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Commission permanente des Richesses naturelles
Hydro-Québec
Séance du mercredi 9 décembre 1970
M. Roland Giroux, président de
l'Hydro-Québec
M. OSTIGUY (président de la commission des Richesses naturelles):
A l'ordre, messieurs!
Je voudrais, en premier lieu, souhaiter la bienvenue à M. Giroux,
président de l'Hydro-Québec, aux membres de la commission
hydroélectrique ainsi qu'aux membres de la commission parlementaire. Je
pense, M. Giroux, que vous avez un rapport à présenter.
M. GIROUX: Je crois que vous avez tous en main un résumé
des résultats et des principaux événements de
l'année 1969.
Si le président et les membres de la commission me le permettent,
j'aimerais vous donner un aperçu aussi bref que possible des
résultats de 1970. Naturellement, l'année n'est pas encore finie
et j'indiquerai des tendances plutôt que des résultats
précis.
Il semble que notre situation financière se trouve suffisamment
améliorée pour qu'il ne soit pas nécessaire de recourir
à une augmentation de tarifs en 1971.
Nos ventes d'énergie souscrites dans la province ont
augmenté de plus de 7 p. c. pendant les dix premiers mois de
l'année. La demande de la clientèle domestique a augmenté
de 8 p. c. et celle de la clientèle agricole, de 10 p. c.
Autrement dit, malgré l'état actuel de la conjoncture, le
marché québécois manifeste une grande vigueur.
Emprunts
M. GIROUX: En 1969, nous avons emprunté sur le marché
à long terme un total de $274 millions et le taux effectif moyen a
été de 8.63 p. c. contre 6.65 p. c. en 1967, il y a trois ans.
Cela vous donne une idée de l'ampleur de la différence. Cette
année, nos émissions à long terme forment un total
d'environ $230 millions et le taux effectif moyen s'établit à
9.67 p. c.
Je tiens à mentionner que la Caisse de dépôt et
placement du Québec continue d'être un important acheteur
d'obligations de l'Hydro-Québec; soit $47 millions en 1969 et $30
millions en 1970, au moment de la mise sur le marché de ces
émissions. La caisse, n'est-ce pas, achète souvent entre les
émissions.
Nos dépenses d'immobilisations, qui avaient été de
$320 millions en 1964, ont été de $245 millions en 1969. Cette
année, elles atteindront un total d'environ $270 millions, dont plus de
$125 millions pour le réseau de transport et $55 millions pour le
réseau de distribution. Il faut retenir que les investissements requis
dans les moyens de production se trouvent réduits par le contrat des
chutes Churchill.
Le contrat relatif aux chutes Churchill est résumé
à la page 17 de notre dernier rapport annuel. Ce contrat est des plus
avantageux. Il nous assure un prix de revient inférieur au prix que nous
aurait coûté la même quantité d'énergie
obtenue de toute autre source.
Comme vous le savez, la négociation de cette entente nous a
fourni l'occasion de porter à 34.2 p. c. notre part des actions de la
Churchill Falls (Labrador) Corporation.
Pour 1970, notre programme de construction prévoyait que trois
seulement des huit groupes de la centrale de Manic 5 seraient mis en service.
Or, il nous sera possible de faire démarrer non pas trois, mais cinq
groupes. Cela veut dire qu'un total de 810,000 kilowatts s'est ajouté au
réseau.
Centrale nucléaire
M. GIROUX: La centrale nucléaire de Gentilly sera mise en service
au début de 1971. La première réaction en chaîne
s'est produite le mois dernier d'une façon satisfaisante. Maintenant, on
augmentera graduellement la puissance jusqu'à ce qu'il soit possible de
faire tourner la génératrice.
La centrale de Manic 3 a été mise en chantier le printemps
dernier. L'Hydro-Québec agit comme entrepreneur général
et, comme d'habitude, nous avons recours aux entrepreneurs pour certaines
tâches spécialisées.
La centrale Manic 3 aura une puissance de 1,176,000 kilowatts et elle
sera mise en service en 1975 et 1976. La construction donnera jusqu'à
2,500 emplois en 1973 et, en ce moment, plus de 700 hommes sont au travail.
Nouveaux projets
M. GIROUX: Quant aux futures mises en chantier, il s'agit de choisir les
moyens de production les moins coûteux pour répondre à
l'augmentation des besoins après 1976. Nos services étudient
l'aménagement de la baie James, un projet de centrale à
réserve pompée, le projet d'Outardes 2 et divers projets de
centrales thermiques ou nucléaires.
Aucune décision n'a été prise encore entre ces
différents projets, mais certaines décisions devront être
prises avant la fin de 1971.
De 1977 à 1985, on prévoit que la demande du réseau
provincial passera de 15 à 28 millions de kilowatts.
Etant donné que notre puissance installée augmente en
moyenne d'un million de kilowatts par année, il va sans dire que les
réseaux de transport et de distribution doivent subir une expansion
correspondante.
Il y a quelques jours, nous avons mis en service la ligne de 735,000
volts qui va de
Micoua jusqu'au poste des Laurentides, près de Québec, une
distance de 250 milles. Cette ligne a été endommagée dans
la semaine du 9 novembre 1969 par le verglas. Vous trouverez des détails
à ce sujet dans le document intitulé "Rapport du Comité
d'étude sur la reconstruction de la ligne Micoua-Laurentides". Nous
avons actuellement 933 milles de lignes à 735 kv en service, qui ont
coûté $190 millions et en voie de réalisation, 966 autres
milles dont le coût sera d'environ $170 millions.
Un des soucis constants de l'Hydro-Québec est d'assurer la
continuité du service et d'en améliorer la qualité. En
1969, nous avons chargé un groupe de nos experts de définir les
modes nouveaux d'exploitation et de surveillance qui deviennent de plus en plus
nécessaires.
Pour assurer la bonne marche d'un réseau comme le nôtre, il
est nécessaire de prendre à tout moment des décisions
très délicates et très importantes. Ces décisions
demandent une précision et une rapidité qui, bientôt,
dépasseront clairement les capacités d'un cerveau humain.
Autrement dit, l'automatisation de certaines fonctions devient
indispensable.
Le rapport que nous sommes en train d'étudier à ce sujet
renferme des recommandations touchant les mesures à prendre pour
l'avenir immédiat, l'évolution des besoins futurs, les
économies à réaliser et le nouveau genre de
spécialistes à former.
L'Institut de recherche
M. GIROUX: Les questions techniques que je viens de soulever sont
capitales et elles servent à démontrer, en particulier,
l'importance de la recherche dans une industrie qui compte de plus en plus sur
la technique et la science pour progresser. C'est pourquoi nous avons
établi l'Institut de recherche, l'IREQ, dont les laboratoires
généraux ont été inaugurés en septembre.
L'IREQ promet d'être non seulement un centre
québécois, non seulement un centre canadien mais aussi un centre
international dans le domaine de la recherche électrotechnique. Les
travaux de recherche déjà confiés à L'IREQ par
d'autres entreprises le confirment.
Mais nous tirons déjà de l'IREQ un autre sujet de
satisfaction. Le personnel scientifique de l'institut et ses installations
serviront la cause de l'enseignement supérieur. De concert avec
l'Université du Québec, nous avons créé un nouvel
organisme qui s'appelle le Centre de recherche de l'énergie et qui,
depuis le mois de septembre, offre un programme d'études conduisant
à la maîtrise et au doctorat.
Monsieur le Président, messieurs les députés, je
vous remercie de votre attention. Nous sommes prêts, mes collègues
et moi, à répondre à vos questions.
Si, par hasard, certaines questions demandent des recherches, vous
comprendrez que nous ne pouvons pas apporter à cette commission tous les
dossiers que nous possédons à l'Hydro-Québec. Nous
répondrons par l'entremise de notre ministre en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Président, de ce rapport.
Maintenant, je pense que l'honorable député de Saint-Maurice a
une question.
M. DEMERS: Est-ce que le premier ministre...
L'énergie nucléaire
M. BOURASSA: Je voudrais remercier M. Giroux et les représentants
de l'Hydro-Québec d'être venus ce matin. On voit qu'ils conservent
leur sens démocratique. M. Giroux, vous avez mentionné dans votre
texte que vous faisiez des études sur l'énergie nucléaire.
Est-ce que vous pourriez nous dire comment progressent les travaux à
Gentilly, dans le moment, étant donné qu'il y a cette comparaison
qui est faite continuellement entre la rentabilité de l'énergie
nucléaire et celle des centrales thermiques de
l'électricité.
M. GIROUX: M. le premier ministre, premièrement, à
Gentilly, il faut comprendre que c'est ni plus ni moins ce qu'on appelle une
usine pilote; c'est seulement 250,000 kilowatts. Mais, contrairement aux autres
usines nucléaires qui ont étë construites au Canada,
celle-là, jusqu'à maintenant, donne satisfaction.
M. BOURASSA: Vous dites, contrairement aux autres?
M. GIROUX: Bien, contrairement aux autres, parce que les autres sont en
retard de deux, trois, quatre, cinq ans; plusieurs ne fonctionnent pas du tout.
Mais celle-là est construite.
Quant à celle qui a été construite par
l'Hydro-Québec pour le compte de l'Energie atomique, jusqu'à
maintenant, les résultats sont satisfaisants.
M. BERTRAND: Quels sont les autres qui existent au Canada?
M. GIROUX: L'Hydro-Ontario en a quelques-uns.
M.BERTRAND: Et ça ne fonctionne pas encore?
M. GIROUX: D'après leurs propres déclarations, mais je
n'ai pas vérifié.
M. BERTRAND: C'est un bon témoignage, si ce sont leurs
déclarations.
M. GIROUX: D'après les déclarations qu'ils
ont été obligés de faire dernièrement, avec
les prédictions de hausses de taux, qui s'accrof-traient peut-être
de 50 p. c. d'ici cinq ans, ils ont de grave problèmes avec
l'énergie nucléaire.
M. LAURIN: N'est-ce pas, M. Giroux, parce qu'ils ont des méthodes
différentes de celles employées à Gentilly?
M. GIROUX: Les méthodes sont différentes. A Gentilly,
c'est une nouvelle conception, à titre expérimental. La
première phase a été satisfaisante. Il faudra
peut-être deux ou trois ans avant que l'exploitation soit satisfaisante.
Par précaution avec l'Energie atomique, nous avons fixé un
délai de cinq ans. D'ici ce temps-là, ils auront fait leurs
preuves.
M. BOURASSA: Quels sont les projets dans le domaine de l'énergie
nucléaire? Avez-vous d'autres projets après Gentilly?
M. GIROUX: Nous étudions des projets. Ce que nous étudions
surtout, actuellement, ce sont les coûts de l'énergie
nucléaire dans les autres endroits. Naturellement, il faudrait savoir si
vous considérez l'énergie nucléaire actuelle ou
l'énergie nucléaire en 1980.
M. BOURASSA: Je pense qu'actuellement l'utilisation de l'énergie
nucléaire est assez limitée...
M. GIROUX: Elle correspond à nos besoins.
M. BOURASSA: ... mais nous pouvons comparer le coût dans dix ans,
par exemple.
M. GIROUX: Selon des normes américaines et selon nos propres
études, le coût dans dix ans variera entre 9.5 mills et 10
mills.
M. LESSARD: Est-ce comparable au coût de l'énergie
hydro-électrique comme telle?
M. GIROUX: C'est un peu plus cher. M. LESSARD: De combien à peu
près?
M. GIROUX: Nous sommes à faire des études sur nos
possibilités hydrauliques, mais nous n'avons pas de chiffres. Quant
à l'énergie nucléaire, on prétend que ça
coûte 4 mills ou 4.5 mills.
M. LESSARD: Quel est le coût, par exemple, de Churchill Falls?
M. GIROUX: II devrait être livré à Montréal
à tout près de 5 mills
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Le président de l'Hydro-Québec nous a
donné ses vues sur le coût de l'énergie nucléaire.
Ce qu'il serait intéressant également de savoir, c'est ce que
l'Hydro-Québec prévoit comme besoin dans l'avenir en ressources
hydro-électriques par rapport aux ressources nucléaires, soit en
quantité ou soit dans les réserves.
Je pense, d'ailleurs, que c'est aléatoire de dire que les
coûts sont de tant et pourront, en tant d'années, être de
tant. Est-ce que l'Hydro-Québec prévoit avoir besoin d'une
suppléance de nucléaire à
l'hydro-électricité et pour quelle région, quel bassin du
Québec? Est-ce que ces besoins seront importants par rapport aux
données actuelles?
M. GIROUX: Bien...
M. BOURASSA: Le député demande si on va avoir besoin de
développer l'énergie nucléaire par rapport aux besoins;
cela revient à cela.
M. BERTRAND: Les besoins globaux et ensuite
l'hydro-électrique...
M. BOURASSA: Pour voir s'il y a une marge qui devra être
comblée par l'énergie nucléaire?
M. BERTRAND: C'est cela.
M. GIROUX: II y a toujours une marge qui doit être comblée
au point de vue économique, ce que l'on appelle l'énergie de
pointe. Actuellement, l'Hydro considère soit le thermique soit le
nucléaire comme énergie de pointe. On a dit tantôt que l'on
devrait passer de 15 à 28 millions de kilowatts dans les demandes du
réseau. Il faut nécessairement que ce soit une combinaison
d'hydraulique, de nucléaire et de thermique.
Si on ne peut pas développer, à un coût raisonnable,
l'hydraulique, il faudra se servir, comme les Américains, du thermique
et du nucléaire. A ce moment-là, on entre dans bien des
problèmes, qu'on est à étudier présentement, comme
la pollution qui viendra probablement un peu plus tard dans les questions, mais
le problème est là. Quant aux proportions directes du
nucléaire, il faut toujours se dire qu'actuellement, dans le
nucléaire du moins, on nous le dit que l'on doit prendre des
réserves de 15 p. c. à 25 p. c. pour avoir un facteur de
sécurité.
A ce moment-là, vous ajoutez au coût. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. MASSE (Montcalm): Cela répond à une question. Dans
votre réponse, vous avez mentionné un conditionnel: Si on ne peut
combler en hydro-électricité, il faudra tenir compte du thermique
et du nucléaire. Quel serait, dans votre esprit, les conditions
couvertes par "si on ne peut combler"?
M. GIROUX: Sans entrer dans les détails, mais simplement sur une
base strictement économique, au point de vue de l'homme d'affaires, si
l'hydraulique nous coûtait 12 mills et le nucléaire, 9 mills,
assurément il faudrait aller au nucléaire. Si l'hydraulique nous
coûte le même prix que le nucléaire, ma propre
recommandation à la commission serait d'aller à l'hydraulique,
parce que le prix de l'eau ne changera pas, tandis que le prix du combustible,
dans le nucléaire et dans l'huile est sujet à variation.
M. LAURIN: M. Giroux, selon les études que vous avez faites,
à Gentilly, est-ce que le prix au mill est destiné à
demeurer stable ou si, à la suite des études et des recherches
qui sont entreprises, vous entrevoyez une diminution?
M. GIROUX: On n'a pas assez d'expérience, M. Laurin, pour
établir un prix sur ce que va coûter Gentilly. On pourrait arriver
à je ne sais pas... peut-être même à $120 millions au
départ. C'est un projet prototype pour lequel il ne serait pas
honnête de faire des estimations. Mais si on procède comme il faut
à une usine comme celle de Gentilly, la deuxième phase serait
probablement une usine de 500 à 600 mégawatts, mais avant de
faire ça, l'Energie atomique du Canada verra probablement à
s'assurer que le nouveau procédé fonctionne mieux que les
autres.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. Giroux, la rumeur voulant que l'énergie
nucléaire soit un facteur de pollution est-elle fondée?
M. GIROUX: Je n'ai aucune raison de croire que ce soit fondé dans
le moment au point de vue de la pollution de l'air, mais dans le système
de refroidissement...
M. DEMERS: Le rejet.
M. GIROUX: ... la pollution, n'est-ce pas, indirecte...
M. DEMERS: On serait dans un drôle de cercle vicieux si, pour
sauver l'hydraulique, le nucléaire venait nous le contaminer.
M. BERTRAND: II faudrait éviter cette pollution.
M. GIROUX: II le faudrait probablement. C'est pourquoi, dans la majeure
partie des mesures actuelles, la commission comme telle considère
surtout des possibilités hydrauliques.
M. BOURASSA : Pour dix ans au moins. M. GIROUX: Pour dix ans au
moins.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Giroux, selon le rapport que nous a fait en
Chambre le ministre des Richesses naturelles, la centrale de Gentilly aurait
coûté $120 millions. De ces $120 millions combien ont
été assumés par le gouvernement central en vertu des
ententes?
M. GIROUX: Pour ce qui est du coût, le gouvernement central en
absorbe la majeure partie. Naturellement, nous n'avions pas de techniciens, ce
qui entraîne des frais de techniciens. Nous avons actuellement aux
études une trentaine de techniciens qui depuis trois ou quatre ans se
perfectionnent. Il va falloir augmenter ce nombre et avoir encore plus de
techniciens qui seront prêts à prendre en main l'exploitation et
la construction à l'avenir. Actuellement, pour le gouvernement central
et pour l'Hydro, le tout revêt un peu la forme d'un prototype. Vous avez
donc énormément de frais et de dépenses qui sont pour des
études.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, est-ce que vous êtes capable de
nous dire exactement quelle a été la part du gouvernement
central?
M. GIROUX: Oui, on peut dire exactement...
M. BOURASSA: Vous dites la majeure partie, est-ce 80 p. c. ou 60 p. c?
C'est ce que demande le député.
M. GIROUX: On peut résumer le contrat. Vous avez ces
chiffres?
M. BOURASSA: Cela a été rendu public il y a trois ou
quatre ans, je pense, l'entente pour la construction de la centrale. Est-ce que
le fédéral n'assumait pas le coût de la construction?
M. BERTRAND: II en assumait le coût; maintenant, il s'agit de
connaître...
M. GIROUX: Actuellement, on me dit que c'est 95 p. c.
M. BERTRAND: ...ce coût-là, c'est la question de mon
collègue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la question qui a été
posée en Chambre et le ministre avait dit alors, le 19 novembre, que les
représentants de l'Hydro nous donneraient les chiffres exacts de la
participation en argent du gouvernement central.
M BOURASSA: C'est combien? Vous dites 80 p. c?
M. GIROUX: On peut donner l'explication.
M. BOURASSA: Quatre-vingt-quinze pour cent?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre ne devrait pas
suggérer les réponses.
M. BOYD: Jusqu'à maintenant, l'Hydro-Québec s'est
engagée à fournir le terrain et certains aménagements qui
vont avec le terrain. L'entente avec le fédéral, c'est que, si
l'Hydro-Québec est assez satisfaite du fonctionnement de Gentilly pour
l'intégrer à son réseau, il y aura partage des
coûts. C'est-à-dire que l'Hydro-Québec ne paiera pas plus
pour Gentilly que le coût équivalent d'une centrale thermique
conventionnelle. Alors, on peut estimer que l'Hydro sera appelée
à payer environ la moitié du prix, mais seulement si elle est
satisfaite du bon fonctionnement de la centrale.
En d'autres mots, si la centrale n'était pas un succès,
nous serions en position de ne jamais l'acheter, c'est-à-dire de ne
jamais la payer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, si elle fonctionnait comme vous
l'espérez?
M. BOYD: Ce sera environ la moitié du coût.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le partage des coûts sera
cinquante-cinquante.
M. BOYD: Environ la moitié des $120 millions serait à nos
frais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): S'agit-il du coût d'exploitation ou de
construction en même temps?
M. BOYD: Une fois que nous l'aurons acquise, les frais d'exploitation
seront entièrement à nos charges.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le coût d'exploitation serait à
vos charges, une fois la centrale acquise. Mais le coût de construction
serait partagé de quelle façon?
M. GIROUX: II n'est pas partagé. Actuellement, tout est à
la charge du fédéral. Dans cinq ans, si c'est satisfaisant, il y
a une base établie qui compte les kilowatts produits par moyen thermique
conventionnel. Par exemple, dans notre cas, pour l'usine thermique que nous
avons à Tracy, on a établi le coût d'un kilowatt, et ils
ont tant de kilowatts; donc, on paie la capitalisation là-dessus.
L'avantage, c'est que ce sont des travaux qui ont duré trois à
quatre ans, où on n'a aucune charge d'intérêt à
absorber et, pendant cinq ans, c'est l'énergie atomique qui paie, qui
supporte le coût.
Alors, à ce point de vue-là, c'est une
économie.
M. BERTRAND: Est-ce que vous voulez dire que tout le financement a
été fait par le fédéral?
M. GIROUX: Nous avons fourni le terrain.
M. BERTRAND: Vous avez fourni le terrain.
M. GIROUX: Le terrain.
M. BERTRAND: C'est tout?
M. GIROUX: Et du personnel qui...
M. BERTRAND: Et du personnel dont vous parliez tantôt.
M. GIROUX: Mais une partie de ce personnel-là a été
utilisé, par exemple, dans la construction. Mais il y a une partie du
personnel qu'il était à notre avantage de perfectionner dans ce
domaine-là. C'est nouveau, tout de même.
M. BOYD: Nos coûts exacts, jusqu'à présent, M.
Bertrand, sont de $4,385,000. Cela comprend le terrain et certaines autres
dépenses connexes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourriez-vous répéter le
chiffre?
M. BOYD: C'est de $4,385,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, vous avez parlé de coût
de production d'énergie hydroélectrique et de coût de
production d'énergie nucléaire. Quel est le coût de
production de l'énergie thermique?
M. BOYD: Thermique? M. BACON: Oui.
M. BOYD: Cela dépend de quel moment vous voulez parler. En 1980
ou actuellement?
M. BACON : Actuellement.
M. BOYD: Actuellement, cela peut être entre 6 mills ou 7
mills.
M. GIROUX: Dépendant de l'usage.
M. BOYD: L'usage. C'est une réponse qu'il faut préciser.
Cela dépend de la grosseur de la centrale ou de quel combustible on
emploie. Est-ce que c'est du mazout avec pourcentage normal de soufre ou
...
M. BACON: Qu'est-ce que vous utilisez, à l'heure actuelle, comme
combustible?
M. BOYD: C'est du mazout avec 3 p. c. de soufre. Le coût de la
centrale de Gentilly, c'est d'environ entre 6 mills ou 7 mills.
M. DEMERS: Vous avez parlé...
M. BACON: De Tracy.
M. BOYD: De Tracy, excusez-moi.
M. DEMRS: M. Boyd, vous avez parlé d'une extrapolation pour 1980.
Est-ce que vous l'auriez?
M. BOYD: Oui. C'est environ le même prix qu'on a mentionné
pour le nucléaire: 9 1/2 mills, 10 mills ou 10 1/2 mills.
M. BACON: Est-ce que le progrès des coûts est plus
élevé dans le nucléaire que dans le thermique?
M. BOYD: Si le progrès des coûts est...
M. BACON: L'accroissement des coûts, est-il plus
élevé dans le cas du thermique que dans le nucléaire ou
vice versa?
M. BOYD: C'est très difficile à préciser. Dans le
moment, vous avez certainement vu dans les journaux la grande difficulté
qu'ont les Américains à se procurer du gaz, de l'huile, du
mazout, du charbon. Tout va dépendre comment ces problèmes vont
se résoudre. Mais l'ascension des coûts du combustible aux
Etats-Unis est quelque chose de fantastique.
M. BACON: En fait, l'accroissement des coûts est moins
prononcé dans le cas de l'hydro-électrique que par rapport aux
deux autres.
M. BOYD: C'est notre impression.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il y a six ou sept
projets expérimentaux d'énergie nucléaire en Ontario et
qu'il n'y en a qu 'un seul au Québec?
M. GIROUX: Je pense bien que les gars de l'Ontario aimeraient bien
connaître la réponse.
M. BACON: C'est pas mal plus dispendieux.
M. GIROUX: Ils ont démarré, dans ce projet-là,
comme tout le monde a démarré dans les projets dits
nucléaires. Ils étaient obligés de faire soit du thermique
ou du nucléaire, ils ont opté pour le nucléaire pour faire
progresser ces projets-là. Alors, naturellement, ils ont subi tous les
coups des mauvaises expériences.
M. LAURIN: Mais est-ce que ce serait dû à la pénurie
qui se manifestait en Ontario au point de vue de l'énergie
hydro-électrique?
M. GIROUX: Oui, ils n'en ont pas du tout. Ils n'ont plus de
rivière.
M. LESSARD: Est-ce qu'on peut dire qu'étant donné qu'ils
ont commencé avant nous de ce côté-là, qu'ils sont
en avance sur nous, avec le projet de Gentilly...
M. GIROUX: Non, le projet de Gentilly, comme je vous l'explique, c'est
un prototype. Mais actuellement, quel que soit le mode dont vous vous servez,
celui qui construit actuellement devient automatiquement en avance grâce
aux productions anciennes.
Je crois qu'il y en a une qui a trois ans de retard; l'autre est
promise, mais a déjà 18 mois de retard. Alors, c'est une question
de retard.
Quand vous avez des coûts de $500 millions à porter et que
vous êtes automatiquement trois ans en retard, vous ajoutez $150 millions
sur le coût, au taux d'intérêt que nous avions l'an dernier.
Et cela à intérêt simple.
M. LAURIN: M. Giroux, vous dites dans votre rapport que, de 1977
à 1985, on prévoit que la demande du réseau passera de 15
millions à 28 millions. Actuellement, y a-t-il un excédent de la
production sur la demande? Est-ce qu'on exporte de l'énergie
hydroélectrique? Si oui, comment et quelles sommes cela
rapporte-t-il?
M. GIROUX: Actuellement, nous avons un contrat avec l'Hydro-Ontario et
nous avons eu l'autorisation d'exporter. Je crois que, pour les huit premiers
mois de l'année, cela a rapporté quelques chose comme quelque $7
millions. Dans le fond, on ne peut pas considérer ça comme un
profit. On le comptabilise comme un profit. Ce supplément
d'énergie aurait pu servir à d'autres fins. On aurait pu, par
exemple, faire remonter les réserves d'eau, mais, comme on avait
beaucoup d'eau, on a opté pour la vendre, ce qui nous aide à
récupérer.
M. LAURIN: Et, pour l'année, c'est $100 millions?
M. GIROUX: Peut-être pas pour l'année, mais, pour le total
des cinq ans, c'était estimé à $120 millions, je
crois.
M. LAURIN: Pour l'Ontario? M. GIROUX: Pour l'Ontario?
M. LAURIN: Et pour le Nouveau-Brunswick?
M. GIROUX: C'est $25 millions. M. LAURIN: C'est $25 millions. M. GIROUX:
C'est plus petit. M. LAURIN: Oui.
M. LESSARD: Selon ce que disait, l'an dernier, M. Boyd à la
commission, il y aura un exécédent de puissance qui passera de
275,000 kilowatts en 1976 à 11 millions de kilowatts en 1983. Si on
estime que, par exemple, la construction du projet de Churchill Falls exigera
dix ans, que c'est vers 1976 que commencera à fonctionner Manic 3, cela
veut donc dire que les décisions devront être prises prochainement
concernant l'énergie nucléaire ou la baie James. Alors, est-ce qu
'on prévoit prochainement prendre des décisions à ce
sujet?
M. GIROUX: Prochainement, non.
M. LESSARD: On disait par exemple, en janvier, l'an dernier.
M. GIROUX: Je ne crois pas. Mais disons à la fin de 1971.
M. LESSARD: A la fin de 1971.
Projet de la baie James
M. LAURIN: Pour faire suite à cette question, M. Giroux, est-ce
que les études de rentabilité du projet de la baie James sont
assez avancées? Pouvez-vous nous donner une idée des perspectives
qui se dessinent dans ce domaine?
M. GIROUX: Dans le projet de la baie James, non. Les études ne
sont pas assez avancées. Actuellement, c'est une question de
contrôler des coûts. Jusqu'à maintenant, nous avons
dépensé tout près de $9 millions en études. Il y a
$7 millions à dépenser. Il faut remettre ces chiffres à
jour.
M. LAURIN: A quel moment pensez-vous être en mesure non pas de
prendre une décision, mais d'avoir une opinion?
M. GIROUX: Nous espérons avoir une opinion en 1971.
M. LAURIN: Au cours de 1971. M. GIROUX: C'est cela.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. BOURASSA: Si vous me le permettez, cela enchaîne très
bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi de même. C'est le même genre
de question, M. le premier ministre. Etes-vous en mesure, M. Giroux, de nous
dire s'il y a actuellement un projet pour la baie James qui doit
démarrer incessamment, comme l'a déclaré
publiquement...
M. BOURASSA: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... un ministre du gouvernement?
M. BOURASSA: C'est faux, M. le Président. Je veux rétablir
les faits en vertu de l'article 271.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je regrette
infiniment. J'invoque le règlement mon tour. Il y a eu une
déclaration du ministre de l'Education, expert en énergie
hydro-électrique, qui a affirmé que le projet de la baie James
démarrerait incessamment.
Je pose donc la question à M. le président de
l'Hydro-Québec afin de savoir si tel est le cas.
M. BOURASSA: II n'y a pas eu de telle déclaration, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a eu une telle déclaration. Elle
n'a jamais été niée par votre gouvernement.
M. BERTRAND: Et votre ministre a déclaré: Peut-être
que j'aurais mieux fait de retenir ma langue. Mais il était trop tard,
sa langue était sortie.
M. DEMERS: C'est près de la langue.
M. BOURASSA: II a parlé d'une hypothèse de
financement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous attendons la réponse de M. le
président de l'Hydro-Québec.
M. BOURASSA: Je vais poser une question supplémentaire qui va
peut-être permettre de donner la réponse au député
de Chicoutimi. Vous parliez tantôt des coûts très
élevés pour l'énergie nucléaire d'ici dix ans et
des dangers de pollution dans le cas des centrales thermiques. Alors, sur quoi
se portent précisément vos études de rentabilité?
Si le nucléaire coûte trop cher pour une période de dix
ans, si les besoins vont être considérables, s'il y a un
problème de pollution ou de coût d'exploitation même avec
les centrales thermiques, parce que même si les
investissements sont plus bas que dans le cas de
l'électricité les coûts d'exploitation sont très
élevés, vos études de rentabilité, sur quoi
portent-elles dans le cas du projet de la baie James? Est-ce que cela ne
devient pas plus ou moins nécessaire dans le contexte actuel?
M. GIROUX: Dans le contexte actuel, on étudie le projet de la
baie James comme une question purement hydraulique. C'est un projet hydraulique
qui doit coûter $3 milliards. Il y a plusieurs variantes à
étudier dans un tel projet. L'idée de la commission,
actuellement, est d'essayer d'arriver à un projet qui nous permettrait
de rendre la baie James rentable.
A ce stade-ci, la commission n'étudie pas les autres
possibilités, qui sont du domaine du comité
interministériel, à savoir qu'on doit aider, qu'est-ce que
ça fait à la coupe de bois et ces choses-là. Actuellement,
l'Hydro-Québec étudie le projet comme un projet hydraulique. Elle
fera rapport au gouvernement quand elle sera prête à faire une
recommandation et automatiquement, graduellement, les membres du génie
de l'Hydro tiennent au courant le comité ministériel. Pour vous
donner une idée de l'ampleur de l'aménagement les bassins sont
l'équivalent de la moitié de la grandeur de la France. Nous
allons donc changer deux ou trois épinettes de place.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais une question
additionnelle. Je reviens à la question initiale que j'ai posée.
Compte tenu de ce que vous avez dit, M. Giroux, au stade actuel de vos
recherches et de vos études, vous ne pouvez pas nous dire que ce projet
va démarrer incessamment?
M. GIROUX: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. LAURIN: Avez-vous déterminé le nombre total de
kilowatts possible pour l'aménagement de tout le bassin?
M. GIROUX: Dix millions. Maintenant, est-il économique
d'aménager tous les dix millions? C'est ce à quoi nos gens
s'appliquent actuellement...
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Abitibi-Est.
M. TETREAULT: Vous nous disiez tout à l'heure que
l'Hydro-Québec faisait des études sur la région de la baie
James. Il y a cinq, six ou sept ans, il y avait trois cents employés de
l'Hydro-Québec dans cette région. Pourriez-vous me dire ce qu'ils
faisaient alors, dans cette région?
M. GIROUX: Ils étudiaient les rivières. Ils
étudiaient toutes les possibilités. Si vous prenez un projet qui
peut avoir une ampleur de $2 milliards et demi ou $3 milliards prenez le
chiffre que vous voulez, je ne le sais pas plus que vous il faut dix ans
pour l'étudier.
M. TETREAULT: Dans le moment, on continue donc l'étude qui a
été commencée...
M. GIROUX: Une partie des études se fait sur le terrain et,
après cela, il faut penser que l'Hydro-Québec a aussi subi en
1968, en 1969 et en 1970 un régime d'austérité, en ce sens
qu'il fallait ménager.
Alors, nos budgets n'ont peut-être pas été assez
importants pour faire l'étude en bureaux, si vous voulez, des
prélèvements qui ont été faits sur le terrain.
Cette année, nous redoublons d'effort là-dessus; nous avons des
équipes qui seront là tout l'été.
M. TETRAULT: Pour aménager les rivières de la baie James,
vous avez parlé de trois ou quatre petites épinettes qu'il
faudrait enlever. Prévoyez-vous, dans l'aménagement des
réservoirs, couper le bois ou faire ce qui s'est produit dans la
région de la Manic?
M. GIROUX: C'est justement pourquoi le gouvernement a formé un
comité interministériel, c'est pour mettre les ministres au
courant. C'est au gouvernement de prendre les décisions, à savoir
ce qu'il fera avec le bois; ce n'est pas la responsabilité de
l'Hydro.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Nous en sommes à la baie James, mais j'avais
posé une question ... Nous n'en sortirons pas.
M. LAURIN: Nous n'en sortirons pas.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): II y a encore quelques questions. Le
député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: On m'avait accordé la parole. Tout à l'heure,
j'ai eu la condescendance de la passer au premier ministre. Je devais parler de
mon projet avant de discuter de la baie James.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): II y a encore quelques questions sur la baie
James.
M. DEMERS: J'ai quelques questions, et j'espère qu'on pourra
revenir au projet du Saint-Maurice ...
Vente d'électricité aux
Etats-Unis
M. LAURIN: Avez-vous déterminé, M. Giroux, le nombre total
de kilowatts-heures que
vous pourriez vendre aux Etats-Unis, dans les années qui
viennent, en ce qui concerne le projet de la baie James? Avez-vous
étudié le projet d'organisation qui serait tel que ça ne
serait pas l'Hydro-Québec mais une compagnie indépendante qui
pourrait s'occuper de l'organisation, de l'aménagement, de la vente et
de la distribution de l'électricité?
M. GIROUX: L'Hydro-Québec et moi-même avons demandé
d'étudier simplement un projet que ferait l'Hydro-Québec. Les
hypothèses qui peuvent être faites à côté sont
des hypothèses peut-être rentables, mais qui n'ont pas
été étudiées par l'Hydro-Québec comme
telles.
M. LAURIN: Avez-vous eu des demandes des Etats-Unis, en ce qui concerne
la vente d'un potentiel électrique?
M. GIROUX: Des demandes directes, nous en avons eu tous les jours, tous
les ans, quand ils sont mal pris. Seulement, il faut penser que nous n'avons
pas de ligne. La première chose à étudier avec les
Etats-Unis, c'est une interconnexion qui nous permettrait de vendre en
été quand nous avons un surplus et d'acheter en hiver quand, eux,
ont un surplus. Il y a des comités qui travaillent à ce projet
depuis un an, mais c'est sur un projet d'interconnexion. Il n'y a pas de...
M. LAURIN: II n'y a pas eu d'offres de financement?
M. GIROUX: ...d'offres de financement? L'Hydro si finance à $100
millions ou $150 millions par année, aux Etats-Unis. Nous n'avons pas
besoin d'offres de financement comme telles. Il peut venir des offres
indirectes. Des compagnies pourraient être intéressées
à nous offrir un projet, mais nous n'avons pas reçu, à la
commission, de projets de gens qui seraient intéressés à
venir financer et prendre des travaux à leur charge.
D'ailleurs, je ne sais même pas si nous devrions considérer
ces projets avant d'avoir fait nos études.
M. LAURIN: Mais, avez-vous aussi étudié la
possibilité d'un mode d'organisation différent, en vertu duquel
l'Hydro-Québec pourrait être associée à des groupes
privés dans la formation? Vous n'avez pas étudié cela?
M. GIROUX: Nous n'avons pas étudié cela. Nous n'en
rejetons pas la possibilité, si ça se présentait, mais
nous croyons que l'intérêt du Québec est de faire comme
nous avons fait. S'il survenait quelque chose qui serait d'un
intérêt plus grand que celui-là, rien ne nous
empêcherait de l'étudier.
Mais, actuellement, ces projets sont étudiés.
Naturellement, toutes ces charges additionnelles qui entrent dans le
réseau, nous ne sommes pas pour les mettre sur les tablettes. Alors, il
faut étudier une vente des surplus temporaires pour des périodes
données, en autant que ça aide au financement. Nous avons
étudié cela et nous le prenons continuellement en
considération; par exemple, si nous avons un contrat avec
l'Hydro-Ontario qui nous rapporte environ $120 millions, nous l'exploitons chez
nos financiers à New York. Nous disons: Nous avons ces revenus pour tant
d'années.
Si nous avons un surplus et il y aura certainement un surplus
il faudra trouver l'endroit où c'est le plus profitable de
vendre. Ce qui aide le plus au financement, sera une priorité.
M. LAURIN: Ce que je voulais simplement savoir, c'est qu'il n'y a pas de
projet précis dans ce domaine-là, en ce qui concerne le
financement et la gestion.
M. GIROUX: Absolument pas.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy ) : L'honorable député de
Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): Ma question est assez semblable à celle du
député de Bourget. Je crois, M. le Président, que
l'American Electric avait offert à l'Hydro de financer la recherche et
l'excavation.
M. GIROUX: Je n'en ai pas eu connaissance. M. LE PRESIDENT (Ostiguy): M.
Bourassa.
M. BOURASSA: M. Giroux, l'an dernier, vous aviez prévu un
déficit de puissance pour 1982 ou 1983, avec les ressources actuelles.
Donc, il y a trois moyens de combler ce déficit de puissance. Qu'est-ce
qui peut empêcher, par exemple la réalisation du projet de la baie
James, pour être précis, étant donné qu'un
déficit de puissance est prévu et que l'énergie
nucléaire va se révéler très coûteuse?
M. GIROUX: Là, vous me posez la question qui m'affecte le plus.
C'est une question de financement. En toute sincérité, je ne suis
pas prêt à expliquer un programme de financement, mais je ne crois
pas du tout à l'impossibilité d'un financement.
Si vous me le permettez, je vais retourner un peu en arrière. Je
suis parfaitement à l'aise; je n'étais pas à l'Hydro
à ce moment-là. En 1959, si les gens de l'Hydro s'étaient
mis à dire: Comment va-t-on trouver $1,500 millions pour financer le
complexe de Manic, l'eau coulerait encore. Les gens ont eu le courage de le
faire. Graduellement, tous les ans, nous avons été obligés
de travailler; j'admets tout cela. Nous avons dû, dans les deux
dernières années, recourir à des marchés
étrangers, essayer de
trouver des marchés extérieurs et maintenir nos positions,
souvent contre des intempéries pire que la température.
Dans les circonstances, devant le besoin, devant les normes que l'on a
toujours maintenues à l'Hydro-Québec qui se comparent
avantageusement, au point de vue financier, avec tous les services
américains, je ne vois pas qu'on ne puisse pas le financer. Cela a pris
cinq ans, à Churchill, pour avoir un financement de $700 millions.
Alors, je ne pense pas qu'on soit en mesure de dire, dans un mois ou deux,
comment nous financerons les travaux de la baie James, si nous prenons
l'hypothèse qu'il y aura un projet à la baie James.
M. BOURASSA: Si, par exemple, vous faites une étude de
rentabilité et que vous en venez à la conclusion que ce n'est pas
rentable... Ce n'est pas nouveau; on a annoncé, à plusieurs
reprises, qu'avant de prendre une décision définitive il fallait
attendre l'étude de rentabilité de la baie James. C'était
un projet qu'on souhaitait réaliser, mais il fallait attendre cette
étude.
Qu'est-ce que l'Hydro-Québec va faire pour faire face à
son déficit de puissance si elle ne recourt pas à la baie James?
Si les centrales thermiques ne sont pas tellement avantageuses et si
l'énergie nucléaire coûte trop cher, quelle est
l'alternative? Je comprends que c'est peut-être délicat pour vous
de répondre, à cause des négociations sur les
marchés financiers, mais ne peut-on pas dire que l'Hydro-Québec,
étant donné le contexte où elle se trouve actuellement et
les possibilités de vente du surplus d'électricité, est
plus ou moins forcée de réaliser le projet de la baie James?
M. GIROUX: Vous dites: Plus ou moins. Quant au déficit
même, il y aura d'autres moyens de nous en sortir. Nous pourrions
aménager d'autres rivières. Là aussi, ce sont des
études à faire et la rentabilité deviendrait encore un
problème. Dans une liste de projets qui a déjà
été déposée; il y a le Bas Saint-Maurice.
M. BOURASSA: Mais, c'est d'importance secondaire, quand même.
M. GIROUX: C'est secondaire. M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: Définitivement, il faudra entreprendre des travaux
comme la baie James ou aller au nucléaire ou au thermique. A ce
moment-là, on peut faire comme les Américains. Si on ne peut pas
faire les travaux de la baie James, il faudra polluer.
M. BOURASSA: Dans votre étude de rentabilité, de combien
prévoyez-vous que le coût de l'énergie nucléaire
augmentera en 1980?
M. GIROUX: C'est entre 9.4 et 9.85. Cela dépend de celui qui fait
les calculs. Ce n'est pas toujours pareil. Dans ces choses-là, il faut
toujours penser qu'on ne peut pas estimer autrement que les analystes des
autres compagnies le font. Alors, nous faisons une moyenne de ce que les autres
estiment pour de l'énergie nucléaire en 1980 ou 1982. On dit que
c'est autour de 9.5.
M. BOURASSA: Mais, les projets de rechange pour
l'électricité? Disons qu'on élimine l'énergie
nucléaire, d'après ce que vous me dites, à cause du
coût, à moins que l'on ne trouve quelque chose d'ici deux ou trois
ans.
Les expériences en Ontario, puis aux Etats-Unis
révèlent que le coût de l'énergie nucléaire
est plus élevé qu'on ne l'avait prévu. Disons qu'on
l'élimine pour une certaine période. Comme les projets de
rechange dans le domaine de l'électricité, vous avez le Bas
Saint-Maurice et quelques autres endroits comme ça dans la province,
mais ça fait combien de kilowatts par rapport au projet de la baie
James?
M. BOYD: Les projets hydrauliques, comme celui du Saint-Maurice, c'est
relativement petit comparé à la baie James; c'est peut-être
1/10.
M. BOURASSA: Un dixième.
M. BOYD: Notre président disait que, pour combler nos besoins
dans les dix ou quinze années, nous avons trois alternatives:
l'énergie hydraulique, l'énergie nucléaire ou
l'énergie thermique. Quant à l'énergie hydraulique, on a
quelques petits projets en dehors de la baie James, mais, pour les grands
besoins des dix ou quinze prochaines années, il faut quelque chose de
plus important qui serait de l'ordre de 10 millions de kilowatts. Alors, c'est
un problème économique, à ce moment-là. Si
l'énergie thermique et nucléaire ne sont pas avantageuses,
évidemment, c'est l'énergie hydraulique qu'il faudra prendre.
M. BOURASSA: II vous reste la baie James. Si je peux me le permettre,
vous ne pouvez pas trouver, dans les projets alternatifs, la possibilité
d'avoir 10 millions de kilowatts.
M. BOYD: En hydraulique?
M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: Dans l'hydraulique seulement, non.
M. BOURASSA: Non. Alors, si on élimine l'énergie thermique
et nucléaire, on est forcé de...
M. BOYD: Si.
M.BOURASSA: ... réaliser le projet de la baie James.
M. GIROUX: On peut prendre l'énergie nucléaire.
M. BOURASSA: Vous avez dit qu'elle coûterait sensiblement plus
cher en 1980.
M. DEMERS: Si le gouvernement change, ça va peut-être
coûter moins cher. On ne le calculera pas de la même
façon.
M. BOURASSA: Cela va coûter plus cher si le gouvernement
change.
M. BOYD: Si on pouvait nous donner le coût de l'énergie de
la baie James aujourd'hui, nous pourrions donner une réponse
précise à votre question.
M. BOURASSA: D'accord. C'est ça que vous étudiez
actuellement. Mais, M. Giroux, vous avez dit tantôt qu'il n'y a pas de
problème de financement. D'ailleurs, je suis allé à
New-York pour en discuter.
M. GIROUX: Pas de problème de financement! Ce n'est pas un petit
voyage, tout de même!
M. BOURASSA: J'en tiendrai compte si vous êtes
réservé dans vos réponses au sujet des problèmes
financiers. On entend tellement parler de ce projet-là. Vous ne
considérez pas à priori, en référant à
l'expérience du passé, comme une chose impossible le financement
de ce projet?
M. GIROUX: Non, absolument pas. Si la commission se voyait actuellement
dans l'impossibilité d'emprunter, il faudrait déclarer tout de
suite que nous allons être obligés de réduire la
consommation et de rationner l'électricité, mais nous n'en sommes
pas là.
M. BOURASSA: Non, rationner l'électricité au
Québec. Ce ne serait pas payant.
M. GIROUX: Non. Si les présidents des compagnies
américaines annoncent des rationnements continuellement, ce n'est pas
pour une question de financement, mais pour une question
d'approvisionnement.
M. BOURASSA: D'ailleurs, si les Américains sont obligés de
rationner l'électricité, ça peut nous permettre de la leur
vendre un peu plus cher.
M. GIROUX: L'offre et la demande vont jouer là-dedans. En bon
canadien, c'est là la partie du "horse-trading".
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Sur la même question, le
député d'abitibi-Est.
M. TETRAULT: Le premier ministre a laissé entendre qu'on pourrait
peut-être élever notre prix de vente aux Américains, vu
qu'ils en ont grandement besoin et qu'ils publient régulièrement
dans toutes les revues qu'ils manquent d'énergie. Si le projet de la
baie James, selon l'Hydro, n'est pas rentable, est-ce que vous
considéreriez que des ressources naturelles, comme les mines, les terres
et forêts, pourraient amener un surplus pour combler le déficit de
l'Hydro?
M. GIROUX: Là, vous me posez une question comme si j'étais
le gouvernement. Je ne le sais pas.
M. TETRAULT: La commission de l'Hydro, c'est le gouvernement.
M. GIROUX: La commission va faire une recommandations au comité
interministériel. Ce sera au gouvernement de juger si c'est avantageux
de faire certaines dépenses ou certaines choses qui devront nous
aider.
Il est difficile d'anticiper la réponse du gouvernement
là-dessus, mais l'Hydro a dépensé $9 millions à la
baie James. Les études peuvent coûter $9 autres millions. Nous ne
dépenserions pas ça si nous étions convaincus d'avance
qu'il n'y a pas de possibilité.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Si je comprends bien, ce n'est pas une question de finance qui
retarde les travaux.
M. GIROUX: Non. J'admets que ce n'est pas ça qui nous
retarde.
M. AUDET: Si ce n'est pas une question de finance, d'après vous,
combien de temps fau-dra-t-il pour faire les études et savoir?
M. GIROUX: On a déclaré tantôt qu'on espère
avoir une idée assez précise en 1971 pour nous permettre de dire
qu'on considère le projet de la baie James et qu'on a l'intention de
faire démarrer des travaux de génie beaucoup plus avancés.
Pour cela, il faut compter une année après avoir pris la
décision.
M. BOURASSA: Le plus tôt qu'on pourrait commencer la construction,
ce serait 1973? L'an dernier, vous aviez dit que la construction pourrait
commencer, dans l'hypothèse affirmative, vers 1972 ou 1973 et que
ça prendrait...
M. GIROUX: Vers 1973 ou 1974. Cela peut
prendre une dizaine d'années pour construire. Maintenant, il y a
des travaux...
M. DEMERS: Vous aurez des épinettes à faire couper.
M. GIROUX: ... qui devront être faits avant ça. Le
ministère des Terres et Forêts pourrait s'occuper du bois et le
ministère de la Voirie des routes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: M. Giroux, on a parlé de puissance, mais
étant donné qu'on doit tenir compte aussi de l'énergie
est-ce qu'une centrale hydraulique n'est pas préférable au point
de vue de l'énergie, surtout au point de vue des exportations quand on
considère que notre énergie ici l'été est
très faible, qu'on a beaucoup d'eau et que les Etats-Unis ont de gros
marchés au point de vue de la climatisation?
Pour la baie James, par exemple, on a dit que c'étaient 36
milliards de kilowatts heures; alors, une puissance hydraulique qui peut
être employée à l'année n'est-elle pas
préférable... qu'on emploie seulement durant les besoins...
M. GIROUX: Là, vous donnez de l'importance à
l'exportation.
M. PERREAULT: Du point de vue de l'énergie?
M. GIROUX: Naturellement, c'est une question qui est bien technique. Ce
sont des points qui sont favorables à la baie James dans le moment comme
si on avait un autre site hydraulique. Le gros avantage de l'hydraulique, c'est
qu'il n'y a pas d'augmentation dans le prix du combustible. Or, actuellement,
vous avez une rareté de pétrole aux Etats-Unis. Vous pourrez me
dire: C'est presque incroyable, mais il y a une rareté de
pétrole, il y a une rareté de charbon.
Naturellement, toutes ces choses militent en faveur de
l'hydraulique.
M. PERREAULT: Pour le thermique, pour-riez-vous nous dire quelle est
l'évolution des prix au point de vue du mazout au baril depuis un an
à peu près?
M. GIROUX: Heureusement, nous avons un contrat à long terme.
M. PERREAULT: En dehors du contrat, sur le marché mondial?
M. GIROUX: Sur le marché mondial, il a augmenté de 25 p.
c. à 30 p. c. , et il y a une rareté à part cela.
M. PERREAULT: De 25 p. c. à 30 p. c. .
M. BOURASSA: M. Giroux, je vous pose une question comme simple
contribuable. Ce qui ressort de la discussion, c'est que probablement
l'Hydro-Québec n'aura pas tellement le choix pour remplir son
déficit de puissance, si on tient compte au surplus des
possibilités d'exportation. Mais à un simple contribuable, vous
parlez de $9 millions d'études, puis encore de $9 millions
d'études, ce qui fait peut-être $20 millions. Pouvez-vous
détailler d'une façon aussi concise que possible pourquoi
ça coûte tellement cher pour arriver à une décision
sur un projet qui paraît quasiment inévitable?
M. GIROUX: Je vais demander à M. Cahil de vous l'expliquer; c'est
notre spécialiste en génie. Il peut expliquer ce qu'il faut faire
avant d'arriver à un projet. C'est un point qui est bien important
à mon avis.
M. BOURASSA: Comme simple contribuable.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un contribuable simple.
M. CAHIL: Je remercie M. Giroux de m'a-voir qualifié de
spécialiste en génie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CAHIL: Pour établir la possibilité d'aménager
les rivières, il faut faire évidemment la cartographie, il faut
faire la topographie, il faut faire des forages sur le terrain, il faut faire
des sondages sismiques pour voir à quelle profondeur est le roc et des
forages qui permettent de déterminer la qualité du terrain. On ne
peut évidemment pas faire tous ces forages, ces sondages et cette
cartographie dès le début parce que ça coûterait
trop cher. On commence par faire le minimum, ensuite on retourne au bureau pour
étudier, avec les données qu'on a, le coût approximatif
d'installation.
Ensuite, lorsqu'on a déterminé certains coûts, qu'on
a déterminé certaines possibilités de construction, on
retourne sur le chantier pour faire des essais additionnels aux endroits
où on a déterminé les barrages, des emplacements faciles
pour les centrales. On refait la cartographie à plus petite
échelle, de la topographie et des lignes de niveau à vingt pieds,
comme on avait fait au début, et qui permettent d'établir les
longueurs des digues. Eh bien, si on a seulement des lignes de niveau à
vingt pieds et si le terrain est plat, évidemment on peut se tromper. Au
lieu d'avoir 10 milles de digue peut-être qu'on en a 20 milles ou bien 5
milles. Alors, il faut établir éventuellement des niveaux
à tous les cinq pieds pour mieux connaître la longueur des digues,
refaire, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, des forages aux
endroits indiqués par les nouvelles études, recalculer les
quantités, vérifier où sont les bancs d'emprunt d'emprunt
pour réaliser la
construction et l'aménagement des digues ou des barrages en
béton. Evidemment, il faut faire des études hydrologiques pour
calculer le débit moyen, faire des combinaisons de réservoirs,
utiliser les terrains inondés, enfin toutes ces choses-là se font
sur une période de temps. On ne peut pas comme je le mentionnais tout
à l'heure, et je me répète, faire les études sur le
terrain avant d'avoir fait un minimum d'études au bureau.
Alors, il faut donc alterner entre le bureau et le terrain
jusqu'à ce qu'on ait déterminé la rentabilité
finale de l'aménagement.
M. BERTRAND: Cette première étape dont vous avez
donné la nature des travaux, au point de vue du personnel, quelles sont
les équipes qui vont là? De qui sont-elles composées?
Combien d'hommes s'adonnent à ça? Pendant combien de temps?
M. CAHIL: Bien, cela varie, évidemment, étant donné
l'étendue de la...
M. BERTRAND: Ce sont tous des employés de
l'Hydro-Québec?
M. CAHIL: Oui! ... Mais la majorité d'entre eux sont des
employés temporaires.
M. BERTRAND: Temporaires.
M. CAHIL: Cela prend évidemment des camps où ces
hommes-là peuvent demeurer parce que c'est en pays pratiquement
inhabité; cela prend des cuisiniers, des commis, des individus pour
conduire les véhicules, des tracteurs; cela prend des équipes
pour faire des forages, enfin des gens...
M. BERTRAND: Ils sont sur le terrain pendant combien de mois?
M. CAHIL: Une période de six mois en été; l'hiver
on ne fait pas de travaux.
M. BERTRAND: Le premier ministre veut savoir combien de nouveaus
emplois!
M. BOURASSA: Les projets dont va parler tantôt le
député de Saint-Maurice, indépendamment de la baie James,
est-ce qu'il ne faudrait pas qu'ils soient entrepris, de toute façon,
qu'ils soient aménagés?
M. DEMERS: J'aimerais mieux en parler moi-même! Vous m'enlevez les
mots de la bouche!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. DEMERS: ... M. le Président, depuis onze heures, plutôt
depuis dix heures trente...
M. LE PRESIDENT: Toujours sur la même question, M. Deniers.
M. DEMERS: ... que je vous ai demandé la parole. Cela fait
exactement une heure. La baie James, c'est un projet pour dans quinze ans!
M. BOURASSA: Non, non, ce n'est pas un projet pour dans quinze ans,
c'est un projet qu'il faut commencer dans deux ans au plus tard.
M. DEMERS: Je comprends. Ils le commencent déjà.
M. LE PRESIDENT: M. Demers, il reste deux questions encore et ensuite ce
sera vous.
M. DEMERS: D'accord.
M. LESSARD: On établissait, l'an dernier, le déficit de
puissance de l'Hydro-Québec, pour les besoins hydro-électriques,
soit, par exemple, en 1983, à 11 millions de kilowatts. Est-ce que cela
tenait compte exclusivement des besoins québécois, ou tenait-on
compte aussi du marché d'exportation possible dans l'est des Etats-Unis
ou ailleurs?
M. GIROUX: Des besoins québécois. L'excédentaire,
comme on dit, les surplus, c'est temporaire. Ce que l'on vend à la
province d'Ontario...
M. LESSARD: On vend ce qu'on n'utilise pas.
M. GIROUX: C'est ce qu'on a en surplus pour une période de cinq
ans, six ans, jusqu'en 1976.
M. LESSARD: Cela veut dire que, par l'aménagement de la baie
James, on remplit tout simplement les besoins du Québec. On ne peut pas
penser, à ce moment-là, sinon d'une façon
temporaire,...
M. GIROUX: Temporaire.
M. LESSARD: ... à l'exportation comme telle.
M. GIROUX: Temporaire. C'est temporaire et ce sont les surplus.
M. LESSARD: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, je voudrais poser à M. Giroux
la question suivante: On sait que la production hydraulique implique des
investissements considérables et relativement
peu de frais d'exploitation, alors que la production thermique, c'est
l'inverse. Dans quelle proportion inverse? En gros, ce que je voudrais savoir,
par exemple, c'est que pour produire un million de kilowatts via la forme
thermique par rapport à la méthode hydraulique, quelle est la
différence proportionnelle des investissements initiaux
impliqués?
M. GIROUX: Si on prend comme... M. JORON: Un ordre de grandeur.
M. GIROUX: Un ordre de grandeur comme Manic 5, par exemple, ou quelque
chose comme ça...
M. JORON: Le même nombre de kilowatts en thermique aurait
coûté un investissement initial de quoi par rapport à quoi?
C'est à moitié moins, le tiers, le quart?
M. GIROUX: A peu près la moitié.
M. JORON: La moitié. Je soulevais la question pour signaler au
gouvernement que, même si la production thermique pose des
problèmes de pollution et il y a un coût plus
élevé elle requiert un investissement initial moins
considérable; cela soulage d'autant le crédit de la province.
S'il y a des priorités d'investissements dans d'autres domaines...
M. BOURASSA: Si le gouvernement ne prévoit pas avoir de
problèmes sérieux de financement comme tels, sur le plan des
emprunts, la question paraît moins pertinente, parce que les coûts
d'exploitation et les effets de la pollution sont beaucoup plus
élevés. Tant que nous serons au pouvoir, il n'y a aucune
inquiétude pour le crédit de la province.
M. JORON: Vous pourriez avoir d'autres priorités, par
exemple.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de l'Assomption.
M. GIROUX: Je pense qu'il y a une réponse, qui éclairerait
je demanderais à M. Boyd de répondre surtout sur
l'augmentation, qui a été progressive, dans le nucléaire.
Tout probablement que cela intéresserait M. Joron.
M. BOYD : Le nucléaire américain, par exemple, en 1970,
était estimé autour de $200 le kilowatt installé. Les
coûts augmentent très rapidement aux Etats-Unis, pour le
nucléaire. Les autorités américaines estiment qu'en 1980
ils seront près de $400. Les coûts de l'investissement de
nucléaire augmentent beaucoup plus rapidement que les coûts
d'investissement de l'hydraulique. La même chose s'applique au thermique
et peut-être plus encore, parce que, le thermique étant plus
polluant, les pressions faites dans le monde en ce moment, font qu'il faut des
installations supplémentaires dans le thermique pour empêcher la
pollution.
M. BOURASSA: La différence entre l'hydraulique et le thermique
devient moindre à cause des installations additionnelles.
M. BOYD: D'accord. Comme le disait M. Giroux, il y a quelques
années, le thermique coûtait, disons, la moitié moins en
investissements que l'hydraulique. Cela devient de moins en moins vrai. Si on
regarde l'avenir, les trois formes de production se rapprochent au point de vue
des investissements.
M. BOURASSA: On revient toujours à la baie James.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy) Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, on a dit que le chantier de la
baie James pourrait durer dix ans. Est-ce que le nombre d'hommes, au point de
vue des emplois, serait du même ordre de grandeur que pour
l'aménagement de Manic-Outardes?
M. GUY MONTY: Entre 1975 et 1982, cela comprendrait entre 9,000 et
10,000 employés. A peu près le double que pour
Manic-Outardes.
M. PERREAULT: C'est à peu près le double. Deuxième
question, si on compare le nucléaire et le thermique, au point de vue de
la fabrication, au point de vue de la fourniture de matériaux, les
retombées économiques ne sont-elles pas plus grandes pour la
province de Québec?
M. GIROUX: Actuellement, en calcul simple, disons que les
retombées économiques, en hydraulique, c'est deux fois.
M. PERREAULT: Deux fois le thermique.
M. GIROUX: C'est deux fois le thermique. Mais, je n'ai pas le calcul
précis.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Saint-Maurice.
M. BOURASSA: Je remercie le député de Saint-Maurice de
m'avoir laissé la parole.
Réaménagement du Saint-Maurice
M. DEMERS: J'spère qu'il me laissera maintenant la parole et
qu'il me permettra de développer mon sujet modestement. Cela peut
ressembler un peu à un plaidoyer pro domo, M.
le Président, mais j'ai des données qui m'ont
été fournies par l'ancienne Shawinigan Engineering, qui est
disparue de chez nous, qui était une entreprise qui faisait de la
recherche pour la Shawinigan Water and Power avant la date mémorable de
la nationalisation de l'électricité qui a éteint ma
région. Le premier ministre vient de nous dire que le projet
était mineur, ça se comprend...
M. BOURASSA: ... la baie James?
M. DEMERS: Non, j'aimerais qu'on me laisse expliquer mon affaire et
ensuite, si vous ne voulez pas questionner les commissaires, vous me
questionnerez. Le projet, disait-il, et j'admets qu'il est mineur
comparativement.
Mais, tout de même, par le projet tel que je l'expose et
d'après les données que j'ai et que l'Hydro a, parce que j'ai lu
dans la revue Entre-Nous, que la même idée avait été
véhiculée par un spécialiste de l'Hydro, on pourrait en
complétant, sans ajouter et sans faire des dépenses exhorbitantes
de l'ordre de $3 milliards comme pour la baie James je comprends que
c'est mineur chez nous et que c'est majeur là-bas tripler la
capacité en kilowatts-heures du Saint-Maurice. Ce qu'on ajouterait,
serait encore plus fort que ce que Manic-3 va apporter au réseau
hydro-électrique de la province de Québec. On pourrait faire
passer la puissance installée du Saint-Maurice, de 1,512,700 à
3,912,700 kilowatts quand on sait que l'Hydro-Québec bâtit
à Manic-3 un barrage de 1,176,000 kilowatts. C'est dire que c'est mineur
dans le contexte de là-bas, mais que c'est majeur comparativement
à tout ce qui s'est fait à Manic.
Cela nous permettrait d'abord de faire travailler nos gens dans la
relance économique, et d'obtenir, des 100,000 emplois que le premier
ministre nous a promis, la part qui doit venir à la Mauricie. Il est
venu dix fois nous dire ça pendant la campagne électorale, que ce
n'était...
M. BACON: Pas tant que ça.
M. DEMERS: Oui, oui, ça me paraissait comme ça, en tout
cas, à moi.
M. BACON : Cela frappait fort à chaque fois.
M. DEMERS: Plus il venait, plus je le voyais, mais en tout cas, le cas
n'est pas là. Cela nous permettrait de relancer, d'abord,
l'économie, de faire travailler nos gens et de réemployer les
gens de la Shawinigan Engineering qui sont passés à l'Inspiration
et qui crèvent tous de faim depuis cette date. Ce serait une
compensation pour le tort que l'Hydro-Québec nous a fait lorsqu'elle a
nationalisé l'électricité en prenant la Shawinigan Water
qui était notre commissaire industriel et en nivelant les tarifs
électriques dans la province de Québec.
Je pourrais, si vous me le permettez, lire un document afin qu'il soit
versé au journal des Débats. On verra, chiffres en main,
d'après une étude sérieuse faite au coût de
$1,500,000 par la Shawinigan Engineering, ce que cela donne en chiffres et en
faits: "Les études ont démontré que l'exploitation des
emplacements non aménagés du Saint-Maurice supérieur, sans
même procéder à l'agrandissement des centrales
présentes, pourraient fournir 1,100,000 kilowatts d'énergie
électrique supplémentaire de pointe." C'est sans
aménagement nouveau, en se servant de ce qu'il y a actuellement. Si on
bâtit en plus, on peut tripler. "Des nouveaux travaux et l'agrandissement
des centrales actuellement exploitées sur le Saint-Maurice
inférieur assureraient l'installation supplémentaire de 600,000
kilowatts. De plus, on pourrait tirer 700,000 kilowatts, de la Mattawin, soit
en tout 2,400,000 kilowatts" Vous connaissez la Mattawin, M. le premier
ministre! "Il y aurait pour cela le détournement de la Vermillon. Ce
projet met à contribution toute l'énergie encore disponible entre
le niveau d'approvisionnement à plein régime du réservoir
Gouin et Trois-Rivières..." Le député de
Trois-Rivières n'est pas contre ça, lui. C'est mineur, mais
ça ne nous fera pas tort.
M. BOURASSA: C'est déjà admis...
M. DEMERS: Oui, je comprends, mais j'aimerais vous le faire admettre de
nouveau, que vous piochiez là-dessus et que vous décidiez, dans
votre magnificence, votre gratitude, votre bonté pour la région
du Saint-Maurice de demander à ces gens de mettre le projet à
exécution.
M. BOURASSA: Tout ça est nécessaire.
M. DEMERS: Je continue, M. le Président, et je dis ceci:... "Soit
un total de 494 pieds de hauteur de chute qui serait aménagée en
détournant la Vermillon. Il détourne vers la Mattawin une partie
de l'eau du bassin de la Vermillon et de la Waswanipi et met à profit
une hauteur de chute de 796 pieds sur la Mattawin. Il prévoit
l'agrandissement des centrales actuelles sur le Saint-Maurice. Plusieurs
nouvelles centrales sont envisagées sur le Saint-Maurice et sur la
Mattawin, enfin plusieurs détournements permettraient de construire
trois centrales sur la Mattawin. On pourrait agrandir également les
centrales de Grand-Mère, Shawinigan et de la Gabelle pour une
augmentation de puissance de 353,000 kilowatts au total.
Il y aurait aussi le détournement de la Mattawin qui
amènerait autant de kilowatts. Ceci pour vous dire que si
l'Hydro-Québec pouvait, tout en parlant et en voulant bâtir
à la baie James je n'y ai aucune objection
développer tout ce qu'il y a de possibilité chez nous où
il y a une certaine civilisation; c'est
défriché, c'est tout fait, il y a beaucoup moins de
"pitoune" et d'épinettes à couper... On est prêt. Qu'on
ajoute au Saint-Maurice ce dont on nous donner de l'électricité
et ça ne fera pas tort à l'Hydro-Québec. C'est ce que
j'avais à dire.
M. BOURASSA: Dans le déficit de puissance de 11 millions dont
parlait le député, il est clair que tous ces projets sont
considérés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut le savoir.
M. DEMERS: Actuellement, on court après l'énergie. On peut
aller chercher une grosse affaire à la Gabelle. On a de l'énergie
sur le Saint-Maurice. Qu'on la mette donc en relief, qu'on la mette en
exploitation. Si je vous demande ça, ce n'est pas parce que ça
peut me donner un petit peu de prestige...
Non, non. Le gouvernement a promis 100,000 emplois, mais même s'il
y en avait 25,000 dans mon coin et à Trois-Rivières, je serais
bien heureux et je féliciterais le premier ministre, s'il aime ça
des félicitations.
M. BOURASSA: Mais l'an dernier, je pense...
M. DEMERS: Pourriez-vous, M. le Président, dans le contexte que
je viens de développer, me dire quelles sont les possibilités, et
si vous trouvez réellement que les études qui ont
été faites et dont les résultats ont été
repris par Entre Nous, qui est la revue de l'Hydro, c'est quelque chose de
sérieux, qui se tient.
M. GIROUX: C'est quelque chose de sérieux, qui se tient; le seul
point que vous n'avez pas dans votre étude c'est le coût.
Toutes ces firmes d'ingénieurs je ne suis pas contre les
firmes d'ingénieurs quand elles veulent des contrats, elles nous
disent, s'il y a quelque chose à faire, qu'il y a tant d'énergie.
Seulement les coûts, c'est ce qui est actuellement étudié
par les gens de 1'Hydro.
M. DEMERS: Y a-t-il une étude qui se fait actuellement sur le
coût du Haut ou du Bas Saint-Maurice? On ne peut pas aller aux deux
endroits.
M. GIROUX: Nous en avons, et je pense que nous pouvons donner des
chiffres exacts.
M. DEMERS: Avez-vous des roues sur le Saint-Maurice qui ne fonctionnent
pas actuellement et qui pourraient être remises en activité?
M. BOYD: Oui, il y en a en réparation actuellement parce qu'elles
ont un certain âge.
Mais, pour répondre à votre question, je pense qu'il faut
séparer le problème en deux: il y a le Bas Saint-Maurice et le
Haut Saint-Maurice. Sur le Bas Saint-Maurice, d'une façon
économique, aux centrales existantes on peut ajouter de la puissance,
environ 350,000 kilowatts de puissance. C'est dans nos projets pour un avenir
assez immédiat, mais ce n'est pas beaucoup d'énergie. Je pense
qu'il faudrait faire une distinction importante, dans les chiffres que vous
avez mentionnés tout à l'heure, entre kilowatt et
kilowatt-heure.
Il y a une possibilité, dans le Bas Saint-Maurice, d'ajouter,
d'une façon économique, environ 350,000 kilowatts, mais qui ne
peuvent produire peut-être que durant 25 p. c. du temps seulement, parce
qu'il n'y a pas plus d'eau. Mais c'est quand même intéressant,
comme énergie de pointe, et dans un avenir assez rapproché nous
irons à cette partie-là.
Maintenant, pour le Haut Saint-Maurice, il est vrai qu'il y a, comme
vous l'avez mentionné, une possibilité de 1,500,000 de kilowatts
additionnels, mais à des coûts très élevés,
et pour là également une production de kilowatts-heures de
seulement 25 p. c. Ce seraient des centrales de pointe qui ne nous donnent pas
les kilowatts-heures dont nous avons besoin parce qu'actuellement notre
réseau a un facteur d'utilisation de 67 p. c. environ,
c'est-à-dire que les kilowatts installés doivent produire durant
67 p. c. du temps. Donc, les 1,500,000 qu'il y aurait sur le Haut Saint-Maurice
pourraient produire pendant environ 25 p. c. du temps.
L'énergie de pointe, il nous en faut. Il y a un grand projet,
assez rapproché, de centrale de pointe que nous étudions qui est
Saint-Joachim, la réserve pompée. Alors, il faut comparer le
coût de la réserve pompée de Saint-Joachim pour le kilowatt
de pointe avec le kilowatt de pointe du Bas Saint-Maurice et le kilowatt de
pointe du Haut Saint-Maurice. Mon opinion est que le kilowatt de pointe du Bas
Saint-Maurice peut être intéressant, celui du Haut, c'est pour
plus tard.
M. BERTRAND: M. Boyd, vous avez donc des projets, pour continuer dans la
même veine que mon collègue de Saint-Maurice, pour le Bas
Saint-Maurice?
M. BOYD: Dans un avenir plus rapproché.
M. BERTRAND: A réalisation quasi immédiate?
M. BOYD: Qui viendra après Manic 3, Outardes 2, dans les
années 1978, 1979, 1980.
M. BERTRAND: Pas avant ça?
M. BOYD: II s'agit de les construire.
M. BERTRAND: Oui mais,...
M. BOYD: Nous n'en avons pas besoin avant 1977.
M. BERTRAND: Mais cela vous prend combien de temps pour les mettre en
branle?
M. BOYD: Cela prendrait trois ou quatre ans, dans le cas du Bas
Saint-Maurice; Disons peut-être, pour être sûr, cinq ans
à compléter l'installation, quatre ou cinq ans.
M. BERTRAND: Et vos projets sont-ils prêts pour le Bas
Saint-Maurice?
M. BOYD: C'est assez avancé, comme le disait M. Deniers. Nous
avons des rapports préparés par Shawinigan Engineering.
Il s'agirait, une fois la décision prise, de les mettre au point
un peu plus.
M. DEMERS: M. Boyd, avez-vous une prévision pour le coût du
projet du Bas Saint-Maurice?
M. BOYD: Oui, c'est pour cela que l'on peut dire que, dans un avenir
assez rapproché, cela peut être intéressant. On a une
idée du coût pour le Bas Saint-Maurice.
M. DEMERS: Avez-vous des estimations pour le Haut Saint-Maurice?
M. BOYD: Pour le Haut Saint-Maurice, on a des estimations. On peut vous
dire qu'étant donné que c'est un bas facteur d'utilisation la
réalisation du Haut Saint-Maurice est pour plus tard.
M. DEMERS: S'il y avait un développement industriel intensif dans
la Mauricie, ce serait peut-être meilleur. On pourrait utiliser
l'énergie sur place, non?
M. BOYD: Pour un bas facteur de production, les industries qui vont
là peuvent avoir besoin de 60 p. c. ou 70 p. c.; si c'est une
aluminerie, c'est 90 p. c. Il faudrait combler l'écart entre les 25 p.
c. et les 80 p. c. par d'autres kwh.
M. DEMERS: Je vous remercie, M. Boyd.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): L'honorable député de
Trois-Rivières. D'accord. L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est simplement une précision, M.
Boyd. Quand vous parlez de Saint-Joachim, c'est situé où?
M. BOYD: A Montmorency.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): L'honorable député de
Bourget.
M. LAURIN: Ce n'est pas la même question, c'est un autre sujet que
je veux aborder.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, c'est sur un autre sujet.
M. LAURIN: Moi aussi, sur un autre sujet.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Sur le même sujet?
M. LAURIN: Non, c'est un autre sujet que je voulais aborder.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Sur le même sujet, M. Tremblay
(Chicoutimi).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. LAURIN: C'est un autre sujet, lui aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois que vous m'aviez donné la
parole avant.
M. LAURIN: Non, je ne pense pas.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Alors, vous, c'est sur le même
sujet?
M. LAURIN: Non, c'est sur un autre sujet.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Alors, l'honorable député de
Chicoutimi.
M. BERTRAND: Un instant, s'il vous plaît, avant que l'on passe
à autre chose. Quel serait le coût approximatif des
aménagements ou réaménagements du Bas Saint-Maurice?
M. GIROUX: C'est bien approximatif. Cela peut-être $70
millions.
M. BERTRAND: Cela intéresse vivement mon collègue, le
député de Saint-Maurice.
M. GIROUX: Ce peut être un projet de $70 millions.
M. BERTRAND: Combien? M. GIROUX: De $70 millions. Projet sur la
Péribonka
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose ma question au
président de l'Hydro, M. Giroux. Est-ce que l'Hydro-Québec a
été pressentie pour un projet de construction d'un barrage
hydro-électrique sur la rivière Péribonka? Est-ce que vous
avez des projets d'installation dans ce domaine ou si d'autres
sociétés vous ont demandé votre collaboration pour
l'aménagement d'un barrage sur la Péribonka?
M. GIROUX: II n'y a pas d'autres sociétés qui nous l'ont
demandés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'Alcan ne vous a pas demandé votre
collaboration?
M. GIROUX: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici pourquoi je vous pose la question, M.
Giroux; en fin de semaine dernière un député du parti qui
n'est pas le mien a déclaré qu'il y aurait incessamment des
développements hydro-électriques dans la région de la
Péribonka et que la Commission hydro-électrique du Québec
y était intéressée immédiatement.
Est-ce qu'il y a un tel projet? Est-ce que vous avez eu des demandes,
notamment de l'Alcan?
M. GIROUX: II n'y a rien. Naturellement, l'Alcan peut faire des demandes
au gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas reçu, jusqu'à
présent, de demandes de l'Alcan?
M, GIROUX: Pas de demandes ni officielles, ni officieuses.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II faut donc tenir pour nulle et non avenue la
déclaration d'un député qui annonçait, en fin de
semaine dernière dans ma région, des développements
importants dans le domaine hydro-électrique sur la Péribonka.
Merci, M. le Président.
M. BERTRAND: Troisième ballon.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): L'honorable député de
Bourget.
Réseau de micro-ondes
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais aborder un autre sujet,
c'est le problème du réseau de micro-ondes de
l'Hydro-Québec. J'ai lu, avec un très grand intérêt,
le mémoire de l'Hydro-Québec à ce sujet. Je me rends
compte que les conditions de transport de l'électricité au
Québec sont très difficiles, étant donné les
grandes distances. Je me rends compte également que la
multiplicité des postes et l'extension du réseau posent un
très grand nombre de problèmes. Je me rends compte
également que les progrès de la science, dans ce
domaine-là, permettent un contrôle exact, rapide, sûr et
efficace du transport de l'électricité. Moi, personnellement, il
me semble, en effet, que cela est tout à fait indiqué de vouloir
que l'Hydro-Québec possède son propre réseau de microondes
pour contrôler à la seconde près l'utilisation de
l'électricité.
Mais, je me rends compte aussi, à la suite des
déclarations de certains ministres d'Ottawa, que ceci peut poser des
problèmes de juridiction entre les deux ordres de gouvernement. En
conséquence, certaines compagnies privées, ayant une charte
fédérale et effectuant leurs travaux dans l'ensemble du Canada,
peuvent être intéressées à soumettre des offres de
services à l'Hydro-Québec. La juridiction du
fédéral leur donne droit de faire des offres dans ce sens et
oblige peut-être l'Hydro-Québec à satisfaire à ces
demandes-là, mais il me semble qu'au point de vue scientifique le
contrôle de l'utilisation de l'électricité est mieux servi
par un système originant de l'Hydro-Québec même.
M. le président, pourriez-vous nous dire où en sont vos
idées là-dessus, aujourd'hui? Deuxièmement, est-ce qu'il y
a eu des négociations entre l'Hydro-Québec et le gouvernement
fédéral? Est-ce que ces problèmes de juridiction sont en
voie d'être résolus et quelles conclusions entrevoyez-vous en ce
qui concerne la fabrication et la gestion d'un réseau de microondes par
l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Si vous voulez, vous répéterez vos questions au
fur et à mesure, parce qu'il y en a plusieurs. Dans votre
première question, vous demandiez quelle était l'opinion de
l'Hydro-Québec sur cette chose-là. Vous avez vu dans le
mémoire qu'on a présenté je pense qu'on n'a pas
besoin d'élaborer que l'Hydro-Québec prétend, avec
raison, que nous devons maintenir notre propre système de microondes.
Maintenant, c'est un problème canadien, en plus d'être un
problème québécois. Les mêmes demandes ont
été faites par différents organismes au gouvernement
fédéral.
Jusqu'ici, l'Hydro-Québec a fait ces demandes de permis au
fédéral. On a obtenu les permis dans la ligne la plus longue, la
ligne de Churchill. Actuellement, il y a des négociations entre le
ministère et le gouvernement fédéral. Ce n'est plus qu'un
problème de juridiction entre le gouvernement provincial et le
gouvernement fédéral.
M. LAURIN: Est-ce que je peux poser la question à M. Massé
dans ce cas-là?
M. MASSE (Arthabaska): II y a eu des rencontres entre l'Hydro, le
ministère des Communications et les Richesses naturelles pour examiner
le problème. Une rencontre doit justement avoir lieu avec M. Kierans,
dès demain matin.
M. LAURIN: Mais, M. le ministre, toutes les fois qu'on pose des
questions de ce genre-là, on se fait répondre qu'il y a des
discussions, qu'il y a des négociations, sans qu'on sache jamais le
corpus delicti. Qu'est-ce qui ne va pas?
M. BOURASSA: Corpus delicti?
M. LAURIN: Ce n'est pas anglais, c'est latin.
M. BOURASSA: Non, mais le chef parlementaire du Parti
Québécois, qui est un homme responsable, doit savoir qu'on ne
peut pas négocier sur la place publique. Nous avons
négocié sur le budget de M. Benson et on a vu les
résultats: $100 millions ici, $150 millions là...
M. LAURIN : Mais, est-ce qu'on peut savoir quelles sont les
thèses...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Finances a
déclaré, hier, qu'il n'était absolument pas satisfaisant
et qu'il ne répondait pas aux demandes du Québec.
M. BOURASSA: On ne pas dire qu'on est satisfait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous a demandé de déposer,
hier, le livre blanc de vos revendications. Vous n'avez pas été
capable de !e faire, parce que vous êtes en négociation depuis
huit mois, avec des résultats absolument nuls.
M. BOURASSA: Huit mois! Cela fait seulement six mois et demi qu'on est
au pouvoir. On ne peut pas être en négociation depuis huit mois.
Si vous aviez négocié plus sérieusement durant quatre ans,
nous aurions peut-être moins à négocier actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme le disait le député de
Bourget, nous avons eu des réponses négatives.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Messieurs, vous sortez du sujet.
M. BOURASSA: Je vois que M. Dozois sourit; ça lui rappelle des
souvenirs.
M. DOZOIS: Je me retrempe dans l'atmosphère.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut savoir les thèses que défend
le gouvernement du Québec en la matière?
M. BOURASSA: II défend des positions. Il y a une rencontre
demain. C'est un domaine hautement technique toute cette question des
micro-ondes.
M. LAURIN: C'est-à-dire qu'il y a une partie technique, M. le
premier ministre, qui est résolue, à mon humble avis, par des
arguments probants de l'Hydro-Québec. Des études ont
été faites par des hommes de science très respectables. Au
point de vue technique, c'est résolu. Je pense que nos techniciens sont
aussi bons que ceux du fédéral. La science n'a pas de
frontière. Il reste un problème de juridiction qui est,
semble-t-il, l'objet de litige non seulement entre l'Hydro-Québec et le
gouvernement fédéral, mais aussi entre l'Hydro-Ontario, et
l'Hydro de la Colombie-Britannique et le gouvernement
fédéral.
Il me semble qu'il est important pour nous de le savoir, étant
donné que l'Hydro-Québec a trouvé que ce serait plus
rentable, que ce serait plus efficace, que ce serait plus opportun qu'elle
possède son propre réseau de microondes, Cela c'est prouvé
scientifiquement. Il reste le problème de juridiction à
régler. Il y a des thèses en présence. Est-ce que
ça progresse? Quels sont les arguments qu'on fait valoir des deux
côtés? C'est là-dessus, je pense, que la commission
aimerait être éclairée.
M. BOURASSA: Je n'ai pas participé aux discussions. Le ministre a
dit tantôt qu'il y avait une réunion demain.
M. LAURIN: C'est pour cela que je le demande au ministre des Richesses
naturelles. C'est un spécialiste, il devrait pouvoir nous
répondre.
M. MASSE (Arthabaska): C'est une question à laquelle je ne peux
pas répondre, parce qu'il reste que c'est au ministre L'Allier
d'annoncer en temps et lieu les politiques dans le secteur des communications
du Québec. Je ne peux pas prendre sous ma responsabilité
d'annoncer des politiques qui relèvent d'un autre ministère que
le mien.
M. BERTRAND: Est-ce que l'on a discuté pour aller dans la
même ligne que le Dr Laurin au niveau du cabinet ce
problème que souligne avec raison le Dr Laurin, que c'est un
problème de juridiction, à l'heure actuelle?
M. BOURASSA: Cela a été brièvement discuté.
Cela devait être discuté d'une façon plus
élaborée la semaine dernière, ç'a été
remis à ce soir, toute la question des communications, les micro-ondes,
les câbles. Je ne pense pas qu'il y ait une décision
définitive qui puisse être prise ce soir là-dessus, mais
nous sommes absolument convaincus de l'importance de cette question. Le
mémoire que nous avons soumis à la conférence
fédérale-provinciale au mois de septembre, insistait c'est
un fait nouveau par rapport aux mémoires précédents
sur l'importance de la juridiction provinciale dans le secteur des
communications.
M. BERTRAND: Le gouvernement, se basant sur le mémoire du mois de
septembre, voudrait donc affirmer la juridiction provinciale dans ce domaine.
Les négociations se font...
M. BOURASSA: Sur cette question-là.
M. BERTRAND: ... à la lumière de ce
principe que la juridiction provinciale doit être non seulement
affirmée, mais maintenue.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'il n'y a pas eu quand
même un précédent avec l'octroi de ce permis pour Churchill
et pour...
M. GIROUX: II y en a eu plusieurs. L'Hydro-Québec a toujours
maintenu son propre réseau. C'est une création nouvelle que le
gouvernement fédéral veuille s'introduire dans ce domaine.
Actuellement, nous, nous le faisons et nous attendons pour voir qui va
établir la juridiction.
M. LAURIN: Vous allez être déclarés ultra vires,
anticonstitutionnel.
M. GIROUX: Bien, nous ne pouvons pas être déclarés
ultra vires, nous avons un réseau et nous avons eu un permis.
M. BERTRAND: Vous avez votre permis?
M. GIROUX: Nous avons un permis pour ce qui existe.
M. LAURIN: Mais pour l'extension?
M. GIROUX: Pour l'extension naturellement, comme c'est en discussion,
disons que...
M. LAURIN: Si j'ai bien compris, votre intention est de créer un
réseau intégré, complet et c'est là que le
bât blesse.
M. GIROUX: C'est là qu'intervient la question de juridiction.
Actuellement, c'est en discussion. L'Hydro a donné son point de vue, a
présenté son mémoire; toutes les associations au Canada
ont présenté un mémoire qui est pas mal conforme au point
de vue de l'Hydro, il n'y a presque pas de différence.
M. LAURIN: Est-ce que vous pouvez nous parler un peu des offres de
service que le Bell Telephone vous a faites? Est-ce que véritablement,
selon vous, elle peut dans un autre esprit répondre à vos
besoins?
M. GIROUX: La compagnie Bell le pourrait à un coût bien
supérieur et sans garantie. L'importance pour l'Hydro dans son propre
réseau et on revient toujours aux questions financières
c'est que lorsqu'on a son réseau, on l'exploite soi-même.
Il n'y a pas alors d'inflation sur le coût du réseau. Si on a un
contrat avec une firme étrangère et que ce contrat est à
court terme, disons deux ans, trois ans, à ce moment-là, elle
obteint 15 p. c, 20 p. c. 50 p. c. d'augmentation, c'est là le
problème.
M. LAURIN: Vous dépendez d'elle à ce moment-là.
M. GIROUX: On dépend d'elle. Actuellement, c'est un peu le
même problème que pour vous; quand on obtient une augmentation de
taux, vous devez le payer, alors nous, quand elle en obtient une, on doit le
payer. Tandis que si nous avons notre propre réseau, et, à part
ça, s'il y a une erreur qui se produit, c'est notre propre blâme.
A ce moment-là, comment voulez-vous déterminer techinquement le
responsable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de l'Assomption.
M. PERREAULT: ... tension, M. Giroux, vu que, pour la protection de nos
lignes à très haut voltage...
M. GIROUX: Merci de parler comme ça, vous parlez encore comme un
employé de l'Hydro.
M. PERREAULT: ... est-ce qu'il n'est pas très important, pour
notre sécurité et notre protection d'avoir nos propres
liaisons?
M. GIROUX: Absolument, toutes les recommandations sont faites dans ce
sens-là par toutes les compagnies.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay sur un autre
sujet.
M. LAURIN: Non, sur le même sujet, M. le Président.
Est-ce que dans ce cas, M. le Ministre, vous pourriez nous
préciser davantage la teneur des conversations que vous avez
déjà eues et des thèses avec lesquelles vous allez arriver
lors de la prochaine discussion?
M. MASSE (Arthabaska): Les discussions ont eu lieu, on vous l'a dit,
entre ceux qui ont une responsabilité dans ce domaine-là dans le
gouvernement provincial. Aussi longtemps qu'on n'aura pas rencontré M.
Kierans, demain, pour savoir exactement la position du fédéral et
de se faire éclaircir certains points, je pense que, personnellement, je
ne peux pas dévoiler ces points.
M. BOURASSA: II est inopportun de dévoiler ces points.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais voici...
M. BOURASSA: M. Kierans, demain, va arriver à la rencontre et va
dire: Voilà...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je comprends qu'il soit inopportun,
peut-être, à certains égards, de dévoiler la teneur
de ce que vous avez l'intention de dire. Mais il me
paraîtrait nécessaire que, devant cette commission, le
ministre des Richesses naturelles établisse quels sont les points
majeurs des revendications du gouvernement du Québec en cette
matière.
M. BOURASSA: Notre mémoire le dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais vous allez avoir demain des
négociations, des rencontres, nous a-t-on dit. Encore d'autres
rencontres.
M. BOURASSA: Vous en avez bien eu des rencontres!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous avez un dossier. Quels sont les
points majeurs, quelles sont les demandes que vous faites au gouvernement
central dans ce domaine des micro-ondes?
M. MASSE (Arthabaska): Demain, il n'y aura aucune demande de la partie
qui m'intéresse et de laquelle je suis responsable. Ce que je vous ai
dit tout à l'heure, c'est davantage pour obtenir le point de vue de M.
Kierans, du fédéral, sur cette question-là. C'est bien
sûr qu'en partant, les informations que M. Giroux vient de donner, les
coûts qui pourraient être pas mal plus élevés avec le
Bell Téléphone, l'entreprise privée, que la partie aussi
sécuritaire qui est attachée à tout le réseau de
communication de l'Hydro-Québec, on ne peut pas sortir, en ce qui
concerne l'emploi, de ce domaine-là. Donc, au départ, on va
tenter de faire valoir les points de vue du Québec auprès de M.
Kierans et après cela, savoir jusqu'où le fédéral a
l'intention d'aller.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, cela ne répond
pas du tout à ma question. Le ministre nous dit: Bon, on va aller
là-bas et on va essayer d'entendre le point de vue du gouvernement
central. Mais, il ne faut pas attendre que l'ennemi attaque. Vous devez avoir
un dossier bien préparé, comme le disait le premier
ministre...
M. MASSE (Arthabaska): Qui relève du ministère des
Communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... lorsqu'il allait à Ottawa. Oui,
mais vous avez quand même quelque chose à dire vous-même
là-dedans. On ne vous a jamais entendu, à la Chambre, sur ces
problèmes majeurs.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre a décidé,
étant donné la négociation quasi immédiate avec M.
Kierans, de ne pas en dire davantage. Le député devrait accepter
la décision du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'accepte la
décision du ministre étant bien entendu que cette décision
est conforme à la politique de servage du gouvernement libéral
à l'endroit de celui d'Ottawa.
M. BOURASSA: La politique de quoi? M.TREMBLAY (Chicoutimi): De servage.
M. BOURASSA: Servage! UNE VOIX: C'est français.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très français, M. le
Ministre. Vous savez qu'est-ce que c'est qu'un serf?
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu au moins des échanges de
correspondance dont vous pourriez nous faire part entre votre ministère
et votre homologue au fédéral, entre M. Kierans et son homologue
au provincial?
M. MASSE (Arthabaska): Personnellement, j'ai eu très peu de
correspondance. Cela s'est fait davantage par le ministère des
Communications...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par microondes.
M. MASSE (Arthabaska): ... M. Jean-Paul L'Allier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est fait par micro-ondes? Cela s'est fait
par téléphone.
M. LAURIN: Et vous ne connaissez pas la teneur de cette
correspondance?
M. MASSE (Arthabaska): Les correspondances avec le ministère des
Communications, non.
M. LAURIN: Vous ne vous rencontrez pas au cabinet pour vous en parler,
des fois?
M. BOURASSA: Ils se rencontrent mais on parle... M. le Président,
où veut-on en venir avec ces questions? On fait perdre le temps de gens
sérieux. Les gens de l'Hydro-Québec sont venus ici pour discuter
sérieusement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je regrette
infiniment. J'invoque le règlement, M. le Président.
UNE VOIX: La commission de l'Hydro-Québec est ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Le premier ministre n'a pas le droit
de dire que les questions des députés ne sont pas
sérieuses.
Nous avons interrogé le président de l'Hydro et nous avons
ensuite interrogé le ministre des Richesses naturelles sur des
négociations à venir. Or, il n'est pas capable de nous
répondre. Nous en prenons acte et nous retournons aux gens
sérieux qui connaissent quelque chose.
M. MASSE (Arthabaska): Nous vous répondrons en temps et lieu.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, j'aurais des questions assez
précises à poser au président de l'Hydro-Québec.
J'ai lu moi aussi le rapport qui a été présenté
à la télécommission et dans lequel on dit:
"L'Hydro-Québec est la plus importante de toutes les entreprises du
Québec et, à ce titre, elle doit jouer un rôle
socio-économique de premier plan. Elle doit promouvoir
l'industrialisation, contribuer dans la mesure de ses moyens à la
décentralisation économique, participer à
l'aménagement national du territoire et stimuler, de façon
générale, l'activité économique du
Québec."
J'aurais, M. le Président, quelques questions. Je suis d'abord
heureux qu'on prenne conscience de l'importance de l'Hydro-Québec.
L'importance de l'Hydro-Québec se fait sentir en particulier dans les
contrats qui sont accordés et dans sa politique d'achat. On sait que
ceci peut avoir des effets d'entraînement considérables dans
l'économie québécoise. Probablement que ceci a
déjà été discuté peut-être à
une autre commission, à un autre temps, mais je voudrais qu'on m'informe
sur la politique de l'Hydro-Québec en ce qui concerne l'achat chez les
industries québécoises ou en ce qui concerne les contrats.
Avez-vous une politique définie dont on a déjà entendu
parler, mais est-ce que cette politique demeure encore?
M. GIROUX: Je vais essayer de répondre. Si vous n'êtes pas
satisfait, vous me poserez une autre question.
M. LESSARD: J'ai plusieurs questions.
M. GIROUX: Je reviendrai dans le détail. L'Hydro-Québec
s'applique à amener des industries dans le Québec, en
coopération avec le ministère de l'Industrie et du Commerce. Ceci
comme principe de base. Naturellement si, dans la province de Québec,
deux manufacturiers donnent satisfaction pour fabriquer n'importe quoi
disons un micro dont on a besoin nous réserverons nos demandes de
soumissions à des fabricants québécois. Cela répond
à la question de base.
Quand on a des demandes de soumissions qui sont publiques,
naturellement, et qui impliquent de l'importation ou des produits qui peuvent
être manufacturés à l'extérieur,
l'Hydro-Québec s'applique à donner préférence aux
produits manufacturés dans le Québec.
M. LESSARD: Toujours sur la même question, M. le Président,
cela concerne particulièrement Manic-3 cette fois, pourriez-vous nous
dire quelle compagnie a obtenu le contrat des cuisines à Manic-3?
Versa Food
M. GIROUX: Le contrat des cuisines a été accepté
suivant une demande de soumissions et c'est Versa Food, je crois, qui a eu ce
contrat. Il y a un problème, je ne sais pas, si je puis anticiper,
où vous voulez en venir, il y a une compagnie québécoise,
Versa Food, qui est contrôlée par une compagnie de l'Ontario; des
Québécois ont donc des intérêts dans la compagnie
ontarienne.
M. LESSARD: Alors est-ce que les administrateurs de Versa Food sont des
administrateurs du Québec?
M. GIROUX: Oui.
M. LESSARD: N'est-ce pas plutôt une filiale d'une compagnie
américaine?
M. GIROUX: C'est une filiale d'une compagnie canadienne de Toronto, dont
on m'a dit je n'en ai pas la preuve, mais j'ai raison de le croire
qu'un des principaux actionnaires est la Caisse de dépôt du
Québec.
M. LESSARD: Maintenant quand je prends, par exemple, la direction de la
compagnie, je n'y trouve aucun Canadien français.
M. GIROUX: Celle de Toronto ou celle des Etats-Unis?
M. LESSARD: Celle de Toronto, c'est-à-dire Versa Food,
enregistrée aux institutions...
M. BOURASSA: A la Caisse de dépôt.
M. LESSARD: ... au ministère des Institutions
financières.
M. GIROUX: Oui, mais ce qui peut arriver, comme je vous dis, c'est
qu'une compagnie peut contrôler une compagnie qui est
québécoise, qui a des directeurs québécois.
M. LESSARD: D'accord. Est-ce que c'était la première fois
que cette compagnie faisait affaires avec l'Hydro- Québec?
M. GIROUX: C'est la première fois à ma connaissance.
M. LESSARD: C'est la première fois, à votre
connaissance?
M. GIROUX: A ma connaissance, oui.
M. LESSARD: Quels étaient les autres soumissionnaires?
M. GIROUX: Les autres soumissionnaires, dans le cas actuel, il y avait
Codner, Hubert & Bond qui avaient le contrat actuellement, dont la
soumission ne pouvait être acceptée parce qu'ils ne pouvaient pas
déposer un chèque.
M. LESSARD: Bon, en ce qui concerne Codner, Hubert & Bond est-ce que
cette compagnie faisait affaires depuis assez longtemps avec
l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Elle faisait affaires depuis le début de Manic.
M. LESSARD: Alors, vous parlez du dépôt de chèque.
Est-ce qu'il y avait une lettre qui était...
M. BOURASSA: Ce sont des détails ...
M. LESSARD: Oui, ce sont des détails, mais ce sont des
détails qui peuvent avoir extrêmement d'importance sur, par
exemple, les travaux mêmes à l'intérieur de
l'Hydro-Québec, parce que, actuellement, à ce que je sache, il y
a certaines plaintes vis-à-vis de la compagnie Versa Food pour les
services qui sont donnés. Alors est-ce que Codner, Hubert & Bond
donnait des services à l'Hydro-Québec depuis assez longtemps?
M. GIROUX: Ils ont eu des problèmes, eux aussi, en
débutant. Ils ont eu des problèmes comme tout le monde, quand on
ouvre un chantier. Maintenant, dans l'ensemble, ils donnaient satisfaction.
M. LESSARD: Vous dites que la Codner, Hubert & Bond ne se pliait pas
complètement aux conditions de la soumission. Est-ce que vous pourriez
déterminer quelles étaient les conditions.
M. GIROUX: II faut distinguer entre se plier complètement et ne
pas se plier complètement. Quand on fait une demande de soumissions, on
dit qu'il faut déposer un chèque certifié...
M. LESSARD: D'accord...
M. GIROUX: C'est une demande, et lorsque le chèque
certifié n'est pas là, on retourne les soumissions.
M. LESSARD: Le chèque certifié est une condition,
évidemment, de la ...
M. GIROUX: C'est une condition pour que la soumission soit admise. Quand
vous ne rencontrez pas la première condition, les gens qui ouvrent les
soumissions doivent rejeter la soumission et la retourner.
M. LESSARD: Maintenant, vous aviez dans votre soumission, dans les
devis, dans les explications sur les soumissions, une condition qui exigeait
que la compagnie donne la liste du matériel qu'elle possédait
pour donner le service, ce qui était une preuve que cette
compagnie-là pouvait donner le service. Est-ce que Versa Food a fourni
cette liste-là?
M. GIROUX: II y avait un temps pour fournir la liste et ils l'ont
fournie.
M. LESSARD: Ils l'ont fournie. Est-ce qu'au moment des soumissions, la
liste était fournie?
M. GIROUX: II y avait un délai pour la fournir.
M. LESSARD: II y avait un délai. Quel était ce
délai?
M. GIROUX: Le délai, je ne pourrais pas vous donner cela par
coeur, mais je pourrai vous répondre ...
M. LESSARD: Est-ce qu'il est possible, M. le Président, d'obtenir
les explications sur cette soumission-là et d'obtenir le
dépôt des documents sur les deux soumissions qui ont
été fournies?
M. GIROUX: Certainement.
Contrat d'assurance
M. LESSARD: C'est possible. Vous dites, si on va dans un autre domaine,
qu'on favorise les compagnies québécoises à
propriété canadienne-française, autant que possible.
Est-ce que vous pourriez me dire vous avez un plan d'assurance pour les
ouvriers de l'Hydro-Québec quelle est la compagnie qui a ce plan
d'assurance?
M. GIROUX: Les assurances de l'Hydro-Québec, avant qu'on passe
...
M. LESSARD: Pour les employés de l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: Vous voulez parler de l'assurance-vie?
M. LESSARD: Oui.
M. GIROUX: II y a jusqu'à trois ans ou quatre ans c'est M.
Gauvreau qui s'est occupé de ça ce plan était
entièrement d'une compagnie d'assurance qui s'appelle la Sun Life qui,
entre parenthèses, est un acheteur majeur des
obligations de la province de Québec. M. Gauvreau s'est
occupé de cela. On a conçu une idée et aujourd'hui, le
plan d'assurance est divisé entre la Sun Life qui en a 40 p. c, les
caisses populaires qui en ont 20 p. c, l'Industrielle de Québec en a 20
p. c. et je crois que ce sont quatre compagnies d'assurance qui ont 5 p. c.
M. LESSARD: En ce qui concerne toujours la politique de l'achat, vous
avez, dans des régions, certains bureaux régionaux, qui ont
besoin de matériel, soit de l'énergie,de pétrole, etc,
est-ce qu'il y a une politique d'achat au niveau de l'Hydro-Québec qui
est déterminée à ces régions-là? Est-ce
qu'on va favoriser exclusivement un dépositaire, par exemple, ou on
favorise l'ensemble des dépositaires d'une région?
M. GIROUX: Par exemple, au point de vue de l'essence et toutes ces
choses-là, les recherches que j'ai faites, les résultats que j'ai
eus, c'est qu'on encourageait l'ensemble. On achète localement.
M. LESSARD: D'accord. Alors on encourage l'ensemble des
dépositaires.
M. GIROUX: L'ensemble des dépositaires.
M. LESSARD: Je dois vous dire, M. Giroux, que dans mon cas, dans le
comté de Saguenay, ce n'est pas le cas actuellement.
M. GIROUX: Alors, si vous voulez m'écrire, je ferai corriger.
M. LESSARD: D'accord, je vais vous écrire. Maintenant, sur
...
M. GIROUX: Vous comprenez que, comme président de l'Hydro, je ne
peux vérifier tous les achats.
Si vous m'écrivez, je verrai à ce que les personnes soient
mises sur la liste et tout le monde sera inclus.
M. LESSARD: J'ai écrit, M. le Président, au responsable de
l'Hydro-Québec dans ma région il y a un mois et demi ou deux mois
et je n'ai pas encore reçu de réponse.
M. GIROUX: Vous m'enverrez la copie.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il moyen de poser les questions une par une?
Une dernière question, parce qu'il y a d'autres
députés qui voudraient poser des questions.
M. LESSARD: Je ne le sais pas, mais il me semble que la commission n'est
pas nécessairement ici pour la matinée.
M. LE PRESIDENT: Non.
M. LESSARD: Alors, s'il y a d'autres questions, je pourrai revenir sur
mes questions. Il n'y a pas de problème.
M. LE PRESIDENT: Alors, le député de
Trois-Rivières.
Promotion industrielle
M. BACON: Dans la politique de régionalisation de vos
opérations, M. le Président, vous avez parlé tantôt
de développement industriel. Les compagnies nationalisées avaient
des services de développement industriel qui travaillaient chacun sur
leur territoire.
Est-ce l'intention de l'Hydro d'avoir, sur une base régionale, au
moins un délégué industriel qui pourrait s'occuper de
l'industrialisation dans son territoire?
M. GIROUX: Actuellement, nous travaillons avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Nous devons rencontrer le ministère de
l'Industrie et du Commerce prochainement. Nous fournissons tous les experts
dont il a besoin. Cela a toujours été la politique jusqu'à
maintenant de faire faire ce travail par le ministère de l'Industrie et
du Commerce en lui fournissant les services dont il a besoin. Chaque fois qu'il
nous délègue quelqu'un, nous avons les gens capables de fournir
les explications au point de vue de l'énergie.
M. BACON: Mais actuellement, ce n'est pas votre intention d'avoir une
politique de développement industriel?
M. GIROUX: Nous avons des représentants de vente comme tels, mais
ce ne sont pas des agents de promotion industrielle.
M. BACON: Dans un autre ordre d'idées, on a mentionné
tantôt les questions d'assurance-vie. Dans la question des fonds de
retraite, y a-t-il eu un équilibre, à un moment donné, qui
a été fait entre les fonds de retraite des compagnies
nationalisées et le fonds de retraite de l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Par équilibre, que voulez-vous dire?
M. BACON: Le problème semble celui-ci. Etant donné qu'il y
avait des différences au départ, au moment de la nationalisation,
entre les fonds de retraite des différentes compagnies
nationalisées, il semble qu'il y ait carence à l'heure actuelle
entre celui qui... Est-ce l'intention de la commission de...
M. GIROUX: Vous donner une intention, c'est assez difficile. Je peux
vous dire ce que
nous avons fait. Depuis un ans, nous avons un comité qui a
examiné toutes ces choses. Actuellement, nous opérons exactement
conformément aux ententes et à la loi, avec le service des
pensions. Nous avons un comité, nous avons engagé un actuaire de
l'extérieur qui fait une étude complète de toute la
question des pensions à l'hydro Québec et nous pouvons nous
attendre à un rapport...
M. GAUVREAU: En 1966, un effort énorme s'est fait pour
intégrer tous les employés à un même plan de
retraite. Je ne peux pas appeler ça une opération
d'équilibre, mais les bénéfices acquis à ce
moment-là ont, en général, été gelés,
les bénéfices ont été maintenus et ils ont tous
été versés dans un fonds beaucoup plus
généreux.
A ce moment-là, la plupart des employés ont marqué
une satisfaction assez évidente du règlement, surtout les
employés qui n'étaient pas trop rapprochés de la retraite
et qui avaient la possibilité d'acquérir en très peu
d'années des bénéfices beaucoup plus
généreux sous le nouveau régime de l'Hydro-Québec.
Nous n'avons pas fait de rétroactivité à ce
moment-là. Nous n'avons pas non plus permis de rachat d'années de
service, parce qu'il aurait fallu l'accorder à 4,000 ou 5,000
employés, ce qui nous aurait paru très coûteux. Cela ne
fait pas encore cinq ans que ce régime nouveau est en vigueur. Trois ans
après, avec l'érosion du dollar, avec l'inflation,
évidemment, il y a certains bénéfices de droits acquis de
gens retraités ou sur le point de prendre leur retraite qui sont devenus
tellement faibles que nous avons toutes sortes de revendications, du genre
indexation, relèvement de la pension de gens déjà
retraités, rachat d'années de service; il y en a une multitude;
je pourrais énumérer tout de suite au moins 20
revendications.
Devant la très grande variété des revendications,
devant certaines situations qui nous paraissent inéquitables et devant
les difficultés du problème et les coûts qu'il faudra
encourir pour les employés actifs et par l'entreprise, pour
améliorer cela, nous avons cru bon de faire une étude
complète et intégrale de toute la sécurité sociale
de l'Hydro parce que nous sommes très généreux dans
certains domaines et nous dépassons beaucoup d'autres compagnies et tout
le monde en bénéficie, même les compagnies filiales.
Un rapport très complet, avec projection à long terme, non
pas pour trois ou quatre ans, mais dix ou quinze ans, nous sera remis d'ici
quelques mois. Tous les genres de revendications et de doléances que
nous avons entendues ont été classées, examinées et
étudiées. Dans certains cas, nous avons même apporté
de l'aide à des cas spéciaux. Si vous avez des questions
précises, alors ce sera plus facile de répondre. Il y en a
tellement, que cela va prendre pas mal de temps, mais on peut y
répondre.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): L'honorable député de
Gouin.
M. JORON: Merci, M. le Président. M. Gi-roux a mentionné
tout à l'heure, quand on parlait de politique d'achat, qu'en autant
qu'on pouvait trouver le produit au Québec... Il arrive
fréquemment, j'imagine, que l'Hydro soit obligée de
s'approvisionner, pour certains types de produits, à l'extérieur.
Dans des cas comme cela, est-ce qu'il n'appartient pas à l'Hydro comme
telle d'envisager la création d'entreprises industrielles ou un
système qui ferait que l'Hydro... Cela a été fait un peu
dans le cas de la Cegelec et l'Hydro a rencontré la compagnie et le
résultat a été bon.
N'est-ce pas le rôle ou la politique de l'Hydro si ce n'est
pas son rôle de faire de l'intégration verticale et de devenir
producteur de toutes sortes d'affaires de coordonner son activité
pour signaler à d'autres organismes gouvernementaux ou
paragouvernementaux, comme la SGF, la priorité, peut être,
justement de créer...
M. GIROUX: Voici. Vous pouvez avoir la réponse dans ce domaine.
Cegelec est partie d'une compagnie qui avait très peu de capital. Pour
pouvoir les lancer, les commmandes sont venues exclusivement de
l'Hydro-Québec, qui les ont maintenus. Je crois que cette politique doit
être maintenue au Québec. On ne peut pas faire autrement, si on
veut installer des gens, il faut faire le sacrifice nécessaire pour le
démarrage.
Vous avez toute la partie des alternateurs et des turbines, à
part des autres choses, qui sont strictement québécoises. On leur
a donné des taux préférentiels, c'est clair. Il y a
d'autres choses qui viennent, par exemple, comme l'ASEA. C'est une usine de
transformateurs qui est attachée au laboratoire de recherche. Vous me
direz la question vient de m'être posée qu'il y
avait des compagnies qui en faisaient au Canada. Oui, il y a certaines de ces
compagnies-là qui en fabriquent au Canada, mais qui ne les fabriquent
que pour le Canada. ASEA était intéressante à amener au
Québec, en leur donnant un taux préférentiel pour les
années de démarrage sur leurs commandes, parce qu'elle
détient 6 p. c. du marché américain. Au Québec, on
peut donc avoir un genre de manufacturier qui exportera et qui ne
dépendra pas exclusivement des commandes de l'Hydro-Québec.
Naturellement, chaque fois que nous avons des conversations avec
quelqu'un, on essaie de vendre l'idée de fabrication au Québec et
on leur offre certaines choses.
Il faut aussi prendre en considération certains manufacturiers
dont l'appareil même est fabriqué en dehors, mais qui ont 3,000,
4,000 ou 5,000 employés au Québec. Souvent on ne peut pas les
ignorer pour un produit, s'ils sont
déjà installés au Québec et y fabriquent
d'autres produits. Souvent on a des reproches à l'Hydro. On nous dit:
Oui, mais vous avez acheté ça, il s'en fabrique à
Québec. C'est vrai, mais on ne peut pas éliminer cette
compagnie-là, parce qu'elle a déjà fait un effort de
manufacturer au Québec.
M. JORON: Je comprends votre situation dans les pressions que vous
pouvez faire sur des compagnies comme ça mais est- ce que l'Hydro se
contente justement de faire ce type de pression sur tous ses fournisseurs ou si
elle est en communication en même temps avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce, la SGF, d'autres organismes ou plus directement le
gouvernement du Québec? Je pense que, dans ce sens-là, l'action
de l'Hydro vise ou peut viser dans un certain sens à une diminution
progressive d'une domination de l'industrie étrangère sur notre
économie, quand les occasions se présentent ou à
partir...
M. GIROUX: Vous pouvez être assuré que chaque fois qu'une
occasion se présente, on le fait. Nous avons même
déjà recommandé au gouvernement de suivre les
méthodes d'achat de l'Hydro.
M. JORON: Nous écoutez-vous des fois?
M. GIROUX: Cela va prendre un certain temps, mais ça va
venir.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M.Giroux, lors de la construction de Manic-5, le transport
maritime était, je pense, effectué par des agences maritimes en
vertu de soumissions publiques. Est-ce que, pour l'éventuelle
construction de Manic-3, vous avez jusqu'ici un contrat de navigation de
donné pour le transport des matériaux?
M. GIROUX: Je crois que le contrat n'est pas fini.
M. MAILLOUX: Des agences maritimes? Est-ce qu'il doit se terminer dans
le cours de l'année 1971?
M. GIROUX: II faudrait que je vérifie pour le savoir. Il n'y a
pas beaucoup d'autres agences que celles-ci dans le moment.
M. MAILLOUX: Je pose la question, M. Giroux, pour une raison
particulière. L'Hydro-Québec, lors de la construction des
barrages, loue de l'équipement de différents propriétaires
à des taux que fixe l'Hydro-Québec. Forcément, pour
Manic-5, une compagnie a bénéficié d'un contrat qui a
été prolongé, parce que, je pense, le volume n'avait pas
été atteint. Est-ce que l'Hydro, à l'endroit de tous les
caboteurs qui rencontreraient les exigences de l'Hydro je parle des
caboteurs de 500, 600 ou 700 tonnes de coque d'acier qui actuellement font face
à des difficultés économiques très
considérables ne pourrait pas éventuellement, pour toute
la construction de Manic-5 engager tous ces caboteurs sans qu'un contrat
favorise précisément une compagnie?
M. GIROUX: C'est une question qui pourrait être
étudiée, mais, à première vue, il nous faut diriger
tout le transport de la marchandise, décider à l'avance où
elle doit aller et qui doit la transporter, dans nos demandes de
soumissions.
M. MAILLOUX: Mais si l'ensemble des caboteurs qui actuellement sont pris
avec des difficultés financières et qui ont des immobilisations
de $300,000, $400,000 et $500,000 et qui peuvent être en faillite...
M. GIROUX: S'ils formaient une compagnie qui serait aussi
importante...
M. MAILLOUX: Ils sont en association, je pense, tous ceux qui
rencontrent les exigences...
M. GIROUX: Je ne vois pas... Cela dépend jusqu'à quand le
prolongement du contrat a été fait.
M. MAILLOUX: Mais pour le prolongement du contrat de Manic-5, il me
semble qu'il y avait un tonnage dont bénéficiaient les agences
maritimes. Cela a été prolongé. Manic-5 est quand
même terminé en gros depuis déjà un certain
temps.
M. GIROUX: Oui, mais je crois qu'on n'a pas rencontré la base
minimum, c'est pourquoi il y a eu un prolongement jusqu'à la fin de
1971.
M. MAILLOUX: Fin 1971. Mais est-ce qu'à cette
échéance-là, devant le problème que rencontrent
l'ensemble de ces propriétaires-là, l'Hydro-Québec ne
pourrait pas, suivant des critères qu'elle pourrait elle même
établir...
M. GIROUX: Bien, c'est que si on pouvait établir avec ces
gens-là des critères de base avec des garantis
nécessaires...
M. MAILLOUX: Oui, oui, des fournitures.
M. GIROUX: ... je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas.
M. MAILLOUX: Je vous remercie.
M. GIROUX: II s'agirait qu'ils établissent une structure avec des
garanties financières. Je ne connais pas du tout la situation.
M. MAILLOUX: Bien, disons que je ne suis pas mandaté par les
caboteurs du Saint-Laurent...
M. GIROUX: Non, non, on explore le problème.
M. MAILLOUX: ... mais je sais qu'ils vivent actuellement un
problème.
M. GIROUX: Si vous lez voyez et vous leur dites: II faut vous
établir en un genre de compagnie ou enfin un ensemble d'associations qui
donnent des garanties financières, nous, on va demander l'assurance par
la compagnie d'assurances. Alors il faut qu'ils soient sûrs de cela. A ce
moment-là, je suis bien prêt à faire étudier leur
possibilité.
M. MAILLOUX: Parce qu'une telle éventualité permettrait,
je pense, s'il y avait un partage équitable de fait parmi tous ces
caboteurs-là, de leur faire passer la crise qu'ils subissent depuis un
certain temps.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
Fonds de pension
M. TETREAULT: Moi, M. Giroux, c'est un certain problème qui
concerne les anciens employés de la Shawinigan qui sont au nombre de 55
qui ont manifesté le désir de retirer leur fonds de pension qui
était avec la Standard Life. Le problème dure depuis 1967, et il
y a eu un jugement temporaire de rendu. Est-ce que vous pourriez me dire
où vous en êtes rendu dans cette affaire?
M. GIROUX: Vous dites qu'il y a un jugement qui a été
rendu?
M. TETREAULT: Un jugement temporaire a été rendu le 16
mars 1970 par le juge Beaudet de la cour Supérieure.
M. GAUVREAU: C'est un problème entre ces
employés-là et la Standard Life. Le contrat de fonds de pension,
qui existait à ce moment-là, était un fonds de pension
contractuel auquel l'Hydro n'est pas partie. Alors nous ne sommes pas au
courant, nous n'avons pas été, en tant que commission, saisis de
cette poursuite.
M. TETREAULT: La réponse que vous donnez fait justement ressortir
le problème. L'Hydro-Québec dit que c'est un problème de
la Standard-Life; la Standard Life dit que c'est le problème de
l'Hydro-Québec, ça fait que là le ballon passe d'une place
à l'autre.
M. GIROUX: Si la Standard Life avait dit ça, elle nous aurait
appelé quand elle a été poursuivie.
M. TETREAULT: On a écrit au ministre des Richesses Naturelles et
puis on nous a référé à vous et on n'a pas encore
eu de réponse.
M. GIROUX: Si les employés ont pris une action, c'est parce que
la Standard Life ne s'estimait pas responsable. Si elle croyait qu'on
était responsable, elle nous aurait appelé comme
défendant, c'est absolument normal. Nous n'avons pas été
appelés.
M. TETREAULT: Selon l'Hydro-Québec, la responsabilité
revient strictement à la Standard Life.
M. GIROUX: Je crois que oui, maintenant...
M. GAUVREAU: Ce qui me surprend, moi, ce sont les 55 employés. Je
crois que dans le cas d'un employé donné, l'Hydro-Québec
pourrait être consultée comme ayant remplacé la Standard
Life en tant que l'ancien contractant patronal parce que l'Hydro-Québec
a acquis la Shawinigan. L'Hydro-Québec peut avoir été
consultée pour un cas, mais le cas des 55, je ne sais pas si d'autres
commissaires en ont été saisis, mais ce n'est jamais venu
à la commission ce cas-là.
M. GIROUX: Alors on peut faire examiner le cas.
M. GAUVREAU: On pourrait...
M. TETREAULT: Ils ont engagé un avocat et tout. Cela traîne
depuis 1967 puis il n'y a jamais de réponse. Une fois c'est l'Hydro, une
fois c'est la compagnie.
M. GIROUX: S'il y a des choses qui trament dans un bureau d'avocat,
c'est peut-être normal.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: M. Gauvreau, c'est justement dans cette veine-là que
j'ai soulevé la question tantôt. Il semble réellement qu'il
y ait une insatisfaction du côté des anciens employés de la
Shawinigan. Je ne sais pas s'il y a eu une difficulté à la
passation parce que vous dites que vous n'étiez pas partie
contractante à ce moment-là mais, comme vous l'avez
ajouté par la suite, vous l'êtes devenue en nationalisant la
compagnie Shawinigan, vous avez été obligé de prendre ses
obligations et ses contrats.
Vous n'étiez pas partie contractante au départ, mais vous
êtes devenu partie contractante en la nationalisant.
M. GIROUX: On respecte les contrats.
M. GAUVREAU: Les contrats sont signés. On ne peut pas les
changer.
M. GIROUX: On respecte les contrats.
M. BACON: Je suis parfaitement d'accord.
M. GIROUX: On a toujours respecté les contrats.
M. TETRAULT: Mais quelle est votre position, à
l'Hydro-Québec?
M. GAUVREAU: Bien, à partir de 1966...
M. BACON: C'est ce que je trouve drôle, M. le Président,
c'est qu'il semble que, dans certaines standardisations, comme les tarifs et
ces choses-là, cela a bien été. Mais pour les
bénéfices sociaux, cela semble prendre passablement
d'années.
M. GAUVREAU: Cela a été fait à un moment
donné.
M. BACON: Non, mais prenez l'exemple d'un bonhomme, disons, de la
Shawinigan ou de la Southern Canada Power. Je pense que le plan de pension
équivalait à 30 p. c. ou 35 p. c. du salaire après un
certain nombre d'années, alors qu'à l'Hydro, comme vous le disiez
tantôt, vous étiez très généreux dans une
proportion, me dit-on, autour de 80 p. c. En fait, le bonhomme est devenu,
à ce moment-là, un employé de l'Hydro. Il reste qu'avec
toutes les années qui passent, l'écart reste toujours. Il ne
semble pas y avoir de solution apportée même au moment où
vous me parlez.
M. GAUVREAU: L'écart augmente...
M. BACON: Je comprends mal que, dans d'autres domaines, la
standardisation se soit faite rapidement et que, dans celui-là,
ça semble tramer. C'est quand même un problème important.
Vous avez des bonshommes qui se retirent actuellement avec des fonds de pension
moindres. Ils restent, à un moment donné, avec des
difficultés, surtout si vos décisions ne sont pas
rétroactives.
M. GIROUX: Ils ne se retirent pas dans une situation moindre qu'avec le
contrat qu'ils avaient avec l'ancien employeur.
M. BACON: La partie qui lui est donnée, c'est pour la
période où il a travaillé pour l'Hydro.
M. GIROUX: Quant à la partie donnée pour la période
durant laquelle il a travaillé pour l'Hydro à partir de 1966, il
est sur la nouvelle base. On ne le force pas à suivre son ancien
contrat.
M. BACON: Oui, mais il reste quand même un écart, M. le
Président.
M. GIROUX: II reste naturellement un écart, mais il faut penser
qu'à ce moment-là, il y a aussi une analyse. Est-ce qu'il a
souscrit le même montant que les employés de l'Hydro
souscrivaient? Est-ce qu'il a eu un salaire supérieur et des
bénéfices moindres? C'est ce que nos gens sont à
étudier actuellement.
M. GAUVREAU: C'est ce que nos gens étudient parce que, justement,
l'écart entre les avantages que les anciens employés de l'Hydro
vont retirer à leur départ semble être de plus en plus
grand avec celui de ces compagnies-là, ce qui n'apparaissait pas comme
ça au départ, et cela est dû à l'inflation.
M. BACON: D'accord, d'accord! A part ça, dans le cas du bonhomme
qui se retirait, au moment de la nationalisation, ses cotisations
étaient probablement moindres parce que les conventions avaient
commencé...
M. GAUVREAU: C'était des fonds de pension beaucoup moins
généreux. A la Southern, c'était 1 p. c. par année
sur les dernières années de service; à la Shawinigan,
c'était 2 p. c. sur le salaire de carrière.
M. BACON: H semble, d'un autre côté, par exemple, que les
compagnies, de temps à autre je ne sais pas si l'information est
juste versaient un certain montant, périodiquement comme
bénéfice au fonds de pension.
M. GAUVREAU: II y avait sept compagnies. Entre 1947, 1948 ou 1949, les
compagnies ont commencé à mettre...
M. BACON: Ont commencé.
M. GAUVREAU: ... en vigueur, différents plans, sans grande
expérience, avec des compagnies privées ou différents
systèmes. Dans deux plans, je sais qu'il y a eu des
améliorations, à un moment donné, après cinq ou six
ans. On nous dit: Cela fait déjà cinq ans et vous n'avez pas
encore amélioré ce que vous nous avez donné en 1966 et qui
semblait bon. Mais nous vous répondons: Le problème est complexe.
Il n'est pas le même pour ceux de chaque entreprise. Ce n'est pas le
même genre de bénéfices. Il va y avoir un coût
à ça. Le coût devra être partagé et par
l'entreprise et par les consommateurs d'électricité et par les
employés actifs qui devront peut-être aussi avoir un mot à
dire et par la partie syndicale aussi, qui ne sera peut-être pas
satisfaite, par contre, par exemple, si on améliore le cas des
employés retraités qui ne sont plus actifs. Nous
l'étudions franchement et nous sommes résolument engagés
dans cette voie. Mais nous n'ignorons pas le genre de représentation que
nous avons.
M. GIROUX: Tenez pour acquis que la porte
n'est pas fermée à ces choses. Il faut une étude,
mais il faut une étude bien approfondie. Tenez également pour
acquis que l'employé n'a été lésé d'aucune
façon par l'Hydro. Il ne peut pas avoir éé
lésé par l'Hydro, il avait un contrat que nous avons
respecté. Il n'a pas été amélioré.
M. GAUVREAU: II a été amélioré dans certains
cas. Prenez la Southern Canada Power. Le fonds de pension y était
basé sur les dernières années de service. Nous avons
modifié le règlement de la Southern Power pour qu'il soit
basé sur les années de service à
l'Hydro-Québec.
Nous avons aussi amélioré ce plan en changeant le
règlement qui exigeait quinze années de service pour se
qualifier. Nous l'avons réduit à dix années de service.
Nous avons fait un minimum d'amendements qui ne semblaient pas trop
coûteux à l'entreprise.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, comme nous devrons ajourner à une
heure, je vais vous donner la liste par priorité: Le
député de Montcalm, le député de Saguenay, le
député de Gouin et le député d'Abitibi-Est.
M. LESSARD: M. le Président, est-il décidé que la
commission des Richesses naturelles ne siège que ce matin au sujet de
l'Hydro-Québec?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEVESQUE: Oui. Nous nous sommes entendus pour libérer les gens
de l'Hydro-Québec à une heure, quitte, à la prochaine
session, à avoir l'occasion de reprendre cet intéressant
dialogue.
M. LESSARD: M. le Président, il reste que j'ai l'impression que
nous sommes en train de discuter d'une des grandes compagnies
québécoises. Ce n'est pas dans une seule matinée que nous
pouvons obtenir toutes les réponses à nos questions.
M. LE PRESIDENT: A la prochaine session, comme le disait le
député.
M. LESSARD: Moi, j'en ai encore.
M. LEVESQUE: Si on discutait moins, on pourrait procéder.
M. LE PRESIDENT: Oui. Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aimerais faire savoir au
président de la Commission hydroélectrique les thèmes que
j'aimerais aborder avec lui: II y a d'abord la question de l'aménagement
du territoire, deuxièmement, les recherches en pétrole, le
programme de publicité de l'Hydro-Québec et le programme
d'investissements pour l'année qui viendra.
Concernant l'aménagement du territoire, dans votre exposé,
vous avez, M. le Président, mentionné à quelques reprises
l'existence d'un comité interministériel au sujet de
l'aménagement à la baie James. On sait l'importance de
l'aménagement du territoire dans les politiques nouvelles des Etats. On
sait également, à l'intérieur des politiques
d'aménagement, l'importance de la coordination des actions des diverses
entreprises de l'Etat, particulièrement de l'Hydro-Québec que ce
soit dans le domaine de l'investissement industriel, que ce soit dans le
domaine de l'aménagement des lignes aériennes ou dans
l'établissement même des centrales dans telle ou telle
région plutôt que telle autre. Quelles sont présentement
les politiques de l'Hydro-Québec dans ce domaine de
l'aménagement, les organismes de coordination que vous avez avec l'Etat
et les difficultés et les avantages que vous y trouvez?
M. GIROUX: Pour prendre votre dernière question, nous n'avons pas
éprouvé de difficultés encore parce qu'on commence avec
des comités interministériels. Le premier point, je crois, qui
viendra parce que vous vous rapportez à la question principale
est celui de la baie James. C'est la question des routes, au point de
vue économique, tous les domaines à quoi cela peut servir,
l'usage du bois, quand on pourra construire à tel endroit pour permettre
au ministère des Terres et Forêts d'en faire usage. Toutes ces
choses sont à l'étude. Nous espérons être eh mesure
de faire au gouvernement un rapport qu'il remettra au comité
interministériel, faire un schéma de certaines
possibilités.
A ce moment-là naturellement, deviendra soit la
coopération du gouvernement soit la non-coopération. Cela
dépend de la rentabilité du projet.
M. MASSE (Montcalm): Quels sont les organismes membres du comité
interministériel présentement?
M. GIROUX: II y a les ministères des Richesses naturelles, des
Terres et Forêts et de la Voirie.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, c'est que...
M. GIROUX: L'Industrie et le Commerce, je m'excuse.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, l'Hydro-Québec, avec
le gouvernement, débute dans des politiques d'aménagement et le
premier travail que vous vous êtes donné, c'est la
responsabilité de chaque groupe en présence; le partage des
coûts et la fréquence du travail, etc. Il n'y a pas,
jusqu'à maintenant, de politique définie dans ce domaine, mais
c'est ce que vous êtes en train de faire.
M. GIROUX: C'est ce qu'on est en train de préparer et...
M. MASSE (Montcalm): D'accord, on aura l'occasion d'en rediscuter
à la prochaine séance. Dans le domaine du pétrole, je vois
que la question a amené des gens de l'Hydro-Québec à nous
distribuer un certain nombre de feuilles sur la prospection
pétrolière. On sait que, dans ce domaine-là, le
ministère des Richesses naturelles a une politique
pétrolière. Ils ont mis sur pied un organisme, une régie
pour la recherche avec l'exploitation en suspens dans ce domaine-là. On
sait également que l'Hydro-Québec a des participations dans la
recherche présentement. Est-ce que vous pourriez, dans quelques mots,
informer les membres de la commission où l'Hydro-Québec en est
face à tout cela, dans le domaine du pétrole?
M. GIROUX: Vous savez que l'Hydro a eu un mandat que le gouvernement lui
a donné, dans le temps, d'exploiter, vu certaines divergences de vues
avec le gouvernement fédéral. Le gouvernement, au moment
où il a créé Soquip, nous a demandé de
retransporter à Soquip tous les droits que nous avions en
fidéicommis, alors retransporter tous les droits sur lesquels nous
n'avions pas de contrat avec la firme qui s'appelle Sarep.
Si vous voulez des détails au point de vue de ce que comporte le
contrat de Sarep, c'est ça?
M. MASSE (Montcalm): Non, ce que je voudrais savoir, c'est un
énoncé de principe de la politique de l'Hydro- Québec dans
le domaine pétrolier.
M. GIROUX: Actuellement, dans le domaine pétrolier, on a
demandé au gouvernement, à chaque année, par exemple quand
on a ouvert une nouvelle aventure avec Sarep, l'autorisation au conseil des
ministres de faire telle chose. L'Hydro n'a pas de politique. On suit la
politique du ministère des Richesses naturelles. Nous sommes le
fiduciaire pour ces droits-là.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que vous avez l'impression que le
ministère, lui, a une politique, parce que je vais être
obligé de me retourner vers le ministre pour lui demander s'il en a une
politique dans le domaine du pétrole et qu'est-ce qu'il transmet
à l'Hydro-Québec comme demande.
M. LEVESQUE: Le ministre aura certainement l'occasion de vous
répondre, lorsque la commission sera convoquée à cette
fin.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien, c'est que le ministre n'a pas
encore pris connaissance de la politique qu'il doit exposer...
M. LEVESQUE: Nous avons quelques minu- tes qui restent. Je pense bien
que ce serait juste pour les autres députés qui attendent de
prendre la parole...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le téléphone fonctionne avec
Ottawa...
M. MASSE (Montcalm): Je pense que c'est quand même important la
politique du pétrole dans ce domaine-là. On a parlé tout
à l'heure des centrales thermiques. Tout le monde sait fort bien que la
base des centrales thermiques, ce n'est quand même pas l'eau potable,
cela touche de très près au pétrole. L'Hydro-Québec
a des contrats, ou a eu des contrats de recherche. Le président de la
commission nous dit qu'ils sont dépendants des politiques et de
l'orientation du ministre des Richesses naturelles. J'aimerais bien savoir,
à l'intérieur de cela je veux bien me promener d'une
commission à l'autre et dire, bien une partie de la question va à
la commission des Richesses naturelles, l'autre partie au pétrole
mais comme député, je voudrais bien, à un moment
donné, qu'on trouve un endroit pour faire le point pour savoir lequel
des deux va nous expliquer l'avenir dans ce domaine-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est en négociation.
M. LE PRESIDENT: La journée, aujourd'hui, est consacrée,
M. le député de Montcalm, à questionner.
M. MASSE (Montcalm): Enfin, si vous allez à Ottawa, vous pourriez
peut-être leur en parler également.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Leur demander la permission...
M. MASSE (Montcalm): Alors, je pense qu'on peut espérer
qu'à la prochaine réunion où nous nous rencontrerons il
sera possible d'avoir un exposé, de la part du ministre, sur cette
question du pétrole.
Publicité de l'Hydro-Québec
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, il y a le programme de publicité
de l'Hydro-Québec. Je sais fort bien que ce n'est pas fondamental pour
l'Hydro-Québec mais c'est une question qui a été
soulevée à maintes reprises dans la population et qui fait
l'objet de ce programme de publicité. Beaucoup de questions sont
posées dans ce domaine-là. Quel est le coût des programmes
de publicité de l'Hydro-Québec par rapport au coût du
programme de publicité de l'Etat du Québec dans différents
services? Pour quelle raison l'Hydro-Québec fait-elle de la
publicité? C'est une entreprise publique. Les hôpitaux n'en font
pas. Pourtant il y a des
hôpitaux privés et on sait fort bien que
l'Hydro-Québec est en concurrence avec la vente de
l'électricité par rapport à la vente de l'huile. Par
contre elle ne paie pas de taxe sur...
M. GIROUX: II me fera plaisir de vous informer à ce sujet,
monsieur
M. MASSE (Montcalm): Voilà, ce sont toutes sortes de questions
sur lesquelles je pourrais fournir un certain nombre de réponses mais je
voudrais vous donner l'occasion de fournir des explications à la
commission et, par elle, à la population.
M. GIROUX: Je pense que je peux expliquer brièvement.
L'Hydro-Québec est en concurrence constante avec les producteurs d'huile
et les producteurs de gaz. L'Hydro-Québec, si elle veut
développer, doit s'emparer de ces marchés-là avant que les
concurrents les prennent. Ces concurrents ont un avantage marqué, c'est
qu'en vendant l'huile leurs factures ne sont pas assujetties à la taxe
de 8 p. c. C'est le premier cas où vous devriez voir à ce que le
gouvernement corrige ça.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. J'espère que le gouvernement
s'ouvre les oreilles.
M. GIROUX: Le deuxième cas, c'est la prétention que
l'Hydro-Québec ne paie pas de taxe. Elle paie $25 millions de taxe
à la province de Québec sur sa production et $15 millions aux
municipalités. Les compagnies d'huile importent, elles, tout ce qu'il y
a d'huile, ici. Je ne suis pas contre l'huile, seulement elle est toute
importée. Alors, dans un cas, si l'Hydro-Québec veut augmenter sa
distribution, il lui faut faire concurrence et actuellement le marché
est assujetti à l'annonce.
Vous avez un système qui a été établi, vous
le retrouvez dans un journal qui dit: Le chauffage à l'huile demeure le
grand favori malgré la concurrence de l'électricité et du
gaz. Les 8 p. c. sont un des principaux obstacles à la vente de
l'électricité, par exemple pour le chômage.
M. MASSE (Montcalm): Quel est le coût du programme de
publicité de l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: C'est $330,000.
M. MASSE (Montcalm): C'est $330,000 par année?
M. GIROUX: Pour ce programme-là.
M. MASSE (Montcalm): Quel est le coût annuel de ce que vous avez
de publicité ou de relations publiques?
M. GIROUX: Les relations publiques et la mise en marché
coûtent $500,000, ce qui représente un vingtième de ce que
dépensent les compagnies américaines.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. M. le Président, nous aurons
l'occasion, dans quelques mois, d'approuver le budget que l'Etat soumettra et
il y sera question des investissements de l'Hydro-Québec. Je sais
d'avance que le ministre des Richesse naturelles nous dira: Moi, je ne fais que
présenter le budget. C'est l'Hydro-Québec qui pourrait
répondre à votre question. Alors, j'aimerais vous les poser tout
de suite puisque c'est dans quelques mois que nous nous ferons répondre
ça.
L'Hydro-Québec, l'an dernier, d'après votre rapport, a
emprunté quelque $230 millions pour fins d'investissements. Il est
possible cette année que ce soit quelque chose de cet ordre-là,
indépendamment de ce qu'il y aura dans le budget. Vous serait-il
possible de nous donner un aperçu de ce pourquoi nous allons voter cette
somme étant donné que le ministre ne pourra pas nous le dire?
M. LEVESQUE: C'est impossible, il est question de voter.
M. MASSE (Montcalm): Je vais poser ma question différemment.
Le président de l'Hydro-Québec peut-il, dès
maintenant, nous donner un aperçu des invertis-sements de l'an procahin,
lesquels seront payés par le montant emprunté de l'ordre de $200
millions?
M. GIROUX: Je peux vous donner un vague aperçu, mais il faut
toujours penser aux principes de base de l'hydro. Actuellement, nous
préparons nos budgets. Nous devons les présenter au comité
exécutif de la province qui doit les approuver. Jusqu'à leur
présentation, il est assez difficile d'en discuter.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. Est-ce qu'il vous serait possible,
après avoir fait tout cela, de transmettre une note simple au ministre
des Richesses naturelles qui pourra, en Chambre, répondre à notre
question lorsque nous lui demanderons pourquoi ce montant important de quelque
$200 millions qu'il voudra nous faire voter?
M. GIROUX: Nous pouvons toujours faire cela.
M. MASSE (Montcalm). Bon, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je comprends que nous sommes
extrêmement limités. Je
regrette d'ailleurs que cela se fasse de cette façon-là.
J'espère que l'Hydro pourra revenir devant nous. J'indique d'abord que
j'ai demandé le dépôt de deux documents. J'espère
qu'ils seront déposés parce que j'ai l'intention de revenir sur
le sujet puisque nous avons une entreprise québécoise qui est en
train de disparaître par suite du fait qu'elle a perdu un contrat au
niveau de l'Hydro-Québec, entreprise qui rendait service à
l'Hydro depuis près de dix ans.
On m'indique que c'est pour un montant de $250,000 de différence
que sa soumission a été rejetée, alors que, par ailleurs,
on m'a informé que l'Hydro devait, à cette compagnie-là un
montant de $500,000. J'ai l'intention, à partir de ces documents, et
d'autres questions que j'avais aussi l'intention de poser, entre autres au
sujet des employés de 60 ans où un jugement a été
rendu par la commission Lippé lequel trame encore, comme on le disait
tantôt pour la Shawinigan; je pense que dans ce cas-là les
ouvriers ont été véritablement lésés et j'ai
l'intention de revenir sur ce sujet-là.
Je comprends que l'on soit extrêmement limité. On n'est
pratiquement pas capable de poser des questions. C'est une compagnie de la
couronne dont l'actif est de $3 milliards et demi et il me semble que les
parlementaires ont le droit d'exiger d'avoir une réponse à toutes
leurs questions.
M. LEVESQUE: II faudrait au moins épuiser le temps que vous avez
à votre disposition.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): II vous reste encore quelques minutes.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai une série de questions
très définies. Tout à l'heure, j'ai commencé
à poser mes questions et...
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Vous êtes le dernier à prendre
la parole.
M. LESSARD: ... on m'a indiqué qu'il fallait laisser, aux autres
membres, le soin de poser des questions. Je comprends que je sois le seul.
M. LEVESQUE: II n'y a plus d'autres membres que vous.
M. LESSARD: C'est pour cela que je demande que la Commission
hydroélectrique puisse siéger à nouveau afin d'avoir une
réponse à toutes nos questions. C'est cela que je demande.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): J'ai mentionné tantôt que nous
ajournerions à une heure, et j'ai donné la liste des gens qui
avaient des questions à poser. Il y a vous et ensuite le
député de Gouin.
M. GIROUX: Je ne sais pas exactement la procédure, je n'ai jamais
été en Chambre, mais ne pouvez-vous pas poser vos questions au
ministre, lequel va me les transmettre et il vous répondra en Chambre?
Non?
M. LESSARD: Nous connaissons les réponses que nous recevons des
ministres lorsque nous posons des questions.
M. GIROUX: Bien oui, ce serait-là nos réponses.
M. LESSARD: On peut plus facilement recevoir des réponses...
M. MASSE (Arthabaska): On y répondra.
M. GIROUX: Donnez-nous la liste que vous avez.Ce qui simplifierait
beaucoup, ce serait de me faire parvenir la liste de vos questions. Quand on
sera convoqué de nouveau, lors de la prochaine session, c'est la
première chose à laquelle je répondrai.
M. LESSARD: D'accord.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): Le député de Gouin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous nous donnerez des
réponses très claires pour que le ministre ne s'embarrasse pas
lorsqu'il nous lira le texte.
M. GIROUX: Bien je les lirai moi-même.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que vous avez la nostalgie du poste de
ministre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas la nostalgie du poste de ministre,
mais j'ai la nostalgie de la compétence.
M. BACON: Vous vous préparez pour le poste de
lieutenant-gouverneur?
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): A l'ordre, messieurs! il ne reste que
quelques minutes.
M. MASSE (Arthabaska): On y verra pour ça.
M. JORON: J'ai une question d'ordre technique à poser à M.
Giroux, mais auparavant, je voudrais revenir en arrière. Quand on
parlait de la publicité tout à l'heure, et de la concurrence dans
laquelle l'Hydro-Québec se trouve engagée contre les compagnies
d'huile et les fournisseurs de gaz naturel. Vous vous souvenez, M. Giroux, avec
justesse d'ailleurs, de la question de la taxe de 8 p. c. . J'en profite tout
simplement peut-être pour dire au gouvernement qu'on pourrait même
considérer un rabais de taxe, si on
conçoit la promotion, le développement du chauffage
électrique comme faisant partie aussi d'une campagne antipollution. Cela
pourrait être une partie de la compagne contre la pollution en
détaxant les comptes d'électricité, mais dans la mesure
où cela sert au chauffage et même peut-être en les
subventionnant dans une certaine mesure. C'est une façon de lutter
contre la pollution.
Ma question d'ordre technique est à propos des lignes de
transmission d'électricité. La première chose qui m'a
amené à scruter cette question-là, c'est d'abord que je
trouve ça extrêmement laid, des lignes de transmission
électrique, et ça implique aussi certains dangers. Je vois le
rapport sur la tempête de verglas, à l'effet qu'on est
obligé de reconstruire maintenant. Cela implique aussi des coûts
assez considérables d'expropriation de terrains et aussi peut-être
des dangers d'ordre stratégique. Je ne sais pas s'il faut prévoir
un jour les bombardements ou des trucs semblables.
UNE VOIX: Le FLQ.
M. JORON: Ce que je voudrais savoir, c'est s'il est possible
d'établir des comparaisons de coûts entre la transmission par
ligne aérienne et la transmission par ligne souterraine ou sous-marine.
Je pense par exemple à des câbles déposés dans le
lit du fleuve. Ou encore à une ligne souterraine, comme des pipelines de
transmission ni plus ni moins.
UNE VOIX: En gros, qu'est-ce que vous entendez par les coûts?
M. BOYD: Si vous me permettez, je donnerai la réponse. Si vous
parlez de distribution à bas voltage, le coût du souterrain peut
aller jusqu'à cinq ou six fois le coût de l'aérien. Nos
tarifs sont basés sur la distribution aérienne. Il y a
évidemment des endroits comme la rue Dorchester où il faut,
indépendamment du coût, aller sous terre. Normalement la
distribution doit être aérienne à cause du coût de
l'électricité qui est basé sur ça.
Quant à la transmission, actuellement il serait impossible de
transmettre l'énergie de Manic à Montréal en souterrain
premièrement du point de vue technique et deuxièmement du point
de vue économique. A 120 kv par exemple, la districution souterraine
peut coûter, dix, douze, quinze fois plus cher que la transmission
aérienne. A 735 kw, il est impossible dans le moment techniquement de
transporter par un système souterrain.
M. JORON: Le sous-marin face...
M. BOYD: En sous-marin, on a tenté une expérience qui a
été malheureuse pour transporter l'énergie à 69 kw,
si je me rappelle bien, de la rive nord à la rive sud. Cela a
coûté très cher et, malheureusement, ç'a
été une expérience très désagréable
pour tout le monde. Le souterrain, c'est une chose qu'on aime, comme tout le
monde, c'est agréable parce qu'on ne le voit pas. Le point de vue
coût d'exploitation, c'est à peu près la même chose
que l'aérien, le coût d'investissement est de beaucoup
supérieur et parfois impossible.
M. JORON: Il y a des obstacles techniques à l'heure actuelle au
stade où en est le développement scientifique. Est-ce que par
contre l'Hydro fait des recherches à ce sujet-là?
M. BOYD: Oui, nous faisons des recherches. Il y a quelques
années, il était impossible à 315 kw d'installer des
câbles. Maintenant nous en installons, mais c'est possible seulement sur
de courtes distances.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question du député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président. Ce n'est pas
précisément une question, mais c'est une observation
générale. D'abord je voudrais remercier messieurs les
commissaires de l'Hydro-Québec qui ont répondu avec
compétence et pertinence à toutes nos questions et nous avons
noté que l'Hydro-Québec, même si elle a de très
grands projets et si elle poursuit son entreprise évidemment rentable et
valable pour le Québec, ne pourra pas donner suite aux projets
mirobolants annoncés par divers députés et ministres du
gouvernement.
Nous aurons l'occasion d'en reparler lorsque nous interrogerons le
ministre des Richesses naturelles dont nous avons admiré, ce matin, le
silence exemplaire. Nous pourrons parler des nouveaux emplois, à ce
moment-là. M. le Président, je vous remercie comme je remercie
encore une fois les membres de la commission.
M. LESSARD: Est-ce qu'on va pouvoir siéger...
M. LEVESQUE: Voici...
M. MAILLOUX: M. le Président, on devait ce matin déposer
le rapport au sujet de la chute des pylônes dont on a déjà
entendu parler d'ailleurs. Je sais que l'Hydro-Québec ne pouvait
déposer ce rapport-là avant ce moment-là. Je ne voudrais
pas quand même que les journalistes croient que j'ai voulu me
défiler devant le rapport qui a été déposé.
Etant donné qu'on me l'a remis seulement ce matin, je voudrais, dans les
quelques semaines qui suivent, étudier le rapport qui est
déposé. Lors de la prochaine séance, si je juge à
propos de poser des questions supplémentaires, je le ferai à ce
moment-là.
M. LE PRESIDENT: Alors, je voudrais...
M. LEVESQUE: M. le Président, vous me permettrez de me joindre
à tous mes collègues pour remercier M. le Président et les
membres de la Commission Hydro-Electrique et leurs collaborateurs de
s'être rendus ici, ce matin, et de s'être prêtés
à toutes les questions qui ont été posées. Je suis
sûr que les explications qu'ils ont fournies sont de nature à
éclairer la commission et la Chambre.
Nous aurons certainement, vu le voeu exprimé par plusieurs,
l'occasion de revoir, et j'espè- re dans un avenir pas trop
éloigné, les membres de la Commission Hydro-électrique
afin de poursuivre ces discussions.
M. LE PRESIDENT: Alors, à mon tour, moi aussi M. le
Président de l'Hydro, MM. les commissaires, je vous remercie. Vous nous
avez tenu au courant et avec les 12,012 employés, je suis sûr que
le service va continuer. Merci.
M. LAURIN: Je vous remercie bien. Merci.
(Fin de la séance 12 h 59)