhait le plus
sincère. Alors, je voulais entendre un peu vos suggestions à ce niveau-là.
• (10 h 10) •
Mme Champagne (Gabrielle) : Bien,
en fait, pour nous, c'est tout à fait correct que le gouvernement tente
d'encourager l'équité, la transparence et veuille encadrer, d'une certaine
façon, les différentes politiques d'admission. Là, je ne sais pas si je vais
bien répondre à votre question, mais nous, en revanche, le questionnement qu'on
avait ou la crainte qu'on avait c'est que c'est un peu la crainte d'une...
Mme Champagne (Gabrielle) : …grande
centralisation qui ferait perdre un petit peu l'agilité ou la capacité d'action
des différents services de garde pour vraiment s'adapter à la population qu'ils
desservent. Donc pour nous, notre vision, le palier où on peut avoir justement
la plus grande agilité et où on peut être le plus connecté et le mieux répondre
aux besoins des… de la population qu'on dessert, c'est le palier local. Et en
ce sens, comme je pense d'autres… d'autres l'ont suggéré avant nous, on appuie
vraiment une vision d'approche de proximité, d'approche communautaire,
d'approche locale, où les services de garde éducatifs à l'enfance deviennent
vraiment des acteurs territoriales connectés aux familles qu'ils desservent.
Et en ce sens, notre questionnement
est : si on leur enlève toute marge de manœuvre avec… marge de manœuvre
avec lequel des services de garde, dont beaucoup de CPE se sont, disons,
construits ou bâtis vraiment en concordance avec les besoins de leur milieu. On
se demande si on ne va pas un petit peu perdre au change. Donc, bon, le
parallèle est peut-être un peu boiteux, mais ça me faisait penser un peu aux
CLSC qui au départ étaient supposés être très ancrés dans leur territoire, qui
sont finalement un peu passés à côté de leur mission. On se demande s'il n'y a
pas un certain risque quelque part, d'entrainer le même phénomène avec nos
services de garde avec une trop grande rigidité et Centralisation des critères,
quoiqu'on est tout à fait d'accord quand même avec les principes qui
sous-tendent, là, le présent projet de loi. Donc, c'est… c'est vraiment une
piste de réflexion qu'on suggère au ministère.
Mme Roy (Verchères) : Oui,
merci, oui, vous avez très, très bien répondu à ma question. Effectivement,
puis c'est un souci qu'on avait dans l'équilibre, hein, parce qu'actuellement
ce qu'on entendait des familles, particulièrement dans les milieux très
urbanisés… alors, ils me disaient : je reste l'autre bord du boulevard,
puis je ne peux pas avoir accès au CPE, l'autre bord de la rue parce que je
n'ai pas le bon code postal. Alors on essaie de trouver justement un équilibre
pour que ces barrières-là à l'entrée pour les familles soient les moins
nombreuses possibles. Je comprends tout le phénomène de la proximité, pourquoi,
d'ailleurs, on a laissé dans le projet de loi, au niveau des municipalités
comme un des critères. Peut-être qu'on peut le raffiner dans le travail,
article par article, à ce niveau-là, pour s'assurer justement qu'on maintient
ce dont vous parlez, c'est-à-dire un équilibre, je pense, qui peut être
intéressant, mais, évidemment, on ne souhaite plus que tu ne peux pas aller au
CPE l'autre bord de la rue parce que tu n'as pas le bon code postal, là, ça n'a
pas de bon sens, ça. Les parents faisaient le tour de leur quartier, puis ils
n'étaient pas admissibles parce qu'il y avait 10 critères auxquels ils ne
répondaient pas dans un, ils n'étaient pas au bon endroit parce qu'ils ne
répondaient pas dans l'autre. Alors ces parents-là, pour le même nombre de
places, il n'y avait même pas espoir de pouvoir avoir une place. Parce que
quand ils faisaient le tour, il y a 2000 politiques d'admission au Québec,
là, 250 définitions des critères. Alors, le parent ne s'y retrouvait plus,
là, et il y a longtemps. D'ailleurs, je parle beaucoup du rapport du
vérificateur de 2020. Bien, il y a longtemps qu'effectivement on a constaté
cette situation.
Mais le guichet, je ne vous ai pas entendus
non plus là-dessus, le guichet va nous apporter, je pense, avec la loi, le
règlement, des possibilités de s'assurer de mieux répondre aux besoins des
familles, mais surtout d'enlever des barrières, mais il ne créera pas de
places, je vous l'accorde. Mais vous pouvez nous faire confiance. On va
continuer d'en créer parce que c'est important pour nous.
Mme Peyric (Marjorie) :
J'aimerais juste rajouter une précision, là. Après, concernant les critères de…
les listes, voyons, les critères qui étaient mis en place jusqu'à présent, on
est entièrement d'accord. Et également avec le fait qu'il y a des critères qui
n'ont pas leur place, il y a des critères de discrimination basés sur la
religion ou l'appartenance ethnique, tout ça, c'est… Évidemment, c'est évidemment
normal, là qu'on n'ait plus ces critères-là. Vous avez… vous avez mentionné, là
par rapport à la municipalité, c'est sûr que c'est complètement illogique qu'un
parent ne puisse pas utiliser un service de garde qui est de l'autre côté de la
rue parce qu'il n'est pas dans le bon code postal. On a toutefois une petite
crainte par rapport à la municipalité, que ce soit un peu trop large, à vouloir
comme faire trop… à vouloir trop élargir, on a comme peur que ce soit un petit
peu trop large dans le sens que, bon, dans certaines municipalités… moi, je
suis en Gaspésie, c'est sûr, ma municipalité n'est pas très grande, mais dans
certains endroits, bien, municipalité, ça peut être un petit peu large. Et ce
qu'on a peur, c'est que justement on se retrouve un peu avec la même situation
qu'un enfant qui a un CPE, par exemple pour nommer les… un CPE, mais qui a un
service de garde qui est juste à côté, qui ne pourrait pas y avoir…
Mme Peyric (Marjorie) : ...y
avoir accès parce que, finalement, c'est d'autres enfants qui habitent plus
loin qui ont des places dans... qui vont avoir les places dans cet endroit-là
et que lui va devoir aller plus loin. Ça fait qu'il y a un juste milieu à aller
trouver. Évidemment, les codes postaux dans les grandes villes, ça peut être
limitant, mais on a peur que, quand on réduit seulement à la municipalité, ça
soit un peu trop large. Juste une petite précision que je voulais ajouter.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Merci, Mme la ministre. Alors, c'est ce qui
met un terme à la période accordée au gouvernement. Je me tourne du côté de
l'opposition officielle avec la députée de Westmount Saint-Louis pour une
période de neuf minutes 54 secondes.
Mme Maccarone : Merci.
Bonjour, mesdames. Merci de votre présence, votre témoignage ainsi que votre
mémoire. Moi, je souhaite savoir : Est-ce que ce projet de loi va changer
quelque chose pour les parents?
Mme Roberge (Audrey-Anne) : Personnellement,
je ne vois pas en quoi ça peut changer les choses. J'ai appelé dans un CPE,
justement, près de chez moi... Puis j'ai un deuxième enfant, hein, donc je suis
encore là-dedans, là. Tu sais, on disait il y a quatre ans, mais je le vis
encore au quotidien avec mon plus jeune. Et j'ai appelé, c'est ça, la
directrice de CPE, je ne sais pas, pour le fun en disant : Est-ce que t'as
une idée d'à quel moment, tu sais, je pourrais me retrouver une place? Parce
qu'en ce moment, on se rappelle, je suis en non subventionné et ça coûte très
cher, là, annuellement. Elle me disait : Ça fait cinq ans qu'il n'y a pas
de nouvelles familles qui sont entrées parce que les enfants d'éducatrices et
la priorité fratrie. Juste ces deux critères là, là, font en sorte qu'il n'y a
pas de nouvelles familles qui peuvent rentrer. Donc, je n'ai rien contre ça, je
suis tout à fait d'accord, mais, tant qu'il n'y aura pas de nouvelles places,
on aura beau enlever tous les critères qu'on voudra, on n'en a pas plus, de
places, on ne rentrera pas plus dans des milieux de garde tant qu'il n'y aura
pas suffisamment de place, tout simplement parce que... c'est normal, qu'il
faut valoriser, tu sais, les éducatrices et les laisser au travail, qu'ils
soient là. Donc, leurs enfants plus les fratries, c'est très, très, très long
avant qu'on puisse peut-être espérer obtenir une place, là.
Mme Maccarone : Merci. Je
note dans votre mémoire la recommandation trois. Vous parlez d'un plan concret
pour la conversion. C'est sur, c'est quelque chose dont nous n'en parlons pas
dans ce projet de loi. Alors, est-ce que vous proposez un amendement au projet
de loi? Étant donné que c'était une promesse du gouvernement de compléter le
réseau avec la conversion, est-ce que nous avons l'enchâsser dans la loi?
Mme Peyric (Marjorie) : Nous,
ce qu'on demande, c'est que le droit à une place subventionnée soit inscrit
dans la loi au même titre que, les enfants, c'est inscrit dans la loi, qu'ils
ont une place dans une école. Donc, évidemment, d'ajouter «à une place
subventionnée», ça obligerait, en quelque sorte, le gouvernement à mettre en
place les efforts pour pouvoir avoir suffisamment de places d'un côté,
évidemment des places de qualité, mais aussi des places subventionnées et donc
de convertir les places qui sont non subventionnées. Pour nous, c'est important,
que ce soit inscrit dans la loi, parce que, présentement, c'est inscrit, mais
ça dépend des ressources qui sont... que le gouvernement décide d'attribuer.
Donc, c'est... évidemment, ça dépend des priorités politiques et des
changements de gouvernement. Puis, à chaque fois, bien, on retourne en arrière,
puis ça n'avance pas nécessairement au rythme qu'on le souhaiterait. On le
voit, là, ce qui s'est passé. Évidemment, il y a eu des conversions depuis
2021, mais, par rapport aux 56 000 qui étaient promises, on est encore très
loin du résultat. L'année passée, c'était 1 000. Cette année, c'est encore 1
000. Donc, évidemment, à ce rythme-là, on est encore loin de la réelle équité
pour les familles.
Mme Maccarone : Vous le savez
sans doute, que nous avons déposé un projet de loi à cet effet pour avoir un
accès universel, puis on a déposé plusieurs amendements à chaque fois qu'on a
la chance d'en débattre avec des projets de loi en lien avec le service de
garde éducatif à l'enfance. Alors, on va en déposer encore, on va continuer à
mener cette bataille parce qu'on est d'accord avec vous. Est-ce que vous savez,
est-ce que le gouvernement vous a donné une raison pour laquelle on n'a pas pu
compléter la conversion du réseau?
Mme Peyric (Marjorie) : Eh bien,
ce qu'on entend, c'est que c'est les moyens financiers qui ne le permettent
pas. C'est pourtant une promesse qui avait été faite, et, quand le ministre, à
l'époque, avait été questionné, pour lui, c'était évident, que c'est... ça
allait être tenu. Puis, bon, là, à chaque fois que Mme la ministre est
questionnée par rapport à ça, c'est toujours très flou, mais c'est sûr que
c'est lié aux moyens financiers qui sont accordés au ministère de la Famille.
• (10 h 20) •
Mme Maccarone : Juste un
petit rappel, en 2019, le gouvernement a quand même reçu 7 milliards du
gouvernement fédéral et, juste dernièrement, un autre 10 milliards. Ça
fait qu'on ne peut pas dire que l'argent n'est pas là, même en 2022. L'annonce
de l'ancien ministre de la Famille...
Mme Maccarone : ...qui était
accompagné de la vice-première ministre, il a dit qu'on a de l'argent pour
compléter le réseau. C'est vrai, c'est très coûteux, ça coûte des milliards de
dollars par année, mais ils ont fait la promesse parce qu'ils savaient très
bien qu'on avait cet argent. Alors, c'est des milliards qu'on comprend qu'ils
sont maintenant dans le fonds consolidé ou bien de l'argent qui a été quand
même dépensé sur les LA Kings qu'on aurait pu utiliser pour convertir le
réseau. Bref, je partage vos préoccupations.
Moi, je voulais savoir aussi... Vous avez
évoqué dans votre témoignage la définition de précarité, ça fait partie aussi
de vos recommandations. Que souhaitez-vous qu'on ajoute? Vous avez évoqué, je
pense, la monoparentalité, etc., mais qu'est-ce qu'il nous manque aussi pour
avoir un portrait global de cette priorisation puis la définition?
Mme Champagne (Gabrielle) : Bien,
je pense qu'il faut avoir une réflexion sur la diversité et la complexité des
situations de vulnérabilité et de précarité que les familles au Québec peuvent
vivre. Comme beaucoup l'ont nommé, oui, il y a l'aspect économique, mais il y a
l'aspect social, donc il y a... il y a cet aspect-là à tenir en compte.
Nous, dans notre mémoire, bon, bien sûr,
on nommait l'exemple des familles immigrantes. Bon, c'est un sujet qui est
parfois... qui est parfois délicat, mais c'est parmi, disons, les familles, on
sait, qui sont les plus vulnérables à leur arrivée ici. Et on a mis un certain
accent aussi sur les familles monoparentales, puisque, dans une étude qu'on a
faite récemment, nous, on a vraiment des données quantitatives frappantes à ce
niveau-là, au niveau de l'endettement, au niveau de la perte de revenus pour
ces familles-là. Il faut vraiment voir cette réalité-là en face, là. Quand on
est un parent à subvenir à nos besoins et aux besoins de notre enfant et qu'on
ne... on se retrouve sans aucun revenu, c'est catastrophique. Donc...
On en discutait avec Audrey-Anne
récemment. Il y a une maman qui a contacté l'organisme l'an passé, elle a été
obligée de vendre ses biens pour être capable de faire une demande d'aide
sociale, pour finalement être capable d'avoir un revenu. Donc, voilà, ça donne
lieu à des situations où, c'est ça, le glissement vers la précarité, voire la
pauvreté est vraiment facile.
Donc, c'est pour ça que nous, dans notre
mémoire, on a mis l'accent là-dessus, surtout qu'on a les chiffres à l'appui,
selon une étude qu'on a menée avec la firme Mallette. Mais je pense qu'avec
des... avec différents acteurs, il y aurait une réflexion sur, justement, le
côté social puis la... une réflexion à faire sur la pluralité des situations de
vulnérabilité, qui aurait avantage à être incluse, parce que, bon, là, on est
en contexte de pénurie, on peut dire qu'il y a des gagnants et il y a beaucoup
de perdants à l'accès aux garderies. Je pense que le grand chantier le nommait,
on veut favoriser certains enfants, mais là on va recréer une hiérarchie, on
va... on va encore se retrouver avec des gagnants et des perdants. Donc, est-ce
qu'on peut essayer de maximiser les chances qu'au moins ceux qu'on veut
favoriser, par principe d'équité, puissent le plus possible massivement avoir
accès à une place?
Mme Maccarone : Est-ce que ça
veut dire que vous, vous serez d'accord aussi avec une extension du Régime
québécois d'assurance parentale, le RQAP, pour des parents qui se retrouvent
sans place en service de garde pour une période de six mois, pas pour tout le
monde, mais uniquement pour ces parents, surtout pour les femmes? Vous l'avez
évoqué, il y a un impact en termes d'égalité hommes-femmes, il y a un impact
économique pour la province. Alors, est-ce que vous serez d'accord avec cette
extension, surtout qu'on sait aussi qu'il y a un surplus dans le RQAP? Alors, je
souhaite vous entendre là-dessus.
Mme Champagne (Gabrielle) : Oui.
Bien, c'est un élément qui se retrouve dans nos revendications principales
depuis déjà quelques années. Bon, ça pourrait prendre différentes formes, mais
ça prend une aide d'urgence pour les parents, particulièrement les mères, qui
n'ont plus accès au RQAP, qui se retrouvent sans revenu. Je donnais une idée,
là, pour les mères monoparentales, des impacts que ça peut avoir, mais pour
tout le monde, ça crée des impacts vraiment qui sont inacceptables.
Le RQAP est un système déjà en place. On
n'aurait pas à tout repartir de zéro. On a su qu'il y avait probablement
certains surplus au sein de ce programme-là. Donc, oui, nous, c'est une
initiative qu'on appuierait, bien sûr.
Mme Maccarone : Vous évoquez
beaucoup de recommandations en lien avec le guichet. Est-ce que vous avez
été...
Mme Maccarone : ...en ce qui
concerne le nouveau guichet.
Mme Peyric (Marjorie) : Bien,
nous avons... nous avions, au moment, là, du... des dernières consultations
publiques, là, pour le projet de loi n° 1, nous avions été en commission
parlementaire, donc nous avions émis un mémoire à ce sujet là. Après ça, pas à
ma connaissance, là, nous n'avons pas été consultés.
Mme Maccarone : Il ne reste
plus de temps, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Trois, deux secondes.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup, mesdames. Ça a été un plaisir d'échanger avec vous.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Voilà. Merci beaucoup.Alors, on poursuit la discussion avec la députée
de Sherbrooke et représentant la deuxième... représentante de la deuxième
opposition, pour 3 min 18 s.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais ça vous amener sur l'article qui vient prévoir, là...
c'est l'article 10, qui vient plafonner à 50 %, là, le nombre de
places qui pourraient être réservées, par exemple dans le cadre d'ententes
qu'on voit dans des milieux d'enseignement, des milieux de travail. Est-ce que
vous avez une opinion là-dessus?
Mme Peyric (Marjorie) : Je
peux peut-être commencer, peut-être que, Gabriel, tu pourras compléter. Nous,
ce qu'on souligne dans le mémoire, c'est que les installations, les CPE
devraient être vraiment ancrés dans leur localité. Il y a des installations qui
ont été créées dans certains contextes, notamment dans des milieux
d'enseignement, dans des hôpitaux, dans certaines zones industrielles par
exemple, et qui ont été vraiment créées pour ces besoins-là. Donc, on trouve
que peut-être ça pourrait nuire à ces installations-là de devoir limiter à
50 % le nombre d'enfants qui correspondrait, là, à cette entente. Ça fait
qu'il y a un équilibre à avoir, mais, dans certains cas, on a un peu peur que,
justement, on vienne... bien, on vienne, au final, faire fermer certaines
installations, parce que c'est des installations qui sont dans une zone
industrielle, puis qu'il n'y a pas de parents autour, et que cette
installation-là a été créée pour répondre aux besoins des travailleurs qui
venaient travailler dans ce secteur-là, et que là, en limitant à 50 %,
mais il faille aller chercher des parents plus loin, et que ces parents-là
n'auraient pas nécessairement intérêt à venir dans ce secteur-là, et que ça
crée du mouvement, par exemple, parce que si des parents vont prendre une place
à cet endroit-là, ça va peut-être être juste une place transitoire en attendant
d'avoir une place ailleurs, et que ça créé des problèmes, là, pour les
installations. Mais je laisserais peut-être compléter, là, avec... C'est plus
toi qui étais responsable de cette section-là.
Mme Champagne (Gabrielle) : On
n'a pas pris, je pense, de position claire et rigide à ce niveau-là, c'est ça,
parce qu'il y a différents aspects à tenir en compte. Évidemment, le 50 %,
je pense, répond au besoin de favoriser la mixité sociale. Donc, des fois, des
milieux qui se spécialisent trop peuvent réduire ça. En même temps, il y a des
milieux dont c'est la mission sociale d'inclure une certaine clientèle entre
guillemets ou une certaine population. Donc, est-ce que le 50 % peut
aussi, disons, nuire ou... à ces missions sociales là aussi? Donc, il y a
plusieurs aspects à tenir en compte puis on... et je pense que notre expertise
ne nous permet peut-être pas d'avoir une position précise et rigide à ce
niveau-là.
Mme Labrie : Effectivement,
c'est ça, j'avais constaté que, dans votre mémoire, il n'y avait pas de
recommandations spécifiques là-dessus, mais... Ça fait que j'entends que vous
vous posez des questions puis vous avez des craintes quand même sur la
pérennité des installations concernées par des ententes comme celle-là, de
priorisation, par exemple de personnel, d'un employeur en particulier ou d'un
établissement d'enseignement puis sur le fait que ça nuirait à leur mission
quand même. Est-ce que, pour les parents, vous y voyez un intérêt?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Malheureusement, le temps est écoulé. Les
3 min 18 s sont écoulées. Merci beaucoup. On va terminer cette
ronde d'échange avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour un 3 min 18 s.
• (10 h 30) •
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mesdames, pour la présentation de votre mémoire qui compte
plus d'une trentaine de pages, beaucoup de travail. Vous insistez à juste titre
sur la question de la pénurie des places sur le chantier des familles et les
engagements du gouvernement qui n'ont pas été remplis, vous y faites référence
abondamment, tout comme la question de la qualité des services, les éducatrices
également, là, qui doivent être qualifiées. Vous parlez moins...
10 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...du
contenu du projet de loi. J'ai un peu le goût de vous poser la question à
savoir si vous avez... Est-ce qu'il faut en conclure que ce projet de loi là, sa
pertinence est toute relative, si on regarde les principaux enjeux actuellement
pour vous et les gens que vous représentez?
Mme Peyric (Marjorie) : Bien
nous, c'est sûr que c'est la... La position principale de notre mémoire, c'est
qu'ultimement tant qu'il n'y aura pas suffisamment de place pour tous les
enfants, on va passer à côté de l'objectif de l'équité et de l'accessibilité.
Donc, c'est certain qu'on trouve qu'on passe un petit peu à côté, là, du
problème et qu'on devrait mettre plus d'énergie sur la création de places que
sur certains petits détails techniques. Évidemment, donc, il faut quand même...
Oui?
M. Arseneau : Oui, mais
en fait, là, les détails techniques, là, les enjeux, par exemple, d'équité, ou
de discrimination, ou de mixité sociale, j'imagine que vous reconnaissez comme
nous, que c'est important de les aborder, mais j'aimerais vous entendre. Est-ce
que vous pensez qu'on pourrait les régler autrement que par le dépôt d'un
projet de loi comme celui-ci?
Mme Peyric (Marjorie) :
Bien, c'est une bonne question. C'est sûr que nous, on n'est pas expertes en
tout ce qui est loi et tout ça. Ça fait qu'est-ce qu'un projet de loi ou un
autre moyen, là, serait plus... plus pertinent, là, pour répondre au problème
si... C'est peut-être un petit peu poussé pour notre expertise à nous. C'est
sûr que nous, ce qu'on veut, c'est que ça soit inscrit dans la loi, qu'il y ait
une place pour chaque enfant. Mais après ça, au-delà de ça, notre expertise en
loi et au-delà est limitée.
M. Arseneau : Mais compte
tenu de votre expertise en attente de places qui se libèrent ou qui soient disponibles,
j'aimerais vous poser ma dernière question sur le guichet à la Place zéro cinq
ans. Vous jugez qu'il faut réformer ça, mais vous avez des craintes. Pouvez-vous
nous les résumer?
Mme Peyric (Marjorie) :
Bien, ce qu'on veut, c'est que les informations qui sont sur le guichet soient
claires pour tous les parents, que ce soit... et particulièrement des parents
en contexte de vulnérabilité, des parents qui ne vont peut-être pas bien parler
le français ou des parents qui seront peut-être moins à l'aise avec les outils
numériques. Donc, on veut vraiment qu'il y ait un effort qui soit mis pour que
toutes les informations qui sont sur le guichet soient vraiment claires,
accessibles pour tout le monde et soient bien expliquées.
M. Arseneau : D'accord. Je
pense que je n'ai plus de temps.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Neuf secondes.
M. Arseneau : Merci
beaucoup. Au plaisir.
Mme Peyric (Marjorie) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, merci beaucoup, M. le député. Mesdames, ce fut un
plaisir de vous entendre. L'échange était... étant fructueux. Merci pour votre
apport à nos travaux. Et je suspends quelques instants, le temps de recevoir le
prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 34)
(Reprise à 10 h 36)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, pour la...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : …le prochain groupe, nous allons recevoir la Commission de
la santé et des services sociaux des Premières Nations, du Québec et du
Labrador. Messieurs, mesdames… madame, bienvenue à la commission. Alors, vous
allez avoir une période de 10 minutes pour présenter votre argumentaire,
votre mémoire. Et je vais… je vais vous demander également de vous présenter.
Par la suite, nous allons discuter avec les parlementaires. Alors, le temps est
à vous.
M. Lacasse (Patrice) : Merci
beaucoup. Bonjour à tous, présidente, Mme la ministre et députés. Patrice
Lacasse, j'occupe le poste de gestionnaire des services à la petite enfance à
la Commission de la santé et services sociaux. Je suis accompagné de Maître
Pierre-Simon Cleary, qui est conseiller juridique et aussi Mélissa Sioui ici,
qui est conseillère, programmes et politiques, toujours dans le secteur de la
petite enfance.
Rapidement, je vais reconnaître, là, que
nous sommes en territoires Wendat, un territoire qui est non cédé. Aussi le
mémoire qui vous a été soumis a été préparé conjointement avec l'Assemblée des
Premières Nations Québec-Labrador, qui est un lieu, en fait, des 43 chefs,
43 communautés.
La Commission de santé, Services sociaux
Première Nation Québec Labrador est une organisation… une créature, en fait, de
l'APNQL. Il y a environ 135 postes au sein de l'organisation. On
accompagne les communautés dans le développement, dans les projets, dans leur
offre de services, dans différents domaines santé et services sociaux,
évidemment, comme le nom l'indique, mais aussi en développement social, petite
enfance, en recherche et en… comment est-ce qu'on appelle ça, les… tout ce qui
est informatique, désolé… technologies de l'information. Donc, aussi, je dois
vous informer, là qu'il y a une entente entre le ministère de la Famille et la
Commission de santé et services sociaux, qui consiste en fait à une délégation
de certains pouvoirs, entre autres pour ce qui est de l'émission des permis, de
la conformité. On s'entend que c'est une… aussi en pédagogie, mais le plus
important, je pense que c'est beaucoup en termes d'accompagnement pour pouvoir
permettre une adaptation, le respect de… je dirais, de la culture, des réalités
Premières Nations qui sont toutes différentes.
Donc, rapidement, le point majeur
concerne, je dirais, les critères de priorisation. En fait, une des questions
que je voudrais peut-être vous lancer, c'est : Pourquoi, dans ce projet de
loi, on fait référence aux autochtones, en fait? Dans le sens que ça allait
bien pour l'instant, ce qu'il y avait en vigueur, c'était… ça allait bien. Pour
ce qui est des communautés, les services de garde en soi ne sont pas sujet à,
comment dire… à l'utilisation du guichet unique. Et donc la question de
priorisation ici ne les concerne pas. Cependant, il y a ce qu'on appelle les
milieux urbains, donc des services de garde qui souvent ont été mis en place
par des centres d'amitié et… mais qui ont été mis en place pour répondre à une
clientèle qui est spécifique, évidemment, Premières Nations ou bien aussi
autochtones, dépendamment des milieux.
Donc, on a, comment dire, le projet de loi
en soi qui arrive avec l'article 10 et qui limite à 50 % des places
Premières Nations. Donc, c'est là un peu d'où vient ma question, c'est :
Pourquoi on touche aux Premières Nations? Dans le sens qu'on a des places
Premières nations qui ont été mises en place, et tout d'un coup on vient
dire : Bien, finalement, sur les 10 places, vous allez n'en avoir que
cinq. Donc, ça va créer un malaise, un inconfort majeur parce qu'on a
sollicité, on a impliqué les personnes responsables des milieux urbains et on
leur a posé la question : Comment est-ce que ça va aller? Comment est-ce
que ça… comment dire, atterrir, je dirais, chez vous? Et les gens, ce qu'ils
disaient, c'est que certaines personnes… certains responsables, c'est-à-dire
non pas nécessairement le 50 %, mais vont devoir refuser des enfants, et
donc c'est très inconfortable et c'est inconcevable. Certains, il y en a quand même
sept, si je me souviens, sur 13 installations qui ont quand même plus que
50 %, et encore là comment est-ce que ça peut atterrir? C'est une chose.
• (10 h 40) •
Donc, aussi, l'autre chose, c'est que j'ai
l'impression ici, qu'on vient mélanger la question de diversité et la question
Premières Nations. C'est un peu… je ne pense pas que c'était voulu, mais
c'était quand même un peu la réception, considérant tout le passé qu'il peut y
avoir. Donc, il y a quand même quelque chose de…
M. Lacasse (Patrice) : ...pas
très intéressant. Mais je reviens sur le fait que les places du côté urbain,
c'est pour répondre à une clientèle, c'est pour répondre... pour mettre en
place un environnement qui est culturellement adapté. Et là on vient, comment
dire, le mettre de côté.
Dernier dernier aspect, la commission de
santé, hein, c'est principalement pour appuyer les communautés, mais la
politique, ce qu'elle nous dit, c'est qu'elle est responsable de toute la
population, de toutes ces populations, peu importe le lieu de résidence, et ça
a des impacts sur le côté urbain. Je laisserais la parole à Me Pierre-Simon.
M. Cleary (Pierre-Simon) :
Donc, bonjour à tous. Pierre-Simon Cleary, conseiller juridique pour la
CSSSPNQL. Je renchérirais sur ce que mon collègue Patrice a mentionné en
partant plus d'une expérience personnelle pour comprendre la situation des
communautés urbaines chez les Premières Nations. J'ai une charge de cours du
côté de Kiuna à Odanak, donc, c'est un collège autochtone destiné, donc,
vraiment aux Premières Nations et aux Inuits. Et lorsque j'ai des discussions
avec mes collègues du côté de Kiuna, j'ai appris, à titre d'exemple, qu'il y a
des étudiantes qui sont des mères parfois monoparentales, qui ont des enfants
qui sont gardés du côté du CPE Premiers Pas. Donc, si vous regardez du côté de
l'annexe 1, vous allez voir qu'il y a un CPE destiné aux communautés
urbaines en collaboration avec le Centre d'amitié de Trois-Rivières.
Et, si je vous amène vers ça, c'est que
ces CPE là sont essentiels pour beaucoup de femmes autochtones. Et, entre
autres, j'avais découvert — je ne l'ai pas mentionné dans nos
mémoires — une recherche du docteur Jean-Luc Ratel qui est un
spécialiste, donc, des parcours universitaires chez les Premières Nations et
c'est dans la revue de vulgarisation scientifique sur la réussite en
enseignement supérieur, le numéro 5 de l'année 2023. Je pourrai le
fournir, si vous le désirez, Mme la Présidente, à la commission. Mais je vous
cite, à la page 7 : «Le profil des personnes participant à la recherche
correspond de près à celui majoritairement recensé chez les étudiantes et
étudiants autochtones — on cite ici une autre recherche datée de 2021
et c'est ici que c'est intéressant — soit des mères effectuant un
retour aux études après avoir travaillé dans leur communauté. Et, dans ce
contexte, les études universitaires impliquent de grands défis en lien avec les
responsabilités parentales en termes de gestion du temps et peut aussi
occasionner une mobilité géographique chez les enfants pour la poursuite de
leur propre scolarité.»
Donc, on vient ici expliquer qu'on a des
mères monoparentales qui vont quitter la communauté et, pour compléter ou
reprendre leur parcours scolaire, vont se retrouver en communauté urbaine.
L'exemple ici typique de Trois-Rivières, mais on a d'autres exemples. Je viens,
par exemple, avec celui du collège d'Alma, qui a des AEC notamment spécialisés
pour les populations Premières Nations, notamment en matière policier. Bien,
naturellement, si on regarde du côté du CPE Centre Mamik, on a présence de neuf
enfants des Premières Nations. C'est qui, ces enfants-là, essentiellement? Oui,
les Premières Nations qui habitent en milieu urbain, mais c'est des étudiantes,
il ne faut pas se leurrer, qui ont leurs enfants dans ces CPE là.
Et donc j'aimerais conscientiser les
législateurs au fait que l'exclusion des guichets uniques pour ces CPE là est
important pour ces femmes-là et pour permettre justement à ces CPE là qui
desservent des populations Premières Nations en milieu urbain de mettre en
place leur propre politique qui est liée à leur réalité urbaine. Je vais
redonner la parole à mon confrère ici, Patrice.
M. Lacasse (Patrice) : Merci.
Un autre point qui concerne, toujours dans le mémoire, la partie de ce qu'on
appelle les places protocoles, en fait, les places qui sont réservées pour des,
je dirais, des enfants qui auraient avantage à bénéficier d'un milieu, mais
qui, souvent, bien, c'est la famille qui est dans une situation de
vulnérabilité. Puis ça fait longtemps qu'on travaille avec le ministère de la
Famille. En fait, il y avait un défi qui est... En fait, il y avait un défi qui
concernait la reconnaissance d'organisations et qui pouvait, entre guillemets,
identifier des enfants qui auraient besoin d'accéder aux services. Et
maintenant, il y a la loi, là, visant à rendre le système de santé et de
services sociaux plus efficace, qui reconnaît des organisations dans les
communautés... bien, qui reconnaisse leur capacité à pouvoir identifier. On
fait référence, là, à des services de première ligne, que ce soit des services
sociaux ou bien même des centres de santé dans les communautés. Et donc il y
a...
M. Lacasse (Patrice) : ...comment
dire, une possibilité maintenant, et on a commencé à travailler, là, avec le
ministère de la Famille. Mais je crois qu'il faudrait que ce soit sur la voie
rapide pour pouvoir s'assurer que des enfants qui soient en réserve aussi...
hors communauté, c'est-à-dire, puissent y bénéficier, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ce n'est pas grave. On va continuer avec la période
d'échange, vous allez pouvoir, justement, répondre aux questions puis ajouter
de l'information. Mme la ministre, pour une période de
16 min 30 s, le temps est à votre banquette.
Mme Roy (Verchères) : Bien,
merci beaucoup, messieurs, Mme, merci de votre présence, et je vois là toute
l'importance qu'on se parle. C'est toujours en se parlant qu'on se comprend le
mieux. Alors, bien au contraire, on ne souhaitait pas que les Premières Nations
passent comme étant des éléments de diversité. Voilà pourquoi on a ajouté un
critère spécifique, au niveau de la loi, pour ne pas qu'on puisse confondre le
rôle des Premières Nations versus la diversité. Alors, ça, c'est un point que
je tiens à mettre au jeu maintenant. Parce que, d'ailleurs, dans les critères
de priorisation, dans le projet de loi, alors, il est mentionné qu'il sera
possible d'obtenir une dérogation sur le 50 % par exemple,
particulièrement pour les enfants visés au paragraphe 6°, qui sont les enfants
autochtones ou de parent qui est autochtone. Donc, cette limitation-là, vous
l'avez mentionnée, hein, dans les...
On a 10 projets actuellement en cours, au
Québec, où nous avons des CPE avec une priorité autochtone. Donc, il sera
possible de répondre à la réalité en faisant une demande auprès du ministère.
On s'est assuré cette protection-là particulière pour, justement, les CPE en
milieu... particulièrement en milieu urbain, mais on en a partout au Québec, on
en a Chicoutimi, à Val-d'Or, à La Tuque, à Trois-Rivières, à Québec, à Alma, à
Chibougamau, à Verdun, à Charlesbourg. Même chose pour les autres à venir,
Joliette et Québec, qui sont des places en développement réservées aux
autochtones actuellement. Donc, ce sera, là aussi, la même règle. Pour nous,
c'était important.
Et un autre élément, aussi, qui se
retrouve, ça nous offre la possibilité qu'elles... qu'il puisse y avoir, dans
d'autres CPE... Là, on a les CPE qui sont, je dirais, majoritairement
autochtones, là, mais que, dans d'autres CPE, parce qu'il y a mobilité des gens
par exemple, on décide d'aller ajouter une priorisation aux enfants
autochtones. Donc, on voulait s'assurer qu'ils aient aussi cette protection-là
pas seulement dans les CPE autochtones, mais qu'ils puissent aussi l'obtenir
ailleurs sur le territoire québécois hors réserve. Alors, je pense que c'est
donc plutôt à l'inverse, c'était une reconnaissance de pouvoir s'assurer que...
Les gens bougent, il y a une mobilité, on le voit, là, les chiffres ont
beaucoup changé pour les autochtones qui sont en milieu urbain, donc, qui sont
de plus en plus nombreux. Alors, je le voyais par les villes où on
mentionnait... Mais on veut aussi permettre que, quand des besoins vont
arriver, que vous restiez en première ligne pour avoir, justement, cette
priorisation. Donc, c'est vraiment un effet positif, là, que l'on voulait de ce
côté-là.
Les travaux au niveau des places
protocole, ils continuent. J'ai bien compris votre message, vous souhaitez une
accélération. Ça ne concerne pas le projet de loi, mais c'est le bon temps,
quand on se voit, justement, de pouvoir passer le message et de pouvoir
accélérer certains travaux pour atteindre les objectifs qui sont fixés. Alors,
ça me permet de faire cette spécification.
Évidemment, pourquoi on utilise le
guichet, alors? Parce que, pour l'ensemble du Québec, c'était une demande, puis
ça, c'est pour tous les CPE, les services de garde éducatifs à l'enfance
subventionnés. C'est vraiment la façon de s'assurer que l'on respecte ces
priorisations, donc. Et, comme je le mentionnais, là, il est possible, dans le
cas... c'est déjà prévu, dans le projet de loi, d'aller au-delà de ce qui est
annoncé à l'article 10, par les exceptions, spécifiquement. Alors, je ne sais
pas si ça répond un peu à vos inquiétudes face à ces éléments-là. Je vous
écoute.
• (10 h 50) •
M. Lacasse (Patrice) : Bien,
merci. Je comprends, là, qu'il y aurait la possibilité d'avoir un... bénéficier
d'un mécanisme là, pour pouvoir se soustraire de cette limitation, je pourrais
dire. C'est parfait. Donc, je prends... vos mots sont bien inscrits.
Peut-être préciser, pour la question des
places protocole, c'est qu'en fait ça a... ce n'est peut-être pas le sujet du
projet de loi actuel, mais ça peut avoir tout un impact, considérant que, si on
venait qu'à limiter le nombre de Premières Nations...
M. Lacasse (Patrice) : ...son
accès dans des centres urbains, bien, ça compromet, je dirais... j'allais
utiliser un mauvais mot, là, «placement», ce n'est pas ça du tout, mais
c'est-à-dire qu'on recommande à ce qu'un enfant puisse bénéficier d'une place.
Là, à ce moment-là, c'était... ça contrevient totalement à ce qui peut se
passer, d'autant plus que maintenant, vous le savez, il y a de plus en plus de
communautés qui vont exercer leurs compétences en matière de services sociaux
ou de ce qu'on appelait, là, ultérieurement, là, de protection à l'enfance,
qui, aujourd'hui, est plus du mode de prévention... prévention. Et là, à ce
moment-là, on voulait s'assurer qu'elles puissent avoir une possibilité. Parce
que, comme je le disais, les communautés ont des liens avec les services de
garde qui sont urbains, que ce soit sous forme d'entente ou même que ce soit de
façon informelle, ou même la clientèle en soit, qui elle va même... comment
dire, voir la façon d'interagir avec le service de garde de la communauté,
bien, va prendre pour acquis que c'est la même chose avec un service de garde
urbain, et donc, si les modes font... sont différents, bien, à ce moment-là, on
vient qu'à distancer, je dirais, l'accès.
Mais, si je reviens sur la question de
places protocoles, c'est que ça pouvait avoir un impact indirect. Si je peux me
permettre, autre chose, les places protocoles, en soi, sont... on les limite de
5 %. Et ce que je peux comprendre, c'est que c'est... entre guillemets, il
faut limiter, il faut se mettre des seuils. Le 5 %, en soi, nous semble
assez bas pour certaines communautés. Je crois qu'il faut davantage regarder
les conditions socioéconomiques, qui pour certaines s'en sortent très bien,
mais qui pour d'autres s'en sortent moins bien. Et, à ce moment-là, le 5 %
devient, je dirais, pas futile, mais n'a plus son sens. Et donc je crois
qu'encore une fois il faut permettre aux communautés la mécanique ou la possibilité
de déterminer elles-mêmes, je dirais, là, son seuil. Ça fait partie de
l'autodétermination, mais ça fait partie de : Redonnons à des gens, aux
experts, je dirais, les moyens et les outils pour pouvoir bien agir.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup. Votre message est bien entendu de ce côté-là. Alors, je vais laisser
place à mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Je vais reconnaître la députée de
Châteauguay. Il reste encore 9 min 32 s.
Mme Gendron : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour. Merci d'être avec nous aujourd'hui. C'est très
apprécié aussi d'être ici présent. Pour faire du pouce à ce que vous venez de
dire, vous parlez de 5 % de places protocoles au niveau de certaines communautés
autochtones. Pour vous, est-ce que vous l'avez déjà quantifié, le pourcentage
de places protocoles qui seraient nécessaires dans certaines communautés ou ce
n'est pas...
M. Lacasse (Patrice) : Pas de
façon scientifique et même... Ce que l'on avait suggéré, c'est de pouvoir avoir
une latitude, de pouvoir justement passer de 5 à 10 et peut-être même plus,
dépendamment, là, vraiment d'une communauté qui offre des conditions qui sont
très, très difficiles, que ce soit de façon ponctuelle ou que ce soit, là, de
façon qui est vraiment dans le temps. Donc, dans les faits, est-ce qu'on a fait
l'exercice présentement? Non, mais, je veux dire, ça peut être... ça peut être
assez rapide dans le sens que... Souvent, dans les dernières années, on essaie
de trouver l'indicateur le plus représentatif pour, justement, les communautés
qui ont plus de difficultés. On en revient souvent, dans le fond, à... je
dirais, à la question de la sécurité du revenu. Je veux dire, on doit passer
par une panoplie d'indicateurs, que ce soit... ou... en tout cas, tout ce qui a
été utilisé déjà, là, par le Québec et même le fédéral, là, puis on en revient
avec cet indicateur-là.
Mme Gendron : Merci.
C'était... je voulais savoir si vous aviez déjà un chiffre. J'ai un petit coco
dont je connais très bien les parents qui fait partie d'un service de garde en
milieu urbain, c'est un... d'origine autochtone. En fait, moi, ce que je
voulais savoir : C'est quoi... Au-delà de l'entente avec votre
organisation, c'est quoi qui justifie qu'un service de garde éducatif à
l'enfance se qualifie comme un service de garde autochtone?
M. Lacasse (Patrice) : On
parle du côté urbain?
Mme Gendron : Oui.
M. Lacasse (Patrice) : O.K.
Peut-être juste revenir sur le fait que l'entente que l'on a, c'est de
l'accompagnement auprès des communautés... c'est-à-dire, les services de garde
en communautés. Cependant, il y a une disposition qui permet, je dirais, un
projet pilote parce que...
M. Lacasse (Patrice) : ...et
donc on a des pourparlers dans les dernières années où est-ce qu'on peut donner
de l'accompagnement en termes de pédagogie.
Par contre, quand on arrive pour l'aspect
opérationnel, là c'est un peu plus difficile, dans le sens qu'on pourrait faire
de la conformité, mais est-ce que la conformité ou l'exercice de conformité
serait reconnu par les organisations? On ne sait pas trop.
Donc, il y a un exercice qui est à faire,
on avait identifié, justement, une organisation, mais on s'entend qu'on va
justement approcher une autre qui est un petit peu plus loin, qui, je dirais, a
déjà des bases qu'on partage, et donc on pourra... on pourra le faire.
Donc, pour ce qui est du côté urbain,
c'est... c'est le minimum, c'est-à-dire pédagogie. Sinon, au besoin, par
exemple, il pourrait y avoir des situations d'urgence où est-ce que là, bien,
on peut nous contacter et on les aide pour ces situations-là. Et aussi on est
en lien avec les gens du ministère de la Famille, parce que, justement, il y a
toujours une espèce de... je dirais, de couche ou d'interface Premières
Nations, et là on vient qu'à se compléter. C'est déjà arrivé, là, à deux... à
deux occasions dans... en même pas 12 mois, là.
Mme Gendron : Pour compléter
ce que Mme la ministre disait, justement, vous disiez, justement, que, pour le
moment, tout allait bien puis que vous n'étiez pas certains, à prime abord, de
vouloir des changements, mais, à la lumière de ce que Mme la ministre a dit,
donc, vous seriez favorables, justement, à toutes les mesures qu'on veut mettre
en place pour, au contraire, que vous ayez une autonomie et puis que vous
puissiez bénéficier, justement, d'une... des services de garde spécifiques pour
les petits cocos d'origine autochtone.
M. Lacasse (Patrice) : En
fait, je ne sais pas si je vous ai bien comprise. Je ne dirais pas que tout est
parfait. Ce que je vais dire, c'est que, pour l'instant, on a quand même une
entente qui nous permet de pouvoir agir sur communauté, qui va... aussi
pourrait nous permettre pour agir hors communauté pour les... bien, pour les
services de garde qui le désirent. Pour l'instant, il semble que c'est... c'est
de bon augure, là, c'est... on entend des bons... des bons signaux.
L'autre élément, c'est qu'il y a quand
même des points à améliorer. Vous... On les a inscrits, que ça soit lors de la
consultation, là, de 2021. Et aussi je crois qu'on a été entendus parce qu'il y
a l'article 121.1 qui a été ajouté et qui permet, justement, la... le
développement de... je dirais, d'articles ou de... d'une entente qui verrait qu'à
reconnaître la spécificité Premières Nations, principalement sur communauté.
Mais, par contre, encore là, il y a des éléments qui sont, je dirais, en
dehors, et on pourra voir, là, si c'est faisable. Donc, je suis... peut-être
j'ai accroché à un certain mot.
Mme Gendron : Non, mais
c'est... c'est parfait. Je vous remercie beaucoup. Ça va être tout pour moi...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Je vais reconnaître la députée de...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Laviolette—Saint-Maurice, merci. Il reste encore trois
minutes 40 secondes.
Mme Tardif : Merci, Mme la
députée... Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci d'être là. Donc, vous
avez entendu mon comté est Laviolette—Saint-Maurice. Donc, vous connaissez
bien, vous avez mentionné, là, le CPE Premier pas, à La Tuque, entre autres, et
à Trois-Rivières. J'ai l'honneur d'avoir un immense comté, donc la fusion de
deux comtés, Laviolette et Saint-Maurice, dont trois communautés autochtones,
Obedjiwan et Wemotaci.
Donc, le Premier pas, c'est vraiment un
CPE unique au Québec, je dirais, par sa façon de véhiculer les valeurs et les
traditions aux enfants qui sont là. C'est de toute beauté. Un enfant de trois
ans va même apprendre à dépecer et à arranger le lièvre qui va avoir été pris.
Je suis allée et je suis très impressionnée, là, par toutes les notions qui
sont véhiculées.
Votre... Bon, on a abondamment parlé, là,
de votre premier souhait, là. Est-ce que vous en avez parlé avec les directions
des établissements pour les milieux urbains, comme, la façon que vous, vous
voyez ça, de ne plus passer par le service d'inscription, jusqu'à, à tout le
moins... je pense que c'était un minimum de quatre ou cinq enfants, et après...
Donc, je vous écoute. Merci.
• (11 heures) •
Mme Sioui (Mélissa) : Oui...
11 h (version non révisée)
Mme Sioui (Mélissa) : Oui. Bonjour.
Je vais me permettre de répondre, car j'ai rencontré toutes... à peu près
toutes les directions des milieux urbains, là, dans les dernières semaines pour,
justement, de un, voir, eux, c'est quoi les enjeux avec ce projet de loi là?
Eux, leur vision également. Puis nous, on a partagé un petit peu notre vision
par rapport à ça. C'est sûr que la Place zéro cinq, présentement, apportait une
difficulté pour eux, parce que les parents qui viennent sur communauté ne l'utilisent
pas présentement, arrivent en milieu urbain, ne savent pas forcément comment l'utiliser.
Et ça a apporté une difficulté supplémentaire. Donc, eux aussi, ont mentionné
le souhait, tout comme nous, de pouvoir être exclus de ce guichet unique là.
Mme Tardif : Merci.
Votre recommandation numéro deux, dont on a moins discuté, je vais vous
permettre, là, de nous expliquer un petit peu plus. Vous parlez de recourir au
mécanisme des... tel ou tel article, là, pour accorder aux Premières Nations concernées
la pleine compétence des places réservées aux enfants en situation de
vulnérabilité. Comment, en milieu urbain, parce que c'est davantage en milieu
urbain, comment, en milieu urbain, vous travaillez pour classifier? Avec quel
organisme? Est-ce que vous travaillez avec les centres d'amitié? Ou comment,
vous, vous vous positionnez? Et qui fait le choix de quel enfant est vulnérable
par rapport à un autre? Comment appliquer ça, là, concrètement sur le terrain,
votre recommandation?
M. Cleary (Pierre-Simon) :
Donc, comme vous le savez, il y a le mécanisme qu'on avait avec C-92, qui est
la loi fédérale pour que les Premières Nations mettent en œuvre leurs services
de protection de l'enfance. Mais il faut comprendre que les Premières Nations,
actuellement au Québec, ont déjà des ententes diverses avec le DPJ ou comme
services de première ligne. Donc, ils connaissent très bien la situation des
familles sur le terrain. Et donc les services sociaux des différentes
communautés sont les mieux placés pour faire ces évaluations-là. Et ils ont
naturellement des contacts avec les divers centres d'amitié. Il y a des
discussions entre les intervenants, il y a des discussions entre les familles
et les personnes concernées. Et donc c'est un mécanisme qu'il va falloir être
conscient...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Cleary (Pierre-Simon) :
...à long terme, pour revenir aux Premières Nations. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on va poursuivre la discussion avec
la députée de Westmount—Saint-Louis pour une période de 9 min 54 s.
Mme Maccarone : Merci.
Bonjour. Merci beaucoup pour votre témoignage ainsi que pour votre mémoire. Moi,
je souhaite savoir. C'est quoi les problèmes actuels que les Premières Nations
font face en matière de services éducatifs à l'enfance, puis est-ce que ce
projet de loi va régler ces problèmes pour vous?
M. Lacasse (Patrice) : En
fait, il y a plusieurs difficultés qui sont, je dirais, communes, qui sont
vécues aussi par le Québec. Par exemple, la question de la main-d'oeuvre, c'est
assez... J'ai de la difficulté à la qualifier. On met des mesures en place qui
visent à former ou à diversifier, je dirais, les possibilités de formation.
Évidemment, ça amène des ressources que nous-mêmes, nous avons identifiées, des
leviers. Et je dirais, on participe, là, pour que ça soit de façon intensive
sur communauté ou que ça soit, je dirais, sous forme d'AEC, mais avec des
sessions qui accélèrent les choses, mais on s'entend que c'est quasiment une
formation à la fois, en se disant : Bien, une formation de plus fait en
sorte que, normalement, ça se traduit par une augmentation en termes de
qualité, c'est-à-dire une augmentation de compétences, où on acquiert des
compétences, etc.
Je dirais que c'est beaucoup ça. Sinon on
commence à tomber dans des spécificités Premières Nations qui, encore une fois,
sont des choses qui ont été logées et qui devront être travaillées avec ce que
je mentionnais, l'article 121.1 qui prévoit une entente qui, dans le fond,
ne sera pas une entente avec la commission, avec notre organisation, qui va
être une entente qui va bénéficier pour les communautés qui voudront y adhérer
ou pas, que ça soit vraiment de type opérationnel, exemple, pour la question de
contribuer à un régime de pension qui soit spécifique, qui soit ce qu'on
appelle le régime des pensions, voyons, régime des bénéfices autochtones qui
est une institution Premières Nations, etc. Que ça soit, sinon...
Une voix : ...
M. Lacasse (Patrice) : Ah
oui! Il y a une réalité qui est... qui est existante dans les communautés, par
exemple, chez nous, à Uashat-Maliotenam, le mois de mai...
M. Lacasse (Patrice) : …c'est
l'outarde. Les gens vont partir… bien, il y a une semaine, on pourrait dire,
culturelle. Pour certains... D'autres communautés, ça va être l'orignal à
l'automne. Sinon, c'est le caribou dans d'autres moments, et des fois tout
s'arrête dans la communauté, mais le service de garde, lui, est contraint avec
des paramètres qui sont provincial et à ce moment-là, bien, ce n'est pas ce
qu'il y a de mieux. Et donc on essaie de voir comment est-ce qu'on peut, je
dirais, trouver des solutions mitoyennes, je dirais, là, pour que le rythme de
la communauté soit aussi suivi par les CPE. Mais comme je le disais… pardon,
mais comme je le disais, dans le fond, on a le 121.1 qui devrait aider. Mais
sinon c'est toujours la question de comment est-ce qu'on fait pour pouvoir
peut-être amener des modifications dans la façon de faire, exemple, que ce
soient les ratios, aussi. On a des modèles des pays nordiques qui font en sorte
que les ratios, bien, ils sont vraiment différents. Ce n'est pas nécessairement
les mêmes formations qui sont demandées, mais ici je pense que c'est une
importance qui est accordée à la petite enfance qui doit être… doit avoir un
peu plus de force, là, je dirais.
Mme Maccarone : Très
intéressant. Puis ce que je remarque dans tout ce que vous avez partagé, on
n'en parle pas dans ce projet de loi. Alors, voilà, ça fait que je pense que
vous avez répondu à ma deuxième question. Ce projet de loi ne va pas régler ou
rejoindre ou offrir des solutions à des problématiques dont vous faisiez face.
Je souhaite revenir à votre annexe un, puis votre demande en ce qui concerne
d'être exclus du guichet. La ministre vous a dit qu'on va avoir des
dérogations, mais des dérogations ne sont pas d'office. Ce n'est pas une
garantie que le ministère va accepter. Et il me semble que ceci va créer aussi
d'autres paperasses, des demandes, des retours, des courriels, des échanges. Si
c'est des dérogations et non des exclusions, est-ce que ça revient à une
solution pour vous?
M. Lacasse (Patrice) : Comme
je le disais, en… puis, en fait, je ne sais pas si toi, veux répondre, mais
juste pour dire, bien, c'est pour ça que j'accueille de façon… l'affirmation
verbale, en fait, si c'est possible. Il est certain que la… pas la majorité,
mais tous vont s'octroyer, là, ce droit-là, je dirais. Donc, ça fait que… donc,
on a bien… on va garder une copie, là, du verbatim.
M. Cleary (Pierre-Simon) : Je
rajouterais là-dessus qu'évidemment qu'on serait fort intéressés avoir une
disposition en éthique qui dit : oui, il y a une exclusion de prévue. Je
comprends, Mme la ministre, que vous le prévoyez à même le dernier alinéa de
l'article 10 de votre loi. Mais d'avoir une affirmation qui dit :
Écoutez, quand vous avez un pourcentage qui… ici, on tourne autour de 20,
25 % de clientèle Premières Nations dans votre CPE à cause de votre
réalité urbaine, vous êtes exclus systématiquement du guichet unique, ce serait
fort intéressant, je pense, que ce soit à l'intérieur d'une disposition qui
pourrait être une modification, là, de l'article qu'on a proposé, 59.1 ou un
engagement que ce soit à l'intérieur du règlement qui va être mis en œuvre.
Donc, c'est les propositions qu'on met sur la table.
Mme Maccarone : J'entends ce
que vous dites, mais tant que ce n'est pas enchâssé dans la loi, c'est une
conversation, il n'y a rien de garanti. Mais je comprends la sensibilité. Si
vous êtes exclus, juste une question technique pour mieux comprendre, pour moi,
quand je regarde la liste des enfants hors communautés qui sont évoqués ici,
exemple, si on va avec le centre Mamik qui a neuf enfants Premières nations,
Inuits sur un total de 21 places. Comment une exclusion va fonctionner ou
même une dérogation si on a neuf sur le 21, qu'est-ce qu'on fait avec les
autres places? Est-ce que vous souhaitez qu'il y a une priorisation qui soit
appliquée? Est-ce… Je souhaite savoir la vision de ceux-ci, parce que ce que je
vois, c'est on a quand même une mixité. Alors, comment voyez-vous l'application
de cette dérogation ou l'exclusion?
• (11 h 10) •
M. Lacasse (Patrice) : En
fait, ce qu'on vous a expliqué, c'est que, comme vous dites, il y a une mixité
dans le sens que, bon, bien, s'il n'y a pas plus de besoins, ça ne veut pas
dire que, tantôt, il n'y aura pas plus de besoins, dépendamment que ce soient
des… de l'offre de formation ou même des emplois, etc., là, c'est… Il y a une
mouvance qui peut y avoir et ce qu'on disait, c'est qu'il ne faut pas...
M. Lacasse (Patrice) : ...pas
abdiquer, là, mais il ne faut pas laisser tomber ces places qui sont Premières
Nations. C'est vraiment le message qu'on a pu entendre, là, des... bien, des
communautés, les services de garde urbains, là.
Mme Maccarone : O.K. Ça fait
que là, vous parlez ici, je vois la liste, très complète, c'est excellent, mais
vous savez sans doute qu'il n'y a pas grand monde qui sont en faveur du
50 %. C'est comme une fausse bonne idée, tout le monde est pour l'idée
d'avoir une mixité, pour s'assurer qu'on a une égalité des chances pour accès à
un service de garde éducatifs à l'enfance.
Mais souhaitez vous aussi une exclusion
qui s'applique aussi pour les Premières Nations, cégeps, les universités? Parce
qu'ici on parle des CPE, mais ce n'est pas uniquement des CPE qui sont désignés
pour supporter la communauté en question. Alors, est-ce que vous souhaitez une
extension de cette dérogation et cette exclusion à ces installations aussi?
M. Lacasse (Patrice) : Oui,
c'est le message qu'on a pu avoir du côté politique parce que, justement, il y
a des projets qui sont en cours, que ce soit, je crois, à l'Université Laval entre
autres. C'est quand même 81 places. Et oui, et ce qui est souhaité, c'est
que ce soit, là, réservé pour la clientèle Premières Nations, parents Premières
Nations.
Mme Maccarone : Et est-ce
qu'il y en a des services de garde qui sont dans les territoires autochtones?
Comment est-ce que ça fonctionne? Puis est-ce que nous avons une spécificité
aussi de prendre en considération?
Là, je comprends que vous avez parlé qu'il
y a des temps de l'année où on ne rejoint pas nécessairement les critères du
gouvernement en ce qui concerne la fonction, mais en termes de réservation de
places, est-ce que le projet de loi va avoir un impact sur ces installations
aussi?
M. Lacasse (Patrice) : Considérant
qu'il y a une exclusion existante, il ne devrait pas y avoir de changement.
Mme Maccarone : O.K. Puis
peut-être il me reste très peu de temps, mais j'aurais voulu vous entendre en
ce qui concerne tout ce qui est la sécurisation culturelle, tout ce qui est le
respect, la Réconciliation. Est ce qu'il y a autres éléments qui nous manquent
dans ce projet pour rejoindre cette priorité suite à la commission Viens?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Rapidement.
M. Cleary (Pierre-Simon) : Rapidement,
oui, moi, ce que je vous dirais, le gouvernement ne veut pas mettre sur la
table de projet de loi en matière de Déclaration des Nations Unies sur les
droits des peuples autochtones, alors que c'est dans la... les recommandations
de la commission Viens. Le message que je le lance, c'est : faites-là, la
carte, mettez-là le préambule du loi... de la loi ou mettez là à certains...
dans certaines sections. Ici, on a un exemple de mise en œuvre de la DNUDPA
dans les faits, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Merci. On poursuit la discussion avec la
députée de Sherbrooke pour 3 min 18 s.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vais revenir sur l'échange qui a eu lieu, sur les places
protocole, donc, qui sont plafonnés à 5 %. Quand vous nous parlez de rehausser
ce plafond-là, peut-être à 10 ou même un pourcentage plus élevé, est-ce
qu'on... est ce que je comprends bien que c'est places protocole de manière
générale, mais pas nécessairement spécifiquement pour les personnes issues des
communautés autochtones ou bien vous visez spécifiquement pour des places
protocole autochtones?
M. Lacasse (Patrice) : Pour
des places protocole autochtones, oui, considérant que c'est... comme on
disait, c'est les... ce qu'on appelle les corps dirigeants qui sont aptes à
pouvoir identifier les personnes qui sont en situation et qui en auraient
besoin, tout à fait, et qui, dans le fond, comme je le disais, ce n'est pas que
des gens qui habitent dans les communautés, mais ça peut être aussi des gens
qui sont à l'extérieur. Et, à ce moment-là, avec certaines nouvelles
communautés, je dirais, qui, maintenant, ont, comment dire, la responsabilité,
comme présentement, c'est Obedjiwan, je me mélange tout le temps...
Des voix : ...
M. Lacasse (Patrice) : Cet
automne où à la fin de... à la fin du mois d'août, il va y avoir
Uashat-Maliotenam qui va être responsable et qui a évidemment une population
qui est un peu... bien, c'est-à-dire qu'il a une clientèle qui peut être à
Québec, à Montréal, pour principalement pour des raisons, là, de santé ou
besoins en formation ou en éducation. Et, à ce moment-là, par extension, bien,
va avoir la responsabilité, là.
Mme Labrie : Juste pour ma
compréhension, parce que, dans le fond, les CISSS, les CIUSSS peuvent aussi
avoir des places protocole comme ça. Donc, c'est... est-ce que c'est un
pourcentage qui est calculé comme à part, ou différemment, ou ce sont les mêmes
ententes et les mêmes pourcentages plafond?
M. Lacasse (Patrice) : C'est
à dire la façon qu'on le voit, c'est qu'aujourd'hui, oui, c'est des CISSS...
des CISSS, CIUSSS, etc., qui peuvent déterminer qui pourrait accéder à une
place du genre, mais ce qu'on dit, ce qu'on est en train de travailler, c'est
que ce soit vraiment, là, des organisations Premières Nations...
M. Lacasse (Patrice) : ...oui,
c'est ça, tout à fait.
Mme Labrie : O.K. Parfait.
Puis...
M. Lacasse (Patrice) : Malgré
le fait que l'enfant, exemple, peut être à Montréal, ça va être quand même
l'organisation des Premières Nations.
Mme Labrie : Oui, je
comprends. Vous nous fournissez, dans votre mémoire, une belle liste des
installations pour lesquelles il y a des places réservées là-dedans, il y a des
projets en développement, au moins, les trois derniers, quand je regarde
rapidement. Est-ce que ce sont des projets pour lesquels les communautés
elles-mêmes sont partenaires dans le développement, investissent des fonds, par
exemple, ou... Je pose la question parce que, comme ce sont des places qui sont
réservées aux Premières Nations, j'essaie de voir... Souvent, il y a des
incitatifs, hein, pour des employeurs, par exemple, ou des milieux
d'enseignement à développer des projets comme ça, en sachant que ça va être
réservé pour eux. Est-ce que c'était votre cas dans le développement de ces
projets-là?
M. Lacasse (Patrice) : Je ne
pourrais pas vous dire...
Des voix : ...
M. Lacasse (Patrice) : C'est
parce que, souvent, pour ce qui est de l'immobilisation, présentement, là,
c'est beaucoup... En fait, c'est un organe du regroupement des centres de
métiers, je dirais. Un organe, ça doit être une entité à part, mais qui est en
immobilisation, et qui, justement, bénéficie de leviers, et effectue la
construction d'immeubles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est ce qui termine le temps. On termine,
justement, cette ronde de discussion avec le député des Îles-de-la-Madeleine,
pour 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, messieurs, madame. Merci pour la présentation de votre
mémoire et les échanges jusqu'à présent. Je vais revenir sur la recommandation n° 1. Pour être très, très clair, là, vous demandez
d'élaborer un nouvel article ou d'amender un article existant pour exclure
complètement du guichet unique les services de garde relevant de la compétence
des Premières Nations. Donc, lorsqu'on aborde la question d'une dérogation d'un
processus administratif — c'est la façon dont je le comprends — qui
permettrait d'obtenir une dérogation, ce n'est pas la voie que vous privilégiez.
Vous voudriez que ce soit enchâssé dans la loi, d'emblée, que ce soit exclu.
C'est bien ça, le cheminement que vous nous proposez?
M. Cleary (Pierre-Simon) : Oui,
c'est le cheminement qu'on propose, et la raison étant... elle s'explique facilement.
C'est qu'il peut y avoir un remaniement ministériel, il peut avoir un
changement de gouvernement, et on aimerait que ce soit enchâssé de façon... à
long terme. Parce qu'on a une excellente relation avec Mme Roy, on l'a vu, on a
une entente, actuellement, avec le MFA. On ne sait pas ce qui va en être du
prochain gouvernement, on ne sait pas ce qui va en être dans 10 ans, dans 15
ans. Donc, l'enchâsser dans la loi ou le règlement nous apparaît très
important.
M. Arseneau : Et qui dit
faire une demande dit la possibilité d'un refus de cette demande-là,
évidemment.
M. Cleary (Pierre-Simon) : Exactement.
M. Arseneau : Deuxièmement,
j'aimerais savoir comment on fonctionne pour le processus de sélection, à
l'heure actuelle, quand on n'est pas sur le guichet. Je ne sais pas si vous
pouvez me résumer ça, à la fois pour les CPE qui sont en communauté et ceux qui
ont des places réservées dans un CPE urbain. Est-ce qu'il y a des listes?
Est-ce que c'est local? Comment qu'on...
M. Lacasse (Patrice) : Oui,
bien, c'est... il y a... il y a différents, là... Exemple, sur la Côte-Nord, il
y a une organisation, qui est l'organisation, en fait, des CPE, là, de la
Côte-Nord, qui gère la liste en soi. Par contre, je pense qu'il y a quand même
des moyens facilitants, là, pour pouvoir s'inscrire. Et dans d'autres... dans
la majorité, là... communautés, bien, ça va se faire avec... bien, je vais...
je connais, de toute façon, la personne qui s'occupe du service de garde. Du
côté urbain, Mélissa, je ne sais pas s'il y a encore la même chose, là?
C'est...
M. Arseneau : Bien, en fait,
si vous permettez, c'est que ma sous-question est à savoir si les mêmes
réalités que l'on a pu discuter depuis le début de la commission sont présentes
que... dans les communautés autochtones ou des Premières Nations, avec le reste
du Québec, à savoir qu'on manque de places et puis qu'on estime qu'évidemment
les parents veulent savoir quand il pourra y en avoir. Puis il y a tout un
débat à savoir si c'est suffisamment transparent ou pas, la gestion des listes,
c'est... Est-ce que vous vivez les mêmes problématiques, essentiellement, en
termes de besoins et d'offre?
• (11 h 20) •
M. Lacasse (Patrice) : Dans
plusieurs services de garde... je ne voulais pas vous couper, là, mais dans
plusieurs services de garde, il y a, évidemment, une liste d'attente, là, ou
de... une liste en soi. Par contre, si on ne prend que les données
démographiques versus les places disponibles, il est clair que c'est une
difficulté, là, c'est... on ne répond pas aux besoins. Par contre, comme je le
disais, dans certaines communautés, il y a des projets de développement en
place. Malheureusement, ils sont devant l'absence, je dirais, de main-d'œuvre,
donc, entre guillemets, ça devient... la faisabilité, là, c'est... c'est très
mince.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. C'est ce qui...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...c'est ce qui met fin à cette présentation. Merci pour
votre apport à nos travaux. Alors, je suspends quelques instants, le temps de
recevoir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 21)
(Reprise à 11 h 25)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Alors, nous recevons, comme dernier
groupe d'intervention, l'Association québécoise des centres de la petite
enfance.
Alors, mesdames, bienvenue à l'Assemblée
nationale. Vous allez bénéficier d'une période de 10 minutes pour votre
intervention, pour nous présenter les grandes lignes de votre mémoire. Et, par
la suite, nous allons entamer une période de discussion avec les
parlementaires. Alors, le temps débute maintenant.
Mme Gasparrini (Gina) : Merci.
Bonjour. Mon nom est Gina Gasparrini, je suis la présidente du conseil
d'administration de l'Association québécoise des centres de la petite enfance
et directrice générale du...
Mme Gasparrini (Gina) : ...situé
à l'hôpital St. Mary, à Montréal. L'AQCPE représente la grande majorité des CPE
et des bureaux coordinateurs de la garde en milieu familial du Québec. Nous
vous remercions, la commission, de votre invitation à venir témoigner.
Nous sommes d'accord avec les objectifs
d'équité, de transparence et de l'importance de la mixité sociale. Ce sont des
objectifs honorables. Il n'existe, toutefois, qu'une seule façon d'assurer
l'équité entre les familles du Québec. C'est d'offrir une place de qualité à
chaque famille qui le désire. Tant que le réseau ne sera pas complet, les
barrières continueront d'exister. Elles seront seulement différentes. Oui, le
p.l. n° 95 va transférer la possibilité d'accès à
certaines familles, mais va, du même coup, la retirer, de facto, à d'autres.
Nous réitérons donc l'importance de compléter rapidement le réseau des CPE.
Actuellement, selon nos données, le délai pour la construction d'un CPE peut
aller jusqu'à quatre ans et demi, bien que les étapes aient été réduites de
moitié. Nous reconnaissons les efforts que le gouvernement a faits pour
relancer le développement. Il faut, maintenant, accélérer la cadence.
Nous sommes d'accord qu'il faut être plus
transparents avec les parents et mettre au frein les... un frein aux fautifs.
Nous reconnaissons que le ministère tente d'y répondre, mais nous craignons que
le p.l. n° 95... on impose qu'une façon de faire
unique et sans nuances ait l'effet contraire et élimine plutôt la flexibilité
qui permet le mode de garde... de gouvernance des CPE. En 1997, lors de la
création des CPE, un des objectifs était de créer un modèle de gouvernance par
et pour les parents, avec un conseil d'administration composé d'une majorité
des parents usagers. C.A. et D.G. de CPE travaillent en étroite collaboration.
L'équipe qu'ils forment demeure la mieux placée pour comprendre les
particularités et les besoins du milieu.
Un CPE situé dans le quartier de
Saint-Michel, à Montréal, a une réalité bien différente d'un CPE situé à
Chicoutimi, ce que soit en termes de densité de population, de
multiculturalisme, de pauvreté ou du nombre de la variété d'organismes
soutenant les familles. L'équité et la mixité sociale ne s'expriment donc pas
de la même manière, et leur priorisation demande, forcément, des mesures
différentes. C'est aussi cette équipe qui est amenée et... à même d'établir les
ponts nécessaires avec sa communauté, pour répondre aux besoins cachés,
identifier les familles qui sont isolées, qui ne font pas facilement accès à
l'Internet ou qui sont illettrées, par exemple. Selon nous, plutôt que de
sélectionner six critères de priorisation, il serait plus efficace de permettre
aux services de garde de définir leurs critères et d'analyser et encadrer
ceux-ci sous l'angle de l'objectif de la loi.
L'article 10 du Règlement des services de
garde éducatifs à l'enfance stipule que les politiques d'admission doivent être
soumises pour approbation au ministère de la Famille lors de leur attribution
ou du renouvellement de permis. Il s'agit là d'un moyen d'assurer que chaque
installation ait des critères raisonnables, tout en lui faisant confiance sur
les réalités et les défis de son milieu. Par ailleurs, il nous semble plus à
propos d'agir directement contre les quelques organisations fautives en
indiquant clairement ce qui est interdit dans la loi, notamment en ce qui a
trait à la religion ou l'appartenance ethnique, cette façon d'atteindre les
objectifs souhaités par le projet de loi, sans déséquilibrer le reste du
réseau.
Concernant les enfants issus d'un contexte
socio-économique précaire, nous apprécions qu'ils fassent l'objet d'une
certaine mécanique de priorisation. Cependant, la définition, très restreinte,
ne permet ni un réel mixte social ni une réelle équité. Cette définition est
entièrement économique. Elle ne prend en compte aucun critère social, comme les
enfants, par exemple, dont un parent a des enjeux de santé mentale et
monoparental, ou les enfants ayant un dossier à la DPJ. En fait, même le
critère financier est très restreint et ne tient pas compte des disparités qui
différencient les modes de vie d'une région à l'autre du Québec, comme les prix
du logement, par exemple.
• (11 h 30) •
Une solution qui a fait ses preuves est
celle des partenariats de nature sociale. Leur contribution n'est pas
monétaire, mais sociale, par exemple, avec des organismes communautaires ou des
centres de... sociale qui démarchent pour les CPE, les familles qui ont besoin
d'un service éducatif de haute qualité. Omettre les importants... l'importance
des partenaires sociaux dans le p.l....
11 h 30 (version non révisée)
Mme Gasparrini (Gina) : ...dans
le p. l. 95 nous fait craindre une perte d'efficacité dans la captation des
familles les plus vulnérables. Il nous importe d'avoir tous les outils
nécessaires afin d'assurer une représentation proportionnelle des enfants issus
du contexte socioéconomique précaire dans les services de garde. Il en est de
même pour les enfants ayant des besoins de soutien particuliers. Nous devons
conserver et encourager leur priorisation. Il va sans dire que des ressources
nécessaires à leur accueil doivent être disponibles.
Nous avons aussi été surpris de voir que
la proximité géographique n'a pas été retenue puisqu'elle permet dans certains
cas un meilleur accès à une place en service de garde. Par exemple, la famille A
qui dispose d'un véhicule a la possibilité d'en inscrire son enfant dans un
rayon géographique plus large que la famille B qui ne dispose pas de voiture. Peut-on
vraiment parler d'équité si la famille B n'obtient pas de place dans le CPE
situé dans son quartier parce que la famille A qui vit plus loin, mais qui
possède une voiture, inscrit son enfant quelques jours avant?
Le mode de fonctionnement par codes
postaux est aussi celui du réseau scolaire et des CLSC, auquel s'ajoutent tous
les organismes communautaires. Ce n'est pas banal. Il a été pensé pour créer
des ponts entre les réseaux et optimiser des services. Le réseau et le
sentiment de communauté ainsi tissés sont majeurs pour nos enfants. Nous
estimons que celui-ci doit commencer dès la petite enfance.
Il est incontournable d'aborder la
question des partenaires. Après avoir encouragé pendant des années les
partenariats des CPE avec des entreprises, des institutions d'enseignement et
des municipalités, le ministère souhaite maintenant limiter à 50 % la
priorisation des nouvelles admissions. Je voudrais clarifier que la très grande
majorité de ces CPE ne font pas de réservation de places, ils priorisent jusqu'à
100 %. Ce qui veut dire que, quand il y a une place de disponible,
qu'aucune famille du partenariat n'est intéressée à l'avoir, c'est ouvert au
reste de la liste, souvent les familles du quartier. Pourtant, ces ententes ont
été souhaitées et autorisées par le ministère de la Famille lui-même et ont
permis, non seulement d'apporter des ressources essentielles à plusieurs CPE :
construction de locaux, loyers modiques, de faire économiser des sommes
considérables à l'État, mais aussi une meilleure conciliation travail-famille-études
pour des milliers de parents. Modifier par après ces contrats est une voie qui
minimise l'engagement des partenaires envers les CPE. Ceux-ci contribuent, parfois
même depuis des décennies, à l'accès des femmes au marché du travail et au
patrimoine des CPE. Espérons que d'emblée que le ministère a un plan pour
pallier les pertes que ces CPE pourraient subir s'il poursuit dans cette voie.
Concernant les bureaux coordinateurs en
proposant qu'ils aient la possibilité d'être les responsables de l'évaluation
et du suivi de la qualité en milieu familial, le ministère de la Famille
pourrait élargir considérablement leur mission. Les BC membres de l'AQCPEs sont
déjà en réflexion sur ces aspects, elles veulent être partie prenante des
discussions. Ils ont démontré par le passé leur engagement à faire vivre le
milieu familial et ont fait preuve de beaucoup de diversité et de créativité
dans les échanges que nous avons eus. Ils ont des solutions alternatives
pertinentes à ces défis.
Finalement, l'ordonnancement donne une
priorité aux enfants qui fréquentent un service de garde éducatif en milieu
familial ou une garderie privée non subventionnée par rapport à d'autres qui
fréquentent déjà un CPE ou une garderie subventionnée. Nous critiquons de
nouveau cette discrimination entre les services éducatifs puisqu'elle réduit d'autant
le choix du parent. Ceux-ci ne devraient pas être pénalisés de vouloir changer
de milieu, peu importe celui dans lequel il se trouve actuellement.
En conclusion, les CPE BC ont à cœur les
objectifs de la loi : la transparence, l'équité et la mixité sociale. Nous
sommes convaincus qu'ensemble nous réussirons à trouver comment faire rayonner
ces valeurs en attendant que le réseau dépose... dispose du nombre nécessaire
de places pour accueillir chaque famille qui désire et arriver ainsi à une réelle
équité pour tous les tout-petits du Québec. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette belle présentation. Alors, on va
entamer la période de discussion avec la ministre et la banquette... la
banquette gouvernementale pour 16 min 30 s.
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour la présentation. Merci aussi aux
mémoires avec ses 17 recommandations. Alors, si vous... comme vous avez
conclu avec la 17e, moi, je vais commencer...
Mme Roy (Verchères) : ...avec
la 17e, donc on va avoir quand même là un élément de continuité. Puis je veux
que vous m'aidiez dans la réflexion. Quand on a mis en place cet article-là,
c'était justement dans le but de s'assurer de la protection du milieu familial,
73 000 enfants sont en milieu familial. Alors, on se disait : Si
on ne met pas cet article-là, les gens vont aller en milieu familial en
attendant d'avoir une place dans une installation, garderie subventionnée ou
CPE. Alors, on se disait : Ce qui est important, c'est que les parents
puissent avoir accès à cette place subventionnée là, mais de ne pas mettre en
péril tout le réseau des milieux familiaux, qui représente quand même, là,
comme je le mentionnais, 73 000 enfants, alors, évidemment, tout ça lié avec,
idéalement, le choix des parents.
On a tenu le grand forum la semaine
dernière où les CPE et les services de garde subventionnés nous mentionnaient
leur inquiétude sur le fait qu'il y ait trop de temps et trop d'administration
entre l'entrée d'un enfant puis la sortie d'un enfant, ne pas avoir de place
vacante, parce que, un, ça l'a un impact financier et un impact organisationnel
important.
Alors, ce qu'on s'était dit aussi dans ces
éléments-là, c'est de dire quand on a une place subventionnée. Peut-être que ce
n'est pas la place idéale qu'on souhaiterait, mais, par rapport au parent qui,
lui, n'a même pas accès à une place subventionnée, il est clair qu'on trouvait
qu'il était important, à ce moment-ci et jusqu'à ce que le réseau soit
entièrement complété, qu'on puisse donner la chance aux parents puis à la
famille qui n'ont pas accès à une place subventionnée de pouvoir en obtenir
une. Peut-être que ça ne sera pas la place idéale, mais déjà, si on privilégie
ceux qui ont déjà une place subventionnée en disant : Vous pouvez vous
promener jusqu'à ce que vous ayez votre CPE idéal, par rapport à ceux qui n'ont
pas accès, c'est un peu un... c'est un peu dans ce sens-là qu'on a amené
l'article. Deux éléments. Un, protection du milieu familial, que vous
représentez, alors, pour se dire : Ça ne sera pas un milieu où on fait un
saut de plus simplement. Et, vous dire, là, moi, ma fille, elle s'est inscrite
à La Place 0-5, elle a eu un milieu familial, espérait une place en CPE. Elle
aime tellement son milieu familial que, quand ils lui ont offert une place en
CPE, elle a dit : Non, je reste dans mon milieu familial parce que ça
répond aux besoins de ma fille. Alors, c'est un peu dans ce sens-là.
Puis là je vois cette recommandation-là
qui va à l'inverse, dans le fond. Alors, je me questionne. C'est peut-être que
mon raisonnement n'est pas bon puis que le vôtre tient. Je me questionne sur
cet élément-là concernant la protection du milieu familial. Deuxièmement, on
est tous d'accord avec le libre choix du parent, c'est bien sûr ce que l'on
souhaite, mais est-ce qu'on veut qu'un enfant change deux, trois places, trois
fois de place pour avoir la meilleure place pendant qu'il y a des parents qui
n'ont pas de places ou pas de places subventionnées?
Alors, j'ai envie de vous entendre parce
que j'ai été surprise quand j'ai vu cette recommandation. Vous êtes deux
groupes qui avaient fait cette recommandation-là, et j'ai été surprise parce
qu'on l'a vraiment fait dans le sens d'une protection de vos membres qui sont
aussi des services de garde en milieu familial. Alors, peut-être que je ne l'ai
pas bien... bien amené ou bien saisi, mais j'aimerais que vous m'aidiez à mieux
comprendre votre recommandation.
Mme Lemieux (Marie-Claude) : Je
remercie beaucoup la ministre pour sa question, Mme la Présidente. En fait,
dans les enquêtes sur les choix et préférences des parents en matière de
services de garde éducatifs jusqu'à celle de 2020 qui a été faite par le
gouvernement, ce qu'on se rend compte, c'est qu'effectivement le mode de garde
en milieu familial est un mode prisé par, essentiellement, un pourcentage
relativement fixe de parents, et ce n'est pas toujours en attendant,
effectivement, une place en installation.
Par ailleurs, dans les milieux
subventionnés, le CPE demeure le choix numéro un des parents. Et on croit,
nous, l'AQCPE, qu'effectivement les parents devraient avoir le droit de choisir
ce mode de garde, surtout si on considère la qualité et le dernier rapport de
la VGQ en ce sens, en attendant, justement, peut-être que la qualité soit à
niveau dans tous les modes de services de garde.
• (11 h 40) •
Donc, notre intention n'était pas de
discriminer entre le mode de garde en milieu familial et celui en installation.
C'était plutôt de dire : Dans toutes les enquêtes faites par le ministère
de la Famille sur les choix et préférences des parents, c'est, en installation,
le mode en CPE qui demeure le choix numéro un des...
Mme Lemieux (Marie-Claude) : ...parents,
et beaucoup de parents, bien, obtiennent une place en garderie subventionnée en
espérant pouvoir éventuellement être en CPE. Donc, c'était davantage dans cette
optique-là que nous avons introduit cette recommandation.
Mme Roy (Verchères) : Je
comprends bien votre orientation, mais je reste avec la même préoccupation de
dire que ce sont aussi vos membres, le milieu familial. Alors, est-ce qu'à ce
moment-là on ne met pas à risque, à ce moment-ci, en tout cas, de l'évolution
du réseau, le milieu familial, en disant : Bien, si tu as un milieu
familial, tu peux passer de l'un à l'autre, faire un saut de puce, et puis
attendre d'avoir une place en installation? Est-ce que vous ne mettez pas à
risque les milieux familiaux partout sur le territoire québécois où actuellement
73 000 enfants sont présents?
Mme Gasparrini (Gina) : Non,
on ne croit pas ça, mais que ce soient nos... ou CPE, on croit au choix du
parent. Pis si le parent croit que le service où est son enfant ne répond pas à
ses besoins ou ses valeurs, c'est dommage que ce parent doive y aller tous les
jours avec son enfant parce qu'elle n'a plus... elle est dans les critères
numéro 6. Donc, le premier éducateur de l'enfant, c'est son parent et on
ne voudrait pas lui enlever le choix d'où son enfant va être éduqué dans la
petite enfance. Et quand... s'il y a un parent qui décide de changer de milieu,
que ça soit parce qu'il y a une différence de valeur ou pour d'autres raisons,
bien, elle va libérer une place qu'une famille va pouvoir prendre. Donc, elle
ne bloque personne, Il y a juste un changement de famille, de place. Et ça,
comme on dit, on croit, c'est le parent qui est le premier éducateur de
l'enfant, donc il a bien le droit de choisir où son enfant va être éduqué en
petite enfance.
Mme Roy (Verchères) : Je
comprends bien le principe, mais, à partir du moment où actuellement... puis,
même, je vous le dis, j'entendais de nombreux CPE et services de garde me dire
l'inquiétude du fait que quand il faut remplacer les enfants, il y ait du temps
et tout ça. Alors, je me dis... puis c'est là où je me questionne. À un moment
donné, je me dis : Les parents qui n'ont pas accès à des places
subventionnées ne doivent-ils pas être priorisés? Là, on ne parle pas d'avoir
accès, on parle d'être priorisé, et puis c'est pour ça... en tout cas, je me
questionnais. Je vois bien votre... je comprends votre logique, je vois bien
votre logique, mais je vois vraiment cet article-là dans le sens de protéger
aussi les 13 000 éducatrices en milieu familial, partout sur le territoire.
Mme Gasparrini (Gina) : Et on
partage ça avec vous. Puis je vais vous dire qu'avec la... c'est une question
sur la plateforme, je sais, on n'est pas là pour ça aujourd'hui, mais de la
façon que ça fonctionne aujourd'hui, on a très, très peu de pertes de journées
entre enfants. Mais, malheureusement, la plateforme, la nouvelle plateforme
oblige des journées de perte. Ça a été un de nos soucis qu'on a soulevés.
Mme Roy (Verchères) : Ça
m'amène au guichet. Je pense que c'est intéressant ce que vous soulignez là,
effectivement, parce qu'on ne veut pas... ni vous ni nous, on ne veut pas de
perte de temps au niveau de la nouvelle plateforme comme ailleurs. Mais quand
on a rencontré les parents en focus group, les parents nous disaient : L'important,
c'est effectivement... Puis d'ailleurs, les services de garde aussi nous on dit
que, souvent, souvent, ils font visiter puis, effectivement, ils essaient de
s'assurer que le parent va aimer le milieu. Alors, cet élément-là, pour nous
aussi, une voix administrative, nous soulevait des questions. L'objectif du
guichet n'est pas d'allonger, c'est pour ça qu'on a mis des délais très courts.
Quand les enfants, par exemple, quittent, il y a des modalités différentes, tu
sais, c'est une place qu'il faut remplir dans les 15 prochains jours, qui
si c'est une place à remplir, on donne huit mois, là, pour former les groupes
au niveau des CPE. Je pense que ça, ça répond pas mal à vos attentes,
j'imagine.
Mme Gasparrini (Gina) : Pas
toutes, mais un peu.
Mme Roy (Verchères) : J'ai
envie de partager avec vous un cadeau que j'ai eu ce matin, je vais vous le
dire comme ça, parce qu'on a créé 30 000 places dans les trois... un
peu plus de trois ans, près de 30 000 places. Ce n'est pas suffisant,
je vous l'accorde. Je vous le dis tout de suite, ce n'est pas la fin, mais on
est rendu là et on continue dans ce sens-là. Et, ce matin, je lisais dans
Mamans de Beauport et environs : «On a un beau problème, notre
extraordinaire milieu familial ferme ses portes cet été». Alors, ça, c'est bien
triste, effectivement. «On a eu plusieurs appels de CPE, nous nous considérons
très chanceux. Nous avons plusieurs choix et peu de temps pour y penser». Puis
ça, c'est correct, puis le parent répond : «Alors, je me retourne vers vous,
avez-vous des commentaires?» Elle donne le nom des trois CPE qui lui ont offert
une place. Moi, je rêvais de voir ça. C'est la première fois que je le vois,
là. Je le partage avec vous ce matin parce que je le sais que vos membres,
entre autres, contribuent beaucoup à créer des places, partout au Québec. Et
c'est en relevant leurs manches, malgré les difficultés, qu'aujourd'hui on...
Mme Roy (Verchères) :
...avoir les premiers éléments comme celui-là. Donc, je tenais à vous le
partager et à vous dire qu'effectivement plusieurs éléments à l'intérieur de
vos recommandations, même s'ils ne sont pas directement dans le projet de loi
n° 95, ils sont quand même extrêmement intéressants et vont être, et on va
continuer à le traiter dans l'ensemble des différentes relations, dans les
données techniques, notre façon de faire pour s'assurer d'améliorer pour tous
les parents, justement, cette... ce réseau qui est si important.
Je vais revenir à l'article 10 parce
que le Vérificateur du Québec, lors de son rapport, en 2020, était
effectivement très, très critique sur le fait qu'on puisse avoir beaucoup trop
de critères de priorisation. Au Québec, c'est 2 000 politiques
d'admission et c'est 250 définitions différentes. Alors, pour un parent qui
cherche une place, c'est complexe. Puis on veut que ça soit le plus simple
possible. Et pour nous le service de garde aussi. Puis il nous mentionnait à
quel point, effectivement, trop de critères, un, ça crée des barrières à
l'entrée pour les familles, ça devient compliqué. Alors, on le mentionnait, je
l'ai mentionné ce matin, vous étiez présente, un parent qui ne peut pas avoir
accès au CPE parce qu'il n'a pas le bon code postal, ça peut créer des
problèmes. Une majorité de parents veulent avoir une place en CPE près de leur
résidence, mais d'autres souhaitent l'avoir près de leur lieu de travail, près
des grands-parents et pour une multitude de raisons. Alors, on parlait de la
liberté de choix des parents. Alors, le fait d'avoir une multiplication de
priorités, ça amène des barrières. Puis je voyais dans votre mémoire que vous
nous dites : Donnez-nous la liberté, on va les gérer, là, les... Puis en
même temps, vous me disiez, dans vos recommandations, de dire : Il faut
exiger un pourcentage à tous les services de garde pour les enfants
vulnérables, pour les enfants à besoins particuliers. Alors, j'avais comme deux
éléments : Obligez les CPE à mettre des pourcentages ou retirez les
pourcentages puis laissez-nous faire. Comment on équilibre tout ça?
Probablement que la juste mesure est entre les deux.
Mme Blanchard (Geneviève) :
Ah oui! Si je peux me permettre, par rapport aux pourcentages, en fait, c'était
ce que le VGQ aussi avait relevé en 2020. C'était qu'il y avait une
sous-représentation de certaines catégories, notamment les enfants qui sont
issus de contextes socioéconomiques précaires et les enfants ayant des besoins
de soutien particulier. Donc, on se disait, une façon en fait de tendre vers
une représentation qui serait, disons, représentative de ces enfants-là qu'on
retrouve dans la population en général, ce serait de dire, par exemple, d'avoir
un indice qui nous dirait : Dans certaines régions, il y a tant... On
constate ou on a une éducation qu'il y a tant d'enfants qui sont issus de ces
deux catégories-là. On devrait tendre à ce qu'il puisse y avoir cette
représentation-là qui soit... donc, qu'on retrouve, là, dans les services
éducatifs à l'enfance. Donc, ce n'était pas une obligation, mais c'était de
tendre vers cette... vers... d'augmenter, en fait, leur représentation dans les
services de garde éducatifs à l'enfance.
Et, par rapport aux critères de
priorisation, effectivement, c'est certain que si on les prend tous les uns
séparément, il y en a beaucoup qui se recoupent, mais j'y reviendrai. Donc, les
CPE se sont créés en... en prenant en compte les besoins qu'ils retrouvaient
sur le territoire. Donc, c'est certain que ça a créé des... Quand on parle de
critères de priorisation, bien, si vous avez fait un partenariat avec une
organisation sociale, donc ça vous fait un critère de priorisation qui est lié
directement à ce partenariat-là. Donc, si on répercute ça à la grandeur du
Québec, bien, ça peut amener une multiplication de ces critères-là, mais qui
ont, tous, comme objectifs, les deux... Nous, on le dit, référons-nous aux
objectifs de la loi qui sont la conciliation travail-famille ou encore la
conciliation, bien, pas la conciliation, mais l'égalité des chances. Donc, en
ayant ces deux grands objectifs-là en tête, je pense qu'on est capables d'avoir
un guide qui est suffisamment clair pour avoir des critères qui vont être...
qui vont répondre à ces objectifs-là, mais sans contraindre de façon trop
restreinte, là, les services de garde éducatifs à l'enfance.
Mme Roy (Verchères) :
Merci. Vous avez très bien répondu à ma question. Je comprends mieux, là,
effectivement, que ce n'était pas une obligation. J'aimerais vous entendre, parce
que vous avez parlé des deux grands objectifs de la loi. Mais on y ajoute dans
le projet de loi n° 95, aussi, la mixité sociale. J'aimerais peut-être
vous entendre à ce sujet-là.
• (11 h 50) •
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
Bien, Mme la ministre, traditionnellement, disons, si on peut dire, là où les
services de garde éducatifs ont manqué au niveau de la mixité sociale, c'est
vraiment au niveau des enfants vulnérables. Et ce que, malheureusement, le
projet de loi n° 95 ne fait pas, c'est de permettre les partenariats à
caractère social. On a des CPE qui sont pour et par les parents, comme disait
Mme Gasparrini, qui sont vraiment dans le tissu social, ancré dans le
tissu social de leur communauté, que ce soit dans des quartiers comme
Centre-Sud, d'Hochelaga-Maisonneuve...
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
…maisons neuves ou certains quartiers de Québec où on a des partenariats avec
le CISSS, le CIUSSS, un centre de pédiatrie sociale, un OCF. Et ce que la VGQ
disait effectivement en 2020, c'est : il faut… il faut tendre la main vers
ces familles-là pour leur permettre de venir. Souvent, ce sont des familles qui
n'inscrivent pas leurs enfants sur le guichet d'accès ou qui ne sont même pas
conscients qu'ils ont droit aux services parce qu'ils se disent : Moi, je
n'ai pas de… je n'ai pas d'emploi par exemple, donc pourquoi j'irais occuper
une place? Donc, c'est ce maillage, ces organismes communautaires autour du CPE
forment un écosystème qui peut faire du référencement au-delà des places
protocoles afin d'atteindre ces familles-là qui ne se sentent pas concernées ou
qui ne sentent pas qu'elles ont nécessairement le droit. Et ça, c'est… on l'a
entendu beaucoup devant la commission Laurent, on en a entendu beaucoup
l'importance aussi… c'est-à-dire on a pu le lire dans le rapport Agir tôt pour
que tous les tout-petits se développent du ministère de la Famille. Et on croit
qu'on devrait considérer ces partenariats-là, les permettre afin de faire du
référencement. Et ça fait partie de l'origine des CPE, de la raison d'être des
CPE et de ce qu'on a peut-être reproché aux CPE de ne pas faire assez,
c'est-à-dire d'aller vers les familles qui en ont le plus besoin.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Roy (Verchères) : C'est
bien court!
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, oui, ça va vite. Merci beaucoup pour cette première
ronde de questions. On se tourne vers l'opposition officielle pour neuf minutes
54 secondes.
Mme Maccarone : Bonjour,
mesdames. Merci beaucoup pour votre mémoire ainsi que pour le témoignage. Je
souhaite savoir ça sort d'où ce projet de loi, vous êtes les principaux
partenaires du gouvernement. Est-ce que c'est vous qui a fait la demande
d'avoir un dépôt de ce projet de loi pour régler un problème que vous avez
constaté dans le réseau?
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
Je répondrai à Mme la députée, Non, nous n'avons pas fait cette demande. Nous
avions compris, à l'origine que l'objectif du projet de loi serait d'empêcher
la discrimination sur une base religieuse, de langue ou d'ethnie, que nous
partageons entièrement. Et je pense que ça fait consensus au sein de la
société. Malheureusement, il nous semble que la solution mur à mur, si je puis
dire, ne tient pas compte des réalités comme celles que je viens d'évoquer, des
partenariats sociaux, par exemple, ne tient pas compte non plus de la réalité
pour laquelle les partenariats financiers ont été créés. Il faut comprendre
qu'il y a 66 % des CPE qui ont à l'origine un partenariat, à l'origine de
leur création, et 46 % des CPE devront revoir leurs lettres patentes si le
projet de loi n° 95 va de l'avant tel quel.
Et ces partenariats, en fait, comme le
disait notre présidente, ont permis à la collectivité et au gouvernement
d'économiser de grands montants, parce qu'il y a beaucoup de ces partenaires…
de ces partenaires qui ont investi dans le béton, la brique, en fait, ce qui
coûte cher collectivement, là, à investir et qui continuent à offrir des
loyers, des baux à taux bien en deçà du coût du marché. Et la plupart de ces
ententes de partenariat sont d'ailleurs inscrites dans les baux. Donc, on ne peut
pas penser que le partenaire va accepter comme ça, rapidement, de modifier un
partenariat ou une entente qui a peut-être pris des mois à construire, à
développer. Et on pense que c'est l'équilibre de l'écosystème qui risque d'être
mis à mal parce qu'on ne va pas vraiment, en tout… en tout respect pour Mme la
ministre, on ne va pas vraiment enlever des barrières, on va les déplacer.
Parce qu'il reste qu'on n'a que 52 cartes dans notre jeu et qu'on va les
redistribuer. Et Mme la ministre, lors de l'étude des crédits, l'a très bien
dit : Il y a 12 000 places en développement en CPE en ce moment,
on pense qu'on peut aller plus vite.
Si c'est une question de sous, bien, il y
a quand même près de 10 milliards qui a été reçu, là, du fédéral. Je
comprends que c'est une entente asymétrique et je comprends que le Québec a le
droit à cette entente asymétrique. Par ailleurs, c'était de l'argent qui
n'avait pas été budgété. Donc, c'est peut-être une piste, piste de solution. Et
si c'est des raisons administratives, je le sais que Mme la ministre est
entourée de fonctionnaires compétents. On pense que… nous, on a une centaine de
charges de ces projets en développement. On peut tendre la main au ministère et
à la ministre et trouver des solutions pour dénouer, pour que ça sorte de terre
le plus rapidement possible. C'est vrai que ça prend…
Mme Lemieux (Marie-Claude) : ...entre
deux ans et demi jusqu'à quatre ans et demi, construire un CPE. On pense qu'on
peut faire mieux, plus rapidement.
Mme Maccarone : Puis, si le
projet de loi est adopté dans sa mouture actuelle, selon vous, d'abord nous
allons déstabiliser le réseau basé sur ce que vous avez dit.
Mme Lemieux (Marie-Claude) : Oui.
Mme Maccarone : Ça fait que
l'impact, ce serait quoi?
Mme Lemieux (Marie-Claude) : Bien,
l'impact, il va y avoir un impact financier parce qu'à partir du moment où un
partenaire... Là, je pense à un partenariat récent, l'Université du Québec à
Chicoutimi, ont investi... le cégep ont investi 600 000 $ pour la construction
d'un 100 places. D'accord? 80 % des places seront réservées pour le
personnel, les parents étudiants.
Mme Maccarone : Oui.
Mme Lemieux (Marie-Claude) : Alors,
évidemment, c'est priorisé. J'ai peut-être dit «réservé»...
Mme Maccarone : J'ai compris.
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
...mais c'est priorisé. Je sais, ce n'est pas réservé. Maintenant, on pourrait
très bien imaginer qu'un partenaire de cette ampleur qui soit privé,
institutionnel, peu importe, dise : Bien, maintenant, vous allez payer le
loyer au coût du marché. Je ne vous donne pas la bâtisse, je vous la loue au
coût du marché et donc ça va faire exploser les loyers, et collectivement on ne
sera pas plus gagnants. Si une étudiante, une mère monoparentale s'inscrit à ce
CPE ou à ce cégep pensant qu'elle est... elle peut être priorisée sur la liste,
mais qu'elle n'a pas accès, on n'est pas gagnants non plus. Si une infirmière
de Sainte-Justine ne peut pas plus, on n'est pas gagnants. Donc, on pense que
c'est vraiment l'accélération de la construction qui va parvenir à créer une
équité, là, pour tous les parents.
Mme Maccarone : Ça, ça fait
beaucoup penser à ce que vous avez dit, Mme Gasparrini, puis c'est vrai que
vous l'avez aussi évoqué, les ... ils sont faits... les critères sont faits
pareils pour les parents, que je trouve que c'est un message fort. Alors,
est-ce que ce projet de loi... avec ce projet de loi, est-ce que nous sommes
entrain de dénaturer la raison d'être de nos CPE et le réseau?
Mme Blanchard (Geneviève) : Mais
c'est certain que ça a... Comme on le mentionnait, il y a certains CPE qui
sont... en fait que c'est des organisations communautaires, par exemple, qui
sont allées vers des parents pour créer des CPE pour répondre à des besoins qui
sont très tangibles sur le... sur le terrain, donc avec, si les critères sont
adoptés tels quels, mais c'est certain qu'ils ne seront plus en mesure de
répondre à leur mission qui était à la base même, là, de l'émergence du service
de garde éducatif.
Donc, je peux peut-être vous donner un
exemple qu'on considère souvent, qui est le CPE qu'on trouve dans Hochelaga-Maisonneuve
qui est associé... En fait, c'est l'organisation Mères au pouvoir qui a demandé
au CPE... en fait, qui a créé le CPE, la halte-garderie qui s'appelle
maintenant du Carrefour, donc pour assurer aux... à leur clientèle qui sont des
mères qui souhaitent reprendre, qui ont des appartements supervisés, qui sont
souvent des mamans monoparentales, donc qu'elles puissent laisser leur enfant
dans un endroit qui est sécuritaire, qu'elles puissent en fait compléter, là,
que ce soit les différentes démarches qu'elles ont pour réintégrer la société.
Donc, dans la mouture actuelle du projet de loi, cette mission-là ne pourra
plus être rencontrée. Donc, oui, ça vient toucher le cœur même qui était la
raison d'être du CPE.
Mme Maccarone : Est-ce que ça
se peut que ça va empêcher des personnes à vouloir poursuivre avec la mise en
œuvre d'un CPE? Parce qu'on se comprend, pour ceux qui ne comprend pas comment
ça fonctionne, c'est des OBNL. On peut bien dire qu'on veut… comme la… je peux
imaginer, la difficulté que le gouvernement fait face quand on parle de la
conversion. On sait que vous avez tout à fait raison. On a de l'argent, on a
10 milliards qui vient d'être annoncé par le gouvernement fédéral. Mais si
on ne retrouve pas avec des membres de la communauté qui souhaitent faire
partie de ce projet, le mettre à l'oeuvre, bien là, ça va être difficile
maintenant faire la conversion. Mais avec ce type de projet de loi, puis
maintenant avec les critères qui vont être appliqués, est-ce que ça va empêcher
peut-être les membres de la communauté de vouloir poursuivre, comme dans le
projet que vous avez parlé, à Hochega ou ailleurs? Est-ce que ça va amener un
frein?
• (12 heures) •
Mme Blanchard (Geneviève) : Bien,
ça complexifie, en fait, la façon de faire. Donc, il y a moins de latitude,
notamment, quand on regarde le critère pour les enfants issus de contextes
sociaux, économiques, précaires. Donc, le fait de ne pas… de ne plus pouvoir
s'associer avec un partenaire qui est souvent une façon de faire justement pour
réduire les barrières à l'entrée, donc, c'est sûr que ça va complexifier la
chose. C'est certain que nos barèmes, je pense que dans certains... dans
certains contextes, il va pouvoir... En fait, le contexte va être clair, les
mesures vont être claires. C'est surtout, de notre point de vue, ceux qui ont
déjà conclu des ententes où là c'est particulièrement... c'est beaucoup plus
ardu de dire, donc : On s'est assis... Surtout dans la dernière année, où
il y a eu cette recension, les CPS se sont assis avec leurs partenaires pour
dire : Nous allons avoir une entente écrite, ça va être clair, la
contrepartie, le nombre de places qui est priorisé. Et là, avec cette nouvelle
proposition là, ces nouvelles dispositions là, les CPE vont devoir se rasseoir
pour dire...
12 h (version non révisée)
Mme Blanchard (Geneviève) : ...mais
maintenant le contexte a changé. Ce sera 50 % de places qui pourraient
être priorisées à ce moment-là.
Mme Maccarone : Pas
nécessairement. Ceux qui habitent dans le quartier, il y a la proximité. Ça
fait que voilà un autre problème. C'était très fort, en passant, votre mémoire,
juste les titres : Peu importe le travail qui sera fait, il y aura
discrimination. Une réponse globale à des cas particuliers. Pourquoi on ne
peut pas juste faire confiance à nos C.A.? Je comprends, oui, on a des cas
spécifiques. Puis c'est vrai, il faut régler ça. Il n'y a personne qui est
contre ça, vous l'avez aussi évoqué, c'est très important. La ministre dit qu'on
a au-dessus de 2 000 critères de politiques d'admission, qui est peut-être
une réflexion spécifique. On est en train de centraliser des règles, mais
pourquoi qu'on ne peut pas juste faire confiance? Vous avez parlé peut-être une
formation, un guide. Est-ce que, ça, ça peut vraiment être la solution que nous
pouvons avoir pour s'assurer qu'on n'a pas des services de garde avec uniquement,
peut-être des garçons ou projets religieux? Je souhaite vous entendre là-dessus.
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
Oui. Bien, d'abord, dans un premier temps, effectivement, les services de garde
éducatifs que sont les CPE sont des corporations indépendantes. On a dévolu le
rôle d'offrir les services à ces corporations. Et reste que ce mode de
gouvernance a fait ses preuves si on suit, notamment, les évaluations de la
qualité. Maintenant, oui, on doit faire confiance aux administrateurs et qui
plus est, en fait, le ministère a procédé à une recension des différentes
politiques d'admission, là, qui sont en cours dans le réseau. On pense que... Et
les services de garde éducatifs doivent produire leurs propres règles, là, au
ministère. On pense que le ministère est en droit de regarder, selon des
critères qui seraient tout à fait objectifs, si les... si ça rentre dans les
objectifs de la loi. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on poursuit avec la députée de
Sherbrooke pour 3 min 18 s.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Vous avez très bien expliqué pourquoi ça peut précariser
certains milieux dans leur mission, là, la règle du 50 %. J'aimerais ça
entendre ce que vous pensez de cette intention-là de la ministre sur le
développement de places. Est-ce que ça n'a pas un impact aussi, comme un
retrait d'un incitatif, finalement, le développement de partenariats?
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
Bien, des partenariats sont au cœur, comme on l'a dit, du développement.
70 % des CPE ont leur origine dans une entente de partenariat. La
rétroactivité de la loi, je pense, va à l'encontre, là, de la stabilité dans
notre société de droit. Et effectivement, si on pense aux derniers appels de
projets ciblés, notamment pour les parents étudiants, où plusieurs universités
au Québec ont levé la main pour dire : Oui, on va investir. Plusieurs
centres hospitaliers ont levé la main pour dire : Oui, on va... On a une
installation. On en veut une autre. C'est comme ça que le réseau s'est
construit. Donc, effectivement, non seulement on risque d'avoir des pénalités
financières pour ces CPE, que le ministère n'aura pas le choix d'éponger, là,
pour maintenir le milieu, mais on risque effectivement de décourager des
partenaires potentiels, là, à investir.
Mme Labrie : Ça fait que ça
pourrait ralentir même le développement. Vous avez dit tout à l'heure que vous
estimez qu'avec le nouveau système d'attribution des places, il y aurait plus
de pertes de journées. Est-ce que vous pouvez élaborer un peu plus là-dessus?
Mme Gasparrini (Gina) :
Oui, parce qu'actuellement, par exemple, on est en train d'organiser nos
groupes pour l'automne, mais on voit tout le monde, on sait qu'est ce qui s'en
vient, les âges, tout ça. Puis on peut aller avec la date et l'âge de l'enfant
très facilement et on prépare la suite des autres. Puis on crée une relation
avec les parents sur les listes d'attente parce qu'ils nous appellent pour
avoir plus d'informations, etc. On commence à les connaître, puis on sait leur
réalité. Donc, par exemple, la pouponnière, on dit : Bien, c'est entre
juin et septembre, la date d'entrée, parce que ça dépend quand les plus vieux
quittent. Mais déjà on a une relation avec les parents puis on sait, un parent,
peut avoir dit : Bien moi, mon congé de maternité, ça se termine en
septembre, je peux attendre. L'autre dit : J'attends après vous pour retourner
au travail. Alors, quand la première place s'ouvre, on appelle le parent qui
est mal pris, puis on ne perd pas de journées parce qu'on connaît qui s'en
vient. On développe une relation avec eux, puis on remplit nos places pas mal
plus vite.
Une voix : ...
Mme Labrie : O.K. Et donc
comment vous nous suggérez de modifier... Parce que, là, certaines de ces
choses-là, en fait, ce n'est pas dans le projet de loi que ça se trouve. Est-ce
que vous vous attendez d'être consultés davantage, là, pour l'élaboration des
règlements?
Mme Gasparrini (Gina) : Oui.
Ça va être surtout sur le guichet lui-même, là. On a...
Mme Gasparrini (Gina) : ...je
pense que le réseau a été capable de parler haut et fort des craintes que nous
avons pour l'impact sur les services de garde, mais l'impact des familles
aussi. Par exemple, je vais dire, j'avais besoin d'enfants le 1ᵉʳ septembre,
bien, le parent qui a écrit le 2 septembre n'apparaîtra pas sur ma liste.
Je veux un enfant de 24 mois, l'enfant, il a 24 mois plus un jour, le
parent a perdu sa place. Alors, c'est toutes ces choses-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à cette
intervention. Il en reste une dernière avec le député des Îles-de-la-Madeleine,
pour 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, mesdames, pour votre mémoire, votre présentation
également, les nombreuses recommandations que vous faites. La première, nous y
souscrivons entièrement, de faire du droit à l'accès des services éducatifs à
la petite enfance abordable et de qualité, un droit non équivoque. Pour y
arriver, d'abord, évidemment, on a besoin créer des places et on a besoin de
créer des places subventionnées et de qualité et former des éducatrices
qualifiées et ainsi de suite. Ce projet de loi là ne rejoint pas du tout le
premier... la première recommandation, là, je ne vois pas de lien. Mais la
deuxième recommandation, j'aimerais vous entendre, à savoir si ma compréhension
est juste, en mettant en œuvre cette recommandation-là, est ce qu'on n'élimine
pas un peu la pertinence du projet de loi en tant que tel ou vous nous proposez
d'inscrire ça au projet de loi pour en limiter, justement, les effets
perturbateurs sur le réseau, comme vous l'avez évoqué tout à l'heure?
Mme Blanchard (Geneviève) :
Je ne suis pas certaine de comprendre votre question, mais c'est certain que...
M. Arseneau : Bien, je vais
la reformuler parce que, pour moi, c'est fondamental. Vous nous dites essentiellement,
tous ces critères-là que vous amenez, là : Éliminez ça, allez changer la
loi qui existe déjà pour dire qu'on n'a pas le droit de faire de discrimination
sur la base de l'origine ethnique, puis de la religion, puis on règle le problème.
On règle essentiellement le problème du projet de loi qui vient répondre à un
article de La Presse il y a quelques semaines, qui nous dit : Bien,
cela arrive dans le réseau, voici pourquoi on dépose le projet de loi. Est-ce
que je vous comprends bien?
Mme Blanchard (Geneviève) : Oui.
M. Arseneau : Merci. Donc,
parce que vous n'y voyez très peu... en fait, je comprends que vous y voyez une
multitude de complications, mais il faudrait quand même le faire par... en
amendant la loi constitutive des services de garde.
Mme Blanchard (Geneviève) : Oui,
effectivement, pour mettre en œuvre la recommandation n° 2,
il faudrait effectivement toucher à la Loi sur les services de garde éducatifs
à l'enfance. On a aussi basé... il y a beaucoup de travail qui a été fait aussi
en amont de ce projet de loi là. Donc, ça fait trois... plus de trois ans qu'on
travaille sur les politiques d'admission. On était d'accord... je me permets de
réitérer qu'on était d'accord avec le fait qu'il fallait avoir plus de transparence,
qu'il fallait faire un portrait, et donc ce qui nous a menés aussi à dire que
les politiques d'admission doivent être basées sur... donc les objectifs de la
loi, là, qui sont la conciliation travail-famille et l'égalité des chances. Et
je me permets de rebondir sur le commentaire de Mme Roy qui parlait de
mixité sociale. Nous, on considère que la mixité sociale est déjà bien
instaurée dans nos différents milieux et que, s'il y a des milieux qui basaient
leurs critères sur des motifs discriminatoires, bien, avec cette recommandation
là, on peut à ce moment-là y répondre.
M. Arseneau : Vous avez parlé
de centralisation qui vient à l'encontre justement du fait que ce soient des
organismes ancrés dans leur milieu et ainsi de suite. Est-ce qu'avec ça, vous
avez aussi une crainte que l'on grossisse essentiellement la bureaucratie pour
faire la vérification de l'ensemble de l'oeuvre qui découle du projet de loi n° 95, alors qu'il y a d'autres priorités?
Mme Lemieux (Marie-Claude) :
Bien, le ministère a déjà... doit déjà recevoir les critères de sélection des
services de garde éducatifs. Le ministère... D'ailleurs, les baux dont qu'on a
évoqué tout à l'heure ne peuvent pas être signés sans l'aval du ministère.
Donc, le ministère est déjà impliqué au niveau, là... à un certain niveau, au
niveau des partenariats et des critères d'admission.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, c'est ce qui termine cette audition.
Merci de votre présence à l'Assemblée nationale et pour l'apport à nos travaux.
Alors, ceci étant dit, la commission ayant
accompli son... oups, oui, effectivement, vous me permettez, je vais conclure
les auditions en déposant les mémoires des personnes et des organisations qui
n'ont pas été entendues lors des auditions publiques, et je vais lever...
ajourner les travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 11)