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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société nationale de
l'amiante
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bonjour
tout le monde. Il s'agit de la commission des richesses naturelles
chargée d'étudier le projet de loi no 70, article par article.
Les membres de la commission pour la présente séance seront: MM.
Bérubé (Matane), Bordeleau (Abitibi-Est), Brochu (Richmond),
Forget (Saint-Laurent), Grégoire (Frontenac), Laplante (Bourassa),
Ouellette (Beauce-Nord), Rancourt (Saint-François) et Raynauld
(Outremont) est remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
Les intervenants sont: MM. Fontaine (Nicolet-Yamaska), Godin (Mercier),
Garneau (Jean-Talon), remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal); MM. Landry
(Fabre), Larivière (Pontiac-Témiscamingue), Léger
(Lafontaine) remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean); MM.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Paquette (Rosemont), Roy
(Beauce-Sud) et Samson (Rouyn-Noranda).
J'aimerais vous dire immédiatement que les intervenants, en vertu
de nos règlements, ont, comme les membres, un droit de parole, le droit
de présenter des motions, mais ils n'ont pas le droit de vote.
Il y aurait lieu maintenant de désigner un rapporteur pour la
commission. Est-ce que vous auriez quelqu'un à suggérer? M. le
député de Bourassa, accepteriez-vous?... Consentement unanime?...
Le député de Bourassa est nommé rapporteur de la
commission.
M. le ministre, auriez-vous une déclaration d'ouverture à
faire?
Déclaration préliminaire du ministre M.
Yves Bérubé
M. Bérubé: Nous avons devant nous un projet de loi
de 25 articles. Comme nous le disions tantôt, avec l'Opposition, nous
n'aurons sans doute pas suffisamment d'articles pour tenir jusqu'à ce
soir. Néanmoins, cela vaudrait peut-être la peine de passer en
revue, très brièvement, les raisons pour lesquelles nous
discutons de ce projet de loi et peut-être identifier les
caractéristiques qui, à mon point de vue, méritent
certainement discussion, puisqu'elles peuvent représenter des concepts
nouveaux dans ces projets de loi constituant des sociétés
d'Etat.
Tout d'abord, pourquoi le gouvernement choisit, dans ce secteur
économique particulier, la voie de l'intervention directe? Je pense que
cette voie nous est dictée par un certain nombre de
considérations constitutionnelles ou politiques considérations
économiques. En effet, je pense que lorsque l'on sonde l'opinion des
Québécois quant aux problèmes qui les préoccupent
et quant aux ac- tions qu'ils voudraient voir prises par le gouvernement, on
constate que l'ensemble des Québécois place les
préoccupations économiques, les préoccupations de
chômage au premier rang. En d'autres termes, les Québécois
veulent voir leur gouvernement intervenir dans le secteur économique et
s'attaquer aux problèmes de chômage. On a parfois l'impression que
l'Opposition aussi voudrait que le gouvernement s'engage dans la même
voie.
Un des obstacles que l'on affronte très rapidement lorsque le
gouvernement du Québec cherche à s'impliquer au niveau
économique, c'est le problème des moyens d'action
économique d'un gouvernement. En fait, un gouvernement a à sa
disposition cinq grands moyens: une politique monétaire, une politique
commerciale, une politique fiscale, la subvention à l'entreprise
privée et l'intervention directe.
Si on considère la politique monétaire qui, finalement,
est l'accessibilité des fonds, la mise en circulation de
l'épargne, ces moyens sont essentiellement sous la juridiction du
gouvernement fédéral. Par conséquent, un Etat du
Québec n'a aucune juridiction concernant les politiques
monétaires que ce soit la masse monétaire en circulation,
que ce soit le taux de réserve bancaire, que ce soit le "prime rate" des
banques c'est un outil qui n'est pas à notre disposition.
Lorsque l'on regarde les politiques fiscales, on se rend compte que les
sociétés paient 75% de leurs impôts à Ottawa et en
paient 25% à Québec. Par conséquent, la marge de manoeuvre
du gouvernement du Québec est autour de 25%. Dans sa loi 48, le ministre
de l'Industrie et du Commerce devait, par exemple, permettre à une
entreprise d'utiliser la moitié de ses paiements d'impôts à
des fins de développement industriel. En d'autres termes, cela revient
à dire réduire l'impôt perçu du Québec de 25%
de l'impôt total à 12,5%. Par conséquent, on se rend compte
que la marge de manoeuvre du gouvernement du Québec dans ce domaine de
réduction de la charge fiscale est relativement restreinte.
Finalement, on pourrait parler de politique commerciale. Je crois que,
dans mon discours de réplique en deuxième lecture, j'ai assez
clairement fait voir qu'il n'était pas possible à un gouvernement
du Québec de forcer la transformation de l'amiante au Québec, par
exemple, donc de protéger notre industrie par des tarifs. On a
très bien vu cela tout récemment, lorsque le gouvernement
fédéral, en 1976, a choisi de réduire les tarifs sur
l'importation de textiles. On a vu un écrasement général
de notre industrie du textile au Québec. Soulignons d'ailleurs que le
Québec n'est pas la seule province à avoir subi un tel assaut,
dans la mesure où l'Ontario, qui avait une industrie de
l'électronique relativement évoluée, a vu cette industrie
disparaître en moins d'un an et demi par suite de la réduction des
tarifs.
Par conséquent, cette intervention gouvernementale au niveau des
politiques commerciales est de juridiction fédérale et, a
nouveau, le gou-
vernement du Québec n'a pas juridiction. Que reste-t-il au
gouvernement du Québec? Il reste la subvention et il reste
l'intervention directe.
Au niveau de la subvention, j'ai eu l'occasion d'expliquer à
l'Assemblée nationale que, finalement, des subventions, il en existe
déjà. Malheureusement, mon discours de réplique a
peut-être été écourté et je n'ai pas eu le
temps de faire ressortir cet aspect avec peut-être toute l'ampleur que
j'aurais voulu.
De fait, lorsqu'on regarde la quantité de subventions qui
seraient disponibles à un industriel de la petite et moyenne entreprise
au Québec, par exemple, qui voudrait aller vers l'amiante, on constate
que, d'une part, le MEER lui fournirait des subventions qui peuvent aller
jusqu'à 25%. La SDI du Québec peut lui fournir également
des subventions qui vont jusqu'à 12 1/2%. Finalement, la loi 48 lui
permet d'aller chercher encore 25% sous forme de réduction sur les
impôts qu'il paie. Par conséquent, il est subventionné dans
son investissement à 62%, au maximum.
On se rend bien compte que, lorsque les subventions atteignent 62%,
l'augmentation des subventions pourrait tout simplement signifier 100% et,
à ce moment-là, cela voudrait dire que le gouvernement
investirait totalement dans l'industrie et que seul l'entrepreneur en
bénéficierait. Cela m'apparaît un peu aberrant. Je pense
que les programmes de subventions ne sont pas de nature à régler
le problème.
Il reste l'intervention directe, cette intervention directe qui, je
pense, est une conclusion que tous les gouvernements ont dû tirer
puisque, si on examine les investissements au Québec par rapport
à la population, j'ai devant moi une courbe intéressante
ce sont des chiffres de Statistique Canada qui montre que, depuis 1965,
il y a une baisse très nette des investissements totaux par rapport
à la population au Québec; il y a un ralentissement des
investissements qui date de 1965. Qu'est-ce que l'on constate? On constate que
les gouvernements du Québec, successivement, ont augmenté leurs
investissements qui étaient de 38% en 1963 et qui montent graduellement
jusqu'à un total de 52% en 1977.
Par conséquent, on se rend compte que, par la force des choses,
tous les gouvernements, quels qu'ils soient, qu'ils aient été de
l'Union Nationale, qu'ils aient été du Parti libéral ou
qu'ils soient du gouvernement actuel, ont dû avoir recours à
l'intervention directe, parce que, finalement, il faut reconnaître que le
seul outil que le gouvernement du Québec a, à part les
subventions, c'est l'intervention directe. C'est la connaissance de ce fait
constitutionnel qui doit induire normalement un homme politique à faire
des choix politiques. Ce sont ces choix politiques que nous demandons aux
Québécois de faire au moment du référendum.
Si on passe maintenant en revue le projet de loi que nous avons devant
nous, nous constatons que nous créons ainsi une société
d'Etat qui se voit dotée d'un mandat, un mandat assez large, en deux
points essentiellement. Premier point, il s'agit de confier à cette
société le soin de rechercher, de développer et
d'exploiter des gisements d'amiante. Donc tout l'aspect minier de l'amiante
tomberait sous la juridiction de cette société d'Etat.
Pourquoi vouloir une société d'Etat
spécialisée dans l'exploration, l'exploitation, alors que nous
avons déjà une société québécoise
d'exploitation minière? La raison en est relativement simple. Dans ce
domaine minier de l'amiante, les techniques sont passablement
différentes, en ce sens que l'amiante est un produit physique qui ne
subit pas de transformation chimiques. C'est un produit dont les
propriétés sont reliées directement à la
méthode de minage; par conséquent, il lui faut une technologie
particulière. Il apparaît donc assez juste de confier à une
société, ayant l'expertise, le soin de développer cette
industrie de l'amiante.
D'autre part c'est la deuxième partie du mandat
cette société se voit confier le mandat de conduire des
activités de nature industrielle, manufacturière et commerciale
reliées à la transformation de l'amiante. C'est donc une
société intégrée au sens classique du terme dans ce
domaine de l'amiante, puisque les sociétés que nous connaissons
au Québec sont toutes intégrées.
L'article 6 est un peu spécial, dans la mesure où le
gouvernement va choisir un conseil d'administration. L'actionnaire, le ministre
des Finances, élira donc son conseil d'administration. Cependant, la
direction de l'entreprise oeuvre au sein de la compagnie en vertu d'un contrat
avec la compagnie, et non en vertu d'un décret gouvernemental qui
fixerait à la fois le salaire et le choix des directeurs.
Pourquoi cette modification? Elle est relativement simple. C'est pour
éviter les circonstances qu'on a connues dans le passé où,
par un article de loi, évidemment applicable généralement
par décret, on choisissait des directeurs pour des périodes qui
pouvaient atteindre parfois une dizaine d'années, d'une part; d'autre
part, on fixait également la rémunération, ce qui causait
souvent des problèmes vis-à-vis du Vérificateur
général, parce que si un directeur de société
était appelé à siéger à une autre
société et qu'il recevait des émoluments sous forme de
jetons de présence, le vérificateur estimait que c'était
alors en contradiction avec le décret qui, lui, était
censé prévoir l'ensemble de la rémunération des
directeurs.
Compte tenu qu'uniquement certaines de nos sociétés d'Etat
font face à ce problème, alors que d'autres n'y font pas face, il
nous apparaît plus logique de décider directement par contrat
l'engagement des directeurs, et surtout de donner une très grande
autonomie au conseil d'administration, donc dans la sélection des
directeurs.
En d'autres termes, le bureau de direction devra répondre au
conseil d'administration de sa performance. Présentement, il se produit
souvent dans nos sociétés d'Etat que, d'une part, le
président relève directement du Conseil des ministres ou de son
actionnaire parce qu'il a été nommé par
arrêté en conseil, et d'autre part, il relève
égale-
ment de son conseil d'administration. Très souvent, les conseils
d'administration de nos sociétés d'Etat estiment ne pas avoir le
pouvoir qu'ils devraient avoir pour réorienter l'action des
sociétés. Par conséquent, il est important de noter que
dans cet article nous cherchons à redonner aux conseils d'administration
un véritable pouvoir de nomination engager par contrat.
Evidemment, il reste qu'il faut que cet engagement soit rectifié par le
gouvernement. Nous nous rapprochons donc des techniques commerciales
privées que l'on connaît dans l'industrie au Québec, au
Canada et en Amérique du Nord.
Un autre aspect, c'est le pouvoir de directives qui est donné au
gouvernement. En effet, il nous apparaît qu'une société
d'Etat n'est pas complètement une entreprise privée, au sens
classique du terme. Elle est essentiellement le mandataire du gouvernement dans
un secteur de développement économique, les ministères se
voyant confier une tâche d'administration des lois ou d'incitation, alors
que cette société devient, à ce moment-là,
l'instrument privilégié du gouvernement. Or, il apparaît
important, dans la mesure où on donne plus d'autonomie au conseil
d'administration, dans la mesure où la direction de l'entreprise a
à répondre de sa performance au conseil d'administration, que le
gouvernement puisse donner, le cas échéant, des directives au
conseil d'administration.
Un dernier aspect qui m'apparaît aussi important à
souligner, c'est le plan de développement. En effet, plusieurs de nos
sociétés d'Etat se sont développées un peu à
la bonne franquette, en ce sens qu'elles n'ont pas de véritable plan de
développement. On ne sait pas, au niveau du gouvernement, où va
la société et on se retrouve très fréquemment
en l'espace d'une année, nous avons été à
même de le constater au gouvernement devant des faits accomplis,
devant des décisions prises sans qu'on ait vraiment de justification. On
a parfois l'impression que plusieurs de nos sociétés se
développent d'une façon un peu aléatoire. Par
conséquent, ce que nous demandons, c'est que ces sociétés
préparent des plans de développement. Cela n'est pas une pratique
inhabituelle. En effet, dans l'entreprise privée, les
sociétés ont toujours des plans de développement
"corporate plan" . Il nous apparaît que ce plan de
développement est absolument fondamental. Cela n'est évidemment
pas un plan de développement rigide car la société peut le
modifier, mais il reste que cela détermine au gouvernement des
façons d'évaluer cette société puisque dans son
plan de développement, elle va établir des critères. Cela
permet au gouvernement, avec c.es critères de performance,
d'évaluer la performance de l'entreprise.
Je pense que ce sont les articles saillants de ce projet de loi qui
modifie un peu le style traditionnel de nos sociétés d'Etat.
L'objectif de ces changements à ce projet de loi type est
essentiellement de rendre cette société beaucoup plus
compétitive, beaucoup plus dynamique, d'utiliser des critères
davantage économiques dans sa ges- tion quotidienne et, par
conséquent, d'avoir une société prospère qui
permettra aux Québécois de bénéficier de l'amiante
au Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
Remarques de l'Opposition M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, l'Opposition aborde
l'étude de ce projet de loi avec beaucoup de curiosité,
curiosité qui semble devoir demeurer insatisfaite, cependant, à
entendre les propos d'introduction du ministre. Déjà, au moment
de la deuxième lecture, nous avions pris connaissance, sans être
grandement impressionnés, de la rhétorique partisane et de
l'arithmétique sommaire du ministre des Richesses naturelles. Il a
répété, ce matin, les mêmes banalités sans
même nous laisser soupçonner qu'il était en mesure, au
moment d'aborder une étude détaillée du projet de loi, de
nous faire part des études, des arguments plus détaillés,
plus fouillés, qui nous permettraient de comprendre enfin le
raisonnement du ministre et le raisonnement sur lequel s'est
présumément du moins, on l'espère
basé !e gouvernement au moment de prendre une décision aussi
importante; importante financièrement, mais importante aussi pour
l'avenir d'une industrie qui, au moins dans une région du Québec,
est l'industrie qui supporte économiquement toute une région du
Québec. (10 h 25)
Malheureusement, je crois comprendre, d'après les propos
d'introduction du ministre, que nous allons demeurer sur notre appétit,
qu'il n'a à nous offrir que les arguments déjà offerts au
moment de la deuxième lecture et qui consistent c'est absolument
incroyable, M. le Président essentiellement dans des parcelles du
dossier préparé pour le gouvernement précédent,
dossier dont nous pourrons faire l'analyse plus tard, mais qui, très
certainement aux yeux de ceux à l'intention de qui ce dossier avait
été préparé, est manifestement incapable de
justifier la décision qu'a prise le gouvernement.
Nous avons assisté, au moment de la deuxième lecture,
à une espèce de strip-tease bureaucratique où,
élément par élément, le ministre nous amène
tel ou tel document des fonctionnaires, ordinairement mal identifié,
parfois représenté de façon non seulement erronée,
mais susceptible de prêter à confusion, confusion que le ministre
a d'ailleurs cherché à entretenir de façon soigneuse. Il
s'agit, je le rappelle, pour que tout le monde sache bien de quoi on parle,
d'une part, à l'arrière-scène, du rapport Alexandre
du nom de son auteur un rapport qui est le seul document, à notre
connaissance, qui ait jamais conclu avec une prétention quelconque
à l'objectivité ou à l'impartialité d'une analyse
non partisane et non déjà compromise politiquement, à la
prise en charge de
la société Asbestos. C'est sur ce seul argument, sur ce
seul document, cette seule étude que le gouvernement actuel
prétend faire avaler au Québec un investissement de $250
millions. Cette étude, est-il besoin de le dire, n'avait jamais
mérité encore une fois aux yeux de ceux qui avaient à
prendre des décisions à l'époque le titre d'une
étude suffisamment mûre, suffisamment complète,
suffisamment convaincante pour qu'on puisse passer aux actes; elle n'avait
donné lieu qu'à des discussions préliminaires et à
la suggestion de travaux ultérieurs.
Le ministre des Transports a également fait état d'un
soi-disant mémoire au Conseil des ministres. Ce mémoire et
je le dis pour l'avoir vérifié auprès de tous ceux qui
sont en mesure de nous donner des assurances là-dessus, j'ai
vérifié mes propres notes personnelles relatives aux
séances du Conseil des ministres n'a jamais été
présenté au Conseil des ministres, jamais été
distribué à ses membres. Bien sûr, il était connu
d'un petit nombre de ses membres, qui ont porté un jugement très
sévère sur le rapport Alexandre et qui ont porté un
jugement non moins sévère sur ce projet de mémoire.
D'ailleurs, le ministre des Transports, au moment de son dépôt,
aurait mieux fait de vérifier, puisqu'il a déposé non pas
la dernière version de ce projet de mémoire, mais une version
encore plus préliminaire, ce qu'il aurait facilement pu corriger, s'il
avait pris le moindre soin de s'informer quant aux sources et quant aux
documents qu'il utilise et quant à l'interprétation qu'il place
sur ces documents.
La position du gouvernement antérieur vis-à-vis de ce
dossier était donc que ces études qui avaient été
entreprises par la direction de l'économie minérale et du
développement, direction faut-il le mentionner, M. le ministre
qui avait été créée par l'ancien
gouvernement, avec, entre autres, comme objectif, l'exploration de questions
comme celle-là et, en particulier, celle de l'amiante, étude et
mémoire qui avaient été jugés non susceptibles
d'une action immédiate. C'est d'ailleurs à la même
époque qu'avaient eu lieu des discussions avec l'Association des mines
d'amiante pour la bonne fin d'une étude sur les perspectives de
production de produits finis à base d'amiante. L'association, à
l'origine, cherchait la collaboration financière du gouvernement, mais
cette association a finalement réalisé à ses frais et cela
a été publié, comme on le sait, au cours de l'automne 1977
et de l'hiver 1978...
Il y avait donc une action, des études entreprises, mais à
aucun moment, ce dossier n'était-il susceptible d'une action, d'une
décision dans le sens de celle qu'a adoptée le gouvernement
actuel. Ce jugement porté par le gouvernement précédent
sur les travaux qui lui étaient soumis n'était pas seulement
dicté, comme a voulu laisser soupçonner le ministre, par des
problèmes financiers ou par une hésitation politique à
agir dans ce domaine, mais par une analyse, par d'autres analyses des
mêmes documents émanant également de l'administration
publique et laissant clairement voir la faiblesse des documents qui
constituaient le dossier de l'amiante à l'époque.
J'ai pour indication un mémoire préparé par l'OPDQ,
l'Office de planification et de développement du Québec, qui
porte précisément sur le contenu à la fois du rapport
Alexandre et sur le contenu du projet de mémoire au Conseil des
ministres, dont j'ai fait mention tout à l'heure.
Je ne lirai pas en entier ce document qui est de 5 pages à peu
près et qui, comme je l'ai dit tout à l'heure, émane de
l'Office de planification et de développement du Québec. Il a
pour titre, Vers une politique québécoise de l'amiante et il est
daté du 7 avril 1975. J'en citerai cependant les extraits non
descriptifs, les extraits où il est permis de voir le jugement que
portait l'OPDQ sur cette politique et sur les décisions qu'a prises le
gouvernement actuel, puisqu'il s'agit des mêmes conclusions, des
mêmes recommandations.
Je cite en particulier, à la page 2, la troisième
constatation, les constatations préliminaires qui portent sur la
facture, en quelque sorte, physique et sur les éléments
descriptifs de l'étude qui sont jugés satisfaisants.
Effectivement, je crois bien qu'ils le sont, du moins à l'époque
à laquelle ils se rapportent.
La troisième constatation touche cependant l'aspect de l'analyse
et des recommandations. Je cite: "Le document qui nous a été
remis présente, d'autre part, une très grande faiblesse, sur le
plan de l'analyse, de l'ensemble de la situation de l'amiante, laquelle analyse
devrait normalement nous conduire aux solutions souhaitables et possibles. En
effet, vous constaterez que ce document comprend environ 175 pages et que de
ces 175 pages, 160 pages sont consacrées à la description de la
situation et tout au plus quinze pages sont consacrées à
l'analyse de la situation ". Il m'apparaît y avoir là une
distorsion très grave et si vous prenez la peine de lire ces quinze
dernières pages, vous constaterez beaucoup de faiblesse dans cette
courte analyse.
Quatrième constatation, je dirais que ce document renferme
beaucoup trop d'affirmations gratuites qui nous sont présentées
comme des certitudes. On donne des exemples. Un peu plus loin, "Finalement, on
retient la troisième solution... C'est une référence
à ce projet de mémoire au Conseil des ministres, où
précisément, on recommande l'acquisition de la
société Asbestos parce que cette solution est immédiate.
Comme si le fait de réaliser un acte immédiatement était
une solution de court terme, par opposition à d'autres solutions de
moyen et long termes.
Il est un peu primaire de considérer qu'un acte immédiat
est automatiquement un geste de court terme quand on sait que l'objectif
recherché est la transformation plus poussée de l'amiante au
Québec et que l'on propose d'acheter une compagnie qui n'a aucune usine
de transformation au Québec. Il faut donc admettre que cette compagnie
devra développer une expertise dans le domaine de la transformation, se
trouver des marchés, construire et exporter. Cela ne m'apparaît
pas une solution à court terme, loin de là.
Un peu plus loin, on parle de la question de la rentabilité
diminuée ou réduite d'une entreprise de transformation au
Québec, étant donné les contraintes de marché. On
dit que ce jugement peut sembler très favorable on parle
évidemment de la conclusion de l'étude et je cite le
document de l'OPDQ: "Mais en clair, ceci signifie que si l'on considère
d'autres contraintes que les contraintes de marché, il n'est plus
possible de parler de rentabilité plus faible, mais probablement aucune
rentabilité possible. "
De toute façon, nulle part dans ce document on n'a abordé
cet aspect de la rentabilité et je crois qu'une étude de
rentabilité pour implanter une usine considère d'autres points
que les contraintes de marché.
En conclusion, le document dit: "Je crois que nous avons là un
excellent document pour commencer une analyse en profondeur du secteur de
l'amiante, mais clairement pas puisque l'on fait différentes
recommandations à la fin pour terminer cette analyse et
certainement pas pour conclure immédiatement à l'acquisition
d'une compagnie."
On nous dira, à ce moment-là: Comment se fait-il...
M. Brochu: M. le Président, juste une petite question, si
mon collègue me le permet. Le document dont vient de faire mention le
député de Saint-Laurent revêt un caractère assez
intéressant. Comme il n'est pas encore document public, est-ce qu'il
serait possible, pour les bonnes fins de nos travaux en commission
parlementaire, s'il l'accepte, de faire circuler ce document à
l'intention des membres de la commission?
M. Forget: M. le Président, comme il n'y a pas de
dépôt formel, il me fera plaisir de le faire. Je n'ai pas d'autres
copies avec moi que celle que j'utilisais, mais il me fera plaisir d'en faire
tenir des copies à nos collègues de la commission parlementaire
ou à toute autre personne qui désirera en prendre
connaissance.
On nous dira, à ce moment-là: Pourquoi, dans un tel
contexte de doute aussi sérieux sur la qualité de l'analyse
présentée au gouvernement précédent et sur la
validité des conclusions, cette étude a-t-elle été
publiée? Il faudrait, pour expliquer la publication de cette
étude, se reporter au contexte social et économique dans lequel
ces études se déroulaient.
On se souvient qu'en décembre 1974, il y a eu l'incendie d'un
moulin dans la région de Thetford Mines. Il y a eu, durant
l'année 1975, une grève prolongée et, en parallèle,
il y avait, bien sûr, des discussions qu'avaient alimenté, au
début de 1974, des propositions émanant de centrales syndicales
visant à pousser le gouvernement du Québec à agir dans le
domaine de l'amiante, recommandations émanant de centrales syndicales
qui avaient reçu, à ce moment-là, d'ailleurs, l'appui d'un
très grand nombre de personnes dans l'économie et qui avaient
reçu également des appuis à titre de manifestations
d'intérêt de la part du gouvernement et des partis
d'Opposition.
Dans le contexte de 1975, étant donné
l'intérêt très élevé que tous portaient
à cette question, étant donné que l'on savait que le
gouvernement avait fait une étude et qu'elle était
terminée, il est apparu normal au ministre du temps de publier cette
étude de manière que les discussions soient alimentées par
une étude plutôt que par des rumeurs ou des fuites, mais c'est en
spécifiant à l'Assemblée nationale, à la date du
dépôt ou de la publication de cette étude, que sa
publication n'impliquait en aucune manière une approbation de ses
conclusions. Cette affirmation avait été faite, à
l'époque, à plus d'une reprise.
Il reste donc, M. le Président, que nous avons là un
dossier qui, sans aucun doute, traite du problème en cause et qui en
traite même de façon fort élaborée, mais pas
suffisamment élaborée toutefois, pas suffisamment convaincante
pour permettre à qui que ce soit de conclure. C'est donc avec un
sentiment d'extrême surprise que nous voyons le gouvernement actuel, sans
faire état d'aucune étude subséquente au 15 novembre 1976,
se précipiter vers une solution que, clairement, il ne peut pas
défendre à l'aide de ses études, malgré les
prétentions qu'il a. C'est un procédé que je qualifierais
de proprement malhonnête de la part du gouvernement actuel qui devrait,
pour justifier sa position, faire état de quelque chose de plus
substantiel et de plus sérieux plutôt que de se réfugier
derrière des documents qui ne sont pas les siens et que ceux pour qui
ils avaient été préparés avaient jugé non
recevables et qu'ils avaient désavoués, en quelque sorte, dont
ils avaient du moins désavoué les conclusions.
En attendant cependant que le ministre nous fasse part de ses raisons,
si jamais il en est capable, il ne nous reste qu'à soulever, par nos
interventions devant cette commission, toutes les interrogations qui se posent
encore dans notre esprit relativement à une initiative comme
celle-là, qui présente un si grand nombre d'aspects
discutables.
Le premier ministre, dans son intervention en deuxième lecture, a
fait état non pas d'arguments lui non plus, mais d'un certain appel aux
émotions en nous invitant à manifester vis-à-vis de
l'amiante un sentiment de confiance en l'avenir qui fait honneur, bien
sûr, à l'optimisme qui caractérise actuellement le
gouvernement, mais qui n'est pas bien convaincant en lui-même, ni
rassurant pour ceux qui vivent de cette industrie. (10 h 40)
Plutôt que d'affirmer à qui veut l'entendre que l'avenir de
l'amiante est assuré quoi qu'il arrive, nous aimerions davantage
entendre le gouvernement nous dire ce qu'il entend faire pour redoubler les
assurances qui devraient exister de ce côté-là.
Effectivement, des projections on sait ce que valent souvent les
projections indiquent que si tout demeure tel que c'était dans le
passé, si n'intervient aucun changement technologique, si les
marchés conservent à peu près la consistance qu'ils ont
eue dans le passé, on peut prévoir effectivement un avenir
brillant pour les mines d'amiante et une industrie basée sur les
produits de l'amiante.
Cependant, ce sont des hypothèses que rien ne permet de soutenir
pour un avenir indéfini et nous aimerions voir le gouvernement se
préoccuper davantage de la dimension recherche, recherche dans deux
dimensions, dimensions qui touchent aux risques certains et indéniables
que posent l'exploitation de mines d'amiante, la transformation de la fibre et
l'utilisation de produits d'amiante pour la santé des travailleurs et
des utilisateurs, et même du public en général. Il s'agit
là, bien sûr, de choses dont on a pu dire, peut-être avec
raison, qu'on a grossies à l'excès dans le passé, mais il
reste que personne ne peut être absolument sûr de ce que l'avenir
nous réserve de ce côté. Il serait souhaitable que le
gouvernement du Québec, qui se targue, sans aucun doute avec raison, de
parler au nom d'une population sur le territoire de laquelle se trouvent les
plus fortes ressources d'amiante au monde, que ce même gouvernement se
soucie, par des recherches dans le domaine de l'impact sur la santé et
sur l'environnement de l'exploitation et de l'utilisation de l'amiante, de
prendre toutes les précautions requises pour que l'on trouve des
solutions à ce problème. Il ne faut pas traiter le
problème des risques à la santé dans l'amiante comme un
problème nécessairement insoluble. Par la recherche de nouveaux
procédés d'extraction, de fabrication de nouveaux produits, il
sera possible d'enrayer les risques que peuvent laisser entrevoir certaines
études sur l'effet de l'amiante sur la santé. Si l'on ne fait pas
ces recherches, cependant, on risque de voir se refermer un étau,
éventuellement, sur l'industrie et sur les régions qui en
vivent.
Nous aimerions également voir le gouvernement se
préoccuper, en priorité, de la recherche de nouveaux produits, en
collaboration, bien sûr, avec l'industrie, mais je ne vois pas pourquoi
cette collaboration, cette offre de collaboration, si elle venait, si elle
était faite de la part du gouvernement, ne pourrait pas trouver, du
côté de l'industrie, une réponse sympathique et même
enthousiaste.
Ce sont là des priorités pour préserver ce que nous
avons déjà. En mettant même de côté ce qu'il
serait possible de développer dans l'avenir, il demeure que nous ne
sommes pas satisfaits de voir le premier ministre et le ministre faire
état d'une confiance absolue et aveugle dans l'avenir, sur la base de
projections qui supposent que rien ne changera dans le monde. Au contraire, on
sait très bien que, dans tous les secteurs industriels, dans tous les
secteurs sociaux, il y a des changements et qu'il ne faut pas se fier
aveuglément aux prédictions. C'est là un sujet incident
par rapport à l'objet de litige principal qui fait l'objet des travaux
de cette commission. Incident pour une très bonne raison, puisque la loi
est muette sur l'engagement du gouvernement quant à l'initiative dans le
domaine de la recherche. Nous l'inciterons à être autrement que
muet. Si l'on se concentre sur les questions relatives à l'exploitation
des mines, à l'achat de la société Asbestos, à la
question de la transformation, nous aurons également beaucoup de
questions à poser.
Relativement à l'achat de la mine de la société
Asbestos, nous voudrons savoir sur quoi se base cette magnifique confiance dont
le ministre a fait état relativement au prix qu'il entend payer pour
cette mine. Il devient assez évident qu'en refusant de donner un prix
précis, le gouvernement actuel donne un témoignage
éclatant de sa faiblesse vis-à-vis de General Dynamics. Il se
donne ainsi toute la marge de manoeuvre nécessaire pour pouvoir a
posteriori, une fois que l'achat sera effectué, justifier à peu
près n'importe quel prix; par un jeu d'addition et de soustraction, il
sera possible de justifier absolument n'importe quel prix. C'est la position
très inconfortable dans laquelle s'est placé le gouvernement par
son offre d'achat indéfini, mais irrévocable puisque, en refusant
de dire un prix, mais en laissant entrevoir la possibilité qu'une
évaluation nous révèle autre chose que ce que les livres
de la compagnie recèlent déjà et pourraient permettre
d'établir comme valeur nette d'acquisition, on pourra, après la
conclusion d'une entente avec la société General Dynamics, nous
dire: Effectivement, nous avons payé un montant X; ce montant est
supérieur à la valeur aux livres parce que des évaluations
ont démontré que la valeur aux livres ne reflétait pas de
façon adéquate la valeur présente des réserves de
minerai valeur, évidemment, sur laquelle, étant
donné qu'il s'agit de probabilité, il sera possible de construire
n'importe quelle hypothèse.
A partir d'un chiffre construit de façon arbitraire et
artificielle, il sera possible au gouvernement de justifier ses affirmations
téméraires selon lesquelles il déduira du prix d'achat le
prix des investissements nouveaux qui seront requis, qu'il déduira
également la valeur du passif contingent que représentent les
réclamations non liquidées des travailleurs souffrant
d'amiantose, puisque, à partir d'un total indéfini, il est permis
de faire n'importe quelle déduction pour arriver au prix qu'on veut ou
au prix qu'on doit payer, étant donné qu'entre la
société General Dynamics et le gouvernement, et la conjoncture
financière, la force n'est pas du côté que le gouvernement
voudrait faire croire.
Ce sont donc des explications que nous attendrons du parti
gouvernemental sans avoir l'espoir d'obtenir autre chose qu'une
arithmétique sommaire du genre de celle à laquelle vient de se
livrer le ministre dans ses remarques préliminaires.
Nous voudrons également connaître de quelle façon le
gouvernement entend articuler la phase 2 de sa politique de l'amiante à
partir de l'acquisition de la société Asbestos. Tout ce que le
ministre a dit ce matin il répétait d'ailleurs ce qu'il a
affirmé à d'autres occasions c'est que les gouvernements,
traditionnellement au Québec, ont un peu obéi à ce dicton
qu'on attribue à Leibniz, je crois, que la nature a horreur du vide et
qu'ils se sont intéressés à l'investissement puisque
l'entreprise privée ne le faisait pas.
M. Godin: Est-ce qu'elle vous aime beaucoup, la nature?
M. Forget: Cela n'est pas un roseau très puissant pour y
accrocher un achat de $250 millions. Même en admettant que le ministre
ait raison, il faudrait encore qu'il nous explique pourquoi cette façon
particulière d'intervenir est meilleure qu'une autre, parce que c'est de
cela qu'il s'agit. Il ne s'agit pas de se livrer à un débat
idéologique sur la justification théorique d'un interventionnisme
d'Etat dans l'économie. En admettant même que le ministre ait
raison, il faudrait qu'il nous dise pourquoi il intervient de cette
façon plutôt que d'une autre.
Or, cette démonstration-là, je suis persuadé que le
ministre, non seulement ne l'a pas faite, mais qu'il n'a pas l'intention de la
faire puisqu'il en est incapable. Il est incapable de venir démontrer
qu'il y a un lien fonctionnel, un lien de cause à effet, entre
l'acquisition d'une propriété, comme la société
Asbestos, et la mise en place de la phase 2 de sa politique de l'amiante. Il
n'y a aucune relation, et c'est bien ce que les travaux de cette commission
vont démontrer.
Je termine là-dessus. Ce sont des interrogations, comme vous
l'avez remarqué. C'est cela seulement que nous pouvons faire de ce
côté-ci de la Chambre puisque les réponses devraient venir
du parti gouvernemental. Une occasion magnifique a été
ratée par le gouvernement dans un débat de quinze jours pour nous
donner ces raisons. Nous avons l'intention de donner une autre occasion au
gouvernement toutes les occasions voulues pour expliquer, pour
convaincre, sinon l'Opposition s'il pense que l'Opposition n'est pas
susceptible d'être convaincue au moins c'est un devoir
très strict du gouvernement d'essayer honnêtement et
complètement de convaincre l'opinion publique et ceux qui vont payer la
note de cette aventure, de cette fuite en avant du gouvernement qui tenait,
pour des raisons politiques, à prendre des décisions rapides
même s'il ne savait pas pourquoi ni comment.
Le ministre, M. le Président et je terminerai
là-dessus a déjà changé deux fois d'avis sur
le sujet, peut-être réalisant lui-même qu'il n'est pas
capable de faire la démonstration à laquelle on l'invite, et il
va en changer une troisième fois puisque, sur la question de l'amiante
bien sûr...
M. Grégoire: ...
M. Forget: ... M. le député de Frontenac, le
ministre a déjà j'imagine adhéré
à la proposition qui était dans le programme du Parti
québécois, visant la création d'une société
de mise en marché. Il a carrément abandonné, avec tous ses
collègues, cette vision des choses; il déclarait, il y a un an
environ, que la nationalisation d'une société...
M. Grégoire: ... qu'il avait voté contre...
M. Forget: J'ai le droit de parole; M. le Président,
rappelez le député de Frontenac à l'ordre; il va nous
exposer ses vues, j'en suis sûr, en temps utile. Mais le
député...
M. Grégoire: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, s'il vous plaît!
M. Grégoire: C'est une erreur, en tout cas, ce que vous
dites là.
M. Forget: Bien, vous me corrigerez quand vous en aurez
l'occasion. Il demeure...
M. Grégoire: Parce que le ministre a voté
contre...
M. Forget: M. le Président, faites respecter l'ordre, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, s'il vous plaît, un instant! M. le
député de Frontenac et M. le ministre, il n'y a pas de question
de privilège en commission parlementaire. Je demanderais à chacun
de respecter le droit de parole de ses collègues. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Godin: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Mercier!
M. Forget: Alors, M. le Président, le ministre a
changé deux fois d'avis. Il a abandonné la position de son parti
au moment des dernières élections et il déclarait, dans
une entrevue reproduite dans La Presse, il y a environ un an, que la
nationalisation d'une entreprise dans le secteur de l'amiante ne
résoudrait rien. C'est une citation que l'on pourra lui mettre sous les
yeux s'il la nie maintenant, mais elle est très explicite. Il s'est
rallié, quelques mois plus tard, à une décision qu'on lui
a peut-être imposée. Ce qui n'exclut pas, donc, un autre revers,
une autre évolution dans sa pensée.
Il y a cependant un motif qui pourrait l'inciter à adhérer
à ce point de vue, par analogie à la situation qu'on a connue
dans le passé. Il y avait des ministres de la santé qui
étaient des médecins et la tradition voulait qu'ils se
construisent un hôpital pour leur retraite. On a maintenant un ministre
des Richesses naturelles qui est un ingénieur minier; il ne faudrait
peut-être pas se surprendre qu'il veuille s'acheter une mine.
Alors, j'ai terminé, M. le Président. On attendra avec
intérêt les commentaires du député de Frontenac.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Saint-Laurent. M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais,
à mon tour, au nom de l'Union Nationale, émettre certains
commentaires au début des
travaux de cette importante commission parlementaire. Le débat,
au Québec, sur cette question de l'amiante, est amorcé et il
prend de plus en plus d'ampleur. Je pense qu'à ce stade-ci de nos
travaux, nous sommes rendus à une étape qui nous apparaît
de première importance puisque, et nous l'espérons, les
démarches que nous allons entreprendre ici trouveront preneur et les
questions qui sont demeurées en suspens tout au cours de l'étude,
de l'évolution de ce projet de loi, pourront connaître ainsi des
réponses satisfaisantes. Nous espérons aussi que nous serons en
mesure d'obtenir les lumières que je pense, la commission attend sur
cette question et, deuxièmement, que les citoyens
québécois sont en droit d'attendre sur cette question.
M. le Président, au début tout à l'heure, le
ministre a établi sa position, il a fait quelques remarques d'ordre
général, quelques unes d'ordre pratique, et il a mentionné
quelques articles du projet de loi en question. Au point de départ, je
pense que le ministre nous a donné un excellent exposé
théorique sur quelques moyens possibles d'intervention de l'Etat dans un
domaine comme celui de l'amiante. Je suis convaincu cependant, et le ministre
en conviendra avec moi, que ce n'est pas là un exposé complet et
qu'il y a peut-être d'autres moyens par lesquels l'Etat peut intervenir
dans un tel domaine. Nous allons d'ailleurs en discuter au cours des quelques
heures de débats parlementaires que nous aurons sur cette question
à partir d'aujourd'hui.
Je tiens à rappeler, dans un premier temps, M. le
Président, et je tiens à le souligner de façon
particulière, qu'en ce qui concerne l'objectif de transformation en sol
québécois d'un pourcentage plus élevé de notre
fibre d'amiante, l'Union Nationale a toujours été en faveur de
cette position. Aujourd'hui, encore, nous voulons donner notre appui et
souligner notre volonté politique de voir transformer cette richesse
naturelle, en sol québécois, visant d'abord et avant tout
et, en cela, je pense qu'on rejoint l'objectif qui a été à
quelques occasions exprimé par le ministre et d'autres de ses
collègues à créer par là une source
d'emplois immédiate, dans les plus brefs délais, puisqu'on
répondrait ainsi à un besoin de plus en plus accentué de
notre société québécoise. (10 h 55)
Donc, dans nos discussions, M. le Président, je pense qu'il ne
faudrait pas perdre de vue cet objectif que s'est fixé le gouvernement,
cet objectif auquel souscrivent également les différents partis
d'Opposition, en particulier l'Union Nationale.
Cependant, l'autre volet de cette question est situé en ce qu'il
est maintenant convenu d'appeler l'achat ou l'acquisition d'une mine par le
gouvernement pour atteindre cet objectif. A ce niveau, nos discussions ont
été beaucoup plus ardues aux différentes étapes
qu'a connues le projet de loi jusqu'à maintenant. Je pense qu'en
commission parlementaire également, nous devrons, ici plus qu'en tout
autre endroit peut-être, obtenir des éclaircissements sur ce choix
politique du gouvernement, sur les implications de cette volonté
politique d'un parti politique d'utiliser ce moyen pour atteindre l'objectif
d'une plus grande transformation. Nous comptons bien obtenir davantage de
données en ce qui concerne les coûts réels de cette
approche qu'a choisie politiquement le gouvernement, soit celle de nationaliser
et d'étatiser une entreprise pour devenir un des producteurs d'amiante
au Québec.
C'est donc dans ce sens que nous abordons cette commission
parlementaire, avec une volonté bien arrêtée, bien claire,
de pouvoir obtenir davantage de données, parce qu'il nous
apparaît, au point de départ, que le gouvernement s'aventure dans
cette nationalisation de l'amiante, dans son projet de loi créant la
Société nationale de l'amiante, d'abord avec cette vision de
créer au Québec un emblème, de vouloir rallier de plus en
plus de Québécois derrière une image, celle d'être
maîtres chez nous. Mais nous tenons quand même à souligner
que, derrière cette volonté politique, derrière la
création de cet emblème qui semble tenir chaud au coeur des
membres du Parti québécois, se cachent aussi des
réalités profondes. Il y a celle d'un engagement d'un peuple sur
le plan économique, celle aussi de certains risques qui peuvent exister
dans cette volonté du gouvernement d'acquérir une entreprise de
la sorte et de vouloir la faire fonctionner de la façon dont le
gouvernement veut le faire fonctionner actuellement. Je pense qu'il convient de
distinguer ces deux choses, soit cette volonté politique du gouvernement
de créer un emblème de maître chez nous et, à
côté, la réalité dans laquelle auront à vivre
et les gouvernements qui vont se succéder dans l'avenir et surtout nos
citoyens du Québec qui eux, auront à payer cette note et à
vivre avec cette entreprise que le gouvernement veut mettre sur pied.
C'est pour cela que et je l'ai souligné hier, à
l'Assemblée nationale, lors de l'intervention que j'ai faite au niveau
de la motion qu'avait présentée le député de
Beauce-Sud pour scinder en deux ce projet de loi, afin d'amorcer la discussion
à deux paliers je regrette de façon particulière
que cette question n'ait pas été divisée, que le
gouvernement n'ait pas accepté de diviser cette question. A ce
moment-là, nous aurions pu traiter cette question de façon
beaucoup plus logique. Dans un premier temps, nous aurions pu arriver assez
facilement à un consensus au niveau de l'objectif de transformation de
plus d'amiante en sol québécois. Dans un deuxième temps,
nous aurions pu vider cette question du moyen que choisit actuellement le
gouvernement pour arriver à ses fins. Ce moyen, en effet, nous
apparaît fort discutable et apparaît de plus en plus, à un
plus grand nombre de citoyens du Québec et également à des
groupements, comme un moyen douteux et qui mérite d'être
discuté à son juste mérite et à la place qui lui
revient.
Nous devrons cependant nous contenter de discuter, puisque le
gouvernement a rejeté cette motion, de ces deux questions en même
temps. Nous sommes cependant conscients, M. le Président et je
tiens à le souligner que, dans sa
stratégie, le gouvernement est sage d'utiliser ce moyen de
vouloir vendre cette idée de la création d'une
Société nationale de l'amiante en y joignant indirectement cette
volonté d'interventionnisme direct de l'Etat, au niveau de l'achat d'une
entreprise au niveau de cette aventure économique dans laquelle le
gouvernement veut nous entraîner actuellement.
M. le Président, le ministre devra nous prouver, au point de
départ, que ces deux questions vont bien de pair, que le fait de vouloir
davantage de transformation de l'amiante en sol québécois, que le
fait de vouloir confier à une société d'Etat le rôle
de recherche, le rôle d'exploration et en même temps une dimension
de transformation, soit au niveau d'un dépôt incitatif ou autre,
est relié directement au besoin d'acquisition d'une des entreprises
oeuvrant dans le domaine.
Je pense que, maintenant que nous sommes rendus à l'étape
de cette commission parlementaire, le ministre devra être beaucoup plus
explicite sur cette question et établir clairement tous les
paramètres qui se posent à ces deux niveaux de question, puisque
le gouvernement, dans un seul projet de loi, met en branle tout l'appareil
gouvernemental législatif pour arriver à nationaliser une
entreprise et éventuellement on pourra revenir sur cette question
peut-être vouloir aller plus loin dans le domaine, puisqu'un bon
matin, il va se retrouver un des producteurs où les preneurs d'amiante
ne seront pas obligés d'acheter davantage de l'entreprise
gouvernementale du Québec que des autres, ce qui pourrait inciter le
gouvernement à vouloir étendre son aventure à un domaine
beaucoup plus vaste et à vouloir, ouvertement et directement, loucher du
côté des autres entreprises en vue d'acquérir un monopole
dans le domaine de l'amiante pour être sûr de ses marchés,
pour être sûr d'avoir en main tous les outils pour atteindre
l'objectif qu'il s'est fixé au point de départ.
Je pense que le ministre devra établir clairement la position
qu'il entend prendre et la position que son gouvernement entend prendre sur
cette question, dire quelle vision le gouvernement a actuellement en ce qui
concerne l'ensemble des mines d'amiante au Québec et quels est
l'appétit immédiat et l'appétit éventuel de son
administration en ce qui concerne toutes les mines d'amiante au
Québec.
Certaines personnes commencent à croire que ce n'est qu'une
question de temps, peut-être, avant que le gouvernement étende son
action aux autres entreprises pour acquérir justement tous les moyens
qu'il désire avoir dans ce domaine, afin d'être les seuls
producteurs au Québec et les seuls vendeurs d'amiante au Québec.
Cela ouvre évidemment la porte à une tout autre dimension de
cette question qui est devant nous actuellement.
M. le Président, j'ai simplement une remarque à ce
stade-ci. Mes collègues ont sûrement écouté les
nouvelles hier soir, entendu ce que le gouvernement fédéral a
l'intention de faire en matière d'amiante au Québec, très
bientôt, puisque le MEER a indiqué son intention d'annoncer des
in- vestissements dits majeurs en ce qui concerne la transformation
éventuelle de l'amiante en sol québécois et plus
précisément sur la rive sud de Montréal.
Je pense bien que le ministre doit être au courant de cette
annonce et j'aimerais que le ministre nous fasse part de ses commentaires
à ce sujet tout à l'heure, dans un premier temps. Sur ce point,
je me réfère aux propos que le ministre a tenus à
l'Assemblée nationale; il avait indiqué qu'il avait
déjà été possible que le gouvernement du
Québec participe financièrement à un projet du
gouvernement fédéral, c'est-à-dire que le gouvernement
fédéral serait prêt à participer à des
projets du gouvernement du Québec ou à des entreprises dans ce
domaine.
La question qui se pose maintenant, peut-être de façon
humoristique, mais qui a quand même des incidences assez profondes dans
le débat actuel, est celle-ci: Etant donné que le gouvernement
fédéral va procéder immédiatement à la
transformation de l'amiante en sol québécois, est-ce que le
ministre et son gouvernement proposent d'offrir une collaboration
financière au gouvernement fédéral, au MEER, dans cette
entreprise, afin d'être présents dans cette volonté de
transformer l'amiante au Québec? On sait, et ce sera annoncé dans
les prochains jours, que cette transformation de l'amiante au Québec se
fera chez nous sur une grande échelle.
Donc, la chose étant possible et considérant la
volonté politique du gouvernement du Québec de s'impliquer, dans
quelle mesure et dans quelle proportion financière, de quelle
façon, quel mode d'approche le gouvernement du Québec va-t-il
employer ou choisir pour s'impliquer dans ce projet important du gouvernement
fédéral en sol québécois?
J'aimerais que le ministre, dans ses réponses à nos
questions et dans sa réplique, puisse faire le point sur cette question
et indiquer clairement quelles sont les intentions de son gouvernement et
quelles sont ses propres intentions en ce qui concerne ce projet qui va se
réaliser bientôt.
M. le Président, il y a également plusieurs autres
questions qui sont en suspens concernant ce projet de loi que nous avons
à étudier, article par article, maintenant, questions qu'il
conviendrait de clarifier avant d'entreprendre l'étude, article par
article, de ce projet de loi, puisqu'elles auront des incidences tout au long
des discussions que nous aurons sur le sujet.
Quelles données plus précises le ministre peut-il nous
fournir en ce qui concerne les coûts, directs et indirects, qui sont
reliés à l'achat même d'une entreprise et,
deuxièmement, à la question de l'exploitation comme telle? On
donne certains ordres de grandeur cependant. Je pense qu'à
l'étape où nous sommes rendus, le ministre devrait être en
mesure de nous donner, d'une façon beaucoup plus précise,
beaucoup plus complète, beaucoup plus satisfaisante, certaines
estimations qu'il a sûrement faites, qu'il a sûrement
demandé à ces fonctionnaires de lui fournir, avant de prendre la
décision qu'il nous a annoncée et qui est
présentement devant nous sous la forme du projet de loi no
70.
Je suis convaincu que le ministre se fera un plaisir d'étayer les
propos qu'il a tenus en deuxième lecture avec toutes les informations
récentes, je l'espère, qui lui ont été fournies
depuis dix ou quinze mois par ses fonctionnaires et par le personnel politique
de son bureau.
Est-ce vrai, par exemple et, à ce moment-là, le
ministre pourra nous donner un ordre de grandeur que l'aventure dans
laquelle le projet de loi 70 nous entraîne pourra aller au-delà de
$350 millions, au-delà de $400 millions même? A ce
sujet-là, il conviendrait maintenant de donner des réponses
beaucoup plus précises. Quels sont les documents que j'ai
mentionnés tout à l'heure...
M. le Président, cela fait un an et demi environ que le
gouvernement du Parti québécois est au pouvoir. Il croit
maintenant bon de s'embarquer directement par un projet de loi, tel le projet
de loi 70, qui nous lie maintenant dans une action immédiate et,
possiblement, comme je l'ai expliqué tout à l'heure, dans une
série d'actions à répétition, suivant les
appétits éventuels du gouvernement en matière de
nationalisation et de volonté politique d'intervention au niveau du
dossier d'amiante...
Après un an et demi, le gouvernement se dit prêt à
procéder immédiatement, mais est-ce qu'il a toutes les
données pertinentes? Je ne parle pas des études qui ont
été faites, qui ont été soulignées à
l'Assemblée nationale avec beaucoup d'éloquence par plusieurs de
nos collègues, mais je parle des études ou des données que
le ministre, récemment, a pu demander et obtenir pour poser le geste
politique qu'il s'apprête à poser, avec le projet de loi no
70.
M. le Président, pour bien clarifier cette situation, je me
reporterai tout simplement à la dernière campagne
électorale où on parlait avec force, avec beaucoup
d'éloquence également, du besoin de régler une fois pour
toutes la question des maladies industrielles, la question de nos travailleurs
atteints d'amiantose, tant ceux qui étaient sous le coup de la loi 52
que ceux qui demeurent encore au travail, mais à qui on a enlevé
les permis de travail et qui se trouvent maintenant dans une situation
d'insécurité vraiment intenable et qui se demandent du jour au
lendemain ce qui va leur arriver.
Certains de nos travailleurs québécois, qui travaillent
encore sans permis de travail, sont atteints, dans une proportion de 10%, 15%
et même 20%, d'amiantose. Ils sont maintenus sur le marché du
travail parce qu'on n'a pas corrigé les lois existantes et qu'on n'a pas
amélioré la situation.
Lors de la dernière campagne électorale, j'ai fait
état de cette situation, M. le Président, et le Parti
québécois, avec raison, a fait état de cette situation
alarmante qui demandait une intervention urgente au niveau de la
législation pour corriger, remplacer la loi 52 et modifier tout ce qui
existe en matière d'approche gouvernementale pour ces travailleurs
atteints d'amiantose, puisqu'on est face à une situation vraiment
intolérable.
M. le Président, c'est après le même nombre de mois
de pouvoir de ce gouvernement qu'on se retrouve devant la situation absolument
non réglée face à ce simple point des maladies
industrielles concernant quelques centaines de travailleurs au Québec.
On disait pourtant et je vous le rappelle qu'il s'agissait
simplement d'une volonté politique de corriger le projet de loi 52. On a
même, au début de la session l'année dernière,
indiqué au feuilleton de l'Assemblée nationale l'intention du
gouvernement de déposer un autre projet de loi pour corriger la loi 52.
M. le Président, je vous rappelle que ce projet de loi n'a jamais vu le
jour, que les travailleurs sont encore dans les mines, travaillant encore sans
permis de travail et que rien n'a été corrigé
là-dedans. (11 h 10)
Pourtant, c'était simplement un des petits secteurs sur lequel le
Parti québécois avait clairement indiqué qu'il s'agissait
d'une simple action législative dont il connaissait exactement la nature
avant de prendre le pouvoir. Pourtant, après quinze mois, cela n'a pas
été fait non plus.
Après quinze mois, alors qu'on n'a pas pu corriger une situation
aussi claire que celle des amiantosés au Québec, avec un
programme d'action qui était clair dans le programme du Parti
québécois, comment, après le même laps de temps, le
même Parti québécois est-il en mesure de se lancer dans une
aventure qui a une envergure aussi grande que celle du projet de loi no 70, qui
ouvre la porte à toutes les autres aventures subséquentes dont
j'ai fait état tout à l'heure? Comment le gouvernement peut-il
nous assurer qu'il est en mesure de nous donner les garanties que nous, de
l'Opposition, exigeons maintenant et que les citoyens également du
Québec exigent, puisqu'ils commencent à réaliser de plus
en plus quel genre d'équipée peut nous attendre à partir
du projet de loi 70?
Je pense que si le ministre veut obtenir l'appui de la population
à son projet de loi et que le population soit vraiment derrière
les objectifs et les moyens du gouvernement, le ministre devra, à ce
stade-ci, nous donner toutes ces informations d'une façon claire, nette
et précise. Je pense que c'est un droit non pas seulement de
l'Opposition, mais un droit également des citoyens du Québec.
Le ministre pourra peut-être faire état en même temps
de la situation de ces amiantosés à laquelle on n'a pas
donné suite depuis quinze mois, sinon d'essayer de régler par la
bande, cas par cas, de façon isolée, pour certains d'entre
eux...
J'aimerais également que le ministre, peut-être avant
même d'aborder l'étude article par article du projet de loi, nous
dise sur quelle garantie de marché il base son action, sur quelle
garantie de marché le gouvernement base toute cette volonté
politique qui est exprimée dans le projet de loi 70 et,
éventuellement, les autres étapes qui suivront ce projet de loi
70. Qu'est-ce que le ministre a de précis à nous donner à
ce sujet? Autre question également que nous pouvons poser à ce
stade-ci. Qu'est-ce qu'il en est maintenant aussi
des négociations qui sont en cours avec l'entreprise pour ce qui
concerne cette volonté d'acquisition de l'entreprise par le
gouvernement? Qu'est-ce qui se passe dans ce dossier? Où en est-on
rendu? Que nous réserve l'avenir à ce sujet, puisque c'est
directement quand même relié à l'étude du projet de
loi no 70? Quels seront aussi éventuellement, dans le cadre de
l'acquisition de cette entreprise, les coûts réels d'exploitation?
Qu'est-ce que le ministre et le gouvernement du Parti québécois
vont demander demain aux citoyens québécois en termes d'argent
pour procéder à ce coût d'exploitation de l'amiante au
Québec? Quel va être le coût également de la
reconstruction de l'usine comme telle? J'aimerais qu'on nous donne des chiffres
beaucoup plus précis sur cette question. Ils font partie de l'enveloppe
des discussions dans lesquelles nous nous engageons actuellement et pour
lesquelles nous sommes en droit, je pense, d'obtenir des réponses
beaucoup plus précises que celles des déclarations
générales qui ont été faites jusqu'à
maintenant.
Pourquoi également le gouvernement a-t-il arrêté son
choix sur Asbestos Corporation plutôt que sur toute autre entreprise
exploitant au Québec? Pourquoi Asbestos Corporation plutôt qu'une
autre des entreprises exploitant chez nous? Pourquoi avoir choisi ce qui nous
apparaît être peut-être l'entreprise qui est actuellement en
plus mauvaise posture? Pourquoi avoir choisi l'entreprise dont l'usine
on en a discuté déjà est dans le plus mauvais
état de sorte qu'on doive la reconstruire? Pourquoi avoir choisi
l'entreprise, par exemple, où les normes de salubrité sont
peut-être les moins bonnes et où le gouvernement devra faire face
à ses propres exigences en cette matière, en investissant des
sommes énormes pour se mettre au diapason de ses propres lois et de ses
propres règlements? Autant de questions qui, à mon sens, doivent
trouver réponse avant que nous abordions l'étude article par
article de ce projet de loi.
Le projet de loi 70, en regardant ce qui s'est fait dans le
passé, c'est la copie conforme, ou à peu près, de la loi
créant SOQUIP en 1969. C'est à peu près ce qu'on peut dire
comme définition générale.
J'aimerais aussi aborder la question des produits de remplacement
possible à l'amiante. J'aimerais là-dessus encore, puisque ce
sont des données inhérentes à toute cette question, que le
ministre nous donne, nous indique la marge de sécurité qui va
rester au gouvernement du moins le plus précisément
possible après avoir fait l'acquisition d'Asbestos Corporation,
en ce qui concerne justement la possibilité de voir apparaître sur
le marché des produits de remplacement. Parce qu'il est clair que si les
produits de remplacement devaient apparaître à un degré
assez élevé, cela compromettrait dans un certain sens
l'intervention du gouvernement, puisqu'il serait, à ce moment,
directement impliqué en tant que propriétaire d'une mine
d'amiante et en tant que transformateur d'aminate.
Sur quelles preuves, sur quelles données pré- cises le
ministre s'appuie-t-il pour nous présenter cette loi, pour nous exprimer
cette volonté politique du gouvernement en ce qui concerne justement
l'éventualité de l'apparition de produits de remplacement en ce
qui concerne l'amiante? Je pense que le ministre doit, à ce stade,
établir clairement tous les paramètres de cette partie du
problème, de cette dimension de la discussion sur l'amiante, qui est la
nôtre maintenant.
J'aimerais également que le ministre nous indique avec beaucoup
plus de clarté et de précision ce qui a trait aux réserves
de la mine gérée par Asbestos Corporation, de l'éventuelle
mine gouvernementale. On a entendu différents sons de cloche à ce
sujet, mais je pense que ce serait bon que le ministre fournisse
également, de façon officielle, claire et précise, toutes
les données qu'il a en sa possession en ce qui concerne les
réserves d'amiante de qualité dans la mine que le gouvernement
veut acheter. C'est important. Au nombre de millions que le gouvernement veut
demander aux citoyens du Québec d'investir dans cette entreprise, je
pense qu'il convient de savoir pour combien d'années encore on peut
espérer exploiter ces gisements. Parce que, et rappelons-le, si General
Dynamics n'a pas cru bon de développer davantage, de reconstruire le
moulin qui avait déjà brûlé, posons-nous des
questions sur les réserves minières également, sur la
qualité de la fibre qui reste et sur les années en matière
des différentes qualités de fibres. Je pense que le ministre
devra nous donner ces réponses avant même que nous
procédions à cette étude, article par article.
Si le ministre accepte de fournir ces données ou de rendre
publiques les études récentes ou ce que lui ont produit ses
conseillers en cette matière, je pense que ce sera de nature simplement
à accélérer les travaux de notre commission parlementaire,
lorsque nous serons rendus à l'étape de l'étude article
par article.
J'aimerais également que le ministre nous indique clairement
quelle est la proportion de la production faite par Asbestos Corporation qui va
vers le marché européen. J'aimerais que le ministre
établisse clairement dans quelle proportion Asbestos Corporation exporte
sa fibre d'amiante vers le marché européen, pour la raison
suivante, puisqu'on sait... Et j'aimerais que le ministre nous fasse le point
aussi sur l'ensemble de cette question, puisqu'on sait que, d'une part, General
Dynamics, propriétaire d'Asbestos Corporation, n'a pas jugé bon,
dans un premier temps, de reconstruire son usine après l'incendie qu'il
y avait eu. Elle a préféré d'abord prendre les $20
millions d'assurance que cet incendie lui a procurés et ouvrir, à
ce moment, un moulin en Allemagne. Or, General Dynamics, par son moulin en
Allemagne, sera donc en mesure de procéder à la transformation de
l'amiante et à la production de produits finis. Or, on sait que la
communauté européenne, l'Europe des neuf, a cette entente que
lorsqu'un produit est manufacturé sur le sol d'un des partenaires de
l'Europe des neuf, les autres partenaires s'engagent à ne pas acheter ce
produit de pays extérieurs. Ce qui veut donc dire que si
General Dynamics, qui n'a pas reconstruit son moulin, Asbestos
Corporation, produit du produit fini d'amiante en sol européen, les
autres pays les pays de la communauté européenne
devront donc, de par l'entente qui existe entre eux, diminuer et même
couper complètement l'achat de produit fini du même produit
fini, j'entends bien d'autres pays, donc du Canada, du Québec,
des Etats-Unis ou d'ailleurs.
C'est donc un élément très important dans les
discussions actuellement. C'est pour cela que je demande au ministre de nous
donner exactement et le plus précisément possible la proportion
de la production de fibre d'amiante d'Asbestos Corporation qui va au
marché européen parce que cela a une incidence directe et
très importante. Il y a des questions qui se posent à ce
niveau-là parce que, si le gouvernement du Québec, demain,
devient propriétaire d'Asbestos Corporation et devient par la suite
compétiteur avec General Dynamics, il ne fera pas le poids puisque ce
moment-là, les ententes de la communauté européenne vont
empêcher l'Europe des Neuf d'acheter des produits finis du Québec
puisque ces mêmes produits risquent de se retrouver au niveau d'usines de
transformation en sol européen.
J'aimerais donc que le ministre soit assez explicite sur cette question
pour nous fournir toutes ces données qui sont de première
importance dans cette aventure du projet de loi 70.
M. le Président, il y a également toute la question
à laquelle j'ai fait allusion tout à l'heure, la question de
rentabilité de l'entreprise à laquelle est liée cette
première question que je pose au ministre, mais la question de
rentabilité de façon générale: les coûts de
fonctionnement, d'exploitation, de reconstruction de l'usine, l'incidence de la
production de produits finis par General Dynamics en sol européen. Le
gouvernement du Parti québécois prétend c'est son
droit que la nationalisation de l'amiante, pour un premier pas je
dis même éventuellement, la nationalisation d'autres entreprises
rendra les Québécois gagnants, mais il nous est permis de
croire, avec le peu d'information que nous avons eu sur la question et avec les
données qu'il nous est possible d'obtenir, qu'il y a des risques que les
Québécois, dans cette aventure de nationalisation, soient
plutôt perdants. Ici, je ramène cette distinction qu'il est
important de faire. Le gouvernement du Parti québécois
c'est son choix veut, d'abord et avant tout il me semble,
d'après les discussions que nous avons eues jusqu'ici
créer avec l'amiante un emblème québécois de
maîtres chez nous. Mais notre rôle en tant qu'Opposition,
défenseur des droits des citoyens du Québec, c'est celui de dire
au gouvernement que, derrière cette volonté de créer un
emblème, l'aspect émotif de la question, il y a toute la
réalité des faits, des coûts et des risques. C'est sur ce
terrain que nous voulons avoir les réponses aux questions que j'ai
posées au ministre pour clarifier vraiment la situation.
M. le Président, il y a aussi la question du rapport Alexandre
que mon collègue de Saint-Laurent a citée tout à l'heure
et sur laquelle, très briève- ment, j'aimerais revenir, en
indiquant simplement au ministre d'être extrêmement prudent dans sa
démarche au niveau de l'interprétation du rapport Alexandre,
puisque, si le gouvernement base sa volonté politique partisane,
disons-le uniquement et majoritairement sur les données du
rapport Alexandre, il risque, à ce moment-là, de se retrouver
peut-être ailleurs qu'à l'endroit où il veut arriver, parce
que le rapport Alexandre contient énormément de zones grises,
même s'il traite de l'amiante, et, à ce moment-là, le
gouvernement devrait agir avec beaucoup plus de prudence.
Ce qui me fait dire que, pendant un certain nombre d'années, il y
a eu des recherches, des études de faites, c'est vrai. Mais, maintenant,
vous arrivez, en tant que nouveau gouvernement et, après un an et demi,
vous vous dites en mesure de régler le sort de l'humanité en ce
qui concerne l'amiante. C'est cela qui est dangereux. Alors que vous n'avez
même pas réglé, comme je l'ai dit tout à l'heure, le
cas des quelques mineurs atteints d'amiantose au sujet desquels vous aviez dans
votre programme des articles bien précis pour régler la question
à court terme. C'est ce qui me fait craindre de façon beaucoup
plus précise l'aventure dans laquelle nous nous embarquons actuellement.
(11 h 25)
M. le Président, le ministre a fait rapidement état tout
à l'heure, dans ses remarques préliminaires, de l'article 18 du
projet de loi comme étant bien fondé, où je cite
rapidement "Le ministre des richesses naturelles pourra, dans le cadre
des responsabilités et des pouvoirs qui lui sont confiés,
émettre des directives portant sur les objectifs et l'orientation de la
société dans l'exécution des fonctions qui lui sont
confiées par la loi. Ces directives doivent être soumises au
gouvernement pour approbation. Si elles sont ainsi approuvées, elles
lient la société qui est tenue de s'y conformer."
Je dis immédiatement au ministre que c'est risqué,
énormément risqué, et on le sait. J'aimerais que le
ministre repense son approche de ce côté parce qu'à toutes
fins pratiques, ce que le ministre nous dit en proposant cet article il
y est revenu tantôt dans ses propos du début c'est qu'il
veut se garder à lui-même le pouvoir en ce qui concerne cette
matière.
On pourrait ainsi, à la rigueur, modifier l'orientation
même de la société sans avoir à revenir devant
l'Assemblée nationale. Cela c'est dangereux, M. le Président.
Lorsque je parlais, tout à l'heure, de l'appétit possible du
gouvernement en matière d'amiante, qui peut être à un
moment donné pris à son propre jeu, ne devenant qu'un des seuls
producteurs et désirant peut-être le monopole en matière
d'amiante, son appétit pourrait s'ouvrir davantage et il pourrait
regarder vers les autres entreprises pour acquérir ce monopole.
Si on donne au ministre cette possibilité de modifier
l'orientation de la Société nationale de l'amiante, voyez dans
quel risque on s'embarque. On risque, à ce moment-là, de
soumettre à la sim-
pe volonté politique d'un parti ou d'un ministre le changement
complet d'orientation d'une société d'Etat pour laquelle on nous
demande, aujourd'hui, un mandat.
A ce sujet, M. le Président, je dis: Attention, on ne laissera
pas passer comme cela cette possibilité que le ministre se donne. On
devra et c'est la volonté de l'Union Nationale
peut-être permettre au ministre d'avoir une volonté dans ce sens,
mais également on devra lui donner, en plus de ce pouvoir, la
responsabilité de venir devant l'Assemblée nationale pour
demander l'élargissement d'un mandat ou une orientation nouvelle
à donner à la Société nationale de l'amiante.
M. le Président, ce sont autant de questions que l'on peut lancer
de façon générale, à cette étape-ci des
travaux de la commission parlementaire, pour bien se situer avant de passer
à l'étude, article par article, du projet de loi. Je pense, par
ces quelques questions lancées ainsi à bride abattue, qu'on peut
voir l'ampleur de la question qui nous est soumise et les implications graves,
sérieuses, étendues, qu'implique le projet de loi no 70. C'est
beaucoup plus, M. le Président, que l'étude rapide et technique
de quelque 25 articles d'un projet de loi. C'est toute la dimension d'une
volonté politique d'un parti qui n'est pas prêt, après
quinze mois de pouvoir, à se lancer dans une telle aventure et à
engager l'avenir des Québécois. L'avenir d'un gouvernement, ce
n'est pas grave, c'est pasager; mais l'avenir des Québécois,
c'est beaucoup plus grave parce que c'est constant. C'est là-dessus, M.
le Président, que l'Union Nationale s'élève pour demander
des comptes immédiatement et demander au gouvernement d'établir
clairement ses positions pour que, demain, la population du Québec sache
à quoi s'en tenir.
M. le Président, je reviens sur une question que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, s'il vous plaît!
M. Brochu: En terminant, d'ailleurs, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
parce que j'ai été très souple dans l'application du
règlement. Cela fait 40 minutes que vous avez la parole, exactement,
comme le député de Saint-Laurent d'ailleurs. Je demande votre
collaboration. D'accord?
M. Brochu: M. le Président, vous avez toute ma
collaboration, soyez-en certain. Je continue en concluant...
M. Bérubé: Continuez à conclure.
M. Brochu: C'est cela, je continue à conclure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): N'abusez
pas de ma bonté.
M. Brochu: M. le Président, lors des discussions du projet
de loi en deuxième lecture, j'avais demandé cette
proposition a également été faite par mon collègue
de Huntingdon, M. Dubois au leader parlementaire comme au ministre la
possibilité que cette commission parlementaire puisse tenir certaines
auditions pour obtenir certaines expertises en ce qui concerne le sujet
traité et, deuxièmement, pour connaître cela, au
niveau du choix politique du gouvernement la volonté politique
des citoyens impliqués, des groupes de pression qu'on aurait avantage
à entendre à ce sujet, justement pour que Je gouvernement ne
continue pas à se retrouver dans cette forme d'isolationnisme dans
lequel il se trouve actuellement et où il perd de vue la population. Il
aurait tout intérêt à savoir exactement ce que les gens de
la région concernée par l'amiante ont à dire en ce qui
concerne, d'une part la transformation et là je pense que tout le
monde est d'accord mais, deuxièmement et surtout, sur le moyen
d'étatiser et de nationaliser qu'a choisi le gouvernement pour arriver
à ses fins.
Je pense qu'à ce moment-là, le gouvernement pourrait
davantage être en mesure de prendre le pouls et la volonté de la
population en ce qui concerne cette question. Je vous rappellerai, M. le
Président, que le leader du gouvernement, M. Burns, m'avait
indiqué que peut-être en cours de route la commission pourrait
décider, si elle le juge à propos et si le ministre le juge
à propos, de recevoir ces témoignages et de recevoir
également certaines expertises, répondant ainsi au voeu de
députés des deux côtés de cette table, afin d'avoir
toutes les données sur la question.
En terminant mon intervention, M. le Président, je pose au
ministre une dernière question. Qu'est-ce que le ministre entend faire
maintenant en ce qui concerne cette question? Quelle est l'opinion du ministre
en ce qui concerne la convocation éventuelle des groupes de pression et
également de certains experts qui pourraient éclairer nos travaux
et nos propos afin de bonifier ce projet de loi et afin d'avoir toutes les
données possibles avant que la décision finale du gouvernement
soit prise en cette matière?
M. le Président, je conclus...
M. Bérubé: Vous allez conclure?
M. Brochu: Je conclus toujours en disant que c'étaient
là les quelques remarques, le propos que je voulais tenir, au nom de
l'Union Nationale, en ce qui concerne ce projet de loi et les quelques
questions que je voulais poser au ministre.
Je conclus donc en disant, M. le Président, que j'espère
que le ministre, avant d'aborder l'étude de la loi article par article,
pourra répondre aux différentes questions que je lui ai
posées.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
vous avez raison, puisque la présidence a été d'une
souplesse...
Une Voix: Remarquable!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
remarquable, effectivement.
M. le ministre, s'il vous plaît, si vous avez une courte
réplique à faire.
Réponse de M. le ministre
M. Bérubé: Très brièvement, M. le
Président, compte tenu du grand nombre de questions qui ont
été soulevées, je pense qu'il serait beaucoup trop long de
vouloir y répondre immédiatement. Par conséquent, nous
aurons sans doute les prochains jours pour le faire et nous pourrons en
profiter pour y revenir.
D'une part, la question des renseignements. J'ai l'intention de
déposer à la prochaine séance de cette commission le plan
de travail du gouvernement concernant la politique de l'amiante ainsi que
certains chapitres qui portent plus spécifiquement sur la
transformation, sur les problèmes de salubrité, sur la
substitution. Je dois cependant dire que je devrai m'abstenir de déposer
un chapitre extrêmement important et volumineux qui porte comme tel sur
Asbestos Corporation, et je m'explique de même qu'un autre
chapitre qui porte sur des aspects de fiscalité. Je pense que
l'Opposition, sans peut-être apprécier le fait, comprendra
néanmoins qu'il serait dangereux, à titre d'exemple, de
déposer un document sur la fiscalité, qui pourrait contribuer
à semer le doute dans les esprits, alors que le gouvernement a choisi de
ne pas retenir cette voie pour diverses raisons; par conséquent, ce
chapitre ne sera pas distribué et continuera à dormir sur les
tablettes du gouvernement.
Quant au document de base sur Asbestos Corporation, sur les avantages
pour le gouvernement de l'achat d'Asbestos Corporation, sur l'évaluation
d'Asbestos Corporation, c'est un document volumineux, qui a pris le temps de
plusieurs spécialistes en la matière, je ne pourrai non plus le
déposer pour une raison très simple: on s'est interrogé,
ce matin, sur le fait que le gouvernement n'avait pas annoncé,
claironné un prix d'achat et ait annoncé une loi nationalisant la
société d'Asbestos Corporation. Cartes, nous aurions pu le faire.
La province de la Saskatchewan, il y a quelques années
déjà, a introduit à son Parlement, un projet de loi
portant sur l'achat ou la nationalisation de son industrie de la potasse. Ce
qu'il est intéressant de constater c'est que cette province n'a
également pas jugé bon de nationaliser ces industries, mais, au
contraire, elle les achète de gré à gré, l'objectif
de la Saskatchewan étant de prendre le contrôle entier de son
industrie de la potasse. Néanmoins, elle ne le fait pas par voie de
nationalisation. Pourquoi? Pour plusieurs raisons. Une raison qui, je pense,
vous paraîtra... Il ne change absolument rien pour le gouvernement de
présenter une loi nationalisant une entreprise, alors que celle-ci
pourra de tout évidence, puisqu'il s'agit d'une loi d'expropriation,
s'adresser à la cour pour contester le montant qui lui a
été promis. Par conséquent, nous nous retrouverions
à nouveau devant une incertitude qui durerait tout le temps du
débat en cours sur le coût final que nous devrions payer.
Ce que nous avons préféré faire, c'est notre propre
évaluation, de manière à avoir une idée
précise de ce que ça valait réellement et, à ce
moment-là, laisser des experts négocier la valeur de
l'entreprise. L'Assemblée nationale pourra, en tout temps, lorsque ce
montant sera connu et que le gouvernement aura pris une décision
à la suite de cette négociation, l'Opposition aura tout le temps,
à la lumière des chiffres qui seront disponibles, de pouvoir
critiquer. Mais il serait extrêmement dangereux, ici, de venir avancer un
chiffre. L'Opposition libérale en particulier s'est élevée
contre un chiffre que le ministre de l'Energie a, non pas avancé pour le
prix de la compagnie, mais avancé simplement pour souligner qu'il
pouvait y avoir énormément de discussion autour de la valeur
d'une action.
Il s'était, à titre d'exemple, basé sur une
règle que les courtiers utilisent fréquemment lors de l'achat de
stocks, qui consiste à prendre ce qu'on appelle le "price earning ratio
" et à évaluer quelle pourrait être,
hypothétiquement, la valeur de l'entreprise. Mais il va de soi que
lorsqu'on prend le contrôle d'une entreprise, il y a d'autres
paramètres qui entrent en ligne de compte. Il y a les paramètres
fondés sur l'espérance à long terme de gains, sur la
valeur des réserves. Il y a donc un grand nombre de paramètres
qui entrent en ligne de compte et qui dépassent de loin le simple examen
des profits des dernières années de l'entreprise.
Par conséquent, il serait extrêmement dangereux...
L'Opposition aurait tout à fait raison de condamner un gouvernement qui
annoncerait publiquement le chiffre qu'il a l'intention de payer, ce qui ferait
démarrer la négociation immédiatement sur cette base. De
la même façon, lorsque l'entreprise a annoncé
officiellement, par la voie de son vice-président, M. Fiske, qu'elle
demandait $60 l'action, elle a fixé un sommet au montant que le
gouvernement devrait payer. Vous noterez tous que ce n'est pas $250 millions,
mais $170 millions le maximum que la compagnie envisage de demander au
gouvernement.
C'est donc la position de la société. Il
m'apparaîtrait anormal que le gouvernement avance un chiffre, alors que,
justement, c'est le résultat d'une négociation. L'Opposition
pourrait être justifiée de condamner le gouvernement d'annoncer un
montant, alors que ceci a surtout un impact direct sur la valeur des
actions.
Donc, nous préférons que cette négociation se fasse
sur une base confidentielle et advenant le cas où nous pourrons
l'annoncer, on aura tous les éléments en main pour juger si
l'investissement du gouvernement est rentable ou non. Par conséquent, le
chapitre sur l'évaluation d'Asbestos ne sera pas
déposé.
Parlons également des aspects pertinents à l'amiante qui
n'apparaissent pas dans ce projet de loi. Il m'apparaît évident
que ce projet de loi n'est
pas une refonte de tout l'appareil législatif concernant la
santé et la sécurité des travailleurs. Notre ministre
d'Etat au développement social a reçu ce mandat; on me dit que
son projet est en bonne voie de réalisation et que cette
assemblée sera sans doute très rapidement saisie d'un projet de
loi qui devra traiter de cette question.
On me dit aussi que nous ne parlons pas de recherche sur la
santé, de recherche sur le développement de nouveaux produits. Il
va de soi que ce n'est pas l'objectif du présent projet de loi.
L'assemblée sera saisie très prochainement nous avions
l'intention de la saisir à cette session, mais nous croyons devoir
attendre l'automne d'un projet de loi portant sur la création
d'un laboratoire, d'un centre de recherche sur l'amiante qui se verra confier
deux mandats, un mandat spécifique à la santé, la
sécurité et la salubrité, et un deuxième mandat
spécifique au développement de nouveaux produits, de nouvelles
technologies.
Par conséquent, il est prématuré de vouloir inclure
dans ce projet de loi tout l'aspect recherche sur la question. En effet, ma
propre expérience en recherche m'a enseigné qu'il était
très important, en recherche technologique plus particulièrement,
que la recherche soit généralement financée par les
utilisateurs, dans la mesure où cela permet le transfert de technologie.
Trop souvent, la recherche, dans les universités, au gouvernement,
souffre de cette difficulté à assurer un transfert de technologie
et très fréquemment les recherches effectuées dans les
laboratoires gouvernementaux n'ont pas de suite au niveau industriel, en
dépit de la valeur de ces recherches. (11 h 40)
Donc, il nous est apparu important de nous assurer la collaboration, la
participation des industries existantes au Québec dans le secteur de
l'amiante, de manière à constituer un centre de recherche qui
soit viable, un centre de recherche qui ait un impact réel sur le
développement de notre industrie de l'amiante.
Le projet que nous discutons ici est celui de la création d'une
société nationale de l'amiante, laquelle société
participera, comme partie, à la création de ce centre de
recherche et par conséquent, aura donc son mot à dire. Donc, il
existe une certaine antériorité des actions et il faut
créer la société nationale de l'amiante si on veut que
cette société nationale de l'amiante puisse participer à
la création de ce centre de recherche.
Ce sont peut-être les trois points que j'aurais voulu soulever. On
m'a demandé également si j'étais au courant, conscient,
approbateur, des mesures que pourrait prendre le ministère de
l'Expansion économique régionale vis-à-vis d'une certaine
société qui oeuvre déjà dans le domaine de
l'amiante du côté de Longueuil. Il va de soi que chaque fois que
les taxes des Québécois reviennent au Québec, je n'ai
certainement pas d'objection. Vous n'êtes pas sans savoir que le MEER a
financé, en subventions au Québec, l'équivalent de $700
millions, contre $1,4 milliard dans les Maritimes et cela pour la
période de 1969 à 1976, c'est-à-dire pour une moyenne de
$17 par habitant au Québec, contre des moyennes qui atteignent $176 par
habitant à l'Ile-du-Prince-Edouard. Vous n'êtes pas sans savoir
que ceci s'est produit en même temps et c'est important de le
souligner que l'on observait des investissements per capita au
Québec, dans le secteur manufacturier, qui étaient, en 1968, de
738 au Québec, contre 827 dans les Maritimes. Par conséquent,
alors même que les investissements étaient plus
élevés dans les Maritimes, on constate que le MEER a mis beaucoup
plus d'argent en subventions dans les provinces maritimes qu'au Québec.
Donc, ce n'est certainement pas moi, après avoir dénoncé
l'incurie du gouvernement fédéral, qui m'opposerai à ce
que le gouvernement fédéral tente de corriger, de quelque
façon que ce soit, ce déséquilibre qui est tout à
fait anormal, puisque le député de Rosemont, dans son
intervention en discours de deuxième lecture portant sur la loi 70, a
très clairement fait ressortir l'impact des politiques nationales
monétaires, commerciales et fiscales sur le développement de
l'économie québécoise, sur l'évolution des taux de
chômage au Québec contre les taux de chômage canadiens. Il a
pu montrer que cela n'avait eu que très peu d'impact, finalement, sur la
correction des inégalités régionales en ce qui concerne le
Québec par rapport au reste du Canada et qu'une politique de subvention
du MEER a également conduit à l'amplification de ces mêmes
déséquilibres. Par conséquent, je n'ai aucune objection
à ce que le MEER subventionne les industries de l'amiante au
Québec. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Traditionnellement, on donne la parole au ministre et aux représentants
de chacun des partis. En ce qui me concerne, j'ai toujours, au cours des
commissions parlementaires, après avoir laissé parler les
porte-parole officiels des partis, permis à chaque député,
conformément à l'article 160, d'émettre des opinions
générales avant d'entreprendre l'étude article par
article. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je vous
cède la parole.
M. Lalonde: M. le Président, mes considérations
générales, vous les avez bien décrites. Elles concernent
justement le travail et ont un caractère préliminaire au travail
que l'Assemblée nationale a confié à notre commission
parlementaire.
M. Brochu: Me permettriez-vous de revenir à une petite
question à laquelle le ministre a oublié de répondre?
Tout à l'heure, je vous ai demandé quelles étaient
vos intentions en ce qui concerne l'audition de certains groupes d'experts ou
autres à cette commission parlementaire, si le député me
permet, pour que le ministre clarifie sa position immédiatement.
M. Lalonde: Si c'est une dernière fois, oui.
M. Brochu: C'est toujours la dernière fois, M. le
député.
M. Lalonde: On y verra.
M. Bérubé: Si c'est effectivement la
dernière fois que nous l'entendons, je suis absolument d'accord pour
répondre.
M. Brochu: La dernière fois à ce stade-ci...
M. Bérubé: J'aimerais d'abord que le
député de Richmond s'engage à ne plus parler.
M. Brochu: ... M. le ministre.
M. Bérubé: J'ai effectivement discuté avec
le leader parlementaire de la possibilité d'inviter des gens de
l'extérieur. Après discussion, il nous est apparu, en fait, que
ce débat porterait finalement sur un débat politique sur l'achat
d'Asbestos Corporation, et il ne nous est pas apparu, en tous les cas,
justifié d'entreprendre la discussion ici avec une série
d'experts ou de soi-disant experts pour une démonstration politique.
Nous n'élaborons pas une politique, nous avons à créer ici
une Société nationale de l'amiante. On peut diverger d'opinion
sur le plan politique, mais il ne nous est pas apparu justifié de tenir
des audiences publiques pour recevoir les gens, à moins d'avoir besoin
d'informations spécifiques. S'il y a une question qui est
soulevée et qui exige des informations, sur laquelle il existerait
effectivement des compétences qui pourraient nous fournir cette
information, je suis d'accord. Quant à convoquer des intervenants avec
des mémoires, nous avons estimé que ce n'était pas la
place.
M. Brochu: Mais pour la question de la transformation comme
telle, des données sur la transformation possible?
M. Bérubé: Je pense qu'il faudrait qu'il y ait une
question précise et une demande formelle. A ce moment, la commission
pourra toujours convoquer quelqu'un pour répondre à ces
questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si on en
décide ainsi.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Motion demandant l'évaluation du
coût
et le plan de financement de l'achat
d'Asbestos Ltée
M. Lalonde: M. le Président, c'est donc dans la
perspective de l'étude d'un projet de loi, non pas en vase clos, non pas
de façon fermée, mais dans le contexte de l'acquisition par le
gouvernement d'Asbestos Corporation de la General Dynamics, que nous abordons
l'étude de ce projet de loi.
Je suis fort surpris d'entendre ce propos du ministre. Il vient
seulement, il y a quelques instants, de dire qu'on ne voudrait pas porter ici,
devant cette commission parlementaire, le débat politique de
l'acquisition d'Asbestos Corporation. Or, on sait très bien que c'est le
gouvernement lui-même qui en a fait une question politique, qui l'a
annoncée de la manière la plus politique qui soit, qui en a fait
aussi l'objet de l'examen en deuxième lecture, devant l'Assemblée
nationale. Je me demande donc pourquoi cette commission parlementaire se
verrait ni plus ni moins bâillonnée pour ce qui concerne
l'acquisition d'Asbestos Corporation, lors de l'étude article par
article du projet de loi. D'autant plus que le ministre vient de nous dire
qu'il ne déposerait pas, qu'il ne distribuerait pas aux membres de cette
commission, comme c'est permis, le chapitre sur Asbestos Corporation.
Il a parlé de déposer un chapitre sur le plan de travail
du gouvernement, certains autres chapitres peut-être, mais le chapitre
sur Asbestos Corporation ne sera pas déposé, ne sera pas
divulgué aux membres de cette commission parlementaire. Il existe donc
un chapitre sur Asbestos Corporation.
Je suis fort surpris. En fait, je trouve incroyable que le gouvernement
refuse aux élus, aux membres de cette commission, de leur communiquer
des données qui réapparaissent absolument indispensables pour
pouvoir discuter de façon intelligente de ce projet de loi. Mais,
à la toute fin de son intervention, le ministre a fait une petite
ouverture, en réponse à une question du député de
Richmond: s'il y avait une demande formelle, pour un point précis, on
pourrait peut-être entendre des experts étrangers à cette
commission. M'accro-chant à cette ouverture, je me demande si justement,
en faisant une demande formelle au sujet du chapitre de l'Asbestos Corporation,
on ne pourrait pas justement élargir un peu l'ouverture que j'ai
perçue dans l'esprit du ministre et obtenir que les membres de cette
commission reçoivent la communication du chapitre je l'appelle
maintenant le chapitre, puisque c'est de cette façon que le ministre l'a
décrit sur Asbestos Corporation. Quant à moi, j'appelle
cela une évaluation du coût, un plan de financement de l'achat de
la société Asbestos Ltée. Dans le but de permettre au
ministre de s'asseoir très confortablement sur une demande formelle, je
vais faire une motion qui va se lire comme suit je vous en communiquerai
une copie "Que cette commission est d'avis que le ministre des Richesses
naturelles remette, avant le début de l'étude article par article
du projet de loi no 70, aux membres et intervenants de cette commission,
l'évaluation du coût et le plan de financement de l'achat de la
société Asbestos Ltée, tel que décidé par le
gouvernement."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Voici,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Est-ce que vous me permettez de poser une question
avant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Est-ce que vous allez suivre une certaine tradition
dans cette commission et per-
mettre aux membres des formations politiques de se faire entendre sur la
recevabilité d'une motion lorsque, dans votre esprit, il y aurait une
question qui se poserait?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
j'ai l'intention de suivre cette politique.
M. Lalonde: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous voulez parler sur la recevabilité?
M. Lalonde: S'il y a le moindre doute dans l'esprit du... Si vous
le demandez, je vais parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
j'ai un doute. J'aimerais que...
M. Lalonde: M. le Président, voilà une
motion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas
tellement sur le fond, mais surtout sur le moment.
M. Lalonde: Voilà une motion qui est presque classique,
surtout depuis que ce gouvernement a introduit un élément nouveau
dans le processus législatif et qu'on appelle l'improvisation. Depuis un
an, les oppositions ont été obligées, chaque fois qu'on
abordait l'étude article par article d'un projet de loi sérieux,
important je pense, par exemple, au projet de loi 67, au projet de loi
101 malheureusement, d'arracher au gouvernement au compte-gouttes des
renseignements qui nous apparaissaient nécessaires. Ce n'est donc pas la
première fois, malheureusement, que nous devons le faire. Nous n'avons
pas le choix. C'est pourquoi nous le faisons encore une fois. Dans les autres
cas, je m'en souviens, il y a beaucoup de précédents; de telles
motions ont été discutées, en particulier en ce qui
concerne le projet de loi 67, au cours des séances de la commission
parlementaire des consommateurs et sur l'évaluation, par exemple, du
plan d'assurance automobile. Il y a amplement de précédents qui
soutiennent la recevabilité de cette motion. Elle ne va à
l'encontre d'aucun principe. Elle fait partie de cet éventail de motions
préliminaires qu'une commission parlementaire peut adopter pour donner
à ses travaux un caractère de sérieux. Elle concerne les
travaux de cette commission parlementaire. Elle est parfaitement recevable.
Savoir si le gouvernement va l'accepter, c'est une autre chose, ce qui,
naturellement, ne doit pas du tout vous influencer quant à la
recevabilité. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'autres choses
à ajouter; cela me paraît tellement évident qu'elle ne
contredit aucun principe et qu'elle doit être faite à ce stade des
travaux. Naturellement, vous me direz peut-être que l'article 1, c'est
seulement le nom de la société, mais il reste...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On n'est
pas encore rendu à l'article 1.
M. Lalonde: C'est cela. On n'est pas encore rendu à
l'article 1, mais c'est le premier article qu'on aborderait normalement. On
n'est pas encore rendu à l'évaluation. L'évaluation, cela
vient peut-être à l'article 10 ou à l'article 20. En tout
cas, il y a un article là-dessus, sur les acquisitions. A ce moment, je
pense qu'on ferait fausse route parce que c'est toute la loi qui repose sur
l'acquisition de la société Asbestos, si on en croit ce que le
gouvernement nous a annoncé avec grande pompe en octobre dernier. S'il
n'avait pas l'intention d'acheter la société Asbestos
Ltée, je -ne pense pas que le gouvernement se serait imposé
l'adoption de ce projet de loi et que cette commission parlementaire aurait
quoi que ce soit à faire avec un tel projet de loi. Donc, c'est au tout
début de l'étude de ce projet de loi que nous devons nous
informer, comme membres de cette commission, sur l'évaluation du
coût et le plan de financement de l'achat de la société
Asbestos. (11 h 55;
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, est-ce que vous voulez intervenir sur la
recevabilité?
M. Brochu: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très très brièvement...
M. Brochu: Très très brièvement comme
toujours.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...puisque la présidence est prête.
M. Brochu: Oui, comme dirait le ministre, je conclus donc mes
propos en commençant comme ceci. Je vais également appuyer cette
motion qui vient d'être présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys demandant que le ministre remette,
avant que l'on procède à l'étude article par article du
projet de loi 70, aux membres intervenants de la commission l'évaluation
du coût, du plan de financement de l'achat de la société
Asbestos Ltée tel que décidé par le gouvernement.
En ce qui concerne cette question du moment, il m'apparaît
également que c'est maintenant qu'on doit obtenir ces renseignements qui
sont directement liés au projet de loi 70 et à l'achat
éventuel de la société Asbestos Corporation. Je pense
qu'avant d'aborder l'étude article par article, s'il nous était
donné de cette façon d'avoir plus d'information pertinente, nos
discussions s'en trouveraient simplement améliorées et je pense
que cela serait même de nature à accélérer nos
travaux que d'avoir en main tous les outils de discussion nécessaires et
disponibles. Je pense que le ministre aurait intérêt à le
faire et c'est d'ailleurs le sens des remarques que j'avais faites tout
à l'heure en disant que, avant que nous procédions justement
à cette étude article par article, nous devrions avoir la
possibilité d'avoir accès à toutes ces informations afin
que nos discussions soient plus éclairées, plus rapides et plus
efficaces.
Dans ce sens-là, j'ai l'impression que cela sera l'attitude du
ministre, c'est-à-dire que la commission elle-même dans son
ensemble a intérêt à adopter la motion immédiatement
pour qu'on puisse avoir, pour fins de discussion, sur la table, toutes les
données dont nous avons besoin. Pour indiquer que j'appuie cette motion,
j'avais moi-même l'intention de demander que soit acceptée
à cette commission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ne
parlez pas du fond pour le moment.
M. Brochu: ... une motion semblable, tout en indiquant le moment
où cette présentation de documents pertinents à la
discussion devrait avoir lieu. Je demandais que cette commission prenne
connaissance des études faites à la demande du gouvernement sur
les coûts directs et indirects reliés à l'acquisition et
à l'exploitation de l'Asbestos Corporation par le gouvernement du
Québec. Mon intention était de demander, par cette motion, que
ces documents soient déposés le plus tôt possible,
c'est-à-dire avant l'étude article par article.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité, très brièvement.
M. Laplante: Sur la recevabilité, M. le Président,
je doute qu'elle soit recevable. D'ailleurs, on n'a pas encore commencé
l'étude de l'article 1 du projet de loi et le mandat de
l'Assemblée nationale est de venir l'étudier article par article.
La deuxième conséquence, c'est qu'il n'y a rien dans la loi qui
dit que c'est Asbestos qu'on achète. Cela pourrait être aussi bien
une compagnie du Nord-Ouest.
M. Lalonde: Vous avez d'autres plans?
M. Laplante: II n'y a rien dans le projet de loi...
M. Lalonde: Ah! bon. On en prend note, on en prend note. Est-ce
que le ministre le sait?
M. Laplante: Pour moi, M. le Président, cela n'est pas
recevable au stade actuel des débats.
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs les députés, je pense que la présidence ne peut
ignorer, même si le mot "Asbestos" n'est pas écrit dans la loi,
l'ensemble des déclarations qui ont été faites à
l'Assemblée nationale ou ailleurs. Je pense que cela fait partie d'un
tout et que la décision doit être prise en tenant compte non
seulement du texte de la loi, mais de ce qui l'entoure également.
D'autre part, je voudrais quand même suivre une certaine jurisprudence
qui a été établie relativement au genre de motions
préliminaires que l'on peut présenter avant d'adopter l'article
1. A ce sujet, les conseillers parlementaires vous ont fait parvenir des
directives générales sur le genre de motions préliminaires
que I'on peut déclarer recevables avant l'adoption de l'article 1 ou
avant d'en arriver à l'article 1. Je dois dire immédiatement au
député de Marguerite-Bourgeoys que sa motion ne va absolument pas
contre un principe du projet de loi, qu'elle est parfaitement fondée et
recevable normalement, si elle est présentée à l'article
4.
Je note à l'article 4: "La Société a pour objets:
a) la recherche, le développement et l'exploitation de gisements
d'amiante..." Il ne fait aucun doute, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, dans mon esprit que si vous présentez cette motion
à l'article 4, paragraphe a), qui traite justement de la
possibilité pour la société d'acquérir une
compagnie minière, quelle qu'elle soit, cette motion sera
déclarée recevable.
D'autre part, je pense qu'à ce stade-ci elle est
prématurée; je pense que les motions qui peuvent être
actuellement acceptées, déclarées recevables, sont des
motions sur l'organisation fonctionnelle de nos travaux de la commission
parlementaire. Mais, une fois que l'article 1 sera appelé, toutes les
motions ressemblant ou analogues à celle du député de
Marguerite-Bourgeoys seraient normalement recevables.
Donc, je dis immédiatement au député de
Marguerite-Bourgeoys que sa motion ne va pas contre un principe, qu'elle est
parfaitement fondée en vertu de notre tradition parlementaire. Je me
réfère ici surtout à une décision qui a
été rendue, le 18 juillet 1974, lors de l'étude du bill
22, qui fait jurisprudence et qui dit: "Une fois qu'on a disposé des
motions préliminaires, très peu nombreuses, le président
doit appeler l'article 1." Qu'entend-on par motions préliminaires? Ici,
on donne des exemples: accorder à une personne qui n'est pas membre
d'une commission la permission de se faire entendre; décider de
siéger à huis clos; nommer des sous-commissions; différer
l'étude de tel article d'un projet de loi; proposer un ordre du jour;
proposer la tenue d'une audition publique; requérir une personne de se
présenter devant elle. Toutes sont des genres de motions
préliminaires qui pourraient être déclarées
recevables parce qu'ayant pour but d'organiser nos travaux pour le futur, alors
que celle-ci a trait spécifiquement à quelque chose que nous
allons retrouver à l'article 4, paragraphe a).
Je vous dis immédiatement, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, qu'elle sera, à ce moment-là,
déclarée reçue.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander une directive?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Vous vous êtes référé
à un document que vous avez, des directives de conseillers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est-à-dire qu'il y a des gens ici, à l'Assemblée
nationale, qui ont comme fonction principale de conseiller les
présidents des commissions parle-
mentaires ou le président de l'Assemblée nationale. Nous
avons non pas des directives mais des interprétations qu'ils donnent
à certains règlements; c'est une sorte de doctrine parlementaire,
disons, en plus de la jurisprudence. Evidemment, nous ne sommes pas liés
par ces recommandations...
M. Lalonde: Non, M. le Président, mais ne serait-il pas
sage que ce soit distribué aux députés aussi? Au fond, les
présidents auraient beaucoup plus de collaboration des
députés si on était au courant de toute cette
jurisprudence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y
aurait peut-être lieu de... Je vous dis immédiatement que la
personne responsable au niveau des présidents des commissions
parlementaires, c'est Me Dominique Lapointe, qui voit, dans toutes sortes de
sujets où les articles prêtent à confusion, à nous
émettre ses opinions personnelles à titre d'expert dans ce
domaine, sur l'interprétation des différents articles, compte
tenu également de la jurisprudence, de l'ancien règlement et
ainsi de suite. J'essaie de me guider autant que possible sur ces
recommandations.
M. Lalonde: Si je comprends bien, ces conseils sont
distribués à tous les présidents...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
présidents de commissions parlementaires.
M. Lalonde: ... de commissions, ceux qui font partie de la banque
de présidents.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela.
M. Lalonde: Je vous remercie. M. Forget: Alors, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: ... m'inspirant de vos commentaires ou de la
décision que vous venez de rendre, j'aimerais faire des
représentations et rappeler que, précisément dans le cadre
de l'organisation des travaux de la commission, il y a un certain nombre
d'étapes préliminaires qu'il me semblerait opportun de franchir.
Sans vouloir, en aucune manière, remettre en cause la décision
que vous venez de rendre, sachant d'abord la nature rationnelle de votre
décision, on aurait peut-être pu argumenter que nous visions
à obtenir le dépôt d'un certain nombre de documents avant
d'entreprendre l'étude article par article, arguant donc que
c'était pertinent à l'organisation des travaux. Mais on n'a pas
eu l'occasion de faire cette représentation et, comme je vous
l'indiquais tout à l'heure, je n'ai pas l'intention de remettre en
question votre décision. Il demeure que vous nous avez clairement
indiqué qu'il était nécessaire de centrer nos re- marques
et nos propositions de motions sur l'organisation des travaux.
Or, précisément, outre le dépôt de documents,
d'études qui nous permettraient d'évaluer la prise en charge de
la société Asbestos, il nous apparaît qu'il y a d'autres
questions qui devraient être clarifiées avant d'entreprendre une
étude détaillée article par article. Par exemple, l'un des
volets importants de la politique de l'amiante annoncée en octobre
consiste dans l'élaboration de plans de développement qui, comme
tels, ne sont pas mentionnés dans le projet de loi et qu'il n'est donc
pas possible de raccrocher de façon précise à aucun
article du projet de loi, mais qui sont nécessaires, dont la
compréhension est nécessaire pour placer dans son contexte la
contribution de la société de l'amiante envisagée,
à la réalisation d'un plan de développement.
Jusqu'à maintenant, c'est plutôt une rubrique, un titre, cela n'a
pas un contenu très précis. C'est pour cette raison qu'il nous
apparaît utile, avant d'entreprendre l'étude article par article,
d'avoir un aperçu du travail qui a été fait jusqu'à
maintenant dans l'élaboration de ces plans de développement et,
en particulier, dans la discussion puisqu'il s'agit d'une entreprise
conjointe gouvernement-industrie et l'élaboration de ces plans de
développement ou dans l'invitation adressée à l'industrie
d'élaborer de tels plans de développement.
Motion pour production de documents
Tout ceci peut se formuler de façon assez simple par la voie
d'une motion qui se lirait ainsi: "Cette commission est d'avis que le ministre
des Richesses naturelles remette, avant le début de l'étude
article par article du projet de loi no 70 c'est donc clairement une
question préalable et qui vise à l'organisation de nos travaux
pour un déroulement logique et rationel, je crois aux membres et
intervenants de cette commission, concernant un plan de développement
relatif à la transformation au Québec de la fibre d'amiante en
produits finis et ce, depuis le 26 novembre 1976: a) le compte rendu des
rencontres entre des représentants du gouvernement soit des
fonctionnaires et des ministres et les représentants des
producteurs d'amiante ou de leur association; b)une copie de la correspondance
échangée traitant de cette question".
A l'aide de ces documents, il sera possible d'analyser le cheminement
qu'a fait le ministère des Richesses naturelles dans tout ce volet et
cela nous permettra de voir très clairement jusqu'à quel point
précisément une intervention directe de l'Etat,
premièrement, par la création de la Société
nationale de l'amiante, mais par des gestes plus particuliers tels que la prise
de propriété d'une société minière comment
la société Asbestos se justifie, entre en conflit ou
complète les actions envisagées ou amorcées dans ces
discussions préliminaires d'un plan de développement.
Je ne crois pas que ce soit une demande déraisonnable à
faire au gouvernement pour la raison additionnelle suivante: c'est que, en
dépit du
fait que le gouvernement, en annonçant en octobre une politique
de l'amiante qui comportait comme un de ses volets importants
l'élaboration de plans de développement une espèce
de contrat de développement, tel que cela a été
décrit entre le gouvernement et l'industrie ce n'est pas une
idée qui a pris naissance je pense bien que le ministre le
reconnaîtra le 21 octobre 1977. C'est en effet une idée qui
avait été avancée par le prédécesseur du
ministre actuel dans une allocution qu'il avait faite devant l'Association des
mines du Québec en 1976. Il y avait justement proposé, non
seulement pour l'amiante, mais pour l'ensemble des industries minières
du Québec, il avait mis de l'avant ce concept d'un plan de
développement, une espèce de plan conjoint. Ceci laisse à
supposer que, entre le moment de ce discours du ministre des Richesses
naturelles de l'époque, M. Cournoyer, et la date du 21 octobre où
le premier ministre actuel a fait l'annonce de la politique de l'amiante, il a
dû se faire en particulier dans le secteur de l'amiante, parce que
c'était bien sûr l'un des secteurs importants que visait ce
discours de M. Cournoyer des démarches, il y a dû y avoir
des rencontres, il y a dû y avoir des échanges de correspondance
qui ont du moins est-il permis de le supposer justifié la
décision annoncée par le gouvernement de procéder et
d'aller de l'avant avec la création de la Société
nationale de l'amiante, étant donné c'est peut-être
ce que les comptes rendus et la correspondance en question nous
révéleraient les déceptions, les refus de
collaboration, l'avortement, peut-être, de certains efforts, de certaines
démarches, du côté gouvernemental, ce qui, encore une fois,
justifierait pleinement, rendrait évidentes la nécessité
d'une intervention directe et l'acquisition d'une société
minière. (12 h 10)
II me semble que cela préparerait le terrain à
énormément de travail constructif et ça préparerait
le terrain à l'étude du projet de loi. On verrait dans quel
contexte de dialogue fructueux ou infructueux avec l'industrie le gouvenrement
a pris sa décision au mois d'octobre dernier. Il me semble que ça
nous éviterait un grand nombre de débats peut-être inutiles
si on pouvait constater, en même temps que le ministre et en même
temps que les autres membres de la commission, qu'effectivement ces efforts ne
se dirigeaient pas vers une issue favorable, peut-être à cause de
l'opposition de la seule société Asbestos; sait-on jamais, c'est
peut-être là un des motifs qui a poussé le gouvernement
à dire: comme on ne peut pas s'entendre avec ces gens, on va prendre
possession de la compagnie et on va créer un bon exemple pour les
autres.
Toutes les conjectures sont permises dans le moment, mais ça
aiderait énormément à expliquer la décision
gouvernementale et ça pourrait certainement faciliter l'étude du
projet de loi. Cela ne peut pas être raccroché à aucun
autre article, M. le Président, mais ça fait intimement partie du
contexte qui a entouré la décision du Conseil des ministres en
octobre. C'est, il me semble, un élément essentiel du
dossier.
D'ailleurs, il est assez remarquable de constater le silence
peut-être le ministre dira-t-il un silence prudent mais comme il
s'agit d'événements passés et qu'il y a malgré tout
des décisions importantes qui ont été prises dans ce
contexte, le silence systématique observé par les membres du
gouvernement vis-à-vis de la qualité ou du contenu de leurs
relations avec l'industrie depuis qu'ils sont au pouvoir. Qu'est-ce qui a bien
pu se passer au cours de ces rencontres? Qu'est-ce qui a amené le
gouvernement à prendre telle ou telle mesure?
Jamais n'a-t-on entendu de commentaires de ce côté,
peut-être que c'est parce qu'on n'a pas jugé bon, on n'a pas eu
l'occasion de poser la question au ministre. Cela, ce serait très utile
de le savoir et il me semble que pour cette raison, il s'agit là d'une
motion qui est éminemment appropriée, qui me semble acceptable en
vertu des critères que vous nous avez décrits tout à
l'heure, de veiller au meilleur aménagement de nos travaux, en
déposant des documents qui sont de nature à les faciliter, qui ne
sont pas des documents pertinents à un article particulier du projet de
loi, dont l'étude viendra ultérieurement, mais qui sont
contraires à un élément de contexte
déterminant.
Pour toutes ces raisons, j'aimerais que nous puissions adopter une telle
motion peut-être que le ministre voudra la prendre à son
compte . Je suis étonné. Parce que je suis
persuadé, pour en avoir même causé avec le
représentant de certains membres de l'industrie, qu'il n'y a, de leur
part, aucune réticence à ce que la nature et le contenu de leurs
discussions avec le ministre soient publiés, soient rendus le plus
transparents possible. Ils n'ont certainement, du côté de
l'industrie, aucune hésitation pour cela. Nous aurons l'occasion d'y
revenir d'ailleurs, mais j'inviterais le gouvernement à ne pas faire
preuve de plus de dissimulation que les circonstances ne le commandent.
Vraiment, comme il s'agit d'événements passés,
pourquoi ne pas faire une récitation des faits qui motivent la
décision qu'il défend maintenant?
M. Brochu: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Uniquement sur la recevabilité.
M. Brochu: Toujours sur la recevabilité, M. le
Président. Je pense qu'il convient, à ce stade-ci, de voir la
recevabilité de cette motion, M. le Président, justement pour la
bonne organisation de nos travaux, tel que vous l'avez mentionné tout
à l'heure. Lorsque je me réfère au journal des
Débats qui a donné lieu à la décision que vous avez
rendue, décision qui avait été rendue par un
précédent président de commission en 1974, je me rends
compte que la motion que vient de présenter le député de
Saint-Laurent s'inscrit exactement dans le cadre des motions qui restaient
recevables avant d'aborder l'étude, article par article, d'un projet de
loi tel que celui que nous avons devant nous.
M. le Président, je pense qu'au niveau de l'organisation de nos
travaux, il conviendrait qu'on ait
ces données qui sont non seulement pertinentes, de façon
générale, à nos débats, mais qui y sont directement
reliées. Il importe, avant de voir le contenu en détail du projet
de loi tel qu'il nous est présenté actuellement par le
gouvernement, de voir quel cheminement, depuis le 15 novembre 1976, le Parti
québécois, en tant que nouveau gouvernement du Québec, a
suivi face aux entreprises exploitant le domaine de l'amiante; quel genre de
relations le gouvernement du Parti québécois a entretenues et
élaborées avec les entreprises exploitant le domaine de
l'amiante; de voir, par la production du compte rendu des rencontres entre les
représentants du gouvernement, les fonctionnaires et les
représentants des producteurs d'amiante, quels ont été,
dans toutes ces démarches, les points positifs de ce processus; quels
ont été les écueils, les pierres d'achoppement de ces
discussions.
De cette façon, il me semble qu'on pourrait situer exactement
dans le débat du moins, avec plus de précision, l'attitude
présente des entreprises exploitant le domaine de l'amiante.
Il y a eu une certaine évolution; il y a certaines données
qui nous permettent de croire qu'il y a eu une certaine évolution de la
part des entreprises en ce qui concerne la transformation de l'amiante, les
problèmes généraux qui y sont inhérents et la
question de la recherche dans le domaine de l'amiante.
Le compte rendu de ces rencontres nous permettrait de voir ou
d'évaluer avec plus de précision l'attitude des entreprises au
jour où cette commission parlementaire chargée d'étudier
le projet de loi 70 va procéder à l'étude, article par
article, du projet de loi.
On pourrait ainsi, en obtenant immédiatement ces comptes rendus,
ces rapports d'entretien entre le gouvernement, les fonctionnaires et les
entreprises, juger davantage de l'attitude que le gouvernement adopte face aux
entreprises privées exploitant le domaine de l'amiante.
Là-dessus, je me réfère à certaines remarques que
j'avais faites à l'Assemblée nationale. J'avais indiqué
que le gouvernement ne devait pas maintenir ce que j'appellerais sa hantise de
l'entreprise privée, qu'il ne devait pas craindre de s'approcher de
l'entreprise privée et de discuter avec elle, puisqu'il a
également les moyens législatifs d'intervenir dans le domaine de
l'amiante. Il ne devait pas craindre de s'approcher de l'entreprise
privée et d'ouvrir les portes à une discussion en profondeur sur
la question et à d'éventuelles participations.
Il faudrait que le gouvernement, en déposant ces comptes rendus,
en faisant état de tous ces documents qui sont demandés
actuellement par la motion du député de Saint-Laurent, nous
prouve ou nous fasse la démonstration qu'il n'est pas exact qu'on puisse
lui reprocher cette hantise ou cette psychose de l'entreprise privée. Je
pense que cela serait de nature à bonifier nos travaux et l'approche que
nous aurons à faire dans l'étude, article par article, de ce
projet de loi.
Je vous rappelle que, tenant compte des directives que vous avez
données tout à l'heure, cette motion ne va pas du tout à
l'encontre du principe d'organisation des travaux de la commission; au
contraire, elle s'inscrit directement dans une bonne, saine et logique
organisation de nos travaux, afin d'obtenir, au point de départ, toutes
les données dont nous avons besoin pour entreprendre cette étude
avec le plus de logique et le plus d'intelligence possible.
Ainsi, on situerait exactement l'entreprise, on situerait plus
exactement également à quelle enseigne se loge le gouvernement
pour ce qui concerne son approche avec l'entreprise privée.
En terminant, M. le Président, je vous dis simplement que cela ne
touche pas non plus aucun des articles du projet de loi qui est devant nous. Je
considère, pour ma part, que cet amendement est non seulement recevable,
sur le plan de la technique législative, au niveau de la commission,
mais qu'il doit être recevable également dans l'esprit du
législateur, afin de nous assurer, à cette commission, d'une
approche logique, normale et qui donne lieu à des discussions
profitables. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Qui
parle au nom du gouvernement là-dessus? M. le ministre? Sur la
recevabilité, M. le ministre, et très brièvement.
M. Bérubé: M. le Président, je devrai
plaider l'irrecevabilité de cette motion et, en même temps,
souligner le très grave danger qu'une telle motion fait courir à
toutes les autres commissions qui pourraient avoir à discuter des
problèmes semblables.
En effet, il faut distinguer très clairement entre la
construction d'une société à but commercial, une
société d'Etat qui devra investir sur une base de qualité,
de compétition avec le reste de l'industrie des relations que l'Etat va
avoir avec l'ensemble de cette industrie.
Lorsque l'on parle d'entente de développement et non de plan de
développement, comme l'a indiqué le député de
Saint-Laurent, il faut souligner que ce n'est pas un nouveau concept; c'est un
concept qui a cours au ministère des Richesses naturelles, à ma
connaissance, depuis au moins douze ans, d'une part.
D'autre part, certes, dans le cadre d'une politique de l'amiante, nous
avons décidé de tester ce concept...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, sur la recevabilité uniquement.
M. Bérubé: La recevabilité, j'y arrive. Nous
avons décidé de tester ce concept. Je poursuis dans la ligne de
l'intervention du député de Saint-Laurent qui ne s'est pas vu
interrompre; je poursuis entièrement dans la continuité...
M. Forget: Je n'ai pas d'objection, M. le Président,
à écouter le ministre.
M. Bérubé: Le concept même de l'entente de
développement, c'est donc un concept qui porte sur des relations
particulières qui pourraient exis-
ter entre le gouvernement et une industrie particulière. Cela
pourrait être avec l'industrie du cuivre, du zinc. C'est donc que cela
décrit le type de communications qui devraient exister entre l'Etat
gestionnaire de la ressource et l'industrie qui l'exploite commercialement.
Ce que nous devons discuter ici, c'est la possibilité pour le
gouvernement d'intervenir comme investisseur dans ce secteur. Je pense que nous
ne sommes donc pas là en train d'examiner l'ensemble des politiques du
ministère, ayant trait à la fiscalité, ayant trait aux
politiques d'exploration, ayant trait à toutes les activités du
ministère des Richesses naturelles.
Ce que vous discutez présentement, essentiellement, c'est
totalement en dehors du projet de loi qui nous est soumis, c'est-à-dire
ce que nous voulons discuter ici, par le biais de cette motion, c'est
essentiellement les relations qui existent entre l'Etat gestionnaire de la
ressource et l'industrie qui éventuellement inclura évidemment la
Société nationale de l'amiante.
Par conséquent, je pense qu'elle est totalement irrecevable,
parce qu'elle ne va pas dans le sens du projet de loi que nous discutons.
M. Forget: M. le Président, si vous me permettez, avec
l'indulgence du ministre et de nos collègues de la commission... Il me
semble que le ministre, dans le fond, par son argument, démontre encore
plus d'intérêt de cette motion, parce qu'il est bien clair que, si
les ententes de développement pouvaient déboucher sur la
réalisation des objectifs que le gouvernement a à coeur, il ne
serait pas nécessaire, par hypothèse, de faire une intervention
directe. C'est donc qu'il y a un jugement qui est porté sur les ententes
de développement ou leurs possibilités d'avenir qui amène
le gouvernement à dire: Ce ne sera pas suffisant. Il nous faut un autre
outil qui est la Société nationale de l'amiante. Donc, il y a une
corrélation entre les deux démarches. Je comprends,
effectivement, que ce n'est pertinent au contenu détaillé d'aucun
des articles du projet de loi et, en particulier, ce n'est pas pertinent
à l'article 4 qui dit que la Société nationale de
l'amiante peut se livrer à des activités manufacturières.
C'est bien vrai. A ce titre, elle pourrait devenir contractante avec le
gouvernement dans une entente de développement, mais elle n'aurait pas
de compétence pour les ententes de développement entre le
gouvernement et les autres sociétés actives dans le domaine de
l'amiante. Donc, c'est la seule occasion, au début de nos travaux, de
parler de cette avenue, une avenue contractuelle plutôt qu'une avenue
d'intervention directe. Il me semble que le jugement qu'on porte sur l'un est
nécessairement conditionné par le jugement qu'on porte sur
l'autre. C'est pour cela que, du côté de l'Opposition, on aimerait
bien savoir où cela en est rendu pour pouvoir juger de cette autre
option.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brès brièvement, la présidence est
suffisamment informée et renseignée.
M. Paquette: Je pense qu'à la suite de l'intervention du
député de Saint-Laurent, de deux choses l'une: Ou la demande de
dépôt de document qui est faite n'est pas reliée au projet
de loi, en ce cas, je pense qu'il faudrait la déclarer irrecevable, ou
elle a une corrélation, comme dit le député de
Saint-Laurent, avec des activités possibles de la société.
Ces activités sont celles qu'on retrouve bel et bien à l'article
4, au paragraphe a), où on dit: La société a pour objets:
la recherche, le développement et l'exploitation de gisements d'amiante,
y compris la mise en marché de la production. Si tel est le cas, je
pense que, par analogie avec votre précédente décision,
cette motion devrait être considérée comme
prématurée et serait possiblement recevable à l'article 4,
puisque, de la même façon que la motion précédente
visait à fournir à la commission des renseignements susceptibles
de l'éclairer sur un des objets de la société, celle-ci,
par corrélation peut-être, aurait pour objet d'en fournir sur
l'article 4.
D'autre part, je m'interroge également sur un autre aspect de la
question qui concerne la partie de la motion au sujet de la correspondance
échangée entre le ministre et les compagnies. J'aimerais que vous
m'éclairiez là-dessus. Il me semble qu'à
l'Assemblée nationale un ministre n'est pas tenu de citer tout
élément de correspondance privée, échangée
avec des tiers.
M. Forget: ...
M. Paquette: A ce moment-là, je pense que cette
règle doit s'appliquer également à la commission et je me
demande, même si nous votions cette motion, si nous pourrions obliger le
ministre à déposer cette correspondance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très, très brièvement, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, l'article premier nous
demande de constituer une compagnie sous le nom de "Société
nationale de l'amiante ". Je crois que, préliminairement, avant de nous
demander et de discuter si, oui ou non, nous allons voter en faveur de ce
premier article, on a le droit de demander s'il y a un plan de
développement. Ce sera le ministre qui décidera si, pour
certaines raisons qu'il pourra nous expliquer, il peut ou non nous fournir
l'information.
Avant même de discuter, de constituer une telle
société, c'est important pour moi de le savoir. S'il n'y a aucun
plan de développement, s'il n'y a rien de fait, cela va influencer ma
décision. Si le ministre nous dit: Oui, il y en a, mais si pour une
raison ou pour une autre, il ne veut pas donner l'information, s'il ne le peut
pas pour des raisons de négociation, etc., au moins, cela va nous
éclairer et cela va certainement affecter la position que nous allons
prendre.
Je soutiens que c'est recevable. C'est même essentiel, pour les
buts mêmes de la société de savoir au début quelle
attitude nous allons prendre vis-à-vis de la création d'une telle
société.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
Reprise de la séance à 15 h 36
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Alors, les membres de la commission pour la présente
séance sont: M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau
(Abitibi-Est)...
M. Grégoire: Remplacé, aujourd'hui, par M.
Paquette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette est déjà inscrit comme intervenant.
M. Grégoire: Oui, alors comme membre à part
entière, pour aujourd'hui, M. Bordeleau étant absent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. Bordeleau (Abitibi-Est) sera remplacé par M. Paquette (Rosemont); M.
Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac),
M. Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François) et M. Raynauld (Outremont); les intervenants
étant M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier), M. Garneau
(Jean-Talon) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Landry
(Fabre), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par
M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Léger (Lafontaine) remplacé par M.
Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)...
M. Grégoire: Remplacé par M. Clair.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... est
remplacé par M. Clair (Drummond), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Décision du président
Avant de continuer les travaux de la commission... Le
député de Saint-Laurent avait présenté, avant la
suspension de midi trente, une deuxième motion demandant que cette
commission exprime l'avis que le ministre des Richesses naturelles remette,
avant le début de l'étude article par article du projet de loi no
70, aux membres et intervenants de cette commission, concernant un plan de
développement relatif à la transformation au Québec de la
fibre d'amiante en produits finis et ce, depuis le 26 novembre 1976,
premièrement: le compte rendu des rencontres entre des
représentants du gouvernement et les représentants des
producteurs d'amiante ou de leur association; deuxièmement, une copie de
la correspondance échangée en traitant de cette question.
Malgré que le député de Saint-Laurent ait
employé, avec subtilité je le confesse le mot
"remette" dans sa motion, la présidence ne peut faire autrement que de
constater que cette motion s'apparente essentiellement et fondamentalement
à une motion visant à une demande de dépôt de
documents. Le sens et l'esprit de cette motion en font une demande de
dépôt de documents. Or, il n'y a pas de dépôt de
documents en commission
parlementaire. Bien sûr, le ministre peut, s'il le veut,
distribuer aux membres de la commission parlementaire les documents
demandés par le député de Saint-Laurent dans sa motion,
mais au strict niveau de la procédure parlementaire, le seul moyen qu'a
l'Opposition de forcer le gouvernement ou un ministre à déposer
des documents, c'est de se prévaloir entre autres de l'article 175 de
notre règlement qui permet à un député, par une
motion annoncée à notre feuilleton, de demander, par exemple, au
gouvernement des copies de correspondance ou toutes sortes de contrats que
veulent avoir les députés de l'Assemblée nationale.
En résumé, cette demande s'apparente à une demande
de dépôt de documents. Il n'y a pas de dépôt de
documents en commission parlementaire. Le ministre peut, s'il le veut,
distribuer lesdits documents demandés par le député de
Saint-Laurent.
D'autre part, j'estime que le moyen mis à la disposition du
député de Saint-Laurent et de ses collègues pour forcer le
gouvernement à remettre ces documents, ce n'est pas une motion
adoptée en commission parlementaire, mais les articles 175 et autres du
règlement qui prévoient une façon
privilégiée, solennelle et formaliste d'obtenir ces
informations.
M. Lalonde: Une directive, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le règlement m'empêche de discuter de
votre décision, mais je ne peux oublier la décision que vous avez
justement rendue ce matin à propos de ma motion qui se lisait à
peu près comme suit: Donc, cette commission est d'avis que le ministre
des Richesses naturelles remette avant le début de l'étude,
article par article, du projet de loi no 70 aux membres et intervenants dans
cette commission, etc., motion que vous avez déclarée
parfaitement recevable sauf qu'à votre avis elle était
prématurée, motion que j'ai donc déplacée dans mon
cartable à l'article 4, suivant votre invitation.
Vous venez de me dire que la motion du député de
Saint-Laurent était irrecevable parce qu'il emploie les mots "remette
aux membres et intervenants d'autres documents ". C'est la même
formulation que la mienne.
Une Voix: Même d'incertitude.
M. Lalonde: Je préférerais naturellement, M. le
Président, un peu plus de cohérence de la part de la
présidence dans ses décisions. Vous me remplissez
d'appréhension quant à la façon dont je dois agir
maintenant comme membre de la commission...
Une Voix: Même d'incertitude.
M. Lalonde: ... et même d'incertitude.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous admettrez avec moi qu'il y a
une différence absolument fondamentale entre les deux motions. Dans
celle que vous avez présentée, l'article 4 va effectivement
donner ouverture à cette motion puisqu'il est précisément
question de l'objet de la discussion, alors que, dans le cas de la motion
présentée par le député de Saint-Laurent, en aucun
moment, dans la loi, il ne pourrait présenter cette motion puisqu'il n'y
a aucun article dans ce projet de loi qui pourrait donner ouverture à
cette motion.
Alors, la vôtre avait trait au financement ou à
l'évaluation du coût d'Asbestos Corporation, s'il y avait achat.
Or, l'article 4 donne le pouvoir à la société
d'acquérir une mine d'amiante. J'ai cru bon de référer
votre motion à l'article 4 parce qu'il y avait ouverture, à
l'article 4, pour ce genre de motion. Mais, en ce qui concerne celle du
député de Saint-Laurent, je ne vois réellement pas
où je pourrais renvoyer la présentation de cette motion.
D'autre part, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je
dois vous dire ici que, dans la motion présentée par le
député de Saint-Laurent, on demande une copie de la
correspondance échangée. Avec le peu d'expérience
parlementaire que j'ai, il m'est arrivé de lire le feuilleton à
plusieurs reprises. J'ai souvent vu, par des questions écrites ou des
motions, des députés de l'Opposition et même des
députés du gouvernement demander à un ministre:
Auriez-vous l'obligeance de me faire parvenir copie de toute correspondance
échangée entre telle date et telle date, entre tel ministre et
telle association?
Je pense que la nature des documents demandés,
c'est-à-dire la correspondance, est passablement différente de
votre demande qui n'est pas un échange de correspondance entre un
ministre et des compagnies minières. En tout cas, c'est...
M. Lalonde: Si je comprends bien, M. le Président, le fait
que j'emploie la même formulation pour que le ministre remette les
documents n'entraînera pas le même sort à la mienne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Absolument pas et, malgré le fait que vous voyiez une certaine
incohérence...
M. Lalonde: Cela peut être dans la façon que vous
l'avez formulée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Peut-être, mais, en ce qui me concerne, je ne la vois pas. Ce qui m'a
surtout laissé perplexe dans la motion du député de
Saint-Laurent, ce sont les mots: "copie de toute correspondance
échangée et traitant de cette question". Je sais
qu'habituellement, la correspondance des ministres avec les compagnies ou
autres organismes est demandée par des motions ou des questions au
feuilleton.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Puisque vous jugez que ceci est analogue à un
dépôt de documents, encore que rien dans notre règlement
n'interdise de demander une distribution de documents et que le
dépôt de documents se réfère au maintien d'un greffe
de documents déposés, il y a une pratique générale
qui admet qu'un ministre peut distribuer des renseignements aux membres d'une
commission. Cela se fait souvent.
Quoi qu'il en soit, je pense qu'il est clair, d'après votre
décision, qu'il nous serait possible de demander au ministre et à
ses fonctionnaires de nous faire un exposé du déroulement de
cette négociation qu'on peut présumer être en cours, entre
l'industrie, d'une part, et le gouvernement, d'autre part. Ceci serait,
j'imagine, tout à fait recevable. Je suis forcément tenté
de formuler ma demande de cette façon.
Mais, avant de le faire formellement, j'aimerais, malgré tout,
inviter le ministre à un peu moins de secret quant à un aspect
important de la politique de l'amiante et l'inviter à ne pas se
réfugier derrière le règlement pour refuser d'informer les
membres de l'Assemblée nationale. C'est quelque chose qui est quand
même d'ordre public. Il faut quand même réaliser que nous
pourrions fort bien avoir et je souhaite que nous en ayons une le plus
rapidement possible une loi qui fasse véritablement que des
documents publics soient des documents publics et non pas des documents
privés à l'usage exclusif du ministre. Il serait tout à
fait normal que ces négociations, qui ont un impact direct sur la
conclusion à laquelle en est arrivé le gouvernement d'intervenir
par ses propres instruments qu'il veut se donner, par cette loi, dans
l'industrie de l'amiante, que ce cheminement soit l'objet d'un exposé
quelconque.
Autrement, j'en viendrai à la conclusion et j'imagine que
ce n'est pas la conclusion à laquelle le ministre voudrait nous voir
arriver qu'il n'y a absolument rien de fait du côté de la
négociation et de l'élaboration d'ententes de
développement, qu'on en est à un stade très
préliminaire, qu'on en est encore à se pencher sur le dossier et
à élaborer des hypothèses, mais qu'il n'y a rien de fait,
qu'il n'y a aucun contact qui a été pris avec l'industrie et que,
dans le fond, le gouvernement, sur ce plan comme sur d'autres, a imaginé
quelle pourrait être l'issue de ses démarches auprès de
l'industrie, et, par sur la base de ces imaginations, en vient à la
conclusion qu'elles n'ont pas d'autres fondements que des créations de
son imagination.
S'il y avait quelque progrès que ce soit, je ne vois pas ce qui
empêcherait le ministre d'en faire part. S'il y avait des échecs
ou des résistances bien caractérisés, cela aiderait
évidemment les membres de la commission à se faire une opinion
sur I'à-propos de la création de la Société
nationale de l'amiante et, encore davantage, sur le geste le plus spectaculaire
que posera cette société une fois formée qui sera
vraisemblablement de prendre le contrôle et d'agir comme le
propriétaire de la société Asbestos Ltée.
Encore une fois, avant d'en faire une motion formelle, j'inviterais le
ministre à sortir de son mutisme pour une matière
d'intérêt public, une matière qui a un impact direct sur la
question en litige, si je puis m'exprimer ainsi, et de nous dire au moins
quelque chose sur cette question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît! J'aimerais quand même je vois tout
le monde lever la main rappeler les règles qui doivent nous
guider; ce matin, le ministre a fait un exposé général; le
député de Saint-Laurent, comme représentant de
l'Opposition officielle, en a fait un également, et le
député de l'Union Nationale, M. Brochu, a également fait
son exposé.
Plus tard, je reconnaîtrai à tour de rôle les
députés qui voudront bien parler, de façon
générale, avant d'appeler l'article 1, tout en tenant compte de
l'article 160 du règlement, c'est-à-dire des vingt minutes.
Ce matin, j'ai permis aux représentants des différents
partis d'élargir, de dépasser les vingt minutes, amplement,
à tout le monde d'ailleurs; tous les autres députés qui
voudront prendre la parole pourront le faire avant que j'appelle l'article 1,
non pas en entrant dans les détails, mais en parlant des principes du
projet de loi. Par la suite, j'appellerai l'article 1.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président, suite
à vos propos. Cela n'exclut pas la période de motions
préliminaires, parce que ce n'est pas terminé?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
absolument pas. A l'occasion de votre droit de parole, vous pourrez toujours
présenter des motions. M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Question de directive, M. le Président.
Lorsque vous avez répondu au député de
Marguerite-Bourgeoys sur la motion que vous avez conseillé de retarder
à l'article 4, est-ce que cela veut dire que vous considérez
cette motion comme reportée à l'article 4, mais non pas
acceptée d'avance?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je tiens
pour acquis que M. le député de Marguerite-Bourgeoys va la
présenter à nouveau à l'article 4.
M. Laplante: Vous ne l'avez pas jugée recevable?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je l'ai
déclarée prématurée et irrecevable; parce que
prématurée...
M. Lalonde: Prématurée, mais recevable. M.
Laplante: Elle sera jugée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... sauf
que je lui ai très clairement laissé entendre, je
pense, qu'elle serait déclarée recevable à
l'article 4, puisque l'article 4 parle d'exploitation d'un gisement d'amiante
et que la motion vise précisément à avoir les
détails là-dessus.
Je répète je pense que le député de
Bourassa est en train de voir, comme le député de
Marguerite-Bourgeoys, une certaine incohérence dans les deux
décisions je maintiens que le député de
Saint-Laurent demandait un échange de correspondance entre le ministre
et d'autres personnes et que le moyen pour obtenir cet échange de
correspondance n'est pas une motion adoptée en commission parlementaire.
D'ailleurs, cela demeurerait un voeu pieux tout simplement.
M. Laplante: Pour être plus clair, à l'article 4, si
cette motion est représentée, est-ce que nous pourrons discuter
à nouveau sur la recevabilité de la première motion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Laplante: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
dirai bien sincèrement que je pense que je suis suffisamment
informé puisque tous les partis politiques ont parlé ce matin sur
la recevabilité de cette première motion.
M. Laplante: Parce qu'il y a un élément nouveau qui
est ressorti à travers tout cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
avez, à ce moment, des éléments nouveaux à faire
valoir, vous pourrez les faire valoir.
M. Laplante: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'ailleurs, j'aimerais rappeler ici, et je pense qu'il faut bien s'entendre,
que, lorsque je parle de motion préliminaire ayant pour but ou ayant
trait à l'organisation de nos travaux, il faut comprendre que c'est
l'organisation fonctionnelle et technique de nos travaux. Il ne faudrait pas
élargir le sens de l'organisation de nos travaux pour présenter
toutes sortes de motions préliminaires, parce qu'on pourrait toujours
dire: C'est pour mieux organiser nos travaux. C'est, évidemment,
l'organisation fonctionnelle, technique et pratique des travaux de la
commission parlementaire. Je pense qu'on a intérêt, tous ceux qui
ont des motions préliminaires à présenter, dans ce sens,
à les liquider d'avance et, par la suite, à passer à
l'article 1. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, c'est justement concernant
la directive que vous venez de donner. M. le député de
Saint-Laurent veut avoir un supplément d'information et je pense que
c'est le cas de la plupart des membres de cette commission. Une bonne
façon d'en avoir, c'est de commencer l'étude du projet de loi, en
particulier à l'article 1.
Or, dans votre directive, vous avez mentionné que, bien
sûr, des motions sur l'organisation de nos travaux étaient encore
possibles, mais je me demande justement si le fait que nous ayons
commencé à recevoir de telles motions n'a pas mis automatiquement
fin aux exposés généraux. Je me base sur le fait suivant:
On a déjà eu 25 heures de débat, il y a eu 48
interventions sur la politique de l'amiante en général et le
principe du projet de loi en particulier. Chacun des représentants des
partis s'est déjà exprimé sur la question et, par la
suite, on a commencé à recevoir des motions concernant la
soi-disant organisation de nos travaux. Est-ce qu'on n'est pas rendu au point
où, justement, seules sont recevables des motions sur l'organisation de
nos travaux, à la suite de quoi nous devrons passer à l'article
1? A ce moment, nous pourrons accéder aux désirs du
député de Saint-Laurent et recevoir une foule de renseignements
liés au projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je dois
vous dire qu'en ce qui me concerne, je suis une politique différente de
celles de tous les autres présidents. Je sais pertinemment que tous les
autres présidents accordent au début le droit de parole seulement
aux représentants des partis politiques, alors que, depuis un an, j'ai
toujours donné le droit de parole, avant l'article 1, à chaque
député qui manifeste l'intention, pour des raisons personnelles,
d'émettre ses opinions sur le principe du projet de loi. Je ne pense pas
que le fait que le député de Saint-Laurent ait parlé au
nom du parti de l'Opposition officielle empêche quelque membre que ce
soit de l'Opposition officielle d'émettre ses opinions personnelles sur
ce projet de loi. La même chose s'applique évidemment au parti
ministériel et je pense que cela va dans l'esprit de la revalorisation
du rôle du député. En tout cas, c'est une chose qui...
M. Paquette: M. le Président, je n'en avais pas contre
cette façon que vous avez d'interpréter votre mandat, mais sur le
fait qu'on fait un peu du coq-à-l'âne. On a commencé par
les exposés généraux, et, après cela, les motions
de fonctionnement. Est-ce qu'on ne devrait pas terminer les exposés
généraux et ensuite vider la question des motions de
fonctionnement, pour ensuite attaquer l'article 1? Si tout le monde est
d'accord...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
reconnaîtrai le prochain député qui demandera la parole.
Exposés généraux.
M. Lalonde: Exposez-vous généralement.
M. Paquette: J'ai fait mon discours de deuxième
lecture.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Drummond.
M. Clair: Dans le but d'être certain de bien comprendre
l'entente qui intervient, j'en fais une
proposition formelle, en bonne et due forme, que, avant de passer aux
motions préliminaires, on s'entende pour dire qu'on passe aux
exposés généraux de tous et chacun des
députés afin d'être certains de ne pas revenir en
arrière et que cette entente ne soit remise en cause en aucun temps. (15
h 55)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On tombe
réellement dans la procédurite. Je pense qu'il n'y a pas besoin
de motion pour cela. Le président a pris note du fait que lorsque les
exposés généraux seront terminés, nous en
arriverons aux motions préliminaires. Est-ce qu'un député
voudrait intervenir?
M. Lalonde: II n'y a plus d'exposés
généraux?
M. Paquette: On a déjà fait notre discours de
deuxième lecture!
M. Lalonde: Tout le monde levait la main tantôt!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: J'avais donné mon consentement pour rien, M.
le Président, je suis trompé. On a quêté mon
consentement pour qu'on procède aux exposés
généraux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, à vous la parole.
M. Paquette: C'était au cas où vous voudriez
refaire votre discours de deuxième lecture.
M. Lalonde: M. le Président, si les exposés
généraux sont terminés, et compte tenu des
décisions que vous avez rendues jusqu'à maintenant, et... Avant
de procéder, le député de Saint-Laurent me rappelle qu'il
a posé une question au ministre, je pourrais laisser au ministre le
loisir de répondre, s'il le désire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Grégoire: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: La question du député de
Saint-Laurent était pour demander au ministre de faire un compte rendu
à jour, pour dire où en sont rendues les négociations avec
General Dynamics à propos de l'achat de l'Asbestos Corporation.
M. Forget: II faut préciser, si j'ai été mal
compris.
M. Grégoire: C'est ce qu'il avait dit?
M. Forget: Non, c'est...
M. Raynauld: Vous avez mal entendu.
M. Forget: Le député de Frontenac se souviendra
que, quand le premier ministre, le 21 octobre, a annoncé la
décision de faire l'acquisition de la société, il a
annoncé d'autres éléments de ce qu'il a appelé la
politique de l'amiante du gouvernement. Parmi ces autres
éléments, il y avait une motion qui circule au ministère
des Richesses naturelles depuis de nombreuses années douze ans, a
dit le ministre actuel, c'est fort possible selon laquelle, de
façon générale, dans l'industrie minière, il y a
des contrats de développement ou des ententes de développement
qui lient, d'une part, le gouvernement et, d'autre part, une industrie. Cela
peut être l'industrie de l'amiante, cela peut être l'industrie du
cuivre, éventuellement, peu importe. On parle de l'amiante dans le
moment.
Ma question visait tout simplement à faire le point, à
inviter le ministre à faire le point sur ce volet de la politique de
l'amiante puisque l'acquisition de la société Asbestos se situe
dans un contexte. Le contexte est défini, entre autres choses, mais de
façon très importante, par l'état du dossier dans les
ententes de développement. Il me semblait, comme on ne peut pas demander
la copie de la corresponsance, etc., ce qui nous aurait permis de nous en
informer par nous-mêmes, qu'il nous serait possible, à la limite,
M. le Président, de présenter une motion pour demander aux
fonctionnaires du ministère et au ministre lui-même, mais surtout
aux fonctionnaires, de comparaître devant la commission pour nous exposer
où ils en sont dans leurs travaux.
M. Grégoire: M. le Président, je soulève la
même question de règlement. Les renseignements que demande
présentement le député de Saint-Laurent sont les
mêmes que ceux demandés dans la motion et...
M. Forget: Oui.
M. Grégoire: ... la motion elle-même a
été déclarée antiréglementaire parce
que...
M. Forget: Cela n'a aucun rapport.
M. Grégoire: ... en relevant d'aucun des points ou des
articles du projet de loi no 70.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, la
raison fondamentale...
M. Grégoire: Si vous me permettez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, je pense que vous avez mal
interprété. J'ai dit que la motion du député de
Saint-Laurent s'apparentait à une demande de dépôt de
documents; or, les dépôts de documents n'ont pas lieu en
commission parlementaire, sauf que le député de Saint-Laurent, si
je comprends
bien, demande verbalement au ministre la question qui était dans
la motion écrite.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
ministre peut répondre ou ne pas répondre.
M. Grégoire: ... justement, la question traite de points
et de sujets qui ne sont aucunement dans le projet de loi no 70. Il s'agit
là d'un rapport verbal que demande le député de
Saint-Laurent sur les ententes qui pourraient intervenir entre le
ministère des Richesses naturelles ou, plutôt, le bureau de
l'amiante, qui est déjà constitué, et des compagnies
privées. Or, le projet de loi ne traite que de la constitution d'une
société d'Etat qui pourrait acquérir des
propriétés ou qui pourraient avoir un centre de recherche et de
développement, qui pourrait faire de la transformation.
Mais cela sera fait par la Société nationale de l'amiante
ou les compagnies filiales. Ce que le député demande à
l'heure actuelle, ce sont des ententes entre le ministère des Richesses
naturelles et des compagnies privées et non pas...
M. Forget: J'admets cela, M. le Président...
M. Grégoire: Ce n'est pas du tout dans le projet de
loi.
M. Forget: ... c'est bien sûr. Non, ce n'est pas dans le
projet de loi, mais le règlement ne nous force pas à
l'imbécillité. On n'est pas obligé d'avoir des
oeillères en regardant un projet de loi. On demande au ministre de nous
éclairer sur le contexte dans lequel il nous amène à faire
l'étude d'un projet de loi. Il me semble que c'est une demande des plus
normales. Indépendamment de toute stratégie ou de tactique de
l'Opposition, qu'on fonctionne à huis clos ou n'importe comment, il
reste que c'est tout à fait normal de la part des membres d'une
commission de demander au ministre responsable de leur donner un
éclairage particulier sur le contexte dans lequel cette décision
va se prendre. Mon Dieu! ce n'est rien que de très normal. Ce n'est pas
de la procédure qu'on fait. On demande d'être
éclairés, comme membres de la commission parlementaire des
richesses naturelles, sur un élément important d'une politique
gouvernementale qui a un impact sur la décision sur laquelle on doit se
pencher.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez,
je pense, M. le député de Frontenac, que la question du
député de Saint-Laurent est parfaitement admissible, compte tenu
du mandat de la commission et du sujet en cause. Je maintiens, d'autre part,
qu'elle aurait pu être posée à un autre moment. Elle a
été posée. Le ministre peut décider de lui
répondre immédiatement. Par contre, comme il aura certainement
beaucoup d'autres occasions de lui répondre à d'autres
articles... C'est au ministre, évidemment, à décider.
M. Bérubé: Si j'hésite à m'engager
dans cette voie, perche que je dirais tendue par l'Opposition, c'est pour la
raison très simple que l'Opposition pourrait chercher à mener le
débat sur toutes sortes de questions extérieures au projet de loi
que nous avons à discuter, de manière à faire faire le
maximum de temps à cette commission. Ce n'est donc pas une objection
fondamentale. A titre d'exemple, on pourrait parler également de la loi
sur la santé-sécurité, par exemple, qui est en voie de
rédaction. En effet, cette loi aura un impact sur la rentabilité
de l'industrie de l'amiante et, par conséquent, il faut s'attendre que,
compte tenu de l'impact d'une telle loi pour la rentabilité d'Asbes-tos
Corporation, on veuille, par exemple, convoquer ici le ministre d'Etat au
développement social, de manière à connaître
exactement le détail de son projet de loi, de manière à
savoir si véritablement on doit appuyer la création de la
Société nationale de l'amiante.
Donc, on pourrait convoquer ici un ministre qui pourtant n'a rien
à voir avec le présent projet de loi, mais, toutefois, en arguant
que, de fait, et cela demeure tout à fait plausible, il est
nécessaire que les députés connaissent toutes les
implications de tous les projets de loi, de toutes les mesures fiscales
qu'envisage le gouvernement dans tous les champs possibles, de manière
à pouvoir savoir à l'avance si l'engagement dans la
Société nationale de l'amiante est un bon engagement. Donc, vous
voyez le genre de traquenards, de pièges, que nous tend l'Opposition et
auxquels il faut évidemment penser à deux fois avant de
succomber, parce qu'il ne fait aucun doute que, si j'apporte un
élément de réponse, la deuxième question sera:
Pouvez-vous préciser ce point. Et il y aura ensuite débat autour
de cette question et, finalement, on constatera que le débat n'a pas du
tout porté sur le projet de loi, mais, au contraire, a porté sur
le concept même des ententes de développement.
Voilà donc pourquoi j'y pense à deux fois avant de
m'engager. Néanmoins, pour faire preuve de bonne foi vis-à-vis de
l'Opposition, je suis d'accord pour non pas entrer dans le détail des
négociations qui ont cours présentement avec diverses compagnies,
pour des raisons, je pense, que l'ensemble des députés
comprendra, même si l'Opposition ne comprendra pas... C'est qu'il faut
réaliser que ces entreprises sont en compétition. Nous avons
accès, présentement, à de l'information confidentielle sur
des projets de développement de diverses entreprises, sur la situation
de rentabilité de différents projets, et que, par
conséquent, il n'est certainement pas sage de la part d'un ministre des
Richesses naturelles, qui est en négociation avec une industrie, de
venir révéler au grand public l'état des
négociations en cours.
Donc, je parlerai plutôt de l'esprit général de ces
ententes de développement pour vous montrer un peu dans quel sens elles
vont et, à cet égard, je traiterai, peut-être, de trois
points: taxation, recherche, transformation.
En effet, l'industrie minière a souffert assez
sérieusement, en 1975, d'une augmentation subs-
tantielle du fardeau fiscal qui lui était imposé à
la fois par l'augmentation par la province des taux d'imposition au niveau de
la rente minière, par l'augmentation des impôts
fédéraux et par la disposition d'un certain nombre d'abattements
fiscaux.
Il en est résulté une certaine instabilité, une
certaine insatisfaction au sein de l'industrie minière concernant les
politiques d'à peu près tous les gouvernements canadiens. Il
apparaît donc assez évident que l'industrie verrait d'un bon oeil
une certaine stabilisation de son niveau de taxation et que ceci pourrait
être négocié dans le cadre d'une entente.
Donc, on voit bien que le gouvernement pourrait s'engager à
maintenir à un certain niveau ou même à signer des ententes
spéciales pour le développement de nouveaux gisements. L'Ontario
vient d'introduire ce type d'entente dans la mesure où un nouveau
gisement se verra libéré des taxes minières
traditionnelles jusqu'à ce que la capitalisation soit remboursée.
On voit donc le genre d'entente qui peut prévaloir lors de la mise en
place d'un nouveau gisement.
On peut imaginer, dans nos ententes, ce même genre de points.
C'est donc un élément, je dirais une arme du gouvernement, face
à l'industrie, donc un bonbon, une façon d'amener l'industrie
à s'asseoir autour de la même table.
De l'autre côté, qu'est-ce que nous pourrions attendre de
cette industrie? Nous pourrions attendre, par exemple, la participation de
cette industrie à un effort de recherche. Vous savez sans doute que
l'industrie des pâtes et papiers se cotise et finance un centre de
recherche à Montréal. Ce n'est pas unique. Vous savez que
l'Institut national de la recherche sidérurgique en France est
également parrainé par un grand nombre d'industries
sidérurgiques.
Il existe donc des laboratoires dans le monde qui sont financés,
souvent à parts, partiellement par l'Etat, partiellement par les
compagnies. On peut donc imaginer une négociation avec ces compagnies
pour les amener à participer à un effort de recherche dans le
secteur de l'amiante. Cela pourrait faire l'objet d'une entente de
développement.
On peut également parler de la transformation. Vous n'êtes
pas sans savoir que ces industries sont intégrées. Vous
n'êtes pas sans savoir que ces industries ont des usines de
transformation aux Etats-Unis et dans la plupart des pays du monde, le
député de Frontenac en a énuméré un grand
nombre dans le cas de la Johns-Manville. Il aurait pu s'amuser de la même
façon avec la Canadian Carey; ASARCO, Turner & Ne-wall. Donc, le
nombre d'entreprises de transformation dans le monde est
élevé.
Par conséquent, il n'est pas du tout illogique de penser que l'on
puisse amener ces compagnies, dans différents domaines, puisque toutes
ces entreprises n'ont pas l'expertise dans les mêmes domaines, ces
différentes sociétés à se mêler de
transformation au Québec en participant à des projets conjoints
avec d'autres transformateurs québécois.
C'est ce genre de discussions que nous avons présentement avec
l'industrie. Nous cherchons à évaluer sa volonté de venir
transformer au Québec. Je dois dire que dès le début,
dès les premières rencontres que j'ai eues avec l'industrie de
l'amiante, ces industriels m'ont fait part d'une attitude changeante de leur
part, dans la mesure où, n'ayant peut-être pas envisagé de
transformer au Québec, ils se montraient davantage prêts à
l'examiner. On m'avait même fait des propositions assez concrètes
à ce moment.
Cette attitude de l'industrie s'est traduite par la décision
qu'elle a prise de financer une étude auprès de SORES pour
examiner assez rapidement des secteurs dans lesquels elle pourrait investir.
Par conséquent, si vous voulez, nous pouvons penser donner suite au
rapport SORES, de concert avec l'industrie, dans le cadre de ces ententes de
transformation.
Pour l'instant, vous devrez le reconnaître, ces ententes ne sont
qu'en voie d'élaboration, elles sont à l'état
embryonnaire. Dans la mesure où le bureau de l'amiante n'est en fonction
que depuis quelques mois, dans la mesure où nous avons à peine
terminé le recrutement du personnel, je dirais que le gros du travail a
surtout porté sur des rencontres personnelles et des prises de contact
entre ce bureau et les différentes sociétés de
manière à établir un dialogue, je dirais assez franc,
assez amical, à ce jour. Il faut se donner deux ans avant d'être
capable d'évaluer à nouveau quel a été le
résultat de cet effort. En effet, la notion d'entente de
développement est une vieille notion, mais elle n'a pas
été utilisée à ce jour. Par conséquent, il
est encore beaucoup trop tôt pour être capable d'en évaluer
l'efficacité. Je pense donc que nous devons nous donner le temps
nécessaire pour jauger cette méthode de l'approche. (16 h 10)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le ministre. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, en tenant compte des
décisions que vous avez rendues au sujet de nos deux motions et aussi en
invoquant certaines considérations que vous avez mentionnées lors
de la première décision, à savoir que dans les motions
préliminaires, on pouvait, par exemple, proposer des séances
publiques, proposer toutes sortes de modalités qui ont un impact direct
sur le déroulement des travaux, j'ai l'intention de proposer à
cette commission d'inviter des membres du milieu impliqué directement
par le projet du gouvernement, de légiférer dans ce secteur, par
la loi 70 d'abord, et aussi d'intervenir par l'acquisition de l'Asbestos
Corporation.
Ainsi, plusieurs représentants de divers secteurs
d'activités ont sûrement des renseignements qui pourraient nous
intéresser grandement, nous aider à mieux
délibérer, à savoir si nous devons
légiférer, tout d'abord, et deuxièmement, de quelle
façon nous devons légiférer. Ainsi, je voudrais, par
exemple, que les représentants autorisés du Syndicat des
travailleurs de l'amiante, les représentants des autorités
municipales de Thetford Mines,
les représentants autorisés de General Dynamics, ainsi que
les représentants de l'Association des mines d'amiante se fassent
entendre ici, devant cette commission, afin de renseigner les membres et
intervenants.
Je commencerai donc par une motion invitant les représentants de
l'Association des mines d'amiante à se faire entendre. Je pense qu'on
peut présumer de l'avis du leader du gouvernement, à savoir que
cette commission ne siégera pas mardi prochain durant la matinée,
qu'elle ne siégera pas non plus au cours de l'après-midi, mais
qu'elle siégera le soir. Donc, on peut présumer que des gens
soient invités formellement à venir se faire entendre à
une heure précise, le 21 mars...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
153...
M. Lalonde: Vous me lancez un numéro d'article, 153.
Motion pour convoquer
les représentants de l'Association
des mines d'amiante du Québec
Donc, je fais la motion suivante: Que cette commission invite les
représentants de l'Association des mines d'amiante du Québec
à se faire entendre le 21 mars 1978, à 20 heures, devant cette
commission, afin de renseigner les membres et intervenants de cette
commission.
Je fais cette motion formelle quant aux membres de l'Association des
mines d'amiante, tout en vous ayant déjà indiqué, M. le
Président, et aux membres de cette commission, que nous n'avons aucune
préférence quant à l'ordre dans lequel nous voulons
entendre les représentants des divers milieux représentant les
différents syndicats des travailleurs de l'amiante. Mais ne sachant pas
longtemps d'avance quels jours et à quelles heures cette commission
siégera la semaine prochaine, je pense que je dois commencer quelque
part. C'est la raison pour laquelle ma motion ne contient que l'invitation aux
représentants de l'Association des mines d'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare la motion recevable.
M. Grégoire: M. le Président, avant cela, je
pourrais peut-être faire une demande au député de
Marguerite-Bourgeoys. Il y a probablement intérêt à
rencontrer non seulement l'Association des mines d'amiante, mais
peut-être que le député de Marguerite-Bourgeoys a d'autres
motions pour en rencontrer d'autres.
M. Lalonde: Oui, j'ai indiqué que...
M. Grégoire: Pourrais-je faire la suggestion au
député de Marguerite-Bourgeoys de remettre cette motion et qu'il
y ait une rencontre entre les deux partis pour établir la liste de ceux
qu'on voudrait inviter et s'entendre sur une journée. Vous arrivez et
vous demandez... On ne met pas de date. On pourrait s'entendre sur la date et
sur l'endroit. Par exemple, si c'est l'Asbestos Corporation, il y aurait
peut-être intérêt à le faire à Thetford pour
visiter en même temps la mine. On pourrait remettre cette motion et
toutes les autres semblables et en venir à une entente pour
établir la liste de ceux qu'il serait intéressant d'inviter ainsi
que préparer une espèce de questionnaire sur ce qu'on veut avoir
d'eux, sur ce qu'on attend d'eux comme discussion et le leur faire parvenir
avant. Je me demande si vous accepteriez de remettre cela à la prochaine
séance. D'ici ce temps-là, on pourrait se rencontrer pour
établir...
M. Lalonde: Je remercie le député de Frontenac de
sa grande ouverture d'esprit à l'égard de ma demande. Il n'y a
aucun doute que nous sommes prêts à collaborer avec le
gouvernement et ses représentants pour établir la liste des
personnes que nous voulons rencontrer ainsi que les questions, sans nous lier,
sans nous restreindre à ces questions, générales que nous
voulons leur poser. Je m'attends immédiatement que, du même
souffle, le député de Frontenac propose la suspension des
séances de cette commission jusqu'à ce que ces rencontres aient
lieu.
M. Grégoire: Non, on peut continuer là-dessus. Le
fait de les entendre ne viendra certainement pas à l'article 1, ni
à l'article 2, ni à l'article 3, peut-être à
l'article 4 ou à l'article 16. Nous pouvons continuer aujourd'hui nos
délibérations. On a le temps de se rencontrer. Dès la
prochaine séance, d'ici mardi prochain, on pourrait arriver après
rencontre avec une liste conjointement établie. Vous pourrez en
suggérer sur cette liste et nous aussi.
M. Lalonde: M. le Président, cela me surprend un peu.
M. Grégoire: Je crois que simplement suspendre les travaux
en attendant de préparer la liste, ce n'est pas tellement de la
collaboration. On est prêt à collaborer pour établir une
liste de concert avec vous.
M. Forget: Parlez-vous au nom de la majorité, à ce
moment-ci, ou en votre nom personnel?
M. Grégoire: Quelques-uns d'entre nous en ont
parlé. Nous croyons la chose parfaitement acceptable, soit
délimiter un temps, une journée ou deux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys était prêt à
proposer que la rencontre se fasse la semaine prochaine. De toute façon,
il faut nous donner le temps de contacter les gens, etc. Il me semble qu'on a
d'autres questions à régler sur le plan du
fonctionnement de la commission. C'est sûrement une raison pour
poursuivre les travaux.
D'autre part, il me semble qu'aux articles 1, 2 et 3, il est
peut-être moins utile d'avoir l'avis de ces différentes personnes.
On pourrait commencer à étudier le projet de loi.
D'autre part, on a un mandat, évidemment de l'Assemblée
nationale, pour siéger cet après-midi et ce soir. On devrait
essayer, dans cet esprit de collaboration qu'on essaie d'établir, de
faire tout ce qu'il est possible de faire, pour autant qu'on s'assure que les
avis de ces personnes arrivent à temps pour qu'on puisse discuter
intelligemment des articles clefs du projet de loi. Il me semble que c'est
l'essentiel.
M. Forget: II n'est certainement pas question de poser des
objections à l'offre de collaboration du parti ministériel pour
ce qui est d'entendre les parties intéressées. On ne voudrait
pas, d'un autre côté, en passant tout de suite à
l'étude, article par article, se retrouver un peu assis entre deux
chaises et constater la semaine prochaine que la liste que le
député de Frontenac a à l'esprit est singulièrement
plus courte ou différente de celle que nous avons nous-mêmes
à l'esprit et qu'après la présidence nous dise je
ne peux pas présumer de ses décisions qu'une motion
analogue n'est plus recevable parce qu'on a quitté la période
préalable où ces motions devaient être faites et qu'en
vertu de l'article 4, on ne peut plus convoquer qui que ce soit. Il est
difficile pour moi d'anticiper ces décisions, mais on voudrait
être bien sûr qu'il y a un certain nombre de corps
intermédiaires, comme on dit, ou de parties
intéressées...
M. Grégoire: Est-ce que vous pourriez nous lire la liste
que vous aviez en vue, sans présenter des motions différentes,
seulement nous énumérer les noms au complet?
M. Forget: Oui, c'est très facile.
M. Lalonde: Je l'ai déjà donnée. Ce sont des
représentants de l'Association des mines d'amiante, des
représentants autorisés de General Dynamics, les
représentants...
M. Forget: On dit bien de General Dynamics, on ne dit pas de la
société Asbestos, mais des propriétaires,
effectivement.
M. Lalonde: Troisièmement, les représentants du
Syndicat des travailleurs de l'amiante. Enfin, les membres du conseil municipal
de Thetford Mines. Ce sont ceux et celles, actuellement, qui sont l'objet de
notre demande. Maintenant, cela n'exclut pas d'autres personnes que d'autres
députés pourraient avoir à...
M. Grégoire: L'Association des mines, General
Dynamics...
M. Lalonde: Oui, le Syndicat des travailleurs de l'amiante.
M. Grégoire: Lequel? Il y en a trois. M. Lalonde:
Les syndicats...
M. Forget: Celui qui est impliqué principalement... Mais
en général, les autres aussi, puisque plusieurs... Et je pense,
tous les syndicats, à un moment ou l'autre...
Une Voix: CSN?
M. Forget: ... ont fait des mémoires. Ils y sont tous
allés de leur contribution. Je pense que pour ne pas aviver des
rivalités intersyndicales, par inadvertance, on est aussi bien
d'être le plus large possible de ce côté.
M. Grégoire: Et l'Asbestos Corporation elle-même,
vous l'avez mentionnée?
M. Forget: Oui, cela pourrait être utile, mais c'est
General Dynamics qui, je pense, est peut-être... Sans aucun doute,
l'Asbestos Corporation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Sur la même question, merci. En ce qui nous
concerne, l'Union Nationale, cela rejoint une de nos préoccupations.
D'ailleurs, j'en ai fait mention dans mes remarques préliminaires.
J'aimerais bien qu'on puisse donner suite à cette ouverture qui semble
se faire maintenant, c'est-à-dire de pouvoir obtenir les renseignements
des différents groupes auxquels on vient de faire mention. J'avais
même certaines propositions sous forme de motions à
présenter à ce sujet. Si on peut aborder cette discussion dans un
tout, comme cela, je pense qu'on va gagner du temps. Si le gouvernement
maintient cette ouverture d'esprit et accepte d'entendre les opinions de ces
personnes, je pense que cela va tout simplement accélérer les
travaux de la commission.
Maintenant, j'aimerais qu'il y ait d'autres groupes qui soient
ajoutés à ceux qu'on vient de nommer au cours des discussions.
J'aimerais qu'on puisse entendre, en particulier, les dirigeants de SORES sur
les possibilités de fabrication des produits d'amiante au Québec.
On sait l'importance que revêt cet aspect dans tout le dossier qu'on
s'apprête à étudier actuellement, à cause de
différents éléments, à cause de différents
sujets particuliers. Je pense que ceux qui ont été à la
base de l'étude SORES pourraient, à ce moment, nous apporter un
éclairage dont nous avons absolument besoin pour l'étude
intelligente et complète du présent dossier. On peut simplement
mentionner quelques éléments. On sait, par exemple, qu'il y a
certains obstacles à la création d'une nouvelle firme dans le
domaine de l'amiante, lesquels ont été mentionnés dans
l'étude SORES. A ce moment, on pourrait avoir davantage
d'éclairage là-dessus: La question des frais d'investissement et
de commercialisation, les capacités de production excédentaire,
par exem-
ple, qui représentent actuellement dans le paysage au niveau des
Etats-Unis et du Canada...
Une Voix: Les représentants du parlement
européen...
M. Laplante: La communauté économique
européenne aussi, il ne faut pas l'oublier.
M. Brochu: M. le Président, si vous permettez, je vais
continuer quand même...
M. Ciaccia: Ils ne prennent pas cela au sérieux, les
députés ministériels.
M. Brochu: J'ai l'impression que quelques uns des
députés d'en face ne prennent pas cela au sérieux, mais
c'est un fait... c'est évident.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Laplante: ... communauté économique
européenne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, à l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, M. le député de Frontenac!
M. Brochu: J'aimerais continuer, M. le Président, si vous
me le permettez.
M. Grégoire: A part ça, est-ce qu'il y en a
d'autres...
M. Bérubé: Est-ce qu'on invite le parlement
européen?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Vous ne proposez pas une commission...
M. Brochu: La communauté européenne a
été proposée par un député du Parti
québécois. La communauté des soeurs Grises, je pense, qui
est mentionnée...
M. Grégoire: Est-ce qu'il faut aller en Europe pour les
interroger?
M. Lalonde: ... commission "interrogatoire".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Richmond. (16 h
25)
M. Brochu: Pour revenir sur une note plus sérieuse, nous
aimerions que soient inclus à cette liste les dirigeants de SORES, pour
obtenir davantage de renseignements à ce niveau. Egalement, nous
aimerions, en ce qui nous concerne, pouvoir avoir les remarques du
comité des mines du CRDCE, c'est-à-dire du Conseil
régional de développement des Cantons de l'Est, qui a fait un
travail considérable sur toute cette question de la transformation de
l'amiante, qui a des données fort pertinentes à nous
présenter, qui a d'ailleurs des documents fort étoffés
également. Il serait d'un grand intérêt pour nous de
l'entendre puisque j'ai même cru m'apercevoir qu'après l'annonce
de la politique de l'amiante que le gouvernement entend prendre,
déjà, certains commentaires pourraient être émis, de
la part de ces gens-là, qui pourraient même être de nature
à aider le gouvernement. Je rappellerai au gouvernement que, justement,
les documents qui ont émané de ce comité l'ont
peut-être aidé à fabriquer sa politique en matière
d'amiante. Je pense qu'après cette cristallisation de volonté
politique au niveau du projet de loi 70, le gouvernement aurait
intérêt à revoir le point de vue de ces personnes
impliquées qui, par leur travail, ont donné lieu, pour ainsi
dire, à cette politique de l'amiante. Alors, j'insiste sur ce point. Les
dirigeants de la firme SORES, le comité des mines du Conseil de
développement des Cantons de l'Est auraient grand intérêt
à être entendus.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Le député de Frontenac posait des
questions et je considère que ces questions sont sérieuses;
même s'il semblait vouloir les faire dans un esprit de plaisanterie plus
ou moins approprié, je crois que c'est tout à fait normal que les
gens soient entendus...
M. Grégoire: Je pense que le plus plaisantin
là-dedans n'est peut-être pas celui à qui vous pensez, mais
celui qui parle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Mais, comme ils peuvent poser des questions, à
savoir s'il y a d'autres personnes qui devraient être entendues, je pense
qu'effectivement, il y a des gens qui ont fait des contributions dans ce
secteur. Je pense en particulier au Conseil régional de
développement des Cantons de l'Est qui a fait une étude
cela a été mentionné, je m'excuse, je n'avais pas saisi
et il y a non seulement les auteurs de l'étude SORES, M. Legault
et les autres qui ont été mentionnés par le
député de Richmond, mais il y a également les
études auxquelles a travaillé le professeur Roma Dauphin du
département d'économique de l'Université de Sherbrooke,
dont l'une d'elles n'est d'ailleurs pas publiée, n'est donc pas
nécessairement facilement accessible à tous les membres de la
commission, qui pourraient fort bien s'ajouter à la liste avec beaucoup
d'à-propos.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A ce
stade-ci, devant ce consensus qui semble se dégager de la commission,
j'aimerais quand même vous informer des dispositions de notre
règlement relativement à ces comparutions, et relativement
surtout au mandat de notre commission parlemen-
taire. Il est bien entendu qu'un genre de motion comme celle
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys est
pleinement recevable puisque j'en ai déjà reçu de
semblables. Le député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas
spécifiquement utilisé l'article 153, puisque ce n'est qu'une
invitation, il n'a pas "requis de", mais il invite quelqu'un et il est bien
sûr que nous pouvons inviter un, deux et on peut inviter vingt-cinq
organismes à venir devant nous, mais je voudrais quand même mettre
en garde les membres de la commission parlementaire. S'il fallait que ces
invitations se fassent à un nombre trop grand d'associations, on en
viendrait peut-être à éliminer le but premier de notre
commission qui est d'étudier le projet de loi article par article. On
peut étudier un projet de loi article par article tout en convoquant
certaines personnes à venir nous voir; c'est bien sûr, je le
répète.
D'autre part, si on se sert de cette disposition du règlement
pour inviter 15, 18 et 20 organismes, à ce moment-là, notre
commission parlementaire se transforme presque en une commission parlementaire
de première lecture et on ne remplit pas notre mandat d'étudier
le projet article par article. Je vous rappelle l'article 152 qui dit
qu'à la suite d'une motion annoncée, l'Assemblée nationale
peut, par des instructions spéciales, étendre les pouvoirs d'une
commission élue. Je voudrais tout simplement rappeler le corridor qui
doit nous guider: étudier article par article le projet de loi. On peut
inviter des personnes à venir nous rencontrer, mais il ne faudrait pas
que, par le nombre de personnes que l'on invite, même par consentement
unanime de tous les membres de la commission parlementaire, on en vienne
à oublier notre mandat premier non pas unique, mais premier
d'étudier article par article le projet de loi. Je soumets le
tout à votre considération. Ce sont tout simplement des mises en
garde, mais je voudrais respecter le mandat que nous avons, tout en invitant
certaines associations.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys et, après, le
député de Richmond.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai donc fait une motion
formelle que vous avez acceptée, comme président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: A la suite de cette motion, il y a eu des
interventions qui m'ont indiqué que le gouvernement était
prêt à considérer la possibilité d'inviter plusieurs
personnes. Nous en avons donné une liste, nous sommes rendus
peut-être à six ou sept. Ce n'est sûrement pas le but de ma
motion de transformer, de changer la nature de cette commission, mais je pense
que la motion est tellement importante... Elle l'est pour tous les membres de
cette commission, elle l'est pour l'Assemblée nationale et elle l'est
pour tous les Québécois, non seulement au point de vue
symbolique, non seulement à cause de l'importance de l'industrie chez
nous, mais aussi à cause des montants en jeu. Je ne pense pas, quant
à moi, que d'entendre une dizaine, peut-être un peu moins,
d'intervenants soit de nature à changer la commission, à la
transformer en une autre sorte de commission. Là-dessus, je compte sur
votre bon jugement, comme président, pour mesurer le moment où ce
sera dangereux et nous rappeler, à ce moment-là, à
l'ordre, quitte à recourir éventuellement à l'article
152.
I! me semble qu'il y a une espèce de consentement, enfin un
commencement de consensus, sinon de consentement, à considérer
positivement cette possibilité. Il n'y a aucun doute que nous allons
nous fonder sur un accord formel ici, non seulement du député de
Frontenac, mais aussi du ministre, pour considérer que notre demande est
acceptée. Je ne peux pas aller beaucoup plus loin que cela, étant
donné qu'il semble qu'on veuille l'accepter. Je fais appel au ministre
pour nous indiquer s'il accepte formellement que cette commission convoque ou,
enfin, invite les représentants de ces organismes ou les personnes que
nous avons mentionnées, que le député de Saint-Laurent a
mentionnées, de même que le député de Richmond.
Lorsque cet accord sera formel, à ce moment-là, M. le
Président, il s'agira de considérer comment nous organiserons le
déroulement de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Délimiter le nombre de jours, et ainsi de suite.
M. Lalonde: Oui.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
Est-ce que vous n'auriez pas, dans ce sens-là... Moi, comme
président, je semble constater un commencement de consensus, du moins
tacitement, mais je ne voudrais quand même pas que le consentement,
même unanime, de tous les membres de la commission vienne faire
disparaître les dispositions de notre règlement relativement au
mandat que j'ai. A titre de président, s'il y a une entente entre tous
les partis ici représentés sur un nombre précis
d'intervenants et si le nombre me paraît très élevé,
à ce moment-là, je n'hésiterai pas à demander
à un membre de la députation, quel qu'il soit, de
présenter une motion, en vertu de l'article 152, pour que
l'Assemblée nous donne un mandat plus large et que je me sente beaucoup
plus en sécurité.
D'autre part, si je juge que le nombre est raisonnable et qu'il y a une
entente entre les partis quant au nombre de jours ou au nombre d'heures
à être allouées à chaque intervenant, à ce
moment-là, on pourra se passer de l'article 152. Mais vous comprendrez
que c'est par mesure de prudence que je fais cette mise en garde. Ce n'est pas
une décision, en fait, c'est une constatation.
M. Brochu: M. le Président, sur la même question
justement. Comme vous le dites si bien, je
pense qu'il semble se dégager un certain consensus, du moins
autour de l'audition d'un certain nombre, restreint, de groupements se
rattachant directement à l'étude du projet de loi en cours. Je
comprends, par ailleurs, M. le Président, votre hésitation
lorsque vous dites que vous voulez avoir la certitude d'avoir un mandat de
l'Assemblée nationale pour mener les travaux de cette commission
parlementaire dans son travail même, dans le choix de ses moyens.
Par contre, je vous rappellerai, M. le Président, que j'ai
posé la question au leader du gouvernement à l'Assemblée
nationale, demandant justement s'il serait possible d'entendre certains
groupes, des experts ou des groupes intéressés directement par le
projet de loi no 70, ce qui comprenait essentiellement les groupes visés
par la proposition du député de Saint-Laurent et par les
propositions que je viens de faire au nom de l'Union Nationale, à savoir
des représentants de la municipalité, des syndicats, quelques
syndicats, à savoir le groupe SORES et les trois principaux qui nous
occupent: l'Association des mines, le CRDCE (Conseil régional de
développement des Cantons de l'Est et l'association des mines comme
telle. Donc, M. le Président, je pense que ce qui se dégage,
c'est d'abord un certain consensus au niveau des gens, à s'entendre.
Deuxièmement, je vous rappelle, M. le Président, qu'il semble
qu'on ne veuille pas dépasser, à ce stade-ci, un nombre restreint
de groupes, ce qui permettrait un travail assez court de ce côté,
et permettrait à la commission, par la suite, de débloquer dans
ses discussions de façon générale. Alors, M. le
Président, je tiens à souligner aussi qu'il serait important, si
ce consensus s'établit de façon générale et qu'on
s'entend sur sept ou huit organismes, comme cela semble être le cas,
qu'on puisse entendre ces organismes, avant de procéder à
l'étude article par article, à cause des incidences, avec un
calendrier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bien,
là-dessus, j'ai une autre directive, pour les membres de la commission
parlementaire.
M. Brochu: Je m'excuse, M. le Président...
M. Raynauld: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bien,
écoutez, c'est justement ce que je voulais dire; cela a rapport à
cela. Encore là, je pense que les membres de la commission doivent
savoir cela. Sans préjuger du sort de la motion du député
de Marguerite-Bourgeoys, que j'ai déclarée recevable d'ailleurs,
si elle est adoptée par cette commission parlementaire, il faut que les
membres de la commission sachent que le corridor de discussion sera restreint
quant aux questions à être posées en dehors du principe du
projet de loi qui a été adopté en deuxième
lecture.
Donc, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous ne sommes pas une
commission parlementaire ayant pour but d'entendre des organismes qui viennent
nous soumettre des mémoires, et que les questions que je permettrai d'un
côté ou de l'autre ne pourront jamais et jamais remettre en cause
le principe du projet de loi, mais devront s'attaquer et se borner à des
modalités du projet de loi. Il ne faut jamais oublier que le principe a
été adopté en deuxième lecture et que je ne peux
permettre à des associations invitées ce que je refuse aux
membres même de cette commission parlementaire, c'est-à-dire
d'attaquer le principe d'un projet de loi en commission. Alors je pense qu'on
ne peut céder plus de droits qu'on en a. Même si la comparaison
semble boiteuse, je l'utilise pour dire qu'autant le député de
Marguerite-Bourgeoys ne peut présenter une motion pour battre en
brèche le principe du projet de loi, autant je défendrai au
ministre et à toute autre personne de poser des questions sur les
principes du projet de loi à nos invités. Cela je pense, c'est
important que ce soit dit.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, il n'y a aucun
problème là-dessus, d'ailleurs, même si on n'acceptait que
ma motion, on serait lié par le mandat de l'Assemblée nationale;
le principe est accepté, alors il n'y a aucun problème
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il fallait le dire.
M. Lalonde: Oui, je vous remercie de me l'avoir rappelé.
J'invite le ministre à indiquer où il se situe
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Marguerite-Bourgeoys est
déclarée recevable et reçue. Alors, discussion sur la
motion qui se lit ainsi: "Que cette commission invite les représentants
de l'Association des mines d'amiante du Québec à se faire
entendre le mardi 21 mars 1978, à 20 heures, devant cette commission
afin de renseigner les membres et intervenants de cette commission". M. le
ministre.
M. Bérubé: Alors M. le Président, votre
intervention ou votre directive a touché le point sensible et je pense
que nous devons en être conscients tous ensemble. En effet, il ne s'agit
pas ici d'une commission parlementaire de deuxième lecture, où,
comme membres de la commission, nous viendrions entendre tous les intervenants
susceptibles de donner leur idée de ce que devrait être la
politique de l'amiante du gouvernement. Nous sommes ici mandatés par
l'assemblée pour discuter, article par article, d'un projet de loi. Il
va de soi qu'inviter, à titre d'exemple, le Conseil régional de
développement des Cantons de l'Est, qui a pris position politique sur
une approche à une politique de l'amiante, c'est évidemment le
faire pour des raisons politiques et non pour des raisons techniques. On
n'essaiera pas de discuter de la structure du conseil d'administration, de la
façon d'élire les administrateurs, on ne discutera pas du budget
de la Société nationale de l'amiante, mais en fait nous
discuterons, à savoir
si la politique gouvernementale de l'amiante est valable, compte tenu de
ce qu'eux préféreraient, c'est-à-dire au contraire,
l'achat total de toutes les mines de la région de Thetford, la fusion
pour la création d'un moulin central avec également la
création d'une régie de mise en marché. Voilà donc
un débat politique qui a eu lieu en deuxième lecture et ce n'est
certainement pas la place et ce ne doit pas être la place et ce ne devra
pas être la place ici. En ce sens, je ne serais pas d'accord pour inviter
des organismes dont les connaissances techniques n'aideront pas cette
commission à pouvoir porter des jugements qui sont propres au projet de
loi, mais qui, en fait, ne nous apporteront que des points de vue politique
à une politique globale. (16 h 40)
Qu'est-ce que je constate? Dans le cas de SORES, il m'apparaît
effectivement que, parlant de transformation, cette entreprise est certainement
apte à éclairer cette commission concernant le
développement d'une industrie de transformation au Québec.
Lorsque je regarde le Syndicat des travailleurs de l'amiante, sa position
antérieure a évidemment été plutôt politique
puisque ces gens ont prôné la nationalisation intégrale de
l'industrie. Par conséquent, l'intérêt qu'il pourrait y
avoir porterait surtout sur l'état de l'usine en question, sur les
problèmes de salubrité dans cette industrie, sur les
problèmes de l'amiantose, sur l'impact que ça peut avoir sur la
rentabilité de l'industrie.
On peut donc voir certaines raisons. Quant au conseil municipal de
Thetford, je m'interroge, à moins qu'on parle de la localisation du
siège social à Thetford, par exemple, M. le député,
auquel cas je vois tout de suite le député de Richmond protester.
Il trouverait beaucoup plus normal que le siège social et le laboratoire
de recherche soient situés à Asbestos, il va de soi. Evidemment,
il y aurait là un beau débat, mais, malheureusement, je pense que
le siège social de la Société nationale de l'amiante n'est
pas défini dans le projet de loi et j'y verrais là une
déformation très nette des objectifs de l'Assemblée
lorsqu'elle nous envoie siéger à cette commission.
Personnellement, je préférerais quelques heures de
réflexion qui me permettraient de pouvoir prendre position et je
préférerais attendre à ce soir pour donner un avis
définitif.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'à ce stade-ci, je me dois de redonner la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys puisqu'il a présenté
une motion reçue et que le ministre nous dit qu'il demande un
délai de réflexion. Qu'est-ce qu'on fait de la motion M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: M. le Président, je vais naturellement
profiter de l'ouverture que le ministre a faite pour tenter de le convaincre.
Je serais fort malvenu de suspendre le débat, sachant qu'il
réfléchit actuellement, qu'il a demandé quelques heures de
réflexion. Je pense que c'est dans un terrain très fertile que
mes propos vont être semés et je man- querais à mon devoir
si je ne profitais pas des largesses du règlement pour tenter de
convaincre le ministre, non seulement d'apporter une réponse affirmative
quant aux organismes qu'il a laissés en plan dans son exposé,
mais aussi quant à ceux qu'il semble vouloir éliminer, à
ma grande surprise, comme le Syndicat des travailleurs de l'amiante, comme le
Conseil régional de développement de l'Estrie. Je pense que c'est
faire fort peu de cas de la représentativité de ces organismes
que de les éliminer au départ, quand on parle d'une politique de
l'amiante, parce qu'il ne faut quand même pas "chausser " ses
oeillères, comme dirait un de mes collègues, pour ensuite penser
qu'on ne va discuter que du nom de la société, à l'article
1, de la constitution de la société, à l'article 2, un
sujet encore très restreint.
C'est toute la politique de l'amiante du gouvernement qui est mise en
question ici, qui doit être discutée, comme on l'a fait,
d'ailleurs, au niveau de la deuxième lecture.
M. Bérubé: Nous devrons voter contre votre motion
si c'est bien ce que vous entendez.
M. Lalonde: Comprenez-moi bien, je n'ai pas dit...
M. Bérubé: Je crois vous avoir bien compris.
M. Lalonde: Je n'ai pas dit qu'il fallait remettre en question le
principe du projet de loi, mais dans ses modalités, dans les pouvoirs de
la société, il y a toutes sortes de considérations
pratiques qui ne sont pas que des considérations techniques. Le Conseil
régional de développement de l'Estrie, par exemple, pourrait
apporter un éclairage sur la façon de s'y prendre. Ce n'est pas
le principe de la loi. Le principe de la loi, c'est la création d'une
société avec un certain nombre de pouvoirs. Il ne faut pas non
plus s'enserrer dans une attitude tout à fait fermée, à
savoir que, si on suggère d'étendre les pouvoirs de la
société, à ce moment-là, on viole le principe qui a
été adopté.
Je pense que là-dessus, il va falloir que le président
soit quand même juste. A l'égard d'un certain nombre d'articles,
il n'y a aucun doute que le Syndicat des travailleurs de l'amiante et le
Conseil régional du développement auront des propositions, des
suggestions à faire, qui n'iront pas à l'encontre du principe. Il
faut bien que le ministre me comprenne là-dessus. Lorsque, à
l'article 4, on parle de la recherche, du développement et de
l'exploitation de gisements d'amiante, y compris la mise en marché de la
production, il faut faire confiance à ceux qui sont dans le milieu
depuis si longtemps, comme le Conseil régional de développement
de l'Estrie et le Syndicat des travailleurs de l'amiante, pour nous apporter
des données qui vont nous éclairer sur la façon
d'aménager les pouvoirs de cette société. Cela ne va pas
à l'encontre des principes, au contraire. Cela va dans le sens
d'habiller ces principes avec des modalités bien réalistes qui
vont permettre au gouvernement d'avoir une politique de l'amiante plus
articulée et plus efficace.
Quant à l'Association des mines d'amiante plus
particulièrement, naturellement, le ministre semble tenté...
enfin, il ne l'a pas éliminée, au départ, comme il a
semblé le faire pour le syndicat et pour le conseil régional.
Par exemple, en ce qui concerne le conseil municipal de Thetford Mines,
voilà des gens qui sont intéressés au plus haut point
à ce que la société obtienne dans la loi des pouvoirs
suffisants, bien déterminés, bien décrits, pour que
l'aménagement de toutes les activités de transformation que la
société pourrait faire soit fait en conformité avec un
plan de développement, un plan d'urbanisme de la ville de Thetford
Mines, et cela, en laissant de côté la question du siège
social. Je sais que le député de Frontenac fera son devoir pour
obtenir que le siège social de la société soit
situé chez lui. Si le député de Richmond et le
député de Frontenac ne s'entendent pas, on pourra toujours
l'installer dans le beau comté de Marguerite-Bourgeoys. Il n'y a aucun
doute, c'est comme Merlin, que mes électeurs se réjouiraient
d'avoir le siège social de la Société nationale de
l'amiante chez eux.
M. Laplante: Vous passeriez avec 500 000 de majorité.
M. Lalonde: M. le Président, que le député
de Bourassa ne s'inquiète pas de ma majorité, dans quelques mois,
il verra qu'elle aura grandi des erreurs multipliées du
gouvernement.
M. Laplante: ... elle a grandi à 6000. Je suis content,
dans quelques mois...
M. Lalonde: M. le Président, je vais suspendre mon propos
au sujet de la motion, espérant que d'autres interventions pourront
élargir encore davantage la bonne volonté du ministre, la bonne
foi des députés ministériels quant à notre motion.
Vous savez, peu de députés autour de cette table peuvent dire
qu'ils sont experts dans l'établissement de sociétés
nationales, encore moins de sociétés nationales de l'amiante,
encore moins dans les activités plus précises que le gouvernement
destine à cette société, à savoir la recherche, le
développement et l'exploitation de gisements d'amiante, la mise en
marché de la production, toute activité industrielle,
manufacturière ou commerciale reliée directement ou indirectement
à la transformation de la fibre d'amiante. C'est très large. Je
pense que ce n'est pas être trop modeste que de dire que nous avons
besoin d'éclairage.
Le ministre, naturellement, est entouré d'experts qui peuvent lui
donner des paramètres, des informations, des renseignements, qui peuvent
le diriger, le conseiller, mais il faut quand même tenir compte du fait
que c'est la commission parlementaire et non pas le ministre qui va
décider. La commission parlementaire est l'émanation de
l'Assemblée nationale et c'est le pouvoir législatif. Le ministre
fait partie du pouvoir exécutif. Si c'était seulement le ministre
qui décidait, on n'aurait pas besoin d'être ici, on s'en irait
chacun chez soi. Mais, pour faire notre travail comme il faut, il faut que nous
soyons éclairés davantage.
Nous n'avons, actuellement, qu'une décision gouvernementale. Nous
avons un mémoire, une étude que l'OPDQ a déclaré
être tout à fait insatisfaisante. Nous avons un commencement de
projet de mémoire d'un ministre...
M. Grégoire: Pourrais-je vous poser une question?
M. Lalonde: ... le troisième avant-projet, je pense, et
une lettre du fédéral. Voilà ce que nous avons pour nous
décider. C'est à savoir si nous faisons une bonne loi
actuellement. Je pense que, quant à moi, je n'ai pas suffisamment de
renseignements.
M. Grégoire: Pourrais-je vous poser une question?
M. Lalonde: Oui, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Etant donné que cette motion porte sur
une invitation aux représentants de l'Association des mines d'amiante du
Québec, pourriez-vous nous éclairer en nous disant quelles sont
les questions que vous avez l'intention de leur poser en fonction de la loi
70?
M. Lalonde: Oui...
M. Grégoire: Pourriez-vous nous éclairer pour voir
si cela vaut la peine de les déranger et de les faire venir, parce qu'on
sait qu'ils ont déjà présenté un rapport
étalant complètement leur position sur la politique de l'amiante
du gouvernement du Québec? Vous avez dû le lire, je suppose, du
moins je le crois. Pourriez-vous nous indiquer quelles sont les questions que
vous avez l'intention de leur poser?
M. Lalonde: Le député de Frontenac ne peut pas
s'imaginer une seule question à poser à l'Association des mines
d'amiante?
M. Grégoire: Oui, mais je voudrais savoir quelles sont
celles que vous avez l'intention de poser.
M. Lalonde: S'il en a déjà à l'esprit,
pourquoi ne fait-il pas confiance aux membres de cette commission pour poser
les questions pertinentes?
M. Grégoire: Celles que j'aurais à leur poser, ils
leur ont répondu dans leur mémoire étalant leur position.
Ce sont eux autres qui ont étalé leur position.
M. Lalonde: Naturellement, si le député de
Frontenac a une connaissance totale et entière de la question...
M. Grégoire: Non, je ne dis pas cela, mais, est-ce que
vous avez des questions? En avez-vous une comme exemple?
M. Lalonde: ... je ne pourrai pas l'accuser de modestie.
M. Grégoire: En avez-vous une? Donnez-nous une
question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Grégoire: Si vous nous en donnez une, on va voir.
M. Lalonde: M. le Président, je ne pense pas que le
député de Frontenac contribue, de façon
intelligente...
M. Grégoire: Non, mais seulement une question. C'est quand
on n'a pas de réponse. Une question.
M. Lalonde: ... aux délibérations en tentant de
réduire le débat justement à une question qu'on aurait
à poser. Ce n'est pas très sérieux. Nous allons... Nous le
sommes d'ailleurs. Normalement, je ne dirais pas au député de
Frontenac quelle question j'ai à poser, parce que, si c'était au
député de Frontenac que j'avais à poser la question, je la
lui poserais maintenant, mais, c'est à des intervenants qui seront
invités ici. Je pourrai changer d'idée d'ailleurs sur les
questions, d'ici au moment où ils viendront devant nous. Je ne pense pas
que ce soit là une contribution sérieuse du député
de Frontenac aux délibérations.
Si je lui disais, par exemple, les deux ou trois principales questions
qui me viennent à l'esprit, il m'accuserait, lorsque les
représentants seraient devant nous, d'avoir changé d'idée,
de l'avoir trompé, d'avoir retenu des questions et d'avoir manqué
de transparence.
Je pense que nous devons laisser à chaque membre de cette
commission la liberté complète de poser les questions à
l'intérieur du corridor que le président nous a bien
défini...
M. Paquette: Défini par le président!
M. Lalonde: ... des questions que nous pensons pertinentes au
moment où nous aurons à converser avec ces gens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que, justement, la
question du député de Frontenac a pour effet de savoir quels
organismes peuvent contribuer, dans le cadre du corridor défini par le
président de la commission... (16 h 55)
Evidemment, je pense qu'on est d'accord sur le principe de recevoir un
certain nombre d'organismes dans un temps limité qu'il s'agit de
définir, pour nous éclairer, j'irais même jusqu'à
dire sur le contexte dans lequel la loi se situe. Toute question qui est
reliée à un article, au sujet d'un article du projet de loi,
puisque c'est la tâche qui nous est confiée par l'Assemblée
nationale, est tout à fait pertinente, mais encore faut-il s'assurer que
les organismes qu'on va convoquer pourront nous donner des renseignements sur
ces articles. Si tous les partis sont d'accord, je suggérerais qu'on
mette cette proposition du député de Marguerite-Bourgeoys et
toute la question des organismes à inviter sur la glace jusqu'à
20 heures ce soir. Il nous reste une heure de travaux. On pourrait passer,
d'ici là, aux autres motions ou questions que les députés
veulent soulever sur le fonctionnement de la commission. Nous pourrions
réfléchir à cette question et déterminer une
période fixe pendant laquelle nous pourrions recevoir les organismes,
pour autant que ces organismes puissent nous éclairer sur le projet de
loi dans le cadre du corridor défini par la présidence.
J'aimerais savoir si les autres partis sont d'accord sur cette
suggestion. Si oui, j'aimerais qu'on passe aux autres modalités de
fonctionnement, qu'on vide cette question et qu'on revienne ce soir, à
20 heures, à la question des organismes à convoquer, parce qu'on
n'y arrivera pas, de la façon qu'on est parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
céder la parole au député de Saint-Laurent et tout en
parlant encore du corridor, puis-je me permettre de vous dire qu'il y aurait
peut-être deux façons possibles de procéder?
C'est-à-dire que les organismes invités vous pourrez
réfléchir là-dessus, c'est une suggestion de la
présidence; tenez pour acquis que la présidence est là
pour protéger le respect de notre règlement et du principe du
projet de loi pourraient être invités aux séances de
la commission parlementaire. On pourrait alors adopter l'un des deux modes
suivants: Premièrement, chaque association présente un
exposé formulant les observations qu'elle désire, mais portant
uniquement sur tel ou tel article spécifique de la loi. En
résumé, telle association vient dire: Je demanderais l'article 1
de telle façon, l'article 8 de telle façon. Deuxième
façon de procéder: A l'appel de chacun des articles de la loi, on
demande aux organismes présents s'ils ont des observations. Exemple:
article 1. Est-ce qu'il y a des organismes qui veulent se faire entendre sur
l'article 1? Ainsi, on sera assuré qu'il ne sera pas question du
principe et que la commission se conformera strictement à son mandat,
c'est-à-dire celui d'étudier le projet de loi article par
article. Je pense que cela limite encore plus le corridor.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je ne cède pas mon
droit de parole, mais, si c'est une question très brève qui
appelle une réponse brève, je suis bien prêt à
laisser parler le député de Bourassa.
M. Laplante: En somme, on parle d'inviter des gens. Le
député de Saint-Laurent nous a remis un mémoire au
début de la séance. Aucune signature dans le mémoire, on
ne sait pas si c'est véridique.
On ne sait pas où cela a été pris. Est-ce que vous
auriez objection...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa, vous êtes complètement à
l'encontre du règlement.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection à répondre
à la question du député de Bourassa.
M. Laplante: Pour finir ma question: Est-ce que vous auriez
objection qu'on invite au moins celui qui a fait ce mémoire pour qu'on
puisse le connaître, pour avoir des références?
M. Forget: Je vais vous référer à ce qu'a
dit votre ministre hier en déposant un document du même acabit. Il
nous a, fort savamment d'ailleurs, développé une théorie
constitutionnelle qui m'était inconnue et qui, j'en suis sûr, est
du droit nouveau, mais qu'on doit accepter, je pense bien, comme étant
la nouvelle situation de droit quant aux documents pubiics, c'est-à-dire
qu'un document non signé, mais ayant toutes les apparences d'avoir
été fabriqué sur la papeterie officielle du gouvernement,
était un document officiel, et que, quand il était signé,
par contre, il n'engageait que son auteur; mais un document non signé
était un document gouvernemental.
M. Bérubé: Je m'oppose, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
question à l'encontre du règlement du député de
Bourassa a amené une réponse à l'encontre du
règlement.
M. Forget: Je vous réfère...
M. Bérubé: Pourrais-je faire un commentaire
à l'encontre du règlement?
M. Forget: Je vous réfère au journal des
Débats d'hier.
M. Laplante: C'était intéressant...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laplante: Qui a signé ce document?
M. Forget: Je reprends mon droit de parole, mais sur le sujet
original que j'avais à l'esprit. Je le ferai sur la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys. Je le fais pour réagir
à la fois à ce qu'a dit le ministre, dans un premier temps, et
à la question-commentaire qu'a formulée le député
de Frontenac.
Premièrement, j'ai été saisi d'étonnement en
entendant la distinction assez curieuse qu'a faite le ministre entre des
interventions de caractère politique émanant de groupes, qui
pourraient être invités devant nous, et des interventions de
caractère technique. Il est clair que les illustrations qu'a choisies le
ministre, à savoir, d'une part, le CRDE, les syndicats, ou, d'autre
part, le conseil municipal, illustrent sa pensée et, d'ailleurs, il l'a
fait de façon assez explicite. Il a dit: Ces organismes-là se
sont exprimés dans le dossier, ils se sont, en quelque sorte ce
n'est pas lui qui l'a dit, mais il l'a laissé entendre
disqualifiés de se prononcer sur les aspects du projet de loi, et on
doit présumer d'avance que, s'ils viennent devant nous, ils ne
respecteront pas...
M. Bérubé: ... M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Vous me corrigerez après, si je vous ai mal
interprété. C'est clair que vous avez indiqué qu'on
n'avait pas d'intérêt à entendre ces groupes puisqu'ils
s'étaient déjà commis vis-à-vis de la politique
gouvernementale et qu'ils ne pourraient pas respecter l'esprit de nos travaux,
ni même vos directives, M. le Président, et se confiner à
des commentaires sur des articles du projet de loi. Je pense que c'est
présumer beaucoup. Je pense que l'opinion du ministre n'était pas
définitive. Il a exprimé un doute je le veux bien
mais c'est un doute assez curieux, surtout au sein d'une commission
parlementaire, que de dire qu'on n'invitera pas ou que ce n'est peut-être
pas opportun d'inviter tel ou tel groupe, parce qu'il pourrait exprimer des
opinions politiques. Si c'était cela, je pense bien qu'on n'inviterait
plus grand monde, parce que cela arrive assez fréquemment, malgré
tout, j'ai cru remarquer cela...
M. Bérubé: ... déjà assez.
M. Forget: Oui. J'ai cru remarquer que cela arrivait de temps
à autre que des organismes expriment des opinions politiques.
Après tout, on est ici pour les entendre et être en
désaccord ou en accord avec les opinions qu'ils expriment, ce qui ne
veut pas dire qu'à l'occasion de l'expression d'opinions, auxquelles ils
ont droit comme n'importe quel autre citoyen du Québec, ils n'ont pas
des points de vue à faire valoir quant à la façon dont
leurs intérêts particuliers ou leurs connaissances
particulières du milieu peut aider à éclairer. Je pense
que cela, c'est assez normal de voir que, par exemple, le conseil municipal...
Et cela m'amène à toucher un peu le deuxième aspect,
auquel je pensais tout à l'heure, la question du député de
Frontenac.
Le conseil municipal, bien sûr, a pu se prononcer dans une telle
ou telle direction sur un plan politique, mais il a aussi des choses à
nous dire pour nous faire saisir les problèmes, par exemple,
d'aménagement urbain et les coûts d'aménagement urbain ou
du réaménagement urbain qu'implique une industrie comme
celle-là et les implications qu'il pourrait vouloir voir dans la loi ou
ne pas vouloir y voir, quant aux obligations de la Société
nationale de l'amiante, vis-à-vis de ce genre de problème.
Même si ces conseils se sont exprimés sur un point de vue
politique, je pense que j'aimerais bien savoir quel genre de
préoccupations, ils ont à l'esprit et si, oui ou non, la loi,
dans sa facture actuelle, à tel ou tel article, les satisfait à
cet égard-là. La même chose pour le CRDE.
Je pense bien que ces gens sont assez honnêtes pour accepter les
balises des lois, du fait que la deuxième lecture est passée, et
pour nous donner, sur la base des principes déjà acceptés,
au moins des réactions, en disant comment limiter les
dégâts en faisant telle ou telle chose, en faisant ce que vous
voulez faire, qui n'est pas de notre goût, mais en le faisant au moins de
telle et telle façon, avec telle et telle modalité, et cela
pourrait être utile. C'est le genre de question que l'on a à
l'esprit, bien sûr. Vous ramènerez à l'ordre nos
invités, M. le Président, s'ils s'égarent dans des propos
politiques comme le dirait le ministre, mais, je pense bien qu'ils ont des
choses à nous dire.
L'Association des mines d'amiante a certainement des choses à
dire en particulier et ceci est, quant à moi, un peu un fait nouveau,
quant à sa divulgation publique, étant donné ce que vient
de nous dire, il y a une heure à peine, le ministre des Richesses
naturelles, relativement au cheminement de ces discussions, sur les contrats ou
les ententes je ne me rappelle plus quel est le terme exact disons les
ententes de développement.
Le ministre nous a quand même dit une chose qui, à mon
avis, est intéressante. C'est que, sans pouvoir être absolument
sûres actuellement les conclusions du rapport SORES pourraient
s'actualiser par une collaboration volontaire de la part de l'industrie, ce qui
laisse soupçonner que, dans le fond, la société de
l'amiante, tout en étant créée et tout en se
réalisant conformément au principe adopté en
deuxième lecture, pourrait ne pas nécessairement déboucher
sur une prise de possession d'une industrie ou d'une entreprise
particulière au sein de l'industrie, puisque, déjà, on
voit que la politique en question pourrait s'actualiser autrement. J'aimerais
bien avoir des commentaires. N'oublions pas une chose, c'est que l'Association
des mines d'amiante, comme l'a indiqué le ministre, a eu une attitude
qui a varié dans le temps et de façon assez remarquable. Je crois
que le point tournant est intervenu au début de 1975. Avant 1975 et
avant l'incendie, avant les travaux du CRDE, avant les mémoires de la
CSN et de la CSD, ils n'avaient peut-être pas pris conscience de leurs
obligations sociales et ces événements ont rendu palpable, pour
eux, le fait qu'ils étaient devant une situation qu'ils ne pouvaient
plus ignorer.
Au début de 1975, l'association a commencé à
reconnaître l'existence de ces obligations sociales et c'est d'ailleurs
ce qui l'a amenée à financer l'étude SORES donc, il
y a déjà eu une évolution à ce moment-là
étude que l'association a financée seule puisque le
gouvernement, à l'époque, n'avait pas voulu s'y associer,
étant encore méfiant de ses intentions. On se demandait, du
côté du gouvernement de l'époque et je pense que
c'est facile à saisir si son désir de nous impliquer dans
le financement de l'étude était de nous' impliquer, au fond, dans
sa conclusion qu'on pouvait soupçonner à l'époque
d'être plutôt négative vis-à-vis de la
possibilité d'une transformation. On a été heureusement
surpris par les résultats de l'étude. Encore que ce ne soit pas
tout en rose, le tableau que trace l'étude SORES! Il reste que cela n'a
pas évolué de façon aussi pessimiste qu'on avait pu le
croire. C'est d'ailleurs pourquoi la décision aurait pu être moins
méfiante, de la part du gouvernement de l'époque, et il aurait pu
accepter de se joindre au financement pour, peut-être, en
accélérer la réalisation. Mais, peu importe.
Il reste qu'il y a eu cette évolution, une évolution qui
se continue. Donc, c'est le genre de questions que l'on aimerait poser. Etant
donné cette évolution, étant donné les
constatations que vous avez faites durant les derniers mois, jusqu'à
quel point, dans l'actualisation de l'article 4, par exemple, voyez-vous le
gouvernement s'engager? C'est une question qui respecte le principe de
deuxième lecture et ce n'est qu'une indication générale du
genre de questions qu'on peut poser, mais qui seraient extrêmement
éclairantes pour les membres de la commission.
En terminant sur ce sujet, un dernier point, M. le Président. Je
remarque et cela arrive souvent au début de l'étude d'un
projet de loi majeur que le côté ministériel se
sent, au fond, à l'orée de la forêt. Les
ministériels sentent qu'ils ne sont pas sortis du bois et puis ils se
disent: Cela va être long, etc. Je comprends que cela va être long.
D'accord, tout le monde le sait, on ne fait pas de secret. Cela va être
long parce que c'est un projet important...
M. Grégoire: ... dans le tunnel, vous voulez dire.
M. Forget: ... et on va effectivement vouloir en débattre
longuement. C'est correct, je pense que c'est accepté de part et
d'autre. Mais pourquoi ne pas le faire dans un esprit un peu plus positif? On
ne vous tend pas de traquenard, on voudrait tout simplement que la population
soit sensibilisée à ce qui nous apparaît, nous, être
des raisons qui ne favoriseront pas votre opinion. Si votre opinion est
valable, si vous êtes sûrs des conclusions auxquelles vous
êtes arrivés, vous ne pouvez pas perdre sur le grand
éclairage.
Donc, ce n'est vraiment pas un piège qu'on vous tend. Ce ne peut
être un piège; cela ne pourrait justifier votre espèce
d'allure défensive relativement à ces invitations que si vous
pensez qu'on va avoir des révélations d'une contradiction
flagrante avec la politique que vous avez suivie. Il n'y a vraiment pas de
raison de douter; moi, il me semble que si j'étais à votre place,
je ne douterais pas de l'occasion de faire un éclairage plus grand sur
une chose qui, quand même, est drôlement importante. De toute
manière, on va y passer du temps, à cette étude; autant
passer le temps de façon utile, de façon éclairante pour
l'opinion publique, que de le faire dans des débats stériles
où on ne va faire que s'engueuler de part et d'autre de la table sur la
base de positions qui sont déjà connues d'avance. Pourquoi ne pas
faire intervenir des éléments nouveaux dans le dossier?
Encore une fois, si votre décision est bonne, décision de
prendre le contrôle de la société Asbestos et de faire un
certain nombre d'autres choses, cela va apparaître encore plus
clairement
avec la participation de groupes qui sont parfois neutres, parfois pas
neutres, mais qui ont une connaissance du milieu qui n'est certainement pas
représentée là, malheureusement, à cette table.
Donc, allons-y, ne craignons ridn. Ce n'est pas un traquenard qu'on vous tend,
la procédure nous permet de passer autant de temps que celui qu'on
passerait de toute manière en entendant des gens de l'extérieur.
Pourquoi ne pas le faire utilement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais
brièvement parler sur cette motion. Je voudrais surtout insister sur le
fait que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voulez-vous rapprocher votre micro, s'il vous plaît?
M. Raynauld: ... si on interprète très
étroitement, et trop étroitement, les articles du
règlement qui nous limitent à un débat sur des
modalités, à la limite, on pourrait ne plus discuter du tout. Je
lis l'article 4 qui détermine les objets de la société; il
me semble que si on a le droit de se poser des questions sur les objets de
cette société qu'on veut créer, je pense aussi qu'on a le
droit d'avoir des informations sur les implications pour une
société comme celle-là de s'engager dans des
activités qui sont prévues à l'article 4. Et on admettra
que cet article 4 est tellement général que cette
société peut, en réalité, en vertu de cet article,
s'engager dans à peu près n'importe quelle activité qui
est de près ou de très loin reliée à l'amiante.
Cela implique que l'on doit se poser des questions sur les implications d'une
décision comme celle-là. (17 h 10)
En effet, l'article 4 ne restreint pas la Société à
l'achat d'Asbestos, on ne le mentionne même pas là-dedans. Cette
société a pour objets, comme on dit ici, de s'engager dans la
recherche, l'exploitation, le développement de tout gisement d'amiante;
c'est donc une activité minière. Elle a le droit. A ce moment
là, j'aurais moi aussi le droit de me demander quelle va être la
relation qui va exister entre cette société et SOQUEM, par
exemple. Je pense que c'est une question légitime et cela s'applique
à l'article 4, sur des modalités d'application. Je crois aussi
que, lorsqu'on passe au paragraphe suivant et que l'on dit que la
Société peut aussi entreprendre toute activité de nature
industrielle reliée directement ou indirectement à la
transformation de la fibre de l'amiante, cela peut nous mener très loin
parce qu'indirectement reliée à la transformation de la fibre de
l'amiante, cela veut dire toute utilisation. On pourrait se lancer dans la
fabrication, je ne sais quoi, d'automobiles, de cendriers, si l'on
décidait que l'extérieur pourrait avoir un certain contenu
d'amiante. Je pense que, même si l'on ne discute pas du principe de la
loi, l'article 4, tel qu'il est rédigé, nous autorise
certainement à poser des questions et à rencontrer des gens qui
sont dans ce métier depuis et qui pourraient nous éclairer.
Je regarde ensuite l'article 16; l'article 16 donne des pouvoirs
d'exception, si je puis dire; ces pouvoirs d'exception sont également
extrêmement larges, mais, ici, on veut les restreindre parce que l'on
exige l'autorisation du gouvernement. Quoi qu'il en soit, on a le droit de
s'interroger également sur la portée d'articles comme
ceux-là, d'acquérir les entreprises, par exemple, poursuivant les
mêmes fins ou des fins similaires, disposer d'une partie ou de la
totalité de son domaine minier. Cela veut dire quoi? Cela veut dire que
la société n'aurait pas le droit de se départir, par
exemple, d'un domaine minier, de réserves ou de mines proprement dites,
sans l'autorisation du gouvernement. Je pense que cela nous amène
certainement à examiner les implications de l'ensemble de ce projet de
loi et de l'ensemble des modalités, par conséquent, des
politiques de l'amiante que ce projet de loi nous amène à
considérer.
Ceci dit, j'ai l'impression que l'on pourrait effectivement avoir une
très longue liste de gens que l'on pourrait inviter. Je serais
favorable, en ce qui me concerne, à avoir une liste qui ne serait pas
trop longue; je ne pense pas qu'il faudrait être tellement excessif et
demander des avis à l'ensemble de la population, mais je crois qu'il y a
un certain nombre d'organismes qui ont été mentionnés tout
à l'heure et qui sont reliés de très près à
l'amiante, qui sont reliés de très près à des
études qu'ils ont pu faire, qu'ils ont pu entreprendre. Ils ont des
données techniques dont nous ne connaissons pas toujours l'existence, il
ont certainement des opinions que nous aurions, je pense, intérêt
à entendre, en ce qui nous concerne, pour être capables de porter
un jugement plus éclairé sur ce projet de loi. Donc, je serais
favorable à ce qu'on en arrive assez rapidement à une liste de 6
ou 7 organismes et qu'on y consacre quelques jours. Je demanderais que le
président, tout en acceptant l'orientation générale qu'il
nous a donnée tout à l'heure, j'aimerais bien qu'il ne se propose
pas d'être trop tatillon sur ce genre de choses puisque nous voulons nous
informer.
Ce n'est pas pour remettre en question le principe de la loi, mais je
pense que, si l'on veut avoir une discussion intelligente sur les
modalités d'application, je crois qu'il est tout à fait pertinent
d'inviter des gens qui se sont penchés sur ces problèmes et qui
ont certainement des vues à exprimer sur l'une ou l'autre des
modalités d'application de la loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'ai quelques
remarques, à mon tour, sur cette proposition, sur cette motion.
J'espère que, pendant qu'on en discute et qu'on amène les
différents arguments qui militent en faveur de la comparution de ces
organismes, le ministre continue cette réflexion tranquille qui le
conduira peut-être à souscrire à ce consensus
général qui semble se dégager pour l'audition de ces
groupements.
Dans un premier temps, M. le Président, j'aimerais souligner que
je suis satisfait que le ministre souscrive à la demande que j'ai faite,
soit de recevoir le groupe SORES, étant donné l'importance de ses
travaux par rapport au projet de loi 70 et à ses implications. Point
n'est besoin de disserter longuement sur cette question, lorsqu'on parle da
transformation, de faisabilité, de rentabilité en termes de plus
de transformation de la fibre d'amiante au Québec, de produits nouveaux
faisables en sol québécois, je pense que SORES a donné
certaines indications tout à fait pertinentes. A ce chapitre, je pense
que les auditions de SORES nous permettraient de clarifier certaines zones qui
demeurent encore confuses, du moins dans la présentation de la loi telle
quelle par le gouvernement. Nous aurions alors intérêt à
entamer avec eux des discussions en rapport direct, comme l'a indiqué le
président, avec l'étude du projet de loi 70.
Deuxièmement, je reviens à la question du comité du
CRDCE, soit le Comité des mines du Conseil régional de
développement des Cantons de l'Est, puisque, pour ma part, je
considère que son travail, quoique régional, est quand même
de première importance dans le dossier qui nous intéresse, soit
celui de l'amiante.
D'un côté, ce comité, sans mentionner tous les
organismes qui en font partie, regroupe une quarantaine d'organismes de la
région. Il nous a fourni énormément de données sur
le plan technique. Son approche est globale, tout en s'intéres-sant
à différents aspects particuliers de cette question. Les
données qui nous ont été fournies jusqu'à
maintenant sont fort pertinentes et méritent d'être
analysées de près.
De plus, ce groupement, le Comité des mines du CRDCE, a cette
qualité, devrait avoir cette qualité aux yeux de la
présente commission, d'être issu du milieu, c'est-à-dire
d'être en même temps un groupe représentatif de la
population, ce qui nous permettrait d'avoir cet éclairage sur
l'orientation du projet de loi en question.
Pour montrer l'importance des travaux de ce comité et pour
rappeler au ministre qu'il aurait peut-être intérêt,
contrairement à ce qu'il nous a indiqué, à entendre une
fois de plus le Comité des mines, puisque le comité a
déjà rencontré le ministre, sur différents sujets
bien précis qui sont en rapport direct avec plusieurs articles du projet
de loi actuellement en discussion...
Je pense que ce serait une erreur que de rejeter la participation
éventuelle du Comité des mines du CRDCE aux audiences de notre
commission parlementaire, comme l'a indiqué le ministre tout à
l'heure, puisque ce sont des personnes qui, depuis déjà plusieurs
années, avec des connaissances précises et techniques du milieu,
avec des données pertinentes, ont présenté au gouvernement
des documents qui sont vraiment de nature à être
considérés de très près.
Pour souligner de façon plus précise au ministre
l'importance et la portée des travaux de ce comité, je lui
rappellerai simplement quelques éléments sur lesquels ce
comité s'est penché et j'attirerai l'attention des autres membres
de cette commission qui ne sont peut-être pas au courant de l'ampleur des
travaux du comité du CRDCE.
Son travail a porté en particulier sur la situation de l'amiante
dans la région de Thetford, de Black Lake, ce qui intéresse
d'ailleurs le député qui est en face de moi, sur la question de
la production comme telle de l'amiante, sur la teneur et la qualité de
l'amiante. J'ai moi-même posé ces questions au ministre ce matin
lorsque j'ai parlé des réserves, des quantités d'amiante
qui nous restent au Québec, de la nature de la fibre et des
quantités qui restent dans les gisements dont le gouvernement veut se
porter acquéreur, de la teneur des gisements, du travail apporté
aux différents types de fibres, de l'usinage de l'amiante dans la
région, des moulins, des fameux moulins auxquels j'ai fait allusion, ce
matin, dans mon intervention, du coût, également, des
capacités de production qui sont directement reliées au projet de
loi en question. Je pense qu'à ce moment-là, le comité des
mines du CRDCE pourrait nous donner maintenant, à la lumière du
projet de loi qui a été déposé, sa perception du
projet ou de la façon de procéder que le gouvernement a choisie,
compte tenu de toutes les informations que ce comité possède en
la matière. Ces gens ont également à travailler au niveau
de toute la question de la commercialisation, de la mise en marché
le ministre est au courant la question même de la transformation.
Ils ont abordé également, avec beaucoup de sérieux, toute
la question de la recherche qu'implique directement le projet de loi no 70.
Je pense que ceia serait une erreur que de ne pas inviter ce groupement
à venir ici nous rencontrer afin que nous puissions lui poser les
questions qui nous apparaissent maintenant pertinentes, à la suite du
débat de deuxième lecture et à ce stade-ci de
l'évolution de nos travaux.
Il est important que le tout je le rappelle au ministre
que ces auditions puissent se faire avant même que nous abordions
l'étude article par article du projet de loi à cause de toutes
les incidences que les questions laissées en plan actuellement ont sur
l'étude éventuelle de ce projet de loi article par article. Nous
avons besoin, avant de partir, pour fonctionner d'une façon logique,
d'une façon rationnelle, d'une façon qui puisse nous permettre
d'atteindre des résultats dans un laps de temps raisonnable, d'avoir
certains éclaircissements qui pourraient nous venir de SORES, d'un
côté, du comité des mines du Conseil régional de
développement des Cantons de l'Est, qui pourraient nous venir
également des autres groupements et associations de l'Association des
mines. Je pense que, sans que ces auditions soient d'une longueur
exagérée, nous pourrions, à ce moment-là, aller
chercher la matière dont nous avons besoin pour amorcer l'étude
article par article du projet de loi. Je rappelle au ministre que nous
devrions, à mon sens, tenir ces auditions avant même
d'entreprendre l'étude article par article du projet de loi.
J'espère que le ministre, dans sa réflexion, ira jusque-là
et présentera lui-même
sa décision de cette façon, de sorte qu'on puisse
entrevoir les travaux de notre commission parlementaire d'une façon
logique et rationnelle.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques que je
voulais faire à ce stade-ci, en ce qui concerne l'audition
éventuelle de ces groupes impliqués au niveau de la
transformation de l'amiante. Je tiens à souligner qu'en ce qui nous
concerne, l'Union Nationale, nous verrions d'un très bon oeil ce
sont d'ailleurs les propositions que nous avons faites dans ce sens-là
le fait d'entendre ces gens, ce qui nous permettrait d'arriver à
de meilleurs résultats. Ce n'est aucunement dans une volonté
d'allonger indûment les travaux de cette commission parlementaire, mais
plutôt dans le but de fonctionner d'une façon beaucoup plus
logique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, je vous ai reconnu, mais après le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'avoue que je suis un
peu perplexe quant à la position que le gouvernement vient de nous
présenter. D'un côté, il nous a laissé entendre
qu'il était favorable à ce qu'on entende différents
groupes devant cette commission, mais, d'un autre côté, la
première fois que l'Opposition fait une suggestion, il ne semble pas
être tout à fait d'accord à entendre le groupe qui fait
l'objet de cette motion. Il me semble élémentaire que, si le
gouvernement veut instituer une Société nationale de l'amiante,
on entende l'Association des mines d'amiante. On aurait beaucoup de questions.
Quand le député de Frontenac nous a demandé quelles sortes
de questions on pouvait lui poser... Il me semble que c'est
élémentaire d'entendre l'association, de la questionner sur
divers aspects de ce projet de loi, sans aller à l'encontre du principe,
mais sur certains sujets, certains problèmes qui sont soulevés
par le projet de loi.
Je crois que le gouvernement ferait preuve de sa bonne foi en nous
disant: certainement. Au lieu de passer tout ce temps à justifier
pourquoi l'Association des mines d'amiante devrait être convoquée,
cela aurait été bien plus facile que le gouvernement dise, si on
avait suggéré mercredi, 20 heures, que cela ne faisait pas son
affaire. Il n'aurait eu qu'à dire: une autre journée serait
mieux, sans aller au fond de la question en mettant en doute la bonne foi et
les intentions de l'Opposition. (17 h 25)
Une commission parlementaire, ce n'est pas une course à obstacles
où le gouvernement nous suggère l'étude, article par
article d'un projet de loi. On cherche à avoir des renseignements,
peut-être pour bonifier le projet de loi, pour éviter certaines
difficultés, certaines ambiguïtés. Au fur et à mesure
que nous faisons ces suggestions, le gouvernement nous oppose des obstacles
systématiques. J'espère que ce n'est pas l'intention du
gouvernement d'agir de cette façon dans ce projet de loi, surtout avec
les sommes d'argent du public qui sont en jeu et les implications.
Il y aurait plusieurs questions qu'on pourrait poser, plusieurs sujets
qu'on pourrait explorer avec l'association. C'est elle qui a commandé
l'étude SORES. On pourrait avoir des questions sur ce rapport. On
pourrait lui demander quels sont les problèmes de l'industrie, les
craintes qu'elle peut avoir sur ce projet de loi, non pas dans le but
d'écarter le projet de loi, mais dans le but d'insérer certaines
protections qui seraient nécessaires pour le bon fonctionnement de
l'industrie.
Je crois bien que ce n'est pas l'intention du gouvernement de mettre
à terre toutes les autres compagnies. Il vise spécifiquement une
compagnie. Il veut améliorer l'industrie. Il a l'intention d'augmenter
la transformation des produits de l'amiante au Québec.
Quels sont certains problèmes que l'association verrait dans le
projet de loi, tel qu'il est rédigé? Verrait-elle certaines
clauses additionnelles? Certaines restrictions? Voit-elle certaines
prévisions du projet de loi qui ne sont pas incluses et qui devraient
l'être?
Je me réfère spécifiquement, quand on parle de
craintes, à l'article 16 où on dit que "La Société
ne peut, sans l'autorisation du gouvernement..." on continue
"acquérir des entreprises poursuivant les mêmes fins ou des fins
similaires, ou des actions formant le fonds social de pareilles entreprises; "
L'association verrait-elle cet article comme une épée de
Damoclès, parce qu'on dit: "La Société ne peut, sans
l'autorisation du gouvernement... par règlement..."?
Cela ne veut pas dire que le gouvernement doit retourner à
l'Assemblée nationale, mais qu'il pourrait faire des pressions si
d'autres compagnies qui font partie de cette association agissent d'une
façon qui ne plaise pas au gouvernement. Il aurait toujours ce mode de
pression prévu à l'article 16. Est-ce l'intention du gouvernement
d'utiliser cette pression? Quelle est la réaction de l'association face
à cet article? Y aurait-il lieu de l'enlever, d'obliger, si la
société voulait acquérir d'autres entreprises, le
gouvernement à retourner à l'Assemblée nationale justifier
ses actions et que la députation, l'ensemble de l'Assemblée
nationale, soit appelée à donner son consentement pour assurer
une protection à ceux qui sont déjà dans l'industrie.
Même si ce sont des compagnies qui pourraient être
multinationales, il y a toujours des restrictions. Elles ne peuvent pas avoir
tous les pouvoirs qu'un gouvernement peut avoir. Elles font face à cette
compétition; elles font face à ces pouvoirs additionnels que,
peut-être, un autre membre de l'Association Est-ce que la
Société nationale va devenir membre de l'association ait
des pouvoirs quasiment omnipotents, parce que c'est autorisé par le
gouvernement et qu'il n'y a pas de restrictions. Quelle est l'attitude de cette
association face aux pouvoirs donnés à la société
par le projet de loi?
Ce sont des questions légitimes, je crois, qu'on pourrait poser
et ce sont les questions qu'on doit poser avant de commencer l'étude du
projet de loi, article par article. Une fois que nous
aurons entamé l'étude du projet de loi, cela va nous aider
dans notre attitude envers le projet de loi, dans les amendements que nous
pourrons suggérer au projet de loi. Cela pourrait seulement aider le
gouvernement. Si le gouvernement n'a rien à cacher, l'association, en
venant ici, se ferait poser des questions qui seraient naturellement
limitées à l'objectif du projet de loi et qui n'iraient pas
à rencontre des principes du projet de loi.
Si le gouvernement a fait ces études et s'il est justifié
de présenter ce projet de loi et de procéder à son
étude, les réponses de l'association ne pourraient qu'aider le
gouvernement et elles pourraient justifier aussi l'Opposition de dire: Nous
avons accompli notre devoir. Nous avons fait ressortir toutes les implications,
tous les problèmes de la loi. Ce serait un éclaircissement, non
seulement pour l'Opposition, mais aussi pour la population qui aura à en
juger et qui surtout sera affectée par les dépenses du
gouvernement et par les implications du projet de loi.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a dit tantôt que
nous n'étions pas dans la position du ministre, qui a des experts pour
le conseiller sur tous les différents aspects du projet de loi. Je
dirais, spécialement parce que le ministre a ses experts, que nous avons
besoin de convoquer d'autres associations, d'autres personnes, d'autres
groupes. Parfois, il se peut et c'est déjà arrivé
dans le passé que les experts utilisent une approche pas mal
limitée, très limitative. Peut-être qu'ils n'ont pas eu
l'occasion de regarder ou n'ont pas regardé d'autres aspects du
problème qui auraient dû être portés à
l'attention du ministre.
Pour ces raisons, il serait absolument, je dirais indispensable, de
convoquer une des associations, une ou plusieurs des parties
qu'assurément l'action du gouvernement affectera le plus. Elles ont
elles-mêmes commandé une étude à laquelle le
gouvernement s'est référé maintes fois. Elles pourraient
nous éclairer, elles pourraient nous donner des renseignements sur les
différents aspects de ce projet de loi, suggérer des changements,
des additions et nous donner tous les renseignements qui seraient possibles et
dont nous avons besoin. Je ne pense pas qu'on puisse faire la distinction entre
des raisons politiques ou des raisons économiques. Cela soulève
certaines questions, certaines intentions du gouvernement. J'espère que
le gouvernement ne convoquera pas seulement les organismes qui ont le
même point de vue politique que lui-même. Je ne pense pas que cela
va ajouter aux débats, je ne pense pas que cela va nous donner tous les
points de vue, tous les renseignements dont nous avons besoin. Je dirais
même que tout spécialement s'il y a un ou des organismes qui ne
partagent pas le point de vue politique et je ne dis pas politique dans
son grand sens de ce projet de loi, ils devraient être
convoqués pour vraiment examiner les aspects sur lesquels ils ne sont
peut-être pas d'accord avec le gouvernement et ils pourraient aussi
soulever d'autres questions. J'espère que cela ne sera pas le
barème que le ministre va utiliser en disant: Oui, je vais consentir
à ce que tel ou tel organisme vienne devant la commission parlementaire,
mais je m'opposerai à ce qu'un autre organisme vienne parce qu'il ne
partage pas notre point de vue. Je pense que ce n'est pas le but de cette
commission. Ce ne serait pas l'objectif à viser et la philosophie que je
vois dans l'examen d'un projet de loi qui va affecter les gens qui ne partagent
pas votre opinion politique sur ce projet de loi. Ce serait donc à votre
avantage de faire venir ici ces organismes, pour les questionner et
peut-être même les convaincre aussi.
M. le Président, pour le moment, ce sont les brèves
remarques que j'avais à faire sur la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys. J'espère que le gouvernement va consentir à
ce qu'on convoque cette association, avant de commencer l'examen du projet de
loi article par article, parce que ce sera quasiment inutile de convoquer
l'Association des mines d'amiante après que les troisième,
quatrième ou quinzième articles auront déjà
été étudiés.
A ce moment-là, le point de vue qu'elle pourrait nous donner
serait une perte de temps puisqu'on aurait déjà
étudié des articles du projet de loi. C'est avant qu'il faut le
faire et non seulement pour l'association, mais aussi, je crois, pour les
autres organismes que le gouvernement pourrait consentir à convoquer et
à interroger.
C'est important je crois, M. le Président, et je m'adresse aussi
au ministre, que ces organismes soient convoqués avant qu'on commence
l'étude du projet de loi article par article. Si vous ne le faites pas
avant, ou si vous les convoquez après, nous allons perdre le
bénéfice de leurs opinions, des informations qu'ils pourraient
nous apporter. Cela ne sert à rien, par exemple, si, après
l'article 16 ou l'article 17, on convoque un ou des organismes. On ne pourra
pas les questionner sur les implications de certains articles; on irait
à l'en-contre des règlements, on ne pourrait pas apporter des
amendements qui pourraient bonifier le projet de loi, sous différents
aspects des articles qui auraient déjà été
discutés.
Je crois que c'est vraiment élémentaire de les convoquer.
Ou vous dites que personne ne sera convoqué, que vous ne voulez pas
être éclairés, que votre opinion est faite et que,
malgré ce que l'Opposition officielle va dire et malgré ce que
les différents organismes convoqués diront, vous autres, c'est
comme cela que vous procédez.
Si c'est cela votre attitude, dites non à chacune de nos motions,
que ce soit l'Association des mines d'amiante, que ce soit un conseil
municipal. Mais, si vous dites oui, si vous voulez être de bonne foi, si
vraiment on veut agir dans un but constructif, si on veut avoir des discussions
fructueuses, je pense que c'est élémentaire pour vous de
consentir à ce que ces organismes soient convoqués avant qu'on
commence l'étude de la loi article par article. Autrement, je ne
voudrais pas le dire, mais cela serait quasiment une perte de temps.
M. le Président, j'espère pour ces raisons que le ministre
va prendre bonne note de nos représentations et va accepter de convoquer
les orga-
nismes que nous voulons voir convoqués, que nous voulons
questionner. Nous le faisons de bonne foi, nous avons des questions très
spécifiques sur des articles qui ont des conséquences assez
importantes non seulement sur le fonctionnement de la société qui
doit être constituée par ce projet de loi, mais aussi sur son
fonctionnement et sur tous les autres corps politiques, la population, les
régions, toutes les associations qui vont être touchés au
moment où ce projet de loi va être mis en vigueur par le
gouvernement.
C'est important qu'on les questionne, qu'on obtienne leur point de vue
et qu'on puisse le faire d'une façon constructive. Je puis assurer le
ministre que nous voulons agir d'une façon constructive et je suis
assuré que le ministre veut que nous soyons constructifs dans nos
propos, dans nos commentaires et dans l'étude de ce projet de loi.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mont-Royal. M. le ministre. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais vous dire
qu'en principe je n'ai aucune objection, je parle pour moi, personnellement du
moins, à ce qu'on entende des organismes qui peuvent éclairer la
commission...
Une Voix: Le Parti québécois de Richmond.
M. Grégoire: Je n'ai aucune objection de principe, loin de
là. Je crois qu'il est bon d'entendre la population, les gens du milieu,
ceux qui seront touchés par la politique de l'amiante. Toutefois, je
crois qu'il faut choisir les organismes. Il faut savoir un peu pourquoi on les
fait venir. Quand j'ai essayé de savoir tout à l'heure, du
député de Marguerite-Bourgeoys, ce qu'il entendait retirer comme
éclaircissement de la part de l'Association des mines d'amiante, je me
suis aperçu que le député de Marguerite-Bourgeoys n'avait
même pas la moindre idée derrière la tête de ce qu'il
aurait à leur poser comme questions. En fait... (17 h 40)
M. Ciaccia: Je vous ai donné des exemples.
M. Grégoire: ... j'ai été surpris de
voir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Je vais y revenir. J'ai été
surpris de voir qu'un si brillant avocat était estomaqué. J'ai vu
sa réaction: estomaqué net. Mais quand même...
M. Forget: Je vais vous dire pourquoi il était
estomaqué.
M. Grégoire: ... par chance, fort heureusement, il
était estomaqué.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: Cela a l'air d'une tentative de censure.
M. Bérubé: Vous n'avez jamais rien compris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Paquette: Cela donne le temps... M. Grégoire:
Tout de même...
M. Paquette: Cela donne le temps à ses collègues
d'y penser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Oui, ses collègues y ont pensé
pendant ce temps-là et le député de Saint-Laurent est venu
à sa rescousse en nous donnant un exemple. En demandant la comparution
de l'Association des mines d'amiante, il a dit: Depuis quelque temps, avec tout
le brassage qui se fait au Québec, les mines ont davantage reconnu leurs
obligations sociales c'est à peu près le terme qu'il a
employé vis-à-vis de la population, vis-à-vis du
Québec et, déjà, elles sont prêtes à
s'amender; elles ont changé depuis quelque temps textuellement
et peut-être sont-elles prêtes maintenant à
transformer sans qu'il soit nécessaire d'acheter l'Asbestos Corporation.
C'est ce que le député de Saint-Laurent nous a fait remarquer, je
l'ai noté ici. Il a insisté en disant: Probablement que
maintenant, avec l'enquête SORES, elles sont commanditées, que
l'Association des mines d'amiante est commanditée; avec l'enquête
SORES, ils ont des projets; il serait bon de savoir quels projets ils ont en
main, quels projets ils ont en tête, tout cela. Avec tous ces projets, on
atteindrait notre objectif sans qu'il soit nécessaire d'acheter
l'Asbestos Corporation.
Or, justement, si on veut savoir quels sont les projets qui peuvent
exister pour la transformation, ce n'est pas l'Association des mines d'amiante
qui va venir nous le dire. L'Association des mines d'amiante, c'est un
groupement des différentes mines. Les représentants de
l'association vont venir...
M. Raynauld: ...
M. Grégoire: ... nous dire que c'est chaque compagnie
minière qui peut s'engager ou qui peut le dire. Ce n'est pas
l'Association des mines d'amiante qui va prendre... Ce n'est pas le
vice-président, M. Filteau, qui va venir nous dire que la Lake Asbestos
ou ASARCO va instaurer telle industrie, ou Jim Walter, ou Celotex au nom de Jim
Walter, ou Panacon au nom de Jim Walter, basé à East Broughton
avec la Canadian Carey; ce sont
eux qui peuvent venir nous dire quels sont leurs projets mais pas
l'Association des mines d'amiante.
Alors, si on nous demande de faire venir les porte-parole de
l'Association des mines d'amiante, pour leur poser des questions auxquelles ils
ne pourront pas répondre parce que ce ne sont pas leurs
responsabilités... Ce n'est pas l'Association des mines qui prend la
décision de dire quelles sont les usines ou les projets qu'elle a en
vue; cela va appartenir à chaque compagnie minière. Ce sont elles
qui ont les fonds, ce sont elles qui ont leur conseil d'administration.
Déjà, vous me mettez devant un doute alors que
j'étais d'accord, que je n'avais pas d'objection de principe. Vous me
mettez devant un doute et ce doute provient justement du fait de la
non-préparation que vous avez dans ce dossier.
M. Raynauld: ... qu'on vous écoute.
M. Grégoire: Je suis surpris même de voir la
non-préparation; vous voulez poser des questions à l'Association
des mines d'amiante qui ne s'adresseront pas à elle. Mais si vous faites
venir les représentants des mines, je serais intéressé
à leur poser des questions à ce moment-là. Je serais
intéressé à leur demander si les anciens gouvernements ont
déjà fait des pressions pour qu'ils transforment... Depuis cent
ans que vous avez des mines ici, que vous avez de la fibre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
question serait déclarée irrecevable.
M. Grégoire: Alors, ce sont des choses qui seraient
intéressantes à savoir mais ce serait déclaré
irrecevable.
Une Voix: On ne peut pas les inviter elles non plus.
M. Grégoire: J'aimerais savoir, en ce qui concerne les
mines de Jim Walker, de ASARCO, de Turner & Newall, de General Dynamics,
quels sont leurs projets. Or, elles l'ont déclaré
dernièrement, elles n'en ont pas de projets, ces compagnies. Elles n'en
ont pas et elles l'ont déclaré...
Une Voix: Vous allez en avoir une demain.
M. Raynauld: Elles ne peuvent pas le déclarer avant.
M. Grégoire: Elles l'ont déclaré. J'aimerais
savoir combien...
M. Bérubé: ... les compagnies minières.
M. Grégoire: Si on veut parler des mines, parlons des
mines. Après cela, on parlera pour les autres transformateurs, c'est une
autre paire de manches. J'aimerais savoir combien d'emplois, avec les projets
qu'elles ont en dossier, mais elles l'ont dit, elles n'en ont pas. On
réaliserait peut-être, à ce moment-là, à les
voir venir ici, elles nous diraient: Bien, on n'a pas de projets. On n'a rien.
Vous n'avez rien fait, vous n'avez rien vu. Alors, je suis assuré que
vous deviendriez convaincus.
M. Raynauld: On a des questions. Ne vous inquiétez
pas.
M. Bérubé: C'est parce qu'il vient de dire qu'il a
eu des discussions qui montrent que ces compagnies sont prêtes à
considérer les projets.
M. Grégoire: Oui, mais attendons les affaires de SORES.
C'est le gouvernement qui, ayant la Société nationale de
l'amiante et ces mines, voyant ce qui s'en vient...
M. Raynauld: Ne vous inquiétez pas.
M. Grégoire: ... avec la politique de l'amiante, elles ne
sont plus intéressées à entrer dans le jeu parce que,
justement, le gouvernement va y pénétrer. Je serais
également intéressé à poser des questions, par
exemple, au MEER, au ministère de l'Expansion économique. C'est
pour cela que je vous proposais qu'on fasse une liste conjointe. Si on faisait
venir le ministre de l'Expansion économique régionale d'Ottawa,
lui qui proposait d'aider le Québec à acheter l'Asbestos
Corporation. Il serait bon de savoir du ministre, M. Marcel Lessard...
M. Forget: J'aimerais... Vous n'engagez pas le MEER.
M. Grégoire: Marcel Lessard était... Ah! Il
faudrait le savoir.
M. Forget: C'est marqué dessus.
M. Grégoire: Je serais bien heureux de le savoir.
M. Forget: C'est écrit dessus.
M. Grégoire: Oui, je l'ai. Mais je serais bien heureux de
savoir si le MEER est toujours prêt à venir nous aider à
acheter l'Asbestos Corporation. Vous seriez peut-être
intéressés vous autres aussi.
M. Laplante: Ce n'est pas l'enquête Keable ici.
M. Grégoire: Non, ce n'est pas l'enquête Keable. Ce
n'est pas l'enquête Keable, cette commission parlementaire. Je dirais aux
gens du MEER: Etes-vous toujours prêts à collaborer?
M. Laplante: Si c'est une...
M. Forget: Ce serait intéressant, cela. Je suis bien
d'accord.
M. Grégoire: C'est vrai qu'en 1975, ils étaient
prêts à collaborer parce qu'ils savaient que l'ancien gouvernement
était tellement engagé dans les dépenses des Olympiques
qu'il n'était pas capable de le faire. Mais, le gouvernement actuel a
réglé cela.
M. Forget: C'est l'opinion de monsieur... Attendez un peu, je
vais vous donner son nom. C'est probablement l'opinion de M. Fournier.
M. Grégoire: Oui.
M. Forget: Oui. Vous voyez!
M. Grégoire: Que l'ancien gouvernement était trop
engagé avec ses...
M. Forget: C'est un fonctionnaire fédéral.
M. Grégoire: Un fonctionnaire fédéral. Mais
il faudrait tout de même savoir de ce...
M. Bérubé: Ce n'est pas l'opinion de M. Fournier
que je demande, c'est l'opinion d'à peu près tout le
Québec.
M. Forget: Selon vous, M. le ministre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! La parole est au député de Frontenac.
M. Grégoire: Je serais intéressé à
questionner le ministre de l'Expansion économique régionale ou le
haut fonctionnaire qu'il nous déléguera; ce ministère est
là, en fait, pour aider les régions qui en ont besoin. La
région de l'amiante en a besoin. Il y a des taux élevés de
chômage là-bas. J'aimerais le questionner afin de savoir ce qu'il
va faire, de quelle manière il va aider. Vous autres aussi, vous seriez
peut-être intéressés à le savoir.
M. Forget: On a les faits que c'est le ministre... Le
député a raison.
M. Grégoire: Ceux qu'on vous suggère, nous,
d'inviter sont ceux qui pourraient réellement aider et collaborer. Il
faudrait choisir ceux qu'on vous a proposés, choisir réellement
ceux qui pourraient collaborer. Par exemple, M. Gilles Massé, l'ancien
ministre des Richesses naturelles, a eu lui aussi un document; vous dites qu'il
n'est pas signé, d'accord, mais c'est un document du ministère.
S'il y a pensé en 1975, c'est que ce n'était pas si pire que
cela. Il faudrait le savoir. Je serais intéressé qu'on le
questionne pour savoir ce qu'il aurait à dire là-dessus. Il y a
tout de même un document de son ministère qui a été
préparé. En principe, je ne suis pas contre. Mais si c'est comme
vous le dites, pour demander à l'Association des mines d'amiante:
Avez-vous des projets? C'est la seule question que j'avais à lui
poser.
M. Ciaccia: Vous avez la chance...
M. Grégoire: Comme je sais d'avance... Oui, justement,
c'est un exemple; si vous n'en avez pas d'autres à l'idée et
comme je sais...
M. Ciaccia: Vous devriez...
M. Grégoire: ... que cette question ne peut lui être
posée, parce qu'il ne pourra pas répondre...
M. Forget: Le député de Frontenac insiste pour
censurer les questions de l'Opposition aux gens qui seraient invités
ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Forget: C'est une attitude irrecevable, M. le
Président.
M. Ciaccia: ... la question que j'ai soulevée, moi.
M. Forget: On n'a pas à soumettre nos questions à
l'approbation ou à l'imprimatur du député de Frontenac,
pas du tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Une Voix: A l'ordre, à l'ordre, M. le
Président!
M. Grégoire: Bien non, je ne veux pas avoir d'imprimatur.
J'aurais voulu au moins que, dans votre motion pour inviter les
représentants de l'Association des mines d'amiante, vous ayez un
commencement de justification quant à l'opportunité de les
inviter, or, vous ne l'avez pas fait du tout, vous n'avez pas
présenté votre cause à l'Association des mines d'amiante,
pas du tout. Vous n'avez étalé aucune preuve, ne fût-ce
qu'un commencement de preuve pouvant justifier la possibilité de les
inviter, aucune.
M. Raynauld: La seule chose, c'est qu'ils connaissent
ça.
M. Grégoire: Oui, mais ce que vous voulez leur demander ne
relève pas de leur compétence, alors que vous pourriez inviter
les personnes qui pourraient réellement nous aider.
M. Bérubé: ... votre ignorance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Raynauld: ... le député de Frontenac, je ne
connais rien là-dedans.
M. Grégoire: C'est pour ça qu'en fait, je ne sais
pas, mais il me semble que vous allez avoir besoin de plus de preuves que
ça pour justifier... Pendant ce temps, on pourra inviter d'autres
groupes que l'Association des mines d'amiante qui pourront davantage nous
éclairer, vous aider à comprendre le problème, vous aider
à comprendre que le Québec... En fait, quand vous prenez les
chiffres de SORESle ministre en parlaitil ressort clairement que le
Québec produit 82% de l'amiante qui change de frontière dans le
monde libre; cela nous donne une puissance formidable dans le secteur de
l'amiante.
M. Raynauld: Ils ne le disent pas que c'est la puissance, ils ne
le disent pas.
M. Grégoire: Cela se déduit tout seul. Vous
êtes économiste, vous devriez savoir ça.
M. Raynauld: L'avez-vous lu? Si vous l'avez lu, ce n'est
pas...
M. Grégoire: Si vous êtes économiste, vous
devez savoir que, quand vous êtes le seul producteur d'un matériau
aussi précieux que l'amiante, ça vous donne...
M. Raynauld: On n'est pas le seul producteur.
M. Grégoire: Non, mais pas 92% de l'amiante qui change de
pays vient du Québec. Quand les Etats-Unis produisent à peine 100
000 tonnes, qu'ils ont besoin de 850 000 tonnes, il faut qu'ils prennent les
750 000 autres tonnes ailleurs. Un économiste comme vous devrait savoir
ça, il en manque 750 000. Moi, je soustrais...
M. Raynauld: Je ne vous ai pas dit tout ce que je savais. Je ne
vous ai pas dit tout ce que je savais.
M. Grégoire: Ce n'est pas encore le temps de dormir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Je ne voudrais pas arrêter le "filibuster" du gouvernement qui semble
tellement indécis qu'il veut sûrement atteindre l'heure de
l'ajournement avant de prendre une décision. Mais il reste que le
député de Frontenac est rendu au fond...
M. Grégoire: Vous avez parlé tous les cinq...
M. Lalonde: ... non seulement de la motion, mais de toute la
loi.
M. Grégoire: M. le Président, j'espère qu'on
ne veut pas m'empêcher de parler. Vous avez parlé vingt minutes,
le député de Saint-Laurent...
M. Lalonde: Je n'ai pas parlé vingt minutes, dix
minutes.
M. Grégoire: ... les cinq, de suite, vous avez
parlé; tout d'un coup, vous ne voudriez plus qu'on parle.
M. Lalonde: Parlez sur la motion.
M. Grégoire: C'est là-dessus que je parle, je n'en
sors pas plus que vous en êtes sortis. Ne commencez pas à nous
imposer le bâillon au début. Je m'oppose à la
méthode. Je suis le premier qui parle de ce côté-ci
après que vous ayez parlé tous les cinq et vous voulez nous
empêcher de parler. Vous allez protéger mes droits, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
pense pas que ce soit leur intention. Parlez, M. le député de
Frontenac.
M. Forget: On aime vous écouter, d'ailleurs.
M. Grégoire: Je vous le dis, M. le Président, je
suis d'accord pour qu'on invite certaines personnes qui peuvent nous
éclairer, qu'on fixe les jours, les durées, les périodes
où ça pourra durer, qu'on sache au moins un peu ce sur quoi on
veut les interroger. Il me semble que si on veut les interroger... Je
m'opposerais aux questions que voulait poser tout à l'heure le
député de Saint-Laurent à l'Association des mines, mais
qu'on sache au moins les grandes lignes, sans vous limiter, sans vous
bâillonner, loin de là.
M. Forget: Alors je sais d'avance ce qu'on va dire.
M. Grégoire: Etant donné qu'il n'y a pas eu de
preuve de faite de la nécessité, je réserve mon jugement
pour le moment. Vous n'avez établi aucune preuve jusqu'à
maintenant.
M. Forget: M. le Président, on va peut-être
démontrer la nécessité de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vois que le député de
Frontenac...
M. Grégoire: II y en a qui avaient levé la main et
qui n'ont pas encore parlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez,
M. le député de Frontenac, je pense être en mesure de
reconnaître ceux qui demandent la parole.
M. Brochu: C'est lui qui est le président. En plus de
contrôler ceux qui vont venir ici, il va contrôler les questions
qu'on va poser. Le député de Frontenac veut contrôler le
président. C'est là qu'on voit que le gouvernement a des
objectifs beaucoup plus vastes qu'on pense.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vois que le député de Frontenac est
tombé dans le panneau. Il aurait dû faire confiance à
l'expérience d'un plaideur pour conclure qu'on ne dit jamais d'avance
les questions qu'on a à poser à un témoin. Il devrait se
rendre compte que la démarche que le gouvernement fait actuellement dans
le domaine de l'amiante a un caractère particulier, à savoir que
son implication, soit au niveau d'une mine, par l'acquisition de Asbestos
Corporation, soit au niveau de la transformation, si on considère
les
plans à plus long terme, va créer une situation de
concurrence, c'est-à-dire impliquer le gouvernement dans une situation
de concurrence avec d'autres entreprises qui vont demeurer dans le secteur. Il
doit faire la différence entre cette démarche et celle que
l'ancien gouvernement avait faite dans le domaine du pouvoir
hydroélectrique, alors que tout un secteur de l'industrie avait
été nationalisé ni plus ni moins.
Je pense que les questions, lorsqu'on considère les articles 4 et
16, qui sont les articles substantifs, peuvent être très larges
sur ce qui arrive, après, pour le secteur de l'amiante, en ce qui les
concerne, l'Association des mines et les syndicats Par exemple, pour le
syndicat qui va représenter les salariés de l'entreprise qui va
être nationalisée, ou acquise, qui va devenir une
société de la couronne, par rapport aux syndicats qui
représentent les employés des autres entreprises, quelle
situation est-ce que cela va créer entre ces syndicats, les syndicats
des entreprises privées et ceux de l'entreprise nationalisée?
Qu'est-ce qu'ils en pensent? Et quelles seraient les recommandations à
faire au gouvernement et à la commission parlementaire? Ce sont tous des
cas. Je ne vous donne pas les questions. Jamais vous ne me convaincrez de
devoir vous donner les questions. La seule chose à laquelle je m'engage,
c'est que les questions que j'aurai à poser seront dans le cadre du
règlement que vous êtes appelé à appliquer. (17 h
55j
Une Voix: Vous aurez jusqu'à 18 heures.
M. Lalonde: Je pense que le député est fort injuste
à l'égard de celui qui vous parle, lorsqu'il conclut, du refus
que j'ai fait de donner des questions spécifiques, même une seule,
comme il dit, que nous n'avons aucun intérêt à entendre les
organismes que nous avons indiqués. Je pense que c'est faire preuve
d'une ignorance crasse de la situation qui va exister.
M. Grégoire: Je n'ai parlé que de l'Association des
mines, je n'ai pas parlé du tout des autres groupes.
M. Lalonde: L'Association des mines représente des
entreprises dans la famille desquelles va s'introduire un gouvernement qui a un
pouvoir de légiférer, qui a naturellement un pouvoir beaucoup
plus grand que ces entreprises. Quelle est l'opinion, quelles sont les
recommandations, quelles sont les réactions de cette association?
Après tout, on ne veut pas que ce soit une situation de conflit. Je
présume que le gouvernement désire que son implication dans ce
secteur de l'activité ne crée pas de chaos. C'est, je pense, une
préoccupation de la commission parlementaire de voir à ce que
nous ayons tous les renseignements nécessaires pour injecter dans le
projet de loi les dispositions qui vont permettre que l'implication du
gouvernement dans ce genre de secteur d'activité se fasse de
façon harmonieuse, en mettant les paramètres, les balises
nécessaires pour que tout se fasse à l'avantage du gouvernement
et aussi, naturellement, de tous les Québécois.
Il ne serait pas du tout indiqué, comme les propos du
député de Frontenac semblent le suggérer, d'imposer
à cette question un cadre étouffant. Nous avons
intérêt, comme membres de cette commission parlementaire, à
avoir la plus large approche possible dans le cadre du règlement, en ne
mettant pas en question le principe du projet de loi. J'invite le ministre et
les députés ministériels à réfléchir
de façon positive, dans les deux heures qui vont séparer la
suspension de la reprise de nos débats pour nous donner une
réponse affirmative à 20 heures. C'est la seule chose que je peux
faire actuellement. Nous considérerons, à la lumière de la
réaction du gouvernement, quelle position nous devrons prendre; mais,
quant à nous, je pense que ce serait très positif, de la part du
gouvernement, d'impliquer tous les membres de la commission parlementaire dans
cette recherche de la meilleure solution, toujours dans le cadre du principe
déjà accepté par l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Trente
secondes, M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement
mentionner qu'on a laissé sous-entendre que nous craignions certains
points de vue, que nous voulions éviter les organismes qui ne
partageaient pas notre opinion. Ceci est contredit par les faits, puisque le
ministre a mentionné qu'il serait intéressant, parce que
relié au projet de loi, d'entendre certains organismes qui ne partagent
pas totalement la politique du gouvernement. Je pense, entre autres, à
la firme SORES qui a préparé un rapport dont certains aspects
vont dans le sens de la politique du gouvernement, et d'autres, non. Vous
comprendrez que, par contre, plutôt que de discuter, pièce par
pièce, des propositions qui pourraient se succéder à
répétition et nous mener fort loin, et excéder largement
le mandat de cette commission, le côté ministériel veuille
réfléchir aux gens qui sont le plus susceptibles de nous
éclairer.
Je vous donne un exemple. On a mentionné General Dynamics
je termine là-dessus on peut se poser la question: Est-ce que ce
n'est pas embêtant de faire ici des questions-réponses avec une
firme avec laquelle le gouvernement est déjà en contact et qui a
déjà...
M. Lalonde: On légifère.
M. Paquette: Oui, mais on n'est pas pour faire des
négociations autour de cette table. Il faut se poser des questions comme
cela.
M. le Président, conformément à votre directive, je
pense qu'on va suspendre les travaux et qu'on reviendra à 20 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
suspendre les travaux, puis-je suggérer, à titre de gardien de la
procédure, aux partis présents, s'ils le veulent bien, d'essayer
au moins de s'entendre et de se rencontrer? Parce qu'imaginez-vous bien que ce
genre de motions,
on peut en avoir cinq, six, sept, huit et neuf, et les mêmes
arguments reviendront toujours de part et d'autre. Je pense qu'il y aurait
intérêt pour tout le monde, au moins à essayer de vous
entendre. Sinon, on prendra les motions l'une après l'autre.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il serait bon que vous essayiez de vous rencontrer.
M. Brochu: Si le ministre nous indique qu'il a l'intention de
recevoir ces auditions, je pense que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus, c'est automatique, jusqu'à 20
heures.
M. Paquette: J'aurai le droit de parole au retour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 25
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole était au député
de Rosemont, mais compte tenu qu'il y a eu, je le présume, une rencontre
en haut lieu, est-ce qu'il y aurait un porte-parole qui pourrait nous faire le
rapport de ce qui s'est passé? Est-ce qu'il y a une entente qui est
intervenue? M. le ministre.
M. Bérubé: Je vais laisser mon...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
Entente sur la convocation de témoins
M. Grégoire: Voici ce sur quoi on semble s'être
entendu. Il y a eu quatre propositions de la part du député de
Marguerite-Bourgeoys au nom du Parti libéral. Quatre compagnies sont
invitées à comparaître devant la commission: l'Association
des mines d'amiante, General Dynamics, le conseil municipal de Thetford Mines
et le Syndicat des mines de l'Asbestos Corporation, c'est-à-dire la
CSN.
De son côté, M. le député de Richmond, au nom
de l'Union Nationale, a fait deux propositions: SORES et le Comité des
mines du conseil régional de développement des Cantons de
l'Est.
Des six propositions, nous en adopterions cinq, sauf General Dynamics.
Nous reviendrions avec une motion séparée pour le cas de General
Dynamics. Tout cela se ferait ce soir; nous terminerions les
préliminaires pour pouvoir les entendre le plus vite possible,
c'est-à-dire mardi soir, mercredi matin et mercredi après-midi,
quitte à ajouter une autre période, si le besoin s'en fait
sentir. Après quoi, nous commencerions l'étude de l'article 1 du
projet de loi.
M. Forget: II y a peut-être un élément qui
n'a pas été discuté aussi longuement que
nécessaire; c'est l'ordre et surtout le calendrier. J'imagine qu'il
serait poli de ne pas convoquer tout le monde mardi soir parce qu'il sera
impossible de les entendre tous. Il y aurait peut-être lieu, avec le
secrétaire des commissions, après la fin de la séance,
qu'on s'entende brièvement là-dessus. Quant au reste, je concours
aux propos du député de Frontenac.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
ce serait mardi et mercredi?
M. Grégoire: Mardi soir, mercredi matin et mercredi
après-midi, quitte à se réserver jeudi matin si on n'a pas
eu le temps de terminer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Est-ce que, à ce moment-là...
M. Paquette: Pour information sur l'entente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Rosemont.
M. Paquette: Est-ce que cela veut dire que tous les partis
conviennent de limiter à ce soir le débat sur les motions
préliminaires?
M. Grégoire: Oui, oui.
M. Paquette: Cela fait partie de l'entente.
M. Lalonde: Pas que je sache, mais il me semble que, normalement,
les préliminaires devraient être terminés ce soir. Je ne
prévois pas, à moins qu'il y ait un développement
inattendu, que les préliminaires devraient se terminer ce soir, de sorte
que, M. le Président, si vous le permettez, on attaquerait... on
aborderait, sans attaquer nécessairement, l'étude de l'article 1,
après avpor entendu... A un point tel que, si les préliminaires
se terminaient avant l'ajournement de 22 heures, je serais tenté de
faire une motion de suspension jusqu'à ce que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et la
présidence serait d'accord.
M. Lalonde: Oui.
M. Laplante: Est-ce qu'il serait conforme au règlement,
dans ce cas, M. le Président, avec le consentement de l'Opposition, sur
la motion qu'on a débattue jusqu'à maintenant, de faire un
amendement et, au lieu d'Association des mines, de prendre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Au lieu de faire un amendement, je pense qu'il y aurait lieu,
de consentement, de permettre au député de Marguerite-Bourgeoys
de retirer sa motion et d'en présenter une autre, compte tenu de
l'entente qui est intervenue et, par la suite, évidemment,
celle-là sera adoptée assez rapidement, je présume. Il y
aura une autre motion à présenter pour General Dynamics qui sera
évidemment jugée recevable. Là, il y aura un débat
sur cette motion.
M. Laionde: M. le Président, à votre invitation et
avec la permission de la commission, en retirant ma motion ou en l'amendant
ainsi: Que les représentants de l'Association des mines d'amiante, les
représentants du conseil municipal de Thetford Mines, les
représentants du Syndicat des travailleurs à l'amiante (CSN), des
représentants de SORES et des représentants du comité des
mines du Conseil régional de développement des Cantons de l'Est
soient invités par la commission, à se faire entendre à
compter de 20 heures le 21 mars 1978, afin de renseigner les membres et
intervenants de cette commission. Cela termine...
M. Forget: II y a aussi un autre organisme, c'est le
comité des mines...
M. Lalonde: Je l'ai nommé.
M. Grégoire: Non, c'est parce qu'il y a un autre
comité de citoyens qui s'occupe des mines d'amiante; il y a le CRD
à Sherbrooke et il y a le comité des mines du curé
Tanguay, à Thetford, qui comprend également des groupes
sociaux.
M. Lalonde: Je croyais qu'on parlait... Alors, ajoutons-le, M. le
Président, et que tous ces représentants soient invités
à se faire entendre devant cette commission à compter de 20
heures le 21 mars 1978. Je n'ai pas écrit la motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
Donc, du consentement de la commission la première motion
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys est
retirée. Celle-ci est déclarée recevable sous
réserve de sa production écrite et je vois quelqu'un qui est en
train de la préparer. Est-ce que cette motion du député de
Marguerite-Bourgeoys sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Motion
adoptée. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas demandé la
parole après cela. Je dois quand même remercier, je pense, le
gouvernement et les membres du parti ministériel d'avoir accepté
notre suggestion. Quant à nous, nous allons nous en tenir aux corridors
que vous nous avez indiqués.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député
de Richmond.
M. Brochu: Brièvement, j'aimerais également, au nom
de l'Union Nationale, remercier les membres de la commission et le ministre
d'avoir accepté ces suggestions, d'avoir accepté aussi d'inclure
le groupe SORES et le Comité des mines du CRDCE. Je pense que maintenant
on peut dire que la commission a mis toutes les chances de son
côté pour aborder le travail de façon positive. Je pense
aussi qu'il va s'avérer vraiment productif parce qu'on va aller chercher
là les éléments qui vont aider à ce que le reste de
la discussion se déroule d'une façon normale. Je vous remercie
beaucoup et je pense que c'est un bon signe de la bonne marche de nos
travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup. M. le député de Saint-Laurent.
Motion pour convoquer des représentants de
General Dynamics
M. Forget: Merci, M. le président. Je ne veux pas
répéter ce qui a été dit par nos collègues.
Je me réjouis évidemment de l'occasion qui nous sera offerte de
questionner les différentes personnes qui viennent d'être
mentionnées. Je crois qu'il s'agit là d'un élément
positif dans l'étude de ce projet de loi et je suis sûr que tous
les membres de la commission parlementaire sauront en profiter pleinement.
C'est ce genre d'éclairage sur le
contexte général et les implications du projet de loi qui
est nécessaire à ce moment-ci et qui pourrait heureusement
être complété, je pense, dès que le ministre jugera
à propos de déposer certains des documents qu'il a
mentionnés dans ses remarques préliminaires, ce matin.
Cependant, il y a une seule ombre au tableau, M. le Président,
que je veux mentionner comme vous le savez, en faisant une motion relative
à la visite que nous désirons toujours voir s'effectuer, soit des
représentants de General Dynamics. Cette société est
propriétaire de la société Asbestos depuis environ huit
ans. Elle a donc une connaissance intime, non seulement de la
société Asbestos elle-même, mais des
caractéristiques générales de l'industrie de l'amiante au
Québec pour y avoir investi des sommes importantes au cours des
dernières années, entre autres dans le développement d'une
mine dans le grand Nord du Québec, Asbestos Hill. Je crois que son
absence devant cette commission est fort difficile à justifier.
En effet, un pan complet de la politique de l'amiante du gouvernement a
pour objet l'acquisition de la société filiale de General
Dynamics. Une telle décision de la part du gouvernement suppose que le
gouvernement a porté un jugement à la fois sur le potentiel que
représente la société Asbestos pour la réalisation
de ces projets de transformation de l'amiante au Québec; donc
généralement, on peut présumer un jugement positif de ce
côté, mais d'autre part, le gouvernement a aussi porté
vis-à-vis de la société General Dynamics un jugement
négatif.
En effet, s'il avait paru possible pour le gouvernement du moins
par hypothèse, c'est ce qu'il faut supposer de réaliser
ces objectifs, en collaboration et pour employer les termes que le
ministre utilisait cet après-midi, lorsqu'il a décrit le
cheminement des contrats de développement dans une participation, un
projet conjoint pour développer la transformation des fibres d'amiante
au Québec s'il avait paru possible de le faire, en collaboration
avec la société General Dynamics, j'imagine qu'il aurait pris une
décision différente de celle qu'il a prise.
Alors, il y a ces deux éléments dans la décision du
gouvernement qui doivent être éclaircis: d'une part, l'aspect
positif, le potentiel que ça représente et nul n'est mieux
placé pour l'évaluer que la société qui
détient actuellement le contrôle de cette société.
Nul n'est mieux placé pour nous aider à comprendre la situation
qu'occupe la société Asbestos dans l'industrie de l'amiante, sur
les marchés internationaux pour la fibre, les ressources qu'elle
représente sur le plan technique et autres, les liens qu'elle entretient
avec la société General Dynamics elle-même, les services
qu'elle en tire, etc., tout un élément qui est essentiel pour
comprendre si le gouvernement est bien fondé de faire l'acquisition de
cette entreprise minière parmi d'autres au Québec et d'autre
part, encore une fois, cette impression qu'on a que le gouvernement a
procédé un peu à un procès de la
société General Dynamics, qu'il en est arrivé à des
conclusions négatives dans ce procès ex parte.
Jusqu'à quel point le ministre base-t-il son raisonnement sur la
prétention que les politiques de prix ou d'investissements de la
société General Dynamics, dans le passé, étaient
inappropriées? Jusqu'à quel point la société
General Dynamics elle-même pourra-t-elle nous aider à comprendre
si, oui ou non, ses politiques d'investissement, ses politiques de prix, dans
le passé, ses politiques de mise en marché de la fibre
étaient dans l'intérêt du Québec? Jusqu'à
quel point la disponibilité de General Dynamics, comme
propriétaire de la société Asbestos, existait-elle ou non
vis-à-vis des programmes de développement du gouvernement? (20 h
40)
C'est un ensemble de questions qui sont vitales pour comprendre
l'orientation. L'objection qui semble exister du côté
gouvernemental est basée sur le souci plus ou moins explicable... mais
explicable d'autant plus facilement qu'on connaît la méthode assez
particulière avec laquelle le gouvernement a abordé cette
question de prise en charge sans déclarer fermement ses intentions quant
au prix. C'est facile de comprendre son malaise vis-à-vis de la visite
parmi nous de General Dynamics. On comprend, malgré tout, dans ce
contexte, qu'il ne souhaite pas s'engager en public, en commission
parlementaire, dans une négociation sur le prix. C'est une attitude qui
se comprend. Encore que, idéalement, le gouvernement aurait dû
procéder dans cette volonté d'acquisition de la même
façon que le gouvernement dont le premier ministre actuel était
membre, en 1962, avait procédé lors de l'acquisition de
l'Hydro-Québec, non pas de l'Hydro-Québec, puisque cela a
été postérieur à l'acquisition des
sociétés privées, mais de la Shawinigan, de la Gatineau,
des autres compagnies privées de l'époque où, à
partir d'une analyse des états financiers de ces entreprises
privées de l'époque, il avait annoncé un prix, au moment
même d'annoncer fermement son intention d'acheter. Il a effectivement
acheté à ce prix.
Dans un tel contexte, évidemment, le problème de
l'embarras actuel du gouvernement n'existerait pas, mais on peut comprendre
que, dans le contexte où il s'y est pris, il puisse trouver
délicat d'être en face de son partenaire dans cette
négociation, étant donné que la négociation va
prendre une allure assez curieuse, une négociation un peu
indéfinie dans ses contours.
Malgré tout, nous avions indiqué, dans les discussions qui
ont précédé, dans la résolution que nous venons
d'adopter, qu'il serait concevable que les membres de cette commission adoptent
comme règle de conduite de faire porter leurs interrogations sur des
aspects autres que l'évaluation des actifs et des réserves de la
société Asbestos, de l'attitude face à la vente ou
à l'expropriation entretenue par la General Dynamics, etc., autrement
dit, de mettre entre parenthèses tout ce qui sera l'objet de la
négociation et de faire porter, au contraire, ceux des
éléments d'information factuelle sur les perspectives, la
performance passée, les intentions de General Dynamics ou, encore, les
options que pourrait ou aurait pu suggérer Gene-
ral Dynamics dans l'hypothèse je dis bien
l'hypothèse où le gouvernement eût été
ouvert à une telle discussion.
Il semble, d'après des échos qui sont apparus dans les
media, que le gouvernement n'a jamais d'ailleurs, c'est plus que cela,
puisque le ministre des Finances l'a admis lui-même à
l'Assemblée nationale il y a quelques semaines approché la
société General Dynamics avec une proposition de
développement conjoint, n'a jamais tenté de découvrir un
moyen moins coûteux pour la collectivité de réaliser les
mêmes objectifs qu'il prétend poursuivre. Je me demande si c'est
là la raison de sa réticence à voir paraître General
Dynamics devant nous. Si c'était le cas, je crois que le gouvernement se
condamnerait lui-même, parce que rien n'est plus obtus que celui qui
décide sans considérer les alternatives. Je pense que c'est
vraiment là la situation dans laquelle on se trouve. On a un
gouvernement qui a décidé, qui est parti de ses conclusions, et
saisissant le plus fortement possible ses conclusions à deux mains, il
s'est dit: Quel genre de raisonnement pourrais-je bien faire? Quel genre de
comportement pourrais-je bien adopter pour éviter d'être
confronté avec des alternatives qui seraient peut-être plus
attrayantes?
Si c'est cela que le gouvernement a fait, je comprends parfaitement
pourquoi il ne veut pas avoir le démenti en chair et en os au bout de la
table; Je comprends qu'effectivement, il n'a rien voulu connaître. Il
savait déjà quelles seraient ses conclusions,
indépendamment de toute étude, indépendamment de toute
réflexion, indépendamment des coûts impliqués,
indépendamment de la balance des avantages et des inconvénients.
Au fond, dans cette motion d'entendre General Dynamics, il y a la conviction
chez celui qui vous parle, et une conviction qui n'est pas entièrement
le fruit du hasard, que c'est exactement le scénario devant lequel le
gouvernement se trouve, une décision politique comme certains ministres
actuels aiment à les qualifier. A une autre époque, on croyait
que les décisions politiques n'étaient pas nécessairement
les décisions les plus justifiables, mais c'est devenu un type de gloire
pour le gouvernement actuel de dire que ce sont des décisions
politiques. Ce n'est pas une décision raisonnable, ce n'est pas une
décision fondée, c'est une décision politique. On a tout
dit quand on a dit cela.
M. Bérubé: Ce n'est pas le même genre de
politique que vous faites, c'est pour cela.
M. Forget: Non, fort heureusement que tout le monde ne fait pas
votre genre de politique, parce qu'on serait encore plus pauvre qu'on ne
l'est.
Une Voix: On serait en faillite.
M. Forget: Ce genre de façon de procéder...
Evidemment, c'est devant cela qu'on est encore une fois, une décision
politique et une conclusion politique, mais un raisonnement qui lui, n'est pas
politique, il est tout simplement absent. C'est de- vant cette absence que le
gouvernement serait placé s'il avait la présence de General
Dynamics. Il aime mieux l'absence de General Dynamics et l'illusion de la
présence d'un raisonnement que la présence de General Dynamics et
la démonstration de l'absence du raisonnement.
M. Bérubé: Monsieur a fait ses études chez
les Jésuites.
M. Forget: Même pas, M. le ministre. Je ne peux même
pas leur rendre cet hommage.
M. Grégoire: Cela ne serait pas un blâme, au
contraire; cela serait...
M. Forget: Sérieusement, M. le Président. C'est
pour poser ce problème aux membres de la commission que nous faisons
cette motion. Nous avons la conviction profonde que c'est la
réalité de la situation qui vient d'être décrite et
c'est pour la confirmer et non pas pour l'explorer, explorer une
possibilité, c'est pour la confirmer que nous aurions voulu voir General
Dynamics nous dire précisément ce qui s'est passé. Parce
que du côté gouvernemental, quand on a posé la question, on
a eu des He... et des Ah..., mais on n'a pas eu un exposé clair. Lorsque
nous avons demandé, dans une demande qui, par malheur, n'était
pas complètement conforme à toutes les règles de la
procédure, mais qui, malgré tout, correspondait à un
besoin réel, d'avoir la transcription des rencontres et l'exposé
des correspondances, c'est qu'on sait très bien que si le ministre
n'avait pas eu l'excuse des règlements, il n'aurait pu rien
déposer. Rien, il n'y en a pas; c'est le vide. Mais le vide, on ne l'a
pas exposé; on l'a caché de façon très pudique
derrière les règlements.
M. Bérubé: C'est très difficile de cacher le
vide.
M. Forget: Oui, on peut le cacher, M. le Président.
M. Lalonde: ... une bonne "job".
M. Forget: II y a une pièce de théâtre dans
laquelle on dit que le roi est nu, mais personne ne veut le dire parce que,
évidemment, c'est le roi et cela ne se dit pas. Mais on est un peu dans
cette situation. Le roi est tout nu et il faut finalement que quelqu'un le
dise, que quelqu'un le montre du doigt...
M. Lalonde: Que quelqu'un le voie.
M. Forget: Cela va finir par se savoir, M. le Président.
Je pense que je n'ai pas besoin d'ajouter autre chose. Je pense que mon propos
est très bien compris. La motion que je veux présenter se lit
comme suit: Que cette commission invite les représentants
autorisés de General Dynamics à se faire entendre, le 22 mars,
à dix heures a.m., devant cette commission afin de renseigner les
membres et intervenants de cette commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
Alors la motion est déclarée recevable; M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, nous devrons de
toute évidence voter contre cette proposition qui nous est faite. Non
seulement voter contre, mais regretter qu'elle ait été faite. En
effet...
M. Lalonde: Je comprends que vous regrettiez.
M. Bérubé: En effet, nous le verrons assez
rapidement, l'Opposition est totalement oui, la franchise est
certainement une de mes qualités inconsciente de l'implication de
sa proposition ou si elle est consciente, elle préfère, en fait,
sacrifier les intérêts supérieurs du Québec à
une petite cause politique mesquine qui est celle de se faire un certain
crédit politique en voulant convoquer General Dynamics devant cette
commission.
Je m'explique. Pourquoi choisir, premièrement, l'approche que le
gouvernement a adoptée pour la négociation de l'achat d'Asbestos
Corporation? Tout d'abord, ce n'est pas une compagnie, un investisseur, qui
doit dicter à l'Etat ses politiques. C'est donc au gouvernement à
évaluer une politique, à en évaluer les avantages et les
inconvénients et, après avoir soupesé l'ensemble des
facteurs, à prendre une décision. C'est ce que nous avons fait,
M. le Président.
Nous aurions pu, évidemment, choisir de nationaliser, donc de
fixer un prix à la lumière des études que nous avions
menées et, dans un projet de loi qui aurait certainement fait l'objet
d'encore plus de fracas que ce que nous observons aujourd'hui, le gouvernement
aurait pu, effectivement, imposer son prix à la société.
Mais ne nous faisons pas d'illusions, imposer un prix ne veut pas dire pour
autant que c'est le prix que le gouvernement paie. En effet, la
société, comme dans tout cas d'expropriation, peut
évidemment en appeler en justice et, par conséquent, nous nous
serions retrouvés devant une négociation en public, à
nouveau, de la valeur de l'entreprise. Par conséquent, évaluant
les questions de stabilité politique, évaluant l'avantage qu'il
pouvait y avoir à négocier avec une entreprise, General Dynamics,
qui avait déjà manifesté son intention de se
départir de cet intérêt, nous avons cru possible
d'atteindre plus rapidement à une solution négociée. Par
conséquent, nous avons choisi la négociation. Nous avons donc
choisi de soumettre à un expert indépendant le soin de
vérifier ou d'infirmer nos propres calculs, de manière à
pouvoir adopter une position, une offre préliminaire auprès de la
compagnie, et la compagnie, de son côté, fait faire exactement la
même étude, de manière à avoir une base de
négociation.
Nous sommes donc en face de deux parties qui se préparent
à négocier. Il va de soi que, si nous invitons ici General
Dynamics, celle-ci devra répondre à toutes nos questions de
manière à ne pas nuire à sa position concurrentielle,
à sa position de marchandage et toutes ses réponses de- vront
viser à asseoir plus solidement sa position face au gouvernement; en
d'autres termes, amener le gouvernement à payer le plus cher possible
par une manipulation adroite de l'opinion publique et cela, avec l'appui du
Parti libéral, qui sera tout à fait ravi de faire en sorte que le
Québec paie plus cher parce qu'il est réputé pour nous
entraîner dans des aventures qui coûtent toujours beaucoup plus
cher que ce que cela aurait dû coûter. On pourrait vous en citer un
certain nombre, mais je pense que vous les connaissez trop bien. En d'autres
termes, le Parti libéral nous a habitués aux aventures; or, ce
que nous avons choisi d'éviter, c'est justement l'aventure. Nous avons
donc choisi l'évaluation la plus objective, la plus scientifique
possible et une négociation en dehors du grand fracas de la
publicité, comme ce à quoi le gouvernement libéral nous
avait habitués, lors de ses Jeux olympiques ou lors de sa lancée
du projet de la baie James où sa précipitation a conduit on sait
où.
Par conséquent, il faut donc manifester énormément
de prudence dans cette négociation; il faut savoir que nous sommes face
à deux adversaires qui vont jauger chacun des coups qu'ils auront
à porter à l'autre. Tout est négociation dans le cas
d'Asbestos Corporation, non pas seulement la valeur des actifs ou des
réserves, M. le député de Saint-Laurent, mais
également les problèmes d'insalubrité, qui sont sujets
à négociation. La société prétendra que, au
contraire, ses installations sont tout à fait ou sont relativement
salubres et qu'il en coûterait relativement peu pour régler les
problèmes; le gouvernement, évidemment, devra invoquer
l'opposé. On parlera de la situation du marché, on parlera
et c'est naturel la société dira que, s'il n'y a pas de
transformation, si elle n'a pas fait de transformation au Québec, c'est
qu'il n'y a pas de transformation à faire. La société fera
ressortir tous les arguments en faveur de sa position de façon
insidieuse, toujours de façon tout à fait délicate; on ne
posera pas de questions spécifiquement sur la valeur de l'entreprise
Asbestos Corporation, mais on réussira néanmoins à
manipuler l'opinion, surtout devant la collaboration absolument tacite,
évidente, veule du Parti libéral, du parti de l'Opposition. (20 h
55j
II m'apparaît donc extrêmement dangereux, pour
l'intérêt supérieur du Québec ce que le parti
de l'Opposition ne semble pas comprendre d'inviter la
société General Dynamics. D'autant plus qu'il faut
reconnaître que la société General Dynamics ne
connaît rien à l'amiante. La société General
Dynamics n'a qu'un gisement, n'a qu'une mine, n'a aucun service de marketing;
par exemple, dans le cas de la société Johns-Manville, c'est
strictement l'entreprise Johns-Manville des Etats-Unis qui fait la mise en
marché; dans le cas d'Asbestos Corporation, c'est la seule
société qui fait sa mise en marché du Québec. En
d'autres termes, General Dynamics ne connaît pas ce milieu de l'amiante.
General Dynamics n'est pas impliquée dans l'industrie minière.
Par conséquent, elle est d'abord une industrie spécialisée
dans
l'aéronautique et on peut essentiellement dire que la compagnie
General Dynamics est placée, face à la vente de ses actifs, dans
la même position que le gouvernement; en d'autres termes, elle a fait
appel à la société qu'elle estimait la plus valable pour
évaluer la valeur de son entreprise, elle a fait appel à la
Société Surveyer, Nenniger et Chêne-vert de
Montréal.
Par conséquent, nous nous retrouvons devant une
négociation entre experts SNC-KIDDER Pea-body de New York, et on voit
déjà le jeu politique qui peut se produire, et il faudra
évidemment en arriver à une entente. Donc, nous n'avons rien
à apprendre de General Dynamics; au contraire, nous pouvons certainement
entrer dans son jeu, lui permettre de faire en public des contrats, lui
permettre, donc, d'amener le gouvernement sur son propre terrain à elle
et nous pouvons, à ce moment-là, faire en sorte que le
gouvernement du Québec, qui n'a pas l'intention de se faire dicter par
General Dynamics contrairement à l'ancien gouvernement qui avait
l'habitude de se faire dicter ses politiques par les multinationales
comme nous n'avons nullement l'intention de faire dicter nos politiques par
General Dynamics...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Bérubé: ... évidemment, il s'ensuivra
nécessairement que la position du Québec pourrait se voir mise en
danger ou compromise par suite de cette attitude infantile, de cette attitude
de basse politique de l'Opposition libérale.
Prenant tous ces facteurs en considération, il m'apparaît
qu'il faut résister au chantage de l'Opposition et qu'il nous faut
rejeter avec l'unanimité, j'espère, de tous les gens autour de
cette table...
M. Ciaccia: II n'est pas certain!
M. Lalonde: Vous avez entendu l'ordre!
M. Ciaccia: Tous ensemble, unanimité!
M. Grégoire: C'est parce que l'on n'est pas des suiveux!
Vous avez été habitués à cela, vous autres. Vous
votez tous pareil.
M. Lalonde: On verra cela au moment du vote.
M. Bérubé: J'espère que vous allez me
laisser terminer, messieurs.
M. Grégoire: Nous, on n'est pas des suiveux.
M. Bérubé: II faut donc la rejeter avec toute
l'unanimité et j'oserais même espérer que certains des
membres de l'Opposition libérale qui ont l'air plus intelligents que les
autres voudront se joindre à nous. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
s'il vous plaît, s'il vous plaît! Il n'y a aucune manifestation en
commission parlementaire. S'il vous plaît!
M. Lalonde: Surtout après ce discours-là, il n'y a
aucune raison, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
j'allais donner la parole au député de Richmond, je constate
qu'il est absent.
Une Voix: On va l'attendre.
M. Bérubé: II est suffoqué par l'imprudence
de cette proposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'en ai
d'autres avant le député d'Outremont. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous avez demandé la parole?
M. Lalonde: J'avais demandé la parole, mais
peut-être après le député d'Outremont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant le
député d'Outremont, il y a le député de Mont-Royal,
le député de Rosemont; alors, vous cédez votre droit de
parole?
M. Lalonde: Non, non. M. le Président, on vient d'entendre
un discours que je n'étais pas habitué d'entendre dans la bouche
du ministre des Richesses naturelles...
M. Bérubé: On s'habitue à tout, vous
savez.
M. Lalonde: Je l'avais perçu comme un homme
articulé, qui savait peser les arguments de valeur, mais il faut qu'il
soit réellement à court de bons arguments pour devoir recourir
à la démagogie comme il le fait maintenant. Attaquer de
façon malhonnête le Parti libéral, accuser l'Opposition
libérale d'être de mèche, de partie, disons, avec les
multinationales comme la General Dynamics, alors que tout... Non, M. le
Président, ce n'est pas vrai. Le député de Frontenac
semble surpris et moi, cela ne me surprend pas qu'il soit surpris parce qu'avec
toute la propagande pé-quiste qui...
M. Bérubé: Ça fait penser au
"chocialisme".
M. Ciaccia: Qui a donné le contrat à General Motors
à London? Quel gouvernement a donné le contrat, plutôt
qu'à...
M. Bérubé: Parlez donc du "chocialisme".
M. Lalonde: ... c'est de la propagande contre les
multinationales, tout ce qui a été charrié depuis quelques
années par le Parti québécois là-dessus. Je
comprends le député de Frontenac d'être surpris que ce ne
soit pas vrai, mais je suis prêt à le lui répéter
plusieurs fois. Je sais que ça va prendre du temps, parce que c'est
maintenant ancré dans sa mentalité, il ne pense que de cette
façon, comme la propagande péquiste le lui a appris. Maintenant,
il va falloir, petit à petit, que cela s'en aille, il va falloir que la
vérité ait ses droits,
trouve sa place. Il va y avoir une petite lumière, à un
moment donné, qui va scintiller, faiblement, dans son esprit et qui va
éventuellement défaire certains schèmes, certaines
chimères surtout...
M. Bérubé: ... watts qu'on a en avant de nous
autres.
M. Lalonde: ... qui ont été installés
systématiquement par la propagande bien organisée, bien
orchestrée du Parti québécois, mais ce n'est pas vrai, au
contraire.
M. Laplante: Ce n'est pas nous qui étions à Ottawa
et regardez la propagande qui se fait là, $25 000 pour une caisse
électorale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Le ministre nous a dit tantôt: Une compagnie ne
peut pas dicter au gouvernement ses politiques. Donc, on ne peut pas inviter
une compagnie ici au bout de la table. On ne peut pas inviter une compagnie, M.
le Président, mais on va inviter toute l'association des compagnies.
Elle, par exemple, on peut l'inviter à nous dire ce qu'elle pense, mais
une compagnie, non! L'Association des compagnies d'amiante, ça va.
M. le Président, c'est pauvre comme argument, c'est
épouvantable, cela me déçoit beaucoup. Je ne laisserai pas
ma déception prendre le dessus, je vais quand même tenter d'amener
le ministre et les autres députés, parce que le ministre n'a pas
l'air sûr que les députés vont suivre là-dessus,
à appuyer notre motion.
Nous aurions pu nationaliser, a dit le ministre, mais,
épouvantable hypothèse, la compagnie peut en appeler en justice.
Mais c'est effrayant, M. le Président. Vous, un avocat, vous savez comme
c'est effrayant de penser que des gens peuvent aller devant les cours de
justice. Jamais ce gouvernement ne voudra s'imposer, se soumettre au
système, à l'appareil normal. J'emploie le mot "normal ", parce
que je sais que ça allume des petites lumières et ça fait
sonner des petites musiques dans les oreilles péquistes! Le
système normal de la justice, personne ne veut se soumettre à
ça. Et pourtant!
Alors, il dit: Nous avons donc choisi de négocier. Ah bien
là, on est libre quand on négocie, on est totalement libre. Le
gouvernement, M. le Président, je dis qu'il a ainsi choisi de se
soumettre à la volonté de la société General
Dynamics. C'est lui le gouvernement qui vient de se livrer, pieds et poings
liés, à la volonté de General Dynamics. Pourquoi? Parce
que, quand on négocie une entente bilatérale, on se soumet
à l'accord d'une autre partie et la seule porte de sortie du
gouvernement, c'est de perdre la face et ne pas perdre n'importe quelle face,
la face politique. C'est important pour le gouvernement péquiste.
Lorsqu'on connaît la vanité politique du Parti
québécois, on ne peut pas s'imaginer qu'il va perdre la face
politique. Savez-vous dans quelle posi- tion le gouvernement s'est mis? Parce
que, de la façon qu'il a commencé ce dossier...
M. Bérubé: ... perdre la face, ils en ont toujours
une autre de rechange.
M. Lalonde: De la façon qu'il s'est mis, pieds et poings
liés...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: ... à la merci de cette compagnie, cela me
fait penser à quelqu'un ou à une société qui a
choisi un drapeau. On choisit collectivement un drapeau comme étant le
symbole de sa fierté nationale. Mais le drapeau...
M. Laplante: Cela va être l'Union Jack. M. Lalonde:
... se trouve chez le voisin. M. Laplante: C'est cela.
M. Lalonde: Alors, on dit: On va aller le chercher. On n'ira pas
le chercher, on va aller le négocier. Imaginez-vous le prix qu'il va
payer pour le drapeau.
M. le Président, le premier ministre a dit, et je cite ce qu'un
journal rapporte de ses propos: "Toutefois, si le procédé
échoue, le procédé de l'acquisition de la
négociation, le gouvernement pourrait alors envisager la voie de
l'expropriation offerte à tous les Parlements démocratiques."
Mais est-ce que le gouvernement a mis cette solution de côté ou
s'il veut y recourir éventuellement?
M. Paquette: II me semble que c'est assez clair.
M. Lalonde: Et à quel prix?
M. Bérubé: Le pire des règlements vaut mieux
que le meilleur des procès.
M. Lalonde: Mais à quel prix allons-nous recourir à
l'expropriation? Mais à quel prix? On ne le sait pas. Cela va être
notre argent. Ce n'est pas l'argent du Parti québécois, c'est
l'argent de la population.
M. Bérubé: Vous qui êtes avocat, vous savez
que le pire des règlements vaut toujours mieux que le meilleur des
procès.
M. Forget: C'est une promesse que vous nous faites, de faire le
pire des règlements.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Le ministre est déjà prêt
à faire le pire des règlements, avec l'argent des autres
naturellement. C'est facile de faire le pire des règlements avec
l'argent des autres. Si c'était l'argent
du ministre, l'argent du Parti québécois, ce serait leur
affaire, mais il s'agit de nos valeurs à nous, à toute la
société.
M. Bérubé: Cela va coûter moins cher que $1
milliard.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Est-ce que M. le ministre a une intervention à
faire? Il me semble que je ne l'ai pas interrompu lorsqu'il a parlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Saint-Laurent a démontré d'une façon très claire
jusqu'à quel point le gouvernement s'est mis dans une situation telle
que des hommes raisonnables, des personnes raisonnables, en examinant le
comportement du gouvernement actuel, concluent que le gouvernement ne veut pas
acheter. Il est impossible de conclure que le gouvernement veut
réellement acquérir cette compagnie. Comment voulez-vous? On
s'est mis dans la situation d'un acheteur qui veut acheter, qui négocie
avec un vendeur qui n'est pas obligé de vendre, et l'acheteur ayant
déjà décidé de ne recourir à aucune autre
manière d'acheter que la négociation. Tous les prix sont
possibles, le plus haut prix, le prix que l'imagination ne peut pas atteindre,
et le bon pour le gouvernement, parce que cela lui permet, à ce
moment-là, de sauver la face politique.
Nous, ce qu'on voudrait, M. le Président, c'est aider le
gouvernement en invitant General Dynamics ici, à nous indiquer, non pas
le prix, non pas l'évaluation...
M. Laplante: Marchander.
M. Paquette: ... L'imagination ne peut pas atteindre.
M. Lalonde: Non, on ne peut pas être partie à cette
comédie de négociation que le gouvernement a entreprise avec
General Dynamics. On ne veut pas être partie à cela, mais pas du
tout. Nous voulons nous laver les mains de la stupidité du gouvernement.
Jamais nous n'allons participer à cette parodie d'administration des
affaires publiques. Mais General Dynamics aurait d'autres informations à
nous donner concernant justement le cadre de l'incorporation de la
société nationale ou la société
québécoise de l'amiante. Pourquoi pas SOQUAM, en effet?
On a énoncé les articles 4 et 16 du projet de loi qui
comportent des pouvoirs. General Dynamics a sûrement accumulé une
expérience considérable dans le domaine de l'amiante et elle
pourrait nous informer sur un certain nombre de données qui sont
absolument nécessaires pour les membres de cette commission en vue de se
faire une idée sur la portée du projet de loi.
M. le Président, je ne comprends pas le gouvernement. J'ai
été étonné, et je le répète, de
l'attitude du ministre, en réaction à cette motion. Je
m'attendais à des arguments beaucoup plus pesés, beaucoup plus
fouillés. Tout ce qu'il nous a dit, c'est qu'il a accusé
simplement l'Opposition de vouloir faire du chantage. Je comprends que le
gouvernement se sente dans une situation de minorité; quand on regarde
les sondages actuellement... Il sait qu'il ne représente qu'une
minorité de Québécois. De plus en plus. Je l'ai averti,
à plusieurs reprises, lors des dernières interventions, depuis un
an, à l'occasion des débats, soit en vertu de la loi 101,
à propos de la loi 101, de la loi 67 en ce sens que ces décisions
l'isolaient dans l'opinion publique. (21 h 10)
M. Laplante: Parlez-vous du sondage de 1976?
M. Lalonde: Quand on a baissé de 20%, en moins d'un an,
dans l'opinion publique, on voit le résultat de décisions qui ne
sont pas raisonnables.
M. Laplante: En 1976, le même sondage disait cela.
M. Lalonde: ... qui ne sont faites que pour imposer à la
réalité les chimères d'un programme politique,
pensé simplement en vase clos. On le voit actuellement. C'est
écrit dans le programme du Parti québécois: II faut le
faire, à n'importe quel prix. Ce n'est pas important. Il a maintenant
accès au trésor public. Il pense qu'il peut en faire n'importe
quoi, pourvu que ce soit pour mettre en vigueur le programme sacré
je n'ai pas dit le sacré programme du Parti
québécois.
Un drapeau n'a pas de prix, M. le Président, et c'est un drapeau
qu'on fait actuellement. C'est un symbole et les symboles n'ont pas de prix, on
le sait, on a vu cela avec la loi 101. On a fait un drapeau au lieu d'une loi.
On est en train de faire un autre drapeau, à n'importe quel prix.
J'espère que les députés ministériels vont s'en
rendre compte et faire appel à cette indépendance intellectuelle
à laquelle on se réfère souvent, quoique, de plus en plus,
on s'aperçoit qu'il s'agit plutôt d'une ligne de parti sans aucun
accroc. C'est "le crois ou meurs" dans ce parti. On va le voir tantôt. Je
vais surveiller le vote. Je vais surveiller le vote, M. le Président, je
vous le dis d'avance et j'avertis les ministériels.
M. Laplante: S'il fallait que cette affaire soit
télévisée!
M. Lalonde: On va voir jusqu'à quel point ces
députés qui disent posséder assez de maturité pour
prendre leur propre décision, en fonction de la valeur des arguments, on
va voir de quelle façon ils vont voter.
M. Laplante: C'est beau les valeurs d'arguments.
M. Lalonde: Ont-ils peur?
M. Laplante: On n'en a pas trouvé encore.
M. Lalonde: Auront-ils peur d'entendre General Dynamics?
M. Ciaccia: Où est leur indépendance d'esprit?
Une Voix: Oui.
M. Lalonde: Je vous le demande.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Auront-ils peur d'aller à l'encon-tre des
desiderata et des diktats du ministre?
M. Laplante: Oui.
M. Lalonde: On va le voir. Je vois un député qui
fait signe que "non", je ne sais pas s'il veut dire qu'il n'aura pas peur.
Une Voix: II est assis à table, lui. M. Laplante: II n'a
pas droit de vote.
M. Lalonde: Pendant quelques secondes, j'ai eu de l'espoir. On
vient de me dire que ce député n'a pas droit de vote. C'est
facile d'avoir une autonomie de pensée quand on n'a pas le droit de
décider. Mais ceux qui sont assis ici à cette table et qui ont le
droit de vote, nous allons les surveiller.
M. Laplante: On va regarder le ministre avant.
M. Lalonde: J'ai vu un regard inquiet de la part du ministre, je
peux le rassurer. Tantôt, lorsqu'il a regardé ses troupes, bien
alignées, lorsqu'il a dit peut-être que les députés
ministériels voteront contre, dit-il...
Une Voix: N'est-ce pas?
M. Lalonde: ... n'est-ce pas? Oui, le mot d'ordre est
lancé.
M. Ouellette: Vous regardez l'émission Duplessis,
certainement.
M. Lalonde: L'inquiétude du ministre, je pense, n'est pas
fondée. Voyant jusqu'à quel point les députés
actuellement se préparent à prendre leur rang derrière le
ministre, sans tenir compte de la valeur de nos arguments, je peux rassurer le
ministre, mais il me reste quand même...
M. Grégoire: On attend l'argument. Cela ne fait rien, il y
en aura encore deux autres pour apporter l'argument. Sur quatre, jamais je ne
croirai qu'il n'y aura pas un argument.
M. Lalonde: ... à faire appel aux députés
ministériels, de considérer... Jusqu'à quel point, ces
députés... Lequel, parmi les députés
ministériels, autres que le ministre... On ne sait pas si le ministre a
rencontré les représentants de General Dynamics. On ne sait rien
de cela. On n'a droit à aucun renseignement.
M. Bérubé: Pour ne pas surcharger votre
cervelle.
M. Lalonde: Pourquoi? Lequel de ces députés
ministériels qui sont au pouvoir, lequel de vous a rencontré les
gens de General Dynamics? Qui de vous a eu accès à ces
renseignements?
NI. Paquette: Est-ce qu'il y en a chez vous... Le député
de Saint-Laurent a dû rencontrer les gens de General Dynamics,
d'après son intervention.
M. Lalonde: Est-ce que le député de Bourassa a
rencontré les représentants? Est-ce qu'il a les réponses
aux questions qu'on se pose concernant General Dynamics?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Est-ce que le député de Bourassa a des
réponses?
M. Laplante: Oui, j'ai des réponses.
M. Lalonde: Le député de Bourassa a
rencontré...
M. Laplante: Lorsque j'irai les rencontrer, j'irai vous
rencontrer, parce que vous savez le chemin, vous du Parti libéral, pour
aller vers ces multinationales.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Ce n'est pas General Motors que j'ai dit. J'ai dit
General Dynamics.
M. Laplante: Non, General Dynamics. On vous découvre un
nouveau talent de comédien, ce soir, M. le député.
M. Lalonde: M. le Président, s'il y avait une question de
privilège, je la soulèverais, parce que ce n'est pas de la
comédie, c'est triste, au contraire, de voir jusqu'à quel point
les députés ministériels n'ont rien comme renseignement,
aucun.
M. Grégoire: Les renseignements de qui? Je les ai.
M. Lalonde: Ah! Le député de Frontenac a
rencontré les gens de General Dynamics.
M. Grégoire: Non, vous m'avez demandé si j'avais
les renseignements. Je les ai.
M. Lalonde: II a rencontré les gens de General
Dynamics?
M. Grégoire: Le représentant au Québec,
c'est Asbestos Corporation.
M. Ciaccia: Ils n'ont pas le droit, le ministre ne veut pas.
M. Lalonde: Vous avez le président de General Dynamics qui
a parlé au député de Frontenac.
M. Grégoire: Non.
M. Lalonde: Le député de Frontenac n'est pas
intéressé à l'entendre...
M. Grégoire: II ne viendra pas ici.
Une Voix: ... pour venir subir vos questions!
M. Lalonde: ... alors que c'est justement cette compagnie, avec
la société qu'on est appelé à créer, qui va
faire une entente.
M. Grégoire: Vous ne croyez pas que le président de
General Dynamics va venir écouter vos questions et vos discours?
Arrêtez-moi cela, vous autres!
M. Ciaccia: Faites-en la preuve, invitez-le!
M. Laplante: II va partir de Saint-Louis et il va s'en venir
ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: S'ils savent quel genre de questions vous
allez leur poser! Jamais ils ne viendront vous écouter.
M. Ouellette: Est-ce que je pourrais poser une question?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, devant le "filibuster" du
parti ministériel, laissez-moi quand même la parole. Je pense que
je l'avais.
M. Ouellette: Vous ne me permettez pas une question? Juste
une.
M. Lalonde: Non. Si j'en juge par les questions de vos deux
voisins, je ne suis pas optimiste.
M. Ouellette: Prenez une chance! M. Grégoire: II
est drôle, celui-là. M. Ouellette: Je recommence... M.
Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ouellette (Beauce-Nord): Pour une fois, ma question serait
vraiment sérieuse.
M. Grégoire: Je vous le recommande celui-là, il a
de bonnes questions.
M. Ouellette: Mais il n'aura pas de réponse, c'est cela le
problème.
M. Lalonde: J'ai tenté de faire appel au sens pratique,
quoique c'est assez difficile...
Une Voix: Une tentation comme tentative.
M. Lalonde: ... dans ce parti, on n'en trouve pas, même
à l'honnêteté intellectuelle des membres de l'équipe
ministérielle pour simplement ne pas avoir peur. Si on pose des
questions telles que: Quel prix voulez-vous avoir? M. le Président, vous
serez le premier à nous rappeler à l'ordre, lorsque les gens de
General Dynamics vont être ici. Si on pose la question à M. Untel,
je je ne sais pas son nom: Quelle est l'évaluation de la compagnie
Asbestos? M. le Président, vous allez tout de suite faire tomber la
guillotine sur mon droit de parole, à ce moment.
M. Grégoire: Pourquoi poseriez-vous la question?
M. Lalonde: Raison de plus de ne pas craindre qu'on se lance dans
une telle aventure, mais combien de questions pertinentes pourraient être
posées à General Dynamics, justement sur son expérience
concernant ce que... Est-ce que le député de...
M. Ouellette: Beauce-Nord.
M. Lalonde: ... Beauce-Nord a lu...
M. Ciaccia: Oui, j'en ai entendu parler.
M. Lalonde: Est-ce que le député de Beauce-Nord
sait ce que l'article 4 du projet de loi contient?
M. Ouellette: Est-ce que je suis tenu de répondre à
votre question, puisque vous n'avez pas accepté la mienne?
M. Lalonde: Bon. Voilà, il ne sait pas ce que l'article
4... Je comprends qu'il ne sache même pas pourquoi General Dynamics
viendrait ici!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Une Voix: Ce n'est pas cela que j'ai dit. Allons donc!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grégoire: II a une mine d'amiante dans son
comté, lui aussi.
M. Lalonde: Est-ce que le député de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De
Lac-Saint-Jean.
Une Voix: Le "show" continue.
M. Lalonde: ... Lac-Saint-Jean veut intervenir? A votre place, je
l'inviterais à la table.
Une Voix: Le "show must go on". M. Grégoire: On peut
l'inviter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
sûr que s'il demande le consentement, il l'aura!
M. Lalonde: De toute façon, je pense que chacun des
députés ici serait intéressé de voir les gens de
General Dynamics, les méchants qui ne veulent pas vendre. Voyons! Ce
serait intéressant!
M. Laplante: Cela fait longtemps qu'on cherche un
remplaçant à Olivier Guimond.
M. Lalonde: Pensez-y une minute! Essayez de vous transporter dans
le temps et dans l'espace. Ils sont là. Vous avez des questions à
leur poser.
Une Voix: II commence à me convaincre!
M. Laplante: Savez-vous ce que je pense? Je pense que vous auriez
fait un diable de bon remplaçant à Olivier Guimond!
M. Lalonde: Le député de Bourassa pense
déjà aux questions à lui poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Laplante: On en cherche un.
M. Grégoire: J'aimerais savoir quelles sortes de questions
vous leur poseriez!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. S'il vous
plaît! Résistez à la provocation, messieurs. Je demanderais
également à M. le député de Marguerite-Bourgeoys de
bien vouloir conclure.
M. Lalonde: Le député de Bourassa a
déjà des questions.
M. Laplante: Non, il est gentil ce soir.
M. Lalonde: M. le Président, je conclurai en disant que
d'ici le vote, je suis sûr que chacun des députés, en
oubliant les souhaits parce qu'il s'agissait d'un souhait du
ministre, devrait se poser la question, à savoir pourquoi avoir peur de
General Dynamics? Simplement avoir ses représentants ici au bout de la
table et leur poser des questions pertinentes... Cela serait, au contraire, une
façon de démontrer que le gouvernement n'a pas peur. Mais je
pense que celui-ci fait une espèce de cauchemar parce qu'il sait que
l'affaire est mal engagée; il ne sait pas comment s'en sortir. Mais
quand même, j'espère que d'ici au vote il changera d'idée
et appuiera la motion du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président.
M. Laplante: Prends ton temps, je reviens.
M. Brochu: Oui, certainement, je vais attendre le retour du
député de Bourassa pour conclure.
M. Bérubé: Vous devriez commencer à conclure
tout de suite.
M. Brochu: Merci de l'invitation du ministre.
M. le Président, je commencerai donc mon intervention en
concluant que j'appuierai cette motion présentée par le
député de Saint-Laurent simplement parce que, au début des
discussions que nous avons eues sur la question, nous avions quand même
abordé cette proposition de faire venir ici, à la table de nos
discussions, différentes parties concernées par le projet de loi,
différents groupes qui peuvent nous apporter des lumières. Parmi
ces groupes, évidemment figurait c'était là
l'expression même des premières motions qui ont été
présentées aujourd'hui la compagnie General Dynamics.
A notre avis, il semble que les réserves qui ont
été exprimées par le ministre et par quelques-uns de ses
collègues, en ce qui concerne les négociations actuellement en
cours, ne sont pas de nature à nous faire rejeter la proposition qui est
devant nous, c'est-à-dire de faire comparaître General Dynamics.
Au contraire, M. le Président, et vous-même en tant que gardien
des règlements de cette commission et des règlements dont cette
commission peut décider en cours de route, pourriez-vous vous porter
garant, à ce moment-là nous-mêmes aussi en
acceptant un certain corridor de discussion, comme vous le mentionnez si bien.
Nous pourrions définir exactement le cadre des discussions à
l'intérieur desquelles des questions pourraient être posées
à General Dynamics, toujours dans le but d'obtenir de cette entreprise
les expertises qui peuvent être pertinentes à nos débats,
les renseignements que nous pourrions juger utile d'obtenir de l'entreprise,
étant donné que c'est elle qui est, en grande partie,
propriétaire d'Asbestos Corporation, entreprise dont le gouvernement se
portera acquéreur.
Nous espérons par cette motion, obtenir, en quelque sorte, la
radiographie de l'entreprise
comme telle, les données techniques de cette entreprise. Quelques
questions que nous aurions eu à lui poser sur ses installations, par
exemple, sur l'état de ses installations...
M. Grégoire: ... General Dynamics ne ferait pas cela.
Quand les syndicats viendront, tu vas le savoir.
M. Brochu: ... sur les coûts. Oui, on pourrait le savoir
des syndicats, avoir certaines données. Par contre, je pense que nous
aurions pu avoir certaines données de la part de General Dynamics.
Même si General Dynamics est la maison mère d'Asbestos
Corporation, je pense que les gens qui se seraient présentés
devant nous auraient eu certaines données pertinentes en ce qui concerne
ce sujet.
M. Bérubé: ... qui fait l'évaluation pour
General Dynamics sur l'état des installations.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: Non, il ne s'agissait pas, à ce
moment-là, de faire un tour d'horizon aussi complet que le souhaiterait
le ministre, malgré que, s'il veut lui-même amender la proposition
faite par le député de Saint-Laurent, libre à lui de le
faire et d'inviter tous les gens, groupements, associations qui peuvent
être reliés directement ou indirectement à cette question
et la commission pourrait éiargir son mandat. On pourrait élargir
le corridor qui a été si habilement tracé par notre
président. Cela serait la volonté du ministre de la faire; je lui
laisse cette possibilité.
Au point de départ, pour revenir à la question plus
sérieusement, il s'agissait d'aller chercher toutes les données
de l'entreprise exploitante. Il s'agissait d'obtenir le plus de renseignements
sur le plan économique, d'une part, et sur le plan technique, d'autre
part; parce que l'entreprise en question, comme on le sait, possède
environ 54% des actions d'Asbestos. Son emprise sur le domaine, tant sur le
plan national que sur le plan international, revêt une grande importance.
Je pense qu'à cause de cette situation, à cause de la nature de
l'étendue de ses possessions et de son expérience, on aurait pu
obtenir des données pertinentes. (21 h 25)
M. le Président, je limiterai mes remarques à cela. Je
devrai conclure avant le retour du député de Bourassa! Je conclus
en vous remerciant de votre patience, en vous disant que j'appuie cette motion
du député de Saint-Laurent et en espérant que le
gouvernement pourra l'appuyer également.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, quand on dit que le Parti
québécois et les députés ministériels ont
peur, je crois que la plus grande peur qu'ils semblent avoir, c'est la peur de
la vérité. C'est cela, la vraie peur, c'est l'impression que vous
nous donnez. Cela me rappelle un mémoire que la chambre de commerce
vient de présenter, il y a une semaine, à la commission
parlementaire de la justice, sur la question des recours collectifs. La chambre
de commerce, en adressant son mémoire au ministre, au gouvernement, a
rappelé au ministre que, dans la Loi de la protection des consommateurs,
il y a une provision qui oblige les compagnies, ceux qui vont offrir des
produits aux consommateurs, à faire des représentations, à
dire la vérité et le souhait de la chambre de commerce
était: Si cette loi pouvait seulement s'appliquer aux hommes politiques!
C'est le même souhait que je fais ici, quant à l'information qu'on
veut obtenir pour voir si le projet de loi doit être bonifié, pour
obtenir toutes les informations.
M. Bérubé: Est-ce que vous vendez de la salade?
M. Ciaccia: Non, parce que cela s'appliquait au gouvernement.
C'est vous qui nous donnez l'impression d'une obstruction, que vous voulez
systématiquement tout bloquer.
D'un côté, le ministre dit qu'il ne peut pas inviter
General Dynamics parce que General Dynamics fera en sorte de faire augmenter la
valeur de ses actions. C'est un peu illogique parce que ce n'est pas dans
l'intérêt de l'Opposition de montrer que les actions de General
Dynamics valent tellement; c'est dans notre intérêt de montrer
qu'on est contre votre acquisition et, si vous avez tellement confiance
à votre compétence et à la compétence des experts
de votre ministère, il me semble que ce serait la chose la plus facile
que de poser des questions à General Dynamics et d'avoir la
vérité, de voir vraiment ce qu'a la compagnie.
D'un côté, le ministre dit que General Dynamics viendrait
ici et ferait des représentations qui forceraient le gouvernement
à payer plus cher. De l'autre côté, M. le Président,
le député de Frontenac dit que General Dynamics ne viendrait
même pas.
M. Grégoire: Le président.
M. Ciaccia: Le président ou qui que ce soit, les
représentants de General Dynamics. Alors, il me semble que cela trahit
un peu l'esprit des députés ministériels qui voient qu'une
commission parlementaire donnerait la vérité ou ne la donnerait
pas. Si elle donne la vérité pourquoi avez-vous peur qu'on ait
toutes les données? Est-ce que c'est parce que vous n'avez pas fait
votre devoir, que vous ne savez pas dans quelle aventure vous vous
embarquez?
M. Grégoire: Oh oui, on le sait!
M. Ciaccia: Si vous le savez, vous ne devriez pas avoir de
craintes à inviter General Dynamics. Mais j'ai l'impression et ce
n'est pas seulement moi qui ai cette impression, mais tout un secteur de la
population que vous ne voulez pas que le public sache que General
Dynamics veut se faire
acheter par le gouvernement. C'est l'impression que vous nous donnez et
c'est ce qui se dit dans le public. J'ai l'impression que la meilleure chose
qui soit arrivée à General Dynamics depuis qu'elle a
acheté 54% des actions d'Asbestos, c'est l'intention du gouvernement du
Québec d'acheter ses 54%. C'est absolument l'impression que vous nous
donnez et la seule manière d'enlever cette impression, c'est de donner
les faits, de l'inviter ici, de la faire parler, de la questionner et de faire
ressortir tout ce qui, dans cette compagnie, n'augmenterait pas les
coûts: les améliorations, les coûts à long terme, les
planifications de la compagnie; il y a une série de questions, une
série d'informations qu'on peut obtenir seulement si cette compagnie
vient ici et si on voit vraiment son comportement. On verra si elles sont
vraies, les rumeurs qui courent dans le public que General Dynamics veut se
faire acheter. C'est pour cela aussi que vous n'allez pas procéder par
voie d'expropriation, parce qu'à part du fait que vous ne semblez pas
avoir trop de confiance dans les tribunaux, quand vous négociez de
gré à gré, de la manière que vous le faites, vous
le faites en cachette. Vous ne le faites pas en toute ouverture, vous ne voulez
pas donner les faits, vous ne voulez pas donner les faits à
l'Opposition, vous ne voulez pas donner les faits au public.
Je vois que le député de Frontenac dit non, mais qu'il le
prouve. Ce n'est pas seulement par vos déclarations que vous allez nous
prouver cela, c'est par vos actions, ce n'est pas par un illogisme que vous
allez nous convaincre. M. le Président, je crois qu'une des
manières de démontrer vraiment que ce projet de loi est dans
l'intérêt du public, du Québec, c'est d'inviter la General
Dynamics. Si vous n'aviez pas peur, si vous aviez confiance, c'est cela qui
vous manque vous autres, la confiance, vous le voyez avec vos projets de loi,
comme le projet de loi 101, c'est le manque de confiance. Vous le voyez par un
projet de loi où vous ne donnez pas les faits au public, c'est le manque
de confiance. Vous avez peur que le public vous questionne, qu'il vous dise:
Ecoutez, ces données que vous avez sur la table, ce n'est pas ainsi que
cela se fait. En cachant les faits, en essayant de nous jeter de la poudre aux
yeux, c'est seulement de cette façon que vous pensez que vous allez
réussir.
M. le Président, l'Opposition officielle ne permettra pas qu'on
vote en cachette un projet de loi aussi important sans questionner tout le
monde impliqué. Pourquoi avez-vous accepté les autres? Vous
pensez que vous avez fait un compromis: on va en faire venir quelques-uns, mais
on va en exclure d'autres. Votre position n'est pas logique. Si vous n'aviez
pas peur de l'orientation de votre projet de loi, vous n'auriez pas peur
d'inviter General Dynamics d'ajouter une compagnie sur les cinq compagnies ou
groupes proposés. Ce n'est pas cela qui va changer la nature de la
commission parlementaire, ce n'est pas cela qui va ajouter tellement à
nos travaux.
M. le Président, j'appuie donc la motion du député
de Saint-Laurent et je lance un défi aux ministériels. Montrez
que vous n'avez pas peur, montrez que vous êtes honnêtes, montrez
que vous voulez que le public sache ce qui se passe. Prouvez-nous que General
Dynamics ne peut pas se faire acheter, que ce n'est pas dans
l'intérêt de General Dynamics ce que vous faites. Les actions
montent de $23 à $49. Le ministre de l'énergie a dit que cela
devrait être $60.
M. Grégoire: Cela va baisser.
Une Voix: Elles sont rendues à $37.
M. Ciaccia: Voyons! Voyons! Cela commence à être un
peu louche.
M. Paquette: Cela redescend.
M. Grégoire: Cela va encore baisser.
M. Ciaccia: Je ne veux pas prêter d'intention au
gouvernement.
M. Grégoire: Elles sont à $37 aujourd'hui. M.
Paquette: Cela n'a aucune importance. M. Grégoire: Cela va
tomber à $35.
M. Ciaccia: Je ne veux pas prêter d'intention au
gouvernement, mais c'est d'un amateurisme, c'est d'une incompétence
inexcusable.
M. Bérubé: Qu'ils prennent leurs risques.
M. Ciaccia: Prouvez un peu de votre bonne foi, prouvez un peu
votre compétence. Faites venir General Dynamics. On a les mêmes
intérêts que vous. On n'a pas intérêt à faire
monter les actions. On veut démontrer que l'usine est
désuète. On va le faire prouver par la bouche de General
Dynamics. On va faire prouver...
M. Grégoire: Cela a brûlé.
M. Ciaccia: II y en a une autre, voyons! Pas celle qui a
brûlé, naturellement, voyons! Est-ce assez illogique, cela? Vous
venez de prouver ce que je viens de dire de votre illogisme par vos
déclarations. Voyons!
M. Grégoire: Oui, mais le montant de l'assurance est dans
les coffres par exemple. Les $21 millions...
M. Ciaccia: Faites-la venir ici pour démontrer les cas
d'insalubrité de sa présente usine...
M. Grégoire: Ne vous inquiétez pas, les syndicats
vont le dire.
M. Ciaccia: ... pour démontrer les démarches faites
par le ministère de l'environnement. Quelles sont les exigences
imposées par le gouvernement? General Dynamics a-t-elle respecté
les normes du ministère de l'environnement? Ce ne sont là que
quelques exemples. Je vais vous dire
que vous verrez, par les réponses apportées aux questions
posées, que la valeur de la compagnie n'augmentera pas, elle va baisser.
Dans l'opinion publique, les gens diront: Pourquoi le gouvernement
achèterait-il cette compagnie après que les organismes
convoqués auront répondu aux questions de l'Opposition
officielle? C'est ce qu'on veut, en toute franchise. Nous avons les mêmes
intérêts. Ne vous inquiétez pas. Nous représentons
la majorité des Québécois. Nous avons leurs
intérêts à coeur. Ne vous inquiétez pas de cela. Si
vous votez contre cette motion, c'est parce que vous démontrez une
incompétence. Vous n'êtes pas prêts. C'est une aventure,
c'est un symbole. Vous n'avez pas la compétence pour poser des questions
à General Dynamics. Le ministre dit: Ils vont venir dire que ça
vaut beaucoup. Bien oui, mais vous n'allez pas prendre pour du "cash" les
déclarations de General Dynamics. J'espère que vous aurez des
questions pertinentes pour démontrer vraiment que cette compagnie ne
vaut pas ce qu'elle prétend que ça pourrait valoir, et pour faire
sortir toutes les failles, toutes les difficultés.
M. le Président, j'avoue que la position du ministre
m'étonne, elle étonne même les ministériels, c'est
pour ça qu'il a été obligé de dire: Vous allez
voter contre. C'est étonnant, franchement, c'est étonnant, c'est
incompréhensible, en plus.
Je vais terminer ma brève intervention ici, M. le
Président. Pensez aux arguments qu'on vous a fait valoir et aux
questions qu'on vous a posées, demandez-vous, individuellement,
peut-être que votre ministre ne vous l'a pas dit, peut-être que le
député de Frontenac ne vous l'a pas dit, mais General Dynamics
veut se faire acheter par le gouvernement. D'accord?
Une Voix: On ne veut pas l'acheter.
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas l'acheter, mais vous le faites
avec votre projet de loi. Scindez-le, et dites-le, que vous ne le voulez pas.
Il y a d'autres moyens d'arriver à votre objectif. D'accord? Pensez-y et
acceptez cette motion et enlevez les doutes que la population a à ce
sujet.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je serai très bref.
En ce qui me concerne. Ce sera beaucoup moins de vingt minutes. J'ai
été profondément blessé par les déclarations
du ministre, tout à l'heure, et je pense que j'admire mes
collègues qui sont ici, qui sont capables de passer outre à des
insultes aussi basses qu'on a reçues ce soir. On s'est fait accuser de
ne pas servir les intérêts supérieurs du Québec,
d'avoir partie liée avec des intérêts étrangers,
d'avoir des attitudes infantilles, de faire du chantage, de la collaboration,
de la basse politique.
Si on est ici pour se faire insulter comme ça, je pense que
ça ne vaut pas la peine de discuter sur le fond des problèmes. Il
y a d'autres ministres de ce gouvernement qui accusent les gens d'être
des voleurs, des bâtards, des inféodés. Ce soir, on s'est
fait insulter de nouveau. Si je suis ici, ce n'est pas pour sacrifier les
intérêts du Québec, M. le ministre. Avec des attitudes
aussi offensantes et aussi méprisantes, il n'y a qu'un sentiment que
j'ai envers vous, c'est le mépris. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, l'Opposition nous fait son
traditionnel appel à voter en faveur de sa résolution. Je dois
révéler un secret d'alcôve. Nous avons eu un caucus,
à l'heure du souper, et je dois dire que la suggestion de rejeter cette
proposition est apparue, spontanément, à l'ensemble du caucus des
députés. C'est donc une idée qui nous est bien personnelle
et elle saute d'évidence aux yeux; il est tout à fait à
l'encontre de l'intérêt du Québec d'entendre à cette
commission la General Dynamics.
L'Opposition a accusé le gouvernement, les députés
ministériels, d'avoir peur de perdre la face. Elle a manqué une
bonne blague tantôt autour de la table. On disait que c'est très
différent du gouvernement libéral, qui ne pouvait pas avoir peur
de perdre la face...
M. Lalonde: C'est la seule affaire que vous êtes capables
de faire, à part de lancer des insultes, voyons!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Soyez donc un peu sérieux!
M. Paquette: M. le Président, je pense que c'est vrai que
l'Opposition a conservé cette caractéristique d'être
incapable de perdre la face, parce qu'elle en a une autre... (21 h 40)
M. Lalonde: On l'a entendue, celle-là. Cela fait deux
fois...
M. Paquette: On nous fait une proposition que l'on sait, de toute
évidence, que le gouvernement du Parti québécois ne peut
absolument pas accepter. C'est évidemment inacceptable pour un
gouvernement...
M. Ciaccia: ... ils l'ont dit.
M. Paquette: ... d'amener à une commission parlementaire,
sous les feux de l'opinion publique, une compagnie avec laquelle elle est en
train de négocier. On aura beau dire qu'on pourrait simplement se
contenter d'orienter les questions autrement...
M. Lalonde: Avec l'argent des autres.
M. Paquette: Je pense qu'on ne pourrait pas éviter, dans
cette situation, de traiter du fond de la question et de faire
révéler par la compagnie General Dynamics certains des arguments
qu'elle
compte employer dans la négociation et également de placer
le ministre dans une position où il serait obligé de sortir un
certain nombre d'informations à un moment où ce n'est
peut-être pas approprié, puisqu'on est en négociation.
Quand on dit que c'est parce qu'on a peur, que c'est parce qu'on se
cache, je pense que les gens de l'Opposition ignorent peut-être que,
quand le gouvernement fédéral a acheté la compagnie
Canadair, en 1976, de la même compagnie General Dynamics, il l'a fait
exactement de la même façon. C'est une transaction d'à peu
près la même envergure. General Dynamics n'a pas été
convoquée devant le Parlement pour discuter pendant que le gouvernement
négociait avec elle.
Je pense que tout gouvernement responsable aurait exactement la
même attitude devant des situations semblables.
M. Lalonde: Ils veulent le faire à n'importe quel
prix.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Ils sont aussi enfantins que vous autres.
M. Grégoire: Ils ne sont pas allés devant la
commission parlementaire pour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Paquette: M. le Président, c'est une situation tout
à fait analogue. Le gouvernement fédéral avait
annoncé son intention d'acheter la compagnie Canadair et était en
train de négocier avec cette compagnie, General Dynamics, l'achat de
Canadair.
J'ai entendu le député de Mont-Royal essayer d'insinuer
que c'est peut-être parce qu'on avait peur que soit
démontrée devant la commission la hâte de General Dynamics
de vendre sa filiale d'Asbestos. Je ne sais pas s'il est au courant que la
General Dynamics, avec Asbestos, a fait un rendement sur le capital autour de
22% à 25% l'année dernière.
M. Ciaccia: Je suis au courant.
M. Paquette: Je ne connais pas une compagnie qui, avec un tel
rendement sur son capital, serait très désireuse de vendre au
plus vite une entreprise aussi rentable.
M. Forget: Puisqu'il leur donne le même rendement.
M. Paquette: D'autre part, M. le Président, quand j'ai
entendu le député de Saint-Laurent parler du soi-disant vide que
le gouvernement voudrait cacher, je le trouve très perspicace de voir un
vide qu'il dit aussi apparent là où il n'est pas. Le seul vide
que j'ai trouvé, c'est dans les ar- guments de l'Opposition et
également aussi dans son incapacité à fournir des
solutions alternatives. Je ne pense pas que des questions à General
Dynamics pourraient jeter quelque lumière sur ce débat.
Finalement, M. le Président, je me demande si ce n'est pas
simplement parce que l'Opposition manque carrément de ressources,
qu'elle manque d'armes, qu'elle a décidé de convoquer une
compagnie qui se spécialise dans l'armement. Nous aurons toutes les
occasions nécessaires, toutes les occasions de discuter de la situation
générale de l'amiante, de la position respective des
différentes compagnies d'amiante au Québec, lorsque l'Association
des mines comparaîtra devant la commission.
Pour ce qui concerne la salubrité de la mine, je pense que le
syndicat pourra nous en parler abondamment et que les différents
organismes que le gouvernement accepte de rencontrer nous permettront d'avoir
toutes les lumières nécessaires pour juger de la politique de
l'amiante du gouvernement.
M. le Président, par conséquent, je devrai voter contre
cette motion de l'Opposition.
Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Saint-Laurent sera-t-elle adoptée?
M. Lalonde: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Raynauld (Outremont)?
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée, six voix contre deux.
Y aurait-il d'autres députés qui voudraient
présenter des motions préliminaires ou est-ce que je peux appeler
l'article 1? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que nous avions,
sinon convenu, du moins... Est-ce que le député de Richmond a une
motion?
M. Brochu: J'aurais une motion, mais je pourrai la faire au
début, lorsqu'on reprendra; il n'y a pas de problème.
M. Grégoire: Oui, mais on finirait les
préliminaires. On commencerait l'article 1 immédiatement
après avoir entendu... C'était ce qui avait été
entendu.
M. Lalonde: C'est-à-dire qu'on entendait les intervenants
avant d'arriver à l'article 1.
M. Grégoire: Oui, et on prenait l'article 1
immédiatement après.
M. Lalonde: Après.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
ce que j'ai demandé. Y a-t-il d'autres motions préliminaires?
M. Brochu: Est-ce que cela veut dire qu'on doit disposer de
toutes les motions qui restent, ce soir?
M. Lalonde: Pas nécessairement, si cela va plus loin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas
nécessairement, mais je veux dire qu'il nous reste quinze minutes. S'il
n'y a pas d'autres motions préliminaires, on pourra envisager d'autres
hypothèses pour terminer nos travaux. On pourrait même terminer un
peu avant.
M. Brochu: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'autre
part, s'il y a encore des motions préliminaires, on va épuiser le
temps jusqu'à 22 heures en en discutant tout simplement.
M. Brochu: Ce que je veux dire, c'est que s'il y a des motions
préliminaires plus tard que 22 heures, est-ce qu'avant de reprendre
l'article 1...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
les étudier mardi soir.
M. Brochu: Non pas mardi soir, parce que mardi soir...
M. Lalonde: Après les intervenants. M. Brochu:
Après les intervenants.
M. Grégoire: Ce n'est pas cela qui a été
convenu; c'est qu'on finissait la période préliminaire ce soir.
C'est cela qui a été convenu.
M. Lalonde: Non.
M. Grégoire: C'est cela qui a été dit tout
à l'heure et qu'immédiatement après les intervenants, on
passait à l'article 1. Vous pourrez faire vos motions à l'article
1.
M. Brochu: Non, je ne peux pas les faire, en vertu du
règlement, parce que ce ne sont pas des motions qui s'appliquent
à l'article 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît! Un instant, M. le député de
Frontenac!
M. Grégoire: C'est cela qui a été convenu
tout à l'heure. Relisez les galées, vous allez voir que c'est
cela qui a été convenu. Le député de Rosemont a
même demandé une précision là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends... S'il vous plaît!
M. Forget: II a été convenu qu'il n'y aurait plus
d'autres motions sur les invitations à des groupes ou à des
individus.
M. Grégoire: Non, ce n'est pas cela qui avait
été convenu.
M. Forget: Vous avez notre parole là-dessus. On est
d'accord également pour procéder à l'audition des
témoins à partir de mardi.
M. Grégoire: J'ai bien employé l'expression
"immédiatement après ceux qui viendront comparaître, nous
commencerons avec l'article 1.
M. Lalonde: Non, on n'avait pas accepté.
M. Grégoire: Ah! Cela a été accepté,
vous relirez les galées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Si vous le permettez, M. le Président, on
avait convenu de ne pas faire de motion autre que celle de General Dynamics
pour les invitations, c'est réglé.
M. Grégoire: Oh non! cela n'a pas été...
M. Lalonde: On avait convenu de procéder ce soir à
des motions préliminaires. Maintenant, si les motions
préliminaires débordent la séance de ce soir, il n'y a pas
de doute qu'elles devront être vidées avant d'aborder l'article 1.
Il était convenu qu'on entendait les intervenants avant d'aborder
l'article 1 aussi. Le seul autre endroit que je verrais, s'il reste des motions
préliminaires quant à moi, je n'en ai pas actuellement
c'est après avoir entendu les intervenants, avant d'aborder
l'article 1. Je ne pense pas que cela crée des problèmes. Je ne
sais pas si vous en avez beaucoup.
M. Grégoire: En avez-vous une...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Elles
doivent nécessairement être présentées avant
l'article 1.
M. Grégoire: Avez-vous d'autres motions
préliminaires?
M. Brochu: Oui, en fait, en ce qui me concerne, j'aurais une
courte motion que je pourrais peut-être présenter
immédiatement. Je voulais m'assurer en même temps, pour que ce
soit bien clair, s'il y avait d'autres motions en cours de route avant
l'article 1, après avoir entendu les mémoires, que cela restera
quand même possible si jamais il y en avait.
M. Lalonde: On peut la remettre à ce moment. Qu'est-ce que
c'est?
Motion pour accorder le droit de parole à tous
les députés
M. Brochu: Très rapidement. C'est simplement que tous les
députés qui en manifestent le désir puissent s'exprimer
à la table de cette commission, comme cela a déjà
été le cas à d'autres commissions, qu'ils puissent
être entendus, et non pas se limiter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une motion qui est présentée à presque toutes les
commissions parlementaires.
M. Brochu: Surtout peut-être à cette commission
où on a vu, d'ailleurs, l'intérêt d'un grand nombre de
députés à l'Assemblée nationale. On a
déjà eu 45 ou 48 interventions sur le sujet. Il y a
peut-être des députés aussi qui sont impliqués et
qui ne sont pas membres de la commission qui aimeraient à ce moment soit
venir poser des questions aux groupes qui vont venir, ou venir s'exprimer
à un moment ou à l'autre. Je fais donc la motion suivante: Que
les députés qui ne sont ni intervenants, ni membres de la
commission permanente...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Allez, M. le député de Richmond.
M. Brochu: M. le député de Frontenac, est-ce que je
peux?
M. Grégoire: Oui.
M. Brochu: Merci. Je relis. Je vous remercie beaucoup, M. le
député, de me permettre de lire ma motion: "Que les
députés qui ne sont ni intervenants, ni membres de la commission
permanente des richesses naturelles puissent s'y faire entendre, sans devoir
obtenir la permission, et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite
commission, relativement à l'étude, article par article, du
projet de loi no 70".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, puis-je dire que c'est là l'exemple
classique de la motion préliminaire par excellence?
M. Brochu: Qui se situe donc dans le cadre de la discussion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
l'organisation de nos travaux, elle est rece-vable et reçue. Alors,
discussion sur la motion.
M. Lalonde: Je serais en faveur.
M. Brochu: On pourrait peut-être entendre le ministre. Cela
réglerait peut-être la question.
M. Lalonde: Quel ministre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Disons
que les règlements...
M. Bérubé: Je passe mon droit de parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Frontenac!
M. Grégoire: Je ne suis qu'adjoint ministériel.
M. Lalonde: Ah! Adjoint, pardon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, voulez-vous cesser de jouer au
président et écouter, s'il vous plaît?
M. Grégoire: On me pose une question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
députés n'ont aucune question à vous poser. Ce que j'ai
à dire, c'est que les règles générales de
procédure veulent qu'un député qui n'est pas membre ni
intervenant ait le consentement de la commission pour intervenir. La motion du
député de Richmond, si elle était adoptée,
empêcherait les députés de présenter ou de demander
ce consentement. C'est le but de cette motion. Alors, discussion sur la
motion.
M. Lalonde: Adopté.
M. Brochu: Si le gouvernement n'a pas d'op-
position, on pourrait passer à l'adoption immédiate.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion...
M. Brochu: Attendez, je veux savoir avant la position du
gouvernement.
M. Lalonde: Est-ce que vous l'acceptez ou non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Le vote! On y va après le vote?
M. Brochu: Si vous n'êtes pas sûrs de l'adopter, je
vais faire valoir certains arguments.
Une Voix: Je pense qu'on pourrait peut-être préciser
quelque peu la motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: On va laisser un vote libre.
M. Brochu: A ce moment, on va s'assurer de la liberté des
gens.
M. Paquette: M. le Président, je me demandais... Une
discussion est peut-être nécessaire là-dessus. J'aurais
quelques arguments à apporter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
prenez la parole.
M. Paquette: Je ne sais pas si on pourrait convenir de
dépasser un peu l'heure pour essayer de régler cette question de
façon qu'on puisse...
M. Brochu: Je m'étais fait comme programme de partir
à dix heures.
M. Paquette: ... passer à l'audition des organismes et
ensuite à l'étude de l'article.
M. Lalonde: M. le Président, quant à moi, je ne
peux pas dépasser dix heures. Nous avons une réunion à dix
heures. Maintenant, on peut peut-être convenir...
M. Ciaccia: II faut déjà s'en aller...
M. Lalonde: Mais on peut convenir, par exemple, de reporter la
discussion au début des travaux, après l'audition des
témoins. Quant à moi, je serais d'accord de reporter la
discussion après l'audition des témoins.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
présidence est d'accord pour ajourner à dix heures.
M. Brochu: D'accord, compte tenu des cir- constances,
étant donné que c'est ma motion, si les membres de la commission
sont d'accord et avec votre autorisation, on pourrait reporter l'étude
de la motion avant l'étude de l'article premier.
M. Paquette: On va voter.
M. Brochu: Avant l'article 1 lorsqu'on aura entendu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
l'étude de l'article 1? Après les intervenants? D'accord?
M. Grégoire: Si vous voulez voter. M. Paquette: On
va voter.
M. Lalonde: On n'a pas le temps de continuer nos arguments ce
soir.
M. le Président, si les députés ministériels
sont d'accord, ils seraient aussi bien de voter tout de suite. Sinon, il va
falloir faire valoir nos arguments et on n'a pas le temps de toute façon
d'ici dix heures. Il ne reste que sept minutes avant l'ajournement.
M. Brochu: Ce qu'on ne sait pas, M. le Président, c'est
combien de temps il nous faudra pour les convaincre.
M. Bérubé: Comme députés, nous
respecterons énormément notre députation. Ils sont
toujours libres de voter...
M. Brochu: C'est un vote libre. Cela veut dire que tout le monde
va voter pareil de votre côté.
Une Voix: Je ne sais pas.
M. Grégoire: On peut vous en garantir un.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. Pour suivre les règlements, je vous
demande: Est-ce que cette motion sera adoptée?
M. Brochu: Non, M. le Président. J'aimerais faire valoir
certains arguments en ce qui concerne cette motion.
Une Voix: En concluant?
M. Brochu: Oui, toujours en concluant. J'aimerais vous rappeler
que lors de l'étude en deuxième lecture du projet de loi, on a
vu, dans un premier temps, l'intérêt que la plupart des
députés portent à cette question du projet de loi 70. Je
pense que cet intérêt va se manifester non pas de façon
générale au cours de la commission, mais je pense pour certains
députés qui sont peut-être plus touchés par cette
question que d'autres et qui ne sont pas automatiquement membres de cette
commission nommés, d'office, tel que le veut notre règlement... A
ce moment-là, cela permettrait
d'éviter des discussions qui doivent avoir lieu chaque fois qu'un
député intéressé par la question ou
impliqué... Par exemple, le député de l'Abitibi,
région touchée par cette question de l'amiante, qui n'aura pas la
possibilité étant donné le corridor
restreint...
M. Bordeleau: Je suis membre de la commission. (21 h 55;
M. Brochu: Vous êtes membre, mais vos voisins ne sont pas
nécessairement tous membres. Ce n'est pas toute la famille de votre
région qui est ici représentée.
M. le Président, cela permettrait que ces gens puissent
être entendus sans avoir à reprendre chaque fois le débat,
sans demander une permission qui est souventefois refusée. Tout
dépend, à ce moment, de l'humeur des gens qui sont à cette
table. On sait combien l'atmosphère peut changer rapidement d'une minute
à l'autre, selon ce qui peut être lancé d'un
côté à l'autre de la table, selon aussi les
événements qu'ont eu à vivre les dignes membres de cette
assemblée à leur bureau ou ailleurs. M. le Président, cela
nous oblige à suivre toute une procédure qui devient parfois
lourde.
Alors, cette motion, tout anodine soit-elle, permettrait, si elle
était adoptée par le gouvernement, d'éviter tous ces
dédales du règlement et donnerait la possibilité à
ceux qui le désirent de pouvoir se faire entendre. Je ne pense pas que
ce soit là non plus un risque pour le gouvernement de voir
étendre indéfiniment les discussions. Au contraire. Je pense que
les députés intéressés pourront simplement faire
valoir leurs points et poser leurs questions aux groupements qui viendront. Si
on l'adoptait tout de suite, cela aurait cet effet également, M. le
Président.
Lorsque les groupements qui ont été acceptés comme
intervenants à ces audiences de la commission viendront, ces
députés pourront poser directement les questions qu'ils jugent
pertinentes en fonction de leur responsabilité de député,
des circonscriptions respectives qu'ils ont à représenter, des
intérêts non seulement de leur comté, mais également
de leur région, ce qui revêt un caractère particulier et
tout à fait spécial dans certains cas.
M. le Président, je pense que si on acceptait et j'ai cru
sentir une certaine volonté de la part de certains membres du
gouvernement, de ce côté; par contre, d'un autre
côté, certaines réticences, ce qui me fait dire qu'on doit
éviter de procéder avec trop de rapidité pour laisser
mûrir les choses...
L'expérience de ce côté, M. le Président,
nous prouve expérience récente que la
possibilité de mûrir donne parfois des résultats fort
intéressants et je vous rappellerai simplement une petite
expérience que nous avons vécue tous ensemble, assez
récemment, à ce chapitre. Pour n'impliquer personne, je ne
nommerai pas le ministre en question, mais cela touchait la question de
l'amiante. Je vous rappellerai que, dans une discussion qu'une commission comme
la nôtre a tenue il n'y a pas tellement longtemps, on avait
proposé que certaines audiences soient tenues en ce qui concerne des
groupements et des sociétés. Au début, le ministre
semblait assez réticent. Cependant, à force d'arguments et en
demandant lui-même une réflexion, il en est arrivé à
la conclusion fort logique et fort louable, que nous devons souligner, celle
qu'il nous a donnée tout à l'heure avec l'approbation de toute
l'équipe qui est avec lui présentement, de recevoir la semaine
prochaine les groupements, soit l'Association des mines d'amiante, la ville de
Thetford...
Non, pas General Dynamics, je ne pense pas, à moins que le
ministre revienne sur sa décision. Le ministre a profité de cette
réflexion...
M. Grégoire: Puis-je vous poser une question?
M. Brochu: ... pour arriver à une conclusion fort logique
et qui va permettre à notre commission d'évoluer d'une
façon formidable et d'arriver, probablement, à des
résultats intéressants et positifs.
M. Grégoire: Seulement pour vous aider, puis-je vous poser
une question?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: Le député de Frontenac aimerait
peut-être me poser une question.
M. Grégoire: Je m'aperçois que vous avez de la
misère à étirer un peu; je vais être charitable et
je vais vous poser une question. Je comprends le point de vue et tous les
députés peuvent avoir l'occasion de le dire. Le fait d'avoir
cette année des intervenants qui ne seront pas des membres actifs, mais
qui peuvent être remplacés à chaque séance, sans
autorisation, à l'appel des noms par le président, ne
permettrait-il pas d'atteindre cet objectif, justement? C'est nouveau.
M. Lalonde: Avant, c'étaient les membres qui
étaient remplacés.
M. Brochu: C'est le même nombre quand même.
M. Grégoire: Ou les membres, est-ce que cela ne permet
pas, à ce moment-là, à tout le monde de...
M. Brochu: C'est une certaine ouverture, mais il reste que c'est
quand même le même nombre de membres par parti à qui on
accorde la possibilité d'intervenir. Cela ne règle pas le
problème. Cela oblige à une suite de techniques.
M. Ouellette: Etes-vous en faveur de votre motion?
M. Brochu: Exactement.
M. Bérubé: Je suis sûr qu'en y
réfléchissant comme il faut...
M. Brochu: Je vais l'appuyer avec beaucoup plus d'insistance.
M. Bérubé: II vous reste encore dix minutes.
M. Brochu: M. le Président, étant donné
qu'il est dix heures...
M. Grégoire: II vous reste huit secondes.
M. Brochu: ... puis-je vous demander l'ajournement de nos
débats?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant,
j'aimerais inviter le ministre et les représentants des deux autres
partis politiques à essayer d'en venir à une entente sur l'ordre
d'invitation des organismes que nous convoquerons pour mardi et mercredi.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)