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Commission permanente des richesses naturelles
Etude du projet de loi no 89
Séance du mardi 16 décembre 1975
(Dix heures quarante-quatre minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts est
réunie ce matin pour étudier le projet de loi no 89, article par
article, Loi des droits sur les mines.
Sont membres de la commission: M. Faucher (Nicolet-Yamaska); M.
Bérard (Saint-Maurice); M. Lessard (Saguenay); M. Lachance (Mille-Iles)
remplace M. Malouin (Drummond); M. Cournoyer (Robert Baldwin); M. Perreault
(L'Assomption); M. Cornellier (Saint-Hyacinthe) remplace M. Carpentier
(Laviolette).
M. Lessard (Saguenay): Avec consentement. M. Cornellier:
Bien gentil.
Le Président (M. Pilote): Le rapporteur, si vous n'avez
pas d'objection, sera M. Bérard (Saint-Maurice).
La parole est au ministre des Richesses naturelles.
M. Cournoyer: M. le Président, je pense bien que tout a
été dit hier. J'aimerais tout simplement mettre l'accent sur le
fait que cette loi 89 est une résultante du discours sur le budget et
que ce n'est pas autre chose. Ce n'est pas l'inscription d'une politique
minérale au Québec. C'est une résultante du discours sur
le budget.
Alors, pour ceux qui pensent que le ministre des Richesses naturelles
attend un incendie pour agir, qu'il se contente de regarder les faits, je n'ai
pas de choix, actuellement, pour faire passer ce que le discours du budget a
mentionné. Et je n'ai pas à refaire un débat, non plus,
sur ce que mon collègue, M. Garneau, a annoncé.
On a eu le débat hier soir et le député de Saguenay
a donné son opinion sur le discours sur le budget. Et je n'ai pas
l'intention de changer d'idée, pas plus que je n'ai l'intention de dire
que cela change énormément de choses. Cela change un certain
nombre de choses. On aurait pu ne pas faire cette loi comme cela. On aurait pu
amender la loi existante, mais, pour les besoins d'une clarification, pour les
besoins du député de Saguenay comme pour les miens, dans ces
textes législatifs en matière d'impôt et de droits, il nous
a semblé préférable de donner le texte nouveau et non pas
de dire: l'amendement à la quatrième ligne du troisième
paragraphe, etc.; on a donné le texte nouveau plutôt que de faire
des amendements. Cela aurait donné la même chose.
Je pense bien qu'on est à l'étude du projet de loi,
article par article, et, si le député de Saguenay a des remarques
à faire sur l'article 1, je suis prêt à l'entendre et
à lui expliquer les choses.
M. Lessard: Je voudrais demander au ministre s'il est quand
même solidaire du discours du budget.
M. Cournoyer: Totalement.
M. Lessard: Comme ministre des Richesses naturelles, vous avez
donc appuyé, indirectement, même si vous étiez à ce
moment...
M. Cournoyer: ... ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Lessard: ... ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, les
recommandations du discours sur le budget...
M. Cournoyer: C'est parfait.
M. Lessard: ... qui amenaient comme conséquences des
modifications aux droits miniers. Et je comprends que, maintenant, comme
ministre des Richesses naturelles, le nouveau ministre, du moins pour la
prochaine année financière, n'ait pas ie choix ou ait le seul
choix d'appliquer les décisions annoncées lors du discours sur le
budget, mais desquelles il a été solidaire dans le passé,
je crois bien.
Est-ce que, comme question générale, puisque je n'ai pas
l'intention de recommencer la discussion générale, on a
analysé, au ministère des Richesses naturelles, ou fait une
analyse financière des conséquences qu'un tel projet de loi, soit
le projet de loi 89, avait comme augmentation ou diminution possible des
recettes fiscales de la part du secteur minier? Par exemple, ce même
discours sur le budget évaluait, pour 1974/75, les droits et permis en
provenance des ressources minières à $28 millions pour 1974/75 et
l'évaluait à $50 millions pour 1975/76. Est-ce que les
évaluations prévues au discours sur le budget ont
été basées sur la nouvelle loi telle que proposée
ce matin?
M. Cournoyer: Selon les informations que je possède,
normalement, on aurait la même assiette, le même résultat
fiscal que l'année précédente. C'est une réforme
qui n'en est une que dans la mesure où, à cause d'une incitation,
par exemple, à l'investissement et à l'exploration, nous donnons
des incitations fiscales, mais nous voulons avoir le même résultat
financier à la fin, ce qui veut dire que si nous en donnons davantage,
nous en demandons davantage pour compenser ce que nous donnons dans la masse
des revenus possibles pour l'Etat.
M. Lessard: Autrement dit, vous prévoyez ne rien retirer
de plus, mais ne rien perdre de plus.
M. Cournoyer: C'est à peu près ce que je dois dire,
le député a raison de prétendre cela.
M. Lessard: Article 1, M. le Président, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 2? M.
Lessard: Adopté. Le Président (M. Pilote):
Adopté. Article 3?
M. Lessard: Adopté ou à peu près, sauf deux.
Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 4
adopté?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Pilote): Article 5?
M. Lessard: A l'article 5, M. le Président, j'aimerais
avoir des explications puisqu'on trouve un élément nouveau.
On dit: "Tout exploitant d'une mine au Québec, à
l'exception du détenteur d'un bail d'exploitation soumis aux redevances
fixées en vertu de l'article 178 de la Loi des mines (1965, 1 re
session, chapitre 34), doit payer des droits sur son profit annuel pour chaque
exercice financier". Je comprends que c'est une affirmation
générale, mais on dit "a l'exception" et, après
vérification, je constate que les exceptions seraient dans le
pétrole et dans le gaz naturel.
M. Cournoyer: C'est pour éviter qu'il y ait double
taxation parce qu'ils sont déjà taxés en vertu d'une autre
loi.
M. Lessard: Quelle loi?
M. Cournoyer: Je ne sais pas laquelle.
M. Lessard: La Loi des produits...
M. Cournoyer: Non, d'après la réimpression, on
parle de celui soumis au lieu de... Cela change quoi? C'est en vertu de la Loi
des mines, article 178, qui prévoit une redevance
pétrolière.
M. Lessard: La Loi des mines. Ce n'est pas la même loi que
nous avons, d'accord, c'est le chapitre 34, alors que là c'est le
chapitre 35.
Le Président (M. Pilote): L'article 5 est
adopté?
M. Lessard: Les redevances sont déjà fixées
en ce qui concerne le pétrole et le gaz naturel dans l'ancienne loi.
Calcul du profit annuel
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 6?
M. Lessard: A l'article 6, on dit: "La valeur brute de la
production annuelle est la valeur réelle des substances minérales
vendues ou utilisées par un exploitant je prends mon texte, parce
que j'ai travaillé particulièrement sur mon texte, il ne doit pas
y avoir une grande différence, en tout cas, je vais m'en apercevoir
pendant un exercice financier au prix du marché à
l'époque de leur vente ou de leur usage ou la valeur réelle des
substances minérales expédiées ou utilisées par un
exploitant pendant un exercice financier au prix du marché à
l'époque de leur expédition ou de leur usage, le tout selon la
méthode régulièrement employée par l'exploitant".
Le prix du marché, c'est quoi? Qui l'évalue, qui le
détermine? Je comprends que vous avez des produits où il y a une
certaine concurrence, où il n'y a pas de monopole, où le prix du
marché est le prix fixé internationalement suite a la
concurrence, des producteurs, par exemple, dans le minerai de fer qui est
exporté globalement en grande majorité aux Etats-Unis et qui est
fixé bien souvent par la maison mère. Le prix du marché,
c'est quoi? Et s'il y a conflit entre le ministère des Richesses
naturelles et la compagnie, qui décide en dernier ressort? Je sais
qu'à l'article 7, on établit un cas de doute, mais...
M. Cournoyer: Les manuels de référence pour la
fixation ou la reconnaissance d'un prix du marché, c'est, dans la
plupart des cas, l'Engineering Journal qui publie tous les mois une cotation,
et Hollinger, Hanna Mining Company...
M. Lessard: Cela ne règle pas mon problème quand
même. Hollinger et Hanna, ce sont des compagnies qui déterminent
le prix du marché. Je vous souligne, par exemple, que lorsque I'lron Ore
vend à sa maison mère aux Etats-Unis, le prix du marché
est déterminé par la maison mère.
M. Cournoyer: Bien non! Vous voulez dire que la maison
mère se trouve à participer à la détermination du
prix du marché en achetant...
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: Dans ce sens-là, comme un autre client.
M. Lessard: Elle peut bien décider de vendre à des
prix inférieurs au prix coûtant, par exemple.
M. Cournoyer: Pourquoi ferait-elle cela?
M. Lessard: Pour transférer les profits de l'autre
côté.
M. Cournoyer: Quand on parle de la fixation du prix du
marché et que...
M. Lessard: Cela revient moins cher ici.
M. Cournoyer: ... et que l'on vend à deux compagnies, une
compagnie dit: Tu vas me vendre au prix du marché. Est-ce que tu as
intérêt, si tu es un homme d'affaires, à descendre le prix
du marché?
M. Lessard: A un moment, la différence, c'est que ces
compagnies, comme I'lron Ore, vendent entièrement leurs produits de base
à la maison mère. Ce n'est pas le prix du produit fini, c'est le
prix de la matière première, le prix du marché de la
matière première.
Or si j'étais maison mère je ne suis pas
malheureusement maison mère mais si j'étais maison
mère...
M. Cournoyer: Pourquoi dis-tu malheureusement? As-tu des
problèmes de...
M. Lessard: Parce que je ne peux pas avoir cette force
économique que peuvent avoir les maisons mères. On sait que le
gouvernement américain donne des ordres à un certain nombre de
compagnies mais pour faire plus de profits, en faveur de la maison mère,
il s'agit tout simplement de payer moins cher le minerai de base à la
filiale et, à ce moment-là, nous, en vertu de l'article 6, nous
sommes soumis à ce prix du marché qui est fixé par la
maison mère.
M. Cournoyer: C'est parce que vous, vous parlez du prix
fixé par la maison mère à sa filiale...
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer:... comme si cette maison mère était
la seule dans le marché. Le prix du marché ce n'est pas le prix
du marché de Iron Ore à Iron Ore, c'est le prix du marché
du fer qui est publié par Holinger, Hanna aux Grands Lacs. Lorsque la
compagnie Iron Ore Corporation du Canada vend à un prix inférieur
au prix du marché, pour les fins de l'impôt ou des droits miniers
ici, le directeur d'impôt corrige vers la hausse au prix du
marché. Cela arrive souvent où...
M. Lessard: Pour autant qu'il y a une concurrence
réelle.
M. Cournoyer: S'il y en a une, elle serait probablement entre
Iron Ore et les compétiteurs de Iron Ore au prix du marché. C'est
aux Grands Lacs qu'on prend cela.
M. Lessard: Ils ont à peu près toute la même
politique.
M. Cournoyer: En tout cas, regardons ensemble l'affirmation qui
vient de m'être faite, à savoir que les prix, aux Grands Lacs,
sont les plus hauts au monde, depuis plusieurs années. Est-ce vrai ou
non? On m'affirme cela.
M. Lessard: Ce sont ces prix qui déterminent...
M. Cournoyer: Qui déterminent, pour les fins des droits
miniers.
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: II est possible qu'une compagnie vende à
meilleur marché à sa mère.
M. Lessard: Oui, à la maison mère.
M. Cournoyer: ... la mère est aux Etats et la petite fille
est ici. La petite fille vend à sa mère meilleur marché
qu'elle ne vendrait à sa petite soeur.
M. Lessard: Ne compliquez pas...
M. Cournoyer: Non, je ne complique rien.
M. Lessard: Dans la parenté, cela va aller mal. Article 6,
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Article 6, adopté.
Article 7?
M. Lessard: Article 7, d'accord, adopté. Le
Président (M. Pilote): Adopté. Article 8?
M. Lessard: Article 7: "Dans le cas de doute, le ministre peut
faire une évaluation des substances minérales vendues,
expédiées ou utilisées par un exploitant, et cette
évaluation constitue la valeur brute aux fins de la présente
loi." Vous souligniez, hier, un point qui a été un peu repris par
le ministre, à savoir la capacité physique, pour le
ministère, de faire une telle évaluation et de contester
simplement une telle décision d'une entreprise. Je n'ai jamais eu
l'occasion de visiter une coffre-fort d'une compagnie minière, mais on
me soulignait que le ministère du Revenu a déjà
tenté, dans une certaine entreprise minière, d'aller justement
vérifier toutes les déclarations de la compagnie
concernée. Ils étaient deux employés pour aller
vérifier tout cela. D'après ce qu'on m'a dit, la chambre froide
était tellement remplie de paperasse que cela aurait probablement pris
quatre ou cinq ans à des fonctionnaires, pour faire une
évaluation, pour étudier la justification de toutes ces
déclarations.
Comment voulez-vous justement, alors que le ministère du Revenu
est déjà impliqué à ce sujet, que le
ministère des Richesses naturelles qui, je pense, ce n'est pas,
péjorativement, sa fonction, n'est pas équipé, sur le plan
du personnel comptable comme tel, pour contester, sur le plan financier, les
décisions qui ont été prises par des entreprises. Je dis
bien, et le ministre l'a souligné hier, que ce n'est pas, du plan
péjoratif... Chacun son métier et les cochons vont être
bien gardés. Le ministère du Revenu m'apparaît...
D'ailleurs, je trouve quand même curieux que cela soit le
ministère des Richesses naturelles qui soit responsable de toute la
récupération non seulement des droits miniers, mais aussi de
l'imposition des compagnies.
M. Cournoyer: Disons qu'en moyenne, nous avons quatre personnes
affectées à cela au ministère des Richesses naturelles et
qu'il y a, à peu
près, 30 compagnies qui font l'objet d'examens parce que,
même s'il y a plus de compagnies minières que cela, il y en a qui
ne sont pas productives à un haut degré, qui ne font pas l'objet
d'examen. Maintenant, la façon dont on procède, c'est par
échantillonnage d'un mois. On regarde si c'est conforme à ce qui
se passe sur le marché, selon les analyses qu'on peut faire du
marché. Si ce n'est pas conforme, on accentue davantage et on trouve
habituellement plus. Je pense bien que, même si on avait 25 inspecteurs
dans la chambre forte dont vous parliez tantôt, d'abord la chambre serait
trop petite, il faudrait transporter tout cela ailleurs, amener cela
probablement à la rue Par-thenais. Effectivement, je pense bien qu'il
s'agirait à ce moment d'un examen presque complet et annuel au fur et
à mesure des transactions. Et combien y a-t-il de transactions qui se
font ici et d'autres qui se font ailleurs?
M. Lessard: Est-ce que le ministère des Richesses
naturelles a déjà comme tel contesté des
déclarations de compagnies?
M. Cournoyer: Evidemment, c'est ce qu'on m'indique quand les
compagnies me parlent. Elles ne me parlent pas souvent de ce temps-ci.
M. Lessard: Est-ce que cela a été à
l'avantage de la compagnie ou à l'avantage du ministère?
M. Cournoyer: En moyenne, le ministère va chercher de $2
millions à $3 millions additionnels par rapport aux déclarations
des compagnies chaque année.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 7, adopté.
Article 8?
M. Lessard: A l'article 8, je ne parlerai pas des sous-articles,
mais à l'article 8, on détermine le profit annuel de l'entreprise
en prévoyant toute une série d'exemptions qui, dans l'ensemble,
étaient déjà comprises dans l'ancienne Loi des mines. Ce
n'est pas ici que c'est nouveau. C'est plus tard que ce sera nouveau.
On dit ceci, à l'article 8: "Le profit annuel, pour chaque
exercice financier, est égal à la valeur brute de la production
annuelle contre laquelle sont déduites les dépenses
d'exploitation de la mine, de l'atelier de préparation, de l'usine de
fonte et d'autres installations qui ont été encourues afin de
réaliser cette valeur brute et, en particulier, les dépenses
suivantes:"
Voici ma question. Dans le cas de villes frontières, où
vous avez une entreprise minière, et où, par exemple, une
province réclame des droits miniers inférieurs à ceux
réclamés par la province contiguë, il serait avantageux,
à ce moment, pour une entreprise minière, de transférer du
côté de la province qui exige le plus de droits miniers,
l'ensemble des investissements parce que c'est déductible
l'ensemble des dépenses des investis- sements, des dépenses
d'exploitation de l'usine ou d'autres installations qui ont été
encourues, afin de réaliser cette valeur brute... Il s'agit de
transférer tout cela du côté de la province qui doit payer
ou qui réclame plus de droits miniers, de telle façon qu'en
dernier ressort, les profits sont à zéro là où les
droits miniers sont plus élevés et, supérieurs, là
où les droits miniers sont moins élevés, de telle
façon qu'en retour, la compagnie fait donc plus d'argent,
c'est-à-dire fait plus d'argent indirectement, par suite du fait qu'elle
paie moins d'impôt à une province, alors que si c'était
réparti équitablement, elle devrait payer plus d'impôt.
Avez-vous des moyens de contrôler cela? Je pense bien que cela
arrive au Québec.
M. Cournoyer: Je ne suis pas sûr que ce soit tout à
fait là la question. On m'indique que... On va prendre Schefferville
au Québec, Schefferville-Terre-Neuve pour éviter
que... C'est celle-là... En fait, ce n'est pas que celle-là, mais
celles qui seraient dans la même situation. On va prendre celle-là
comme exemple.
M. Lessard: Ce n'est pas un si mauvais cas.
M. Cournoyer: Les opérations minières sont
identifiées et séparées dans la province proprement dite
et pour chaque mine, totalement séparées. Mais, par ailleurs, il
y a les frais qui sont nécessairement communs et ces frais sont
alloués suivant une méthode comptable qui permet de relier les
frais aux opérations effectivement faites, en proportion.
Dans ce sens, cela répond en partie seulement à votre
question parce que ce dont vous parliez tantôt, c'étaient des
investissements dans une province. Ce n'étaient pas les meubles.
C'étaient surtout les biens immeubles, si j'ai bien compris.
Vous ne parliez pas, par exemple, des installations. Prenons l'autre
partie. Maintenant, allons vers Val-d'Or, ou plutôt Timmins.
M. Lessard: Oui, cela rejoignait ça, mais cela rejoignait
aussi le fait et vous répondez en partie qu'une
compagnie... Je me posais la question. Si une compagnie pouvait transposer
toutes ses dépenses prévues sous formed 'exemption dans une
province ou dans l'autre, sans qu'il y ait contrôle du ministère
des Richesses naturelles, de telle façon qu'il s'agirait de
transférer du côté d u Québec toutes les
dépenses et il n'y aurait pius de revenus du côté du
Québec et il y a des revenus du côté des...
Il reste aussi, par exemple et le ministre apporte un
élément nouveau que je n'avais pas en tête lorsque je
posais ma question les biens immobiliers.
M. Cournoyer: Les biens immobiliers sont nettement situés
dans l'une ou l'autre des deux provinces.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: Mais c'est au moment de la construction; quand ils
sont là, ils sont dedans ou ils ne
sont pas dedans. La dépréciation est là ou elle ne
l'est pas. C'est quand tu viens pour prendre la décision de faire oude
ne pas faire dans une province. C'est làoù sont, en fait, les
difficultés des droits miniers et des impôts sur les corporations
minières. Si tu as la possibilité de faire dans une province
moindre, comme c'est, semble-t-il, le cas en Ontario... Dans le nord de
l'Ontario, on a un régime fiscal qui serait nettement avantageux pour
les compagnies qui pourraient s'en servir, non pas au détriment du
Québec, mais... Au Québec, cela coûte trop cher. Allons
à Timmins pour construire un moulin et construisons-en un pareil,
même si, effectivement, il y en a un à Noranda qui était
utilisé, en définitive, par le nord de l'Ontario, jusqu'à
ce que l'autre soit fini. Maintenant, est-ce strictement une question de
différence fiscale? Je ne saurais le dire pour le moment, mais je sais
que l'une des plaintes principales a été la différence
fiscale qui existe entre le nord de l'Ontario et le nord du Québec. Il
aété affirmé devant moi que la décision de Texas
Gulf c'est une compagnie ontarienne que cette compagnie a,
effectivement, construit son moulin à cause d'avantages fiscaux. Elle ne
l'aurait pas construit ici.
M. Lessard: Voulez-vous dire que l'Ontario exige moins, sous
forme de droits miniers, que le Québec?
M. Cournoyer : Dans le nord de l'Ontario, c'est ce qu'on me
dit.
M. Lessard: Dans le nord de l'Ontario, oui. Vous avez deux
impositions. Vous avez le nord et le sud. Etant donné que le nord est
moins développé, on a des droits d'imposition beaucoup moindres
que...
M. Cournoyer: Pour les hauts volurnes, pas dans les petits
volumes. Dans les hauts volumes, apparemment, le système fiscal ontarien
est avantageux pour les grosses compagnies dans le nord.
Le Président (M. Pilote): Article 8. Adopté?
M. Lessard: Une minute. Il y a f). Les dons pour 10% du profit
annuel avant la déduction de ces dons. $5 millions de profit, cela veut
dire...
M. Cournoyer: $500,000. Je ne sais pas si on donne cela. Est-ce
qu'ils donnent cela?
M. Lessard: Est-ce que les dons aux partis politiques sont
compris là-dedans?
M. Cournoyer: Pour vous autres, ce serait de la
charité.
M. Lessard: Mais vous autres, vous n'en avez pas besoin. Vous
n'allez pas chercher cela. Nous, nous n'avons pas le droit d'accepter ces
montants.
Le Président (M. Pilote): Paragraphe f),
adopté?
M. Lessard: Oui. Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 8, adopté.
Article 9?
Allocation pour dépréciation
M. Lessard: Article 9, c'est nouveau. A l'article 9, disons que
ce sont des définitions. On va y aller. Article 10. Article 9, M. le
Président, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 10?
M. Lessard: Là, on a trois types d'allocation dans la loi
qui nous est soumise. On a toute la série de déductions
prévues à l'article 8 et, en plus de ces déductions, on a
les allocations de dépréciation, les allocations pour
investissement et les allocations pour traitement, ce qui donne encore autant
d'avantages assez particuliers à l'entreprise. A l'article 10, on parle
justement d'allocation pour dépréciation. C'est bien cela?
D'accord. A titre d'allocation pour dépréciation. Je lis
l'article parce qu'il est important. "Un exploitant peut déduire
à titre d'allocation pour dépréciation, pour chaque
exercice financier, un montant n'excédant pas 15 pour cent du
coût, à la fin de cet exercice, de chacun des biens de la
première catégorie qui sont définis à
l'article 9 ou n'excédant pas 30 pour cent du coût,
à la fin de cet exercice, de chacun des biens de la seconde
catégorie, jusqu'à ce que le coût de chacun des biens de
l'une ou l'autre catégorie ait été
déprécié en entier". En fait, la différence, c'est
qu'il y a une augmentation. Avant cela, on allait jusqu'à 15% pour
l'ensemble des biens. Les biens de deuxième catégorie, ce sont
ceux qui concernent probablement la transformation, qui sont utilisés
dans un bâtiment après le 1er mars 1975, alors que la
première catégorie ce sont des biens avant le 1er avril 1975.
Là, on augmente de 15% cette déduction qui existait pour
l'ensemble des biens dans l'ancienne loi. C'est quand même de
l'amortissement... Pardon?
M. Cournoyer: Rapide. M. Lessard: Très rapide.
M. Cournoyer: Incitatif.
M. Lessard: Mais on peut l'utiliser quand on veut.
M. Cournoyer: Ce n'est pas péremptoire.
M. Lessard: Ils peuvent l'utiliser l'année qu'ils veulent.
Alors, cela veut dire que, quand ils vont faire des profits, ils vont
déprécier.
M. Perreault: II ne faut pas qu'ils attendent trop, si la loi est
changée entre-temps. Il ne faut pas attendre trop longtemps. La loi peut
être changée.
M. Lessard: D'accord, mais à un moment
donné il y a une certaine rétroactivité
là-dedans, avant le premier avril 1975. La loi est changée, mais
cela fait longtemps qu'on n'a pas changé la Loi des mines. Est-ce qu'on
pourrait me dire combien c'est en Ontario? Est-ce qu'on a fait une analyse des
autres provinces? Je pense qu'étant donné ce que le ministre me
disait tout à l'heure, vous avez fait des études sur l'imposition
ailleurs qu'au Québec.
M. Coumoyer: Notre principal compétiteur, l'Ontario,
accorde 30% dans les mêmes circonstances. C'est surtout l'Ontario,
actuellement, qui est notre compétiteur, peut-être le Labrador. Il
n'y a pas de problème là. En fait, vous savez, que ce soit 30%
immédiatement, si le gars retarde, de toute façon, il fait
déprécier d'une façon ou de l'autre.
M. Lessard: S'il ne fait pas de profit, il ne
déprécie pas. S'il ne fait pas de profit, il n'a qu'à ne
pas déprécier, donc, il n'a pas de droits à payer,
d'impôts à payer, c'est quand il va faire beaucoup de profit que
ça va être important pour lui de déprécier et
très fortement.
M. Cournoyer: C'est normal.
M. Lessard: On sait bien que c'est parfait pour les
entreprises.
M. Cournoyer: C'est une incitation.
M. Lessard: C'est certain que c'est parfait pour l'entreprise.
Alors qu'avant...
M. Cournoyer:... vous savez, c'est fini.
M. Lessard: L'article 8 de l'ancienne loi disait: L'allocation
pour dépréciation est pour chaque exercice financier d'au plus
15% du coût. A la fin de l'exercice, des chemins, des bâtiments et
du matériel d'exploitation servant d'exploitation minière
jusqu'à ce que leurs coûts aient été alloués
en entier à titre de dépréciation. C'était 15%.
Vous me dites quant à cette loi, qu'un des objectifs que poursuivait le
ministère des Richesses naturelles était de permettre à
l'ensemble vous l'avez affirmé hier des
Québécois de pouvoir retirer beaucoup plus de ces richesses
naturelles. Mais je constate qu'à l'article 10... mais c'est nouveau,
c'est une augmentation, c'est plus qu'on donnait auparavant, parce
qu'auparavant on avait l'article 10 et toute une série de
déductions. C'est une augmentation, une amélioration pour
l'entreprise minière.
M. Perreault:... C'était 15% avant.
M. Lessard: C'est ça.
M. Perreault: Là, c'est 30%.
M. Lessard: Ce n'est pas une amélioration pour les
Québécois.
M. Perreault: II faut bien se souvenir que dans le discours du
budget, c'était une incitation à la production.
M. Lessard: C'est ça. Incitation, on incite toujours par
le bas.
M. Perreault: Bien oui, mais c'est ça. M. Cournoyer:
Est-ce que vous...
M. Lessard: Bientôt, on va leur donner, on va tellement les
inciter...
M. Cournoyer: II y a autre chose qui est augmenté
aussi.
M. Lessard: Venez donc chercher...
M. Counoyer: On parle de doubler cette exemption et, si oui, au
lieu d'aller à six ans et deux tiers pour la dépréciation,
on peut aller jusqu'à trois ans et un tiers. C'est d'accord, on a
diminué la période de temps pour déprécier... Une
personne a le droit de déprécier des achats ou des biens de
catégorie 1 et 2, mais si vous vous en allez dans l'autre partie, on
exige le double de l'impôt aussi.
M. Lessard: Pourquoi?
M. Cournoyer: Bien, bien, bien!
M. Lessard: Pas par rapport à 1974.
M. Cournoyer: Bien oui! Mais écoutez, c'est dans le
même genre de décision qui a été prise.
M. Lessard: On va voir tout à l'heure qu'il y a d'autres
exemptions. C'est justement ce que j'aurais aimé qu'on nous calcule.
C'est la différence... Je comprends, le ministre a dit qu'il ne pouvait
pas entièrement calculer ça, mais actuellement, on ne sait pas si
ça va en donner plus ou si ça va en donner moins. Pourtant, vous
me dites que ça ne devrait pas en donner moins, comme vous l'avez dit
tout à l'heure.
Mais hier, dans votre discours de principe, vous m'avez parlé,
vous nous avez indiqué, dis-je, non seulement au député de
Saguenay, mais à l'ensemble des membres de cette Assemblée
nationale, que si vous modifiez la Loi des mines, particulièrement en ce
qui concerne l'imposition et la perception dans la Loi sur les droits des
mines, c'était en vue d'en donner plus, de permettre que des
Québécois comme tels retirent plus de leurs ressources
naturelles, de leurs ressources minières.
Mais je ne sais pas si cet objectif va être atteint en vertu de la
loi, parce que je n'ai aucun chiffre pour me le prouver. Ce que je constate,
c'est qu'on améliore les exemptions, qu'on augmente les exemptions.
Est-ce que l'augmentation des exemptions prévues, comme on le verra tout
à l'heure parce qu'il y a des doubles
exemptions à cela les multiples exemptions prévues
dénoncées par un ancien ministre libéral, M. Kierans,
est-ce que ces multiples exemptions vont permettre de compenser l'augmentation
que nous chargeons au point de vue des droits miniers comme tels? C'est la
question que je me pose. Le ministre ne peut pas me répondre?
M. Cournoyer: Je ne peux pas vous répondre. M. Lessard:
Je sais bien.
M. Cournoyer: Je vous ai donné tantôt comme
indicatif que la texture de cette loi équivalait, devait
équivaloir ou tendait à équivaloir on ne sait
jamais ce qui va arriver dans l'économie nationale ou internationale
l'année prochaine à une rentrée de fonds à
peu près identique à celle d'avant.
M. Lessard: Où est-il, l'objectif que vous poursuivez?
M. Cournoyer: L'objectif que nous poursuivons? Il y a plusieurs
endroits où c'est de l'incitation à l'exploration, pour
commencer, qui ne se fait pas comme on voudrait qu'il s'en fasse dans la
province de Québec, par l'entreprise privée. On incite à
l'exploration. On incite à l'investissement ici, particulièrement
dans la transformation. On incite. On n'est pas obligé de tout acheter,
vous voudriez qu'on achète tout. Dans l'économie que vous
voudriez avoir, on va tout acheter.
M. Lessard: Je ne veux pas qu'on achète tout, mais,
à un moment donné, on a quand même une entreprise comme
SOQUEM...
M. Cournoyer: Qui va très bien. M. Lessard: Oui,
qui va très bien.
M. Cournoyer: Oui, elle va très très bien. Oui, et
puis?
M. Lessard: Contrairement à ce qu'on laisse entendre, elle
va très bien et c'est une des entreprises minières qui se
qualifie parfaitement à travers l'ensemble des entreprises
minières privées. On en a une qui va très bien. On va lui
permettre d'aller encore mieux, peut-être.
M. Cournoyer: Pourquoi ne lui permettrait-on pas d'aller encore
mieux?
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: Elle va se conformer elle aussi exactement aux
mêmes affaires qu'il y a ici. SOQUEM, vous savez qu'elle paie des
impôts aussi?
M. Lessard: Oui, d'accord. Mais on peut lui donner des fonds
supplémentaires par exemple.
M. Cournoyer: Quand SOQUEM demandera des fonds
supplémentaires, SOQUEM va deman- der des fonds supplémentaires.
Jusqu'à présent, depuis que je suis ministre des Richesses
naturelles, SOQUEM n'a demandé aucun fonds supplémentaire.
M. Lessard: D'accord, on va...
M. Cournoyer: Vous pouvez noyauter cela comme vous voulez, mais
M. Carbonneau, c'est encore lui le patron.
M. Lessard: Hum! Hum!
M. Cournoyer: Comme il m'a arrangé cela, II n'est
peut-être pas prêt aujourd'hui. SOQUEM a été
jusqu'ici bonne parce que personne ne l'a pressée de faire des folies.
On ne fait pas de folies avec SOQUEM. On ne passera pas dans le sel sans savoir
s'il y a du sel.
M. Lessard: D'accord. Mais, à un moment donné, par
exemple, il y en a d'autres qui en demandent...
M. Cournoyer: Des folies?
M. Lessard: Non, pas des folies. De s'inscrire à
l'intérieur de secteurs particuliers. SOQUIP par exemple je ne
parle pas du ministre actuel, mais l'ex-ministre n'a jamais permis à la
société québécoise d'initiative de...
M. Cournoyer: Ecoutez, je peux bien poser des questions et
répondre à des observations dans le cas de SOQUIP et dans le cas
de SOQUEM. Je vous assure d'une chose...
M. Lessard: Le ministre a dit qu'il allait y avoir une
politique...
M. Cournoyer: De l'énergie. M. Lessard:...
prochainement. M. Cournoyer: C'est vrai aussi. M. Lessard: C'est
vrai?
M. Cournoyer: Je vous ai annoncé cela hier? Est-ce que je
vous ai annoncé cela hier?
M. Lessard: Cela fait une semaine. Déjà, vous
oubliez...
M. Cournoyer: Ce n'est pas cela. C'est parce que je me demande
toujours quand cela va arriver et je voudrais qu'il y ait un certain
délai entre l'annonce et le jour où je peux le faire.
M. Lessard: Je suis pessimiste, parce que...
M. Cournoyer: Cela fait quatre mois.
M. Lessard: Cela fait depuis 1972. Quatre mois, mais
l'ex-ministre...
M. Cournoyer: II y a eu effectivement... Vous pouvez poser la
question à André Marier. Vous le connaissez autant que moi. C'est
un jeune économiste chevronné, peut-être conservateur sur
les bords, mais qu'est-ce que tu veux que je fasse? Je prends ce que j'ai. Il
est excellent. Regardez le beau livre qu'il a écrit. Cela vous inspire
dans vos discours.
M. Lessard: Oui, j'espère que cela va inspirer le ministre
aussi, parce que cela fait trop justement.
M. Cournoyer: Ce n'est pas pour rien que j'ai pris M. Marier avec
moi. Mais, si j'étais capable de forcer M. Marier à faire des
folies, il ferait des folies. Mais, c'est un gars qui ne se laisse pas forcer
à faire des folies.
M. Lessard: J'espère!
M. Cournoyer: Quand il me dit: Ce n'est pas tout de suite que je
peux vous donner ce que vous m'avez demandé, M. le ministre. Je me dis:
II doit savoir de quoi il parle le petit gars. Effectivement, il me dit: Pas
tout de suite, M. le ministre. J'ai dit: Va-t-on être prêt pour la
prochaine conférence des ministres de l'énergie, à Ottawa,
qui a lieu à la fin de janvier? Il a dit: Oui, M. le ministre.
M. Lessard: On va voir.
M. Cournoyer: Je viens de te donner une autre indication de
quand.
M. Lessard: On va voir. Je l'espère. M. le
Président, j'adopte l'article 10 en soulignant...
M. Perreault: M. le Président, j'aimerais ajouter...
M. Lessard: ... que c'est un avantage supplémentaire qui
est accordé à l'entreprise minière.
M. Cournoyer: En vue de l'inciter à transformer davantage
au Québec.
Le Président (M. Pilote): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: M. le Président, à la suite des
remarques du député de Saguenay sur SOQUEM, SOQUEM a comparu
à la commission parlementaire, ici, au cours des dernières
années. On a directement demandé au président s'il avait
besoin de plus de fonds. Il nous a dit qu'on lui avait accordé tous les
fonds qu'il avait demandés et qu'il n'en voulait pas plus dans le
moment. Il n'y a jamais eu de fonds qui lui ont été
refusés pour l'expansion de SOQUEM. Cela a été inscrit au
journal des Débats à la dernière session.
Le Président (M. Pilote): Article 10, adopté.
Article 11?
M. Lessard: Article 11, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 12?
M. Lessard: Article 12, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 13?
M. Lessard: Article 13, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 14?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 15?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 15, adopté.
Article 16?
Allocation pour développement
M. Lessard: Encore, à l'article 16, je souligne le
même point que je soulignais, celui concernant l'article 10, quoique,
dans l'article 10, ce n'était pas nouveau, c'était une
augmentation. Dans l'article 16, je pense que c'est un changement important par
rapport à l'ancienne loi. Oui, parce qu'il s'agit d'allocation pour
développement. La différence, c'est que, en fait, à
l'article 9 de l'ancienne loi, on forçait les entreprises à
prendre 15%. C'est cela?
M. Cournoyer: C'est cela, oui. C'est la différence qu'il y
a.
M. Lessard: C'est qu'actuellement, elle peut, si je lis l'article
comme il le faut... Je vais le lire M. le Président. "Un exploitant peut
déduire à titre d'allocation pour développement, pour
chaque exercice financier, un montant n'excédant pas l'ensemble des
frais visés aux paragraphes m et n de l'article 8 qui ont
été encourus pendant un exercice financier antérieur et
qui n'ont pas été déduits de la valeur brute de la
production pour cet exercice antérieur, jusqu'à ce que ces frais
aient été alloués en entier".
Première question, est-ce que, en fait, cet article s'applique,
l'article 16, lorsque la compagnie ne s'est pas prévalue de l'article 8
m) et n)? La différence est qu'auparavant on exigeait qu'elle prenne 15%
par année, alors que, en vertu de cette nouvelle modification, elle
choisira sa propre année.
Donc, les années où l'entreprise ne fera pas de profit,
elle n'appliquera pas, si on veut être logique, elle ne se servira pas de
l'article 8 m) et n). D'accord? Lorsqu'elle fera des profits assez
élevés, plus ou moins élevés, considérables,
là, elle utilisera l'article 16.
M. Cournoyer: Vous savez que les pertes ne sont pas
reportables.
M. Lessard: Pardon?
M. Cournoyer: Les pertes ne sont pas reportables.
M. Lessard: Les pertes ne sont pas reportables, mais là,
il faudrait peut-être rappeler l'article 8 m) où on dit, en fait,
que le profit annuel est évalué en tenant compte des
dépenses suivantes; et les dépenses, aux paragraphes m) et n),
sont le coût des travaux faits pendant l'exercice financier pour des
puits. Sans parler de perte. Le coût des travaux faits pendant l'exercice
financier pour des puits, excavations, galeries, tranchées, sondages ou
autres moyens d'exploration ou de mise en valeur dans les terrains de la mine
pour son exploitation ou la recherche des minéraux. Paragraphe n): les
frais d'exploration minière et de mise en valeur encourus durant
l'année au Québec sur des terrains autres que ceux qui font
l'objet de l'exploitation minière principale pourvu que ces frais soient
supportés par l'exploitant et qu'une analyse détaillée en
soit soumise au ministre. Ce que je veux souligner, c'est que là, il n'y
a pas de perte là-dedans. Dans les paragraphes m) et n), il n'y a pas de
perte. Ce que je veux souligner et cela rejoint, en fait, l'avantage qu'on
accorde à l'article 10, c'est que l'entreprise aura le choix. Selon
l'ancienne loi, elle était forcée de prendre 15%
nécessairement, de réclamer 15% chaque année. Là,
elle peut réclamer quand elle le voudra les montants qu'elle voudra pour
autant qu'ils soient justifiés et qu'ils aient été
dépensés selon les paragraphes m) et n). Donc, l'entreprise va
s'organiser pour prendre ces montants les années où elle aura du
profit. Comme elle pourra prendre 10% aussi les années où elle
aura du profit et comme on verra qu'elle pourra prendre aussi d'autres
avantages ailleurs, je me demande si des profits, il va y en avoir.
M. Cournoyer: Apparemment, il va y avoir des profits.
M. Lessard: En tout cas, on sait que les compagnies de
pétrole, par exemple...
M. Cournoyer: Est-ce que je pourrais le faire parler directement?
J'ai de la difficulté à comprendre.
M. Lessard: Oui, pour autant...
M. Cournoyer: C'est parce que je t'écoute et je
l'écoute en même temps.
M. Lessard: Pour autant que les paroles sont enregistrées
au nom du ministre.
M. Cournoyer: J'ai mon désespoir! Non, non...
Une Voix: C'est un règlement.
M. Lessard: C'est tout à fait normal.
M. Cournoyer: Un règlement?
M. Lessard: Oui, parce que comment voulez-vous que j'attaque un
fonctionnaire?
M. Cournoyer: Vous n'avez pas le droit.
M. Lessard: Je n'ai pas le droit d'attaquer un fonctionnaire. Le
ministre doit être responsable de son administration.
M. Cournoyer: Ouais. C'est parce que je sais qu'il y a des choses
où il ne pense pas comme moi et j'ai peur... Sur l'article 107, il ne
pense pas comme moi.
M. Lessard: L'article 107?
M. Cournoyer: C'est lui qui ne pense pas comme moi.
M. Lessard: Vous parlerez à l'article 107.
M. Cournoyer: Tout à coup qu'il parle de l'article 107
ici? Je vais essayer d'être responsable. Seulement sur les chiffres,
d'accord.
Ce que je voudrais souligner pour l'allocation de développement,
c'est qu'à compter du 31 mars 1975, la péremption de
déduction de 15% au minimum par année est supprimée. Cela
veut donc dire qu'ultérieurement à 1975, lorsque l'exploitant
encourra une perte ou réalisera une perte, il ne sera pas obligé
de réclamer les 15% de ses frais qu'il aurait ainsi
différés. Maintenant, sur le plan de l'économie, en
rapport avec le fait qu'antérieurement, on disait qu'il pouvait
réclamer jusqu'à 100% de ses dépenses s'il le choisissait
ainsi, c'est donc dire qu'antérieurement, s'il voulait réclamer
toutes les dépenses à son choix, il pouvait le faire, parce que
la péremption était simplement pour un minimum de 15%. Mais il
pouvait réclamer 100% antérieurement jusqu'à
épuisement. Alors, ce même privilège existe dans la
nouvelle loi parce qu'encore là, il peut réclamer 100%.
L'argument d'économie de profit ne vaut pas parce qu'il s'applique et
sous l'ancienne loi et sous la nouvelle loi.
M. Lessard: Mais, dans l'ancienne loi, comme vous l'indiquiez, il
était dans l'obligation d'exiger, perte ou pas perte, même en cas
de perte, 15%.
M. Cournoyer: La seule différence que cela fait, c'est
dans les années de perte. Sous l'ancienne loi, il était contraint
à réclamer 15%; alors, il perdait le produit de sa
dépense. Sous la nouvelle loi, il ne la perdra pas.
M. Lessard: Oui. En ce qui concerne les pertes, pour
répondre au ministre des Richesses naturelles, c'est vrai qu'elles ne
sont pas reportables comme telles, en vertu du discours du budget, mais on
prévoit une modalité. On dit: "Cependant, elles pourront
être imputées suivant une formule à déterminer".
Est-ce qu'on a déterminé cette formule?
M. Cournoyer: On va en reparler tout à l'heure.
M. Lessard: Est-ce que cela va plus loin? Ce n'est pas l'article
107.
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas à l'article 107. Cela ne
fait rien.
M. Lessard: D'accord! Article 16, adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 16, adopté.
Article 17?
Allocation pour investissement
M. Lessard: Bon! A l'article 17, M. le Président, on a une
autre allocation de 33 1/3%, une allocation pour investissement. C'est
complètement nouveau et le ministre va certainement me répondre
que c'est en vue de l'incitation.
M. Cournoyer: Cela ressemble à ça. Pourquoi
anticipez-vous mes réponses comme cela, vous?
M. Lessard: Pardon?
M. Cournoyer: Vous anticipez mes réponses.
M. Lessard: Oui, mais...
M. Cournoyer: Vous avez raison.
M. Lessard:... je commence à les connaître.
Bon! En tout cas, vous me répondrez ce que vous voudrez. Vous
avez même le droit de ne pas me répondre. Allocation pour
investissement: "...331/3 pour cent des frais décrits à l'article
18 qui vient après et engagés durant la
période commençant le 1er avril 1975 et se terminant à la
fin de l'exercice financier, moins les montants déduits à ce
titre pour les exercices financiers précédents".
Cela est non seulement nouveau je peux me tromper mais,
d'après ce que je peux comprendre, c'est double. Il faudrait
peut-être étudier les articles 17 et 18 ensemble. Ce serait
peut-être beaucoup plus facile.
M. Cournoyer: Ah oui! On peut les étudier ensemble.
Le Président (M. Pilote): On peut les étudier
ensemble.
M. Lessard: C'est double, dans le sens qu'aux paragraphes b) et
c), par exemple, le coût pour l'exploitation d'un bien sujet à
l'allocation pour dépréciation on l'a vu cela veut
donc dire que, pour la dépréciation, la compagnie minière
va pouvoir profiter, tel qu'expliqué à l'article 10, de 30%.
C'est bien ça? De 30%, comme dépréciation, et 33 1/3%
encore pour l'investissement. Cela veut dire que, là, c'est double. Par
exemple, une compagnie, qui investit $100 millions, peut
déprécier en 1975, 1976 et jusqu'en 1978, $30 millions, $30
millions, $30 millions et $10 millions et, en plus, elle a le droit pas
renouvelable, par exemple, d'accord? à 33 1/3%, soit une
dépréciation de $33 millions sur cet investissement. C'est bien
ça? J'ai bien compris? Plus tard, elle aura une autre allocation pour
traitement.
M. Cournoyer: C'est 133/100.
M. Lessard: J'ai bien compris. C'est ça, 133/100.
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard: Mais ce sera plus que cela. Cela peut aller
jusqu'à 148/100, parce que vous aurez l'allocation pour traitement
aussi, plus tard. C'est 148 ou 140, parce que vous avez soit 8% ou 15% dans
l'autre. En tout cas, on verra tout à l'heure.
Expliquez-moi...
M. Cournoyer: C'est...
M. Lessard: Ce que je souligne, cela n'existait pas, tout cela
est une double dépréciation possible. Elle a le droit d'amortir
son investissement de $100 millions sur une période de quatre ans, si
vous voulez et, en plus, on lui donne l'avantage, parce qu'elle fait un
investissement de $100 millions, de déprécier ou d'enlever 33
1/3% comme prime à l'investissement, d'enlever le tiers et de ne pas
payer d'impôt sur cela. Donc, la première année, elle aura
droit à $30 millions. Par exemple, pour l'année 1975, pour un
investissement de $100 millions, elle peut avoir une dépréciation
de $30 millions, allocation pour investissement, $33 millions, suite à
une dépréciation de $63 millions, plus ce qu'on verra tout
à l'heure. Je comprends bien?
M. Cournoyer: II y a seulement une remarque que je voulais
ajouter. L'allocation de traitement, qui vient s'ajouter à la
dépréciation à laquelle vous faites mention et aussi qui
vient s'ajouter à l'allocation d'investissement dans la
transformation.
Cette allocation est dans le but d'éliminer un profit qui n'est
pas minier, c'est-à-dire que l'allocation de traitement a
été conçue dans le but d'éliminer un profit qui
prend naissance après l'extraction du minerai; or, le but de la loi est
de taxer le profit réalisé par l'exploitant aussitôt
après extraction, mais avant toute forme de transformation.
Alors, il faut concevoir ce profit à la tête du puits comme
si l'exploitant vendait sa substance minérale aussitôt
après extraction.
Je ne crois pas que l'allocation de traitement puisse, sur le plan des
principes, s'ajouter aux allocations auxquelles vous faites allusion parce
qu'elles sont conçues dans le but d'éliminer un profit non
minier.
M. Lessard: A-t-on évalué non seulement la
possibilité, étant donné ce nouvel article, allocation
pour investissement, parce que c'est bien difficile à évaluer
à un certain moment ce que cela peut vouloir dire comme perte?
M. Cournoyer: Cela va dépendre des investissements que
cela va inciter.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: Si cela n'en incite pas, probablement qu'on ne
perdra rien.
M. Lessard: On ne perdra rien et on ne gagnera rien.
M. Cournoyer: On va finir kif-kif. Mais si cela en incite, on
sera heureux d'en avoir incité.
M. Lessard: Ecoutez. On peut bien leur donner nos ressources
naturelles. Ils vont venir.
M. Cournoyer: Non. On les incite.
M. Lessard: Un jour ou l'autre, à force de baisser et
d'aller vers le fond, de toute façon, on va tout leur donner.
M. Cournoyer: C'est parce que cela dépend de la
philosophie qu'on applique.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: En vertu de la philosophie qui est appliquée
par nous...
M. Lessard: Vous avez la philosophie...
M. Cournoyer:... plus nous incitons, plus c'est profitable et
mieux c'est.
M. Lessard: ... de Rayonier Québec: Subventionnons et,
après cela, faisons transformer notre produit en Allemagne, en Europe et
nous, les Québécois, sommes des travailleurs de l'extraction
primaire. Ceci est le rapport dont je vous ai parlé tantôt. Le
rapport Marier? Le rapport Tetley?
M. Cournoyer: C'est mon conseiller spécial...
M. Lessard: Très bien.
M. Cournoyer:... qui a écrit cela.
M. Lessard: Au moins, il a pris connaissance des faits...
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard:... que les Québécois n'étaient
pas là...
M. Cournoyer: Oui. Puis?
M. Lessard:... qu'ils étaient absents.
M. Cournoyer: II a conclu cela?
M. Lessard: Bien... Au moins, il a pris connaissance de la
situation.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: Peut-être cela amènera-t-il, à un
certain moment, le ministre des Richesses naturelles à réagir et
à dire: Maintenant, il faut modifier la situation.
Article 21. Oui, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Les articles 17 et 18 sont
adoptés?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 19.
Adopté?
M. Lessard: Une minute. Je veux consulter mon fonctionnaire
aussi.
M. Cournoyer: II peut s'asseoir là parce que j'aimerais
l'interroger directement lui aussi.
M. Lessard: Lui, je ne veux pas qu'il parle à ma place!
Parfois, j'aimerais bien cela!
M. Cournoyer: J'aimerais qu'ils jasent ensemble. On essaierait de
comprendre quelque chose!
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté.
M. Lessard: Jusqu'ici, ils n'ont jamais voulu, du
côté ministériel, qu'on fasse parler nos recher-chistes. La
différence entre un député de l'Opposition et un ministre,
c'est qu'un député de l'Opposition est obligé d'apprendre
à parler en commission parlementaire tandis que le ministre n'est pas
obligé. Il fait parler son sous-ministre!
M. Cournoyer: C'est effrayant!
Le Président (M. Pilote): Article 20.
M. Lessard: Une nouvelle définition. Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 21.
Allocation pour traitement
M. Lessard: A l'article 21, c'est la nouvelle allocation dont on
m'a parlé tout à l'heure. Je ne sais pas si vous pourriez
reprendre votre explication et pour le ministre et pour moi. Je n'ai pas
très bien compris pourquoi cela ne s'ajoutait pas, pourquoi on ne
pouvait pas calculer cela comme un autre avantage.
M. Cournoyer: C'est simplement...
M. Lessard: Parce que ce sont des compagnies
intégrées, la plupart du temps.
M. Cournoyer: II faut simplement traduire un profit
hypothétique que l'exploitant réaliserait, s'il vendait sa
substance minérale aussitôt après extraction.
Or, dans la pratique, les substances minérales extraites sans
traitement ne se vendent pas sur le marché. Il faut toujours que cela
soit traité sous une forme ou sous une autre.
M. Lessard: Par la compagnie.
M. Cournoyer: Par la même compagnie ou par des tiers, le
cas échéant. Alors, en fait, physiquement, on prend le profit que
l'exploitant réalise au niveau où il vend sa substance
minérale semi-traitée ou complètement traitée ou
sous forme de métal, et, à partir de ce profit, il faut reculer
pour établir le profit qu'il aurait réalisé à la
tête du puits, comme tel.
C'est pour cette raison qu'on a conçu une allocation de
transformation pour éliminer ce profit et ne laisser que le profit
réalisé à la tête du puits. Cette allocation de
traitement était de 8% sous l'ancienne loi et elle est
légèrement changée sous la nouvelle loi. C'est pour cette
raison que je dis que l'allocation de traitement, dans votre exposé, ne
peut pas s'ajouter comme telle à l'allocation de
dépréciation et à l'allocation d'investissement dans la
transformation, car ces deux derniers investissements sont pour d'autres fins
que celles d'éliminer les profits non miniers.
M. Lessard: D'accord. Je suis d'accord, parce que là c'est
une allocation de traitement de transformation. Je suis d'accord qu'à un
moment donné elle ne peut pas s'appliquer au niveau de l'extraction,
mais elle s'applique au niveau de l'entreprise également sur les
profits, parce que ce sont des compagnies intégrées qui font
à la fois de l'extraction et de la transformation.
M. Cournoyer: Oui, mais il ne faut pas oublier que vous prenez un
profit qui est substantiellement plus élevé aussi. Si je prends
mon cuivre sous forme d'anode, il a une valeur ajoutée beaucoup plus
élevée que si je le prends sous forme de concentré. Alors,
pour ne pas taxer le profit qui a été réalisé au
cours de sa transformation, il faut que je l'élimine. C'est pour cela
qu'on a conçu l'allocation de transformation, il faut que je
l'élimine. C'est pour cela qu'on a conçu l'allocation de
transformation.
M. Lessard: Le profit qui est réalisé au niveau de
la transformation doit être taxé aussi.
M. Cournoyer: II n'est pas taxé. Il est
éliminé, parce que l'on considère le profit que
réalise l'exploitant... Disons qu'il se rend au niveau du métal.
Il vend son anode de cuivre tant par livre. Le profit qu'il réalise
à ce moment-là, c'est un profit sur une valeur qui a
été ajoutée après extraction, après
"smeltage" et après final. A ce moment-là, pour reculer et
déterminer le profit qu'il aurait réalisé à la
tête du puits, il faut considérer tous les coûts de
transformation, tous les amortissements sur l'équipement de
transformation et aussi un profit hypothétique qu'il aurait
réalisé sur cette transformation. Pour les fins de la loi, il est
estimé à 8% ou 15%, le cas échéant.
M. Lessard: Article 21 adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 22?
M. Lessard: Article 22 adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 23?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 24?
M. Lessard: Un instant. Lorsqu'un exploitant fait de la
transformation du traitement d'une substance minérale pour un tiers,
l'allocation pour traitement est réduite en proportion de la
quantité de minérai qu'il traite ou transforme pour son propre
compte sur la quantité totale de minerai qu'il traite... d'accord. C'est
un article qui existait dans l'autre loi.
Le Président (M. Pilote): L'article 24 est
adopté?
M. Lessard: Un instant. Est réduite en proportion de la
quantité du minérai qu'il traite...
M. Cournoyer: Lorsqu'un exploitant fait...
M. Lessard: Dans le cas du zinc, par exemple, à
Valleyfield.
M. Cournoyer: ... de la transformation pour des tiers, le revenu
qu'il tire de cette opération n'est pas taxé. Il est logique
qu'à ce mocnent-là on ne lui accorde pas une allocation de
transformation pour son équipement utilisé à cette
fin.
M. Lessard: Elle n'est pas taxée, pourquoi?
M. Cournoyer: Parce que ce n'est pas une opération qui
résulte d'une opération minière comme telle au sens de la
loi. Nous ne taxons que la valeur du minerai extrait de la mine et les services
qui sont utilisés par l'exploitant pour d'autres fins que la
transformation de son propre minerai, les revenus de ces services ne sont pas
taxés et les amortissements ainsi que les allocations de traitement pour
ces mêmes services à des tiers ne sont pas admissibles comme
déduction aux dépenses sur revenus.
M. Lessard: Où sont taxés ces revenus? M.
Cournoyer: Ils ne le sont pas du tout.
M. Lessard: Si l'entreprise fait une transformation pour un
tiers... si SOQUEM fait de la transformation dans le cas du zinc, par exemple,
pour l'Ontario, les revenus de cette transformation qu'elle fait ne sont pas
taxés.
M. Cournoyer: Absolument pas. C'est par la Loi des mines.
M. Lessard: D'accord. Parce que ce n'est pas de l'extraction.
Article 25...
M. Cournoyer: ... qui ne sait pas tout. Je fais comme vous. Je
pensais qu'ils ne payaient pas de taxe du tout. J'ai compris cela comme cela.
C'est
une affirmation tellement catégorique. J'ai compris la même
chose que vous, M. Lessard.
M. Lessard: Oui?
M. Cournoyer: Je ne fais pas de farce.
M. Lessard: On va se comprendre.
Le Président (M. Pilote): Article 24. Adopté.
Article 25?
M. Lessard: Articles 25, 26, mais c'est pour ça qu'on
demande aussi des explications des fois.
Le Président (M. Pilote): Article 25?
M. Lessard: Demandez des explications, vous avez des
fonctionnaires à côté de vous. Article 25. Adopté.
Article 26. Adopté.
M. Cournoyer: La différence entre vous et moi, c'est que
j'ai des fonctionnaires à portée de la main tous les jours. Vous,
c'est jour et nuit.
Le Président (M. Pilote): Article 26? Adopté.
M. Lessard: Pas dans la chambre à coucher.
Le Président (M. Pilote): Article 27?
M. Lessard: Article 27. Adopté. Même chose.
Le Président (M. Pilote): Article 28?
M. Lessard: Adopté, même chose.
Le Président (M. Pilote): Article 29?
M. Lessard: Article 29. Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 30, adopté?
M. Lessard: Article 30, l'ancienne loi disait $50,000, on dit
$150,000.
M. Cournoyer: C'est exactement ça, il y a un petit 1
ajouté.
M. Lessard: On triple l'avantage aussi. Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 30.
Article 31?
Calcul des droits
M. Lessard: A l'article 31, M. le Président, le ministre
dit qu'il double par rapport aux droits exigés avant le 1er avril 1974.
Je vais regarder ça comme il faut, 15% du profit n'excédant pas
$3 millions.
M. Perreaulf: Dans le même livre. M. Cournoyer: Dans
le même livre.
M. Lessard: II double relativement. M. Cournoyer: Non, 15
et 30, c'est quoi? M. Lessard: Vous avez 10 millions... Pardon? M.
Cournoyer: 15 et 30, c'est quoi?
M. Lessard: Cela dépend des montants, à partir de 4
millions et à partir...
M. Cournoyer: Avec l'inflation qu'il y a eu, attends un peu. Cela
a changé toutes les proportions.
M. Perreault: C'est comme 150,000 et 50,000. M. Cournoyer: Bien
oui.
M. Lessard: Alors, on va voir, M. le Président, ce que
ça va donner. Maintenant, il diminue par rapport à la loi qu'on
vient d'adopter, en vigueur entre le 1er avril 1974 et le 31 mars 1975. Sur
quels chiffres vous étiez-vous basé pour adopter la
dernière loi qu'on a adopté temporairement tous les deux dans
quelques minutes?
M. Cournoyer: Vite, vite, oui.
M. Lessard: C'est encore une décision du ministre des
Finances. Mais cette décision du ministre...
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas la loi qu'on a
passée...
M. Lessard:... des Richesses naturelles.
M. Cournoyer: Est-ce que c'était à la suggestion du
ministre des Richesses naturelles?
Voulez-vous répéter votre question, s'il vous
plaît?
M. Lessard: II y a quelque temps, il y a quelques mois, il y a
même quelques semaines, on a adopté une loi, la loi 58 où
on imposait des droits miniers nouveaux par rapport au 1er avril 1974, qui
étaient temporaires. D'accord. Mais où on augmentait de
façon assez considérable les droits miniers, on adopte une loi
aujourd'hui qui est la loi permanente en tout cas jusqu'à ce que
le ministre décide que le lieutenant-gouverneur en conseil, à la
demande de son ministre, décide de la changer et les droits qui
sont exigés, toujours sur décision du ministre des Finances, sont
inférieurs à ceux qui sont inscrits dans l'ancienne loi que nous
avons adoptée. Vous n'avez qu'à comparer, je peux donner des
chiffres, de $4,150,000 à $6 millions, l'ancienne loi disait 22.5%,
alors que la nouvelle loi dit 20%.
M. Cournoyer: Ce que je voudrais souligner, c'est que, dans votre
période du 31 mars 1974 au 31 mars 1975, il y a eu une disposition
transitoire introduite selon laquelle les taux étaient simple-
ment augmentés dans les proportions que vous pouvez constater,
les anciens de 9, 11, 13 et 15 étaient augmentés à 13.5,
13.5, 19.5 et 22.5. Ceci était une disposition transitoire qui devait se
concrétiser un peu plus tard par des dispositions finales lorsque le
comité interministériel sur la fiscalité aurait remis ses
travaux et ses recommandations au ministre des Finances.
Ce qui est arrivé, c'est que cette disposition transitoire avait
un peu pour effet de rattraper les politiques fiscales des autres provinces
qui, à ce moment-là, avaient introduit des changements
substantiels dans l'augmentation, pertinemment en Ontario et en
Colombie-Britannique.
Cela a fait une espèce de coussin transitoire dont l'objectif
s'est concrétisé par les dispositions introduites à
compter du 31 mars 1975. Si on fait un parallèle entre les deux
assiettes de taux, il n'y a pas tellement de différence, si ce n'est de
constater que le taux marginal, à 30%, sur la disposition transitoire,
s'appliquait pour $10 millions et plus alors que le taux marginal le plus
élevé, celui de la nouvelle loi, s'applique pour le même
taux, mais pour $20 millions et plus.
M. Lessard: II reste quand même...
M. Cournoyer: Si vous faites un parallèle entre ces deux
assiettes, c'est substantiellement la même chose. Mais il faut tenir
compte que l'assiette, le profit imposable, a été
révisé lui aussi; cela a une certaine importance, compte tenu
des...
M. Lessard: Peut-être que si on savait comment se
redistribuent les entreprises, à l'intérieur des montants de
profits tels que définis dans la loi, combien d'entreprises font $20
millions de profit et plus, combien d'entreprises font entre $10 millions et
$20 millions... Ce qu'on constate, en ce qui concerne les entreprises entre $10
millions et $20 millions, c'est qu'elles étaient auparavant
imposées en vertu de l'ancienne loi, à 30% et que, maintenant,
c'est réduit à 25%.
S'il y a très peu d'entreprises qui font un profit de $20
millions et plus, 30%, c'est bien relatif, parce que...
M. Cournoyer: C'est exact, c'est relatif, parce qu'il y en a
très peu qui font au-dessus de $20 millions. Il n'y en a même
pas.
M. Lessard: II n'y en a même pas. Donc cela ne doublera pas
les revenus.
M. Cournoyer: II faut vous référer à la
disposition transitoire du 31 mars 1975.
M. Lessard: On peut bien décider de les taxer à
100% celles-là. Il n'y en a pas.
M. Cournoyer: II n'y en a pas au moment où on adopte le
règlement, mais il peut y en avoir dans l'avenir.
Pour répondre à votre question, la grosse concentration
des profits, sur l'ensemble de nos compagnies minières, se situe entre
$3 millions et $10 millions.
M. Lessard: $3 millions et $10 millions?
M. Cournoyer: II y a peut-être trois ou quatre compagnies
qui excèdent $10 millions, entre $10 millions et $20 millions. Je vous
parle de l'expérience passée, soit 1973 et les années
antérieures.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 32.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 33?
Etalement du profit
M. Lessard: Article 33, nouveau. Article nouveau où on
permet l'étalement du profit annuel. Combien? Trois ans au maximum?
M. Cournoyer: Est-ce que tu veux avoir une explication
rapide?
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: L'étalement consiste simplement, dans un
exemple pratique, à déterminer, premièrement, le profit
annuel moyen sur une base de trois ans. C'est-à-dire que l'on additionne
les profits de trois années et on prend la moyenne en divisant par
trois. Ceci nous donne le profit annuel moyen d'une période de trois
ans. On calcule les droits sur ce profit annuel moyen et on multiplie par
trois. De ce résultat obtenu, on déduit les droits effectivement
payés au cours des deux années antérieures à
l'année courante. Ceci vous donne les droits du profit
étalé. C'est trois fois les droits du profit annuel, moins les
droits effectivement payés au cours des deux années
antérieures.
Lorsqu'il y a une perte dans une année particulière,
disons qu'on se reporte là où la période de trois ans
prévaut parce qu'il va y avoir une disposition transitoire en
1977 lorsqu'il y a une perte, la loi prévoit que cette perte fera
l'objet d'un crédit de droits égal au plus bas taux marginal de
taxation, soit celui de 15%.
Si un exploitant, pour 1978, réalise une perte de $100,000, il
pourra se créer un crédit de droits de 15%, soit $15,000 qu'il
pourra appliquer contre son profit de 1978 et 1979, s'il en est. S'il ne paie
pas de droits dans les deux années ultérieures à sa
première année de perte, il perdra son crédit de droits
irrémédiablement.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Pilote): Article 33, adopté.
Article 34?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 35?
M. Lessard: L'article 35 m'inquiète encore plus. Je
voudrais le lire, M. le Président, parce que cela m'apparaît
favoriser des réductions d'impôt, particulièrement, pour
certains monopoles, certains cartels qui peuvent s'échanger leurs pertes
entre eux. On dit: "Les articles 33 et 34 s'appliquent à plusieurs
exploitants qui sont liés l'un à l'autre comme s'il s'agissait
d'un seul exploitant en tenant compte des modalités prévues par
règlement qui va prévoir cela? lorsqu'un de ces
exploitants cesse d'être lié aux autres ou lorsqu'un exploitant
devient lié à ces exploitants pendant un exercice financier."
Je ne sais pas si je comprends bien, mais ceci permet ou semble laisser
entrevoir la possibilité pour les entreprises de jouer avec leurs pertes
et de s'échanger cela.
M. Cournoyer: Pour la question d'exploitants liés...
M. Lessard: Qu'est-ce que c'est un exploitant lié?
M. Cournoyer: Pardon?
M. Lessard: Qu'est-ce que c'est un exploitant lié? C'est
50%, c'est 30%...
M. Cournoyer: Normalement, c'est plus de 50% du capital-actions
ordinaire ayant droit de vote.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: Ou plus de 50% par prêts ou autrement.
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: C'est l'usage conventionnel qu'on fait de personnes
liées...
M. Lessard: Qui contrôlent... L'exploitant
lié...
M. Cournoyer: ... qu'on retrouve dans le contexte des
impôts.
M. Lessard:... c'est, par exemple, lorsqu'il y a un
contrôle de 50%, 51%, si vous voulez, de l'entreprise?
M. Cournoyer: C'est cela. C'est l'exemple classique.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: Ce que je voulais dire, c'est qu'à
l'intérieur d'un groupe d'exploitants liés, le préambule
de l'article 35 traduit ce qui existait antérieurement dans l'ancienne
loi, à savoir qu'il s'applique à plusieurs exploitants
liés l'un à l'autre, comme s'il s'agissait d'un seul exploitant.
Ceci est pour éviter qu'on multiplie les compagnies entre elles pour
bénéficier des exemptions de $150,000 de base et des taux
inférieurs, par exemple, des premiers $3 millions, à un taux
inférieur de 15%.
Si deux compagnies, entre elles, ont $6 millions de profits...
M. Lessard: C'est cela, pour chacun des $3 millions...
M. Cournoyer:... la deuxième compagnie sera
imposée, si vous voulez, au taux marginal de 20% alors que, si elles
étaient séparées, elles seraient imposées à
15% chacune.
Le concept de personnes liées, c'est pour empêcher que les
compagnies bénéficient de bas taux de taxation en se
multipliant.
M. Lessard: Est-ce que c'est nouveau...
M. Cournoyer: Non, c'est exactement ce qui existait sous
l'ancienne loi, excepté que l'article 35 prévoit des dispositions
spéciales en rapport avec l'étalement du revenu. Un exploitant,
par exemple, qui, dans une année, n'est pas lié et a un
crédit de droits de $50,000 et devient lié à
l'intérieur d'un groupe au cours d'une année d'imposition. Les
règlements que l'on entend adopter à cette fin seraient qu'il
aurait le choix, en premier lieu, d'appliquer son crédit de droits
contre les profits qu'il paiera à titre de personne liée, ou
bien, s'il en décide autrement, de passer son crédit aux
nouvelles compagnies avec lesquelles il est présentement lié.
Ceci est fait surtout en vue de préserver les intérêts
minoritaires dans les compagnies. Parce que, normalement, ce sont les
intérêts majoritaires qui peuvent décider de la politique,
si vous voulez, à l'intérieur d'une compagnie, mais il faut quand
même lui donner le choix, dans le cas d'une nouvelle compagnie
liée, qui entre dans un groupe particulier, d'appliquer son
crédit de droits contre son profit à elle ou contre le profit des
compagnies avec lesquelles elle devient liée.
C'est le même cas à la suite du départ d'une
compagnie à l'intérieur d'un groupe lié. Il faut qu'elle
conserve son privilège, mais que cela fasse l'objet de l'élection
d'un choix. C'est pour cela que l'article 35 introduit une
réglementation à cet effet.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Pilote): Article 35, adopté.
Article 36?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 37?
M. Lessard: Je serais prêt à adopter de l'article 36
jusqu'à à moins que le ministre n'ait des amendements
l'article 108.
Le Président (M. Pilote): Articles 36 à 108,
adopté? Article 109, adopté?
M. Lessard: Où vois-tu l'article 109? Le
Président (M. Pilote): L'autre texte.
M. Lessard: L'article 107, qu'est-ce que c'était? J'y
pense tout à coup. Est-ce que je pourrais avoir...
M. Cournoyer: L'article 107, c'est...
M. Lessard: Oui, je m'excuse, M. le Président, je pense
que je dois parler sur l'article 107. Je m'excuse, c'est vrai, je ne l'avais
pas vu hier, mais la question que je pose au ministre est: Est-ce qu'il va
être appliqué, parce qu'il ne l'a jamais été dans le
passé?
M. Cournoyer: Oui. Il a toujours été
appliqué. J'ai compris que, sauf l'an passé, j'ai refusé
cette année, en demandant des renseignements additionnels, de signer la
permission. On m'a toujours dit qu'effectivement, on donnait chaque
année une permission générale.
M. Lessard: C'est-à-dire de ne pas l'appliquer.
M. Cournoyer: Pas de ne pas l'appliquer, c'est qu'on avait la
liste des compagnies qui se trouvaient à être exemptées de
transformer le minerai ici, c'est-à-dire exemptées de la
pénalité parce qu'elles ne transformaient pas le minerai ici.
M. Lessard: Autrement dit, l'article comme tel, qui exigeait une
double pénalité, n'a pas été appliqué par
suite d'exemptions, à un moment donné, que le
lieutenant-gouverneur en conseil établissait. C'est le droit de
rire.
M. Cournoyer: Si vous voulez dire: A-t-on déjà
imposé des amendes? Je vais vous dire non.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: Si vous voulez dire: L'article a-t-il
été appliqué? Je vais dire oui, parce qu'ils ont eu une
permission préalable. S'il y a quelqu'un qui a donné la
permission...
M. Lessard: Ils ont eu une permission. Ecoutez...
M. Cournoyer: Ecoutez. A chaque fois que nous donnons la
permission, elle est exemptée. C'est cela que l'article dit.
M. Lessard: C'est vrai que c'est cela que l'article dit, la
lettre de l'article le dit: "Si des substances minérales provenant de
mines au Québec sont expédiées pour traitement en dehors
du Québec sans la permission préalable du lieutenant-gouverneur
en conseil c'est d'accord il lui est loisible à ce
lieutenant-gouverneur en conseil qui comprend très bien la situation des
mines au Québec d'exiger des droits additionnels
n'excédant pas le double des droits établis selon les articles 30
et 32.
Bon! Cela, c'est la lettre de l'article 107. L'esprit de l'article,
c'était quoi? L'esprit, c'était de forcer, en fait, ou d'inciter,
si vous voulez parce que "forcer", vous n'aimez pas cela les
compagnies à transformer leur minerai. Or, qu'est-ce qu'on a fait? Le
lieutenant-gouverneur en conseil a toujours accordé la permission
préalable aux entreprises de ne pas transformer le minerai chez nous, de
l'exporter, et ainsi, de ne pas payer la pénalité qui
était prévue à un autre article dans le passé, mais
qui est prévue à l'article 107.
La question que je vous pose maintenant est la suivante: Est-ce que le
lieutenant-gouverneur va continuer ainsi d'être aussi large?
M. Cournoyer: Je pense bien que vous me demandez d'annoncer
certains éléments de la politique minérale, mais il me
semble bien que, normalement, je ne devrais pas être "loose" dans
l'octroi de la permission dont il est question, je devrais tendre à,
comme vous dites, être un peu plus fort qu'incitatif, quand il s'agit de
donner une permission, parce que c'est une permission que je donnerais,
à cet égard. Mais comme je n'ai pas encore donné la
permission et que pour pouvoir considérer de donner la permission, comme
nouveau ministre, je veux savoir pourquoi on ne transforme pas au
Québec, parce qu'en définitive, vous savez, il peut y avoir
d'excellentes raisons de ne pas transformer au Québec... On peut vouloir
transformer davantage, par exemple, le minerai de fer qui sort de la Iron Ore,
mais je ne sais pas si on a les capacités et les possibilités de
le faire. Remarquez bien que c'est une question d'appréciation, et c'est
pour cela que c'est laissé à l'appréciation du
lieutenant-gouverneur en conseil de donner ou de ne pas donner la
permission.
M. Lessard: L'appréciation des compagnies...
M. Cournoyer: Bien, non. Ecoutez! Enfin, c'est votre
opinion...
M. Lessard: ... Ecoutez! Quand, en 1910, on a forcé les
compagnies à transformer le bois chez nous, par une loi spéciale
de l'Assemblée nationale, forçant ou empêchant toute
compagnie d'exporter du bois non transformé, je ne sais pas ce qui s'est
passé, mais je présume qu'on a lancé de hauts cris
je pense qu'elle a été appliquée beaucoup plus tard
cependant les compagnies forestières ont dû dire: Mais cela
n'a pas de bon sens! On n'est pas capable de transformer notre bois chez nous,
c'est-à-dire au Québec. On exporte le bois, en grande partie. On
va l'exporter à l'état brut, et c'est bien plus... On va
même s'en aller, si vous nous forcez à transformer cela chez nous.
Aujourd'hui, cela veut dire quoi? Cela veut dire que Quebec North Shore s'est
établie sur la Côte-Nord. Cela veut dire que l'Anglo Canadian Pulp
s'est établie à Québec. Cela veut dire qu'une
quantité d'usines de transformation de papier se sont installées
chez nous, parce qu'on a décidé de faire quelque chose.
Dans les mines, il va falloir qu'on se décide à faire
quelque chose aussi. Dans le secteur de
l'amiante, on va en avoir besoin. Il va falloir qu'on se décide
à faire quelque chose. C'est dans ce sens... On ne demande pas,
contrairement à ce que laisse entendre le ministre, de tout
nationaliser, de tout contrôler. On demande de pousser les compagnies et
de les forcer même à transformer une plus grande partie de leur
minerai chez nous parce qu'à chaque fois qu'une tonne de minerai part du
Québec, à longue échéance, c'est un appauvrissement
du Québec, parce que, d'une part, on reçoit très peu de
nos ressources naturelles et, d'autre part, c'est du minerai qu'on a de moins
en moins parce que ce ne sont pas des ressources renouvelables. Ce sont des
ressources épuisables.
M. Cournoyer: Je prends bonne note des remarques du
député de Saguenay.
M. Lessard: On s'en reparlera lors de l'étude des
crédits.
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas parce que vous en reparlerez lors
de l'étude des crédits, c'est qu'actuellement je n'ai pas encore
accordé la permission aux compagnies d'exporter du matériel, et
l'appréciation que je devrai faire de la situation, il est sûr que
je vais la faire avec mes fonctionnaires.
M. Lessard: Depuis 1965, il n'y a pas une compagnie qui a
été soumise...
M. Cournoyer: C'est vrai.
M. Lessard:... à cela.
M. Cournoyer: Depuis 1965.
M. Lessard: On fait des lois pour la "frime".
M. Cournoyer: Non, mais peut-être que je pourrais laisser
parler le têtu, mais je n'en ai pas le goût.
M. Lessard: Le têtu? M. Cournoyer: Lui. M.
Lessard: Ah!
M. Cournoyer: Parce que l'opinion qu'il a de cet article
m'indique qu'il n'a pas le goût de le faire marcher. J'ai plus le
goût que lui.
M. Lessard: C'est vous qui êtes ministre. C'est vous qui
devriez être têtu.
M. Cournoyer: Je suis...
M. Lessard: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Alors, les articles du projet de
loi no 89, Loi des droits sur les mines, sont adoptés, sans amendement,
et je demande au rapporteur de faire rapport en Chambre de ce fait. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 9)