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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant fa Société
nationale de l'amiante
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Borde-leau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M.
Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François), M. Raynauld (Outremont). Les intervenants sont M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Léger (Lafontaine), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Nous revenons maintenant à la motion du député de
Richmond, qu'il avait présentée jeudi dernier.
M. le député de Richmond.
Reprise du débat sur la motion du
député de Richmond
M. Brochu: Merci beaucoup, M. le Président. On revient
donc à cette motion que nous avions laissée en suspens lorsque la
commission a décidé d'entendre en audience les différents
groupes qui se sont présentés devant nous.
Je répète la motion pour le bon entendement des membres de
cette commission avant que ceux-ci puissent se prononcer de façon
définitive sur cette question.
Cette motion se lisait donc comme suit: "Que les députés
qui ne sont ni intervenants, ni membres de la commission permanente des
richesses naturelles puissent s'y faire entendre, sans devoir obtenir la
permission, et ce pour toutes les séances que tiendra ladite commission
relativement à l'étude, article par article, du projet de
loi".
Ce genre de motion, M. le Président, je vous le rappelle, n'est
absolument pas nouveau, n'est absolument pas original, puisque souventefois on
a agi ainsi à l'ouverture de différentes commissions, à
l'étape de l'organisation des travaux. Elle a été
présentée dans le but de permettre non pas nécessairement
à l'ensemble des députés de venir discuter d'une question,
mais plutôt d'offrir une certaine ouverture générale
à tous les députés qui pourraient être
intéressés directement ou indirectement par cette question en
discussion. En l'occurrence ici, c'est la question de l'amiante, le projet de
loi 70. Ceux qui pourraient être intéressés pourraient se
prévaloir de leur droit de parlementaire, sans avoir à passer
chaque fois par tout un mécanisme qui est parfois lourd et
difficile.
Cette motion, une fois adoptée, permettrait à tous les
députés intéressés de se présenter sans
devoir demander un consentement et sans devoir faire appel au règlement,
ce qui ouvre chaque fois une discussion parfois longue et stérile, qui
ne donne pas de résultats.
M. le Président, je demande donc à mes collègues de
la commission parlementaire, au ministre et aux autres députés
présents de répondre favorablement à cette demande pour la
bonne marche de nos travaux.
D'une part, cette motion est tout à fait conforme à nos
règlements puisqu'elle répond en tous points à l'article
148 des règles du jeu qui prévalent dans cette
assemblée.
D'autre part, cette motion s'inscrit exactement, comme vous l'avez
rappelé vous-même, dans le corridor des procédures que nous
nous sommes fixées à cette commission. Elle arrive au bon moment
puisqu'elle se situe au début avant d'aborder l'étude, article
par article, du projet de loi 70, au moment où nous en sommes encore au
stade de l'organisation technique de nos travaux.
Un autre élément que j'aimerais rappeler aux membres de
cette commission, c'est que le projet de loi 70 revêt quand même un
caractère tout à fait fondamental. On l'a vu par
l'intérêt que l'ensemble de la députation a apporté
à ce projet de loi lors de la deuxième lecture. On le voit de
plus en plus par l'abondance des articles de presse qui se font maintenant
autour des discussions et des débats que nous tenons à
l'Assemblée nationale et ici en commission parlementaire sur ce projet
de loi no 70.
Donc, le phénomène de l'étude ou des discussions du
projet de loi 70 ne se fait plus uniquement ici à l'Assemblée
nationale, mais je pense que maintenant le débat est largement
reporté sur la place publique. Le citoyen du Québec,
actuellement, se pose des questions et discute de cette importante façon
de procéder que le gouvernement veut se donner, et de l'objectif que le
gouvernement se trace. M. le Président, au point de départ
et je pense que c'est le consensus général dans la population
comme ici on doit viser à une transformation plus grande des
produits de l'amiante au Québec. Par contre, de l'autre
côté, on se pose certaines questions sur les moyens.
C'est donc simplement pour vous dire, M. le Président, que le
débat prend beaucoup plus d'ampleur et dans ce sens les
députés, qui sont les premiers représentants à
cette Assemblée des diverses régions ou des divers comtés
du Québec, devraient normalement, suite à cet
élargissement du débat sur la place publique, avoir droit de
siéger ici sans devoir demander chaque fois la permission.
Je pense que ce phénomène d'élargissement de nos
débats, de la discussion, devrait militer en faveur de l'adoption de
cette motion pour permettre aux premiers représentants de cette
population de s'exprimer, d'exprimer dans certains cas leur point de vue
personnel sur la question.
Dans un deuxième temps ils pourraient aussi exprimer l'opinion
des citoyens des régions qu'ils représentent en faisant valoir,
comme j'aurai l'occasion de l'indiquer tout à l'heure,
différentes rai-
sons économiques qui peuvent militer en faveur de tel ou tel type
d'intervention du gouvernement dans ce dossier de l'amiante, par rapport aux
différentes régions concernées. Il m'apparaît donc
important, M. le Président, que ce soient les députés, les
premiers concernés qui puissent se prononcer facilement sur cette
question.
On sait que l'orientation que prend le gouvernement sur cette question
de l'amiante implique quand même de très grands
déboursés. On sait qu'il y a beaucoup de millions en jeu et que,
fort certainement, le gouvernement devra faire appel à d'autres fonds
gouvernementaux s'il veut mettre son projet à exécution, pour
rechercher une plus grande rentabilité.
Cela veut donc dire qu'au point de départ on nous parle
maintenant de $250 millions en investissement, mais on sait que ça
dépassera largement ces estimations les gens, comme les
députés eux-mêmes qui auront à se prononcer sur
cette question, auraient avantage, pour ceux qui le désirent, à
venir s'exprimer directement à cette commission au moment où on
fera l'étude article par article, au moment où on
décortiquera l'ensemble de ce projet de loi, au moment où on
verra vraiment toutes les implications que cette loi aura dans
l'immédiat et dans les prochaines années également en ce
qui concerne les engagements financiers que le gouvernement devra engloutir
dans ce projet. Déjà, on peut percevoir que les sommes
dépasseront largement le montant de $250 millions prévisible.
Au point de départ, tous les députés peuvent
être intéressés, mais, comme je l'ai indiqué tout
à l'heure, certains le seront de façon plus particulière.
Je sais, par exemple, qu'un de mes collègues, le député de
Huntingdon, a fait un travail assez intéressant sur cette question et il
sera sans doute intéressé à participer de façon
directe à ces travaux de la commission parlementaire. Je sais
également de bonne part que le chef de l'Union Nationale serait
intéressé à participer à nos
délibérations à ce stade-ci de nos travaux de la
commission parlementaire. Il y a aussi différents députés
du Nord-Ouest québécois, je l'ai mentionné l'autre jour,
qui sont intéressés à cette question. On a d'ailleurs un
représentant avec nous ce matin. Peut-être que ses
collègues de la région seraient intéressés à
être présents et à discuter de cette importante question
qui a beaucoup d'implications à leur niveau.
On n'est pas sûr que ce qui va se passer comme scénario,
lorsque le projet de loi 70 sera adopté, s'il est adopté, va
aboutir dans la région de Thetford Mines. Il y a peut-être
d'autres implications dans les discussions en cours qui pourraient faire que la
région du Nord-Ouest québécois, à un moment
donné se retrouve impliquée dans cet appétit
gouvernemental de possession de mines.
A ce moment-là, il serait peut-être intéressant
d'entendre ces députés de la région du Nord-Ouest
québécois se prononcer sur cette question et apporter leur
éclairage personnel, dans un premier temps, puisqu'ils ont
été mandatés pour cette mission, ce travail. En même
temps, dans certains cas, l'opinion de leurs commettants sur la question nous
serait utile, s'ils nous la faisaient connaître.
Pour bien situer cet argument que je vous apporte concernant le besoin,
pour l'ensemble des députés, de pouvoir être entendus sans
difficulté, avec l'adoption de cette motion, plus
précisément certains députés concernés par
les régions amiantifères, là où il y a des mines,
là où il peut y avoir des interventions du gouvernement,
j'aimerais vous rapporter un article paru dans le Devoir, le jeudi 9
mars...
M. Bérubé: II y en a eu un aussi ce matin,
voulez-vous le lire?
M. Brochu: Je sais, comme le ministre, qu'il y a un article qui a
paru ce matin. Il va en paraître d'autres, d'ailleurs, je vous en
informe, pour l'avenir.
Pour revenir à cette question, j'aimerais citer l'article qui est
signé par Michel Vastel, où on dit: "De plus, la
Société de développement de la baie James, il est bon de
le rappeler, a toujours le projet d'activer l'exploitation du gisement
d'Abitibi Asbestos entre Amos et Joutel. La SDBJ a déjà
effectué des forages pour améliorer le niveau de la
réserve d'Abitibi et ainsi augmenter les perspectives de
rentabilité. Abitibi appartient à 60% à Brinco, qui a
tenté, l'an dernier, d'intéresser...
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Je voulais demander quelle était la
motion qu'on discutait, si c'était pour permettre aux
députés de parler ou si on était réellement dans le
sujet dont il est question.
M. Raynauld: II a le droit de parler 20 minutes.
M. Brochu: Sur la question de règlement, tout d'abord,
j'aimerais vous rappeler que si le député de Frontenac avait
écouté mes propos au début, j'ai pris la peine de relire
la motion pour bien la situer dans le contexte. Je pense aussi qu'il est
loisible au député qui présente une motion à
l'intérieur de nos règlements de faire valoir également
les motifs qui peuvent militer en faveur de l'adoption de cette motion. A ce
moment-là, le député de Frontenac aurait tout
intérêt à être tout ouïe devant ces arguments,
pour lui permettre de faire le même mûrissement que nous avons pu
obtenir de sa part en tant que ministre adjoint sur la question de la
comparution des autres groupes que l'Opposition avait demandé de faire
entendre.
Je pense que cela serait dans son propre intérêt, à
ce moment-là, d'être bien attentif.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais une
directive.
M. Bérubé: M. le Président, il faudrait, en
fait, que le député de Richmond...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le ministre, excusez-moi. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voudrais vous demander une information. Est-ce que
la motion du député de Richmond a été
adoptée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
elle a été déclarée recevable.
M. Lalonde: Elle n'a pas encore été adoptée?
Qu'est-ce que le gouvernement attend?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grégoire: On attend que le député ait
fini de parler, on attend que le député de Richmond se la ferme.
On n'a pas eu l'occasion de parler avant.
M. Lalonde: Est-ce que vous voulez l'adopter? Etes-vous pour la
motion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre! S'il vous plait!
M. Lalonde: Vous n'êtes pas pour la motion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grégoire: On n'a rien dit encore là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lalonde: Je pensais que c'était adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Grégoire: Je pensais qu'on votait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Bérubé: Toujours sur la question de
règlement, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le ministre.
M. Bérubé: ... le député de Richmond
pourrait garder à vue le texte de sa motion de manière qu'il
parle en général en rapport avec sa motion. Ce serait avantageux,
ce serait plus court.
M. Brochu: M. le Président, si le ministre, pendant que je
discute...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond!
M. Brochu: ... ne lisait pas son journal comme il le fait
actuellement...
M. Lalonde: Oui.
M. Brochu: ... il pourrait voir que les arguments que j'apporte
maintenant sont directement reliés à la motion. N'en
déplaise à l'honorable ministre, nous allons faire notre travail
d'Opposition.
Une Voix: Un lien direct et ténu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, le débat est clos, voulez-vous
poursuivre, s'il vous plaît, sur la motion?
M. Brochu: Merci, M. le Président. Je vais permettre au
ministre de continuer la lecture de son journal de ce matin et je vais
continuer mon argumentation.
M. Bérubé: C'est la chose la plus utile à
faire.
M. Grégoire: Oui, parce que vous avez déjà
lu cet article, je crois, en Chambre, à l'Assemblée ou quelqu'un
l'a fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, M. le député de Frontenac!
M. Grégoire: C'est la répétition pour la
quatrième fois de la lecture de l'article.
M. Brochu: II faudrait que le député relise les
Débats, parce que je n'ai pas fait appel à cet article comme
tel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Brochu: Merci, M. le Président. M. le Président,
je reviens donc à cette question et je reprends. Ce sont des
interruptions de lecture de la part du ministre.
Je reviens donc à cette question, en reprenant le texte pour le
bénéfice du ministre. Je pense qu'il n'a pas compris le premier
bout, puisqu'il est intervenu dans la discussion. Je reprends donc cet article
signé par Michel Vastel, paru dans le Devoir, le jeudi 9 mars, alors que
le ministre lit le journal People de la journée d'aujourd'hui, en ce
moment, un journal anglophone, je vous le mentionne.
M. Bérubé: Cela s'appelle la Gazette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: C'est une annonce, en même temps de People, qui
attire l'intérêt du ministre actuellement, je pense, une
vente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, ne dépensez pas votre temps, car il
expirera bientôt. S'il vous plaît!
M. Bérubé: II n'a pas grand-chose à dire,
alors, il peut faire toutes sortes de commentaires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: ... M. le Président. M. Brochu:
M. le Président...
M. Lalonde: II se prend pour le ministre, il se prend pour le
président!
M. Brochu: ... je vous rappelle que c'est vous qui êtes le
président. On va s'en tenir à cela, ce n'est pas le
député de Frontenac. On va lui laisser son...
M. Lalonde: II se prend pour le ministre, il se prend pour le
président. Arrêtez cela cette affaire-là.
M. Grégoire: Le président de quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: M. le Président, je reviens donc à cet
article en citant ceci: "De plus, la Société de
développement de la baie James, il est bon de le rappeler, a toujours le
projet d'activer l'exploitation du gisement d'Abitibi Asbestos entre Amos et
Joutel. Le SDBJ a déjà effectué des forages pour
améliorer le niveau de réserve d'Abitibi et ainsi augmenter les
perspectives de rentabilité. Abitibi appartient à 60% à
BRINCO qui a tenté, l'an dernier, d'intéresser ASARCO,via sa
filiale québécoise, Lake Asbestos, au développement du
projet. Depuis, le tout a été mis en veilleuse, mais il est
intéressant de noter que BRINCO a conservé la gérance du
projet Abitibi jusqu'en 1978. Il ne manque à BRINCO qu'un partenaire et
des fonds. Je souligne cet aspect.
La mise en valeur du gisement d'Abitibi exigeait en 1977 des fonds de
l'ordre de $300 millions, pour une capacité de production annuelle de
220 000 tonnes. L'exploitation créerait un millier d'emplois directs,
c'est-à-dire deux fois et demie le nombre d'emplois envisageables dans
le secteur de la transformation d'ici cinq ans, ce projet à lui seul. La
Société de développement de la baie James, au cours d'une
entrevue avec le Devoir en février, planifiait la mise en service du
gisement d'Amos vers 1983, etc. Ceci pour vous dire...
M. Bérubé: ... eux autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: ... que dans le débat actuel, les
députés qui sont concernés par ce projet de loi, en
particulier dans les régions amiantifères comme celles-là,
auraient sûrement leur mot à dire en ce qui concerne les avenues
que le gouvernement a l'intention d'emprunter pour atteindre son objectif. On a
vu hier, avec le groupe SORES, que tout ce projet d'envergure que le
gouvernement propose actuellement à $250 millions au point de
départ, avant même d'avoir passé aux autres stades...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, s'il vous plaît!
M. Brochu: ... je reviens sur la motion ne
créerait que 400 emplois, alors qu'ici on a un millier d'emplois
disponibles à peu près avec le même investissement. Je
comprends que les députés de la région, à ce
moment, vont être intéressés de poser des questions et de
proposer certaines autres avenues à leur propre gouvernement.
Dans cet esprit, cela permettrait à un parti qui se dit
très démocratique et transparent de laisser ses propres
députés s'exprimer librement sur ces questions et faire valoir,
selon eux, ce qui se passe exactement dans leur région, de faire valoir
leur opinion sur le projet de loi en question.
Le député en face de moi me dit qu'il a posé des
questions. Je ne l'ai pas tellement entendu souvent. Je pense que c'est la
première qu'il pose.
M. Bordeleau: Je les ai posées au ministre et j'ai eu les
réponses nécessaires.
M. Brochu: Je pourrais répondre à celle-là
et vous inviter à en poser davantage, mais pas de ce
côté-ci, à votre ministre même...
M. Bordeleau: Je sais les réponses.
M. Brochu: ... qui, lui, aurait peut-être des
réponses à vous fournir sur la question. Vous auriez
intérêt, M. le député, en tant que
représentant d'une région comme celle de l'Abitibi, à
prendre position justement, mais de façon éclairée, sur la
question.
Je reviens donc à la motion en demandant à tous ces
illustres collègues et au ministre qui vient de terminer maintenant la
lecture de son journal...
M. Bérubé: Avec, d'ailleurs, tous les
collègues de l'Opposition... (10 h 30)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Puis-je vous rappeler, messieurs, pas pour la
présidence...
M. Bérubé: Ah! Vous en avez un!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, s'il vous plaît! J'ai rencontré déjà
certaines jeunes filles qui travaillent ici et qui ont à prendre des
notes. Elles me disaient que c'était extrêmement
désagréable d'avoir à rapporter des dialogues constants
entre les membres de la commission parlementaire. Ne pensez pas à la
présidence, mais pensez au moins à ceux qui travaillent ici. M.
le député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Je pense que c'est
important ce que vous dites là pour le bon entendement de nos travaux.
Je demande donc aux membres de la commission d'appuyer
tout simplement cette motion qui terminerait l'organisation de nos
travaux et permettrait justement à tous nos collègues de pouvoir
se faire entendre sans difficulté. Je profite de l'occasion pour vous
féliciter d'avoir apporté les dernières directives pour
qu'on puisse continuer notre travail d'une façon sereine en demandant,
comme vous l'avez fait, au ministre et au député de Frontenac de
respecter l'ordre de nos travaux, de respecter également les
intervenants.
Alors, M. le Président, je conclus en vous remerciant de votre
patience, en comprenant peut-être l'exaspération des
députés ministériels et du ministre lui-même. Je
demande donc à ces illustres collègues de revenir à de
meilleurs sentiments et d'explorer sérieusement le bien-fondé de
cette motion que je fais mienne aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
motion sera-t-elle adoptée?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que je peux poser une question au ministre,
pour savoir s'il a l'intention d'appuyer cette motion?
M. Grégoire: M. le Président, je crois que ce qui a
été dit l'autre soir d'ailleurs, nous allons intervenir
là-dessus c'est que c'est un vote libre pour nous.
M. Lalonde: C'est parce que cela raccourcirait les débats
si on avait une indication.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que la question a été posée. Est-ce que vous voulez
intervenir, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Si le groupe ministériel n'a pas l'intention
d'appuyer cette motion, je vais sûrement tenter d'utiliser le
règlement pour tenter de persuader les députés
ministériels d'appuyer cette motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Parce qu'il faut dire que, souvent, des motions ont
l'air intéressées et celle-ci, je crois, est d'un
caractère différent. Je félicite le député
de Richmond pour son désintéressement dans cette motion parce
que, au rythme où l'Union Nationale perd ses députés de ce
temps-ci, ce n'est sûrement pas en faveur de sa formation politique qu'il
plaide. C'est un désintéressement qui me remplit
réellement d'admiration pour le député de Richmond. Au
fond et le député de Richmond a peut-être
été un peu trop modeste pour le dire ce qu'il voudrait,
c'est que cette commission parlementaire, à compter du début des
travaux, à partir de l'article 1 que, je l'espère, nous allons
aborder bientôt, que les travaux de cette commission se déroulent
de façon ordonnée. Par exemple, si le ministre des Finances
voulait intervenir ici, à cette commission parlementaire, il ne le
pourrait pas, en vertu de l'article 148, avant d'obtenir la permission de la
commission. C'est-à-dire que cela ouvre un débat. Peut-être
que le député de Bourassa ne serait pas en faveur d'entendre le
ministre des Finances, on ne sait jamais, dans ce temps-là. Alors,
pourquoi ne pas régler cela tout de suite, que le ministre des Finances
puisse venir nous dire ici: Arrêtez les folies? On n'a pas assez d'argent
pour payer vos folies.
M. Laplante: Le député de Marguerite-Bourgeoys me
permettrait-il une question? Une courte question? Vous allez voir. Elle est
intelligente.
M. Lalonde: Cela va tellement me surprendre que je ne peux pas
dire non!
M. Laplante: Cela va vous surprendre, hein? M.
Grégoire: ... essayer d'enlever...
M. Laplante: Lors de l'étude de la loi 101, on avait
refusé que tout le monde participe au débat; par contre, chaque
fois qu'il en est venu un, la commission a accepté...
M. Lalonde: Le député de Bourassa met-il son
siège en jeu sur cette déclaration?
M. Laplante: Le chef est venu parler. M. Lalonde: Ma
question...
M. Laplante: Votre chef est venu parler. On ne lui a pas
refusé...
M. Lalonde: Grattez votre mémoire.
M. Laplante: M. Biron est venu parler. On ne lui a pas
refusé.
M. Lalonde: Vous ne vous souvenez pas que le député
de Saint-Laurent s'est fait refuser le droit de parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs, s'il vous plaît! Pas de dialogue.
Vous avez une question, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Répondez à la question.
M. Lalonde: Correct. Je vais répondre à la
question. A mon souvenir, un député au moins s'est vu refuser ce
droit et il s'agit du député de Saint-Laurent, qui est assis
à ma droite, qui peut en témoigner lui-même.
M. Forget: C'est exact.
M. Lalonde: II s'est vu refuser le droit de parole. On avait fait
justement cette motion qu'a refusée le gouvernement et on a eu à
assister à ce grotesque spectacle...
M. Laplante: Ne vous mélangez pas.
M. Lalonde: ... où un député qui veut venir
simplement faire une intervention se voit refuser par une majorité
aveugle et sourde le droit de parler.
Le ministre des Finances peut vouloir faire une intervention ici pour
dire à son collègue et aux députés: Attention, cela
va coûter cher. Il le sait. C'est lui qui prépare le budget. Il
aurait probablement des conseils à nous donner. A ce moment,
peut-être que le député de Bourassa ne serait pas
intéressé à l'entendre, comme ses collègues ont
refusé d'entendre le député de Saint-Laurent dans le
débat sur la loi 101. Je trouve que cela serait complètement
honteux que le ministre des Finances ne puisse pas se faire entendre à
cette commission parlementaire.
Admettons, par exemple, que le ministre de la Justice veuille offrir des
félicitations à quelqu'un. Il vient s'asseoir à cette
table et la commission le lui refuse. Je trouve cela totalement inacceptable.
C'est pour cela que je pense que la motion tout à fait
désintéressée du député de Richmond devrait
être appuyée par tous les députés.
Si le ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières désire informer la commission sur la façon
d'implanter un nouveau régime pour que la popularité en soit
totale, on serait peut-être intéressé ici à
l'entendre. Le député de Frontenac devrait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas
à cette commission-ci.
M. Lalonde: On est en train de légiférer sur un
grand projet, qui impliquera beaucoup d'argent et on a besoin de toutes les
lumières qui nous sont disponibles. Vous me direz: Ne parlez pas des
ministres, si vous voulez des lumières. Peut-être. Mais, quand
même, des 25 watts, parfois, cela peut éclairer, pas loin, mais
vous savez, on est dans l'obscurité la plus totale de toute façon
avec ce gouvernement.
M. Grégoire: C'est vrai. Vous êtes dans
l'obscurité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: On a déjà convaincu le gouvernement
d'entendre des gens qui sont venus ici. On a passé la semaine. Cela
s'est bien passé. On a eu des informations, des renseignements.
Admettons que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
voudrait informer la commission sur la façon d'envoyer des invitations
au party d'inauguration de la nouvelle société avec des assiettes
d'amiante! C'est peut-être un nouveau produit. On sait que ce
gouvernement aime fêter. Pas besoin d'avoir les rapports de SORES pour
cela. Il y a dix jours de fêtes nationales avec des belles assiettes
d'amiante. Mais le député de Frontenac ne serait peut-être
pas prêt à entendre le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Je ne me fie pas à lui. Alors, il me semble qu'on devrait
adopter cette motion qui permettrait à la commission de s'informer sur
tous les aspects intéressants du projet de loi. M. le Président,
on parle beaucoup de pollution dans la question qui nous intéresse. Le
ministre de l'environnement aurait sûrement des conseils à donner.
Est-ce que je vais me fier au député de Frontenac, à son
humeur du moment pour permettre ou refuser horreur au ministre de
l'environnement de venir nous donner des informations, nous dire qu'à
tel article on devrait inscrire dans la loi des normes minimales, par exemple,
pour que cela devienne la volonté du législateur?
M. Grégoire: Le ministre de l'environnement fait partie de
la commission.
M. Lalonde: M. le Président, la santé des
travailleurs est une des questions les plus fondamentales dans le domaine qui
nous intéresse. Si le ministre des Affaires sociales voulait intervenir
ici, est-ce que le député de Frontenac, dans une semaine ou dans
un mois ou dans deux mois je ne sais pas quand nous allons arriver
à l'article 4 ou à l'article 16, disons au mois de juin, par
exemple, M. le Président serait encore de bonne humeur?
M. Grégoire: C'est une question de privilège, M. le
Président. Je suis toujours de bonne humeur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y
a pas de question de privilège en commission.
M. Grégoire: Dire que je suis de mauvaise humeur, jamais.
Je suis toujours de bonne humeur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Je retire cela. Parce que je ne veux pas prêter
de motif indigne.
M. Grégoire: Surtout quand je suis en face du
député de... Je suis toujours de bonne humeur.
M. Brochu: Le député de Frontenac veut
sûrement dire qu'il a toujours bonne mine.
M. Grégoire: Je suis toujours de bonne humeur. Surtout en
face de mes amis d'en face. C'est vrai que j'ai une bonne mine aussi.
M. Brochu: Je le comprends, mais c'est
prémédité.
M. Grégoire: Mais je peux assurer le député
qu'on acceptera d'inviter le ministre des Affaires sociales et le ministre de
l'environnement sans aucun doute.
M. Lalonde: Vous voyez, M. le Président, cela a pris du
temps. Il m'a fallu dix minutes, mais il y a une petite ouverture maintenant,
une brèche. On a
fait une entente pour le ministre des Affaires sociales.
M. Grégoire: Le ministre de l'environnement.
M. Lalonde: Le ministre de l'environnement aussi. Est-ce qu'on
pourrait avoir la liste des députés, M. le Président? Un
par un s'il le faut, M. le Président, mais on va arriver aux mêmes
fins. C'est long avec ce gouvernement, il faut y aller lentement, expliquer
longtemps. Le député de Bourassa me demande de lui lire un texte.
Est-ce qu'il ne sait pas lire?
M. Laplante: Une Opposition qui retarde le projet de
l'amiante.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. L'opposition du
gouvernement à la motion du député de Richmond retarde les
travaux de cette commission. Si le gouvernement acceptait immédiatement,
là on pourrait passer aux autres motions préliminaires, de sorte
qu'on puisse aborder éventuellement l'étude de l'article 1. Je
pense que le ministre ou député, ou le ministre adjoint...
Comment appelle-t-on le député de Frontenac?
M. Grégoire: Adjoint parlementaire. M. Lalonde:
Adjoint parlementaire. M. Grégoire: Cela existait dans votre
temps.
M. Lalonde: L'adjoint parlementaire, le député de
Frontenac, commence à ouvrir son esprit. S'il me dit qu'il appuie cette
motion, je fais confiance au reste des députés, parce que son
leadership est indéniable. Le ministre est parti, alors il n'y a plus de
doute dans l'esprit de tout le monde sur qui mène.
Je veux en rester là, M. le Président, pour voir quelles
vont être les réactions du député de Frontenac en
particulier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je dois dire à
mes honorables amis d'en face que nous sommes ouverts à toutes les
bonnes suggestions. En effet, nous sommes suffisamment convaincus du
bien-fondé de la loi que nous présentons que nous sommes
disposés à prendre toutes les mesures voulues pour continuer de
convaincre l'Opposition, comme cela s'est fait depuis le début.
La preuve que nous sommes très ouverts à toutes les bonnes
suggestions, c'est que nous avons accepté aussitôt et
immédiatement, sans aucune restriction, l'invitation que les membres de
l'Opposition ont voulu faire à certains groupes de la région de
l'amiante, spécialisés dans le domaine de l'amiante. Nous en
avons même ajouté...
M. Laplante: Nous en avons même ajouté.
M. Lalonde: Vous avez refusé General Dynamics.
M. Grégoire: Oui, nous en avons soustrait un et nous avons
bien expliqué notre point. Nous en avons ajouté. Nous avons
été très heureux de cette suggestion de l'Opposition,
puisque cela nous a permis d'entendre l'opinion des personnes concernées
de la région de l'amiante, aussi bien du comté de Richmond que du
comté de Frontenac. Comme mon ami le député de Richmond
lisait tout à l'heure un certain article du Devoir, je voudrais
également mentionner tout en ajoutant que nous sommes ouverts aux
suggestions de l'Opposition qu'il est dit dans cet article du Devoir:
Nous avons été contents d'entendre avant-hier et hier
c'est rapporté dans le journal d'aujourd'hui les citoyens de la
région de Thetford Mines ainsi que les travailleurs des mines d'amiante
qui semblent appuyer très largement l'essentiel de la nouvelle politique
québécoise de l'amiante, contrairement à ce que de
récents sondages avaient laissé entendre.
Si nous avons pu entendre ça, c'est grâce à une
suggestion de l'Opposition. C'est pourquoi nous allons être ouverts
à toutes les bonnes suggestions de l'Opposition. On a également
entendu dire, à la suite d'une suggestion de l'Opposition je
continue à citer le Devoir d'aujourd'hui qui a pour titre: "Le bill 70 a
l'appui des citoyens de la région de l'amiante"...
Ce même article dit: "Au surplus, ces mêmes personnes ont
demandé aux hommes publics de cesser de se servir de cette politique
à des fins partisanes et de concrétiser sans délai
l'ensemble du projet gouvernemental, notamment par l'adoption du projet de loi
no 70 créant la société de l'amiante".
C'est à votre suggestion que tous ces membres de la région
de l'amiante on pourra les nommer et ces groupes
représentatifs sont venus nous dire: Messieurs les hommes publics,
cessez la partisanerie politique et concrétisez sans délai le
projet de loi 70. Ces citoyens directement impliqués attendent depuis
cent ans.
M. Laplante: Ce n'est pas toi qui le dis.
M. Grégoire: Ce n'est pas moi qui le dis. Même plus,
le journal ajoute...
M. Raynauld: Cela a plus de force quand ce n'est pas lui.
M. Grégoire: ... le journal ajoute il a
été à même de s'en apercevoir : "Soulignons
que M. Cloutier, qui est le maire de Blake Lake où ont lieu plus de 50%
des opérations minières de l'Asbestos Corporation, qui n'a
d'ailleurs pas caché hier ses allégeances libérales, avait
été choisi il y a quelques années par le gouvernement
Bourassa pour présider un comité de coordination des politiques
gouvernementales dans la région alors affectée par les
grèves et la récession économique. La ru-
meur le désignait même comme candidat libéral aux
dernières élections.. (10 h 45)
M. Raynauld: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député d'Outremont, sur une question de
règlement!
M. Grégoire: Oui, il en reste encore.
M. Raynauld: Tout à l'heure, on a interrompu le
député de Richmond parce qu'il lisait un article de journal en
invoquant que ce n'était pas relié de très près
à la motion dont on discutait. Je pense que la lecture du
député de Frontenac n'a aucun rapport avec la motion.
M. Grégoire: Non. Je mentionne tout simplement que nous
sommes heureux d'accepter les suggestions de l'Opposition quand elles sont
bonnes et je dis que celle-là, je l'ai trouvée très
bonne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Revenez
sur le sujet.
M. Grégoire: C'est pourquoi, hier, le maire Cloutier a pu
dire: Je ne suis pas péquiste, je suis plutôt libéral.
Mais, dans cette affaire, je suis avant tout pour ma région, d'affirmer
le maire de Black Lake qui ne comprend pas que la politique de l'amiante puisse
donner lieu à des débats du XIXe siècle.
M. Laplante: II reste quelques libéraux intelligents.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, sur la motion, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Oui, je vais revenir à la motion. Nous
avons été heureux d'accepter la suggestion de l'Opposition en ce
qui concernait l'invitation des citoyens de la région de l'amiante, dont
des représentants du conseil municipal d'Asbestos, de la
Société Saint-Jean-Baptiste d'Asbestos.
Je vais parler malgré tout, même si le député
de Marguerite-Bourgeoys est en train de lire le journal à son tour.
M. Lalonde: Je lis le même article que vous.
M. Grégoire: II est intéressant, en effet. Je
recommande au député de Marguerite-Bourgeoys de le lire au
complet, parce qu'il est très intéressant d'un bout à
l'autre et qu'il est assez long.
A cette réunion des citoyens d'Asbestos, il y avait des
syndiqués de la ville d'Asbestos, des représentants des corps
intermédiaires de tout le comté de Richmond, de la ville de
Richmond, de la ville d'Asbestos. Je crois qu'ils ont semblé
ébranler le député de Richmond à cette
occasion.
M. Brochu: Ne présumez point.
M. Grégoire: C'est ce que laisse entendre un autre article
qui a été publié hier à la suite de
déclarations du député de Richmond.
Dans les circonstances, nous sommes prêts à laisser un vote
libre sur cette motion du député de Richmond. Chacun sera libre
de voter comme il l'entendra. Je vous dirai pour ma part que, s'il fallait
permettre, si on nous demande d'entendre certaines personnes, comme le ministre
des Affaires sociales, le ministre de l'environnement, je suis bien d'accord.
Il y en a d'autres, j'en suis convaincu.
M. Lalonde: L'Opposition.
M. Grégoire: II y en a probablement. Si on nous demandait
d'inclure le nom de M...
Une Voix: M. Ryan.
M. Grégoire: ... du chef du Parti libéral, nous
serions prêts à l'admettre; le chef de l'Opposition officielle, le
député de Bonaventure, nous serions prêts à
l'admettre.
M. Lalonde: C'est de la censure.
M. Grégoire: Je suis convaincu que le député
de Bonaventure nous fait toujours un discours très bien
étoffé.
M. Lalonde: C'est de la discrimination.
M. Grégoire: Ce n'est pas de la discrimination, mais,
après avoir entendu le discours que vient de nous faire le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est là que je suis
revenu un peu sur mon idée. Après avoir entendu le discours du
député de Marguerite-Bourgeoys et celui du député
de Richmond et avoir réalisé que ces types et il y en a
beaucoup dans l'Opposition sont capables de parler pendant 20 minutes
sans rien dire...
M. Lalonde: Pas vous?
M. Grégoire: Malgré tout, il faut l'admettre, c'est
génial. Parler 20 minutes sans rien dire, c'est plus difficile que le
reste.
Parce que, chez nous, c'est bien entendu que c'est un vote libre...
M. Lalonde: Nous autres aussi.
M. Grégoire: Je me dis ceci: Si on veut faire entendre un
député de notre groupe, on a toujours six membres participants
avec droit de vote et six membres intervenants qui peuvent être
changés au début de chaque séance. De la même
manière, le Parti libéral, en plus de ses deux membres
participants avec droit de vote, a droit à deux membres intervenants. Je
m'aperçois qu'il n'y en a qu'un aujourd'hui. Le parti peut en ajouter un
autre, celui qu'il veut. C'est demandé à chaque début de
séance. On fait le changement et c'est permis. L'Union Nationale a droit
à un membre partici-
pant le député de Richmond est ici et a
droit également à un deuxième membre intervenant, qui peut
changer tous les jours, à toutes les séances au début de
la séance. Malheureusement, l'Union Nationale ne s'en est pas encore
prévalue depuis le début des réunions de la
commission.
Je crois que le nouveau règlement qui a été
instauré depuis le début de la session prévoit ces membres
intervenants. Ce qui n'existait pas avant et qui existe maintenant est une
garantie suffisante que tous les députés peuvent se faire
entendre. Je crois que c'est suffisant. Pour ma part, même s'il y a un
vote libre de notre côté, je vais voter contre la mesure parce que
toutes les garanties sont là quand même. Je vais personnellement
voter contre la motion parce que toutes les garanties y sont quand
même.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu au préalable le député d'Abitibi-Est. Vous m'aviez
demandé la parole?
M. Bordeleau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: M. le Président, sur la motion du
député de Richmond, je ne voudrais pas parler pendant vingt
minutes parce que je pense que ce serait allonger la discussion inutilement,
mais, étant donné qu'il a parlé passablement de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue, ce qui me concerne davantage,
je voudrais simplement mentionner ici à cette table qu'effectivement les
gens d'Abitibi-Témiscamingue sont très intéressés
par le problème de l'amiante et par le projet de loi 70. Justement, on
dit que ce sont les deux plus grands gisements d'amiante qui sont
déjà "prouvés" en Abitibi, soit les gisements
d'Abitibi-Asbestos et de MacAdam dans le secteur de Chibougamau.
Justement, les gens d'Abitibi-Témiscamingue attendent que le
projet de loi 70 soit adopté et que la Société nationale
de l'amiante soit créée. Ils sont de plus en plus impatients. On
a parlé passablement, jusqu'à maintenant, d'articles de journaux.
J'aimerais vous en citer un. Je pourrais vous le montrer également, si
vous voulez. C'est écrit dans l'Echo Abitibien, le journal hebdomadaire
de chez nous. "Une Opposition qui retarde le projet amiante Abitibi."
M. Lalonde: C'est vous qui avez écrit cela?
M. Bordeleau: C'est M. Denis Chabot. Je peux vous en montrer un
autre d'ailleurs où on dit: "Alors que M. Claude Forget, ancien ministre
des Affaires municipales, pilote le dossier pour l'Opposition des
Affaires sociales, je m'excuse lors d'une conversation
téléphonique, nous a dit que les libéraux avaient
demandé que l'étude du projet de loi soit reportée de six
mois pour plusieurs raisons", chose que, j'espère, le
député de Richmond va contester, parce que je ne pense pas que ce
soit...
Vous pouvez être sûr, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que ce n'est pas moi qui ai écrit l'article. Pour
revenir plutôt à celui-là, qui est titré: "Une
opposition qui retarde le projet d'amiante Abitibi", il dit que "la lutte
farouche que mènent les partis d'Opposition et plus
particulièrement les libéraux au sujet de la Loi devant
constituer la Société de l'amiante et l'achat de la
société Asbestos risque de retarder encore le délai de
mise en exploitation des gisements d'amiante Abitibi, non loin d'Amos... Le
Québec doit d'abord s'assurer une présence dans le domaine de
l'amiante et y jouer un rôle actif, puisqu'il s'agit d'une richesse
naturelle qui, en principe, appartient à tous les
Québécois. "
C'est simplement pour vous donner un peu le point de vue des gens de mon
coin, parce que, dans mon coin, je ne fonctionne pas par appels
téléphoniques. Je rencontre des journalistes, je rencontre les
gens aussi du milieu, je sais ce qu'ils pensent du projet de loi 70 et du
gouvernement d'ailleurs, je pense que tout ce que la motion du
député de Richmond pourrait faire, ce serait simplement de
retarder encore le projet de loi et de pénaliser les gens du secteur de
l'Abitibi-Témiscamingue qui sont intéressés à ce
que les gisements déjà connus dans ce coin soient
développés. Même si c'est un vote libre, je voterai
évidemment contre la motion du député de Richmond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Lalonde: Ce sont eux qui font le "filibuster"?
M. Forget: M. le Président, à l'origine, je n'avais
pas l'intention d'intervenir relativement à cette motion, mais le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait mention d'un
événement dont j'ai été en quelque sorte la victime
lors des travaux d'une commission parlementaire sur un autre projet de loi
où, effectivement, un droit de parole m'a été
refusé. J'aimerais donner quelques précisions là-dessus,
parce qu'il serait trop facile de prétendre, du côté du
gouvernement, qu'il était normal de leur part de refuser un droit de
parole à un des députés de l'Opposition, étant
donné la prolongation indue des travaux de cette commission
parlementaire, etc. Mais il faut bien se rendre compte que la loi 101 touchait
un grand nombre d'aspects et que mon désir d'intervention en commission
parlementaire, à l'époque, s'inscrivait dans le cadre du chapitre
de la loi 101 qui touche à la langue dans les établissements de
santé et de services sociaux. Evidemment, je pense que ce n'est pas
nécessaire d'en donner l'explication. Déjà, lors de la
mise en vigueur de la loi 22, j'ai voulu m'intéresser aux
règlements d'application de la loi 22, quant à l'usage de la
langue dans ces établissements des Affaires sociales. J'étais,
à ce moment-là, entré en communication avec beau-
coup de milieux intéressés par cet aspect précis.
Il m'était apparu qu'au moment de la loi 101, il serait utile de faire
part aux membres de la commission de cette expérience, des discussions
que j'avais eues, de manière à éclairer les membres de la
commission, et pas du tout dans l'esprit de prolonger ces travaux
indûment.
Cependant, même un effort qui avait été fait
à ce moment dans un contexte bien précis pour communiquer aux
membres de la commission une expérience personnelle directe d'un
problème qui était remis sur la table par la loi 101, s'est
heurté à une barrière de procédures, une
barrière complètement infranchissable pour moi, et a très
bien montré le caractère illusoire des promesses que nous font
les membres de la majorité ministérielle lorsqu'ils nous disent
qu'ils sont très larges d'esprit et qu'ils sont prêts à
considérer la participation de n'importe quel député qui
pourrait éclairer nos travaux. Ce n'est pas vrai. Ils n'ont pas du tout
d'ouverture d'esprit à cet égard. Quand le moment viendrait,
même si nous avions quelqu'un parmi les députés, je ne
crois pas que ce soit le cas, mais même par hypothèse, qui
connaîtrait intimement toute l'industrie de l'amiante et tous ses
problèmes, ou les industries de transformation, ils se
prévaudraient très certainement de la procédure, comme ils
l'ont fait l'été dernier, lors de l'étude de la loi 101
pour dire qu'ils ne sont pas intéressés à écouter,
et que, de toute manière, leur idée est faite, ils savent
où ils vont, et qu'ils ne veulent pas retarder l'adoption
précipitée d'un projet de loi qui fait leur affaire.
C'est un genre d'argumentation qui ne m'impressionne pas du tout. On
aurait pu s'y laisser prendre il y a un an, mais il est bien clair qu'il n'y a
pas de sincérité du tout de ce côté et que si on
n'adopte pas cette motion, effectivement, on pourra se trouver dans la
situation où, par exemple, le ministre du Travail, qui pourrait avoir
des choses à nous dire sur l'indemnisation des victimes de l'amiantose,
sur le processus en cours à la Commission des accidents du travail, pour
déterminer les responsabilités, déterminer le degré
d'atteinte à la santé de certains travailleurs de l'amiante,
serait incapable de le faire. Ne nous faisons pas d'illusion là-dessus.
Si cette motion est refusée, on cherchera en vain à faire
intervenir des collaborations du côté gouvernemental en demandant
le consentement de l'Opposition.
C'est une règle qui doit s'appliquer à tous ou pas du
tout. L'exemple que je cite est une bonne illustration des lumières dont
nous aurions besoin, relativement à un sujet qui a une implication
directe sur le financement même de la société de l'amiante,
puisqu'on a fait état devant nous, hier, du fait qu'un prix juste pour
la société Asbestos devait comporter une déduction pour le
montant des réclamations qui seront présentées, mais dont
la valeur est encore incertaine par et au nom des victimes d'amiantose dans la
région. Qui d'autre, que le ministre du Travail et possiblement ses
fonctionnaires, pourrait nous donner ces précisions dans le contexte
actuel? Pourtant, cette commission lui est fermée et lui demeurera
fermée par la volonté du gouvernement.
Ils prendront leurs responsabilités là-dessus, mais je ne
peux pas m'empêcher de relever la par-tisanerie avec laquelle le
député de Frontenac cite les témoignages qui ont
été rendus ici, en commission parlementaire, par les groupes qui
ont paru devant nous. Il cite avec beaucoup de complaisance un article paru
dans le Devoir d'aujourd'hui, où M. Picard, journaliste du Devoir, a
trouvé bon y reproduire surtout ce qui, apparemment, lui faisait plaisir
et qui semble confirmer la thèse gouvernementale.
Ce qu'on ne voit pas dans cet article et, cependant, ce que nous avons
entendu, c'est par exemple, les représentants syndicaux qui ont
été incapables de nous donner un exemple concret de ce que la
prise de propriété de la société Asbestos
apporterait aux travailleurs de l'amiante, sauf de nous dire qu'ils
espéraient bien, comme d'habitude, que le gouvernement serait le
meilleur employeur. Il y a des implications intéressantes dans une
affirmation comme celle-là. Evidemment, le ministre est resté
muet devant une telle affirmation. Il s'est bien gardé de donner des
encouragements aux syndicats, sachant bien que s'il le faisait, il
créerait son propre problème. Il reste que l'appui du syndicat,
entre autres, est basé, d'une part, sur une attitude idéologique
voulant qu'il faudrait nationaliser toutes les entreprises, pas seulement la
société Asbestos. Il a le droit de le prétendre. Je ne
peux certainement pas dire que les représentants syndicaux ont
apporté des arguments susceptibles de nous convaincre là-dessus,
mais à part cette orientation idéologique de la part du syndicat,
ils ont été incapables de nous donner des preuves ou des
indications précises de ce à quoi ils s'attendent de façon
concrète au bénéfice de leurs membres, sauf encore une
fois, cette prétention à avoir désormais le meilleur de
tous les employeurs, prétention qui crée autant de
problèmes pour le gouvernement que l'affirmation générale
d'appui peut leur donner de réconfort. (11 heures)
Du côté des corporations municipales, je dois dire qu'il y
a eu, bien sûr, des manifestations d'intérêt pour une
initiative gouvernementale. C'est indéniable. Mais il faut aussi dire
que, de ce côté-là, les seuls avantages qui pourraient
résulter, pour ces municipalités et les habitants de ces
municipalités, ont fait l'objet, de la part des représentants,
des maires en question, d'un aveu assez désarmant selon lequel ils
n'avaient aucun engagement ni aucune certitude démontrant que la prise
en charge de la société Asbestos résulterait pour eux en
un avantage quelconque.
En particulier, ils nous ont avoué ne pas savoir si le nouveau
propriétaire de la société assumerait à 100% le
coût de relocalisation des quartiers. Ils nous ont avoué ne pas
avoir d'engagements du gouvernement, à savoir si le siège social
de la société serait situé dans leur région. Ils
nous ont avoué ne pas avoir d'engagements relativement à
l'acceptation, par le gouvernement, de la responsabilité de payer les
taxes municipales, de la même façon que s'il s'agissait
d'entreprises privées, sauf des déclarations politiques qui ne
lient
en aucune façon le gouvernement, dont il leur serait très
facile de découvrir le caractère factice puisque même un
ministre qui l'aurait dit pourrait très bien dire que, malgré ses
recommandations, le Conseil des ministres n'a pas accepté de donner
suite à ses voeux et que ce sera là le point final.
Donc, des groupes ont effectivement énoncé des espoirs,
des voeux de bonne fête pour le gouvernement, mais ils n'ont
apporté aucun argument. Ils ont, au contraire, manifesté leur
très grande incertitude, l'absence d'engagement gouvernemental quant
à savoir s'il y aurait des retombées positives pour leur
région, leurs membres ou leurs habitants. Il devient, à ce
moment-là, très apparent qu'il y a là un mélange
d'idéologie et de voeux pieux, qui est normal, qu'il faut comprendre
dans le cas des municipalités. Elles ont une ressource dont le
gouvernement semble vouloir s'occuper et elles se réjouissent de ce fait
sans trop savoir exactement de quelle façon elles vont en profiter. Ce
ne sera peut-être pas elles qui en profiteront, ce ne sera d'ailleurs
peut-être personne qui en profitera, mais comment s'étonner
qu'elles expriment des espoirs à ce sujet?
Enfin, il est bien clair que le député de Frontenac et le
député de Bourassa sont revenus à la charge, le
député d'Abitibi-Est aussi, en disant: Pourquoi l'Opposition
s'oppose-t-elle, retarde-t-elle l'adoption d'un projet de loi qui aurait de si
nombreuses et de si intéressantes retombées? Il ne faut pas jouer
sur les mots. Il est clair que nous nous opposons à ce projet de loi
parce que c'est le seul moyen que nous avons de nous opposer non pas tellement
à une initiative du côté de l'amiante à laquelle
nous pourrions souscrire si elle prenait une autre forme, mais c'est le seul
moyen que nous avons de nous opposer à une décision stupide de la
part du gouvernement de prendre en charge la société Asbestos,
une société minière, au lieu de faire un tas d'autres
choses que tout le monde convient être prioritaires dans le secteur.
On a parlé de la nécessité d'entreprendre des
recherches à la fois sur les aspects de la santé et de
l'application industrielle de l'amiante. Le ministre nous renvoie aux calendes
grecques, à l'automne, à un vague projet, et nous avoue
très candidement qu'il n'y a rien dans le projet actuel qui soit
directement relié aux efforts de recherche. Cela fera partie d'un autre
effort, plus tard. Tout le monde l'invite et l'incite à
développer de nouveaux gisements, en particulier dans la région
du Nord-Ouest où il y en a deux et où il y a des
possibilités de participation de l'entreprise privée au
développement de ces nouveaux gisements et contribuer en cela à
relever l'économie de ces régions par la création de 600
ou 650 emplois permanents dans un seul de ces deux sites.
De ce côté-là, le ministère nous renvoie
aussi aux calendes grecques en disant qu'il n'a pas l'expertise au
ministère des Richesses naturelles pour lire des rapports d'exploration
minière. C'est une véritable farce, M. le Président, qu'un
ministère qui coûte quelque $60 millions par année aux
contribuables du Québec soit incapable de lire des rapports de
prospection et d'exploration minière.
C'est pourtant l'affirmation assez audacieuse qu'a faite le ministre,
lui-même ingénieur minier, je pense, quand il a dit qu'il
n'était pas capable de lire la signification de ces rapports et qu'il
lui fallait absolument acquérir, au coût de $150 ou $200 millions,
une société minière pour obtenir la possibilité,
les quelques experts nécessaires, pour lire les rapports de façon
compétente. C'est un aveu de faiblesse absolument inouï.
M. Lalonde: Des experts, des experts! Une Voix: C'est
niaiseux.
M. Forget: D'autre part, l'Association des mines d'amiante nous a
fait part du désir de ses membres de collaborer avec le gouvernement
à des efforts, mais prenant comme base, du côté de
l'entreprise privée, l'ensemble du secteur et pas seulement un effort
parcellaire et dispersé, compagnie par compagnie. Pourtant, le ministre,
depuis le début...
Peut-on obtenir un peu de calme des gens de l'autre côté,
M. le Président? Je comprends qu'il y a des manifestations de bonne
humeur qui peuvent se comprendre...
M. Grégoire: ... de bonne humeur.
M. Forget: Oui, mais il y a un moment pour cela, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: ...
M. Lalonde: Le ministre veut-il dire qu'il ne veut pas être
attentif? Excusez-moi.
M. Bérubé: Je vous en prie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Le ministre veut-il continuer à participer
à la commission parlementaire?
M. Bérubé: Certainement.
M. Lalonde: C'est une directive que je voulais vous demander, M.
le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. A l'ordre!
M. Lalonde: Le ministre vient de dire tantôt qu'il n'avait
pas l'intention d'être attentif.
M. Grégoire: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît! C'est une demande de
directive, semble-t-il.
M. Grégoire: Ah!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai entendu le ministre dire qu'il n'était
pas intéressé à être attentif aux propos de cette
commission. Comme président de la commission, trouvez-vous que c'est de
nature à aider au déroulement des travaux dont vous êtes le
grand responsable, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
pense, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, que la
présidence doit faire respecter les règles de procédure,
mais vous savez fort bien que la présidence ne peut imposer à qui
que ce soit d'être attentif oui ou non, d'être distrait oui ou non,
ou tout autre adjectif que vous pourriez employer. M. le député
de Saint-Laurent.
M. Forget: Vous avez raison, M. le Président, en disant
que la présidence ne peut imposer l'attention; à plus forte
raison, elle ne peut pas imposer l'intelligence ou la sympathie...
M. Grégoire: C'est celui qui parle qui impose l'attention.
Ce n'est pas le président.
M. Forget: M. le Président, dans l'esprit de vos remarques
préliminaires où vous nous avez exposé les genres de
motion qu'on peut faire, il me vient à l'esprit que le sens essentiel
des travaux en commission parlementaire est de permettre un dialogue des
députés, en particulier des députés de
l'Opposition, avec les représentants du gouvernement, le porte-parole du
gouvernement, le ministre responsable. Cela m'amène à dire que,
lorsque le ministre s'absente, et cela lui arrive de temps à autre, ou
lorsqu'il est manifestement distrait et non intellectuellement disponible, cela
lui arrive aussi souvent, nous pourrions peut-être faire une demande de
suspension des travaux pour permettre au ministre de retrouver ses esprits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le ministre, sur une question de directive.
M. Bérubé: M. le Président, question de
directive, un peu dans le style de celle du député de
Marguerite-Bourgeoys. Lorsque le travail de 275 travailleurs
québécois est en cause, je préfère parfois
m'absenter cinq minutes plutôt que d'écouter des sottises et de
lire des journaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
n'était pas une question de directive. M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: On a une très bonne illustration, M. le
Président, de la façon très sérieuse et très
coopérative, très ouverte, très large d'esprit avec
laquelle le ministre a fait son travail depuis le début de ce
dossier.
Pourtant, lorsqu'il était question de bons dossiers, et le
ministre en a déjà eu entre les mains, j'ai eu l'occasion d'en
discuter avec lui; il y avait des possibilités de travailler de
façon constructive. Je me souviens de la révision de la Loi des
mines qui a été faite l'an dernier et où nous avons eu un
débat qui s'est déroulé sur deux séances, mais
où nous avons posé des questions pertinentes et nous avons eu des
réponses pertinentes. Depuis que le ministre a ce dossier de la
société de l'amiante et particulièrement de l'achat de la
société Asbestos entre les mains, peut-être se sent-il mal
à l'aise de se placer lui-même en contradiction avec des
déclarations antérieures, mais il a acquis un style
agressif...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, s'il vous plaît!
M. Forget: ... et arrogant qui est contraire au bon
fonctionnement de la commission et qui ne peut que contribuer à
prolonger nos travaux.
Alors, sur la motion, M. le Président, je voudrais terminer en
disant ceci à la suite des propos du député d'Abitibi-Est
et du député de Bourassa qui semblent faire un reproche à
l'Opposition d'utiliser les ressources que nous donne la procédure
parlementaire pour inviter non seulement le gouvernement, mais la population
à réfléchir sur les implications d'un geste qu'on va
poser. Nous n avons aucun remord à passer tout le temps qu'il faut et
à retarder le plus possible l'adoption d'une mesure qui, encore une
fois, est stupide, et je prétends et je suis sûr que mes
collègues se joignent aussi à moi pour le prétendre
que c'est rendre service au Québec que d'inciter le gouvernement
à y regarder à deux fois avant de faire une chose qui est, encore
une fois, un geste stupide, une aventure non motivée autrement que par
un engagement politique, irréversible, irréversible seulement
parce qu'on ne veut pas sauver la face, mais qui devrait être
renversé parce qu'il ne correspond pas aux meilleurs
intérêts du Québec.
Il y a des choses que le gouvernement peut faire dans l'amiante et,
très certainement, il y a des choses qui doivent être faites,
mais, encore une fois, c'est le seul moyen que nous avons de protester contre
l'acquisition de la société Asbestos. Nous voulons inviter le
gouvernement, par la participation la plus nombreuse des membres de
l'Assemblée nationale, à considérer les autres
possibilités en regard de la décision qu'il a annoncée,
possibilités qui sont nombreuses et qui permettraient, dans un
délai beaucoup plus court qu'il ne sera possible par le moyen choisi par
le gouvernement, de créer des emplois, d'augmenter la valeur
ajoutée au Québec à partir de l'amiante et d'assurer
à l'industrie de l'amiante au Québec cet avenir rose que le
gouvernement nous décrit, qu'il invoque tout le temps sans jamais
démontrer des intentions précises de poser les gestes
nécessaires, en particulier, encore une fois, dans le domaine de la
recherche, pour assurer cet avenir et même assurer le présent
puisque, même le présent, on n'est pas entièrement
assuré de pouvoir le maintenir indéfiniment dans la situation
présente, le niveau présent de développement à
moins de prendre des actions conservatrices de l'énergie, de
l'industrie et de ses marchés.
Alors, M. le Président, c'est la raison pour laquelle j'ai
parlé malgré tout sur cette motion. Encore une fois, je n'avais
pas l'intention de le faire, mais l'attitude du gouvernement nous incite
à multiplier nos interventions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député... Je vous avais reconnu, M. le député de
Bourassa. Est-ce que vous cédez votre droit de parole?
M. Laplante: Je passe mon tour pour gagner du temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, moi non plus je n'avais pas
l'intention d'intervenir sur cette motion parce qu'elle me paraissait
évidente dans l'intérêt qu'elle pouvait présenter.
Moi aussi, c'est en relation avec les arguments qu'on nous offre en face que je
pense devoir intervenir.
C'est exact qu'on retarde toujours l'adoption d'une loi lorsqu'on veut
en discuter. C'est évident. On ne va pas se mettre à argumenter
là-dessus. Ce serait beaucoup plus facile s'il n'y avait pas
d'Opposition du tout et si le gouvernement pouvait voter les lois simplement en
mettant une signature au bas d'un texte, mais c'est cela un régime
parlementaire.
Le régime parlementaire consiste à écouter,
justement, les partis et à écouter aussi l'Opposition, même
si cela n'intéresse pas le ministre d'écouter l'Opposition. Il va
falloir qu'il s'y habitue parce que c'est cela un régime parlementaire
et c'est cela un régime démocratique. Je pense que vous ne l'avez
pas encore compris.
C'est vrai que l'on retarde, à ce moment-là, l'adoption
d'une loi, mais on est fier de retarder l'adoption d'une loi lorsqu'on n'est
pas d'accord sur cette loi. Ce qu'on ne retarae pas, par exemple, ce sont des
histoires comme l'Abitibi. On ne retarde pas cela à l'heure actuelle et
le député d'Abitibi-Est, au lieu de lire les journaux, s'il
essayait d'informer la population...
M. Bordeleau: Je m'excuse, mais je ne suis pas en train de lire
le journal, M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: ... il ferait son devoir. Il pourrait essayer de
convaincre ses commettants que ces projets d'Abitibi sont en concurrence avec
les projets que le gouvernement est en train de présenter pour l'achat
d'Asbestos Corporation. Ils sont en concurrence, ces deux projets. S'il le
comprenait, peut-être à ce moment-là serait-il davantage
opposé à un achat qui ne donne absolument rien au point de vue
des emplois, de la production et de l'augmentation d'offres de fibres
d'amiante. Peut-être qu'à ce moment-là il pourrait
convaincre le gouvernement qu'il serait davantage intéressé
à exploiter les mines d'amiante en Abitibi. C'est cela qu'on ne retarde
pas, à l'heure actuelle, en faisant cela. Au contraire, on rend service
à l'Abitibi. Peut-être que le député d'Abitibi-Est
pourrait essayer de faire comprendre cela à ses commettants.
Il y a une autre chose aussi que je voudrais dire, c'est qu'on veut une
politique de l'amiante, on aimerait être capable d'en discuter, mais ce
qu'on nous offre, à l'heure actuelle, ce n'est pas cela. Ce n'est pas
une politique de l'amiante, c'est l'achat d'une entreprise. Je souscris
entièrement aux propos de mon collègue de Saint-Laurent, c'est
l'achat d'une entreprise qui ne donnera absolument rien sur le plan
économique, qui ne fera que transférer des richesses qui, de
toute façon, nous appartiennent.
Ces mines appartiennent au peuple du Québec. Pourquoi faudrait-il
qu'on les lui fasse payer deux fois? C'est cela que je n'ai jamais compris. Ces
mines nous appartiennent. On est capable de les utiliser comme on veut. Si on a
une politique intelligente, on ne sera pas obligé d'acheter des
entreprises comme celle-là et de payer des centaines de millions,
d'engloutir cela simplement pour avoir le plaisir de dire que l'entreprise est
une entreprise publique. C'est cela le fond du problème.
On veut une politique de l'amiante. Il y a d'autres
éléments qui étaient dans cette politique, qui avaient
été annoncés. On aimerait pouvoir en discuter, discuter
des ententes de développement, par exemple, et des autres mesures que le
gouvernement pourrait entreprendre. On aimerait en arriver là et le plus
tôt possible.
Enfin, sur la motion elle-même, M. le Président, c'est une
caractéristique de ce gouvernement que, sur une motion comme celle-ci,
on dise: On va prendre un vote libre. Qu'est-ce que cela veut dire un vote
libre? Est-ce que le gouvernement est en faveur ou contre cette motion? On va
faire un vote libre.
Même sur les choses les plus élémentaires, les plus
secondaires, le gouvernement n'est même pas capable d'avoir une politique
claire qui nous évite justement de perdre notre temps. Si les
députés d'en face ont l'intention de voter en faveur de la
motion, qu'ils le disent donc tout de suite et on va passer à une
autre.
Merci, M. le Président. (11 h 15)
Vote sur la motion
Le Président (M. Laplante): Plus d'intervenants; la motion
est-elle adoptée?
M. Grégoire: Non, vote enregistré.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré. M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Bordeleau
(Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Laplante): Contre: 5; pour: 3. Motion
rejetée.
M. Raynauld: C'est une autre façon de...
M. Grégoire: On est libre de voter contre.
M. Raynauld: Changez de vocabulaire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on appelle l'article
1?
M. Bérubé: On l'a jugée à sa valeur.
Le Président (M. Laplante): Article 1.
M. Forget: Non, M. le Président, nous avons une
motion.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Laurent.
Motion demandant de suspendre l'étude
du projet de loi jusqu'à la production
de certains documents
M. Forget: M. le Président, avant de commencer, je
voudrais faire référence à un engagement que le ministre a
pris devant les membres de cette commission, lors d'une séance
antérieure et qui, sans aucun doute, nous aiderait à jeter un peu
de lumière dans les ténèbres qui entourent toute cette
question. Je peux lire ce qui a été dit le 16 mars,
c'est-à-dire la semaine dernière, lors de notre première
séance; c'est à la page R-21 des comptes rendus de notre
commission. Je cite le ministre: "D'une part, la question des renseignements,
j'ai l'intention de déposer à la prochaine séance de cette
commission c'était mardi de cette semaine le plan de
travail du gouvernement concernant la politique de l'amiante, ainsi que
certains chapitres qui portent plus spécifiquement sur la
transformation, sur les problèmes de salubrité, sur la
substitution." Cela fait déjà passablement de choses, le plan de
travail sur la politique...
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement. Est-ce qu'il serait possible que le ministre ait au moins la
politesse de cesser de lire son journal en commission parlementaire? Est-ce que
cela serait possible, M. le Président? Vous ne pouvez pas le forcer
à être attentif, mais est-ce que vous ne pouvez pas le forcer
à être poli?
Le Président (M. Laplante): Je ne peux le forcer, M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: II a des attitudes absolument dérogatoires
envers les membres de cette assemblée, c'est absolument invraisemblable,
invraisemblable. Le ministre déploie son journal, grand comme ça,
devant tout le monde; est-ce qu'on va continuer à travailler dans une
atmosphère comme celle-là? Il y a quand même des
limites.
M. Grégoire: Je ferais une suggestion au
député d'Outremont.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
monsieur?
M. Grégoire: Oui, oui. Parce que c'est un privilège
du député d'Outremont, s'il continue comme ça, il va faire
des ulcères d'estomac avant la fin. En fait, c'est vrai... il parlait
tantôt de notre humeur, si on était pour être de bonne
humeur ou non. Depuis le début, c'est le député
d'Outremont qui est de mauvaise humeur sur n'importe quoi, sur tout et sur
rien. Si ça venait d'un homme ordinaire, je ne dis pas, mais d'un
économiste, c'est grave, c'est grave de la part d'un
économiste...
Le Président (M. Laplante): Sur votre motion, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: ... ou du moins d'un gars qui se dit
économiste, d'intervenir de cette manière.
M. Raynauld: Taisez-vous donc!
M. Grégoire: Cessez de vous choquer pour rien.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Laurent.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai posé une
question...
M. Grégoire: Soyez assez calme.
M. Raynauld: J'ai posé une question au
président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac. J'ai répondu à la question, M. le député
d'Outremont.
M. Grégoire: Vous le lisiez tantôt...
M. Raynauld: Qu'est-ce que vous avez dit?
M. Grégoire: ... vous l'avez devant vous, le journal, vous
l'avez lu.
M. Raynauld: Je ne suis pas ministre des Richesses
naturelles.
M. Grégoire: Vous l'avez lu. Vous êtes
député d'Outremont, c'est la même chose, vous êtes
membre de la commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Frontenac!
M. Grégoire: Vous l'avez lu tant que vous avez voulu, on
ne vous a pas interrompu, parce que vous avez besoin de renseignements, on vous
les laisse prendre.
M. Raynauld: Est-ce que vous allez...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, le rôle du président, c'est de veiller au bon ordre
de l'assemblée. Que chacun parle à son tour. Mais les gestes
silencieux, on n'y peut rien.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai l'impression que vous
interprétez votre rôle de façon très limitative,
parce que le bon ordre des discussions dépend beaucoup des attitudes
aussi désobligeantes du ministre de la pauvreté naturelle du
Québec qui est en face.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, en espérant que ma voix
est assez forte pour percer le papier.
M. Bérubé: Pas de problème, j'entends.
M. Forget: Je répète que lors de notre
première séance de la semaine dernière, le ministre avait
annoncé le dépôt, pour mardi dernier, d'un certain nombre
de documents. Je résume. Il y a, d'une part, le plan de travail du
gouvernement concernant la politique de l'amiante.
Il y a, d'autre part, certains chapitres qui portent plus
spécifiquement sur la transformation, donc, l'étude que le
gouvernement a faite et ses conclusions quant à la transformation, ses
objectifs et les moyens d'y parvenir quant à la transformation, les
problèmes de salubrité, la substitution.
Le ministre, bien sûr, a formulé des réserves, et je
m'empresse de l'ajouter, même plus que des réserves, des
exclusions. Il a dit: Je dois dire cependant que je devrai m'abstenir de
déposer un chapitre extrêmement important et volumineux qui porte
comme tel sur Asbestos Corporation, de même qu'un autre chapitre qui
porte sur des aspects de la fiscalité.
Il a enchaîné en justifiant pourquoi il trouvait que la
présentation ou la publication de ces deux chapitres n'était pas,
selon lui, d'intérêt public. Sans vouloir me prononcer sur cette
question nécessairement et sans laisser entendre que je peux être
d'accord sur le fait qu'il pourrait ne pas être d'intérêt
public de ne pas déposer des études sur Asbestos Corporation,
puisque c'est bien l'objet du litige, ni sur les problèmes de
fiscalité, encore qu'il me semblait que les impôts sont quelque
chose d'assez public et qu'il y a là-dessus, dans bien des pays, en
particulier si on pense à la pratique au Congrès
américain, beaucoup plus d'ouverture sur les questions fiscales,
même des questions fiscales qui sont considérées de
façon hypothétique comme des mesures possibles, des initiatives
possibles du gouvernement et qu'il y a aussi énormément
d'information qui est disponible à n'importe qui.
Je sais qu'il y a là-dessus une tradition de secret, au
Québec en particulier, avec laquelle je ne suis personnellement pas
d'accord, mais à laquelle le ministre semble souscrire avec
empressement, sinon même avec enthousiasme.
Mais peu importe ce que l'on peut dire là-dessus, il demeure que
le ministre nous a fait des promesses de présentation de documents. Nous
aurons bientôt quelque loisir pour en prendre connaissance, les analyser,
les lire. Il me semble qu'aujourd'hui ce serait une occasion magnifique pour au
moins commencer à lever le voile sur le grand mystère de
l'amiante, tel qu'élaboré par le ministre des Richesses
naturelles du Québec. Je serais presque tenté de reprendre
l'expression de mon collègue, mais je ne veux pas céder à
la tentation, du moins, pas cette fois-ci.
C'est la raison qui nous pousse, M. le Président, à
présenter une motion qui inviterait le ministre à
s'exécuter là-dessus et j'en fait la lecture: Que cette
commission est d'avis de suspendre l'étude de tous les articles du
projet de loi 70, tant et aussi longtemps que le ministre des Richesses
naturelles n'aura pas remis aux membres et intervenants de cette commission,
les documents qu'il a promis lors de la séance du 16 mars 1978 de la
commission permanente des richesses naturelles.
Je pense qu'il va de soi que le ministre d'abord, s'exécute,
donne suite à une promesse qu'il a faite librement. Je ne crois pas
qu'on ait usé d'intimidation à son égard. On l'a
certainement invité instamment à nous donner des détails,
des indications, au-delà des références au rapport
Alexandre et à des mémoires ou des projets de mémoires
présentés selon le ministre des Transports, mais effectivement
jamais présentés au gouvernement précédent. Il n'y
a pas eu beaucoup de documents dont on ait fait état dans tout ce
dossier. On fonctionne, pour employer une expression qui n'est pas très
correcte, mais qui est très imagée, on fonctionne sur la gueule
passablement là-dedans.
Il serait peut-être temps, quand on pense à dépenser
$250 millions, d'avoir au moins quelques
feuillets qui nous permettraient de circonscrire un peu le
problème. Il y a une promesse qui a été faite, elle a
été faite librement, elle fait suite à une invitation
pressante de la part des membres de l'Opposition, une invitation qui est tout
à.fait normale, tout à fait naturelle. C'est même un
minimum. Je pourrais penser à bien d'autres choses dont on aurait
besoin.
On a mentionné, en particulier des investissements additionnels
qui seront nécessaires pour améliorer le fonctionnement de la
mine, augmenter sa productivité, ou sa rentabilité, sa
salubrité, possiblement, des investissements qui seraient
nécessaires pour rationaliser la production à Thetford Mines. Il
y a un élément un peu mystérieux auquel d'ailleurs le
ministre n'a jamais fait allusion, sauf par sous-entendu. Le fait que la
société Asbestos contrôle les droits miniers pour
l'ensemble de la région et, en quelque sorte, les circonscrit, que ces
droits de propriété entourent, et de façon
complète, deux autres mines de la région, lui donne un pouvoir
d'influencer le développement de ces mines, c'est très joli en
théorie. Mais si le gouvernement ou la Société nationale
de l'amiante veut éventuellement utiliser ce pouvoir, est-ce son
intention d'utiliser seulement la force gouvernementale ou le droit du plus
fort? Ou sera-t-il question d'une espèce de "partnership" avec les deux
sociétés qui exploitent ces mines qui constituent des enclaves
dans la région de Thetford Mines? S'il y a un "partnership" quelconque,
n'y aura-t-il pas des mises de fonds additionnelles, peut-être de la
construction, comme l'a suggéré le CRDE, d'une usine commune de
très grande envergure? C'est la recommandation, comme vous le savez, du
CRDE, qui veut faire une immense installation de manière à
obtenir un rendement très élevé, à être sur
le même pied que certaines installations amiantifères de l'Union
Soviétique, où il y a un débit envisagé et qui
viendra en production vers 1980 de quelques centaines de milliers de tonnes par
année, 500 000 tonnes, je crois, par année ou par jour, je ne le
sais pas, mais c'est un ordre de grandeur, c'est une immense histoire, je ne
sais pas si c'est par jour ou par année, mais c'est une question
technique, de toute façon, et cela dépasse de loin la
capacité de n'importe laquelle des usines...
Une Voix: On ne se chicanera pas là-dessus.
Une Voix: ... si c'est par jour ou par année.
M. Forget: Non, je laisse cela aux ingénieurs. Je n'ai pas
l'intention d'entrer dans les détails, d'autant plus qu'on aurait bien
du mal à retrouver les détails, puisqu'on n'a aucun document
devant nous. Il reste que c'est une usine qui dépasse de loin la
capacité de toutes les usines québécoises. C'est une
proposition du CRDE.
Y aura-t-il des investissements additionnels requis pour cela? C'est
important de savoir quelles sont les intentions gouvernementales relativement
à cela?
Par ailleurs, il y a aussi la question de relocalisation de quartiers,
l'urbanisme, l'aménagement du territoire dans ces régions. Ce
sont des questions éminemment du ressort du gouvernement. J'imagine que
la Société nationale de l'amiante aura, à titre de
mandataire du gouvernement, tel que l'exprime le projet de loi, une mission, un
mandat à exécuter dans la région à cet
égard. N'y a-t-il pas des choses qu'il serait possible de
connaître? Enfin, il y a plusieurs aspects que le ministre n'a pas
mentionnés et sur lesquels nous reviendrons certainement, mais je ne
voudrais pas négliger, malgré tout, tout simplement parce que
c'est insuffisant, la possibilité qu'a ouverte le ministre, qu'on
dispose enfin d'un minimum d'information sur certains aspects
sélectionnés de la politique de l'amiante.
J'aimerais savoir si, devant le silence du ministre, il a toujours
l'intention d'honorer sa parole. A ce moment-là, il nous ferait plaisir,
si on avait le dépôt de ces documents, non pas le
dépôt, M. le Président, je ne veux pas qu'on me corrige sur
la forme, apparemment, il n'y a pas de dépôt en commission
parlementaire, mais il y a quand même des documents qui pourraient
être produits. S'ils devaient être produits, je serais bien
consentant à retirer ma motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Qui n'a
pas encore d'ailleurs été déclarée receva-ble.
M. Forget: Elle n'a pas encore été
déclarée recevable, non, mais indépendamment de motion
recevable ou non recevable, il y a le fait que le ministre a donné sa
parole. Il a pris un engagement. Est-ce un homme de parole? Respecte-t-il ses
engagements ou non?
Au-delà de toute motion, je serais bien intéressé
à connaître la réponse à ma question.
M. Grégoire: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre est-il intéressé à répondre à la
question, au préalable, du député de Saint-Laurent? En ce
qui concerne la recevabilité, je serai obligé de suspendre cinq
minutes.
M. Bérubé: ... l'irrecevabilité...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont...
M. Lalonde: M. le Président, avant que vous ne
suspendiez...
M. Laplante: La recevabilité. (11 h 30)
M. Lalonde: ... je présume que vous avez l'intention de le
faire, dans le but de délibérer sur la recevabilité.
Est-ce que vous voulez nous entendre avant? Je ferais appel, par exemple,
à certains précédents, comme...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
justement ces précédents que je voulais vérifier, la loi
67, entre autres.
M. Lalonde: Parce qu'on avait demandé la suspension de
l'étude de certains articles jusqu'à ce que certaines choses
soient faites.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ce
que je voulais vérifier.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que ce ne sera pas long parce que j'ai déjà demandé les
documents en question qui vont être ici dans quelques minutes.
M. Lalonde: Maintenant, est-ce que le ministre est prêt
à répondre à la question très directe et
très simple du député de Saint-Laurent? Son silence est-il
aussi éloquent que son discours?
M. Bérubé: M. le Président, j'ai un
problème technique relié à la photocopie qui est
présentement en cours depuis deux jours. Il s'agit, évidemment,
de documents, en général, assez volumineux. Je signalerai,
cependant, qu'en relation avec cette motion, certains éléments de
la motion ne me semblent pas acceptables. En effet, il existe au moins un
document qu'après considération et discussions avec mes
collègues, j'ai décidé de ne pas déposer
'est le plan de travail du gouvernement concernant l'ensemble de la politique
de l'amiante à la fois parce que seuls certains chapitres de ce
plan de travail portent sur l'objet de la présente loi... En
déposant ces chapitres, évidemment, je réponds à
des besoins normaux, valables de l'Opposition. Par contre, en déposant
le plan de travail au complet, en fait, je sortirai du mandat qui nous a
été confié par l'Assemblée nationale.
Il y a de très gros risques que, finalement, la discussion
continue pour les prochains six mois, étant donné que
l'Opposition a manifesté fermement son intention de chercher tous les
prétextes et excuses possibles pour retarder l'adoption du projet de
loi. Ceci ne fera qu'alimenter la campagne qu'elle a entreprise pour retarder
l'adoption du projet. Par conséquent, j'ai l'intention de déposer
les documents qui sont reliés à l'activité de notre
commission, évidemment, en excluant les documents dont a parlé le
député de Saint-Laurent. Je comprends son intérêt.
Je réalise que, certes, il voudrait y avoir accès. Cependant,
quand il s'agit de l'évaluation de la société Asbestos,
quand il s'agit de mesurer l'importance des engagements de la
société, soit vis-à-vis des sociétés qui la
concurrencent au niveau de la possession de titres miniers ou de claims, soit
au niveau de la mise en marché de la fibre, ou, enfin, quel que soit le
domaine d'activités de l'entreprise, dans un cas comme celui-là,
tous ces renseignements ont un impact direct sur la valeur, le prix d'achat de
la société, que ce soit un impact négatif, par exemple,
concernant une responsabilité potentielle de l'entreprise, en ce qui a
trait au déménagement de quartiers ou à
l'insalubrité de l'environnement ou à sa responsabilité
vis-à-vis de ses travailleurs ce sont des facteurs
négatifs qui jouent contre la compagnie quand il s'agit d'évaluer
la valeur des actions par contre, d'autres aspects sont peut-être
plus positifs, quand on parle des réserves minières, quand on
parle des propriétés que détient la société
dans l'environnement. Toutes ces questions sont évidemment
reliées à l'évaluation de l'entreprise.
Je n'ai évidemment pas l'intention, comme je l'ai
souligné, de déposer de tels documents. Ce qui veut dire que les
documents que nous déposerions seraient, essentiellement, un document
portant sur des possibilités de transformation, étude qui avait
été faite, d'ailleurs, antérieurement à
l'étude de SORES. Egalement, nous serions prêts à
déposer un document que vous connaissez, le rapport Beaudry, avec une
petite analyse que m'avait préparée mon cabinet au moment
où nous avons examiné cette étude pour en mesurer l'impact
sur le marché potentiel de l'amiante. Egalement, il y a un document sur
les produits de remplacement, les produits substituts, puisque je pense qu'on a
beaucoup utilisé ce concept de substitution à l'amiante. Il
pourrait être utile aux membres de cette commission de connaître
quels sont les produits substituts, les avantages et les inconvénients
de ces produits, les secteurs dans lesquels un interventionnisme trop fort de
l'Etat pourrait amener une substitution accélérée, les
secteurs, au contraire, où une intervention plus importante du
gouvernement n'aurait pas d'impact spécifique sur la substitution, dans
la mesure où il n'y a pas véritablement des substituts
comparables.
Donc, ceci permettrait à la commission de mieux jauger le
problème de la substitution. On pourrait également déposer
certains documents, tels que des études du Marché commun, mais
c'est à voir. Il faudrait que j'en discute plus avant avec mes
collègues ici pour être certains qu'on ne divulgue pas des
documents qui nous auraient été fournis de façon
confidentielle par les pays étrangers. pour l'aspect de la
salubrité, de la transformation II y a également une
étude récente du Département de l'Intérieur
américain qui fait valoir les prospectives de l'amiante dans le monde et
qui pourrait aider les membres de cette commission à mieux voir la
situation, pour autant que l'amiante est concernée.
C'est l'ensemble des documents qui, je pense, permettraient à
cette commission de bien apprécier ce qu'est le domaine de l'industrie
amiantifère, d'une part; d'autre part, quelles sont les menaces que
pourraient faire planer les problèmes de salubrité, de
substitution sur cette industrie, et en même temps faire ressortir les
prospectives d'avenir de cette industrie.
Cependant, tout ce qui a trait à la société
Asbestos, tout ce qui a trait donc à l'évaluation de
l'entreprise, je n'ai évidemment pas l'intention de le
déposer.
M. Forget: J'aurais deux brèves questions à poser
au ministre, découlant de ce qu'il vient de dire. Je suppose qu'il ne
fera pas photocopier le rapport Beaudry parce que je dois lui dire que
tous les députés en ont reçu une copie à
l'époque. Ce serait très coûteux et inutile. Pour ce qui
j'avais une autre question, mais...
M. Raynauld: Hier, on a parlé d'un jugement
américain qu'il était possible de déposer à la
commission. J'aurais une autre question. Vous n'avez pas d'étude
sur...
M. Bérubé: II sera photocopié celui-ci
aussi, vous l'aurez donc à votre disposition.
M. Raynauld: Ne serait-il pas possible d'avoir des documents
quelconques sur l'état de la fiscalité, pas sur les intentions du
gouvernement d'utiliser l'instrument de la fiscalité comme alternative
à autre chose, mais... C'est un domaine qui est complexe et cela nous
aiderait peut-être à comprendre le rôle de ces
sociétés, leur contribution ou leur non-contribution sur le plan
de la fiscalité. Ensuite, on me dit que la fiscalité a
été changée en 1975 ou 1976. Depuis 1975, je n'ai pas pu
voir de rapport ou d'étude sur le rendement des changements
d'impôt, par exemple. Ce serait utile d'avoir cela, si c'était
possible.
M. Bérubé: On me dit, concernant les changements
apportés à la fiscalité, que l'ancien gouvernement,
l'ancien ministre des Finances avait fait préparer une plaquette sur
l'incidence des changements apportés à la fiscalité
minière, que nous pourrions certainement déposer puisqu'on me dit
qu'elle est disponible. Elle est en couleur. Alors, cela doit être
très agréable à lire et devrait améliorer notre
humeur à tous.
M. Lalonde: Le député de Frontenac est toujours de
bonne humeur.
M. Raynauld: ... améliorer.
M. Grégoire: Bonne mine.
M. Lalonde: C'est l'humeur du ministre qui mine les travaux.
M. Grégoire: C'est un ingénieur minier.
M. Bérubé: Notez bien que le député
d'Outremont a également des sautes d'humeur.
M. Lalonde: ...
M. Bérubé: Par conséquent, on pourrait
déposer cela. J'aimerais cependant, concernant la fiscalité,
pouvoir en discuter avec notre fiscaliste du ministère, M. Têtu.
Je suis conscient qu'en général les aspects de rendement de
l'impôt sont évidemment des renseignements strictement
confidentiels et je pense qu'il peut être difficile...
M. Raynauld: C'est une entreprise particulière et je ne
voudrais pas avoir d'affaires confidentielles. Je suis parfaitement d'accord
que vous ne devez pas déposer des choses ici sur Asbestos en tant que
telle, qui va affecter les négociations et les prix c'est
évident.
Ce n'est pas cela qu'on demande.
M. Forget: Ordinairement, on... trois entreprises, le
représenter, au moins trois, que les résultats soient
agrégés, les règles de confidentialité de
l'impôt sont respectées...
M. Bérubé: Je ne crois pas avoir de documents... Je
sais que j'ai des documents qui établissent des comparaisons entre le
système fiscal actuel et les rendements escomptés si on modifie
le système. Evidemment, ce sont toujours des tableaux comparatifs. Mais
il est possible qu'on soit capables d'extraire ces renseignements de
manière à vous restructurer un document en faisant une certaine
agrégation qui, à ce moment-là, perdrait son
caractère de confidentialité. Je vais en discuter avec M.
Perlstein, du bureau de l'amiante, de manière qu'on puisse essayer de
vous préparer quelque chose qui pourrait vous donner ces
renseignements.
M. Forget: Une dernière question.
M. Laplante: Avant de rendre votre décision...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur?
M. Laplante: Avant de rendre votre jugement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité?
M. Laplante: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
n'entends pas d'argument sur la recevabilité. J'ai regardé la
jurisprudence et cela me semble très clair.
M. Laplante: II y a des développements nouveaux qui se
produisent actuellement. Vous étiez en train de lire. Vous n'avez pas
écouté tout ce qui s'est dit autour de la table.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il n'y avait aucun argument sur la recevabilité.
M. Lalonde: ... le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y
avait aucun argument sur la recevabilité, mais puisque vous voulez y
aller, M. le député de Bourassa, allez-y.
M. Laplante: Sur la recevabilité du libellé, cette
motion se divise en deux. Vous avez deux volets. Le premier volet demande de
suspendre nos travaux. Dans le deuxième volet, on veut obliger le
ministre on ne l'invite pas à venir déposer des
documents à déposer des documents et les documents
ne sont pas identifiés dans le libellé de la motion.
Voilà les deux volets. C'est une des raisons pour lesquelles on
ne doit pas la juger recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
que la discussion sur le fond continue, puisqu'il y avait pendant que
j'étudiais la jurisprudence, discussion sur le fond et non sur la
recevabilité, il y a un précédent ou du moins une
décision importante qui a été rendue le 16 novembre 1977
à la commission parlementaire chargée d'étudier, article
par article, le projet de loi no 67. Nous retrouvons l'ensemble des
commentaires sur ces motions aux pages B-7798 et suivantes du journal des
Débats du 16 novembre 1977. D'ailleurs, le député de
Marguerite-Bourgeoys qu'on cite abondamment dans cette décision
était membre de cette commission parlementaire.
Et la motion initiale avait été présentée
par le député de Beauce-Sud invitant ou demandant de suspendre
l'étude, article par article, du projet de loi tant que le ministre des
Consommateurs n'aurait pas déposé tel ou tel document.
A ce moment, le député de Vanier, alors président
de la commission parlementaire, l'avait, dans sa forme, déclarée
irrecevable, et avait fait une proposition aux membres de la commission pour
changer quelque peu la formation des termes avec même des arguments du
député de Marguerite-Bourgeoys qui disait: "Le
député de Marguerite-Bourgeoys..." c'est le
président qui parle "... a souligné à juste titre
que cette règle s'étant appliquée par le passé, il
convenait habituellement d'inviter le ministre à distribuer des
documents aux membres de la commission" et là-dessus, le
député de Nicolet-Yamaska avait fait une motion invitant le
ministre des Consommateurs à distribuer des documents et le
député de Jacques-Cartier avait proposé un amendement pour
ajouter les mots "... dès maintenant."
Je ne sais pas si le député de Marguerite-Bourgeoys se
rappelle tous ces...
M. Lalonde: Vaguement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout
cela pour dire...
M. Lalonde: J'ai oublié tout cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... que
je trouverais la motion du député de Saint-Laurent recevable si
elle se lisait de la façon suivante: "Que cette commission invite le
ministre des Richesses naturelles à distribuer aux membres et
intervenants de cette commission parlementaire les documents j'aimerais
qu'on les désigne qu'il a promis lors de la séance du 16
mars 1978de la commission permanente des richesses naturelles."
Or, je pense que cela respecterait les arguments que M. le
député de Bourassa vient de souligner avec raison et que,
d'ailleurs, M. le député de Marguerite-Bourgeoys avait
soulignés égale- ment avec cette raison lors de la commission
parlementaire sur la loi 67.
M. Lalonde: Si vous permettez, je vous remercie de votre
ouverture. Il faudrait, toutefois, ne pas laisser tomber un
élément important de cette motion du député de
Saint-Laurent, à savoir que jusqu'à ce que cela se produise,
l'étude de tous les articles du projet de loi 70 soit suspendue, parce
que de la façon que vous venez de le dire, ce serait simplement une
invitation au ministre.
On sait ce que cela vaut. Selon l'intention du député de
Saint-Laurent et je le soutiens respectueusement il est tout
à fait recevable de faire une motion pour suspendre l'étude des
articles. Je pense que c'est classique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A partir
du moment où la présidence déclare recevable une motion
qui invite le ministre à distribuer des documents, donc il n'y a pas un
élément coer-citif. Il n'y a pas un élément
d'imposition, mais un élément d'invitation, de demande.
On sait que le parti ministériel peut toujours, soit rejeter
cette motion ou même si elle est adoptée, on sait que le ministre
garde toujours quand même à cette invitation, la
possibilité de répondre par l'affirmative ou par la
négative.
M. Lalonde: Avant de continuer, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
(11 h 45)
M. Lalonde: Avant que vous ne concluiez, M. le Président,
pouvez-vous, s'il vous plaît, me laisser souligner une différence
fondamentale entre le précédent que vous venez d'invoquer et le
cas qui nous occupe, où nous avons un engagement formel du ministre qui
dit, et je le cite à la page R/21-B/RN-page 2, qui est la transcription
des débats: "D'une part, la question des renseignements. J'ai
l'intention de déposer à la prochaine séance de cette
commission le plan de travail, etc." Alors, c'est à cette citation
spécifiquement que la motion du député de Saint-Laurent se
réfère quand il dit: Par les documents qu'il a promis lors de la
séance du 16 mars 1978. C'est plus qu'une invitation, c'est un
engagement que le ministre a pris. Alors que, dans le cas du projet de loi 67,
on n'avait pas un tel engagement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que mon collègue et confrère comprendra que ce qu'il vient de
dire est un très bon argument, politiquement parlant, mais que,
juridiquement parlant, la présidence ne peut se servir de ces propos
déclarés par un ministre antérieurement à la
décision pour permettre un dépôt de documents en commission
parlementaire. Autrement dit, je pense que vous avez, à bon droit,
raison aujourd'hui et à l'avenir, peut-être, de rappeler cette
promesse que le ministre aurait pu faire le 16 mars 1978, mais je pense que
cela ne devient pas un argument juridique pour faire déclarer
recevable
la motion telle qu'elle a été présentée. Je
pense que c'est un argument beaucoup plus politique que d'ordre juridique.
M. Forget: Est-ce que vous me permettez un mini-argument, M. le
Président? Il est clair que, dans les indications que vous nous avez
déjà données, vous liez les deux parties de la motion.
D'une part, il y a le rappel de l'engagement du ministre de déposer
certains documents et, d'autre part, il y a la notion de suspension des
travaux. Vous nous avez invité à reformuler la motion de
manière à dissocier les deux éléments, à
inviter le ministre à respecter sa parole et à déposer des
documents qu'il a désignés. Si nous présentons la motion
amendée de cette façon-là, elle sera débattue et,
peu importe son issue, qu'elle soit adoptée ou rejetée, le
ministre conserve sa liberté d'action. En quelque sorte, il peut laisser
de côté cette invitation. En tout état de cause, même
s'il l'acceptait, il serait tout à fait recevable tout de suite
après de faire une motion pour suspendre les travaux, parce qu'une telle
motion peut être faite à tout moment et est, de toute
façon, recevable. Or, je me demande si, étant donné que
les deux volets de cette motion peuvent être faits
séparément, le fait qu'ils soient joints en une seule motion, ce
qui, en somme, ne fait que limiter le droit de parole des membres de la
commission, ne nous fait pas arriver au même résultat. Je
comprends que, si on envisage cela comme une menace en quelque sorte
vis-à-vis du ministre, on serait amené à la conclusion qui
semble être à votre esprit, mais ce n'est pas du tout une menace,
comme vous l'avez dit vous-même. Le ministre peut même, si elle
était adoptée, choisir de la laisser de côté. A ce
moment-là, il n'a qu'une responsabilité politique. Alors, ce
n'est tellement pas une coercition qu'il peut complètement la laisser de
côté. Donc, ce n'est pas une coercition et, donc, elle ne peut pas
être rejetée parce que c'est une coercition; du moins, c'est mon
humble opinion.
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais il
n'en demeure pas moins, M. le député de Saint-Laurent, que, par
la motion telle que présentée et en supposant que l'on inclue
à l'intérieur les mots "invitation à distribuer", on
demanderait à la commission parlementaire de suspendre ses travaux tant
que le ministre n'aurait pas répondu affirmativement à une
invitation qui lui est faite et non pas à un ordre qui lui est
imposé. Je pense que, logiquement et sans vouloir porter de jugement sur
une nouvelle motion qui me serait présentée demandant de
suspendre les articles, je pense qu'il est absolument absurde, compte tenu de
la suggestion que je viens de vous faire, d'accepter, dans une même
motion principale, la suspension de tous les articles et je pense que votre
demande de suspension de tous les articles dans une même motion serait
acceptable si nous pouvions, en commission parlementaire, forcer le
dépôt de documents. Je pense que votre motion, telle que
présentée, serait parfaitement recevable si elle pouvait forcer
le ministre à déposer des documents. Or, tel n'est pas le cas. La
commission ne peut qu'inviter un ministre à déposer des
documents. Comment peut-on conditionner l'étude des articles d'un projet
de loi, non pas à une obligation que l'on fait à un ministre,
mais à une invitation que nous lui faisons? Je pense que la motion,
telle que je l'ai modifiée, serait acceptable, mais cela ne porte en
rien préjudice à une nouvelle motion qui pourrait être
présentée.
D'autre part, j'aimerais vous dire également que vous ne demandez
pas la suspension de l'étude d'un article, mais de tous les articles du
projet de loi, alors que notre mandat est d'étudier, article par
article, ce même projet de loi. Sans vouloir présumer de la
décision que je rendrai sur une nouvelle motion, je dis que je
déclarerais recevable et débattable une motion qui inviterait le
ministre à distribuer aux membres de cette commission parlementaire les
documents qu'il avait promis de distribuer lors de la séance du 16 mars
1978.
Par la suite, lorsque cette motion aura été soit
adoptée, soit rejetée, l'Opposition pourra, si elle le veut,
présenter un nouvel amendement et, alors, on verra.
M. Raynauld: Une question seulement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député d'Outremont.
M. Raynauld: Avant d'aller plus loin, le ministre, à part
le plan de travail, a invoqué simplement des difficultés
pratiques. Est-ce qu'on pourrait savoir quand ces difficultés pratiques
vont être surmontées? Si les documents doivent être
déposés cet après-midi, ce n'est peut-être pas la
peine de continuer bien longtemps à discuter comme ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: On ne peut pas vous le garantir pour cet
après-midi, mais certainement pour la prochaine séance.
M. Raynauld: Pour la prochaine séance, c'est dans dix
jours?
M. Bérubé: En revenant de vacances.
M. Raynauld: En revenant de vacances. On aurait le temps de les
lire pendant les vacances, si on les avait. Ce serait utile, dix jours.
M. Bérubé: On va admirer votre intention de
travailler durant vos vacances.
M. Grégoire: Est-ce que cela peut vous satisfaire si on
vous dit qu'on va les faire parvenir à vos bureaux pendant les
vacances?
M. Lalonde: Oui, alors...
M. Raynauld: A Québec?
M. Grégoire: Vos bureaux, ici, oui.
M. Raynauld: C'est comme ne pas les avoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous parlez des documents de la motion?
M. Grégoire: Vos secrétaires vous les feront
parvenir.
M. Forget: Avec les délais, ils vont arriver à
Montréal, dans mon cas, après que je serai revenu ici.
M. Grégoire: Si la poste va mal, blâmez le
gouvernement fédéral. Ne nous blâmez pas, on sait que le
gouvernement libéral fédéral, ça ne marche pas,
blâmez-le, pas nous autres.
M. Forget: II reste que, peu importe où est le
problème, on ne les aura pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que je comprends qu'il y a une sorte d'entente sur...
M. Bérubé: Dès que je les ai, qu'on a fini
de les classer, de les reproduire et de les classer, à ce
moment-là, je les apporte à la commission. Si c'est cet
après-midi, je pourrai déposer ceux que j'aurai à ma
disposition cet après-midi.
M. Brochu: Est-ce qu'on adopte la motion à ce
moment-là?
M. Grégoire: Non, retirez la motion et...
M. Laplante: Elle n'est pas retirable, elle a été
jugée non recevable. Eventuellement, les prochaines motions, s'ils
veulent en présenter, on est prêt à accepter, nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Comme gardien de la procédure, il y a une motion
nouvellement modifiée par le député de Saint-Laurent, que
je déclare recevable et qui est débattable. Maintenant, il y a eu
une sorte d'ouverture de la part du parti ministériel, est-ce qu'il y a
un débat sur la motion ou est-ce qu'il y a une entente entre les partis?
M. le ministre.
M. Bérubé: Si je comprends bien, vous avez
jugé la motion telle que présentée ici comme étant
non recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui.
Une Voix: Elle a été modifiée.
Motion modifiée
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Elle a
été modifiée et elle se lit comme suit: "Que cette
commission invite le ministre des Richesses naturelles à distribuer
dès maintenant aux membres et intervenants de cette commission les do-
cuments qu'il a promis lors de la séance du 16 mars 1978 de la
commission permanente des richesses naturelles ".
M. Laplante: Est-ce qu'il y aurait moyen, M. le Président,
de faire une petite modification, parce que les mots "dès maintenant"
n'ont plus leur place?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez
un peu, M. le député de Bourassa...
M. Laplante: Parce qu'on ne peut pas dès maintenant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'accepte la motion telle qu'elle a été
présentée...
M. Laplante: Voulez-vous qu'on reste ici?
M. Lalonde: C'est l'Opposition qui fait ça, pas le
gouvernement.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Il y a eu une motion, je pense qu'il faudrait
se comprendre, il y en a peut-être qui ne sont pas habitués
à la procédure...
M. Laplante: Faites-la distribuer, on la corrigera, nous, s'il y
a quelque chose qui ne marche pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... il
y a eu une motion initiale présentée par le député
de Saint-Laurent. Le président peut, d'office, suggérer à
un membre de modifier une motion qu'il...
M. Laplante: Distribuez-la.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa, s'il vous plaît, vous qui êtes
président de commissions parlementaires, je vous demanderais au moins
votre collaboration.
M. Laplante: II n'est pas question de mettre votre siège
en jeu, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
n'est pas question de siège en jeu...
M. Laplante: II est question d'avoir une copie de la motion
présentée par l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
j'explique la décision rendue. Je suis sûr que le personnel des
membres de la commission va s'occuper de ça. M. le ministre a
posé une question, il y a eu une motion présentée par le
député de Saint-Laurent que j'ai jugée, telle que
présentée, irrecevable, je l'ai invité à faire une
modification, il l'a faite, je l'ai déclarée recevable telle que
présentée.
Si vous voulez faire enlever les mots "dès maintenant", vous
n'avez qu'à présenter une motion d'amendement ou de
sous-amendement et elle sera déclarée recevable
immédiatement.
Mais il y a eu, suite à cette motion, des échanges qui ont
permis au président de constater qu'il y aurait peut-être lieu
d'en arriver à une entente avant de lancer le débat sur cette
motion qui peut durer des heures. Je demande: Est-ce qu'on débat cette
motion ou y a-t-il une entente? C'est tout simplement cela. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais faire une
suggestion au proposeur de la motion. Elle serait acceptable avec deux
changements très mineurs. Premièrement, le ministre ayant
expliqué que les textes ne sont pas tous reproduits, photocopiés,
et qu'il y a du classement à faire dans tout cela, si on disait
"dès que physiquement possible"...
M. Lalonde: Les affaires créditistes, moi...
M. Grégoire: Nous avons déjà marché
là-dedans quand même.
M. Lalonde: Je n'ai pas confiance en cela.
M. Grégoire: Si vous aimez mieux dire "dès
maintenant", sachant que cela ne peut pas être accepté tel quel et
qu'on fasse un débat, mais je crois que la proposition que je vous fais
est valable. Il faut également tenir compte des mentions des documents
à être déposés par le ministre tout à
l'heure, ainsi que la restriction quant au plan de travail.
M. Bérubé: M. le Président, comme il s'agit
d'une proposition qui invite le ministre, je ne m'oppose aucunement à ce
que nous prenions le vote. Personnellement, je voterai pour et je laisse mes
collègues libres de voter du côté qu'ils voudront.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela fait la deuxième fois qu'on a une parole
du ministre. Vous comprendrez que c'est avec un peu de scepticisme que
j'entends cet engagement du ministre de voter pour. Le 16 mars, on a eu un
engagement: "J'ai l'intention de déposer, à la prochaine
séance de cette commission...", disait-il. Depuis ce temps-là, on
a eu quelques séances. C'était le 16 mars. Nous sommes rendus au
23 mars, exactement une semaine après. Nous avons eu la séance du
21 mars, nous avons eu les séances du 22 mars et celle de ce matin qui
aquand mêmedurédeux heuresdepuis le début. On n'a pas
encore ces documents.
Comment peut-on prendre au sérieux la dernière remarque du
ministre qui, même si je ne peux lui prêter de motifs indignes, le
règlement m'en empêchant, me pousse à penser que ce n'est
pas sérieux. Il dit: Je vais voter pour et ensuite je vais faire ce que
je vais vouloir. C'est comme cela que je traduis cela.
M. Grégoire: C'est de la provocation, tout
simplement...
M. Lalonde: La remarque du député de Frontenac me
semblait plus sérieuse tantôt, quand il disait: Le "dès
maintenant" nous embête, on va essayer de faire cela le plus tôt
possible.
M. Grégoire: Mais là encore, vous n'avez pas pris
cela au sérieux et vous vous êtes mis à rire.
M. Lalonde: Ce n'est pas cela, mais cela fait une semaine...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Cela fait une semaine que cela a été
promis. Combien de temps cela prend-il à ce gouvernement pour faire des
photocopies? Cela lui prend moins de temps pour décider d'acheter une
compagnie à $200 millions que de faire des photocopies de quelques
rapports. Il faut quand même être sérieux. C'est une
commission parlementaire ici, M. le Président. Il faut que les
députés ministériels s'aperçoivent que ce n'est pas
seulement un exercice de futilité ici, que ce n'est pas une
espèce d'acrobatie qu'il faut faire parce que les règlements
disent qu'il faut que cela se passe comme ça. C'est sérieux. Nous
avons un mandat de l'Assemblée nationale, celle-ci étant le foyer
du pouvoir législatif dans cette province. C'est sérieux.
M. Grégoire: ... le député d'Outremont a
demandé des documents nouveaux également. Il a des documents
nouveaux à déposer.
M. Lalonde: La deuxième raison d'être sceptique,
c'est que le ministre vient tout à coup de changer d'intention. Il dit:
Vous savez, le plan de travail, au fond, je n'ai plus l'intention de le
déposer. Il retire sa parole. Comment voulez-vous que je le croie quand
il dit: Je vais voter pour et après cela on passera à autre
chose. Ce n'est pas sérieux. Cette attitude du ministre, qui est disparu
d'ailleurs... Il doit être allé s'occuper d'autre chose plus
importante, d'après lui, que l'Assemblée nationale et que la
commission parlementaire qui est sa créature. (12 heures)
Son attitude, depuis le début de la commission parlementaire, est
tout à fait négative. On parle du ministre ici. Cette motion
parle du ministre. On invite le ministre. Il faut avoir la foi en nos
institutions parlementaires pour continuer d'inviter sérieusement le
ministre, quand on a vu son attitude jusqu'à maintenant qui est
entachée d'arrogance. Il semble considérer cette commission
parlementaire simplement comme une formalité.
C'est sérieux cela. J'avais pensé que le ministre des
Richesses naturelles faisait partie des quelques-uns qu'on pouvait
considérer comme n'étant pas arrogants dans ce gouvernement. J'ai
été déçu, depuis le début de cette
commission parlementaire.
Une Voix: C'est partagé.
M. Lalonde: C'est de nature à retarder, à allonger
nos débats, parce que le député de Frontenac a une
longue expérience parlementaire, il le sait l'Opposition veut se
faire traiter strictement honnêtement. Une Opposition qui se fait traiter
avec arrogance et qui se fait tromper, comme on vient de le faire actuellement,
en retirant le plan de travail des documents qui nous ont été
promis par le ministre, cela peut devenir une Opposition qui trouve très
difficile de faire son travail.
Le gouvernement a besoin de l'Opposition. Il a besoin de l'Opposition,
autant dans ce projet de loi même si la décision importante
n'est pas la constitution de la Société nationale de l'amiante,
mais l'achat par le gouvernement d'une compagnie, d'une mine d'amiante
même si cette décision a été annoncée
ailleurs qu'à l'Assemblée nationale, dans le faste d'un "show",
c'est ici que cela va se décider et cela va prendre l'Opposition pour
que cela se décide comme il faut. A moins que vous ayez l'intention de
bousculer cela comme vous avez bousculé les projets de loi 101 et 67.
Nous autres, on ne se fera pas bousculer. Il va falloir que le ministre
apprenne à vivre avec l'Opposition.
Son attitude actuelle n'est pas bonne. Ce n'est pas comme cela qu'on va
vivre ensemble à cette commission parlementaire. On n'a pas encore
abordé l'article premier; j'ai hâte d'y arriver. On est encore aux
affaires préliminaires. On a d'autres choses à déterminer,
mais c'en est une. Je ne peux pas faire une motion, M. le Président,
motion qui invite le ministre à ne pas être arrogant; non, je ne
peux pas le faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
serait irrecevable.
M. Lalonde: Ce serait irrecevable. Je tiens à l'avertir,
en son absence, malheureusement... Ce n'est pas moi qui ai choisi ce moment-ci,
c'est lui qui... Cela fait quatre fois qu'il s'en va, je pense. Hier, les
représentants de l'Association des mines ont été
insultés par l'absence du ministre. Oui, je le sais, ils me l'ont dit.
On peut rire. J'en entends des rires de l'autre côté, mais vous
allez avoir besoin de vos partenaires dans l'économie, messieurs les
députés ministériels. Vous me faites penser un peu au
gouvernement qui traite les hommes d'affaires de bâtards et de tous les
noms, de sans patrie, de sans âme et qui ensuite va pleurnicher dans un
discours inaugural: "On a besoin des agents de l'économie pour nous
sortir du marasme." Ne riez donc pas, vous allez avoir besoin de l'Association
des mines d'amiante...
M. Laplante: On peut revenir au débat, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Sur la motion, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Laplante: Sur la motion.
M. Grégoire: Remettez à l'ordre, M. le
Président, celui qui intervient.
M. Laplante: C'est l'habitude du député de
Marguerite-Bourgeoys de s'évaser dans tous les champs qu'il peut
trouver.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!... Et le député de Marguerite-Bourgeoys
également! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! M. le député
de Bourassa, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Quelles sont vos directives, M. le
Président?
M. Laplante: De revenir au débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. On a eu besoin des
intervenants que la commission a demandés...
M. Grégoire: Cela a été bon.
M. Lalonde: Cela a été bon, cela
a-été excellent.
M. Grégoire: Formidable. On voit les titres d'ailleurs
aujourd'hui.
M. Lalonde: Le ministre a cru bon de quitter cette commission,
après avoir lui-même suggéré à la commission
de siéger jusqu'à 19 h 20, hier soir.
M. Grégoire: C'est moi qui l'ai suggéré.
M. Lalonde: Vous avez suggéré, M. le
député de Frontenac, jusqu'à 20 heures. J'étais
là, j'étais témoin. Le ministre a dit: On peut aller
jusqu'à 19 h 20, 19 h 25. A 19 heures il est disparu, après avoir
posé quelques questions niaiseuses à l'Association des mines.
M. Grégoire: C'est parce qu'il a confiance en son adjoint
parlementaire.
M. Lalonde: II va avoir besoin de l'Association des mines
d'amiante et de ses membres, si vous voulez faire partie du club.
Naturellement, cela coûte cher, mais cela ne fait rien. Si vous voulez
absolument faire partie du club, au moins traitez-le avec politesse. Le
ministre est disparu.
Ce matin, cela fait deux foix qu'il s'en va. A
partir de maintenant et, compte tenu du déroulement des travaux,
chaque fois que le ministre va partir, je vais vous faire une motion pour
suspendre le débat, je vous avertis d'avance; ainsi j'avertis les
députés ministériels.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Je vais attendre que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît, sur la
motion!
M. Lalonde: ... les autres députés interviennent
sur cette motion. Compte tenu du déroulement des travaux, je verrai s'il
faut que je fasse une motion pour suspendre les travaux jusqu'à ce que
le ministre revienne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres députés qui veulent se faire entendre sur la
motion? M. le député de Richmond.
M. Brochu: Voici, M. le Président; j'aimerais faire
quelques remarques sur la motion. Vous avez invité les membres de la
commission à la rédiger dans sa nouvelle forme. Ainsi, en vertu
de nos règlements, cette motion invite justement le ministre à
distribuer, dès maintenant, aux membres et intervenants de cette
commission, les documents qu'il a promis lors de la séance du 16 mars
1978 de la commission permanente des richesses naturelles.
Au point de départ, j'aimerais simplement souligner que
j'étais passablement content de voir l'ouverture d'esprit du ministre le
16 mars dernier, lorsqu'il a indiqué, justement, cette intention de
déposer devant les membres de cette commission les documents pertinents.
Ces documents ont donné lieu à cette décision du
gouvernement de procéder de la façon qu'il nous a annoncée
dans le domaine de l'amiante. Il me semblait voir là, au point de
départ, une bonne façon d'amorcer les travaux de cette commission
parlementaire en fournissant justement à tous les membres et
intervenants de cette commission parlementaire les outils nécessaires
pour l'étude, article par article, du présent projet de loi.
Je pense que le gouvernement nous demande, par son projet de loi 70,
d'abord une première tranche de $250 millions pour le choix politique
qui est le sien, de son mode d'intervention. Je pense qu'avant d'engager des
deniers publics aussi importants des concitoyens du Québec et
même davantage, comme j'ai eu l'occasion de l'illustrer sur
différentes tribunes je pense qu'il convient que les membres de
cette commission aient d'abord tous les moyens de renseignements en main pour
être capables, d'une part, d'interroger le gouvernement, et d'autre part,
de faire le point de façon exacte et précise sur le projet dans
lequel s'engage le gouvernement. C'est non seulement, au point de
départ, la responsabilité et l'at- tribut des membres de cette
commission d'avoir ces documents pertinents, mais c'est également une
question de responsabilité du gouvernement face à la population.
Comme cette décision politique du gouvernement engage l'avenir du
Québec dans le domaine de l'amiante, engage des deniers publics, je
pense que les citoyens également sont en droit d'exiger, de savoir ce
qui a fondamentalement motivé un gouvernement en place depuis une
quinzaine de mois à prendre la décision qu'il a prise et à
choisir l'orientation qu'il se donne maintenant.
Nous croyons sincèrement et c'est d'ailleurs l'idée
que j'ai exprimée au nom de l'Union Nationale depuis le début
que dans un débat aussi important, on doit avoir, au point de
départ, tous les instruments et toutes les données, tant sur le
plan technique que sur le plan politique. Par là, je pense au plan de
travail du gouvernement qu'il nous est possible d'avoir avant de s'engager et
de prendre une décision définitive en tant que gouvernement du
Québec.
Donc le ministre, d'une part, avait pris l'engagement lui-même, au
point de départ, sans que personne ne le force. C'est ce que je souligne
comme une attitude très positive à ce moment de la part du
ministre. Personne ne l'a forcé, personne ne lui a forcé la main.
Il a dit: Je vais fournir à la commission parlementaire tous les
documents qu'il a énumérés dans sa déclaration du
16 mars dernier, à savoir, dans un premier temps et c'est
lui-même qui l'a dit justement ce plan de travail du gouvernement,
deuxièmement, les chapitres plus importants au niveau de la
transformation, les données également qu'il a en main concernant
la salubrité, ainsi que les documents qu'il possède concernant
toute la question de la substitution possible dans la production d'amiante.
Donc, le ministre avait pris lui-même cet engagement. Je suis surpris
aujourd'hui de voir avec quelle attitude le gouvernement aborde de nouveau
cette question, parce que j'ai été habitué à:
parole donnée, parole respectée. Si le ministre a pris cet
engagement d'une façon aussi libre, je pense qu'on est en droit de
s'attendre aujourd'hui à ne pas avoir besoin de proposer cette motion
qui est devant la commission actuellement. On est en droit de s'attendre que le
ministre respecte tout simplement son engagement et qu'il dépose ces
documents que nous lui demandions à ce moment.
Le ministre a eu l'occasion de s'exprimer quelques minutes tout à
l'heure sur la recevabilité, également dans les discussions qui
ont eu cours au sujet des arrangements possibles concernant cette question.
Dans un premier temps, il a indiqué qu'il n'avait plus l'intention
maintenant de déposer ce plan de travail du gouvernement. Cela m'a
énormément surpris et déçu aussi, parce que
maintenant, il faut que le Parti québécois distingue qu'il est le
gouvernement du Québec et que les gestes qu'il pose actuellement,
engagent les citoyens du Québec, non seulement immédiatement,
mais également pour l'avenir.
C'est loin d'être la question d'un parti politique. Lorsqu'un
parti politique a reçu le mandat de gouverner le Québec et qu'il
prend des décisions
aussi importantes que celles qu'il prend actuellement, on doit
être bien conscient que c'est face à toute la population,
maintenant, que le gouvernement agit et non pas simplement face aux membres du
Parti québécois de toutes les régions du Québec, ce
qui fait une différence.
Ce qui me surprend énormément ce matin, c'est de voir le
ministre dire: En ce qui concerne le plan de travail du gouvernement qui a
donné lieu à la politique que nous allons établir pour
l'ensemble des citoyens du Québec en matière d'amiante,
maintenant on ne vous le dit plus. C'est sérieux parce que, messieurs,
vous n'êtes plus un parti d'opposition, vous êtes le gouvernement.
Vous avez des décisions à prendre, prenez les. Pour certaines,
nous sommes d'accord, on en conteste fortement d'autres. Faites votre lit,
c'est votre droit et votre privilège. Cependant, vous avez des comptes
à rendre en tant que gouvernement du Québec et vous devez
également justifier vos actions. Je ne pense pas que ce soit la
façon normale pour un gouvernement d'administrer en gardant caché
son plan de développement qui va engager tous les citoyens du
Québec, non seulement pour l'immédiat mais pour l'avenir
également. Je pense que c'est un aspect tout à fait
important.
Par exemple, comme se fait-il que dans le plan de développement
du gouvernement, on ait mis de côté l'hypothèse du CRDCE en
ce qui concerne la construction d'une usine avec une société
mixte peut-être, visant la transformation de l'amiante dans la
région de Thetford? Qu'est-ce qui a fait qu'à un moment
donné le gouvernement a changé d'avis alors qu'il basait, au
point de départ, sa politique sur les documents du CRDCE, sur certaines
données qui lui ont été fournies par les gens mêmes
impliqués au niveau de la région? On ne l'a jamais su. Cela
ferait également partie des questions qu'on pourrait poser et des
réponses qu'on pourrait obtenir de la part du ministre à ce
niveau-là. C'est important et cela ne doit pas rester caché. Un
gouvernement qui, en plus, se dit transparent et qui a la volonté
d'aller chercher dans l'amiante l'emblème aussi important qu'il voit
là-dedans, devrait, à ce moment-là, non seulement face
à cette commission parlementaire, mais aussi face à la
population, motiver ouvertement toutes les raisons et toutes les données
sur lesquelles il s'est appuyé pour prendre sa décision
politique.
C'est pour cela que je trouve extrêmement curieux qu'on ait
à aborder, maintenant, cette étape de nos travaux parlementaires
dans cette atmosphère où le ministre nous dit d'une façon
un peu légère comme tout à l'heure: D'accord, on va
accepter la motion, mais je reste libre quand même de ne pas
déposer les documents; il y avait un engagement formel il y a quelques
jours seulement. Quelle garantie cela nous donne-t-il?... En plus de voir cette
attitude par rapport au reste du projet de loi, par rapport aux garanties qu'on
exige actuellement en termes de rentabilité, à savoir qu'est-ce
que cela va apporter aux Québécois de se faire vider de $250
millions pour s'acheter une mine? Quelle garantie cela peut nous donner,
lorsqu'on voit, dans un premier temps, l'attitude du ministre, aussi
inconstante alors qu'il avait pris un engage- ment formel, il y a quelques
jours, de nous produire ces documents-là? Cela nous permet de nous poser
des questions. Parce que ce n'est pas la première fois et
là-dessus, j'invite le gouvernement à voir ses
responsabilités comme telles, non plus comme un parti d'opposition mais
comme les dirigeants du Québec. Parce que cela a été la
même chose je vous le rappelle, M. le Présidentcette
inconstance, ce manque de suite pour des engagements pourtant formels, cela a
été la même chose lorsqu'il s'est agi des questions des
maladies industrielles; j'en ai parlé déjà. Parce que lors
de la dernière campagne électorale, et c'était clair
également dans le programme du Parti québécois qui est
maintenant le gouvernement... Aux dires mêmes de ces gens, il suffisait,
au lendemain du 15 novembre dernier de changer la législation pour
corriger la loi 52 et ses grandes lacunes qui existent actuellement et qui
maintiennent bon nombre des travailleurs du Québec dans des situations
intolérables parce qu'un grand nombre d'entre eux sont encore sur le
marché du travail sans permis et atteints d'amiantose à un
degré élevé. D'autres sont à l'extérieur. On
leur a retiré leur permis de travail. On les a retirés du
marché du travail; ils ne savent pas ce qui leur arrivera demain. Cela
fait quinze mois que le gouvernement a annoncé à
l'Assemblée nationale son intention de modifier la loi, suite à
son programme politique.
Jamais on n'a vu plus que cette déclaration d'intention.
Où sont les garanties, M. le Président? C'est ma question. C'est
sérieux, parce que les gens dans les mines c'est dans le secteur
de l'amiante et non pas ailleurs se posent des questions. Ils ont
à vivre avec ce problème. Cela fait un an et demi que le
gouvernement est là. Cela n'a pas été corrigé du
tout.
Maintenant, nous nous trouvons devant l'engagement du ministre de
déposer une série de documents et ce n'est pas fait; il semble
que cela peut prendre un certain temps même.
L'engagement du 15 novembre 1976 en ce qui concerne les maladies
industrielles n'a pas été respecté non plus.
M. le Président, on nous demande maintenant d'accepter un projet
de loi qui comporte des engagements financiers énormes, qui implique
aussi que peut-être le gouvernement n'arrêtera pas à la
première étape, parce que, comme je l'ai indiqué
également à différentes reprises, lorsque le gouvernement
aura acheté une mine, il ne sera pas le seul de tous les producteurs
d'amiante au Québec et sa garantie de rentabilité, où
est-elle? Sur quoi peut-on s'appuyer lorsque le gouvernement nous dit que son
entreprise sera profitable lorsqu'on ne peut même pas s'appuyer sur des
engagements récents? (12 h 15)
C'est là-dessus qu'on a besoin d'avoir le plus de données
possible pour être capable de prendre les décisions qui
s'imposent, d'être informé tout d'abord ici, et puis, que la
population également soit informée de ce qui se passe.
J'ai l'impression qu'à partir de maintenant, s'il ne nous est pas
loisible d'obtenir ces données que
le ministre s'est engagé à nous fournir, on s'embarque sur
un terrain assez glissant, assez dangereux. Il ne serait pas malhonnête
de dire aux citoyens du Québec que dans tout un secteur de
l'étude de ce projet de loi, le gouvernement veut garder une plus grande
noirceur pour faire adopter son projet de loi, sans savoir exactement quels
sont ses véritables appétits dans le domaine de l'amiante.
En fin de compte, sa véritable intention est-elle de nationaliser
l'ensemble du secteur de l'amiante au Québec pour être capable de
se donner, comme il le dit lui-même, le monopole de la
productivité de l'amiante et la possibilité d'une plus grande
mise en marché?
C'est autant de questions que l'on se pose actuellement. S'il ne nous
est pas possible d'obtenir ces données dès l'abord, je pense que
nos discussions vont largement s'en ressentir puisqu'on demande à une
commission parlementaire de se prononcer sur un projet de loi, d'étudier
avec le plus de sérieux possible toutes les données d'un
problème, mais on refuse, dès l'abord, de nous fournir les
instruments qu'on aurait besoin pour y arriver de façon plus
complète.
Il y a même un autre point de vue que j'aimerais souligner de
façon particulière au ministre et sur lequel j'aimerais qu'il se
penche lorsqu'il répondra, en définitive, à cette demande
pressante que nous lui faisons d'obtenir ces documents. Je veux lui demander
s'il a l'intention, en acceptant cette motion, de déposer l'étude
commandée et remise en 1976 au ministère de l'Industrie et du
Commerce au coût de $100 000 approximativement, concernant les
possibilités de transformation, en particulier, dans le secteur du
textile et du papier d'amiante.
Je pense que là aussi, on aurait avantage à obtenir ces
données pertinentes qui font partie de tout ce paysage de la
transformation possible de nos richesses naturelles en sol
québécois.
J'en fais immédiatement la demande au ministre et j'espère
que dans sa réplique, il pourra révéler ses intentions
à ce sujet. Je reviens un peu à la charge de ce
côté-là.
M. le Président, c'étaient là les quelques
remarques que je voulais faire concernant la motion qui vient d'être
présentée, en vous disant que j'ai l'intention de l'appuyer de
façon particulière. Je demande aux collègues de cette
commission parlementaire de la regarder de près. Je demande aussi au
ministre, de façon pressante, de respecter l'engagement que
lui-même a pris, il y a quelques jours, sans que personne ne lui force la
main, cela aussi pour assainir le climat de nos discussions et peut-être,
en même temps, permettre à la population de savoir que, lorsqu'un
gouvernement prend certains engagements, il les tient.
Si on s'engage dans cette voie, si un gouvernement peut prendre certains
engagements et ne pas les respecter par la suite, je pense qu'on remet en cause
beaucoup de choses dans notre société. J'invite le ministre
à réfléchir de façon particulière
là-dessus. Je pense que le problème auquel la commission fait
face actuellement pourrait rapi- dement être résolu si le ministre
se conformait directement à cette volonté qu'il a lui-même
exprimée dans le passé.
M. le Président, c'étaient là les quelques
remarques que je voulais faire. Je demande au ministre de bien y
réfléchir et de me donner dans sa réponse, son intention
quant aux documents que je lui ai demandés, qui ont été
fournis au ministère de l'Industrie et du Commerce concernant la
transformation dans le domaine du textile et du papier d'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le député de
Frontenac, tantôt, et même le ministre, a soulevé le
problème de la capacité physique de produire des documents. Il
est important d'examiner cette difficulté. Nous ne voulons certainement
pas être injustes envers le ministre en lui demandant d'exécuter
un engagement dans des délais déraisonnables, encore que, M. le
Président, il serait facile pour nous de dire que les délais, ce
n'est pas nous qui les avons fixés, c'est lui-même qui les a
indiqués lorsqu'il a pris son engagement. Pour deux minutes, s'il est
possible ou probable que l'engagement impliquait des travaux si
considérables que le temps a physiquement manqué pour le
remplir...
On parle de bien peu de choses dans le fond et l'Opposition, dans
l'insistance qu'elle met à obtenir ces documents, en fait presque autant
un test de la bonne foi du ministre dans cette question qu'une tentative pour
obtenir beaucoup d'information, l'information qu'on nous promet et qu'on a
d'ailleurs amputée ce matin d'un élément important, soit
le plan de travail du gouvernement concernant la politique de l'amiante. On
nous avait dit qu'on le donnerait, maintenant on ne le donne plus, mais si on
regarde les autres éléments qui restent de cette promesse de la
semaine dernière, il ne reste plus grand-chose dans le fond.
Il est bien clair que la question, par exemple, de la transformation, il
s'agit d'études qui ont été faites bien avant
l'étude SORES, donc qui remontent à 1975 ou 1976, qui portent
présumément sur des aspects particuliers du problème de la
transformation, études qui sont d'ailleurs peut-être
déjà désuètes et je ne suis pas sûr dans
quelle mesure ces études ne sont pas déjà, de toute
façon, dans le domaine public. Donc, il n'y aura rien de bien nouveau de
ce côté-là. Malgré tout, s'il y en avait on
ne peut pas savoir exactement ce que c'est avant de les avoir devant nous
on les accueillerait avec plaisir, mais je n'ai pas l'impression, comme
il s'agit d'études antérieures à 1977, qu'on va être
en face de documents très volumineux. Il y a eu une exploration
préliminaire, mais il n'y a rien eu de comparable, par exemple, au
rapport SORES antérieurement à sa publication l'automne dernier
ou l'hiver courant.
Sur la question de salubrité, il y a eu, bien sûr, le
rapport Beaudry, mais il n'est pas question de ça, le rapport Beaudry
est un document public. Ce
que le gouvernement nous a dit, ce que le ministre a dit qu'il nous
donnerait, c'est une analyse faite par son ministère des implications du
rapport Beaudry sur l'industrie. On peut s'imaginer ce que sont ces analyses
ministérielles; ordinairement, ce sont des documents d'une vingtaine de
pages tirant les conséquences, les implications d'un rapport, sans en
reprendre, bien sûr, le contenu, la substance.
Il y a le problème de la substitution; là aussi, on peut
imaginer qu'il ne s'agit pas d'un travail de plusieurs centaines de pages. Tout
ceci pour dire que si le ministre avait vraiment voulu, du moins me
semble-t-il, respecter son engagement, il aurait pu, ne serait-ce qu'en faire
tirer deux ou trois copies pour chacune des formations politiques et nous
aurions fort bien compris l'indication qu'il aurait pu nous donner à ce
moment-là, à savoir que malheureusement, il ne pouvait pas aller
plus loin, et ce, parce que le temps manquait pour en reproduire un plus grand
nombre d'exemplaires.
On se serait contenté de cela en attendant mieux. Mais qu'il
n'ait pas pu reproduire entre jeudi de la semaine dernière et jeudi de
cette semaine, pendant une période d'une pleine semaine, cinq jours de
travail, les quelques documents mentionnés, ça dépasse un
peu l'imagination. On sait comment fonctionnent les machines Xerox au sein du
gouvernement. Il y a des services spécialisés en reprographie; on
ne me fera pas croire que les deux ou trois documents dont il est question, qui
totalisent peut-être moins de 150 pages, tout compte fait, qu'il a
été impossible de les reproduire en cinq jours de travail,
à trois exemplaires!
C'est vraiment de la... Ce n'est tout simplement pas croyable.
Evidemment, après ça, on reprend des figures contrites, des mines
contrites et on dit: Ecoutez, excusez-nous, mais il y a tellement de travail,
vous allez recevoir un camion plein de papiers. Ce n'est pas possible de faire
ça si vite, excusez-nous, on va le faire le plus rapidement possible.
S'il vous plaît, ne nous mettez pas de motions dans les jambes, prenez
notre parole, etc.. On est un peu, comme disait le député de
Marguerite-Bourgeoys, inquiets. Inquiets de deux façons: on reporte les
échéances, et encore une fois, dans la mesure où il y a
quelque chose dans ces documents, on aimerait bien le savoir; on serait, autant
que possible, sur un pied d'égalité avec le gouvernement quant
à l'information dont on dispose.
On parle assez de revaloriser le rôle du député; il
y a une façon dont on va le revaloriser, M. le Président. C'est
en permettant à tous les députés d'être
également informés. Ce n'est pas autrement. Tous les autres
artifices de procédure et de structurite ne résoudront pas le
problème fondamental. Dans n'importe quel projet de loi qui vient devant
le Parlement, l'expertise, toutes les ressources de l'administration publique,
sur le plan des travaux de recherche, etc., sont la propriété
exclusive du gouvernement qui peut évidemment s'en servir ou
décider de ne pas s'en servir, publier ou ne pas publier les
études, selon qu'elles servent ses fins politiques ou qu'elles ne les
servent pas.
Tant qu'on aura cette situation, dont sont heureusement sorties
certaines institutions parlementaires dans d'autres pays, on aura une situation
où le rôle du député, très évidemment,
ne pourra jamais être revalorisé, parce que les gens, le public va
se dire: De quoi parlent-ils, ces gens? Ils ne sont pas à même de
savoir de quoi ils parlent. Il n'y a que le gouvernement qui est omniscient,
omnipotent, omniprésent. Pour le reste, on n'a fait qu'occuper le
temps.
Il y a, malgré tout, des ressources alternatives dont disposent
les membres de l'Assemblée nationale en s'informant ou en se laissant
informer par différents groupes, soit qu'ils viennent devant nous, soit
qu'on les rencontre privément. Bien sûr, cela fait partie du
travail de député. Mais il reste que tout cela n'est pas
analysé, comparé, ressassé, de manière qu'un
tableau d'ensemble impartial s'en dégage. Il faut soi-même, avec
des ressources limitées, faire la part des intérêts
particuliers et des intérêts régionaux, etc., et essayer
d'établir une certaine cohérence là-dedans.
C'est sûr que c'est injuste au départ que de demander une
contribution égale et impartiale de l'Opposition, alors que l'on est
littéralement coupé de l'expertise et des renseignements, sauf
l'expertise qui nous est volontairement offerte, mais qui a une valeur
très variable, très discutable, dans certains cas.
Il est clair que, si on veut faire cette revalorisation, il est
important de donner de l'information. Il est important que le gouvernement
ouvre ses dossiers. Il y a d'ailleurs des lois, dans certains Parlements, qui
obligent le gouvernement à ouvrir ses dossiers, non seulement aux
parlementaires, mais à tout le monde.
On n'en est pas là, hélas, au Québec.
J'espère qu'on y arrivera un jour. Mais, en attendant, le gouvernement
peut quand même, vu l'absence des lois sur le sujet, volontairement
offrir d'ouvrir ses dossiers aux membres de l'Opposition.
Il y a aussi une chose qui m'inquiète un peu, dans le même
contexte, c'est de savoir si on procède à cette discussion de
bonne foi. C'est une remarque incidente, peut-être même deux
remarques incidentes qui ont été faites par le ministre selon
lesquelles il allait consulter ses collègues pour savoir s'il pourrait
nous communiquer certains documents. Cela pose le problème suivant: II y
a des formations politiques diverses à l'Assemblée nationale.
Est-ce que, au-delà des secrets gouvernementaux, les
députés ministériels ont accès à des
renseignements auxquels nous n'avons pas accès, comme membres de
l'Assemblée nationale? Est-ce qu'il y a une disparité dans
l'accès à l'information et, si oui j'entends le ministre
qui, sotto voce, selon une expression que j'ai entendue récemment...
M. Bérubé: Je suis à la fois capable de vous
écouter et de lire.
M. Forget: Oui, le ministre fait beaucoup de choses à la
fois.
M. Lalonde: Quand vous êtes là.
M. Forget: Quand vous êtes là. Il dit que oui.
Effectivement, les députés ministériels ont de
l'information.
M. Bérubé: C'est parce que l'écoute demande
très peu de cervelle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: ... effectivement. Il n'y a pas
grand-chose à comprendre.
M. Forget: Selon le ministre, les députés
ministériels ont de l'information qui n'est pas accessible à tous
les députés de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Je me demande si vous êtes capable de
comprendre.
M. Forget: C'est une question majeure, je pense.
Indépendamment de tout ce qu'on peut dire, il faut se poser la question,
à savoir si, lorsqu'un ministre dit qu'il ne peut donner des
renseignements, parce qu'ils sont d'ordre public, ce ne serait pas d'ordre
public de les donner. Si, en tant que ministre, il a le pouvoir de les
communiquer aux membres de son caucus. Les membres du caucus n'ont aucun titre
dans nos lois, sauf d'être membres de l'Assemblée nationale; si
des renseignements leurs sont donnés parce qu'ils sont membres d'un
caucus, qui ne sont pas donnés aux membres des autres caucus, l'argument
d'intérêt public ne tient plus.
Le ministre vient de dire: Oui, c'est comme cela que cela se passe. A
mon avis, il se prive volontairement, par une admission comme celle-là,
de la seule justification qu'il a de ne pas nous donner toute
l'information.
M. le Président, je vois l'horloge. Il est 12 h 30. Je
demanderais l'ajournement de nos débats.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 16 h 1
Le Président (M. Clair): La commission permanente des
richesses naturelles est réunie pour procéder à
l'étude, article par article, du projet de loi no 70 intitulé Loi
constituant la Société nationale de l'amiante. Les membres de la
commission sont: MM. Bérubé (Matane), Bordeleau (Abitibi-Est),
Brochu (Richmond)...
M. Grégoire: M. Bordeleau est remplacé par M. Godin
qui doit arriver dans quelques instants.
Le Président (M. Clair): M. Bordeleau (Abitibi-Est) est
remplacé par M. Godin (Mercier); les autres membres sont: MM. Brochu
(Richmond), Forget (Saint-Laurent), Grégoire (Frontenac), Laplante
(Bourassa), Ouellette (Beauce-Nord), Rancourt (Saint-François), Raynauld
(Outremont)...
M. Forget: M. Ciaccia est remplaçant.
Le Président (M. Clair): ... est remplacé par M.
Ciaccia.
M. Forget: M. Larivière est remplacé par M.
Ciaccia. M. Raynauld va être ici.
Le Président (M. Clair): C'est un intervenant. M. Forget:
C'est un intervenant.
Le Président (M. Clair): Les intervenants sont: MM.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), Garneau (Jean-Talon) remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); MM. Landry (Fabre), Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal); M.
Léger (Lafontaine)...
M. Grégoire: ... remplacé par M. Brassard (Lac
Saint-Jean).
Le Président (M. Clair): ... est remplacé par M.
Brassard (Lac Saint-Jean). MM. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Paquette (Rosemont), Roy (Beauce-Sud) et Samson (Rouyn-Noranda).
Au moment où vous avez terminé vos travaux, c'était
le député de Jonquière qui présidait cette
commission. Il est dans l'impossibilité de continuer cet
après-midi, étant retenu ailleurs. Je vous demanderais toute
votre collaboration pour que les travaux puissent se dérouler comme si
c'était le même président, étant donné que je
ne suis pas informé en détail de ce qui s'est passé cet
avant-midi. Suivant mes informations, vous en êtes actuellement à
débattre une motion déclarée rece-vable par le
député de Jonquière, selon laquelle cette commission
invite le ministre des Richesses naturelles à distribuer dès
maintenant aux membres et intervenants de cette commission les documents qu'il
a promis lors de la séance du 16 mars 1978 de la commission permanente
des richesses naturelles.
Etaient déjà intervenus sur cette motion le
député de Richmond, le député de Marguerite-
Bourgeoys et le député de Saint-Laurent. Il restait
cependant quelques minutes à chacun des intervenants. M. le
député de Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Forget: Merci, M. le Président. Vous avez fait un
résumé expert de l'état de nos travaux. Je vous en
félicite. C'est comme si nous avions le même président,
effectivement. J'en étais à exposer les raisons qui nous
poussaient à présenter cette motion et à la
défendre, même si le ministre nous avait incités à
plus de patience et à différer à plus tard la remise des
études.
Un dernier point que je n'avais pas touché, relatif à des
documents qui, en plus de ceux que le ministre lui-même a
mentionnés dans son intervention à notre première
séance du 16 mars, ont été mentionnés à la
séance de ce matin par le député d'Outremont...
L'énumération d'un certain nombre de données que le
ministre a promis d'examiner, au sujet desquelles le ministre a promis
d'examiner la possibilité de nous les communiquer.
Il est bien clair que notre motion ne vise pas, encore une fois,
à couvrir tous ces éléments, mais seulement les documents
qui devraient être disponibles en vertu de l'engagement qu'a pris le
ministre, le 16 mars.
Je ne voudrais pas, malgré tout, prolonger les débats
inutilement s'il s'avérait que les documents que je vois empilés
derrière le ministre sont ceux auxquels cette motion s'adresse. Si tel
était le cas, parce que j'en vois un amoncellement impressionnant, il
est bien évident que notre discussion prendrait fin sur ce point
immédiatement.
Je ne sais pas s'il serait dans l'ordre, M. le Président, de
soulever cette possibilité et de voir si effectivement c'est de cela
qu'il s'agit. Le cas échéant, nous interromprons notre
débat. Si ce n'est pas le cas, parce que nous ne pouvons croire qu'il
était impossible de produire les quelques documents promis, ceux du
moins qui demeurent sur la liste dans le temps qui s'est écoulé
depuis le 16, c'est-à-dire une semaine complète, et ne souhaitant
pas nous en remettre simplement à de vagues promesses, nous insisterons
pour adopter la motion qui invite le ministre à remettre sans
délai aux membres et intervenants les documents qu'il a promis.
Je me permets de poser de nouveau ma question au ministre, M. le
Président. Est-ce que, effectivement, nous sommes en présence des
documents qu'il a promis? Si oui, nous allons nous taire illico.
M. Bérubé: Qu'ai-je entendu?
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bérubé: Une faiblesse de la part du
député de Saint-Laurent, M. le Président. J'ai entendu
qu'il allait se taire. Vraiment, ce fut un plaisir que ce son absolument
chaleureux puisse atteindre mon tympan.
M. Forget: Je n'en doute pas.
Le Président (M. Clair): M. le ministre des Richesses
naturelles, je vous cède la parole uniquement aux fins de
répondre spécifiquement à la question posée par le
député de Saint-Laurent. Allez-y.
M. Bérubé: Je conclus, M. le Président.
Comme le député de Richmond, je vais prendre les prochains trois
quarts d'heure. Il a tendance d'ailleurs à toujours commencer par la
conclusion.
M. Ciaccia: II s'inspire de votre projet de loi.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le Président, c'est donc mon
tour de parole sur cette motion.
Le Président (M. Clair): Non, le député de
Saint-Laurent...
M. Forget: Je peux la retirer si les documents qui sont
accumulés derrière vous sont bien ceux dont on parle dans la
motion.
M. Bérubé: II en manque encore, M. le
Président. Par conséquent, le député de
Saint-Laurent peut bien continuer à parler. Evidemment, c'était
une fausse joie de ma part et je m'en excuse. M. le député de
Saint-Laurent, vous pouvez parler encore pendant 19 minutes et 32 secondes.
Le Président (M. Clair): Ce n'est pas tout à fait
exact, M. le ministre. Le député de Saint-Laurent a encore sept
minutes à sa disposition. M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, il ne s'agit pas simplement de
perdre du temps pour perdre du temps. J'avais...
M. Bérubé: C'est ce que vous faites depuis le
début.
M. Forget: Quelle que soit l'opinion du ministre, j'ai
exposé des motifs qui sont sérieux. On nous a opposé des
objections qui, à mon avis, ne sont pas fondées sur
l'impossibilité physique de photocopier, en trois exemplaires seulement,
trois ou quatre documents. Je pense que cela mériterait d'être
soulevé.
On nous dit que, malgré les efforts faits, après une
semaine, on n'est pas parvenu au bout de cette tâche gigantesque. J'en
suis désolé. Je me demande comment on va s'y prendre pour venir
à bout du problème de l'amiante si on ne réussit pas
à résoudre le problème de la photocopie.
Il reste que, au-delà de cela, nous avons jusqu'à 18
heures pour poursuivre nos débats. Il me semble qu'il serait
extrêmement utile d'avoir ces documents. Le ministre, d'ailleurs, nous
laisse un peu dans une espèce d'entre ciel et terre. Il nous dit: Les
documents ne sont pas tous là. Malgré tout, ils sont là.
Il les a sûrement amenés ici pour les distribuer. Est-ce
simplement pour allu-
mer notre appétit, nous mettre l'eau à la bouche et,
après cela, s'en retourner avec les documents, sans les distribuer?
M. Grégoire: On ne peut pas les distribuer avant d'avoir
disposé de la motion.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre!
M. Forget: De consentement...
M. Grégoire: II y a une motion, il faut la faire.
M. Bérubé: J'attends votre invitation. Votre
invitation est à la motion.
M. Grégoire: II faudrait que vous retiriez la motion.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: Nous sommes prêts à la
voter.
Le Président (M. Clair): A I'ordre, messieurs, s'il vous
plaît! Un à la fois, s'il vous plaît! M. le
député de Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Forget: M. le Président, il semble qu'on veuille perdre
du temps du côté gouvernemental; on s'amuse à dire: On
attend que les débats soient finis pour présenter les documents
qui en font l'objet. J'ai indiqué au ministre qu'on était
prêt à arrêter de parler s'il nous distribuait les
documents. Il nous laisse entendre que peut-être il les a,
peut-être il ne les a pas, peut-être qu'il va les distribuer,
peut-être pas. C'est une espèce de jeu d'enfants, cette histoire.
Je n'en vois pas le sens. Vraiment, je n'en vois pas le sens. Ou il les a, ou
il ne les a pas. Encore une fois, je n'ai pas l'intention de parler
jusqu'à 18 heures simplement pour lui demander des documents. Je ne
m'explique pas une telle attitude. S'il les a, qu'il distribue ceux qui sont
disponibles. On verra, pour l'essentiel, si ce qui reste est suffisamment
important pour persister dans la présentation de la motion. Je ne vois
pas le désir. Je n'ai certainement pas le désir d'insister
davantage. Quant à moi, je vais me taire sur le sujet en attendant une
action quelconque de la part du ministre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais parler
sur cette motion, parce qu'elle a entraîné toutes sortes de
digressions qu'il importe de rectifier. Le député de
Saint-Laurent nous est arrivé ce matin avec une parole du ministre
prononcée le jeudi 16 mars, telle que rapportée à la page
R-21, page 2. A ce moment, le député de Saint-Laurent nous a
cité une seule partie de la déclaration du ministre, et non pas
toute la déclaration. Il a cité la partie suivante de la
déclaration du ministre, lorsqu'il a dit, et je cite: "J'ai l'intention
de déposer à la prochaine séance de cette commission le
plan de travail du gouvernement concernant la politique de l'amiante, ainsi que
certains chapitres qui portent plus spécifiquement sur la
transformation, sur les problèmes de salubrité et sur la
substitution' . Le député de Saint-Laurent s'est
arrêté là, mais le ministre a ajouté: "Cependant, je
dois dire que je devrai m'abstenir de déposer un chapitre
extrêmement important et volumineux qui porte comme tel sur Asbestos
Corporation, de même qu'un autre chapitre qui porte sur des aspects de
fiscalité". Or, c'est exactement ce que le ministre a répondu ce
matin. Il a dit: "Je suis prêt à déposer le chapitre sur la
transformation, sur les problèmes de salubrité, sur la
substitution". Mais le ministre a ajouté ce matin: "Cependant, je ne
déposerai pas le volume sur l'achat d'Asbestos Corporation". Il l'avait
déjà mentionné le 16 mars et le député de
Saint-Laurent n'a pas voulu le relire ce matin. Et ne l'ayant pas relu,... Non,
le député de Saint-Laurent ne l'a pas relu ce matin, c'est le
ministre qui l'a déclaré. Le député de
Saint-Laurent a continué d'insister sur le dépôt de ces
deux chapitres qui avaient reçu une mention spéciale de la part
du ministre qui avait dit: Je ne déposerai pas le chapitre sur Asbestos
Corporation et l'autre chapitre qui porte sur des aspects de fiscalité.
Le ministre l'a déclaré l'autre jour et c'est ce qu'il a
déclaré ce matin.
Mais le député de Saint-Laurent, ne relisant pas la
deuxième partie de la déclaration du ministre, s est lancé
dans toute une tirade disant qu'il y avait mauvaise foi. Le
député de Richmond a dit que le ministre brisait sa parole, alors
que sa parole c'était justement qu'il devrait s'abstenir de
déposer un chapitre extrêmement important et volumineux qui porte
comme tel sur Asbestos Corporation de même qu'un autre chapitre qui porte
sur des aspects de fiscalité. Ce sont deux chapitres du plan de travail
du gouvernement. Il y en a trois dans ce plan qui sont prêts à
être déposés, c'est-à-dire que le ministre veut bien
déposer. Il y en a deux au sujet desquels le ministre a dit l'autre jour
qu'il ne les déposerait pas et il l'a répété ce
matin.
Le ministre a fait ce matin...
M. Forget: ... ce matin.
M. Grégoire: Lequel?
M. Forget: Le plan de travail.
M. Grégoire: Non, l'autre jour, il a dit le plan de
travail du gouvernement concernant la politique de l'amiante, ainsi que
certains chapitres du plan de travail qui portent plus spécifiquement
sur la transformation, les problèmes de salubrité et les
substitutions. Il a dit: Je dois dire que je devrai m abstenir de
déposer un chapitre extrêmement important du plan de travail.
Donc, le ministre ne dépose pas le plan de travail; il dépose les
chapitres qu'il a annoncés et non pas ceux qu'il n'a pas
annoncés. Il a annoncé qu'il ne déposerait pas le
chapitre... un chapitre de quoi? Un chapitre du plan du travail
extrêmement important, portant sur Asbestos Corporation et sur les
aspects de fisca-
lité. Si le député veut relire le texte qu'il a
apporté ce matin.
M. Forget: Voulez-vous qu'on le relise ensemble?
M. Grégoire: Oui.
Une Voix: Tous ensemble.
M. Forget: "Ainsi que" ne veut rien dire pour vous?
M. Grégoire: Oui, mais certains chapitres...
M. Forget: "Ainsi que".
Une Voix: "Ainsi que".
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Grégoire: II a dit le plan de travail ainsi que
certains chapitres. Des chapitres de quoi, si cela n'est pas...?
M. Forget: Cela veut dire plus; cela veut dire plus; cela ne veut
pas dire moins.
M. Grégoire: Mais il a bien ajouté qu'il ne
déposerait pas les chapitres de ce plan concernant l'Asbestos
Corporation et la fiscalité.
M. Forget: Mais qu'il déposerait le plan de travail.
M. Grégoire: C'est exactement ce que le ministre a dit ce
matin. Le ministre n'a pas...
M. Forget: Si j'avais un journal, je ferais comme le ministre ce
matin.
M. Grégoire: Le ministre n'a pas, en quoi que ce soit,
brisé d'engagement.
M. Bérubé: Voulez-vous que je vous distribue mes
documents tout de suite?
M. Forget: Oui, oui, sûrement.
M. Brochu: ... associer les distinctions entre les...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brochu: ... aussi que... la différence entre les deux.
Est-ce que les documents derrière concernant la question de la
sémantique? C'est pour étayer votre argumentation? (16 h 15)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Richmond.
M. Grégoire: Qu'est-ce que le député de
Richmond veut dire?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Frontenac.
M. Brochu: Je m'adressais au ministre des Richesses naturelles
qui disait qu'il avait des documents. Vous sembliez avoir des problèmes
au niveau de la terminologie, à savoir si "ainsi que" veut dire "ou" ou
"et exclusivement".
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Messieurs!
M. Grégoire: ... je suis prêt à
répondre aux questions du député de Richmond, mais pour ce
qui est des remarques absolument innocentes et niaiseuses, je pense qu'on
pourrait s'en passer.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
Des Voix: Ah! Ah, ah, ah!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, j'aimerais vous rappeler...
M. Grégoire: Je pense bien que lorsqu'on entend les
remarques que vous avez faites ce matin...
M. Brochu: Ne soyez pas méchant comme cela. Ce n'est pas
beau.
M. Ciaccia: Attendez à 21 h 55 pour être
méchant.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'aimerais... A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: Ne dites pas de telles affaires!
M. Grégoire: Je le dis de bonne humeur et ayant bonne
mine.
M. Brochu: Les gens de la région d'Asbestos que vous allez
visiter de temps en temps ne seront pas contents d'entendre cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs! J'aimerais vous rappeler qu'on doit toujours s'adresser au
président, demander la parole avant d'exercer le droit de parole...
M. Brochu: M. le Président, je n'aurais pas voulu qu'il
vous dise ce qu'il vient de me dire. J'aime autant qu'il me le dise
directement. J'ai trop de respect pour vous, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le président reçoit
les paroles de chacun et les garde...
M. le député de Frontenac, vous avez la parole sur la
motion.
M. Grégoire: Justement à propos de cette motion, je
voulais rectifier les choses et dire que ce que le ministre a dit ce matin,
c'est exactement la même chose qu'il a dite l'autre jour.
Je ne vois pas pourquoi, pendant dix ou quinze minutes, le
député de Richmond dirait qu'il n'a pas tenu parole, qu'il n'a
pas tenu ses engagements, comme on pourra le relire dans les
déclarations lorsqu'elles seront publiées.
Je ne vois pas pourquoi également le député de
Saint-Laurent et le député de Notre-Dame-de-Grâce auraient
accusé le ministre de ne pas tenir sa parole, allant jusqu'à
déclarer qu'ils ne feraient plus jamais confiance au ministre et qu'ils
ne sauraient plus à quoi s'en tenir sur les déclarations du
ministre.
Je crois qu'il était bon de rétablir les choses. Je crois
que dans leur désir de trop vouloir dire n'importe quoi et on
sait que cela se fait par n'importe qui quand on veut retarder l'étude
d'un projet de loi ce matin, le député de Saint-Laurent et
le député de Notre-Dame-de-Grâce ont dû outrepasser
leur idée et leur pensée en disant que le ministre n'avait pas
tenu ses engagements alors qu'il a répété, ce matin,
exactement la même chose qu'il a dite l'autre jour.
Il a bien dit: Nous déposerons les chapitres sur les
problèmes de salubrité, substitution et transformation et il a
réservé l'autre jour sa déclaration en disant qu'il
s'abstiendrait de déposer le chapitre sur Asbestos Corporation et sur
certains aspects de la fiscalité...
M. Brochu: A la prochaine séance de la commission.
M. Grégoire: A la prochaine séance de la
commission...
M. Brochu: Vous avez sauté ce petit bout juste pour
être méchant.
M. Grégoire: Le député de Richmond
s'apercevra que j'avais absolument raison de faire cette mise au point et
qu'elle s'imposait.
M. Brochu: C'est-à-dire que ce n'est peut-être pas
la précision qui s'impose actuellement.
M. Grégoire: Pour ma part...
Le Président (M. Clair): N'ayant pas d'autres
intervenants...
M. Forget: ... mentir aussi froidement et effrontément
à une commission parlementaire.
Le Président (M. Clair): Vous avez demandé le droit
de parole. Je m'en excuse, M. le député de Mont-Royal.
M. le ministre des Richesses naturelles, vous avez la parole.
M. Brochu: Un instant, s'il vous plaît! Le
député va passer au feu. Il vient d'échapper sa cigarette.
Elle est tombée sur lui.
M. Grégoire: C'est de l'amiante. Je suis
inoculé...
Le Président (M. Clair): A Tordre!
M. le ministre des Richesses naturelles.
M. Bérubé: M. le Président, je dois vous
dire que j'ai été un peu déçu de l'allure du
débat, ce matin. Je pense que les citoyens attendent de
l'Assemblée nationale, des députés, un certain
désir de légiférer et un certain désir de s'occuper
des questions importantes qui confrontent la société. Ils
s'attendent que nous nous occupions d'économique. L'Opposition a certes
reproché, dans la première année de mandat du
gouvernement, que celui-ci n'ait pas consacré suffisamment d'efforts
à l'économique et que par conséquent il
m'apparaîtrait que le gouvernement, mettant l'accent sur
l'économique cette année, par le biais d'une véritable
politique dans un secteur donné de l'économie, l'on ait
l'occasion d'entendre, de la part de l'Opposition, une analyse
sévère, une analyse objective, une analyse sérieuse du
projet de loi. Or, ce n'est pas ce à quoi nous avons eu droit ce matin,
malheureusement, M. le Président, et je pense que les citoyens
québécois seront déçus. J'aimerais que la presse
souligne bien ce qui se passe à cette commission.
Le député de Saint-Laurent se promène avec un
cahier vert de près de trois quarts de pouce d'épais de motions
qu'il entend présenter à tour de rôle de manière
à retarder aussi longtemps que nécessaire le débat. En
d'autres termes, tant et aussi longtemps que le gouvernement ne voudra pas
imposer le bâillon ou autre, il continuera à faire traîner
ce projet en longueur. D'ailleurs, ce matin, le député de
Marguerite-Bourgeoys, le député d'Outremont, le
député de Saint-Laurent et je dirais même le
député de Richmond, puisqu'on y reviendra tantôt, ont tous
très clairement indiqué qu'ils avaient l'intention non pas
même de s'attaquer au contenu du projet de loi, mais de faire tout en
leur possible pour retarder l'adoption d'un projet de loi qu'ils
réprouvent et d'utiliser tous les moyens possibles et inimaginables de
manière à ralentir son adoption.
Il ne fait aucun doute que pour chaque motion, on plaidera la
recevabilité ou l'irrecevabilité, on procédera à
amendement sur amendement avec, chaque fois, un 20 minutes de droit de parole,
que chaque membre de l'Opposition évidemment demandera le droit de
parole. On a même voulu permettre à tous les députés
de l'Assemblée nationale qui ne suivent absolument pas le débat
de descendre à 10 h 42 minutes, parce que ce serait leur tour de parole,
de manière à pouvoir adresser la parole pendant 20 minutes et,
à tour de rôle, nous verrons un paquet d'idiots venir nous
adresser la parole et disparaître immédiatement après sans
jamais participer au débat. Donc, simplement venir faire une
intervention.
M. Lalonde: Les députés...
M. Bérubé: Or, il m'apparaît, M. le
Président, que nous avons une tâche ici. Nous ne sommes pas ici
pour tenter de retarder l'adoption d'un projet de loi, nous sommes ici pour le
débattre. Par
conséquent, nous sommes ici pour nous attaquer à tous les
aspects du projet de loi et chercher à en améliorer le contenu.
Là-dessus, je suis absolument ouvert à la proposition du
député de Saint-Laurent qui visait à ce que nous ayons un
débat ouvert où, effectivement, on écoute ce que
l'Opposition a à nous dire et on essaie de voir quelles failles existent
dans notre projet de loi et quels amendements nous pourrions y apporter.
Malheureusement, ce n'est pas ça que le député de
Saint-Laurent a à l'esprit et ce n'est pas ça qu'il a l'intention
de faire à cette commission, et il l'a clairement manifesté. Il a
manifesté également une très grande habileté. Il
n'est pas le seul, le député de Richmond est absolument
remarquable lorsqu'il s'agit de tuer le temps. L'autre soir, nous avons eu une
excellente occasion d'apprécier son talent lorsque, avec dix minutes de
débats, il nous a donné une manifestation absolument remarquable
qui a consisté à parler pendant dix minutes sans rien dire.
En fait, sur chaque motion, il nous parle chaque fois pendant vingt
minutes, mais il ne dit rien. Il tourne autour, il part dans différentes
digressions, il nous lit tous les journaux qui tombent sous sa main, il trouve
le moyen de les rattacher au projet de loi et, évidemment, cela permet
d'allonger le débat.
Face à ce "filibuster..."
M. Forget: J'aimerais soulever un point de règlement.
M. Bérubé: Oui, M. le député.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, sur une question de règlement.
M. Forget: Je m'excuse à l'endroit du ministre, mais c'est
un point qui a déjà été soulevé et je me
permets de le souligner à nouveau, parce que, dans la description, qui
se veut ironique, que fait le ministre, des travaux parlementaires, dont il
n'aime pas le déroulement, c'est parfaitement son droit, mais il me
semble contrevenir aux dispositions de notre règlement. A l'article 99,
paragraphe 8, on dit qu'il est interdit à un député qui a
la parole "de se servir d'un langage violent ou blessant à l'adresse de
qui que ce soit ou irrespectueux pour l'Assemblée".
Le ministre vient de décrire ce qui se serait passé si la
motion que nous avons présentée, qui a été
défaite d'ailleurs pourquoi battre un cheval mort, n'est-ce pas?
avait été adoptée, permettant à chacun des
membres de l'Assemblée nationale de venir se faire entendre en
commission parlementaire. Il a dit: On aurait assisté à un
défilé d'idiots.
M. Bérubé: Je retire le mot "idiots", M. le
Président, je voulais plutôt dire quelqu'un qui, n'ayant pas
participé aux débats, ignorant totalement l'objet du
débat, s'amène à l'assemblée à 10 h 42 pour
faire une intervention et disparaît vingt minutes plus tard.
Le Président (M. Clair): Je suis prêt à
disposer immédiatement de la question de règlement du
député de Saint-Laurent. Premièrement, en vertu de
l'article 99, il me semble que le député de Saint-Laurent
soulevait beaucoup plus une question de privilège qu'une question de
règlement. Or, on sait qu'il n'y a pas de question de privilège
en commission parlementaire. Néanmoins, sur la question de
règlement, je pense que, par l'intervention du ministre qui retire ses
paroles en ce qui concerne le mot "idiots", la question de règlement
est, à toutes fins pratiques, caduque.
En conséquence, le ministre des Richesses naturelles peut
continuer son intervention. M. le ministre des Richesses naturelles.
M. Bérubé: Donc, face à ce "filibuster" qui
va durer certainement des semaines et des mois, il s'agit, à ce
moment-là, de s'interroger sur l'attitude à prendre. La
première attitude, je pense, est celle de faire contre mauvaise fortune
bon coeur et de choisir d'endurer des intervenants qui ont, suivant leur
stratégie, à remplir du temps sur chacune des questions,
même lorsqu'ils n'ont rien à dire. Par conséquent, M. le
Président, je me verrai dans l'obligation, certainement, de voir
à signer des lettres aux nombreux citoyens qui s'adressent au ministre
et qui ne comprendraient pas que, pendant six mois, le ministre ne
réponde jamais aux lettres, parce qu'il est tenu en Chambre dix ou douze
heures par jour. Première réflexion, je me permettrai de
m'occuper de mon courrier.
M. Lalonde: Bravo.
M. Brochu: C'est la première fois qu'il existe des
ministres au Québec, M. le Président?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: II n'a jamais eu de lettres avant.
M. Grégoire: C'est parce qu'ils ne travaillaient pas fort.
Ils se sont fait battre aussi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Frontenac, M. le député de Mont-Royal. A l'ordre s'il vous
plaît! C'est le ministre qui a la parole sur la motion du
député de Saint-Laurent. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Donc, je
le dis bien aux députés de l'Opposition, j'écouterai d'une
oreille, non pas distraite, mais semi-attentive, le type d'interventions qu'ils
font lorsqu'ils voudront bien...
M. Lalonde: Cela vous prendra deux fois plus de temps.
M. Bérubé: .. parler du projet de loi, d'un
élément de correction à apporter au projet de loi, je
serai tout à fait attentif et vous verrez mon attention et mon
intérêt se manifester. Lorsque, au
contraire, l'objectif de l'Opposition sera purement de faire perdre du
temps, je devrai me refuser à perdre mon temps. Je devrai, sans doute
avec mes autres collègues, tenter de le consacrer à quelque usage
plus fructueux.
D'autre part, il va certainement se produire des cas d'urgence où
je serai appelé. Ce matin, il y avait plusieurs centaines de
travailleurs québécois dont le travail était en jeu. J'ai
cru bon de me lever et d'aller faire quelques interventions
téléphoniques qui, je l'espère, auront permis à ces
travailleurs de conserver leur emploi. J'ai même eu confirmation, cet
après-midi, que probablement mes démarches ont eu un certain
succès. Cependant, nous avons eu droit à une intervention
extrêmement agressive de la part du député de
Marguerite-Bourgeoys qui, lui, ne comprend pas qu'un ministre puisse avoir
à s'occuper d'autres choses que d'écouter ses discours insipides,
sur des motions dilatoires, qui n'ont absolument rien à voir avec notre
tâche de député.
Donc, je le lui répète, lorsque j'aurai à
m'absenter de cette Chambre, j'ai un excellent adjoint, le député
de Frontenac. Celui-ci fera son possible pour vous écouter patiemment,
sans trop grommeler, sans trop contester et il vous supportera, messieurs. A
mon retour, il me fera part de la longue conversation que vous aurez eue en sa
compagnie.
M. Lalonde: M. le Président.
M. Bérubé: M. le Président, je termine en
disant que je vous ai souligné, au début...
M. Lalonde: Le règlement me...
M. Bérubé: J'ai l'intention de
déposer...
Le Président (M. Clair): M. le ministre, le
député de Marguerite-Bourgeoys avait une question de
règlement.
M. Lalonde: C'est le règlement qui m'impose...
M. Bérubé: Est-ce une question de
règlement?
M. Lalonde: C'est le règlement que je veux invoquer, qui
m'impose de faire quelque chose de désagréable,
c'est-à-dire d'interrompre le ministre pour lui demander si je peux lui
poser une question.
Le Président (M. Clair): Vous avez absolument le droit de
le faire. M. le ministre des Richesses naturelles, acceptez-vous de recevoir
une question du député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Bérubé: Non.
M. Lalonde: Vous êtes très coopératif. A la
fin? Vous allez l'avoir quand même. Comme on est habitué de ne pas
avoir de réponse, cela ne fera pas grand changement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bérubé: Par conséquent, M. le
Président, suite à la demande de l'Opposition, à
l'invitation de déposer des documents, je dis que oui, je suis
prêt à les déposer. J ai d'ailleurs fait mon possible pour
les avoir à ma disposition. Je pense que j'en ai un certain nombre qui
sont disponibles et que je pourrai déposer. Ils sont tous là
d'ailleurs, à ce qu'on me dit. Par conséquent, il me fera plaisir
de vous soumettre ces documents. Cependant, je vous le dis tout de suite, ce
"filibuster", cette intervention m'est apparue inutile, puisque j avais
déjà manifesté ma bonne volonté. En fait, je
n'attends qu'une démonstration de votre bonne volonté. (16 h
30)
M. Grégoire: Cela a été
déclaré ce matin qu'ils seraient déposés.
M. Lalonde: Ma question, M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous aviez demandé la parole? Vous cédez votre droit
de parole au député de Marguerite- Bou rgeoys?
M. Lalonde: Seulement pour une question, M. le Président.
En dehors des quelques moments où le ministre condescendra à bien
vouloir assister à nos délibérations et qu'il confiera
à son adjoint parlementaire le soin de le représenter, les propos
de l'adjoint parlementaire, le député de Frontenac, vont-ils lier
le gouvernement? C'est la question que j'ai à poser au ministre.
Une Voix: II n'écoute pas, il lit.
M. Brochu: II a commencé à signer son courrier.
M. Bérubé: J'ai dit que je ne répondrais pas
à la question. Vous avez un droit de parole, vous pouvez l'utiliser,
mais nous sommes en train de discuter une motion...
M. Lalonde: Alors, je n'ai pas de réponse?
M. Grégoire: C'est parce que la question va à
rencontre du règlement.
M. Bérubé: Elle va à l'encontre du
règlement.
M. Grégoire: Elle va à l'encontre du
règlement.
M. Forget: La question est très importante.
Une Voix: II ne sait même pas quelle est la question.
M. Brochu: S'il y a des engagements...
M. Forget: ... informés à l'avance qu'il
s'absenterait à l'occasion...
M. Bérubé: Oui.
M. Forget: ... pour des motifs qu'on n'a pas à discuter,
qui sont son affaire, qu'il s'absenterait des travaux de la commission
parlementaire, d'accord. Lorsqu'il s'absente des travaux de la commission
parlementaire, il dit qu'il a quelqu'un pour l'assister, son adjoint
parlementaire.
Nous voulons savoir, lorsque son adjoint parlementaire nous parlera,
s'il parlera au nom du gouvernement et s'il liera le gouvernement, de la
même façon qu'un ministre...
M. Brochu: C'est important.
M. Forget: ... dans toutes les réponses qu'il va nous
donner.
M. Brochu: C'est important à savoir.
Le Président (M. Clair): Messieurs, nullement, dans le but
de venir...
M. Brochu: Si c'est une délégation de pouvoirs
officielle.
Le Président (M. Clair): ... en aide ou à la
rescousse du ministre, mais simplement dans le but de bien éclairer les
membres de cette commission, et peut-être pour raccourcir le
débat, il me semble que cette question est une question d'opinion, d'une
part. D'autre part, les lois concernant la Législature et la Loi sur
l'exécutif disposent sûrement déjà de ces questions.
C'est presque un avis juridique qu'on demande. En conséquence, il me
semble qu'on pourrait... Le ministre a déjà refusé de
répondre à la question comme telle. Quant à moi, il me
semble que c'est une question d'opinion juridique. Nous sommes
déjà liés par une Loi sur l'exécutif et une Loi de
la Législature qui disposent sûrement déjà de cette
question, ceci dit uniquement dans le but d'abréger le débat sur
la question.
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez, votre
intervention, qui a comme but d'abréger le débat...
M. Grégoire: Le repart.
M. Lalonde: ... le repart...
M. Grégoire: II fallait s'y attendre.
M. Lalonde: Ce que je voulais savoir, c'est si le ministre... Je
sais que les lois prévoient que seul le ministre fait partie du
gouvernement et non pas l'adjoint parlementaire, mais je voulais savoir si le
ministre acceptait d'être lié par les engagements que le
député de Frontenac...
M. Grégoire: Vous savez quelles sont les lois.
M. Lalonde: ... pourrait prendre en son absence. Je n'ai pas eu
la réponse, M. le Président. C'est comme...
M. Grégoire: Je pensais qu'ayant été
ministre, vous connaissiez la loi. Vous l'avez oubliée, n'est ce
pas?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Grégoire: Vous l'avez oublié.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne peux...
Le Président (M. Clair): Sur la motion.
M. Ciaccia: Sur la motion. Nous avons demandé le
dépôt de certains documents...
M. Lalonde: Pas tous, le plan de travail.
M. Ciaccia: ... le pian de travail. Est-ce que le plan de travail
est là?
M. Grégoire: Les trois chapitres.
M. Ciaccia: Non, le plan de travail n'est pas là.
M. Grégoire: Les trois chapitres du plan de travail,
oui.
M. Bérubé: Cela ne vaut pas la peine de se
chicaner, j'ai dit que je ne déposerais pas le plan de travail.
Une Voix: II l'a dit ici.
M. Ciaccia: M. le Président, il a été
clairement dit par le ministre, à la séance du 16 mars, qu'il
déposerait, à la prochaine séance de cette commission, le
plan de travail du gouvernement concernant la politique de l'amiante.
En plus du plan de travail, il a continué. Il a dit: ainsi que
certains chapitres qui portent plus spécifiquement sur la
transformation, sur les problèmes de salubrité, sur la
substitution. Il a enlevé un certain aspect, une certaine section des
documents qu'il ne déposerait pas. Il a dit: Je dois m'abstenir de
déposer un chapitre extrêmement important et volumineux qui porte
comme tel sur Asbestos Corporation, en plus d'un chapitre qui porte sur les
aspects de fiscalité.
Il n'y a aucun doute on n'a pas besoin d'être avocat pour
interpréter les paroles du ministre qu'il s'est engagé
à déposer le plan de travail. Mais il y a certains propos que le
ministre vient de tenir qui sont fort étonnants, qui démontrent
un manque remarquable de compréhension des travaux d'une commission
parlementaire. .. Je ne sais pas quelle est la conception du ministre sur des
travaux démocratiques, sur le rôle de l'Opposition officielle,
mais je trouve son attitude un peu arrogante, parce qu'il se couvre d'avance.
Je ne sais pas s'il a emprunté cette attitude de son collègue, le
bon Dr Laurin. On nous insulte d'avance. On ne veut pas répondre aux
questions qu'on a le droit de poser, qu'on a le droit d'exiger. Pour se
garantir de ce manque de réponses, on nous envoie toutes sortes
d'insultes, on dit qu'on
veut faire un "filibuster", qu'on fait perdre le temps de la
commission.
M. le Président, le ministre, s'il n'a pas suivi de cours sur le
déroulement des travaux d'une commission parlementaire, je pense qu'il
va en suivre un à cette commission, parce que c'est notre devoir de
poser les questions qu'on pose. C'est notre devoir d'exiger certains
renseignements du gouvernement. Le gouvernement peut refuser de nous donner ces
renseignements. Le gouvernement peut, s'il le veut, dire une chose une
journée, le 16 mars, et en dire une autre à une séance
subséquente. C'est le droit du gouvernement de se contredire, de refuser
de divulguer les renseignements qu'on demande.
Une chose que le ministre n'a pas le droit de faire, c'est d'essayer de
court-circuiter les travaux de cette commission, de considérer tout ce
que nous allons demander indigne de sa présence en commission, qu'il va
faire d'autres travaux, que c'est un homme trop important pour assister aux
commissions parlementaires. S'il assiste aux commissions parlementaires,
imaginez-vous qu'il ne pourra pas signer sa correspondance!
Je pense que dans toutes les interventions de n'importe quel
député, à ma connaissance, depuis que je suis ici
cela ne fait pas tellement longtemps même si on fait des
recherches, je pense que jamais on ne va trouver une telle arrogance de la part
d'un ministre, une telle attitude. Au lieu d'essayer de coopérer et de
dire: Très bien, vous voulez certains renseignements dont vous avez
besoin, on va les fournir. On prend cette attitude cavalière, absolument
inacceptable. On ne comprend même pas le rôle
élémentaire de l'Opposition. Qu'il respecte au moins le
rôle de l'Opposition! On le lui a dit: On n'est pas
intéressés à faire des motions inutiles. S'il
déposait, à cet instant même, les documents qu'il s'est
engagé à déposer, on ne parlerait plus sur cette motion,
mais ce sont des documents que nous croyons avoir le droit de voir. Nous devons
insister pour les voir, nous devons les examiner pour le déroulement des
travaux de cette commission pour apprécier les différents
articles du projet de loi. C'est pour cette raison que nous allons insister,
que nous n'allons pas laisser le ministre nous intimider dans notre droit de
parole.
Si le ministre pense qu'en faisant ces accusations, on va arrêter
de parler, on va arrêter de lui poser les questions qui s'imposent et on
va arrêter de demander les documents dont nous avons besoin, j'ai des
petites nouvelles pour lui. On va continuer à faire notre devoir.
Même si, lui, ne connaît pas son devoir comme ministre, nous, on
connaît notre devoir comme membres de l'Opposition. On va l'accomplir. On
va le faire, même s'il nous garde ici aux heures qu'il veut. Ce n'est pas
la première fois qu'il se couvre d'avance, que ce gouvernement se couvre
d'avance sur la question du bâillon. On est prêt à faire
notre devoir, à prendre le temps nécessaire pour que la
population obtienne les renseignements qu'elle a le droit d'obtenir.
On nous demande d'étudier un projet de loi qui peut impliquer des
sommes dans le projet de loi, on parle d'un capital autorisé de
$250 millions, mais cela ne se limite pas à ce montant on veut
qu'on fasse cela d'une façon aveugle. Je pense que le gouvernement
serait le premier à nous accuser d'irresponsabilité si on
n'insistait pas pour qu'il respecte ses engagements, pour que le ministre garde
sa parole, et si on n'insistait pas pour voir certains documents que nous avons
le droit de voir et de porter à la connaissance du public.
Il faut comprendre, si le ministre ne le comprend pas, qu'une commission
parlementaire n'est pas une petite conférence à huis clos. Une
commission parlementaire, c'est un moyen de porter à la connaissance de
la population les informations, les données, tout ce qui est
nécessaire pour que les décisions qui sont prises soient prises
en toute connaissance de cause. Si le ministre juge que c'est en bas de sa
dignité d'assister à une telle commission, d'approcher une
commission parlementaire avec cet esprit, on ne peut pas accepter cette
approche du ministre. Il ridiculise cette commission; il ridiculise les
membres; il prend en mépris le rôle de la commission; il ne
comprend pas le processus démocratique élémentaire.
Nous sommes ici, non seulement pour obtenir l'information
nécessaire, mais aussi pour nous assurer qu'on ne sera pas induits en
erreur et que la population ne sera pas induite en erreur.
M. le Président, je pense que c'est dans cet esprit... Il est
beaucoup mieux que le ministre le comprenne et qu'il arrête de nous
accuser de faire un "filibuster "; qu'il comprenne qu'on va prendre notre
rôle sérieusement, qu'on va demander les questions qui s'imposent;
qu'on ne se fera pas intimider par lui, ni par les ministériels ou qui
que ce soit; que nous allons prendre tout le temps voulu jusqu'à ce que
le gouvernement nous donne l'information dont nous avons besoin. S'il la donne,
je peux vous assurer, M. le Président, de ma coopération, de ne
pas prendre de temps à discuter inutilement. On cherche seulement
à avoir l'information nécessaire afin de pouvoir étudier
ce projet de loi. Ce n'est pas nous qui l'avons rédigé, ce projet
de loi. Le gouvernement a eu tout le temps voulu pour l'étudier, pour en
venir à certains articles. Nous pensons que c'est un peu
improvisé, mais nous avons le droit d'obtenir de l'information pour
donner notre opinion sur les différents articles du projet de loi et
pour mieux éclairer la population.
M. le Président...
M. Forget: Et les vieux dossiers qui traînaient.
M. Ciaccia: ...cela va être notre approche à cette
commission parlementaire. J'insiste encore une fois. J'ai devant moi les
déclarations du ministre. S'il veut nier et nous dire: Ecoutez, c'est
vrai que j'ai dit cela, mais je ne veux plus le déposer; il a le droit
de le faire, il a le droit de le dire. Cela va donner une drôle
d'impression des paroles du ministre. Mais qu'il ne nous dise pas que ce n'est
pas cela que ses paroles veulent dire. Qu'il n'essaie pas de nous faire croire
que blanc est noir et que noir est blanc. S'il ne veut pas tenir
les engagements qu'il a pris, ce sera à nous et à la
population de juger de l'attitude et de la position que le ministre prend
vis-à-vis de l'Opposition, vis-à-vis des travaux de cette
commission et vis-à-vis de ce projet de loi.
Nous avons besoin de ce plan de travail. Nous avons besoin de ces
documents pour faire notre travail, pour pouvoir étudier d'une
façon sérieuse les articles du projet de loi. Je peux assurer le
ministre que le fait d'accepter de nous donner les documents que nous demandons
va certainement raccourcir le temps nécessaire à l'étude
du projet de loi. Il n'y a aucun doute que, si nous n'avons pas l'information,
il va falloir qu'on prenne le temps nécessaire à chaque article,
questionner, demander de l'information additionnelle. Tandis que, si le
ministre avait une approche plus positive, s'il ne prenait pas cette commission
en mépris et s'il respectait les droits des parlementaires à
cette commission... (16 h 45)
Une Voix: ...
M. Ciaccia: Bien oui. C'est bien beau. Vous pouvez nous corriger.
Je fais un effort. Ce n'est pas ma langue maternelle.
M. Lalonde: Ce n'est pas sa langue maternelle.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ma langue maternelle et je fais
l'effort...
M. Laplante: En avez-vous une?
M. Ciaccia: Oui. J'ai la dignité aussi et, parfois,
ça manque de votre côté.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. le
député de Bourassa. Vous avez la parole, M. le
député de Mont-Royal.
M. Lalonde: ... de l'arrogance.
M. Ciaccia: Sûrement. On est ici pour essayer
d'étudier... Le ministre et le député de Bourassa vont-ils
aussi informer leurs électeurs de leur attitude à cette
commission...
M. Grégoire: Vous ne parlez pas d'arrogance. Ce n'est pas
vous qui en parlez.
M. Ciaccia: ... en plus de les informer qu'ils n'ont pas eu le
temps de signer leur lettre? Je pense que la population commence à
être un peu tannée de cette attitude d'arrogance du gouvernement
et on ne se laissera pas intimider, comme je î'ai dit. On va continuer
notre travail. C'est plus pénible de le faire de cette façon.
Pensez-vous que c'est plus facile pour nous de nous placer dans cette position
où on est obligé de défendre les droits
élémentaires des parlementaires, des membres des commissions? Ce
sont des choses établies depuis toujours et on recommence parce que le
ministre ne semble pas les comprendre.
Il ne semble pas vouloir respecter les droits que nous avons à
cette commission d'exiger les informations voulues. Alors, au lieu de nous
insulter, de nous donner des noms, d'essayer de changer... Les propos
dilatoires et les propos de diversion, c'est le ministre qui les utilise. Ce
n'est pas nous.
La seule chose que nous voulons, ce sont les informations
nécessaires et, si vous nous les donnez, vous pouvez être
assuré que les travaux de cette commission se dérouleront d'une
façon efficace et sans aucun moyen de notre part pour empêcher
l'étude du projet de loi article par article.
Pour le moment, je vais terminer mon intervention en demandant encore au
ministre de reconsidérer sa position. On aurait pu invoquer l'article
99, paragraphe 7, quand il a commencé à attaquer mon
collègue à ma gauche, le député de Richmond.
Il est interdit d'attaquer la conduite d'un membre de
l'Assemblée. C'est ce qu'il faisait. Le député de Richmond
a lui aussi des droits et se faire accuser de parler pour ne rien dire et
imputer des motifs aux personnes de ce côté-ci de la table, je
pense que, non seulement c'est contre la lettre de notre règlement, mais
c'est contre l'esprit même de nos droits.
Alors, je demanderais au ministre de changer un peu son attitude. Il va
y avoir une période de vacances dans les prochains cinq ou six jours.
Peut-être pourra-t-il réfléchir un peu sur sa conduite. On
n'est pas ici pour rire et pour faire rire le monde. Ce n'est pas une
comédie. Nous ne sommes pas des comédiens.
On veut étudier le projet de loi sérieusement et je
demande au ministre de réfléchir un peu sur son attitude et
d'être un peu plus positif afin qu'on puisse procéder à
l'étude, article par article, du projet de loi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous voulez intervenir sur la motion à nouveau? Je
vous indique qu'il vous reste quinze minutes, suivant les notes que m'a
laissées le député de Jonquière.
M. Lalonde: Vous êtes très généreux,
M. le Président. Je voudrais simplement, pendant qu'on profite des
quelques instants de présence physique, sinon mentale, du ministre avec
nous, lui répéter quelques-uns des propos que j'ai dû tenir
en son absence quand il est disparu ce matin.
C'était justement sur cette motion.
Le ministre, depuis le début de cette commission, a eu une
attitude cavalière et qui est tombée carrément dans
l'arrogance depuis quelque temps. Je l'inviterais à
réfléchir sur son attitude.
Il est possible que le ministre nourrisse le sentiment de la plus grande
certitude à l'égard de ses décisions politiques.
Il est possible qu'il soit convaincu à 100% du bien-fondé
de ses options telles qu'inscrites dans le projet de loi. Il me semble
toutefois, d'après son attitude, qu'il n'a pas eu l'occasion encore de
discuter, en commission parlementaire, de ce qui est d'après moi
l'étape la plus importante dans le processus législatif,
c'est-à-dire l'étape de l'étude ar-
ticle par article. C'est réellement là qu'au-delà
du principe qui a été accepté à l'Assemblée
nationale, les membres de l'Assemblée nationale
délégués à cette commission sont appelés
à examiner chaque iota de ce projet.
Peut-être que l'inexpérience a provoqué chez lui une
réaction de surprise à l'insistance des membres de l'Opposition
pour obtenir les renseignements que nous avons demandés par cette
motion. Peut-être qu'il trouve choquant que des membres de cette
Assemblée nationale ne partagent pas l'opinion sacro-sainte du Parti
québécois relativement à la solution amiante. Il semble
même scandalisé, comme plusieurs de ses collègues, que des
citoyens du Québec, élus par leurs commettants, s'opposent
carrément aux intentions du gouvernement telles que contenues et telles
que projetées par ce projet de loi qui vise l'acquisition d Asbestos
Corporation. On semble trouver scandaleux de ce côté-là que
des députés ne partagent pas cette opinion. C'est peut-être
la raison pour laquelle on rejette d'emblée au départ comme pas
sérieuse du tout, toute tentative de l'Opposition, soit de s'opposer,
soit même de demander des renseignements.
S'il s'agissait simplement de s'opposer à une décision,
à un article, à la rigueur je dirais que cela manque un peu
d'ouverture d'esprit, cela manque un peu de sentiment démocratique, mais
je comprendrais peut-être un peu, j'essaierais de comprendre. Mais
lorsqu'il s'agit simplement d'obtenir des documents qui, semble-t-il, ont
été communiqués à d'autres députés,
les députés du caucus du Parti québécois ou
certains autres, pourquoi le ministre prend-il une attitude aussi
fermée, aussi arrogante? C'est là l'occasion qu'il a de nous
convaincre du bien-fondé de ses décisions. Si c'est à
même ces études ou documents qu'il a obtenu la lumière,
qu'il a décelé, qu'il a discerné la vérité,
pourquoi ne pas nous donner la même occasion à nous? Nous sommes
appelés ici et c'est un devoir, ce n'est pas simplement un droit, c'est
un devoir que nous avons ici comme membres de l'Opposition officielle, membres
de l'Opposition aussi pour le député de Richmond, qui est quand
même capable de parler pour lui, de demander d'être informés
pleinement pour que nous aussi soyons à même de nous rendre compte
à la limite du bien-fondé des options du gouvernement. Je mets
cela dans la perspective la plus positive, la plus favorable du
côté du gouvernement. Je ne pense pas que le ministre, ou qu'aucun
des membres de cette commission parlementaire doive présumer que les
députés de l'Opposition ne sont pas susceptibles d'être
convaincus.
Je ne sais pas s'il y a des députés ici qui ont
assisté à la commission parlementaire concernant le projet de loi
39 sur le recours collectif. Oui, M. le Président, vous étiez
là. Je ne peux pas vous appeler comme témoin. Je ne peux pas
faire appel à votre témoignage. Nous avons eu là,
justement, la preuve que lorsqu'un ministre n'est pas arrogant, qu'il est
ouvert, il a la collaboration la plus totale des membres de cette
Assemblée; comme c'est facile, le cas échéant, de se
parler et de se comprendre. Mais lorsqu'il y a une fermeture complète,
nous avons deux choix, c'est-à-dire un choix entre deux
possibilités. Il y a une troisième option que je ne mentionne
même pas, parce qu'elle est trop indigne, ce serait de se taire. Les deux
autres choix sont de s'en aller ou de rester et de se battre. M. le
Président, c'est la dernière que nous allons choisir. Le ministre
va peut-être apprendre, j'espère qu'il va apprendre, parce que sa
loi, qui n'est pas sa loi, qui va être la loi de tous les
Québécois à la fin, va bénéficier de la
collaboration de l'Opposition. Plus il provoquera chez nous une opposition
négative, parce qu'on n'aura pas de réponse à nos
questions, pire sa loi va être au bout de la ligne.
A moins qu'il croie être en possession de la vérité,
de la science infuse, je fais appel, pendant qu'il lit sa correspondance et
qu'il m'écoute d'une oreille semi-attentive, comme il a dit
tantôt, ça me prendra seulement deux fois plus de temps pour lui
transmettre mon message, je fais donc appel à son désir de bien
faire son devoir comme ministre et comme membre de cette commission.
Le produit fini, qui va être la loi...
M. Forget: C'est fort hypothétique, ça.
M. Lalonde: M. le Président, mon collègue de
Saint-Laurent me reproche peut-être un peu cette naïveté,
disons-le, sinon cette candeur dont je fais preuve actuellement, mais ça
ne sera pas long. C'est le dernier appel que je fais au ministre. Sinon, il va
apprendre que ça ne se passe pas comme il va penser que ça va se
passer. Ce n'est pas une menace que je fais, c'est une promesse. On a eu
l'occasion, à d'autres endroits, de faire valoir nos capacités,
de faire appel à nos droits et au règlement pour le
déroulement des travaux, pour exécuter nous-mêmes notre
devoir.
Si ça se fait d'une façon désagréable, c'est
le choix du ministre. A ce moment-là, je n'ai pas le choix, il faut que
ce soit désagréable. A ce jeu-là, M. le Président,
croyez-moi, on peut l'être, on peut l'être beaucoup.
M. Godin: Ah oui! C'est vrai.
M. Lalonde: Le député de Mercier peut en
témoigner.
M. Godin: On a vu ça ailleurs.
M. Lalonde: On a même pu faire un peu de poésie dans
un autre endroit. On peut peut-être en faire ici aussi.
M. Godin: Les droits n'ont pas été payés
là-dessus encore.
M. Lalonde: Cela, je vais voir ça, parce que je
traîne toujours ça avec moi.
M. Godin: II n'est pas exclu qu'on réclame des droits
là-dessus.
Le Président (M. Clair): A l'ordre s'il vous plaît,
messieurs!
M. Lalonde: Peut-être qu'on pourrait en lire quelques
extraits.
M. Godin: M. le Président...
M. Lalonde: Pour éclairer la commission.
M. Godin: M. le Président, je n'ai aucune objection...
M. Lalonde: Non.
M. Ouellette: ... à lire des vers, on peut devenir
véreux.
M. Lalonde: Je vais le retrouver, il est tout plié, mais
il est quelque part.
M. Godin: L'ancien député de Mercier a tenté
le coup et il est disparu à Bruxelles, M. le Président. Cette
poésie est une arme à deux tranchants, M. le
Président.
M. Ouellette: A lire des vers, on risque de devenir
véreux.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît...
M. Godin: C'est une arme à deux tranchants.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous redonne la parole sur la motion et je vous
indique que vous avez encore quatre minutes pour parler sur la motion.
M. Lalonde: M. le Président, je vais simplement conclure
en disant...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je vous prie...
M. Lalonde: Je déposerais bien le poème, M. le
Président, mais peut-être qu'on me demanderait de le retirer pour
propos antiparlementaires.
M. Ouellette: Alors, faites déposer le poète.
M. Lalonde: Le poète sera déposé à un
autre endroit lors des prochaines élections.
M. Godin: Oui, on verra. Il y en a d'autres qui ont dit ça
avant vous.
M. Lalonde: M. le . Président, c'est quand même
très sérieux, l'attitude du ministre actuellement. Nous concluons
une semaine de délibérations. Nous nous préparons, au
retour du congé, à entamer d'une façon plus
immédiate l'étude article par article; nous n'avons pas
l'intention de retarder indûment, mais de faire tout ce qu'il faut pour
faire changer le gouvernement d'idée, si c'est possible. Mais si le
ministre continue à changer, à renier sa parole comme il l'a fait
tantôt, à refuser aux partis d'opposition les renseignements qui
nous apparaissent essentiels pour contribuer aux travaux de cette commission,
à ce moment-là, M. le Président, il va faire son
éducation, je vous le promets. (17 heures)
Le Président (M. Clair): Messieurs, la motion du
député de Saint-Laurent voulant que cette commission invite le
ministre des Richesses naturelles à distribuer dès maintenant aux
membres et intervenants de cette commission les documents qu'il a promis lors
de la séance du 16 mars 1978 de la commission permanente des richesses
naturelles...
M. Brochu: Je ne voudrais pas interrompre indûment votre
lecture, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: J'avais l'impression qu'il me restait quelques
minutes.
Le Président (M. Clair): II vous restait cinq minutes, si
je lis bien les notes.
M. Godin: Est-il candidat à la chefferie du Parti
libéral? Comment se fait-il qu'il ait deux micros?
M. Brochu: C'est parce qu'à l'occasion, j'aime bien voir
ce qu'il y a de l'autre côté et être capable de m'adresser
de ce côté-là aussi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Richmond, vous avez cinq minutes pour parler sur la motion.
M. Brochu: Merci, M. le Président, sur la motion toujours,
si on me permet d'utiliser mes cinq minutes.
M. Grégoire: Deux minutes et demie par micro.
M. Bérubé: Ça va finir deux fois plus
vite.
M. Brochu: Alors, je vais utiliser un micro par ministre, un
micro pour le ministre Bérubé et l'autre micro pour le
ministre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Richmond, j'ai déjà commencé à compter votre
temps.
M. Brochu: J'espère que vous allez enlever les
interruptions, M. le Président.
M. Grégoire: ...
M. Brochu: Est-ce que j'attends votre signal, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: J'aimerais simplement rappeler au ministre, dans un
premier temps, que j'avais fait la demande de certains documents, en
particulier sur la recherche qui avait été faite pour le compte
du ministère de l'Industrie et du Commerce, concernant les
possibilités de transformation de produits d'amiante en ce qui concerne
plus particulièrement le papier amiante et le textile.
M. Bérubé: Le premier rapport SORES fait pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère des
Richesses naturelles?
M. Brochu: En 1976, oui. Il y a une évaluation d'à
peu près $100 000 pour ce projet.
M. Bérubé: Je ne sais pas s'il est public. Cela me
fera plaisir, s'il y en a qui voudraient l'avoir. C'est un document assez
épais, on pourra le faire parvenir...
M. Brochu: Si c'est possible, d'accord. M.
Bérubé: Pas de problème.
M. Brochu: Cela me satisfait. J'aimerais aussi revenir sur la
question du document concernant...
M. Grégoire: ... c'est la même chose que
l'autre.
M. Bérubé: C'est sensiblement les...
M. Grégoire:... savent que c'est seulement les chiffres
des années adaptés.
M. Bérubé: Mais pas fait dans la même
optique.
M. Brochu: D'accord.
M. Bérubé: De toute façon, cela me fera
plaisir de le déposer.
M. Brochu: Merci. Concernant la Communauté
économique européenne, on en a fait allusion à quelques
occasions, le ministre avait certains rapports à ce sujet. Je ne sais
pas si vous pouvez vérifier.
M. Bérubé: Oui.
M. Brochu: Oui, d'accord. Je voudrais attirer l'attention du
ministre sur ces deux documents. Pour le premier, sa réponse me
satisfait.
J'aimerais également revenir sur certains propos que le ministre
a tenus lors de son intervention sur cette même motion, pour dire que je
comprends qu'à certains égards, le parlementarisme, tel qu'il est
actuellement, peut comporter certaines lourdeurs. Je comprends également
que le cheminement d'un projet de loi puisse parfois être excessivement
lourd et devoir emprunter des dédales qui, quoique pesants, sont quand
même partie intégrante de la réglementation telle qu'elle
est actuellement et telle qu'elle est inscrite dans nos traditions.
Je conçois qu'on doive se pencher sur cette question et
peut-être moderniser l'approche en termes de règlement de
l'Assemblée nationale et des commissions, pour permettre de
procéder plus rapidement. Cependant, je tiens à souligner que
nous travaillons actuellement selon les règles telles qu'elles sont
établies et je comprends mal l'attitude du ministre dans ce qu'il nous a
dit, il y a quelques minutes, de vouloir, lors d'une commission parlementaire,
fermer un peu les écoutilles et laisser passer du temps. D'après
les règles parlementaires telles qu'elles existent actuellement, que
l'on aime la chose ou non, l'Opposition existe. Je pense que c'est vouloir, au
contraire, alourdir I appareil que de faire fi de l'Opposition, de vouloir
inconsciemment indiquer qu'on désirerait qu'elle ne soit pas
présente. Cependant, dans les règles démocratiques telles
qu'elles sont, l'Opposition existe, elle a un rôle à jouer, elle a
un droit non seulement de parole, mais un droit de cité
également, avec les responsabilités que cela comprend.
M. Brochu: En qualité de parlementaire pas tellement
âgé, je vous rappellerai que j'ai vécu quelques
années avec le Parti québécois dans l'opposition; or,
à plusieurs moments, le Parti québécois a utilisé
tous les artifices permis à l'intérieur du règlement pour
faire valoir certains points, pour faire également ressortir la
lumière sur certaines données, toujours en indiquant clairement,
à ce moment-là, que c'était son rôle et son devoir
en tant que parti d'Opposition de ne pas laisser passer sous silence tel ou tel
projet de loi, mais de l'étudier bien à fond.
Je vous rappellerai, messieurs, que ces mêmes personnes, ces
mêmes députés qui, en 1970, 1971, 1972, 1973 se sont
prévalus des règles, ce sont vos collègues qui sont avec
vous aujourd'hui et que vous avez devant vous une autre Opposition qui, elle
aussi, a son rôle à jouer maintenant.
Ce serait vouloir se mettre la tête dans le sable que de vouloir
considérer nos règles du jeu et le parlementarisme d'une
façon assez mesquine ou non réaliste pour souhaiter indirectement
que l'Opposition n'existe tout simplement pas. J'ai à le déplorer
à ce moment-ci, je le regrette énormément, et
j'espère que le ministre changera d'attitude, parce que c'est la
première fois que, lors d'une commission parlementaire, je vois un
ministre déclarer ouvertement comme cela qu'il a l'intention, pendant
les discussions de la commission parlementaire, de signer son courrier, de
prendre connaissance de ces choses il n'a pas déclaré
cela, mais on l'a vécu, ce matin et de tout simplement lire son
journal. Je pense que non seulement c'est faire fi des règles
parlementaires, mais faire fi simplement de la démocratie.
M. Grégoire: C'est de travailler deux fois plus fort!
M. Brochu: Je demande au ministre de reviser ses positions et de
jouer tout simplement son rôle,
malgré les lourdeurs, comme je l'ai dit, que je comprends, de
l'appareil parlementaire tel qu'il est actuellement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Richmond, vous avez terminé. Le député de Mercier, sur la
motion.
M. Godin: Oui, certainement. Je suis tout à fait d'accord
avec nos amis d'en face qu'ils peuvent probablement nous en montrer en tant que
parlementaires, en tout cas, à moi personnellement. Ils connaissent les
règles beaucoup mieux que je les connais. C'est un fait.
Au fond, ce qui se passe aujourd'hui, c'est probablement qu'ils nous
remettent la monnaie de notre pièce. Ils ont subi, pendant six ans, je
pense, l'Opposition péquiste. Effectivement, on a pris tous les moyens
à notre disposition, sans gêne, sans retenue, pour avoir des
renseignements, pour avoir plus de lumière sur les motifs
derrière l'action du gouvernement. Mais il y a des leçons que
nous pouvons aussi leur donner, par exemple, M. le Président,
d'efficacité, de volonté politique et surtout du souci de
rapatrier une partie du contrôle des richesses de l'amiante au
Québec, de rapatrier cela au Québec.
Là-dessus, leçon pour leçon, qu'est-ce qui est
mieux pour le peuple québécois? Sont-ce des leçons en
parlementarisme ou des leçons en rapatriement du contrôle sur les
richesses naturelles?
Il est sûr que les documents dont il est question dans la motion
vont aider l'Opposition à comprendre les raisons pour lesquelles nous
voulons rapatrier une partie du contrôle de l'amiante et surtout de la
création d'emplois dans le secteur secondaire. Le parti qui est
maintenant l'Opposition officielle, dans le passé, a donné de
bons exemples à la population du Québec de certaines mesures
gouvernementales qui allaient dans cette direction. Tout cela fait partie de
l'histoire du Québec et tout cela se situe dans une même
perspective.
Ce que je trouve assez étonnant, par ailleurs, c'est qu'on semble
avoir laissé au vestiaire, en devenant l'Opposition officielle, cette
volonté qui se manifestait dans les années soixante qui va dans
la direction où le PQ va maintenant. Il semble que le vent de l'oubli
soit passé sur certains de nos collègues d'en face et qu'ils ont
maintenant...
M. Brochu: Vous avez maintenant trois micros.
M. Godin: Laissez cela à M. Ryan ou à M. Garneau.
Ils ont maintenant effectivement beaucoup d'expérience dans le
parlementarisme, dans la forme, mais, sur le fond, qu'ont-ils appris? Il me
semble qu'ils ont oublié des choses, M. le Président.
Cela me frappe, en tout cas, de voir à quel point... Posez la
question, M. le député de Mont-Royal. Posez-la la question, le
président décidera...
M. Ciaccia: Non.
M. Godin: ... si vous enfreignez le règlement. Quand on
s'adresse au président...
Le Président (M. Clair): Adressez-vous à moi.
M. Godin: ... on le fait officiellement en non pas
officieusement, entre nous peut-être, mais non pas au
président.
M. Ciaccia: ... Je poserais certaines questions au
président. Adressez-vous à lui.
M. Godin: Posez-vous une question au président?
Posez-là donc. La posez-vous ou ne la posez-vous pas?
M. Ciaccia: Allez-y!
M. Godin: Effectivement, vous êtes peut-être devenus
de très bons parlementaires, mais, en ce qui concerne le rapatriement du
contrôle des Québécois sur leurs richesses naturelles, vous
avez faibli énormément depuis les belles années soixante
où vous traciez la voie, voie d'ailleurs qui m'a inspiré. J'ai
voté libéral en 1960, je vous le dis bien humblement, comme
probablement, tout le monde ici... D'ailleurs, je me dissocie des
remarques du député de Bourassa tout à l'heure à
l'endroit du député de Mont-Royal en ce qui concerne sa langue
maternelle. Je ne suis pas d'accord avec ce genre de remarque, je vous le dis
tout de suite.
Revenons à l'essentiel. Tous les documents requis pour comprendre
les raisons pour lesquelles le gouvernement fait cela, vous les aurez. Les
documents qui concernent la négociation en cours entre le gouvernement
et Asbestos, je regrette, mais nous serions stupides de les dévoiler,
vous êtes d'accord avec cela. Je pense que c'est cela que le ministre a
dit.
Maintenant, au-delà de cela, je trouve que l'Opposition
officielle, ayant pris connaissance de ce dossier pendant de longues
années elle-même, d'après les renseignements qu'on a lus
à l'époque dans les journaux et ailleurs, connaît le
dossier aussi bien que nous. Ce qui la distingue de nous, c'est qu'elle n'a
fait que lire les documents. Elle n'a pris aucune décision par la suite
pour agir. C'est ce qui la distingue de nous.
Donc, excellents parlementaires, je le reconnais; excellents
législateurs dans le domaine de l'amiante, je regrette, mais on n'a
aucune preuve qu'ils le sont. Si le dépôt des documents, qui va
d'ailleurs avoir des suites, parce qu'ils vont les avoir, les documents,
certains d'entre eux, ceux qu'on estime utiles pour leur faire comprendre les
raisons pour lesquelles on prend cette décision.
Ils les auront, mais je ne suis pas sûr que cela les convainque de
se rallier à ce qui est souhaité par la population de la
région concernée. Vous avez constaté hier et avant-hier
à quel point, dans la région de l'amiante, on voulait cette loi,
et même on en voulait plus encore. Vous autres, vous trouvez qu'on va
trop loin ou que la formule qu'on utilise n'est pas la bonne. Il fallait faire
quelque chose, on l'a fait. Ce qui vous distingue de nous,
encore une fois, c'est que vous n'avez rien fait. J'ai
terminé.
Vote sur la motion
Le Président (M. Clair): La motion du député
de Saint-Laurent sera-t-elle adoptée?
M. Grégoire: Le vote?
Le Président (M. Clair): Vote enregistré. Je n'ai
pas besoin que vous me dispensiez de relire la motion du député
de Saint-Laurent? M. Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: ... j'étais dans un aparté avec mon
collègue.
M. Lalonde: On est habitué à plus
d'indépendance d'esprit de la part de nos poètes!
M. Godin: Non, mais j'étais dans un aparté avec mon
collègue au sujet de son intervention de tout à l'heure. Il veut
qu'on s'explique, comme M. Bédard et M. Cardinal en haut.
Le Président (M. Clair): Contre. Alors, je comprends que
vous êtes contre.
M. Godin: Est-ce qu'on pourrait savoir quelle est la
résolution, s'il vous plaît, pour que je vote en connaissance de
cause, indépendamment...
Le Président (M. Clair): La motion du député
de Saint-Laurent veut que cette commission invite le ministre des Richesses
naturelles à distribuer, dès maintenant, aux membres et
intervenants de cette commission les documents qu'il a promis lors de la
séance du 16 mars 1978 de la commission permanente des richesses
naturelles.
M. Lalonde: Vous ne pouvez pas être contre cela?
M. Godin: Contre.
M. Lalonde: II est contre cela!
Une Voix: Contre l'information.
Le Président (M. Clair): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Lalonde: II serait pour.
Le Président (M. Clair): M. Grégoire
(Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Une Voix: Vous votez pour lui!
Le Président (M. Clair): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Raynauld (Outremont)? Le
résultat est: Pour: 1...
M. Grégoire: Il n'y a même pas de libéraux
qui ont le droit de vote ici!
Le Président (M. Clair): ... contre: 6. La motion est donc
rejetée.
Une Voix: Où est l'Opposition officielle? M. Lalonde:
M. le Président...
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut vous faire remarquer qu'il
n'y a aucun...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys est le premier à
avoir demandé la parole. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Seulement avant de passer à un autre sujet,
est-ce que je pourrais simplement exprimer le voeu que cette réforme des
commissions parlementaires, à savoir qu'il y a seulement deux membres
qui ont le droit de vote pour l'Opposition officielle, par exemple, et deux
qu'on appelle les intervenants, qui n'ont pas le droit de vote, ce n'est pas un
voeu, mais le regret que cela crée des situations comme celles-là
au moment du vote? C'est comme s'il y avait moins d'opposition qu'il n'y en a
effectivement.
M. Grégoire: ... sur le dépôt de
documents...
M. Lalonde: Ah oui! Si vous voulez déposer les
documents...
Le Président (M. Clair): M. le ministre. (17 h 15)
Distribution de documents
M. Bérubé: M. le Président, si vous me
permettez, je ne voudrais pas interrompre le député de
Marguerite-Bourgeoys, mais effectivement, nous avons voté contre, sans
doute pour des questions de simple formulation de la motion;
mais néanmoins, j'aimerais peut-être déposer
à ce moment-ci, non pas déposer, parce que nous ne pouvons
déposer des documents à cette commission, mais distribuer aux
membres qui seraient intéressés un certain nombre de
documents.
Nous avons un texte intitulé: "La transformation de l'amiante "
qui est le chapitre III de notre étude et qui fait essentiellement le
tour d'un certain nombre de possibilités de transformation de
l'amiante.
Je dois cependant souligner à l'intention des membres de cette
commission que nous avons dû, à certains endroits, éliminer
certains paragraphes. En effet, certains paragraphes portaient sur des
négociations qui avaient eu cours entre des officiers de notre
ministère et certaines entreprises. A ce moment-là, on faisait
état des projets de ces entreprises et nous avons hésité
à publier ces informations qui seraient beaucoup trop
spécifiques. En particulier, il faut quand même reconnaître
qu'à certains endroits nos fonctionnaires se sont permis des
observations de caractère assez personnel portant sur la qualité
de l'équipement dans les usines, sur le dynamisme de l'entreprise et par
conséquent, il nous est apparu que ce genre de jugement ne pouvait pas
être porté à l'attention publique. Il y a donc ce premier
document.
Le deuxième document vient à la suite d'une demande du
député d'Outremont. Il indique les droits miniers perçus
depuis 1962 et il y a également un texte sur la réforme de la
fiscalité minière qui donne les principaux éléments
de cette réforme fiscale.
Le document suivant s'intitule "Asbestos Mineral Commodity Profiles". Il
s'agit ici de la version la plus récente puisque ce document est
publié annuellement. Nous avions une version 1976. Ici c'est la version
1977 du United States Department of Interior qui donne, je pense, une assez
bonne idée des utilisations de l'amiante dans le monde,
particulièrement aux Etats-Unis, des problèmes de la mise en
marché, certaines analyses de l'impact des campagnes de salubrité
sur cette demande, enfin un certain nombre d'autres aspects. Egalement, nous
avons un document qui nous vient du ministère de l'Energie, des Mines et
des Ressources du Canada. C'est le MR 155-F qui porte sur l'amiante et qui voit
le problème, donc l'expansion de la demande, du point de vue des
marchés mondiaux.
L'Asbestos Characteristic Application and Alternatives". Il s'agit d'un
rapport d'un institut de recherche qui est spécialisé dans la
recherche des substituts à l'amiante et qui fait ici une analyse des
principaux substituts existants dans le monde, des avantages et des
inconvénients, incluant parfois des informations sur l'aspect
économique de ces substituts de même que, quelquefois, sur des
aspects de la salubrité. Un mémoire interne qui avait
été préparé à mon cabinet, à la suite
de la publication du rapport Beaudry que vous avez reçu, dans lequel
nous avons cherché à voir les implications de cette campagne de
salubrité. Evidemment, nous n'étions pas au courant de la
campagne européenne parce que celle-ci n'avait pas démarré
au moment où nous avons élaboré cette politique.
Vous devez réaliser que les démarches du Parlement
européen datent de décembre 1977, et par conséquent, la
politique même avait été annoncée à ce
moment-là. Dès que nous avons su que le Parlement européen
se penchait sur cette question, nous sommes allés faire une
tournée européenne pour nous familiariser avec le dossier et
être certains que nous ne faisions pas de faux pas. Ce document revoit
essentiellement l'ensemble des problèmes de santé et de
sécurité impliquant l'amiante à notre intention et nous
faisait le portrait un peu de ce qui semble être l'état des
connaissances.
J'ai également une demande qui nous a été transmise
ce matin. C'est le rapport de la Federal Trade Commission. Dans ce cas-ci, je
n'ai malheureusement pas autant de copies puisque nous n'avons
décidé que cet après-midi de le reproduire. C'est le
"Final Order " du "Federal Trade Commission" que je vois entre vos mains,
présentement.
Nous avons, en fait, trois copies disponibles. L'Union Nationale
a-t-elle une copie de ce document?
M. Grégoire: Ce n'est pas dans ceux qu'on a
distribués.
M. Brochu: Non. Je ne l'ai pas ici. Oh! Oui!
M. Bérubé: Ce document est assez intéressant
dans la mesure où il fait une revue très complète de la
société Jim Carey et, par conséquent, il peut être
d'utilité pour la compréhension, surtout à la
lumière des questions qui ont été soulevées ce
matin.
De toute évidence, nous n'avons pas là l'ensemble des
documents. Il y a le document du MEER qui a été
déposé à l'Assemblée nationale. Là,
évidemment, je n'ai pas voulu m'engager à déposer tous ces
documents. Il y avait les quatre ou cinq caisses de documents et
d'études qui étaient disponibles au ministère,
spécifiquement sur l'amiante, et que le député de Vanier a
pris grand plaisir à présenter lors de son discours de
deuxième lecture et vous vous souvenez sans doute qu'à la fin, on
avait peine à lui voir le sommet des cheveux, tellement la pile de
documents était importante.
Par conséquent, je n'ai pas cru bon de reproduire tous ces
documents, mais il faut dire qu'en particulier, les annexes du rapport
Alexandre sont considérables et que, par conséquent, il
m'apparaîtrait difficile, en fait... D'autant plus que nous n'avons pas
fait un examen détaillé de tous ces documents pour voir ce qui
était véritablement confidentiel et ce qui était
disponible.
Néanmoins, il nous apparaît que ces documents sont
peut-être une synthèse des aspects véritablement saillants
de notre étude et pourraient permettre aux membres de cette commission
d'être éclairés davantage sur la réalité du
problème de l'amiante dans toute sa complexité,
évidemment.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II est temps d'appeler
l'article premier.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais bien remercier le ministre.
Malheureusement, c'est probablement ce qui nous manque parmi les documents qui
pourrait nous donner une idée plus précise du cheminement
intellectuel qu'ont suivi le ministre et le gouvernement dans la recherche de
la solution amiante.
Toutefois, nous allons prendre connaissance de ces documents pendant le
congé pour nous permettre de contribuer davantage aux
délibérations nous recherchons toujours l'excellence
de cette commission.
On a parlé assez peu du cadre économique. J'entendais
tantôt le ministre qui nous disait: On nous reproche de ne pas nous
occuper d'économie et, à partir du moment où on le fait,
vous, de l'Opposition, vous nous faites un "filibustre", "te".
M. Bérubé: Cela aurait pu être un "filibuse
".
M. Lalonde: Non. Cela, c'est de l'autre côté de la
table. Quant à moi, je pense que c'est de notre devoir d'empêcher
le gouvernement de faire des gestes en économie qui vont entraîner
la faillite de ce gouvernement, quoique, si nous étions cyniques...
M. Godin: Les Jeux olympiques!
M. Lalonde: Si nous étions cyniques, nous les laisserions
faire.
M. Grégoire: Le stade olympique.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: On veut vous éviter les erreurs du
passé.
M. Paquette: C'est hors de proportion.
M. Bérubé: Vous avez beaucoup d'expérience
dans les erreurs, effectivement.
M. Lalonde: Laissez-nous faire.
Une Voix: Ce n'est pas pour rien qu'ils vous ont mis dehors.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, le
député de Bourassa, qui m'a remplacé pendant quelques
minutes, vous a donné, j'imagine, le droit de parole. Cependant,
étant donné que je n'ai pas présidé à ces
travaux depuis le début, j'aimerais bien préciser le fait
qu'actuellement, à ma connaissance, l'étude de l'article 1 n'est
pas encore entamée.
En conséquence, j'imagine que le député de
Jonquière vous avait indiqué qu'à ce moment, tout ce qu'on
pouvait recevoir, c'étaient des motions préliminaires. Je ne
voudrais restreindre en aucune façon votre droit de parole, sauf qu'il
m'apparaît qu'on doit exercer le droit de parole sur un sujet bien
précis...
M. Lalonde: C'est sur un sujet précis, mais je faisais un
préambule.
M. Godin: Un autre mot magistral.
Motion demandant un exposé sur l'aspect juridique d'une
éventuelle expropriation
M. Lalonde: Quant à l'économie, on n'a pas
grand-chose de ce gouvernement relativement au projet de loi. On s'est
attaché un peu davantage à l'aspect technique. C'est tout
à fait naturel, je crois et bien fondé. Il y a un autre cadre, M.
le Président et c'est le but de mon propos c'est le cadre
juridique, qui a sûrement été examiné par les
officiers du ministère ou du gouvernement, sinon du ministère,
dans la décision qui a été prise par ce gouvernement
d'aller de l'avant de la façon dont il l'a décidé,
c'est-à-dire par l'acquisition d'Asbestos Corporation. On sait que c'est
de gré à gré que le gouvernement désire conclure
cette affaire; mais le premier ministre a bien indiqué, à
l'Assemblée nationale, que si le procédé de la
négociation échoue, le gouvernement pourrait alors envisager la
voie de l'expropriation qui est offerte, pour employer les mots du premier
ministre, à tous les Parlements démocratiques.
Alors, M. le Président, j'aimerais savoir si le ministre pourrait
nous exposer, en détail, avant le début de l'étude article
par article, parce que c'est dans ce cadre-là que même l'article 1
va nous entraîner tout de suite, dans le cadre juridique dans lequel nous
allons faire...
M. Bérubé: M. le Président, cela
m'apparaît antiréglementaire. Je pense que le député
devrait présenter une motion, puisqu'il a sans doute le cahier de
motions que le député de Saint-Laurent lui a prêté.
Il devrait présenter sa motion. Nous discuterons du bien-fondé de
sa motion.
M. Grégoire: Ou demander ce qu'il demande lors de
l'étude d'un article.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président, je pense que vous avez eu l'expérience d'autres
commissions parlementaires où justement on laissait... Je me souviens
même d'un temps où le Parti québécois était
dans l'Opposition, un de ses ténors les plus talentueux, le
député de Saint-Jacques, procédait souvent de cette
façon. Vous voyez je suis allé à la bonne école. Ce
dernier introduisait sa motion qui, en fait, était formulée
à la fin de son intervention. Naturellement, cela comptait dans le temps
qui lui était dévolu par règlement.
M. Godin: Cela compte dans le ...
M. Lalonde: Ce que je voudrais, c'est que le ministre des
Richesses naturelles expose en détail, avant le début de
l'étude article par article du projet de loi 70, aux membres et
intervenants de cette commission, les motifs juridiques sur lesquels le
gouvernement s'appuie pour prétendre pouvoir acquérir par
expropriation la société Asbestos Ltée si une entente de
gré à gré n'intervient pas.
Je viens de vous lire ma motion. Alors...
Le Président (M. Clair): Est-ce que je peux en avoir une
copie, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui. C'est une invitation que l'on fait suivant les
règles qui nous dirigent. Sur la recevabilité, je pense qu'il n'y
a rien à...
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut avoir une copie de la
motion? Je voudrais parler sur...
M. Lalonde: II n'y a rien à reprocher à cette
motion. Nous ne demandons pas de dépôt de document. Nous demandons
simplement que le ministre expose en détail les motifs juridiques. Nous
ne demandons pas le dépôt d'opinion ou quoi que ce soit.
M. Paquette: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité de la
motion d'abord, le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que nous avons un
mandat de l'Assemblée nationale pour étudier le projet de loi
article par article. La motion du député de Marguerite-Bourgeoys
vise à demander au ministre un exposé supplémentaire qui
touche certains aspects du projet de loi. Or, la période des
exposés préliminaires sur le projet de loi est passée.
Tout ce qui est réglementaire, actuellement, ce sont des motions
concernant l'organisation de nos travaux. Ce n'est plus le temps
d'exposés généraux, de motivation, de quoi que ce soit,
c'est le temps des motions concernant l'organisation de nos travaux.
Par conséquent, M. le Président, je pense que cette motion
est tout à fait irrecevable. Je pense, d'autre part, que le ministre
pourra donner toutes les explications juridiques lorsque nous arriverons
à l'article pertinent, c'est-à-dire l'article 4d où on
parle de cette possibilité qu'aurait la Société nationale
de l'amiante d'acquérir certaines corporations.
Par conséquent, M. le Président, je pense que c'est tout
à fait évident que cette motion est irrecevable à ce
moment-ci des travaux.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je doutais
également de l'irrecevabilité de cette motion. Elle est
basée sur le fondement...
M. Bérubé: Vous doutez de la recevabilité...
M. Grégoire: De la non-recevabilité.
M. Lalonde: Vous doutez de la non-recevabilité? (17 h
30).
M. Grégoire: De la recevabilité. Je pensais
à autre chose.
M. Lalonde: J'avais un allié.
M. Grégoire: Je remercie M. le ministre de m'avoir
rappelé...
M. Lalonde: ... député de Frontenac.
M. Grégoire: Je doute réellement de la
recevabilité et mes doutes proviennent des fondements même de la
notion du parlementarisme, telle qu'on la connaît dans tous les pays qui
ont le parlementarisme britannique comme base. C'est que cette motion est
basée sur une hypothèse, car on demande les études
juridiques sur lesquelles le gouvernement s'appuie pour prétendre
pouvoir acquérir, par expropriation, la Société Asbestos
Ltée si une entente de gré à gré n'intervient
pas.
C'est donc là une hypothèse purement et simplement. On
présume que... on fait l'hypothèse que si, alors, est-ce que...
vous avez une étude sur laquelle vous vous appuyez pour pouvoir
prétendre acquérir... C'est tellement vrai que l'hypothèse
ou les motions ou les questions basées sur les hypothèses sont
bannies; on n'a qu'à aller voir l'article 99, non, l'article 168,
paragraphe 2; j'avais l'article tout à l'heure, je vais vous le lire, M.
le Président.
Article 168, paragraphe 2: "est irrecevable une question qui contient
une hypothèse, une expression d'opinion, une déduction, une
suggestion ou une imputation de motif". Pour ce qui se rapporte aux questions,
on n'a qu'à consulter les procéduriers qui ont écrit des
commentaires sur les règlements qui existent et qui prévalent
dans les parlements qui ont comme fondement les règlements britanniques
du parlementarisme, on verra toujours que, que ce soit une question, une motion
ou une loi basée sur une hypothèse, elle a toujours
été déclarée irrecevable.
C'est pourquoi je maintiens qu'en vertu du principe qui vaut pour les
questions ici, si j'avais eu le temps de fouiller Bourinot, je sais que
ça existe, c'est son commentaire 316 ou 318, je me rappelle de l'avoir
cité souvent, si ma mémoire est
bonne. Une motion basée sur une hypothèse a toujours
été déclarée irrecevable.
Le Président (M. Clair): D'autres intervenants sur la
recevabilité?
M. Lalonde: Oui, M. le Président... Le
député de Bourassa?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je vais vous laisser parler, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys; je reprendrai après vous.
On me dit que vous aviez demandé la parole avant moi.
M. Lalonde: Non, allez-y, j'attends vos lurniè-res.
M. Laplante: Les lumières sont simples. On s'est
opposé à déposer des documents dans ce sens-là, les
documents que vous avez demandés au ministre. On s'est opposé
aussi à recevoir des groupes, comme General Dynamics, pour ne pas
être tenté de parler d'achat. Je pense que ça fait partie
d'un tout, les discussions qu'on a eues depuis le début de la
commission. Je vais dans le même sens que le député de
Frontenac: question hypothétique aussi, vous devancez l'achat pour
arriver à une non-entente avec General Dynamics.
Pour toutes ces raisons, je ne pourrais pas la juger recevable
actuellement, telle qu'elle est libellée.
M. Lalonde: Merci, M. le Président!
M. Laplante: Non, j'ai dit que moi je ne pourrais pas, si
j'étais président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la recevabilité.
M. Lalonde: Sur la recevabilité.
M. le Président, on a dit que cela ne concernait pas les travaux,
le déroulement des travaux. J'allègue respectueusement qu'au
contraire, nous devons bien situer le cadre juridique dans lequel nous allons
pouvoir délibérer sur le projet du gouvernement et que c'est
justement à ce stade-ci... Autrement, il faudrait qu'en abordant
l'article 2 ou 3, prenons-en un...
Une Voix: L'article 4b.
M. Lalonde: ... à ce moment-là, que je demande un
exposé au ministre et qu'on le refasse encore une fois à l'autre
article ensuite. Ce serait sûrement très lourd comme façon
de procéder et comme les motions préliminaires sont
destinées à établir un déroulement bien
ordonné de nos travaux, je soutiens que c'est tout à fait
l'endroit et le temps de faire une telle motion.
On a aussi invoqué le caractère hypothétique de la
motion. Je soumets que l'article 168 qui a été mentionné
par le député de Frontenac s'adresse à une question. C'est
pour les questions qui sont posées dans la période de questions
orales des députés qu'on ne peut pas admettre une question
hypothétique. Mais ici, nous sommes au stade de l'étude article
par article.
Si nous ne pouvons pas faire d'hypothèse à ce stade-ci, M.
le Président, c'est aussi bien de retourner chez nous.
M. Godin: C'est une bonne idée.
M. Lalonde: On arrive à l'article...
M. Godin: Ce serait une très bonne idée.
M. Lalonde: On voit jusqu'à quel point le
député de Mercier a une haute conception de la
démocratie.
M. Godin: ...
M. Ouellette: C'est sa prochaine motion, arrête donc!
M. Lalonde: Est-ce que le député de Mercier veut
intervenir sur la recevabilité?
M. Godin: Non, je ne vous ai pas interrompu.
M. Ouellette: Ton intervention serait irrecevable.
M. Lalonde: C'est justement à ce stade-ci qu'on demande au
ministre: Vous proposez telle chose à tel article. Dans
l'hypothèse où cela ne marcherait pas, est-ce que vous avez
examiné telle autre hypothèse? C'est justement là que la
discussion doit porter, sur des hypothèses.
M. Grégoire: Vous pouvez poser la question rendu à
un article, mais non pas présenter une motion hypothétique avant
l'article en question.
M. Laplante: II n'y a pas d'hypothèse dans le projet de
loi.
M. Lalonde: La motion n'est pas hypothétique, M. le
Président, elle est spécifique. Elle dit: Est-ce que vous avez
examiné tous les aspects juridiques des différentes
hypothèses qui peuvent se présenter lorsque vous allez implanter
votre projet? C'est ce qu'on dit tout à fait simplement, que cette
commission invite le ministre à exposer en détail les motifs
juridiques sur lesquels le gouvernement s'appuie actuellement, et non pas: dans
l'hypothèse où le gouvernement s'appuierait sur des motifs
juridiques, voulez-vous nous en donner? A ce moment-là, cela serait
hypothétique.
On dit: Quelles sont les études juridiques actuelles? On ne
demande pas le dépôt de documents. C'est illégal ici. Si
j'avais demandé que le ministre dépose des études
juridiques, cela serait irrecevable. Mais je demande au ministre de nous
exposer les questions d'expropriation.
M. Goclin: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Cela a été enlevé, cela a
été changé.
M. Godin: II cite mal sa propre motion.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier sur une question de règlement.
M. Godin: Est-ce qu'on a la bonne motion? M. Lalonde:
Ecoutez...
M. Paquette: Est-ce qu'on a la bonne motion, M. le
Président?
M. Godin: II y a improvisation.
Le Président (M. Clair): II y a une correction à
apporter à la motion.
M. Paquette: II y a de l'improvisation de l'autre
côté, d'accord.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Grégoire: M. le Président, je proteste contre le
fait qu'on profite des dernières minutes...
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Paquette: Ils en ont trop, ils sont mêlés.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Grégoire: M. le Président, je proteste.
M. Godin: Ce soir, on improvise. C'est du Pirandello, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bérubé: C'est scandaleux et c'est... M. le
Président.
M. Godin: Ce soir, on improvise.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
La motion du député de Marguerite-Bourgeoys a été
lue tantôt et je la relis. Elle est la suivante: "Que cette commission
invite le ministre des Richesses naturelles à exposer en détail,
avant le début de l'étude article par article du projet de loi no
70, aux membres et intervenants de cette commission, les motifs juridiques sur
lesquels le gouvernement s'appuie pour prétendre pouvoir acquérir
par expropriation la société Asbestos Ltée, si une entente
de gré à gré n'intervient pas. "
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président. M.
Grégoire: Question de privilège.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas de question de
privilège, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Question de privilège.
M. Lalonde: II n'y a pas de question de privilège.
M. Grégoire: Alors, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Sur une question de
règlement.
M. Grégoire: Puisqu'il y a un règlement qui
interdit tout de même certaines pratiques, je crois qu'ici l'Opposition
officielle, dans sa non-préparation, a voulu nous induire en erreur,
directement ou indirectement...
M. Lalonde: On veut vous induire en horreur.
M. Grégoire:... en nous faisant distribuer... j'ai vu
partir les documents du côté libéral et nous parvenir
directement. C'est un document qui était entaché d'erreurs. On
nous a donc induits en erreur directement ou indirectement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Volontairement ou involontairement,
consciemment ou inconsciemment. Je ne sais trop. Mais voici ce qui en
résulte de cette non-préparation.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Frontenac, je suis prêt à disposer de cette question de
règlement qui, en fait, constituerait beaucoup plus une question de
privilège qui devrait être soulevée à
l'Assemblée nationale et non pas en commission.
M. Lalonde: C'est le "filibuster" du gouvernement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la recevabilité de la motion.
M. Grégoire: Laquelle? M. Lalonde: M. le
Président, je m'excuse... M. Godin: L'improvisée ou la
première? Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Je m'excuse, si les députés n'ont pas
reçu le texte exact de la motion. Nous avons voulu simplement
écouter les directives de la présence sur le libellé des
motions et nous avons donc dû la modifier en chemin. Nous n'avons pas,
naturellement, l'armée de fonctionnaires que le gouvernement a à
sa disposition pour les reproduire rapidement.
M. Godin: Ce n'est pas très gentil pour ceux que vous
avez.
M. Lalonde: Nous en avons...
M. Grégoire: On accepte vos excuses.
M. Godin: Ils sont très compétents, il faut le
reconnaître. Motion de félicitations pour vos fonctionnaires.
M. Lalonde: ... de très compétents, mais qui n'ont
pas le don d'ubiquité.
M. Bérubé: Nous acceptons vos plates excuses, M. le
député.
M. Grégoire: Une faute avouée est à
moitié pardonnée.
M. Godin: M. le Président, malgré le petit nombre
qu'ils sont, je proposerais qu'on félicite les fonctionnaires qui
travaillent pour l'Opposition libérale en face.
M. Lalonde: Le gouvernement est fort sur les motions de
félicitations de ce temps-là.
M. Godin: Ils font un gros boulot dans des conditions
difficiles.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on assiste, malheureusement,
à un "filibuster" du gouvernement sur une question de
recevabilité. Je pense que cela ne s'est jamais fait.
Une Voix: On ne peut pas parler.
M. Lalonde: Je pense que c'est une première.
Sur l'argument du député de Frontenac dans le sens que
c'est hypothétique, non, c'est très actuel. Quels sont les motifs
juridiques qui poussent le gouvernement à conclure de la façon
qu'il l'a fait, que le premier l'a conclu en Chambre en disant: Si on ne peut
pas l'acheter de gré à gré, on va l'exproprier. Je pense
que c'est l'enfance de l'art, au niveau...
M. Laplante: Me permettriez-vous seulement un mot pour vous
expliquer un mot?
M. Lalonde: Oui.
M. Paquette: Je demanderais le dépôt des
documents.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: Pouvez-vous m'expliquer un mot?
M. Lalonde: Oui, oui.
M. Laplante: II consent, M. le député de...
M. Lalonde: Oui, je consens, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Lorsque vous parlez d'exposer en détail pour
l'étude...
M. Lalonde: Les motifs juridiques.
M. Laplante: Le sens que vous donnez à "exposer en
détail" pour les études juridiques...
M. Lalonde: Les motifs juridiques. M. Raynauld: Les motifs
juridiques.
M. Laplante: Le sens de "exposer en détail", est-ce par
documents ou autrement? C'est par quoi?
M. Lalonde: M. le Président, le ministre qui est
invité à exposer en détail pourra le faire verbalement.
Nous allons l'écouter avec beaucoup d'attention.
M. Raynauld: S'il s'expose.
M. Lalonde: Non pas dans une attitude de semi-attention comme lui
le fait. Il pourra le faire verbalement si le député de
Bourassa...
M. Laplante: Ce n'est pas spécifié
là-dedans.
M. Lalonde: Est-ce que le député de Bourassa veut
faire un amendement? Il pourra le faire plus tard.
M. Laplante: Après votre intervention.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas faire perdre
le temps de la commission. Vous remarquerez que ce sont les
députés ministériels qui font perdre le temps de la
commission sur la recevabilité.
M. Paquette: II y aurait aussi avantage d'en présenter une
meilleure. Ce serait peut-être bon d'arrêter là-dessus. Cela
remonterait votre...
Le Président (M. Clair): Avez-vous terminé?
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé. Je suis toujours
interrompu. Cela fait quatre ou cinq interruptions que j'ai.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, adressez-vous directement à moi sur la question de
règlement et donnez-moi une chance d'être interrompu.
Une Voix: Six micros pour lui.
M. Grégoire: Lui, il est obligé de vous
écouter. Ce n'est pas...
M. Lalonde: M. le Président, vous venez de me faire une
fausse joie. Vous m'avez fait penser pendant dix secondes que je pouvais
m'adresser à vous et que vous, vous pourriez réellement
régler notre problème à l'Opposition. Malheureusement, on
a des députés ministériels en face de nous et ce sont eux
qui votent, quand même sur la recevabilité.
M. Godin: C'est une belle leçon de démocratie.
M. Grégoire: Mais vous en avez pour voter et ils ne
viennent pas. Tantôt, ils n'étaient pas là.
M. Lalonde: Ce n'est pas un dépôt de document. Ce
n'est pas une question hypothétique, ce sont des exposés des
motifs qui existent actuellement et qui ont sûrement été
examinés par le gouvernement. Je ne peux pas m'imaginer...
Une Voix: Présumer.
M. Lalonde: ... je ne peux pas présumer que ce
gouvernement s'est lancé dans une opération de centaines de
millions de dollars sans examiner son cadre juridique. Je présume que
ces motifs juridiques existent et que le ministre les connaît...
M. Laplante: C'est de la présomption.
M. Lalonde: ... qu'il est parfaitement informé et qu'il
est capable de nous les transmettre. L'argument du député de
Bourassa, j'avoue que je l'ai trouvé assez difficile à
comprendre.
M. Grégoire: Cela prend un bon avocat.
M. Lalonde: J'espère que vous aurez autant de
difficulté que moi à le comprendre. Réellement, je ne
pense pas qu'il ait ajouté quoi que ce soit au débat.
Là-dessus, je pense que s'il y a une motion acceptable, à ce
stade, c'est bien celle-là. Elle est très prudente. On ne donne
pas d'ordre au ministre. On l'invite. C'est accepté dans nos traditions.
On ne lui demande pas de déposer un document, on lui demande de faire un
exposé. Encore là, on évite recueil du dépôt
de document. On demande les faits actuels, les motifs juridiques
qu'actuellement, le ministre possède pour conclure comme il le fait,
relativement à l'expropriation. Pour tous ces motifs, je pense que la
motion est parfaitement recevable.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont avait demandé la parole sur la recevabilité de la
motion. M. le député d'Outremont (17 h 45)
M. Raynauld: M. le Président, je m'étonne beaucoup
qu'on prenne autant de temps pour discuter de recevabilité des motions.
Si le gouvernement ne veut pas accepter la motion, qu'il vote contre elle. Je
ne vois pas pourquoi... à chacune de ces motions cela fait quand
même un bout de temps que je suis dans ces commissions parlementaires
cela tombe sous le sens qu'on a le droit, il serait très utile de
pouvoir disposer d'un certain nombre de questions qui se soulèvent
à l'occasion de plus d'un article; même quand on examine des
projets de loi, article par article, on dit: On essaie, dans l'organisation de
nos travaux, d'accélérer. On essaie de proposer des motions
préliminaires qui permettent... C'est pour les accélérer.
Si on prend cela au sérieux, cela pourrait les
accélérer.
M. Paquette: Cela fait une semaine qu'on niaise!
M. Lalonde: Si vous aviez dit oui tout le temps, il n'y aurait
pas eu de problème.
M. Grégoire: Si elles étaient recevables... pour
savoir si elle est recevable... et là...
M. Raynauld: J'essaie de montrer qu'il y a un certain nombre de
motions comme celle-là. Si on les prenait au sérieux et qu'on
disait: On veut essayer d'organiser nos travaux comme il le faut... Ce sont des
questions qui peuvent revenir trois ou quatre fois à l'occasion de la
même étude du projet de loi. Cela aurait un certain sens qu'on
veuille disposer d'un certain nombre de choses avant de commencer
l'étude, article par article. Cela ne veut pas dire
nécessairement qu'on va reprendre à l'article tout le
débat qui a pu avoir lieu pendant les motions préliminaires.
M. Paquette: Cela va être libre à vous!
M. Raynauld: Là, au lieu de faire cela, le gouvernement
s'imagine toujours que c'est fait seulement pour retarder. On pourrait tout
aussi bien retarder...
M. Paquette: On dit que c'est une motion dilatoire.
M. Godin: Non, mais il n'est pas autorisé à dire ce
qu'on pense.
M. Raynauld: M. le Président, j'aimerais pouvoir
continuer. On pourrait tout aussi bien, l'Opposition, si on voulait faire un
"filibuster " sur cela, le faire sur les articles. Donc, si on essaie de
présenter des motions préliminaires, ce n'est pas
nécessairement parce qu'on veut tout retarder. Il y a des choses, par
exemple, qui pourraient être plus intéressantes a étudier
en soi, comme par exemple, de recevoir des gens. On a accepté de
recevoir des gens, de les écouter. C'était une motion
préliminaire qui nous a amenés à cela. Là, on
arrive ici et on dit: Est-ce que ce ne serait pas une meilleure chose que
d'essayer d'examiner un certain nombre d'aspects juridiques à cette
question qui pourraient être soulevés à plusieurs occasions
au moment de l'étude du projet de loi? Au lieu de dire: On est pour ou
on est contre, on discute pendant des heures souvent sur la
recevabilité. C'est toujours la même décision qui est
rendue.
Ces choses sont recevables. C'est évident, à la face
même, que c'est recevable...
M. Grégoire: Attendez que le président le dise.
M. Raynauld: II y en a déjà eu d'acceptées
des centaines, depuis un an et demi que je suis ici.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, sur la recevabilité de la motion.
M. Godin: Sur la recevabilité, le fait que la motion soit
hypothétique, si vous l'acceptiez, si vous y faisiez droit, cela
ouvrirait la porte à mille et une questions hypothétiques. La
prochaine motion pourrait être: S'il y avait un éboulis dans la
mine, s'il y avait un incendie à l'usine, s'il pleuvait pendant six mois
et que la mine s'emplissait d'eau, etc. Par conséquent...
M. Laplante: Je fermerai la mine dans ma cour.
M. Godin: ... je suis sûr qu'il y aura
éventuellement des travaux là-dessus, si jamais cela se
produisait. Si vous acceptiez cette motion, cela ouvrirait la porte à
littéralement un éboulis d'hypothèses, et on perdrait
beaucoup de ce temps précieux, tel que défini par nos honorables
amis d'en face, si expérimentés en parlementarisme, que
c'était quasiment terrifiant d'être ici.
M. Bérubé: M. le député de Mercier,
je voudrais continuer cette allégorie de l'éboulis.
Le Président (M. Clair): Sur la question de la
recevabilité, M. le ministre.
M. Paquette: Est-ce qu'on peut s'en tirer par une discussion?
M. Bérubé: C'est cela. Comme nous sommes dans
l'amiante, un éboulis demande un très bon système de
ventilation, à cause de la poussière, et, l'Opposition
étant assez légère, nous risquerions de la perdre. Par
conséquent...
Le Président (M. Clair): Y a-t-il d'autres intervenants
sur la recevabilité de la motion?
M. Godin: Matière en suspension!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, sur la recevabilité de la motion.
M. Ciaccia: Je voudrais vous référer à
l'article 120, qui pourrait s'appliquer, mutatis mutandis, à ma motion
du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bérubé: En italien, en français et en
anglais.
M. Ciaccia: Demandez au député de Bourassa quelle
est ma langue maternelle.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Mont-Royal, vous avez la parole sur la
recevabilité de la motion.
M. Ciaccia: L'article 120 se réfère à une
motion qui doit être restreinte à la portée, aux principes
fondamentaux et à la valeur intrinsèque du projet de loi, ou
à toute autre méthode d'atteindre ces fins. Alors, une autre
méthode pour atteindre les fins du projet de loi, c'est l'expropriation,
telle que décrite par le premier ministre et par d'autres porte-parole
du gouvernement. La motion du député de Marguerite-Bourgeoys vise
donc exactement à discuter et à obtenir du ministre un
exposé d'une autre manière d'atteindre les fins. L'autre
méthode, c'est l'expropriation, au lieu d'acheter la compagnie
gré à gré. Je crois que, quant à la question de la
recevabilité, la motion du député de Marguerite-Bourgeoys
tombe carrément sous les termes de l'article 120 de notre
règlement.
Pour cette raison, elle doit être considérée
recevable. Ce n'est pas une question seulement hypothétique, parce que
c'est une autre méthode pour atteindre des fins. Ce n'est pas la
question d'ouvrir la porte à toutes sortes d'autres questions: s'il
pleut pendant six mois, etc., ce seraient clairement des hypothèses qui
ne s'appliqueraient pas, mais c'est quelque chose de très
spécifique, qui tombe carrément dans la lettre, sinon dans
l'esprit même de l'article 20.
M. Paquette: C'est-à-dire dans le vote de deuxième
lecture, par analogie.
M. Ciaccia: Oui, mais par analogie, les règles des motions
s'appliquent en commission parlementaire de la même façon qu'elles
s'appliqueraient en deuxième lecture. Pour cette raison, M. le
Président, je croirais que cette motion devrait être
déclarée recevable.
Décision du président
Le Président (M. Clair): Messieurs, le mandat de cette
commission, comme tous et chacun d'entre nous nous le savons, est
d'étudier article par article le projet de loi no 70.
Pour ce faire, il faut, d'abord et avant tout, avoir commencé par
étudier l'article 1 de ce projet de loi, puisque, avant cela, nous ne
sommes pas à l'étude s'il vous plaît,
messieurs! à l'étude, article par article, mais au stade
des motions préliminaires qui visent à prévoir des
modalités concernant l'organisation matérielle de nos travaux
pour la durée de cette commission.
En conséquence, il m'apparaît que la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys doit être analysée,
au point de vue de la recevabilité, quant aux meilleurs critères
qu'on puisse trouver pour savoir si, oui ou non, il s'agit d'une motion qui
vise à l'orientation matérielle de nos travaux.
Je pense qu'il faut prendre garde, au niveau de la recevabilité
de ces motions, de ne pas inclure, de ne pas présenter, de ne pas
recevoir non
plus des motions qui pourraient être présentées
après le début de l'étude de l'article 1 d'un projet de
loi.
Par exemple, si on déclare recevable la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys, je pense qu'on pourrait ouvrir la
porte à de nombreuses motions concernant la priorité qu'on doit
accorder à l'étude de tel ou tel article.
On sait qu'une fois l'étude article par article commencée
en deuxième lecture, la commission continue d'être maîtresse
de ses travaux et elle peut décider de retarder l'étude d'un
article et d'avancer l'étude d'un autre article.
Il me semble que, dans les circonstances, étant donné que
nous n'avons pas encore commencé l'étude de l'article 1 du projet
de loi, la motion du député de Marguerite-Bourgeoys est
irrecevable parce qu'elle est prématurée et plus
particulièrement, encore une fois, parce que cette motion est
présentée alors qu'on n'a pas encore véritablement
entamé l'étude du projet de loi. On en est au stade des motions
préliminaires qui visent à l'organisation générale
de nos travaux et il m'apparaît qu'étant donné que le ou
les articles concernés par la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys n'ont pas encore été appelés, cette
motion est prématurée et, pour cette raison, je la déclare
irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président, je vais vous demander une
directive. Compte tenu de votre décision, pourriez-vous m'indiquer
à quel endroit, dans l'étude article par article, une motion
semblable pourrait être déclarée recevable, parce que je
pense que c'est extrêmement important que les membres de cette commission
sachent sur quelle balise juridique repose la décision du
gouvernement?
Le Président (M. Clair): C'est la décision du
président et non pas la décision du gouvernement, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je parle de l'autre décision.
Le Président (M. Clair): Je ne voudrais pas m'engager par
un "obiter dictum " bien précis puisque, comme vous le savez, ce n'est
pas au président d'une commission ni de l'Assemblée nationale
d'indiquer à qui que ce soit, dans une commission ou à
l'Assemblée nationale, quels sont les meilleurs moyens à utiliser
pour atteindre ses fins. Cependant, je vous le répète, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, il me semble, étant
donné que nous n'avons pas encore entamé l'étude de
l'article 1, que votre motion est prématurée puisqu'elle ne vise
pas à l'organisation générale de nos travaux, mais plus
particulièrement à l'étude... Pardon?
M. Raynauld: A quel article, c'est cela le problème.
M. Lalonde: Quel article, c'est cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous savez fort bien qu'en vertu de nos traditions, avant
d'entamer l'étude de l'article 1 d'un projet de loi, on ne reçoit
que des motions préliminaires qui visent à l'organisation
matérielle et générale de nos travaux. Autrement dit, si
cette motion était présentée et ce n'est
peut-être pas la seule circonstance dans laquelle elle pourrait
être présentée au début de l'étude de
l'article 4, il m'apparaîtrait qu'elle pourrait être recevable.
J'appelle l'article 1 pour l'étude...
M. Paquette: M. le Président...
M. Lalonde: Avant l'article 1, M. le Président, j'aurais
une question à poser au ministre. Il s'agit du rapport SORES. Nous avons
eu quelques documents. Naturellement, on n'a pas eu le temps d'en prendre
connaissance, on vient de les recevoir, mais il est possible que ma question se
retrouve en partie là-dedans. Est-ce que le ministère des
Richesses naturelles a fait des analyses concernant le rapport SORES? Est-ce
que ces analyses sont disponibles?
M. Bérubé: Le ministère n'a
préparé des analyses qu'à mon intention personnelle, de
manière que je puisse répondre à des questions
posées en Chambre. Par conséquent, je considère qu'elles
font partie de mon bagage personnel et je pense qu'il ne s'agit pas d'analyses
suffisamment structurées pour qu'on puisse parler vraiment de
présentation ici.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre a l'intention de faire faire,
par les services de son ministère, une analyse du rapport SORES et d'en
faire bénéficier les membres de la commission pendant
l'étude? Cela me surprend M. le Président, que le ministre
considère comme personnels les documents qui sont préparés
à même les fonds publics, qui sont payés par tous les
contribuables. Je trouve assez prétentieuse cette attitude!
M. Godin: On n'a pas accès aux livres de notes
préparés par les fonctionnaires de...
M. Grégoire: Est-ce que je peux vous demander,
étant donné que vous citez un document, le dépôt du
livre...
Le Président (M. Clair): II n'y a pas de
dépôt en commission.
M. Godin: Une distribution. M. Grégoire: La
distribution...
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont demande la parole sur une question de règlement.
M. Paquette: II me semble qu'on doit recevoir maintenant une
autre motion sur laquelle discuter,
qui viserait à l'organisation de nos travaux, plutôt que de
s'engager dans une période de questions et de réponses. On n'est
carrément pas dans une situation où vous pouvez accepter
ça, selon mon avis, M. le Président.
M. Lalonde: M. le Président, c'était justement en
introduction.
M. Bérubé: J'ai accepté de déposer un
document particulier qui porte sur la transformation et qui va permettre
à l'Opposition de constater que, déjà une année
avant le rapport SORES, presque une année, nous avions
évalué les potentiels d'investissement. Cela va permettre de voir
dans quelle mesure les deux rapports retrouvent les mêmes conclusions.
Par conséquent, ça répond essentiellement à votre
question. Mais je sais que ma réponse ne vous intéresse pas,
parce que ce que vous voulez, c'est déposer une motion de manière
qu'on puisse discuter de sa recevabilité pour 25 minutes au moins, de
manière à pouvoir la prendre en considération pour une
autre heure et demie.
Si vous voulez déposer votre motion, nous la regarderons.
M. Lalonde: M. le Président, je posais la question dans un
but de collaboration avec le gouvernement. J'aurais pu simplement lire la
motion et, ensuite, en discuter la recevabilité et, si elle est
re-cevable, la discuter, si je voulais faire perdre le temps de la commission.
J'ai demandé au ministre s'il y a des analyses, parce que j'ai
l'intention de demander au ministre, de nous transmettre ces analyses, de l'y
inviter. Il a répondu: II y a des analyses, mais c'est pour moi
personnellement.
M. le Président, dans les circonstances.
M. Godin: Ce n'est pas cela qui a été dit, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 18 heures. La
commission permanente des richesses naturelles ajourne ses travaux au mardi 4
avril, à 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h)