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Audition de témoins et étude du bill no
54 - Code du travail (6)
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):À l'ordre,
messieurs;
M. Orenstein, voulez-vous approcher du micro et vous identifier?
M. Orenstein: Je suis l'avocat Orenstein.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Vous représentez
qui, M. Orenstein?
M. Orenstein: Je m'excuse d'arriver ici pour la première fois
aujourd'hui, M. le Président, malheureusement, pour des raisons
imprévues, je n'étais pas capable de comparaître ici avant
aujourd'hui.
Le Président fM. Hamel, Saint-Maurice): Qui
représentez-vous?
M. Orenstein: Je représente quatre groupes patronaux, ça
veut dire: The Association of Washable Apparel Manufacturing of Quebec Ltd,
Management Consultants Ltd, Lingerie Underwear Manufacturers Association, Odd
Pants Manufacturers Ltd of the province of Quebec.
I would ask if it pleases this committee... I know that this committee
has reached article 60 which is under consideration or will be considered in a
few minutes. I do, however, believe that there are certain questions which have
arisen, up to the present time, which should perhaps be placed before this
commission and if such permission should perhaps be placed before this
commission and if such permission should be granted to me, I will undertake to
be brief as humanly as possible and if it will be of any assistance to this
committee to submit a written brief within the next short while, so as you
summarize the reDresentation of this morninq.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): On that special point, do
you want to make...
M. Orenstein: All in all, if my memory serves me right - I have not my
notes in front of me at the moment - there are 13 points which I have guestions
which I would like to place before the committee for consideration.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Well, say, at this
moment, I think, as you have suggested, you had better to give a written brief
and we will out it on file with this code and when we study it again we will
take into account the fact that you have intervened.
M. Orenstein: I therefore take it that I am not to make any oral
representations.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Well, of course, after
article 60, we are at the moment at 60. If you have something that is in
relation with the other articles, of course, you are free to sav what you have
to say.
M. Orenstein: Is the chairman...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): As far as the past is
concerned, I think it would be better if you have a written statement of the
position of vour clients.
M. Orenstein: I take it therefore that up to article 60 I am to make no
representation.
M. Johnson: Even on 60, vou would be allowed to...
M. Orenstein: Yes, I see. That would just be from article 60 on words
that such representations can be made.
Une voix: Yes, that is it.
M. Desaulniers (Guy-Merrill): M. le Président, les deux centrales
considèrent que si un mémoire écrit est fourni au
comité, il serait convenable que nous en ayons une copie et que nous
puissions faire toutes les representations sur ce mémoire. Autrement, ce
serait absolument injuste.
M. Johnson: C'est très bien. Étude article par article
(suite)
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Maintenant, M.
Desaulniers. M. Désilets ce nnatin m'a remis quelques notes à la
suite de la discussion d'hier oui se rapoorte particulièrement au
problème de la Corporation des instituteurs de la province relativement
à 1959. 1958-1959? 1959
seulement.
Remarques concernant le deuxième paragraphe de l'article 50 du
bill 54 (Code du travail) Motifs additionnels de la Corporation des
instituteurs pour demander que le deuxième alinéa de l'article 50
soit biffé: 1 Ce paragraphe de la loi empêche nos conventions
collectives, depuis 15 ans, de donner aux instituteurs une protection semblable
à celle des autres travailleurs de la province en ce qu'elle nous
interdit de stipuler dans nos conventions collectives pour les objets suivants:
a) congédiement b) suSpension c) promotion d) démotion e)
ancienneté f) sécurité sociale, etc.
L'honorable ministre, avec raison, a soulevé la protection
apportée par la Législature l'an dernier à l'article 232
du Code scolaire. Il faut dire cependant que cet amendement ne concerne que les
congédiements faits à la fin d'une année scolaire, mais
n'apporte aucun changement aux congédiements faits pendant
l'année scolaire. Nous savons qu'ils sont nombreux. Il y en a des
centaines par année. L'institutrice est accusée sans qu'elle
puisse se défendre. A-t-elIe puni le fils d'un commissaire que sa
fonction est en jeu! évidemment, il y aurait le procès civil,
mais il est dispendieux. D'ailleurs, c'est le rôle des syndicats de
Drotéger ses membres à tous ces égards.
En conclusion, disons que ce deuxième paragraphe réduit
nos syndicats et nos conventions collectives à la négociation des
salaires. C'est un traitement tout à fait discriminatoire à
l'égard des employés de ce service public.
Note: Re: Article 59 Si cet article ne laisse pas survivre la
prescription de cinq ans, comme les commissions scolaires n'ont pas les moyens
de payer en temps les salaires et la rétroactivité, il faudra
nécessairement les cribler d'actions. Nous courrions citer des centaines
de cas où le personnel a dû attendre huit mois et un an
échus légalement. (Petit mémoire déposé par
M. Desilets au nom de la Corporation des instituteurs.)
M. Desilets (Ubald): Concernant le deuxième alinéa de
l'article 50 et concernant l'article 59.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 59, oui. Alors, si vous
en aviez une copie pour remettre...
M. Désilets: Je viens de leur en remettre une copie.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Massicotte en a-t-il
une copie aussi? M. Desilets: M. Massicotte?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je dis M. Massicotte
parce que... Bien, qu'il n'y ait pas beaucoup de copies, M. Dugré...
Est-ce qu'il y en a une pour M. Dugré? Il représente la
Fédération des commissions scolaires, ça me semblerait
juste.
M. Désilets: Je vais lui remettre la mienne. Je me rappellerai
toujours ce que j'ai.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Vous la connaissez par
coeur. Alors, nous avons appelé hier l'article 60.
Maintenant qui commence? Il me semble que ce sont les unions qui sont
particulièrement touchées par l'article 60, à moins que
tout le monde l'approuve, ça éviterait beaucoup de
problèmes.
M. Marchand (Jean): Il n'y a pas moyen, M. le Président, je vais
vous le dire, c'est un des articles les plus contentieux du code. S'il y avait
moyen de remettre cela au début de l'après-midi, j'aimerais mieux
cela.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): L'article 60 au
début de l'après-midi. Alors l'article 61. Là, il y en a
plusieurs qui sont peut-être à la suite. Alors, article 60
à 2 h 30 de l'après-midi. C'est pour permettre d'être plus
court, parce que plus on a le temps de se préparer, plus on peut
être court.
M. Marchand: Oui, c'est ça, M. le Président c'est
réellement notre intention et c'est pour ça qu'on demande un
délai. Maintenant, nous avions laissé en suspens l'article 24,
concernant le scrutin secret...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui.
M. Marchand: ... décrété par la commmission. Si le
président n'a pas d'objection, nous aimerions le discuter
immédiatement.
Scrutin secret
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors l'article 25, nous
vous écoutons.
M. Provost (Roger): M. le Président, la Loi des relations
ouvrières, dans son esprit, est constituée de telle façon
que la reconnaissance déoend normalement de la majorité absolue
des membres qui veulent adhérer au syndicat. En d'autres mots, la base
de la loi, c'est la remise d'une accréditation reconnaissant qu'il
existe 50%
plus 1 des ouvriers qui ont exprimé, dans des conditions
établies par la commission et par la loi, le désir de se joindre
à un syndicat. Et nous pensons que le certificat, dans ces
cas-là, est simplement un geste automatique après enauête
de la commission. Mais nous croyons aussi, et l'article 25 exprime un peu cette
idée-là, que lorsqu'il y a intimidation qui empêche le
syndicat d'atteindre le 50% plus 1 ou que, lorsqu'il y a deux syndicats dont
les effectifs peuvent créer un doute dans l'esprit de la commission,
quant à celui qui a la majorité, nous reconnaissons que la
commission, dans ces cas-là, peut ordonner un vote. Mais le
problème qui se pose, ce n'est pas tant que la commission a
l'opportunité en tout temps d'ordonner un vote. Je pense que là
où se pose le problème, ce serait de donner à la
commission le pouvoir d'ordonner un vote rapide et voici pourquoi: Lorsqu'il y
a plainte ordinairement ou qu'il y a deux syndicats en lice, il y a audition,
il peut y avoir intervention par bref ou autrement, pour retarder le travail de
la commission. Et lorsqu'après un an et demi, deux ans parfois, la
commission décrète un vote, on ne sait plus quels sont ceux qui
ont le droit ou qui pourraient avoir le droit de vote et ça crée
de la confusion. Alors, nous proposons, pour ces raisons, l'amendement suivant
à l'article 25: "La Commission peut ordonner un vote au scrutin secret
d'un groupe désigné de salariés, lorsqu'elle est d'avis
qu'une contrainte a été exercée." En d'autres mots, nous
laissons tomber les mots "à chaque fois qu'elle le juge opportun", mais
afin de prendre soin du problème du vote qui ne se produit que deux ans
après, nous proposons le deuxième paragraphe suivant, nous
introduisons la question du vote d'enquête.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): "Pre-hearing vote" qu'on
aooelle en Ontario.
M. Provost: Mais nous voulons maintenir le principe de 50% plus 1 dans
la province de Québec, alors ce n'est que la moitié de la loi de
l'Ontario que nous suggérons. La commission peut ordonner un vote
d'enquête au scrutin secret d'un groupe désiqné de
salariés chaque fois qu'elle le juge opportun. Si tel vote a lieu, les
boîtes seront scellées et la commission n'en prendra connaissance
que si elle est d'avis qu'une contrainte a été exercée,
etc.
En d'autres mots, ce que nous suggérons, c'est que, du moment que
la commission a des présomotions avant de compléter son
enquête et les auditions, c'est qu'elle ordonne un vote, qu'elle scelle
les boîtes et, après son enquête terminée,
après avoir entendu les parties, tous les délais, si elle
établit qu'il y a bien eu plainte ou si elle établit qu'il y a
deux syndicats en nombre suffisant pour influer sur la décision,
là, qu'elle ouvre les boîtes et le vote est là et
détermine qui doit avoir le certificat. En d'autres mots, c'est une
partie de la loi de l'Ontario, nous ne l'avons pas mise complète. parce
que nous voulons maintenir...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Avez-vous un texte, M.
Provost, pour votre suggestion?
M. Provost: Il n'est pas à la machine. nous pourrons vous le
soumettre cet après-midi à la machine, si vous voulez.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Est-ce que, d'un autre
côté, il y a objection au "pre-hearing vote" qu'on a établi
en Ontario?
M. Renault (Paul): D'abord. M. le Président Paul Renault, de
l'Association des manufacturiers canadiens. Voici, l'article 25. tel que
proposé, règle ou pourrait régler la grosse
majorité des difficultés actuelles et réellement
simplifier un tas de délais, tandis que la proposition de la
préenquête avec les boîtes scellées, sans avoir le
texte qu'on dit qu'on va nous fournir cet après-midi, d'après ce
qu'on entend dire, c'est un système qui, même en Ontario, ne fait
pas l'affaire non seulement des patrons mais même de la majorité
des unions. Et voici pourquoi: Si la boîte est scellée, on attend
l'audition et, après coup, même si ça a pris un an. comme
M. Provost l'a mentionné, là, on ouvre la boîte, mais la
question de savoir si les syndiqués ou si les unions vont pouvoir
commencer à négocier, les délais ne sont pas
simplifiés, tandis qu'avec l'article, te! que vous l'avez, je soumets
respectueusement que la commission, lorsqu'elle voit une difficulté.
peut ordonner tout de suite un vote et !à l'union et l'employeur peuvent
disposer du problème immédiatement. Et je crois que c'est
certainement un avantage tellement que, dans la majorité des cas.
lorsqu'on paraît devant la commission, je dois cire et je crois que mes
confrères qui représentent les unions vont pouvoir me rendre ce
témoignage, c'est que je n'ai jamais d'objection au vote. Lorsgue
l'union se sent assez certaine de son affaire, ordinairement, elle accepte
aussi le vote et, au lieu de prendre un an, un an et demi, comme M. Provost l'a
mentionné, dans l'espace à peu près d'un mois, un mois et
demi, l'affaire peut être réglée pour autant que le vote
est concerné. Je soumets que cette liberté donnée par
l'article 25 à la commission va aider à simplifier les
délais, va permettre aux employés de savoir immédiatement
quelle union, s'il y a plusieurs unions, va pouvoir les représenter et
je crois que c'est une grande amélioration sur le système actuel
et beaucoup plus que le système de préenquête qui ne
raccourcira pas les délais, va pouvoir
permettre à la commission de disposer d'un grand nombre de causes
très, très brièvement.
M. Massicotte: M. le Président, Jean Massicotte. J'aimerais
ajouter aux paroles de M. Renauld ceci: Nous aimerions que la commission puisse
s'assurer et vérifier les désirs réels des employés
en matière de représentation syndicale. Nous sommes tous, du
moins de notre côté, au courant des métnodes d'organisation
syndicale; nous connaissons très bien...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je pense que ça
pourrait nous entraîner loin ça, M. Massicotte.
M. Massicotte: Non, non, je ne fais aucune accusation; non, non, je n'ai
pas l'intention de faire des accusations, il y a des méthodes
d'organisation syndicale qui, à notre avis, frisent la contrainte...
M. Provost: M. le Président, je m'y oppose.
M. Massicotte: Un instant! un instant! M. le premier ministre a dit que
c'était important qu'on soit ici pour connaître la
vérité.
Le seul fait pour les unions de s'opposer à ce qu'il y ait des
votes pour que les employés puissent librement exprimer leur
désir est une indication. Nous avons, dans la province de Québec,
des ouvriers qui, à un moment donné, signent une carte
d'adhésion pensant qu'il va y avoir un vote, et le faisant simplement
pour se débarrasser du solliciteur. Nous le savons, nos employés
nous le rapportent. Un de nos confrères, M. Crête, a parlé
de fausse représentation à l'endroit des syndiqués. Il est
évident que l'esprit de la loi, comme le disait M. Provost, c'est de
reconnaître la majorité absolue, mais l'esprit de la loi aussi,
selon les déclarations de M. Marchand, c'est un droit libre
d'association. Et pour s'assurer que les employés ont librement, sans
aucune contrainte morale ou autre, décidé d'adhérer
à l'association de leur choix, nous suggérons que, dans tous les
cas où l'employeur le demande, quand il y a une demande
d'accréditation, il y ait vote par scrutin secret.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, nous notons
ça, M. Massicotte. M. Desaulniers a-t-il quelque chose à
dire?
M. Desaulniers: Oui, M. le Président, je dois dire que je n'ai
pas l'intention de faire une analyse des actes faits par le patronage, je ne
veux pas prendre trop de temps devant votre comité, c'est ce que je
prétends, M. le Président. Seulement, j'aimerais vous dire ceci,
c'est que la proposition qui vous a été faite par les centrales
syndicales est une proposition liée, n'est-ce pas, à la Loi des
relations ouvrières. Lorsqu'une enquête est
présentée, il est de jurisprudence et en vertu du
règlement de la Commission des relations ouvrières et dans
l'esprit de la loi que l'enquête doit se faire au moment où la
requête est déposée, c'est-à-dire que la situation
de l'association au point de vue de la représentation est
examinée le jour où la requête est
déposée.
Or, ce que nous demandons par le vote d'enquête, parce que nous
voulons laisser à la commission l'opportunité de décider
s'il y a nécessité d'un vpte pu npn, parce que, si vous venez
à la conclusion, tel qu'on vous l'a mentionné tout à
l'heure, que c'est le vote qui va devenir la façon de régler les
accréditations, à ce moment-là, c'est de changer votre
loi, parce qu'il n'y a pas besoin d'établir une majorité si c'est
simplement une question de vote, changez tout le principe de la loi. Mais si
vous voulez garder le principe de la loi, et lisant le code, je maintiens que
vous l'avez soutenu le principe de la majorité. À ce
moment-là, tout ce que nous demandons, c'est ceci: La commission, si
elle vient à la conclusion qu'il pourra y avoir un vote et qu'elle
pourrait obtenir une manifestation réelle des employés de leur
désir d'appartenir ou de ne pas appartenir, pourrait
immédiatement, avant même que des auditions aient lieu, ordonner
un vote. Ce vote, nous considérons qu'il n'est pas nécessaire
qu'il soit dépouillé, parce que c'est la commission qui
décidera d'abord s'il doit y avoir une audition ou non sur la
contestation. Si la contestation démontre qu'en fait l'association ne
représente pas la majorité, à ce moment-là, il n'y
a pas besoin d'ouvrir le vote, elle rejette le certificat. D'un autre
côté, si elle est d'avis qu'il y a eu contrainte, à ce
moment-là, elle ouvrira les boîtes et là, elle aura
vraiment l'idée des employés au moment où la requête
a été présentée. C'est ça qu'il faut
absolument vous expliquer. C'est à ce moment-là, parce que la
pratique générale devant la commission est la suivante: chaque
fois qu'une requête est présentée, elle est
contestée sur le mérite, mais dans les conclusions de la
requête, on donne toujours des conclusions subsidiaires. On dit: d'abord,
nous contestons le droit à l'association d'être
représentée parce qu'elle n'a pas la majorité, mais si
nous ne prpuvons pas qu'elle n'a pas la majorité, à ce
moment-là, nous voulons un vote et je dis que, si les patrons sont si
intéressés à avoir vraiment l'idée des
employés par un vote, je crois que ce n'est pas au patron à
décider le désir des employés. Ce n'est pas leur affaire
aux patrons. Ils ont assez de leurs affaires à s'occuper. On va
s'occuper des ouvriers nous autres. Puis, deuxièmement, c'est à
la
commission et c'est elle qui a été nommée en vertu
de la loi pour ça, c'est à elle de décider s'il y a lieu
d'avoir un vote ou non. Je dis qu'à ce moment-là, on donne une
ooportunité à la commission de décider d'avance, de
permettre aux employés de manifester leur désir,
indépendamment de la durée du temps que ça peut prendre
avant qu'il y ait une contestation, indépendamment des pressions qui
peuvent être exercées et c'est la raison pour laquelle nous
présentons cet amendement.
Et pour finir, M. le Président, je comprends que le texte qui a
été préparé, à sa lecture du moins,
c'était l'opinion que les centrales ont exprimée à la
discussion du texte, c'était pour empêcher les brefs de
prohibition et bien d'autres procédures qui avaient pour effet de
retarder inutilement les procédures en accréditation.
Or, avec la formule que nous suggérons, nous considérons
que nous rencontrons ce problème-là.
M. Renault: M. le Président, je voudrais tout simplement faire
une remarque. L'article 25 dit tout simplement que lorsque la commission le
juge opportun, elle peut ordonner un vote. Je dis qu'il n'y a rien de plus
démocratique que de permettre à la commission, pour sauver des
délais, dès qu'elle voit qu'il y a un problème, de pouvoir
s'assurer après son enquête que réellement les
employés veulent l'union qu'ils peuvent avoir choisie.
Au point de vue pratique, M. le Président, je ferai remarquer
juste ceci: C'est que, dans les années que j'ai fait du droit ouvrier,
le patrons ou la grosse majorité des patrons, lorsqu'il y a une campagne
de faite, lorsque les employés, à la suite d'une fin de semaine
où une campagne a été faite, vont trouver le patron,
à tort ou à raison, font des représentations disant: Bien,
on a signé, mais on ne voulait pas signer, quelque chose de ce
genre-là. Alors, on vient nous voir et nous disons alors à la
commission tout simplement: Voici, un nombre d'à peu près 10% des
fois, de 15%, des fois plus sont venus voir le patron ou ont vu les
contremaîtres et disent qu'ils n'ont pas eu le temps de le
réaliser ou de penser. Alors, on demande à la commission: Bien,
faites un vote. Et, comme je le disais tout à l'heure...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Comme le dit M.
Desaulniers, au lieu que ce soit à la demande de l'employeur, pourquoi
est-ce que ça ne serait pas à la demande des employés?
M. Renault: Mais voici...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Vous pourriez être
employeur vous aussi...
Vous demandez d'écouter, moi, je suis obligé de...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Est-ce qu'il n'y a pas de
danger de toute façon, parce que, si vous présentez ça des
deux côtés, forcément, comme une chose oui va de soi, quand
vous parlez des ouvriers qui vont voir le patron ou le contremaître qui,
la larme à l'oeil, disent qu'ils se sont trompés deux jours
avant, il reste sous-entendu qu'il est toujours possible que ça soit par
des manoeuvres pour empêcher le syndicat, ça...
M. Renault: Comme M. Lévesque le dit, il reste possible qu'il
arrive, dans plus de 50% des cas, que vous ayez eu des pressions, si vous
voulez...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Sauf votre 50% tout le
monde peut être d'accord.
M. Renault: Laissons le pourcentage de côté...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Il y a peut-être eu
des nuances exagérées.
M. Renault: Mais je crois par exemple que l'article à tout
événement donne une liberté à la commission d'en
faire des unions comme nous, nous devons toujours faire confiance à la
commission...
M. Bellemare: C'est ça.
M. Renault: ... il donne la liberté à la commission de
décider si oui ou non, pour sauver des délais et empêcher
des choses comme M. Provost a mentionnées, des délais d'un an et
demi, deux ans, de décider immédiatement...
M. Provost: Ce n'est pas nous autres qui...
M. Renault: ... si oui ou non, pardon, oui, oui, M. Provost, c'est vous
autres avec d'autres bien souvent qui avez causé de grands délais
lorsqu'il y a deux ou trois unions et la seule chose que je demanderais, c'est
qu'on permette dans ce cas-là aussi, si on veut avoir la liberté
complète, que la commission lorsqu'il y a vote, même s'il y a deux
unions, sur le bulletin de vote puisse mentionner si oui ou non un
employé veut une union, parce qu'il y en à encore qui n'en
veulent pas. Alors, pour ça, il devrait sur le bulletin de vote, y avoir
les deux unions en cause, plus un troisième où on mentionne "pas
d'union".
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Orenstein.
M. Orenstein: M. le Président...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Vous allez vous approcher
un peu s'il vous plaît. Voulez-vous vous identifier?
M. Orenstein: M. Orenstein de Montréal. M. le Président,
il y a trois questions qui ont été soulevées par les
personnes qui ont parlé avant moi. Une des questions qui a
été soulevée était justement la question que je
veux poser devant la commission aujourd'hui. M. Provost a mentionné
qu'il faut avoir la majorité absolue. Mais il n'y a aucune
définition des mots "majorité absolue" dans le code qui est
devant la commission aujurd'hui, devant votre comité aujourd'hui. Et
vous savez bien que la loi qui existe dans le code est la loi qui doit
être interprétée pratiquement devant les tribunaux ou
devant la commission; ce sont deux choses différentes.
Et voici ce qui arrive. Et vous remarquerez bien aussi, même dans
votre code, il y a une différence entre l'article 20 et l'article 23.
L'article 20 parle de majorité absolue. L'article 28 parle de
majorité seulement. Alors on se demande lequel des deux articles est
correct. Est-ce que ça doit être la majorité absolue ou la
majorité purement et simplement?
Maintenant qu'est-ce que ça veut dire "la majorité
absolue"'' Nous avons cherché la jurisprudence pour trouver si les
tribunaux ont interprété ces mots-là. Il n'y a aucun
jugement qui se trouve en jurisprudence au Canada à propos de
"majorité absolue". Alors quand un avocat est en doute, il consulte
toujours le dictionnaire des mots ordinaires. Et la meilleure définition
qu'on a été capable de trouver "majorité absolue: 50% plus
un". Bon, c'est une définition. Mais qu'est-ce qui arrive, quand nous
avons un numéro impair? Supoosons qu'il y a 51 employés qui ont
droit de voter, et 26 ont voté pour l'union. Est-ce que de fait c'est
une majorité absolue? Je ne sais pas. Je sais une chose, la
moitié de 51 c'est 25 1/2 plus un, ça fait 26 1/2. Est-ce qu'il y
a possibilité d'avoir une moitié d'employé? Non, ça
n'existe pas.
Maintenant, qu'est-ce qui est arrivé dans le cas de Naipac,
où il y a 217 qui ont eu le droit de voter? 109 ont voté pour
l'union, 108 contre. Alors la question a été soulevée:
"Est-ce qu'ils ont la majorité absolue ou non?" La moitié de 217,
c'est 108 1/2 plus un ça fait 109 1/2. Est-ce qu'ils ont la
majorité ou non? Je ne sais pas, mais la commission, par la faute d'un
contre deux, a décidé qu'il y a majorité absolue à
raison de 109. Et la matière se trouve actuellement devant la Cour
supérieure pour décision maintenant.
Alors, je soumets respectueusement qu'on doit décider deux
choses.
Premièrement, qu'est-ce que la majorité absolue? Et
deuxièmement, est-ce qu'un nombre impair doit avoir la moitié et
qu'il doit ajouter encore ou est-ce que c'est seulement un numéro qui
est plus bas? Par exemple, quelle est la majorité absolue de 216? La
majorité absolue de 216, c'est 109. Exactement le même nombre que
pour 217. Ce qui laisse perdre la définition de "majorité
absolue".
Et puis il y a une question qui a été soulevée par
M. Desaulniers qui dit: "L'employeur a le droit de contester". En pratique,
dernièrement, depuis le mois de décembre 1962, cela n'existe pas.
Il y a un jugement qui a été rendu par la commission à
Montréal en décembre 1962, qui a décidé que
l'employeur n'a pas le droit de constester et qu'il n'a pas
d'intérêt. Ils ont déclaré ceci: "Oui, l'employeur a
le droit de prouver les faits "surrounding", en français, qui entourent
l'enrôlement dans l'union, et qu'il n'a pas l'intérêt de
contester". Ce que veut dire ce jugement, je ne sais pas mais malheureusement
j'ai un semblant de décision cette semaine dans la cause de (...)
Manufacturing Company. Alors une fois pour toutes, que la commission
décide réellement l'accord pour décider s'ils ont le droit
de contester ou non. Nous sommes d'avis qu'elle doit avoir ce droit parce que
ça serait le patron qui serait tenu de payer. Ce serait le patron qui
serait tenu de donner les bénéfices. Si on parle toujours d'un
grand employeur qui peut avoir 5000 personnes qui travaillent pour lui.
Correct, c'est une comoaqnie publique, elle peut payer, mais qu'est-ce qui
arrive dans le cas d'une compagnie qui a 20 employés? Est-ce qu'elle
doit perdre ses droits ou est-ce qu'elle doit les contester?
Et puis la troisième question qui a été
posée aujourd'hui à oropos de cet article 25, c'est de ne pas
avoir le droit d'avoir recours en bref de prohibition, bref de "quo warranto",
bref d'injonction ou n'importe quelle autre procédure suivant l'article
50 du Code de procédure civile.
Une des choses dont on est toujours fier ici, dans la province de
Québec, c'est le droit, qu'on appelle en anglais: "To have your day in
Court". Je suis d'avis qu'il y a eu des abus de cette manière-là
au moyen de "mandamus", de "quo warranto", et de prohibition. Mais autrement,
justement quand vous ajoutez au Code du travail maintenant, que s'il y a un
bref de prohibition, des autres brefs qui ont été émis, on
a le droit de faire appel à tout juge de la Cour d'aooel et de cette
manière, on peut avoir des décisions rapides. Je me demande si on
ne serait pas mieux dans ce cas-là, d'avoir trois juges nommés
spécialement, à qui on peut avoir le droit d'en apoeler de la
décision de la commission. Spécialement en vue du fait que le
code est amendé maintenant que si on
congédie quelqu'un en raison d'activité syndicale, il peut
comparaître devant seulement le président ou le
vice-président. Et de cette manière aussi, M. le
Président, on peut établir une jurisprudence une fois pour
toutes, parce que vous savez bien, tout ce qu'on doit faire pour
préparer ce code, et je suis d'accord qu'on a fait un ouvrage
merveilleux à ce point de vue, je maintiens que chacun doit avoir le
droit d'avoir recours devant le tribunal et d'en appeler purement et simplement
pour ce fait-là.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Ici, monsieur, je pense
que vous anticipez: l'article 121 prévoit un appel du bref de "quo
warranta" de l'article 50, un appel à deux juges de la Cour d'appel.
M. Orenstein: Sûrement, si on a accordé un bref de
prohibition ou de procédure, M. le Président, pas dans les autres
cas.
M. Lesage: Vous suggérez ce qu'on appelle au fond, sur les faits,
et non pas sur une procédure incidente.
M. Orenstein: Non, sur les faits mêmes, de cette manière,
je pense qu'au moins on peut établir une jurisprudence qui serait pour
tous, et avant d'aviser le client qu'il faut procéder devant le tribunal
ou non, on aura du moins une jurisprudence établie pendant plusieurs
années qu'on peut suivre.
Je regrette d'avoir pris autant de temps malheuresement, je suis plus
accoutumé de parler en anglais qu'en français et peut-être
que j'ai pris un peu trop de temps.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Bien.
M. Desaulniers: M. le Président, je m'excuse mais je crois qu'on
a soulevé des points assez importants et qui méritent que l'on
fasse des observations.
Premièrement, sur la question d'appel sur le mérite, je
veux souligner aux membres du tribunal, que nous sommes ici non pas en face
d'un appareil judiciaire tel qu'il existe en matière civile et
criminelle.
Nous sommes dans le domaine actuellement d'une commission
administrative. Or, contrairement à tout ce qui existe dans notre
système juridique, la loi prévoit, suivant les dispositions de
l'article 57 du nouveau code, que la commission peut pour cause,
révoquer, changer, amender une décision qu'elle a rendue. Ceci
veut dire, M. le Président, que cet article 117 constitue un appel d'une
décision antérieure de la commission.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):À la commission
même.
M. Desaulniers: Je comprends, à la commission même. Mais je
suggère ici que le législateur, lorsqu'il a créé
une commission pour administrer la Loi des relations ouvrières, n'avait
pas l'intention de faire administrer la Loi des relations ouvrières par
la Cour supérieure, ni par la Cour d'appel, bon. Et je ferai remarquer
aussi que la conception que l'on doit se faire d'une commission administrative,
c'est qu'elle a juridiction pour interpréter sa loi. Je comprends qu'il
peut y avoir un recours devant les tribunaux si lorsque, dans son
interprétation, elle a excédé sa juridiction. Je me fie
actuellement à la jurisprudence qui a été établie
même par la Cour suorême. Mais elle a tout de même la
juridiction d'établir l'interprétation de sa loi. On a
soulevé le point de l'article où on parle de majorité. La
commission, suivant la juridiction que la loi lui donne, a établi
l'interprétation de la majorité absolue. Elle a dit ce qu'elle
voulait dire à son point de vue, et je vous soumets que c'est à
la commission à le dire, ça. Autrement, ce oui va arriver, on a
mentionné le nom tout à l'heure, le nom de Nalpac, permettez-moi
ici d'ajouter que dans le cas d'un Nalpac, il y a eu je crois deux ou trois
brefs de prohibition, et on était rendu au point où on se
demandait si on n'aurait pas dû orésenter la requête de
certification à la Cour supérieure au lieu d'aller devant la
Commission des relations ouvrières. C'est que ces appels sont faits par
des façons indirectes, et ils ont créé une situation
impossible. Mais le législateur a prévu - je le remercie en tout
cas, personnellement -une procédure nous permettant d'aller en appel, on
la discutera plus tard, je ne veux pas la discuter maintenant, mais elle a
prévu ça, en somme, pour empêcher des délais
interminables. Ça en y reviendra plus tard. Mais ce que je veux dire,
c'est que la commission doit être considérée comme
étant celle qui a juridiction pour interpréter sa loi.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): M. Desaulniers,
là-dessus, on est toujours sur l'article 25, je suppose et je trouve que
c'est difficile à suivre. C'est sur l'article 25?
M. Desaulniers: C'est sur la question plus bas.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Maintenant, sans
préjuger votre amendement, évidemment on va y venir cet
après-midi, je veux juste vous poser une question: Tel que c'est
là, en tenant compte de ce que vous venez de dire, que c'est la
commission qui a juridiction, il faut quand même admettre que c'est elle
qui est l'organisme central de l'interprétation de cette loi-là.
Est-ce qu'il
est vivable cet article-là? L'article 25.
M. Desaulniers: Vous voulez dire tel qu'il est?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Tel qu'il est
là.
M. Desaulniers: Alors, voici, l'article...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Sans tenir compte pour
l'instant de ce qui peut venir de meilleur, là.
M. Desaulniers: Je dis que je prends l'article tel qu'il est avec ce
qu'il peut vouloir dire dans tout son sens. Je dis qu'à ce
moment-là, l'interprétation qu'on peut donner à l'article
25 peut aller à l'encontre des principes mêmes fondamentaux de la
Loi des relations ouvrières.
M. Bellemare: Pas de la commission, voyons donc.
M. Desaulniers: Parce que, les remarques ont été faites
tout à l'heure, ce qui veut dire que la commission pourrait en n'importe
quel temps même si une association a 90% des membres qui ont
siqné, déterminer un vote de la même façon.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est surtout lorsqu'elle
le juge opportun.
M. Desaulniers: C'est que vous lui donnez une ouverture qui lui permet
d'agir à l'en- contre des principes de base de la Loi des relations
ouvrières.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Si vous me permettez,
à ce moment-là, vous présumez qu'elle va aller plus ou
moins sciemment à l'encontre des principes de sa...
M. Desaulniers: Non, M. Lévesque, je m'excuse. Je ne fais pas de
suppositions. Actuellement, je ne discute pas en relation de la commission ou
de ceux qui la compose. Je ne discute que d'un texte de loi et je dis que, tel
qu'il est proposé, cet amendement permet, je ne dis pas qu'elle va le
faire, mais permet à une commission de suivre une pratique qui sera
à l'encontre de l'essence même du droit de représentation
en vertu de la Loi des relations ouvrières.
J'ajoute à cela que pour régler le problème des
brefs de prohibition - je sais que c'était une des raisons de la
préparation de cet article parce que je l'ai compris comme ça -
je dis que la suggestion que nous faisons règle ce
problème-là.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Celle qui va être
dans votre amendement.
M. Desaulniers: Celle qui est dans l'amendement.
M. Marchand: Si vous me permettez, juste un mot, M. le Président,
nous ne voulons pas avoir l'allure, les centrales syndicales, de nous opposer
en principe au vote de représentations syndicales parce que s'il y a un
moyen en démocratie de connaître la volonté des gens c'est
par le vote. La raison pour laquelle nous demandons ça, je pense que
ceux qui ont connu l'histoire un petit peu de nos lois de relations
ouvrières se souviendront que, pendant la guerre, le gouvernement
fédéral a adopté le bill CP-1003 oui réglementait
les relations patronales-ouvrières.
En vertu de CP-1003, la règle, c'était le vote qui
désignait des agents négociateurs. On était en temps de
guerre. Il fallait aller vite et dès que vous aviez une minorité,
la commission décrétait un vote. Quand on est arrivé aux
lois provinciales, en particulier à la Loi des relations
ouvrières, on n'a pas voulu que la règle soit le vote. On a dit:
Ce n'est pas assez sérieux parce que les gens ne payent pas de
contribution, ne signent pas de carte et on voudrait qu'ils suivent cette
procédure-là afin que ce soit bien sûr qu'ils expriment
leur volonté en adhérant à un syndicat et en payant les
contributions. A ce moment-là, si curieux que la chose ouisse
paraître, les syndicats voulaient avoir la formule fédérale
et les patrons s'opposaient évidemment à cette formule-là,
ils voulaient que l'adhésion en syndicat soit très
sérieuse et qu'on signe une carte.
Alors, nous avons vécu sous ce régime-là,
c'est-à-dire ce qui donne le droit, le premier droit à
l'accréditation, c'est l'adhésion, la signature d'une carte et le
paiement d'une contribution syndicale et c'est là, quand M. Desaulniers
dit que ça chanqe un peu la philosophie de la loi. Si la commission, en
interprétant cet article-là, décrète
systématiquement des votes, ça veut dire que cette
garantie-là qu'on a voulu avoir n'existera plus, à toutes fins
pratiques.
Alors, nous ne nous objectons pas au vote, seulement, si vous nous
placez sur le dos le fardeau de faire signer des cartes, de faire payer des
contributions et de convaincre chacun des employés, je ne vois pas
pourquoi vous nous placeriez dans une situation d'instabilité en nous
menaçant d'un vote continuellement.
Maintenant, l'article 25, c'est un article excellent en soi parce que
justement un de nos griefs, ç'a été les brefs de
prérogatives qui étaient pris en vertu de l'ancien article 8 oui
disait; "La commission ne peut or- donner un vote que dans un cas de contrainte
ou de double majorité." Alors là, immédiatement, quand une
des parties n'était pas satisfaite, et c'est arrivé aussi de la
part des syndicats, ils Drenaient un bref,
paralysaient la commission et ç'a été une source de
délais. La seule façon d'empêcher ça, c'est de
rédiger l'article comme il est rédigé là, parce que
là, il n'y a pas de prise au bref de prohibition; la commission a une
discrétion absolue.
Alors, nous autres, notre effort, l'effort de pensée qu'on a fait
dans la clause qu'on va vous soumettre, c'est justement de garder cette
discrétion de la commission pour ne pas qu'il y ait de prise au bref de
prérogative. Nous prenons un vote, elle est libre de le prendre au
moment où elle veut mais lorsqu'il s'agira de savoir si elle
considère le vote ou non, à ce moment-là, elle devra voir
s'il y a eu contrainte ou s'il y a double majorité. C'est pour
éviter simplement que la procédure qui a été
reconnue chez nous et qui est stable et que les employeurs ont voulu dans le
temps ne soit pas une procédure simplement odieuse, c'est-à-dire
qu'on organise, disons, un groupe à 70, 75 p. 100 qu'un employeur arrive
devant la commission et dise: "On veut un vote quand même". On n'y a pas
d'objection de principe.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Le vote qui va venir dans
votre amendement, est-ce que ça pourrait être ceci, ça
serait pour figer de façon qu'on connaisse l'opinion à telle
date, et s'en servir si on croit que c'est nécessaire.
M. Marchand: C'est ça. Et ensuite, si un syndicat a
été de bonne foi, il a obtenu des membres
régulièrement, il les a fait payer et qu'il n'y a aucune
contestation valable, les bulletins de vote, la commision n'en tient pas
compte. C'est la requête qui vaut, c'est le principe de base de la loi.
Maintenant, s'il y a contestation, c'est-à-dire que s'il y a double
majorité ou s'il y a eu contrainte, à ce moment-là, la
commission dit: "Bien, dans ce cas-là, moi, j'ouvre la boîte de
scrutin et je vais voir quelle est la volonté libre des travailleurs
dans ce cas particulier.
C'est l'esprit de notre amendement. Nous ne nous opposons pas au vote
mais tant que la règle de l'adhésion du paiement des cotisations,
etc.. sera maintenue et la règle qui a été mise dans la
loi à la demande des employeurs dans le temps avec des pressions
considérables parce qu'on trouvait que le vote, c'était une
façon trop simple d'organiser des syndicats, bien, si on maintient cette
règle-là, il faudrait que ça ait un sens au point de vue
des procédures de certifications.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, nous allons
attendre à deux heures et demie, vous allez avoir votre amendement
écrit à ce moment-là, M. Desaulniers?
M. Desaulniers: Oui, M. le Président.
M. Renault: On réservera les autres commentaires qu'on pourrait
avoir à ce temps-là.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui. J'espère
qu'ils seront limités parce que ç'a été pas mal
discuté là, quels que soient les termes de l'amendement, j'ai
l'impression qu'on n'a pas beaucoup de choses à ajouter, mais enfin, on
verra ça à deux heures et demie.
M. Renault: C'est sûr. Ce sera très court.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, on va prendre 61
en laissant 60 pour cet après-midi.
Affiliation à une association
M. Massicotte: M. le Président Jean Massicotte. À 61, nous
avons un amendement à proposer qui aurait pour effet d'appliquer non
seulement aux associations de salariés et aux groupes de
salariés, ce qui est prévu dans l'article 61, mais à tout
salarié aussi. En d'autres termes, nul salarié ne ferait de
démarche en vue de devenir membre d'une autre association ou de s'y
affilier ou de cesser toute affiliation sauf dans les délais qui sont
prévus là. Nous voulons que ce soit les individus encore qui
puissent exercer, ou si vous voulez, on les limite à ce moment-là
dans un délai, mais que ça s'applique aux individus aussi bien
qu'aux groupes.
Amendements suggérés: Nulle association de salariés
ayant conclu une convention collective, nul groupe de salariés
régis par une telle convention ou par une sentence arbitrale en ayant
l'effet, et nul salarié ne fera de démarches en vue de devenir
membre d'une autre association, de s'y affilier ou de cesser toute affiliation,
sauf dans les soixante jours précédant la date d'expiration ou de
renouvellement de la convention ou la date d'expiration de la sentence
arbitrale.
M. Desaulniers: M. Le président, Guy Desaulniers. J'aimerais
à ce stade-ci faire la remarque au comité que ce que M.
Massicotte veut actuellement demander à votre comité, c'est
d'amender la loi pour nier le droit d'association et voici comment: c'est bien
simple, vous allez me laisser finir et je vais vous le démontrer. C'est
que l'article 61 est un article qui suit des recommandations de la commission
d'enquête Provost dans l'affaire des moulins de papier et le
problème s'est soulevé dans les moulins de papier en 1943 et
1942. Et, à ce moment-là ce qu'on a voulu par l'article 61,
d'ailleurs, qui est une reproduction de ce qui
existe dans la Loi des relations ouvrières, c'est que lorsqu'une
association avait signé une convention collective de travail que pendant
sa durée elle ne puisse pas changer pour une autre, et ça pouvait
se faire avec notre nouveau système soit par une nouvelle requête
qui est défendue par la loi, sauf dans les périodes ouvertes, ou
soit par le fait qu'une association s'affilie à un autre groupement.
Or, le principe d'affiliation a été gardé tel qu'il
était et je soumettrais que lorsque vous ajoutez salariés, voici
les conséquences, M. le Président, c'est que, moi, je suis un
employé, je suis représenté par une association oui a
obtenu un certificat. Ce n'est pas parce que l'association que je
représente doit maintenir pendant la durée de la convention, sauf
pendant la période ouverte, sa même affiliation, que je n'ai pas
le droit, moi, personnellement, de faire partie d'une autre association. Il n'y
a rien qui m'empêche, moi, si je veux faire partie de deux, trois, quatre
associations, d'en faire partie, quoique si vous disiez dans la loi que le
salarié n'a pas le droit pendant la durée de la convention
collective de faire partie d'une autre association, à ce
moment-là, vous lui enlèveriez un droit que la loi lui
reconnaît.
La loi ne reconnaît pas simplement le droit de faire partie d'une
association, elle permet aussi de faire partie de deux ou trois associations.
Je ne discute pas pour le moment si c'est bien ou si c'est mal, je ne discute
que du principe. Et c'est pour ça que je m'objecte parce que le mot
"salarié" à ce moment-là, vous changeriez
fondamentalement, vous attaqueriez fondamentalement le droit d'association d'un
salarié comme personne, comme individu.
M. Massicotte: M. le Président, je pense que dans les jpurs
derniers, on s'était entendu qu'on suivrait un peu les règlements
de votre Chambre, c'est-à-dire, pas de procès d'intention. On
vous a soumis un texte, qui est là, le texte parle par lui-même.
M. Desaulniers parle de la loi, mais M. Desaulniers public, par exemple, nos
conventions collectives. Dans nos conventions collectives, nous avons des
clauses qui prévoient que, par exemple, un employé, un individu,
peut cesser son affiliation dans une période que nous convenons, disons,
entre le 60ème et le 30ème jour oui précède la date
d'expiration. Nous voulons tout simplement que la loi reconnaisse ce que nous
admettons en matière de convention collective. Ce n'est pas trop
demandé.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): M. Massicotte, vous me
permettez une question. Si on inscrit dans le texte votre amendement,
c'est-à-dire, nul salarié n'a le droit de chanoer d'association,
de cesser l'affiliation, de s'affilier avant les soixante jours
précédant l'expiration, il me semble que ça paralyse
complètement toute activité d'organisation, de
réorganisation, tant aux unions de boutique, par exemple, et qui fait
partie d'un gouvernement qui a mis dans son programme que ce n'était pas
nécessairement la formule idéale, ça veut dire qu'il ne
resterait rien que soixante jours vis-à-vis d'une union de boutique, par
exemple, qui aurait eu facilement une convention collective.
M. Provost: Trente jours seulement.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): En fait, vous voulez
restreindre à une très courte période la
possibilité réelle de changement par les gars de
l'intérieur qui sont les salariés.
M. Massicotte: Oui, mais d'un autre côté, je vais me faire
pour quelques instants l'avocat des syndicats, vous assurez la permanence quand
même et la stabilité si vous voulez des relations industrielles
pendant au moins dix mois si vous avez un contrat de douze mois.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est-à-dire que
vous protégez les syndicats, si on peut les appeler les syndicats,
disons, de centrales, là, les syndicats de la FTQ et de CSN contre leur
propre tentation de "riding" si vous voulez. Mais, vous protégez
également les unions de boutique contre toute...
M. Massicotte: Les unions de boutique, écoutez, je ne suis pas
ici, M. Lévesque, pour discuter des unions de boutique. Je ne
représente aucune association de salariés, quelle soit union de
boutique, quelle soit union "bona fide". Ce n'est pas mon rôle. Je
représente exclusivement les employeurs.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Je n'avais pas
d'intention, je veux dire, on parle de dire la vérité. La
vérité, c'est qu'il y a des unions de boutique, il y en a qui ne
le sont pas. Cela existe.
M. Massicotte: Il y a des unions de boutique. Écoutez, on parle
d'unions de boutique, je pense que, par exemple, si vous disiez à
l'union de Northern Electric que c'est une union de boutique parce qu'elle est
indépendante, elle ne sera pas d'accord avec vous, parce que même
une union comme celle-là va prendre les service des avocats des grandes
centrales.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est pour ça, je
ne veux pas entrer dans le mérite de la question, je veux dire, il y a
des unions que les syndicats considèrent...
M. Massicotte: Certainement, Northern Electric, ils se servent de Marc
Lapointe.
M. Desaulniers: Cela n'a pas de bon sens.
M. Marchand: Voici, rien qu'un commentaire à faire; le principe
de la loi, l'article 3, ça c'est le principe fondamental de la loi:
"Tout salarié a droit d'appartenir à une association de
salariés de son choix et de participer à ses activités et
à son administration". Il a été prévu et
interprété qu'en vertu d'une convention collective, on peut
mettre comme condition d'emploi qu'un employé devrait être membre
de telle union, mais nulle part, on peut empêcher un travailleur
d'appartenir à l'association de son choix, c'est-à-dire, qu'il
devra peut-être être membre de telle union qui a le contrat, mais
en dehors de ça, s'il veut faire partie d'une autre union, ça
c'est son droit fondamental et il y a une pratique interdite qui est formelle
là-dessus. Alors, justement, ce qu'on essaie de faire, et ça,
ça provient du principe même qui est consacré à
l'article 3, tout citoyen a le droit d'appartenir au syndicat de son choix, et
ça c'est la vraie liberté syndicale, et justement, là, on
lui dirait, dans un autre article, mais dans tel cas, tu n'as pas le droit
d'appartenir à l'association de ton choix.
M. Massicotte: M. le Président, Jean Massicotte, je vous ferais
remarquer que, avec sagesse, je pense, et peut-être en fonction du
raisonnement que j'ai fait, je ne le sais pas, le législateur a cru bon,
par exemple, dans le nouveau code, de faire disparaître l'article 17 de
façon encore à assurer la permanence et la statibilité de
l'association accréditée. Aujourd'hui, les associations
accréditées n'auront plus ce problème d'avoir, par
exemple, un certain groupe d'employés qui appartient à une autre
union, aller devant la Commission des relations ouvrières et puis
demander un certificat d'attestation, selon ce qui existait en vertu de
l'article 17.
M. Marchand: Ce n'est pas un problème pour nous, M. le
Président. L'article 17, il y a quelques syndicats qui s'en sont
prévalu. Ce n'est pas exactement un problème. Tout le monde
s'aperçoit que cette disposition-là, étant donné la
philosophie de notre code, c'est-à-dire le monopole de
représentation qui est accordé au syndicat majoritaire, que
l'article 17 n'est pas utilisable, à toutes fins pratiques. Alors, ce
n'est pas un problème pour nous et je pense que le législateur a
raison de l'enlever parce que, étant donné le monopole de
représentation qui existe chez nous, c'est inutile d'avoir cette
disposition-là.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré. 62 en délibéré. 63.
M. Pepin: M. le Président, sur 62. Marcel Pepin. Voici...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Sur 62?
M. Pepin: Oui, s'il vous plaît! Simplement deux remarques, M. le
Président. En vue d'être pratique et si on a l'intention de
soumettre des différends à des conseils d'arbitrage, ce sera le
conseil des parties. Je me demande s'il ne devrait pas y avoir une formule,
à ce moment-ci, pour prévoir qu'au moment où on fait la
demande du conseil d'arbitrage, l'on désigne au même moment les
personnes qui agiront comme nos arbitres, comme nos représentants au
conseil; ensuite, que la formule prévoie aussi la juridiction que l'on
entend donner au conseil.
M. Renault: M. le Président, je crois que sur ça - les
formules actuelles qu'il reste - le département va toujours avoir le
droit de fournir les formules et de continuer le système actuel sans le
mettre dans la loi.
Une voix: M. Pepin, sur 65.
M. Pepin: Oui, mais ça ne répond pas pour la juridiction,
par exemple. Ah! C'est une question d'accélération de
procédures. Quand on demande la formation du conseil, si on
désigne immédiatement notre arbitre ou la personne que l'on
recommande pour agir à ce titre, ça accélère les
procédures tout simplement. Si on le fait par réglementation,
ça peut aller aussi.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Quel délai y a-t-il
entre 62 et 65? Dans la pratique, en fait, vous le dites... Qui est votre
arbitre?
M. Pepin: Bien, on n'a pas tout à fait cette situation
présentement. Quand on s'en va à un conseil d'arbitrage, le
ministre nous avise de nommer notre arbitre dans un délai de dix jours.
En tout cas, si la réglementation était à l'effet que les
formules prévoient que l'on désiqne les personnes que l'on
désire voir agir comme arbitres et pour la juridiction, je pense que
c'est pas mal plus important.
M. Lesage: Si vous lisez 65 comme il le faut, dans la demande...
M. Cournoyer (Jean): M. le premier ministre, Cournoyer, de l'Association
des constructeurs. Dans 65, il y a une différence entre le texte
français et le texte anglais: les parties à la demande et non les
parties dans la demande. Les parties à la demande dans le texte anglais,
on se demande ce que
ça veut dire. Dans le texte français, on dit "les parties
dans la demande", ce qui pourrait signifier qu'on désigne nos arbitres
dans la demande.
M. Lesage: Très bien. Il s'agit de remplacer "to" par "in".
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors 63, il n'y a pas de
changement. 64, correct. 65.
Une voix: M. le Président, sur 64...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Sur 64.
M. Orenstein: M. le Président, je vois que l'article 64 a
laissé un abus oui a existé dans la loi orécédente.
La loi dit qu'on n'est pas capable de nommer le procureur, le conseiller des
représentants d'une partie. Ce serait bien simple, par exemple, pour un
avocat de nommer, pour le patron ou pour l'union, l'associé de l'avocat
qui s'occupe de la cause. Les résultats sont exactement les mêmes.
Nous savons bien qu'en pratique - c'est depuis 26 ou 27 ans que je pratique en
vertu de cette loi - on trouve que c'est toujours le juge qui est nommé,
qui décide la différence parce que s'il est avec le
représentant de l'employeur, tant mieux, et l'autre écrit une
décision minoritaire. Alors, je soumets respectueusement qu'une fois
pour toutes, on doit établir ce que l'on aopelle en anglais - je ne sais
pas comment ont dit en français - "a panel", des personnes, des juges ou
des personnes spéciales, des avocats peut-être, nommés par
le Gouvernement et que les trois personnes soient nommées à ce
"panel". Alors, une fois pour toutes, on aurait un conseil d'arbitrage qui est
autrement libre de l'ooinion et oui n'est pas soumis à des impressions
d'un côté ou de l'autre.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 65 en
délibéré.
M. Provost: 64. C'est exactement la loi fédérale et bien
souvent les représentants patronaux nous imposent dans les conventions
les arbitrages privés.
M. Désilets: M. le Président, pour 64, je demanderais
d'ajouter une précision parce qu'en matière scolaire devant des
tribunaux d'arbitrage, la partie patron invoque toujours que les demandes de
salaires vont provoquer une hausse substantielle des taxes, évidemment,
le président du tribunal d'arbitrage oui est contribuable dans la place,
qui a des propriétés, a un certain intérêt
pécuniaire qu'il commence à regarder. De combien son prochain
compte de taxes va-t-il être élevé s'il accorde la demande
syndicale? Est-ce que le fait de n'avoir aucun intérêt
pécuniaire couvre cela? Serait-il préférable d'ajouter que
les membres ne doivent pas avoir des biens, du moins en tant que domaine
scolaire, des biens imposables dans la localité ou dans le territoire
d'une municipalité?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Mais l'augmentation de
taxes est souvent supportée par le locataire, en définitive,
quand ils ont des maisons d'appartements.
M. Désilets: Oui, elle est supportée par le locataire,
mais elle est imposée foncièrement.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 64 en
délibéré. 65.
M. Lesage: C'est là qu'il faut, en anqlais, changer le mot "to"
pour le mot "in", dans la troisième ligne.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 65 en
délibéré. 66 en délibéré. 67 en
délibéré. 68 en délibéré. 69.
M. Désilets: M. le Président, nous craignons 69 aussi.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Vous craignez 69?
La preuve devant un tribunal d'arbitrage
M. Désilets: Oui, parce que quand nous plaidons devant les
tribunaux d'arbitrage, c'est nécessairement de la preuve par oui-dire.
Nous invoquons des opinions dans des journaux, dans des revues, des
statistiques fédérales, etc. Nous produisons des extraits de
conventions collectives. Actuellement, les tribunaux procèdent, selon
l'équité, selon la bonne conscience, sans aucun formalisme, car
il nous est possible de convaincre le tribunal et le président du
tribunal d'arbitrage qu'on ne peut pas appliquer les règles de droit
commun, les règles de preuve de la loi du Canada et on réussit,
après certaines plaidoiries en droit, à faire notre preuve sans
difficulté. Mais si vous incluez ici que chaque président peut
déterminer un manque de preuve, l'un nous dira: Eh bien, votre preuve
par oui-dire, faites donc venir l'expert qui a préparé la
statistique fédérale. Un autre nous dira: Eh bien, nous
n'accepterons pas d'extrait de conventions collectives à moins que vpus
ne déposiez tous les oriqinaux. Cela peut nous créer
énormément de difficultés. Nous demandons de
procéder sans formalisme. Au lieu de dire "fixer le mode de preuve qu'il
juge
approprié", c'est surtout dans les arbitrages de services publics
où il y a une preuve abondante.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Selon la procédure
et le mode de preuve qu'il juge approprié, alors chacun peut faire son
mode, chaque président peut prescrire son mode.
M. Désilets: Oui, mais dans un endroit, à Disraéli,
par exemple, on n'admettra pas tel genre de preuve, puis on l'admettra à
Mégantic.
M. Lesage: Oui, même si l'article ne le dit pas.
M. Désilets: Mais si l'article ne le dit pas, M. le premier
ministre, il nous est permis de dire qu'on peut faire la preuve par
ouï-dire, qu'il n'y a pas de règle, qu'il n'y a pas de formalisme,
on n'applique pas les règles de la Cour supérieure.
M. Lesage: Je ne vous suis pas du tout.
M. Johnson: Vous pourrez le dire, mais ça ne veut pas dire que le
président va vous suivre.
M. Désilets: Nous les plaidons depuis onze ans, ces
arbitrages-là. Actuellement, on ne nous applique pas les règles
de la preuve de la Cour supérieure, on nous permet de faire notre preuve
sans inconvénient, preuve par oui-dire, preuve documentaire, tous les
genres de preuve; cependant, si vous donnez d'une façon expresse, par
l'article, la latitude à chaque président de déterminer
son mode de preuve, on aura autant de règles de preuve qu'il y aura de
tribunaux d'arbitrage.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ce que vous voulez, c'est
avoir une règle, disons, comme les règles de la Cour
supérieure.
M. Désilets: Non, pas du tout, on ne veut pas être astreint
aux règles de la Cour supérieure, on ne pourrait pas prouver
notre affaire. Ce qu'on veut, c'est que le texte dise qu'on n'est pas astreint
à des règles de procédure, du moins aussi capricieuses que
celles que peut fixer chaque président.
Si on dit dans la loi, par exemple, que l'enquète se fait sans
formalisme, ça veut dire qu'on pourra faire la preuve par
ouï-dire.
M. Fortin: Oui, mais oui est-ce qui va déterminer ça? Il
faut toujours penser à un mode de preuve quelconque devant le
tribunal.
M. Désilets: Actuellement, M. le ministre, il n'y a rien qui le
détermine et nous faisons des arbitrages depuis quinze ans. Nous n'avons
pas de difficulté sur la preuve. Vous changez le régime actuel;
présentement, il n'y a aucune règle de précisée
tandis qu'avec l'article 69, chaque président pourra adopter son code de
procédure.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 69,
délibéré; 70, délibéré; 71,
délibéré; 72, délibéré; 73,
délibéré; 74, délibéré; 75,
délibéré; 76, délibéré; 77,
délibéré; 78.
M. Provost: M. le Président, à 78, nous voulons simplement
suggérer qu'au lieu de dire "à la demande du président",
on dise "à la demande des parties", que le ministre puisse donner
l'extension, parce que ce sont les deux parties intéressées, soit
dans la cessation du tribunal ou dans son extension.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Au lieu de "à la
demande du président", vous dites?
M. Provost: "À la demande des parties".
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, mais si une partie
prévoit que la sentence est mauvaise, elle peut dire: "On va demander un
délai".
M. Desaulniers: Mon, non, "à la demande des parties".
M. Provost: "À la demande conjointement des deux parties". Les
deux parties s'entendent pour prolonger ou s'entendent pour ne pas prolonger
les délais, "à la demande des parties".
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Si elles ne s'entendent
pas?
M. Provost: Si elles ne s'entendent pas bien, il n'y a pas de
délai...
M. Lesage: Mais oui. mais voici, là. nous avons besoin d'un
délai, nous.
M. Provost: Les 60 jours restent et il ne peut par renouveler si...
M. Lesage: Je comprends, mais le président, lui, peut avoir
besoin d'un délai.
M. Renault: ... au point de vue pratique, c'est ça qui
arrive.
M. Provost: Mais qu'il le demande aux parties s'il a besoin d'un
délai. C'est parce qu'on a vu dans le passé - moins depuis trois
ans - des sentences prendre deux ou trois ans avant d'être sorties.
M. Lesage: M. Provost...
M. Johnson: À cause du président?
M. Provost: Pardon?
M. Johnson: À cause du président?
M. Provost: Bien, le Président demandait des délais, on
les lui accordait, puis il demandait des délais. Alors, je ne sais pas
si c'est à cause du président - je ne veux pas porter de
jugement, j'ai mes opinions - mais on a vu des sentences où cela a pris
18, 19 ou 20 mois avant de les avoir.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Mais vu que le
délai majeur est celui qui veut aller très loin, c'est celui qui
suit les 70 jours, juste pour voir si c'était simplement ceci, à
moins qu'à la demande du président le ministre, s'il le juge dans
l'intérêt de la justice et des parties, n'accorde un délai
supplémentaire n'excédant pas 30 jours, lequel peut, à la
demande des parties, être prolongé de nouveau.
M. Lesage: Oui, mais il y a un danger. Je veux vous mettre en garde, M.
Prpvost. Supposons, par exemple, que vous êtes devant un conseil pour les
puvriers que vous représentez, que l'autre partie, la partie employeur,
après un certain nombre d'auditions, devient convaincue qu'ils vont
perdre leur affaire. Alors, ils n'ont pas d'intérêt à
demander un prolongement. Ils aiment bien mieux que le conseil soit le
"functus". Je vous mets en garde.
M. Provost: Bien, je ne sais pas. M. le Président, c'est parce
que s'ils ont l'impression qu'ils vont perdre, parce que là, on l'a
accepté, le tribunal d'arbitrage, il n'y a plus de grèves
là...
M. Lesage: Non, non.
M. Provost: Alors, il n'y a aucun intérêt, pour ne pas
être pris avec des rétroactivités ou n'importe quoi, de le
traîner pendant un an, deux ans. C'est là qu'est le danger qu'on
n'ait pas de sentences avant un an, deux ans. Puis là, on est pris, il
n'est plus question de faire de grèves, rien. Je comprends qu'on peut
être pris de la façon dont vous l'expliquez, de la même
façon. Alors, on cherche un moyen d'éviter les abus...
M. Lesage: Je pense qu'à la demande du président, c'est ce
qu'il y a de plus sage.
M. Gabias: Enfin, ce n'est pas le président ni les arbitres que
vous devez craindre dans cet article-là, c'est le ministre.
M. Provost: Est-ce une leçon du passé que vous voulez nous
donner?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors 78 en
délibéré. 79 en délibéré.
M. Matteau (Arthur): M. le Président, à 79, nous
demanderions que cet article soit radié. Nous croyons que l'esprit de la
loi veut que les conventipns spient à terme et que, dans l'intervalle,
il n'y ait pas de sentence arbitrale qui intervienne. L'esprit de la ici ne
serait pas sauvegardé en permettant à un tribunal de rendre des
décisions à mi-chemin. Elles auraient pour effet aussi de
retarder la décision finale. Elles auraient également pour effet
de donner deux décisions sur la même question, pendant que la loi
veut que normalement on ait une seule décision à subir dans une
période donnée, soit un an ou deux ans; dans le cas des
municipalités, deux ans. Cela aurait pour effet aussi, nous semble-t-il,
d'avoir parfpis des sentences contraires à la première. Nous
avons déjà eu des expériences semblables où un
tribunal a rendu une décision au début et sa décision
finale n'était pas la même. Alors, nous souliqnons qu'il y a
là un danger, aussi une invitation à retarder la décision
finale.
M. Provost: M. le Président, nous sommes tout à fait en
faveur de 79, pour les raisons suivantes. Il peut arriver qu'on soumette un cas
à un tribunal, un conseil d'arbitrage et il doit décider deux
choses. Tout d'abord, si c'est arbitral et, deuxièmement, nous entendre
sur le fond. Alors, s'il ne peut pas décider que c'est arbitral, on va
faire toute la preuve pour rien des deux côtés. Cela va prendre
trois mois et parfois il peut y avoir un cas urgent. Par exemple, le mandat du
tribunal peut être multiple. On lui dit: Bien, sur ce cas-là,
donnez-ncus une décision immédiatement, ça
rétablira la paix chez les autres, puis on va continuer après. Je
pense qu'il est excessivement important que nous l'ayons...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):À un moment
donné, il y a des griefs. Il peu.t y avoir sept ou huit griefs de
produits devant le même tribunal. Alors ici, ils peuvent en
décider un, deux ou trois immédiatement. Cela fait autant
de...
M. Johnson: M. Provost, vous admettez tout de même que, pour les
municipalités, ça peut créer des problèmes que
ça ne créerait pas ailleurs à cause de leur mode?
M. Provost: J'ai M. Thibodeau ici en arrière, qui fait affaire
avec les municipalités, puis il dit que ça ne crée pas de
problème.
M. Matteau (Arthur): M. le Président, je crois que pour les
griefs, il ne s'agirait pas ici d'une sentence intérimaire. Ici, la loi
dit "sentence intérimaire", si vous voulez, décision
intérimaire. Alors, c'est la décision principale dont il est
question. Il n'y a rien qui s'oppose à ce qu'un tribunal rende une
décision immédiate sur un grief. C'est une sentence en soi, c'est
un arbitrage.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): La décision est
finale tout de même.
M. Matteau (Arthur): Là n'est pas la question. Ici, il s'agit
d'une décision intérimaire, c'est-à-dire que c'est de la
décision dont il est question.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je prends note de
ça, monsieur.
M. Desaulniers: M. le Président, simplement pour l'information
des membres du comité, tous les problèmes qui ont
été exposés précédemment s'appliquent
exactement dans le cas des corporations municipales, lorsque nous allons
à l'arbitrage. C'est exactement tous les mêmes principes qui ont
été soulevés avant qui peuvent s'appliquer. Il n'y a pas
de différence.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Bélanger, vous
avez quelque chose?
M. Bélanger (René): Alors, nous sommes favorables au
maintien de cet article et voici pourquoi. On a parlé d'arbitrage de
griefs et aussi des arbitrages sur la convention collective de travail. Dans
l'ancienne loi - et je crois que c'est répété dans le
texte - dans le cas des corporations municipales, la sentence n'est
exécutoire qu'à la fin de l'année financière en
cours. Vous avez eu une ville où l'arbitrage a commencé, disons,
en janvier, l'année financière se terminant le 30 avril. Le
tribunal a dû rendre un rapport préliminaire ou une sentence
intérimaire sur les salaires afin que l'exécution de la sentence
ne soit pas remise à la fin de l'année suivante. Alors, je crois
que c'est absolument nécessaire de conserver cet article.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 80.
M. Massicotte: M. le Président, à 80, nous aimerions que
l'article se lise comme suit: "La sentence d'un conseil d'arbitrage lie les
parties pour une durée n'excédant pas le délai
prévu à l'article 52." L'article 52 prévoit que nous
pouvons avoir des conventions d'un, deux ou trois ans. Or, il arrive souvent
que les parties pourraient peut-être s'entendre, disons, sur une
convention de trois ans et ne s'entendent pas, par exemple, sur le quantum des
salaires à donner pour cette période de trois ans et que la
matière soit référée à un conseil
d'arbitrage. Alors, il serait peut-être bon que le conseil d'arbitrage
ait le pouvoir de mettre la convention collective au terme que prévoit
l'article 52. C'est une question de conflit d'intérêts à ce
moment-là et je ne pense pas qu'on vous apporte tellement
d'objections.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Qu'est-ce que vous avez
à dire là-dessus, M. Desaulniers?
M. Desaulniers: M. le Président, je souligne que les parties
peuvent, si elles le désirent, s'engager pour trois ans. Et lorsqu'elles
s'engagent pour trois ans, elles savent exactement ce à quoi elles
s'engagent. Mais lorsque nous allons devant un tribunal d'arbitrage, n'oublions
pas qu'à ce moment-là, nous ne savons plus ce à quoi nous
allons nous engager et je crois que le principe avait été reconnu
dans la loi des services publics. On avait dit: Un an. Vous l'allongez de deux
ans, mais je crois que c'est suffisant.
M. Massicotte: M. le Président, nous faisons la sugqestion
simplement pour faciliter, si vous voulez, le mécanisme du conseil
d'arbitrage sur un différend tel que défini dans la loi. Nous ne
demandons pas qu'il y ait obligation. Nous demandons simplement que si le
conseil d'arbitrage le croit raisonnable il puisse mettre la convention
à trois ans.
M. Desaulniers: Si vous permettez, je ne veux pas qu'il ait ce pouvoir,
parce que là, je vais être obligé d'accepter d'être
oris pour trois ans, même s'il y a des conditions que le tribunal va me
donner et qui ne tiennent pas debout.
M. Massicotte: Nous autres aussi, on va être pris.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Pour vous rencontrer, M.
Massicotte. on pourrait peut-être ajouter: "À moins que les
parties ne consentent à un délai plus long."
M. Desaulniers: Bien, si vous me permettez, je crois que si vous
commencez à permettre aux parties de décider, aussi bien ne pas
mettre l'article, alors.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 90, en
délibéré.
M. Orenstein: M. le Président, à propos de l'article 80,
je me demande si le sens de cet article c'est qu'un conseil d'arbitrage peut
rendre une décision rétroactive. Vous
remarquerez bien qu'il y a l'article 87 qui fixe une certaine
période pour les municipalités et les commmissions scolaires.
C'est bien probable que dans le cas d'une grande compagnie, une décision
du conseil d'arbitrage qui est rétroactive puisse être
rayée, mais dans le cas de petites compagnies, ça peut être
bien dangereux. Et je me demande si c'est l'intention que le conseil
d'arbitrage puisse rendre une décision rétroactive. C'est
seulement une question. Je n'ai pas d'opinion sur ça, mais je pense que
cela doit être clarifié.
M. Lesage: Ce n'est pas une décision rétroactive. C'est
une décision avec effet rétroactif. C'est le cours normal des
choses.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Et il faut toujours
présumer qu'au moment d'une convention collective, j'ai bien
l'impression que les deux parties prévoient un peu qu'il peut arriver
quelque chose qui peut les affecter et elles peuvent, à ce
moment-là, prendre les dispositions nécessaires. Alors, 80.
M. Dumesnil (Mario): Procureur de la Fédération des
commissions scolaires.
Sur 80 et 81, c'est simplement sur la question qui dépend du
grief. En matière scolaire, nous avons l'expérience suivante:
l'Association des instituteurs va discuter avec une commission scolaire. Il va
y avoir une entente ou enfin une offre de la part de la commission scolaire.
Cette offre étant publique, elle est écrite, elle est dans les
livres de minutes et nous arrivons devant le conseil d'arbitrage avec le
phénomène que l'association présente devant le conseil
d'arbitrage une demande supérieure à la demande discutée
devant les commissaires avant l'arbitrage.
Nous avons soumis le point à deux reprises, à Baie Comeau
et à Magog, et nous avons été renversés par le
conseil d'arbitrage parce qu'on a dit qu'on avait le droit d'augmenter la
demande en tout temps, mais d'un autre côté, la commission
scolaire se trouve. elle, à être liée par son offre qui est
écrite, qui est dans son livre de minutes et qu'elle le peut pas
changer, tandis que la partie syndicale peut changer son offre et l'augmenter.
Ce qui arrive en pratique, c'est qu'on discute sur une offre et une fois devant
le conseil d'arbitrage, cette offre est changée et augmentée
surtout dans les questions de salaires. Cela nous place dans une position
difficile et nous perdons éclatement les efforts qui ont
été faits en négociations. Alors, nous demandons que cette
question soit étudiée et qu'il y ait un article qui
prévoie la date du départ du grief ou du départ du
différend.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 80, en
délibéré. 81.
M. Désilets: M. le Président, si vous me le permettez, on
a fait allusion aux matières scolaires. La règle du jeu qui a
été suivie a été juste pour les deux parties. Le
syndicat pouvait demander et la commission scolaire pouvait refuser. C'est le
tribunal qui a tranché. Il n'a été fait aucune preuve des
négociaticns, ni des offres, ni des demandes de part et d'autre. Le
différend s'est discuté et a été constitué,
a pris ses contours complètement, entièrement devant le tribunal
d'arbitrage.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, en
délibéré. 81 en délibéré aussi.
M. Desgagné (André): Non, sur 81, M. le Président.
Nous proposons que le deuxième alinéa de l'article 81 se lise
comme suit: "Elle peut être exécutée scus l'autorité
d'un tribunal compétent", et que le reste soit rayé.
Notre intervention est fondée sur les mêmes raisons que
celles que nous avons évoquées à l'article 58 hier soir.
Nous prétendons qu'il est de mauvaise politique judiciaire de permettre
que l'on exerce au nom d'un autre ses droits, que l'on réduise ses
droits en justice hors de la connaissance de cette autre personne, de
l'intéressé lui-même. Nous prétendons aussi que
c'est contraire au régime particulier, au droit du travail, car il y a
dans la convention collective tout un processus de prévu, des
procédures de grief. L'article 80, tel que rédigé, se
trouve à rendre sans objet, en quelque sorte, la procédure de
grief qui prévoit précisément le cas de
non-exécution de sentence ou de convention collective. C'est pourquoi
nous proposons, pour les mêmes raisons qu'hier soir, que l'on n'autorise
pas les associations en général d'agir hors de la connaissance
des parties intéresées.
M. Marchand: Nous répondons la même chose qu'hier soir.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): C'est bien. 81 en
délibéré. 82.
M. Lesage: Toute cette section va avec 60.
M. Marchand: Nous aimerions prendre le débat tout ensemble.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, deux heures et demie
pour 60 et celle qui se rapporte à 60.
M. Marchand: Oui, s'il y avait moyen de faire un petit saut pour finir
la réunion et, au début de l'après-midi, on pourrait
prendre les deux.
M. Lesage: On peut aller à la section 3.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 88. Alors, de 82 à
88, c'est suspendu à deux heures et demie. 88.
M. Massicotte: M. le Président, à l'article 88, l'on parle
d'un arbitre unique si les parties ne se sont pas entendues sur leur vote
d'arbitrage dans leur convention collective. Or, depuis des années, nous
vivons sous un régime en matière de convention collective et de
règlement des griefs. Comme nous allons à l'arbitrage, c'est un
tribunal tripartite.
De notre côté, nous trouvons la formule très
satisfaisante, particulièrement, évidemment, si nous avons ou si
les parties ont, si vous voulez, au tribunal d'arbitrage un arbitre
compétent et peut-être d'une grande assistance au
président.
Nous aimerions que dans l'article 88 on ne parle pas d'un arbitre
unique, mais simplement qu'on nous confirme le système sous lequel nous
vivons, et heureusement, depuis des années, qu'il y ait un tribunal
tripartite en matière d'arbitrage des griefs. Il reste toujours
évident que si les parties, par convention, s'entendent sur un arbitre
unique, comme ça existe dans certaines conventions, évidemment,
il n'y a aucune objection à ce moment-là. Mais de façon
générale, même dans nos procédures d'arbitrage,.
dans nos conventions, sur lesquelles nous nous entendons de façon
générale, je dis bien, nous nous entendons toujours sur des
tribunaux tripartites.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Le premier article de 88
prévoit ça. "Tout grief doit être soumis à
l'arbitrage à la manière prévue dans la convention
collective", si elle y pourvoit.
M. Massicotte: On n'a pas d'objection à ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Dans ce cas, il n'y a pas
de problème.
M. Massicotte: Non. Si elle n'y pourvoit pas, vous parlez d'un arbitre
unique, si je comprends bien le texte.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): ...choisi par les
parties...
M. Massicotte: Oui, mais à défaut d'accord nommé
par le ministre, si les parties s'entendent sur un arbitre, pas d'objection.
Mais si les parties ne s'entendent pas sur un arbitre, nous aimerions continuer
notre système de trois membres du conseil d'arbitrage.
M. Marchand: La tendance depuis plusieurs années dans les
conventions collectives, c'est de nommer un arbitre unique. Enfin, on a fini
par trouver que c'était plus expéditif et ça avait un
certain nombre d'avantages. Alors, si les parties ont trouvé ça
depuis plusieurs années et si c'est incorporé dans à peu
près toutes les conventions collectives, pourquoi le ministre
n'aurait-il pas la même attitude que nous autres?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):
Délibéré. 89 en délibéré. 90.
M. Renault: À 90, M. le ministre, je voudrais tout simplement
attirer l'attention de votre comité sur ce qui peut être une
difficulté d'interprétation de l'article. De la façon dont
je le lis, on peut, par la convention collective, prévoir que non
seulement les griefs, tels que définis dans la loi, peuvent faire
l'objet d'arbitrage, mais qu'une mésentente, c'est-à-dire tout
autre grief, si la convention collective le prévoit, peut aussi aller
à l'arbitrage selon la procédure de la convention collective.
Toutefois, si on lit l'article, je dois dire que parmi nous, ici, oui avons
étudié l'article 90, quelques-uns croient que ça pourrait
être dangereux, que le but ou l'article 88 limitant le grief à la
définition de la loi par le jeu de l'article 90, il se pourrait que
n'importe quoi puisse aller à l'arbitrage. Je dois dire que c'est juste
pour attirer l'attention du comité.
M. Marchand: N'importe quoi qui a été convenu entre les
parties.
M. Renault: Convenu entre les parties, mais quand ce n'est pas
convenu... Je voudrais que ce soit plus clair s'il y a une possibilité
que ce soit limité tout simplement aux griefs tels que définis
dans la loi.
M. Lesage: A la convention plutôt.
M. Renault: J'attire l'attention sur la dernière phrase, la
dernière partie de la phrase. On semble, dans les quatre ou cinq qui
représentent ici différentes associations, avoir un peu
d'hésitation à dire ce que ça veut dire exactement. Alors,
j'attire tout simplement...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): ...de la façon
prévue et dans la mesure où elle le prévoit.
M. Renault: Eh bien, c'est parfait.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 90 en
délibéré.
Définition du grief
M. Pepin: Je pense qu'au point de départ, lorsque nous avions
discuté l'article 1g qui donne la définition des griefs, le
comité avait été d'accord pour suspendre cette
définition pour la reporter à l'examen des articles que nous
sommes en train de voir présentement.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 1q.
M. Pepin: Oui, qui donne la définition des griefs. Nous avions
commencé la discussion et nous avions suggéré que le
débat soit reporté lorsque nous ferions l'étude de ces
articles-là.
Voici. C'est qu'à l'heure actuelle, les conventions collectives
ne font pas cette distinction pour la plupart, en tout cas, entre grief et
mésentente. On appelle grief n'importe quoi qu'ils puissent soulever;
certaines fois, on limite le droit à l'arbitrage sur certains griefs. Le
bill 78, qui a amendé la Loi des relations ouvrières, a
prévu certaines règles du jeu en disant que "tout grief qui
résulte de l'interprétation ou de l'application peut aller
à l'arbitrage et, pour les autres, si la convention y pourvoit".
C'est le premier point que je voudrais soulever parce qu'il nous faudra
faire la révision d'à peu près toutes les conventions
collectives et j'imagine que la chose la plus simple à faire ppur le
comité et pour le législateur serait de reprendre le bill 78
quant à cette partie et de ne pas faire la distinction entre grief et
mésentente.
Une voix: Oh, oh, oh;
M. Pepin: Bien écoutez, ça, c'est le bill 78.
Tantôt, nous aurpns à rediscuter de la question du droit de
grève pendant la durée d'une convention collective. Je
n'introduis pas le débat à ce moment-ci, nous y verrons plus
loin.
Mais ce qui m'apparaît beaucoup plus important encore, c'est le
cas des services publics. Vous savez que la loi actuelle, l'article à de
la Loi des services publics, prévoit que tout différend
concernant les conditions de travail doit être
référé à l'arbitrage. En vertu des dispositions de
88 à 90, seuls les griefs, donc l'interprétation de la convention
collective, pourraient aller à l'arbitrage. Les autres
mésententes - si j'emploie les expressions de la loi - ne courraient
aller à l'arbitrage, à moins qu'un premier conseil d'arbitrage,
un premier tribunal d'arbitrage ou encore qu'une entente entre les parties ait
donné une définition plus large au mot "grief" et ait
prévu le cas de la mésentente.
Le risque que nous courons, c'est que dans les services publics
cù le droit de grève est aboli, il n'y ait pas à
côté une prpcédure pour faire étudier et
décider de tous les différends qui concernent les conditions de
travail. Je considère que ça, c'est un désavantage assez
considérable sur la situation actuelle et je réfère
à l'article 4 de la loi des différentes associations publiques et
leurs salariés. J'estime que, dans cette partie du code, on devrait
reprendre au moins l'article 4 de la Loi des services publics pour permettre,
dans ces cas où ils n'ont pas le droit de faire la grève, n'ont
pas de chance de se reprendre jamais, que tcus leurs différends qui
concernent leurs conditions de travail puissent être soumis à un
conseil d'arbitrage, ce qui n'est pas prévu présentement.
M. Lesage: S'il y a une convention collective, M. Pepin?
M. Pepin: Pourquoi donc?
M. Lesage: Il appartient aux ouvriers de prévoir, aux syndicats
de prévoir.
M. Pepin: Même si on tente de le prévoir, M. le premier
ministre, on s'en va à l'arbitrage parce qu'on ne s'est pas entendu avec
la municipalité ou autres services publics. Le tribunal décide
que seul un grief peut être arbitré, en somme. Il restreint la
portée de la convention collective à "grief".
Il se produit une nouvelle situation pendant la durée de la
convention collective, ça devient un différend - c'était
un différend suivant l'ancienne loi - et présentement ça
ne pourrait pas être arbitrable ça. Dans ce cas-là, pour
les services publics, j'estime que c'est beaucoup plus sérieux que dans
le cas des services privés parce qu'on a une chance de reprise à
la prochaine convention collective, et sans regarder la loi actuelle, elle va
pas mal plus loin que ce qui y est dit.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Mais, en fait, au mot
"grief", l'interprétation est assez large. Je me souviens avoir fait
compiler des interprétations sur le fardeau de travail, par exemple. On
prétendait, dans certains milieux, que le fardeau de travail
n'était pas un grief et il y a énormément de jugements de
tribunaux d'arbitrage, particulièrement aux États-Unis, qui ont
dit ceci: Le fait que le salaire a été fixé à tel
montant... C'était pour leur fardeau de travail connu à ce
moment-là et si on modifie le fardeau de travail, on se trouve à
affecter la clause de salaire et même le problème du fardeau de
travail et d'arbitrage. C'est l'interprétation qui a été
dpnnée dans énormément de...
M. Pepin: Je ne dis pas que je ne partagerais pas votre avis, j'en ai
discuté
longuement avec vous déjà, dans un conflit assez
sérieux. Mais, ce qui arrive, c'est que la loi, telle que
proposée, définit "grief" avec interprétation et
application de la convention collective. Alors, si, dans le cas du service
public on veut donner une extension plus grande au mot "grief", on ne peut pas.
La loi prévoit que c'est l'interprétation et l'application de la
convention collective, alors que la loi actuelle dit que tout différend
qui concerne les conditions de travail doit être arbitré.
M. Massicotte: M. le Président, Jean Massicotte. Ce que M. Pepin
vient de dire vient de confirmer, jusqu'à un certain point, les
inquiétudes que j'ai sur l'article 90.
Je crois que l'on veut se servir de l'article 90 pour essayer, au cours
d'une convention collective, de négocier et peut-être d'obtenir ce
qu'on n'a pu obtenir quand on l'a négociée. On semble oublier une
chose, c'est que la convention collective, ce n'est pas un contrat de mariage,
c'est pour un terme d'un an, deux ans, trois ans. Si la parti syndicale ou la
partie patronale a oublié d'y mettre quelque chose, il lui est toujours
loisible, quand la convention est renouvelée, de faire ses demandes, de
négocier. Mais nous nous opposons certainement à ce qu'on puisse,
au cours de la durée d'une convention collective, sortir de ses cadres
pour recommencer les négociations qui ont été faites
antérieurement.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Est-ce que je pourrais
ajouter au moins un mot? Voici, c'est que, selon moi, la loi vient limiter le
mot "grief" évidemment par la définition qu'on en donne.
Maintenant, quand M. Massicotte dit: C'est la crainte que nous avions par
l'article 90, la seule remarque que j'ai faite pour les services publics, c'est
de reprendre le bill 78, l'article 24, paragraphe 5 de la Loi des relations
ouvrières pour ne pas qu'il y ait confusion sur le mot "grief" et le
nouvel ajouté "mésentente". Si les parties décident que
"grief", ça veut dire plus que l'interprétation et l'application,
il y a plus que ça qui peut être arbitré, ça sera
leur affaire. Mais, le nouveau point sur lequel je désire attirer
l'attention du comité, c'est sur la question des services publics.
M. Marchand: Le principe dans les services publics, c'est qu'on ne veut
pas de grève. Bon, ça c'est le principe général. Si
on encadre les employés des services publics dans un texte comme
celui-là, il faut, s'ils ont des griefs, trouver un moyen de les faire
régler par un tribunal d'arbitrage. C'est la seule façon de
compenser pour l'absence du droit de grève. Dans les autres cas, c'est
moins grave, parce qu'au moment de la négociation, on pourrait forcer
économiquement un employeur à dire: Les autres
mésententes, on va prévoir une procédure spéciale.
Dans le cas des services publics, ils ne le peuvent pas. Et, les tribunaux qui
vont décider là-dessus, ils vont décider suivant la loi.
C'est pour ça que c'est délicat dans le cas des services publics,
je pense qu'on n'a jamais intérêt à essayer par des
formules juridiques de supprimer un grief qui existe de toute façon. Il
. faut essayer de le canaliser; pourquoi se faire croire, si tout le monde est
en ébullition, disons, dans la ville de Montréal, parce que les
gars, à tort ou à raison, se croient injustement traités;
pourquoi ne pas leur donner un recours et dire: Bien, allez le discuter devant
le tribunal. Là, à l'heure actuelle, on va les ramener à
la définition de "grief" et puis on va dire: Votre grief au sens de la
loi, ça n'en est pas un. Bien, ça, c'est régler
artificiellement des problèmes et un jour la loi sera violée et
puis ça sera justement parce que la loi n'aura pas été
souple. On est d'accord, gardons l'absence de grève, c'est le principe
de base, et on n'est pas pour revenir sur la discussion, mais compensons-le par
un recours sur les griefs qui peuvent exister. Dans l'industrie, on peut s'y
reprendre, parce qu'au moment de la négociation, on peut les reprendre
en vertu de l'article 90; bon, puis, si là on n'a pas la force de le
négocier à ce moment-là, on ne l'aura pas probablement
pendant la durée de la convention pour le faire appliguer. Alors
là, on a un recours, mais dans le cas des services publics, je pense
qu'artificiellement, tenter de supprimer des griefs, on ne les supprimera pas,
même les griefs purement subjectifs, ce sont des griefs, qu'est-ce que
vous voulez, il faut trouver un moyen de les régler.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Bien.
M. Marchand: Ah! dans les services publics, vous n'avez pas un type de
convention de même nature que dans les services orivés, ça,
il ne faut pas se mêler.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): D'accord. Article 91, pas
de problème; article 92 non plus. Pour ce qui est de l'article 93, on
pourrait peut-être attendre à cet après-midi, à 2 h
30. Nous siégeons tout l'après-midi jusqu'à 6 heures: nous
siégerons ce soir de 8 heures à 10 heures; nous siégerons
demain matin.
M. Lesage: J'espère qu'on va avoir fini.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Bien, franchement, on
avance pas mal; mais il y a peut-être quelques problèmes assez
épineux.
M. Marchand: Il en reste quelques-uns.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): De toute façon,
nous siégerons jusqu'à 10 heures ce soir.
(Suspension de la séance)
(Reprise de la séance à 2 h 30 de l'après-midi)
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Article 60.
M. Lesage: 25, il y a un texte.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 25, avez-vous le texte
que vous deviez nous fournir?
M. Provost: Malheureusement, M. le Président, nous ne nous sommes
pas entendus sur un texte. Le mieux que nous pouvons suggérer au
comité, le comité décidera, ce n'est pas à nous,
c'est que nous allons préparer un texte, le faire parvenir à tous
les intéressés et au comité dans le plus bref délai
possible, parce qu'il y a deux points, nous essayons de les concilier, c'est
d'empêcher les brefs et parler du "pre-hearing vote" que vous avez
mentionné, M. le Président.
M. Massicotte: M. le Président, évidemment, nous nous
réservons le droit quand nous aurons vu le texte, de faire des
représentations.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je vous répondrai
M. Massicotte. Alors, article 60.
Services publics
M. Marchand: Sur l'article 60, M. le Président, nous voudrions
faire quelques commentaires d'ordre général. Je pense bien qu'on
a compris que cet article nous intéressait vivement puisque, pour notre
part, nous n'avons pas loin de 35,000 membres dans le secteur qui vont
être affectés. Il y a ensuite les instituteurs et la FTQ a aussi
plusieurs milliers de membres.
Voici quelle est notre réaction vis-à-vis de l'article 60
et ceux qui visent à constituer des tribunaux d'arbitrage d'un tyoe
nouveau pour les services publics. Enfin vraisemblablement, le gouvernement
pourra nous dire si c'est ça ou non, ce qui nous amène ou ce qui
a amené le gouvernement à modifier un peu sa philosophie par
rapport aux tribunaux d'arbitrage dans les services publics, c'est cette
réalité nouvelle que, par le truchement de
l'assurance-hospitalisation et aussi par le développement des lois sur
l'éducation, le gouvernement est appelé à assumer une
partie considérable des frais autant de l'assurance-hospitalisation que
de l'éducation. Jusqu'à présent, les négociations
se sont conduites sur le plan de l'entreprise, sur le plan de l'unité
locale et on peut dire que, dans l'ensemble, évidemment, ça a
donné de plus ou moins bons résultats, mais cela a
été notre méthode traditionnelle et là, par
l'article 60 et ceux que le comité a suspendus ce matin, on veut
créer une nouvelle structure pour justement tenir compte de cette
réalité nouvelle.
Au début des séances du comité, je me souviens
avoir déclaré que, quant à nous, nous n'avions pas
d'objection à ce que le gouvernement intervienne dans ces
négociations d'ordre privé puisque le gouvernement était
celui qui, en somme, finissait par en payer les frais. Nous maintenons cet
après-midi la même attitude, c'est-à-dire que nous n'avons
pas d'objection à ce que le gouvernement soit orésent à la
négociation, à la conciliation et même
éventuellement à l'artibrage. Il serait déraisonnable de
notre part, surtout comme mouvement syndical qui, à tout bout de champ,
demandons l'intervention de l'État dans le domaine des
intérêts privés pour s'assurer que le bien commun est
sauvegardé, il ne serait sûrement pas raisonnable, lorsque ce sont
nos propres intérêts qui sont en jeu, que nous n'acceptions plus
cette intervention.
Seulement, je pense qu'on ne peut pas...
M. Bellemare: Mais là, M. Marchand, si je vous ai bien compris,
vous n'avez pas d'objection à ce qu'il soit présent aux
négociations, à la conciliation et à l'arbitrage.
M. Marchand: Partout...
M. Bellemare: Mais là, il va être seulement à
l'arbitrage.
M. Marchand: Oui.
M. Harvey: Mais est-ce que vous mettez sur le même pied le domaine
hospitalier et le domaine scolaire?
M. Marchand: Voici, ici j'ai quelques distinctions à faire. Ce
que je viens de mentionner est vrai pour les hôpitaux, c'est vrai en
moins grande partie pour les commissions scolaires.
M. Lesage: C'est vrai en partie.
M. Marchand: En partie et, pour les autres services publics, ce n'est
peut-être pas vrai du tout. Alors, quand on essaie de trouver une
solution qui englobe tout ça ensemble, je pense qu'on ne tient pas
compte de la réalité telle qu'elle est.
M. Lesage: Non, non, le texte, c'est la subvention.
M. Marchand: Oui.
M. Lesage: Pour autant que le gouvernement est intéressé.
Mais c'est parce que vous avez entendu l'autre jour M. Marchand, le
représentant des hôpitaux et celui de la Fédération
des commissions scolaires s'opposer avec force, fermeté à ce que
vous êtes prêts à admettre, c'est-à-dire la
présence du gouvernement autour de la table.
M. Marchand: Oui, disons que nous avons des points de vue
différents sur le sujet qui est sur la table.
M. Lesage: Cela ne facilite pas les choses.
M. Marchand: Cela ne facilite pas les choses. Seulement, quant à
nous, le principe général, c'est que partout où ' le
gouvernement croit qu'il a un intérêt, il a le droit de discuter
et il a le droit de négocier. Je pense qu'autrement ce n'est pas
raisonnable et nous voulons tout de même sur le plan des principes,
même si ça devait jouer contre nous, être logiques avec
nous-mêmes.
Maintenant, cela va peut-être devenir un peu délicat, il
s'agit de créer des structures nouvelles pour faire face à une
situation nouvelle. C'est nouveau que le gouvernement intervienne aussi
catégoriquement dans des domaines autrefois privés. Cela va se
développer sans doute pour d'autres secteurs et, dans dix ans, il y en
aura d'autres, il s'agira évidemment de tenir compte des
réalités au fur et à mesure qu'elles existeront.
Mais les parties orivées dans les hôpitaux - et c'est vrai
aussi dans les commissions scolaires, je le sais moins dans les commissions
scolaires, puisqu'elles ont une corporation indépendante - en ce qui
concerne les hôpitaux, nos syndicats ont pris conscience de cette
réalité nouvelle et, avec l'association ou les associations
hospitalières, elles ont commencé à étudier des
structures nouvelles qui vont correspondre plus adéquatement à
cette réalité nouvelle qui est créée. Alors, on
songe à avoir d'autres systèmes de négociation, non
seulement sur le plan local, mais sur le plan régional et
peut-être éventuellement au niveau provincial. Comment ces
négociations se feront-elles, se conduiront-elles? Quels seront les
objectifs à chaque palier de négociation? évidemment, nous
ne sommes pas assez avancés pour pouvoir déterminer ça,
mais nous savons que nous devrons trouver nous-mêmes la solution à
cette difficulté qui est créée par la
réalité dont il fut question tout à l'heure.
Alors, devant une situation comme celle-là, nous ne orenons pas
l'attitude que le gouvernement reste dans son coin, qu'il paie, puis nous
autres on va négocier avec, disons, des employeurs qui sont
indirectement ses mandataires; nous ne la Drendrons pas cette
attitude-là. Mais ce que nous allons demander au gouvernement, c'est, de
grâce, étant donné que le problème se pose, de nous
donner un petit moment pour qu'on essaie d'ajuster nos structures olutôt
que d'arriver simplement avec une superstructure, un arbitrage de type
spécial oui permet le contrôle direct du ministre.
Encore une fois, je vous dis que nous ne nions pas
l'intérêt du gouvernement, mais nous voudrions avoir la chance de
modifier nos propres structures qui étaient conformes dans le temps aux
lois et aux réalités existantes; nous voulons avoir le temps de
les adapter nous-mêmes, parce que nous croyons que les corps
intermédiaires dans ces cas-là sont probablement les plus
compétents pour trouver les solutions les plus adéquates. C'est
pourquoi lorsque, au début, dans les remarques d'introduction que
j'avais faites, j'avais demandé au gouvernement dans ce cas-là
qu'il existe soit un comité d'étude ou une commission
d'enquête pour que tous ces aspects soient étudiés, pour
que les représentations soient faites, pour qu'on puisse indiquer au
gouvernement jusqu'à quel point nous allons être affectés
par les nouvelles structures et je pense que, quand on fait une transformation
orofonde, une transformation sociale aussi profonde qu'un délai de
quelques mois, cela peut servir à tout le monde plutôt que de
créer une superstructure qui va, à l'heure actuelle, créer
des conflits et des conflits extrêmement graves à mon avis et des
conflits d'un type spécial qu'on n'a pas connus jusqu'à
présent, c'est-à-dire des conflits professionnels de type
politique.
C'est pourquoi nous insistons, M. le Président du comité,
M. le premier ministre, pour que le gouvernement envisage cette solution
sérieusement. Ce n'est pas pour avoir un délai abusif, ce n'est
pas pour ennuyer le gouvernement, nous vous disons que cette
responsabilité du gouvernement, nous l'assumons, nous l'acceotons et
nous ne reculons pas même si, à un moment donné, nous
sommes frappés dans nos intérêts. Ce n'est pas le but de
faire une manoeuvre dilatoire qui va simplement nous permettre de qagner un
nouveau délai et aussi d'abuser, si vous voulez, de la situation
présente. Ce n'est pas notre intention. Mais, quand on veut créer
une structure nouvelle comme celle-là - et on la crée non
seulement pour les hôpitaux et les instituteurs, à l'heure
actuelle, mais on la crée pour tous les services publics - cela a une
application extrêmement profonde. Nous voudrions, avec
les employeurs, avec les représentants du gouvernement, trouver
les formulas les mieux adaptées et faire une recommandation qui
permettra très tôt au gouvernement de légiférer non
pas nécessairement suivant les recommandations que nous aurons faites,
mais sûrement en toute connaissance de cause. C'est pourquoi nous sommes,
disons, mal à l'aise présentement pour faire des suggestions sur
le texte qui est là, parce que, nous-mêmes, nous ne savons quelle
sorte de structure de négociation il faudra mettre sur pied en vue
réellement de résoudre tous ces problèmes dans un contexte
nouveau, c'est-à-dire dans un contexte où le gouvernement devient
enfin l'employeur, parce que, pour nous dans les hôpitaux,
présentement, ce ne sont non seulement les autorités de
l'hôpital qui sont l'employeur, mais ce sont les autorités de
l'hôpital conjointement avec le gouvernement.
Cela constitue, à notre avis, une unité et cela ne sert
à rien de vouloir artificiellement diviser ça, cela va revenir
autrement. Je ne connais pas un gouvernement qui va verser des dizaines de
millions de dollars par année et qui va dire: Bien, je vais laisser les
intérêts privés disposer de tout ça... On peut le
réussir à un moment donné sur un coup de force, mais je
pense que ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas rationnel et ce n'est pas
tenir compte de la réalité. Nous sommes prêts à
assumer toutes ces responsabilités, mais nous voudrions que le
gouvernement nous donne la chance d'étudier très bien les
structures nouvelles à mettre sur pied de manière qu'un texte de
loi qui, malheureusement disons, vise surtout à empêcher
l'incendie ou à corriger le pire, vienne créer artificiellement
certains conflits. Je ne pense pas que npus allons résoudre le
problème, M. le premier ministre, et je suis profondément
convaincu que nous n'allons pas le faire par cet article-là, je pense
que le gouvernement a besoin du concours des intéressés
là-dedans. C'est trop sérieux, il a besoin que les
intéressés acceptent les principes et se montent leurs propres
structures. Nous vcus demandons d'avoir confiance un peu dans les corps
intermédiaires et dans les solutions qu'ils pourront suggérer. Et
quant à nous, évidemment, je ne peux pas parler pour tout le
monde, mais je puis vous assurer que dans ce domaine-là, vous allez
avoir toute notre collaboration, et nous allons tenter de faire des suggestions
qui soient réellement dans le sens du bien commun et non simplement pour
sauvegarder nos intérêts de groupe. Alors c'est pourquoi nous
insistons sur un tel comité ou une telle commission ou une telle
commission d'enquête.
C'est parce que nous jugeons que dans une transformation aussi profonde
qui affecte un secteur très large, tout le monde a intérêt
à connaître la réalité et aussi à obtenir des
intéressés ce qu'ils peuvent pffrir comme élément
de solution.
M. Provost: M. le Président, M. le premier ministre, nous
comprenons et à juste titre, que le gouvernement cherche à
trouver, dans des domaines où son apport devient de plus en plus
important, des structures qui lui permettent d'exercer l'autorité que le
peuple lui a donnée de disposer de ses deniers. Ceci nous le comprenons,
non seulement nous l'acceptons mais nous sommes convaincus qu'il n'y a pas
d'autre solution... Pardon!
M. Lesage: C'est moins de l'autorité que de l'obligation de
surveillance de la dépense des deniers publics.
M. Provost: Alors l'obligation de surveillance du gouvernement, non
seulement nous l'acceptons, mais nous nous réjouissons que le
gouvernement veuille exercer son obligation de surveillance parce que je pense
que s'il ne vpulait pas l'exercer, on pourrait penser qu'il est mauvais
administrateur des deniers publics à un moment donné. Nous
comprenons qu'il est entré de plus en plus profondément dans deux
secteurs depuis quelques années et ceci ppur le bien-être
général dans le secteur des hôpitaux, par
l'assurance-hospitalisation, et dans le secteur de l'éducation.
M. Johnson: M. Provost, si vous permettez. Dans le secteur de
l'éducation, on ppurrait peut-être en discuter. Je ne sais pas
quels sont vos chiffres mais...
M. Provost: Je pense que les élus du peuple vont étudier
le bill 60 et je ne voudrais pas ici me constituer une autorité pour
discuter même avec vous, M. Johnson, du bill 60.
M. Johnson: Est-ce que vous pensiez, vous, au montant d'argent que le
gouvernement met dans les hôpitaux que c'est clair, 85%, 90%? Le
gouvernement provincial, la moitié, évidemment il y en a une
moitié par le fédéral, et ça couvre tout le monde.
Mais dans le domaine de l'éducation, c'est une question à
discussion mais proportionnellement à ce que paient les gens, si on
enlève ce montant représenté par la taxe de vente que le
gouvernement a pris et remet aux commissions scolaires, la proportion est
sensiblement 'a même qu'autrefois.
M. Lesage: On donne passablement plus pour l'éducation que pour
l'hospitalisation en termes de dollars.
M. Johnson: Bien disons qu'en termes de dollars, oui.
M. Lesage: On donne considérablement plus.
M. Johnson: Seulement en proportion, je voulais simplement faire une
mise au point. Cela ne vicie pas votre raisonnement, M. Provost.
M. Provost: Alors non seulement nous disons que le gouvernement a le
droit mais je pense que c'est nécessaire qu'il soit à la table
des négociations au début des négociations afin d'indiquer
là quelles sont ses responsabilités de surveillance. Je pense
qu'il doit être au niveau de la conciliation. Nous pensons qu'il doit
être au niveau de l'arbitrage.
Mais nous sommes ici en face de trois positions différentes et je
pense que chacun va admettre que nous avons vu ce texte il y a à peine
quelque huit jours, que depuis ce temps-là, nous nous sommes
attachés à régler ou à offrir des suggestions sur
des tas de problèmes...
M. Gérin-Lajoie: Cela fait plus de huit jours.
M. Lesage: Trois semaines.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Trois semaines.
M. Provost: C'est ça, trois semaines. Nous nous sommes
attachés, depuis ce temps-là, à trouver des solutions
à des tas de problèmes mais nous n'avons pas eu, à mon
avis, le calme et la quiétude nécessaires à étudier
à fond ce problème qui, si nous prenons la solution de la loi,
transforme comolètement le concept de la négociation collective.
Parce que si on veut le pousser à l'extrême, et je ne dis ceci que
comme exemple, je ne prête pas d'intention au gouvernement, ceci voudrait
dire, à toutes fins pratiques, que dans un domaine comme les
hôpitaux, dans un domaine comme les commissions scolaires, il pourrait y
avoir dans 5%, 10%, 15%, 20%, 25% des cas, aucune négociation
valable.
On enlèverait aux parties toute initiative de chercher une
solution au problème parce que les parties pourraient se dire dès
le début: "Eh bien, à quoi ça sert si, après que
nous nous serons efforcés de trouver une solution au problème, le
ministre va décider, comme la loi l'autorise, que ce n'est pas ça
la solution. Vous avez, d'un autre côté, certaines organisations
patronales oui nous ont dit: "Ils veulent le statu quo. Nous, nous ne voulons
pas le statu quo."
Le gouvernement nous offre, par la loi, un texte que nous disons
peut-être dangereux pour détruire le concept des
négociations collectives. Nous, nous disons: "On veut que le
gouvernement soit présent." Naturellement, il va falloir penser a une
structure. Honnêtement je vous le dis, nous la cherchons mais nous
n'avons pas eu le temps d'offrir même une solution intérimaire
à celle qui est proposée dans le bill qui pourrait être
acceptable et qui ne nous éloignerait pas d'une façon trop
draconienne du concept de la négociation collective, tout en admettant
la présence du gouvernement aux différents niveaux. C'est la
raison pour laquelle j'abonde dans le sens de M. Marchand, et je pense qu'une
commission d'enquête pourrait étudier le problème
raoidement durant les mois d'été. Nous lui offrons notre
entière collaboration et il est fort possible qu'au mois de septembre,
il sera moins difficile de trouver la véritable solution qui, tout en
respectant le concept de la négociation collective, puisse donner au
gouvernement la place qui lui revient de droit, qu'il a le droit d'avoir, qu'il
a l'obligation d'avoir au sein des relations industrielles qui existent dans
les hôpitaux et dans les commissions scolaires.
M. Garant (Léopold): M. le Président, M. le premier
ministre, je voudrais aussi brièvement que possible expliquer la
position de l'organisme que je représente.
Notre corporation a négocié avec le gouvernement à
plusieurs reprises. Elle a eu du succès à certaines occasions,
moins dans d'autres. En 1946, par exemple, l'arbitrage a été
enlevé à tous les instituteurs oui enseignent dans la partie
rurale et ça a été jusqu'en 1960 avant qu'on retrouve le
droit à l'arbitrage. En 1953, pour éviter ou contourner si vous
voulez cette absence du droit d'arbitrage, on a tenté de négocier
avec les associations diocésaines de commissions scolaires, en vue de
s'entendre sur des conditions de travail applicables dans une région. A
ce moment-là, c'était accepté par la corporation et on
voulait même obtenir de la part du gouvernement une extension
juridique.
Cela a fonctionné dans le "diocèse de Rimouski où
il y a eu une convention diocésaine qui est appliquée; même
depuis ce temps-là, elle est renouvelée. Le décret si vous
voulez n'a pas marché. Le gouvernement nous a avertis qu'il n'en voulait
pas.
Deouis deux ans, nous avons retrouvé le droit à
1'arbitrage pour la partie rurale.
M. Bellemare: Depuis 3 ans, depuis 1960.
M. Garant: Depuis 1960, au printemps 1960. Depuis ce temps-là,
nous sommes satisfaits.
M. Lesage: C'est ça qu'il voulait vous faire dire, lui.
M. Garant: Au printemps 1960.
M. Bellemare: C'est vrai, je le savais.
M. Garant: Depuis ce temps-là, nous sommes satisfaits et puis,
comme ça ne fait pas lonqtemps, on a réglé bien des
problèmes mais il nous en reste beaucoup à régler, et puis
on est content de notre situation actuellement.
Par ailleurs, évidemment, on comprend qu'il y a des
problèmes du côté du gouvernement et que négocier
1500 - parce qu'il y a 1500 commissions scolaires conventions collectives tous
les ans ou tous les deux ans, ça crée des problèmes
à bien du monde, et puis ça demande une source d'énergie;
il y a là-dedans un marchandage qui va certainement créer des
problèmes. Nous reconnaissons qu'il y a un problème.
Mais je pense qu'il y a actuellement une solution naturelle. La
Fédération des commissions scolaires - je pense que vous avez un
bill devant la Législature actuellement - demande d'être reconnue
pour représenter les commissions scolaires et négocier par le
truchement des associations diocésaines. À cela, nous ne mettons
pas d'objection. Nous-mêmes, nous sommes prêts à collaborer,
c'est la solution que nous demandions en 1953.
M. Johnson: Sur la base diocésaine, hein?
M. Garant: Bien, sur une base régionale ou de district ou enfin
sur un secteur plus agrandi que la commission scolaire locale. Au lieu d'avoir
1500 négociations par exemple, il y en aura pour un certain nombre de
régions. Et on a mentionné au début, je pense que c'est
mardi dernier, la possibilité de collusion entre un patron par exemple
et un syndicat. J'ai l'impression, je ne nie pas ça, que ce sont des
exceptions. Je ne voudrais pas qu'on garde l'impression que ça s'est
produit dans plusieurs endroits, ce sont de très rares endroits, mais
j'ai l'impression qu'une négociation sur le plan d'une région
agrandie ne pourrait pas donner prise à une collusion de quelque
façon que ce soit. Il est certain que la négociation se ferait de
façon juste pour tout le monde et il y aura possibilité de
trouver par ce truchement-là, un mécanisme qui va satisfaire tout
le monde. Et de ce côté-là, vers cette solution-là,
nous sommes prêts à collaborer, puis d'ailleurs, nous tentons des
efforts dans ce sens-là depuis des années. Alors nous voyons une
solution dans ce sens-là qui pourrait satisfaire tout le monde. Quant
à l'article 60 tel qu'il est formulé ici, et alors c'est à
cause de ça aussi que nous appuyons la demande d'un sursis et d'une
enquête, tel que l'ont demandé M. Marchand et M. Provost,
ça nous permettrait d'étudier cette possibilité-là
davantage, ça nous permettrait aussi de retourner devant nos conseils et
de faire rapport des discussions qui ont eu lieu depuis cette semaine parce que
l'article 60 tel qu'il est proposé ici a créé bien des
inquiétudes.
Premièrement, on a dit immédiatement que le ministre
devient, à un moment donné, juge en première instance,
parce qu'il dit en recevant une convention collective, celle-là ne me
plaît pas, donc on l'envoie à un tribunal alors le tribunal
devient un tribunal de seconde instance parce qu'il y a déjà eu
un premier jugement.
Deuxièmement, le ministre devient juge et partie en même
temps, ce qui, à notre avis, ne se concilie pas facilement et n'accorde
pas aux parties, du moins à notre partie, une assurance que le dernier
jugement a faire sera tout à fait équitable et qu'il n'y aura pas
d'intervention politique.
Ce sont les principaux arguments qu'on invoque à la demande de
l'enquête plus approfondie qui nous permettrait d'examiner ce
problème davantage et de trouver peut-être des solutions qui
pourraient satisfaire tout le monde.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur cette chose-là?
M. Renault: Paul Renault, M. le Président. Une brève
remarque, ce n'est pas au nom de l'association des manufacturiers canadiens que
je la fais, c'est plutôt en mon nom personnel. Dans nombre de cas, dans
quelques cas si vous voulez où j'ai eu l'occasion d'agir pour certains
hôpitaux, je crois que la suggestion de l'article 60 telle qu'elle est
faite actuellement pourrait peut-être servir de proposition
intermédiaire. On a dit dans le moment: Bien voici, on voudrait une
commissin d'enquête. Je me demande si tout l'article 60 est laissé
en suspens, ce qui arriverait de la balance du code.
Je soumets que l'article 60, si c'était une proposition
intermédiaire, pourrait servir en fait, actuellement, à
régler, peut-être temporairement le problème parce que dans
les cas de négociations où j'ai eu affaire, les hôpitaux
ont négocié de bonne foi, les syndicats de la même
façon. Nous nous sommes entendus sans arbitrage.
Maintenant, je comprends, comme l'a expliqué M. Marchand, que vu
que le gouvernement paye même les hôpitaux, une certaine crainte de
savoir si les augmentations qu'ils peuvent avoir consenties vont être
acceptées. Alors il me semble que l'article 60 pourrait disposer
temporairement du problème.
Quant à l'argument de M. Provost, à savoir qu'à la
table de négociation, le gouvernement devrait apparaître, je
soumets respectueusement que cette proposition
devrait être mise de côté par votre comité,
à tout événement, même après une commission
d'enquête parce qu'alors, vous créez un précédent
qui pourrait être très dangereux. C'est un précédent
à base de socialisme avancé et je soumets respectueusement que
tant et aussi longtemps qu'on aurait confiance dans notre système
démocratique, cette proposition devrait être mise de
côté.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Monette?
M. Dumesnil: M. le Président, Dumesnil, Fédération
des commissions scolaires. La position de la Fédération des
commissions scolaires concernant l'article 60 est la suivante: Nous sommes
entièrement d'accord avec l'article 60, tel que rédigé. La
fédération ne croit pas qu'il soit nécessaire que le
gouvernement ait des conciliateurs à l'échelle des
négociations. Nous avons actuellement un organisme qui est capable de
s'occuper de la question. Les associations diocésaines ont des
commissaires d'école qui font la négociation. Dans d'autres
commissions scolaires, la fédération a un service technique et
à ce jour nous pouvons dire que les négociations avec les
instituteurs ont été faites d'une façon remarquablement
bien. Il y a eu l'année dernière, si mes chiffres sont exacts,
au-delà de 900 conventions collectives et à peine une vingtaine
d'arbitrages.
Alors la Fédération des commissions scolaires comprend que
le gouvernement, étant donné les subventions qu'il accorde aux
commissions scolaires, a un droit de regard et une obligation de surveillance.
Et nous allons même plus loin, nous sommes assurés que le fait de
référer une convention collective à un tribunal
d'arbitrage, tel que constitué, n'est pas un objet de crainte.
Personnellement, je réfère aux articles concernant le tribunal
d'arbitrage. Ce sont des juges de district et, si vous me le permettez, il n'y
a personne ici pour le défendre. Je crois que ça va être
mon devoir de le faire. On semble mettre en doute cette formule qui me semble
excellente. Je vais vous dire pourquoi elle est excellente, c'est parce que
moi-même, ayant plaidé devant les juges de district depuis de
nombreuses années, je n'ai jamais eu a m'en plaindre, au contraire je
m'en suis félicité. Les juges provinciaux, j'en ai un très
grand respect et je suis en mesure d'en parler parce que depuis 8 ans, je suis
rédacteur de deux revues de droit, je reçois leurs
décisions, je les analyse et leurs décisions valent n'importe
laquelle décision de n'importe quels autres tribunaux, et, quant
à leur probité et leur honnêteté, je n'en ai aucun
doute. Alors la Fédération des commissions scolaires est
pleinement assurée que s'il y a un arbitrage devant des juges de
district, eh bien, nous allons avoir justice et le syndicat aurait justice. Ce
serait la même chose que ce qui se fait actuellement lorsque nous avons
des tribunaux d'arbitrage présidés par des juges de district.
Et c'est la position de la Fédération des commissions
scolaires.
M. Dozois: Le chef de l'Opposition tout à l'heure souligne le
point de vue des hôpitaux qui reçoivent, mettons, quatre-vingt-dix
ou quatre-vinqt-quinze pour cent de leur fonds du gouvernement, mais on ne peut
pas appliquer à mon avis le même barème dans les
commissions scolaires. Il y a peut-être des commissions scolaires qui
reçoivent disons dans leurs revenus 75 pour cent d'octroi ou 80 pour
cent, peut-être 90 pour cent. Il y a également les commissions
scolaires où la contribution gouvernementale ne peut représenter
que 20 ou 25 ou 30 pour cent de la somme totale de leurs revenus. Vous acceptez
que même dans le cas des commissions scolaires lorsqu'elles n'auraient
que 20 ou 25 pour cent de ces revenus provenant d'octrois que le gouvernement
puisse intervenir non pas dans la négociation mais dans la convention
collective. Je n'accepte pas la convention collective...
M. Dumesnil: Voici monsieur le député, c'est justement la
raison pour laguelle nous sommes contre la présence du gouvernement ou
de ses représentants à la table de la négociation.
M. Dozois: Bien voici, les commissions scolaires, M. Dumesnil, qui se
procurent 75 pour cent de ces revenus par le truchement de taxations locales et
qui de bonne foi négocient une convention collective avec leurs
employés et s'entendent et quand elles se sont entendues par la
convention collective, le gouvernement, oui ne paierait que 25 pour cent de la
somme globale de leurs revenus, dirait: Je n'accepte pas cette convention.
M. Dumesnil: Le principe est le même. C'est de l'argent du public
que le gouvernement donne à une commission scolaire. Si la commission
scolaire emploie te 25 pour cent d'une façon qui nl'est pas juste, c'est
autant dommageable que si elle employait le 95 pour cent d'une façon qui
n'est pas juste.
M. Lesage: D'ailleurs, M. Dumesnil, sans compter le fait que la
négociation, surtout dans un cas comme celui de Montréal sur
toutes autres négociations qui peuvent avoir lieu à travers la
province, peut affecter beaucoup plus directement le gouvernement et beaucoup
plus lourdement. Ça il ne faut jamais l'oublier. Si une
convention collective négociée augmente les salaires des
professeurs d'une façon sensible, eh bien, il n'y a pas d'erreur on s'en
sert de cette négociation-là vis-à-vis des tribunaux
d'arbitrage. Tout ça, ça se tient ensemble. Pardon? Vous
êtes mieux de... Approchez-vous de cette table-ci, si vous voulez.
M. Dugré (Alexandre): Il y a une influence sur toute
l'économie de la province.
M. Lesage: C'est ça.
M. Duqré: Vous avez une influence qui est exercée chez les
commissions scolaires, dans le cas que M. le député vient de
mentionner, et il y a aussi influence des commissions scolaires qui sont
octroyées pour 30, 90 pour cent avec les deniers publics. À ce
moment-là, elles-mêmes sont quasiment irresponsables
financièrement et ça ne leur fait pas grand-chose de voter de
très bons salaires pour avoir un bon choix, et c'est toujours au
détriment du milieu rural. Vous avez une discrimination qui s'exerce
entre le milieu rural et l'avantage du milieu urbain. Et les brevets C, les
non-diplômés vous n'en trouverez pratiquement plus dans les
villes, mais nous aurons ça dans le milieu rural par exemple.
Et cette discrimination s'accentue continuellement au fur et a mesure
que la différence des salaires s'accentue entre le milieu urbain et le
milieu rural.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors c'est...
M. Marchand: Il n'y a pas de difficulté sur le problème.
Il s'agit de savoir par quel processus ou quelle procédure on va y
parvenir.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré.
M. Marchand: Parce que là, à l'heure actuelle, le ministre
n'intervient que si c'est une convention qui a été librement
signée par les deux parties. Si c'est une sentence arbitrale il ne peut
pas intervenir en vertu de la loi. Alors il n'y a aucun doute que là
vous empêchez la négociation privée. C'est qu'ils vont
dire: On est aussi bien d'aller à l'arbitrage, sans quoi on court le
risque que le ministre la réfère. Ils vont préférer
y aller eux-mêmes. Alors de toute façon ce n'est pas pour
empêcher que la responsabilité soit prise, mais je pense que
donner tout le fardeau est odieux à un ministre de la couronne, je pense
que nous débouchons fatalement un jour ou l'autre dans des conflits dont
on trace actuellement les bases. Il n'y a aucun doute, je pense, que la
négociation réelle, le filtrage, il doit se faire à tous
les échelons de la négociation et nos structures doivent
être faites en fonction de cette réalité nouvelle. Qu'on la
traite de n'importe quel nom, elle est là, elle va demeurer, je pense
que la responsabilité doit s'échelonner à partir du
syndicat local jusqu'à la fédération provinciale.
M. Lesage: M. Marchand, je ne suis pas tellement d'accord sur le fait
que ce serait terriblement odieux pour le ministre, parce que le ministre ne
prend pas de décision, il réfère.
M. Johnson: Mais, est-ce que le seul fait de
référer...
M. Marchand: C'est-à-dire qu'il prend la resDonsabilité de
référer une convention collective qui a été
signée entre deux parties sur laquelle l'employeur officiel et le
syndicat sont tombés d'accord.
M. Lesage: Oui, oui, sur laquelle il doit y avoir un doute
sérieux.
M. Marchand: Et, d'un autre côté, M. le premier ministre,
si on voulait discuter un peu plus à fond cet article-là, ce que
vous créez à l'heure actuelle, c'est un droit d'appel pour le
ministre, droit d'appel qui n'existe pour aucune autre partie. C'est ça
que ça veut dire.
M. Gérin-Lajoie: Évidemment, ce n'est pas un droit d'appel
pour le bien d'une partie, c'est un droit d'appel dans l'intérêt
public.
M. Marchand: Ça, je ne le nie pas. Mais je trouve qu'il faut
ajuster toutes les structures. Ce n'est pas simplement par un article de loi
comme celui-là qu'on va régler un problème qui est aussi
profond et qui a des implications dans tous les milieux. Les gens qui disent:
Nous, on veut sauvegarder notre pouvoir de négociation privée et
de négocier sur le dos du gouvernement. Enfin, ils peuvent
peut-être avoir de bonnes intentions, etc. C'est une chose oui ne tient
pas debout et ça ne pourra pas tenir en face d'un gouvernement, et moi
je n'accepterais pas qu'il y ait des tiers qui négocient pour la CSN et
que ce soit la CSM qui paie, non.
M. Lesage: Je comorends, mais d'un autre côté, vous avez
entendu Me Fillion l'autre jour, vous avez entendu cet après-midi les
représentants des commissions scolaires, ils me semblent aussi fermes
dans leur opinion qui n'est pas la vôtre, que vous l'êtes
vous-même. Il faut trouver une solution, vous l'admettez.
C'est pour ça que, devant ce problème
complexe, qu'est-ce que c'est de prendre trois mois et de dire aux
parties: Venez donc offrir vos propres solutions? Quelles sont les structures
qu'il faut mettre sur pied pour régler tous ces
problèmes-là? Peut-être que ça arrivera à une
mauvaise solution que le gouvernement jugera inacceptable mais, qu'est-ce que
vous voulez? Il a la sienne. Il pourra l'appliquer mais, à ce
moment-là, nous aurons eu l'occasion d'en discuter en profondeur. Moi,
ce qui m'intéresse personnellement, c'est d'essayer de penser les
structures nouvelles de négociation. C'est nouveau dans notre
régime, tout à fait nouveau; la négociation, chez nous,
est sur une base locale avec un employeur local. Là, vous changez la
structure des négociations et vous faites intervenir le gouvernement et
on n'est pas contre. Comment va-t-il intervenir? Quelle va être la place
des parties là-dedans? Est-ce que c'est sage de garder un tribunal
à trois membres ou s'il ne faudra pas, à un moment donné,
en avoir cinq pour que les hôpitaux, le gouvernement et la partie
syndicale soient représentés?
Ce sont toutes des choses que, personnellement, j'aimerais avoir
l'occasion de discuter et sur lesquelles j'aimerais penser un peu parce que
ça va durer probablement pendant une génération et c'est
quelque chose de nouveau. On ne vous dit pas que votre solution est
nécessairement une solution qui n'a pas de sens. Vous pouvez toujours me
dire: Si vous en avez une plus fine, proposez-la. Je n'en suis pas là,
mais je trouve que c'est raisonnable, devant une structure nouvelle comme
celle-là, de prendre un délai de quelques mois pour permettre
à tous les intéressés de s'exprimer, aux commissions
scolaires, aux employeurs des hôpitaux, aux syndicats des services
publics parce que vous touchez aussi aux municipalités là-dedans;
ça couvre tout le monde.
Alors, venez donc nous dire ce que vous pensez du nouveau système
et comment vous croyez que ce problème, de l'intervention de
l'État dans des domaines comme l'hospitalisation et le domaine de la
commission scolaire, peut être réglé tout en sauvegardant
l'intérêt général en plus de sauvegarder vos droits
privés. Je vous assure qu'essayer de résoudre ça
simplement, en instituant un tribunal de trois juges, je trouve que ça
règle le problème, M. le premier ministre. À un moment
donné, le ministre enverra ça là et le tribunal dira que
ça n'a pas de bon sens. Seulement, vous verrez les répercussions
et tout le monde dire: Eh bien! le ministre, lui, peut le faire mais, nous,
quand cela ne fait pas notre affaire, on n'a pas d'autres recours. Là,
vous ferez sauter probablement une partie de votre loi.
M. Gérin-Lajoie: Tout le monde a recours au tribunal d'arbitrage.
Si une des deux parties en voie de négociation n'est pas satisfaite d'un
projet de convention, elle n'a qu'à aller au tribunal.
M. Lesage: Lisez 82.
M. Gérin Lajoie: Je ne discute pas, du reste, ce que vous avez
dit, mais vous dites tout simplement que le gouvernement se donne, par le
projet de loi, un droit que les parties n'ont pas. En fait, les trois parties
ont le droit, par le projet de loi, d'aller devant le tribunal d'arbitrage au
choix de l'une ou l'autre des trois.
M. Marchand: Je ne sais pas si vous avez déjà
négocié, vous l'avez sûrement fait déjà dans
le passé, vous êtes avec une partie autour d'une table, vous
essavez de vous entendre, et vous avez cette épée de
Damoclès sur la tête, s'il y a un tiers oui est
intéressé et on est d'accord, mais lui, il n'est pas là;
lui, il va décider après ça si notre affaire a du bon sens
ou si elle n'en a pas. C'est intenable, c'est absolument intenable.
M. Gervais: Je me demande, M. le Président, si ce n'est pas de
nature éqalement à favoriser le nombre de l'arbitrage; il y a
bien des parties qui vont préférer aller à l'arbitrage que
d'aller au ministre.
M. Marchand: C'est parce que dans la négociation, il se fait une
éducation mutuelle...
M. Lesage: Ils ne vont pas au ministre, du tout.
M. Johnson: S'ils font une convention, le ministre peut la
référer.
M. Marchand: Parce que dans une négociation collective, il se
fait une esoèce d'éducation mutuelle, voici quels sont nos
problèmes et le syndicat explique les siens, etc., et à un moment
donné, on arrive à une convention collective. Là, il y en
a un qui est intéressé, qui ne participe pas et puis c'est pour
ça que nous sommes d'accord qu'il participe aux négociations pour
suivre la même évolution, et ne pas simplement être
placé comme un juge en dehors des parties, parce que moi, je pense que
le gouvernement est partie, et il a droit d'être !à: mais
là, ce n'est pas le statut qu'il se donne, nous autres, on va juger si
votre affaire... Pardon?
M. Lesage: Il devient partie devant le tribunal d'arbitrage.
M. Marchand: Ah, à une autre étape,
mais à la première étape, c'est lui qui juge de la
convention que les deux autres parties ont négocié ensemble, et
puis il dit: votre affaire, moi, je ne l'accepte pas. Bien, je vous dis que
dans notre système de négociation, ça fausse tout le
jeu.
M. Lesage: Quand vous dites que le gouvernement se réserve un
droit d'appel, ce n'est pas tout à fait ça; c'est ce qu'on
appelle en droit, cette procédure d'intervention. Un tiers peut
intervenir dans un procès entre deux autres personnes s'il
prétend que ses intérêts sont lésés par une
intervention; c'est ça, au point de vue juridique, c'est ça la
position du gouvernement en vertu de 60 et de 82 et suivants.
M. Marchand: Oui, évidemment, là, la confusion qui existe,
M. le Président, c'est l'État employeur et l'État
autorité publique, comme gardien du bien commun. À ce moment-ci,
nous autres là, ce qui nous intéresse, on est prêt à
accepter et puis on l'accepte et on le reconnaît que l'État dans
ce cas-là, dans le cas des hôpitaux c'est à peu près
l'employeur à toutes fins pratiques et dans le cas des commissions
scolaires, c'est aussi au moins la moitié de l'employeur.
M. Lesage: Oui, dans le fond, on dit la même chose. Vous dites: Il
doit intervenir dès le début; puis là, on propose
d'intervenir, mais simplement à l'arbitrage, si on croit devoir
intervenir.
M. Marchand: Alors à ce moment-là, vous détruisez
la négociation privée, ça ne veut plus rien dire;
c'est-à-dire que vous dites à deux parties: Débattez-vous
et puis nous autres on va rester en haut, on va vous attendre, et si on n'aime
pas le résultat on va vous détricoter ce que vous avez fait.
M. Lesage: C'est ça, c'est l'intervention.
M. Marchand: Bien, c'est pour ça, c'est sur la formule, M. le
Président, c'est sur la formule que nous aimerions en discuter; il y a
probablement moyen de concilier ces deux points de vue, puis je me demande
pourguoi on s'objecterait à ce que les parties, devant cette nouvelle
réalité, aient l'occasion d'exprimer leur opinion
entièrement là-dessus, parce que plus ça va, plus le
secteur public agrandit, la structure que nous créons là,
probablement va s'étendre à d'autres secteurs
éventuellement, puis je pense que ça vaut la peine de passer
quelques mois là-dessus et essayer d'y penser tout le monde. Et s'il n'y
a personne qui trouve de meilleure solution, bien le gouvernement, il a tout de
même l'instrument par excellence dans les mains.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Désilets.
M. Johnson: Je vous demande pardon, M. Désilets, j'aurais une
question à poser à M. Marchand. M. Marchand, il y en a des
négociations, est-ce que le gouvernement ne fait pas connaître ses
désirs ou n'envoie pas une liste avec..?
M. Marchand: Voici, prenez dans les hôpitaux, M. Johnson, il se
fait des négociations avec les autorités de l'hôpital; en
dehors de ça, vous avez le service d'hospitalisation, il y a le budget
du gouvernement, il y a des instructions qui se donnent, des indications sur ce
qui devrait être accordé, ah oui, moi j'en ai eu entre les
mains...
M. Lesage: Oui, M. Marchand, mais vous avez eu connaissance de ce qui
s'est passé déjà, dans certains cas.
M. Marchand: Oui, oui, mais c'est revenu après...
M. Lesage: Vous l'admettez.
M. Marchand: Oui, oui. J'ai eu connaissance de ça, mais à
ce moment-là...
M. Lesage: Cela n'a aucun sens, il y a un cas en particulier, ça
n'avait aucun sens.
M. Marchand: Non, non, ça je comprends tout ça, mais on
négocie avec les employeurs, nous autres, puis on dit: Tiens, ce n'est
pas le vrai employeur dans le fond, c'est le ministère, c'est le service
d'hospitalisation qui donne les instructions, et je ne lui en veux pas, je lui
reconnais absolument le droit d'intervenir, c'est dans la façon
d'intervenir; voyez-vous ça, vous, négocier avec quelqu'un qui a
dans ses poches une instruction de -... cette année, ce n'est pas plus
que 5% ça ne sert exactement à rien de négocier avec la
personne qui est en face de nous, parce qu'à ce moment-là, ce
n'est pas elle qui paie et qu'est-ce que vous voulez, elle est à toutes
fins oratiques le mandataire d'une autre. Alors, tout ce qu'on veut, on veut
essayer de trouver un système où réellement on va pouvoir
changer avec les gens qui sont responsables.
M. Johnson: Vous vous en êtes rendu compte, M. Marchand,
actuellement les autorités hospitalières n'ont presque pas
d'intérêt à se défendre tellement contre certaines
demandes.
M. Marchand: Je crois que les autorités hospitalières,
à l'heure actuelle, tiennent à un principe, elles veulent garder
le élus possible, enfin, de leur autonomie. À mon
avis, c'est une attitude théorique qu'elles prennent, devant ce
fait-là, qu'est-ce que vous voulez, il faut admettre que le
gouvernement, et le gouvernement ce n'est pas une institution
étrangère, quant à nous on est citoyens de cette
province-là, le gouvernement qui paie la note, bien c'est normal qu'il
essaie de savoir comment les argents du public sont dépensés,
parce que vous savez que dans le secteur public, avec l'ampleur du secteur
public à l'heure actuelle, on peut faire défoncer n'importe quel
budget de gouvernement, qu'est-ce que vous voulez, c'est sûr. Alors,
comment peut-on concilier cette liberté, cette responsabilité
locale dans laquelle je crois aussi et les intérêts du bien
commun?
Et justement, ça c'est nouveau chez nous, puis je voudrais qu'on
ait le temps de concilier autant que possible les deux choses.
M. Johnson: Est-ce que vous n'essayez pas de concilier les
réconciliables vous? À toutes fins pratiques, les hôpitaux
sont étatisés, qu'on le veuille ou non, là, ils sont
obligés d'attendre les instructions...
M. Marchand; Les hôpitaux ne sont pas étatisés, mais
je pense que les hôpitaux sont sous le contrôle et la surveillance
de l'État. Cela me paraît assez évident, et puis il n'y a
aucun doute qu'au point de vue des autorités hospitalières, elles
essaient de sauvegarder autant que possible ce qui peut leur rester
d'autonomie.
M. Johnson: En somme, vous aurez syndiqué les premiers
employés de l'État?
M. Marchand: On va syndiquer les derniers aussi.
Enfin, c'est un problème complexe, la seule chose qu'on veut
indiquer au gouvernement, c'est qu'on ne nie pas certaines
responsabilités au point de départ, pour essayer de régler
notre petite affaire. Ce n'est pas l'attitude que nous prenons. Mais pour faire
ces structures nouvelles, j'ai l'impression qu'un petit peu de temps et un
petit peu d'étude, ça va aider tout le monde, et ça va
nous permettre, probablement, de trouver la solution qui va donner lieu
à moins de conflits possible et à la paix dans ces
secteurs-là.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Est-ce que les
hôpitaux sont représentés là?
Une voix: Les syndicats d'hôpitaux, la
fédération...
Les employés, je pense bien qu'ils ont été
représentés par M. Provost et M. Marchand.
M. Lesage: Mais le Conseil supérieur du travail ne s'est pas
penché sur ce problème- là à un moment
donné?
M. Marchand: Non, pas encore. Et s'il s'était penché,
j'aurais réellement peur des conclusions et de ne pas être en
mesure d'influencer le premier ministre. Non, mais on ne l'a pas
étudié M. le premier ministre.
M. Lesage: Vous l'avez discuté.
M. Marchand: On a discuté à la commission permanente, moi,
je ne suis pas membre de la commision permanente, mais je sais qu'il en a
été question des tribunaux du travail.
M. Lesage: Bien, des tribunaux d'arbitrage.
M. Marchand: Oui, mais, enfin, ça se présentait à
ce moment-là, comme des tribunaux du travail. C'est un problème
réel et on ne peut pas dire qu'ils ont trouvé de solutions
à ce jour. Mais je pense qu'il faudra faire un effort spécial,
puis nous adapter le plus vite possible à cette
réalité-là. Je suis convaincu de ça. Je suis
convaincu que si le gouvernement disait: Vous avez jusqu'à l'automne
pour faire une recommandation là-dessus et si vous n'en avez pas, eh
bien, mon Dieu, nous, on prendrait les solutions qu'on croit les plus
justes.
M. Lesage: Dire ça au conseil supérieur ou bien dire
ça à une commission d'enquête?
M. Marchand: Eh bien, si le premier ministre juge que ça peut
être référé au conseil supérieur, moi, je
pense que ça pourrait être référé au Conseil
supérieur du travail, mais à ce moment-là, avec un certain
pouvoir d'enquête, d'entendre les parties et de faire des recommandations
au cabinet.
Je pense qu'il y a tout ce qu'il faut dans le Conseil supérieur
du travail pour constituer un comité qui s'occuperait
particulièrement de cette question-là, mais avec...
M. Lesage: Mais il faudrait que l'enquête soit publique pour
plusieurs raisons.
M. Marchand: Oh oui, il faudrait que l'enquête soit publique! Je
pense qu'il ne serait pas mauvais que chacun aille dire en public ce qu'il
pense de cette réalité nouvelle et quelles sont les solutions les
plus opportunes.
M. Gervais: M. Marchand, comment expliquez-vous au chapitre, l'absence
des représentants des hôpitaux comme tels?
M. Marchand: Voici, M. le député, il y a une chose, on ne
peut pas la nier, cette
réalité-là. Aimons-là, ne l'aimons pas.
C'est sûr que les hôpitaux sont moins intéressés au
point de vue de négociations qu'ils l'étaient auparavant. On le
sait, nous, on a négocié sous les deux régimes. On sait
que ce n'est pas la même chose du tout, parce que quand les
communautés payaient, c'était pas mal plus dur que quand elles
ont appris que c'était les autres qui payaient, et c'est clair comme de
l'eau de roche, ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Bon, alors.
M. Dugré: L'épée de Damoclès dont parle M.
Marchand, suspendue, si vous voulez, du côté syndical, en
négociations avec l'intervention possible du ministre, ne contrebalance
quand même pas avec l'épée de Damoclès qui pend du
côté patronal en négociations, lorsqu'on sait que la
crainte d'une grève possible est souvent arrivée en maints
endroits, cette année. Nous avons vu à St-Jean-Port-Joli, entre
autres, une menace de grève parce que les négociations n'allaient
pas assez vite. Alors, je pense bien qu'il y a quand même, du
côté syndical, une autre compensation que nous n'avons pas.
M. Gérin-Lajoie: M. Duqré, j'aimerais vous poser une
guestion: Est-ce que vous pensez que ça sert à quelque chose
d'avoir dans nos lois, comme on a actuellement, une disposition qui
défend aux instituteurs de faire la grève?
M. Dugré: Cette année, ça n'a pas servi à
grand-chose parce que la grève s'est faite quand même, et
ça s'est fait sur le dos des enfants, une chose qui est
extrêmement grave.
M. Bellemare: Des salaires pas payés. M. Johnson: À cause
de quoi donc? Une voix: Des salaires pas payés.
M. Johnson: Un arrêt concerté du travail.
M. Garant: Je voudrais corriger un peu l'impression qu'a donnée
M. Dugré, a Saint-Jean-Port-Joli, il n'y a pas eu de grève. Pas
du tout. Il y a eu négociation, et puis il y a eu certains titulaires
qui ont préféré s'engager ailleurs et qui ont donné
leur démission, ils sont libres de faire ça, ce n'est pas
ça une grève.
M. Gérin-Lajoie: C'est à la fin de l'année,
ça, M. Garant?
M. Garant: Avant le mois de juin, c'est-à-dire qu'ils ont
donné leur démission avant le 1er juin, et puis tout était
en règle, tout était normal.
M. Gérin-Lajoie: Pour prendre effet à la fin de juin
seulement?
M. Garant: C'est ça. Maintenant, on dit, il a soulevé le
problème de la grève, nous n'avons jamais demandé le droit
de grève, non pas par principe, non pas à cause qu'il y a des
principes, tout simplement d'ordre pratique, parce que dans notre secteur, la
grève pourrait exister, puis ça ne mettrait pas en jeu l'ordre
public. Il ne faut pas se faire de peur avec ça. On dit, "c'est sur le
dos des enfants..." Il n'y a pas une grève qui existe sans mettre en
cause des tiers ou des personnes qui ne sont pas responsables, ça ne
serait pas pire dans notre domaine que les autres. Pour des raisons d'ordre
pratique, on préfère la situation actuelle...
M. Gérin-Lajoie: Qu'est-ce que c'est l'ordre pratique dans ce
cas-là?
M. Garant: Bien, l'ordre pratique, on trouve bien plus simple de changer
des conventions, si on ne s'entend pas, on va à l'arbitrage, et puis on
a une sentence exécutoire, alors ça marche, ça fait notre
affaire.
M. Johnson: Puis les salaires non payés, ça, ça
commence à être moins drôle.
M. Garant: Bien, il y a eu quelaues arrêts de travail,
malheureusement, nous le reqrettons nous autres aussi, mais ça cause des
retards trop considérables. On a vu des fois, plus de six mois de retard
et les marchands ne peuvent pas avancer indéfiniment.
M. Gervais: Est-ce qu'il y a eu beaucoup de retard de salaire?
M. Garant: Cette année, il y en a eu plusieurs, mais ça va
un peu en diminuant. Il y a eu des années, où on a vu des gens au
mois de mai, avoir encore des dûs de l'année
précédente. Il y a deux ans, on en avait encore. Bien, ce sont
des situations, vovez-vous...
M. Johnson: Ça ne se voit pas dans l'industrie privée,
ça.
M. Garant: Ça ne se voit pas ailleurs.
M. Johnson: Ça ne s'endurerait pas là non plus.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, en
délibéré, 60.
M. Gérin-Lajoie: On aurait une grosse
côte à remonter là-dessus!
M. Bélanger: Je voudrais attirer l'attention du comité sur
le fait que dans cette clause, on a englobé les syndicats
d'employés de commissions scolaires autres que les instituteurs.
À titre d'exemple, vous avez les concierges, vous avez les
employés qui sont préposés à la maintenance, alors,
je me demande pourquoi ces employés-là qui travaillent pour les
commissions scolaires, les types qui balaient les écoles, seraient
traités différemment des villes. Enfin, je comprends, je suppose
que les parties s'entendent pour signer une convention collective entre le
syndicat, disons des concierges de la ville d'Arvida et la Commission scolaire
d'Arvida, et après cette période-là, cette convention
Collective pourrait être soumise, référée au
ministre de la Jeunesse, qui lui, pourrait la transmettre au président
du tribunal. Alors, C'est une chose qu'on n'a peut-être pas pensé,
mais je voudrais tout simplement souligner que c'est compris dans cette
chose-là.
À présent, je crois...
M. Johnson: M. Bélanger, dites-vous que dans votre opinion, pour
les employés manuels, ça n'a pas le même sens?
M. Bélanger: C'est-à-dire dans le cas des employés
comme ça, ça a beaucoup moins de sens, puis dans l'autre, je ne
pense pas que ça en ait beaucoup plus. Je vais vous dire pourquoi. C'est
parce que je crois réellement que c'est un droit d'appel et je crois que
le droit d'appel est demandé précisément à cause
d'une question de capacité de payer. Et ce droit d'appel resssemble
beaucoup au droit d'appel qui est accordé aux corporations municipales
en 1947. Vous savez qu'en 1947, les parties allaient à l'arbitrage et la
loi disait que si le tribunal, c'est-à-dire que la partie, des
corporations municipales en venaient à la conclusion que le tribunal
n'avait pas tenu compte dans une juste mesure de la capacité de payer du
contribuable, elle pouvait référer le différend à
la commission municipale. C'est arrivé plusieurs fois, à la
cité de Québec ou ailleurs, où le problème a
été référé à la commission
municipale, et là, on est encore obligé de recommencer toute
l'affaire afin de démontrer que la ville était en mesure de payer
les augmentations accordées, même si elle était
déficitaire. Et puis le problème est tellement devenu odieux pour
la commission municipale qu'en 1953, le gouvernement a décidé
d'abolir ces clauses d'appel à la commission municipale.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, en
délibéré, 60.
M. Désilets: M. le Président...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Sur 60, M.
Désilets?
M. Désilets: Sur 60, juste un mot. Voici, l'article 60 dans sa
forme actuelle, comme l'a signalé M. Marchand, jette un jour odieux sur
les parties dont la convention est dénoncée. Je pense qu'on s'en
va à l'arbitrage à ce moment-là, avec un air
péjoratif, comme quelqu'un qui est pris en flaqrant délit. C'est
cette forme d'intervention-là que la corporation a rejetée.
Maintenant, nous appuyons la demande d'enquête qui nous permettra,
à la corporation, d'étudier peut-être d'autres formes
d'interventions, et de se prononcer sur celle-là. Ça, c'est pour
les instituteurs.
Maintenant, j'ai aussi un autre mandat, celui des infirmières, de
six syndicats d'infirmières qui est un mandat différent de celui
des instituteurs. Évidemment, la situation n'est pas la même non
plus, le gouvernement paie à 100%, il n'y a pas de parents, il n'y a pas
de maîtres, etc. Elles demandent également une enquête, s'il
y en a une, mais à tout événement, elles désirent
négocier avec le ministre. Elles désirent négocier
directement avec le ministre.
Une voix: Avec?
M. Désilets: Avec le ministre de la Santé, elles
désirent négocier avec lui ou son représentant, un
représentant qui aura des pouvoirs. Maintenant, une enguête
permettrait probablement, parce qu'on se pose bien des points d'interrogation.
Est-ce qu'on va négocier avec le ministre et un autre? À qui
allons-nous envoyer l'avis? L'opinion de qui allons-nous prendre, s'il y a
dissidence, afin, etc. Enfin, une enquête nous permettrait de soumettre
des points de vue sur toutes les modalités de cette
négociation-là, parce que ce n'est pas une négociation
ordinaire. Si on ne pose pas des règles, l'intervention du ministre,
c'est quelqu'un qui est plus oesant que nous autres, on en a eu la preuve cet
hiver. Pendant que j'étais à plaider cet hiver, moi, des heures
de travail, c'est une condition de travail, cependant, le président nous
dit: Écoutez, je viens de recevoir du ministre des directives une lettre
demandant d'observer ces directives ça a eu probablement plus de poids
que les observations qu'on a faites.
M. Johnson: C'était des normes ça, hein?
M. Marchand: Nous aussi, on représente plusieurs centaines
d'infirmières.
M. Lesage: Maintenant, est-ce que vous vous en vantez, M. Marchand?
M. Marchand: Oui, je vous jure que ça
fait une assemblée très belle.
M. Lesage: Je pourrais peut-être demander au ministre de la
Santé de me déléguer pour ces négociations.
M. Marchand: Si les infirmières négécient avec le
ministre de la Santé, moi, je voudrais passer tout de suite
après. J'ai l'impression que je vais être bien disposé.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 60 en
délibéré. 93 Est-ce que tout le monde est d'accord?
M. Marchand: Évidemment, on est dans une situation un peu
ennuyeuse. Si on savait ce que le gouvernement a l'intention de faire,
ça nous aiderait à prendre une décision.
M. Bellemare: Vous êtes bien sûrs que vous ne le savez
pas?
M. Marchand: Mon. Je ne le sais pas du tout. La prochaine fois,
j'esaierai de manger avec quelqu'un de l'Opposition, sans doute qu'il me le
dira.
Alors, il s'agit de savoir entre 82 et 96, ce qui a été
laissé en suspens ce matin. C'est parce que si le gouvernement a
l'intention de rejeter la proposition que nous avons faite et s'il faut
discuter article par article, évidemment, là, la discussion va
être un peu fausse parce qu'on n'accepte pas, au point de départ,
ce qui est proposé. Alors, je ne le sais pas. Il s'agit de savoir ce
qu'on...
M. Lesage: Je suggère que le tout soit suspendu, pris en
délibéré.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 93. Je comprends
qu'il n'y a personne oui a quelque chose à dire sur 93. 94- À
l'ordre:
Vote de grève
M. Crête (Marcel): M. le Président, sur 94. Cet article
prévoit le vote de grève parmi les membres d'une association
accréditée. Or, comme l'article 20 de la loi et derrière
la législation existante...
M. Bellemare: Ou reconnue aussi.
M. Crête: ...ou reconnue, prévoit que
l'accréditation peut être accordée à un groupe
distinct de salariés. Ceci voudrait dire que le vote de grève
pourrait être pris chez un groupe qui représente, en somme, une
minorité par rapport à l'ensemble des salariés. Alors,
nous trouvons que c'est un principe très dangereux s'il y avait un
groupe accrédité qui pourrait représenter, disons, un
département dans une usine et que ça serait ce
département-là qui déciderait de la grève pour
toute l'usine. Alors, nous croyons que c'est absolument contre les principes de
la loi parce que toute la loi est basée, l'accréditation et tout
ça, sur le principe de la majorité. C'est celle qui doit
gouverner. C'est une remarque que nous désirons faire. La
deuxième, c'est que nous suggérons que le vote de grève
soit sous la surveillance et le contrôle du ministre du Travail.
M. Bellemare: M. Marchand ou M. Provost, l'un ou l'autre, c'est
là qu'on rencontre l'objection de ce matin de monsieur qui parlait de
majorité absolue. Cela n'existe pas là. C'est juste la
majorité des membres.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je crois que la
commission a donné une interprétation à ça,
"majorité absolue".
M. Provost: C'est 50 p. 100 plus un d'après la commission, si je
ne m'abuse, la majorité absolue.
M. Bellemare: Il n'est pas nécessaire d'inclure dans le texte de
la loi, "majorité absolue".
M. Provost: Voici sur 94, si vous me permettez, peut-être
après que je serai un peu plus clair que je le suis dans le moment, M.
le député.
M. Bellemare: Clair de qui?
M. Provost: Je serai peut-être plus clair que je peux l'être
dans le moment. 94, M. le Président. Les syndicats acceptent le principe
du vote de grève par scrutin secret. Mais, nous nous opposons à
cette clause et pour les raisons suivantes: On a cherché, dans le
nouveau code, les moyens de prévenir l'émission de bref pour
emoêcher l'exercice du droit d'association et ses corollaires: droit
à la négociation et droit à la grève. Et je crains
qu'en introduisant 94, on introduise là une source d'émission de
brefs, une source encore plus féconde que toute celle qu'on a tarie avec
la bonne volonté du gouvernement depuis que nous commençons
à étudier le bill.
On nous dit: Le vote de grève doit être pris, à un
moment donné. Entre parenthèses, on public l'effet psychologique
du vote de grève qui est pris au cours des négociations. On le
prend après que la conciliation - nous espérons qu'elle ne
cessera pas si vite quand la deuxième lecture arrivera - a cessé
depuis vingt jours. Nous orenons un vote de grève alors qu'il n'y a plus
aucune relation directe de négociations entre patrons et
syndiqués.
Alors, ce qui veut dire que non
seulement le vote de grève devient un instrument, mais il rend la
grève inévitable. Ceci veut dire que le vote de grève,
après la cinquième journée, va nous conduire à un
plus grand nombre de grèves que ce que nous avons à l'heure
actuelle. Et ceci veut dire aussi qu'il va y avoir encore plus de grèves
pour empêcher les grèves, et je m'explique.
Lorsque le syndicat - et ça se fait normalement - prend son vote
de grève au scrutin secret, il est guidé par sa propre
constitution, mais lorsque le vote au scrutin secret est dans la loi, on va
invoquer toutes sortes de brefs. Je vous donne un exemple, Il est
décidé que le vote de grève aura lieu la 52e
journée. Nous le prenons la 52e journée et nous le gagnons. Le
lendemain, le patron dit: Je vous offre 0,02 $ de plus. Est-ce que suivant la
loi actuelle - il n'y a pas encore d'interprétation et nous nous posons
la question - le patron n'exigera pas un autre vote de grève puisque les
conditions qui existaient, lorsque les ouvriers ont exprimé leur
volonté la première fois, sont changées?
Et on pourrait se promener de vote de grève en vote de
grève pendant trois mois. Deuxièmement, nous prenons un vote de
grève à un moment où le patron va savoir
définitivement quelle journée. Qu'est-ce qui va l'empêcher,
trois jours avant, de faire une mise à pied? Et lorsque nous prendrons
le vote de grève, il sera impossible d'obtenir une majorité de
salariés qui sont membres de l'unité de négociation et,
à toutes fins utiles, on nous aurait enlevé notre droit de
grève dans ces circonstances-là.
On peut en même temps forcer le syndicat à prendre un vote
de grève sous la surveillance de la commission du gouvernement. Nous ne
le savons pas, nous présumons qu'il y aurait un règlement pour le
déterminer et l'employeur, lui, d'un côté, veut la
parité, lui qui a un lock-out sans aucune condition quelle qu'elle soit.
Après les délais de l'article 48 ou 49, il peut changer les
conditions sans consulter personne, pas même les actionnaires, bien
souvent, pas même le bureau de direction. Pour lui, cela va.
Mais lorsqu'il s'agit des ouvriers, on a l'impression qu'on les
considère comme des mineurs irresponsables. On a l'impression qu'on leur
dit: Bien, écoutez, malgré qu'il y a un nombre infime de
grèves dans la province de Québec, M. le ministre - et vous le
dites avec plaisir parfois comparativement au nombre de conventions
collectives... On dit: Chaque fois qu'il y a une grève, la plupart du
temps, quand il y a une grève, ça doit être un chef
syndical irresponsable qui a forcé ses ouvriers à faire la
grève.
Bien, ils sont rares, les chefs syndicaux qui n'ont pas
été placés dans une position impossible où il ne
restait qu'une solution: faire la grève. Et je puis vous dire que ce
n'est pas une décision facile à orendre et à faire prendre
aux ouvriers en même temps que nous, et ça n'est jamais avec
plaisir qu'un responsable syndical va entraîner des gens vers la
grève. D'ailleurs, nous savons que si une grève était
décidée par une minorité, elle n'aurait à toutes
fins pratiques aucune chance de succès. Et nous serions bien fous de
nous engager dans des aventures sans au moins essayer d'estimer que nous avons
quelques chances d'avoir des gains sur le plan économique en faisant la
grève. Alors, c'est la raison pour laquelle nous nous opposons à
ce que la loi contienne des restrictions quant à l'exercice du droit de
grève.
Nous ne sommes pas des mineurs. Nous sommes des citoyens responsables
dans une démocratie. Nous sommes des gens qui sont élus et
peuvent être décollés le lendemain si nous ne faisons pas
l'affaire. Les ouvriers ne sont pas des imbéciles en dépit de ce
que certains patrons ont dit, à savoir qu'ils prennent des
décisions et qu'ils changent deux heures après. Et lorsqu'ils
doivent poser un geste aussi grave, le geste est purement mûri, il est
purement réfléchi et nous ne concevons pas pourquoi on nous
traite en mineurs en nous obligeant, par la loi, à suivre certaines
règles comme on le demande aux enfants de les suivre quand il y en a un
qui tombe dans un trou.
M. Massicotte: M. le Président, je pense que mon premier mot
devrait être un mot de remerciements pour M. Provost qui me fait penser
à des trucs auxquels on n'a jamais pensé. Deuxièmement, je
suis toujours émerveillé de la façon avec laquelle nos
amis, qui sont aujourd'hui à la droite, se servent du mot
"démocratie".
À les entendre parler, à lire ce qu'ils écrivent,
ils sont les seuls défenseurs de la démocratie dans notre
système. Il n'y en a pas d'autres qu'eux autres qui défendent la
démocratie. Puis pourtant vous voulez que les gens exercent un droit
démocratique comme, par exemple, avec la sugaestion du
législateur à l'article 25, avec la suggestion à l'article
94; ce sont les premiers à nier aux travailleurs le droit
démocratique.
On nous a nié notre droit de parole à nous autres en
refusant une suggestion que nous refaisons: Qu'il y ait dans la loi un article
qui permette, particulièrement en cas de grève, aux employeurs de
pouvoir exprimer à leurs employés les positions qu'ils ont
prises, les attitudes qu'ils entendent tenir. Je pense qu'il est important, en
face d'une grève, que les employés sachent ce qu'on a à
faire, les raisons pour lesquelles on a refusé certaines des demandes de
l'union de façon que s'ils doivent prendre un vote, ils puissent le
prendre en connaissance de cause. On nous nie ça, nous autres.
M. Provost nous parle de deux sortes
de grèves: la grève pour faire peur et puis la vraie
grève. Il dit: Avec votre article 94, vous nous empêchez de
prendre un vote de grève qui, au point de vue psychologique, pourrait
nous aider. C'est celui que j'appelle le vote de grève pour faire peur.
Évidemment, en ce qui concerne mes collègues qui sont ici et en
ce qui me concerne, ça ne nous fait pas peur parce qu'on sait que c'est
simplement un moyen de négociation. Évidemment, cela
apeuré les petits employeurs qui ne sont pas dans la même
situation que ceux que nous représentons.
M. Provost présume que les employeurs, à ce moment-ci, ne
veulent pas la parité. Nous sommes encore prêts à la
parité. Nous sommes d'accord que la loi prévoie que notre
intention de faire un lock-out soit annoncée à la même date
qu'ils annoncent qu'ils vont faire une grève. On est prêt à
prendre la parité là-dessus.
Quand M. Provost dit que les patrons décident, sans consulter le
bureau de direction, de faire des lock-out ou de refuser les demandes de
l'union, ce n'est pas tout à fait exact. Si on connaît un peu la
constitution des compagnies, on sait que le bureau de direction a son
rôle à jouer et a son autorité dans les compagnies. Et
quand le bureau de direction existe, on n'a pas à consulter les
actionnaires sur des matières comme celles-là. Ce sont des
pouvoirs qui sont donnés au bureau de direction.
Sur l'article 94, nous avons deux suggestions à faire, M. le
Président. D'abord, que le texte soit étendu pour couvrir non
seulement les membres de l'union dans les cas de vote, mais aussi tous les gens
visés par l'accréditation. La loi impose aux unions, aux
associations de salariés l'obligation de représenter tous les
employés, qu'ils le veuillent ou non.
M. Bellemare: C'est-à-dire l'article 35.
M. Massicotte: Oui. Tous les employés, qu'ils le veuillent ou
non, sont obligés d'être représentés par cette
association-là. Ils sont obligés d'accepter les conditions de
travail que cette association ou que cette union négocie. Il me semble
qu'il n'est que juste et logique, quand il y a une menace de grève ou
que l'union ou ses chefs ou quelques-uns des membres de l'union veulent sortir
les autres en grève, que tout le monde ait le droit de dire ce qu'ils en
pensent. Et, quand nous faisons cette suggestion, nous ne sommes pas en trop
mauvaise compaqnie. Cela existe. Cela existe en Colombie-Britannique. Cela
existe en Alberta où...
M. Provost: Les créditistes.
M. Massicotte: Je ne sais pas si ce sont les créditistes. Moi, je
ne m'occupe pas de politique, M. Provost. Je n'en ai jamais fait en
matière de relations ouvrières. Cela ne me reqarde pas, mais
ça existe dans des législations et ça existe pour des
buts. Si on prend la peine d'étudier, par exemple, l'influence de cette
législation d'un vote obligatoire parmi tous les salariés d'une
entreprise en Colombie-Britannique, je suis convaincu qu'on verra que le nombre
de grèves a diminué. Et c'est évidemment dans
l'intérêt public.
La deuxième suggestion à faire, c'est que les votes de
grève dont il est question dans la loi soient sous la surveillance de la
Commission des relations ouvrières. Nous ne voulons pas que ce soit sous
la surveillance des unions. Nous ne voulons pas que se présente, par
exemple, la situation qui s'est présentée dans le domaine des
chemins de fer il y a quelques années alors qu'on a dit: On prend un
vote de grève secret. Mais quand on regardait le bulletin de vote,
l'employé était obligé de marquer son nom. Ce n'est plus
un bulletin de vote secret.
Et nous avons une troisième suggestion à faire, M. le
Président: Une fois que le vote de grève aura été
pris, que la grève se fasse en dedans de trois mois et nous sommes
prêts, au point de vue de la parité, si nous décidons de
faire un lock-out, à le faire en dedans des trois mois. Nous ne pouvons
pas nous permettre, quand on veut assurer la stabilité d'une entreprise,
d'avoir une espèce d'épée de Damoclès. On ne sait
pas si la grève va être faite demain. On ne sait pas si elle sera
faite dans cinq mois, dans six mois. Les employés, d'un autre
côté - c'est une question de l'entente - doivent savoir quand on
la fera. Ce sont, M. le Président, les remarques que, pour ma part, j'ai
à offrir au comité.
M. Bellemare: M. Massicotte, la suggestion de M. Crête, quant
à l'accréditation d'un qrouoe dans l'unité d'une
entreprise...
M. Massicotte: Je vous avouerai franchement, M. Bellemare, que je n'y ai
pas pensé et que je n'ai pas d'opinion à donner, à ce
moment-ci. Si j'ai bien compris le problème de M. Crête, vous avez
une entreprise où il y a peut-être deux ou trois qroupes
d'unions.
M. Bellemare: L'association.
M. Massicotte: Bien, je ne connais aucune législation qui a tenu
compte de cette structure-là au point de vue de la grève. Je n'en
ai aucune expérience.
M. Bellemare: Parce qu'en vertu de l'article 35, c'est sûr et
certain que l'association accréditée représente tous les
membres et les non-membres, même pour la
grève. Même pour le vote de grève.
M. Massicotte: L'association accréditée représente
les employés visés par l'accréditation.
Une voix: Oui, mais nos membres.
M. Gervais: Toute l'unité.
M. Bellemare: L'unité de négociation.
M. Massicotte: Ah oui, mais il y a eu une unité de
négociation d'abord.
M. Bellemare: C'est ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Massicotte, qu'est-ce
que vous en penseriez si, en mettant le vote secret, on disait, comme
contrepartie, que quand la grève sera déclarée,
l'employeur ne devra pas essayer de rouvrir son usine à moins que le
conflit ne soit réglé?
M. Desaulniers: C'est parfait, ça.
M. Massicotte: Nous sommes, M. le premier ministre, M. le
Président, très familiers avec cette suggestion. Nous sommes
très familiers aussi avec des situations de fait qui existent dans
d'autres pays. Nous savons, par exemple, que dans certains pays de
l'Amérique du Sud, dès qu'un syndicat déclare la
grève, l'employeur reprend ceux qui veulent venir travailler, les
syndicats s'engaqent à ne pas faire de lignes de piquetage. Il y a une
nuance là, il n'y a pas de "scabs", ce qu'ils appellent des "scabs" ou
ce que j'ai vu dernièrement encore, on appelait ça des Judas
Iscariote; apparemment, ça n'existe pas.
Mais en ce qui concerne cette suggestion, je ne vois pas - M. le
Président, on parle souvent du contexte nord américain, on vit
dans ce contexte, nous autres dans la province de Québec - que nous
puissions, du côté de l'employeur, accepter une suggestion pour
que, dès qu'il y a une grève de déclarée, nous
allions fermer nos portes, nous allions partir en Floride. L'organisateur
syndical en Californie, le patron en Floride et puis, quand ils seront
"tannés" l'un et l'autre de s'appeler... Je ne crois pas à
ça, moi.
Alors, vous pouvez être certains - je pense parler au nom de ceux
qui sont ici, de mon côté - qu'on n'acceptera jamais une formule
qui va dire qu'en cas de grève vous allez tout fermer, vous ne vous
occuperez plus de rien. On le fait dans certaines circonstances, mais on le
fait pour des raisons d'ordre pratique. On le fait, par exemple, dans certains
cas pour éviter du trouble. Bon, c'est exact. Si vous voulez, on laisse
entrer notre gardien de façon que nos bâtisses ne soient pas
détériorées, que notre machinerie ne soit pas
détériorée, très bien, nous autres, on va se
prendre un bureau ailleurs. Puis, à un moment donné, quand il y
aura quelqu'un de "tanné", eh bien, on essayera de se parler. On le
fait. On le fait volontairement, mais de là à nous imposer qu'on
le fasse par la loi, ça, jamais!
M. Maheux: M. Massicotte, je ne sais pas si j'ai bien saisi vos paroles
du début, vous avez laissé entendre - du moins, si je me trompe,
vous me le direz - qu'à l'occasion des négociations, à un
moment donné, il peut se produire un vote de grève. L'union fait
rapport à ses membres des négociations et, avant le vote de
grève, les employeurs devraient, eux aussi, mettre les employés
au fait des conditions qui avaient été offertes aux
syndiqués. Ce n'est pas ça que vous avez dit?
M. Massicotte: Premièrement, je dois vous indiquer, pour
l'information du comité, qu'il y a souvent des votes de grève
avant que nous ayons commencé à négocier. Cela s'est
produit. On nous arrive avec un vote de grève avant même que les
négociations soient commencées. Bon.
Deuxièmement, j'ai dit tout à l'heure que ce que nous
désirions, c'est de pouvoir parler à nos employés avant
qu'ils prennent une décision aussi importante que d'arrêter de
travailler parce que, quand ils vont en grève, nous avons du
côté de l'employeur... Du moins, nous ne nous faisons pas
d'illusions et je présume qu'à moins de cas... Il y a plusieurs
cas, comme question de fait. Du côté syndical, souvent les gens
pensent qu'ils s'en vont en grève pour quinze jours ou trois semaines
mais, en fait, ils s'en vont en grève pour trois mois, quatre mois, cinq
mois et six mois.
Alors, avant qu'ils ne prennent cette décision, qui est
importante pour eux, nous aimerions pouvoir leur dire: Voici ce sur quoi vous
votez en fait. Parce qu'il arrive des cas où ce n'est pas clair dans
l'esprit des employés, s'ils s'en vont voter pour la grève sur
une question oui les intéresse, eux, les salariés, qu s'ils vont
voter sur une question qui intéresse leur organisation. Je pense qu'il
est important, à ce moment, qu'ils le sachent. Par exemple, pour prendre
un exemple dans votre comté, je pense qu'à Mégantic vous
avez une compagnie qui s'appelle Lake Asbestos, n'est-ce pas, M. Maheux?
À Lake Asbestos, vous avez eu des employés qui, après
qu'il y eut une entente entre le patron et le syndicat sur la formule Rand, ont
eux-mêmes décidé, en assemblée, de ne pas accepter
la formule Rand contre le consentement de leur employeur et de leur union.
Maintenant, prenez la situation qu'à ce moment on les avait fait voter,
disons, pour aller en grève sur la question de
la formule Rand; ce n'est plus, à mon sens, une condition de
travail des salariés, ça, ça regarde l'organisation
syndicale. Dans le même contexte, si je suis employeur, je voudrais
être capable d'expliquer à mes employés ce pour quoi ils
votent et contre quoi ils votent.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Massicotte, qu'est-ce
qui vous empêche de parler a vos employés, y a-t-il quelque chose
qui vous empêche de parler à vos employés?
M. Massicotte: M. le Président l'article 11 qu'on a
discuté et sur lequel nous avons demandé s'il pouvait être
interprété contre nous autres. Quand on parle, on ne doit en
aucune façon entraver les activités d'une association. Bien,
à ce moment, c'est tellement entravé, si on parle, on dit: Vous
entravez, vous vous mettez dans le chemin, "you are interfering with".
M. Gabias: Vous êtes susceptible d'être accusé d'une
légère entrave, pas plus.
M. Massicotte: Pas plus, Écoutez donc un peu, il faut aller
devant la Commission des relations ouvrières pour savoir ce que
c'est.
M. Maheux: Maintenant, vous avez dit un mot de Lake Asbestos, vous ne
savez pas le fond du problème; vous savez qu'un autre problème a
amené les ouvriers peut-être à agir ainsi et il n'est pas
bon d'en discuter ici. Maintenant, c'est de là que je venais tout
à l'heure, vous aimeriez mettre vos ouvriers complètement au
courant avant qu'il y ait un vote de grève. Je ne sais pas si vous avez
la conviction que les représentants syndicaux renseignent mal les
ouvriers et que vous autres vous devriez bien les renseigner. Cela semble un
petit peu ça, mais je suppose, par exemple, que le syndicat fait rapport
de ses négociations à ses membres, et que, par contre, à
ce moment les membres sont prêts à prendre un vote de grève
et que les employeurs rencontrent les ouvriers avec l'idée eux aussi de
les mettre au courant de l'état des négociations; mais si
l'employeur va plus loin vis-à-vis des ouvriers qu'il n'avait
été avec l'organisation, ça place les ouvriers dans une
très mauvaise situation pour prendre un vote de grève selon les
faits réels de la négociation lorsque vous étiez seulement
le groupe de l'association et l'employeur.
M. Massicotte: M. Maheux, là je parle pour moi-même. Dans
le cas - non, je ne peux pas parler au nom des autres, je parle pour
moi-même - où j'ai, par exemple, communiqué avec les
employés de mes clients, j'ai toujours bien fait attention, et je pense
que mes confrères font de même du côté patronal, pour
me limiter aux faits. Je ne ferai pas, par exemple, une offre
supplémentaire d'augmentation de salaire directement à mes
employés par le truchement d'une communication comme celle-là.
Bon, je reconnais la présence de l'union, mais je veux informer mes
employés, j'ai des doutes, je n'ai jamais assisté aux
assemblées syndicales. Seulement, il nous vient des rapports
après les assemblées syndicales, et si on avait su ça, il
y a des choses qui ne leur auraient pas été dites. Je vais les
leur dire, moi.
M. Gervais: M. Massicotte, au point de vue pratique, on a souvent vu en
cas de grève des grandes annonces dans les journaux de la part des
autorités patronales, expliguant la situation de l'industrie sujette
à la grève. Est-ce que ces explications ont vraiment
impressionné le syndiqué en grève? Au point de vue
pratique, pensez-vous, même si ce que vous dites est 100% vrai, que les
ouvriers ne suivront pas plutôt les explications de leur syndicat,
peut-être à juste titre, que les explications du patron? Au point
de vue pratique.
M. Massicotte: Voici, au point de vue pratique, personnellement je n'ai
pas tellement confiance dans ces dépenses d'argent pour acheter des
pages de journaux, je n'ai pas confiance à ça. Les personnes avec
qui j'ai affaire comme employeur, moi, ce sont mes employés; c'est
à eux autres que je m'adresse. Ce n'est pas nécessairement le
grand public qui doit savoir ce que j'ai offert à leurs
représentants, ce sont mes salariés devant qui j'ai une
responsabilité, c'est à eux autres que je veux parler.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Massicotte, vous
prétendez que l'article 11 vous empêcherait de rencontrer les
ouvriers pour discuter de ce problème. En fait, guand il y a une
grève, l'employeur publie une foule de circulaires, publie une foule
d'annonces dans les journaux pour expliquer à ses ouvriers et,
évidemment, comme c'est par les journaux, au public en
général, son point de vue sur les faits, et je n'ai jamais eu
connaissance qu'il a été poursuivi pour activités
antisyndicales à cause de ça.
M. Massicotte: M. le Président, évidemment, vous avez
placé le problème en temps de grève; moi, je parle de
communications avant la grève. Nous vous avons soumis un texte quand
nous avons discuté l'article 11. On a semblé trouver que
ça n'avait pas de sens, mais, enfin, encore là si on s'en remet
à la législation américaine, c'est le texte de la loi
américaine fédérale
qu'on vous a remis, celui du législateur fédéral.
Il y a 45 rapports jusqu'à maintenant, 45 volumes, si vous voulez, des
décisions des Cours suprêmes et des Cours de circuit
américaines. À un moment donné, le législateur est
obligé de prendre position justement sur la liberté de parole, il
a fait un texte; tout ce qu'on vous a demandé, nous autres, c'est de
faire un texte de façon qu'il s'applique à tout le monde, aux
unions aussi bien qu'à nous, aussi bien qu'à n'importe quel
individu.
M. Marchand: Nous donnes-tu une chance?
M. Massicotte: Bien, donner des chances; je n'ai pas d'objection
à vous donner des chances, mais donnez-m'en à moi aussi.
M. Dozois: Je voudrais poser une question à M. Provost. M.
Provost, dois-je comprendre que vous ne seriez pas contre le vote secret pour
déclaration de grève si l'article était
rédigé de façon à ne pas permettre des
procédures dilatoires?
M. Provost: Il faut le prendre quand même.
M. Dozois: Non, mais si la rédaction était faite en
sorte... si c'était une rédaction qui donnait satisfaction, de
façon qu'il n'y ait pas de procédures dilatoires, vous n'auriez
pas d'objection au vote secret?
M. Provost: Écoutez, M. Dozois. Moi, je ne suis pas avocat,
malheureusement, mais ceux qui sont avocats me disent que dans ce contexte, la
grève, c'est presque impossible d'écrire une clause qui ne
donnera pas prise à des procédures dilatoires. Moi, je ne le sais
pas. M. Desaulniers est avocat, il va vous répondre.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Provost, une des
raisons que vous avez invoquées, c'est que l'employeur pourrait profiter
de ça pour contester le vote de grève en disant: Il n'a pas
été fait conformément à la loi, et prendre un bref
de prohibition. Mais si mon souvenir est exact, vous acceptiez que la
grève soit précédée d'un vote secret conforme
à votre constitution.
M. Dozois: On n'a pas d'objection, on le fait, on est obligé de
se conformer à notre constitution.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Ce que je veux dire,
c'est ceci. Je crois que l'employeur peut aussi bien contester le vote de
grève en se basant sur votre constitution qu'il peut le faire en se
basant sur la loi. Il ne le fait pas, en fait.
M. Desaulniers: Si vous me permettez, M. le Président. Votre
argument est certainement valable pour autant qu'il y a la clause dans la loi,
mais si la clause n'est pas dans la loi, votre argument n'existe plus.
M. Massicotte: M. le Président, Jean Massicotte. Nous connaissons
des cas où même l'union ne suit pas sa constitution. Il y a des
constitutions d'unions internationales qui prévoient qu'avant qu'une
grève soit déclarée, il faut la permission du
président international. Or, dans la province de Québec, ce n'est
pas souvent qu'ils demandent la permission au président
international.
M. Desaulniers: En somme, M. Massicotte n'est pas au courant de
ça.
M. Massicotte: Ah oui!
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Desaulniers, je ne
vois rien qui empêcherait un patron de contester, à un moment
donné, le vote de grève en disant: Il n'a pas été
conforme à votre constitution, parce que je présume que n'importe
quel intéressé peut dire à une compagnie ou à une
association quelconque, pourvu qu'il soit intéressé
évidemment: Vous n'avez pas suivi les règles de votre
constitution. Le point que je veux faire, c'est qu'à mon sens, il n'y a
pas plus de danqer qu'on prenne des brefs de prohibition si on exiqe un vote
secret, que ce soit en vertu de la constitution ou en vertu de la loi.
M. Desaulniers: M. le Président, je souliqne respectueusement que
lorsque l'on va devant une cour de justice et que l'on attaque une disposition,
soit dans la constitution d'une organisation syndicale ou dans une corporation,
il faut avoir un intérêt personnel. Seul le gouvernement pour
l'ordre et l'intérêt public peut intervenir. Des dispositions
spéciales lui donnent ce droit-là, mais il faut avoir un
intérêt. Or, je vous souligne que si, à un moment
donné, dans une constitution, on n'a pas observé certaines
règles, seul un membre peut, à ce moment-là, aller devant
les tribunaux et demander aux tribunaux, comme membre, avec
l'intérêt qu'il a comme membre, que toutes les dispositions
à la constitution soient suivies, mais pas un employeur.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Si la décision
l'affecte, vous crovez qu'il n'a pas le droit quand même?
M. Desaulniers: Il n'a pas le droit parce qu'il n'a pas
l'intérêt juridique de se plaindre. Il n'est pas membre de
l'association.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je n'ai pas reçu
la jurisprudence là-dessus, mais je serais intéressé. On
fera étudier ça par notre service de recherche.
M. Marchand: Voici. Il y a seulement quelques arguments qui ont
été avancés par M. Massicotte et que je voudrais relever.
Le droit de coalition, le droit de faire la grève, c'est un droit qui se
relie directement au droit d'association. Enlevez au droit d'association le
droit de coalition et ça ne veut plus rien dire. D'ailleurs, c'est ce
qui faisait déclarer à Charles Lockman, le président de
Lever Brothers: "Convainquez-nous que les travailleurs ne peuvent pas faire la
grève et qu'ils viennent en syndicat ou individuellement." On est
exactement dans la même situation, c'est-à-dire que le syndicat
est dans une situation de faiblesse.
Alors, disons que c'est le pendant. Cela ne veut pas dire qu'il faut
faire la grève, au contraire. Le plus on peut l'éviter, le mieux
c'est, et, question de fait, on l'évite le plus souvent possible aussi;
sauf que le fait que le droit existe est fondamental. Maintenant, dans le
processus des négociations, la loi donne au syndicat la
responsabilité de négocier pour tout le monde, non seulement de
négocier, mais de signer une convention collective qui lie tout le
monde, c'est-à-dire que le syndicat, à un moment donné,
peut prendre la responsabilité - nous l'avons prise à quelques
occasions - soit de ne pas signer, de ne pas demander d'augmentation de
salaires et même, dans certains cas, on était d'accord pour signer
une convention collective où il y avait des diminutions de salaires
à cause de la situation de l'entreprise. Le syndicat a,
évidemment, remonté une côte avec ses membres, mais
à ce moment-là, ça lie tout le monde, qu'ils aiment
ça ou qu'ils ne l'aiment pas. C'est la responsabilité du
syndicat. Il peut accepter des clauses qui affectent l'avenir de plusieurs
travailleurs dans les dispositions concernant, par exemple, l'introduction de
nouvelles machines, et l'employeur ne contestera pas parce que là, on
décide pour l'ensemble et il peut y avoir des groupes minoritaires qui
ne seront pas d'accord. Or, comment voulez-vous essayer de limiter ou de
restreindre abusivement l'exercice du droit de grève quand c'est l'union
qui a la responsabilité unique de tout le processus des
négociations? C'est elle qui l'a et c'est elle qui se fera, disons,
jeter dehors par les travailleurs si elle n'a pas pris ses
responsabilités au bon moment. Cela, c'est notre "gambling". Si on fait
une mauvaise grève... on en a déjà fait et ce sont les
travailleurs qui, à un moment donné, ont mis en doute le jugement
que nous avions porté à cette occasion. C'est la sanction du
syndicalisme, elle est au niveau démocratique. Alors, je ne crois pas
qu'on puisse limiter abusivement l'exercice de ce droit bien que nous soyons
d'accord, et, je l'ai déclaré, je l'ai même écrit,
nous ne pouvons pas être contre le principe du vote au scrutin secret.
C'est dans toutes nos constitutions et, dans toutes nos constitutions,
ça prend les deux tiers des membres pour autoriser une grève.
Contrairement à ce qu'on pense dans l'opinion publique, à cause
de certains préjugés, je vous dis que les organisations
syndicales jouent le rôle d'éléments conservateurs par
rapport à la grève; toute l'histoire sociologique de
l'Amérique du Nord vous le démontrera.
Regardez ce qui s'est passé pendant la guerre. Par exemple, ici,
au Canada, vous aviez 70% des conflits qui étaient
déclarés à des endroits où il n'y avait pas
d'union. 70%. Ce n'est pas le syndicat. Vous imaginez-vous ou, enfin, quelqu'un
peut-il s'imaginer qu'il y a un dirigeant syndical qui peut aller trouver une
assemblée de 1000 membres et lui, parce qu'il a décidé
qu'il devrait y avoir une grève, il peut sacrer les gars sur le
trottoir? Cela supposerait un tel caractère d'infantilisme de la part
des travailleurs! Réellement, il faudrait les protéger mieux que
ça, non seulement contre les syndicats, mais contre toutes les autres
sollicitations dont ils peuvent être l'objet. Alors, je crois que cette
idée d'essayer de contrôler ce que le syndicat fait à
toutes les étapes, je ne pense pas que ça procède d'une
conception qui fasse en sorte qu'on considère le syndicalisme comme une
institution mûre. N'oubliez pas une chose: Placez-vous à la
tête d'une centrale syndicale et que, demain, il y a 3800 travailleurs
qui viennent dire: Eh bien, nous autres, on voudrait être en
grève. Pensez-vous que c'est intéressant financièrement
pour une centrale syndicale? Vous savez ce que ça coûte, on
n'aurait rien qu'à vous donner les chiffres de la grève de
Shawinigan et puis de Sorel et vous verrez qu'une centrale syndicale, elle ne
trouve pas ça gai. Ce n'est pas vrai que les dirigeants syndicaux sont
là exclusivement pour stimuler les qars, pour les mettre en
grève. C'est nous autres mêmes qui les engueulerions, parce que
c'est des drôles de responsabilités. Est-ce que ça veut
dire qu'il n'y a pas eu de grève déclarée sans
considération. C'est sûr qu'il y en a eu de
déclarées sans considération, mais à ce
moment-là, c'est la discipline du groupe qui doit jouer, comme nous
autres. On a déjà condamné, au niveau de
l'exécutif, des gars qui étaient sortis en grève à
l'encontre de leur convention collective de travail. C'est là qu'est la
meilleure discipline et ça, nous y tenons et je ne voudrais pas que vous
soyez sous l'impression que ça nous fait peur qu'il y ait un vote au
scrutin secret de pris parmi les travailleurs. Non seulement ça ne nous
fait
pas peur, seulement, à ce moment-là, on va vouloir avoir
la qarantie que personne n'essaiera de contrôler l'exercice du droit de
grève quant au moment où la grève doit être
déclarée et qu'on n'aura pas de procédure dans les jambes
pour essayer de nous ennuyer et, justement, au moment où on a besoin le
plus de notre force, que ce ne soit pas nous qui la contrôlions, mais que
ce soit contrôlé par des tiers.
Cela, je pense que ça va contre tout le système de la
libre négociation. Alors, c'est là-dessus et ce n'est pas le vote
au scrutin secret; on l'a aux deux tiers. Maintenant, l'idée de M.
Massicotte de vouloir faire voter les non-membres, bien, on va les faire voter
aussi quand il s'agira d'adopter les conventions collectives. Vous savez, cette
espèce de scrupule, moi, j'ai passé ma vie à
négocier des conventions collectives. Savez-vous qu'est-ce qu'on se fait
dire par les employeurs au moment de la négociation? "Comment, votre
exécutif n'a pas le pouvoir de lier l'assemblée
générale? Qu'est-ce qu'on négocie avec vous autres? Signez
ça tout de suite et puis ensuite ils approuveront, vous êtes les
chefs." Ah, là ça va bien, mais quand arrive la grève, on
n'est plus les chefs, on n'est plus rien, là, c'est évidemment au
point de vue psychologique. C'est sûr que pour un employeur, c'est dur
d'admettre à la face du public qu'il y a des problèmes parmi ses
employés et la solution la plus simple, c'est de dire: "Bien, il y a un
méchant représentant syndical, c'est lui qui est la cause, parce
que mes employés, c'est du bon monde, puis moi je les traite bien."
C'est sûr que, psychologiquement, ça s'explique, mais il ne faut
pas s'imaginer qu'on prend des hommes sérieux, des qars de quarante ans,
quarante-cinq, cinquante ans, qui ont des enfants, des responsabilités,
puis rien que parce qu'on est du syndicat: "Aïe, dehors les gars". Bien
non. Si c'était comme ça, il y aurait une telle
instabilité dans l'industrie que ça ne serait pas vivable,
ça ne serait pas vivable. Alors, c'est pourquoi nous nous opposons
à cette disposition telle qu'elle est formulée, c'est justement
à cause de l'intervention des brefs de prérogatives qui vont nous
arriver par la tête.
M. Massicotte, voyez-vous au point de vue pratique qu'est-ce qui arrive?
On essaie d'utiliser la loi continuellement pour affaiblir les syndicats. On
dit: "Au bout de trois mois, votre grève est finie, vous n'avez plus le
droit de l'exercer". Savez-vous ce qui arrive dans certains cas? J'ai
négocié, moi, dans des moulins à scie. À cause des
procédures et des délais de procédures, le moulin à
scie part à l'automne et arrête au printemps. Vous commencez
à l'automne à organiser, vous allez à l'arbitrage au mois
de janvier, vous pouvez exercer votre droit de grève au mois de mai,
guand il ne reste plus un gars sur le moulin. Qu'est-ce que vous voulez?
Alors là, l'employeur, il dit: "Faites-là, la
grève". Je crois bien, il est arrêté de toute façon.
Alors on est obligé de considérer ça. On est obligé
de considérer ça. Alors je pense...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Marchand, l'article ne
va pas si loin que ça, là. L'article ne dit pas à quel
moment vous devez faire la grève.
M. Marchand: Non, non, je parle des commentaires de M. Massicotte, M. le
Président.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Ah oui, ça, je
comprends.
M. Marchand: Maintenant, M. Massicotte a cité le cas de la
Colombie-Britannique. Je pense qu'il devrait réviser les statistiques,
parce que je crois à l'oeil, pour les avoir regardées, il y a
quelques semaines, je pense que les statistiques de grèves en
Colombie-Britannique, ce sont les plus élevées du Canada.
Vous savez, le phénomène de grève ne se relie pas
à ça du tout. La seule chose, je crois, c'est que l'État a
le droit de se protéger contre des abus dans le domaine privé qui
peuvent, à un moment donné, affecter le bien commun. Cela, je
pense que c'est une intervention qui est légitime, seulement, je ne
crois pas que le gouvernement de la province de Québec, à l'heure
actuelle, devant l'institution syndicale qui existe chez nous, puisse
émettre des doutes sur ce plan-là. Je pense qu'on agit comme des
êtres responsables. Non seulement on agit comme des êtres
responsables, mais on y a intérêt. J'ai aporis hier qu'il y avait
une grève à Montréal. Je fatigue, c'est sûr, parce
qu'on sait ce que ça veut dire, hein? Cela veut dire des
procédures, puis ça veut dire à un coût
considérable. Pensez-vous qu'on trouve ça amusant? Je n'ai pas
besoin de ça, moi, pour parler dans la province de Québec. Il n'y
a d'autres moyens que ça.
Alors, je pense bien que cette espèce de préjugé
qui existe, ce n'est pas valable. Alors, on nous a a parlé de
démocratie. On dit: Les syndicats, ils ont peur de la démocratie.
Bien non, on n'a pas peur de la démocratie. On passe notre temps a
prendre des votes dans les assemblée syndicales, on passe notre temps,
et à part de ça, ce n'est pas vivable sur le plan syndical si on
n'a pas ça. On ne dit pas qu'on est les seuls à défendre
les institutions démocratiques. Bien non, il y en a d'autres. Seulement,
je pense que la démocratie chez nous est aussi parfaite qu'elle peut
l'être ailleurs. Je n'ai pas de procès à faire des autres
institutions, mais je pense qu'on a ce souci-là. Il y a une chose que
les employeurs doivent admettre, c'est que la responsabilité du
syndicat, c'est
de négocier, c'est de prendre la responsabilité devant ses
membres de ce qu'il négocie et à un moment donné, si le
syndicat croit que le seul moyen, c'est d'aller à la grève,
l'employeur n'a pas d'affaire là-dedans. À ce moment-là,
il se battra, et seulement, je crois qu'il a le droit de se battre en public,
lui aussi. Je lui donne le même droit qu'à moi. Il a le droit de
l'exposer en public, son point de vue et quand M. Massicotte dit qu'il est
restreint là-dessus, je crois que le président du comité
lui a mentionné tout à l'heure qu'à chaque grève -
regardez les journaux, c'est plein -on n'a jamais pris de plainte contre
ça, jamais, puis on n'a pas l'intention de le faire. Et c'est normal et
s'ils réussissent à convaincre nos membres, c'est eux autres qui
ont raison, on a eu tort de les perdre. Cela, c'est le jeu démocratique
normal et je ne leur en veux pas du tout de faire ces interventions-là.
Maintenant, quant à la suggestion du ministre de fermer l'usine si,
lorsque la grève sera déclarée légalement, je pense
que ça se défend très bien logiquement, et ce n'est pas
nous qui allons nous y opposer si le président du comité
et...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): La réaction a
été assez rigoureuse de l'autre côté.
M. Marchands Maintenant, si vous voulez une opinion là-dessus qui
est valable, à mon avis, parce que moi aussi, je me suis
déjà opposé à certaines formules dans ce
sens-là, et ça pouvait être d'outrés sur le plan
syndical, je vous dis qu'il y a une chose dans un système comme le
nôtre qui n'est pas acceptable, c'est celle-ci. Non pas qu'un
employé qui était là décide de retourner au
travail. Il s'en va à sa tâche à lui, ça veut dire
qu'on n'a pas été capable de le garder et on peut dire
démocratiquement, qu'on a eu tort, on a perdu la règle du jeu.
Cela, moi, je suis prêt à l'admettre jusque là. Mais
là où ça devient tout à fait, disons, immoral, et
contre tout l'esprit de notre Loi des relations ouvrières, c'est quand
l'employeur à un certain moment - ça se faisait même avec
l'aide des agents de la paix - s'en va chercher d'autres employés ou
d'autres ouvriers pour remplacer les gars qui sont là. En somme, on dit
à des ouvriers: "Vous avez le droit de vous associer. Vous avez le droit
de faire la grève." À un moment donné, ils font la
grève et puis ils se font remplacer. Cela, c'est inadmissible. Qu'il y
ait une partie des travailleurs qui nous échappent, à un moment
donné, parce qu'on ne les a pas convaincus ou que l'employeur les a
convaincus, c'est dans le jeu de la démocratie. Si on n'est pas assez
habile et si on n'a pas assez raison pour les garder, bien, mon Dieu! on peut
en courir le risque. Mais il y a une chose qu'on trouve inadmissible et c'est
ça qui est la source du trouble. Et d'ailleurs, on le sait, à
Asbestos, c'est ça qui a été la source du trouble. C'est
quand on va chercher des gars qui ne sont pas là, et puis qu'on les
amène dans l'usine, et puis on dit: "Toi, tu remplaces le gars de
vingt-cinq années de service." Cela, je pense, que là, nous ne
sommes plus d'accord.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Voici, si tout le monde
était d'accord, on se reposerait dix ou quinze minutes. Mais avant, on
prendrait en délibéré 94.
M. Orenstein: Est-ce qu'on peut parler sur la section 94 avant le
repos?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En avez-vous pour
longtemps?
M. Orenstein: Non. À propos de l'article 94, je soumets
respectueusement qu'il n'y a pas besoin de recourir à la grève
pour renforcer les demandes. Dernièrement, on a trouvé des moyens
beaucoup plus fins que ça. On a trouvé, par exemple,
dernièrement que, soudainement, il y a plus de dommages dans la
marchandise qu'auparavant. On trouve aussi que, soudainement, certains groupes
d'employés se trouvent malades. Et dernièrement, on a
trouvé aussi que certains des employés étaient absents
pour raisons de prière. On a vu ça il y a quelques mois. Et je
soumets respectueusement que cette pratique doit cesser. C'est une chose qu'on
trouve incroyable mais ce sont toujours des moyens fins qui arrivent sans une
grève. Et je prends pour acquis que les articles 94, 95, 96 et 124
doivent introduire cette pratique.
Et il y a un autre moyen qui est arrivé dernièrement qui
est très fin, c'est ce qu'on appelle "secondary boycott". Cela a
été déclaré dans la cause de Sauvé &
Frère. "Secondary boycott" n'est pas légal. C'est un bon jugment
si on voit ce qui est arrivé.
J'ai un client qui a eu, par exemple, cinquante employés. On a
essayé de les faire certifier. Malheureusement, on a été
capable de ramasser seulement neuf parmi les cinquante. Soudainement, on a
reçu un appel téléphonique qu'on faisait piqueter trois
magasins ici à Québec. On a procédé à
Québec. On a pris une injonction. On a reçu un appel
téléphonique au Château qu'on procède à
piqueter à Winnipeg. On a communiqué avec un avocat à
Winnipeg. Deux heures plus tard, un autre appel téléphonique
qu'on fait le piquetage à Ottawa. Mon client a été
obligé de signer. Il n'y a pas aucune certification à ce
moment-là. Mon client a été obligé de signer,
seulement pour éviter une perte financière énorme. Il y a
quatre mois maintenant, et on n'a pas été capable de forcer les
employes à rentrer dans l'union pour les faire certifier
pendant que mon client a déjà signé un contrat.
Alors, je soumets respectueusement qu'on doit amender 94, 95, 96 et
l'article 126 de prohiber ces pratiques qui sont arrivées.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):
Délibéré.
Maintenant ajourné pour quinze minutes. 95, adopté.
96?
M. Pepin: Sur 95, est-ce qu'on peut parler?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 95?
M. Pepin: Tantôt, quand on avait ajourné, c'était 94
que vous avez pris en délibéré.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 94 était en
délibéré.
M. Pepin: C'est ça, mais sur 95, on peut... Alors, voici, M. le
Président, sur 95, cet article prohibe la grève pendant la
durée d'une convention collective, prévoit, cependant, une
restriction qu'il pourrait y avoir révision d'une convention pendant sa
durée.
Le texte, tel qu'il est présenté à 95, me donne
l'impression que c'est uniquement dans le cas d'une réouverture sur des
points donnés d'une convention collective de travail. Probablement que
ce texte doit être interprété comme voulant dire: Si vous
signez une convention de deux ans ou de trois ans, a l'anniversaire ou à
une période fixe dans la convention, vous pourriez prévoir de
renégocier les salaires ou une autre clause de la convention
collective.
M. Bellemare: Est-ce que vous aimeriez mieux, M. Pepin, l'ancien
texte?
M. Pepin: Lequel ancien vous voulez parler, monsieur?
M. Bellemare: "Que toute grève et contre-grève est
interdite en toutes circonstances pendant la durée d'une convention
collective".
M. Pepin: J'aimerais mieux le texte qui a orécédé
celui-là.
M. Bellemare: Ah, c'est le texte 1961, ça.
M. Pepin: Oui, j'aimerais mieux le texte qui l'a
précédé, celui de 1944. Je vais essayer de donner quelques
mots d'explication pourquoi nous désirerions cet ancien texte de 1944
jusqu'en 1961.
Les parties négocient et c'est un conflit
d'intérêts. Par la prohibition de la grève pendant la
durée d'une convention collective, on ne peut pas prévoir que
s'il y a des problèmes qui ne trouvent pas de solution raisonnable, on
peut exercer notre force économique. Dans l'ancienne loi de 1944
à 1961, les parties allaient à l'arbitrage et après
l'arbitrage, elles pouvaient exercer leur recours, grève ou lock
out.
Comme il a été mentionné fréquemment
à ce comité, il y a des situations qui sont mouvantes dans une
entreprise et le président du comité, le ministre du Travail, a
participé d'ailleurs à certaines discussions pendant des
grèves qui ont porté, en bonne partie, sur ce problème de
la prohibition de la grève pendant la durée d'une convention
collective. Et je réfère, M. le ministre, à la
grève de Sorel Quebec Iron & Titania, le gros problème qui
était en jeu était le suivant: C'est que la compagnie ne voulait
pas donner une ouverture complète pour tous les griefs, quelle qu'en
soit la définition. Du côté syndical, nous avions un
problème majeur, celui des tâches, des charges de travail, des
charges quotidiennes de travail. Ni l'une ni l'autre des deux parties
n'étaient disposées à introduire un système
précis pour étudier, pour établir des charges de travail.
La compagnie n'était pas prête à le faire. La
difficulté, c'est que les deux parties n'étant pas prêtes
à faire ça, on devait être pris pendant une période
de deux ans, un an, deux ans, ou trois ans avec un contrat de travail où
ce problème ne pouvait pas être réglé d'une
manière convenable. Alors, il nous a fallu faire de la pression et
rester en grève pendant longtemps, pour finalement que la compagnie
admette que ce grief puisse être arbitré par un conseil
d'arbitrage. C'est la solution qu'on a trouvée.
Mais si la loi n'avait pas défendu la grève pendant la
durée de la convention collective, comme il s'agit d'un conflit
d'intérêts, à ce moment-là, une autre solution
aurait pu se présenter à nous. C'est le premier cas que je
voudrais souliqner devant le comité.
Il y en a un deuxième qui existe, et il y en a d'autres, mais un
autre auquel je voudrais référer. Il y a une compagnie qui signe
un contrat avec un syndicat. La loi existe, pas de grève possible
pendant la durée d'une convention collective. Il se produit un
problème majeur qui peut affecter même la santé des gars
à la longue. On suit la procédure de griefs, la procédure
de la convention y pourvoit. On s'en va à l'arbitrage, la
décision sort. L'employeur ne veut pas accepter la décision. Il
prend un bref de certiorari contre le conseil d'arbitrage. On est encore devant
les tribunaux pour combien de temps? Je ne le sais pas, mais on y est encore.
Vous allez
me dire: Bien, vous trouverez votre solution parce que le tribunal
civil, tôt ou tard, prendra un jugement. Mais dans combien de temps, on
ne le sais pas? Et quand c'est un problème qui n'est pas uniquement
l'interprétation d'un texte de la convention, il s'agit de savoir si le
temps et demi est payable ou non? C'est différent lorsqu'il s'agit d'un
problème qui concerne - comme le cas que j'ai mentionné
tantôt - la charge quotidienne de travail. Or, à ce
moment-là, si les deux parties avaient la possibilité et c'est
une question de négociation, ces deux parties pouvaient dire dans une
convention: "Dans telles circonstances, on pourrait exercer le recours
économique, les circonstances que l'on décidera". Les parties
pourront décider de ne pas recourir à la grève pendant
toute la durée de la convention, ça sera leur affaire. Mais il
n'y aura pas de texte de loi qui viendra les empêcher d'exercer un droit
que, normalement, ils auraient.
Alors, voilà pouquoi je suggère au comité que le
texte de 95 soit amendé pour prévoir que la grève est
prohibée, à moins que les parties n'en décident autrement.
Cela ferait l'affaire des parties et je pense qu'à ce moment-là
l'intérêt public n'est pas en cause, les parties peuvent
décider sur ce point.
M. Renault: M. le Président, Paul Renault. Je crois que j'ai
déjà exprimé l'idée ici que, dans la convention
collective, tout ce que le patron obtient, c'est la oaix, si vous voulez,
pendant la durée de la convention collective. Alors, comme principe de
base, je soumets respectueusement à votre comité que si on
pouvait changer les principes de base de façon que, en plus des
concessions faites lors de la négociation que l'union peut en tout temps
faire la grève, je crois que ce serait aussi bien de mettre de
côté la Loi de la convention collective.
Maintenant, M. Pepin propose une autre solution. Il dit, bien voici:
"C'est prohibé, à moins que les parties s'entendent, au
contraire. Je soumets respectueusement que l'article, tel qu'il se lit
actuellement, la grève est prohibée pendant la durée d'une
convention collective, à moins qu'elle ne renferme une clause en
permettant la révision par les parties et que les conditions
fixées à l'article précédent n'aient
été observées. Je soumets respectueusement que cela a
donné déjà la possibilité entre les parties de
pourvoir à une clause semblable à celle mentionnée par M.
Pepin.
M. Pepin: Puis-je me permettre d'ajouter simplement ceci, M. le
Président? Je suis heureux d'entendre l'interprétation
donnée par M. Renault. Cependant, si vous révisez l'article, vous
voyez que ça réfère à l'article
précédent, et que l'article précédent
réfère à l'article 46, et que l'article 46
réfère à un différend et non pas à un grief;
parce que le mot "grief" est défini dans le bill 54. Alors, j'aimerais
que ce soit l'interprétation que l'on puisse donner à 95, mais si
c'est vraiment ça qu'on a voulu dire, j'aimerais mieux qu'on le dise
d'une manière plus claire.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): J'ai votre suggestion,
à moins que les parties n'en décident autrement dans leurs
conventions collectives. J'ai ça en note et nous allons
délibérer. 96? 96, il semble qu'il n'y a pas de
problème.
M. Massicotte: Peut-être, M. le Président. Jean Massicotte.
Un problème mineur, peut-être une correction pas une correction,
un amendement pour se lire comme suit: "ni associations de salariés ni
personne" ou personne... ni personne.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Ou personne.
M. Massicotte: En d'autres termes ne pas référer
simplement à l'association de salariés ou de personnes agissant
au nom et pour le compte de l'association. Que ni une association de
salariés ni personne ne puisse ordonner, encourager...
Une voix: Ou appuyer...
M. Massicotte: ... un ralentissement d'activités destiné
à limiter la production.
M. Lesage: Qu'est-ce que vous en dites, M. Provost M. Pepin?
M. Desaulniers: J'ai l'impression que si on veut faire simplement une
correction grammaticale...
M. Lesage: Oui, très bien, le "ni", cela va, mais on va plus
loin.
M. Desaulniers: ... je demanderais à ce que le texte
corrigé avec le "ni" reste le même.
M. Lesage: M. Massicotte va plus loin.
M. Desaulniers: Oui, mais moi, je demande que le texte que nous voyons
dans le code reste tel quel.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Massicotte
suggérait de biffer "agissant au nom d'une telle association". Je pense
bien...
M. Massicotte: Oui.
M. Desaulniers: M. le Président...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): C'est le voisin qui peut
dire...
M. Desaulniers: Non voici, l'article 96, en somme, veut empêcher
qu'une association ou une personne, au nom d'une association -parce qu'une
association en tant qu'association ne peut pas parler, elle parle par ses
représentants - ne puisse pas agir contrairement aux dispositions de
l'article. Mais si vous ajoutez "toute autre personne", supposons que, dans un
groupement de 2000 employés, mettons 1000 employés, une personne
agit en dehors de son mandat, ou même agit suivant aucun mandat au nom de
l'association, est-ce que vous considérez que cette personne peut
être liée à l'association"? Elle ne peut pas être
liée à l'association. Quand on dit "ni personne agissant au nom
de l'association", c'est parce qu'on ne veut pas que l'association en tant que
telle ou, ses représentants, puisse ordonner un ralentissement, mais on
ne peut pas associer un acte individuel à une association si
l'association n'a aucun contrôle sur l'individu.
M. Massicotte: M. le Président, Jean Massicotte.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Il n'est pas question de
cela. Il y a une usine où il y a 400 ou 500 employés. Il n'y a
pas un des officiers du syndicat qui proclame ou qui conseille le
ralentissement, il y a cinq ou six membres qui décident de faire une
propagande auprès de leurs confrères disant: "ralentissons,
ralentissons".
M. Desaulniers: M. le Président, si vous me permettez, vous ne
l'oubliez peut-être pas, mais du moins, pour le moment, je crois que vous
oubliez une chose. C'est qu'il existe encore dans les usines un droit de la
gérance qui s'appelle discipline. Je sais que les compagnies sont
très...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Jalouses.
M. Desaulniers: ... jalouses de ces droits. Si, dans une usine, un
employé, indépendamment d'une association fait un ralentissement
de travail, est-ce que vous croyez, M. le ministre, que la compagnie a besoin
de la loi pour corriger la situation'' Est-ce que vous vous imaginez que, si
c'est déjà arrivé, les compagnies ont attendu un
amendement à la loi pour y voir?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je ne sais pas ce
qu'elles font dans ces cas.
M. Massicotte pourrait peut-être nous expliquer cela?
M. Desaulniers: Ce n'est pas compliqué, elles le mettent dehors.
Cela finit là.
M. Lesage: Cela dépend des circonstances.
M. Massicotte: On est encore des qros méchants.
M. Desaulniers: Si vous me permettez, M. le Président, quand j'ai
dit qu'elles les mettent dehors, je n'ai pas dit que c'étaient des gros
méchants. Ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai dit qu'elles le mettent
dehors en vertu de leur pouvoir de discipline. On a soulevé le mot
"grief". Je crois qu'on devrait bien s'entendre sur le mot "grief". Lorsque
nous faisons un grief sur un cas de congédiement et lorsqu'il est
établi devant un tribunal d'arbitrage que l'acte posé par
l'employé a été un acte indéfendable, je n'ai pas
encore vu, après bien des années de pratique, une sentence
arbitrale disant qu'un employeur n'avait pas raison de mettre un employé
dehors, parce qu'il a posé un acte absolument indéfendable. Je
n'ai pas vu cela encore. Si vous pouvez me trouver cette jurisprudence,
j'aimerais bien la voir. Je ne l'ai jamais vue.
M. Massicotte: M. le Président, il s'agit ici de ce qu'on appelle
en français la grève larvée. Nous ne faisons pas la
relation avec l'association, quand nous suggérons que personne ne fera
cela. Nous ne faisons pas nécessairement la relation avec l'association.
Si un individu ou trois ou quatre individus décident d'organiser cette
grève larvée...
M. Dozois: Ces individus pourraient-ils être autre que des
salariés?
M. Massicotte: Mon, "nulle association ou nul salarié"; aucune
objection à mettre "salarié". Quoique je peux peut-être
revenir un peu sur ma réponse, M. Dozois, en fonction de ce que notre
confrère Oreinstein a dit tout à l'heure. Je pense que cela
pourrait être des personnes autres que des salariés.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Mais si ce sont des
personnes autres que des salariés, M. Massicotte, il y a toujours
l'action en dommage...
M. Massicotte: Bien, l'action en dommage, il y a aussi la
pénalité. Il y a l'article 126 dans votre code, qui
prévoit des pénalités si on ne remplit pas les
obligations. Alors, on n'attaque pas du tout le droit d'association, encore une
fois. On veut simplement dire: Comme association, vous allez prendre la
responsabilité collective de ne pas ordonner, de ne pas encourager le
ralentissement de production. Puis, les
individus, même s'ils n'ont rien à faire avec
l'association, vous ferez la même chose. Pendant la durée d'une
convention collective, vous ne ferez pas cela. C'est tout ce qu'on veut dire.
On voit des trappes à rats partout dans ce qu'on dit.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Desaulniers, quelle
est votre objection à ce qu'une personne, qui n'est pas mandatée
par 1' ssociation, qui n'a pas d'affaire à l'associstion, décide
de faire une propagande en faveur d'une grève larvée, comme dit
M. Massicotte?
M. Marchand: Mettons cela dans le droit criminel, mais pas dans le droit
des relations du travail.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Quelle objection
avez-vous à ce que cette personne soit poursuivie suivant la loi?
M. Desaulniers: M. le Président, c'est peut-être parce que
je considère qu'il doit y avoir une juste mesure lorsqu'on punit un
homme. Je soumets que si vous le mettez dans la loi - et M. Massicotte a
été bien clair sur ce point - c'est pour pouvoir le poursuivre.
Or, ce qui va arriver, c'est ceci: non seulement un employé va
être mis dehors, mais en plus de cela, il va être poursuivi. Je
prétends que si vous voulez qu'un homme soit puni pour une faute en
vertu d'une loi, voyez a ce qu'il ne soit pas mis dehors; qu'il aille devant le
tribunal pour être puni pour sa faute, mais qu'il ne perde pas en
même temps son emploi.
M. Johnson: Mais la sanction n'est pas contre l'union dans ce cas.
M. Desaulniers: Je ne parle pas dans ce cas pour l'union, parce qu'il
n'y a pas simplement les employeurs qui peuvent parler pour les
salariés. Nous aussi, M. Johnson. Je parle pour les salariés dans
le moment, et je dis que si vous voulez absolument trouver dans la loi un moyen
de punir l'employé, arrangez-vous pour qu'il n'y ait pas deux
punitions.
M. Gabias: Je crois dans le cas que vous citez, M. Desaulniers, s'il a
été injustement congédié, il demeure un
salarié au sens de la loi.
M. Desaulniers: Oui, mais on demande que non seulement on puisse le
congédier, mais qu'en plus on puisse lui faire payer une amende et
l'envoyer en prison. On demande les deux.
M. Lesage: Oui, mais, M. Desaulniers, c'est normal. Un
détournement de fonds, cela arrive ici dans l'administration
provinciale, il est évident qu'on le met dehors et qu'on le
poursuit.
M. Desaulniers: M. le premier ministre, lorsqu'il s'agit de
détournement de fonds, c'est prévu par le Code criminel.
M. Lesage: Oui, je comprends que vous allez me répondre que c'est
un crime de droit commun.
M. Desaulniers: Nous sommes ici en face d'une réglementation de
l'exercice d'un droit de grève, parce que, il n'y a pas de doute, un
ralentissement de travail, cela peut constituer une façon de faire la
grève. Or, c'est une réglementation, ce n'est pas un crime de
droit commun.
M. Lesage: Mon, mais c'est tout de même un détournement de
fonds en son genre. Il ne travaille pas pour l'argent qu'il reçoit.
M. Desaulniers: Si vous me permettez, M. le premier ministre, s'il ne
travaille pas, il n'est pas payé.
M. Lesage: Mon, s'il ralentit le travail. Celui qui est couDable d'un
ralentissement de production, messieurs, est coupable, à mon sens, de
vol vis-à-vis de l'employeur.
M. Desaulniers: M. le Président si un employé est coupable
d'un ralentissement de travail, comme l'indique M. le premier ministre, je dis
à ce moment, que sans l'amendement à la loi, l'emDloveur a deux
recours: premier recours, c'est le mettre dehors, deuxième recours, ce
sont les dommages. À ce moment, l'employeur est
protéqé.
M. Lesage: Non, je crois qu'il est coupable à un degré
plus grand que ce que pourrait lui entraîner une condamnation civile.
M. Desaulniers: Bien, je comprends, mais la condamnation d'être
mis dehors, M. le premier ministre, c'est une condamnation assez importante,
cela.
M. Fortin: M. Desaulniers, non seulement il ralentit son travail, mais
il incite tous ses confrères, peut-être 50 ou 75 employés,
à ralentir toute l'usine. Vous ne pensez pas qu'il cause un
préjudice de droit commun à tous les membres de ''union et
à l'employeur?
M. Marchand: On est d'accord. J'aimerais savoir ce qu'on peut
négocier ici. L'employeur peut faire ce qu'on appelle des
règlements d'atelier, bon, qui ne vont pas a l'encontre de la loi et de
la convention
collective, il a droit de le faire. On ne lui conteste pas son droit. Si
un gars vole, si un gars jette du fer dans du métal en fusion, du
métal léger, ou si un gars brise la propriété,
qu'il soit congédié et poursuivi en dommages. On est d'accord, on
ne discutera pas là-dessus. La seule chose, je me demande ce que cela
vient faire dans la Loi des relations ouvrières. Il le
congédiera. Qu'est-ce que cela ajoute? Une seule chose peut concerner
une loi des relations ouvrières. Est-ce que cela constitue une
grève indirecte? Cela intéresse une loi des relations
ouvrières. Alors, c'est couvert par la définition de
grève. On ne veut pas protéger les gars qui font des crimes de
droit commun avec cela. Ils les ont, les pouvoirs. Qu'ils ne nous habituent pas
à négocier leurs droits, parce qu'on va les négocier.
Qu'ils nous les sortent de là, ils les ont, ces droits.
M. Renault: M. le Président, je voudrais vous faire remarquer que
je comprends difficilement M. Desaulniers de s'opposer à ce changement.
Il ne faut pas oublier que votre comité doit savoir qu'au point de vue
pratique, dans nombre de cas... Supposons que dans une usine, dans le
département de l'entrepôt ou du "shipping", il y a une
grève perlée. Qu'est-ce qui arrive, au point de vue pratique?
Surtout si tous les employés ou ce groupe d'employés y ont
contribué? C'est impossible pour le patron, à moins de fermer son
usine, de punir ces employés tous ensemble. Mais vu que l'on admet que,
souvent, ce n'est pas l'association qui est responsable, il peut se servir,
dans ce cas, de l'article 126; il peut alors prendre des mesures contre deux ou
trois, et ces mêmes personnes peuvent continuer à travailler.
C'est l'avantage. C'est arrivé - je suis certain que mon confrère
est au courant -c'est arrivé, dans certains cas, que l'employeur ne
pouvait pas punir sans fermer l'usine ou sans punir tous les employés
pour un certain groupe qui avait osé, si vous voulez, d'après le
termes qu'on a employés, osé faire une grève
perlée, même si c'était défendu en vertu de la
loi.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):
Délibéré. 97.
M. Massicotte: M. le Président, dans l'article tel que nous le
lisons, nous voyons un grand danger, parce que l'article dit ceci: "Le lock-out
est interdit, sauf dans les cas où une association de salariés a
acquis droit à la grève." Or, les conditions auxquelles une
association de salariés, selon l'article 94, peut acquérir le
droit à la grève sont qu'il faut qu'ils aient pris un vote de
grève. Alors, supposons que l'association ne prend pas le vote de
grève, cela signifierait pour nous qu'on ne pourrait pas faire le
lock-out. Nous voudrions qu'il y ait une concordance - la parité, comme
d'habitude - pour dire que le lock-out est interdit sauf dans le même
délai, si vous voulez, qu'on donne pour l'annoncer à l'article
94. Ils prennent leur vote au scrutin secret après le dixième
jour. Nous, on ne pourra pas faire mieux et puis ce serait illégal, mais
on pourrait annoncer, à la même date, qu'on a l'intention de faire
un lock-out, si on ne s'entend pas, en invoquant simplement le délai
prescrit à l'article 46, en ce qui concerne le lock-out. Nous voulons
que notre droit au lock-out ne soit pas conditionné par leur vote de
grève.
M. Marchand: Si c'est la seule chose, la seule petite restriction qu'ils
veulent dans l'exercice de leur lock-out, on ne fera pas de bataille, mais je
trouve qu'ils ne sont pas raisonnables. Qu'ils s'habituent un peu. Ils peuvent
faire un lock-out sans faire de grève, sans avoir de scrutin secret, ils
peuvent décider, cela dans une petite assemblée du soir. Enfin,
disons que l'argument de base n'est pas si fallacieux que cela. C'est sûr
que cela conditionne l'exercice du droit de lock-out, mais cela ne me
oaraît pas déraisonnable et toutes les restrictions que nous
avons, nous...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): L'article 98, en
délibéré.
M. Pepin: M. le Président, avant de passer à l'article 99,
comme nous terminons le chapitre des grèves et lock-out, j'aimerais ici
faire une suggestion au comité. On a parlé, cet
après-midi, de la question des grèves et lock-out, et je pense
qu'il serait bon, quelque part dans le code, de reprendre une phrase qui est
inscrite dans la loi fédérale, à l'article 2, paragraphe
deuxième, qui se lit ainsi: "Personne ne cesse d'être un
employé au sens de la présente loi pour l'unique raison qu'il a
cessé de travailler à la suite d'un lock-out ou d'une
grève, ou pour l'unique raison de son renvoi contrairement à la
présente loi." C'est dans le code fédéral, je pense, M. le
Président...
M. Bellemare: Si vous lisez l'article 21, par exemple, à la page
422.
M. Pepin: De quel code?
M. Bellemare: Justement de ce code.
M. Pepin: L'article 21? Oui, à quel paragraphe?
M. Bellemare: Vous voulez inscrire cet article dans la partie des
grèves et lock-out du nouveau code?
M. Pepin: Qu'il soit inscrit ici ou à un autre endroit du code,
je pense que c'est un peu immatériel. Mais le point qui me
paraît
important, c'est le suivant: quand on fait une grève, est-ce que
le statut de l'employé, son contrat de travail est rupture à
toutes fins que de droit, complètement, ou s'il n'est que suspendu? Je
pense qu'il y a eu suffisamment de théoriciens pour dire que son droit
d'être employé est suspendu pendant ce moment. Il y a des cas qui
se sont présentés devant certaines cours de justice où on
a essayé de soutenir que le fait de sortir en grève met fin
complètement au contrat de travail avec l'employeur. La seule chose qui
est inscrite dans le code fédéral, c'est pour dire que cela ne
met pas fin au contrat de travail, cela le suspend tout simplement. Je pense
que...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Est-ce pour les fins de
l'assurance-chômage, ou pour les fins de...
M. Pepin: Non, le statut d'employé vis-à-vis de son
employeur.
M. Lesage: Dans son emploi. M. Pepin: Oui.
M. Gabias: Vous ne croyez pas, M. Pepin, être suffisamment
protégé lorsque le patron a l'obligation de prouver; c'est lui
qui a le fardeau de la preuve dans le cas de congédiement.
M. Pepin: C'est principalement dans le cas de grève et de
lock-out que cette réclamation est faite. Pour la dernière partie
de l'article ou pour l'unique raison de son renvoi, contrairement à la
présente loi, il y a déjà les dispositions 14 à 19
du bill 54 qui y prévoient, sans dire cependant que le contrat de
travail est uniquement suspendu.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): C'est noté.
M. Marchand: Tout simplement pour votre renseignement, vous l'avez sans
doute déjà, c'est une disposition fondamentale dans toute loi du
travail, cela existe en France, en Angleterre. Si le droit de grève est
reconnu, évidemment, son exercice normal et légal ne peut pas
mettre fin au contrat de travail.
M. Lesage: Je suis bien sûr que les employeurs ne doivent pas
avoir d'objection à cela, parce que c'est la pratique courante, c'est
reconnu.
M. Massicotte: Bien...
M. Marchand: On attend encore le point où ils ne feront pas
d'objection.
M. Massicotte: M. le Président, Jean
Massicotte. M. le premier ministre, vous avez présumé
qu'on n'aurait pas d'objection, excepté qu'on apporte quelque chose de
nouveau dans notre loi, comme le dit M. Pepin, évidemment, il y a des
théories sur la rupture du contrat de travail qui sont
explicitées dans les auteurs, etc. Mais au point de vue pratique,
quelles sont les implications de cette affaire»? Au point de vue
pratique, vous avez une grève, à un moment donné, il vient
un temps où vous devez vous asseoir et puis essayer de régler la
grève. La première condition qu'on nous demande dans le
règlement de grève: Vous allez reprendre tous les gens qui sont
à l'emploi de la compagnie, aucune discrimination, soit dans le
réengagement, soit dans la perte d'ancienneté, etc. Sans cela, on
reste en grève.
M. Marchand: Au point de vue pratique, je me demande quelles en sont les
implications.
M. Massicotte: Si M. Pepin voulait...
M. Johnson: Est-ce qu'il n'y a pas de contrats de
bénéfices sociaux et de pensions qui disent, à la
première clause, en faveur de l'employé, "tant qu'il sera
l'employé de la compagnie"?
M. Massicotte: Un instant. Si vous me permettez, les plans de pensions
ou les contrats de pensions, ou les contrats d'assurance-groupe disent que les
bénéfices sont payables tant et aussi longtemps qu'une personne
demeure "actively employed". Ca, c'est ce que disent les contrats
d'assurance-groupe et les contrats de pension.
M. Johnson: Après une grève de six mois.
M. Massicotte: Alors, comme question de fait, dès qu'ils sont en
grève, ils ne sont plus "actively eTiDloyed".
M. Johnson: Et quand ils reviennent?
M. Massicotte: Quand ils reviennent, on les reprend et, à ce
moment-là, on nous dit: Écoutez, vous allez les reprendre, vous
allez leur donner leur ancienneté, ils n'ont rien perdu. Si, par
exemple, on a suspendu le plan d'assurance-grouDe ou le plan de pension, vous
allez rétablir ceci, vous allez rétablir cela. Au point de vue
pratique, je ne vois pas ce que ça peut donner: vous savez ce que
ça peut enlever.
M. Lesage: Ca enlève un argument aux employeurs comme dans les
conditions de règlement de la grève.
M. Johnson: Ca vous fait un bon bâton
de négociations.
M. Massicotte: On nous les enlève un petit peu partout, les
arguments de négociations.
M. Johnson: Vous avez actuellement un bon bâton avec
ça.
M. Massicotte: Il va vous rester rien que les bons.
M. Marchand: Il ne nous reste pas grand-chose, à la fin.
M. Massicotte: En d'autres termes, -j'en reviens à l'argument de
M. Renault - on n'a pas grand-chose, si on regarde la loi. Plus ça va,
plus on nous enlève des moyens de négociations, parce qu'on veut,
du côté syndical, garder toutes les armes offensives, si vous
voulez, en cas de grève et autres cas; puis, d'un autre
côté, on ne veut pas qu'on ait aucune arme offensive. Tout ce
qu'on a à faire, nous, c'est de nous défendre. On nous attaque,
défendez-vous, mais défendez-vous avec quoi, si on nous
enlève tout?
M. Marchand: Avec votre force économique.
M. Massicotte: Notre force économique? Si vous avez un employeur
qui a six employés, qui est pris avec une union internationale qui a des
millions, vous avez au Canada à peu près un million et demi de
membres d'unions qui paient, disons, en moyenne, pas en moyenne, si vous
voulez, le minimum de $2 par mois; ça fait $3,000,000 par mois,
ça fait $36,000,000 par année, pas de taxes. Qu'est-ce qu'on fait
avec ça, nous autres, quand on a six employés?
M. Marchand: Il y a un autre portrait aussi triste, M. le
Président: des grosses corporations, avec bien des dizaines de millions,
puis des pauvres petits ouvriers canadiens français, avec le père
malade...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré, 98, 99.
M. Massicotte: 98.
M. Renault: Je croyais qu'on était entre 97 et 98. L'article 98
dit ceci (il existait auparavant): "Rien, dans le présent code
n'empêche une interruption de travail qui ne constitue pas une
grève ou un lockout". Je soumets à votre comité qu'au
point de vue pratique, en suivant les données de la loi telle qu'on l'a
examinée jusqu'à maintenant, comment pourrait-il y avoir une
interruption de travail qui n'est ni un lockout ni une grève, si ce
n'est, selon le terme anglais, par le "secondary boycott". Je soumets à
votre comité de rayer l'article 98 pour empêcher d'encourager, si
vous voulez, un mal qui se développe graduellement, même dans
notre province, le "secondary boycott".
M. Lesage: Les employés ne sont pas...
M. Johnson: Mais qu'est-ce que ça veut dire, une interruption de
travail'' 98, qu'est-ce que ça veut dire, M. Marchand?
M. Renault: Eh bien, à bien dire, ça devrait
disparaître parce que tout est couvert par la loi.
M. Marchand: Non, tout n'est pas couvert, M. le Président. il y a
eu un cas à Chibougamau, ou dans le bout de Chibougamau. Ce sont les
"steel workers", les métallurgistes. La compagnie entreposait, je crois,
de la dynamite en quantité considérable dans des conditions
dangereuse. Les gars ont refusé de travailler. Il y a eu un
enquêteur du gouvernement, je crois, et on leur a donné raison.
Alors, évidemment, ce ne sont, pas les heures de travail, ce ne sont pas
les vacances et on ne peut pas appeler ça une grève. S'il
arrivait, disons, qu'un hiver, une usine ne soit pas chauffée du tout;
les gars sont en train de mourir, ils disent: "Nous autres, on ne travaille
pas". Est-ce que ça constitue une grève? Ça ne constitue
pas une grève. Ou si on voulait les faire travailler dans des conditions
hygiéniques absolument inacceptables. Alors, il faut prévoir les
cas où l'arrêt de travail ne constitue pas une grève.
Ça n'a pas pour but de forcer l'employeur à donner des nouvelles
conditions de travail. C'est arrivé à Chibougamau il n'y a pas
très longtemps, il y a six mois, je crois.
M. Johnson: Comment distinguer ça, qui est-ce qui est le juge de
ça?
M. Marchand: La Commission des relations ouvrière est
habilitée évidemment pour juger de ces cas-là ou le
ministère, directement, par ses enquêteurs...
Une voix: Les cours de justice.
M. Marchand: Ou les cours de justice, si ni l'un ni l'autre
n'intervient.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Marchand, M.
Oreinstein je pense, tantôt, a dit qu'à certains moments, les gens
laissaient le travail pour aller en prière.
M. Marchand: Qu'est-ce que vous voulez? Disons que ça ne vous
trompe pas et que ça ne me trompe pas non plus. Avez-vous une solution
à ça?
M. Johnson: Non.
M. Marchand: Comment voulez-vous empêcher quelqu'un d'avoir la
foi?
M. Bellemare: Ça dépend...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 98, nous avons
noté ça, et 99. Alors, je comprends que vous allez proposer le
changement de nom? Commission des relations du travail?
Une voix: C'est ça.
M. Desaulniers: M. le Président, si vous me permettez, je
comprends que l'article 99 a l'effet d'abolir l'ancienne commission. En
abolissant l'ancienne commission, naturellement, une nouvelle commission
étant formée, les nominations devront être refaites.
M. Bellemare: Il y a un autre article pour ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): On a un autre article
à ce sujet-là, M. Desaulniers.
M. Desaulniers: M. le Président, je sais qu'il y a un autre
article, je ne veux pas en discuter mais je veux tout simplement vous souligner
qu'à la suite des prochains articles où il est question de la
représentation à la nouvelle commission, il est évident
que cela a immédiatement un effet sur la formation d'une
commission...
M. Lesage: D'accord.
M. Desaulniers: Je voulais simplement vous souliqner cet aspect à
ce moment-ci.
M. Lesage: D'ailleurs pendant les quinze minutes de suspension de la
séance, c'est un des points sur lesquels le ministre du Travail a
attiré mon attention. Il m'a dit: Je me demande s'il ne vaudrait pas
mieux, justement, prolonger la commission ou encore avoir des dispositions
transitoires pour que les représentants patronaux et syndicaux qui sont
présentement membres de la commission soient continués dans leur
fonction dans la nouvelle commission.
M. Desaulniers: Je comprends, M. le premier ministre...
M. Lesage: Autrement, il faudrait recommencer toute la
procédure...
M. Desaulniers: Si vous me permettez, M. le premier ministre, nous avons
étudié les dispositions transitoires mentionnées dans le
dernier chapitre. À première vue, il nous semblait qu'il y aurait
certaines difficultés. Elles sont assez bien faites mais je crois qu'il
va y avoir certaines difficultés. Prenons, par exemple, toutes les
causes en délibéré.
M. Lesage: Oui, nous allons étudier... les dispositions
transitoires pour donner la continuité.
M. Desaulniers: Comme vous l'avez fait d'ailleurs, si vous le permettez,
M. le premier ministre, pour les tribunaux d'arbitrage.
M. Lesage: Oui, oui, d'accord.
M. Desaulniers: Vous avez dit pour les tribunaux d'arbitrage, ce
qui...
M. Lesage: ...comme je vous dis, j'en ai discuté
déjà avec le ministre du Travail, il n'y a pas une
demi-heure.
M. Desaulniers: Pardon, merci, M. le premier ministre.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, article 100.
Commission des relations du travail
M. Bellemare: C'est un point capital, parce que la commission des
relations de travail va complètement changer, par la composition de ce
nouvel article 100. La Commission des relations du travail avait toujours
été faite dans le sens d'être représentée,
d'un côté, par le patronat et, de l'autre côté, par
le syndicat, avec un arbitre qui serait du côté du gouvernement et
avec la majorité patronale et syndicale...
M. Lesage: Il n'est pas nécessairement du côté du
gouvernement.
M. Bellemare: Le gouvernement avait son mot à dire, c'est
sûr, comme arbitre. De 1944 à 1960, la commission était
composée d'un président, qui était juge, d'un
vice-président, de trois commissaires permanents représentant le
patronat, et de trois commissaires permanents représentant les
syndicats. Ce qui donnait, sur huit membres, six représentants des
patrons et des ouvriers. En 1961, on a encore respecté la parité.
On a dit: Un président, juge, deux vice-présidents qui sont
juges, trois commissaires permanents patronaux, trois commissaires permanents
syndicaux, ce qui faisait neuf, donc six représentants des patrons et
ouvriers, encore majoritaires. En 1962-1963, on a encore amendé la
Commission des relations et on a nommé un président juge, trois
vice-présidents juges, trpis commissaires permanents patronaux, trois
commissaires
permanents syndicaux, un commissaire surnuméraire patronal et un
commissaire surnuméraire syndical; ce qui faisait douze membres, dont
huit représentant et le patronat et le syndicat. Mais là, avec la
composition qui apparaît dans la loi, ici, à l'article 100, il
doit y avoir un président, juge ou non, quatre vice-présidents,
juges ou non, mais seulement deux représentants patronaux, puis deux
représentants syndicaux commissaires; ce qui va donner un total de neuf
à la commission, mais seulement quatre pour représenter le
patronat et le syndicat...
M. Lesage: Mais ce qui compte, ce sont...
M. Marchand: Même s'il y avait 50 vice-présidents, du
moment que dans la loi il est prévu que lorsqu'un banc est formé,
il n'y en a qu'un qui aura le droit de vote, alors la parité existe.
M. Bellemare: Je voudrais expliquer juste un instant cette composition.
Actuellement, le gouvernement tend plus que jamais à s'approprier...
M. Lesage: Ah non;
M. Bellemare: ...la Commission des relations ouvrières qui
était autrefois à base majoritaire et du patronat et du syndicat.
Ça, c'était d'abord prévu dans sa composition.
Actuellement, c'est le gouvernement qui, par son prestige et par ses
nominations, va avoir, contre le patronat et l'ouvrier, contre le syndicat,
toute juridiction possible. Il va rester seulement deux commissaires patronaux
et deux commissaires syndicaux. C'est ce qui va rester avec la composition
telle Qu'elle est; quatre contre neuf.
M. Lesage: Le gouvernement ne cherche en aucune façon à
s'immiscer. Il s'agit de nommer des arbitres. Et nous nommons les juges. Et
c'est pour avoir plus d'efficacité qu'il y aura cinq bancs. Il pourra y
avoir cinq bancs qui siègent en même temps. Sur les cas de
congédiements, les juges jugent seuls, sans les représentants.
Moi, je pense que le député de Champlain s'est imaginé
qu'il avait trouvé un bon filon, mais, comme d'habitude, il a
manqué son coup.
M. Bellemare: Non, non, le premier ministre ne m'enlèvera pas mon
opinion.
M. Lesage: Je n'essaierai jamais.
M. Bellemare: Je vois ce qui se passe et ce qui va se passer, surtout
dans les nominations.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En fait, la loi
prévoit que, si le banc comprend plus qu'un président,
c'est-à-dire si le banc comprend le président et des
vice-présidents, seul le président vote, les
vice-présidents ne votent pas. Alors, la parité n'est pas
brisée dans la discussion des problèmes.
M. Bellemare: Des représentants syndicaux, vous en aviez trois.
Là, vous allez en avoir rien que deux.
M. Lesage: Parce que les cas de congédiements...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Quand ils
siégeront ils auront la parité.
M. Fortin: Ce n'est pas le gouvernement contre, ni les patrons, ni les
syndicats.
M. Johnson: Bien, le gouvernement a une importance.
M. Lesage: Pas du tout, ce sont des juges.
M. Johnson: Nommés par le gouvernement.
M. Lesage: Bien oui, ils ne votent pas.
M. Johnson: Sauf qu'ils siègent là, même s'ils ne
votent pas.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Matteau, vous avez
quelque chose à dire sur l'article 100?
M. Matteau: Oui, étant donné qu'il y aurait une situation
transitoire, l'Union des municipalités demanderait qu'à la
commission, il y ait au moins deux membres, l'un patronal et l'autre syndical,
qui seraient désignés par le secteur public, les services
publics. Nous croyons que la Commission des relations ouvrières,
lorsqu'elle prend des décisions, lie automatiquement les services
publics dans leur décision ultime, contrairement aux industries qui,
elles, conservent en définitive leur décision finale. Elles
peuvent toujours, advenant une grève ou un lock-out, dire non aux
propositions qui sont faites. Tandis que, pour les services publics, la
décision que la Commission des relations ouvrières prend les
entraîne devant le tribunal avec une décision finale. Alors, nous
demanderions que les services publics, étant donné que le code
lui-même a fait cette distinction tout au long des articles -nous sommes
en présence de deux secteurs bien distincts - nous demanderions au moins
d'avoir un représentant patronal et un représentant syndical
désignés par les associations patronales les plus
représentatives des services publics.
M. Marchand: M. le Président, sur cette clause 100, nous autres,
tant que le banc reste équilibré, c'est-à-dire qu'il y a
un représentant syndical, un représentant patronal et un
président, nous disons que le principe de parité ne nous
paraît pas en danger. Mais ce qui nous inquiète, c'est la
diminution du nombre de membres de la commission. Nous trouvons ça
inquiétant parce que nous avons eu tellement à souffrir de
délais devant la commission. Depuis quelques années, il y a une
tendance à constituer plusieurs bancs. Et c'est nécessaire non
seulement par rapport à la somme globale de travail qu'il y a à
la commission, mais aussi à cause de la division
Québec-Montréal. Il est presque essentiel qu'un banc siège
en permanence à Québec et à Montréal; il y a deux
fois plus de travail et c'est presque essentiel qu'il y en ait au moins deux.
Alors, ça veut dire au moins trois bancs qui siégeraient; avec la
nouvelle composition, il n'y a pas moyen, il n'y a exactement pas moyen de
faire...
M. Lesage: C'est-à-dire trois bancs complets en dehors des causes
de congédiements. Vous croyez qu'il y a assez de travail pour ça,
en dehors des causes de congédiements?
M. Marchand; Enfin, c'est peut-être une mesure qu'un jour le
gouvernement pourra envisager, quand tout l'arriéré sera
liquidé et que le nouveau mécanisme sera très bien
huilé; peut-être que ce sera le moment de le faire. Mais, à
ce moment-ci, moi je...
M. Lesage: D'accord, M. Marchand.
M. Bellemare: Mon filon n'est pas si mauvais.
M. Marchand: Votre intention était bonne, c'est votre
argument.
M. Lesage: Non, non, le député de Champlain a
essayé de prétendre que le gouvernement agissait ainsi pour
prendre le contrôle, alors que ce n'est pas ça du tout. Et quand
les représentants ouvriers me disent: "On a assez de travail pour trois
bancs, en dehors de deux vice-présidents qui ne peuvent plus
siéger seuls sur les causes de congédiements", eux autres, je les
crois.
M. Bellemare: La différence qu'il y a, c'est que le premier
ministre ôtait deux commissaires, un patronal et un syndical, et puis
là il le redonne. Ce n'est pas parce qu'on a attiré son
attention.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice):À l'ordre! 101-
102. Il n'y a pas de problèmes.
M. Desaulniers: Bien voici, 102 peut soulever un problème, M. le
Président. Là, je ne veux pas entrer dans la question
délicate de situer le problème de l'endroit où va
être le siège social. Mais je crois qu'au point de vue de la
signification, à un moment donné, il peut y avoir certaines
difficultés.
M. Johnson: Est-ce qu'il y a un greffe à Montréal
actuellement? Non?
M. Desaulniers: Si vous me permettez, au point de vue de
l'administration des documents et des dossiers, je crois que les dossiers sont
en double, mais c'est tout de même à Québec que vous avez,
en plusieurs occasions, des dossiers plus complets qu'à
Montréal.
M. Johnson: Suggérez-vous qu'il y ait un greffier, un
assistant-greffier à Montréal et qu'on puisse recevoir à
Montréal des significations?
M. Desaulniers: Je considère que les significations pourraient
être reçues à Montréal aussi. Un instant, est-ce que
vous me permettez de terminer, M. le Président? Une des raisons pour
lesquelles je demanderais que les significations puissent être
reçues à Montréal, c'est que, si vous prenez des
procédures... Là, je ne parle pas de celles que je prendrais, ce
sont celles qu'on prendrait et je serais dans la défense... Parce qu'on
a l'habitude de prendre des procédures contre la Commission des
relations ouvrières.
M. Lesage: Pourquoi signifier à deux endroits?
M. Desaulniers: Si vous le permettez, M. le Président, voici le
problème. Si vous signifiez à Québec parce que le
siège social est à Québec, nécessairement vous
devez signifier dans le district judiciaire de Québec. Donc, toute la
procédure et toutes les plaidoiries se feront à
Québec.
M. Lesage: Et après?
M. Desaulniers: Ce n'est pas que je n'ai pas un grand plaisir à
venir à Québec.
M. Lesage: Bon!
M. Desaulniers: Mais il arrive qu'à Montréal, lorsque nous
avons une cause de Montréal, nous sommes souvent dans l'obligation - non
pas que ça ne nous fait pas plaisir - de nous déplacer alors que
la cause pourrait être entendue à Montréal devant la Cour
supérieure.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je pense qu'on peut
prendre ça en note; c'est pour réfléchir là-dessus,
si la formule a du bon sens. Alors 102, en délibéré. 103?
Il ne semble pas y avoir de problème. En délibéré.
104? En délibéré. 105? En délibéré.
106? En délibéré. 107? En
délibéré?
M. Marchand: Non, après étude, M. le
Président...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Sur quel article?
107?
M. Marchand: 107, oui. Au sujet des conflits intersyndicaux. Je me
souviens d'avoir demandé moi-même l'introduction de cette
clause-ci, lorsque nous ne voulions pas que la décision, à un
moment donné, soit aux mains d'une partie adverse. Et je pense que,
d'une façon générale, tout le monde est d'accord
là-dessus. Il y a deux façons d'y parvenir: soit que" le juge
soit seul à entendre l'enquête ou bien qu'il y ait un banc
complet, c'est-à-dire des représentants patronaux et syndicaux,
et, lorsqu'il n'y aura pas unanimité des membres, que le
président décide.
Alors, ça nous donnerait la même garantie et ça
conserverait le caractère paritaire. S'il n'y a pas unanimité,
c'est le président seul qui décide. Alors, nous allons avoir la
même efficacité et nous conservons le principe de la
parité. Ce sont des commissions de travail et je pense que les
représentants patronaux comme les représentants syndicaux peuvent
faire valoir, au moment du délibéré, les arguments,
évidemment, qui les ont le plus frappés à cause de leur
statut particulier.
Si on les enlève, à mon avis, on appauvrit une commission
de cette nature-là. Alors, entre les deux systèmes, nous ne
faisons pas de critique; du moins, moi, je n'en fais pas, puisque nous disons:
Nous avons été bien d'accord et nous l'avons même
demandé. Seulement, je trouve qu'on pourrait atteindre exactement la
même fin en gardant le caractère paritaire et en
déterminant que, dans les cas de conflits intersyndicaux, s'il n'y a pas
unanimité des représentants patronaux et syndicaux, c'est le
président seul qui décide.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, mais est-ce qu'on
peut supposer raisonnablement, M. Marchand, que, dans le cas d'un conflit
intersyndical, si les patrons et les ouvriers sont d'accord, que le
président émettrait une opinion différente?
M. Marchand: Ce n'est pas le cas, ça ne crée pas de
problème, M. le Président. Ce n'est pas lorsque les gens sont
d'accord et que le président, lui, pourrait être dissident;
à ce moment-là, c'est la majorité et ça se
décidera normalement. Là où il y a un problème,
c'est habituellement quand il y a des conflits intersyndicaux; vous avez deux
représentants, un de la CSN, un de la FTQ, et deux patrons. Si les
patrons, évidemment, à ce moment-là, et les
représentants syndicaux ne sont pas d'accord... Parce que l'esprit
même d'une loi des relations ouvrières présume que les
représentants patronaux et les représentants syndicaux prendront,
sur certains sujets en particulier, des attitudes, disons, divergentes. Dans ce
cas, il n'y a pas seulement deux parties, il y en a trois en fait.
M. Lesage: C'est ça.
M. Marchand: Il y en a trois, c'est pour ça que
l'équilibre ne marche plus.
M. Lesage: Non, ce sont les employeurs qui décident.
M. Marchand: Ce sont les employeurs qui se trouvent à
décider. Alors, si l'employeur dit: C'est vous autres, de la CSN qui
être les plus fins et que j'aime le mieux, on vote avec vous autres et,
même si le président...
M. Bellemare: C'est arrivé?
M. Marchand: C'est arrivé.
M. Johnson: C'est une hypothèse, ça?
M. Marchand: Non, c'est arrivé qu'il y en ait qui se soient
solidarisés dans un sens ou dans l'autre; c'est ça qu'on veut,
c'est ça le but. Maintenant, ce but-là, on peut l'atteindre en
disant que, s'il n'y a pas unanimité des membres, le président,
à ce moment-là, décide d'autorité. C'est à
cause de la nature même d'une commission comme celle-là, M. le
crémier ministre. C'est qu'elle est, justement, paritaire, parce que,
dans les questions de travail, tout le monde reconnaît que les
représentants syndicaux et patronaux peuvent être
influencés ou touchés plus particulièrement par certains
arguments ou certains aspects.
Alors, au moment du délibéré, il est bon que le
juge ait cette information de la part des membres.
M. Fortin: M. Marchand, supposons qu'il y ait conflit avec une union,
une association qui n'est affiliée ni à la FTQ ni à la CSN
qu'est-ce qui va arriver? Est-ce qu'il n'y a pas danger de collusion?
Évidemment, je ne veux pas présumer; l'employeur ne verrait pas
de différend entre la CSN et la FTQ. Alors, voici une union qui va
venir...
M. Marchand: Mais, à ce moment-là, M. Fortin, vous ne
détruisez pas le caractère
paritaire de la commission. Ce qui peut arriver, c'est que, si c'est unf
association que les représentants syndicaux croient être une
association dominée, les représentants syndicaux vont être
contre et, habituellement, les employeurs vont être pour. C'est
l'équilibre normal.
Des voix: Oh, oh, oh!
M. Marchand: Non, non, parce que c'est difficile de faire accepter par
des employeurs qu'une association est dominée; en fait, c'est comme
ça que ça se passe. Disons que ce n'est pas une union
dominée, mais une union indépendante...
M. Bellemare: Sans rire?
M. Marchand: ...comme on dit en France: autonome, n'est pas
affiliée. Alors, c'est sûr que les représentants syndicaux
aiment mieux des unions affiliées; les patrons, ça les frappe
moins que nous, c'est normal, mais l'équilibre de la commission n'est
pas brisé.
M. Bellemare: Il dit ça sans rire!
M. Marchand: Quand c'est la FTQ et nous, ce qui arrive - et c'est cela
qu'il faut tenter de corriqer - c'est que vous n'avez plus deux parties devant
la commission, vous en avez trois et c'est une commission paritaire. Alors, je
crois qu'on peut atteindre cette fin-là de deux manières; celle
qui a été indiquée dans la loi est très valable.
Vais, s'il y a moyen d'atteindre la même fin en qardant le
caractère paritaire de la commission, nous croyons que c'est une formule
supérieure.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Fin
délibéré. M. Massicotte.
M. Massicotte: Je pense bien qu'on doit noter l'incompatibilité
des textes anglais et français; on serait peut-être disposé
à prendre le texte français, nous.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, "employés".
Oui, il y a une faute typoqraphique.
M. Massicotte: Oui, je présume que c'est le mot "employeur".
Maintenant, M. Renault a quelque chose à dire sur le fond de cette
affaire.
M. Renault: M. le Président c'est qu'au point de vue pratique -
la proposition de M. Marchand a du mérite - en autant que les employeurs
étaient concernés, quand on parle de système de
parité, nous étions satisfaits du système actuel. Mais
comme on soulève un point qui, comme je l'ai dit, peut avoir du
mérite, je demande respectueusement, dans la majorité des cas
où il n'y aura pas entente, ce qu'on va faire. On va encore prendre la
commission - au point de vue pratique, des bancs de quatre ou cinq personnes
vont siéger - et, comme personne ne s'entendra, le président seul
va décider. Je dis respectueusement que la proposition que vous avez
faite à l'article 107 a plus de mérite que celle qui veut que,
tout de suite, ce soit référé à deux ou trois
juges, comme vous l'entendez, puisque vous allez en nommer. Enfin, il va y en
avoir quatre ou cinq. Alors, je soumets respectueusement que, pour le bon
fonctionnement de la commission, votre suggestion a certainement plus de
mérite que celle de M. Marchand.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Bon, en
délibéré.
M. Provost: Nous sommes tout à fait d'accord avec la CSN, et pour
les mêmes raisons. À l'article 108, M. le Président, on
veut que la commission, lorsqu'il y a un congédiement, ne nomme qu'un
juge seul. Ce n'est pas que nous n'ayons pas confiance aux juges, mais, dans la
pratique, l'inconvénient qu'on y trouve, c'est que les
congédiements sont souvent reliés a une requête en
reconnaissance syndicale, où nous alléguons qu'il y a eu
intimidation, plainte ou congédiement, et la requête doit
être entendue par une commission paritaire. Nous nous demandons ce qui
arrive si, d'un côté, nous allons faire notre plainte de
congédiement devant le juge seul. Il va falloir recommencer la
même preuve, ou à peu près, devant le juge et les deux
autres représentants parce qu'elle sera reliée à une
requête en certification ou en...
M. Lesage: M. Provost, est-ce que cela constitue une plus grande
difficulté que la congestion des rôles dont vous vous êtes
plaints, les employés, les employeurs, les syndicats?
M. Bellemare: Au point de vue de l'intérêt public, cela
justifie suffisamment...
M. Lesage: Bien, il me semble...
M. Bellemare: Puis, au point de vue de l'intérêt public,
ça va servir...
M. Renault: Au point de vue pratique, M. le Président vous me
permettrez d'ajouter que les plaintes de congédiement, lorsqu'il y en a,
et les requêtes en certification ne sont pas nécessairement
entendues actuellement par le même oanc, si vous voulez. Actuellement, la
majorité des plaintes de conqédiement sont entendues par un autre
banc que celui qui entend la requête en certification. Alors, au point
de
vue pratique, je ne vois pas le mérite que pourrait avoir la
sugqestion de M. Provost.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En fait, ou bien le cas
est parfaitement clair, ou bien il ne l'est pas. Si le cas est parfaitement
clair, généralement, la décision est unanime. Alors, la
décision du juge vaut celle des autres. Si le cas n'est pas clair,
à la pratique, chacune des parties donne le bénéfice du
doute à sa partie, avec la conséquence que c'est le
président qui décide encore. Le but poursuivi dans tout cela,
c'est uniquement et exclusivement d'avoir plus d'efficacité et de
permettre à notre Commission des relations ouvrières, en faisant
un travail normal, de liquider dans un délai raisonnable toutes les
causes qui lui sont soumises. C'est le but qui est poursuivi dans tout
cela.
M. Renault: Je voudrais bien, M. le Président, dire que les
employeurs que je représente et les confrères ici sont
entièrement satisfaits du système actuel de parité et si,
pour le bon fonctionnement de la commission, votre gouvernement décide
de trouver un système qui peut aider à hâter l'audition des
causes, nous soumettons que c'est peut-être une suggestion qui a beaucoup
de mérite.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré. À l'article 109, il ne semble pas y avoir
de problème. Ils sont publics, mais la commission peut ordonner le huis
clos. En délibéré, article 110. En
délibéré, article 111.
M. Massicotte: A l'article 111, M. le Président, j'ai simplement
une suggestion. Peut-être que... Excusez-moi, ce n'est pas l'article
111.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Article 111, en
délibéré. Article 112, en
délibéré.
M. Provost: Non, à l'article 112, M. le Président, je dois
attirer votre attention sur ce qui nous apparaît comme des mots qui ne
sont pas clairs si on les lit tels quels: "un extrait certifié de ses
procès-verbaux". Est-ce que ça veut dire tous les
procès-verbaux de l'année ou simplement des extraits de
procès-verbaux autorisant la requête? Nous aimerions avoir des
clarifications; nous suggérons...
M. Lesage: On parle d'extraits.
M. Provost: Pardon?
M. Lesage: On parle d'un extrait.
M. Provost: Oui, mais ça peut être un extrait de tout
procès. Nous suggérons, pour tous les dossiers, le texte suivant:
"Une association de salariés ou d'employeurs doit remettre, sur demande
de tel fonctionnaire, le texte d'une résolution autorisant la
requête votée à une assemblée plénière
de ses membres."
M. Lesage: Il faut toujours s'imaginer que les gens doivent user de leur
discrétion. Il faut penser, M. Provost, que c'est mauvais de partir du
principe que les gens vont agir pour embêter les autres.
M. Provost: Pas la commission, il y a trois parties.
M. Massicotte: On est de gros méchants.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, en
délibéré, article 112. M. Massicotte.
M. Massicotte: M. le Président, l'article 112 s'applique-t-il aux
fonctionnaires de la commission? Cela s'applique-t-il aux inspecteurs de la
commission?
M. Lesage: C'est cela.
M. Massicotte: On a certainement le droit de voir si les prescriptions
de la loi ont été suivies, mais en vérifiant, disons, le
livre des minutes de l'association d'employeurs ou d'employés, si vous
voulez.
M. Bellemare: Cet article est moins rigoureux que l'ancien.
M. Massicotte: Je vous demande pardon?
M. Bellemare: Il est bien moins rigoureux que l'ancien.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Article 113.
M. Massicotte: À l'article 113, une simple suggestion, M. le
Président. Nous aimerions peut-être y voir ajouter que les
décisions de la commission doivent aussi être communiquées
au procureur des parties.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): On peut mettre "aux
parties ou à leur procureur."
M. Massicotte: Aux parties, si vous voulez, ou à leur procureur;
parfois, ça évite des difficultés.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Article 114, en
délibéré. Article 115.
M. Desgagnés: À l'article 115, attendez un instant.
Article 115, troisième paragraphe, M. le Président. Nous vous
avons soumis un texte, au début des séances, suivant lequel nous
demandons que les règlements soient communiqués; nous exigeons
qu'un préavis précède le règlement. Vous savez que
l'exercice d'un pouvoir réglementaire est, de par sa nature, un pouvoir
très important, un pouvoir législatif, et on parle de
législation déléguée dans ce cas-là. Or,
lorsque vous rédigez la loi, vous prenez la précaution de
réunir les parties avant que la loi...
M. Lesage: Parfois.
M. Desgagnés: Nous pensons que la commission devrait suivre cette
bonne politique.
M. Lesage: Les règles de pratique sont adoptées par les
juges sans communication.
M. Desgagnés: Oui, justement, nous mettons en doute la sagesse de
cette politique en matière de relations de travail.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, mais il faut que
vous teniez toujours compte que c'est la commission dans son entier qui fait
les règlements, et le patronat et le salariat sont
représentés. S'ils décident de communiquer avec leurs
membres, avec leurs mandants, si vous voulez...
M. Desgagnés: Y a-t-il des objections sérieuses à
ce qu'on communique aux parties avant que le règlement devienne en
vigueur?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Quelles parties?
M. Desgagnés: Les parties intéressées. Elles seront
visées par le règlement, les employeurs et les employés,
tout le monde, par le truchement de la Gazette officielle.
M. Fortin: Oui, mais c'est sujet à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
Le "Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Et ça doit
être publié dans la Gazette officielle, je présume. Ces
règlements entrent en vigueur sur approbation du lieutenant-gouverneur
en conseil et publication dans la Gazette officielle du Québec.
M. Desgagnés: Comme la loi, d'ailleurs, entre en vigueur sur
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. On a pris la
précaution...
M. Lesage: Sur approbation des Chambres.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré.
M. Desgagnés: On prend la précaution de consulter
auparavant.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Très bien. En
délibéré. Article 116.
M. Desaulniers: Pardon, M. le Président, à l'article 115,
je veux simplement faire remarquer au comité que certains mots qui
apparaissaient à l'ancien article 38 ont été
enlevés. C'est que la commission peut faire des règlements pour
régler l'exercice et les fonctions de son personnel. Or, je
suggère que nous portions la discussion sur ce point à l'article
119.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré. A l'article 116, il ne semble pas y avoir de
problème; en délibéré. Article 117, pas de
changement, en délibéré. Article 118, il ne semble pas y
avoir de problème; en délibéré. Article 119.
M. Lesage: Je sais qu'à l'article 119, il va y avoir une
discussion assez longue. Est-ce qu'on pourrait suspendre les articles qui
peuvent faire l'objet d'une discussion assez longue pour que nous puissions
juger à peu près à quel moment nous pourrons terminer
l'étude ce soir?
M. Desaulniers: Alors, si vous me le permettez, l'article 115 sera
suspendu en relation avec l'article 119.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Articles 115 et 119,
suspendu. Alors, l'article 121.
M. Desaulniers: M. le Président, à l'article 121,
j'aimerais faire une remarque. Je félicite le gouvernement d'ajouter un
paragraphe permettant une simple requête en Cour d'appel. Je
considère que ceci va certainement régler le problème.
Simplement, je soumets que la Cour d'appel est aussi soumise à une
réglementation et il arrive, M. le Président, que, suivant la
réglementation de la Cour d'appel, la Cour d'appel peut siéger en
chambre, c'est-à-dire un juge de la Cour d'appel, en autant que la loi
de la Cour d'appel le permette et suivant les conditions, les circonstances que
la Loi de la Cour d'appel permet. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu,
à l'article 121, quant à cette partie du recours à la Cour
d'appel, de considérer quelle est la réglementation de cette Cour
d'appel.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Et de l'inclure
peut-être dans le Code de procédure civile?
M. Desaulniers: Je ne suis pas ici pour, suggérer, je suis ici
simplement pour soulever le problème.
M. Lesage: Nous allons examiner cela.
M. Desaulniers: Parce que, si vous me permettez, vous pourriez avoir la
situation suivante: Vous savez que la Cour d'appel siégeant à
Montréal et à Québec, à un certain moment, en vertu
des rôles, il arrive qu'au mois de juin, par exemple, au mois de juillet,
au mois d'août et au mois de septembre, la Cour d'appel ne siège
pas à Montréal; elle siège à Québec en juin,
mais elle ne siège pas à Montréal, et là, vous avez
les vacances judiciaires; en septembre, en autant que je puisse me souvenir, la
Cour d'appel siège à Québec et elle siège à
Montréal en octobre, ou inversement. Alors, il y aurait peut-être
possibilité...
M. Lesage: Nous allons nous enguérir auprès de la Cour
d'appel de sa règle de pratique, pour voir de quelle façon la
procédure peut s'ajuster.
M. Desaulniers: Ce qui permettrait, si vous me permettez, M. le premier
ministre, comme c'est une simple reguête, d'aller devant deux juges en
Chambre.
M. Lesage: Oui, oui. J'ai compris. C'est ce que j'ai pensé depuis
le début.
M. Desaulniers: Merci, M. le premier ministre.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, en
délibéré, 121. 122.
M. Massicotte: Nous voyons mal cette clause-là,
c'est-à-dire qu'on se dit ceci: La première chose que vous allez
faire, vous allez prouver mauvaise foi et, après ça, vous
prendrez action. On fait dépendre le droit d'action d'une preuve de
mauvaise foi; or, je pense bien que les avocats, tant du côté
syndical que du côté patronal, savent qu'une preuve de mauvaise
foi, c'est assez difficile à faire, mais il reste qu'il peut y avoir des
faits qui peuvent amener une personne à conclure, dans son esprit, qu'il
y a eu mauvaise foi. Dans un recours en dommages, disons, pour atteinte
à la réputation, vous n'avez pas nécessairement à
prouver qu'il y a eu mauvaise foi; vous prouvez les faits et il appartient au
tribunal de décider sur les faits; mais là, on met une condition,
une précondition, si vous voulez, à l'exercice du droit d'action;
vous allez prouver la mauvaise foi. Alors, nous croyons que, du point de vue
légal, c'est complètement inadmissible.
M. Renault: Je voudrais ajouter, M. le Président, que je crois
que cet article, s'il reste tel quel, va porter atteinte au prestige de la
commission parce qu'en laissant l'article tel quel, avec la question de
commencer à prouver la mauvaise foi devant la commission, vous allez
voir que tout pourrait se produire et tout le temps on pourra répondre:
Bien, je ne l'ai pas fait de mauvaise foi. Alors, je souligne respectueusement
qu'on devrait certainement enlever cette demande ou cette exiqence...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Avez-vous quelque chose
à dire la-dessus, M. Desaulniers?
M. Desaulniers: M. le Président, j'ai étudié le
texte et je dois dire que je ne peux pas être pour ou contre, je ne
connais pas la raison du texte.
M. Fortin: Bon, si quelqu'un prend une action en dommaqes devant un
tribunal civil, en raison d'une allégation injurieuse ou, enfin, le mot
m'échappe, libelleuse, ou bien diffamatoire, eh bien, il faudra prouver
que cette personne-là l'a fait de mauvaise foi.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Quelqu'un qui est bien au
courant de ces problèmes-la...
M. Desaulniers: Si vous allez en Cour criminelle, pour un libelle,
évidemment, il faut que vous prouviez mauvaise foi.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Desaulniers,
là-dessus, après que le bill a été imprimé,
quelqu'un qui s'y connaît bien dans ce domaine-là m'a fait
remarquer que les expressions dont on se sert actuellement dans les
procédures devant la Commission des relations ouvrières sont
assez violentes sans qu'il y ait ce texte-là; il ne semble pas voir
l'utilité de ce texte-là et ça, ce sont des gens qui ne
sont pas mêlés particulièrement aux patrons ou aux
ouvriers.
M. Desaulniers: Bien, moi, je dois avouer, en toute franchise, que je ne
suis pas en position de dire, pour le moment, si c'est nécessaire ou
non. Si le législateur croit que c'est nécessaire...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Vous n'êtes pas en
mesure de défendre ça, à ce moment-là?
M. Johnson: Non, mais vous ne demandez pas ça aux unions?
M. Desaulniers: C'est-à-dire que ce n'est pas une guestion de
savoir si or le demande ou si on ne le demande pas, pour le moment. Je ne suis
pas ici pour dire si...
M. Johnson: Non, non, je pense que
cela implique... Bien, vous n'êtes pas responsable et il ne
faudrait pas trop vous en vouloir, même si vous faites des bêtises;
je trouve que c'est une espèce d'état d'immaturité que
vous n'avez plus. Vous l'avez déjà eu et vous ne l'avez plus.
M. Desaulniers: Ah, je suis bien prêt à soumettre les
procédures que je fais pour montrer qu'il y n'y a rien de violent.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, en
délibéré, 122. 123.
M. Massicotte: 123, c'est un article où, évidemment, nous
demandons la parité: nous l'avons indiqué au début. Nous
le répétons à 123. Nous demandons la parité. Que
l'on remplace les mots "tout employeur", qu'on chanqe le texte pour dire
"quiconque"...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): "Toute partie"?
M. Massicotte: "Toute partie" ou "quiconque", de façon que la
parité existe.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Desaulniers?
M. Marchand: $100,000 par jour!
M. Desaulniers: Si on parle de parité, ce serait simplement
relié à l'existence de l'accréditation d'une association
d'employeurs. Ce serait tout. Il n'y a pas autre chose. Je ne vois pas autre
chose.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 123 en
délibéré. 124.
M. Massicotte: À 124, M. le Président, nous aimerions
ajouter une précision à la troisième ligne: quiconque
déclare ou provoque une grève ou un lock-out, contrairement aux
dispositions du présent code "ou d'une convention collective", parce
que, dans nos conventions collectives, nous . avons aussi des clauses: pas de
grève, pas de lock-out.
M. Marchand: Oui, mais c'est couvert par la loi.
M. Massicotte: Je comprends, c'est couvert par la loi, mais enfin,
double protection...
M. Desaulniers: Double punition.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Adopté. 124, en
délibéré. 125.
Une voix: Ce sont les pénalités?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 125, en
délibéré. 126.
M. Desaulniers: Pourriez-vous me donner juste un instant, M. le
Président? C'est parce que je veux chercher un texte.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Nous procédons
actuellement avec assez de célérité et je ne
prévois pas tellement d'objections graves d'ici la fin; je ne dis pas
qu'il n'y a pas de remarques à faire. Est-ce qu'on pourrait s'entendre
pour continuer après six heures, même si ça devait aller
jusqu'à sept heures, mais a la condition, vraiment, qu'on soit
prêt à finir?
M. Marchand: Quant à moi, je n'ai que des points secondaires.
M. Lesage: M. Desaulniers m'a dit qu'il voulait tout de même, sur
le point qu'on a laissé...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 120 et 119.
M. Lesage: Non, non. Il y a un autre point aussi.
M. Desaulniers: À la fin.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, si on n'a que ces
trois points-là, probablement qu'on serait capable de finir d'ici sept
heures moins le quart ou sept heures, du moment qu'on ne dépassera pas
sept heures; alors, vous êtes d'accord?
M. Massicotte: Nous sommes certainement d'accord pour continuer à
siéger, M. le Président, excepté qu'on ne voudrait pas
être limité aux trois points que vous avez mentionnés.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Non, non. C'est entendu
ça.
M. Desaulniers: M. le Président, je vous ferai remarquer que les
articles 125 et 126 étaient contenus avant dans un seul article, dans la
Loi des relations ouvrières; c'est !à. Dans 126, on a
ajouté une pénalité en disant ceci: "Quiconque fait
défaut de se conformer à une obligation ou à une
prohibition imposée par le présent code ou par un
rèalement du lieutenant-gouverneur en conseil..." Je soulève le
point suivant: c'est que, par une loi, on impose une pénalité sur
une chose, c'est-à-dire sur un acte qui pourrait être commis,
alors qu'il n'y a pas de loi ou de réglementation actuellement en
vigueur. Vous dites ceci: Si, à un moment donné, il y a une
réglementation qui se fait et que cette réglementation-là
est adoptée par un règlement du lieutenant-gouverneur en conseil,
vous pourrez être punis. Or, ça veut
dire qu'on pourrait être puni pour une chose qui n'aura pas
existé ou dont on n'aura pas eu connaissance, qu'il y avait une
pénalité pour ça. C'est un peu de la
rétroactivité, ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Mais non, c'est pour
les...
M. Desaulniers: M. le Président...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Mais si la
réglementation se fait suivant les...
M. Desaulniers: ... actuellement, vous avez établi dans votre loi
quels étaient les actes qui étaient susceptibles, après
que preuve en avait été faite, d'être des actions
contraires a la loi. Vous avez imposé des amendes. Je ne m'oppose pas
à ça, mais simplement, dans la loi, actuellement, vous
prévoyez qu'il pourra y avoir d'autres actes qui pourront non pas
être établis comme étant prohibés par les
Législatures, mais par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je souligne
respectueusement que ce procédé enlève aux
législateurs le pouvoir qu'ils ont d'établir quels sont les actes
défendus.
Et mon deuxième point, M. le Président, c'est que, dans
126, sur la prohibition - juste un instant - sur le fait de poser un acte
contraire à un règlement ou à une décision de la
commission, ce qui existait avant, vous avez diminué l'amende et on se
demande pourquoi.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Où ça,
monsieur?
M. Desaulniers: Dans 126, parce que, dans l'ancien article 44,
peut-être que je devrais vous le lire, vous pourriez voir la
différence... On disait, dans 44: "Quiconque fait défaut de se
conformer a une obligation, à une prohibition imposée par la loi
ou par un règlement ou décision de la commission commet une
infraction et est passible, à moins qu'une autre peine ne soit
applicable, d'une amende d'au moins $100 et d'au plus $1000 pour chaque jour ou
fraction de jour que dure l'infraction." Or, si vous examinez 126 maintenant,
vous constatez que, pour un acte, contrairement a une décision de la
commission, à ce moment-là, la pénalité est de $25
à $100...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Pour la première
infraction?
M. Desaulniers: Oui, mais alors qu'avant, elle était, si vous me
permettez encore de lire 44: "...qu'une peine soit applicable d'au moins $100
et d'au plus $1000 pour chaque jour ou fraction de jour que dure
l'infraction."
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): La raison est celle-ci,
c'est que les termes sont très larges et il est possible, à un
moment donné, que les règlements ou les décisions de la
commission, ou une prohibition quelconque... On ne peut pas prévoir tout
ce qui peut arriver. Alors, on donne une chance pour la première
infraction, de $25 à $100, mais on garde $100 à $1000 pour toute
récidive. La raison, c'est parce que toutes les prohibitions, tous les
règlements qui peuvent être proposés ne sont pas connus
d'avance.
M. Desaulniers: M. le Président, je prends le texte dans le
moment et je comprends ce que vous dites. Vous avez fait ce partage pour la
première fois. Vous avez dit: "On va être moins
sévère pour la première..." Simplement, quand vous dites
pour chaque récidive, à ce moment-là, il n'est plus
question, comme dans l'ancien texte, d'une infraction qui peut être
calculée à chaque jour ou à chaque partie de jour. La
récidive n'est pas nécessairement une répétition
d'une journée ou d'une demi-journée. On peut, à un moment
donné, pendant une semaine, ne pas faire une chose. C'est une
récidive. Autrefois, on disait, par exemple, "pur chaque jour
d'infraction, vous allez être puni..." Alors, je vous fais remarquer que
vous avez là une distinction.
M. Renault: Il me semble, M. le Président, que, vu qu'on a
divisé 125 et 126, c'est tout simplement qu'à 125, pour les
choses importantes, vous prévoyez encore que l'amende est de $100
à $1000 pour chaque jour d'infraction. Seulement, comme vous l'avez
expliqué ou enfin qu'il peut y avoir d'autres règlements
d'adoptés - et je crois comprendre qu'il y en a qui sont prêts par
la commission - je présume qu'à cause de cela, parce que ce n'est
pas encore connu par les parties, l'amende est moindre pour la première
fois.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré? 172, en délibéré. 128, il
ne semble pas y avoir de changement. 128, en délibéré.
129. 129, en délibéré. 130, en
délibéré. 131, en délibéré. 132.
M. Massicotte: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 132, M. Massicotte?
M. Massicotte: 131.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 131.
M. Massicotte: Nous ne voyons pas l'utilité des deux
dernières lignes.
M. Bellemare: Elles étaient dans l'ancienne loi...
M. Massicotte: M. Bellemare, nous n'en voyons pas l'utilité,
même dans l'ancienne loi où...
M. Bellemare: Pourquoi apparaissaient-elles dans l'ancienne loi?
M. Massicotte: Pardon? Je ne sais pas. Que la commission puisse intenter
une poursuite, très bien, mais qu'une partie intéressée...
Elle montrera son intérêt, et elle intentera la poursuite.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): M. Massicotte...
M. Desaulniers: Est-ce que je courrais donner une explication?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, M. Desaulniers,
j'aimerais ça vous...
M. Desaulniers: Si vous lisez 131, on dit ceci: "Toute poursuite
pénale en vertu du présent code peut être intentée
par la commission ou par une partie intéressée avec
l'autorisation écrite..." Si la partie peut le faire,
indépendamment de la commission, à ce moment-là, si la
commission veut le faire, qu'est-ce qui va arriver?
M. Gabias: Ah! vous avez le cas.
M. Desaulniers: Non, non, je soulève le problème. La
commission, en vertu de l'article 131, a le droit de prendre des poursuites
pénales pour faire observer sa loi.
Je comprends que la deuxième partie a été mise
là parce que, à un moment donné, si la commission
décide de poursuivre, ce n'est pas l'autre partie qui va poursuivre. Et
c'est pour cela que l'autre partie, avant d'aller en cour pour prendre les
poursuites pénales, va être obligée de demander la
permission à la commission, et c'est là que la commission va
décider si elle va le faire elle-même ou si elle va le faire faire
par un autre.
M. Gabias: Là-dessus, je suis d'accord, mais sur le Procureur
général...
M. Desaulniers: M. le Président, je dois dire qu'à ce
moment-ci, il n'est pas question de supprimer le Procureur
général ou non. Nous considérons que c'est une question
purement administrative.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): C'est le même texte
que la loi actuelle.
M. Desaulniers: Je dis qu'il y a une raison à ce
texte-là.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, je pense ça.
La raison, c'est probablement pour éviter que des poursuites futiles,
à un moment donné, soient prises par n'importe qui, qui peut se
prétendre intéressé.
M. Desaulniers: Et pour empêcher deux poursuites.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Pour empêcher deux
poursuites. Je ne crois pas, M. Massicotte, que...
M. Massicotte: Encore là, M. le Président, on parle de
délai. Cela nous oblige, si vous voulez, à faire une
requête. Supposons qu'un individu ou une compagnie ou même une
association de salariés veut prendre une poursuite. Il est obligé
de faire une requête à la commission, de demander la permission
à la commission, contestation, etc. Il peut y avoir une contestation sur
notre demande de poursuite. Enfin, nous n'insistons pas tellement, mais si une
partie intéressée à poursuivre demande à la
commission la permission de poursuivre, il peut arriver évidemment, avec
le texte qu'on a là, que l'intérêt va disparaître,
c'est-à-dire que la commission peut refuser.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Cela comporte un
ennui.
M. Fortin: Depuis que le texte est en viqueur, est-ce qu'il y a eu des
ennuis à ce sujet-là dans l'application?
M. Desaulniers: Il n'y a eu aucun ennui et, à part ça, je
suis autorisé par les deux centrales à demander que cette clause
soit maintenue et pour des raisons très sérieuses.
M. Massicotte: Lesquelles?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 130, d'accord.
13?.
M. Massicotte: M. le Président même si c'était
l'ancien texte, je trouve un peu abusif que l'on donne à la Commission
des relations du travail le pouvoir de dissoudre des associations. Vous avez,
tant du côté associations d'employeurs qu'associations
d'employés, des associations...
M. Bellemare: Un instant, si vous permettez. Oui, oui, je n'ai pas
d'objection à la question. J'ai une suggestion à faire. Il y a
des associations d'employeurs et il y a des associations d'employés qui,
par exemple, sont formées en vertu de la partie III de la Loi des
compagnies. Vous avez évidemment des syndicats qui sont formés en
vertu de la Loi des syndicats professionnels, mais, dans un cas comme dans
l'autre, leur but exclusif
n'est pas, dans bien des cas, la négociation des conventions
collectives. Nous suggérerions, du côté patronal, s'il est
prouvé devant la commission qu'une association a participé
à une infraction aux dispositions de l'article 11, que la commission
puisse annuler la certification, non pas dissoudre l'association, mais enfin
lui faire perdre son droit de représentation, parce que...
M. Johnson: Est-ce qu'il peut y avoir d'autres fins que
celle-là?
M. Massicotte: Certainement, les associations peuvent avoir d'autres
fins que la négociation de conventions collectives. Alors, il ne
faudrait quand même pas dissoudre une association qui, par incidence,
négocie une convention collective, la dissoudre pour toute autre
fin.
M. Bellemare: Surtout si c'est prouvé que c'est vous qui l'avez
financée.
M. Massicotte: Vous parlez de moi qui aurais pu financer une
association?
M. Bellemare: Non, non, mais ceux que vous représentez.
M. Massicotte: Maintenant, M. le Président, nous avons aussi une
autre suggestion à faire; c'est qu'on ajoute aussi, s'il est
prouvé devant la commission qu'une association a participé
à une infraction aux dispositions du chapitre M. qu'il y ait aussi
annulation d'accréditation.
M. Johnson: M. Massicotte, est-ce qu'il y a eu plusieurs cas où
la commission s'est servie de l'article 50?
M. Massicotte: À ma connaissance, aucun. L'article?
M. Johnson: 50 de la loi.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Qui correspond à
132 de la loi actuelle.
M. Massicotte: À ma connaissance, aucun.
M. Marchand: En fait, on est en instance à l'heure actuelle
devant la commission contre certaines associations.
M. Desaulniers: M. le Président si vous le permettez. On est en
instance dans une cause actuellement et je dis que le problème a
déjà été ailleurs, dans d'autres causes où
on est en instance.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): C'est le texte actuel, en
fait, 132?
M. Marchand: C'est la seule arme qu'il y a dans la loi contre les
comités de boutique...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Contre les associations
dominées?
M. Marchand: ... dominées. Et je sais que c'est dans les
programmes habituellement des partis politiques démocratiques que les
comités de boutique soient illégaux. C'est le seul moyen de les
supprimer.
M. Massicotte: Mais, M. le Président, si vous me permettez,
l'article va plus loin que ça. Je représente ici l'association
des textiles primaires ou l'industrie des textiles primaires. Jusqu'ici il ne
s'est jamais fait de négociation dans l'industrie des textiles. Mais
supposons qu'à un moment donné, pour des raisons d'ordre
particulier, on décide, pour un certain groupe d'employeurs, d'agir
comme agents négociateurs. Il ne faudra tout de même pas
qu'à un moment donné, on soit pris et que toute notre association
disparaisse par une réglementation ou une décision de la
Commission des relations ouvrières. Je n'ai pas en vue, comme semble le
penser la partie syndicale, les comités de boutique. Cela ne me regarde
pas.
M. Desaulniers: Est-ce que je peux faire une suggestion qui va
peut-être faire plaisir à M. Massicotte? Qu'on ajoute: "s'il est
prouvé devant la commission qu'une association de
salariés..."
M. Johnson: Mais, encore là, est-ce qu'il n'y a pas
d'associations de salaries qui ont d'autres buts?
M. Desaulniers: Pour répondre à l'honorable chef de
l'Opposition, je dirai ceci. C'est qu'une association, pour être reconnue
par la Commission des relations ouvrières, ou une association reconnue
qui n'est pas accréditée par la Commission des relations
ouvrières, doit nécessairement être une association dont
l'une des fins principales, c'est la représentation pour fins de
négociation de conventions collectives de travail. Qui, mais je
comprends, si elle ne l'a pas, ce n'est pas une association au sens de la loi.
Alors, on ne peut pas la reconnaître. Si vous lisez la loi et les
définitions, la principale raison d'être de l'association au point
de vue de cette loi-là, c'est qu'elle négocie des conventions
collectives de travail. Or, si la loi considère qu'une union
dominée ne devrait pas exister, il faut non seulement dire qu'on va lui
enlever le certificat... Parce que n'oublions pas que le certificat n'a qu'un
effet, c'est d'obliaer un employeur qui ne veut pas négocier. Je parle
au point de vue de l'obligation du certificat. Mais si l'employeur
fait affaires avec une association dominée, l'aime et veut la
garder, quand même vous lui enlèveriez le certificat, elle va
continuer, cette association-là. Alors, la seule façon d'y
arriver, c'est de la dissoudre.
M. Johnson: Non, on pourrait rejoindre les deux points de vue en disant:
"Que la Commission des relations ouvrières a juridiction pour la
déclarer inhabile à représenter des employeurs ou des
employés pour fins de...
M. Desaulniers: Si vous me permettez, M. Johnson...
M. Johnson: C'est parce que là, vous intervenez dans un domaine
qui n'est pas celui de la Commission des relations ouvrières, qui est du
département du Procureur général, du Secrétaire de
la province et de la cour, comme les "scire facias" et toutes ces
patentes-là.
M. Desaulniers: M. Johnson, si vous me permettez.
M. Johnson: Vous auriez les mêmes fins dans ce
texte-là.
M. Desaulniers: Je dirais que votre proposition serait peut-être
valable pour autant qu'elle aurait l'effet que nous recherchons pour la
dissolution.
M. Johnson: Je crois qu'il y aurait moyen de faire l'effet que vous
recherchez...
M. Desaulniers: Si vous me permettez, même si vous me dites qu'une
telle association ne sera pas dissoute, mais qu'elle ne pourra pas agir au nom
des employés pour fins de négociations à une convention
collective de travail, à ce moment-là, si l'employeur continue
à négocier et à maintenir des relations avec cette
association-là, elle existe en fait. Vous ne réglez pas de
problème.
M. Fortin: Mais, M. Desaulniers, vous avez une association qui existe
depuis plusieurs années, qui a un fonds de pension, qui a des caisses de
retraite et toutes sortes de choses; qu'à un moment donné, la
commission industrielle, parce que cette association-là a commis une
infraction, la dissolve, vous ne trouvez pas que ça serait pas mal
arbitraire?
M. Renault: M. le Président ça existe dans plusieurs cas,
au point de vue pratique, dans les associations semblables.
M. Desaulniers: Un instant, si vous considérez qu'il existe, dans
une association, des fonds de pension, on a suggéré tout à
l'heure que l'on pouvait former une association en vertu de la Ille partie de
la Loi des compagnies. Rien n'empêcne les gens de former des associations
en vertu de la IIIe partie de la Loi des compagnies, mais, en autant que je
puisse comprendre cette Ille partie, il n'y a rien dans cette loi-là qui
donne le droit à une association de négocier en tant
qu'incorporée en vertu de la IIIe partie de la Loi des compagnies ayant
comme fin la négociation d'une convention collective de travail.
Si on veut vraiment former des associations de fonds de pension, qu'on
les forme selon les lois qu'on nous donne actuellement. Or, la Ille partie,
j'ai bien l'impression de m'en souvenir, ne donne pas comme loi le droit de
négocier une convention collective de travail à une association.
Ce n'est pas pour ça, la Ille partie de la Loi des compagnies. Cela n'a
pas été fait pour ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré, 132, 133?
M. Desaulniers: Est-ce qu'il y aurait possibilité que vous
disiez, à 133: "Toute association au sens de l'article 133? Parce que
vous avez trois définitions. Vous avez une association
acréditée, vous avez une association de salariés, vous
avez une association reconnue.
M. Lesage: Bien oui, mais c'est toute l'association.
M. Desaulniers: Est-ce que ça couvre les trois?
M. Lesage: Cela couvre tout, vous allez aux définitions et vous
voyez les différentes sortes d'associations.
M. Desaulniers: D'accord, je m'excuse, monsieur.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors 133, en
délibéré. 134?
M. Girouard (Jean): À la dernière ligne, on mentionne "ou
irrégularité d'une procédure". Enfin, nous nous demandons
s'il ne s'agit que d'une erreur de rédaction. C'est une erreur qui n'est
pas essentielle, d'accord. Mais est-ce que la dernière ligne voudrait
dire qu'on peut, n'importe quand, amender n'importe quelle procédure,
n'importe quelle requête ou n'importe quelle plainte ou avis? Je crois
qu'à ce moment-là, il y a lieu d'avoir un minimum d'ordre, un
minimum de formalisme.
M. Lesage: Mais la direction est dans ce sens-là, monsieur, la
recommandation de la commission d'étude du Code de procédure
civile tend dans cette direction.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Même dans le Code
de procédure civile, à plus forte raison...
M. Lesage: Plus ça va, moins il y aura de formalités.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 134 en
délibéré. 135? En délibéré. 136?
M. Desaulniers: 136. Je comprends, M. le premier ministre, que vous avez
dit que vous étiez pour voir aux dispositions transitoires.
M. Lesage: Oui, les dispositions transitoires.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Les certificats de
reconaissance, 137. 138.
M. Crête: 138, M. le Président, si vous me le permettez.
Juste une remarque qui est peut-être une simple suggestion. Dans le texte
actuel, on dit, entre autres, que les sentences arbitrales actuellement en
vigueur deviennent assujetties au présent code. Alors, je pense tout de
suite aux sentences arbitrales non exécutées en matière de
différends, en matière de conflits d'intérêts. La
sentence actuellement en vigueur n'est qu'une recommandation et, si elle est
assujettie au présent code, elle devient obligatoire. C'est la simple
remarque que je voulais faire.
M. Desaulniers: M. le Président, sur 137. Je comprends, M. le
Premier ministre, qu'encore là, les dispositions transitoires peuvent
être considérées. Vous avez, avec le nouveau code, par
exemple, des sentences de deux ans dans les services publics alors
qu'actuellement, les sentences sont d'un an. Alors, je donne un exemple. Il
faudrait orendre ça en considération.
M. Lesage: Bien oui!
M. Bellemare: D'accord.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 139. Les conseils
d'arbitrage continuent d'exister. En délibéré, 140.
M. Desaulniers: M. le Président, M. le premier ministre, avec
votre permission, est-ce que je pourrais profiter de 140 pour soulever un point
sur la question des services publics?
M. Lesage: J'aimerais mieux y revenir à la fin.
M. Desaulniers: Ah, très bien!
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 140.
M. Lesage: Dans les articles concernés.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En suspens, 140.
M. Lesage: Non, il est correct. Il n'est pas besoin... M. Desaulniers se
cherche seulement une porte d'entrée.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): 141. En
délibéré. 142, en délibéré. 143, tout
. le monde est d'accord. 143.
Une voix: D'accord.
M. Lesage: C'est le dernier point que je discuterai avec ces messieurs
tantôt.
M. Marchand: Ah! On est d'accord sur 143.
M. Lesage: Oui, mais ça dépend, pas tel quel.
M. Marchand: Écoutez! On a bien travaillé...
M. Lesage: L'ouvrage n'est pas fini. Qu'est-ce qu'on avait suspendu?
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, 115 et 119.
Une voix: Vous dites 115?
M. Lesage: Oui, et 119.
M. Marchand: M. le Président. le nouveau code prévoit la
création d'un poste d'administrateur délégué pour
les fins d'administration. En principe, il n'y a pas d'objection parce que je
pense qu'une commission comme la Commission des relations ouvrières, qui
doit siéger pour acheter une chaise ou non, en somme, pour s'occuper de
tous les problèmes administratifs, ça peut facilement être
laissé à un administrateur. Là où nous voyons une
difficulté oui est réelle, c'est que l'administrateur ne
dépende pas de la commission. Voici pourquoi. La Commission des
relations ouvrières n'est pas un tribunal de la même nature qu'un
tribunal civil. c'est-à-dire que la commission fait son enquête
elle-même avec ses propres enquêteurs. Ces
enquêteurs-là vont dépendre de l'administrateur
délégué qui, lui, dépend du ministère du
Travail. Or, il est sûr qu'on crée là un canal. Je n'ai
aucune raison de croire qu'on veuille utiliser ce canal ce façon
à influencer éventuellement la
commission dans un sens ou dans un autre.
M. Bellemare: Un grand commis...
M. Marchand: Bien, ça peut se faire et ça peut très
bien fonctionner, disons, selon le ministre du Travail et selon la
personnalité de celui qui sera nommé. Cela peut très bien
fonctionner, mais, tout de même, on établit un lien qui, à
un moment donné. peut amener des considérations d'ordre politique
au niveau des enquêtes, et je pense que ce n'est pas souhaitable. La
Commission des relations ouvrières, autant que possible, doit rester en
dehors des conflits d'ordre politique ou des idéologies politiques et
nous sommes d'accord sur ce que le gouvernement veut faire, c'est-à-dire
donner à un homme certains pouvoirs administratifs pour libérer
la commission de préoccupations par trop matérielles, Nous sommes
d'accord. Mais nous n'aimons pas beaucoup le lien qui s'établit par
l'articie en question entre le ministère et la commission.
Alors, c'est pour ça que nous voudrions amender 115, de
façon que la commission ait sous sa juridiction son personnel et amender
également 119, je crois, de manière à indiquer que
l'administrateur dépend, dans l'exercice de ses fonctions, de la
Commission des relations ouvrières.
M. Lesage: M. Marchand, je comprends votre argumentation. Mais la raison
cour laquelle nous avons cru qu'il serait bon de nommer un administrateur,
c'est que, si l'administrateur est un employé de la commission, comment
va-t-il pouvoir presser les commissaires de cesser de traîner, à
un moment donné, si les jugements tardent trop. s'il est un
employé de la commission?
M. Marchand: Oui, mais je pense qu'à ce niveau-là, M. le
premier ministre, il n'y a personne qui en voudrait au ministre du Travail s'il
disait à la commission: "Rendez les décisions comme vous le jugez
à propos, mais seulement dépêchez-vous."
Je pense que cette fin-là peut être atteinte directement
par les structures actuelles.
M. Lesage: Il y a une autre fin. Il y a la fin du contrôle de la
dépense parce que c'est la Comission du salaire minimum oui paie. C'est
la Commission du salaire minimum qui paie les dépenses.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Toutes les
dépenses de la Commission des relations ouvrières?
M. Lesage: Toutes les dépenses de la Commission des relations
ouvrières. Or, la Commission des relations ouvrières n'a pas de
compte à rendre. Si je comprends bien, elle dépense.
M. Desaulniers: M. le Président, si vous me permettez, M. le
premier ministre, c'est pour réppndre au ppint que vous avez
soulevé. Dans la Loi des relations ouvrières, c'est-à-dire
le nouveau code, vous avez établi que tous les employés de la
Commission des relations ouvrières seraient des employés du
service civil. En établissant qu'ils étaient des employés
du service civil, vous avez, à ce moment-là, réglé
le problème. Indépendamment qu'ils soient pavés par la
Commission des relations ouvrières ou par la Commission du salaire
minimum, vous avez à ce moment-là réglé le
problème, si vous voulez, des fonctions, de la classification des
fonctions et aussi des salaires, parce qu'ils deviennent des employés du
service civil.
Maintenant, le problème, M. le Président, n'est pas du
tout le fait...
M. Lesage: Il y a la Commission du service civil, mais non pas le
Conseil de la trésorerie.
M. Desaulniers: Pardon, monsieur...
M. Lesage: Le Conseil de la trésorerie...
M. Desaulniers: Oui, il y a le Conseil de la trésorerie...
M. Lesage: Non, non, il ne contrôle pas dans le cas de la
Commission des relations ouvrières, parce qu'il ne s'agit pas de
dépenses budgétaires.
M. Desaulniers: Là, je comprends, mais, par la Commission du
service civil, M. le premier ministre, vous avez nécessairement le
contrôle des classifications.
M. Lesage: C'est-à-dire non, la Commission du service civil
l'a.
M. Desaulniers: C'est-à-dire, c'est ça que je dis. Je dis
par la Commission du service civii.
M. Lesage: Ce n'est pas moi qui l'ai dit.
M. Desaulniers: Non, j'ai dit que la Commission du service civil a
actuellement le contrôle des classifications.
M. Lesage: Oui, très bien, mais ce n'est pas la Commission du
salaire minimum...
M. Desaulniers: C'est elle qui paie.
M. Lesage: ... et la Commission des
relations ouvrières dépense larqement. Elle n'a pas de
regard sur la dépense d'argent.
M. Desaulniers: Non, non, c'est la Commission du service civil.
M. Lesage: La Commission du service civil n'a pas de regard sur la
dépense d'argent, elle a un regard sur la classification des
fonctionnaires, mais pour la dépense, quand c'est budgétaire,
c'est le Conseil de la trésorerie; et là, dans ce cas-ci, c'est
rien.
M. Desaulniers: Sur ce problème-là, M. le premier
ministre, il n'est...
M. Lesage: C'est ça, c'est ça.
M. Desaulniers: Sur ce problème-là, M. le premier
ministre...
M. Lesage: On n'a pas de contrôle sur le nombre
d'employés.
M. Desaulniers: Non, non. Que vous ayez un contrôle par la
Trésorerie ou autrement.
M. Lesage: Je ne peux pas, ce n'est pas budgétaire.
M. Desaulniers: Sur le nombre, oui, mais que vous le fassiez par la loi,
que vous indiquiez dans la loi qu'il y a un certain contrôle dans cette
loi-là ou dans une autre loi, ce n'est pas là le
problème.
M. Johnson: M. Desaulniers, je pense que le premier ministre fait un
oubli, a une distraction. Ce que la Commission du salaire minimum paie en
remboursement, on en a discuté en Chambre, ça apparaît au
budget...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Ne. faites donc pas
allusion à un débat antérieur. C'est contre les
règlements de la Chambre.
M. Johnson: Et la Chambre a tout de même eu l'occasion d'en
discuter; c'est le Conseil de la trésorerie, là, il y a un...
M. Lesage: Le Conseil de la trésorerie...
M. Johnson: Le premier ministre s'inquiète pour le Conseil de la
trésorerie, mais il y en a plusieurs qui s'inquiètent du Conseil
de la trésorerie.
M. Lesage: C'est moi qui en suis Président et je ne m'en
inquiète aucunement.
M. Johnson: Il y a beaucoup de gens qui s'en inquiètent.
M. Lesage: Je vous garantis qu'il a bien moins de gaspillage que dans
votre temps.
M. Johnson: M. le Président, ça, c'est un autre
débat.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je crois que ça
nous amènerait à une discussion bien longue, le problème
de la trésorerie.
M. Desaulniers: Ce n'est pas du tout mon intention, d'ailleurs, de me
mêler de ce point, parce que ce n'est pas de mes affaires. Ce que je veux
discuter devant vous, c'est le point suivant: La commission des relations
ouvrières est un organisme qui n'est pas du tout comparable à une
cour de justice et ce n'est d'ailleurs tellement pas comparable à une
cour de justice qu'on en a fait une commission administrative. Or, dans
l'exercice de ses fonctions, une commission administrative peut avoir deux
rôles, un rôle administratif et un rôle judiciaire. Or, dans
l'exercice de ce rôle administratif et, en certaines circonstances, dans
l'exercice de son rôle judiciaire, il faut absolument qu'elle aille dans
la direction de ceux qui accomplissent l'ouvrage pour elle. Entre autres, je
dis que, lorsque la commission fait son enquête, c'est son enquête;
par conséquent, la commission doit être en mesure de diriger les
gens qui font l'enquête, et je pense que, si la commission veut vraiment
que ça constitue sa propre enquête, il faut qu'elle ait la
direction complète de ceux qui vont faire l'enquête.
M. Fortin: Par les règlements de la commission, par les
règlements de régie interne que la commission va établir,
elle pourrait décider que la décision d'une enquête sera
faite par le président.
M. Desaulniers: On peut faire des règlement, mais vous ne
réglerez pas le problème en faisant des règlements parce
que, si je comprends bien votre loi, la direction complète est
donnée à un administrateur, la direction des employés. La
raison qui me permet de vous suggérer que c'est l'administrateur qui a
la direction des employés, c'est que, dans l'ancien article, la
commission avait le droit de faire des règlements concernant la
direction de ses employés et on le lui a enlevé par le nouveau
texte; c'était dans l'ancienne loi. Alors, si on le lui a enlevé,
c'est parce que...
M. Lesage: M. Desaulniers, cela a été fait pour
décharger la commission, pour qu'elle puisse aller plus rapidement dans
ses décisions, pour qu'elle soit charqée du travail judiciaire,
semi-judiciaire, et que la routine, la cuisine comme on l'appelle, soit
laissée à
un administrateur.
M. Desaulniers: M. le premier ministre, si vous me permettez, je crois
qu'il faudrait que vous compreniez que je ne veux pas qu'il n'y ait pas
d'administrateur. Il faut un administrateur. Mais entre le fait d'avoir un
administrateur qui ne dépend pas de la commission et d'avoir un
administrateur qui dépend de la commission, ce sont deux choses
différentes; qu'ils aient besoin d'un administrateur pour
décharger la commission de certains problèmes administratifs, on
est d'accord sur ça. Mais ce n'est pas nécessaire, parce qu'on a
un administrateur, qu'il soit en dehors de la direction de la commission. Vous
pouvez avoir un administrateur qui va décharqer la commission, si c'est
le but que vous voulez atteindre, mais est-ce que, parce qu'il serait sous la
direction de la commission, il ne ferait pas l'ouvrage que vous voulez qu'il
fasse?
M. Lesage: Nous avons eu une expérience dans un autre cas qui
nous a amenés à cette solution, dans le cas de la Régie
des alcools.
M. Desaulniers: Si vous me permettez, je crois que je pourrais
peut-être faire une distinction avec la Régie des Alcools.
M. Lesage: Non, non.
M. Desaulniers: Parce qu'en somme, comme commission administrative, la
Régie des alcools, au point de vue du travail qu'elle fait, ce n'est pas
du tout la même chose que la commission; elle ne fait pas d'enquête
d'accréditation, etc.
M. Lesage: Mon.
M. Desaulniers: Bon, alors c'est différent.
M. Lesage: Dans le cas de la Régie des alcools, de la partie
commerce, de la partie émission de permis, suspension de permis.
M. Desaulniers: Tout ce que je veux vous présenter, et je
termine, M. le premier ministre, c'est ceci: Si le gouvernement, et avec
raison, considère la nécessité d'un administrateur, qu'il
en nomme un dans la loi; nous considérons que c'est très bien de
le faire. Mais s'il nomme un administrateur, qu'il n'enlève pas à
la commission la direction de ses employés; parce qu'il y a un
administrateur, ça n'empêchera pas l'administrateur de faire
l'ouvrage qu'ii doit faire parce qu'il est sous la direction de la
commission.
M. Lesage: On va examiner ça.
M. Johnson: M. Desaulniers, vous ne pouvez pas le dire, vous, mais nous
autres on peut le dire, dans l'Opposition. Les mauvais effets que vous
anticipez pour la Commission des relations ouvrières, nous autres, on
prétend qu'ils existent, qu'ils commencent à exister avec
l'expérience que le gouvernement a faite à la Régie des
alcools, et ça c'est une question de discussion entre les deux.
M. Lesage: Je regrette, vous allez entendre parler de ça.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Je ne crois pas que l'on
puisse...
M. Desaulniers: M. le Président je ne veux pas entrer dans le
débat. Simplement, je peux vous dire ceci: c'est que j'ai une
expérience de la commission - je m'excuse de parler de moi - j'ai une
expérience de la commission depuis 1944, alors qu'elle a commencé
à exister. Et je vous dis qu'il est excessivement dangereux dans la loi,
et je parle de mon expérience passée, de donner toute ouverture
d'intrusion dans la Commission des relations ouvrières; et je peux ici
affirmer que, depuis 1961 ou, disons, 1960, je peux affirmer ici qu'en aucune
circonstance, la Commission des relations ouvrières n'a accepté
ou n'a été influencée politiquement. Et je fais cette
déclaration et je veux la faire; tout ce que je demande, c'est que cette
situation, que je considère vraiment quelque chose de valable dans notre
société, je veux qu'elle continue.
M. Lesage: Vous ne voulez pas qu'on prenne un risque quelconque.
M. Desaulniers: C'est ça, et je crois que c'est excessivement
sérieux avec les expériences Dassées, M. le premier
ministre, que j'ai eues personnellement.
M. Lesage: Alors, en délibéré. Alors, M.
Desaulniers, vous m'avez demandé de revenir aux articles 82 et
suivants.
M. Desaulniers: M. le premier ministre, je comprends que, pour le
moment, sur la question des services publics, il y a eu des suggestions; je
comprends que vous allez décider si, oui ou non, les suggestions qui
vous ont été faites vont être acceptées et je ne
veux pas entrer dans tous les détails. Simplement, je veux vous dire
ceci: Comme représentants des centrales syndicales qui
représentent un groupe considérable d'employés de services
publics, nous considérons, pour le moment, qu'en dehors des
catégories d'employés d'hôpitaux, d'employés
appartenant aux commissions scolaires, le problème n'est pas le
même, et je me souviens de votre mot, M. le premier
ministre, il n'y a pas de subvention. A ce moment-là, je crois
qu'on peut dire que le problème n'est pas le même, du moins quant
à la pensée du gouvernement exprimée au cours des
débats devant ce comité. C'est donc, si on veut - la loi,
d'ailleurs, nous saute aux yeux à ce moment-là - au point de vue
des problèmes fondamentaux que votre gouvernement doit rencontrer.
À ce moment-là, je me permets - et je suis autorisé
à le faire - de vous dire que, quant aux services publics qui ne sont
pas dans la catéqorie des hôpitaux et des employés de
corporations scolaires, nous désirons que le statu quo continue, ce qui
existe présentement, les arbitrages dans les corporations municipales:
le président est nommé par le ministre, chaque partie nomme ses
représentants.
M. Lesage: Vous voulez le statu quo, même si nous crpyons, nous,
que pour ce qui est des cas des commissions scolaires et des hôpitaux,
où il y a évidemment une difficulté que nous reconnaissons
tous, nous gardions le statu quo, et quoi que nous fassions de spécial,
nous ne le fassions que dans le cas des hôpitaux et des commissions
scolaires.
M. Desaulniers: C'est ça, c'est notre suggestion. Nous
considérons, si vous me permettez...
M. Lesage: M. Lapointe, vous concourez?
M. Lapointe: Je concours entièrement, M. le premier ministre.
M. Desaulniers: Merci beaucoup, M. le premier ministre et M. le
Président.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Messieurs, avez-vous
autre chose? M. Matteau?
M. Dumesnil: Mémoire de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec. M. le Président,
messieurs les membres, la fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec a l'honneur de soumettre à votre attention
la question suivante: 1 Lorsqu'une commission scolaire et une association
représentant les instituteurs discutent relativement à un orojet
de convention collective, elles discutent nécessairement sur un projet
donné comportant l'offre et la demande des parties respectives. L'offre
comprend les salaires offerts et demandés de même que des clauses
dites mécaniques. 2 Advenant la rupture des négociations, les
parties vont en arbitrage. Il arrive presque toujours que, devant le conseil
d'arbitrage, l'association présente un projet tout à fait
différent de celui sur lequel le différend s'est
élevé et, dans ce projet, la demande syndicale est toujours
supérieure quant aux salaires. 3 Ceci place la commission scolaire dans
un très grand désavantaqe vu qu'elle est liée par son
offre constituant un document public et apparaissant dans ses registres, et
déplace le problème puisqu'on se présente devant un
conseil d'arbitrage avec une affaire entièrement nouvelle n'ayant jamais
fait l'objet de négociations et ne pouvant être un
différend. 4° Le tribunal d'arbitrage se trouve saisi d'une affaire
qui n'est pas un différend puisque le différend était sur
un projet qui ne lui est pas soumis et dpnt, d'après deux
décisipns arbitrales (Baie-Comeau et Magog), il ne peut prendre
connaissance. Le différend réel se situe là où la
négociation a cessé et le tribunal ne peut en prendre
connaissance puisqu'il ne lui est pas soumis.
Nous vous prions, en conséquence, d'ajouter à l'article 69
un alinéa décrétant que le conseil ou le tribunal
d'arbitrage ne pourra prendre connaissance et ne pourra être saisi que
des projets et contre-projets en présence des parties au moment de la
rupture des négociations et sur lesquels les négociations se sont
rompues.
Notes de l'arbitre patronal dans Baie-Comeau et Magog. Pour qu'un
tribunal d'arbitrage soit constitué, il faut préalablement qu'il
y ait mésentente entre les parties intéressées, donc,
différend. Ce différend prend sa source d'un désaccord sur
un ou des sujets en discussion. Pour qu'il y ait désaccord,
mésentente ou différend, il est absolument nécessaire,
c'est la logique même, que les deux parties soient au courant des faits
qui ont suscité le litige qui a abouti au tribunal d'arbitrage.
Or, il advient que les syndicats, par leurs procureurs, lorsqu'ils
présentent leur requête à un tribunal d'arbitrage,
modifient sur plusieurs points, échelle de salaires, avantages sociaux,
etc., la demande antérieure soumise à la commission scolaire.
Peut-on prétendre à ce moment qu'il y a un
différend sur les faits nouveaux soumis au tribunal d'arbitrage alors
que la commission scolaire n'a même pas été informée
des nouveautés''
Le conseil d'arbitrage, par sa définition même, doit
prendre position et se prononcer sur les différends qui lui sont soumis
par les deux parties en cause. Ceci implique donc que les deux parties ne sont
pas d'accord sur un ou plusieurs points du contrat collectif en instance, cela
implique aussi que les deux parties connaissent à fond le projet de
contrat au sujet duquel il n'y a pas entente.
C'est là que se trouve stigmatisé le différend. Si
on ajoute au dossier connu des deux parties, il ne peut y avoir
différend parce qu'il n'y a pas mésentente, l'une des
deux parties n'étant pas au courant des faits nouveaux. Autant
dire: Ignorants, donc coupables, payez. La cause suivante.
L'on sait que toute sentence d'un tribunal d'arbitrage est
exécutoire. Si on maintient la position actuelle, on force la partie
patronale à appliquer des clauses et conditions sans avoir eu à
se prononcer ni pour, ni contre ces clauses et conditions. La commission
scolaire est liée par la sentence du tribunal d'arbitrage, qui devient
alors tribunal d'arbitrage.
En négociation, il est admis clairement que les parties en cause,
dans l'étude d'une convention, peuvent s'entendre sur certains points et
différer d'opinion sur d'autres clauses. On sait donc, de part et
d'autre, ce sur quoi il y a litige. Ce ne serait donc que sur les points
contestés que le tribunal d'arbitrage doit se prononcer, étant
donné que les autres points ont déjà été
acceptés.
Au cours des négociations, il y a toujours des concessions
admises par chacune des parties. Ces dernières doivent informer le
tribunal des détails survenus au cours de la négociation afin que
le tribunal puisse rendre jugement en toute justice et équité sur
le ou les différends survenus, en tenant compte de la position de
chacune des parties.
On pourrait souhaiter que les tribunaux d'arbitrage fassent un jour le
point et prennent en considération les faits apportés par les
commissions scolaires. Ceci aurait pour effet de contrebalancer de nombreux
jugements rendus antérieurement en faveur des syndicats pour toutes
sortes de raisons qui n'existent plus aujourd'hui.
M. Matteau: Concernant la dernière demande de M. Lapointe,
concernant l'Union des municipalités, si le gouvernement ne veut pas
inclure les municipalités avec les hôpitaux et les corporations
scolaires, nous demanderions que les présidents, les tribunaux
d'arbitrage et les arbitres soient nommés pour des mandats
déterminés et inamovibles, en ce sens qu'on ne puisse pas les
changer. En d'autres termes, nous...
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): On a modifié la
loi et vous savez pourquoi. C'est qu'à un moment donné, il y a
des unions qui se sont désaffiliéss d'une centrale et l'arbitre
était un représentant de la centrale antérieure.
M. Matteau: D'accord.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Avec la
conséquence que l'union dit: On ne peut pas qarder cet
arbitre-là, parce que je crois que nous serons obligés de le
changer, puis, pour le changer, il fallait changer la loi.
M. Matteau: Je crois, M. le Président, qu'il s'agit là
d'une exception, d'un cas d'espèce et que, le mandat étant
expiré, l'arbitre en question pouvait être facilement
remplacé. Nous demandons que ce soit pour un mandat
déterminé et inamovible pour ce terme.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Malheureusement, il y
avait deux ou trois tribunaux d'arbitrage où cette personne était
arbitre.
M. Matteau: Sans doute. C'était un cas d'espèce quand
même, M. le Président parce que c'est une désaffiliation
qui a eu lieu. C'est un cas d'exception. Ce qu'on demande, ce qu'on veut
surtout, c'est qu'il y ait une continuité dans les décisions
arbitrales, dans les villes principalement. Nous ne voulons pas que, d'une
sentence à l'autre, nous savons en présence d'un nouveau tribunal
ou d'un nouveau président qui ne tiennent nullement compte dans bien des
occasions des sentences antérieures ou de la situation antérieure
qui existait. Alors, nous croyons qu'il y a là un grave danger et nous
demandons tout au moins, si le gouvernement ne retient pas la clause actuelle,
qu'au moins les présidents soient nommés d'une façon
permanente.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Alors, vous avez encore
quelque chose, messieurs?
M. Lesage: Alors, évidemment, vous allez peut-être me
demander ce qui arrive maintenant. C'est ça? Je pense qu'on va
décider ce qui arrive, pas le décider, mais enfin avoir une
idée de ce qui peut se produire.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Oui, M. Matteau.
M. Matteau: La semaine dernière. lors d'un ajournement, j'ai
présenté une demande à l'article 27. Je pense qu'elle est
restée en suspens et je voudrais bien, avant de terminer, avoir
l'occasion d'en discuter. Je demandais qu'on ajoute à l'article 27 un
alinéa qui se lirait comme suit: "Pour les exploitations
forestières, l'industrie de la construction et pour les corporations
municipales oui exécutent des travaux ne relevant pas de leurs
opérations normales et habituelles, la commission peut, par
règlement, établir une procédure d'accréditation
approoriée au caractère temporaire ou saisonnier des
opérations de ces entreprises."
A l'article 27, M. le Président, nous demanderions d'ajouter
après les mots "l'industrie de la construction" les mots "et pour les
corporations municipales qui exécutent des travaux ne relevant pas
de
leurs opérations normales et habituelles." Vous comprendrez que,
lorsqu'une ville, par exemple, décide, pour contrer le chômage, de
construire une usine de filtration ou une usine d'épuration ou
même un hôtel de ville ou un garage municipal, nous tombons,
à ce moment-là, dans ces travaux qui s'assimilent ou qui
s'apparentent aux travaux de construction; et nous ne voulons pas pour autant
que les menuisiers et les autres journaliers ou tous les autres corps de
métiers soient assujettis à la convention des employés
réguliers. Vous comprendrez que nous avons des sollicitudes
spéciales pour nos travailleurs réguliers et pour ces
travailleurs-là, je crois qu'il y aurait lieu de prévoir,
à la commission, une forme d'accréditation spéciale. Nous
ne demandons pas pour autant...
M. Lesage: Est-ce que le décret de la construction ne
règle pas le problème?
M. Matteau: M. le Président, M. le premier ministre, je pense que
le décret de la construction ne s'applique pas dans les corporations
muinicipales lorsqu'elles font des travaux semblables. Alors, nous demandons
tout simplement que la commission tienne compte de ce caractère
particulier.
M. Marchand: M. le Président, seulement un mot là-dessus.
Pour les opérations forestières et l'industrie de la
construction, leur nature même implique qu'il faut trouver une formule
nouvelle...
M. Bellemare: À cause du caractère temporaire...
M. Marchand: ... à cause de leur caractère permanent,
parce que, d'une façpn permanente, c'est une industrie qui varie et
c'est à cause de ce caractère permanent qu'il faut trouver une
procédure. Que les commissions scolaires ou plutôt les
municipalités...
M. Bellemare: Temporaire permanent...
M. Marchand: Parce que c'est permanent d'être temporaire...
M. Bellemare: Oui, c'est ça. M. Marchand: D'accord. Bon!
M. Marchand: C'est pour ça qu'il faut absolument une
procédure. Les municipalités font des travaux accidentels, mais
tous les employeurs en font; à partir de ce moment, il faudrait entrer
tous les autres, c'est un problème général. Je pense que
mettre ça dans le même article n'est pas valable. La construction
et l'industrie forestière, ce sont des types particuliers d'industrie et
ce type- là, évidemment, est permanent et c'est pour ça
qu'il y a eu un article spécial. Maintenant, que les commissions
scolaires et que les municipalités aient des travaux à un moment
donné, d'un type particulier, c'est le cas de tous les employeurs et M.
Massicotte, tout de suite, va se lever pour demander que les siens aussi soient
couverts; en tout cas, s'il ne le fait pas, je le ferai en son nom.
M. Desaulniers: M. le Président, j'aimerais simplement faire
remarquer au comité qu'actuellement une pratique est en voie de
s'établir. C'est que les corporations municipales font faire des travaux
qui étaient des travaux faits habituellement par la corporation, comme
étant des travaux normaux, font faire ça aujourd'hui par la voie
du chômage.
M. Lesage: La Loi des travaux d'hiver. M. Desaulniers: C'est
ça.
M. Matteau: Je voudrais vous faire remarquer, messieurs, qu'on
n'enlève pas le droit... C'est tout simplement une formule
spéciale d'accréditation, nous croyons qu'il s'agirait là
d'un groupe spécial d'employés qui ne peuvent pas être
assimilés au groupe homogène des employés réguliers
qui sont affectés à l'entretien des rues ou à l'entretien
des édifices publics, de la ville, ou du pavage, etc. Nous reconnaissons
ce droit quand même.
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): En
délibéré.
Fin des auditions et de l'étude du bill
M. Jean Lesage
M. Lesage: Alors, messieurs, juste un mot. Nous avons eu treize
séances. Nous avons siégé trente-trois heures. Tout a
été pris, tout a été transcrit ou va être
transcrit et nous voyons à ce que tous ceux qui sont intervenus dans les
discussions reçoivent une copie, de même que tous les
députés, les conseillers législatifs. Nous espérons
terminer la session dans un avenir pas trop éloigné. Ce serait
bien difficile, alors que nous siégeons matin, midi et soir, comme vous
savez, de ce temps-ci, bien difficile pour le Conseil des ministres de donner
à l'étude de toutes les représentations oui ont
été faites le temps nécessaire pour en arriver à
une décision quant à ce que nous devrons soumettre comme
révision du projet de loi à la Chambre. Des questions
sérieuses ont été soulevées, elles demandent
d'être étudiées avec beaucoup de sérieux et beaucoup
de prudence. Et, dans les circonstances, il faut bien que je dise que je crains
bien que le
Code du travail ne sera pas sanctionné à la fin de la
présente session. Je pense bien que vous avez, pour la plupart d'entre
vous, un peu deviné cela aussi; vous ne pouvez pas nous demander
d'être des surhommes. Nous avons eu à digérer l'immense
bagage de connaissances que vous avez acquis tous tant que vous êtes,
avec votre expérience des relations industrielles, il va falloir
étudier à tête réfléchie la transcription.
J'espère que je ne vous désappointe pas trop, mais je pense que
mes collègues autour de moi ici, y compris les collègues de
l'Opposition, réalisent bien la même chose que moi et probablement
que... Si vous avez des remarques à me faire, sur ce point, soyez bien
à l'aise.
M. Jean Marchand
M. Marchand: Voici, M. le premier ministre, en plus de remercier le
comité pour l'attention qu'il a portée à nos remarques et
même l'acceptation de nos sautes d'humeur, c'est sûr que, quand
nous sommes entrés ici, devant le projet tel qu'il était, nous
souhaitions ardemment qu'il soit remis à l'automne... Au fur et à
mesure des discussions et comme nous voyions qu'il y avait possibilité
de corriqer peut-être des choses que nous croyions fondamentales, nous
espérions que, peut-être, il y ait moyen de le passer à
cette session-ci. Nous comprenons que vous avez énormément de
travail à faire, disons que le code réglait quelques
problèmes qui, pour nous, sont très aigus et c'est pour ça
que nous aurions aimé qu'il soit adopté assez rapidement. D'un
autre côté, nous ne voudrions pas non plus qu'une urgence
irraisonnable nous amène aussi à adopter d'une façon
permanente, du moins pour plusieurs années, un code qui va régir
nos relations, disons, pendant probablement une génération.
Alors, de toute façon, même si ça nous
désappointe, et c'est sûr que ça nous désaopointe
à ce stade-ci, on comprend que vous avez besoin d'un certain temps pour
digérer tout ce qui s'est dit et même, dans certains cas, pour
tenter de comprendre ce qui a été dit. Je comprends ça.
Alors, de toute façon, nous vous remercions de votre attention. Lorsque
nous avons commencé, nous avons dit au comité que nous aimerions
avoir tout le temps voulu pour faire nos représentations. Nous vous
remercions de nous l'avoir accordé. Et même parfois, si nous en
avons abusé, c'est parce que nous sentions le besoin de donner ces
exDlications. Alors, nous remercions le comité. Quant à la
décision du gouvernement, nous ne oouvons pas en contester la sagesse,
même si...
M. Lesage: Ce n'est pas une décision. Je veux simplement vous
dire que je crains de vous désappointer.
M. Marchand: Oui, oui, mais vos craintes ont une portée assez
profonde, et nous n'en sous-estimons pas l'importance. Alors, merci, M. le
Président, M. le premier ministre et M. le chef de l'Opposition, de nous
avoir reçus de la façon dont vous nous avez reçus et nous
espérons que nos remarques, surtout du côté syndical, parce
que nous sommes plus près du bien commun, seront prises en
sérieuse considération.
M. Roger Provost
M. Provost: M. le Président, M. le premier ministre, messieurs
les membres du comité, nous tenons à vous remercier de la
patience et de l'intérêt que vous avez portés aux
représentations que nous avons faites.
Comme mon confrère de la CSN, nous avions espéré,
à un moment donné, qu'il serait possible de voir le code
promulgué à cette session-ci, mais nous réalisons, devant
les problèmes que nous vous avons posés, devant la
diversité des opinions qui ont été émises et qui
vont demander, du comité du gouvernement, de très profondes
réflexions, nous comorenons, dis-je, que même si nous sommes
désappointés, logiquement, il ne semble pas possible qu'il soit
adopté à cette session-ci.
Alors, nous vous remercions, M. le Président, M. le premier
ministre, M. le chef de l'Opposition et messieurs les membres, de la patience
et de l'attention avec lesquelles vous nous avez reçus.
M. Jean Massicotte
M. Massicotte: M. le Président, M. le premier ministre, au nom de
tous les employeurs - on m'a fait signe que je pouvais parler au nom de tous
les représentants d'employeurs - je tiens à vous remercier,
oremièrement, de l'amabilité que vous avez eue à notre
endroit en nous invitant à venir discuter avec vous et,
deuxièmement, de vous remercier aussi de votre oatience à
l'endroit tant de nos sautes d'humeur, peut-être, souvent aussi de
réoétitions, mais enfin nous avions des points importants sur
lesquels nous voulions mettre un peu d'emphase.
Nous espérons, du côté des employeurs, avoir pu
apporter une contribution réelle à la solution des
problèmes qui affectent tant de salariés et les syndicats et
nous-mêmes. Nous vous en remercions, M. le premier ministre.
M. Lesage: Messieurs, veuillez croire que nous apprécions
beaucoup vos remerciements et je ne voudrais pas que nous nous quittions sans
que je vous exprime toute mon appréciation et celle de mes
collèoues pour la collaboration que vous nous avez accordée.
Vous étiez en mesure, comme vient de
le dire M. Massicotte, d'apporter une contribution très utile
à l'élaboration d'une aussi importante législation. Vous
l'avez fait dans le meilleur esprit. N'allez pas croire que les sautes d'humeur
peuvent en quelque façon que ce soit me troubler. Je suis habitué
à l'autre côté de la Chambre et eux sont habitués
à moi. Au contraire, je trouve que les relations ont été
excellentes et nous n'avons tous qu'à nous en féliciter. Il
s'agit maintenant d'oeuvrer pour essayer de mettre le point final à
quelque chose qui ne pourra évidemment pas plaire à tout le monde
en toutes circonstances, mais qui constituera, je l'espère, un heureux
équilibre entre les intérêts opposés.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, permettez que je me joigne au
premier ministre pour remercier les resprésentants syndicaux comme les
représentants patronaux et que je pose deux précédents
aujourd'hui.
D'abord, je voudrais - ce n'est pas le premier précédent -
remercier les représentants syndicaux et patronaux pour
l'éducation qu'ils ont faite des députés, en parlant pour
moi-même, et, je crois, pour les députés de l'Opposition.
Je crois que nous vous avons une dette de reconnaissance. Vous nous avez fait
suivre un "jam session", un cours spécialisé, très
avancé, avec des experts comme professeurs qui ont semblé parler
en toute liberté. Je crois que chacun de nous, même si nous avions
de l'expérience, un comme administrateur à la cité de
Montréal, un autre comme juge et président du tribunal
d'arbitrage, un autre comme employé, membre employé du chemin de
fer et membre de l'union depuis longtemps, titre auquel il tient, je pense, et
celui qui vous parle, comme avocat des syndicats catholiques de 1940 à
1946, dans le temps que ça ne payait pas, dans le temps qu'ils n'avaient
pas les moyens de payer leurs avocats... Je voudrais vous dire quand même
que nous en avons beaucoup appris, et je crois qu'il faut féliciter le
gouvernement d'avoir pris cette initiative de faire entendre ici les
représentants des deux parties.
J'ai remarqué qu'il y avait beaucoup d'amélioration dans
les relations patronales et ouvrières depuis le temps où je m'en
occupais à titre d'avocat des syndicats. Mais il y a une chose qui n'a
pas changé: il y a un certain ton d'agressivité. Mais quand on
est dans mes fonctions et qu'on a envisaqé le premier ministre aussi
souvent que j'ai su à le rencontrer, vous êtes des enfants dans ce
domaine-là.
Et le précédent, c'est que c'est la première fois
que je passe 33 heures face au premier ministre sans qu'on se prenne aux
cheveux. Un autre précédent, c'est la première fois que
j'ai l'occasion de le faire, c'est de féliciter le ministre du
Travail.
Des voix: Très bien! Très bien!
M. Johnson: Vous voyez comme je suis sincère, M. le
Président, et comme je suis objectif, mais j'ai aimé la
manière dont vous avez conduit les délibérations. Vous
avez fait montre d'une patience que je ne vous connaissais pas ni dans
l'Opposition ni au pouvoir. Je remercie mes collègues, et mes
collègues de la droite, pour un travail qui, je le crois, sera
fructueux. On espère seulement que le gouvernement ne gâtera pas
un excellent projet de loi en maintenant certaines des prévisions,
certains des articles au sujet desquels nous nous ferons un plaisir de vous
représenter, messieurs les ouvriers, messieurs les patrons.
M. René Hamel
Le Président (M. Hamel, Saint-Maurice): Messieurs, vous vous
imaginez bien que je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce qui a
été dit. Je remercie tout le monde de sa coopération et
j'espère et je crois que nous avons fait une preuvre utile. Je crois que
tout le monde s'est rendu compte des difficultés que nous rencontrons
dans la discussion de ces problèmes qui mettent aux prises des
intérêts extrêmement puissants et qui, à certains
moments, sont difficiles à résoudre de façon juste et
équitable.
Nous allons nous efforcer de réviser le code et, comme je l'ai
dit, de faire un code raisonnable pour des gens raisonnables, conscients de
leur intérêt particulier, conscients aussi de la
responsabilité des législateurs de légiférer dans
l'intérêt public.
Messieurs, je vous remercie et nous allons ajourner le comité des
relations industrielles sine die.
Je vous remercie de votre collaboration encore une fois.